HARVARD UNIVERSITY OF THE Received Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/revuehorticoiejo1881unse REVUE HORTICOLE ANNÉE 1881 ORLÉANS, IMPRIMERIE DE GEORGES JACOB, CLOÎTRE SAINT-ÉTIENNE, 4 REVUE HORTICOLE JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE Fondé en 1829 par les auteurs du Bon Jardinier RÉDACTEUR EN CHEF : M. E.-A. CARRIÈRE EX-CHEF DES PÉPINIÈRES AU MUSÉUM ADMINISTRATEUR : L. BOURGUIGNON PRINCIPAUX COLLABORATEURS MM. ANDRÉ (ÉDOUARD), AURANGE, BAILLY, BALTET, BERTIN, J. BATISE, BONCENNE, BRIOT, BUCHETET, CARBOU, CARRELET, DE GASTILLON, G'® D’ÉPRÉMESNIL, CUSIN, DAVEAU, DELCHEVALERIE, DENIS, DE LA DEVANSAYE, DUMAS, DU BREUIL, DUVAL, ERMENS, FOURNIER, GAGNAIRE, GLADY, GODEFROY, HARDY, HÉLYE, HOULLET, KOLB, LACHAUME, LAMBIN, L. LHÉRAULT, LÉON DE LUNARET, MARTINS, MAY, MESSAGER, NARDY, NAUDIN, L. NEUMANN, D’OUNOUS, PIGNY, PUVILLAND, V. PULLIAT, QUETIER, RAFARIN, ROUÉ, JEAN SISLEY, SALLIER, DE SOLAND, O. THOMAS, TRUFFAUT, VERLOT, VILMORIN, WEBER, etc. 53e année. — 1881 ^ PARIS LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE 26, RUE JACOB, 26 1881 ' ^ .V/iA/ifll^ ■ ‘'-KK?; ^ -• > /- ■ ' < * i . * ■ ■ • ‘ .. V. ^ ‘ ^ .: , . ■■ - ■■ ' ■ '. •■^* - , . - ■; :;■ . .- ' ■■: _ _ • . ./ . ... . • ^ , ■ ...:■■•/■ ■ -Vi<- / • ^r.v< • î?>(. -) :'Ji: .v:p: . ^ < , ■- ■ ■ ■ • • • ' ^- ■■■ ■ i . . -• " ■ ■ ' . -’ i-H •• V -: • .. ,. : ■...■' ' ■ ■■ V-’ ■'• . . '- ' ■■ , .■ 1- U ■.-. lèar' i.Z:'. . ■ '• --■ .■■■- '■ . - ,.• '. • .> . ' ■'-■ ■ .,- ■.. -tv ^ . ■ • . V --d'i >jfï6d •'.-' REVUE HORTICOLE CHRONIQUE HORTICOLE Décisions prises par la Société nationale et centrale d’horticulture de France en ce qui concerne ses expositions. — Exposition de la Société royale d’horticulture et de botanique de Gand. — Le Cucur- bita melonœformis; lettre de M. Dubos. — Concours agricole au palais de l’Industrie. — Rusticité des Lis du Japon; expérience faite par M. Sisley. — Le Dschugara; renseignements communiqués par MM. Vilmorin. — Découverte de nouvelles taches phylloxériques en Crimée ; communication de M. Clausen. — Graines et crossettes de Vignes du Kahsmyr envoyées par M. Ermens; documents annoncés sur la flore de cette contrée. — Semis naturels de W'eigda. — Cours de l’Institut nationa agronomique. — Le blanc des racines; lettre de M. Adam. — Les insecticides à appliquer aux cultures de légumes; lettre de M. Ilauterive. — Ralentissement de l’invasion du phylloxéra; faits constatés dans la Dordogne par M. Fabre, délégué de l’Académie. Se rangeant à l’opinion nettement for- mulée par les horticulteurs, la Société na- tionale et centrale d’horticulture de France vient de prendre une grande détermination : elle vient de reconnaître ses propres forces en rejetant toute tutelle. En un mot, elle veut justifier sa qualification de « Société nationale et centrale d’horticulture de France. » A cet effet, elle a rompu complè- tement avec les Beaux-Arts, dont depuis longtemps elle s’était faite sinon l’esclave, du moins l’obligée, et était traitée comme telle. Elle s’est donc affranchie, et sa pro- chaine exposition, qui aura lieu dans la deuxième quinzaine de mai 1881, et dont la durée sera de huit jours, se tiendra dans un jardin approprié à cet effet. Nous y re- viendrons aussitôt que l’emplacement sera rigoureusement déterminé. Cédant aussi au désir exprimé par la ma- jorité des électeurs, la Société, pour ses expositions, est revenue à l’usage des con- cours qu’elle avait abandonnés depuis long- temps. A-t-elle bien fait? et en spécifiant rigoureusement, n’a-t-elle pas restreint l’aire de la liberté ? L’avenir le dira. En attendant, nous constatons le fait. Une décision qu’elle a prise aussi et dont, à notre avis, l’application devra produire de bons résultats, c’est que, outre ses grandes 1er JANVIER 1881. expositions générales, la Société fera, dans son hôtel de la rue de Grenelle, des exposi- tions partielles correspondant à la floraison de plantes qui, se montrant en dehors de l’époque ordinaire où ont lieu les expositions générales, ne peuvent figurer à celles-ci, et par ce fait demeurent à peu près inconnues du public, qui, ne les voyant plus, finit par presque les oublier, cela au détriment de l’horticulture. Aussi espérons-nous que les nouvelles décisions prises par la Société nationale et centrale d’horticulture, tout en la relevant au yeux de l’Europe horticole, seront avantageuses à l’horticulture, par conséquent aux horticulteurs. — La Société royale d’horticulture et de botanique de Gand fera à Gand (Belgique), du 3 au 5 avril 1881, sa 144e exposition d’horticulture. Seuls, les membres de la Société seront admis à exposer. Adresser les demandes au secrétaire- adjoint, 20, rue Digue-de-Brabant, au plus tard le 28 mars 1881 . — M. G. Dubos, dans une lettre qu’il vient de nous adresser, nous informe qu’il est heureux de constater que M. Gossin, dans son article sur le Cucurhita melonæ- formis (1), n’a en rien exagéré les mérites (l) V. Revue horticole, 1880, p. 431. 1 6 CHRONIQUE HORTICOLE. de cette Cucurbitacée, au contraire, mais qu’il en est peut être autrement en ce qui concerne les soins de culture, car chez lui, à Montauban, cette espèce vient très-bien en pleine terre, et il lui a suffi « de garan- tir les plantes contre les pluies et contre les gelées printanières. » Il ajoute : Dès les premiers jours de mai, j’ai mis en pleine terre les plants, qui avaient alors 15 à 20 centimètres de haut. Au mois d’août, je pos- sédais de magnifiques échantillons de cette pré- cieuse Cucurbitacée, qui me paraît destinée à devenir un mets des plus recherchés. Ces jours- ci encore je la faisais connaître, sous diverses préparations culinaires, à quelques amis, et elle fut à l’unanimité trouvée excellente. Ce que de- mande surtout cette Cucurbitacée, c’est beau- coup de tumier et de copieux arrosages pendant les chaleurs. Avec cela, elle vient parfaitement à peu près à toutes les expositions, sauf au Nord. Les différences qui existent entre les cli- mats de Tarn-et-Garonne et des Ardennes expliquent les soins divers que peut exiger une même plante quand elle est placée dans ces conditions, et justifient les précautions que recommandait M. Gossin pour le C. melonœformis. Un fait principal qui se dégage de cette lettre et de plusieurs autres que nous avons reçues, c’est que cette es- pèce s’est toujours montrée de premier mé- rite. ♦ — L’époque du concours agricole qui chaque année se tient au palais de l’Indus- trie est fixée. Ce concours aura lieu du 14 au 23 février 1881. A cette occasion nous rappelons que, outre les animaux vivants et morts, ainsi que les instruments ara- toires, les fourrages divers, les produits et ustensiles plus ou moins agricoles, l’horti- culture sera aussi admise pour une certaine partie : celle des fruits et des légumes. Les personnes qui voudraient exposer devront s’adresser au Ministère de l’agri- culture, boulevard Saint-Germain, 244, au plus tard le i5 janvier prochain. Elles trouveront là des programmes et des ins- tructions spéciales qui leur feront connaître les conditions des concours et le réglement auquel elles devront se conformer. — Au sujet des Lis du Japon, M. Sisley nous écrit : Quelques personnes doutent de la rusticité des Lis du Japon. C’est un tort, je crois, car chez moi ils ont subi l’hiver passé 19 degrés centigrades au-dessous de zéro. Et ce qui est le plus concluant en faveur de leur résistance à la gelée, c’est qu’ils étaient en pots et qu’ils ont été laissés dehors; par conséquent, la terre a été complètement gelée pendant toute la durée de notre rude hiver. Malgré cet exemple, en apparence si con- cluant, nous croyons prudent de faire cer- taines réserves, en nous appuyant précisé- ment sur le fait que signale M. Sisley : « qu’ils étaient en pots. » Dans ce cas, en effet, les Oignons étaient en partie à l’abri d’un excès d’humidité qui, en général, est nuisible aux Lis, surtout à certaines espèces, par exem- ple aux Lilium lancifolium qui, bien que du Japon, ne pourraient dans un grand nombre de cas être cultivés en pleine terre. Mais, à part cette espèce peut-être, nous croyons que M. Sisley a grandement raison en affirmant que les Lis du Japon sont as- sez rustiques pour supporter le froid de nos hivers en les plaçant dans des conditions où ils soient à l’abri d’un excès d’humidité. — Nous devons à l’obligeance de MM. Vil- morin et de pouvoir renseigner nos lec- teurs sur la plante dont nous avons parlé récemment (1), dont le nom vulgaire est Dschugara, laquelle, d’après certains .rap- ports, pourvu qu’elle soit humide. La grande vigueur de VHy drangea panU culata grandiflora permet de l’élever en arbre ; c’est peut-être la seule espèce de tout le groupe qui possède cet avantage. Nous en connaissons dont la tige droite et ^20 FRUITS NOUVEAUX OU FEU CONNUS. robuste supporte une tète volumineuse très- ramifiée, qui, chaque année, pendant plu- sieurs mois, se couvre, de fleurs, ce qui produit un elTet splendide. C’est une dispo- sition que nous signalons tout particulière- ment aux amateurs du beau et même du nouveau, et que nous avons vu pratiquée chez M. Paillet, horticulteur à Châtenay- les-Sceaux. Terminons par cette observation : VHy- drangea paniculata grandiflora difTère-t- il de V Hydrangea paniculata type, et DRAGÆNA liA Obtenue par M. Pigny, horticulteur à Piueil (Seine-et-Oise), l’espèce dont nous parlons est des plus remarquables par son aspect général, complètement différent de celui que présente le type dont elle sort, et qu’elle surpasse infiniment en beauté. D’une vigueur excessive, ses feuilles, d’un beau vert, très-rapprochées, larges de 7-8 centimètres, longues de 70-80, sont sub- dressées, longuement atténuées à la base et rétrécies en pointe au sommet qui, en se réfléchissant légèrement, donne à l’ensem- ble un cachet tout particulier de beauté — on pourrait même dire de grandiosité — qui rend cette plante éminemment propre à la décoration. Qu’on se figure, en effet, une sorte de Yucca pendida gigantesque, à feuilles subdressées, gracieusement écar-* tées, formant une masse élégante, bien que relativement compacte, et l’on- aura une idée de la plante dont nous parlons. Voilà pour la partie ornementale. Au point de vue scientifique, le Dracœna Pigny n’est ni moins remarquable, ni moins intéressant. En effet, il relie la sec- alors en quoi ? Sous ce rapport l’on peut même aller plus loin et se demander si ce dernier existe, et si la plante que l’on pos- sède n’est pas tout simplement le type auquel un horticulteur, un peu trop amateur du nouveau — et peut-être d’argent — aurait accolé un qualificatif qui, en exagérant la plante, permettait de la vendre un peu plus cher ? Mais qu’importe? et quoi qu’il en soit, l’espèce en question est des plus méritantes, et en la recommandant à tous nous ne trompons personne. Guillon. )IVISA PIGNY tion des Dracænas à feuilles étroites à ceux à feuilles largés , et augmente encore la difficulté d’établir ces deux classifications; il va créer de nouveaux embarras aux clas- sificateurs qui sont souvent en contradiction avec les praticiens que certains dédaignent à tort, lorsque, au contraire, ils devraient les remercier de leur faire voir la vérité, la- quelle, au lieu d’être dans les livres im- primés, brille de toutes parts dans cet autre grand livre qu’on nomme la nature, et dont ils tiennent si rarement compte, par cette raison que les faits qu’elle leur montre sont presque^toujours opposés à leurs théories. Mais, quoi qu’il en soit, et quelle que soit aussi l’opinion des savants sur le Draccena Pigny, il n’en est pas moins, tant par sa vigueur que par sa rusticité, l’une des plus jolies espèces pour la décoration des appar- tements. Ajoutons que sa multiplication est facile par boutures, qui reprennent très-bien, et par les nombreux turions que la plante dé- veloppe sur sa souche. E.-A. Carrière. FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS Pomme de la Krume. — Fruit surbaissé, plus large que haut, sensiblement côtelé, atteignant 6-7 centimètres, parfois plus, de diamètre sur environ 5 de hauteur, aplati à la base, brusquement arrondi-obtus au sommet. Queue très-courte, ne dépassant pas ou dépassant à peine la large cavité dans laquelle elle s’insère. Œil peu enfoncé, à divisions assez larges. Peau lisse, à fond verdâtre, jaunissant un peu à la maturité, souvent lavée de l’oux fauve ou rougeâtre, surtout vers la partie aplatie. Chair blanche, parfois lignée de vert, pas très-serrée. Eau peu sucrée, légèrement aigrelette, de saveur agréable. Loges assez longues, mais étroites. Pépins courtement et largement ovales, à testa luisant, noir ou marron foncé. Cette Pomme, qui vient de M. Régel, mûrit en juillet- août. Nous ne l’avons trou- vée décrite ni même mentionnée nulle part. POMONA. lmp. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Faits de végétation résultant de la douceur de la température pendant le mois de décen-bre ; les gelées du mois de janvier. — Aimuaire général d'horlicullure, publié par M. Brassac. — Le vin de Jacquez ; communication de M. de Lunaret. — Les machines à greffer les Vignes. — Un remède contre le phylloxéra; expériences de M. Cook. — Fructification du Pandanus furcatus chez M. Jacquemet- Bonnefont. — Séance publique de distribution des prix, tenue par la Société horticole, vigneronne et forestière de l’Aube. — Dénomination du H gacinUnis candicans. — Le Cucurhita melonaifonnis ; lettre de M. Lestant; appréciation de M. Desnoix. — Les Vignes du Soudan; extrait de la France coloniale; plantes nouvelles introduites par M. Lécart. — Convention de Berne pour les mesures à prendre contre le phylloxéra; lettre de M. le Minissre de l’agriculture à M. de Choiseul; communication de la commission permanente de la Société nationale et centrale d’horticulture. La température douce qui a régné jus- qu’ici a produit des faits de végétation inac- coutumés, soit dans le bourgeonnement des arbres, soit même dans leur floraison. Sous ce rapport, nous croyons devoir citer ce fait d’un Prunier de Monsieur qui était en pleines fleurs dès le commencement du mois de décembre, et dont aujourd’hui, 5 jan- vier, les fruits sont bien formés. Ceux-ci continueront-ils à se développer ? Le fait est douteux, car il ne faut pas oublier que l’hiver astromonique est à peine commencé. Depuis que ces lignes ont été écrites, tes choses ont bien changé: il a gelé, tombé de la neige, et ce matin, 10 janvier, le thermo- mètre marquait 8 degrés au-dessous de zéro. — Ainsi qu’il le fait chaque année, M. F. Brassac, à Toulouse, vient de publier son Aîinuaire g éyiér al pour 1881. Ce re- cueil contient, outre l’adresse de tous les horticulteurs-pépiniéristes et marchands grainier.s de la France et de l’Algérie, une foule de renseignements dont à peu près tous les commerçants ont besoin, tels que les mesures et les monnaies étrangères, ra- menées à leurs équivalents français, l’indica- tion des principaux ouvrages et journaux spéciaux horticoles et agricoles, leur prix, et où l’on peut se les procurer. On y trouve aussi divers renseignements sur les postes, les télégraphes, le service de la naviga- tion, etc. Outre tous ces renseignements, on trouve encore dans l’ouvrage dont nous par- lons des renseignements sur la culture et la multiplication des végétaux, ainsi que d’autres indications se rapportant à diverses industries qui se rattachent à l’horticul- ture. V Annuaire général dliorticullure^ par F . Brassac, utile à tous, indispensable aux JANVIER 1881. horticulteurs, se trouve 17, faubourg Bon- nefoy, à Toulouse. — Prix : 2 fr. 50. — D’après une dégustation que nous avions faite de vin de Jacquez, dont nous n’avions nullement été satisfait, mous fîmes part de notre observation à M. Léon de Lunaret, qui à ce sujet nous écrit : — Je suis tout à fait de votre avis sur le vin de Jacquez. C’est une assez mauvaise dro- gue ; mais comme dans notre pays on fait sur- tout du vin à bon marché, on s’attache à pro- duire en quantité un vin de Raisins dont le commerce tire ensuite le parti qui lui convient, en l’appropriant par des coupages au goût des consommateurs. Paris va bientôt, sans s’en douter, boire du vin américain, qui ne lui paraîtra pas sensi- blement différent de celui qu’il est habitué à boire. Un hectolitre de Jacquez, qui contient assezde couleur pour colorer suffisamment trois ou qua- tre hectolites de vin blanc ou môme d’eauclaire, se vend ici 60 fr., tandis que le vin ordinaire du pays se vend la moitié de ce prix. Le vin de Jacquez est donc recherché par le commerce, parce que c’est un vin très-coloré, très-propre pour faire des coupages. Il y a des cépages américains qui donnent d’excellents vins : le Blak July et le Cyn- thiana, par exemple ; V Herbemont donne aussi un vin très-fin et très-distingué. Quand nous serons un peu plus familiarisés avec les pro- duits américains, nous trouverons dans les nombreuses variétés de Vignes de ce pays de quoi satisfaire tous les goûts. Mais, sauf pour le Midi, le grand usage des cépages américains sera de servir de porte-greffes, afin de conser- ver les variétés européennes qui produisent nos grands crus, de sorte que la question sérieuse à l’étude, c’est de trouver la variété qui con- viendra à chaque climat. Je ne fais qu’effleurer la question ; mais je puis vous assurer que nous sommes en bonne voie. — L’importance de plus en plus grande 9 22 CÜRÜMUUE HOKTiCüLE. du grellage de la Vigne, par suite des rava- ges du pliylloxera, et la nécessité de rendre cette opération plus expéditive, tout en la mettant à la portée de tout le monde, a poussé les inventeurs à fabriquer des ma- chines à grelTer. Les principales, les plus parfaites et les plus pratiques, ayant été décrites et figurées dans le Journal d’ Agri- culture pratique, nous avons cru devoir reproduire l’article. On le trouvera plus loin page 31 . — Encore un remède contre le phyl- loxéra. Cette fois il vient de loin ; en sera-t- il meilleur ? Voici un extrait d’un journal américain : M. Cook dit que les expériences qu’il a faites sur une petite échelle à Sacramento, rela- tivement au phylloxéra, l’ont poiié à croire qu’il a découvert un remède et une protection contre cette « terrible peste. » Ce remède consiste à appliquer un mélange de limaille de fer {ground iron) et de soufi'e au sol avoisinant les racines de la Vigne. Dès que ce fait fut l’emai’qué, il a suggéré l’idée que les Vignes des terrains dans lesquels se trouvait du fer jouissaient de l’immunité de la maladie. — Le remède a été efficace sur une petite échelle. — M. Cook a l’intention d’aller sous peu dans la « Pleasant Valley » pour l’essayer à fond et en gi'and, et il espèi’e donner une solution au problème qui a tant occupé les esprits, c’est-à-dire touver un préservatif contre le phylloxéra. Le fer et le soufre tueraient l’insecte sans nuire à la Vigne, et ce traitement rendrait à cette dernière sa vigueur naturelle. Ce qu’on sait, jusqu’ici, des terrains fer- rugineux qui, presque toujours, contiennent du soufre et où il se trouvait des Vignes, semble devoir mettre en doute l’efficacité du procédé dont il s'agit. Néanmoins, comme il est peu dispendieux, d’une appli- cation facile et qu’il ne peut être nuisible à la Vigne, au contraire, on peut toujours Les- sayer, ce que nous conseillons de faire, — Un fait des plus intéressants et jus- qu’ici très-rare en France, peut-être même en Europe, vient de se produire dans un des principaux établissements d’horticulture de France, chez M. Jacquemet-Bonnefont,à An- nonay (Ardèche). Ce fait qui, par sa rareté, constituerait presque un phénomène, con- siste dans la fructification d’un Pandanus furcatus, fructification probablement par- faite comme développement, autant du moins qu’on peut en juger par ce qui suit : le pied, qui est femelle, porte quatre fruits très- courtement ovales arrondis, rappelant assez exatement, par leur aspect, certains cônes (l’Araucaria ou même d’Ananas. L’un de ces fruits ne mesure pas moins de 20 centi- mètres de diamètre sur 15 centimètres de hauteur. Il est comparable à une forte tête d’enfant; son poids est de plus d’un kilo- gramme. Nous y reviendrons prochainement, en en donnant une description et une figure. — La Société horticole, vigneronne et foi'estière de l’Aube a tenu, le 19 dé- cembre 1880, sa séance publique de distri- bution (les prix. A ce sujet, nous appelons tout particuliè- rement l’attention de nos lecteurs sur la nature des récompenses décernées par cette Société. En dehors des médailles traditionnelles, la Société de l’Aube a distribué divers ou- vrages, tels que le Livre de la Ferme, par Joigneaux ; le Traité des Conifères, par Carrière ; V Art de greffer, par Charles Bal- tet, et de nombreux et instructifs ouvrages d’agriculture et d’horticulture publiés par la Librairie agricole de la Maison rustique. Deux ouvrages de luxe, offerts par M. le Ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, ont été attribués à MM. Charles Baltet et Léon Rothier, en reconnaissance des services qu’ils ont rendus, l’un' comme président, l’autre comme secrétaire de la commission organisatrice du lot collectif de l’Aube, exposé au Champ-de-Mars en 1878. Dans l’intérêt général, on ne saurait trop engager les associations horticoles et agri- coles à imiter l’exemple que, depuis long- temps déjà, donne la Société dê l’Aube. — Nos prévisions, relativement au doute que récemment (1) nous élevions sur la valeur générique de la plante que nous avons décrite et figurée sous le nom de Hyacmthus candicans, sont réalisées, et tout récemment un homme des plus com- pétents et très- grand amateur de plantes, M. W. Gumbleton, nous informait que cette espèce avait été ainsi nommée par M. J. G. Baker, de Kew, d’après des échantillons que lui avait fait remettre feu M. Wilson (t) Voir Revue horticole, 1880, p. 469. CHRONIQUE HOIITICÜLE. 3aunders, qui l’avait découverte à Natal. ;:i’est d’après ces échantillons incomplets que a dénomination a été faite, ce qui explique ’erreur commise. A ces renseignements, M. W. Gumble- on ajoute « que cette espèce rentre dans le 5'enre Galtonia créé pour elle, lequel, outre :elle-ci, en renferme une autre, le G. prin- :eps, qu’il espère obtenir bientôt. » Il dit încore : « Je cultive cette belle plante (le 9. candicans) depuis plusieurs années, et ’en ai même élevé un certain nombre de graines ; les bulbes fleurissent la deuxième innée de semis. » Nous remercions vivement M. Gum- 3leton de son intéressante communication |ui, en permettant de classer exactement a plante en question, sert à la fois la science ît la pratique. — Le doute n’est décidément plus per- aiis sur les qualités particulières, pour ne pas dire exceptionnelles, du Cucurhita me- lonœtormis. Aux nombreuses affirmations jue nous avons reçues et dont nous avons léjà fait connaître quelques-unes, en voici encore une, d’une valeur incontestable, que nous adresse M. Lestant, président de la société d’horticulture de Courbevoie : Courbevoie, le 7 décembre 1880. Mon cher Monsieur Carrière, Permettez-moi de vous remercier, ainsi que M. de Lunaret, relativement au Cucurhita melonœformis, dont vous avez bien voulu me faire parvenir quelques graines. Je n’ai eu qu’un seul pied qui a réussi et auquel je n’ai laissé que deux fruits qui mesuraient chacun S7 centimètres de circonférence sur 16 centi- mètres de hauteur, pesant 11 kil. 560 grammes. Je les ai présentés à la Société d’horticulture de Courbevoie, qui les a primés et a délégué M. Desnoix pour les déguster et en étudier la nature et la composition, et dont il devra vous faire connaître les résultats. Veuillez, etc. Lestant, Président de la Société d’horlicullure de Courbevoie ^Seine). Voiciie rapport que M. Desnoix a fait à ce sujet : Courbevoie, le 5 décembre 1880. J’ai dégusté la Courge japonaise Cucur- hita melonœformis, et je l’ai trouvée excel- lente sous les diverses préparations suivantes : 1° J’ai fait faire un potage avec du lait, et j’ai constaté qu’une petite quantité suffit pour donner une consistance convenable, sans avoir besoin d’ajouter une pâte quelconque; cela tient à la présence d’une certaine quantité de fécule (|ue ce fruit contient. Cette quantité augmente avec le degré de maturité du fruit. 2» YaW purée Crécy^ il est également très-bon. 3« Frit à la manière des Pommes de terre ; 4» A la héchamelle. Ces différentes préparations culinaires ont été trouvées excellentes, et j’ai constaté un goût particulièrement fin et délicat aux deux dernières. Je vous envoie en meme temps que ce rap- port la fécule que j’ai extraite de 75 grammes de pulpe fraîche. Ce fruit contient aussi une notable quantité de matière sucrée ; mais le peu dont je pouvais disposer ne m’a pas permis d’isoler cette ma- tière. Veuillez, etc. Desnoix, Industriel, fabricant de tissus pharmaceu- tiques et de produits divers, 17, rue Vieille-du- Temple, à Paris. Ajoutons que la fécule en question était de toute première qualité. — Il en est un peu de la « Vigne du Soudan, » qui depuis quelque temps excite si vivement l’attention, comme de certaines choses qui doivent procurer de grands biens, mais qu’on n’aperçoit encore qu’à distance. Les qualités, alors indéterminées, augmentent avec les désirs, et surtout avec les caractères et les connaissances de ceux qui formulent ces désirs. Ainsi, ce n’est plus U7ie, mais bien cinq variétés que Lécart aurait trouvées. Voici à ce sujet quelques extraits de la France coloniale, cités par Lyon horticole (1880, p. 361) : Le jeudi 3 juin 1880, le savant explora- teur remarquait en plein Soudan et sous forêt de nombreuses plantes ressemblant à des Pi- voines. Les feuilles de ces plantes n’étaient pas encore assez formées pour permettre à M. Th. Lécart d’en déterminer l’espèce. Il revint quelque temps après au même endroit et put constater qu’il se trouvait en présence de différents spécimens de Vigne. M. Ch. Lécart se mit immédiatement à l’étude et constata en quelques jours la présence de cinq variétés de Vignes : 1° Espèce à feuilles laciniées, à laquelle il donne le nom Vitis Lecgrtii; 2» Espèce à feuilles rondes : Vitis Durandii ; 3« Espèce cotonneuse : Vitis Clumtinii ; 4» Vitis Faidherhii; 5o Vitis Hardyi. Pour toutes ces espèces de Vignes, la matu- ration du fruit a lieu par des temps sombres et pluvieux; la somme moyenne de chaleur n’a pas été très-élevée (27 degrés). 21 CHRONIQUE HORTICOLE. D’après des études de M. Lécart, il résulte que cette Vig-iie pourrait s’acclimater en France. Cette Vigne résiste parfaitement à la séche- resse et résistera également au froid, dont les effets sur les végétaux sont les mômes que ceux de la sécheresse. C’est donc à tous égards une merveilleuse chose que l’acclimatation en France et la plan- tation aux colonies de la Vigne du Soudan, puisqu’elle est appelée à donner du meilleur vin à l’Europe et à être récoltée en très-grande quantité^ et par conséquent à résoudre l’ime des plus graves questions de l’alimentation. La Vigne du Soudan paraît être la même que celle de Madagascar, signalée par divers voya- geurs, notamment par MM. Bonnavoy de Pre- mot, dès 1846. Si, comme tout porte à le croire; il en est ainsi, nous allons pouvoir introduire en France, avec cette plante, non seulement du Raisin, mais encore un tubercule quelque analogie avec la Pomme de terre. Les Autankars, les Botsimitsaraks, les Sal- kalaves mangent la racine de cette Vigne, sorte de tubercule farineux dont ils sont, paraît-il, assez friands. Le Raisin est aigrelet ; mais dès qu’on l’a mangé il laisse la bouche dans un état d’âcreté assez prolongé et fort désagréable. En cela il diffère de celui de M. Th. Lécart, le Raisin du Soudan étant, au contraire, \dneux et sucré. Quoi qu’il en soit, nous espérons pouvoir bientôt, grâce à M. Lécart, boire du bon vin, et surtout en faire boire du vrai et à bon marché à la classe ouvrière. Nous regrettons, nous, de ne pouvoir voir les choses comme la France coloniale, ni partager son enthousiasme. Sans nier que cette Vigne ~ que rous n’avons pas encore — pourra rendre quelques services, nous doutons fort qu’elle soit ce que semble la croire la Frince coloniale. Nous sommes au contraire convaincu qu’il y aura considérablement à rabattre, et que si les ouvriers ne devaient boire du « vrai vin et à bon marché » que celui que pro- duiront les Vignes en question, ils seraient exposés à attendre longtemps ou plutôt qu’ils devraient se rejeter sur l’eau et oublier le vin. Il est à peu près hors de doute que l’au- teur de l’article dont nous parlons est com- plètement étranger à la connaissance des choses dont il parle, faits qui ressortent neR ternent des divers passages que nous avons soulignés. Celui-ci, par exemple : « des Vi- gnes ressemblant à des Pivoines, » est cer- tainement un comble d’invraisemblance. Toutefois la lumière commence à se faire sur les apports du Soudan faits par feu Lécart, et si n’était la mort de ce voyageur, un certain nombre de plantes ou de graines seraient déjà mises au commerce. Le retard provient d’entraves occasionnées par ce décès, lesquelles, toutefois, seront très-pro- chainement écartées. Par suite de conventions faites entre MM. Lécart et Chantin, horticulteur, 32, avenue de Châtillon, Paris, il résulte que c’est ce dernier qui sera chargé de la vente des plantes et graines rapportées par l’infor- tuné explorateur, qui est venu mourir dans son pays, dans le Doubs, à l’âge de qua- rante-un ans, après avoir habité et par- couru la Nouvelle-Calédonie, la Cochinchine et deux fois le centre de l’Afrique, d’où, en dernier lieu, il avait rapporté des végétaux des plus remarquables, entre autres un Yucca gigantesque et la Vigne que l’on sait, et dont plusieurs fois déjà nous avons parlé. Au sujet de cette dernière, les renseigne- ments qui nous ont été fournis semblent de nature à exclure les doutes qu’on avait pu élever sur ses qualités. — Relativement aux déiularches qui avaient été faites en vue d’obtenir des modifications à la convention de Berne concernant la circulation des végétaux avec les puissances étrangères, M. Tirard, ministre de l’agri- culture, a adressé à M. Horace de Choiseul la lettre que nous transmet la commission permanente de la Société nationale et cen- trale d’horticulture de France: Paris, le 20 décembre 1880. Monsieur et 'cher collègue, La commission nommée par les horticulteurs de France pour soutenir auprès du ministère de l’agriculture les revendications légitimes du commerce horticole, à propos des mesures fu- nestes édictées par la convention de Rea'iie dans la question du phylloxéra, n’est pas restée inactive dans ces temps derniers. Elle vous doit connaissance du résultat de ses démarches. Ce résultat n’est pas celui qu’elle avait es- péré. La révision de la convention n’a pu être accordée ; elle eût soulevé, paraît-il, des diffi- cultés constitutionnelles ; mais un adoucisse- ment a été apporté, en fait, par la plupart des puissances signataires à la mise à exécution CULTURE EN PLEINE TERRE DES PLANTES DE SERRE. 25 des paragraphes de ce document les plus vexatoires pour l’industrie horticole. Une lettre que le président de notre com- mission a reçue récemment de M. le Ministre de ragriculture résume aujourd’hui l’état de la question, et nous en mettons la copie sous vos yeux : « Monsieur le député et cher collègue, « A la suite des séances de la commission supérieure du phylloxéra, dans lesquelles avaient été discutées les propositions du gou- vernement fédéral, relativement aux modifi- cations à apporter à la convention de Berne, j’avais soumis à'M. le Ministre des affaires étrangères un contrc-jirojet conforme aux vœux que vous avez exprimés au nom des horticul- teurs et des pépiniéristes français. « M. le Ministre des affaires étrangères vient de me faire connaître que les propositions de la France n’ont pas été agréées par les autres nations. « Adoptant le point de vue du gouverne- ment allemand, le conseil fédéral a reconnu qu’il y avait, lieu de renoncer à régler les ques- tions par l’échange d’une déclaration diploma- tique qui poun ait soulever quelques difficultés constitutionnelles, et il propose de laisser chaque puissance libre d’appliquer en fait et môme de retirer au besoin les facilités accordées au commerce de l’horticulture. « Le conseil fédéral fait connaître en môme temps sous quelles conditions il admettra, en ce qui le concerne, les produits dont il s’agit à l’entrée en Suisse, et qui sont les suivantes : « Les bureaux de péages suisses recevront Vordre d’admettre à l’entrée les plants, arbres, arbustes et produits divers de l’horti- eulture, qui ne pieuvent voyager sans une motte de terre, à la condition que les envois soient accompagnés d’une attestation de l’au- torité du pays d’origine jmrtant : « io Qu’ils proviennent d’un territoire ré- jnité préservé de l’invasion phylloxérique et figurant comme tel sur la carte spéciale éta- blie et tenue à jour par l’État respectif; « 2“ Qu’ils n’y ont pas été récemment im- 20 or tés ; « Que l’établissement dont ils proviennent ne possède pas de Vignes, n’en fait pas le commerce et ne le trouve pas dans le voisi- nage immédiat d’une plantation de Vigne quelconque. « Ces plantes , à l’exception de celles en pots, devront être solidement emballées de manière à ne^laisser échapper aucun débris. « Je regrette qie les contre-propositions de la France^ plus libérales et plus équitables n’aient pas été ad iptées par les gouvernements co-signataires de la convention ; mais il faut tenir compte de la terreur légitime qu’inspire le phylloxéra aux nations voisines et profiter de la légère amélioretion que procure à l’industrie des pépiniéristes et horticulteurs le nouveau modus vivendi qui vient d’être adopté. « Recevez, Monsieur le député et cher col- lègue, l’assurance de ma haute considération. « Le Ministre de l’agriculture et du commerce, « P. Tirârd. » « P. S. — Le Portugal et le Luxembourg ont adhéré à la proposition de la Suisse. » Cette lettte vous montrera, notre cher col- lègue, que, sans avoir atteint le but qu’elle es- pérait, votre commission, en répétant les pro- testations de l’horticulture française, a obtenu, au moins dans la pratique, une atténuation des mesures déplorables édictées par la convention de Berne. Veuillez agréer, notre cher collègue, l’ex- pression de nos meilleurs sentiments. Pour le bureau de la Commission de 2oer- manence : Burelle, Ed. André, Vice-Président. Secrétaire, Ainsi qu’on peut le voir, nous avions donc raison de douter que les puissances consentent à faire des concessions et à re- venir sur les mesures qu’elles avaient prises, mesures que nous avons toujours consi- dérées comme inutiles à la cause, et comme très-nuisibles à l’horticulture, par les en- traves qu’elles apportent à cette industrie. E.-A-. Carrière. CULTURE EN PLEINE TERRE DES PLANTES DE SERRE NOTAMMENT DES PALMIERS ET DES DRACÆNAS Quand, l’année dernière, dans ce jour- nal (1), mon collègue et ami, M. Pigny, horticulteur à Rueil, faisait d’une manière si claire connaître les bons résultats qu’il obtenait de la culture en pleine terre des Palmiers et des Dracœna, il faisait encore (1) Voir Revue horticole, 1879, p. 432. quelques restrictions au sujet de certaines espèces. Aujourd’hui, non, et l’expérience lui a démontré que à peu près toutes les plantes de serre pouvaient être cultivées en pleine terre, et cela avec beaucoup d’avan- tage. Deux raisons autorisent et justifient même 2G DOCUMENTS COM l'LÉMENTAÎUES SUR L’iHVER 1879-1880. cette culture : 1® liâter le développement des plantes, tout en les faisant beaucoup plus belles et plus garnies : 2» ramener à la santé celles qui, soit par suite de fatigue ou de mauvais traitements, sont languis- santes et plus ou moins dégarnies de feuilles, ce qui enlève toute la valeur des plantes dites à feuillage, telles que : Palmiers, Dra~ cœna, Latania, etc., etc. Mises en pleine terre dans les conditions que je vais indi- quer, les plantes malades reviennent à la santé, acquièrent, avec une nouvelle vigueur, le cachet de beauté qui les fait rechercher pour l’ornementation des appartements. Qu’il s’agisse de jeunes plantes à faire enforcir, ou de plantes mal portantes ou dégarnies par suite de leur emploi à l’orne- mentation des appartements, le traitement étant le même, je n’établirai aucune distinction sous ce rapport, et il en est de même quant à ce qui concerne les espèces ou les genres de plantes ; la seule différence que, à la rigueur, on pourrait faire, c’est peut-être dans les composts où doivent vivre les plantes. Ceci entendu, voici com- ment opère mon collègue, M. Pigny, chez qui, cette année encore, j’ai suivi la culture dont je parle. Dans le courant d’avril il fait, soit dans une serre ou dans des coffres sous des .châssis, des couches avec du fumier neuf mélangé de feuilles, le tout bien foulé, afin que la chaleur se maintienne longtemps, et qu’il recouvre d’un mélange de terre de bruyère et de terreau provenant d’immon- dices et de vieux fumier consommés, mais pas réduit en terre pourtant. Quand le coup de feu est passé, on dépose les plantes; on les enterre dans le compost, et on les arrose au pied avec le goulot, non à la pomme. Quand on relève les plantes, ce qui a lieu vers la fin d’août, on coupe toutes les ra- cines nouvelles, surtout celles de la partie inférieure de la motte, de façon aies mettre dans les plus petits pots possible, ce qui est très-important pour des plantes destinées DOCUMENTS COMPLÉMENTA M. de Paul des Héberts nous adresse la lettre suivante : A M. Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole. Monsieur, Après les divers renseignements que vous à l’ornementation des appariements, puis on les place sur une couche tiède, où elles ne tardent pas à produire de nouvelles racines. La bonté de cette culture se démontre par les résultats qu’elle produit. C’est en effet par milliers que l’on voit aujourd’hui, chez M. Pigny, de magnifiques sujets de PhœniXj Latania, Areca, Chamœrops, Thrinax, Pandanus, etc., des Dracœyia corigesta ruhra, amahilis, Guilfoylei, Australis, stricta, etc., etc., les Corgdi- line indivisa. Je dois toutefois, relativement à ces derniers, faire observer que ces plantes — ce sont à peu près les seules — se relèvent difficilement de la pleine terre ; aussi, tout en les soumettant au régime que je viens d’indiquer, convient-il de les laisser en pots, et en les relevant fin d’été de couper les racines et les rempoter en les faisant reprendre sur couche, ainsi qu’on le fait des autres espèces. Quelles conséquences peut-on tirer de ce que je viens de faire connaître ? Y a-t-il là un enseignement? Sans aucun doute. D’abord il s’ensuit que toutes les plantes peuvent s’accommoder de ce traitement ; il est pos- sible même pour des sortes délicates de leur faire acquérir un grand développement dans un intervalle de temps relativement court ; ensuite que ^ des plantes malades, fatiguées ou dégarnies par suite d’un séjour trop pro- longé dans les appartements, peuvent être ramenées à la santé, puisqu’il suffit de les mettre sur couche en pleine terre dans un compost préparé ad hoc. D’une autre part, puisque les mêmes plantes peuvent être soumises plusieurs fois à cette culture forcée annuelle, il en résulte encore que, dans un intervalle de temps relativement court, l’on peut obtenir de fortes plantes compactes, très-garnies de feuilles, et cela dans des pots très-petits. Il est même pro- bable que les plantes à floraison rebelle se trouveraient bien de cette culture et mon- treraient plus tôt leurs fleurs. C’est à es- sayer, Saluer. RES SUR L’HIVER 1879-1880 avez consignés dans plusieurs numéros de votre excellente Revue sur les désastres occasionnés dans certaines parties de la France par la ri- gueur de l’hiver dernier, je viens, bien qu’un peu tard, vous entretenir du môme sujet. Peut- être auraîs-je dii garder le silence; mais j’ai DOCUMENTA COMPLÉ.MENTAIHES SUH L’rirVEU IS7D-1S80. “27 terju à vous soumettre quelques considérations que je livre à votre appréciation. Beaucoup de pertes ont été éprouvées parmi les végétaux, tant en horticulture qu’en arbori- culture d’agrément. Les préjudices en ont été considéiables })Ourles propriétaires qui les ont subis, et surtout sensibles pour les horticulteurs et pépiniéristes, qui en font un objet de com- merce, de spéculation et d’industrie; les arbres les plus utiles, les plus nécessaires même (je veux parler des arbres fruitiers), ont été grave- ment endommagés dans certaines contrées. Ces dommages sont vivement regrettables ; mais je ne viens aujourd’hui appeb'r l’attention que sur ceux compris dans la catégorie des arbres, ai‘- bustes et arbrisseaux d’agrément. Il est dans la nature humaine de désirer ce qu’elle ne possède pas, de rechercher Jes nou- veautés et de ne pas se contenter de ce qu’elle })Ourrait se procurer })lus facilement. Ce désir n’est cei'tes pas toujours blâmable; c’est à lui que sont dues tant de richesses horticoles, tant de découvertes qui ont accru les produits de notre flore française. Mais malheureusement, et comme dit ce vieux proverbe : « Qui trop embrasse mal étreint, » l’expérience contredit parfois cette sentence du poète : Lahor impro- hus omnia vincit (un travail opiniâtre surmonte toutes les difficultés), lorsqu’on veut forcer les lois de la nature devant lesquelles doit s’incliner la puissance de l’homme. Ces sortes de pro- verbes ne ])euvent-elles })as s’a})pliquer à ceux qui se sont illusionnés au point d’introduii-e dans le Nord, avec l’espoir de les y acclimater, des végétaux qui réclament la température du Midi? Les tentatives, il est vrai, ont pu se jus- tifier pendant quelques années; mcàis les insuc- cès doivent y faire renoncer, pour ne pas faire éprouver encore d’amers déboires. Et d’ailleurs, ne pouvons-nous pas réunir en Normandie un assez grand nombre de végétaux très-remarquables, à l’épreuve des intempéries des saisons et des hivers les plus rigoureux? N’y en a-l-il pas suffisamment pour former, dé- corer et embellir les parcs les i)lus étendus, dans la catégorie des arbres que j’appellerai forestiers? Gomhxen, en elfet, sont d’espèces et de variétés ornementales aussi bien par leur port que par leur feuillage ? Combien également chez les Conifères et chez les arbustes ou arbi'is- seaux à feuilles persistantes ? Habitant un des plateaux les plus élevés de la Normandie (le pays de Caux), à 12 kilomètres d’Yvetot et 5 de Caudebec, je prends la liberté de citer quelques exemples de ce que j’avance, d’après l’expérience que j’en ai faite depuis plus de trente ans. 1» En Hêtres (Fagus), le pendula ou pleu- reur, le laciniata dit à feuilles de Fougère, les purpurea et cuprea à feuillage plus ou moins pourpre ou cuivré ; 2o En Chênes (Quercus), le fastigiata ou py- i’amidal,le laciniata à feuilles décou})ées, le ru- hra à grandes feuilles jaunissant à l’aulomne, le tinctoria (Quercitron) prenant également une teinte jaunâtre dans l’arrière-saison, le palustris à feuilles laciniées, puis l’//cæ (Yeuse ou Chêne vert) ; 3» En Oianes (Ulmus), les fulva, variegata, gigantea, fastigiata ; 4» En Frênes (Fraximis), l’omus à fleurs, le 2)cndiila, Yaiirea à écorce jaune, Vatrovirens à feuilles d’un vert noirâtre, le monophylla â feuilles simples, le Icntiscifolia â folioles fines et découpées, hï juglandifolia â feuilles Les Platanes d'Occident et d’Orient (P/«- tanus) ; iO'^ Les Tilleuls {Tilia) argcyitea â feuilles argentées, te mississipiensis,\c. imbescens ; Puis le Tulipier (Liriodendrum tulipifera), le Vernis du Japon, le Plaqueminier {Diospijros virginiana), le Savonnier {Kœlreuteria pani- culata, le Pawlonia imper ialis, les SopJiora japonica, erecla, pendula et autres. Je ne parlerai pas des nombreux arbustes et • arbrisseaux dont les fleurs, chez plusieurs, flat- tent et récréent la vue, et dont la rusticité parmi les espèces â feuilles caduques est â toute épreuve. Quant à celles â feuillage persistant, il en est qui, sous le rapport de la rusticité, lais- sent â désirer. Cependant la position des lieux, l’abri /ju’elles peuvent recevoir contribuent sou- vent â leur réussite. Ainsi, chez moi, les diverses espèces de Laurier n’ont été que très-faiblement atteintes; les Lauriers-Tin seuls ont succombé, mais repoussent du pied. Parmi les Rhododen- drons hybrides de pleine terre, sur une soixan- taine de variétés, je n’en ai perdu que six. Les Gynérium argenteum ont eu leurs parties aériennes gelées ; mais ils ont donné de nou- veaux jets, sans toutefois avoir donné cette an- née leurs gracieuses tiges florales. Les Horten- sia ont éprouvé le même sort. Les Magnolia â feuilles caduques ont parfaitement résisté. Un 28 QUELQUES OBSERVATIONS SUR LA VIGNE DU SOUDAN. fort }3ied à' Arhousier d’imc trentaine d’années de plantation est comphMeinent perdu. Mais j’omets d’autres détails pour parler d’une autre catég-orie de végétaux : je veux par- ler des Gonifèi-es, dont beaucoup d’espèces et de variétés éprouvées par les plus rudes hivers peuvent contribuer au plus bel ornement des parcs. Ainsi : 1» Parmi les Ahies, les espèces amahilis, Ceplialonica^ Cilicica^ fastigiata, pyramida- Ufi, grandis de Vancouver^ lasiocarpa, nohilis, Nordmanniana^ Pinsapo, Picca cœrulca, Mcn- ziesii, morinda, orienlalis (les pindrow et spectubilis ne donnent plus guère signe de vie ; 2° Parmi les Pins, les sortes aiistriuca, ca- lahrica^ caramaniea, Jaricio, mugho, pinea, p)yrcnaïca, sylvcsiris, Jeffreyana, muricata, ]jonderosa, cemhra^ strobus^ cxceJsa, Lamber- tiana, monticola ; 3’ Les Biota orienlalis, aiirea, Meldensis. 4'î Les Cedrus atlantica, deodora {\e Libani qui avait l’an dernier rem})lacé un fort ])ied d’une trentaine d’années a succombé) ; 5» Les Cupressus Lamberliana et Lawso- niana; Les Cryplomeria japonica et elegans, 7‘* Les Juniperus excelsa, vivginiana cine- rascens ; 8o Les Liboccdrus chi'ensis, viridis, Mel- densis. (Un Arauearia imbricala d’environ 4 mètres de haut a eu la première rangée des })ranchcs du bas gravement atteinte; mais les autres sont restées vertes, ainsi que la tige, et ont poussé comme d’habitude.) 00 Les Taxodium sempervirens et Welling- tonia gigaûtea, qui sont pleins de vigueur et en bonne végétation. Avec cette diversité de végétaux de tous genres, de toutes espèces et variétés, l’amateur ne peut-il pas satisfaire ses désirs et ses goûts? Ne peut-il pas garnir son parc le plus splendi- dement, le plus richement, sans craindre les QUELQUES OBSERVATIONS Plusieurs de nos abonnés nous ayant écrit — certains même plusieurs fois — pour nous prier de vouloir bien formuler notre opinion sur la « Vigne du Soudan, » nous allons essayer de les satisfaire, avec des réserves toutefois, non pourtant sur la possi- bilité de la Uiherculositéy mais sur les qualités ou la possilnlité de cultiver cette Vigne en France. Au sujet de la tuberculosité, beaucoup de personnes ont émis des doutes, ce qui est un tort, croyons-nous, car le groupe des revers occasionnés par les hivers les plus rigou i-eux? Plantez-en soit en ligne droite pour for- mer des avenues, soit en rangs sur les bords d’une allée circulaire ; formez-en des groupes disséminés au milieu des pelouses, en réunis- sant les variétés de la même espèce pour faire a|)paraître les diverses nuances de leur feuil- lage ; dans tous les cas, espacez-les de manière à ce que l’air, le jour et la lumière puissent lVa})pei' ces i)lantes et qu’elles jjuissent acqué- rir tout leur dévelopement. Jetez-en aussi quel- ques-unes isolées sur vos gazons, suiTout celles (pii ac([uièrent les })lus forces dimensions. A’oici la saison arrivée de faire les plantations des arbres à feuilles caduques. Pépiniéristes, horticulteurs, amateurs, faites donc vos choix })armi ces magnifiques et vigoureux végétaux qui ont fait leurs preuves de rusticité, je dis de ceux à feuilles caduques, car vous ])Ourrez et vous (Jevrez même, selon moi, attendre le prin- temps ju'ochain jiour les Conifères et certains arbustes et arbrisseaux. Mais, en faisant ces observations, je crains de vouloir paraître savant et donner des conseils qui, de ma part, n’ont guère d’autorité; telle n’est certainement pas mon intention, et en agissant ainsi que je l'ai fait, j’ai surtout tenu à citer des faits que l’expérience, du moins chez moi, a mis hors de doute, laissant aux lecteurs de \à Revue k en tirer des conséquences et à en tirer parti suivant les conditions dans lesquelles ils se trouvent placés. Avant de terminer, j’ajouterai comme ren- seignement.particulier que mon parc, qui con- tient les divers végétaux susnommés, est abrité des vents du nord par des futaies de Hêtres sé- culaires et par des massifs de Sapins et d’Épicéas qui ont une quarantaine d’années de planta- tion. Veuillez, etc. De Paul des Héberts, Président de la Société d’horticulture d’Yvetot (Seine-Inférieure). SUR LA VIGNE DU SOUDAN Viticées renferme un grand nombre d’es- pèces qui possèdent ce caractère, non pour- tant dans les vinifères proprement dites, mais dans des groupes très-voisins, par exemple dans les Cissus et les Ampélopsis qui, en général, rentrent dans ce que géné- ralement on nomme ce Yignes vierges, » expression impropre, puisque la plupart de ces plantes produisent des fruits en grande quantité. Cette qualification <ï vierge » vient probablement de Pinfériorité des fruits, qui ne permet pas de les employer POIRE MADAME CHAUDY. 