HARVARD UNIVERSITY OF THE Received Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/revuehorticolejo1878unse REVUE HORTICOLE ANNÉE 1878 ORLÉANS, IMPRIMERIE DE GEORGES JaCOB, CLOITRE SAINT-ÉTIENNE, 4. UEVUE H O R T I C ( J L E JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE Fonde en 182!) par les auteurs du Bon Jardinier RÉDACTEUR EN CHEF : M. E.-A. CARRIÈRE CHEF DES PÉPINIÈRES AU MUSÉUM ADMINISTRATEUR : L. BOURGUIGNON PRINCIPAUX COLLABORATEURS MM. ANDRÉ (ÉDOUARD), AURANGE, BAILLY, BALTET, J. BATISE, BONGENNE, BRIOT, BUGHETET, CARBOU, G1' DE CASTILLON, CLEMENCEAU, DAVEAU DELGHE V ALERIE, DENIS, DE LA DEVANSAYE, DUMAS, DU BREUIL, ERMENS, GAGNAIRE, GLADY, GODEFROY, HARDY, HÉLYE, HÉNON, HOULLET. kOLB, LACHAUME, LAMBIN, L. LHÉRAULT, MARTINS, MAY, C. MINUIT, NARDY, NAUDIN, L. NEUMANN, D'OUNOUS, V. PULLIAT, QUETIER, RAFARIN, ROUÉ, JEAN SISLEY, DE SOL AND, TERNISIEN, O. TH3MAS, TRUFFAUT, VERLOT, VILMORIN, WEBER, etc. 50e ANNÉE. — 1878 PARIS LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE 1878 ' :: 'V if ,\i a \ ' s ifi&ftm a" Æ^444V^ t ; . _ ,, . . ) ■ : t REVUE HORTICOLE CHRONIQUE HORTICOLE Le Casimiroa edulis. — Erratum au sujet du Prunus roseo pleno. — Mise au commerce de la Pêche Quetier. — La sécheresse de l’année 1877 dans le Midi de la France. — Le Daïcon. — Fructification du Lilas de Perse à feuilles laciniées. — Un nouveau mode de multiplication des Broméliacées : communication de M. Cuisin. — Conseils sur les semis de Pois à faire en février, pour primeurs de pleine terre. — Exposition de la Société d’horticulture de Mulhouse. — Le thermomètre transparent de M. Éon. — Monoécie du Bégonia discolor : communication de M. C. Mariette; variabilité des sexes. — Les Vignes américaines et leur résistance au phylloxéra. — Visite de M. Mouillefert dans les pays phylloxérés. — La récolte des fruits de l’année 1877 ; mauvaise qualité et maturité incomplète. Quelques personnes nous ayant écrit pour nous] demander où elles pourraient se procurer le Casimiroa edulis dont il a été récemment question dans la Revue horti- cole (1), nous sommes en mesure de les renseigner à ce sujet, et de leur dire qu’elles le trouveront chez M. Linden, horticulteur à Gand (Belgique), ce que nous apprend notre collègue, M. Ed. André, dans le dernier numéro qui vient de paraître de Y Illustra- tion horticole. Voici ce qu’il en dit : Cette espèce figure, depuis plus de vingt-cinq ans, dans les catalogues de M. J. Linden, qui l’introduisit du Mexique. Il en donna une des- cription à l’époque de l’introduction, et divers exemplaires furent expédiés en Angleterre, ce qui a fait croire à la presse anglaise, inexacte- ment informée, que cette importation avait été faite dans la Grande-Bretagne. — Dans l’article Bouturage dans Veau , publié dans le n° 22 (16 novembre) de la Revue horticole , il s’est glissé une erreur dans l’énumération des espèces qui ont bien repris par ce système; elle est occasionnée par l’omission du mot Prunus qui doit se trouver après Forsythia , de sorte qu’après celui-ci, et en ajoutant une virgule, on devra mettre Prunus , ce qui alors expliquera, tout en les justifiant, les qualificatifs roseo (1) Voir Revue horticole , 1877, p. 445. pleno qui, tels qu’ils sont, constituent un non sens. — Dans une circulaire qu’il vient de pu- blier, M. Quetier, horticulteur à Meaux, informe le public horticole qu’il va livrer au commerce la magnifique Pèche dont il est l’obtenteur, et dont la Revue horticole (1876, p. 270) a donné une figure et une description de laquelle nous extrayons ce qui suit : Encore une bonne Pêche qui viendra com- bler une lacune commerciale et qui, pour cela, devra être recherchée. Chacun sait qu’il y a surtout pour les pêches deux sortes de mé- rites : la précocité et la tardiveté , ce qui s’explique par cette raison qu’entre ces deux points extrêmes les variétés abondent, et qu’alors on n’a guère que l’embarras du choix. La Pêche Quetier répond précisément à ce besoin : elle est tardive, grosse, belle et bonne, toutes qualités qui en assurent le placement. Nous ajoutons : la maturité a lieu du 5 au 8, et se prolonge jusqu’au 20 octobre.... Chair non adhérente, jaune, fondante, rouge autour du noyau; eau abondante, sucrée, vineuse, d’une saveur agréable qui rappelle celle des Pêches à chair jaune.... Cette excellente variété a été obtenue par M. Quetier, horticulteur à Meaux, d’un noyau d’une Pêche d’origine anglaise dont l’arbre était planté chez M. le baron de Rothschild, à Fer- 6 CHRONIQUE HORTICOLE. rières (Seine-et-Marne), et dont elle a conservé les caractères généraux et les qualités, auxquels se sont ajoutées la tardiveté et de plus fortes dimensions. — Le temps en général pluvieux qu’on a eu cette année aux environs de Paris, ainsi que dans le nord et le centre de la France, est bien différent de celui que l’on a constaté sur divers autres points, par exemple dans certaines parties méridionales. Ainsi, dans une lettre qu’il nous écrivait récemment de Collioure, M. Naudin disait : Nous avons eu ici une très-mauvaise année, par le fait de la sécheresse, qui est presque sans exemple. On dirait que le ciel, en fermant toutes ses écluses, tient à nous faire faire des expériences dont nous ne nous soucierions guère. — Qu’est devenu le fameux Daïkon, cet énorme Radis qui — est-ce pour la grandeur, la forme ou pour les qualités? — porte le nom du premier personnage du Japon, et dont toute la presse horticole a parlé il y a quelque temps? Disons de suite qu’il n’est pas tout à fait oublié, et que si les premières graines introduites n’ont pas répondu à l’opinion qu’on s’en était faite, il en est d’autres qui, postérieurement importées, promettent d’être bien préférables, ce que nous démontrerons dans un prochain ar- ticle. — Il y a quelque temps, au sujet du Lilas \ arin, regardé comme ne fructifiant jamais, nous annonçions que, contrairement à cette opinion, nous avions récolté plus de 2,000 fruits; aujourd’hui, nous informons nos lecteurs que, d’une autre espèce, con- sidérée aussi comme étant stérile, le Lilas de Perse à feuilles laciniées ( Syringa per- sica laciniata), nous avons récolté plus de 840 fruits dont les graines ont été semées : que produiront-elles? — Nos prévisions, au sujet du P y rus longipes, se sont déjà en partie réalisées. Cette fameuse « espèce » africaine n’est autre qu’une des innombrables formes du Pyrus communis dont on trouve des re- présentants dans à peu près toutes les par- ties. Nous avons reçu et nous publions la lettre suivante, que nous croyons de nature à intéresser nos lecteurs : Paris, 24 novembre 1877. Cher monsieur Carrière, En lisant le dernier numéro de la Revue horticole, où il est question de bouturage dans l’eau et de culture de Broméliacées, à propos du Pitcairnia muscosa , je me suis rappelé un fait dont j’ai eu l’occasion d’ètre témoin, et que je soumets à votre appréciation. Il y a quelques années, M. Brongniart m’avait fait faire, pour la collection des vélins du Muséum, une peinture d’une Broméliacée, le Portea densiflora. L’inflorescence étant ter- minale et la plante ayant drageonné du pied, M. Houllet la coupa et me la donna. Je la mis dans l’eau, et, comme les feuilles conservaient leur couleur et leur rigidité, je la gardai ainsi pendant plusieurs mois. Un jour, en changeant l'eau du vase, je vis à la base de la première des feuilles qui trempaient dans l’eau une racine qui s’était produite, et à l’aisselle un bourgeon qui la traversait. J’enlevai alors cette feuille et coupai une rondelle de la tige, et ainsi de suite, coupant autant de rondelles que je trouvais de bourgeons. Je mis toutes ces rondelles, qui possédaient ainsi chacune un bourgeon et quelquefois deux, sur de la terre de bruyère, et couvris d’une cloche (car c’est la serre que je possède). Au bout de quelques semaines, j’avais des jeunes pieds de Portea venant très-bien. J’ignore si ce mode de multiplication est connu, et s’il est en usage ; c’est pourquoi je vous le soumets, pour que, si la chose en vaut la peine, vous le fassiez connaître. On peut déduire de ces observations que, lorsqu’une plante à inflorescence terminale a été coupée, elle peut encore être utilisée, et l’on peut dire aussi que certaines Broméliacées qui drageonnent du pied à la surface d’un sol qui est humide peuvent également donner des drageons en d’autres points, quand ces parties sont, dans un milieu favorable à leur développement. Agréez, etc. Ch. Cüisin. N’y aurait-il pas dans cette lettre, sur laquelle nous appelons l’attention, l’indica- tion d’un nouveau mode que l’on pourrait appliquer à certaines Broméliacées rares ou d’une multiplication difficile? C’est à essayer. I Rédaction .J — Les personnes qui, désirant avoir des Pois de bonne heure au printemps (primeur de pleine terre), n’auraient pu en planter à la « Sainte - Catherine, » ainsi qu’on est dans l’habitude de le faire, pourront facile- ment réparer cette omission en opérant de la manière suivante : semer très-près l’un CHRONIQUE HORTICOLE. 7 de l’autre, en février, dans un coffre et même sous une cloche à bonne exposition, » en terre légère et consistante ; donner de l’air aussitôt que les plantes lèvent, afin d’éviter l’étiolement ; abriter au besoin pendant la nuit ; puis, aussitôt que les plants ont atteint 3-5 centimètres, les arra- cher avec précaution en les soulevant à l’aide d’une houlette pour ne pas briser les racines, et repiquer, soit en rayons, soit par petites touffes, dans un terrain pré- paré. Il est rarement nécessaire d’arroser les semis ; l’humidité du sol suffit pour la germination ; il en est à peu près de même pour le repiquage!, à moins qu’il ne fasse une sécheresse extrême, ce qui, à cette époque, est une exception. Il va de soi que si l’on pouvait repiquer le long d’un mur ou dans un endroit abrité et bien insolé, le résultat serait préférable. Faisons aussi remarquer que le terrain où l’on sème doit être très- fortement incliné (en ados exposé au soleil), et, s’il s’agit de semis, que ceux-ci doivent être faits près du verre. Ainsi traités, des semis de Pois faits en fé- vrier produiront des fruits tout aussi promp- tement que d’autres qui auraient été semés avant l’hiver, mais avec beaucoup plus de certitude, puisqu’ils n’auraient pas à courir les mêmes risques que ceux qu’on sème à cette dernière époque. Il va sans dire aussi que l’époque du semis n’a rien d’absolu, qu’elle pourra varier plus ou moins, suivant le climat et les conditions dans lesquelles on se trouverait placé. — Du 23 au 26 mai 1878, la Société d’horticulture de Mulhouse fera dans cette ville, au jardin de la Société, une exposition de fleurs, de légumes et de fruits, à laquelle sont conviés tous les horticulteurs et ama- teurs. Le jury se réunira le 23 mai, à neuf heures du matin. Les récompenses seront décernées publiquement le dimanche 26 mai, à trois heures. — Sortir d’un appartement bien chaud pour aller consulter un thermomètre placé dehors, et cela quand, à travers les vitres, on voit tomber la neige ou qu’on entend la bise qui chasse devant elle une pluie glacée, n’a certainement rien d’agréable. C’est pourtant ce qu’il faut faire souvent, surtout en jardinage où l’on a besoin de connaître la température extérieure, non seulement pendant le jour, mais même pendant la nuit. Depuis longtemps, en Allemagne, croyons- nous, on avait en partie paré à ces inconvé- nients par l’invention d’un thermomètre transparent fixé aux montants d’une croisée et se présentant de face au visiteur qui, de son appartement et parfaitement à l’abri, pouvait, à travers les vitres, lire sur le thermomètre transparent la température extérieure. Cette transparence, due à la plaque de verre-glace sur laquelle sont mar- qués les degrés de l’échelle, justifie le titre de thermomètre à glace qu’on lui donne. C’est ce thermomètre que vient d’améliorer fort heureusement M. Eon, fabricant d’ins- truments d’optique et de précision, 11, rue des Boulangers (1), à Paris. Les divisions sont mieux marquées, et il est plus com- plet : les trois échelles centigrade , Réau- mur et Fahrenheit , à peu près les seules usitées dans les sciences, s’y trouvent repré- sentées, de sorte qu’il peut être employé dans tous les pays. — La sexualité des plantes est une ques- tion trop importante pour que nous négli- gions de signaler les faits qui nous parais- sent de nature à l’éclairer. C’est ce qui nous engage à publier la lettre suivante : Les Charmilles, ce 19 novembre 1877. Monsieur, En relisant votre excellente Revue horticole , numéro du 16 octobre, je trouve dans votre chronique un passage sur le Bégonia discolor, dans lequel vous engagez vos lecteurs à vous faire connaître les observations qu’ils auraient faites relativement aux fleurs femelles de cette espèce. Je puis faire mieux que des observa- tions : je joins à ma lettre un pied vivant portant encore des graines que je crois mûres, ce dont vous pourrez vous assurer. Je regrette de n’avoir pas lu cette note plus tôt, car j’aurais pu vous expédier cette plante avant que la gelée n’eût détruit les feuilles ; ce pied étant accompagné de son bulbe, vous pourrez re- planter celui-ci, et, l’année prochaine, suivre toutes les phases de sa végétation. Voici quelques renseignements que je puis vous donner à ce sujet : depuis 1859 que je connais cette plante et la cultive sous le nom de B. discolor , je n’avais jamais fait attention à sa sexualité ; cependant, en 1869, j’avais une grande quantité de pieds en pots qui garnis- (1) Voir Revue horticole, 1877, p. 395. 8 CHRONIQUE HORTICOLE. saieat ma serre tempérée et qui provenaient de bulbilles récoltées au château de Goyolles (Aisne). A l’automne, j’en remarquai plusieurs qui avaient des graines bien mûres ; j’en ré- coltai et semai au printemps suivant ; plusieurs levèrent, mais la guerre survint, et les plantes furent un peu délaissées, de sorte que sur ce semis un seul pied me resta, qui fleurit en 1871 ; mais comme rien ne le distinguait de ses parents, je n’y fis plus attention. Tout ce que je puis me rappeler, c’est qu’il était plus pâle dans toutes ses parties colorées. Depuis je me rappelle avoir vu quelquefois des lïeurs femelles, mais je n’ai jamais eu l’idée d’en récolter les graines, et ce n’est qu’aujourd’hui, en lisant votre article, que je me suis sou- venu que, dans une plate-bande plantée de Fuchsia , Bégonia semperflorens et discolor, que je me dispose à laisser passer l’hiver dehors, j’ai remarqué des fleurs femelles que je m’empresse de vous envoyer. Malgré la gelée qui les avait frappées, j’ai encore trouvé une tige (celle que je vous envoie) où les capsules étaient encore adhérentes. Je crois devoir ajouter que, comme tous les Bégonias en général, les fleurs mâles précèdent les fleurs femelles sur une même plante, ce qui me porte à croire que cette espèce n’est pas dioïque, mais bien monoïque. Agréez, etc. C. Mariette, Jardinier de M. le Dr Paupert, au château des Charmilles, par Villeneuve-Saint- Georges (Seine-et-Oiss). Nous avons reçu et examiné l’échantillon que nous a adressé M. G. Mariette, et avons constaté l’exactitude des faits relatés dans sa lettre. Donc, plusjie doute : le Bégonia discolor est bien monoïque. Mais s’ensuit- il que les observations que nous avons faites au sujet de l’irrégularité dans la répartition des sexes soit inexacte? Non, évidemment, et nous pouvons citer de nom- breux exemples de personnes dignes de foi qui confirment les faits que nous connais- sons. Ainsi MM. Mail, à Yvetot ; Jolibois, Foissy, au Luxembourg, et nous-même, à Paris, avons vu des milliers de plantes, qui toutes étaient dépourvues de fleurs femelles. Mais, d’une autre part, ne pourrait-il se faire que tous aient raison, bien qu’en sou- tenant- des faits contraires, et que des mi- lieux différents puissent produire ces diver- sités, ou même que ces différences puissent parfois se montrer: sur des mêmes plantes, mais dans des années et des conditions di- verses? Après tout, n’est-on pas en droit de se demander si, en principe, les sexes existent, et s’ils ne seraient pas des consé- quences organiques provenant 'du milieu où les phénomènes se passent, et si, lors de la formation des êtres, il n’y a pas un moment où ils ne sont ni mâles, ni femelles? Ce sont là des questions que nous ne pouvons traiter ici, dont nous avons [été amené à parler par la sexua- lité variable du B. discolor , sur laquelle, en terminant, nous appelons tout particulière- ment l’attention de nos lecteurs. — Que restera-t-il des Vignes améri- caines relativement à leur prétendue résis- tance au phylloxéra? L’avenir le dira. En attendant, ce qu’on peut affirmer, c’est que cette immunité qu’on leur accordait en principe perd de jour en jour de la valeur; que de celles qu’on regardait comme in- demnes, il faut constamment en retrancher, appoint que bientôt il est douteux qu’il y en aitjmême qui ne soit pas attaquée par le terrible puceron. Ainsi, dans une tournée qu’il vient de faire dans les localités phylloxé- rées, M. Mouillefert a constaté que, à Pomerol, chez M. Giraud, dans un terrain siliceux et graveleux, cc des boutures d’un an de Jacquez et de Clinton ont donné des pousses de lm 50 à 2 mètres de lon- gueur ; mais malheureusement leurs racines sont couvertes de phylloxéras, et leur che- velu, par suite des nombreuses lésions qu’il porte, commençait à pourrir, i Au lieu de nous étendre sur les Vignes américaines, que pourtant nous ne jugeons pas, nous nous bornons à dire que les deux sortes dont nous parlons ont toujours été recom- mandées comme étant des plus rebelles à l’action du phylloxéra. — L’année 1877 qui s’achève, et dont on a pu constater l’irrégularité atmosphérique, n’a pas été favorable aux fruits qui, en gé- néral, relativement peu nombreux et de mauvaise garde, sont loin d’être de première qualité, même dans le sud-ouest de la France. C’est ce que nous apprend notre collaborateur M. d’Ounous, dans une lettre du 7 novembre, dont nous extrayons le passage suivant : « ... Cvest sans doute aux j pluies froides et trop multipliées en mai et juin que nous devons la mauvaise qualité et la maturité incomplète des fruits à pe- ; pins, et par suite leur peu de garde. A ces pluies trop fréquentes ont brusquement j succédé des températures de 25 à 30 degrés, j et une sécheresse très-intense et très-pro- [ SOCIÉTÉ ROYALE D'HORTICULTURE D’ANGLETERRE. 9 BÉGONIAS TUBÉREUX DE CHOIX. — longée, qui ont fait tomber les Noix et avorter les Châtaignes. » Constatons que, à peu près partout, outre la qualité, qui est toujours rela- tive et laisse à désirer, les fruits ne se con- servent pas; que l’on remarque des écarts de plus de deux mois dans l’époque de maturité des fruits, écarts qui expliquent les diver- sités d’opinions des pomiculteurs à ce sujet, et démontrent combien il faut se mettre en garde contre ces affirmations. E.-A. Carrière. BÉGONIAS TUBÉREUX DE CHOIX Cher Monsieur Carrière, Ayant comme l’année dernière fait une étude spéciale de toutes les nouvelles va- riétés de Bégonias tubéreux que j’ai pu réunir de tous les pays, et ayant cultivé, soigneusement observé et comparé pres- que quatre-vingts variétés nommées prove- nant de semis français, belges et anglais, dont vingt-six étaient des nouveautés de cette année, je puis, en connaissance de cause, me prononcer sur leur valeur. Toutes ces variétés étant plantées en pleine terre dans mon jardin, au bord de la mer, au sud de l’Irlande, et par conséquent dans des conditions identiques, j’ai pu les com- parer et les juger. C’est d’après cela que j’ai choisi une douzaine des meilleures va- riétés dont je vous communique les noms, que vous pourrez insérer dans la Revue horticole , espérant que cette liste de variétés qui sont tout à fait hors ligne pourra être utile à ceux de vos nombreux abonnés et lecteurs qui s’adonnent à la culture de ces belles plantes. Voici cette énumération : Des semis de M. Fontaine, de Bourg-la- Reine, mis au commerce par MM. Thibaut et Keteleer, de Sceaux : Lelia , M. Bien - aimé, Hébé et Exposition de Sceaux. De M. Van Houtte, de Gand (Belgique) : La Baronne Hmtby , James Bcickhouse , Laurent Descours. De M. Vincent, de Bougival : Reine de Bougival. De M. J. -B. Deleuil, de Marseille, j’ai remarqué, comme spécialement adaptée pour la culture en pot en serre froide, la variété Carnicolor. De M. Lemoine, de Nancy : W.-E. Gum - bleton , Jules Janin et Incendie. Veuillez, etc. W.-E. Gumbleton. SOCIÉTÉ BOYALE D’HORTICULTURE D’ANGLETERRE SÉANCE DU La dernière réunion de la Société pour l’année 1877 a eu lieu dans la grande salle du Conseil, à South-Kensington. Plusieurs horticulteurs de Londres avaient tenu à clore dignement Tannée et avaient envoyé quelques plantes. En première ligne, nous remarquons l’apport de MM. J. Veitch et Sons, de Chel- sea, comprenant : une corbeille du Daphné indicarubra , dont le parfum se faisait sentir dans toute la salle ; une corbeille aussi du charmant Bouvardia leiantha; quelques j pieds de Poinsettia pulcherrima rosea, mis ! au commerce par ces Messieurs il y a, je crois, trois ans ; un pied du Rhododendron Arthur Potts , dont les fleurs sont d’un bel orange cuivré; quelques beaux pieds du Fuchsia Dominiana , obtenu il y a trente ans par M. Dominy (leur très-intelligent chef de culture, à qui nous sommes rede- vables de tant de nouveautés), par un croi- 4 DÉCEMBRE sement du F. spectabilis et du F. serrati- folia. Il est vraiment très -regrettable que cette plante soit si peu cultivée en France; les feuilles sont larges et d’un vert foncé, les fleurs rouges et longues. De plus, cet apport comprenait beaucoup d’Orchidées en fleurs, parmi lesquelles un magnifique spé- cimen du Cattleyci Exoniensis portant neuf fleurs; les Odontoglossum cirrhosum , Rossi majus et Madrense ; des Saccolabium giganteum et S. miniatum, chacun avec deux grappes de fleurs ; les Oncidium For- besi , purpuratum et Barkeri , Sophronitis grandiflora , Calanthe vestita rubra et lutea , Mctsdevallia tovarensis ; des Cypri- pedium en quantité, notamment les C. Schlimi , Sedeni, selligerum, vexillarium , œnanthum , marmorophyllum , Arthu- rianum , Crossianum , villosum, insigne et insigne Maidei. M. William Bull avait aussi une belle col- 10 CLEMATIS PITCHERI. lection de plantes nouvelles et d’ornement comprenant : Anthurium Veitchii, Dra- ccr.na Goldieana , Croton picturatus , Geo- noma princeps, Tillandsia Lindeni en fleurs, et une magnifique tige de Lapageria rosea portant dix-huit fleurs sur une lon- gueur de 20 centimètres. M. Mill, jardinier de lord Rendlesham, avait envoyé une tige de Y Oncidium œmu- lum, portant une douzaine de ramifications, et en tout quatre-vingts fleurs. La longueur de la tige était d’environ 3 mètres. Les autres apports de fleurs compre- naient : Pensées WaverUy et Cloth ofGold, Rosa rubiginosa , Cotoneaster Simondsii , Lonicera fragrantissima, Ericacodonodes , des Pélargoniums, Gynérium argenteum, Asplénium viviparum, des quantités consi- dérables de Chrysanthèmes en fleurs cou- pées, des Primevères, etc. Les fruits et les légumes étaient Lien re- présentés : de magnifiques grappes avec des ’grains énormes des Raisins Gros-Guillaume, Alicante, Black-Hamburg, Mrs Pincés Seed- ling, des Ananas, des Fraises, et plusieurs belles collections de Pommes. Comme légumes, il y avait des Tomates, des Choux, des Concombres, et enfin des Choux-Fleurs de la variété Veitch’ s self- protecting Brocoli , c’est-à-dire Choux- Fleurs se protégeant eux-mêmes, parce qu’ils ont des feuilles qui leur recouvrent la tête, ce qui leur permet de résister aux gelées. Ernest Bergman. CLEMATIS PITCHERI Cette espèce, récemment introduite de l’Amérique nord-ouest, n’a pas seulement l’attrait de la nouveauté; elle constitue une plante très-ornementale et qui sera recher- chée à cause du brillant éclat de ses fleurs qui font une exception assez rare parmi le genre Clématite, dont les fleurs passent du blanc au violet foncé, plus rarement sensi- blement rosé. Par ses fleurs et même par sa végétation, elle se rattache au groupe des Viorna , L., et barhellata (1), Edgew. Toutefois, elle s’en distingue nettement par la belle couleur rouge vermillon foncé de ses fleurs, ainsi que par ses folioles assez épaisses, arrondies, d’un vert glauque pâle, presque bleuâtre, caduques. Les fleurs, à quatre pétales très-épais, charnus, portées par un long pétiole coloré, sont très-élargies à la base, brusquement rétrécies, mais lé- gèrement ouvertes au sommet par suite de l’arcure ou du renversement des divisions pétai oïdes. Originaire de l’ Amérique nord-ouest, la Clématite Pitcheri , Asa Gray, est rustique et viendra contribuer à l’ornementation de nos jardins; probablement même qu’elle se prêtera à la culture en pots, ce que peut faire supposer sa végétation, plutôt faible (1) Voir, pour cette dernière, Flore des serres et des jardins de V Europe , IX. que forte. Sous ce rapport, nous devons même dire que les plantes de semis laissent à désirer, qu’elles sont un peu grêles. Mais il est très -probable que cet inconvénient disparaîtra par la culture et que, greffée sur un sujet vigoureux, sa végétation en sera augmentée. Sa floraison, qui commence vers la fin du printemps, se prolonge pendant longtemps. Outre la beauté de ses fleurs, la C. Pit- cheri sera d’un grand secours pour la pro- duction de nouvelles variétés ; on est même en droit d’espérer que c’est là le côté sé- rieux, celui sur lequel devra surtout se por- ter l’attention des semeurs. R ne peut même être douteux que, au moyen de fécondations bien comprises, on arrivera à créer des va- riétés à très-grandes fleurs et à floraison continue ou à peu près, en un mot à trans- mettre aux variétés que nous possédons déjà le coloris si brillant que présentent les fleurs de la Clématite Pitcheri. Mais, telle qu’elle est, nous le répétons, c’est une plante déjà très-méritante que devront se procurer tous ceux qui, à la beauté, veulent joindre l’originalité. On peut se procurer la Clématite Pitcheri à l’établissement horticole de Persan-Beau- mont (Oise), en écrivant à M. Loury, qui en est le directeur. E.-A. Carrière. fi Revue Hortumle . G/iromolUA,. P. Strodùasi 4 < 9o dards ciel. Clemates Pitcheri . POMME DE TERRE QUARANTAINE VIOLETTE. — PRIMULA NIVALIS, VA LL. Il POMME DE TERRE QUARANTAINE VIOLETTE On s’est fort préoccupé, ces années der- nières, d’un soi-disant procédé pour avoir en hiver des Pommes de terre nouvelles; l’intérêt que l’on portait à ce procédé était le désir d’avoir en toute saison de bonnes Pommes de terre à manger. Il est vrai qu’il y a des variétés de Pommes de' terre qui perdent vite leurs bonnes qualités; mais toutes ne sont pas dans ce cas, et l’on a tort, assurément, de ne pas donner Timportance qu’elles méritent à des variétés qui, contrai- rement à ce qui est généralement admis, ont la propriété d’acquérir de la qualité à mesure que s’éloigne l’époque de l’arra- chage. Il résulte que ces Pommes de terre peuvent être mangées bien bonnes jusqu’en avril et mai, époque où l’on peut en récolter de nouvelles en pleine terre. 1 Parmi les variétés de Pommes de terre qui ont cette propriété figure en première ligne la Quarantaine violette ; c’est une variété très- intéressante, qui conserve ses qualités excessivement longtemps et qui, au lieu de perdre, se bonifie en vieillissant, ce qui fait qu’on peut les manger très- bonnes pendant toute l’année. Outre cet avantage, elle a encore celui d’êtft d’une culture facile et de s’accommoder d’un ter- rain médiocre; plantée dans un bon sol, elle se contente de peu d’engrais. Ses tu- bercules viennent très-gros, et un autre mé- rite qu’elle a, et qui, certes, n’est pas le moindre, c’est de résister très-bien à la ma- ladie : sous ce rapport, je l’ai déjà essayée comparativement à d’autres variétés, et cons- taté, quoiqu’elle pousse très-iard, que sa période de végétation est relativement courte. Cette Pomme de terre est longue, de même forme que la jaune longue de Brie, mais de couleur violette ; sa chair est très-jaune et ferme ; elle a peu d’yeux, et ceux-ci sont su- perficiels; ses fanes sont peu abondantes. Je connaissais cette Pomme de terre avant que la maison Vilmorin, toujours à la re- cherche des bonnes variétés, l’eût mise dans son catalogue, sous le nom de Quarantaine violette. Je ne lui connais pas d’autre nom. Il existe, dans les variétés de Pommes de terre, un grand nombre de synonymies, ce qui est très-fâcheux, car cela occasionne souvent des confusions : fréquemment, une variété porte un nom dans une localité, et un autre nom dans une localité quelquefois voisine. Il serait donc bon de faire dis- paraître cet état de choses et de faire pour les Pommes de terre ce qu’a fait pour les fruits la Société pomologique. Je crois que la Société centrale d’horticulture de France s’en occupe ; c’est un travail difficile, je le sais, mais j’ai la conviction que, grâce au concours des cultivateurs qui, certainement, ne lui manquera pas, elle pourra le mener à bonne fin, ce que je souhaite. Quant à mon concours, si faible qu’il soit ou puisse être, il est assuré. H. Rigault, Cultivateur à Groslay (Seine). PRIMULA NIVALIS, pall. NOUVELLE PRIMEVÈRE ORNEMENTALE DES JARDINS Le Primula nivalis , Pall., était connu des botanistes depuis déjà longtemps comme une des Primevères les plus belles et les plus distinguées. Déjà, en 1870, dans le Gartenflora , le professeur Regel nous faisait entrevoir comme probable l’introduction à bref délai de cette plante dans nos cultures par les naturalistes de Russie. Elle est dé- crite là comme ressemblant au P. auricula par la rusticité de son port, la hauteur de ses hampes florales, par ses très-nombreuses fleurs serrées et rapprochées en ombelle, et aussi par la forme et la dentelure de ses feuilles. Les folioles périclinales ne se déve- loppent pas en pendeloques auriculaires, et les lobes du péristome corollaire sont ovales renversés et non émarginés en avant ; quant aux fleurs, elles varient du plus joli rouge rosé au rouge pourpre dans les va- riétés suivantes décrites dans le Gartenflora , année 1870 : a. Typica. Feuilles et pédoncules glau- ques ; fleurs de 15 à 20 millimètres de dia- mètre, à lobes allongés ou ovaloïdes. — Se rencontre depuis le Caucase jusqu’à la Si- bérie orientale. (L Farinosa. Le dessous des feuilles et des hampes est recouvert d’un épiderme 42 PRIMULA NI V ALI S, P A LL, farinacé, incanescent à l’âge adulte. Cette espèce est indigène dans les montagnes de la Songarie et du Kamtschatka. C’est assurément la plus jolie des Prime- vères que nous connaissions ; les fleurs des ombelles ont jusqu’à 26 millimètres de diamètre et sont à lobes ovales. A ces variétés déjà connues depuis long- temps, quoique ne se rencontrant pas dans les cultures, vient maintenant s’ajouter une troisième variété, découverte l’an dernier dans l’Asie centrale, à des altitudes variant de 2,000 à 3,000 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est le : 7. Turkestanica , Regel (fig. 1, 2 et 3). Celle-ci dépasse encore les espèces déjà connues par sa forme et sa riche floraison, et serait à juste titre désignée comme de beaucoup la plus jolie Primevère de l’Asie centrale. La plante, d’une végétation luxuriante, est garnie de feuilles oblongues-lancéolées, arrondies à l’extrémité, glabres en dessus et poudrées de blanc en dessous. L’ombelle, Figure 1. — Port du Primula niva- Fig. 2 et 3. — Fleurs et feuille du Primula nivalis. lis , Pall., var. Turkestanica. bien consistante, est très-fournie, et ses épais verticilles étagés ressemblent assez à ceux du P. japonica , mais sont plus rap- prochés les uns des autres. Comme on a déjà rencontré à l’état sau- vage des teintes différentes du rose clair au violet pourpre, il est permis d’espérer que la plante fournira bientôt en culture les mêmes riches coloris qu’ont déjà développés notre Primevère des jardins et la Primevère du Japon. Cette espèce est sans contredit bien supé- rieure comme rusticité, soit au P. japo- nica, soit aux autres espèces délicates ou demi-robustes, qualités dues à son origine d’un des pays montagneux les plus froids de l’Asie. Notre gravure représente la plante d’après nature et croissant à l’état sauvage. Il est donc probable que des exemplaires bien cultivés produiront des plantes plus fortes, portant des ombelles de fleurs beaucoup plus développées ; mais, telle qu’elle est, cette Primevère est de tout premier mérite, DEUX CLÉMATITES NOUVELLES. — et peut être considérée comme une heureuse et bonne acquisition parmi nos fleurs de pleine terre. Haage et Schmidt. Nous ajoutons que les personnes qui vou- 43 draient se procurer le P. nivalis Turkestanica pourront s’adresser à MM. Haage et Schmidt, horticulteurs à Erfurt (Allemagne). {Rédaction.) EMPLOI DES EAUX D’ÉGOUT EN HORTICULTURE. DEUX CLÉMATITES NOUVELLES Au point de perfection où en est arrrivé le genre Clemalis, il peut paraître hardi, presque téméraire, d’en mettre encore deux nouvelle formes au commerce, à moins qu’elles soient très-méritantes. C’est ce qui est pourtant, et nous engage à les décrire. Toutes deux sont issues de la Clématite la- nuginosa et ont été obtenues de graines par M. L. Paillet, qui vient de les mettre au commerce. La première, qui a nom Mme Émile Sor- bet, est de tout premier mérite. C’est une plante très- vigoureuse, dont le port et le faciès rappellent ceux de la Clematis lanu- ginosa. Les boutons sont très-gros, villeux, allongés en pointe. Fleurs à pétales nom- breux, très -réguliers, se recouvrant par leurs bords et formant une grande et régu- lière rosace qui atteint jusque 22 centimè- tres, parfois même plus, de diamètre; pétales épais, très-largement obovales, cour- tement et brusquement atténués au som- met, d’abord d’un 'beau violet lilacé, à re- flets métalliques, passant au lilas clair, mais jamais blanchâtre. EMPLOI DES EAUX D’ÉI Champs-sur-Marne, le 8 octobre 1877. Monsieur le rédacteur, Depuis la guerre de 1870-71, n’ayant pas, contrairement à ce que j’espérais, entendu parler des cultures à l’eau d’égout de Paris, entreprises en 1869 dans la plaine de Gennevilliers, je supposais ces cultures abandonnées, quand parut, dans la Revue horticole du 16 mai 1876, l’article élogieux de M. Robaux, sur ce sujet. Je résolus alors d’employer mes premiers loisirs pour aller examiner si vraiment ces cultures, tant critiquées à leur début, don- naient d’aussi beaux résultats que ceux qu’énonçait cet article. Dans l’intérêt géné- ral, je le désirais; mais personnellement, je n’osais y croire. Je les ai vus, et souhaite que tous les incrédules amateurs fassent ce La seconde Clématite, qui porte le nom de Duchesse de Cambacérès, a les fleurs presque aussi grandes que la précédente, dont elle a la vigueur et le faciès général ; ses pétales, plus allongés elliptiques et un peu moins épais, constituent une énorme rosace à pointes longuement atténuées, dis- tantes, qui avec la grâce donnent à l’en- semble un aspect tout particulier de légèreté ; les pétales, d’un beau bleu ciel à reflets cha- toyants, comme rosés, produisent un char- mant effet. Ainsi que la précédente, c’est une plante de premier mérite. Il va sans dire que ces deux espèces ne sont pas sensibles au froid, et que leur floraison se succède pendant longtemps, ainsi du reste que cela a lieu pour la plupart des sortes du groupe lanuginosa quand elles sont bien franches. Ces deux Clématites sont en vente chez l’obtenteur, M. Paillet, horticulteur à Châ- tenay-lès-Sceaux (Seine). E.-A. Carrière. 3UT EN HORTICULTURE voyage, que certainement ils ne regrette- ront pas. M. Robaux n’a rien exagéré ; au contraire, il est plutôt au-dessous qu’ au-dessus de la réalité. Si, sur certains points, les cultures laissent à désirer, cela ne tient qu’à l’ambi- tion des cultivateurs ou à leur incapacité; je dois ajouter que les terrains irrigués depuis longtemps sont maintenant les plus fer- tiles. Tout en reconnaissant que les arbres de feu Forest, de MM. Yivet, Havard et Che- valier, ont une remarquable et surprenante végétation, je crois fermement que la cul- ture potagère intensive, habilement faite, sera toujours la plus lucrative par les débou- chés faciles qu’offrent à ses lourds produits la proximité des marchés de Paris. 14 EMPLOI DES EAUX D’ÉGOUT EN HORTICULTURE. Un très-grand nombre de cultivateurs cherchent, en ce moment encore, mais vai- nement, du terrain à louer pour cette cul- ture, dont certains propriétaires profitent pour élever outre raison le loyer et osent même demander jusqu’à 600 fr. par hectare, même en plusieurs parties. En plaine, on va jusqu’à demander 20,000 à 30,000 fr. l’hec- tare à ceux qui désirent en acheter, et, sur le bord des chemins, on ne se gêne même pas pour en demander le double. Avant 1869, les terrains de la plaine de Gennevilliers étaient loués 60 fr. l’hectare et se vendaient en proportion; aujourd’hui, on ne peut plus en trouver à louer même à 375 fr. Çette énorme plus-value, à laquelle per- sonne ne s’attendait, uniquement due à l’irrigation par l’eau d’égout, fait déplorer la violente opposition que les habitants de Gen- nevilliers ne cessent de faire contre cette irri- gation dont l’eau, clarifiée dans le sol, envahit les caves, et il est à craindre que cette oppo- sition constante qu’on lui fait n’engage un jour la ville de Paris, qui, après tout, n’en- voie là qu’une faible partie de ses eaux d’égout, n’envoie le tout ailleurs. Pour faire droit aux rélamations des habitants, la ville de Paris a entrepris de vider leurs caves au moyen d’un coûteux drainage. Mais il est probable que quand elle aura terminé ce travail, on lui réclamera le drainage de la plaine, afin d’en tirer et vendre le sable qui compose le sous-sol . Infestés depuis bien des années par les émanations des tas de gadoue en fermenta- tion, les habitants auront encore à dire ce qu’un riche spéculateur, qui ne veut vendre que pour bâtir, me disait : « L’eau d’égout vicie l’air, qui tue les enfants; » c’est là évidemment un parti pris, basé sur un égoïsme personnel, mais que beaucoup regretteraient certainement, si on cessait de leur envoyer cette eau qui les enrichit. Pour couper court à toutes ces injustes réclamations et tirer profit des énormes dé- penses qu’elle a faites, la ville de Paris n’au- rait rien de mieux à faire que de prendre, par expropriation, tous les terrains sableux des opposants de la plaine de Gennevilliers et même de celle de Colombes, et à les louer ■ensuite avantageusement, par grands lots, aux cultivateurs qui les amélioreraient par l’irrigation, et auxquels on pourrait même plus tard les revendre. Cet état de choses est très-regrettable, quand on examine les admirables et excel- lents légumes qu’on récolte, si abondam- ment, à l’aide de l’eau d’égout, dans les mauvais terrains, et il est pénible d’en voir couler dans la Seine, quand tant d’autres terrains qu’elle contourne en sont encore privés, parce qu’ils appartiennent à des pro- priétaires aveuglés par un intérêt particulier, si contraire à l’intérêt général et au bien- être de tous. Mais on devrait passer outre et mettre en vigueur la loi d’expropriation pour cause d’intérêt public. Si la ville de Paris refuse de recourir à cette nécessité, une compagnie de capita- listes autorisés pourrait s’en charger. Par n’importe quel moyen, il faudrait cesser de perdre dans la Seine un engrais qui en dénature l’eau, et cela quand tant de ter- rains arides, et presque improductifs, pour- raient, avec cette eau, être transformés en une source de richesses qui profiteraient à tous, même à ceux-là qui s’opposent si opiniâtrément à cette transformation. Une autre objection que font aussi les agricul- teurs à cette culture, c’est, disent-ils, qu’on ne peut plus récolter de céréales dans les terrains soumis à la culture par irrigation, parce qu’alors la paille s’y développe au détriment du grain. Mais, en l’adoptant, cette objection n’est vraiment pas sérieuse, et quand on songe à ce qu’était la plaine de Gennevilliers, aux maigres et chétives cul- tures qu’on y faisait, on est surpris d’en- tendre invoquer de semblables arguments. Les terrains propres à la culture des céréales ne manquent pas, et au lieu d’y employer les terrains de Gennevilliers, qui y sont si peu propres, et qui rapporteraient à peine pour payer la location et les frais de main- d’œuvre, il vaut infiniment mieux les em- ployer à la culture des légumes qui, à l’aide d’eaux insalubres, peuvent devenir une source considérable de produits, tout en déterminant la richesse et le travail dans des contrées qui en manquaient et qui, naguère encore, étaient presque inhabitées. Mais, en présence d’un résultat si avan- tageux, produit par les eaux d’égout, on se demande pourquoi l’administration des hos- pices ne s’inspirerait pas de ce procédé pour l’appliquer au potager et aux cultures de plusieurs de ses établissements, notamment à celles de l’hospice de la ville Evrard, où tant d’eaux ménagères, qui pourraient en- richir ces terrains, vont se jeter dans la DRACÆNA GOLDIE.ANA. Marne, dont ils dénaturent l’eau, et qui, au lieu d’être une cause de production et de bien-être, deviennent une cause permanente d’irtsalubrité. 15 Je vous livre ces réflexions et vous auto- rise à les publier, ‘si vous les en jugez dignes. Agréez, etc. Butté, Jardinier à Champs (Stine-ct-Marnc'. DRACÆNA GOLDIBANA Le genre Dracœna, qui a été créé parVan- delli pour des végétaux exotiques, se relie aux Monocotylédonées par la composition intérieure de leur tige, et aux Dicotylédo- nées par la formation de nouvelles couches ligneuses sous l’écorce. Ce genre, qui a successivement appartenu aux familles des Asparaginées, des Lilia- cées et même des Dracénées, a ensuite été démembré en Cohnia par Kunth, Cor- dijline par Commerson, Charlwoodia par Sweet, Dracœnopsis et Calodracon par Planchon. Plusieurs botanistes (Planchon, Regel et Koch) ont essayé de répartir les espèces de Dracœna connues dans ces différents genres; 16 OBSERVATIONS RELATIVES A LA MATURITÉ mais, n’étant pas d’accord sur les carac- tères différentiels proposés pour établir les- dits genres, leur tentative a été sans résul- tat, de façon que, aujourd’hui, cette belle tribu des Dracénées est, botaniquement parlant, dans un tel désarroi, qu’il est à peu près impossible de classer avec assurance telle ou telle espèce dans un des genres cités plus haut; aussi, toutes sont-elles con- nues et répandues en horticulture sous le nom générique de Dracœna , et considérées comme appartenant à la famille des Lilia- cées. * Le Dracœna Goldieana, W. Bull, que représente la figure 4, est certainement une des plus curieuses et des plus remarquables espèces parmi celles connues et employées à profusion, depuis quelques années, pour orner les serres, les jardins et surtout les appartements. Découverte dans l’Afrique occidentale par M. Goldie, qui l’envoya au jardin botanique de Glascow, d’où elle passa dans l’établissement horticole de M. Wil- liam Bull, à Londres, qui l’a présentée à diverses expositions où elle a obtenu plu- sieurs premiers prix, nous l’avons vue, à Bruxelles, entourée d’amateurs compétents qui lui donnaient le titre de les lois comme les caraptères étant des conséquences de choses qui changent sans cesse , ne peuvent être immuables. C’est surtout en science qu’on peut dire ce que Pascal disait des choses de la foi : « Vérité en deçà, erreur au-delà. » Le B. Brillant sera mis au commerce au printemps 1878, parles obtenteurs, MM. Thi- baut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). E.-A. Carrière. PENTARAPHIA FLORIBUNDA Cette espèce a eu le tort de beaucoup d’autres : après avoir été ballottée, placée dans différents genres, elle vient d’être mise à sa véritable place par MM. Bentham et Hooker, qui la font entrer dans le genre Pentaraphia, à côté du genre Bytidophyl- lum. C’est une espèce excessivement flori- bonde, constituant un petit buisson très- compact, sous-ligneux, à rameaux courts et très-ramifiés, garni de poils roux, lanugi- neux sur toutes ses parties. Feuilles persis- tantes, alternes, atténuées en un très-court et gros pétiole, oblongues-lancéolées, à face supérieure réticulée -bullée. Fleurs axil- laires, courtement pédicellées, consistant en un long tube ventru vers son milieu, longuement atténué à sa base qui s’insère dans un calice à 5 divisions étroitement acuminées-aiguës. Corolle d’un rouge sang; étamines un peu plus courtes que la corolle ; anthères confluentes enfermant un style qui s’élève un peu au-dessus de la corolle et se termine par un stigmate renflé, subclavi- forme. Le Pentaraphia florïbunda, Benth. et Hook. ; Opinante Lïbanensis, Hanst. ; Ryti- dophyllum floribundum , Lem. ; Gesneria Lïbanensis , Morr. ; Herincquia floy'ibunda , Dcne, est originaire de Cuba; il exige la serre chaude ou une bonne serre tempérée ; sa floraison, qui commence à l’automne et se continue à peu près pendant tout l’hiver, en fait une plante ornementale des plus méritantes qu’on pourrait utiliser pour l’ap- provisionnement des marchés, ce à quoi elle est d’autant plus propre qu’elle reprend de bouture avec une extrême facilité, que les boutures fleurissent de suite et que la plante « se fait y> seule et n’a jamais besoin d’être pincée ni taillée, puisqu’aucune partie ne s’emporte jamais. E.-A. Carrière. PLANTES ANNUELLES RECOMMANDABLES - LOBELIAS De tous les végétaux qui concourent à l’ornementation des jardins, il en est peu de plus variés dans leurs formes, de plus attrayants par les brillantes couleurs de (imite H ortie# /s - ChrornolM . P. Stroobant . MELON JAPONAIS. 31 leurs fleurs que la section des plantes an- nuelles et bisannuelles. Le reproche que leur font certains jardiniers, d’exiger un renouvellement incessant, par suite du peu de durée des fleurs, n’est pas suffisamment fondé pour justifier leur exclusion des par- terres. Du reste, cet inconvénient, qui est le propre de la beauté, ne peut pas être im- puté à bon nombre de plantes annuelles qui, par leur longue durée de floraison, peuvent assurément aller de pair avec ces végétaux généralement élevés à grands frais dont on orne d’ordinaire les jardins. Cette ornementation a le défaut capital de donner à ceux-ci un caractère d’uniformité d’as- pect qui fatigue la vue par sa monotonie. En écrivant cette note, notre intention est d’appeler l’attention sur de modestes plantes, peu exigeantes, vigoureuses et ré- compensant amplement des quelques soins qu’elles réclament. Nous citerons d’abord les nombreuses formes du Lobelia erinus , qui ont été perfectionnées au point d’être de- venues méconnaissables lorsqu’on les place auprès du type. Les cultures de la maison Vilmorin ont largement contribué à cette transformation obtenue par de nombreux croisements, et des sélections habiles et successives. Les principales races bien fixées sont : le Lobelia erinus grandiflora erecta , plante vigoureuse, touffue, à tiges fortes, dressées, se couvrant d’une multi- tude de fleurs bleu foncé, se succédant sans interruption pendant les plus grandes chaleurs, et remontant franchement à l’au- tomne; cette race a produit une sous-va- riété à fleurs marbrées de blanc, Lobelia erinus Lindleyana, race à tiges grêles, allongées, étalées, vigoureuses et très-flori- bondes; fleurs moyennes., lilacées, à reflets mauves. Le Lobelia erinus erecta bicolor , à fleurs bleu d’azur bordées de blanc, et sa sous-variété à fleurs entièrement blan- ches forment également de jolies touffes à tiges érigées multiflores, ravissantes en bordures. Le Lobelia erinus gracilis alba, à tiges allongées, grêles, retombantes, est surtout excellent lorsqu’il est associé à d’autres plantes basses d’où ressortent avantageuse- ment les fleurs blanches dont il se couvre par milliers. Le Lobelia erinus gracilis alba erecta est une jolie miniature en forme de boule, on ne peut plus trapue et flori- bonde; elle est éminemment propre à la formation de bordures à fleurs blanches. A cette liste nous pourrions ajouter plusieurs autres races à grandes fleurs qui ne nous paraissent pas encore suffisamment « travaillées» pour devoir être recommandées au même titre que les précédentes, qu’elles surpasseront probablement avant peu, lors- qu’elles seront tout à fait fixées et amélio- rées, tel que sait le faire la maison Vil- morin. Pour la culture de ces plantes, leurs modes divers d’emplois, ainsi que pour de nombreuses combinaisons de corbeilles de fleurs annuelles, nous ne pouvons mieux faire que d’engager à consulter un excellent livre intitulé : Les Fleurs de pleine terre (1), où se trouvent réunis tous les renseigne- ments désirables. PUVILLAND. MELON JAPONAIS L’espèce que représente la figure 7, qui a été introduite du Japon par M. Jean Sisley, en 1877, sous la dénomination vulgaire de Makuwa uri , nous paraît rentrer dans la catégorie des Melons dits « à rames, » où, du reste, ce Melon pourra constituer, tant par la forme que par la nature de son fruit, une section toute particulière. Lui-même paraît tendre à varier, puisque des quelques graines que nous avons reçues et qui ont été semées, sont sorties deux formes que nous allons décrire. La première, représentée ci-contre (fig. 7), est très-rameuse et rugueuse dans toutes ses parties, à ramifications allongées, grêles. Feuilles scabres, rappelant un peu celles des Concombres. Fleurs petites, jaune pâle; ca- lice à divisions linéaires assez longues. Ovaire très-allongé, gris cendré, fortement villeux, Fruit obovale plus ou moins légèrement ré- tréci vers son milieu, brusquement et régu- lièrement arrondi aux deux bouts, long d’environ 15 centimètres, large de 7-9 dans le plus grand diamètre. Ecorce mince, vert gris, légèrement fendillée, rugueuse, parais- sant mollir assez promptement. Chair dense, (1) Publié par MM. Vilmorin-Andrieux et Cie, 4, quai de la Mégisserie, à Paris. 32 SUR QUELQUES OUVEAUX LÉGUMES DE 1877. fine, fondante, onctueuse, d’un vert jau- nâtre; eau sucrée et assez agréablement re- levée, manquant un peu de saveur, ce qui peut être dû à l’époque tardive où les fruits ont été récoltés et pourtant à peine mûrs (c’est en octobre que nous avons dégusté ces fruits, les graines ayant été semées vers la fin de mai). La deuxième forme paraissait être un peu plus vigoureuse, bien que semblable par sa végétation; son bois était un peu mieux nourri et ses feuilles légèrement plus grandes ; elle paraît être un peu plus tardive. Les fruits sont aussi plus courts et plus renflés ; leur peau, d’un vert foncé, noirâtre, présente, au lieu de côtes, des bandes lon- gitudinales blanchâtres un peu enfoncées. La chair, relativement épaisse, d’un vert foncé ou vert-de-gris, est ferme, serrée et fon- dante, sucrée ; d’une saveur ou parfum sui generis assez agréable, elle laisse pourtant dans la bouche un arrière-goût âcre. Ajou- tons que chez les deux formes les graines étaient très-petites et extrêmement abon- dantes, en général mauvaises, surtout chez la première forme, ce qui pouvait être le fait d’une insuffisante maturité des fruits. Ce sont là les caractères généraux que nous ont présentés les Makuwa uri , qui pourtant ne peuvent être considérés comme Fig. 7. — Melon japonais ( Makuwa-uri ), au tiers de grandeur naturelle. indiquant la valeur absolue de ces Melons qui, ayant été semés et plantés trop tardive- ment, n’ont pu acquérir les qualités qu’ils eussent montrées si, au lieu d’être plantés vers la fin de juillet, ils l’eussent été de février à la fin de mars. Aussi est -ce une expérience à recommencer. Ajoutons que ces Melons nous ont paru devoir se conserver longtemps après être cueillis et que, sous ce rapport, il n’y aurait rien d’étonnant qu’on puisse en manger long- temps encore après qu’ils auraient été cueillis. E.-A. Carrière. SUR QUELQUES NOUVEAUX LÉGUMES DE 1877 Comme les années précédentes, nous avons pu suivre et étudier le développement des légumes nouveaux mis si généreuse- ment à notre disposition par la maison Vilmorin, de Paris. Cette libéralité, faite à la Société d’horticulture de Soissons avec la discrétion et la courtoisie qui sont l’apanage de cette vaste et consciencieuse maison commerciale, nous a permis de constater les résultats obtenus comme rendement 33 SUR QUELQUES NOUVEAUX LÉGUMES DE 1877. avec certaines variétés, notamment parmi les Pommes de terre et les Haricots. Aussi, avant de commencer la description de toutes ces nouveautés, nous adressons ici nos sen- timents de la plus vive reconnaissance aux intelligents directeurs de cet important éta- blissement. De même que les années précédentes aussi, les différents légumes ont été cul- tivés dans les mêmes conditions que s’il s'agissait de légumes ordinaires* c’est-à-dire en suivant les mêmes procédés de semis, de plantations, de binages et d’arrosements qu’emploient si judicieusement les habiles maraîchers du Soissonnais. Est-ce à dire que tous les résultats obtenus doivent être les mêmes? Nous ne le pensons pas, et voici pourquoi : une année humide, favorable à certaines variétés de légumes, e§t souvent nuisible à d’autres; de plus, l’absence du soleil et de la lumière influe singulièrement sur le développement her- bacé et sucré des végétaux en général qui, lorsqu’ils subissent ces conditions, sont presque toujours dépourvus de sucre et de parfum , tandis que, presque toujours, c’est le contraire qui arrive quand ils se sont développés sous l’influence de la cha- leur et de la lumière. Et comme l’été de 1877 a été plutôt humide et froid que sec et chaud, il en est résulté que les Pommes de terre ont été d’une maturité tardive, peu farineuses, et que les Haricots ont eu à peine le temps de mûrir, puisque les premières gelées blanches ont saisi une partie de leurs gousses à l’état vert, et que les Melons ont « miellé >: et mûri très-difficilement, de sorte qu’ils ont manqué de parfum. En revanche, les Choux, les Radis, les Pois ont poussé vigoureusement, et leur produit a été de première qualité par le seul effet du climat humide; aussi ces plantes ont-elles pris un développement plus qu’ordinaire et, par cette même cause, sont devenues plus succulentes et plus su- crées. Par conséquent, nos appréciations sont toutes approximatives, et nous croyons que deux ou trois étés seraient nécessaires pour fixer d’une manière absolue le mérite de tel ou tel légume. Il est également indis- pensable, dans ces sortes d’essais, de tenir compte de la composition du sol qu’on a à sa disposition ; les terrains forts, compacts et imperméables à l’eau, deviennent un vé- ritable danger dans les années froides et humides, tandis que c’est le contraire qui a lieu dans les sols légers, qu’ils soient siliceux ou calcaires. Et même avec ces dernières sortes de terrains est-on presque toujours assuré de faire une bonne récolte au printemps et à l’automne, malgré l’hu- midité parfois abondante de ces deux saisons. Les descriptions qui suivent ont été faites sur des produits obtenus dans une terre saine, légère et siliceuse, c’est-à-dire très-favorable à la culture des légumes dans les années brumeuses. Aussi dans l’appré- ciation faudra-t-il tenir compte de cette cir- constance favorable. Ceci admis, nous commençons par la description et les résultats obtenus par la culture du Céleri 'plein court à grosse côte , dont le grand avantage est de ne pas drageonner et d’offrir par cela même une plus grande résistance aux pétioles des feuilles. Courte, trapue et rustique, cette variété a encore l’avantage de blanchir presque naturellement, surtout si elle est plantée serrée. Excellent cuit et en salade, c’est une bonne acquisition pour les jardins potagers. La Chicorée frisée impériale est aussi une bonne acquisition ; elle ressemble un peu à la Ruffec par la frisure de ses feuilles et son mode de végéter ; toutefois, elle lui est supérieure et par sa couleur et par sa saveur. Elle ne craint ni la chaleur, ni la sécheresse. Elle -vient surtout très-bien en été et à l’automne. Ici, les premiers semis du printemps ont monté très-facilement. A part cet inconvénient, c’est peut-être la meil- leure de toutes les Chicorées. Le Chou précoce de Louviers a beaucoup de ressemblance avec le Chou Cœur-de- Bœuf; mais il est plus tendre à la cuisson, et il est moins fort de goût. Comme Chou printanier, il égale la valeur de cette der- nière variété. Lorsqu’un hiver rigoureux aura détruit les Choux d’York hâtifs, on pourra le semer en février sous châssis et le planter à la place de ces derniers. Une seconde saison, faite dans le but d’avoir des produits dans le milieu de l’été, n’aurait aucune raison d’être, d’autant plus qu’il prend, dans les chaleurs, le goût sulfureux qui est propre aux Choux cabus. En résumé, c’est une bonne acquisition pour le prin- temps. Les jardiniers maraîchers feront donc bien de ne pas l’oublier. 34 SL'ft QUELQUES NOUVEAUX LÉGUMES DE 1877. Le Chou de Tourlaville est inférieur à la variété précédente ; il pomme moins bien ; il est plus tardif, et sa cuisson se fait plus difficilement. Fort goûté dans la Manche où il est l’objet d’une culture spéciale, il réussit moins bien dans notre contrée. Cependant nous en poursuivrons l’étude l’année pro- chaine. Le Concombre vert long de Monro a jus- tifié ici la réputation qu’il a acquise en Angleterre où il a pris naissance. Fruit gros et régulier, chair lisse et pleine. Il s’est aussi bien conduit en pleine terre que cultivé sur couche. Pour les vrais amateurs de Concombres, c’est une bonne fortune. Le Haricot Beurre ivoire sans parche- min, à rames, est d’une fertilité extraordi- naire; ses cosses contiennent de cinq à sept graines. Cosses et graines cuisent par- faitement et sont de première qualité. Dans les maisons où l’on a beaucoup de monde à nourrir, cette variété peut être de la plus grande utilité. Elle est un peu tardive; c’est le seul reproche que nous puissions lui adresser. Le Haricot de la Val d’Isère sans par- chemin, h. rames, est également tardif. Il est très-vigoureux et très-fertile; ses pro- duits ont la même valeur et peuvent être employés comme ceux de la variété précé- dente. Le Haricot Princesse à longues cosses, à rames, a sur les variétés décrites ci-des- sus l’avantage d’être plus hâtif. De plus, ses graines sont blanches, ce qui n’est pas à dédaigner dans nos contrées, où les Hari- cots de couleur n’ont aucune chance, jusqu’à présent, d’être accueillis avec faveur. Les graines et les gousses qui sont dépourvues de parchemin sont de première qualité. Le Haricot zébré gris sans parchemin, à rames, est également très-fertile, très-rus- tique et très-vigoureux ; il est surtout de première qualité. C’est la providence des fermes et des grandes exploitations, où on peut l’employer sous forme de purée. Sa cosse, charnue et très-tendre, possède plus que toute autre variété la facilité de se fondre à la cuisson. C’est donc un mange-tout des plus recommandables. Malheureusement, cette variété est tardive, trop tardive peut- être pour notre climat. Cette année, la moitié de la récolte a été détruite par les premières gelées blanches. Il serait donc prudent de le semer sous châssis et en godet vers le 15 avril, pour le planter à demeure vers le 15-20 mai. En prenant cette précau- tion, on serait assuré d’un succès com- plet. Le Haricot Bagnolet blanc, obtenu et fixé dans les cultures de la maison Vilmorin, produit des gousses droites et longues, dé- licieuses pour être mangées en vert. Le grain blanc et ovale n’est que de troisième qualité. Le principal avantage de ce Haricot réside dans la facilité avec laquelle il se prête à la fabrication des conserves. Sous ce rapport il est supérieur à toutes les variétés que nous avons essayées jusqu’à ce jour. Avis aux cuisinières. Le Haricot rose nain mange-tout, restera seulement dans les collections d’amateurs; il n’est pas vigoureux, produit peu, et sa qualité est bien inférieure à nos bonnes races de Haricots cultivées dans le Soisson- nais ; de plus il est très-tardif. La Laitue Roquette ne s’est montrée ici ni vigoureuse, ni rustique, ni bonne ; nous ne savons si elle se conduira mieux sous châssis ; mais pour la pleine terre, c’est une variété à abandonner, à moins toutefois que l’année prochaine elle se comporte mieux, ce dont nous doutons. L’Ognon blanc très-hâtif de la Reine a pour principal mérite sa grande précocité, ce qui est un avantage pour la culture printanière. Il est peu vigoureux; par conséquent, il faudra le planter près. Il est aussi de première qualité ; nous engageons fortement MM. les jardiniers-maraîchers à en essayer la culture. L’Ognon blanc plat gros d’Italie est bien plus gros que le précédent; il fournit davantage à la récolte; mais sa qualité est plutôt inférieure, et il est en outre plus tar- dif. Cultivé avec l’Ognon blanc ordinaire, il fera double emploi. L’Ognon rouge vif d’août peut également être semé à l’automne et passer l’hiver en pleine terre. Il produit des bulbes qui sont de moyenne grosseur et de moyenne qua- lité ; il est âcre et ne vaut ni les Ognons blancs cités plus haut, ni surtout notre excellent O gnon jaune des Vertus. L’Ognon géant de Rocca a plus de valeur que la variété précédente; son rendement est plus considérable. Nous avons récolté un bulbe pesant 500 grammes qui, malgré sa grosseur, était de première qualité. Il sera évidemment pour la charcuterie un excel- 35 SUR QUELQUES NOUVEAUX LÉGUMES DE 1877. lent auxiliaire. Au grenier, il se conduit bien, et sa conservation paraît assurée. L’Qgnon Catawissa est plutôt, sous notre climat, un légume de fantaisie qu’un légume de première utilité. Cette variété vigoureuse et rustique produit des bulbes, des tiges et des bulbilles ; ces derniers sont implantés sur la partie supérieure des tiges. Bulbes et bulbilles sont inférieurs de beau- coup en qualité à nos Ognons cultivés. Nous n’en dirons pas autant du Pois merveille de Batt. Cette variété demi-naine exige dans les bons terrains des petites rames branchues; elle est extrêmement fer- tile, vigoureuse et rustique. Son grain est excellent, et quand elle sera plus connue, on la préférera de beaucoup à certaines autres variétés à tiges naines qui encombrent les collections d’amateurs et la nôtre en par- ticulier. Les deux variétés de Pommes de terre dont les descriptions se trouvent plus loin sont assurément, avec le Pois Merveille de Batt , les meilleures acquisitions de cette année. La variété Compton’s surprise, de race américaine, est d’une maturité tardive. Elle produit autant que la Chardon. La qualité de ses tubercules, qui sont violets, égale la qualité de cette dernière variété. La Pomme de terre Van der Veer est également de race américaine. C’est assuré- ment une des plus belles variétés de Pommes de terre que nous ayons jamais rencontrées. Ses tubercules sont souvent énormes, régu- liers et tellement nombreux, qu’une seule touffe nous a produit un rendement de 10 kilogrammes!... Toutefois, malgré notre terrain léger et siliceux, sa qualité est moyenne; elle s’est montrée cette année inférieure à la Chardon; du reste, elle est un peu plus tardive. Nous allons poursuivre sa culture, et nous espérons bien que, dans les années sèches et même ordinaires, il sera toujours avantageux pour la culture de la cultiver sur une grande échelle. Un avan- tage qui milite en sa faveur : tandis que cette année une partie de notre collection était atteinte de la «: miellée, » la Pomme de terre Van de Veer a été indemne de ce fléau. Le Radis blanc hâtif géant de Stuttgart (qui est presque gris) n’a rien d’extraordi- naire, ni par sa saveur, ni par ses caractères hâtifs. Ce sera pour notre contrée un mauvais produit pour le marché, où les Radis rouges et roses sont en haute fa- veur. Le Radis blanc de V Hôpital est un peu meilleur ; il est aussi plus franchement blanc. Malgré ces avantages, ce sera toujours une variété bien secondaire et qu’on ne peut guère recommander. Nous préférons de beaucoup la Tomate rouge grosse lisse , mise également au com- merce au printemps de cette année. Elle s’est montrée, dans nos cultures et dans les sections de la Société où nous l’avons ren- contrée, bien supérieure encore à la des- cription qu’en ont faite les consciencieux vendeurs, qui s’expriment ainsi sur son compte ; « Cette variété, aussi remarquable par la beauté que par la grosseur de ses fruits, a été obtenue par un travail de sélec- tion de plusieurs années, par un des meil- leurs jardiniers de nos environs ; elle es sortie de la Tomate rouge grosse, mais elle est plus grosse ; les fruits, qui deviennent énormes, sont complètement lisses, c’est-à- dire sans côtes, à chair rouge tout à fait pleine et très-succulente. » On ne saurait dire plus vrai ; aussi recom mandons-nous vivement la culture de cette excellente Solanée. Nous sommes obligés à remettre à l’année prochaine la description du Chou-fleur Impérial. Il n’a rien fait ici dans l’été, ni à l’automne. Au reste, toutes les autres varié- tés de Choux-fleurs n’ont pas donné de meilleurs résultats, et depuis longtemps les jardiniers de notre contrée n’avaient pas essuyé, dans cette culture, un pareil échec, dû très-probablement aux pluies froides de l’été et de l’automne. Tels sont les résultats des observations faites cette année 1877 sur cette série de lé- gumes nouveaux qui, ainsi qu’on devait s’y attendre, ont donné de très-bons, de mé- diocres et même de mauvais résultats. La quantité de ceux acquis définitivement pour les besoins de la culture ordinaire n’est pas excessive ; mais serait-elle moindre, qu’il n’en faudrait pas moins féliciter les chercheurs et les obtenteurs, car l’espace pour opérer dans la voie du nouveau est immense et pour ainsi dire indéfini ; fort heureusement que l’avenir est à eux et qu’ils sauront, comme par le passé, en pro- fiter largement. De notre côté, nous leur promettons notre bien modeste concours, et 36 ARICOT ÉMILE. nous nous engageons par avance à poursuivre introductions, faites au profit et dans Tin - l’année prochaine la culture de toutes ces térèt de la société tout entière. E. Lambin. HARICOT ÉMILE Une longue expérience nous avait amené à réduire considérablement l’emploi des Haricots nains dans nos cultures potagères. Fig. 8. — Haricot Émile , grandeur naturelle. Moins productives que les races à rames, presque toutes les formes naines présen- tent, lorsqu’on les destine à la consomma- tion en cosses fraîches, des inconvénients assez sérieux. Les variétés à cosses très- tendres et complètement sans parchemin sont peu nombreuses, et toutes sont très- sujettes à la pourriture. Celles à cosses plus fermes deviennent rapidement impropres à la consommation et doivent par conséquent être récoltées très-jeunes. La variété que nous nous proposons de faire connaître aujourd’hui, bien qu’appar- tenant à la race naine , nous paraît exempte de tous ces défauts. Elle réunit le triple avantage de la précocité, de l’abondance des produits et de rester tendre jusqu’à son entier développement. Depuis plus de dix ans que nous la sui- vons dans nos cultures, elle s’est toujours montrée très - résistante aux influences atmosphériques et donnant des récoltes sou- tenues. En voici la description : Haricot Emile (fîg. 8). Tige verte, dressée, haute de 30 à 40 centimètres, rameuse. Fleurs rosées passant au blanc légèrement rosé à la fin de l’anthèse. Pédoncules légèrement pubescents, portant de 4 à 6 fleurs plus courtes que la feuille à la maturité. Bractées largement ovales subaiguës, dressées, beau- coup plus courtes que le pédicelle. Bractéoles vertes, ovales-elliptiques, obtuses, égales au calice. Feuilles moyennes, à folioles acumi- nées, l’impaire ovale, les deux latérales ovales-obliques . Stipules triangul aires, oblon- gues. Gousses adultes vertes, sans fil ni parchemin, presque cylindriques, terminées au sommet par une arête de longueur moyenne légèrement courbée. Gousses mûres de 10 à 15 centimètres, arquées, légèrement ridées, un peu bosselées par la saillie des grains, atténuées en une pointe presque droite, de 12 à 15 millimètres de long. Grains mûrs, 4 à 6 dans chaque gousse, ellipsoïdes, un peu allongés, à peine comprimés, d’un blanc gris fortement marbré de violet lilacé, longs de 13 à 14 mil- limètres, larges de 8 millimètres et épais de 7 à 8 millimètres. Cette variété, précoce, naine et très-pro- ductive, à cosses tendres et savoureuses, mûrit en juillet. ASTERS RECOMMANDABLES POUR LA CULTURE AUTOMNALE. 37 Son grain présente quelque analogie avec ceux des H. plein de la Flèche et H. soli- taire; mais il diffère de ces deux variétés par sa forme moins allongée, plus épaisse, et son bord ombilical, plutôt convexe que concave. Le Haricot Emile diffère en outre de ces deux variétés par sa précocité et par sa tige, plus franchement naine et nullement tombante . E. Perrier de la Bathie, Professeur d’agriculture à l’Ecole normale d’Albertville (Savoie). ASTERS RECOMMANDABLES POUR LA CULTURE AUTOMNALE Le genre Aster renferme un grand nom - bre d’espèces, toutes plus, ou moins orne- mentales , dont quelques-unes , par leur nature envahissante, ont fait jeter à tort une sorte de défaveur sur ce groupe en gé- néral. Si quelques espèces, parleur stature éle- vée, ne conviennent guère que mélangées aux arbustes sur la lisière des bosquets, d’autres, par leur nature traçante, occupent bientôt des étendues considérables, si an- nuellement on n’a soin de les réduire à de justes proportions; et si quelques autres n’ont qu’une floraison passagère, il en est aussi qui, par leur végétation cespiteuse, leur port serré et trapu, la beauté de leurs fleurs et l’abondance de celles-ci, ainsi que par leur transplantation, facile même au mo- ment de leur floraison, sont d’excellentes plantes pour la décoration des jardins et des appartements. Pendant deux mois, à partir de septembre, époque où de nom! reux vides se forment dans les parterres, soit par la défloraison des plantes estivales, soit par les gelées précoces d’automne, nous n’avons guère, pour les remplacer, que les Chry- santhèmes précoces dont nous avons re- commandé la culture (1), les Anémones du Japon et les traditionnelles Chrysan- thèmes d’automne, quand encore ces der- nières, soit par une saison favorable ou une culture raisonnée, arrivent à épanouir leurs corolles avant la Toussaint. Voici quelques espèces que nous recommandons tout parti- culièrement : 1° Aster bicolor , Hort. — Cette plante, qui est probablement une forme naine de Y Aster versicolor , et dont l’origine est in- connue, forme de jolies petites touffes des plus gracieuses. Ses tiges, qui atteignent 30 centimètres de hauteur, se terminent, en septembre et octobre, par des corymbes allongés de fleurs nombreuses, à disque (1) Y. Revue horticole , 1873, p. 406. jaune; les demi-fleurons passent du blanc au rose, ensuite au lilas. 2° Aster cœspitosus, L., A. gazonnante. — Quelques auteurs donnent cette plante comme une forme de Y Aster tardiflorus ; d’autres la désignent comme espèce origi- naire de l’Amérique septentrionale. Elle est d’une stature un peu plus élevée que la précédente; ses tiges se tiennent plus dres- sées et lui donnent un aspect plus ferme; ses fleurs, d’un blanc lilas, devenant pur- purines avec l’âge, s’épanouissent en sep- tembre; elles sont disposées en larges co- rymbes réguliers et forment, par leur abon- dance, une plante ornementale de premier mérite. 3° Aster Reeversii , Hort., A. de Reevers. — Cette plante, qui est probablement en- core un produit nain de Y Aster tenuifolius , a les tiges grêles, mais fermes, de même hauteur que la première. Par son port trapu, buissonnant, et par ses nombreuses fleurs d’un blanc carné, elle est des plus recommandables, soit pour former des bor- dures et corbeilles, soit pour faire des po- tées, culture à laquelle elle se prête parfai- tement. 4° Aster pendulus, Ait., Aster horizon- tale, Desf. — L’Aster à rameaux pendants est déjà plus répandu dans les jardins que les espèces précédentes ; il forme de jolis petits buissons d’environ 70 centimètres de hauteur. Ses tiges se terminent par de nom- breuses ramifications qui s’étalent horizon- talement et se couvrent, en septembre et octobre, d’innombrables fleurs passant du blanc au rose en vieillissant. 5° Aster tenuifolius , Wild., A. à feuilles ténues. — Cette plante, également assez répandue dans les collections, est de même stature que les précédentes, mais elle a un aspect plus grêle à cause de son feuillage très-ténu et ses rameaux plus grêles. Dans le courant d’octobre, elle se couvre de my- riades de petites fleurs blanches à disque 38 ASTERS RECOMMANDABLES POUR LA CULTURE AUTOMNALE. jaune pâle, et forme l’ornement des plates- bandes. Elle convient particulièrement pour la confection des bouquets et garnitures des vases. Peut-être devrions-nous nous borner à la description de ces quelques espèces, comme plantes susceptibles d’être cultivées en pé- pinière pour les garnitures d’automne et aussi pour l’approvisionnement du marché dans cette saison ; néanmoins, il en est tant d’autres également méritantes, que nous croyons utile de recommander les quelques espèces suivantes, comme plantes vivaces d’ornement, à cause de leur floraison abon- dante et brillante, qui arrive à une époque où celle de la plupart des autres plantes vivaces est passée. Nous citerons, en première ligne, Y Aster formosissimus grandiflorus , A. élégant, à grandes fleurs, plante s’élevant à un mètre de hauteur, à ramifications dressées, à fleurs grandes, d’un beau bleu lilas, dispo- sées en corymbe pyramidal d’une très- longue durée. L ’ Aster tardiflorus , Nees., A. à floraison tardive, est de même taille que la précé- dente ; ses rameaux sont plus divergents, ce qui lui donne un aspect plus buissonneux. Ses fleurs nombreuses sont d’un lilas rosé à disque jaune qui devient purpurin. On peut, en espaçant beaucoup les pieds, et par le pincement des extrémités des rameaux ou par leur arcure, réduire de moitié la hauteur de ces deux plantes, et les rendre ainsi encore très-convenables, pour la culture en bordure autour des massifs des grandes plantes. V Aster amellus et sa variété latifolius sont de bonnes plantes qui, atteignent de 50 à 60 centimètres de hauteur; leurs fleurs, qui sont grandes, d’un bleu lilas, disposées en corymbe lâche, s’épanouissent en août et septembre. L ’ Aster repertus , Hort., atteint, en moyenne, 80 centimètres d’élévation. C’est une plante d’un vert gai, se distinguant faci- lement de ses congénères par la couleur rose rougeâtre de ses fleurs, qui s’épanouissent en septembre-octobre. L’Aster Datschii et Madame Seymier sont, dit-on, des formes dérivant de Y Aster repertus; le premier a les fleurs blanches et atteint environ 1 mètre de haut, tandis que le second n’atteint pas plus de 30 cen- timètres et a les fleurs bleues. L ’ Aster versicolor est une belle espèce, fleurissant abondamment pendant les mois de septembre et octobre. Elle atteint quel- quefois de lm 30 à lm 50 de hauteur ; les fleurs, d’abord d’un blanc carné, passent au rose, puis au violet, avec le disque jaune et brunâtre. En terminant, nous signalerons l’Aster de la Nouvelle- Angleterre et sa variété rose. Ce sont deux plantes qui, par leur taille élevée et la beauté de leurs fleurs qui sont d’un bleu intense dans le type et d’un beau rose dans la variété, et disposées en pani- cule serrée, peuvent être employées avan- tageusement à la décoration des jardins pit- toresques et à l’ornementation des grands massifs et parterres. Pour éviter le dessèchement des feuilles de la base des tiges, il ne faut pas les plan- ter dans un terrain trop brûlant et à une ex- position trop chaude, mais il est nécessaire aussi de leur donner quelques bons arro- sages par les grandes sécheresses. La multiplication des Asters se fait par la division des pieds ou par drageons au mois de mars. Lorsqu’on se dispose à planter en pépinière d’attente, il suffit d’un simple éclat pour donner, la même année, par suite de pincements combinés, d’assez fortes touffes, soit pour la vente, soit pour les garnitures automnales des corbeilles, tandis que lors- qu’on veut -danter directement en place, il est préférai! : 2 d’avoir des petites touffes âgées d’un an et élevées en pépinière. Les Asters ne sont pas difficiles sur la qualité du sol, car on les voit réussir dans les terrains de nature les plus divers. Cepen- dant la plupart se plaisent et acquièrent leur plus grand développement dans une terre meuble, fraîche et substantielle. Lors- qu’on les cultive en pépinière d’attente, un bon paillis et quelques copieux arrosements pendant les fortes chaleurs sont très-utiles pour favoriser leur développement et hâter leur floraison, tandis que les grandes es- pèces, une fois en place, viennent à peu près sans soins ; cependant il est bon de séparer les touffes tous les deux ou trois ans, et de leur donner un sol nouveau, car les espèces traçantes- finiraient par trop s’éten- dre, tandis que les espèces cespiteuses s’amaigriraient, et leur floraison ne serait plus aussi belle. Comme nous l’avons dit plus haut, un des grands mérites de ces plantes, surtout des SPIRÆA LINDLEYANA. — LES CATALOGUES. 39 premières espèces, est de supporter facile- ment la transplantation en motte et en pleine végétation. Dans ce cas, pour assurer leur reprise, il est urgent de choisir un temps sombre et pluvieux, ou d’ombrager pendant quelques jours les pieds trans- plantés et d’arroser copieusement. On peut se procurer la plupart de ces plantes chez MM. Jaquemet-Bonnefont, hor- ticulteurs à Annonay (Ardèche), et chez M. Bonnet, jardinier-horticulteur, route de Montrouge, 11 (Petit-Van ves), Paris. J.-B. Weber, JardinieFen chef au Jardin botanique, à Dijon (Côte-d’Or). SPIRÆA LINDLEYANA Voici une espèce ornementale de premier ordre, qui, abandonnée à elle-même dans un grand emplacement et non martyrisée par la tonte, comme on est assez dans l’habitude de le faire, est d’une majestueuse beauté. Elle forme un énorme buisson; ses tiges, qui dépassent souvent 2 mètres de longueur dans les bons terrains, atteignent ces di- mensions sans se ramifier; elles sont un peu arquées ou plutôt flexueuses, ce qui augmente encore l’effet décoratif. Son feuil- lage consiste en nombreuses feuilles impa- ripennées, longues, à folioles espacées, d’une élégance extrême, donnant à l’en- semble l’aspect léger que produirait une LES CAI Angelo Longone, horticulteur, 45, près la porte Garibaldi, à Milan (Italie). Catalogue général pour 1878. Arbres fruitiers, fores- tiers et d’ornement de divers âges et de diverses forces. Outre les fruits ordinaires, on trouve là des collections diverses, telles que Vignes, Coignassiers, Figuiers, Noise- tiers, Néfliers, Châtaigniers, Grenadiers, Oliviers, Groseilliers, etc. Collections spé- ciales d’arbustes à feuilles persistantes et à feuilles caduques ; Conifères, Rosiers; plan- tes grimpantes, Azalées, Camélias, Rhodo- dendrons. Enfin les deux dernières séries du catalogue comprennent : l’une (la qua- trième) les plantes diverses de serre ; la cinquième est exclusivement consacrée aux plantes vivaces. Dans la section dite « des plantes alimentaires, » nous remarquons cinq variétés allemandes de Fraisiers, parmi lesquelles, outre la grosseur, l’une, la Deutsche Konprinzessin , se fait remarquer par sa forme toute particulière. — Louis Van Houtte, horticulteur à Gand (Belgique). Catalogue n° 176, comprenant gigantesque touffe de Fougère. Au mois de juillet, la plupart des tiges se terminent par une panicule énorme de centaines de fleurs blanches, et produit alors un coup d’œil des plus ravissants. Ce remarquable arbrisseau, l’une des excellentes introductions du Japon, perd quelquefois l’extrémité de ses tiges dans les départements du Nord, lorsque l’hiver est rude, mais les nouvelles pousses ont bientôt réparé ce léger inconvénient ; il ne réclame aucun soin, s’accommode de tous les terrains et de toutes les expositions. Rien donc ne justifie l’abandon dans lequel on le laisse ; au contraire. Charles Magnier. trois grandes séries : l’une propre aux graines de plantes annuelles et vivaces de plein air, d’arbres d’ornement, de plantes de serre et de plantes potagères et four- ragères ; l’autre les Gesnériacées ; la troi- sième est spéciale aux Bégonias tubé- reux, Caladium , Dahlias, etc. Outre le choix immense de plantes et de graines que comprend ce catalogue, ce qui lui donne une valeur toute spéciale, ce sont les ren- seignements consignés à la suite de l’indi- cation des noms, soit comme constatation de la valeur des plantes ou de leur descrip- tion, soit comme conseils sur la manière de les semer ou de les cultiver. Sous ce rap- port, c’est à la fois un recueil horticole et un guide pour les amateurs. — C. Sahut, horticulteur-pépiniériste, 10. avenue du Pont-Juvénal, à Montpellier (Hérault). Catalogue prix-courant des diffé- rents végétaux disponibles dans l’établisse- ment pour 1878. Arbres fruitiers, Asperges et plantes potagères. Supplément propre aux arbrisseaux et arbustes fruitiers, fores- 40 LES CATALOGUES. tiers et d’ornement. Spécialités de Conifè- res, Palmiers, Bambous, Yuccas, Magnolias. Plantes grimpantes, Lauriers-roses (Ne- riums). Arbustes à feuilles caduques et à feuilles persistantes, etc. Dans les divers renseignements relatifs à quelques plantes remarquables, il en est deux sur lesquels nous appelons particulièrement l’attention, se rapportant aux Diospyros coronarici, <( qui produit des fruits exquis et très-par- umés, » et au D. costata , dont oc un arbre chargé de ses beaux et très-gros fruits rou- ges et luisants fait l’admiration de tous ceux qui, en ce moment (15 novembre), visitent les collections fruitières de l’éta- blissement. » Signalons encore comme arbres fruitiers spéciaux les Jujubiers et les Pistachiers à fruits comestibles. — Louis Lhérault, horticulteur, 29, rue des Ouches, à Argenteuil. Catalogue pour 1878, particulièrement propre aux Asperges, Fi- guiers, Fraisiers et Vignes. Dans cet opus- cule, l’auteur, M. Lhérault, ne se borne pas à une simple énumération des plantes con- tenues dans chacun de ces groupes ; il en [connaître les caractères et ressortir les avantages, de manière à renseigner sur leurs mérites. De plus, il en indique la cul- ture à l’aide d’indications spéciales, donne les moyens d’en tirer le meilleur parti et d’éviter les déboires si fréquents qu’éprouvent les amateurs quand ils sont privés de rensei- gnements sur les plantes qu’ils achètent. En tête de chacun des groupes et sous la rubrique : « Avis important, » sont consi- gnées des observations scientifiques très- intéressantes, et d’autres tout à fait prati- ques non moins importantes, de sorte que sous ce nom : « Extrait du catalogue, » c’est un véritable guide pratique qu’a publié M. Lhérault. Pour se le procurer gratis , il suffit d’écrire franco à l’adresse ci-dessus. — J. Vaudrey-Evrard, horticulteur-pépi- niériste à Mirecourt (Vosges). Arbres frui- tiers, forestiers et d’ornement de divers âges et de diverses formes appropriées. Cul- tures spéciales d’arbres pour avenues, élevés sur belles tiges et d’une bonne force. Arbustes d’ornement à feuilles persistantes. Plantes grimpantes; plantes de terre de bruyère ; spécialités diverses de Rosiers francs de pieds et greffés sur Églantiers ; Conifères de forces variées levés en mottes ou cultivés en pots. Jeunes plants d’arbres à feuilles caduques et, d’arbres résineux. Oignons à fleurs ; plantes vivaces ; plantes variées élevées en vue de l’ornementation des jardins pendant l’été. Collections de plantes de serre variées, soit à feuillage, soit à fleurs. Graines de légumes et de plantes ornementales. — L. Paillet, horticulteur-pépiniériste à Chàtenay-les- Sceaux (Seine). En tête du catalogue qu’il vient de publier pour 1878 se trouve une liste de quelques plantes nou- velles ou très-rares parmi lesquelles nous remarquons la Glycine de la Chine, à fleurs pleines ; trois Violettes odorantes, dont deux également à fleurs pleines ; enfin deux Clématites qu’il vient de mettre au com- merce et dont nous avons donné récem- ment (1) une description sommaire. Outre les arbres fruitiers et les diverses plantes de serre, on trouve dans cet établissement des collections de Pivoines dites en arbre et des Pivoines herbacées, de Rosiers francs de pied et greffés, de Conifères, de plantes de terre de bruyère, telles que Rhododendrons, Kalmias, Azalea , Magnolias à feuilles per- sistantes et à feuilles caduques. Fougères de pleine terre ; collection de Clématites, Yuccas, Bambous, plantes bulbeuses ou tubéreuses, telles que Bégonias tubéreux, Dahlias, Tropœolum , etc., etc. Signalons encore parmi la section des arbustes rares de plein air les suivants : Quercus nigra , Ulmus Berardi, Juglans macrophylla , Catalpa syringœfolia aurea , Alnus incana laciniata , l’un des plus jolis arbrisseaux par son port et son feuillage des plus gra- cieusement découpés. E.-A. Carrière. (1) Voir Revue horticole , 1878, p. 13. Orieaus, iuip. d« G. Jacob, cloître Sainl-Etieuue, 4. CHRONIQUE HORTICOLE État des travaux horticoles à l’Exposition universelle de 1878. — Nécessité de l’échenillage hivernal. — Statistique de la production des vins et du cidre en France, en 1877. — Les ennemis naturels, aériens et souterrains dn phylloxéra : études de MM. Riley et Blankenhorn. — La fécondation artificielle : un Bégonia tubéreux franchement hivernal, issu du B. Frœbeli : communication de M. J. -B. Deleuil. — Le tigre des Lauriers-Roses : efficacité de l’insecticide ' Fiche t. — Études physiologiques de M. le docteur Clos, professeur de botanique à la Faculté des sciences de Toulouse : la feuille florale et le filet staminal. — Le Cypripedium macranthum. — Bouturage des feuilles d’hybrides issus du Bégonia Frœbeli et de Bégonias tubéreux divers : communication de M. P. -U. Lamare, horticulteur à Bayeux. — Une exposition internationale en Australie. — Nécrologie M. Troupeau, jardinier-chef au Fleuriste de la ville de Paris. Malgré la saison d’hiver, les pluies très- fréquentes, et tout récemment les quelques jours de froid qui ont ralenti ou même arrêté certains travaux, et malgré aussi les difficultés de toutes sortes inhérentes à une entreprise aussi gigantesque que l’est l’Ex- position universelle, tout marche à la fois, même relativement très-vite. Sur beaucoup de points du Champ-de-Mars, les terrains sont prêts à recevoir les collections. Plu- sieurs sont même déjà plantées, notamment celles de MM. Baltet frères, de Troyes, qui consistent en arbres fruitiers de divers âges et de diverses formes, en Rosiers, en arbres et arbustes d’ornement et forestiers. Outre les massifs d’arbustes à feuilles persistantes et les Conifères dont nous avons parlé pré- cédemment, MM. JCroux et fils viennent aussi de planter leurs arbres fruitiers. M. Pissot, conservateur du bois de Bou- logne, a garni tout le terrain de l’un des deux rochers du Champ-de-Mars en beaux exemplaires de Conifères. Beaucoup d’em- placements sont également prêts et seront prochainement plantés. Il en est même plusieurs dont l’attribution est faite. Les arbres fruitiers et les Rosiers seront placés dans une bande de terrain parallèlement à l’avenue de Labourdonnais, entre celle-ci et les constructions. Quant aux collections forestières et d’ornement, elles devront être éparses un peu partout, là où il y aura de la place. Parallèlement aussi aux terrains dont nous venons de parler, le long de l’avenue de Suffren, s’en trouvent d’autres destinés aux exposants étrangers. Là aussi, les travaux sont menés très -activement, et bientôt ces terrains pourront être livrés à ceux qui en ont fait la demande. Déjà la Hollande a pris possession de la parcelle qui lui a été accordée et y a installé des plantations 1er FÉVRIER 1878. d’arbres fruitiers, d’arbres d’ornement, de Rosiers, etc. Les serres aussi s’établissent, et pour un bon nombre d’entre elles la cons- truction première, c’est-à-dire la « maçon- nerie, » est terminée ; aucune n’est montée pourtant, mais sous ce rapport on; n’a pas de crainte à avoir, puisque toutes les pièces étant préparées à l’atelier, il n’y a qu’à les apporter et à les monter. Au Trocadéro, dans toutes les parties où il n’y a pas de construction, là où celles- ci n’entravent pas les travaux, les plantations sont déjà faites, et les gazons relient leur verdure à celle des arbustes à feuilles per- sistantes. Les travaux pour l’exposition agricole sont également menés très-activement. Dans toute la partie du quai d’Orsay, depuis l’avenue de Labourdonnais jusqu’à l’espla- nade des Invalides, s’élèvent des constructions qui occuperont tout ou partie des deux ave- nues ; les côtés et le bord de la Seine où sont plantés les arbres seront affectés à la circulation, de sorte que les promeneurs pourront à leur aise et à l’abri du soleil visiter tous les objets exposés. Les animaux seront placés sur l’esplanade des Inva- lides, où auront lieu les concours tempo- . raires. — Bien que l’avertissement annuel pres- crivant l’échenillage ne soit pas encore pu- blié, les personnes que cette ordonnance concerne ne doivent pas moins examiner leurs arbres et enlever tous les nids de che- nilles qui pourraient s’y trouver. En agis- sant ainsi, en opérant dans l’hiver, on n’a pas à redouter les premières chaleurs ' qui peuvent faire éclore les œufs, cela d’autant plus qu’il y a, dans les chenilles comme dans tous les autres insectes, des races pré- 3 CHRONIQUE HORTICOLE. 42 coces, qui sortent du nid quand les autres commencent à peine leur transformation. Mais, outre ce premier échenillage, qu’il est prudent de pratiquer pendant l’hiver, il faut, avec beaucoup d’attention, veiller pen- dant tout le printemps, époque où se mon- trent les chenilles « bagueuses, » qui sont d’autant plus à craindre que, au lieu d’être renfermés dans des nids, les œufs sont pla- cés sous forme d’anneau ou de « bagues » autour des branches, et que, dans cet état, elles échappent souvent aux recherches. — Le compte-rendu officiel qui vient de paraître dans le Bulletin de statistique et de législation comparée , sur la production des vins en France en 1877, est de nature à rassurer beaucoup de gens sur l’avenir de la Yigne qui, à en croire les intéressés, est à peu près perdue. En effet, il résulte de ce document que cette production, qui s’élève à 50,388,067 hectolitres, dépasse la moyenne des dix dernières années, qui était de 54,589,000 hectolitres. Quant à la produC- duction du cidre en 1877, elle est à peu prèsdoublede celle del876 (13,344,945 hec- tolitres en 1877 au lieu de 7,036,000 hec- tolitres en 1876). — S’il faut en croire les savants, le phyl- loxéra n’a plus qu’à bien se tenir, car il a de nombreux ennemis aériens et souterrains. Ainsi, d’après M. Riley, il aurait huit enne- mis dont voici les noms : 1° Thrips phylloxerœ ; 2° Chrysopa plora- bimda; 3° diverses espèces de coccinelles; 4° larve et mouche du Syrphus ; 5° une mouche, Leucopis ; 6° Y Anthocoris insidius; et enfin deux ennemis du phylloxéra des racines : le Tyroglyphus phylloxerœ et YHopsophora ciretata. En outre, ce savant aurait observé que la larve du Chrysopa tabira (Fitch) est un ennemi naturel du phylloxéra des galles, et il relate aussi une observation de Rœsler qui a trouvé que le myriapode Polyxenus lagurus attaque le phylloxéra des racines. Un autre savant, M. Blankenliorn, directeur de l’Institut œnologique de Garlsruhe, a constaté que le Tyroglyphus phylloxerœ e stundes plus redoutables ennemis du phylloxéra. Il a eu l’occasion d’observer en 1875, de concert avec M. le docteur Morlz, le phylloxéra sur les racines de deux ceps, l’un de l’espècë Isabelle , l’autre de Chasselas fondant. L’Isabelle, qui était pro- bablement cause de l’infection, avait été planté il y a vingt-deux ans à l’école d’arboriculture de Galsruhe ; néanmoins le mal n’a fait aucun | progrès depuis cette époque, et M. Blankenhorn attribue cette immunité à la présence de plu- sieurs Hoplopliora et Tyroglyphus qui avaient élu domicile sur ces cépages. « Il est évident, dit-il, que les phylloxéras ne pouvaient se mul- tiplier sur les ceps, à cause de la présence de leurs ennemis naturels. » D’après ce savant, le peu d’extension des foyers phylloxériques, en Allemagne, ne peut être expliqué qu’en admettant que les ceps infectés ont été peuplés avant l’invasion du meurtrier de la Vigne par des parasites qui se sont opposés à sa multipli- cation. C’est là, on en conviendra, une théorie commode et qui simplifierait singulièrement la question du phylloxéra et couperait court à bien des discussions, puisque, au lieu de tous les remèdes indiqués, généralement si dispendieux et d’une ap- plication difficile, il suffirait d’apporter dans les Vignes les quelques insectes sauveurs, ces ennemis « naturels » du phylloxéra. Malheureusement pour les viticulteurs, le fait ne paraît pas si bien démontré que le prétendent les deux savants. Nous voyons même, dans l’explication faite par M. Blan- kenhorn,'quelques assertions difficiles à jus- tifier, par exemple le remède précédant le mal, l’importation d’insectes qui vivent aux dépens du phylloxéra avant l’introduction de celui-ci. D’où venaient ces insectes, et comment avaient-ils pu vivre jusqu’à ce qu’on eût importé le phylloxéra qu’ils étaient appelés à dévorer? Voilà ce qu’il serait bon de connaître. En attendant, et malgré tant d’ennemis « naturels » du phylloxéra, nous engageons les viticulteurs à ne pas trop compter sur ces prétendus auxiliaires, mais bien plutôt sur eux-mêmes. Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié ce terrible insecte rapporté à grands frais d’Amérique qui devait exter- miner] tous les phylloxéras en les poursui- vant « jusqu’aux plus grandes profondeurs des racines, » et dont jamais plus on n’a entendu parler. C’est là, nous le craignons, le sort qui est réservé aux prétendus sau- veurs dont on entretient aujourd’hui le public. — Où sont les limites — s’il y en a — de la fécondation artificielle? C’est ce que personne ne pourrait dire. Tous les jours, en effet, on voit ces limites s’étendre de plus en plus par le fait de la pratique, et dépasser de beaucoup celles posées par CHRONIQUE HORTICOLE. 43 les botanistes. Sous le rapport des féconda- tions, c’est surtout la pratique de l’horti- culture qui est appelée à élargir la voie ouverte par la science. Si, à ce point de vue, les tentatives faites n’ont pas tou- jours été couronnées de succès, il faut pourtant reconnaître que dans beaucoup de cas il en a été autrement, et que parfois même des tentatives regardées comme téméraires ont produit d’heureux résultats. L’exemple fourni par les Bé- gonia, et que nous fait connaître M. De- leuil, horticulteur à Marseille, vient encore justifier nos dires. Voici ce qu’il nous éèrit : Marseille, le 17 décembre 1877. Monsieur Carrière, rédacteur en chef de la Revue h-orticole , à Paris. J’ai l’honneur de vous adresser, par la poste et par ce même courrier, un bouquet de fleurs d’un Bégonia tubéreux dont la végétation et la floraison sont franchement hivernales . La plante qui a produit ces fleurs me vient d’un croisement par le pollen du B. Frœbeli sur une espèce ligneuse fleurissant en hiver et que, pour le moment, je n’ose nommer, tant cette union pourrait paraître invraisemblable. Quoique mes notes aient été prises exactement, et que dans la plante on reconnaisse les deux parents dont elle provient, j’ai, cette année, répété l’opération, de manière à pouvoir, avec certitude, faire connaître le nom de la mère. Le gain dont je parle prend son repos d’avril en octobre, juste pendant le temps que tous les autres Bégonias tubéreux sont en pleine végéta- tion. L’année dernière, avant que je connusse son époque d’activité, j’avais empoté le tubercule en même temps que les autres tubéreux, et je lui donnai les mêmes soins, mais en vain ; c’est alors que vers le milieu de l’été, le croyant pourri, je l’examinai, et comme je le trouvai dans un parfait état de conservation, mais sans aucune racine nouvelle et sans la moindre ap- parence de bourgeon, je le remis dans sa terre, et je continuai à l’arroser modérément ; en automne, époque où tous les autres Bégonias tubéreux se mettaient au repos, celui-ci sortit dé sa léthargie et me donna en peu de temps, en serre tempérée, une naturelle et brillante végé- tation ; sa floraison commença vers la fin de décembre et se continua jusqu’en mars, époque à laquelle le retour au repos se manifesta franchement. Laplantemèreet quelques boutures que j’avais pu faire ont été conservées pendant cet été der- nier, absolument comme on conserve les autres sortes pendant l’hiver, avec cette différence que je les ai tenues dans un coin un peu frais de la serre, et vers la fin de septembre dernier j’ai de nouveau mis mes plantes en végétation. Mon pied-mère est actuellement de toute beauté ; il a deux tiges fleuries, et beaucoup d’autres qui le seront bientôt, et successivement jusqu’à d’au- tres qui ne paraissent qu’à peine, soit en tout 14 tiges florales, sans compter celles qui vien- dront et que l’on voit à peine poindre. Sur tous les points, cette plante rappelle le B. Frœbeli ; mais elle est caulescente, les feuil- les sont moins cotonneuses, plus arrondies et supportées par de très-longs pétioles ; les pédoncules, droits comme chez le B. Frœbeli, sont plus forts et moins longs, quoique sortant bien du feuillage ; les ovaires, les pédoncules, les pétioles et les tiges sont d’un rouge vif intense, comme le bouton de la fleur. Celle-ci est beaucoup plus grande et d’une plus belle forme que celle du B. Frœbeli ; la couleur rose écarlate que l’on distingue dans le fond de la fleur de ce dernier a gagné presque toute la corolle ; l’écarlate pur ne se retrouve que sur les bords des pétales. Mais le mérite transcen- dant de cette plante est de ne fleurir que dans le cœur de l’hiver, et cela sans exiger beau- coup de chaleur. Veuillez, etc. J.-B. Deleuil. De cette expérience, et outre le remar- quable produit auquel elle a donné lieu, se dégagent deux ordres de faits : l’un scienti- fique qui, contrairement à ce qu’on avait cru, démontre que des espèces très-diffé- rentes peuvent se féconder et donner des individqs fertiles ; l’autre pratique, dont l’horticulture saura tirer parti. — Un de nos abonnés nous écrit pour nous informer que ses Lauriers-Roses sont constamment couverts de poux blancs qui, en se collant sur les feuilles et sur les écorces, les altèrent tellement que la végé- tation s’en trouve ralentie, au point qu’ils ne fleurissent presque plus. Voici le passage de sa lettre dans lequel, après avoir signalé le mal, il nous demande le moyen de le combattre : ... Il y a ici de grands ef beaux Lauriers-Roses. De temps en temps nous nous trouvons dans l’obligation, pour les conserver, de sacrifier l’extrémité de toutes leurs branches et de soumettre le reste au lait de chaux, afin de combattre le tigre qui les a déjà envahis, ce qui, d’abord, n’a rien d’agréable et nuit à la floraison. Dans cet état de nudité, ces pauvres arbustes éprouvent une grande fatigue, à cause de la nécessité où l’on se trouve de renou- veler cette brutale opération trop souvent. D’une autre part, elle nous prive de fleurs pour une année, parfois même pour deux. 44 CHRONIQUE HORTICOLE. Vous serait-il possible, Monsieur, de me renseigner sur l’emploi de quelque autre remède dont l’ efficacité serait certaine, sans que toutefois elle portât atteinte à la florai- son pas plus qu’à la santé des plantes ? N’avez-vous pas eu l’occasion, dans un cas analogue, d’essayer l’insecticide Fichet, dont plusieurs fois déjà vous avez parlé, et, dans l’affirmative, pourriez-vous me renseigner à ce sujet? En attendant, veuillez, etc. Brégals, A Mizens, par Lapointe-Saint-Sulpice. (Tarn), le 26 novembre 1877. Nous sommes heureux de pouvoir ré- pondre d’une manière affirmative à la ques- tion qui nous est posée ici, et assurer notre collègue qu’il n’est pas nécessaire de recou- rir aux moyens extrêmes qu’il emploie. Néanmoins, il est toujours prudent de ne pas laisser trop aggraver le mal, car, dans ce cas, outre qu’il est difficile à guérir, il faut procéder plus énergiquement. Admet- tons ce cas cependant, que les feuilles et le bois sont couverts d’insectes. Alors il faut prendre de l’insecticide Fichet n° 2, le couper au dixième et même au cinquième si les plantes sont dures, et en enduire toutes les parties avec un pinceau. Si une fois ne suffit pas, on répète l’opération à une dizaine de jours d’intervalle. Une fois les plantes nettoyées, il suffira de quelques bassinages par année (ce qui se fait presque instanta- nément) avec une solution au quinzième, pour avoir des plantes toujours exemptes d’insectes, et cela sans jamais nuire à la floraison. Si les plantes étaient faibles, on pourrait les immerger complètement dans une sorte de bain préparé ainsi qu’il a été dit ailleurs. Pour la préparation, voir l’ins- truction, Revue horticole , 1876, p. 270. — M. le docteur Clos, professeur de bo- tanique à la Faculté des sciences de Tou- louse, continue les études anatomiques et physiologiques qu’il a entreprises sur les divers organes des plantes. Déjà un mémoire analogue, intitulé : La feuille et V anthère , et dont nous avons parlé en son temps, avait attiré l’attention du monde savant. A êe mémoire, il vient d’en ajouter un autre, intitulé : La feuille florale et le filet sta- minal. Les expériences auxquelles M. le docteur Clos s’est livré, et surtout les très- nombreuses recherches qu’il a faites dans les divers auteurs, et dont au besoin il cite des extraits pour appuyer ses dires, donnent à ce travail un intérêt de premier ordre, et le recommandent d’une manière particulière à l’attention des botanistes, surtout de ceux qui s’occupent de physiologie anatomique, questions des plus intéressantes, mais aussi très-difficiles et ardues, et où les transfor- mations et les modifications continuelles exposent ceux qui s’en occupent à com- mettre de nombreuses erreurs ou à conclure contradictoirement sur un même sujet, ce qu’a très-bien démontré M. le docteur Clos et qui donne à son mémoire un très-grand intérêt. Ce travail. a été publié dans les Mé- moires de l'Académie des sciences , ins- criptions et b elles -lettres de Toulouse , 7e série, tome IX. — Plusieurs de nos abonnés nous ayant écrit pour nous demander où ils pourraient se procurer le magnifique Cypripedium macranthum , dont il a été question dans ce journal (1), nous nous empressons de les informer qu’ils trouveront cette intéressante espèce chez MM. Haage et Schmidt, horti- culteurs à Erfurth (Prusse). — D’une lettre que vient de nous adresser un de nos collègues, horticulteur à Bayeux, nous extrayons les quelques passages sui- vants, sur lesquels nous appelons tout par- ticulièrement l’attention : ... Est-il bien vrai, ainsi qu’on l’a dit et écrit, que les Bégonia tubéreux ne reprennent pas de boutures de feuilles? Est-il vrai que le B. Frœbeli, également tubéreux, ne se reproduit pas non plus par ce procédé? Si oui, comment se peut-il faire que des parents, qui ne possédaient pas cette propriété de reproduction, aient cependant pu la donner à leurs enfants ? Car j’ai fait bouturer une feuille de ces hy- brides (B. Frœbeli et B. tubéreux divers), et elle s’est enracinée; enracinée non pas comme celle des Gloxinias, qui produisent un tuber- cule à leur base ; non pas non plus comme les feuilles du B. Rex et autres, qui produisent sur toute la surface du limbe une foule de jeunes plantes, mais enracinée en donnant naissance à un certain nombre de bourgeons produisant de suite des feuilles, comme cela arrive lorsqu’on bouture des racines de Pélar- goniums, et de. plus, ces nouvelles plantes naissent toutes à la base du pétiole, sur le bourrelet qui s’y forme, et qui n’est pas une tubérosité proprement dite; et dès lors, le (1) Rev. hort., 1877, p. 310. 45 L’EAU dans limbe dépérit et finit par se dessécher ou se pourrir, tandis que des bourgeons poussent. Je vous livre ces faits pour ce qu’ils valent, heureux si vous les trouvez dignes de servir quelque peu la chose horticole, et vous prie, etc. P.-U. Lamare, Horticulteur, rue de la Maîtrise (Bayeux). Le fait dont parle M. Lamare est des plus intéressants ; aussi nous le signalons tout particulièrement à nos lecteurs, en les engageant à renouveler cette expérience, en la variant, et surtout en l’étendant et en l’ap- pliquant à diverses variétés. Peut-être y a-t-il là un moyen de multiplier certains types qui, jusqu’ici, se sont montrés re- belles. — L’aire des expositions internationales s’agrandit tous les jours. Après la France, la Belgique, l’Angleterre, la Russie, le Por- tugal, toute l’Europe enfin, l’Amérique, à son tour, a inauguré un de ces grands tour- nois de civilisation universelle. Aujourd’hui, c’est le tour de l’Australie. S’il faut en croire les journaux de ce continent, une L’EAÜ DANS Une des premières choses à considérer, une des plus sérieuses études à faire quand il s’agit d’établir un jardin, c’est, sans aucun doute, l’eau et son aménagement. Qu’il s’agisse d’un jardin d’utilité ou d’un jardin d’agrément quelconque, si l’eau manque, tout est compromis. Aussi cette étude est- elle une des premières à faire. Il faut rechercher l’eau, l’amener dans les réservoirs, et ensuite la distribuer. Ces trois termes du problème, qui paraissent si simples, sont souvent, dans la pratique, hérissés de tant de difficultés et d’imprévu, que presque partout l’eau reste l’écueil où viennent sombrer plus ou moins complète- ment tous les beaux projets qu’on avait conçus. La recherche de l’eau est donc le pre- mier terme de la question. Il est très-rare d’en avoir naturellement, c’est-à-dire qu’on ait sous la main un cours d’eau ou des sources assez fortes pour suffire aux besoins, et de plus que ces eaux se trouvent assez élevées pour que la distribution puisse être établie avec une pression suffisante. Si on est libre pour le choix de l’empla- cement, nous croyons que, de même qu’il ES JARDINS. exposition internationale serait décidée, en principe, pour 1879, et l’on assure même que le prince de Galles irait en faire l’ouver- ture. Cette exposition aura-t-elle lieu? Nous le souhaitons, non seulement pour l’horti- culture, mais dans l’intérêt de l’humanité. Le meilleur ciment entre les hommes, celui qui « prépare les voies, » c’est l’intérêt, et quand celui-ci les rapproche, la politique peut rarement les diviser. — Au moment de mettre sous presse, nous apprenons une mort qui nous enlève un ami et un collaborateur dévoué, et qui est une perte pour l’horticulture : M. Jean- Baptiste Troupeau, jardinier-chef au Fleu- riste de la ville de Paris. Après une cruelle et longue maladie, il vient d’être enlevé à sa famille et à ses amis, le 21 janvier, à l’âge de cinquante-six ans. Nous revien- drons sur ce malheur, et nous dirons ce qu’était l’homme de bien dont nous ne pou- vons aujourd’hui que déplorer la perte. E-A. Carrière. LES JARDINS est ' bon d’éviter les mauvais sols, il est également plus sage d’éviter les endroits où l’eau est rare et difficile à obtenir que de chercher sans raison à vaincre des diffi- cultés qui peuvent entraîner à des frais énormes, et empêcher de donner au reste les développements nécessaires, car dans aucun cas il ne faut perdre de vue l’argent. Que de projets inachevés ou endormis dans les cartons, parce que certains détails non prévus ont absorbé une grande partie des fonds qu’on avait affectés à l’ensemble des travaux ! D’un autre côté, s’il est utile d’étudier quelle part de dépenses est celle des eaux dans les travaux de Versailles, dans ceux de Vaux-le-Praslin, de Dampierre, de Chantilly, et, plus près de notre temps, aux bois de Boulogne et de Vincennes, on peut aussi examiner au point de vue de l’amateur la part de beauté ou de pittoresque qui revient à l’emploi de ces eaux. Qu’on supprime par la pensée les bassins de Versailles ou les lacs du bois de Boulogne (deux exemples pris dans deux genres aussi opposés que possible), on verra que les dépenses pour les eaux sont de même ordre que toutes les 46 l’eau dans les jardins. autres, routes, terrassements, de planta- tions, etc., et qu’étant indispensables au même titre que ces dernières, elles doivent également être étudiées, avec cette diffé- rence toutefois qu’elles peuvent varier dans d’énormes proportions, selon la plus ou moins grande facilité de se procurer l’eau. Cette étude, qui peut expliquer l’économie actuelle dans l’emploi, des eaux à notre époque, peut aussi indiquer les causes de la position bizarre de beaucoup de châteaux anciens. Les mœurs féodales, qui n’admettaient guère que les constructions fortifiées, rsoit sur des rochers plus ou moins inaccessibles, soit plus souvent dans les vallées, dont les eaux servaient à former des fossés autour du « Manoir, » expliquent la position, on pourrait dire enterrée, de la plupart de ceux qui ont survécu, quoique transformés, et en même temps le style semi-aquatique adopté pour leurs jardins dès la Renais- sance. L’examen de ceux de ces châteaux qui sont encore debout laisserait sans doute encore voir dans leur voisinage immédiat, peut-être même plus loin, les transforma- tions successives que subit l’emploi des eaux. Fossés d’abord, canaux modestes ensuite, puis énormes ou même étangs; enfin plus tard et s’y ajoutant des bassins avec jets d’eau, et finalement, à notre époque, bouleversement complet pour ceux dont les propriétaires, méprisant le passé, quoique couvrant souvent d’or de vieilles faïences d’une authenticité douteuse, ont voulu se mettre à la mode. Dans quelques anciens jardins nous voyons des exemples de cours d’eau détour- nés en amont et amenés en élévation jus- qu’au point où ils peuvent servir de ré- servoir; d’autres nous montrent des sources captées souvent très-loin, et arrivant dans les mêmes conditions. Ce sont là des travaux que les institu- tions du passé permettaient, par les influen- ces réunies de fortunes colossales et de privilèges heureusement disparus. Dans beaucoup d’endroits, les syndicats de riviè- res ont mis bon ordre à tout cela ; et loin qu’un particulier puisse en rien espérer, ce n’est pas toujours trop de la force des lois d’utilité publique pour triompher des tra- casseries de ces administrations jalouses et omnipotentes . On est donc généralement obligé de se servir de machines élévatoires : moulins, turbines, béliers hydrauliques, machines à vapeur, etc. Ces dernières peuvent être classées en première ligne. Instruments peut-être dangereux, mais dociles, pouvant s’établir partout, prenant l’eau à toute pro- fondeur et la montant où il en est besoin. C’est le moteur par excellence, mais il a le léger défaut de coûter beaucoup de nourriture. A côté nous trouvons les moteurs hydrau- liques, travaillant bien, coûtant peu, mais exigeant un cours d’eau et des travaux de dérivation parfois assez considérables. Là on peut aussi retrouver les syndicats cités plus haut. Quant aux moulins à vent, sans pouvoir entrer en parallèle avec les précédents, s’ils sont construits avec intelligence, c’est-à-dire s’ils s’alimentent dans de grands réservoirs ou plutôt dans une pièce d’eau, ils peuvent rendre d’importants services. En effet, que leur reproehe-t-on? De ne pas tourner dans l’été quand il fait chaud et sec, parce qu’alors le vent est assez rare, dans ces moments où il leur en faudrait le plus. Si à ces moulins on ajoutait une machine à vapeur pour les cas où le vent fait défaut, procédé employé maintenant dans les mou- lins à farine et même jusque dans les moulins à eau, on éviterait encore le combustible pendant plus des trois-quarts de l’année ; et si l’établissement de deux mécanismes est onéreux, il est facile de trouver l’économie qui en est le résultat, en le calculant pour une période de quelques années. Il faut cependant ajouter que, pour de forts débits d’eau, ce genre de moteur n’offre pas toujours assez de puissance. Nous trouvons encore les manèges, fonc- tionnant avec un ou deux chevaux. Ils sont assez employés parles maraîchers pour que tout le monde les connaisse. Répandus par- tout, c’est le modèle des petits moteurs, et sans doute le plus économique pour les jar- dins de peu d’étendue et les petits budgets. Dans le voisinage des villes, on a parfois la ressource d’obtenir une concession d’eau si l’on est à proximité d’une canalisation. Mais la régularité du service laisse souvent à désirer. Quelque système qu’on emploie, il faut un réservoir quelconque pour régulariser la distribution, et assez élevé pour avoir une , pression dont nous verrons l’utilité plus loin. WEIGELA MONSTRUOSA. 47 Lorsqu’on dispose d’une pièce d’eau pour cet usage, la réserve peut devenir considé- rable et en même temps ajouter à l’âgré- ment du jardin. Une disposition pittoresque, quelques roches d’où peut sortir l’eau d’arrivée, seront toujours des parties inté- ressantes à visiter. Quand le procédé employé fournit de l’eau en abondance, le réservoir peut être réduit à quelques mètres cubes, et dans ce cas on le construit en tôle. Mais pourquoi le laisser à nu? D’abord l’aspect n’a rien d’agréable, et le réservoir du parc de l’Expo- sition de 1867, simulant une tour en ruine, montre le parti qu’on peut tirer d’un objet souvent aussi peu gracieux qu’il est indis- pensable. J. Batise. (La suite prochainement.)) WEIGELA MONSTRUOSA Comme tous les autres, le terme mons- trueux est relatif et ne peut se prendre [que comparativement. On nomme monstrueux tout fait qui diffère d’un autre qu’on recon- naît être normal. A vrai dire, c’est donc une exception à un état de choses regardé comme étant la règle. Mais comme d’une autre part il n’est pas de règle qui ne présente d’excep- tion et qu’il arrive très-fréquemment — pour ne pas dire toujours — que les excep- tions se généralisent, il s’ensuit que de monstrueuses qu’elle était, une chose peut devenir normale. Les exemples abondent; nous croyons inutile d’en citer, car il n’est personne qui n’en connaisse. Les mons- truosités nous apparaissent de deux ma- nières : avec l’individu dès sa naissance, ou bien elles résultent de causes organiques que nous nommons « perturbatrices, » parce que nous en ignorons l’origine. Celle dont nous allons parler rentre dans cette dernière catégorie. Née d’un semis, que nous avions fait, la plante que représente la figure 9 n’avait alors rien d’anormal ni dans ses cotylédons, ni dans sa tigelle, ni dans ses feuilles; mais au bout d’environ deux mois, la tige, qui était déjà très-ramifiée, s’inclina, tandis que plusieurs bourgeons d’une vigueur extrême, gros, fasciés, portant des feuilles épaisses, plissées, tourmentées et disposées par verti- cilles irréguliers, formaient des aggloméra- tions tout à fait insolites ; bref, nous avions là une forme exceptionnelle, anormale, que, conformément à l’habitude, nous avons qua- lifiée monstruosa. Depuis, cette plante a 48 BIBLIOGRAPHIE. conservé ce caractère [exceptionnel. Persis- tera-t-il ? L’avenir le dira. Mais en attendant, constatons que les fleurs, d’un beau rouge vif, petites, sont bien faites et n’ont rien de monstrueux; l’anomalie s’est donc limitée à la charpente de la plante. E.-A. Carrière. BIBLIOGRAPHIE ' ESSAI D’UNE AMPELOGRAPHIE UNIVERSELLE Par M. le chevalier Joseph de Rovasenda L’étude et la connaissance des cépages, que l’on désigne généralement sous le nom d’ampélographie, est une science qu’on peut dire récente, et qui date seulement de notre époque; on ne peut, en effet, donner ce nom aux quelques écrits très-incomplets et pleins d’erreurs qui existaient sur ce sujet avant notre génération. C’est au comte Odart que revient l’honneur d’avoir fondé la science ampélographique et d’avoir donné l’essor à l’étude des variétés de Vignes en publiant son Traité sur les cépages de tous les pays du monde , traité qui a non seulement été très-répandu et très-apprécié en France, mais que connaissent à l’étranger toutes les personnes qui s’occupent de l’étude de la Vigne. C’est le comte Odart qui a réuni le premier, croyons-nous, dans ses belles col- lections de la Dorie, les cépages les plus re- marquables de toutes les parties du monde, afin de les étudier comparativement et faire connaître les caractères et les aptitudes par- ticulières de chacune d’elles, et pour cons- tater les conditions de sol et de climat dans lesquelles elles pourraient réussir. L’expé- rience a prouvé que l’étude des cépages, faite dans ces conditions, est la seule qui puisse donner toutes les garanties néces- saires d’exactitude et de vérité aux viticul- teurs qui désirent connaître les variétés de Vignes convenant le mieux au sol qu’ils cul- tivent. Toute ampélographie faite dans d’au- tres conditions, soit sur des échantillons de Raisins coupés, soit par l’étude des cépages en plein vignoble, ne peut être qu’une source d’erreurs, ainsi qu’il est facile de le cons- tater dans plusieurs ouvrages de ce genre, et notamment dans l’ampélographie fran- çaise de M. V. Rendu et dans les Études des vignobles de France du docteur Guyot. Aussi, Tampelographie universelle du comte Odart et les monographies faites par les viti- culteurs de son école sont-ils les seuls traités qui fassent aujourd’hui autorité en la matière. De ce nombre, nous citerons : en France, M. André Pellicot, M. le mar- quis d’Armailhacq, M. Marès, M. C. Rou- get et M. Mas; en Allemagne, Von Rabo, H. Gœthe; en Portugal, M. de Villamaior; en Italie, le marquis Incisa, le baron Men- dola, et surtout le chevalier Joseph de Ro- vasenda, dont les collections de Vignes sont, je crois, les plus complètes et les mieux étu- diées de toutes celles qui existent. Depuis plus de vingt ans, ce savant viti- culteur a réuni, dans son beau vignoble de Verzuolo, sur le joli coteau de la Biccocca, qui domine un des affluents du Pô, et sous un climat très-convenable à la Vigne, tous les cépages connus, toutes les variétés citées par les auteurs ou sur les catalogues de quelque valeur. Toutes ces variétés sont soigneusement étudiées et sévèrement con- trôlées soit au point de vue de la syno- nymie et de l’exactitude des dénominations, soit au point de vue de leur mérite. Pour arriver à ce résultat, M. de Rovasenda a dû compulser tous les ouvrages écrits sur la Vigne dans les différentes langues, recher- cher, dans les nombreux catalogues des pé- piniéristes, les noms plus ou moins exacts et plus ou moins corrects qu’ils contiennent, rectifier toutes les erreurs, débrouiller les synonymies, et donner une nomenclature exacte et complète de tous les cépages réu- nis dans sa collection. Le résultat de ces longues recherches vient d’être publié, par leur auteur, à la librairie Lœscher, à Tu- rin (1). Pour se faire une idée exacte de ce qu’a coûté un pareil travail, il faut être un peu du métier ; mais l’on pourra cependant s’en rendre compte lorsqu’on saura que la bro- chure de M. de Rovasenda, formant seule- (1) -Saggio di una ampelografia universale , per Guiseppe dei eonti di Rovasenda. Torino, Er- manno Lœecher. — Cet ouvrage, dont la première partie seulement est publiée, se trouve à Paris, à la Librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob ; prix : 5 fr. SALVIA CŒLESTINA. 49 ment la première partie de son Am'pèlogra- phie universelle , se compose de plus de deux cents pages contenant chacune, sur deux colonnes serrées, une moyenne de quarante-cinq à cinquante dénominations ou synonymies de Vignes, soit neuf à dix mille noms. Dans la seconde partie de son ou- vrage, l’auteur donnera la description des variétés dont les synonymies sont établies dans le premier volume, et des observations sur la culture qui leur convient. Comme complément de son ampélographie, M. de Rovasenda publie, à la fin du premier vo- lume, un tableau dichotomique formé de quatre-vingt-dix-huit cases coloriées, dans lesquelles viennent prendre place tous les Raisins connus, d’après les caractères de la feuille et du fruit. Cet ouvrage, le plus complet qui existe sur ce sujet jusqu’à ce jour, se recommande à tous les viticulteurs qui veulent s’occuper plus ou moins de l’étude des cépages, à tous les pépiniéristes ou horticulteurs qui vou- dront dresser une nomenclature exacte et correcte des Raisins qu’ils possèdent. Quant aux amateurs et aux collectionneurs, ils trouveront dans cette monographie beau- coup de bonnes et belles variétés de Raisins qu’ils ne connaissent pas, et qu’ils feront bien de se procurer. J. Pulliat. SALVIA CŒLESTINA Si, dans les relations ordinaires, l’insuffi- sance des mots se fait souvent sentir, c’est surtout en horticulture, quand il s’agit de décrire les couleurs, que l’on sent toute l’étendue de cette insuffisance. En effet, que sont les quelques expressions dont notre langage dispose, comparativement à cette infinité de nuances que présentent les fleurs? Aussi, par le qualificatif cœlestina, n’avons- nous pas la prétention de donner une image exacte de la couleur que présentent les fleurs de la plante à laquelle nous l’appliquons. Qu’on se figure, en effet, du bleu lilacé des plus tendres, se fondant graduellement avec du blanc très-légèrement nuancé de rose et produisant, par ce mélange, quelque chose d’analogue à un beau ciel bleu vu à travers des nébulosités diaphanes, et l’on aura une idée approximative du Salvia cœlestina , dont voici une description : Plante vigoureuse, sous -frutescente ou subligneuse à la base, d’un vert blanchâtre ou incanescent dans toutes ses parties par un très-court tomentum qui les rend douces au toucher. Tiges quadrangulaires, dres- sées. Feuilles pétiolées, ovales-elliptiques, courtement et largement arrondies à la base, longuement atténuées au sommet, à bords courtement et irrégulièrement dentés, lon- gues d’environ 8-9 centimètres, larges de 5; pétiole de 7-9 centimètres. Fleurs très-nom- breuses, réunies en longues grappes ^rami- fiées. Corolle d’un bleu lilacé très-doux, à lèvre inférieure plane, étalée, profondément quadrilobée. Cette espèce, probablement originaire du Mexique, est très-robuste et extraordinaire- ment floribonde; ses fleurs, qui durent très-longtemps, se succèdent presque conti- nuellement; l’hiver surtout, elle est conti- nuellement en fleurs, et il nous paraît même probable que mise en pleine terre au prin- temps, ainsi qu’on le fait des Pélargoniums, elle fleurira également pendant toute la belle saison. Traitée convenablement, elle pourra aussi faire « une plante de marché, » ce qu’on est d’autant plus fondé à croire qu’elle pousse parfaitement en pot, où elle fleurit abondamment. La multiplication se fait par boutures qui s’enracinent très-facilement ; on prend, pour les faire, des bourgeons qui ne sont pas à fleurs ; pour les obtenir, on rabat les plantes, afin de les faire produire du jeune bois. Une terre franche, dans laquelle on mélange un peu de terreau ou de vieille terre de bruyère, lui convient parfaitement. Pour avoir des plantes plus vigoureuses, on peut les mettre en pleine terre au printemps, à l’état de boutures, les soigner pendant tout l’été, les pincer et même les replanter au besoin, de manière à avoir des touffes bien faites, tra- pues et relativement naines. On empote les plantes vers la fin de l’été, et on les rentre, à l’approche des froids, dans une serre tem- pérée qu’elles ornent admirablement pen- dant tout l’hiver. On peut se procurer le Salvia cœlestina chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). E. -A. Carrière. 50 BIGNONIA SAMBUC1FOLIA. — CREATION ET ENTRETIEN DES GAZONS. BIGNONIA SAMBUCIFOLIA Arbuste très-vigoureux, buissonneux, non volubile et excessivement floribond. Jeunes bourgeons courts, à écorce glabre, légère- ment rugueuse-lenticellée. Feuilles cadu- ques, glabres, composées, imparipennées, à trois paires de folioles étroitement elliptiques régulièrement atténuées à la base, longue- ment acuminées au sommet, à bords courte- ment dentés, d’un vert foncé luisant en des- sus, glaucescentes en dessous. Fleurs nom- breuses disposées en grappes terminales spiciformes sur un pédoncule arqué de 8- 12 millimètres. Calice tubuleux à cinq dents très-courtes. Corolle monopétale d’un très-beau jaune, étroitement atténuée à la base, puis brusquement élargie et atteignant jusqu’à 2 centimètres de diamètre, à divisions largement arrondies, un peu inéquilatérales, étalées; étamines 4, inégales, arquées et confluentes sur le style au-dessous du stig- mate, ce qui peut déterminer la stérilité; anthères très-longuement fusiformes, linéai- res, attachées par le milieu, de là comme à cheval, en croix, à l’extrémité du filet. Style persistant plus ou moins saillant. Voisin du Bignonia stans , le B. sambu- ci folia , Kunth.,est une espèce assez récem- ment apportée du Mexique et encore très- rare dans les cul tures ; nous ne la connaissons que chez M. le baron de Rothschild, à Bou- logne, où on la cultive en serre froide. Cette année dernière, 1877, grâce à notre ami et collègue, M. Victor Lesueur, jardinier en chef chez M. le baron de Rothschild , nous avons pu étudier cette espèce, qui avait été mise en pleine terre dans un coffre où elle avait été plantée à l’air libre, et où elle a parfaitement fleuri à partir du mois d’août. Nous ne serions même pas surpris que cette espèce pût passer l’hiver en pleine terre, le long d’un mur, en abri- tant le pied. Dans le midi de la France, le fait n’est pas douteux. R est même pro- bable qu’on pourra la cultiver comme an- nuelle, c’est-à-dire qu’en semant les graines de bonne heure, au printemps, les plantes fleuriraient à l’automne. Pour cela, 'il faudrait s’en procurer des graines, ce qu’on obtien- drait facilement dans certaines parties chau- des de la France. Sous le climat de Paris, il faudrait, pour y parvenir, prendre quelques précautions : planter à bonne exposition et peut-être féconder artificiellement les fleurs. Planté en pleine terre, le B. sambucifo- lia atteindra facilement 1 à 2 mètres, et peut-être plus de hauteur. Cultivé en pots, on pourra avoir des plantes qui ne dépasse- ront guère 50 centimètres et se couvriront de fleurs qui, non seulement sont nom- breuses, grandes et brillantes, mais très- agréablement odorantes. Nous émettons cette opinion en nous appuyant sur les résultats obtenus en 1870 par M. Lesueur, à Bou- logne. On multiplie cette espèce par graines et par boutures faites au printemps, de bonne heure, en prenant des bourgeons qui ont poussé en serre, et très-probablement aussi par la greffe 'sur racine de Tecoma radi- cans, ainsi qu’on peut le faire pour la plu- part'des autres espèces de ce genre. E.-A. Carrière. CRÉATION ET ENTRETIEN DES GAZONS C’est avec un profond sentiment de tris- tesse et de vénération que nous publions l’article suivant, un des derniers qu’ait écrits notre excellent et regretté ami. Eugène Ramey. Nous le devons à l’obligeance de M. Maurice Vilmorin, qui a bien voulu nous le communiquer avec la lettre que voici : Paris, 4 janvier 1878. Cher Monsieur Carrière, Je vous adresse, ci-joint, presque les der- nières pages qu’ait écrites M. Ramey, une note forf brève sur la création et l’entretien des gazons. Vous savez qu’il préparait, quand nous l’avons perdu, la réédition d’une de nos publi- cations, les Instructions sur les semis de fleurs de pleine terre. La note que je vous envoie devait être comprise dans ce petit ou- vrage. Au moment de donner le bon à tirer de la sixième édition, la pensée m’est venue de détacher ces quelques feuilles, qui forment un ensemble complet, et d’en donner la primeur aux lecteurs de la Revue horticole, dont beau- coup connaissaient et appréciaient comme nous ce pauvre Ramey. CRÉATION ET ENTRETIEN DES GAZONS. Recevez, cher Monsieur, l’assurance de mes sentiments bien dévoués. Maurice Vilmorin, La création et l’entretien des gazons demandent quelques soins ; mais, moyennant des précautions fort simples et un choix d’espèces convenablement appropriées, on peut avoir de bons gazons dans tous les sols où il a été possible de former des jar- dins. On emploie le plus généralement pour cet usage le Ray -Grass anglais ( Lolium pe- renne ), ou Gazon anglais , dans la propor- tion de 1 kilogramme par are (1). Dans de petites pièces où l’on veut avoir une herbe très-fine et très-tassée, on met jusqu’au double et même jusqu’au quadruple de cette quantité ; mais il faut observer que le gazon résiste d’autant moins à la sécheresse qu’il a été semé plus épais. Le Ray-Grass an- glais pur convient parfaitement dans les terres fraîches ou profondes ; il forme cer- tainement le plus beau de tous les gazons, mais à la condition expresse d’être arrosé, tondu et roulé fréquemment. Lorsque le terrain est sec, sableux, ou que la couche arable a peu d’épaisseur, le Ray-Grass anglais se dessèche et périt en été ; on peut, dans ces circonstances, obtenir encore d’assez bonnes pelouses avec un mélange des espèces qui résistent mieux à la sécheresse, comme les suivantes : Brome des prés (Bromus pratensis). Paturin des prés ( Poa pratensis). Fétuque durette ( Festuca duriuscula). — ovine ( Festuca ovina). — à feuille menue (Festuca tenui- folia). Crételle des prés (Cynosurus cristatus). Agrostis vulgaire ( Agrostis vulgaris). Agrostis traçant ( Agrostis stolonifera). Flouve odorante (Anthoxanthum odo- ratum). Trèfle blanc (Trifolium repens). Dans le parc de Fontainebleau, on a obtenu de jolis gazons sur du sablon blanc presque pur, au moyen de la Fétuque ovine, en lui associant le Ray-grass anglais des- tiné à garnir le terrain la première année, pour disparaître ensuite et laisser la Fétuque seule ; un inconvénient de ces gazons est qu’ils sont excessivement glissants. Le Brome des prés peut aussi former d’assez bons gazons sur des terrains cal - (1) Pour bordure, 1 kilog. de Ray-Grass sème de 80 à 100 mètres de longueur. 51 caires très -secs où aucune autre herbe ne pourrait résister. On peut obtenir de bons gazons sous bois, quand les arbres sont assez élevés pour permettre à l’air de circuler librement, et que leurs têtes ne sont pas trop touffues ou pressées (1). Les espèces à employer, dans ce cas, sont les suivantes : Fétuque durette (Festuca duriuscula). Flouve odorante (Anthoxanthum odo- ratum. Paturin des bois (Poa nemoralis vel an- gusti folia). Si la position est à la fois ombragée et sèche, on devra leur adjoindre les deux espèces suivantes : Fétuque hétérophylle (Festuca hetero- phylla). Fétuque à feuille menue (Festuca tenui- folia) (2); elles sont beaucoup plus résistantes que les trois autres, mais elles ont le défaut de former des touffes isolées. Ce défaut doit les faire repousser quand il y a moyen d’en choisir d’autres. La préparation du terrain consiste dans des labours et hersages nécessaires pour l’ameublir et régulariser sa surface. Il est bon que ces opérations précèdent de quelque temps l’époque du semis, afin que la terre ait eu le temps de se rasseoir ; les semis faits dans une terre récemment labourée ou creuse lèvent généralement moins bien ; on peut cependant, le plus souvent, remédier à ces inconvénients par un coup de rouleau, et, dans certaines terres, par des hersages ou ratissages répétés. Les gazons peuvent se semer à l’automne ou au printemps. Pour les grandes pièces, et principalement en terrain sec, il convient mieux de semer de bonne heure, à l’au- tomne ; pour de petites pièces, en bonne terre, et lorsqu’il est possible d’arroser, on peut semer presque à toutes les époques de l’année. Le semis se fait toujours à la volée et le plus également possible ; la graine demande à être légèrement recouverte, et, quand on le peut, terreau tée et roulée. Si l’on éprouvait quelque difficulté à répandre (1) Il n’y a pas de gazons possibles sous des taillis non plus que sous les bois d’arbres verts, ni sous les arbres feuillus dont le couvert est complet. (2; Il convient, à cause de la lenteur du premier développement de ces plantes, de leur associer une certaine quantité de Ray -Grass, qui garnit le ter- rain d’abord; plus tard, il leur cède la place, à mesure qu’elles prennent de la force. CRÉATION ET ENTRETIEN DES GAZONS. 5 2 régulièrement la proportion de graines indi- quée, on pourrait facilement obvier à cet inconvénient en mélangeant intimement les graines avec une ou plusieurs fois leur volume de terreau, de terre fine et sèche, ou l’on remplacerait au besoin la terre par du sable fin, des cendres lessivées, ou par du plâtre, ou enfin par toute autre matière fine et pulvérulente qui tromperait la main du semeur et lui rendrait le travail d’égale répartition plus facile. On ne peut pas gazonner, par semis, les talus, bancs, etc., présentant des pentes trop rapides et que l’eau des arrosements ra- vinerait en entraînant la graine. On procède, dans ce cas, par la méthode du placage, qui consiste à enlever dans des prairies ou le long des chemins des plaques de gazon que l’on ajuste avec soin les unes à côté des autres, en les retenant par de petites che- villes de bois et les battant fortement contre le terrain ; il est nécessaire, dans ce cas, de donner de copieux arrosements pour les fixer à la terre. Un gazon une fois établi ne doit pas être négligé. S’il est convenablement soigné, il peut durer indéfiniment ; s’il est, au con- traire, abandonné à lui-même, il est rare qu’au bout de quelques années, parfois d’un an ou deux, il ne devienne pas nécessaire de le retourner. Les soins à lui donner consistent : 1° En un sarclage au printemps et un autre au commencement de l’automne, pour enlever les herbes à racines pivotantes ou à larges feuilles, comme oseille, plantain, luzerne, etc., qui peuvent provenir du ter- rain ou y avoir été apportées par les fu- miers ; 2° A faucher assez souvent pour qu’au- cune plante ne puisse porter graine ; 3° A rouler, et si on le peut à arroser ensuite, après chaque coupe ; 4° A fumer ou terreauter de temps en temps, selon la richesse du sol, soit avec du fumier long que l’on étend à l’automne, et dont on ratisse la paille au printemps avant la pousse de l’herbe, soit avec des cendres (1) ou du phospho-guano, ou du guano (2), ou des engrais liquides, purins, etc., etc., étendus d’eau. Un terreautage avec du terreau de couche est, de tous ces moyens, celui qui (1) 2 décalitres par are, si elles sont neuves, 3 à 3 1/2 si elles sont lessivées. (2) 3 kilogrammes par are. convient le mieux dans les terres un peu fortes. En général, il suffit de répéter cette dernière opération tous les deux ou trois ans. Quand un gazon devient vieux et que la mousse commence à l’envahir, il convient, à] l’automne, quand la température est devenue tout à fait humide, ou de bonne heure au printemps, de le ratisser vigou- reusement à plusieurs reprises avec des râteaux à dente de fer, de manière à enlever la mousse aussi complètement que possible ; l’herbe, quoique couchée et, en apparence, à demi- déracinée par cette opération, n’en souffre pas en réalité. On peut parfaitement alors regarnir le gazon en répandant de la graine dans les places où la mousse avait détruit outrop éclairci F herbe. On emploiera, dans ce cas, des plantes plus résistantes pour les points où les clairières ont été for- mées par l’ombrage de grands arbres ou la sécheresse partielle du sol. Il faut, autant que possible, terreauter par dessus la graine les places ainsi traitées, si l’on n’est pas à même de le faire pour toute la pièce. On peut presque toujours ainsi, par des resse- mis partiels, arriver à rétablir parfaitement de grande pièces de gazon qu’il eût été désa- gréable et coûteux de retourner complète- ment. Ces opérations doivent se faire de bonne heure si l’on veut ressemer des grai- nes, c’est-à-dire aussitôt que la terre est trempée assez à fond pour ne plus être exposée à souffrir de la sécheresse. S’il ne s’agit que d’enlever la mousse ou de fumer ou terreauter, on peut opérer en octobre, novembre et décembre, ou au commence- ment du printemps. Quant aux petites pièces situées tout près des habitations, le meilleur moyen de les avoir toujours parfaitement fraîches et garnies est de les labourer et ressemer tous les ans. E. Ramey. Comme rédacteur en chef de la Revue horticole , au nom de ses lecteurs et en notre nom, nous remercions tout particulière- ment M. Maurice Vilmorin de sa bonne pensée; nous le remercions surtout aussi pour ses bons sentiments envers notre ami, E. Ramey, et pour l’hommage qu’il rend à sa mémoire et à ses travaux. Sous tous ces rapports, nul doute que M. Maurice Vil- morin ne soit l’écho de l’opinion publique et qu’il n’ait l’assentiment de tous ceux qui, JüGLANS LONGIROSTRIS. comme nous, ont pu apprécier, avec l’in- finie variété de ses connaissances, la valeur et le mérite personnels, ainsi que la gran- 53 deur et la dignité des sentiments de notre Lien regretté ami, Eugène R.amey. E.-A. Carrière. JÜGLANS LONGIROSTRIS L’espèce dont nous allons donner une description est certainement des plus re- marquables, surtout au point de vue scien- Lien qu’issu primitivement du Noyer com- mun, ne contenait pas un seul individu rappelant exactement ce dernier ; tous diffé- raient par le port et le faciès des arbres, par la grosseur, la forme et la nature des fruits, ainsi que par la forme, les dimen- sions, la nature des feuilles, et même par l’absence d’odeur si caractéristique et si connue des Noyers, soit qu’il s’agisse des Noyers communs ou regia, soit qu’il s’agisse des Noyers américains, tels que nigra , cinerea, etc. Faisons encore observer que ces types, considérés pendant longtemps comme géographiquement distincts, tendent aussi sous ce rapport à se confondre. Ainsi, dans l’extrême Asie, en Mandchourie — et probablement ailleurs — par exemple, il existe des formes particulières se rappro- Fig. 10. — Juglans longirostris, au l/50e. Fruit du Juglans longiroslris, de grandeur naturelle. tifique ; sous ce rapport, c’est une de ces plantes qui, mieux que tous les raisonne- ments, montre jusqu’où peuvent aller les types, ou, mieux encore, qu’on ne peut leur assigner de limites. Plusieurs fois déjà, au sujet des Noyers, nous avons démontré que les types améri- cains et asiatiques — nigra et regia — se relient ou plutôt se confondent par une série indéfinie d’intermédiaires. Rien ne confirme ce fait mieux que le semis duquel est sorti le Juglans longirostris , semis qui, chant beaucoup des Juglans nigra et cinerea , dont ils sont les analogues, et semblent relier ces types au regia qui, lui aussi, présente un grand nombre de formes diverses. Parmi celles-ci et au point de vue des fruits, il y a les variétés de Noix que vulgairement on appelle « angleuses, » dont les valves (coques ou coquilles) ne s’ouvrent pas, qu’on est par conséquent obligé de briser, et dont l’amande (cotylédon) est tellement enchâssée dans une substance solide, presque ligneuse, qu’on ne ü$ut que 54 ORCHIDÉES EN FLEURS, A LONDRES, PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE. très-difficilement l’en tirer. Mais l’exemple le plus frappant de ces modifications d’un type nous est fourni par les formes dont nous parlons qui, en principe, nous le répétons, sont issues du J. regia et dont fait partie le J. longirostris (fig. 10 et 11), et dont voici une description sommaire. Arbre à branches relativement grêles, subdressées, formant par son ensemble une pyramide élancée, étroite (fig. 10). Ecorce des rameaux glabre, d’un noir luisant ; celle des bourgeons, qui est également glabre et d’un vert mat, est légèrement lenticellée ou ponctuée de gris blanc ; boutons gris roux ferrugineux. Feuilles composées, pouvant atteindre 40 centimètres et plus de lon- gueur, à rachis glabre ou à peine très-légè- rement villeux par desjpoils excessivement courts, ténu, cylindrique, d’un vert clair; folioles glabres, relativement très-étroites, minces, glauques, vert foncé en dessus, glaucescentes en dessous, très-finement dentées serrulées, longuement et régulière- ment acuminées au sommet en une pointe aiguë. Fruit (fig. 11) très-courtement pé- donculé, atténué à la base, puis élargi, s’allongeant ensuite longuement et très- régulièrement en un long bec [ longirostris ) terminé par le style, qui est marcescent, à surface légèrement sinuée, très-courtement villeuse ; endocarpe ligneux, à surface plus ou moins rugueuse-gibbeuse. La forme que nous décrivons — le J. lon- girostris — n’est pas la seule remarquable que présente le semis dont elle est issue. Dans ce semis, qui contient une série d’in- dividus qui relient et confondent les deux grands groupes du genre Noyer proprement dit, il s’en trouve particulièrement trois sur lesquels nous nous proposons de revenir quand nous aurons pu en étudier les fruits. En attendant disons que l’un d’eux est tel- lement semblable au Paccanier ( Carya oli- væformis ) par son port et son feuillage, qu’à ce point de vue on pourrait le confondre. E.-A. Carrière. ORCHIDÉES EN FLEURS, A LONDRES PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE 1877 Il nous a paru intéressant de nous rendre compte, en visitant les principaux établisse- ments d’horticulture de Londres, des Orchi- dées que nous trouverions en fleurs pen- dant cette triste saison de l’année, et nous n’avons pas lieu d’être mécontent, tant pour le mérite que pour le nombre. En premier lieu, nous placerons le magni- fique établissement de MM. James Veitch et fils, de Chelsea, où, sans aucun doute, existe la collection d’Orchidées la plus com- plète de l’Angleterre. Voici les noms des espèces que nous y avons vues en fleurs pendant le mois de décembre : Angræcum bilobum , A. sesquipedale , trois à quatre pieds avec environ 8 fleurs sur chaque ; deux belles touffes de Bletia ITgacinthina. — Calanthe vestita lutea ocu- lata , C. vestita rubra oculata et C. Veit- cliii , cette dernière obtenue dans l’établisse- ment par croisement du Limatodes rosea avec le C. vestita ; plusieurs belles plantes de Cattleya Exoniensis , une entre autres avec 25 fleurs ; Cattleya Domini (hybride), C. Dovoiana, C. gigas ; plusieurs variétés de Cattleya Fausta , obtenues aussi par la maison; C. Trianæi , C. Warscewiczii delicata. — Dendrobium barbatulum, D. bigibbumy D. crassinode, D. hetero - carpum, D. Johannis, ainsi nommée en l’honneur de M. John Veitch, mort il y a quelques années. — Lœlia albida, L. au- tumnalis. — Ly caste Skinneri. — Mas- devallia Davisii, M. Tovarensis. — Maxillaria venusta. — Odontoglossum Alexandræ ( crispum) , O. constrictum, O. cariniferum, O. cirrhosum , O. ma- drense , O. Roezlii, O. Rossii majus. — Oncidium Barkeri (tigrinum) , exhalant un parfum des plus suaves ; O. crispum , O. Forbesii , O. ornithorhynchum, O. va- ricosum. — Pleione maculata, P. Rei- chenbachiana. — Saccolabium gigan- teum , S. miniatum ; des quantités con- sidérables de Sophronitis grandiflora , cultivés sur des morceaux de Chêne-Liège, produisant un effet charmant. — Vanda suavis , V. tricolor. — Zygopetalum Mac- kayi , Z. maxillare ; une grande quantité de Cypripediums, tels que Cypripedium barbatum , Crossianum, Dayanum , Do- minii , Harrisianum, insigne , insigne Maulei , longi folium , Lowii , Roezlii, Schli- mii, Sedeni7 hybride obtenu par M. Seden, 55 ORCHIDÉES EN FLEURS, A LONDRES, PENDANT LE MOIS DE DÉCEMBRE. l’un des chefs de culture (section des Orchi- déés) de la maison Veitch ; les Cypripe- dium vexillarium , marmorophyllum , œnanthum, Arthureanum, selligerum, ! ainsi qu’une nouvelle espèce, également j obtenue par M. Seden, le C. albo purpu- reum , dont la couleur des fleurs est sem- blable à celle du C. Sedeni, mais avec de plus longs pétales. C’est une variété char- mante et très- distincte qui sera mise au commerce prochainement . — Phalænopsis I amabilis , une vingtaine de plantes en fleurs, P. grandifiora ; nous avons vu aussi un ! magnifique pied de P. Schüleriana, le plus fort peut-être qui soit en Angleterre, avec deux hampes portant ensemble 80 fleurs. L’année dernière, cette même Orchidée avait 180 fleurs. Inutile de dire combien alors j cette plante est belle, cela se comprend. Comme nombre et beauté de fleurs, M. B. -S. Williams, de Holloway, occupe la | deuxième place. Parmi les richesses que nous avons remarquées, nous placerons en première J ligne les Cypripediums, tels que Cypripe- dium Boxallii, une variété tout à fait nou- velle; C . insigne , C. Sedeni , que nous trou- j vons dans toutes les collections ; les C. venustum spectabilis , Harrisianum , Bayi , barbatum, Crossianum ; plusieurs beaux pieds de Calanthe Veitchii , vestita rubra oculata , vestita lutea oculala. De magnifiques spécimens d ’ Odontoglossum Rossii majus , O. cirrliosum , O. Pescatorei, O. Alexandrœ , O. Uro Skinneri. — Mas- devallia polysticha. — Maxillaria picta. Zygopetalum Mackayi ; plusieurs pieds avec chacun 6 ou 8 fleurs d ' Angrœcum sesquipedale ; une belle touffe de Dendro- bium nobile, couverte de fleurs; D. bigib- bum ; une dizaine de pieds de Vanda tri- color en fleurs. — Lœlia autumnalis , — Cymbidium Master si. — Bollea Patinii. — Saccoldbium giganteum , et un grand nombre de charmantes miniatures VAnœc- tochilus en plusieurs variétés. Mentionnons encore, un peu au hasard, les différentes plantes qui nous ont paru remarquables, par exemple les Areca rubra , A. purpurea. — Geonoma gracilis ; un nouvel Araucaria appelé Goldiana. — Cocos Weddeliana; quelques beaux Dracænas, tels que D. gra- cilis, D. Robïnsoniana ; quelques nouveaux Crotons, par exemple C. Queen Victoria, C. Andreanum, C. fasciatus ; des quan- tités considérables d’Ixoras et de Bouvar- dias; plusieurs variétés de Nepenthes, entre autres un pied de N. Rafflesiana avec quinze énormes ascidies, et un nouveau Silledum emperor portant bien au-dessus du feuillage de nombreuses grosses graines disposées en grappe. Dans le remarquable établissement de M. W. Bull, à Chelsea, nous avons remar- qué en fleurs les espèces suivantes : Ca- lanthe Veitchii, C. vestita rubra oculata, G. vestita lutea oculata ; les Cypripedium barbatum grandiflorum , Bullenianum, Harrisianum, pardinum, Stonei, Crossia- num, insigne, toutes plantes fortes et bien développées, portant chacune 10 ou 12 fleurs. Quelques beaux échantillons de Lœlia an- ceps autumnalis, dont la fleur est si jolie, mais qui, malheureusement, exhale une odeur si désagréable. — Ly caste Skinneri. — Mesospinidium sanguineum ; les Odon- toglossum bictoniense, Cervantesii déco- rum, cirrhosum, crispum ; trois très-fortes plantes d ' Odontoglossum insbayi ; les O. pardinum , O. Rossii majus ; une énorme grappe d ' Oncidium ornithorhynchum ; d’autres espèces, telles que O. serratum, O. Barkeri ou tigrinum, O. varicosum. — Phalænopsis amabilis. — Pleione ma- culata. — Rodriguezia secunda. — So- plironitis grandifiora. — Vanda tricolor insignis. Parmi les autres plantes de l’éta- blissement, nous avons remarqué une belle collection de Fougères, des Crotons en quan- tité, et un beau lot du nouveau Dracœna récemment mis au commerce par cette maison, le Dracœna Goldieana, espèce aussi jolie que singulièrement bizarre. Telles sont, grosso modo, et d’une ma- nière générale, les richesses végétales qu’il nous a été donné d’admirer en fleurs à cette époque de l’année où, pourtant, Flore ne prodigue pas ses dons. Mais que peut-elle refuser aux talents et aux efforts d’intelli- gents horticulteurs comme ceux dont nous venons de citer les noms ? Ernest Bergman. . 56 VARIA. VARIA Longévité remarquable du Podocarpus spicata. — Dans le neuvième volume des Annales du New - Zeuland Institute, M. John Buchanan cite des exemples rares de la longévité qu’acquièrent certains arbres à croissance lente, formant la plus grande partie des forêts de la Nouvelle-Zélande. Ce sont surtout des Podocarpus spicata ( Matai des Maonis) qui lui ont été montrés dans une vallée près de Dunedin et dont il a par- ticulièrement remarqué un exemplaire abattu depuis plus de trois cents ans. D’après l’estimation qu’il a faite de l’âge de cet arbre, il a constaté que la coupe trans- versale accusait plus de trois cents couches concentriques ligneuses, et malgré la pé- riode de temps si considérable pendant la- quelle cet arbre a dû être en contact avec le sol, son bois s’était si bien conservé et avait acquis une telle dureté, qu’on a pu en débiter une portion en excellents madriers et po- teaux de palissades. M. Buchanan rapporte qu’il a mesuré ce tronc abattu, et qu’il avait 135 pieds de long et 3 pieds de dia- mètre à la base, en bois parfait seulement ; il ajoute que cet arbre vivant et debout devait avoir, lorsqu’il était encore pourvu de son aubier et de son écorce, 160 pieds au moins d’élévation sur 4 pieds de diamètre à la base. Le bois est très-fin, d’une couleur rouge brun, et ses couches concentriques annuelles sont si serrées que le rapporteur en a compté 88 sur un pouce de large. Il résulte de l’appréciation de M. Buchanan que le tronc en bois parfait seul ac- cuse un âge de 1586 ans, auxquels il croit devoir ajouter 300 ans, représentés proba- blement par les couches d’aubier qui, avec les 300 années pendant lesquelles il a été couché, forment ainsi un total vraiment fa- buleux de 2180 années. L’âge légendaire de cet arbre est incon- testable ; mais nous pensons que le rappor- teur a dû être induit en erreur sur le nombre des couches de l’aubier ; de plus, il se pourrait fort bien que, sous le climat de la Nouvelle-Zélande, la végétation soit assez active pour former deux couches concen- triques par année. Un succédané du café. — Dans une note communiquée à la Société philosophique de la Nouvelle-Zélande, M. J.-C. Crawford a appelé l’attention de ses collègues sur un arbuste qui peut sous ce climat suppléer au Caféier. Diverses expériences qu’il a faites lui ont démontré que les Coprosma Baue- riana et C. lucida , qui poussent librement dans ce pays et viennent à toutes les exposi- . lions, produisent abondamment de petits fruits qui, torréfiés et préparés comme on le fait du café, donnent une boisson agréable et salubre possédant un véritable arôme de café. Ce petit arbrisseau se reproduit facile- ment de graines et de boutures ; les chevaux et divers animaux domestiques en dévorent goulûment les feuilles. Il résulte de ces essais que cet arbuste est appelé à rendre de grands services dans les pays tempérés où le véritable Caféier ne peut venir à l’air libre. ( Gardeners ’ Chronicle , 17 novem- vembre 1877.) Vitalité de quelques plantes bulbeuses. — Certaines plantes bulbeuses sont douées d’une vitalité bien remarquable; ce sont principalement celles qui croissent dans le parties sèches de l’Afrique ou dans des ré- gions analogues. Il nous souvient d’un beau spécimen de Lewisia rediviva et d’un Nar- cissus monophyllus , classés dans un her- bier depuis plusieurs années et qui, confiés à la terre, se mirent à végéter et former de belles plantes. Mais on cite un exemple autrement remarquable de cette propriété vitale dans le Bulletin de la Société d’hor- ticulture de Toscane, n° 2, 1877, l. c. : ce D’un voyage en Égypte qu’il fit en 1839, M. San Maritani rapporta quelques tuber- cules de Psarum alexandrinum, Boiss., qu’il rangea et mit sécher dans son herbier. Après sa mort, son herbier échut à l’Uni- versité de Pise qui, en 1874, en confia l’ins- pection à M. le professeur Carruel, qui, ayant remarqué des indices de vie dans quelques-uns de ces tubercules, les fit im- médiatement planter, et, à sa grande sur- prise, il vit ces plantes acquérir leur déve- loppement normal. » ( Gardeners ’ Chronicle , 24 novembre 1877.) Puvilland. QUELQUES OBSERVATIONS A PROPOS DES SEMIS D’ORANGERS. 57 QUELQUES OBSERVATIONS A PROPOS DES SEMIS D’ORANGERS Notre intention, pour cette fois du moins, n’est pas d’indiquer la culture des Oran- gers, ni même les modes de semis et le traitement auquel il convient de soumettre les plants. Non, notre but n’est autre que d’appeler l’attention sur l’état stationnaire dans lequel on laisse cette culture. En effet, tandis que tous les genres exploités pour l’ornementation ont produit de nombreuses et remarquables variétés très-méritantes à des titres divers, on n’a rien tenté d’ana- logue pour les Orangers, et l’on cultive les mêmes sortes qu’il y a un siècle, et on les greffe pour en faire des arbres, bien qu’on ait constaté que certains, soit par suite de la nature des espèces, soit par suite d’un affaiblissement organique, ne vont pas très- bien ou font de vilains arbres. Voilà, sous ce rapport, et sans rien exagérer, où en sont les choses. Pourtant il ne peut être douteux que l’on pourrait faire mieux et plus, par exemple faire des semis et choisir parmi les individus qui paraîtraient présenter les caractères al es plus convenables, eu égard au but qu’on se propose. Un des points es- sentiels consiste dans la vigueur des plantes et la beauté du feuillage, qualités qui, bien que de premier ordre, sont aussi celles qui se montrent les premières ; quant aux fleurs et aux fruits, on n’en peut juger que beau- coup plus tard, lorsque les plantes ont déjà acquis une certaine force. Bien que le choix des graines dépende du but auquel on vise, l’on peut dire que si l’on écarte les Citronniers et les Cédratiers, on n’a guère que les Bigaradiers sur lesquels on puisse porter son attention, parce que, à peu près seuls, ils présentent des carac- tères qu’on a intérêt à rechercher et qu’on a chance de rencontrer dans les semis qui en proviennent. C’est donc de ce côté où l’amateur devra surtout porter son attention. Pourtant, parmi les autres sections, il en est encore une qui peut présenter des avan- tages aux semeurs ; elle comprend les sortes à très-gros fruits, telles que les Pompoleons (Pampelmos) et les Chadecs, qui donnent des sujets très -vigoureux, garnis d’un très- beau feuillage, .ainsi que de très-gros fruits à peu près sphériques. Comme exemple à l’appui, nous pouvons citer les beaux résul- tats obtenus par M. Charpentier père, jardi- nier en chef des parcs de Trianon, à Ver- sailles, que nous admirons chaque année au jardin réservé du petit Trianon, et qui nous ont donné l’idée d’écrire cette note. Agés d’à peine dix-neuf ans, ces Orangers, dont nous allons parler, présentent des dimen- sions vraiment remarquables qu’on n’aurait certainement pas obtenues si on eût pro- cédé par la greffe, ainsi qu’on est dans l’ha- bitude de le faire. Afin de bien renseigner nos lecteurs, nous avons prié M. Charpen- tier de vouloir bien nous donner des détails précis sur ces Orangers. Avec sa complai- sance habituelle, et dont nous le remer- cions, il nous a adressé la lettre que voici: Trianon, 19 octobre 1877. Cher Monsieur Carrière, J’éprouve un véritable plaisir à vous donner les renseignements que vous me demandez sur l’origine des magnifiques Orangers qui sont mes enfants, et qui se distinguent par leur remarquable végétation, comme vous avez pu en juger. En septembre 1858, la princesse Isabeau de Beauveau me rapportait de Londres une Orange venant de l’Inde, sous le nom de Sha- doock ; elle avait 45 centimètres de circonfé- rence et pesait 1/100 grammes ; la chair, très- mangeable, n’était cependant pas de première qualité ; néanmoins, j’en ramassai avec soin les pépins, que je semai au mois de mai 1859. Ce semis me donna quarante sujets qui, aujour- d’hui, avec les soins que je leur ai donnés, mesurent 2 mètres à 2na 70 de hauteur à partir du sol. Les tiges, de 25 à 30 centimètres de circonférence, supportent des têtes régulières et bien garnies, de lm 30 de diamètre. Plusieurs de ces arbres commencent à fructifier; les fruits, assez volumineux, sont généralement sphériques ou très-légèrement oblongs ; quant au feuillage, il est vraiment remarquable, et il n’est pas rare de trouver des feuilles qui ont 25 centimètres de longueur, d’un très-beau vert luisant ; c’est donc une variété ou espèce que l’on ne saurait trop multiplier. Désirant que ces détails puissent vous satis- faire, je vous prie d’agréer, etc. Charpentier père. Après tous ces intéressants détails, exac- tement conformes à ce que nous avons vu, 58 PICEA EXCELSA PROCUMBENS. faisons remarquer que parmi les plantes dont il est question il n’en est pas d’infé- rieures; que toutes se ressemblent tellement par la vigueur, l’aspect, la forme et la gran- deur des feuilles, qu’on serait tenté de croire qu’elles proviennent de greffes et dont les greffons auraient été pris sur un même arbre. Mais, en supposant que, dans ce nombre, quelques sujets eussent été défec- tueux, qui empêcherait de les greffer en fente et de les transformer en variétés plus méritantes ? Nous ne saurions donc trop appeler l’at- tention sur ces résultats et engager les hor- ticulteurs et les amateurs d’Orangers à faire des semis, afin de choisir parmi les variétés qui présenteraient des avantages apprécia- bles; par ce moyen, on pourrait renouveler ou remplacer des variétés naturellement dé- fectueuses, ou qui sont devenues telles par PIGEA EXGELS Cette forme, qui ne peut guère être ca- ractérisée que par sa végétation, présente, quant à ses feuilles, à peu près les mêmes caractères que ceux que montreraient des rameaux du Picea excelsa si on les exa- minait isolément, c’est-à-dire sur des bran- ches. Dans la deuxième édition du Traité gé- néral des Conifères , page 333, notre col- lègue Carrière la définit ainsi : « Tige nulle. Branches étalées. Rameaux et ramilles nom- breux, petits, divariqués. Feuilles très-rap- prochées, ténues, courtes, étalées. Plante gazonnante ou cespiteuse. 3) C’était à peu près tout ce que l’on en pouvait dire, puis- qu’elle ne fleurit ni ne fructifie; nous ne pouvons guère plus aujourd’hui, et si nous y revenons, c’est plutôt pour indiquer l’avan- tage qu’on peut en tirer au point de vue de l’ornementation et faire ressortir certaines particularités qu’elle présente. De celles-ci deux sont remarquables : de ne jamais fleu- rir et surtout, et quoi qu’on fasse, de ne ja- mais (( donner de tète, )> c’est-à-dire de ne jamais pousser verticalement. Cette dernière propriété est celle qui constitue le mérite ornemental du Picea procumbens et fait que la plante, qui est extrêmement dense et compacte, s’étend sur le sol qu’elle cache complètement et forme une sorte de gazon le fait de la loi fatale qui, après avoir permis à tous les êtres de croître et d’atteindre leur apogée, les contraint à disparaître pour faire place à d’autres plus en harmonie avec les milieux. Ce que nous conseillons aux amateurs, c’est surtout aux jardiniers chefs de grandes maisons, et principalement des établisse- ments nationaux, tels que, à Paris, ceux des Tuileries et du Luxembourg; en pro- vince, ceux de Versailles, de Compiègne, de Rambouillet, etc., que nous recommandons ce procédé, qui, au lieu de plantes, souvent malades et plus ou moins chlorotiques qu’ils mettent chaque année devant des monu- ments qu’ils déshonorent, leur permettrait de montrer au public des Orangers remar- quables par leur vigueur et par leur bonne santé, et qui feraient à la fois l’éloge de ceux qui les cultivent. E.-A. Carrière. . PROGUMBANS très-épais, d’un effet aussi joli qu’ori- ginal. Toutefois, on doit bien penser que nous ne la recommandons pas pour faire ce qu’on entend par gazons, c’est-à-dire des « pelou- ses ; » non, sa place est ailleurs, par exem- ple dans les pentes, où elle s’harmonise par- faitement avec la déclivité du terrain qu’elle maintient, mais surtout aussi sur les ro- chers, dans des anfractuosités de rocailles, où elle s’étend, pousse entre les pierres qu’elle dissimule plus ou moins, et produit alors un effet des plus pittoresques. Cette variété est d’autant plus propre à cet usage qu’elle est assez vigoureuse et robuste, sup- porte bien la sécheresse et l’humidité, et ne soulfre jamais du froid, même des plus ri- goureux. On la multiplie par la greffe sur le Picea excelsa , comme on le fait pour les autres variétés de ce groupe, et aussi par couchage, opération rendue très-facile par la position des branches qui traînent sur le sol, qu’on n’a alors qu’à inciser et recouvrir de terre de bruyère, et en les conservant ainsi pen- dant deux ans. On peut se procurer le Picea procumbens chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). Briot. MAGNOLIA CAMPBELLI. 59 MAGNOLIA CAMPBELLI Signalé depuis longtemps déjà à l’atten- tion publique (1), le Magnolia Campbelli jexcite de nouveau les convoitises des horti- culteurs et des amateurs d’horticulture, ce I Iqui toutefois n’a pas lieu d’étonner lors- Iqu’on examine la figure qu’en a donnée M. Yan Houtte, le célèbre horticulteur gantois, dans l’ouvrage si remarquable dont il fut le fondateur, et dans lequel cet homme passionné de l’amour des plantes, et à propos de cette espèce, écrivait ces lignes : Nous cultivons depuis deux ans un hybride de Magnolia nommé Lenné, parfaite- ment rustique et dont le coloris vif nous a i vivement frappé quand nous en vîmes les fleurs pour la première fois. Que sera-ce, j quelle impression ne fera pas sur nos sens la f première floraison du magnifique Magnolia i Campbellii , si tant est qu’il nous soit donné ! de le voir, de le détenir un jour prisonnier 1 dans nos orangeries ? Eh bien ! non ; cet homme que l’amour des plantes poussait à faire de si belles choses que tant de gens appelaient « des folies, » parce qu’ils ne comprenaient pas ce grand et noble caractère, n’a pas vu fleurir ce Magnolia , objet de ses désirs. Toutefois, et sans vouloir en quoi que ce soit rien enlever du mérite de cette espèce, nous croyons qu’on l’a un peu exagéré, et que, sous les rapports des services, ceux qu’on peut espérer retirer du Magnolia Lenné sont infiniment supérieurs à ceux qu’on obtiendra jamais avec le Magnolia Campbelli , parce que, outre que ses fleurs peuvent rivaliser avec celles de ce dernier, il a sur lui l’avantage d’être très-rustique, vigoureux, peu délicat, et de croître à peu près partout. Nous n’hésitons pourtant pas à déclarer que le M. Campbelli est d’un mérite tout à fait hors ligne, et que, sous le rapport de la beauté, il justifie ce qu’on en a dit et le prix que tant de gens attachent à sa posses- sion. Du reste, ce désir peut aujourd’hui se satisfaire, puisqu’on en trouve des jeunes individus dans le commerce; certains même, paraît- il, provenant de graines récoltées en Europe, en Italie par exemple, où, nous a-t-on assuré, il en existe un assez fort (1) Voir Van Houtte, Flore des serres, t. XII, p. 180. pour fleurir et fructifier depuis déjà quel- ques années. MM. Rovelli frères, horticul- teurs à Pallanza (lac Majeur), de qui nous tenons ce fait, nous écrivaient : « que cet individu est planté près de chez eux, dans le jardin de la villa Franzonini, et que les sujets qu’ils vendent, âgés de deux à trois ans, proviennent de graines récoltées sur cet individu. » Nous ne pouvons faire con- naître ni la force, ni l’âge de cet individu, ces choses ne nous ayant pas été indiquées ; mais, d’après quelques passages que nous trouvons dans la lettre qu’ils nous ont écrite, nous avons lieu de croire que ce Magnolia n’est pas le plus fort qui existe en Europe. Sous ce rapport, nous croyons qu’un pied planté à Lakelands, près Cork (Irlande), est celui de tous qui l’em- porte, peut-être même de beaucoup. A propos de ce dernier, M. W.-E. Gumbleton nous écrivait : Le M. Campbelli, qui existe chez mon ami, M. W.-H. Crawford, à Lakelands, près Cork, a été planté en pleine terre en 1867, après avoir été cultivé en serre froide pendant deux ans. Ce pied, qui était un des six premiers introduits en Angleterre, de Darjeeling, acheté en 1865 par mon ami, et qui alors n’avait guère qu’un pied de hauteur, a aujourd’hui 23 pieds anglais, c’est-à-dire plus de 7 de vos mètres ; la circonférence de sa tige principale est de 20 pouces ; quant à la circonférence de la tête, elle est de 45 pieds anglais ou prés de 14 mètres. Ce sujet est entouré de grands ' arbres qui l’ombragent fortement ; jamais il n’a souffert des gelées que nous éprouvons en Irlande qui, du reste, ne sont pas intenses ; mais aussi, et quoiqu’il soit bien tort, robuste et vigoureux, jamais non plus il ne fleurit, ce que j’attribue à notre climat, qui est trop brumeux et surtout trop humide. Que M. Gumbleton ait raison, que la localité où se trouve placé le M. Campbelli dont il parle ne soit pas favorable à sa flo- raison, il n’en ressort pas moins que cette belle espèce relativement rustique est au- jourd’hui acquise à l’horticulture euro- péenne, et que bientôt on la verra orner le jardin des amateurs. On peut s’en procurer chez MM. Thibaut et Keteleer, horticul- teurs à Sceaux (Seine). E.-A. Carrière. 60 HEDERA MACROPHYLLA. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. HEDERA MACROPHYLLA De tous les Lierres connus, celui qui fait ( le sujet de cette note est certainement le plus beau ; on pourrait dire qu’il réunit la grandeur à la noblesse, si ces qualificatifs nobiliaires pouvaient être appliqués à des végétaux. Le principal mérite de cette espèce, dont l’origine paraît n’être pas connue, consiste dans la vigueur de la plante et surtout dans l’aspect, les dimensions et la nature des feuilles; quant à la végétation, elle est la même que celle de tous les Lierres : l’écorce des bourgeons est roux ferrugineux, cou- verte de petites lenticelles qui, avec l’âge, deviennent plus fortes et forment des sail- lies rugueuses. Les feuilles, longuement pé- tiolées, sont épaisses, fermes, d’une consis- tance qui rappelle celle du cuir ; les plus jeunes sont courtement et largement cordi- formes, munies sur les bords de très-petites denticules qui disparaissent promptement, \ de sorte que les feuilles adultes en sont com- plètement dépourvues et que le limbe, très- : longuement cordiforme et régulier, ne pré- sente plus, sinon très-rarement, aucune saillie. Quand la plante est placée dans des conditions favorables, rien n’est plus joli, et il n’est pas rare de voir des feuilles dont le limbe seul atteint jusque 20 centimètres et plus de longueur sur 15 de largeur. Le Lierre à grandes feuilles est, par sa vigueur et sa beauté, celui de tous qui pour- rait être employé avec le plus d’avantages pour former des haies, des colonnes ou dif- férents dessins quelconques, ce qui serait facile à faire à l’aide de supports ou de tu- teurs appropriés. De cette façon, on obtien- drait des masses de verdure d’un très-joli effet auquel, jusqu’à ce jour, on n’a pas assez pensé. Il va de soi que la rusticité de cette espèce est complète. May. PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES Cryptomeria Japonica compacta. — Beaucoup plus compacte que le type [ Cryp- tomeria Japonica), dont elle a, du reste, tous les principaux caractères, cette- variété a les rameaux courts, densement ramifiés, ténus et très-garnis de feuilles, toutes choses qui la rendent très-ornementale. Elle a aussi cet autre avantage de ne pas autant se dégarnir et de conserver sa couleur verte, même quand elle est exposée au soleil. On trouve le C. japonica compacta chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). Ornithogalum ardbicum. — Très-peu connue ou plutôt à peu près complètement ignorée en dehors de quelques jardins bota- niques, cette espèce est pourtant bien digne de figurer parmi les belles plantes d’orne- ment. En voici les caractères : oignon solide émettant de nombreuses feuilles radi- cales, longues de 18-25 centimètres, larges d’environ 5 centimètres , acuminées en pointe, d’un très-beau vert, qui viennent s’étaler sur le sol et le recouvrir. De cet oignon part en juin une hampe grosse, raide, dressée, de 30 à 40 centimètres, ter- minée par une forte inflorescence en épi raccourci , largement ombelloïde. Fleurs larges de 35-40 millimètres, solitaires à l’aisselle d’une bractée persistante, sca- rieuse, portées sur un pédoncule d’environ 7 centimètres. Boutons gros, longuement ovoïdes, d’un blanc mat cireux ; pétales 6 bien ouverts, blancs ; étamines 6, un peu plus longues que l’ovaire qu’elles entourent, et qui, d’un vert noir, fait un magnifique contraste. Odeur douce, assez agréable. Cette espèce, que l’on peut également cultiver en pots et forcer à fleurir l’hiver, est, par la forme, l’aspect, la couleur et l’abondance de ses fleurs, très-propre à la confection des bouquets ; ses fleurs, qui du- rent très -longtemps, rappellent un peu celles d’Oranger ; coupées et mises dans l’eau, les hampes s’y conservent et épa- nouissent toutes leurs fleurs. E-A. Carrière. Orléans, imp. de O. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Répartition des places à l’Exposition universelle. — Le concours général annuel d’animaux de boucherie, volailles, etc., et des produits agricoles au palais de l’Industrie; exposition de machines agricoles et horticoles. — L 'ébouillantage appliqué à la Vigne contre le phylloxéra; résultats obtenus par M. Denis, jardinier-chef du parc de la jTête-d’Or, à Lyon. — Maladie du Dracœna terminalis : le D. amabilis. — Invasion du phylloxéra dans l’ile de Madère. — Ouverture du cours d’arboriculture professé à Lille, par M. Jadoul. — La récolte du blé en 1877. — Les insectes destructeurs du phylloxéra. — Le Mnkuwa U ri; son infériorité : communication de M. Léon de Lunaret et de M. Escouboué. — Création d’un collège agricole au Japon. — Nécrologie : M. Philippe-Victor Verdier. On vient tout récemment, d’après les I demandes faites pour prendre part à l’Ex- position universelle, et aussi d’après les I surfaces de terrains disponibles, d’examiner ce qui, approximativement, pourra être accordé à chacun des solliciteurs. On nous a affirmé que les terrains dont on peut | disposer pourront largement suffire aux desiderata et que, par suite de quelques modifications apportées, on pourrait même ; élargir un peu la mesure, ou bien faire des ! concessions à quelques exposants retarda- taires. C’est là une surprise qui, nous n’en doutons pas, sera très-bien accueillie par les horticulteurs. — Le concours général annuel d’animaux | gras de boucherie, de volailles, etc., aura lieu au palais de l’Industrie du 21 au 27 février 1878 inclusivement. Comme à l’ordinaire aussi, à ce concours on en a joint d’autres se rattachant à l’agriculture j et se reliant très-étroitement aussi à l’horti- | culture proprement dite ; tels sont les semences de céréales, de prairies naturelles, de plantes industrielles et économiques, j racines diverses fourragères et alimentaires ; fruits frais, légumes de primeur, fruits secs, etc.; machines agricoles, etc. — -• Les 21 et 22, exposition spéciale des machines et instruments aratoires. Du 23 au 27, entrée dans toute l’exposition. — Dans une lettre qu’il vient de nous adresser, notre collègue et collaborateur, M. Denis, jardinier- chef du jardin bota- nique du parc de la Tète-d’Or, à Lyon, nous informe que Y ébouillantage employé par lui contre le phylloxéra lui a donné d’excellents résultats, et les faits qu’il cite à l’appui de ses dires semblent ne laisser aucun doute à ce sujet. L’expérience dont parle notre collègue peut être considérée 16 février 1878. comme concluante, ayant été faite sur une pièce de Vigne de quatre hectares, dont une moitié était plantée en Gamay et en Mo?ideuse, tandis que l’autre forme une collection d’au moins 200 variétés. « Cette Vigne, dit M. Denis, était tellement fati- guée, que de 300 hectolitres qu’elle avait donnés, elle était tombée à 9 hectolitres en 1876, parce que beaucoup de ceps étaient morts, et que, de plus, ceux qui avaient résisté et qui étaient très-malades avaient à peine poussé. » Un ébouillantage judicieusement pratiqué, accompagné de certaines façons du sol, a suffi pour donner une vigueur telle que, en 1877, une grande quantité de nouveaux bourgeons « avaient acquis lm 50 à 2 mètres de longueur. » Le succès est tel, ajoute notre collègue, que toutes les personnes qui l’ont vu n’hésitent pas à appliquer ce traitement. Nous n’en- trerons ici dans aucun détail sur la manière d’appliquer l’ébouillantage, M. Denis nous ayant promis une note à ce sujet, que nous nous empresserons de publier. — Y a-t-il pour tous les êtres de la création des lois qui en limitent l’extension? En d’autres termes, l’harmonie dont on parle tant existe-t-elle ; et si oui, quels sont les pondérateurs de cette harmonie ? Cette question, aussi importante que profonde, en soulève beaucoup d’autres que, pour plusieurs raisons, nous ne pouvons traiter ici ; si elle était étudiée avec toute l’atten- tion qu’elle mérite, elle donnerait peut-être l’explication de certaines maladies qui, en économie domestique, sont très-préjudi- ciables en frappant les animaux ou les végétaux. On remarque en effet que ces fléaux sévissent toujours quand on dépasse certaines limites, et toujours aussi relative- ment : beaucoup là, peu ici et pas du tout ailleurs. Il semblerait qu’il y a pour chaque 4 62 CHRONIQUE HORTICOLE. chose un ensemble de circonstances favo- rables qui, une fois dépassé, réagit dans un sens inverse et alors pousse à la des- truction. De là, en zootechnie, les maladies des poules, des bœufs, des moutons, des vers à soie, etc. ; en agriculture, les mala- dies sur les arbres fruitiers , sur la Vigne, etc., et en horticulture sur une foule de végétaux dont la culture, qui était des plus faciles, cesse d’être possible. Tout semble, ou mieux, tout doit « s’user. » Les exemples abondent. Un des plus récents nous est fourni par une plante dite « à feuillage, » très-jolie et toujours très-re- cherchée, le Dracœna terminalis. En effet, et quoi que fasse un de nos collègues, les feuilles de ses plantes se tachent ; ces taches s’élargissent, gagnent la feuille et bientôt la tige, et alors la plante meurt. Pourquoi? Nous ne savons. Ayant soumis quelques fragments d’une de ces plantes malades à M. Cornu, chargé du cours de botanique au Muséum, ce savant, qui est aussi un mycologue très-distingué, n’a pu, à cause du mauvais état des échantillons, rien affirmer quant au nom. C’est très-proba- blement, a-t-il dit, un Stigmatea, crypto- game qui doit son nom à sa forme, qu’on a comparée à celle que généralement mon- trent les stigmates. Le D. terminalis n’est pas le seul qui est malade. Sa forme stricta, qui, tout aussi colorée, n’en diffère guère que par ses feuilles un peu plus larges et plus dressées, est presque aussi atteinte, et très-prochainement sa culture aussi sera à peu près impossible. Pourquoi ces deux plantes sont-elles si malades, tandis que tant d’autres ne le sont pas? Est-ce parce qu’elles sont plus anciennes et qu’elles ont été cultivées plus que beau- coup d’autres ? Est-ce parce qu’elles ont un tempérament particulier qui les rend plus ac- cessibles à certaines influences morbifiques? Nous ne pouvons le dire. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elles sont « usées, » comme l’on dit dans la pratique ; et ce qu’il y a à faire, c’est de se -tourner vers d’autres formes plus récentes. Parmi celles-ci, il en est une qui nous paraît être digne d’atten- tion et réunir les principales qualités qu’on recherche : vigueur, tenue, robusticité, etc.; c’est le D. amabilis. Il n’est pas parfait pourta*^ : ses feuilles sont trop pâles, et c’est là le seul reproche qu’on pourrait lui adresser. Que faire donc? Le prendre comme porte-graines, et en le fécondant par une sorte à feuilles d’un coloris brillant, même par le D. terminalis , tâcher de donner aux enfants ce qui manque à la mère, du rouge. — 11 parait que les Vignes de l’île de Ma- dère sont menacées d’une extinction à peu près complète. A peine délivrées de l’oïdium qui causait là des ravages considérables chaque année, elles sont actuellement assail- lies par le phylloxéra qi& les fait disparaître. Aussi, sous ce rapport, la consternation est- elle générale. La Vigne, qui était un des principaux produits de l’ile, venant à man- quer, on a cherché à établir d’autres cul- tures, par exemple, celle de la canne à sucre, qui, malheureusement, est loin de donner des résultats aussi rémunérateurs que ceux que donnaient la Vigne. Mais com- ment le phylloxéra a-t-il pu pénétrer dans cette île isolée dans l’Océan Atlantique, à une distance si considérable de toute terre? Aucun des moyens invoqués jusqu’à ce jour ne parait expliquer le fait. Malheureusement, et quelle qu’en soit la cause, le mal existe. — Comme les années précédentes, la ville de Lille a chargé notre collègue, M. Ja- doul, jardinier-professeur, de faire un cours d’arboriculture. Ce cours, cette année, com- prend trois parties pratiques, c’est-à-dire toutes les démonstrations élémentaires, de- puis la création et l’organisation d’un jardin jusqu’aux principes généraux de la taille, les instruments, les formes diverses qu’il convient d’adopter. La deuxième partie comprend la culture des diverses sortes con- sidérées comme arbres fruitiers, tels que Pommiers, Poiriers, Pêchers, Abricotiers, Vignes, etc., en traitant chaque branche qui s’y rapporte, telles que greffage, bouturage, taille, l’examen des variétés à planter, le choix des sujets, etc. Enfin, la troisième partie, consacrée aux opérations d’été, comprend l’ébourgeonnage, le cassage, le pinçage les soins généraux d’entretien du jardin, l’indication des maladies, des ani- maux et des insectes préjudiciables à l’ar- boriculture et les moyens de les combattre. Afin de permettre à toutes les personnes d’assister à ce cours, qui est public et gra- tuit, toutes les leçons seront faites le di- manche. La première aura lieu le dimanche 27 janvier; la dernière, le dimanche 14 août. CHRONIQUE — Dans une précédente chronique, nous constations que, d’après certains documents officiels, la récolte en vin et en cidre avait été plus grande en 1877 qu’en 1876; le Journal cT Agriculture pratique *(n° du 17 janvier 1878) nous apprend qu’il en a été de même du Blé, que la différence dépasse cinq millions d’hectolitres en faveur de l’an- née 1877. On a donc lieu de s’étonner que la cherté du pain soit plus grande en 1878, alors que la récolte de blé de 1877 avait été supérieure à celle de 1876. — La question du phylloxéra paraît vou- loir entrer dans une nouvelle phase : celle des insectivores. Déjà (1) nous avons vu que, d’après certains savants, il suffirait, pour préserver les Vignes, d’importer dans celles-ci quelques insectes carnivores qui, alors, se chargeraient de dévorer les phyl- loxéras. Il parait y avoir progrès dans cette voie, puisque au lieu de huit espèces que recommandaient (1. c.J les savants alle- mands, une seule, d’après Mme de Bompar, qui habite dans le canton de Pessac (Borde- lais), suffirait pour exécuter cette besogne. (( C’est un arachnide, dugenre Trombidion , qui vit uniquement sur le Fraisier, qu’il quitte en juin pour aller faire la guerre aux phylloxéras des racines, et qu’il abandonne quand celles-ci sont débarrassées des phyl- loxéras, pour revenir de nouveau se cacher sous les feuilles de Fraisiers, où il reste jus- qu’au mois de mai suivant. » Ainsi qu’on le voit, rien n’est plus simple ; le moyen est même doublement avantageux, puisqu’il suffira de planter des Fraisiers qui, en même temps qu’ils donnent asile au fou- droyant Trombidion, produiront des Fraises dont on pourra tirer parti. Un bien au lieu d’un mal. C’est vraiment par trop beau. — Au sujet du Melon japonais, dont nous avons donné une description et une figure, nous avons reçu les deux lettres suivantes : Montpellier, janvier 1878. Monsieur le directeur, Le dernier numéro de la Revue horticole contient un intéressant article sur l’introduc- tion en France d’un Melon japonais, le Ma- kuwci-Uri. La graine, semée un peu tardive- ment, dit votre correspondant, a produit des fruits dont la maturité incomplète n’a pas (1) V. Revue horticole, 1878, p. 43. HORTICOLE. 63 permis d’apprécier le mérite. La gravure qui accompagne cet article représente fort exacte- ment le feuillage et le fruit. J’ai reçu cette année du Japon des graines du Mahuwa-Uri, lesquelles, semées à la fin de mars sur place et cultivées en plein air, ainsi que nous avons coutume de le faire dans le midi de la France, ont donné naissance à des plantes vigoureuses chargées de fleurs et de fruits. Leur précocité a été remarquable, et, avant de les avoir goûtés, je me proposais d’en recommander la culture et d’en distribuer des graines. Mais j’ai été bientôt désillusionné, et le résultat de la dégustation des fruits parfai- tement mûrs a été si peu favorable à cette nouvelle variété, que j’ai fait arracher les plantes et jeter les graines, me promettant bien de ne plus mêler cette culture à celle de nos excellents Melons français. Je serais heureux de penser que cette expé- rience, pour moi décisive, engagera M. Sisley à en faire autant. L’intelligent horticulteur lyonnais, auquel nous devons de si belles variétés de Géraniums, me saura gré, je l’espère, de cette communi- cation, qui n’a d’autre but que celui de lui épargner une déception semblable à la mienne. Veuillez, etc. Léon de Lunaret. Voici l’autre lettre que nous avons reçue presque en même temps, qui se rapporte également à un Melon japonais, lequel parait aussi porter cette même désignation de Makuwa Uri : Montjoire, le 25 janvier 1878. A Monsieur Carrière , rédacteur en chef de la Revue horticole. Monsieur, J’ai eu, au printemps dernier, à ma disposi- tion quelques graines du Melon japonais (Ma- kuwa- Uri) , spr lequel vous avez écrit un article dans votre dernier numéro. Ces graines m’avaient été données par une personne qui les tenait d’un tiers et portaient en suscription sur le paquet : « Melon délicieux. » Elles m’avaient été parfaitement garanties d’origine japonaise, et même, fait que la dis- tance m’empêche aujourd’hui d’éclaircir en entier, elles avaient été directement reçues du Japon par la personne dont j’ai déjà parlé. Grand amateur de Melons, de leur culture surtout, je les acceptai avec plaisir et les cul- tivai comme Melons grimpants, idée qui me fut suggérée par la petitesse de leurs graines ; ils végétèrent très-bien, donnèrent beaucoup de fruits ; mais, hélas ! je n’ai pas pu en trouver un seulement de passable. Ils ont été tenus entièrement isolés de toute autre espèce, et tandis que les Melons verts CHRONIQUE HORTICOLE. 64 grimpants à rames et autres m’ont donné les meilleurs résultats, ce qui, sous notre climat, est du reste fort commun, ces malheureux japonais, tout en donnant des fruits qui, malgré leur petitesse, étaient fort jolis, passez- moi le mot, n’ont pu être mangés. Des graines de même provenance ont été données à diverses personnes; des produits ont même été présentés à une séance de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne : l’expé- rience a été partout la même, d’où il résulte que je crois que cette espèce ne pourra jamais être mangeable en France ou toujours sous notre climat. Il est bien certain que le Melon dont vous parlez est le mêmô que j’ai semé et cultivé ; il n’est pas possible de se méprendre, d’après la description que vous en faites ; la seule chose dont vous ne parlez pas et qui existait sur les feuilles et tiges, c’est qu’elles étaient garnies de piquants trôs-adérés que l’on sentait parfai- tement aux doigts en les touchant. Veuillez agréer, etc. Escouboué, Notaire et propriétaire à Montjoire (Haute-Garonne). Ces deux lettres, dont nous remercions sincèrement les auteurs, se rapportent- elles à la même forme ? Il est permis d’en douter. En effet, la première dit que les plantes étaient très-hâtives, vigoureuses, chargées de fleurs et de fruits. Dans la deuxième, M. Escouboué semble les assi- miler aux Melons verts grimpants à rames, ce qui indique des tiges grêles et des petits fruits, et qui les rapproche de la forme que nous avons figurée. Mais, d’une autre part, cette qualification Makuwa-Uri ne serait- elle pas comme une sorte d’expression générique caractérisant une race comprenant plusieurs formes diffé- rentes ? Ce fait, que pourtant nous n’affirmons pas, pourrait bien être. Déjà nous avons vu que, parmi les quelques pieds de Ma - kuva Uri dont nous avons parlé (1), il s’y trouvait deux formes dont une a été figurée. Mais ce qui paraît ressortir des deux lettres que nous venons de rapporter, c’est que tous ces Melons japonais sont loin de valoir les nôtres, fait contre lequel nous n’élevons aucun doute. Toutefois, et quoi qu’il en soit, nous savons tout particulièrement gré à nos deux abonnés de nous avoir fait connaître le résultat de leurs expériences, qui sont de nature à éclairer les personnes sur la va- leur des Makuva Uri , et qui semblent prou- (1) Voir Revue horticole , 1878, p. 32. ver que les personnes qui les avaient trouvés « délicieux » ne sont pas difficiles. Faisons pourtant remarquer que notre ami, M. Sis- ley, de qui nous tenions les graines, ne nous avait pas dit que les fruits étaient « déli- cieux. » Nous n’avons non plus à nous faire aucun reproche d’exagération ; car en indi- quant les caractères que nous avaient pré- sentés ces Melons, nous nous sommes tenu sur la réserve, et nous avons dit que « c’est une expérience à recommencer. » [Rédaction.] — Ce n’est pas seulement en Europe que les institutions se multiplient, et bientôt, dans à peu près toutes les parties du monde, l’homme trouvera des écoles de toutes sortes où il pourra développer les facultés que comporte son organisation. Une contrée qui, jusqu’à ces derniers temps, était à peine- connue, le Japon, marche à grands pas dans cette voie progressive, qui, résultat de la science, tend à faire disparaître les préjugés qui l’entravent. Aujourd’hui, grâce à la faci- lité des moyens de communication, les dis- tances s’effacent, et... les préjugés aussi... Au nombre et en tête des nouvelles ins- titutions que vient d’établir le Japon, se rat- tachant tout particulièrement à notre sujet, citons un collège agricole, inauguré à Sapporo, le 14 août 1876, et dont le premier rappport officiel a paru dans le journal de l’empire, le Tokio-Times , au mois d’oc- tobre 1877. Le nombre des élèves, qui sont admis à se présenter sur tous les points de l’empire, est limité à cinquante, tous boursiers. Tout candi- dat doit adresser une demande en forme aux autorités compétentes. S’il est agréé, il est tenu de signer un engagement par lequel il s’oblige à se conformer aux réglements du collège, à rembourser les frais de son éducation en cas de renvoi pour inconduite, et à demeurer, pen- dant cinq ans, à partir de la réception de son diplôme, au service du département des colo- nies. Aux termes du rapport, et « bien que destinés à être fonctionnaires, ces jeunes gens doivent acquérir des notions très-approfondies de toutes les opérations qui constituent l’agri- culture pratique, y compris l’usage des outils et des machines agricoles, l’élève des bestiaux et le maniement des attelages, tant des bœufs que des chevaux. La durée du séjour qui leur est imposé a pour but de les familiariser avec le climat, le sol et les ressources de la province d’Hokkaïdo, afin qu’ils soient en état de con- GREFFAGE DU CHŒNOMELES JAPONICA. 65 tribuer au développement des diverses indus- tries productives du pays (1). » !On voit, par ce qui précède, que l’agri- culture scientifique prend place au Japon ; c’est bien assurément, mais ce n’est pas as- sez, et nous croyons que cet enseignement en appelle un autre : celui de l’horticulture qui, au Japon, nous en avons la conviction, est encore dans l’enfance, ce que, « pièces en main, » nous essaierons de démontrer prochainement. — Un événement funeste vient encore de frapper l’horticulture. M. Philippe-Victor Verdier, dont le nom était universellement connu du monde horticole, est mort- le 3 fé- vrier 1878, dans sa soixante-quinzième an- née. Bien que depuis quelque temps |déjà cette catastrophe fût imminente, elle n’en a pas moins surpris sa famille et ses amis. Une cécité qui, sans être complète, obligeait M. Verdier à garder souvent la chambre et, par conséquent, mettait un arrêt subit à sa GREFFAGE DU CHA La greffe du Chœnomeles japonica est peu usitée, ce qui tient peut-être à l’extrême facilité qu’on a de multiplier cet arbuste à l’aide de drageons qui ne manquent pas de pulluler autour de la plante, lorsqu’elle est franche de pied, fait qui se produit toujours si l’on a soin de couper quelques-unes de ses racines en cernant l’arbuste avec la bêche lors du repos de la sève. Mais de ce que la multiplication du Chœnomeles est généralement facile par voie de drageons, il ne s’en suit nullement qu’elle est toujours nécessairement possible par ce mode de procéder. Je suppose, par exemple, que vous receviez une nouveauté du genre, greffée sur Cognassier ou sur fragment de racine. Vous trouvez l’arbuste joli, et tout naturellement vous voulez le multiplier. Attendre un an ou deux avant que votre plante s’affranchisse et puisse vous donner des rejetons est un procédé peu pratique et encore moins expéditif. Assurément il faut recourir à la greffe. Eh bien! soit; va pour la greffe ! Elle n’est pas tout à fait aussi aisée et d’une repris» aussi sûre que celle 1 qu’on pratique sur un pied de Poirier. (1) Bulletin de la Société des Agriculteurs de France , janvier 1878, p. 53. grande activité, n’a pas peu contribué à amener cette lin si douloureuse. Néanmoins, dans cette triste position, M. Verdier n’en continuait pas moins à faire profiter de ses bons conseils ceux qui s’adressaient à lui. Comme praticien, il était l’un des plus ex- périmentés ; comme commerçant, sa loyauté était proverbiale; comme homme privé, il réunissait toutes les qualités qui distinguent l’homme de bien et appellent l’estime de tous. Un jugement des plus sains joint à une stricte équité le faisait presque toujours prendre pour arbitre dans toutes les con- testations qui avaient rapport à l’horticul- ture, et, dans ce cas, aucune partie n’eut jamais à se plaindre de ses décisions. Tant de mérites le désignaient à une récompense nationale. A la suite de la grande Exposition de 1855, il reçut la "croix de la Légion- d’Honneur, aux applaudissements et à la satisfaction de tous les assistants. E.-A. Carrière. NOMELES JAPONICA Néanmoins la chose est facile. Qu’on se garde surtout de prendre comme sujet un pied de Cognassier, ainsi que le commandent cer- tains horticulteurs. Le Cognassier du Japon et le Cognassier commun sont bien deux plantes appartenant au même genre bota- nique; mais si leurs caractères de race sont identiques, il n’en est pas de même de leur faciès réciproque. Le Cognassier com- mun acquiert les dimensions d’un arbris- seau, se dépouille de ses feuilles de bonne heure à l’automne et épanouit ses fleurs tard au printemps. Au contraire, le Cognas- sier du Japon (Cydonia japonica vel Chœ- nomeles japonica) est d’une nature plus buissonneuse, garde ses feuilles presque jusqu’au retour des nouvelles, et très-sou- vent fleurit en plein hiver sous notre climat. Où il y a peu ou pas d’analogie, il n’y a pas non plus d’entente possible. C’est justement cette mésintelligence, ce manque d’accord se manifestant entre nos deux Cognassiers lorsqu’on les greffe l’un sur l’autre, qui les empêchent de faire longtemps un bon mé- nage. Leur lune de miel, qu’on me passe l’expression, ne dure guère que huit à douze mois, puis on voit l’une et l’autre chercher à reprendre les caractères qui 66 CALADIUMS PORTUGAIS. leur sont propres, jusqu’à ce qu’enfin le plus faible succombe sous les coups du plus fort. Le Cognassier commun est donc antipa- thique au Cognassier du Japon. Ce dernier, écussonné en juillet et août, ou bien greffé sous verre en janvier ou février, se soudera bien; il végétera même faiblement pendant une saison ; mais on aura bientôt le regret de le voir diminuer peu à peu et fondre complè- tement. Quel sujet doit-on donc choisir pour pouvoir espérer une bonne réussite ? Le type lui-même, mais le type à l’état jeune; des semis de deux ans conviendront parfaite- ment. A défaut de ceux-ci on pourra prendre de jeunes drageons bien enracinés et levés avec soin. Si ces derniers manquent égale- ment, on se rabattra sur des fragments de racines, mais il faudra qu’ils soient eux- mêmes garnis de radicules et de chevelu. La greffe en écusson, pratiquée en juillet et août, même sur des sujets présentant une tige jeune et vigoureuse, donne de moins bons résultats que la greffe en fente, qui a en outre l’avantage de permettre d’opérer sur les trois sortes de sujets que je viens de mentionner. La végétation hâtive de l’ar- buste indique assez qu’il faut les greffer de très-bonne heure et sous verre. Les mois de janvier et février sont les époques les plus favorables. Le genre de 'greffe à employer CALAD1UMS Pourquoi Caladiums portugais? Si ce titre peut paraître forcé, attendu que le type de ces Caladiums est originaire du Para, en revanche il est justifié par les plantes dont nous parlons et qui, elles, ont pris naissance sur ce coin de l’Europe favo- risé par son climat exceptionnel. Les plantes dont il va être question appar- tiennent à ce groupe si éminemment orne- mental qu’un amateur d’un rare talent, M. Bleu, a su amener à ce degré de perfec- tion que l’on sait, et qui, à toutes les expo- sitions, captive tout particulièrement l’at- tention des visiteurs. C’est qu’en effet rien (1) Comme il pourrait arriver que quelques-uns de nos lecteurs crussent que cette greffe en arra- chis est indipensable à la réussite de l’opération, nous devons les prévenir que, bien que ce mode puisse être très-fréquemment employé, il peut être avantageusement remplacé par la greffe pratiquée sur des sujets repris et qu’alors les greffons pous- sent toujours beaucoup plus vigoureusement, ce est celle dite « en arrachis, » c’est-à-dire que l’on préparera sujets et greffons, qu’on ren- trera le tout à l’intérieur et que l’on opérera à l’abri, au coin du feu si l’on veut (1). Pour ce qui regarde l’opération même de la greffe, il faudra avoir soin de couper le sujet (si l’on se sert de sujets de semis ou dra- geons) à 2 ou 3 centimètres au-dessus du collet, de manière que la base du greffon se trouve mi-partie en dessus et mi-partie en dessous de ce collet. Si l’on opère sur frag- ments de racines, il ne sera pas indifférent de choisir pour l’insertion du greffon une place unie et non bifurquée. On ligaturera avec de la ficelle ou avec de très-petits osiers partagés par le milieu, et on enduira de mastic la partie greffée. Les sujets soumis à l’opération seront mis en pots, arrosés légè- rement et placés sous verre dans la serre à multiplication, et à défaut de serre sous cloche, dans un châssis froid garni de tannée à moitié décomposée dans le but de mainte- nir une douce chaleur. En terminant ces lignes, je rappellerai que le Pyrus Maulei , ce joli petit arbuste encore peu répandu et bien digne de figurer, par le beau coloris de sa fleur et par l’excel- lence de son fruit, à l’état de compote chez tous les amateurs de bonnes plantes, se greffe et réussit également bien sur le Chæ- nomeles japonica. H. de Mortillet. PORTUGAIS n’est plus séduisant : outre les formes gra- cieuses, la nature et la contexture des feuilles, dont aucun tissu, même le plus fantastique, ne pourrait donner une idée, on ne saurait trop admirer les couleurs qui, soit par elles-mêmes, soit par l’harmonie de leurs dispositions, défient les artistes les plus autorisés d’en donner une définition. Il ne faut pas songer à décrire ces plantes : on est bientôt à bout d’expressions, et si, après avoir épuisé toute la gamme des su- perlatifs, on s’arrête pour examiner les objets auxquels on a voulu en faire l’appli- cation, on ne tarde pas à reconnaître l’im- que n’ignore pas M. de Mortillet qui, en recom- mandant la greffe en arrachis, a voulu indiquer un procédé commode et prompt que tout chacun pourra employer puisque, en effet, il suffit d’arra- cher à un Chœnomeles quelconque, un drageon et de le greffer, et cela à l’abri, même « ah coin du feu, » comme l’on dit vulgairement. ( Rédaction .) CALADIUMS PORTUGAIS. puissance du langage à les qualifier. L’art l est-il plus puissant? Sans aucun doute; cependant, après avoir épuisé toutes ses ressources, lui-même s’arrête, convaincu que s’il a pu aller plus loin que le langage, il doit néanmoins renoncer à reproduire ces plantes. Mais l’homme est insatiable, et quelque étendue que soit une chose, le désir l’atteint bientôt et le pousse plus loin. « L’ennui naquit un jour de l’uniformité, » a-t-on dit. L’unifor- I : mité est peut- être, le seul I reproche que | l’on pourrait | i adresser aux i Caladiums de M. Bleu. En I effet, toutes ou à peu près tou- tes les innom- ; brables varié- tés qu’il a obte- nues ont, sous ce rapport, une très -grande analogie. A part les dimen- sions, les for- mes se rap- prochent énor- Imément : un limbe hasté , cordiforme , (plus ou moins échancré, par- fois aussi plus ou moins I pelté. Telles étaient, en général, les choses jus- qu’en 1877, alors qu’un nouveau type de ces Caladiums parut à l’exposition d’horti- culture de Porto (Portugal), comprenant tout une série de variétés nouvelles et dif- férant complètement par la forme. En effet, plus rien de semblable à ce qu’on connaissait jusque-là. Au lieu d’un limbe cordiforme- hasté, on avait une lame plus ou moins élargie, sans oreillettes, et qui semblait être une dilatation et une prolongation du pétiole. Les plantes dont il s’agit et dont on pourra se faire une idée - — quant aux formes — par la figure 12, proviennent de fécondations artificielles faites par notre col- 07 lègue, M. Jacob Weiss, jardinier du duc de Pamela, et avaient été exposées à Porto, en juin 1877 (1), où elles ont été récompensées d’une médaille d’or. Quelques-unes des plus belles et des plus remarquables onfété vendues, croyons-nous, àM. William Bull, de Londres, pour une somme de l,200Lr. que, avec une générosité et un désintéres- sement rares, M. Jacob a abandonnée au profit d’une [œuvre de bienfaisance. Si l’on ne peut dire que ces nouveaux gainssont com- parables pour la beauté aux magnifiques variétés de M. Bleu, ce qu’on peut assurer, c’est qu’elles en diffèrent complètement parles formes. On y trouve des feuilles pres- que linéaires et longues de 15 à 30 centimè- tres et plus, jus- qu’à d’autres qui sont plus ou moins large- ment ellipti- ques, mais tou- tes atténuées en un pétiole qui, à son point de départ, sem- ble se confon- dre avec le lim- be. Ajoutez à cela que chez certaines, le limbe est très-forte- ment ondulé, et, quoique moins coloré que la plupart des variétés deM. Bleu, que ce limbe présente souvent des coloris très-variés, striés et même maculés, ce qui est un acheminement à ces couleurs aussi intenses que variées que présentent les Caladiums parisiens . B y a donc là un véritable progrès. L’examende ces for- mes particulières, mais semblables quant au fond, semble indiquer que les parents sont le Caladium Barïlleti (ancien) avec une espèce brésilienne à feuilles atténuées à la base, pro- bablement avec le C. Vendlandi, ce que pour- tant. nous n’affirmons pas. E.-A. Carrière. (1) Revue horticole , 1877, p. 312. Fig. 12. — Variétés de Caladiums, dits Caladiums portugais, au 1/3 de grandeur naturelle. 68 L?EAU DANS LES JARDINS. L’EAU DANS LES JARDINS (1) Les réservoirs établis, il faut organiser la distribution de l’eau. Ici encore il y a plu- sieurs systèmes : celui à trop plein ou sans pression, et le système keau forcée , c’est-à- dire avec pression. Le premier, dont on s’est contenté si longtemps, consiste à amener l’eau dans un premier bassin, dont le trop plein emplit le second, qui doit être placé un peu plus bas, lequel emplit le troisième et ainsi de suite, procédé défectueux et abandonné avec raison toutes les fois qu’il est possible de lui substituer le système à pression. En effet, si l’arrosage est un peu considérable, l’eau arrivant dans les bassins sans aucune force qui active le débit, ne fournit pas à l’emploi, et il faut attendre. Si ce cas se présente sur un des premiers bassins, le travail se trouve arrêté partout,, pendant qu’on est souvent obligé de modérer l’ar- rivée, qui fournit en raison de sa pression, c’est-à-dire souvent plus que le premier trop plein n’en peut enlever. Le système à eoM forcée consiste en con- duites de métal assez solide pour résister à des pressions parfois considérables, et des- servant des cannelles ou prises d’eau quel- conques ; le débit est assuré, régulier, et permet l’emploi des nouveaux procédés d’arrosage dits « à la lance, » ou avec des tuyaux percés. Nous ne citerons qu’un fait concernant les bassins à trop plein, qui montre autant son insuffisance que l’ignorance d’une orga- nisation bien entendue. Nous avons sous les yeux un travail de distribution d’eau con- sistant en une conduite de 1 ,600 mètres de longueur, arrivant avec près de 6 mètres de pression, et desservant par des trop pleins successifs un jardin potager, à raison d’un bassin par demi-hectare. On en est arrivé dans ces derniers temps à se procurer une petite pompe portative pour mouiller à la lance, en prenant l’eau dans ces bassins, qui ne fournissent pas toujours assez d’eau pour elle. Pourtant cette création, qui rap- pelle le « vieux temps, » dont elle est digne, •est néanmoins récente, puisqu’elle remonte à seize ans à peine. Tout commentaire serait inutile. La citation suffit. (1) Rev. hort.,î 878. p. 45. Nous allons maintenant nous occuper du second système, dont les frais d’établisse- ment, un peu plus élevés, sont largement compensés par les résultats produits par la différence de ces frais. Ici les conduites consistent en tuyaux de métal, plomb ou fonte. Le premier de ces métaux coûte fort cher et aura toujours le défaut d’immobiliser une valeur intrinsèque considérable, parfois trop appréciée pour la laisser longtemps à sa place. Vaux-le-Praslin en fournit un exemple. Si les conduites d’eau de ses bassins eussent été en fonte, elles n’auraient sans doute pas été enlevées, et cette nouvelle espèce de vandalisme, qui a transformé de si bonne* heure ces magnifiques travaux en ruines aujourd’hui à demi-disparues sous la végé- tation, n’eût pas eu lieu ; l’œil pourrait encore admirer la splendeur de cette con- ception que Versailles seul devait dépasser. Le plomb est maintenant plutôt réservé pour des travaux de peu d’importance, par exemple pour les raccords sur les conduites, où sa flexibilité, qui se prête à tout, le rend précieux, et pour les coudes, dont les angles imprévus ne peuvent admettre la fonte sans modèles faits exprès. On peut lui reprocher de ne pas toujours résister au choc connu sous le nom de « coup de bélier. » Sans être parfaite sous tous les rapports, la fonte, par son bon marché et sa résis- tance, a remplacé les autres métaux dans tous les cas où le diamètre dépasse 5 à 6 centimètres. Les procédés de jointures pour ces tuyaux sont assez variés. Les plus usités sont d’abord les tuyaux à brides avec boulon- nage, présentant parfois des difficultés de serrage dans les raccords lors des répara- tions ; le système à clavettes, de l’usine de Brousseval, paraît préférable, autant par la facilité de sa pose que par celle des répara- tions ; les emboitures, matées en plomb, sont excellentes, mais à réparation difficile, et bonnes plutôt pour des tuyaux de très- fort diamètre que pour ceux généralement appliqués aux jardins. L’expérience seule peut décider sur les nouvelles combinaisons de tuyaux, soit comme formes, soit comme métal ; sous ces rapports l’Exposition de 1878 nous mon- CULTURE DES CYCLAMEN DE PLEINE TERRE. 69 i trera sans doute quelque nouveau progrès. ! Comme disposition du réseau des conduites, on établit une ou plusieurs lignes princi- Ij pales de fort diamètre, desquelles se déta- chent des tuyaux plus faibles desservant les prises d’eau, et munies les unes et les autres : de vannes ou robinets d’arrêt pour les cas de réparations. Toutefois, il est prudent de ne pas être à la merci d’une conduite prin- | cipale unique qui, en cas d’avarie, arrête ! tout. Quant aux mesures à appliquer, nous | croyons qu’une conduite principale de 10 cen- timètres de diamètre intérieur, formant une ! section de 78 centimètres carrés, peut ! fournir à bien des prises d’eau, qu’elles i soient organisées pour le mouillage à la lance, pour des batteries de tuyaux percés, ou même pour fournir des bassins à « plei- nes cannelles, » Du reste, on en peut juger par le calcul des orifices. Supposons, par exemple, six cannelles de 30 millimètres coulant ensemble — ce fait doit être assez rare partout et en tout cas momentané ; — cela ne fait que 42 centimètres carrés ; quant aux batteries de tuyaux percés et aux lances, tout le monde connaît la petitesse des orifices qui, pour les premiers, n’atteint guère que 4 à 5 millimètres carrés ; en en supposant 200, ce qui donne environ 200 mè- tres de longueur de batteries, en y ajoutant des lances donnant autant d’eau, cela ne fait guère que 20 centimètres carrés d’ori- fice à ajo uter aux 42 centimètres des can- nelles, ce qui laisse encore assez de puis- sance à la pression pour que tout marche à la fois sans désavantage. J. Batise. CULTURE DES CYCLAMEN DE PLEINE TERRE Quand on réfléchit à la beauté tout excep- tionnelle que présentent les Cyclamen et aux avantages qu’on en retire au point de vue ornemental pour l’usage des serres et des appartements, on a lieu d’être surpris que des essais de ces plantes n’aient pas été fentés en vue de les employer à l’ornemen- tation de plein air. On a d’autant plus lieu de s’en étonner que la culture en est telle- ment facile, qu’on peut la considérer comme nulle, et surtout que ces plantes sont aussi tellement rustiques que sinon toutes, du moins le plus grand nombre, peuvent sup- porter les hivers du centre de la France ; quelques-unes mêmes pourraient très-bien, supporter ceux du Nord, au moins avec une très-légère couverture de feuilles. Toutes les espèces connues, au nombre d’environ quinze, sont originaires de l’An- cien-Continent, ce qui pourtant neyveut pas dire qu’on n’en trouverait pas dans le Nou- veau, soit de nouvelles espèces, soit des formes ou des variétés de celles qui sont connues. L’uniformité très-approximative de leurs caractères, et leur végétation à peu près identique, autorisent même à croire qu’il n’y à là qu’un seul type dont les diffé- rences individuelles seraient une consé- quence des conditions de milieu dans les- quelles elles croissent. Mais après tout, la question de spéciéité étant tout à fait secon- daire pour le cas qui nous occupe, nous la négligeons et n’allons parler que des plantes qui peuvent présenter des avantages au point de vue où nous nous plaçons. Ce sont les Cyclamen Europœum et les Cyclamen liederœ folium, "Willd. (C. neapolitanum, Ten.). Quant aux autres, bien que l’une d’entre elles (le C. persicum, Mill.) présente un intérêt capital au point de vue commer- cial, nous n’en parlerons pas, d’abord parce que sa parfaite rusticité n’est pas démontrée, ensuite parce que cette espèce fera l’objet d’un article spécial. Le but que nous nous proposons ici étant de faire ressortir la beauté de ces plantes et les avantages que l’on peut'en tirer au point de vue de l’ornementation des jardins, c’est donc uniquement dans, ce sens que nous al- lons en parler. La végétation des Cyclamen et les faibles dimensions qu’ils atteignent indiquent les conditions particulières dans lesquelles on doit les placer. C’est sous bois, dans les massifs peu fournis, ou sur le bord de ceux-ci, ou encore dans le pied des haies qu’on doit les planter. Un sol léger, surtout siliceux et légèrement humide, convient tout particulièrement aux Cyclamen. Rien n’est beau, non plus, comme un gazon dans lequel on en a planté çà et là ; son aspect en est relevé et agrémenté, non seulement par les fleurs des plantes, mais même par leur feuillage qui, très-bas et abondant, 70 STUARTIA MALACHODENDRON. d’un beau vert relevé çà et là de zonatures blanches, constitue lui-même un charmant gazon au-dessus duquel s’élèvent un peu les fleurs, juste ce qu’il faut pour produire le plus joli contraste pendant plus de trois mois (du commencement de septembre, par- fois plus tôt, à la fin de novembre). Culture. — Le point de vue où nous nous plaçons (l’ornement des gazons ou des endroits à peu près incultes) fait que, dans ce cas, la culture est à peu près nulle et se réduit pour ainsi dire à la plantation, qui doit se faire pendant le moment du repos des tubercules; elle consiste à mettre ces derniers assez rapprochés de la surface pour qu’ils soient seulement recouverts de quel- ques centimètres. Cela fait, on n’a plus à s’en occuper pendant plusieurs années, sinon pour jouir et admirer chaque automne des sortes de prairies-gazons émaillées de fleurs, et cela sans travail et sans soins, et surtout sans « bourse délier, » ce qui ajoute encore au mérite. Dans les localités où l’hiver est trop ri- goureux, on peut par précaution jeter quelques feuilles sur les tubercules ou les recouvrir d’une légère couche de terreau. On peut se procurer des tubercules de Cy- clamen chez M. Truffaut, horticulteur, rue des Chantiers, à Versailles. Lebas. STUARTIA MALACHODENDRON Arbuste buissonneux, à branches nom- breuses, diffuses, rappelant un peu par son port et son faciès général les Halesia , dont il a aussi la végétation. Ecorce grise, blan- châtre, fendillée; celle des bourgeons vil- leuse; yeux longuement aigus. Feuilles caduques, alternes, dures au toucher, ovales-cordiformes, très-cour tement pétio- lées, finement et courtement denticulées, scabres, rugueuses et comme huilées, d’un vert foncé en dessus, glaucescentes en dessous. Boutons sphériques, très-gros, sessiles. Calice très-large, à cinq divisions jaunâtres. Fleurs grandes, atteignant jusque 1 0 centimètres de diamètre, à cinq pétales très- largement obovales, légèrement concaves, à bords irrégulièrement denticulés, parfois comme un peu plissés, d’un blanc très-pur. Étamines très-nombreuses, à filets de cou- leur rouge vineux violacé, qui fait un char- mant contraste avec le blanc crème de la corolle, s’insérant sur la base des pétales, sur laquelle ils restent fixés quand ceux-ci se détachent. Anthères brunes assez fortes, légèrement ovales-cordiformes. Dédié par Catesby au marquis de Bute J. Stuart, ce genre doit s’écrire Stuartia et non Stewartia. On n’en connaît que deux espèces : celle dont nous parlons et le S. pen- tagyna , qui n’en est probablement qu’une forme. Originaire de l’Amérique septentrionale, le S. malachodendron est très-rustique. C’est un des plus jolis arbustes, très-rare dans les cultures, d’où nous le croyions même disparu depuis longtemps ; nous l’avions perdu de vue depuis près de trente ans, lorsque le hasard nous en fit rencontrer un pied, en 1876, chez M. Paugam, horti- culteur à Quimper (Finistère) ; nous en fûmes d’autant plus surpris que là, en pleine terre ordinaire, il formait un buisson d’en- viron 2 mètres de hauteur sur plusieurs mètres de diamètre, tandis qu’à Paris, où nous l’avions vu, c’était un petit arbuste d’à peine 1 mètre de hauteur, qui pourtant vé- gétait assez bien et fleurissait abondamment chaque année. Conformément à la pro- messe qu’il avait bien voulu nous faire, M. Paugam nous en envoya de beaux échan- tillons en fleurs, au mois de juin dernier, ce qui nous permit d’en faire exécuter la figure ci -contre. Pas n’est besoin de dire l’effet splendide que produit cette espèce au moment de sa floraison qui a lieu en juin : c’est féerique; aussi n’hésitons nous pas à la recommander. On devra la cultiver en terre de bruyère grossièrement concassée, à peu près comme on le fait des Thés, des Camellia et des Halesia , et nul doute que partout où ces genres croîtront en pleine terre ordinaire, tel qu’à Nantes, à Angers, etc., il n’en soit de même du Stuartia malachodendron. Sa multiplication est assez difficile; on la fait par couchages, qui du reste sont longs à s’enraciner, et par boutures dopt aussi la reprise est difficile: Peut-être pourrait-on le multiplier par la greffe, en prenant comme sujet les espèces ligneuses qui ont des carac- tères analogues. C’est à essayer. Les boutures doivent être faites d’assez rodard dd Stcwartia. Maladiodetidrori' , Zinne Stuas'tùz, MalcuJu>d*tisiron , Will ChrontoittZ. P. Stro'obasd> \ Rzvzoe Horticoles- L’ANTHRACNOSE DE LA VIGNE. 71 bonne heure pour qu’elles puissent pousser avant l’hiver, et n’être rempotées que lorsque les racines sont bien développées, en évitant de fatiguer celles-ci lors du premier rem- potage. Quant aux couchages, on devra les faire aussitôt que les bourgeons sont un peu aoûtés, et ne les relever que deux ans après, lorsqu’ils vont entrer en végétation, et en évitant de fatiguer les racines. E.-A. Carrière. L’ANTHRACNOSE DE LA VIGNE Par ce mot anthracnose , qui signifie maladie du charbon, on désigne une altéra- tion de la Vigne que l’on nomme aussi ma- ladie noire , carie , charbon. Cette maladie n’est pas nouvelle et n’a pas été importée ré- cemment, comme l’oïdium et le phylloxéra; elle paraît au contraire remonter aux pre- miers âges de la Vigne et exister dans tous les vignobles connus. Elle a été décrite par les premiers naturalistes qui ont parlé de I ce précieux arbrisseau. M. H. Marès, dans i son remarquable Traité des Vignes du midi de la France , donne, d’après le docteur Montaigne, la traduction d’un passage de Théophraste (1) où se trouve une descrip- tion tellement frappante de ce mal, qu’on ne peut moins faire de reconnaître là l’an- j thracnose qui a sévi cette année dernière (1877) avec tant d’intensité dans plusieurs vignobles de France, en Italie, en Suisse et dans beaucoup d’autres contrées de l’Europe. ; L’ancienneté de cette maladie ne lui a rien fait perdre de son intensité; elle a conservé tous ses caractères désorganisateurs ; nous la retrouvons de nos jours telle que l’a dé- ! cri te Théophraste. Les premiers dégâts de l’anthracnose apparaissent ordinairement avec les pre- mières pousses de la Vigne, dans le courant 1 de mai ; ils se continuent généralement avec | plus ou moins d’intensité, suivant la tempé- rature et suivant les variétés de Vignes, jus- ! que dans le courant d’août, attaquant | toujours les jeunes pousses à l’état herbacé, j et le Raisin depuis sa formation jusqu’au I moment où il va commencer à mûrir. Un temps pluvieux, un brouillard, une forte ro- | sée, paraissent être les principales causes de (1) Tels sont les accidents et les maladies dont sont sujets les arbres; ceux des fruits, et en particulier j du Raisin, consistent dans le grésillement, (appelé en grec, crambos), affection assez semblable à la rouille ; cela a lieu par des temps humides, lors- qu’à la suite d’une rosée abondante, le soleil darde avec force ses rayons. Il produit le même effet sur les pampres. — Joigneaux, Le Livre de la ferme, page 250. cette maladie, surtout si cette température humide alterne avec des coups de soleil brû- lant ; par contre, un temps sec arrête ses dé- gâts. Les Vignes provenant des pays chauds, celles à forte végétation sont particulièrement atteintes d’anthracnose ; les cépages indi- gènes de nos vignobles du Centre et du Nord en souffrent beaucoup moins (1). Les pre- mières traces de l’anthracnose se font re- marquer par de petites taches ou petits points noirs brunâtres, ronds, plus ou moins nombreux, plus ou moins rapprochés les uns des autres; ils apparaissent simul- tanément ou sur le sarment, ou sur le Raisin , ou sur la feuille, et le plus souvent sur ces trois parties à la fois (ainsi que le démon- trent les figures 13 à 15), dans les condi- tions que nous venons d’indiquer. Ces petits points s’élargissent, tout en conservant leur forme circulaire, passent à la couleur noi- râtre et pénètrent, en très-peu de temps, assez profondément dans la jeune pousse pour la désorganiser ou la dessécher plus ou moins complètement, suivant le nombre des taches et les conditions plus ou moins favorables à leur développement. Si le mal sévit avec intensité, feuilles et fruits péris- sent avec la jeune tige; si au contraire les taches sont peu nombreuses et se dévelop- pent dans des conditions défavorables, le jeune sarment pousse sans trop souffrir de ces lésions, mais toutefois sans préserver pour cela la feuille et le Raisin des atteintes de Fanthracnose, attendu qu’il arrive fré- quemment que sur une tige saine ou presque saine l’une ou l’autre sont plus ou moins désorganisées par cette maladie. Ces trois parties du cep, tige, feuille et Raisin, sont le plus souvent attaquées simultanément par l’antliracnose; mais il arrive aussi assez fréquemment que l’une ou deux d’entre (1) Les Vignes étrangères les plus anthracnosées sont le Rosaki , remarqué par M. Marès, YAgos- tenga , le Chaouch , le Crujidero, le Lignait , YInsolia, le Muscat d’Alexandrie. Dans les vi- gnobles du midi, la Carignan, la Clairette sont particulièrement atteintes de cette maladie. l’anthracnose de la vigne. 72 elles en sont préservées, suivant l’état où elles se trouvent et suivant les conditions de résistance qu’elles peuvent offrir à l’invasion du mal. Lorsque les taches noires du char- bon s’implantent sur les nervures de la feuille avant son complet développement, celle-ci se racornit, se recoqueville sur sa face inférieure et ne fonctionne plus qu’impar- faitement; quant au Raisin, il peut être an- thracnosé dès sa formation, avant et après la floraison, jusqu’au moment où il entre en maturité ; une fois la peau du grain atten- drie, l’action désorganisatrice de l’anthrac- nose n’a plus d’effets fâcheux sur elle. Pour la feuille, comme pour le Raisin, les lésions anthrachnosiques deviennent plus graves et entraînent le plus souvent le dessèchement et la mort de ces deux organes, lorsqu’elles atteignent le pétiole du premier ou le pédon- cule du second. Ces taches charbonneuses, qui causent de si grands dommages à la Vigne, ont quelque chose d’analogue avec celles qu’on remarque sur la feuille et les fruits du Poirier et du Pommier. Ces der- nières apparaissent dans les mêmes condi- tions que sur la Vigne ; elles n’attaquent pas le bois d’une manière apparente; elles causent rarement le dessèchement de la feuille, mais elles produisent sur le fruit des gales qui le font durcir et causent plus ou moins vite sa pourriture. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, les temps humides ou pluvieux, les rosées abon- dantes, les brouillards précèdent toujours l’invasion de l’anthracnose et paraissent être une des principales conditions de son déve- loppement ; une Vigne, que l’on peut préser- ver de la pluie, des rosées ou des brouillards n’est jamais atteinte de cette maladie. Un fait que nous . allons citer le prouve avec la plus grande évidence. Dans un sol riche de jardin potager, nous possédons une forte souche à’Agastenga, formant trois cordons séparés au moyen de trois branches provi- gnées sortant du même pied. Le premier cordon est palissé verticalement contre un mur au levant, et recouvert d’un abri mobile en avancement du mur .de 30 à 40 centi - mètres; le second est conduit horizontale- ment à 20 centimètres au-dessus du sol, contre un mur sans abri exposé au midi, et le troisième en contre-espalier à 2 mètres des précédents. Ce troisième cordon porte chaque année des traces plus ou moins fortes d’anthracnose ; en 1877, sa récolte a été complètement détruite par des invasions successives de cette maladie qui ont pour ainsi dire grillé les pousses, les feuilles et les Raisins. Sur le cordon tourné au midi, où dans les années ordinaires on ne remarque presque pas de traces de charbon, le quart à peu près des grappes a été fortement en- dommagé. Quant à la treille qui se trouve contre un mur au levant avec abri, l’an- thracnose n’y a pas fait son apparition : comme les années précédentes, ses Raisins ont été récoltés parfaitement sains. M. Marès, que nous avons déjà cité, pense que la désorganisation produite sur les feuilles, les rameaux et les Raisins de la Vigne, dans les conditions que nous avons indiquées, est produite par une brusque va- riation de température coïncidant avec un temps brumeux ou humide et des coups de soleil : elle a, dit-il, trop d’analogie avec la désorganisation produite par les gelées blanches tardives pour que la cause n’en soit pas la même. D’après cet auteur, les cryptogames trouvés par plusieurs natura- listes dans les lésions occasionnées par l’an- thracnose ne seraient pas les premières causes de ce mal, mais seulement une de ses conséquences. Un cryptogamiste éminent, M. de Rary, professeur à l’Université de Strasbourg, vient de faire une découverte qui jette un nouveau jour sur cette question d’un intérêt si actuel pour la viticulture. Ce savant est arrivé à inoculer à volonté ce mal sur le Raisin, au moyen des spores excessivement petits de ce cryptogame qu’il nomme spha- celoma ampelinum : il recueille ces spores au moyen d’un pinceau mouillé; il les place avec toutes les précautions convenables sur un grain de Raisin sain, et peu de jours après la tache anthracnosique se développe. (( Cette expérience de M. de Rary, dit M. Planchon, qui a bien voulu nous com- muniquer l’article du savant, professeur de Strasbourg, prouve incontestablement que l’anthracnose est produite par le crypto- game nommé par cet auteur spliaceloma ; cette découverte est d’une importance capi- tale en ce sens qu’elle explique la nécessité de l’intervention de l’eau ou de l’humidité dans la production de la maladie, et qu’elle laisse entrevoir la possibilité de s’opposer à sa propagation en attaquant les spores avant qu’ils aient produit leur mycélium sous l’épi- derme du sarment. » Jusqu’à présent, pour l’anthracnose de la vigne. 73 se préserver de l’ anthracnose , on n’avait opéré qu’au moment de l’apparition de cette maladie, lorsqu’il était trop tard; il est Lien évident aujourd’hui qu’il faudra soufrer ou user de quelques autres moyens, efficaces, avant ou au moment de la dissémination des spores de ce cryptogame. Il est facile de reconnaître l’anthracnose dans la description que les naturalistes ita- liens donnent du male nero [mal noir) et du male délia pustula [ variole , mal de la pustule), qui a fait beaucoup de ravages en 1877, dans certains vignobles de la pé- ninsule italique. Les auteurs allemands, H. Goethe entre autres, désignent cette ma- ladie sous le nom de Schwarsen Brenner . Fig. 13. — Portion d’une feuille de Vigne anthracnosée. L’ anthracnose n’existe pas seulement dans tous les vignobles de l’Europe, et pro- bablement dans tous ceux de l’ancien conti- nent; elle sévit aussi sur les 'Vignes en Amé- rique, où on la connaît sous le nom de black Rot (M. Planchon a été le premier à signa- ler la similitude du Rot noir américain avec notre anthracnose). Une autre forme de Rot, que les Américains nomment grey Rot (Rot gris), forme heureusement inconnue en France, cause de plus grands dégâts encore que le Rot noir , mais elle n’attaque le Rai- sin qu’au moment de la véraison ou pen- dant l’époque de sa maturité. On reconnaît les premières traces de son invasion à une petite piqûre ou plutôt à un petit point brun Fig. 14. — Sarment anthracnosé. Fig. 45. — Jeune grappe antrachnosée. surmonté d’une gouttelette ; cette tache s’élargit et amène bientôt la pourriture du grain dans son entier, chair et pépins, et non son dessèchement, comme il arrive par le fait de l’anthracnose. Les Vignes atta- quées par le Rot gris ne portent extérieu- rement aucune marque de souffrance ou de maladie ; elles sont subitement atteintes en pleine et belle végétation par ce fléau, qui agit avec une telle intensité qu’il détruit parfois en quelques jours les plus belles ré- coltes. Cette maladie apparaît sur la Vigne immédiatement après un temps chaud ou humide ; si ces conditions ne persistent pas, elle cesse ses ravages. Le Rot gris est-il une forme particulière du Rot noir ou une maladie toute spéciale? C’est ce qu’il ne nous est pas possible de dire : ce jque nous pouvons affirmer, c’est qu’elle n’a pas encore été signalée en France. M. Meissner, de Saint-Louis (Missouri), à qui nous devons ces renseignements sur le Rot gris , nous a affirmé qu’après avoir par- couru, en septembre dernier, les vignobles des Charentes, du Bordelais, de la Provence, du Languedoc, des côtes du Rhône et du Beaujolais, il n’a rien vu dans tous ces vi- gnobles qui ressemble au Rot gris : il ne pense pas que notre climat soit favorable au développement de cette maladie cryptoga- nique, qui sévit sur beaucoup de Vignes des États de l’Union. Nous insistons sur ces détails pour prouver qu’il n’est pas le moins du monde vrai, comme l’ont dit quelques détracteurs des Vignes américaines, que ces dernières aient 74 LES CATALOGUES. importé en France la maladie du grain, grey Rot , qui fait de si grands ravages dans les vignobles d’outre-mer. On a confondu avec cette dernière maladie l’anthracnose ou charbon dont les effets sont complète- ment différents, puisque celle-ci attaque la Vigne sur tous ses organes dès le début de la végétation, tandis que celle-là sévit seu- lement sur le Raisin mûr ou au début de sa maturité. Notre pauvre Vigne est déjà affligée d’un assez grand nombre de maladies, sans que l’on vienne encore, sans raison et sans preuves, effrayer le vigneron par un fléau imaginaire. V. Pulliat. LES CATALOGUES Boucharlat aîné, horticulteur à Cuire-lès- Lyon (Rhône). Circulaire propre aux nou- veautés livrables pour la première fois à partir du 1er février 1878, consistant en 7 variétés de Pélargoniums à grandes fleurs, de Pélargoniums zonales doubles, une à fleur simple : Gloire de Saint-Didier ; 12 Pétunias à fleurs doubles, 5 Fuchsias, 8 Chrysanthèmes, 2 Capucines ; plus 4 va- riétés de Chrysanthèmes obtenues par M. Lacroix, de Toulouse, et dont M. Bou- charlat a acquis la propriété. — Frœbel et Cie, horticulteurs à Zurich (Suisse). Catalogue n° 85. La première partie est propre aux graines , la deuxième aux plantes. Chacune d’elles comprend plusieurs séries : les « nouveautés » et les graines ou plantes diverses. Dans les nouveautés de graines se trouvent V Escholtzia Mandarin , dont la Heur est de couleur « orange vif » à l’intérieur, et du plus « brillant écarlate » à l’extérieur; les Papaver umhrosum alho cinctum et umhrosum flore semi pleno, obtenus par l’établissement. Parmi les nou- veautés de plantes également obtenues par MM. Frœbel et qu’ils mettent en vente pour la première fois, citons les Bégonia Me- moria Van Houttei, Orange et Solfatare. Des autres nouveautés recommandables, ci- tons les Bégonia Otto Forster et hybrida Miranda , les Centaurea ruthenica , Cle- matis lanuginosa florïbunda et lanugi- nosa perfection, les Eulalia Japonica va- riegata et E. Japonica zebrina, Thuia occidentalis Bodmeri , etc. — Vilmorin et Cie, marchands grainiers, 4, quai de la Mégisserie, publient : 1° Sup- plément aux catalogues comprenant les di- verses séries de nouveautés, soit en Lé- gumes, Fleurs ou Plantes fourragères ; 2° Catalogue général de Graines, Fraisiers et Ognons à fleurs. Nous n’essaierons pas d’énumérer les richesses végétales contenues dans ce catalogue, par cette raison que, quelque étendue qu’en soit l’énumération, elle ne pourrait donner une idée, même approximative, de ce que sont les collec- tions. Nous nous bornerons donc à dire que ce catalogue pourrait s’appeler un véritable répertoire , où sont consignées toutes les plantes ou les graines des séries auxquelles elles se rattachent, et où l’on trouve sur chacune, après le nom, tous les détails im- portants sur sa nature, sa valeur ornemen- tale, et souvent les particularités qui se rat- tachent à son origine et qui en forment l’historique, ou bien encore celles relatives aux qualités que présentent les plantes. — Jacquemet-Bonnefont père et fils, grainiers horticulteurs à Annonay (Ardèche), ou place Bellecour, à Lyon. Catalogue des graines et plantes potagères, fourragères, céréales, de plantes économiques ou indus- trielles disponibles pour 1878. Outre l’indi- cation des caractères propres aux espèces énumérées, on trouve sur ce catalogue, en tète des séries, des renseignements sur les plantes qu’elles comprennent, et qui indi- quent les modes de culture ou les soins qu’il faut apporter afin d’en tirer le meilleur parti possible. Ce catalogue et plusieurs autres seront envoyés franco aux personnes qui en feront la demande par lettre affranchie. — Lapierre, pépiniériste, 11, rue de Fontenay (Seine), au Grand-Montrouge. Fraisiers et arbres fruitiers formés, de di- vers âges. Plusieurs fois, nous avons eu oc- casion de parler des cultures de Fraisiers de M. Lapierre, non pour les recommander, — ce qui n’est pas nécessaire, — mais pour indiquer des variétés très-méritantes dont il est l’obtenteur (1). La collection, très-nom- breuse, est divisée en séries d’après des ca- ractères communs aux plantes qu’elles ren- ferment. De plus, pourles variétés nouvelles, outre leur énumération et l’indication du nom de l’obtenteur, on trouve une descrip- (1) Y. Revue horticole , 1876, p. 438; 1877, p. 317. 75 CONTRADICTIONS, FAITS, HYPOTHÈSES. tion de chacune, de sorte que l’acheteur, sans même connaître les plantes, est ren- seigné sur leur valeur. On trouve là aussi des Fraisiers préparés pour être forcés, choisis parmi les variétés les plus propres à cette culture. — Bruant, horticulteur, boulevard Saint- Cyprien, à Poitiers (Vienne). Circulaire spé- ciale aux plantes nouvelles obtenues dans son établissement, et qu’il livrera à partir du commencement de février 1878, con- sistant en : Agératum compactum Bruant , qui « fleurit dès le premier printemps, con- trairement à la variété naine actuellement cultivée, qui a le défaut d’être très-tardive ; » 19 Pétunias à grandes fleurs doubles et 14 à fleurs simples ; 10 Pélargoniums zonales à fleurs simples, 10 Pélargoniums zonales à fleurs doubles, 6 Pélargoniums peltato zo- nale , 3 Pélargoniums peltato peltatum ; 14 Verveines; enfin un Pentstemon nouveau : Fleur d’iris , à « fleur énorme ; tube mauve clair nuancé blanc, à lobes bleu mauve, à gorge blanc pur. » — E. Chouvet, successeur de MM. Cour- tois-Gérard et Pavard, grainier-horticulteur, 24, rue du Pont-Neuf, Paris. Catalogue gé- néral, pour 1878, de graines potagères, fourragères, de fleurs, etc. Graines d’ar- bres, collections de Fraisiers, Glaïeuls, Ro- siers, Pommes de terre, Bégonias tubéreux (graines et tubercules), etc. Spécialité de graines de gazon pour l’ensemencement des pelouses et des bordures. Quelques indica- tions très-succinctes, quoique suffisantes, sur la quantité de graines à employer et les soins qu’il convient de leur donner pour en tirer un bon parti, donnent à ces recommanda- tions un intérêt tout particulier. — Hennequin-Denis et Cie, grainiers cul- tivateurs, 9, faubourg Bressigny, à Angers (Maine-et-Loire). Graines potagères, four- ragères et de fleurs ; graines d’arbres, graines de plantes médicinales ; Fraisiers, Oignons et greffes à fleurs, etc. Chez toutes les espèces ou variétés qui présentent un intérêt particulier, on trouve, après la dénomination, des détails sur la cul- ture ou des renseignements sur ses particu- larités, quand elle en présente, les soins à donner aux plantes, l’indication des condi- tions soit de sol, soit d’exposition, où on doit les placer. C’est surtout quand il s’agit de légumes que ces détails sont précieux. M. Hennequin l’a compris; aussi, est-ce là surtout le lieu où ils abondent. rE.-A. Carrière. CONTRADICTIONS, FAITS, HYPOTHÈSES LES FEUILLES ET LES FRUITS DE L’iF. — LA MULTIPLICATION DU ROSIER PAR TRONÇONS DE RACINES. UN POIRIER I)E 400 ANS. — UN CERISIER A 1,800 MÈTRES D’ALTITUDE. Nous avons reçu de M Carlier la lettre sui- vante, sur laquelle nous appelons l’attention de nos lecteurs : Vevey, ce 1er novembre 1877. A Monsieur le rédacteur de la R.evue horticole. C’est en qualité de lecteur assidu de votre journal que je me permets de vous faire part du grand étonnement dont j’ai été frappé en lisant deux articles très-intéres- sants qui se trouvent dans la première série du numéro de juillet dernier. Le premier de ces articles traite de l’in- fluence toxique des feuilles et ramilles, ainsi que des fruits de l’If. Je ne peux me faire à la pensée du cas d’empoisonnement signalé dans cet article, attendu que depuis juin jusqu’à ce jour, j’ai fait une consom- mation vraiment effrayante de ses petites baies rouges, et en ai donné à des enfants et à des vieillards, sans que jamais la plus légère indisposition se soit fait sentir chez aucun de nous. De plus, Monsieur, je con- nais une personne maladive qui mange les pousses tant des Taxus que de toute autre essence résineuse, sans en ressentir la moindre indisposition. Nous avons égale- ment mangé bon nombre de fruits du Lau- rier-Cerise, que je crois encore plus nui- sibles que ceux du Taxus baccata, attendu qu’ils contiennent une bonne dose d’acide prussique, et cela sans en avoir été incom- modés même un seul instant. Toutefois, Monsieur, c’est pourvenirvous remercier de m’avoir retiré d’un pas aussi dangereux que je me permets de vous écrire à ce sujet. Mon attention a aussi été attirée sur l’ar- ticle traitant, comme nouveau, le mode de multiplication du Rosier par tronçons de racines. Permettez-moi, à ce sujet, de vous dire que depuis nombre d’années cette 76 CONTRADICTIONS. FAITS. HYPOTHESES. excellente méthode est en vigueur dans la plupart des établissements horticoles de Belgique (ma patrie). C’est à un grand ro- siériste de Bruxelles, M. Louis Dekerek, que revient l’honneur de cette découverte. En 1872, au mois de janvier, dans le pre- mier numéro des Annales de l’horticul- ture, en Belgique, cette homme écrivait : (( qu’en procédant à une transplantation de Rosiers Souvenir de la Malmaison , il enleva accidentellement une partie des racines, et que voulant les utiliser, il les découpa en morceaux longs de 3 à 4 centimètres, qu’il planta dans une terrine remplie de terre de bruyère, mélangée de sable et de cendre de houille finement tamisée, afin de pouvoir arroser copieusement sans avoir à craindre un excédant d’humidité. Après y avoir cou- ché ces fragments, il les recouvrit de 1 cen- timètre du même compost, et plaça cette terrine dans une serre à multiplication. L’opération se fit en novembre, et, pendant le courant de janvier, il put rempoter les boutures séparément en petits godets, pour les remettre sous châssis. En mai, il les mit en pleine terre, et, à la fin de l’année, il avait de fortes touffes de Rosiers. » Cet in- téressant procédé ne resta pas inaperçu, car, trois années plus tard, dans les mêmes Annales (numéros de mai-juin 1875), un savant horticulteur du Limbourg, Belge, M. J. H., livra également à la publicité le fruit de ses essais, en disant que « pour propager rapidement les Rosiers, il suffirait de les déplanter au printemps, en ayant soin de ne point perdre de racines, vu qu’elles seraient taillées aussi sévèrement que possible. La suppression étant faite, on replante les pieds mères dans une bonne terre neuve, afin de recommencer l’opéra- tion au printemps suivant (pour ma part, je crois que ceci est sujet à caution, attendu qu’une plante ainsi mutilée ne peut, en une année, refaire des racines assez fortes pour être bouturées, quelques soins qu’on leur donne). On procède, continue l’auteur, à la multiplication en découpant toutes les ra- cines jusqu’à celles qui ont la grosseur d’un rameau chiffon du Pêcher, en tronçons de 3 à 5 centimètres ; on les place dans une terrine remplie de sable blanc ou de la cendre de houille tamisée très-fine ; on re- couvre le tout de 1 centimètre de ce sable ou cendre, puis on met le tout dans une serre ou couche, et plus la chaleur humide sera forte, plus vite les racines commen- ceront à végéter. Dès que les boutures ont quelques feuilles, on les empote ; plus tard, on leur donne un pot plus grand, d’où on les sortira pour être confiées à la pleine terre, en mai ; les boutures peuvent, sans inconvénient, se toucher dans la terrine. Ce procédé, aussi simple qu’expéditif, est sur- tout recommandable pour les espèces qui reprennent difficilement de boutures ordi- naires. » L’auteur ne recommande ici les serres et couches que pour activer le déve- loppement des plantes, car, à défaut de ces stimulants de la végétation hivernale, on réussit parfaitement en pleine terre; il va de soi que les plantes acquerront un développement proportionnel aux soins qu’on leur aura prodigués. Voilà donc, Monsieur le rédacteur, les inventeurs de ce mode précieux de la multiplication du Ro- sier par racines ; l’horticulture belge et étrangère leur doit cette palme. Ne serait-ce pas abuser de votre obli- geante bonté, Monsieur le rédacteur, que de vous signaler un fait des plus curieux, au point de vue physiologique, et qui, je crois, pourra intéresser vos lecteurs? Je veux vous parler d’un Poirier remarquable, tant par son âge que par ses dimensions. Tout le monde connaît la longévité pro- verbiale du Chêne, ce roi des végétaux, qui met des siècles à croître et atteint, en Suisse surtout, des dimensions colos- sales. Mais ce qui est beaucoup plus rare, c’est un Poirier mesurant 15 pieds de circonférence. Cet arbre, complètement ex- cavé, ne se soutient plus que sur son écorce, et, malgré cela, a des branches vigoureuses qui se chargent chaque année de bons et nombreux fruits. On lui donne quelques siècles d’existence, et voici comment on suppute son âge. Le père du propriétaire actuel, né en 1767, racontait que, étant en- fant, sa grand’tante, âgée alors de quatre- vingt-douze ans, lui avait dit que lorsqu’elle était petite, en jouant à cache-cache, elle allait déjà se réfugier dans l’excavation de cet arbre. Or, depuis 1776 à 1878, il y a plus d’un siècle; si à cela on ajoute l’àge de la grand’tante en question, on arriverait au chiffre de deux cents ans. En admettant que ce Poirier ait employé un siècle pour atteindre ses dimensions actuelles, il ne lui en a pas fallu moins pour sa décadence, c’est-à-dire pour arriver à cet état de décré- 77 I CONTRADICTIONS, FAITS, HYPOTHÈSES. pitude où on le voyait déjà avant 1776. En Additionnant ces chiffres, on obtient un total de quatre siècles, d’où il résulterait que le [Poirier en question serait contemporain du fameux Tilleul de Fribourg, qui compte passé six siècles. Cet arbre, qui ne se sou- tient plus que par son écorce, a jusqu’ici résisté aux ravages des temps et aux plus effroyables tempêtes, et malgré tout, il se couvre annuellement d’une abondante ré- colte de Poires. Il n’y a pas, dans tout ceci, jd’exagération ; tout chacun peut se con- vaincre du fait, et admirer ce vénérable vieillard sur le domaine du Brunisberg, à I [vingt minutes de Bourguillon (canton de îFribourg). J’en conclus que les deux cou- Irants, ascendant et descendant, doivent se ifaire par la même voie, et je laisse à de plus habiles que moi le soin de donner de plus amples explications de ce fait phy- siologique. Un autre exemple de physiologie végé- tale, non moins intéressant, s’est montré le 24 septembre dernier, à Sils-Maria, dans jrEngadine. On a pu voir un Cerisier en fleurs et en fruits complètement arrivés à maturité, et cela à une hauteur de 1,810 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ce fait est d’autant plus remarquable ; que l’on admettait jusqu’ici que le Cerisier ne pouvait croître à une altitude de plus de 1,000 mètres. En terminant, Monsieur le rédacteur, je vous demande pardon de la longueur de cette lettre, et surtout d’avoir tant tardé à vous l’écrire, si tant est qu’elle doive vous intéresser ; mais je n’ai pu faire autrement, n’ayant eu connaissance de vos différents articles que tout récemment, alors que j’ai pu les lire sur la Revue horticole , que reçoit notre jeune Société d’horticulture veveysieime, et dont les numéros ne me parviennent que plusieurs mois après leur publication. Agréez, etc. J. Carlier, Jardinier chez MM. Cuenod-Churchill, à Vevey (Suisse). Tous les faits énoncés dans cette lettre sont certainement de nature à intéresser nos lec- teurs ; aussi, après les avoir rapportés, devons- nous dire quelques mots sur chacun d’eux. Commençant par celui du Cerisier de l’Enga- dine, et sans aucun renseignement, on peut se demander s’il ne s’agirait pas là d’une forme analogue au Cerasus semperflorens , — peut- être lui, — qui, après tout, n’est- qu’une forme du Cerasus acida. Nous sommes d’au- tant plus autorisé à le croire que cette sorte, très-rustique, est très-probablement sortie d’une autre à fruits très-petits et tardifs, qu’on rencontre parfois dans certaines parties du Midi, sous le nom de « Cerisier-Senellier, par allusion à ses petits fruits qu’on a comparés à des Senelles (fruits de l’Épine blanche). » Il serait donc bon d’être renseigné sur ce sujet, et nous serions tout particulièrement obligé à M. Carlier s’il pouvait nous donner quelques renseignements à ce sujet, et surtout nous pro- curer quelques greffons de ce Cerisier, seul moyen de comparer et d’éclairer cette ques- tion. Quant au Poirier, les documents qu’il nous a transmis sont aussi des plus intéressants, tant au point de vue physiologique qu’à celui de l’histoire. Sous le premier rapport, il semble montrer, une fois de plus, que c’est particu- lièrement par l’écorce et par ses parties avoisi- nantes que passe la sève, ce qui, toutefois, n’est pourtant pas absolument vrai, puisque l’on a vu des arbres dont toute l’écorce était enlevée dans une certaine hauteur, et qui n’en ont pas moins très-bien continué à végéter pendant un grand nombre d’années. Au point de vue de la longévité et des dimensions, le fait ne manque pas non plus d’importance : il montre que les Poiriers peuvent vivre plusieurs siècles, et atteindre des dimensions qui, dans beaucoup de cas, pourraient en permettre l’exploitation au point de vue du bois. Toutefois, et ici en- core, nous regrettons que M. Carlier n’ait pas précisé et n’ait pas désigné la variété de Poi- rier à laquelle appartient le remarquable co- losse dont il a fait l’historique. Quant à ce qui concerne la multiplication dès Rosiers par racines, dont nous avons parlé dans ce journal (1) , nous sommes heureux de connaître par M. Carlier l’inventeur du procédé : à notre grand regret, nous n’avions pu l’indiquer lors de la publication de notre article ; nous avons pu aujourd’hui combler cette lacune. Pour ce qui en est des propriétés toxiques de l’If, bien que les quelques faits cités par M. Carlier semblent contraire, à ce que nous avons écrit, l. c., p. 243-244, nous maintenons complètement nos dires : « que les feuilles et les ramilles contiennent un principe toxique très-énergique sur certains animaux, par exemple, sur les bœufs, les vaches, les che- vaux etc. , et que, dans beaucoup de cas, l’effet est foudroyant sur les animaux qui en ont mangé. » C’est en nous appuyant sur tous ces faits que, par prudence et par pure précaution, nous écrivions « que l’If est très-dangereux pour presque tous les animaux ; que, par conséquent, (1) Y. Revue horticole, 1877, p. 255. 78 0 APERÇU SUR ] il pourrait bien se faire qu’il en fût de meme pour l’homme. » Ce que nous écrivions, nous le pensons encore, et, sous tous ces rapports, nous conseillons d’agir avec la même prudence, malgré les faits en apparence contradictoires aux nôtres, signalés par M. Garlier. Mais, après tout, ces faits sont-ils réellement contraires à ceux que nous avons cités? Nous ne le croyons pas. Que dit, en effet, M. Garlier? « Qu’il a mangé beaucoup de fruits d’ifs, sans en être nullement incommodé. » Mais c’est exactement ce que nous avions dit. Quant aux feuilles et aux bourgeons, il n’en est pas question, pour ce qui le concerne, du moins. Il connaît bien, dit-il, « une femme maladive qui mange les pousses, tant des Taxas que de toute autre essence résineuse, sans en ressentir la moindre indisposition. » Mais même en admettant ce APERÇU SUR L1 ÉTAT DE LA QUESTION D’APRÈS 28. Essence de thérébentine. — 1° Sur Vignes saines en pots. Peut tuer la plante. 2° Sur Haricots en pots. Peut tuer la plante. 3° Sur Vigne phylloxérée en pot. Résultat complet. 4° Sur Vignes de la grande culture : 1° Émul- sionné dans l’eau ; résultat sensible. 2» Déposé dans un trou fait dans le cep ; résultat plus incomplet. 29. Euphorbe des bois ( Euphorbia sylvatica). — Sur Vigne de la grande culture. Résultat nul. 30. Fumier de ferme , guano , urine , purin , marc de Raisin. — Sur Vigne de la grande cul- ture. Résultat insensible. 31. Goudron de bois. — 1° Sur le phylloxéra, par les vapeurs. Tue l’insecte en un temps assez long. 2° Sur Vigne phylloxérée en pot. Action peu énergique. 32. Goudron de houille de V usine à gaz de Cognac. — 1° Sur Vigne phylloxérée en pot. Action ne s’exerçant qu’à une faible distance. 2« Sur Vigne de la grande culture. Résultat très-incomplet. 33. Goudron recommandé par M. Petit , de Nîmes. — 1° Sur Vigne de la grande culture. Mêmes résultats qu’avec le goudron de Cognac. 2° Sur Vignes phylloxérées en pots. Mêmes résultats qu’avec le goudron de Cognac. 34. Huile d’aspic. — 1° Sur le phylloxéra par les vapeurs. Tue l’insecte assez rapidement. 2° Sur Vigne phylloxérée en pot. Résultat complet. (1) Voir Revue horticole, 1877, p. 315. PHYLLOXERA. dernier fait, peut-on réellement en conclure à l’innocuité des feuilles et des bourgeons d’If? D’une autre part, cette nature « maladive » ne pourrait-elle pas non plus déterminer chez cette femme certaines modifications organiques d’après lesquelles le poison ne pourrait avoir de prise sur elle? Nous n’affirmons certes pas que les feuilles d’If soient un poison pour l’homme comme elles en sont un pour certains animaux ; mais dans l’état actuel de la question, quand le contraire n’est pas démontré non plus, nous pensons que la prudence commande l’absten- tion, surtout quand il n’y a pas nécessité de tenter l’expérience. G’est dans cette circons- tance que le proverbe : « Dans le doute abs- tiens-toi, » trouverait une juste application. ( Rédaction .) | PHYLLOXERA (l) ES DOCUMENTS PUBLIÉS EN 1876. 35. Huile de cade. — 1° Sur Vigne saine en pot. Sans action, même à une forte dose. 2° Sur Haricots en pots. Sans action, même à une forte dose. 3° Sur plantes adventices. Sans action, même à une forte dose. 4° Sur Vigne phylloxérée en pot. Résultat nul. 36. Huile de schiste bitumineux. — 1° Sur le phylloxéra par la vapeur. Tue assez facilement l’insecte. 2» Sur une Vigne phylloxérée en pot. Résultat complet. 3° Sur une Vigne de la grande culture. Résul- tat très-incomplet. 37. Huile lourde. — 1° Sur le phylloxéra par la vapeur. Tue l’insecte en un temps assez long. 2° Sur Vignes phylloxérées en pots. Résultat complet. 3° Sur Vignes de la grande culture. Résultat très-incomplet. 38. Huiles végétales. — 1° Sur phylloxéra par contact. Tue assez rapidement le phyl- loxéra. 2° Sur Vigne phylloxérée en pot. Résultat complet là où elles pénètrent. 39. Hydrogène sulfuré. — Sur le phylloxéra (expériences variées). Très-énergique. 40. Infection de jeunes plants sains en pots. — Exécution de l’opération. Très-bons résul- tats. 41. Insecticide antiphylloxérique Vicat. — 1° Sur le phylloxéra. Sur racine tue l’insecte. 2° Sur Vignes infectées, en pots. Résultat incomplet. FORÇAGE DE L’EUCHARIS AMAZON1CA. 3° Sur Vignes de la grande culture. Résultat insensible. 42. Lin. — 1° Eau de rouissage sur Vigne, en pot. Résultat nul. 2° Déchets de la même plante. Résultat nul. 43. Mercaptan. — 1° Sur le phylloxéra, par la vapeur. Tue assez lentement. 2° Sur Vignes de la grande culture, en mélange avec le goudron. Résultat très-incom- plet. 44. Naphtaline. — 1° Sur le phylloxéra, par la vapeur. Action très-faible. 2° Sur Vigne infectée, en pot, substance solide. Résultat nul. 3° Sur Vigne infectée, en pot, à l’aide de solu- tion. Résultat nul. 45. Pétrole. — 1° Sur Vignes saines en pots. Assez dangereux pour la Vigne. 2° Sur Haricots en pots. Tue la plante facile- ment. 3° Sur plantes adventices. Tue la plante faci- lement. 4° Sur Vigne phylloxérée, en pot. Résultat complet. 5° Sur le phylloxéra, par les vapeurs. Tue assez rapidement. 6° Sur le phylloxéra, par contact. Tue rapi- dement. 7° Sur les Vignes de la grande culture. Résul- tat incomplet. 46. Pliosphure de calcium. -- 1° Sur le phyl- loxéra, par les vapeurs. Assez énergique. 2° Sur Vignes phylloxérées, en pots. Résultat nul. 3° Sur Vignes de la grande culture. Résultat nul. 47. Plâtre. — Sur Vigne phylloxérée, en pot. Résultat nul. 48. Polysulfure de barium. — Sur Vignes de la grande culture. Résultat nul. 49. Polysulfure de calcium. — 1° Sur Vigne phylloxérée, en pot. Résultat complet. 2° Sur Vignes de la grande culture. Résultat sensible, 50. Potasse. — 1» Sur le phylloxéra, par contact, à l’état de solutions diverses. Action faible. 2° Sur Vignes phylloxérées, en pots. Résultat très-incomplet. 3° Sur Vignes de la grande culture. Résultat insensible. 51. Prussiate jaune. — 1» Sur Vigne phyl- loxérée, en pot. Résultat complet. 79 2° Sur Vigne de la grande culture. Résultat insensible. 52. Quassia amara. — Sur Vigne phylloxérée, en pot. Résultat nul. 53. Résidus de la fabrication de l’huile d’olive. — 1° Sur phylloxéra, par les vapeurs. Action insensible. 2° Sur Vigne phylloxérée, en pot. Résultat nul. 54. Rue puante {Rut a graveolens). — Sur phylloxéra. Résultat nul par les vapeurs. 55. Ensablement; ce qu'il faut en penser. A rejeter. 56. Sel marin ( Chlorure de sodium). — 1° Sur le phylloxéra, par contact. Action très- faible. 2° Sur Vigne phylloxérée, en pot. Tue la plante avant de tuer l’insecte. 57. Soufre. — Sur Vigne phylloxérée, en pot. Action insensible. 58. Suie. — Sur Vigne phylloxérée, en pot. Action très-faible. 59. Sulfate d’ammoniaque . — 1° Comme engrais. Résultat insensible. 2° Comme insecticide, en mélange avec le sulfure de potassium. Résultat nul. 3° En mélange avec le sulfure de calcium. Résultat nul. 4° Sur phylloxéra, par contact, à l’état de solution. Action très-faible. 60. Sulfate de cuivre. — 1° Sur Vignes saines, en pots. Utile à une faible dose. 2® Sur plantes adventices. Utile à une faible dose. 3° Sur le phylloxéra, par contact. Relative- ment peu énergique. 4° Sur Vignes phylloxérées, en pots. Tue la plante avant de tuer l’insecte. 5° Sur Vignes de la grande culture. Résultat insensible. 61. Sulfate de cuivre ammoniacal. — 1° Sur le phylloxéra, par contact. Action assez faible. 2° Sur Vigne phylloxérée, en pot. Résultat insensible. 62. Sulfate de fer. — 1° Sur Vignes saines, en pots. A peu près mêmes propriétés que le sulfate de cuivre. 2° Sur Vignes phylloxérées, en pots. A peu près mômes propriétés que le sulfate de cuivre. 63. Sulfates de potasse et de zinc. — Sur le phylloxéra, par contact, à l’état de solution. Action très-faible. Pour extrait : E.-A. Carrière. FORÇAGE DE L’EUCHÀRIS AMAZONICA On fait, en Angleterre, une grande con- sommation, non seulement de fleurs cou- pées de YEucharis amazonica pour les bouquets et garnitures de table, mais on se sert aussi des plantes en fleurs pour les gar- nitures d’appartements. Voici le procédé le plus ordinairement employé : On met le stock des plantes dans une 80 DE L’INFLUENCE DU GREFFON SUR LE SUJET ET VICE VERSA. serre froide, où on les tient bien sèches, et au fur et à mesure des besoins, on en trans- porte quelques douzaines dans une serre chaude, où on les place sur couche et les arrose copieusement. Au bout de quelques semaines, les boutons commencent à se montrer. La floraison terminée, on replace les plantes dans la serre froide où elles étaient en premier lieu, et on les y laisse se reposer pendant six semaines ou deux mois. Puis l’on recommence. Il ne faut les rem- poter que quand ce travail est devenu abso- lument nécessaire. Le grand secret pour obtenir une belle floraison est de tenir les plantes à l’étroit dans leurs pots, et de les arroser copieusement, une fois dans la serre à forcer, avec de l’engrais liquide. Certains jardiniers arrivent à les faire fleurir jusqu’à plus de quatre fois par an ; d’autres encore, au lieu de les avoiiLen pots, les DE L’INFLUENCE DU GREFFON On a déjà tant et si inutilement discuté sur les influences réciproques du greffon sur le sujet, et de celui-ci sur celui-là, que nous croyons inutile d’émettre ici notre opinion : ce serait, du reste, ajouter une hypothèse à d’autres, et cela sans avancer la question. Théoriquement, ces discussions sont stériles ; ce qu’il faut, ce sont des faits, ce qui nous engage à rappeler les suivants, qui résultent de deux expériences dont nous avons déjà dit quelques mots à nos lecteurs (1) et portent, l’une sur des greffes de Tomate, pratiquées sur Douce-Amère ; l’autre sur le Topinambour greffé sur le Soleil annuel. En parlant de ces greffes, l. c., nous ne nous sommes occupé que de la végétation aérienne; aujourd’hui nous pouvons faire plus, l’arrachage des plantes et la dégusta- tion des fruits nous ayant permis d’appré- cier ces choses qui, précisément, démon- trent d’une manière irréprochable l’influence dont nous parlons, et qui peut se résumer en quelques mots. Un des pieds de Soleil greffé presque rez terre, avec un greffon de Topinambour, pro- duisit une plante gigantesque et des plus re- marquables par son développement ; mais, de plus, son système souterrain était modifié ainsi qu’il suit : à deux endroits, il s’était formé un renflement assez gros, à peau fen- (1) Y. Revue horticole , 1877, p. 365, plantent en pleine terre sur couche en serre. On obtient de cette façon d’excellents résul- tats; mais dans ce cas, à moins d’avoir plu- sieurs serres consacrées à cette culture, on ne peut avoir de fleurs que pendant un temps limité, caria floraison a lieu presque en même temps et ne vous donne pas une série continuelle de fleurs, comme cela a lieu quand les plantes sont en pots et qu’on peut les transporter facilement d’une serre dans une autre. Quelques jardiniers aussi ne les forcent pas sur couches, car ils préten- dent que cela fait pourrir les racines ; ils préfèrent les mettre simplement dans une serre chaude, sans autre chaleur que celle du local. La floraison est un peu plus tardive, mais également bonne. Aux ama- teurs à choisir entre ces deux procédés. Ernest Bergman. SUR LE SUJET ET VICE VERSA dillée, noire et dépourvue d’yeux, et dont l’ensemble avait quelque ressemblance avec les tubérosités de certains Dahlias. Tout à côté partaient des renflements allongés, à pellicule mince rougeâtre, munie de cica- tricules qui rappelaient assez ceux qu’on trouve sur les Topinambours que, du reste, ces renflements rappelaient assez bien. Que donneront ces produits? Nous y revien- drons. Les Tomates greffées sur Douce-Amère ont pris un développement inusité : plusieurs ont atteint 3 mètres de hauteur et donné de nombreux fruits dont l’extérieur n’annon- çait aucune modification ; mais en les dégus- tant, on reconnaissait que la saveur était plus douce qu’elle est dans les Tomates franches de pied, et, de plus, que la chair plus dense contenait aussi infiniment moins de graines qu’en contiennent les fruits de Tomates non greffées. Quant aux racines de Douce-Amère, bien qu’abondantes et ayant poussé de nombreux jets qui se sont cou- verts de fleurs, aucune d’elles n’a présenté la plus légère modification. Voilà les faits tels qu’ils se sont passés, et que nous livrons sans aucun commen- taire ; nous bornant à appeler sur eux l’at- tention des physiologistes. E.-A. Carrière. Orléans, imp. d» G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Les travaux horticoles à l’Exposition universelle. — Nouveau décret du Conseil fédéral suisse autorisant l’importation des arbres fruitiers sous certaines conditions. — Un Tillandsia nouveau. — Un nouveau procédé de multiplication des végétaux : la méthode Ossenkop. — Le cinquième fascicule de Y Album Benary. — La fécondation artificielle des Bégonias ; monoïcité du Bégonia discolor : communication de M. G. Bruant, horticulteur à Poitiers. — Une recette contre les piqûres des guêpes. — Appâts et insectes : on peut attraper les mouches avec du vinaigre. — La Flore des jardins du climat méditer- ranéen de la France , publiée par M. Chabaud. — Une maladie cryptogamique des Poiriers : le Podisoma des Genévriers ; communication de M. Laneuville. — Les demandes d’admission à l’Exposition universelle. Favorisés par un hiver clément, les tra- vaux de l’Exposition universelle marchent j vite. De jour en jour, les matériaux dispa- i raissent ou se resserrent constamment pour I faire place à l’art qui s’empare du sol et le transforme : image de la civilisation chas- sant devant elle la barbarie, de sorte que bientôt, là où naguère il y avait des terrains incultes, des carrières et même des préci- pices, s’élèvera, dans un jardin splendide, un magnifique palais : le Palais du progrès universel, sorte de temple, au frontispice duquel on pourrait inscrire ces mots : A V humanité! Paix et concorde! Déjà la plupart des nations du globe ont planté leur drapeau et marqué la place qu’elles doivent occuper. Il en est même, parmi celles que la guerre a si cruellement frappées, qui viendront prendre place à cette fête de l’union, comme si, indirectement et inconsciemment, la nature semblait vouloir protester contre l’œuvre de destruction dont les nations sont victimes.il en est de la guerre I comme des procès : toutes les parties per- dent ; sous ce rapport, ce n’est jamais qu’une question de plus ou de moins !... Mais que diraient nos ancêtres, les habi- tants de Lutèce, si tout à coup ils réappa- raissaient sur les rives de la Seine, là où simples pêcheurs ils avaient défriché quel- ques parcelles des forêts qui en ombra- geaient les bords, pour y bâtir des sortes de huttes, et disputer leur vie aux bêtes fé- roces ? Mais revenons à l’Exposition et constatons que, outre les constructions industrielles de toutes sortes, les plantations de végétaux | ligneux continuent et sont même terminées sur plusieurs points. Quant aux autres ter- rains, ils ne tarderont pas à être prêts à planter ou à garnir, ce qui, en général, ne pourra être fait tant que les froids seront à 1er MArS 1878. craindre. Les serres, aussi, s’achèvent* quelques-unes sont même prêtes à vitrer. Somme toute, l’horticulture sera prête le jour annoncé pour l’ouverture, le 1er mai 1878. — Le Conseil fédéral de la Suisse, qui, dans les mesures de prohibition des végé- taux, avait suivi l’exemple de l’Italie et de la France, vient de prendre un arrêté qui, sans détruire complètement ces mesures, les modifie d’une façon qui en rend l’appli- cation beaucoup moins rigoureuse, et qui, enlevant l’absolu, laisse à la raison le droit d’appréciation et de jugement. Après avoir exposé les raisons qui avaient déterminé cette mesure, la Conseil ajoute : Mais considérant, d’autre part, que la prohibition absolue de l’entrée des arbres frui- tiers en Suisse lèse de nombreux intérêts, suscite des réclamations, et dans la plupart des cas, est évidemment trop sévère , le Conseil fédéral, en modification de sa décision du 24 août 1877, arrête : Article premier. — L’entrée en Suisse des arbres fruitiers est subordonnée à la condition suivante : Chaque envoi doit être accompagné d’une déclaration de l’autorité du lieu d’où les arbres proviennent, déclaration mentionnant expres- sément la nature de l’envoi (nombres et es- pèces d’arbres) et attestant : 1° Que les arbres en question ont été bien réellement élevés dans ce lieu ; 2° Que l’établissement d’où ils proviennent (pépinières, vergers, orangeries ou serres), ne contient pas de pieds de Vignes, ou, s’il en contient, que ces pieds de Vigne ont été ins- pectés officiellement dans la dernière année* sans que la présence du phylloxéra ait été constatée. Art. 2. — Les cantons sont invités à sur- veiller à cet égard les plantations d’arbres frui- tiers qui pourraient se faire dans le voisinage 5 82 CHRONIQUE HORTICOLE. de Vignes, et à rendre, d’une manière géné- I raie, les viticulteurs attentifs aux dangers que de telles plantations peuvent offrir. Berne, le 22 décembre 1877. Bien qu’il n’enlève pas complètement l’in- terdiction, cet arrêté ouvre néanmoins une large porte à la liberté, et, en laissant la réglementation aux hommes compétents, il fait rentrer les mesures restrictives dans les limites d’une sage équité. Espérons que l’Italie, qui par une loi du 30 mai 1875 avait donné l’exemple de cette restriction absolue, et la France, qui l’avait imitée par son décret du 14 août, ne tarderont pas à imiter la Suisse. — Il y a quelques jours, le Jardin d’ac- climatation recevait, d’un de ses correspon- dants, un Tillandsia , aussi remarquable par sa beauté que par ses dimensions tout à fait inusitées. Considéré d’abord comme le Tillandsia musaica , on ne tarda pas à reconnaître que, bien que la plante eût quel- que rapport avec celui-ci, elle s’en éloignait considérablement par ses feuilles, et en était complètement différente par sa force et par sa vigueur. Mais malheureusement, après avoir supporté une traversée de plusieurs milliers de lieues et être arrivée au Hâvre dans un parfait état de santé, cette plante a été envoyée pour Paris le jour même, le seul où la température s’est abaissée à en- viron 10 degrés au-dessous de zéro : elle est arrivée à peu près complètement gelée. Néanmoins, nous avons eu la bonne fortune de voir cette espèce alors qu’elle paraissait encore avoir toute sa fraîcheur; nous en avons fait exécuter un dessin que nous pu- blierons prochainement, afin d’attirer l’at- tention sur ce végétal si remarquable, dont nous ferons connaître les principaux carac- tères, tout en indiquant, si possible, les par- ticularités qui se rattachent à son origine, de manière à renseigner les personnes qui vou- draient de nouveau en tenter l’introduction. — Sommes-nous à la veille, en horticul- ture, d’une de ces importantes découvertes qui transforment les procédés et les moyens connus en d’autres, bien supérieurs comme efficacité? Nous le désirons, sans toutefois pouvoir affirmer le fait. Voici ce dont il s’agit : M. L. W. Ossenkop, chef jardinier de la cour de Russie et propriétaire de différents brevets, est l’inventeur d’un pro- cédé, à l’aide duquel, dit-il, il fait enraciner sûrement et très-promptement toutes les parties des végétaux, quelles qu’elles soient, et il parcourt toutes les parties du monde, pour placer sa marchandise, c’est-à-dire une simple feuille explicative, avec dessins, qu’il offre au prix de 40 francs. Gela peut pa- raître cher, si on met en regard les prix auxquels nous ont habitués les éditeurs fran- çais. Mais, à en croire l’auteur, c’est pour rien, si on songe aux résultats à obtenir. Malheureusement il fautacheter de confiance, et nous craignons que cette condition ne soit un sérieux obstacle à la vente. Quant à nous, sceptique par nature et aussi par ex- périence, nous ne nous contentons pas de promesses ; nous voulons des faits, et comme d’une autre part, quelque belle que soit une théorie, elle peut avoir les faits contre elle, nous restons sur la réserve. Du reste, un de nos collègues et collaborateurs, qui a acheté le procédé, a bien voulu nous pro- mettre de publier sur lui, dans la Revue horticole, un article dont, à l’avance, nous le remercions. Il va sans dire que nous sou- haitons vivement d’avoir à constater les pro- grès considérables dont l’horticulture sera redevable à la méthode Ossenkop. — Le cinquième fascicule de Y Album Renary, dont nous avons précédemment annoncé la publication, vient de paraître, à Erfurth. Il contient quatre planches (de xvn à xx) ; la première est relative aux Pi- ments ; la deuxième aux Choux-Raves ou de Siam; la troisième aux Melons; enfin, la quatrième est affectée aux Radis et aux Raves. Cet ouvrage, exclusivement consacré aux légumes et exécuté avec soin, outre l’avantage qu’il a de donner une idée exacte des légumes qu’il comprend, a encore celui de faciliter les rapports commerciaux par suite de l’heureuse idée qu’a eue l’auteur, M. Be- nary, de mettre les légendes en français, en anglais, en allemand et en russe ; de cette façon, tous les peuples du globe où l’horti- culture est en honneur pourront à peu près s’entendre sur les espèces dont ils parle- ront. On souscrit chez M. E. Benary, hor- ticulteur, marchand grainier, à Erfurth (Allemagne) . — La fécondation artificielle des Bégonias j n’a pas dit son dernier mot et est toujours en voie de progression. En voici un nouvel | CHRONIQUE HORTICOLE. 83 ' ! j exemple que nous signale M. Bruant, dans la lettre suivante qu’il vient de nous adres- ser : Poitiers, le ler février 1878. Monsieur Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole, J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les divers ar- ticles publiés dans la Revue horticole sur la sexualité des fleurs du Bégonia discolor, et je viens, à cette occasion, vous signaler l’existence d’hybrides intéressants obtenus par M. Svahn, et présentés par lui à la dernière exposition horticole de Bordeaux (septembre 1877). M. Svahn eut l’heureuse idée de féconder le Bégonia discolor par des variétés du B. Rex; il en obtint du premier coup des plantes magnifiques qui furent très-admirées à l’expo- sition automnale de Bordeaux, et particulière- ment remarquées par le jury, qui leur décerna une médaille de vermeil grand module, en re- grettant de n’avoir point à sa disposition une récompense plus élevée. Comme membre du jury, j’ai pu examiner tout à mon aise ces nouveaux Bégonias ; ce sont des enfants privilégiés, qui ont reçu en partage toutes les qualités des deux parents. Us ont du Bégonia discolor la rusticité, la végétation rapide et luxuriante, le port élé- gant et ramifié, et la floraison abondante ; les Bégonia Rex leur ont cédé leur magnifique feuillage diversement coloré et la propriété de conserver ce feuillage pendant une grande partie de l’hiver en serre, s’ils sont rentrés avant les froids, contrairement à leur mère, qui se dépouille dès que les bulbilles sont formées. Néanmoins, ils pourront également être traités et hivernés à sec, comme le Bégonia discolor ; l’appartion des bulbilles est seulement plus tar- dive sur ces nouveaux hybrides, et l’arrêt de la végétation moins subit. M. Svahn m’ayant cédé la propriété de ses nouveaux Bégonias, avec mission de les livrer au commerce dès que cela serait possible, je lui écrivis dernièrement à l’occasion de divers ar- ticles publiés dans la Revue horticole, pour lui demander des renseignements sur l’obtention de ces hybrides; je crois intéressant de vous communiquer quelques extraits de sa lettre : « En ce qui me concerne, le Bégonia discolor , que je cultive depuis longtemps, a toujours montré chez moi des fleurs femelles en abondance. « La reproduction du Bégonia discolor se faisant très-facilement par les nombreuses bul- billes se développant à l’aisselle des feuilles, je n’avais pas encore essayé de la mutiplication par graines, bien que j’eusse remarqué que la plante en produisait; en 1875 seulement, j’ai pensé, en voyant les variétés remarquables issues du croisement de divers autres Bégonias, que le discolor pourrait aussi être avantageusement modifié, et je dois dire que mes essais ont réussi au-delà de tout attente. « Des fleurs du Bégonia discolor , fécondées artificiellement par moi avec le pollen de plu- sieurs variétés du Rex , m’ont fourni des graines parfaitement fertiles. Par suite de diverses cir- constances, je n’ai pu semer ces graines que très-tard en 1876, et l’hiver est survenu avant que j’aie pu apprécier exactement les jeunes sujets ; un certain nombre cependant ayant un aspect particulier qui me frappa, je les ai mis de côté, attendant avec impatience une nouvelle végétation. « L’année dernière, enfin, j’ai eu la satisfac- tion de voir se développer ces plantes, qui, je l’espère, seront le type d’une nouvelle race, aussi précieuse pour la composition des massifs de pleine terre 'que pour la garniture des appar- tements. « Elles sont en effet bien nettement caracté- risées, rappelant, par leur port ramifié, leur rusticité et leurs fleurs, la mère, et présentant dans leur feuillage, non seulement les divers coloris des Rex qui ont fourni le pollen, mais des nuances complètement nouvelles, ce qui les rend éminemment ornementales. » J’ajouterai , pour compléter les renseigne- ments de M. Svahn, qu’il nous a déclaré que les plantes exposées par lui étaient venues à l’air libre, sans aucun soin particulier ; je n’ai pas besoin de faire remarquer quel heureux parti on en pourra tirer pour l’ornementation estivale des jardins. Veuillez, etc. G. Bruant, Horticulteur à Poitiers (Vienne). P. S. — Il résulte de la communication de M. Svahn, et de celles de MM. Adam et Ma- riette publiées par la Revue, que le Bégonia discolor est sans contredit monoïque, mais comme vous le constatez dans l’une de vos der- nières chroniques, des milieux différents pro- duisent des diversités dans la végétation des plantes, et tandis qu’à Bordeaux les Bégonia discolor de M. Svahn ont des fleurs femelles en abondance, ils en montrent exceptionnelle- ment dans mes cultures. ■ — Toutes les personnes possédant un jardin sont exposées à être piquées par les guêpes, et comme nous ne sommes plus bien éloignés de l’époque où ces insectes se montrent en grand nombre, nous pensons qu’une recette contre leurs piqûres sera bien accueillie de nos lecteurs, surtout si elle simple, facile à exécuter, et ne né- cessite aucune dépense. Il faut, aussitôt que l’on est piqué, ôter l’aiguillon s’il y a lieu, puis frotter fortement l’endroit avec a y CHRONIQUE HORTICOLE, (I >s feuilles de Persil, d’Oseille, ou mieux, encore avec des feuilles de Mélisse. Que se passe-t-il alors? Quel est le phénomène physiologique qui se produit? Nous n’én savons rien ; ce qu’il y a de certain, c’est que l’enflure ne se produit pas ou s’arrête si elle a commencé, que les douleurs ces- sent et que bientôt tout malaise a disparu. — Quel est celui qui, bien des fois, n’a répété cette phrase banale : « On n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, » pro- verbe que l’on considère comme une vérité lémontrée, comme un axiome? Et pourtant la chose est complètement fausse, ainsi qu’on le verra plus loin en lisant un article intitulé : Appâts et insectes, dans lequel -ont consignés les résultats que nous ont .fournis quelques expériences, et sur les- quelles, dès à présent, nous appelons l’at- ention de nos lecteurs. — La presse horticole est en progrès ; c’est on fait que nous sommes heureux de cons- tater. Nous avons reçu la première livrai- v m de la Flore des jardins du climat méditerranéen de la France , publiée par M. M.-B. Chabaud, jardinier-botaniste, chef iu jardin botanique de la marine, à Saint- landrier. Elle contient deux planches colo- rées : YHakea eucalyptoideseï]e Magnolia i randiflora ; dans le texte qui accompagne 'oaque planche, l’auteur indique l’étymolo- ;ie, la famille et le genre auxquels se rap- porte la plante figurée, en énumérant les caractères de ces différents groupes. Puis vient la description de l’espèce en question, qu’il fait suivre de son historique et de la ; nlture à laquelle il faut la soumettre. Ce journal doit paraître une fois par mois >ar livraison in-4° renfermant deux figures • oloriées : le prix de chaque livraison est •le 2 fr. 50. Nous souhaitons bonne chance à notre nouveau confrère. — - Un de nos abonnés nous adresse la lettre suivante : Monsieur le rédacteur en chef de la Revue horticole , Depuis de nombreuses années que je cultive • les Poiriers, jamais je ne les avais vu malades. 1 1 m’est pourtant souvent arrivé d’en voir les feuilles dévorées par le tigre, mais c’était tout ; eussi quelle ne fut pas ma surprise quand, dans le courant du mois de mai, je vis une très- grande quantité de feuilles tachées ou macu- lées de jaune. Ces taches, qui ont non seule- ment augmenté en nombre, mais en dimen- sion, sont, aujourd’hui 20 août, très-larges, profondes, et le tissu, qui paraît désorganisé, se fendille et semble s’exfolier. Le dessous des feuilles, au contraire, présente des saillies irré- gulières correspondant aux cavités supérieures. Je ne sais si je dois attribuer le ralentisse- ment de la végétation de mes arbres à ces sortes de galles, car il me semble que là où elles sont abondantes l’affaiblissement est plus sensible, et les fruits, qui en général sont mal venants, tombent même avant d’avoir atteint leur matu- rité. Pourriez-vous, Monsieur le rédacteur, me faire connaître l’ennemi à qui j’ai affaire, et, mieux encore, si cela est possible, m’indiquer le moyen de le combattre ? Veuillez, etc. Laneu ville, Le mal, dont se plaint notre abonné, est bien connu aujourd’hui. Il est occasionné par un cryptogame décrit par les botanistes, sous ces dénominations : Æcidum cancel- latum , Rœstelia cancellata , Gymnospo- rangium fuscum , enfin Podisoma fuscum qui, d’après certains mycologues, est celle qu’il faut admettre. Ce parasite se développe sur les Genévriers, d’abord sous forme gé- latineuse, de couleur roux fauve ou orangée, puis il devient pulvérulent, et c’est alors que ses séminules, entraînées par le vent, s’at- tachent aux feuilles de Poiriers et détermi- nent les galles en question. Pour guérir ce mal, qui ne se montre jamais que là où il y a des Genévriers et dans leur voisinage, il faut d’abord enlever de ceux-ci tous les Po- disoma, avant qu’ils aient atteint l’état pul- vérulent, puis couper et brûler toutes les feuilles sur lesquelles il s’est métamorphosé pour former les sortes de chancres, avant qu’elles aient atteint leur complet dévelop- pement qui, probablement, les rend aptes à reproduire l’état gélatineux qui paraît être le premier que prend ce parasite. Toutefois, l’on doit comprendre que, pour toutes ces transformations, nous n’affirmons rien, que nous ne faisons qu’émettre des hypothèsés. Maintenant, y a-t-il, ainsi que le disent cer- tains botanistes, plusieurs espèces de Podi- soma qui, outre leurs caractères, seraient propres les unes à des espèces particulières de Genévriers? Le fait nous importe peu ici ; ce que nous devons constater, c’est que toutes, produisant des conséquences analo- gues, sont également dangereuses. Quant à l’affirmation : « qu’elles naissent sur des es- pèces particulières de Genévriers, » nous UN NOUVEAU MODE DE GREFFAGE DES ARBRES. 8 croyons pouvoir soutenir le contraire ; nous en avons rencontré sur des espèces des deux groupes : Sabina et Oxycedrus. Voici quel- ques espèces sur lesquelles, ce printemps dernier, nous avons rencontré les Podisoma: Juniperus Sabina, Chinensis, Japonica , sphœrica, communis, liybernica et leurs variétés. Du reste, il nous paraît hors de doute que, suivant les cas et les conditions, les Podisoma peuvent affecter toutes les espèces de Genévriers. Quant à l’histoire de ce parasite, sur laquelle nous reviendrons quelque jour, elle est très-curieuse et de nature à éclairer ceux qui croient encore que c’est toujours chez les savants qu’il faut aller chercher la vérité. Celle-ci n’étant UN NOUVEAU MODE DE Le mot « nouveau » dont je me sers n’est pas exact ; c’est plutôt « vieux mode de greffage appliqué à une époque autre que celle où l’on a l’habitude de le faire )) qu’il faudrait dire. En effet, la greffe dont il s’agit est celle en couronne. Du reste, je commence par déclarer que je n’ai pas la prétention d’avoir innové : je vais tout simplement faire connaître le résultat de quelques expériences que j’ai faites. Je | dirai plus loin dans quel but. Pour le ! moment, je vais énumérer les espèces sou- mises à l’expérience et indiquer les résultats |t de celles-ci. L’opération a été faite les 18 et 19 juillet 1877. IOnt bien repris et poussé les espèces suivantes : Vigne, Houx panaché, Poirier sur Poirier., Poirier sur Coignassier, Mar- ronnier à fleurs roses, Marronnier à feuilles panachées, Marronnier à feuilles laciniées sur Marronnier à fleurs blanches, Acer negundo à feuilles panachées sur Y Acer negundo ordinaire, Acer Pensylvanicum | sur Y Acer pseudo-plat anus, Lilas Varin sur Lilas de Marly, Cytise d’Adam, Cyti- sus trifolium, Cytisus pendulus sur le Cytise Faux-Ebénier, Robinia Bessoneana, R. Decaisneana, R. fastigata, R. his- pida , R. viscosa sur Robinia pseudo- acacia, Peuplier pleureur sur le Peuplier Tremble, Pommiers divers, sur Pommier franc, Rosier hybride sur Églantier, Cra- tœgus crusgalli, C. oxyacantha flore pleno sur Cratægus oxiacantha. Greffes qui ont bien repris, mais n’ont pas poussé : Pivoine Moutan à fleurs doubles autre que le fruit de l’observation, c’est au contraire dans la pratique qu’il faut en chercher l’origine. — En terminant cette chronique, rappe- lons à toutes les personnes qui ont obtenu des places à l’Exposition universelle qu’elles doivent les utiliser le plus tôt possible , car, outre qu’elles ont tout à gagner au point de vue des résultats, il pourrait se faire que, par suite des nombreuses demandes qui ne cessent de se produire, l’administration se vît contrainte de disposer de ces places en faveur de nouveaux solliciteurs. E.-A. Carrière. GREFFAGE DES ARBRES. sur Pivoine en arbre à fleurs simples, Pavia spicata sur Marronnier commun, Lilas Josikea à feuilles panachées sur Lilas Josikea ordinaire, Tilleul argenté sur Tilleul de Hollande, Abricotier sur Prunier Saint- Julien, Pêcher sur Prunier Saint-Julien, Noyer à feuilles laciniées sur Noyer ordi- naire, Picea morinda, P. orientalis sur Picea excelsa, Abies Nordmanniana sur Abies pectinata , Thuia Warreana sur Thuia occidentalis, Pinus excelsa sur Pinus strobus, P. Pyrenaica sur P. syl- vestris, Juniperus oblongapendida sur Ju- niperus Virginiana, Cedrus Deodara ro- busta sur Cedrus Deodara . N’ont pas réussi les espèces suivantes : Châtaigniers, Chênes, Ormes, Hêtres, Bou- leaux, Magnolia grandiflora . La seule greffe en fente que j’ai faite n’a pas réussi : c’était sur une Azalée d’Amé- rique. J’ai dit plus haut que je ne m’attribue aucun mérite. Je n’ignore pas que les greffes dont je viens de parler réussissent très- bien quand on les fait au printemps ou à l’automne ; mais à ces époques, dans ma localité, les travaux pressent et je ne sais souvent En sorte que de leur développement il ne résulte que deux branches latérales et une terminale, ou la prolongation de la pre- mière. L’arbre commence à dessiner sa forme de V ouvert ; le rameau pris en dessous, à la base de la branche-mère, est la première horizontale; celui du haut, en dessus, est la première verticale; la branche-mère se prolonge directement, sans avoir été rac- courcie, et rien autre ne peut pousser, puisque tous les bourgeons ont été ébor- gnés. « L’année suivante, la branche terminale (branche-mère) reste encore dans son entier ; tous les bourgeons sont supprimés, excepté deux, laissés l’un à droite, l’autre à gauche. » Et ainsi de suite. Chaque année il obtient une nouvelle série, jusqu’à ce qu’il ait atteint la hauteur voulue. Du Petit-Thouars constate que Sieulle, qui laissait d’abord courir ses branches horizontales , a cru devoir plus tard les tailler par leur milieu, dérogeant ainsi au principe fondamental de la non-taille. On n’en dit pas le motif, mais il se découvre aisément : c’est que les verticales empor- taient les horizontales. Sieulle aurait dû se contenter d’abord d’avoir des fruitières au- dessus de sa branche-mère, et ne les laisser échapper en branches verticales qu’après avoir obtenu ses quatre ou cinq étages hori- zontaux, ainsi que le faisait l’abbé Roger. Sieulle a essayé son système sur d’autres arbres que le Pêchçr ; il a trouvé l’Abrico- tier rebelle. Je le crois sans peine. « Quant au Poirier, continue du Petit- 90 PETUNIAS A FLEURS DOUBLES. Thouars, M. Sieulle ayant reconnu très- bien sa nature, ne le taille pas du tout, parce qu’il s’est aperçu que lorsqu’on cou- pait l’extrémité de ses branches, les bour- geons qui se trouvaient en dessous s’allon- geaient tout de suite en nouvelles branches, au lieu que si on laissait la branche dans son entier , ces branches restaient courtes , formaient des rosettes , et fleurissaient souvent dans Vannée même, et au plus tard Vannée suivante (1). » Cette proposition est à noter, comme nous avons noté la proposition identique de Miller. Pour ma part, je l’admets sans diffi- culté. L’absence de rameaux infertiles et leur remplacement par des brindilles est le seul point qui soit bien constaté comme résultat de la non-taille du Poirier. Il ne paraît pas qu’on ait été plus loin dans la voie des expériences. On ne sait ce qui se passe ultérieurement, et jusqu’à quel point le régime de l’arbre en est modifié. Qu’ar- PÉTUNIAS A FJ Le Pétunia, actuellement si répandu dans les cultures, est originaire de Buenos-Ayres. Amélioré très-sensiblement par les hybrida- tions et les nombreux semis qu’on en a faits, surtout à Nancy, par feu M. Rendatler, qui, l’un des premiers, a donné au commerce les variétés à fleurs doubles, et qui a passé plus de vingt années de travail assidu à les per- fectionner, cette plante aujourd’hui ren- ferme un nombre très-considérable de variétés et qui s’augmente tous les jours. Les coloris, dont les mutations sont indéfi- nissables, varient du blanc le plus pur au pourpre vif, en passant par tous les tons intermédiaires, sans compter une quantité in- finie de nuances mêlées irrégulièrement sur la même fleur, très-souvent sur le même pétale sous des formes diverses, les unes marbrées, tachetées, les autres ponctuées, striées , réticulées , etc . Aussi ces plantes tien- nent-elles un des premiers rangs dans l’horti- culture où on les emploie non seulement à l’ornementation des massifs, mais aussi à la confection des bouquets. Mis en pleine terre en mai, les Pétunias (1) II y a là un lapsus. Il faut çntendre qu’elles fleurissaient dès la seconde et, au plus tard, la troisième année. rive-t-il notamment quand la branche intacte se scèle, suivant une heureuse expression de Yenette, en d’autres termes quand elle fleurit par son extrémité ? Quid quand elle arrive à sa longueur limite ? Ne pousse-t-il pas des gourmands quand la branche ne s’allonge plus ? D’un autre côté, s’il est admissible qu’on fasse des généralisations en ce qui regarde le Pêcher, est-il possible d’englober dans une même loi toutes les variétés de Poi- riers, lesquelles offrent entre elles des diffé- rences si notables sous tous les rapports ? Peut-on même soumettre à un régime iden- tique la même variété, qu’elle soit greffée sur franc, sur Goignassier ou sur Aubé- pine ? Voilà une partie des questions qui se pré- sentent naturellement à l’esprit, en présence de l’insuffisance des documents que nous possédons sur la non- taille. Al. Messager. (La suite prochainement.) EURS DOUBLES provenant de boutures, n’exigent pas de grands soins, mais cependant il est une pré- caution qu’il ne faut pas négliger, et sans laquelle les plantations réussissent rarement. (Lest de ne jamais livrer à la pleine terre une plante déjà épuisée et dénudée du pied. Si, plantée par un temps favorable, cette plante ne semblait pas devoir périr de suite, il y a pourtant neuf chances sur dix qu’elle ne vivra pas longtemps. Il est donc préfé- rable, en mars-avril, d’en bouturer les branches et de ne livrer à la pleine terre que des jeunes sujets. Bientôt reprises, ces plantes, au bout de huit jours, réclameront un pincement, si déjà il n’a été pratiqué quelques jours avant la plantation. Alors, grâce à la chaleur qui est déjà assez forte, les jeunes sujets prospèrent vite et ne tar- deront pas à développer des fleurs qui se succéderont sans interruption jusqu’à la fin de l’année. Pour les Pétunias de semis, il est deux choses essentielles qu’il faut éviter : d’abord ne pas semer dru, afin que les plants soient aérés et se constituent; et surtout veiller avec soin aux limaces qui sont très-friandes de ces plantes. Contre ces dernières, outre une grande surveillance, on s’en garantira * lariélcs c/c ll'tunure doubles: 1. P. Souidnû- du ( de La/nbci'tife ?, P. dre/r/ey BerUee . 3 -P- dbtd Currdrr. 4 P M _.Ld n.l.-rin . / - - - LES MONARDES. 91 en faisant autour de la couche ou de l’en- droit où l’on a fait les semis une traînée de cendres de bois ou de houille, de sciure de bois, de chaux, de plâtre, d’aiguilles de sapin, etc., ou encore en y plaçant des plan- chettes de sapin imprégnées de sulfate de cuivre. Sans l’emploi de l’une ou de l’autre de ces méthodes, il n’est pas rare, un ma- tin, de trouver des centaines de jeunes plantes rongées par des limaces. Quant à la culture, un soin important est d’abord de ne pas repiquer les Pétunias dans le terreau ainsi qu’on a trop l’habitude de le faire, car dans ce cas, ils deviennent chancreux en partie, puis ils souffrent quand on les plante dans le jardin, ce qui se com- prend ; ayant été élevés dans du terreau, ils tiennent moins bien « la motte, »; et alors beaucoup de pieds fondent. Un mélange de terre franche et de terreau est ce qu’il y a de mieux, et si les plants sont un peu moins verts et moins forts en apparence, en re- vanche ils sont plus robustes et plus francs. Pour avoir des Pétunias vigoureux et dont la floraison abondante se maintienne, il faut les planter à demeure dans une terre franche bien fumée. Un compost léger, tel qu’on le prépare pour des Pélargoniums, ne convient pas , car dans ce cas les Pétunias pous- sent beaucoup en feuilles, mais donnent peu de fleurs. Voilà donc, d’une manière générale, ce qui concerne la culture et les principaux soins qu’il convient de donner à ces plantes. Nous allons maintenant parler des quatre variétés que comprend la figure coloriée ci- contre. Ce sont des gains obtenus dans l’établissement horticole Rendatler, de Nancy, qui les met actuellement en vente. Ces plantes, qui forment un type tout nou- veau et d’un mérite tout à fait hors ligne, ont été choisies dans un semis de vingt mille pieds provenant de fécondations artificielles faites avec le plus grand soin par M. Ber- tier-Rendatler, qui, avec passion, persévère dans la culture du Pétunia, que son beau- père a amenée à un si haut degré de perfec- tion. Le genre Pétunia, qui fait l’objet d’une des branches principales de l’établissement Bertier-Rendatler, grâce aux soins tout spé- ciaux qu’en a pris cet horticulteur, est arrivé à un tel état de perfection qu’il serait per- mis de douter qu’on puisse aller plus loin, si la perfection et la beauté avaient des li- mites. En effet, quoi de plus joli et de plus ornemental que les quatre variétés que re - présente la figure coloriée ci- contre? Forme, grosseur et coloris des fleurs; vigueur et bonne tenue des plantes, tout est réuni! Si l’on ajoute à cela que ces variétés, qui com- mencent à fleurir avec l’été, ne s’arrêtent que quand les gelées viennent les détruire, et cela sans en affaiblir la végétation, on comprend qu’il est difficile de désirer mieux. E.-A. Carrière. LES MONARDES Pour ne pas être assez connues, une grande quantité de plantes vivaces de pleine terre et de premier mérite sommeillent dans les plates-bandes de beaucoup de jar- dins botaniques, et ne sont malheureuse- ment pas suffisamment répandues et culti- vées dans les jardins où les soins de toute nature à donner ne peuvent être ni dispen- dieux, ni nombreux. Tel est le cas des Mo- nardes. Ces belles plantes vivaces, qui ont été dédiées au médecin espagnol Monardez, et qui appartiennent à la famille des Labiées, sont d’une rusticité et d’une robusticité à toute épreuve, car elles viennent à peu près partout; et si les sols substantiels, meubles et un peu frais leur sont particu- lièrement agréables, elles se contentent encore de tous les autres terrains et de presque toutes les expositions. Leurs fleurs, qui ont la forme de pompon hérissé, sont aussi singulières que vives de couleur. Elles se prêtent merveilleusement à la décoration des massifs et des plates- bandes, surtout si on les associe au Gaura de Lindheimer. Coupées et placées dans l’eau, les tiges vivent et fleurissent parfaite- ment. Comme leurs graines mûrissent assez difficilement sous le climat de Paris, on les multiplie d’éclat ou par la division des racines à l’automne ou au printemps. Toutefois, lorsqu’on pourra se procurer des graines, il faudra les semer en avril- mai à bonne exposition et repiquer les plants en pépinière, quand ils seront suffi- ABRI CORDIVAL SIMPLIFIÉ. 92 sam ment forts. La plantation à demeure a lieu, soit à l’automne, soit au printemps, en conservant une distance de 50 à 60 centi- mètres entre chaque plante. La Monarde didyme, qui provient de l’Amérique septentrionale, est vivace, tra- çante, hérissée, dressée, rameuse et d’une hauteur d’environ 80 centimètres ; ses feuilles sont ovales -lancéolées. En juin- juillet les tiges se terminent par un énorme pompon de fleurs grandes, écarlates, rouge ponceau. L’infusion de ses feuilles produit une boisson qu’on prend en guise de thé, et- qui est très-appréciée par les Américains du nord des États-Unis, où la plante est dési- gnée sous le nom de Thé d’Oswego. La Monarde fistuleuse , également de l’Amérique septentrionale, est vivace, mais plus élancée. Ses feuilles sont ovales-lancéo- lées. En juin-juillet elle donne des fleurs qui sont extrêmement variables ; elles sont ou roses, ou blanches, ou lilas, ou purpu- rines, et produisent le plus charmant effet. Comme propriété spéciale, elle produit une matière tinctoriale noire. Sa culture est la même que celle de la Monarde didyme. Nous ne saurions trop engager les ama- teurs de bonnes plantes vivaces à donner aux Monardes une place dans les plates- bandes de leur jardin, en leur promettant à l’avance qu’ils n’auront qu’à se féliciter de leur introduction. E. Lambin. ABRI CORDIVAL SIMPLIFIÉ Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié le très-ingénieux mode d’abri inventé par M. Cor- dival, que nous avons décrit dans la Revue horticole , numéro du 16 janvier 1874. Son extrême simplicité, sa manœuvre facile et sur- tout les heureux résultats qu’on en obtient, nous ont engagé à y revenir, et cela d’autant plus que l’inventeur l’a perfectionné. En voici une'description sommaire faite par M. Cordival. Le crochet L (fig. 18, grossie), fixé aux consoles G, S, D (fig. 17), sert à tendre et à soutenir la toile. Il est fait avec du gros fil de fer soudé aux consoles. Le premier et le dernier anneau supérieur de la toile s’atta- chent naturellement aux crochets de la pre- mière et de la dernière console G et D (fig. 17); les autres S (même figure), placés de cinq en cinq mètres, supportent le fil de fer que le poids de la toile entraînerait trop quand celle-ci est fermée. L’EAU dans les jardins. 93 Deux pitons G et P (fig. 17) ont été préa- lablement scellés dans chacun des deux murs latéraux formant angle avec celui de l’abri. On n’a pas jugé nécessaire de repré- senter le mur du côté gauche. A ces quatre pitons sont fixés les deux fils de fer H et B (fig. 17), dans lesquels les anneaux ont d’abord été passés. La figure 17 (reproduction grossie de E, fig. 17) montre que les deux boucles E (fig. 17), N (fig. 19), dans lesquelles entre l’épingle E, (fig. 17), N (fig. 19), sont for- mées avec le fil de fer rompu à cet endroit, recourbé à ses deux extrémités, enlacé, puis enfin cordé. Les deux autres bouts, F, F (fig. 19), tiennent aux pitons P et B (fig. 17), des deux murs parallèles. 3T Fig. 19. — Fil de fer muni de son épingle. Les boucles E (fig. 17) seront placées à l’aplomb de la console D (même figure). On aura soin de laisser au fil de fer, côté droit, point P (fig. 17), assez de longueur, ; afin de pouvoir former avec ce même fil le crochet de ce point P, destiné à accrocher | le premier anneau. Même observation pour L’EAU DANS : Maintenant, examinons les méthodes à adopter pour la canalisation du potager. Celle que l’expérience a consacrée jusqu’à ces derniers temps, est d’avoir des bassins en ciment d’une contenance d’un mètre cube environ, élevés de 40 centimètres au- dessus du sol (au lieu d’être enterrés jusqu’au ras de terre); espacés convena- (1) V. Revue horticole, 1878, p. 45, 68. l’autre point B (fig. 17), dansi le cas où la toile garantirait un espalier d’un mur à l’autre. Un raidisseur tendra chacun des deux fils H et B (fig. 17). L’épingle en fil de fer E (fig. 17) sert à maintenir le rideau quand il est nécessaire de le fermer. Une de ses deux tiges prend alors l’anneau A (même figure), puis l’épin- gle E est ensuite remise dans les boucles. Pour mettre les anneaux supérieurs de chaque crochet G, S, D (fig. 17), on se sert du bâton-agrafe (fig. 20) ; y et pour ôter ces mêmes anneaux et ■ faire glisser les autres, on sou- J lève, à l’aide du bâton, à proximité des crochets des consoles S et D (fig. 17), le fil de fer que soutien- nent les crochets; il s’échappera I aisément. Ce bâton-agrafe me pa- ' raît plus commode que celui décrit page 34 de la Revue de 1874; je conseille de l’adopter de préférence ! au premier. Non seulement ce système sim- ^ plifie l’autre, mais il satisfait l’œil, et offre l’avantage de faire glisser agrafe, la toile sur toute la longueur de ses deux fils de fer. En outre, dans le cas assez fréquent où l’on aurait une assez grande étendue d’espaliers à protéger, le premier anneau d’une seconde toile s’atta- cherait au crochet de la console D (fig. 17), et l’anneau du bas serait pris par la tige gauche de l’épingle E (même figure). D’autres détails, je crois, deviendraient des répétitions fastidieuses, d’amples ren- seignements étant contenus dans le numéro précité de la Revue horticole , ainsi que dans celui du 1er février 1875, page 52. A.-E. Gordival. ES JARDINS (1) blement, afin d’abréger les distances et éviter les relais d’hommes, ce qui, en réalité , constitue une perte sèche ; des- servis par des cannelles, et ayant une vidange de fond sur des tuyaux de poterie d’un assez fort diamètre (6 ou 8 centimè- tres) pour éviter d’être obstrués. Cette pré- caution est une affaire d’expérience que tout jardinier comprendra. Chaque bassin est indépendant, et si les trop pleins adap- 94 L’EAU DANS LES JARDINS. tés sur la vidange sont rares, leur raison d’être en est au moins discutable. S’ils sont bien établis, c’est-à-dire si, en raison de la puissance d’émission de la conduite, on n’a pas à craindre ces petites inondations par cause d’oubli que tout le monde connaît, ils peuvent aussi laisser couler l’eau indé- finiment par la même cause, sans qu’on s’en aperçoive. C’est peut-être un perfec- tionnement, mais c’est une dépense que la pratique nous montre à peu près inutile. Nous avons vu éviter la vidange spéciale en plaçant l’arrivée de l’eau par le fond. Alors le tuyau, isolé supérieurement au moyen d’un robinet d’arrêt, servait de vidange en ouvrant la cannelle du bassin et une autre placée à l’extrémité inférieure de la conduite. C’est un procédé aussi défec- tueux qu’ingénieux, et qui ne sert le plus souvent qu’à engorger les tuyaux par tout ce que l’eau peut entraîner du fond du bas- sin, et laisser en chemin au moindre obsta- cle dans ces vidanges d’un si petit diamètre. Il est entendu que ce qui précède vise le mouillage à bras d’hommes ou à l’arrosoir, et personne n’ignore la fatigue de ce genre de travail, le temps qu’on y passe et le sur- croît de personnel nécessaire dans les sécheresses. Il est curieux de voir combien quelques jardins ont été mal organisés sous le rapport de l’eau, et finalement les amélio- rations successives qu’il a fallu apporter, après de longues années d’ennuis de tout genre et d’insuccès dans les cultures. Nous nous souvenons d’un magnifique jardin potager de 3 hectares desservi par deux bassins alimentés chacun par une pompe à balancier, et placés l’un au centre, l’autre à un angle. Tout en ayant soin de concen- trer autour de ces bassins les cultures les plus susceptibles, nous avons pu voir le jardinier obligé d’employer des relais de huit hommes pour quelques parties éloi- gnées qu’une sécheresse prolongée obligeait de « tenir à l’eau. » Après vingt ans d’en- nuis, on a placé des bassins dans tous les carrés, établi des conduites et monté une machine à vapeur sur un puits dans le haut du jardin. La nécessité de ces travaux aurait- elle mis tant de temps à se montrer ? Sans faire plus de citations, on peut affirmer que la distribution des eaux dans la plupart des jardins est encore dans l’en- fance, et que les travaux en sont même au point que dans la grande culture maraî- chère, dont les qualités de sol et d’exposi- tion sont les seuls éléments. Y a-t-il économie pour un jardin potager à attendre ce que le soleil et la saison veu- lent bien donner, ou à chercher à corriger ce que la nature refuse souvent, c’est-à-dire de l’eau en temps convenable ? Si les cul- tures maraîchères en grand, Rosny-sous- Bois, la plaine des Vertus, Chambourcy, Ghevreuse et bien d’autres, donnent de si beaux résultats sans frais d’arrosement, il ne faut pas oublier que, quoique placées dans des conditions exceptionnelles, elles ont cependant des préférences marquées : qu’à Rosny on n’y réussirait pas des Choux- Fleurs comme à Chambourcy, des Carottes comme à Chevreuse et à Flins, ni des Pois comme près de Meulan, et vice versa; tandis qu’un potager, quelle que soit sa position, est toujours considéré comme devant fournir de tout et toujours, c’est-à- dire depuis les Pommes de terre jusqu’aux Cardons, et qu’il ne faut manquer dans l’été ni de Salade, ni de Radis, ni d’Épinards, et que sans eau on ne peut obtenir ces pro- duits régulièrement ni continuellement, sui- vant les saisons. Qui peut compter les mécomptes causés par la mauvaise organisation de cet élément indispensable, l’eau, et faut-il beaucoup chercher pour trouver des jardins où l’on tire encore l’eau à la corde ? Nous avons entendu un jour un proprié- taire, à propos d’eau, pour des travaux de- mandés et naturellement refusés, traiter les jardiniers de « mangeurs de soupe apprê- tée. » Cette locution pittoresque, assez ris- quée dans la bouche de celui qui s’en ser- vait, et dont on pourrait citer beaucoup d’exemples, peint au naturel l’ignorance éco- nomique de propriétaires en fait de cultures. Revenons à l’eau. Puisqu’il en faut abso- lument, il est de beaucoup préférable d’adopter les meilleurs procédés pour en obtenir, lesquels, en somme, sont les plus économiques. Dans la pratique, le génie in- ventif des maraîchers a devancé les jardins des riches, et ils commencent à ce mouiller à la lance. » Ils s’en trouvent mieux comme arrosage, éprouvent moins de fatigue et font deux ou trois fois plus d’ouvrage, car dans certains cas la fatigue semble disparaître par le seul changement d’occupation, tandis qu’après le mouillage à l’arrosoir le seul chan- gement désiré est le repos. J. Batise. CLOCHES A GRIFFES 95 CLOCHES A GRIFFES En examinant le dessin que nous avons donné dans la Revue horticole (1876, p. 192) qui représentait ce que nous avons nommé le « procédé Jacquesson » pour forcer les Asperges, lequel consistait dans l’utilisation de bouteilles cassées, devenues impropres à leur destination première, M. E. Pelletier eut l’idée de faire quelque chose d’analogue, mais plus complet et mieux approprié. Toutefois, voulant conserver la simplicité et la modicité du prix, ce qui pour l’usage est la première condition de réussite, il adopta la for- me d’une pe- tite cloche, lé- gère bien que très- solide , très - portative de manière à pouvoir être déplacée faci- lement, ne donnant pas d ’ embarras quand le mo- ment de s’en servir est pas- sé. Mais, cette forme de clo- che, un peu élevée relativement à la base, était sujette à se renverser facilement; il devenait indispensable de lui donner de la stabilité. C’est ici que l’inventeur eut l’heu- reuse idée d’ajouter à la base une sorte de virolle ou de manchon métallique qui se fixe solidement à la base, et se termine par trois dents ou griffes qui entrent facilement dans le sol, et maintiennent la cloche dans la position verticale (fig. 21). On le voit, rien de plus simple et de plus pratique que cet instrument, aussi nous en tenons-nous là en ce qui concerne sa des- cription. Reste donc à en démontrer l’utilité et à en expliquer l’emploi. Ici, la chose est fa- cile, car nous n’avons que l’embarras du choix. Citons par exemple les Asperges, qui paraissent avoir été le but principal de l’inventeur. Que le lecteur nous excuse de répéter en partie nos explications de 1876, qu’il ne perde pas de vue que si l’instru- ment dont nous nous occupons est nouveau, le système ne l’est pas, du moins en ce qui concerne les Asperges. S’agit-il d’obtenir les Asperges plus hâ- tivement; dans ce cas, au lieu de rejeter sur le plan au printemps toute la terre que l’on a mis en ados à l’automne, on n’en répand que la moitié environ afin que l’al- longement du turion, qui est lent à se pro- duire à cette époque, ait moins de hauteur à parcourir pour arriver à la surface. Aus- sitôt que l’on voit la terre se soulever, ce qui annonce son apparition très-prochaine, on pose la clo- che à cet en- droit; l’élonga- tion se trouve activée, la par- tie qui s’élève dans la cloche à l’abri de l’air se produit comme dans la terre, et on peut ainsi la laisser prendre une longueur suffisante. L’Asperge ainsi abritée se développe non seulement plus vite qu’à l’air libre, mais elle prend des dimensions bien supérieures et revêt une belle couleur rose carné très- agréable à l’œil. Elle est plus tendre, d’une cuisson plus rapide et peut se manger tout entière, ce qui se comprend : la privation d’air s’opposant à la formation du ligneux et des fibres qui sont toujours désagréables, et favorisant au contraire le développement du tissu cellulaire. Revenons à l’emploi : aussitôt que l’As- perge a la longueur voulue, coupez-la et placez la choche sur une autre que vous voyez poindre ; c’est l’affaire de quelques se- condes. A l’époque qui se trouve être l’arrière-sai- son pour ce légume, soit vers fin mai pour le climat de Paris, les Asperges poussent trop vite, pour ainsi dire, elles deviennent dures, 96 CULTURE DES BOUVARDIAS. et le prix se déprécie rapidement; alors ré- pandez sur le plan le reste de fados, ce qui remet les choses dans les conditions habi- tuelles ; blanchissez l’intérieur des cloches avec un lait de chaux ; aussitôt que vos clo- ches sont sèches, faites sur l’undes côtés une partie claire pourpouvoirsurveillerlapousse; placez cette partie tournée vers le nord, vous repoussez les ardeurs du soleil qui durcissent l’Asperge, la végétation se ra- lentit; vous obtenez des produits qui ont la qualité et la saveur de celles des premiers jours. Par les deux effets opposés qu’elles pro- duisent, les cloches à griffes sont donc aussi utiles dans les pays chauds que dans les pays froids. Ajoutons encore, ce qui n’est pas sans importance, que ces cloches peu- vent préserver les Asperges des insectes, des limaces surtout qui en sont très-friandes. Les autres usages que l’on peut faire des cloches dont nous parlons sont innombrables en horticulture ; elles peuvent trouver à chaque instant un emploi, soit pour garantir les plantes, soit pour en activer le dévelop- pement, soit même pour en opérer la mul- CULTURE DES BOUVA Ces charmantes plantes étant cultivées à Londres, sur une très-grande échelle, pour en obtenir des fleurs pendant l’hiver, il peut être utile aux lecteurs de la Revue horticole de connaître la culture à laquelle on les sou- met le plus ordinairement. On fait les boutures en mars, en prenant non seulement les têtes des plantes, mais aussi des tiges pas trop dures, que l’on met, au nombre d’environ 30 à 40, dans des pots de 13 centimètres de diamètre bien drainés, et qu’on place dans une serre à multiplica- tion dont la température varie de 20 à 30 de- grés centigrades. Ces boutures enracinées, on les rempote dans un mélange de terre franche et de terreau, de fumier de vache et de fumier de feuilles, bien consommés, puis, on les met dans une serre tempérée où on les laisse jusque vers le milieu de mai, en ayant soin de les pincer une fois ou deux. A cette époque, on leur donne plus d’air, afin de les faire « durcir, » et, vers le com- mencement de juin, on les plante en pleine terre dans un sol préparé à cet effet avec du terreau de feuilles. On les arrose selon leurs besoins, et on les pince plusieurs fois tiplication. Elles peuvent également être employées pendant l’été pour activer la vé- gétation des plantes ou en faciliter la re- prise, quand on en fait la transplantation ; en hiver, on peut les employer comme ga- rantie contre le froid. Suivant aussi les conditions dans les- quelles on se trouve et le but que l’on cherche à atteindre, on peut barbouiller le verre à l’intérieur soit en blanc, comme nous l’avons cité plus haut, si l’on veut en même temps garantir du soleil et donner aux objets abrités moins de chaleur, soit avec une substance très-foncée, du noir de fumée par exemple, si Ton veut concentrer plus de chaleur sur les objets placés à l’in- térieur de la cloche. Toutefois, il faudrait éviter d’employer des substances qui adhè- rent trop fortement au verre, afin qu’on puisse facilement les faire disparaître. Les cloches à griffes sont appelées à jouer un rôlje important en horticulture ; elles seront bientôt d’an usage général, nous en avons la conviction, et se trouveront dans tous les jardins, où elles feront partie de « l’outillage. » E.-A. Carrière. DIAS EN ANGLETERRE dans le courant, de l’été. Arrivé à la fin de septembre, on les empote pour les rentrer pour l’hiver. Certains horticulteurs, au lieu de mettre les plantes en pleine terre pen- dant l’été, les laissent en pots et se conten- tent d’enterrer ceux-ci; ils agissent ainsi dans la crainte de faire tomber les feuilles par le fait du rempotage. Si l’on a mis les plantes en pleine terre, il faut aussitôt après le rempotage, en septembre, les mettre sous des châssis, et on leur donne peu d’air pen- dant quelques semaines. Après ce laps de temps, on les transporte dans la serre tem- pérée où elles fleurissent avec profusion pen- dant tout l’hiver. Si l’on veut obtenir de très-belles plantes on les conserve la deuxième année, puis on les met de nouveau en pleine terre à la fin de mai, à 60 ou 80 centimètres de distance les unes des autres, dans les mêmes conditions que celles de l’année pré- cédente. De cette façon, on obtient des plantes de 80 centimètres à 1 mètre de haut qui se couvrent de milliers de fleurs. Deux variétés sont surtout préférées pour cette culture : ce sont les Bouvardia Humboldti corymhiflora et le B. angustifolia. Ernest Bergman. 97 APPATS ET INSECTES. APPATS ET INSECTES Dans la création tout est en lutte conti- nuelle. Partout la « lutte pour la vie, » comme l’a si bien dit et si admirablement démontré l’illustre Darwin. De quelque côté qu’on se tourne, c’est la guerre : la guerre entre les éléments, la guerre entre les êtres ; puis, au-dessus de tout, la guerre entre les hommes qui, eux, ont encore à lutter- à la fois contre les éléments et contre tous les autres êtres. Cette loi de la lutte univer- selle, qui n’est autre que celle du travail, a même été écrite dans nos codes dès les temps les plus reculés. Dans l’Écriture sainte, on la trouve sous cette formule : a L’homme gagnera son pain à la sueur de son front ! » Il faut toutefois reconnaître que, véritable roi de la création, l’homme, par sa nature, est doué de l’intelligence né- cessaire pour gouverner son . royaume, ce qu’il ne peut pourtant faire que par un tra- vail continu, une étude incessante du milieu et des conditions dans lesquels il se trouve, afin de pouvoir les approprier le mieux pos- sible à ses besoins. Mais quittons ces sphères élevées et re- venons à notre sujet. Il s’agit des insectes qui dévorent nos fruits , et tout particu- lièrement les Raisins, par exemple : les guêpes, les frelons et les diverses espèces de mouches. Partant de là, le point essentiel était donc d’étudier le côté faible de ces in- sectes, pour l’exploiter ensuite. Eh bien ! ici encore l’homme a reconnu que, chez les bêtes aussi bien que chez les gens, ce côté faible est celui qui a perdu notre mère com- mune, Ève : le péché de gourmandise. Ceci reconnu, que devait faire l’homme? Étudier les insectes qui lui sont préjudiciables, leur tendre des pièges à l’aide d’appâts qu’ils recherchent tout particulièrement, et comme il avait cru reconnaître que les insectes dont il s’agit aiment particulièrement les choses sucrées, de là l’usage de l’eau miellée, que pendant longtemps on a employée presque exclusivement pour attirer les insectes, et qui a même donné lieu à ce proverbe : « On n’attire pas les mouches avec du vinaigre, y> qui pourtant est loin d’être vrai, ainsi qu’on le verra plus loin. Mais, d’une autre part, est-il vrai que de toutes les substances celles qui sont sucrées soient les plus recherchées par les insectes ? L’assertion est au moins hasardée, ce que démontrent les expériences que nous allons rapporter et que tout chacun pourra facile- ment contrôler. Voici comment nous avons opéré : Nous avons fait deux séries d’expériences. Dans la première, qui a duré du 28 sep- tembre 1877 au 14 octobre, nous avions employé cinq vases ou bouteilles en verre, percés de trous pour donner passage aux insectes. Après avoir été numérotés, ces vases furent attachés tout près l’un de l’autre sur un arbre placé le long d’un mur au midi. Le n° 1 contenait du miel pur dans une capsule placée au sommet du vase, tandis que sa base était occupée par de l’eau destinée à noyer les insectes qui, attirés par le miel, s’introduiraient dans le vase; le n° 2 renfermait de l’eau rougie ; le n° 3, de l’eau et de la bière ; le n° 4, de l’eau dans laquelle on avait mélangé un peu de cassis en liqueur; enfin, le n° 5 contenait de l’eau et du vinaigre. Voici les résultats constatés le 14 octobre, époque où se termina l’expérience : Le vase n° 1 ne contenait que 2 mou- ches ; le n° 2 en contenait 45 ; le n° 3, 415 ; le n° 4, 49; le n° 5 n’en renfermait que 29. La deuxième expérience, qui fut com- mencée le 15 octobre et terminée le 7 no- vembre de cette même année, faite dans les mêmes conditions que la précédente, com- prenait dix vases semblables à ceux qui avaient servi à la première expérience, et contenant : le 1er du miel pur dans une capsule placée au-dessus de l’eau qui occu- pait-le fond du vase ; le 2e de l’eau rougie; le 3e de l’eau et de la bière ; le 4e de l’eau et du cassis ; le 5e de l’eau et du vinaigre ; le 6e du miel et de l’eau ; le 7e de la bière pure ; le 8e de l’urine ; le 9e du vin pur ; enfin, le 10e renfermait des Poires écrasées mélangées avec de l’eau. Le 7 novembre, quand cette expérience fut terminée, les vases donnèrent les résul- tats que voici : Le n° 1 contenait 17 insectes ; le n° 2, 347 ; le n° 3, 850 ; le n° 4, 115 ; le n° 5, 310 ; le n° 6, 420 ; le n° 7, 631 ; le n° 8, 98 BOUTURAGE DES VIGNES DANS L’EAU. 144 ; le n° 9, 204 ; enfin, le n° 10 contenait 527 insectes. Faisons observer que ces insectes se composaient presque exclusivement de mouches noires de diverses espèces, et qu’il n’y avait que quelques guêpes, ce qui était évidemment dû, d’abord à la saison très- avancée où ont été faites ces expériences, et surtout à ce que l’année ayant été relative- ment froide et humide et le printemps très- pluvieux, les guêpes n’avaient pu se multi- plier. Conclusion. On peut tirer de ces expé- riences deux sortes de conclusions : l’une pratique, qui se résume d’elle-même par l’énoncé des faits; l’autre scientifique, qui demande quelques explications; l’expérience démontre d’abord que, contrairement à ce qu’on croyait, le sucre n’est pas ce que les mouches préfèrent le plus, et, contrairement au dicton, qu’on peut les attirer avec du vinaigre. Ces expériences établissent aussi de la manière la plus évidente que c’est surtout la fermentation, et particulièrement la fer- mentation putride, qui attire les insectes, et par conséquent que les appâts qui agissent d’abord par leur nature intrinsèque n’agis- sent bientôt plus que par les dégagements d’odeur qu’ils déterminent, ce qui pourtant ne veut pas dire que sous ce rapport toutes les substances se valent, ce que du reste démontrent les résultats. Toutefois, il est bon de remarquer qu’au bout d’un certain temps, lorsqu’on ne vide pas les vases, les différences produites entre les diverses subs- tances employées doivent diminuer progres- sivement à mesure que le nombre des in- sectes s’accumule dans les vases, car il se produit alors, par leur décomposition, une sorte de fermentation putride qui semble être le principal agent excitateur pour attirer les insectes. Ce qui justifie nos hypothèses, c’est la comparaison qu’on peut faire entre les di- verses substances, d’après leur nature plus ou moins fermentescible. Ainsi, le miel pur attire très-peu les insectes, tandis qu’il les attire beaucoup plus quand on y ajoute de l’eau. Notons encore que, quand on emploie du miel pur, il se passe souvent un temps fort long avant qu’il y ait même un seul insecte dans le vase, et que ce n’est guère que quand, par hasard, il en entre quelques- uns, qu’alors il s’établit une sorte de fer- mentation qui attire les autres. Ce qui démontre encore de la manière la plus formelle que c’est particulièrement la fermentation putride qui attire les insectes, c’est ce fait que nous avons toujours observé : que certaines espèces ne viennent se faire prendre que quand cette fermentation arrive à un certain état de développement ; on voit alors apparaître des insectes qu’on n’avait pas encore remarqués. Quand les vases ont des ouvertures assez larges, nous avons, même assez fréquemment, remarqué jusqu’à des lézards. On est donc aussi autorisé à croire que de la viande mélangée à un peu d’eau, pour en empêcher une trop prompte dessic- cation, serait également un excellent appât. Il faut pourtant reconnaître que de tous les appâts que nous avons essayés, le meilleur, sans contredit, est l’eau additionnée de bière ; les mouches en paraissent tellement avides qu’elles quittent tout pour aller s’en repaître, et que jamais elles ne touchent au Raisin quand ce mélange se trouve à côté de ce dernier. Toutefois, il va sans dire que les résul- tats que nous venons de faire connaître n’ont rien d’absolu ; que suivant les circons- tances, les pays et les conditions dans les- quelles on opérera, ces résultats pourront présenter des différences, soit pour les es- pèces d’insectes qu’attireraient les subs- tances indiquées, soit aussi pour le nombre de ceux qui pourraient se faire prendre, ce qui, après tout, est logique : les causes étant différentes, il n’en peut être autrement des effets. E.-A. Carrière. BOUTURAGE DES VIGNES DANS L’EAU Le bouturage dans l’eau paraît attirer tout particulièrement l’attention, et depuis quelques* temps la Revue horticole a inséré plusieurs lettres qui témoignent en faveur de ce procédé. Nous trouvons sur le môme sujet, dans le Bul- letin de décembre 1877, de la Société d’hor- ticulture de France, un article sur le bouturage de la Vigne dans l’eau, et qui nous paraît de nature à intéresser nos lecteurs, ce qui nous engage à le reproduire. Le mode de multiplication qui fait le su- LES CATALOGUES. 