29 pour la fabrication des vins. Y a-t-il dans ces groupes quelques espèces qui fassent exception? L’espèce dont on parle main- tenant, la « Vigne du Soudan, » en cons- titue-t-elle une? Devant les affirmations réitérées de M. Lécart, il semble que le doute ne soit pas permis. Cependant, et malgré cela, nous croyons prudent de ne pas nous prononcer. Mais, d’une autre part encore, en admet- tant même que tout ce que M. Lécart a dit de sa Vigne, quant aux qualités, soit exact, il y a encore un point essentiel dont il faut tenir un très -grand compte : celui de la maturation des fruits. En effet, si, comme le dit ce voyageur, il suffit de trois mois pour que cette Vigne soudanienne produise bour- geons, fleurs et fruits, n’est-ce pas à la condition que pendant cette période la tem- pérature, constamment élevée et uniforme, ne détermine aucun temps d’arrêt dans la végétation, et d’une autre part aussi que pendant les neuf mois de repos les tubercules se trouvent dans un milieu particulier qui leur permettent d’absorber, d’emmagfaswer, pourrait-on-dire, tous les éléments néces- saires à la fructification suivante ? Et alors n’est- on pas autorisé à se demander où l’on pourrait trouver les conditions dont nous venons de parler, sinon peut-être dans quel- ques parties privilégiées de l’Europe méridio- nale, et s’il n’est pas plus que douteux que ces conditions puissent se rencontrer en France? Toutefois, nous n’affirmons pas, et il ne faudrait pas conclure des quelques obser- vations qui précèdent qùe nous considé- rons la culture de la (( Vigne du Soudan » comme absolument impossible en France ; seulement nous croyons qu’il est bon, en s’appuyant, sinon sur des faits, du moins sur des probabilités, de mettre en garde contre un enthousiasme exagéré, qui serait suivi de déceptions d’autant plus dures que l’illusion aurait été plus grande. Nous craignons qu’on ait tort de se ré- jouir autant qu’on le fait et de fonder tant d’espérance sur la « Vigne du Soudan » comme moyen de combler les vides occa- sionnés par le phylloxéra. S’il est dange- reux de voir « tout en noir, » il l’est parfois plus encore de voir tout en rose. E.-A. Carrière. POIRE MADAME GHAÜDY Dans une précédente chronique, nous avons essayé d’appeler l’attention sur cette excellente Poire, sur laquelle, du reste, nous nous propo- sions de revenir. Un homme des plus compé- tents, M. Cusin, secrétaire général du Congrès central pomologique de France, qui a vu et dégusté ce fruit, nous fournit l’occasion de réa- liser notre engagement par la communication suivante qu’il nous a faite au sujet de cette variété : Fruit gros, parfois très-gros (pesant jusque 800 grammes), de lorme 1 'ca-Cîh tien, arrondi-renflé en sa moitié su pêne' n e, un peu contracté et atténué en sa moitié inférieure, anguleux et bosselé en son pour- tour. Peau jaune, un peu bronzée, parfois légèrement lavée de rouge du coté du soleil, marbrée et largement nuancée de fauve clair. Pédoncule de longueur moyenne, gros, charnu et placé dans un pli circulaire. Œil très-petit, fermé, dans une cavité étroite et assez régulière. Chair blanche, fine, très-abondamment pourvue d’un jus bien sucré, parfumé, fortement musqué. La coupe du fruit présente quelques légères concrétions dessinant le cœur, qui ne renferme qu’une loge très- petite et sans pépins. Ce beau et excellent fruit mûrit de la fin de novembre au commencement de dé- co nbre. Comme qualité, il peut soutenir avec avantage la comparaison avec les meil- iciR cS variétés qui mûrissent à cette époque. Il a été obtenu par M. Chaudy, horticul- teur à Chaponost, près de Lyon. Le pied- mère a vingt ans d’existence. D’après le dire de l’obtenteur, l’arbre serait vigoureux et fertile, et sous ces rap- ports se comporte comme la Duchesse d’Angoulême. Cette variété sera mise en vente à l’au- tomne 1881. J’ai dégusté ce fruit avec plusieurs de mes collègues, le 13 novembre et le 11 dé- cembre dernier. L. Cusin. 30 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. — ONCIDIUM CONCOLOR. SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 23 Malgré la saison relativement chaude, les apports étaient peu nombreux. — Au comité d'arboriculture^ une corbeille de Poires Doyenné d’hiver qui étaient assez belles. Comité d-^ culture potagère : Pommes de terre diverses en très-beaux échantillons; des Grambés, légume qui, quoique bon, est toujours rare à Paris ; des Patates blanches_, très-grosses 't très-belles ; des Choux frisés verts et violets. — Tout l’intérêt consistait surtout dans un apport, fait par M. Paillieux, de plantes soumi- ses à Vétiolature, à laquelle, avec une persis- tance qu’on ne saurait trop louer, cet amateur se livre tout particulièrement. On sait que, par ce moyen, certaines parties de végétaux qu’on était dans l’habitude de rejeter peuvent être con- sommées, et que d’autres espèces qu’on consi- dérait comme de « mauvaises herbes » peu- vent entrer dans l’usage culinaire. Avec le nom des espèces, M. Paillieux indiquait le temps qu’il avait fallu pour les amener à l’état où il les présentait. — Voici l’énumération : Leonto- don glaher (12 jours), Crépis biennis (8 jours), Rumex patientiu (12 jours), Carum carvi (12 jours), Chenopodium bonus Henricus (17 jours), Raphanus sativus (8 jours), Scor- zonera hispanica (8 jours), Taraxacum dens leonis (8 jours). Toutes ces plantes ne donnent pas des résul- tats semblables, ni comme produit, ni comme qualités. Il en est deux surtout que M. Pail- lieux recommande tout particulièrement : ce sont le Crépis biennis, « qui est plus productif que le Pissenlit et donne des étiolats plus volu- mineux, » et le Radis rose d’hiver ou Radis de Chine, « qui, ne se semant qu’en août, a l’avan- tage de n’occuper le sol que pendent très-peu de temps et de produire ses étiolats en huit jours. » Comité de floriculture. — M. Bergman, de Ferrières, présentait un Anthurium Andrea-^ num. Cette plante, qui avait été achetée à Lon- dres, dans une vente publique, le 5 mai 1880 ONCIDIUM Pseudolbulbes ovales, allongés, sur- montés de une, parfois deux feuilles iridi- formes, réfléchies. De la base des jeunes pseudobulbes part une hampe nue, d’environ 30 à 50 centimètres. Fleurs éparses sur un pédoncule latéral jaune verdâtre, de 5-6 cen- timètres de longueur, dont toutes les parties sont d’un très-beau jaune clair des plus éclatants, à divisions extérieures étroites, DÉCEMBRE 1880 (importation de Lehmann), était vigoureuse, re- lativement très-forte, et portait une seule fleur, bien faite, mais qui laissait à désirer pour les dimensions. Les opinions sur l’avenir de cette espèce sont très-partagées. Toutefois, l’opinion générale est qu’elle ne vaudra pas VA. Scher- zerianum. C’est aussi la nôtre, et ce qui sem- ble la justifier, c’est que celle-ci est de plus en plus appréciée et recherchée, tandis que celle- là semble perdre tous les jours de la réputation qu’on lui a faite, peut-être un peu ti’op gratui- tement. Attendons pour juger. — Sur la table du comité se trouvaient deux espèces qui n’ont qu’un mérite très-secondaire : le Picris japo- nica, Thunb. (famille des Composées), et le Chloranthus brachystachys,B\ume (famille des Gaprifoliacées), originaire de Java. — M. Truf- fant, horticulteur à Versailles, présentait trois plantes qui, toutes très-méritantes, atti- raient également l’attention. C’était: 1® une nouvelle forme de Vriesea remarquable par la force et l’éclat de ses bractées, et sur la- quelle nous reviendrons quand elle sera nom mée ; 2» une magnifique touffe de Cyclamen très-jolie et remarquable tant pour la beauté et la force que par la bonne culture, ainsi que par son feuillage qui, très-abondant et beau, était de dimension peu commune ; 3® une variété de Tillandsia Lindeni extrêmement floribonde. La plante en question, bien portante, vigou- reuse, mais relativement peu forte, portait 7 hampes florales. M. Truffaut nous a assuré que cette floribondité est normale et propre à cette variété. Dans cette même séance on a, par le vote,' procédé au renouvellement des membres, dont les fonctions expiraient avec l’année. Ont été nommés ; bibliothécaire adjoint, M. Siroy; secrétaires, MM. Delamarre et Buchetet; vice- présidents, MM. Jamin (Ferdinand), Malet père ; conseillers, Millet fils, Lepère fils, Joli- bois, Lapipe, Lefèvre, Prillieux. CONCOLOR les intérieures plus larges, mais de même nuance. Labelle plan, élargi, bilobé à sa base. Colonne épaisse, petite, jaune comme tout le reste de la plante. Cette espèce très-rare vient de fleurir en France, chez M. Rougier-Chauvière, horti- culteur, rue de la Roquette, 152, à Paris, où nous l’avons fait peindre. On la cultive en serre tempérée, dans G'Ocuxj-'cL. deL. O/tadwfn concoloi'. BKOMELIA AGAVOIDES. LES MACHINES A GREFFER. 31 de la terre de bruyère grossièrement con- cassée, à laquelle on mélange avec du spha- gnum des morceaux de brique pilée, afin de faciliter l’aération des parties internes. Bas- sinages fréquents et même des arrosages ^ROMELIA Cette plante, très -rare dans les cultures, où elle fleurit du reste difficilement, à moins qu’elle soit très-forte, est-elle connue, décrite scientifiquement? Nous ne le savons. Pourtant, n’ayant jamais vu sa description, nous allons en faire connaître les princi- paux caractères, de manière à appeler sur elle l’attention dont, au reste, elle est assu- rément très-digne. Voici : Jeune plante d’un aspect tout particu- lier et assurément ornementale, à feuilles très-longuement rétrécies à la base, puis sensiblement élargies, finalement acumi- nées en pointe et brusquement refléchies, planes ou à peu près, d’un vert sombre, uniforme, à dents courtes, spinulées. Plante adulte. Feuilles longues de 50 à 80 centi- mètres, très-étroites et très-longuement at- ténuées à la base, épaisses, coriaces, étalées, gracieusement arquées, réfléchies au-dessus du milieu, d’un vert brunâtre, à épines noires, celles du sommet légèrement dres- sées, les inférieures penchées, courtes, très- aiguës. Hampe florale feuillée, robuste, s’élevant peu au-dessus de la plante, à feuilles bractéales étalées, larges, non ré- trécies à la base, d’un rouge vermillon très-chaud dans la moitié inférieure. Inflo- rescence terminale formant une sorte de gros pinceau compact, dressée.^ Fleurs très- rapprochées, verticales, sortant d’une sorte de calicule. Corolle blanche, légèrement LES MACHINE! La Société d’agriculture de l’Hérault avait organisé, les 8, 9 et 10 mars, à l’École d’a- griculture de Montpellier, une exposition de machines à greffer. De nombreux fabricants ont répondu à son appel, et nous allons dé- crire les machines qu’ils ont soumises à l’examen du public. Depuis l’invasion du phylloxéra et la des- truction presque complète des vignobles (1) Extrait du Journal d' Agriculture pratique^ 1880, 2o semestre (avril), p. 545. assez copieux pendant l’époque de la forte végétation, au contraire très-modérés pen- dant celle du repos de la plante. E.-A. Carrière. AGAVOIDES violacée, à trois divisions rapprochées, un peu ouvertes au sommet, qui est violacé surtout à l’intérieur, qui est bordé de blanc. Cette espèce dont nous venons de donner une description sommaire et que nous avons étudiée chez M*« Fould, au château du Val, où notre collègue, M. Sallier, a réuni de si jolies collections en tous genres, appartient- elle au genre Bromélia? Le fait nous paraît douteux, bien que nous n’osions rien affir- mer. Nous l’avons parfois rencontrée sous le nom générique d'Agalostachys. Quoiqu’il en soit, c’est une plante remar- quable, d’un très-beau port quand elle est jeune, très-jolie quand elle est en fleur par ses feuilles bractéales qui, à ce moment, prennent une couleur écarlate qu’elles con- servent longtemps, souvent pendant plu- sieurs mois. Mais un fait tout particulier que nous avons remarqué sur cette espèce et qui nous paraît digne d’être mentionné, c’est la co- loration rouge vif qu’a prise une très- jeune plante et qui, bien que toute petite, est deve- nue d’un très-beau rouge, couleur qu’elle a gardée très-longtemps, absolument comme l’eût fait une plante forte à l’époque de sa floraison. A quoi est due cette particularité que nous avons observée dans les serres du Luxembourg, à Paris, en 1880? E.-A. Carrière. A GREFFER méridionaux par ce terrible insecte, on a cherché le moyen de reconstituer les vi- gnobles détruits. Les uns ont eu recours aux insecticides ; les autres ont préféré s’a- dresser aux cépages américains. Comme, avant tout, on tient à conserver les variétés françaises, il faut les greffer sur pieds amé- ricains. La greffe se fait, soit sur boutures, soit sur plants racinés, et le plus généralement en chambre. Celle qu’on emploie le plus 32 LES MACHINES A GREFFER. souvent est la greffe en fente anglaise; aussi la plupart des instruments que nous allons examiner ont-ils été construits en vue d’obtenir cette fente anglaise. Pour exécuter cette greffe, le sujet est taillé en biseau, puis refendu verticalement vers le tiers supérieur de son diamètre. Le greffon étant taillé de même, les languettes Fig. 4. — Greffoir Berdaguer. ainsi détachées sont mutuellement engagées dans les fentes ; mais il faut avoir soin de faire coïncider les écorces le mieux possible, au moins d’un côté,! car il peut arriver souvent que le greffon soit d’un plus faible diamètre que le sujet. En général, on doit Fig. G. — Greffoir Trabuc opérant sur place. autant que possible choisir deux sarments de même diamètre. La greffe ainsi faite est liée solidement, pour que les parties soient maintenues en contact, et la ligature se fait avec de la ficelle, du raphia ou des rondelles de caout- chouc. Parmi les machines exposées à ce con- cours et faisant la greffe en fente anglaise, nous citerons d’abord celle de M. Petit, de Langon (Gironde). Cette machine, que nous nous bornerons à mentionner, puisque la description en a été faite dans le Journal, a donné de très- bons résultats ; un ouvrier habile peut faire une greffe ligaturée par minute , mais elle ne peu servir que pour la greffe en chambre. Le greffoir construit par M. Berdaguer, chambre. de Lyon, est plus simple comme mécanisme; j il peut s’employer indifféremment pour la greffe en chambre ou sur place. Il se compose (fig. 4) d’un bâti en fonte que l’on fixe sur table au moyen de deux vis. Ce bâti porte à droite et à gauche des cannelures dans lesquelles on peut glisser Fig. 8. — Machine Sabatier pour greffer sur place. les sarments ; sur cette pièce de fonte se meuvent deux couteaux à tranchants oppo- sés, solidaires sur un même axe et tournant autour d’un pivot. L’une des extrémités est munie d’une poignée qui doit toujours se trouver à gauche de l’opérateur, qui emploie celte main à la manœuvre des lames. Pour se servir du greffoir, on introduit le sujet dans une des cannelures du côté droit choisie pour sa grosseur, et l’appuyant LES MACHINES A GREFFER. 33 légèrement dans cette position, on saisit de la main gauche la poignée de la lame, et la ramenant à soi on obtient la coupe en sifflet. On rapporte du côté gauche cette coupe de sifflet, face en l’air, dans la canne- lure de même dimension, et toujours parla même manœuvre des lames on obtient la fente. Cette machine est assez sim- ple, peu coûteuse, mais fonc- tionne mal sur place, car elle ne peut faire la greffe que sur le greflon et non sur le sujet. M. Trabuc, de Saint-Hippo- lyte (Gard), a exposé un grelfoir assez ingénieux. Ici une simple lame à deux tranchants, pas de bâti en fonte, simplement une pince articulée (fig. 5 et G). Le sarment est saisi dans les mâchoires de cette pince et vient appuyer une de ses extrémités , celle qui doit être fendue, sur une pièce de fonte évidée au milieu et fixée perpendiculairement à l’un des bras de la pince. Un guide pouvant se déclan- cher se trouve sur un des côtés de cette pièce; un couteau coudé à angle droit et articulé au som- met de cet angle avec le sommet de la pince peut glisser sur ce guide. Le sarment pris entre lés pinces, et ainsi maintenu solidement, est entaillé par le couteau qui glisse sur le guide. Le biseau ainsi fait, on déclanche le guide, et la lame qui est tranchante des deux côtés fait la fente en revenant. Ce mécanisme est excessivement simple, et le greffoir peut aussi bien servir sur place que sur la table. Une machine à greffer d’un autre genre est celle de M. Sabatier, de Montpellier; elle fait aussi la fente anglaise. Elle consiste en un bâti en bois portant des entailles garnies de cuivre dans les- quelles on fait entrer les sarments (fig. 7); les calibres sont gradués d’après la grosseur des boutures. Un couteau incurvé dans les deux sens et coupant des deux côtés se meut sur un plan horizontal. La partie concave de la lame attaque par côté le sarment placé dans l’entaille corres- pondant à sa grosseur et fait ainsi le biseau ; en revenant, la lame par sa partie convexe fait la fente dans le sarment qui a été porté dans une entaille portant le même numéro que celle qui a servi à faire le biseau, mais Fig. 9. — Machine de M. Pelaquier. moins inclinée, de sorte que la lame attaque le bois à peu'^près au milieu de la distance qui sépare l’écorce de la moelle. L’inconvénient de 'cette machine est qu’elle fait[des biseaux trop courts ; mais il serait facile d’y remédier en augmentant Fig. 10. — Greffoir Vincent. la profondeur de l’entaille, car alors le sarment deviendrait plus vertical, et la sur- face coupée par la lame serait plus longue. Cette machine ne peut opérer que sur table. M. Sabatier a exposé un autre instrument pour greffer sur place (fig. 8). LES MACHINES A GHEFFER. Î1 se compose d’une pièce de bois ver- ticale portant une encoche dans laquelle on peut saisir le sarment et le maintenir au moyen de deux mâchoires mues par une manette. Le sarment ainsi serré, un coideau fixé sur la pièce de bois et mobile autour d’un pivot fait le biseau, Un autre couteau fixé de la même ma- nière fait la fente en glissant et venant butter dans les deux mâchoires qui main- tiennent le sarment. Ce greffoir est tiop lourd et peu portatif, mais le mécanisme en est très-heureux. Fig-. 12. — Macliino Ley parce que l’on trouve parfois des intermédiaires (fig. 17) entre la véritable forme de Poire (fig. 18-19) et la forme nor- male des Pommes de cette variété qu’on voit sur la figure 20, à côté de celle qui rappelle une Poire et une Pomme (fig. 16). On avait bien déjà vu quelques espèces dont les fruits, en y mettant beaucoup de complaisance, se rapprochaient quelque peu de la forme d’une Pomme, mais jamais, à beaucoup près, aussi prononcée que dans la variété qui nous occupe. POMMIKK HETEKOMOariIE. 55 Ce pliénomène s’est produit à Déville, à quelques kilomètres ouest de Rouen, dans un enclos ou mieux dans une prairie appar- tenant à M. Méril, cultivateur, avenue de la République. Quand ce fait fut signalé pour la première fois et qu’on annonça que l’on avait découvert un Pommier produisant en même temps, sur les mêmes branches, par- Fig. 17. — Fruit de Pommier héléromorphe, forme intermédiaire, coupe de grandeur naturelle. fois sur une même lambourde (fig. 16), des fruits déformés si différentes, on n’en voulut rien croire, et nous-même, tout en rappor- tant le fait qui était exact (1), nous tenions sur la réserve. Mais un voyage fait par nous Fig. 18. — Coupe d’un fruit pyriforme du Pommier hétéromorphe, de grandeur naturelle. nous a permis de constater la chose et de nous bien renseigner de visu^ et c’est sur des échantillons authentiques qu’ont été faites les figures ci-contre. Le phénomène en question se produit- il depuis longtemps ? Nous avons questionné (l) V. Revue horticole, 1880, p. 381, 481. les propriétaires et d’autres personnes, et aucun n’a pu rien nous dire de certain à cet égard. On croit qu’en 1878 il y avait déjà Fig. 10. — Fruit pyriforme de Pommi«c hctcro- morphc, de grandeur naturelle. sur l’arbre quelques fruits en forme de Poires, et comme en 1879 la récolte était nulle, ce n’est réellement qu’en 1880 que le fait a été bien remarqué, et encore comme Fig. 20. — Coupe d’un fruit du Pommier hétéro- morphe, forme normale, de grandeur naturelle. par hasard, par un faucheur qui, en coupant le foin de « l’herbage, » s’étant arrêté sous l’arbre, fut surpris de voir des fruits si dif- férents par la forme, qu’il les fit remar- quer aux personnes qui se trouvaient là. Le bruit s’en répandit aussitôt, et bientôt un grand nombre de cui ieux vinrent voir le 56 POMMIER HÈTÉROMORPHE. fait, et c’est alors qu’un nommé Noël inséra sur le Journal de Rouen un article que nous avons reproduit {l. c.,p. 381). Les fruits, de formes diverses, se trou- vaient répartis çà et là, entremêlés sur les branches, dans la proportion de 1 à 4-5 environ, c’est-à-dire quatre ou cinq Pom- mes de forme normale pour une qui rap- pelle une Poire. Quant à l’origine de cette singulière variété, on pourrait sur ce sujet émettre toutes sortes d’hypothèses, sans avoir la cer- titude d’arriver à la vérité absolue. Toute démonstration étant impossible, et aucune hypothèse ne pouvant expliquer cette bizar- rerie de fruits si différents sur des mêmes branches, parfois à touche-louche sur une même lambourde, nous nous bornons à si- gnaler le fait, ce qui nous paraît plus sage. Nous croyons toutefois important de faire remarquer que seule la forme du fruit paraît affectée, car sa nature et sa saveur nous ont paru les mêmes dans tous les fruits que nous avons dégustés : toujours celles d’une Pomme, rien qui rappelle la Poire, ce qui semble exclure l’hypothèse d’une fécondation par un Poirier, que cer- taines personnes tendent à admettre. Notre opinion à cet égard est que cet arbre pro- vient d’un semis naturel qu’on n’avait jamais remarqué, et qui, depuis qu’il est obtenu, a toujours donné des fruits de forme différente, mais auxquels on n’avait jamais fait attention. Planté dans un enclos avec beaucoup d’autres et tous destinés à la production du cidre, les fruits pyriformes de cet arbre, toujours comparativement en nombre ex- cessivement restreint, passaient inaperçus parmi la très-grande quantité d’autres. Il va de soi que ceci n’est non plus qu’une hypothèse qui pourtant ne nous paraît pas dépourvue de valeur, et qui a au moins pour elle la vraisemblance. Après toutes ces considérations générales, nous allons, pour compléter autant que pos- sible ce qui a rapport à cette singulière va- riété, la décrire. L’arbre, qui est âgé d’environ quarante ans, ne présente rien de particulier dans son port ni dans sa végétation ; sa tige, d’envi- ron 2 mètres de hauteur, supporte une belle tête arrondie ; ses feuilles non plus ne nous ont présenté rien de particulier. Ses fruits, qui sont à peine moyens et qui se conservent très-longtemps, jusqu’en mars, peut-être même plus, sont pour la plupart fortement déprimés aux deux bouts (fig. 20) ; leurs caractères principaux sont les suivants : ca- vité pédonculaire moyenne, régulière, assez profonde; queue mince, dépassant de beau- coup la cavitéj très-rarement presque in- cluse dans celle-ci ; cavité ombilicale un peu enfoncée; œil très-petit et presque com- plètement fermé, surtout chez tous les fruits pyriformes ; peau luisante, plus ou moins flagellée de rouge sur les parties frappées par le soleil, prenant en mûrissant une cou- leur jaune sombre, comme grasse ou onc- tueuse; chair blanc verdâtre, ferme, sucrée, à saveur plutôt douce et même fadasse, légè- rement amère, homogène, parfois marquée, soit autour de la cavité interne, soit dans le voisinage de l’axe, de sortes de vaisseaux fibreux correspondant à la queue, ce que démontre la figure 17 ; loges extrêmement variables comme dimension, suivant la . forme des fruits ; pépins roux noir, bien nourris, assez renflés, allongés et rappelant en général ceux des Poires. Les fruits du Pommier hétéromorphe, très- propres à la fabrication du cidre, se conser- vent longtemps et alors pourraient même être consommés comme fruits ce à cou- teau. » Nous espérons, grâce à l’extrême obli- geance de M. Méril, qui nous a promis de surveiller le Pommier en question, pouvoir y revenir et, sinon achever, du moins com- pléter l’histoire de ce singulier végétal. Plusieurs personnes nous ont demandé si l’on pourrait reproduire cette variété, et si oui, comment. Bien qu’ici encore nous ne puissions rien affirmer d’une manière abso- lue, nous croyons cependant que les proba- bilités équivalent à une presque certitude pour l’affirmative. C’est par la greffe qu’il conviendrait d’opérer; mais, malgré que l’hétoromorphie paraisse résider en principe dans toutes les parties de l’arbre, on devrait prendre pour greffons les rameaux qui, tout à la fois, auraient porté des fruits des deux formes. On devra donc, pendant l’été, avoir bien soin de marquer les rameaux -greffons qui devront servir plus lard. De cette façon, on pourrait être à peu certain de reproduire l’hétéromorphie. Mais l’on pourrait aussi essayer par graine la reproduction, et par suite tenter la fixité de cette propriété hété- romorphe. Pour cela l’on devrait prendre FABRICATION DE NOIX FRAÎCHES A L’AIDE DE NOIX SÈCHES. 57 les pépins des fruits les plus franchement pyriformes, les semer à part et en suivre les plants, dont on pourrait activer la fructi- fication à l’aide des moyens connus, et sur- tout par des greffes et surgreffes, en pre- nant toujours pour greffons les rameaux les plus modifiés dans le sens de la fructifi- cation. E.-A. Carrière. FABRICATION DE NOIX FRAICHES A L’AIDE DE NOIX SÈCHES Il y a quelque temps, dans ce journal (1), en signalant quelques industries plus ou moins horticoles (?), nous promettions de re- venir particulièrement sur l’une d’elles : celle qui consiste à transformer les Noix sèches en 'Noix fraîches . Nous écrivions alors : « Ainsi certains cultivateurs achètent tous les jours chez les entrepositaires, à Paris, plusieurs sacs de Noix plus ou moins vieilles, parfois même d’un an, et le lendemain ils les re- vendent à la halle dans des petits paniers, mais alors fraîches et se c( pelant » bien, ce dont au reste nous nous sommes assuré. En effet, la pellicule qui enveloppe les coty- lédons (cuisses de Noix) devient très-jaune et se détache parfaitement de la masse charnue, qui, par une préparation particu- lière, devient d’un très-beau blanc rappelant celui des Noix vertes que l’on mange en octobre, à l’époque de la maturation an- nuelle de ces fruits. » Ce qui est exact et que nous confirmons de tous points. Cette industrie, quand elle est conscien- cieusement faite, pouvant rendre d’impor- tants services, nous croyons devoir la faire connaître, d’autant plus qu’elle est très- simple, peu dispensieuse et à la portée de tout le monde. Toutefois, et afin de mieux rapporter les faits, c’est-à-dire que les ren- seignements soient aussi précis et exacts que possible, nous .avons prié un de nos collègues, habitant de Montreuil, de vouloir bien décrire l’opération, ce à quoi il a con- senti. Voici la note qu’il a bien voulu nous adresser à ce sujet : « On prend des Noix sèches, et on les fait tremper pendant environ une heure dans de l’eau, puis on les laisse égoutter. Ensuite on les met dans un tonneau par quantité de 50 litres de Noix, en plaçant au centre un petit vase dans lequel on met 100 grammes de soufre ; on allume celui-ci, et l’on couvre fortement à l’aide de vieilles couvertures ou de vieux tapis. Cette couverture, bien qu’elle maintienne suffisamment la vapeur de soufre (1) Voir Revue horticole, 1880, p. 405. (acide sulfureux) pour la concentrer à l’in- térieur, laisse néanmoins pénétrer une petite quantité d’air qui suffit à entretenir la com- bustion. « Après une heure environ, le soufre est consommé, et l’opération est terminée. » Voilà ce que l’on fait et qui donne des . bons résultats, toutes les fois pourtant que les Noix ne sont pas trop vieilles, qu’elles n’ont guère que de quatre à six mois, un an au plus ; quand les Noix dépassent cet âge, les résultats sont moins bons. Jusqu’ici le procédé est honnête; mais là où il cesse de l’être, c’est quand, parmi les Noix nouvelles, on en ajoute de très-vieilles, qui ne sont pas mangeables. Dans ce cas, c’est autre chose, et l’industriel qui fait ce mélange est tout aussi coupable que celui qui vend à faux poids ou qui mêle des substances étran- gères à la marchandise qu’il livre. C’est alors du ressort des tribunaux. Nous savons même que, sous le rapport de la fraude, on va beaucoup plus loin et qu’on essaie de rajeunir des Noix de tous les âges, qui ont parfois jusqu’à dix ans de magasin et même qui viennent de diverses parties de l’Europe. Inutile de dire que ces Noix, dont l’aspect est très-beau, grâce à des lavages faits avec de l’eau contenant de la potasse, ne satisfont guère que l’œil. Ajoutons encore, en ce qui concerne la préparation ci-dessus, qu’on peut augmenter la quantité de Noix pour chaque étuvée, en augmentant celle du soufre dans les mêmes proportions, mais qu’alors l’opération serait plus longue et peut-être aussi moins régulière quant aux résultats. Mais dans ce cas l’on pourrait peut-être y suppléer en se servant d’eau tiède et même chaude pour opérer le lavage, et en y ajoutant aussi un peu de carbonate de potasse. Une précaution qui serait 'cer- tainement très-bonne dans le cas où l’on augmenterait la quantité, ce serait d’avoir des vases un peu larges, de manière que les Noix occupent une moins grande épaisseur. Un Montreuillois. 58 VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). VOYAGE AU CAUGA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE) DE POPOYAN A PASTO, PAR LOS PUEBLOS [Bien que Popayan soit depuis fortlongtemps la capitale de l’Etat du Cauca, cette ville est en voie de décadence manifeste, surtout depuis la terrible révolution de 1876, qui y a laissé de si tristes traces. Ses édifices pu- blics, la plupart assez beaux, datent de l’é- poque de la conquête espagnole; mais ils sont dans un tel état de délabrement, grâce à l'incuiie de l’administration centrale, ({îi’on est presque autorisé à dire que, en con(}uérant celle indépendance si chère à tous les peuples, le Cauca s’est suicidé. Je dois pourtant faire exception, d’abord pour l’École normale, qui a été établie dans un ancien couvent de Frailes. Son directeur, M. le D*’ Pankow, sVlTorce de réagii' conti e l’état de cliuses que je viens de signaler et lire très-intelligemment parli des pctiles lessources dont il dispose. Le patio, ou cour intérieure de l’École, est divisé, selon l’usage espagnol, en figures géométriques représentant par leur assemblage le titre de l’établissement et la date de sa fonda- tion (1875); chacune de ces figures est soi- gneusement bordée et complantée de végé- taux et d’arbustes divers, et surtout de nos plus jolies fleurs d’Europe; ils servent à inspirer aux élèves le goût delà floriculture, tout en leur donnant les premières notions de botanique. Sur le derrière des vastes bâ- timents que comprend l’École s’étendent deux grands clos où, là encore, M. Pankow a créé de toutes pièces une culture pota^gère et fruitière dont on ne peut dire que du bien, eu égard aux conditions spéciales où se trouve le directeur, qui cherche ainsi à démontrer d’une façon pratique autant qu’é- lémentaire toutes les ressources qu’avec un peu de travail seulement on pourrait retirer de ce sol exceptionnellement fertile, placé sous un climat des plus favorisés. Il est regrettable que le développement de l’agri- culture ne trouve pas, dans le Cauca infé- rieur, de véritables patriotes qui, soucieux de l’avenir du pays, associent leurs efforts à ceux de M. leD‘‘ Pankow et prennent l’ini- tiative de travaux peu coûteux dont ils se- raient amplement récompensés. La salle d’asile de Popayan est le second établissement public de la ville (jui soit quelque peu convenable ; deux cent cin- quante petites filles, de trois à douze ans, y reçoivent gratuitement l’instruction pri- maire; de plus, et c’est là le point capital, ces enfants apprennent à coudre, à broder et à confectionner des ouvrages qui eussent avec avantage figuré, en (1878, à notre grande Exposition universelle de Paris. On ne saurait trop louer le zèle, le dévoùment et surtout la patience sans bornes de la di- rectrice et de ses deux adjointes-maîtresses, car leur œuvre, éminemment moralisatrice, est de celles dont on ne peut nier l’heureuse influence. Do même que M. le D*' Pankow, ces dames ont adopté les méthodes d’enseigne- ment les plus répandues en Europe et dans le nord de l’Amérique. Tous sont parfaite- ment au courant des innovations qui se pro- duisent et les expérimentent aussi vite qu’ils le peuvent. L’hôpital, grand bâtiment contigu à l’asile dont je viens de parler, est un des rares édi- fices publics qu’on ait songé à conserver ; il pourrait recevoir plus de trois cents lits, mais n’en a actuellement pas plus de soixante. Cet établissement a dû être fort beau ; on travaille un peu en ce moment à le relever de l’état de délabrement où il est tombé, et à restaurer les parties les plus endommagées par le temps. Les salles n’ont qu’un rez-de-chaussée; elles sont bien aérées, et leurs murs sont blanchis à la chaux; quoique l’ameublement y soit réduit à sa plus simple expression, j’ai constaté avec plaisir que partout régnent la propreté, le silence et l’ordre, ce qui, réuni, est une véritable rareté à Popayan. J’ai remarqué au-dessus des portes des inscriptions la- tines et françaises, fort heureusement in- compréhensibles pour la plupart des mal- heureux qui les ont toujours sous les yeux. Si l’administration tient beaucoup à ce luxe d’inscriptions, elle pourrait, ce me semble, et sans grand effort d’imaginalion, en trou- ver de bien mieux appropriées au lieu et à la condition de ceux qu’elle secoure. Les di- vers « patios )) de l’établissement sont aussi restaurés ; on y cultive diverses plantes in- dustrielles ou officinales qui récréent la vue 59 VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). et emploient utilement l’espace qui leur est consacré. J’ai remarqué plusieurs sortes à' Eucalyptus^ quelques formes de Pa- payers, de jolies Broméliacées et Orchidées qu’on avait placées dans l’enfourchement des branches des Caféiers et des Orangers ; trois sortes de Chochos (Érythrines); enfin, d’énormes touffes de Guineos (Musa) ne mesurant pas moins de 3»^ 50 de diamètre, et se composant en moyenne d’une ving- taine de tiges élevées, très-grosses, termi- nées par de grands régimes de différents âges, ce qui donne une idée de la fertilité incomparable de ce terrain. J’ai eu la bonne fortune de visiter plu- sieurs patios et jardins de la ville, et j’ai été émerveillé du nombre et de la diversité des végétaux de toute nature qu’on y rencontre. A part les Palmiers, qui sont fort rares dans la contrée, une foule de plantes, arbres et arbustes, dont la plupart à joli feuillage et à fleurs superbes, se pressent dans ces petits coins de terre endos d’une sorte d’Euphorbe (Letchero), arbuste à tiges mul- tiples, dont le feuillage luisant rappelle as- sez celui du Ficus elastica. On voit parfois, cultivés comme nos Artichauts, quelques Pinos (Ananas), dont le fruit jaune, conique, très-volumineux et excellent, se vend gé- néralement un réal (demi-fr.) la pièce; son jus, combiné avec celui des Mûres, entre dans la composition de tout refresco (1) bien préparé. On rencontre également des Gherimoyers (Anona Cherimolia) qui y croissent admirablement et produisent de gros fruits très-recherchés. Enfin, je ne dois pas passer sous silence un magnifique ar- brisseau, le Madroyio, dont le port rappelle exactement un beau pied de Magnolia grandiflora, et dont les fruits comestibles simulent des Oranges renfermant cinq grosses graines. La ville proprement dite est située sur un petit plateau qui sépare les premiers contre- forts du volcan de Puracé et de la Cordil- lière centrale du Rio-Cauca, dont elle est à peu près à égale distance. Sur les bords de ce fleuve j’ai remarqué de superbes Quer- cus Humholdi à fruits volumineux, dépri- més, presque sphériques ; une sorte de (i) Refresco. Sorte de rafraîchissement fort usité, composé de pulpes ou de jus de différents fruits, que l’on mélange à de la neige apportée du volcan de Puracé par les Indiens des environs. Bégonia à fleurs odorantes disposées en un énorme bouquet : elles sont d’un rose pâle, fort jolies ; un certain nombre d’es- pèces de plantes épiphytes ; des Masdeval- lia. Diverses Fougères, Broméliacées, etc., croissent en abondance sur tous les arbres qui ombragent ces rives. Mais c’est surtout le long du cours d’une petite rivière qui sépare Popayan du fau- bourg de Cali que l’on rencontre à profu- sion et sur tous les arbres une véritable légion d’Orchidées, appartenant la plupart aux genres : Épidendron , Maxillaria , Brassavola, Oncidium, Ly caste, Stanho- pea, etc. Malheureusement, je me trouvais là en saison d’hiver (mai), et la plupart d’entre elles ne m’offraient que leurs cap- sules séminifères, l’époque de floraison étant généralement de décembre à février. Les Sélaginelles de diverses espèces forment de véritables tapis de verdure, ombragés par de grands arbres dont le tronc disparaît lit- téralement sous la végétation adventive et épiphyte des Aroïdées grimpantes et d’une foule de Fougères et Mousses diverses, toutes plus jolies les unes que les autres. Parmi les branches d’arbres on aperçoit souvent d’é- normes bouquets de fleurs rouge sang, jaunes ou striées de ces deux couleurs : ce sont les fleurs du Bejuco (Bomarea), qui contras- tent vigoureusement avec le vert sombre du feuillage. Mais il faut nous arracher à la vue de toutes ces beautés végétales et pour- suivre notre chemin vers l’Équateur. A peine sorti de la ville, je m’engage dans une sorte de chemin plat bordé de grands Salix Humholdi, aux formes élancées, et de plusieui's sortes de Mélastomées arbustives fort jolies, dont la plus belle est incontesta- blement la « Flor de Mayo » (Meriano), aux larges corolles carmin vif, avec une ma- cule centrale d’un blanc pur; la fleur ne mesure pas moins de 10 centimètres de dia- mètre, et l’arbuste est très-généreux. Inu- tile d’ajouter qu’ils produisent un effet splendide et combien l’introduction en est désirable. Il serait trop long d’énumérer tous les végétaux précieux connus ou iné- dits que l’on rencontre à chaque pas dans cette région demi- sauvage. PUVILAND. [A suivre.) 60 CULTURE DU POINSETTIA PULCHERRIMA. CULTURE DU POINSETTIA PULCHERRIMA La famille des Euphorbiacées comprend un certain nombre de plantes ornementales, moins toutefois par leurs Heurs proprement dites que par des organes accessoires qui les accompagnent. Il en est une surtout qui les surpasse toutes : c’est le Poinsettia pul- cJierrhna, dont les rameaux, garnis de feuilles d’un vert tendre, sont enveloppés à leur extrémité par un bouquet ondulant de petites fleurs, les unes vertes extérieure- ment et rouges intérieurement, les autres d’un blanc jaunâtre. Cette espèce offre l’as- pect le plus séduisant et mérite certaine- ment d’ètre classée parmi les plus brillantes, lorsqu’on a pu lui faire acquérir tout le développement qu’elle est susceptible de prendre. Un autre mérite qu’a cette plante, c’est l’avantage d’être dans tout son éclat dans une saison où les fleurs sont rares. Ayant remarqué que la culture en pots ne lui permettait pas d’obtenir ce degré d’étendue et de splendeur auquel elle peut parvenir, j’ai adopté un autre mode dont les résultats me paraissent très-satisfaisants, ce qui m’a engagé à en faire une notice que je soumets à l’appréciation des lecteurs de la Revue horticole. Vers les premiers jours de mai, lorsque les gelées printanières ne sont plus ou ne sont presque pas à redouter, je rabats les plantes, afin de leur faire développer le plus grand nombre de bourgeons possible; je les mets dans un panier en fil de fer d’environ 3^ centimètres de diamètre sur 24 centi- mètres de hauteur, rempli de terre de bruyère grossièrement concassée; ensuite je les place sur une bonne couche tiède, où elles restent ainsi jusqu’à la mi-juin, époque à laquelle je les replace sur une nouvelle couche. A partir de ce moment jusqu’au 15 ou 20 août, il faut surveiller le dévelop- pement des bourgeons, qui s’allongent avec j vigueur, et leur donner alors un premier- pincement, puis, quand ils sont ramifiés, ! leur en faire subir un second, opération qu’il ne faut faire toutefois que lorsque les bourgeons ont atteint 16 à 20 centimètres de long. Du 15 au 25 août, je remets mes plantes sur une troisième et dernièr-e couche, où elles restent jusqu’à la fin de septembi-e, en ces- sant toutefois de les pincer ; aller au-delà aurait pour effet de détruire la future flo- raison. Vers les premiers jours d’octobre, je les retire de dessus la couche avec beau- coup'de précaution, car à cette époque il existe à la circonférence du panier une sorte de bourrelet de terreau retenu par une grande quantité de radicelles qui sont sorties entre les mailles du fil de fer. Alors j’enlève les paniers et place les plantes dans des caisses en bois ou bacs n’excédant le diamètre des paniers que de 2 centimètres environ. Ainsi encaissées, je porte les plantes contre un mur au midi, où je les entoure de tuteurs dépassant un peu la hauteur des plantes, de manière à pouvoir les abriter avec des pail- lassons pendant les nuits douteuses. Je les laisse dans cette position tant que les gelées ne sont pas à redouter; puis, vers la fin d’octobre, je les rentre dans une serre froide et ne les mets en serre chaude que vers le commencement de décembre ; si on les y met plus tôt, les feuilles jaunissent et tombent. C’est à partir de la fin, de ce mois et pendant les deux qui suivent qu’une abon- dante floraison vient vous récompenser des bons soins qu’on a donnés aux plantes. En général, quatre branches principales mesu- rant plus d’un mètre de haut, subdivisées en plusieui-s rameaux terminés par les écla- tantes bractées qui enveloppent le nid de fleurs qui les couronne, sont le résultat qu’on obtient par le traitement (pie je viens de décrire, et qui mérite l’attention des amateurs. Louvet, Jardinier au château des Hébi rts (Seiri^-lnférieure). laip. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE L’hiver de 1880-1881 ; fortes gelées constatées dans les environs de Paris et dans le Midi : communications de MM. de Lunaret et Plaisant; le froid dans la Seine-Inférieure : lettre de M. Hauguel ; le froid à Lyon: lettre de M. Sisley; le dégel. — Préparation des greffons. — Concours agricole du palais de l'Industrie. — Prochaine mise en vente de la collection d’Orchidées de M. Day. — Le greffoir Berdaguer ; rectification demandée par l’inventeur, — Répartition métrique des impôts ; ouvrage publié par M. Toubeau. — Inconvénients des mesures prises contre le phylloxéra; mise sous séquestre de cépages rapportés du Kahsmyr par M. Ermens. — Le froid et les insectes, — Origine du Marronnier et du Noyer; opinion de M. Reildreich. — Plantes curieuses de Madagascar observées dans la collection de M. le docteur Bâillon ; le Didierea et le PJnjllobotryon. — Échenillage des arbres — Les parasites du phylloxéra; étude faite par M. Lichtenstein. Les froids dont nous signalions la recru- descence dans notre dernière chronique ont continué, en augmentant encore d’intensité, et pour avoir commencé tard comparative- ment, l’hiver, cette année, n’en méritera pas moins son nom. Ainsi, à partir du 5 janvier jusqu’au 26, il a gelé sans interruption^ cela parfois même assez fort, puisque le 15 le thermomètre, aux environs de Paris et suivant les localités, a varié de 11 à 17 de- grés ; le 16, après une nuit bien claire, il était encore plus bas : 13 à 18 degrés; à Bougival, on nous a assuré qu’il avait mar- qué 20 degrés au-dessous de zéro. Mais ce n’est pas seulement dans le (( bassin de Paris » que l’hiver se fait sentir ; le froid paraît être général. A la date du 21 janvier, M. de Lunaret nous informait que, à Montpellier, « le thermomètre était descendu à 9 degrés au-dessous de zéro, ce qui est déjà une basse température pour l’extrême Midi. » Un de nos collègues, M. Plaisant, horticulteur à Nemours, nous écrivait le 20 janvier : « Depuis longtemps déjà nous sommes dans la neige, et le dimanche 16 le thermomètre est descendu à 17 degrés au-dessous de zéro. Depuis, la température s’est adoucie, et la neige est de nouveau tombée pour recouvrir l’ancienne. » Rappelons que cette nuit du 15 au 16 paraît être la plus froide qu’il y ait eu cette année. Une autre lettre que nous adresse notre collaborateur, M. Hauguel, de Montivilliers (Seine-Infé- rieure), tout en confirmant la rigueur de l’hiver, montre aussi une de ces singula- rités dans la répartition des froids. Il nous écrit ; L’hiver ici est plus dur que l’année dernière ; ainsi, le thermomètre est descendu, le 14 cou- rant, à 9 degrés sous zéro ; le l'^, à 15» 5 ; le 16, 16 FÉVRIER 1881. à 11° 3; le 17, à 10» 3; le 18 à 4 degrés; mais le 22 il est descendu à 16 degrés, et un ther- momètre que j’avais placé àl mètre du sol, au- dessus de la neige, a marqué 18 degrés ; le lendemain 23, il marquait 9 degrés ; le 24, 4 degrés, et le 25, qui est aujourd’hui, il a gelé de 15« 3. La terre est couverte de 40 centi- mètres de neige. Que vont devenir nos arbustes qui ont été épargnés l’année dernière ? De son côté, à la date du 25 courant, notre collaborateur, M. Sisley, nous écri- vait : De divers côtés l’on annonçait à l’au- tomne que nous aurions un hiver doux. Mais voilà que les prophètes reçoivent un démenti, car, au contraire, nous avons un hiver rigou- reux. Ici, dans mon jardin, un thermomètre à minima marquait, le 23, au coucher du soleil, 10 degrés au-dessous de zéro; dans la nuit du 23 au 24, 21 degrés ; le matin du 24, 17 degrés; à une heure, 7 degrés; au coucher du soleil, 10 degrés ; la nuit dernière, 10 de- grés, et depuis ce matin il tombe de la neige. L’on m’a dit que dans la nuit du 23 au 24 il y a eu 23 degrés au bout de ma rue, et 24 de- grés dans la plaine, à deux kilomètres d’ici. Les maraîchers et les cultures des champs n’auront probablement pas trop souffert, parce que depuis quatre jours la terre est ici cou- verte d’environ 20 centimètres de neige, ce qui aura protégé les plantes recouvertes, tandis que dans nos jardins il en sera, du moins je le crains, tout autrement. Je crains bien aussi que nos Vignes en espa- liers ne soient gelées rez-terre, comme elles l’ont été le 9 décembre 1871. Je crains égale- ment beaucoup pour les Rosiers, qui tous bour- geonnaient déjà à la fin de décembre, ainsi que pour les fleurs des Noisetiers et celles des Mahonias, qui déjà étaient épanouies. Espérons qu’à la fin de la lune nous aurons le dégel pour tout de bon. Jean Sisley. La prédiction de notre ami, M. Sisley, semble devoir se réaliser : à partir du 26, 4 62 CHRONIQUE HORTICOLE. le dégel a commencé. Continuera-t-il ? Es- pérons-le. Jusqu’ici tout semble le faire croire. — Ceux de nos lecteui’S qui n’auraient pas encore coupé leurs greffons pour le printemps devront le faire sans retard, les enterrer pendant quelques jours, puis les piquer tout à fait au nord, et même au besoin les soustraire à la lumière à l’aide de grande paille. Si pour quelques espèces les yeux étaient déjà développés, on pour- rait passer la main dessus, de haut en bas, ne serait-ce que dans la partie supérieure des rameaux, qui est toujours et de beau- coup la plus avancée. — Nous rappelons à nos lecteurs que quand le présent numéro paraîtra, le con- cours agricole du palais de l’Industrie sera ouvert. Mais s’il est trop tard pour prendre part à cette exposition, il en sera autrement pour la visiter, puisqu’elle restera ouverte depuis le 14 février jusqu’au 23 du même mois. — On vient de nous affirmer que très- prochainement, en Angleterre, on vendra la collection d’Orcbidées de M. Day, qui, assure-t-on, est certainement la plus belle et la plus complète de ces plantes qu’il y ait au monde. Avis aux amateurs. — M. Berdaguer, coutelier, rue Childe- bert, 17, à Lyon, dont il a été question récemment ',(1) à propos de son greffoir, nous écrit pour nous prier de rectifier ce qui a été dit, L c. : « que cet instrument fonctionne mal sur place et ne peut faire la greffe que sur le greffon et non sur le sujet; que c’est là une assertion complètement erronée, etc. » L’article en question n’étant pas de nous, nous avons dû, en le reproduisant, le copier tel qu’il était et qu’il avait été publié dans le Journal (l' Agriculture praffqne. Toutefois, dans l’intérêt de la vérité, nous devons dire qu’un grand nombre de lettres adressées à l’inventeur, et que nous avons lues, semblent être en faveur de M. Berdaguer. Nous ajou- tons même que des greffes faites avec cet nsLiument, et dont nous avons également vu beaucoup d’échantillons, nous ont paru réunir les meilleures conditions pour en (1) Voir Rt vue horticole, 1^81, p. 31 et suiv. assurer le succès, et aussi que les tubes en caoutchouc qu’il a également inventés pour maintenir les parties greffées nous ont parti- culièrement intéressé. — Sous -ce titre ; La répartition métri- que des impôts, M. A. Toubeau vient de publier à la librairie Guillaumin, 44, rue Richelieu, un ouvrage remarquable par la forme et surtout par le fond. Le but de l’au- teur, en publiant ce livre, a été de démon- trer que l’avenir des nations repose surtout sur la culture du sol, qui peut procurer le bien-être et l’aisance, sinon la fortune, à tous. Mais c’est aussi un livre d’économie sociale d’un nouveau genre, qui propose de modifier tous les impôts et de les rem- placer par un impôt unique : l’impôt mé- trique. Qu’il y ait dans les moyens proposés beau- coup de points dont l’application iie pour- rait être immédiate ; qu’il y en ait d’autres dont on puisse contester la valeur, c’est possible; c’est du reste ce qui arrive tou- jours lorsqu’il s’agit de modifier certaines choses consacrées par le temps : l’habitude, dans ce cas, fait trouver les innovations mauvaises ou du moins intempestives. Mais, quoi qu’il en soit, le livre dont nous parlons est très-sérieux ; il ouvre une nouvelle voie qui peut conduire à un état de choses tout autre que celui actuellement pratiqué, et dans lequel le plus grand nombre y trouve- rait son compte. — Si les mesures prises 'contré le phyl- loxéra n’ont jamais guère donné, à notre avis, autre chose que des résultats négatifs, en revanche à peu près toutes ont été nuisibles aux transactions commerciales. Les exemples abondent. En voici encore un, d’autant meilleur qu’il est actuel. Il porte sur des boutures de deux espèces de Vignes originaires de Kahsmyr: sur les Raisins Opiman et Kavaury, dont plusieurs fois déjà la Revue horticole a parlé, plus une autre espèce, le Katchehourié. Eh bien 1 ces cépages qui, selon toute probabilité, pourraient rendre d’importants services soit à la viticulture, soit à l’économie do- mestique, sont exposés à périr faute de pouvoir être débarqués. Rapportés de Sri- nagar par notre collègue, M. Ermens, ils sont à l’mdex et ne peuvent légalement, d’après tous les arrêtés que l’on sait, CHKOiMUUE HOKriCC'LE. 63 pénétrer en France, ni en Italie, ni en Portugal, ni en Suisse, ni en Algérie, ni probablement en Russie, de sorte qu’ils vont sans doute périr, bien qu’arrivés « au port, )) après avoir franchi une distance de plusieurs milliers de lieues. Cette triste nouvelle nous est donnée par notre collègue, M. Ermens, récemment arrivé de Kahsmyr, où il était chargé de diriger les cultures agricoles et viticoles du souverain de cette partie de l’Inde. M. Er- mens nous informe « que ces Vignes qui le suivaient, et qui vont arriver à Marseille, ne pourront pas débarquer à cause des mesures prises contre le phylloxéra. » Depuis que ces lignes ont été écrites, les Vignes sont arrivées, mais elles sont consi- gnées à Marseille, où elles vont probable- ment périr. Voilà un des effets de la loi qui interdit l’importation des cépages étrangers. — Les personnes qui croient encore qu’il faut de l’hiver pour faire mourir les insectes, de la neige pour purger et en- graisser la terre, auront lieu d’être satis- faites. Elles feront bien toutefois de ne pas trop se hâter de chanter victoire. En effet, le dernier hiver a infirmé ces vieux dictons, du moins en très-grande partie. Ainsi, après six semaines de gelées dont on n’avait pas eu d’exemple de mémoire d’homme, et pendant lesquelles une couche de neige d’une épaisseur également sans exemple avait recouvert le sol, quelques jours de beau temps s’étaient à peine mon- trés que beaucoup d’insectes pullulaient. Quant aux récoltes, elles ont été, comme toujours, moyennes ou bonnes sur certains points, mauvaises sur d’autres, ce qui arrive à peu près toujours. — Si l’on a vu des hivers froids suivis d’une bonne récolte, on en a également vu qui, malgré une ab- sence à peu près complète de froids, ont de même été suivis d’une abondante récolte. — On lit dans Lyon horticole que l’ori- gine du Marronnier commun et du Noyer, si controversée jusqu’à ce jour vient enfin d’être formellement établie par M. Th. de Heildreich. D’après ce botaniste voyageur, ces deux espèces d’arbres sont originaires des montagnes élevées de la Grèce septen- trionale, de la Thessalie et de l’F^pire. Tout en admettant l’opinion de M. de Heildreich, s’ensuit-il que ces localités soient les seules dans cet immense continent asia- tique où se sont formées ces espèces ? Car combien de faits analogues qu’on avait avancés et qui ont été controuvés par suite de nouvelles découvertes, et combien aussi d’espèces analogues ou idenliques ont été découvertes sur des continents différents ! — Il y a quelque temps, dans ce jour- nal (1), nous appelions l’attention sur un genre de plantes de Madagascar, le Didierea, créé par M. Bâillon, à cause de la bizar- rerie des plus singulières qu’il présente. Aujourd’hui que nous avons vu chez M. le docteur Bâillon des échantillons de ce genre importés du pays d’origine, nous y revenons pour engager tous ceux qui le pourraient à tenter l’introduction de ce végétal qui, vrai- ment, n’a pas d’analogue connu. Cette- plante, qui forme une masse cactoïde charnue, porte des fleurs roses groupées çà et là sur son contour. Aussi, rienn’est-il plus curieux ni plus intéressant que le Didierea, quel que soit le point de vue où on l’envisage. Puisque nous parlons de plantes de Mada- gascar, signalons encore comme originaires de ce pays deux genres des plus remar- quables et dont on n’a non plus aucun sujet vivant en France, mais que nous avons pu également voir en beaux échantillons secs chezM. le docteur Bâillon. L’une est un Pùi/^- lohotryon dont la feuille qui, par sa forme et ses dimensions, rappelle un peu celle des Theophrasta, mais qui est beaucoup plus mince, porte çà et là sur sa nervure médiane des groupes de fleurs. L’autre espèce, qui rentre dans le genre Poly cardia, est également des plus curieuses par ses feuilles de deux formes, les unes qui rap- pellent assez exactement celles de VJlex dahoon, les autres qui, comme brusque- ment coupées vers le milieu, c’est-à-dire dans leur plus grand diamètre, présentent là une échancrure profonde au fond de laquelle est placé un groupe de fleurs au sommet de la nervure médiane, laquelle ici est l’analogue d’un rameau. Le fait de ces deux formes de feuilles peut donc être com- paré aux différents rameaux — florifères et foliifères — qui se trouvent sur presque tous les arbres, et jusqu’à un certain point aux frondes des Fougères, dont les unes sont (1) V. Rev. hort., 1880, p. 389. 