99 jet spécial de cette note, écrit M. Bordeaux, s’opère dans l’eau, de juillet en août. C’est en cherchant le moyen de multiplier dans l’eau quelques variétés de plantes de j serre chaude, tels que les Croton, Cissus, i Gloxinia , Achimenes , Dracœna, Ficus , Bégonia à feuillage, etc., que je me suis avisé de placer dans une bâche, sur une couche tiède et sous un châssis vitré, blan- chi au lait de chaux et ombragé avec des claies au moment des plus forts coups de soleil, des cloches renversées et remplies d’eau dans lesquelles j’ai mis lesdites bou- i tures, avec des boutures de Vigne coupées par bouts et au-dessous d’un œil, ainsi que I cela se pratique pour la multiplication en | pleine terre, et desquelles j’ai extrait toutes ! les feuilles. Ces boutures ont été faites au commencement du mois d’août, et, à la fin de ce mois, elles étaient ^parfaitement enra- ; cinées. L’eau, dans laquelle étaient placées ces boutures, a été maintenue à une tempé- rature d’environ 20 à 30 degrés centigrades. Il est un point essentiel, c’est que ces boutures ne soient point enfoncées dans l’eau de plus de 2 centimètres, car j’ai remarqué | que celles qui l’étaient davantage pourris- ! saient. Pour les maintenir à la surface de l’eau, il suffit de faire flotter sur ce liquide une ! planchette coupée en rond et de la grandeur de la cloche, dans laquelle on perce des trous pour y passer le pied des boutures ; des claies en bois feraient le même office. C’est donc un fait incontestable que des boutures de Vigne faites dans ces conditions pourront être mises en pot un mois après LES CAI Mme veuve Durand, horticulteur à Bourg- ! la-Reine (Seine). Catalogue général des plantes de serre et de pleine terre. Cet éta- blissement, universellement connu, surtout par ses pépinières, est l’un des plus impor- tants des environs de Paris. Collections ^ nombreuses et variées d’arbres fruitiers j formés et autres, de divers âges, appropriés pour les différents besoins. Arbres et ar- bustes forestiers et d’ornement, à feuilles ca- duques et à feuilles persistantes. Spécialités : j Rosiers, plantes de terre de bruyère, plantes I à feuillage spécialement élevées en vue de ! la décoration des appartements. Le catalogue la multiplication, c’est-à-dire aussitôt enra- cinées, placées ensuite sous un châssis jus- qu’à parfaite reprise; elles pourront être li- vrées au commerce quelques semaines plus tard. M. Marx, horticulteur à Notre-Dame du Vaudreuil, amateur passionné et possédant les meilleures variétés (et principalement celles qui se prêtent le mieux à la culture de notre climat de Normandie) de la riche collection de M. le docteur Houdebine, et à qui j’ai fait connaître ce mode de propaga- tion, s’engage à livrer, en automne 1878, toutes les variétés, au nombre de 200, qu’il possède, en boutures parfaitement reprises, dans des godets de 5 à 8 centimètres, ga- ranties de reprise et à des conditions très- avantageuses. Ce mode de multiplication aura l’avan- tage sur les autres de faire fructifier les plants beaucoup plus promptement. Les Croton et Cissus qui ont été multi- pliés avec des tiges herbacées et dans ces conditions m’ont donné le meilleur résultat, de même que les Gloxinia multipliés par feuilles, qui ont formé, dans le cours d’un mois, des tubercules assez forts pour être mis en godets et livrés au commerce. E. Bordeaux, Jardinier au châleau de Vaudreuil (Eure). Nous n’avons pas] à insister pour faire re- marquer l’immense avantage que paraît pré- senter le système de bouturage préconisé par M. Bordeaux, et nous ne doutons pas que beau- coup de nos lecteurs le mettront en pratique. Nous les y engageons fortement, et les prions de vouloir bien nous faire connaître les résul- ' tats qu’ils auraient obtenus. (Rédaction.) dont nous parlons, qui contient des rensei- gnements importants soit sur la culture, soit sur l’aménagement des jardins et des parcs, sera envoyé franco aux personnes qui en feront la demande par lettre affranchie. — Crousse, horticulteur, faubourg Sta- nislas, 47 et 49, à Nancy (Meurthe-et-Mo- selle), publie une circulaire propre aux nou- veautés dont il est l’obtenteur, et qu’il met en vente pour la première fois en fé- vrier 1878. Ces plantes consistent en Pelar- largonium zonale à fleurs simples (8 varié- tés) ; Pélargonium zonale à fleurs doubles (4 variétés) ; 12 variétés de Pétunias à fleurs PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. 100 doubles et 4 variétés de Pétunias à grandes fleurs simples ; enfin, 5 variétés de Phlox decussata. Outre ces plantes, on trouve dans l’établissement de M. Crousse des collections nombreuses et variées de plantes diverses de serre et de pleine terre. Assor- timent de Pivoines, Phlox, plantes vivaces en collection, plantes à feuillage pour la dé- coration, etc. — Jardin zoologique d’acclimatation du bois de Boulogne (Paris). Catalogue des plantes disponibles dans cet établissement pour 1878. Les succursales d’Hyères et de Marseille, que le Jardin zoologique d’accli- matation de Paris s’est adjointes, permettent à cet établissement d’augmenter ses collec- tions et conséquemment d’enrichir son ca- talogue ; aussi celui dont nous parlons est-il beaucoup plus complet que les précédents. Outre les plantes économiques ou indus- trielles, on trouve des assortiments d’ Aca- cias et d’autres plantes de la Nouvelle- Hollande, des Bambous (17 espèces), Agaves, Dasilirion , Yucca , Dracœna, Araucaria , Eucalyptus (36 espèces), etc. La collection des Palmiers, surtout, est éga- lement nombreuse et variée. En tête de ce catalogue, on lit : « Les demandes devront être adressées au chef de service du Jardin d’acclimatation, à Hyères (Yar). — Lemoine, horticulteur, rue de l’Étang, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Supplément de catalogue exclusivement consacré aux plantes nouvelles dont M. Lemoine est l’ob- tenteur. D’abord, trois variétés de Fuchsia , PLANTES NOUVELLES < Linum trigynum. — Hélas ! et quoi- qu’on en dise, si le mérite ne vieillit pas, il vient un temps où, habitué qu’on est de le voir, on n’y fait plus guère attention. S’il en était autrement, la plante dont nous parlons, qui ne se trouve que très-rare- ment, devrait au contraire se trouver chez tout amateur qui possède une serre froide, même une orangerie. En effet, à un joli feuillage persistant, elle joint des fleurs très -larges, d’un beau jaune d’or foncé, qui, très-nombreuses, se succèdent sans interruption, depuis décembre jusqu’à mars- hybrides provenant de fécondations du F. serratifolia avec le F. Domyniana, et qu’il a nommés Ch. Darwin , Docteur Godron, H. Lecoq, en mémoire des trois savants qui ont si largement servi cette partie de la science des croisements. Un autre hybride, le F. Boliviana ignœa , provenant du F. Bo- liviana fécondé par le F. ignea, plante des plus remarquables, non seulement par son mérite floral, mais par son tempérament particulier qui ne s’accommode que d’une orangerie ou d’une serre très-froide. Les autres nouveautés que M. Lemoine met au commerce rentrent dans les genres Pélar- gonium, Chrysanthème, Pentstemon , Sy- ringa ou Lilas, etc. — Thiébaut aîné, marchand grainier, hor- ticulteur, successeur de M. Otto, 30, place de la Madeleine, Paris. Catalogue général pour 1878, comprenant les sections sui- vantes : graines potagères ; plantes céréales, ! fourragères et économiques; graines d’ar- i bres; graines de fleurs; graines de plantes j d’orangerie et de serre ; oignons, griffes et ; tubercules de plantes diverses à fleurs, tels que : Anémones, Caladiums, Renoncules, Glaïeuls, Lis, Dahlias, Cannas, Tigridias, ; Tubéreuses, Bégonias, etc. Arbres et ar- j bustes fruitiers et forestiers ; plantes vivaces i de pleine terre; Fraisiers, Rosiers, etc. Ce ; catalogue, ainsi que tous les autres propres- i à l’établissement, sont à la disposition de de tous ceux qui en feront la demande par lettre affranchie. E.-A. Carrière. U PAS ASSEZ CONNUES avril. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire, c’est que ses fleurs se détachent très- vite quand les rameaux ont été coupés, ce ! qui empêche de les employer à la confec- tion des bouquets. Mis en pleine terre, en serre froide, le Linum trigynum peut f atteindre plus de 1 mètre de hauteur et constitue un arbuste sous -ligneux d’une ! beauté incomparable. Ajoutons que sa mul- tiplication par boutures est des plus faciles, et qu’il se contente de presque tous les sols. Il lui faut beaucoup d’eau pendant l’été. E.-A. Carrière. Orléans, imp. de O. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE L’hiver de 1877-1878 ; sa température élevée ; progrès rapides de la végétation. — Nécrologie : M. Marc- Louis Démouilles. — Exposition de la Société d’horticulture de Cherbourg ; division des produits et des concours. — Les Araucaria imbricata : chatons mâles; offre de pollen; observations sur le sexe des Araucaria. — Dichroïsme. — Le Melon Orange grimpant : offre de graines. — Les vieilleries en horticulture : lettre d'un retardataire. — Le guêpier de M. Pelletier. — Variétés de Raisins décrites dans le Vignoble : Crovattina, Avarengo , Uva rara, Bakator rouge . — Transformation du Yucca aloefolia versicolor , observé au Fleuriste de la ville de Paris ; production du Yucca quadricolor. — Les Japonais à l’Exposition universelle : leur goût pour les plantes. Ce qu’on nomme vulgairement « l’hiver, » c’est-à-dire les grands froids, est-il fini? Très-probablement. Sous ce rapport, nous devons constater que les prédictions, cette fois encore, sont en défaut, puisqu’on crai- gnait un hiver rigoureux, tandis que c’est le contraire qui est arrivé. A Paris, c’est à peine si l’on a vu de la neige ; aussi, n’en parlons-nous que « pour mémoire; » il en est à peu près de même de la gelée qui, par deux fois seulement, s’est fait un peu sentir : le thermomètre est descendu à 7 et 9 degrés au-dessous de zéro, mais pendant quelques instants seulement. Le plus souvent même, pendant le « cœur de l’hiver, » en janvier, le thermomètre était au-dessus de zéro, et il est même arrivé assez fréquemment que le matin il indiquait de 5 à 9 degrés au- dessus du point de congélation, et que, dans la journée, il s’est élevé jusqu’à 17. Mais, par contre, si les froids ont été à peu près nuis, le soleil ne s’est montré que très-ra- rement et pendant de courts intervalles. Ainsi, en janvier, il n’y a eu que sept jours seulement de soleil, et huit en fé- vrier ; mais le plus souvent, on n’a pu le voir que pendant quelques instants. Malgré cela, la végétation marche à grands pas; tous les arbustes printaniers bourgeonnent ; les Lilas à petites feuilles, tels que Syringa persica, Rothomagensis , Saugeana , mon- trent leurs inflorescences. Les Persica Da- vidiana et variétés, espèces excessivement précoces, étaient en pleine fleur dès le 25 fé- I vrier. — La mort continue à faire des ravages dans les rangs de l’horticulture. Il y a quel- ques jours à peine, dans ce journal, nous annoncions la perte de MM. Troupeau et Verdier; aujourd’hui, nous devons en en- registrer une autre : celle de M. Démouilles (Marc-Louis), décédé à Toulouse, le 20 fé- 16 mars 1878. vrier 1878, dans sa soixante-deuxième an- née. Né en Suisse, il ne reçut en partage que le travail et de bons exemples, et c’est à son intelligence et à un labeur continuel qu’il dut d’acquérir, avec une position pécu- niaire plus qu’aisée, l’estime et la considé- ration générale, et d’être nommé chevalier de l’ordre de la Légion-d’Honneur. — Du 18 au 21 mai 1878, la Société d’horticulture de l’arrondissement de Cher- bourg fera dans cette ville , sa vingt - deuxième exposition horticole. Outre les végétaux, seront admis les objets d’art et d’industrie qui se rattachent à l’horticul- ture. Tous les horticulteurs et amateurs français et étrangers seront admis à con- courir. Les produits formeront cinq grandes divisions dont voici les titres : 1° Cultures dy agrément ; 2° Cultures d'utilité ; 3° Arts et industries horticoles; 4° Enseignement horticole; 5° Publications horticoles. Les services horticoles seront aussi l’ob- jet d’examens particuliers et seront récom- pensés, s’il y a lieu. — Huit jours au moins avant l’ouverture, les personnes qui désire- raient concourir devront en informer M. le président de la Société d’horticulture, en in- diquant les objets qu’ils se proposent d’ex- poser, et, approximativement, l’emplacement qu’ils croiront devoir leur être nécessaire. Le jury se réunira le samedi 18 mai, à onze heures du matin. La Compagnie des chemins de fer de l’Ouest accordera le retour gratuit de tous les objets qui auront été à l’exposition. — Un de nos collègues et collaborateurs, M. Paul Hauguel, jardinier à Montivilliers (Seine-Inférieure), en nous envoyant une note sur un certain nombre à’ Araucaria imbricata, plantés aux environs de chez lui, nous informe que plusieurs de ces plantes 6 102 CHRONIQUE HORTICOLE. portent des chatons mâles, et comme, d’une autre part, il considère cette espèce comme dioïque, et que le pollen que donnent les cha- tons mâles est excessivement abondant, il nous prie d’informer nos lecteurs qu’il se fera un plaisir, à l’époque où a lieu la fécon- dation de cette espèce, c’est-à-dire vers le commencement de juin, d’envoyer, aux per- sonnes qui auraient des individus femelles en fleurs, du pollen pour les féconder. Après avoir remercié M. Hauguel de son offre généreuse dont profiteront probable- ment quelques-uns de nos lecteurs, nous allons entrer dans quelques détails au sujet de la sexualité des Araucarias et tout parti- culiérement de VA. imbricata. Ainsi qu’on a pu le voir ci-dessus, M. Hauguel les consi- dère comme dioïques; il n’est pas le seul qui ait émis cette opinion, puisque toutes les per- sonnes à qui nous avons écrit à ce sujet sont d’accord sur ,ce point, et cela en se fondant sur des faits. Toutes, en effet, nous ont cité des exemples très-frappants, et pas un d’eux, sur une vingtaine d’arbres au moins répartis dans des localités très-diverses (départements de la Seine-Inférieure, de la Mayenne, des Côtes-du-Nord et du Finistère), ne leur a présenté ce même caractère. Malgré cette conformité d’opinions, nous n’hésitons pas à croire que, comme toutes les espèces de ce genre, l 'Araucaria imbricata est monoïque, ce que, du reste, nous a affirmé un horticul- teur français, M. Bertrand, qui a habité long- temps le Chili, où il a vu bien des fois des forêts uniquement composées de ces arbres qui, là, atteignent des dimensions colossales. L’er- reur à ce sujet nous paraît provenir de ce que les chatons des deux sexes n’apparais- sent que sur les arbres très-âgés, et que ceux que l’on possède en France n’ont guère au plus qu’une trentaine d’années. Comme exemple à l’appui de l’hypothèse que nous émettons ici, un de nos amis qui habite le Chili nous citait deux pieds à1 Araucaria excelsa qui, plantés dans une cour, avaient atteint une hauteur de plus de 20 mètres, et après n’avoir produit jusque-là que des fleurs femelles, avaient donné quelques années plus tard des fleurs des deux sexes. Des faits analogues se rencontrent fréquem- ment chez beaucoup d’autres Conifères. D’après certains exemples que nous con- naissons en France, les premiers chatons, soit mâles, soit femelles, des Araucarias paraissent se montrer sur des arbres qui, en moyenne, sont âgés de quinze à vingt- cinq ans. — Le fait de dichroïsme signalé par M. Dean et rapporté dans ce journal ( Revue horticole , 1877, p. 461) a engagé deux de nos lecteurs, M. Givord, jardinier au château de Yerneuil (Seine-et-Marne), et M. Locquin, de Dijon, à nous en signaler d’analogues qu’ils ont observés : M. Givord dans la Cor- rèze, à Brives-Ia-Gaillarde ; M. Locquin dans son jardin, à Dijon, sur un pied de Chasselas panaché, variété désignée aussi par le nom de (C Chasselas suisse » et qui, à peu près toujours, présente ce phénomène. Du reste, ces faits se montrent très-fré- quemment sur les Vignes; nous en avons cité beaucoup d’exemples dans notre travail intitulé : Production et fixation des va- riétés dans les végétaux , et souvent même accompagnés de faits de dimorphisme. — En nous signalant certains faits horti- coles sur lesquels nous nous proposons de revenir, notre collaborateur, M. Léo d’Ou- nous, à propos des Melons à rames, nous signale tout particulièrement le Melon Orange grimpant comme étant délicieux et très-productif. Il se fera un plaisir d’envoyer des graines de ce Melon à ceux qui lui en feront la demande. Bien que nous ne soyons pas surpris de cette générosité, à laquelle nous a habitué M. d’Ounous, nous ne l’en remercions pas moins au nom de tous les amis de l’horticulture. — - Un de nos abonnés, qui tient à garder l’anonyme, nous écrit la lettre suivante : Monsieur Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole. Grand amateur d’horticulture et abonné depuis très-longtemps à votre journal, j’ai vu bien des plantes hautement patronnées tomber bien vite en désuétude, tandis que j’en ai vu d’autres sans aucun appui se soutenir par leur seul mérite ; j’ai vu des nouveautés fortement ! recommandées ne vivre que « ce que vivent les Roses, » tandis que je vois cultiver et que , je cultive moi-même, toujours avec un nouveau plaisir, de vieilles connaissances. Est-ce parce que ces vieilleries me rappellent mon jeune âge et que, les cultivant depuis très-longtemps, , je m’y suis attaché par habitude, ainsi que J nous le faisons de tout ce qui a vieilli avec | nous?Ne serait-ce pas aussi un peu par égoïsme, ! e t pour le plaisir de se rappeler ce qu’on a vu j CHRONIQUE HORTICOLE. 103 à cet âge où tout sourit? Le vieillard a ce triste privilège, de se souvenir de loin, de vivre sur l’acquit — de « radoter, » comme disent les jeunes gens — et parfois de pouvoir donner quelques leçons à ceux-ci. Bien que vieux, je n’ai pas cette dernière prétention : du reste, je ne juge pas ; j’expose. Vous, Monsieur le rédacteur, je ne sais si vous êtes jeune, bien que l’énergie que je remarque dans vos écrits semble ne laisser aucun doute à cet égard, car si le style peint l’homme, le vôtre sent la jeunesse ; votre ten- dance à saper les théories absolues — ce dont je ne vous blâme pas — indique que vous n’appartenez pas au groupe des conservateurs : veuillez toutefois prendre ceci en très-bonne part, car c’est, ainsi que. je le donne. Mais je m’arrête, car je m’aperçois que, comme tous les vieillards, je tends à la prolixité et m’éloigne du but que je m’étais proposé. J’y reviens donc, et le voici en deux mots : Si vous le voulez bien, et sous le titre Vieil- leries, je vous adresserai de temps à autre quelques articles sur des plantes que certains de vos lecteurs pourront peut-être trouver su- rannées, mais dont la persistance dans les cul- tures démontre suffisamment le mérite et qui, grâce au bon goût, qui est de tout temps et brave les modes, sont toujours recherchées. Malgré ma vieille expérience, et bien que je ne sois pas ennemi des nouveautés, je ne crois pas que le véritable progrès consiste à changer constamment les choses et à les rejeter parce qu’elles sont vieilles ; je pense au contraire qu’il ne faut proscrire que celles dont le mérite est réellement inférieur à d’autres analogues. Gela me fait conserver bien des choses que mes voisins et amis rejettent, et qu’ils sont heureux de retrouver chez le « vieux routinier, » comme ils m’appellent. Veuillez, etc. un retardataire. Il va sans dire que nous accueillons avec ! empressement la proposition que nous fait notre abonné qui, quoi qu’il en dise, ne nous paraît pas être si vieux qir’il vour drait le faire croire. — Dans l’ article intitulé : Appâts et in- sectes, que nous avons publié dans notre pré- I cèdent numéro, nous avons fait une omis- sion qui a son importance : dans les vases à larges ouvertures dont on se sert ordinaire- ment, une fois que les insectes pris sont assez abondants, ceux -ci forment une couche ou sorte de plancher au-dessus du liquide, et les nouveaux insectes qui entrent se posent sur cette couche d’où ils ne tardent pas à s’envoler. Il était indispensable d’éviter cet inconvénient; il fallait que les insectes at- tirés ne pussent sortir du vase, même s’ils n’étaient pas noyés. Pour y arriver nous avons employé le Guêpier à amorce conti- nue (l)de M. Pelletier, qui nous a donné les meilleurs résultats. — Le n° 12 du Vignoble , qui termine le tome II, vient de paraître. C’est la lin de la quatrième année de ce très -remarquable ouvrage. Comme tous les précédents, ce numéro contient la description et' les figures de quatre variétés dont voici les principaux caractères. Crovattina. — Bien que ce cépage soit considéré comme l’un des meilleurs de l’Italie, il est plus que douteux, paraît-il, qu’il soit jamais cultivé en France, sinon par quelques amateurs. Il est d’une ferti- lité extrême et soutenue, surtout dans les terrains profonds et riches, mais il est sujet à la coulure. Sa grappe, assez grosse, est longue et bien garnie. Les grains sont moyens, à peau assez épaisse, d’un noir fortement pruiné â la maturité, qui est de deuxième époque tardive. Avarengo. — Cultivé principalement en' Piémont, aux environs de Saluces où, dit- on, il produit un « vin excellent; » les auteurs du Vignoble, qui le possèdent dans leurs collections, ne lui ont jamais trouvé « aucune distinction ; » sa grappe, assez forte, longuement pédonculée, a les grains gros, subsphériques, à peau épaisse, d’un noir bleuâtre mat â la maturité, qui est de deuxième époque. Uva rara. — Ce cépage qui, d’après M. Rovasenda, mérite certainement son nom, à cause de la rare beauté de ses produits, doit être plutôt considéré comme un Raisin de table que comme un Raisin de cuve. Sans être de première qualité, il n’est pas â dédaigner; le vin qu’il donne est long à se faire, mais il se conserve indé- finiment. La grappe moyènne, peu serrée, à rafle verte, porte des grains assez gros sur des pedicelles légèrement teintés rouge à la maturité du Raisin ; la peau, épaisse, est d’un noir bleuâtre non pruiné à la maturité, qui est de troisième époque. C’est -donc un cépage qui, en France, ne pourrait guère être cultivé avec quelque avantage que dans les parties tout à fait chaudes. (1) Revue horticole , 1877, p. 213. 104 LA NON-TAILLE DES ARBRES FRUITIERS. Bakator rouge. — Cépage très-renommé en Hongrie, produisant un bon vin fin et agréable, qui supporte difficilement le transport, mais qui, bien traité, se conserve presque indéfiniment. Malgré tous ces avan- tages, ce cépage n’a pas de chance d’être adopté en France, à cause de son excessive tardiveté. La grappe, courte, relativement large, presque toujours ailée, a les grains subsphériques, à peau assez résistante, d’un beau rouge pruiné à la maturité, qui est de troisième époque. — Un fait de transformation du Yucca aloefolia versicolor, analogue à celui dont nous avons déjà parlé (1), se passe depuis quelque temps déjà, au Fleuriste de la ville de Paris, à la Muette. Yoici en quoi il con- siste : Un fort pied de cette espèce, qu’on nomme aussi Y. aloefolia variegata, ayant été destiné à la multiplication, fut coupé par tronçons, qui furent enterrés avec la souche dans du sable, sous le gradin d’une serre chaude, la souche placée debout, tandis que les tronçons sont placés à plat. Sur celle-là comme sur ceux-ci des bourgeons ne tardèrent pas à se développer, mais avec cette différence que ceux qui sortent de la souche reproduisent exactement le Y. ver- sicolor type, tandis que les bourgeons qui naissent sur les tronçons de la tige pro- duisent le Y. quadricolor (Y. medio picta, Hort.), dont les feuilles, plus longues et plus grêles, sont arquées, cana- liculées , plus étroites et surtout très- différentes par la disposition de la pana- chure. Ainsi, tandis que chez lè Y. versi- color la feuille, bordée de jaune sur les bords, présente au milieu une large bande verte, c’est tout à fait l’inverse chez le Y. quadricolor qui, lui, a la feuille bordée de vert, tandis que le milieu est d’un très- beau jaune, ce qui lui a fait donner par quelques horticulteurs le qualificatif medio picta. Ajoutons à cela que, en général, cette plante est moins vigoureuse et plus délicate. Mais le fait le plus singulier, c’est de voir, sans transition aucune, le déplace- ment et la réunion des deux bandes jaunes en une seule qui, alors, au lieu d’être mar- ginale, vient se placer au centre de la feuille, d’où la dénomination de medio picta. — Les Japonais viennent de recevoir pour la prochaine exposition un nouveau stock de plantes qui, cette fois, sont arrivées dans un état relativement très-bon. Parmi elles se trouvent un assez grand nombre de sujets japonisés , c’est-à-dire nanisés, ou mieux rendus difformes-monstrueux à l’aide d’un art dont ils paraissent avoir particuliè- rement le secret, et que, du reste, nous ne leur envions pas. Toutes, plantées dans de petits pots, sont relativement très-vieilles ; et, bien que leur âge soit difficile à appré- cier, on peut estimer qu’en moyenne ces plantes ont de dix à cinquante ans au moins ; leur hauteur varie entre 15 et 60 centimètres. Les plantes qui ont ce privilège de la mutilation sont principale- ment des Conifères appartenant aux genres Podocarpus, Nageia, Pinus, etc. cc Mais, diront beaucoup de gens, c’est affreux ; ce n’est pas là de l’art. » C’est bien aussi notre avis personnel ; pourtant il faut reconnaître que, suivant le but qu’on se propose, on pourrait soutenir le contraire, car où est le type de la beauté, si ce n’est là où chacun de nous le place? Et même, en écartant ce qu’on nomme Je « sentiment du beau » qui, lui aussi, est relatif, on se demande s’il ne faut pas beaucoup d’art et d’intelligence pour obtenir ces résultats monstrueux. A la rigueur, on pourrait donc diviser l’art en deux zones distinctes : l’une où, aidant la nature, on chercherait à réaliser la perfection et l’harmonie des formes na- turelles ; l’autre où, en la contrariant, en vise à s’écarter le plus des formes naturelles. C’est cette dernière voie que les Japonais paraissent avoir choisie. Affaire de goût, pourrait-on dire. Sans doute ; mais nous avouons ne pas partager le goût des Japonais pour les plantes mutilées. E.-A. Carrière. LA NON-TAILLE DES ARBRES FRUITIERS FRAGMENTS D’UNE HISTOIRE INÉDITE DU JARDINAGE (2) Il est à regretter que le Comte Lelieur qui, un peu plus tard, eut la direction des (1) \oirlRevue horticole , 1877, p. 249. jardins fruitiers de l’État, ait examiné la question dans son cabinet au lieu de la (2) V. Revue horticole, 1878, p. 87. LA NON-TAILLE DES ARBRES FRUITIERS. porter au potager de Versailles. Ces jardins publics ont été, à mon avis, créés pour des essais de ce genre plutôt que pour être gou- vernés suivant la méthode que le directeur du moment croit être la meilleure. Pas- sons. La découverte de Sieulle, si c'en était une, fit naître des objections, ce qui n’était pas un mal, et aussi des commérages, l’un desquels était de nature à blesser profondé- ment Dupetit-Thouars. Un amateur, Cadet de Vaux, fit imprimer que la branche du Poirier était destinée par la nature à périr à son extrémité. Ses branches à lui périssaient, il est vrai, par leurs extrémités, parce qu’il les sou- mettait à la courbure, à l’arcure, comme on dit aujourd’hui. Il était, si je compte bien, le quatrième inventeur de l’arcure. Il est assez singulier de voir la non-taille con- damnée par un non -tailleur. Mais ce qui est plus à regretter, c’est l’attitude que prit dans ce débat l’homme que ses fonctions désignaient pour la pour- suite d’expériences impartiales, le Comte Lelieur, de Ville-sur- Arce. Il est l’auteur d’un livre intitulé : La Po- mone française ou Traité des arbres frui- tiers, première édition, Paris, 1816, com- prenant la Vigne et les Pêchers ; deuxième édition complète, Paris, 1842. Nous y trouvons un chapitre consacré à la non -taille, qui débute ainsi : <( Plusieurs personnes ont annoncé, avec plus ou moins d’importance , une pré- tendue méthode de cultiver le Pêcher sans jamais raccourcir les branches principales. Bien entendu que, dans ce système, les fruitières sont taillées et renouvelées chaque année. » Il dit ailleurs : « M. Dupetit-Thouars attribue très-gratuitement l’invention et V usage de cette pratique à un jardinier de Vaux-Praslin. » Ainsi, non seulement on contestait à Sieulle (que le Comte Lelieur appelle Sciolle), l’invention du procédé ; on contestait même qu’il en eût fait usage sur les arbres pré- sentés par lui. « C’est-à-dire, en bon fran- çais (c’est Dupetit-Thouars qui réplique), que j’ai dit et répété à plusieurs reprises, et imprimé, que j’avais vu à Vaux-Praslin des arbres fruitiers, et notamment des Pêchers, dirigés par l’ébourgeonnement, mais que, vraisemblablement, je m’étais fait illusion, 105 puisqu’ils ne l’étaient que de la manière ordinaire. » Les paroles allèrent plus loin que les écrits : Sieulle passa pour un fourbe, et Du- petit-Thouars fut placé dans l’alternative d’avoir été sa dupe ou son complice. « Ceci devient un peu sérieux, écrit ce dernier, qui était la droiture même ; on me dit un jour que, dans une visite qu’on avait faite à Praslin, comme on n’avait pas reconnu de traces de la manière de diriger annoncée, on avait pressé là-dessus Sieulle ; que celui- ci, finissant par se déboutonner, avait avoué que, voulant faire quelque bruit, il avait senti que, bien que ses arbres fussent très- beaux, ils n’auraient pas fait de sensation s’il eût dit qu’il les conduisait par la méthode ordinaire ; que c’est alors qu’il avait imaginé de les supposer dirigés par un procédé par- ticulier ; que cela avait réussi au point qu’en voyant même les arbres, on avait mieux aimé croire ses paroles que de juger par ses propres yeux, et qu’il souriait malicieuse- ment en songeant qu’une commission entière de la Société d’agriculture avait été sa dupe. Comme j’aime toujours à aller aux sources, j’ai rapporté ce propos à M. Sieulle, qui s’est récrié à la calomnie, etc., etc. » Quant au fond, c’est-à-dire à la non-taille combinée avec l’éborgnement : « Je l’ai vu, continue-t-il, de mes propres yeux vu, ce qui s’appelle vu, à moins de supposer que M. Sieulle ne soit un sorcier qui m’ait fas- ciné les yeux. » Ainsi, il n’y a plus à en douter, il y avait bien une méthode Sieulle, fondée sur la non-taille. Le Comte Lelieur le recon- naît lui-même quand il dit : ssrt Lu u'un , dci ■ C/i rornoh i/h . P- St/ ; >< >o uni . MULTIPLICATION PAR LA GREFFE-RACINE. 111 ceux du P. Gloire de Nancy . Quant à ses fleurs, elles sont pleines, fortes, composées de divisions pétaloïdesde diverses couleurs, dont l’arrangement constitue des sortes de rubans ou liserés qui, par leur opposition, produisent un contraste aussi singulier qu’agréable. On peut se le procurer chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). E.-A. Carrière. MULTIPLICATION PAR LA GREFFE-RACINE Afin de faire prendre à certains végétaux un développement plus rapide, on emploie ordinairement un mode de multiplication qui consiste à insérer une portion des ra- cines d’une espèce robuste sur le collet, ou à peu près, des racines, plus rarement sur la racine proprement dite d’une plante plus délicate ; en un mot, c’est tout à fait l’in- verse de la greffe en fente ordinaire. Bien que ce genre de multiplication soit déjà connu, nous ne croyons pas inutile de faire connaître les résultats que nous en avons obtenus. Quelques jardiniers ayant avec succès pratiqué cette opération sur des Ficus elastica , en employant pour cela des racines de la même espèce , nous fûmes tenté de l’essayer tout particulièrement sur quelques plantes dont nous savions la multiplication difficile ou tout au moins fort lente. Nous avons eu la bonne fortune d’obtenir des ré- sultatsheureux, relativement aupetit nombre de plantes expérimentées. Voici la façon dont nous avons opéré et que nous croyons devoir recommander : lorsque la plante qui est destinée à fournir ses racines paraît en état de subir l’opération, on a soin de choisir les racines les plus saines, les plus vivaces, et surtout les mieux munies de spongioles, puis, après avoir coupé ces racines à une longueur de quelques centimètres, on les introduit sur le collet des racines de la plante dont on veut favoriser la croissance. Placée sur une couche de sable de rivière, dans une bâche à multiplication chauffée intérieurement, ou bien mises en petits pots qu’on plonge dans une couche chaude, et recouvertes d’une cloche ou d’un châssis, ces greffes -racines reprennent très -vite. Mais ce qui a lieu de surprendre, c’est que les racines qui, par leur parenté, semblent se prêter naturellement à cette pratique, n’excluent pourtant pas le moins du monde [keineswegs] l’emploi qu’on peut faire avec succès de racines d’espèces différentes. Les expériences que nous avons faites person- nellement nous l’ont démontré d’une ma- nière évidente. Ainsi, comme exemple, nous citerons entre autres le Liquidambar Altingiana ( Kalamsah des Javanais), qui est originaire des îles de la Sonde et de la Nouvelle-Gui- née, et dont les boutures sont si difficiles et surtout si lentes à s’enraciner. Au talon de ces boutures reprises, nous insérâmes des racines du L. styraciflua , espèce rustique de l’Amérique septentrionale. Trois indi- vidus sur quatre se mirent à pousser une semaine après l’opération; et, après sept mois d’une végétation vigoureuse, ils ont acquis une longueur de 30 à 35 centimètres. Un peu plus tard, vers la fin d’avril, nous fîmes, cependant sans succès, de nouveaux essais sur des plantes analogues ; mais ce mauvais résultat s’explique par ce fait que, en ce moment-là, les racines du Liqui- dambar styraciflua avaient déjà commencé à végéter, et que, alors, cette soustraction de racines paraît être tout à fait nuisible. Mais on ne peut, pour ce motif, émettre la singulière idée que les racines de plantes de même nom ne peuvent s’allier entre elles. Tel est le cas de VAntiaris toxicaria , T Upas , sur les racines duquel nous avons employé avec succès d’autres racines de la même espèce. Pour YAralia Veitchii, nous nous sommes servi de racines de VA. Sie- boldi , etc., etc. Dans les quelques essais faits sur VAntiaris, qui sont morts après une végétation de quelques semaines, nous avons constaté un allongement sensible des racines et le développement des spongioles, ce qui démontre que des racines juxtaposées de telle à telle plante se comportent absolu- ment comme si elles étaient un produit na- turel. Reste à savoir jusqu’à quel point des végétaux d’espèce et même de genre diffé- rent pourront se prêter avantageusement à ce mode de multiplication. Nous espérons que dans un avenir prochain ce problème sera résolu. ISi, un jour, cette manière de procéder entre dans la pratique journalière, elle révélera des affinités dont on n’a guère d’idée quant à présent, et qui ouvriront une nouvelle voie à la pratique du jardinage; 112 BILBERGIA CHANTINI. aussi l’importance de cette découverte, dé- montrée par les quelques résultats que nous venons de relater, n’échappera-t-elle pas aux personnes qui savent toutes les tenta- tives faites jusqu’ici, souvent sans succès, pour la multiplication de certains végé- taux. (E. M.). PüVILLAND. (Traduit librement du Gartenflora, Jan. Heft, 1878.) BILBERGIA CHANTINI Quand, réfléchissant au mérite qu’en général présente le groupe des Bromélia- cées, on exa- mine la figure 22, qui repré- sente une des plus hautes nouveautés en ce genre, on s’explique l’en- gouement qu’on a pour ces plantes. En dédiant cette espèce au célèbre et sympathique horticulteur bien connu, M. Chantin, 23, avenue de Châtillon , à Paris , nous nous faisons l’écho de l’opi- nion publique qui , depuis longtemps, en voyant cette si remarquable nouveauté, lui donnait le nom de son heu- reux proprié- taire. Voici une indication som- maire des .ca- ractères qu’elle nous a présentés. Port très-élégant, trapu, rappelant un peu comme faciès général le Bilbergia Leopoldi, mais beaucoup plus compact et plus gracieux. Feuilles longuement canali- culées, brusquement rétrécies vers le som- met, qui porte sur son milieu une sorte de cuspide courtement acuminée, très-gracieu- sement arquées, larges, d’un blanc argenté brillantdans toute la partie inférieure, puis marquées alternativement et transversale- ment de larges bandes un peu irrégulière- ment sinuées, les unes lui- santes, d’un vert très - in- tense, les au- tres très -for- tement incanes pulvérulentes ou d’un blanc métallique. La régularité et l’intensité des zonatures a quelque chose qui rappelle les bandes que l’on voit sur la peau des zèbres. Le Bilbergia Chantini res- tera dans les collections, où il sera, pour l’ornementa- tion, ce qu’est le Vriesia splendens , avec une supé- riorité toute- fois due à la blancheur mé- tallique des zones , qui rend la plante plus légère et plus brillante, tandis que celles du Vriesia, au contraire, d’un brun sombre, lui donnent un aspect plus lourd et peut-être moins élégant. Quant à la fleur, elle est tout à fait inconnue. Que sera- t-elle? Viendra-t-elle ajouter un nouvel éclat à celui déjà si remarquable du feuil- lage ? Nous ne savons ; mais ce que nous APPAREIL RIVIÈRE-VERNINAS. pouvons affirmer, c’est que, sans cet appoint, l’espèce dont nous parlons se placera au premier rang comme plante à feuillage, et que, sous ce rapport, elle se placera en tête des Broméliacées. Ajoutons encore que, contrairement à d’autres espèces analogues, dont les zones s’affaiblissent avec l’âge, celles du B. Chan - tini vont constamment en s’accroissant, de sorte que chez les plantes tout à fait adultes, les zonatures, vertes et blanches, sont plus accentuées, plus larges et plus régulières. 113 L’introduction en France du B. Chantini remonte au printemps de 1877 ; on la doit à M. Baràquin, qui le découvrit dans la vallée de l’Amazone, où cette espècç paraît même très-rare, puisqu’il n’en trouva que deux pieds chez un nègre qui voulut bien les lui céder, mais sans pourtant vouloir lui dire d’où il les avait tirés. Espérons, dans l’intérêt général de l’horti- culture, qu’on ne tardera pas à découvrir la source, et que bientôt le secret du nègre sera celui de « Polichinelle. » E.-A. Carrière. APPAREIL RIVIÈRE-VERNINAS L’appareil dont nous allons parler et que représente la figure 23 est très-fréquem- ment employé en Hollande pour préserver les arbres fruitiers contre les gelées printa- nières. Il est remarquable par sa simplicité et surtout par la production de ses effets Fig. 23. — Appareil Rivière-Verninas, pour préserver les fleurs des arbres fruitiers des gelées printanières. conservateurs. Sous ce dernier rapport, les résultats semblent contraires à l’idée admise généralement du rôle que joue l’humidité dans le phénomène de la gelée. Nous avions depuis longtemps déjà con- naissance de ce mode d’abri, grâce à M. Bi- vière-Verninas, qui, le 20 février 1877, nous écrivait ce qui suit : Oudenbosch (Hollande), 20 février 1877. Monsieur E.-A. Carrière , rédacteur en chef de la Revue horticole, à Paris. Monsieur, Je profite d’une occasion pour vous donner quelques détails sur la manière dont je con- serve les fleurs à mes Pêchers, malgré les fortes gelées que nous avons ici pour l’ordi- naire au printemps. J’ignore si ce mode de conservation est connu en France ; j’ignore aussi si cela y est nécessaire ; en tous cas, Monsieur, si ces indications pouvaient vous être de quelque utilité, veuillez me faire l’honneur de les insérer dans la Revue horticole. Une chose des plus importantes pour nous ici, en Hollande, où les variations de tempéra- ture les plus brusques sont notre partage, c’est le moyen de conserver le plus de fleurs possible à nos Pêchers. A cette fin, on recouvre généralement dès maintenant (février) les Pê- chers avec des branches de Chêne portant encore leurs feuilles sèches, ou bien avec des branches de Genêt entrelacées dans les bran- ches des arbres à préserver (je parle ici de Pêchers en espalier). Cela donne le plus sou- vent un mauvais résultat : la fleur pâlit, s’étiole, et au moment où l’on croit le danger des gelées passé, et qu’on enlève les branches, il arrive très-fréquemment que les fruits déjà formés tombent tous successivement à la pre- mière influence du soleil. On a encore l’habitude de placer au pied de l’arbre une grande terrine remplie d’eau : ceci produit un excellent effet , quoiqu’il ne soit que partiel, parce que les fleurs ne se trou- vent protégées que sur la largeur qu’a la terrine. Voici ce que j’ai fait pour améliorer ce préservatif des fleurs, qui me semble d’ail- leurs le plus rationnel et le moins dispen- dieux. PLANTES ANNUELLES RECOMMANDABLES. m Au lieu d’une terrine, j’ai fait faire des gout- tières en bois d’une largeur de 25 centimètres et d’une profondeur de 20 centimètres ; la lon- gueur doit être celle des branches des Pêchers. Je les place devant et tout contre l’arbre ; elles sont portées par trois pieds enfoncés dans la terre. Je les remplis d’eau, faisant en sorte qu’elles restent toujours bien pleines. Dès lors, mes fleurs n’ont plus rien à redouter de la ge- lée, même la plus forte , qui se trouve neutra- lisée par l’attraction de l’eau contenue dans la gouttière. L’expression peut sembler bizarre; mais on peut nommer ces gouttières des pare à gelées infaillibles. Ainsi, il n’y a pas eu de Pêches ici Pan dernier, vu que les gélées tar- dives ont détruit toutes les fleurs ; mais pour- tant mes Pêchers n’ont perdu que les fleurs que j’ai cru inutiles et m’ont donné, à la sur- prise de tous mes voisins, une quantité consi- dérable d’excellentes Pêches. C’est la seconde fois que ce moyen m’a réussi de la sorte ; c’est pourquoi je n’hésite nullement à le préconiser et à engager toutes les personnes qui cultivent les Pêchers d’en faire un essai, lequel, j’en suis convaincu, leur donnera pleine satisfac- tion. Il ne faut pas oublier, le matin, de visiter l’eau de la gouttière, d’enlever la couche de glace qui aurait pu s’y former et d’y remettre de l’eau. Au commencement de juin, j’enlève les gouttières ; je les peins au goudron deux ou trois fois et les serre toutes prêtes à servir Vannée suivante. — Comme vous pouvez en juger, Monsieur, cet excellent moyen d’avoir des Pêches ne coûte presque rien. J. -G. Rivière-Verninas, Propriétaire à Oudenbosch (Hollande). La communication qui précède était suivie d’un modèle d’après lequel a été faite la figure 23. Cet appareil, que l’on peut construire en zinc, en terre ou en tout autre substance, montre combien ce sys- tème est simple et d’une application facile. Restent les résultats. Sur ce point, nous n’affirmons pas ; nous nous bornons à enre- gistrer les appréciations de M. Rivière-Ver- ninas, que, du reste, nous n’avons aucune raison de suspecter, au contraire, puis- qu’elles reposent sur des faits ; aussi enga- geons-nous fortement -ceux de nos lecteurs qui le pourraient à essayer le procédé en question et à nous faire connaître les résul- tats qu’ils auraient obtenus, que, alors, nous nous empresserions de publier, car, dans cet ensemble de faits, il y a une question double : théorique et pratique , à la solution de laquelle tout le monde est intéressé, E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES RECOMMANDABLES PHLOX DRUMMONDI GRANDIFLORA ET SES VARIÉTÉS NAINES Bien que les Phlox Drummundi soient connus de beaucoup d’amateurs de jardi- nage, nous pensons néanmoins qu’il est bon de signaler leurs mérites, qui ne sont pas suffisamment appréciés, et surtout de rap- peler l’emploi avantageux qu’on peut en faire pour l’ornement des plates-bandes et des corbeilles, soit en les associant à d’autres plantes basses, soit en les cultivant par cou- leurs séparées; cette dernière disposition, bien comprise, offre toujours les plus heu- reux contrastes. Notre but est tout particulièrement d’ap- peler simplement l’attention sur une race d’élite encore nouvelle, mais qui, mieux connue et par suite plus cultivée, fera bien vite abandonner l’ancien type ( Ph . Drum- mundi). Nous voulons parler des Phlox Drummundi à grandes fleurs qui, aujour- d’hui, constituent une race parfaitement fixée, laquelle comprend déjà plusieurs va- riétés hors ligne telles que : Phlox Drum- mundi grandiflora splendens , à fleurs d’un magnifique carmin oculé de blanc pur ; gran- diflora violacea , beau violet clair ; grandi- flora rosea et grandiflora striata. Ces trois variétés sont, comme la première, pourvues d’un œil blanc au centre de la fleur, et elles se reproduisent franchement de semis. Par suite de nombreux croisements et d’un travail constant de sélection, la maison Vilmorin est parvenue à fixer des variétés tout à fait naines issues du Ph. Drummundi à grande fleur. L’année dernière, nous les avons vues fleuries dans ses cultures de Reuilly, et nous pouvons affirmer qu’elles seront favorablement accueillies dès qu’elles seront plus connues, car, du blanc de neige au cramoisi le plus intense, à peu près, toutes les couleurs intermédiaires s’y retrouvent. Leur taille réduite et leur port trapu les feront promptement rechercher pour la for- l’eau dans les jardinsJ mation des bordures fleuries, et nous som- mes certain que les personnes qui auront essayé les Ph. Drummundi à grande fleur 115: n’auront qu’à s’en louer, et, sans abandonner les autres, en restreindront la culture. Puvilland. L’EAU DANS LES JARDINS (1) Le système à adopter de préférence nous paraît donc le mouillage à la lance, et même avec des batteries, si les cultures occupent pour chaque espèce d’assez grandes sur- faces, comme des carrés de Céleri, de Choux- Fleurs, de Salades, etc. C’est une sorte d’irrigation appropriée à nos climats, ayant tous les avantages des irrigations méridio- nales, sans leurs défauts. Les tuyaux employés pour ces arrose- ments sont faits avec des matières différen- tes: les uns en cuir, et ce sont les plus répandus, coûtent de 6 à 8 fr. le mètre pour des diamètres de 25 à 35 millimètres ; d’au- tres en caoutchouc, difficiles à réparer et à peu près du même prix ; enfin des tuyaux entoile de 1 fr. 50 à 2 fr. 50, mais ne finis- sant pas toujours la campagne. Les batte- ries de tuyaux percés se composent de tuyaux en fer étiré ou en tôle, par bouts de longueur variable (habituellement 2 mètres), et reliés ensemble par des bouts en cuir per- mettant de les plier et de .les diriger en tous sens. Tout montés sur de petits char- riots à roulettes, ils coûtent de 6 à 8 fr. le mètre, à raison d’un charriot par bout et d’un trou par mètre environ. Il existe beau- coup de variations de ce procédé d’arro- sage : pommes, parapluies, jets rotatifs, etc. Jusqu’alors les batteries de tuyaux percés sont encore le moyen le plus pratique appliqué à ce système, qui a un peu révolu- tionné les habitudes routinières, tout en donnant la possibilité d’obtenir de magnifi- ques gazons, et aussi celle de Soigner les plantations de grands végétaux dont la réussite se trouve en quelque sorte assurée, grâce à ces perfectionnements apportés dans les méthodes de mouillage. On comprend de suite la différence de travail entre le système à arrosoir et celui des tuyaux mobiles : plus de fatigue, arrosement plus régulier, moins violent, pouvant être fait même par un enfant. Et aussi quel soula- gement pour cette éternelle question de personnel, si difficile à résoudre! La canalisation des parties d’agrément,, (I) V. Revue horticole , 1878, p..45, 68. dont le principal ornement est le gazon, est souvent considérable par l’étendue des sur- faces à mouiller. On y emploie presque exclusivement les batteries de tuyaux per- cés qui, une fois en place, mouillent seuls et n’exigent d’autre soin que celui de les changer de place de temps à autre, selon le besoin, c’est-à-dire suivant la porosité du terrain ou la quantité d’eau disponible. On se sert aussi de la lance pour le même ser- vice, mais elle est plutôt employée pour les corbeilles de fleurs et les arbres ou arbustes qui demandent des bassinages ou des mouil- lages. Dans lés corbeilles de fleurs, il est du reste très-difficile de se servir d’arrosoirs. Les soins et le nettoyage y produisent déjà de mauvais effets, malgré les précautions que l’homme doit prendre pour ne rien casser ou écraser dâns le milieu où il tra- vaille ; à plus forte raison si à son poids s’ajoutait celui de ses arrosoirs. La mosai - culture , entre autres, ne pourrait pas du tout s’accommoder de ce procédé. On peut voir là combien est vrai ce dicton : « Ce qui est difficile se fait mal ou même ne se fait pas. » Devons-nous parler de l’eau au point de vue de l’ornementation des jardins ? Le temps n’est plus où cet élément jouait le rôle principal, où il y avait des parterres d’eau, des grottes, des cascades dont les constructions sont des œuvres d’architec- ture considérables, où Neptune était le deus ex machina des fêtes, où enfin à> elle seule l’eau exigeait autant et même plus de frais que tout le reste ensemble. Il fallait un canal, souvent très -grand ; c’était le motif principal. Aussi le choix des vallées était-il indispensable, et les travaux hydrauliques passaient avant tout. La nature n’existait plus que taillée et peignée par- tout ; l’eau se ressentait de ces travers, et les ruisseaux ou les rivières disparaissaient dans les bassins ou les canaux. On ne peut cependant nier la grandeur et la beauté de quelques-uns de ces ouvrages qui existent encore, même dans des jardins particuliers. DU CEPHALOTAXUS FORTUNEI A PROPOS DES SEXES. 116 Mais ce style était trop accusé, trop tranché, et surtout trop répandu pour ne pas être vivement attaqué. Vint la réaction qui, natu- rellement aussi, dépassa le but. On créa de toutes pièces des ruisseaux tout à fait natu- rels. L’emploi de l’eau est-il maintenant dans des conditions normales au point de vue des jardins, et sommes-nous arrivés là-dessus au sommet de l’édifice ? Le fait est très-douteux, et il est probable que des essais viendront apporter de la variété dans son emploi. Nous avons vu quel parti on a tiré des rochers et des cascades, et aussi jusqu’où peut conduire l’abus de ces choses. Ceux qui les ont employés ont pu se rendre compte des sommes considérables que nécessitent ces travaux qui, malgré cela, ne sont pas toujours exempts de critique, soit par l’exécution, soit par les résultats. Nous croyons que ce sont surtout ces der- niers qui devraient le plus influer sur l’em- ploi qu’il convient de faire des eaux, dont la disposition des lieux ne justifie pas toujours l’emploi — pour ne pas dire l’abus — de ces eaux et de ces roches factices placées partout, et qui choquent autant le goût que la raison. On trouve justement ridicules les surpri- ses aquatiques du vieux temps. Quel sort est réservé à beaucoup de cascades élevées à grands frais depuis vingt-cinq ans? Le passé semble l’indiquer. A côté de cela, où pourrait-on trouver un jardin où le propriétaire, et surtout sa famille, pourraient sans inconvénient se donner le plaisir d’un bain en pleine eau ? Nous sommes loin des thermes romains, et l’on ne trouve même pas partout de vérita- bles salles de bains. Aussi, dans ce genre de plaisir hygié- nique, les familles riches en sont-elles ré- duites à aller aux « bains de mer, » dont l’eau elle-même n’est parfois qu’un pré- texte. Un défaut qui a aussi de graves consé- quences est la profondeur de l’eau au bord même des pièces d’eau, des lacs ou des ri- vières factices des jardins. Pourquoi, par exemple, ce bord, sur une largeur de 2 à 3 mètres, n’est-il pas une banquette peu profonde, 50 centimètres à 1 mètre au plus ? Le coup d’œil n’en serait nullement affaibli, et combien on éviterait d’accidents ! Ne perd-t-on pas tout le plaisir d’une prome- nade au bord d’une rivière ou d’un lac, si l’on redoute une chute pour les enfants qui courent autour de soi ? Nous connaissons un magnifique château entouré de canaux creusés de main d’homme et d’une profondeur de 4 mètres. C’est plus que jouer avec le danger : c’est l’appeler. Nous ne pousserons pas plus loin cette étude sur le côté pittoresque et ornemental des eaux; en nous y livrant, nous avions plutôt en vue le côté utile et économique de leur emploi, et nous espérons que les quel- ques observations que nous avons faites pourront être profitables à quelques pro- priétaires que la mode n’aveugle pas et qui, outre" leur intérêt, voudront justifier l’an- tique légende : Utile dulci. J. Batise. DU CEPHALOTAXUS FORTUNEI A PROPOS DES SEXES Détruire une erreur, c’est servir la science : en voici encore une que nous signalons tout particulièrement aux bota- nistes ; elle porte sur un genre de Conifères voisin des Ifs, sur les Cephalotaxus . Jus- qu’à ce jour, tous les botanistes qui s’étaient occupés de ces plantes avaient dit ou écrit qu’elles sont dioïques, et nous-même, dans notre longue carrière d’observateur, n’avions jamais remarqué qu’il en fût autrement. Pourtant, à plusieurs reprises, dans ce journal, nous avons appelé l’attention sur ce sujet et avons cherché à démontrer que la monoïcité et la dioïcité ne peuvent être que relatives, "et que, entre ces choses, il y a toujours des intermédiaires qui les relient, mais qui souvent échappent à l’observa- tion. C’est ce dont la figure 24 montre l’évidence , en ce qui concerne le genre ; Cephalotaxus. C’est à Trianon, dans les pépinières dirigées par notre collègue et j ami, M. Briot, que s’est produit le fait que nous allons rapporter. L’individu sur lequel ce fait s’est produit, j planté dans les pépinières de Trianon, âgé d’une vingtaine d’années, haut de près de 4 mètres et fleurissant depuis très-long- temps, n’avait jamais, jusqu’à l’année 1876, LES CATALOGUES. 117 donné que des fleurs mâles, et l’année sui- vante encore, en 1877, c’était par milliers de milliers qu’on pouvait compter celles-ci, tandis qu’une seule ramilie (celle que nous reproduisons) portait, avec des fruits mûrs, une très -grande quantité de jeunes fruits qui ne devaient mûrir que l’année sui- vante. Ce fait, tout exceptionnel qu’il est, ne nous surprend pourtant pas, car non seu- lement nous en avons vu d’analogues, mais même un à peu près identique, sinon qu’il s’est produit inversement. Il s’est montré sur un genre très-voisin des Cephalotaxus , sur le Torreya nucifera ; nous l’avons fait connaître et en avons même donné une figure dans la Revue horticole , 1873, p. 314. Nous venons de dire que ce dernier fait s’est produit inversement ; en effet , jusque-là le pied dont nous parlons n’avait produit que des fleurs femelles, et ce n’est qu’alors qu’une branche donna naissance à deux ramifications, dont l’une portait des fleurs mâles, tandis que l’autre portait des fleurs femelles. Tout nous porte à croire que des faits Fig. 24. — Branche de Cephalotaxus Fortunei portant des fleurs mâles et des fleurs femelles (fruits). analogues doivent se rencontrer dans pres- que tous les genres de Conifères, — peut- être même dans toutes les plantes, — dont les sexes sont séparés, que par conséquent la dioécie et la monoécie ne sont que rela- tives, des états particuliers de la polygamie qui se rencontre normalement sur certains végétaux, état lui- même qui n’a rien d’ab- solu et peut se relier à l’hermaphrodi- tisme. Les sexes, nous le répétons, sont des conséquences de faits de végétation et peuvent présenter des variations, manquer même, puis apparaître irrégulièrement, puis enfin se régulariser, sans pourtant qu’il y ait rien d’absolu et sans qu’il puisse y avoir des tendances au retour. Le genre Araucaria , quant à la sexualité, nous paraît pouvoir être comparé au genre Cepha- lotaxus. Nous en parlerons prochainement. E-A. Carrière. LES CATALOGUES Henri Delesalle, horticulteur à Thumes- nil, près Lille (Nord). Plantes nouvelles obtenues dans son établissement, livrées au commerce pour la première fois en février 1878, et consistant en : Dahlias, 2 variétés ; 13 variétés de Pélargoniums, dont 3 à grandes fleurs, 3 zonales à fleurs doubles , 7 zonales à fleurs simples ; plus 118 LES CATALOGUES. une variété : Ville de Doué, obtenue par M. Pierre Duriau, et qui, à l’exposition de Douai, en 1877, a été récompensée d’une médaille d’or. Les autres espèces se compo- sent de 6 variétés de Pétunias, dont 5 à fleurs doubles ; 13 Verveines, 4 variétés d’ Œillets remontants et une de Pyrèthre à fleurs doubles.. — Thiébaut-Legendre, successeur de Le- gendre - Garriau, marchand grainier horti- culteur, 8, avenue Victoria, Paris. Catalogue général de graines et de Glaïeuls. Au lieu de tenter une énumération des graines et plantes que comprend ce catalogue, nous pré- férons signaler l’heureuse innovation appor- tée dans sa confection. Elle consiste à indi- quer mois par mois les principales espèces que l’on doit semer, soit en plantes potagères, soit en fleurs, de sorte que ce catalogue est un véritable guide pratique pour tous les amateurs de jardinage. Toutefois, cette inno- vation n’empêche pas qu’il comprenne aussi des listes générales de toutes les autres graines, accompagnées d’observations sur la culture ou sur des particularités qui se rapportent aux espèces, quand la chose paraît être nécessaire. — Crozy fils aîné, horticulteur, grande rue de la Guillotière, à Lyon-Perrache (Rhône). Circulaire principalement propre aux Cannas et Phlox nains nouveaux pou- vant être livrés de suite. Les variétés de Cannas sont au nombre de 8, obtenues toutes par M. Crozy. Elles ont été examinées par une commission spéciale, qui les a consi- dérées comme de premier mérite. Un Œillet remontant, la Perle : ce fleurs grandes, pleines, d’un beau blanc, parfois quelques légères lignes rouges sur les bords. » Quant aux Phlox nains nouveaux, qui seront livrés à partir du 15 mars courant, ils com- prennent 6 variétés. Des descriptions faites sur le vif, accompagnant l’énumération de ces plantes, donnent une idée de leurs caractères. — Vilmorin et Cie, marchands grainiers, 4, quai de la Mégisserie, à Paris. Graines d’arbres et d’arbustes de pleine terre et graines de plantes d’orangerie et de serre. Ce catalogue n’est pas seulement le plus complet que nous connaissons pour tous les végétaux ligneux ; il comprend un nombre considérable d’observations, soit sur les espèces, soit relatives à des particularités qu’elles présentent, soit comme indiquant l’époque de leur introduction. Aussi est- ce un document à conserver, et auquel on pourra parfois avoir besoin de recourir. Voici les noms de quelques espèces nou- velles ou rares : Acer circinatum, Arctos - taphylos glauca, Ceanothus prostratus et integerrimus ; Citrus triptera ; Cryptome- ria s pir aliter falcata; Cupressus Sayrea- na; 65 espèces à’ Eucalyptus, Fremontia Californien ; Peraphyllum ramosissimum; Pinus aristata, Banksiana, Gerardiana, Llaveana , flexilis , Lambertiana, Bollan- derii; Pterocarya Caucasica; Tetranthera Californica, etc. — A. Lecaron, successeur de Paul Tol- lard, marchand grainier horticulteur, 20, quai de la Mégisserie, Paris, publie, outre un catalogue général comprenant les graines potagères, de fleurs, de plantes médicinales, d’arbres, de plantes économiques, ainsi que des graines pour pelouses, etc., des oignons à fleurs, des racines fourragères, etc. , un catalogue propre aux Rosiers et Frai- siers, un catalogue d’arbres fruitiers, fores- tiers et d’agrément, ainsi qu’une circulaire relative à l’ensemencement des prairies et des gazons, dans laquelle se trouvent indi- qués les différents mélanges de graines qu’il convient de faire suivant la na- ture des terrains, et la quantité qu’il faut employer pour une surface donnée, de ma- nière à guider l’acheteur. Quelques obser- vations sur les soins à donner à ces sortes de semis complètent ces renseignements. — Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). Catalogue général. Plantes de serre chaude, de serre froide et de serre tempérée. Spécialités : Régonias, Bromélia- cées, Caladiums, Dracænas, Fougères et Lycopodes; Gesnériacées diverses; Gloxi- nias, Marantas. Collections d’Orchidées, de Palmiers et de Cycadées. Bégonias tubéreux, Cannas ; collections de Conifères de serre froide et de pleine terre ; Camellias, Rhodo- dendrons, Azalées; Echeverias. Assorti- ments de P elargonium à grandes fleurs, zonale, lateripes, ou à feuilles de Lierre, etc. Collections d’arbustes nouveaux ou rares, rustiques et de plantes diverses de plein air. Phlox, Pentstemon, Delphinium, etc. Parmi les nouveautés, qui comprennent 4 variétés de Bégonias à feuillage ornemen- tal , 8 de Gloxinias, 8 Pélargoniums à grandes fleurs, 5 Phlox decussata, se trouve un Bégonia tubéreux : Brillant, plante magni- 119 UNE PLANTE PARTICULIÈREMENT fique dont la Revue horticole a donné une description (1878, p. 39) ; enfin 6 variétés de Pélargoniums zonales, au nombre desquels Aglaé Fosset, dont nous donnons plus haut une description et une figure coloriée. Issue par dimorphisme du P. Gloire de Nancy , cette forme trés-curieuse et des plus bizarres produit un effet des plus singuliers. — Jardin zoologique d’acclimatation, à Neuilly (Seine). Bien que, comme l’indique le qualificatif zoologique , cet établissement s’occupe surtout d’animaux, l’extension con- sidérable de ses relations dans a peu près toutes les parties du monde lui a permis, quand l’intérêt semblait le commander, d’introduire soit des végétaux, soit des graines, ce qui explique le catalogue dont nous allons parler. Parmi les plantes qui constituent la première section de ce cata- logue pour 1878, et qui sont pour la plus grande partie originaires de la Chine et du Japon, il s’en trouve quelques-unes de tout à fait inédites, par exemple un Prunier à fruits, dont nous ne connaissons que la PROPRE A LA MOSAÏCULTURE. fleur, une espèce nouvelle de Liquidambar, un Pin du Cambodge, un Gleditschia , du Japon, etc.; enfin une plante toute nouvelle, le Cerasus Lannesiana , espèce des plus ornementales par ses fleurs semi-doubles d’un très-beau rose violacé. Cette espèce, que la Revue horticole (1873, p. 351) a figurée et décrite, est d’un mérite ornemental tout à fait hors ligne, et ce qui ajoute encore à ce mérite, c’est que la plante est d’une rus- ticité à toute épreuve. Outre ces quelques plantes, le catalogue dont nous parlons com- prend un choix dans les genres les plus importants, soit comme plantes d’ornement, soit comme plantes industrielles ou d’éco- nomie domestique. Ajoutons que sa rédac- tion scientifique, comme il convenait à un établissement de ce genre, en fait un guide aussi instructif qu’utile. 11 sera envoy è franco à toutes les personnes qui en feront la de- mande par lettre affranchie. — Toutes les demandes devront être adressées à M. le di- recteur du Jardin d’acclimatation, à Neuilly (Seine). E.-A. Carrière. UNE PLANTE PARTICULIÈREMENT PROPRE A LA MOSAÏCULTURE Nous n’avons pas à examiner si l’on a raison ou si fon a tort de se livrer à là « mosaïculture. » Nous nous bornons à signaler que le « vent souffle de ce côté. » C’est la mode ; on ne discute pas celle-ci : ôn la subit. Ce mode d’ornementation étant admis, il faut rechercher les plantes qui sont les piuà convenables pour obtenir le meilleur résultat . Parmi celles-ci il en est une qui, au plus haut degré, nous paraît réunir les condi- tions les plus favorables : c’est le Ballota nigra variegata. Cette plante, que nous avons àdmiTéé chez M. Bertier-Rendatler, horticulteur à Nancy (Meürthe-et-Moselle), semble en effet particulièrement propre à former des dessins ; pour cela elle a toutes les qualités nécessaires : vigoureuse, bien que naine, elle n’est nullement délicate sur le sol ni sur l’exposition, et vient à peu près partout. Ses feuilles, souvent même ses tiges, striées, maculées ou « sablées, » d’un blanc à re- flets’irisés, parfois légèrement jaunâtre sur un fond un peu vert, font l’effet de paillettes argentées, jetées sur un tapis. Ajoutons que la plante est très-constante dans sa pa- nachure, qu’elle s’accommode parfaitement du pinçage, et que sa vigueur en est même augmentée, qu’elle se ramifie continuelle- ment, jusqu’à l’époque des gelées, qui seules mettent arrêt à la production de nouvelles feuilles. C’est donc, nous le répétons, une plante de premier mérite et qui vient très à propos pour les nombreuses décorations qu’on aura besoin de faire cet été. Quant aux applications que l’on pourra faire du Ballota nigra variegata , elles sont tellement nombreuses que nous n’en tente- rons même pas l’énumération ; nous nous bornerons à dire que cette plante convient parfaitement, soit pour faire des bordures ou des •massifs, soit pour entrer dans les dessins mosaïques où, placée près de sortes â feuilles colorées, elle produirait les plus charmants contrastes. Plantée surles rochers ou dans des rocailles, elle y réussit merveil- leusement. Un autre mérite de cette plante, c’est sa rusticité et sa vigueur, qui permettent^d’en faire des bordures dont on n’a plus à s’oc- cuper, sinon de temps à autre, pour les dé- 120 PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. couper, comme on le fait des gazons. Pour l’hiver, on se borne à en rentrer quelques pieds que l’on fait pousser pour faire des boutures qu’on met en pleine terre au prin- temps, comme on le fait des Coleus , des Achyrantbes, etc. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES Laburnum tardiflorum , Hort. — D’une vigueur moyenne, cette espèce, dont presque toutes les parties sont légèrement velues, ressemble au Laburnum vulgare par son port et sa végétation. Son principal mérite, qui, du reste, est très-grand, consiste à fleurir en abondance vers la fin de l’été, à une époque où, depuis très-longtemps, tous ses congénères sont défleuris. Vriesia psittacina. — Si cette plante, qui appartient au grand groupe des Bromé- liacées, n’est pas des plus remarquables parmi les espèces cc à feuillage, » et si, d’une autre part, elle n’atteint que des pro- portions faibles, en revanche elle rachète très-largement ces qualités par la beauté exceptionnelle de ses fleurs et surtout par leur durée excessive. Sous ces rapports, il est peu de plantes qui la surpassent. Elle a encore cet autre avantage inappréciable et très-rare chez les Broméliacées, que ses bourgeons fleurissent l’année qui suit celle de leur développement, de sorte que des plantes qui n’avaient qu’un bourgeon, par conséquent qu’une seule hampe florale, peuvent l’année d’après former une touffe portant jusque 5-6 hampes ; aussi est-elle toujours très -recherchée à l’époque de sa floraison, qui, précisément, a lieu pendant tout l’hiver, ce qui augmente encore le mérite de cette espèce. Nous l’admirons chaque année chez M. Luddemann, horti- culteur, 20, boulevard d’Italie, à Paris, qui, avec raison, en fait l’objet d’une culture spéciale. Eupliorbia Jacquiniœflora , Hort. — Comme tant d’autres, cette espèce a eu « ses beaux jours ; » elle a été acclamée, recherchée de tous. C’était avec raison, car peu de plantes ont une beauté égale à la sienne, et il en est moins encore qui la surpassent. A partir de l’automne jusqu’au printemps, tous ses rameaux se terminent par des épis de fleurs très-nombreuses, d’un rouge orangé des plus vifs, et qui, avec les feuilles qui les accompagnent, forment un des plus charmants contrastes. Plantée en pleine terre dans une serre, cette espèce peut atteindre jusqu’à 2 mètres de hauteur, ce qui n’empêche qu’on peut aussi l’obtenir beaucoup plus réduite et même très-naine, et au besoin en pots, où elle fleurit parfaitement, bien que dans ce cas ses inflorescences soient toujours beau- coup moins fortes. En pleine terre, ses bourgeons, qui peuvent atteindre 1 mètre, se couvrent de fleurs dans presque toute leur longueur. L’effet qu’elle produit alors est au-dessus de toute description. Coleus Duchesse d’ Edimbourg . — Rien de plus beau assurément que cette plante, qui rappelle un peu le C. Saison Lierval d’autrefois, obtenu par feu Lierval. Qu’on se figure, en effet, du velours le plus fin, présentant toutes les couleurs les plus brillantes, disposées le plus capricieusement du monde, de manière à produire les tons les plus chauds et les plus divers, mais toujours harmoniques et agréables à l’œil, et l’on aura à peine une idée de l’élégance de cette plante. Mais si elle rappelle un peu l’ancienne espèce française, elle lui est bien supérieure pourtant, car tandis que celle-là, extrêmement inconstante, avait le défaut d’émettre constamment des parties à peu près vertes et d’autres très-panachées, qui ne poussaient presque pas ou qui retournaient au type, le C. Duchesse d’ Edimbourg , toujours vigoureux, même quand sa panachure rose tendre disparaît ou s’atténue seulement, est encore très-joli ; le limbe roux foncé ou brun bordé vert de la feuille constitue encore un ornement équivalant à celui de beaucoup d’autres formes de Coleus. Notons toutefois que, pour jouir de cette plante tout l’hiver, il faut la cultiver dans une bonne serre tem- pérée ou même chaude, et quand on la bouture, choisir les parties les mieux carac- térisées. Dans ces conditions, et en opérant ainsi qu’il vient d’être dit, cette espèce, par son feuillage, peut soutenir la comparaison avec les plantes à fleurs les plus éclatantes. May. Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Les travaux horticoles à l’Exposition universelle. — Les appâts et les insectes ; emploi de la bière contre les limaces : communication de M. Tourniol, président de la Société d’horticulture et de botanique de Limoges. — Température exceptionnelle de l’hiver 1877-1878; progrès de la végétation ; repos relatif des Pommes de terre. — Les plantes nouvelles de M. Gumbleton. — Avantages de la culture forcée de la Boule-de-Neige ; le puceron noir de la Boule- de-Neige. — Essais de fécondation artificielle tentés par M. Quetier; la Chicorée Quetier. — Le phylloxéra en Australie. — Les engrais liquides en horticulture. — Envois horticoles de la Chine et du Japon. — La non-tailie du Melon. A mesure que l’on avance vers l’époque | où doit s’ouvrir l’Exposition universelle, les craintes de ne pas être prêt augmentent, et en considérant combien il reste encore à faire, on doute que la plupart des agen- cements soient achevés pour le 1er mai. Tel ne sera pas pourtant le cas de l’hor- ticulture qui, malgré les difficultés cau- sées par l’ensemble des travaux et inhé- rentes à une œuvre de ce genre, sera à peu près en mesure à cette époque. Presque tous les terrains, en effet, sont dressés, et la plupart même sont occupés. Les prin- cipaux horticulteurs qui ont déjà planté sont, parmi les rosiéristes : MM. Cochet, Duval (H.), Fauriat (F.), Jamain (H.), Lé- vêque et fils, Margottin père, Margottin fils, Piron, Verdier (Ch.), etc. Parmi les arbori- culteurs, citons : MM. Baltet frères, Chap- pelier, Chatenay (Abel), Chevalier aîné, Croux et fils, Defresne (Honoré), Gonneau, Jamin (Ferdinand), Lacalle, Lapierre, Pail- let, Roy (Auguste), Tourrasse, etc. Comme exposants étrangers, dont les apports ren- trent dans les deux catégories dont nous venons de parler, il n’y a guère que les Hol- landais (est-ce une collectivité?). Ces ap- ports, très-remarquables du reste , com- prennent, outre des arbres fruitiers et des Rosiers, des arbres forestiers, ainsi que des arbres et arbustes d’ornement, des Coni- fères, etc. Au Trocadéro, les travaux aussi marchent rapidement, et, partout où cela est possible, les terrains sont dressés ; on sème les gazons, on élève les massifs ; sur beaucoup de points même on plante les gros arbres. Déjà aussi quelques pépiniéristes déposent, çà et là, des forts spécimens de Conifères. De ce nombre est M. Honoré Defresne. Les tra- vaux de canalisation, de construction de ro- chers, etc., confiés à MM. Combaze père et fils, sont presque achevés, et une autre partie qui leur est également confiée et qui, cer- 1er mars 1878. tainement, sera l’une des plus remarquables, l’aquarium, est aussi très-avancé. Bientôt toutes les glaces, qui ont plus de 2 centi- mètres d’épaisseur, seront en place, de sorte que l’on pourra mettre de l’eau dans les cases, et aussi planter les végétaux qui devront garnir les rochers placés à la partie supérieure de l’aquarium. Les Tulipes dont nous avons parlé, plantées par les Hollan- dais, sont magnifiques, et déjà, soit le vert des plantes, soit leur aspect, indique les dessins que devront plus tard former les couleurs des fleurs. Dans la partie basse du Trocadéro, où sont placées quelques nations étrangères, par exemple la Chine, l'Égypte, la Suède, le Japon, etc., l’emplacement des- tiné à ces derniers est presque entièrement converti en une sorte de parterre dont les plates-bandes, de forme circulaire, très- élevées, devront recevoir les plantes venues du pays, et dont plusieurs fois déjà nous avons entretenu nos lecteurs. Nous ignorons si les Chinois feront un jardin et nous mon- treront des chinoiseries en ce genre ; jus- qu’ici rien ne l’indique, et les ouvriers, ces « fils du soleil, » sont occupés à élever une sorte de palais en bois dont la forme singu- lière, et surtout les couleurs vives et bril- lantes, entrecoupées de toutes parts de sculptures dorées, attirent l’attention d’un nombreux public autour de cette exposition, qui se trouve la première au départ dê l’avenue Delessert. B y aura égalmeent quel- ques serres dans le jardin du palais du Tro- cadéro, et déjà plusieurs sont à peu près montées. — L’article que nous avons publié ré- cemment, intitulé : Appâts et insectes (1), nous a valu la lettre suivante, dont l’impor- tance n’échappera à personne, et sur laquelle nous appelons tout particulièrement l’atten- tion de nos lecteurs : (1) Y. Revue horticole , 1878, p. 97. 7 122 CHRONIQUE Limoges, ce 7 mars 1878. Monsieur le rédacteur en chef de la Revue horticole . Après avoir lu dans le n° 5 de la Revue hor- ticole vos essais sur les appâts employés pour attirer les insectes, j’ai cru utile de vous com- muniquer les essais que j’ai faits moi-même pour la destruction des limaçons, si nuisibles dans nos cultures. Ces essais, qui m’ont parfaitement réussi, viennent, du reste, confirmer complètement les résultats obtenus par vous et consignés sous le n° 3. Ayant entendu dire que la bière attirait les limaçons, j’ai placé de ce liquide dans un vase plat à bords perpendiculaires au fond du vase ; les bords ont environ 3 centimètres de hauteur; le vase est à terre d’un centimètre et contient une couche d’environ 2 centimètres de bière pure. La première fois, je plaçai le vase dans une allée de mon jardiji vers cinq heures du soir, par un temps un peu couvert; cinq minutes après, je vis venir de tous côtés une troupe de limaçons qui tous se dirigeaient vers le vase, y buvaient avidement la bière, et finalement tom- baient au fond au bout de quelques minutes. Je vous engage à faire l’expérience; elle est très amusante. Depuis cette époque, aussitôt que nous aper- cevons la trace d’un limaçon dans nos serres, sans perdre le temps à retourner tous les pots, je place un peu de bière dans une assiette, et le lendemain matin le coupable est noyé. Recevez, etc. H. Tourniol, Président de la Société d’horticulture et de botanique. Des résultats aussi concluants que ceux qui viennent d’être rapportés nous dispen- sent de tout commentaire. Nous n’avons autre chose à faire que d’engager nos col- lègues, non seulement à renouveler les expériences dont parle M. Tourniol, mais à les varier en les multipliant, car s’il est hors de doute que la bière et l’eau mélangées puissent attirer les mouches, les guêpes, les limaçons, etc., pourquoi n’en serait-il pas ainsi d’autres insectes dont l’horticulture a tant à se plaindre, soit dans les serres, soit à l’air libre, tels que fourmis, limaces, etc.? Il y a à cela un trop grand intérêt pour que nos lecteurs ne se livrent pas à des essais mltuipliés, et ne fassent des expériences dont nous les prions de nous rendre compte, afin que nous puissions les faire connaître. — Après un hiver très-doux comme ce- lui que nous venons de traverser, pendant HORTICOLE. lequel une température exceptionnelle fai- sait fleurir, en février, des végétaux ligneux et herbacés qui, normalement, n’auraient dû fleurir que fin mars ou même au com- mencement d’avril , comment expliquer l’état de repos relatif dans lequel se trou- vent les Pommes de terre, même les plus hâtives, par exemple les variétés Marjolin, j Early rose , etc. ? En effet, à l’époque où nous sommes arrivés, 15 mars, beaucoup même n’ont pas poussé, et les autres ne i font que commencer à bourgeonner. Ce fait exceptionnel est d’autant plus remarquable que , pour planter ces variétés , cultivées : comme primeurs, on attend qu’elles com- j mencent à pousser, afin de placer conve- h nablement les bourgeons (germes des culti- vateurs). A quoi est dû ce phénomène qui, ! paraît-il, est général ? Ne pouvant le dire, 4 nous nous bornons à le signaler. — Dans une lettre qu’il vient de nous 1 1 adresser, M. Gumbleton nous fait connaître f cette bonne nouvelle, qu’il vient de recevoir il un petit pied de Rhodoleia Championi et que MM. Rodger Mac Clelland et Cie, pépi- niéristesMans le nord de l’Irlande, à Nevry, 1 ont reçu récemment un stock de très-bonnes H graines de cette espèce. En nous informant ; de ce fait, M. Gumbleton, qui est un araa- 1 teur passionné de plantes, nous fait aussi 1 savoir qu’il vient d’acheter 84 espèces d’ar- V bustes nouveaux ou rares. Les détails qu’il j nous donne à ce sujet pouvant intéresser fl nos lecteurs et même la science, nous al- 1 Ions reproduire les passages de sa lettre A qui s’y rapportent. Voici les espèces qu’il a i prises : 10 Hakea divers, 4 Leptospermum , Rhodo- I cistus Berthelotianus , 7 Hypericum, 2 Eu- H rybia, 3 Podalyria, 2 Dodonœa , Pomaderris fl eliptica , Azarci Gilliesi, A. lanceolata ; Ro- I giera cordata , couvert de boutons à fleurs; lei| véritable Grislinia macrophylla, espèce très- il rare (celui qu’on trouve ordinairement cultivé I sous ce nom est le G. lucida) ; Plagianthus \ 1 pulchellus, Escallonia coquimbense, Fabricia fl myrtifolia; Cratœgus Lalandei, Berberis' j Thunbergi , dont les feuilles, à l’automne, ; deviennent du plus brillant écarlate et ressem- i blant à des pétales d’un Pélargonium zonale ; [ j Deutzia sanguinea et D. ignea, arbustes à 1 floraison hivernale ; Hammamelis arborea , virginica et zucariniana ; le Phelodendron ] j Japonicum et le Bambusa khasia ou khasiana ; j j l le magnifique Brownea macrophylla , qui a j CHRONIQUE fleuri cet hiver, planté en pleine terre dans une des serres de mon ami Crawford, de Lake- lands, près Cork. Cette plante ajdéjàfproduit plus de cent de ses inflorescences semblables à une tête de Rhododendron, mais de couleur orange feu brillant, avec de longues étamines deux fois plus longues que les pétales ; chaque inflorescence dure deux jours dans toute sa beauté. Cette belle espèce, qui est très-rare, n’a pas encore, à ma connaissance, fleuri autre part, au moins dans la Grande-Bretagne. A La- kelands, elle fleurit pour la troisième ou qua- trième fois. Les têtes florales sortent générale- ment par une fente qui se fait dans l’écorce de la tige principale de l’arbre, mais cette année elles se sont produites partout sur l’arbre, en haut et en bas. C’est une plante des plus curieuses et des plus belles de toutes celles qui me sont connues. Veuillez, etc. William E. Gümbleton. — A l’une des dernières séances (24 jan- vier 1878) de la Société centrale d’horticul- ture de France, M. Lavallée, secrétaire général de cette Société, a, avec raison, appelé l’attention sur l’immense avantage que présente la Boule-de-Neige comme plante forcée, et comme preuve à l’appui il montrait des branches de cette espèce cou- vertes des magnifiques boules blanches que chacun sait. Aucun forçage, dit-il, n’est plus simple ni plus sûr que celui-là ; ainsi traité, l’arbuste donne ses fleurs dans un nombre de jours fixe, comme le Lilas ; il l’emporte même sur celui- ci en ce que les pieds qu’on se propose de forcer pour en obtenir la floraison en hiver n’ont pas besoin d’être choisis ni d’être soumis préalablement à une culture particulière, tous sans exception, une fois adultes, étant en état de fleurir abondamment ; seulement il ne faut pas se presser de cueillir ces fleurs, parce qu’elles sont d’abord plus ou moins vertes, et qu’elles ne deviennent d’un blanc pur qu’après vingt-quatre ou vingt-cinq jours de forçage. Arrivées à cet état, elles sont beaucoup moins exposées que celles du Lilas à se faner et à tomber ; en outre, en leur qualité de fleurs stériles, elles ont une longue durée. M. A. La- vallée pense donc qu’il y aurait tout avantage à forcer la Boule-de-Neige plus fréquemment qu’on ne le fait. Bien que ce fait soit connu depuis long- temps, c’est à peine si l’on y pense. C’est un grand tort sans doute, car peu de végétaux sont aussi avantageux pour cette culture qui, bien entendue, pourrait être très-rému- nératrice, en même temps qu’elle rendrait HORTICOLE. 1 d’importants services à l’ornementation d’hiver, soit comme « plante de marché, » soit au point de vue de la confection des bouquets. Toutefois, nous ferons remar- quer que les fleurs sont d’autant plus belles et plus fortes que les plantes ont moins souffert, par conséquent qu’il y aurait avan- tage, surtout si elles devaient être vendues en pots, à les empoter un an avant de les forcer. Une autre observation que nous croyons devoir faire, c’est que cette espèce ( Vïbur - num opulus sterilis) est très-fréquemment envahie par les pucerons noirs qui, si on n’y met obstacle, fatiguent les plantes et nuisent considérablement à leur beauté. On s’en débarrasse facilement à l’aide de bassi- nages faits avec l’insecticide Fichet ; il suffit d’employer une partie d’insecticide pour 30 ou 35 parties d’eau. Il est très-essentiel, pour faire cette opération, de ne pas at- tendre trop longtemps ; il faut que les plantes ne soient pas entièrement envahies, car alors non seulement il est plus difficile de les en débarrasser, mais leur végétation en est toujours affaiblie. — Malgré son grand âge, notre collabo- rateur et ami, M. Quetier, ne s’arrête pas, et si ses forces diminuent, son activité est toujours considérable ; son esprit est toujours porté aux expériences, et tout particulière- ment vers celles dont la fécondation artifi- cielle forme la base. Après les plantes d’ornement, les arbres fruitiers, c’est sur- tout les légumes qui, aujourd’hui, sont son principal objectif. Il y a quelque temps déjà, nous informions nos lecteurs qu’il avait obtenu une race de Choux-Fleurs presque assez rustique pour pouvoir résister au froid de nos hivers et que, sous ce rapport, ce qui reste à faire, c’est surtout de perfectionner la ce pomme, » qui laisse encore à désirer. En même temps il cherchait aussi à perfec- tionner la « Chicorée de Meaux, » qui déjà possède des qualités particulières qui ont établi sa réputation et la font rechercher. Mais en ceci il a été beaucoup plus heu- reux, et ses expériences ont été couronnées de succès. Son but, dans cette circonstance, était surtout d’obtenir une race plus rus- tique qui, en même temps fût plus grosse, sans toutefois altérer les propriétés culi- naires ni la forme, ce qui était important. Ayant remarqué que la Chicorée Ruffec 124 CHRONIQUE HORTICOLE. venait plus grosse et était plus robuste que la Chicorée de Meaux, il croisa ces deux sortes, de manière à réunir dans une seule les qualités que les deux possédaient isolément, ce qui est arrivé. La race dont il est l’obtenteur, à laquelle nous donnons le nom de Chicorée Quetier, est aujourd’hui très-appréciée des maraîchers de Meaux, qui bientôt n’en feront plus d’autre, ce qui s’explique, car non seulement elle est plus grosse, mieux faite et d’une qualité supérieure, mais elle est aussi moins délicate et croît dans des sols pauvres et relativement très-maigres, où aucune des autres Chicorées ne pourrait prospérer. Prochainement, dans un article spécial, nous reviendrons sur cette Chico- rée, et alors nous entrerons dans de plus grands détails sur cette précieuse acquisi- tion que, aujourd’hui, nous ne faisons guère que de signaler. — Où s’arrêtera le phylloxéra ? C’est ce que personne ne pourrait dire. Après avoir visité l’Ancien et le Nouveau-Continent, où sur différents points il continue ses ravages, sa présence, à ce que nous apprend le Jour- nal d* Agriculture pratique , vient d’être officiellement constatée dans les vignobles de Victoria (Australie), ce qui jette une vive inquiétude dans ce pays, où l’industrie viti- cole prend de jour en jour un accroissement considérable. Malgré les édits, les lois et réglements, et en dépit de tous les traite- ments, le terrible insecte continue sa marche envahissante ; où s’arrêtera-t-il ? — Plusieurs de nos abonnés nous ayant écrit pour demander notre opinion au sujet de l’emploi des engrais liquides en horticul- ture, nous les informons que, vu son im- portance, ce sujet ne peut être traité dans une chronique et que nous en ferons l’objet d’un article spécial. En attendant, nous leur disons qu’il en est des engrais comme de toute autre chose, qu’il faut en user avec modération, ce qui justifie ce dicton : « Le mieux est l’ennemi du bien, » ou cet autre : « L’excès en tout est un défaut, » ce qui est absolument vrai. — Au fur et à mesure que les moyens de communication s’établissent entre les peuples, l’échange réciproque de leurs pro- duits prend une extension plus grande. C’est ainsi que bientôt la Chine et le Japon, à peine connus des Européens il y a un siècle, sont aujourd’hui en rapports très-suivis au point de vue commercial, et que de nom- breux voyageurs parcourent ces pays, non pourtant encore sans difficultés, mais moyen- nant quelques formalités qui bientôt, il faut l’espérer, disparaîtront à leur tour complète- ment. L’horticulture non plus n’a rien à y perdre, au contraire, et très-fréquemment elle s’enrichit de végétaux précieux, qui nous parviennent soit de la Chine, soit du j Japon, deux nations qui, disons-le, ont beaucoup de choses à introduire de chez | nous. L’Exposition prochaine, à Paris, va certainement encore donner une nouvelle impulsion à ces sortes d’échanges d’où ré- sulteront, de part et d’autre, de nouvelles importations. Pour ne parler que des choses horticoles, signalons, outre les apports faits par les Ja- ponais de plantes destinées à leur exposi- tion, deux envois qui viennent d’être faits récemment à deux horticulteurs de Châte- nay-les-Sceaux (Seine), l’un à MM. Croux et fils, l’autre à M. Paillet. Le premier con- sistait en une cinquantaine de beaux sujets de Sciadopitys verticillata , et d’environ 150 espèces de graines d’arbres et d’arbustes qui, à peu près toutes, sont arrivées dans un très-bon état de conservation. Parmi ces- graines se trouvait un sachet de graines de Sciadopitys, qui en renfermait plusieurs milliers, et bon nombre d’autres graines appartenant également à des espèces pré- cieuses et rares. Dans les plantes, outre les Sciadopitys dont nous venons de parler, dans 'lesquels on distinguait deux formes, l’une pyramidale et relativement élancée, j l’autre, au contraire, très-buissonneuse, pa- raissant ne devoir constituer qu’un arbuste à sommet déprimé, se trouvaient trois autres plantes : un Andromeda japonica et sa va- riété à feuilles panachées (. Andromeda ja- ponica variegata) que nous ne connaissions ! pas encore, et un pied à’ Eriobothry a japo- nica à feuilles panachées, plante rare, que nous avons déjà vue une fois, mais qui, nous le croyons, a disparu des cultures. Quant à l’envoi fait à M. Paillet, il est plus considérable que le précédent, et s’il ne contenait pas de graines, il renfermait un nombre beaucoup plus grand d’espèces qui sont arrivées dans un très-mauvais état. Disons toutefois que, malheureusement, le choix avait été mal fait : la plupart des LES JARDINS DE CINTRA AU 5 JANVIER. 125 plantes étaient déjà connues et introduites. Parmi celles qui ont assez bien résisté et qui ont quelque chance de vivre, citons : des Pivoines herbacées et ligneuses, 4 Kakis , 3 Nandina (?) très-remarquables, quelques Aralias, 1 Skimmia, probablement le S. oblata, quelques arbres fruitiers, Pruniers et Pêchers, et surtout un Citronnier qui, bien que très-nain, portait des fruits assez gros dont la forme, très-sensiblement oblongue (presque figueforme ), leur donnait un as- pect tout particulier. — La taille des Melons est-elle indispen- sable? Telle est la question que, dans une lettre qu’il vient de nous adresser, nous pose un de nos collègues, qui habite près de Metz. A l’appui des doutes qu’il semble émettre, il écrit : Ici je cultive le Petit noir des Carmes qui, planté en pleine terre sous cloche, me donne des résultats fabuleux, c’est-à-dire jusque douze fruits par pied. Je les plante tels qu’ils lèvent, et ne leur donne aucune taille, et me borne seulement, quand les branches sont trop serrées, à en enlever quelques-unes. Depuis huit ans déjà que je les cultive de cette ma- nière, j’obtiens toujours de très-bons résultats. Tout en reconnaissant qu’en général on taille beaucoup trop les Melons, nous croyons pourtant que, dans bien des cas, la taille est nécessaire, par exemple pour les Melons de primeur, et même pour tous ceux qu’on cultive sous châssis, là où la place est strictement limitée, car dans ces cas il faut faire naître le plus tôt possible l’apparition des fleurs, ce à quoi on ne peut guère arriver que par la taille. Cette opéra- tion nous parait également nécessaire quand on ne tient pas au nombre, mais à la gros- seur des fruits. Disons pourtant que nous sommes de l’avis de notre collègue quand il s’agit des « Melons de cloche, » qui pous- sent d’abord un peu tard en saison et qui, peu de temps après leur plantation, crois- sent au'grand air et à peu près en liberté. Dans ce cas, en effet, il y aurait souvent avantage à laisser les plantes beaucoup plus tranquilles qu’on le fait généralement. D’une autre part aussi, il faut tenir un grand compte des variétés qu’on cultive et des conditions dans lesquelles on est placé, les- quelles, en effet, viennent parfois rendre nécessaires, sinon indispensables, certaines opérations qu’il est parfois avantageux -de négliger ailleurs. Ici, comme toujours et partout quand il s’agit de culture, il n’y a rien d’absolu. Quoi qu’il en soit, il y a dans les observa- tions de notre collègue une leçon ou du moins un avis dont certaines personnes se trouveront bien de profiter. 11 en est de la taille comme de beaucoup de choses : s’il en faut, « pas trop n’en faut, » et quelque bon que soit l’usage, l’abus est toujours mauvais. E.-A. Carrière. LES JARDINS DE CINTRA AU 5 JANVIER La petite cité portugaise appelée Cintra est placée à mi-côte sur une montagne ou plutôt un pic d’une altitude d’environ 530 mètres. Bien qu’elle ne soit située qu’à 27 kilomètres de Lisbonne, elle en diffère totalement par sa situation et son climat. Tandis qu’à Lisbonne le jardinier a pour ennemis les vents violents du nord-est et du sud-ouest, la sécheresse de la tempéra- ture et surtout le manque d’eau dans les années chaudes, à Cintra, au contraire, la température est adoucie par le voisinage de la mer, et les jardins sont arrosés par de nombreuses sources constamment alimen- tées par les nuages qui se condensent sur le sommet du pic. La route qui mène à ce site présente à droite et à gauche une végétation variée : après les champs cultivés en céréales, on rencontre de vastes pelouses percées çà et là par quelques touffes d’ Ajonc et d’un Genêt appelé dans le pays Tojo ( Genista tridentatd) ; plus loin le sol devient pier- reux, et c’est alors Y Asphodèle qui domine avec le Daphné Gnidum. Le Quercus coccifera envahit et consolide à la fois les murs de terre qui séparent les champs; les murs de pierre eux-mêmes ont leurs para- sites, et leurs interstices recèlent de nom- breuses plantes, telles que Arizarum vul- gare , Asparagus albus, Umbilicus hori- zontalis , Smilax aspera , etc., qui dispu- tent à la Mousse un peu de terre végétale. En approchant de la montagne, les arbres se couvrent de Mousses et de Fougères, signe certain de l’humidité atmosphérique, 126 LES JARDINS DE CINTRA AU 5 JANVIER. et le contraste est d’autant plus frappant qu’à Lisbonne les arbres sont complète- ment exempts de Mousse et même de Lichens. On distingue déjà dans les jar- dins des exemplaires assez remarquables de Buxus sempervirens ; quelques-uns de ces arbres atteignent 6 mètres de hauteur et la grosseur du corps d’un homme. Des Cerasus Lusitanica y sont de même taille. Malheu- reusement, les arbres à feuilles caduques n’avaient plus, à l’époque de ma visite, que leur parure de Polyp'odium vulgare , dont quelques-uns sont littéralement couverts. Çà et là, dans les chemins, croissent diverses espèces de Pélargonium qui sont tout à fait naturalisées là, augmentant ainsi le nombre des ce mauvaises herbes. » M. Jacob Weiss, jardinier du duc de Pamela, dont tout le monde en Portugal se plaît à reconnaître l’expérience consommée, me faisait l’honneur d’être mon cicerone dans cette Nice de l’Estramadure portu- gaise, et sous sa conduite nous visitons plu- sieurs des quintas (maisons de campagne) les plus renommées. La première sur la route appartient à M. le marquis de Yianna. Il y a là des touffes énormes de Ruellia maculata , des Bégonias de toutes variétés et en magnifiques exemplaires ; leur fraî- cheur est surprenante, et on les croirait sortis d’une serre depuis quelques heures seulement ; des Fuchsia corymbiflora de 2m 50 de hauteur ; des Fuchsia sy ring dé- flora de 3 mètres et d’immenses massifs d’Héliotropes du Pérou. Je ne parle point des Araucaria excelsa , qui sont splen- dides, même à Lisbonne. Dès ce point, les arbres commencent à entremêler le Daval- lia canariensis dans leur parure de Polypode et d’ Asplénium ; puis, à mesure qu’on s’élève plus au sommet du pic, ces deux dernières disparaissent complètement pour laisser la place libre au Davallia. Le terrain est parfois formé de silice par- semé de silex; mais dans la plus grande partie de la montagne, il est constitué exclu- sivement d’un granit désagrégé (appelé dans le pays saïbro) extrêmement humide et qui paraît singulièrement favorable à la végéta- tion. Les Conifères, les Fougères arborescen- tes poussent avec une vigueur remarquable dans ce sol et forment des exemplaires d’une rare beauté. La propriété qui, à elle seule, suffirait à établir la réputation de Cintra, est appelée Monserrat et appartient au vicomte de ce nom. La position pittoresque de ce jardin, situé sur le versant du pic, favorisait beau- coup la distribution des végétaux, qui ont été placés là où ils pouvaient croître le plus naturellement. Une chute d’eau d’environ 30 pieds étale sur ses bords une luxuriante végétation d’une apparence vraiment tropi- cale. A la base de cette chute naturelle sont disposés des Cyathea arborea et C. medul- laris , dont les troncs dépassent 3 mètres. Le Dicksonia antarctica et le Cibotium princeps atteignent les mêmes dimensions. Parmi les autres Fougères je citerai : Wood- ivardia radicans, W. spinulosa, Lomaria chilensis, Dicksonia squarr osa, Allantodia umbrosa , Polypodiurn sporadocarpon , et plusieurs espèces de Selaginelles. Les Fou- gères ne sont pas les seules plantes remar- quables de ce beau parc ; les Conifères y sont également représentés par les Arau- caria Bidivilli, Brasiliensis , Cooki , ex- celsa, Cunninghamia sinensis , Dacrydium cupressimum , Cephalotaxus Fortunei, Cu- pressus Corneyana , Dammara Browni, Phyllocladus trichomanoides, Pmus insi- gnis, P. pinea, etc., Podocarpus pungens, P. neriifolia et des Thuyopsis dolabrata dépassant 4in 50 de hauteur. Les Cycadées et les Palmiers sont, repré- sentés par les Cycas circinalis, C. revo- luta, C. media, qui élèvent leurs élégantes colonnes surmontées d’un chapiteau de feuilles. Quelques-uns de ces végétaux don- nent des fleurs et même des fruits, mais qui ne renferment point d’embryons. On remarque également parmi les Palmiers un magnifique Seafortia elegans et un Areca sapida, chargés de fleurs et de fruits ; plus loin Latania borbonica, Sabal umbraculi- fera, Rhapis flabelliformis , etc. Sur le point culminant est un château mauresque dont l’architecture orientale et les découpures se marient merveilleusement avec les Palmiers et les Fougères environ- nants. Dans d’autres régions, nous nous arrê- tons devant un Yucca Parmentieri dépas- sant 3 mètres, des Eugenia australis couverts de fruits et de 5 mètres de hauteur; Rhopola Corcovadensis. Le Ficus repens tapisse les murs à l’instar du Lierre; Ficus macrophylla, F. rubiginosa, F. Benja- mina,F. religiosa, etc.; Cocculuslaurifo- lius , Lasümdra macrantha , Abutilon 127 UN NOUVEAU TYPE DE BÉGONIA A FLEURS DOUBLES. megapotanicum , Pïlocarpus pinnatus (Jaborandi), Rogiera Rivisii , Alpinia nu- tans , Hedychium coronarium, Hibiscus rosa sinensis, H. Patersoni , etc. Quant aux chemins de la montagne, ils sont ornés par plusieurs espèces de Cistus , tels que C. salviœfolius, C. crispus , etc., V Helianthemum tuberaria , YAnarrhinum bellidifolium et la magnifique Erica Lusi- tanica. J. D a veau, Jardinier en chef,’ à l’Ecole polytechnique de Lisbonne (Portugal). UN NOUVEAU TYPE DE BÉGONIA A FLEURS DOUBLES Le type dont il est question, et dont nous allons parler, se distingue des Bégonias à fleurs pleines connus jusqu’à ce jour par la largeur des fleurs et aussi par leur mode de duplicature. Ces fleurs, qui sont relative- ment très-grandes, ont les divisions externes ouvertes et larges ; quant aux divisions in- ternes ou pétaloïdes, également étalées, elles sont très -nombreuses et plus ou moins dé- chiquetées de couleurs variées, bien qu’en général de coloris vif et foncé. Mais un des faits curieux, c’est l’appari- tion de ce type, la formation de plantes à fleurs doubles là ou jamais l’on n’en avait vu. Ce fait, qui s’est montré chez un ama- teur, M. Delahante, à Billancourt, nous oblige en quelque sorte à entrer dans cer- tains détails sur la formation des fleurs doubles, après toutefois que nous aurons indiqué l’origine de celles-ci, de manière à mettre le lecteur à même de suivre le rai- sonnement et d’en tirer des conséquences. Voici : Au printemps 1876, M. Boucher, jardi- nier de M. Delahante, acheta chez MM. Thi- baut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, quelques pieds de Bégonias tubéreux, parmi lesquels un était à fleurs presque semi- doubles, Docteur Moore , croyons-nous. Il mit ces plantes en pleine terre, et à l’au- tomne il en ramassa des graines en mélange. Ce sont ces graines qui, semées au prin- temps de cette année 1877, produisirent un nombre relativement considérable de plantes à fleurs pleines. Nous avons dit que ces fleurs présentaient une forme particulière ; ajoutons que beaucoup étaient très-fortes, presque pœoniformes, et que les plantes, en général vigoureuses, fleurissaient abon- damment, tout autant que beaucoup d’autres à fleurs simples, et pourraient probable- ment, comme celles-ci, être employées à la confection de massifs en pleine terre pen- dant l’été, et peut-être même avec avantage, puisque, ne grainant pas, les fleurs se main- tiennent belles pendant plusieurs semaines. Voilà le fait brutal, c’est-à-dire dans toute sa simplicité; essayons maintenant de l’ex- pliquer et d’en tirer les conséquences. En premier lieu se présente cette ques- tion : Comment se fait-il donc que, à Bil- lancourt, M. Boucher, d’un premier jet, et sans avoir rien fait que de ramasser et de semer des graines de Bégonias, ait obtenu beaucoup de plantes à fleurs pleines, quand MM. Malet, au Plessis-Piquet, Thibaut et Keteleer, à Sceaux, n’en obtiennent que très- difficilement, malgré tous les soins qu’ils apportent à pratiquer la fécondation artifi- cielle et enopérant avec du pollen pris sur les fleurs plus ou moinspleines ? La chose nous paraît difficile à expliquer autrement que par l’influence du milieu, influence dont on ne itent pas assez compte, bien qu’elle joue le plus grand rôle dans la formation et l’apparition des êtres, sur laquelle bien des fois déjà nous avons appelé l’attention et sur laquelle aussi nous reviendrons un jour, en donnant à cette question tout le dévelop- pement! qu’elle comporte. Pour cette fois encore, bornons-nous à rappeler le fait qui, du reste, se montre à chaque instant, par- tout et dans tout, et dont l’évidence vient encore d’être démontrée par la production subite de Bégonias à fleurs doubles sur un point où rien ne semblait faire prévoir ce phénomène. Est- ce à dire que le fait dont nous par- lons infirme cette théorie : « que pour ob- tenir des fleurs doubles, il faut, dans l’acte de la fécondation, opérer avec des plantes dont les fleurs présentent ce caractère ? » Non, évidemment; les preuves sont là, nom- breuses, évidentes, et certains horticulteurs, notamment notre collègue, M. Lemoine, de Nancy, en a montré de très-remarquables, soit dans la fécondation des Pélargoniums, des Lilas, etc. Mais ce fait démontre aussi qu’en dehors de nos combinaisons, la nature, spontanément , c’est-à-dire de toutes pièces , 128 ARROSEUR-RÉGULA.TEUR BRETON. en produit dont, ensuite, l’homme s’empare et en tire parti. Alors il convertit en règle une exception , parfois mémo ce qu’on nomme un accident. Après ces considérations générales sur la production des fleurs doubles, nous allons en faire quelques autres sur les causes probables de leur duplicature. Constatons d’abord que la duplicature des fleurs est loin d’être unique, qu’elle affecte des formes très-diverses, ce qui démontre que le fait est complexe. D’une manière générale, la duplicature peut être ramenée à deux formes : la transformation des or- ganes et la production de certains autres qui constitue le mode de duplicature que l’on désigne par la qualification bour- geonnement. De ces deux modes, le pre- mier est de beaucoup le plus rare ; presque toujours même le deuxième (bourgeonne- ment) vient se joindre à lui. Nous ne citerons pas d’exemples, car beaucoup sont connus et se présentent très-fréquemment. Pour les comprendre, il faut prendre un végétal quelconque, annuel autant que pos- sible, de manière à pouvoir suivre l’évolu- tion successive des parties et en bien® saisir l’enchaînement. En prenant une de ces plantes à son point de départ et en la suivant dans toutes ses phases, on observe, dans les organes foliacés, des feuilles qui varient non seulement par leur position, mais aussi par leur nature et parleur aspect. D’abord, suivant l’espèce, on voit une, deux ou plu- sieurs feuilles qui diffèrent de celles qui vont les suivre : ce sont les cotylédons; puis vien- nent les feuilles caulinaires qui, très-souvent aussi, se modifient avec l’âge des plantes ; finalement l’inflorescence apparaît, laquelle, à son tour, porte des feuilles plus petites, différentes de toutes les précédentes, et souvent colorées. Enfin arrive la fleur pro- prement dite qui, quelle que soit sa forme ou sa couleur, n’est en réalité que la conti- Arroseur-régi Contrairement à tant d’autres qui n’ont guère de nouveau que le nom, l’instrument dont je vais parler, l’arroseur-régulateur Breton, est une véritable innovation. Là toutefois ne se borne pas son mérite, ce qui serait insuffisant : c’est surtout par le côté pratique que cet appareil est précieux, ce nuation de l’axe primaire : une tige rac- courcie. Là, toutefois, ne s’arrête pas l’ana- logie : dans la fleur elle-même, il y a di- verses parties qui, elles aussi, peuvent être j comparées aux feuilles qu’elles représen- | tent., et ainsi de suite de toutes les autres pièces, en allant de la circonférence au centre. Mais ce n’est pas tout encore : l’or- j gane central, qui est l’ovaire, n’est non plus j qu’une modification plus profonde, mais pas | la dernière pourtant, car elle contient d’au- j très organes qui sont les ovules et qu’on ! peut assimiler à tous ceux que nous venons •! d’énumérer. De tout ceci il résulte que le centre d’une fleur n’est, en réalité, que le sommet d’un j axe qui, dans certains cas, peut se prolonger 1 et donner naissance à d’autres productions : celles - ci considérées comme anormales, constituent les monstruosités, les prolifica-. I tions, et suivant le cas, peuvent aussi re- vêtir différentes couleurs et prendre diverses j formes ; de là des fleurs pleines, semi- j pleines, avec ou sans organes sexuels, par ! conséquent stériles ou fertiles; de là aussi j des du plicatures diverses auxquelles les bo- I tanistes ont donné des noms particuliers, mais qui toutes peuvent être ramenées à la j! transformation ou au bourgeonnement. Ce qui démontre, ainsi que nous l’avons j dit ci-dessus, que, presque toujours, le ; bourgeonnement entre pour une grande jj part dans la duplicature, c’est que, dans la plupart des fleurs pleines, les pièces qui constituent la duplicature sont infiniment plus nombreuses que ne le sont normale- |h ment les organes de la génération. Donc, j outre la métamorphose qui a pu se faire l de celles-ci, d’autres organes pétaloïdes ont j dû se produire. C’est ce qui a lieu, par | exemple, chez les Pavots, les Pivoines et j chez beaucoup d’autres plantes de la famille j des Renonculacées. E.-A. Carrière. LATEUR BRETON | que j’ai pu apprécier par expérience et ce qui j m’engage à le faire connaître aux lecteurs de la Revue horticole. Sous ce rapport, le doute n’est plus permis : plusieurs commis- sions, composées d’hommes compétents, après l’avoir étudié et expérimenté, en ont j fait le plus grand éloge; aussi ne puis-je j ARROSEUR-RÉGULATEUR BRETON. 129 mieux faire ici que de reproduire ce qu’en a dit M. Baume dans le Journal de la So- ciété centrale dJ horticulture de France , 1877, p. 665 : « .... Rendez-vous a été pris pour le ven- dredi 31. La commission, à laquelle a Lien voulu se joindre M. Teston, notre honorable président, a assisté à plusieurs expériences; mais avant de les décrire je crois utile de vous rappeler la construction de l’appareil. « U arroseur-régulateur de M. Breton (fig. 25) se compose de deux tubes en cuivre garnis de poignées, se coulissant l’un, celui du bas, dans celui du haut, ce qui permet d’allonger et de raccourcir l’ap- pareil, de le tourner dans tous les sens et d’arroser les plantes en dessus et en dessous dans un rayon de 5 à 6 mètres de largeur et de 3 à 4 mètres de hauteur, sans qu’il soit nécessaire de se déplacer. « L’extrémité inférieure du premier tube du bas est munie d’une partie plus forte qui sert de poignée. (( Une poignée semblable existe] au tube du haut. A l’intérieur de cette poignée l’in- venteur a ménagé un stuffing-box garni d’étoupe, pour empêcher les fuites à la jonction de deux tubses, afin que l’opérateur ne soit pas mouillé. (( La figure 25 représente : A, l’appareil fermé; B, l’appareil ouvert; G, le bout de l’appareil avec lance droite. « L’appareil, qui est d’une longueur d’en- viron lm 70, peut, par le moyen du stuf- fing-box, s’ouvrir jusqu’à près de 3 mètres de longueur. « Au-dessous de la poignée inférieure se trouve le robinet régulateur, disposé pour recevoir un tuyau en caoutchouc d’une longueur indéterminée. A son extrémité opposée est une bague superposée dont la mission est d’éviter le frottement dans toute la longueur, et de faciliter le fonctionnement de l’appareil. (( A la partie supérieure se trouve un pas de vis où s’adaptent, selon les besoins du tra- vail : 1° une petite lance droite; 2° une petite lance courbe, sur lesquelles se fixe la pomme d’arrosoir ou la queue de carpe, etc., etc. L’appareil ainsi monté a une forme assez élégante ; inutile d’ajouter que cet appareil ne peut fonctionner que sous pression d’un réservoir. <( Cet instrument simple et léger per- met : « 1° L’augmenter la rapidité d’exécution de l’arrosage, puisque le travail d’un homme, avec cet appareil pendant une heure, rem- place facilement le travail de six heures au moins avec les instruments ordinaires ; « 2° De supprimer l’usage de l’arrosoir et de la seringue à main, tant pour l’arrosage que pour le bassinage des plantes, des serres et des jardins d’hiver, et par conséquent d’activer le travail, tout en diminuant la fa- tigue; « 3° De distribuer, à l’aide du robinet régulateur dont est muni l’appareil, la quantité d’eau nécessaire à chaque plante, tout en la préservant des jets trop rapides qui projettent la terre hors des pots ; Fig. 25. — Arroseur-régulateur Breton. « 4° De faciliter l’arrosement des plantes placées, soit dans les paniers des serres à Orchidées, soit sur les gradins, et de per- mettre, par la disposition de l’appareil, dè laver les] feuilles en dessus et en dessous, de manière à les tenir dans un état complet de propreté ; « 5° De fournir au maître et à la maî- tresse|de la maison un instrument commode et facile à manier, qui les invite à donner eux-mêmes, aux plantes des serres et des massifs, des soins qui leur sont interdits par la malpropreté des outils employés jus- qu’à ce jour. « 6° Enfin cet appareil, étant appliqué à une pompe de jardin fixée dans un seau et 130 CYPRIPEDIUM INSIGNE, VAR. CHANTINI. par conséquent mobile, permettra aux arbo- riculteurs de projeter sur les arbres, en les pulvérisant, les insecticides destinés à les dé- barrasser de tous les insectes qui les dévorent. « Il facilitera aussi l’emploi de l’eau lim- pide, qui doit, comme chacun le sait, exciter la coloration des fruits sous l’action des rayons solaires, comme Pêches, Raisins, etc. « Les expériences qui ont été exécutées devant nous nous ont paru très-concluantes : des arbres d’une hauteur d’environ 4 mètres ont été arrosés en dessus et en dessous des feuilles, sans qu’on ait eu besoin d’échelle ; l’extrême facilité avec laquelle l’appareil s’allonge et se raccourcit a permis de bassi- ner les feuilles les plus rapprochées comme les plus éloignées, sans que l’opérateur fût obligé de changer de place. « Des plantes en pot, placées sur des gradins, ont été arrosées devant nous avec une grande rapidité, sans que la personne chargée d’opérer eût à se déplacer ou à changer les pots. « Avec cet instrument, il est facile d’ar- roser les plantes sous les châssis et même sous les cloches, sans être obligé de les dé- ranger. « Les avantages sérieux que présente Y arroseur-régulateur de M. Breton nous engagent à demander le renvoi de ce rap- port à la commission des récompenses avec recommandation toute spéciale. » A. Delaville aîné, Professeur d’arboriculture à la Société d’horticulture et de botanique de Beauvais. CYPRIPEDIUM INSIGNE, VAR. CHANTINI Le mérite et la beauté n’ont pas d’époque ; ils sont de tout temps, fait qui explique et justifie la présente publication du Cypripe- dium Chantini , qui, nous n’hésitons pas à le reconnaître, n’est pas ce qu’on peut ap- peler une « nouveauté, » mais qui aussi, sans conteste non plus, est une jolie plante or- nementale et, de plus, probablement la meil- leure du genre pour l’ex- ploitation de ses Heurs. Son origine première ne nous paraît pas bien connue. On assure que c’est une introduction directe du Népaul, faite par la maison Weitch, de Londres. C’est à M. Chan- tin, à qui déjà l’on doit tant de nouveautés, que l’horticulture française est encore redevable de celle-ci. Peu de temps après la réception de ce Cypripedium , il le céda à l’un des amateurs des plus sérieux, à M. Ber- trand, propriétaire à la] Queue (Seine-et- Marne), qui, à cette époqueXavant la guerre de 1870), cultivait là, outre des assortiments divers et variés de plantes de serre chaude, une des plus jolies collections d’Orchidées que l’on pouvait voir alors; c’est là que fleurit, pour la première fois, l’espèce dont nous parlons, et comme elle n’était pas nom- mée, M. Bertrand la dédia à M. Chantin, duquel il la tenait. Voilà pour l’historique; voici pour la description : Tout aussi vigoureux que le C. insigne , dont il a le port et la vé- gétation, le C. Chantini s’en distingue par ses fleurs un peu plus colo- rées dans toutes les par- ties. Des deux divisions externes, la supérieure a les macules fortes et comme saillantes, de cou- leur chocolat ; le contour, large et d’un blanc pur, est marqué, çà et là, le long de la partie centrale dont le fond est jaune, de macules rose violacé qui forment un magnifique contraste ; les deux ailes et le sabot (labelle) sont d’un rouge cuivré très- brillant et comme verni, beaucoup plus foncé que chez le type. La plante , qui est aussi beaucoup plus ce généreuse, » fleurit continuellement, et chaque année, à partir de novembre jus- qu’en février-mars, elle ne cesse de pro- duire des fleurs magnifiques qui, outre la beauté, ont le grand avantage de se con- Fig. 26. — Cypripedium insigne, hampe florale biflore, au tiers de grandeur naturelle. Revue- y Hortvcole. Godard dd. C 7iiromolitK . Qr. Severejms. Cy 'pripediurri uisujne Var. C/umtzni POMME DE TERRE GENEST. — ENCORE UN server très-longtemps après qu’elles ont été coupées, ce qui les rend très-propres à la confection des bouquets. Quant à la culture et à la multiplication, elles sont les mêmes que celles du Cypri- pedium insigne. Bien que le groupe des Cypripediums, auquel appartient le C. Chantini , ne donne généralement qu’une fleur sur chaque hampe, on voit parfois, et par exception, des hampes biflores (fig. 26). Cette excep- tion, que nous avons remarquée aussi sur le C. insigne , n’est pourtant pas exclusive à ce dernier : elle s’est montrée sur une es- REMÈDE CONTRE L’OÏDIUM DE LA VIGNE. 131 pèce très-différente de celle-ci. sur le G. ve- nustum, chez M. Duval, horticulteur, rue du Plessis, à Versailles, en 1871, sur un pied d’abord, puis sur deux autres. Ce fait va-t-il se perpétuer, et d’exceptionnel qu’il était arrivera-t-il à former une règle, une sorte de sous-section tendant à relier ces plantes au groupe des Selenipedium , dont les hampes sont plurifïores et qui, lui aussi, est un augmentatif des anciens Cypripe- dium ? L’affirmer serait téméraire. Le nier d’une manière absolue pourrait être com- promettant. Il est donc prudent de ne pas se prononcer. E.-A. Carrière. POMME DE TERRE GENEST Un horticulteur de Lyon a obtenu une nouvelle variété de Pomme de terre, très- belle et de qualité supérieure, à laquelle il a donné le nom de Pomme de terre Genest. A la veille des plantations, nous considérons comme un devoir de la signaler aux lecteurs de la Revue horticole et aux amateurs. Cette nouvelle variété est issue d’un semis de la Pomme de terre Marjolin et de la Confé- dérée, fait en 1873 par M. Genest père, propriétaire- cultivateur à'Loyettes (Ain). Les mérites exceptionnels de cette variété ont été constatés plusieurs fois, notamment dans une réunion récente composée d’hom- mes les plus compétents, à cet effet, de toute la région lyonnaise. Tous ont été unanimes à reconnaître, après dégustation, que cette nouvelle Parmentière était supérieure à beaucoup de variétés, même les plus esti- mées de celles cultivées dans notre région ; la commission n’a même pas hésité à dé- clarer qu’aucune ne pouvait lui être com- parée comme vigueur, qualité, production et conservation. Voici sa description : Tubercules assez gros, d’un blanc jau- nâtre, allongés, un peu déprimés aux deux ENCORE UN REMÈDE COM Sous ce titre nous trouvons dans le numéro de février 1878 du Bulletin d’ar- boriculture, de floriculture et de culture potagère de la Belgique un article sur un nouveau moyen de combattre l’oïdium, qui nous paraît des plus intéressants et en extrémités, à peau lisse ; yeux peu nombreux et peu saillants, presque superficiels ; germes de grosseur moyenne, pointés rose; chair délicate et fine, d’un blanc jaunâtre. Tiges fortes, hautes et d’un beau vert. Feuilles amples, longues, à folioles larges, allon- gées et un peu aiguës. Fleurs nombreuses, assez grandes, d’une couleur lilacée pâle. Un autre et précieux avantage que présente cette Pomme de terre, c’est qu’elle n’a ja- mais été atteinte de la miellée. La Pomme de terre Genest est assuré- ment une des variétés les plus méritantes que nous ayons rencontrées ; le développe- ment de ses tubercules a lieu généralement dans le sens vertical comme la Pousse-De- bout. Beaucoup plus productive que les variétés Marjolin , Reine - Blanche , Confédérée , mais un peu plus tardive que sa sœur aînée, elle est d’autant plus précieuse qu’elle con- serve sa qualité de fraîcheur excessivement longtemps et ne se gâte pas, comme beau- coup de variétés qui vieillissent rapidement ; c’est une variété à recommander, tant pour les jardins potagers que pour les grandes cultures. Th. Denis. IE L’OÏDIUM DE LA VIGNE même temps d’une application très-facile, ce qui nous a engagé à le reproduire. Le voici : Malgré tous les moyens préconisés jus- qu’à ce jour contre l’oïdium, on voit encore chaque année ce parasite détruire les Vignes VARIA. 132 dans des serres entières. Tout le monde sait qu’il est très-difficile d’en débarrasser la Vigne une fo.is qu’elle en est atteinte. La fleur de soufre, généralement employée en ce cas, est souvent inefficace pour en faire disparaître entièrement le mal ; en outre, il est fort désagréable d’employer les Rai- sins sur lesquels on a répandu cette subs- tance. C’est pourquoi j’ai recours depuis quelques années à un moyen préventif qui jusqu’ici m’a donné les meilleurs résul- tats. En hiver, lorsque la Vigne est en repos, je ferme hermétiquement la serre de toutes parts, et j’y place un pot contenant environ un demi-litre de goudron auquel j’ajoute un demi-kilogramme de soufre. Je mets le feu à ce mélange et laisse la serre fermée tout un jour. On aura soin de placer le pot assez loin de la Vigne pour que la flamme ne puisse pas l’atteindre. On ôtera également de la serre toutes les autres plantes, ainsi que les animaux qui pourraient s’y trouver, parce que les unes et les autres y périraient infailli- blement. Le lendemain, on ouvre de nou- veau la bâche, afin de laisser se dégager l’odeur désagréable du goudron, et on la seringuera bien pour la nettoyer à fond. Depuis que j’emploie ce remède, je n’ai plus Jamais dû recourir au soufre en poudre, et je n’ai plus eu une seule grappe atteinte de maladie. Presque tous les ans, elle fait encore son apparition à l’automne sur les dernières pousses, mais jamais sur les fruits. Plusieurs jardiniers à qui j’ai conseillé l’emploi de ce remède n’ont plus eu l’oï- dium dans leurs serres. J’insiste sur ce point, que l’opération ne peut être faite qu’à l’époque du repos des Vignes, car une fois que la végétation a repris, l’application du remède détruirait tout. J’engage ceux dont les serres sont visi- tées par l’oïdium à faire l’essai du procédé que j’indique : je les assure qu’ils seront pleinement satisfaits. On conçoit que pour des serres de dimen- sions extraordinaires, la quantité de gou- dron et de soufre devra être augmentée. Auguste Stappaerts. VARIA Préservatif contre la décoloration des fleurs desséchées. — Depuis fort longtemps les botanistes recherchent le moyen de con- server aux plantes des herbiers leurs cou- leurs, que plusieurs perdent si rapidement. Un journal de Vienne (Autriche) nous apprend que l’on aurait enfin trouvé un procédé efficace et fort peu coûteux. Il suffi- rait simplement de plonger les exemplaires qu’on se propose de dessécher dans un bain légèrement chauffé et composé d’une partie d’acide hydrochlorique (esprit de sel) et de six cents parties d’alcool. Il paraîtrait que cette opération active la dessiccation, tout en fixant les couleurs des plantes et fleurs qu’on y soumet. ( Garden , octo- bre 1877.) Pœonia Browni. — Cette plante est une des plus jolies qu’on rencontre en Californie croissant à l’état spontané ; sa grande beauté me la fit aussitôt remarquer quand je la vis pour la première fois cette année, au prin- temps, et je ne doute pas que, plus connue, elle ne se répande rapidement, comme étant éminemment propre à la culture pour mar- chés. Elle est vivace comme toutes les autres Pivoines herbacées ; ses tiges, attei- gnant 35 à 40 centimètres de hauteur, sup- portent plusieurs fleurs de 1 pouce ou 2 de diamètre, penchées, à corolle composée de dix pétales de forme variable, colorée de rouge vif ; chacun d’eux est maculé de pon- ceau dans le centre et bordé de rouge clair ; les sépales, de même dimension que les pétales, sont tantôt d’un vert clair, tantôt bronzés. Bien que la P. Browni croisse à l’état sauvage dans un grand nombre de stations et sous des climats bien différents, elle ne se rencontre jamais qu’en petit nombre, et il arrive souvent qu’après en avoir trouvé un groupe d’une douzaine, l’on parcoure une distance de 50 milles avant d’en trouver une seule. On la voit aussi bien croître dans les chaudes plaines de Los Angeles et de San Diego que dans la Sierra Nevada, presque sur la limite des neiges éternelles ; partout je l’ai rencontrée également bien fleurie, soit sur les coteaux arides, soit dans les terres humides de la plaine. Un nouveau Magnolia à floraison tar- dive. — Le Gardeners ’ Monthly, à qui YARTA. nous empruntons l’article précédent, publie également une intéressante notice sur les Magnolia Halleana et Thurberi, tous les deux relativement nouveaux, car il y a quinze ans à peine que le docteur Hall les a introduits du Japon en Amérique. Leur rusticité est incontestable ; plusieurs cen- taines sont plantés depuis bien des années dans tous les États de l’Union, et partout ces espèces se sont montrées des plus ro- bustes de celles du genre Magnolia. Toute- fois, l’on n’a pas encore constaté en Amé- rique une seule floraison du M. Thurberi , quoique cette espèce soit très-florifère ; il est donc probable que, pour cela, le bois doit avoir acquis un certain âge. Mais le journal précité appelle surtout l’attention sur une espèce ou variété distincte des pré- cédents, le M. hypoleuca, laquelle espèce, paraît-il, est très-belle et encore bien rare. Par ses grandes et belles fleurs d’un blanc de lait, elle se rapproche du M. conspicua, dont elle s’éloigne pourtant et par l’odeur suave qu’exhalent ses fleurs lors de leur épanouissement, en mai-juin, et par son feuillage attrayant, dont le revers argenté a servi à donner à l’espèce le nom de M. hypo- leuca. Elle est tout à fait rustique, car M. Thomas Hogg, de New- York City, la cultive en pleine terre depuis plus de douze ans. MM. Parsons and Sons possèdent un stock considérable de cette espèce, qu’ils mettront incessamment au commerce avec plusieurs autres nouveautés japonaises intro- duites par M. Hogg, et dont on dit le plus grand bien. L’ Hedychium Gardnerianum traité comme plante vivace. — Non seulement cette plante peut fleurir à l’air libre, mais encore elle est susceptible de passer! l’hiver dehors en pleine terre. Planté dans le cou- rant ou vers la fin de mai, Y H. Gardneria- num s’enracine profondément dans le sol qu’on a eu soin de défoncer et de rendre aussi riche et aussi friable que possible ; un bon drainage est également indispensable pour la bonne réussite de cette culture. Dans le courant de l’été, quand le temps est sec, on active beaucoup la végétation en arrosant de temps à autre avec de l’engrais liquide; les plantes, alors, acquièrent le double, au moins, de développement que si elles étaient restées en pots. Par son feuil- lage luxuriant et ses brillantes fleurs, cette plante, ainsi traitée, produit le meil- 133 leur effet décoratif dans un jardin paysa- ger. A l’entrée de lTiiver, on garantit les ra- cines des rigueurs du froid en les recou- vrant d’une butte de cendres, de feuilles sèches ou de vieille tannée desséchée ; cet abri suffit ordinairement dans les terres saines à sous-sol perméable. — Dans le cas où l’on aurait affaire à un terrain humide et compact, on fera mieux d’arracher la plante à racines nues et de la conserver ainsi pendant l’hiver, absolument comme s’il s’agissait d’un Dahlia ou d’un Canna. Ce mode de] culture que nous recommandons est de beaucoup préférable à celle qui se fait en vases de diverses grandeurs, par la raison que VH. Gardnerianum , pour attein- dre son maximum de beauté, exige une terre riche, légère et profonde, dans laquelle ses longues racines puissent se développer librement. Sa multiplication s’opère au moyen d’éclats, lorsque la plante entre en végétation, et tout à fait comme on le pra- tique pour les Cannas ou Balisiers. ( Garden , 27 octobre 1877.) Peen-to ou Pêche lisse de Chine. — Sous cette rubrique, nous extrayons du Gardeners ’ Moyithly les renseignements suivants, rapportés par son rédacteur : « De toute la collection de Pêchers que je cultive avec succès depuis quelques années, le Peen-to seul, quoique poussant avec la plus grande vigueur, s’est constamment montré stérile. Voulant savoir si je devais cet insuccès partiel à certaines conditions climatériques, il y a deux ans je fis don de cette espèce ingrate et des meilleures va- riétés de ma collection à un de mes amis habitant Pensacola (Floride). Aujourd’hui 23 juin, celui-ci m’envoie une caisse de Pêches avec la note suivante : « Quand vous « me fîtes l’envoi de vos Pêchers, vous « m’exprimâtes le doute que vous aviez <£ alors de leur réussite, principalement de « la variété dite Peen-to. Je suis donc heu-- « reux de pouvoir vous rassurer à cet égard, « car non seulement vos arbres prospèrent ce et fructifient tous très-bien, mais encore, « en ce qui concerne le Peen-to, je crois « que notre climat lui convient admirable- (( ment. A titre d’échantillon, je vous en- « voie des fruits de cette variété, récoltés « sur un seul arbre qui en a porté cette « année 1,200. Cette fructification étant la « première qui sesoitmontréedansles États 134 FIGURE THÉORIQUE DE L’EVONYMUS RADICANS VARIEGATA. « de l’Union; elle sera, sans nul doute, « apprise avec intérêt par les arboriculteurs ce de la Californie et de la Floride. » Voici la description sommaire de ces fruits : dia- mètre : 2 pouces à 2 pouces 1/2 ; forme irrégulièrement arrondie, comprimée et apla- tie sur les côtés, au point de n’avoir que 1 pouce à 1 pouce 1/2 d’épaisseur; une ligne profonde sillonne ce côté du fruit depuis son point d’attache jusqu’à son sommet ; cavité calicinale bien apparente, étroite et profonde ; peau entièrement lisse, colorée de jaune verdâtre et lavée de carmin. Cette couleur est surtout très-vive sur un des côtés ; la chair est blanche, ferme, douce et juteuse, d’une saveur délicate ; noyau adhé- rent à la chair. Cet arbre est d’une crois- sance rapide, et il montre ses feuilles plus tard que toutes les autres variétés de Pê- chers. » (J. -J. Berkmans.) Veltheimia viridifolia. — LeslVelthei- mia forment un petit groupe intéressant de plantes du cap de Bonne-Espérance; par leurs caractères botaniques, ils sont étroite- ment alliés aux Tritoma. On en connaît deux ou trois espèces, dont la plus belle est le V. viridifolia ; ses feuilles vertes, lui- santes, allongées, sont relativement larges, lancéolées-ondulées. Du centre des feuilles s’élève une tige raide, haute de 50 centimè- tres, terminée par un épi de fleurs nom- breuses, penchées, tubuleuses, pourpres, rayées de rouge clair et pointées de vert. Quelques personnes donnent cette plante comme rustique ; il est possible que cela soit dans certains sols légers et bien abrités ; mais l’expérience nous a démontré que les Veltheimia ne réussissent pas en pleine terre, et que, cultivés comme plante d’oran- gerie, la longue durée de leurs belles fleurs contribue puissammment à égayer ces sortes de serres à une époque de l’année où les fleurs à couleurs vives deviennent de plus en plus rares. Cette plante se plaît dans une terre substantielle et poreuse ; sa multi- plication se fait rapidement, soit d’œille- tons, soit de feuilles radicales adhérentes au bulbe, qu’on détache et qu’on repique en godets dans une terre siliceuse, où ils forment un bulbe nouveau à leur base. ( Garden , 27 octobre 1877.) PUVILLAND. FIGURE THÉORIQUE DE L’EVONYMUS RADICANS VARIEGATA Par le mot théorique , dont nous nous servons, il ne faut pas entendre quelque chose d’imaginaire; nous l’employons pour indiquer des faits vrais, groupés de manière à les bien faire comprendre. Ces faits sont le produit de dimorphismes , et comme ils sont de la plus grande importance, nous devons nous y arrêter Un peu et faire à ce sujet quelques observations. Ce que le premier peut-être, en horticul- ture, nous avons nommé dimorphisme , et que bien longtemps avant nous les prati- ciens avaient nommé « accident, » est le résultat d’une action universelle qui agit continuellement sur tous les corps et les modifie plus ou moins, en raison de leur nature et des conditions dans lesquelles ils sont placés. Le qualificatif accident , par lequel le désignent encore beaucoup d’horticulteurs, vient de ce que ce phénomène se manifeste tout à coup et spontanément, comme une chose fortuite, ainsi que, en général, se montrent les accidents, d’où le mot. Nous n’en rechercherons ni discuterons la cause, ce qui nous entraînerait trop loin ; nous y reviendrons plus tard, du reste. Mais néan- moins il est certaines considérations géné- rales dans lesquelles nous devons entrer, parce qu’elles nous paraissent indispensa- bles, sinon à l’explication, du moins à la compréhension des faits ; elles portent sur la similitude très-intime qui, comme résultat pratique, semble exister entre les dimor- phismes et la production des variétés à l’aide des graines : ceci toutefois n’a rien qui puisse étonner, car, au point de vue pratique, les bourgeons peuvent être com- parés à des sortes de graines, et alors se produisent des faits analogues dans les deux cas : production de formes parti- culières, — DE NOUVELLES INDIVIDUA- LITÉS, pourrait-on dire, — très-diverses, soit comme aspect, dimensions, panachures et surtout comme mode de végétation, et sous ce rapport il y a parfois des différences bien plus considérables que celles qui exis- tent entre beaucoup de plantes auxquelles on donne le nom d’espèces. Nous n’ignorons pas qu’on pourrait objec - FIGURE THÉORIQUE DE L’EVONYMUS RADICANS VARIEGATA. ter que les faits dont nous parlons ne sont que des « accidents , » tandis que dans les semis ces faits sont naturels, puisqu’ils résul- tent de graines. C’est là une objection qui, au fond, ne repose guère que sur des mots. En effet, comme les caractères de ces plantes se maintiennent et se transmettent, com- ment, quand on ne sait si elles ont été obtenues par dimorphisme, les distinguer de celles obtenues par semis? Nous ne pousserons pas plus loin ces réflexions, et nous allons les terminer par quelques indications relatives aux diverses formes que, sur la figure 27, présentent les branches marquées A, B, C, D, E, F, G. 135 Toutes ces ramifications se sont montrées spontanément et successivement sur deux pieds plantés en pleine terre en 1868. La branche A, extrêmement ramifiée, à ra- mifications courtes, distiques, est très- vigou- reuse ; la plante, par sa robusticité, rap- pelle le Fusain ordinaire du Japon : elle s’étale toujours horizontalement et traîne sur le sol, qu’elle touche de toutes parts; ses feuilles, épaisses, luisantes, sont d’un vert très -foncé, les supérieures souvent arrondies et presque orbiculaires ; elles sont très-fortement et courtement dentées, sur- tout quand elles sont ovales ; elles atteignent jusqu’à 6 centimètres de longueur sur 3 de Fig. 27. — Figure théorique d’un Evonymus radicans variegata. large dans le plus grand diamètre. Cette forme, des plus remarquables et des plus distinctes, paraît devoir être très-hâtive à fructifier. Née en 1872, elle fleurit chaque année depuis 1875. La branche B, très-grêle, a les feuilles petites, suborbiculaires, à peine légèrement dentées ; elles sont bordées d’un étroit liseré blanc jaunâtre à reflet parfois rosé ; le dessous des feuilles est souvent plus ou moins lavé rouge violacé. Ces feuilles dépas- sent rarement 15 millimètres de diamètre. Les branches C C, dont la base rappelle YEvonymus radicans variegata , ont les feuilles grandes, ovales, très-largement bor- dées de jaune qui s’étend inégalement sur le limbe, qu’il envahit parfois en grande partie et forme alors ce qu’en horticulture on nomme « flammé. » Ces feuilles, qui sont largement, mais très-peu profondément den- tées, atteignent jusqu’à 7 centimètres de lon- gueur sur environ 3 de largeur. Un pied de cette forme, qui fleurit très-abondamment depuis deux ans, a fructifié en 1877 ; les graines, qui ont parfaitement levé, ont donné un tiers de plantes tout à fait jaunes, qui toutes ont péri dans un intervalle d’environ deux mois, et cela malgré tous les soins qui leur ont été prodigués ; les autres individus, complètement verts, sont vigoureux, et leur tigelle est droite, très-ténue. Les branches DD sont tout à fait sembla- 136 LES CATALOGUES. blés, comme port, végétation et couleur, à celles de Y Evony mus radicans variegata, qu’elles rappellent à peu près complète- ment. La branche E a les feuilles très-grandes, d’un vert intense, à bords ondulés-tourmen- tés, assez sensiblement dentés. La branche F est dressée ; ses feuilles sont très-étroitement ovales, bordées-panachées de blanc jaunâtre. La branche G et ses ramifications ont les feuilles plus étroites encore et un peu plus longues que celles de la branche F, mais elles sont complètement vertes. Telles sont, d’une manière générale, les dimorphismes que, depuis quelques années, nous a présentés l’ Evony mus radicans va- riegata. Ajoutons que ce ne sont pas les seuls, qu’il y avait plusieurs formes inter- médiaires, et que sur différentes parties de la plante croissait, soit le type ou à peu près de Y Evony mus radicans à feuilles vertes, soit sa variété panachée qui, ainsi qu’il a été dit plus haut, se trouvait en beaucoup plus grande quantité que toutes les autres. Fai- sons toutefois remarquer que cette dernière paraît devoir l’emporter par sa végétation, et que toujours aussi, outre cette prédomi- nance, toutes ces parties tendent à produire des feuilles très-grandes et largement ovales qui rappellent celles de VEvonymus Japo- nica sulfurea ou ses formes analogues, et chez lesquelles aussi la couleur, d’un très- beau jaune, tend à envahir tout le limbe. Nous croyons inutile de nous étendre davantage sur ces faits dont nos lecteurs sauront tirer les conséquences ; néanmoins, de nouveau nous appelons sur eux l’atten- tion des savants et des praticiens; les pre- miers y trouveront des preuves que des formes nouvelles et souvent très-différentes peuvent naître spontanément autrement que par graines, et qu’alors on peut les consi- dérer comme des espèces particulières; les horticulteurs pourront, en multipliant sé- parément ces formes, obtenir des plantes qui, différant d’aspects et de formes, pour- ront aussi être employées à de nouveaux usages décoratifs. C’est ainsi, par exemple, que la forme A, à laquelle nous donnons le qualificatif reptans, pourrait être em- ployée avec un grand avantage, soit pour garnir des rochers ou des rocailles, soit même pour couvrir des parties arides en les transformant ainsi en sortes de tapis verts. Ajoutons que toutes ces formes sont éga- lement très-rustiques, et qu’en changeant d’aspect elles ont conservé la rusticité du type Evonymus radicans . Terminons par cette observation impor- tante, que nous croyons devoir faire pour prévenir les objections que pourraient nous faire différentes personnes qui, cultivant VEvonymus radicans variegata , n’auraient pas remarqué les modifications que nous avons rapportées, ni d’autres analogues. Cette objection, si elle nous était faite, ne pourrait être contre ce que nous venons de dire, un fait ne pouvant jamais être dé- truit par un autre fait, même quand il lui est tout à fait contraire ; elle ne nous étonne- rait même pas, puisque nous connaissons des localités où la variété dont nous parlons est à peu près constante, et quand elle varie, c’est pour retourner au type à feuilles vertes. Mais d’une autre part, ceci vient à l’appui de la comparaison que, au point de vue pra- tique, nous faisons des bourgeons et des graines, et démontre l’influence considé- rable que le milieu exerce sur tous les êtres. On sait en effet que des graines provenant ; d’une même espèce, parfois d’un même fruit, donnent, suivant le climat ou le milieu dans lesquels on les sème , des résul- tats bien différents, d’où l’obligation dans laquelle on se trouve parfois de « changer les semences, » de recourir à la localité où les formes et les propriétés se maintiennent. Ces phénomènes, qu’on remarque si fré- quemment dans la pratique, en disent plus sur les valeurs spécifiques que tous les rai- sonnements que nous pourrions invoquer. Toujours cette grande vérité : rien d’absolu! Toujours et partout se montre la rigoureuse exactitude de cette parole : « Vérité en deçà, erreur au-delà. » E.-A. Carrière. LES CATALOGUES Henry Jacotot et fils, rue de Longvic, 14, à Dijon. Catalogue général pour 1878. Grand assortiment de plantes de serre chaude, serre tempérée et serre froide. Choix de 137 ASTERS VIVACES TRAITÉS COMME PLANTES ANNUELLES. plantes à feuillage ornemental particulière- ment propres à la décoration des apparte- ments. Spécialités diverses. Plantes vivaces de pleine terre. Plantes alpines, arbres et arbrisseaux d’ornement à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Plantes de terre de bruyère. Rosiers, Conifères. Plantes grim- pantes diverses : Akebia, Clématites, Chè- vrefeuilles, Aristoloches, Tecoma, Ampé- lopsis, etc. Collections nombreuses d’arbres fruitiers, forestiers, de différents âges et de formes variées, appropriées soit aux jardins, soit aux parcs. On trouve là aussi des nouveau- tés en tous genres, telles que : Fourcroya Lindeni, Gynérium jubatum , Curculigo recurvata variegata, Dracæna Rothiana , Anthurium florïbundum , Maranta Mas- sangeana, Eulalia japonica , etc. — Deleuil, horticulteur, rue de Paradis, traverse du Fada, à Marseille, publie un ca- talogue particulièrement propre aux Ama- ryllis, Bégonias tubéreux, Echeverias, Aga- ves, Yuccas, etc., plantes dont il s’occupe d’une manière toute spéciale. En tête de ce catalogue se trouve une série de plantes nouvelles dont il est l’obtenteur, et qu’il vient de mettre au commerce pour la pre- mière fois. Elle comprend une Agave, trois Amaryllis, quatre Bégonias, dont trois tubé- reux et un frutescent, sept Échévérias, enfin un Yucca. Toutes ces plantes, décrites avec soin, sont obtenues par la fécondation arti- ficielle, et ce qui, dans cette circonstance, ajoute à l’intérêt, c’est que M. Deleuil a eu le soin d’indiquer quels sont les parents, ce qui permet d’apprécier la part qui revient aux enfants. Aussi, ce catalogue est-il pré- cieux, non seulement pour les praticiens, mais pour les botanistes, car il indique l’ori- gine et donne les caractères déplantés très- distinctes qui, par la suite, pourront faire partie du matériel scientifique. — Y. Lemoine, horticulteur, rue de l’Étang, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). En tête de la série des « plantes nouvelles, » qui commence le catalogue qu’il vient de pu- blier, se place YIresine Wallisii , Ortgies, originaire de la Colombie. C’est, paraît-il, une plante précieuse pour former des mas- sifs ou pour être employée, soit en mosaïcul- ture, soit en bordure, comme on le fait du Coleus Verschaffelti , soit de YIresine Herbsti. La plante, très-vigoureuse et forte- ment colorée, est très-trapue, très-naine (15 à 20 centimètres). Les autres plantes composant cette série de nouveautés, obte- nues par M. Lemoine, consistent en 4 Lan- tanas; 6 Bégonias tubéreux, dont 2 à fleurs pleines; 1 Fuchsia; une série de Pélargo- niums, dont 5 à grandes fleurs, 2 à « fleurs ondulées, » 2 à fleurs blanches; enfin, un hybride du Pélargonium glaucum. Les nouveautés de « pleine terre » comprennent deux Clématites ; enfin le Nandina mons- truosa variegata , ce nouvelle espèce du Ja- pon, à feuilles persistantes. » Après cette énumération vient celle des diverses séries de plantes que comprend l’établissement de M. Lemoine, suffisamment connu pour nous dispenser de le rappeler ici. E.-A. Carrière. ASTERS VIVACES TRAITÉS COMME PLANTES ANNUELLES Sous ce même titre, un de nos bons amis, dont, hélas! nous regretterons toujours la perte, M. Eugène Ramey, a écrit dans la Revue horticole (1877, p. 54), sous le pseudonyme Leclerc, un article dont l’im- portance n’aura échappé à personne. Dans cet article, notre infortuné collègue a dé- montré, « pièces en main, » comme l’on dit, que non seulement ces plantes, contraire- ment à l’idée qu’on s’en était faite jusque- là, pouvaient être cultivées, et surtout mul- tipliées autrement que par éclats, ainsi qu’on est dans l’habitude de le faire, mais encore que par semis on en obtenait des va- riétés dont l’horticulture pouvait tirer profit. Du reste, en agissant ainsi, il n’avait pas à craindre l’infirmation des faits qu’il avan- çait, puisqu’il s’appuyait sur des expériences sérieuses entreprises depuis longtemps déjà, et renouvelées chaque année par. M. Henry Vilmorin, à Verrières (1), où tant d’expé- riences de toutes sortes sont faites avec un soin minutieux sur une très-grande échelle. Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié, et au besoin l’article dont nous parlons pourrait le leur rappeler, qu’en semant de bonne heure, au printemps, des graines d’ Asters, on peut, à l’automne, et souvent (1) Dans un prochain article nous reviendrons sur ces expériences faites à Verrières. ASTERS VIVACES TRAITÉS COMME PLANTES ANNUELLES. 138 même d’assez bonne heure, non seulement obtenir des plantes excessivement fortes et qui se couvrent de fleurs absolument comme le feraient des espèces franchement an- nuelles, mais encore des variétés différentes des types, soit comme dimensions des plan- tes, couleurs et grandeurs de fleurs, hâti- veté, tardiveté, etc., en un mot des plantes complètement différentes de celles dont elles proviennent, faits qui démontrent que les plantes vivaces sont sujettes aux mêmes va- riations que les plantes annuelles, et que chez celles-là, de même que chez celles-ci, les prétendues espèces n’ont guère de fixité qu’en théorie, et ne sont invariables que dans les livres ou dans les herbiers. Moins pour contrôler les faits que pour voir si l’influence des milieux pour- rait en modifier sensiblement les résul- tats, nous avons cru devoir répéter ces mêmes expériences à Paris, et, afin d’être à même de les suivre en toute liberté et sécurité, nous avons prié MM. Vilmorin et Cie de vouloir bien nous permettre d’opé- rer dans leur jardin, à Reuilly, ce qu’ils nous ont accordé avec empressement, en mettant à notre disposition, soit à Paris, soit même à Verrières, tout le terrain dont nous pourrions avoir besoin. Une telle géné- rosité de leur part n’a pas lieu d’étonner ceux qui les connaissent et qui savent ap- précier l’accueil qu’ils font à tout ce qui peut servir la botanique, et tout particu- lièrement l’horticulture. C’est à Paris, à la rue de Reuilly, que nous avons fait les expériences que nous allons rapporter. Pour l’époque et la ma- nière d’opérer, nons avons suivi les indica- tions de M. Ramey, qui ont été consignées dans la Revue horticole , loc. cit., et afin de bien nous rendre compte des modifications et des changements qui pourraient surve- nir, nous avons pris des graines des plantes considérées comme types et cultivées comme tels à l’école de botanique du Muséum, par exemple une vingtaine d’espèces d’ Asters vivaces, et aussi, afin de rendre l’expé- rience plus concluante, nous l’avons étendue en y joignant une vingtaine de Solidago , plantes également très-vivaces, dont la na- ture et la végétation ont beaucoup d’analogie avec celles des Asters. En ajoutant ces der- nières, notre intention était d’abord de compléter l’expérience et de voir si nous obtiendrions des résultats analogues comme facilité de floraison, et en même temps aussi si, par hasard, nous n’arriverions pas à modifier la couleur des fleurs qui, chez les Solidago , est toujours jaune. Sur le premier point, les faits ont confirmé la théorie ; sur le second, nous n’avons rien obtenu : la couleur des fleurs est restée la même. Est-ce à dire qu’il en sera toujours ainsi ? Nous pensons le contraire, en vertu de la grande loi de modification à laquelle rien ne peut échapper. Rien n’est absolu- ment stable. Tout est soumis au change- ment. Quand, où et comment celui dont nous parlons se manifestera-t-il? Nous ne le savons. Toutefois nous y tenterons, enga- geant toutes les personnes qui le pourraient à nous imiter. Faire varier la couleur des fleurs des Solidago , chez lesquels, jusqu’ici, elle a toujours été jaune, et qui, pour cette raison, a fait donner à ces plantes la quali- fication de « verge d’or, » serait à la fois servir la cause de l’horticulture et de la science : la première, en fournissant des plantes rustiques, très-floribondes et par conséquent d’un grand mérite ornemental ; la seconde, en démontrant une fois de plus que ce qu’on nomme les types est relatif et n’a par conséquent de valeur que celle qu'on lui accorde , grâce à la position de celui qui les fait. Quant à nous, notre tâche, à laquelle nous ne faillirons pas, a toujours été celle- ci : chercher la vérité, et quand nous pen- sons l’avoir trouvée, oser la dire envers et contre tous. Toutefois, nous ne croyons pas nécessaire d’entrer dans de minutieux détails sur les résultats que nous avons obtenus ; nous nous bornons à dire que presque toutes les espèces d’ Asters nous ont présenté trois sortes de modifications : plantes naines et grandes, d’aspects et de ports divers ; hâti- veté et tardiveté à fleurir ; grandeur, forme et couleur des fleurs , tout cela, bien entendu, à des degrés divers. Quant aux Solidago , les modifications ont été analo- gues à celles que nous avons constatées chez les Asters, moins la couleur des fleurs, qui est restée invariablement jaune ; mais, quant aux dimensions des plantes, à leur hâtiveté ou à leur tardiveté à fleurir, il y a parfois eu des écarts considérables, surtout en ce qui concerne la précocité ou la tardi- veté ; sous ce rapport, il y avait parfois des différences de deux mois. Une chose importante à noter, c’est que EREMURUS ROBUSTES. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. 139 les résultats dont nous parlons ont été obtenus d’un premier jet, c’est-à-dire en partant des types, d’où il est permis d’espé- rer qu’ils seront bien autrement grands quand, ainsi que nous ne manquerons pas de le faire, nous prendrons pour point de départ les plantes déjà Sur divers insectes par odeur. Action très- énergique. 3° Sur Vignes saines en pots. Action très-éner- gique. 4° Sur Haricots en pots. Action très-éner- gique. 5° Sur plantes adventices. Action très-éner- gique. 6° Sur Vignes phylloxérées en pots. Résultat complet. 7° Sur des Vignes de la grande culture : I. Étant employé pur. II. En mélange avec diverses substances : savon noir, tangue, huile. Résultat incomplet. 71. Sulfure de fer. — Sur Vigne phylloxérée en pots. Résultat nul. 72. Sulfure de potassium ( foie de soufre). — 1° Sur des Vignes de la grande culture. Résultat insensible. 2° En mélange avec le sulfate d’ammoniaque : I. Sur Vignes en pots. Résultat insensible. II. Sur Vignes de la grande culture. Résultat insensible. 73. Superphosphates mélangés aux alcalis de goudron. — Sur Vigne de la grande culture. Résultat insensible. 74. Superphosphates ordinaires de M. Joulie. — Sur Vigne de la grande culture. Résultat in- sensible. 75. Tabac. — 1° Sur phylloxéra, par contact, 158 APERÇU SUR LE PHYLLOXERA. dans des pots (toute la plante). Action insen- sible. 76. Tangue. — Sur Vigne phylloxérée en pot. Action nulle. 77. Tanin pur. — Sur \Vigne phylloxérée en pot. Action insensible. 78. Valérianate d’ammoniaque. — 1° Sur phylloxéra par les vapeurs. Action nulle ou insen- sible. 2° Sur Vigne phylloxérée. Action nulle ou in- sensible. 79. Valériane officinale {Valeriana officinale) . — Sur Vigne phylloxérée en pot. Action insen- sible. On a pu voir, par l’extrait que nous venons de faire et de publier de documents officiels sérieux, que les expériences pour arriver à la destruction du phylloxéra sont nombreuses et variées, et qu’il est peu de corps dont les propriétés peuvent être considérées comme insecticides qui n’aient pas été essayés, même de plusieurs manières et souvent aussi sous plusieurs formes. On ne pour- rait donc, à moins d’injustice ou de parti pris, accuser la commission exécutive, si la question n’est pas plus avancée. Malheureusement, la vo- lonté ne suffit pas, et malgré tous les efforts de la commission, il faut bien reconnaître que la solution est loin d’être complète. Toutefois, il ne faudrait pas se faire d’illusions sur la valeur des résultats annoncés, et ne pas oublier que presque toutes ces expériences ont été faites dans des conditions exceptionnelles, en dehors de la pratique. D’une autre part, il ne faudrait pas non plus prendre à la lettre les résultats an- noncés et considérer les expressions : « résultat complet, » ou « action rapide, » ou « résultat remarquable, » comme l’équivalent d’une bonne chose dans la véritable acception du mot ; elles ne peuvent être prises que d’une manière relative et considérées eu égard à l'opération, c’est-à-dire comme un critérium de celle-ci, pour annoncer qu’elle a réussi, bien que, au point de vue éco- nomique, cette réussite puisse être parfois dé- sastreuse. En voici un exemple fourni par l’huile d’aspic, indiquée comme donnant un « résultat complet. * Voici ce qu’on lit, page 89 de l’ouvrage qui nous occupe : « Le 22 septembre, je traitai avec ce produit un plant phylloxéré ; 20 centimètres cubes furent répartis en cinq trous faits dans la terre avec une baguette de verre. ce qui, tou- tefois, disons-le, ne leur enlève aucunement de leur valeur. Que deviendra le Ligustrum ovalifolium instabïle ? Nous tiendrons nos lecteurs au courant, et alors nous tirerons des consé- quences de ce fait dont l’importance, au point de vue scientifique, est plus grande qu’en général on est disposé à le croire, ce qui nous sera facile à démontrer. E.-A. Carrière. 'MMES DE TERRE HATIVES la cultiver comme primeur sur couche et sous châssis ; à cet effet, j’en plantai deux châssis et huit châssis de Marjolin ordi- naire, et cette fois encore j’obtins de bons résultats : les tubercules de la variété à feuille d’Ortie étaient bons à manger huit à dix jours avant ceux de la Marjolin, ce qui est énorme lorsqu’il s’agit de primeur. Cette année, je plantai huit châssis de la Marjolin à feuille d’Ortie, et deux châssis seulement de Mar- jolin, et aujourd’hui, 28 mars, les tuber- cules de la première sont gros comme des œufs de poule, tandis que ceux de la Mar- jolin sont gros comme des œufs de perdrix. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire serait celui de ne pas se conserver long - temps, car ses tubercules së rident souvent à l’entrée de l’hiver, ce qui pourtant ne les empêche pas de développer leurs yeux de très-bonne heure au printemps suivant, ce qui n’a pas toujours lieu pour la Pomme de terre Marjolin. Mais à part ce défaut, la Pomme de terre à feuille d’Ortie n’en est pas moins une variété très-recommandable pour la culture forcée et la primeur de pleine terre (je ne la mentionne, du reste, que sous ces deux points de vue), et je ne doute pas que ceux qui voudront la cultiver sous châssis seront, comme moi, satisfaits de ses produits et de sa précocité Puisque nous voilà à l’article Pomme de terre, je vais dire quelques mots de deux excellentes variétés pour la pleine terre, qui, sans être aussi hâtives que la variété à 178 CULTURE DES FRANCISCEA. feuille d’Ortie, n’en sont pas moins méri- tantes sous le rapport du produit, et qui ont l’avantage sur elles de très-bien se con- server. Je veux parler de la Pomme de terre Royal ahs leaved Kidney et de la Pomme de terre Marjolin Têtard , que je cultive aussi concurremment avec la Marjolin à feuille d’Ortie, et qui me donnent aussi d’excel- lents résultats. Un mot encore sur la Pomme de terre Early rose , qui fait tant parler d’elle, et qui a ses partisans et ses détracteurs. Je l’ai essayée tout d’abord dans mon jardin ; elle était tellement farineuse là où ordinai- rement les Pommes de terre sont aqueuses, que j’ai cru devoir la faire cultiver en grand, et depuis deux ans je l’ai fait introduire dans la grande culture de la maison, et l’on est très-satisfait de ses produits et de sa CULTURE DE Il est certains genres de plantes qui semblent privilégiés, chez qui la beauté paraît être le caractère essentiel. Tel est le genre Franciscea. Sous ce rapport, ce n’est guère qu’une question du plus au moins. Pourtant ces plantes, bêlas ! ne sont pas parfaites, et l’opinion générale leur reproche deux choses : d’être d’une culture difficile, et surtout d’exiger beaucoup de chaleur et de ne pouvoir guère sortir des serres chaudes. Ces reproches sont-ils fondés ? Nous ne le croyons pas, et nous sommes d’autant plus autorisé à émettre ce doute que nous pouvons invoquer des faits contraires. Pendant longtemps aussi nous avons cru que ces plantes étaient difficiles à cultiver et exigeaient la serre chaude ; mais un de nos collègues et amis, dont certainement personne ne récusera ni l’autorité ni la compétence, M. Rougier-Chauvière, à qui nous faisions ces observations, nous fit revenir de notre erreur en nous montrant tous ses Franciscea qui, en effet, sont cul- tivés en serre froide (quelques-uns, à cause de leurs dimensions, restent même tout l’hiver dans l’entrée (tambour) d’une serre qui n’est jamais couverte et où il gèle par- fois). Pendant tout l’hiver, on les mouille peu ; la végétation s’arrête, et les plantes entrent dans un repos à peu près complet ; mais, dès les premiers beaux jours, elles qualité; en cuisine, elle n’est bonne que sous la cendre ou en purée ; elle se laisse tellement « aller » pendant la cuisson, qu’il est impossible de l’employer dans aucun ragoût. Une particularité qu’elle présente, c’est qu’ici, où nous n’avons que des Pommes de terre médiocres, elle est bonne, et, à trois lieues d’ici, dans des sables où l’on récolte toujours de bonnes Pommes de terre, Y Early rose n’est généralement pas bonne ou, pour parler plus clairement, elle ne l’est que pour les bestiaux, par cette raison qu’elle est ex- cessivement productive. Si ces quelques détails vous paraissent de nature à intéresser vos lecteurs, je vous laisse libre d’en faire ce que bon vous sem- blera. Veuillez, etc. Plaisant, Jardinier chef au château de Saint-Eusoge 'A’onne). FRANCISCEA émettent de nombreux bourgeons qui ne cessent de fleurir. Chaque année, avant le départ de la végétation, on rempote les plantes si elles en ont besoin, et en même temps on les taille, si elles ne l’ont pas été à l’au- tomne ; alors on les « tient à l’eau, » et la végétation part rapidement, de sorte que les plantes sont vigoureuses, n’ont jamais d’in- sectes, contrairement à celles qui restent continuellement dans les serres chaudes qui, il est vrai, sont rarement complètement dé- pourvues de fleurs, mais qui, aussi, n’en ont pourtant jamais qu’un très-petit nombre à la fois, tandis que, traitées ainsi que nous venons de le dire, elles se couvrent de fleurs et sont d’une beauté incomparable. Aussi n’hésitons-nous pas à recommander le traitement que nous venons d’indiquer, bien convaincu que tous ceux qui le met- tront en pratique en seront satisfaits. Tous les Franciscea sont à fleurs rose lilacé passant au violet lie de vin, qui s’atténue, successivement pour arriver presque au blanc ; ils ont donc les fleurs changeantes ou mutables, d’où la quali- fication mutabilis donnée à l’une d’elles. Bien que toutes aussi soient jolies, l’une des plus belles est certainement le F. macran- tha. On peut se les procurer chez M. Rougier- Chauvière, 152, rue de la Roquette, à Paris, et chez MM. Thibaut et Keteleer, horticul- teurs à Sceaux (Seine). E.-A. Carrière. PLANTAGO MACROPHYLLA PURPUREA. — FUSAIN DU JAPON DUC D’ANJOU. 179 . ' UNE NOUVELLE ESPÈCE PLANTAGO MACROPHYLLA PURPUREA Avant de décrire la plante qui fait le sujet de cette note, nous devons expliquer, sinon justifier, l’expression « nouvelle » dont nous nous servons. Deux circonstances seules permettent l’emploi de ce mot : ou quand une espèce exotique vient d’être in- troduite ou quand on la crée. C’est ce der- nier cas dans lequel nous nous trouvons. Quand nous disons que nous « créons » cette espèce, il va sans dire que nous ne la fabriquons pas : ayant assisté à sa naissance, nous lui donnons un nom; voilà tout. Mais pourquoi, pourrait-on peut-être nous dire, donner deux qualificatifs à une plante que vous considérez comme nouvelle? La raison, c’est d’élargir le cercle des dénominations et de faciliter celles que l’on sera plus tard forcé d’èmployer par suite des semis qu’on fera des graines de cette plante. De cette manière, en effet, nous établissons deux voies, l’une comprenant les individus à grosses feuilles vertes qui pourraient se pro- duire (les macropbylles), l’autre propre aux individus à feuilles colorées (les pourpres), qui alors, d’après des caractères secondaires, particuliers aux individus, permettront de donner à ceux-ci un qualificatif distinctif, par exemple : angustifolia, rotundifolia , longifolia , etc. Mais, pourrait-on encore ob- jecter, la couleur des feuilles peut-elle servir de caractère spécifique? Pourquoi non, si elle est constante? Est-ce que les botanistes ne prennent pas très-fréquemment ce caractère comme qualificatif de leurs espèces, parfois même quand il est susceptible de variation, ce qui n’est pas le cas pour notre plante, qui est relativement très-constante dans sa re- production? Ainsi, dans un semis que nous avons fait, tous les individus, au nombre de plus de 200, avaient les feuilles colorées comme la mère, certains même plus. Mais, quoi qu’il en soit, que notre plante soit considérée comme une espèce ou comme une variété, elle n’en est ni moins méritante, ni moins remarquable ; ce fait est donc très- secondaire. Voici les principaux caractères qu’elle présente : Plante bisannuelle extrêmement robuste. Feuilles longuement et très-fortement pétio- lées, à limbe cordiforme fortement cloqué- réticulé, atteignant jusqu’à 30 centimètres de longueur sur presque autant de largeur dans le plus grand diamètre, purpurescentes bronzées, villeuses en dessous, surtout sur les nervures, qui sont très-saillantes et fortes. Pétiole très-long et robuste, profondément et largement canaliculé, renfermant de nombreux, gros et très-forts filaments, excessivement résistants, qui, au lieu de se rompre quand on veut casser la feuille, sortent de celle-ci sous forme d’un fort faisceau. Hampes très-longues, mais peu compactes, de couleur roux violacé. Cette espèce est très-remarquable, non seulement par sa vigueur, mais par la cou- leur rouge brun ou purpurine de toutes ses parties. Elle se reproduit franchement par graines, de sorte qu’on peut facilement la multiplier et l’employer à l’ornementation, soit comme plante isolée, soit en bordure, où, par sa teinte très-colorée, on peut la mettre en opposition avec des plantes à feuillage blanchâtre, ce qui constituera de charmants contrastes. On pourra donc aussi la faire entrer dans les grands massifs de mosaïculture. Lebas. FUSAIN DU JAPON DUC D’ANJOU Il y a déjà quelques années que, dans ce journal (1), nous avons décrit cette plante et indiqué son origine ; si nous y revenons, c’est d’abord pour la recommander particu- lièrement, ensuite pour faire ressortir quel- ques particularités qui sont en opposition complète avec certaines théories admises. H) V. Revue horticole, 1872, p. 337. Bien que ce ne soit plus ce qu’on peut appeler une « nouveauté, » le Fusain Duc d’Anjou n’est pourtant pas très-répandu, malgré qu’il soit de premier mérite, tant pour sa beauté et sa vigueur que pour sa rusti- cité ; et c’est justement pour ces qualités que nous y revenons de nouveau et cherchons à appeler sur lui l’attention des lecteurs. 180 PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. Faisons d’abord observer que, issu par dimorphisme de la variété sulfurea , il en est complètement différent à tous les points de vue, et que son port, sa vigueur ni sa panachure n’ont rien de commun ; au lieu d’avoir le bois grêlé, l’écorce jaunâtre et les feuilles d’un vert pâle, largement bordées de jaune, comme le sulfurea , les rameaux, gros, très-étalés, divariqués, à écorce grise, rugueuse, portent des feuilles très-grandes, ondulées-contournées, d’un vert intense, striées-rubannées, jaune verdâtre au centre ; ajoutons qu’il est très-constant et n’a ja- mais varié, contrairement à la plupart des autres variétés de cette espèce. Ce qui est surtout remarquable, c’est sa vigueur, qui est telle qu’en dressant et en ébourgeonnant la tige à propos, on peut lui faire atteindre jusqu’à 4 mètres et plus de hauteur, et à partir de là former une tête énorme. Dans ce cas, rien n’est plus ornemental. Pour les jardins paysagers d’une certaine étendue, on peut, avec cette variété, en former des buissons qui, isolés, produisent des masses de verdure d’un effet très-imposant. On peut aussi les planter de chaque côté des ave- nues, en remplacement des arbrisseaux de moyenne taille ; de cette façon, et en les taillant un peu pour leur donner une forme appropriée, on en obtient un effet décoratif aussi joli que singulier. Outre la supériorité incontestable du Fusain Duc d’Anjou, cette variété sert la science en démontrant combien peut être fausse la théorie qui veut que les plantes à feuilles panachées soient plus délicatës que celles à feuilles vertes ; en effet, celle-ci est plus vigoureuse et plus rustique que la plu- part des formes à feuilles vertes que com- porte le type japonais que, du reste, per- sonne ne connaît. Tout ce que l’on sait, c’est que dans ce prétendu type on trouve, comme dans les autres, des formes plus ou moins rustiques, et même d’autres qui sont déli- cates. Un fait aussi à noter, c’est que la plante de laquelle est issu le Fusain Duc d’Anjou, Y Evonymus Japonica sulfurea , est elle- même très-rustique, bien que très-panachée dans toutes ses parties, laquelle revient parfois à la couleur verte, tout en conservant ses autres caractères de végétation, c’est-à- dire son port et son aspect. Quoi qu’il en soit, ce sont là des faits assurément très-inté- ressants pour l’horticulture, qui en tire parti sans s’occuper de leur origine, mais non moins intéressants pour les physiologistes et les savants qui s’occupent de l’origine des choses. Quant à ceux qui croient que parce qu’une plante est plus délicate ou plus robuste, *ou plus rustique qu’une autre, elle appartient à une espèce différente, les faits dont nous parlons peuvent les éclairer, puisque, sur un même pied, ces choses peu- vent se rencontrer sur des branches diverses. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES Encholirion Saundersi. Peu de plantes sont aussi ornementales, tant par le port que par le feuillage, que cette espèce. Ses feuilles presque planes, larges, gracieuse- ment arquées, sont glaucescentes-pruineuses en dessus, tandis que le dessous est maculé roux ou rougeâtre, surtout vers la base, où la couleur est bien plus fortement accentuée. Hampe florale d’environ 40 centimètres de hauteur, à ramifications latéralement étalées, alternes, portant des fleurs jaunâtres. Persica vulgaris præcox. Obtenue par nous, il y a quelques années, d’un noyau du Pêcher commun à fleurs doubles, cette variété, qui forme un buisson assez compact, à branches nombreuses, relativement cour- tes, est excessivement fïoribonde ; ses fleurs, pas très-pleines, qui s’épanouissent plusieurs jours avant celles du type, sont d’un rose violacé et constituent à l’époque de la flo- raison un effet splendide. Les fruits, ovales- oblongs, sont courtement et sensiblement duveteux-lanugineux. Variété très-orne- mentale, qui pourrait être cultivée en pots. Culture et multiplication par greffe, comme le type. E.-A. Carrière. Orléans, imprimerie de G. Jacob, cloître Saint-Étienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE La première série de concours de l’Exposition universelle : l’exposition des Roses ; le jury provisoire. — Circulaire relative aux exposants du IXe groupe : produits de l’horticulture. — Ouverture du cours de M. Decaisne au Muséum d’histoire naturelle. — Nomination de M. Naudin à la direction du jardin botanique de feu M. Thuret, à Antibes. — Emploi du Raphia pour ligatures de greffes : communication de M. Granger, rosiériste à Suisnes. — Les inflorescences mâles des Chamœrops. — Graines de Musa Livingstonia. — Remède à employer contre le puceron noir du Melon : communication de M. Mangue. — Rusticité du Bégonia discolor : communication de M. Antoine Place, horticulteur à l’Arbresle (Rhône). — Répartition des sexes sur le Cephalotaxus : communication de M. Ch. Kœnig, horticulteur à Colmar. — La mosaïculture. — La sécheresse dans le Midi de la France ; nécessité de développer les irrigations ; lettre de M. le docteur Turrel. L’horticulture, à l’Exposition universelle, a joui du privilège tout particulier d’ouvrir la série des concours, ce qui s’explique par la nature de ses produits, qui très-souvent ne peuvent attendre sans se détériorer, et doivent par conséquent être jugés aussitôt qu’on les présente. Et, d’une autre part, comme il est beaucoup de ces produits qui, conformément au programme, avaient été présentés pour la première quinzaine d’ou- verture, c’est-à-dire pour le 1er mai, on a donc dû procéder de suite à leur examen. Mais comme à cette époque le jury définitif n’était pas encore nommé, il a fallu en insti- tuer un provisoire qui, composé de MM. Du- chartre, Prillieux, Quiliou, Truffaut et Car- rière, auxquels on a adjoint M. Hippolyte Jamain, s’est réuni les 2, 3 et 6 mai. Nous ne pouvons dans cette chronique énumérer ces apports, sur lesquels, du reste, un de nos collaborateurs, M. Rafarin, revien- dra très-prochainement. Toutefois, nous ne pouvons pourtant passer sous silence les Ro- siers, qui, disons-le, ouvraient dignement la série des concours. Jamais, en effet, cette « reine des fleurs » n’avait été aussi bril- lamment représentée, soit comme nombre, soit comme beauté. Trois concurrents étaient en présence : MM. Lévêque et fils, Margot- tin père et Margottin fils, que le jury a ainsi classés : en première ligne, M. Mar- gottin fils, puis MM. Margottin père et Lé- vêque. Reconnaissons toutefois que d’aussi dignes hôtes étaient bien mal logés : au lieu de palais, c’est une sorte de hangar en planches qui les abritait ; les Roses y fai- saient « triste mine, » et, à peine visitées de temps en temps par quelque personne qui paraissait égarée dans ce désert, ces nobles délaissées semblaient dire : cc A quoi sert la beauté, si on ne l’admire ! » 16 mai 1878. Disons pourtant que la commission de l’Exposition n’est pas cause du fait dont nous parlons. La faute en est aux construc- teurs de serres, qui n’ont pas apporté dans l’accomplissement de leurs travaux toute la célérité qu’ils auraient pu y mettre, ce qui est d’autant plus regrettable que ce retard a privé le public du plaisir de voir de riches collections d’ Azalées ,qui devaient venir de la Relgique pour figurer à ce premier con- cours. — Nous appelons tout particulièrement l’attention des personnes qui se proposent d’exposer au Champ-de-Mars, et cela dans leur intérêt, sur la circulaire suivante, que la commission supérieure vient de publier : Le commissaire général rappelle aux expo- sants du IXe groupe (produits de l’horticulture) qu’ils doivent lui adresser, six semaines avant l’ouverture de chaque série de concours de quinzaine, leur demande d’admission. Ceux qui ne se conformeraient pas à cette prescription du réglement courent le risque de ne pas rece- voir leur carte d’entrce à l’Exposition en temps utile. Nous ajoutons qu’en apportant leurs pro- duits ils doivent de suite en prévenir le chef du groupe, M. Hardy, au Champ-de- Mars (pavillon de l’horticulture). Faute de se conformer à ces recommandations, ils s’exposent à ce que leurs apports ne soient pas examinés en temps opportun, et même à ce qu’ils soient mis hors concours. — M. Decaisne, professeur de culture au Muséum , a ouvert son cours le mardi 7 mai, à huit heures et demie, dans l’am- phithéâtre de la galerie de zoologie, et le continuera les mardis, jeudis et samedis suivants, à la même heure. 10 182 CHRONIQUE HORTICOLE. Ce cours aura pour objet l’étude des plantes industrielles. — Nos lecteurs n’ont sans doute pas oublié le don fait à l’État par Mme Louise Fould, de la propriété si remarquable de feu M. Thuret, à Antibes (Var), et dont nous avons parlé en son temps (1). Il fallait pour- voir à la surveillance et à l’entretien des immenses richesses végétales que le regretté savant avait accumulées sur ce point. Cette lacune vient d’être comblée par la nomi- nation de M. Naudin, comme directeur de cet immense musée de végétaux vivants qui, en souvenir de son fondateur, devra porter le nom de Villa Thuret. Le choix ne pou- vait être meilleur, car, non seulement M. Naudin est également un savant et un bo- taniste, mais il aime les plantes, et, comme chacun le sait, c’est la condition essentielle pour les bien cultiver. — Au sujet de la « liasse » introduite dans les cultures depuis quelques années, sous le nom de Raphia , et qui rend tant et d’éminents services, plusieurs personnes nous ont écrit pour nous exprimer deux craintes : celle qu’on manque bientôt de cette précieuse matière ; l’autre que, malgré son extrême souplesse, on ne puisse l’em- ployer pour ligaturer les greffes, parce que, bien qu’elle soit excessivement douce et forte, cette substance se pourrit très-vite. Fort heureusement aucune de ces deux craintes n’est fondée : le premier stock était à peine épuisé qu’un second arrivait, avec une légère augmentation de prix qui, après tout, n’empêche pas l’emploi avan- tageux de cette substance. Quant à son effica- cité comme lien pour fixer les écussons, le doute n’est plus possible : l’expérience a parlé, et, parmi les nombreux exemples que nous pourrions citer, nous nous bornerons au suivant, que nous fournit une lettre d’un des plus forts rosiéristes, M. Granger, à Suisnes, près Brie- Comte-Robert, adressée à MM. Vilmorin et Cie. Voici cette lettre : Suisnes, par Brie-Comte-Robert (Seine- et-Marne), le 8 avril 1878. Le Raphia que vous m’avez livré l’an der- nier est un excellent ligament pour l’attacliage des écussons. Il est plus avantageux sous tous les rapports que la laine ou la laiche que l’on emploie habituellement. Sa grande solidité per- (1) V. Revue horticole , 1878, p. 442. met de mieux réussir l’attachage des greffes ; contrairement à la laiche, on l’emploie sec, et les yeux (écussons) reprennent beaucoup mieux. L’opération du développage, qui nous deman- dait un temps infini habituellement, nous a été évitée cette année par l’emploi du Raphia. Au moment de délier les greffes, nous nous sommes aperçu que les ligatures, qui avaient été très-solides jusqu’à la fin de l’hiver, étaient pourries. Sur 200,000 ligatures, nous n’en avons eu que 50,000 environ à couper. Si tous les horticulteurs et pépiniéristes, qui ont à greffer en plein air de grandes quantités de Rosiers et d’arbres fruitiers, connaissaient l’excellence de ce ligament, ils n’emploieraient pas autre chose. Le prix effraie d’abord ; mais l’expérience ne tarde pas à démontrer que ce n’est pas plus cher qu’autre chose, et que le travail est mieux fait. Partout même où nous utilisions la ficelle de cuisine, nous avons em- ployé le Raphia avec succès. Veuillez, etc. Granger. — Cette année, et comme les précé- dentes, les inflorescences des Chamærops mâles, au Muséum, se sont montrées avant celles des individus femelles. Quelle que soit la cause de ce fait, et comme conséquence pratique, on doit en tirer parti et récolter du pollen, de manière à pouvoir féconder les fleurs femelles quand elles se montre- ront. — M. P. Thierrard, horticulteur à Alexandrie (Égypte), dans une circulaire qu’il vient de publier, informe les amateurs qu’il est en mesure de fournir des graines fraîchement récoltées de Musa Livingsto- nia, espèce qui croît en Abyssinie, dans des contrées « non civilisées, et où il est difficile de pénétrer, sur les bords des torrents des- cendant de froides montagnes de 6,000 pieds d’altitude. » Cette plante sera-t-elle rustique? Est-ce une forme du Musa ensete, qui croît éga- lement en Abyssinie? On le saura probable- ment bientôt. Bisons toutefois que, quelle que soit sa rusticité, elle sera relative, et que cette espèce aura besoin, au moins, de la serre froide pour passer l’hiver. — Un de nos collègues, M. Mangue, nous écrit pour nous faire connaître un procédé employé dans sa localité pour combattre le puceron noir du Melon et qui, paraît-il, donne de très-bons résultats. Voici ce qu’il dit à ce sujet : Quand nos Melons de châssis ont du puceron CHRONIQUE HORTICOLE. • noir, nous nous mettons à deux pour opérer : l’un qui retourne avec précaution les branches des Melons, afin de ne pas les froisser, tandis que l’autre donne un léger coup de seringue pour humecter le dessous des feuilles ; ensuite on les saupoudre de tabac en poudre très-fine, qui, s’attachant en dessous de la feuille, fait mourir les pucerons et les en préserve à l’ave- nir, le tabac restant collé à toutes les aspérités que présentent les Melons ; ensuite nous fer- mons les châssis, afin de concentrer l’odeur du tabac, qui s’accentue encore par l’action de la buée, en ayant soin cependant, le jour de l’opé- ration, d’ombrer pendant le grand soleil. Tout est fini; le lendemain, on continue à traiter les Melons comme à l’habitude, et l’on peut même laisser arriver le soleil sur les plantes en leur donnant de l’air. La poudre de tabac ne fait pas de mal aux Melons ; elle s’attache après le duvet du dessous de ses feuilles et ne les endommage pas. Je puis vous affirmer, Monsieur le rédacteur, que depuis plusieurs années que nous traitons ici les Melons comme je viens de le dire, nous nous en trouvons très-bien, et que jamais nous n’en perdons. Nous achetons des détritus de tabac en poudre à la manufacture des tabacs, à Paris, ce qui est très-peu coûteux. Recevez, etc. H. Mangue, Jardinier au château des Tourelles, à Evry-sur-Seine (Seine-et-0ise). — Jusqu’à ce jour, et bien qu’à plusieurs reprises on ait diversement parlé de la rus- ticité du Bégonia discolor , on ne savait sur ce sujet rien de certain ; le seul point sur lequel on était à peu près d’accord, c’est que cette espèce étant relativement robuste, il suffisait d’un léger abri (feuilles ou paillis) pour la conserver pendant l’hiver. Mieux renseigné aujourd’hui, nous pouvons affir- mer que cette plante est très- rustique et ne souffre jamais même des plus grands froids. Le fait nous est affirmé par un de nos col- lègues, M. Antoine Place, horticulteur, 19, rue de Bordeaux, à l’Arbresle (Rhône). Voici à ce sujet ce qu’il nous écrit : Cette espèce ( Bégonia discolor) est très- rustique ; elle résiste aux hivers les plus rudes, même quand les tubercules sont hors de terre. C’est une plante très-méritante, qui se plaît surtout là où le soleil ne frappe pas ; elle y produit un effet splendide, d’abord par son feuillage, puis à l’automne par ses fleurs. Toute- fois, il est nécessaire que le sol soit léger ; aussi, dans le cas contraire, doit-on remédier en y mélangeant des feuilles, des racines de terre de bruyère ou des débris de végétaux qui, en se 183 décomposant, formeront une sorte d’humus nu- tritif. Je possède encore des tubercules qui ont passé en pleine terre l’hiver de 1870-1871 sans éprouver la moindre altération. Le soleil lui est infiniment plus nuisible que le froid. Ainsi qu’on peut en juger par ce qui pré- cède, tout doute comme rusticité doit être écarté, et l’on peut considérer le B. discolor comme une plante tubéreuse très-rustique, dont on pourra tirer un excellent parti pour orner les lieux ombragés, là où souvent il serait difficile d’y faire venir autre chose. — Au sujet de la répartition des sexes chez le Ceplialotaxus , dont la Revue a déjà plusieurs fois parlé (1), nous recevons la lettre suivante : Colmar, le 23 avril 1878. A Monsieur Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole, Paris. Monsieur, Dans la chronique du dernier numéro de la Revue horticole , vous rappelez le fait d’un Ce- phalotaxus portant à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles. Sur l’invitation que vous adressez à vos lecteurs de vous signaler les faits analogues qui seraient à leur connaissance, je vous communique l’observation suivante. Je possède dans ma collection de Conifères deux Cephalotaxus, distants l’un de l’autre d’environ 3 mètres. L’un est le Cephalotaxus drupacea, qui avait toujours montré des fleurs mâles ; l’autre le Cephalotaxus robusta , dont toutes les branches étaient fructifères et dont les fleurs femelles étaient fécondées par le voisin; ils me donnaient par conséquent des graines fertiles et dont j’ai obtenu de jeunes sujets. Je tenais donc mes deux plantes pour dioï- ques, quand, il y a deux ans, pour la première fois, une branche inférieure du pied mâle ( Ce- phalotaxus drupacea) s’est couverte de fleurs femelles qui m’ont donné des fruits un peu plus allongés que ceux récoltés sur l’autre pied. Cette année, la même branche a reproduit et uniquement des fleurs femelles. Je n’ai pas encore constaté de fleurs mâles sur le Cepha- lotaxus robusta , et j’étais fort embarrassé de m’expliquer ce fait autrement que par un ca- price de la nature, car la vigueur des deux sujets m’autorise à les croire obtenus de semis et non par bouture. Ce dernier cas pourrait expliquer le caractère dioïque de certains sujets, s’il est constant que les branches d’un même sujet restent dioïques. Dans la pensée que ce fait mérite votre atten- tion, je vous prie, etc. Charles Kœnig, Horticulteur à Colmar (Alsace). (1) Revue horticole , 1878, p. 116, 148. 184 CHRONIQUE HORTICOLE. Que les deux plantes en question pro- viennent de boutures ou de graines, qu’elles se rapportent à telle espèce ou à telle autre variété que celle qu’on désigne ordinaire- ment sous ce nom, • — ce qui nous paraît probable, — le fait dont parle M. Kœnig n’en est pas moins intéressant; il montre une fois de plus, comme nous l’avons dit, que les sexes étant une conséquence de la végé- tation, il peut parfois y avoir des interver- sions dans leur répartition. — Un de nos abonnés nous adresse la lettre suivante : A Monsieur le rédacteur en chef de la Revue horticole. « Amateur passionné de mosàiculture , je désire la pratiquer avec art, c’est-à-dire scientifiquement, si c’est possible, et pour cela je viens vous demander s’il y a des règles particulières pour la pratiquer, et dans l’affirmative, si vous ne pourriez, soit dans votre chronique, soit dans un article spécial, indiquer ces règles, de manière que, en ne procédant plus au hasard, on atteigne plus facilement le but qu’on recherche. « Si ma lettre vous paraissait indiscrète ou déplacée, je vous prierais de la considérer comme non avenue ; dans le cas contraire, d’agréer à l’avance mes remercîments pour ce qu’il vous conviendrait de faire. « Dans tous les cas, et quoi que vous fassiez, veuillez, etc. » Nous ne demandons pas mieux que de satisfaire, dans la mesure du possible, au désir de notre abonné : nous le ferons dans un prochain article dans lequel, envisageant la question à divers points de vue, nous tâcherons de la traiter de manière à ce qu’on puisse y trouver un guide dans les diverses conditions où l’on pourrait se trouver. — L’extrême sécheresse qui frappe si cruellement le midi de la France, et dont nous parlions dans notre précédente chro- nique, loin d’être passagère, paraît vouloir devenir permanente, tout en étendant ses ravages. Un seul remède paraît de nature à faire disparaître le mal : il consiste dans la création de canaux d’irrigation, projet dont, au reste, le gouvernement avait été saisi et auquel même, en général, il était favorable. Malheureusement, l’opinion contraire a pré- valu dans le conseil supérieur, de sorte que le projet est ajourné. A ce sujet, nous avons reçu de M. le doc- teur Turrel, secrétaire général de la Société d’acclimatation du Yar, une lettre dont nous détachons certains passages qui, tout en montrant la gravité du mal, indiquent un remède qu’on pourrait y apporter. Toulon, le 23 avril 1878. Cher Monsieur, ... Notre Midi, que son soleil ferait si riche s’il avait de l’eau, devient le pays de la soif ; depuis trois ans il y pleut si insuffisamment que les sources sont taries, et nous sommes fin avril comme les années normales au mois d’août : les Blés sèchent sur pied ; les arbres, même forestiers, meurent, et les Chênes- Lièges des montagnes des Maunes perdent leurs feuilles et succombent à l’extrême séche- resse. Or, à cet état déplorable, aggravé par la destruction de nos vignobles, il n’y a d’autre solution que l’utilisation des eaux fluviales actuellement perdues et improductives, puis- qu’elles vont directement à la mer. Eh bien! la Chambre des députés a écarté le projet de dérivation du Rhône, sous prétexte que cette canalisation nuirait aux intérêts de la batel- lerie. Que pensez-vous de ce motif? Est-il raisonnable de créer ou de perfectionner les voies de communication et les moyens de transport avant de s’être assuré de la matière transportable? Serait-il logique de sillonner le désert d’un chemin de fer, s’il n’y avait que du sable à transporter? Et aucune voix ne s’est élevée pour protester contre une ligne de con- duite qui a pour résultat de priver des moyens de production cinq départements ruinés par le phylloxéra, où l’on ne peut rien cultiver utilement dès que la Vigne en a disparu, à moins d’avoir de l’eau, qui permettrait de riches cultures. Nos paysans désertent la campagne, qui ne peut plus les nourrir ; ils affluent dans les villes, en quête d’un maigre salaire. Le mal occasionné par le phylloxéra est incalculable. Telle famille de cultivateurs qui vivait avec aisance du produit de deux ou trois hectares de Vignes meurt actuellement de faim, n’ayant plus une culture lucrative avec la sécheresse vraiment calamiteuse dont nous souffrons Votre bien dévoué. L. Turrel. — Nous avons constaté avec regret que certains exposants industriels, s’illusionnant sans doute sur leur mérite personnel, semblent regarder dédaigneusement les vé- gétaux qui entourent leurs produits, et considérer « du haut de leur grandeur » 185 EXPOSITION INTERNATIONALE D’üORTICULTURE, A GAND, EN 1878. ceux qui les cultivent. C’est un grand tort, qu’on ne saurait trop regretter, que nous n’hésitons même pas à blâmer, car, ainsi que nous le disions dans notre précé- dente chronique : « Dans cette Babel in- dustrielle, où la science et la pratique sont tellement unies qu’on ne peut les séparer, il n’y a ni premier ni dernier. Là chaque industrie figure pour son compte, sans porter aucune atteinte au mérite de sa voisine, ou mieux de sa sœur. » — Mais il y a plus, et nous n’hésitons pas à dire que si l’une d’elles avait droit à une considération plus grande que les autres, ce serait assurément l’horticulture qui, dispersée dans toute l’Exposition, sert d’ornement à toutes les autres industries bien plus qu’elle ne se fait valoir elle-même. E.-A. Carrière. EXPOSITION INTERNATIONALE D’HORTICULTURE A GAND, EN 1878 L’horticulture gantoise a encore cette année offert aux amateurs et aux curieux des floralies qui auront leur date au livre d’or de nos grandes réunions européennes. Ces fêtes des fleurs ne sont nulle part mieux organisées qu’en Bel- gique. Aujourd’hui, il est à peu près impossible de soutenir l’éclat des expositions internatio- nales, qui, souvent répétées, fatigueraient in- failliblement les visiteurs et les exposants si, à défaut de nouveautés, ils n’y trouvaient chaque fois des éléments de comparaison et d’instruc- tion. D’ailleurs, les introductions nouvelles de- viennent rares, ce qui pourtant ne devrait étonner personne : les voyageurs -collecteurs suivent presque toujours les routes connues et parcourent les mêmes régions; pour découvrir des nouveautés, à l’avenir, il faudra absolument se décider à pénétrer dans les pays à peu près inexplorés au point de vue de l’horticulture, tels que l’Afrique centrale. Nous entendons dire : « En ce moment il y a disette de plantes nouvelles, » ce qui paraît vrai pour deux rai- sons : d’abord parce que, comme je viens de le dire, on ne parcourt guère que les mêmes contrées, et surtout aussi par la rapidité avec laquelle on multiplie les nouveautés qui, peu après leur introduction , sont répandues en gran de quantité. A l’appui de ces dires, nous poumons citer de nombreux exemples de plantes de pre- mier mérite qui, bien que récemment intro- duites, se trouvent déjà chez presque tous les horticulteurs ; pour ne parler que de quelques espèces, citons les Cocos Weddeliana , Gla- ziova insignis , Seafortia robusta, Pritchardia pacifica , Kentia , etc. Toutefois, nous ne nous en plaignons pas, au contraire. La 10e exposition internationale de la Société royale d’agriculture et de botanique de Gand, qui vient d’avoir lieu, a été un véritable suc- cès. Des 321 concours ouverts, presque tous ont été remplis. Quelques collections d’Or- chidées ont fait défaut, ce qui a tenu probable- ment aux froids des derniers jours du mois de mars, qui n’ont pas permis de sortir de leurs chaudes demeures ces fleurs si délicates. Le comité organisateur de l’exposition avait le désir de faire bien; nous lui demanderons la permission de lui dire que nous trouvons qu’il a encore mieux réussi que les années précé- dentes. C’est cette persévérance de la Société qui a donné à la ville de Gand une si grande place dans le monde horticole. M. le comte de Kerchove de Dente rgliem, bourguemestre de Gand et président de la So- ciété, a retracé, dans son discours au jury, les efforts soutenus de ses concitoyens, qui ont su rendre l’horticulture l’une des principales bran- ches du commerce de la Belgique. C’est en 1808 que fut fondée la Société royale d’agriculture et de botanique, sous les auspices de Cornelis, de Lanckmann, de Van Gassel ; vinrent ensuite Verschaffelt, Van Geert et Louis Van Houtte, ces illustres fondateurs de l’horticulture mo- derne, dont les traditions ont été continuées par M. J. Linden. A ces grands noms, il fau- drait associer ceux qui ont aussi apporté leur contingent à l’édifice horticole, que nous ne citerons pas, car la liste en serait trop longue. D’ailleurs, le voyageur qui traverse Gand ne peut les ignorer, car il s’arrête étonné devant cette multitude de portes presque toutes sur- montées de la même inscription : X., horticul- teur. Si, poussé par la curiosité, il jette un re- gard à travers les clôtures qui bordent les rues des faubourgs, il est encore plus surpris à la vue de ces immenses espaces vitrés qui couvrent Mont-Saint-Amand, ou qui s’étendent de la porte de Bruxelles jusqu’au village de Meirel- becke, cette pépinière de la cité gantoise. Depuis 1844, les expositions annuelles se sont régulièrement suivies ; ce fut sous la présidence du chevalier Heynderycx que la Société fut char- gée de l’organisation de la grande exposition d’agriculture de 1849. Cette entreprise réussit brillamment, et depuis la Société se consacra en- tièrement à l’horticulture et à la botanique. Les diverses expositions internationales furent suc- cessivement dirigées par MM. Van den Hecke de Lambeke et de Ghellinck de Walle, ama- 186 EXPOSITION INTERNATIONALE D’HORTICULTURE, A GAND, EN 1878. teurs distingués dont les serres étaient répu- tées parmi les plus belles du continent. Les salles du Casino devinrent trop étroites ; il fal- lut créer des locaux assez vastes pour suffire aux exigences des expositions. La grande salle vitrée, la plus grande de la Belgique, fut édi- fiée à côté des anciennes constructions. Mais la mort vint successivement frapper ceux qui avaient tant contribué à mener à bien cette belle œuvre ; et c’est alors que M. le comte Je Kerchove fut nommé président à l’unanimité ; et pour inaugurer ses nouvelles fonctions, il éleva, au milieu de sa ville de Gand, un énorme jardin d’hiver, l'une des plus belles curiosités de cette antique cité, déjà si fertile en monu- ments historiques ; cette magnifique construc- tion restera comme une attestation des con- quêtes de l’art moderne au point de vue de l’utile et de l’agréable. Sous cette habile direc- tion, nous ne devons donc pas être surpris que l’exposition de 1878 fut l'une des plus belles que l’on ait pu admirer en Belgique, bien que constituée avec des éléments différents de ceux qui composaient les magnifiques floralies qu’on admirait à Bruxelles en 1876 et à Liège en 1877. On a pu se convaincre, une fois de plus, que les Azalées gantoises sont toujours les pre- mières partout où elles figurent, de même que les Orchidées liégeoises forment le plus beau bouquet exotique dans tous les concours où elles se montrent. Si à ces deux grandes répu- tations on ajoute les Palmiers et les Fougères gigantesques des serres de M. Linden, puis les collections si variées de la maison L. Van Houtte, on trouve un ensemble à peu près complet fourni par la ville de Gand, très-heu- reusement achevé par les introductions nou- velles et les exemplaires de culture dont les horticulteurs anglais ont le secret, et qu’ils aiment à produire à toutes les expositions belges. L’ancienne salle du Casino, la grande galerie vitrée, étaient bondées de fleurs et de feuillages, et on a dû y joindre une annexe mesurant 1,440 mètres carrés, sans compter les serres élevées dans les jardins, parmi lesquelles on admirait celle de M. Spilthoorn, qui ne mesu- rait pas moins de 160 mètres carrés; elle était chauffée et spécialement appropriée aux plantes délicates qui n’auraient pu trouver place dans l’ancienne galerie chaude, au premier étage du Casino. La lutte, pour les introductions nouvelles, était entre M. W. Bull et M. Linden; M. Bull est resté vainqueur dans plusieurs concours, grâce à la plupart des belles plantes qu’il avait déjà exposées à Bruxelles en 1876, mais qui ne sont pas encore au commerce. Nous ne trouvons la date de 1878 sur aucune des plantes de cet exposant. De ces nouveautés, vingt ont été in- troduites en 1875, huit en 1876, sept en 1877, les autres de 1872 à 1874. M. Linden nous a montré, pour la première fois, une merveille, le Massangea Lindeni. Cette admirable variété du M. musaica a ex- cité l’enthousiasme des vrais connaisseurs ; l’immense confiance qu’avait M. Linden dans cette nouveauté a peut-être été la cause indi- recte de l’insuccès relatif de cet exposant. Il s’est un peu trop facilement laissé aller au plaisir de montrer cette superbe Broméliacée dans tous les concours où il a pu l’introduire ; peut-être eût-il été plus sage et plus pratique de la moins prodiguer et d’exposer à sa place quelques nouveautés inédites que possède en si grand nombre l’établissement de la rue du Chaume, et qu’il tient probablement en réserve pour la prochaine exposition à Paris. Espérons que notre jury saura tenir compte de cette ga- lanterie pour la France. Voici les résultats des concours des plantes nouvelles : I. — DOUZE PLANTES FLEURIES OU NON FLEURIES INTRODUITES PAR L’EXPOSANT. Premier prix : M. W. Bull. — Encepha- lartos Hildebrandi,i81h. — CrotonRex, 1875. — Dracæna Goldieana , 1872. — Croton pic- turatus, 1874. — Bowenia spectabilis serru- lata , 1877. — Lomaria discolor bipinnati- fida, 1874. — Dieffenbachia triumphans , 1876. — Carludovica Drudei , 1875. — Cataki- dozamia Hopei , 1875. — Cibotium Menziesi. 1874. — Dieffenbacliia splendens , 1876. — Aralia splendidissima , 1875. Deuxième prix : M. J. Linden. — Anthu- rium cristallinum, var. longi folium, 1877. — Kentia Lindeni , 1876. — Pritchardia ma- crocarpa , 1876. — Aralia elegantissima, 1876. — Aralia gracillima, 1876. — Ronnebergia Morreniana, 1876. — Anthurium Dechardi , 1877. — Dieffenbachia Parlatorei, 1875. — Maratia attenuata , 1876. — Pandanus Pan- cheri, 4877. — Dracæna Neo-Caledonica} 1877. — Zamia Lindeni , 1875. II. — SIX PLANTES FLEURIES OU NON FLEURIES INTRODUITES PAR L’EXPOSANT. Premier prix : M. W. Bull. — Sadleria cyatheoides , 1874. — Dracæna Goldieana , 1872. — Bowenia spectabilis , 1877. — Cro- ton Disraeli , 1875. — Dieffenbachia Leopoldi , 1876. — Anthurium Veitchi, 1875. Deuxième prix : M. J. Linden. — Prit- chardia aurea , 1876. — Aralia filicifolia, 1876. — Dieffenbachia illustris , 1877. — Til- landsia tessellata, 1874. — Philodendron gloriosum , 1877. — Cyathea Pancheri , 1877. Troisième prix : M. L. de Smet-Duvivier. III. — douze plantes fleuries ou non fleu- ries INTRODUITES PAR L’EXPOSANT, ET NON AU COMMERCE. Premier prix : M. W. Bull. — Panax EXPOSITION INTERNATIONALE D’HORTICULTURE, A GAND, EN 1878. 187 plumatum, 1877. — Aralia venusta , 1876. — Dieffenbachia Shuttleworthii , 1875. — Dief- fenbachia regina , 1875. — Dieffenbachia Leo- poldi, 1876. — Dipteris Horsfieldi , 1877. — Alocasia Johnstonii, 1875. — Doodia aspera multifida , 1875. — Croton princeps, 1876. — Alsophylla undulata , 1875. — Croton corni- ger , 1877. Deuxième Prix ; M. J. Linden. — Massan- gea Lindeni , 1878. — Massangea , variétés, 1878. — Tillandsia fenestralis, 1878. — Areca species nova, 1878. — Kentia Luciani , 1878. — Cyphokentia robusta , 1878. — Amorpho- phallus Cochinchinensis , 1878. — Lomaria species nova , 1878. — Aralia Kentiœfolia, 1878. — Dieffenbachia Andreana , 1878. — Cespedesia Bonplandi, 1878. — Lycopodium Neo-Caledonicum, 1878. Troisième prix : J. Mackoy, à Liège. — Aralia paucidens, 1878. — Croton Doneai , 1877. — Cyathea Mooreana , 1878. — Dra- cœna Regeli , 1878. — Geonoma Wendlandi, 1877. — Kentia Macarthuri , 1877. — Ma- ranta Hoyeri, 1878. — M. Kerchovei, 1878. — M. Morreni, 1878. — M. Pierardi , 1878. — Paullinia argentea picta, 1877, — Platy- cerium bipinnatifidum, 1878. IV. — VINGT PLANTES FLEURIES OU NON FLEU- RIES, DE NOUVELLE INTRODUCTION. Premier prix : M. L. van Houtte. — Dra- cœna speciosa , Anthurium argenteo marmo- ratum , 1878. — A. Veitchi, A. Warocquea- num , Croton Challenger , 1878. — C. aureo maculatum , 1878. — C. reginæ, 1878. — Dracœna Goldieana, Kentia van Houtteana , 1878, etc. Deuxième prix : M. J. -G. Moens. Troisième prix : M. Aug. Van Geert. — An- thurium Regeli , 1877. V. — une plante fleurie. Premier prix : M. J. Linden. — Anthurium Dechardi. Deuxième prix : M. J. Mackoy. — Cheval- liera Veitchii , superbe Broméliacée. Troisième prix : M. W. Bull. — Hœman- thus Manni. VI. — UNE PLANTE NON FLEURIE NOUVELLEMENT INTRODUITE. Premier prix : M. J. Linden, — Massangea Lindeni . Deuxième prix : M. Aug. Van Geert. — An- thurium Veitchi. Troisième prix : M. W. Bull. — Dieffenba- chia Leopoldi. VII. — un Palmier nouveau. ' Premier prix : M. d’Haene. — Areca Vers- chaffelti pendula. Deuxième prix : M. W. Bull. — Martinezia Roezli. Troisième prix : M. Aug. Vangeert. — Ptychosperma rupicala. VIII. — trois Fougères nouvelles. Premier prix. — M. W. Bull. — Lastrea cristata variegata. Deuxième prix : L, de Smet. — Neqihrolepis Duffi. Après cette longue liste des nouveautés ex- posées, il convient de citer les Orchidées de MM. Oscar Lamarche de Rossius (de Licge), Massange de Louvrex (de Licge), Rollisson (de Londres), Beaucarne, etc. ; les plantes exo- tiques variées, shmerveilleusement cultivées, de M Veitch; un Magnolia nouveau qui sera pro- chainement figuré dans la Revue horticole et un beau Tillandsia Zhani, Stenospermatium Wallisi , jolie Aroïdée, etc. ; enfin une superbe collection de Jacinthes. Comme M. Veitch, M. Williams exposait aussi hors concours quelques très-bonnes plantes, telles que : Calamus ciliaris, Anthu- rium Patini , Anoplophytum Rollisoni, Glei- chenia Mendelli , G. rupestris, Macrozamia Dennisoni , une belle collection de Croton et un joli lot de Cyclamen. Notons aussi les Maranta de MM. Van Houtte et d’Haene, les Broméliacées de M. Truffaut (de Versailles), qui dénotaient une culture bien comprise et un choix judicieux parmi les bonnes espèces, Karatas Legrellœ , Vriesia psittacina variegata , Bromelia lati- folia , Massangea musaica , etc. Dans le même genre, les collections de M. Vanden Wouwer (d’Anvers) étaient bien pourvues de forts spécimens des Tillandsia argentea , Anoplophytum xyphioides, Ronn- bergia Morreniana, Hechtia , sp. nova ? M. Desbois avait aussi exposé quelques plantes rares ; ses beaux Disteganthus scarla- tinus , Guzmania fragrans var. rubra et Til- landsia staticœflora , méritent une mention spéciale. Les deux grands amateurs gantois, MM. de Kerchove et de Ghellink de Walle, luttaient avec des armes égales pour les grandes collections d ’Azaléas, de Cycadées, de Fou- gères, de Palmiers et VAroïdées; ils étaient suivis de près par des horticulteurs, MM. Van Houtte et d’Haene, qui exposaient de forts beaux Palmiers ; M. J. Nuytens-Verschaffelt avait de belles Cycadées aux troncs séculaires. Quant à M. Vervaene, ses AzoAèes étaient tout simplement superbes; cet habile horticulteur montrait des sujets greffés de plusieurs espèces formant des étages de diverses couleurs appelés couronne royale. Nos félicitations pour ce tour de force très-curieux. Quant aux Nepenthes et aux Dracœna , c’est 188 PAPHINIA NUTANS. toujours M. Wills qui remporte les palmes des concours ouverts pour ces belles plantes ; ces deux collections étaient d’un choix et d’une culture irréprochables ; citons, parmi les nou- veaux hybrides, Dracœna Leopoldi et D. re- curvata, qui nous semblent sortir des formes ordinaires pour se rapprocher des Crotons. Les autres gains de M. Bause seront bientôt aussi panachés que les Caladium bulbosum hybrides de M. A. Bleu, dont les nouveautés récentes étaient exposées dans de bonnes conditions par M? Lemonnier, amateur à Lille. Nous renonçons à décrire les concours rem- plis par M. L. de Smet-Du vivier. On pourra se faire une idée de ses apports en songeant qu’il a obtenu plus de cinquante médailles. Les grands prix donnés par M. W. Bull, pour les plantes introduites par lui, ont été rempor- tés par MM. Massange de Louvrex et L. Van Houtte. Le Van IIoutte’s memorial, prix fondé par le comité anglais pour honorer la mémoire du grand horticulteur gantois, a été la part bien méritée de ses enfants, pour leur concours de six plantes fleuries de serre chaude et de serre froide, remarquables par leur beauté et leur culture. L’objet d’art de 500 fr. donné par le comte de Kerchove comme premier prix (concours 171, pour 75 plantes fleuries et non fleuries) a été décerné à l’éta- blissement L. Van Houtte, qui a montré que les traditions du maître étaient rigoureusement gardées par sa famille qui, fidèle aux préceptes de son chef, pense que la meilleure manière de faire vivre son souvenir, c’est de continuer à marcher dans la voie du progrès, tout en ayant bien soin de soutenir les collections qui ont fait la réputation universelle de l’établissement modèle de Gentbrugge. Les semis à’ Amaryllis, d’Azalées ( Mémoire de L. Van Houtte, premier prix), A lmantophyllum, de Jacinthes, de Bertolonia, de Gesnériacées, etc., prouvent, mieux que ne le ferait tout ce qu’on pourrait dire, les efforts incessants et heureux faits pour améliorer encore ce qui était déjà si beau. Ne pouvant citer les noms des 262 exposants qui ont pris part à ces floralies, ni énumérer toutes les plantes comprises dans 321 concours, nous terminerons ce compte-rendu en disant que les 125 membres du jury (1) ont trouvé l’accueil le plus cordial auprès du comité de la Société royale d’agriculture et de botanique. Ges ha- biles administrateurs n’ont rien épargné pour donner à leurs invités l’hospitalité la plus large et la plus courtoise, au milieu de cet Eden de l’horticulture moderne et sous les auspices d’un gouvernement fort, parce qu’il est res- pecté, et avec l’aide d’un peuple libre, parce qu’il sait se contenter de lois qui le laissent travailler à l’abri des révolutions politiques ou sociales. A. de la Devansaye. PAPHINIA NUTANS Le genre Paphinia , créé par Lindley, ne renferme qu’un très-petit nombre d’espèces originaires des Guyanes, où elles croissent sur les arbres à l’état d’épiphytes. Toutes sont remarquables par leurs formes et sur- tout par leurs couleurs qui, sans être bril- lantes, sont pourtant très-remarquables et tellement bizares qu’on peut les dire jolies. Celle que je cultive au Muséum me paraît très-voisine du P. cristata, Lindl. Voici les caractères qu’elle m’a présentés. Plante naine, à pseudobulbes courtement ovoïdes-elliptiques, comprimés, sillonnés lon- gitudinalement, ordinairement surmontés de deux feuilles plissées-nervées. De la base des pseudobulbes part une hampe d’un vert gris roux pieté, souvent plusieurs fois cou- dée, rampante ou pendante, portant de larges bractées foliacées, engainantes, de même couleur que la hampe. Fleurs très- grandes, atteignant jusqu’à 10 centimètres de diamètre, étalées, stellées, un peu con- caves et formant une sorte de cloche à cinq divisions ovales, très-longuement acuminées en pointe, d’un rouge brun extérieurement, rouge sombre à l’intérieur ; les trois divi- sions externes sont bandelettées de blanc, ainsi que leur bord, ce qui forme un char- mant contraste. Le labelle, petit et concave, encore plus coloré que les divisions, est bordé de cils longs, très-rapprochés, de couleur claire presque blanche, qui con- traste très-agréablement. Le gynostène, sub- cylindrique, arqué, sagitté au sommet, est transversalement bandeletté à sa base, et se termine à sa partie supérieure par une sorte d’appendice subtrilobé. Cette espèce qui, je le répète, me parait très-voisine du Paphinia cristata, végète à la façon des Stanliopea , de sorte que, comme ceux-ci, on doit la cultiver en paniers suspendus, dans une serre chaude, en terre de bruyère très -grossièrement con- cassée, mélangée de tessons et de sphagnum bien divisé. Houllet. (1) Le jury était présidé par M. le duc Decazes, président de la Société centrale d’horticulture de France. RUSTICITÉ DU BEGONIA SEMPERNIRENS. 189 RUSTICITÉ DU BEGONIA SEMPERFLORENS Déjà, dans la Revue horticole, nous avons eu l’occasion de parler des Bégonia sem- perflorens au point de vue de la rusticité. Sur ce sujet, nous recevons d’un de nos collègues une lettre qui semble confirmer le fait, tout en le précisant. Voici cette lettre . Chaumont, le 18 avril 1878. Monsieur le rédacteur en chef de la Revue horticole. « Au commencement de ce mois-ci, je remarquai dans une corbeille plantée l’année dernière en partie de Bégonia semperflo- rens que certains de ceux-ci repoussaient du pied. Ce fait me rappela une intéressante lettre de M. Victor Cabé, publiée dans la Revue horticole du 1er juillet 1877, au sujet de la rusticité relative des Bégonia semper- florens ; mais tandis que M. Cabé avait recouvert de feuilles ses plantes, après leur avoir coupé les tiges, et qu’il les décou- vrait par les jours de soleil — ce qui exigeait des soins particuliers, — je n’ai rien fait pour garantir les miennes de la gelée, dans la cer- titude où j’étais qu’elles devaient infaillible- ment périr. Aussi quelle n’a pas été ma sur- prise de voir quelques pieds qui repoussaient, alors surtout que, au commencement de jan- vier, nous avions eu une nuit pendant laquelle le thermomètre centigrade minima a mar- qué, à l'air libre, 11 degrés 5/10 au-dessous de zéro, et tout une semaine où il est resté stationnaire entre 4 et 10 degrés également au-dessous de zéro ! « Les Bégonia semperflorens qui repous- sent sont plantés dans une corbeille exposée à l’ombre de grands Chênes séculaires, et un peu abritée contre les vents du nord- ouest par une bordure de vieux Ifs éloignée de 20 mètres environ ; mais cet abri n’est pas suffisant pour expliquer le fait que je vous signale, surtout si l’on songe que la corbeille étant plantée au centre en Bégonia discolor, dont je fis enlever les bulbes à l’automne, et en Bégonia Laura comme bordure, que je fis également relever, la terre de la corbeille se trouva complètement bouleversée, tellement même que certains Bégonia semperflorens, qui occupaient la zone comprise entre les deux espèces ci- dessus, se sont trouvés complètement déra- cinés, les fortes pluies d’hiver aidant, et aussi les gelées intenses de fin de décembre et de janvier. Inutile de dire que ces der- niers sont morts ; mais certains de ceux qui ont émis de nouvelles feuilles ont la moitié de leurs racines à nu. J’ai donc la convic- tion qu’avec une légère couverture de feuil- les, et même sans le moindre abri pendant les hivers plus cléments, les Bégonia sem- perflorens peuvent être considérés comme plantes rustiques. c( AproposdelacommunicationdeM.Cabé, vous demandiez qu’il voulût bien « préciser les espèces qu’il a essayées, car sous le nom de Bégonia semperflorens , vous avez par- fois rencontré des plantes de nature et de rusticité diverses. » Le Bégonia dont je vous parle est le Bégonia semperflorens dont les graines sont annoncées sous ce nom dans le catalogue de MM. Vilmorin-Andrieux et Cie, qui me les ont fournies. C’est" du reste le seul semperflorens que je con- naisse ; ses feuilles sont vertes, ses fleurs blanches ou blanc très-légèrement rosé à l’extrémité des pétales, et son port est abso- lument semblable à la figure que donne de cette variété le catalogue de la maison Vil- morin-Andrieux. « Me permettrez-vous, Monsieur le rédac- teur, en terminant cette lettre, déjà trop longue, de vous présenter une petite obser- vation à propos de l’article que vous avez publié dernièrement sous ce titre : Une plante particulièrement propre à la mo- saiculturel Vous reconnaissez, dites-vous avec juste raison, que « le vent souffle du côté » de la mosaïculture, que « c’est la mode » et « qu’on ne discute pas avec celle- ci. » Eh bien, s’il en est ainsi, ne pensez - vous pas qu’il pourrait être agréable à bon nombre de vos sympathiques lecteurs que la Revue horticole publiât quelques jolis dessins de mosaïculture ? Je ne sais si je m’abuse; mais beaucoup de vos abonnés vous en seraient, ce me semble, particuliè- rement reconnaissants. cc Si vous pensez que ma communication sur les Bégonia semperflorens puisse offrir quelque intérêt, je vous autorise à faire de ma lettre tel usage qu’il vous conviendra. « Veuillez, etc. » Albert Subra, A Chaumont, commune d’Escosse, près Pamiers (Ariége). 190 KARATAS HUMILIS. Inutile, croyons-nous, de faire remarquer l’intérêt qui se rattache à cette lettre qui, en montrant d’une manière à peu près certaine que, contrairement aux auteurs qui le disent de serre chaude parce qu’il est du Brésil, le Bégonia semperflorens est à la portée de tout le monde, puisque, même dans des conditions relativement froides, le plus léger abri suffit, à sa conservation, ce qui, d’autre part, vient à l’appui des recommandations que nous ne ces- sons de faire : « de ne tenir que très-médio- crement compte du pays d’origine pour juger de la rusticité des plantes ; que, sous ce rap- port, l’expérience seule peut démontrer la vérité. » Combien de plantes qui ornent aujour- d’hui nos jardins, où elles résistent aux plus grands froids, bien que lors de leur introduc- tion on les ait cultivées pendant très-longtemps dans des serres chaudes ! Tels sont le Marron- nier commun, les Aucubas, les Pivoines en arbre, etc., et plus près de nous le Paulownia, Quant au désir exprimé par notre corres- pondant relativement à la mosaïculture , nous en prenons bonne note et ferons en sorte de lui donner satisfaction dans la mesure du pos- sible. [Rédaction. J KARATAS HUMILIS Cette Broméliacée est l’une des plus inté- ressantes du genre, soit au point de vue ornemental, soit sous le rapport scientifique. Elle a été figurée et décrite par Jacquin en 1781, dans ses Icônes plantarum , I, fig. 35, sous le nom de Bromelia humïlis ; mais mal reproduite, cette planche ne peut donner qu’une idée très -imparfaite de cette belle plante. Il est assez surprenant que, citée seize fois dans les publications botaniques parues de 1762 à 1862, cette plante n’ait jamais été figurée convenablement. Fleuris- sait-elle rarement ou serait-elle lente à croître? C’est ce que nous ne saurions affirmer; l’exemplaire qui a servi pour la planche ci-jointe n’est dans nos cultures du Fresne que depuis le printemps 1876. C’est en mars 1877 que nous avons eu le plaisir de voir sa floraison, qui du reste s’annonce près de deux mois à l’avance par la coloration roRge vermillon que prennent les feuilles centrales, qui, alors simulent de grandes bractées. Cette coloration anticipée des feuilles est particulière à bien des Bromé- liacées; souvent même elle forme leur plus belle parure, leurs fleurs, le plus souvent, étant simplement des organes utiles, mais peu décoratifs. (La figure 35, très-réduite, peut donner une idée de la plante de gran- deur naturelle.) Chez les Karatas, fait singulier, cette variation des feuilles cen- trales apparaît régulièrement chaque année, à l’époque précise de la floraison, même quand cette dernière n’a pas lieu. Nous avons observé ce phénomène sur le Karatas Legrellai (Ed. Morr.) et sur le Bromelia Agavœ folia (Brongn.), qui doit être un Karatas. Chez les sujets qui ne fleurissent /terne //arfiat/e Ûodar/dd. ~ V Lith .MarotU, Par,*. KARATAS HUMILIS. 191 pas, la coloration des feuilles centrales persiste moins longtemps que sur les plantes qui portent des fleurs. D’ailleurs, dès que l’inflorescence paraît, ces brillantes teintes passent, et le végétal reprend son caractère primitif. M. le docteur C. Koch cite une bonne floraison du Bromelia ou Karatas humilis qui eut lieu, en 1859, chez L. Ma- thieu, horticulteur à Berlin. (Voy. Belgique horticole , 1860, t. X, p. 204, 206.) Voici la description donnée par ce botaniste, la- quelle n’est pas tout à fait semblable à celle de Jacquin, qui nous paraît plus exacte et que nous reproduisons également : DESCRIPTION DE C. KOCH. Par Yhabitus , le Bromelia humilis se rap- proche du B. karatas , L. ; mais il a moins de feuilles, et celles-ci ne sont pas aussi longues ; elles sont plus surbaissées, entièrement plates, et point du tout en gouttière. Cet habitus se rapproche encore davantage de celui de YAgal- lostachys Pinguin , Beer. L’inflorescence ne s’y élève guère au-dessus des feuilles. Les fleurs sont isolées et sessiles, sur la partie supérieure convexe du pédoncule, très-rac- courci. C’est à peine si les pointes des trois cüvisions de leur corolle sortent de dessous les spathes qui protègent les fleurs, qu’une bourre épaisse environne. Les feuilles du cœur se colorent, mais ne prennent jamais la couleur intense que possèdent la plupart des Agallos- tachys fies Agallostachys ne sont pas plus colorés ). DESCRIPTION DE JACQUIN. Presque acaule, le Bromelia humilis a les feuilles ligulées, acuminées, bordées de dents épineuses, à épines recourbées ; elles sont ca- rénées, très-raides, étalées, longues d’environ 33 centimètres (jusqu'à 50 et 60 centimètres ), celles du centre dans la plante en fleurs courtes (de 10 à 15 centimètres ) et colorées d’un beau rouge ponceau ; fleurs au nombre d’une tren- taine, sessiles et groupées en un capitule con- vexe, large d’environ 4 à 5 centimètres, couvert de poils laineux abondants, au-dessus desquels s’élèvent uniquement les extrémités des corolles, accompagnées de bractées oblongues, très- concaves; ovaire cotonneux, brunâtre; sépales dressés, obtus, blanchâtres, laineux en dehors; pétales dressés, oblongs, concaves, glabres, blancs dans le bas, pourpres dans le haut. Cette Broméliacée, selon M. Ed. Morren, doit être classée dans le genre Karatas de Plumier et devenir le Karatas humilis (Ed. Mor.). Endichler lui assigne le Mexique comme patrie ; ses synonymes sont : Mad- 'ibegia humilis (Liebm .), Nidularium hu- mile (Reg.), Bromelia hemisphœrica (Lam.). Ce dernier qualificatif convient en effet parfaitement à cette énorme sorte d’araignée végétale qui, malgré ses nom- breuses épines, devrait trouver place dans toutes les collections, où elle figurerait di- gnement, si surtout on la plaçait, comme on le fait pour certaines Pandanées, sur un socle élevé ou dans une suspension. Le genre Karatas a été fondé en 1703 par le P. Ch. Plumier, dans son Nova plantarum ameri- canarum généra; il le distingue nettement de son autre genre Bromelia. Ce genre fut fondé sur une seule espèce répandue aux Indes occidentales et nommée Karatas par les Caraïbes, et qui, suivant M. Ed. Morren, se caractérise par une inflorescence nidu- lante, un calice tubuleux à divisions lon- gues, à préfloraison valvaire ; une corolle tubuleuse, clavée, à préfloraison imbriquée. Etamines insérées sur le tube de la corolle, courtes, à anthères basifixes. Ovaire à pa- rois épaisses disposées avec des ovules peu nombreux, sur deux rangs et arrondis. Il diffère par plusieurs caractères du genre Nidularium , qui pourra être maintenu avec une partie de ses espèces. Aujourd’hui on cultive plusieurs Bromé- liacées appartenant à la section des Karatas ; ce sont : 1° Karatas de Plumier, syn. Karatas Plumieri (Ed. Mor.), Bromelia Karatas (Linn.), Nidularium Karatas(Lem.).P\daite industrielle aux Antilles et dans l’Amérique du Sud. (Voyez P. L. Simmonds, Tropical agriculture , Londres, 1877.) 2° Karatas humilis (Ed. Mor.), syn. Bromelia humilis (Jacquin). Indes occi- dentales, introduit en 1789. C’est l’espèce dont nous parlons. 3° Karatas Legrre?ïce(Lind.etEd.Mor.), syn. Bromelia Karatas, var. caulescens (Redouté). Admirable plante, malheureuse- ment très-rare dans le commerce. 4° Karatas agavœfolia (Hort. A. D.), syn. Bromelia agavœfolia ( Brongn.). Très- rare ; semble n’être qu’une forme du K. Le- grellœ. (Voyez Revue horticole , 1875, p. 373.) Nous cultivons ces deux espèces; leur floraison montrera si la distinction ac- tuelle doit être conservée. On dit le K. aga- vœfolia originaire de Cayenne (?). 5° Karatas lagopus (Ed. Mor.). Nouvelle espèce décrite par le célèbre botaniste de Liège en 1877. PTERIS UMBROSA CRISTATA. — DES CURMERIAS. 192 Culture. — Toutes ces Broméliacées si ornementales se cultivent en serre tempérée chaude + 15° centigrades, dans un sol léger et perméable, afin de rendre efficaces de fréquents arrosements avec engrais arti- ficiel. A. de la Devansaye. PTERIS UMBROSA CRISTATA Très-probablement issue du croisement des Pteris umbrosa et P. serrulata cris- tata, la plante dont nous parlons est inter- médiaire entre ces deux espèces. Elle a pris de l’une et de l’autre ce qui, au point de vue commercial, peut être considéré comme le plus avantageux. En effet, le P. umbrosa cristata se tient très-bien ; ses tiges, qui s’élèvent jusqu’à 60 centimètres et plus, sont dressées et donnent naissance à des ramifications latérales ou sortes de frondes secondaires qui portent des pinnules lon- gues et relativement larges, souvent gra- cieusement ondulées, terminées par des parties élargies, plus ou moins divisées et légèrement contournées, qui rappellent les cristatures de l’un des parents, du P. serru- lata cristata. Disons encore que la plante n’est jamais grêle et qu’elle forme une, sorte de buisson compact, bien que léger et gra- cieux, avantages qu’elle doit à. l’inégalité de ’ Le genre Curmeria (dédié à M. Curmer,1 éditeur d’ouvrages particulièrement propres \ à l’histoire naturelle) a été créé par un de ; nos compatriotes, M. E. André, pour y placer une Aroïdée cultivée dans l’établissement horticole de M. Linden, sous le nom provi- soire de Homalomena màrantoides. Les principaux caractères qui séparent le genre Curmeria du genre Homalomena,. antérieurement créé par Schott, consistent dans la forme de l’ovaire et du stigmate, l’absence des organes générateurs rudimen- taires, le port acaule, enfin par sa patrie, qui est américaine au lieu d’être asiati- que, etc. (1). Bien que de création très-récente (cinq à six ans), le genre Curmeria comprend déjà trois espèces particulièrement remarquables par la belle coloration de leur feuillage. En voici la description : 1° Curmeria picturata , Linden et André (c’est sur cette espèce qu’en 1873 M. André (1) Schott a décrit cinq espèces originaires des Indes-Orientales et une d’Amérique. (H. Wendland). ses tiges, les unes s’élevant à environ 60 centimètres, tandis que d’autres, beaucoup plus courtes, se ramifient dès la base et font disparaître le pot, de sorte que l’ensemble constitue un buisson aussi élégant que léger, très-propre à la décoration. Le Pteris umbrosa cristata, qui est vigoureux et relativement rustique, sera très-avantageusement employé pour l’or- nementation des appartements. Gomme à peu près toutes les Fougères, il a besoin de beaucoup d’humidité ; on devra donc ne pas laisser dessécher la terre des pots, sur- ' tout si les plantes sont dans un apparte- ment. Quant à sa multiplication, on la fait d’éclats, chose d’autant plus facile que la plante est vigoureuse. C’est donc une sorte / très-méritante. Elle a été obtenue par M. Luddemann, horticulteur, 2p, boulevard , d’Italie, à Paris, chez qui on pourra se la procurer. E.-A. Carrière. , V '* ■ ; v : . M &*; * é-f- a créé le genre Curmeria). Découverte par M. Boezl, dans la Nouvelle-Grenade, cette espèce forme une belle plante herbacée, naine, touffue, à rhizome vivace et épais; les feuilles étalées sont supportées par de courts pétioles ; leur limbe elliptique, obtus, cordiforme, est coloré de vert foncé (changeant avecTâ’ge); enfin sur la nervure médiane est peinte une large bande blanc d’argent. ' 2° Curmeria Roezlea [RoezliJ, Masters. Cette espèce a également été introduite par M. Boezl, qui, de Colombie, l’a envoyée à M. Bull, à Londres, a le limbe des feuilles coloré de vert sombre sur lequel contrastent agréablement de nombreuses et très-irrégu- lières macules vert jaune et jaune brillant. Elle a été mise au commerce en 1875. 3° Curmeria Wallisea (Wallisi], Mas- ters (fîg. 36). Originaire de Colombie, où elle croît à l’ombre de grandes forêts, cette belle et gracieuse plante a été mise au com- merce, en 1877, par M. William Bull, hor- ticulteur Knig’s Road, Chelsea, à Londres. C’est une plante naine, acaule, touffue, à 193 DES CUKMERIAS. rhizome vivace et aromatique ; ses feuilles, de moyenne grandeur, brièvement pétiolées, un peu étalées ou retombantes, ovales-oblon- gues-inéquilatérales (à côtés inégaux), arron- dies à la base, acuminées à leur extrémité, sont d’un beau vert foncé et velouté en dessus, abondamment parsemé de macules vert jaune pâle, jaune d’or et vert grisâtre. Gé- néralement ces macules suivent les nervures secondaires et sont excessivement irrégu- lières dans leur forme, leur dimension et leur coloration. En dessous, le limbe est coloré de rougeâtre plus foncé dans les par- ties vertes en dessus et plus clair vis-à-vis des macules. Gomme tous les végétaux herbacés des régions équatoriales de l’Amérique centrale, ces trois Curmeria doivent être cultivés dans une serre chaude humide, à l’ombre, dans la terre de bruyère tourbeuse grossièrement concassée; enfin, une chose importante, c’est de donner à ces plantes de copieux arrosages et de très-fréquents bassinages pendant tout le temps de la végétation. PvAFARIN. Fig. 36. — Curmeria Wallisea. 194 DES TERRES LABOURÉES ET DES TERRES PAVÉES. LES TERRES LABOURÉES ET LES TERRES PAYÉES FRAGMENTS D’UNE HISTOIRE INÉDITE DU JARDINAGE (1) Les plantes vivaces, les ceps, les ar- bustes, les arbres, peuvent-ils se passer de labour et s’accommoder d’une terre durcie, piétinée ou même pavée? Si l’on soumettait cette question à un congrès d’horticulteurs, elle ne se résoudrait plus aujourd’hui par une solution unanime. L’accord qui a existé jadis pour affirmer la nécessité du labour a fait place à des opinions diverses. Parmi les auteurs de traités modernes, les uns re- commandent l’emploi de la bêche; d’autres, plus nombreux et se disant plus raffinés, ne tolèrent que les instruments fourchus ; d’autres enfin interdisent toute espèce de labour, et veulent qu’on se contente de détruire les « folles herbes » par des bi- nages qui n’entament presque pas la terre. On, pourrait croire, et quelques-uns l’ont cru en effet, que les partisans du labour ont pour eux la sanction de l’expérience, l’exemple des écrivains spéciaux de tous les siècles, et qu’ainsi le débat est clos, au moins historiquement. Cette façon de juger n’est pas très-juste, car s’il est vrai que les anciens labouraient souvent et profon- dément, il ne l’est pas moins qu’ils le fai- saient dans des conditions très-différentes de celles qu’a créées l’horticulture moderne. En plantant leurs arbres, ils les enfonçaient assez profondément pour que les racines fussent à l’abri de toute atteinte, et dès lors ils pouvaient impunément tourner et re- tourner la terre supérieure. Aujourd’hui, au contraire, on préfère généralement plan- ter haut; cela vaut peut-être mieux, étant plus conforme aux indications de la nature; mais cela fait, en même temps, que ceux qui labourent sous des arbres ainsi plantés sont en dehors des données primitives et, de deux procédés inséparables, abandonnent le plus essentiel. Chez les Romains ou, pour parler plus exactement, chez les auteurs qui ont écrit en latin, depuis Caton jusqu’à Pallade, pen- dant une période de sept cents ans, le labour est rigoureusement prescrit pour les Vignes, et souvent aussi pour les arbres fruitiers. Il se pratiquait à la charrue dans les grands (1) V. Revue horticole, 1877, p. 421; 1878, pp. 87, 104. vignobles, à ceps très-espacés ; dans les villas, il consistait dans l’ablaquéation, c’est- à-dire dans le creusement, autour de chaque cep, d’une cavité ( caverna ) de un pied et demi romain (33 centimètres). C’était, à la profondeur près, ce qui se fait encore dans les Vignes des environs de Paris, quand, à l’automne, on les tire en huttes. Le creusement et le comblement des lacs se répétaient plusieurs fois dans l’année ; on déblayait avant l’hiver ; on remblayait lors des grands froids, pour recommencer à découvrir au printemps et recouvrir pen- dant l’été. Ce travail énorme était accom- pagné d’une opération que va nous expli- quer Columelle (2) : ce Aux ides d’octobre, avant que les froids ne sévissent, il faut dé- chausser les Vignes, ce qui met à nu les petites racines émises pendant l’été. Le vigneron attentif les supprime, car s’il leur permettait de grossir, elles nuiraient aux racines inférieures. Il arrive, quand la Vigne a des racines à la partie supérieure du sol, qu’elles souffrent tour à tour du froid et de la chaleur, et que la sécheresse de la canicule fait tort au cep. C’est pour- quoi. lors du déchaussement, il faut couper toutes celles qui poussent jusqu’à la profon- deur de un pied et demi (33 centimètres). La manière de procéder à cette suppression ne doit pas être la même que pour la taille de la partie aérienne de la Vigne; la plaie ne doit pas être nette, ni la section faite au rez du tronc, parce qu’il en sortirait par la suite un plus grand nombre de racines. Il les faut donc tailler à la longueur d’un doigt » (De re rustica , IV.) Ce parti pris de ne laisser croître aucune racine dans la zone soumise au labourage ne peut se justifier que s’il s’accorde avec un mode particulier de plantation. Or, tous les auteurs sont d’accord sur ce point : on plantait de telle sorte que le plus haut verti- (2) Columelle est l’auteur qui a le mieux et le plus amplement décrit la culture des anciens. En lui se résume tout ce qui constitue le bagage hor- ticole de l’antiquité, car s'il devait, quatre siècles plus tard, être copié presque mot pour mot par Pal- lade, il fut lui-même plagiaire des anciens géopo- miques latins, lesquels avaient été plagiaires du Carthaginois Magon et des Grecs. 195 DES TERRES LABOURÉES cille des racines était recouvert d’au moins deux pieds de terre (44 centimètres). Encore n’était-ce que pour la Vigne qu’on fixait cette hauteur, qui nous paraît si considé- rable. C’est ce que Virgile appelle « un léger sillon » ( tenuis sulcus) ; mais, ajoute-t-il, l’arbre fruitier exige un plus grand enfon- cement ( altior ac penitus terrœ defigitur arbos). Avec de pareilles garanties, on pouvait labourer aussi souvent et aussi profondé- ment qu’on le croyait utile ; on pouvait creuser des « lacs » autour des ceps pour y retenir l’eau de pluie. Columelle a un axiome qui montre bien quelle importance les anciens attachaient à ce point de leur méthode : « Il est plus à propos de ne pas planter du tout que de planter haut » ( prœs - tat non conserere quam in summâ terrâ suspendere). La couche supérieure n’avait donc pas de rôle direct et actif dans la végétation; seu- lement, dans les plantations espacées, on y semait quelques légumes, Pois, Fèves, etc. Mais, dans tous les cas, on la regardait surtout, et avant tout, comme la sauvegarde nécessaire des racines. C’est ce que Colu- melle explique ainsi : « la terre inférieure nourrit les racines ; la supérieure les pro- tège » (terra inferior alit radiées superior custodit). De là la nécessité, en plantant, de déposer au fond des trous la meilleure terre, celle du dessus, provenant de la fouille, et de réserver celle du dessous pour la couche superficielle, qui est moins bonne. Caton en avait déjà donné le précepte : ce En plantant l’Olivier, la Vigne, le Figuier et les autres arbres, mets en dessous la terre du dessus » ( terram summam subdito). Ses succes- seurs n’ont pas manqué de faire la même recommandation, et Columelle signale ce point comme devant être l’objet d’une grande surveillance. Quand le terrain ne devait pas recevoir un surcroît de culture en légumes ; quand, par exemple, il était complanté en Vignes serrées, la composition de la couche supé- rieure devenait chose assez indifférente ; il n’était pas rare que cette couche protectrice ne fût pas formée de terre. « Quelles que soient les espèces que tu plantes, dit Virgile, fume-les bien, et n’oublie pas de recouvrir leurs racines, soit d’une bonne couche de terre (multâ terrâ), soit de pierrailles, qui laissent passer l’eau, soit de coquillages. Il ET DES TERRES PAVÉES. y a même des vignerons qui les chargent de lourdes pierres et de débris de toute sorte » (testœ) . Telle est en gros la méthode des anciens. Les principes essentiels sont : l’enfouisse- ment profond des racines, l’affermissement du sous-sol, après la plantation, par un fort pilonage, la destruction des racines dans la zone arable et les labours répétés. Telle devait être aussi la méthode suivie pendant tout le moyen âge par les moines qui avaient connaissance des auteurs latins. On en trouverait sans doute quelques traces dans le Rustican et dans les Prouffits ru- raux ; mais cette recherche serait de pure curiosité. En horticulture, comme dans la plupart des autres branches du travail hu- main, il faut, dès qu’on quitte l’histoire de l’antiquité, enjamber par dessus les siècles, et arriver de plein saut à l’époque de la re- naissance. Nous allons voir au XVIe siècle, dans le jardin de Bernard Palissy, une curieuse ré- miniscence de la méthode romaine. Il ne s’agit pas de ce fameux cc jardin délectable , » dans la composition duquel le grand artiste a posé le premier jalon de l’art des jardins paysagers, avec ses rivières capricieuses, ses rochers abrupts, qu’il construit « comme qui se mocqueroit, » et ses cascatelles qu’il appelle simplement des « pisseries. » Il ne s’agit que du jardin pavé qu’il décrit dans le chapitre des fontaines. La séparation du terrain en deux zones est aussi complète que possible dans le jar- din pavé. Tout le sol est couvert d’un revê- tement à peu près étanche en pavage, dal- lage, glaise, ou tout autre mode, suivant les convenances locales. « Je n’entends pas, dit Palissy, qu’il faille que ce soit un pavé taillé ny choisi de pierres dures, comme celuy des villes, ains les poser toutes cornues, et s’il se treuve de la pierre plate, il la faut mettre de plat. » Ce revêtement présente de faibles pentes qui viennent toutes aboutir à un point du jardin où se recueillent, dans un bassin, les eaux de pluie qui s’infiltrent entre les deux couches séparées par la cloison de pavage. On a, bien entendu, ménagé au pied de chaque arbre un petit espace annu- laire, pour ne pas entraver son accroisse- ment. La couche supérieure est formée de bonne terre végétale sur 18 pouces ou 2 pieds de hauteur; elle est destinée à pro- curer une seconde culture superposée à la 196 CULTURE DE L’ANTHURIUM SCHERZERf ANUM. première, et tout à fait indépendante d’elle. « Et n’y aura, conclut Palissy, pièce de terre de si grand revenu, parce qu’elle servira à plusieurs choses, premièrement pour les fontaines, secondement pour les fruicts, tiercement pour le bois, quartement pour les choses que tu sèmeras, et, pour la fin, ce sera un pourmenoir fort délectable. Or, voylà une pièce de terre qui portera cinq belles commoditez. » Un peu plus tard, Olivier de Serres pren- dra encore pour guides Virgile et Colu- melle; il recommandera de labourer les arbres « en profondant tant qu’on peut, » et ne fera de réserve qu’en faveur des jeunes plants de la bastardière, lesquels, n’étant pas définitivement en place, ne sont pas encore très-enterrés. Pour ceux-là, « au labourer convient aller retenu, surtout la première année, c’est-à-dire en pas profon- der beaucoup en terre en les marrant (en les labourant à la marre), de peur d’offenser les racines des arbrisseaux; à la seconde année, y aller un peu plus avant; ainsi con- tinuant par discrétion, jusqu’à ce que, for- tifiés et ayant prins terre, aucun labourage ne leur soit espargné. » On trouve chez Olivier de Serres tous les préceptes de l’école latine touchant l’abla- quéation, associée à un plantage profond. S’il consent à ce qu’on néglige le labour pendant une ou deux années au plus, ce n’est pas que l’arbre ne le requière ; c’est seulement pour ménager la peine et la dé- pense. L’Olivier, par exemple, « a une pa- tience tant célébrée, qu’il endure la négli- gence du laboureur, ne pouvant l’Olivier périr par faute de culture, encores que pour plusieurs années on la lui dénie. » Mais, sans abuser de cette patience de l’Olivier, il faut lui donner la culture qu’il désire : c< C’est d’estre profondément déchaussé, sinon chacun an, à tout le moins de deux ou trois l’un ; et, après avoir couppé des ra- cines tout ce qui paroistra à découvert, reemplir la fosse de bon fumier meslé avec de la terre du fond. » Certains arbres sup- portent encore assez bien le « non labou- rer, » entre autres les Poiriers et les Pom- miers; « mais tousjours, pour la générale bonté des fruicts, ceux qui leur continuent la culture jusqu’à leur extrême vieillesse se treuvent mieux fondés, d’autant que toutes sortes de fruits sortent meilleurs de terre labourée que de la délaissée. » Al. Messager. (La fin prochainement.) CULTURE DE L’ANTHURIUM SCHERZERIANUM Depuis treize ou quatorze ans que cette charmante Aroïdée a été introduite en Europe par Vendland, elle ne s’est pas aussi répandue qu’elle le mérite, car aucune plante de serre chaude n’est plus méritante par sa fleur et par son feuillage. A quoi cela tient-il? Très-probablement à l’idée qu’on se fait de sa culture, que beaucoup consi- dèrent comme étant minutieuse ou difficile. D’une autre part, il faut aussi reconnaître qu’on n’a rien fait pour détruire cette erreur, car je ne sache pas qu’on ait jamais rien écrit sur la culture de cette espèce, ce qui constitue une lacune regrettable et m’engage à essayer delà combler, chose que je puis d’autant mieux faire que depuis plu- sieurs années je suis à la tête d’une collec- tion de ces plantes comme il n’en existe probablement pas en France, peut-être même en Europe, soit pour le nombre, soit pour la force des sujets. Voici le mode de culture auquel je soumets mes plantes. Je pose d’abord comme principe qu’une température de 15 à 18 degrés centigrades est suffisante pour les plantes adultes et de plus de trois ans ; mais ce qu’il faut, c’est que cette température soit humide et le local sombre, comme cela est nécessaire quand il s’agit de Broméliacées. Les vases les mieux appropriés sont des pots-terrines, c’est-à-dire d’un tiers moins hauts que les pots ordinaires, que l’on draine fortement. Quant à la terre, la meilleure est la terre de bruyère tourbeuse, très-spongieuse, gros- sièrement concassée, et même, s’il est pos- sible, on la mélange de racines de bruyère brisées et en ajoutant un peu de sphagnum; des arrosements copieux et des bassinages fréquents quand il fait chaud. Une chose très- importante aussi, c’est la propreté des plantes et des pots ; ainsi, tous les six semaines ou deux mois au plus, il faut essuyer les feuilles, et si les pots se salissent, on devra les laver et tenir propre CORYLOPSIS spicata. 197 la superficie de la terre, et l’empêcher de durcir ou d’être envahie par la mousse. Tous ces petits soins, sans être indispensa- bles, sont excessivement favorables à la végétation. Quand les plantes sont arrivées à une cer- taine force, le mieux est de ne les rempoter que tous les deux ou trois ans et, si l’on voit que beaucoup de racines sont vieilles et chétives, il faut les couper toutes sans exception, en ne laissant que les plus jeunes du collet, que l’on coupe à deux ou trois centimètres de longueur ; il en repousse de suite des jeunes et vigoureuses qui rajeu- nissent les plantes et leur donnent une nou- velle vie ; de cette manière et en très-peu de temps, l’on peut remettre en très-bon état les sujets les plus chétifs et les plus fatigués ; seulement la floraison en souffre un peu l’année suivante. Cultivés de cette manière, les Anthurium peuvent avoir des feuilles de 30-35 centimè- tres de longueur sur 7-8 de largeur, et des fleurs d’environ 10 à 11 centimètres de largeur sur 13 à 14 de longueur. Cette plante émettant toujours de nouvelles raci- nes du collet, il faut souvent la renchausser, afin d’en favoriser le développement. La multiplication se fait : 1° en coupant la tête, munie ou non de racines, quand le tronc est assez élevé ; dans ce cas, il ne tarde pas à sortir de la souche plusieurs bourgeons que l’on divise plus tard ; 2° par éclats qui, dans certaines plantes, poussent autour des pieds principaux. Mais le mode de multipli- cation le plus rapide, et du reste le plus usité, est sans contredit le semis ; dans ce cas, on sème les graines aussitôt qu’elles sont mûres, en serre très-chaude, en se servant de terre de bruyère, comme il est dit plus haut, mais alors plus fine à la sur- face. On met les graines seulement sur terre, qui alors lèvent en quatre à cinq jours ; trois mois environ après, on les repique dans des terrines à environ un demi- centimètre l’une de l’autre. La deuxième année, on les repique de nouveau en terrine à 3 ou 4 centimètres, et à la troisième année, on peut les mettre en pot de la forme que j’ai indiquée plus haut. Les plantes ainsi traitées doivent être fortes et rustiques, pouvoir se passer de la serre à multiplication et commencer à fleurir à leur troisième année, c’est-à-dire quand elles ont environ deux ans et demi de semis; à la quatrième année, toutes doivent fleurir. Il est bien entendu que les fleurs sont en proportion des feuilles et de la force des plantes, de sorte que, en général, si celles-ci sont grandes et vigoureuses, il en sera de même de celles-là. Je dois toutefois faire remarquer qu’il arrive fréquemment que, en vieillissant et prenant de la force, les fleurs s’améliorent, de sorte qu’il ne faut pas se hâter de jeter les plantes dont la floraison laisserait à désirer. Un peu de sphagnum placé sur le dessus des pots est très-bon pour entretenir la fraîcheur des racines qui se développent au collet des plantes et cou- rent sur la terre, bien que ceci ne soit pas indispensable. L. Rigault, Jardinier chez M. Bertrand, à Laqueue- en-Brie (Seine-et-Oise). CORYLOPSIS SPICATA Cette espèce (fîg. 37), qui appartient au petit groupe des Hamamélidées, est origi- naire du Japon et tout à fait rustique. Figu- rée et décrite par Siéboldt et Zuccarini, dans leur Flore du Japon , ce n’est encore qu’assez récemment qu’elle a été introduite dans les cultures, où elle est encore rare, bien qu’elle soit très-méritante. Elle com- mence à fleurir dans la première quinzaine de mars ; c’est donc une de celles qui, des premières, viennent égayer nos jardins. En voici les caractères : Arbuste très-floribond, pouvant atteindre jusqu’à 3 mètres et plus de hauteur, mais fleurissant déjà lorsqu’il est tout petit ; ses inflorescences, qui se développent sur les rameaux de l’année précédente, forment de longues grappes ou sortes de chatons pen- dants, ayant à leur base de larges écailles scarieuses , jaunâtres , membraneuses et comme pellucides ; leur axe, blanchâtre comme les écailles, est nu dans sa partie inférieure, puis garni de fleurs très-rap- prochées, ayant à leur base des écailles mem- braneuses comme celles de l’axe, mais plus petites; ces fleurs sont composées de 5 pé- tales jaunâtres, obovales-spathulés , qui, très-rapprochés, semblent former une sorte 198 LES CATALOGUES. de tube large, régulier ou campanuloïde ; les étamines, au nombre de 5, alternes avec les pétales, ont le filet blanc jaunâtre, ter- miné par une anthère grosse, d’un rose vi- Fig. 37. — Corylopsis spicata, au 1/4 de grandeur naturelle. neux qui, égale aux pétales ou les dépassant à peine, constitue un charmant contraste que relève encore l’éclat des fleurs. Le Corylopsis spicata a l’aspect, le port et même la végétation des Corylus , ce qui, très-probablement, lui a fait donner son nom. Comme eux aussi, il fleurit sans feuilles. M. le professeur Bâillon (Histoire des Plantes, vol. III, p. 457) place ce genre dans la famille des Saxifragacées, entre les Hamamelis , L., et les Dicoryphe, Dup.-Th. C’est aussi dans ce groupe des Hamaméli- dées qu’il place les genres Parrotia, Disty- lium, Fothergilla, et enfin le Rhodoleia, dont récemment la Revue horticole (1878, p. 27) a donné une description et une figure . D’après M. Bâillon (l. c., p. 391), on con- naît trois ou quatre espèces de Corylopsis , qui habitent l’Asie centrale tempérée et orientale. Toutes sont très-rustiques sous notre climat, où elles résistent très-bien, même aux plus grands froids. On cultive les Corylopsis en terre de bruyère mélangée de terre franche silico- argileuse ; mais leur vigueur et leur robus- ticité semblent ne laisser aucun doute'qu’on pourra les cultiver en terre ordinaire, à peu près comme on le fait des Parrotia dont, au reste, elles ont l’aspect et la végétation. A défaut de graines, on les multiplie de couchages qui s’enracinent assez facilement ; les boutures sont, au contraire, dures à la reprise ; on les fait sous cloche dans la serre à multiplication avec des bourgeons qu’on prend dès qu’ils sont un peu aoûtés. E.-A. Carrière. LES CATALOGUES Le catalogue général, pour 1878-1879, des collections de plantes de pleine terre et des plantes de serre disponibles au Jardin botanique de Zurich (Suisse) vient de pa- raître. C’est un travail important, car, outre qu’il contient un très-grand choix de plantes de toute nature, sa rédaction scientifique et à la fois pratique en fait une publication qu’on aura souvent intérêt à consulter, chose d’autant plus facile que les descrip- tions de plantes ou les observations qui s’y rattachent sont en français et en allemand. Les personnes qui désireront se procurer ce catalogue devront en faire la demande franco à M. E. Ortgies, inspecteur du Jardin botanique à Zurich. — Alégatière, horticulteur, chemin de Saint-Priest, à Montplaisir-Lyon (Rhône). — Circulaire exclusivement propre aux Œillets remontants. Outre une liste d’une cinquan- taine de variétés de choix, M. Alégatière informe le public qu’il vient de mettre au commerce tout récemment (mai) les trois nou- veautés suivantes : Gambetta, rouge feu, et Georges Sand, blanc pur. Quant à la troi- sième, Y Égypte . dont il ignore l’obtenteur, il dit l’avoir reçue de ce pays. Dans une petite notice placée en tête de la circulaire se trouve cette recommandation sur la cul- ture de ces plantes toujours rares, bien que tout le monde les aime et que, pour cette raison, nous allons reproduire : « . . . On devra faire la plantation dès le mois de mai, en pleine terre, à une exposition aérée et sur- tout pas ombragée. Dans le courant du mois de juin, on aura le soin d’épointer chaque tige, afin de retarder la première floraison, qui aurait lieu sans cette opération dans le LES CATALOGUES. 199 commencement du mois d’août, mais alors aux dépens de la floraison d’hiver. « En automne, on les mettra en pots et le plus tard possible, c’est-à-dire avant les gelées qui pourraient attaquer les boutons, et l’on se gardera bien de rentrer en serre les plantes en retard dont les tiges ne don- neraient pas marque de boutons, car celles- ci s’y étioleraient, pour ne donner qu’après l’hiver des fleurs avortées sur leurs pieds dégarnis. Pour ces dernières, il conviendrait donc de les mettre en bâche et de ne les cou- vrir de châssis que pendant les grands froids.» — Rougier-Chauvière, horticulteur, rue delà Roquette, 152. Prix-courant pour 1878. Nous n’avons pas à dire ce qu’est cet éta- blissement, l’un des plus anciens et des plus avantageusement connus. Rappelons toutefois que c’est à peu près le seul de Paris où l’on peut se procurer des assorti- ments complets de plantes de serre chaude, de serre tempérée et de serre froide. On n’y trouve pas seulement les nouveautés, mais beaucoup d’espèces anciennes qu’il serait difficile de se procurer nulle part ailleurs, en France. Les collections de plantes de serre chaude, Orchidées, Aroï- dées, Palmiers, Gesnériacées, Cycadées, etc., sont nombreuses et très-complètes; il en est de même des plantes de serre froide dites « de la Nouvelle-Hollande, » qui y sont cultivées sur une très-grande échelle, ce qui n’empêche qu’on trouve là aussi des collections de plantes courantes, telles que : Fuchsias, Pélargoniums, Chrysanthèmes, Pivoines dites en arbre, etc., ainsi qu’un assortiment de plantes vivaces, où, comme dans les plantes de serre chaude, et outre les nouveautés, l’on trouve de très-bonnes « vieilleries » telles que : Campanula no- bilis , nobilis alba , Lychnis Bungeana, grandiftora, Asclepias tuberosa , etc. Il en est de même aussi des arbustes de pleine terre, Clematis, Ceanothus divers. Citons aussi une série de quelques variétés de Gynérium nouveaux ou rares, qui se recom- mandent par leur mérite, et sur lesquels nous appelons tout particulièrement l’atten- tion. En même temps que ce catalogue, M. Rougier vient de faire paraître celui des Dahlias qui, comme les précédents, est l’un des plus complets qui existent en ce genre. Ces catalogues seront envoyés à tous ceux qui en feront la demande par lettre affranchie. — Louis Rœmpler, horticulteur à Saint- Max-les-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Cata- logue général pour 1878. Dans cet établis- sement, un des plus importants de Nancy, et sur lequel nous espérons revenir prochai- nement, à propos d’un système de chauffage établi par M. Guillot-Pelletier fils, cons- tructeur à Orléans, M. Rœmpler a établi sur une vaste échelle la culture des plantes de serre chaude : Palmiers, Cycadées, Aroï- dées, Pandanées, Dracænas, etc., sans tou- tefois négliger la culture des spécialités, soit de serre tempérée ou de serre froide et même de pleine terre, non seulement des plantes vivaces, mais aussi des arbustes les plus recommandables. Les genres les plus usités pour l’ornementation sont surtout cul- tivés en quantité. Des descriptions ou des observations accompagnent le nom des plantes quand cela est jugé nécessaire. C’est ainsi qu’au sujet du Styrax californica on lit : cc C’est un arbuste de 4 pieds, dont le feuillr.ge ressemble au Cercis japonica , et dont les fleurs peuvent être comparées à celles d’un Fuchsia blanc ; elles paraissent sur l’extrémité des branches, sont en co- rymbe et d’un blanc pur. Croissant sur les montagnes, depuis 6,000 pieds jusqu’aux neiges, il n’y a aucun doute qu’il sera rus- tique. » Les Clématites aussi, outre qu’elles sont nombreuses et choisies parmi les plus méritantes, présentent un classement ra- tionnel et qui permet de ranger toutes les variétés, tout en donnant une idée de leurs caractères. Elles sont comprises dans les cinq groupes suivants : Patens , Jackmanni, Lanuginosa, Viticella , Florida. Tous les autres groupes de végétaux très-fréquem- ment employés pour la décoration, tels que : Verveines, Régonias, Cannas, Fuchsias, Pé- largoniums, Phlox, etc., sont également lar- gement représentés. — Simon - Louis frères, horticulteurs, marchands grainiers et pépiniéristes à Plantières-lès-Metz (Alsace-Loraine), pu- blient un extrait du catalogue pour 1878 de plantes de serres et aussi de plantes de pleine terre particulièrement employées pour la décoration des massifs, telles que : Dahlias, Cannas, Fuchsias, Héliotropes, Lantanas, Pélargoniums (les divers séries), Pétunias, Verveines, etc. Spécialités de plantes vivaces : Iris, Pentstémons, Phlox, Lis, Glaïeuls, Pivoines, etc. Inutile, croyons- nous, de rappeler que cet établissement pos- 200 COUCHES ET CHASSIS ü’üN NOUVEAU GENRE. — PLANTES NOUVELLES. sède d’immenses pépinières d’arbres, d’ar- brisseaux et d’arbustes d’ornement, fruitiers et forestiers, qui le mettent à même de satis- faire à toutes les demandes qui pourraient lui être adressées. E.-A. Carrière. COUCHES ET CHASSIS D’UN NOUVEAU GENRE Il paraîtrait, que les couches, qu’on a cou- tume de couvrir de panneaux vitrés, pour- raient être abritées à bien meilleur compte ; telle est du moins l’opinion de M. Lodge, dont nous reproduisons textuellement la communication. « Les châssis vitrés me semblent tout à fait superflus pour recou- vrir des couches chaudes, et je les ai mis tout à fait de côté ; c’est une grande dépense d’abord; en second lieu, leur entretien est cotûeux et, soit qu’il gèle ou qu’il fasse très-chaud, les feuilles des plantes qu’ils abritent sont brûlées dès qu’elles touchent le verre. Ainsi des panneaux neufs ayant une surface de 3 pieds sur 6 pieds (0m 90 -j- lm 80) ne me revenaient pas à moins de 4 dollars chaque; de plus, ils exigeaient une réparation annuelle que j’évaluais en moyenne à 50 cents (2 fr. 50 environ). Depuis trois années je fais usage de châssis de mousseline écrue, et lorsque le thermomètre accusait une température de 20° Fahr. au-dessous de zéro ( — 7° centi- grades), tout aussi bien que lorsqu’il s’éle- vait à 70° Fahr. (-f- 22° centigrades), j’ai pu me convaincre de leur supériorité sur les châssis vitrés. Voici du reste de quelle , manière sont construits ces châssis d’un nouveau genre. Sur un cadre ou châssis < en bois de quelques centimètres d’épaisseur, : consolidé d’une traverse dans le milieu de la longueur, est fixé un morceau de forte mousseline écrue, laquelle est ensuite peinte à deux couches d’huile de lin cuite. Avec ces châssis, l’on n’a plus à redouter la brûlure des feuilles au contact du verre, remplacé par la toile ; les plantes sont plus fortes, plus colorées, et par suite plus résis- tantes pour les premières plantations. Lorsqu’il s’agit de semis sur couche chaude, on place les coffres comme à l’ordi- naire, mais en s’arrangeant de façon que la mousseline ne se trouve pas à plus de trois pouces du sol, et de donner aux châssis leur pente habituelle. Au fur et à mesure que les plantes l’exigent par leur croissance, on soulève le coffre. Parce moyen, -on prévient l’étiolement, qui est la principale cause du durcissement du plant et de sa lente crois- sance, comme par exemple les Choux pom- més, qui dépérissent très-souvent faute d’avoir été bien établis. Mes châssis de mousseline écrue mesu- rent 154 décimètres carrés et me reviennent tout au plus à 75 cents la pièce (3 fr. 75) ; ils me dureront cinq années. Je pourrai alors les remettre à neuf avec 20 cents (1 fr.) de mousseline neuve et d’huile de lin cuite. Puvilland. (Extrait du The rural New Yorker, march 78.) PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES Buxus decussata. Cette forme, très-re- marquable par son port, a les feuilles très- sensiblement atténuées à la base, large- ment ovales, subsessiles, épaisses, coriaces, luisantes, brusquement rétrécies au sommet, qui est arrondi et comme tronqué ; elles sont opposées-subdécussées, à peine étalées, très-rapprochées et comme imbriquées, sur- tout dans les jeunes pousses. Cette variété, que nous avons vue récem- ment chez M. Bertin père, horticulteur à Versailles, qui l’avait reçue d’Angleterre il y a longtemps, est aujourd’hui très- rare, à peine connue, bien que très-méri- tante, ce qui nous a engagé à la faire con- naître. Par ses branches écartées, subdres- sées, les inférieures longues, les autres successivement et sensiblement plus courtes, elle constitue tout naturellement une pyra- mide très-large à sa base et relativement peu élevée. Plantée isolément sur une pe- louse ou çà et là dans les jardins paysagers, elle contraste très-agréablement avec tous les autres arbustes et produit un ornement d’un genre tout particulier. Inutile de dire qu’elle est très-rustique, et que pas plus que les autres variétés elle ne souffre nullement même des plus grands froids. E.-A. Carrière. Orléans, imp. de G. J/COB, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Concours horticoles de la deuxième série à l’Exposition universelle; les Rhododendrons; retards apportés à la nomination du jury définitif. — Prix fondés en Angleterre par M. W. Robinson pour encourager la culture des Asperges. — Le VIe volume du Dictionnaire de pomologie , d’André Leroy. — Rensei- gnements sur la Pomme de terre Hardy: communication de M. Boncenne. — Variétés de Raisins décrites dans le Vignoble : Furmint, Pedro Ximènes, Giboudot noir, Petit Bouschet. — Une nouvelle espèce propre à la mosaïculture : le Buis nain à pousses jaune d’or. — Exposition de la Société d’hor- ticulture à Versailles; concours spécial entre les propriétaires; énumération des récompenses. — La répartition des sexes sur les Araucarias: communication de M. le docteur Julio Henriquez. — Rusticité de YAponogeton dislachyus : communication de M. Hauguel. — Quelques plaintes au sujet des serres à l’Exposition universelle. Le jury définitif ou officiel n’étant pas en- core nommé, le jury provisoire de l’horti- culture a du se réunir de nouveau, afin d’examiner les apports qui avaient été faits pour la deuxième quinzaine d;e mai, confor- mément au programme. Aux jurés de la première quinzaine, dont nous avons in- diqué les noms ( Revue horticole, 1878, p. 181), on avait, en vue des lots à examiner, adjoint MM. Bertin père et Eugène Verdier, ce qui portait le nombre des jurés à huit. Dans les réunions des 15 et 16 mai, ils ont dû examiner près de 100 concours, parmi lesquels se trouvaient, comme particulière- ment intéressants, outre les Rosiers, les Rhododendrons qui, depuis longtemps, fai- saient l’admiration du public, mais qui aussi, il faut le constater, étaient difficiles à juger, car ils n’étaient pas seulement nombreux, mais tous d’une beauté peu commune. Ci- tons encore, comme tout particulièrement remarquables, les magnifiques Anthurium Scherzerianum envoyés par M. Bertrand, de la Queue-en-Brie (Seine-et-Marne), où se trouvaient bon nombre de formes remar- quables, notamment celle appelée Marie- Eugénie, dont la Revue horticole a donné récemment une description et une ligure. — Une lutte horticole internationale est engagée ; un appel est fait à tous les horti- culteurs, avec prière de prendre part à cette lutte. Elle portera sur les Asperges. Voici, à ce sujet, ce que nous écrit de Londres notre collaborateur, M. Ernest Bergman : M. W. Robinson, propriétaire-éditeur du « Garden, » de Londres, vient d’offrir une série de prix compris dans un délai de sept ans, dans le but d’encourager en Angleterre la culture de l’Asperge. Les expositions auront lieu à partir de 1880 jusqu’en 1887 inclus, à Londres, Edimbourg, Dublin et autres grandes 1er juin 1878. villes, sous les auspices des sociétés horticoles des différentes villes. lies jurés seront nommés par les sociétés. Il y aura cinq prix annuels : le premier prix de 125 fr. , le deuxième de 100 fr. , le troisième de 75 fr., le quatrième de 50 fr. et le cinquième de 25 fr., pour le plus bel ap- port de 100 Asperges. En 1886 et 1887, l’expo- sition aura lieu à Londres; elle sera internatio- nale, et des prix spéciaux y seront donnés. Chaque exposant devra faire connaître la na- ture du sol et du sous-sol où seront plantées ses Asperges, l’année de la plantation, et la manière exacte dont il les cultive. M. Robinson recommande surtout le système en vigueur aux environs de Paris : peu de fumier, et les pieds plantés loin les uns des autres. Espérons qu’en 1886 et 1887, nous aurons le plaisir d’applaudir au succès des cultivateurs français, qui devront faire tous leurs efforts pour ne pas être battus par leurs confrères anglais. Nous nous rappelons encore la sensation cau- sée, il y a quelques années, dans une des ex- positions de la Société royale, à South-Ken- sington, par un lot magnifique venant de chez M. Louis Lhérault, d’Argenteuil. Jamais on n’avait vu d’aussi belles Asperges ; aussi était-il impossible de circuler près de l’endroit où elles étaient exposées. M. Robinson est à la fois un savant et un praticien, qui sait exciter l’ému- lation en poussant à la production du beau et du bon, et qui fait tous ses efforts pour mettre ses compatriotes à même d’obtenir d’aussi beaux résultats que ceux qu’il a pu constater en France. Du reste, ce n’est pas seulement sur les Asperges qu’il cherche à attirer leur atten- tion, et à plusieurs reprises il a écrit des arti- cles fort intéressants sur la culture des Cham- pignons, qui est aussi très-intelligemment faite en France, et tout particulièrement aux envi- rons de Paris. — Le tome VI du Dictionnaire de pomo- logie, de André Leroy, si impatiemment at- tendu, vient de paraître. Il forme la deuxième partie des Fruits à noyaux , et est spécial aux 11 202 CHRONIQUE HORTICOLE. Pêches et aux Prunes. Cette deuxième partie est loin d’être complète, puisque, devant comprendre 143 variétés de Pêches et 136 de Prunes, le tome VI, dont nous parlons, ne contient seulement que 64 variétés de Pê- ches. Ce n’est donc, à vrai dire, qu’un fas- cicule. Mais quand on réfléchit aux nom- breuses difficultés qu’on rencontre dans la description des fruits à noyaux, et tout par- ticulièrement des Pêches, loin de blâmer la lenteur que les auteurs apportent dans cette publication, on leur sait gré d’agir si pru- demment. De même que tous les volumes parus antérieurement, la partie dont nous parlons comprend la description de l’arbre, celle du fruit, l’historique de sa variété qui, avec l’histoire proprement dite, contient toutes les particularités qui s’y rattachent. Nous reviendrons plus tard et plus longue- ment sur cet ouvrage, dont le mérite est du reste bien connu aujourd’hui, et qui, utile à tous, est indispensable à ceux qui s’occu- pent plus particulièrement de l’étude des fruits. — Grâce à deux de nos abonnés, MM. J. Lachaume, de Vitry (Seine), et M. E. Boncenne, de Fontenay-le -Comte (Vendée), nous pouvons renseigner nos lec- teurs sur la Pomme de terre Hardy , va- riété précieuse et peu connue. Notre col- lègue, M. Lachaume, nous informe qu’on peut la trouver chez M. May eux, cultivateur à Villejuif (Seine). Quant à M. Boncenne, il nous donne sur elle les renseignements les plus précis. Voici ce qu’il nous écrit : F ontenay-le-Comte, le 4 mai 1878. Monsieur le directeur, Vous demandez, dans le dernier numéro de la Revue horticole , des renseignements sur la Pomme de terre Hardy. Je cultive depuis dix ans cette intéressante variété. Elle figurait même au mois de septembre dans la collection que j’avais envoyée à l’exposition automnale de la société nantaise d’horticulture. La Pomme de terre Hardy est bonne et farineuse; elle mûrit fin juillet. Ses tuber- cules, ovaliformes, et souvent aussi presque entièrement ronds, sont nombreux, mais de grosseur moyenne; la peau est jaune pâle, terne et fortement gercée ; les yeux sont super- ficiels ou à peine enfoncés dans des dépressions peu profondes ; le germe est rose violet. Cette variété a été obtenue par M. Hardy père, de graines distribuées par le ministère de l’agriculture. Sa chair jaune foncé, un peu plus clair au centre, est fine et d’un goût fort délicat. Elle cuit très-vite et très-facilement. Je crois qu’on trouverait encore la Pomme de terre Hardy chez les principaux grainiers de Paris, mais il serait trop tard pour la planter. J’ai compté, ce matin môme (4 mai), dans mon champ d’expériences, trente pieds bien vigou- reux. Ils donneront, j’espère, au commence- ment de l’automne, une abondante récolte dont une partie sera mise à votre disposition et à celle de vos lecteurs. Veuillez, etc. E. Boncenne fils. Nous remercions bien sincèrement nos deux collaborateurs ; grâce à eux, non seu- lement nos lecteurs savent où se procurer la Pomme de terre Hardy ; mais, par suite des renseignements de M. Boncenne, nous en connaissons l’origine et les caractères, ce qui, jusqu’à ce jour, paraissait à peu près complètement ignoré. — Dans son numéro du 2 février, le Vignoble figure et décrit les cépages sui- vants : Furmint. — Introduit de la Hongrie dans le Languedoc vers le commencement de ce siècle, ce cépage en est à peu près complè- tement disparu, bien qu’il donne un vin délicieux, cela parce que, outre qu’il est peu fertile, il est sujet à peuvent varier- dans des limites souvent considérables, il en est de même des Fig. 49. — Bûche ornée (au 1/15 de grandeur naturelle). RHODODENDRONS BOULE-DE-NEIGE. 239 plantes qui doivent les recouvrir ; en ceci non plus, rien d’absolu ; tout dépend du but qu’on se propose et des conditions dans lesquelles on se trouve placé ; ce qu’il faut, c’est que les plantes soient variées et dispo- sées gracieusement, et comme si elles avaient crû naturellement. Il faut aussi, autant que possible, que les plantes soient d’une végé- tation, d’une nature et d’un aspect diffé-* rents, de manière que l’harmonie résulte de la diversité. Voici la liste des principales espèces que ( comprend la figure 49 : Æchmea fulgens, A. spectabilis, Alocasia Lowii , Anthu- rium magnificum, A. Scherzerianum, Aralia Veitclii , Adiantum gracillimum , ! Bilbergia Leopoldi , Curculigo recurvata , Dracœna Baptisti, D. imperialis,D. umbra- culifera , Eranthemum igneum , Fittonia j Verschaffelti, Hechtia Joinvillei, Nidula - rium spectabile, N. latifolium , Pandanus pumïla , Philodendron lucidum , Pepe- romia argentea , P. eburnea , Tillandsia sanguinolenta, T. Zahnii, Vriesa splen - dens , etc., etc. Il va sans dire que ces plantes ne sont pas les seules qu’on peut employer : presque toutes peuvent l’être, suivant le but qu’on cherche à atteindre et les conditions dans lesquelles on est placé; pourtant, il faut reconnaître que celles de certains groupes paraissent se prêter plus particulièrement à ce genre d’ornementation ; telles sont, par exemple, les Fougères, les Aroïdées, les Broméliacées. Malgré que les « bûches ornées » ne soient ordinairement employées que pour décorer les serres ou les appartements, on peut en confectionner pour l’extérieur des jardins, que pourtant l’on devra ne mettre que dans des lieux un peu accidentés : dans le voisinage d’un rocher, d’une grotte, près d’une fontaine, d’une source ou d’une cas- cade, partout enfin où le milieu s’y prête, en variant les plantes suivant l’endroit où seraient placées les bûches, de manière qu’elles puissent s’harmoniser avec le paysage. Ainsi, si le lieu était un peu aride, des plantes grasses, des Sedum , des Sem- pervirum , etc., pourraient parfaitement convenir. Quelques plantes grimpantes ap- propriées aux circonstances, par exemple du Lierre, des Delairea, des Pervenches et même des Ronces ou des Vignes vierges, suivant l’importance et lés dimensions du groupe, font aussi très-bien dans ces sortes de décorations. On peut également placer çà et là quelques plantes à feuilles pana- chées, par exemple des Pervenches, du Chiendent panaché ( Phalaris arundinacea picta , etc.). Du reste, et nous ne saurions trop le répéter, en ornementation, pas plus ici qu’ailleurs, il ne peut y avoir de règle absolue. Toute plante, quelle qu’elle soit, ayant une beauté particulière, peut être employée; cela dépend des conditions où l’on se trouve, des ressources dont on dispose et du but que l’on recherche. Un Chardon, la moindre Graminée, une Ronce, enfin des « plantes sauvages, etc., » peuvent parfois être employées avec avantage, la disposition surtout jouant ici un grand rôle. Ce qu’il faut dans toutes ces circonstances, c’est l’har- monie, et celle-ci, on le sait, « résulte des contraires. » ^ ^ E.-A. CARRIERE. RHODODENDRON BOULE-DE-NEIGE Parmi toutes les magnifiques variétés de Rhododendrons récemment exposées au Champ-de-Mars, on en remarquait surtout une qui, tant par le nombre d’individus qui la représentaient que par l’effet admirable qu’elle produisait, attirait tout particulière - ment l’attention. C’est Boule-de-Neige, nou- veauté appartenant à M. Oudin aîné, horti- culteur à Lisieux. Elle frappait d’autant plus que toutes les plantes, au nombre de 500, à peu près de même force et de même forme (excepté un seul individu, la mère, qui, placée au centre, dominait les autres), étaient toutes couvertes de fleurs au même moment. C’est une forme relati- vement naine et très-hâtive, se c( faisant » bien et extrêmement floribonde. Ses inflo- rescences, grosses, très-largement arron- dies, ont le bouton légèrement rosé ; mais bientôt ceux-ci s’ouvrent, et sont alors ’d’un très-beau blanc, ce qui explique et justifie le qualificatif ce Boule-de-Neige » que lui a donné l’obtenteur, et qui, avec le vert foncé des feuilles, produit un contraste des plus heureux . Cette variété, parfaitement rustique, nous 240 PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. paraît rentrer dans la section des Catesbœi; | outre qu’elle est très-floribonde, elle forme un petit arbuste compact qu’on pourra avan- tageusement utiliser comme plante de com- merce propre au forçage, et aussi en pleine terre pour entourer les massifs de variétés à fleurs colorées, qu’elle fera très-bien res- sortir. Faisons toutefois observer que sa floraison précoce (commencement de mai) expose ses fleurs aux gelées printanières, partout où celles-ci sont à redouter. Mais quoi qu’il en soit, le Rhododendron B ouïe- de -Neige est une heureuse acquisi- tion pour l’ornementation, et , en voyant tout le parti avantageux qu’on peut en tirer, on est amené à regretter que M. Oudin ait attendu aussi longtemps pour en faire pro- fiter l’horticulture. Fort heureusement qu’il peut réparer un peu le dommage, et rattra- per le temps perdu en fournissant des plantes faites qui, de suite, fleuriront abondamment. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES Saxifraga ligulata, Wall. — Cette espèce, qui, par le port et la végétation, rappelle assez celle qu’on trouve communé- ment dans les jardins sous le nom de Saxi- fraga siberica , et que récemment on a gra- tifiée du qualificatif ornata , est l’une des plus propres à l’ornementation, tant par ses grandes feuilles persistantes, charnues et luisantes que par ses très-nombreuses fleurs, d’un beau rose, portées sur des hampes qui, s’élevant peu au-dessus de la souche, produisent un effet splendide. Le seul re- proche que l’on pourrait faire à cette re- marquable espèce, c’est qu’elle fleurit, trop à bonne heure (dès la fin de février), et que ses fleurs sont souvent détruites par les gelées tardives. Mais cultivée en pots, ce à quoi elle est très-propre , et placée dans une serre froide, il en est peu qui l’égalent en beauté, car pendant plus d’un mois rien n’est plus joli. Bien qu’originaire du Népaul, la plante est très-rustique. On la multiplie d’éclats, que l’on fait vers le mois de juin et qu’on plante en pleine terre. Nous ne doutons pas que, cultivé en pots comme plante de marché, le /S. ligulata puisse réaliser au plus haut degré les qua- lités qu’on recherche pour cette sorte d’or- nementation. Forsythia suspensa. — On peut, sans hésitation, recommander cet arbuste à flo- raison très-printanière comme l’un des plus beaux et des plus méritants : vigueur, rus- ticité, robusticité, il réunit toutes ces pro- priétés, qui se joignent à une excessive floribondité. D’abord un peu volubile, cet arbuste, avec l’âge, devient raide et forme alors un buisson compact, à branches allon- gées, tombantes, se couvrant dès le com- mencement de mars, parfois même jusque dans le courant d’avril, de fleurs en forme de petites cloches assez longuement pen- dantes (d’où vient probablement le qualifi- catif suspensa ), d’un très-beau jaune d’or. Ce qu’on a vendu et vend encore sous le nom de Forsythia Fortunei n’est autre que le F. suspensa , introduit postérieure- ment. La multiplication en est aussi des plus faciles, soit par graines, qu’il donne abondamment et qui lèvent promptement et très-bien, soit par boutures, qui s’enra- cinent avec la plus grande facilité. Toutes les branches qui touchent le sol s’y enraci- nent, et il en résulte souvent un lacis inextri- cable où tous les bourgeons se touchent. Skimmia oblata et Skimmia oblata Veitchi — Ces deux plantes, très-voisines l’une de l’autre par tous leurs caractères, et également femelles, constituent des arbus- tes arrondis d’environ 1 mètre de hauteur ; leurs feuilles sont persistantes, épaisses, lar- gement ovales, entières ; les fleurs, dispo- sées en sorte de grappes courtes, rappellent un peu celles des Houx, dont elles ont la couleur. Quant aux fruits, ils sont petits, sphériques, et deviennent d’un très-beau rouge vif à l’époque de la maturité. Gomme ils persistent dans cet état pendant plusieurs mois, ils forment pendant tout ce temps un effet splendide. Le Skimmia Veitchi se distingue du S. oblata par l’écorce de ses bourgeons un peu plus colorée, par ses feuilles un peu plus larges, et par la nervure médiane qui est un peu plus rouge. E.-A. Carrière. Orléans, imp. de O. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE L’horticulture à l’Exposition universelle ; les serres. — La floraison du Lis blanc et la moisson prochaine. — Monument destiné à la mémoire de Van Houtte. — Variétés de Raisins décrites dans le Vignoble : Grenache noir, Mourvedre de Nikita, Muscat Ottonel , Forster’s White. — Bibliographie : Nomen- clature et iconographie des Cannelliers et des Camphriers. — Fécondation artificielle des Broméliacées ; précautions à prendre pour la réussite de l’opération. — Bibliographie : Y Orchidophile, par M. le comte du Buysson. — Un Nymphéa rustique à fleurs rouges. — U Algérie à l’Exposition universelle. — Floraison, à l’Exposition, des Pivoines en arbre japonaises. — Multiplication des plantes grasses. — Exposition de la Société d’horticulture de Corbeil. — Les graines de Torreya grandis. — Semis de graines de Fusain du Japon. — Faits de dimorphisme relatifs au Daphné Mazeli et au Saxifraga ligulata. — VEulalia Japonica n’est pas une espèce. Enfin, au point de vue de l’organisation, l’Exposition est à peu près terminée; les visiteurs qui n’ont que peu de temps à dis- poser peuvent donc venir ; ils trouveront de quoi satisfaire leurs désirs, quels qu’ils soient, quels que soient aussi leurs goûts et leurs intérêts. Mais] toutefois, comme, en raison de l’étendue considérable qu’elle pré- sente et de la dissémination des lots, les horticulteurs pourraient perdre beaucoup de temps à chercher ceux qui les intéressent tout particulièrement, ils pourront, en arri- vant à l’Exposition, s’adresser au bureau du chef du groupe horticole, M. Hardy (pavil- lon de l’horticulture, au Champ- de-Mars), où on leur fournira tous les renseignements dont ils pourraient avoir besoin. Nous profitons de cette occasion pour in- former ceux des horticulteurs qui auraient des plantes de serre à exposer, et qui, jus- qu’ici, ne les auraient pas envoyées, faute de place, qu’ils peuvent faire leur demande ; toutes les serres, qui n’avaient pu être ter- minées, sont maintenant en état de recevoir les plantes. — Malgré le temps pluvieux, relativement froid et surtout très-sombre, qu’il a fait pendant plus de la moitié du mois de juin et même d’une bonne partie du mois de mai, il est à peu près hors de doute que les choses suivront leur cours normal, et que la moisson, par exemple, ne sera pas en re- tard. C’est du moins ce qu’on est en droit de croire en s’appuyant sur la floraison du Lis blanc. On sait, d’après un vieux proverbe, que, si elle se fait avant la Saint- Jean, la moisson commencera d’autant avant le mois d’août. Or, cette floraison ayant commencé le 16 juin, c’est donc vers le 20 ou 24 juil- let prochain que l’on pourra commencer à 1er JUILLET 1878. moissonner clans les environs de Paris. Si quelques denrées sont compromises, rien encore n’est perdu. Toutefois, n’anticipons pas sur l’avenir, et attendons les faits. — On espère que le monument destiné à perpétuer la mémoire de M. Van Houtte sera terminé pour la prochaine exposition d’horticulture qui se tiendra à Bruxelles, au mois d’août prochain. Nous craignons que cet espoir ne puisse se réaliser, ce monu- ment, relativement colossal, nous ayant paru peu avancé, malgré toute l’activité qu’y ap- porte l’artiste, M. Paul de Vigne, sculp- teur à Paris. Bien qu’il soit loin d’être achevé, on peut apprécier l’importance de ce monument, qui aura près de 6 mè- tres de hauteur : 2 mètres environ pour le socle, le reste pour le sujet, qui représen- tera l’horticulture symbolisée sous la figure d’une divinité déposant une couronne sur la tète de l’illustre horticulteur gantois. Le tout est simple et sévère, ainsi qu’il con- vient au véritable génie. — Le n° 3 (mars) du Vignoble, qui vient de paraître, figure et décrit les sortes sui- vantes : Grenache noir. Originaire de l’Espagne, et probablement du nord, ce cépage a été importé en France, il y a de nombreuses an- nées. Il est aujourd’hui très-cultivé dans di- verses parties du midi de la France, notam- ment en Provence et dans le Languedoc. En Espagne, il est très -cultivé aux environs de Madrid, dans le royaume de Valence, et surtout dans l’ Aragon. La grappe est grosse, à grains ellipsoïdes, serrés ; la peau, fine, prend une couleur noir clair à la matu- rité, qui est de troisième époque. Mourvedre de Nikita. Très-probable- 13 242 CHRONIQUE HORTICOLE. ment originaire du célèbre vignoble de Cri- mée, ainsi que semble l’indiquer le nom de Nikita. Introduit depuis peu de temps dans quelques vignobles du centre, ce cépage a donné des résultats satisfaisants. Toutefois, on le croit très-sujet à l’antrachnose. La grappe, moyenne, a les grains petits, sphé- riques, à peau épaisse, résistante, d’un beau noir pruiné à la maturité, qui est de pre- mière époque. Muscat Ottonel. Obtenu à Angers, vers 1852, par M. Robert, ce cépage a les fruits délicieux, finement et agréablement relevés, mais très-sujets à la pourriture, comme à peu près tous les muscats. Il a pourtant un avantage sur eux : c’est de mûrir très-facile- ment. Sa grappe est petite, à grains à peine moyens; la peau, fine, peu résistante, prend une belle couleur jaune doré à la maturité, qui est de première époque. Foster’s White. D’origine anglaise, ce Raisin paraît peu connu en France. C’est, dit-on, un cépage vigoureux, mais de ferti- lité à peine moyenne, à grappe forte ; grains ellipsoïdes, gros, à peau épaisse, passant au jaune pâle à la maturité, qui est de pre- mière époque tardive. — Deux groupes des plus importants des Laurinées, les Camphriers et les Cannel- liers, qui, par leurs produits, le camphre et la cannelle, donnent lieu à un commerce considérable, viennent d’être l’objet d’une étude toute particulière de la part d ’un homme dont les connaissances générales sont aussi étendues que son dévoûment à la science. Le travail dont nous parlons, dont l’au- teur est M. Lukmanoff, intitulé Nomen- clature et iconographie des Cannelliers et des Camphriers , format grand in-folio , comprend la description des espèces et des variétés que renferme cet important groupe. Pour se reconnaître dans cette infi- nité de formes qui, jusqu’ici, constituaient une sorte de dédale où il était à peu près impossible de se débrouiller, M. Lukmanoff a dû vérifier toutes les plantes vivantes qu’il a pu trouver de ces groupes, ainsi que les échantillons secs contenus dans les princi- paux herbiers. L’étude toute particulière à laquelle il s’est livré lui a démontré que les caractères principaux d’ensemble et en même temps d’affinité de toutes les plantes contenues dans ces groupes, outre l’orga- nisation des fleurs et des fruits, reposent principalement sur ces trois choses : Yinflo- rescence , la forme et surtout le mode de nervation des feuilles, et Yodeur qu’elles dégagent, et lui ont permis de distinguer les espèces et de rattacher à chacune d’elles les variétés ou formes secondaires qui s’y re- lient, de sorte que, grâce à ce travail, à peu près indispensable à ceux qui veulent étudier ces plantes, il est possible non seulement de reconnaître botaniquement les espèces, mais encore, ce qui est très-important, de s’assurer si telle ou telle, qu’on vend comme pouvant être employée, soit en médecine, soit dans l’économie domestique, possède réellement les qualités qu’on recherche, ou si elles ne seraient pas un objet de sophistication ou le résultat d’une erreur involontaire. Seize planches, dessinées par l’auteur, de ce même format grand in-folio , et représen- tant plusieurs centaines de figures, facilitent la distinction des espèces et des formes, et donnent à cet ouvrage un caractère de pré- cision qui en augmente l’intérêt. C’est donc un véritable service que vient de rendre M. de Lukmanoff, et, pour notre part, nous n’hésitons pas à l’en féliciter. — Les amateurs de Broméliacées se plai- gnent, non sans raison toutefois, que beau- coup d’espèces ne grainent pas, et cela bien qu’ils pratiquent la fécondation ar- tificielle. A ce fait très -regrettable, sans doute, il y a une raison : laquelle ? Nous ne pouvons le dire d’une manière certaine. Toutefois, ne pouvant affirmer, nous allons émettre l’hypothèse que voici : les organes générateurs des Broméliacées étant très- fortement enfermés dans une inflorescence centrale profonde, il en résulte qu’ils sont constamment imprégnés d’une humidité surabondante qui empêche leur complet développement et s’oppose à ce qu’ils puis- sent acquérir les propriétés nécessaires pour que la fécondation puisse s’opérer naturel- lement, d’où il résulte que, pour faire cette opération, il faudrait éviter cette surabon- dance d’humidité. Le peut-on ? C’est notre conviction; nous disons plus : le moyen nous paraît facile. Il consiste, dès que l’an- thèse, c’est-à-dire la floraison complète est arrivée, à suspendre les plantes la tête en bas, de manière que l’eau puisse s’échapper ; alors les organes assainis se trouveront, par ce fait, dans des conditions favorables de CHRONIQUE HORTICOLE. 243 développement, et par suite plus aptes à I produire des graines. Malgré cette précau- tion, il sera bon, pour s'assurer de la fructi- fication, de pratiquer la fécondation artifi- | cielle ; toujours deux choses valent mieux qu’une. En prenant ces précautions, on a i toute chance d’obtenir des graines même des espèces qui, assez généralement, sont | stériles. — Jusqu’ici, les amateurs d’Orchidées, | faute d’un traité spécial, étaient obligés, i quand ils voulaient avoir quelques rensei- gnements sur ces plantes, de recourir à ; des ouvrages étrangers (anglais ou alle- mands) toujours rares, du reste, et d’un ! prix très-élevé. Outre ces inconvénients, ces ouvrages à peu près exclusivement scienti- fiques ne donnaient aucun renseignement sur la culture ni sur les principaux soins qu’il convient de donner à ces plantes, ce qui était un grand obstacle à leur vulgarisa- j tion sur cette culture que, faute de la con- naître, l’on considérait comme très-difficile, ce qui pourtant n’est pas, ainsi que le dé- ! montre M. le comte Du Buysson dans un livre qu’il vient de publier (1) et qui, écrit dans un style concis et clair, com- | prend tout ce qu’il y a d’intéressant sur ces plantes. C’est sans aucun doute l’ouvrage le plus complet de tous ceux qui ont paru sur ce sujet; aussi est-il indispendable à tous, même aux botanistes, car si M. Du Buysson s’occupe tout particulièrement des Orchidées qu’il connaît et aime bien, il s’est toujours tenu au courant de tout ce qui a paru jus- qu’à ce jour. C’est ainsi qu’il a pu décrire plus de 35 espèces de Masdevalia , bien que ce genre soit assez récemment introduit dans les cultures. — Quand, l’année dernière, nous annon- cions l’existence d’un Nymphéa à fleurs rouges, très-rustique, nous avons rencontré des doutes ; aujourd’hui, ceux-ci doivent disparaître. Cette intéressante espèce, dont nous avions eu des fleurs chez MM. Otto Frœbel, horticulteurs à Zurich (Suisse), où l’on pourra se la procurer, vient de fleurir au Muséum, dans un bassin en plein air, dans lequel elle est plantée depuis longtemps déjà. Cette espèce, sur laquelle nous revien- drons, dont nous donnerons une description (1 ) L’Orchidophile, Goin, libraire-éditeur, 62, rue des Écoles. et une figure, et qui, dit-on, est le Nym- phéa sphœrocarpa , Caspari, est considérée par certains auteurs comme une variété du Nymphéa alba. — Sous le titre : L’Algérie à V Exposition universelle , M. A. Hardy, ancien directeur du Jardin d’acclimatation d’Alger, vient de publier un opuscule peu volumineux, mais très-riche de faits. Personne, du reste, n’était plus compétent pour traiter cette question; habitant depuis très-longtemps l’Algérie, où il s’est toujours occupé de culture et d’acclimatation, M. Hardy a acquis de ce pays, de son sol et de son climat, des connaissances qui lui permet- tent d’indiquer les cultures qui y sont non seulement possibles, mais rémunératrices. Après avoir partagé l’Algérie en diverses zones en rapport avec leur climat, il indique, en se basant sur des résultats pratiques, quelles sont les plantes qui peuvent y être introduites, les soins qu’on doit leur donner pour en obtenir un bon résultat, et aussi, en se basant sur l’époque des pluies et la tem- pérature moyenne, il indique quelles sont les époques où ces diverses opérations doi- vent se faire. Dans cet opuscule, et sans récriminer, M. Hardy, par des observations judicieuses, montre aussi les ce points noirs, » fait voir les fautes qu’on a commises en voulant cul- tiver dans certaines localités des espèces non appropriées à ces milieux. En un mot, la grande connaissance qu’il a des lieux fait que, en suivant point à point les con- seils qu’il donne, on peut être à peu près assuré de ne pas faire de fausses spécula- tions. — En signalant, il y a quelque temps, certains groupes de plantes très-intéres- santes exposées par les Japonais, et au sujet des Pivoines, après avoir fait remarquer que les espèces herbacées ne fleuriraient pas, ce qui assurément est très -regrettable, nous disions qu’il en était autrement des Pivoines dites (( en arbre, » car beaucoup avaient des boutons. Aujourd’hui (fin mai) nous pou- vons dire plus : un grand nombre sont en fleurs, très-remarquables par leur coloris, et chez plusieurs, ce coloris est absolument nouveau. Aucune variété n’avait les fleurs bien pleines, ce qui ne veut pas dire qu’il en sera toujours ainsi, car ces Pivoines ont dû m être arrachées en mottes et mises en pots à Paris, fait qui suffit pour diminuer les di- mensions des fleurs, et surtout pour réduire le nombre des pétales. Nous regrettons de ' ne pouvoir indiquer les sortes les plus mé- ritantes, ces plantes ne portant que des noms écrits en japonais. — M. Bordier, caporal au 2e régiment du génie, à Montpellier, qui s’occupe tout particulièrement de la culture des plantes grasses, nous donne, sur la multiplication de deux espèces : YEcheveria gïbiflora et YE. Hookeri [ Diotostemon Hookeri] quel- ques renseignements qui pourront proba- blement être utiles à quelques-uns de nos ; lecteurs, ce qui nous engage à les publier. Relativement au premier, il nous écrit : J’ai eu l’idée de détacher quelques feuilles avec une portion de tige à la base, et de les placer sur une lame de verre, que je posai sur les tablettes d’une serre. Au bout d’une quin- zaine de jours, je vis sortir les premières ra- cines, qui étaient d’une blancheur vraiment éclatante ; puis l’œil, qui était, placé à la partie inférieure, se développa et forma une plantule très-gentille, que je pus empoter |au bout de quelques jours. L’époque la plus favorable pour faire cette opération m’a paru être le mois de juin. Quant à YE. Hookeri , j’ai constaté que des feuilles placées dans la bâche d’une bonne serre tempérée n’ont pas tardé à déve- lopper des racines, puis une tige, de sorte qu’en les rempotant j’avais, peu de jours après cette opération, des petites plantes qui, déjà, pou- vaient être livrées au commerce. — La Société d’horticulture de l’arron- dissement de Corbeil fera dans cette ville, les 21, 22 et 23 septembre 1878, sa septième exposition qui, outre les produits de l’horticulture, comprendra les objets d’art et d’industrie qui s’y rattachent. Les concours prévus, au nombre de 80, se répartissent de la manière suivante : fruits , 6 concours ; légumes , 6 ; introduction de plantes nouvelles , 3 ; semis , 3 ; belle cul- ture, 4 ; plantes de serre chaude , 15 ; plantes de serre tempérée , 9 ; plantes de pleine terre , 23 ; arbres fruitiers , 2 ; objets d'art ou d'industrie horticole , 9. Les personnes qui désireraient exposer devront s’adresser à M. E. Fauquet, secré- taire général de la Société, à Corbeil. Le jury se réunira le samedi 21 sep- tembre, à dix heures du matin. — Sommes-nous à la veille de récolter des graines de Torreya grandis ? Nous sommes autorisé à le croire, puisque déjà, en 1877, chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, un pied de cette espèce a produit des chatons femelles, et même en assez grande quantité. Comme les Torreya sont monoïques, nous avons tout heu de croire que prochainement ce pied produira des fleurs des deux sexes, et qu’a- lors il donnera de bonnes graines et qu’on pourra en obtenir des variétés plus vigou- reuses ou mieux appropriées à notre climat. Tel qu’il est aujourd’hui, le T. grandis , outre qu’il ne forme qu’un arbrisseau buis- sonneux, a le défaut, comme beaucoup d’autres plantes japonaises, de ne pas sup- porter sans souffrir l’influence solaire du climat parisien. — Quand, dans ce journal, en appelant l’attention sur la tendance de plus en plus grande du Fusain du Japon à produire des graines, nous faisions remarquer que, d’après la marche générale des transforma- tions, et conformément à ce qui se passe chez tous les végétaux multipliés par grai- nes, on obtiendrait probablement bientôt des sujets plus rustiques et surtout très- différents de ce que jusqu’à ce jour on con- naissait de cette espèce, nous savions bien que nous exprimions une vérité ; pourtant nous ne nous doutions guère qu’une partie de nos prévisions, celle qui a rapport aux formes, était si près de se réaliser. En effet, déjà, dans les individus qui provien- nent de nos premiers semis, on en trouve qui, par leur port, leur vigueur, leur végé- tation, en un mot par l’ensemble de leurs caractères, sont tellement différents de ce que pendant près de quatre-vingts ans on a cultivé comme Evonymus Japonica « type, » qu’on pourrait les considérer comme des espèces particulières. Nous appelons sur ces changements l’attention des botanistes, qui pourront y apprendre comment les vieilles espèces se perdent, et en même temps comment il en apparaît de nouvelles. — Y a-t-il des rapports entre la nature et la forme des organes ? Si oui, sur quoi reposent-ils, et à quoi peut-on les distin- guer? Il est difficile de répondre à ces j questions d’une manière scientifique ; mais les faits semblent démontrer l’affirmative, CHRONIQUE HORTICOLE. i LES PÉPINIÈRES ET LES ARBRES FIGURÉS A L’EXPOSITION. 245 du moins dans la plupart des cas. En voici deux exemples dont nous avons été témoin récemment, portant l’un sur le Dajphne Mazeli , l’autre sur le Saxifraga ligulata. Le premier, à l’état normal, c’est-à-dire quand ses feuilles sont panachées-bordées de blanc jaunâtre, constitue un arbuste très-ramifïé, à branches étalées; ses feuil- les alors sont obovales-elliptiques ; mais quand au contraire ses feuilles se « dé- panachent, » elles deviennent plus étroites, contournées - tourmentées ; les branches s’allongent beaucoup plus, et l’arbuste se développe davantage en hauteur ; il s’élance et paraît plus vigoureux ; en un mot, c’est une plante tellement différente, que beau- coup de botanistes n’hésiteraient pas à en faire une espèce particulière. Quant au Saxifrage, la modification consiste en une sorte d’albinisme qui tend à se produire, et, comme dans le cas précédent, elle est due à un fait de dimorphisme, mais por- tant exclusivement sur l’inflorescence et sur les fleurs ; la hampe, plus courte et plus trapue, est jaune blanchâtre au lieu d’être verte ou légèrement colorée en rose ; quant aux fleurs, elles sont d’un blanc légèrement carné. Comme d’une autre part, au prin- LES PÉPINIÈRES ET LES ARB Il n’y a pas bien longtemps que l’art d’élever les arbres a pris le rang qui lui appartient dans l’horticulture générale. Au- trefois, chacun avait, dans un coin du jar- din, son « séminaire » particulier où se fai- saient les semis, et sa « bastardière » où le plant était repiqué avant d’être mis à sa place définitive. Rien n’était moins favo- rable au progrès que cette absence de con- centration. Les Chartreux de Paris paraissent avoir été les premiers qui aient produit par grandes masses de jeunes arbres destinés à la vente, et ils s’entendaient fort bien à ce commerce, comme on peut le remarquer à la lecture du livre intitulé : le Jardinier solitaire , œuvre de l’un de leurs directeurs. En fait de réclame, on n’inventerait aujour- d’hui rien de mieux que le chapitre xvi de ce livre, qui fait voir que les gens de Yitry faisaient dès lors aux Chartreux une rude concurrence. Au XVIIe siècle, le séminaire et la bas- tardière avaient cessé d’être distincts, au temps dernier, un certain nombre de pieds présentaient déjà ce phénomène, on est au- torisé à conclure qu’il tend à se généraliser et que très-prochainement on aura un Saxi- fraga ligulata à fleurs blanches dont on ignorera l’origine, ce qui, heureusement, n’empêchera pas de lui faire bon accueil et de l’employer comme ornement. — L ’Eulalia Japonica , qu’on a vendu comme nouveauté il y a quelques années, n’est pas un type, mais bien une variété à feuilles panachées. C’est un fait aujourd’hui hors de doute. Des graines de cette plante, récoltées en France, n’ont donné à notre collègue, M. Emile Chaté, horticulteur, rue Sibuet, à Paris, que des individus à feuilles vertes. On peut donc affirmer qu’il en sera de même de VE. zebrina. Voilà donc des plantes qui, après avoir été décrites et même figurées par des savants comme des espèces, devront descendre et être rangées dans la catégorie des variétés. Toutefois, ce qui ar- rive à YEulalia Japonica n’a rien qui doive étonner. Loin d’être une exception, il est la règle. La notion d’espèce considérée scien- tifiquement est appelée à disparaître. E.-A. Carrière. LES FIGURÉS A L’EXPOSITION moins par le nom, et on les confondait déjà sous celui de pépinière, nom assez mal choisi, puisqu’il restreint le sens général de semis de toutes sortes aux seuls semis de pépins. A l’époque où la Quintinye écrivait sa préface (1685), il y avait déjà des cultiva- teurs de pépinières; mais leurs cultures et leur commerce devaient être bien peu im- portants, puisqu’il n’existait pas encore de nom particulier pour les distinguer des autres classes de jardiniers, « à moins, dit notre auteur, de les appeler pépiniéristes. » C’est en effet chez lui, si nous ne nous trompons, qu’on trouve ce mot pour la première fois, et en le créant il n’a pas fait preuve d’érudition. « Ce mot est mal fait, dit M. Littré; il aurait fallu dire pépinier. » On voit aisément le motif de ce jugement sans appel : c’est que la Quintinye s’est servi d’un mot déjà dérivé, pépinière , au lieu de remonter au radical pépin. C’est exactement comme si l’on disait j ard iniériste (1). (1) Sans examiner ni discuter les raisons invo- 246 LES PÉPINIÈRES ET LES ARBRES FIGURÉS A L’EXPOSITION. A cet art nouveau les artistes n’ont pas fait défaut, et un temps relativement court a amené dans la profession des progrès considérables. Nos pépiniéristes ont non seulement pris leur place, mais ils se sont avancés sur un terrain qui paraissait d’abord ne pas être le leur. D’une part, la nécessité d’avoir des porte-greffes leur a fait étudier le gouvernement des arbres adultes, et ils sont ainsi devenus de véritables jardiniers-frui- tiers. D’autre part, détenteurs obligés d’un grand nombre de variétés, ils ont été mieux que personne à même de les connaître et de les décrire, de sorte que quelques-uns d’entre eux sont devenus nos meilleurs pomologues. Enfin, ne se bornant pas à propager les variétés connues, ils ont, par de judicieuses sélections, tiré de leurs semis des variétés nouvelles. Voilà donc un art tout récent qui embrasse quatre embranchements impor- tants : élevage des mères, multiplication des variétés connues, poursuite des variétés nouvelles et étude de pomologie générale. Nous sommes loin du temps où de pauvres diables de greffeurs allaient de jardin en jardin suppléer à l’insuffisance du jardi- nier. Les produits des pépiniéristes au Champ- de-Mars se présentent sous les quatre aspects que nous venons d’indiquer. Nous avons précédemment signalé quelques ar- bres dressés qui nous ont paru remar- quables, sans prétendre, bien entendu, qu’il ne s’en trouve pas d’autres. Nous avons notamment omis volontairement les petits arbres élevés en pots et dressés en hélice sur des tringles de fer, que l’on peut voir dans un édicule portant cette inscription : Multum in parvo , et cela parce que la Revue horticole les a dernièrement décrits mieux que nous ne saurions le faire. Nous ne dirons rien encore des ouvrages de po- mologie exposés (ou qui vont l’être) ; voulant nous borner aux objets qui peuvent être examinés séance tenante, nous nous con- quées par le célèbre académicien, nous ferons re- marquer qu’en voulant toujours remonter à l’étymo- logie pour la création de nouveaux mots, on arrive parfois, sinon à des barbarismes, du moins à des noms peu euphoniques, qui blessent l’oreille, ce vé- ritable juge en pareille matière. Aussi, et quoi qu’on fasse, ils sont rejetés par la masse, ce qui, une fois de plus, montre la puissance de l’usage, c’est-à-dire de la force, ce qui est logique, bien qu’il semble jus- tifier une phrase dont nous avons dû supporter les tristes conséquences Ici encore, outre que le mot tenterons de jeter un coup d’œil sur l’en- semble des pépinières de jeunes arbres. Ces derniers se distinguent tant par le nombre des variétés qui y sont représentées que par la bonne éducation des plants. Les Pêchers ne peuvent donner lieu à aucune remarque, puisque ce sont des scions d’un an, comme les réclament main- tenant la plupart des acheteurs. Il n’en est pas de même des Poiriers. Ils sont plus âgés, et sont tous élevés sous cette forme qu’on appelait autrefois « en Cyprès. » C’est en effet de beaucoup la meilleure, et, quand elle est réussie, elle se prête à toutes les combinaisons ultérieures que peut con- cevoir le jardinier. Nous disons quand elle est réussie, et l’on pourrait s’étonner qu’elle ne le soit pas toujours, car il n’est pas plus difficile de faire un Poirier-Cyprès aux bran- ches inférieures fortes et trapues que de faire une quenouille envolée ; malheureusement, les pépiniéristes sont forcés, comme tous les commerçants, de se plier au goût du plus grand nombre. Or, on veut des arbres qui aient ce qu’on appelle une « belle tête » et une hauteur hors de proportion avec leur âge, ce qu’on ne peut leur procurer que par une taille trop longue de la tige. Voilà pourquoi on trouve souvent dans quelques pépinières des Poiriers de trois ou quatre ans déjà échappés par le haut, et qu’on ne peut réta- blir que par un recépage complet. Les spécimens du Champ-de-Mars sont exempts de ce défaut; ce sont de véritables Cyprès, garnis à la base de bonnes branches entre lesquelles on n’aura que le choix de celles qui seront à conserver. Il y a bien, de ci de là, quelques exceptions ; mais il faut tenir compte des caprices ou, pour mieux dire, du naturel de certaines variétés. Tandis que les branches des unes viennent se ranger naturellement, nombreuses et en bon ordre, autour de la tige, celles des autres s’écartent, se tordent et prennent toutes les directions, depuis la verticale jus- « pepinier » est dur, il serait relativement inexact, puisqu’il n’est aucun pépiniériste qui s’occupe ex- clusivement des végétaux à pépins (il en est même qui n’en cultivent pas du tout). Aussi le terme pépi- niériste persistera-t-il, malgré les dires de M. Littré. D’une autre part, pépiniériste n’est pas l’équivalent de « jardiniériste , » le jardinier ne pouvant pas ne pas avoir de jardin, tandis que le pépiniériste, qui lui non plus ne peut pas ne pas avoir de pépinière, peut très-bien ne pas cultiver de fruits à pépins. Les exemples abondent. ( Rédaction .) LES PÉPINIÈRES ET LES ARBRES FIGURÉS A L’EXPOSITION. 247 qu’au-dessous de l’horizontale. Les liens d’osier qui rapprochent et les navettes qui éloignent ces branches affolées ne suffisent pas toujours à rétablir la régularité. Tout ce qu’on doit exiger dans ce cas d’un arbre de pépinière, c’est que la plaie de la greffe soit fermée ou en bonne voie de cicatrisa- tion, et que les branches supérieures n’aient pas déjà dessévé les inférieures, lesquelles, dans ce cas, doivent être considérées comme condamnées. Les crans, les entailles sont des remèdes auxquels on devrait n’avoir pas besoin de recourir, et qui d’ailleurs sont souvent impuissants à justifier ,notre con- I fiance. Beaucoup de Pommiers en cordons, pourvu qu’ils soient greffés sur Paradis et qu’on ne leur laisse qu’une branche, c’est . I bien la plus jolie plantation que l’on puisse faire et la plus productive en même temps. Il y a une méthode nouvellement proposée pour la taille de ces petits Pommiers hori- zontaux : nous voulons parler de celle qui supprime tous les dessus. On ne conserve- rait plus de branches fruitières que latéra- lement, et surtout en dessous. Nous en avons vu faire une application qui a donné de mauvais résultats, parce que, croyons-nous, elle avait été faite sur des sujets déjà trop âgés. On comprend tout ce que la brusque suppression de tant de branches et la créa- tion instantanée de tant de larges plaies peuvent amener de désordres dans l’écono- mie d’un arbre. Mais cette même opération, si on la pratique sur le jeune scion, au moment où on vient de le courber, par le simple éborgnage à l’ongle des bourgeons non encore développés, nous paraît recom- mandable. Aussi croyons - nous, malgré l’opinion contraire d’un auteur autorisé, que le fruit pendant, surtout en fait de Pommes et de Poires, se comporte mieux que le fruit érigé. Peut-être ce dernier, mal om- bragé pendant sa période de développement, reçoit-il trop tôt l’impression du soleil et subit-il une maturation anticipée. Nous re- grettons de n’avoir vu aucun cordon traité suivant cette méthode, soit qu’il n’en existe pas, en effet, au Champ-de-Mars, soit que nous n’ayons pas su les découvrir. Parmi les arbres de semis, nous avons gardé le souvenir de deux ou trois Poiriers qui sont des germinations de 1873, et ont déjà acquis une ampleur étonnante. Il s’en trouve d’épineux, ce qui ne promet guère; mais celui qui provient d’un Doyenné d’hi- ver a la plus belle apparence, et rappelle bien le type originel . Nous n’avons pas fini avec les arbres figurés ; les Hollandais, outre quelques arbres fruitiers qui ne dépareraient pas nos collections nationales, nous ont envoyé des Buis taillés. Il y a là une église avec son clocher, une table supportant une bouteille et des verres, des oiseaux, et enfin le mor- ceau classique, qui nous reporte à l’ancienne Borne, un vaisseau avec ses mâts et ses vergues. Ce dernier chef-d’œuvre se voit dans tout son éclat, quand, le matin, les araignées ont pris le soin d’en tisser les agrès. Il parait que le goût de ces « bambo- chades, » comme on les appelait autrefois, s’est conservé en Hollande. Il fallait une exposition comme celle-ci pour produire une si curieuse exhibition d’arbres figurés, et les gens casaniers, qui n’en avaient jamais vu, doivent des remercîments aux pépinié- ristes hollandais pour les leur avoir montrés dans toute leur naïveté primitive. Chez nous, en effet, il n’en resterait pas de trace, au moins dans les jardins publics, n’étaient les Ifs de Versailles, arbres de la décadence, qui ne donnent qu’une idée imparfaite d’un art qui a tant charmé nos pères, et qui ne sont conservés sans doute qu’à titre de mo- numents historiques (1). La mode des arbres figurés est très-an- cienne, puisque, du temps de Pline, on leur faisait représenter des personnages, des flottes, etc. Elle a été importée en France par les architectes italiens, et nos jardiniers s’en engouèrent à ce point que, non con- tents de façonner les arbres à feuillage per- sistant, Ifs, Buis, Bomarins, Filarias, ils se mirent à traiter de même les arbres frui- tiers, pour n’avoir plus rien dans leurs jar- dins qui ne fût personnages, animaux, objets de toute sorte. Mais une pareille débauche de figuration ne pouvait être du goût des vrais jardiniers- fruitiers; aussi voyons-nous le président de Lamoignon la condamner sévèrement dans le livre du curé d’Hénouville : cc Les jardi- niers, dit-il en évoquant les souvenirs de sa jeunesse, qui voulaient passer pour habiles (1) L’exact, ponctuel et minutieux Dangeau nous apprend que le roi y mettait souvent la main : « Tel jour le roi taillait ses Ifs, » est un de sesme- moranda favoris. 248 VARIA. RHODODENDRON OCCIDENTALE ET PICKERINGIA MONTANA. dans les lieux les plus curieux traitoient encore d’une manière bien plus outrageante leurs arbres nains, qu’on 'pouvoit appeler des monstres bien plus que des nains, car ils leur donnoient mille postures extrava- gantes, leur fesoient présenter toutes sortes d’animaux d’une manière extrêmement ri- dicule, en sorte qu’en fesant de très-mau- vaises figures, ils perdoient de fort bons arbres, et que leurs ouvrages méritoient d’être également détestez par les véritables statuaires et par les bons jardiniers. » La manie des arbres figurés a sévi en Angleterre plus tard que chez nous, mais avec non moins d’intensité. Pope, qui n’était pas un magistrat dévot, s’en est moqué sur un ton moins grave que Lamoignon Sa critique porte l’empreinte de son temps et de son tempérament. Il suppose qu’un jar- dinier va mettre en vente une suite de ces arbres, et il en dresse un catalogue bur- lesque dont nous détachons quelques 'mor- ceaux d’après la traduction qu’en a donnée La Bretonnerie : Adam et Ève en If. Eve a un peu souffert de la chute de l’arbre du bien et du mal. La tour de Babel, pas encore finie. Un saint Georges en Buis ; son bras, à peine assez long, sera en état de percer le serpent le mois d’avril prochain. Une reine Élisabeth en Filaria, penchant tant soit peu aux pâles couleurs. Un cochon changé en porc-épic pour avoir été oublié une semaine. Un autre cochon en Lavande, avec la Sauge qui croît dans son ventre. Plusieurs poètes modernes à un sou la pièce, etc. Toutes les critiques que l’on en pourrait faire n’empêcheront pas que l’exposition hollandaise n’ait du succès, et que le public ne trouve tous ces « monstres » amusants à voir. Nous faisons néanmoins nos réserves à propos du choix des sujets représentés, dont la plupart sont insignifiants. Quand on prétend faire d’un arbre un objet de curiosité, il faut au moins que la figure im- posée dise quelque chose, qu’elle soit gra- cieuse ou franchement comique. Est-ce le cas de ces vaisseaux et de ces palmipèdes ? Telle qu’elle est, cette exposition a pour- tant un charme : c’est son côté rétrospectif ; on se prend à la regarder avec le même plaisir que l’on éprouverait dans une galerie de costumes, devant un péplum de l’époque de Pline ou un pourpoint fenestré de la re- naissance. AL Messager. Notre précédent article, écrit à la hâte et dont nous n’avons pu revoir l’épreuve, renferme des non sens parmi lesquels nous ne relèverons que les trois suivants : Page 212, col. 1, ligne 26, au lieu de : « ces observations ne seraient pas fondées , » lisez : « ces observations seraient fondées. » Page 213, col. 2, ligne dernière, au lieu de : branches coupées, lisez : branches couchées. Page 214, col. 2, ligne 14, au lieu de : Pom- mier, lisez : Prunier. Dans le numéro du 16 juin : Page 237, col. 2, ligne 5, au lieu de : « qui établit aussi des pépinières, » lisez : « qui fut aussi élève de Pierre Pépin. » VARIA RHODODENDRON OCCIDENTALE ET PICKERINGIA MONTANA Ces deux arbustes, originaires de la Cali- fornie, sont des plus floribonds ; on les trouve sur les sommets des montagnes basses, au nord de la baie de Monterey et dans les broussailles ou taillis ombragés. Le Rhodo- dendron occidentale est un arbuste à feuilles caduques, se couvrant de fleurs blanches très-odorantes, souvent nuancées de jaune, plus rarement striées de rouge, et venant de préférence dans les terrains secs et pro- fonds ; ses grosses racines s’y enfoncent, et, grâce à elles et malgré la sécheresse habi- tuelle de l’été, il peut fleurir abondamment et sans souffrir. A première vue, il semblerait que cet arbuste doit être d’une transplantation diffi- cile, car ses nombreuses tiges prennent naissance sur une couronne noueuse de grosses racines ; mais l’expérience a démon- tré le contraire. Quelques pieds que nous avions massacrés à coups de hache, et auxquels nous n’avions conservé qu’une portion de la couronne de racines, après avoir subi un voyage de deux jours à dos de cheval, furent plantés, en arrivant, dans de vieilles caisses que nous possédions. U y a un an de cela, et voici que maintenant ces mêmes plantes ont formé de nombreuses BERBERIS PALLIDA. 249 racines et montrent une grande quantité de boutons qui nous donneront beaucoup de fleurs l’année prochaine. Pickeringia montana. Celui-ci forme un bel arbuste à feuilles persistantes qui, par son * mode de floraison, ressemble aux Swain- sonia, dont il diffère par les racèmes plus allongés et les fleurs bien plus brillantes. Les tiges peuvent atteindre 8 pieds de haut ; elles portent des feuilles vert glauque dont la forme et la grandeur rappellent exacte- ment celles des Clianthus. Le P. montana a le bois entièrement couvert d’épines et pourrait concourir avantageusement à la formation de belles haies d’agrément. Un rédacteur du Gardeners ’ monthly ajoute que cet arbuste fructifie peu, car depuis sept années qu’il le cultive, il n’en a récolté que trois graines fertiles, mais qu’en revanche il trace beaucoup et peut être faci- lement multiplié au moyen des drageons qu’il émet en grande quantité. ( Gardon , 4 avril 1878). Les avenues à Washington. — Nous ex- trayons de Y American agriculturist quel- BEKBEBIS Cette espèce, qu’on ne rencontre que trop rarement dans les collections où, au con- traire, elle devrait se trouver fréquemment, et qui est connue dans quelques établisse- ments scientifiques sous le nom de Berberis Hookeri, est originaire du Mexique, où on la trouve sur divers points, notamment à Real- del- Monte, où M. John Bule en re- cueillit des graines, en 1831. Quelques an- nées plus tard, Hartweg la retrouvait près de Cardonal et de Zimapan. Elle se rap- i proche un peu d’une autre espèce qui, elle aussi, a en grande partie disparu des cul- tures, où on la trouvait sous le nom de Ber- beris macrophylla. C’est un arbuste nain, bien que vigoureux, compact, très-rameux, presque gazonnant, dépassant rarement 1 mètre environ de hauteur. Branches épineuses, courtes, un peu divariquées, excessivement ramifiées, à écorce roux brun, souvent maculée noi- râtre, un peu flexueuses; épines trifur- quées, fines, très-aiguës, longues d’environ 12-15 millimètres, d’un roux brun. Feuilles persistantes, très -inégales, réunies à la base ques détails relatifs aux plantations qui bordent les grandes avenues de la ville de Washington : « Les plantations faites jus- qu’à présent se composent de 40,000 arbres d’avenues répartis en une trentaine d’es- pèces différentes, dont les principales sont les suivantes : Acer dasycarpum , Acer rubrum, Tilia americana , Ulmus ame- ricana, Acer negundo , Acer sacchari - num , Fraxinus americana, Acer pseu- doplatanus , Platanus occidentalis, Lirio- dendron tulipifera , Gleditscliia triacan- thos, Acer platanoides et diverses sortes de Populus. Ce sont principalement ces derniers et surtout les différentes espèces d’ Érables qui forment le fond de toutes ces plantations, faites à une distance moyenne de 20 à 30 pieds anglais (6 à 9 mètres) ; l’espace compris entre le sol et les pre- mières branches est d’environ 12 pieds. D’après des calculs, on a reconnu que quand les plantations seront terminées, un promeneur pourra parcourir 200 milles sous les avenues ombragées de la capitale américaine. » Puvilland. PALLIDA des épines et formant des fascicules ombel- loïdes très-rapprochés, du centre desquels, sur les parties vigoureuses, part un bour- geon mince. Ces feuilles sont coriaces, d’un vert très-brillant en dessus, qui est légère- ment convexe, à bords ondulés, portant des dents couchées, terminées en une pointe sétacée. Fleurs axillaires, jaune soufre pâle, très-longuement pédicellées, en gé- néral peu nombreuses, s’épanouissant en mai. Le Berberis pallida , Hartweg et Ben- tham (B. Hookeri , Hort.), est rustique sous le climat de Paris, bien que dans les hivers très-rigoureux il souffre quelque peu. Il a été décrit et figuré par Yan Houtte : Flore des serres , VII, p. 231, d’après Lindley, in Paxt. Fl. Gard., qui lui assignent des fruits ce groupés en grandes panicules lâ- ches, formant des petites baies d’un pourpre foncé, glaucéscent, dont l’effet est assez agréable à l’œil, mais dont l’acidité très- prononcée dément la décevante apparence. » Lebas. 250 PÊCHE BALTET. — L’HORTICULTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878. PÈCHE BALTET Voici bien certainement la plus méritante des Pêches tardives. Elle est doublement recommandable : belle et bonne ; par dessus tout, et comme complément, l’arbre charge bien. Le fruit est gros, ovale, renflé, mame- lonné au sommet, comme la P. Téton de Vénus. La peau est légèrement duveteuse, se détachant facilement, d’un coloris fond blanc crémeux, largement coloré de carmin, arrivant au pourpre à l’insolation. La chair est blanche, rayonnée de rose au centre, d’une nature fine, fondante, très- juteuse, sucrée, exquise. Sa qualité sucrée, relevée d’un arôme délicat, est d’autant plus agréable qu’elle est plus rare en cette saison. La maturation s’accomplit du 25 sep- tembre au 15 octobre. Le noyau, qui se détache complètement de la chair, est moyen, oblong, pointu, d’une grosseur ordinaire. Le Pêcher Baltet est vigoureux et très- fertile. L’arbre se comporte bien en plein vent ou en espalier ; les bourgeons, arron- dis, assez rapprochés, se prêtent parfaite- ment à la taille en crochet, c’est-à-dire à la combinaison de la branche fruitière et delà branche de remplacement sur la même coursonne. Aussi le bouquet de mai s’y forme-t-il naturellement et abondamment. La feuille est grande, verte, à denture bien accentuée, dépourvue de glande sur le pétiole. La fleur, petite pour les partisans de 1 a classification en deux catégories, moyenne pour les autres, a les pétales étroits, allon- gés, obovales, légèrement cucullés, d’un rouge sang ou purpurin. Cette excellente variété est un gain de M. Baltet père, qui l’a obtenue, il y a douze ans environ, d*’un noyau de Pêche qu’il avait semé dans son jardin, à Troyes. Les amateurs qui l’ont dégustée, les jurés qui l’ont appréciée, ont déclaré que la Pêche Baltet était une variété de premier mérite. Baltet frères, Horticulteurs à Troyes. L’HORTICULTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878 (1) Le programme de la deuxième série com- prenait les Rhododendrum et les arbres et arbustes fruitiers comme concours principaux. Les Rhododendrum , par l’étymologie de leur nom (du grec Rhodon, Rosier, et den- dron, arbre) et par leurs belles fleurs, sont les émules des Rosiers. En effet, s’il s’agit de la beauté, de la fraîcheur et de l’heureux accouplement des coloris, les deux concurrents sont égaux, et si les Rosiers fleurissent plu- sieurs fois pendant l’année, le beau feuillage persistant des Rhododendrum plaît en toute saison et surtout l’hiver, alors que la nature semble en deuil. La Rose est par excellence la fleur du soleil, du grand air, des expositions découvertes, tandis que le Rhododendrum se plaît à l’ombre, dans les lieux abrités. Aussi, Rhododendrum et Rosiers ont-ils attiré l’at- tention des amateurs et l’enthousiasme du public. En général, les nombreux Rhododendrum exposés appartenaient à cette catégorie vulgai- rement appelée « hybrides de plein air, » variétés rustiques qui sont le résultat de croi- (1) Revue horticole , 1878, p. 226. sements entre deux espèces, ou entre une espèce et une variété, ou entre deux variétés. L’examen attentif de ces plantes nous a fait constater l’impossibilité de reconnaître leur filiation et prouvé que, loin d’être immuables, les lois de la transmission de l’espèce sont le plus souvent capricieuses, intermittentes, et pourrions-nous dire idiosyncrasiques. Le concours de collection était bien rempli.; les sujets nombreux, généralement forts, bien cultivés, représentaient les plus belles variétés connues. MM. Croux, Moser, André Leroy, Ferdinand Jamin, Honoré Defresne, Paillet, Mme veuve Durand, MM. Louis Leroy et Choi- nière étaient en présence dans ce concours. Indépendamment de ces belles et brillantes collections, M. Truffaut avait envoyé 50 Rho- dodendrum , remarquables par le choix des variétés, la force et la bonne culture des sujets ; M. Moser, 18, également très-beaux, et deux autres lots de Rhododendrum dans les concours ayant trait à la nouveauté ou au choix des variétés ; M. Robert présentait quel- ques sujets très-forts, cultivés en caisses ; enfin, M. Wood avait envoyé 40 forts sujets élevés sur une tige et qui ornent les deux ’ Cuis in, del- C/iromo&tik. P Strs 'sbœsit Pec/ie Balte ! 251 / l’horticulture a l’exposition universelle de 1878. plates-bandes longeant le tapis vert du Champ- de-Mars. Parmi tous ces nombreux appôrts, nous avons choisi les variétés suivantes, remarqua- bles par la rusticité, la vigueur, la floribondité, et plus encore par la beauté des coloris et la pureté de la forme de leurs fleurs, savoir : 1° Blancs. — A. Blanc maculé jaunâtre : Mlle Masson (Cachet) ; Mistress John Clutton (Waterer et Godfrey). — B. Blanc teinté de rose avec macules jaunâtres : The Queen (Noble) ; Standish perfection. — C. Blanc teinté rose avec macules pourpre noir : Prince Camille de Rohan (Verschaffelt). — D. Blanc teinté lilas avec macules jaunâtres : Duc de Malahoff , délie atissimum , album elegans (Waterer). — E. Fond blanc largement teinté de rose cerise ou carmin vers le bord des pétales : Comte de Gomer (Verschaffelt) ; Bylsianum (Byls; ; Mme Wagner (Verschaf- felt). — F. Fond blanc lilacé largement teinté de lilas foncé vers le bord des pétales, avec macules jaunâtres : Mme Cachet (Cachet). 2» Roses. — A. Rose frais : Étoile du Ples- sis; rose avec macules pourpres: congestum roseum(V Waterer) ; Elfride (Byls). — B. Rose vif avec macules jaunâtres : The crown Prince ; rose vif avec macules pourpres : Lady Eleonor Cathcart (J. Waterer). — C. Rose clair lar- gement teinté de rose vif ou carmin vers le bord des pétales : Mistress John Waterer (J. Waterer). — D. Rose teinté lilas avec ma- cules pourpres : Louise Estelle (Bertin) ; Sou- venir de Barillet-Deschamps ; rose teinté lilas avec macules jaunâtres : Everestianum (J. Wa- terer) . 3° Bouges. — A. Rouge ombré carmin brillant, avec macules pourpre noirâtre : John Waterer (J. Waterer) ; Michael Waterer (J. Waterer) ; Vesuvius (Standish) ou Grand Arab. — B. Rouge pourpre foncé ombré ama- rante, avec macules noirâtres : The maroon (J. Waterer) ; Iago (Noble) ; Blandyanum (Standish) ; Joseph Witvorth (J. Waterer). 4° Lilas et violets. — A. Lilas clair: An- nica Bricogne. — B. Violet ombré pourpre brillant, avec macules noirâtres : Néro (Wate- rer et Godfrey) ; violet ombré pourpre brillant, avec macules bronze cuivré : Sir Thomas Sebright (J. Waterer). Trois horticulteurs, M. C. Lemoine, M. Choi- nière et M. Boyer, avaient présenté diverses variétés nouvelles de Rhododendrum prove- nant de leurs semis ; les produits des deux der- niers ne portaient pas d’étiquettes ; dans l’apport du premier nous avons noté : Rhododendrum Mme Constant Lemoine (G/ Lemoine), rose lilas avec macules pourpres ; R. Alsace (G. Le- moine), rose clair, bords des pétales ondulés, macules pourpres ; enfin, R. Maréchal Mac- Mahon (G. Lemoine), fleurs grandes, à bords légèrement frisés, colorées de rouge cerise faiblement teinté de violet clair, avec macules très-accusées, pourpre noir velouté. Des Rhododendrum nous passons aux Ro- siers, qui étaient présentés, en très- grand nombre, par MM. Lévèque, Margottin fils, Gh. Verdier et Margottin père. Voici les varié- tés qui ont particulièrement attiré notre atten- tion et que nous croyons devoir recommander : Roses hybrides remontantes. — A. Du blanc pur au blanc rosé : Mme Lacharme (Lacharme) ; Perle des blanches (Trouvais). — B. Du rose clair au rose foncé : Baronne de Rothschild (Pernet) ; M™e G. Schwartz (Schwartz) ; Amélie Hoste (Gonod) ; Parmentier (Guillot) ; Anna de Diebach (Lacharme) ; Richard Wallace (Lévêque) ; Jean Brosse (Ducher) ; Mme Re. nard (Moreau); Jean Goujon (Margottin). — C. Du rouge clair au rouge foncé, noirâtre : Mme Victor Verdier (Verdier) ; Charles Mar- gottin (Margottin) ; Sénateur Vaïsse (Guillot) ; Louis Van Houtte (Lacharme) ; Duc de Gazes (Trouvais) ; enfin la Rose Noisette Gloire de Dijon (Jacolot) ; la Rose du Bengale pumila (blanche et naine), et Pâquerette (Guillot), une jolie miniature. M. Hippolyte Jamain avait envoyé, hors concours, un beau lot de Rosiers thés, dans lequel nous avons noté les belles variétés ci- après : Mne Marie Van Houtte (Ducher), blanc teinté jaune ; Mme Falcot (Guillot), jaune clair; Jean Ducher (Ducher), jaune teinté saumon ; Adrienne Christophe (Guillot), jaune teinté rougeâtre ; Pauline Labonté, rose ombré saumon ; Mme Ganta (Lartay), rouge aurore. Ajoutons que M. Margottin fils avait dans son apport plusieurs Rosiers dignes d’être mention- nés à cause de la force des sujets et de la beauté de leurs nombreuses fleurs, principalement la France , Edouard Morren , Mme Margottin. Outre ces deux genres ( Rhododendrum et Rosiers), la tribu des arbustes de plein air était représentée par : 1° Quatre collections d’Azalées rustiques, présentées par MM. Groux, Moser, Ferdinand Jamin et Oudin. 2° Un lot (VAzalea amœna (Lindley). Ges jolis arbustes de la Chine, aussi rustiques que floribonds, provenaient des cultures de M. Groux. 3° Un lot de Pivoines en arbre ( Pæonia Moutan, Sims), envoyé par M. Roy et dans lequel nous avons admiré les variétés Ville de Saint-Denis (Mouchelet), blanche ; Marie Rattier (Guérin), blanc lavé de rose pâle ; Souvenir de Mme Knorr (Van Houtte), blanc ombré rose clair satiné; Elisabeth (Caso- retti), rose vif; Comte de Flandre (Donkelear), rose foncé ; Louise Mouchelet (Mouchelet), rose teinté saumon; Mme de Vatry (Guérin), rose ombré lilas clair ; Rinzi (Gasoretti), pourpre violacé brillant. 252 l’horticulture a l’exposition universelle de 1878. 4° Enfin un^èot de Clématites variées appar- tenant également à M. Roy. Passant aux plantes herbacées de plein air, nous trouvons d’abord plusieurs lots composés de différents genres, espèces et variétés, pré- sentés par MM. Vilmorin ; nous citerons : Aqui- legia vulgaris et Sïberica, Primula Japonica, Mimulus triginus duplex , cupreus ; Schi- zanthus, Campanula eximia , Delphinium nudicaule, très-jolie plante vivace à fleurs écarlates, et Kaulfussia amelloides à fleurs bleues ou rose violacé, trois jolies plantes trop peu répandues dans les jardins ; puis un lot de Chrysanthèmes à carène, exposé par M. Vyeaux- Duvaux ; un lot de diverses variétés de Pyrè- thres roses présenté par M. Yvon ; enfin un lot de Pensées variées envoyé par M. Thié- baut jeune. Nous signalerons également quelques lots de fleurs coupées, principalement les Primula cortusoides envoyés par M. Lemoine, de Nancy. Les variétés obtenues par cet intelligent semeur représentaient un notable progrès sur l’espèce type, qui a une hampe grêle et les lobes des fleurs étroites, tandis que les variétés en ques- tion ont une hampe forte, raide et des lobes grands, arrondis et imbriqués. M. Delahaye exposait divers lots de Scilles du Pérou, des Renoncules variées, des Ixia , des Muscari, etc. M. Thiébaut aîné avait envoyé des Agraphis cernua bleus, blancs et roses ; un lot de Tulipes variées ; 50 variétés de Renoncules et un même nombre de variétés d’Anémones à fleurs dou- bles, parmi lesquelles nous avons fait choix de Couronne blanche , blanche ; Isle of Wight et lilacea superba, toutes les deux lilas; Lord Palmerston et Ornement de la nature, toutes les deux d’un beau bleu foncé ; Rose d'Eu- rope, panachée rose et blanc ; Georges Pea- body , carmin vif ; Commandant en chef , rouge écarlate ; Faidherbe , panachée rouge. Enfin M. Toche, de Nice, M. Lange et M. Deschamps avaient présenté des bouquets, des corbeilles de table, etc. Les végétaux dits de serre chaude ou tem- pérée étaient représentés par : 1° Un magnifique lot de 12 Dracœna et un Croton, obtenus de semis par l’exposant, M. Chantrier, horticulteur à Mortefontaine : Dracœna atropurpurea pendilla, D. erecta alba, D. lanceolata, D. macrophylla (non C. Koch), D. M. Bergmann , D. M. Chantrier , D. M. Lecoq-Dumesnil , D. M. Masson, D. M. Verlot , D. Morfontainensis , D. Regis. Nous recommandons principalement les variétés D. Regis et D. M. Chantrier , parce qu’elles nous paraissent être les plus belles parmi tous ces beaux gains, les premiers obtenus en France, et qui peuvent rivaliser avec tous ceux obtenus depuis quelques années en Europe. Le Croton est issu du croisement du C. maximum avec le C. Veitcheum ; son feuillage a l’am- pleur du premier et la brillante coloration du second. 