64 UKUX ÎNOUVEAUX CUCOTIEUS, fructifères, tandis que d’autres sont stériles sur le même pied. Quoi qu’il en soit, tous ces végétaux sont des plus intéressants; nous les signalons tout particulièrement à l’attention des bota- nistes et des horticulteurs. — Ceux de nos lecteurs qui n’auraient pas encore échenillé leurs arbres feront bien de ne pas tarder à faire cette opération et de ne pas compter sur le froid pour dé- truire les insectes, car si celui-ci les en- gourdit ou maintient leur période léthar- gique, le réveil est d’autant plus prompt que cette période a été plus complète. Mé- fiez-vous donc des premiers beaux jours de soleil. Prenez vos mesures. — Le phylloxéra n’a qu’a bien sedenir, car on vient encore de lui découvrir beau- coup d’ennemis. C’est un homme com- pétent, M. Lichtenstein, qui, paraît- il, a fait cette découverte. On avait bien déjà ce qu’on nomme (c un auxiliaire » dans un tout petit puceron rapporté d’Amérique par M. Planchon, et qui devait faire prompte et bonne justice du terrible aphys de la Vigne. Mais soit que, comme compatriotes, ces deux pucerons se soient entendus, soit que le dernier venu n’ait pas été le plus fort, le premier continua à exercer et même à étendre ses ravages. Cette fois ce n’est pas tm, mais bien six insectes qui viennent à la rescousse. Ce sont : 1» une petite espèce de tbrips qui mange les œufs du phylloxéra du Chêne lacoccinelleà vingt-deux points(l), (( qui dévore le phylloxéra sous toutes ses formes ; » 3*^ la punaise des bois {antho- corsis nemorum), ^ qui dévore avidement les galles du phylloxéra; » 4'’ un hemero- hius (le lion des pucerons deRéaumur); 5» la mile rouge, petite arachnide qui dé- vore tous les pucerons qu’elle rencontre. Enfin il est une sorte de scymnus et une larve d’une espèce de mouche trouvée à Bordeaux, qui vont exercer leurs instincts cannibaliques sur ce pauvre phylloxéra qui, ainsi qu’on peut le voir, est fortement me- nacé. Malheureusement, nous devons ajouter que M. Lichtenstein, qui a étudié ces diffé- rents parasites, a reconnu qu’ils ne pou- vaient pas rendre de services appréciables, puisqu’il écrit : «■ Je ne crois pas qu’on puisse se 'laisser aller à une espérance quelconque de voir l’un ou l’autre de ces parasites exercer une influence appré- ciable sur la progression du fléau. » E.-A. Carrière. DEUX NOUVEAUX COCOTIERS Les deux plantes dont il s’agit sont : le Cocos Blumenavia et le C. Gærtneri, originaires de Sainte-Catherine, tous deux aussi appelés « Butia » par les indigènes. Ces plantes croissent très-près l’une de l’autre : la première sur le plateau, qui s’élève de 900 à 1,200 mètres au-dessus du niveau de la mer ; la seconde plus près de la côte, dans le sable pur des provinces de Sainte-Catherine et de Rio-Grande do SuL La première, qui vient plus grande dans toutes ses parties, atteint jusqu’à 3 ou 4 mètres de hauteur, tandis que le C. Gærtneri dépasse rarement 2 mètres, ü se pourrait même qu’ils ne fussent que des variétés d’une seule espèce dues au milieu différent dans lequel ces plantes croissent. Cette hypothèse est d’autant plus vraisem- blable qu’il existe déjà au moins cinq va- riétés très- distinctes et bien caractérisées dans les « Butia » cultivés, et qui se diffé- rencient par la grandeur, la forme, la cou- leur, et même le goût et le parfum des fruits. Tous les deux sont de " croissance lente, et il se passe souvent dix ans et plus avant qu’ils commencent à former une tige; mais ce qui est singulier, c’est qu’ils fleu- rissent et fructifient souvent déjà rez-terre. Leur longévité est très-grande et leur vitalité très-tenace, poussant dans des con- ditions de terrain très-différentes, depuis le sable et l’argile humides, submergés sou- vent pendant plusieurs jours, et aussi sur les côtes, jusqu’aux rochers arides, ce qui, du reste, est également le cas de Y Attalea compta (Indayà) et du Cocos Romanzof- fiana (Girivà). Rs sont, comme ces deux derniers, très-résistants aux changements subits de température, aux gelées et à la (1) On a d’autant lieu de s’étonner de cette pré- cision, quant au nombi e de points, que de tous les caractères des coccinelles, c’est sans doute le plus varialde, et, d’une autre part, que toutes celles qu’on rencontre dans les cultures ont exactement les inôines mœurs. QUELUUES AKBRES FRUITIERS DU SUD-OUEST. 65 neige, qui reste parfois trois et même pendant six jours sur les plateaux élevés, tandis que le thermomètre peut descendre jusqu’à 10 et même 12 degrés au-dessous de zéro, sans que toutefois la gelée ait le temps de pénétrer dans le sol, ce qui explique com- ment ces quatre Palmiers — le majestueux Indayà est le plus délicat comparativement — prospéreront sans doute dans toutes les contrées qui offrent des conditions analogues de climat, et résisteront même dans les par- ties méridionales de l’Angleterre et de l’Ir- lande, et dans l’ouest de la France. A partir de l’époque où les feuilles commencent à se caractériser jusqu’à l’âge de vingt ou trente ans, les Cocos Blumc- navia et Gœrtneri présentent un aspect ex- trêmement gracieux et se distinguent par leur coloris clair, et plus encore par le port original des frondes : celles-ci sont cour- bées et forment un cercle ou plutôt une ellipse dont l’extrémité se retourne vers la base, de sorte que le tronc court est presque entièrement masqué par les feuilles. De QUELQUES ARBRES FR Il y a huit ans environ, M. Desserres, vice- président du comice agricole de Pamiers, obtenait une variété de Cerise anglaise qu’il a nommée C. miglaise améliorée, laquelle commence à être connue^et appré- ciée dans la contrée. Cette variété donne des fruits sucrés dont la chair, d’un riche colo- ris rose carmin, est légèrement croquante. Ses fruits ont quelque rapport avec ceux de la Cerise de Montmorency et les gohets. On peut la conserver au fruitier pendant la première quinzaine du mois de juin. Je n’hésite pas à recommander la culture de cette Cerise, qu’on pourra demander à M. le comte Desserres, à Pamiers (Ariége). Cerise (Guigne précoce Léo d Ounous). — Cette variété hâtive a été trouvée, il y a déjà quelques années, dans un de mes vergers de Vigne, par un des jardiniers de l’orphelinat de Saverdun, où elle se trouve en multipli- cation, et où l’on pourra la demander. Elle mûrit également dans la première quinzaine du mois de juin. Cueillie un peu avant sa complète maturité, elle supporte assez bien le transport. Ses fruits, qui viennent en forts paquets, ont la chair fine et sucrée, et sont assez abondamment pourvus d’une eau sucrée, agréablement parfumée. plus, ces deux Palmiers ont une propriété qui les recommande pour tous les pays à étés chauds : c’est qu’ils fournissent des fruits très-bons à manger, qui sans doute pourront être améliorés par une culture pro- longée, à l’instar du Dattier. Tandis que les fruits du C. Gœrtneri à l’état sauvage — il en porte un nombre considérable, même dans le sable aride et dans un sol argileux et pierreux sont assez petits, à chair mince et un peu tîBreuse, ceux provenant de sujets cultivés sont plus gros, et la chair, presque sans fibres est tendre, juteuse, du double de volume, d’un goût aigre-doux délicieux et d’une saveur d’ Ananas très- prononcée, de sorte qu’une douzaine de fruits suffit pour parfumer un grand ap- partement. Dans tous les pays dont le climat n’est pas assez chaud pour mûrir l’Ananas en plein air, mais trop chaud pour avoir des Fraises d’un parfum exquis, ce Palmier pourra donc prendre une place importante comme arbre fruitier. D'’ H. Blumenau. Colonie Blumenau, 22 septembre 1880. JITIERS DU SUD-OUEST Gros Bigarreau cœur de Poule {Cor dega- lino, en patois gascon). — Très-gros et beau fruit rouge vif, à chair ferme, sucrée, cro- quante, d’un rose vif. L’arbre, de deuxième grandeur, a un beau feuillage d’un vert foncé qui produit un agréable contraste avec le riche et vif coloris des fruits. C’est une variété méritante dont je puis donner des greffons aux personnes qui m’en feraient la demande. Le pied-mère, âgé d’environ trente ans, qui se trouve dans un ancien jardin fruitier, produit de grandes fleurs blanches légère- ment rosées, assez robustes et résistant assez bien aux gelées du premier printemps. Pêche tardive de Passehel (nobis, 1876, 1880), vallée du Galers (Haute-Garonne, Ariége). Vers la fin d’octobre, la femme d’un de nos colons nous apportait un beau panier de ces fruits, reste d’une très-abondante récolte. Le pied-mère de cette variété, âgé de cinq à six ans, provient d’un semis (( de hasard, » comme du reste le plus grand nombre de nos Pêches de Vigne, de Pavies, et même de Pêches lisses et Brugnons. Les fruits, petits ou moyens, d’un beau rouge carmin, jaune doré du côté de l’ombre, ont 66 PEUT-ON ÉLAGUER la peau mince, s’enlevant avec la plus grande facilité ; chair fine, sucrée ; eau très-abon- dante; noyau moyen, assez fortement rusti- qué ; grandes feuilles dépourvues de glan- des, d’un vert foncé. Le fruit s’est conservé très-bon, exquis, dirai-je, pendant plus de quinze jours au fruitier. LES CONIFÈRES? Tout esprit de paternité à part, je consi- dère cette variété comme très-méritante ; je me ferai un plaisir d’en adresser des gref- fons à toutes les personnes qui voudront bien m’en faire la demande. L. d’Ounous, Arboriculteur. PEÜT-ON ÉLAGUER LES CONIFÈRES? Si, conformément à la demande, nous consultions les traités de jardinage et même de sylviculture, nous répondrions négative- ment ou même quelque chose de pire. En effet, les uns disent qu’on ne doit jamais toucher aux branches de Conifères ; d’au- tres qu’il faut les ébrancber, « mais en cou- pant à une certaine distance du tronc, afin d’éviter un écoulement de résine. » Les deux assertions sont mauvaises ; la dernière surtout est funeste, car les chicots qu’on laisse ne tardent pas à mourir, et comme ils persistent longtemps, — souvent même pendant toute la durée de l’arbre, — ils constituent des corps étrangers qui, à l’in- térieur, forment solution de continuité, de sorte que plus tard, quand on exploite les arbres, on trouve là un vide ou une sorte de trou circulaire, comme si cette partie avait été traversée par une cheville en fer. Mais, d’une autre part, pourquoi, au be- soin, ne couperait-on pas les branches des Conifères, quand on veut faire filer les ar- bres, afin d’en obtenir de belles tiges? Est- ce qu’en s’élevant il n’arrive pas souvent, ou mieux toujours, et cela tout naturelle- ment, que les branches s’épuisent et meu- rent, et qu’alors elles constituent des chi- cots analogues à ceux dont nous avons parlé plus haut? Le fait n’est pas douteux. Eh bien ! c’est précisément cet inconvénient qu’il faut éviter, et rien n’est plus facile, puisqu’il suffit d’ébrancher les arbres au fur et à mesure qu’ils s’élèvent, absolument comme on le fait pour les autres essences. . Mais ce qui est nécessaire, c’est de faire cette opération quand les branches sont en- core jeunes, et toujours très-près du tronc, de manière à éviter des grandes plaies. Ici encore c’est également ce qu’il faut faire pour toutes les autres espèces d’arbres. Quant au prétendu écoulement de la résine, il n’est pas à craindre, et quand les bran- ches sont coupées jeunes, c’est à peine si l’on en voit perler quelque peu, et qui, du reste, disparaît bientôt. Ce qui est impor- tant, très-important même, c’est de laisser aux arbres conifères une forte ramure ter- minale, de manière que ce qu’on nomme la (ü tète » soit toujours plus long que la partie dénudée. En effet, si on ne laissait aux Conifères qu’un petit bouquet de bran- ches au sommet, ainsi qu’on le fait souvent pour les Ormes ou pour les Peupliers, non seulement l’arbre en souffrirait, mais son élongation s’arrêterait ; sa vie même pour- rait être compromise. La raison, c’est que les Conifères ne repoussant pas de bran- ches sur le tronc, comme le font les Peu- pliers, les Ormes, les Saules, etc., le petit faisceau de branches placé au sommet ne suffît plus pour exciter la végétation, qui alors s’affaiblit, et l’arbre reste à peu près stationnaire. Il est bien enteaidu qu’il s’agit ici de Co- nifères élevés au point de vue de l’exploita- tion, puisque quand, au contraire, on cultive ces arbres au point de vue de l’ornement, il y a avantage à ce qu’ils soient bien garnis de branches dans toute leur hauteur. Comme conclusion, nous disons ; Oui, comme toutes les autres essences d’arbres, il faut ébrancber les Conifères quand ils sont cultivés au point de vue de l’exploitation, et, comme pour toutes les au- tres aussi, l’opération doit se faire avant que les branches aient pris de fortes dimensions, et toujours très-près du tronc et sans sail- lie; mais ce qui est indispensable, c’est que, à part quelques rares exceptions, ces arbres ne repoussant jamais de branches latérales quand elles ont été coupées, ils doivent trou- ver dans la tête assez d’organes excitateurs pour déterminer l’accroissement et entrete- nir une végétation active, d’où l’obligation de leur laisser une ramification supérieure toujours plus longue que la partie inférieure dénudée. Il va sans dire que ces proportions INFLUENCE DU GREFFON SUR LE SUJET. 67 sont relatives aux espèces et surtout à l’âge des sujets qui, chez certaines, et même chez la plupart, quand les arhres sont âgés. n’ont plus guère de branches qu’au som- met. E.-A. Carrière. INFLUENCE DU GREFFON SUR LE SUJET Je n’ai pas l’intention d’ouvrir une polé- mique sur ce vieux thème : l’influence du sujet, mais simplement de faire connaître ce que j’ai observé, et particulièrement l’in- fluence du greffon sur le sujet. Quant à l’influence du sujet sur le gref- fon, j’ai remarqué que, si l’on prend un rameau du Pommier belle fleur jaune et qu’on le greffe sur un Pommier à fruits doux, les fruits qui en proviendront «eront certainement des belles fleurs pour la taille, la forme et la couleur du fruit, mais que leur acidité aura été modifiée par l’in- fluence du sujet. J’ai aussi remarqué que certaines va- riétés étaient très-améliorées par la greffe sur d’autres variétés, et aussi que bien souvent les parties greffées dépérissaient pour avoir été placées sur des sujets faibles ou chétifs et maladifs. Ceci se produit quel- quefois dans le genre Rosier. Mon ami E.-C. Hill de Richmond m’a montré ses expériences sur l’Abutilon. En greffant quelques variétés à feuilles uni- colores sur VAbutilon Thompso^ni, il obtint sur les greffes des feuillages presque aussi panachés que ceux du sujet. Tous ceux qui, en greffant des Poiriers, Pommiers, Pruniers et Cerisiers, ont ob- servé les résultats ont pu constater que les variétés vigoureuses produisent dans la même saison le double de pousses vigou- reuses que les variétés délicates, et cela parce que le sujet est stimulé par la vigueur du greffon, qui alors communique sa vi- gueur au sujet, et que ces deux forces agis- sent ensemble. Un sujet de Cognassier sur lequel a été greffé un Poirier vigoureux acquiert aussi, par l’influence du greffon, plus d’ampleur au-dessous de la greffe ou de l’écusson que s’il était resté livré à lui-même. J’ai chez moi un exemple de cette influence. L’an dernier, je pris un rameau AAbu- tilon Thompsonii et le greffai sur un sujet d’une autre variété à feuilles unico- lores, d’environ trois pieds de haut. Le greffon poussa pendant l’été, mais pas vigoureusement, et ne fut pas remarqué ; mais en septembre je l’examinai et fus frappé d’y voir plusieurs ramifications au- dessous et du côté de la greffe, qui étaient presque aussi panachées que le rameau greflé, tandis que du côté opposé elles étaient ünicolores, et j’appris que pareille chose s’était manifestée ailleurs. M. William Reid, de New-Jersey, m’a montré des Saules panachés qu’il avait greffés sur des ünicolores, et où l’on remar- quait tout le long du tronc des ramifica- tions panachées. M. J. Slough a greffé des rameaux de Poirier Rartlet sur un Frêne commun à 3 pieds au-dessus du sol, et l’année suivante il poussa du tronc du Frêne des rameaux de Poirier à environ 6 pouces au-dessous de la greffe. Tl a aussi greffé des Acacias roses sur l’Acacia commun, et aussi l’année suivante il a vu surgir du tronc, au-dessous de la greffe, des ramifications semblables au greffon. On pourrait citer d’autres exemples. M. Mote demande des explications sur ces anomalies. L. S. Mote. (Extrait du Botanical index par J. Sisley.) A l’exception de la greffe du Poirier Bartlet « sur un Frêne commun, » qui rappelle les greffes impossibles dont ont parlé les anciens, tels que le Noyer greffé sur la Vigne, le « Ro- sier sur le Houx pour obtenir des Roses vertes, » etc., les autres faits rapportés par M. L. S. Mote sont intéressants et possibles, bien que certains ne nous présentent aucun fait semblable connu, ceux, par exemple, du Saule panaché et tout particulièrement celui de FA- cacia rose, qui auraient produit sur le sujet, au- dessous du grelfon, le premier des rameaux panachés, le deuxième des branches de l’Aca- cia rose. Toutefois, en disant que nous ne connaissons rien de semblable, nous ne met- tons pas en doute ces faits, analogues, du reste, à beaucoup d’autres dont nous avons été témoin. {Bédacfion.) 68 FIOUIEU OSBOUN PHOLIFIC. — FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS. FJGUlEPx OSBORN PROLIFIG Rien de plus remarquable assurément que le Figuier Oshorn prolific (fig. 21), d’abord par sa fertilité excessive, sa hâti- veté et sa tardivetétout à la lois, c’est-à-dire que, fructifiant dès le mois de janvier — en serre, bien entendu, — il donne encore des fruits très-tard à l’automne; on pourrait même dire qu’il n’est presque jamais sans fruits. C’est donc, sous le rapport de la fructification , une sorte perma- nente, un « sem- per 3* d’un nou- veau genre. Est- ce ce qu’on pour- rait appeler une « espèce? » Nous ne voyons à cela aucun inconvé- nient, les mots ne faisant rien à la chose. Cela, du reste, dépend uniquement du point de vue où l’on . se place. Organiquement , nous ne voyons dans le Figuier Osborn qu’une forme du type dont, au reste, il a tous les caractères. Arbuste très-nain, ramassé, compact, à ramilles courtes. Feuilles caduques plus ou moins lobées, tri ou bilobées, plus rarement simples, épaisses, luisantes en dessus, cour- tement villeuses en dessous. Fruit de bonne grosseur moyenne, courlement et brusquement élargi aplati au sommet, lisse, luisant, violet -ou simplement violacé. Chair très-fondante, juteuse, blanc ver- dâtre, sucrée, agréablement musquée. Peau très-mince se confondant avec la pulpe. Le Figuier Oshorn prolific est une sorte précieuse surtout pour la culture en pot, à laquelle, du reste, il se prête très-bien. De cette façon on pourrait récolter des fruits presque toute l’année en le garantissant des froids et en le plaçant dans une serre ; et comme d’une autre part il fructifie très- jeune, même à l’état de bouture, on pour- rait donc servir des plantes sur les tables , de sorte que , dans un repas, chaque convive pourrait cueillir son des- sert. • Nous conseil- lons aussi de faire des semis de ses graines ; par ce moyen on ver- rait non seule- ment s’il se re- produit, mais en- core on aurait la chance d’obtenir des variétés de mérites divers et qui, sous ce rap- port, pourraient peut-être être su- périeures au type. Pour la pleine terre, le figuier Orhorn prolific, ^\x ses petites dimensions, présente aussi l’avantage de pouvoir être très-facile- ment préservé du froid. Quant à sa rusti- cité, elle est absolument semblable à celle du type. Il en est de même quant à sa mul- tiplication. Cette variété se trouve chez M. Gode- froy-Lebeuf, horticulteur, 26, route de Sannois, à Argenteuil (Seine-et-Oise). E.-A. Carrière. Fig. 21. — Figuier Oshorn Prolific. FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS Pomme bon Pommier. — Très-beau et bon fruit que nous n’avons trouvé décrit ni même cité nulle part. Voici les caractères que nous ont présentés les fruits que nous avons examinés. Fruit gros, plat, rappelant assez par son aspect le gros Rambour d’été, atteignant 7 et même 8 centimètres, parfois plus, de largeur sur 65 millimètres environ CKNTAÜUEA NERVOSA. 09 de hauteur, irrégulièrement côtelé. Queue courte, assez grosse, souvent un peu gib- beuse, atteignant à peine la cavité, qui est très-petite. Œil enfoncé, à divisions iné- gales. Peau lisse, luisante, d’un beau jaune beurre à la maturité, lavée et flammée rouge sur les parties fortement insolées. Chair blanche, fine, sucrée, aigrelette, d’une saveur très-agréable. — Maturité août. Cette variété, de tout premier mérite, a été vendue par M. Dubois, pépiniériste à Landregines-au-Bois (Nord), à M. Chré- tien, à qui nous devons les échantillons qui nous ont servi à faire la description qui pré- cède. La chair rougit promptement quand elle est exposée à l’air. Pomme Blodoviska. — Nous n’avons aucun renseignement sur cette Pomme que M. Chrétien a reçue de MM. Simon-Louis, de Metz. Les fruits que nous a communi- qués M. Chrétien, et qui ressemblaient assez à un Ramhour pour l’aspect et la forme, étaient assez gros, aplatis aux deux bouts, de 65 millimètres environ de hauteur sur 75 de largeur. Queue légèrement arquée, petite, d’environ 15 millimètres de longueur dans une cavité assez profonde, largement évasée en entonnoir. (Eil dans une large cavité, fermé, à divisions assez larges. Peau lisse, luisante, unie, à fond vert jaunâtre, roux fauve chaud sur les parties fortement éclai- rées, et qui, en outre, sont largement striées ou handelettées de rouge carminé. Chair blanc un peu jaunâtre, tendre, peu serrée, promptement farineuse. Eau pas très-abon- dante, sucrée-aigrelette, d’une saveur fine assez agréable. — Maturité juillet-août. — Passe très-vite. Poire hollœndischefeigenbirne. — M. O. Thomas {Guide de V amateur des fruits, p. 96) donne sur cette variété les quelques renseignements suivants: « Fruit assez gros, conique allongé, jaune verdâtre, à chair fondante, de première qualité. — Maturité septembre. » Les quelques fruits que nous avons eu l’occasion d’étudier nous ont présenté les caractères suivants : fruits de bonne gros- seur moyenne, allongés, en général callebas- siformes ou un peu étranglés au milieu, rappelant assez ceux du Bon-Chrétien de Rans, un peu inéquilatéraux. Queue placée obliquement, droite, d’environ 3 centimètres. Œil ouvert, au niveau du fi-uit, à divisions petites, courtes. Peau d’un beau jaune d’or comme celle du Beurré aurore ou Capiau- mont, marquée de nombreux points gris qui sont parfois remplacés par de larges taches, quelquefois légèrement lavée de roux sur les parties fortement insolées. Chair fine, fondante, de saveur agréable, non musquée. — Maturité août-septembre. Cette Poire, qu’on peut classer parmi les bonnes, a, comme beaucoup de Poires d’été, le défaut de passer vite. POMONA. GENTAUREA NERVOSA Comme tous les amateurs de plantes viva- ces, j’ai souvent déploré la rare floraison de la généralité de ces végétaux à partir de fin de juillet, août et septembre. Aussi, lorsque dans mes cultures je remar- quais une espèce ayant des aptitudes à pro- longer sa floraison vers cette époque, j’ai toujours tenté, au moyen d’arrosages et de l’enlèvement des inflorescences épuisées, à prolonger la floraison de ces plantes. L’es- pèce en question, le C. nervosa, Willd., s’est particulièrement prêtée à ce traitement, et depuis cinq ans que je la cultive elle a cons tamment répondu à mes désirs, au point d’ctre remarquée même par les personnes étrangères à l’horticulture, par l’effet orne- mental qu’elle produisait à cetteépoque, au milieu de tant d’autres déjà desséchées. La Centaurée à grosses nervures est pro- bablement une forme méridionale de la Cen- taurée pfumeuse, de Linnée ; je l’ai reçue du Jardin botanique de Palerme, il y a huit auî>. Comme plusieurs de ses congénères, elle a un développement assez lent les pre- mières années du semis, et ce n’est guère que la troisième ou quatrième année que l’on [)eut compter sur une floraison conve- nable. La première floraison dans mes cul- tures a eu lieu en 1876; l’année suivante, ayant remarqué le coloris vif de ses capitu- les nombreux et sa floraison prolongée, j’ai commencé à lui appliquer le tt'aiiement précité, et depuis j’ai toujours obtenu une floraison soutenue de juillet à septembre. Cette plante forme des touffes compactes et régulières atteignant 50 à 70 centimètres de 70 PÉLARGONIUM GLOIRE D’oRLÉANS. HORTICULTURE JAPONAISE. hauteur ; les liges sont garnies de feuilles oblongues dont les inférieures sont sinueu- ses, tandis que les supérieures sont entières, ainsi, du reste, que cela a lieu chez beau- coup d’espèces de ce genre, si intéressantes et si nombreuses. Les fleurs sont d’un rouge violet vif et se développent en grand nombre, successive- ment, en formant des sortes de corymbes allongés, et, comme je l’ai dit au commen- cement de cet article, en les supprimant à mesure qu’elles défteurissent, de nouveaux rameaux se développent sur les anciens, ainsi que plus bas sur la tige, de sorte que la plante reste ainsi couverte de fleurs pen- dant plusieurs mois. On peut la multiplier par semis et par la division des touffes. Ce dernier mode, qui doit se faire aussitôt après la floraison ou au printemps, de bonne heure, est préférable au premier, vu que la plante produit peu de graines sous notre climat, et que le développement des jeunes plantes de semis est très-lent. — Une bonne terre franche et fraîche est celle qui lui convient. Les arrosements, pendant la floraison seulement, sont indispensables, surtout si la saison est sèche. J. -B. Weber, Jardinier en chef au Jardin botanique de Dijon. PÉLARGONIUM GLOIRE D’ORLEANS A tous les avantages que, au point de vue ornemental, présente le Pélargonium lateripes Gloire d’Orléans que montre la figure coloriée ci-contre, s’en ajoute un autre, mais d’ordre scientifique, qui nous engage à donner de cette plante une des- cription et une figure : c’est son caractère de végétation, de nanisme, on pourrait dire, qui contraste avec les caractères du groupe auquel il appartient et qui, en le rattachant à d’autres groupes du genre, tend à eflacer l’espèce lateripes ou peltatum, vulgaire- ment appelée « Pélargonium Lierre. » En effet, au lieu de plantes élancées, à tiges sarmenteuses tombantes, le P. Gloire d'Or- léans est nain et compact, dressé et d’une floribondité presque sans exemple. Il n’est pas une aisselle qui n’émette une inflores- cence, et comme la plante s’allonge peu. que les feuilles et même les stipules sont très-rapproebées, il s’ensuit que les plantes sont toujours en fleurs et que, à peine re- prises, les boutures sont déjà ornemen- tales. Le P. Gloire d'Orléans a été obtenu par M. Louis Foucard, horticulteur à Orléans ; ses inflorescences, dressées, bien fournies, sont formées de fleurs à peu près pleines, d’un très-beau rose, ce qui leur donne une certaine ressemblance avec celles du Pélar- gonium zonale M™® Thibaut. Il a encore cet avantage de se multiplier avec une extrême facilité, et surtout avec une rapidité surprenante. En effet, il suffit de quelques jours pour que les boutures s’enracinent. C’est une plante de tout premier mérite. Inutile donc de la recommander. E.-A. Carrière. HORTICULTURE JAPONAISE BOUTURAGE DES POIRIERS. - CONSERVATION DES POIRES Pour bouturer les Poiriers à la seconde décade du deuxième mois (15 au 25 mars), on prend des branches bien aoûtées et bien saines, et les ayant coupées à la longueur de 1 syaku et ’4 ou 5 sun (42 à 45 centimè- tres), on taille en pointe leurs deux extré- mités que l’on carbonise en les passant sur un feu de charbon de bois. On creuse une petite tranchée en terre bien engraissée; on plante les boutures en 'igné à la distance convenable, et on les couvre de Koye- tsutsi (1) que l’on tasse ensuite fortement. En les garantissant des rayons du soleil, elles reprennent toutes. Pour conserver les Poires, on creuse un trou profond à l’abri d’unebâtisse, de façon à ce que le fond ne présente pas la moindre trace d’humidité, et on y étend une couche de (1) Le Kojje-tsutsi ou Hoyasi-tsutsi est un com- post de terre et d’engrais humain dont nous indi- querons la préparation quand nous parlerons des engrais usités au Japon. /?evur //of U< 'o/e C ÂromoCTXfi C? S■^i Pelartfonuwi (J/oirc d CJj'lêwLs'. LES CATALOGUES. 71 feuilles sèches. On procède alors à la cueil- lette des Poires, en ayant Lien soin d’éviter toute espèce de meurtrissure. On range dans la fosse les fruits par lits alternatifs, et on les ensile de façon à les mettre à l’abri de l’eau. Ils se conservent ainsi en parfait état jusqu’à l’été suivant. L’essentiel est de choisir un endroit élevé, bien sec et bien sain. On peut également ensiler ensemble des Daïkon (gros Radis) et des Poires. Un autre procédé con- siste à tailler en pointe le pédoncule du fruit, puis, avec un bambou effdé, on perce dans un Daïkon un petit trou dans lequel on enfonce la queue de la Poire, de manière à ce que le fruit se trouve en dessus. On assure que par ce procédé on peut les con- server sains jusqu’au prochain été. Comte de Gastillon, De la Société des études japonaises. (Traduit du Nô Giyo zen syô, Encyclopédie agricole.) LES CATALOGUES La maison Ilaage et Schmidt, horticulteurs marchands grainiers à Erfurtb (Allemagne), publie deux catalogues; ITm est spécialement destiné aux graines, l’autre aux plantes. A vrai dire, ce sont des répertoires horticoles dans lesquels, à la suite des noms de plantes, on trouve, suivant l’importance des espèces, des détails plus ou moins étendus sur leur ori- gine et sur leurs principaux caractères. Ajoutons que dans l’un comme dans l’autre il y a un très-grand nombre de figures qui, en donnant une idée dés plantes, font mieux apprécier l’u- sage qu’on peut faire de celles-ci. — Ces cata- logues sont rédigés en français et en allemand. — Grozy fils aîné, horticulteur, grande rue de la Guillotière, 20G, à Lyon, Circulaire propre aux nouveautés qu’il vient de mettre au com- merce, consistant en 10 variétés de Cannas dont il est* l’obtenteur, et 4 variétés, gains de M. Nardy, Il met en outre en vente un Œillet remontant {Édouard Pynaert), plante très-floribonde, à fleurs grandes et belles, à pétales ronds d’un beau coloris rouge grenat pourpré. — Deleuil, horticulteur, rue du Paradis, tra- verse du Fada, à Marseille, Sujiplément de catalogue pour 1881, divisé en trois parties propres: la première aux plantes bulbeuses et tubéreuses. Amaryllis, Agapanthes, Ané- mones, Bégonias, Glaïeuls, Gloxinias, Tu- lipes, etc., etc.; la deuxième aux « plantes suc- culentes » dites grasses, -telles que Agaves, Aloès, Echeverius, Dyckia, Euphorbes, Fi- coïdes, etc., etc.; la troisième aux graines diverses de choix : plantes annuelles vivaces, Graminées et Cucurbitacées ornementales. — Vilmorin et Gîe, 4, quai de la Mégissei ie, Paris, viennent de faire paraître le catalogue général de graines qui, outre les fleurs di- ^ erses, les légumes et les plantes de grande culture, comprend les Fraisiers, les })lantes bulbeuses et tubéreuses, les plants d’As- perges, etc. Tenter meme une énumération suc- cincte de ce catalogue serait presque impossible. Le mieux est de l’indiquer et de dire qu’il est à la disposition gratuite des clients et de toutes les autres personnes pour la somme de 1 franc. En meme temps que ce catalogue, la maison Vilmorin publie un supplément aux catalogues, plus particulièrement propre, soit aux nou- veautés, soit aux plantes méritantes ou peu connues. Il a trait à la fois aux fleurs, aux légumes et, aux plantes de grande culture. Signalons parmi les nouveautés les graines rap- portées du Kahsrayr par M. Ermens, compre- nant les trois vignes Opiman, Kavaurie et Katchehourié,Q\ \xm nouvelle espèce d’Euryale du lac de Srinagar, et en expectative, une bonne provision de graines de Musa ensete. — Jacquemet-Ronnefont, horticulteurs, mar- chands grainiers à Annonay (Ardèche), publient, pour 1881 , un catalogue prix-courant des graines et plantes qu’ils sont à môme de fournir. La première partie est propre aux plantes et graines potagères ; la deuxième aux graines et plantes fourragères graminées ; idem des plantes de diverses familles non graminées ; idem des plantes économiques, La troisième partie comprend les graines d’arbres, d’arbris- seaux et d’arbustes forestiers et d’ornement. Des observations générales sur des plantes qui présentent un intérêt particulier, soit au point de vue de la culture, soit à celui des avantages qu’ils présentent, donnent à ce catalogue un caractère d’utilité pratique. Ainsi que tous les catalogues de l’établissement, celui-ci est à la disposition des personnes qui en feront la demande. — E. Chouvet, marchand grainier horticul- teur, 24, rue du Pont-Neuf, à Paris. Catalogue général, pour 1881, de graines déplantés pota- gères, fourragères, fleurs, elc. Fraisiers à gros fruits, idem des quatre saisons, Gladiolus Gandavensis, Rosiers francs de pied et greffés. Dahlias, collections de Pommes de terre, Bégonias tubéreux hybrides et autres. Plants d’arbres et d’arbustes. Plantes diverses de serre, soit à (leurs, soit à feuillage ornemental. Plantes vivaces pour bordures, etc. Asperges hâtives d’Argenteuil, etc., etc. 72 ORIGINE DES DLANTES DOMESTIQUES. LA CHICORÉE SAUVAGE. ORIGINE DES PLANTES DOMESTIQUES LA CHICORÉE SAUVAGE Par plantes « domestiques ^ nous enten- dons, sans aucune distinction de nature ni de race, tous les végétaux cultivés dont on trouve le type à l’état sauvage. Mais comme, en fait de plantes, on n’en peut inventer ni fabriquer de toutes pièces, il en résulte que si l’on appliquait notre raisonnement à tout le globe, tous les végétaux cultivés devraient trouver leur type originel à l’état spontané. Cette démonstration ne pouvant se faire, nous nous sommes limité à quelques espè- ces de celles qui ont leur type en France, afin de mieux faire ressortir les faits et d’en tirer les conséquences. Déjà, dans un précédent article (1), nous Fig. 22. — Chicorée sauvage type, au 1/3 de grandeur naturelle. avons cherché à démontrer l’origine de nos Cerisiers. A.ujourd’hui, nous allons, en pre- nant une plante très-vulgaire, la Chicorée sauvage, qu’on rencontre fréquemment dans les chemins ou dans des lieux incultes plus ou moins arides, essayer de faire la même démonstration. Bien comprise, l’étude de cette plante pourrait, par des analogies et des comparai - sons évidentes, e.xpliquer l’origine de beau- coup de légumes qu’on rencontre dans nos potagers, origine sur laquelle on a parfois émis les hypothèses les plus diverses. On pourrait, de plus, en généralisant et en élar- gissant faire des comparaisons et des ana- logies, arriver à formuler une synthèse sur l’ensemble des végétaux et à démontrer l’é- troit enchaînement de toutes ses parties. Nous ne tenterons pas cette démonstration, laissant à d’autres cette déduction qui, du reste, serait déplacée ici. Nous allons donc (1) Voir Revue horticole, 1880, p. 449. nous borner à la citation de quelques varié- tés, en prenant comme point de départ le type de la Chicorée dite sauvage (fig. 22). Introduite dans les cultures, cette plante a pris une grande vigueur dans toutes ses parties, produit des feuilles plus larges, moins découpées, puis des sortes panachées ou plutôt maculées, rougeâtres ou hrunâtre.s, qui étaient un peu l’analogue de ce que l’on remarque soit dans les Laitues, soit dans les Romaines, et qui constituent cequ’on nomme les sanguines. Avant d’aller plus loin, faisons remarquer que les modifications dont nous parlons for- Fig. 23. — Jeune pied de Chicorée sauvage améliorée, au 1/3 de grandeur naturelle. ment deux séries, l’une qui porte sur les feuilles, l’autre qui s’applique aux racines. Ce que nous venons de dire entre dans la première. En continuant de ce côté fétude des modifications, nous arrivons à ce qu’on nomme la Chicorée sauvage améliorée (fig. 23). Celle-ci, des plus remarquables, a les feuilles très-larges, entières, d’un vert blond ; de plus, ces feuilles se contournent et se superposent, tendant ainsi à former de véritables pommes. On est donc arrivé à une sorte de Laitue. Non seulement la forme et la végétation sont changées du tout au tout, mais la saveur l’est également ; l’amertume est très-affaiblie, et la villosité a à peu près disparu. Comment alors, dans cette variété, reconnaître la Chicorée sau- vage type? La variété dite Whitloef ou Whitloof (fig. 24) n’est guère moins remarquable. 73 ORIGINE DES PLANTES DOMESTIQUES. LA CHICORÉE SAUVAGE. car si la Chicorée sauvage améliorée rap- pelle les Laitues, le Whitloof rappelle assez exactement le groupe des Romaines. En effet, ses feuilles, qui semblent partir presque d’un môme point, se redressent en se ser- rant Tune contre l’autre, en se couvrant même, se coiflant un peu, de manière à constituer une pomme allongée. De tout ceci il semblerait résulter que, sans trop a forcer la main, » on pourrait, dans la Chicorée sauvage, trouver l’origine des deux — peut- être même des trois — grands groupes de salade : Chicorées, Laitues, Romaines de nos cultures et dont l’origine, encore in- connue, a déjà été si diversement inter- prétée. Il va sans dire que nous n’affirmons pas; nous n’émettons même pas une hypo- thèse : nous citons des faits sur lesquels nous appelons l’attention. Faisons toutefois remarquer que la production simultanée, dans les semis de Chicorée sauvage amélio- rée, de plantes très-différentes et dont les unes rappellent la Chi(îorée sauvage type, tandis que d’autres ont l’aspect soit des Laitues, so’û des Rom âmes, soit des Scaro- les, semble donner à nos suppositions un certain cachet de vraisemblance. Quelle est l’origine de la Whitloof? Elle est belge, assure-t-on; quant à celle de la Chicorée sauvage améliorée, elle est indu- bitablement française, et c’est feu Jacquin, marchand grainier horticulteur, qui le pre- mier, dans son jardin à Charonne, il y a plus d’un demi-siècle, paraît avoir essayé de la fixer, tout en l’améliorant. Les modifications qui se sont produites dans les racines de Chicorée sauvage ne sont guère moindres, relativement, que cel- les qui se sont montrées dans les feuilles, surtout comme dimension. Sous ce rapport, la Chicorée à grosses racines dite « Chico- rée à café » est des plus remarquables : au lieu d’être petites, très-ramifiées, coria- ces et filandreuses comme celles du type, les racines de la Chicorée « à café, » exces- sivement longues et grosses, sont très-char- nues et peuvent être mangées. Ces racines, qui sont aussi beaucoup moins amères que celles du type, ont des propriétés particu- lières qui font que, torréfiées, elles entrent pour une part plus ou moins grande dans le café ; de là leur qualificatif. La Chicorée Whitloof a également les racines très -grosses et rentre probable- ment aussi dans les Chicorées à café. Par ses modifications, par la formation de variétés spéciales, la Chicorée sauvage nous fait assister à l’appropriation des végé- taux, et particulièrement à l’emploi d’une plante spontanée, indigène, une « mauvaise Fig. 24. — Chicorée Vhitloof, très-réduite. herbe s’élevant graduellement et passant d’abord au potager, puis à l’usine indus- trielle, fait normal du reste, qui se repro- duit dans les Carottes, Panais, Salsifis, Choux, etc., puis dans nos arbres fruitiers, dans les plantes économiques et agrico- les, etc. E.-A. Carrière. 74 VISITE A LA VILLA TOURASSE. VISITE A LA VILLA TOURASSE Le nom de M. Tourasse a fait grand bruit, depuis quelque temps, dans le monde horti- cole. Je pourrais ajouter que son nom est de- venu populaire du moment où, sans autre am- bition que celle de faire le bien, sa main géné- reuse a fondé et encouragé, sur chaque point du département des Basses-Pyrénées des socié- tés de bienfaisance, des institutions de pré- voyance et de mutualité, des caisses d’épargne scolaires, des bibliothèques communales, can- tonales, pédagogiques, etc. S’il ne m’est pas permis de citer ses actes importants dans la propagande des idées libérales, je ne saurais passer sous silence l’envoi gratuit, aux 40,000 instituteurs de France, de iuizette du Vil- lage, journal hebdomadaire rédigé par mes amis Pierre Joigneaux et Eugène Liébert. L’attention du monde horticole a été tenue en éveil par les visites et les comihes-rendus de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne commentés par la Société centrale d’horticul- ture de France, à la suite des expositions du palais de l’Industrie et du Champ-de-Mars en 1877 et en 1878, où figuraient les arbres frui- tiers de semis obtenus par M. Tourasse. En effet, des Poiriers âgés de trois, quatre et cinq ans, ayant atteint 3, 4 et 5 mètres de hauteur, étaient vigoureux et garnis de boutons à fruit, alors que nos semeurs émérites attendent douze et quinze années pour avoir un arbre de 4 à 5 mètres et un premier bouton à fruit. Le tronc radicellaire, formant une couronne che- velue garnie de racines ténues, plutôt horizon- tales que pivotantes, contribuait à exciter en- core la curiosité publique. Appelé récemment dans la région méridio- nale pour étudier la lutte contre le phylloxéra et les conséquences du greffage de la Vigne, je modifiai mon itinéraire pour solliciter l’entrée de la villa Tourasse. Le maître m’accueillit avec cordialité. Sa physionomie franche et sympathique, sa con- versation précise, serrée, qui ne s’égare ni dans les futilités, ni dans les détours, ont im- médiatement cimenté entre nous des relations établies jusqu’alors par correspondanée. L’honorable M. Tourasse me garda toute la journée et fort 'avant dans la soirée, ce ({ui me permit de recueillir des notes et des réflexions que je suis heureux de livrer à la publicité. La villa Tourasse. — La villa Tourasse, créée en 1870 par son propriétaire actuel, aux portes de la ville de Pau, comprend plus de 20 hectares; le terrain, sablo-siliceux, a 50 cen- timètres de couche arable et re})Ose sur un sous- sol imperméable ; c’est l’extrémité des grandes landes de Gascogne. L’ordonnancement de la propriété, les col- lections qui y sont réunies, les expériences, les recherches, les améliorations, tout est l’œu- vre de M. Tourasse. Rien ne se fait sans son ordre et sans ses indications. Le maître veille à tout, observe tout, cherche lui-même les per- fectionnements, ne recule devant aucune dé- pense pour les réaliser, et communique ensuite ses projets à son principal auxiliaire, le jar- dinier chef, chargé de les mettre à exécution. Depuis l’année 1873, le chef des cultures de la villa est M. Farmer, homme actif et intelli- gent. Il a su comprendre son maître et le se- conder dans son œuvre. M. Tourasse est la tête qui invente et qui commande ; M. Farmer est le bras qui exécute ou fait exécuter. Il suffit de parcourir le parc, Varhoretum, les pépinières, le verger, les champs d’essais, pour se convaincre de la tenue irréprochable de la propriété et des soins minutieux apportés à chaque opération. En ce moment, le chef jardinier a, en qualité de second, M. Ilarraca, un des élèves distingués de l’École nationale d’horticulture de Versail- les, puis une trentaine d’ouvriers. Nous jetterons d’abord un coup d’osil som- maire sur le })arc et les jardins, pour aborder enfin le verger consacré aux semis des arbres fruitiers. Les collections arrustives. — L’étude de la dendrologie d’utilité ou d’ornement nous conduirait loin ; nous saurons nous borner aux groupes qui offrent un intérêt particulier. Arboretum. — Un vaste rond-point est con- sacré aux végétaux toujours verts, non coni- fères, disposés en plates-bandes et étiquetés comme dans une école de botanique. Des végétaux à verdure perpétuelle en for- ment le cadre, et si l’on s’échappe, les méandres du parc vous conduisent à un semis de Céano- thes aux gracieux épis ou grappes thyrsoïdes blancs, roses, lilas ou bleuâtres, un entre autres qui fleurit à chaque aisselle, et une brillante allée de Gotonéasters du Sikkim, littéralement couverts de corymbes écarlates, aux Spirées, aux Lilas, aux Bambous, aux lïydrangées pani- CLilées, aux Hortensias bleuissants, aux Ro- siers, aux Pommiers à fruits bacciformes nombreux et variés, etc. Rentrons dans V arboretum ; il révèle les qualités du collectionneur et de l’homme d’ordre. Nous y avons noté des sujets assez rares dans nos climats moins favorisés, jiarmi les espèces ci-après : Abelia, Actinidia, Ambertia, Ar- butus, Aiicuba, Azarero, Berberis, Buxus, Cardiandra, Celastrus, Cerasus,Cotoneaster, VISITE A LA VILLA TOÜRASSE. 75 Eriobotrya^ Elœagnus, Evonymus, Garrya, Ilex, Lauriis, Ligustrum, Lonicera., Magno- lia, Mahonia, Nandina, Nerium, Olea, Os- manthus, Phülyrea, Pterostyrax, Quercus, Ribes, Rhynchospermum, Rhamniis, Sa7^~ cococca, Stranvœsia, Ulmus, Viburnum, Yucca, etc. Citons au hasard quelques variétés méri- tantes : Ambcrtia Nepalensis ; — Garrya Thureti ou eUiptico-Faydmi ; — les Viburnum pli- catum, reticulatum, punicifoUum, lentago, pirifoiium et macrophyllum ; — Abelia gran- diflora; — Arbutus unedo flore ruhro ; — Pterostyrax hispidum; — Rhynchospermum jasminoîdes ; — Verbena teucrioïdes ; — les Elœagyius longipes crispa, rotundifolia, par- vifoliaet Sumatrana; — Sarcococcaprimifor- mis ; — les Laurus nohilis cucullata, salici- folia, angustifolia et crispa ; — Ulmus si- nensis ; — Quercus lanuginosa ; — Azarero des Açores ; — Celastrus Orixa (non grim- pant) ; — Ribes Chilense ou G ayanum ; — Nandina domestica ; — Actinidia polygama; — Rhamnus emerilinus ; — Eriobotrya ma- crophylla ; — Cardiandra aller ni f olia ; — Stranvœsia glaucescens ; — Cerasus padus Capuli ; — Alnus viridis ; — les Ligustrum ro- bustum novum, glabriim, floribundum, ma- crophyllum, spicatum, laurifolium à feuilles persistantes, non loin des variétés à feuilles caduques : Ligustrum sinense, longifolia, ita- lica, leucocarpa, etc. Enfin les principales espèces de la flore indi- gène ou exotique. M. Tourasse a su apprécier la valeur des végétaux à feuilles persistantes sous le ciel bleu du Béarn ; il veut obtenir, par le semis, des plantes robustes, vigoureuses, élevées. Laurier- Amandier. — En cherchant un Laurier-Amandier, Cerasus Lauro-Cerasus, qui puisse s’élever à haute tige, il a trouvé, au milieu de milliers de semis plantés en massifs ou en rideaux, quelques sous-variétés intéres- santes, sorties des Lauriers-Amande ou Cerise, des Lauriers de Colchide et du Caucase. lo Laurier-amande à large feuille; superbe feuillage constant dans ses dimensions, sur ra- meau ou sur branche, ce qui ne se présente pas toujours avec le L. de Berlin. 2» L. à feuille feuillage plus étroit que celui du L. de Colchide. 3o L. à feuille bombée ou conuexe; caractère bizarre et constant. 4» L. à feuille ondulée ; le feuillage, agité j)ar le vent, produit un effet particulier. 5® L. à feuille pendante -, la branche s’élève, tandis que la feuille se dirige en sens opposé. Chalef à fruit doux. — Il y a bien un ar- pent de Chalefs à rameaux réfléchis et de Simon, Elœagnus reflexa et Simoni ; jusqu’ici aucune plante de la première espèce n’a quitté son aspect penché. Nous nous intéressons davantage au Chalef à fruit doux, E. lon- gipes ou edulis, le Kota-isi des japonais ; la production abondante de fruits ressemblant à une Cornouille ou à une Olive corail est orne- mentale. Notre amjdiytrion nous a fait goûter la confiture d’Éléagnes préparée dans son office. C’est à la geléé de Groseilles qu’elle est com- parable, surtout après quelques mois de mise en pots. Or, dans les pays chauds le Groseillier prospère moins que le Chalef ; ce sera doric une ressource culinaire de plus. Le semis a donné des variantes dans le })ort de l’arbuste, la forme de la feuille, la grosseur et ras})ect du fruit. Cognassiers du Japon. — Le Cognassier de la Chine, Cydonia sinensis, a été jusqu’ici plutôt considéré comme arbre d’ornement, parce que son fruit ne vaut pas, dans la bas- sine, nos Coings d’Europe. J’en ai rapporté un panier à notre collègue, M. ITariot, de Méry- sur-Seine, 'qui saura bien tirer parti de ces fruits superbes et volumineux» M. Tourasse en a plusieurs milliers de touffes semées par ses soins ; aucune amélioration n’en est sortie. Leur rôle de sujet pour le greffage du Poirier a complètement échoué ; cependant la greffe du Cognassier de la Chine sur le Co- gnassier du Portugal a réussi. Le Cognassier du Japon, Chænomeles japo- niea, est en buisson ou en espalier; les semis du type à fleur rouge et du C. ombiliqué à fleur rose ont déjà produit plus de 120 spéci- mens différents. Avec ses petits fruits fermes et parfumés, il y a quelque préparation économique à décou- vrir. Depuis longtemps, notre compatriote, M. Hariot, a su en extraire une liqueur de table fort agréable. Kakis. — Un bel arbre de l’Extrême-Orient qui commence à se propager, c’est le Plaque- minier du Japon, Diospyros, ses espèces Kaki, Schi-Tse, et leurs variétés, pour la détermina- tion desquelles de grands botanistes ont rompu quelques lances. Le port de l’arbre est celui du Pommier ; son feuillage est ample comme celui du Magnolier; son fruit, coloré comme une Tomate, a la forme de la Prune, de l’Aubergine, de la Mandarine, et atteint la gi'osseur d’une Pomme. Au Ja- pon, on mange la Plaquemine quand elle est blette ; verte, son suc astringent est employé comme mordant dans la fabrication des laques, dans la teinture, dans la tannerie; c’est à la fois un fruit de table et un produit industriel. Le bois de l’arbre est noir comme le bois de l’Ébène ; l’un et l’autre sont de la famille des Ébénacées. A Pau, les Diospyros eostata, Mazeli, pu- bescens, macroearpa (?) sont robustes ; dans le Nord il leur faudra l’orangerie^ VISITE A LA VILLA TÜURASSE. 7() J’ai vu de grands exemplaires de D. corona- ria, viryiniana^ chargés de fruits dans les arboy'ctum intéressants de M. Saliut et de l’École nationale d’agriculture, à Montpellier. A Toulon, j’ai goûté chez M. Honnoraty des fruits l'écoltés sur les Diospyros Kœmpferi et autres sortes inédites apportées du Japon par M. E. Dupont, ingénieur des constructions navales. Il y a là de bonnes variétés à propager. A Barbeiitanne (Bouches-du-Rliône), je re- connus un magnifique Kahl Ilatchiya chargé de beaux fruits oviforines, comme des œufs de Pâques, teintés aurore saumonné. L’arbre rapporté de Tokio par M. Berlandier fructifie au milieu de 50 hectares de vignes phyl- loxérées soumises à la submersion ou transfor- mées par le greffage sur cépages dits résistants. Eucalyptus . — Le bruit que l’on a fait au- tour du Gommier, Eucalyptus, a laissé ici des souvenirs. Un rang de cette Myrtacée, com- prenant 80 variétés, a été éprouvé par les '] [ degrés de froid de 18774878. Un plant trouvé dans un semis de V Eucalyjytus coria- cca est le seul qui ait résisté. Après lui, VE. viminalis ou amygdalina aurait donné des preuves de résistance à la gelée non moins rude de décembre 1879. Le géant australien, sur lequel on avait fondé de grandes espérances pour le boisement et l’assainissement des pays insalubres, ne pros- père en France que dans la région méditerra- néenne. A Hyères, M. Nardy m’en a montré de superbes spécimens âgés de ^ingt ans, ayant 3'h go de tour et 30«i de hauteur; il s’agit du Gommier bleuâtre, E. globulus. Pour la pre- mière fois, je vis cette espèce en fleurs et en graines, et je pus constater qu’en entrant dans la période adulte, le feuillage de l’Eucalyptus, comme celui de beaucoup d’Acacias, se trans- forme en phyllodes. Conifères. — Dans le parc paysager, les Conifères jouent un rôle d’arbres de fond et de décor : les Cèdres, Cedrus, gigantesques en- fants de l’Atlas, du Liban, de l’Inde; les Cha- mæcyparis et Retinospora, aux allures plus modestes ; le Cryptomeria, l’essence forestière du Japon ; les Cyprès, Cupressus (on ne peut se figurer l’aspect d’un Cyprès de Lambert, d’un Cyprès funèbre, d’un Cy})rès élégant, si on ne les a pas vus dans leur complète expansion) ; l’Éi)icéa commun, au port majestueux et cor- rect ; les Ifs, Taxas, qui, certes, n’ont pas gelé l’hiver dernier, comme dans le Nord ; les Pins, Pinus, recherchés par le paysagiste et le forestier ; les Sapins, Abies et Tsuya, aux nombreuses formes; le Taxodier toujours vei‘t. Taxodium sempervirens, un des rares arbres verts qui se soumettent au recépage et à l’éla- gage; les Thuia et Biola, si variés de })ort et de stature; le Well inyt onia, moins suyerhe que dans notre région du Centre. Les collections fruitières. — Sur ce ciia- })itre encore, nous ne pouvons nous étendre autant que le sujet le mérite. Disons toutefois que la nomenclature des espèces cultivées en est fort remarquable. Les beaux murs de clôture, d’intérieur et de refend, hauts de 3«i â 3>'i 50, les carrés, les plates-bandes ont permis l’étude des arbres fruitiers sous leurs diverses aptitudes. La collection de Poiriers est considérable ; à côté des vai'iétés nées en Europe et en Amé- ri({ue, on rencontre les Poiriers de Chine, du Japon, d’Ussurie, de Mandchourie, du Né- paul. Quand un arbre disparaît, l’étiquette reste à la })lace, et il faut qu’un sujet de la môme sorte vienne le remplacer; — c’est écrit! Les Poiriers sont en demi-palmette candé- labre ; l’arbre a, d’un seul côté, deux branches qui s’élèvent parallèlement avec la tige jus- qu’au sommet du mur. J’ai été surpris d’entendre dire que, dans cette contrée, la Poire Besi-mai fût supérieure en qualité à la Passe-Crassane, au Beurré d’Hardenpont, â l’Olivier de Serres et au Doyenné d’hiver. En pomologie, comme en tout, il n’est donc point de mérite absolu. La destination des fruits est surtout de servir à la fourniture des graines ])Our les semis. M. Tourasse, voulant toujours chercher le per- fectionnement et découvrir l’inconnu, pouvait craindre que la fécondation naturelle par le croisement ne vînt déranger certaines combi- naisons ; pour y obvier, il a fait construire deux vastes serres à fabri desquelles on pourra obtenir l’isolement ou le rapprochement calculé des sujets porte-graines. Hâtons-nous d’aborder le champ du semis, but piâncipal de notre visite. Semis d’arbres fruitiers, et particuliè- rement DES Poiriers. — Le Poirier a été jus- qu’ici l’arbre de prédilection de M. Tourasse ; il faut dire que le sol et le climat du ravissant chef-lieu des Basses-Pyrénées se prêtent à la végétation des arbres fruitiers à pépins. Dans une seconde propriété séparée par la route du parc et des jardins d’expérience, près de 12,000 Poiriers francs de pied, semis de fruits d’élite, âgés de deux à huit ans, hauts *de 2m à 8m, avec une ampleur proportionnelle, les uns chargés de fruits, les autres à la veille de l’être, constituent un verger unique au monde. Le Pommier, le Cognassier y sont abondants et prospères, tandis que les arbres à noyau. Prunier, Cerisier, Pêcher, Abricotier, ralen- tissent leur végétation quand l’influence du sous-sol, sorte de poudingue imperméable, se fait ressentir. Le semis d’un arbre fruitier, tout en vue d’y chercher une variété méritante et inédite, est traité d’une façon rationnelle et peu connue ; LES FÜÜGÈKES COMME PLANTES D’AlTAin’EMENT. 77 disons de suite que les résultats concluent à son avanlage. Nous suivrons donc les diverses phases du travail : semis, re})iquagô en })ot ou en ])anier, avec apport de terreau ; taille des racines à cliatjue oi)ération ; enfin la plantation définitive et la mise à fruits. Charles Baltet, Horliculteur à Troyes. Novembre 1880. [La suite prochanement.J OBSERVATIONS SUR QUELQUES PLANTES DE SERRE Dans une visite que je fis, fm de décembre dernier, dans les serres de M. Fourcade, propriétaire à Nemours, j’ai élé émerveillé de la Ooraison de quelques belles plantes que je crois utile de signaler. Dans une pre- mière serre, destinée à la culture des plantes dites de haute serre chaude, j’ai remarqué deux forts exemplaires à' Angrœcum en fleurs, un Angrœcnm suyerhum avec une hampe portant six belles fleurs, et un An- grœcum sesquipedale avec deux hampes et huit fleurs ; ces deux plantes ont été fécon- dées artificiellement entre elles, et trois ovaires sont parfaitement constitués ; un Oncidium papüio majus, charmante es- })èce dont les grandes fleurs sont portées sur des pédoncules tellement ténus qu’on les croirait suspendus dans l’air; un Onci- dium sphacelatum majus; un fort pied AAtaccia cristata avec quatre fleurs qui sont des plus bizarres ; un Agamgla sta- miné a ; un fort pied de Nepenthes avec huit urnes ; un Anthurium Dechardii avec deux belles fleurs; un Anthurium flori- hundum; un magnifique pied de Pitcairnia coralina avec une hampe de 60 centimètres garnie de belles fleurs rouge cocciné lignées de blanc, telles qu’elles ont ôté figurées dans la Revue. Dans une autre serre j’ai remarqué quatre énormes potées de Cœlogine cristata gar- nies chacune de huit à dix hampes florales; un Phajus grandiflorus avec une hampe portant douze belles fleurs; un Dendro- bium nobile ; un Lgcaste Shinneri avec deux rameaux de fleurs; un Zygopetalum. Mackay avec une hampe de 1 mètre ; un Selenipedium Roezli portant trois hampes florales; de fortes potées de Cypripedium viJlosum, caudatum, hirsutissimum cou- verts de fleurs; des Strelitzia reginæ avec ti’ois à quatre hampes florales; un S cutel- laria Mociniana avec des fleurs formant de gros épis d’un beau rouge orangé. Parmi les nombreuses Broméliacées cul- tivées dans cette serre, je citerai un exem- plaire de Tillandsia Lindeni. J’ajoute, en terminant, que ces plantes ne sont pas les seules remarquables, non seule- ment dans les^^enres dont j’ai parlé, mais qu’il en existe beaucoup d’autres dans les serres de M. Fourcade, ce qui montre, avec son bon goût, l’amour passionné qu’il a des plantes, et en même temps fait ressortir le mérite de son jardinier, M. Ver- natier. Plaisant, Horticulteur à Nemours (Seine-et-Marne). LES FOUGÈRES COMME PLANTES D’APPARTEMENT L’intéressant article de M. Sallier père, récemment publié dans la Revue horticole , sur la culture en pleine terre des Palmiers et des Dracœna, m’a suggéré l’idée d’écrire la présente note sur les Fougères. Mon inten- tion n’est pas d’inditfuer les espèces les plus propres à cette ornementation, mais seule- ment d’appeler l’attention de ceux qui, comme moi, ont de fréquentes garnitures d’appartement à faire. Quel est l’important dans ce cas? D’avoir promptement, facilement et en grande quan- tité des fortes plantes, mais surtout dans de très-petits pots., parce que, en général, les Fougères doivent figurer en première ligne, soit dans des corbeilles ou des garnitures de table, soit dans des jardinières, parfois dans des potiches très-petites. Bien que la plupai tdes Fougères puissent se multiplier par la division des touffes, le semis est le seul mode qu’il convient d’em- ployer quand il faut multiplier promptement et en grand nombre. Pour obtenir ce résultat, on recueille les spores qui se produisent en grande quantité sur certaines frondes des plantes adultes, et on les sème sur de la 78 EXPERIENCES COMPARATIVES DE LAITUES ET DE ROMAINES. terre de bruyère grossièrement concassée, et même, si dans une serre on a de fortes toutles de Fougère, on n’a guère à s’occuper du semis, car dans ce cas il est rare que le sol de la serre (surtout s’il est huniide) ne soit pas constamment recouvert de jeunes plantules. Quel que soit le mode par lequel elles ont été obtenues, om empote les jeunes plantes dans des petits pots à boutures, et on les place sous des cloches ou sous des châssis dans une serre dont la température est maintenue assez élevée (15 à !20 degrés en- viron), de manière à accélérer la végétation. Lorsque la reprise est bien effectuée, on prend les plantes et on les met près à près en pleine terre de bruyère, où on les arrose au goulot et au pied. Ainsi traitées, ces plantes se développent très-vigoureusement, deviennent fortes et belles, et peuvent être levées et rempotées dans de très-petits pots, grâce aux faibles dimensions de la motte primitive qui était établie. Ces plantes ne fatiguent pas, et quelques jours de repos dans une serre un peu chauffée suffisent pour qu’on puisse les EXPÉRIENCES COMPARATIVES Les expériences dont il va être question ont été faites d’une manière très-sérieuse, et tout particulièrement au point de vue comparatif, de manière à constituer une sorte d’école et afin de s’assurer quelles sont les variétés que l’on peut cultiver avec avantage en « dernière saison. » — Les semis ont été faits le 15 août 1880, la véri- fication dans le mois d’octobre suivant. Première série. — Laitues et Romaines de printemps et d'hiver. Observation. — Bien qu’à peu près con- vaincu que cette série ne produirait pas de pommes, sauf quelques exceptions, on a cru devoir la cultiver à côté des autres, afin de pouvoir mieux faire ressortir les diffé- rences qui existent entre elles, ainsi que les inconvénients qui pourraient résulter en semant l’une de ces variétés pour l’été. — Cette série, semée de bonne heure en au- tomne, arrive quelquefois à pommer au commencement de l’hiver. N. B. Les variétés dont le nom ne sera suivi d’aucune observation n’ont donné au- cun bon résultat. utiliser ; à la rigueur, on peut s’en servir de suite. Lorsqu’on n’est pas trop pressé, on peut, quand les plantes sont bien établies, les placer quelques jours dans une serre rela- tivement froide, où elles se « durcissent » en s’habituant au grand air. Si les plantes n’étaient pas assez fortes pour qu’une seule suffise pour former une belle toufïê, ou que l’on soit pressé pour en faire l’utilisation, on pourrait, au lieu d’une, en mettre plusieurs dans un pot. On peut aussi, pour éviter le rempotage, après avoir mis les jeunes plantes dans des petits pots à boutures, enterrer ceux-ci en pleine terre de bruyère par dessus les pots, et quand on les relève ôter le pot et con- server une petite motte de racines, et les mettre alors dans des pots un peu plus grands. Un point important pour conserver les Fougères dans les appartements est de les tenir constamment humides, sans pour- tant les considérer comme des plantes aqua- tiques. Bach, Jardinier en chef au château de Gourances (Seine-el-Oise.) DE LAITUES ET DE ROMAINES Laitue Gotte à graine blanche. Laitue Gotte à graine noire. — Cette variété se cultive en grand par les maraî- chers de Paris, pour l’expédition. Laitue crêpe à graine blanche. Laitue crêpe à graines noires. Laitue Tennisbcdl. Laitue rouge d’hiver. — Très -recom- mandable. Laitue brune d'hiver. Laitue grosse blonde d'hiver. — Très- recommandable, très-forte pomme. Laitue à bords rouges. — Becomman- dable. Laitue Roquette. — Pommant légère- ment en été, petite Laitue frisée à pomme très-serrée. Laitue Passion. — Très-recomman- dable. Laitue Morine. — Très-recommandable. Laitue Gotte lente à monter. — Petite race recommandable pour l’été et pour l’hiver, n’occupant que très-peu de place, par conséquent avantageuse. Romaine rouge d'hiver à graine noire. — Pommant légèrement. EXPÉRIENCES COMPARATIVES DE LAITUES ET DE ROMAINES. 79 Romaine verte dliiver. — Pommant légèrement. Romaine royale verte d’hiver. — Se conduit comme les deux précédentes. Deuxième série. — Laitues à couper. Observation. — Malgré que toutes les Laitues peuvent être cultivées comme « Lai- tues à couper, » on prend généralement pour cet usage les variétés blondes et hâ- tives. Néanmoins, et outre celles-ci, on emploie tout particulièrement une série qui ne pomme pas, soit qu’on en cueille les feuilles au fur et à mesure, ainsi qu’on le fait de certains Choux, soit que l’on en coupe les feuilles au-dessus du cœur et successivement. Laitue blonde à couper. Laitue frisée à couper. Laitue-Chicorée. Laitue-Épinard. Laitue rouge d’ Amérique. Troisième série. — Laitues et Romaines d’été. Nous avons classé cette collection en quatre divisions, qui sont ; Première division. — Laitues blondes ne se colorant pas. Laitue blonde d’été. — Petite race très- blonde, à pomme très-dure, hâtive. Laitue bloyide de Berlin. — Pomme plus forte que la précédente, se tenant assez longtemps. Laitue blonde de Versailles. — Pomme assez grosse, fortement cloquée, rustique. Laitue grosse blonde d’hiver. — Très- forte pomme, à feuilles amples, d’un blond très-appétissant, pommant également en été (nouvelle). Laitue blonde de Chavigné. — Pomme grosse, régulière, très -blonde. Belle et bonne race (nouvelle). Laitue grosse normande. — Forte pomme, aspect particulier, vert blondissant, feuillage ample (nouvelle). Laitue verte grasse. — Pomme moyenne, haute, d’un vert intense; feuilles épaisses. Bonne race (nouvelle). Laitue impériale. — Grosse pomme, un peu haute, peu serrée, feuillage ample; sorte tardive. Laitue turque. — Bessemble assez à VImpériale, pourtant un peu plus blonde et à graine blanche. Laitue monte à peine verte. — Petite race à pomme très-dure, d’un vert blondis- sant. Très-recommandable (nouvelle). Laitue jyaresseuse du Pas-de-Calais. — Pomme très-grosse, régulière. Becomman- dable. Passe assez bien l’hiver (nouvelle. Deuxième division. — Laitues blondes co- lorées, se colorant ou tachetées. Laitue blonde trapue. — Grosse pomme, assez ferme, blonde, se colorant légèrement de rouge sur le dessus. Laitue grosse brune paresseuse. — Pomme grosse, régulière, tachée de rouge brun. Becommandable. Passe bien l’hiver. Laitue Palatine. — Pomme moyenne, ferme, colorée et tachée de rouge brun, assez hâtive et passe assez bien l’hiver. Très- recommandable. Laitue rousse monte à peine. — Pomme moyenne, régulière, légèrement lavée de rouge brun. Belle Laitue. Laitue hollandaise. — Pomme moyenne, régulière, fortement lavée de rouge brun. Voisine de la précédente. Laitue sanguine améliorée à graine, blanche. — Jolie pomme moyenne, régu- lière, jaune, fortement sablée et flagellée de rouge brun; les feuilles extérieures sont encore plus fortement colorées. — Très- belle et bonne Laitue. Passe bien l’hiver. Troisième division. — Laitues à feuillage très-ample, volumineuses, se coiffant en forme de Chou, recommandables pour Laitues à cuire. Laitue Batavia blonde. — Pomme très- grosse, blonde, se colorant légèrement sur le dessus, feuillage très-ample, blond et se colorant de rouge brun, denté. — Variété très-recherchée dans certaines localités. Laitue Batavia frisée allemande. — Ne diffère de la précédente que par l’absence de toute coloration de rouge; très-blonde. Laitue de Simpson. — Sorte de cœur régulièrement étalé; feuillage ample, en gouttière, très-frisé sur les bords, d’aspect agréable, très-tendre. — Variété intéres- sante. Laitue Batavia brune. — Très-grosse pomme, haute, lâche, vert brun; feuillage très-ample, à grosses côtes cassantes, d’un vert foncé lavé de rouge brun. Laitue Bossin. — Pomme très-volumi- neuse, se colorant de rouge brun sur le 80 PLANTES ^NOUVELLES, MEKITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES. dessus, çi et là de grosses taches rouge l)run; feuillage très-ample, à grosses côtes, lacinié sur les bords, blond fortement lavé et taché de rouge brun. — Laitue à cuire, tardive, rustique. Laitue de Malte. — Pomme giosse, éle- vée, rappelant assez l)ien une Romaine blonde ; feuillage ample, dressé, cassant. — Variété tardive rustique. Laitue-Chou de Naples. — Pomme très- volumineuse, très-dure, vert blondissant; feuillage très- ample, vert ondulé. Tardive, rustique. Quatrième division. — Série des Romaines. Romaine verte maraîchère. — Forte pomme, d’un vert intense. Variété em- ployée par les maraîchers de Paris pour la culture sous cloches pendant l’hiver. Rus- tique et hâtive. Romaine grise maraîchère. — Variété intermédiaire entre la verte et la blonde, usitée seulement dans quelques localités. Romaine blonde maraîchère. ■ — Forte pomme, blonde. C’est la race la plus cul- tivée pour l’été. Très-recommandable. Romaine Alphange à graine blanche. — Pommant peu ou pas, de manière qu’il faut la lier. — Sorte à cœur plein, volumi- mineux; feuilles nombreuses, longues. blondes, tendres. — N’est cultivée que dans certaines localités. Romaine Alphange à graine noire. — Ne diffère de la précédente que par la cou- leur de la graine, et d’un aspect plus blon- dissant. Romaine brune anglaise à graine blanche. — Sorte à cœur plein, ayant besoin d’ètre liée, d’un vert glauque et d’un aspect métallique. Rustique, recherchée dans certains pays. Romaine brune anglaise à graine noire. — Ne diffère de la précédente que par la couleur de la graine;, elle est aussi d’un vert moins foncé. Romaine- Chicon pomme en terre. — Sorte de Laitue à petite pomme pointue et n’occupant que peu de place. Romaine monstrueuse. — Forte pomme peu ou pas serrée — il vaut donc mieux la lier ; — feuilles très-nombreuses, d’un vert lavé de brun. Passe assez bien l’hiver. Romaine panachée perfectionnée. — Pomme peu serrée, verte, tachée et flagellée de rouge brun; feuillage assez ample, fortement coloré. Assez rusti(jue. Piomame panachée à graine blanche. — Sorte à cœur plein; feuillage très- ample, en gouttière, ondulé sur les bords, vert flagellé et sablé de rouge brun. Lehcim. PLANTES NOUVELLES, MERITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Fritillaria Oranensis. — Cette espèce, dont le port, l’aspect et la végétation sont semblables à ceux du F. meleagris, est un peu plus vigoureuse que cette dernière ; ses feuilles radicales sont longues et larges ; les caulinaires, alternes, toutes sessiles, sont plus ou moins linéaires, suivant qu’elles se rapprochent de l’extrémité des tiges. Fleurs solitaires, penchées, campaniforrnes, à di- visions brunes, largement bandelettées de vert sur le milieu. A l’intérieur, elles sont maculées, surtout vers le fond, quiestcour- tement rubané. Originaire de l’Algérie, cette plante se ren- contre surtout à Oran, ce qui explique le qualificatif Oranensis. Fleurit en mars- avril. Se trouve chez M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur, 26, route de Sannois, à Ar- genteuil (Seine-et-Oise). Cattleya Loddigesii vrai. Sous le nom de Cattleya Loddigesii, on trouve à peu près toujours dans le commerce une plante à fleurs rouges. Celui dont nous allons parler, le vrai, est excessivement rare dans le com- merce. Nous l’avons vu récemment en fleurs chez M. Luddemann, horticulteur, boule- vard d’Italie, 20, à Paris. En voici les prin- cipaux caractères : Port élancé. Tiges d’environ 30 centi- mètres, glauques, terminées par quelques feuilles ovales, épaisses, du centre desquelles part une inflorescence pluriflore. Fleurs assez grandes, bien étalées, à divisions ex- ternes blanc lilacé légèrement rosé. La- belle fortement contourné, à bords roulés, allongé à la base, qui est d’une couleur un peu plus intense. Coloris unique. lmp. Georges JaÆob, — Orlé.in.s. CHRONIQUE HORTICOLE Graines de Cucurbita melonœformis offertes aux abonnés de la Revue horticole. — Exposition de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne. — Origine de la Rose Aimée Vihert. — Irrégularités de la température ; froids constatés dans le sud des États-Unis : communication de M. Sisley. — Un insecticide fertilisant. — Maladie des Oliviers : lettre de M. Thierry. — Variétés de Noyers du Kahsmyr; rusticité de ces arbres. — Deux nouvelles variétés de Pommes de terre obtenues par M. Millet . la Parisienne et VExcellente naine. — Étiolage des légumes; emploi de pots renversés; utilisation des serres pour l’étiolage. — Qualité du Cucurbita 'melonœformis ; lettre de M. Cusin. — — Effet du magnétisme sur les plantes; expériences faites par M. le docteur Picard sur des Rosiers. — Démolition du palais de PExposition du Champ-de-Mars. Plusieurs de nos abonnés nous ayant écrit pour nous demander des graines de Cucurbita melonœformis^ nous les infor- mons que, grâce à M. de Lunaret, nous sommes en mesure de les satisfaire, et que de plus, au lieu du type seul, nous pouvons, — toujours par le même moyen, — leur donner quelques graines d’une forme allon- gée provenant d’un fait de dimorphisme, dont la Revue horticole parlera prochaine- ment en en donnant une figure. Ceux qui désireraient recevoir de ces graines n’au- ront qu’à joindre à leilr demande la bande de leur abonnement. — Du 22 au 25 avril 1881, la Société d’horticulture de la Haute-Garonne fera à Toulouse une exposition à laquelle tous les horticulteurs et amateurs, jardiniers bour- geois sont invités à prendre part. Les personnes qui désireraient exposer devront en faire la demande, avant le 7 avril prochain, au président ou au secrétaire gé- néral de la Société d’horticulture, 15, place Saint- Georges, à Toulouse, en indiquant la quantité et la nature des objets qu’ils se proposent d’exposer. — Bien des fois déjà nous avons dit que, quels que soient les caractères des plantes, ils sont des conséquences, c’est-à-dire des faits de végétation, et qu’alors aucun ne peut être ni absolu ni indéfiniment persis- tant. Ils apparaissent exceptionnellement et spontanément, augmentent, puis s’affai- blissent graduellement et disparaissent. C’est la loi commune, fatale, le grand cir- culus dont l’ensemble comprend la vie ! Ce qui est important à noter et auquel on ne porte pas assez d’attention, ce sont les points de départ, le premier jet. Cette im- portance, que l’on peut constater tous les jours, vient d’ètre une fois de plus nettement Rr MARS 1881. démontrée dans le dernier numéro du Jour- nal des Roses (1881, p. 24), à propos de l’origine d’une Rose très-répandue et des plus estimées, de la variété Aimée Vihert, obtenue et mise au commerce par feu Vibert vers 1830. L’auteur de l’article dont nous parlons, M. P.-Ph. Petit-Coq, de Corbehard, soutient « qu’elle est le produit d’un ce acci- dent » du Rosier Noisette repens que l’habile rosiériste dont elle porte le nom aurait fixé vers 1829. » Au contraire, M. Moreau- Robert, successeur médiat de M. Vibert, écrit, l. c., p. 25 : « Le Rosier Aimé Vihert a été obtenu d’un semis de Rosier grimpant blanc, noji remontant et semi-double, dans le grand hiver de 1829 à 1830. C’est cette parenté qui fait que l’on trouve fréquemment des Rosiers Aimée Vihert sarmenteux et ne remontant pas ou remontant peu. » On voit par ce qui précède que, quelle que soit celle de ces deux opinions qu’on adopte, nous avons complètement raison sur la spontanéité des caractères. Ceux- ci, qui se forment tous les jours dans les cultures sous les yeux des horticulteurs, sont souvent ignorés des savants; de là vient cette diversité d’opinions entre les savants — certains surtout — et les horti- culteurs que dédaigneusement, dans leurs cours, ils appellent « des jardiniers, » croyant les flétrir, ne s’apercevant pas que leur dire tourne contre eux-mêmes, puisque, constatant leur ignorance des faits, ils font l’éloge de ceux qui les leur signalent. — Des irrégularités dans la température, analogues à celles que l’on constate en France et même en Europe, se montrent aux États-Unis. Ainsi, dans les localités où en général le froid est à peine connu, le thermomètre s’est abaissé au point de com- promettre l’existence de certains végétaux. D’après une lettre écrite de Pvichmond à 0 8^2 CiiUOiMUUE HOUliCOLE. noire collaborateur et ami, M. Jean Sisley, en date du 14 décembre 1880, le froid, depuis le commencement de ce mois, était relativement très-rigoureux dans le Midi, où habituellement il ne gèle même pas. 11 en est de même en Floride, où les Oranges qui restaient sur les arbres ont été gelées, où des récoltes de coton ont été endommagées et suspendues, et d’immenses surfaces sont couvertes de neige dans les Etats du Sud où la gelée était à peu près inconnue. Dans le nord-ouest, à cette même date, le thermomètre était déjà descendu à 18 degrés au-dessous de zéro. A quoi sont dus ces changements? Est-ce à un refroidissement général du globe qui, d’après certains calculs astronomiques, doit aller constamment en s’accroissant? Le fait serait que nous n’aurions pas de raison de nous en préoccuper, car il devrait encore se passer bien des siècles avant que notre globe soit devenu inhabitable. On parle beaucoup en ce moment d’un nouveau produit, du Régénérateur Guilbe^^t ou Insecticide fertilisant, qui, d’après un prospectus que nous avons sous les yeux, serait une sorte de panacée universelle, ce qui suffirait pour nous tenir en garde. Ce- pendant, comme un certain nombre de per- sonnes ont prêté leur nom en donnant des certificats à l’inventeur, qui les a consignés clans son prospectus, comme on le fait pour la Revalescière ou tout autre produit analogue et que, d’une autre part, parmi ces per- sonnes il s’en trouve dont le nom et l’hono- rabilité bien connus sont presque une ga- rantie, nous nous abstiendrons de toute observation, et nous attendrons pour émettre notre opinion que des expériences réitérées et variées aient permis de se prononcer avec une certitude aussi complète que le com- porte un sujet de cette nature qui, par cette raison, exige une grande réserve. Les personnes qui désireraient essayer le Régénérateur GuilheH devront s’adresser à l’inventeur, 4, rue de Compiègne, à Paris, ou villa Guilbert, à Mézières, par Épône (Seine-et-Oise). ■ — Loin de .se ralentir, la maladie qui de- puis quelc|ues années frappe les Oliviers semble prendre de plus en plus d’extension. Aiinsi un de nos collègues qui habite Nice, M. Thierry, jardinier de la villa Ghambrun, nous écrivait tout récemment : « La récolte des Olives, cette année, est des plus faibles, car, par suite de l’intensité de la maladie qui frappe les Oliviers et surtout leurs fruits, beaucoup de propriétaires n’ont môme pas ramassé les Olives qui, rares du reste, sont trè.s-défectueuses, de sorte qu’elles pro- duisent très-peu d’huile. Gliaque année le mal s’accroît, à ce point que l’on est en droit de se demander si la culture des Oli- viers ne sera pas bientôt abandonnée dans nos localités. » En même temps qu’il nous donnait ces détails, notre collègue, à la date du 2 février, ajoutait : « Nous avons eu ici une petite période de mauvais temps ; le thermomètre est descendu à 3 degrés au- dessous de zéro ; il a tombé des neiges fon- duesen grande quantité, et à deux kilomètres d’ici les montagnes sont couvertes de neige, ce qui a fait tomber les feuilles de certaines plantes, qui d’habitude restent sur les arbres. » Ainsi qu’on le voit, ces dires corroboi'ent la nouvelle de l’abaissement de température qui s’est produit à Menton, et dont parle M. Andrews (voir plus loin, page 85). — Dans une 'lettre qu’il a eu l’extrême obligeance de nous adresser et dont nous le remercions, M. L.-V. Nagy appelle notre attention sur un article qu’il a publié dans un journal de Vienne, et dans lequel il si- gnale diverses variétés de Noyers qui exis- tent dans le Kahsmyr et qu’il serait avanta- geux d’introduire en Europe, notamment une citée par Schlaglnweil, dans le deuxième volume de ses voyages dans l’Inde et dans la Haute- Asie [Reisen in Indien und Hocha- sien] « dont la y eau de la graine n’est PAS AMÈRE. L’arbre est vigoureux et sup- porterait le climat de la France, puisque dans le Kahsmyr il s’élève jusqu’à une al- titude de 8,000 pieds (environ 2,000 mètres). Malheureusement, tous les essais qu’on a faits pour en importer des fruits en bon état ont complètement échoué; toujours, pen- dant le transport, les graines ont perdu leur faculté germinative. » Get avis nous est donné un peu tard. M. Ermens ayant quitté le Kahsmyr, il est à craindre que de longtemps on n’ait l’oc- casion de faire venir ces variétés, du moins aussi promptement que semble l’exiger la nature de leurs fruits. Néanmoins, l’éveil étant donné, si quelque voyageur avait l’oc- CiiKüNlUUE HOKTICOLE. 83 casion de parcourir ces localités lointaines, nous rengainerions à porter son atten- tion, non seulement sur ces Noyers, mais sur tous les arbres fruitiers du Kahs- myr, qui, certainement, comprennent un grand nombre de variétés très-intéressantes, puisque, d’après M. Ermens, la plupart des arbres de nos jardins se trouvent à l’état sauvage dans le Kahsmyr. Mais, d’une autre part, la communication qu’a eu l’obligeance de nous faire M. L.-V. Nagy a, au point de vue de la botanique géographique, l’avantage de démontrer que le Noyer se trouvant répandu dans les mon- tagnes du Kahsmyr jusqu’à 8,000 mètres d’altitude, où certainement on ne l’a pas importé, existe là à l’état spontané, ce qui, en démontrant qu’il n’est pas uniquement originaire de l’Epire et de la Thessalie, ainsi que le disait M. Heildreich (1), ne jus- tifie pas seulement l’hypothèse que nous émettions à ce sujet, mais la confirme. — Parmi les légumes nouveaux signalés cette année, nous devons surtout en citer deux, ce que nous faisons avec d’autant plus d’empressement qu’il s’agit de sortes des plus profitables à tous : des Pommes de terre. C’est à notre collègue, M. Millet, horticul- teur à Bourg-la-Reine (Seine), que nous sommes redevables de ces nouveautés qui, certainement, seront les bienvenues. Bien mieux, il y en a pour tous les goûts et pour toutes les classes. Ainsi l’une, qu’il a nom- mée la Parisienne^ est démocratique, pour- rait-on dire, et s’adresse à la classe pauvre. Elle est très- productive, grosse, a peu d’yeux, et ceux-ci sont peu enfoncés. Elle est également de bonne qualité, ce qui est essentiel, mais elle est tardive. La deuxième variété, que M. Millet a nommée : Excellente naine , est peut- être plus aristocratique ou plus bourgeoise, si l’on aime mieux. Elle est également jaune comme la précédente, mais longue au lieu d’être ronde, et affecte toutes les « allures » de la Marjolin. Elle est hâ- tive et au moins aussi productive que cette dernière, mais a sur elle l’avantage d’être excessivement naine, d’avoir un feuillage très-petit, toutes -choses excessivement avantageuses pour les cultures de primeur, caractère un peu bourgeois, mais qui, en somme, en fait une sorte de variété onini- (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 63. bus, c’est-à-dire convenant à tous, puis- qu’on peut la cultiver dans de très-petits jardins, peut-être même en pots, ce qui lui ouvrirait môme la porte des mansardes et justifierait la qualification omnibus que nous venons de lui donner. La Pomme de terre Excellente naine provient d’un semis de Royal Kidney ; on peut la cultiver en touffes très-rappro- chées et même en rigoles, comme on le fait des Pois nains. — Comme la Marjolin qui est bien franche, elle ne fleurit pas. — On trouve ces deux variétés chez l’obtenteur, M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine (Seine). — Étant connu le fait de l’étiolage, et sachant qu’en modifiant les tissus des végé- taux on leur fait acquérir des propriétés qui les rendent propres à l’alimentation, il reste à chercher les moyens les plus avan- tageux pour le pratiquer. Sachant, d’une autre part, que l’obscurité et la chaleur sont des conditions indispensables pour obtenir cet état, il suffit donc de réunir celles-ci, ce qui alors devient une question d’appro- priation en rapport avec les besoins. Ceci dit, et s’il s’agit de Chicorée sauvage, par exemple, il suffira de placer des racines dans une cave, dans une cuisine ou dans tout autre local obscur, pour obtenir des pousses blanches. Si le lieu est clair, un pot renversé, de la terre ou du terreau, de la paille même, feront l’affaire. Des locaux très-bons et auxquels on ne parait guère avoir pensé sont les serres, que nous n’hé- sitons pas à recommander pour cet usage. Tout récemment, en parcourant les serres de M. Chantin, nous avons été frappé par la vue de grands pots renversés, placés çà et là sur de la tannée, entre les plantes. Sous ces pots était placé un bottillon de racines de Chicorée sauvage dont on coupe les feuilles au fur et à mesure qu’elles pous- sent. Bien qu’on puisse faire deux cueil- lettes, il n’y en a réellement qu’une abon- dante, de sorte qu’il vaut mieux, après celle-ci, renouveler les racines. B va de soi que ce mode d’étiolage peut être employé dans toutes les serres ; le ré- sultat sera différent suivant la température de celles-ci. Nous croyons qu’au lieu de la Chicorée sauvage ordinaire il y aurait avan- tage à employer la variété à grosse racine, nommée Wülloof. 84 CHRONIQUE HOKTIGÜLE. — Au sujet du Cvcurhila melonœjormis, notre collègue, M. Gusin, nous écrit : « .... Cette espèce est vraiment méritante pour le jardin d’amateur ; elle produit passa- Llement et idest pas trop envahissante. Ses fruits, lourds comme du métal, contiennent sous un petit volume une masse relativement énorme de matière nutritive; sa chair est la plus ferme et la plus féculente que j’aie jamais vue en fait de Courge ; en un mot, elle est excel- lente.... Ce qu’on n’a pas dit non ])lus, c’est que la surface du fruit indique infailliblement sa maturité. Ainsi, lorsque le fruit commence à prendre une teinte jaiinfitre, c’est une preuve qu’il est bon à récolter. En outre, quand, con- servé au fruitier ou dans un appartement, le vert noirâtre de l’écorce a complètement dis- pai'u })Our faire place à un jaune orangé ocreux, uniforme, je crois qu’il est bon de ne pas at- tendre plus tard pour l’utiliser, bien que cette Courge puisse se conserver jusqu’au printemps suivant. M. Gusin a parfaitennent observé, et nous engageons tous ceux de nos lecteurs qui cultivent les Cucurhita melonæformis à profiter de ses conseils. — M. Alphonse Karr, dansjle Journal des Roses, numéro du l*’*’ janvier, cite des expériences très-curieuses faites par un médecin, le docteur Picard, de Saint-Quen- tin. Ges expériences, qui portent sur des Pmsiers, consistent à en magnétiser certains et non d’autres appartenant à la même variété, et placés dans des conditions iden- tiques et de même provenance. Dans ce cas, et en variant les expériences de façon à avoir un contrôle sérieux et des comparaisons d’une valeur incontestable, les résultats, sou- vent considérables, ont toujours été en faveur des parties magnétisées. ...Frappé de funité du principe vital chez tous les êtres organisés, auquel revenaient sans cesse mes somnambules à l’état d’extase, je ré- solus de faire l’application du magnétisme ani- mal sur les végétaux, et d’étudier ses effets. Le 5 avril, je greffai en fente six Rosiers sur six beaux et vigoureux Églantiers ; je les avais choisis au môme point de végétation, ce qui m’était facile, en ayant planté quinze cents en octobre. J’en abandonnai cinq à leur marche natu- relle, et je magnétisai le sixième (un Rosier de la Reine) matin et soir, environ cinq minutes seulement; — le 10, le magnétisé, que je dési- gnerai sous le numéro 1, avait déjà déveloi)pé deux jets d’un centimètre de long, et le 20 les cinq autres entraient en pleine végétation. Au 10 mai, le n» 1, le magnétisé, avait deux jets de 40 centimètres de long, surmontés de dix boutons ; — les autres avaient de 5 à 10 centimètres, et les boutons étaient loin de paraître. Enfin, le magnétisé, le n“ 1, fleurit le 20 mai et donna successivement dix belles Roses ; — les feuilles avaient environ le double d’étendue de celles des autres Rosiers. Je le rabattis aussitôt les fleurs passées, et en juillet il avait acquis 42 centimètres et me donnait, le 25, huit nouvelles Roses. Je le ra- battis de nouveau à 15 centimètres, et aujour- d’hui, 26 août, il forme une très-belle tête par douze rameaux florifères de 64 centimètres de haut. — Ainsi cette greffe faite le 5 avril, ayant donné en deux floraisons dix-huit belles Roses, est sur le point de fleurir })Our la troisième fois, et j’ai tiré des rameaux que j’ai rabattus trente-huit écussons dont plusieurs ont déjà donné des fleurs depuis trois semaines, — tan- dis que les cinq autres n’ont fleuri qu’à la fin de juin, et leurs rameaux n’avaient acquis que 15 à 20 centimètres. Le 14 mai, je posai trois écussons de la Rose thé Devoniensis ; — je les désignerai par les nos 1^ 2 et 3 ; — le n° 1 fut de suite magnétisé, et j’abandonnai les deux autres à la nature. Le 10 juin, le no 1 avait un rameau de 33 cen- timètres et trois boutons ; — le n® 2 avait 2 cen- timètres, et le no 3 en avait 3. Je changeai alors de méthode et magnétisai les nos 1 et 3, pour arrêter leur végétation, et le 110 2 pour la hâter. Au 20 juillet, le no 1 était resté à 33 centimè- tres ; deux boutons avaient avorté, et le troi- sième avait donné une chétive Rose presque simple ; — le n° 2 avait deux rameaux de 66 cen- timètres surmontés de 32 boutons ; — le n° 3 avait seulement 14 centimètres. Le no 2 avait, le 25 juillet, une belle Rose de 12 centimètres de diamètre, et les 32 boutons avaient fleuri. — Du palais du Gliarnp-de-Mars, que par son étendue, et surtout par son importance et l’infinie variété du contenu, l’on pouvait appeler un hazar universel, ou mieux la Babel de la civilisation, ou encore la foire des mtelligences et des idées, il ne reste plus, hélas ! que la carcasse en fer (qui di- minue chaque jour), nue et privée de tout ce qui semblait l’animer, et qu’on peut en quelque sorte comparer à un squelette dont les oiseaux de proie auraient enlevé les chairs, et que bientôt même le temps va faire disparaître ! ! . . . Ge terrain va-t-il être restitué à la guen e, et, après avoir été une image de la paix et l’IIIVEU 188Î, A MEATON. de la concoi’de, qui établissent et produisent, va-t-il de nouveau devenir l’image de la destruction ? Nous hésitons à le croire. Mais s’il en était ainsi, on peut atlirmer que ce ne serait pas pour longtemps, car un signe qui le démontre, c’est l’installation qui y 1 85 confine d’une station de chemin de fer, cet actif agent de la civilisation qui, destiné à relier tous les peuples, pousse au bien-être de l’humanité par le progrès universel, et éloigne la guerre qu’il est appelé à faij'e disparaître. E.-A. Carrière. L’HIVER 1881, A MENTON Menton, 31 janvier 1881. Monsieur Carrière, Je vous adresse pour votre journal une liste de plus de cent plantes qui étaient en floraison dans ma propriété, ici, au jour de l’an (voir plus bas cette liste). La chaleur exceptionnelle de décembre, quand nous avions un maximum anormal de 22 de- grés centigrades, et le maximum moyen, également anormal, de 13 degrés, occasion- nait une floraison insolite. Le degré moyen atteint 11 degrés 5, tandis que celui des huit dernières années n’est que 8 degrés 5. Malheureusement, ce beau temps fut suivi de désappointement, car janvier a été froid et pluvieux. En général, c’est chez nous un mois ensoleillé et sec, un des plus agréables de la saison d’biver; mais cette fois nous avons eu vingt et un jours de pluie, ce qui a rendu les jours froids. Toutefois le minimum moyen, 3 degrés, par la même cause, n’a pas été bien bas. Je n’ai jamais enregistré pour ce mois autant de pluie, 170 millimètres, et même dans aucun mois de l’année autant de jours de pluie. Jusqu’à présent, le minimum de l’hiver est 2 degrés de froid ; à peu près la moyenne des autres années; l’hiver passé il y a eu 4 degrés. Je dois dire que ma manière de faire les observations climatologiques donne des minima de 2 degrés environ plus bas que mes voisins. Mes observations datent de 1873. Il n’y a pas encore de dégâts sérieux. Ont souffert légèrement les Héliotropes, Abutilons, Cédratiers, Layi- tana cammara, Wigandia caracassana, Solanum giganteum, Sernpervivum arbo- rescens. Probablement des Pélargoniums, Ficus, Scdvia et Solanum, protégés par des plantes voisines, auraient souffert sans cette protection. Agréez, etc. J. -B. Andrews. Liste des plantes en fleurs à Menton au 31 janvier iS8i. Abutilon striatum, hybridum flore albo, flore rubra; Agératum cæi-uleum ; Acacia lophautba, longissima, linifolia ; Anémone coronaria; Alyssum maritimum ; Aloe soccotrina, arbores- cens, umbellata; Anthémis vulgaris; Aralia papyrifera; Arbutus unedo. Bellis perennis, Bignonia capensis, Biota orientalis, Buddleia salicifolia. Canna indica, Galendula officinalis, Gassia tomentosa, Geratonia siliqua, Gestrum auran- tiacum ; Cheiranthus cheiri, Ghrysanthemum indicum, Cineraria platanifolia ; Citrus auran- tium, sinensis, limonrum ; Gneorum tricoccum, Gorrea alba, Cupressus Knightiania. Datura alba, Delairea scandens, Dianthus si- nensis, Diplopappus filifolius. Erigeroii canadensis , Eupatorium agera- toides, Euphorbia segetalis. Funiaria officinalis. Gazania speciosa, Géranium (pl. esp.), Gyp- so])hita saxifraga, Globularia alypum. Habrotliamnus floribundus, Heliotropiura ]ieruvianum, Helleborus fœtidus. Ipomea grandiflorum. Iris stylosa. JasmiuLim grandiflorum, Justicia carnea. Kennedia lucida, Kleinia ficoides. Lantania cammara, delicatissima ; Lavan- dula stæchas, Lippia citriodora, Laurus nobilis, Lonicera semperflorens. Medicago arborea, Melianthus major; Me- sembrianthemum echinatus, filamentosa; Myo- porum ellipticum. Narcissus papyraceus, aureus ; Nicotiana tabacum. Oxaüs lybica, Osteosjiermum moniliferuni. Pélargonium (pl. es}).), Plumbago cærulea, Polygala granditlora, Primula sinensis, Punica granatum ; Pyrethrum Tchihatchewii, speciosa. Ranunculus ficoides. Réséda odorata gran- ditlora, Rocbea falcata; Rosa Bengalis, centi- folia, botbonica, hybrida, indica ; R.osmarinus officinalis, Rubus rosæfolius. Salvia coccinea, eriocalyx, gesneræflora, prin- ceps; Santolina chamæcyparissus, Saxifraga crassiflora, Schinus molle, Sernpervivum arbo- rescens, Senecio vulgaris, Solanum jasmi- noides, Stellaria media. Taraxacum officinalis, Teucrium fruticans. Thymus vulgaris. Ulex Europæus. Veronica Andersoni ; Viburnum arborea, tinus; Vinca major; Viola odorata, tricolor. Yucca aloefolia. 