2° Un lot de Gloxinia , exposé par M. Duval, de Versailles ; nous avons distingué dans cet apport les variétés Papillon , blanc et bleu ; Patrie , bleu foncé bordé blanc ; Nubien , bleu très-foncé ; \V. Robinson , fond blanc rosé, ponctué et bordé carmin ; Boule de neige, blanc; un semis, fond blanc pointillé, brun violacé et largement peint de violet foncé, ombré bleu de Prusse. A ce lot, M. Duval avait joint une Amarantacée de la Colombie nommée Iresine Wallisii, par M. Ortgies, et dont le feuillage a la forme de celui de Ylre- sine Herbsti , bien que plus petit, et est coloré de rouge sang foncé à reflets métal- liques. 3° Un lot d 'Anthurium Schertzeum com- posé de plusieurs beaux spécimens du type et d’un grand nombre de variétés obtenues de semis par l’exposant, M. Bertrand, amateur. 4° Trois collections de Cactées, Aloe, Gas- teria , Haworthia, Echeveria et Euphorbia- cées variées, présentées par MM. Simon, Stei- ner-Pfersdoff et Bonnet. 5° Un lot de Cineraria cruenta flore pleno, exposé par MM. Vilmorin, qui avaient égale- ment envoyé deux lots de Calcéolaires herba- cées et un lot de Calcéolaires obtenues du croisement des variétés herbacées avec des Cal- céolaires sous-frutescentes. Ces plantes, très-, vigoureuses, ont vivement intéressé les ama- teurs, qui, jusqu’à ce jour, désespéraient de posséder des variétés de Calcéolaires sous-fru- tescentes rustiques, vigoureuses, floribondes et se multipliant par semis. M. Robert avait exposé un beau lot de Calcéolaires herbacées. 6° M. Machet, horticulteur à Châlons-sur- Marne, avait envoyé un Coleus pictus et un Coleus multicolor , deux plantes introduites des îles Salomon, en Angleterre, et qui sont remar- quables par la forme et la coloration de leur feuillage rouge bronzé, cuivré, panaché de jaune, de blanc, de brun et de rose, etc. 7° Enfin M. Jolibois, jardinier en chef du Luxembourg, présentait, hors concours, des Broméliacées, des Orchidées et des Hæman- thus puniceus qui ont été très-remarquées. Les légumes exposés étaient beaux et assez nombreux ; nous avons remarqué les lots de Radis et de Salades de MM. Vilmorin; les beaux Champignons de M. Rouxel ; les Poi- reaux gros-courts de M. Rabourdin ; les Arti- chauts et les Pois de M. Jourdain, et dans le lot de M. Cauchin un Pissenlit à cœur plein, ainsi qu’un Poireau gros-long, qui méritent d’être recommandés. Huit cultivateurs avaient envoyé des Asperges ; ce sont MM. Fleury, Louis Lhérault, Lhé- LES CATALOGUES. — IDESIA POLYCARPA CRISPA. 253 rault-Salbeuf, Girardin, Chevalier, Greslier, Rabouin et Hayot; mais la lutte ne s’est établie qu’entre les énormes Asperges de MM Fleury et Louis Lhérault, tous les deux cultivateurs à Argenteuil. Celles de M. Fleury nous ont paru plus régulières, ayant les feuilles moins épaisses et moins ouvertes que les Asperges de son concurrent, et la partie colorée en rose était néanmoins plus longue. A côté des légumes se trouvaient les fruits. Le public et les amateurs ont beaucoup admiré le Raisin conservé de M. Salomon, ainsi que celui de M. Rigaut, qui avait ajouté quelques Pommes et Poires récoltées en 1877. La So- ciété de l’Aube avait envoyé 10 variétés de Pommes et 3 variétés de Poires également récoltées en 1877. M. Besson, de Nice, exposait un beau lot d’Oranges variées, et M. Fontaine divers fruits récoltés en 1878, tels que Raisins, Pêches, Abricots, etc. En terminant, nous signalerons les beaux Raisins et les belles Fraises provenant des culturès de M. Millet, de Bourg-la-Reine, et un Fraisier nommé Lucile Flament , présenté comme nouvelle variété de quatre-saisons par l’obtenteur, M. Flament. Ch. Rafarin. LES CATALOGUES B. Comte, horticulteur, 47, rue de Bour- gogne, à Lyon-Vaise (Rhône). Catalogue prix-courant pour 1878, en tête duquel se trouvent indiquées et décrites cinq nou- velles variétés de Bégonias à feuillage or- nemental, mis au commerce à partir du 1er mai dernier; puis vient une liste des plantes diverses de [serre chaude, les plus méritantes et récemment introduites. Plan- tes de serre chaude et de serre tempérée en collection. Spécialités : Broméliacées, Cyca- dées, Caladiums, Dracænas, Fougères, Ges- nériacées, Marantacées, Orchidées, Palmiers, Cactées, Bégonias, Camélias, Dahlias, Fuch- sias, Pélargoniums, Pétunias, etc. Assorti- ment de plantes de pleine terre, telles que : Phlox, arbustes grimpants et autres ; plantes vivaces, etc. — Treyve, horticulteur à Trévoux (Ain). Prix- courant pour 1878, particulièrement affecté aux végétaux ligneux, tels que : arbres fruitiers, arbres, arbrisseaux et arbustes d’ornement, de différents âges et de diverses formes, et spécialement dressés pour des usages déterminés ; arbres pleu- reurs ; grands arbres pour avenues ; Coni- fères , B.osiers ; arbustes de pleine terré ordinaire et de terre de bruyère; plantes grimpantes ; plantes aquatiques; Fougères de pleine terre, etc. Spécialités : plantes pour bordures, plantes particulièrement propres à l’ornementation des pelouses, telles que: Bambous, Gynériums; jeunes plants pour haies, reboisements, etc. Enfin nous devons citer tout particulièrement le Magnolia grandiflora François-Joseph, nouveauté obtenue par l’établissement. Cette variété, très-floribonde, est aussi remar- quable par l’ampleur et la beauté de son feuillage ; l’arbre compact, pyramidal, d’un très-bel aspect, a cet immense avantage d’être rustique. Ainsi, tandis que tous ses congénères ont été très-fatigués et ont pres- que tous perdu leurs feuilles pendant le grand hiver de 1871, celui-ci n’a aucune- ment souffert. — Établissement d’horticulture d’André Leroy, à Angers. Nous n’avons pas à faire ressortir l’importance de cet établissement, l’un des plus vastes de l’Europe, et connu du monde entier par ses vastes pépinières et ses collections à peu près uniques. On pourra, du reste, s’en faire une idée en visitant l’Exposition universelle, au Champ- de-Mars, où plus de 4,000 sujets apparte- nant à toutes les sections de l’arboriculture ont été plantés. Quant aux Rosiers, les collections sont telles, que l’extrait de catalogue dont nous parlons en énumère plus de 1,000 variétés appartenant aux divers groupes que com- prend ce genre. E.-A. Carrière. IDESIA POLYCARPA CRISPA Plus que jamais convaincu qu’il n’y a pas de caractère absolu, que tout ce qu’on nomme des « règles » dans les sciences na- turelles ne sont que des exceptions géné- ralisées, nous continuerons à constater et même à enregistrer celles qui nous paraî- tront les plus remarquables. De ce nombre est celle dont nous allons parler, que re- 254 IDESIA POLYCARPA CRISPA. présente la figure 51, et sur laquelle nous appelons l’attention des botanistes. Elle pro- vient d’un di- morphisme qui s’est dévelop- pé sur deux pieds à’Idesia type (1) (fl- gure 50), que nous reprodui- sons afin qu’on puisse compa- rer : celle-ci est la mère, celle-là l’en- fant. Les carac- tères du type étant connus, nous allons dé- crire ceux de la forme dont nous parlons. (1) Cette sorte si remarquable se montra pour la première fois au Muséum en 1875, sur un pied haut d’environ 1 mètre, et sur un seul bourgeon. Rameaux dénudés à la base, tourmentés et comme tordus, à surface inégale, présen- tant des enfon- cements, et çà et là des yeux pointus qui s’annulent très - prompte- ment, à écorce brune. Feuil- les variables de formes et de dimensions , longuement et fortement pé- tiolées, attei- gnant 20-35 centimètres et même plus de longueur , à limbe tordu et gaufré , chif- fonné-crispé , lobé ou irré- gulièrement crénelé, denti- culé - fimbrié , à nervures saillantes blan- châtres. Fig. 50. — Idesia polycarpa type, réâuit. Fig. 51. — Idesia polycarpa crispa , réduit au 1/5. En 1876, un autre pied un peu plus fort produisit deux bourgeons tout à fait identiques et semblables au premier ; cette année, 1878, il s’en développa encore un du même genre ; on est donc autorisé à croire que c’est une forme qui tend à devenir permanente. TRITOMA MAROCANA. 255 Rien de plus curieux et d’un contraste j plus étrange que cette plante naissant sur et à côté de rameaux normaux, présentant ; des feuilles régulières. Si nous demandions aux praticiens l’expli- ; | cation de ce fait, ils répondraient : C’est un j! accident! aux savants, ils diraient que c’est une « anomalie. » Ces moyens, assu- i, rément très-commodes, ont, outre le grave i! inconvénient de ne rien apprendre, celui de ! ; déplacer les difficultés au lieu de les ré- : sou dre. D’une autre part, en employant ce j procédé, on peut se demander qui ou quoi que ce soit, quand il s’agit des caractères des végétaux, ne pourrait être considéré comme des accidents. Une plante à fleurs î roses, regardée comme un bon type, vient- ! elle à produire un rameau à fleurs blanches, et vice versa , accident ; une espèce à feuilles entières vient-elle à donner des feuilles la- ciniées, et vice versa , accident ; un arbre dont les rameaux sont dressés en produit de penchés, et vice versa , accident; une Vigne ou un arbre fruitier viennent-ils à produire des fruits différents par la forme, la précocité, la couleur, etc., de ceux qu’ils produisent normalement, ces faits seront donc aussi considérés comme des accidents ou des anomalies. Mais pourquoi? Ne sont- ce pas là des faits tout aussi naturels que TRITOMA Sous ce nom, Tritoma marocana , nous avons remarqué dans les cultures de MM. Vilmorin et Cie une charmante espèce des plus brillantes par son coloris, et beau- coup plus naine que toutes les plantes de ce genre que nous avions vues jusqu’ici. Cette espèce est-elle nouvelle ou est-elle une forme déjà décrite, par exemple le Tritoma pumila, Link., que l’on dit origi- naire d’Abyssinie? La question nous paraît d’autant plus difficile à résoudre que tous les Tritoma que nous avons eu l’occasion de voir ont tellement de rapports, qu’ils pourraient très-bien être ramenés à un seul type dont tous les autres seraient des varié- tés. Nous en parlerons plus loin. Pour le moment, décrivons celui qui fait plus par- ticulièrement l’objet de cette note : Plante relativement naine, à feuilles plus ténues, plus courtes et moins abondantes que celles du Tritoma avaria, étroite- les autres, également soumis à des lois naturelles, qu’on nomme « anormales, » parce qu’on ne les comprend pas? Mais alors, pourquoi ne pas considérer comme des accidents ces milliers de variétés qui continuellement sortent des semis, et qui parfois diffèrent du tout au tout des plantes dont elles proviennent? Est-ce que ces der- niers faits ne sont pas analogues aux pre- miers ? Sans aucun doute ; la seule différence est que dans un cas la mère est une branche et que dans l’autre elle est une graine. Nous livrons ces observations aux physiologistes, en les engageant à les méditer. Quoi qu’il en soit de l’origine de YIdesia crispa , ce n’en est pas moins une plante des plus curieuses et des plus bizarres, intéressante pour l’horticulture et surtout pour la science. U Idesia polycarpa, qu’on a aussi nommé Polycarpa Maximowiczii , ayant été lors de son introduction recommandé comme « un arbre fruitier du Japon, » idée qui est encore répandue, bien que contraire à la vérité, nous croyons devoir rappeler à nos lecteurs que, loin d’être bons à manger, ces fruits sont secs , dépourvus de pulpe et d’une amertume qui est loin d’être agréable. E -A. Carrière. ment et fortement triangulaires. Hampe florale de 40 à 50 centimètres environ de hauteur, terminée par une inflorescence lé- gère, quoique bien fournie, pas très-com- pacte toutefois. Meurs ténues, extérieure- ment d’un très-beau rouge orangé brillant dans toute leur longueur, à peine plus élargies au sommet, qui présente 6 divisions courtes, étalées, entières, parfois un peu bidentées, d’un jaune paille ou roux légèrement rosé à l’intérieur ; étamines 6, dont 3 souvent un peu plus longues, arrivant au sommet du tube, les 3 autres parfois plus courtes, et alors plus ou moins profondément inclu- ses ; style de même longueur que la fleur. Fruits nombreux, oblongs-allongés, rapprochés le long de l’axe. Cette espèce, l’une des plus remarquables par la couleur de ses fleurs, est très-flori- bonde; ses hampes se montrent successive- ment jusqu’aux gelées qui, seules, mettent 256 DE LA FORME DES FEUILLES. un arrêt à leur développement. Outre celle-ci, on en trouve d’autres dans le com- merce : l’une d’elles, sous le nom de T. Bur- chelli , a des fleurs magnifiques, très-colo- rées ; elle fleurit en grande quantité jusque vers la fin d’août ou le commencement de septembre, puis s’arrête à peu près complè- tement. Une autre, sous les noms de Tritoma media et T . grandiflora, a les inflores- cences compactes et bien fournies, le feuil- lage abondant et large, les fleurs fortes, d’un beau rouge orangé ; elle remonte suc- cessivement jusqu’aux gelées. Enfin il en est une quatrième que nous croyons être le Tritoma uvaria ; la plante est vigoureuse, très-feuillue ; ses hampes, qui se succèdent jusqu’aux gelées, portent des fleurs assez grandes, à tube s’évasant un peu vers l’ex- trémité ; la couleur rouge orangé s’atténue à mesure qu’on se rapproche du sommet, qui est d’un jaune verdâtre. Toutes ces formes méritent-elles le nom d’espèces? Nous ne le croyons pas; plus que jamais nous persistons à croire que ce ne sont que des variations d’un même type. Mais, quoi qu’il en soit sous ce rapport, on peut dire que toutes sont très- ornemen- tales. Steudel (Nomenclat. botan.) énumère les cinq espèces suivantes avec leurs synony- mies : Tritoma Burchelli, Herb. ( Aletris sar- DE LA FORME Un caractère des plus fréquemment em- ployés dans la classification des végétaux est certainement celui qui répose sur la forme des feuilles, fait qui se comprend du reste, car, outre qu’îl est relativement constant, c’est, presque de tous, celui qui est le plus frappant. Malgré cela, il est loin d’être invariable, et l’horticulteur surtout est sou- vent témoin de changements dont les bo- tanistes ne se doutent guère. Parmi ces changements, il en est un qui tout particu- lièrement a lieu de surprendre, auquel pendant longtemps nous ne pouvions croire ; c’est celui dont nous allons parler et dont les figures 52, 53 et 54 peuvent donner une idée. Il porte sur le Sorbus pinnatifida. Voici en quoi il consiste et comment nous l’avons remarqué : Depuis un grand nombre d’années, nous mentosa, Andr.; Tritoma media, Ker.; i Veltheimia media , Don. ; V. repens , Andr. ; ! V. sarmentosa , Wild.); — Tritoma odo- rata, Lodd. ; — Tritoma pumïla, Link. (Aletris pumïla , Ait. ; Tritoma pumïla , Ker.; Veltheimia abyssinica, Red.; V.pu- mila, Willd.) ; — Tritoma uvaria , Link. (Aletris uvaria, Linn., Aloe longi folia, Lam.; A. uvaria, Lin. ; Kniphofaaloœides, Mœnch. ; Tritoma uvaria, Ker.; Velthei - j mia speciosa, Roth. ; V. uvaria, Wild.). La culture des Tritoma est pour ainsi dire nulle ; il suffît presque de les mettre en terre, et pourvu que les plantes aient i un peu d’air et surtout de soleil, elles poussent et fleurissent abondamment, cela i sans qu’on leur donne aucun soin. Quant à la multiplication, on la fait par la division des touffes quand celles-ci sont par trop fortes, car alors elles fleurissent moins. On les multiplie aussi par graines qu’elles donnent parfois. Outre l’ornementation que procu- rent les Tritomas comme plantes de massifs, ils rendent surtout d’immenses services par I leurs fleurs qu’on peut couper et mettre dans l’eau, où elles se conservent pendant très-longtemps et continuent même à s’épa- nouir. Pendant l’hiver, là surtout où les froids sont rigoureux, il est prudent de ga- rantir un peu les plantes à l’aide de feuilles ou de fumier que l’on étend sur les touffes. May. DES FEUILLES voyions, chaque fois que nous faisions des semis de Sorbus pinnatifida (fîg. 54), qu’il s’y trouvait toujours des individus qui pa- raissaient appartenir à différents genres, qu’on en recontrait à feuilles composées (fîg. 53), bien que provenant d’une plante à feuilles simples, et qui rappelaient exacte- ment celles du Sorbier des oiseaux, ce qui nous faisait douter de la pureté des graines employées. Voyant ce fait se renouveler à chaque opération, l’idée nous vint d’opérer avec une rigueur qui permettait d’exclure jusqu’au moindre doute. Pour cela, après nous être bien assuré de la pureté des graines que nous avions récoltéees nous- même, nous semions dans des pots ou dans des terrines, et en employant de la terre vierge de toute graine et plaçant ensuite les vases sous des châssis ou dans une serre, et ■ DE LA FORME DES FEUILLES. par conséquent à l’abri de toute cause d’er- reur. Néanmoins, malgré toutes ces précau- tions, nous obtenions toujours des sujets présentant entre eux les plus grandes diffé- rences et absolument semblables à ceux que nous obtenions quand nous faisions ces mêmes expériences en pleine terre, à l’air 257 libre, ce qui, en établissant une sorte de contrôle, confirmait la valeur des opérations. Faisons encore observer que les formes représentées par les figures 52, 53 et 54 n’étaient pas les seules que présentaient nos semis :'ce sont les principales, des extrêmes, pourrait- on dire, entre lesquelles on trou- Fig. 52. — Ramille d’une plante issue de Y Aria pinnatifida (Sorbus hybrida , L.). Fig. 53. — Ramille d'une plante issue de Y Aria pinnatifida (Sorbus hybrida , L.). vait tous les intermédiai- res , soit pour la for- me, la na- ture et les dimensions. Que conclu- re de ces faits dont nous pou- vons garan- tir l’exacti- tude? Bien des choses assurément, et souvent même très- contradictoires, suivant le point de vue oùl’on se place. Nous allons en supputer quelques- unes qui, prises comme principes, nous permettront d’en tirer des conséquences et de répondre à certaines objections qu’on ne manquera pas de faire, par exemple à celle- ci : ce Mais ces faits s’expliquent par cette raison que le Sorbus pinnatifida n’est qu’une va - riété.j) Nous voulons bien admettre ce fait ; nous allons même plus loin, et il ne nous répugne au- cunement de considé- rer cette plante com- me un hy- bride , ce mythe qui sauve si sou- vent les bo- tanistes en détresse ou à bout d’arguments, mais qui, parfois aussi, fait leur désespoir en jetant la discorde dans leur camp. Mais tou- tefois, cet argument serait dépourvu de véri- table valeur, car outre que, loin d’être précis, ces mots variétés et hybrides, qui sont des plus vagues, ne peuvent être invoqués comme critérium scientifique, ils tourneraient même 258 LE JARDIN DE L’HOPITAL MILITAIRE DE BREST. souvent contre celui qui les invoquerait, en infirmant leurs démonstrations. En effet, combien de plantes considérées comme des hybrides ou des variétés et qui, néanmoins, se reproduisent avec une fixité presque absolue et que ne présentent pas, à beaucoup près, la plupart de celles que les botanistes considèrent comme de cc bonnes » espèces ! Si d’une autre part nous examinons l’opi- nion des botanistes au sujet de la plante qui nous occupe, nous allons nous trouver dans un nouvel embarras, assez grave même pour les botanistes et qui, en les opposant l’un à l’autre, tend à infirmer leurs dires. Ainsi, tandis que la plante dont nous par- lons est, d’après M. Decaisne (1), pour Linné le Sorbus hybrida et le Cratægus fennica , pour Borkhausen YAzarolus pinnatifida , pour Smith le Pyrus pinnatifida , pour G. Koch le Sorbus fennica , il est pour M. Decaisne, ainsi que pour Linné, consi- déré comme un Sorbier. Nous ne voulons pas discuter la valeur de ces appellations qui, en somme, ne changent rien aux choses ; nous ferons pourtant re- marquer qu’elles semblent établir que les Poiriers, les Sorbiers, les Épines sont un seul et même genre, ce qui, disons-le, n’est pas notre opinion, et si nous avions à émettre un avis à ce sujet, nous dirions que l’es- pèce qui nous occupe rentre dans la section ou sous-genre Aria , et vient se ranger auprès des Aria latifolia et intermedia dont, à vrai dire, elle ne diffère que par les lobes ou découpures (pinnaturès) plus profonds de la base des feuilles, car, quant aux autres caractères, tels que : port, végétation, faciès, fleurs, fruits, ils sont tout à fait semblables. Mais là, toutefois, n’est pas ce qui nous occupe, et en publiant cette note, noire but est de montrer, par un exemple frappant, que, contrairement à l’opinion gé- néralement admise, il n’y a pas de limite absolue entre les feuilles simples et les feuilles composées , et qu’on passe insensi- blement des unes aux autres, fait qui toute- fois est conforme à la grande loi harmonique qui unit et confond tout, en montrant que partout où il y a unité de principes les di- versités sont toujours relatives, opinion qui est nôtre, que nous soutiendrons toujours et qui nous a fait écrire (1) : cc Là où est l’unité de composition, les différences résul- tent de l’arrangement des parties. — Les formes des êtres sont des sortes de vête- ments sous lesquels se cache la vie. » D’où, en nous appuyant sur cette vérité que nous considérons comme un axiome, que cc tous les végétaux étant composés des mêmes éléments, tous sont alliés ou parents ; ce n’est qu’une question du plus ou du moins, » nous disons : une dans son ensem- ble, la création est infinie et infiniment va- riable dans toutes ses parties : Omnia in om- nibus (2). E.-A. Carrière. LE JARDIN DE L’HOPITAL MARITIME, A BREST A mon dernier voyage à Brest, je suis allé visiter le jardin botanique de cette ville; ma curiosité, sous ce rapport, avait été éveillée, depuis longtemps, par ce que j’avais entendu raconter des beaux arbres exotiques qu’il renfermait et aussi par la lecture de plu- sieurs articles de M. Blanchard, directeur de ce jardin. J’avais appris notamment, par la Revue horticole , que le jardin en question possédait un Yucca gloriosa gigantesque, unique certainement dans nos contrées, et je tenais à constater que rien de ce que l’on m’avait dit ou de ce que j’avais lu n’était exagéré. J’allai faire visite à M. Blanchard, et je reçus de lui le plus cordial accueil. Botaniste distingué, M. Blanchard s’est fait dans le (1) Nouv. arch. du Muséum, 1874-1875. pays une réputation horticole de haute va- leur, et ce fut sous son patronage que je vi- sitai non seulement le jardin de Brest, mais encore quelques propriétés des environs dont je vous parlerai plus tard. Le jardin botanique de Brest est situé dans l’intérieur de l’hôpital de la marine ; à proprement parler, il n’est qu’un jardin école, ne ressemblant guère à nos jardins publics, avec leurs pelouses, pièces d’eau, massifs de fleurs, etc., créés plutôt comme promenades que comme lieux d’étude. Ce jardin, d’ailleurs, n’est pas public; l’on n’y est admis qu’à de certains jours et à de cer- (1) Description des Pêchers et des Brugnon- niers. (2j Carrière, Origine des plantes domestiques démontrée par la culture du Badis sauvage. LE JARDIN DE L’HOPITAL MILITAIRE DE BREST. laines heures ; il a été destiné à l’école de médecine et de chirurgie des élèves de la marine ; il est petit, n’a pas la prétention de s’agrandir ni ne vise à l’élégance, et pour- tant il renferme de merveilleux végétaux placés à leur rang de classification, ou dissé- minés sur les plates-bandes, ou renfermés dans les serres, suivant les espèces. Sa po- sition en amphithéâtre et son entourage des bâtiments de l’hôpital, son exposition, l’ex- cellence et la douceur du climat de cette partie de la Bretagne ont permis d’y culti- ver en plein air des végétaux exotiques qui ne réussiraient pas dans nos contrées, et peut-être même dans le midi de la France, pourtant favorisé d’une température plus chaude. Ce jardin fut créé, il y a environ un siè- cle, en deçà des remparts de Brest, sur un terrain dont une partie fut couverte de bâti- ments destinés à former l’hôpital général de la marine; la portion restée jardin ne fut guère plantée d’espèces remarquables qu’en 1810, et ce fut aux dons d’officiers supérieurs de la marine, envoyés en mission dans nos colonies, qu’il dut de s’enrichir, de 1810 à 1830, des plantes curieuses de pleine terre ou de serre qu’il possède, et dont la plupart font l’admiration des étran- gers, tant par leur âge que par la beauté de leur végétation. Les serres furent bâties en 1870 par les soins de l’administration de la marine ; elles sont vastes, élevées de plus de 8 mètres, et cependant bien insuffisantes et trop basses pour contenir de splendides Araucaria excelsa, des Bambous, un Pandanus odo- ratissimus gigantesque, probablement uni- que en France par ses dimensions. J’ai vu, dans ce jardin, fleurissant en pleine terre, et jouissant d’une beauté ex- ceptionnelle : le Yucca gloriosa apporté, en 1823, par le comte de Rossi ; il forme une touffe de près de 4 mètres de hauteur, et mesure plus de 8 mètres de circonfé- rence ; Les Yucca pendula, aloefolia, pendula umbrella, pendula reflexa, glaucescens, un Yucca angustifolia d’une grande beauté, dont la hampe de fleurs qu’il porte en ce moment mesure plus de 2 mètres de haut ; Des Camélias d’une taille colossale, comme je n’en ai pas vu dans nos pays ; l’un d’eux fut apporté du Japon et planté en 1811 ; Deux Chamœrops excelsa , d’égale force, 259 apportés de Toulon en 1864; un Chamœ- rops humilis , planté en 1850. Le jardin possède 15 variétés de Bambous, énormes comme touffes, grandeur et force de végétation ; les plus remarquables sont : un Bambusa Quüloi , le plus beau de tous ; le Bambusa stricta, espèce rare et très- belle ; B. Fortunei, à feuille panachée ; B. aurea , B. violascens, B. nigra , B. Si- moun, B. gracilis. Dans la grande serre se trouve un Bam- busa arundinacea, qui mesure de 11 à 12 mètres de hauteur; la grosseur de ses tiges est en proportion de sa hauteur. Un Phormium tenax , d’une force peu commune, croît non loin d’un Muehlen- beckia qui, lui aussi, présente des dimen- sions extraordinaires. Diverses espèces d’ Acacias de la plus grande beauté vivent là en pleine terre ; j’en ai vu un superbe, couvert de fleurs jaunes glomérulées et odorantes. Dans nos pays, nous les classons parmi les arbrisseaux d’orangerie ou de serre tempérée. J’ai aussi vu là, en pleine terre, deux sortes de Gun- nera , dont l’une, le Gunnera scabra , a produit cette année des inflorescences en cônes allongés, dont l’une pesait 6 kilogr.; ses feuilles ont jusqu’à lm 70 de longueur sur autant de largeur. Les Araucaria imbricata du jardin sont d’une grande hauteur. Dans la grande serre se trouve un Araucaria excelsa d’une force peu commune et de plus de 10 mètres de hauteur. Un Araucaria Bidwilii est aussi fort et aussi élevé ; il a six ans, m’a-t-on dit, et est très -remarquable par la grosseur de sa tige, la vigueur et la beauté de l’en- semble. Les collections possèdent, en pleine terre, de fort beaux Laurus camphora , un Sas- safras très-remarquable par sa hauteur. Ce qui a surtout attiré mon attention, c’est un Eriobotrya japonica en espalier; il couvre un mur d’une superficie de 60 à 80 mètres ; son feuillage est très-fourni, et ses fruits mû- rissent fort bien. Un Akebia quinata , à tiges grêles et ligneuses couvrant un mur d’une grande longueur, donne abondam- ment, chaque année, des grappes de fleurs à pétales charnus couleur lie de vin. Cette liane réussit admirablement dans le voisi- nage de l’Océan; à quelques mètres d’elle, un Caroubier croît et s’étale comme dans le Midi. Un splendide Solanum auriculatum 260 WISTARIA SINENSIS FLORE PLENO. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. termine cette plate-bande que commencent les beaux Palmiers dont j’ai parlé plus haut. Dans l’une des serres est planté un Ca- ryota qui n’a que cinq ans et s’élève déjà à plus de 8 mètres ; un Latanier de Bourbon de plus de 2 mètres de circonférence et de 3 de hauteur; un Dragonnier parasol du Bré- sil (Dracœna umbraculiferaj , d’une très- grande hauteur, dont la tige nue et élancée, terminée par une splendide gerbe de feuilles ensiformes, est elle-même entourée d’un Anthurium dont les tiges s’élèvent jusqu’au sommet de la serre. L’une des merveilles de cette serre chaude est le fameux Pandanus dont j’ai parlé ; cet arbre mesure 8 mètres de hauteur ; il fut apporté de Madagascar à Brest en 1843; il a 2 mètres environ de hauteur ; sa tige se divise en plusieurs branches très-grosses terminées par un faisceau volumineux de feuilles du milieu desquelles sortent les in- florescences, qui sont aussi remarquables par le parfum de leurs fleurs. Cette serre renferme encore un Bromelia karatas d’une très-grande dimension, et dont les feuilles n’ont pas moins de 3 mètres de longueur, et un Theophrasta d’une grandeur peu commune. Mais je n’en finirais pas s’il me fallait énu- mérer tous les végétaux remarquables qui existent dans cet établissement, car je de- vrais citer la plupart des plantes dites de la Nouvelle-Hollande, qui, sous notre climat, bien que clément, exigent l’abri de la serre tempérée. Toutefois, je ne puis terminer sur ce jardin sans appeler l’attention sur une nouvelle plante peu connue qui vient d’y être importée vivante, unique en France très-probablement : je veux parler de ce Co- nifère si singulier, du Welvitschia mirabi- lis, Hook. Cette plante mesure 1 mètre à partir du bout de sa racine jusqu’au som- met des bractées ; sa circonférence est de 69 centimètres, et sa largeur, d’un bout à l’autre des cotylédons, de 20 centimètres ; quant au poids, il est de 4 kilogr. 800. P. Bellain, Secrétaire général de la Société nantaise d’horticulture. WISTARIA SINENSIS FLORE PLENO Plante très-vigoureuse et très-rustique, rappelant par son port et sa végétation l’es- pèce commune [W. sinensisj. Ecorce roux foncé, légèrement lenticellée. Bourgeons très-courtementvilleux-pubérulents. Feuilles à rachis long, grêle ; les très-jeunes villeuses- soyeuses, très-promptement glabres et lui- santes, minces, longuement ovales, large- ment arrondies à la base, sur un pétiole d’environ 3 millimètres. Fleurs odorantes, re- nonculiformes, pleines, ayant assez l’aspect de Violettes doubles, en longues grappes, rap- pelant par leur disposition et leur insertion celles de l’espèce commune, sur un pédicelle grêle, roux violacé ; calice très-courtement villeux, presque régulier, à cinq dents courtes, allongées en pointe ; pétales nom- breux, irréguliers, les uns larges, d’autres plus petits, plus étroits et comme déchi- quetés, d’un lilas foncé ou plutôt violet li- lacé. Cette espèce, qui vient de fleurir pour la première fois en France, peut-être même en Europe, chez MM. Transon frères, horti- culteurs à Orléans, est originaire du Japon, d’où elle fut introduite par M. Parkman qui, le premier, l’a signalée à la Société d’horticulture de Boston, en 4869. On peut se la procurer chez MM. Transon frères, à Orléans. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES Delphinium nudicaule, As. Gray. — Cette espèce, qui semble réunir tous les avantages pour l’ornementation printanière, est originaire de la Californie, d’où elle fut introduite il y a une dizaine d’années. Elle reste très-naine, est excessivement flori- bonde, et ses fleurs, d’un très-beau rouge et d’une très-longue durée, s’épanouissent de mai à juillet par suite de l’apparition de nou- velles tiges florales. Plantée en bordures ou en planches, elle produit un effet décoratif des plus remarquables. Elle est très-rustique, et ses racines tubéreuses résistent parfaite- ment au froid, surtout quand elles sont plantées dans un terrain sec et léger. E.-A. Carrière. Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE L;horticulture à l’Exposition ; groupement des serres au Trocadéro et au Champ-de-Mars. — Le neuvième fascicule du Dictionnaire de Botanique, par M. le docteur Bâillon; la préface. — Exposition générale de la Société d’horticulture de la Nièvre. — Une nouvelle plante très-méritante : le Godelia Lady Albemarle. — Les Eucalyptus : leurs qualités; supériorité de VE. amygdalina. — Les Caladiums portugais obtenus par M. Weiss. — La Pomme de terre Hardy : offre de M. Weber. — Le Rogiera cordata : quelques conseils sur sa culture. — Nécrologie : M. Herpin de Frémont. — La Victoria Begia en Afrique. — Variétés de Raisins décrites dans le Vignoble : Rivier, Rulandier d'Amérique, Loubal blanc, Sauvignon. — Procédé italien de conservation des Oignons par la chaleur. — Le Cryptomeria et les Pinus Massoniana et densiflora au Japon. — Modifications du Lobelia erinus. Malgré son organisation défavorable, à l’Exposition universelle, l’horticulture ob- tient un véritable succès ; ainsi, deux mois étaient à peine écoulés depuis l’ouverture, qu’un nombre de produits plus grand que celui qui avait figuré pendant toute la du- rée de l’Exposition de 1867 avait déjà été constaté. La progression des apports horti- coles a donc suivi une marche analogue à celle qu’a suivie l’industrie en général. Sous ces rapports, les faits ont donné tort aux supputations, et une fois de plus dé- montré que, en ce qui concerne le progrès, le dernier mot n’est jamais dit. Ces sup- putations, pour l’horticulture comme pour l’industrie, étaient que le succès obtenu à l’Exposition de 1867 ne pourrait être dé- passé, ce qui pourtant est déjà fait d’une manière remarquable. Mais est-ce à dire que l’on doive s’arrêter, qu’on ne pourra faire mieux? Non, certes, et tout en constatant qu’on a fait un grand progrès, on est bien obligé de reconnaître que, pour l’horticul- ture, il y a énormément à dire en ce qui touche le placement des produits. A. ce point de vue et à celui des intérêts horticoles, on a fait fausse route ; aussi peut-on espérer que ce sera une leçon, et qu’à la prochaine grande Exposition il en sera de l’horticulture comme de l’industrie, qu’au lieu d’être dis- séminés comme ils le sont, et d’échapper, pour la plupart, aux regards des véritables amateurs, les végétaux seront réunis et groupés, ce qui, tout en rendant l’examen plus facile, permettra la comparaison des objets, qui, actuellement, est à peu près impossible. Aussi, nous avons conseillé à ceux qui désirent se renseigner sur les pro- duits exposés, qui n’ont que peu de temps à consacrer à cet examen, et qui désirent l’utiliser fructueusement, de s’adresser à 16 juillet 1878. M. Hardy , chef du groupe horticole , au Champ-de-Mars [pavillon de l’horticul- ture], qui les renseignera sur les princi- paux apports qui ont été foÀts , et sur les emplacements où ils sont exposés. Nous avons même prié M. Hardy de vou- loir bien nous indiquer où sont placées les serres à l’Exposition, de manière à pouvoir le faire connaître, et à guider les personnes qui désireraient les visiter. Avec sa bien- veillance habituelle, M. Hardy nous a donné la note que voici : Les serres, à l’Exposition, forment quatre sections : la première, au Trocadéro, côté gauche, en tournant le dos à la Seine, com- prend cinq serres exposées par MM. Dor- mois, Méry-Picard, Laillet, Ferry, Leblond; du côté droit, une serre, par M. Tronchon : elle se trouve près de la porte dite d’Iéna. La deuxième section, quai d’Orsay, au Champ-de-Mars, à droite et à gauche du pont d’Iéna, comprend dix serres françaises exposées par MM. Michaux, MauryetHœc- kel, Laquâs, Nathier (serre en bois), Ma- thian et fils, Cochu, Société Saint-Sauveur- lès-Arras, Rigault, Marchai, Ozanne; et de plus trois serres anglaises. La troisième section, dans le parc du Champ-de-Mars, comprend cinq serres construites par MM. Isambert, Boissin, La- motte, Sohier et Cie, André. Enfin, la quatrième section comprend le groupe exposé par M. Grenthe, en face de l’Ecole militaire. C’est dans ces serres que sont placées les plantes coloniales exposées par l’établissement horticole de Persan-Beau- mont, sur lesquelles nous reviendrons pro- chainement. — Le neuvième fascicule du Dictionnaire de botanique de M. le docteur Bâillon U 262 CHRONIQUE HORTICOLE. vient de paraître à la librairie Hachette et Cie, 79, boulevard Saint-Germain, Paris. Nous recommandons tout particulière- ment, soit aux personnes qui achèteront cet ouvrage, soit aux anciens abonnés qui ne l’ont pas encore reçu, de réclamer la pré- face de ce travail que, jusqu’ici, les éditeurs — nous ne savons pourquoi — n’avaient pas voulu livrer. Faite par M. Bâillon, dont l’Europe aujourd’hui connaît le mérite scien- tifique et les connaissances aussi profondes que variées, cette préface résume la science de la botanique, en montrant ceux qui l’ont, réellement servie, et rend ainsi, tant [à ses véritables défenseurs qu’à ceux dont on avait surfait la renommée, la part qui revient à chacun. Outre la rédaction si remarquable de ce travail, c’est de l’équité scientifique, ce qui ne surprendra pas ceux qui connais- sent la loyauté et la fermeté du caractère de l’auteur de Y Histoire des plantes. — Du 5 au 8 septembre 1878, la Société d’horticulture de la Nièvre fera, à Nevers, une exposition générale. Les produits seront ainsi classés : culture maraîchère , arbori- culture, fruits j concours entre les institu- teurs du département , floriculture, art et industrie horticoles. Des médailles d’or, de vermeil, etc., ainsi que des primes en argent, seront mises à la disposition du jury pour être distribuées aux lots les plus méritants. Les demandes d’admission devront être adressées deux mois avant l’ouverture de l’exposition. — Une plante assez récemment introduite dans les cultures, et dont, jusqu’à présent, on avait à peine parlé, bien qu’elle soit d’un mérite tout à fait supérieur, est le Godetia Lady Albemarle , que nous avions vu pré- cédemment exposé au Champ-de-Mars par M. Thiébault-Legendre, mais alors en fleurs coupées, ce qui ne nous avait pas permis de l’apprécier à sa juste valeur. Aujourd’hui que dans les cultures de MM. Vilmorin et Cie nous avons vu la plante sur pied, nous n’hé- sitons pas à la recommander comme l’une des plus méritantes. Très -vigoureuse et très- robuste, elle se tient bien et donne une telle quantité de fleurs, que les plantes dis- paraissent à peu près complètement à l’époque de la floraison, qui se succède pendant un temps assez long. Les fleurs, excessivement grandes et d’un très-beau rouge foncé, ont encore cet autre mérite de se conserver longtemps dans l’eau après qu’elles ont été coupées, ce qui est une grande ressource pour la confection des bouquets. Comme la plupart des autres Go- detia, celui-ci est bisannuel, ce qui n’em- pêche qu’on puisse aussi le cultiver comme annuel, mais alors les plantes viennent moins fortes. Le Godetia Lady Albemarle ne devra donc manquer dans aucun jardin. C’est une de ces espèces dont, sans hésiter, l’on peut recommander la culture. — Ce n’est pas sans raison que l’atten- i tion est portée sur les Eucalyptus, car, U non seulement ils poussent très-vite, mais ces végétaux ont des propriétés spéciales ? qui les recommandent d’une manière toute particulière. De plus, il est aujourd’hui bien reconnu que ces végétaux sont très-hygié- niques et que leur présence peut modifier les milieux au point de rendre très-salubres des localités qui étaient à peu près inhabitables à cause de l’insanité du climat. Deux es- pèces surtout l’emportent de beaucoup sur les autres ; ce sont : VE. globulus et tout particulièrement VE. amygdalina qui, d’a- près M. le prince de Troubetskoy, lui est encore supérieur, ainsi qu’on peut en ju- ger par le passage suivant que nous ex- trayons du Bulletin de la Société d’accli- matation, 1878, p. 58 : Je ne saurais trop recommander aux cultivateurs YEucalyptus amygdalina (l’es- pèce vraie, car on en a mis bien d’autres sous ce nom dans le commerce). C’est celui qui pousse le plus rapidement, dont le bois est le plus dur, et qui, au point de vue de l’hygiène, est préférable au globulus, car ses feuilles con- tiennent plus d'huile. L’essence ou eucaliptol (j’en ai fait faire à Paris) était bien plus forte que celle du globulus. Un arbre que j’ai semé il y a huit ans et mis en pleine terre six mois après 'est arrivé aujourd’hui à la hauteur de 17 mètres ; il est droit comme une flèche, et son tronc, à 1 mètre du sol, mesure lm 35 de cir- conférence. Depuis trois ans déjà, il fournit une grande quantité de graines. Deux arbres de cette espèce ont suffi pour dessécher com- plètement un petit marais en l’espace de trois ans. IYE. amygdalina vient également assez bien sur des talus secs, mais il croît avec moins de rapidité. — Quand, il y a quelque temps, dans ce CHRONIQUE HORTICOLE. 263 journal (1), nous avons publié un article sur I les « Galadiums portugais, » dans lequel, i en faisant ressortir les formes toutes parti- j culières que présentent ces plantes, nous I essayions de démontrer l’avantage que l’or- i nementation pourrait probablement en reti- j rer, nous étions loin pourtant de nous douter | que cet avantage était si près de se réaliser et que, très-prochainement, aux formes si i insolites et si bizarres que présentaient déjà ces plantes, on pourrait ajouter le brillant des couleurs que l’on trouve si largement répandu dans les magnifiques plantes dont M. Alfred Bleu est presque le créateur. Sans chercher à rabaisser le mérite de ceux-ci, mérite qui, du reste, est au-dessus de toute discussion, nous devons recon- naître que les Caladiums portugais ont cer- tains avantages qui manquent aux autres : ; au lieu de n’émettre que peu de feuilles sur un bourgeon, ils en produisent beaucoup et forment une touffe compacte, ce qui, pour la décoration, est bien préférable ; de plus, ils sont nains et trapus. Les Caladiums portugais obtenus par notre collègue, M. Jacob Weiss, jardinier chez le duc de Pamela, à Lisbonne, et exposés en son nom, seront vendus par MM. Thibault et Keteleer, horticulteurs à Sceaux. — D’une lettre que nous adressait notre collègue, M. Weber, jardinier en chef de la ville de Dijon, nous extrayons les quelques passages suivants, qui nous paraissent devoir intéresser nos lecteurs : J’ai dans ma collection de Pommes de terre vingt pieds de la variété Hardy , qui sont luxuriants comme végétation. J’espère donc faire une assez bonne récolte et’ pouvoir en disposer en faveur des abonnés de la Revue horticole qui rn’en feraient la demande. Dans le dernier numéro de ce journal, vous figurez le Roçjiera cordata. Vous avez très- bien fait, car c’est une excellente plante, dont certainement les fleuristes pourraient tirer bon parti pour la vente du marché. Malheureuse- ment, votre figure ne donne pas une idée exacte de la nuance des feuilles ; au lieu d’être d’un vert terne sur la face inférieure, elles paraissent grisâtres, comme cela arrive quand la plante est tenue dans une serre trop chaude, où, alors, l’épiderme de la feuille est détérioré par les | thrips. Je cultive cette espèce depuis environ six ans dans une serre tempérée, près du jour ; (1) V. Revue hort ., 1878, p. 67. au 15 mai, je la place dehors à mi-ombre, et alors j’obtiens une floraison abondante, et les feuilles sont d’un vert luisant, sans jamais être attaquées par les thrips. Je cultive de même : les R. gratissima et latifolia , qui méritent également la culture au même degré que le R. cordata . * J. -B. Weber. Merci d’abord, tant en notre nom qu’au nom de nos abonnés, à M. Weber pour sa généreuse offre de la Pomme de terre Hardy ; merci également des conseils qu’il donne sur la culture du Rogiera cordata , et dont assurément profiteront nos lecteurs. — Un homme dont le nom est bien connu de nos lecteurs, M. Herpin de Fré- mont, vient de mourir. Amateur passionné de végétaux ligneux, particulièrement de Conifères, il avait réuni dans son domaine de Frémont, près Valognes (Manche), ce qu’il avait pu d’espèces exotiques qui vaient quelque chance de réussir, et aujourd’hui un certain nombre d’entre elles, notamment des Pinus insignis , Séquoia sempervirens , Ahies spectabilis , Pseudotsuga Dou- glasii , etc. etc., ont déjà atteint des dimen- sions relativement considérables. Toutefois, ces espèces ne sont pas les seules qu’il ait introduites ; on peut en voir là un grand nombre d’autres en bonne voie de dévelop- pement, qui peuvent servir d’école en mon- trant ce qu’on a chance de cultiver avec succès sur ce point du département de la Manche. Ancien capitaine de frégate en retraite, il avait conservé une vigueur et une énergie rares qui, du reste, ne l’abandonnèrent jamais, et c’est pour ainsi dire au milieu des arbres qu’il avait plantés et qu’il aimait qu’il s’éteignit, le 30 juin 1878, dans sa quatre-vingt-neuvième année. Tous ceux qui ont eu l’occasion de visiter ce domaine n’oublieront pas le bon accueil qu’on trouvait à Frémont, non seulement du propriétaire, M. Herpin, mais de M. et Mme Canuet, sa fille et son gendre, qui, nous l’espérons, continueront l’œuvre si bien commencée par leur père, M. Herpin de Frémont, dont nous sommes heureux d’avoir été l’ami. — Après avoir orné à peu près exclusi- vement et pendant des siècles, probable- ment, certains fleuves du Nouveau-Monde, la gigantesque Nymphéacée qui a été dédiée 264 CHRONIQUE HORTICOLE. à la reine Victoria d’Angleterre, et qui, pour cette raison, porte le nom de Victoria regia , va briller dans les eaux du Vieux-Monde, en Afrique par exemple. En effet, on annonce que des plantes de cette espèce, expédiées et plantées à Zanzibar, s’y développent vi- goureusement et ne tarderont pas à s’y na- turaliser, et, d’une autre part, comme elle fructifie abondamment, il est très-probable qu’elle ne tardera pas à envahir la plupart des nombreux fleuves et lacs qui existent dans cette contrée, de sorte qu’il viendra un temps où l’on pourra la croire originaire de ce pays, ainsi que cela, du reste, est arrivé pour beaucoup d’autres plantes dans diverses parties du globe. — Dans son n° 4 (avril 1878), qui vient de paraître, le Vignoble figure et décrit les variétés suivantes : Rivier. — Cépage particulièrement propre à l’Ardèche, cultivé surtout aux environs de Privas, où il entre pour une bonne partie dans la confection des vins. Les auteurs du Vignoble assurent que si les vignerons du Midi le faisaient entrer pour les trois quarts au moins dans la cuve, ils en obtiendraient un vin d’une qualité supérieure et d’une bonne conservation. Ils ont d’autant moins à hésiter que le Rivier — qu’il ne fant pas confondre avec le Ribier — est très-fertile et s’accommode d’à peu près tous les ter- rains. La grappe, moyenne, a les grains assez gros, globuleux, à peau mince, bien qu’assez résistante, d’un noir rougeâtre à la maturité, qui est de deuxième époque. Rulandier d' Amérique. — Variété ap- partenant au groupe Æstivalis , identique, assure-t-on, au cépage Louisiana, égale- ment originaire d’Amérique. Les auteurs du Vignoble considèrent le Rulandier comme l’un des meilleurs cépages améri- cains et comme pouvant être admis dans nos collections, si sa maturité était plus hâtive. Malheureusement, il mûrit très-tar- divement, et d’une autre part, les oiseaux sont très-friands de ses Raisins, tandis qu’ils ne touchent pas aux autres sortes du même groupe. C’est un cépage vigoureux, peu délicat; ses grappes, petites ou à peine moyennes, prennent une couleur rouge obscur à la maturité, qui est de deuxième époque tardive. Loubal blanc. — Ce cépage, dont on ne connaît pas exactement l’origine, mais qu’on suppose provenir du département de Tarn- et- Garonne, est, du reste, assez rare dans les collections ; il est vigoureux et fertile, mais un peu tardif pour le Centre. La grappe, moyenne, a les grains ovoïdes, à peau blanc verdâtre qui passe au jaune paille à la ma- turité, qui est de deuxième époque. Sauvignon. — - Très- répandu dans le Bordelais, l’Agenois, le Gers, etc., ce cépage est celui qui sert tout particulièrement à faire les vins blancs de Sauterne; rarement, du reste, on l’emploie seul, et c’est ordinai- rement avec le Sémillon qu’on l’associe dans la proportion d’un tiers au moins, par- fois plus, qu’il entre dans la confection du vin si renommé dit de Château-Iquem. Les vignerons distinguent quatre formes de Sauvignon : un jaune, un vert, un rose, un noir ou violet, qui tous, à part la couleur des grains, sont à peu près semblables; leurs qualités sont également presque iden- tiques. La sorte dont il est particulière- ment question ici, qu’on rencontre le plus fréquemment, a la grappe à peine moyenne, à grains légèrement ellipsoïdes ; la peau épaisse et pourtant peu résistante, d’abord blanc verdâtre, se teinte de jaune à la matu- rité, qui est de deuxième époque tar- dive. — En examinant les produits horticoles exposés par la commission italienne, nous avons particulièrement remarqué, parmi les légumes, des Oignons de l’année der- nière, qui étaient aussi fermes et aussi pleins que s’ils venaient d’être récoltés. A notre prière, M. le chevalier François Girio, de Turin, chargé spécialement de représenter le gouvernement italien à l’Exposition de Paris, nous a affirmé que cette conservation était due à une chaleur assez élevée à la- quelle on soumettait les Oignons quelque temps après la récolte, et qui avait pour ré- sultat, sans en altérer le tissu, d’enlever une partie de leur eau de végétation, et que, ainsi traités, ces Oignons pouvaient se con- server sains pendant deux années. Ce pro- cédé nous paraissant susceptible d’une application utile, nous avons cru devoir l’in- diquer, en faisant observer pourtant que l’explication qu’on nous a donnée est loin d’être précise. Il faudrait donc faire des es- sais, « tâtonner, » comme l’on dit, jusqu’à ce qu’on ait reconnu le degré de tempéra- ture nécessaire pour déterminer la conser- 265 COMMENT DOIT-ON EMPLOYER LA SUIE? vation,sans occasionner d’altération dans le tissu. — Plusieurs fois déjà nous avons cherché à appeler l’attention sur la beauté tout exceptionnelle que, au Japon, présente le Cryptomeria. Ce n’est pas seulement un bel arbre, mais un très-gros arbre, ce dont, du reste, pourront se convaincre ceux de nos lecteurs qui voudront aller voir l’expo- sition japonaise au Ghamp-de-Mars. Là ils pourront voir des sections longitudinales de cette espèce qui mesurent près d’un mètre de diamètre. Ils verront aussi que les P inus Massoniana et densiflora atteignent égale- ment des dimensions dont on se fait dif- ficilement une idée par les petits sujets qu’on voit dans nos cultures. En effet, on remarque, au Trocadéro surtout, des ma- driers faits de cette espèce, qui ont presque 2 mètres de diamètre. — Le Lobelia erinus qui, jusqu’à ce jour, a déjà présenté tant de modifica- tions qu’il est à peu près disparu comme type, est en train d’en présenter une d’un nouveau genre, qui est même la plus impor- tante, puisqu’elle tend à l’anéantissement complet de la plante, en lui enlevant le moyen de se multiplier naturellement. Cette modification consiste dans la duplicature, qui paraît vouloir s’étendre à toutes les variétés. En effet, nous avons vu récem- ment, chez MM. Vilmorin et Cie, que, dans à peu près tous les lots qu’ils cultivent, et quelle qu’en soit l’origine, on trouve dans tous des variétés à fleurs qui se régu- larisent par suite d’un plus grand nombre de pièces florales, ce qui conduira à la stérilité. Mais ce qui est remarquable aussi, c’est la similitude qui, cette fois encore, paraît devoir se manifester en même temps sur différents points. En effet, le phénomène dont nous parlons se produit en même temps dans des cultures très-diverses, à des distances souvent considérables les unes des autres, sans qu’il y ait eu mélange ni in- troduction de graines. C’est donc un fait spontané. Voilà donc encore un exemple qui, con- trairement aux assertions des partisans de la persistance indéfinie des types, montre que ceux-ci doivent disparaître, ce qui, du reste, ne peut pas ne pas être, tout ce qui a commencé devant finir. E.-A. Carrière. COMMENT DOIT-ON EMPLOYER LA SUIE? Quand la suie est employée judicieuse- ment, elle est d’une grande importance dans les cultures ; c’est alors un puissant préservatif contre les ravages des reptiles et autres insectes qui vivent aux dépens des plantes. Mais, mise entre les mains de per- sonnes inexpérimentées, et utilisée comme engrais, cette matière brûle et se change en véritable poison ; de là vient la répu- gnance qu’éprouvent bien des cultivateurs à employer la suie qu’ils possèdent en plus ou moins grande quantité et laissent perdre la plupart du temps. Nous pensons que quelques indications à ce sujet ne seront pas hors de propos, et nous allons essayer de démontrer le parti le plus profitable que l’on peut tirer de la suie. On devra d’abord avoir le soin de la remiser dans un coin bien sec d’un hangar ou d’un abri quel- conque, car il est reconnu qu’elle perd beaucoup de sa qualité si on ne l’a pas sous- traite aux intempéries avant d’être employée aux cultures. Vers le 9 de ce mois-ci (avril), plusieurs brouettées de suie ont été amenées sur le terrain que nous avions destiné aux Oignons, et après avoir roulé ou trépigné le sol et nivelé ensuite au râteau, nous avons étendu notre suie en quantité suffisante pour que la terre en soit légèrement cou- verte. Gela fait, nous avons tracé nos sil- lons et semé comme cela se pratique habi- tuellement ; notre récolte fut ainsi garantie des vers de terre qui, ordinairement, nous causent de grands dommages. Depuis quel- ques années, nous avons appliqué ce genre de remède à nos semis de Panais, Navets, Carottes, etc., que les insectes attaquent de préférence, et n’avons eu qu’à nous louer de nos essais. Nous engageons aussi à employer la suie comme engrais liquide pour les plantes en bacs, caisses ou pots; elle a la propriété de chasser les lombrics, qui se logent dans la motte et hâtent la décomposition de la terre. Dans ce but, nous enfermons 3 ou 4 livres de suie dans un linge grossier que nous trempons ensuite “286 LES ESPALIERS en le pressant dans un baquet ou seau rempli d’eau ordinaire, jusqu’à ce que celle- ci soit entièrement colorée. On obtient également de bons résultats de l’emploi de la suie sur les Pêchers et autres arbres d’espaliers, en l’associant à du lait de chaux dans les proportions de 8-9 poi- gnées de suie, une poignée de soufre dans un récipient pouvant contenir 4 gallons (18 litres) de lait de chaux. On se sert de ce mélange en l’étendant sur le mur avec une brosse à badigeonner, et en ayant soin d’éponger légèrement sur les crevasses de la muraille, afin que le liquide y pénètre et tue les insectes qui s’y sont réfugiés. En saupoudrant de suie sèche le drainage des plantes en pots destinées à être tenues sur couche, on les préserve pendant un certain laps de temps de l’invasion des lombrics. Par les temps de brouillards et à l’automne surtout, les jeunes semis de Choux et autres Crucifères se trouveront bien d’être sau- poudrés de suie et de chaux en poussière ; c’est un excellent moyen de les soustraire aux ravages des papillons, des limaces et des oiseaux. Etendre sur de vieux arbres envahis par les lichens une solution de suie et de chaux ne peut que leur être pro- fitable. Il y a six ou sept ans, nous l’avons essayée dans notre verger sur de vieux Pommiers qui étaient alors entièrement recouverts de mousse ; nous avons mainte- nant la satisfaction de les voir à peu près propres. Mélangée par moitié à du terreau léger, la suie peut être employée avanta- geusement pour recouvrir la surface des gazons appauvris (lawns) ; nous avons fait des essais comparatifs qui ne nous laissent aucun doute sur l’efficacité de cet engrais, dont nous recommandons vivement l’usage. (H. W. W.) Puvilland. (Gardners' Chronicle, 13 avril 1878.) LES ESPALIERS FRAGMENTS D’UNE HISTOIRE Définition et étymologie des mots espalier et es- paulière. — Espaliers sans muraille. — Espaliers sur murailles. — • Abris. — Espaliers non appli- qués. — Murs multiples ou damiers. — Fruit- walls (murs à fruits). — Espaliers chauffés. D’après les dictionnaires, un espalier con- siste en une rangée d’arbres dont les bran- ches, maintenues dans un même plan, sont appliquées et dressées, soit contre un mur, soit sur une légère charpente de pieux et de treillages. Cette définition réunit deux significations qu’il faudrait distinguer, parce qu’elles sont d’époques différentes : les espa- liers du temps d’Olivier de Serres étaient des arbres dressés sur des treillages, tandis qu’aujourd’hui, dans le langage technique, l’emploi du mot espalier implique nécessaire- ment l’existence d’une muraille, et les an- ciens espaliers sont devenus des contre-espa- liers ou cordons (2). Le terme espaulière , employé par Olivier de Serres, mais qui n’est pas resté dans la langue, avait un sens bien différent : il désignait non les arbres eux- m êmes, mais la muraille destinée à les abriter. (1) V. Revue horticole , 1877, p. 249 ; 1878, pp. 194, 235. (2) Le mot espalier appartient aussi à la langue anglaise, où il a gardé son sens primitif et juste. Dans sa signification toute moderne, espalier se dit against the wall (contre la muraille). INÉDITE DU JARDINAGE (1) Les linguistes admettent comme étymo- logie d 'espalier l’italien spalliere (appui pour les épaules). Si nous n’appréhendions d’émettre un avis à l’encontre de tant et de si grandes autorités, nous dirions qu’il est douteux qu’on ait appliqué un nom qui a le sens actif de soutien à l’objet passif qui est soutenu, et que les espaliers seraient plutôt des arbres qu’on dressait es pals (sur des paux ou pieux) ou es palis (dans des enclos palissadés). ÎS5Ï On ne sait par qui ni à quelle époque ont été cultivés les premiers espaliers contre murailles. Il est vraisemblable qu’il n’y a pas eu invention proprement dite, mais qu’on a commencé par bâtir des à ces derniers ; en un mot, ce sont des gens assez déplaisants pour qu’on n’aille pas souvent leur demander à visiter leur volière, car il se pourrait que ce ne soit pas impunément, et qu’alors on ne leur servît de rôti, ce qui n’a rien d’enga- geant. L. Neumann. L’HOPÆICULTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1878 (1) Les végétaux herbacés de plein air étaient nom- breux. Nous signalerons spécialement : deux lots de plantes variées originaires du Caucase, de la Sibérie, etc., exposés par le jardin botanique de Saint-Pétersbourg; les Anémones de M. El- dering de Haarlem (Hollande) ; un lot de plantes vivaces par M. Yvon ; les amateurs de mosaïculture admiraient dans ce lot le Trifo- lium atropurpureum , Trèfle à feuilles noir pourpre velouté sur fond vert ; les Saxifraga pyramidalis de M. Margottin père ; une très- remarquable collection de Capucines grandes et naines ; des Viscaria , des Mimulus , des Phlox de Drummond, des Chrysanthèmes annuelles; quelques variétés de V Amaryllis vittata , et diverses autres plantes fleuries annuelles ou vivaces provenant des cultures de MM. Vilmorin, un lot de Phlox de Drummond exposé par M. Boudrant; enfin, un lot de Pensées variées présenté par M. Piquenot, horticulteur à Louveciennes. Le même horticulteur exposait un lot de Weigela à feuillage largement et très-réguliè- rement panaché de jaune et du plus bel effet décoratif. Les fruits et les légumes étaient beaux et nombreux. Nous avons surtout remarqué : les Vignes et les Raisins de M. Margottin fils, qui ont été fort appréciés par le public, et surtout par les cultivateurs spécialistes ; les Fraisiers et les Fraises de MM. Lapierre, Millet, Roy, Piquenot, Duru, etc. ; citons comme variétés de premier choix : A, variétés très-hâtives : Marguerite (Lebreton), Early prolific (Ro- den), Princesse Royale (Pelvilain), B, va- îiétés hâtives ou de deuxième saison : Docteur Morère (Berger), Sir Joseph Paxton (Bradley) ; (1) Revue horticole , 1878, pp. 226, 250, 275. C, variétés tardives ou de troisième saison : La Châlonnaise (Nicaise), Sir Charles Napierf (Smith) ; D, variétés tardives : Jucunda (Sal- ter), Monseigneur Fournier (Boisselot), Eléo- nor (Myatt). Parmi les légumes, citons spécialement comme dignes d’une mention spéciale : les As- perges de MM. Lhéraut, Fleury et Hayot ; les Pommes de terre, les Concombres et les Hari- cots de M. Millet ; la collection de Pois et celle de Fèves de MM. Vilmorin ; les Champignons de M. Rouxel ; un lot de Radis variés envoyés de Russie par M. Wladimir Gratcheff, etc. Les Roses, les Palmiers, les Cycadées et les Pandanées avaient l’honneur de composer les concours principaux de la quatrième série, ouverte du 16 au 30 juin 1878. Plus de dix mille Rosiers plantés en pleine terre au printemps, deux mille cultivés en pots, enfin des milliers de Roses en fleurs coupées ont pris part aux concours concernant la Reine des fleurs. Ces produits appartenaient à MM. Lévêque, Ferdinand Jamin, Charles Ver- dier, Hippolyte Jamain, Margottin père et fils, André Leroy, Mme veuve Durand ; MM. Jurissen et Galesloot, horticulteurs hollandais; MM. Co- chet, Paillet, Baltet, Duval, Piron-Médard, Brisson, Fauriat, etc. M. Margottin père avait exposé une Rose nouvelle provenant de ses cultures et nommée Gloire de Bourg-la-Reine ; l’arbuste est vigou- reux ; les fleurs, de grandeur moyenne, ont assez de ressemblance avec celles de la Rose Louis van Houtte (Lacharme), mais elles en diffèrent par un coloris plus vif, plus éclatant et tout aussi foncé ; deux lots de Roses de semis avaient été envoyés par MM. Garçon et Vigne- ron. Parmi les Palmiers, les Cycadées et Pan- 295 l’horticulture a l’exposition universelle de 1878. danées, trop peu nombreux, nous avons re- marqué : 1° de très-beaux et forts exemplaires de Cycadées envoyés par un amateur belge, M. van den Wouver; citons parmi les moins répandus dans les cultures : Zamia Lindenea (Regel), Zamia ( Encephalartos ), Gellinckea vel Encephalartos gracilis, Encephalartos Vroomi , Encephalartos villosus ampliatus , Cycas Normanhyana , de la Nouvelle-Galles du Sud ; Cycas Ruminiana, Macrozamia coral- lipes ; 2° un fort Veitchia (Kentia) canter- huryana , beau Palmier de serre froide, et cinq beaux Cocos Weddeliana envoyés de Russie par M. Sinitzin, horticulteur à Moscou ; 3° plusieurs Palmiers et Cycas présentés par M. Lebatteux; 4» un très-beau lot de Cocos Weddeliana exposé par M. Hériveaux, horti- culteur à Paris; 5° divers Palmiers, Cycas et Pandanus présentés par MM. Grepeaux, Le- moine (d’Angers) et Lange ; 6° enfin de forts Chamœrops , Corypha et Phoenix exposés par MM. Vincke de Jonghe, horticulteur à Bruges (Belgique), Ghantin et par la ville d’Hyères. Les plantes de serres chaudes et tempérées étaient assez nombreuses ; parmi les nouveautés, citons : 1° Anthurium Gustavi , Regel, Aroïdée trouvée par M. G. Wallis dans la province de Buonaventura (Amérique méridionale) ; les pé- tioles, longs de 50 centimètrès, cannelés avec arêtes blanchâtres, sont terminés par un limbe largement cordiforme, vert clair luisant, avec nervures saillantes en dessus, et vert plus pâle en dessous. 2° Un très-curieux lot de Caladium bulbeux obtenus de semis par M. Weiss, jardinier à Lisbonne (Portugal) et exposé par MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux. Ces plantes sont des plus intéressantes, tant au point de vue horticole, qu’à celui de la physiologie végé- tale, et démontrent ce qu’un horticulteur intel- ligent peut espérer obtenir de l’hybridation et de la sélection. Elles peuvent être cultivées dans une serre froide et probablement employées à décorer les jardins pendant l’été. Nous avons noté comme étant les plus beaux les nos 18 et 19, fond vert peint de blanc ; n°s 9, 3, 2, 13, 10, 5 et 14, fond vert peint de rose ou de rouge. Généralement les bords des feuilles sont fortement ondulés. Ce sont ces plantes dont la Revue horticole a plusieurs fois parlé sous le nom de « Cala- diums portugais, » et dont elle a donné une description et une figure en 1878, p. 67. 3° Un lot de Caladium bulbeux obtenus de semis par l’exposant, M. Bleu, amateur-horti- culteur à Paris; citons comme s’éloignant le plus des variétés déjà répandues dans les cul- tures : Ibis rose , sauf une petite bande vert clair entourant le limbe ; celui-ci est. coloré de rose iris ; — Nain rouge : dans cette variété, le rose est remplacé par du rouge sombre; — Gérard Dow et Baronne James de Rothschild : le fond vert clair disparaît presque complète- ment sous le| coloris rouge brillant entouré de dégradé blanc dont est orné le centre du limbe ; — Mme Lemonnier : les principales nervures rouge foncé se détachent sur une large macule rouge terne occupant le centre du limbe, qui est coloré de vert jaunâtre ; — M. Hardy: d’un fond vert foncé avec dégradé blanc se détachent les principales nervures colorées de rouge carmin vif ; — M. Linden : presque tout le limbe est blanc transparent, bordé de vert clair avec les principales nervures rouge carmin très-vif, etc. 4° Un lot de Pélargonium exposés par l’ob- tenteur, M. Lemoine, horticulteur à Nancy, et comprenant : Pélargonium glaucum , L’Héri- tier, ainsi que les diverses transformations obte- nues par des croisements ; Pélargonium gran- diflorum Mignonnette , blanc bordé rose avec deux macules pourpre foncé ; puis deux Pélar- gonium grandiflorum semis 9i, fleurs gran- des, d’un blanc rosé, ornées de cinq macules pourpre noir ; l’autre, n° 90, fleurs érectées, rose violacé sans macules ; Pélargonium gran- diflorum Ch. Klein, rouge écarlate avec macules noires (variété annoncée comme remon- tante) ; Pélargonium grandiflorum Mme Ch. Koenig, blanc pur ; Pélargonium grandi- florum Lucie Lemoine, blanc quelquefois finement sablé de rose très-clair, bord des pétales frisé ; Pélargonium peltatum Guil- laume Kœlle, perfection de forme et de duplicature, blanc teinté de rose lilacé ; Pélar- gonium peltatum Mme ^ F. Baron, fleurs grandes, très-doubles, forme parfaite, rose ombré de lilas clair ; Pélargonium peltatum MUe A. Barat, lilas satiné ; Pélargonium pel- tatum Mme E. Galle, blanc presque pur, etc. ; Pélargonium zonale new life (Cannell), variété anglaise à fleurs grandes, rouge éclatant, lar- gement marginées et striées de blanc saumoné ; Pélargonium grandiflorum Queen of stripes, curieuse variété à fleurs blanches, très-irrégu- lièrement marginées et striées de rose, de rouge et maculées de pourpre. Signalons encore un lot de Maranta variés exposé par M. Lemoine (d’Angers) ; un lot de Broméliacées envoyé par M. Van den Wouver, ainsi que plusieurs Fougères arborescentes, tels que Balantium ( Dicksonia ) antarcticum , remarquable par sa force et sa bonne culture ; six Dicksonia, sept Alsophila et deux Blech- num, envoyés du Brésil par M. Binot, horti- culteur à Pétropolis ; une très-intéressante col- lection de 65 espèces de Bégonia envoyée de Russie par M. Ender ; un lot de plantes variées de serre chaude et de serre tempérée exposé par M. Duval, de Versailles ; plusieurs lots de Pélargonium grandiflorum et zonale, pré- sentés par MM. Evrard, Boutreux, Ghaté et 296 l’horticulture a l’exposition universelle de 1878. Poirier ; un lot de Nerium variés, exposé par M. Hippolite Jamain ; de beaux et forts Phormium variés, envoyés de Belgique par MM. Boëlëns , horticulteurs à Gand , et M. Vincke de Jonghe, horticulteur à Bruges ; enfin, un lot de Bégonia tuberculeux provenant, des cultures de MM. Thibaut et Keteleer, parmi lesquels nous avons noté les variétés suivantes : rouges : Vésuvius (Veitch), Émeraude (Hen- derson), intermedia (Veitch) et intermedia superha ; — roses et rose carmin : Sedeni (Veitch), Thalie (Lemoine) et Docteur Moore ; enfin Montblanc (Frœbel), blanc rosé. MM. Vilmorin exposaient un grand nombre de plantes annuelles et vivaces de plein air, telles que : Œillets de Chine, Œillets de poète, Giroflées quarantaine, Pentstemon , Clarkia, Oxalis Valdiviana , Thlaspis nains, Lychnide de Haage, etc. ; enfin un joli lot d’hybrides d’ Amaryllis vittata. M. Lecaron exposait une belle collection de plantes annuelles et vivaces. M. Gauthier-Dubos, horticulteur à Pierre- fitte, présentait une collection d’Œillets fla- mands, ardoisés, etc. ; les plantes, grêles, n’étant pas munies d’étiquettes, offraient peu d’intérêt aux visiteurs et même aux amateurs, qui se trouvaient dans l’impossibilité de prendre note des variétés destinées à compléter leurs collections. M. Yvon exposait un lot de plantes, vivaces où les Potentilles à fleurs doubles dominaient; parmi les jolies variétés, presque toutes obte- nues par M. Lemoine, horticulteur à Nancy, les plus remarquables étaient : William Rol- lisson , Phœbus , Météore , Docteur Andrg , Toussaint Louverture, le Vésuve, M. Dandin. Enfin M. Jongkindt Coninck, horticulteur hol- landais, avait exposé, dans le jardin réservé à sa nation, des collections de Sempervivum , de Saxifraga et de Sedum. Pour épuiser les produits appartenant à la floriculture, il nous reste à rendre compte de ceux présentés en fleurs coupées : les Roses, ainsi que nous l’avons déclaré plus haut, figu- raient p’ar milliers ; les plus beaux apports appartenaient à MM. André Leroy, Lévèque, Margottin père et fils, Hippolite Jamain, etc. M. Grousse, horticulteur à Nancy, présentait un grand nombre de variétés de Pivoines her- bacées provenant de ses semis. Bien que toutes étaient méritantes par l’ampleur, la forme et le coloris des fleurs, sept variétés ont été particulièrement jugées dignes de figurer dans les collections d’élite ; ce sont : Marie Crousse , à fleurs blanches ; M me E. Gallé, rose tendre ; Vénus , blanc rosé ; Victor Hugo , rose satiné ; La France , rose teinté carmin ; Enfant de Nancy , rose teinté violet ; Félix Crousse , pourpre brillant adombré violet foncé. M. Delahaye exposait diverses espèces et variétés d’ Amaryllis de plein air, des Ornitho- gales d’Arabie, des Ixia longiflora (Jacquin), des Anémones, etc. M. Yvon exposait diverses variétés de Del- phinium vivaces à fleurs doubles; les plus belles étaient : M™e Henri Jacotot (Lemoine), Couronne bleue (Lemoine), Keteleer (Lemoine), J. Lancezeur (Lemoine), Cérès (Lemoine), Mme E. Geny (Veick), Roncevaux (Lemome), Alphonse Karr (Richalet), Roi Léopold (Lemoine), Homère (Lemoine), Pompon bril- lant (Lemoine). M. Thiébaut jeune présentait d’abord un lot. d’Œillets mignardises parmi lesquels on remar - quait. les variétés suivantes : Astrée, à fleurs blanches et mauves ; M me Legentil , blanc et pourpre foncé ; Cérès , blanc et pourpre vio- lacé ; Reine Victoria et Mignonnette , rose lilacé et pourpre ; Miss Nightîngal , rose et pourpre ; Flore , lilas et pourpre ; puis diverses , variétés d’iris xiphoides , telles que : Pigeon , blanc ; Minerve , Pénélope et bellissima , blanc strié pourpre violacé ; Reine des fleurs et Empereur Nicolas, rose pâle et lilas clair ; Arsinoê et Aaron, Drapeau , Liandelle et Dorothée, Proserpine , enfin rosa mundi , variété dont le coloris est le plus foncé de toutes celles cultivées. M. André Leroy avait envoyé d’Angers des fleurs de huit variétés de Magnolia grandi- flora; d’après cet apport, ce serait la variété gloriosa qui aurait les plus grandes fleurs. Dans les concours de fruits nous avons relevé : 1° les magnifiques Raisins de M. Mar- gottin fils ; il est difficile d’obtenir de plus beaux résultats; — 2° des lots variés de Frai- siers et de Fraises provenant des cultures de MM. Lapierre, Millet, Roy, L’Héraut, Groux, etc. ; — 3° un lot de fruits variés et très-intéressants, récoltés en Italie en 1877 et en 1878, et pré- sentés par M. Girio, de Turin ; — 4° quelques grappes de Raisin récoltées en 1877 dans les établissements de MM. Salomon et Rigaut, à Thomery; — 5<> enfin divers fruits de saison pré- sentés par MM. Groux, Roy, etc. Les apports de légumes étaient assez nom- breux ; nous avons surtout remarqué les col- lections de Radis, de Chicorées et de Choux de MM. Vilmorin ; les légumes variés de MM Roth- berg, Falluel, Cauchin, la Société de Cler- mont (Oise), M. Boudrant, etc; les Champi- gnons de M. Rouxel ; les divers produits comestibles étrangers de M. Hédiard, tels que : Colocasia esculenta, Gingembre, Curcuma, Patates rondes, etc. Enfin M. André Leroy pré- sentait dix-huit variétés d’ Artichauts, parmi lesquelles le Gros de Laon , le Violet tardif et celui dit de Roscoff, nous ont paru parti- culièrement recommandables. Rafarin. GREFFOIR MÉCANIQUE GRANJON. 297 GREFFOIR MÉCANIQUE GRANJON Quand on réfléchit aux immenses pro- grès accomplis dans l’industrie, et que mé- caniquement l’on est arrivé à faire des pièces de précision telles qu’on a à peine besoin de les retoucher pour établir une montre, même ce qu’on nomme un chrono- mètre, on se demande s’il ne serait pas téméraire de douter que, en horticulture et dans beaucoup de cas, l’on ne puisse rem- placer la main de l’homme. Le greffoir mé- canique Granjon (fig. 65) nous paraît Fig. 65. — Greffoir mécanique Granjon. réaliser un grand pas dans cette voie. Ce n’est toutefois pas que jusqu’ici on n’ait tenté beaucoup d’essais de ce genre et qu’on n’ait pas obtenu quelque succès ; mais aucun d’eux n’avait atteint le degré de per- fection de celui dont nous parlons qui, bien qu’il laisse encore à désirer, peut déjà rendre de réels et importants services. Cet instrument est solide, bien conditionné et relativement simple; son emploi surtout est tellement facile, que la personne la plus étrangère à l’art du jardinage peut s’en servir tout aussi bien que l’homme le plus rompu à la pratique de la greffe. Voici, quant à l’usage, la recommandation qu’en fait l’inventeur : Comme condition de succès, il importe de n’opérer que sur des bois de même calibre. Cette précaution prise, on introduit la branche du porte-greffe dans la gorge de l’instrument; on abaisse les deux lames verticales en exer- çant avec la main gauche une pression suffi- sante pour les faire pénétrer dans l’épaisseur du bois ; on fait jouer la lame horizontale en frappant sur le tampon avec la main droite, et, la double section ainsi faite, l’alvéole se trouve prête à recevoir le scion. On prend ensuite la branche, de laquelle doit être séparé le greffon portant œil ; on le détache de la même manière que précédem- ment, et après l’avoir introduit dans la case qu’on lui|a préparée, on l’y fixe solidement à Fig. 66. — Entaille du Fig. 67. — Greffon du greffoir mécanique. greffoir mécanique. l’aide de brins de laine croisés en avant et en arrière. Puis on enduit de mastic à greffer toutes les entailles rendues nécessaires par l’opération, afin de prévenir l’introduction de l’air et l’écou- lement de la sève, en ayant soin de ne pas en recouvrir l’œil. Mais comme en toute chose, lorsqu’il s’agit de progrès, le dernier mot n’est jamais dit, M. Granjon a déjà apporté à son greffoir de notables perfectionnements, et aujourd’hui, par suite de quelques pièces de rechange, on peut réduire la gorge de l’instrument jusqu’à pouvoir greffer des rameaux d’une ténuité extrême, ainsi que d’autres de différentes grosseurs. Ceci est une question de pièces additionnelles. D’une autre part, des essais faits sur diffé- rents points ont produit des résultats qui semblent mettre hors de doute les services que ce greffoir est appelé à rendre. 298 DE LA GREFFE DU NOYER. S’adresser, pour se procurer le greffoir mécanique, au palais de l’Exposition, classe 85 (Granjon, exposant), et à MM. Transon et Yallois, couteliers en gros, 143, rue Saint-Denis, à Paris, ou à M. Lar- naudie, régisseur à Saint-Jean-de-Bournay (Isère). E.-A. Carrière. DE LA GREFFE DU NOYER Après des essais innombrables et patiem- ment répétés, l’horticulture nous fournit aujourd’hui, à quelques exceptions près, des moyens presque certains de propager par la greffe les diverses espèces d’arbres fruitiers et une foule d’arbres et d’arbustes. Depuis dix ans et plus, l’art du greffeur a fait des progrès immenses et a étendu son domaine sur beaucoup de végétaux qui, il y a peu d’années encore, paraissaient ne pou- voir être multipliés par ce procédé. Une chose regrettable cependant et digne d’être sou- mise à l’attention des amateurs de l’horti- culture est que ce développement dans l’art de greffer, que je taxerais volontiers du mot excessif quand il a trait à certaines catégories de plantes, toutes ornementales, et que leur prix élevé, leur rareté et les soins qu’il leur faut relèguent dans les serres de quelques amateurs riches et for- tunés, est demeuré stationnaire depuis bientôt un demi-siècle, pour ce qui regarde quelques végétaux d’une utilité générale- ment reconnue et appréciée. Le Noyer commun ( Juglans regia) surtout est de ce nombre. Il paraît surprenant que ce grand arbre, connu de tous parce qu’il est sans aucun doute un des plus ancienne- ment naturalisés et peut-être le plus commu- nément répandu sur toute la surface de notre continent, n’ait pas été davantage l’objet de nos soins et de nos recherches. Il semble surprenant que la science horticole ne se soit pas efforcée, par la pratique et la vulgarisation d’une greffe courante propre à cet arbre, de tirer parti des excellentes variétés issues du type, variétés qui, à défaut d’un mode pratique de propagation, restent en grande partie confinées dans les lieux où elles ont pris naissance. Qu’on feuillette les traités d’arboriculture et ceux spéciaux à la greffe, les uns et les autres vous donnent à foison des procédés d’opé- rer. Les plus modestes se contentent de deux ou trois ; d’autres en citent quatre ou cinq ; enfin, si on consulte les écrits de cer- tains auteurs, auxquels les mots ne coûtent rien ou peu de chose, on en trouve jusqu’à sept ou huit. En écrivant ces lignes, j’ai sous les yeux le Traité de V art de greffer, de M. Ch. Baltet. Je l’ouvre au chapitre Noyer , et je ne trouve pas moins de huit noms de greffes différentes, applicables au Noyer, et réussissant, à son dire, toutes mieux les unes que les autres. D’où vient que M. Ch. Baltet, qui a également écrit « Les bons fruits , » ne multiplie pas, dans ses pépinières, les bonnes variétés de Noix, telles que Franquette, May ette, etc., etc.? Hélas, c’est que je soupçonne très-fortement M. Ch. Baltet d’attendre, à l’exemple de beaucoup de ses confrères, un bon mode de multipli- cation de ce végétal. Mais tout ce qui vient d’être dit n’est qu’incident au titre de l’article. J’aborde donc le sujet en répondant directement aux diverses récriminations de mes lecteurs. Je maintiens mon dire que les procédés prati- ques existent bien, reconnaissant toutefois qu’ils laissent à désirer. Les pieds greffés de Noyer que l’on rencontre dans le com- merce le sont tous, sauf dans le départe- ment de l’Isère, en variétés ornementales et purement horticoles. Le genre de greffe employé est celui en approche. Mauvais en lui -même, peu pratique et tendant à être abandonné, même par les horticulteurs de profession, je soutiens que ce mode de multiplication, appliqué au Noyer, n’est rien moins que déplorable, cela pour plu- sieurs raisons, dont la principale est que l’écorce de cet arbre est l’ennemie innée de toute espèce de plaie, et qu’une simple égratignure de deux ou trois centimètres, faite sur son écorce, la convertit souvent, par une cause ou par une autre, en une plaie large et inguérissable. Or, l’entaille qu’on pratique et sur le sujet et sur le greffon, au moment de l’opération, n’est pas de 2 ou 3 centimètres, mais le plus souvent de 8 ou 10 ; aussi est-il plus que fréquent de voir des sujets greffés de Noyer ne fournir, quelque temps après le sevrage, par deux ou trois points de contact restés DE LA GREFFE DU NOYER 299 vivants, qu’un peu de vie à la partie antée, et présenter, tout autour de l’endroit où l’on a opéré des tissus désorganisés, morts ou mourants. Outre ce premier inconvénient, qu’on peut parfois éviter en mastiquant soigneusement toutes les parties mises à nu par le greffoir, il en existe un second qui, sans s’attaquer à aucune des parties inté- grantes du sujet ou du rameau- greffon, n’est pas moins une conséquence directe du genre de greffe : c’est le peu de solidité que présente la partie greffée, quand même la soudure a été complète. Si on ne prend des précautions extrêmes les deux ou trois premières années qui suivent le sevrage, on sera à peu près certain, soit par un coup de vent ou par toute autre cause, de voir décoller cette tête empruntée et mal assise. On fera donc bien de la fixer au sujet à l’aide d’une forte baguette, et de consolider' le tout en attachant solidement le sujet lui- même à un bon tuteur. La greffe en couronne, recommandée par beaucoup d’auteurs, ne réussit pas sur de jeunes sujets, non plus que sur des pieds relativement forts en pépinière. Enrevanche, elle donne sinon des résultats excellents, au moins passables, sur des arbres tout venus. C’est par ce mode que, dans les départe- ments de l’Isère et des Hautes-Alpes, où la propagation des Noix, dites « Noix de Tul- lins, » prend des proportions de plus en plus considérables, les propriétaires de Noyers transforment des arbres âgés sou- vent de plus d’un demi-siècle et obtiennent, à la place d’une récolte médiocre et soumise aux incertitudes des froids du printemps, un produit assuré et rémunérateur. Leur manière d’opérer est la suivante : ils tron- çonnent à la scie les branches principales, aussi nombreuses soient-elles, jusqu’à un pied ou un pied et demi du point de leur insertion ; ils rafraîchissent les coupes aussi nettement que possible et placent deux greffons en regard sur chacun des membres rabattus, de telle façon que si l’arbre, une fois préparé, se compose de dix, douze, quinze tronçons pour reformer une nou- velle tête, le nombre des greffons posés sera double, c’est-à-dire de vingt, vingt-quatre ou trente. Il va de soi qu’on laisse du petit bois et des jeunes pousses, à l’intérieur de l’arbre pour servir de passage à un excès de sève, parer à l’étouffement de l’arbre et à la noyade des greffons. Un opérateur habile et exercé peut généralement compter sur la reprise de la moitié des greffons posés de cette façon, et si l’on veut mettre de son côté le plus grand nombre de chances de réussite, il faut opérer tard au printemps, alors que les gelées tardives ne sont plus à craindre. Un troisième genre de greffe, qui est bien certainement le plus prôné par les arboricul- teurs pour la multiplication des variétés de Noyer et qui, cependant, n’est que très-peu employé par les horticulteurs, est la greffe en flûte, plus communément connue dans l’Isère sous la dénomination de greffe en sifflet. C’est la plus généralement pratiquée par les cultivateurs de Noyers des cantons de Tul- lins et de Vinay ; c’est bien aussi celle qui donne les meilleurs résultats sous le rap- port de la solidité et de la vigueur de l’arbre. M. Ch. Baltet ne la connaissait probablement que très-imparfaitement en écrivant ces lignes : « Nous connaissons la greffe en flûte avec doubles lanières. Le sujet est amputé, et le greffon est d’un diamètre égal au sien. On abaisse en lanières l’écorce des deux parties, et l’on retranche le corps ligneux placé sous les lanières du greffon ou du sujet. C’est de l’originalité. » Il faut vraiment avoir beau- coup de bonne volonté pour reconnaître dans cette description la greffe en flûte telle qu’elle est pratiquée dans la vallée de l’Isère: c’est cependant bien celle que tente de décrire M. Ch. Baltet ; mais il faut croire qu’elle n’est guère en vogue dans l’Aube. Le sujet est bien réellement amputé, et le greffon doit bien aussi être d’un diamètre égal au sien. On abaisse en lanières l’écorce des deux parties sur le sujet pour pouvoir y placer un tube-greffon d’écorce, et sur le rameau-greffon (qui doit être en pleine sève) pour aider à détordre, sans le fendre, ce tube d’écorce. Le corps ligneux placé sous les lanières du greffon n’est retranché que dans le but d’éviter de blesser le germe de l’œil du tube-greffon, en lui faisant parcourir une trop grande distance sur les aspérités des coussinets des yeux précédemment enle- vés ; quant au corps ligneux placé sous les lanières du sujet, il n’est et ne doit pas être retranché ; c’est un onglet qui sert à palisser la greffe lors de son premier développement. De l’originalité?... Je n’en vois point là- dedans ; encore moins doivent en voir les cultivateurs ou fermiers des cantons sus- POMA CARLOTTI. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. 300 mentionnés quand ils vendent au prix de 4 et 5 fr. pièce quelques centaines de pieds d’arbres greffés de la sorte. Comprendra-t-on, par ce qui vient d’être dit, que je regarde ce genre de greffe comme une opération vulgaire et devant donner des résultats cer- tains? Non, bien certainement non, et je me hâte d’ajouter que la main la plus expé- rimentée ne réussit guère qu’un tiers des sujets soumis à la greffe. L’opération, qui est délicate et même minutieuse, demande un certain degré de force physique et beau- coup d’adresse pour enlever les tubes annu- laires sans désorganiser aucune de leurs parties. En outre, les variations brusques des premières chaleurs du printemps, à une température relativement basse, occa- sionnent souvent de grands dommages. Aussi agira-t-on prudemment en greffant le plus tard possible. Le point important est de maintenir assez de sève dans les rameaux-greffons pour pouvoir détordre sans trop de peine les tubes d’écorce. Les bonnes variétés fruitières, telles que Chaberte, Franquette , Mayette , Parisienne , etc., étant toutes à végétation tardive, pourront être soumises à ce genre de greffe jusqu’au 15 juillet, au moins dans la partie nord de la France. H. de Mortillet. POMA CARLOTTI D’origine italienne, et peu connue en France, la Poma Carlotti (Pomme Charles), que nous avons vue et appréciée dans l’exposition de la commission italienne du Champ-de-Mars, est une des plus estimées en Italie, où, du reste, elle est très-recher- chée, parce que, outre que l’arbre est vigoureux et très-productif, ses fruits, de toute première qualité, sont tout à fait bons à manger dès le mois d’octobre, ce qui ne les empêche de se conserver jusqu’en juillet et d’être encore très-consommables. Voici les caractères que cette Pomme nous a pré- sentés à la fin de juin : Fruit d’une bonne grosseur et d’un très- bel aspect, élargi à la base, atteignant jusque 8 centimètres de diamètre sur 6 de hauteur, régulièrement atténué au sommet. Peau lui- PLANTES NOUVELLES i Evonymus Japonica pyramidata. — Issue de graines de Y Evonymus Japonica , cette variété en a tous les caractères généraux, mais elle s’en distingue de la manière la plus nette par son port ; ses branches, peu nom- breuses, à peine ramifiées, sont strictement dressées, de sorte que l’ensemble constitue une sorte de colonne étroite. Les feuilles, très-rapprochées, étalées, opposées-décus- sées, sont arrondies ou suborbiculaires, épaisses, luisantes et d’un vert foncé, régu- lièrement, largement, mais courtement dentées. Planté çà et là sur des plates- bandes, YEvonymus Japonica pyrami- data y produit un effet des plus agréables, et santé, lavée rouge clair brillant sur les par- ties insolées, à fond d’un beau jaune beurre. Queue grêle dans une cavité régulière rela- tivement étroite et profonde, qu’elle dépasse peu. Œil profondément enfoncé, non plissé, presque fermé, à divisions courtes, persis- tantes. Chair blanche, fine, très-tendre; eau assez abondante, d’une saveur particulière, assez agréable, sucrée et] douce sans être fade. La Pomme Charles nous paraît devoir être une bonne acquisition à faire pour nos vergers. Est-elle vraiment originaire de l’Italie? Nous le’croyons ; est-elle introduite en France? Le fait paraît douteux ; nous ne la trouvons mentionnée sur aucun ouvrage, sur le Dictionnaire pomologique d’André Leroy pas davantage. Lebas. U PAS ASSEZ CONNUES il serait à désirer que cette variété fût plus répandue qu’elle ne l’est. L’effet est encore plus remarquable quand on la plante alter- nativement avec YEvonymus Japonica fas- tigiata , dont les branches, également dres- sées, constituent une pyramide conique très-compacte. On trouve ce dernier chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, et le premier chez M. Moser, hor- ticulteur, rue Saint-Symphorien, à Ver- sailles, qui en est l’obtenteur. E.-A. Carrière. Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Les comptes-rendus des expositions horticoles. — Date fixée pour la distribution des récompenses à l’Exposition universelle. — Le Doryphora. — Les chenilles du Rosier : emploi de l’insecticide Fichét. La Reinette verte de M. le docteur Philibert, de Moscou. — Un Melon hybride des Moschatello et Orange. — Le Lierre-Parapluie à l’Exposition universelle. — Les Cinéraires à fleurs pleines de MM. Haage et Schmidt. — Exposition de la Société d’horticulture de la Charente. — Les cultures de Champignons de M. Rouxel. — Inflorescences anormales produites sur un pied de Nymphæa rubra. — Exemples de duplicature présentés par X Anthurium Scherzerianum. — Un Haricot Flageolet complètement vert. — La répartition des sexes dans les Diospyros. Par suite d’indisposition, notre collègue, M. Rafarin, ne pouvant continuer le compte- rendu de l’Exposition, un de nos collabo- rateurs, qui signe Argus , a bien voulu se charger de cette tâche, souvent ardue, toujours difficile. On trouvera plus loin son premier article sous ce titre : cc A travers V Exposition. » — On affirme que la distribution des récompenses, à la suite de l’Exposition uni- verselle (première série), se fera le 19 sep- tembre prochain. Nous disons première série, parce que, pour le groupe IX (horti- culture), beaucoup de produits ne pourront être exposés, par conséquent jugés qu’en septembre et même octobre. C’est pour ces produits qu’une nouvelle série de récompen- ses devra être faite. — De divers points de l’Europe on an- nonce la présence du doryphora. On peut se demander si le fait est vrai, car l’on sait que plusieurs fois déjà on a répandu des bruits analogues qui ont été reconnus faux. Mais, en l’admettant, il ne faudrait pas s’en effrayer outre mesure, car l’on sait aujour- d’hui que cet insecte est moins redoutable qu’on l’a dit, et qu’il est assez facile de le combattre. Si, comme on l’assure, il a pu franchir des distances de plusieurs centaines et même de milliers de lieues, c’est qu’on ne lui opposait que de très-faibles obsta- cles ou même qu’il n’en rencontrait aucun. Il en serait tout autrement en Europe, où tout le monde est sur ses gardes et prêt à lui faire une réception digne de lui. — Un de nos abonnés nous adresse la lettre suivante : Roanne, le 12 juin 1878. Monsieur, J’ai dans mon jardin une grande quantité de Rosiers, soit greffés à haute tige, soit francs 16 août 1878. de pied. Pendant bon nombre d’années, ces Rosiers ont, pendant toute la saison, conservé leur verdure ; mais depuis trois ans, les feuilles, à partir du commencement de juin, sont dévo- rées par de petites chenilles vertes qui sont, je crois, le produit de ces espèces de mouches que l’on appelle tenthrèdes. En quelques semaines tout est dévasté. Je pense que le mal a été importé par des Rosiers que j’ai fait venir. En effet, le jardin de mon fermier, qui n’est guère qu’à 40 mè- tres du mien, a des Rosiers, et aucun n’est attaqué. Si vous connaissiez quelques moyens de détruire ce fléau, vous me feriez plaisir en les indiquant dans la Revue horticole. Il est pro- bable que l’indication de ces moyens ferait aussi plaisir à plusieurs des abonnés du journal. Recevez, etc. Seivel. Le remède est non seulement possible, mais encore extrêmement simple. Il consiste dans l’emploi de l’insecticide Fichet, dont plusieurs fois nous avons parlé dans ce journal (1). Le résultat est certain, car ce ne sont pas seulement les chenilles, mais les pucerons et la plupart des autres insectes, qui sont détruits par cette substance. — Tout récemment un de nos collabora- teurs, M. le docteur Philibert, de Moscou, nous a apporté quelques Pommes d’une variété qu’il cultive, dont il ignorait le nom et à laquelle il a donné celui de Reinette verte , à cause de la couleur de sa peau qui, d’un vert clair, passe au vert jaunâtre à la maturité, sans jamais prendre d’autre cou- leur; sa chair, également verdâtre, prend aussi, quand le fruit est tout à fait mûr, une couleur plus jaune. Cette Pomme est-elle synonyme de celle décrite sous ce même nom par André Leroy, dans son Dictionnaire de jpomologie, t. IV, p. 742, et dont il donne ainsi l’historique : « Parmi les Reinettes, la verte est une des aînées ; elle appartient à (1) Voir Revue horticole, 1876, p. 270. 16 302 CHRONIQUE HORTICOLE. la France, où sa culture commençait vers 1660. Merlet signala cette variété en 1667, et ne lui accorda pas autant de délicatesse qu’aux quatre ou cinq autres alors connues. » M. Leroy ajoute qu’elle mûrit de décembre à avril et qu’elle est de première qualité. Nous avons dégusté, le 8 juin dernier, celle dont nous parlons; l’ayant trouvée très-bonne, malgré la saison avancée, nous avons cru devoir en parler, et nous engageons même les amateurs de bonnes Pommes à en demander des gref- fons à M. Philibert, qui se fera un plaisir de leur en envoyer. Le plus grand risque qu’ils pourraient courir, ce serait de rece- voir le même fruit, ce qui, après tout, né serait pas un grand mal et vaudrait mieux, croyons-nous, que de s’abstenir, dans la crainte de faire un double emploi. M. Phi- libert demeure boulevard de Smolensk, 283, à Moscou. — Notre collaborateur, M. Léo d’Ounous, continue l’étude qu’il a commencée sur les Melons. Dans une lettre qu’il vient de nous adresser, il nous fait connaître une nouvelle variété, obtenue par le jardinier chef de la ferme-école de Royat. C’est, dit-il, un hybride des Melons Moschatello et Orange, qui tient des deux parents : de celui-ci par son abondante fructification, et du Moscha- tello par le volume et les qualités. — A l’Exposition du Champ-de-Mars, près du palais et de la partie affectée aux machines agricoles anglaises, se trouve un Lierre qui attire tout particulièrement l’at- tention des promeneurs, ce qui s’explique par ses dimensions exceptionnelles. C’est celui même dont nous avons donné la des- cription en 1874 : Ce Lierre, écrivions-nous en 1874, a d’au- tant plus de mérite que, planté dans un bac, on peut l’enlever à volonté, le replanter là où l’on veut et créer, comme par enchantement, un berceau magnifique presque impénétrable aux rayons du soleil, et improviser même, dans une cour ou tout autre endroit aride, une sorte de véranda ou plutôt de kiosque naturel d’un âge relativement antique. Sa tige, de 2 mètres de hauteur sur près de 11 centimètres de diamètre, s’élève verti- calement sans présenter la moindre courbe ; quant aux branches, qui sont nombreuses et ramifiées, elles irradient de chaque côté de la tige, et soutenues par une légère char- pente, elles pendent jusqu’à terre en for- mant une sorte de dôme ou de parapluie d’environ 7 mètres de diamètre. Cette plante étant en caisse, et sa charpente mobile pouvant se plier et prendre des proportions relativement petites, il en résulte qu’on peut facilement en opérer le transport. Il appartient à M. Roussel, entrepreneur de jardins, 142, avenue du Maine, à Paris. — Un de nos abonnés nous adresse la lettre suivante : Monsieur le rédacteur, En parcourant, en mai dernier, au Champ- de-Mars, l’une des galeries destinées à déposer les plantes qui doivent être soumises à l’examen, j j’y ai vu exposé un petit lot de Cinéraires à fleurs pleines qui m’ont paru des plus remar- quables. Désirant m’en procurer des graines, mais ne sachant à qui m’adresser, — le nom de | l’exposant n’étant pas indiqué sur le lot en question, — je prends la liberté de vous écrire \ pour vous prier, s’il n’y a pas à cela d’indis- crétion de ma part, de vouloir bien me faire ] savoir où je pourrais me procurer des graines de ces plantes. Dans l’espoir que vous voudrez bien faire j droit à ma prière, veuillez, etc. Hippolyte Louvois. C’est avec plaisir que nous publions cette lettre, cela d’autant plus qu’elle nous fournit l’occasion d’appeler l’attention de nos lec- teurs sur ces plantes, des plus intéres- j santés et qui, peut-être, n’ont pas été aussi remarquées qu’elles méritent de l’être. Ces Cinéraires, sur lesquelles nous reviendrons en en donnant une description et une figure coloriée, nous paraissent appelées à jouer ; un très-important rôle dans l’ornementa- j tion, car à la vigueur, à la rusticité de leurs j congénères, elles joignent la duplicature, qui en prolongera de beaucoup la floraison, qualité des plus importantes au point de vue de la décoration intérieure. Rien qu’en- core récente, cette race présente déjà presque toutes les nuances que l’on ren- contre chez les sortes à fleurs simples. Quant à la forme et aux dimensions des fleurs, on a déjà lieu d’être satisfait, puis- | qu’on en trouve qui ont jusqu’à 7 centimè- ! très de diamètre, que l’on pourrait comparer ! soit à des Zinnias ou à des Reines-Margue- | rites dont les fleurs seraient bien pleines. C’est à MM. Haage et Schmidt, d’Erfurt, 1 que l’on doit cette nouvelle race ; c’est donc J chez eux qu’on pourra s’en procurer des | CHRONIQUE HORTICOLE. 303 graines. Toutefois, nous avons tout lieu de croire que les personnes qui désireraient cultiver ces belles plantes pourront en trou- ver chez MM. Vilmorin et Cie, à Paris. — ■ Les 15-16 septembre prochain, la Société d’horticulture de la Charente fera, à Angoulême, sa première exposition. Tous les produits horticoles proprement dits, ainsi que ceux qui s’y rattachent, seront admis à concourir. Outre les récompenses ordinaires, un prix d’honneur sera attribué à l’exposant qui aura le plus contribué à l’ornement de cette exposition. Adresser les demandes à M. G. Dupuy, faubourg Saint-Martin, à Angoulême. — Toutes les personnes qui, à l’Exposi- tion du Champ-de-Mars, ont visité les grandes galeries où à chaque concours l’on expose les fleurs coupées, ainsi que les fruits et les légumes, ont dû remarquer à chaque renouvellement de concours, en paniers et en meules , des Champignons d’une beauté et d’une grosseur comme l’on en voit rarement. Frappé comme tout le monde du mérite tout à fait exceptionnel de ces produits, nous avons voulu visiter les cultures où ils avaient été obtenus, et pour cela nous sommes allé chez M. Rouxel, l’obtenteur de ces produits si remarquables. Là notre étonnement s’est encore accru, transformé en un sentiment d’admiration, d’abord en voyant l’étendue prodigieuse occupée par ces cultures, ensuite et surtout par la bonne tenue et les soins tout par- ticuliers avec lesquels le travail est fait. M. Rouxel ayant bien voulu nous donner des détails très-circonstanciés sur son tra- vail, nous nous proposons d’en faire pro- fiter nos lecteurs en les résumant dans un article spécial. — On voit en ce moment dans l’aqua- rium des serres du Muséum un fait des plus singuliers, qui très-probablement n’a jamais été vu. Ce fait consiste dans la production d’inflorescences anormales par un pied de Nymphœa rubra qui , jusqu’ici , n’avait non plus produit que des fleurs normales. L’anomalie en question porte sur le déve- loppement de fleurs secondaires naissant de la première fleur, d’où résulte une sorte de prolification un peu analogue à celle que produisent certaines plantes à fleurs compo- sées, par exemple le Souci dit à bouquet et la Pâquerette prolifère dite ce Mère de fa- mille. » Nous reviendrons sur ce fait, dont nous donnerons une figure et une descrip- tion plus détaillée. — Nos prévisions relativement à Y An- thurium Scherzerianum (1) paraissent sur le point de se réaliser, du moins en partie. Outre la plante dont nous avons parlé et dont on trouvera plus loin une description et une figure, nous en avons quelques autres à signaler et qui présentent des mo- difications analogues, ce qui montre une tendance à la diversité. L’une d’elles « a deux spathes parfaitement séparées, partant de la même tige à environ 2 millimètres de distance, mais placées l’une au-dessous de l’autre ; l’inférieure est plus large, de sorte qu’elles sont l’une et l’autre très-visibles et ne se confondent pas. » L’amateur qui, à notre prière, a bien voulu nous donner ces détails ajoutait : « Seulement je dois vous prévenir que ma plante est encore jeune, que c’est la première fleur qu’elle donne ; les autres seront-elles de même? Je l’espère et le saurai du reste bientôt, car je vois poindre d’autres hampes florales. » Ce même amateur, qui probablement possède la plus belle collection à' Anthu- rium Scherzerianum qu’on puisse voir, nous signalait cette autre particularité, que l’un de ses pieds avait présentée chez lui, et à ce sujet il nous écrivait, le 29 juin dernier : L’année dernière, sur un pied A Anthurium assez fort, il s’est développé deux fleurs pré- sentant, l’une et l’autre, un caractère très- remarquable : elles portaient chacune deux bandes de 2 à 3 centimètres de largeur parfai- tement blanches s’étendant dans toute la lon- gueur de la fleur. Malheureusement, cette année, cette bizarrerie ne s’est pas reproduite. Nos collègues, MM. Chantrier frères, hor- ticulteurs à Mortefontaine (Oise), chez qui s’est montré un fait analogue, et à qui nous avions également écrit pour les prier de nous donner quelques détails, nous répondaient, le 8 juillet dernier : Nous venons vous confirmer ce que l’on vous a dit au sujet de notre Anthurium Scher- zerianum. Cette plante, jeune encore, a donné trois fleurs, dont deux seulement avaient deux (1) Y. Revue horticale, 1878, p. 221. 304 CHRONIQUE HORTICOLE. spathes : l’une, très-petite, de la largeur d’une pièce de 1 fr., se trouvait placée à quelques millimètres au-dessous de l’autre, qui était beaucoup plus grande. Voilà donc trois faits analogues qui mon- trent une tendance à la duplicature; deux sont même presque identiques et ont les deux spatlies placées du même côté de la hampe, tandis que l’autre dont nous avons parlé précédemment, qu’on trouvera dé- crite et figurée plus loin, a les deux spathes grandes et opposées. Tous ces faits, nous le répétons, sont des indices a peu près ‘certains que la forme typique d 'Anthurium Scherzerianum est ébranlée, et que très-probablement cette espèce qui, jusqu’ici, a présenté une fixité à peu près absolue, ne tardera pas à pro- duire des variétés différentes par la forme et par le coloris. — Une qualité toute particulière qu’on recherche dans les Haricots flageolets, c’est qu’ils aient les grains verts ; aussi, donne-t- on la préférence aux sortes qui la présen- tent ; quand ils sont secs et qu’on les pré- pare pour la consommation, il n’est pas rare que, pour leur donner une plus belle appa- rence, on ajoute un peu de sel de cuivre, ce qui, dans certains cas, peut oecasioner des inconvénients plus ou moins graves. Il était donc grandement à désirer que l’on obtînt une sorte dont les grains fussent complète- ment verts. Ce désir vient d’être comblé, au- delà même de tout ce qu’on pouvait espérer, par M. Gabriel Chevrier, cultivateur à Bréti- gny. Son Haricot, obtenu en 1871, n’a jamais varié et s’est reproduit depuis avec tous ses caractères. Non seulement les grains sont d’un vert foncé, mais cette couleur est propre à toutes les parties de la plante ; de plus, elle se conserve même quand les Haricots sont secs : dans ce dernier état, les tiges et les cosses sont comme si on les avait immer- gées dans une solution de sulfate de cuivre. Nous reviendrons sur cette espèce si re- marquable qui, outre ses qualités culinaires, présente un nouveau caractère botanique, et peut fournir aux fabricants d’espèces une occasion d’en créer une « bonne, » puisque ses graines la reproduisent identiquement, ce qui, pour certains, est le critérium de l’espèce. Au point de vue économique, cette variété est d’un mérite tel que, par la suite, et pour manger en sec, on n’en cultivera plus d’autre comme Haricot flageolet. — Y a-t-il des Diospyros complètement dioïques, ou bien les fleurs des deux sexes n’apparaissent-elles que lorsque les arbres sont très-âgés, ainsi, du reste, que cela a lieu pour certains genres de plantes dont les sexes sont séparés? Nous appelons l’at- tention sur ce fait, qu’on n’a peut-être pas assez remarqué, et dont une étude plus at- tentive, outre la lumière qu’elle apporterait à la physiologie, pourrait peut-être expli- quer le manque à peu près absolu de graines qu’on rencontre dans les fruits de certaines variétés. Envisagés d’une manière générale, et d’après un examen, un peu superficiel, il est vrai, que nous avons fait, il nous a sem- blé possible de séparer les Diospyros en deux groupes : ceux dont les fruits viennent très-gros, bien que les arbres ne portent que des fleurs femelles : tels sont les Dios- pyros costata, lycopersicon , Mazelli, etc., et ceux dont les fleurs, bien que de sexe différent, sont portées sur le même individu : tels sont les Diospyros ‘lotus, Virginiana ou calycina , Roxburghiana [D. Kaki, liort ., aliq.]. Nous appelons surtout l’attention des phy- siologistes sur cette propriété qu’ont cer- taines espèces de donner, chaque année, de très -gros et bons fruits, sans avoir été fé- condées, propriété exceptionnelle et propre seulement à un petit nombre d’espèces. On sait, en effet, que la plupart des végétaux ne fructifient que si les fleurs ont été fécon- dées, absolument comme cela a lieu chez les animaux, où la plupart des femelles ne fructifient si elles n’ont subi l’influence du mâle. Mais comme dans certains groupes d’animaux, par exemple chez les oiseaux, les femelles pondent des œufs normaux comme dimensions, y aurait-il chez les vé- gétaux certaines espèces qui ont la propriété de donner des fruits qui atteignent égale- ment leur complète dimension, sans que les fleurs aient été fécondées, et les quelques Diospyros que nous avons cités seraient-ils dans ce cas? S’il en était ainsi, il pourrait donc, dans un même genre, se trouver des plantes monoïques, dioïques et polygames, chez lesquelles certaines espèces seraient aptes à produire des fruits, bien qu’elles ne portent qu’un sexe, ce qui, au point de vue 305 DESTRUCTION DES INSECTES. POT-PIEGE A LIMACES. économique, serait d’autant plus avantageux que, avec une grosseur égale à d’autres, ces fruits contiendraient plus de substance ali- mentaire , puisqu’ils n’auraient pas de graines. Il y a là deux questions (scienti- fique et économique) des plus importantes, sur lesquelles nous appelons tout particu- lièrement l’attention, et qui semblent justi- DESTRUCTION POT-PIÉGE Ainsi qu’il est facile de le voir, le piège qui fait le sujet de cette note, et que repré- sente la figure 68, est une sorte de pot percé sur les côtés d’un certain nombre de trous, et qu’on enterre de manière que ces trous, placés un peu au-dessus du milieu du pot, se trouvent à peu près à fleur du sol ou mieux un peu au-dessous. Rien n’est donc plus simple que cet engin, et c’est là ce qui augmente son mérite. L’inventeur est M. Pelletier, à qui nous devons déjà « le nouveau guêpier à amorce continue (1) » et la « cloche à griffes (2), 3> deux choses tout à fait pratiques, appelées à rendre de grands services à l’horticulture, dont la Revue horticole a donné une description et une figure, et auxquelles le public a fait un si bon accueil . L’appareil dont nous parlons aura, nous n’en doutons pas, un succès tout aussi grand , car il répond à des besoins d’un autre genre, très-nombreux et tout aussi importants. Le pot, vernissé entièrement, est sur- monté d’un couvercle qui, en même temps qu’il préserve de la pluie l’appât qu’il ren- ferme, fait que l’intérieur, sombre et frais, est très-recherché des insectes, qui trouvent là un lieu fort à leur convenance contre le froid et surtout contre le soleil ; aussi est-il d’un usage permanent; et comme, d’une autre part, ce pot peut être employé contre une foule d’insectes diurnes et nocturnes, il en résulte qu’il est à peu près indispensable à tous ceux qui s’occupent de jardinage. La forme des trous des vases, qui forment des sortes d’entonnoirs, a cet avantage que, une fois entrés, les insectes ou animaux, quels qu’ils soient, ne peuvent sortir. Nous disons posi- tion universelle, qui devait avoir lieu au mois de septembre, est ajournée d’un mois : elle aura lieu le 21 octobre prochain. — Il est certains genres de plantes dont le port, sans être absolument le même chez toutes les espèces, présente néanmoins tant d’analogie dans l’ensemble de leurs carac- tères, que l’énoncé du nom suffit seul à don- ner des plantes une idée assez exacte ; tel est, par exemple, celui de Rubus. En effet, au lieu d’être très-flexible et traînante, la plante dont nous allons parler s’élève sans tuteur et forme un arbrisseau, ainsi qu’on va le voir par ce qu’en dit M. Frœbel, hor- ticulteur à Zurich. La Ronce dont il s’agit est le Rubus cratægifolius , originaire de la région de l’Amour et de la Mantchourie. En la décrivant dans le Gartenflora , janvier 1878, M. Régel dit qu’elle « constitue un arbuste nain; mais, ajoute M. Frœbel, cela peut être à Saint-Pétersbourg, non chez moi, où la plante, qui déjà mesure 2m 50, atteindra très-prochainement 3 mètres de hauteur. » Il ajoute : C’est une plante très-belle et extrême- STERCULIA RUPESTRIS. 325 ment ornementale, qui se couvre d’une très- grande quantité de fruits qui paraissent devoir se succéder pendant tout l’été, puisque nous en trouvons à toutes les phases de développement. Les fruits sont bons. Le feuillage, qui est très- grand, d’un vert foncé, luisant, devient rouge sang à l’automne. A mon avis, ce sera un arbris- seau de beaucoup de valeur pour les grands jardins. Les dimensions attribuées au Rubus cra- tœgifolius nous ayant paru exagérées, nous en avons écrit à notre collègue, de Zurich, pour lui faire part de nos doutes, et en lui faisant remarquer que sa plante semble faire exception à tout ce qui est connu dans le genre Rubus , non seulement comme dimen- sion, mais surtout par son port et son mode de végétation. A ceci il nous répond : Zurich, ce 17 juillet 1878. A Monsieur A. Carrière, Jardin-des-Plantes. Mon cher Monsieur, Je m’empresse de répondre à votre lettre reçue hier soir. Le Rubus cratœgifolius n’est pas grimpant ni tombant; au contraire, ses fortes tiges sont dressées et ne demandent pas le sou- tien de tuteurs ; ma courte description doit être comprise dans ce sens. Cette particularité est, à mon avis, un grand avantage pour une Ronce, non comme plante fruitière, mais comme plante essentiellement ornementale, et c’est à ee point de vue que je désire la signaler aux amateurs. Ses rameaux, d’un an, ont à leur base plus de 3 centimètres de diamètre. Nous n’avons plus rien à dire ; nous avons fait notre possible pour éclairer la question : à nos lecteurs de juger. — Dans notre précédente chronique, nous avons publié une lettre de notre collègue, M. Weber, par laquelle il nous informe que le phylloxéra a fait son apparition dans certaines parties de la Côte-d’Or, qu’il menace d’envahir. Quelques jours plus tard, dans une nouvelle lettre, il nous annonçait que le terrible insecte avait fait une étape STERCULIA Le genre Sterculia est représenté par une cinquantaine d’espèces environ, en y com- prenant, à titre de sections, plusieurs genres créés, soit aux dépens d’espèces anciennes ou de types récemment découverts et consi- dérés comme distincts par certains hota- de plus, qu’il était dans le jardin botanique de Dijon, où, dans son école viticole, qui comprend un millier de variétés, il avait attaqué une vingtaine dé ceps, mais que des mesures énergiques avaient été prises, que tous les pieds avaient été arrachés et brûlés. La mesure en question est en effet éner- gique, on pourrait même dire « archiradi- cale. » A-t-on bien fait, et n’a-t-on pas exagéré les précautions et dépassé les bornes indiquées par la prudence? C’est notre opinion. Si l’on agissait ainsi partout où se montrent des phylloxéras, il est à peu près certain que bientôt il ne resterait plus de Vignes. Dans cette circonstance, on paraît s’appuyer sur un fait qu’on considère comme analogue : sur le moyen employé pour com- battre le typhus des bêtes bovines. A notre avis, c’est un tort, et la comparaison manque de justesse. Ici ce sont des foyers d’infec- tion que chaque animal peut porter avec soi. Il est donc tout naturel qu’en établis- sant des sortes de cordons sanitaires qui arrêtent les animaux au passage, on s’op- pose à la transmission du virus et que, d’une autre part, si ça et là, et à me- sure qu’ils se montrent, on supprime ces foyers, on a toute chance d’arrêter le mal. Mais il en est tout autrement du phyl- loxéra, qui se « multiplie avec une rapidité telle qu’un seul insecte peut en produire plusieurs millions dans l’espace de quelques mois. » Et encore comment, dans ce cas, s’opposer à l’envahissement ? Les douanes, les barrières, les frontières, etc., tout est insuffisant, puisque, non seulement toutes les parties des ceps peuvent servir de véhi- cule, mais que, arrivé à un certain état, l’insecte vole et peut alors franchir tous les obstacles qu’on pourrait lui opposer. Aussi, nous le répétons, à notre avis, on va trop loin, et dans cette circonstance la peur, cette mauvaise conseillère, » aggrave les choses en ajoutant un mal à un autre. E.-A. Carrière, RUPESTRIS nistes. Les Sterculia ne s’écartent guère de la zone tropicale, mais ils diffèrent sensible- ment entre eux, suivant qu’on les observe en Amérique, en Afrique, dans l’Inde ou en Australie. Pour cette dernière région, la Flore de 326 STERCULIA RÛPESTRIS. MM. Bentham et Mueller en signale douze espèces, dont quelques-unes se rencontrent également à Java ou dans l’Inde. Mais la plupart sont australiennes, et rentrent dans un genre qui avait été fait par Schott, sous le nom de Brachychiton , et qui, d’ailleurs, n’a été maintenu par les auteurs de la Flore d’Australie qu’à titre de section. La forme que prend l’ovule, et consé- quemment la graine, est très -variable dans les Sterculia, selon que le micropyle est éloigné du hile ou qu’il en est rapproché, ce qui revient à dire que tantôt la graine est droite ou orthotrope, et alors l’embryon est opposé au point d’attache; ou bien la graine est renversée, c’est-à-dire anatrope, et, Fig. 73. — Sterculia rupestris. Fruits de grandeur naturelle. dans ce cas, l’embryon se trouve près de l’insertion de la graine. C’est le cas pour les espèces de la section Brachychiton. De plus, et c’est là le principal caractère de cette section, les graines sont entourées plus ou moins complètement d’une enveloppe, accessoire qui semble bien être une dépen- dance ou expansion de la partie interne des carpelles, en sorte qu’à la maturité les graines apparaissent placées chacune dans de petites logettes comparables aux alvéoles d’un gâteau d’abeilles (fig. 75). Quand on n’est pas prévenu de ce caractère, on peut se méprendre sur la nature de ces alvéoles, et dans des carpelles qui se sont ouverts et ont vieilli sur l’arbre, on comprend qu’on Fig. 74. — Sterculia rupestris. Carpelle détaché et ouvert; à côté, une graine (le tout de gran- deur naturelle). ait pu les confondre avec le travail de quel- ques insectes, ces alvéoles occupant le dos des carpelles, et les graines s’en étant échap- pées lors de la déhiscence, ce que montre cette même figure 75, dont les graines ont été enlevées dans la moitié de droite. L’espèce dont il est question dans cette note, le Sterculia [Brachychiton] rupes- tris, Benth., devient un grand arbre. Ses feuilles sont glabres, les unes djgitées, et les autres linéaires et entières. Ses fleurs mâles sont à pétales, disposées en petites pani- cules à l’aisselle des feuilles ; leur calice, qui est tapissé de poils étoilés, est de forme campanulée et pourvu de cinq dents. De son centre part une colonne surmontée des étamines réunies en une petite tête, mais cachant en son milieu des carpelles très- réduits, et qui ne continueront pas à se dé- velopper. Quant à la fleur femelle, sa dis- position est en tout semblable, avec cette différence que les carpelles prennent un grand développement, de sorte que bientôt les étamines sont dépassées et restent comme une ceinture au-dessous de l’ovaire. Cette structure n’indique pas des fleurs franche- ment unisexuées, mais bien des fleurs poly- games, caractère habituel du genre Ster- culia. Un caractère propre à l’espèce qui nous occupe, c’est que chaque carpelle, à la matu- rité, est longuement stipité, c’est-à-dire porté sur un pied grêle, plus long que le carpelle lui-même. Ce qui rend cet arbre intéressant, c’est la forme particulière, le développement excep- tionnel que prend sa tige, et qui lui ont valu le nom de Bottle-Tree en Australie. A STERCULIA RUPESTRIS. 327 quelque distance au-dessus du collet, le tronc se renfle, puis il est de nouveau ré- tréci un peu au-dessous de l’insertion des branches. Ce phénomène, qui semble ne pouvoir s’expliquer que par une plus grande distension des éléments ligneux de la tige en ce point, se montre d’ailleurs sur quel- ques autres végétaux, mais c’est la base seulement qui, ordinairement, s’hypertro- phie, tandis qu’ici c’est la portion moyenne qui se renfle à la façon d’un fuseau. Le S. rupestris n’est pas la seule espèce qui présente cette anomalie dans cette sec- tion Brachychiton , paraît-il, mais elle est beaucoup plus marquée ici qu’ailleurs Le feuillage ample de ces arbres leur donne un aspect ornemental bien connu des Austra- liens. Le S. rupestris, en outre, présente un cas de dimor- phisme de ses feuilles qui pour- rait facilement tromper le bota- niste qui n’aurait vu que des échan- tillons isolés d’un même individu. Les rameaux sté- riles ont des feuil- les palmées, tan- dis que les ra- meaux portant fleurs et fruits sont pourvus de feuilles étroites, entières et très-différentes, ce qui rappelle, en somme, les feuilles modifiées qu’on remarque au voisinage des inflorescences dans beaucoup d’autres végétaux. Il y aurait beaucoup à dire des espèces appartenant au genre Sterculia, dont les graines, entre autres, fournissent des pro- duits divers et estimés, à plusieurs titres, aussi bien dans l’Inde que sur la côte occi- dentale d’Afrique, ou bien qui laissent exsuder de leur tronc une gomme dont le commerce tire un parti utile. Quant à leur mérite horticole, il est secondaire, en ce que leurs fleurs privées de corolle sont le plus souvent sans éclat, quoique cependant leur calice soit quelquefois coloré et que, en général, la plupart^ des espèces exigent une température un peu élevée pour être conservées dans la zone tempérée. M. Tho- zet. un de nos compatriotes, habitant de- puis longtemps le Queensland, en Austra- lie, et auquel on est redevable de plusieurs introductions, a fait parvenir des graines du Bottle-Tree qui ont toutes germé, et qui assurent ainsi la possession d’une es- pèce intéresante que nous n’avions pas en- core en France à l’état vivant. Le Sterculia rupestris, Benth. (fig. 73 et 74) a été envoyé en échantillon d’herbier, par M. Thozet, qui, à l’occasion de l’Exposition de 1878, s’était appliqué à réunir les échan- tillons de bois, d’écorces, de gommes ré- sines et de beaux spécimens d’herbier, des végétaux les plus intéressants, au point de vue utile ou ornemental, des environs de Rockhampton. Malheureusement, cet envoi est arrivé trop tard, et les démarches en- treprises auprès de la commission du Queens- land n’ont pu faire admettre ces produits, qui, pourtant, au- raient figuré avan- tageusement au palais du Champ- de-Mars. Nous nous proposons, d’ailleurs, de re- venir sur cet en- voi qui, à tous égards , mérite une mention spé- ciale. J. Poisson, Aide-naturaliste au Muséum. — Outre l’espèce dont il vient d’être ques- tion, ainsi que plusieurs autres appartenant à des genres différents, nous devons à notre compatriote et ami, M. Thozet, des graines et même un carpelle tout entier d’une autre espèce de Sterculia, également australienne, du S. tricosyphon (fig. 75), sur laquelle nous manquons de renseignements autres que ces quelques mots qui étaient écrits sur le sachet d’envoi : « Grand arbre à recommander aux apiculteurs ; ses nom- breuses fleurs, très-mellifères, s’épanouis- sent ici (à Rockampton) de mai en août; sols pauvres; croissance très-rapide. » Les graines du S. tricosyphon sont angu- leuses-cunéiformes, à testa noir, dur, lon- gues d’environ 10 millimètres, larges de 5. Elles sont solitaires dans des sortes d’al- véoles simulant assez exactement celles qu’on rencontre dans les gâteaux d’abeilles; leur base est tronquée-élargie, tandis que le sommet, brusquement arrondi, est parfois Fig. 75. — Carpelle du Sterculia tricosyphon, dont une partie des graines ont été enterrées pour montrer les alvéoles ; à côté, une de ces graines détachée (le tout de grandeur naturelle). 328 A TRAVERS L’EXPOSITION. recouvert d’un petit corps blanc qui se détache facilement de la graine qui, de toutes parts, est enveloppée d’une matière cireuse d’un très-beau jaune. Cette subs- tance, d’après M. Laugier, aide de chimie au Muséum, à qui nous l’avons montrée, est d’une composition à peu près identique à celle que produisent les abeilles. Ayant fait un semis de ces graines, les jeunes plantes nous ont présenté les carac- tères suivants : Tigelle atteignant promptement 6-8 cen- timètres. Cotylédons 2, largement oblongs- cordiformes, longtemps persistants. Feuilles longuement pétiolées, à limbe régulièrement cordiforme, rappelant assez exactement une belle feuille de Lierre, luisant et comme verni. Tige robuste, dressée, renflée à la base, alternativement coudée, à écorce gla- bre, courtement hispide, pulvérulente, ainsi que les pétioles des feuilles. Cette espèce est-elle identique à celle que la Revue horticole a décrite en 1877, p. 358, sous le nom de Pœcilodermis populnea , qui, par erreur, est écrit Phœcilodermis ? Le fait serait que nous n’en serions pas sur- pris. Cette espèce, du reste, n’est pas la seule qu’ou cultive aujourd’hui à Hyères, où l’on en trouve déjà de très-beaux exemplaires; on y trouve également le Brachychiton [ Pœcilodermis} Gregorii , à feuilles des ra- meaux stériles hastées-trifides, à divisions ou fides étroites. On peut en voir un fort sujet dans le jardin du Trocadéro , à l’Exposition, qui se trouve avec les autres plantes envoyées par la ville d’ Hyères. E.-A. Carrière. A TRAVERS L’EXPOSITION Je vais commencer l’examen des apports faits pour la seconde quinzaine d’août par les choses les plus délicates, celles qui surtout sont chères aux dames. J’ai nommé les fleurs, et conformément à ce proverbe : « A tout sei- gneur tout honneur, » je débute par la « reine des fleurs, » la Rose. Les concurrents étaient au nombre de six que le mérite plaçait dans l’ordre suivant : MM. Levêque et fils, Charles Verdier, Margot- tin fils, Margottin père, André Leroy et Dela- bergerie. Deux exposants seuls présentaient des bou- quets; c’étaient M. Barroy et M Deschamps, amateur à Boulogne, qui n’a pas encore manqué un seul concours, et dont les apports sont vraiment remarquables. Les Phlox en fleurs coupées étaient présentés par MM. Levêque et fils et Tliiébaut-Legendre. Quant aux Glaïeuls, plus de dix exposants en avaient envoyé; trois surtout l’emportaient tant par le nombre que par le choix et la beauté des variétés ; c’étaient : deux maisons françaises, MM. Souillard et Brunelet, et MM. Vilmorin ; le troisième expo- sant était M. Kelway and Sons (Langport, An- gleterre). Parmi les autres, j’ai remarqué les Glaïeuls de MM. Charles Verdier, Berger, Crousse, Piquenot, etc. Dans les fleurs coupées, ce qui frappait sur- tout les visiteurs, c’étaient des Pétunias exposés par MM. Bruant, de Poitiers,, et Bertier-Ren- datler, de Nancy. Jamais, peut-être, on n’avait eu l’occasion de voir pareilles choses en ce genre ; je n’exagère pas en disant que plusieurs variétés, surtout parmi celles exposées par M. Bruant, mesuraient plus de 10 centimètres de diamètre, et comme elles présentaient les couleurs les plus variées et que les pétales étaient très-laciniés divisés, on était porté à les comparer à ces Choux Frisés et colorés qui, eux non plus, ne paraissent pas pouvoir être expliqués scientifiquement. Mais ceci n’est pas mon affaire. Les fruits commencent à affluer; ils sont beaux et relativement nombreux à l’Exposition. Les principaux apports sont faits par MM. Croux et fils, André Leroy, Ferdinand Jamin, A. Roy, veuve Durand, Chevalier aîné, Lapierre, et par quelques cultivateurs de Montreuil (exposition collective) et la Commission Italienne qui, jus- qu’ici, tient toujours la tête ou « la corde, » comme l’on dit. Tous ces fruits rentrent dans ceux qu’on nomme fruits de saison, tels que : Pommes, Poires, Pêches, tout particulièrement les Prunes ; les Raisins ne font guère que com- mencer à paraître, si ce n’est comme « fruits forcés, » à l’exception pourtant du lot de la Commission Italienne, où l’on en voit beaucoup, même de très-beaux, une variété, entre autres, nommée Zibibbo de Palermo , dont les grains sphériques, blanc jaunâtre, atteignent jusque près de 3 centimètres de diamètre. Trois autres horticulteurs français avaient aussi exposé des Raisins ; c’étaient : Mme veuve Du- rand, qui montrait des variétés venues à l’air libre, par conséquent hâtives, et MM. Rose- Charmeux et Margottin fils, qui exposaient : le premier, une trentaine de variétés dans des bouteilles, montrant ainsi comment on les conserve ; le deuxième, quinze variétés de choix parmi les gros Raisins employés tout particulièrement au forçage. En outre, M. Mar- A TRAVERS L’EXPOSITION. 329 gottin exposait, dans un pot, un pied de Foster’s seedling qui, âgé de deux ans cinq mois, d’une vigueur exceptionnelle, fructifiait pour la première fois et portait quinze grappes de Raisin de toute beauté. C’était un véritable tour de force, dont il est du reste coutumier quand il s’agit de Vignes forcées, art dans lequel il est passé maître. Les autres fruits qui « captaient » vraiment l’attention — et il y avait de quoi — étaient les Figues exposées par plusieurs cultivateurs d’Argenteuil, en tête desquels il faut placer MM. Cottard, Louis Lhérault, Dingremont, Girardin. Ces exposants — les deux premiers surtout — avaient mis non seulement des j Figues, mais des Figuiers ou des parties de ceux-ci qui, chargés de fruits, servaient d’échan- tillons en montrant au public les procédés à l’aide desquels ils obtiennent ces véritables monstres de beauté et de qualité. Les deux variétés de Figues reconnues les meilleures et à peu près les seules adoptées sont la Blanche verte ordinaire et la Grosse-Dauphine vio - lette. Avant de quitter les fruits, je crois devoir signaler aux pépiniéristes français un Coing très-gros, largement tronqué aux deux bouts qui, très-souvent, présente une profonde et large cavité, et aussi une quinzaine de Poires B elle- Angevine placées avec quelques autres fruits dans une vitrine, dans la partie de l’Australie. D’une grosseur exceptionnelle, ces Poires, qui avaient été « cueillies à Adélaïde le ler mai 1878, sont arrivées à l’Exposition le 20 juillet. » Les légumes n’étaient pas nombreux et ne présentaient non plus rien de très-remarquable. Comme toujours, MM. Vilmorin venaient en première ligne, puis, pour les légumes de saison et par ordre de mérite : MM. Cauchin- Vincent, Boudrant, la Commission Italienne, et comme spécialités on remarquait : M. Mayeux, de Villejuif (Pommes de terre et Haricots), et M. Gaillard (Valentin), pour une nombreuse et très-intéressante collection de Cucurbitacées. Je devrais encore citer les Légumes de Gen- nevilliers, obtenus à l’aide de l’eau des égouts de Paris, qui sont remarquables à plus d’un titre. Malheureusement, le temps me manque, car l’administration de l’Exposition qui, au point de vue de l’horticulture, ne peut être ac- cusée d’excès de centralisation, a cru devoir réléguer l’exposition de Gennevilliers sous un hangar, tout près de l’École militaire, où ceux qui voudront voir ces produits devront aller les chercher. A-t-elle bien fait? Ayant commencé par les fleurs, j’y reviens pour terminer ce trop court examen, et je vais d’abord examiner rapidement les quelques ap- ports placés dans les massifs à l’air libre, pour terminer par les serres. En première ligne, et comme toujours en- core, il faut citer les différents lots exposés par MM. Vilmorin : ses plantes diverses, annuelles et autres, puis ses Reines-Marguerites; puis viennent celles de M. Thiébaut-Legendre. Gomme la quinzaine précédente aussi, M. Le- caron avait exposé un lot d’Amarantes Crête- de-Goq, qui étaient au-dessus de tout éloge, surtout comme culture, laquelle, on peut le dire, résumait tout ce qu’on peut désirer de mieux. Dans les serres, outre les plantes si remar- quables de M. Linden (Boissin, constructeur), les collections de Persan (serres Grenthe), sur lesquelles je reviendrai plus tard, et quelques plantes nouvelles : Perralderia purpurascens , Pulicaria Mauritania et Salvia taraxaci- folia, originaires du Maroc et exposées par M. Gueuret, à Levallois-Perret, je dois signaler tout particulièrement les Tydœa , et surtout les! Nœgelia de MM. Vallerand frères, et dont la beauté et la bonne culture n’étonneront per- sonne de ceux qui connaissent l’éminent horti- culteur de Bois-de-Colombes. M. Ghantin dont, jusqu’à ce jour, tout le temps était absorbé par la décoration générale de l’Exposition, dont il est chargé, vient de dé- buter par un coup de maître, ou plutôt par deux : par une collection de Fougères en arbre et quelques autres espèces dont la beauté n’est souvent surpassée que par la rareté, et par deux collections, l’une de Palmiers, et l’autre d’An- thuriums, comme l’on en voit rarement, ou plutôt comme l’on n’ert voit jamais. Ges deux dernières sont placées au Trocadéro, dans un pavillon de l’ancienne maison Tricotel. Je ne saurais trop engager les amateurs de belles plantes à aller voir ces collections. Je vais, pour aujourd’hui, terminer sur les serres par une plainte à l’administration ; je la formule au sujet de deux serres que j’ai toujours trouvées ferrqées, bien que, comme tant d’autres, je donne chaque fois que j’entre le « ticket » traditionnel, fait qui, ce me semble, me donne le droit de voir ce qui est exposé. Toutefois, je dois dire qu’il s’agit de choses presque prohi- bées officiellement : de Vignes chargées de Raisins. On craint peut-être que le public ait une tentation analogue à celle qu’a eue jadis la « mère du genre humain. » Eh bien ! je le dé- clare, cette objection, quelque valable qu’elle puisse paraître, si on me l’alléguait, ne me sa- tisferait pas, et je n’hésiterais pas à répondre à l’administration : « C’est à vous de mettre un gardien dans la serre, ce qui, après tout, ne serait pas un mal, puisqu’elle ne pourrait qu’y gagner en propreté, ce qui, dans beaucoup de serres, laisse énormément à désirer. » Argus. 330 BUDDLE1A INSIGNIS. BUDDLEIA INSIGNIS Si quelque chose pouvait faire ouvrir les yeux à certains savants sur la nature de l'espèce et sur les modifications qu’elle est susceptible de subir, c’est assurément la plante qui fait le su- jet de cette note, le Buddleia insignis, ce qui nous a engagé à lui donner ce quali- ficatif insignis. Mais comme, d’une autre part, ce mot est sus- ceptible d’interpréta- tions diverses, nous croyons devoir préci- ser. Insignis voulant dire considérable , il- lustre, éclatant, re- marquable, c’est cette dernière signification que nous adoptons, parce que , mieux ’ qu’aucune autre, elle Fig. 76. — Buddleia insignis, réduit au 20e. nous permet d’appeler l’attention sur les particularités que la planteTprésente. Issue par semis successifs du Buddleia curviflora (fig. 77) (1), elle n’en-ja conservé aucun caractère ] phy- En effet. sique. Jim eiiet, port, inflorescence, vigueur et nature des rameaux, en un mot tous les caractères qui, physi- quement, constituent l’espèce, sont diffé- rents , de sorte que l’appeler Buddleia curviflora serait tout aussi illogique que si, en géométrie, sous prétexte qu’une cour- be peut être considé- rée comme une in- finité de petites lignes droites placées les unes à la suite des autres, on en concluait qu’un cercle est l’analogue d’un triangle ou d’un rectangle, ce qui d’abord serait absurde dans l’ap- pellation, et dans l’application renverserait toutes les règles de la géométrie. Après cette sorte de digression, sur laquelle nous appelons l’attention des gens qui, avant tout, recherchent la vérité scien- tifique dont, au reste, tous les autres décou- lent, nous allons faire la description du B. insignis, laquelle justifiera nos dires qui, d’autre part, seront corroborés de tous points par les figures 76 et 77 que nous don- nons ci-contre. Arbuste nain, vigoureux, compact, dressé, rappelant par son aspect la disposition des fleurs, l’inflorescence et même jusqu’à la forme et l’aspect des feuilles , une Véro- (1) Voir pour les variations que présente le B. curviflora, Rev. hort. 1873, p. 151 ; 1877, p. 295. Revu & Horticole . insignù' . BiidcUeia NOTE SUR DES ANTHURIUM SCHERZERIANUM DE SEMfS. 331 nique oflicinale vigoureuse (fig. 76). Tiges nombreuses , strictement dressées, forte- ment ailées. Feuilles caduques , opposées- décussées, parfois ternées ou alternes, étalées, légèrement dentées, épaisses, résis- tantes, longues de 8-10 centimètres, larges de 2-3, longuement acuminées en pointe. Inflorescence terminale ramifiée, à ramifi- cations strictement dressées et formant, par leur disposition, une sorte de candé- labre qui rappelle assez exactement l’inflo- rescence des Véroniques herbacées, no- tamment de celles du groupe Leptandra. Feurs en épis très-compacts, de 8-15 centi- mètres de longueur, d’un violet lilas légère- ment rosé, assez grandes. Le Buddleia insignis n’est pas seule- ment remarquable par ses caractères physi- ques, qui constituent un groupe très-dis- tinct dans les Buddleia. C’est aussi et tout particulièrement une plante ornementale de premier mérite, tant pour l’abondance de ses fleurs que par leur disposition. En rap- prochant les plantes, en leur faisant subir chaque année une sorte de taille, on obtiendra des touffes qui se couvriront de fleurs à partir de juillet jusqu’en septembre et produiront un effet des plus remarqua- bles qu’on pourrait comparer à celui que présenterait une touffe gigantesque de Véro- nique maritime ou de toute autre espèce analogue. Obtenue de graines en 1876, elle a fleuri pour la première fois en 1877. Cette pre- mière année, la plante a été à peu près stérile et n’a donné qu’une dizaine de capsules petites, renfermant peu de graines. Celles-ci seront-elles bonnes? Faut-il conclure de son infertilité que le B. insignis est un hybride? Telle n’est pas notre opinion, pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’on ne sait pas au juste ce que c’est qu’un hybride et que beaucoup de plantes considérées comme espèces ne don- nent pas non plus de graines ; ensuite parce qu’il arrive fréquemment que des plantes qui ne grainaient pas et qui, pour cette raison, étaient considérées comme des hybrides, ont plus tard donné des graines en abondance; enfin parce que, dans le semis duquel provient le B. insignis , il se trouvait des individus très-diversement fer- tiles, depuis la stérilité absolue jusqu’à une excessive fertilité. Il y avait aussi dans ce même semis des plantes d’aspect, de végé- tation et d’inflorescences très-diverses sur lesquelles nous reviendrons. Notons encore cette particularité, que le B. insignis donne des rameaux dont toutes les feuilles sont régulièrement ternées, tandis que d’autres, placés tout à côté, ont toutes les feuilles opposées- décussées, quelquefois même tout à fait alternes. C’est donc avec raison et avec une inten- tion toute particulière que nous avons donné à la plante dont il s’agit la qualifica- tion insignis , c’est-à-dire remarquable. Peu de plantes, en effet, sont aussi remar- quables que celle-ci et pourraient mieux démontrer la formation de nouveaux types par l’extension naturelle d’un plus ancien, bien connu, pris comme point de départ. Comment, en effet, identifier le Buddleia insignis (fig. 76), avec le B. curviflora (fig. 77), qui n’en a plus aucun caractère, pour ainsi dire? Mais, quoi qu’il en soit, et quelle que soit aussi l’opinion qu’on se forme du B. insi- gnis au point de vue du classement général et de son titre dans la filiation généalogique, un fait certain, et que personne ne pourra contester, c’est son mérite ornemental. La multiplication se fait par boutures semi-aoûtées qui, placées sous cloche dans une serre à multiplication, reprennent faci- lement. E.-A. Carrière. NOTE SUR DES ANTHURIUM SCHERZERIANUM DE SEMIS Depuis que je m’occupe de Y Anthurium Scherzerianum , j’ai cherché à réunir les plus beaux spécimens de cette espèce que j’aie pu trouver, soit comme force, soit comme beauté de la fleur; bien que je m’attachasse particulièrement aux dimen- sions et à la bonne tenue de la fleur, je cherchais aussi et même surtout des coloris différents de ceux que la plante présente, et dans ce but j’ai dû tenter de nombreux essais. En 1875 et surtout en 1876, j’ai récolté et semé beaucoup de graines ; mais je m’at- tachais à ne les récolter que sur des fleurs de premier choix et fécondées par d’autres de même nature : je dois donc espérer que les semis me donneront de bons résultats. 332 NOTE SUR DES ANTHURIUM SCHERZERIANUM DE SEMIS. Je considère Y Anthurium Scherzeria- num comme une plante de premier mérite, et qui sera de plus en plus appréciée à mesure qu’elle sera plus connue; elle n’a, à mon sens, qu’un seul défaut : c’est l’uni- formité de son coloris, de sorte qu’en exa- minant une collection un peu considérable, on trouve des fleurs qui sont plus ou moins fortes, plus ou moins allongées, d’un coloris plus ou moins vif, mais c’est toujours un co- loris plus ou moins rouge, et dont jusqu’à présent on n’est guère sorti. Il y a pourtant Y Anthurium Scherze- rianum , Williams, qui est blanc; mais toutes les personnes qui l’ont vu ont pu l’apprécier et le juger : c’est une plante géné- ralement chétive, poussant peu, en un mot une plante délicate, émettant à la vérité très-facilement des fleurs, mais très-petites et grêles, d’un aspect maladif, et qui, je crois, donneraient difficilement des graines. Ce n’est donc pas cette espèce qui pourrait nous sortir d’embarras. Je n’ai pu encore apprécier qu’une très- minime quantité de mes semis ; c’est surtout en 1879 et 1880 que l’on pourra commencer à les voir fleurir et par conséquent les juger; cependant j’ai déjà obtenu des résultats qui ne laissent pas d’avoir une certaine impor- tance. La première plante que j’ai remarquée m’a donné une fleur ayant une double spathe, mais de coloris ordinaire; ainsi, quelques centimètres au-dessus de la spathe normale, s’en est montrée une autre, mais beaucoup plus petite. C’est là une bizarrerie qui était plutôt curieuse que réellement belle, mais qui, pourtant, avait son mérite. C’est une modi- fication qui me paraît analogue à celle dont il a été récemment question dans la Revue horticole. Une seconde plante et même une troi- sième ont fleuri dans les mêmes conditions; elles ont également deux spathes superpo- sées, et ce que j’ai dit de la première s’ap- plique également aux deux autres. Parmi les jeunes plantes qui végétaient dans mes terrines, j’en ai remarqué une que j’ai mise à part. Je ne puis encore la juger, mais elle présente un caractère tout à fait extraordinaire. Les trois ou quatre premières feuilles qui se sont développées ressemblaient, quant à la forme et au coloris, à toutes les autres ; mais une dernière feuille était teintée de rouge vif, comme si un pinceau était venu lui donner ce coloris et l’eût tracé sur toute la largeur de la feuille. Il arrive souvent que ces feuilles se colorent par un effet de lumière ou par un coup de soleil ; mais c’est là une coloration maladive ou accidentelle qui s’étend sur la totalité de la feuille, qui, après un temps plus ou moins long, se fane et tombe. Dans la plante dont je parle, la feuille est très-bien portante et dans un état très-prospère, et, outre que son coloris n’est pas uniforme, la feuille se veine d’un rouge vif, ce qui lui donne un aspect à part et produit un effet très-curieux. Je dois même ajouter que non seulement le coloris existe sur la feuille, mais qu’il se prolonge par une ligne d’un rouge très-vif jusqu’à la naissance du pédoncule de la feuille, ce qui paraît indiquer que ce n’est pas une colora- tion accidentelle , mais n ormale, qui se maintiendra ; l’avenir, au surplus, fixera à cet égard. Tout ceci n’est pas beaucoup, assurément; pourtant c’est déjà quelque chose ; j’ajoute que, en général, mes jeunes plantes de graines sont bien venantes et d’une belle végétation, et que chez celles qui ont donné des fleurs, presque toutes celles-ci sont d’un beau coloris bien vif, relativement fortes et se présentent bien ; c’est la consé- quence du choix que j’avais fait de mes porte-graines. Mais d’après le résultat que j’ai obtenu, et que je considère comme très-important, je crois que nous allons sortir de la couleur uniforme et qu’alors, au lieu d’avoir une collection de plantes plus ou moins belles, mais présentant toutes le même coloris, on arrivera à avoir des couleurs variées, c’est- à-dire intermédiaires entre le blanc et le rouge vif. En effet, j’ai déjà obtenu deux plantes qui, à peu près semblables, ont le fond blanc pointillé de rouge vif. Ce coloris existe sur la fleur vue de face et sur la fleur vue par derrière, non pas par l’effet de la transparence, mais par suite d’une colora- tion propre à chacune de ces faces. La fleur est relativement forte; il n’y a pas, je crois, à douter que ce coloris sera constant et que la fleur, ainsi que cela arrive à peu près toujours, augmentera pro- portionnellement aux dimensions de la feuille ; actuellement mes plantes sont encore DESTRUCTION DES INSECTES. 333 petites, puisqu’elles émettent leurs premières fleurs ; mais elles sont très-vigoureusement constituées et très-bien portantes. Sans doute cette variété sera très-curieuse, fera un bel effet, et tranchera sur toutes les autres par la singularité, par la richesse et par l’élégance de son coloris ; mais c’est là toutefois le petit côté de la question; l’important, à mon sens, c’est que, très-pro- bablement, ces plantes seront le point de départ de variétés nouvelles d’où en sortiront successivement d’autres. Je fonde d’autant plus d’espoir que les variétés dont je parle sont très-vigoureuses et qu’elles pourront être fécondées par d’autres que l’on choisira parmi les plus belles. Il est toutefois hors de doute que, dans les semis ultérieurs, il se trouvera beaucoup de plantes qui rappelleront le type ; mais aussi on ne peut non plus douter qu’il s’en trouvera beaucoup qui s’éloigneront de ce dernier. Je suis d’autant plus autorisé à croire que j’obtiendrai de beaux gains, et que ce que j’ai obtenu n’est qu’un début, — heu- reux toutefois, — que tous mes semis, au nombre de plusieurs milliers, proviennent de graines récoltées sur quelques fleurs seulement tout à fait de choix, prises parmi le nombre considérable de celles qui, chaque année, s’épanouissent dans mes cultures, et d’une autre part que, de la grande quantité d’individus que je possède, un dixième, tout au plus, ont fleuri. Bertrand, Amateur, à La Queue-en-Brie (Seine-et-Oise). DESTRUCTION DES INSECTES APPAREIL SPÉCIAL POUR DÉTRUIRE LES NIDS DE GUÊPES ET LES FOURMILIÈRES Pas n’est besoin d’entrer dans de grands détails pour établir le mal considérable que les guêpes et les fourmis causent chaque année. C’est un fait bien connu, qu’on dé- plore, mais contre lequel, jusqu’ici, les efforts ont été à peu près com- plètement impuis- sants. Il en est autrement au- jourd’hui , grâce à l’appareil que représente la fi- gure 78, et dont nous allons dire quelques mots. Mais auparavant, bien que la guêpe soit bien connue, nous croyons de- voir, en quelques mots , rappeler ses caractères les plus ordinaires , c’est-à-dire ses habitudes, puis- que c’est en exploitant celles-ci que l’on arrive à détruire ces insectes si Ldévasta- teurs pour nos jardins, et dont le voisinage peut même occasionner des accidents. La guêpe com- mune ( Vespa vul- garis) comprend deux variétés , dont l’une ( Vespa parietum) , plus grosse et aussi plus rare, s’éta- blit contre les murs des habita- tions ou des jar- dins, ou le plus souvent dans des crevasses ou des trous qui s’y trou- vent; l’autre, plus petite, mais beau- coup plus répan- due, se fixe dans le sol où, inhabile à faire elle-même la cavité qui lui est nécessaire , elle s’établit dans un trou de taupe abandonné ou dont elle a chas- sé le proprié- taire. Si ce trou est insuffisant, les guêpes l’agrandissent, y établissent leur demeure Fig. 78. — Appareil pour la destruction des guêpes et des fourmis. 334 l’administration des jardins. et construisent leurs rayons ; les mâles et les femelles s’accouplent, et c’est alors que, fécondées, celles-ci s’en vont dans diffé- rentes directions fonder de nouvelles colo- nies. C’est donc avant que ce départ s’ef- fectue qu’il faut agir et tâcher d’arriver à leur destruction. Toutefois, il ne faut pas trop se hâter, et il vaut mieux attendre que la colonie soit au complet, Le moment le plus propice paraît être l’approche de la maturité des Raisins, ce qui, pourtant, n’a rien d’absolu, le meilleur moment de se débarrasser de son ennemi étant toujours celui où on peut l’atteindre. L’appareil en question, que représente la figure 78, se compose de deux parties : une inférieure en métal, l’autre supérieure en verre, qui se pose sur celle-là, qu’elle coiffe d’une sorte de dôme ; à l’intérieur du globe en verre se trouve une partie creuse munie d’un rebord et qui sert de réservoir pour l’insecticide ou l’appât. Quant à l’emploi, il est des plus simples : il consiste, quand on a découvert, soit un nid de guêpes, soit une fourmilière, à en recouvrir l’ouverture avec l’appareil ; si ce sont des guêpes, attirées par la lumière, elles sortent et sont arrêtées par le dôme en verre, dans lequel elles tombent immédiatement asphyxiées par les vapeurs qui se dégagent de l’huile de pétrole ou d’huile minérale qu’on a dû mettre dans le récipient. S’il s’agit de fourmis, on rem- place l’huile par des appâts qu’elles recher- chent, tels que : eau sucrée ou miellée, liqueurs fermentées, etc. * Quand la destruction d’un nid est com- plète, ce qui a lieu assez rapidement, on enlève l’appareil qu’on replace sur un autre nid. On trouve l’appareil en question chez l’inventeur, M. Pelletier, 20, rue de la Banque, à Paris. E.-A. Carrière. L’ADMINISTRATION DES JARDINS (1) Avant d’aller plus loin, disons que pour nous, le véritable rôle du mandataire est plutôt de s’occuper des intérêts de la mai- son qu’il représente, c’est-à-dire des reve- nus, fermes, bois, capitaux, etc., que de s’immiscer dans ce qu’on peut appeler les services intimes, qui ne doivent relever que du propriétaire lui-même. Ainsi, on ne con- çoit guère un intendant quelconque, s’occu- pant de la cuisine et de la chambre, et ap- pelé à la constatation d’une sauce mal réus- sie, d’une volaille brûlée ou d’un parquet mal ciré. Ces exemples indiquent la nature des limites de l’ingérence du mandataire, et sont tout aussi applicables, quoi qu’on dise, au jardin qu’à l’office et à la cuisine. Ceci dit, continuons notre étude. Quelle est ici la position du jardinier? En théorie, il doit obéir au maître , sans autre réserve que celle des convenances, et au mandataire qui le représente, mais avec des restrictions qui sont le fait de conventions déterminées, aussi bien que de la position respective et dépendante de chacun. En réalité, le jardinier a bien moins de relations avec le premier qu’avec le second. Celui-ci a tous les droits de sa position, et comme généralement il est le payeur, il se croit en (1) V. Revue horticole, 1878, p. 288. plus le droit de se faire obéir en tout, et le fait parfois rudement sentir. Dans ce cas, le jardinier doit étudier à fond le rôle de courtisan. Aussi est Tl reconnu qu’en bonne politique, il est aussi avantageux que pru- dent de lui offrir les plus beaux et les meil- leurs produits du jardin. Tout le travail est soumis à une foule de formalités et d’autorisations qui enlèvent au jardinier toute initiative et toute autorité. Nous en connaissons qui sont obligés de demander des autorisations pour leurs sor- ties, et même pour leurs relations person- nelles; pour renvoyer, prendre, ou rem- placer leurs ouvriers; ils doivent demander tout ce qui leur est nécessaire, depuis les objets les plus futiles jusqu’aux plus impor- tants. Ajoutons à ces détails, qui semblent bien plus du domaine de la fantaisie que d’une bonne administration, que les tra- vaux qui, pour le jardinier, ne sont que des outils, et pour lesquels il est seul compé- tent, châssis, chauffages, treillages, serres d’utilité, distribution d’eau, etc., lui sont faits à peu près sans consultation, quand toutefois ses demandes sont suivies d’effet. Le fait d’un jardinier, fatigué de demander des bâches qui n’arrivaient pas, achetant du bois pour lés faire lui-même, fait qui mit hors des gonds le régisseur de l’endroit, in- 335 l’administration des jardins. dique par cette aventure trop positive et qui, au reste, fit un peu de bruit, que le jardi- nier dans ces conditions n’est que le très- humble serviteur du mandataire, et ne re- lève que de ses caprices et de son caractère. En somme, il n’est qu’ouvrier au même titre que ceux qu’il doit commander, et sa position n’est plus celle d’un chef de ser- vice, mais bien d’un simple commis. La res- ponsabilité de son personnel et de ses tra- vaux lui est enlevée sous des prétextes d 'ordre général , expression vague adoptée pour les besoins de la cause, et qui joue ici un rôle capital pour faire admettre toutes les mesures réglementaires, qui sortent du sens commun et ne supportent pas le plus simple examen. Quelles raisons peut-on donner pour mo- tiver l’ingérence administrative d’un étran- ger dans les détails du travail?. Autrefois, — il y a une cinquantaine d’an- nées, — c’était le manque d’instruction du jardinier qui, alors, n’était pas toujours en état de faire un reçu, pas même ses comptes, encore moins d’aider à l’intelligence de ses demandes de travaux par un croquis quel- conque. Les choses ont heureusement changé depuis, et sur ce chapitre plus d’un jardi- nier marche de pair avec son supérieur. Ensuite, l’idée chez le propriétaire de centraliser tous les services en une seule main, pour éviter une foule d’inconvénients, dont l’inaptitude ou les changements répétés des chefs de service pouvaient être l’un des principaux. Mais pour cela, il faut supposer au mandataire beaucoup d’intelligence, d’ex- périence et de tact, en un mot beaucoup de qualités qui se trouvent souvent aussi peu réunies là qu’ailleurs. On doit ajouter à ces différents motifs, le principal sans doute, qui est l’indifférence de beaucoup à l’endroit de leurs affaires ; cela ennuie et demande de l’attention et du temps qu’on aime mieux dépenser autrement, préférant s’en remettre de ces soins à un représentant quelconque, et souvent quel qu’il soit. Nous en connais- sons dont les antécédents font le plus éton- nant contraste avec leur position actuelle. Pour faire un jardinier, il faut un long apprentissage ; pour faire un régisseur, que faut-il ? Être nommé tel ; aussi n’est-il per- sonne qui ne puisse y prétendre avec succès. Mais en admettant, ainsi que nous le disons plus haut, l’utilité incontestable du mandataire pour gérer les intérêts d’une for- tune considérable, et par extension pour tous les cas où le propriétaire ne peut ou ne veut s’occuper lui-même de sa maison, nous com- prenons ce poste autrement, et n’admettons pas qu’on lui donne des responsabilités qui ne sont pas de son ressort. Sa mission nous semble plus élevée, et nous paraît avoir pour but de surveiller et sauvegarder les intérêts de la maison qu’il représente, sans entrer dans les détails d’un travail qu’il ne peut connaître ; d’aider à la marche du service, et non de l’entraver par la substitution de ses idées personnelles à celles que l’expé- rience peut seule proposer ; et surtout de chercher à maintenir la stabilité du person- nel, en excitant l’émulation de ceux qui, chargés d’un travail, doivent en avoir la di- rection entière. N’est-ce pas là, en effet, en dehors des fantaisies de caractère, les seules choses que le propriétaire devrait chercher à obtenir? Pourquoi donc aller plus loin? Mais pour arriver là, il faut bien préciser les atttribu- tions de chacun, afin d’éviter les interpré- tations arbitraires, qui sont la cause des abus d’en haut comme d’en bas. Aussi la responsabilité des tiraillements remarqués partout entre le mandataire et les chefs de service est-elle autant imputable au pro- priétaire qui n’a pas su définir la nature de leurs rapports qu’au mandataire lui-même qui, d’après le vague de sqs instructions, peut et aime se croire le maître absolu. Maintenant, examinons ce mode d’admi- nistration au point de vue purement écono- mique. Habituellement, le budget annuel est éta- bli sur celui de l’année précédente, et le jardinier n’est jamais consulté sur son éla- boration, où il n’a pas même, comme on dit, voix consultative. Le budget adopté, voici la position de chacun : d’un côté, le mandataire tendant non seulement à ne pas dépasser son bud- get, mais visant même à l’économie, pour ne pas atteindre le chiffre, malgré les em- barras qui peuvent en être le résultat pour le jardinier; de l’autre, celui-ci ignorant le chiffre adopté, n’en ayant souvent aucune idée, même approximative, ne pouvant par conséquent se rendre compte de la marche à suivre, ni jusqu’où il peut aller, mais cependant sachant bien que si, pressé par l’ouvrage, il laisse un détail en souffrance, on saura le lui faire sentir. 336 l’administration des jardins. Dans ces conditions, que peut lui faire, à lui, l’économie? Étranger aux ressources affectées au jardin, rien ne l’engage à les ménager. Les combinaisons économiques même lui sont impossibles, et pour qu’on ne puisse douter de cette dernière affirma- tion, qui peut paraître un peu forte, nous al- lons citer un cas qui est on peut dire général. Le personnel devrait être variable comme les travaux, c’est-à-dire que l’hiver on pour- rait avoir beaucoup moins de monde qu’au printemps, et dans cette dernière saison plus qu’en aucune autre. Il semble donc qu’un personnel de quatre hommes en moyenne pourrait être réduit à trois pen- dant l’hiver, monter à cinq au printemps, pour revenir à quatre dans le reste de l’an- née. Ordinairement, voici les résultats de ces combinaisons lorsqu’un jardinier inexpéri- menté a l’imprudence de les proposer. Les diminutions sont toujours acceptées, les augmentations toujours refusées; et s’il a commencé par les suppressions de l’hiver, il aura à s’en repentir : à ses demandes pour le printemps, on lui fera comprendre que jamais on n’a vu un personnel aussi élevé, que le budget ne permet pas de telles folies, etc., et qu’enfin il est temps, soit de revenir au chiffre habituel, soit d’étudier si cette diminution ne pourrait pas être main- tenue. Quant à ses réclamations sur l’économie qui a pu être réalisée l’hiver, on lui vote des remercîments, en l’engageant à persévérer dans cette voie, et comme à la chambre, on « passe à l’ordre du jour. » Aussi voit-on le personnel à peu près fixé, et il faut des cas bien graves pour obtenir de l’aide. Une bonne administration exige, dit-on, que tous les rouages tendent au même but. Il est facile de voir qu’ici on en est loin, et qu’il n’y a en présence que deux courants d’idées entièrement opposés. Aussi, dans ce cas, la situation économique dominant tout, les résultats qu’on en obtient sont en même temps les plus médiocres et les plus coûteux parmi ceux que nous venons d’étudier. Après avoir passé en revue ces différentes organisations et vu leurs côtés défectueux, voyons s’il n’y a pas un meilleur procédé à suivre pour satisfaire tous les intérêts et donner l’essor au travail, et, dans l’affirma- tive, quel il est. On doit d’abord admettre que l’homme, en général, aime à avoir la direction des travaux qui lui sont confiés, et la liberté de combinaisons qui en^est le résultat, autant qu’il déteste les entraves qu’on peut apporter à cette liberté, lorsque la partie technique du travail lui-même est seule en jeu; aussi toute ingérence étrangère est-elle particu- lièrement désagréable, lorsqu’elle touche à des détails que lui seul peut apprécier. Pour bien exécuter un travail, il faut l’aimer et le connaître dans tous ses détails ; si les obstacles que l’on rencontre viennent de la nature ou de causes étrangères, on cherche à les surmonter par tous les moyens que l’expérience peut donner ; mais s’ils sont le fait d’une autorité supérieure dont on peut contester la compétence ou l’opportu- nité, l’irritation se porte sur ceux qui en sont la cause, et alors, au lieu de porter toute son attention et son énergie au travail, on se perd en luttes presque toujours inégales, et le découragement en est finalement le résultat. Par conséquent, toute organisation ayant pour but de débarrasser le jardinier d’entraves et d’obstacles, en lui donnant toute la lati- tude nécessaire, aura donc pour effet, en établissant la responsabilité qui lui revient, de stimuler son zèle, son amour-propre et son intelligence, et aussi de le pousser natu- rellement dans la voie qui lui est tracée, sans rencontrer de sa part une opposition basée sur l’ignorance de sa situation, ou sur des besoins réels non prévus par ceux qui auront réglé sa marche sans le con- sulter. Pour arriver à ce résultat, il y a à accor- der les conditions économiques du forfait, en ce qui concerne le chiffre des dépenses et la faculté d’en user au mieux des inté- rêts du travail, avec les prérogatives du pro- priétaire sur la direction générale, en évitant de se heurter à des obstacles intéressés de la part du jardinier, dont l’intérêt personnel ne doit pas être en jeu. D’où il résulte que l’établissement d’un budget avec la partici- pation du jardinier est nécessaire, et qu’une fois arrêté, ce dernier doit en avoir la di- rection exclusive. C’est à lui à organiser son administration de manière à tirer le meil- leur parti possible des sommes qui lui sont allouées, et nous ne croyons pas qu’il s’en trouve, sachant assez peu gouverner un budget de ce genre, pour s’exposer à voir, GLOXINIAS DE M. VALLERAND. à la fin de la campagne, une partie de leurs gages répondre des excédants de dépenses qui auraient été le fait de leur impré- voyance. Ici comme dans le mode habituel, les paiements ne se faisant que pour des dé- penses justifiées ou appuyées de pièces (fac- tures, acquits, etc.), il est toujours facile de suivre la marche du budget, et de prévenir des écarts trop considérables qui tendraient à sortir des bornes tracées, de même que toute fantaisie du propriétaire peut être exécutée sans tiraillements, et sans que la marche économique soit détournée de la route adoptée. Le propriétaire y gagne donc la stabilité du personnel et l’unité de direction pour les travaux, ce qui ne peut arriver avec l’insta- bilité et une administration décousue, étran- gère ou incapable ; elle le met à l’abri de l’imprévu, et avec une clause qui dispose des reliquats en faveur de travaux neufs à exécuter (et il y en a toujours), cette mé- thode en arrive à rendre les économies pos- sibles. Ce dernier fait, que tout observateur impartial peut considérer avec nous comme très-possible, pour ne pas dire certain, est assurément un résultat auquel il n’y a pas lieu de songer avec les méthodes actuelles, et qui, faisant le contraste le plus complet avec celles-ci, les condamne aussi le plus sûrement. 