8() L’ÉÜüCAnON DANS LE JAHDINAGE. L’ÉDUCATION DANS LE JARDINAGE Il faut bien avouer que l’instruction spéciale du jardinage est souvent, non seu- lement nulle pour les jeunes gens, mais qu’elle est rare chez les jardiniers âgés, qui doivent remplacer par leur expérience per- sonnelle les notions qu’ils n’ont pu ac- quérir étant jeunes. Quant à dire qu’ils pourraient se former une bibliothèque lors- que l’âge et la raison devraient leur en faire un devoir, nous pouvons répondre que la librairie est chère, que leur budget n’est guère élevé pour en arriver là, et que l’étude dans ce sens, si elle n’a pas commencé pendant l’apprentissage, ne commence pas avec l’âge mûr. Rien n’est plus difficile que d’apprendre à lire à un homme fait, et cependant il en sent bien autrement le be- soin que l’enfant, qui se joue volontiers des difficultés de l’étude. Le jardinier] qui est arrivé à un certain âge n’apprend plus la théorie de son métier ; c’est à la jeunesse seule qu’on peut s’adresser, et il ne faut pas compter sur sa raison pour sacrifier quelque argent afin de se procurer les livres, même les plus urgents, car, en deve- nant vieux, ses goûts se sont modifiés, et de nouvelles charges apparaissent, qui alors doivent passer avant l’instruction. Que de jardins occupant trois, quatre, cinq, meme six garçons jardiniers, chez lesquels on ne trouverait pas seulement (( l’ombre » d’un livre d’horticulture ! Tout à l’heure nous ferons voir qu’il faut non seulement des livres, mais surtout des journaux pério- diques d’horticulture. Le fond sur lequel devraient être com- posées les bibliothèques dont nous parlons est encore un peu léger. On trouve quelques très -bons ouvrages sur l’arboriculture, et l’on peut même dire que c’est à peu près la seule branche du jardinage qui présente des travaux bien étudiés, et dont le format et le prix soient à peu près convenables. Le Bon Jardinier et son volume de Gravures, ainsi que le Nouveau Jardinier illustré, le tome V de la Maison rustique du XIX*^ siècle sont d’excellents ouvrages élé- mentaires, mais dont le format déjà énorme ne peut être augmenté comme il devrait l’être pour étendre et approfondir davan- tage les parties qui n’y sont qu’effleurées. (1) Voii' Jtevue lim'HcoIr, 18^1^ p. 51. Les volumes de la Bibliothèque du Jar- dinier sont excellents, mais offrent en général trop peu de développement. Leur bas prix en est la raison sans doute ; mais au point de vue où nous nous plaçons, ce n’est pas suffisant, et il y a loin de là aux traités d’arboriculture, comme nous le di- sions plus haut. Cependant, telle qu’elle est, on ne peut que regretter que cette petite collection ne s’augmente pas. Des publica- tions, en tête desquelles nous pouvons citer la Bevue horticole, quelques autres de même genre, françaises et étrangères, belges surtout, ont une véritable valeur. A propos de ces publications, nous croyons que les journaux périodiques de ce genre ont une importance considérable par la rédaction du journal lui-même, mais sur- tout par leur arrivée régulière et attendue, qui tient en éveil la curiosité et ne laisse pas endormir le désir de connaître. En effet, les livres peuvent être lus en peu de temps, et selon leur valeur être mis de côté pour longtemps. Il n’en est pas de même d’un journal, qui a l’avantage d’être toujours nouveau, et forme petit à petit un fonds de renseignements et de connaissances, pré- cieux à consulter, en tenant le lecteur au courant de tous les faits qu’il peut avoir in- térêt à connaître. On a réimprimé, il y a quelques années, toute la collection du Moniteur universel depuis 1789, ce qui compose un nombre respectable de très-grands volumes. Quels sont ceux des amateurs ayant acheté cette publication qui ont seulement parcouru ces volumes ? Et cependant tous ces collec- tionneurs lisent tous les jours leur journal politique quotidien, parfois même plu- sieurs. Le même effet se produit pour tous les ouvrages périodiques comparés aux volumes. A Paris, le nom seul de la lÀbrairie agri- cole indique son genre de publication, dans laquelle l’horticulture est comprise. Quelques autres librairies en petit nombre s’en occupent également, mais exception- nellement ; tout cela, comme nous le disions, forme un fond assez mince, mais suffisant, en y ajoutant des journaux liorticoles. Mais à côté de ces ouvrages spéciaux à l’horticulture, que de choses inconnues 87 l’éducation dans le jaddinage. pour lui le jeune jardinier encore inexpé- rimenté ne rencontre-t-il pas ! Que de questions à résoudre, et qu’il faudrait sur- tout discuter en connaissance de cause devant le propriétaire peu porté aux dé- penses, par goût ou par système 1 Que de détails sur l’outillage, sur l’ organisation et l’administration des jardins, qui peuvent se soulever tous les jours ! Quel manque de notions sur tous ces travaux qui intéressent directement le jardin, sans être de la cul- ture proprement dite ! Et que de jardiniers, faute de ces notions, ont vu créer sans eux, et l’on peut presque dire pour eux, des jar- dins potagers ou d’autres parties d’utilité, avec tout ce qui peut être considéré comme de l’outillage, construction de serres, dis- position de chauffages, aménagement de bâches, distributions d’eau, etc., etc., tra- vaux exécutés ou plutôt dirigés la plupart du temps par des gens aussi étrangers au jardin qu’a ses travaux eux-mêmes ! Pour tous ces détails qui ont tant d’im- portance, il faut recourir aux journaux d’horticulture, où les renseignements cher- chés ne manquent pas précisément, mais sont disséminés dans une toule d’articles, par conséquent très-longs à trouver, et en tout cas impossibles à réunir facilement sous la main. L’instruction ne peut du reste se servir de tous ces articles semés un peu partout. Et plus tard, quel jardinier aura sous la main une collection à feuilleter, pour trou- ver un renseignement utile, ou même urgent à connaître? Où tiouve-t-on des propriétaires, même quelque peu amateurs, qui paient à leurs jardiniers des abonne- ments aux journaux horticoles? Malheu- reusement, il en est peu, et cependant com- bien ils auraient à gagner d’agir ainsi, de stimuler le zèle de leurs jardiniers qui, alors, s’exercerait uniquement pour leur avantage! Chose singulière ! on trouve peut- être plus de propriétaires qui envoient leur jardinier faire des voyages en Belgique, en Angleterre ou ailleurs, soit pour visiter des expositions, soit pour se rendre compte des établissement célèbres qu’on y trouve. Certes que ces voyages ont un excellent côté; mais en calculant ce qu’ils coûtent, et tout en en reconnaissant l’utilité, on peut trouver étonnant que l’idée de créer une bibliothèque pour le jardin ne vienne pas plutôt à l’esprit de l’amateur qui tient à ce que son personnel ne reste pas en arrière du mouvement progressif horticole. Que de livres utiles n’aurait-on pas pour le prix d’un voyage en Angleterre ! Disons du reste, pour être juste, que les voyages de ce genre sont rares, et tes cadeaux de livres encore plus. Quelle somme pourrait donc exiger la formation d’une bibliothèque composée de trente à quarante volumes, avec un ou deux journaux d’horticulture, ce qui paraît suf- fisant pour le but cherché, en attendant que des ouvrages sur tout ce qui n’est pas ex- clusivement horticole dans le jardinage viennent combler une large lacune dans l’éducation des jardiniers ? Une centaine de francs y suffirait largement, car il ne peut être question ici d’ouvrages tels que le Jardin fruitier du Muséum, par M. De- caisne et Qî®, ou les Promenades de Paris, par M. Alphand. Ouvrons ici une parenthèse sur la valeur relative des livres qu’on peut proposer ou qui sont les plus répandus, et posons cette question : comment se fait-il qu’on y trouve des différences aussi grandes, et qui sont parfois bien faites pour dérouter le débu- tant ? Voici un petit exemple qui nous a tou- jours frappé, et que nous trouvons dans le genre Prunus, pour l’espèce Padus, Prunus ou Cerasus Padus (Merisier à grappes). Ce n’est certes pas là une espèce rare ou peu connue ; on la trouve partout, et les jeunes garçons jardiniers, qui s’oc- cupent si peu maintenant de chercher à connaître les arbres d’ornement, connais- sent cependant pour la plupart ce bel arbuste. Dans le Manuel général des 'plantes, de Jacques et Hérincq, nous le trouvons décrit comme arbrisseau de 5-10 mètres fleurissant en juillet-août; le Nouveau Jardinier illustré le décrit à peu près de même, ainsi que M. Dupuis dans les Ar- bustes d' orneynent ; le Bon Jardinier le fait fleurir en mai. A côté, nous voyons le Manuel général des plantes faire fleurir le Pmmus Mahaleh (Prunier de Sainte-Lucie) en juillet-août, et les autres ouvrages cités ci-dessus en mai. Dans le même genre, nous voyons encore le Prunus (Cerasus) Virgi- niana (Cerisier de Virginie) décrit comme arbre de 10 mètres par le Maymel général; arbrisseau vigoureux de 5 à 6 mètres par le l’éducation dans le JAUDINAGE, 8S Bon Jardinier et le Nouveau Jardinier illustré, tandis que, dans son Traité d'ar- horicidture (édition de 1854), M. Dubreuil le mentionne comme arbre de 25 à 30 mètres, sur 2 à 5 mètres de circonférence. On voit l’effet produit sur l’esprit par ces divergences trouvées dans des ouvrages que nous pouvons appeler classiques ou élémen- taires pour le but dont nous nous occupons ici. La synonymie dans les classifications scientifiques spéciales est encore conce- vable, quoique déplorable par les résultats ; mais ces diflerences dans des descriptions si faciles à contrôler sont vraiment extra- ordinaires. On ne peut pourtant pas donner le Prodromus de De Gandolle à des jeunes gens de dix-huit ans, qui connaissent ô. peine le français. Mais revenons à la bibliothèque elle- même, et à ce sujet disons ; peut- on ob- jecter le peu de soins dont ces volumes seront l’objet? L’objection ne serait pas sérieuse, car ce qui est évident, c’est d’abord . qu’ils seraient lus et feuilletés de temps à autre et qu’il en résulterait un grand bien •; mais en mettant la responsabilité en jeu, on n’en perdrait aucun, surtout en dis- posant une pièce à part pour l’étude. Comme comparaison, et en considérant les constructions de fantaisie qu’on élève par- tout, et qu’on trouve dans les plus petits jardins comme dans les plus grands, on ne peut admettre qu’au point de vue pécu- nier ou économique, comme on voudra, l’idée d’une bibliothèque ne soit une idée sage et pratique dont la réalisation produi- rait des résultats doublement avantageux pour les jardiniers et surtout pour les pro- priétaires. Nous croyons malheureusement être encore assez loin d’une révolution de ce genre, quoiqu’il soit difficile de nier son utilité. Cette idée est encore bien dans l’enfance, car nous n’en connaissons qu’un ou deux exemples en voie d’organisation, et qui ne paraissent pas près d’acquérir de l’impor- tance, à en j uger par la lenteur avec laquelle ils se développent. Il serait cependant injuste de rejeter sur les propriétaires en général le manque de moyens d’étude pour le personnel des jar- dins. Peu au courant de la marche du tra- vail, de la progression des connaissances horticoles, ils ne sauraient être accusés de ne pas prendre là-dessus une initiative, car, ignorant entièrement l’importance de ces choses, ilsne peuventen prévoiries résultats. C’est donc plutôt aux jardiniers maîtres qu’il appartient de faire des démarches pour obtenir dans ce sens tout ce qui peut avoir de rutililé, au point de vue de l’étude, pour leurs jeunes élèves. C’est à eux seuls que revient l’initiative des demandes de ce genre à faire auprès des propriétaires, en comprenant tout l’intérêt qu’ils peuvent y trouver pour eux-mêmes, indépendamment de celui de leurs ouvriers. Ceux-ci se trouvent parfois tellement isolés par la posi- tion des maisons où ils travaillent, que l’en- nui seul peut leur faire désirer un change- ment quelconque. Le temps où le jeune homme considérait la position de garçon jardinier comme un apprentissage plus ou moins rétribué (souvent même pas payé) est a peu près passé. Le désir d’apprendre sous de bons chefs et dans des travaux choisis s’est transformé en la recherche de forts salaires. Puisque, dans l’état actuel, il de- vient impossible de retenir les jeunes gar- çons jardiniers quelque temps dans le même travail, aussi bien dans leur intérêt person- nel que dans celui du travail lui-même, il y a donc à chercher ce qui peut les attacher, les intéresser et les pousser vers l’étude, afin qu’ils y trouvent, en même temps que des connaissances qui leur manquent, des habitudes de stabilité qui deviennent de plus en plus rares. Nous croyons que l’avenir est là plutôt qu’ailleurs, sans pourtant nous faire l’illu- sion de croire qu’il suffit d’indiquer une route pour qu’elle soit aussitôt suivie. Le budget des jardins restera sans doute encore longtemps veuf d’un chapitre pour l’étude ; mais assurément on y arrivera, et l’intérêt qui s’y attache vaut la peine qu’on discute les moyens pour y parvenir. Le phénomène extraordinaire d’une grève de garçons jardiniers, arrivée dernièrem-nt à Paris, — car, avant qu’ils en prennent l’habitude, ce n’est encore qu’un phénomène heureusement fort rare dans le travail de la terre, — montre d’une manière certaine que le choix des travaux en vue de l’étude et des connaissances à acquérir par eux pendant leur jeunesse leur est absolument' indifférent, et qu’il ne reste guère que la recherche d’un salaire élevé. Les voilà *en train de s’assimiler à tous les groupes de travailleurs des grands centres, ouvriers POMMES, POIRES, CIDRES ET POIRÉS. qui ne sont plus des apprentis, mais des gens qui connaissent leur métier et qui, de plus, ont des familles à soutenir et des besoins que, en général, n’unt pas nos jeunes gens de dix-huit à vingt-quatre ans, et qui parfois sont à peu près complètement dépourvus de connaissances jar. Uniques. Lors de cette grève dont nous parlons, nous avons vu des jeunes gens quitter des mai- sons excellentes au point de vue du travail, pour aller gagner quelques francs de plus par mois chez les jardiniers-entrepreneurs, dont le travail consiste en nettoyages de 89 petits jardinets de ville, où ils n’ont rien à apprendre. Quelle conquête et quel pas en avant ! Il est toujours difficile d’arrêter un tor- rent ; mais il n’est pas toujours impossible de le diriger. Le mieux est donc d’en cher- cher les moyens, et si, pour le cas qui nous occupe, rinstruction comme nous l’enten- dons n’est pas le seul et unique remède à l’indifférence actuelle de beaucoup de jeunes gens pour le jardinage, elle en est au moins l’un des principaux. J. Bâtise. SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 10 FÉVRIER 1881 Apports. — Comité de culture potagère, — M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine, pré- sentait deux caisses de Pommes de terre d’une variété nouvelle dont il est l’obtenteur et qu’il a nommée Excellente naine. Cette variété, qui sort de la Royale Kidney, est très-hâtive et sur- tout très-remarquable par son nanisme. Sous ce dernier rapport on peut la comparer aux Pois très-nains, qui ne s’élèvent qu’à quelques centi- mètres du sol, caractère qui permet de la cul- tiver en rigoles comme on le fait des Pois nains. Aussi est-ce une précieuse acquisition pour la culture de primeurs. Ses tubercules très-régu- liers, lisses et unis, sont jaunes et n’ont que très-peu d’yeux. On doit donc, pour la planta- tion, la préparer comme on le fait de la Pomme de terre Marjolin. Au comité de floriculture, M. Poiret- Delan présentait quelques potées de Cyclamen qui, âgés de dix mois, étaient relativement très- forts, ce qui démontrait la bonne culture à laquelle on les avait soumis. Ajoutons que les fleurs étaient également remarquables tant par la couleur que par les dimensions. — M. Millet, déjà nommé, avait apporté deux forts bouquets de Violette de serais, remarquables par la grandeur et le coloris des fleurs, — Mais la plante la plus intéressante était sans contredit un Bégonia de semis, apporté par MM. Robert et Couturier, horticulteurs à Chatou (Seine-et- Oise). Le pied présenté, haut d’à peine 40 cen- timètres sur une largeur au moins égale, était littéralement couvert de fleurs blanc rosé, dis- posées en très-fortes ombelles semisphériques. Cette plante qui, d’après le présentateur, est issue d’un Bégonia tubéreux, et qui paraît être dépourvue de tubercules, a, pour cette raison, soulevé de nombreuses objections. Certaines personnes ont dit qu’elle est très-voisine du Bégonia Lapeyrouseana; mais d’autres ont fait remarquer que ce dernier fleurit très-peu et seulement l’hiver, ce qui est le contraire de la plante présentée par MM. Couturier et Robert, qui, d’après ces derniers, est toujours en fleurs l’hiver dans une serre chaude et l’été en plein air, où elle fleurit sans discontinuer. D’après ces horticulteurs, cette espèce, qui pousse très-bien en pleine terre, serait précieuse pour l’ornementation des jardins pendant l’été. Quoi qu’il en soit, la plante dont nous parlons est très-méritante; nous nous proposons de la suivre et de la faire connaître d’une manière plus complète. POMMES, POIRES, CIDRES ET POIRES Notre collaborateur, M. Boisselot, nous adresse la lettre suivante : Monsieur le Directeur, Voulez-vous permettre au fils d’un plan- teur de Pommiers, et à un amateur de cidre, de venir dire un mot au sujet de la plantation des arbres fruitiers à cidre ? Ce n’est pas sans avoir quelque autorité, ainsi qu’on va le voir, que je vais traiter un peu ce sujet. Mon père, en effet, avait sa propriété sur la limite d’un département où finit le vin et ou commence le cidre, dans une com- mune où l’on récolte à peu près autant de l’un que de l’autre. Elle était située dans la Loire-Inférieure ; — la rive gauche de la Loire est plus spécialement affectée à la 90 LYSIMACHIA BRACHYSTACHYS. culture de la Vigne, et la rive droite, en grande partie, est garnie de Pommiers et de Poiriers à cidre. Je commence par dire qu’il y a plusieurs espèces de cidre, trois surtout : 1® le cidre de Pommes ; 2° le cidre de Poires (poiré) ; 3o le cidre de Cormes. 1» Le cidre de Pommes peut aussi se diviser en trois variétés : le cidre doux, le cidre amer, le cidre intermédiaire. Sur la rive gauche de la Loire, on récolte quelque peu de cidre doux et sucré, mais qui ne se conserve pas ; il est sujet à la c( graisse. » Il est confectionné avec des Pommes à couteau. Dans la Basse-Bretagne, on récolte du cidre fait avec des Pommes amères qui lui donnent un goût quelquefois aussi amer que celui de la bière. Enfin, dans beaucoup de localités, on fabrique un cidre à goût intermédiaire, en employant des Pommes en mélange. Le cidre amer est certainement le plus sain, celui qui se conserve plus longtemps et qui se vend le plus cher. Mais les per- sonnes qui ne sont pas habituées à cette boisson, ou qui ne boivent du cidre que comme un régal, préfèrent le cidre doux. Dans tous les cas, les Pommiers les plus avantageux à planter sont ceux à fruit petit. Ils produisent plus et plus sûrement. 2» Le cidre de Poires (poiré) est beau- coup plus fort, plus dur que le cidre de Pommes. C’est à ce point qu’il y a quel- ques années, le vin ayant manqué, on voulut faire entrer en ville certaines quan- tités de poiré, ce qui occasionna beaucoup de difficultés aux octrois, les employés s’obstinant à le prendre pour du vin. Les Poires employées à la confection du poiré sont toujours acides ou amères, im- mangeables. Il y en a quelquefois d’as.sez grosses ; mais, comme pour les Pommes, les variétés à fruits petits sont plus pro- ductives. J’ai vu des Poiriers qui ont donné jus- qu’à trois barriques de cidre (environ neuf barriques de Poires) dans certaines années. 3® Le cidre de Cormes (pure goutte) est une exception. Après quelques années, c’est un régal. Quant à l’espèce de cidre fait avec des Pommes séchées, tout le mondé le connaît ; ce n’est qu’une boisson infé- rieure. Veuillez, etc. A. Boisselot. LYSIMACHIA BRACHYSTACHYS Plante vivace, à tiges droites, raides, attei- gnant 30 à 50 centimètres environ de hau- teur, fortement villeuse dans toutes ses parties. Feuilles alternes, étalées, sessiles ou très-courtement atténuées en un large pé- tiole, longues de 8-12 centimètres, larges de 2-3, épaisses, dures au toucher, étroite- ment lancéolées, parfois légèrement fal- quées, à nervure médiane très-proéminente en dessous. Fleurs excessivement nom- breuses, d’un très-beau blanc, disposées en un long épi terminal, rapprochées, soli- taires sur un pédicelle villeux long de 8-10 millimètres, à l’aisselle duquel se trouve une bractée persistante; calice à divisions lanugineuses. Corolle quinqué- partite, à divisions longuement ovales-ar- rondies; étamines courtes, à filets blancs. Style persistant. Le Lysimachia hrachystachys, Bunge, est d’une rusticité complète, vigoureux, pas délicat, et pousse à peu près partout. C’est une plante d’un grand mérite, qui s’accom- mode des lieux marécageux ou au moins humides, et qui convient parfaitement pour orner le bord des eaux. L’espèce est nouvelle; nous l’avions remarquée pour la première fois dans la magnifique collection exposée au Champ-de-Mars, à Paris, par M. Bégel, en 1878. Sa floraison, qui commence dès le mois de juin, se continue pendant très-long- temps, surtout si la plante est « maintenue à l’eau » et que l’on ait soin de supprimer au fur et à mesure les parties qui ont fleuri. Coupées et mises dans l’eau, les tiges conti- nuent à épanouir leurs fleurs pendant très- longtemps, et y développent même de nou- veaux bourgeons. C’est donc une plante également avantageuse pour la confection des bouquets. On la trouve chez M. Gode- froy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil (Seine-et-Oise). E.-A. Carrière. //orf^ro/e. \'îar\Z. -.iéi - 'h-or^U'h.'À - G- S-ZViJ't L ifsi in a i‘h la ht 'a l 'h ijsii i ch //. v. obsehvations suk la germination des graines. 91 OBSERVATIONS SUR LA GERMINATION DES GRAINES Le phénomène de la germination est peut-être un de ceux qui, en horticulture, sont les plus incompréhensibles. Il présente quelquefois des faits si extraordinaires que l’on hésiterait certainement à y croire s’ils ne nous étaient positivement démontrés par l’expérience, et si l’on n’en était pas soi- même témoin. Certaines graines exigent d’être semées immédiatement après leur récolte ; d’autres peuvent se conserver presque indéfiniment. Certaines graines germent quarante-huit heures après leur semis ; d’autres ne lèvent qu’après plusieurs mois. Ces exemples sont connus, et pour les expliquer un professeur de physiologie végétale ferait intervenir la dureté de la coque ou la conformation de la graine, et tout le monde trouverait cette explication satisfaisante. Mais ce qui, à notre avis, serait plus dif- cile, ce serait de donner l’explication ration-* nelle des faits que nous allons exposer : Chacun sait qu’il est des graines qui, semées un jour, prospèrent admirablement, tandis que, semées la veille ou le lende- main, il en est tout autrement. Parmi celles- là, une des plus connues est la Carotte qu’on a la mauvaise habitude, à Lyon, d’appeler racine jaune, alors même que la plupart du temps elles sont rouges. Nous vendîmes une fois des graines de Carotte nantaise à un bon cultivateur de nos environs, qui en sema la moitié de son sac un jour et l’autre moitié quelques jours après, et qui nous dit plus tard que si, au lieu d’avoir pris sa provision en une seule fois, il l’eût prise en deux, il aurait affirmé avec conviction que la seconde fois nous l’avions trompé, parce que les graines n’avaient presque pas germé, tandis que la première fois elles avaient très-bien réussi. Quand ce cas se présente, et il n’est pas très-rare, les uns mettent la faute au compte de la pluie, les autres à celui du soleil, de la lune, du hâle, etc. Le cultiva- teur dont nous parlons eut le bon sens de dire qu’il ne savait à quelle cause attribuer ce résultat. D’ailleurs, ce qui démontre bien que ni la pluie, ni le soleil, ni la lune n’ont une ac- tion là-dessus, du moins dans certains cas, c’est l’affaire suivante, qui nous est arrivée à nous-même en 1879 : A cette époque nous fîmes bêcher un carré de terrain qui fut divisé en trois planches parallèles et contiguës, que l’on ensemença de Carottes nantaises le même jour, et absolument dans les mêmes condi- tions. Dans une de ces planches, le semis réussit si bien qu’il fallut l’éclaircir ; dans celle du milieu, la germination fut exac- tement ce qui était nécessaire; enfin, dans la troisième, le semis ne réussit à peu près pas du tout. A quoi tenaient ces différences? Le temps pendant lequel on semait n’était-il pas le même? Si. Les graines étaient-elles de plusieurs provenances ? Non. D’une autre part, rien ne gênait la germination, ni ne facilitait la multiplication des insectes, ni ne leur offrait de protection. Voici encore un autre fait tout aussi sin- gulier : Un semis nécessaire pour nous procurer les plants qui devaient composer cette belle collection de Laitues que nous avons ex- posée à Lyon, en 1880, fut fait dans une même planche ; une soixantaine de variétés furent semées dans le sens de la largeur, les unes au-dessous des autres. Au bout de quelque temps, nous remarquâmes avec un certain étonnement que le semis avait par- faitement réussi sur un des côtés de la planche et pas du tout de l’autre, de sorte qu’elle se trouvait partagée en deux parties bien tranchées, dans l’une desquelles le.s plants étaient tellement nombreux qu’on n’apercevait pas la terre, tandis que dans l’autre ils manquaient à peu près complè- tement. Chaque graine a une durée germinative spéciale qui varie selon l’espèce, mais qui, dans ces espèces, est constante. .Tout le monde sait cela ; mais nous ne croyons pas que, jusqu’à ce jour, on se soit aperçu que cette faculté germinative pouvait subir une interruption, un arrêt après lequel elle reprend avec tout autant de force qu’aupa- ravant. V oici pourtant un fait qui nous est arrivé et qui semblerait démontrer le contraire. Il porte sur une variété de Laitue que nous 92 LES CATALOGUES. possédons, que nous nommons Laitue de Néris et qui est d’un très-grand mérite. Nous la vendîmes une année, avec deux ans d’âge seulement (on sait qu’à deux ans, et même à trois, la graine de Laitue germe parfaitement); pourtant bon nombre de personnes vinrent nous prévenir, quelque temps après, que cette graine ne germait pas. Nous l’essayâmes à notre tour; la réussite ne fut pas meilleure. Nous fermâ- mes immédiatement le sac et cessâmes de la vendre. Ce qui nous contrariait le plus, c’est qu’à cette époque, comme maintenant, du reste, cette Laitue ne se trouvait pas dans le com- merce. Nous étions les seuls à la posséder, et si la graine que nous avions n’eût rien valu, c’en était fait de cette variété, qu’il eût été réellement dommage de perdre. L’année suivante, et malgré que la graine avait un an de plus, nous voulûmes tenter un dernier effort. Ayant porté ce qui nous en restait à notre jardinier, nous lui recom- mandâmes de la semer très-épais, sur un tas de terreau, n’en dût-il germer qu’une seule plante, de façon au moins à sauver la variété, ce qui fut fait. Mais alors, et con- trairement à nos prévisions, pas une graine ne manqua. Le fait est authentique ; nous l’affirmons, mais ne l’expliquons pas. A quoi tient ce phénomène ? Nous l’igno- rons. D’autres l’expliqueront peut-être; quant à nous, nous nous contentons de le constater. Rivoire père et fils, Marchands-grainiers, 16, rue d’Algérie, Lyon. Les faits qui viennent d’être cités sont assuré- ment remarquables,, mais n’ont pourtant rien qui puisse étonner, puisqu’ils sont conformes à tous ceux qu’on voit : ce sont des conséquences fatales. Ils résultent de ce fait qu’on ne peut nier, qu’on invoque même souvent, mais sans s’en rendre compte : que dans la nature il n^y a paSj il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais deux choses identiques. On pourrait donc, en culture, faire, à propos de tout, des remar- ques analogues. Pendant plus de quarante ans que nous avons fait du jardinage et dans toutes les parties, jamais, soit dans nos expériences, soit dans nos travaux ordinaires, nous n’avons obtenu deux choses identiques, et nous avons cela de commun avec tout le monde. L’identité que l’on croit parfois exister vient de ce qu’on n’observe que très-superfi- ciellement ; absolue, elle n'existe jamais ! Parmi l’innombrable quantité de faits ana- logues à ceux que citent MM. Rivoire, on voici deux qui ne manquent pas d’intérêt. — Nous avons semé des noyaux du Pêcher de la Chine à fruits plats, et pendant cinq ans nous en avons vu germer quelques-uns chaque année. Pour- quoi? — Pendant plus de vingt ans, au Mu- séum, nous semions chaque année des graines de Gleditschia triacanthos que nous récoltions tous les ans sur le même arbre, et toujours il en levait successivement pendant une série de cinq à six années. Gomment donc se fait-il que une année, en 1867, croyons-nous, toutes les graines d’un semis levèrent en quinze jours ? Pourquoi encore ? Ce que nous venons de dire n’enlève en rien l’importance des faits rapportés par MM. Rivoire père et fils ; au contraire, cela en fait ressortir la valeur. La question reste donc entière ; ça la con- firme, mais sans la résoudre (Rédaction. J LES CATALOGUES Frœbel etC»®, horticulteurs à Zurich (Suisse). Graines de fleurs et de plantes potagères. Col- lections de Pommes de terre et de tubercules ou rhizomes divers. Graines de plantes an- nuelles et vivaces, de Graminées ornementales, de plantes alpines, etc. Citons parmi les nou- veautés : Hypericum leprosum, Pyrethrum aureum selaginoïdes, Syneilesis aconitifolia, Tropæolum Lohhianum cardinale, etc. — Adolphe Weick, horticulteur à Strasbourg (Alsace), publie un prix-courant pour le prin- temps 1881, relatif à un choix de Dahlias et de graines de fleurs qu’il est à même de fournir. Dans les nouveautés, qui comprennent des plantes de différents genres, nous remarquons les sui- vantes : Cleome sesquiorgialis, Collinsia can- didissima et violacea, Iheris hybrida nana, Scabiosa major candidissima, etc. — V. Lemoine, horticulteur, rue de l’Étang, à Nancy. Supplément propre aux nouveautés actuellement en vente : Pélargonium zonales à fleurs pleines, 4 variétés; 7 Chrysanthèmes; 9 Penstemons; Primula cortusoïdes, 3 va- riétés ; un Glycine frutescens albo lilacina ; Syringa vulgaris r libella plena, magnifique variété à fleurs pleines et dont il est l’obtenteur. Inutile de dire que cet établissement est à même de fournir des collections nombreuses et variées en tous genres. — Thiébaut- Legendre, horticulteur mar- chand grainier, 8, avenue Victoria, Paris. Graines potagères diverses, idem de graines POUHPIER tubp:heux 93 fourra j^'ères, graminées et autres, Gollecliuns de graines de fleurs, Fraisiers, Glaïeuls ; nou- veautés variées ; Bégonias tubéreux et collec- tion de Delphinium (jrandijlorum (37 va- riétés); idem d’Ancolies (12 variétés). Plantes diverses ornementales, etc. Dans la section des plantes méritantes se trouvent compris les Œil- lets grenadins. {Rev. hort., décembre 1880,) — Uivoire père et fils, grainiers-horticul- teurs, 16, vue d’Algérie, à Lyon. Supplément })our 1881 des graines de légumes, de fleurs, de ])lantes potagères et fourragères diverses, graminées et autres. Oignons, tubercules et rhizomes à fleurs : Amarijllis, Bégonia, Ané- mones, Dahlias, Amorpho phallus, Renon- cules, etc. — A. Lecaron, marchand gralnier liorticul- teur, 20, quai de la Mégisserie, Paris. Cata- logue général |)our 1881. En tète, un supplé- ment a des, belles plantes récemment mises au commerce et de quelques nouveautés. » Graines de plantes ])otagères, de plantes offici- nales, de fleurs, de plantes économi(jues, de plantes fouri'agères, d’ai'bres et d’arbustes. Oignons, grifles, rhizomes et tubercules à fleurs, etc.. Glaïeuls. Parmi les diverses circu- laires spéciales qui se trouvent avec ce cata- logue, citons celle qui a rapj)ort à l’établisse- ment des gazons et des ])rairies, qui indique, suivant les sols, les espèces qu’il convient d’adopter, les mélanges à faire et les quantités de graines qu’il convient d’employer. POtJËPlÈR TÜBÉREtJX C’est grâce aux recherches incessantes de M. Paillieux que nous devons l’intro- duction du Pourpier tubéreux (Portulaca tuberosa, Roxb.) dans les cultures pota- gères (fig. 25). Cette plante, qui croit spon- tanément au pied des Cordillières, était mê- me tout à fait incon- nue en Europe avant que M. Paillieux en ait parlé. Plusieurs fois ce zélé amateur en a présenté soit dans les expositions, soit à la Société cen- trale d’horticulture de France, et c’est d’a- près un de ces échan- tillons qu’a été faite la figure que nous re- produisons ci-contre. Voici ce qu’en dit M. Paillieux dans le Journal de la Société centrale d'horticul- ture de France (1879, pp. 584-594) : .... Elle croît incon- nue ou négligée au pied des Cordillières, et nous ne saurions mieux faire que de reproduire ce qui s’y rapporte dans des lettres de l’un de nos correspondants : « J’ai été obligé d’attendre le 26 janvier pour vous envoyer une variété de Pourpier tubercu- leux, croissant à l’état sauvage près des mon- tagnes arides des An- des, Voici son histoire. Je fus frappé de voir un champ couvert d’une fleur violette, très-gran- de pour une plante naine. J’en récoltai quel- ques pieds en 1875, et je les plantai comme plante d’agrément. Quel- le fut ma surprise lors- qu’au mois d’avril je trouvai des tubercules d’une forme allongée, d’une longueur de 6 cen- timètres et de la gros- seur du doigt ! J’en cou- pai un dont la chair me parut grasse. Je fis cuire des tubercules dans la cendre, et je leur trou- vai un goût exquis. Je cultivai le Pourpier tu- béreux en 1877, et j’eus la satisfaction d’obtenir des tubercules beau- coup plus gros que les premiers récoltés. « Ce Pourpier végète dans des sables secs et brûlants. Les plus mau- vais terrains siliceux lui conviennent. » Le même correspon- dant, dans une lettre en date d’avril 1878, ajoute ce qui suit : « J’ai ob- tenu cette année de très-beaux tubercules de Pourpier. Quelques-uns ont atteint une lon- 25. — Pourpier tubéreux, de grandeur naturelle. 94 VISITE A LA VILLA TOUKASSE. gueiir (le i2 centimètres sur 8 centimètres de circonférence. J’ai donc une amélioration très- sensible sur mes cultures, puisque j’ai doublé le volume des tubercules en une seule année. J’en ai fait cuire un quaiJ d’heure à l’eau bouil- lante ; je les ai sautés au beurre : c’est un plat excellent. J’en fais cuire dans la cendre, que je mange seulement avec du sel : le goût en est exquis. Je vous envoie des graines de ma cul- ture et d’autres de la plante spontanée. Voici quelques ex})lications ; le Pourpier sauvage croît dans du sable sec. Ainsi, je vous recom- mande d’en semer dans du sable pur ou dans une terre très-sableuse. Je crois que cette plante préfère la mauvaise terre au terreau. Dans le terreau, elle végète avec une admi- rable vigueur ; elle fleurit abondamment, mais ses tubercules l’estent petits. Je vous donne ces détails pris sur mes expériences. Les meilleurs résultats sont obtenus dans du sable tenu légè- rement frais. Exposition au grand soleil. » A ceci nous ajoutons que, à part ses ra- cines renflées et féculentes, le Portidaca tuberosa est à peu près identique au Portu- laca grandiflora, dont il n’est certainement qu’une forme locale. Ses fleurs très-grandes. d’un violet rosé, se succèdent pendant plus de trois mois; quartt aux feuilles et à la vé- gétation, il y a également une identité presque complète. La seule différence con- siste dans la tubérosité de la souche qui, alors, est de nature à constituer un aliment, mais qui aussi, au point de vue scientifique, transforme la plante qui devient tubéreuse, et peut former une section particulière dans le groupe où, jusqu’ici, pas une espèce, que nous sachions du moins, n’a ce caractère. Cette tubérosité augmentera-t-elle? et ob- tiendra-t-on des variétés chez lesquelles ce caractère sera plus prononcé? Nous ne sa- vons ; mais si l’on ne peut affirmer, le con- traire non plus n’est pas démontré. 11 est donc permis d’espérer. Quoi qu’il arrive, nous avons cru devoir a prendre date, » de manière, en constatant le point de départ, de bien faire ressortir le chemin parcouru, ce qui permettra plus tard de faire l’his- toire de la plante, et de servir la science et la pratique. E.-A. Carrière. VISITE A LA VILLA TOURASSE^*^ Semis des graines. — A ses débuts en ar- boriculture. M. Tourasse achetait les plus beaux fruits sur les marchés de Bordeaux, de Tou- louse, de Marseille, pour en semer les graines. Aujourd’hui son clos, planté d’espèces de choix recueillies dans les cinq parties du monde, lui fournit suffisamment sa provision. Les salons de la maison d’habitation sont trans- formés en fruiteries où chaque sorte, placée avec ordre, achève sa maturation et mûrit sa semence Le fruit étant arrivé à point, le semis sera fait immédiatement. Le pépin ou le noyau, la graine enfin est semée dans un pot de 16 centimètres de dia- mètre. La terre est un compost, préparé à l’avance, de fumier consommé mélangé de moitié terre, manié, remanié de terups en temps, pendant plusieurs mois, de telle sorte (jue, au moment de son emploi, c’est un véritable terreau. Chaque potée contient 50 pépins au plus. Bien qu’une Poire ou une Pomme ne se re- produise point identiquement par ses pépins, il n’est jamais semé deux variétés différentes dans le môme vase. Une étiquette et des regis- tres d’observations portent le détail du travail, sa date, l’origine de la semence, etc. Désormais, rien ne sera livré au hasard; tout sera étudié et observé. Le semis est recouvert d'un paillis, et les pots sont aussit(jt placés sous un grillage mé- tallique formant cage, qui les protège contre les mulots, et en même temps contre les vers ou lombrics. Dès que la germination commence, les pots sont mis en plein soleil. Des bassinages modé- rés favorisent les ^(remières évolutions de la plante. Les cotylédons se sont ouverts ; la première feuille s’est épanouie, puis la seconde, puis la troisième ; il faut se mettre en mesure pour le repiquage. A l’apparition de la quatrième feuille, nous disait M. Tourasse, la radicule se lignifie en pivot, et le collet se durcissant ne laisserait plus percer les racines latérales. C’est le moment psychologique de la première re- plantation. Repiquage du plant. — Le repiquage com- prend deux opérations successives : d’aboi*d le repiquage en pot quand le semis est à sa qua- trième feuille, ensuite le repiquage en pleine terre, en panier, lorsque le plant a 15 centimè- très de longueur. Le repiquage en vert est un point important de l’éducation primaire (le la plante. Repiquage en j)ot. — Celte première opé- ration se pratique dans des pots de môme (1) Voir Revue horticole, 1881, p, 74. VISITE A LA VILLA TOUHASSE. 95 calibre que celui des semis (IG centimètres) et avec le même compost ou terreau ; mais, pour le repiquage, un seul plant est })lacé dans chaque pot. C’est donc à l’apparition de la quatrième feuille au-dessus des cotylédons que l’on ex- trait le jeune semis, pour l’isoler et lui fournir ses premiers éléments de vigueur et de rus- ticité. Tout plant qui ii’a pas sa troisième feuille est rejeté, l’expérience ayant démontré qu’il resterait toujours chétif. En empotant le jeune semis, on coupera, avec des ciseaux bien affüés, la radicule au tiers de sa longueur, souvent plus, et même jusqu’à la naissance des radicelles latérales déjà bien développées. Le repiquage en pot se fait à l’abri du soleil et du vent. Los pots sont placés provisoirement en planches et abrités du soleil et des orages par des panneaux mobiles en bois léger. Après la reprise, qui s’annonce par le développement de nouvelles feuilles, les pots sont enterrés côte à cote dans des plates-bandes. Les soins ordi- naires sont continués jusqu’à ce que les sujets aient atteint 15 centimètres de hauteur. Repiquage en pépinière, — Ce deuxième repiquage se fait en pleine terre ; mais on y affec- tera des paniers de 25 centimètres de diamètre, si l’on craint le ravage des vers blancs. En enlevant le jeune plant de son pot, on raccourcit de quelques millimètres l’extrémité des racines, et le pivot lui-même de quelques centimètres, s’il s’est reformé et allongé. Ici encore, on rejette tout sujet malingre qui ne saurait offrir aucune espérance. Pour le repi- quage en pépinière, on emploie un terreau ana- logue à celui du semis. Le plant (avec son panier, s’il en est fait usage) est placé en plates-bandes ou en planches à 30 centimètres sur 40 centimètres d’écartement. Le tout est recouvert d’un paillis. Le succès de cette deuxième opération est fa- vorisé par l’abri d’un hangar couvert, mais non fermé, large de 22 mètres sur 20 mètres de profondeur, roulant sur rail, et amené de sa place ordinaire par trois hommes à l’aide de pinces appliquées à chaque roue. Le hangar préserve la terre à l’avance — et pendant l’o- pération — de la pluie qui la rendrait non maniable, en même temps qu’il abrite les ou- vriers des intempéries. Une fois le plant repris, ce qui s’annonce par la formation de nouvelles feuilles, le hangar est ramené au lancer, et les soins ordinaires de culture se continuent jusqu’au mois d’octobre. Ainsi traité, le jeune sauvageon grandit et s’élève à une hauteur de 1 mètre à Im 50. Nous l’avons constaté sur des milliers de plants d’es- sences fruitières ou simplement ornementales. Lorsque nous aui'ons dit que le Fusain du Japon, Evonymus japonica, atteint cette taille en une année, et 2 mètres en deux ans, les hommes du métier comprendront que le cas doit être moins rare avec le Poirier, le Pom- mier, le Prunier, le Pêcher, le Cerisier, l’Abri- cotier, la Vigne, l’Érable, le Cytise, le Chalef, le Maclure, etc., et semés dans ces conditions. Nous avons mesuré, parmi les semis de l’année, des Cognassiers de I mètre, des Pê- chers de 2 mètres, un Reine-Claudier de 2“ 50, et parmi les semis de deux ans des Cytisus laburnum, hauts de 2m 50, ayant fleuri, La grosseur delà tige est proportionnée à sa hauteur. Plantation en pleine terre. — A l’automne, lors de la chute des feuilles, a lieu la planta- tion définitive en pleine terre. Le sol a été bien préparé; les trous sont espacés de Jm 30 sur des rangs de 1™ 80 d’in- tervalle; le compost déjà indiqué est amené à proximité des- ti-ous. On enlève avec soin le jeune plant de la pleine terre, ou du panier s’il en a été employé, et l’on rafraîchit encore les racines en taillant leurs extrémités. Elles forment déjà une cou- ronne chevelue et vont se ramifier à nouveau ; ce nouveau raccourcissement leur fera perdre les caractères habituels du tronc pivotant du Poirier franc, ' ' ' En plantant, on apporte .ti’ois pelletées de terreau par sujet, et... c’est fini. Le sol ayant quelque fraîcheur naturelle, le paillis devient inutile ; les labours habituels suf- firont. Point de fumure, pas d’arrosage, aucune taille, pas le moindre coup de serpette. Le jeune sujet grandit de 1 mètre environ tous les ans, et à mesure qu’il s’élève, les nouveaux rameaux de la jeune flèche perdent le type sau- vage des branches initiales ; les symptômes pré- curseurs de la fructification s’annoncent. Fructification des jeunes semis. — Les diverses opérations que nous venons de décrire d’une façon sommaire ont, croyons -nous, fait devancer l’adolescence du sujet et favorisé sa mise à fruit. Ainsi, les semeurs constatent que la fructifi- cation de l’égriri commence, en moyenne, à l’àge de huit à quinze ans, parfois à vingt ans. Un des semeurs les plus heureux de notre temps, qui, depuis 1830, choisit les plus beaux pépins des meilleures Poires d’hiver pour les confier au sol, M. Grégoire, de Jodoigne, nous montrait avec joie un Poirier de semis qui avait fructifié à cinq ans. Fait sinon unique, mais très-rare, — Eh bien ! cher auteur de la Nouvelle Fulvie, du Beurre Del fosse, de Hélène Grégoire, M. Tourasse a mieux que cela! Une Poire sur un semis de deux ans; nous l’avons vu, de nos yeux vu : c’est l’œil ter- minal d’un semis du Poirier japonais de VisîtE A La ViLla foüUASsË. 9(’) Siebold qlii a produit cette rdreté^ ndus allions dire ce phénomène. M. Tourasse espèj-e ell ob- tenir sur un semis d’un an !... Uidéal... Ah ! celle-là, ce sera une es})èce précoce et féconde, trop précoce, trop féconde peut-être. Mais ne désespérons pas; avec la persévérance du maître et ses minutieuses investigations, le bouton à fruit qui couronne la brindille des William, des Duchesse, des Clairgeau, pourrai bien couronner un plant de six mois de la villa Tourasse !... D’ailleurs, cette fructification à l’àge de deux ans du semis s’est déjà produite là-bas, pour un tiers, dans un champ de Vigne, Vitis vinifera, composé de 250 jeunes ceps obtenus de graines. A propos des Poiriers japonais, dont on con- naît les gros rameaux couleur noisette et les feuilles larges Ooinme celles du Peuplier, c’est le cas de citer le semis de 600 pépins de cette race plus curieuse que comestible. Les plants de l’année, hauts de 1m 50^ n’ont pas tous conservé la physionomie de leurs parents ; il y a mélange avec notre espèce indigène. Par contre, un Poirier William, voisin des Poiriers Daïmyo et Mikado, a reproduit, par ses propres graines, des plants plus ou moins « ja- ponisés ». Il y a eu croisement, métissage. At- tendons la fructification. Nous rappellerons qu’en 1876 M. Tourasse envoyait à Paris une belle Pomme récoltée sur un semis de trois ans, et cette Pomme jetée dans le camp.... non, envoyée au comité d’ar- boriculture de Paris, devint le signal de Tétude de la méthode Tourasse. Verger des semis; leur greffage. — C’est un coup d’œil à ne pas oublier que celui du verger des semis. Là, se voient douze mille Poiriers, méthodiquement alignés, pleins de vigueur, jeunes et couverts de fruits. On a souvent supposé que la production frui- tière d’un semis pouvait être hâtée par le gref- fage d’un de ses bourgeons sur un arbre plus âgé ou déjà en rapport ; mais on oublie que si Ton prend le greffon à Vâge enfance de l’égrin, on reproduira son état épineux ; la jeune greffe subira les phases subies par l’étalon qui doit perdre son caractère sauvage en arrivant à Vâge adulte. On augmente donc les chances de production sans en hâter l’élaboration. Le système Tourasse est soumis aux mêmes lois naturelles; toutefois, la période du premier âge étant abrégée, on pourra prendre des rameaux greffons sur un égrin relativement plus jeune. M. Tourasse a tellement compris les conséquences du choix des greffons qu’il a le soin de prendre ses bourgeons-greffons sur la flèche de l’égrin ou au-dessus des yeux â fruit des branches. Ce sont des rudiments fruc- tifères qu’il porte sur l’arbre étranger. Si la première production a des indices d’a- venir, le jardinier en grelfera l’espèce sur des Cognassiers ; c’est ainsi que nous avons vu uner p'ép'iiiière’ de Poiriers, vierges encore, mais portant dans leur faciès des promesses j)Our nos jardins et vergers. Des contre-espaliers com- ])Osés de 230 variétés inédites, par deux sujets de chaque sorte, dressés en U, ne tardei-ont pas â en confirmer l’augure. M. Tourasse a trouvé le moyen de hâter la tnise â fruit par le greffage sur jeune plant (le Poiri(‘r franc, aussi bien que par la greffe sur Cognassier ; c’est en employant, à titre de sauvageons, des plants obtenus par sa méthode de repiquage en pot et en pleine terre ou en .panier, et de la taille des racines. L’écusson- nage se fait dans la même année, en août- septembre, sur ces plants qui ont été soumis au repiquage. Nous signalons ce procédé aux arboriculteurs qui désirent la précocité de la fructification dans la culture du Poirier greffé sur franc. Cherchant théoriquement la solution du pro- blème, Sageret recommandait, en 1830, le gref- fage d’un Cognassier sur le sauvageon, puis une seconde greffe de P.oirier sur le Cognas- sier. Quarante ans plus tard, Auguste Rivière a repris cette idée ; la pratique n’en a pas c.on- firmé les espérances hypothétiques. On serait donc en droit d’affirmer que le système Tourasse a pour conséquence d’abréger la jeunesse de l’arbre, pour le conduire plus vite à l’âge nubile, sans nuire â la maturité ni â la vieillesse de la plante. L’expérience n’a pas encore permis de préciser une opinion sur ce dernier point. Mais enfin, le but principal de l’étude des semis, c’est-â-dire la fructification devancée de plusieurs années, a fourni des preuves nombreuses et indéniables. Nous sommes également en mesure d’affirmer que sur une aire aussi vaste, il ne s’est pas ren- contré le moindre cas de pléthore juvénile, ni de caducité prématurée. La méthode de M. Tourasse est une révolu- tion logique et rationnelle dans le travail du semeur. Nous ne saurions quitter le chapitre du gref- fage sans citer une perle de la villa Tourasse : la greffe du Poynmier sur Cognassier. Une dizaine de Pommiers, d’espèce hâtive, ont été écussonnés, il y a deux ans, sur des Cognas- siers. Ils ont 2 mètres de hauteur ! Le greffage des arbres nous ménage encore bien des sur- prises. Ainsi le Poirier se greffe sur le Cognas- sier, et quelquefois sur le Pommier; jamais le Cognassier et le Pommier n’ont réussi sur le Poirier. Maintenant voici le Pommier qui s’allie au Cognassier (tous végétaux de la famille des Pomacées) ; c’est un fait nouveau à ajouter â V Art de greffer. Les Vignes américaines. — Avant de partir, nous voulûmes visiter la collection des Vignes américaines, types et semis. Hélas! en 1876, le HUSTIGITÉ DE UUELUUES l’LANTES DE SEUUE. 97 comité de vigilance du phylloxéra en ordonnait la destruction. N’ai-je }>as entendu dire que l’un des auteurs de Vaulo-da-fé, au moment de la condamnation des cépages, en sollicitait des boutures pour un vignoble de famille? Ne soyons pas indiscret... mais hâtons-nous d’ajou- ter que cette requête, au moins singulière, fut l epoussée avec énergie ! Toujours est-il que si les mères eussent été conservées, il y serait })eut-étre né quehiue hybride résistante, aussi bien qu’au jardin bota- nique de Bordeaux ou aux Etats de l’Amérique du Nord Dans son rapport a la commission supérieure du phylloxéra, M. Eugène Tisserand, l’hono- rable directeur de l’agriculture, constate, en 1880, l’invasion pbylloxérique des Basses- Pyrénées. N’est-ce pas le signal de l’amnistie des cépages expulsés? Notre excursion est terminée ; nous y revien- drons un jour, car cette propriété hors ligne est une mine inépuisable de découvertes et de perfectionnements. RUSTICITÉ DHl QUELQU Bien des fois déjà Ton a parlé des effets désastreux que Thiver 1879-1880 a produits sur les végétaux de pleine terre ; mais jusqu’à présent on n’a rien dit de Tin- Buence du froid sur les plantes de serre. Il est vrai que, plus le froid était rigou- reux, plus les jardiniers prenaient de pré- cautions pour le combattre. Mais comme Thiver a été exceptionnel dans son intensité comme dans sa durée, il est arrivé dans bien des maisons, soit par manque de combustible, soit par suite de chauffage insuffisant, soit pour toute autre cause, que la gelée a pénétré dans les serres. Il serait donc intéressant de savoir quelles sont les plantes de serre qui offrent plus de résistance à Taction de la gelée. Il est vrai que, en général, les effets de la gelée sont très-bizarres, et il serait facile de citer un grand nombre d’exemples de cette bizarrerie, sans pouvoir en expliquer les causes. Ainsi, par exemple, pourquoi, sur le même cep de Vigne, plusieurs bourgeons ont-ils gelé, tandis que d’autres tout à côté n’ont pas souffert ? Des phénomènes analogues se produisent dans un champ de Pommes de terre, sur la floraison des arbres fruitiers, etc. A cela on pourrait peut-être dire que, plus les bourgeons ou les plantes sont Nous avons dit que M. Tourasse ne veut tirer aucun lucre de ses trouvailles; il les propagerai avec la générosité dont il a fourni tant de preuves. Quels que soient les l'ésullats de ses recher- ches, M. Tourasse a ouveiT de nouvelles voies au champ si vaste de Tétude et de l’observation. En vaillant champion rlu progrès, il a prêché lui-même i>ar l’exemple, entrant résolument dans le chemin de l’inconnu, aj)puyé par le l'aisonnenient et le bon sens. M. Tourasse est un Gi’and Citoyen qui, l)Our le bien qu’il a fait, a méiâté la reconnais- sance publique. Le gouvernement fi'ançais a récompensé ses sei’vices en inscrivant son nom sur les tablettes de la Légion-d’Honneur. L’horticulture lui sei-a redevable d’études à a la fois scientifiques et pi’atiques qui ne man- queront pas de porter leui's fruits, Charles Baltet, Horticulteur à Troyes. Novembre 1880. :S PLANTES DE SERRE développés, et par conséquent endurcis à Tair extérieur, plus ils résisteront à Tac- tion du froid; mais à cette règle encore il y a beaucoup d’exceptions. Laissant de côté ces questions de phy- siologie transcendante, pourrait-on dire, nous allons, conformément au titre de cet article, résumer les observations que nous avons faites sur la rusticité de quelques plantes de serre, en engageant nos con- frères à en faire autant pour celles qu’ils auraient été à même de constater sur ce sujet. L’hiver dernier, je n’ai pas été libre de faire ce que les circonstances imposaient, par ces froids sibériens, pour empêcher la gelée de pénétrer dans un grand jardin d’hiver dont j’avais la direction, alors que j’étais jardinier chef au château de Ayant reçu Tordre formel du propriétaire, par mesure d’économie, de ne faire du feu qu’à un seul fourneau sur trois qui étaient ins- tallés et eussent été nécessaires pour pré- server les plantes de la gelée, j’ai eu la douleur de voir un thermomètre placé près des vitres descendre à 5 degrés au- dessous de zéro, et un autre thermomètre placé dans l’intérieur, à 1 mètre au-dessus du sol, est tombé à 2 degrés 1/2, et cela pendant plusieurs heures et plusieurs fois. 98 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. La première fois que cela est arrivé, je croyais la plus grande partie des plantes perdue; grande fut ma surprise quand, après avoir fait remonter la température, j’ai pu constater que le mal était insigni- fiant, et quoique le thermomètre n’ait pas remonté beaucoup au-dessus de 5 degrés une partie de l’hiver. Au printemps suivant, le jardin d’hiver était en bon état. Je dois dire aussi que, d’après un ordre écrit, le propriétaire m’avait défendu de lui faire aucune observation. J’avais dû, après avoir rabattu les feuilles des plantes, empailler toutes celles qui pouvaient se prêter à cette opération plus que brutale. Ainsi le tronc des Musa ensete, des Fou- gères, des Philodendrons a été empaillé. Malgré un traitement si anormal, ces plantes ont repoussé de nouvelles feuilles au printemps, et dans le courant de l’été elles étaient en grande partie bien re- garnies. Voici la liste des plantes qui ont résisté à la température sus-indiquée : D’abord tous les Lycopodes, les Dracæ- nas, les Palmiers, les Ficus elastica, la plus grande partie des Fougères, les Camel- lias, les Araucaria excelsa et glauca, les Bégonia rex et ricinifolia. Parmi ces derniers, ceux qui étaient placés près des verres ont beaucoup souffert ; mais ceux qui étaient au centre du jardin d’hiver n’ont presque pas eu de mal. J’ai vu des Aralia avoir les feuilles du cœur fanées plusieurs jours, à la suite de la gelée, et qui, malgré cela, sont parfaitement revenus à l’état nor- mal. Il y a eu deux pieds de Philodendron qui ont souffert. D’autres plantes que j’avais supposées plus sensibles avaient été protégées par un paillasson, de sorte qu’elles n’ont pas été atteintes par le froid; tels étaient les Justicia, les Heheclinum» les Stre- litzia. Que conclure de ces faits? Que toutes ces plantes sont rustiques et qu’on doit cesser de les abriter? Assurément non, puisqu’il en est plusieurs qui ont souffert. Le plus prudent est toujours de ne pas lais- ser pénétrer la gelée dans les serres. — Pour ce qui est de l’empaillement des plantes dans les serres, un pareil procédé de culture n’a pas besoin d’être réfuté. Mais si on ne doit pas imiter de pareils traitements, on peut du moins en tirer un enseignement : c’est que, règle générale, on a pour habitude de chauffer un peu trop les jardins d’hiver, ce qui, pour cer- taines espèces, occasionne la multiplication des insectes et nuit au repos dont, comme tous les êtres, les plantes ont besoin pour mieux se développer au printemps suivant. Il résulte aussi de cette expérience, cer- tainement involontaire, que quand, dans une serre, il n’y a pas de plantes de haute serre chaude, telles que Pandanus, Cyano- phyllum, Philodendrum ou autres ana- logues, on peut sans crainte laisser baisser le thermomètre jusqu’à près de zéro, en ayant soin, toutefois, que cette basse tem- pérature ne se prolonge pas très-longtemps. Louis-Jules, Jardinier chez M. le duc de Clermonl-Tonnerre, au château d’Ancy-le-Franc (Yonne). PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE PRODUCTION D’UN BOURGEON SUR UN TUBERCULE DE DAHLIA Si dans les sciences il est presque tou- jours imprudent de fixer des limites abso- lues, c’est surtout quand il s’agit des sciences naturelles et tout particulièrement de physiologie. Dans ce cas, c’est même plus qu’imprudent, car on peut être à peu près certain que, tôt ou tard, les faits viendront vous donner un démenti. Les exemples fourmillent, et même, avec le temps, les exceptions pourraient former des règles. Une exception des plus remarquables dont on ne connaît peut-être pas encore d’exemple est celle que représente la figure 26. Elle consiste dans la production d’un bourgeon sur un tubercule de Dahlia, et à une distance telle du collet, que l’on ne peut rattacher ce bourgeon à ce dernier, ce qui, bien entendu, ne veut pas dire qu’il vient de rien. Le fait dont nous par- lons s’est produit au château de Tortad (Hautes-Pyrénées), chez M. le comte d’An- selme, qui le 22 mars nous écrivait: Il y a une quinzaine de jours, M. Anniel, mon chef de culture, nie montra un tubercule de Dahlia, de la variété Lieffranessange (Mé- zard), qui s’ouvrait par son milieu pour donner BIBLIOGIUFIIIK. 99 naissance à un vigoui'cux bourgeon, des mieux constitués. Ce fait m’a d’autant plus surpris que jusqu’ici je u’avais rien vu de semblable et <[ue je n’avais non plus considéré comme propres à être mis en végétation, parmi les tu- bercules de Dahlias, que ceux ])ossédant un collet ou fraction de collet sur lequel peuvent se (lévelopj)er des yeux ou bourgeons. L’anomalie que je signale vient donc s’inscrire en faux contre cette opinion, à moins toutefois que l’on s’appuie sur cet ancien dicton : « L’ex- ception confirme la règle. » Quoi qu’il en puisse être, ce n’est point un cas de gestation s})ontanée ou de viviparité que j’offre à l’observation du })hysiologiste, mais bien plutôt un déplacement du centre de végé- tation. Sans chercher à expliquer ce fait, nous ferons observer que tous les végétaux peu- vent en présenter d’analogues, c’est-à-dire que des yeux peuvent se former et se forment souvent là où, contrairement à cette théo- rie, admise pendant longtemps : « jamais l’on ne voit de bourgeons naître ailleurs qu’à l’aisselle d’un organe foliacé ou de son représentant. » En effet, combien de racines où jamais il n’a existé d’organes, même rudimen- taires, et qui donnent des bourgeons et des Heurs ! Combien de feuilles (Choux, Bégo- nias, Fougères, Gloxinias) émettent des bourgeons ! Ne voit-on pas aussi parfois des fruits charnus, qui pourtant sont composés d’une masse de tissu utriculaire, déve- lopper des bourgeons sur leur contour ! Et quand une partie de feuille de Jacinthe prise dans le haut de la feuille donne nais- sance à des caïeux, puis à des bourgeons. dira-t-on aussi qu’il y a eu « déplacement (lu centre de végétation? » Non ! ce serait à tort. Qu’on n’oublie pas que là où il y a de la matière, — et il y en a partout ! — ce que nous nommons la vie peut se mani- fester en rapport avec le milieu, la nature des choses, etc. Ce qui a toujours contri- bué à mettre en garde contre la vérité, c’est cette idée que l’on se fait de la matière, qu’alors on sépare en deux parties : l’une Fig. 26. — Tubercule de Dahlia ayant développ ’o un bourgeon au centre, moitié de grandeur naturelle. inerte^ l’autre active dominant et comman- dant celle-là, qui doit obéir fatalement. Il n’en est pas ainsi, les faits le démon^ trent. Aussi terminons-nous en répétant et affirmant que, partout où il y a de la matière organisée, il y a des éléments de vie. Aux horticulteurs donc, quand il s’agit de végé- taux, de la faire développer conformément à leur intérêt, en tenant compte toutefois des connaissances acquises, mais en se pé- nétrant pourtant de cette vérité : que dans les sciences le dernier mot n’est jamais dit. E.-A. Carrière. BIBLIOGRAPHIE L’ouvrage dont il va être question, et dont nous avons déjà dit quelques mots, a pour titre : Série de prix applicable aux travaux des parcs et jardins. Il est d’une incontestable uti- lité. De plus, il acquiert une nouvelle valeur par son origine à la fois pratique et scientifique. En effet, un ouvrage de ce genre étant un guide et devant meme servir d’arbitrage, soit amiable, soit judiciaire, devait être l’œuvre de gens dont à tous les points de vue la compétence ne pût être mise en doute. C’est ici le cas. Établi avec l’assentiment de tous les membres de la chambre syndicale des architectes-paysagistes, entrepreneurs de jardins et horticulteurs de France, cet ouvrage comprend tous les travaux se rapportant à l’horticulture, depuis les plus grossiers : défonçage, remblayage, nivelage et terrassements, jusqu’aux plantations de toute nature, ainsi que les travaux divers qui termi- nent ce qu’on peut appeler la création d’un parc, jardin, fleuriste, etc, toutes questions qui sont l’objet d’études spéciales et résolues équitable- ment et relativement, suivant les circonstances ou les conditions de sol, de climat, etc., de sorte que tous, entrepreneurs comme proprié- taires, trouveront dans cet ouvrage un guide qui, en conciliant tous les intérêts, prévient les difficultés ou présente le moyen de les faire disparaître quand elles se sont manifestées. Les différents prix de main-d’œuvre, de déplacements, d’honoraires, ou de choses spé- ciales ne pouvant être tarifées, ont été établis 100 ÆCIIMÆA GLAZIOVl. d’après des moyennes compaiatives, ce (|ui per- met (le les évaluer. Il en est de même pour le })rix de l’heure quand les ti-avaux ne sont pas susceptibles d’étre faits à l’entreprise ou à for- fait. Pour donner un aperçu de cet ouvrage, nous ne croyons pouvoir mieux faire que de donner une énumération des dix chapitres qu’il com- prend, Ce sont : 1® Main-d'œuvre : prix de l’heure. 2» Locution de matériel divers : brouettes, chevaux, tombereaux, charriots, tonnes ou l)ompes d’ari'osernent, etc. 3o Fournitures diverses de matériaux à pied d'œuvre : fournitures de terres diverses, de fumier, de sable, de pierre, de chaux, de graviers, de cailloux, de ciments, de tuteurs, de graines de gazon, etc. 4o Travaux au mètre cube: fouilles, jet, chargement en brouette, en tombereau, trans- port, démolition, extraction, cassage, emmé- trage, etc. 5® Travaux au mètre superficiel : labours et défonçages divers, réglage, dressage, ratissage, placage et fauchage des gazons, etc. G° Travaux divers: découpages et dressages de bordures, trous, tranchées, arrachage des arbres, débitage, ^(lantation et opérations di- verses concernant les arbres, telles que tuteu- rage, taille, palissage, etc. ÆGHMEA Récemment déterminée et décrite par M. Ed. Morren, professeur de botanique à rUniversité de Liège (Belgique), nous avions depuis quelque temps déjà vu cette espèce en fleurs dans les serres de M. Bleu, horticulteur, 48, avenue d’Italie, Paris, mais sans aucune autre indication que ; (( species Rio de Janeiro. » M. Bleu ne put nous donner d’autres renseignements que ceux-ci : « Les plantes proviennent de grai- nes qui m’ont été envoyées de Saint-Paul (Brésil) par M. Glaziou. » Voici la description que nous en avons faite au mois d’avril dernier 1880 : « Plante compacte, de bonne vigueur, mais de dimensions moyennes, élégante, plus ou moins glauque dans toutes ses parties. Port ananassoïde assez ramassé. Feuilles profon- dément canaliculées, relativement étroites, d’abord dressées, puis gracieusement ar- quées au-dessus du milieu, mais non tom- bantes. Hampe centrale dépassant à peine le sommet de la plante, couverte de feuil- les bractéales roux brunâtre. Inflorescence compacte, étroitement pyramidale, large - 7« Travaux divers : drainage, semis de gazon, constructions rustiques, bétons, en- duits, etc. 8» Fournitures d’arbres et arbustes frui- tiers, forestiers et d'ornement : prix indi- qués suivant les espèces et la nature des végé- taux. 9° Entretien des jardins. lOo Honoraires et indemnités : vacations, relevé de })lans, études, vérifications et régle- ments de travaux, expertises, etc. On peut voir par cette simple énuméra- tion l’importance considérable qu’a le livre dont nous parlons qui, nous le répétons, est un véritable guide utile à tous, indispen- sable à ceux qui s’occupent de tout ce qui a rapport, non seulement aux jardins, mais même à beaucoup de travaux d’économie rurale. Aussi en félicitons-nous les auteurs et tout particulièrement M. Péan, archi- tecte-paysagiste, 20, rue Gérando, à Paris, qui en a été non seulement le directeur, mais ce que l’on appelle la « cheville ouvrière. » On trouve cet ouvrage chez M. Goin, libraire-éditeur, 62, rue des Écoles, Paris. E.-A. Carrière. GLAZIOVI ment obtuse arrondie au sommet qui, peu rétréci, est comme tronqué. Fleurs d’un beau violet rosé, diversement nuancées suivant que l’état de floraison est plus ou moins avancé, de longue durée. — Fleurit d’avril à juin. » Dans la description qu’en a donnée M. Morren {Belgique horticole, 1880, p. 240), nous copions : (( Bractées florales cuspidées, glabres, roses. Fleurs sessiles tubuleuses, longues de 2 centimètres. Sé- pales émarginés, cuspidés, roses. Pétales convolutés, dressés, obovales, obtus, du double plus longs que les sépales, à onglet squamuleux blanc, à limbe purpurescent, puis noir. Étamines incluses. Graines petites. Ovules obtus. )> Le port agréable et la dimension à peine moyenne des sujets, joints à la longue durée des fleurs, font de VÆchmœa Glaziovi une plante très-propre à l’ornementation des appartements. On trouve cette espèce chez M. Bleu, horticulteur, 48, avenue d’Italie, Paris, F- 'A. Carrière. lmp. Georges Jacob, — Orléans. GtIRONIQUE HORTICOLE Température du mois de février. — Exposition organisée par la Société d’horticulture de Seine-et-Oise ; importance de cette exposition. — Conférences instituées par la Société nationale et centrale d’horti- culture. — Publication de M. Ch. Joly sur les étiquettes horticoles. — Récompenses décernées par la Société des Agriculteurs de France aux meilleurs mémoires sur les dégâts occasionnés par l’hiver de 1879-1880. — Plantes qui ont souffert du froid dans la banlieue de Paris pendant le dernier hiver. — Brochure de M. Paillieux sur le Soja hispida; graines mises à la disposition des abonnés de la Revue horticole. — Graines de Vigne du Soudan; essais qui vont être tentés. — Ananas Cayenne à feuilles lisses. — Fécondation des fleurs de Tillandsia Lindeni ; moyen employé par M. Albert Truffant. — Bouvardia à fleurs blanches doubles, obtenu par MM. Nanz et Neuner. — Expériences faites au Fleuriste de la ville de Paris sur le système de chauffage Lemeunier. — — Exposition d’horticulture de Madrid. — Procédé de M. Prorèze pour le traitement des Vignes phylloxérées. — Production constante de fleurs mâles d’Aucubas. — Graines de Ye-Goma, distribuées par M. de Lunaret. — Treizième fascicule du Dictionnaire de Botanique de M. Bâillon. — Y a-t-il deux sortes de Cerfeuil tubéreux? — Rapport de M. Millot sur la situation du vignoble phylloxéré; résistance des plants américains. — Un établissement en voie d’organisation. Si le mois de janvier a été assez froid, en revanche le mois de février a été relative- ment chaud et a bien mérité le qualificatif «doux(l))) qu’on lui donne parfois. En effet, à part quelques matinées où le thermomètre a marqué de 1 à 3 degrés au-dessous de zéro, il est presque toujours resté au-dessus, parfois même jusque 7 degrés ; plusieurs journées chaudes et ensoleillées rappelaient les beaux jours du printemps. En général pourtant les journées ont été sombres, par conséquent défavorables aux cultures de primeur. — Du jeudi 23 juin au dimanche 26 juin 1881, la Société d’horticulture de Seine-et- Oise fera à Versailles une exposition à la- quelle tous les horticulteurs, amateurs d’horticulture français et étrangers sont invités à prendre part. Tous les produits de l’horticulture : fleurs, fruits, légumes, arbres et arbustes, etc., seront admis. Quant aux produits indus - .triels et artistiques, ils ne seront admis que s’ils se rattachent directement à l’horticul- ture. Les demandes d’admission pour exposer devront être adressées à M. le secrétaire gé- néral avant le 1®^ mai. Le programme, qui, avec l’énumération des concours, comprend toutes les con- ditions que comporte l’admission, contient en outre cette observation dont nos lecteurs apprécieront l’importance : Indépendamment des })nx exceptionnels et (1) Un vieux proverbe dit: « Février le doux; quand il s’y met, c’est le pire de tous. » 16 MVI\5 1 88 l . des médailles d’or qu’elle accorde habituelle- ment, la Société décernera aux exposants de l’horticulture des primes en argent dont la va- leur totale .s’élèvera à la somme de mille francs. Une subvention spéciale de l’administration municipale de Versailles permettra à la Société de donner à son exposition de 1881 une im- portance en rapport avec le grand développe- ment que l’horticulture a pris dans la région. On voit par ce qui précède que la ville de Versailles fait grandement les choses. Le jury se réunira le mercredi 22 juin, à dix heures très-précises du matin, au local de l’exposition, dans le parc de Ver- sailles (salle des Marronniers). — La Société nationale et central© d’hor- ticulture de France vient de prendre une mesure qui, nous en avons la certitude, devra produire d’excellents résultats : c’est l’institution de conférences faites sur les diverses parties de l’horticulture par des hommes compétents et dont le nom fait autorité en ces matières. Ces conférences auront lieu à l’hôtel de la Société d’horti- culture, 84, rue de Grenelle. Voici l’ordre et l’indication des premières : Jeudi 3 mars, à huit heures et demie précises du soir; M. Duchartre, membre de l’Institut : fleurs et floraisons. Jeudi 24 mars, à trois heures précises; M. Prillieux, professeur à l’Institut national agronomique : effets de la gelée sur les plantes. Jeudi 7 avril, à huit heures et demie du soir; M. Ed. André, voyageur botaniste, ancien ré- dacteur en chef de V Illustration horticole : les Palmiers dans la nature et dans les jar- dins. 6 102 CHRONIQUE HORTICOLE. Jeudi 28 avril, à trois heures précises ; M. Emile Giiaté, horticulteur ; de quelques plantes de marché et particulièrement des Gi- roflées. Jeudi 5 mai, à huit heures et demie ju'écises du soir ; M. le D'’ Eug. Fournier, vice-})rési- dent de la Société de botanique : les Fougères, leur organisation, leur développement, leur rôle en horticulture. Jeudi i2 mai, à trois heures précises ; M. Gharles Joly : des expositions horticoles en France et à l’étranger. Tout membre de la Société, porteur de sa carte nominative de l’année 1881, a le droit d’entrée pour lui et sa famille. Les garçons jardiniers seront admis sur la présentation de leur livret. Toute personne étrangère à la Société qui voudra assister aux conférences devra adres- ser une demande au secrétariat général, rue de Grenelle, 84, qui lui enverra une carte d’entrée. ■ — Notre collègue, M. Ch. Joly, un des membres les plus actifs de la Société na- tionale et centrale d’horticulture de France, continue ses études sur le matériel horti- cole. Il vient de publier un opuscule inti- tulé : Les Étiquettes horticoles, dans le- quel il passe successivement en revue les divers matériaux employés, les principales tentatives qui ont été faites, et en énumère hrtèvement les résultats. C’est une sorte de revue rétrospective de l’étiquetage horticole, un memeyito qui doit trouver place dans la bibliothèque pratique. On doit d’autant plus savoir gré à M. Ch. Joly de ses recherches, qu’il fait toutes ces publications avec un désintéressement qui n’a d’égal que son désir d’être utile à l’hor- ' ticulture. — Conformément à une décision qu’elle avait prise antérieurement, la Société des agriculteurs de France, dans son assemblée générale du 22 février dernier, a décerné les récompenses qu’elle avait proposées pour les meilleurs mémoires qui lui seraient présentés sur les dégâts occasionnés par le rigoureux hiver de 1879-1880. Elle a attri- bué le prix d’honneur, consistant en un objet d’art en argent, au très-volumineux et in- téressant rapport fait par la Société d’horti- culture d’Orléans, et qui a été remis à M. De- laire, secrétaire général de cette Société. Le deuxième prix, consistant en une médaille d’or, a été donné à M. Charles Baltet, horticulteur à Troyes, pour le mémoire qu’il avait présenté sur ce même sujet. Dans cette séance, la Société a aussi décidé que, vu son importance, le travail fait par la Société d’horticulture d’Orléans serait imprimé dans les Annales>àe la Société des agriculteurs de France. — En écrivant récemment que le froid du présent hiver, à Bougival, était assez rigou- reux pour faire descendre le thermomètre à 20 degrés au-dessous de zéro, nous n’avons rien exagéré, au contraire. Ainsi notre col- lègue, M. E. Vallerand, qui habite cette commune, vient de nous informer que chez lui le thermomètre s’est abaissé à 21 degrés, qu’il en est de même à Chatou et au Vési- net, et que « beaucoup de Laurieré sont encore perdus ; que les Troènes ont aussi beaucoup souffert ; qu’il en est même qui ne repousseront pas. Quant aux Bambous, ils sont tous gelés à partir de là où il n’y avait pas de neige. » Ce que notre collègue nous dit des Bam- bous s’est produit dans toute la vallée de Fontenay-aux-Roses. Là, Lauriers-Cerise, Lauriers-Tin, Bambous, etc., ont été aussi tellement fatigués qu’ils sont à peu près invendables, quelques-uns même perdus. — Les avantages nombreux et variés que présente la culture du Soja ont vivement excité l’attention ; aussi se passe-il peu de jours sans que nous recevions des demandes de renseignements sur cette plante qui, en effet, est très -précieuse, puisque son usage est à la fois domestique par son emploi comme légume, agricole comme étant émi- nemment propre à la nourriture du bétail, et industriel par les différents produits oléagi- neux et autres que les graines peuvent four- nir. C’est donc une plante très-méritante et trop négligée jusqu’ici, ce qui était probable- ment dû au manque de renseignements sur sa culture, son rendement et sur les diffé- rents usages qu’on peut en faire. Espérons que dorénavant il en sera autrement, grâce à M. Paillieux, qui a recueilli tous les docu- ments qui ont été publiés sur cette espèce tant en France qu’à l’étranger, et qui les a réunis dans une brochure intitulée le Soja, sa composition chimique , ses variétés, sa culture et ses usages, et que l’on peut ré- sumer en ces quatre mots : histoire complète du Soja. — On trouve cette brochure à la CHRONIQUE HORTICOLE. 103 Librairie agricole delà Maison rustique, 26, rue Jacob, Paris. Afin de contribuer à l’extension de cette culture, il sera distribué quelques graines de Soja à tous les abonnés de la Revue hor- ticole qui justifieront de leur abonnement en envoyant une bande du journal. — Si, par suite de difficultés judiciaires ou autres dans lesquelles nous n’avons rien à voir, les graines de Vignes du Soudan rapportées par feu Lécart sont exposées à pourrir dans les caisses où les avait enfer- mées ce voyageur, l’espèce ne sera pas per- due pourtant, car un certain nombre de graines ayant été données par le déccwurewr à la chambre de commerce de Bordeaux, celle-ci les a distribuées. On peut donc es- pérer que, mise dans les mains de cultiva- teurs intelligents, cette espèce prospérera et que bientôt, grâce à des soins et à une cul- ture appropriée, on sera en mesure de se prononcer sur cette Vigne qui, même avant d’être entrée dans le domaine des faits, jouissait déjà — prématurément peut-être — d’une réputation que nous désirons voir se justifier. — L’Ananas Cayenne à feuilles lisses, dont nous avons dit quelques mots récem.- ment, n’est pas seulement une belle et bonne variété ; c’est aussi l’une de celles dont les fruits deviennent très-gros. Ainsi, cette année, dans les cultures de M. Bergman, à Ferrières-en-Brie, on a récolté des fruits qui pesaient depuis 4 kilos jusqu’à 5 kilos 500 grammes. Inutile de dire que la culture était bonne et bien entendue. — Jusqu’à ce jour, que nous sachions du moins, on n’est pas encore parvenu à obtenir des graines du Tillandsia Lin- deni. Est-ce à dire que cette espèce ne peut fructifier dans nos cultures? Non, et nous ne sommes pas éloigné de croire que le fait ne tardera pas à se produire. La dé- couverte d’un procédé qui rendra peut-être la chose facile est due à un de nos horti- culteurs des plus habiles, à M. Albert Truf- fant, de Versailles. Ayant remarqué que le tube de la corolle des Tillandsia dans lequel sont renfermés les organes sexuels est non seulement étroit, mais très-forte- ment resserré par plusieurs bractées qui se superposent en s’appliquant sur ce tube. il eut l’idée, à l’époque de l’épanouisse- ment des Heurs, d’enlever avec précau- tion ces bractées, de manière à dégager le tube corollaire, et alors de déchirer celui-ci. A peine cette déchirure est-elle opérée, et par le fait de cette lacération, qu’un pollen abondant tombe sur le stig- mate, qui paraît avide de le recevoir. Quel- ques jours après cette opération, on voit grossir l’ovaire, ce qui n’a pas lieu quand on abandonne les choses à elles-mêmes et nous autorise à croire que la fécondation est opérée. Voilà ce que nous avons vu récemment chez notre collègue; et comme il n’en fait pas un mystère, et qu’au contraire, loin de cacher sa découverte, il la montre, afin qu’elle puisse profiter à d’autres, nous avons cru devoir en parler, de manière que ceux de nos collègues qui auraient non seulement des Tillandsia, mais d’autres Broméliacées, qui restent presque toujours stériles, puis- sent leur appliquer ce procédé. En attendant, et tout en désirant que les résultats de cette fécondation soient satisfaisants, nous remer- cions notre collègue, M. Truffant, de la démonstration qu’il a bien voulu nous faire et qui, nous l’espérons, servira l’horticul- ture et la botanique. — Dans le catalogue de la maison Haage et Schmidt, horticulteurs marchands-grai- niers à Erfurth, relatif aux plantes dispo- nibles pour 1881, nous trouvons annoncée une sorte qui nous paraît devoir faire sen- sation : C esiun Bouvardia k fleurs blanches doubles, rappelant, mais en petit, celles des Tubéreuses et également très-odorantes. Ob- tenue par MM. Nanz et Neuner, de Louis- ville, cette plante sera livrée au commerce dans la première quinzaine d’avril prochain, en exemplaires bien établis qui seront ex- pédiés par les obtenteurs par ordre des de- mandes qui auront été faites. — Le chauffage Lemeunier, dont le pre- mier parmi la presse horticole nous avons parlé, installé au Fleuriste de Paris, et sur lequel nous reviendrons prochainement, a donné des résultats concluants de supériorité sur tous ceux avec lesquels on l’a comparé, soit comme économie^ soit comme hygiène, soit même comme puissance, ainsi que l’ont constaté des expériences sérieusement con- duites. Ainsi, dans une serre dont la surface CHRONIQUE HORTICOLE. 104 vitrée est de 21G"‘ 02 et qui cul)e 522'« 06, on a pu, avec un très-petit appareil, dit de secours, parce qu’il est facile à transporter et à installer là où il y a à craindre du froid, maintenir facilement un minima de 8 degrés et un rnaxima de 10, tempéra- tures suffisantes pour les cultures établies dans celte serre. L’économie constatée pour cet appareil a été de 60 p. 100; celle des ap- pareils de plus forte dimension n’est pas moindre de 45 à 50 p. 100. — L’Espagne paraît vouloir marcher dans la voie du progrès. Après la fondation de journaux horticoles, une exposition d’hor- ticulture. C’est logique. Cette exposition, qui aura lieu au mois de mai prochain à Madrid, promet d’être très-importante. Il va sans dire que nous désirons qu’il en soit ainsi. — D’après le Bulletin de la Société d’hor- ticulture de la Côte-d’Or (1880, p. 190), on a essayé un procédé nouveau pour com- battre le phylloxéra, lequel, paraît-il, a donné de bons résultats. Inventé par M. Pro- vèze, ce procédé consiste à traiter les ceps malades avec une émulsion de résine dans de l’eau rendue alcaline par du carbonate de potasse. Inutile de dire que nous ne nous portons- pas garant du procédé; nous l’enregistrons. — Un fait des plus singuliers, et probable- ment sans exemple jusqu’à ce jour, est la production constante, invariable et excep- tionnelle de lleurs exclusivement mâles d’Aucubas dans un lieu donné. (Voir plus loin l’article Correspondance.) — Si l’on peut être surpris de n’avoir vu figurer à l’exposition japonaise, au Champ- de-Mars, en 1878, ni le Ye-Goma, ni ses produits oléagineux pourtant si remar- quables soit au point de vue économique, soit à celui des arts et de l’industrie, on a surtout lieu de l’être de voir l’indiffé- rence avec laquelle la plante paraît être ac- cueillie en France, ynalgré les efforts que fait M. Léon de Lunaret pour la répandre. On ne pourrait, pour expliquer cette indilfé- rence, invoquer la question pécuniaire, puis- que M. de Lunaret offre de donner gi atui- tement des graines à ceux qui lui en feront la demande. En nous annonçant cette bonne nouvelle, ce zélé patriote nous écrivait : ... Mon rôle &7'-&-i^r^. ■jUI BeÿoTidxt Aï Lainjf. • Y-i' '•>¥ '■ é ,^'■ " Pr. Jt. r > ■' ^: ■’* *^1 ■ . '>•■■■451 .-■ V'V ' ;‘ - ' ’-^O. - - ^ • .-•' • ^ 'îv'-'';: - .. --. .J ^%fi r^'-- Ù - ' - .: \ -. ■V •> » 'M' ■ !'■ r ' IVj S •i^"- •jrf 4 ■- * -ï,^. LES CATALOGUES. 111 let, horticulteur au Plessis-Piquet, sera mis au commerce et vendu par MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, ainsi que plusieurs sortes nouvelles, également très-méritantes, provenant du même ob- tenteur. E.-A. Carrière. LES CATALOGUES Grousse, horticulteur, faubourg Stanislas, 47, à Nancy. Nouveautés qui viennent d’être mises au commerce ; Bégonias tubéreux de semis, parmi lesquels se trouvent les magnifiques va- riétés dont il a été parlé dans la Revue horti- cole^ dans le compte-rendu de l’exposition de Versailles du 22 août dernier ; six Pélargoniums zonales à fleurs simples ; trois Delphiniums ; enfin un Anthémis nain : Alice Crousse. — Maticlion fils, horticulteur à Cannes (Alpes- Maritimes). Palmiers, Pandanées, Gycadées. Plantes à feuillage ornemental de serre et de pleine terre. Fougères et Lycopodes, Gamel- lias. Arbres et arbustes d’ornement. Plantes de serre à feuillage et à fleurs. Collections de Conifères. Culture spéciale de Rosiers. Plantes variées pour l’ornementation des jardins, telles que Pélargoniums, Verveines, Lantanas, Hé- liotropes, Goléus, Œillets remontants, etc. Pi- voines ligneuses et herbacées, etc. — Henri Delessale, horticulteur à Thumesnil, près Lille (Nord). Plantes nouvelles obtenues par l’établissement et actuellement en vente : Fuchsias, Pélargoniums à grandes fleurs, trois ; idem zonales à fleurs doubles, six ; idem zo- nales à fleurs simples, huit; enfin deux variétés de Pyréthrum à fleurs doubles. — Outre ces nouveautés, on trouve dans cet établissement des collections variées de plantes de serre et de pleine terre. — Angelo Longone, horticulteur à Milan (Italie). Collections nombreuses et variées de plantes diverses de serre et de pleine terre. Arbres et arbustes fruitiers et d’ornement. Collection de Conifères, de Rosiers. Plantes à feuilles persistantes. — Spécialités : Gamellias, Orangers, etc. Plantes vivaces. Plantes grim- pantes, etc. Fraisiers, Pommes de terre, etc. Les conditions exceptionnelles du climat de Milan permettent de cultiver là, en pleine terre, des plantes délicates qui, grâce à ces conditions, acquièrent des proportions relativement consi- dérables. — Ch. Molin, horticulteur, marchand grai- nier, rue des Gélestins, à Lyon (Rhône). Graines de plantes diverses : potagères, fourra- gères, de fleurs, d’arbres fruitiers, de plantes officinales, de Graminées ornementales. Graines de Palmiers et de plantes à feuillage. Oignons à fleurs, griffes d’ Asperge. Pommes de terre hâtives préparées pour la plantation. Pépins de Vignes américaines, etc., etc. — E. Jacqueau, marchand grainier fleuriste et pépiniériste, 2, rue Saint-Martin, à Paris. Catalogue général pour 1881. Graines de plantes potagères, fourragères, de fleurs, d’arbres, etc. Graines de plantes d’orangerie et de serre chaude ; Palmiers, Acacias, Eucalyptus, Gloxi- nias, Grevilléas, Café, Crotons, etc. Oignons, rhizomes et tubercules à fleurs. Glaïeuls en col- lections, roses, rouges à fond blanc, à fond jaune. Amaryllis, Galadiums, Bégonias, Anémones, Tubéreuses, Lis, Cannas, Ixias, Tigridias, etc. — Ch. Huber et G‘e, à Hyères (Var). Graines et plantes variées de serre et de pleine terre, d’arbres, d’arbustes et de plantes herbacées. — Spécialités: Gycas, Dions, Palmiers, Dra- cænas. Agaves, Orangers et Citronniers. Lau- riers roses en collection. Plantes grimpantes. Collection de Cannas, etc. Graines, plants et boutures de Jacquez, Vigne américaine pou- vant produire directement sans être greffée. FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS Reine-Claude de Saint-Avertin. Cette variété, que M. O. Thomas place dans sa (( première série de mérite, » aies fruits de grosseur moyenne, à peu près sphériques ; la peau, jaune ambré à la maturité, est tictée, parfois maculée ou même tachée de rouge violet vineux, surtout vers la queue, qui est plutôt courte que longue. Chair jaune mat, non adhérente, sucrée, assez fine, mais nous ayant paru manquer un peu d’arôme. Noyau courtement ovale, légèrement renflé, largement arrondi aux deux bouts. Maturité, deuxième quinzaine de septembre. Prune Rademaekers. M. O. Thomas, qui place cette Prune dans les cc variétés à l’étude, » l’a décrite ainsi : « Fruit très-gros, globuleux, carmin orangé, à chair jaune pâle, juteuse, sucrée et d’une saveur agréa- ble. Maturité mi-août. Arbre vigoureux et très-fertile. — Magnifique et excellente Prune, trouvée dans un verger de la Cam- pine par le pharmacien dont elle porte le nom. » Voici les caractères que les fruits nous ont présentés: fruit très-gros, atteignant jusque 6 centimètres de hauteur sur 5 et 112 FRUITS NOUVEAUX OU PEU COiNNUS. plus de diamètre, largement arrondi aux deux bouts, à peine légèrement sillonné; queue petite, courte. Peau rose vineux lé- gèrement carminé, recouverte d’une pruino- sité abondante qui relève encore l’aspect du fruit, qui est très-beau. Chair jaune très-pàle, légèrement adhérente au noyau, contenant en très-grande quantité une eau peu sucrée, de saveur assez agréable, mais manquant de parfum. Maturité, sep- tembre. — Très-beau fruit qui nous a semblé laisser à désirer pour la qualité. La Prune Rademaekers a pour synonymie Brugnon de Noeeroeteren. Topaze de Guthrie. « Fruit moyen ou assez gros, ovoïde, beau, jaune, souvent taché de rouge brun, à chair jaune foncé, fine, tendre, juteuse, bien sucrée et relevée d’un parfum d’ Abricot, de première qua- lité. Maturité, deuxième quinzaine de sep- tembre. Arbre fertile. Distinguée et de pre- mier mérite parmi les Prunes tardives. » (0. Thomas, Guide de V amateur de fruits, p. 158.) Les fruits que nous avons étudiés, que nous tenions de M. Chrétien, qui avait reçu les arbres de MM. Simon, nous ont paru appartenir au groupe des Mirabelles dont ils avaient assez l’aspect et la couleur, et n’étaient guère plus gros; seulement ils étaient un peu plus allongés, régu- lièrement ovales, non sillonnés ; la peau, d’un jaune foncé ou orangé, fine, était re- couverte d’une glaucescence (pruine) qui relevait encore la beauté du fruit. La chair, d’un jaune d’ Abricot, homogène, très-fon- dante, sucrée, était peu relevée et laissait dans la bouche une saveur légèrement âcre. Maturité, deuxième quinzaine de septembre. Le noyau est allongé, elliptique et réguliè- rement acuminé aux deux bouts. Prune belle de Schœneberg . Cette va- riété, qui porte aussi le nom de Gloire de Schœneberg, a été placée par M. O. Tho- mas dans son Guide pratique, etc.,p. 160, où il donne de cette Prune la description suivante : « Fruit moyen, de forme sphé- rique, d’un beau rouge violacé, à chair jaune foncé, assez sucrée, d’un goût particulier assez agréable, de première qualité. Matu- rité, deuxième quinzaine d’août. Arbre peu vigoureux, délicat, propre au jardin frui- tier. — Très-jolie Prune d’amateur. » Les fruits que nous avons examinés, d’origine authentique, nous ont présenté les caractères suivants : fruit oblong, atté- nué vers la queue, rappelant assez la Pound Sedling, atteignant jusqu’à 6 centi- mètres de longueur sur environ 5 de large, d’un rose violet bien pruiné ; queue assez longue, oblique, un peu renflée à son point d’attache au rameau. Chair jaune pâle, un peu rouge sous la peau, adhérente au noyau, fibreuse, peu sucrée, à peine relevée, sans arrière-goût pourtant. Maturité, d’août à la fin de septembre. Beau et gros fruit, de qualité médiocre. Transparente de Zurich, Placée par yi.ThomdiS, {Guide pratique de Vamateur de fruits, p. 146) dans les c( variétés à l’étude. » Cette Pomme est des plus jolies par son aspect et même par sa forme. C’est un fruit de bonne grosseur, formant un cône régulier, à peine côtelé, d’environ 7 centi- mètres de diamètre sur 6 de hauteur. Queue d’au moins 2 centimètres, droite, assez ténue, renflée vers sa base, insérée dans une cavité profonde régulièrement évasée. Œil petit, fermé, au fond d’une cavité fortement et régulièrement plissée, à divisions larges, dressées, appliquées. Peau luisante et unie, d’un blanc mat jaunâtre, comme transpa- rente sous un rose ambré, légèrement pruinée. Chair blanche, très-fine, sucrée, légèrement acidulée, d’une saveur très- agréablement parfumée. M. O. Thomas, l. c., la décrit ainsi : « Fruit moyen, d’une jolie forme conique, blanc de cire pur, très- curieux, à chair blanc de neige, sucrée et relevée. Maturité août. » Cette variété, aussi bonne qu’elle est belle, mûrit de la fin de juillet au 15 sep- tembre. La chair ferme conserve longtemps sa blancheur quand le fruit est coupé. Comte Orloff. Très-beau fruit, gros, souvent inéquilatéral, élargi à la base, sur- tout d’un côté, qui atteint souvent 7 centi- mètres de diamètre sur environ 6 de hauteur, obsolètement côtelé. Queue longue, souvent de plus de 2 centimètres, arquée, insérée presque à fleur du fruit. Œil fermé, dans une petite cavité sensiblement plissée, à divisions très -courtes. Peau lisse, unie, luisante, à fond vert jaunâtre, un peu poin- tillée, blanchâtre, lavée du côté du soleil de rose vineux parfois légèrement strié de rouge. Chair blanche, très-sucrée, dou- çâtre, manquant un peu de parfum. Cette Pomme, que nous n’avons trouvée décrite ni même citée nulle part et que DELPHINIUM CAHSMERIANUM. — CHATEAU DE GOUVILLE. 113 nous devons à M. Chrétien, qui la tenait de MM. Simon-Louis, mûrit en juillet-août. Elle passe très-vite, et les fruits que nous avons étudiés, au lieu de pourrir, deve- DELPHINIUM ( Cette espèce, que nous avons mise au commerce en 1877, est originaire des parties ouest de FHimalaya, où elle croît à une élé- vationdel!2,000 à 15,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. C’est une plante vivace, rustique et qui, à l’exception de son inflores- cence, est glabre dans toutes ses parties. Tige simple, flexueuse, haute d’environ 30 à 45 centimètres. Feuilles radicales orbicu- laires, palmées, à 5 et 7 lobes, obovées-in- cisées ; les caulinaires sont à 3 ou 5 parties, toutes d’un vert gai. Fleurs en corymbes étalés qui ressemblent à des ombelles, pu- bescentes, d’un bleu d’azur foncé, avec le pétale dorsal noir assez large, les pétales mesurant 25 millimètres environ. Ce qui distingue surtout cette espèce de Pied-d’ Alouette, c’est sa floraison très-abon- dante, son inflorescence en forme d’ombelle et sa stature comparativement naine. Depuis quelques années il en existe encore une variété à fleurs blanches,'qui est également très-recommandable. Le Delphinium Cahsmerianum, Royle, CHATEAU E A vingt kilomètres environ au nord de Rouen, et à 250 mètres d’élévation au- dessus d’une vallée charmante et boisée, comme la Normandie en offre du reste tant d’exemples, et dont la beauté est indescrip- tible, se trouve placé un château de mo- deste apparence, mais qui, au point de vue horticole, présente un intérêt tout particu- lier, et dont nous allons essayer de donner une idée. Les serres, déjà nombreuses, sont com- modes et bien établies ; les dispositions en sont bonnes, et ce qu’on nomme « l’agen- cement )) est parfaitement compris. Elles ont été appropriées aux cultures. Compre- nant que des plantes de tempéraments et de nature divers ne peuvent bien vivre dans des conditions identiques, ni s’accom- moder des mêmes soins, on a établi là des affectations particulières, ou, au moins, l’on a naient tendres et comme blets, mais en conservant beaucoup d’eau qui restait très- sucrée. Pépins rares ou nuis dans les fruits que nous avons examinés. Pomona. est une espèce très-remarquable qui, mal- gré son origine himalayenne, est cornplè- Fig. 28. — Delphinium Cahsmerianum. tement rustique. Jamais elle n’a souffert dans nos cultures. H.aage et Schmidt, Marchands grainiers horliculleurs à Erfurt (Allemagne). : GOUVILLE consacré des compartiments spéciaux pour les Vanda^ les Ærides, les Odontoglossum, les Phalœnopsis, etc., etc. La séparation des plantes de l’Inde de celles de l’Amérique a été établie, ce qui pourtant n’empêche que dans certains cas on ait réuni des espèces de ces différentes parties du monde, qui, par suite des conditions particulières dans lesquelles elles croissent naturellement peuvent néanmoins, malgré leur origine di- verse, croître dans des conditions similaires, toutes choses qui ressortent de l’obser- vation et dont seul un praticien peut être juge. Le jardinier qui dirige ces serres est digne de l’amateur, et outre les capacités incontestables de sa profession, il partage les goûts du maître et aime les plantes, ce qui est la première condition pour les bien soigner. Devant revenir sur le « domaine de Gou- 114 CORRESPONDANCE. ville, » qu’ici nous exquissons seulement au point de vue horticole, nous allons pour aujourd’hui nous borner à une énumération très-succincte des principales plantes que nous avons remarquées lors d’une visite que nous y avons faite récemmment, et pour cela nous commencerons par les Orchidées, et, conformément au dicton : « à tout seigneur, tout honneur, » par le genre Vanda. Dans une grande serre- salon dont la disposition intérieure est toute nouvelle, se trouvent une très-grande quantité de Vandas dans les plus belles variétés : nævium, suavis, tricolor, cœridea, etc., mesurant de i paètre à I mètre 80 de hau- teur, ayant quelques-unes jusqu’à dix-sept tiges, et formant d’énormes buissons très- garnis de feuilles,. Notons encore un Ipès- heau Benanthm^ç^ Lowii de 2 mètres de hauteur. Pë^us cetfe même serre se trouvent aussi des pl^ptes diverses rar-es et également remarquables par leurs dimensions : An- thurium Varocqueanum, Dracœna Gol- diœana^ Veitchi, des DieffenhacMa for- mant de véritables arbres, des Grotons, Pan- danus^ Ataccia, etc., etc., parmi lesquels on trouve cà et là, mélangées avec un art admirable, des Nepenthes qui donnent à l’ensemble un aspect aussi pittoresque que grandiose. Des Saccolabium {p]\is de 80 pa- niers), des Ærides en grande quantité, ainsi que beaucoup d’autres espèces, toutes de premier mérite, sont également répartis dans cette serre. Dans une autre, voisine, se trouvent des Cattleya, des Lælia, tou- jours des sortes les plus belles, formant des touffes de 30 à 60 centimètres et même plus de diamètre ; des Anguloa Cloivesi, Ruc- keri et Rucke^û ruhra, de 60 centimètres de diamètre. Les Odontoglossum Roezli, vexilla- rium, grande, etc., sont représentés par de nombreux exemplaires. Dans une serre spéciale basse sont suspendus au-dessus d’une bâche en fer étanche, contenant de l’eau, plus de 120 Phalœnopsis Schilleriana, et quelques P. amabilis et grandiftora, qui toutes en parfait état de végétation parais- CORRESÎ M. AVagner, secrétaire général de la So- ciété d’horticulture de la Basse-Alsace, nous a adressé, à la date du 15 février, la lettre suivante ; sent se bien convenir dans ces conditions particulières. Gomme plantes diverses remarquables, nous citerons un Agave filifera de 80 cen- timètres de diamètre, un Strelüzia de près de 2 mètres ; Areca Rauheri, 3 mètres ; Imantophyllumminiatum,90 centimètres ; trois Imantophgllum Lindeni d’une force peu commune ; un Lapageria rosea for- mant un énorme et magnifique buisson del mètre 50 de hauteur, couvert de fleurs. Gomme Orchidées, nous remarquons encore, soit comme espèces rares, soit comme plantes de fortes dimensions : Cattleya El- dorado et C. Doniana, Miltonia Moreliana, Pleione humilis, Cattleya exoniensis, fort et en fleurs ; Peristeria elata de 50 centi- mètres de diamètre ; Cœlogyne cristata de 1 mètre de diamètre; Cymbidium Lowii; des énormes touffes (50 centimètres de diamè- tre) de Disa grandiftora ; les Dendrobium calceolaria , moschatum ampulaceum, chrysanlhum ,Pierardi, etc., toutes plantes qui ont de 15 à 30 tiges, environ, chacune. Gomme plantes diverses, citons un Pit- cairnia corallina énorme (50 centimètres de diamètre); CocJdiostema Jacobiaymm; de nombreuses espèces de Maranta ; Phyllotœnium Lindeni de 60 centimètres de diamètre; Anthurium Dechardi; plu- sieurs Anthurium Andreanum dont un portant des fleurs; deux touffes à’ Anthu- rium Scherzeriamim de 70 centimètres de diamètre; divers Todœa qui se comportent très-bien; des Fougères en arbre, par exemple, les Cyatluea dealbata et medul- laris, Balantium antarcticum ; des plan- tes de serre froide telles que : Gamellias, Azalées, Erica, Eriostemum, etc., etc. Il va sans dire que les plantes usuelles pour l’ornementation, soit des appartements, soit de la pleine terre pendant l’été, ne man- quent pas. Nous nous bornons à cette énumération, qui, bien que succincte, pourra donner une idée des richesses horticoles qui sont ren- fermées dans les serres du château de Gou- ville. E.-A. Garrière. )NDANCE i Monsieur E. Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole. M. Ad. Weick, horticulteur à la Robertsau (près Strasbourg), en déposant, dimanche der- 115 EXPOSITION AGRICOLE A nier, sur le bureau de la Société des fruits et (les fleurs males (VAucuha japonica, a fait la déclaration suivante : « Je ne fais cette présentation que pour avoir l’occasion de poser cette question depuis dix à douze ans je m’occui)e de culture d’Aucubas ; tous les ans j’élève de semis de 1,000 à 1,200 pieds de cette plante, cl jamais je n’ai obtenu meme un seul individu à fleurs femelles. Pour obtenir ces derniers, j’ai dû recourir au boutu- rage. Ce fait est-il général, ou ne se produit-il que chez moi? Quelle j)eut en être la cause? » Aucun membre présent n’ayant demandé à répondre à M. Weick, le comité m’a chargé de vous soumettre la question. Nous serions heureux de recevoir à ce sujet une explication satisfaisante. Veuillez, etc. Le Secrétaire général., Wagner. P.-S. — Peut-on avoir déjà des graines de la fameuse Vigne du Soudan, chez qui et à quelles conditions ? Merci à l’avance. Réponse. — Nous regrettons de ne pouvoir expliquer le fait dont parle M. Weick, fait qui, du reste, est inexplicable. En ellet, s’il était par- ticulier à un ou meme à quelques individus, on pourrait émettre l’hypothèse que l’ovaire des Heurs ne contenait qu’un seul sexe, le male (1), et qu’alors toute la génération a dû appartenir à celui-ci. Mais ici ce sont des milliers de sujets qui présentent ce caractère insolite, et cela de- puis dix ans. Ce fait est d’autant plus singulier que, obligé de bouturer les individus femelles })our avoir EXPOSITION AGRICOLE Al De tous les objets que comprenait l’exposition ([ui vient d’avoir lieu au palais de l’Industrie tlu 18 au 23 février, une partie seulement nous a intéressé : c’est celle qui comprend les végétaux. Disons de suite qu’elle nous a paru moins impor- tante que celle des années précédentes, ce qui ne veut pourtant pas dire qu’elle était dépourvue de mérite. Les collections de Pommes de terre surtout étaient nombreuses ; outre une galerie externe bordant le grand transsept au premier étage, qui y était exclusivement consacrée, la plupart des autres expositions particulières en renfermaient aussi, parlois même d’assez impoi'- tantes ; celles de MM. Delahaye et Lecaronpar exemple. Les })rincipales collections étaient celles de MM. Paillet, 150 variétés, médaille de browze; Dudoüy, 120, médaille d’or ; Margottin fils, (1) Faisons toutefois remarquer que dans les se- mis d’Aucubas, le sexe mâle l’emporte toujours de beaucoup, comme nombre, sur celui des femelles. C’est du moins ce qui s’est produit dans tous les semis que nous avons faits. PALAIS DE l’industrie. des pieds et récolter des graines, ces boutures venaient d’individus très-différents qui avaient dû être fécondés par d’autres de nature et de vigueur très-variées. Il n’y a donc qu’une cause qui, avec quelque raison, puisse être invoquée: l’influence du milieu. Mais ici encore on pourrait se demander comment il se fait que, depuis dix ans, cette influence soit restée la môme. Nous engageons donc M. Weick à continuer ses observations qui peut-être, ultérieurement, feront découvur certaines circonstances pou- vant aider à résoudre la question qui, pour le moment, reste à l’ordre du jour. C’est une énigme qui attend son Œdipe. Viendra-t-il ? Quant aux graines des Vignes du Soudan, on ne peut encore les vendre, puisque, d’après la mort de Lécart, et conformément au testa- ment qu’il avait fait, ces graines sont confiées à son collaborateur, M. Durand, qui, mineur à l’époque où a été fait l’acte de transmission de jiouvoir, a dû se conformer aux conditions déter- minées par les lois, auxquelles, paraît-il, se sont jointes des prétentions exagérées. Il est donc à craindre que, lorsqu’on voudra en tirer parti, il ne soit plus temiis, car voilà plus de quatre mois que les graines sont emballées. M. A. G., à Lille (Nord). Les Pêchers sont extrêmement rares cette année. Aux environs de Paris, les quelques sujets qu’on peut se pro- curer sont tous, ou à peu près, des scions d’une année. E.