337 Avec ce système, quel est le véritable rôle du mandataire, s’il y en a un? Il paie, peut remplacer le propriétaire pour les cas imprévus, surveille les travaux pour que rien ne puisse modifier l’ensemble dans un sens défavorable aux intérêts qu’il représente ; en un mot, il a ici un rôle con- servateur. Nous croyons qu’il ne doit pas aller plus loin. Le propriétaire qui donne son mandataire plus de droits et de respon sabilités abdique sa position, et met le jar- dinier dans le cas de rechercher, en dehors de l’intérêt du travail, s’il n’est pas préfé- rable de considérer ce dernier comme son véritable maître , laissant le propriétaire s’occuper soit de course ou de politique. Nous en connaissons beaucoup dans ce cas, et les résultats nous laisseront toujours douter de l’excellence de ce système de deux maîtres à servir, qui pour le jardinier nous paraissent trop représenter V enclume et le marteau. Un homme intelligent ayant la direction de son travail, voilà, croyons-nous, ce qui approche le plus d’une bonne administra- tion. Elle élève la position du jardinier, lui donne de la considération, et en fait un homme et non plus un manœuvre. J. Batise. GLOXINIAS DE M. VALLERAND Du 1er au 15 juillet 1878, M. Yallerand, horticulteur à Bois-de-Colombes-Asnières, avait exposé, au Champ -de -Mars, des Gloxi- nias qui ont vivement excité l’admiration. On a souvent parlé, dans ce recueil, des succès obtenus par cet habile horticulteur dans la culture de la famille des Gesnéria- cées ; c’est surtout dans les genres Gloxinia , Nægelia , Plectopoma et Tydœa, qu’il af- fectionne le plus, qu’il a obtenu de brillants succès, et ceux de cette année sont au moins égaux, comme mérite, à ceux des années antérieures. Rien, en effet, ne peut surpasser la ri- chesse des formes et des nuances de ces vé- gétaux ; et si déjà nous ne connaissions parmi les plantes cultivées un cc désespoir du pein- tre, » à coup sûr, ce serait celles-ci que nous qualifierions ainsi. La chimie nous a décou- vert de nouvelles mines de substances colo- rantes qui ont enrichi la palette du peintre ; mais les ressources de ces dernières sont encore bien insuffisantes pour rendre ces feux, ces irisations, ce chatoyant, ces velours incomparables qu’on trouve dans les parures florales de ces splendides végétaux, voire même dans leurs feuillages ; aussi, si nous nous hasardons d’en donner une description, c’est seulement pour nous conformer à la coutume, et pour témoigner de notre admi- ration; mais réellement, en comparant notre description au modèle que nous avons eu l’intention de peindre, nous n’hésitons pas à reconnaître combien celle-là est éloignée de celui-ci. Disons toutefois que cette insuf- fisance ne nous humilie pas ; nous avons pour nous ce dicton : « A l’impossible, nul n’est tenu. » Avant de citer les noms ou les numéros des Gloxinia qui m’ont le plus émerveillé, 338 GLOXINIAS DE M. VALLERAND. je vais dire quelques mots des soins que réclament ces plantes, afin de guider les amateurs de ce beau genre à obtenir des résultats analogues à ceux deM. Yallerand. Ces renseignements sont bien consignés dans le catalogue de cet horticulteur, mais il se peut que bon nombre d’entre eux ne le possèdent pas. Pour obtenir les Gloxinia en fleur au mois de mai, ce qui est une culture forcée, il faut les planter à la fin de décembre ou dans les premiers jours de janvier, en serre chaude, le plus près possible du verre. Pour la culture normale, ou pour les ob- tenir en fleur pendant l’été, M. Vallerand les met en végétation dans la première quin- zaine de mars, sous châssis et sur une couche chaude de 25 à 30 degrés centigrades, en maintenant cette température par le renou- vellement des réchauds. Il recouvre la couche de 10 centimètres de terreau dans lequel les pots sont enterrés. Il ne plante jamais les tubercules sans qu’il y ait un commen- cement de végétation, qu’il provoque en pla- çant les tubercules sur du sable humide, dans une serre chaude, près de la lumière. Il les met dans des pots de 12 à 15 centi- mètres, en terre de bruyère peu sableuse, contenant beaucoup de terreau de feuilles, et peu divisée. A cette terre il ajoute 3 pour 100 de poudrette, ou de sang et dé- chets de matières animales pulvérisées (en- grais fabriqués à la Minière, près Versailles), qu’il prépare une quinzaine de jours d’avance, afin que la fermentation soit faite avant de s’en servir. 11 plante les tubercules en les enfonçant peu, et laisse un grand vide pour arroser copieusement, et ne changeant pas les pots, les tubercules, en grossissant dans le sol, gonflent la terre du pot et la feraient déborder sans cette précaution. C’est le moyen, en deux ans, d’obtenir des plantes portant de soixante à quatre-vingts fleurs épanouies et autant de boutons. Mais pour bien réussir en ne donnant qu’un rempo- tage, il faut que la terre employée soit lé- gèrement humide au début, et conservée aussi longtemps que possible dans cet état, sans arrosement. Tant que les plantes ne sont pas sorties de terre, les châssis res- tent fermés, et même on les laisse couverts de paillassons pendant le jour lorsqu’il fait beaucoup de soleil. Dès que les feuilles commencent à se montrer, M. Vallerand donne du jour et de l’air, et commence à arroser légèrement, puis il augmente graduellement suivant le développement, pour arriver enfin à donner des mouillures abondantes, suivant l’état de l’atmosphère. Puis il place ses plantes sur des pots renversés pour les tenir plus saine- ment, donne de l’air par en haut, afin d’éviter qu’il ne frappe directement sur les plantes, surtout lorsqu’elles sont fleuries. Quand une bonne partie des boutons ap- paraissent, il donne des arrosements à l’en- grais, tous les quatre à six jours, le [matin, et évite d’en donner pendant les temps plu- vieux. Dans l’intervalle, il arrose avec de l’eau ordinaire. L’engrais liquide est sim- plement de l’eau douce dans laquelle il fait dissoudre, la veille, une des matières dont il a été parlé plus haut. C’est à partir de ce moment, jusqu’à la floraison, qu’il est utile de faire des fumiga- tions de tabac, au moins deui fois par se- maine, pour éviter les insectes. Une modi- fication des plus importantes, apportée par M. Vallerand dans cette culture, consiste à cultiver ces plantes, actuellement, presque toujours en plein soleil, au lieu de les tenir à l’ombre. Les vitres ne sont même pas blanchies ; ce n’est qu’en cas d'une très- grande chaleur, pendant les mois les plus chauds, qu’il les abrite un peu. Pendant la floraison cependant, et pour la faire durer longtemps, il tient ses plantes dans un lieu ombragé. Liste des nouveautés non encore au commerce. 421. Fleurs érigées, couleur Pensée fon- cée, ou velours violet noir, pâlissant vers les bords des limbes. — 346. Fleurs éri- gées, très-nombreuses, pointillées, tigridées, avec large zone d’un rose violacé foncé. — 413. Fleurs érigées, excessivement grandes, toutes tigrées, lavées de violet pâle. — 347. Fleurs érigées, de nuances formant des arabesques indescriptibles, ponceau et lavées de violet, excessivement riche. — 265. Fleurs érigées, de couleur gaie, rose ponctué de carmin violacé, excessivement coquet. — 357. Fleurs érigées, fond blanc, broderies violacées et pointillées, avec taches à la séparation de chaque lobe, violet clair. — 428. Fleurs érigées, velours grenat sur un fond clair. — 348. Fleurs érigées, fond blanc lavé de cramoisi, pointillées partout. — 394. Fleurs érigées, fond rose zoné de cra- NÉCROLOGIE : M. THOZET. 339 moisi, centre des pétales blanc lavé de lilas. — 341. Fleurs érigées, fond blanc lavé de zones bleu lilacé. — 433. Fleurs fond blanc, lavées de lilas, pointillées de rose violacé, pétales ondulés, se recouvrant très- bien. — 374. Fleurs fond bleu lilacé, velou- tées, lavées de pourpre. — 432. Fleurs très- grandes, ponctuées et lignées de bleu violacé. Nous avons aussi remarqué un grand nombre d’autres variétés nouvellement ob- tenues, qui méritent autant que celles ci- dessus, et que nous nous bornerons à re- commander, en engageant les amateurs de ces splendides végétaux d’aller les voir chez M. Yallerand. Voici les noms de celles qui nous ont paru les plus méritantes : Duchesse de Magenta. Fleurs immenses, blanches, à divisions réfléchies et ondulées. — Halphen. Fleurs fond rose, brodées, pointillées rose foncé et cramoisi. — P. Du- chartre. Fleurs marginées de blanc, toute la fleur d’un cramoisi velouté. — Coquette d’Asnières. Fleurs rose pâle, pointillées et lavées de rose lilacé, excessivement gaies. — NÉCROLOGIE L’un de nos compatriotes et amis, M. Tho- zet, dont le nom, au moins, est bien connu de nos lecteurs, vient de mourir en Australie, à R.ockampton (Muellerville), où il avait fixé sa résidence, ainsi que nous l’apprend son fils qui, à ce triste sujet, nous adresse la lettre suivante : Muellerville, 15 juin 1878. Cher Monsieur Carrière, J’ai l’extrême douleur de vous annoncer la mort de mon cher père, qui est arrivée le 31 mai 1878. Il a contracté la maladie qui, hélas ! devait nous l’enlever, pendant un voyage qu’il fit en chemin de fer à cent dix milles d’ici. Cet endroit, tristement célèbre par les fièvres pernicieuses qui y sont presque per- manentes, se nomme « l’Expédition Randge. » Après trois jours d’absence, il est devenu malade, et un mois après deux docteurs qui avaient été appelés déclaraient que tout espoir de guérison était perdu, et mon pauvre père succombait à une fièvre bilieuse. Voilà, cher Monsieur Carrière, la triste nou- velle que je vous adresse du fond des anti- podes où, en pensant toujours à la France, mon père avait créé un jardin où il se livrait avec passion à la botanique, à laquelle, con- Vicomte de Condeixa (pourquoi donner des noms d’hommes à de si jolies fleurs?). Fleurs fond blanc, pointillées de rose foncé, avec tache rose à l’échancrure de chaque division de la corolle. — Cécile Michaux. Fleurs blanches, d’une très-belle forme. — Prince de Troubetzkoy. Fleurs des plus grandes, violet foncé, noirâtre, bordé blanc pur, extra-belle. — M. A. Lavallée. Large limbe à bord blanc, très-fortement ponctué violet. — Blondinette. Bien nommée, rose pâle, lavée de rose plus foncé. Citons encore les suivantes : Pallas, Mar - guerite d’ Elchingen , Cécile d’Elchingen , Flamboyant , Fanfreluche , Inaltérable, Boule-de-Feu, Orbiculaire splendide , Feu éternel, Paris d’ Andréa, Marquis de Chen- nevières, Matador, Président Giraud, Mme Thibaut, etc. Toutes ces plantes étaient représentées par des exemplaires d’une culture hors ligne, portant de cinquante à quatre-vingts fleurs. Le feuillage était d’une largeur étonnante et en parfait état de conservation. L. Neumann. - M. THOZET curremment avec ses devoirs de chef de famille, il consacrait tousses instants. Votre tout dévoué. Auguste Thozet. Voici, au sujet de la mort de M. Thozet, ce que nous lisons dans le Morning Bul- letin de Rockampton du lundi 3 juin 1878 : Samedi, après midi, malgré le désir qu’il avait exprimé que ses obsèques, très-simples, se fissent sans pompe et sans bruit, environ soixante personnes, la plupart vieux résidants de la contrée, se rendirent à Muellerville dans le but de payer le dernier tribut de respect à leur bon compagnon, colon décédé. Vers quatre heures et demie, le cortège, en tête duquel se trouvait le R. W. Locke, quitta la demeure de leur ami, dont ils emportaient les restes mor- tels. Les porteurs étaient MM. W. H. -Buschel, A. Buch, H. Schmidt, R.-M. Hunter, F. -J. Byerley, F. Archer et H.-W. Risien. La place choisie pour la dernière demeure de M. Thozet, et qu’il avait désignée, était à quelques cen- taines de mètres derrière sa maison, sur une petite partie élevée des terrains de Muellerville. En arrivant près de la tombe, et ainsi que cela se fait en Angleterre, les dernières prières furent récitées par M. Locke. La cérémonie ter- minée, les visiteurs se dispersèrent, pénible- 340 QUELQUES MOTS SUR L’ARROSAGE LES PALMIERS. — CEANOTHUS AZUREUS ÉLIE CARRIÈRE. ment impressionnés par le souvenir de cet homme de bien. Suivant le désir de M. Thozet, ses restes furent inhumés à Muellerville, à l’endroit de l’Australie qu’il avait le plus aimé. Par son génie enthousiaste, par la puissance de sa volonté et par des soins incessants, il avait transformé cette terre sauvage en un jardin fructueux, et réuni sur ce point un grand nombre d’arbres et de plantes utiles. Il avait une affection toute particulière pour chaque espèce, — car n’avait-elle pas été plantée par lui? — et il semblait donc tout naturel que ses restes reposassent dans ce lieu où il avait vécu et qui avait été pendant si longtemps l’endroit de tous ses plaisirs et de ses travaux. M. Thozet laisse une veuve et un seul fils qui, nous en sommes sûrs, suivra la voie féconde ouverte par son père. En terminant, nous aussi devons payer un tribut à la mémoire de notre compatriote et ami, M. Thozet, et rappeler que, bien qu’habitant en pays étranger, il était resté Français et qu’il n’a jamais oublié sa patrie, à laquelle, à l’occasion, il envoyait soit des graines, soit des plantes, ce que la Revue horticole a plusieurs fois consigné. E.-A. Carrière. QUELQUES MOTS SUR L’ARROSAGE DES PALMIERS Je commence par déclarer que, malgré le titre de cet article, qui semble indiquer qu’il s’agit d’un procédé général pouvant s’appli- quer à tous les Palmiers, ce que je vais rapporter ne s’applique qu’à une espèce : au Chamœrops excelsa, ce qui toutefois ne veut pas dire qu'il ne puisse être employé pour beaucoup d’autres espèces. J’ai même la conviction du contraire, bien que je ne puisse l’affirmer d’une manière absolue. Voici le fait et comment l’idée m’est venue de l’exécuter. J’avais en caisse deux forts Chamœrops excelsa dont la terre était tellement mangée que, malgré des arrosages fréquemment répétés, les feuilles, d’un vert gris et petites, étaient toujours comme un peu « brûlées. » Voyant cela, l’idée me vint de jeter pendant plusieurs jours un ou même deux arrosoirs d’eau sur leur tête, ainsi qu’on le fait sur certaines plantes, des Fougères arborescentes par exemple. Peu de jours après, mes plantes reverdirent, et les feuilles prirent un aspect que jamais elles n’avaient eu jusque-là. Je crois même que la vigueur et la beauté sont en rapport avec la quantité d’eau que je leur fais donner, d’où je conclus que, quand des Palmiers sont en bonne santé et pendant leur végétation, on peut sans inconvénient les arroser fortement, surtout sur la tige, et je ne suis pas éloigné de croire qu’un très- grand nombre de plantes s’accommoderaient de ce traitement. Toutefois, je ne conseille- rais pas de les arroser toutes de cette ma- nière, et surtout de verser l’eau dans le cœur, car peut-être que cela pourrait nuire à quelques-unes. C’est à essayer. Il va sans dire que ces arrosements doi- vent être relatifs et en rapport avec la nature, la vigueur et la bonne santé des plantes, et des conditions dans lesquelles elles se trouvent; mais ce que je n’hésite pas à affirmer, c’est que à peu près toutes s’en accommoderaient. C’est une question du plus au moins. Houllet. CEANOTHUS AZUREUS ÉLIE CARRIÈRE Quelque désintéressé qu’on soit dans une question, il est toujours délicat d’avoir, sinon à parler de soi d’une manière précise, mais même de prononcer son nom : aux yeux du public, on passe toujours pour être sympathique à la chose, bien que pourtant on puisse y être à peu près étranger, ce qui est le cas ici, relativement à nous et au Ceanothus dont il s’agit. Nous allons donc le décrire dans le seul but de faire connaître une bonne plante. Obtenu de graine par M. Moser, horti- culteur à Versailles, le Ceanothus Elie Carrière forme un arbuste nain, compact, à branches ramifiées, dressées. Écorce des bourgeons roux foncé, glabre. Inflorescences nombreuses, axillaires, dressées, simples, courtes. Fleurs petites, très-rapprochées sur un pédoncule d’un bleu clair, ainsi que toutes les autres parties des fleurs. Feuilles petites, courtement ovales, à limbe étalé, glabre, d’un beau vert en dessus, plus pâle en dessous, qui est parcouru de fortes nervures. On peut se le procurer chez l’obtenteur, à Versailles. Sa rusticité est complète ; il ne souffre jamais, même des plus grands froids. E.-A. Carrière. Orléans, imp, de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Exemple de mosaïculture à l’Exposition universelle : les armes de la ville de Paris. — Le bouturage dans l’eau : communication de M. Frédéric Bardet. — Le Coton Bahmieh au Trocadéro ; son origine prétendue. — Les Cyclamen de AlM. Bardet, de Varsovie. — Cépages décrits dans Je Vignoble: Servanin, Bregin noir, Folle blanche, Jardovan. — < Les Dahlias lilliputs. — Améliorations apportées à la pose des tuyaux par M. de Vendeuvre. — Bibliographie : Parcs et jardins, par M. Armand Péan. Les Dahlias à fleurs vertes; variations de couleurs remarquées sur les fleurs d’un même pied. — Exposition de la Société d’horticulture du Loiret. — Culture du Solanum Wallisii : communication de M. Paillieux. — Les fruits du Garrya elliptica à l’Exposition universelle. — Destruction des Vignes du jardin botanique de Dijon ; le phylloxéra. — Nécrologie : M. Duplat. Une chose qui, en ce moment, excite tout particulièrement l’attention des visiteurs à l’Exposition universelle, c’est la mosaïcul- ture qui comprend quatre dessins placés aux angles du pavillon en fer de la ville de Paris et représentant les armes de la vieille Lutèce, symbolisées par l’antique vaisseau et la devise : Fluctuât nec mergitur. On trouvera plus loin une description de cette plantation curieuse exécutée par le Fleuriste de Paris; nous appelons sur elle dès à pré- sent l’attention de nos lecteurs. — Au sujet du bouturage dans Peau, un de nos collègues, M. Frédéric Bardet, horti- culteur à Varsovie, nous adresse la lettre suivante : Varsovie, le 1er août 1878. Monsieur Carrière, Je lis dans le n° 12 du 16 juin 1878 de la Revue horticole une note concernant le bou- turage dans l’eau. Ce sujet intéressant tout le monde, — horticulteurs et savants, — je prends la liberté d’y apporter mon faible tribut. Autant que je me le rappelle, — et cela date d’environ 1834, — nos vignerons suisses, à Neufchâtel, avaient l’habitude, qu’ils ont du reste conservée, de tremper en automne leurs boutures de Vigne dans des gerles (mot désignant dans ces vignobles des tonneaux n’ayant qu’un fond) où ils entretiennent 3 à 4 centimètres d’eau. Quand vient le temps de la plantation, ces boutures ont un fort bourrelet, le plus souvent même des petites racines. Ici, à Varsovie, toutes les cuisinières multi- plient leurs plantes favorites dans l’eau, et l’on peut voir en passant dans les rues, dans les cours des maisons, et aux fenêtres exposées au soleil, soit des verres à eau, soit des flacons de pharmacie contenant une ou deux boutures de Fuchsia , Nerium, Pélargonium , etc. Je crois donc, avec vous, que cette méthode a été pratiquée du jour où le vent a cassé une branche qui, tombée dans un ruisseau ou dans une pièce d’eau, y a produit des racines, 16 SEPTEMBRE 1878. alors qu’il n’y avait pas encore de juge pour constater ce fait et en tirer les conséquences. Veuillez, etc. Frédéric Bardet. — Le Coton Bahmieh, dont la Revue horticole a plusieurs fois parlé, et qui a sou- levé de si grandes objections dans le monde savant à cause de l’origine qu’on lui a attribuée et que nous allons rappeler, sans nous en porter garant, bien entendu, est en ce moment exposé au Trocadéro, dans les bâtiments consacrés aux divers produits envoyés par l’Egypte, et où on peut le voir tous les jours. Ce Coton, qui atteint plusieurs mètres de hauteur et qui forme une colonne très-étroite, presque uniforme, a été trouvé dans un champ de Coton ordinaire où il se trouvait çà et là des pieds de Gombo ( Hibis- cus esculentus) provenant des cultures an- térieures. En voyant cette forme si étrange et si différente de l’espèce commune, les cultivateurs la regardèrent comme le résultat d’une fécondation opérée entre les deux espèces ( Gossipium herbaceum et Hibiscus esculentus). Il va de soi que nous n’affir- mons pas; nous rapportons les dires. Mais ce que nous pouvons assurer, c’est que le Coton Bahmieh est une espèce précieuse et surtout très-productive car, outre qu’il fleurit considérablement, sa forme étroite et raide permet de rapprocher beaucoup les pieds, tout en se prêtant facilement à la cueillette. La fécondation entre les deux plantes est-elle impossible, ainsi que l’affir- ment les savants? Sur ce point, nous faisons nos réserves, nous bornant à dire que nous pourrions citer des rapprochements beau- coup plus éloignés. — Jusqu’où ira-t-on dans les dimen- sions des fleurs de Cyclamen ? On ne peut le dire, quand on songe que nos collègues, MM. Bardet frères, de Varsovie, ont obtenu 18 CHRONIQUE HORTICOLE. des fleurs qui mesuraient plus de 8 centi- mètres tde diamètre. 11 s’agit d’une variété qu’ils nomment Universum giganteum , et qu’on compare à celles du type, qui n’attei- gnent guère que 2 centimètres de dia- mètre. Qu’est-ce donc que la variété Uni- versum giganteum ? — Le Vignoble , dans son numéro 6 (juin, 1878), figure et décrit les cépages suivants : Servanin. Ce cépage, d’une vigueur et d’une rusticité peu communes, pourrait être cultivé avec avantage partout où la maturité de ses fruits peut s’accomplir facilement. Voici ce qu’en disent les auteurs du Vi- gnoble : (c Le Servanin paraît s’accommoder aussi bien des sols granitiques que des boues glaciaires ; dans notre terrain assez pauvre du Beaujolais, il pousse avec beau- coup plus de vigueur que le Gamay et pro- duit davantage... En raison de sa tardiveté, il ne peut être cultivé avec succès que dans les régions où mûrissent bien les variétés de deuxième époque. La grappe, forte, bien fournie, a les grains petits, noir pruiné à la maturité, qui a lieu vers la fin de la deuxième époque. Bregin noir. Grappe grosse, à grains sphériques et à peau épaisse, d’un beau noir à la maturité, qui est de deuxième époque. Ce cépage doit être planté dans les en- droits secs et chauds. A Besançon, on le cul- tive en ceps très-bas, souvent provignés, espacés entre eux d’environ 70 centimètres. En raison de sa fertilité, et pour prévenir l’épuisement, on ne doit laisser que deux bourgeons par courson. Son Baisin, qui est de bonne garde, supporte admirablement le transport ; il donne un bon vin coloré. Folle blanche. L’extension considérable de ce cépage explique les très-nombreuses synonymies sous lesquelles on le rencontre. Certains auteurs ont cherché à faire plu- sieurs variétés de Folle blanche en s’ap- puyant sur des nuances que présentent parfois les Baisins de quelques ceps ; mais ces différences, qui sont le fait de la végéta- tion, ne se maintiennent pas, et les « folles jaunes » et «. folles vertes » sont considé- rées comme dé simples variations locales. Les grappes, assez fortes, ont les grains sphériques, à peau épaisse, résistante, jaune doré à la maturité, qui est de deuxième époque. Vu l’extrême fertilité de la Folle blanche, on doit tailler court, et, bien que très- vigoureux et poussant à peu près partout, ce cépage s’épuise assez vite si la terre est très-légère. Bien que le vin de la Folle blanche ne soit pas dépourvu de valeur, presque toujours il est converti en alcool et forme les eaux-de-vie des Charentes et de l’Armagnac. Jardovan. Originaire de la Hongrie, ce cépage, d’une extrême fertilité, réclame les sols riches et consistants. Il est robuste, rarement attaqué par l’oïdium, et jamais, paraît-il, du moins jusqu’ici, frappé par l’anthrachnose ; aussi, à ce point de vue encore, mérite-t-il particulièrement l’atten- tion des viticulteurs. Quelque bonnes que soient les conditions dans lesquelles on plante le Jardovan , on devra le tailler court, à cause de sa grande fertilité. La grappe, assez forte, a les grains de bonne grosseur, sphériques, à peau mince, d’un jaune clair un peu ambré à la maturité, qui est de deuxième époque. — Un de nos abonnés, qui nous prie de taire son nom, nous adresse la lettre sui- vante : Dans une réunion d’amateurs dont je faisais partie, on a agité la question que voici : « Qu’ap- pelle-t-on Dahlias Lilliputs ? » Les uns, et j’étais du nombre, soutenaient que seules les plantes naines devaient porter cette qualifica- tion, tandis que d’autres soutenaient que cette appellation s’appliquait exclusivement aux fleurs. Pourriez-vous donc, Monsieur le rédac- teur, me renseigner et me dire quel est celui de ces deux qualificatifs que l’on doit adopter comme le plus conforme à la désignation du fait envisagé scientifiquement ? Veuillez, etc. La réponse est non seulement facile, mais elle est de nature à satisfaire les deux parties opposées, ce qui n’est pas le cas habituel. Considéré d’une manière générale, le mot Lilliput s’applique à tout ce qui est re- lativement petit; ce n’est donc qu’un complé- ment qui, alors, peut en préciser et déter- miner la vraie signification. Dans le cas dont il s’agit, ce terme s’applique aux fleurs et aux plantes. Dans le premier cas, les dimen- sions des plantes ne font rien ; celles-ci peu- vent même être géantes, tout en appartenant aux Lilliputs : il suffit que leurs fleurs soient petites. Dans le second cas, au contraire, les plantes naines seules méritent cette appel- CHRONIQUE HORTICOLE. 3i3 lation. Tel est le Dahlia Princesse Mathilde, par exemple, qui pourtant à des grandes fleurs. — Parmi les différentes améliorations qui se rattachent au matériel horticole et qu’on voit au Champ-de-Mars, nous devons citer tout particulièrement celles apportées à la pose des tuyaux par M. Ch. de Ven- deuvre, et qui consistent dans la suppres- sion complète de soudure et d’armature quelconque. Des expériences devant être faites pour constater les avantages ou re- connaître les inconvénients que pourrait présenter le système de M. de Vendeuvre, nous y reviendrons quand nous en connaî- trons le résultat. — Parcs et Jardins (1), tel est le titre d’une brochure que vient de publier M. Armand Péan, architecte-paysagiste à Chantilly. En écrivant ce livre, l’auteur n’a pas eu la prétention de faire ce que généra- lement on nomme un « ouvrage, » mais seulement de résumer les notes que la pra- tique l’a mis à même de recueillir. Après quelques considérations générales sur l’his- torique des jardins, M. Péan indique les principales règles d’après lesquelles on doit établir un jardin, suivant les différentes conditions où l’on se trouve placé, tâchant de mettre en garde contre les écueils et les déceptions, choses si fréquentes dans la création des jardins. Puis il donne une liste des arbres et arbustes les plus généralement employés dans la création des parcs ou jar- dins, et termine en donnant dix plans de jardins-parcs qui résument et démontrent l’application des règles qu’il a indiquées. — Il y a à peine quelques années qu’ap- parut sur la scène horticole un Dahlia « à fleurs vertes. » Comment avait-il été obtenu? Voilà ce qu’on n’a jamais su d’une manière certaine. Tout ce que nous pouvons en dire, c’est que toutes les fleurs, assez grosses, subsphériques, nombreuses et bien faites, étaient d’un très-beau vert. On pou- vait donc croire que cette plante était bien lixée. Les choses en étaient là quand, tout récemment, dans les cultures de MM. Vil- morin, rue de Reuilly, à Paris, un pied de cette sorte nous a présenté les variations les plus diverses : des fleurs complètement (1) Ernest Leroux, éditeur, 28, rue Bonaparte. rouges, d’autres mi-partie rouges et mi- partie vertes, ou plus ou moins irrégulière- ment panachées, d’autres vertes et jaunâ- tres, d’autres enfin complètement vertes. Toutes ces diversités se trouvaient sur des ramifications d’une même tige, parfois sur une même ramille, quelquefois sur un même pétale. On a donc là une preuve que toutes les couleurs sont formées des mêmes éléments diversement groupés et que, en principe, elles sont identiques. Quelle est la loi en vertu de laquelle ces phénomènes se produisent? Voilà ce qu’il serait bon de déterminer, car la découverte de cette loi conduirait certainement à d’autres non moins importantes sur lesquelles nous nous proposons d’appeler l’attention à propos des greffes. — La Société d’horticulture d’Orléans et du Loiret fera, à Orléans, du 20 au 25 sep- tembre prochain, sa 45e exposition, à laquelle elle convoque tous les horticulteurs et amateurs. Cette exposition aura lieu au lycée de la ville, rue Jeanne-d’Arc, et com- prendra, outre les plantes, les fruits et les légumes, tous les objets d’art et d’industrie qui se rattachent à l’horticulture. Les personnes qui désirent exposer devront en faire la demande à M. le secrétaire générai de la Société d’horticulture, en indi- quant les objets qu’elles se proposent d’ex- poser. Le jury se réunira le 30 septembre, à neuf heures du matin, au local de l’exposi- tion. — Un de nos abonnés, M. Paillieux, qui cultive le Solanum Wallisii , et à qui nous avons demandé quelques renseignements sur cette espèce, a eu l’obligeance de nous écrire la lettre suivante, dont nous le remercions : Crosne,. 23 août 1878. Monsieur, Vous me demandez quelques renseignements sur la Morelle de Wallis (Solanum Wallisii ), dont l’an dernier, dans la Revue horticole, vous avez donné une description et une figure ; je m’empresse de vous les adresser. La culture de cette plante sej*a facile poul- ies amateurs qui ont des serres à leur disposi- tion. Je n’ai ni serre chaude ni serre tempérée; je ne le regrette pas, m’occupant exclusivement de l’introduction de plantes comestibles exoti- ques, auxquelles peuvent être appliqués les pro- cédés usuels de la culture maraîchère : couches? CHRONIQUE HO T1COLE. 3 U châssis et cloches. Je pense que les plantes de I serre n’entreront jamais dans la consommation générale. A ce point de vue, elles ne sont pas réellement utiles et ne m’intéressent pas. Si les fruits de la Morelle de Wallis sont aussi bons qu’on le dit, la culture maraîchère pourra s’en emparer; l’essai que je viens de faire paraît justifier cette opinion, que vous par- tagerez, j’espère. Les boutures de la Morelle de Wallis se font en plein air, aussi facilement que celles des Pé- largonium, et la plante en fournit abondam- ment. J’en ai fait un bon nombre au mois d’août dernier; elles ont passé l’hiver sous châssis, côte à côte avec les Pélargonium. Le pied-mère seul est mort. Le printemps venu, j’en ai conservé huit dont quatre ont été maintenues en pots; les quatre autres ont été plantées en pleine terre, et fort mal protégées par un châssis qui n’a pas cessé d’être levé à 25 ou 30 centimètres au-dessus du coffre. L’air circulait aussi sous ce coffre. Il avait fallu le soulever pour faire place â la plante, qui s’élève peu, mais dont je ne voulais pas laisser traîner les tiges à terre, car elles y auraient immédiatement pris racine, ce que je dés'irais éviter. Les plantes ont végété vigoureusement et ont été sans cesse ébourgeonnées. Trois ou quatre branches seulement ont été conservées et se sont continuellement couronnées de charmants bouquets de fleurs. Les boutures maintenues en pots, placées également sous châssis très-aéré, ont donné beaucoup de fleurs, mais n’ont pas formé un seul fruit. Sur les quatre pieds mis en pleine terre, un seul a noué des fruits, au nombre de trois. Deux de ces fruits sont déjà beaucoup plus gros que celui dont votre Revue donne le dessin (1877, p. 291) ; le troisième grossit encore et semble devoir acquérir le même volume. Ces fruits sont d’une rare beauté. Ils sont noués depuis le \*f juillet dernier (1). Les détails dans lesquels je viens d’entrer font voir clairement par où j’ai péché. La sai- son ayant été plus froide que d’ordinaire, j’au- rais dû donner à mes plantes un peu plus de chaleur. Je ne l’ai pas fait, et j’ai eu tort. Voyons maintenant l’avenir. La Morelle de Wallis est extrêmement rustique, en ce sens que ses boutures reprennent en plein air, que sa végétation est toujours très-active, qu’aucune maladie ni qu’aucun insecte ne semblent pou- voir en compromettre la culture. (1) Un de ces fruits, complètement mûr le 2 septembre, mesurait 9 centimètres de hauteur sur 27 de circonférence ; sa forme rappelait celle d’un cœur de bœuf non aplati; sa peau lisse et luisante était marbr ée de rose violet. C’était en effet d’une « rare beauté. » ( Rédaction .) Que lui faut-il? Un peu plus de chaleur que je ne lui en ai donné. Ce n’est une difficulté ni pour les jardiniers, ni pour les maraîchers. Faire des boutures en août ; les conserver l’hiver sous châssis ; les avancer un peu au printemps sur couche tiède; les èbourgeonner avec soin ; supprimer la moitié des fleurs de chaque bouquet, tels sont les conseils que je puis donner aujourd’hui. Veuillez, etc. A. Paillieux. De cette lettre il paraît résulter que le Solarium Wallisii pourra entrer dans les cultures courantes, ce que nous n’osions espérer, les plants nous ayant paru délicats pour passer l’hiver. La pratique semble dé- montrer le contraire, ce dont nous nous ré- jouissons. — Les personnes qui ne connaissent pas les fruits du Garrya elliptica, et qui vou- draient les étudier, le pourront à l’Exposi- tion du Champ-de-Mars, dans la collection d’arbustes exposés par l’établissement André Leroy, placée le long du palais, près du restaurant américain et de l’exposition anglaise. Elles verraient là les deux sexes sur deux pieds, dont l’un chargé de cha- tons mâles non encore ouverts, l’autre cou- vert de fruits arrivés à peu près à grosseur et qui ne tarderont pas à mûrir. — C’en est donc fait de la collection de Vignes du Jardin botanique de Dijon, l’une des plus remarquables de la viticulture française ; on peut dire (( qu’elle a vécu. » En effet, voici à ce sujet ce que nous écrit notre collègue, M. Weber : Toutes nos Vignes sont coupées entre deux terres ; le terrain est recouvert de 10 centimè- tres de résidus de chaux, et le sol est empoi- sonné au moyen du sulfure de carbone. Malheureusement, aux portes de Dijon on a découvert plusieurs autres taches de phylloxéra beaucoup plus anciennes que la date du nôtre, qui ne remonte qu’à l’année dernière, selon toute probabilité. On fait d’actives recherches pour découvrir toutes les taches qui peuvent exister, soit anciennes ou récentes. Toutes celles connues vont être traitées au sulfure, sans arrachage préalable. Quand donc comprendra-t-on que le phylloxéra, conséquence d’une cause incon- nue, ne peut disparaître qu’avec celle-ci, et que, frappant les Vignes longtemps avan t que le mal se manifeste, celui-ci n’apparaît, que quand tout remède est presque inutile? MULTIPLICATION DES YUCCAS DE PLEINE TERRE. 345 Ce qu’il y a à faire, nous l’avons toujours dit, c’est, à l’aide d’engrais ou d’amende- ments, de soutenir les Vignes, puis de les arracher quand les produits ne sont plus rémunérarateurs, et planter des Vignes dans les pays peu favorisés là où il y en avait autrefois, qu’on a détruites parce que les produits étaient considérés comme inférieurs . Mieux vaut du mauvais vin que pas du tout, surtout aujourd’hui que l’art des coupages est arrivé à une très-grande perfection. D’une autre part, à quoi ont servi les proscriptions? A peu près à rien. Tous les pays soumis à ce régime, et qui étaient favorables à la croissance du phylloxéra, ont été envahis, quoi qu’on ait fait, tandis MULTIPLICATION DES Y1 Si le procédé que je vais indiquer n’est pas nouveau, il n’en est pas moins essen- tiellement pratique et d’une application facile pour quiconque possède quelques pieds de Yuccas et est désireux d’en déta- cher les œilletons dans le but d’en faire de jeunes élèves. La méthode la plus com- munément suivie ’ dans la propagation de ces plantes consiste à arracher ou à dé- chausser les pieds-mères et à en détacher, avec le plus de racines possible, les œille- tons qui s’y trouvent, puis à les disposer en rangs serrés dans des rigoles remplies de terreau grossièrement tamisé ; à les recou- vrir de 4 centimètre de cette même terre, pourvu toutefois qu’ils n’aient encore aucune feuille développée ; enfin à les préserver de l’humidité en abritant le tout d’un châssis vitré. Traités de la sorte au printemps, ces œil- letons, se développent pendant l’été et peu- vent être remaniés à l’automne de la même année ou au printemps de la suivante. Il est à remarquer que ce à quoi on s’attache le plus dans cette façon de procéder, c’est de soustraire les œilletons à une trop grande humidité. En effet, dans le cas qui nous occupe, le cadre et le châssis vitré n’ont d’autre destination que de préserver les jeunes élèves de l’action des pluies trop abondantes et trop réitérées. Le soin qu’on prend de propager les Yuccas à l’abri d’un excès d’humidité concorde bien avec les pré- ceptes de culture que donnent les ouvrages d’horticulture à l’article Yucca pour le trai- que d’autres, placés dans des conditions défavorables à l’insecte, bien que laissés à la liberté, sont tout à fait indemnes. — La presse horticole française vient de perdre un de ses vaillants défenseurs, M. Duplat, rédacteur en chef du journal le Cultivateur de la région lyonnaise. M. Petrus Duplat n’était pas seulement le principal agent du Cultivateur ; il était aussi rédacteur en chef du Moniteur des soies, ce qui le rattachait à l’une des pre- mières industries du commerce français. Il est mort le 28 août dernier, à Lyon, à l’àge de quarante ans. E.-A. Carrière. CCAS DE PLEINE TERRE tement et le bon entretien de ces plantes Plantation dans un terrain sec, exposition chaude et abritée, tel est le sommaire de ces préceptes. Mais de ce qu’une plante exige tel terrain ou telle exposition pour acquérir son maximum de beauté et de développement, il ne s’ensuit nullement qu’elle cessera de bien végéter quand bien même on la priverait d’une ou de plusieurs conditions inhérentes à son parfait accrois- sement. Ne rencontrons-nous pas, en effet, tous les jours, dans des parcs ou des jar- dins, de grosses touffes de Yuccas pleines de vie et de végétation, placées soit isolément, soit en groupes de deux ou trois sur des abords de pièces d’eau, dans des terrains humides et froids et à des expositions cons- tamment ombragées? En principe, une trop grande humidité est nuisible aux Yuccas, je l’admets ; mais elle ne leur est pas mor- telle. Aussi, pour les multiplier à la fois dans des conditions convenables et sans frais de cadres et de châssis (tout le monde n’en possède pas), nous choisirons à la fin de l’été ou au commencement de l’automne un petit coin de terrain à chaude exposition, une partie d’un ados tourné au midi. Si le sol en est humide et peu perméable, on l’allège avec du terreau ou un peu de sable, puis on disposera les œilletons près à près, ainsi qu’il est dit ci-dessus, en ayant soin de les placer par variétés et par rangs de grandeur, c’est-à-dire que ceux qui auront des feuilles développées seront mis en tête des lignes, de manière à former une sorte de 346 ACER PLATANOIDES COLUMNARIS. gradin descendant et de façon à pouvoir recouvrir carrément de terre tous ceux qui ne devraient pousser extérieurement qu’au printemps. Mais, objectera-t-on de nouveau, l’humi- dité. les froids de l’hiver, la neige et la glace vont faire pourrir ces pauvres œille- tons à peine munis de quelques racines minces et fragiles, et tout gorgés d’un suc aqueux ! Pourquoi, au moins, si l’on opère en plein air, ne pas attendre le retour de la belle saison? Pour ce qui est de la pourri- ture et delà détérioration des parties multi- pliées, il n’y a rien à craindre, surtout si on a eu le soin de ne pas les blesser lors de leur séparation des pieds-mères, principale- ment à l’endroit où doivent se développer les feuilles, c’est-à-dire à la partie supé- rieure. D’un autre côté, la surabondance de liquide séveux qui est contenu dans les œilletons disparaîtra bien vite à la suite de l’opération et à l’approche de l’hiver, pour les laisser dans cet état apparent de flétris- sure et de malléabilité qu’on peut observer sur Y Opuntia Rafinesquiana laissé au grand air pendant les froids, état qui pour- rait bien constituer la résistance de ces plantes aux gelées et aux frimas de l’hiver. Maintenant, quelle raison donner du choix que nous faisons de la saison d’automne pour multiplier les Yuccas en pleine terre? C’est que les œilletons, placés en terre à l’arrière-saison, prennent possession de la place qui leur a été assignée, s’y asseoient, et que, étant d’ailleurs assez lents à déve- lopper une première rosette de feuilles, ils se stratifient en quelque sorte dans le sol et se trouvent prêts à végéter vigoureusement au retour du soleil. H. de Mortillet. ACER PLATANOIDES COLUMNARIS Encore une de ces sortes de végétaux aussi curieuses qu’instructives, une nouvelle variété qui, différente de toutes celles de son genre, exige un nouveau qualificatif. Nous lui donnons celui de columnaris qui, pourtant, n’est que relativement vrai. En effet, l’arbre ne constitue pas une colonne unique, mais parfois plusieurs en rapport avec ses ramifications qui, toutefois, sont toujours rares. Obtenu de graines dans les pépinières de MM. Simon-Louis frères, pépiniéristes à Plantières-les-Metz, vers 1855, le pied- mère de cette variété a aujourd’hui environ 6 mètres de hauteur; son aspect est des plus bizarres : un peu dénudé à sa base, par suite des conditions désavantageuses dans les- quelles il était placé pendant ses premières années, l’arbre porte çà et là quelques ra- mifications inégales qui, garnies de ramilles très-courtes et très-feuillues comme la tige principale, constituent des sortes de colonnes secondaires, inégales, qui, par leur petit nombre et leur irrégularité, donnent à l’en- semble un aspect des plus singulièrement original. Pour compléter cette description, nous allons essayer de faire ressortir les carac- tères botaniques de cette variété. Voici : Tisre droite, robuste, raide. Branches nulles ou très-rares, remplacées par de nom- breuses ramilles très-courtes (4 à 10 centi- mètres), réunies et formant là des agglomé- rations compactes et très-feuillues qui cachent la tige et la font disparaître sous une colonne de verdure étroite du plus singulier effet. Écorce des bourgeons vert herbacé, lisse, luisante, celle des rameaux grise, lenticellée. Feuilles très-rapprochées, sur de très- courtes ramilles rappelant celles de Y Acer platayioides , mais ordinairement plus pe- tites, et comme un peu gaufrées-chiffon- nées ou crispées, plus ou moins lobées, à lobes terminés en une pointe aiguë ; pétiole long et grêle, ordinairement rougeâtre. Comme Y Acer platanoides dont il sort, celte variété est un peu laiteuse dans ses parties herbacées, surtout quand elles sont jeunes. L'Acer platanoides columnaris sera mis en vente prochainement par l’établissement de MM. Simon-Louis, horticulteurs àPlan- tières-les-Metz, en sujets greffés à haute et à basse tige. E.-A. Carrière. LES ESPALIERS. 347 LES ESPALIERS FRAGMENTS D’UNE HISTOIRE INÉDITE DU JARDINAGE (I) Jacques Boyceau, sieur de la Barauderie (et non seigneur de la Baraudière, comme on l’écrit souvent), fut le successeur de Claude Mollet; il eut le titre d’intendant des jardins, en place de celui de « premier jardinier du roi, » que prenait ce dernier. Sous Henri IV, il était employé des guerres et n’est entré dans les jardins que sous Louis XIII. Son Traité du jardinage ayant été publié en 1638, antérieurement à celui de Claude Mollet, Dupetit-Thouars et d’au- tres l’ont regardé, mais à tort, comme le plus ancien des auteurs qui ont traité des espaliers. Le Traité du jardinage est un de ces magnifiques in-folio à estampes comme les aimait Louis XIII, à qui il est dédié, et qui en a peut-être été l’éditeur. Sa plus grande part est malheureusement donnée à cet art mesquin des compartiments, des broderies, des festons et des portiques avec corniches et fenestrages que les Italiens, venus à la suite des Médicis, avaient mis à la mode. Mais, dans le court chapitre qui est con- sacré aux espaliers, nous constatons de grands progrès accomplis depuis Claude Mollet, c*est-à-dire dans un laps de temps d’environ quarante ans. On plante en espa- liers : « Abricotiers, toutes sortes de Pes- chers, soit venant de noyaux, soit entés sur leur propre espèce, ou sur Prunier, Abri- cotier ou Amandier, plusieurs sortes de Poiriers qui doivent être entés sur Épine ou Cognassier pour demeurer nains. » Notons comme un fait nouveau l’admis- sion de quelques Poiriers sur les murailles; mais un autre fait plus important est encore à signaler dans l’ouvrage de Boyceau : c’est l’usage des abris, dont il n’a pas encore été question, et dont pourtant il ne se dit pas l’inventeur. En construisant la muraille, on a engagé dans la maçonnerie des rangées horizontales de crochets de fer destinés à soutenir le treillage ; la rangée supérieure a une saillie plus prononcée que les autres, et sert à amarrer les abris. Nous citons : « Quand les espaliers sont en fleurs, il arrive parfois des gelées du matin, et (1) Voir Revue horticole, 1877, p. 249; 1878, pp. 419, 235, 266. ensuite de grandes ardeurs de soleil qui brouissent les fleurs et font périr le fruit. Il faut prévenir le mal par le moyen des plus hauts crochets dont j’ai parlé, débor- dant le mur plus que les autres, car en attachant des perches de l’un à l’autre, et à ces perches des toiles qui se couleront jusqu’au bas, sans toucher les lleurs et les fouler, on sauvera le fruit. » Les espaliers avaient déjà, comme on le voit, une instal- lation complète ; l’usage des abris, trans- porté à Montreuil par les Girardot, est devenu une des conditions indispensables de la culture du Pêcher ; on a depuis employé, pour les confectionner, tour à toui la paille et la toile. Après Boyceau viennent, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, plusieurs jardiniers qu’on a présentés comme les inventeurs des espaliers : Nicolas de Bonnefont, ce valet de chambre du roi dont on ne connaît pas les jardins, et qui paraît avoir exercé ses talents avec plus de compétence dans les cuisines que dans les potagers ; puis Antoine Le Gendre, curé d’Hénouville, et Arnaud d’Andilly, lesquels au moins étaient de vrais praticiens. D’après ce qui précède, on voit que rien n’est moins soutenable que ce qu’ont écrit à ce sujet le P. Rapin ( Hor - torum), Legrand d’Aussy ( Vie privée des Français ), Fontanes ( Maison rustique ), et d’autres qui les ont copiés. Mais si d’Andilly n’eut pas à inventer ce qui était connu ‘depuis plusieurs siècles peut-être, il ne tient pas moins une grande place dans l’histoire des espaliers, et nous avons à citer deux inventions qui lui appar- tiennent, l’une desquelles a fait faire un grand pas à l’arboriculture et a contribué à enrichir plusieurs générations de cultiva- teurs. D’Andilly est l’homme des espaliers ; sa culture préférée ne vise qu’à futile, et encore, dans cette limite, elle se spécialise singulièrement. Sa pomone a des atours sévères et l’allure janséniste : dédaigneuse des arbres d’ornement, des « caisses pein- turées, » voire des fruitiers de plein vent, elle ne s’admire que dans le compassement rigoureux de l’espalier. Montreuil est le LES ESPALIERS. 348 rêve réalisé du célèbre solitaire de Port- Royal. On ne se représente pas d’Andilly, à ses heures de jardinage, ailleurs qu’au pied d’un mur tapissé de Poiriers ou de Pavies. « En nous transportant en pensée à Port- Royal, dit M. de Sainte-Beuve, nous enten- dons causer Pascal et Sacy ; nous voyons d’Andilly se lever en souriant et venir à nous le long de ses espaliers en fleurs. » Ses arbres de prédilection étaient les Poi- riers ; est-il nécessaire d’ajouter que ceux de Bon chrétien d’hiver tenaient chez lui le premier rang, Poiriers de pompe et de plaisir ! s’écrie le jeune Racine, qui essayait à Port- Royal ses premières rimes, en chantant les c( fruitiers innombrables » de d’Andilly (1). Ce dernier passa donc les trente dernières années de sa vie dans l’étude des espaliers, « sans discontinuer une vie si peu agréable aux sens, et sans jamais prendre aucun divertissement » (2) ( Mémoires de du Fossé), et cette longue assiduité lui a fait trouver les deux innovations dont nous allons parler. Il s’agit, en premier lieu, d’un écarte- ment à laisser entre le mur et l’arbre : « Pour moy, j’approuve, par expérience, un espalier qui a son châssis (treillage) à un pied loin du mur de pierre et à deux pieds loin d’un mur de terre, et souvent se trou- vent de très-belles Poires derrière le châs- sis, qui n’y seront jamais quand un costé de votre arbre touche contre un mur de pierre, et ceux qui scavent ce que c’est que des perce- aureilles dans un jardin scavent bien qu’ils font leur retraite derrière les dites branches, contre le mur. » Cette disposi- tion d’espaliers laissant un intervalle entre eux et la muraille n’a psfe été goûtée par les autres jardiniers ; nous verrons toute- fois chez La Quintinye quelque chose d’ap- prochant, qui montre que le principe de la séparation lui semblait bon dans certaines occasions. (1) Les poètes nont pas manqué aux jardins fruitiers : Corneille a écrit pour son ami Antoine Le Gendre Le presbytère d'Hénouville ; Fontanes, après Racine, a célébré en vers élégants les es- paliers de Port-Royal ; le potager de Versailles a eu Charles Perrault et Jean-Baptiste Santeuil ; plus modeste, Montreuil s’est contenté de Rougiers. (2) « Ce genre d’existence, comme le dit si bien M. de Sainte-Beuve, n’était pas très-mortifiant ; les sens reposés y trouvaient leur charme. » Mais d’Andilly, qui avait enseigné à du Fossé « la règle qu’il observait pour tailler les arbres, » n’avait pas réussi à lui communiquer le feu sacré. En second lieu, d’Andilly a imaginé les espaliers multiples, c’est-à-dire qu’au lieu de borner la construction des murs à ceux de clôture, il voulait qu’on en bâtît d’au- tres intérieurs, sans autre but que d’aug- menter les surfaces propres à recevoir des arbres. Cette invention, dont nous trouvons ici la première trace, ne comportait, dans l’esprit de son auteur, que des murs paral- lèles à ceux de clôture ; on a adopté, par la suite, une autre disposition qui ne change pas le résultat. Bientôt, par d’autres murs, de distance en distance, Des rayons du soleil il accrut la puissance, Et, pour les réunir, pour les multiplier, A l’espalier en face opposa l’espalier, dit Fontanes dans sa Maison rustique. Mais d’Andilly n’osa pas faire l’applica- tion de ce procédé, et ne donna pas de suite à ce qu’il appelle sa « tentation ; » la crainte des moqueries paraît avoir été pour beau- coup dans son abstention. On en jugera par cet extrait : « Il faut que je vous avoue que j’ay eu une forte tentation, quoique j’estime que je n’eusse point péché si j’y eusse suc- combé (il n'est qu'un janséniste pour avoir de ces scrupules) . et peut-être y aurois-je donné consentement délibérément si j’eusse eu matières ( des matériaux) et place suffi- sante, quoique la place ne m’en ait pas tant détourné que le manque de matières et l’âge, car si je n’eusse négligé mon lieu (sa terre d'Andilly) en jeunesse, auquel temps j’avois d’autres occupations, je l’eusse rendu parfait dans ma vieillesse, et assurément l’on se seroit mocqué de moi en l’entrepre- nant, et moy des mocqueurs en son accom- plissement; mais en. ce temps, jen’avois ny l’exemple, puisque j’ay été des premiers à commencer, ni l’expérience que j’ay acquise depuis à mes dépens. « La tentation est que j’ay voulu, au lieu de haies d’appui, de buissons et de contr’espaliers à la raquette, qui se plan- tent ordinairement à l’encontre des espa- liers, faire bâtir un mur de pareille hauteur que celuy de mon enclos, à distance raison- nable de l’espalier, pour ne point empêcher en façon quelconque mes espaliers ; lequel mur en son quarré eût formé quatre belles et larges raisonnables allées ; auquel mur il n’y auroit eu qu’une grande porte d’entrée au soleil moins considérable (à la moins bonne exposition), et tout autour des dits murs faire planter un espalier tant par LES ESPALIERS. 349 dedans l’allée répondant à mes espaliers que par l’autre costé du dit mur, par le dedans du jardin en plants, et, en ce fai- sant, j’estimois que j’aurois eu quatre des plus considérables allées pour se prome- ner, etc., etc. De plus, cela auroit produit que j’aurois eu, selon les dispositions de mon lieu, quatre espaliers au levant, trois au midi, trois au couchant et trois au sep- tentrion, et par ce moyen, j’aurois pu avoir des beaux espaliers de Pêchers, Poiriers et Abricotiers, en peu de lieu (étendue de terrain), et l’un ne nuysant pas à l’autre. « Jugez, Messieurs les curieux, s’il y a quelque raison à mon dire, et si ma tenta- tion ne seroit peut-être pas conforme à votre humeur. Que si le cœur vous en dit, mettez-le en pratique ; pour moy, je crois que si l’on eût eu les espaliers en recom- mandation dans mon jeune temps, au lieu de Tulipes que l’on avoit dans la tête, je l’aurois puissamment entrepris et exécuté. )> Cette fois, les « curieux » ne devaient pas laisser tomber la parole du maître : le chef des « nouveaux curieux » la recueillit et y conforma le plan de ses potagers, en y ajoutant encore des murs de refend. Je vous offre cette petite rectification telle qu'elle m’a été donnée, et si elle n’était exacte, elle paraît bien être vraisemblable. Penn tt Tna î de vous faire une autre com- munication. peut-être plus importante, et dont vous apprécierez la valeur. La maison Y ilmori n- Andrieux et G*e, avec la- quelle les rapports sont si agréables et si utiles, me communiquait dernièrement un échan- tillon à reconnaître d’un Erodium qui lui était envoyé du cap de Bonne-Espérance, et qui est employé là comme fourrage. Je reconnus YErc- dium moschatum, plante commune dans l’ouest et le nord de la France. Je rougis de mon igno- rance, car, après quelques recherches, je trou- nsigné, dans la Flore du Cap. cette in- dication. Ce qu'il y a de singulier, c’est que cette plante a été introduite d’Europe dans l'Afrique australe, quelle y est cultivée en grand, et je ne sache pas que Y Erodium moschatum ait chez nous la réputation d’une plante aussi utile. Je vous transmets ces renseignements un peu à la bâte. S'ils n’ont pas le mérite de la nou- - seront-ils pas dépourvus d’intérêt pour tout le monde. A vous. Jules Poisson. C’est avec plaisir que nous publions cette lettre dont nous remercions tout particuliè- rement l’auteur : d’abord parce qu’elle nous permet de rectifier une erreur involontaire, bien entendu, tout en en indiquant la source ; ensuite parce qu’elle montre comment une « mauvaise herbe » dans un pays peut dans un autre être utilisée comme une chose pré- cieuse, ce qui ressort de la deuxième partie de la lettre de 31. Poisson. Ce fait constaté, il nous reste à nous expliquer sur la pre- ! mière partie, celle qui a rapport au Yé- I Goma, Zi-Goma ou tout simplement ! Goma. Disons d'abord que nous ne sommes pas surpris que la plante dont il s’agit ne soit pas celle qui, au Japon, fournit l'huile dont nous avons parlé, car ici, à Paris, où le premier nous l’avons cultivée, nous avons de suite reconnu qu’il devait y avoir eu er- reur, car cette plante donne peu de graines, et celles-ci, très-petites et difficiles à récol- ter, ne nous ont pas paru oléagineuses, i sinon très-faiblement. 3Iais ayant reçu les graines, sous le nom de Zi-Goma , de M. de Limace: (1), qui cultivait la plante sous ce nom, et, d'une autre part, M. le comte de Castillon, qui s’occupe de l’introduction des plantes japo- naises, et qui, de plus, fait de la langue ja- ponaise une étude particulière, cultivant également sous ce nom de Zi-Goma ou Yé- Goma cette plante dont il avait reçu des graines du Japon, nous n’avions aucune rai- son pour mettre en doute ce qualificatif; aussi toutes nos réserves portaient-elles sur les propriétés oléagineuses qu’on lui attri- buait. doutés que nous avons même indi- qués dans notre dernière chronique, en parlant du Zi-Goma. Quant à l’opinion de 31. Poisson sur le genre Perilla , auquel la plante appartient probablement, nous rappellerons que c’est aussi la nôtre, et que nous l’avions même exprimée (I. c., p. 323), mais que, de plus, et en même temps, nous faisions des ré- serves, nous promettant de revenir sur cette plante, ce que nous ne manquerons pas de faire. Il ne nous reste donc plus à examiner, de la lettre de notre ami, qu’un seul passage : celui par lequel il nous apprend que le Yé- Goma des horticulteurs français est « mangé en salade au Japon. » Si le fait est vrai, comme on a tout lieu de le croire, il semble démontrer que l’horticulture japonaise, sous le rapport des légumes et des fruits, laisse * (1) Voir Revue horticole, 1878, p, 144. une lettre de M. de Lunaret dans laquelle il fait Thistorique : du Zi-Goma. CULTURE DES CYCLAMEN. 365 probablement autant à désirer que sous le rapport de l’art et du matériel horticole, ce dont nous avons la presque certitude. Man- ger en salade une plante dure, hérissée de toutes parts de nombreux poils, semble démontrer qu’on n’a guère à choisir et justifie ce proverbe : « Faute de grives, on mange des merles. » E.-A. Carrière. CULTURE DES CYCLAMEN Nous recevons de nos collègues, MM. Bardet frères, horticulteurs à Varsovie, la lettre sui- vante : Monsieur Carrière, Ayant eu l’avantage de vous parler de nos cultures de Cyclamen , nous prenons la liberté de vous donner une description du traitement que nous appliquons à ces plan- tes, lequel et d’après les semis de Cyclamen que nous faisons annuellement, du 15 dé- cembre au 15 février, se chargent abon- damment de boutons à fleurs dès l’été suivant et donnent une riche floraison pen- dant tout l’automne, l’hiver et le printemps de la première année. Ces semis se font en terrines remplies de terre de bruyère sableuse. Placées dans la partie la plus chaude de la serre à multiplication et fré- quemment bassinées, les graines .lèvent habituellement dès la troisième ou quatrième semaine après qu’elles ont été semées; et peu après l’on peut procéder au repiquage. Ce repiquage ne peut ' être général ; on l’exécute au fur et à mesure que les jeunes plantes atteignent 1 centimètre environ de hauteur. Les jeunes semis sont alors placés à 5 centimètres de distance dans des terrines bien drainées, remplies de terre de bruyère sableuse à laquelle on ajoute un sixième environ de terreau de feuilles. Replacées dans une serre bien chaude, près du verre et régulièrement bassinées, les jeunes plantes attendent la saison où la température permet de trans- férer les terrines sur des couches tièdes que l’on a soin de disposer de manière à ce que, chose essentielle pour le développement par- fait et les qualités florifères des plantes, elles se trouvent aussi près du verre que possible, ayant soin de continuer toujours à les bassiner et à ombrer s’il y a lieu. Ainsi soignés, les tubercules ne tardent pas à atteindre la grosseur de petites Noisettes ; c’est alors qu’il est temps de procéder à un premier rempotage, qui se fait en petits godets de 5 centimètres, dans une terre un peu plus consistante, composée de 50 p. 400 de terre de bruyère, 25 p. 400 de terreau de feuilles, 20 p. 400 de sable et 5 p. 400 de poudrette. Après ce rempotage, les plantes sont replacées sur une nouvelle couche tiède ; elles sont encore rempotées et chan- gées de couche deux fois dans le courant de l’été, d’abord dans des vases de 8 centi- mètres, puis au dernier rempotage, qui s’effectue habituellement à la mi-août, dans • . des vases de 42 à 45 centimètres de dia- mètre. Nos Cyclamen restent ainsi sur couche jusqu’à l’approche des premières gelées, époque où nous les rentrons en serre tempérée où, disposées sur des tablettes près du verre, elles ne disconti- nuent pas de donner une riche floraison, qui commence au mois de septembre et dure jusqu’en mai. Par cette culture, nos bulbes de Cyclamen arrivent en neuf mois à des dimensions qui varient entre 4, 7 et même 8 centimètres de diamètre, et tous fleurissent abondamment dès cette première année et produisent chacune jusqu’à une centaine de fleurs dans l’espace de temps que nous venons d’indiquer. Ces fleurs nous étant très-précieuses pour la confection des bouquets, nous élevons annuellement de trois à quatre mille Cycla- men dans les variétés : universum gigan - teum, grandiflorum rübrum , maculatum et niveum , et toujours nous obtenons un plein succès. Une chose très-urgente, c’est, à chaque rempotage, de donner un fort drainage de tessons concassés. Si nous remarquons des pucerons , nous les combattons avec une décoction composée de 425 grammes de tabac ordinaire, 425 grammes de savon noir et 250 grammes de Lignum quassia pour 25 litres d’eau, décoction dans laquelle nous plongeons le feuillage de nos plantes. Bardet frères. 366 FRENE PLEUREUR DE REMILLY. FRÊNE PLEUREUR DE REMILLY L’arbre dont nous allons parler, et que montre la figure 81, existe à Remilly, à quatre lieues de Metz, dans une propriété appartenant à M. Gandar. C’est en 1877, en allant voir avec notre collègue, M. Jouin chef de culture chez MM. Simon frères, à Plantières - les - Metz, le§ <( jolis fous » des bois de Daim et de Luppy (1), que nous eûmes l’occasion de voir les deux arbres si remarquables qui font l’objet de cette note. Placés tout près l’un de l’autre , ils sont à peu près sem- blables comme gros- seur et comme forme. Ils n’ont pas moins de 20 mètres de hauteur sur 2 mètres environ de circonférence; l’un d’eux (celui qui n’est pas ici figuré) pré- sente, à sa base, un renflement irrégulier qui a plus de lm 30 d’épaisseur au-dessus du sol, et s’étale en- suite sur celui-ci sur une longueur d’en- viron 6 mètres, simu- lant ainsi une grosse pierre ou sorte de ro- che de laquelle semble naître la tige, qui s’é- lève à peu près verti- calement. A l’exception de trois branches, que du reste l’on peut voir sur la figure 81, toutes les autres, y compris même celles du sommet, sont tombantes et ont des feuilles larges et bien « étoffées, » qui rappellent à peu près celles du Frêne pleureur que l’on rencontre dans presque tous les jardins. Les trois branches qui forment l’exception dont nous venons de parler, et qui sont très-vigoureuses, très- (t) V. Revue hort ., 1877, p. 374. ramifiées et compactes, naissent sur des branches pendantes ; elles diffèrent non seulement par leur aspect général, mais par leur nature, et surtout par leurs feuilles qui, plus vertes et plus luisantes, ont les folioles étroites, lon- guement acuminées en pointe, et même d’u- ne nature plus sèche et comme légèrement ondulées, crispées ; en un mot, à peu près identiques sur J es trois branches, ces feuilles sont complètement dif- férentes de toutes cel- les qui se trouvent sur les parties tombantes. Gomment ces arbres ont-ils été obtenus ? Quel est leur âge ? C’est ce qu’on n’a pu nous dire. Pourquoi ces branches dres- sées avec des feuilles étroites sur des bran- ches pendantes dont les feuilles sont larges et d’une nature diffé- rente? Il faut renon- cer à l’expliquer. Au point de vue pratique, il y a là des faits dont on doit tirer par- ti. Quant à la science spéculative, elle doit aussi en tenir un grand compte. S’ins- pirant des faits, et en tirant des conséquences, le savant observa- teur, qui n’a pas d’idées préconçues, doit voir là un exemple de la plasticité de la matière qui, alors, détermine les formes ; et, d’une autre part, comme c’est d’après les formes qu’on établit les espèces, il doit apprendre à en reconnaître la fragilité , et ne pas leur accorder une importance que, au point de vue scientifique, elles n’ont guère que dans l’imagination. Mais quoi qu’il en soit, le Fraxinus pen- dilla Remillyensis est une sorte très -eu - Fig. 81. — Frêne pleureur de Remilly ( Fraxinus pendula Remillyensis). A TRAVERS L’EXPOSITION. 367 rieuse que l’on devra propager, car, par sa vigueur et son port tout particulier, il cons- titue un ornement d’un nouveau genre. En raison de son aspect et des dimensions qu’il acquiert, on devra le planter isolément, là où il pourra atteindre son complet déve- loppement. Il va sans dire que, pour le multiplier, on devra prendre des greffons sur les parties tombantes ou, comme l’on dit, sur les branches qui « pleurent. » E.-A. Carrière. A TRAVERS L’EXPOSITION a Au printemps les fleurs, à l’automne les I fruits, » dit un vieux proverbe. Un coup d’œil jeté à la hâte sur l’exposition horticole démontre la justesse de ce proverbe. Bien que sœurs et intimement unies, Flore et Pomone ne sont pas jumelles ; l’une a dû précéder l’autre. Après Flore est venue Pomone, qui aujourd’hui tient le sceptre. Chacun son tour; ainsi le veut le destin. C’est donc entendu : à tout seigneur tout honneur. Pomone étant la divinité du jour, je vais examiner ses produits. Mais alors, par où commencer ? car j’en vois partout, et tous plus beaux les uns que les autres ; aussi quel ne fut pas mon étonnement en réfléchissant à ce que j’entendais répéter continuellement : « Il n’y a pas de fruits cette année ! » Tant mieux, me dis-je à part moi, car comment aurais-je 4 fait s’il y en avait eu beaucoup ? Les deux galeries ne suffisant pas, bien qu’on en ait évincé tous les légumes, l’adminis- tration dut faire improviser des tables le long des galeries d’un des côtés du palais, presque en face la porte Rapp. Une superficie de près de 200 mètres de long sur 1 mètre environ de ^ large était occupée par quatre collections aussi remarquables par le nombre que par la beauté des produits. Deux proviennent de la collecti- vité : l’une de la Société d’horticulture du Rhône, l’autre de la Société d’horticulture de la Gironde. Dans cette dernière, outre les fruits de saison, tels que Poires, Pommes, Pèches (qui, à peu près toutes, étaient des Pavies), Noix, Noisettes, Amandes, etc., etc., qui occu- paient près de 30 mètres de long, les Raisins de cette meme collection garnissaient, à une des extrémités, une même superficie ; sur un petit lot, composé d’une soixantaine environ de variétés, on lisait : « Vignes d’Europe greffées sur racines de Vignes américaines et qui ont résisté au phylloxéra. » Beaucoup de gens, après avoir lu la pancarte, se retiraient en fai- sant un signe de doute. Trouvant plus prudent d’attendre, je me bornai à formuler ce souhait : « Que la Société bordelaise ait raison, et je serai satisfait. » Tout à côté, deux autres col- lections, appartenant, l’une à M. Cirio, de Turin, l’autre à MM. C. Baltet frères, de Troyes, étaient également très-nombreuses et bien variées ; celles de MM. Baltet, outre le nombre des sortes et la bonne nomenclature, se faisaient remarquer par un classement par lettre alphabétique, le seul qui me paraît con- venable pour une exposition, parce qu’il permet à. tous, même aux plus étrangers à la pomo- logie, de trouver de suite tel ou tel fruit qu’il désire étudier. Il sufit de savoir lire. De là je passe aux galeries où, en entrant, je trouve d’abord les lots de MM. Dingremont, Girardin Collas et Louis Lhérault, qui n’avaient guère que des Raisins, quelques Poires et des Figuiers sans Figues. Parmi les autres exposants, on re- marquait particulièrement le lot de Mme veuve Durand, qui était aussi nombreux que beau et varié ; celui de MM. Besson, de Marseille, qui, outre les Poires et les Pommes, et surtout les Raisins, comprenait quelques fruits propres au climat méditerranéen, tels que diverses variétés d'Olives, et tout particulièrement une nom- breuse collection de Figues. Les lots de M. A. Roy et celui de l’établissement d’Igny étaient tous deux très-remarquables. Montreuil sou- tenait sa réputation de « Montreuil aux Pêches; » et deux lots exposés, l’un en collectivité par un certain nombre de cultivateurs, l’autre par M. Chevalier (Désiré), attiraient tous les visiteurs par le nombre, le choix et la beauté des Pêches, et j’en ai vu plus d’un dont le regard semblait indiquer un sentiment sinon d’hostilité, au moins de convoitise. Mais, outre les fruits, on - remarquait encore dans le lot de M. Chevalier une branche qui, fendue en deux dans son milieu sur une longueur de plus de 30 centimètres, n’en portait pas moins dix belles Pêches. C’était un de ces tours de force qui, m’a-t-on assuré, n’étonne plus ceux qui connaissent l’habileté de cet arbo- riculteur. M. Galien exposait aussi un beau lot de Poires et de Pommes, ainsi que quelques sortes de Pêches parmi lesquelles j’ai remarqué la Pêche Blondeau qui, très-grosse et très- belle, est, paraît-il, de toute première qualité. Parmi les autres exposants de fruits, je dois une mention spéciale aux Raisins de MM. Etienne Salomon et Rose Charmeux, de Thomery, qui, tous deux, présentaient des Vignes qui ayant été couchées en pots, étaient chargées de beaux Raisins ; en outre, comme il l’a toujours fait 368 A TRAVERS L’EXPOSITION. jusqu’ici, M. Rose Gharmeux, qui expose hors concours, montrait en Raisins coupés et dans des bouteilles une soixantaine des meilleures variétés de Vignes de table. Quant à M. Mar- gottin fils, ses Vignes en pots, au nombre de 26, continuaient à exciter l’admiration et l’étonne- ment des visiteurs. Je vais terminer sur les fruits par l’examen d’un lot qui, de tous ceux exposés, était assuré- ment le plus remarquable. C’est celui apparte- nant à Y École d’horticulture de Versailles; aussi excitait-il tout particulièrement l’atten- tion, pour plusieurs raisons : d’abord pour son ensemble, comprenant environ 500 espèces se décomposant ainsi : 170 variétés de Poires, 130 de Pommes, 38 de Raisins ; ces derniers, en pots, étaient surtout d’une culture irrépro- chable ; les Vignes naines, de bonne vigueur et bien que jeunes, étaient chargées de Raisins Mais ce n’est pas tout, et ce qui donnait à ce lot un intérêt tout particulier, c’était, outre l’ordre de classement des fruits par époque de maturité, le mode d’étiquetage. Sur chaque étiquette était indiqué le nom adopté et les synonymies, quand la variété en présente ; l’époque de la maturité, les qualités du fruit, plus une colonne d’observations où étaient consignés la fertilité de l’arbre, le sujet sur lequel il convient de le greffer, etc., etc. C’était donc une véritable école qui, de tous points, justifiait ce titre que porte le remarquable établissement dont je viens de parler. Quant aux légumes, on peut croire qu’ils avaient été assez mal vus, car ils avaient dû céder la place aux fleurs et aux fruits. Est-ce parce que, moins heureux que ces derniers, ils n’ont pas de divinité qui les protège ? Toujours est-il que, dispersés un peu partout, il était difficile de les trouver. J’ajoute que, jetés sur le sol et comme un peu au hasard, ils attiraient à peine l’attention du public. Et pourtant c’est un tort, car si, pour quelques personnes, ils n’ont rien d’agréable, pour tous ils ont le grand mérite de Yutilité. Les principaux lots étaient, en première ligne, celui de Gennevi lliers qui, comme toujours, se trouvait près de l’École- Militaire, sous une sorte de hangar, et un lot de MM. Vilmorin qui, placé sur un massif devant le palais, là où depuis plus de trois mois le public était habilué à voir d’aussi jolies fleurs, produisait un fâcheux effet que, du reste, démontrait bien le désappointement des visiteurs. Tous les autres légumes étaient comme perdus et épars sur le sol, à l’extrémité et entre les deux galeries de l’agriculture. Les principaux exposants étaient MM. Cauchin (Vincent), qui avait apporté un beau lot de légumes de saison ; Paillet, qui avait 33 corbeilles de Pommes de terre comprenant les meilleures sortes (une de chaque); Falluel, T orcy- Vannier, Picquenot, Aubergier, Schofter, Ledoux, ins- tituteur (Pommes de terre), Mayeux, (Pommes de terre). Enfin M. Villette, jardinier au châ- teau de Pelangis, exposait une corbeille de magnifiques Cerfeuils bulbeux, ce précieux légume que jusqu’ici je n’avais pas encore remarqué. Je termine sur les légumes en citant deux lots qui, isolés, se trouvent comme perdus dans le Champ-de-Mars, entre les deux galeries en bois qui, jusqu’ici, étaient à peu près exclusi- vement consacrées à l’exposition des fleurs. Tous deux se composent de Gucurbitacées : l’un, qui appartient à M. Valentin Gaillard, est cer- tainement le plus complet qui ait jamais paru en ce genre, et dépasse en variétés tout ce que, jusqu’ici, j’avais eu l’occasion de voir; l’autre qui, avec quelques très-beaux et gros Cantaloups et quelques Potirons communs, compense le nombre par la grosseur, appar- tient à M. Millet, de Bourg-la-Reine. Deux de ces potirons sont énormes et donnent une idée de la rapidité avec laquelle croissent ces plantes ; la grosseur et le poids sont égaux : noués le 25 juillet 1878, et cueillis le 12 sep- tembre, ils pèsent de 125 à 130 kilogrammes chacun. Mais je dois m’arrêter, car je m’aperçois que les mots s’ajoutant aux mots font des pages, et que je n’ai encore rien dit des fleurs ; aussi j’y reviens, d’abord un peu par sympathie, ensuite pour ne pas mécontenter Flore, avec laquelle tout reporter, quelque peu horticole soit-il, doit être au moins dans de bons rapports. Il n’est jamais prudent de jouer avec le feu. Pour cela, et pour sacrifier à l’habitude, je vais commencer par « la reine des fleurs, » la Rose. Si, comme dans mon précédent examen, je constate que les exposants sont toujours les mêmes, je constate aussi que, malgré la saison, les apports n’ont nullement baissé, au con- traire. MM. Lévêque, A. Leroy, Margottin père, Jamain Hippolyte, Margottin fils, Delabergerie, ont des lots qui étonnent par le nombre des variétés et la beauté des fleurs. Après les Roses viennent les Glaïeuls, les Dahlias et quelques plantes à floraison de fin d’été et d’automne, tels que des Zinnias et quelques Reines-Mar- guerites. Pour les Glaïeuls, MM. Souillard et Brunelet l’emportent toujours sur tous les con- currents, non seulement par le nombre des variétés, mais par la grandeur et la beauté des fleurs, ainsi que par la richesse des coloris ; puis vient M. Charles Verdier, dont l’apport est également très-remarquable. Après venaient j coupées étaient présentés par MM. Aldebert fils, Lévêque, Paillet, Delahaye, Mezart et Lecoq- i Dumesnil qui exposait de très-beaux semis. Trois exposants présentaient des bouquets : : MM. Deschamps, de Boulogne, Lange, de ‘ Paris, et Bosse, de Genève. Comme plantes en 369 UNE NOUVELLE FRAISE DE QUATRE-SAISONS. massifs, dehors, je n’ai guère à citer, pour aujourd’hui, que les Lantanas Impératrice Eugénie de M. Deschamps, les magnifiques Eulalia Japonica et zebrina de M. Paillet, deux lots de plantes variées de M. Lecarron et de MM. Vilmorin, ainsi que plusieurs groupes d’Orangers, de Myrtes et de Lauriers roses qui, par leur beauté et leur bonne culture, attiraient tout particulièrement l’attention des amateurs de belles plantes. Ces plantes ap- partiennent à M. Jamain (Hippolyte). En terminant, une observation : pourquoi mettre sur les lots, en grosses lettres : a vendre? Cette expression, peu agréable à la vue, fait quelque peu ressembler l’Exposition à un champ forain, et çà et là forme des taches dans le tableau. A la rigueur, on compren- drait le mot vendu; mais à vendre , c’est au moins inutile, puisque à peu près tout est dans ce cas. Argus. UNE NOUVELLE FRAISE DES QUATRE-SAISONS Le Fraisier dont je vais parler n’est pas seulement remarquable par son origine ; il l’est surtout par sa rusticité et son excessive fertilité, qui pourrait lui faire donner le qua- lificatif perpétuel. Il vient d’un pied que j’ai trouvé, il y a quatre ans, vers les pre- miers jours du mois de mai, à trois kilo- mètres de Brie-Comte-Robert, dans un petit bois, seul au milieu de beaucoup d’autres pieds appartenant à l’espèce commune. Surpris de trouver un Fraisier des bois d’une très-belle végétation et chargé de fruits mûrs les premiers jours de mai, je me suis empressé de l’enlever et de le plan- ter dans mon jardin, à côté de la Meudon- naise et de la Reine des Quatre-Saisons du potager de Versailles. Pendant toute la saison, il a fructifié, et les gelées seules ont mis arrêt à sa production, cela en restant toujours très-vigoureux. L’année suivante, j’ai semé de ses graines qui m’ont donné des plants qui, comme leur mère, sont ro- bustes et très-fertiles, qu’on peut voir dans mon jardin, à côté des Quatre-Saisons du potager de Versailles, qu’ils surpassent de beaucoup comme rendement, bien que les fruits soient un peu moins gros. Ce qui est surtout remarquable, c’est la prompte for- mation de ses fruits, dont la maturité se fait également beaucoup plus vite que chez toutes les autres variétés. Les rameaux sont hauts et droits, et sortent bien du feuillage, qui est robuste et bien nourri. Bisson, Horticulteur à Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne). Si nous ne pouvons rien affirmer, quant à l’origine du Fraisier qui fait l’objet de cette note, ce que nous pouvons assurer, c’est que ce Fraisier est très-vigoureux et excessivement productif, et que ses fruits sont d’une bonne qualité et surtout très-parfumés. Ainsi, le 6 septembre dernier, nous avons vu d’énormes touffes couvertes de fleurs et de fruits à diffé- rents états, absolument comme sont les Frai- siers des Quatre-Saisons à l’époque où ils « donnent en plein. » Le fait de la production spontanée n’a rien d’impossible, au contraire ; il est du reste con- forme à tant d’autres que l’on connaît dans les cultures, où très-fréquemment l’on rencontre des a semper, » comme disent les jardiniers, c’est-à-dire des plantes qui « remontent » con- tinuellement. Du reste, des faits analogues, plus singuliers même, ont été signalés par M. Boisselot, de Nantes, et consignés dans la Revue (1). Cet intelligent observateur remarquait que chaque année, chez lui, et malgré les soins les plus minutieux, des semis qu’il faisait de graines de grosses Fraises, il obtenait, presque chaque année, des pieds de Fraisiers des Quatre-Sai- sons, ce qui lui faisait écrire : « Tout extraordinaire que cela puisse pa- raître, je me demande si nos variétés à gros fruits ne seraient pas issues de la Fraise des bois, qui, du reste, ressemble assez à notre Fraise des Quatre-Saisons ; mais alors, com- ment expliquer ce fait, que j’ai toujours trouvé dans mes semis, un Fraisier remontant et non celui des bois qui ne remonte jamais? » Mais, quoi qu’il en soit, à part son ori- gine, que, du reste, nous ne contestons pas, le Fraisier la Fertile de Brie- Comte- Ro- bert est une variété précieuse, qui a des qualités qui la feront rechercher tout parti- culièrement. E.-A. Carrière. (1) V. Revue horticole, 1877, p. 343. 370 ÆSCULUS RUBICUNDA BRIOTII. ÆSGÜLÜS RUBICUNDA BRIOTII Des nombreux semis qui ont été faits du Marronnier à fleurs rouges, il n’est guère sorti que des plantes à fleurs plus ou moins « pâlottes, » même parfois d’un blanc sale lavé rose ou rouge terne. Au contraire, la variété dont nous allons parler, et qui est figurée ci-contre, est remarquable par son coloris, d’un très-beau rouge foncé, couleur qui se communique même à toute l’inflo- rescence. On la doit à un homme bien connu en horticulture, à M. Briot, chef des pépinières de l’Etat à Trianon- Versailles, qui l’obtint en 1858. En voici une descrip- tion sommaire : Arbre d’une vigueur moyenne, rappelant par son port et son faciès général ceux du type Æsculus rubicunda. Feuilles raides, luisantes, d’un vert très-foncé en dessus, ondulées-tourmentées, finement et irrégu- lièrement dentées. Inflorescence en grappe spiciforme bien garnie, à rachis rouge foncé vineux, couvert d’un duvet gris cendré. Fleurs réunies en groupes sur des ramilles également colorées, d’un rouge très-foncé violacé dans toutes les parties, excepté par- fois dans les divisions supérieures, où se trouve une macule plus claire d’un rouge orangé. Si à ces caractères nous ajoutons que le calice, les filets des étamines, ainsi que le style, sont également très-colorés, on pourra se faire une idée de la beauté de l’ensemble et de l’effet ornemental que pro- duit ce Pavia lorsqu’au printemps, alors que, déjà garni d’un très-beau feuillage, il se couvre de fleurs dont l’éclat est encore relevé par la belle couleur verte des feuilles. Quant aux fruits, ils ne se développent jamais — c’est du moins ce que nous obser- vons chaque année — et tombent très-peu de temps après les fleurs. A ce moment ils ont la peau lisse et couverte d’une villosité courte, d’un gris cendré glaucescent. Faut-il de cette infertilité, qui paraît être constante chez Y Æsculus Briotii, et de la peau des fruits, qui paraît être à peu près dépourvue de tubercules, en conclure que cette plante est un hybride ? Nous ne le croyons pas, d’abord parce que ces carac- tères se montrent chez beaucoup de plantes qu’on considère comme des variétés, et d’autre part parce que, ici, il y aurait une difficulté de plus, l’origine de la mère {Æsculus rubicunda) étant elle-même com- plètement inconnue, et de grands soupçons pesant sur le compte de celle-ci relative- ment aux rapports sexuels. Certains n’hési- tent même pas à dire que ce serait un hybride et que sa mère, Y Æsculus rubi- cunda, aurait eu des rapports avec les Pavias, ce qui, toutefois, chez les végé- taux, ne paraît pas contraire à la moralité... En admettant ce fait, on aurait une mère hybride et un fils hybride. C’est trop, et ce serait manquer aux égards qu’on doit à la science qui, du reste, a déclaré que les hybrides ne se reproduisent pas. D’une autre part encore, outre la difficulté de remonter à l’origine de la paternité et le danger qu’on court quand on se livre à cette sorte de recherche, on s’expose tou- jours à des méprises tellement graves en faisant peser sur certains individus des doutes qui doivent retomber sur d’autres, qu’on nous pardonnera de ne pas nous étendre davantage sur la paternité de Y Æs- culus Briotii. Nous nous bornons donc à dire que c’est une plante de tout premier mérite, qu’on pourra se procurer chez M. Moser, horticulteur, rue Saint-Sympho- | rien, à Versailles. E.-A. Carrière. LES ARBRES ET LE MATÉRIEL HORTICOLE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE Les horticulteurs ont sur les autres expo- sants un avantage marqué. Les objets qui sont du ressort de l’art proprement dit ou de l’industre ont dit leur dernier mot dès l’ouverture des galeries ; nous les revoyons encore, il est vrai, avec admiration ou avec plaisir, ou simplement avec intérêt, suivant le degré de mérite que nous leur attribuons ; mais enfin nous les retrouvons tels que nous les avions laissés, immuables dans leur per- fection ou dans leur médiocrité. La période de l’éblouissement a fait place à celle de ' CuuLsin. del. Revue Horticole. Æscizlus mbiauida Vàr. BnoUi. ŒronxotùÛi. &. S&vtrtyns. LES ARBRES ET LE MATÉRIEL HORTICOLE A L'EXPOSITION UNIVERSELLE. 371 l’examen plus attentif, et les grands étonne- ments sont le partage des nouveaux débar- qués. Il n’en est pas ainsi des produits horti- coles : un intérêt sans cesse entretenu s’at- tache aux progrès de leur végétation ou à leur renom ellement ; les fleurs défraîchies sont retirées; les fruits avancés sont rem- placés par ceux de la saison, et à une expo- sition horticole finie succède une nouvelle exposition. Les arbres fruitiers eux-mêmes partici- pent à ce regain de curiosité. Plantés en mars ou avril, ils ont maintenant parcouru, ou peu s’en faut, le cycle de leur végétation annuelle ; en même temps que la végéta- tion, l’horticulteur a fait son œuvre : il a pratiqué quelques opérations qui sont l’exposition de son travail, et il nous invite à examiner non plus seulement des sujets qu’il avait façonnés chez lui, à notre insu, mais encore ses procédés mêmes d’entre- tien et de taille. C’est ce travail combiné de la nature et de l’art qui donne un nouvel attrait à la visite des pépinières, sur lesquel- les nous n’avions jeté au commencement qu’un coup d’œil d’ensemble. La principale opération qu’ont eu à subir les arbres formés, depuis leur plantation dans le Champ-de-Mars, est le cassement des jeunes pousses ; toutes les variétés de Poiriers ont été soumises à cette taille d’été, car c’est une mode à laquelle peu de jardi- niers oseraient ne pas sacrifier. Cela se comprend : si, en effet, on ouvre les traités de ceux qui sont à la tête de l’horticulture fruitière, si on suit leurs leçons orales, on verra que le cassement est unanimement recommandé ; quelques-uns veulent même que l’on casse ce qu’ils appellent des « bran- ches à fruit )> quand leur longueur atteint 20 centimètres. Il en coûte peu, le plus souvent, de se soumettre à ces prescriptions, car, de même que le labour donne un air de propreté à la terre, de même la taille d’été à 5 ou 10 centimètres ravive la figure de l’arbre et fait valoir la rectitude de la char- pente ; cela plaît aux jardiniers ; cela plaît surtout aux propriétaires amateurs, qui ver- raient avec déplaisir l’air abandonné et broussailleux d’un Poirier non soumis au cassement. Nous avons parlé d’unanimité, et c’est un tort, car voici un auteur qui, s’appuyant sur un groupe important d’arboriculteurs de mérite, prétend réagir contre l’usage de casser ou de tailler pendant l’été les jeunes pousses du Poirier : « Une fois la taille d’hiver faite, dit-il, nous voulons qu’on s’in- terdise absolument tout pincement de bran- ches, toute taille en vert, toute suppression dans l’économie de l’arbre jusqu’à la chute des feuilles (1). » En présence de préceptes si complète- ment opposés, dans un conflit si accentué, nous ne dirons pas avec Panurge : « entre eux le débat ! » mais, sans éluder la discus- sion, nous résumerons très-brièvement notre opinion. Le cassement, suivant nous, doit rester ce que l’a fait son auteur, un moyen de mettre à fruit quelquefois les rameaux de certaines variétés greffées sur Coignas- sier, et en même temps de fortifier, aux dépens des inférieurs, le terminal, que son voisin tend parfois à dépasser. Il y a en effet de ces variétés qui, en terre médiocre, sont faibles en bois, et, au contraire, prodi- gues de leurs fleurs; avec elles on peut tout se permettre ; à quelque régime qu’on les mette, on en obtiendra toujours des fruits dans les années favorables et peu de temps après leur plantation. Mais quand il s’agit du Poirier, les généralisations sont dange- reuses, et les traitements uniformes sont la source de bien des mécomptes. Dans les terres de « haute graisse, » les Poiriers se couvrent annuellement de ces « branches furieuses, » produit de la taille d’hiver, que les jardiniers d’autrefois ont cherché à utili- ser par le cassement, mais que le plus sou- vent ils étaient obligés de supprimer en les taillant en février « à l’épaisseur d’un escu, » pour faire sortir les stipulaires. Ces rameaux gourmands sont encore aujour- d’hui un embarras pour les amateurs de formes géométriques. Les casse-t-on en juin ou juillet? Le moindre inconvénient qui en résulte, c’est que chaque rameau cassé s’échappe en un nouveau rameau aussi vigoureux et aussi infertile que le premier ; le pire, c’est que du même coup on fait allonger en un nouvel étage les menues branches qui devaient fleurir l’année sui- vante. Voilà ce que l’expérience nous a appris, et ce qui fait que nous sommes du côté des adversaires du cassement, quoique, à vrai dire, leur méthode nous paraisse un peu trop absolue; mais nous tenons pour (1) M. Langlois, dans l’ouvrage intitulé : Le Livre de Montreuil, p. 399. 372 LES ARBRES ET IÆ MATÉRIEL HORTICOLE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. certain que, en fait de taille d’été, et dans l’hypothèse d’une bonne végétation, l’absten- tion complète est encore préférable à cette pratique aveugle qui s’attaque à tous les Poiriers, sans tenir compte ni des variétés, ni de la greffe, ni de la nature du sol. En plaçant ici cette observation, nous n’entendons pas faire le procès aux horti- culteurs exposants. Leurs arbres ne sont pas à leur place définitive, et, soit qu’ils aient été transplantés, soit qu’ils aient été élevés dans les mannequins où nous les voyons, ils ne sont pas dans les conditions d’une culture normale ; les suppressions qui ont été faites pourraient sans doute se justifier par une foule de bonnes raisons; néanmoins on ne peut s’empêcher de cons- tater sur un grand nombre d’arbres une succession de deux et souvent trois casse- ments ou taille de rameaux qui, finalement, aboutit à un troisiè me ou quatrième rameau aussi infertile que le premier. Si, comme nous l’accordons, le cas- sement est quelquefois opportun, néces- saire même aux arbres plantés en plaine, il est assurément indispensable aux arbres de M. Chapelier, de Saint-Mandé, lesquels, plantés dans des pots relativement petits, ne connaissent pas la «furie» des branches, qui se ramifient presque toujours en brin- dilles, et, par conséquent, produisent abon- damment. Rien de plus plaisant et de moins encombrant que ses Poiriers de Curé, de Crassane et autres, que ses Pommiers d’Api, qui rendent si vraie la comparaison qu’on en a faite avec une glane d’oignons, ainsi que ses Raisins. Sa devise: Multum in parvo , est justifiée. M. Lapierre, de Montrouge, cultive aussi des Poiriers en pots; mais au lieu de les faire grimper en hélice, il les conduit en fuseau. Cette forme convient bien aux variétés qui aiment la direction verticale, comme le Passe-Colmar , le Saint-Ger- main, etc., etc. Rien nous prend d’avoir fait tout à l’heure quelques réserves à propos de la condamna- tion absolue du cassement, car nous trou- vons chez M. Ealtet deux Poiriers, un Oli- vier de Serres et un Curé , sur lesquels il a obtenu, par des cassements et des tailles très- rapprochées, le résultat désiré, c’est-à-dire la production de petits dards et de courtes brindilles venues sur des rameaux. Tout cela est affaire de mesure et de discernement. Ainsi, nous croyons que M. Roy, de Paris, aura quelque peine à mettre à fruit les rameaux stériles qui croissent sur son Poirier de Saint- Germain et renaissent continuellement sous le cassement. Ses deux arbres à’Amanlis sont moins fiers et étalent les plus beaux trochets de fruits que l’on puisse voir. On partage les regrets que doit éprouver cet habile exposant de voir ces fruits se détacher de leurs branches en mûrissant. Les vents de sud-ouest et les pluies fré- quentes ont amené daps les tissus des arbres des afflux successifs de sève qui ont troublé d’une manière extraordinaire la végétation de cette année. On voit tous les ans des flo- raisons qui se produisent à contre-saison, et, en feuilletant nos dessins, nous trouvons parmi des fleurs anticipées de Reurré doré, de Louise bonne, etc., etc., et même un fruit Duchesse ; mais nous n’en connaissions que des cas isolés, et n’avions jamais vu un Poi- rier couvert de fleurs en juillet. C’est le cas d’un Zéphyrin qui fait partie de la belle collection de pyramides de M. Jamain. A le voir, avec toutes ses fleurs et ses nombreux fruits ronds, on eût dit un Oranger. On découvre çà et là, au Champ-de-Mars, quel- ques fleurs qui ont fructifié ; les Poires anticipées ainsi venues se reconnaissent d’abord à leur volume, car elles sont rare- ment plus grosses qu’une Noisette, et sur- tout à la longueur de leur pédoncule, lequel souvent n’est pas limité et se confond avec la branche ; c’est, autant que nos observa- tions nous permettent de l’affirmer, ce caractère qui distingue le fruit anticipé du fruit retardé. Mais ne quittons pas le carré où nous sommes sans donner des éloges mérités au bel ensemble de pyramides exposées par M. Jamain. Nous avons là la preuve que l’on peut procurer aux arbres une bonne constitution et une forme agréa- ble, sans les faire ressembler à des épures de géométrie descriptive. Si la régularité absolue dans la distribu- tion des branches d’une pyramide ne nous éblouit pas, si nous sommes peu partisan de ces échafaudages compliqués de bâtons de sapin et de fil de fer, nous ne saurions cependant admettre l’absence complète de symétrie ; c’est pourquoi nous rappellerons l’inventeur du Floral à cette maxime d’Horace : « qu’il y a des bornes en deçà et au-delà desquelles ne se trouve plus le LES ARBRES ET LE MATÉRIEL HORTICOLE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. vrai. » Les arbres en pots qu’il expose ont été trop négligés ; ils auraient gagné à être mieux posés ; mais il faut reconnaître que, à part ce défaut, ils poussent et sont bien verts. Si l’on remarque qu’ils sont plantés en sable pur, on se fera aisément l’idée de l’action énergique de l’engrais appelé floral ; quelques pincées de cette poudre permet- traient peut-être d’élever des Poiriers sur Goignassier dans les sables à l’ouest de Paris. En parlant dernièrement du sécateur, et faute d’en avoir un sous les yeux, nous nous sommes mépris sur la disposition de ses branches ; nous confessons humblement cette erreur, en faisant remarquer qu’elle n’infirme en rien la valeur des considéra- tions que nous avons présentées. Et puisque nous sommes amené à reparler de cet ins- trument., notons deux nouveaux modèles à coulisse, tout en regrettant de ne pas avoir pris les noms de leurs auteurs. Le premier, à coulisse et à joints courbes, paraît être un bon instrument d’une dimension convenable ; le second est à bielle articulée ; ni l’un ni l’autre n’est fait pour modifier notre appréciation première. On sait que, outre son grave défaut de ne point couper sans glisser, comme le fait la serpette, le sécateur amène encore deux petits ennuis : le premier est que la vis se desserre ou se resserre pendant le travail, et alors ou l’instrument meurtrit le bois, ou il ne revient pas dans la main ; le second est que, dans le palissage, il faut à chaque instant le fermer et l’ouvrir avec la main gauche, qui n’est pas toujours libre. En substituant un boulon à la vis, M. Har- divillé, de Chambly (Oise), se flatte d’avoir écarté le premier de ces inconvénients, et quant au second, il l’évite en supprimant le fermoir à l’extrémité des branches, et en y substituant un fermoir d’un autre genre placé près du boulon, et qui se ma- nœuvre avec le pouce de la main qui tient l’instrument, sans qu’on ait besoin de faire intervenir l’autre main. Nous ne pouvons féliciter M. Hardivillé que de son intention, car nous avouons ne connaître ce dernier modèle que par la description qui nous en a été faite. M. Pelletier expose tout un matériel d’un 373 autre ordre et d’un genre assez nouveau. Il semble s’être attaché à débarrasser le jardi- nier de ses ennemis, et même à lui éviter les petits désagréments du métier. Nous ne reviendrons pas sur ses pièges à prendre les guêpes, les limaces, etc., etc. ; mais voici des clous galvanisés pour le palissage à la loque ou au lien d’osier. On connaît les inconvé- nients du clou ordinaire : en s’oxydant dans le mur, il s’empâte avec le plâtre, et si exercé qu’on soit dans le maniement du marteau à palisser, on ne peut quelquefois l’en retirer qu’en détachant en même temps une portion de l’enduit, ce qui dégrade un mur en peu d’années et crée des refuges très-recherchés des insectes ; en outre, quand, par suite du grossissement d’une branche, le clou de fer simple se trouvé en contact avec les couches sous-épidermiques, il détermine un chancre, lequel, chez le Pêcher, se complique souvent de gommose ; enfin, on ne sait pourquoi les fabricants ont, jusqu’à présent, façonné la tête en plans inclinés, sans se dire que le marteau, glis- sant sur ces pentes, venait trop souvent atteindre le pouce de l’opérateur. Le nou- veau clou évite tous ces désagréments, tant par son revêtement de zinc que par la forme de sa tête, plate et striée, qui reçoit, sans le faire dévier, le coup de marteau. Voici un autre ustensile, également galvanisé, qui sera apprécié de ceux qui cultivent ces terres qu’on appelle chez nous cc de bonne amitié, » parce qu’elles s’attachent forte- ment à vos pieds ; c’est un simple décrot- toir en tôle plate dont les évidements per- mettent de nettoyer la chaussure en dessous, en dessus et sur les côtés ; il n’exige aucun scellement et s’enfonce comme le fer d’une bêche ; le prix modique auquel nous le voyons coté en permet un emploi répété ; dans un jardin bien tenu, pour éviter de mêler con- tinuellement la terre avec le sable des allées, on ne trouvera rien de mieux que de munir de ce décrottoir chaque sortie de carré. Nous terminerons ici notre petite revue de l’Exposition, car « il faut cultiver notre jardin. i> Nous ne pouvons mieux quitter le lecteur qu’en lui rappelant ce mot final dans lequel Voltaire a résumé les aspira- tions et toute la philosophie de son Candide. A. Messager. 374 BROUSSONETIA BILLIARDl. BROUSSONETIA BILLIARDl En parlant de cette forme relativement récente, et qui ne diffère guère de l'ancienne [Broussonetia papy ri fera dissecta) que par sa vigueur un peu plus grande et sa ten- dance à s’élever davantage et à former un petit arbrisseau buissonneux, nous avons deux buts : rappeler l’homme qui en a doté l’horticulture, et montrer dans quelles limites extrêmes varier; puis faire connaître l’ori- gine du Brousso- netia dissecta ty- pe, qui, n’ayant jamais été établie, est, suivant les cas, rapportée di- versement. Notons d’abord ce fait, des plus singuliers, que le B. dissecta , qui de toutes les va- riations est cer- tainement l’une des plus remar- quables , est à peine connu, bien que, à notre con- naissance, il date lui avions adressée, nous écrivait ce qui suit : Versailles, 13 juillet 1876. Mon cher Carrière, Je regrette de ne pouvoir répondre à vos questions d'une manière précise au sujet du Broussonetia papy rifera dissecta. Ce que je puis affirmer, c’est que je l’ai acheté vers 1850, les végétaux peuvent j chez M. Jacob Makoy, horticulteur à Liège (Belgique). J'ai en- riété que j’avais fixée a été gelée dans un de nos forts hivers, et je l’ai perdue totalement. C’est de ce fait que j’ai conclu que la plante en question était le résultat d’un accident fixé, ce que pour- tant, je le répète, je n’affirme pas. Agréez, etc. Fig. 82. — Broussonetia BilUardi, au 1/17 de grandeur naturelle. déjà d’une tren- taine d’années au moins. Il est peu répandu dans les cultures, et, mieux, il n’est décrit nulle part : le Manuel des plantes et le Bon Jardinier ne le citent même pas. Pourquoi? Pendant très-longtemps, on n’a possédé que l’ancienne forme, le Broussonetia dissecta qui, nous le répétons, n’a jamais été décrit et dont, à un très-petit nombre d’exceptions près, on ignore l’origine et le nom de l’obtenteur; aussi, les opinions sont- elles partagées: certaines personnes soutien- nent qu’il a été obtenu par graines, tandis que d’autres, regardant ce fait comme im- possible, admettent qu’il est le produit d’un dimorphisme. C’était même l’opinion d’un de nos plus habiles praticiens, de M. Bertin père, horticulteur à Versailles, qui à ce su- jet, en réponse à une lettre que nous La supposition dont parle M. Bertin, et que plusieurs de nos confrères ont faite, n’est pas fondée, et nous sommes heureux, dans cette circonstance, de pouvoir rétablir la vérité. Nous devons les premiers ren- seignements à notre collègue et ami, M. Auguste Perrier, directeur des cultures de l’établissement Sénéclauze, dans lequel il travaille depuis une quarantaine d’années environ. Le 15 juillet 1876, il nous écri- vait : ... Voici des renseignements très-exacts sur l’obtention et l'omine du Broussonetia dis- BROUSSONETIA BILLIARDI. 375 secta. Il a été trouvé, en 1838, dans un semis de graines de Broussonetia papyrifera , fait en terrine par M. Nérard, horticulteur à Vaise- Lyon, qui, en 1840, l’a vendu à M. Adrien Sé- néclauze. Le premier pied mis au commerce par ce dernier a été livré à M. Louis-Jacob Ma- koy, de Liège, en 1843. C’est une charmante miniature, assez difficile à la multiplication, et qui se perd presque partout. D’après cette lettre si précise et si nette, nous aurions pu borner là nos recherches sur l’origine de cette forme si remarquable ; néanmoins, et afin de ne laisser aucun doute sur cette origine, nous avons cru devoir nous adresser à un de nos collègues, M. Mo- rel, qui, voisin et con- frère, et de plus lié par ses rapports jour- naliers avec feu Nardy, a été à même de con- naître la vérité au su- jet de la plante qui nous occupe. Voici sa ré- ponse : Vaise-Lyon, le 22 juil- let 1876. Cher monsieur Carrière, Voici ce que je puis vous dire sur le Brous- sonetia dissecta. Obtenu de semis par M. Hamon, chef -jardi- nier du Jardin botanique de Lyon, il en remit des greffons (scions) à M. Nérard aîné,. horti- culteur, pour le multiplier, ce à quoi il réussit en le greffant sur le Broussonetia commun. Le semis et la multiplication doivent remonter vers 1830 à 1835, par cette raison qu’en 1838 les pieds étaient déjà forts, bien qu’ils poussas- sent assez lentement. L’obtenteur, M. Hamon, le vendit ensuite à M. Ad. Sénéclauze, de Bourg-Argental, qui en revendit la propriété à M. Jacob Makov, de Liège, pour le prix de 1,000 fr. L’historique serait, je crois, difficile à établir aujourd’hui d’une manière bien précise, car tous ceux qui auraient pu dire exactement com- ment se sont passés les faits sont disparus de ce monde. Agréez, etc. F. Morel. Il résulte de tout ceci que, sans aucun doute, le premier des Broussonetia dissecta a été obtenu à Lyon, d’une graine de B. pa- pyrifera, mais aussi que, sans feu Adrien Sénéclauze, cette plante si curieuse serait très-probablement disparue des cultures. Un autre fait des plus remarquables , à peu près inconnu aujourd’hui, et que nous devons connaître parce que, indépendam- ment de son importance, il vient appuyer l’origine, par graine, du Broussonetia pa- py ri fera dissecta , est l’obtention, vers 1866, par notre regretté collègue, feu Billiard, dit la Graine, à Fontenay- aux- Roses, dans un semis de Broussonetia pa- py ri fera, de sept individus à feuilles dis- sectées. De ceux-ci, six étaient à peu près identiques au B. dissecta ; un seul, celui que représente la figure 82, différait par son de Broussonetia Bïlliardi, 1/2 grandeur naturelle. port et sa tendance à s’élancer davantage et à former une tige; nous l’avons qualifié Bïlliardi , en souvenir de son obtenteur. En voici la description : Arbuste très-buissonneux, à suc laiteux. Rameaux très-rapprochés, grêles, presque flagelliformes. Ecorce brun pourpre, portant de nombreux poils lanugineux, blanchâtres. Feuilles longuement pétiolées, à pétiole rouge, dépourvues de parenchyme, réduites aux trois nervures principales qui, très- longues et grêles, constituent comme trois pétioles secondaires terminés par une sorte de li mbe irrégulièrement lancéforme-hasté, plus ou moins divisé, atténué à la base, très-lon- guement prolongé, en s’atténuant en pointe au sommet. Parfois, cette sorte de limbe est presque réduit à la nervure, qui alors présente çà et là, et irrégulièrement, sur ses bords quelques expansions foliacées, ce que démontre l’une des deux feuilles de la fi- gure 83. Les pétioles (primaires et secon- Fig. 83. — Feuilles 37G QUELQUES MOTS SUR LA CULTURE DES ROSIERS DANS LES INDES. claires), ainsi que les nervures, sont d'un rouge sombre. Le Broussonetia dissecta a tous les caractères qui viennent d’être énumérés ; il ne se distingue du B. Billiardi que par son aspect, et constitue un buisson excessive- ment compact, souvent plus large que haut. Ce sont des plantes très- curieuses, dont chaque amateur doit posséder au moins un pied. Dans les jardins botaniques, leur pré- sence est de rigueur. On les multiplie : 1° par couchage, qui mettent deux ans à s’enraciner ; 2° par greffes sur racines de Broussonetia papy ri fer a, sur lesquelles ils reprennent très-facilement et vivent très-bien. Ces greffes se font en fente au printemps ; pour en assurer et hâter la reprise, on les place sous cloche dans la serre à multiplication, non toutefois à une grande chaleur. E.-A. Carrière. QUELQUES MOTS SUR LA CULTURE DES ROSIERS DANS LES INDES (1) Il y a deux ans que la culture des plantes d’ornement a pris un nouvel élan à Batavia ; on payait alors pour un pied d’une belle Rose 25 florins. Cette somme a été donnée plusieurs fois pour une jeune pl ante de la Rose « verte » et du Maréchal Niel. C’étaient surtout les riches Chinois qui dépensaient beaucoup d’argent pour les belles variétés. Encouragées par ce prix énorme, plu- sieurs personnes se sont appliquées à la culture de ces fleurs. L’offre s’augmentant, le prix s’est rabaissé, de sorte que mainte- nant l’on peut se procurer de fortes plantes en bonnes variétés pour un demi-florin la pièce. Quelques amateurs font venir de l’Eu- rope, chaque année, des variétés de Rosiers ; mais parmi celles qui ont été introduites dans les dernières années, il y en a plusieurs qui, dans ce climat-ci, ne portent pas de fleurs, ou bien n’en produisent que fort ra- rement. Les marchands d’Europe ignorent quelles sont celles qui peuvent fleurir dans notre colonie. Les meilleures Roses pour notre latitude sont les Roses Thé , Noisette et Bourbon. Parmi les hybrides remontants , il y en a quelques-unes qui vont bien ici, par exemple Mme Moreau et Jean Jupin. La première est même une des plus belles variétés con- nues ici. Mais, au contraire, plusieurs sortes de ce groupe ne portent jamais de fleurs. De la variété Docteur Andry , nous possédons trois pieds forts, mais je n’en ai vu encore qu’une seule fleur. Les Roses hybrides remontants de Port- ai) Extrait des Annales du Jardin botanique de Buitenzorg, vol. I, p. 174. Batavia, H.-M. Van Dorp, 1876. land , et les autres Roses qui ne fleurissent qu’une fois par an, ne sont pas bonnes pour notre climat. Il va sans dire que les R.oses croissent mieux dans les contrées montagneuses, où il fait beaucoup plus froid, que près des côtes où il y a des espèces qui ne portent aucune fleur, tandis que ces mêmes espèces fleurissent abondamment dans un climat plus froid. Par exemple, le Général Jacque- minot ne fleurit jamais à Buitenzorg, tandis qu’il fleurit souvent à Tjibodas, situé à 4,500 pieds de hauteur. On peut déjà voir l’influence du climat en comparant les Roses de Batavia à cejles de Buitenzorg. Les pre- mières, pour bien croître, exigent d’être plantées dans des pots à fleurs, et pendant la saison sèche elles offrent un aspect misé- rable. Mais à Buitenzorg, les Roses croissent en pleine terre, et en prenant un peu de soin pour la culture, on peut obtenir des résul- tats satisfaisants. Le meilleur moyen pour dresser un parterre de Roses est de bêcher profondément le sol avec le patjol, et d’y faire apporter une couche épaisse de vieux fumier. Il est urgent de fumer abondam- ment et beaucoup plus souvent que dans les régions tempérées, où les plantes jouis- sent du repos hivernal, tandis qu’ici elles poussent et fleurissent dans toutes les sai- sons. Nous fumons une fois par trimestre, et cette règle nous donne de bons résultats. Encore est-il nécessaire de faire bêcher de temps en temps la terre autour des plantes, en ayant soin toutefois de n’en pas léser les racines. Pour cultiver avec succès les Roses dans | des pots, on doit employer un bon sol qu’on 377 QUELQUES MOTS SUR LA CULTURE DES ROSIERS DANS LES INDES. compose de préférence en mêlant du vieux fumier, des feuilles pourries et du sable. Un bon drainage étant nécessaire, on met quel- ques cailloux au fond des pots ; on ne doit, jamais non plus planter les Rosiers sous des arbres, mais toujours dans un endroit découvert où elles peuvent jouir du soleil pendant toute la journée. Cette dernière re- marque s’applique aussi aux Rosiers plantés en pleine terre. La taille des Rosiers ne peut non plus se faire aussi régulièrement ici que dans les pays tempérés. On doit se borner à couper les branches qui ont fleuri aussi courtes que l’exige la forme que l’on veut donner à la plante soumise à la taille. Les fleurs épa- nouies doivent être coupées rigoureusement. Ici on ne peut restaurer les vieux Rosiers qui dans leur jeunesse ont été négligés. En coupant trop, on s’expose à tuer la plante. Il va sans dire que pendant la saison sèche on doit arroser les Rosiers tous les jours deux fois, le soir et le matin. Il faut aussi, de temps en temps, arroser ceux qui sont plantés en pleine terre. Dans ce pays, on se plaint beaucoup des ravages que les fourmis blanches occasion- nent aux Rosiers nouvellement plantés ; je crois pourtant que ces plaintes sont exagé- rées. Rarement je vis des plantes saines rongées par ces insectes, mais bien des plantes malades par suite d’une mauvaise culture. Cette année-ci j’ai planté dans un parterre soixante-dix Rosiers, et seulement trois ont été attaqués par les fourmis. Et encore j’aurais pu prévenir le mal en ajou- tant au sol un peu de cendre de bois ou de la suie. Je crois bien qu’à Ratavia, les four- mis blanches feront plus de mal qu’à Bui- tenzorg ; mais en cultivant bien la terre et en y ajoutant beaucoup de fumier, et un peu de cendre de bois et de la suie, on ob- tiendrait des plantes vigoureuses, et celles- ci n’auraient rien à redouter de leurs enne- mies, les fourmis blanches. Les races perses ( Rosa damascena) croissent ici le mieux, et même à Batavia oja peut voir des plantes fortes de cette espèce ; aussi les fourmis ne leur causent-elles pas autant de ravages. Elles fleurissent abon- damment, à ce point même que les indi- gènes, avec leurs moyens primitifs, font avec les pétales une sorte d’eau de rose. Ils enfilent les pétales et les mettent dans une petite bouteille, remplie d’eau et qu’ils ferment bien et exposent ensuite au so- leil. L’eau qu’on obtient de cette manière est très-aromatique, mais très-peu abon- dante. Cette espèce (le Rosa Damascena) crois- sait si bien, que je l’ai employée comme sujet pour greffer d’autres variétés, en faisant des marcottes d’une branche, aussitôt que l’œil commence à pousser. Par ce moyen on peut se procurer facilement des Rosiers à tige. La multiplication se fait très-facilement par marcottes ( Tjangkok ), et cette manière est si connue dans ce pays, qu’il serait su- perflu de la décrire. Dans la saison pluvieuse on peut multiplier les Rosiers de Perse par boutures, même en les plantant immédia- tement en pleine terre. Les boutures de variétés plus délicates ne croissent pas facilement, et ce n’est que rarement que je les ai vues réussir chez les amateurs. Ce n’est qu’en prenant beaucoup de soin qu’on arrive quelquefois à un bon résultat. Il faut prendre des boutures courtes, et les planter immédiatement après les avoir coupées, dans une terre mêlée de beaucoup de sable, en les plaçant à l’ombre pendant quelques jours et en les couvrant d’un verre. Mais néanmoins toutes les variétés ne réussissent pas également bien. La nomenclature des Roses chez les ama- teurs laisse beaucoup à désirer. En recevant un pied de Rosier . sans nom (ce qui arrive le plus souvent, si on les achète aux cultiva- teurs indigènes), plusieurs gens les bapti- sent arbitrairement. Il en résulte une con- fusion babylonienne ; par exemple, à Ratavia on donne ordinairement le nom de Géant des batailles au Rosier Lord Raglan , celui de Caméléon à la variété Archiduc Char- les,, etc. M.-H.-J. WlGMANN, Second jardinier du Jardin botanique, à Buitenzorg. On peut voir par cette lettre, que nous avons cru' devoir reproduire, d’abord que dans un pays aussi différent de celui de la France et surtout du nord, où les Rosiers sont cultivés sur une vaste échelle, que l’est celui de Batavia, ces plantes y sont également l’objet d’une cul- ture spéciale; ensuite que l’influence exercée par ce climat sur certaines races de Rosiers est considérable. Toutefois, il est des faits que rien ne semble expliquer. Pourquoi, par exemple, « les hybrides * remontants de Port- land et les autres qui ne fleurissent qu’une fois par an ne sont-elles pas propres au climat, » quand à côté les Rosa Damascena fleurissent 378 DES ABRIS LÉGERS. au contraire « très-abondamment ? » Pourquoi, aussi, puisque les Bourbons fleurissent parfai- tement à Buitenzorg et « sont des meilleurs, » le Général Jacqueminot , un Bourbon par excel- lence, n’y fleurit-il jamais ? Il y a là des singu- larités qu’on ne peut expliquer et qui doivent tenir à la nature des individus. On a vu aussi que là, comme en France et même comme partout en Europe, les Rosiers, pour fleurir, veulent être placés à la lumière, non sous les arbres. Enfin, on a lieu d’être étonné de voir que dans cette contrée si éloignée de l’Europe, les pétales de Rasa Damascena sont employés par les insulaires (bien que par des moyens grossiers et primitifs) à faire de l’eau de Rose, ainsi que pendant très-longtemps cela s’est fait en France avec cette même espèce. On a pu voir aussi que la culture se fait rationnellement, que le bouturage se fait d’une manière analogue à ce qui se pratique en France, que la greffe y est aussi pratiquée, non toutefois sur Églantier, mais sur des « marcottes de Rosiers de Perse, » et que c’est ainsi qu’on obtient des tiges. De tout ceci on peut conclure que puisque dans cette partie du globe, qui n’est pas seule- ment très-chaude mais aussi très-humide, les Rosiers prospèrent et fleurissent, il en sera à peu près de même dans toutes les parties du globe, en choisissant des sortes appropriées, dont le tempérament puisse s’accommoder du milieu où elles devront vivre. ( Rédaction .) DES ABRIS LÉGERS Le terme « léger, » dont nous nous ser- vons en parlant d’abris, n’en indique ni l’épaisseur, ni la forme, ni le poids; il signifie simplement que ces abris ne sont destinés qu’à garantir de froids peu in- tenses. Gomme il s’agit ici d’abris spéciaux, dont on est loin de soupçonner l’influence, nous allons entrer dans quelques considé- rations générales qui aideront à comprendre cêtte influence. Quels qu’ils soient, les abris agissent de plusieurs manières qui, à la rigueur et scientifiquement, peuvent être ramenés à celle-ci : s’opposer au rayonnement, en d’autres termes maintenir la chaleur du corps que l’on veut protéger. Mais ils ser- vent aussi à garantir ce corps contre le milieu qui l’entoure, si la température de ce milieu est plus basse que celle du corps qu’on veut, soustraire à son action. Tous les corps peuvent servir d’abri, mais non toutefois avec les mêmes avan- tages ; il reste donc à voir quels sont les «plus avantageux. Nous ne rechercherons pas quels sont ceux qu’il faut préférer; nous limitant aux sarments de Vigne dont il va être question et dont nous avons déjà dit quelques mots, nous allons les étudier, citer quelques expériences et en apprécier les résultats. Ces abris, inventés et préconisés par M. Gauthier, amateur éclairé d’horticulture, consistent en des sarments de Vigne rap- prochés l’un de l’autre et maintenus à l’aide de fils de fer, ou si l’on veut de ficelles, ce qui en fait des paillassons à clair-voie, de sorte que l’air et la lumière, et même le soleil, passent facilement à travers, mais d’une manière diffuse et comme s’ils étaient tami- sés. Néanmoins, et quoique si légers, ces abris agissent très-sensiblement contre le froid, tellement même que ce serait à n’y pas croire, si l’expérience ne le démontrait de la manière la plus évidente. Ainsi, il y a toujours le moins 1 ou 2 degrés, parfois même plus, en faveur des abris; une supé- riorité relative existe même sur des châssis. Pour bien constater les faits, M. Gauthier en plaça dans des conditions diverses : en plein jardin, le long d’un mur, devant des Raisins, tandis que tout à côté il en mit également devant des mêmes Raisins (. Franke?ital ), sur des châssis vitrés. Des thermomètres minima placés sous chacun de ces abris, et un à l’air libre comme con- trôle, indiquaient exactement la température qui régnait dans chacun des endroits. Chaque matin les relevés étaient faits et les résultats consignés. Pour que nos lecteurs puissent juger et apprécier les différences, nous allons re- produire quelques relevés faits dans le mois de décembre dernier (1877). Le 5 décembre, à huit heures du matin, il y avait au-dessus de zéro : en plein air, 3°; sous les sarments, en plein jardin, 6° ; le long du mur, sous les sarments où il y avait du Raisin, 4° ; à côté, sous les châssis, 1° 50. Le 6 décembre, à huit heures du matin, il y avait au-dessus de zéro : en plein air, 2° 50; sous les sarments, en plein jardin, 6°f le long du mur, sous les sarments, 4° ; à côté, sous les châssis, 2° 50. LES CATALOGUES. 379 Le 7, à sept heures et demie du matin, il y avait au-dessus de zéro : en plein air, 1° 50 ; sous les sarments, en plein jardin, 4° 50; le long du mur, sous les châssis, 3°; le long du mur, sous les sarments, 4°. Nous nous bornons à ces citations, que nous pourrions multiplier à l’infini, les expériences ayant été faites pendant une grande partie de l’année, en faisant toutefois remarquer que les résultats ont toujours été relativement analogues. Elles sont du reste suffisantes pour montrer l’influence considérable qu’exercent les paillassons- abris en sarments de Vignes. Pourquoi cette influence? Doit-on l’attribuer à la na- ture des sarments? Des ramilles d’autres espèces ligneuses produiraient-elles des ré- sultats semblables ? Ce sont là des questions à résoudre, dont la solution pratique rentre dans le domaine de l’expérience. Quant à l’explication scientifique, c’est aux sciences physiques à la donner. En attendant, met- tons à profit l’intéressante découverte due à M. Gauthier, à qui la pratique de l’horti- culture est déjà redevable de tant de pro- cédés dont elle a tiré un si bon parti. On a vu par ce qui précède les diffé- rences très- sensibles qui résultent de l’em- ploi des sarments-abris, au point de vue de la température ; que celle-ci est toujours plus élevée sous ces derniers, parfois même que sous des châssis, ce qui a lieu d’étonner, mais qui est pourtant. Mais un autre fait très-important qui ressort de cette expé- rience, c’est la différence énorme qui existe entre la qualité des Raisins placés sous les sarments et ceux qui étaient sous des châs- sis, et cela dans une position identique. Ainsi, tandis que celui qui était sous les châssis était rouge sombre, très-aqueux, mou et même « sûret, » celui qui n’était abrité que par des sarments, de couleur généralement beaucoup plus foncée, — ces deux ceps placés à côté l’un de l’autre étaient du Fankenthal , — était plus sucré, moins aqueux, ferme et croquant; en un mot, ce Raisin était de qualité supérieure à celui qui était sous les châssis, par conséquent dans des conditions regardées comme étant bien plus avanta- geuses. A quoi faut-il attribuer ce résultat? Évidemment à l’influence des agents atmos- phériques qui, sous les sarments de Vigne, frappaient directement les Raisins, tandis qu’ils étaient en partie repoussés ou modifiés par le verre à travers lequel ils devaient passer. Que doit-on conclure des faits qui précè- dent? Plusieurs choses très-importantes. D’abord que, sans frais, pour ainsi dire, on peut abriter contre des froids relativement peu intenses une foule de végétaux qui sont souvent détruits par les gelées, et aussi ga- rantir les fleurs de beaucoup d’arbres frui- tiers, et s’assurer ainsi des fruits, qui manquent souvent par suite des gelées printanières ; ensuite, • — ce qui n’est pas le moins important, — en accumulant une quantité plus considérable de calorique, de faciliter la maturation de certains fruits qui, par suite de l’insuffisance de chaleur, ne mûrissent qu’imparfaitement ou même ne mûrissent pas , de sorte que des cul- tures qui ne pouvaient se faire sous un cli- mat pourront y devenir possibles. Et même, par ce moyen, ne pourrait-on avancer de quelques jours la maturité de fruits que l’on cultive, de manière à avoir ainsi des sortes de primeurs ? C’est à esayer. Nous ne pous- serons pas plus loin ce raisonnement ; nous nous arrêtons à la citation des faits qui viennent d’être exposés : à nos lecteurs d’en tirer les conséquences. E.-A. Carrière. / LES CATALOGUES Auguste-Napoléon Raumann et ses fils, à Bollwil 1er (Haute- Alsace). Catalogue général pour 1878 des arbres et arbustes fruitiers de différentes forces et de divers âges, formés et non formés. Fraisiers, etc. Outre les arbres élevés, on trouve dans l’établissement de M. Baumann des plantes pour sujets en Coignassiers, Pommiers, Poiriers, Pru- niers, Sainte-Lucie, etc., ainsi que les di- verses collections de végétaux que comporte un établissement de ce genre. — Rovelli frères, horticulteurs à Pallanza (Lac-Majeur, Italie), viennent de publier pour 1878-1879 deux catalogues propres, l’un aux graines, l’autre aux arbres et ar- bustes disponibles dans leur établissement. Les conditions particulièrement favorables du climat où est placé celui-ci font qu’ils 380 FRAXINUS EXCELSIOR FOUIS AUREIS. peuvent cultiver en pleine terre un grand nombre d’espèces qui, dans les pays moins favorisés, ont besoin de l’abri d’une serre pendant l’hiver ; tels sont : les Acacias, Beckœa, Camélias, Hakœa , Leptosper- mum, Metrosideros, Agaves, Bougain- villea , Dasylirion, Gnnnera, Citrus trip- tera , etc. On trouve là aussi des assortiments d’ar- bustes d’ornement à feuilles persistantes, à feuilles caduques, des plantes grimpantes élevées en pots et pouvant être expédiées à toutes les époques de l’année. — F. Fauveau, pépiniériste - viticulteur à Beaulieu (Maine-et-Loire). Cultures spé- ciales et sur une grande échelle de plants de Vigne, soit pour la fabrication des vins, soit pour la table. Les premiers sont par- tagés en quatre groupes de cépages corres- pondant aux vins dans lesquels ils entrent le plus généralement. Quant aux Raisins de table, qui comprennent un choix des meilleures variétés, le nombre s’élève à 92, dont 25 chasselas. — Louis Leroy, horticulteur-pépiniériste, route de Paris, à Angers (Maine-et-Loire). Catalogue pour 1878 et 1879. Outre les arbres fruitiers, forestiers et d’ornement qu’on trouve dans l’établissement de M. Le- roy, on y trouve aussi toutes sortes d’assor- timents que comprend l’aménagement des parcs et des .jardins, tels que : des plantes vivaces, des graines de plantes fourragères et potagères, des Ognons à fleurs, etc. Quant aux spécialités, Rosiers, Conifères, Camélias, Rhododendrons, Azalées, Magno- lias, Pivoines, etc., on trouve également là des collections aussi complètes que variées, en sujets de toutes forces. Le catalogue sera envoyé franco aux personnes qui en feront la demande par lettre affranchie. — Gentilhomme, horticulteur, 36, rue de Fontenay, à Vincennes (Seine), publie un catalogue exclusivement destiné aux Bruyères et aux Epacris disponibles dans son établissement. La beauté et le mérite exceptionnels de ces plantes sont assez connus pour • dispenser de tout éloge. La disposition adoptée par M. Gentilhomme, très- intelligemment faite, renseigne les amateurs et les guide suivant le but qu’ils veulent atteindre. Ainsi, après avoir divisé les plantes par catégories de force et d’âge, et aussi d’après la forme des fleurs, en tube ou en grelot , il indique l’époque où elles fleurissent, de sorte que l’acheteur voit de suite quelles sont les espèces qui remplissent les conditions qu’il recherche. FRAXINÜS EXCELSIOR FOLIIS AUREIS Arbre vigoureux, à branches très-feuillées et formant une large tête compacte. Bour- geons très-gros, à écorce d’un jaune ver- dâtre plus ou moins maculée de violet bru- nâtre. Feuilles, les plus jeunes, plus ou moins teintées de violet, bientôt d’un très- beau jaune d’or, à rachis robuste, d’environ 25 à 35 centimètres. Folioles épaisses, lon- guement et largement ovales-elliptiques, parfois comme tourmentées-bullées, à dents inégales, couchées, peu profondes, attei- gnant jusqu’à 12-15 centimètres de lon- gueur sur 6-7 de diamètre. Le Fraxinus excelsior foliis aureis , qu’il ne faut confondre avec le F. excelsior jaspidea , dont il est complètement diffé- rent, ainsi que nous avons pu le constater lors d’une visite faite aux pépinières de MM. Simon-Louis frères, à Plantières-lès- Metz, est un arbre très-précieux pour l’or- nementation ; son feuillage, très-abondant et bien nourri, d’un beau jaune d’or, pro- duit un contraste très-accusé, et comme d’une autre part le jaune varie d’intensité suivant l’âge, la position et le développe- ment des folioles, il en résulte des opposi- tions de teinte aussi harmonieuses qu’élé- gantes. Planté isolément sur un gazon ou mélangé çà et là parmi des arbres à feuilles vertes, il forme un contraste singulier et très-pittoresque du plus joli effet. Cette plante, actuellement multipliée, sera livrée au commerce pour la première fois à l’automne prochain par la maison Simon-Louis frères, à Plantières-lès-Metz (Alsace-Lorraine). E.-A. Carrière. Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Choix du terrain pour les pépinières : un faux précepte. — Les Pritchardia filifera dans la zone de l’Oranger; leur rusticité en pleine terre: communication de M. le comte d’Éprémenil. — Liste des élèves admis à l’École d’horticulture de Versailles. — Médaille d’or décernée par le Congrès porno- logique à MM. Charles et Ernest Baltet. — Rectification relative au prix de revient des écussons de la ville de Paris. — Cépages décrits dans le Vignoble : Gris de Jalces, Béni Salem, Toulier, Chemin- Noir, Pineau ou Plant d’Aunis. — Les bonnes Prunes à cultiver, par M. E. Glady, de Bordeaux. — L’anthracnose de la Vigne dans la Meuse : communication de M. Meucourt. — Encouragements distribués par la Société d’acclimatation. — Le ciselage ou éclaircissage à pratiquer sur les Tomates. — Le Rosier Ma Pâquerette ; ses caractères différents de ceux du Rosa polyantha dont il sort. Est-il vrai, ainsi qu’on le dit et qu’on l’en- | seigne, que lors de la création d’une pépi- nière, si on a le choix, on doit plutôt prendre un terrain, sinon de mauvaise nature, du moins de qualité médiocre, plutôt qu’un sol riche et plantureux? Cette recommanda- tion, qu’à peu près tous les professeurs ont soin de faire et n’oublient jamais non plus d’indiquer dans leurs livres, au lieu de se justifier, est contraire à toute raison. On a d’autant plus lieu de s’étonner de cette re- commandation que dans la pratique on ne cesse d’aller contre. Il y a plus, et dans les traités, à peu près toujours, on trouve à quelques pages de distance des préceptes tout à fait contraires, c’est-à-dire ce qu’il faut bien défoncer le sol, l’amender et le fumer avec d’autant plus de soin et d’autant plus fort que le sol est plus mauvais. » Les rai- sons qu’on invoque pour appuyer ce choix d’un mauvais terrain pour établir une pépi- nière sont que « les arbres élevés dans un bon sol, où ils auront acquis de la vigueur, souffriront lors de leur transplantation, sur- tout si celle-ci se fait dans un sol médiocre, tandis qu’au contraire, si le terrain dans lequel ils ont été élevés est mauvais et que plus tard on les transplante dans des sols riches, ils pousseront vigoureusement. » Ce raisonnement, que rien ne justifie, pèche par tous les côtés et a du reste tous les faits pratiques contre lui. Et qui ne sait que tous les êtres, végétaux ou animaux, ont d’autant plus de chances d’être robustes et forts, par conséquent viables, qu’ils ont été bien élevés dans leur jeunesse, qu’on (( leur a fait un bon tempérament? » Quel est, du reste, l’amateur ou même le professeur d’arbori- culture qui, ayant à choisir entre des arbres faibles, rachitiques, comme le sont presque toujours ceux qui viennent dans un 16 octobre 1878. mauvais terrain, et d’autres vigoureux et bien constitués, ne choisirait pas ceux-ci? Malgré toutes ces raisons et contre l’évi- dence, il est à craindre que les faiseurs de livres et les professeurs d’arboriculture continuent à recommander aux autres ce qu’ils ne pratiquent pas. — Divers renseignements qui nous sont parvenus au sujet du Pritchardia filifera semblent démontrer que l’opinion est loin d’être faite sur sa valeur ornementale qui, après avoir été peut-être surfaite, a proba- blement été trop diminuée. C’est ce que dé- montre la lettre suivante que vient de nous adresser M. le comte d'Éprémenil : Croissy, 13 septembre 1878. Mon cher monsieur Carrière, Un horticulteur sérieux m’ayant dit derniè- rement tenir de bonne source que le Prit- chardia filifera ne supportait pas le climat de la zone de l’Oranger, je viens vous transmettre quelques renseignements sur ceux que j’ai plantés à Cannes en avril 1877 et en avril 1878. Les jeunes plantes, provenant des semis de M. Linden, étaient tellement petites' lorsque je les , ai fait mettre en pleine terre, qu’elles étaient presque cachées par l’étiquette de bois fichée en terre devant elles. Or, voici les me- sures qui m’ont été communiquées avant-hier par mon jardinier : Plantes mises en pleine terre en avril 1877 : hauteur, lm 40; circonférence à la base, 40 centimètres; nombre de feuilles, 12; lar- geur des plus grandes feuilles, 1 mètre ; hau- teur, 70 centimètres; longueur du pétiole, 46 centimètres. Les sujets plantés en avril 1878 ont en moyenne 50 centimètres de hauteur et de 5 à 6 feuilles. J’ajouterai que les jeunes Pritchardia n’ont nullement souffert de la gelée du 26 jan- vier 1878 (— 4»), gelée qui a détruit un jeune 20 CHRONIQUE HORTICOLE. 382 Phœnix tenuis à quelques mètres de l’endroit où sont plantés les Pritchardia. En somme, je regarde jusqu’à présent les Pritchardia filifera comme de magnifiques plantes de pleine terre qu’il faut ajouter à la liste des espèces rustiques pour la zone de l’Oranger. Ils présentent toutefois deux inconvénients dont il faut tenir compte : c’est qu’ils s’accom- modent mal de la culture en pots et qu’ils se prêtent difficilement à la transplantation lors- qu’on veut les relever de pleine terre. Voici, mon cher monsieur Carrière, mon plaidoyer en faveur des Pritchardia filifera. J’espère que je serai en mesure cet hiver ou au printemps prochain de vous communiquer quelques détails intéressants sur les planta- tions que j’ai faites à Cannes, et particulière- ment sur les 53 espèces d’Eucalyptus que nous possédons maintenant en pleine terre. Croyez, etc. Cte d'ÉPRÉMENIL. Remerciant à l’avance M. le comte d’Epremenil des renseignements qu’il veut bien nous promettre et dont nous prenons acte, nous ferons remarquer qu’il résulte de sa lettre que le P . filifera , qui, très- probablement, sera une très -bonne plante d’ornement pour la pleine terre, ne va pas du tout en pots, où jamais, en effet, on ne le voit que sous un aspect malheureux qui par conséquent a donné lieu à la réputa- tion qu’on lui a faite. On sera donc trompé en bien ; tant mieux : c’est une erreur dont personne ne se plaindra. — Voici la liste des élèves qui, après un examen d’aptitude, viennent d’être admis à l’école d’horticulture de Versailles : 1. Bérat (Sarthe). — 2. Metton (Eure- et-Loir. — 3. Ville (Ariége). — 4. Loiseau (Indre-et-Loire). — 5. Brinon (Cher). — 6. Cornu (Doubs). — 7. Hidrio (Seine-et- Oise. — 8. Caillet (Seine). — 9. Beaudun (Ain). — 10. Beaussaron (Nièvre). — 11. Richez (Oise). — 12. Malpièce (Marne). — 13. Legrand (Seine-Inférieure). — 14. Lerhay (Seine-et-Oise). — 15. Bertuccat (Seine-et-Oise). — Charpentier (Morbihan). — 17. Placet (Seine-et-Oise). — 18. Hur- tault (Eure-et-Loire). — 19. Drapier (Seine-et-Oise). — 20. Lecherbonnier (Seine). — 21. Michel (Haute -Marne). — 22. Gripoix (Seine-et-Mame). — 23. Bacon (Seine-et-Oise). Hors classement : Élèves étrangers. — Saméshima (Japon). — Hiraï (Japon). — Encore une bonne note à ajouter à l’actif de nos collègues Charles et Ernest Baltet. Lors de sa session à Paris et pour la clore, le Congrès pomologique, qui avait à sa disposition une médaille d’or offerte par la Société centrale d’horticulture de France, l’a décernée à l’unanimité à l’éta- blissement si intelligemment conduit par ces deux horticulteurs, comme étant, de tous, « ceux qui ont rendu les plus grands services à la pomologie. » On ne pouvait mieux faire. — Dans un article que nous avons pu- blié récemment (Revue horticole , 1878, p. 358), intitulé Mosaïculture à l’ Exposi- tion universelle, on a pu lire, à propos du prix de revient des écussons de la ville de Paris : « Un journal a avancé que chacun de ces écussons revenait à plus de 6,000 fr., tandis que nous savons de bonne source qu’il dépasse à peine 100 fr. comme main- d’œuvre, la seule chose à compter, puisque les plantes existaient au Fleuriste. » Une faute d’impression nous a fait dire 6,000 fr. au lieu de f,000 fr., ce qui est bien différent. Cette erretir toute involon- taire dénaturait ce qu’avait écrit M. Alfred Dumesnil dans le journal La France; il est donc très-important de la rectifier, ce que nous nous empressons de faire. — Le n° 8 du Vignoble (août 1878) figure et décrit les cépages suivants : Gris de Jalces . — Cultivé dans les Pyré- nées-Orientales, particulièrement dans le canton de Rivesaltes, on suppose ce cépage issu par accident d’un Raisin noir ou blanc, ce qui n’est pas démontré. Il semble sur- tout se complaire dans les coteaux secs, où il pousse vigoureusement. Sa grappe, à peine moyenne, a les grains elliptiques, à peau épaisse, jaune teinté gris à la maturité, qui est de deuxième époque. Béni Salem. — Ce cépage, dont on ignore l’origine, est, du reste, très-peu ré- pandu. C’est plutôt un Raisin de table qu’un Raisin à vin. Il a aussi, paraît-il, le défaut d’être très-sujet à l’oïdium, de sorte qu’on doit le soufrer préventivement ; de plus, il coule fréquemment. La grappe, forte, a les grains courtement ellipsoïdes, à peau mince, peu résistante, jaunâtre ou légèrement teintée violet à la maturité. CHRONIQUE HORTICOLE. 383 Toulier. — • Le nom de Plant de Porto , que porte aussi ce cépage, semble indiquer qu’il est d’origine portugaise, ce qui n’est pas, à ce qu’on assure. On le rencontre dans les Basses- Alpes, surtout aux environs de Manosque ; sa grappe, assez forte, a les grains moyens, subsphériques, à peau épaisse, d’un beau noir pruiné à la matu- rité, qui est de deuxième époque. Chemin-Noir, Pineau ou Plant d’ Aunis. — Très-répandu dans Maine-et-Loire et dans les pays voisins, ce cépage, qui est extrêmement fertile, donne un vin très- Ordinaire, bien que bon ; mais il est un peu tardif et mûrit une quinzaine de jours après le Gamay. C’est un cépage vigou- reux et fertile qui, comme production, « irait grandement de pair avec la Mon - deuse , le Persan et le Mornen noir. » La grappe, assez forte, a les grains moyens, sphériques, à peau épaisse, d’un beau noir pruiné à la maturité, qui est de deuxième époque. — Quoique retiré de ce qu’on peut appeler « l’horticulture militante, » un collabora- teur de la Revue horticole , M. E. Glady, de Bordeaux, consacre à la culture des arbres fruitiers tous les loisirs que lui laissent ses affaires commerciales. Nous avons sous les yeux un opuscule qu’il a publié sur ce sujet dans les Annales de la Société d’horticulture de la Gironde, d’où il a été extrait. B a pour titre : Les bonnes Prunes à cultiver. Dans cet opuscule, l’auteur décrit plus ou moins longuement, en raison de leur mérite, une cinquantaine de variétés qu’il divise en trois sections : celle qui comprend ce qu’on pourrait appe- ler les « Prunes de table, )> la série des « Prunes Mirabelles, » enfin la série des « Prunes à sécher, » qui comprend dix variétés, à la tête desquelles tout naturelle- ment se trouve la Prune d 'Ente, d’Agen ou Robe de sergent , la plus renommée de toutes pour faire des pruneaux. — De tous nos végétaux, la Vigne, qui, assurément, est l’un des plus précieux, est aussi celui qui est le plus rudement éprouvé. Outre les maladies ou fléaux dont elle est périodiquement frappée, tels que la pyrale, l’écrivain, l’oïdium, le phylloxéra, une nouvelle maladie, — ou peut-être une recrudescence d’une ancienne — l’anthrac- nose, dont la Revue horticole a récem- ment (1) parlé, fait aujourd’hui de rapides progrès et paraît menacer certains vigno- bles. Ainsi, il y a quelques jours, nous recevions du secrétaire de la Société d’agri- culture de Verdun une petite caisse conte- nant des échantillons de Vigne malade, en même temps qu’une lettre dont nous extrayons les quelques passages suivants : Verdun, le 3 septembre 1878. Monsieur Carrière, .... La Meuse, quoique sous une latitude septentrionale, possède encore de 12,000 à 13,000 hectares de Vignes qui n’ont jamais connu ni l’oïdium, ni le phylloxéra. Mais en revanche, d’autres afflictions lui sont réservées ; je ne parle pas des gelées prin- tanières. La première des maladies dont je veux vous entretenir sévit dans plusieurs communes du vignoble des côtes de la Woërne, planté en Erice , en Liverdun et en Enfariné. Depuis vingt ans, ces vignobles sont atteints d’une alïection qui commence par une végéta- tion exubérante, puis fait place à l’anémie ; peu à peu les feuilles jaunissent, disparaissent, et en deux ans le plant est mort. Diverses explications de cette maladie ont été données : M. Tisserand, qui a parcouru le vignoble, croit qu’elle est simplement organique ; le maire de Thillon, vigneron intelligent, l’at- tribue à une vicieuse répartition des travaux qui s’oppose à l’aoûtement, atrophie les tissus et amène la dégénérescence. Un autre vigneron du même lieu, auquel la Société attribue une allocation pour un terrain dans lequel il a repiqué des semis de Vignes, prétend que deux insectes dont je vous adresse des spécimen sont la cause de la destruction dont on se plaint dans le vignoble. Le premier se rencontre très-communément dans les Vignes malades ; il suce le cep, ronge les radicelles, s’accroche aux échalas à 10 ou 12 centimètres dans le sol ; il pullule dans le sol et ressemble à une petite chenille ; il peut arriver à 20 millimètres. Tel est le dire du vi- gneron. Un autre dont le corps est blanc bleuâtre, et qui tourne au noir en vieillissant, est divisé par morceaux et paraît être très-vorace. Ces insectes sont contenus dans la petite fiole; ils font leur apparition en mai, mais ne durent pas longtemps. Dans la grande fiole se trouvent quelques insectes, en bien petit nombre ; je ne puis vous en faire parvenir davantage ; je joins à l’envoi un cep de Vigne rongé par cet insecte dans les (1) V. Revue horticole, 1878, p. 71. 384 CHRONIQUE HORTICOLE. parties tendres ; quant au grain, il est taché de noir comme s’il avait été frappé de grêlons. Le vigneron qui a fait l’envoi dit que cet insecte apparaît dès le mois de mai, suce la feuille, qui dès lors perd sa sève et s’émoule (se roule probablement). Ap rès la floraison, l’insecte s’attaque au Rai- sin, qui se tache de noir, se dessèche et tombe avant la vendange. Serez-vous assez bon pour me donner des renseignements sur ces deux insectes? Je crains que le premier ne soit bien desséché. Agréez, etc. L. Neucourt. L’examen que nous avons fait des échan- tillons tant de la Vigne que des Raisins contenus dans la caisse nous a de suite révélé la présence de l’anthracnose. Mais, pour plus de certitude et dans la crainte d’une erreur, nous avons soumis ces choses à un savant compétent, M. Cornu, aide naturaliste au Muséum, qui a confirmé notre jugement. Quant aux opinions émises par les vignerons, rapportées ! plus haut, elles ne sont pas fondées et résultent d’ob- servations incomplètes ou de faits mal inter- prétés. Ainsi, dans l’une des deux bouteilles sus-désignées, il y avait des Polydesmus comjplanatus , insecte à peu près inoffensif, surtout pour la Vigne. Dans l’autre fiole — la grande — on n’a rien trouvé du tout. — Plusieurs fois déjà, nous avons eu l’oc- casion de parler du Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne et de faire ressortir son important rôle au point de vue général, éco- nomique et scientifique par conséquent, l’un entraînant toujours l’autre. Sans entrer dans de minutieux détails, un seul fait peut suffire pour appuyer et justifier nos dires. Il con- siste dans les nombreux encouragements que la Société d’acclimatation distribue chaque année à toutes les sciences. Ainsi, l’année dernière, pour les sections mam- mifères, oiseaux, poissons et crustacées, insectes, la Société d’acclimatation a distri- bué dix-sept médailles en or ou en argent, et cinq primes de 500 fr. et de 1,000 fr. Dans la section qui comprend les végétaux, on a distribué deux primes, une de 500 fr. et une de 1,000 fr., celle-ci à M. Garrigues pour sa culture de Bambous dans le midi de la France, qui comprend quatre hectares et qui, dit le rapport, produit un bénéfice net de 13 pour 100. Il est regrettable qu’on n’ait pas indiqué le nom de l’espèce cultivée. Outre ces primes, la Société d’accclimatation, toujours pour les végétaux, a décerné quatre médailles de première classe et deux de seconde classe, et a accordé dix récompenses pécuniaires variant de 25 fr. à 200 fr. à des employés de divers ordres, pour l’intelli- gence et les soins qu’ils ont apportés dans l’accomplissement de leur devoir. Il reste à décerner pour divers sujets pré- vus, et qui ont été mis au concours, quatre- vingts prix variant de 250 fr. à 1,500 fr., sans préjudice de primes ou de récom- penses pécuniaires quand les faits sont suf- fisamment méritants. Ajoutons que sur ce nombre de prix proposés, une vingtaine environ sont affectés aux végétaux, soit pour l’introduction d’espèces nouvelles, soit pour la culture et l’amélioration d’espèces anciennes, afin d’en vulgariser l’usage en les appropriant aux besoins domestiques. Cette courte énumération des récom- penses si intelligemment données par la Société d’acclimatation montre mieux son utilité et l’important rôle qu’elle joue que toutes les phrases et les dissertations que nous pourrions faire. — Il n’est personne, parmi ceux qui cul- tivent les Tomates, qui ne sache que ces plantes sont extrêmement prolifiques, et que toujours les fruits sont plus abondants qu’il ne faudrait; aussi supprime-t-on une grande quantité de bourgeons. Mais ce à quoi on ne paraît pas assez réfléchir, c’est que sur chaque inflorescence aussi les fruits sont également plus abondants que cela est nécessaire, de sorte qu’ils se nuisent, viennent moins gros et sont souvent mal faits. Mais alors pourquoi, à l’exemple de certains cultivateurs, ne réduit-on pas ce nombre en pratiquant une sorte de ciselage analogue à celui qu’on pratique sur les Raisins, ou un éclaircissage, ainsi que cela se fait sur les fruits à noyaux ou à pépins? De cette manière les fruits, plus distants, deviendraient plus gros et surtout seraient mieux faits. Il n’est pas nécessaire, pour faire ces suppressions, d’attendre que les fruits soient bien formés ; au contraire, on doit les faire au fur et à mesure de la flo- raison, en supprimant toutes les fleurs mal conformées et qui, à peu près tou- jours aussi, donnent des fruits irrégu- liers. En opérant ainsi qu’il vient d’être dit, on répartit plus également les fruits, qui alors viennent plus gros, sont mieux ÉBOUILLANTAGE DE LA VIGNE AU LAIT DE CHAUX. 385 faits et même plus hâtifs, surtout si l’on a soin de ne pas trop charger les plantes. — Un fait des plus importants, au point de vue de la formation des espèces, et qui pourrait passer inaperçu des botanistes, bien qu’il puisse jeter un grand jour sur la question si embrouillée de la formation de certaines catégories de Rosiers, est l’appa- rition soudaine, dans les cultures, du Rosier Ma Pâquerette, dont plusieurs fois déjà nous avons parlé. Issue du Rosa polyantlia, non seulement cette variété n’a plus aucun caractère de ce dernier, mais elle en a ac- quis d’autres qui sont propres à des sections complètement différentes. Ainsi, au lieu de former un énorme buisson à rameaux gros, longuement arqués, fortement épineux, à folioles étoffées, villeuses, longuement ovales, la plante, qui atteint rarement 30 centi- mètres, rappelant un Rosier Rengale en mi- niature, a les rameaux très-ténus, peu épi- neux, à folioles courtement ovales, glabres et luisantes. Quant àl’infïorescence, et même aux fleurs, elles n’ont rien de commun avec le Rosa polyantlia , dont pourtant elle est issue. Au lieu d’une inflorescence en épis dressés, en grande panicule pyramidale, l’in- ÉBOUILLANTAGE DE LA A Dans une précédente chronique, en fai- sant connaître les heureux résultats obtenus par l’ébouillantage de la Vigne, nous pre- nions l’engagement d’indiquer en quoi con- siste cette opération, comment et à quelle époque on doit la pratiquer. Nous extrayons le passage suivant d’un article publié par M. Denis, jardinier chef du jardin de bota- nique du parc de la Tête-d’Or, à Lyon, dans le Journal de la Société centrale d’ horti- culture de France , 1878, p. 224: ... Il n’est plus possible aujourd’hui de nier l’existence de l’œuf d’hiver du phylloxéra qui est déposé sous l’écorce des coursons de la Vigne. C’est donc contre cet œuf, duquel pro- vient la génération sexuée, qui à son tour est l’origine des autres générations successives, qu’il importe d’agir avant tout par un procédé d’une application facile et aussi peu coûteux que possible. Or, ce procédé, nous croyons l’avoir trouvé, et, en nous exprimant ainsi, nous nous basons sur les expériences que nous avons faites sur plus de 60,000 pieds de Vigne qui étaient con- fïorescence, petite, rappelle celle des Rosiers Noisettes, très-réduite ; les fleurs, très-plei- nes, renonculiformes, ont le bouton courte- ment ovale; elles sont d’un blanc pur et légèrement odorantes, tandis que celles du R. polyantlia sont toujours simples et ne présentent jamais la moindre trace de du- plicature. De plus, au lieu de ne fleurir qu’une fois, comme le fait ce dernier, la plante, franchement remontante, est pres- que toujours en fleur. Doit-on encore, après le fait si remarquable dont nous parlons, faire tant d’efforts et émettre tant d’hypo- thèses pour expliquer l’origine des Rour- bons, des Noisettes, des Thés, des Rengales, en un mot de tous les Rosiers remontants? Qu’y a-t-il, en effet, de surprenant à ce qu’elles soient issues de Rosiers non remon- tants, par exemple des Provins, des Cent- Feuilles, ou même de nos Rosiers sauvages? Sans affirmer le fait, il ne nous répugne nullement de le regarder comme possible, reconnaissant même que l’écart ne serait pas si grand que celui que présente le Piosier « Ma Pâquerette » comparé au Rosa po- lyantlia dont il est issu. E.-A. Carrière. IGNE AU LAIT DE CHAUX sidérés comme perdus par des agriculteurs dont les noms font autorité dans nos pays du Lyonnais et de l’Isère. Les Vignes sur lesquelles nous avons opéré sont situées au plateau de Louze-Rôtie, à Rous- sillon (Isère). Aux mois de mai et juin 1875, l’invasion du phylloxéra sur ce point fut d’abord anodine, sur trois petites taches rondes de 300 à 900 mètres carrés de surface chacune ; elle nous avait paru se localiser, lorsqu’au mois de juillet ces Vignes montrèrent une tendance gé- nérale à l’affaiblissement ; la marche de leur vé- gétation s’arrêta tout à coup ; beaucoup de ceps moururent (au nombre de 8,000 à 9,000), et les autres présentaient de nombreux symptômes de souffrance et de dépérissement. Les jeunes bourgeons et les feuilles prirent un aspect amaigri, restant petites, d’une teinte jaune; ensuite elles sont devenues rouges, puis feuilles et Raisins se sont desséchés et sont tombés, au mois d’août, avant leur maturité, ce qui prouve l’arrêt complet de la végétation, tandis que les autres parties de la même Vigne ont prospéré et ont produit plus de cent hectolitres de vin à l’hectare. 386 ÉBOUILLANTAGE DE LA VIGNE AU LAIT DE CHAUX. Lorsqu’en 1876 cette même Vigne fut, au printemps, subitement atteinte du phylloxéra, sur une surface de plus de quatre hectares, elle tomba dans un tel état de pauvreté de végétation, qu’elle ne produisit rien et fut con- sidérée comme perdue par tous les agriculteurs et cultivateurs du pays. Le phylloxéra est maintenant bien mieux connu que par le passé, depuis que M. Balbiani nous a appris à en reconnaître les mœurs et nous a montré que sa propagation se fait prin- cipalement par un œuf reproducteur déposé en automne sur le cep et sur les coursons de la Vigne, dans les interstices, les fissures et les anfractuosités, sous les vieilles écorces. Là cet œuf passe les froids et la mauvaise saison de l’hiver, sans souffrir des rigueurs de nos climats. L’existence de cet œuf d'hiver ne peut être contestée, pas plus que son éclosion, qui a lieu au printemps, au premier mouvement de la sève, au départ de la végétation de la Vigne, un peu plus tôt ou un peu plus tard, suivant que l’œut a été pondu soit au midi, soit au nord, suivant que la chaleur printanière est plus ou moins hâtive, et suivant l’altitude où se trouve la Vigne. Enfin, après l’éclosion, la larve ovipare, une fois éclose, descend aux racines de la Vigne, jusque dans les profondeurs du sol, où l’insecte habite pendant toute la belle saison, dont il a besoin pour acquérir son développement; vers la fin de l’été et au commencement de l’au- tomne, il devient à son tour apte à la repro- duction, devient ailé, sort du sol en essaims nombreux qui s’envolent, ou souvent sont trans- portés par les vents à de grandes distances, et vont se fixer sur des Vignes souvent éloignées, généralement les mieux exposées et même les mieux cultivées. En effet, les naturalistes nous disent que l’on reconnaît, dans le phylloxéra, deux phases de métamorphose, dont l’une aptère, sans ailes, et l’autre aérienne, ailée ; mais c’est principa- lement dans la première de ces phases qu’il vit, se multiplie et que, surtout pendant la chaleur estivale, il fait de terribles ravages sur les racines de la Vigne. Ceci connu, voici le procédé que j’ai employé avec succès et dont l’emploi, s’il se généralise, me semble destiné à arrêter un fléau contre lequel les autres essais ont presque tous échoué jusqu’à ce jour. Après la taille d’hiver, aux mois de février et mars, on procède à l’opération de l’échaudage du cep avec un lait de chaux bouillant de 90 à 100 degrés. Ce lait de chaux se fait sur place, à la Vigne, au moyen de quelques pierres de chaux que l’on fait fuser préalablement dans l’eau destinée à l’alimentation des chaudières. L’opération de l’échaudage doit se faire par un temps calme, et non par une température froide au-dessous du zéro centigrade. L’échaudage se fait au moyen de petites chaudières portatives, du même système que celles que l’on employait, il y a quelques années, pour la destruction de la pyrale, dans le Beaujolais et le Mâconnais. Cette eau doit être chauffée comme nous l’avons dit plus haut (de 90 à 100 degrés). Ce travail exige de l’ouvrier qui le pratique la plus grande attention, et se fait au moyen de petites cafetières d’une contenance de 85 à 100 décilitres, munies d’un long tube ; on verse sur le pied et le vieux bois de chaque cep, en montant, en descendant, sur chaque courson, autrement d’un seul côté, de bas en haut du pied de la Vigne. Avant tout, il importe que le lait de chaux bouillant pénètre dans tous les inters- tices des fissures, des lanières de l’écorce, même en dessous, parce que c’est là principalement qu’a été déposé, par la femelle du phylloxéra, l’œuf d’hiver reproducteur de l’insecte. Voici le relevé des dépenses qu’entraîne, par hectare, cette opération de l’échaudage. Les expériences ont été faites de la manière sui- vante : six hommes, dont quatre distributeurs et deux chargés de l’alimentation des chau- dières, c’est-à-dire du chauffage, de l’apport et du remplissage des cafetières avec du lait de chaux, au fur et à mesure des besoins des distributeurs, payés à l’heure 25 centimes, et par jour 2 fr. 50 l’un, soit 15 fr. Dépense de charbon par jour, pour les deux chaudières. . . . .. 6 Dépense de chaux (en moyenne, par jour) 3 Total (par jour) ... 24 fr. Ce travail a été fait en quatre jours, à raison de 3,000 pieds de Vigne par jour, soit 12,000 à ; l’hectare, ce qui fait une dépense de 96 fr. Tels sont, en quelques mots, les dépenses et les frais causés par l’échaudage. Ceci fait, il importe essentiellement, pour relever les Vignes qui ont souffert des atteintes de l’insecte, de leur donner immédiatement une fumure à la surface, et surtout un bon terrage en couverture, afin de procurer aux jeunes racines encore existantes un essor suffisant et à la plante les moyens d’acquérir, dès la même année, un prompt et luxuriant développement de végétation... De ce qui précède on peut conclure que si le traitement indiqué ne guérit pas com- plètement les Vignes, il leur donne une vigueur qui leur permet de résister au mal. Donner aux Vignes qui en sont atteintes la force de le supporter, c’est le traitement rationnel que malheureusement on n’a pas i toujours suivi. (Rédaction.) PLANTES NOUVELLES. — YUCCA CONSPICUA. 38' PLANTES NOUVELLES NOUVEAUTÉS RÉCEMMENT MISES AU COMMERCE PAR MM. JAMES VEITCH ET FILS, CHELSEA (LONDRES) Anthurium Scherzerianum Wardii (1). Anthurium Veitchii. — Introduit de la Colombie. Un exemplaire hors ligne était exposé à Gand, où il a fait l’admiration de tout le monde. Feuilles énormes de 18 à 24 pouces de longueur, ayant une apparence métallique, nervures arquées et enfoncées, donnant aux feuilles une forme ondulée. Anthurium Warocqueanum. — De la Nouvelle-Grenade. Feuilles très-allongées, de la forme de celles de VA . Veitchii , d’un vert foncé. Ardisia Oliveri. — De Costa-Rica. Plante de serre chaude, à feuilles recourbées, et donnant des fleurs nombreuses réunies en têtes globuleuses, dans le genre des Ixora, d’un joli rose. Bégonia Moîiarcli. — Plante tubéreuse obtenue de semis par M. Seden, chef de cxdture. Fleurs grandes, d’une bonne forme, de couleur vermillon. Bégonia queen of the Whites. — Cette sorte, également obtenue par M. Seden, est sans doute la meilleure à fleur blanche connue jusqu’à ce jour. Croton Challenger. — D’Australie. Feuil- les lancéolées, un peu recourbées. Nervure centrale d’abord d’un blanc crème, puis rose, finalement d’un carmin brillant. Le fond de la feuille est vert pâle, tiqueté et rayé de jaune clair, qui prend une teinte rosée, en même temps que la nervure cen- trale se fonce. Croton maculatus Katonii. — D’Aus- tralie. Forme Croton Disraeli. Feuilles largement étalées, trilobées, à lobe médian plus long que les autres, de couleur vert foncé très-pointillé de jaune. Croton Regina. — D’Australie. Feuilles d’environ 8 pouces de long et 2 1/2 de large dans la partie la plus développée ; nervures rouges, bordées d’une couleur plus claire, devenant orange vers les bords. La feuille est bordée d’une bande des mêmes couleurs combinées. Le fond est vert pointillé de jaune. Cypripedium Selligerum. — Cette Or- chidée, obtenue de semis par M. Seden, par un croisement du G. barbatum et du C. lœvigatum , est distincte des deux. Les feuilles sont plus larges que celles du C. lœ- vigatum. La tige porte deux et trois fleurs. Le sépale supérieur est blanc, avec de fortes veinules rouge noirâtre ; le sépale infé- rieur est plus petit et blanchâtre. Les pétales ont environ 3 pouces de long, un peu tor- tillés et veinés de rouge. Le labelle est comme celui du C. barbatum, mais d'une couleur plus claire. Dioscorea retusa. — Cette espèce, origi- naire de l’Afrique du Sud, a été exposée en 1876 à Bruxelles; c’est une plante grim- pante de serre tempérée, à tiges petites. Feuilles ovales, bien veinées et donnant en profusion des fleurs blanches, pendantes, très-agréablement parfumées. Hœmanthus cinnabarinus. — Ouest de l’Afrique. Serre chaude. Reste très-long- temps en fleur. Une forte tige sort de l’oignon et produit une inflorescence sphérique dont les fleurs, très-nombreuses, sont d’un beau rouge vermillonné. Ernest Bergman. YUCCA CONSPICUA Cette espèce, des plus remarquables, mais aussi très-rare, me paraît appartenir au groupe des Yuccas arborescents. Comme ceux-ci, la tige est presque li- gneuse et ne se ramifie un peu qu’après avoir fleuri, ce qui arrive assez rarement et explique comment la plante peut atteindre plusieurs mètres de hauteur. Son port et son aspect général ont quelque rapport avec (1) V. Revue horticole , 1878, p. 221. le Yucca draconis , dont pourtant elle est très-distincte, surtout par son feuillage, qui la différencie nettement et ne permet pas de la confondre avec aucune autre espèce. Un pied qui vient de fleurir chez un ama- teur de mes amis, M. Bissen, propriétaire à Belleville, m’a permis d’en faire connaître les caractères, qui sont les suivants : Tige ligneuse, simple, bientôt dénudée dans sa partie inférieure qui, pendant long- temps, est couverte par la base persistante 388 MELON-CONCOMBRE D’ÉPERNAY. des feuilles, lesquelles, dressées, étalées, atteignent jusqu’à lm 40 et même plus de longueur, sur environ 12-15 centimètres de large dans leur plus grand diamètre. Ces feuilles sont entières, raides, épaisses, pla- nes, légèrement et largement canaliculées, atténuées, puis élargies vers la base, acumi- nées en pointe au sommet. L’inflorescence termino -centrale forme un cône large, peu élevé, « écrasé, » comme l’on dit. Les ramil- les étalées, longues de 20 à 35 centimètres, portent des fleurs de moyenne grandeur, à 6 divisions à peu près égales, d’un blanc na- cré luisant. Ces fleurs, qui tombent assez rapidement, sont placées à l’aisselle d’une bractée blanche qui persiste très-longtemps et produit même après la floraison un effet pittoresque, sinon joli. Le Yucca conspicua , Haw., ainsi que je l’ai dit plus haut, est très-rare dans les cul- tures, et je ne serais même pas surpris que la floraison dont je parle fût la première qui se soit montrée en France. Planté en pleine terre, il s’y développe vigoureuse- ment et constitue une plante robuste d’un aspect magnifique, mais alors il lui faut beaucoup de place. En vieillissant, la plante se dénude, comme le font tous les Yuccas caulescents. La multiplication se fait à l’aide des bourgeons qui se développent sur les vieux pieds qui ont fleuri ou sur ceux dont on a coupé la tête. Je crois, sans pouvoir l’affirmer toutefois, que cette espèce est relativement rustique, et qu’elle végéterait très-bien en plein air dans toutes les parties chaudes et même tempérées de la France. Le pied dont je viens de parler, qui a fleuri chez M. Bissen, dépassait 4 mètres de hauteur sur environ 18-20 centimètres de diamètre. Houllet. MELON-CONCOMBRE D’ÉPERNAY Cette sorte, dont nous avons déjà fait l’histoire et indiqué l’origine (1), parait mériter son appellation et, une fois de plus, donner un croc-en-jambe à la théorie ad- mise : « que les plantes hybrides sont stériles ou, dans le cas contraire, qu’elles retournent à l’un des types — parfois aux deux — dont elles sont sorties. » Ici, en effet, rien de cela : nous avons une race qui, cultivée dans des conditions différentes, maintient ses caractères intermédiaires. Ce n’est plus un Cantaloup fond blanc, ni un Concombre, mais bien une sorte qui tient des deux, une création particulière. L’écorce, plus ou moins lisse et plus ou moins côtelée, d’un jaune verdâtre, passe au jaune beurre en mûrissant; la chair, relativement mince, d'une saveur qui rappelle celle de Melon, mais plus affaiblie, est fondante ; les graines, plutôt petites que grosses, dans une cavité relativement grande, sont généralement nombreuses. Toutefois, ces caractères ne sont pas absolus, et, ainsi que cela arrive à peu près chez toutes les Cucurbitacées économiques, il arrive parfois qu’ils présen- tent des modifications. Nous pouvons pour- tant les considérer comme assez constants, plus même que certains de ceux appliqués à quelques espèces scientifiques. Pour véri- (1) Y. Revue horticole, 1878, p. 17. fier la fixité, nous avons prié quelques-uns de nos collègues ou confrères, habitant des pays éloignés les uns des autres et dans des conditions très -diverses, de vouloir bien cultiver pour nous un certain nombre de pieds, ce qu’ils ont fait, et c’est d’après les résultats qu’ils ont obtenus que nous avons pu tirer des conclusions. Ces personnes, dont l’honorabilité et la compétence ne peuvent être mises en doute, sont : MM. Mi- chel, chef de culture chez MM. Vilmorin, rue de Reuilly; Daniel, jardinier chez Mme la duchesse de Luynes, à Dam pierre; Jouin, chef de culture chez MM. Simon - Louis, à Plantières-lès-Metz. Enfin M. Vil- j morin (Henry), à Verrières, a bien voulu, | lui aussi, faire des expériences, ce dont nous le remercions tout particulièrement. Eh bien! chacun de ces expérimentateurs a obtenu des résultats tout à fait analogues ; nous avons même pu nous en assurer nous- même en suivant les expériences faites aux environs de Paris; celles de Plantières-lès- Metz nous ont été, de temps à autre, rap- portées par lettres. Si de ces faits on ne peut conclure à la formation d’une nouvelle espèce qui, après tout, en vaudrait bien tant d’autres faites par des botanistes, ils infirment ou du moins affaiblissent considérablement la théorie MELON-CONCOMBRE D’ÉPERNAY. 