-A. Carrière. PALAIS DE L’INDUSTRIE 110 variétés, médaille de bronze. Ici, et sans contrejuger, nous constatons et demandons la raison de ces inégalités dans les récompenses, qui sont contraires au mérite des lots exposés. Ainsi, M. Paillet, qui avait le lot de Pommes de terre le plus important, n’a eu qu’une médaille de bronze, quand beaucoup d’autres, pour des apports six fois et huit fois moindres, obtenaient une médaille d’argent. Pour faire cette attri- bution, le jury avait peut-être d’excîellentes rai- sons particulières, c’est-à-dire pour lui, jury; mais le public, qui juge les choses d’après leur mérite, ne se gênait guère pour blâmer forte- ment ses décisions. Nous sommes de l’avis du public, et n’hésitons pas à dire que décerner une médaille de bronze à des collections de 1^0 et de 110 variétés, lorsqu’on accorde une médaille d’argent à d’autres qui comptent 30, 44 et 50 variétés, et une médaille de bronze à une collection qui n’en comptait que 16, paraît aller fortement contre l’équité. C’est presque un « comble. » 116 REVUE DE QUELQUES PLANTES RÉCEMMENT DÉCRITES ET FIGURÉES. Les lots des autres exposants comprenaient un ensemble de produits agricoles : fourrages- racines et autres, grains, etc. De ces lots il en est deux que nous devons particulièrement citer; M. Dudoüy et la maison Vilmorin et Qic. Le premier obtenait une médaille d’or pour ses Pommes de terre et un prix d’honneur pour ses Betteraves ([ui, du reste, de l’aveu de tout le monde, étaient vraiment des plus remarqua- bles ; une variété surtout, Mammouth, était « effi'ayante » de grosseur. C’étaient des mons- ti'es. Quant à l’exposition de MM. Vilmorin, qui occupait tout une salle, elle était aussi com- plète que possible : toutes les espèces fourra- gères et industrielles figuraient en beaux échantillons, soit comme plantes, soit comme graines. L’ensemble formait une véritable école. Une section qui fra])})ait tout particulièrement aussi dans cette exposition, c’était celle des Choux fourragers et frisés, qui comptait i)lus de 25 variétés des plus remarquables. Une mé- daille d’or a été accordée à MM. Vilmorin pour Pensemble de cette exposition. Parmi les autres ex})osants, deux maisons se fai:aient aussi re- marquer par leurs produits : c’étaient MM. De- lahaye et Lecaron, qui, pour l’ensemble de leurs ap])orts, ont été récompensés chacun d’une mé- daille d’argent. Les racines fourragères de M. Cordier étaient également remarquables; elles ont obtenu une médaille d’argent. Dans cette partie, essentiellement agricole, on pourrait, non sans raison, se plaindre de la disposition et du placement des lots qui, par- fois sans nom, ne pouvaient être distingués, de sorte que l’on pouvait attribuer à l’un ce qui appartenait à un autre ou même à plusieurs autres. — Avis à qui de droit. Grâce aux marchands, et surtout à quelques fortes maisons de comestibles de Paris, les fruits non plus ne faisaient pas défaut. Aux quelques collections des sortes de nos vergers : Poires, Pommes et quelques Raisins, se joi- gnaient celles des produits exotiques: Oranges, Citrons, Limons, Cacaos, Cocos, Mangoustans, Grenades, Dattes, Bertholétias (vulgairement « Noix d’Amérique » ou «Marmite de singe»), Litchy, Caroube, etc., etc., le tout entrelacé de feuilles de Palmier qui relevaient encore la beauté de l’ensemble. Outre les marchands et connue producteurs figuraient les collections de MM. Chevalier fils, de Montreuil, et Ber- trand, de Rosny-sous-Bois, qui ont obtenu, le premier une médaille d’or, le deuxième une médaille d’argent. Au milieu de cette salle, et comme un joyau dans un écrin, étaient pla- cées deux serres contenant des Raisins; la plus centrale, a})partenant à M. Etienne Salomon, de Thomery, était occupée jiar des Raisins conser- vés dont la beauté exceptionnelle a sans doute excité bien des convoitises, des envies de pécher contre ce commandement : « Bien d’autrui ne convoiteras, etc. » Cet apport a été récompensé d’un pr-ix d’honneur. L’autre serre, appartenant à M Margottin, comportait également des pro- duits qui, pour être de nature différente des précédents, ne leur cédaient pas en mérite. C’étaient, avec quelques grappes de Raisin bien conservées, des Vignes forcées portant de magnifiques Raisins qiii étaient bien mûrs dès le 15 février, ce qui constituait un véritable « tour de force » horticole. M. Margottin a obtenu une médaille d’or. Ces premiers apports, outre leur mérite intrin- sèque, montraient on la culture en est arrivée : à supiirimer les solutions de continuité et à don- ner en tout temps et toute l’année des fruits délicieux que nos ancêtres ne mangeaient — et. souvent même pas très-bons — qu’à l’époque des « vendanges. » Aujourd’hui celles-ci peu- vent se faire toute l’année. Aux quelques personnes qui persistent à nier le progrès — dont pourtant ils profitent — on pourrait demander par quel nom ils désigne- raient ce résultat. E. -A. -Carrière. REVUE DE QUELQUES PLANTES RÉCEMMENT DÉCRITES ET FIGURÉES (1) Gardeners’ Chronicle. Numéro du 29 janvier 1881 : Acer dasycarpiim (ra- meau fleuri), Acer Ileildreichii (feuilles), Salvia Hoveyi (romeau fleuri). — Numéro du 5 février ; Acer ukuriindensis (feuille), Acer rubrum (rameau fleuri et feuilles dé- tachées), Ahies grandis (branche et cône). — Numéro du 12 février : Anémia adianti- folia (fronde stérile et fronde fertile), Hama- melis arhorea (rameau en fleurs). — Nu- méro du 19 février: Ahies suhalpina (bran- (1) L’absence d’une désignation de couleur in- dique que la plante est figurée en nbir; che et cône), TAnuyn arhoreum (rameau fleuri). The G.arden. Numéro du 29 janvier 1881 : Galega officinalis (rameau fleuri), Quas- sia amara (branche fleurie), Cheirostemon platanoides (fleur détachée), Dracœna terminalis albo marginata, Puschkinia scilloides (plante entière coloriée), Dmccena Thompsoni. — Numéro du 5 février : Cor- dyline australis, Myristica fragrans (ra- meau avec fruit), Theobroma Cacao (ra- meau avec fruit), Garcinia mangostana (fleur femelle), Diirio zibethinus (fleur 117 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. FLEUR MONSTRUEUSE DE DAHLIA. détachée), Artocarpiis incisa (rameau avec fruits); — numéro du 19 février: Hahro- thamnus fascicidatiis (branche (leurie), Lilium polyphyllum (b^ifche fleurie colo- riée), Doiivardia alha flore p)leno (plante fleurie), Bœhmeria (urtica) nivea (branche fleurie). — Numéro du 19 (évnev : Ahronia umhellata (plante entière, fleurie), Sedum Maximowiczii (plante entière, fleurie), Eu- genia caryophyllata (rameau fleuri) , Clethra alnifolia et G. Mic/tawxi (branches en fleurs, coloriées). Bégonia Soccotrana (rameau fleuri). Illustration horticole. 1881, 1 ‘■"livrai- son : Odonioglossum Pescalcrei (planche coloriée), Nepenlhes hicalcarata (idem), Kentiopsis divaricata (idem). Florist and Pomologist. Février 1881 : Pêche Washington-rath ripe. Guillon. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE FLEUR MONSTRUEUSE, DE DAHLIA La monstruosité dont il s’agit s’est mon- trée chez M. Charles Baltet, sur un pied de Dahlia Monsieur Chauvière^ qui, nous écrit notre collègue, « porte à la fois des fleurs unicolores rouges et d’autres striées de blanc. » En général, malgré ces varia- tions, les fleurs sont de forme parfaitement régulière. A quoi donc est dû le phéno- mène que représente la figure 29 ? A un fait anormal de végétation. Voici les caractères que cette fleur pré- sentait : portée sur un pédoncule très-raide, la fleur mesurait 6 centimètres de dia- mètre sur une hauteur d’environ 35 milli- mètres, le tout formant trois couronnes ou sortes de cônes superposés et comme en- châssés l’un dans l’autre en diminuant suc- cessivement, pour se terminer en une pointe largement arrondie. La première couronne se composait de pétales rouge violet, un peu roulés en capuchon ; la deuxième, net- tement distincte de la première dont elle était séparée par une sorte de sillon, se composait de pétales rudimentaires, plats, minces, scarieux ou parcheminés, très-for- tement tassés, cachant en partie les organes sexuels ; elle était de nature papyracée, de couleur jaunâtre ; enfin la couronne termi- nale était formée de pièces analogues à la précédente pour la forme comme pour la couleur, mais légèrement plus grandes, sur- tout en allant vers le sommet. En tirant les conséquences de ce qui pré- cède et les appliquant à la figure 29, on peut se convaincre de l’analogie de toutes les parties d’une inflorescence et voir qu’une fleur n’est en réalité qu’une sorte de bour- geon raccourci dont les pièces se sont mo- difiées. Par la pensée, prolongez le placenta qui, en réalité, n’est qu’un aplatissement brusque de l’axe, et vous aurez une tige dont les pièces seraient des pétales, l’équivalent de parties foliacées à l’aisselle desquelles Fig. 29. — Dahlia monstrueux, aux 2/3 de grandeur naturelle. serait placé un organe sexuel ou sorte de bourgeon d’une nature particulière. C’est surtout dans les fleurs dont l’axe extrêmement raccourci porte un nombre considérable d’organes aplatis : folioles cali- cinales, sépales, pétales, etc., telles que les Roses, et tout particulièrement les inflores- cences de certaines Gompo.sées : Soleil, Zinnia, etc., qu’on peut rencontrer nette- ment formées les particularités (monstruo- sités) dont nous venons de parler, dont la figure 29 présente un frappant et remar- quable exemple. E.-A. Carrière. 118 CATTLEYA ELDORADO ET VARIÉTÉS. — POMMIER BELLE-FILLE DE SCEAUX. CATTLEYA ELDORADO ET VARIÉTÉS Il en est du Cattleya Eldorado comme à peu près de toutes les Orchidées : autant de plantes introduites, autant de formes parti- culières; elles sont plus ou moins différentes et plus ou moins belles, mais à peu près ja- mais identiques. Le type du Cattleya Eldo- rado — du moins ce qu’on considère comme tel — présente les caractères suivants : Plante vigoureuse, formant de' fortes touffes dressées, compactes et relativement naines. Pseudobulbes allongés, peu ren- flés, terminés par une feuille épaisse, longuement et étroitement ovale-arrondie. Inflorescence réfléchie, parfois pendante, généralement biflore. Fleurs très-grandes, assez longuement pédicellées, à pédicelle un peu arqué, très-grand, à 5 divisions, les deux internes un peu plus larges, d’un rose vineux ou lilacé. Labelle contourné en tube évasé, rose violacé extérieure- ment, d’un beau jaune foncé à l’intérieur, d’un rose lilacé très-doux sur les bords. Odeur très-suave, rappelant l’Ananas uni à la Pomme de reinette, et comme légère- ment musquée. Variété aurantiaca. A peu près sem- blable au type par le port, la vigueur et la végétation, cette forme s’en distingue par la macule de son labelle, qui est jaune orangé foncé. L’odeur des fleurs est exacte- j ment la même que celle du type. Variété pallida. Celle-ci, moins belle, a les fleurs beaucoup plus pâles ; elles nous ont aussi paru un peu plus petites ; mais comme les sujets que nous avons étudiés étaient assez récemment arrivés, il est possible que, fa- tiguées par le voyage, leurs fleurs n’aient pu atteindre tout leur développement. Nous avons observé les plantes dont nous parlons chez M. Ghantin, horticulteur, ave- nue de Ghâtillon, à Paris. May. POMMIER BELLE-FILLE DE SCEAUX Cette espèce, l’une des plus |)roductives et qui réunit à peu près toutes les qualités, est, malgré cela, peu connue en dehors d’une localité des enviTons 'de Paris *où elle est commune et censidérèe comme l’une des plus méritantes. Déjà, dans ce journal (2), nous l’avons particulièrement signalée à l’at- tention de nos lecteurs. Un fait singulier, c’est qu’elle paraît n’être décrite dans aucun recueil pomologique ni même signalée, si ce n’est dans le Dictionnaire pomologique de M. A. Leroy, où seul le nom est indiqué. Pourtant, nous le répétons, comme fruit de verger, c’est-à-dire pour le plein vent, c’est certainement l’une des sortes les plus pré- cieuses. Pourquoi cette localisation si exiguë pour un fruit de cette valeur? Nous croyons que c’est parce que cette Pomme est peu connue, ce qui explique le présent article. Au sujet de cette variété, nous avons écrit à plusieurs de nos collègues des environs (1) Nous dormons à cette Pomme le second qua- lificatif « de Sceaux, » pour la distinguer de la Pomme de Belle-Fille des auteurs qui, du reste, ne paraissent pas être en parfait accord, ce qui semblerait démontrer que sous cette dénomination se cachent des variétés différentes. (2) Voir Revue horticole, 1880, p. 443. de Paris, en les priant de nous donner des renseignements surlaPommedeJPe?Ze-F^7/e, tant sur son origine que sur ses qualités. Nous croyons utile, afin de bien renseigner nos lecteurs sur cette Pomme, et autant que possible d’en faire l’historique, de repro- duire les principaux passages des lettres que nous avons reçues. Voici. Le 30 no- vembre 1880, M. Paillet, horticulteur à Ghatenay-les-Sceaux (Seine), nous écrivait : Je vous dirai que je ne connais pas l’ori- gine de la Pomme de Belle-Fille, mais que c’est l’une des meilleures que nous ayons. Je l’ai toujours vue ici, et je me suis informé auprès des plus vieux cultivateurs, qui m’ont assuré la même chose et qu’ils ne savent rien non plus quant à l’origine. Je ne lui connais aucune synonymie. Cette Pomme, qui se conserve très-longtemps, est délicieuse ; son fruit, rouge brillant, a la chair très-blanche, fine, juteuse, très-sucrée. Le fruit, d’une moyenne grosseur, est très-beau et même ornemental. C’est une excellente va- riété « de table, » mais beaucoup moins bonne comme fruit à cidre. Sous ce rapport, et bien que ce soit une appréciation personnelle, je trouve que le cidre produit par la Pomme de Belle-Fille est très-inférieur. L’arbre est très-rustique, quoique dans beau- POMMIER BELLE-FILLE DE SCEAUX. 119 coup d’endroits il ait gelé ; mais cela n’empêche pas que les cultivateurs de la localité l’a])pré- cient très-favorablement. M. Mallet, horticulteur au Plessis-Piquet (Seine), nous écrit le 17 décembre 1880 : Je ne connais pas l’origine de* la Pomme de Belle-Fille, et j’ai, je crois, cela de commun avec M. « tout le monde. » L’arbre est très- rustique et remarquablement fertile, et ses fruits, qui se conservent jusqu’en avril, sont excellents. Je ne lui connais pas de synonymie ; pourtant on cultive ici, sous le nom de Pom^nc de Hol- lande ou Pomme de Sceaux, une sorte qui est presque identique, mais dont le fruit est un peu plus petit, parfois moins coloré. J’en avais plusieurs gros arbres quand j’étais jardinier au chfiteau du Plessis, et avec les fruits que je récoltais en très-grande quantité je faisais d’excellent cidre qui, un peu trop sucré, ne se conservait pas longtemps... M. Berger, cultivateur-horticulteur à Ver- rières-le-Buisson (Seine-et-Oise), nous écrit le 29 novembre 1880 : Le Pommier de Belle-Fille est excessive- ment fertile et peut être considéré comme rus- tique. Ses fruits sont les meilleurs à manger et les plus estimés de nos environs. Ils sont très- bons jusqu’au mois de février et se conservent même jusqu’en avril-mai ; mais alors, et comme beaucoup d’autres, ils deviennent farineux et perdent leur saveur. On peut en faire du cidre, mais il faut le consommer dans l’année. Je ne lui connais aucune synonymie... M. Jamin, pépiniériste à Bourg-la-Reine (Seine), nous écrit le 9 mars 1880 : Le Pommier de Belle-Fille, dans cer- taines communes, porte aussi les noms de Pom- mier Saint- Vincent, Pommier Seigneur ou. du Seigneur. Arbre de bonne vigueur, à tête arrondie et compacte, à floraison tardive et échappant tou- jours aux gelées })rintanières, d’une grande fer- tilité, à fruit moyen, jaune verdâtre fouetté de rouge sur presque toute la surface, précieux pour la table et donnant un bon cidre. Une des variétés des plus rustiques et des plus cultivées en plein champ dans la région sud et sud-ouest de Paris. — Il est bien entendu que je parle de la Belle-Fille des environs de Paris. Nous terminons cette série de renseigne- ments sur le Pommier de Belle-Fille par la communication qu’a bien voulu nous faire notre collègue, M. Daniel, jardinier en chef au château de Dampierre (Seine-et-Oise). Dampierre, 4 novembre 1880. Monsieur Carrière, J’ai tardé un peu à répondre à votre lettre, | parce que je voulais vous donner le plus de renseignements possibles au sujet de la Pomme de Belle-Fille sur laquelle vous m’avez de- mandé mon avis. Cette variété, ({ue je con- nais depuis assez longtemps, j)roduit en abon- dance un très-beau fruit à j)eau claire, fine, et se conservant parfois jusciu’en mars. Est-ce la vôti-e ? A Palaiseau, à Sccaux-les-Chartreux, on cul- tive sous ce nom une variété très-estimée dont le fruit, de grosseur moyenne, est rayé de rouge et dont la maturité arrive à la même époque que la mienne. Ici, c’est autre chose : la Belle-Fille est une Pomme à peau claire, grosse ou très-grosse, quoique cultivée en jtlein vent et à haute tige, mais commençant à mûrir en septembre- octobre, même plus tôt, jusque parfois (mais rarement) en mars. Elle est également très- estimée. Tous les arbres de cette variété sont gelés dans la vallée, et je n’ai pu savoir au juste s’il y en a sur les i)lateaux qui ont été épargnés. Comme vous voyez, il y d’abord à s’entendre sur l’identité. Le Dictionnaire yyomologique de André Leroy paraît rapporter le nom de Belle-Fille à la mienne, et votre demande de renseignements paraîtrait au contraire se rapporter à celle cul- tivée à Palaiseau (si mes renseignements sont exacts toutefois, et j’en ai demandé à huit ou dix personnes). J’ai eu quelque peine à coor- donner les informations, assez contradictoires, que je recevais, ainsi que l’examen de quelques fruits que j’ai pu avoir et qui ne me paraissent pas appartenir plus à celle de Palaiseau qu’à celle du voisinage, et, en tous cas, pas à celle que je connais. Une seule chose reste affirmative sur tous les points: c’est le grand cas qu’on en fait comme fruit à couteau, mais aucun ne la connaît comme fruit à cidre. Personnellement, ne connaissant pas la ferti- lité de ces arbres en plein vent, au verger je ne lui reconnais ]>as tant de qualité que cela. Ceci, du reste, dépend du point de vue où l’on se place. Il résulte de ces divers renseignements que, même aux environs de Paris, et sous le même nom, on cultive au moins deux va^ riétés, l’une qui pourrait bien être celle dont ont parlé les auteurs, — ce qui pourtant n’est pas bien démontré; — l’autre qui est très-répandue, surtout à Sceaux et aux en- virons, qui est celle sur laquelle nous cher- chons à attirer l’attention, et que pour la dis- tinguer nous appellerons Belle-Fille de Sceaux. En voici une description : Arbre vigoureux, robuste, très-productif, 120 PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES. à tige droite surmontée d’une très-large tête arrondie. Fleurs nombreuses, en forts bouquets, s’épanouissant très-tardivement, grandes, rose carné. Fruits moyens, tou- jours plus larges que hauts, très-aplatis à la base, atténués vers le sommet, qui est obtus et comme tronqué. Queue générale- ment courte, implantée au fond d’une cavité très-largement évasée et profonde. Cavité ombilicale large, enfoncée ; œil largement ouvert. Peau luisante et comme vernie, d’un rouge brillant sur toutes les parties éclairées, d’un jaune mat souvent un peu flagellé rouge sur les parties tout à fait à l’ombre. Chair très-homogène, fine et très-dense, d’un blanc de lait ou crémeux, ne pré- sentant un peu de verdâtre que tout à fait au centre, dans la partie des loges, par- fois très-légèrement carnée, surtout quand elle est exposée à la lumière, sucrée et très- agréablement parfumée, quelquefois comme anisée. Cette variété mûrit ses fruits de novembre à mars ; mais comme ceux-ci sont dépourvus d’acidité, on peut les consommer dès qu’on en fait la cueillette. Après tous ces détails sur le Pommier Belle Fille de Sceaux, nous allons décrire la variété dite Poymne de Hollande ou Pomme de Sceaxix (voir ci-dessus). Cette sorte, probablement locale, que l’on ren- contre dans les champs à Sceaux et dans les environs, a un certain air de ressemblance avec la Pomme de Belle Fille. La ressem- blance est d’autant plus frappante que, comme cette dernière, l’arbre est également très-fertile et que son fruit est aussi très- coloré. Néanmoins elle est très-distincte par ses qualités et propriétés. En voici une des- cription : Vigoureux et robuste, l’arbre a les fruits petits ou moyens, élargis à la base, brus- quement atténués au sommet, qui est ar- rondi, obtus. Pédoncule court, excédant souvent à peine la cavité. Ombilic enfoncé, plissé autour de l’œil qui est petit et com- plètement formé par l’application des divi- sions calicinales. Peau lisse et luisante, rouge intense vermillonné sur les parties fortement insolées, jaune beurre sur les autres parties à la maturité. Chair très- dense, jaune blanchâtre ou verdâtre; loges peu nombreuses, petites, souvent rem- placées par du tissu cellulaire, de saveur sucrée-acidulée {sui generis). La Pomme de Hollande n’est pas seule- ment un fruit « à couteau ; » c’est aussi une Pomme à cidre, et sous ce rapport elle est d’autant plus précieuse que, grâce à sa flo- raison tardive, l’arbre ne manque jamais de rapporter. Son cidre, qui est bon, se garde assez longtemps et ne noircit pas comme fait celui confectionné avec la Pomme de Belle Fille de Sceaux qui, très-sucré, se décom- pose promptement et prend une couleur noire. Les deux Pommes dont il vient d’être question conviennent surtout pour le plein vent. Ce sont donc des sortes particulière- ment propres aux vergers. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Saxifraga tricolor superha. — Cette plante, dont la végétation rappelle assez celle du -S. sarmentosa, est d’une beauté peu commune par l’éclat de toutes ses parties. Feuilles orbiculaires, entières, à peine très-légèrement villeuses, un peu convexes, d’un rose tendre parfois rouge ou blanc carné, ou présentant toutes ces nuances à différents degrés, suivant l’état plus ou moins avancé de la feuille, n’ayant jamais de vert qu’au centre. Stolons d’un très-beau rose plus ou moins foncé, émettant à leur extrémité une rosette ou propagule qui constitue une plamule qui ne tarde pas à s’enraciner quand elle touche le sol, pour ensuite donner naissance à un stolon se terminant également par une rosette foliacée. Le Saxifraga tricolor superha ne doit pas être confondu avec le Saxifraga trico- lor, avec lequel il a du rapport par son aspect et par sa végétation. Celui-ci, plus vigoureux, a les feuilles un peu plus grandes, mais avec une panachure beaucoup moins marquée, surtout très-inconstante. Ainsi il arrive fréquemment que tout ou partie de ses feuilles sont complètement vertes. Le seul reproche que l’on peut faire* au S. tricolor superha, c’est de pousser très- lentement. Il faut le planter en terre de bruyère pure et le tenir à l’ombre. Inip. Georges Jncob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Av is à nos abonnés au sujet de leur correspondance. — Exposition de la Société nationale et centrale d’horticulture dans les jardins du concert Besselièvre; mesures prises par le comité d’organisation. — École expérimentale d’horticulture établie par la ville de Paris dans la plaine de Gennevilliers. — Un arbre géant de l’Australie. — Mise en vente des graines de Vigne du Soudan ; prix élevé de ces graines. — Une plante qui, dit-on, doit remplacer l’Avoine. — Rusticité des Lis du Japon ; communica- tion de M. Boisselot. — Synonymie du Populus Bolleana ; lettre de M. Jouin. — Composition et mode d’emploi d’un nouvel engrais chimique horticole du docteur Jeannel. — Variétés de Solanum heta- ceum obtenues par M. Alliaume. — Sorgho sucré ambré hâtif du Minnesota. — Une préparation insec- ticide pour laver les plantes de serre. — Emploi de la gadoue pour éloigner les altises ; expériences à faire. — La chaux et les limaces. — Un nouveau légume ; lettre de M. le prince de Stourdza. — Modi- fication du type Rosa polyantha ; réflexions à ce sujet. Plusieurs personnes nous ont écrit pour se plaindre de n’avoir pas reçu de réponse à une lettre qu’elles nous avaient adressée ; c’est que probablement elles avaient oublié de nous envoyer, en même temps, la bande de la Revue horticole. Nous prions de nou- veau les personnes qui nous écrivent pour demander des renseignements ou toute autre chose de vouloir bien ajouter à leur lettre la bande de leur abonnement au journal la Revue horticole. C’est dans l’intérêt même de nos abonnés, à qui nous voulons consa- crer tout notre temps, que nous avons dû prendre cette mesure. — La commission chargée de prendre les dispositions nécessaires pour la pro- chaine exposition d’horticulture a terminé son travail et vient de rendre compte à la Société nationale et centrale d’horticulture de France de la mission dont elle s’était chargée. Les mesures adoptées nous parais- sent très -heureuses, et sans rien préjuger on est en droit pourtant d’espérer que les résultats seront avantageux pour la Société. La commission s’est entendue avec le concert Besselièvre, placé près du palais de l’Indus- trie, par conséquent dans des conditions qu’on peut regarder comme devant être très-favorables. Quant à l’installation, ce qui est arrêté paraît également des plus heu- reux ; aussi dès aujourd’hui le succès est-il à peu près certain, et Ton ne peut douter qu’il y aura affluence de visiteurs. Du reste, nous savons de bonne source que la Société ne négligera rien pour donner à cette fête le plus grand intérêt possible. Le gant est jeté; la lutte est engagée, et l’amour-propre est en jeu. C’est donc à nous tous à montrer que, pour faire une exposition d’horticul- ture, il n’est pas besoin d’avoir recours aux 1er avril 1881. étrangers, que le concours des beaux-arts est inutile et que les horticulteurs et les amateurs suffisent. L’exposition, qui durera huit jours, ou- vrira le samedi 21 mai. — La ville de Paris va faire établir dans la plaine de Gennevilliers, là où les arrose- ments se pratiquent exclusivement à l’aide des eaux d’égout, une école d’horticulture expérimentale. A cet effet, M. l’ingénieur des ponts-et-chaussées, Durand-Glaye, qui s’est toujours particulièrement occupé de cette partie du service municipal, vient de s’adresser à la Société nationale et cen- trale pour la prier de vouloir bien nommer une commission chargée de suivre les tra- vaux, et au besoin donner des avis. Ce sera donc une commission consultative. Nous regardons cette affaire comme dou- blement avantageuse : pour la ville, qui trouvera dans l’expérience de la com- mission des avis et même des conseils qui ne peuvent être que favorables à l’entre- prise ; pour la Société nationale et centrale d’horticulture qui trouvera là l’occasion de faire essayer des procédés de culture, soit des graines de légumes ou de fleurs qui lui sont fréquemment adressées, et de résoudre certaines questions qui sont essentiellement du ressort de la pratique, ce qu’elle ne pou- vait faire jusqu’ici, n’ayant pas de jardin. Il y a donc lieu d’espérer que la création de cette nouvelle école municipale, en même temps qu’elle sera favorable à l’enseigne- ment, permettra aussi à la Société d’hor- ticulture de combler la lacune dont nous venons de parler, et de théorique qu’elle est sur certains points, devenir pratique. — Un arbre géant de l’Australie — ce 7 CllHOMULK I1.4lTI(;OLK. qui n’esl pas rare dans ce pays — est le Big-Ben (le Gros-Bon), qui est un Euca- lyptus du groupe des Wliile Gum ou Gom- miers blancs, qui mesure « 5G pieds de cir- conférence sur plus de 400 pieds de hau- teur. » D’apres des évaluations, et en ad- mettant que sa croissance annuelle ait été en moyenne d’un seizième de pouce, cet arbre n’aurait guère moins de 2,500 ans, ce qui est déjà un âge respectable. En admettant que toutes les mesures qu’on adonnées des Eucalyptus soient exac- tes, on constate que ce sont encore les Wellingtonias, géants californiens qui l’em- portent, et même de beaucoup, puisque plu- sieurs individus mesurent plus de 90 pieds de circonférence, c’est-à-dire au moins 10 mè- tres de diamètre, sur une hauteur de 80 à 120 mètres. — Il paraît que décidément les graines de Vigne du Soudan, rapportées pai- feu Lécart, sont actuellement en vente. Contrairement à ce que nous avions avancé, ce n’est pas, paraît-il, M. Gbantin qui en est le vendeur, mais bien le « compagnon » de feu Lécart, M. Durand lui-même. Voici à ce sujet ce que vient de nous écrire un de nos collègues, horticulteur dans le midi delà France: 18 mars 1881. Mon cher collègue, .... L’alfaire Lécart est loin d’etre aussi dé- sintéresée qu’on paraissait le supposer à l’ori- gine. Une lettre datée du 6 courant, que je tiens de la famille, m’annonce la mise en vente des pépins à raison de dix francs la pièce, ce qui n’est certes pas pour rien. Mais ce fait n’est pas isolé, puisqu’on lit dans la Gironde de ce jour ce qui suit : « Bordeaux, ce 16 mars 1881. (.(] Monsieur le rédacteur, (( Nous avons recours encore à votre obli- geance habituelle, et vous prions de vouloir bien annoncer dans votre estimable journal que les héritiers de M. Théodore Lécart sont à Bor- deaux et qu’ils ont mis en dépôt chez M. Jau- bert, passage Sarget, des graines de la Vigne du Soudan. Elles seront livrées au prix de 5 fr. le pépin, et une notice instructive au prix de 1 fr. « Le eompagnon de M. Lécard, aide natu- raliste^ « E. Durand. » Donc, plus de doute : on peut maintenant se procurer des pépins de la Vigne du Sou- dan, et il est à peu près certain que, malgré le prix très-élevé de ces graines, les ache- teurs ne manqueront pas, de sorte que, dans un temps probablement pas trop éloigné, l’on sera renseigné et saura à quoi s’en tenir sur cette Vigne qui, même avant son entrée en France, a été acclamée comme devant ré- générer nos vignobles. Sans avoir en cela une grande confiance, nous croyons qu’il est prudent de ne formuler aucun jugement. — Nous avons reçu de nos abonnés plu- sieurs lettres dans lesquelles on nous de- mande des renseignements sur la « plante à l’Avoine» ou la plante « qui remplace l’A- voine. » Gette espèce dont on parle beau- coup — peut-être même beaucoup trop — est un Soja à grains noirs. Nous y revien- drons prochainement et reproduirons un article que nous avions écrit précisément pour répomb'e à des questions analogues à celles que nous posent aujourd’hui [)lu- sieurs lecteurs de la Bévue horticole. — En [)ai‘lant, dans une précédente clio- nique, des Lis du Japon, et après avoir relaté la communication de M. Jean Sisley ten-- dant à démontrrT que tous ces Lis sont rus- tiques, nous avions cru pi'udent de faire des réserves, au moins pour une espèce : pour le Liliiim lancœfolium. Une note que nous avons reçue de notre collaborateur, M.Bois- selot, de Nantes, semble démontrer que nos craintes n’étaient pas fondées. Il nous écrit : ...... Jusqu’à présent beaucoup de personnes croyaient encore que le Lis doré du Japon {Liliiim auratum) n’était pas rustique. C’est une erreur. Il en existe plusieurs touffes chez un horticulteur de Nantes, qui n’ont pas été relevées depuis ti’ois ans. Ces Lis sont plantés en pleine teiTe de bi’uyèi’e, à l’air libre, dans une plate-bande si- tuée au noi’d, deiTière un petit mur de bâche d’environ 1 mètre de hauteur. Ils ont, l’hiver dernier, suppor té 18 degr-és de froid, ce qui ne les a pas empêchés de produire de vigoureuses hampes flor^ales d’envir’on 1 mètr-e 40 de hau- teur, portant chacune plus de vingt fleurs. J’ai été moins heur-eux : j’avais quelques pieds de cette môme espèce, mais qui étaient en pots et que j’avais laissés dehors, et le froid les a tous fait périr. Il va sans dir'e que les Lilium longifiorum, lancœfolium et autres n’ont nullement souf- fert, bien qu’en i)leirre terre, et qu’ils n’avaient pas été gar’antis. Donc, plus de doute pour la rusticité des Lis du Japon ; peut-être pourtant, pour C!HU)N!()L'K une es[)ècc, le L. cordifoliiDn, Thunl)., est- il bon de prendre quelques précautions. Ce (pi’il faut, c’est trouver les conditions propres à chacune des espèces, ce qui certainement est le point important. Trop de soins peut les tuer, ce qui est conforme à ce proverbe : c( L’excès de la meilleure chose ne vaut rien. » — Notre collègue, M. Jouin, chef des pé- })inières chez MM. Simon-Louis frères, à Plantières, près Metz, à propos du Populus Bolleana, espèce nouvelle que nous avons décrite récemment, nous écrit ; « Le Peu- plier dont vous avez parlé dans la Revue hor- ticole est le même que celui que nous avons vendu l’année dernière sous le nom de Populus alba pijramidalis nana, sous lequel nous l’avions reçu de M. le colonel Koiolkow. M. Spath, de Berlin, me l’a, du i-e.ste, affirmé loi's d’une visite qu’il a faite lé-.'emment à notre établissement de Plan- tières-lès-Metz. » Encore une .synonymie de plus. Avis aux pépiniéristes et à tous ceux qui possèdent le Populus Bolleana. — Dans une lettre qu’il a adressée à la Société nationale et centrale d’horticulture de France, M. le docteur Jeannel, à la suite de revendications au sujet des engrais dont il est l’inventeur, fait connaître celui qui, d’après de récentes expériences, lui paraît le plus méritant, et qu’il liomme « engrais chimique horticole. » Prenez : Azotate d’amoniaque bru!: . 38ü gr-. Bii»lios[i!iate d’ammoniaquo brut 300 Azotate de potasse brut. . 260 Biphosphate de chaux en poudre fine 50 Sulfate de fer (coiq)erose verte) 10 Total 1,000 gr. Pulvérisez, mêlez, et gardez à Fabrâ de l’air. Nota. — Les sels bruts étant achetés dans le commerce de la droguerie, le mélange revient à moins de 2 fr. le kilogramme. Faites dissoudre le mélange dans la propor- tion del à 3 grammes par litre d’eau })our l’ar- rosage des plantes une ou deux fois par semaine, et même plus fréquemment, suivant les effets obtenus. Il est entendu que les conditions de tempé- rature, de lumière et d’humidité, etc., doivent être favorables à la végétation. Le sol peut être maigre et même purement sablonneux ; la I10UT1COLI-. condition essentielle est qu’il soit perméable aux racines. Nous ne saurions trop rappeler que, toutes les fois qu’il s’agit d’engrais artificiels, il faut être très-prudent, car, suivant la vigueur des plantes, leur nature et leur état de développement, des mêmes quantités de substances peuvent produire des] résultats très-différents, et que, dans tous les cas, l’excès en moins vaut mieux que l’excès en plus. — Lorsque, dans ce journal, nous avons publié une figure et une description du So- layium hetaceum (1), nous ne connaissions aucune variété de cette espèce; mais aujour- d’hui, par suite de semis qu’en a faits M. Alliaume, on en a obtenu plusieurs, deux entre autres à fruits rouge pourpre brillant à la maturité. L’une a les fruits allongés, elliptiques comme le type; l’autre, au moins plus coloré, est courtement ovale arrondi aux deux bouts. Nous reviendrons sur ces intéi'essanles variétés, qui, du reste, ne sont pas les seules qu’ait obtenues M. Alliaume. — Parmi les nouveautés mises récem- ment au commerce par la maison Vilmorin, il en est une que nous croyons devoir si- gnaler tout [)articulièrement : c’est le «Sor- gho hâtif du Minnesota ou Sorgho sucré anibié. » Le Sorgho sucré de Gbiue, Ilolcus saccha- ratus., appelé aussi quelquefoi.s « Carme à sucre du iioi’d de la Chine, » est une })lante de la famille des Graminées, c’est-cà-dire une herbe, mais une herbe gigantesque, produisant des tiges de 3 mètres et plus de hauteur, et grosses comme celles d’un Roseau ordinaire.... Au point de vue industriel, le Sorgho à sucre se distingue très-nettement du Sorgho à balais, en ce que ses tiges, au lieu de renfermer une moelle blanchâtre et sèche, sont remplies d’un jus sucré tout à fait analogue à celui qui s’ex- trait de la Canne à sucre. Usages du Sorgho. — Le Sorgho sucré peut être em}>loyé et est employé dans certains pays à la fabrication du sucre, soit cristallisé, soit à l’état de sirop. On rutilise de cette façon en Amérique depuis quelques années avec un suc- cès complet. Il peut encore, et plus facilement, servir à la fabrication de l’alcool. Le jus, traité à la manière de celui de la Betterave, dont il égale à peu j)rès la riche.sse en sucre, fermente et peut être distillé de la même façon. Enfin, on peut en obtenir directement, par la ferinen- (t) Vo'.r [icvv.e horCiculc, 1880, p. 150. 124 CHRONIQUE HORTICOLE. talion, une sorte de vin très-sain et très- agréable. Le rendement d’un hectare, -bien cultivé, est d’environ 30,000 kilogrammes de tiges prêtes à être portées à l’usine, c’est-à-dire écimées et dépouillées de leurs feuilles. La richesse en sucre du jus peut s’élever jusqu’à 12 et 15 ki- logrammes de sucre total par hectolitre. Le sucre cristallisable, ou sucre de Canne, en représente des deux tiers aux quatre cin- quièmes. Bien que le Sorgho en question soit une plante essentiellement agricole et indus- trielle, nous avons cru devoir la signaler dans la Revue horticole, pour deux raisons : la première parce que l’agriculture, sur beaucoup de points, confine à l’horticulture, à laquelle même elle fait souvent de nom- breux emprunts ; la deuxième parce qu’il nous paraît probable que, dans certains cas, le Sorgho de la Chine pourra être employé pour l’ornement, soit comme plante à iso- ler, soit comme remplissage pour combler des vides dans des massifs, soit peut-être même pour former des abris pendant l’été. — Nous copions : (( Plus de ThripsÜ plus d’araignées rouges ! Murumuru, pré- paration insecticide pour laver les plantes, préparée et vendue par les chefs de culture de l’établissement d’introduction et d’horti- culture de J. Linden, à Gand (Belgique) ; seul insecticide employé à l’établissement pour laver les Orchidées, les Palmiers, les Grotons, les Dracænas, les Camellias, etc. (( Mode d’emploi. — Une demi-bouteille de « Murumuru » pour dix litres d’eau de pluie ; imbiber une éponge de ce liquide et laver les plantes. » Pas de commentaires ! — L’année dernière, dans une chronique de la Revue horticole, nous informions nos lecteurs que, d’après des expériences faites à Montreuil par un cultivateur, la gadoue de Paris semble jouir de la propriété, sinon de tuer, au moins d’éloigner les attises, ce lléau des Crucifères. A.insi, dans deux carrés presque contigus dont l’un avait été forte- ment paillé avec de la gadoue, l’autre non, et sur lesquels on avait semé des Giroflées, les plants furent préservés dans celui où il y avait de la gadoue, tandis qu’ils furent à peu près complètement dévorés dans le carré où il n’y en avait pas eu. En rappelant ce fait, non seulement nous engagions toutes les personnes qui le pourraient à renouveler et à contrôjer ces expériences, en les variant même, de manière à être bien fixé sur ce sujet ; mais encore nous déduisions cette conséquence : que de l’eau dans laquelle on a mis de la gadoue pourrait peut-être s’imprégner de cette propriété insectifuge, et alors être employée en bassinages pour préserver les Choux. Nous renouvelons la même prière, en faisant remarquer que l’ex- périence dont nous parlons peut être d’une importance capitale pour l’horticulture. — A ce moment de l’année, et par suite de l’élévation de la température, les limaces vont pulluler dans les jardins. Nous croyons devoir rappeler que de la chaux en poudre répandue sur le sol éloigne ou plutôt fait mourir ces animaux quand elle les touche, et que d’autres matières pulvérulentes, sur- tout quand elles sont un peu corrosives, comme l’est la cendre, par exemple, peuvent produire le même effet. — S’il faut en croire ce que le prince de Stourdza a écrit à la Société centrale d’hor- ticulture de la Seine-Inférieure, la culture légumière française serait très-prochaine- ment dotée d’une nouvelle espèce. Qu’on en juge d’après la lettre suivante : Dieppe, le 29 juillet 1880. Monsieur le Président, J’appelle votre attention sur une plante de mon pays, en Roumanie, dont j’ai donné de la graine à M. Campion, mon jardinier. Le ré- sultat a dépassé notre attente, comme vous pourrez vous en assurer par vous-même tant chez lui que chez moi. La dénomination de cette plante en Roumanie est Stir. Appartien- drait-elle au genre Bégonia, ou bien est-ce l’Amarante comestible ? Ce sera à vous à cher- cher à résoudre la question. Cette plante est d’une très-belle venue, a la tige pourpre et vi- goureuse, atteignant plus de 80 centimètres de hauteur. Ainsi, elle peut servir non seulement d’ornementation dans les jardins, mais ses feuilles sont un manger d’un goût fort agréable. En Roumanie, on en fait une grande consom- mation, en été, dans une soupe acidulée qu’on appelle borche, et dans différentes espèces de l)âtisseries faites avec des œufs, du fromage, de la crème, qui sont considérées comme plats nationaux. Dans l’espoir que la culture de cette plante présentera quelque avantage à l’horticulture de la France, agréez, Monsieur, l’assurance de mes sentiments très-distingués. D. DE Stourdza, Membre de la Société d’horticulture 125 VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). Malgré l’assurance donnée par celte lettre, nous croyons qu’il est prudent de ne pas se presser de conclure. Nous fondons cette ré- serve sur les moiifs que voici : 1° à la ri- gueur l’on pourrait manger à peu près toutes les Amarantes en les prenant à un certain état de développement; 2® le palais des paysans roumains est probablement beau- coup moins délicat que^ le nôtre, de sorte que parce qu’ils mangent des Amarantes sauvages comme légume, il est loin d’être prouvé que c’est par goût ; s’ils avaient à leur disposition nos succculents légumes, ils les préféreraient à leurs Amarantes. Probablement que dans cette circonstance ce proverbe : « Faute de grives, on mange des merles, » pourrait bien leur être ap- pliqué. — De toutes les modifications que peut présenter un type quelconque de végétaux, il en est surtout que nous devons citer, mal- gré que bien des fois déjà nous ayons cher- ché à appeler l’attention sur le type qui les fournit : le Rosa polijantha. En effet, cette espèce, originaire du Japon, à fleurs petites, simples, inodores ou à peu près, disposées en panicules gigantesques, à végétation vi- goureuse et formant un énorme buisson fortement épineux, a donné, par semis, des plantes de végétation, de port, d’aspect et de dimensions les plus divers : épineuses, non épineuses, à feuillage luisant, à fleurs de couleurs très-variées, solitaires, parfois réunies en petits bouquets, de diverses for- mes et plus ou moins odorantes, parfois d’une suavité exquise qui rappelle celle des Roses Thé. Ainsi, dans un article sur le Rosa polijantha., publié par M. Jean Sisley dans le Journal des Roses (1881, p. 23), et après avoir fait connaître quelques variétés re- marquables produites par cette espèce, notre collègue ajoutait : «.... Et l’on nous annonce toute une série de variétés de polyanlha nains et remontants en dilférents coloris, mais qui demandent encore à être étudiées et multipliées, et ne seront livrées au public que l’année prochaine. » Eh bien ! nous le demandons, qu’est de- venu le type polyanlha, que plus rien ne rappelle chez certains de ses descendants ? A l’inverse de Saturne, qui dévorait ses en- fants, il a été dévoré par les siens !... Image de la science qui, à mesure qu’elle marche, fait disparaître bien des théories qu’elle remplace par de nouvelles qui, pro- bablement, à leur tour auront le même sort. . . Mais alors comment expliquer ces faits? Nous le demandons aux savants, en les priant toutefois de réfléchir à l’apparition de tant de formes différentes sorties d'un même sujet, et après avoir étudié toutes ces diversités de vouloir bien examiner les ca- ractères qui les constituent, qui sont si vi- sibles et si saillants, et de les comparer avec ceux qu’on ne voit parfois qu’à l’aide de microscopes très-puissants, avec lesquels, pourtant ils font ce qu’ils appellent de (( bonnes espèces » et que tant de gens pren- nent au sérieux. E.-A. Carrière. VOYAGE AU CAÜGA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE) DE POPAYAN A PASTO, PAR LOS PUEBLOS (1) Le rio Quilcasé est franchi sur un pont de bois couvert, comme les cases, d’une toi- ture en herbes sèches servant de refuge aux voyageurs surpris par les orages dans cette région déserte. Sur le chefliin de Cali à Popayan, j’avais déjà remarqué cette forme particulière de pont sur les rios Coffre, Victorix et Palacé, et les avais suffisamment appréciés pour désirer qu’il en soit établi de semblables sur les principaux cours d’eau qui me séparaient de Pasto. Arrivés quelques pas plus haut, nous trouvons ' la bifurcation des deux chemins qui condui- sent à Pasto ; laissant à notre droite celui (1) V. Rev. hort., 1881, pp. 58 et 105. qui est le plus ordinairement suivi, nous nous mettons à gravir résolument cette haute montagne qui se dressait devant nous. Au nord, sa masse imposante domine la vallée tourmentée du Quilcasé, puis, au sud-ouest, Dolorès, petit bourg composé de quelques cases échelonnées à ses pieds, dans une étroite gorge qui forme l’entrée de cette funeste vallée du Patia, dont les fièvres pernicieuses épargnent bien peu de voyageurs. Notre ascension dura plus de. deux heures ; tantôt côtoyant d’énormes blocs de roche* détachés sans doute du som- met, tantôt cheminant dans les hautes Gra- minées dont la montagne entière était cou-' 12G VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMIUE). verte, nous jouissions d’un coup d’œil splendide, qui laissait pourtant Florentino parfaitement indifférent. Dans les interstices de ces roches isolées, je remanjuai une cu- rieuse Broméliacée (Pitcairnia?) dont les feuilles étroites, lanceolées-aiguës, longues de quelques décimètres, s’appliquent en rosace sur les parois et donnent naissance à une tige rouge vermillon haute d’un pied et demi, pourvue sur toute sa longueur de fleurs orange brillant entourées d’une bractée étroite, également vei mil Ion, longues de 4-5 centimètres. Cette espèce est inerme et ne saurait par conséquent être confondue avec un autre Pitcairnia épineux, saxatile, que l’on rencontre sur le cours du rio Vi- nagré, près du volcan de Puracé, où il abonde. Arrivés au sommet, j’éprouvai le besoin de mettre pied à terre pour passer la nuit dans une misérable hutte que nous avions la bonne fortune de rencontrer là, tout près des grandes forêts de Dolorès, que je voulus explorer un peu en attendant la cuisson du (( sancocho » obligatoire. Je fus frappé de la rareté des Broméliacées ; mais en re- vanche les Orchidées y abondent, principa- lement dans les genres Ejndendron, Stanhopea, Lycaste, Cœlogyne et Onci- dium. Dans les fonds, qui sont très-maré- cageux, j’ai vu de fort belles Fougères arbo- rescentes, des touffes énormes à'Heliconia dont les régimes de fleurs écarlates et jaune vif mesurent souvent plus de 80 cen- timètres de long ; des myriades de Fougères herbacées et de Mousses délicates recou- vrant l’écorce de ces arbres plusieurs fois centenaires. Mais ce que j’ai remarqué de plus beau est une Aroïdée grimpante {Phi- lodendron), à feuilles nombreuses, cordi- formes, planes, gaufrées, d’un vert clair et produisant des spathes et spadice d’un rouge vermillon intense, un peu plus grandes que celles du Richardia Ethiopica. J’ai vu plu- sieurs arbres, hauts de plus de 10 mètres, complètement garnis de cette plante et por- tant à la fois plus de 60 spathes. Il serait difficile de dépeindre l’effet que produisent ces fleurs éclatantes dans l’obscurité relative de cette forêt, où je trouvai encore, quelques pas plus haut, une sorte de grand Maranta à feuilles vertes, haut de 2 mètres et pro- duisant à sa base une foule dé turions d’un très-beau rouge, de la grosseur du pouce, entourés de grosses capsules séminifères globuleuses de même couleur, et dont l'as- pect est fort joli. Le matin du troisième jour, poursuivant notre route vers l’Équateur, je passai cette fois en ])leine forêt couronnant la crête de la Cordillère centrale des Andes ; par mo- ment le sentier, toujours exécrable, traverse une clairière devenue prairie, ou longe quel- que pauvre case entourée de son champ de Maïs presque toujours fort beau, bien que semé et cultivé de la façon la plus primitive. Suivant tantôt des lornas monotones, mais pianos, dont les Graminées roussies et des- séchées forment -l’unique parure, le chemin change tout à coup d’aspect et s’engage dans ces descentes, tortueuses autant que mauvaises, que j’ai déjà décrites. Parfois le sentier, se creusant davantage, oblige le cavalier à un exercice très-fatigant, qui con- siste à maintenir les estrïbos (gros sabots- étriers de cuivre) relevés, sou? peine de se faire casser les jambes. J’atteints enfin de nouveau la région boisée, où je ne tarde pas à être rejoint par quelques caballeros, que j’intrigue par mes fréquentes haltes aussi bien que par la vue des échantillons de plantes diverses qu’ils voient attachés sur la croupe de ma mule. Ils me posent une foule de questions auxquelles je réponds de mon mieux. A mon tour je profite de cette occasion pour les questionner et leur indiquer la propriété d’un certain nombre de végétaux qui croissent là en abondance. Il n’en faut pas davantage pour que mes nouveaux compagnons de route soient con- vaincus de posséder au milieu d’eux un il- lustre medico hlanco et pour mettre natu- rellement ses talents à contribution. Mes dénégations parurent de la modestie, et mes protestations un prétexte pour ne les point secourir. G’esGainsi que nous arrivâmes au pueblo de la Sierra, où je devais passer la nuit. Je n’eus pas d’autre moyen de recon- quérir les bonnes grâces de mes hôtes qu’en pansant di^ mieux que je pus la jamhe meurtrie de l’un d’entre eux. Je ne sais comment les choses se passèrent ; mais, trois jours durant, je jouai ce rôle invrai- semblable du Médecin malgré lui, qui me pesait considérablement et dont j’espérais bientôt me débarrasser. Le petit v( pueblo de la Sierra, » placé au bas de la forêt boisée que nous venions de traverser, est situé sur un plateau qui se prolonge à l’ouest vers la vallée du Patia UTILISATION PAUTICULIKKK DU GENET d’ESPAGNE. 