389 scientifique que certains botanistes ont donnée de l’hybride, et qui a le malheur d’avoir preque tous les faits contre elle. Mais d’une autre part, en y réfléchissant un peu et sans même forcer les choses, ne pourrait-on, dans les faits que nous venons de rapporter et que représentent les figu- res 84, 85, 86, voir un acheminement ou même une analogie, surtout la figure 84, avec le Melon serpent ( Cucumis flexuosus) dont, au reste, de l’aveu même des savants, la « patrie est inconnue, » et qui, très- probablement, aussi, est un produit des cul- tures obtenu par la fécondation naturelle de fleurs appartenant à deux espèces diffé- rentes, phénomène beaucoup plus fréquent qu’on semble le croire ? Dans ce cas, et pour expliquer ces formes singulières qui sortent des semis, on fait toujours intervenir l’influence d’une cause étrangère qui aurait opéré un mélange. Cette cause, qu’on invoque presque toujours, serait due aux insectes qui, en allant butiner dans toutes les fleurs, « brouillent les types, » comme le disent certains bota- nistes. Soutenir une telle hypothèse sans en voir les conséquences est au moins crédulement puéril, car s’il en était ainsi, si les « trou- bles » étaient si faciles que les mouches ou tous autres insectes pourraient les déter- miner, il y a longtemps qu’on aurait vu un mélange universel et une incohérence gé- nérale entre tous les êtres. Comment, en Fig. 84. — Melon-Concombre d’Épernay (lre forme). Fig. 85. — Melon-Concombre d’Épernay (2e forme). Fig. 86. — Melon-Concombre d’Épernay (3e forme). % effet, soustraire les plantes à l’action des Insectes, des mouches surtout? Est-ce en mettant entre elles une distance de quelques mètres, ou seulement d’un mur ou d’une haie, qu’on y parviendrait? Évidemment non. C’est pourtant ce que l’on croit en général. De deux choses l’une : ou chaque plante a une force de résistance par laquelle elle maintient ses caractères, et cela malgré les insectes, ce qui explique comment les variétés, formes ou races se maintiennent, bien qu’étant près les unes des autres ; ou bien, comme l’affirment tant de gens, les insectes opèrent des mélanges en allant butiner indistinctement toutes les fleurs. Si, contre toute vraisemblance, on admettait cette dernière hypothèse, c’est qu’on y mettrait plus que de la complai- sance, car il suffit d’y réfléchir pour voir que, dans ce cas, il n’y aurait pas de plantes qui pourraient être maintenues franches, puisqu’il n’en est aucune dont les fleurs ne sont pas visitées par une foule d’insectes qui ont visité une grande quantité d’autres fleurs. Quant aux distances, il est au moins puéril de croire que quelques mètres suffi- ront pour que les insectes n’aillent pas d’une plante à une autre, lorsqu’on réfléchit que certains s’en vont butiner jusqu’à plu- sieurs lieues, et que, chemin faisant, ils s’arrêtent à toutes les fleurs qu’ils rencon- trent. On oublie trop que la variation, cette grande loi, est non seulement possible, mais qu’elle est fatale et que tous les êtres se mo- difient constamment. Toutefois, il faut reconnaître que les va- riations sont relatives, qu’il est des végé- TILLANDSIA UN DENI YEKA* 390 taux qui se modifient avec une facilité étonnante dans certains de leurs caractères, cela naturellement et sans qu’aucune fécon- dation intervienne. Telles sont certaines plantes appartenant particulièrement aux deux grands groupes Crucifères et Cucur- bitacées, et qui, seraient-elles isolées de plusieurs lieues de toutes autres analogues, n’en varieraient pas moins. Ges faits, nous n’hésitons pas à en garantir l’exactitude; plus de trente ans d’observations l’ont con- firmée. E.-A. Carrière. TILLANDSIA LINDENI YERA Dans les genres nombreux en espèces ou comprenant beaucoup de formes à peine différentes, mais qui pourtant ont reçu des noms particuliers, il est souvent difficile, à cause des synonymies se rapportant à des plantes qu’on n’a pas vues, de préciser et de faire une application exacte des noms. Dans ce cas, et très- fréquemment, on fait des rapprochements inexacts, et, sous un même nom, on confond des choses dissemblables, ou bien, en se basant sur des mots mal interprétés, on sépare des choses à peu près identiques. De là des erreurs qui bientôt se généralisent et ne peuvent plus être réparées. On a alors l’équivalent de ce vieux dicton de cc la bouteille à l’encre, qui vient d’autant plus noire qu’on l’agite da- vantage, » qu’on cite à propos d’une chose qui ne peut être mise au net. Dans ce cas, ce qu’il y a de mieux, c’est de s’en tenir à l’opinion dominante, toutes les fois que celle- ci n’a rien de contraire aux faits auxquels elle se rapporte. La plante qui fait le sujet de cette note et que représente la figure coloriée ci- contre fournit un exemple de ce que nous venons de rapporter. En effet, d’après cer- tains auteurs, ce serait une forme secon- daire du Tillandsia Lindeni ; d’après d’autres, au contraire, ce serait la première qui serait apparue et à laquelle, par consé- quent, on devrait conserver le qualificatif Lindeni, qui, alors, explique et justifie le second qualificatif vera que nous avons adopté, et qui, ce nous semble, est le seul moyen de sortir de l’embarras où nous ont jeté les synonymies qu’on a essayé d’établir. Du reste, ce n’est pas sans avoir de bonnes raisons à invoquer que nous avons pris cette détermination ; nous avons pour la justifier une lettre de l’éminent profes- seur de botanique de l’Université de Liège, M. Ed. Morren, qui a fait une étude parti- culière de ces plantes, et qui, le premier, a donné une description et une figure de | celle dont nous nous occupons. Voici cette, lettre : Liège, le 12 avril 1878. Mon cher confrère, Voici, en peu de mots, mon opinion sur la question que vous voulez bien m’adresser au sujet du Tillandsia Lindeni. Je l’ai décrit et figuré le premier sous ce nom dans la Belgique horticole, 1869, p. 321, pl. XVIII. Il a la scape courte et les bractées roses. La même plante a été figurée en 1872 dans le Floral Magazine avec le surnom de vera, qui lui a été appliqué par M. Dombrain. Ce surnom convient pour distinguer ce type des trois variétés jardiniques suivantes : 1° Var. intermedia (Morr.). Scape assez longue, bractées vert et rose. C’est la forme figurée dans la Revue horticole (1872, p. 230) et par le Floral Magazine (1871, pl. 523), sous le nom de major. 2° Var. Regeliana (Morr.). Scape allongée; bractées vertes. Cette forme a été décrite et figurée par M. Regel sous le nom de Tillandsia Lindeniana, en 1869, en même temps que je publiais moi-même la forme type. De cette coïncidence est résultée une certaine confusion. 3° Var. luxurians (Morr.). Plusieurs scapes axillaires, ordinairement allongées, à bractées vertes ou intermédiaires. Il arrive parfois que le T. Lindeni, outre l’inflorescence centrale, émet plusieurs épis axillaires. Cette forme luxuriante , je l’ai décrite et figurée dans la Belgique horticole, 1871, p. 289, pl. XX-XXI. Ainsi comprises, les choses me paraissent bien claires. Le Tillandsia hamaleana , Ed. Morr. ( Bel- gique horticole) (T. cyanea, Linden), que mon ami André a fait intervenir, n’a rien à voir en cette affaire. C’est une autre espèce, à épi composé. En hâte, amitié. Ed. Morren. Nous partageons complètement l’avis de notre confrère, et, comme lui, nous sommes convaincu,' ainsi qu’il le dit, que la marche Rrptte Horticole Ti liai idsia L in den i vetxi LES ESPALIERS.. qu’il indique est la seule qui permettra de s’entendre et d’éviter les confusions. Voici, sur l’origine de cette espèce, quel- ques détails empruntés à la Belgique hor- ticole?, 1869, p. 321 : Cette Broméliacée est une des plus heu- reuses introductions de notre célèbre ami Linden, Son intrépide voyageur Wallis l’a ren- contrée à l’état épiphyte dans les forêts péru- viennes de la province de Huanca-Camba. Elle apparut pour la première fois dans le monde horticole en 1867, à L'Exposition universelle de Paris, où elle fut présentée sous le nom de Tillandsia cyanea; mais, après en avoir écrit la diagnose, nous priâmes M. Linden de vou- loir bien en accepter la dédicace. Il est juste que le nom des héros de notre horticulture soit porté à la postérité sur les délicates, mais, immortelles corolles de leurs conquêtes flo- rales. Nous allons terminer sur le T. Lindeni vera par une description sommaire de cette plante, de manière à en résumer au moins les principaux caractères. Voici : Plante d’aspect un peu jonciforme, à feuilles nombreuses, canaliculées, longue- ment réfléchies ; celles du centre subdres- sées, d’un vert roux ferrugineux. Hampe termino-centrale d’à peine 15 centimètres, en partie cachée par les feuilles. Inflores- cence ovale-elliptique aplatie, large d’envi- ron 8 centimètres sur 15 de hauteur, com- posée d’écailles qui, longtemps avant la floraison, sont d’un rose tendre qui s’ac- centue et devient rose vif lors de l’anthèse. Fleurs grandes, à trois divisions largement 391 ovales ou suborbiculaires, d’un beau violet, avec le centre plus foncé. La floraison, qui s’opère successivement et dure assez longtemps, a lieu en général à l'automne; les fleurs ne sont jamais nom- breuses à la fois et ne durent pas longtemps ; elles fanent vite et ne se rouvrent pas. Le contraste produit par l’opposition des couleurs de l’inflorescence avec celle des fleurs donne au T. Lindeni ver a un intérêt que n’ont pas les autres formes de cette espèce qui, à peu près toutes, ont l’inflo- rescence vprte, rarement légèrement rosée. Toutefois nous devons dire que, contrai- rement aux botanistes, au lieu d’espèces, nous ne voyons dans tous ces Tillandsias que de simples formes d’un même type, reconnaissant même que la plupart sont infiniment moins différentes entre elles que le sont beaucoup de variétés issues de nos types et qui se sont montrées sous nos yeux. Mais, quoi qu’il en soit, ce sont de bonnes plantes de serre chaude, surtout celle dont nous parlons, qui, outre la beauté des fleurs, est remarquable par la couleur rose de ses inflorescences. Elle présente encore cet autre avantage de développer assez faci- lement des bourgeons, ce qui permet de la multiplier. — Tous ces Tillandsias se cul- tivent en serre chaude, en terre de bruyère grossièrement concassée à laquelle on peut ajouter du sphagnum haché et des mor- ceaux de briques pour faciliter l’aération des racines. E.-A. Carrière. LES ESPALIERS FRAGMENTS D’UNE HISTOIRE INÉDITE DU JARDINAGE (I) Nous avons dit que l’autre méthode de d’Andilly, celle qui consiste à éloigner un peu l’espalier du mur, avait trouvé peu de crédit ; La Quintinye est le seul qui paraisse avoir goûté, jusqu’à un certain point, cette manière de procéder, surtout dans son application au Pêcher. C’est une opinion très-accréditée et pourtant tout à fait erro- née que, ce du temps de La Quintynie, on regardait le Pêcher comme un arbre trop indomptable pour être soumis à l’espalier, et que les murs les mieux exposés n’étaient guère garnis que de Poiriers. » L’histoire (1) Voir Revue horticole , 1878, p. 266. du potager de Versailles était sans doute bien étrangère à celui qui a écrit cela, quoiqu’il en fût le directeur; c’était en effet le Comte Lelieur, qui connaissait si peu son propre domaine. S’il avait pris la peine de jeter les yeux sur le plan annoté par La Quintinye, il aurait vu que quinze des petits jardins avaient des espaliers de Pê- chers, Pavies et Brugnons, tandis que trois seulement en avaient de Poiriers. A défaut de ce plan, qui ne se trouve que dans les premières éditions, il aurait pu consulter le texte, et se serait épargné une proposition aussi hasardée, en rencontrant maint pas- sage comme celui-ci : cc J’en mettray (des 392 LES ESPALIERS. Poiriers) à la plupart des expositions, mais véritablement, et cela à mon grand regret, ce ne sera que peu à celles du levant et du midy, tant en faveur des fruits à hoyau, pour lesquels f estime qu'il les faut choyer, qu’à cause du désordre des tigres, dont je ne saurois du tout garantir les Poiriers. » Dans un autre chapitre, où il fixe l’ordon- nance d’un très-petit jardin ne pouvant donner place qu’à six arbres contre le mur, il dit encore : « Dans ces six arbres, je suis d’avis qu’il y ait cinq Pêchers et un Pru- nier. » Voici encore un passage bien signifi- catif : « Je ne croy pas que personne voulût icy mettre les Poires en jeu pour avoir la préférence des bonnes places au préjudice du Muscat, des Pêches et des Figues ; encore moins proposera-t-on, dans cette dispute, ny les Abricots, ny les Cerises pré- coces, ny les Azeroles; on en auroit le dementy. » La Quintinye aimait si peu les espaliers de Poiriers, qu’il émet l’avis que même celui de Bon-Chrétien ne doit pas être planté tout à fait joignant la muraille, mais « dans la partie du contr’espalier la plus voisine de la muraille la mieux expo- sée. » Cette disposition tient un peu de celle qu’avait adoptée d’Andilly. La suivante s’en rapproche davantage. La Quintinye pré- tend avoir reconnu que les Pêches de plein vent, là où l’on peut en cultiver, à la faveur soit du climat, soit, des abris, « sont sans comparaison meilleures que contre les mu- railles, » et il ajoute : « Je profite donc au printemps du secours de l’espalier pour faire plus sûrement nouer les Pèches, et, à la Saint-Jean, je tire en dehors ces branches à fruit, lesquelles, dans ma manière de tailler, je laisse longues, et avec des échalas que j’ay fichés bien avant en terre j’at- tache et soutiens ces belles branches toutes chargées de leurs fruits qui, par ce moyen, acquièrent la bonté du plein air que nous venons de décrire. » Il aurait même cueilli, dans quelques petits jardins de Paris bien abrités, « des fruits pour ainsi dire enchan- tez, » sur toutes sortes de Pêchers en plein vent, « sauf des Avant-Pêches, des Pêches de Troyes, des Magdeleines blanches et des violettes tardives, qui n’y sont pas si heureuses ; » mais il avoue « qu’après s’être longtemps opiniâtré pour élever des Pê- chers en buissons en differents jardins à la campagne, comme dans les jardins de Paris, il a fallu enfin renoncer aux espé- rances conçues et se réduire aux espaliers tout seuls. » On voit se dégager de tout cela comme un sentiment de défiance contre l’influence des murailles sur le fruit, et un parti pris de soustraire les arbres, autant que pos- sible, à leur protection. Le Prunier, toute- fois, fait exception, et nous reproduisons le passage qui le concerne, où se trouve comme le résumé des opinions de La Quin- tinye sur la culture contre murailles : « Peu de gens se sont avisez de déclarer sur cecy (sur l’espalier) en faveur des bonnes Prunes, et c’est peut-être faute d’avoir éprouvé de quelle délicatesse, de quel goût, de quel sucre elles y viennent, non seule- ment en comparaison de celles de plein vent, mais aussi en comparaison de tous les autres fruits, différence fort surprenante en soy, mais encore plus pour pouvoir rendre une bonne raison ; d’ou vient, en fait de Prunes d’espaliers, un effet si con- traire à ce qui se passe à l’égard des autres fruits, étant très-certain que ceux-cy dimi- nuent notablement de bonté en espalier, pendant que les Prunes y augmentent la leur notablement. Peut-être me mettrois-je volon- tiers à la tète de ceux qui, pour la contes- tation présente, voudroient donner aux bonnes Prunes d’espalier la préférence sur tous les autres fruits. » Si nous rapportons ces assertions de la Quintinye touchant les modifications qui se remarquent dans la saveur des fruits, suivant qu’on les cultive en plein air ou contre un mur, modifications qui sont incontestable- ment tantôt bonnes, tantôt mauvaises, c’est que nous croyons qu’en ce genre d’études comparatives, le dernier mot n’a pas encore été dit. Les préceptes de La Quintynie se recommandent d’ailleurs en ce qu’ils n’ont pas, comme on pourrait le croire, une auto- rité purement individuelle, mais en ce qu’ils représentent comme la somme des avis de tous les jardiniers et amateurs de son temps. Pomologue consciencieux et dégustateur délicat, il ne parle pas seule- ment de ses fruits de Versailles, mais de ceux de toute la France ; ce ne sont pas toujours ses opinions personnelles qu’il expose, mais en quelque sorte les procès- verbaux de « nombreuses assemblées de curieux, » véritables congrès pomologiques qu’il allait présider sur tous les points de la France, et il apporte beaucoup d’impar- LES ESPALIERS. 390 tialité dans ces comptes-rendus, où trou- vent place les avis des dissidents. « J’ay eu pour but, écrit-il, de donner enfin un avis qu’on pût sûrement suivre et exécuter dans une bonne partie du royaume, et c’est dans cette vue que j’entretiens depuis plus de trente ans un commerce particulier avec la plupart des curieux de notre siècle, tajit de Paris et de nos provinces de France que des pais éloignez et des royaumes circonvoi- sins. Je me suis étudié à avoir partout des amis illustres en jardinage, pour profiter autant que j’ay pu de leurs lumières et de leurs richesses, dans le temps que de mon côté je tâchois de ne leur être pas inutile. » Voilà pourquoi les observations de La Quin- tinye sur les espaliers nous paraissent mériter de fixer l’attention des curieux. Pendant que, chez nous, le chef des « nouveaux curieux » s’ingéniait à dimi- nuer l’iniluence du soleil d’été sur les fruits des espaliers, des soins tout opposés préoc- cupaient les jardiniers anglais. Tout en ne voulant pas admettre qu’il y ait une diffé- rence sensible dans les climats de France et d’Angleterre, tout en prétendant, par exemple, que s’il n’y a pas de vins anglais, cela doit être imputé à l’ignorance de leurs vignerons, ils étaient bien forcés de se dire en eux-mêmes que, malgré le secours des murailles, leurs Raisins, leurs Pèches et leurs Prunes n’acquéraient jamais ce degré de maturité et cette saveur exquise qu’ils constataient par comparaison dans les envois de France. Aussi voyons-nous, dans les dernières années du XVIIe siècle, un révé- rend anglais proposer un nouveau mode de construction des murailles, dans le but d’augmenter la puissance de la réflexion solaire : ce mode consistait dans une certaine inclinaison, savamment calculée, de la face du mur qui recevait les espaliers. Le livre de ce chercheur est intitulé: Fruit- Walls improved, by inclining them to the hori- zon, etc., etc. ( Perfectionnement des murs à fruits , par leur inclinaison à Vhorizon ), ou « la manière de bâtir les murs pour recevoir les arbres fruitiers, au moyen de quoi ils reçoivent plus longtemps le soleil et plus de chaleur qu’à l’ordinaire, » parle R. Everingham, Londres, 1699, in-4°. Les Anglais ne craignent pas de s’engager dans les expériences, fussent-elles cent fois plus coûteuses que celle-ci ; on ne s’éton- nera donc pas que le projet d’Everingham ait trouvé des exécutants; mais les résul- tats n’ont pas justifié la confiance qu’on y avait mise. Le procédé, on le voit, est des plus sim- ples, facile à appliquer, et n’occasionne aucune dépense. Du reste, à vrai dire, il ne diffère du procédé connu et employé ordi- nairement que par l’emploi de godets sans fond. Nous recommandons à tous ceux qui auraient à se défendre contre ces redouta- bles insectes d’employer ce procédé, et nous remercions son inventeur de nous l’avoir fait connaître. — En arboriculture fuitière, lorsqu’il s’agit de plantation, il est un point sur lequel, dans les traités, les recommanda- tions abondent : c’est pour la position de la greffe qui, à très-peu d’exceptions près, ne doit pas être enterrée. C’est là un point sur lequel tous les auteurs sont à peu près d’accord, et qu’il n’est pas toujours facile d’obtenir, par exemple quand le terrain a été défoncé très-profondément, surtout si l’on a enterré du fumier, car dans ce cas il faut compter avec le tassement, et malgré les prévisions il arrive souvent que, au bout d’un certain temps, les greffes se trouvent enterrées. Il est pourtant un moyen facile 404 CHRONIQUE HORTICOLE. d’éviter cet inconvénient : c’est de greffer un peu au-dessus du sol, par exemple à environ 30 centimètres de celui-ci; de cette façon, outre que l’opération est plus facile, on évite les tâtonnements, et l’on est sûr du résultat, c’est-à-dire que la greffe ne sera pas enterrée lors de la plantation des arbres. De plus, et dans beaucoup de cas, il y aura même avantage, surtout dans les terres fortes, froides et humides, parce que la greffe se trouvera placée de manière à recevoir toutes les influences de l’air, qui facilitent encore l’élaboration des principes aqueux, condition essentielle à la qualité des fruits. — La maladie qui sévit si cruellement sur les Tomates, et dont nous avons parlé dans notre précédente chronique, ne s’étend pas seulement aux quelques départements compris dans le bassin parisien, ainsi que le témoigne la lettre suivante, qu’un de nos collaborateurs, M. Gagnaire, nous adresse de la Dordogne. Voici : Bergerac, ce 9 octobre 1878. Mon cher monsieur Carrière, Ce n’est pas à Paris seulement que, comme vous l’annoncez dans le dernier numéro de la Revue horticole , les Tomates sont malades; je pourrais vous citer ici bien des jardiniers pota- gers qui, malgré des tentatives de semis et de plantation plusieurs fois répétées, au prin- temps dernier, n’ont pas récolté dans leur jar- din deux fruits de ce légume. Cultivant moi-même une collection de cette Solanée pour la vente des graines, et n’ayant pas échappé totalement aux ravages de ce nouveau fléau, je crois devoir vous fournir à ce sujet les renseignements suivants, qui vous seront peut-être de quelque utilité. Voici d’abord les variétés de Tomates que je cultive : Jaune d’ Amérique. Son fruit est superbe, littéralement jaune, donnant aux sauces une couleur d’ambre très-attrayante. Naine hâtive. Cette variété n’est jamais cul- tivée ici sous châssis ; mais à l’aide de procédés particuliers et de soins intelligents, nos jardi- niers la récoltent en plein air d’assez bonne heure. Rouge de Provence. C’est la grosse Tomate rouge, à côtes si accentuées, que l’on trouve dans tout le Midi pendant la belle saison. Trophy. Vous savez que cette variété, d’ori- gine américaine, a été propagée par moi ; que sa forme est ronde, sa peau lisse sans côtes, et que ses qualités sont excellentes. J’en ai parlé autrefois dans la Revue horticole , et les louanges de cette variété ne sont plus à faire. Général Grant. Variété très-fertile, se char- geant de fruits gros et moyens, ronds, sans côtes, à peau rouge foncé; elle est très-bonne pour la cuisine. Si les restaurateurs de Paris et de la province savaient combien la chair de cette variété est ferme et bonne, ils n’en vou- draient pas d’autres pour farcir. Ici nous la fen- dons transversalement et la mettons sur le gril, et aussitôt que le feu commence à saisir les tranches, on dépose sur chacune d’elles un hachis composé de lard, d’ail et de persil. Je tiens ce plat d’un horticulteur qui me l’apprit un jour de vendange, et comme il est rustique et bon, je le recommande. Voici maintenant dans quel ordre la maladie a sévi sur ces variétés : Naine hâtive. Fortement attaquée, au point que ses produits ont été insignifiants. Rouge de Provence. Les premières planta- tions ont été perdues, tandis que les secondes ont donné des résultats assez satisfaisants. Jaune d’Amérique. N’a pas été atteinte. Trophy. La première plantation fut perdue ; la seconde a donné d’assez bons résultats. Général Grant. Cette variété, qui a résisté à la maladie, s’est chargée jusqu’à ce jour d’une quantité de fruits gros et moyens. Veuillez, etc. Gagnaire fils aîné. On voit que, loin de diminuer, le mal va en s’augmentant. Quelle en est la cause? C’est ce que personne ne pourrait dire; ce qu’on peut affirmer, c’est que cette cause est complexe et qu’elle rentre dans la série de ces fléaux dont l’aire ne peut être déli- mitée, tels que l’oïdium, la maladie des Pommes de terre, etc., et qui se manifestent par la présence de végétaux cryptogamiques qui, eux aussi, ne sont que des effets. — Ce qu’on nomme les caractères des plantes étant le résultat d’habitudes, il en résulte que toutes les fois' qu’un caractère regardé comme avantageux se produit, il faut tâcher de le fixer, d'habituer la plante à le reproduire. C’est un fait que savent seulement quelques horticulteurs. Quant aux amateurs, à peu près tous l’ignorent, ce qui nous engage à le rappeler en citant deux exemples à l’appui. Ainsi le Ligustrum ovalifolium , lors de son introduction, ne donnait jamais de graines ; il en est de même encore ainsi dans presque toutes les cul- tures, où alors on le multiplie par boutures. Au Muséum, nous eûmes la « chance » de voir un pied qui donna quelques graines PANDANUS CARICOSUS. 405 que nous avons semées ; elles ont produit des individus qui fructifient davantage, de sorte qu’aujourd’hui, par suite de semis successifs, nos plantes se chargent de fruits comme le fait le Troène commun. L’autre exemple porte sur un Cornus Thelicanis , espèce magnifique, mais toujours rare, que nous devons à la bienveillance de M. Régel. Le pied mère ne donne que très-rarement quelques graines; mais les individus prove- nant de ces quelques graines sont également beaucoup plus fertiles. Il ne peut donc être douteux que, par la suite, de ces semis successifs on obtiendra des individus tout à fait fertiles. De ces quelques faits nos lecteurs sauront tirer des conséquences. E.-A. Carrière. PANDANUS CARICOSUS L’espèce dont nous allons parler, le Pan- danus caricosus , Rumph., et dont la figure 84 montre une inflorescence, a fleuri dans les serres de Mme Fould, au château du Val, où, presque en même temps, fleuris- sait une autre espèce également très-rare, le Pcindanus furca- tus, dont la Revue horticole donnera pro- chainement une fi- gure coloriée. Comme à peu près tous les Pandanus des cultures , celui-ci est à fleurs mâles et à inflorescence dressée, tandis que d’autres, par exemple le P. re- flexus et le P. Houl- letii, dont nous avons aussi donné une des- cription et une figu- re (1), ont l’inflores- cence pendante, plus allongée et plus grêle. Cette disposition per- met donc, à défaut d’autres caractères, de classer les Panda- nus en deux grandes séries : dans l’une, ceux dont les inflo- rescences sont droi- tes ; dans l’autre , ceux dont les inflores- cences sont pendantes. L’espèce dont nous parlons appartient à la première série. C’est un petit arbrisseau, le plus souvent ramifié dès sa base, à feuilles (1) Y. Revue horticole , 1878, p. 210. assez étroites, canaliculées, d’un vert glau- cescent et relativement peu épineuses. Inflo- rescence terminale dressée, compacte, attei- gnant 20 centimètres et plus de hauteur sur environ 6 de dia- mètre ; écailles flora- les concaves, épaisses, d’un blanc jaunâtre ou nacré, très-largement ovales, portant à la base une ramille flo- rale dressée , très- robuste, d’environ 6 centimètres, couverte de fdets staminaux linéaires contournés, d’un blanc jaunâtre, à anthères linéaires comme le filet, dont elle est une continua- tion , renfermant en extrême abondance un pollen pulvérulent, sa- vonneux ou onctueux. Les bractées florales sont tellement rappro- chées que l’ensemble ne constitue qu’une masse ; quant à la na- ture de ces bractées, leur consistance et un peu la couleur rappel- lent assez exactement les pétales du Ma- gnolia grandiflora. Originaire des Mo- luques, le Pandanus caricosus , Rumph. , réclame la serre chaude, comme à peu près toutes les autres espèces de ce genre. Il a néanmoins l’avantage sur beaucoup d’autres que, tout aussi ornemental, il Fig. 84. — Inflorescence du Pandanus caricosus , réduite. TROIS NOUVELLES VARIÉTÉS DE HARICOTS. 406 n’acquiert que des dimensions relativement faibles, ce qui en permet la culture dans des serres relativement petites. C’est à notre ami, M. Sallier, jardinier en chef au château du Yal, à qui l’horticulture française est déjà si redevable, que nous devons d’avoir pu faire connaître la floraison du Pandanus caricosus qui, jusqu’ici, n’était connu que par son feuillage et l son faciès qui, suffisants pour distinguer prati- quement les plantes, ne le sont pas pour les caractériser scientifiquement. Donc, merci à notre ami. E.-A. Carrière. TROIS NOUVELLES VARIÉTÉS DE HARICOTS Parmi les variétés de Haricots expérimen- ées dans mes cultures dans le courant de cette année figurent trois variétés qui me semblent dignes de prendre rang dans la culture potagère. Je crois donc utile de les faire connaître en en donnant la description. Les deux premières ont été obtenues par moi; j’ai rencontré la troisième dans les environs d’Albertville, où elle est très-peu répandue. Haricot de C on flans. — Les personnes qui ont cultivé le Haricot intestin , tout en appréciant ses excellentes qualités, lui ont reproché d’être délicat, surtout pendant sa germination et pendant aussi la première période de sa vie. De plus, aux approches de la maturité, il est très-sensible à l’humi- dité; et si les circonstances atmosphériques ne sont pas des plus favorables, son grain se tache et reste souvent flétri. De ce Hari- cot, j’ai obtenu et fixé une variété aussi bonne, mais plus rustique, et par consé- quent exempte des inconvénients dont je viens de parler. En voici la description : tige volubile, verte, teintée de brun pour- pre, de 2 à 3 mètres, très-rameuse et fruc- tifère dès le bas. Fleurs, 5 à 9 par pédon- cule, de grandeur moyenne, d’un rose purpurin. Pédoncule égalant le pétiole de la feuille ou plus long que lui à la maturité. Bractées largement ovales, acuminées, éga- lant le pédicelle ; bractéoles largement ova- les-elliptiques, obtuses, membraneuses sur les bords, égalant ou dépassant un peu le calice. Feuilles de grandeur moyenne, à folioles acuminées, l’impaire subrhomboï- dale, arrondie à la base, les deux latérales largement ovales, obliques, tronquées à la base; pétiole assez court, largement canali- culé sur sa surface supérieure, sillonné sur l’inférieure. Gousses jeunes vertes, souvent teintées ou panachées d’un brun violacé de plus en plus prononcé aux approches de la maturité, cylindriques, épaisses, un peu bosselées et souvent un peu flexueuses par la saillie des grains, sans parchemin. Gousse mûre d’un jaune paille, de 10 à 18 centi- mètres de longueur, arquée surtout vers l’extrémité, ridée, bosselée, flexueuse, à su- ture dorsale un peu saillante, suture ven- trale légèrement canaliculée, terminée au sommet par une arête ventrale (1) courbée, de 8 à 10 millimètres de long; grains 5-9 par gousse, espacés, variant d’un gris livide au brun verdâtre, nuancé de bleu ardoisé, avec une auréole roussâtre ou jaunâtre au- tour de l’ombilic, de 13 à 14 millimètres de long sur 6 à 8 millimètres de large, ellip- soïdes-oblongs, obliquement déprimés sur la face ombilicale. Cette variété est complètement sans fibre ni parchemin ; sa cosse est très-tendre et d’un goût parfait. Elle est mi-précoce et productive, et diffère, comme je l’ai dit, du Haricot intestin par plus de vigueur et plus de rusticité, par sa cosse plus lon- gue, plus courbée, un peu moins comprimée sur les sutures, par la couleur de son grain et la forme un peu plus allongée de celui-ci. On la distingue encore à ses tiges plus ra- meuses, colorées de brun, ainsi que les pé- tioles, enfin par sa fleur rose. Haricot, ivoirç bicolore. — Tige volubile, rameuse, jaune verdâtre, assez vigoureuse (3 mètres). Fleurs 4 à 7 par pédoncule, de grandeur moyenne, blanches. Pédoncules pubescents, plus courts que le pétiole. Brac- tées ovales, subacuminées, bractéoles ovales- elliptiques, obtuses, égales au calice. Feuilles de grandeur moyenne, vertes, à folioles acu- minées, l’impaire ovale, arrondie et légère- ment en cœur à la base, les deux latérales ovales-obliques. Stipules lancéolées. Gousses (1) Je désigne sous le nom d’arète ventrale celle qui est située sur le prolongement du bord ventral de la cosse, et sous celui d’arète centrale celle qui est formée par l’inflexion réciproque des deux bords venant par leur réunion former l’arète sur le prolongement de la ligne médiane des valves. CONCOURS DE GAZONS A L’EXPOSlTION UNIVERSELLE. 407 2 à 3 par pédoncule, tendres, sans parche- min, d’un beau blanc, longues de 12 à 15 centimètres, un peu comprimées-ar- quées, contenant de 5 à 9 grains. Gousses mûres presque blanches, très-légèrement bosselées par la saillie des grains, terminées par une arête ventrale courbée vers son sommet, longue de 8 à 10 millimètres, con- tenant 5 à 9 grains espacés, irrégulièrement elliptiques, un peu comprimés, longs de 16 millimètres sur 11 millimètres de large, blancs avec une tache ombilicale large, ir- régulière sur ses bords, d’un pourpre foncé. Précocité moyenne ; très-productif. Ce Haricot est franchement sans parche- min ; il est né dans mes cultures d’un semis de beurre ivoire, dont il diffère par sa cosse plus longue, un peu plus comprimée, par ses grains plus nombreux, et par la couleur de son grain et de sa fleur. De qualité au moins égale au Haricot beurre ivoire, il a sur lui l’avantage d’avoir une cosse plus longue et plus volumineuse. Haricot lenticulaire bicolor. — Tige volubile, rameuse, vigoureuse (3 à 4 mè- tres), verte, très -fructifère dans le haut et peu dans le bas. Fleurs 2-5 par pédoncule, de grandeur moyenne, blanches. Bractées largement ovales, acuminées, égalant le pé- dicelle ; bractéoles oblongues, obtuses, égales au calice. Feuilles de grandeur moyenne, d’un vert foncé, à folioles ovales un peu CONCOURS DE GAZONS A I Tout ce qui figurait à l’Exposition, soit au Champ-de-Mars, soit au Trocadéro, de- vant être soumis au concours, les Gazons ne pouvaient faire exception ; mais comme il n’était guère possible de porter un juge- ment de quelque valeur que par suite d’expériences et en les comparant entre eux, on ne pouvait donc porter ce jugement que tout à fait à la fin de l’Exposition. Toute- fois, nous devons faire remarquer combien il était difficile de se prononcer, les condi- tions dans lesquelles les expériences ont dû être faites étant différentes. En effet, outre l’exposition ou l’emplacement, qui n’avait rien d’uniforme, il y avait encore la nature du terrain, qui présentait aussi de nom- breuses variations ; les terres ayant dû être apportées et venant de différents endroits, il s’en trouvait de natures très- diverses. acuminées, faiblement ridées-cloquées; l’im- paire ovale arrondie à la base, les deux la- térales ovales- obliques. Pétiole très^pu- bescent, étroitement canaliculé, sillonné. Stipules triangulaires, courtes. Gousse lon- gue de 10 à 14 centimètres, large de 15 à 16 millimètres, d’un beau vert tournant au blanc aux approches de la maturité, corti- primée, fortement bosselée par la saillie des grains, presque droite et brusquement ter- minée par une arête centrale droite ou ra- rement un peu ceurbée, longue d’environ 7 à 8 millimètres. Grains 5 à 7 par cosse, irrégulièrement orbiculaires, un peu com- primés, de 12 millimètres de large sur 12 et rarement 13 de long, épaisseur 10 milli- mètres, blancs, et portant autour de l’om- bilic une large tache noire marbrée de gris, irrégulière sur ses bords, et occupant envi- ron un tiers de la surface du grain. Cette variété, sans parchemin,' est excel- lente, à la condition d’être consommée un peu avant l’entier développement du grain. Elle est vigoureuse, très-productive et un peu tardive. Le grain, qui est relativement gros, est très-bon à consommer frais. Ces trois variétés seront mises au com- merce dans le courant de l’hiver. E. Perrier de la Bathie, Professeur d’agriculture à l’École normale, Albertville (Savoie). EXPOSITION UNIVERSELLE A toutes ces causes, déjà si grandes, d’iné- galité, il faut ajouter que l’époque des semis a dû également différer, les diverses parties à ensemencer n’ayant pu être livrées que très-irrégulièrement, parfois même à un mois ou plus de différence, ce qui faisait que tous les semis ont dû être faits dans des conditions très- diverses. Quelques parties ont même dû être semées plusieurs fois, à cause de certains travaux qui ont nécessité des enlèvements partiels, parfois même complets. Malgré tant de faits contraires, il y avait presque uniformité dans le résultat général : succès à peu près partout, grâce à l’année exceptionnellement inconstante et à l’ab- sence générale de grandes chaleurs, et sur- tout au manque de soleil, qu’on a pu cons- tater sous le climat de Paris. 408 CONCOURS DE GAZONS A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. Onze établissements, tant anglais que français, avaient répondu à l’appel qui leur avait été fait; les seules conditions qu’on leur avait imposées étaient de fournir un beau Gazon. Lors de l’examen qui a eu lieu le 4 octo- bre dernier, les exposants avaient dû, pour éclairer le jury, donner des explications tant sur les espèces de graines que sur les quantités employées. Ces renseignements pouvant avoir quelque intérêt pour nos lec- teurs, nous allons les faire connaître, en indiquant notre opinion sur chacune des parcelles soumises à l’examen. Garter’s (Anglais). Le semis, fait dans la proportion de 3 hectolitres à l’hectare, était composé de 144 parties de Lolium perenne sempervirens , 72 de Cynosurus cristatus , 9 de Poa nemoralis , 9 de Poa annua, 9 de Poa sempervirens , 9 d’Avena fîavescens, 3 de Trifolium repens à petites feuilles, 1 de Trifolium minus. C’était de tous le plus beau, uniforme dans toutes les par- ties, bien que la surface fût relativement considérable. Ce Gazon formait partout un tapis épais, moelleux, qui, formant ressort, faisait éprouver une sensation fort agréable lorsqu’on marchait dessus. Chouvet, marchand grainier, rue du Pont- Neuf, à Paris, avait fait deux mélanges, l’un pour les pelouses, l’autre pour les bordures. Le premier contenait pour 100 par- ties : 85 de Ray-Gras, 10 de Paturin des prés et 5 de Crételle des prés. Le deuxième mélange, exclusivement destiné aux bor- dures, se composait, également pour 100 parties, de 60 de Rav-Gras de Pacey, 10 de Paturin des prés, 20 de Fétuque à feuilles menues, et 10 parties d’Agrostis traçante. Le Gazon était plein et très-beau. Delahaye, marchand grainier, 18, quai de la Mégisserie, à Paris, avait mis pour 100 parties : 40 de Ray-Gras anglais de Pacey, 15 de Fétuque ovine {Festuca ovina ), 15 de F étuque durette ( Festuca duriuscula ), 10 de Crételle des prés ( Cynosurus cris- tatus). Ce semis a été recouvert d’une couche de 1 centimètre environ d’épaisseur, puis quand les graines commençaient à lever, on a fait un second semis composé de Paturin des prés ( Poa proAensis ), 5 par- ties ; Paturin des bois (P. nemoralis ), 5 parties ; Agrostis traçante ( Agrostis stolo- nifera ), 10 parties, puis recouvert le tout par un coup de rouleau . Ce Gazon était beau . Dudoüy, 38, rue Notre-Dame-des-Vic- toires, avait semé deux pelouses, composées l’une de Ray-Gras pur à raison de 120 kilo- grammes à l’hectare. Situé en pente, dans un sol sec, ce Gazon, malgré les arrosages, était c< maigre » et peu épais. Ce n’était qu’un essai, mais pas heureux, qui, une fois de plus, a démontré que seul le Ray- Gras, en général, ne peut faire un beau gazon. L’autre lot, au contraire, comprenant deux grandes parcelles, bien que placées dans les mêmes conditions, était d’une beauté et d'une homogénéité parfaites ; le Gazon, d’un vert uniforme, formait partout un tapis serré, moelleux et comme feutré. Ces deux parcelles étaient composées de Lawn gras (herbes rustiques) se décomposant ainsi pour 14 parties : Ray-Gras, 4; Cynosurus cristatus , 2 ; Festuca ovina , 2 ; Poa pra- ! tensis , 1 ; Poa nemoralis , 1 ; Trifolium I repens, 2 ; Trifolium minus , 1 ; Minette, 1 . Lecaron, marchand grainier, 20, quai de la Mégisserie, à Paris, avait composé sa pelouse de la manière suivante pour 100 kilo- grammes : 70 kilogr. Ray-Gras fin de Pacey, i 4 de Paturin commun, 4 de Paturin des I prés, 4 de Paturin des bois, 4 de Fétuque l durette, 5 de Crételle des prés, 4 de Flouve i odorante, 5 d’Agrostis traçante. Le résultat j était satisfaisant ; l’ensemble constituait un i Gazon très-beau. La parcelle ensemencée par M. Thiébaut aîné, grainier horticulteur, 30, place de la Madeleine, à Paris, était admirablement réussie. En voici la composition : Ray- Gras anglais. Agrostis vulgaire, Agrostis traçante, Fétuque durette, Fétuque rouge, I Fétuque hétérophylle, Paturin des prés, Paturin commun, Paturin des bois, dans la proportion de 200 kilogrammes à l’hec- tare. Les quantités de chaque sorte n’étaient pas indiquées sur la note qui nous a été | fournie. Thiébaut-Legendre, marchand grainier, i horticulteur, avenue Victoria, 8, à Paris, avait ensemencé à raison de 2 kilogrammes I par are, soit 200 kilogrammes à l’hectare. ; Voici les espèces employées et les propor- I tions dans lesquelles elles étaient réparties : Ray-Gras, 70 parties ; Paturin des bois, 15 ; ; Paturin des prés, 10; Fétuque des prés et durette, en mélange, 5; Agrostis vulgaire | et Agrostis traçante, 5 parties. Le résultat était très-satisfaisant. Jacqueau, marchand grainier, 2, rue CONCOURS DE GAZONS A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. 409 Saint-Martin, à Paris, avait ainsi composé son mélange : Lolium perenne , 20 kilog. ; Fétuque ovine, 500 grammes; Fétuque durette, 1 kilogr. ; Fétuque hétérophylle, 1 kilogr. ; Agrostis traçante, Crételle, 2k 50 ; Paturin des prés, 5 kilogr. ; Paturin des bois, 4 kilogr. Pour les parties ombragées, il avait ajouté 1 kilogr. de Paturin des bois, 1 kilogr. de Fétuque hétérophylle. Pour les bordures, M. Jacqueau avait fait la com- position suivante : Crételle des prés, 500 gr., Trèfle blanc, 100 gr. ; Pâquerette, 25 gr. Placé dans des conditions d’exposition défavorables, et par suite de changements opérés dans la disposition des massifs, les résultats laissaient à désirer; mais les endroits plus favorisés, beaucoup mieux réussis, semblaient démontrer que les mau- vaises conditions étaient la cause de cette infériorité. Nous devons toutefois recon- naître que le mélange des Pâquerettes n’est pas favorable. La parcelle ensemencée par M. Torcy- Yannier, marchand grainier à Melun, pré- sentait un aspect plus grossier, plus robuste, mais moins agréable à l’œil. Elle était ainsi composée : Agrostis vulgaire, 5 parties ; Agrostis traçante, 2 ; Crételle des prés, Fétuque ovine, 6; Fétuque durette, 6; Fétuque à feuilles menues, 6; Fétuque hétérophylle, 8; Flouve odorante, 2; Pa- turin commun, 3 ; Paturin des prés, 3 ; paturin des bois, 4 ; Ray-Gras anglais, 50. Le semis était fait à raison de 2 kilogr. par are, soit 200 kilogr. à l’hectare. La maison Vilmorin Andrieux et Cie avait ensemencé la grande pelouse ou sorte de tapis vert placé entre le pont d’Iéna et le palais du Champ-de-Mars ; cette pelouse était admirablement réussie. Trois espèces seulement la composaient. En voici l’énumé- ration et l’indication des quantités relatives employées : Ray-Gras, 75 parties ; Paturin des prés, 10 parties ; Crételle, 15 parties, dans la proportion de 3k 500 environ par are, soit 350 kilogr. à l’hectare. A la suite de ces indications, et pour éclairer le jury, M. Vilmorin, dans une note particulière, faisait remarquer que ce Gazon, composé en raison du but à atteindre, c’est-à-dire de produire de l’effet et de satis- faire la vue, pourrait très-bien n’être ce que d’une durée relativement courte. » C’est là un aveu de bonne foi qui n’a pas lieu de surprendre de la part de la maison Vilmorin, mais qui n’enlève en rien le mérite du Gazon, au contraire. Que fallait-il en effet? Montrer un beau Gazon dont le public puisse être satisfait. Ce but a été atteint. Ici la question de durée était très-secon- daire. Disons toutefois que rien ne prouve contre elle. Webb et fils, de Londres, avaient ense- mencé, au Trocadéro. deux grandes par- celles de terrain. La composition des graines et les proportions de celles-ci étaient les sui- vantes : Avena flavescens, 2 1/2; Cyno- surus cristatus, 22 1/2 ; Festuca durius- cula , 9; Festuca ovina, 6 1/2; Lolium perenne tenui folium, 54 ; Poa nemora- lis , 6 1/2; Poa sempervirens , 9; Poa trivialis, 21/2 ; Trifolium repens , 15 3/4 ; Trifolium minus, 4 1/2; Anthoxantum odoratum , 2 1/4. Le Gazon produit par ce mélange était de toute beauté comme réus- site, et surtout comme solidité, croyons- nous. Mais sous le rapport de ce qu’on nomme ordinairement « les Gazons, » il laisse à désirer, car c’est une sorte de prairie qui, si on ne la fauche souvent, ne présente plus rien d’agréable à la vue, parce qu’alors les légumineuses dominent inégalement et fleurissent, de sorte que l’ensemble res- semble à une véritable prairie artificielle. C’est donc, à vrai dire, un Gazon d’un nou- veau genre, une sorte d’intermédiaire entre ce que l’on appelle « Gazons » et les prai- ries proprement dites. Ça peut être les deux, suivant le besoin. Aussi appelons-nous tout particulièrement l’attention sur cet assole- ment. Devant faire un classement des lots, le jury a adopté le suivant : Carter’s, Vilmorin, Dudoüy, Chouvet, Lecaron, Delahaye, Thié- baut aîné, Thiébaut-Legendre, Webb, Torcy- Vannier, Jacqueau. Toutefois, et nous ne saurions trop le répéter, presque toutes les conditions dans lesquelles ces semis ont été faits rendaient très- difficile, sinon impos- sible, la mission de se prononcer d’une manière absolue sur les résultats ; aussi, tout en tenant compte des appréciations du jury, l’on peut dire que tous les Gazons étaient réussis, que ce n’était guère qu’une question de plus ou de moins. E.-A. Carrière. 410 FUCHSIA JEAN SISLEY. — A TRAVERS L’ EXPOSITION. FUCHSIA JEAN SYSLEY La plante dont nous allons parler, que représente la figure coloriée ci-contre, rentre dans la série que son obtenteur, M. Victor Lemoine, horticulteur à Nancy, a nommée tardive , qualification exacte, puisque, en effet, les plantes qui rentrent dans ce groupe commencent à fleurir l’été pour continuer sans arrêt jusqu’au printemps suivant, fleu- rissant par conséquent pendant tout l’hiver, ce qui est un mérite de plus. Le Fuchsia Jean Sisley , de M. Lemoine est, ainsi que d’autres sur lesquels nous reviendrons plus tard, un hybride de deuxième génération, c’est-à-dire qu’il pro- vient d’une plante qui était déjà hybridée : du F. Dominyana par F. spectabilis , Hook. L’origine d’une plante pouvant éclaircir certains points de la physiologie, il est donc toujours bon, quand on la con- naît, de la rappeler, ce qui nous engage à reproduire les lignes suivantes qu’a écrites M. Lemoine (1). Voici : Le Fuchsia spectabilis , Hooker, espèce peu florifère, a été croisé, vers 1855, avec le F. ser- ratifolia, R. et Pav. Cette opération ayant été faite par M. Dominy, l’un des chefs de culture de la maison Veitch, bien connu par ses nom- breux et importants succès en matière d’hybri- dations, l’hybride qui en est provenu a été nommé Fuchsia Dominyana.... J’ai féconde le Fuchsia Dominyana avec des variétés déjà améliorées du F. serratifolia ; j’ai pu ainsi obtenir de bonnes graines sur cet hybride. Parmi les plantes venues de ces grai- nes, les unes se rapprochent évidemment du F. Dominyana par la végétation, par le port, A TRAVERS Après avoir monté, il faut descendre!... Ainsi le veut la grande et universelle loi à laquelle tout est soumis. Bientôt, hélas ! cette loi fatale aura exercé son influence sur l’Expo- sition du Champ-de-Mars, et quand ces lignes paraîtront, elle sera bien près d’avoir vécu. Comme précédemment, je vais tâcher de résumer ce que j’ai vu de plus saillant lors du dernier concours du 16 octobre. Je constate d’abord que les fleurs qui, depuis quelque temps, allaient constamment en dimi- nuant , n’étaient guère plus représentées. (1) Journal de la Société centrale ’d' horticul- ture de France , décembre 1877. par la teinte et la configuration des feuilles ; mais leurs fleurs diffèrent de celles de la plante mère par la grosseur de leur tube, la largeur de leur corolle, surtout, et C’est là le point es- sentiel, par l’abondance avec laquelle elles sont produites. Je puis en donner une idée par ce fait que, en ce moment, un pied haut de 60 cen- timètres ne porte pas moins de dix branches florifères. Elles sont donc bien loin de leur type, qui ne fleurissait presque jamais. Quant aux autres pieds issus du même semis, ils se rapprochent du père, c’est-à-dire des variétés du Fuchsia serratifolia : ils en ont la fleur courte avec une corolle ouverte en cloche ou meme en parachute ; cependant il existe des intermédiaires qui établissent, jusqu’à un cer- tain point, le passage entre ces deux catégories d’hybrides issus d’un hybride et de son père, c’est-à-dire d’hybrides au second degré, qu’on pourrait qualifier de quarterons. Je possédais 200 pieds venus de ce semis ; le peu de mérite ou les défauts de la grande majorité de ces plantes m’ont décidé à n’en conserver que dix, sur cinq desquelles je suis maintenant fixé et que je me propose de mettre successivement au commerce. Mais, quoi qu’il en soit et qu’on puisse dire sur l’origine du F. Jean Sisley., con- sidérée scientifiquement, c’est une plante dont la beauté est hors de toute contesta- tion, et elle jouera un important rôle dans l’ornementation pendant tout l’hiver, c’est- à-dire à une époque où, en général, les fleurs font plus ou moins défaut. On devra le cultiver en serre froide, une forte cha- leur étant nuisible à son développement. E.-A. Carrière. ['EXPOSITION A l’extérieur, et à part un lot de plantes annuelles et bisannuelles de MM. Vilmorin qui, du reste, étaient très-belles et brillantes de fraîcheur, un lot analogue, mais beaucoup moins intéressant, de M. Lecaron, il n’y avait rien, sinon deux lots, un de Yuccas, l’autre de Houx, apportés par M. Paillet. A l’intérieur, pas autre chose que trois lots de Dahlias de MM. Baltet frères, Paillet et Torcy-Vannier, et un lot de fleurs d’Œillets remontants, exposé par MM. Gauthier-Dubos, de Pierrefitte. Les fruits, qui semblaient avoir dit leur « der- nier mot » le mois dernier, ont pourtant encore eu quelques représentants. M. Galien exposait limite Hortic<>/e . i| ijztftfwrrt' . Beentregard , rlel . Fuchsia 'Jeun Sùsl&y. A TRAVERS L’EXPOSITION. 411 un magnifique lot de Poires et de Pommes, t M. Auguste Roy avait renouvelé son lot, qui était très-beau et considérable. M. Oudin, dont la collection de « fruits de pressoir, » sans analogue, était resté. M. Chevalier aîné, de Montreuil, présentait une corbeille de Pêches de la variété Salway qui, malgré la saison avancée, étaient très-belles et grosses, ce qui m’engage à les recommander, bien que j’en ignore la qualité. M. Brault, à Angers, expo- sait 25 variétés de Pommes. M. Jourdain, à Maurecourt, présentait un lot de Poires, de Pommes et de Raisin peu varié, c’est vrai, mais très-beau. Quelques corbeilles de Poires et de Pommes présentées par M. Duhamel, de Neauphle-le-Château, étaient très-remarquables. Une partie des fruits précédemment exposés par le Cercle d’arboriculture de Liège était restée. Sur une pancarte on lisait ceci : « Offert pour la Loterie nationale. î> Mais que deviendra ce lot, si la loterie n’est tirée qu’à la fin de novembre ? La Société néerlandaise et le Da- nemark étaient dans les mêmes conditions, moins toutefois l’offrande. Parmi les nouveaux apports, j’ai remarqué celui du « Jardin pomologique du gouvernement, à Varsovie, » consistant, outre des Poires, des Pommes et un cordon de Vigne chargé de Raisins, en quelques exemples de greffes ou de tailles envoyées pro- bablement pour répondre au concours prévu au programme sur la « multiplication. » A ce lot était joint un plan détaillé du jardin- école, accompagné d’un Mémoire donnant des renseignements sur cet établissement. Les Raisins étaient bien représentés, quoi- qu’il n’y eut pas de nouveaux exposants. En première ligne, et comme collection, venait M. Rose Charmeux, toujours hors concours, et qui , outre les variétés courantes : Chas- selas, Frankental, etc., etc., en présentait une soixantaine d’autres, dont plusieurs très-belles. A côté étaient placés MM. Margottin fils, de Bourg-la-Reine, et Salomon, de Thomery, dont les apports étaient aussi très-méritants. Le lot de M. Crapotte, de Conflans-Sainte- Honorine, bien qu’exclusivement composé de Chasselas, attirait surtout l’attention, ce qui n’a pas lieu d’étonner, car sa beauté surpassait celle du fameux « Raisin de Fontainebleau, » qui trouve là un rude concurrent. Un cultiva- teur de Montreuil, nommé Lepère, exposait, avec des Poires et des Pommes de toute beauté, 9 jeunes Pommiers (Calville blanc) qui, âgés d’un an, — de greffe, — portaient de beaux et gros fruits. M. Picquenot avait exposé à côté d’une corbeille de sa belle Fraise des Quatre- Saisons, dont j’ai déjà parlé, des rameaux qui, couverts de fleurs et de fruits de différents âges, montraient que cette variété est extrême- ment robuste et fertile. M. Millet, de Bourg-la- Reine, qui, depuis le commencement de l’Exposition, s’est montré à tous les concours de quinzaine, avait exposé plusieurs variétés de Fraises des Quatre-Saisons et des Choux-Fleurs de toute beauté. Tel est, à part quelques petits lots sans importance, le bilan des apports con- cernant les fruits. Le concours de multiplication, prévu et porté au programme, n’était pas rempli, contraire- ment à ce qu’on était en droit d’attendre ; seuls trois exposants, MM. Baltet frères, de Tr oyes, Chevallier aîné, de Montreuil, l’établis- sement des pépinières de Gennévilliers, y avaient pris part. MM. Baltet frères exposaient une collection de modèles de greffes destinés à servir d’enseignement pratique. C’est une heu- reuse idée. M. Chevallier, en vue de faciliter la plantation d’arbres le long des murs, avait élevé des jeunes sujets qui, ayant été courbés lors de la mise en terre, présentaient l’incli- naison convenable pour s’adapter au mur sans aucune difficulté, de sorte que lors de la plan- tation on n’avait d’autre soin que de les placer dans le sens indiqué par l’inclinaison contractée dans la , pépinière. Cette disposition a encore l’avantage de favoriser un plus grand dévelop- pement des racines, qui se ramifient davantage, sont plus petites, ce qui facilite encore la reprise de l’arbre quand on en fait la trans- plantation. Quant à l’établissement de Genné- villiers, représenté par M. Robaux, il exposait, outre des jeunes scions de pépinière en Poi- riers, Pommiers, Pêchers et Abricotiers, etc., des sujets divers pour montrer différentes sortes de greffes, des procédés pour réparer certains dégâts ou pour parer à des opérations normales qui n’avaient pas été suivies de succès. Pour terminer ce concours, il me reste à parler des légumes; mais ici et de suite, je constate combien est exact ce dicton popu- laire : « Rien n’est plus difficile à écorcher que la queue, » ce qui confirme cet autre dicton : « En fait dé travaux, commencez toujours par le plus difficile. » Pour ne m’être pas conformé à ce sage précepte : avoir commencé par « le plus difficile, » je me vois forcé d’y finir. Étant tellement abondants, beaucoup de lots avaient dû être placés à l’air libre. C’est par eux que je vais commencer, de manière à finir par les apports privilégiés, ceux qui avaient été placés à l’abri. A l’extrémité des galeries de l’agriculture, là où l’on en voyait depuis quelque temps déjà, étaient placés des lots très-importants ; deux surtout étaient remarquables par le nombre et la beauté des produits; je parlerai en pre- mier de celui de la Société des maraîchers du canton d’Ixelles-lès-Bruxelles (Belgique), qui était divisé en sections établies d’après l’ordre « des halles, » chacune renfermant un groupe de légumes particuliers que, au point de vue du commerce, l’on considère comme formant 412 A TRAVERS L’EXPOSITION. des groupes homogènes, bien qu’ils soient très- différents, soit comme nature, soit comme espèces. Il y avait des lots de Choux, d’Oignons, de Salades diverses, de racines tels que : Bet- teraves, Radis, Céleris tubéreux, Navets, etc. A côté se trouvait un autre lot dont l’impor- J tance était de premier ordre. Du reste, le pré- sentateur, bien connu, M. Loisel, jardinier chez Mme veuve Cavé, au château de Condé (Seine- et-Marne), est habitué au succès. Il est rare que, partout où il se présente, il trouve un lot su- périeur au sien. Il exposait 550 variétés de légumes de saison, tous très-beaux relative- ment à leur nature. Outre les variétés usuelles, on trouvait pourtant dans ce lot, surtout dans les Gucurbitacées, des choses qui n’ont qu’une importance secondaire ou qui ne peuvent guère être considérées que comme des productions ornementales. Deux autres lots, également importants, étaient ceux de l’établissement d’Igny, appartenant aux Jésuites, et celui de M. Torcy-Vannier, de Melun (Seine-et-Marne). Dans le Champ-de-Mars, et toujours exté- rieurement, c’est-à-dire à l’air libre, étaient d’abord l’éternel lot — qui, du reste, était très- beau — de Gucurbitacées deM. Gaillard, ensuite celui de M. Vincent-Cauchin, comprenant un très-grand nombre d’espèces belles et bonnes, puis les cultures de Gennévilliers, c’est-à-dire faites avec l’eau des égouts dits « d’Asnières, » et représentées d’une part par la Société dite de Gennévilliers, de l’autre par M. Rothberg. Ces deux lots, également remarquables, sans être égaux pourtant, étaient admirables, tant pour le nombre que pour la beauté des pro- duits. Dans les galeries, je trouve d’abord parmi les exposants étrangers M. Woldemar-Gratcheff, cultivateur- maraîcher à Saint-Pétersbourg, qui exposait une collection des plus remar- quables en légumes de saison : Choux, Céle- ris, Carottes, Betteraves, Artichauts, etc. Mais comme tout particulièrement remarquable, à mon sens, c’était une collection nombreuse de Navets et surtout de ‘Radis de toutes formes et de toutes couleurs, dont plusieurs sortes énormes; certains Radis mesuraient 50 centi- mètres et plus de longueur sur environ 15 de diamètre. On trouvait aussi dans ce lot 120 caisses de Pommes de terre et 20 de Hari- cots. Ce lot était certainement très-méritant ; on y voyait aussi quelques hybridations de lé- gumes, des Radis notamment. MM. Carter’s avaient ajouté à leur lot de Pommes de terre quelques légumes de saison, tels que: Choux Pâtisson, Oignons, Concombres, etc. MM. Sut- ton et fils (Anglais) exposaient une magnifique collection de Pommes de terre. M. Gilson (Théodore) — Belgique — présentait un très- beau lot de légumes de saison. Trois sociétés en avaient aussi exposé : c’était la Société d’hor- ticulture d’Étampes et la Société d’horticulture de l’arrondissement de Clermont (Oise), qui avaient chacune un très-beau lot, de bon choix et varié, et la Société d’horticulture de Fon- tenav-le-Comte, qui présentait un lot tout à fait hors ligne, et comme nombre et comme choix. Il y avait un peu de tout, pourrait-on dire. M. Martin, à Vindecy (Saône-et-Loire), ex- posait un lot de légumes de saison, aussi nom- breux et varié en espèces que remarquable par la beauté des sortes. Le mode d’étiquetage et l’arrangement par familles donnaient à ce lot un intérêt tout particulier. M. Sement ex- posait 100 variétés de Pommes de terre. M. Joi- gneaux, jardinier en maison bourgeoise, pré- sentait une collection de légumes de saison, dans lequel j’ai remarqué des Radis violets très- beaux, dont quelques-uns mesuraient jusque 60 centimètres de longueur sur 20 de largeur. Quelques exposants, dont les précédents ap- ports avaient été conservés, venaient encore augmenter les produits légumiers; j’ai particu- lièrement remarqué les lots de MM. Vilmorin, Ravenel, Rigaut, Paillet, qui avaient de magni- fiques lots de Pommes de terre. M. Mayeux, de Villejuif, avait une nombreuse collection de Haricots; Girardin, Pommes de terre, Asperges, Cucurbitacées (Melons, etc.). M. Dudoüy pré- sentait des Betteraves énormes et quelques Pa- nais. Quelques autres petits lots étaient expo- sés sans nom de propriétaire. Il me reste à parler d’un lot — ou plutôt d’un ensemble de lots — de légumes exposés par la maison Vilmorin, et placés dans des mas- sifs du Champ-de-Mars, devant le palais, là où naguère encore brillaient de magnifiques fleurs. Cet ensemble, qui comprenait cinq lots, réunis- sait à peu près toutes les espèces ou variétés qu’il serait possible de réunir C’était une véritable école. Une espèce surtout, le Pâtisson, ou « Bonnet d’électeur, » présente les diversités les plus grandes et les plus étranges. J’ai vu des fruits de toutes couleurs, de toutes grosseurs et de toutes formes; j’en ai vu un qui, presque plat, avait cinq branches séparées, qui rappe- laient assez exactement une « étoile de mer, » ou Astrée. Mais alors, comment, avec quelque raison, dire « Bonnet d’électeur,» nom qui pré- cisément a été donné à cause de la forme pri- mitive de ce fruit qu’on a comparé à un bonnet que revêtait certain dignitaire? Mais je m’arrête, car je m’aperçois qu’au lieu de raconter ce que j’ai vu, je commence à phi- losopher, et que, sous ce rapport, je pourrais m’exposer à jouer le rôle de « Gros-Jean, qui veut en remontrer à son curé, » ce qui pour- tant n’est pas mon cas. Argus. HEXACENTRIS MYSORENSIS. 413 HEXACENTRIS MYSORENSIS - SA CULTURE J] est peu de plantes qui aient produit tant de sensation que celle-ci, quand pour la première fois on la vit fleurir dans les serres de MM. Veitch, à Londres. Ses longs racèmes pendants, supportant des milliers de fleurs de forme singulière, richement colorées de cramoisi et de jaune vif, étaient bien faits pour exciter l’admiration des amateurs de belles plantes. D’une vigueur et d’une robusticité peu communes dans les plantes de .serre chaude, YHexacentris Mysorensis croît à peu près à toutes les expositions, et sa végétation peut être facile- ment contenue au moyen de pincements faits à propos. Malheureusement ceux qui cultivent cette belle Liane ignorent qu’elle est originaire des parties montagneuses de Mysore, et qu’elle croît dans un milieu moins étouffé et moins chaud que la plupart des serres où on la cultive habituelle- ment. C’est ce qui explique l’insuccès qu’ils ren- contrent dans une culture aussi facile que celle de nos Clerodendrum Thompsonœ , auxquels on pourrait assimiler cette plante par sa vigueur et sa floribondité. Dans la très-grande majorité des cas, YHexacentris est employé pour garnir les chevrons et colonnettes de serre tempérée-chaude ; de préférence à la pleine terre, nous conseille- rons la culture en pot, parce que cette plante épuisant rapidement sa terre, on peut avec plus de facilité se rendre maître de la végé- tation si elle tend à s’emporter, et, sans difficulté aucune, on peut également provo- quer une pousse plus vigoureuse, si on le juge à propos. La floraison de YHexacen- tris Mysorensis n’a pour ainsi dire pas d’époque fixe ; en hiver et dans les pre- miers mois de l’année, nous avons vu des fleurs sur des rameaux de l’année précé- dente, lesquels, après avoir été bien aoûtés, avaient subi un arrêt dans la végétation, tandis que sur 'd’autres plantes nous en avons observé de bien fleuries sur du bois de l’année pendant les mois d’été et d’automne. Nous pensons que, géné- ralement, on donne trop d’ombrage, trop de chaleur et pas assez d’air, lorsque la vé- gétation de la plante a des tendances à s’ar- rêter. Les plantes doivent être hivernées à une température moyenne de 55° Fahr. pendant la nuit ; dès qu’on les soumet à 60 ou 65° Fahr., la végétation reprend aussitôt son essor; elle produit une multitude de bour- geons avec lesquels on fait d’excellentes boutures lorsque, poussés de 10 centimètres environ, on les détache munis d’un talon sur vieux bois. Ces boutures, repiquées isolément dans de petits godets bien drainés emplis de deux tiers de loam siliceux et d’un tiers de sable pur et sec, doivent être ensuite placées sous une cloche de verre et soumises à une température d’environ 20 à 22° centigrades (70° Fahr.); enracinées en quelques semaines, un rempotage devient alors nécessaire dans une terre plus subs- tantielle. Nous avons remarqué que YHexacentris pousse également bien dans la terre de bruyère pure et dans un bon loam ; mais nous préférons ce dernier, parce qu’il dis- pose moins la végétation à se lignifier aux dépens de la floraison. Une température de 65 à 70° F ahr. pendant la nuit et de 80° F ahr. le jour est suffisante pendant toute la durée de la période de végétation, laquelle prend ordinairement fin vers le commencement de septembre. On supprime alors les serin- gages qu’on avait l’habitude de donner en rabattant l’air, puis on donne moins d’eau, afin d’aoûter les bourgeons. Au milieu ou vers la fin de février, on augmente de 5 degrés la température de la serre, et dès que le réveil de la végétation s’est manifesté, on rempote de nouveau, et l’on veille à ce que la vieille motte soit parfaitement humectée, afin que la nouvelle terre puisse adhérer complète- ment aux racines. On renouvelle l’air aussi souvent que le temps le permet, et l’on se dispense d’ombrer aussi longtemps qu’on le peut sans danger pour les autres plantes renfermées dans la serre. Lorsque les bou- tons à fleurs paraissent en hiver ou dès le printemps, les seringages doivent être pra- tiqués avec beaucoup de discernement, parce qu’à cette époque ils tombent avec une grande facilité. Cette espèce est quelquefois atteinte de l’araignée rouge, quand pendant sa végé- tation les seringages ont été négligés ; mais 414 JUGLANS AILANTIFOLIA. on s’en débarrasse facilement, ainsi que des acarus et des poux, par des lavages réitérés, ou mieux encore après la floraison, en plon- geant les parties foliacées dans une forte solution d’insecticide. Puvilland. Garden, 28 septembre 1878. JUGLANS AILANTIFOLIA Peu de plantes, mieux que les Noyers, pourraient être prises comme démonstration de la variation des types. Jusqu’à présent, en ce qui concerne ce genre on avait cru que, à part de légères variations, deux types au moins étaient nettement tranchés : le groupe regia, dont font partie toutes nos Noix comes- tibles, et le groupe americana, dans lequel rentrent les Noyers noirs et cendrés [Ju- glans nigra et J. cinerea). Aujourd’hui le cercle s’est élargi, et l’on connaît de nom- breuses formes intermédiaires qui relient et confondent ces deux types. Ces formes se trouvent surtout dans l’extrême Asie, dans la Mandchourie chinoise, et peut-être même dans la Chine proprement dite. Si nos sou- venirs nous servent bien, nous nous rappe- lons avoir vu, il y a vingt-cinq ans environ, une de ces formes qui a paru dans le com- merce sous le nom de Juglans Mandschu- rica, qui était très-voisine des deux dont nous allons parler. Mais, sans aller aussi loin, sans même sortir de chez nous ni du type regia, nous avons vu de celui-ci sortir des variétés ou formes qui se rattachent exactement aux formes intermédiaires dont nous nous occupons. C’est même par suite de cette particularité que nous avons établi une section intermedia , dans laquelle rentrent les Juglans intermedia pyriformis , Vil- moriniana, quadrangulata (1). Ce der- nier, qui a tous les caractères des deux sortes dont il va être question, et qui, comme eux, a les fruits sessiles disposés d’abord en longs épis dressés, puis tout à fait pendants, est issu d’une Noix du J. regia laciniata. (V. Revue horticole , loc. cit.) D’où viennent les J. ailantifolia et ma- crophylla dont nous allons parler? Nous n’en savons rien, sinon qu’ils ont paru dans le commerce, le premier vers 1860 envi- ron, le deuxième quelques années plus tard. Quoi qu’il en soit, nous allons les décrire en commençant par le J. ailanti- folia (fig. 85 et 86). Juglans ailantifolia. — Arbre vigou- (1) V. Revue hort ., 1870-71, p. 493. reux, paraissant ne pas devoir s’élever très- haut, formant une large tête arrondie. Branches peu nombreuses, étalées presque horizontalement, longues et relativement minces. Bourgeons à écorce courtement Fig. 86. — Juglans ailantifolia, aux 2/3 de grandeur naturelle. villeuse-hispide. Feuilles imparipennées sur un rachis qui atteint 70 centimètres et même plus de longueur, rubigineux, cour- tement velu-hispide, d’abord très-com- primé, rougeâtre, plus tard presque cylin- drique. Folioles sessiles et comme large- ment tronquées à la hase, qui est un peu inéquilatérale, minces, molles, douces au toucher, courtement dentées, vertes en dessus, un peu plus pâles en dessous, villo- tomenteuses, surtout sur les nervures, attei- gnant 15-20 centimètres de long sur 60 à 75 millimètres de large. Jeunes fruits (fig. 86) longuement villeux, lanugineux, JUGLANS AILANTIFOLIA. 415 rouge violacé, tout à fait sessiles ; style allongé, terminé par deux stigmates rou- geâtres, plumeux, étalés. Fruits adultes nombreux, pendants par le poids. Noix courtement ovales, atténuées et arrondies aux deux bouts, plus au sommet, où se trouve un mucronule court, noirâtre. Sar- cocarpe villeux , tomenteux , peu épais , presque insipide ou à peine odorant, vert JT\ jaunâtre. Coque lisse, très-dure, pouvant à peine se séparer. Amande jaunâtre et comme transparente, peu développée, fortement enchâssée dans les saillies de la coque, à saveur peu prononcée, rappelant exactement celle des Noix communes . Juglans macrophylla. — Cette forme, assez voisine de la précédente, à laquelle elle se rattache, en diffère pourtant un peu par son aspect général, bien que son mode de végétation soit à peu près le même. Les différences résident dans les feuilles, mais surtout dans les fruits. Toutes ses parties sont plus robustes et beaucoup moins velues ; le rachis des feuilles, beaucoup plus gros et plus long, est à peine légèrement villeux ; les folioles , très- grandes , sont douces au toucher et vert clair en dessus, tandis que le dessous, presque glabre, un peu blanchâtre, est légèrement scabre. Mais la différence la plus sensible existe surtout dans les fruits, qui sont tout à fait sphéri- ques, d’un vert olive luisant, doux au toucher, par une très -courte villosité feutrée. Ils sont également nom- breux, sessiles et disposés en grappes, et mûrissent à peu près à la même époque (fin de septembre ou même cou- rant d’octobre) ; ils atteignent 32-35 millimètres de dia- mètre. Le sarçocarpe ou brou, d’un vert herbacé, est peu odorant, et la coque, à peu près semblable à celle du J. ailantifolia, également lisse et de même nature, ne s’ouvre non plus qu’avec une très-grande difficulté ; à l’in- térieur, l’amande est peu développée et souvent irrégu- lièrement, à cause des parties subéreuses, qui se lignifient et prennent beaucoup d’ac- croissement ; elle est d’un beau blanc, mais peu savou- reuse. Les Juglans ailantifolia et macrophylla devront trou- ver une place dans les jar- dins paysagers où, par leur beau et abondant feuillage, ils produiront un bel effet or- nemental ; on devra les isoler ou les placer en premier plan. La première de ces formes fructifie au Muséum depuis quelques an- nées. Ce n’est que cette année 1878 que, pour la première fois, nous avons vu fruc- tifier le J. macrophylla ; cette fructification s’est produite sur le pied-mère de MM. Groux et fils, à Châtenay-les-Sceaux (Seine). E.-A. Carrière. Fig. 86. — Juglans ailantifolia, chatons mâles et chatons femelles, au 1/3 de grandeur naturelle. 416 -LES CATALOGUES. LES CATALOGUES Levavasseuret fils, àUssy (Calvados). Cul- ture spéciale sur une très-grande échelle de jeunes plants d’arbres et d’arbrisseaux frui- tiers, d'ornement et forestiers. Tous ces plants, qui peuvent être livrés par quantités considérables, sont en général âgés de un à trois ans, rarement plus. Les plants âgés de plus d’un an ont, à part peu d’exceptions, été repiqués, de sorte que la reprise en est à peu près assurée. Comme les prix varient en raison de l’âge et de la nature des espè- ces, on fera bien de demander le catalogue, qui sera envoyé sur une demande affran- chie. — Briolay-Goiffon, horticulteur, 30, rue du Coq-Saint-Marceau, à Orléans. Arbres, arbrisseaux et arbustes fruitiers et d’orne- ment. Collections variées de Rosiers greffés et francs de pied. Spécialité de Rosiers Ben- gales en grande quantité. Plantes et arbustes en pots à feuilles caduques et à feuilles per- sistantes. Conifères en pots ou en mottes de diverses forces. Jeunes plants d’arbres fruitiers, forestiers et d’ornement. Plantes pour bordures, etc., etc. Signalons dans la série des arbres nouveaux ou peu connus Y Acacia ncmu , les Acer negundo cissifo- lium et platanoides purpurea , les Dios- pyros costata et Mazeli, YEulalia Japo- nica variegata , Liriodendron tulipifera foliis aureo marginatis, Pseudostyrax hispidum. Jamesia americana , Phyllirœa Vümoriniana , etc. — Liabaud, horticulteur, montée de la Boucle, 4, à la Croix-Rousse (Lyon), mettra au commerce, à partir du 1er novembre prochain, trois variétés de Rosiers dont il est l’obtenteur. Ces Rosiers, qui appartien- nent aux hybrides remontants, sont : Mme Lillienthal , « à fleurs grandes, rose vif, à reflets saumonés ; » Claude Bernard , « isssue de Jules Margottin, à fleur grande, pleine, globuleuse, rose foncé ; » Mne Lydia Marty y « très-vigoureux, fleur pleine, rose carné nuancé de lilas très-frais. » — Maison André Leroy, à Angers (Maine- et-Loire). Supplément au catalogue général propre aux arbres fruitiers, forestiers et d’ornement. Conifères en pots ou en mottes, d’âges et de forces diverses. Arbustes à feuilles persistantes en pots : Yuccas, Houx, Lauriers, Viburnum , Ligustrum, Goto - neaster, etc., etc. Spécialités de Magnolias à feuilles caduques et à feuilles persistantes, Rhododendrons hybrides , idem du Sik- kim, etc. Catnellias, plus de 200 variétés « à boutons ; » Azalées de l’Inde, etc. Plantes diverses de serre : Broméliacées, Cycadées, Dracænas, Ficus, Fougères, Ma- rantas, Palmiers. Jeunes plants d’arbres fruitiers, forestiers, d’ornement, etc. Col- lection de Rosiers greffés et francs de pied de plus de 1,200 variétés appartenant aux diverses sections de ce genre. — Transon frères, pépiniéristes, 10, route d’Olivet, à Orléans. Prix-courant pour 1878- 1879, propre aux arbres fruitiers, forestiers et d’ornement, soit comme arbres, soit comme plants. Rhododendrons, Azalées, Camellias ; plantes grimpantes, plantes viva- ces ; F ougères de plein air, Conifères en collections, fortes plantes et jeunes plants de semis. Pivoines en arbres, Rosiers francs de pied et greffés à diverses hauteurs. Plantes d’orangerie, Agaves, Phormiums, Lauriers-Roses, Pélargoniums* Caladium , Cannas, Bégonias, etc., etc. Envoi du cata- logue sur demande affranchie. — Jacquemet-Bonnefont, horticulteurs- pépiniéristes à Annonay (Ardèche). Le catalogue qu’ils viennent de faire paraître est spécialement affecté aux arbres, arbris- seaux et arbustes forestiers et d’ornement, que l’on trouve de tous âges et de toutes forces en quantité considérable. Outre ces spécialités, on trouve dans l’éta- blissement de MM. Jacquemet-Bonnefont, l’un des plus importants de la France, à peu près tout ce qui concerne l’horticulture florale, sylvicole et fruitière, etc. On trouve là aussi des assortiments de graines de plantes d’ornement, de légumes, de four- rages. etc., particulièrement propres à la grande culture. — Hennequin Denis et Cie, marchands grainiers, cultivateurs, faubourg Bressigny, à Angers (Maine-et-Loire). Prix-courant pour 1878-1879 des oignons, griffes et tubercules à fleurs. Plantes vivaces, Frai- siers, Asperges, etc. Fougères de pleine terre, etc., etc. Dans la série des plantes bulbeuses pro- LES OISEAUX ET LES INSECTES. 417 prement dites, qui, du reste, est très-nom- breuse, nous trouvons quelques espèces rares ou peu connues, telles que Eucomis , Erythrone, Lachenalia, Pancratium d’Il- lyrie, Triteleia , Vieusseuxia , Sparaxis , Crocosmia aurea, qui porte aussi les noms de Tritonia aurea, et que parfois l’on désigne encore sous le nom de Schizostilis aurea. — J.-B.-A. Deleuil, horticulteur spécia- liste, rue de Paradis, traverse du Fada, à Marseille. Culture spéciale des plantes sui- vantes : Amaryllis, Bégonias tubéreux, Agaves, Yuccas, Aroïdées ornementales, telles que Amorphophallus Rivieri, Arisæma præ- cox, Arum cornutum , Colocasia escu- lenta, C. Bataviensis , Richardia, Bes- chorneria bracteata , etc., etc. — Berthier- Bendatler, horticulteur à Nancy, publie un supplément au catalogue général particulièrement propre aux plantes à fleurs pour l’ornementation des jardins, telles que Cannas, Coléus, Chrysanthèmes, Phlox decussata, Bégonias, Pentstémons, Lantanas, Héliotropes, Fuchsias, etc., etc., ainsi que les variétés de Pélargoniums appar- tenant aux diverses sections particulière- ment propres à la pleine terre pendant l’été. — Dauvesse , horticulteur - pépiniériste , avenue Dauphine, à Orléans. Catalogue général pour 1878-1879 des végétaux dispo- nibles dans l’établissement. Arbres, arbris- seaux et arbustes fruitiers, forestiers et d’ornement. Plantes diverses à feuilles per- sistantes, arbustes grimpants. Plantes ou arbustes à fruits comestibles. Spécialités : Rhododendrons, Camellias, Azalées, Ro- siers, Magnolias à feuilles caduques et à feuilles persistantes ; Conifères, Yuccas, Pivoines en arbre et Pivoines herbacées. Plants d’arbres fruitiers, forestiers et d’or- nement depuis un an jusqu’à trois ans, repiqués ou non. — Charozé frères, horticulteurs-pépi- niéristes à la Pyramide , près Angers (Maine-et-Loire), publient trois catalogues, nos 56, 57 et 58, le premier propre aux « plants et plantes de serre à feuillage et à fleurs, » et à certaines spécialités de pleine terre, telles que Rhododendrons, Azalées, Camellias, Kalmias, Fougères, Hotteia, etc.; le deuxième est spécial aux Rosiers, Ficus, Dracænas, Phormiums et Yuccas ; enfin le catalogue général, qui comprend les « gran- des cultures et les jeunes plants fruitiers, forestiers et d’ornement, arbustes et arbris- seaux à feuilles caduques et à feuilles per- sistantes, Magnolias, Conifères, etc., etc. » — V. Lemoine, horticulteur, rue de l’Étang, à Nancy. Catalogue prix-courant et supplément aux plantes nouvelles actuelle- ment au commerce. Ces dernières, qui occupent les six premières pages du cata- logue, comprennent les plantes nouvelles dont voici l’énoncé (serre froide) : deux Fuchsias tardifs, hybrides du F. Domi- nyana et du F. serrait folia ; 6 Pélargo- niums zonales à fleurs doubles ; 6 Pe- largoniums zonales à fleurs simples ; 4 Pélargonium peltatum à fleurs doubles. Parmi les plantes « de pleine terre » se trouvent 10 Phlox decussata , 2 Ceanothus ; enfin une Clématite, Claude le Lorrain : <( Type florida , » fleurs presque pleines, globuleuses, à pétales larges, concaves, d’un violet bleu foncé, d’une couleur plus bril- lante que Veitchi. Plante vigoureuse. » LES OISEAUX ET LES INSECTES' (i> Et que l’on ne croie pas que j’ai choisi un exemple à plaisir et que je ne me sois plu à mettre en relief l’instinct et l’indus- trie d’un insecte dont les facultés seraient exceptionnelles. Ces manœuvres sont imi- tées ; des procédés analogues et aussi dignes d’intérêt sont mis en œuvre par des milliers d’autres parasites, dont quelques-uns sont tellement exigus que nous sommes aba- (1) Voir Revue horticole, 1874, p. 267 ; 1875, pp. 70, 171 ; 1876, pp. 46, 105; 1877, pp. 70, 168, 211. sourdis de trouver tant d’intelligence et de ressources dans de si petits corps. Nous avons aussi de grandes obligations à la famille des diptères : les larves d’asiles et de taons, qui vivent sous terre, dévorent celles des hannetons ; celles des Laphria attaquent sous les écorces et dans les bois les larves des buprestes et des longicornes ; celles de la Volucella zonaria dévastent les nids des guêpes ; celles de plusieurs Mede- terus sont les ennemis de certains scolyti- des. Plusieurs espèces du genre Syrphus 418 LES OISEAUX ET LES INSECTES. pondent sur les branches chargées de puce- rons, et leurs larves sont d’une telle vora- cité, qu’en peu de temps elles ont fait table rase. On a déjà vu qu’elles sont secondées dans cette œuvre de destruction par les larves des coccinelles et des hémérobes ; elles ont aussi pour auxiliaires une foule d’hyménoptères des genres Crossocerus , Pemphredon , Aphidius , Encryrtus, Allo- tria , Issocratus, Cyrtogaster , Corina , Pachyneros , Megaspïlus, et les larves de muscides du genre Leucopis. Nous trouvons également dans les dip- tères une tribu extrêmement populeuse, celle des tachinaires, dont toutes les espèces sont parasites et produisent des larves qui vivent dans le corps d’une multitude d’au- tres larves, et surtout de chenilles. La subti- lité de leur odorat, leur agilité, leur fécon- dité en font des ennemis très-sérieux, et ce qu’elles détruisent d’insectes est vraiment incalculable. La loi du parasitisme est donc une loi admirable, et après ce que je viens de dire, il n’est personne qui ne voie qu’elle a une portée illimitée, qu’elle peut avoir des conséquences immenses. Elle est aussi une loi d’équilibre ; car, d’une part, les espèces d’une fécondité exceptionnelle ont de nom- breux antagonistes, ainsi qu*on l’a vu pour les pucerons ; d’autre part, les parasites cessent d’être nombreux et par conséquent un danger pour l’espèce aux dépens de laquelle ils vivent, et qui ne doit pas dispa- raître complètement, lorsque cette espèce est devenue rare. Mais si des circonstances météorologiques ou autres amènent sa mul- tiplication, en font un danger pour nous, et que cette situation se maintienne, alors ce qui favorise notre ennemi tourne également au profit de notre protecteur, puisque celui- ci vit de la vie de celui-là ; et bientôt le parasite peut devenir assez puissant pour réprirtier des écarts contraires à l’harmonie générale. Nous pouvons en souffrir quelque temps, parce que les moyens qui doivent nous délivrer ne s’improvisent pas toujours ; mais la raison, et qui plus est, l’expérience, nous disent que nous n’attendrons pas en vain notre délivrance. Les influences atmos- phériques et les parasites nous en sont de sûrs garants. J’ai déjà fait ressortir la puis- sance des premières ; je veux citer un fait qui donnera une idée de ce què peuvent les seconds. J’ai dit plus haut qu’en 1865 les alucites furent tellement abondantes dans nos greniers que certaines récoltes de froment furent presque entièrement perdues. Au mois d’octobre de cette même année, pendant que j’étais à la campagne, un propriétaire assez effaré vint me trouver pour me dire que son froment était perdu sans ressources, puisque, déjà attaqué par le papillon, il était en outre dévoré par de tout petits insectes en nombre incalculable. Il me demandait ce qu’il fallait faire en présence de ces nouveaux dévastateurs. Mon froment, dont je m’étais défait, ne pouvant me donner l’explication de ce phénomène, je le priai de me faire faire la connaissance de l’insecte en question, et il m’en apporta le lendemain plein un demi-verre, qu’il avait recueillis en raclant quelques-uns des sacs où il avait renfermé du blé. « Félici- tez-vous, lui dis-je aussitôt, de la bonne for- tune qui vous arrive. Cette toute petite bête, que vous prenez pour un ennemi, est au contraire votre sauveur, car c’est elle qui est préposée à la destruction de l’alucite. Son apparition en si grand nombre est une preuve qu’elle a immolé des millions de chenilles de ce papillon maudit, et que probablement l’année prochaine nous serons à peu près délivrés de ce fléau. » J’avais, en effet, reconnu un chalcidite presque micros- copique, le Pteromalus Boucheanus , dont les œufs, pondus sur le corps des chenilles, donnent naissance à des vers qui les dévo- rent naissantes. Ma prédiction s’est réalisée ; en 1866, je l’ai déjà dit, nous n’avons eu que de rares alucites. En faut-il davantage pour faire com- prendre l’utilité des parasites et l’impor- tance des services qu’ils peuvent nous rendre ? En résumé donc, famine occasionnée par la trop grande multiplicité des individus ; phénomènes météorologiques funestes à leur développement ou à leur métamor- phose ; production exubérante de para- sites, tels sont les procédés souverains que la nature emploie, procédés seuls infaillibles et dont l’homme attend rarement en vain les effets. Et m^jnlenant, que devient la question des oiseaux ? Quel est l’homme, le plus imbu de l’idée de leur utilité pour l’agriculture, qui ne sentirait son opinion ébranlée ? Qui ne voit que, chasseurs d’insectes sans ln PHLOX ALTERNIFOLIA. RHAMNUS OBCORDATA. 419 moindre discernement, ils détruisent, parmi tant d’espèces indifférentes , beaucoup d’espèces utiles, et en particulier des para- sites qui, tous à peu près diurnes et doués d’une grande activité, sont particulièrement exposés à devenir leur proie ? Qu’on blâme, je le veux bien, certaines chasses abusives, qu’on s’élève contre le braconnage, qu’on habitue les enfants à respecter les nids ; mais qu’on cesse d’attribuer aux oiseaux un mérite qu’ils n’ont pas. Au lieu de compter sur ces animaux dont plusieurs de ceux qu’on vante font plus de mal que de bien, qu’on exhorte les agriculteurs à respecter une foule de bêtes qu’ils se font un mérite de détruire, telles que les chevêches, les hérissons, les couleuvres, les lézards, les crapauds ; qu’on les avertisse qu’en com- prenant dans la même proscription tous les insectes, quels qu’ils soient, ils travaillent souvent contre eux-mêmes. Qu’ils sachent discerner les carabiques, chasseurs noc- turnes et mêmes souterrains, qui font périr une multitude de larves et d’insectes nuisi- bles aux récoltes ; les ichneumonides et les chalcidides, ennemis à outrance de tant de chenilles, de charançons, de larves ligni- vores ; les coccinelles, les syrphes, les hémé- robes, qui détruisent chaque année un si grand nombre de pucerons ; bien d’autres espèces qui concourent énergiquement à la conservation des plantes et des arbres que l’on cultive. Ils apprendraient aisément tout cela, et ils sauraient ainsi discerner leurs amis de leurs ennemis, amis d’autant plus sûrs qu’ils travaillent pour eux-mêmes, qu’ils obéissent à leur instinct et qu’ils remplis - sent la mission que la nature leur a confiée. E. Perris, Vice-Président du Conseil de préfecture des Landes. Mont-de-Marsan. PHLOX ALTERNIFOLIA La vraie science n’étant autre que1 fa logique des faits, on ne sera donc pas sur- pris que nous commencions par mettre d’accord les mots avec les choses auxquelles ils s’appliquant, çe qui explique pourquoi dans cette circonstance, et bien qu’il s’agisse d’une plante issue du Phlox decussata , nous ne rappelions pas ce qualificatif que, du reste, notre plante ne justifierait plus. Pour le conserver, nous aurions dû dire decus- sata alternifolia , c’est-à-dire quelque chose de décussé qui n’est pas déçusse . Nous savons bien qu’on pourra nous dire : « Mais c’eût été conforme à la science, » ce à quo i nous n’hésiterions pas à répondre : non. Conforme à la théorie, oui ; mais à la lo- gique, c’est tout différent, car que de choses qui n’ont rien de commun entre elles que l’explication théorique qu’on a essayé d’en faire ! Sans tirer d’autres conséquences du fait dont il s’agit, c’est-à-dire de Y alternature , nous allons le constater, afin de prendre date, de manière à bien établir le point de départ qui, peut-être, sera le commence- ment d’une nouvelle race à feuilles alternes. La plante dont il s’agit est très-vigou- reuse ; son port et son faciès sont les mêmes que ceux du Phlox decussata dont elle sort ; elle n’en diffère que par la disposition de ses feuilles et de ses ramilles florales qui, au lieu d’être opposées, sont alternes. La pani- cule, très-forte et bien fournie, est d’un très- beau rose. Au point de vue de l’ornement proprement dit, cette plante ne présente donc pas d’avantages particuliers : elle a ceux du type ; son principal mérite, qui est surtout scientifique , c’est de montrer que la position de certains organes, prise souvent comme caractère spécifique, pouvant varier du tout au tout, l’espèce, sous l’empire de conditions physiques, n’a ni ne peut avoir qu’une valeur relative subordonnée à la vé- gétation. E.-A. Carrière. RHAMNUS OBCORDATA Issue du Rhamnus oleifolius , Hook., la forme qui fait le sujet de cette note est des plus remarquables par les dimensions de ses feuilles qui, largement et obtusément cordées, sont presque orbiculaires. Si au point de vue scientifique cette variété est intéressante, elle ne l’est guère moins à celui de l’ornementation ; aussi, sous ce rap- 420 PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES. port, n’hésitons-nous pas à la recommander comme l’une des plus précieuses. En voici les principaux caractères : Arbrisseau buissonneux, ramifié dès la base ; bourgeois gros, à écorce roux ferru- gineux légèrement cendrée ; yeux roux. Feuilles obcordiformes, très-entières, épais- ses, fortement nervées, largement arron- dies au sommet, un peu échancrées à la base, atteignant 12-13 centimètres de lon- gueur sur 9-10 de largeur, à face supé- rieure longitudinalement bullées, d’un vert très-foncé, vert très -clair et concaves en dessous. Cette espèce, d’un feuillage exceptionnel- lement ornemental, n’a pas encore fleuri. On la multiplie par greffe sur Rhamnus frangula , et aussi par couchages, qui s’en- racinent très-bien. Sa rusticité est complète. Guillon. PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Campanula Van Houttei. Très-belle plante vivace, rappelant un peu, par son as- pect général et par sa végétation, la Cam- panula nobilis. Feuilles radicales, longue- ment pétiolées, parfois plus ou moins lobées, les caulinaires-sessiles, longuement ovales- lancéolées, irrégulièrement, courtement et peu profondément dentées, longues de 6-10 centimètres, larges d’environ 3-4; toutes plus ou moins villeuses, fortement nervées. Fleurs très -grandes, en général solitaires, pendantes à l’extrémité d’une ra- mifie axillaire grêle, longues de 6 centi- mètres, larges d’environ 4, d’un très-beau bleu indigo ou violacé, munies à la base d’un calice à cinq divisions linéaires, étalées, longues de 3 centimètres, acuminées, ai- guës. Cette espèce, qui est vivace, très-rustique, fleurit en juin. De même que plusieurs de ses congénères, il arrive fréquemment que, pendant l’été, après que sa floraison nor- male est passée, elle donne des pousses qui fleurissent absolument comme celles qui apparaissent vers la fin du printemps. On trouve le Campanula Van Houttei chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux. Bambusa violascens. Cette espèce, très- vigoureuse et très-robuste, dont les pousses, dans l’intervalle de six semaines, peuvent atteindre 5 mètres et plus de hauteur sur 3 centimètres et plus de diamètre, est l’une des plus jolies du genre, et bien certaine- ment des plus distinctes. Quand ses bour- geons se développent, ils sont d’un beau noir violet, légèrement recouverts d’une glauces- cente ou pruine qui fait encore ressortir la couleur noire, tout en produisant un char- mant contraste. Son feuillage, d’un beau vert, est abondant, de sorte que l’ensemble est très-ornemental. La plante, très-vigou- reuse et rustique, a besoin de beaucoup d’eau et surtout d’une terre consistante. Elle trace considérablement, ce qui peut être un défaut pour les petits jardins, mais qui est, au contraire, une qualité partout où l’espace à garnir est considérable. Lamium maculatum aureum. Proba- blement obtenue par dichroïsme, cette plante a tous les caractères du type, dont elle diffère par ses feuilles et tiges, qui sont d’un beau jaune d’or, comme transparentes; ses fleurs, au contraire, assez grandes et d’un beau rose carné lilacé, forment un charmant contraste, et font même ressortir la couleur jaune des feuilles. Malgré cet état chlorotique, la plante est vigoureuse, bien que naine, el> peut entrer avec avantage dans la mosaïculture. Sa rusticité est égale- ment complète ; quant à sa multiplication, elle ne présente non plus aucune diffi- culté. Cornus mas aurea elegantissima . Tout récemment mise au commerce par un hor- ticulteur anglais, M. Lee, cette variété est très-remarquable par la panachure de ses feuilles qui, d’abord jaune, passe successi- vement au rose violacé, de sorte que cer- taines feuilles sont bordées de rose, d’autres de rose et de jaune, d’autres enfin — les plus jeunes — de jaune à peu près pur, d’où résulte un mélange de couleurs qui produit un très-bel effet ornemental. La plante, assez vigoureuse et très-constante dans sa panachure, se multiplie facilement par la greffe en écusson sur le Cornouiller commun à fruits [ Cornus mas). Il va sans dire qu’elle est tout aussi rustique que ce dernier. Orléans, imp. de G. Jacob, cloitre Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Clôture de l'Exposition universelle ; les lots d'arbres et d’arbustes du Trocadéro et du Champ-de-Mars. — La culture des arbres fruitiers en pots, en cordons spiraux : méthode de M. Chappelier. — Le forçage d'hiver des arbres et arbustes d’ornement. — L’Institut expérimental agricole du Rhône; son pro- gramme. — Excès de précautions prises contre le Doriphora ; ne pas confondre le Doriphora avec la coccinelle à sept points. — Le Tillandsia Lindeni vera. — Le Viburnum macrocephalum. — Un nouveau livre de C. Darwin : Des différentes formes de fleurs dans les plantes de la même espèce. — Le concours de multiplication à l’Exposition universelle. — Inégale et irrégulière répartition des sexes sur les Kakis : exemple observé par M. de Mortillet sur le Maclura aurantiaca. — La maladie des Tomates : emploi de la poudre de chaux : communication de M. Eugène Martin. — Don fait au Muséum, par les Japonais, des plantes exposées. — Les Dahlias lilliputs. — Une Pêche tardive. C’est irrévocablement fini de l’Exposition universelle, et quand paraîtront ces lignes, elle aura vécu ! Déjà, dans l’industrie, un nombre consi- dérable de lots sont enlevés, et il en est beaucoup, dans l’horticulture, qui sont dans le même cas. D’une autre part, ainsi que cela s’est fait après l’Exposition universelle, en 1867, les arbres et arbustes appartenant à l’adminis- tration, qui composent les divers massifs et plantations dans les jardins du Champ- de-Mars et du Trocadéro, seront vendus aux enchères publiques par l’administration des Domaines, après la clôture complète de l’Exposition. Quant aux lots auxquels l’ad- ministration est étrangère, c’est à leurs pro- priétaires à en disposer à leur guise; ils devront, soit les enlever, soit s’entendre avec un commissaire-priseur pour les faire vendre à l’encan, soit enfin les céder à l’amiable à des personnes qui alors se chargeraient de les faire enlever. — La culture des arbres fruitiers en pots, en cordons spiraux (méthode Chap- pelier), est aujourd’hui résolue ; pratiquée à l’Exposition universelle, elle a pu être appréciée d’une grande quantité de gens qui, ne la connaissant que par UM HENDERSONI facilité de croissance et de culture de cette plante, ses dimensions et son port contri- bueront à sa diffusion . En effet, elle peut être isolée, plantée en bordure ou en massif, et dans un cas comme dans l’autre on peut compter sur une réussite à peu près com- plète, ce qui permettra même de l’employer pour les massifs de mosaïculture, ce à quoi elle est d’autant plus propre qu’elle est naine, trapue et compacte, qu’elle fleurit de suite et se couvre de fruits, ce qui cons- titue des masses rouges des plus brillantes, pouvant contraster et s’harmoniser avec tous les autres végétaux. On peut même la sou- mettre à la taille qu’elle supporte facilement, ce qui permettra de l’employer soit en pre- 126 DE LA MALADIE DES TOMATES. mière, en deuxième, soit même en troisième ou quatrième ligne. Isolé, le Sola?ium hy- bridum Hendersoni forme des masses sphériques très- régulières et à peu près loutes égales. Cultivé en pots* et rentré l’hiver, cette espèce continue à orner les serres pendant cette saison. La multiplication se fait par graines et par boutures. Le premier moyen, beaucoup plus expéditif, a aussi l’avantage de pouvoir donner des variétés, ce qui, du reste, est déjà arrivé dans les cultures de MM. Vil- morin, où nous en avons vu qui, au mois d’octobre, étaient en pleine végétation, et couverts de fleurs et de fruits verts qui con- tinueront tout l’hiver à fleurir et à donner des fruits. A notre avis, le mode le plus avantageux serait de semer en juillet-août, et de repiquer en pépinière sous châssis, d’où les plantes seraient enlevées en mai et DE LA MALADI Au sujet de la maladie des Tomates, nous avons reçu la lettre suivante : Château de Villennes, 23 octobre 1878. Mon cher Monsieur Carrière, En vous adressant cette lettre, qui est re- lative à la maladie des Tomates, je n’ai d’autre but que de vous faire connaître mon opinion sur ce sujet, et de rassurer les per- sonnes qui pourraient croire que la culture de cette plante est compromise, ce que je ne crois pas. Voici ce que je pense de cette maladie, et ce que j’ai fait pour la combattre et en arrêter les progrès. Comme tout le monde, cette année, une partie de mes Tomates ont eu la maladie et sont mortes en quelques jours ; mais sur une autre partie j’ai pu arrêter le mal à temps, et aujourd’hui j’ai encore des Tomates en grande quantité et de toute beauté. Pour combattre avec succès une maladie quelconque, il fallait, avant d’appliquer le remède, connaître la cause du mal. Eh bien! dans cette circonstance, j’ai la conviction que la maladie des Tomates est occasionnée par la trop grande humidité et le manque de chaleur. En effet, on voit très-souvent, et même presque tous les ans, au moment des grandes pluies et des nuits froides, par exemple au mois d’octobre, les Tomates avoir la ma- mises en place où Ton désirerait les voir fleurir. On pourrait aussi les élever en pot, soit pour les voir fleurir, soit pour pouvoir les planter à toutes les époques de Tannée, partout où Ton en aurait besoin. Quelle que soit la culture à laquelle on soumettra le S. hybridum Hendersoni, il est certain qu’on en obtiendra un très-bel effet décoratif, et nous n’hésitons pas à re- commander cette plante, que nous regardons comme une des bonnes nouveautés. C’est une de ces espèces qu’on pourrait nommer démocratiques, en prenant le mot dans le sens horticole, c’est-à-dire qui devra trouver place partout et chez tous, riches ou pau- vres, ouvriers et artisans. On en trouvera des graines chez MM. Vil- morin et Cie, 4, quai de la Mégisserie, à Paris. Lebas. I DES TOMATES ladie qu’elles ont eue cette année au mois d’août. La fin du mois d’août, et tout le reste de Tété 1876, a été très-humide; les années 1877 et 1878 ayant aussi été très-humides, et plutôt fraîches et froides que chaudes, il n’est donc pas étonnant que la maladie ait fait tant de progrès pendant ces trois der- nières années. Il est donc possible — et c’est ma conviction — que si, Tannée pro- chaine, nous avons un été un peu sec et chaud, la maladie des Tomates disparaisse naturellement, sans aucun traitement. La cause du mal étant connue, le remède s’indique de lui-même : c’est d’arroser le moins possible dans les années un peu hu- mides et fraîches, et de planter une partie des Tomates à une exposition chaude, par exemple en espalier au midi. C’est ce que nous faisions déjà depuis longtemps et cette année, comme les précédentes, nous avions fait deux plantations : une, comprenant une quarantaine de pieds environ, avait été faite en avril et mai sur une vieille cou- che ; toutes poussèrent avec vigueur, et une partie de leurs fruits étaient déjà mûrs lors de l’arrivée des grandes pluies du 20 au 25 août ; alors tous les pieds de Tomates sont morts en huit jours. L’autre plantation, qui se composait d’une quinzaine de pieds, avait été faite en espa- JASMINUM AFFINE. 427 lier à l’est et à l’ouest, entre des arbres frui- tiers. Je dois dire qu’elle n’avait été arrosée qu’une seule fois dans le courant de l’été, tandis que ceux qui sont morts l’avaient été très-copieusement plusieurs fois (quatre ou cinq); mais malgré cela, vers le 25 août, les Tomates en espalier commençaient à être atteintes de la maladie ; c’est alors que j’ai fait mettre un châssis devant chaque pied, le haut du châssis appuyant contre le mur. Depuis cette époque, les châssis sont toujours restés devant les pieds de Tomates qui, par conséquent, n’ont pas reçu une goutte d’eau ni sur la racine, ni sur les. feuilles; aussi, aujourd’hui encore, les plantes sont- elles très- vigoureuses et char- gées de fruits. Louis Jules, Jardinier-chef au château de Villennes, près Doissy (Seine-et-Oise). Après avoir remercié notre excellent col- lègue de son intéressante communication, et tout en reconnaissant iavec lui que les temps humides et relativement froids peuvent, sinon faire naître, du moins aggraver la maladie des Tomates, et surtout en favoriser le développe- ment, nous sommes pourtant obligé d’y recon- naître une autre cause, pour les raisons sui- vantes : D’abord parce que, en remontant très-loin, et bien qu’on ait passé des années plus froides et plus humides que celles que nous venons de traverser, la maladie dont nous souffrons au- jourd’hui n’existait pas ; Parce que, depuis qu’elle existe, il y a eu des années sèches et chaudes, et que, néan- moins, cette maladie va toujours en augmen- tant en intensité et en étendue; que, d’une jasminu: Bien qu’elle ne soit probablement qu’une forme de l’espèce commune ( Jasminum officinalis , L.), d’où son qualificatif affine , l’espèce dont il s’agit en est sensiblement différente et présente des caractères qui, outre qu’ils la distinguent très-bien, en font une plante plus méritante que le type au point de vue de l’ornementation. En voici une description : Arbuste très-vigoureux, pouvant atteindre 6-8 mètres et même plus de hauteur, mais pouvant être maintenu à l’état de plante très-naine à l’aide de la taille et du pince- ment, et n’en pas moins fleurir très-abon- damment dans cet état. Rameaux nom- breux, s’enroulant étroitement contre les autre part, elle sévit et exerce ses ravages dans des contrées méridionales, là où il pleut rare- ment et où la chaleur est très-forte et presque permanente. A Paris même, où depuis quel- ques années nous avons pu suivre la maladie et constater, en même temps que ses progrès, sa marche envahissante, nous avons remarqué des localités où, depuis longtemps déjà, et malgré des années très-chaudes et sèches, l’on ne pouvait plus cultiver de Tomates, tandis que dans cer- taines autres, souvent même assez rapprochées des parties envahies, c’est à peine si cette maladie se montrait; et cette année même, un de nos amis, M. Duvillars, maraîcher à la Glacière, dont j usqu’à ce jour les cultures de Tomates avaient échappé à la maladie, les a vues à son tour en- vahies. Nous ajoutons encore ceci : chez ce dernier, la maladie a commencé surtout dans ses « cô- tières, » qui, pourtant, sont bien abritées , le long des murs et fortement insolées , et dans ces conditions , qu’on pouvait considérer comîne très-bonnes, toutes ses Tomates ont même péri avant de mûrir leurs fruits, tandis qu’au contraire, en plein carré, 14 où les plantes étaient placées à 1“ 50 de distance en tous sens, il a pu récolter des fruits sains, bien qu’une grande quantité aient été complètement perdus. Tous ces faits, dont nous pouvons garantir l’exactitude, n’infirment cependant pas ceux qu’a avancés M. Louis Jules; mais ils montrent que, dans la maladie des Tomates, outre l’hu- midité, il y a d’autres causes. Quelles sont- elles? Nous en essaierons bientôt la démons- tration en les rattachant à d’autres analogues. (‘Rédaction.) AFFINE corps (se cordant , comme l’on dit) et fai- sant infailliblement périr les plantes sur lesquelles ils s’enroulent. Écorce des tiges fortement fendillée, subéreuse, celle des ra- meaux d’un vert brun ou même noirâtre. Feuilles composées, imparipennées, longue- ment ovales lancéolées, vert foncé en des- sus, légèrement glaucescentes en dessous, avec l’impaire plus grande, souvent plus ou moins lobée, parfois presque pennifide. Fleurs nombreuses dès le commencement de juin, se succédant pendant longtemps, fortement et agréablement odorantes. Inflo- rescence assez forte et bien fournie. Bou- tons rose vineux, à tube long également coloré. Corolle largement étalée, d’un blanc LES CATALOGUES. jaunâtre ou légèrement soufré à l’intérieur, rougeâtre extérieurement, à divisions large- ment étalées, acuminées au sommet, se re- couvrant par les bords. D’où cette espèce est-elle originaire? Est-ce une forme du Jasmin officinal? Nous ne savons. Ce qui est certain, c’est que c’est une plante de premier mérite, que nous n’hésitons pas à recommander d’une manière toute particulière. Tout aussi rus- tique que ce dernier, elle a sur lui l’avan- tage d’être plus vigoureuse, plus floribonde, d'avoir les fleurs plus grandes et de deux couleurs (blanc intérieurement, rouge à l’extérieur), ce qui produit un magnifique contraste. Elle est aussi plus hâtive à fleurir. Nous avons la conviction que, cul- tivée en pots et traitée convenablement, c’est-à-dire pincée en temps opportun, on la maintiendrait à l’état d’arbuste, qui alors se couvrirait de fleurs et pourrait ainsi devenir l’objet d’une culture spéciale et alors rivaliser avec le Jasmin d’Espagne (Jasminum grandifiorum ]9 qu’elle égale au moins pour la beauté, mais qui a sur lui l’avantage de la rusticité, de la vigueur Fig. 87. — Jasminum affine (grandeur naturelle). Fig. 88. — Jasminum officinale (grandeur naturelle). et de la volubilité, ce qui lui permet, en s’enroulant autour des corps, de pouvoir être employée pour garnir les tonnelles, couvrir des murs, etc., en un mot comme une bonne plante grimpante, cela d’autant plus que, outre un feuillage abondant qui n’est jamais attaqué par les insectes, elle est très -floribonde. Cultivé en pleine terre et traité comme nous l’avons indiqué pour les Glycines (1), on en obtient des arbustes qu’on main- tient dans des proportions aussi exiguës que l’on veut, ce qui ne les empêche pas de se couvrir de fleurs chaque année. Quant à sa multiplication, on la fait par boutures, soit en c< sec » pendant l’hiver, comme on le fait des Groseilliers, Tama- j rix, etc., soit pendant l’été, sous cloche, à l’aide des bourgeons qui reprennent très- bien et promptement. Le Jasminum affine , Hort. (fig. 87), présente aussi cette particularité de tendre à la duplicature ; de plus, ses inflorescences } sont plus fortes et mieux fournies que celles du Jasmin officinal, ce que démontre I la figure 88 qui représente ce dernier. On peut se le procurer à l’établissement jj André Leroy, à Angers. E.-A. Carrière. LES CATALOGUES Simon-Louis frères, horticulteurs-pépinié- ristes à Plantières-lès-Metz (Alsace-Lorraine). (3) V. Revue horticole, 1878, p. 19. Prix-courant, pour 1878-1879, des arbres frui- tiers, arbustes et arbrisseaux à fruits, des ar- bres et arbustes d’ornement, de plein air, des Rosiers et des jeunes plants divers. Dans ce LES CATALOGUES. 429 catalogue, qui est l’un des plus complets, on trouve, soit sur les arbres fruitiers, soit sur les Rosiers, après la description des sortes qui en font connaître le mérite, une liste des plus re- commandables, disposée par ordre de matu- rité, de sorte que l'amateur trouve là un guide qui lui permet de faire un choix de plantes, suivant le besoin qu’il en a. On peut se procu- rer ce catalogue en en faisant la demande par lettre affranchie. — Ed. Pinaert van Geert, horticulteur à Gand (Belgique), publie un catalogue général, pour 1878-1879, en tête duquel sont indiquées les nouveautés suivantes, mises au commerce par l’établissement : Alternanthera atropurpurea , Azalea indica Louisa Pynaert,Ribes alpinum pumilum aureum , Ulmus campestris betulœ- folia nigrescens , Ulmus campestris corylœ- folia purpureis , Ulmus campestris latifolia nigricans, Pêche Liefmans. — Bruant, horticulteur, boulevart Saint-Cy- prien, à Poitiers (Vienne), met en vente huit variétés de Bégonias hybrides, obtenus par la fécondation du Bégonia discolor par des va- riétés ou formés du Bégonia rex. Jamais, peut- être, l’influence des deux parents ne fut plus nettement accusée que dans les plantes en ques- tion. Le père a donné aux enfants l’habit ou la robe, c’est-à-dire les marbrures argentées de son feuillage, tandis que la mère leur a com- muniqué son tempérament, ainsi que le port général ou faciès, d’où résultent des plantes robustes, dont l’horticulture pourra tirer un très-grand parti au point de vue de l’ornemen- tation, soit des massifs, soit en pots pour le marché, soit pour former des contrastes en mo- saïculture, ce à quoi ces plantes sont d’autant plus propres qu’elles sont vigoureuses, pous- sent en touffes, et viennent très-bien à l’ombre, ce qui est une heureuse exception. — Charles Huber, horticulteur à Nice (Alpes- Maritimes). Catalogue de graines fraîches ac- tuellement disponibles en plantes annuelles grimpantes, plantes vivaces, plantes aquatiques, Cannas, Cucurbitacées, plantes ligneuses ou herbacées, de Palmiers, etc. Graines d’intro- ductions nouvelles et déplantés nouvelles. Cette section renferme des espèces rares, nouvelles ou peu connues, par conséquent intéressantes ; telles sont les suivantes : Celosia Huttoni, Centaurea rutœ folia, Delphinium truncatum, Hakea pectinata , Grevillea Hilli, Helipterum floribundus, Iris tormiolopha, Solanum Wal- lisii, Thymophylla aurea, Primula sinensis crispa (1), Laurus camphora, Mirabilis mul- tiflora , etc. — Eugène Verdier, 37, rue de Glisson, Pa- ris, publie trois circulaires-catalogues propres : la première aux Glaïeuls nouveaux et autres, (1) V. Revue horticole , 1878, p. 277. aux Amaryllis, Lis, Tulipes, Tigridias, Pivoines en arbres et Pivoines herbacées, et quelques autres genres dont l’établissement fait une spécialité. La deuxième est relative aux dix nou- velles variétés de Rosiers dont il est l’obten- teur, et dont quelques-unes ont été récom- pensées d’une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1878. La troisième est l’énumé- ration de toutes les Roses obtenues dans son établissement depuis sa fondation, en 1848, et dont voici le total : 4 Ile-Bourbon, 137 hy- brides remontants, 1 mousseux remontant, 3 mousseux non remontants, enfin 2 hybrides non remontants. — Louis Van Houtte, horticulteur à Gand (Belgique). Catalogue n° 180, comprenant deux parties, une propre aux plantes vivaces diverses de pleine terre : Œillets, Phlox, Pivoines her- bacées, Pyrèthres, Chrysanthèmes, etc., ainsi qu’un « supplément » aux plantes bulbeuses; l’autre partie est spécialement affectée aux vé- gétaux ligneux, soit fruitiers : Poiriers, Pêchers, Pruniers, Vignes, etc., soit aux arbres et ar- brisseaux de plein air : Conifères de plein air, Pivoines en arbres, Rosiers, etc. Comme les précédents, ce catalogue, outre les descriptions sommaires de beaucoup d’espèces, contient des observations sur certaines, relatives à des par- ticularités qu’elles présentent. C’est donc, à vrai dire, une sorte d’ouvrage d’horticulture. — Ausseur-Serthier, horticulteur à Lieusaint (Seine-et-Marne). Arbres fruitiers, forestiers et d’agrément, Conifères. Arbustes à feuilles per- sistantes, arbustes à feuilles caduques. Plantes grimpantes, Rosiers, Magnolias, Conifères en pots, en paniers ou en pleine terre, de forces et de natures diverses. Jeunes plants de semis ou repiqués, propres au reboisement. A part les plants, toutes les autres espèces sont élevées à tige ou en touffes, suivant leur nature, de manière à pouvoir être employées suivant les diverses circonstances qui peuvent se présenter. — Burvenich, architecte de jardins à Gent- brugge-lez-Gand (Belgique). Arbres fruitiers for- més et autres de différents âges, de formes va- riées. Arbrisseaux et arbustes de plein air, grimpants ou en touffes. Plantes de terre de bruyère, Rosiers, Conifères, Plantes vivaces de plein air, de serre froide et d’orangerie, etc. — Léon Aurange, horticulteur à Privas (Ar- dèche). Cultures spéciales de plantes dites de terre de bruyère, telles que : Azalea indica et Azalea mollis , Rhododendrons, Éricas, Ca- mellias de diverses forces en boutons et sans boutons. Collections de Palmiers, Areca, Ju- bœa, Geonoma, Cocos , Corypha , Pritchardia filifera , Caryota , Seaforthia. Plantes à feuil- lage ornemental, telles que : Aspidistra , Alo- casia, Dracœna, Ficus , Maranta , Phor- 430 MENTZELIA ORNATa. mium , etc. Fougères à beau feuillage, telles que : Alsophilla, Blechnum, Lomaria , etc. — Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Argen- teuil (Seine), publie plusieurs catalogues prix- courants pour 1878-1879. Le premier .se rap- porte aux Fraisiers, Vignes, arbres fruitiers, plantes d’ornement et plantes potagères, etc. Un autre est particulier aux graines de légu- mes, de plantes d’ornement. Les autres sont ■affectés soit aux Rosiers, soit aux Oignons à fleurs, plantes bulbeuses ou tubéreuses, ■etc. Des vignettes placées dans le texte, se rappor- tant à des plantes peu connues ou d’un mérite supérieur, donnent une idée de ces plantes, et ajoutent encore à la description qui accompagne les nojns. Parmi les Fraises, dont toutes sont, bien décrites et beaucoup figurées, nous recom- mandons les nouveautés suivantes : Ritu, Lu- cie Flament, Valentine Lebeuf ; dans les Pommes de terre : la Snow-Flake et la Brinck- worth’ s-Challenger . Les divers catalogues ,se- Le Mentzelia ornata , Torr. et Gr., est une plante du Missouri, où elle fut décou- verte par le voyageur Lewis au commence- ment de ce siècle. Des échantillons secs furent envoyés en Angleterre au bota- niste anglais Sims, qui publia cette plante sous le nom de Bartonia decapetala (in Bot. Magaz ,, pi. 1487) en 1811, considé- rant qu’elle devait être, par certains carac- tères de sa fleur, distinguée du genre Ment- zelia. Plus tard, en 1818, Th. Nuttall (in the Gen. of N. Amer, plants) retrouva une seconde espèce de ce genre (B. nndàj, qui, pour de bonnes raisons, l’engagea à substi- tuer le nom spécifique de B. ornata à celui de B. decapetala peur la première espèce connue. Mais, depuis, les botanistes améri- cains ne considérèrent plus [Je genre Barto- nia que comme une section de Mentzelia . Comme presque toutes lesLoasées, celle- ci est américaine, et ses fleurs sont orne- mentales (ainsi que le prouve la figure ci- contre). Le genre le plus répandu dans les jar- dins appartenant à cette famille est le Cajo- phora , dont les espèces grimpantes fleu- rissent abondamment, si on a le soin de les mettre à une exposition favorable, c’est- à-dire chaude; mais les Mentzelia sont pour la plupart des plantes basses, annuelles ou bisannuelles, et qui recherchent égale- ront envoyés franco aux personnes qui en fe- ront la demande. — L. Paillet, horticulteur-pépiniériste à Ghâ- tenay-lès-Sceaux (Seine). Arbres, arbrisseaux et arbustes fruitiers, forestiers et d’ornement, Rosiers, Conifères, etc. Jeunes plants de divers âges pour pépinières ou pour reboisement. Plantes de terre de bruyère : Rhododendrons, Azalées, Kalmias, etc. Spécialités : Magnolias à feuilles persistantes, Magnolias à feuilles cadu- ques, Magnolias Léné de divers âges et de diverses forces. Jeunes multiplications du Ma- gnolia stellata^ espèce, japonaise très-remarqua- ble, rustique, décrite et figurée dans la Revue horticole (1). Collections nombreuses de Pi- voines en arbre et de Pivoines herbacées, Bam- bous, Clématites. Collections de Violettes, Fou- gères de pleine terre. Arbustes à feuilles persistantes, etc. Collections de choix de Pom- mes de terre américaines et d’origine fran- çaise. 1 ORNATA ment le soleil. C’est alors que la tempéra- ture est le plus ardente que leurs fleurs s’épanouissent le mieux. Cependant, par opposition, certaines espèces, et le M. or- nata est de ce nombre, fleurissent de pré- férence le soir, au moment où la lumière et par conséquent la chaleur s’affaiblissen{. Aussi est- ce peut-être ce qui leur ferait préférer les espèces à floraison diurne. Mais la petite réputation que s’est faite le M. ornata depuis quelque temps comme plante-piége lui assure un intérêt tout spécial (2). Cette plante, bisannuelle dans nos cul- tures, fut introduite en France il y a 25 ou 30 ans. Elle est rameuse dès la base et at- teint la taille de 70 centimètres à 1 mètre. Ses feuilles sont alternes, plus ou moins profondément découpées sur les bords et rudes au toucher. Les fleurs qui terminent les rameaux sont larges de 7 à 8 centimè- tres et rappellent par la forme une fleur de Cactée ; elles sont composées de cinq sé- pales et (c’est là ce qui avait motivé le genre Bartonia) les pétales sont ici en nombre double, tandis que dans les vrais Mentzelia ils sont en nombre égal aux sépales. Mais il faut ajouter que ce double rang de pétales a été considéré comme des (1) Voir Revue horticole, 1878, p. 270. (2) Voy. Bull, de la Soc. bot., t. XXIV. p. 26, et journal La Nature, 1877, p. 310. R.evice Horticole >. F&gioei/ ciel. Mérite elia orTLdtob C‘Arom,.?iiiri. P. Ptrûobizniy 431 DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. étamines transformées que les botanistes nomment staminodes. Ces pétales sont blancs ou jaunâtres, et ils sont accompa- gnés d'une grande quantité d’étamines jaune soufre, le tout s’insérant sur les bords d’une coupe réceptaculaire très-évasée et qui [bientôt prendra un grand développement. Enfin au milieu sont les carpelles au nombre de trois ou cinq, formant par leur réunion un ovaire uniloculaire qui est entièrement inclus dans le réceptacle. A maturité, le fruit, pour laisser échap- per les graines, s’ouvre par son sommet et présente alors l’aspect d’un entonnoir cylin- dri forme dont les parois intérieures sont tapissées de six à dix rangées de graines aplaties et anguleuses. Pendant la maturation du fruit, le récep- tacle, qui l’étreint à peu près comme cela se passe pour la Pomme ou la Poire, ou mieux encore un fruit d’ Aristoloche, puis- que le fruit est sec, le réceptacle s’est allongé en’ même temps que le fruit, et ils atteignent ainsi, l’un et l’autre, 8 à 10 cen- timètres de longueur. Ce réceptacle est garni de feuilles modifiées ou bractées qui suivent le même ordre que les feuilles sur la tige, ce qui confirme sa dépendance avec cette dernière. Nous avons dit que les feuilles étaient rugueuses, mais le réceptacle l’est plus encore. D’ailleurs, toutes les Loasées sont couvertes de poils souvent acérés et pi- quants qui ont fait donner à plusieurs espèces le qualificatif de urens (brûlant), ou bien, et c’est ici le cas, les poils sont garnis de crochets réfléchis, et cela sur une grande étendue de leur longueur. Ces poils crochus ou glochidiés sont très-près les uns des autres; mais associés à ceux-ci, il en existe de plus courts qui n’ont pas de crochets et qui sont glanduleux, c’est-à- dire qu’ils sécrètent un liquide visqueux que recherchent volontiers les insectes. Aussi les mouches de différentes espèces qui, par un temps chaud, sont attirées sur les feuilles, mais de préférence sur les réceptacles du Mentzelia , insinuent bien vite leur trompe entre les poils crochus pour atteindre les poils glanduleux et vis- queux qui sont plus courts. L’entrée de la trompe de ces insectes est facilitée, puisque les crochets des poils sont dirigés infé- rieurement ; mais lorsqu’ils veulent retirer leur trompe élargie au sommet, celle-ci est retenue par les pointes des crochets de tous côtés ; et plus ils font d’efforts, plus ils as- surent leur captivité. Le plus souvent, quand ce sont de grosses mouches, elles tournent constamment sur elles- mêmes, espérant se dégager ; mais alors la torsion de la trompe s’en suit, puis gagne bientôt la tête, et celle-ci arrive à se détacher du corselet, en sorte que la bestiole, pour sauver son corps qui tombe à quelque distance, a sacrifié sa tête. On trouve souvent beaucoup de têtes de mouches associées à des mouches entières sur les réceptacles. Un de nos bons amis, M. Daveau, qui publie trop rarement d’intéressants articles dans la Revue horticole, est le premier probablement qui ait observé ce rôle du M. ornata. C’est lui qui nous l’a signalé en 1876, et nous l’avons constaté depuis plu- sieurs fois. Le M. ornata, qui est d’une culture facile d’ailleurs et qui préfère le soleil à l’ombre, est une assez jolie plante pour être cultivée pour elle-même, sans avoir besoin du titre de plante-piége. Mais on s’est beaucoup occupé dans ces dernières années des plantes dites carnivores et plantes-pièges ; c’est ici que le M. ornata pourrait prendre place. Il faut espérer que c’est le dernier de ces qualificatifs qui res- tera à ces pauvres plantes qu’on a accusées d’avoir des instincts aussi pervers, et qu’en dépit des théories séduisantes, soutenues même par des hommes d’un haut mérite, il faudra ramener les phénomènes observés depuis quelque temps sur les plantes sus- ceptibles d’appréhender les corps inertes ou animés qui les approchent à des lois plus simples et plus philosophiques que celles dont beaucoup se sont épris. J. Poisson, Aide naturaliste au Muséum. DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES A L’EXPOSITION UNIVERSELLE LISTE DES RÉCOMPENSES Dü GROUPE IX (HORTICULTURE) Dans notre précédente chronique, nous penses (décorations, promotions) accordées avons publié la liste des hautes récom- au groupe de l’horticulture ; nous n’y 432 DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. reviendrons donc pas; mais nous ne pou- vons passer sous silence et sans les enre- gistrer les autres récompenses qui ont été accordées, non plus que la cérémonie à laquelle elles ont donné lieu. Cette fête nationale s’est tenue dans le grand transept du palais de l’Industrie, qui avait été disposé à cet effet pour contenir plus de 20,000 personnes. Les décors étaient arrangés avec le plus grand goût : en bas, partout des tapis, des banquettes garnies de drap rouge, et sur les côtés, tout autour des galeries et des estrades, étaient placés des trophées de drapeaux de toutes les couleurs, ainsi que des écussons sur lesquels étaient écrits les noms des nations qui avaient pris part à l’Exposition, rappe- lant le caractère essentiel de cette fête, qui n’était pas seulement nationale, mais universelle. C’était une fête de paix, de concorde et d’oubli, où, au lieu de « points noirs, » on ne voyait que des oriflammes aux couleurs diverses qui, par une légère agitation, semblaient encore égayer* la fête et répandre sur elle comme un souffle de satisfaction générale. Tout à l’entour, entre les colonnes soutenant les galeries supé- rieures, au-dessous des noms des nations qui avaient pris part à l’Exposition, se trouvaient des écussons sur lesquels alter- nativement étaient représentées les deux initiales R. F. et cette expression PAX, indiquant que de tous les biens, la paix , est incontestablement le premier, puisque c’est elle qui détermine les autres. Il y manquait pourtant Travail, qui en était un corollaire indispensable. Vers le milieu, de chaque côté de la grande allée qui con- duisait à l’estrade principale où, avec le Président de la République, étaient placés les souverains étrangers ou leurs représen- tants, des députations des principaux corps de l’État, étaient également placés quelques groupes représentant les grandes divisions scientifiques avec leurs principaux attributs : la géographie, l’agriculture, les arts libé- raux, la navigation, entourés de fleurs qui, aujourd’hui, sont un ornement indispen- sable de toute fête publique. Nous ne nous étendrons pas davantage sur les dispositions de cette immense salle, lesquelles, on peut le dire, étaient aussi remarquables par les commodités que par le bon goût. Ce sont des choses dont, au reste, tous les journaux ont parlé, qui seraient peut-être déplacées ici. Cependant, et malgré notre désir d’abréger ces détails préliminaires, nous devons dire encore quelques mots d’une cérémonie qui, bien qu’en apparence secondaire, complétait heu- reusement le tableau. C’était, à la suite du Président de la République, des grands personnages et de quelques députations de corps politiques ou savants, l’entrée triom- phale, etjbannières en tête, des neuf groupes qui comprenaient tous les objets qui figu- raient à l’Exposition. Rien de plus imposant et de plus majestueux que ces bannières qui n’avaient d’uniforme que les dimen- sions, toutes d’un travail exquis, sur les- quelles étaient brodés en or, avec un goût indicible, les principaux attributs propres à chaque groupe et qui le caractérisent : beaux-arts, arts industriels, arts libéraux, sciences, commerce, agriculture, etc. Par leur composition, chacun de ces groupes avait aussi un caractère particulier qui don- nait à l’ensemble un cachet de grandeur, d’originalité et surtout d’universalité en rapport avec la circonstance. Ainsi quel- ques-uns de ces groupes étaient composés de nationaux étrangers ou spéciaux à la nation : la Tunisie et l’Algérie par des noirs, l’extrême Asie par des Chinois, et tous en costumes nationaux. Après avoir défilé devant l’estrade présidentielle, ces bannières se rangeaient au fur et à mesure sur les côtés, où elles se confondaient avec les drapeaux et les oriflammes ; bientôt le silence se fit, et alors, vers une heure et demie, en même temps que le premier coup de canon se faisait entendre, le Président de la République se levait et commençait le discours suivant : Messieurs, Je viens aujourd’hui décerner solennelle- ment, au nom de la France, les récompenses obtenues par les exposants de toutes les nations dans le grand concours auquel notre pays les avait conviés. Je veux tout d’abord remercier les princes et les représentants de toutes les puissances de l’appui et de l’éclat qu’ils ont donnés, par leur présence, à l’Exposition de Paris. Je veux remercier les gouvernements et les peuples de la confiance qu’ils nous ont témoi- gnée par l’empressement qu’ils ont mis à y prendre part. Si le succès de l’Exposition a répondu à leur attente et à la nôtre, que l’honneur en revienne aux éminents organisateurs de cette grande LISTE DES RÉCOMPENSES DU entreprise et à leurs plus modestes coopéra- teurs. Tous ont rivalisé d’intelligence et de zèle dans l’accomplissement des missions si diffi- ciles et si diverses qu’ils avaient acceptées. Quant le gouvernement de la République convia les savants, les artistes et les travailleurs de toutes les nations à se réunir dans notre capitale, la France venait de traverser de dou- loureuses épreuves, et son industrie n’avait point échappé aux atteintes de cette vaste crise commerciale qui pesait déjà sur le monde entier, et cependant l’Exposition de 1878 a égalé, sinon surpassé ses devancières. Remercions Dieu qui, pour consolider notre pays, a permis que cette grande et pacifique gloire lui fût réservée. Nous constatons avec d’autant plus de satis- faction ces heureux résultats que, dans notre pensée, le succès de l’Exposition internationale devait tourner à l’honneur de la France. 11 ne s’agissait pas seulement pour nous d’encou- rager les arts et de constater les perfectionne- ments apportés à tous les moyens de produc- tion ; nous avions surtout à cœur de démontrer ce que sept années passées dans le recueille- ment et consacrées au travail avaient pu faire pour réparer les plus terribles désastres. On a pu voir que la solidité de notre crédit, l’abondance de nos ressources, la paix de nos cités, le calme de nos populations, l’instruc- tion et la bonne tenue de notre armée, aujour- d’hui reconstituée, témoignaient d’une organi- sation qui, j’en suis convaincu, sera féconde et durable. Notre ambition nationale ne s’arrêtera pas là. Si nous sommes devenus plus prévoyants et plus laborieux, nous devrons encore au sou- venir de nos malheurs de maintenir et de développer parmi nous l’esprit de concorde, le respect absolu des institutions et des lois, l’amour ardent et désintéressé de la patrie. Le Ministre de l’agriculture et du com- merce a pris la parole à son tour en ces termes : Messieurs, En ouvrant, au 1er mai dernier, les portes du Champ-de-Mars, nous avons rappelé com- ment le gouvernement de la République, vou- lant dès le premier jour de son organisation légale proclamer par un acte solennel sa volonté d’inaugurer une ère de paix, d’ordre, de tra- vail et de progrès, avait convié le monde à un grand tournoi des arts, de l’agriculture, de l’industrie et de la pensée. Nous avons dit comment, grâce à la libérale confiance des Chambres, aux efforts surhumains des organi- sateurs, au patriotisme de tous, les travaux gigantesques de construction et l’appropriation GROUPE IX (HORTICULTURE). 433 du palais furent terminés en dix-huit mois et prêts à la date fixée. Quel allait être le sort de cette œuvre? Séparée seulement par un court intervalle de deux expositions qui avaient eu un grand éclat, l’Exposition de 1878 n’allait-elle pas rencontrer une curiosité publique un peu émoussée ? Mar- querait-elle un pas assez sensible dans la voie du progrès pour offrir aux esprits chercheurs un sujet d’études, pour ouvrir au génie indus- triel de nouvelles voies, pour captiver la faveur du public ? Les doutes à cet égard ont été de courte durée, et sitôt que l’opinion a pu se rendre un compte exact des merveilles que l’Exposition allait lui offrir en spectacle, des richesses artis- tiques et industrielles qu’elle abritait, nous avons vu les flots chaque jour croissants d’une foule immense et charmée, accourue de tous les points du globe, remplir nos galeries et payer un juste tribut d’admiration aux disposi- tions matérielles de l’œuvre, à l’ampleur et à l’originalité de ses aspects, à l’appropriation de ses diverses sections, aux richesses artistiques, intellectuelles, industrielles, agricoles, que l’émulation généreuse de trente peuples divers s’était plu à y réunir. Ce ne sont pas seulement, comme dans les premières expositions, les produits du travail manuel et mécanique qui sont mis en regard dans son enceinte ; ce ne sont pas seulement quelques nations placées à l’avant-garde de la civilisation qui mesurent leurs forces créatrices : à chaque exposition nouvelle le cadre s’est agrandi. Peu à peu toutes les branches du tra- vail humain ont pris place dans ces brillants concours ; peu à peu les nations les plus réfrac- taires jusqu’alors à nos habitudes ont été entraînées -dans l’orbite de cette attraction puissante. A l’Exposition de 1878, l’Amérique, l’Asie, l’Afrique, l’Océanie ont une représen- tation importante qui a vivement captivé l’atten- tion des visiteurs et ouvert au commerce de nouvelles perspectives, des horizons encore inaperçus. La durée assignée à cette grande manifesta- tion a passé trop rapidement au gré de la curiosité publique, et nous sommes arrivés aujourd’hui à la distribution des récompenses qui en marque le terme. Pour donner à cette 'distribution toute l’am- pleur, toute la solennité désirables, il aurait fallu pouvoir proclamer de cette estrade, dont la majesté est rehaussée par la présence de princes illustres et aimés, devant une assis- tance qui aurait compris tous les coopérateurs de l’Exposition, tous les compétiteurs assem- blés, la part qui revient à chacun dans l’œuvre commune, le nom de tous les organisateurs, de tous les exposants qui ont mis au jour une pensée utile, qui ont accompli un progrès, qui DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES A L’EXPOSITION UVIVERSELLE. 434 ont ajouté aru patrimoine des conquêtes de 1 * science, des richesses de l’art, de l’agriculture, de l’industrie. Mais la réalisation d’un semblable programme aurait exigé un édifice de dimensions incon- nues ; elle aurait de plus dépassé les limites de temps qu’une semblable solennité comporte ; nous ayons dû en reconnaître la complète impossibilité pratique. C’est qu’en effet l’Exposition de 1878 a pris des proportions si considérables, elle a exigé le concours de tant de bonnes volontés, elle a mis en relief tant d’efforts heureux, tant de mérites éclatants, qu’au jour de la fête des lauréats les enceintes les plus vastes sont deve- nues insuffisantes. C’est ainsi qu’il nous faut, bien à regret, restreindre cette cérémonie à la proclamation collective des récompenses, lais- sant à la publicité du palmarès le soin de com- pléter l’énumération que nous ne pouvons faire en ce moment. L’Exposition de 1878 a donc largement atteint son but comme mérite des objets expo- sés. Dans son enceinte, rien d’insuffisant ou d’inutile. Aucun côté faible ne vient déparer l’ensemble ; chaque exposition partielle est ins- tructive et digne d’être examinée en détail. Si rien n’a révélé une de ces rares inventions qui révolutionnent l’industrie, on a pu constater un progrès considérable dans les mécanismes, dans les ajustages, dans les transmissions de mouvement des machines, dans les procédés de fabrication et dans la qualité générale des produits. Dans le domaine de l’agriculture et de l’hor- ticulture, les vastes galeries consacrées aux objets d’alimentation, aux productions du sol, les expositions de fleurs et de fruits, les con- cours de faucheuses, de moissonneuses et autres outils de la ferme n’ont rien laissé à désirer. Les expositions spéciales des animaux ont présenté le plus magnifique assemblage de spécimens choisis de toutes les races utiles à l’homme. Plus de six mille animaux de races chevaline, bovine, ovine, porcine, canine, galine, y ont captivé l’admiration des hommes qui consacrent leurs soins à cettte branche essentielle de la production nationale. Ils ont pu constater avec quelque orgueil que si l’art de l’élevage est partout en progrès, les races françaises ou francisées le disputent aujour- d’hui pour la pureté des formes et le mérite des aptitudes aux races les plus estimées des autres pays. Au palais du Trocadéro, les expositions rétrospectives et anthropologiques ont fourni aux penseurs et aux historiens des matériaux précieux et variés, en même temps qu’elles pré- sentaient au public un tableau parlant de l’état de la civilisation aux divers âges. L’innovation des auditions musicales n’a pas été moins goûtée. Dans les séances nombreuses qui se sont succédé, le public a pu comparer les chefs-d’œuvre des diverses époques et des divers pays aux compositions les plus estimées de notre temps. Les artistes de l’Italie, de l’Angleterre, de la Russie, de l’Espagne, de la Belgique, de la Suède, de la Hongrie y ont été vivement applaudis ; les orphéonistes, les musi- ques militaires y ont eu de brillants succès. Les organistes les plus aimés ont rivalisé de talent et montré ce qu’un admirable instrument met de puissance aux mains de l’artiste qui sait utiliser ses incomparables ressources. L’Exposition de 1878 s’est distinguée par un autre caractère. Elle a marqué un pas nouveau vers cette universalité inscrite sur son drapeau, en étendant le champ dans lequel s’étaient exercées les expositions précédentes. Elle a donné une réalisation complète et méthodique aux tentatives partielles qui avaient été faites ailleurs pour rendre visible le travail de l’intel- ligence à côté des produits matériels qu’il a enfantés. Au palais du Trocadéro, dans quarante-sept conférences et trente-un congrès, des hommes éminents de tous les pays ont réuni leurs efforts pour nous donner un vaste exposé de toutes les connaissances humaines et préparer des matériaux précieux pour les législations internationales. Mis en présence de tant de travaux, de tant de mérites, le jury chargé d’attribuer les récom- penses s’est trouvé dans un grand embarras. Comment discerner les œuvres les plus recom- mandables au milieu d’un ensemble si parfait? Comment effectuer le classement relatif de produits qui, pour telle branche que nous pour- rions nommer, nécessitaient l’examen, l’appré- ciation de plus de trente mille échantillons divers ? Ce n’est qu’en s’aidant de la collaboration de nombreux experts et en ne reculant devant aucun dévoûment, devant aucune fatigue, qu’il a pu accomplir sa mission. C’est pour nous une vive satisfaction que d’avoir à constater ici la cordialité, la bonne harmonie qui ont marqué toutes ses délibérations, de reconnaître que dans ces réunions composées d’hommes si dis- tingués de toutes les nationalités, les rivalités de pays à pays ont été oubliées pour ne s’ins- pirer que du sentiment du devoir et des con- seils de la saine justice. Si donc ses décisions n’ont pas satisfait tout le monde, il n’en faut accuser que l’extrême difficulté du sujet et l’impossibilité d’éviter les erreurs dans un classement qui comprend plus de 60,000 rivaux. Toutes les réclamations ont d’ailleurs fait l’objet d’une instruction spéciale, et celles qui paraissaient fondées ont reçu satisfaction dans la mesure du possible. 435 LISTE DES RÉCOMPENSES DU Le jury a attribué aux exposants : 571 diplômes d’honneur; 133 grands prix ou rappels de grands prix ; 2,724 médailles d’or et rappels de médailles; 6,580 médailles d’argent et rappels : 9,177 médailles de bronze et rappels ; 9,403 mentions honorables. Enfin 270 médailles ou mentions ont été attribuées à un pareil nombre de collabora- teurs. Cette répartition, en apparence très-large, , laisse encore à l’écart bien des efforts qui nécessitent d’être encouragés. Je l’ai dit tout à l’heure : tous les objets admis à l’Exposition sont dignes d’être remarqués ; ils n’y ont pris place qu’après avoir subi une double épreuve, et le seul fait d’y avoir figuré sera certaine- ment considéré comme un honneur. Aussi nous proposons-nous de distribuer à tous les exposants une médaille spéciale qui constatera leur présence à l’Exposition de 1878 et en perpétuera dans leur famille le souvenir. Rien d’ailleurs n’a été négligé pour faire profiter des enseignements de cette grande œuvre tous les travailleurs qui pouvaiènt en obtenir un résultat. Les Chambres avaient donné le signal en votant des crédits spéciaux pour appeler à Paris les instituteurs de canton et environ 5,000 délégués de la province. Une combinaison ingénieuse a permis de donner à ces voyages un grand développement et de porter au-delà de 20,000 le nombre des personnes qui ont pu être exonérées de leurs frais de voyage et de séjour pour visiter l’Exposition. Dans le département de la Seine, les délé- gués des diverses professions de l’industrie parisienne ont reçu des cartes de semaine gra- tuites ; les ouvriers délégués des États étran- gers ont joui des mêmes immunités. Il a de plus été remis à la préfecture 500,000 entrées gratuites pour être réparties entre les ouvriers des diverses professions. Enfin les soldats en résidence à Paris, les établissements d’instruc- tion populaire ont aussi été dispensés du paiement des droits d’entrée. Des dispositions avaient d’ailleurs été prises pour que ces visites fussent aussi instructives que possible pour les travailleurs appelés à en profiter. Un corps zélé d’hommes prati- ques et érudits avait accepté la mission de guider et d’accompagner les ouvriers dans leurs tournées, et de leur fournir des explica- tions sur les diverses spécialités. Nous espérons ainsi avoir facilité des obser- vations fécondes par des promenades qui auraient pu ne satisfaire que la curiosité. Dans quelques jours, ce vaste champ d’études sera fermé, et nous verrons, non sans un serre- ment de cœur, se disperser toutes ces mer-- veilles qui, indépendamment de leur valeur GROUPE IX (HORTICULTURE). propre, tiraient un mérite particulier de leur juxtaposition, de leur rapprochement métho- dique et raisonné, Cette œuvre réalisée au prix de si grands sacrifices, ce monument des efforts créateurs de plusieurs millions de personnes, aujourd’hui si animé, rentrera dans le silence et sera peut-être voué à la destruction. Il restera toutefois de l’Exposition des traces ineffaçables et dans les intelligences et dans les cœurs ; ce sont : les enseignements qu’elle a donnés, les germes de progrès qu’elle a répan- dus dans le monde du travail, les idées utiles qu’elle a mises en circulation, les améliorations morales et matérielles dont elle a vulgarisé l’application, les perfectionnements nouveaux dont elle a inspiré la pensée et — résultat non moins précieux — les relations d’estime et d’amitié qu’elle a établies entre des hommes qui, autrement, n’auraient pas eu l’occasion de se connaître, de se rapprocher, d’échanger leurs idées, d’unir leurs lumières dans une œuvre de bien commun. Pour nous, Français, nous conserverons un souvenir ému et reconnaissant du temps que nous avons passé avec nos hôtes, de l’immense bon vouloir que nous avons trouvé chez toutes les puissances représentées à cette fête, de l’aide que nous avons rencontrée près de leurs nationaux, de la cordialité des rapports qui a marqué toutes les occasions où nous nous sommes trouvés ensemble. Nous avons la confiance qu’en affermissant ainsi l’estime réciproque, la sympathie de peuple à peuple, le goût et la fécondité du tra- vail, PExposition de 1878 aura été utile au progrès de la civilisation et aura servi la grande cause de la paix et de l’humanité, secondant par là les vœux les plus chers de la République et de son gouvernement. Les directeurs des sections étrangères et françaises ont alors proclamé les promotions et nominations dans l’ordre de la Légion- d’Honneur accordées au personnel de l’Expo- sition, aux étrangers et aux Français. Le directeur de la section étrangère a appelé, par ordre de pays, les présidents des commissions étrangères, qui sont venus recevoir des mains de M. le Président de la République et des princes, présidents d’hon- neur, les diplômes des grands prix et rap- pels de grands prix, et les médailles obte- nues dans les neuf groupes par leurs exposants. Les grandes récompenses obtenues dans chaque groupe par les exposants français ont ensuite été proclamées par le directeur de la section française, et le président de chaque groupe a reçu ses diplômes et ses 436 DISTRIBUTION DES RÉCOMPENSES A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. médailles des mains de M. le Président de la République. La distribution des récompenses terminée, M. le Président de la R-épublique, le prési- dent du Sénat, le président de la Chambre des députés, les princes étrangers, les minis- tres et le corps diplomatique’se sont retirés en passant devant les commissaires fgéné- raux étrangers, qui s’étaient placés au pied des trophées représentant chaque groupe de l’Exposition. M. le Président de la Répu- blique les a de nouveau remerciés de leur concours. LAURÉATS DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE. Groupe IX. — Horticulture. CLASSE 85. — SERRES ET MATÉRIEL DE L’HORTICULTURE. Liste du jury. — MM. John Wills, esq. (Angle- terre). Rarral (France). Darcel (France). Joly (France). Tricotel (France). Jolibois (France). Grand prix. — Diplôme d'honneur équivalant à une grande médaille. — Paris (Ville de) (France). Médailles d’or. — André (O.) (France). Beaume (L.) (France). Borel (C.) (France). Boyd (J.) et fils (Angleterre). Carter (J.), Dunett et Breale (Angleterre). Combaz (E.) (France). Dormois (P.) ( Rappel J (France). Douane impériale maritime chinoise de Shangaï (Chine). Izambert (A.) (France). Leroy (Les enfants d’André) (France). Lichtenfelder (G.) (France). Linden (L.) (Belgique). Lumbv (E.) (Angleterre). Louet frères (France). Ménagère (La) (France). Méry-Picard (France). Noël (N.) (France). Perret (M.) (France). Roths- child (J.) (France). Sisay (De) de Andrade (Es- pagne). Société anonyme des clôtures et plantations France). Thomas (J.-J.) et Cie (Angleterre). Val d’Osne (Le) (France). Ycou-Chu-Ba (Établissement impérial agricole de) (Japon). Médailles d’argent. — Allez frères (France). Barnard, Bishop et Barnards (Angleterre). Berger et Barillot (France). Biernatzki et C° (États-Unis). Boissin (France). Boulton et Paul (Angleterre). Charpentier (Am.) (France). Chassin (H.) (France)- Couette (A.) (France). Douglas (États-Unis). Dunod (France). Duvillers (F.) (France). Fitz-Gérald (Australie). Fox (J. Caven) (Angleterre). Gallé (E.) (France). Goto Morishita (Japon). Grenthe (L.) (France). Hartley et Sucden (Angleterre). La- vaud (J.) et Cie (France). Lebœuf (L.-D.) (France). Lebœuf (P.) (France). Lebreton (France). Loyre (B). (France). Maison (L.) (France). Maury-Stœckel (France). Méry-Picard (France). Mitsui-Boussan- Kuaï-Sha (Japon). Monier (J.) (France). Montalvan (Espagne). Moret et Broquet (France). Pantz (D.) (France). Paris (E.) (France). Patent Water-proof, Paper and Cauvas Company (Angleterre). Plasse (L.-E.) (France). Prunières (J.) (France). Rave- neau (A. -B. -F.) (France). Rebattu (Am.) (France). Richard (P. -F.) (France). Rosseels aîné (Belgique). Samain (France). Saynor, Cooke et Ridai (Angle- terre). Société de Saint-Sauveur-lès-Arras (France). Sohier (G.) et GIe (France). Sutton et fils (Angle- terre). Tronchon (N.) France. Williams et Cie (France). Wiriot (E.) (France). Médailles de bronze. — Alexandre (Mme) (France). Anfroy (France). Armandies (France). Augé et Dobigné (France). Bourette (France). Bre- ton (F.-E.) (France). Chadborn et Coldwel (États- Unis). Chapellier (F.) (France). Cochu (E.) (France). Coleman et Morton (Angleterre). Conseil (P.-A.) (France). Debray (L.-C.) (France). Decker (E.) et Mott (France). Decker (M.) (Luxembourg). Derouet (B.) (France). Desbordes (France). Deyrolle fils (France). Dorléans (E.) (France). Douville (France). Dubrulle (J.) (France). Durand (J.) (France). Ferry (P.) (France). Fichet (J.) (France). Fita (M.) (Es- pagne). Follows et Bâte (Angleterre). Fuchs (L.) Gaillon (France). Girard-Col (J.-B.) (France). Giro- dias (L.-C.) (France). Giusani (A.) (France). Goin (A.) (France). Granjon (J.-B.) (France). Gras et Jacquot (France). Grivolat (France). Hardivillé (France). Harlow (B.) (Angleterre). Herbaumont (veuve) (France). Hirt (A.) jeune (France). Hirt (X.) aîné (France). Institut catalan de Saint-Isidore (Es- pagne). Japy frères (France). Laquas (G.) (France). Larivière (J.-B.) (France). Lascelles (W.-H.) (An- gleterre). Lavialle (A.) (France). Leblond (France). Lepère (A.) fils (France). Lhérault (L.) (France). Lhérault-Salbœuf (France). Lhomme-Lefort (France). Loth (A.) (Autriche-Hongrie). Mahoudeau (France). Marchai (F.) (France). Martre (France). Mathian père et fils (France). Messager (J.-B.) (France). Mouquet (V.) (France). Moynach (France). Nattier (France). Neves (Portugal). Ozanne (France)- Péan (A.) (France). Pelletier (France). Pelletier jeune (France). Pillon (L.) (France). Quénat (P.) (France). Rabier (France). Reidemester (Mme) (France). Reveron (J.) (France). Reveilhac (J.) (France). Révillon (H.) (France). Rigault (L.-A.) (France). Springer (L.-A.) (Pays-Bas). Stocker (France). Tablada (Espagne). Vachon (C.) (France). Vendeuvre (G. de) (France). Van-Eeden (Pays-Bas). Van-Hulle (H. -J.) (Belgique). Webb (E.) et fils (Angleterre). Zani aîné (France). Mentions honorables. — Andrieuxjeune(France). Bodson père (France). Collège de Tarrasense, di- plôme (Espagne). Dechard (P.) (France). Dubuc (J.-F.) (France). Dudon-Mahon (France). Duvoir frères (France). Eon (H.) (France). Fénoglio (F.) (France). Féret (A.) (France). Gary (A.) (France). Gérard (J.) (France). Gillon (J.) (France). Grossot (J.-V.) (France). Guérin (R.) (France). Haschler(V.) (France). Laillet (E.) (France). Lambert (A. -J.) (France). Lamotte (France). Laroche-Macé (France). Lloyd, Suppléé et Walton (États-Unis). Marand (A. -A.) (France). Markt et C° (États-Unis). Mast- Foos et C° (États-Unis). Ménant (A.- J.) (France). Michaud (P.) (France). Morange (A.) (France). Moutarde (D.) (France). Neuen-Therer (G.) (Luxem- bourg). Personne (E.) (France). Pescheux (A.) (France). Plevier (J.-J.) i (Pays-Bas). Ponchon (France). Pouplier (France). Preisch (France). Raveau (A.) (France). Salmon (F.) (France). Tierce-Bléry (France;. Touchard (A.) (France). Valarino (Heredero de) (Espagne). Vigneau (J.) (France). Collaborateurs. — Médaille d'argent. — Jac- quemin, maison Mery-Picard (France). Médailles de bronze. — Larivière (Ad.) (France). LISTE DES RÉCOMPENSES DU GROUPE IX (HORTICULTURE). Lebreton (Mn«) (France). Sano, établissement im- périal de Ycou-Chu-Ba (Japon). Tanaka, maison Mitsui (Japon). CLASSE 86. — FLEURS ET PLANTES D’ORNEMENT. Liste du jury. — MM. Duchartre (France). Galesloot (I.-T.-R.) (Pays-Bas). TrufFaul père (France). Carrière (France). Bertin père (France). Laforcade (France). Jamain (H.) (France). Grands prix. — Diplômes d’honneur équiva- lant à une grande médaille. — Jardin botanique impérial de Saint-Pétersbourg (Russie). Sikemba (gouvernement du Japon) (Japon). Grandes médailles. — Croux et fils (France). Jamin (F.) (France). Levêque et fils (France). Mar- gottin fils (France). Margotlin père (France). Moser (France) (1). Verdier (C.) (France). Vilmorin-An- drieux et Gie (France). Baltet frères, Defresne (H.), Paillet (H.) (2). Médailles d’or. — Ausseur-Sertier (France). Baltet frères (France). Bardet frères (Russie). Car- ter (Angleterre). Charozé (France). Crousse (France). (France). Deschamps (France). Gauthier- Dubos (France). Jurissen et fils (Pays-Bas). Leca- ron (France). Lemoine (V.) (France). Malet père (France). Moreau (France). Morlet (France). Regel (E.) (Russie). Roy (A.) (France). Société d’agricul- teurs et de marchands grainiers de Harlem, di- plôme (Pays-Bas). Souillard et Brunelet (France). Thiébaut-Legendre (France). Truffaut (A.) (France). Verdier (E.) (France). Wood (France). Médailles d’argent. — Aldeber et Denecker (France). Batillard (France). Baudry et Hamel (France). Bertier-Rendatler (France). Besson (France). Bœr (W.-C.) (Pays-Bas). Bonneau (France). Bosse (Suisse). Bougard (France). Bruant (France). Chantin (A.) (France). Chaté (L.) (France). Chaté (E.) (France). Choinières (France). Chouvet (France). Cochet-Aubin (France). Delabergerie (France). Delahaye (France). Dudoüy et Cie (France). Du Mesnil de Mont-Chauveau (France). Duval (H.) (France). Garçon (France). Gonthier (A.) (France). Harting (P.) (Pays-Bas). Jongkindt Coninck (A.- M.-C.) (Pays-Bas). Kelway et fils (Angleterre). Kostermz (A.) (Pays-Bas). Lange (France). La- pierre (France). Lecaron (France). Lecoq-Dumesnil (France). Looymans et fils (P.-J.) (Pays-Bas). Loos et fils (F. de) (Pays-Bas). Machet frères (France). Mézard (France). Picquenot (France). Piro-Médard (France). Posth (France). Raccaud (Espagne). Roussel (France). Sannier (A.) (France). Schmidt (France). Société d’horticulture de Clermont, di- plôme (France). Solignac (France). Thiébaut aîné (France). Thiébaut-Legendre (France). Toche (France). Topwort (W.) (Pays-Bas). Torcy-Vannier (France). Van-Geert (Belgique). Vyaux-Duvaux (France). Wouters (Belgique). Yvon (I.-B.) (France). Médailles de bronze. — Barroy (France). Berger (1) Par suite d’une omission, M. Moser n’a pu pa- raître sur la première liste des exposants récom- pensés publiée au Journal officiel. (2) Ces trois derniers exposants n’ayant été élevés au grand prix qu’après la publication de la pre- mière publication, leurs noms ne se trouvent pas non plus sur la première liste du Journal officiel. 437 (France). Boucharlat (France). Boyer (France). Bresson (France). Cavron (France). Chevet (France). Eldering frères (Pays-Bas). Gégu (France). Goulven (France). Gueuret (France). Jacqueau (France). Lassus (France). Lemoine (F.) (France). Naudin (France). Pariselle (France). Pelletas (France). Robert (France). Schubert (W.-K.) (Pays-Bas). Telotte et fils (France). Torcy-Vannier (France). Trimardeau (France). Université catholique d’An- gers, diplôme (France). Webb (E.) et fils (Angle- terre). Mentions honorables. — Bart (France). Bonnet (France). Bugnot (France). Cauchin (V.) (France). Dupuis (France). Gibex-Lorne (France). Gil- bert (M.) (France). Moulard (France). Vasseur et fils (France). CLASSE 87. — PLANTES POTAGÈRES. Liste du jury. — MM. Koubo (Japon). Chatin (France). Laizier (France). Joret t(France). Siroy (France). Grands prix. — Grandes médailles. — Lhérault (Louis) (France). Millet (France). Rothberg (France). Vilmorin-Andrieux et Cie (France). Médailles d’or. — Billet (France). Carter (J.), Dunett etBeale (Angleterre). Cauchin (V). (France). Chambre syndicale de Gennevillers , diplôme (France). Établissement agricole d'Igny, diplôme (France). Fleury (France). Gaillard (V.) (France). La- pierre (France). Porter (W.) (Angleterre). Rouxel (France). Médaille d'argent. — Aubergier (France). Bou- tillier (France). Direction de l’agriculture du gou- vernement italien, diplôme (Italie). Falluel père (France). Flament (France). Gillier (France). Hayaux du Tilly (France). Hédiard (France). Ja- min (F.) (France). Mayeux (France). Paignard (France). Paillet (France). Picquenot (France). Poivret (France). Prunier (France). Ravenel (France). Régiment d’infanterie (36e), à Caen, di- plôme (France). Rigault (France). Scholler (France). Société d’horticulture de Clermont (Oise), diplôme (France). Société d’horticulture de Fontenay-le- Comte, diplôme (France). Torcy-Vannier (France). Médailles de bronze. — André Leroy (Les enfants d’) (France). Aurant (France). Bonnet (France). Dagneau (C.) (France). Durand (M*™ Ve) (France). Fontaine (France). Girardin (France). Glaiziou (France). Hinault (France). Jourdain (France). Le- gendre - Garriau (France). Rabourdin (France). Roy (A.) (France). Villette (France). Worell (A.) (Autriche-Hongrie). Mentions honorables. — Batzke (Danemark). Boudrant (France). Grellier (France). Ledoux- Bouvard (France). Martin (France). Welponer (A.) (Autriche-Hongrie). CLASSE 88. — FRUITS ET ARBRES FRUITIERS. Liste du jury. — MM. Van Lennep (A.) (Pays- Bas). Decaisne (France). Dubreuil (France). Bu- chetet (France). Coulombier fils (France). Michelin (France). Grands prix. — Diplôme d’honneur équivalant à une grande médaille. — Direction de l’agricul- ture du gouvernement d’Italie (Italie). Établisse- ment agricole impérial de Ycou-Chu-Ba (Japon). Ministère de l’agriculture et du commerce (Ecole 438 LISTE DES RÉCOMPENSES DU d'horticulture de Versailles) (France). Ville de: Paris (École d’arboriculture de Saint-Mandé) (France). Grandes médailles. — Cercle pratique d’arbori- culture de Liège, diplôme (Belgique). Croux et fds (France). Jamin (Ferdinand) (France). Margot- tin fils (France). Médailles d’or. — André Leroy (Les enfants d’). Baltet frères (France). Besson (A.) (France). Char- meux (R.) (France). Chevalier aîné (France). Cot- tard (France). Durand (Mme Ve) (France). Lhé- rault (L.) (France). Masana Maéda (Japon). Roy (A.) (France). Salomon (É.) (France). Société d’horti- culture de la Gironde, diplôme (France). Société néerlandaise d’horticulture, diplôme (Pays-Bas). Société d’horticulture de la Seine-Inférieure, di- plôme (France). Société centrale d’horticulture de France, diplôme (France). Vendt (F.) (Danemark). Welponer (Al.) Autriche-Hongrie). Médailles d’argent. — Besson frères (France). Cercle horticole du Nord, diplôme (France). Cirjean (France). Crapotte (France). Dingremont (France). Duhamel (France). Garnier-Valetti (Italie). Gallien (France). Grégoire (X.) (Belgique). Lapierre (France). Legrand (France). Lepère (F.) (France). Margat (Uruguay). Montreuil (groupe d’arboricul- teurs de), diplôme (France). Nyeland (St.) (Dane- mark). Oudin (France). Saint-Nicolas, à Igny (Eta- blissement agric. de) (France). Sannier( A.) (France) Société centrale d’arboriculture de Bruxelles, di- plôme (Belgique). Société d’horticulture de Cler- mont (Oise), diplôme (France). Société d’horticul- ture de Fontenay-le-Comte, diplôme (France). Société d’horticulture du centre de la Normandie, diplôme (France). Société d’horticulture d’Orléans et du Loiret, diplôme (France). Société hollandaise d’horticulture (section de Westland), diplôme (Pays-Bas). Tourasse (France). Vitry (France). Vootiyama père (Japon). Médailles de bronze. — Bruneau (D.) (France). Cercle horticole d’Ixelles, diplôme (Belgique). Cueillerier (France). Defrêne (H.) (France). Fau- quet (France). Gaillard (F.) (France). Gargiulo (Italie). Girardin-Colas (France). Goës (de) (Belgi- que). Honnoraty (France). Jourdain (France). Laurin (France). Marin (J.) France). Millet (France). Peirsman (Autriche-Hongrie). Schlechtleitner (J.) (Autriche-Hongrie). Société des clôtures de chemin de fer, diplôme (France). Société d’horticulture des Ardennes, diplôme (France). Société d’horti- culture de Meaux, diplôme (France). Société d’hor- ticulture du Rhône, diplôme (France). Société d’horticulture de Villemomble, diplôme (France). Torre (Dom Luis de la) (Uruguay). Vial (France). Mentions honorables. — Aguillon (R.) (France). Brault (France). Capenick (Belgique). Chappellier (France). Converset (France). Cordier (France). Fontaine et Barbara (France). Galesloot (Hollande). Guéroult (France). Hédiard (France). Lacaille (France). Lahaye (France). Laliman (France). Le- fèvre Rigault (France). Raccaud (Espagne). Société d’horticulture de Coulommiers (France). Société d’horticulture de Nancy (France). CLASSE 89. — GRAINES ET PLANTS D’ESSENCES FORESTIÈRES. Liste du jury. — MM. Bouquet de la Grye GROUPE IX (HORTICULTURE). (France). Pissot (France). Gouault (France). Le- paute (France). Guenot (France). Grand prix. — Diplôme d’honneur équivalant à une grande médaille. — Administration des forêts ''France). Grandes médailles. — André Leroy (Les enfants d’) (France). Oudin (J.) (France). Médailles d’or. — Carter (J.), Dunnette etBealè (Angleterre). Cordier (Algérie). Durand (Mme Ve) (France). Gouvernement égyptien, diplôme (Egypte) Gouvernement espagnol, diplôme (Espagne). Leroy (L.) (France). Miraglia (N.) (Italie). Paillet (France). Médailles d’argent. — Cordier (Mlle) (France). Creswels (Australie). Deny (France). Lechevalier (France). Levret (France). Société d’horticulture de Palerme, diplôme (Italie). Société d’agriculture et d’horticulture de Hollande, diplôme (Pays-Bas). Trottier (Algérie). Ritschl (Ch.) (Autriche-Hon- grie). Médailles de bronze. — Chouvet (France). Do- dun de Kéroman (Sénégal). Laduel (Guyane française). Lepeltier (Inde). Salvador Salvado (Es- pagne). Thiébaut aîné (France). Mentions honorables. — Benoît fils (France). Comité de la Basse-Terre, diplôme (Guadeloupe). Commission provinciale de Pontevera, diplôme (Espagne). Commission provinciale de Valence, diplôme (Espagne). Jaunie (France). Mission ca- tholique de Gabon, diplôme (Gabon). Mission des pénitenciers de la Nouvelle-Calédonie, diplôme (Nouvelle-Calédonie). CLASSE 90. — PLANTES DE SERRE. Liste du jury. — MM. Linden (Belgique). Bu- reau (France). Prillieux (France). Quihou (France) . Leroy (I.) (France). André (E.) (France). Bergmann (France). Grands prix. — Diplôme d’honneur équivalant à une grande médaille. — Ministère de la marine et des colonies (France). Grandes médailles. — Chantin (A.) (France). Wills (France). Médailles d’or. — Blanc (Mme M.) (France). Bleu (A.) (France). Chantrier frères (France). Lemoine (G.) (France). Ministère des travaux publics (Serres: du palais du Luxembourg), diplôme (France). Société algérienne du Hamma (Algérie). Steiner- Pfersdoff (Mme) (France). Triana (J.) (France). Vallerand (France). Vilmorin- Andrieux et C*e (France). Vincke (Belgique). Wan den Wouwer (Belgique). Médailles d’argent. — Barbot (France)i Bertrand (France). Boutreux fils (France). Cbaté fils (France). Chevet (France). Comesse (France). David (France). Duval (F rance); Ender (Russie). Evrard (France). Georget (France) ; Ghellinck de Walle (de) (Belgique). Lebatteux: (France). Hyères (Ville d’), diplôme (France). Le- moine (V.) (France). Malet (France). Massart (Belgi- que). Mathieu (O.) (France). Mosert (France). Poirier (France). Robert (France). Simon (France). Sinitzine (Russie). Thibaut et Keteleer (France). Wood (France). Médaille de bronze. — Binot (Brésil). Boelens et fils (Belgique). Bonnet (France). Boucharlat Ghoinière fils (France). Grépaux (France). Dagneau EUPATORIUM RETICULATUM. — CANNA HYBRIDA NOUTONNI. 439 (France). Deschamps (France). Fomesard(A.) (Uru- guay). Fournier (France). Geysidiller (France). Hérivaux (France). Houdayer-Deniau (France). Lange (France). Lassus (France). Lecaron (France). Lequin (France). Machet frère aîné (France). Mor- let (G.) (France). Nardy aîné (France). Naudin père (France). Paintèche (France). Posth (J.) (France). Roy (A.) (France). Schmidt (France). Thibault et Keteleer (France). Wood (France). Wyckaert frères (Belgique). Mentions honorables. — Batillard (France). EUPATORIUM Plante sous-frutescente, robuste, très-flo- ribonde, bien qu’excessivement vigoureuse. Bourgeons cylindriques, gros, couverts de poils roux assez longs, lanugineux-hispides. Feuilles persistantes, opposées, sur un fort pétiole de 15-20 centimètres, largement ca- naliculé, villeux ; limbe longuement cordi- forme, régulièrement atténué en pointe, très-villeux, surtout dans les jeunes feuilles, à surface réticulée et comme bullée par suite de l’enfoncement, des nervures, ce qui les rend très- saillantes en dessous, large- ment et courtement crénelé sur les bords. Inflorescences nombreuses, insérées à des hauteurs diverses et formant, par leur réu- nion, des sortes d’ombelles qui atteignent CANNA HYBRIl Obtenu au Fleuriste de la ville de Paris, en fécondant le Canna iridiflora par le C . Bihorelli , cette nouvelle forme a con- servé l’aspect général et la vigueur de la mère; ses inflorescences sont également fortes, mais se tiennent beaucoup mieux ; elles sont dressées, et, au lieu d’être pendan- tes, les fleurs sont étalées, ce qui permet de les voir beaucoup mieux ; tout aussi grandes que celles du C. iridiflora , ces fleurs sont d’un coloris un peu plus foncé, ce qui n’est pas peu dire. En un mot, c’est, disons-le, une bonne acquisition à porter à l’acquit du Fleuriste de la ville de Paris. En opérant comme on l’a fait, le but que l’on voulait atteindre, et que semblait com- mander la logique, était double : modifier le tempérament du Canna iridiflora dans sa descendance, faire en sorte que la con- servation d’hiver fût rendue plus facile et, (1) Dédié à feu M. Nouton, ingénieur en chef des ponts et chaussées, préposé particulièrement au service des plantations de la ville de Paris. Coulon (France). Deleuil (France). Goulven-Deny (France). Veysset (France). Vyeaux-D uvaux (France). Collaborateurs. — Diplômes équivalant à une médaille d’or. — Bélanger (Martinique). Contest-Latour (France). Cordeau (France). Jolibois (France). Mélinon (Cayenne). Oehlkern (I.) (France). Pierre (Cochinchine). Diplôme équivalant aune médaille d’argent. — Michel (E.) (France). RETICULATUM 20 centimètres , parfois plus , de dia- mètre. Cette espèce, d’un mérite tout à fait hors ligne pour l’ornement des serres tempérées, où elle fleurit pendant tout l’hiver jusqu’en mars, est d’origine américaine; ses fleurs, très-petites, très-légèrement carnées, parais- sent néanmoins d’un blanc de neige, à cause des styles qui, très-longuement saillants, sont entièrement décolorés. On cultive Y Eupatorium reticulatum en serre tempérée et même froide, en terre consistante; il lui faut beaucoup d’eau, sur- tout pendant sa végétation. On la multiplie de boutures qui, faites sous cloches, s’y en- racinent facilement. Houllet. i NOUTONNI' (,) si possible, le rendre plus floribond. Cons- tatons que le choix du C. Bihorelli était bon : celui-ci est très- vigoureux, d’une flo- ribondité presque sans égale, et, de plus, la couleur excessivement foncée des fleurs ne pouvait en aucune façon affaiblir celle du C. iridiflora , qu’il fallait conserver. De toutes ces combinaisons, quelques- unes ont été couronnées de succès ; on a, dans le C. Noutonni , non seulement une très-bonne plante, mais qui, de plus, est un acheminement vers d’autres perfectionne- ments. La fixité est ébranlée, et tout fait espérer qu’en prenant cette fois ce dernier comme mère et comme père, soit encore le C. Bihorelli , soit une autre espèce dont le mérite est à peu près équivalent, on obtien- drait des modifications plus importantes. La voie est donc tracée, et nous ne doutons pas que le Fleuriste de Paris, qui l’a si heureu- sement ouverte, ne continue de s’y avancer. Passé oblige. * E.-A. Carrière. 440 SAMBUCUS GLAUCA PREPART CJRIENS. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. SAMBUCUS GLAUCA PREPARTURIENS Issu du Sureau de Californie (Sambucus glauca J, le Sambucus preparturiens en a tous les caractères généraux, moins toute- fois la pubescence, qui est à peu près nulle; l’écorce des bourgeons adultes est glauque bleuâtre, tandis que celle des jeunes bour- geons est d’un vert herbacé. Quant aux feuilles, qui rappellent celles du S. glauca , elles sont d’un vert pâle glaucescent et à peu près glabres ; l’inflorescence, très-développée en large corymbe aplati, porte des fleurs pe- tites, à divisions étalées, d’un jaune ver- dâtre; comme celles du type, elles dégagent une légère odeur de girofle qui est très- agréable. Mais le caractère le plus remarquable, celui qui a valu à cette espèce le qualificatif 'preparturiens, est son aptitude à fleurir jeune, à devancer l’époque normale de la floraison des Sureaux, ce qui explique, tout en le justifiant, ce qualificatif. En effet, au lieu de fleurir la deuxième et parfois même la troisième année du semis, ainsi que cela a normalement lieu, notre plante qui, du reste, l’année même du semis, a atteint près d’un mètre de hauteur, s’est terminée par une large inflorescence qui s’est épanouie à partir du commencement d’octobre, et a donné naissance à des ramifications qui elles- mêmes étaient couronnées par des inflores- cences qui, à cause de l’abaissement de la température, n’ont pu épanouir leurs fleurs. Ce caractère persistera-t-il? et, si oui, formera-t-il race en se transmettant par le semis, au point de constituer une sorte de type annuel par sa floraison qui, dans les plantes ligneuses, serait l’équivalent de ce que, dans les plantes herbacées, sont les Asters et les Solidago, par exemple, dont les graines semées au printemps donnent des individus qui fleurissent cette même année, alors qu’ils sont seulement âgés de quelques mois? C’est ce que l’avenir nous dira. En attendant, nous avons cru devoir signaler ce fait, sur lequel nous appelons l’attention des savants et des praticiens, qui tous pourront en profiter à différents points de vue. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Berberis Kgnihti, Hort. D’où vient cette espèce, qu’on ne rencontre que trop rare- ment dans les cultures, où pourtant elle est digne de figurer? Toutes nos recherches sur ce sujet ont été infructueuses; nous la croyons d’origine mexicaine, probablement des mêmes localités que le Berber is pallida , Hartw. et Benth., auquel elle se rattache assez étroitement. Quoi qu’il en soit, c’est une plante qu’il convient d’autant plus de multiplier que, outre ses fleurs, elle est ornementale par la beauté de son feuillage. Ses caractères sont les suivants : Arbuste vigoureux, formant un buisson compact de 2-4 mètres de hauteur. Bran- ches très-épineuses, à épines minces, très- raides et très-aiguës, longues de 15 à 30 mil- limètres, d’un roux blanchâtre comme l’écorce des rameaux. Feuilles persistantes, très- rapprochées sur une ramifie courte, formant une sorte de faisceau à l’aisselle des épines, qui sont trifurquées, coriaces, longuement lancéolées-elliptiques, luisantes et d’un vert très-foncé en dessus, plus pâle en dessous, à dents fines, penchées, exces- sivement courtes, sétacées-aiguës. Fleurs s’épanouissant à partir de la première quin- zaine de mai, très-longuement pédonculées, réunies en faisceaux à l’aisselle des feuilles, assez grandes, d’un très-beau jaune d’or, à pétales obovales ou suborbiculaires, con- caves. E.-A. Carrière. Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Établissement à Paris d’une succursale de la maison Linden. — Nomination de M. Delchevalerie dans l’ordre de la Légion-d’Honneur. — Don fait au Muséum de l’échantillon du Pseudotsuga Douglasii qiq figurait à l'Exposition. — Les Lapons et leur troupeau de rennes au Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne. — Nécrologie : M. Auguste Boileau. — Le Kappa-na, Chou japonais, au Fleuriste de la ville de Paris. — Valeur comparative des tuyaux en fonte et en cuivre pour le chauffage des serres. — Fécondation artificielle des Araucaria. — Une Prune tardive : la Tardive de Rivers. — Floraison et fructitication du Carica gracilis au jardin de l’École de Médecine de Paris. — Questions de priorité : rectification de M. Jean Sisley. — La Revue mycologique. — La maladie des Tomates : emploi de la fleur de soufre. — Les travaux de déménagements au Champ-de-Mars et au Trocadéro ; les achats de plantes faits par la commission de la loterie nationale. L’horticulture décorative parisienne compte un établissement de plus : M. Lin- den, de Bruxelles, horticulteur bien connu, à Paris, 5, rue de la Paix, une maison de vient de créer vente où le public pourra admirer chaque jour toutes les raretés vé- gétales qu’on ne voit jamais que dans les serres les plus riches. Personne, assurément, mieux que le célèbre horticulteur belge, ne pouvait créer un semblable établissement. Des serres nombreuses et très-vastes, dans lesquelles il a réuni à peu près tous les végétaux inté- ressants, le mettent à même de satisfaire tous les goûts et de répondre à tous -les besoins. Bouquets à la main et de bal, Sur- touts et Garnitures de table, Plantes à feuillage et à fleurs, s’étalent chaque jour aux yeux des nombreux visiteurs. Nous aurons l’occasion de parler de cette création, à propos des raretés qui s’y trou- vent. Déjà , et comme telles, signalons, outre des Palmiers magnifiques, des Népen- thes ou Plantes du voyageur, ainsi nom- mées à cause des appendices ou sortes d’urnes qu’elles portent et dans lesquelles l’eau s’accumule ; des Darlingtonia , cette singulière plante dont l’organisation toute particulière a tant excité l’attention des savants et améné des discussions d’un haut intérêt au sujet de ses propriétés in- secticides, et qui, pour cette raison, la fait placer au premier rang parmi les plantes dites « carnivores. » — Aux décorations accordées à la suite de l’Exposition, et dont nous avons parlé dans notre précédent numéro, nous avons à en ajouter une qui se rattache également à l’horticulture : c’est celle de notre collabo- rateur et ami, M. Delchevalerie, dont le nom 1er DÉCEMBRE 1878. est bien connu des lecteurs de la Revue horticole. Directeur général des cultures du khédive, M. Delchevalerie avait été envoyé à l’Ex- position universelle en qualité de commis- saire général de l’Egypte, et c’est comme tel qu’il a été nommé chevalier de laLégion- d’Honneur. C’est une nouvelle que nous sommes heureux d’apprendre et que nous nous empressons d’enregistrer. — Parmi les quelques échantillons donnés au Muséum, à la suite de l’Exposition uni- verselle, et sur lesquels nous reviendrons, se trouve la rondelle si remarquable d’un Pseudotsuga Douglasii , dont nous avons précédemment parlé (1). C’est une curiosité de plus qui va être ajoutée aux collections botaniques du Muséum d’histoire naturelle, où le public pourra la voir. — Le Jardin zoologique du bois de Bou- logne possède aujourd’hui une curiosité de plus : grâce à son directeur, le public peut aujourd’hui admirer une caravane de La- pons et Lapones, ainsi qu’un troupeau des animaux auxquels leur existence semble at- tachée : nous voulons parler du Renne. En effet, ces deux êtres sont si étroitement liés, que quand on parle de l’un, l’autre est sous-entendu. Après les Nubiens, les Esquimaux, puis les Gauchos, aujourd’hui ce sont des Lapons que le public peut voir au Jardin zoologique d’acclimation du bois de Boulogne. C’est non seulement une curiosité, mais un sujet d’études de plus d’ ajouté à cet établissement déjà si digne d’intérêt. Le personnel se compose de neuf personnes, tant hommes que femmes et enfants. Les rennes sont au (1) Voir Revue horticole, 1878, p. 324. 23 442 CHRONIQUE HORTICOLE. nombre d’une trentaine seulement, un nombre à peu près égal étant morts pendant le trajet. Ils ne vivent que de lichen apporté du pays. Quant aux gens, ils sont petits sans être nains, de figures assez avenantes, paraissent intelligents et d’une douceur extrême ; leur costume est fait de peaux ; les coiffures sont de deux sortes : les hommes portent une espèce de toque assez analogue à celle de nos avocats, qui du reste est assez commune à plusieurs peuples de l’extrême Nord ; la coiffure des femmes pourrait, en France, être considérée comme subversive, car elle ressemble assez à celle d’un bonnet phrygien. Quant aux huttes, qui sont au nombre de six, on peut s’en faire une idée assez exacte par celles que construisent nos charbonniers et, comme celles-ci, elles sont construites avec des gazons superposés, appliqués sur une char- pente grossière ; un trou pratiqué dans le haut donne passage à la fumée qui s’échappe d’un feu placé librement au milieu de la hutte. — Au-delà de l’Océan, dans le « Nou- veau-Monde, » la mort vient de frapper l’horticulture dans la personne d’un de nos compatriotes, ce que nous apprend notre collaborateur et collègue, M. P. Marchand. Voici ce qu’il nous écrit : Saucatuck (Connecticut), 12 octobre 1878. Mon cher rédacteur, Un de nos plus zélés collègues et compa- triotes, Auguste Boileau, après une très-courte maladie, succombait, le 11 octobre dernier, dans sa quarante-unième année! Depuis quinze années, il se consacrait entiè- rement à l’horticulture, mais plus particulière- ment à l’arboriculture sur ce continent. Jardi- nier de l’église de la Trinité et de ses annexes à New-York, c’est lui qui commença à intro- duire les parterres mosaïques et qui donna le goût des plantes à feuillage pour l’ornementa- tion des jardins pendant l’été : Palmiers , Cycas, Dracænas, etc., toutes plantes qui produisent un si charmant effet sur les pelouses. La compagnie de la même église lui avait cédé une maison avec un jardin presque au centre de la ville (Glarkson Street). Il y fit une plantation d’arbres fruitiers, et l’on y trouve toutes les formes les plus parfaites. En 1876, à l’exposition de Philadelphie, il envoya quel- ques exemplaires qui furent admirés et récom- pensés par le jury, qui lui décerna un diplôme d’encouragement. Des apports que de temps à autre il faisait à la Société d’horticulture de New-York, et quel- ques cours qu’il y fit, frappèrent fortement l’attention des amateurs pomologues améri- cains, ce qui, du reste, était très-nécessaire, car l’art de conduire les arbres fruitiers de diverses formes y est encore inconnu. Il s’est surtout distingué comme arboricul- teur praticien ; il avait créé là une vraie école et s’efforçait de former des hommes instruits sur cette branche pour les disperser ensuite dans les différents États, en les engageant à planter et à conduire les arbres par de bons principés, de manière à imiter ce qui se fait en Europe. Aussi, Auguste Boileau était-il aimé et connu presque de tous les Français résidant en Amé- rique ; il est vrai de dire que toujours il s’effor- çait de leur être utile et que, au besoin, il faisait tout ce qu’il pouvait, soit pour leur procurer de l’ouvrage, soit pour leur être utile de toute autre manière. Jamais un compa- triote ne Ta imploré en vain. Il est très-regretté ' de tous ses amis, et longtemps encore après : ceux-ci sa mémoire survivra, grâce à l’œuvre qu’il a si bien commencée et dans laquelle son souvenir vivra allié à celui de la France. P. Marchand. — Kappa-na est le nom indigène d’une sorte de Choux qu’on voit en ce moment au Fleuriste de la ville de Paris, et qui pro- vient des collections qui y avaient été dé- posées par les Japonais. C’est une sorte qui nous paraît avoir quelque analogie avec le Pet-sai, bien qu’il en soit pourtant très-dif- férent ; ses côtes beaucoup plus nombreuses, 1 dressées et s’appliquant les unes contre les ! autres, d’un vert clair ou vert très-glauque, , suivant la variété, sont surmontées d’un limbe lisse, uni, épais et comme glacé, relativement très-petit. Considérée dans -! son ensemble, la plante a quelque ressem- blance avec une Poirée-Carde, cela d’autant , mieux qu’elle ne paraît avoir aucune ten- | dance à pommer. Quant au goût, il est peu prononcé ; la saveur rappelle celle des : Choux, mais beaucoup moins prononcée, j Cuit et accommodé, soit au jus et au gras, j soit au maigre, nous l’avons trouvé très- agréable à manger. On peut aussi le faire : cuire avec du jambon ou du saucisson, etc., ' ainsi qu’on le fait des Choux, et alors c’est ! un mets délicieux. Nous ne pouvons rien | préciser quant à sa culture qui, du reste, ne doit pas être difficile, la plante étant vigoureuse. Cette espèce est-elle rustique l’hiver? C’est ce que nous saurons bientôt: alors nous le ferons connaître. CHRONIQUE HORTICOLE. 443 — Malgré toutes les expériences qui ont été faites, on discute encore sur la valeur des tuyaux en fonte comparés à ceux en cuivre, pour le chauffage des serres. Pour- tant aujourd’hui on paraît être sur le point de s’entendre : l’accord est même à peu près fait. On reconnaît que les tuyaux en cuivre sont plus tôt chauds, conduisent mieux la chaleur dans le sens de la longueur, mais qu’ils rayonnent beaucoup moins. Or, comme c’est surtout la chaleur rayonnante qui chauffe l’intérieur des serres, il en ré- sulte que, d’une manière générale, la fonte est préférable au cuivre. Mais une chose importante, c’est que la fonte ne soit ni peinte, ni encore moins vernie, car alors les résultats seront très-différents, et le calo- rique s’échapperait très-difficilement. Il paraît même que la fonte rouillée chauffe mieux que celle qui est claire. Voici donc un cas très-exceptionnel où la propreté se- rait nuisible. — Le 9 septembre dernier, nous rece- vions de notre collègue et collaborateur, M. Hauguel, de Montivilliers (Seine-Infé- rieure), la lettre que voici : Cher monsieur Carrière, Je fais suivre cette lettre d’un petit paquet de graines Ü Araucaria, produit de notre fécondation artificielle de la fin du mois de mai dernier. Trois mois ont suffi pour que la maturité des graines fût complète; nous avons même été pris à l’improviste par cette maturité, que nous croyions ne devoir arriver que vers la fin de septembre ; autrement je vous aurais prié de venir nous acompagner ; mais ce sera, je l’espère, pour l’année prochaine. Les deux petits paquets que je vous envoie proviennent de deux arbres différents. Le n° 1 vient de Criquetot-l’Esneval, chez M. Ch. De- caen ; et le no 2 vient de Saint-Romain-de-Col- bosse, chez M. Collet. Vous remarquerez que les graines du n° 2 sont plus belles que celles du n° 1. Elles sem- blent même arrivées à une maturité plus par- faite. Je crois néanmoins que toutes deux sont bonnes et que le résultat est complet, ce que je vous prie de nous dire. Dans cet espoir, veuillez, etc. P. Hauguel. L’examen que nous avons fait des graines que nous a adressées notre collègue nous a démontré qu’elles sont bonnes (c’est du moins ce que nous croyons); elles ont été obtenues par la fécondation artificielle, à l’aide du fécondateur Hauguel , que nous avons décrit et figuré dans la Revue horti- cole, 1878, p. 154. Les différences dans les graines dont parle notre collègue, quoique sensibles, n’ont rien qui puisse étonner : c’est un fait analogue à tant d’autres qui se montrent dans les Chênes, etc., où Ton voit sans cesse, chez des sujets d’une même espèce, des différences si considérables, tant par la forme que par les dimensions. Nous avons tenu à constater ce succès pour plusieurs raisons : d’abord pour bien établir que la fécondation artificielle, faite à l’aide d’un instrument particulier, dispen- sant de monter sur les arbres pour l’opérer, a très-bien réussi; que c’est dans le dépar- tement de la Seine-Inférieure, à Criquetot- l’Esneval et à Saint-Romain-de-Colbosse, qu’elle a eu lieu. Au point de vue scienti- fique, ,1e résultat n’est pas indifférent; il montre que, à partir du jour où a lieu la fécondation, trois mois suffisent pour que la maturité soit complète, ce qu’on igno- rait et ce que Ton sait maintenant, grâce à notre collègue, M. Hauguel, à qui nous adressons des remerciments. — Ce ne sont pas seulement les Pêches qui présentent tous les degrés, quant à la ma- turation; il y a peu d’espèces fruitières chez lesquelles on ne puisse citer ces écarts. Dans notre précédente chronique, et comme tardiveté, nous avons mentionné la Pêche Salvay, dont la maturité se prolonge jusque dans la deuxième quinzaine d’octobre. Au- jourd’hui, nous avons à indiquer une Prune, la Tardive de Rivers, qui va plus loin. En effet, il n’est pas rare d’en voir encore sur les arbres dans le courant de novembre. Malgré cette extrême tradiveté, et contrairement à l’idée qu’on pourrait s’en faire, son fruit est d’une qualité tout à fait supérieure, eu égard à la saison dans laquelle il mûrit. C’est une Prune assez grosse, sphérique, à peau d’un beau violet bien pruiné, très- fortement sillonnée d’un côté, à chair non adhérente, pulpeuse, fondante, roux fauve, sucrée ; son noyau, fortement triquètre, est sensiblement sillonné. Somme toute, c’est un excellent fruit dont nous devons la connaissance^ un amateur émérite, M. Chré- tien, qui possède une des plus riches collee^ tion fruitières, dont un très-grand nombre de variétés sont peu connues ou même CHRONIQUE HORTICOLE. 444 complètement ignorées en France. Nous nous permettrons d’y puiser souvent. — Il vient de fleurir, puis fructifier dans une serre de l’École de médecine, à Paris, une espèce qui, paraît-il, fructifie commu- nément en Algérie, mais dont on n’a pro- bablement pas d’exemple en France. C’est un Carica gracilis, dont les fruits petits (environ 9 centimètres de long sur 5-6 de large) , obtus tronqués, légèrement anguleux , rappellent assez certains fruits de Cucurbi- tacées. Le fruit, porté par un pédoncule latéral, naît directement sur la tige, où il se tient horizontalement. Ce résultat est d’au- tant plus important qu’il pourra éclairer la structure des Papayers, encore si mal connue et dont une étude a déjà révélé à M. le pro- fesseur Bâillon des faits d’organisation des plus curieux et dont personne n’avait jamais parlé. — Afin de « rendre à César ce qui ap- partient à César, » notre collaborateur, M. Jean Sisley, nous informe que le procédé de M. Ragot-Dàvid, pour éloigner les guêpes, et dont nous avons parlé récemment (1), n’est pas nouveau, qu’il y a plus de dix ans que M. Van-Houtte l’a recommandé. Ceci d’ailleurs ne diminue en rien le mérite delà chose, si elle est bonne. Il nous dit aussi que le procédé de M. Emile Jürlg pour préserver ses Melons des courtilières (2) est employé par M. Alégatière « depuis plusieurs années » et qu’il a toujours réussi. Il en est à peu près de même pour la maladie des Tomates. D’après M. Sisley, un de ses amis qui, habite Bourgoing, s’en dé- barrasse en soufrant « dès qu’apparaissent les premiers symptômes de la maladie. » Nous ne mettons nullement en doute les faits signalés par notre ami, M. Sisley; nous lui ferons toutefois observer que ses révéla- tions nous suggèrent la remarque suivante, à nous qui connaissons sa passion du pro- grès : pourquoi donc, puisqu’il connaissait le moyen de faire disparaître des maux dont tout le monde se plaint, ne pas l’avoir publié plus tôt ? Mais d’une autre part, mieux que per- sonne, M. Sisley sait combien il est difficile de remonter à l’origine première des choses. (1) V. Revue horticole , 1878, p. 401. (2) Ibid., 1878, p. 403. Qui, par exemple, pourrait répondre que les personnes pour lesquelles il revendique la priorité ne tenaient pas, elles aussi, d’au- tres personnes la connaissance des procédés en question? N’oublions pas le nihil sub sole novum. — La mycologie, qui jusqu’à ce jour avait été considérée comme n’ayant qu’une impor- tance secondaire, vient d’entrer dans une nouvelle voie, grâce à des études plus ap- profondies qui ont montré tout l’intérêt qu’elle présente. Il est en effet facile de re- connaître que ce sont des petits que se for- ment les grands, et que plus tard ce sont encore ces petits qui réapparaissent pour détruire ce qu’ils avaient édifié : « A nous les mondes — leur a fait dire un savant. — Nous les avons commencés, nous les achè- verons. » Aussi l’étude des infiniment petits est-elle une des principales, puisque, à vrai dire, c’est elle qui constitue la science des infiniment grands. C’est donc avec plaisir que nous apprenons la fondation d’un organe tout particulier : la Revue mycologique , et avec un plaisir non moins grand que nous annonçons et saluons son apparition. L’auteur de cette publication, M. Roumeguère, « lauréat de plusieurs sociétés savantes, » est un champion du travail. Au journal qui comprendra la partie technique, c’est-à-dire scientifique, descrip- tive et historique, seront joints des exsiccata , c’est-à-dire des séries de plantes sèches qui, en complétant le journal, en seront la confirmation. Ces exsiccata , qui paraîtront par centuries, formeront chacun un fort volume au prix de 17 fr., rendu franco par la poste au domicile du souscripteur. Le but de l’auteur est nettement défini et indiqué dans ces lignes que nous extrayons de la circulaire-programme qu’il vient de publier : Dans le but d’encourager les recherches mycologiques et de permettre à leurs auteurs de les divulguer, j’ai projeté deux publications parallèles se complétant l’une par l’autre : la Revue mycologique et l’herbier naturel ou Ex~ siccata. Les amateurs de mycologie sont isolés ; peu se connaissent encore ; ils n’apprennent sou- vent que tardivement les publications et les découvertes de leurs confrères. Une revue pé- riodique semble devoir atténuer les inconvé- nients de cet isolement et venir en aide à la science. Mon recueil sera à la disposition de "VARIA. 445 tous ses abonnés ; il publiera leurs notes, ob- servations ou études. Je ne serai pas autre chose que l’éditeur de chacun dans la limite du cadre donné à la Revue. La chronique scienti- fique tiendra le lecteur au courant de tout ce qui s’écrira, se dira et se fera en mycologie, dans le monde savant, en France et à l’étran- ger. Un bulletin bibliographique rendra compte des ouvrages dont un exemplaire aura été en- voyé à la rédaction. L’époque de la publication de 1’ Exsiccata sera indéterminée. La Revue mycologique, au contraire, paraîtra plus régulièrement, à partir du 1er janvier 1879. L’abonnement est de 12 fr. par an, payables après la ré- ception du premier trimestre. Les demandes d’abonnement peuvent être adressées à M. G. Roumeguère, 37, rue Riquet, à Toulouse, ou à MM. J. -B. Baillère et fils, 19, rue Hautefeuille, à Paris. — Après avoir signalé l’extension conti- nuelle de la maladie des Tomates, nous croyons devoir appeler l’attention sur ce sujet et poser cette question : « Y a-t-il un remède efficace à appliquer à ce mal ? » Nous le croyons ; il nous semble même indiqué par la nature du mal, quelle qu’en soit la cause. Gomme elle est toujours très- intimement liée à l’effet et que c’est tou- jours de celui-ci qu’on souffre, c’est à peu près toujours à lui qu’il faut s’en prendre. Or, dans cette circonstance, cet effet se manifeste sous la forme de parasites végé- taux, et tout le monde sait que la fleur de soufre les détruit presque tous. Déjà on a pu voir (1) que la chaux en poudre peut atténuer la maladie. Comment? De deux manières probablement : par son action corrosive et alcaloïde, puis et surtout parce que, réduite en poudre impalpable, elle s’insinue partout l’épiderme, en bouche les pores et empêche ainsi les micodermes de naître ou du moins de s’étendre. L’action, dans ce cas, est donc double : chimique et tout particulièrement mécanique. Le soufre nous parait devoir encore être plus efficace pourtant. Quelques personnes ont prétendu n’avoir obtenu aucun résultat avec son emploi ; cela se peut et n’a rien même qui puisse nous étonner : un remède quel- conque ne peut agir que s’il est donné à propos. Il y a plus : c’est 'préventivement que l’on devrait l’appliquer , arrêter la cause pour empêcher l’effet de se produire. Dans cette circonstance, on est d’autant plus autorisé à agir ainsi, que ce traitement préventif ne peut être que favorable aux plantes. Voici donc comment nous conseillons d’opérer : soufrer ou chauler la graine, puis le jeune plant, même en pépinière ; faire de même deux autres fois : d’abord quand les plantes sont mises en place et commen- cent à pousser, puis à l’époque de la flo- raison, et chaque fois les soufrer très-forte- ment. Nous avons la conviction, ou mieux la quasi-certitude qu’en opérant ainsi on pour- rait préserver ses Tomates. Aussi ne sau- rions-nous trop engager tous nos collègues à employer le procédé dont nous venons de parler. — Les travaux de déménagements au Champs-de-Mars et au Trocadéro se pour- suivent activement. Dans les galeries, la plupart des objets sont enlevés. Au dehors, on voit çà et là des massifs bouleversés. Partout, enfin, l’image de l’agonie ou même de la mort. Au milieu de ce désordre, de cette sorte de « sauve qui peut, v on voit des plantes arrachées et mises à part : ce sont celles achetées par la commission de la loterie na- tionale. On réunit . maintenant toutes ces plantes, qui vont être transportées au palais de l’Industrie, où elles serviront à la con- fection de lots qui viendront s’ajouter et se mêler aux milliers d’autres lots consistant en objets aussi différents par leur nature que par leur valeur. Les achats de plantes faits par la commis- sion spécialement chargée de cette partie dépassent 180,000 fr. E.-A. Carrière. VARIA Les Géraniums et les serpents. — D’a- près une feuille anglaise, il paraîtrait que, (1) V. Revue horticole, 1878, p. 424. dans l’Afrique méridionale, on a reconnu au Géranium la propriété d’éloigner les ser- pents. On sait que ses fleurs ne sentent CHAUFFAGE YEN OEUVRE* 446; presque rien, mais qu’en revanche le feuil- lage, de certaines espèces surtout, dégage une odeur très-pénétrante, et que celui-ci contient une huile volatile désagréable et même funeste à ces reptiles. Un mission- naire habitant le pays des Gafres, profitant de cette propriété du Géranium, a formé une plantation de cette espèce tout autour de sa demeure, et c’est, selon lui, par ce simple cordon végétal qu’il a réussi à se préserver de la visite de ces hôtes aussi redoutables qu’incommodes. Des Pêches en Amérique. — A propos des Pêches que l’on peut voir actuellement au Champ-de-Mars, à l’exposition des pro- duits agricoles des États-Unis, nous pen- sons qu’il ne sera pas sans intérêt de rappeler quelques chiffres que nous trou- vons consignés dans une statistique offi- cielle publiée sur la culture de ces arbres dans les États de FUnion américaine. L. G. « Le Pêcher prospère admirablement en plein air dans les États qui sont situés au sud du 42e degré de latitude nord et jusqu’à une altitude supramarine de 9,000 pieds ; mais ses chances de réussite diminuent à mesure qu’on s’éloigne au nord du 40e de- gré. Ge sont surtout les péninsules Chesa- peake et Delaware qui, par leur sol et leur climat, paraissent le mieux convenir à cette culture : on estime à cinq millions le nombre de Pêchers de tous les âges plantés sur une superficie d’environ 5,000 acres (20,000 hec- tares environ) située dans la localité cir- conscrite par Chesapeake, Delaware, Bran- dywine et le cap Charles. Le rapport officiel évalue à 2,456,876 le nombre de baskets de Pêches fraîches exportées dans les di- verses parties des États de l’Union ; en y comprenant 543,124 baskets transportés par eau, le chiffre total s’élève à trois mil- lions de baskets. Tous ces fruits ne sont pas consommés à l’état frais; douze fabri- ques de conserves sont établies sur les territoires de l’État de Delaware et du Ma- ryland ; il en sort annuellement plus d’un million de boîtes de fruits conservés. Cette CHAUFFAGE L’abaissement de la température, en né- cessitant un supplément de calorique à l’in- (1) Charles de Vendeuvre, constructeur de chauf- fages, 27, avenue d’Argenteuil, à Asnières (Seine). culture est donc pour ces localités la ' branche d’industrie la plus productive, et l’on prévoit qu’avant peu la récolte moyenne annuelle pourra s’élever à dix millions de baskets, qui trouveront un facile débouché dans les États de la Pensylvanie, New- York et la Nouvelle-Angleterre. » Nouveau remède contre V hydrophobie. — Sous cette rubrique, le Journal of applied sciences publie un article que nous reproduisons textuellement. L. C.: « Nous apprenons que dans l’ile de Sala- mine (Grèce), les religieux du couvent de Phanesomane ont découvert un nouveau remède contre la rage. Ce spécifique con- siste en une sorte de poudre préparée avec la racine du Marsdenia erecta, mélangée par parties égales à diverses sortes de Mylabris et à la mouche cantharide ordi- naire, qui possède les mêmes propriétés- curatives. Après avoir préalablement cauté- risé la plaie des personnes mordues, ce remède leur est administré à l’intérieur. » : Il va sans dire que nous ne nous portons nullement garant de l’efficacité de ce re- mède si recherché, et nous souhaitons qu’elle soit plus vraie que celle du Xan- thium spinosum , qui n’a malheureusement pas réalisé les espérances qu’on en avait conçues. Les Pastèques au point de vue indus- triel. — On nous annonce qu’en Californie une société de négociants vient de s’y fonder, en vue d’établir une usine où l’on extrairait sur une vaste échelle le sucre, l’alcool et l’huile alimentaire contenus dans les Pastèques ou Melons d’eau, qui réussis- sent admirablement sous ce climat. Malgré les doutes qu’élèvent certains chimistes contre le succès de l’entreprise, ces mes- sieurs déclarent qu’ils pourront extraire 10 p. 100 de sucre du jus des Pastèques, une certaine quantité d’alcool de la pulpe et de l’écorce, et de plus 25 p. 100 environ d’huile alimentaire de leurs graines. PUVILLAND. ( Gardner’s Chronicle, 28 septembre 1878.) /TODEUVRE (1) térieur des serres, à l’Exposition du Champ- de-Mars, a permis d’apprécier la valeur des chauffages qui avaient été établis et dont,- jusque-là, on n’avait pu se rendre compte. CHAUFFAGE VENDEUVRE. 447 Des divers systèmes installés, il en est un surtout qui, jusqu’ici, nous paraît avoir été mal jugé : c’est le chauffage de M. Ven- deuvre, installé au groupe des serres cons- | truites par M. Grenthe (1). | Nous venons de dire que ce chauffage est I mal connu ; pourtant nous devons ajouter : j en général, car il est quelques établisse- ! ments ôù il est installé, notamment chez M. Yallerand, horticulteur à Bois-de-Co- lombes (Seine), et tout à côté chez M. Le- maître, maraîcher-primeuriste à Asnières, où ce chauffage fonctionne admirablement. Sous ce rapport, l’on ne pourrait objecter de la compétence des propriétaires qui, du reste, désintéressés dans la question de fond, ne jugent que par les résultats, ce qui, dans les choses d’économie pratique, est le seul moyen d’apprécier la véritable valeur. N’ayant pas à juger le système sous le rapport de la solidité, laquelle, du reste, est hors de doute, nous allons apprécier les résultats que nous avons constatés à l’Expo- sition universelle. Les serres de M. Grenthe, qui étaient cer- tainement les plus importantes de l’Exposi- tion, formaient un ensemble d’environ 1,000 mètres carrés de surface, et étaient chauffées par un seul appareil Yendeuvre, dont la figure 89 représente une coupe. Mal- gré une aussi grande masse d’air à échauf- fer, il était facile, et cela sans aucun abri sur les vitres, d’y entretenir une tempéra^ ture de 20 à 30 degrés. Tous les tuyaux sont 'U Fig. 91. — Bouts de tuyaux avant l’introduction du caoutchouc. Fig. 92. — Coupe des deux tuyaux emmanchés l’un dans l’autre et revêtus du caoutchouc. Fig. 90. — Raccords en fonte pour la pose des tuyaux. en fonte, sans aucune partie de cuivre, même dans les endroits les plus irréguliers, grâce aux nombreuses pièces ou bouts-rac- cords en T, coude simple, double, arrondi ! ou à angle droit ou aigu, à T simple ou à T double, etc. (fig. 90). Quant aux jonctions, elles se font au moyen de soudure ou à l’aide de rondelles ou anneaux en caoutchouc qu’on met autour du tuyau le plus petit, dit tuyau mâle , que l’on recouvre ensuite avec le tuyau dont l’ouverture plus large, dite fe- melle. fait pression sur lui (fig. 91 et 92). Cette pose, qui se fait instantanément, est non seulement une économie de main- d’œuvre ; car, outre l’avantage qu’elle a de ne jamais fuir, elle a encore cet autre de (1) Grenthe, constructeur de serres et jardins d’hiver en fer, à Pontoise (Seine-et-Oise). pouvoir être pratiquée par tout homme, même le plus étranger au métier. Voici comment M. Vendeuvre explique ce mode d’ajustage : Tuyaux à pose rapide en fonte mince, à joints élastiques, sans brides ni boulons, pour con- duite d’eau sous pressions de deux atmos- phères. Rapides : il suffit, en se servant des deux mains, d’ajuster une bague en caoutchouc sou- ple à l’extrémité du bout mâle du tuyau, de l’enfoncer dans le bout femelle, et le joint est fait. Élastiques : ils n’opposent aucune résistance à la libre dilatation des tuyaux et ne peuvent ja- mais être brisés par un choc. Parfaitement étanches : ils résistent à des pres- sions de 20 mètres. En appelant l’attention sur le chauffage 448 UNE MAUVAISE HERBE, MAIS TRÈS-BONNE PLANTE DÉCORATIVE. fabriqué par M. Yendeuvre, notre but est tout simplement de faire connaître une bonne chose. Du reste, avant tout, le but que poursuit M. Yendeuvre est le progrès, et, sans aucun parti pris, il est toujours dis- posé à reconnaître et à accueillir ce qui est bon. Dans le passage suivant, que nous croyons devoir publier, M. de Yendeuvre fait appel à l’expérience qui, dans ces sortes de circonstances, est le seul critérium à invoquer. Quant à la description de ses ap- pareils, elle ne pourrait être mieux faite que par lui-même : Convaincu dit M. de Yendeuure, que des essais peuvent seuls permettre d'apprécier d'une manière certaine la valeur des divers ap- pareils de chauffage proposés aux horticulteurs, j'aurai toujours des chaudières à la disposi- tion des constructeurs ou amateurs qui vou- dront faire de sérieuses expériences compara- tives. Si les grilles ne se nettoient pas au fur et à mesure de la combustion, V alimentation con- tinue est dérisoire . Les grandes surfaces de chauffe, les longs parcours de gaz permettent seuls de réaliser de sérieuses économies de combustible. Mes appareils en tôle rivée se recommandent : 1° Par la solidité de leur construction, avan- tage inappréciable qu’ils ont sur les chaudières en cuivre, appelées fatalement à disparaître ; 2° Par leurs grandes surfaces de chauffe : 40 décimètres carrés pour i kilo de houille devant être brûlé à l’heure ; 3° Par leurs longs parcours de gaz ; 4° Enfin et surtout par la disposition de leurs foyers. Ces foyers, destinés à brûler à combustion moyenne, se distinguent des autres par la dis- position de leurs grilles inclinées en forme de Y, et surmontées d’un réservoir à combustible. De cette disposition il résulte que le com- bustible, qui diminue de volume en brûlant sur la grille, poussé par le combustible du réser- voir, glisse ; ce glissement détermine les cendres à tomber ; les grilles sont donc toujours pro- pres, sans qu’il soit nécessaire de tisonner. Le combustible du réservoir remplace le com- bustible brûlé, de manière à entretenir cons- I tante la couche de combustible incandescent et rayonnant : la main-d’œuvre du chauffeur de nuit se trouve ainsi supprimée. Les cendres tombant au fur et à mesure de leur formation, les mâchefers, qui ne sont autres que des cendres vitrifiées, n’ont plus leur raison d'être. Le foyer s’alimentant par le fait du gbssement du combustible sur la grille, sa tem- pérature ne sera pas abaissée ; son rayonnement ne sera jamais supprimé par la charge. Le réservoir et le cylindre dans lesquels se dégagent les gaz de la combustion étant entou- rés d’eau, leur durée sera ilhmitée, et leurs surfaces deviendront surfaces de chauffe. Le cylindre ou les tubes placés au-dessus du foyer, dans lesquels se dégagent les gaz de la combustion, débouchent dans une boîte à fumée complètement entourée d'eau. J'évite ainsi la perte de chaleur qui se produit dans les ap- pareils où la flamme vient frapper une plaque dx métal en contact avec l'air extérieur . Sur mes grilles, l’épaisseur de la couche de ! combustible incandescent est au maximum de ' 15 centimètres. La combustion s’opère à feu ! clair flambant , ce qui est de beaucoup préfé- rable aux combustions sombres, que fournissent en général les couches épaisses de combustibles accumulés sur les grilles des appareils à ali- mentation continua. Or, tout le monde doit savoir que, dans ce cas, une partie du combus- tible se consume sans transmettre au foyer la moindre parcelle de chaleur. E.-A. Carrière. UNE MAUVAISE HERBE MAIS TRÈS-BONNE PLANTE DÉCORATIVE Tout, dans la nature, étant relatif, il n’est rien qui ne soit ou qui ne puisse être qua- lifié tout à fait contradictoirement, qui ne soit à la fois « bon » et « mauvais. » Nous n’essaierons pas de faire cette démonstra- tion qui, du reste, est à la portée de tous ; les sujets ne manquent pas, puisque tout ce qui existe peut en servir. La plante dont il va être question, la Pariétaire, en fournit un exemple frappant, d’autant meilleur que, connue à peu près de tout le monde, elle est regardée comme une véritable « mauvaise herbe, » bien que pourtant, au point de vue médical, il n’en soit déjà plus ainsi, puisque, dans ce cas, elle peut rendre et rend, en effet, d’émi- nents services, et peut même déjà être con- sidérée comme une > Je n’ai pas encore vu mentionner l’emploi de ses feuilles comme salade. Je présume, d’après une expérience de deux années, que cette plante sera plus rustique que je ne l’avais d’abord pensé. Son principal inconvénient, au point de vue de la culture, est la facilité avec laquelle elle laisse tomber ses graines à peine mûres. Peut-être pourrait-on obvier à ce défaut en coupant les tiges avant cette époque et en aissant la maturation s’accomplir dans l’in- térieur d’un local. L’année dernière, mes graines sont arrivées à maturité sur pied, malgré les premières glaces qui sont sur- venues de très-bonne heure ; cette année, j’ai récolté il y a déjà quinze jours (vers le 15 octobre) celles d’un pied qui s’était semé spontanément sur le sol battu d’une allée. Dans mon premier semis s’est trouvé un seul sujet offrant les caractères d’une variété bien tranchée, du moins quant à la couleur : il a présenté dès sa naissance une teinte d’un carmin violacé très-prononcé sur toutes ses parties, moins foncé cependant que chez son frère le Périlla de Nankin. J’ai envoyé les graines provenant de ce pied unique à mon obligeant ami, M. P. de Mortillet. Comte de Castillon, De la Société des éludes japonaises. DES EUCALYPTUS La réputation des Eucalyptus n’est plus à faire aujourd’hui ; les divers essais qui ont été tentés d’abord, puis les immenses plan- tations exécutées partout où le climat le permet ont résolu la question de la manière la plus évidente. Disons toutefois qu’il en est du genre Eucalyptus comme de tous les autres : qu’il renferme des plantes qui diffèrent du tout au tout, comme dimen- sions, comme valeur, non seulement par le bois, mais par les propriétés qu’elles renferment; aussi l’étude de ces espèces est-elle du plus grand intérêt. Un amateur bien connu, et comme mal- heureusement il y en a peu, le prince Pierre Troubetskoy, qui s’occupe tout par- ticulièrement de ces recherches et qui, sous ce rapport, a déjà fait connaître des résul- tats des plus importants, avait exposé au Champ-de-Mars une collection très-intéres- sante et qui nous paraît avoir été très-mal appréciée par le jury, qui ne lui a accordé qu’une « mention honorable » qui, ici, et contrairement au mot, ne nous paraît avoir rien eu d’honorable, quant à la récompense du moins, qui semblait indiquer que la chose à laquelle elle s’appliquait était à peu près dépourvue d’intérêt, ce qui pourtant n’était pas. Cette collection, de trente-sept espèces, méritait, au contraire, non seulement une ré- compense plus élevée, mais elle méritait sur- tout d’occuper une place d’honneur et d’être accompagnée d’une pancarte indiquant la valeur multiple de ces plantes, afin d’attirer l’attention et de les faire remarquer parti- culièrement du public. En effet, de tous les genres de plantes introduites dans le cours des derniers siècles, aucun, certainement, n’est comparable à Y Eucalyptus, soit au point de vue forestier, soit au point de vue hygiénique, soit au point de vue industriel et économique, et même médical. Ce sont là des faits aujourd’hui bien connus, et qui de tous points justifient nos dires relativement à l’importance des Eucalyptus. Ce n’est pas seulement au point de vue de la croissance, de la vigueur et de la rus- ticité que M. le prince Troubetskoy recom- mande ces plantes ; en les faisant analyser dans leurs diverses parties, il a pu recon- naître que YEucalyptus amygdalina est de toutes les espèces la plus riche en pro- priétés chimiques; aussi, au point de vue médical, hygiénique et même industriel, la considère-t-il comme une des plus recom- mandables ; elle Test d’autant plus qu’il a reconnu que c’est aussi l’une des plus vi- goureuses et des plus rustiques. Ainsi, au sujet de cette espèce, il a écrit : UE. amygdalina n’est pas seulement une espèce des plus rustiques ; c’est aussi celle dont la croissance est la plus rapide. Chez moi, au lac Majeur (Italie), des sujets semés en ter- rine et repiqués à l’age de six mois ont, en huit ans, atteint 17 mètres de hauteur sur lm 40 de circonférence à 1 mètre du sol. Cette LES CATALOGUES. espèce vient aussi bien dans les terrains hu- | mides que sur des talus secs. Depuis trois ans elle fructifie chez moi, et déjà j’ai pu donner un bon nombre de sujets à des personnes qui m’en avaient demandé. Quant à ses feuilles, elles contiennent quatre fois plus d’huile vo- latile que celles de VE. globulus , qui pour- tant en contiennent beaucoup. C’est assuré- ment, selon moi, l’espèce qui est appelée à jouer le rôle le plus important dans toutes les parties de l’Europe. A ceci nous ajoutons : 1° que, au point de vue forestier, les Eucalyptus ont un avenir immense, puisque, par suite de leur tempérament, elles peuvent vivre dans des climats secs et chauds, là où peu d’autres végétaux pourraient croître ; 2° que le bois est très-résistant et tenace, et que de nom- breuses expériences ont démontré que sous ce rapport il est infiniment supérieur au Chêne; 3° que ses propriétés hygiéniques sont telles que des plantations à’ Eucalyp- tus ont pu changer complètement la nature de certains climats qui, d’insalubres ou inha- bitables, ont été transformés en pays très- 457 sains et. exempts de maladies qui s’oppo- saient à leur habitabilité. Aussi ne saurions-nous trop répéter que l’exposition de M. le prince Troubetskoy, au Champ- de-Mars, était des plus im- portantes et méritait beaucoup mieux que ce que le jury lui a accordé, d’autant plus que cette collection était une des plus complètes de celles qu’on avait vues jus- qu’ici. Voici la liste des espèces que comprenait la collection dont nous parlons : Eucalyptus maculata , coccifera, West australia,species, Cunninghami , Lambex , resinifera , cornuta , fissilis, marginata, bicolor , Brodleanum rostrata, piperita , corynæcalix , piperita glauca , tomerdosa glauca, calophylla, trachyplaca amyg- dalina (Vilmorin), amygdalina vera (1), colossea, diversicolor , viminalis , inge- noïdes , obliqua , Risdonii , Gunnii , glauca pendula, paniculata, undulata, popul- nea, populnea spec. coriacea. E.-A. Carrière. LES CATALOGUES Ch. Verdier, horticulteur, rue Baudricourt, 28, à Paris. Outre les collections aussi nom- breuses que variées de Rosiers greffés ou francs de pied qu’il est en mesure de livrer, vient de mettre au commerce une variété nouvelle, qu’il nomme Mme Pierre Oger. Elle appartient au groupe des Iles-Bourbon et forme un « arbuste vigoureux, à rameaux droits ; feuil- lage vert clair ; fleurs moyennes ou grandes, pleines, globuleuses, blanc légèrement crémé ; pétales jaspés et bordés extérieurement de rose tendre lilacé ; coloris entièrement nou- veau. » — Moser, horticulteur-pépiniériste, rue Saint- Symphorien, à Versailles. Catalogue pour 1878-1879. Arbres, arbrisseaux et arbustes fruitiers, forestiers et d’ornement. Culture sur une très-grande échelle de plantes de terre de bruyère, telles que Rhododendrons, Kalmias, Azalées à feuilles caduques, pontiques et mollis , Azalées de l’Inde. Spécialités : Magno- lias, Rosiers, Conifères, plantes grimpantes de pleine terre et de serre, Fougères de pleine terre. Plantes vivaces rustiques, plantes de serre. Assortiment de plantes à feuillage orne- mental particulièrement cultivées pour la déco- ration des appartements. On trouve là aussi des arbres d’alignement de diverses forces, ainsi que des arbrisseaux et arbustes cultivés en panier et pouvant être plantés pendant toute l’année. — Chantrier frères, horticulteurs à Morte- fontaine, par La Chapelle-en-Serval (Oise). Culture d’arbres fruitiers, forestiers et d’orne- ment de différents âges et de diverses formes. Rosiers greffés et francs de pied. Collection de Conifères en pots, en paniers ou en mottes, suivant la nature et la force des sujets. Cul- tures en grand de plantes particulièrement propres à la décoration des appartements. Col- lections et spécialités pour les serres tempé- rées, serres chaudes, jardins d’hiver, etc. Plan- tes dites de terre de bruyère, Rhododendrons et Azalées de pleine terre, Camélias. Spécialités : Palmiers et Cycadées, Dracænas, Bromélia- cées, Fougères et Lycopodes, etc. Culture spéciale d’ Ananas dans les meilleures variétés, de diverses forces et de divers âges, etc. — Ch. Huber et Cie, horticulteurs à Hyères (Var). Catalogue général pour 1878-1879, for- mant deux séries : l’une propre aux graines qui, partagées en sections, comprennent les suivantes : introductions nouvelles ; plantes annoncées pour la première fois ; plantes an- nuelles, grimpantes annuelles ou autres; graines de plantes vivaces, potagères et industriel- les, etc.; graines d’arbres et d’arbustes, de Cucurbitacées, d’oignons à fleurs, etc. (1) D’après M. le prince Troubetskoy, il y a deux formes d’ Eucalyptus amygdalina , et celle-ci serait bien préférable à celle qu’on rencontre communé- ment dans le commerce. 458 A PROPOS DE L’EXPOSITION. Dans la deuxième série, qui comprend les plantes, citons : les Musa ensete et Livingsto- niana , les Palmiers, Dracænas, Orangers et Citronniers, Grenadiers, Bambous, Lauriers- Roses, Bégonias tubéreux, plantes aquatiques, Cannas, etc., etc. — Dans la partie qui a rap- port aux graines se trouve une erreur que nous devons signaler ; elle porte sur le Reana luxurians ou Téosinté (Euchlœna mexicana), mais non Tripsacum monostachyum , qui est une tout autre plante qu’il ne faut pas con- fondre avec le Reana. — Dans les « nouvelles introductions » se trouvent les Erysimum pulchellum , Gymnolomia Porteri, Melia flo- ribunda et Salvia Schimperi , sur lesquels nous reviendrons. — Jonkindt-Coninck, horticulteur à Tot- tenham - Dedems waart - lès - Zvoole (Pays-Bas) , publie une circulaire spéciale à un certain nombre d’espèces particulières qu’il peut four- nir en très-grandes quantités , telles que Conifères en pots ou en mottes, suivant la force, des arbres fruitiers, des Cyclamen , Diclytra, Hydrangea paniculata , Rosiers mousseux, Spirfëa divers, entre autres le Spiræa palmata elegans. Le catalogue géné- ral sera envoyé franco aux personnes qui en feront la demande. A PROPOS DE' L’EXPOSITION Tout récemment, en parlant des décora- tions accordées à la suite de l’Exposition et en témoignant des regrets que M. Vilmorin (Henry) n’ait pas obtenu cette distinction, nous faisions remarquer, outre ses mérites personnels, qu’il avait pris une part très- active à l’organisation de cette Exposition et, d’une autre part, que la maison dont il est un des principaux membres s’était par- ticulièrement distinguée par ses apports. Nous croyons devoir justifier nos dires, d’abord et surtout afin de servir d’exemple plus tard et de constater ce fait qui, dans l’avenir, pourrait servir de terme de com- paraison. Première série. — Du D r au 15 mai. Fleurs. Un lot de plantes de pleine terre à fleurs variées. — Un lot de Pensées à grandes macules et diverses autres variétés. — Un lot de Primevères auricules. — Un lot de Prime- vères des jardins. — Un lot de Primevères du Japon. — Un lot de Réséda pyramidal. — Un lot de Cinéraires hyprides en 50 pieds. — Un lot de Cinéraires hybrides en 25 pieds remar- quables par la perfection de leurs formes et des coloris. — Un lot de Cinéraires hybrides blanches. — Un lot de Cinéraires hybrides bleues. — Un lot de Cinéraires hybrides rouges. — Un lot de Cinéraires hybrides à grandes fleurs naines. — Un lot de Calcéo- laires hybrides variées. — Un lot de Calcéo- laires hybrides naines variées. Légumes. Une collection de Laitues, Poi- reaux, Radis. — Total 15 lots. Deuxième série. — Du 16 au Si mai. Fleurs. Un lot de Galcéolaires hybrides va- riées. — Un lot de Calcéolaires hybrides naines variées. — Un lot de Calcéolaires hybrides rugosa variées. — Un lot de Mimulus cupreus variées. — Un lot de Schizanthus , variétés de diverses formes et espèces, la collection entière. — Un lot de plantes annuelles va- riées. — Un lot de plantes vivaces variées. — Un lot d’Ancolies variées, de diverses formes et espèces, la collection entière. Légumes. Un lot de Champignons cultivés sur meules portatives, etc — Un lot de Radis hâtifs, collection complète, y compris les Raves, 23 variétés. — Un lot de Laitues et de Romai- nes. Toute la collection en 50 variétés. — Total 11 lots. Troisième série. — Du 1^ au i5 juin. Fleurs. Un lot de plantes annuelles ou her- bacées de pleine terre. — Un lot de plantes vivaces de pleine terre. — Un lot de Coque- lourdes et de Viscaria , variétés. — Un lot de Chrysanthèmes à carène, variétés. — Un lot de Capucines grandes et naines (la collection). — Un lot de Pavots en collection. — Un lot de Coquelicots en collection. Légumes. Pois, collection de 46 variétés cultivées en pots. — Un lot de Fèves, collec- tion de 12 variétés cultivées en pots. — Une meule de Champignons cultivés sur meule por- tative. — Total 10 lots. Quatrième série. — Du 16 au 30 juin. Fleurs. Un lot de plantes vivaces de pleine terre. — Un lot de plantes annuelles de pleine terre. — Un lot de Pentstémons hybrides à grandes fleurs. — Un lot de Giroflées en col- lection, 40 variétés. — Un lot de Clarkia , espèces et variétés réunies en collection. Légumes. Un lot de Chicorées et de Scarolles réunies en collection, 15 variétés. — Un lot de Laitues et Romaines réunies en collection, 40 variétés. — Un lot de Radis et Raves hâtifs, 22 variétés. — Une meule de Champignons por- tative. — Un lot de Choux hâtifs, etc. — Total 10 lots. A PROPOS DE L’EXPOSITION. 459 Cinquième série. — Du fer au 15 juillet. Fleurs. Un lot de Pétunias simples et dou- bles. — Un lot de plantes vivaces de pleine terre. — Un lot de plantes annuelles de pleine terre. — Un lot d’Œillets de Chine. — Un lot de Rhodanthe , etc. — Un lot de Pervenches de Madagascar. — Un lot de Capucines. — Un lot de Réséda pyramidal. Fleurs coupées. Un lot de Giroflées en col- lection, 40 variétés. — Un lot de Pied- d’alouette en collection. — Un lot de Phlox de Drummond. — Collection de nouveautés. Légumes. Un lot de Laitues et Romaines, 30 variétés. — Un lot de Chicorées et Scarolles, 15 variétés. — Un lot de Radis hâtifs, 20 va- riétés. — Un lot de Choux hâtifs en collection. — Un lot de Champignons (petite meule). Fleurs nouvellement introduites.. Un lot de Linaria reticulata , Lobelia erinus pumila duplex , Scabiosa major flore pleno albo , Campanula spéculum procumbens, Campa- nula spéculum flore pleno et Loasa Vul- canica. — Total 15 lots. Sixième série. — Du 16 au 31 juillet. Fleurs. Un lot de plantes annuelles et vivaces réunies en collection. — Un lot d’Œillets de la Chine. — Un lot de Pentstémons hybrides à grandes fleurs. — Un lot de Phlox de Drum- mond, 12 variétés. — Un lot de plantes grim- pantes annuelles. — Un lot d’Humea elegans et sa variété à fleur blanche. — Un lot de Lilium auratum. — Une collection de Lis, en permanence. Légumes. Un lot de Fèves en cosses coupées, 22 variétés. — Une collection de Radis et Raves hâtifs, 23 variétés. — Une collection de Choux hâtifs, 20 variétés. — Une collection de Carottes hâtives, 9 variétés. — Une collection de Laitues et Romaines, 45 variétés. — Une collection de Chicorées et Scarolles, 15 variétés. — Une meule portative de Champignons. — Total 15 lots. Septième série. — Du 4er au 15 août. Fleurs. Une collection de Glaïeuls en fleurs coupées. — Un lot de plantes annuelles réunies en collections. — Un lot d’ Amarantes Crête- de-Coq et Amarantes à feuillage et à panache. — Un lot de Capucines naines. — Un lot de Balsamines-Camélias variées.. — Un lot de Lis doré du Japon. — Une collection de Zinnias à fleurs doubles. — Légumes. Un lot de Haricots (cultivés en pots). — Un lot de Radis, Choux, Oignons, Melons, Carottes, Cressons, Champignons, etc. — Total 9 lots. Huitième série. — Du 16 au 31 août. Fleurs. Un lot de plantes annuelles et vivaces réunies en collection. — Une collec- tion de Reines-Marguerites. — Un lot de Glaïeuls en collection, fleurs coupées. — Un lot de Lis dorés du Japon. Légumes. Une collection d’Oignons, de Poi- rées, Radis, Chicorées et Scarolles. — Total 5 lots. Neuvième série. — Du Ie r au 15 septembre. Fleurs. Plantes annuelles et vivaces réunies en collections. — Un lot de Reines-Margue- rites en collections. — Un lot de Zinnia ele- gans à fleurs doubles. — Un lot d’ Amarantes à feuillage, panache et à crête. — Un lot de Lis dorés du Japon. Légumes. Une collection de Radis hâtifs, Chicorées et Scarolles, Oignons, Betteraves potagères, Tomates, Maïs sucré, Poirée, etc. — Total 6 lots. Dixième série. — Du 16 au 30 septembre. Fleurs. Un lot de plantes annuelles va- riées, réunies en collection. — Un lot de Gy- nérium argenteum. — Un lot d’ Asters vivaces de semis. Fleurs coupées. Un lot de Dahlias. — Un lot de Zinnias. Légumes. Un lot de légumes se composant de la collection de Courges, de Radis et de Raves, Oignons, Betteraves potagères, Chicorées et Scarolles, Carottes potagères, Piments, To- mates, etc. — Total 6 lots. Onzième série. — Du fer au 15 octobre. Fleurs. Un lot de plantes annuelles et vi- vaces réunies en collection. — Un lot de Tri- toma Macovanii. Espèce nouvelle. Légumes. Une collection de Pommes de terre. — Une collection de Choux pommés et de Choux frisés, 64 variétés. — Une collection de Radis et Raves, de Chicorées et Scarolles, de Courges et Coloquintes, de Carottes, de Betteraves potagères, de Piment, de Tomates. — Total 5 lots. Douzième série. — Du 16 au 31 octobre. Fleurs. Un lot de plantes de pleine terre annuelles et vivaces. Légumes. Une collection générale de lé- gumes de la saison. — Un lot de 50 variétés les plus généralement cultivées. — Un lot de 25 variétés les plus généralement cultivées pour approvisionnement des marchés. — Un lot de légumes nouveaux ou peu répandus. — Une collection de Cucurbitacées, de Navets, de Radis, de Carottes, de Betteraves,' de Choux pommés, de Chicorées et Scarolles, de Pa- nais, etc. — Total 5 lots. Exposition du quai d’Orsay. Outre les collections des graines de plantes ligneuses, économiques, fourragères, fores- tières, etc., les mieux choisies et étiquetées 460 EVONYMUS JAPONICA CRISTATA VIRIDIS ET CRISTATA YERSICOLOR. avec le plus grand soin, une très-nornbreuse collection de Cônes, etc., plus les collections des racines, telles que : Betteraves à sucre, Betteraves fourragères; Carottes fourragères, Navets fourragers, etc. ; Plus trois pelouses de gazon dont en pre- mière ligne celle du milieu du Champ-de-Mars qui, malgré qu’elle ne contenait pas de Trèfle, a fait l’admiration de tout le monde. On doit encore à la générosité de M. Henry Vilmorin les diverses bandes de gazon qui ornaient l’exposition des animaux sur l’espla- nade des Invalides à partir des mois de mai et juin. Si à tous ces concours , comprenant 77 lots, tous trqs-nombreux, très-beaux et relativement complets, nous ajoutons que M. Vilmorin faisait partie de la commission d’installation delà classe 46, où comme tou- jours il a prodigué son temps et son activité, on reconnaîtra combien étaient fondés les regrets que nous avons exprimés et que nous maintenons. E.-A. Carrière. EVONYMUS JAPONICA CRISTATA VIRIDIS ET CRISTATA VERSICOLOR Commençons par expliquer pourquoi ce nombre de qualificatifs que nous employons ici, quand en général nous sommes opposé à cette manière de procéder, susceptible, après avoir jeté la confusion dans les mots, de la déterminer dans les choses. C’est précisément pour éviter cette confusion que nous devons faire les quelques observations suivantes : D’abord, ayant averti qu’il s’agit de 1 ’Evonymus Japonica, ce qualificatif peut être supprimé; reste donc cristata viridis et cristata versicolor, qui, peut-on dire, s’expliquent d’eux-mêmes par le seul fait de l’énoncé. Ces deux variétés sont des plus remarquables, aussi singulières qu’elles sont jolies et ornementales ; elles provien- nent de Y Evonymus Japonica variegata aurea , introduit directement du Japon, il y a déjà un bon nombre d’années. C’est cette forme si remarquable par ses ra- meaux, d’un très-beau jaune luisant, munis également de feuilles jaunes, mais qui reviennent très-facilement au vert, ainsi que les rameaux. Notons aussi que cette plante est relativement très-rustique. Une particularité qu’elle présente très-fré- quemment, c’est de donner des bourgeons fasciés qui, très-courtement arrêtés, s’élar- gissent et donnent des feuilles très -ser- rées qui, sur cette extrémité élargie et un peu contournée, simulent un peu les in- florescences en crête de coq de l’Amarante qui, pour cette raison, a reçu le qualifi- catif cristatus. La cristature est d’autant plus sensible que les feuilles, relativement courtes, ont une grande disposition à se contourner. Tout en présentant ces crista - tures , cette variété n’en est pas moins inconstante dans sa panachure, de manière que les plantes présentent sur le même pied des cristatures vertes et d’autres pana- chées, et comme d’une autre part les pana- chures présentent également deux nuances très-diverses, jaune foncé et jaune très- pâle ou blanchâtre, il en résulte que les plantes offrent un coup d’œil des plus pitto- resques et des plus élégants. Et comme, d’une autre part encore, les rameaux sim- ples, qui s’allongent plus que les rameaux gros, courts et souvent fasciés, présen- tent également les nuances vertes et jaunes à différents degrés, rien n’est plus curieux que ces plantes qui, à toutes les époques de l’année, offrent l’exemple d’une sorte d’arlequinade ou de mutation qu’indique la qualification versicolor. Tous ces dimorphismes, en déterminant le raccourcissement des bourgeons, réagis- sent sur toute la plante qui, alors, de grêle et allongée qu’elle était, reste très-naine, trapue et extrêmement compacte. En mul- tipliant à part les cristatures jaunes et les vertes, on obtient deux plantes naines, compactes, d’aspects tout à fait semblables, ne différant que par la couleur, et qui justi- fient les deux qualificatifs énoncés plus haut. Plantées alternativement, ces deux for- mes, par le contraste qu’elles déterminent, produisent un effet décoratif aussi singulier que joli. Guillon. Orléans, imp. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4. CHRONIQUE HORTICOLE Exposition agricole internationale de Londres en 1879. — Deux Orchidées remarquables obtenues par M. Evrard. — Cours public d’arboriculture fruitière de M. Forney. — Pronostics sur l’hiver de 1878-1879. — Le Rosier Ma Pâquerette; origine des variétés de Rosiers remontants: lettre de M. J. Nicolas. — Les Wellington ias cultivés comme arbres forestiers ; plantation faite à Saint- Mandé, par M. Le Peaute. — Le Cidre et le Phylloxéra : conseils donnés par M. Lambin. — Graines d’arbres distribuées par M. d’Ounous. — Maladie des Châtaigniers : observations de M. Fournier en Italie, et de M. Planchon dans les Cévennes ; causes de cette maladie. — Roses nouvelles décrites par le Journal des Roses. — Variété de Rosier obtenue par M. Ricchiera, de Chambéry. — Nomi- nation de M. Charpentier, jardinier en chef des Trianons, au grade de chevalier de la Légion- d’Honneur. Nous sommes en pleine ère des exposi- tions universelles. A peine celle de Paris était-elle fermée que Londres en arrêtait une. Ainsi, dans sa séance de rentrée, le 6 novembre dernier, la Société royale d’agriculture d’Angleterre, présidée par le prince de Galles, fixait la date de l’ouverture au lundi 30 juillet 1879 et la clôture au lundi soir 7 juillet. Toutefois, cette exposi- tion ne sera universelle qu’en ce qui con- cerne l’agriculture proprement dite; l’hor- ticulture, de même que les arts et industries autres que celles qui se rattachent directe- ment à l’agriculture, ne seront pas admis. — A la séance du 28 novembre de la Société centrale d’horticulture de France, M. Evrard, horticulteur à Caen, présentait des échantillons, remarquables par leur force, de deux Orchidées d’un grand mérite ornemental : l’un, appartenant au Vanda cœrulea , ne comptait pas moins de onze fleurs épanouies ; l’autre, au Phalœnopsis rosea, était surtout remarquable par son développement : haute d’environ 33 centi- mètres, cette hampe formait au sommet plusieurs ramifications comprenant un nombre considérable de fleurs. — M. Forney fera son cours public d’arboriculture fruitière à la mairie de la rue Drouot, le dimanche 8 décembre, à deux heures, et le continuera les jeudis et diman- ches suivants, à la même heure. — Aurons -nous un hiver rigoureux? C’est, paraît-il, l’opinion de beaucoup de gens soi-disant compétents. Mais y a-t-il des gens véritablement compétents, quand il s’agit de pronostiquer l’avenir, en dehors de ce qui est fatal? Nous n’hésitons pas à dire non, cela en nous appuyant sur des 16 DÉCEMBRE 1878. faits. Quand on consulte ceux-ci, on a lieu de s’étonner de trouver encore des gens assez osés pour s’engager et exposer leur réputation en assumant une telle responsa- bilité. Toutefois, au lieu de discuter, cons- tatons que, à Paris, jusqu’au 11 décembre, où le thermomètre est descendu à 5°, 4, il avait à peine gelé, de sorte que beaucoup de plantes, dites d’orangerie, n’avaient pas cessé de pousser. A Lyon, au contraire, les choses se sont passées tout différemment, ainsi que le démontrent les lignes suivantes que, le 11 décembre, nous adressait notre collaborateur, M. Sisley: ... Les pronostiqueurs d’un hiver très-rigou- reux ont peut-être raison, car, dans la nuit du 9 au 10 courant, le thermomètre à minima a marqué chez moi 13 degrés centigrades au-des- sous de zéro. Tl y a bien trente ans que nous n’avons eu pareil froid à cette époque de l’année. Habi- tuellement, dans les années régulières, nous avons ici très-rarement de fortes gelées avant la fin de décembre, et 13 degrés est le maxi- mum de froid. Alors les Figuiers gèlent. — L’observation que nous avons faite, dans notre avant-dernier numéro ( Revue horticole 1878, p. 385), au sujet du Rosier Ma Pâquerette , nous a valu la lettre sui- vante, sur laquelle nous appelons l’attention des personnes qui, dépourvues de parti pris ou d’intérêt personnel ou de caste, cher- chent la vérité pour elle-même. Voici cette lettre i Lyqn, le 22 octobre 1878. Monsieur Carrière, Dans le n° 20 de la Revue horticole du 16 octobre 1878, au dernier paragraphe de la chronique, vous signalez un fait qui pourrait jeter un peu de lumière sur l’origine de nos variétés de Rosiers remontants. Le fait de la formation d’une nouvelle espèce 24 462 CHRONIQUE HORTICOLE. ou variété telle que Ma Pâquerette est-il isolé ? Je crois que non; aussi ai-je cru utile, dans l’intérêt de celui que vous signalez, et pour que cette hypothèse puisse, avec le secours d’autres faits analogues, se transformer en cer- titude, appeler votre attention sur ce que les botanistes appelleront sans doute un accident. M. Joseph Schwartz, rosiériste à Lyon, ayant semé en 1873 des graines récoltées sur le Rosa Ayrshirea , Hort., var. flore pleno, Ro- sier grimpant non remontant , obtint de ce semis une variété à végétation presque perpé- tuelle comme le type, mais à rameaux courts comme certaines variétés de Thés ; les fleurs ont une odeur à peu près semblable et sont beaucoup plus doubles que la variété mère. Cet arbrisseau, à inflorescence corymbiforme, présente ce caractère remarquable que, tout à fait en dessous du corymbe, naissent à l’aisselle des premières feuilles des rameaux florifères axillaires se terminant de la même forme que l’inflorescence principale, ce qui fait que ce Rosier, qui n’a pas 80 centimètres de hauteur, diffère en cela du pied mère qui, non re- montant, donne des rameaux qui, dans une année, dépassent parfois 4 mètres de longueur, tandis que le semis est plus que remontant , puisque sa floraison est continue pendant à peu près toutè l’année, ainsi du reste que vous le pourrez le voir par les quelques tiges que vous fait parvenir l’heureux obtenteur de cette va- riété, qui pourra, sans nul doute, servir à la formation de beaucoup d’autres espèces. Recevez, etc. J. Nicolas, Secrétaire de l’Association horticole lyonnaise, rue Passet, 10, Lyon. Nous nous bornerons pour aujourd’hui à la citation de cette lettre, dont nous re- mercions tout particulièrement l’auteur. Prochainement nous y reviendrons et, après avoir cité quelques exemples analogues, nous en déduirons des conséquences dont nous ferons l’application à la véritable science. — Les Wellingtonias pourront-ils être cultivés au point de vue forestier? Le fait ne peut plus être mis en doute, car, outre les sujets qui isolément sont plantés à peu près partout, dans les conditions de sol et d’exposition les plus diverses, et qui tous poussent très-bien, quelques essais tentés sur une assez grande échelle sont une affir- mation du fait. De ceux-ci nous pouvons citer une plantation faite sous les ordres de M. Le Peaute, conservateur du bois de Vin- cennes, à Saint-Mandé, près de l’avenue Daumesnil. Cette plantation, qui date d’une quinzaine d’années, comprend environ cinq cents individus dont la vigueur et l’aspect sont une preuve irrécusable qu’ils se con- viennent parfaitement dans ces conditions, qui pourtant, sous le rapport du sol, laissent énormément à désirer. Tous, d’un très-beau vert, sont compacts et produisent par leur forme régulièrement conique un très-bel effet ornemental, de sorte que là encore l’utile et l’agréable sont réunis : Utile dulci. — Dans un opuscule qu’il vient de pu- blier, intitulé : « Le Cidre et le Phyl- loxéra, » notre sympathique collègue, M. Lambin, professeur de culture et d’arbo- riculture de la ville de Soissons, tout en appelant l’attention sur la marche exten- sive du phylloxéra, profite de celte circons- tance pour engager les propriétaires des pays du Nord, non seulement à planter des Pommiers à cidre, mais surtout à les bien cultiver et à choisir de bonnes variétés. Aidé de son expérience, et en s’appuyant sur les auteurs qui ont traité ce sujet, et tout particulièrement sur l’ouvrage de MM. Boutteville et Hauchecorne, il indique quelles sont les meilleures variétés, leur influence sur la qualité du cidre et les procédés reconnus les plus avantageux pour fabriquer cette boisson, les soins qu’il convient d’y apporter, les maladies aux- quelles elle est sujette et les moyens d’y remédier. C’est une sorte de memento qu’on consultera toujours avec fruit. — Avec cet amour de l’horticulture et le désintéressement qu’on lui connaît, notre collaborateur, M. Dounous, nous prie d’in- former les lecteurs de la Revue horticole que la récolte des graines d’arbres est as- sez abondante cette année, et que c’est avec plaisir qu’il en adressera à ceux qui lui en feront la demande. C’est surtout sur les graines d’espèces ligneuses utiles, telles que : Cèdres, Pins, Magnolias, Juglans, etc., que M. Dounous, propriétaire à Saverdun (Ariége), porte son attention. — L’année dernière déjà, un de nos col- lègues, M. Fournier, appelé en Italie par le duc de Galiera, dont il est jardinier à Pa- ris, fut témoin, dans diverses parties, d’une panique produite sur les habitants par une maladie qui frappait les Châtaigniers, vul- CHRONIQUE HORTICOLE. 463 gairement appelés « Marronniers, » qui, là, sont cultivés en grand et constituent une des principales productions du pays. Cette maladie, dont on ignore la cause, mais qui est probablement due à une sorte de Cham- pignon, attaque tout à coup les arbres, qui, quelque gros qu’ils soient, finissent par sécher partiellement, puis périr. Les divers fragments de bois qu’avait rapportés notre collègue étaient décomposés, brunâtres, comme carbonisés, et tombaient en pous- sière. Loin de s’arrêter, le mal a marché, tout en s’aggravant, et aujourd’hui diverses parties des Cévennes, où les Châtaigniers sont également cultivés sur une très-grande échelle, sont envahies, ainsi que le constate M. Planchon dans une note qu’il vient de communiquer à l’Académie des sciences, insérée dans les Comptes-rendus du 22 oc- tobre 1878, page 583. Rien d’absolument certain, quant à la cause du mal; néanmoins, M. Planchon n’hésite pas à croire qu’elle est due à un Champignon, mais de quelle espèce ? et qu’il propose d’appeler « la maladie du Cham- pignon ou du rhizoctone blanc , en l’assi- milant au rhizoctone des jardiniers, qui, de proche en proche, fait périr les arbres fruitiers. » Voilà donc, à peu près, pour le nom, ce qui, toutefois, n’avance guère les cultivateurs ; mais quant aux moyens de guérison, à peu près rien, sinon quelques hypothèses. Ainsi, M. Planchon pense qu’on pourrait recourir « au mélange de chaux et de cendres, au sulfate de fer, au sulfate de potassium ; mais, outre que l’application de ces moyens est difficile sur une masse énorme de racines, il reste à déterminer par l’expérience dans quelle mesure ces substances agiraient pour détruire le mycé- lium en respectant les racines. » — Le Journal des Roses, qui tient ses lecteurs au courant de tout ce qui se publie ou parait d’important, soit sur les Roses nouvelles, sur leur culture ou sur les parti- cularités qui s’y rattachent, a publié et figuré deux Roses nouvelles : l’une, dédiée à la reine de Belgique, et appelée pour cette rai- son Reine Marie-Henriette, est une va- riété de Rosier Thé obtenue par M. Levet, route d’Heyrieux, 73, à Monplaisir-Lyon (Rhône). C’est, paraît-il, une Gloire de Di- jon à fleurs rouges, ce qui suffit pour en faire l’éloge. Elle est actuellement en vente par l’obtenteur. L’autre variété, appelée Jules Chrétien, appartient aux hybrides re- montants ; elle a été obtenue par M. Schwartz, horticulteur-rosiériste à Lyon, qui l’a dé- diée à notre collègue, M. J. Chrétien, l’ha- bile chef de culture au jardin du parc de la Tête-d’Or, à Lyon. C’est une Rose de pre- mier mérite, qui vient d’être mise récem- ment au commerce par l’obtenteur. — M. J.- B. Ricchiero, de Chambéry, va mettre prochainement au commerce une variété de Rosier qui, d’après ses dires, fera sensation dans le public horticole, ce que font supposer les quelques lignes suivantes, que nous extrayons de la Revue de l’horti- culture belge et étrangère, 1878, page 266 : Arbrisseau admirable, d’un port élégant, à tiges érigées, légèrement retombantes ; végé- tation luxuriante, s’élevant à 2 mètres et pou- vant en atteindre 6 étant palissé; rameaux forts, à écorce lisse, épaisse, complètement dépourvue d’épines; feuillage vert sombre et brillant; appendices stipulâmes très-prononcés, teints de rouge violacé ; floraison des plus abondantes pendant plus de deux mois, de la fin d’avril au commencement de juillet. Chez les sujets forts, la plante disparaît littéralement sous le poids d’un élégant manteau de grandes fleurs d’un parfum particulier très-agréable, lesquelles fleurs passent insensiblement, avant de se faner, du plus beau rouge amarante nuancé feu et cramoisi velouté au rouge violacé, ce qui produit, sur la meme plante, une varia- tion de teintes impossible à décrire et d’un effet des plus attrayants. Dans bon nombre de ces fleurs, les pétales, intérieurs sont partagés par une large bande blanc pur; souvent aussi il en est quelques- unes qui se distinguent par le bout de leurs pétales pointés de blanc, à l’instar de certains Dahlias. Outre ces qualités ornementales, ce Rosier sera encore une acquisition précieuse et d’une grande utilité aux horticulteurs comme porte- greffe. Cultivé dans ce but, il remplacera avan- tageusement toutes les espèces dont on s’est servi jusqu’à ce jour : depuis le Rosier Manetti jusqu’à l’Églantier lui-même , aussi bien pour la greffe rez-terre que pour les hautes tiges. D’après les essais faits dans nos cultures (c’est toujours M. Ricchiero qui parle), toutes les variétés s’accordent et se développent parfaite- ment sur ce sujet ; l’absence d’épines et l’avan- tage qu’a la nouvelle variété de ne point tracer du pied en facilitent la culture, tout en per- mettant de planter beaucoup plus rapproché en pépinière. UNE NOUVELLE PLANTE CARNIVORE. 464 La possibilité de pouvoir se créer pour porte-greffe de belles tiges droites et flexibles, dépourvues d’aiguillons , abondamment mu- nies de racines et d’une reprise assurée, et cela dans le court espace de deux ans, voilà des qualités inappréciables sur lesquelles j’ap- pelle l’attention des horticulteurs. Voilà, certes, des qualités inapprécia- bles, » en effet, et l’on se demande même ce qu’on pourrait désirer de plus. Aussi, souhaitons-nous qu’il n’y ait pas trop à ra- battre. Pourtant, sans mettre en doute les dires de M. Ricchiero, il ne faut pas oublier qu’il est le père de l’enfant dont il parle, et alors... Quant à nous, en nous plaçant au point de vue scientifique, nous regrettons que l’obtenteur n’ait pas indiqué l’origine du Rosier dont nous parlons, qu’il nomme Souvenir de Marlines, ce qui, une fois de plus, en démontrant l’apparition de nouveaux caractères, eût permis d’établir sa généa- logie, au lieu que c’est une sorte d’intrus dont on ne connaît pas les parents et qui va encore grossir le nombre des... — Au moment de terminer la chronique, nous trouvons dans le Journal officiel du 10 décembre un décret en date du 6, rendu sur la proposition du Ministre des travaux publics, aux termes duquel M. Charpentier (Alexandre-Henry), jardinier en chef des Trianons, à Versailles, est nommé chevalier de l’ordre de la Légion-d’Honneur. M. Char- pentier compte cinquant-sept ans de ser- vices. Nous applaudissons à l’acte de justice qui lui a été rendu, bien tardivement toutefois. E.-À. Carrière. UNE NOUVELLE PLANTE CARNIVORE L’intéressant article de notre excellent ami, M. Poisson, sur les pièges du Mentze- lia ornata, nous engage à publier une ob- servation à peu près de même nature sur le Plumbago scandens . L. Originaire de la Nouvelle-Grenade, cette espèce résiste parfaitement ici (1), où elle forme de petits buissons, car elle est plutôt sarmenteuse que grimpante, en dépit de son nom spécifique, qui semblerait indiquer une plante volubile ou au moins munie de vrilles. Ses cymes de fleurs blanches ne sont pas dépourvues d’élégance, mais les rameaux divergents en tous sens et d’une façon régulière, « échevelée, » pourrait-on dire, en font une plante précieuse pour la décoration des rochers dans les jardins paysagers. Mais, par contre, cette Plumba- ginée serait peu propre à l’ornement des plates-bandes ou des massifs des jardins d’un autre style, et elle ne peut, du reste, en aucune manière soutenir la comparaison avec ses congénères : les Plumbago Lar- pentœ , P. Capensis , P. europœa, etc. Le Plumbago scandens , L., s’élève à en- viron 1 mètre ; ses tiges, faiblement canne- lées, sont légèrement toruleuses à la partie inférieure, mais elles deviennent glandu- leuses à mesure qu’on se rapproche de l’in- florescence. Cette dernière partie est abso- lument couverte de glandes, ainsi que le (1) A. Lisbonne. calice des fleurs. Ce calice, qui persiste après la floraison, grossit avec le fruit, auquel il sert d’enveloppe, et se détache avec lui. Il est complètement hérissé, sur toute sa sur- face, de nombreux poils claviformes, élar- gis à leur base, rétrécis au-dessous du som- met, glanduleux et exsudant sur toute leur surface un liquide gommeux. Ces poils of- frent à la fois l’appât et le piège aux in- sectes de toute espèce, qui viennent y périr. Les glandes des tiges sont sessiles, et on y observe une proportion beaucoup moins grande de cadavres que sur les glandes pé- donculées du calice. La façon dont les mouches se prennent se conçoit. Attirées autant par le suc des fleurs que par la liqueur miellée exsudée par les papilles glanduleuses, les insectes se posent sur la plante ; leurs pattes s’insi- nuent entre les poils et y adhèrent d’autant mieux que la victime se débat davantage ; elle finit par s’engluer jusqu’au corselet, et tout mouvement devient impossible. Se passe-t-il alors ces fameux phénomènes de dissolution par le liquide sécrété et ensuite d’assimilation par la plante? C’est ce que je n’ai pu examiner ; mais j’ai vu des cadavres d’hyménoptères dont il ne restait plus que la tête et les ailes, d’autres dont le corps était excessivement réduit par suite de la décomposition ou... de l’absorption. En parlant de plantes-pièges, il nous re- MOSAÏCULTURE A L'EXPOSITION UNIVERSELLE. 465 vient en mémoire un fait dont nous avons été témoin au Muséum. Il y avait dessous le châssis vitré d’un coffre, dans la partie appelée « les couches , » un pied très-vigoureux de Gronowia scan- dens. Cette Cucurbitacée est couverte de poils transparents comme du verre, crochus à leur extrémité, dont quelques-uns por- taient de très-jeunes lézards, déjà desséchés au moment où nous fîmes cette remarque. Les crochets des poils s’étaient insinués pro- bablement avec force entre les écailles des pauvres bêtes, et probablement, lors de l’élan pris par elles pour haper quelque mouche, ne trouvant pour point d’appui que de nou- veaux hameçons, il leur avait été impossible de se décrocher, et les malheureux lézards étaient morts d’épuisement. Daveau, Jardinier en chef de l'Institut polytechnique de Lisbonne (Portugal). MOSAÏCULTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE Quelques mots d’abord sur le terme mo- saiculture. Ce mot est-il exact? Donne-t-il une juste idée de la chose à laquelle on l’ap- plique? Non! il n’est pas d’une exactitude rigoureuse, puisque, contrairement à la si- gnification du mot, on ne « cultive » pas de la mosaïque : on en fait. Mais, dans l’impossi- bilité où nous sommes de faire de l’absolu, nous devons nous contenter du relatif, et, dans ce cas, le terme mosdiculture est peut- être de tous celui qui est le mieux appro- prié ; il nous paraît donc rationnel de l’adop- 1er, cela d’autant plus qu’il tend à s’uni- versaliser. A qui revient la priorité de l’invention? Bien que nous ne puissions af- firmer, nous croyons que c’est M. Chrétien, chef de culture au jardin botanique du parc de la Tête-d’Or, à Lyon, qui, le premier, l’a mis en usage, et qui en a même proposé l’adoption à la Société d’horticulture du Rhône. Mais, après tout, ceci est secon- daire; l’important est qu’on puisse s’enten- dre, et ici pas de doute possible. Les deux massifs, dont les figures 98 et 99 sont des représentants, ont été établis au palais du Trocadéro, où, pendant les six mois qu’a duré l’Exposition, — qui bientôt ne sera plus qu’un souvenir, — ils ont fait l’admiration de tous ceux qui les ont vus, pourtant pas autant qu’ils auraient dû et qu’ils le méritaient, à cause de la mauvaise disposition du sol où ils étaient placés. Comme les tapis ou les ce à plats, » dont ils sont un peu l’image, les massifs de mo- saïculture doivent être vus de face, soit à « vol d’oiseau » quand le sol est horizontal, soit de face quand, par sa disposition, le sol est fortement incliné et que l’obser- vateur, placé plus bas, voit la chose en face de soi, comme s’il s’agissait d’une sorte de cible. Vus de profil, au contraire, les dessins disparaissent, et les couleurs aussi ; le tout, alors, se fond et se confond, ce qui, malheureusement, était un peu le cas pour le grand massif que représente la figure 98. Néanmoins, le dessin s’harmoni- sait tellement bien, et les couleurs étaient si admirablement choisies, que, malgré cette condition défavorable, l’on distinguait assez bien toutes les parties de cette pièce qui, disons-le, était parfaitement réussie. Du reste, l’auteur, M. Comesse, horticul- teur, rue de la Pompe, 49, à Passy, est un véritable artiste en ce genre auquel il se donne tout particulièrement. Disons toute- fois, à sa louange, qu’il n’en fait pas mys- tère, n’est pas « cachotier ; » au contraire, au lieu d’être jaloux de son œuvre, — et il y avait pourtant de quoi, — il l’a non seulement montrée, mais il a indiqué les moyens d’en faire une semblable. Pour cela, dans le plan qu’il en a fait, et qu’il nous a communiqué, il a numéroté toutes les par- ties, en faisant suivre chaque chiffre du nom de l’espèce à laquelle il correspond, de sorte qu’une personne quelconque, fût-elle étrangère au jardinage, pourrait, en se procurant les plantes indiquées, reproduire les figures dont nous parlons. Voici la liste des espèces à l’aide des- quelles ont été faits les massifs en question, avec les numéros correspondant à la place qu’elles occupaient dans chacun d’eux : Pour le papillon (fig. 99), les plantes qui le composaient étaient les suivantes : Nos 1, Echeveria globosa ; 2, E. cienta ; 3, E. pachyphyllum ; 4, Alternanthera pa- ronychioides ; 5 ,A.amœna; 6, Sedumano- petalum;7,S. Lydium;S , S. repens ; 9, <8. sexangulare spiralis ; 10, S. elegans glaucum repens; 12, 8. orpin ; 13, 8. grandiflorum ; 14, Coleus niger ; 15, C. 467 MOSAÏCULTURE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE. multicolor ; 16, Acliyranthes Comestii ; 17, Pyrethrum parthenioides aureum ; 18, Lobelia compacta oculata ; 19, An- tennaria tomentosa ; 20, Crassula Coo- peri; 21, Teleianthera versicolor ; 22, Sem- pervivum fimbriatum ; 23, S. Weffianum ; 24, S. soboliferum ; 25, S.spinosum ; 26, S. liirtum; 27, S. ayoitum ; 28, Crassula Bolusii. Liste des plantes composant le vase mau- resque (fig. 98) : Nos 1, Echeveria glauca ; 2, E. glauca metallica elegans ; 3, E. pachyphyllum ; 4, E. glauca metallica rosea ; 5, E. glo- bosa; 6, Alternanthera paronychioides ; 7, A. amabilis ; 8, A. amœna;9 , Teleian- thera versicolor; 10, Sedum Lydium; 11, S. elegans ; 12, S. sexangulare spira- lis ; 13, »S. repens glaucum;\k, S. carneum; 15, Coleus Verschaffelti ; 16, C. niger; 17, C. multicolor ; 18, Achyrantlies Co- mestii; 19, Mesembrianthemum cordifo- lium variegatum ; 20, Pyrethrum parthe- nioides aureum; 21, Lobelia compacta oculata ; 22, Antennaria tomentosa 23, Kleinia repens ; 24, Crassula Cooperi. Il est toutefois bien entendu que ces es- pèces ne sont pas les seules qu’on peut em- ployer pour ces sortes de plantations ; sous ce rapport, le champ est large, et il suffit d’approprier les sortes, tant pour les gran- deurs que pour l’harmonie des couleurs, de Fig. 99. — (Mosaïculture.) Imitation d’un papillon, comprenant 3,000 plantes. (manière que, tout en maintenant les propor- tions, on obtienne des contrastes agréables. On ne saurait trop le répéter, il ne faut pas être exclusif, ni avoir de parti pris : ce sont les conditions de sol, d’exposition et de cli- mat, ainsi que le but qu’on cherche à at- teindre, qui doivent guider. Du reste, en homme pratique, et qui cherche à se bien rendre compte des choses, en vue de les faire progresser, M. Gomesse, qui s’occupe tout particulièrement de mosaïculture, est toujours à la recherche des plantes essen- tiellement propres à cet usage, et prochai- nement nous ferons connaître quelques es- pèces sur lesquelles il porte particulièrement son attention, et dont il espère obtenir de bons résultats. Les deux figures ci-contre, qui compren- nent, l’une 25,000 plantes en 24 variétés.; l’autre, le papillon, 3,000 plantes en 28 va- riétés, ce qui fait un total de 28,000 plantes, ont été complètement exécutées en huit jours, à deux hommes, grâce aux mesures prises à l’avance ; et comme, d’une autre part, toutes ces plantes avaient été élevées en prévision de la circonstance, aussitôt mises en place, ces massifs produisaient un effet magnifique. Voilà pour la plantation, le choix et la disposition des espèces. Voyons maintenant pour l’entretien. Faisons toutefois remarquer que, dans le choix si grand qu’on a été obligé de faire pour produire des oppositions et harmoniser toutes ces couleurs, il a fallu parfois em- 468 QUELQUES CHRYSANTHEMES NOUVEAUX. ployer des espèces de vigueur quelque peu différente, ce qui oblige à en surveiller la végétation, de manière à empêcher cer- taines de se développer outre mesure, et à maintenir l’harmonie et les proportions qui doivent toujours exister entre toutes les parties, ce qui a eu lieu dans les deux massifs dont nous parlons. Aussi, appré- ciant comme il le mérite le travail de M. Co messe, le jury lui a décerné une grande médaille d’argent. Grâce à ces soins et à des arrosements donnés à propos, ces deux massifs se sont maintenus dans un état de beauté et de fraî- cheur tel que le jour de la fermeture de l’Exposition, c’est-à-dire six mois environ après qu’ils avaient été faits, ils excitaient tout autant que le premier jour l’admira- tion des visiteurs ; aussi pouvons-nous dire, sans crainte d’être démenti, que de toutes les parties décoratives ce sont celles qui ont été le plus remarquées. Il n’est per- sonne, en effet, qui ne se soit arrêté devant ces deux massifs et qui n’en ait conservé le souvenir, ainsi que celui de l’auteur, qui s’y trouve étroitement lié. Afin de renseigner nos lecteurs et les mettre à même de bien comprendre le tra- vail, et même d’en exécuter d’analogues à ceux dont nous parlons, et de ne laisser aucune obscurité dans leur esprit relative- ment à la disposition des plantes comparées aux figures, nous devons observer que, pour ne pas trop les charger de chiffres, on n’a mis de ceux-ci que là où le changement d’espèce avait lieu, que par conséquent toutes les parties des dessins où il n’y a pas de numéros sont occupées par des plantes indiquées par le numéro qui en est le plus voisin. Deux lacunes seules pourraient peut- être embarrasser, quant aux plantes à em- ployer : c’est, pour le vase mauresque, le millésime 1878, et pour le papillon celles qui constituaient les yeux. Le millésime était en Echeveria glauca; quant aux yeux du papillon, le centre, simulant la prunelle, était formé par Y Echeveria pacifica , qui est d’un blanc farinacé, bordé par le Sem- pervivum hirturn , qui est d’un rouge rubigi- neux. A l'aide de toutes ces indications, nous croyons qu’il sera possible de reproduire les dessins que représentent les figures 98 et 99, ou d’en faire d’analogues, ce qui, nous le répétons, est le but que s’est proposé M. Go- messe. Maître, il a cherché à faire des élè- ves, ce dont nous le remercions. E.-A. Carrière. QUELQUES CHRYSANTHÈMES NOUVEAUX On sait que dans la partie méridionale de la France, et particulièrement à Toulouse et dans ses environs, les Chrysanthèmes sont l’objet de cultures spéciales très-étendues. Aussi une collection de ce genre de plantes, présentée à la Société centrale par la Société d’horticulture de Toulouse, était-elle une des plus remarquables qu’il ait été donné de voir réunie. Il y avait plus de deux cents variétés, la plupart très-belles. C’est donc choisies parmi toutes ces beautés que nous recommandons tout particulièrement les quelques variétés suivantes : Fée rageuse , à très-grandes fleurs blanc pur; Laciniatum à grandes fleurs blanc rosé et ligules des plus joliment fimbriées; Violacea superha, très-grandes fleurs ; M. Jolivaro , très- grandes fleurs roux foncé ; Docteur Masters , fleurs très-grandes, ligule bien étalée, jaune foncé; Belle- Fleur, à grandes fleurs d’un beau jaune; Striatum purpureum, plante très-curieuse, avec le dessous de ses ligules glauques. Parmi les fleurs de moyenne grandeur : Y Ami Morizot, très-joli avec ses ligules pointillées de taches jaune d’or. Enfin, parmi les variétés japonaises repré- sentant le mieux le type connu : Mikado , à grandes fleurs d’un beau jaune, puis Mey- Merillieu , à fleurs blanc jaunâtre, ligules très-découpées. Indépendamment de la beauté de ces plantes, leur culture et leur multiplica- tion, des plus faciles, ajoutent encore à leur mérite au point de vue pratique. Il est aussi bien intéressant de cultiver ce genre de plantes comme sujet d’observation, car c’est un de ceux qui manifestent au plus haut degré l’état de variabilité que l’on retrouve d’ailleurs à des degrés très-divers chez la plupart des végétaux cultivés hors de leur patrie. UNE QUESTION SUR LES PLATANES. 469 On sait, en effet, que les innombrables 1 variétés obtenues par la culture sont issues de quelques formes introduites des Indes orientales, et particulièrement de la Chine et du Japon, et déterminées spécifiquement par les botanistes. Ainsi, selon certains auteurs, Pyrethrum ou Chrysanthemum matricarioides désigne une espèce à capi- tules petits, nombreux, à fleurs ligulées jaunes ; le Pyrethrum sinense , au con- traire, désigne une espèce à fleurs très- grandes, généralement roses ou blanches; le Pyrethrum indicum peut être repré- senté par une forme intermédiaire entre les deux précédentes ; puis viennent les Chry- santhèmes japonais, dont l’aspect si curieux est causé par la forme ou le développement des fleurons et des ligules qui constituent la fleur que tout le monde connaît. Enfin il en est encore quelques autres, mais qui me paraissent devoir rentrer dans les quelques types que je viens de citer. Ces quelques faits que nous avons tenu à rappeler mon- trent une fois de plus Je peu d’importance qu’il faut reconnaître à l 'espèce au point de vue de sa fixité. Dans la même séance, M. Lavallée a pré- senté un nouveau Cratœgus qu’il cultive dans son arboretum. Cétte espèce, qui n’est pas encore déter- UNE QUESTION SI Les Platanes sont des grands arbres au port droit, élancé, superbe et tout à fait ornemental. Doués d’une organisation ro- buste, ils croissent à peu près dans tous les sols, et c’est sans aucun doute à cause de cette rusticité aujourd’hui bien établie que ces arbres, jadis peu recherchés, doivent la grande popularité dont ils jouissent. A peu près oubliés autrefois, les Platanes ombragent de nos jours les places publi- ques, les avenues, les boulevards des villes principales de la France, et si on les ren- contre encore ornant ici l’humble place du village, là on les voit ombrageant et enca- drant la route nationale ou départementale qui conduit à la cité. En présence de cet engouement imposé par la mode, je me suis bien des fois posé la question suivante, sans pouvoir la ré- soudre : Gomment se fait-il que si un manœuvre, minée (elle doit être dédiée à M. Lavallée), et dont la provenance lui est inconnue, est un arbre de petite taille, à feuilles larges, presque entières ou irrégulièrement dentées, à gros rameaux donnant des fleurs grandes et très-nombreuses, puis des fruits d’envi- ron 2 centimètres de diamètre, presque ronds et longuement pédonculés. Ces fruits ne deviennent rouges que très-tard, à l’au- tomne, après avoir par conséquent conservé très-longtemps une teinte bronzée très-jolie. C’est donc un arbuste très-recommandable. Enfin, sous le nom de Ligustrum insu- lense , M. Lavallée a présenté un petit Troène dont il recommande beaucoup la culture. Ce petit arbuste, formant touffe, ne s’élève guère à plus de 1 mètre de hauteur, se couvre de longues grappes de fleurs bien blanches et d’une odeur très-agréable ; ses feuilles sont longues, étroites, d’un vert glauque. Cette espèce ne nous a pas. paru être la même que celle déjà cultivée sous ce même nom et décrite par De Candole sous le nom de Ligustrum Stauntoni ; mais quel que soit son nom, c’est un Troène que l’on rencontre peu, très-beau pourtant, et qui devrait être cultivé dans tous les jardins. A. Chargueraud. R LES PLATANES un ouvrier pépiniériste travaille dans un carré de Platanes, en été bien entendu, cet ouvrier — serait-il doté d’une constitution des plus robustes — ne tarde pas à tousser, cracher, éternuer, se moucher, et finale- ment à garder le lit un ou deux jours? Et comment se fait-il encore qu’un arbre si malsain en pépinière soit aujourd’hui si recherché pour orner et ombrager les places et les avenues des grandes villes? Et comment encore admettre que si un ouvrier pépiniériste est tout à coup suffoqué par la poussière qui s’échappe en été des feuilles des Platanes (1), le citadin qui, sans (1) Cette toux, en effet très-violente, est surtout déterminée par des poils très-fins qui se détachent très-tacilement des feuilles et qui s’introduisent dans les eavités, soit des bronches, soit de l'œso- phage, et en irritent la muqueuse. Un phénomène analogue se manifeste à l’au- tomne quand les très-nombreux fruits se désagrè- gent. ( Rédaction .) 470 DIOSPYROS LYCOPERSICON. la moindre méfiance, vient respirer l’air frais sous un semblable ombrage ne le soit pas aussi? S’est-on rendu compte si la cause de telle ou telle maladie qui sévit parfois n’a pas ici son origine? Toutefois, et comme je me sens incapable de résoudre à fond une semblable question, je me borne à appeler sur elle l’attention générale, et tout particu- lièrement celle des hommes compétents qui, s’occupant spécialement de conserver la santé, doivent dans ce but observer les lois de l’hygiène et prévenir le mal, afin de ne pas avoir à le réprimer. Gagnaire fils aîné, Horticulteur à Bergerac. DIOSPYROS LYCOPERSICON Le qualificatif lycopersicon que nous appliquons à l’espèce qui fait le sujet de cette note rappelle l’aspect de ses fruits qui, en effet, ressemblent assez exactement à ceux de la Tomate commune, Solarium lycopersicon. C’est une nouvelle espèce, non seulement très -ornementale par la beauté de ses fruits, mais encore précieuse parles qualités de ceux-ci, qui sont des plus gros et des plus beaux de ceux que nous con- naissons. Elle est originaire du Japon d’où, paraît-il, des greffons ont été rapportés par un ancien officier de santé qui les remit à son ami, feu M. Geny, alors directeur du jardin de Nice, qui les fit greffer dans son jardin de Saint-Roch. Aujourd’hui l’un des plus forts sujets, âgé de sept ans, mesure envi- ron 5 mètres de hauteur. Depuis sa pre- mière fructification, qui date de 1874, il se charge de fruits chaque année, et à l’époque où ils mûrissent rien n’est plus joli à voir. En janvier 1877, un de nos col- lègues qui habite Nice, dans une lettre qu’il nous écrivait, nous disait : « Get arbre, de toute beauté, produit le plus bel effet décoratif qu’on puisse voir ; en ce moment toutes ses branches plient sous le poids de ses nombreux et volumineux fruits, qui ressemblent à des Tomates. » — En voici une description sommaire : Arbre atteignant 6-10 mètres de hauteur; bourgeons relativement grêles, à écorce pubérulente, très -villeuse, celle des ra- meaux gris cendré glaucescente, à peu près lisse, bien que parfois légèrement rimeuse et comme plucheuse. Feuilles ca- duques, très-rapprochées, celles des bour- geons atteignent 20 centimètres et plus de longueur sur environ 8 de diamètre, vil- leuses surtout en dessous quand elles sont jeunes, atténuées à la base qui se rétrécit brusquement, longuement et régulièrement acuminées au sommet; celles des parties fructifères plus petites et plus courtement ovales ; pétiole court, villeux. Fleurs ordi- nairement monoïques, nombreuses, blanc verdâtre ; calice étalé à 4 divisions arron- dies, persistantes. Fruit très-gros, attei- gnant 9 centimètres de diamètre, largement déprimé aux deux extrémités, à peine sil- lonnés. Peau luisante, d’un très-beau rouge cerise foncé à la maturité, et alors plus ou moins recouverte d’une efflorescence glau- que pruinée. Chair dense, d’une très-belle couleur rouge cerise foncé, comme celle de la peau, pulpeuse, fondante, légèrement sucrée, d’une saveur particulière rappelant un peu celle d’ Abricot, très-agréable et à peine as- tringente quand le fruit est bien mûr, ce qui, à Nice, arrive en décembre-janvier. Graines nulles, représentées par des rudiments membraneux, placées au centre du fruit, où elles constituent une sorte de trognon très-réduit. Le Diospyros lycopersicon sera-t-il assez rustique pour passer l’hiver en pleine terre dans le nord de la France? Nous le croyons, bien que le fait ne soit pas démontré; mais dans le Centre, il est certain. Quant aux parties méridionales, nul doute qu’il y pros- pérera merveilleusement et qu’il sera un excellent arbre fruitier. Mais comme, d’une autre part, cette espèce est très-ornemen- tale par son feuillage et que, d’une autre part encore, elle peut s’accommoder de la culture en caisse où elle peut fructifier, on pourra donc, là où le froid serait trop grand pour sa nature, la cultiver comme une plante d’orangerie. Alors, à la beauté de la plante s’ajoutera celle des fruits qui est des plus remarquables. On nous assure que la propriétaire, Mme veuve Geny, consentirait volontiers à céder cette espèce. Elle habite à Saint- Roch-lès-Nice (Alpes-Maritimes). E.-A. Carrière. CuLStfl. ûUZ. Chroirujfiiêk. G. S&vereyns. D los p gros hjœpersiwn TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS DU VOLUME DE 1878 A Argus. — A travers l’Exposition, 318, 328, 355, 367, 395, 410. Aurange (Léon). — Pritchardia filifera , 316. is Baltet frères. — Pêche Baltet , 250. Barbier (A.). — Un procédé d’ornementation recommandable, 225. Bardet (Frédéric). — Le bouturage dans l’eau, 341. Bardet frères. — Culture des Cyclamen , 365. Barillet (F.). — Des rochers dans les jardins, 205, 311. Batise(J.). — L’eau dans les jardins, 45, 68, 93, 115. — L’administration des jardins, 288, 334. Bellain (P.). — Le jardin de l’hôpital maritime, à Brest, 258. Bergman (Ernest). — Séance du 4 décembre de la Société royale d’horticulture d’Angle- terre, 9. — Orchidées en fleurs, à Londres, pendant le mois de décembre 1877, 54. — Forçage de YEucharis amazonica, 79. — Culture des Bouvardia en Angleterre, 96. — Prix fondés en Angleterre pour la culture des Asperges, 201. — Correspondance de Londres, 210. — Exposition de Rhododen- drons de John Waterer et lils, de Bagshot, 278. — Plantes nouvelles, 387. BERTiNpère. — Une Glycine gigantesque, 28. Bertrand. — Note sur des Anthurium Scherze- rianum de semis, 331. Bisson. — Une nouvelle Fraise des Quatre-Sai- sons, 369. Boncenne fils (E.). — Renseignements sur la pomme de terre Hardy , 202. Bordeaux. — Bouturage des Vignes dans l’eau, 98. Brégals. — Le tigre des Lauriers-Roses, 43. Briot. — Picea excelsa procumbens , 58. — Citrus triptera , comme plante propre à for- mer des haies, 173. Bruant (G.). — La fécondation artificielle des Bégonia, 83. Butté. — Emploi des eaux d’égout en horti- culture, 13. c Carlier (J.). — Contradictions, faits, hypo- thèses, 75. Carrière. — Chronique horticole: janvier, 5, 21 ; février, 41, 61 ; mars, 81, 101 ; avril, 121, 141; mai, 161, 181 ; juin, 201,221; juillet, 241, 261; août, 281, 301; septembre, 321, 341 ; octobre, 361, 381 ; novembre, 401, 421; décembre, 441, 461. — Catalogues: 20, 39, 74, 99, 117, 136, 159, 174, 198, 219, 253, 356, 379, 398, 416, 428, 457. — Clématite Pitcheri , 10. — Deux Clématites nouvelles, 13. — Melon-Concombre d’Epernay, 17. — Origine du Yucca quadricolor, 18. — Des Glycines cultivées comme arbustes buisson- neux, 19. — Boltonia latisquamma, 20. — Rhodoleia Championi , 27. — Bégonia hy- bride, variété Brillant, 29. — Pentaraphia ftoribunda , 30. — Melon japonais, 31. — Weigela monstruosa , 47. — Salvia cœles- tina , 49. — Bignonia sambucifolia, 50 — Juglans longirostris, 53. — Quelques ob- servations à propos des semis d’Orangers, 57. — Magnolia Campbelli, 59. — Plantes nouvelles ou pas assez connues, 60, 100, 180, 200, 220, 240, 260, 280, 300, 360, 400, 420, 440. — Caladium portugais, 66. — Stuartia malachodendron , 70. — Aperçu sur le phylloxéra; état de la question d’après les documents publiés en 1876, 78, 157. — De l’influence du greffon sur le sujet et vice versa , 80. — Phormium tenax variegata , 86. — Pétunias à fleurs doubles, 90. — Clo- ches à griffes, 95. — Appâts et insectes, 97. — Exposition agricole au palais de l’Indus- trie, en 1878, 107. — Pélargonium Aglaé Fosset , 110. — Bilbergia Chantini, 112. — Appareil Rivière-Verninas, 113. — Du Ce- phalotaxus F ortunei à propos des sexes, 116. — Une plante particulièrement propre à la mosaïculture, 119. — Un nouveau type de Bégonias à fleurs doubles, 127. — Cypripe- dium insigne , variété Chantini , 130. — Fi- gure théorique de YEvonymus radicans va- riegata, 134. — Asters vivaces traités comme plantes annuelles, 137. — Bibliographie, 147, 208. — Anthurium Scherzerianum Marie-Eugénie, 151. — Fécondation de Y Araucaria imbricata , 154. — Introduction du moineau à la Havane, 155. — Selaginella denticulata variegata, 168. — Campanula fragilis , 169. — Massangea hieroglyphica, 175. — Ligustrum ovalifolium instabüe , 176. — Culture des Franciscea, 178. — Fu- sain du Japon Duc d’Anjou, 179. — Pteris umbrosa cristata , 192. — Corylopsis spi- cata , 197. — Essai sur l’horticulture japonaise à propos de l’Expositiou universelle, 214, 231 , 271 . — Du Lilas dit de Perse, 217. — Rogiera cor data, 230. — Bûches ornées, 238. — Rho- dodendrons Boule-de-Neige, 239. — Idesia polycarpa crispa, 253. — De la forme des feuilles, 256. — Wistaria sinensis flore pleno , 260. — Magnolia stellata , 270. — Primula sinensis crispa, 277 . — Clematis viticella alba , 279. — Fritillaria aurea, 287. — Clématite Mme Emile Sorbet, 291 . — Greffoir mécanique Granjon, 297. — Destruction des insectes : piège à limaces, 305. — Poire Mikado, 310. — Anthurium Scherzerianum Mme Jules Vallerand, 314. — Pomme cli- quette, 316. — Le Jardin botanique de Bui- tenzorg, 319. — Sterculia rupes tris, 325. — Buddleia insignis, 330. — Destruction des insectes: appareil spécial pour détruire les •nids de guêpes et les fourmilières, 333. — Nécrologie : M. Thozet, 339. — Ceanothus azureus Elie Carrière, 340. — Acer plata- noïdes columnaris, 346. — Areca sapida , 350. — Exposition d’horticulture de Ver- sailles, 351. — Bambusa heterocycla, 354. — Concours de tondeuses et d’appareils d’ar- rosage, 357. — Mosaïculture à l’Exposition universelle, 358, 465. — Frêne pleureur de Remillly, 366. — Une nouvelle Fraise des Quatre-Saisons, 369. — Æsculus rubicunda Briotii, 370. — Broussonetia Billiardi, 374. — Des abris légers, 378. — Fraxinus excel- sior foliis aureis, 380. — Melon-Concombre, 388. — Tillandsia Lindeni vera, 390. — Du sulfure de carbone employé comme anti- phylloxérique, 394. — Pandanus caricosus, 405. — Concours de Gazons à l’Exposition universelle, 407. — Fuchsia Jean Sisley, 410. TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEURS. m — Juglans ailantifolia, 414. — Phloæ al- ternifolia , 419. — Jasminum affine , 427. — Distribution des récompenses à l’Exposi- tion universelle, 431. — Canna hybrida Noutonni , 439. — Sambucus glauca pre- parturiens , 440. — Chauffage Vendeuvre, 446. — Gynérium bullatum , 449. — Mosaï- culture au château du Val, 450. — Une page inédite à propos du Lilas de Perse, 451. — Des Eucalyptus , 456. — A propos de l’Ex- position, 458. — Diospyros lycopersicon , 470. Castillon (Comte de). — Le Ye-Goma , 455. Chargueraud (A.) — Quelques Chrysanthèmes nouvelles, 468. Charpentier père. — Quelques observations à propos des semis d’Orangers, 57. Corbin (H.). — Développement dans l’eau des racines du Cissus discolor , 23. Cordival (A.-E.). — Abri Cordival simplifié, 92. Cuisin (Ch.). — Un nouveau mode de multi- plication des Broméliacées, 6. 5> Daveau (J.). — Les jardins de Cintra au 5 janvier, 125. — Une nouvelle plante car- nivore, 464. Delaville aîné (A.). — Arroseur-régulateur Breton, 128. Deleuïl (J. -B.). — La fécondation artificielle, 43. Denis (Th.). — Pomme de terre Genest, 131. — Guérison des vignes phylloxérées par l’ébouillantage, 359. — Ebouillantage de la vigne au lait de chaux, 385. Devansaye (A. de la). — Exposition interna- tionale d’horticulture à Gand, en 1878, 185. — Karatas humilis , 190. E Eprémenil (comte d’). — Les Pritchardia fi- lifera dans la zone de l’Oranger, 381. Escouboué. — Melon japonais, 63. G Gàgnaire fils aîné. — La maladie des Tomates dans le midi de la France, 404. — Une ques- tion sur les Platanes, 469. Granger. — Emploi du Raphia pour ligatures de greffes, 182. Guillon. — Aubergine violette naine hâtive, 351. — Rhamnus obcordata , 419. — Evo- nymus japonica cristata viridis et cristata versicolor, 460. Gumbleton (W.-E.). — Bégonias tubéreux de choix, 9. — Les plantes nouvelles, 122. m Haage et Schmidt. — Primula nivalis, Pall., nouvelle Primevère ornementale des jardins, 11. Hauguel (P.). — Observations relatives à la maturité des graines du Carludovica pal- mata , 16. — Fécondation artificielle des Araucaria , 443. Henriquez (Julio). — La répartition des sexes sur les Araucaria , 204. Houllet. — Paphinia nutans , 188. — Cœlia macrostachya , 210. — Rogeria cordata, 230. — Quelques mots sur l’arrosage des Palmiers, 340. — Yucca conspicua, 387. — Eupatorium reticulatum , 439. J Jules (Louis). — De la maladie des Tomates, 426. K Kœnig (Charles). — Répartition des sexes sur le Cephalotaxus , 183. Krantz (J. -B.). — Circulaire relative aux con- cours temporaires de fruits, 321. L Laghaume (Jules). — Introduction du moineau à la Havane, 155. L am are (P. -U.). — Bouturage des feuilles d’hvbrides issus du Bégonia Frœbeli et des Bégonias tubéreux divers, 44. — Variations dans la sexualité des Bégonias, 152. Lambin (E.). — Sur quelques nouveaux légu- mes de 1877, 32. — Les Monardes, 91. Lanessan (Dr de). — Auto-fécondation, 24. Laneuville. — Une maladie cryptogamique des Poiriers, 84. Lebas. — Culture des Cyclamen de pleine terre, 69. — Une nouvelle espèce : Plantago macrophylla purpurea , 179. — La plante de tout le monde, 219. — Berberis pallida, 249. — Poma Carlotti, 300. — Solanum hybridum Hendersoni , 425. Leclerc (Ch.). — Melon-Concombre d’Eper- nay, 17. Louvois (Hippolyte). — Les Cinéraires à fleurs pleines de MM. Haage et Schmidt, 302. Lunaret (Léon de). — Melon japonais, 63. — Le Zi-Goma} nouvelle plante industrielle ja- ponaise, 144. Magnier (Charles). — Spiræa Lindleyana, 39. Mail. — Un 'nouveau mode de greffage des arbres, 85. Mangue (H.). — Destruction du puceron noir du Melon. 182. Marchand (P.). — Lettres de Californie, 172. — Mort de M. Auguste Boileau, 442. Mariette (G.). — Monoécie du Bégonia dis- color, 7. Martin (Eugène). — Emploi de la poudre de chaux contre la maladie des Tomates, 424. May. — Hedera macrophylla , 60. — Plantes nouvelles ou pas assez connues, 120, 139. — Sambucus angustifolia, 231. — Tritoma marocana, 255. — Lantana Impératrice Eugénie , 399. — Une mauvaise herbe, mais très-bonne plante décorative, 448. Messager (Al.). — La non-taille des arbres fruitiers: fragments d’une histoire inédite du jardinage, 87, 104. — Petite thèse de pomo- logie: de la Poire de Hongrie et de, quelques autres, 165. — Les terres labourées et les terres pavées, 194, 235. — L’arboriculture fruitière à l’Exposition universelle, 211. — Les pépinières et les arbres figurés a l’Expo- sition, 245. — Les espaliers, 266, 347, 391 . — Coutellerie et accessoires de jardin a l’Exposition, 306. — Les arbres et le maté- riel horticole à l’Exposition universelle, 370. Morel (F.). — JBroussonetia Billiardi , 375. Morren (Ed.).— Tillandsia Lindenivera, 390. Mortillet (IL de). — Greffage du Chceno- meles japonica , 65. — De la greffe du Noyer, 299. — Multiplication des Yuccas de pleine terre, 345. N Neucourt (L.). — L’anthracnose de la Vigne dans la Meuse, 383. ... on, Neumann (L.). — L’oiseau jardinier, 291. Gloxinias de M. Vallerand, 337. Nicolas (L.). — Le Rosier Ma Pâquerette, 461. TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES P Paillieux (A.). — Le Solanum Wallisii, 343. Perrier de la Bathie (E.). — Haricot Emile, 36. — Trois nouvelles variétés de Haricots, 406. Perris (E.). — Les oiseaux et les insectes, 108, 417. Plaisant. — A propos de quelques Pommes de terre hâtives, 177. Poisson (J.). — Sterculia rupestris , 325. — Le Zi-Goma ou Ye-Goma , 363. — Mentzeliu ornata , 430. Pulliat (V.). — Bibliographie : essai d’une ampélographie universelle, par M. J. Rosa- venda, 48. — L’anthracnose de la Vigne, 71. Puvilland. — Plantes annuelles recommanda- bles : Lobélias, 30. — Varia, 56, 132, 400, 445. — Multiplication par la greffe-racine, 111. — Phlox Drummondi grandiflora et ses variétés naines, 114. — Eremurus ro- bustus, 139. — Couches et châssis d’un nou- veau genre, 200. — Quelques nouvelles es- pèces de Primevères, 217. — Rhododendron occidentale et Pickeringia montana, 248. — Comment doit-on employer la suie? 265. — Le Cocotier et le Latanier à Saint-Domin- gue, 286. — Le Raphia, 286. — Hexacen- tris Mysorensis : sa culture, 413. il Rafarin. — Dracæna Goldieana, 15. — Des Curmeria, 192. — L’horticulture à l’Expo- sition universelle de 1878, 226, 250, 275, 294. Ramey (E.). — Création et entretien des Ga- zons, 50. COLORIÉES ET DES GRAVURES NOIRES. 473 Rigault (IL). — Pomme de terre Quarantaine violette, 11. Rigault (A.). — Culture de Y Anthurium Scherzerianum, 196. Rivière-Verninas. — Appareil pour préserver les fleurs des arbres fruitiers des gelées printanières, 113. S Seivel. — Les chenilles du Rosier, 301. Stappaerts (Auguste). — Encore un remède contre l’oïdium de la Vigne, 131. — L’ébour- geonnage de la Pomme de terre, 168. Subra (Albert). — Rusticité du Bégonia sem- perflorens , 189. T Thozet (Auguste). — Mort de M. Thozet, 339. Tourniol (H.). — Emploi de la bière contre les limaces, 122. Truffaut (A.). — Cyclamen de Perse , 170. Turrel(L.). — La sécheresse dans le midi de la France, 184. Vilmorin, Andrieux et Cîe. — Des Eucalyp- tus, 145. Vilmorin (Maurice). — Création et entretien des Gazons, 50. W Weber (J. -B.). — Asters recommandables pour la culture automnale, 37. — La Pomme de terre Hardy; le Rogiera cordata , 263. — Multiplication des végétaux, 268. — Le phylloxéra en Bourgogne, 285. Wigmann (M.-Il.-J.), — Quelques mots sur la culture des Rosiers dans les Indes, 376. TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES COLORIEES Æsculus rubicunda Briotii, 370. e Anthurium Scherzerianum Marie-Eugénie, 151. Areca sapida , 350. Bignonia sambucifolia, 50. Buddleia insignis, 330. Cœlia macrostachya , 210. Clematis Pitcheri, 1Ô. Clématite Mme Emile Sorbet, 291. v Cyclamen de Perse, 170. v Cypripedium insigne , var. Chantini , 130. Diospyros lycopersicon, 000. Fuchsia Jean Sisley, 410. TABLE ALPHABÉTIQUE Abri Cordival simplifié, 92. — Console à cro- chet, 93. — Fil de fer muni de son épingle, 93. — Bâton-agrafe, 93. Agem Lilag, rameau florifère, 453. — Rameau fructifère, 453. Antnracnose : portion de Vigne anthracnosée, 73. — Sarment anthracnosé, 73. — Jeune grappe anthracnosée, 73. Anthurium Scherzerianum, plante entière, 315. — Fleur détachée, 315. Appareil Rivière-Verninas pour préserver les arbres fruitiers des gelées printanières, 113. — Appareil pour la destruction des guêpes et des fourmis, 333. Areca sapida, 350. Aria pinnatifida , 257. — Ramille d’une plante issue de Y Aria pinnatifida , 257. Arroseur-régulateur Breton, 129. v Karatas humilis, 190. Magnolia stellata , 270. / Mentzelia ornata , 430. ' Mosaïculture au château du Val, 450. v Pêche Baltet, 250. Pélargonium Aglaé Fosset, 110. vPentaraphia floribunda , 30. ✓Pétunias à fleurs doubles, 90. ' Poire Mikado, 310. Rogeria cordata, 230. v Stuartia malachodendron , 70. Tillandsia Lindeni vera, 390. DES GRAVURES NOIRES Astrocàryum Mexicanum , 148. Attalea funifera , 149. Bambusa heterocycla , 354. Bilbergia Chantini , 112. Broussonetia Billiardi , 374. — Feuille de Broussonetia Billiardi , 375. Bûche ornée, 238. Buddleia curviflora, 330. — Buddleia insi- gnis, 330. Cœlia macrostachya , 210. Caladium portugais, 67. Campanula fragilis cultivée comme plante de suspension, 169. — Fleur de Campanula fragilis, 169. Cephalotaxus Fortunei (Branche de), 117. Chauffage Vendeuvre (Coupe, tuyaux et raccords de f’appareil de), 447. Clavicejjs pur pur ea, 209. 474 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. Cloches à griffes, 95. Concombre-Melon d’Epernay, 17. Corylopsis spicata , 198. Curmeria Wallisea, 193. Cypripedium insigne , variété Chantini , 130. Bracœna Goldieana, 15. Evonymus radicans variegata (Figure théori- que d’un), 135. Fécondateur Hauguel, 154. Fourche courbée japonaise, 232. Frêne pleureur de Remilly, 366. Fritillaria aurea, 287. Gelées printanières (Appareil Rivière-Yerninas, pour préserver les fleurs des arbres fruitiers des), 113. Greffe japonaise, 233. Greffoir mécanique Granjon, 297. — Entaille du greffoir mécanique, 297. — Greffon du greffoir mécanique, 297. Guêpes (Appareil pour la destruction des), 333. Haricot Emile, 36. Houe japonaise, 232. Hypoderma nervisequium , 209. Idesia polycarpa type, 254. — Idesia poly- carpa crispa , 254. Jasminum affine , 428. — Jasminum officinale , 428. Juglans longirostris, 53. — Fruit du Juglans longirostris , 53. — Juglans ailanlifolia , fruits, 414. — Juglans ailantifolia , chatons, 415. Kakik branches contournées, 273. Karatas humilis, 190. Lilas de Perse à fleurs blanches (Rameau hé- térophylle développé sur un), 452. Makuwa-uri (Melon japonais), 32. Massangea hieroglyphica, 175. — Extrémité supérieure d’une feuille de Massangea hie- roglyphica, 175. Melon-Concombre d’Epernay, 17, 389.— Melon japonais (Makuwa-uri) , 32. Mosaïculture : vase mauresque formé de 25.000 plantes, 466. — Papillon formé de 3.000 plantes, 467. Nageia ovata à branches rabattues, 273. Nid de l’oiseau jardinier, à la Nouvelle-Guinée, 292. — Plan du nid de l’oiseau jardinier, 292. Pandanus caricosus (Inflorescence du), 405. Peronospora infestans , 209. Phormium tenax variegata, 86. Pinus densiflora soumis au monstruosisme, 272. — Pinus densiflora rendu difforme, 272. Pomme cliquette, fruit entier, 317. — Coupe, 317. Pot-piége, 305. Primuld nivalis, Pall., var. Turkestanica, 12. — Fleurs et feuilles du Primula nivalis , 12. Rhodoleia Championi , 27. Rhynchospermum japonicum monstrueux, 272. Sadleria cyathoïdes , 228. Scie à Rambou, 233. — Scie japonaise, 233. Sécateur japonais, 233. Serre : coupe de l’appareil de chauffage Ven- deuvre, tuyaux et raccords, 447. Shiraga Mats'u , 272. S terculia rupestris , fruits, 326. — Carpelle détaché et ouvert, 326. — Carpelle du Ster- culia tricosyphon , 327. Syringa Persica laciniata, avec fruits, 452. — Syringa Persica mimosœfolia , 453. Yigne (Portion de) anthracnosée, 73. — Sar- ment anthracnosé, 73. — Jeune grappe an- thracnosée, 73. Weigela monstruosa , 47. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES A Abri de M. Gauthier (Un nouveau mode d’), 21. — Abri Cordival simplifié, 92. — Des abris légers, 378. Académie des sciences : nomination de M. Dar- win comme membre correspondant, 321. Acalypha Macafeana, 211. Acer platanoides columnaris , 346. Adiantum scutum, 139. Æsculus rubicunda Briotii, 370. Agave Consideranti (Réintroduction de F), actuellement connue sous le nom d 'Agave Victoria reginœ, 163. Agem Lilag , 453. Ananassa Porteana, 140. Anthracnose de la Yigne, 71, 383. Anthurium floribundum , 140. — Anthurium Scherzerianum Marie - Eugénie, 151. — Culture de Y Anthurium Scherzerianum, 196. — Anthurium Scherzerianum War- dii , 211. — Floraison d’un Anthurium Scherzerianum à deux spathes, 221. — Exemples de duplicature présentés par Y An- thurium Scherzerianum, 303. — Anthu- rium Scherzerianum Mme Jules Valle- rand, 314. — Note sur les Anthurium Scherzerianum de semis, 331. Aponogeton distachyus (Rusticité de F), 205. Appareil Rivière-Yerninas, pour préserver les fleurs des arbres fruitiers des gelées printa- nières, 113. — Appareil pour la destruction des guêpes et des fourmis, 333. Appâts et insectes, 84, 97, 121. Araucaria imbricata (Les), 101. — Monoïcité, 145. — Fécondation, 154, 443. — Réparti- tion des sexes, 204. Arboriculture fruitière à l'Exposition univer- selle, 211. Arbres (Les) figurés à l’Exposition, 245, 370. — Le forçage d’hiver des arbres et arbustes d’ornement, 421. Arbres fruitiers (La non-taille des), 87, J 04. — Importance des apports en arbres frui- tiers à l’Exposition universelle, 162. — La culture des arbres fruitiers en pots, en cor- dons spiraux, 421. Areca sapida, 350. Aria pinnatifida, 257. Arrosage des Palmiers, 340. Arroseur-régulateur Breton, 128. Asperges (Prix fondés en Angleterre parM. W. Robinson pour encourager la culture des) ,201 . Asters recommandables pour la culture autom- nale, 37. — Asters vivaces traités comme plantes annuelles, 137. Astrocaryum Mexicanum, 148. Attalea funifera, 149. Aubergine violette naine hâtive, 351. Australie : le phylloxéra, 124. Auto -fécondation, 24. Azalée Mme Lefebvre, 211. 475 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. B Ballota nigra variegata, 119. Bambusa heterocycla , 354. — Bambusa vio- ~%lascens, 420. ‘ Bancs de jardin (La couleur à donner aux), 362. Bégonia discolor (Monoécie du), 7, 82. — B. hybride, variété Brillant, 29. — Bouturage des feuilles d’hybrides issus du B. Frœbeli et de B. tubéreux divers, 44. — La féconda- tion artificielle des Bégonias, 82. — Un nou- veau type de B. à fleurs doubles, 127. — Variation dans la sexualité des Bégonias, 152. — Rusticité du B. discolor , 183. — Rusti- cité du B. semperflorens , 189. — Mérite des hybrides produits par la fécondation des B. discolor et Bex, 403. Bégonias tubéreux de choix, 9. — Un B. tubé- reux fv,anchement hivernal, 43 Berbens pallida, 249. — B. Danoini , 280. — B. Kgnihti, 440. Bibliographie : Enumération méthodique des plantes nouvelles ou intéressantes qui ont été signalées en 1876, par M. André de Vos, 22. — La feuille florale et le filet sta- minal , par M. le docteur Clos, 44. — Essai d'une ampélographie universelle , par M. le chevalier Joseph de Rosavenda, 48. — Cin- quième série de Y Album Benary, 82. — La flore des jardins du climat méditerranéen de la France , par M. Chabaud, 84. — Ten- tamen rosarum monographies, par M. Re- gel, 144. — Les Palmiers , par M. Oswald de Kerchove de Denterghem, 147. — Le sixième volume du Dictionnaire de Pomo- logie d’André Leroy, 201. — Les maladies des plantes cultivées , des arbres forestiers et fruitiers , par MM. d’Arbois de Jubain- ville et J. Vesque, 208. — Instruction pour les semis de fleurs de pleine terre , 6e édi- tion, par MM. Vilmorin, Andrieux et Cie, 223. — Nomenclature et iconographie des Cannelliers et des Camphriers , par M. Luk- manolf, 242. — L’Orchidophile, par M. le comte du Buysson, 243. — L’Algérie à l’Exposition universelle , par M. A. Hardy, 243. — Neuvième fascicule du Dictionnaire de Botanique, par M. le docteur Bâillon, 261. — Annales du Jardin botanique de Buitenzorg , par M. le docteur R.-H.-C.-C. Scheffer, 319. — Parcs et Jardins , par M. Armand Péan, 343. — Les plantes du Turkestan , par M. Regel, 363. — Des dif- férentes formes de fleurs dans les plantes de la même espèce, par M. G. Darwin, 423. — La Revue mycologique , par M. Roume- guère, 444. — Le Cidre et le Phylloxéra, par M. Lambin, 462. Bignonia sambucifolia , 50. Bilbergia Chantini , 112. Blé (La récolte du) en 1877, 63. Boltonia latisquamma , 20. Boule-de-Neige (Avantages de la culture forcée de la) et son puceron noir, 123. Bouturage des feuilles d’hybrides issus du Bé- gonia Frœbeli et de Bégonias tubéreux di- vers, 44. — Bouturage des Vignes dans l’eau, 98. — Observations de M. Hauguel, re- latives au bouturage dans l’eau, 142. - Ques- tion de priorité à propos du bouturage dans l’eau, 223. — Le bouturage dans l’eau, 341. Bouvardias (Culture des) en Angleterre, 96. Bowenia spectabilis serrulata , 400. Broméliacées (Un nouveau mode de multiplica- tion des), 6. Broméliacées (Coloration rouge des feuilles centrales dans certains genres de) à l’époque de leur floraison, 22. — Fécondation artifi- cielle des Broméliacées, 242. Broussonetia Billiardi , 374. Bûches ornées, 238. Buddleia insignis, 330. Buis nain à pousse jaune d’or, 203. — Les Buis hollandais à l’Exposition, 283. Buxus decussata, 200. C Cœlia macrostachya , 210. Café (Une variété rustique de) cultivée au Japon, 282, Caisses de jardin (La couleur à donner aux), 362. Caladiums portugais, 66. — Les Caladiums portugais obtenus par M. Weiss, 262. Californie (Lettres de), 172. Campanula fragilis , 169. — Les Campanula prostrata de MM. Vilmorin et G‘% 281. — Campanula Van Houttei , 420. Canna iridiflora (Rusticité du), 224. — Canna hybrida Noutonni, 439. Carex riparia variegata, 400. Carica papaya ou Papaw , 172. — Floraison et fructification du Carica gracilis , 444. Ccirludovica palmata (Observations relatives à la maturité des graines du), 16. Casimiroa edulis (Le), 5. Catalogues : MM. Alégatière, à Lyon, 198. — Audusson-Hiron, à Angers, 357. — Aurange (Léon), à Privas, 429. — Ausseur-Sertier, à Lieusaint, 429. — Baumann et fils, à Boll- willer, 379, 398. — Berthier-Rendatler, à Nancy, 417. — Boucharlat aîné, à Cuire-lès- Lyon, 74, 174. — Briolay-Goiffon, à Orléans, 416. — Bruant, à Poitiers, 75, 174, 429. — Burvenich, à Gentbrugge, 429. — Chantrier frères, à Mortefontaine, 457. — Gharozé, à Angers, 417. — Ghouvet, à Paris, 75. — Comte, à Lyon, 253. — Grousse, à Nancy, 99, 160. — Crozy fils, à Lyon. 118. — Dau- vesse, à Orléans, 417. — Delesalle, à Thu- mesnil, 117. — Deleuil, à Marseille, 137, 417. — Ducher (veuve), à Lyon, 398. — Durand (veuve), à Bourg-la-Reine, 99. — Duval, à Versailles, 159. — Fauveau, à Beaulieu, 380. — Fouché, à La Flotte, 219. — Frœbel, à Zurich, 74, 398. — Gentilhomme, à Vincen- nes, 380. — Godefroy-Lebœuf, à Argenteuil, 430. — Guillot fils, à Lyon, 398. — Henne- quin-Denis, à Angers, 75, 416. — Huber (Charles), à Nice, 429. — Huber et C>e (Ch.), à Hyères, 457. — Jacob-Makoy,à Liège, 399. — Jacotot et fils (Henry), à Dijon, 136. — Jacquemet-Bonnefont, à Annonay, 74, 416. — Jardin d’acclimatation du bois de Boulo- gne, à Paris, 100, 119. — Jardin botanique de Zurich, 198. — Jongkindt-Coninck, à Dedemsvaart-lès-Zwolle, 357, 458. — La- lande jeune, à Nantes, 357. — Lapierre, à Montrouge, 74. — Lecaron, à Paris, 118. — Lemoine, à Nancy, 100, 137, 417. — Leroy (André), à Angers, 20, 253, 416. — Leroy (Louis), à Angers, 380, 398. — Levavasseur, à Ussy, 416. — Lhérault (Louis), à Argen- teuil, 40. — Liabaut, à Lyon, 416. — Lin- den, à Gand, 160, 357. — Longone (Angelo), à Milan, 39. — Marchand (Charles), à Poi- tiers, 219. — Mortillet (Paul de), à La Tron- che, 398. — Moser, à Versailles, 457. — Nardy, à Hyères, 160. — Paillet (L.), à Châ- tenay, 40, 430. — Pynaert van Geert, à Gand, 476 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIERES. 429.— Rendatler, à Nancy, 474. — Rœmpler, à Nancy, 499. — Rougier-Ghauvière, à Paris, 499. — Rovelli frères, à Pallanza, 249, 379. — Sahut(G.), à Montpellier, 39.— Schwartz, à Lyon, 399. — Simon-Louis frères, à Plan- tières-lès-Metz, 499, 428. — Thibaut et Ke- teleer, à Sceaux, 448. — Thiébaut aîné, à Paris, 400. — Tlhébaut-Legendre, à Paris, 448 — Transon frères, à Orléans, 446. — Treyve, à Trévoux, 253. — Truffaut, à Ver- sailles, 357. — Vallerand, à Bois-de-Colom- bes, 160. — Van Houtte (Louis), à Gand, 39, 474, 356, 429. — Vaudry-Evrard (J.), à Mirecourt, 40. — Verdier (Charles), à Paris, 249, 457 — Verdier (Eugène), à Paris, 429. — Vergeot, à Nancy, 474. — Vilmorin, An- drieux et Cie, à Paris, 74, 448, 356. — Weick, à Strasbourg, 357. Ceanothus azureus Elie Carrière, 340. Céleri plein court à grosse côte, 33. CephaLotaxus { Du) Fortuneik propos des sexes, 446. — Existence de fleurs mâles et de fleurs femelles sur le CephaLotaxus , 142. — Ré- partition des sexes sur le CephaLotaxus , 483. Cerasus Watereri , 240. Cerisier (Un) à 4,800 mètres d’altitude, 75. Chœnomeles japonica (Greffage du), 65. Chamœrops (Les inflorescences mâles des), 482. Champignons (Les cultures de), de M. Rouxel, 303. Châssis et couches d’un nouveau genre, 200. Châtaigniers (Maladies des), 462. Chauffage des serres (Valeur comparative des tuyaux en fonte et en cuivre pour le), 443. — Chauffage Vendeuvre, 446. Chicorée frisée impériale, 33. — La Chicorée Quetier, 423. Chine (Envois horticoles de), 424. Chou précoce de Louviers, 33. — Chou de Tourla ville, 34. — Le Kappa-na , chou ja- ponais, 442. Chronique horticole : janvier, 5, 24 ; février, 41, 61 ; mars, 84, 404 ; avril, 424, 444 ; mai, 461, 184 ; juin, 201, 224 ; juillet, 241, 261 ; août, 284 , 301 ; septembre, 32 1 , 341 ; octobre, 361, 384 ; novembre, 401, 424; décembre, 444, 461. Chrysanthèmes nouveaux (Quelques), 468. Cidre (Statistique de la production du), en France en 1877, 42. Cinéraires (Les) à fleurs pleines de MM. Haage et Schmidt, 302. Cintra (Les jardins de) au 5 janvier, 425. Cissus discoLor (Développement dans l’eau des racines du), 23. Citrus triptera, comme plante propre à former des haies, 473. Claviceps pur pur ea, 209. Clématis Pitcheri , 40. — C. viticella aî6a,279 . Clématites (Deux) nouvelles, 13. — Clématite Mm' Emile Sorbet, 291 . Cloches à griffes, 95. Cocotier (Le) à Saint-Domingue, 286. Coleus duchesse d’Edimbourg, 420. Concombre vert long de Monro, 34. Concours général annuel d’animaux de bouche- rie, etc., au palais de l’Industrie, 64. — Con- cours (Renouvellement continu des) hor- ticoles à l’Exposition, 462. — 4'® série, 481 ; 2e série, 201 ; 3e série, 224. — Circu- laire relative aux concours temporaires de fruits, 324. — Concours de tondeuses à l’Exposition, 284, 321, 357. — Dates aux- quelles les jurys d’horticulture procèdent à l’examen des apports, 324. — Concours de Gazons à l’Exposition, 407. — Concours de multiplication à l’Exposition, 423. Congrès de botanique et d’horticulture (Orga- nisation d’un) à l'Exposition universelle, 441. — Ouverture du congrès, 322. — Médaille d’or décernée à MM. Baltet par le congrès pomologique, 382. — Congrès d’apiculture et d’insectologie (Organisation d’un) à l’Ex- position universelle, 164. Coprosma Baueriana , 56. Cornus thelicanis (Production de graines sur le), 404. — C. mas aurea elegantissima, 420. Corylopsis spicata , 497. Coton Bahmieh (Le) au Trocadéro,34l. Couches et châssis d’un nouveau genre, 200. Coutellerie et accessoires de jardin à l’Exposi- tion, 306. Croton aureo maculatus , 244. — C.IIarwoo- dianus, 244. Cryptomeria Japonica compacta , 60, 265. — C. Japonica yariegata, 360. Curmeria (Des), 192. Cyclamen (Culture des) de pleine terre, 69, 365. - C. de Perse, 470. - Les C. de MM. Bardet, de Varsovie, 341. Cypridium macranthum (Le), 44. — C. insigne, var. Chantini, 430. 1) Dactylis glomerata aurea, 360. Dahlias lilliputs (Les), 342, 425. — Les Dahlias à fleurs vertes, 343. Daïcon (Le), 6. Daphné Mazeli (Faits de dimorphisme relatifs au), 244. Décoloration des fleurs desséchées (Préservatif contre la), 432. Delphinium nudicaule , 260. Dendrobium , Brymerianum, 210. Dichroïsme , 102. Diospyros (La répartition des sexes dans les), 304. — Diospyros lycopersicon , 470. Doryphora (Le), 304, 422. Dracœna Goldieana , 45. — Maladie du Dra- cœna terminalis, 62. — Les variétés de Dracœna de MM. Chantrier frères, 281. E Eau (L’) dans les jardins, 45, 68, 93, 415. Eaux d’égout (Emploi des) en horticulture, 13. Ebouillantage (L’) appliqué à la Vigne contre le phylloxéra, 64 , 359, 385. Echenillage hivernal (Nécessité de F), 41. Encholirion Yunghii, 440. — E. Saundersi, 480. Engrais liquides (Les) en horticulture, 4 24. Enseignement : ouverture du cours de M. Du Breuil, 23, 284.— Cours de M. Forney, 23, 461 . — Cours de M. Jadoul, à Lille, 62. — Créa- tion d’un collège agricole au Japon, 64. — Ouverture du cours de M. Bureau, 462. — Ouverture du cours de M. Decaisne, 481. — Examens des élèves du cours départemental d’arboriculture : élèves diplômés, 284. — Rentrée des élèves à l’école de Versailles, 285. — Liste des élèves admis à l’école d’horticulture de Versailles, 382. — L’ins- tilut expérimental agricole du Rhône, 421. Eranthemum laxiflorum, 214 . Eremurus robustus, 439. Erodium (Un) du cap de Bonne-Espérance employé comme fourrage, 364. Espaliers (Les), 266, 347, 391. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Eucalyptus (Des), 145, 262, 456. Eucharis amazonica (Forçage de 1’), 79. Eulalia (U) japonica n’est pas une espèce, 245. Eupatorium reticuldtum , 439. Euphorbia Jacquiniœflora, 120. Evonymus radicans variegata (Figure théo- rique de 1’), 134. — E. japonica pyrami- data , 300. — E. japonica cristata viridis et cristata versicolor , 460. Expériences (Les) agricoles de Mormant, Petit- Bourg et Gonesse, 322. Expositions d’horticulture de : Angoulême, 303. — Brie-Gomte-Robert, 221, 284. — Cher- bourg, 101. — Gorbeil, 244. — Gand, 24, 141, 185 — Lyon, 282. — Mulhouse, 7. — Nevers, 262. — Orléans, 343. — Saint-Ger- main, 281. — Versailles, 203, 324, 351. Exposition internationale (Une) en Australie, 45. — Exposition de machines agricoles et horticoles au palais de l’Industrie, 61, 107. — Exposition de Rhododendrons de John Waterer et fils, de Bagshot, 278. — Multi- plicité des expositions internationales, 283. — Exposition agricole internationale de Lon- dres en 1879, 461. Exposition universelle de 1878 : état des tra- vaux horticoles, 21, 41, 81, 121, 161. — Ré- partition des places, 61. — Demandes d’ad- mission, 85. — Japonais : leur goût pour les plantes, 104. — Envois horticoles de la I Chine et du Japon, 124. — Ouverture, 161. — Le jury provisoire, 181. — Circulaire relative aux exposants du IXe groupe, 181. — Quelques plaintes au sujet des serres, 205. — Nomination du jury des récompenses, 225. — • Epoques à choisir pour visiter la section horticole, 281. — Conseils aux visi- teurs, 283. — Date fixée pour la distribution des récompenses, 301, 324. — Compte- rendu de l’exposition horticole, 226, 241, 250, 275, 294, 318, 328, 355, 367, 395, 410. — Renouvellement continu des concours, 162. — Ire série, 181 ; 2e série, 201 ; 3e série, 221. — Circulaire relative aux con- cours temporaires de fruits, 321. — Dates auxquelles les jurys d’horticulture procèdent à l’examen des apports, 321. — Concours de tondeuses, 284, 321, 357. — Concours de I Gazons, 407. — Concours de multiplication, 423. — Les arbres figurés, 245, 370. — L’arboriculture fruitière, 211. — Importance des apports en arbres fruitiers, 162. — Les Buis hollandais, 283. — Congrès de bota- nique et d’horticulture, 141, 322, 382. — Congrès d’apiculture et d’insectologie, 164. — Coutellerie et accessoires de jardin, 306. — Les fruits du Garrya elliptica , 344. — Le Lierre-parapluie, 302. — Le matériel I horticole, 370. — La mosaïculture, 341, 358, 382, 465. — Les pépinières, 245. — Les Pivoines, 221 . — Les Raisins en pots, 221 . — Les Rhododendrons, 201. — Les Rosiers, 162, 181, 221. - Les serres, 241, 261. - Le tapis de Tulipes des Hollandais, 162. — Clôture : les lots d’arbres et d’arbustes du Trocadéro et du Champ-de-Mars, 421. — Distribution des récompenses, 431. — Les travaux de déménagement, 445. — La mai- son Vilmorin à l’Exposition, 458. F j Fécondation artificielle (La), 42. — Essais de fécondation artificielle tentés par M. Quetier, 123. — Fécondateur Hauguel, 154. — Fé- condation artificielle des Broméliacées, 242. 477 — Fécondation artificielle des Araucaria, 443. Feuilles (De la forme des), 256. Forsythia suspensa, 240. Fourche courbée japonaise, 232. Fourmilières (Appareil spécial pour la destruc- tion des), 333. Fraise des Quatre-Saisons (Une nouvelle), 369. Franciscea (Culture des), 178. Fraxinus excelsior fotiis aurais , 380. Frêne pleureur de Remilly, 366. Fritillaria aurea, 287. Fruits (La récolte des) de l’année 1877, 8. Fuchsia Jean Sisley , 410. Fusain du Japon Duc d’Anjou, 179. — Semis de graines de Fusain du Japon, 244. €S Garrya elliptica (Les fruits du) à l’Exposition universelle), 344. Gazons (Création et entretien des), 50. — Con- cours de Gazons à l’Exposition, 407. Gelées printanières (Appareil Rivière-Verni- nas pour préserver les fleurs des arbres fruitiers des), 113. Genévriers (Le podisoma des), 84. Géraniums (Les) et les serpents, 445. Giroflées jaunes (Culture des) de murailles, 159. Gloxinias de M. Vallerand, 337. Glycines cultivées comme arbustes buisson- neux, 19. — Une Glycine gigantesque, 28. — Une Glycine de Chine à fleurs pleines, 224. Godetia Lady Albemarle, 262. Greffage du Chœnomeles japonica, 65. — De l’influence du greffon sur le sujet et. vice versa, 80. — Un nouveau mode de greffage des arbres, 85. Greffe japonaise, 233. — La greffe du Noyer, 298. — Précaution à prendre pour empêcher les greffes d’arboriculture fruitière d’être en- terrées, 403. Greffoir mécanique Granjon, 297. Guêpes (Une recette contre les piqûres des), 83. — Appareil spécial pour détruire les nids de guêpes, 333. — Procédé de M. Ragot Denis pour éloigner les guêpes des treilles, 401, 444. Guêpier (Le) de M. Pelletier, 103, 143. Gynérium jubatum, 449. H Hœmanthus Kalbreyeri, 211. Haricot beurre ivoire sans parchemin, H. de la Val d’Isère sans parchemin, H. Princesse à longues cosses, H. zébré gris sans parche- min, H. Bagnolet blanc^ H. rose nain mange- tout, 34. — H. Emile, 36. — Un H. flageo- let complètement vert, 304. — H. de Gon- flans, H. ivoire bicolore, 406. — H. lenticu- laire bicolor, 407. Havane : introduction du moineau, 155. Hedera macrophylla , 60. Hedychium Gardnerianum (L’) traité comme plante vivace, 133. Héliotrope de Voltaire, 361. * Hexacentris Mysorensis: sa culture, 413. Houe japonaise, 232. Hydrogéologie (L1), ou application des sciences géologiques à la découverte des sources, 363. Hydrophobie (Nouveau remède contre F), 446. Hypoderma nervisequium, 209. I Idesia polycarpa crispa, 253. 478 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. If (Les feuilles et les fruits de T), *75. Indes (Quelques mots sur la culture des Rosiers dans les), 376. Insectes (Les) destructeurs du phylloxéra, 63. — Appâts et insectes, 84, 97. 121. — Les insectes et les oiseaux, 108, 417. — Des- truction des insectes, 305, 333. Insecticide Fichet : son efficacité contre le tigre des Lauriers-Roses, 43. Iresine Wallisii (Introduction de T), par M. Lemoine, 283. Irrigations (Nécessité de développer les) dans le Midi, 184. Ixora hybrida , 211. J Japon : les végétaux japonais destinés à l’Expo- sition universelle, 22. — Création d’un col- lège agricole, 64. — Les Japonais à l’Expo- sition universelle : leur goût pour les plantes, 104. — Envois horticoles, 124. — L’exposition horticole japonaise, 163. — Essai sur l'hor- ticulture japonaise à l’Exposition universelle, 214, 231, 271. Jardinage (Fragments d’une histoire inédite du), 87, 104, 194, 235, 266, 347, 391. Jardin de Cintra (Le) au 5 janvier, 125. — Le jardin de l’hôpital maritime, à Brest, 258. — Nomination de M. Naudin à la direction du jardin botanique de feu M. Thuret, à Antibes, 182. — Les Lapons et leur troupeau de rennes au jardin d’acclimatation, 441. Jardins (L’administration des), 288, 334. — La couleur à donner aux accessoires de jardin, 362. Jasminum affine, 427. Juglans longirostris , 53. — J. ailantifolia , 414. K Londres (Correspondance de), 210, 278. Loterie nationale (Achals de plantes pour la), 445. n Maclura aurantiaca (Le), 424. Magnolia Campbelli , 59. — Un nouveau Ma- gnolia à floraison tardive, 132. — Magnolia stellatd , 270. | Makuwa Uri (Le) : son infériorité, 63. | Mangifera indica , 172. , Massangea hieroglyphica , 175. Matériel (Le) horticole à l’Exposition, 370. Melon-Concombre d’Epernay, 17, 388. — Melon i japonais, 31, 63. — Le Melon orange grim- pant, 102. — La non-taille du Melon, 125. — Remède à employer contre le puceron noir du Melon, 182. — Un Melon hybride des ' Moschatello et Orange, 302. — Procédé pour protéger les semis de Melons contre les cour- tillières, 403. , Mentzelia ornata , 430. ! Moineau (Introduction du) à la Havane, 155. I Monardes (Les), 91. Monument destiné à la mémoire de Van Houtte, 241. ; Mosaïculture (Plantes propres à la), 119, 203. — La mosaïculture, 184. — Exemple de mo- saïculture à l’Exposition universelle, 341, 358, '382, 465. — Mosaïculture au château du Val, 450. 1 Multiplication (Un nouveau procédé de) des végétaux. 82, 268. — Multiplication par la greffe-racine, 111. — Multiplication des plantes grasses, 244. I Musa Livivgslonia (Graines de), 182. j Muséum (Don fait au), par les Japonais, des plantes exposées, 425, 441. Kakis japonais (Les), 173, 222. — Kakis dont les branches ont été contournées, 273. — Les Kakis japonais à l’Exposition, 324. — Inégale et irrégulière répartition des sexes sur les Kakis, 424. Kappa-na (Le), Chou japonais, 442. Karatas humilis, 190. Laburnum tardiflorum , 120. Laitue Roquette, 34. Lamium maculatum aureum, 420. Lantana Impératrice Eugénie , 399. Lapons (Les) et leur troupeau de rennes au jardin d’acclimatation, 441. Latanier (Le) à Saint-Domingue, 286. Légion-d’Honneur (Promotions dans la) à la suite de l’Exposition universelle, 401, 441, 464. Légumes (Sur quelques nouveaux) de 1877, 32. Lettres de Californie, 172. Lierre-parapluie (Le) à l’Exposition universelle, Ligustrum villosum, 140. — L. ovalifolium instabile , 176. — Production de graines sur le L. ovalifolium , 404. Lilas de Perse (Fructification du) à feuilles laci- niées, 6. — Du Lilas dit de Perse, 21 7. — Une page inédite à propos du Lilas de Perse, 451. Limaces (Emploi de la bière contre les), 121. Linden : établissement à Paris d’une succursale de sa maison, 441. Linum trigynum , 100. Lis blanc (La floraison du) et la moisson pro- chaine, 241. Lobelia, 30. — Modification du Lob elia tr inus, 265. X Nageia ovata à branches rabattues, 273. Nécrologie : M. Troupeau, 45. — M. Philippe- Victor Verdier, 65. — M. Marc-Louis Dé- mouilles, 101. — M. Durieu de Maisonneuve, 143. — M. Porcher, 162. - M. Grin aîné, de Chartres, 221. — M. Herpin de Frémont, 263. — M. le marquis de Vibraye, 284. — M. Haage, 322. — M. Thozet, 339. — M. Du- plat, 345. — M. Auguste Boileau, 442. Nid de l’oiseau des bosquets à la Nouvelle-Gui- née, 292. Noyer (La greffe du), 298. ! Nymphéa rustique (Un) à fleurs rouges, 243. — Inflorescences anormales produites sur un pied de Nymphéa rubra, 303. Ognon blanc très-hâtif de la Reine ; O. blanc plat gros d’Italie; O. rouge vif d’août; O. géant de Rocca, 34. — O. Catawissa, 135. — Procédé italien de conservation des Oignons par la chaleur, 264. Oïdium de la vigne (Encore un remède contre 1’), 131. — L’oïdium de la vigne en 1878, 361. Oiseaux (Les) et les insectes, 108, 417. — L’oiseau jardinier, 291 . Orangers (Quelques observations à propos des semis d’), 57. Orchidées en fleurs, à Londres, pendant le mois de décembre 1877, 54. — Deux Orchidées remarquables, 461. Ornementation (Un procédé d’) recommandable, 225. Ornithogalum arabicum , 60. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. P Palmiers (Quelques mots sur l’arrosage des), 340. Pandanus caricosus , 405. Paphinici nutans , 188. Pariétaire : une mauvaise herbe, mais très-bonne plante décorative, 448. Pastèques (Les) au point de vue industriel, 446. Pêche Quetier (Mise au commerce de la), 5. — Pèche lisse de Chine ou Peen-to , 133 — Pêche Baltet, 250. — Une Pêche tardive, 425. — Des Pêches en Amérique, 446. Peen-to ou Pêche lisse de Chine, 133. Pélargonium Aglaé Fosset , 110. — Les Pé- largoniums à l’Exposition universelle, 221 . Pensée Fred. Perkins , 211. Pentaraphia floribunda , 30. Pépinières (Les) à l’Exposition, 245. — Choix du terrain pour les pépinières, 381. Peronospora in f est an s, 209. Persica vulgaris prœcox , 180. Pétunias à fleurs doubles, 90. — P. à fleurs doubles de M. Boucharlat, 362. ’ Phlox Drummondi grandiflora et ses variétés naines, 114. — Les P. decussata cultivés en pots, 282. — P. alternifolia , 419. Phormium ■ tenax variegata, 86. — Le P. tenax atropurpureum , 143. Phyllanthus roseo pictus , 140. Phylloxéra : visite de M. Mouillefert dans les pays phylloxérés, 8. — Les ennemis natu- rels, aériens et souterrains du phylloxéra, 42. — L’ébouilllantage de la Vigne, 61, 359, 385. — Invasion du phylloxéra dans l’île de Madère, 62. — Les insectes destructeurs du phylloxéra, 63. — Etat de la question d’après des documents publiés en 1876, 78, 157. — Le phylloxéra en Australie, 124. — Le phyl- loxéra en Bourgogne, 285. — Le phylloxéra au Jardin botanique de Dijon, 325, 344. — Le phylloxéra et les hécatombes viticoles, 402. Picea excelsa procumbens, 58. Pickeringia montana , 249. Pinus Massoniana et densiftora (Les) au Japon, 265, 272. Pivoines (Les) à l’Exposition universelle, 221. — Floraison, à l’Exposition, des Pivoines en arbre japonaises, 243. Plantago macrophylla purpurea, 179. Plante (La) de tout le monde, 219. Plante carnivore (Une nouvelle), 464. Plantes annuelles recommandables, 30. — Plantes bulbeuses (Vitalité de quelques), 56. — Plantes nouvelles ou pas assez connues, 60, 100, 114, 120, 139, 180, 200, 220, 240, 260, 280, 300, 360, 400, 420, 440. — Les plantes nouvelles de M. Gumbleton, 122. — Les plantes nouvelles de MM. James Veitch et fils, de Londres, 387. Plantes de serre (Les) à l’Exposition univer- selle, 162. Platanes (Une question sur les), 469. Pleroma Gaudichaudiana , 140. Plumbago scandens , 464. Podocarpus spicata (Longévité remarquable du), 56. Pœonia Browni , 132. Poire de Hongrie (La), 165. — Poire Mikado, 310. Poirier de quatre cents ans (Un), 75. — Une maladie cryptogamique des Poiriers, 84. — Des Poiriers japonais, 310. Pois (Conseils sur les semis de) à faire en fé- vrier, pour primeurs de pleine terre, 6. — P. Merveille de Batt, 35. 479 Poma Carlotti , 300. Pomme cliquette, 316. Pommé de terre Quarantaine violette, 11. — Pommes de terre Comptons surprise, Van- derveer , 35. — Pomme de terre Genest, 131 . — La Pomme de terre Hardy, 163, 202, 263. — L’ébourgeonnage des Pommes de terre, 165, 168. — A propos de quelques Pommes de terre hâtives, 177. Pomologie (Petite thèse de) : de la Poire de Hongrie et de quelques autres, 165. Pot-piége à limaces, 305. Primevères (Quelques nouvelles espèces de), 217. — Un nouveau Primevère à fleurs fim- briées, 277. Primula nivalis, Pall , 11, 217. — P. sinensis crispa , 277. Pritchardia filifera , 316. — Les P. filifera dans la zone de l’Oranger ; leur rusticité en pleine terre, 381. Prunes (Les bonnes) à cultiver, 383. — La Tar- dive de Rivers, Prune tardive, 443. Prunus roseo pleno (Erratum au sujet du), 5. Pseudotsuga Douglasii (Don fait au Muséum d’une rondelle de), 441. Psidium pyriferum , 172. — P. pomiferum, 172. — P. Cattleyanum, 172. Pteris umbrosa cristata , 192. Pyrus lonqipes, 6. R Radis blanc hâtif géant de Stuttgart, R. blanc de l’Hôpital, 35. Raisins : Altesse de Savoie, 362. — Avarengo, 103. — Bakator rouge, 104. — Bargine, 322. — Beni-Salem, 382. — Bregin noir, 342. — Brun fourca, 164. — Chemin noir, 383. — Clinton hybride, 322. — Crovattina, 103. — Folle blanche, 342. — Foster’s white, 242. — Furmint, 202. — Giboudot noir, 202. — Grenache noir, 241. — Gris de Jalces, 382. — Jardovan, 342. — Jurançon, 362. — Loubal blanc, 264. — Mourvèdre de Nikita, 241 . — Muscat Ottonel, 242. — Pascal blanc, 164. — Pedro-Ximènes, 202. — Pe- loursin ou Pelorsin noir, 164. — Petit Bous- chet, 203. — Pienc, 363. — Rivier, 264. — Robin noir, 322. — ltulandier d’Amérique, 264. — Sauvignon, 264. — Servanin, 342. — Tadone nerano, 363. — Toulier, 383. — Uva rara, 103. — Verdesse, 164. — Ze - kroula khabistoni , 322. Raisins en pots (Les) à l’Exposition universelle, 221. — Le Chasselas de Tournai, 224. Raphia (Emploi du) pour ligatures de greffes, 182, 286. Récolte (La) des fruits de l’année 1877, 8. Reinette grise de Canada (Qualités de la), 143. — Conservation dans l’eau d’une sorte de Reinette grise italienne, 222. — La résis- tance de la Reinette grise de Canada au pu- ceron lanigère, 223. — La Reinette verte de Moscou, 301 . Rhamnus obcordata, 419. Rhododendrons (Les) à l’Exposition univer- selle, 201. — R. Boule-de-Neige, 239. — R. occidentale, 248. Rhodoleia Championi , 27. Rhopala australis (Rusticité du), 142. Rhynchospermum Japonicum rendu mons- trueux par la culture, 272. Robinia pseudo-acacia Ressoneana, 140. Rochers (Des) dans les jardins, 205, 311. Rogiera cordata, 230, 263. Rosier (La multiplication du) par tronçons de 480 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. racines, 75. — Les Rosiers à l’Exposition universelle, 162, 221. — L’exposition des Roses, 181. — Emploi de l’insecticide Fichet contre les chenilles du Rosier, 301. — Quel- ques mots sur la culture des Rosiers dans les Indes, 376. — Le Rosier Ma Pâquerette , 385, 461 . — Roses nouvelles, 463. Rubus cratœgifolius (Le), 324. S Sadleria cyathoides , 228. Salvia cœlestina , 49. Sambucus angustifolia , 231. — S. glauca preparturiens, 440. Sapin de Douglas (Dimensions gigantesques du), 324 Saponaria ocymoides, 280. Saxifraga ligulata, 240. — Faits de dimor- phisme relatifs au Saxifraga ligulata , 244. Schiraga Mats’u, 272. Scie japonaise, 233. — Scie à Bambou, 233. Sécateur japonais, 233. Sécheresse de l’année 1877 dans le midi de la France, 6. Selagineila denticulata variegata , 168. Seringats (Des) au point de vue des palissades, 270. Serpents (Les) et les Géraniums, 445. Serres (Les) à l’Exposition universelle, 241, 261. — Valeur comparative des tuyaux en fonte et en cuivre pour le chauffage des serres, 443. — Appareil de Vendeuvre, 446. Sexes (Variabilité des), 7. Skimmia ablata, 240. Société d’acclimatation (Encouragements distri- bués par la), 384. • Société royale d’horticulture d’Angleterre : séan- ces, 9. — Une innovation, 211. — Liste des plantes primées, 224. — Exposition de fleurs, 278. x Solarium Wallisii (Culture du), 343. — Le S. cerasiforme, 402 — <$. hybridum Hen- dersonï , 425. Spirœa Lindleyana , 39. Sterculia rupestris , 325. Stuartia malaphodendron , 70. Suie (Gomment doit-on employer la)? 265. Suisse : nouveau décret du conseil fédéral au- torisant l’importation des arbres fruitiers sous certaines conditions, 81. Sulfure de carbone (Du) employé comme anti- phylloxérique, 394. Syringa persiea laciniata , 452. — S. persica mimosæfolia, 453. T Tabac (Le), 219. Tamarindus indica , 173. Température de la fin de l’année 1877, 24. — L’hiver de 1877-1878, 101, 122. — La séche- resse dans le Midi, 164, 184. Terres labourées (Les) et les terres pavées, 194, 235. Thermomètre (Le) transparent de M. Eon, 7. Thermopsis nepalensis , 280. Tigre (Le) des Lauriers-Roses, 43. Tillandsia nouveau (Un), 82. — Tillandsia Lindeni vera , 390, 423. Tomate rouge grosse lisse, 35. — Expériences sur la Tomate commune, 284. — La maladie des Tomates en 1878, 361, 404, 424, 426,445. — Le ciselage ou éclaircissage des Tomates, 384. Tondeuses (Concours de), 284. Torreya grandis (Les graines de), 244. Tritoma Marocana , 255. Tulipes (Le tapis de) des Hollandais a l’Exposi- tion ; sa floraison trop hâtive, 162. Tuyaux (Améliorations apportées à la pose des), par M. de Vendeuvre, 343. \ Van Houtte (Monument destiné à la mémoire de), 241. Varia, 56, 132, 248, 286, 400, 445. Veltheimia viridifolia, 134. Vente de la bibliothèque deM. G. Vigineix,21. Viburnum plicatum, 220. — Le V. macroce- phalum, 423. Victoria regia (La) en Afrique, 263. Vieilleries (Les) en horticulture, 102. Vignes américaines (Les) et leur résistance au phylloxéra, 8. — L’anthracnose de la Vigne, 71, 383. — Bouturage des Vignes dans l’eau, 98. — Les Vignes à l’Exposition, 165. Vignoble (Le), 103, 164, 202, 241, 264, 322, 342, 362, 382. Vins (Statististique de la production des) en France en 1877, 42. Voyage de M. E. André dans l’Amérique du Sud, 323. Vriesia psittacina , 120. w Washington (Les avenues à), 249. Weigela monstruosa , 47. Wellingtonias (Les) cultivés comme arbres fo- restiers, 462. Welwitschia (Introduction en France du genre), 142. Wistaria sînensis flore pleno , 260. X Xeronema Moorei, 400. Y Ye-Goma (Le), 455. Yucca quadricolor (Origine du), 18, 104. — Transformation du Yucca aloefolia versico- lor , 104. — Multiplication des Yuccas de pleine terre, 345. — Yucca conspicua, 387. Z Zi-Goma (Une nouvelle plante industrielle ja- ponaise), 144, 323, 363. FIN DE LA TABLE DU VOLUME DE 1878. Orléans. — Imprimerie de Georges Jacob cloître S int-Étienne, A.