127 et laisse cntrevoii* la Cordillère occidentale se profilera l’horizon. C’est un des derniers points où la culture du Bananier (Platanos) soit productive, car l’altitude supra-marine est désormais rarement inférieure à 2,000 mètres sur le chemin qui nie reste à parcourir. Les forêts environnantes ne contiennent pas une bien grande variété de végétaux ; j’y ai néanmoins remarqué le Quillototo, grand arbuste de la famille des Bignonia- cées, se couvrant littéralement d’épis de grandes fleurs d’un beau jaune d’or; des Mélastomées, qui sont toujours largement représentées et se montrent sous une mul- titude de formes et de couleurs. Par contre, la végétation y est relativement pauvre en plantes épiphytes et en Mousses, ce qui paraît dû à la grande sécheresse de l’atmos- phère. Pour arriver à El Negro que je m’étais fixé pour la posada (1), je dus franchir d’abord le rio San Pedro, qui n’olfre de par- ticulier qu’un pont de fascines à inclinaison fort inquiétante, puis de grandes loynas dont les hautes herbes sont fréquemment enlacées d’un superbe Echites (?) à grande fleur de couleur orange. Mais je n’oublierai pas de si tôt les deux rampes à 45 degrés qui conduisent au rio Guachicono, coulant 700 mètres plus bas dans le fond d’une étroite vallée. Il est impossible de se faire une idée, môme approximative, de l’hor- reur de ces sites sauvages, et encore moins de pouvoir décrire fidèlement un de ces points, considéré par tous les voyageurs comme des plus dangereux de l’Etat du Cauca. Les grandes croix de bois plantées fréquemment sur le bord d’un précipice, par groupe de trois ou de sept, témoignent de la terreur qu'inspire aux Indiens cette dangereuse passe, qu’ils ont pour cela nom- mée (( paso de los deynonios, » c’est-à- dire Cheyyiin des Déynons. Les Orangers à fruits doux croissent en grand nombre dans cette vallée du Guachi- cono, enserrée comme dans un étau par deux murailles naturelles gigantesques. Sur le bord du rio j’ai remarqué des Gyne- riuyyi saccliar aides de plus de 7 mètres de haut; de grandes touffes d' Adiantuyn ei d’autres Fougères, et quelques-unes de ces Mimosées épineuses, à grande fleur en éventail, blanches, bordées pourpre, qu’on rencontre presque toujours entre 1,600 et 2,000 mètres sur le bord de rivières ou le fond des québradas (1). Sauf les bords du Guachicono et du rio Putès, qui offrent quelque végétation ligneuse, tout le par- cours s’effectue ensuite dans des lomas où de nombreux troupeaux paissent en demi- liberté. PUVILLAND. (A suivre.) UTILISATION PARTICULIÈRE DU GENÊT D’ESPAGNE Presque tout le monde aujourd’hui — les uns pour avoir vu le fait, les autres pour l’avoir entendu dire — sait que les dîmes sont des montagnes de sable accu- mulées sur certains points des bords de la mer, lesquelles, par leur mobilité, tendent constamment à se déplacer, tout en s’aug- mentant, et, par ce fait, menacent les pays voisins d’un déluge qui semble l’é- quivalent du fameux dicton prudhommes- que : naviguer sur im volcan. La particularité dont il s’agit ici pour le Genêt d’Espagne, c’est de s’accommoder du voisinage de la mer, et de pouvoir être em- ployé avec avantage à fixer les dunes, tout en fournissant un produit qui pourrait être (I) La liosada consista dans I hospitalilé d’une nuit accordée généralement à lo;it voyageur qui la demande sur le chetriin qu’il fiarc'ourt. utilisé à différents usages, notamment à la fabrication du papier. La rapidité et la faci- lité avec laquelle les graines germent, et la longueur excessive de la radicule qu’ac- quièrent de suite les plantules, font qu’en Irès-peu de temps les plantes ont pris pos- session du sol, qui alors se trouve fixé et à l’abri des vents. Les graines doivent être semées très-dru, de manière à ce que la surface se trouve garnie le plus vite pos- sible. Mais, de ce que le Genêt d’Espagne croît très-bien dans les terrains siliceux, il ne (1) On donne le nom de québrada à toute vallée étroite et, par extension, à tout cours d’eau secon- daire se jetant dans une rivière de grand parcours appelée rio; quêbradita est un diminutif servant à dénommer de simples ruiss-'aux ou des failles de peu d'impo: tance. 128 THALANGIUM L1L»ASTRUM. s’ensuit pas qu’il ne puisse venir ailleurs; au contraire, puisqu’il pousse à peu près partout et même qu’il y fleurit abon- damment, pourvu qu’il soit frappé par le soleil. Et comme, d’une autre part, cette espèce est très-ornementale et que, outre ses fleurs très-nombreuses et agréablement odorantes, la plante très-rustique est tou- jours verte, il en résulte que le Genêt d’Es- pagne réunit toutes les conditions pour être admis partout. D’où vient donc qu’on le ren- contre si rarement ? Gomme preuve de rusticité et de sa vigueur à résister aux vents salés, je puis citer un exemple dont je suis constamment témoin. A Fécamp, sur le point si élevé où est placée l’Abbaye, tout proche de la mer, là où les vents souvent très-violents sont presque incessants, le Genêt d’Espagne y prospère néanmoins merveilleusement et y fleurit en abondance dans un sol calcaire et de très- mauvaise qualité. X***, A Fécamp (Seine-Inférieure). PHALANGIUM LILIASÏRUM Le Phalangium liliastrum qui, d’après certains botanistes, habite « toute l’Europe et le nord de l’Afrique, » se trouve aussi dans les Alpes, où tou- tefois il ne semble pas y être commun, à en juger d’après une lettre que nous a a- dressée une personne qui aime et connaît bien les plantes, et qui herborise souvent dans les Alpes où elle ha- bite. C’est Mlle de Rou- gemont, de Saint- Au- bin , près Neufchàtel (Suisse), à qui nous devons le dessin d’a- près lequel a été faite la figure 30. Voici ce qu’elle nous écrivait le 1er juin 1880 : Monsieur, Voici le dessin du Li- liiim paradisinum dont je vous ai parlé. Ce Lis se trouve dans nos Alpes à une altitude d’environ 1,200 à 1,300 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il est rare par- tout, et je ne l’ai jamais, dans mes nombreuses excursions, trouvé qu’une seule fois. C’était sur la Wengernalp, au pied de la Jungfrau. Là, dans une déclivité de la montagne abritée de tous les vents et tournée vers le midi, ce cliai'mant Lis croît en petites touffes sur un énorme bloc de calcaire un peu désagrégé, et recouvert d’une mousse assez semblable à celle qui couvre les vieux toits de chaume. Ces touffes étaient toutes maigres et chétives, et en prenant la moins laide j’étais bien loin de pré- voir ce que la culture ferait de cette plante. Chaque tige, sur la mon- tagne, n’avait que deux ou trois fleurs, tandis que dans mon jardin j’en ai compté jusqu’à douze. Mon dessin est exacte- ment fait d’après natu- i-e ; c’est le produit d’un bulbe qui s’est dévelop- pé chez moi. Les pre- mières fleurs s’ouvrent vers la fin de mai et durent souvent jusqu’au 15 juin et plus. Ces fleurs n’ont aucun par- fum. Je n’ai jamais essayé le forçage de ce Lis ; mais je suis sûre qu’on pourrait facilement en hâter la floraison. Le Phalangium li- liastrum ^ Pers.; Li- lium paradisinum^ Hort.; Ornithogalum uniforme, Lam.; Li- liastrum album, lÀn.-, Hemerocallis lilias- trum, Antheri- cum liliastrum. Lin.; Allobrogia liliastrum, Tratt.; Czackia li- liastrum, Andr., porte encore, outre toutes ces dénominations scientifiques, les noms vulgaires de Lis Saint-Bruno, Lis des Al- lobroges. C’est une plante vivace, à souche cespiteuse, qui donne des feuilles linéaires d’un vert glauque. Les hampes, toutes radicales, partant de la souche s’élèvent à Fig. 30. — Phalangium liliastrum, de demi- grandeur naturelle. BIBLIOGRAPHIE. ÆCHMEA HISTRIX. 129 environ 30 centimètres. Les fleurs, soli- taires à l’aisselle d’une bractée, sont d’un blanc très-pur, à 5 divisions longuement ovales elliptiques, ouvertes au sommet; étamines de la même longueur que les fleurs, à filets blancs; style saillant, blanc, terminé par un stigmate petit, claviforme. Cette plante aime les endroits humides, bien drainés, mais non les eaux stagnantes. Peu de fleurs sont aussi belles et propres à la confection des bouquets. Pourrait-on la cultiver en pots pour la forcer l’hiver? La chose vaut la peine d’être essayée. E.-A. Carrière. BIBLIOGRAPHIE Le Soja, sa composition\chimique^ se Il y a quelques semaines, dans une chronique de la Revue horticole, nous informions nos lec- teurs que M. Paillieux venait de réunir tous les documents publiés sur le Soja, tant en France qu’à l’étranger, et que ce travail constituait l’histoire complète, scientifique et économique de cette plante si remarquable et si utile à tant de titres divers. Nous nous proposons, dans cette notice, de donner un aperçu de ce travail si consciencieusement fait. L’ouvrage comprend une introduction, sept chapitres, puis un « appendice. » L’introduction est un résumé de toutes les correspondances étrangères sur le Soja, adres- sées à la Société d’acclimatation, particulière- ment en ce qui concerne cette plante en Chine. C’est, pourrait-on dire, outre son acte de nais- sance, tout l’historique chinois établissant, avec ses propriétés, l’usage qu’on en fait au point de vue économique et industriel. Le chapitre premier, dont le titre est : Le Soja en botanique, établit l’origine scientifique de cette espèce et indique les principaux auteurs qui en ont parlé, depuis 1621 jusqu’à nos jours. Le chapitre II, Le Soja au Japon, comprend tout ce qu’en a ditKæmpfer,le premier voyageur qui parcourut le Japon, qui vit la plante dans diverses conditions de culture et put apprécier les nombreux services qu’elle rend dans ce pays. Le chapitre III, Le Soja en Cochinchine, rappelle les quelques documents concernant le Soja, l’usage qn’on en fait, et établit que là déjà il en existait huit variétés distinctes, soit par leurs fleurs, par leurs feuilles ou même par la couleur et la forme des graines. Le chapitre IV, Le Soja en Chine, est un résumé succinct de la culture et de l’usage que l’on fait du Soja, et établit que là les variétés sont nombreuses, mais que cinq, qui ont des noms particuliers, diffèrent surtout par la cou- leur des graines, qui varie du blanc au noir, en passant par tous les intermédiaires. ÆGHME\ Cette curieuse Broméliacée, sur laquelle M. Ed. Morren {Belg. hort., 1880, p. 90 et (1) Brochure de 125 pages, grand in-8<>. Librairie variétés, sa culture et ses usages (1). Le chapitre V, Le Soja en Autriche-Hon- grie, après avoir établi que la plante a été intro- duite dans ce pays en 1873, lors de l’Exposition universelle à Vienne, montre le rôle important qu’elle n’a pas tardé à jouer dans ce pays, et l’extension aussi considérable que rapide qu’elle a prise, grâce aux nombreux usages qu’on en fait, ce que démontrent différents mémoires qui ont été publiés et dans lesquels sont com- pris la culture, l’emploi qu’on fait de cette espèce, ainsi que des analyses qui établissent sa supériorité sur les autres plantes analogues. Huit variétés sont indiquées comme étant culti- vées en Autriche-Hongrie. Le sixième chapitre, intitulé : Le Soja en France, comprend les sections suivantes : his- torique, variétés, culture, emploi, usage, accessoires; quelques analyses chimiques, puis un grand nombre d’extraits de lettres indiquant les résultats obtenus dans un grand nombre de localités de la France. Enfin, le septième chapitre comprend comme conclusion : Les analyses françaises qui, de toutes celles qui ont été faites sur le Soja, sont de beaucoup les plus complètes. Quant à Vappendice qui termine l’ouvrage, il comprend deux documents : une lettre de Mr Eugène Simon, ancien consul de France en Chine, l’autre un extrait « de la Société de Batavia )). Ces documents traitent surtout du Soja comme plante d’économie domestique, c’est-à-dire de sa préparation pour en faire les diverses applications au point de vue de l’ali- mentation ménagère. • Ainsi qu’on peut le voir par cet exposé, la brochure de M. Paillieux sur le Soja résume, ainsi que nous le disons plus haut, l’histoire complète de cette plante et peut aussi servir de guide, soit pour la culture, soit pour les diverses préparations économiques ou industrielles qu’on voudra en faire. E.-A. Carrière. HISTRIX suiv.) avait déjà appelé l’attention sous le agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob, Paris. Prix : 2 fr. 50. 130 MASDEYALLIA CHIMERA. nom générique Echinostachys, vient de fleurir dans une des serres de ce savant broméliophylle, ce qui lui a permis d’en bien étudier les caractères, de la faire rentrer dans le genre Æcfimea et d’en pu- blier une planche coloriée avec une descrip- tion complète dans la Belgique horticole, 1880, p. 243, où nous copions les lignes, sui- vantes : « ... La figure ci-jointe permet d’appré- cier le port de la plante et la beauté de ses fleurs. Leurs couleurs sont tendres et at- trayantes ; mais qui s’y frotte s’y pique : elles sont protégées par de formidables défenses. De tous côtés les approches des fleurs sont hérissées de dards solides et acérés ; il s’en trouve au bout des feuilles, au sommet des spathes, sur les bractées, sur les sépales ; les pétales eux-mêmes sont terminés en pointe. Tous ces piquants qui couvrent la surface de la plante font penser SiU jjorc-épic des Grecs ou histrix des Latins, dont il semble naturel de lui appliquer le nom. « Par tous ses caractères VÆchmea histrix vient se classer près de V Echinostachys Pineliana, de Brongniart, bien qu’il soit plus ornemental que celui-ci; mais ce genre Echinostachys n’est peut-être pas suffisam- ment caractérisé par ses ovules pendants et réduits au nombre de 3 au sommet des loges ovariques pour être séparé du genre Æchmea. Il constitue néanmoins une bonne section qui se distingue par son inflores- cence en épi polystique, compact, à bractées et sépales longuement aiguillonnés, et par ses ovules pendants longuement prolongés à la chalaze. . . » VÆchmea histrix est une plante telle- ment singulière que nous avons cru, dans l’intérêt de nos lecteurs, devoir en faire Les Masdevallia peuvent, au point de vue de la direction des hampes florales, se partager en deux groupes ; l’un qui com- prend les plantes dont les tiges florales sont dressées, l’autre dans lequel rentrent toutes celles dont les hampes sont pendantes, comme le sont celles des Stanhopea. Le Masdevallia Chimera fait partie de ce der- nier groupe. Plusieurs fois déjà l’on a vendu sous ce nom diflerentes plantes qui, paraît- il, n’étaient pas conformes au type; celle que représente la figure coloriée ci-contre connaître les principaux caractères ; nous les extrayons de la Belgique horticole, l. c., où cette espèce a été publiée. Plante vigoureuse, émettant facilement des bourgeons d’assez grandes dimensions, d’environ 80 centimètres de hauteur sur plus de 1 mètre de diamètre. Feuilles nom- breuses, disposées en rosette, courtement denticulées sur les bords, coriaces, raides comme des feuilles d’épée, longues d’environ 75-80 centimètres, bordées d’épines cornées, brunes, droites, et terminées par un dard fort et aigu, d’un vert foncé et à peine pellicu- leuses en dessus, grisâtres en dessous par des pellicules épidermiques fortement appli- quées. Veuilles supérieures de plus en plus courtes à mesure qu’elles se rapprochent de l’inflorescence, se colorant fortement en rouge à l’époque de la floraison. Inflorescence dressée, atteignant à peine la hauteur des feuilles sur une hampe centrale raide, assez longue, couverte de bractées spathiformes, à bords inermes, disposées en spirales, d’un beau rose vif, les dernières s’élevant *en formant une sorte d’enveloppe à l’inflores- cence qui constitue un épi court, compact, ou sorte de cône tronqué composé de fleurs nombreuses disposées en spirales, longues d’environ 2 centimètres ; bractées vertes terminées par une pointe forte, dure, cornée, noire, très- longue ; calice à divisions épaisses également terminées par un dard dressé, corné, brun, raide, long ; pétales à limbe dressé, terminé en pointe aiguë, d’un beau violet clair qui passe bientôt au brun ; étamines 6 dorjt 3 libres et insérées comme les pétales, toutes incluses, à filaments élargis; style droit, à stigmate turbiné, tri- fide, épais, bleu. Ovaire polygonal; ovules nombreux pendants. Lebas. [A CHIMERA est, assure-t-on, très-exacte. En voici une description. Plante naine, cespiteuse, drossée. Feuilles* planes, très-longuement atténuées à la base, brusquement rétrécies au sommet, d’un^ beau vert luisant. Hampe florale pauciflore, lisse, filiforme, brunâtre, marmorée, pen- dante, portant une, parfois deux fleurs des plus bizarres, tant pour la forme que pour la couleur. Sous ce dernier rapport, c’est une sorte de damier dont les bandes ou macules irrégulières, d’un roux pourpré ou Revu^ Ho/‘tù‘-ol(' \fas(U'oaUui chwuk'va . UNE PLANTE PROPRE A ORNER LES brunâtre, reposent sur un fond verdâtre; les fleurs, bordées de gros poils jaunâtres, se terminant par trois appendices filiformes d’environ 8 centimètres de longueur, d’un •brun roux ou rouge sang, ajoutent encore à la singularité de l’ensemble. Labelle pe- tit, concave, charnu, rose vineux, portant au sommet deux points noirs. L’espèce que nous venons de décrire, que nous avons fait peindre dans l’établissement de MM. Thibaut et Kételeer, horticulteurs à Sceaux, n’est pas la seule dont les hampes sont penchées ; comme telles on peut ci- ter les Masdevallia nycterina, Van Hout- UNE PLANTE PROPRE Parmi les plantes de l’Afrique australe cultivées dans les serres sous le climat de Paris, l’une des plus belles est Vlmanto- phyllum miniatum, Hook., espèce à feuilles distiques, d’un vert luisant, et assez orne- mentale rien que par son feuillage. La hampe, d’environ 40 centimètres de hauteur, se termine par une forte ombelle de belles fleurs en forme d’entonnoir, grandes, bien ouvertes, largement et régulièrement éva- sées, d’un beau rouge minium, avec le tube plus pâle, un peu jaunâtre. Cette plante, qui fleurit plusieurs fois dans la même année, est presque toujours, mais à tort, cultivée en serre chaude, car elle s’accommode très-bien de la serre tem- pérée et même de la serre froide. M. .Chenu, l’habile jardinier de M‘"®la comtesse de Na- daillac, à Passy, cultive de nombreux exem- plaires de cette espèce en serre froide à côté des Azalées et des Camellias, et ils prospèrent parfaitement. En serre froide la plante est plus trapue; les feuilles sont plus rapprochées et d’un plus beau vert; elle y fleurit à la fin de l’hiver et au printemps. Pour obtenir en fleurs les Tmayitophyllum SALONS. — PTEROSTYRAX HISPIDUM. 131 teana, Gorgona hella, Verspitilia, Troglo- dites, que l’on trouve dans les cultures. Les Masdevallia doivent être cultivés dans du sphagnum auquel on ajoute quel- ques mottes de terre de bruyère spongieuse, si possible, très- grossièrement concassée, dans des paniers très-plats, surtout pour les sortes dont les hampes florales penchées doivent les traverser pour aller épanouir leurs fleurs. Il va sans dire que, pour toutes ces espèces à tiges penchées, les paniers devront être suspendus. E.-A. Carrière. A ORNER LES SALONS au commencement de l’hiver, on met les plantes à l’automne en serre chaude, où, alors, elles fleurissent à la fin de décembre. Avec un certain nombre de plantes culti- vées en serre froide, on peut, en les plaçant successivement dans la serre chaude pour en hâter la floraison, en avoir en fleurs pendant tout l’hiver. C’est du reste ce que font les fleuristes en boutique de Paris. Les Ima^itophyllum sont d’une culture facile et ne demandent aucun soin particu- lier ; une bonne terre substantielle, com- posée d’une mélange de terre franche, de terreau de couche et de terre de bruyère, leur convient parfaitement ; toutefois, vu la persistance des feuilles, il faut les arroser assez copieusement pendant toute l’année, mais surtout vers l’époque de la floraison, après laquelle on fera bien chaque année de leur faire subir un nouveau rempotage. On les multiplie par la séparation des bour- geons qui poussent à la base, lorsqu’ils sont suffisamment enracinés, et aussi par semis, surtout si l’on tient à en obtenir des va- riétés. G. Delghevalerie. PTEROSTYRAX HISPIDUM Bien que ce ne soit pas ce qu’on peut appeler une « nouveauté, » le Pterostyrax hispidum est pourtant toujours rare, quoi- qu’il soit des plus méritants. Toutefois mon intention n’est pas de le décrire, cela d’autant plus qu’il a été parfaitement décrit et même figuré dans ce journal (1). Je rappellerai (1) V. Revue horticole. 1875, p. 307; 1876, p. 394. seulement que c’est une espèce de premier ordre au point de vue de l’ornement, car, outre sa grande vigueur et sa rusticité qui est excessive, la plante a des feuilles très- jolies et de très-grandes dimensions, et elle produit en quantité considérable des fleurs d’un blanc pur, disposées en fortes grappes pendantes. 132 QUELQUES OBSERVATIONS SUR L’INFLUENCE DES MILIEUX. Mon but, en écrivant cette note, est double : rappeler le Pierostyrax hispidum aux amateurs de belles plantes, et en même temps d’attirer l’attention sur la parti- cularité suivante qu’il présente : Pourquoi un individu planté chez MM. Thibaut et Keteleer, à Sceaux, donne-t-il en très- grande quantité des graines fertiles qui tombent et germent sur le sol, tandis que certains autres, également très-forts, qui fleurissent abondamment chaque année, n’en donnent jamais ? Y"a-t-il là des sortes fer- tiles et d’autres qui ne le sont pas? Est-ce une question de milieu, et cette fécondité est- elle déterminée par des circonstances pas- sagères? Je signale ce fait, qui démontre comment une même espèce peut parfois présenter des différences dans son aire d’extension, occasionner des discussions quant à sa naturalisation, et par suite déter- miner des dissidences dans la géographie botanique. D’une autre part, et en tenant* compte de l’accroissement des caractères, on est donc en droit d’espérer que les Pte- rostyrax issus de semis seront plus fertiles que leur mère, et que bientôt l’abondance de ces plantes permettra d’en placer très- communément dans les massifs, ainsi qu’on le fait des Troènes, des Lilas, des Spi- rées, etc., ce qui sera une ressource de plus pour l’ornementation des massifs de pleine terre, et permettra d’obtenir des. sortes de mérites divers qui augmenteront encore la variation. Guillon. QUELQUES OBSERVATIONS SUR LTNFLUENCE DES MILIEUX Les vérités les plus évidentes sont souvent les plus contestées, lors même qu’elles ne passent pas inaperçues. Il en est ainsi de l’in- fluence des milieux qui, en s’exerçant sur la matière qui est plastique, détermine les diversités et, en donnant aux choses des formes et des propriétés, constitue ce qu’on nomme cc la création. » De là les diffé- rences si grandes et les propriétés si diver- ses que présentent les mêmes plantes quand on les place dans des conditions ou sous des climats différents. Il n’est personne qui, pour peu qu’il ait observé ce qui se passe autour de lui, n’en ait vu de fréquents exemples. Mais c’est surtout l’observateur qui, ayant voyagé dans les diverses parties du monde, a pu voir les diflerences consi- dérables que présente une même espèce, soit par la végétation, soit par la nature de ses produits, l’abondance ou parfois l’ab- sence totale de ceux-ci. Des constatations sérieuses et authenti- ques de ces faits ont été rapportées par M. le docteur Sagot dans le Journal de la Société centrale d'horticulture de France (1879, p. 515 et suivantes). Elles sont dues à un profond observateur, à un véritable savant, M. Pancher, qui, du Muséum d’his- toire naturelle de Paris, où il était attaché comme chef de culture, est allé d’abord à Taïti, puis à là Nouvelle-Calédonie, où il est mort. Voici quelques extraits de sa correspon- dance relatifs à la Nouvelle-Calédonie : La Nouvelle-Calédonie est située par 21» et 23° 5 latitude sud. Sa largeur moyenne est de six à sept lieues. — La chaîne de montagnes qui lui sert d’arête longitudinale s’élève envi- ron à 1,200 mètres, et quelques pics arrivent à 1,700 mètres. Les pluies y sont plus abondantes qu’à Taïti ; les vents y sont plus violents ; les saisons y sont plus distinctes. La température est un peu plus fraîche. Son minimum à la côte, dans le sud, peut descendre jusqu’à 12°, ou même 10“ quelquefois. Le retard de la végétation (floraison ou maturité) est, dans le sud de la Nouvelle-Calédonie, de six semaines ou deux mois sur Taïti ; au nord, il est de huit jours. Au sud, l’Arbre à pain, le Cocotier sont rares et n’ont plus une végétation vigoureuse. En s’élevant à une faible altitude, la température devient plus fraîche et plus favorable aux plantes européennes. — Le Camellia et le* Bi- bacier réussissent à cetle hauteur. Les établissements européens sont du reste placés sur la côte, et c’est à la côte qu’ont été faites les observations. La Pomme de terre plantée en avril (com- mencement de la saison fraîche) réussit ordi- nairement, surtout quand le temps n’est pas trop humide. La récolte, en grosseur et quan- tité, approche de celle d’Europe. Les tuber- cules ne se conservent pas aussi longtemps qu’en France. On renouvelle volontiers le plant par des Pommes de terre reçues d’Australie, de Tasmanie et de la Nouvelle-Zélande. Le Cicer arietinum est un légume acquis à la colonie, et dont la végétation ne laisse rien à désirer. La Luzerne donne peu, et ses graines sont rares; cependant on en cultive. i33 QUELQUES OBSERVATIONS SUR L’INFLUENCE DES MILIEUX. La Laitue se cultive bien. La Chicorée au- vage fleurit, et ses graines sont souvent bonnes. Un Sonchus vient dans le pays, et le G)ia- phalium lutco alhum (figuré dans le Serlum de Labillardière) est commun sur les collines et les plages sableuses cultivées. L’Orge graine bien. L’Avoine graine aussi. Le Blé reste un peu grêle, et son grain est un peu petit et ridé. (L’observation a été faite sans doute sur quelques pieds, et non sur des champs de quelque étendue.) A la suite de pluies tombées par une tempé- rature relativement fraîche, diverses plantes ont parfois leurs feuilles envahies par une Mu- cédinée blanche, comme on le voit, en automne, en Europe. L’Igname est la base du système de culture des Néo-Calédoniens : aussi sa plantation s’o- père avec beaucoup de soin et d’exactitude, et à époque fixe. Le chef indigène, avec tous les habitants qui ressortent de son autorité, se rend, dans le courant d’août, sur les points à travailler. On estime comme un avantage que quelques pluies aient ramolli le sol. On brûle les herbes de la surface ; puis les hommes, ar- més de perches ou pieux minces longs de 3 ou 4 mètres, en bois dur et dont la pointe a été légèrement carbonisée, développés en li- gnes, découpent le gazon en plaques et le sou- lèvent. Les femmes, armées de bâtons ordi- naires ou de cannes, frappent sur les mottes et en secouent l’herbe soigneusement. Ensuite elles amoncellent la terre en dos d’âne, sur une largeur variant entre 1 et 2 mètres, et sur une hauteur de 40 centimètres ou de 1 mètre. En octobre, époque bien marquée et fixe, annoncée d’ailleurs par la chute des feuilles et la floraison de VErythrina indica, et la chute des feuilles du Ficus prolixa et de ses varié- tés, on commence la plantation. Le Calédo- nien, trois semaines avant cette époque et six semaines apr ès, est aussi anxieux que le culti- vateur européen â l’époque des semailles d’au- tomne et de printemps. Un mois avant, il avait désiré un peu de pluie pour faciliter le travail de la terre ; après la plantation, il désire de la pluie pour activer la végétation, et, suivant son abondance ou sa rareté, il augure une bonne ou une mauvaise récolte. La plantation est faite â 60 centimètres ou 1 mètre dans les lignes, et les lignes sont dis- tantes l’une de l’autre de 1 ou 2 mètres. Après la plantation faite, les hommes s’occupent des échalas ou perches, qu’ils choisissent d’une longueur de 3 mètres ou plus, et qu’ils enfon- cent en terre, en les inclinant un peu en sens contraire du vent dominant. Dès que les tiges d’ignames ont environ un pied, les femmes, en sarclant, car elles n’ont pas d’outil pour biner, enroulent les tiges sur les perches. En avril, les indigènes fouillent au pied de quelques touffes pour constater la quantité et la beauté des racines. Ils récoltent en mai et juin, et emmagasinent dans des cabanes en paille peu élevées, sur une faible épaisseur. On fait des provisions pour la consommation de plusieurs jours. On conserve ainsi des racines au plùs tard jusqu’en janvier. On réserve pour la plantation les plus petites racines, longues au plus de 4 ou 5 centimètres, et le sommet des grosses racines, coupées à 4 ou 5 centimè- tres de longueur. (On voit que la plantation se fait en octobre, au commencement de la saison chaude, et la récolte en mai ou juin, au commencement de la saison fraîche.) Pêcher. — Un certain nombre de Pêchers d’Europe plantés dans l’amphithéâtre de Nou- méa, à la Nouvelle-Calédonie, et d’autres plan- tés à 11 kilomètres plus loin, dans une mission au bord de la mer, fleurissent chaque année depuis dix ans, mais ne donnent pas de fruits. Le pollen de leurs fleurs paraît bien développé. Des Pêchers de rûce européenne, envoyés de Sydney, n’ont pas mieux réussi, quoique gref- fés en Australie. Des plants de serais, reçus directement de l’île Bourbon, et une variété greffée à Sydney sous le nom de Pêche de Schangaï, fructifient tous les ans à la Nouvelle- Calédonie, soit qu’on les ait taillés, soit qu’on ait négligé de le faire. Les fruits sont plus pe- tits qu’à Sydney. (Ayant eu à greffer des Pêchers à la Nouvelle-Calédonie, M. Pancher remar- quait que le cambium se lignifiait bien plus vite qu’en Europe, et qu’il ne pouvait séparer l’é- corce du bois, comme il l’aurait fait en France à la même hauteur de la branche. Le moment de la pousse variait d’un pied à un autre.) A l’île de la Réunion, le Pêcher se cultive dans la montagne, à une altitude de 300 ou 400 mètres. On l’a introduit d’Europe, et sans doute aussi d’autres pays. Des pieds élevés de graines y ont conservé le nom de leur souche horticole primitive, quoiqu’ils aient certaine- ment bien dégénéré et portent les noms pari- siens de Mignonne, Téton de Vénus. Les fruits sont ordinairement petits et un peu allongés. Des pieds de Pêchers cultivés à Taïti fleu- rissaient tous les ans en septembre, mais ne donnaient pas de fruits. Vigne. — La Vigne produit régulièrement deux fois par an à la Nouvelle-Calédonie. Les récoltes sont inégales. La plus abondante se fait en mars-avril (c’est-à-dire à la fin de la saison chaude). La plus faible se fait en oc- tobre. Que l’on taille ou que Ton ne taille pas, la sève s’arrête pendant la maturation des fruits et se remet en mouvement après la récolte. Pendant la sève, quelques grappes venues trop tard, qui n’avaient pas mûri, ne font aucun 134 QÜELUUKS onSEKVATlONS SUK l’lNFLUENvE DES MILIEUX. progrès de maturation. Leurs grains, quoique de grosseur normale, restent acides. Dans la plupart des variétés, les grains ne mûrissent pas simultanément ; dans quelques autres, notamment dans les Muscats, la matu- rité est simultanée, et les fruits sont délicieux. La végétation de la Vigne est très-capri- cieuse, surtout d’avril en octobre (c’est-à-dire pendant la saison fraîche). Certains ceps sont toute une saison sans pousser. Sur le môme pied quelques branches poussent, tandis que d’autres restent en re}>os. De novembre à mars (c’est-à-dire dans la saison chaude), les jeunes pousses développent fréquemment des racines adventives à la base. Cinq piedsde Vigne placés près d’un puits, où, en tirant de l’eau, on en répand sans cesse un peu à terre, sont les plus beaux de la ville. Leurs cordons sont bien garnis de branches et de grappes. Leurs ceps sont de la grosseur du bras et couvrent chacun 5 ou 6 mètres de su- perficie. Beaucoup de boutures donnent des grappes l’année de leur jilantation; puis les pieds pous- sent vigoureusement en bois, sans fructifier de nouveau pendant deux ou trois ans. On ne fera jamais de vin à la Nouvelle- Calédonie ; mais, en choisissant parmi les qua- rante et ({uelques variétés introduites par M. Guillain, on récoltera, avec quelque soin, abondamment des Raisins de table. A Taïti, la Vigne végète plus mal et [)lus ir- régulièrement. On n’a qu’une seule récolte. Le Raisin est peu sucré. Anomalies de végétation sous Vinfluence du climat. — Des Mesemhryanthemum venant de Sydney fleurissent, à la Nouvelle-Calédonie, pendant les premiers mois de leur introduc- tion, puis ne donnent plus de fleurs, les uns continuant à végéter en feuilles, les autres dé- périssant et se détruisant plus ou moins vite. Certains Aloès réussissent et donnent des fleurs ; d’autres meurent avant d’avoir donné une seule feuille nouvelle. DansJ’amphitbéàtre de Nouméa, des Nopals, sur les pentes de la montagne, dans les jardins au bas de la cote, dans les sables au bord de la mer, fructifient abondamment. D’autres pieds, dams un autre endioit, à 100 ou 150 mè- tres plus loin, n’avaient jamais fleuri, quoique plantés depuis quinze ans. A Taïti, plusieurs pieds de Nopal, de di- verses espèces, végétaient avec une force éton- nante, mais n'avaient jamais fleuri. A la Nouvelle-Calédonie, les Epiphyllum trunentum et E. Ackermanni poussent lan- guissamment et dépérissent. Les Cereus monstruosus et C. triangula- tus fleurissent après trois ou quatre années de plantation. L’Oliviei' pousse vigoureusement à la Nou- velle-Calédonie, mais ne fleurit pas. Un pied, âgé de seize ans, n’avait jamais donné de fleurs. Le Dahlia, introduit à Taïti, donne d’abord des fleurs doubles, [>uis dégénère prompte- ment, donne des fleur's simples, puis dépérit. Quoiipi’il pousse un peu mieux à la Nouvelle- Calédonie, il y dégénèi'e. On ne peut conserver longtemps sa souche hors de terre, et, replanté à contre-saison, il dépérit. Les Anémones montrent quehjues feuilles, puis périssent. De gros Oignons de Lis blanc plantés à la Nouvelle-Calédonie ne donnaient, la première année, (jifune lige de C pouces de hauteur. Les années suivantes, ils ne formaient plus qu’une rosette de feuilles radicales, puis ils mouraient en terre. Le Gladiolus Gandavensis et les Ixia se conservent au contraire et fleurissent tous les ans. L’Hortensia résiste difficilement et ne fleurit que lorsqu’il vient d’arriver de Sydney. Le Chêne pédonculé produit quelques ra- meaux longs de quelques centimètres portant quelques feuilles. Cette végétation chétive se maintient queh{ues années. Le Lilas n’acquiert pas plus de développe- ment. (M. Pancher en a suivi pendant cinq ans un plant qui n’a jamais dépassé la hauteur de 30 centimètres.) Le Mûrier noir d’Europe reste chétif, comme le Lilas et le Chêne. Le Mûrier multicaule et ses variétés poussent vigoureusement et fruc- tifient abondamment. Le multicaule franc a de la tendance à drageonner du bas et à perdre ses plus vieilles branches. Le Laurier d’Apollon {Laurus nobilis) pro- duit fréquemment des jets de 1 mètre qui ne se ramifient pas, ou ne forment que de petits rameaux secondaires incapables de développe- ment. A chaque nouvelle saison des pluies, à la base de la tige ou à l’origine des racines, partent des yeux inférieurs ou des bourgeons adventifs, qui forment de nouveaux rameaux. Le Cerisier drageonne de même. Il ne fleu- rit pas. Le Broussonetia papijrifera, cultivé près des habitations, forme touffe et s’élève peu. Les Poiriers, Cerisiers, Pruniers ne fleuris- sent pas. Dans un jardin de Nouméa, deux Pommiers avaient donné quelques fruits. Le Coignassier végète assez bien et donne quelques fruits certaines années ; ses rameaux sont grêles. (M. Pancher a compté sept couches ligneuses bien distinctes sur la tige d’un Figuier planté de bouture quinze mois auparavant. Cette tige était })îus grosse que le pouce.) Le Figuier rapporte des fruits à la Nouvelle- Calédonie et même à Taïti. R.\imAlU)SSA A FEUILLKS DU VK l’KIlSFS. i H5 Le Cheirantus Chciri et la Giroflée de Paris ne donnent pas de fleurs. Le Fraisier de Chili donne des fruits h Taïti, quand il est bien arrosé’ A la Nouvelle-Calé- donie, les Fraisiers d’Europe et du Chili pro- duisent et se conservent longtemps dans les haies. (M. Pancher y a fait germer des graines de P’i-aisier chilien.) Les Lauriers-roses fleurissent trois fois par an, ainsi que les Lagerstrœmia. L’Arbre à pain est très-rare dans le[;sud de la Nouvelle-Calédonie et donne peu de fruits. Ces fruits conliennent souvent quelques grai- nes de la grosseur d’une pistache. (Il n’a pas semblé à M. Pancher que ce soit une espèce particulière.) Dans une année très-sèche, à la Nouvelle- Calédonie, sur une légère pente, une planta- tion de Pommes de terre contrariée dans la végétation ascensionnelle de ses tiges, en meme temps qu’elle produisait peu de tuber- cules sous terre, forma, à l’aisselle des feuilles jaunissantes, de courts rameaux renflés, ovoïdes, de la grosseur du petit doigt, d’un vert luisant, terminés par une rosace de très- petites feuilles. Dans les années sèches, certains insectes se multiplient beaucoup, s’attaquent cà certaines plantes et les épuisent, au point qu’on est obligé de les arracher. Pancher. A ceci M. le docteur Sagot ajoute : « M. Pancher avait remarqué que, parmi les légumes d’Europe, ceux qui peuvent le mieux s’obtenir dans les pays chauds sont : le Chou^ qui s’y multiplie de boutures et qui ri y fleurit pas ; le Radis, la Ciboule, les Haricots, les Courges, le Cresson. « On peut encore y ol)tenir avec des soins la Carotte, le Navet, les Melons, les Concombres. (( Les légumes qui y viennent mal et qui n’y méritent pas la culture sont les Pois [Pisimij, la Lentille, la Fève (FahaJ, l’Ar- tichaut. « Los légumes d’Europe qui refusent de pousser dans les pays chauds, dans le sud de la Nouvelle-Calédonie, présentent çà et là une végétation meilleure, mais ne peu- vent entrer dans la culture pratique des jar- dins. « Les cultures délicates réussissent cer- taines années et échouent certaines autres. Dans des conditions exceptionnelles de sol et de température, on a vu parfois fleurir ou grainer une espèce qui, ordinairement, ne donne pas de fleurs ou de graines. (( Ces observations n’ont été faites à la Nouvelle-Calédonie qu’à la côte. On aura, un jour, d’autres remarques intéressantes à faire dans les montagnes. . « Les Épacridées qui existent à la Nou- velle-Calédonie y croissent sur un grès gros- sier plus ou moins ferrugineux. Les sols ferrugineux abondent à la Nouvelle-Calé- donie , et la flore en est beaucoup plus riche que celle des terres schisteuses. « D»’ Sagot. » BAUBAROSSA A FEL’ILLES DUVETEUSES Le cépage dont nous allons pailer, qui a pour synonymes ; Barbarossa de Ligurie, Barbarossa de Finalborgo , est ainsi désigné pour le distinguer d’autres variétés du mêtne nom qui se cultivent comme lui dans les vi- gnobles d’Italie. Je citerai entre autres la Barbarossa du Piémont ou Barbarossa à feuilles découpées, qui est un Raisin de conserve très-recherché à Turin à la lin de l’automne et pendant l’hiver; la Barbarossa de Lucques ou Barbarossa de Toscane, puis la Barbarossa ou Grec rouge que l’on trouve sous ce nom dans quelques vignobles du nord-ouest de la péninsule et même aux environs de Nice, dans les Alpes-Maritimes. La Barbarossa que je décris diffèi e des trois variétés précédentes par une malurifé plus facile et par ses feuilles duveteuses à leur face inférieure, caractère (jui fait à peu près complètement défaut aux trois va- riétés précédentes. Ses grappes, un peu plus courtes, moins ailées que celles de notre Chasselas doré,, se rapprochent beaucoup (surtout par la couleur) des grappes de notre Chasselas rose, ou Tramo7ita7ier des Alle- mands. Cette Vigne italienne a été men- tionnée et décrite par le grand pomologue, comte Gallesio, de Finalborgo (Ligurie), où elle se cultive surtout comme Raisin de table. Je la crois inédite en France. î La Barbarossa à feuilles duveteuses, m’écrivait le chevalier de Rosovenda — en m’envoyant cette jolie variété de Vigne, — est la meilleure et la plus délicate des Barba- rossa. » La culture que j’en ai faite depuis plus de quinze ans confirme pleinement la haute appréciation que le savant ampélogra- ' plie italien m’avait donnée de cette varâété. 136 SABBATIA CAMPESTRIS. Non seulement je trouve son fruit plus agréable que celui de ses homonymes, mais j’ai aussi constaté à plusieurs reprises rpie sa souche, sans être très-vigoureuse, était plus rustique, et sa production plus régulière et plus abondante. Elle supporte très-bien sans dommage les froids rigoureux et souffre rarement de l’oïdium ou de l’anthracnose, qualités fort rares sur un trop grand nombre de variétés de Vignes. La Barbarossa à feuilles duveteuses s’ac- commode à peu près de tous les terrains. Dans les sols légers, peu fertiles, elle a be- soin d’être soutenue par des engrais et des amendements pour se maintenir dans une bonne végétation et une bonne production. Gomme toutes les variétés bien fertiles, il faudra la ménager à la taille et ne lui faire produire que ce que comporte l’espace dont elle peut disposer et la vigueur des ceps. On pourra la conduire soit sur souche basse, soit en cordon vertical ou horizontal, mais sans long bois, parce qu’elle produira tou- jours suffisamment à la taille courte. Un ébourgeonnage sévère au moment de la pousse donnera sur cette variété les meil- leurs résultats. Description. — Bourgeonnement duve- teux blanchâtre, légèrement teinté de rose. Souche de vigueur moyenne, bien fertile. Sarments assez forts, érigés, à mérithalles moyens ou un peu courts. Feuilles moyennes, presque orbiculaires, peu sinuées, couvertes en dessous d’un duvet cotonneux assez compact, parfois légèrement duveteuses supérieurement, portées par un pétiole un peu grêle teinté de rose ; sinus supérieurs et secondaires peu ou point marqués ; sinus pétiolaire rétréci ou fermé ; denture peu profonde, un peu obtuse. Grappe moyenne, cylindrique ou le plus souvent conico-cylindrique, portée par un pédoncule un peu court, assez fort. Grains assez gros, pas trop serrés, de forme légèrement ellipsoïde. Peau assez épaisse, bien résistante, d’un beau rose légèrement pruiné à la maturité, qui arrive à la fin de la première époque, un peu après le Chasselas. Chair ferme ou assez ferme, juteuse, bien sucrée, sans saveur spéciale, mais agréable- ment relevée. V. Publiât. SABBATIA CAMPESTRIS Cette très-gracieuse Gentianée annuelle ou bisannuelle, originaire des prés secs de la Lousiane, du Texas et de l’Arkansas, Fig. 31. — Sabbatia campestris. forme de belles touffes à tiges grêles, subté- tragones, ramifiées, hautes de 20 à 25 cen- timètres environ, et garnies de feuilles oppo- sées, sessiles, lancéolées. Les fleurs sont nombreuses, très-grandes eu égard à l’exi- guité de la plante ; elles ont presque 5 cen- timètres de diamètre et forment d’élégantes étoiles roses à fond jaune entouré lui-même d’une macule coccinée sur laquelle tranchent les prolongements bifides du fond, disposi- tion et coloris qui rappellent ceux delaSab- batia stellaris. Elle réclame la terre de bruyère et craint un excès d’bumidité, de sorte qu’il est nécessaire de la couvrir de châssis quand l’été est pluvieux et froid. Le Sabbatia campestris, Nutt. (fig. 31), quand il est cultivé et placé dans des condi- tions appropriées, constitue des sortes de ga- zons fleuris d’un effet ornemental splendide à l’époque de la floraison. C’est, pourrait-on dire, une sorte alpine avec des fleurs relati- vement gigantesques. IIaage et Schmidt, Marchands-grainiers horticulteurs à Erfurt (Allemagne). SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. — GREFFE DES NOYERS. 137 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU Séance peu intéressante comme apports. Deux comités, celui des fruits et celui des lég-umes, chôment ou à peu'près, le premier complètement, ce qui s’explique par l’époque avancée et par la mauvaise récolte de -1880. Au comité de culture potagère^ M. Millet, de Bourg-la Reine, présentait des fleurs coupées du Thé Lamarque, qui étaient parfaites comme développement. Cette espèce, on le sait, n’est pas facile à forcer. Au comité de floriculture, deux membres avaient exposé: c’était d’abord M. Bullier, qui présentait un très-beau pied en fleurs de Pit- cairnia corallina, magnifique espèce dont le feuillage rappelle assez bien celui du Curculigo recurvata; quant aux fleurs, elles sont d’un rouge foncé assez analogue à celui de certaines fleurs diErgthrina. Ce même amateur présen- tait aussi un fort pied bien fleuri d’Odon^o- glossum Rœzli, dont les très-grandes fleurs presque blanc pur ou à peine légèrement striées rose pâle à la base du labelle, et un peu la forme de celui-ci, nous ont paru constituer une variété distincte très-méritante. — M. Gode- DE LA GREEE En commençant cette note, que nous écrivons surtout pour répondre à quelques- uns de nos abonnés, nous déclarons que, malgré tout ce qu’on a dit et recommandé, la greffe des Noyers est rarement suivie d’un bon succès, ce qui pourtant ne veut pas dire qu’elle ne réussit jamais. Les diffé- rents modes qu’on emploie sont la greffe en flûte, en anneau ou sifflet, la greffe en fente et la greffe en approche. La première consiste à enlever sur des rameaux de Tan- née précédente, que Ton vient de tronquer, un anneau d’écorce et d’y rapporter une partie de même dimension, mais munie d’un œil, enlevée sur des rameaux d’une espèce que Ton veut propager. On pratique aussi la greffe en fente ordinaire, qui, bien qu’elle soit recommandée, ne nous a jamais donné de bons résultats. La seule greffe dont on puisse être sûr du succès est celle en appro- che ; mais elle a le grand inconvénient d’être peu expéditive et d’une application, sinon difficile, mais qui exige de grands prépa- ratifs. D’une autre part, il faut souvent 0 MARS 1881 froy-Lebeuf, horticulteur, 20, rue de Sannois, à Argenteuil (Seine-et-Oise), avait envoyé en fleurs et en pots les espèces suivantes : Scilla bifolia, Chionodoxa Luciliœ, Bulhocodium vernum, une des plus charmantes messagères du printemps; toutes plantes rustiques de pleine terre et qui viennent presque sans soin, ainsi que le Saxifraga Burseriana^ une des jolies miniatures ali)ines, presque humifuse ; un Bi- chardia, et enfin une variété très-remarquable de Rose de Noël {Hellehorus niger), nommée F. -J. Heinemann, dont les fleurs nombreuses sont d’un rouge vineux. Cette variété et plu- sieurs autres de cette même espèce que pos- sède M. Godefroy sont d’autant plus précieuses que, très-rustiques et venant dans tous les ter- rains et à toutes les expositions, elles se cou- vrent de fleurs chaque année. — Voilà pour les apports. Le comité chargé de l’exposition d’horticul- ture est venu informer la compagnie que l’em- placement où elle devra avoir lieu et les princi- pales conditions d’installation sont à peu près arrêtés. (Voir plus haut la chronique.) 1 DES NOYERS. deux années pour que les soudures soient bien opérées. Une précaution importante consiste dans le choix des greffons et de l’époque favorable pour faire l’opération. Pour la greffe en fente, on prend des ramilles courtes dont le bois est dense, et dans lequel la moelle est peu abondante ; on les coupe avant qu’ils entrent en végétation, et on les conserve jusqu’au moment où les yeux commencent à gonfler, signe certain qu’ils entrent en végétation d’une manière sensible. Pour la greffe en flûte ou sifflet, on opère quand la végétation est assez avancée pour que les écorces se détachent facilement de Taubier. La greffe en approche se pratique quand le bourgeon- nement des arbres est sensiblement mani- feste. La réussite des greffes de Noyers pa- raît subordonnée un peu au climat (on nous affirme qu’elle réussit relativement bien dans les climats méridio naux) , et aussi au moment de faire l’opération. En général, il faut que les grelTons éommencent à débourrer. Un auteur allemand, M. L» V. Nagy, fait 138 DIMÜHPIIISMK UU CrCUI'.blTA I\ll< LONÆFüHMlS, même de celte condilion le sine qua non de la réussite. Il a écrit dans un journal de Vienne que si la greÜ'e du Noyer,» même en flûte, ne réussit pas très -bien d’ordinaire, cela tient surtout à l’époque où on la pra- tique dans un grand nombre de cas. « Si on la fait au moment où le Noyer vient d’entrer en végétation et quand l’on com- mence à apercevoir un peu de vert au bout des bourgeons qui s’entr’ouvrent, le résultat en est assuré. Par contre, si on laisse passer ce moment, il est au contraire très-incer- tain. Du reste, la greffe des Noyers par d’autres procédés réussit assez bien lors- qu’elle est faite convenablement. y> Sans rien garantir du succès, nous con- seillons à nos lecteurs de se conformer aux prescriptions qu’on vient de lire, ce qui tou- tefois ne change en rien notre opinion que, sous les climats froids, la greffe du Noyer, en tant que réussite, ne donne que de mé- diocres résultats. Si par hasard quelques- uns de nos lecteurs pouvaient nous démon- trer le contraire et nous indiquer un bon moyen de réussite, nous les en remercions à l’avance et prenons même l’engagement de faire connaître le procédé, s’ils nous y auto- risaient. E.-A. Carrière. DIMORPHISME DU CUCURBlTxV MELONÆFORMIS Quelque stable que soit un type, il varie. Conséquence de la matière qui est plaslii^ue et infiniment changeante, il se modifie })lus ou moins selon sa nature, l’exposilion, le sol; en un mot il se comporte suivant le milieu où sont placés les individus qui se rattachent à ce type, ce qui explique com- ment les variations sont toujours relatives et différentes, et comment telle sorte paraît fixe ici, non là, (|ue tels changements se produisent ilans certaines localités, non dans d’autres, ou qu’elles se montrent de manières ditïerentes. En général on se fait sur tous les chan- gements que présente un type des idées très- fausses ; oubliant ou ne tenant pas compte des circonstances dont nous venons de parier, la plupart des gens attribuent les variations à des fécondations faites entre les plantes à l’aide d’influences étrangères, par exemple du vent et surtout des insectes. Aussi dès qu’une espèce manifeste le moindre change- ment, on dit qu’elle « a joué » ou bien l’on fait intervenir « la mouche. » Que le fait arrive quelquefois, c’est possible; mais à coup sûr il est rare et toujours une excep- tion. S’il en était autrement, et si, comme on le dit, les fécondations étaient aussi fré- quentes et aussi faciles qu’on le rapporte, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus aucun type et que la création offrirait un désordre qui n’aurait de comparable que celui que présente l’ignorance, — delà vraie cause de ces faits, — le cerveau de certains savants. Au contraire, que voyons-nous ? Non seulement l’ordre et l’harmonie partout. mais de nombreuses variolés d’un même type se fixer et devenir parfois beaucoup plus stables que le prét^mdu type dont elles sortent, cela bien que souvent elles reposent sur des caractères très-minimes et qu’elles soient cultivées tout près les unes des autres. Nous n’hésitons pas néanmoins à re- connaître qu’il est certaines plantes qui se trouvent fortement influencées par le con- tact d’autres espèces similaires ou voisines comme organisation, et que par conséquent il est prudent d’éloigner et de placer à une grande distance ; mais cela lient à une tout autre grande cause que nous essaierons de démontrer un jour, mais qui n’a rien de commun avec l’influence des insectes qu’on accuse toujours — cpoiqu’ils soient bien innocents — des troubles qu’on remarque, et qu’alors on leur impute trop gratuite- ment : les Cucurbitacées, surtout, sont dans ce cas d’inconstance. Il suffirait, du reste, de la moindre ré- flexion et de l’observation des faits pour se convaincre de la vérité de ce que nous di- sons. En effet, si les insectes, si les mouches surtout, jouaient ce rôle de fécondateurs, comment, alors, soustraire les plantes à leur influence? Est-ce que quelques mètres des centaines de mètres même — arrê- teraient ces mouches, elles qui franchissent des distances énormes en quelques minutes ? Ne dit-on pas, en effet, que les abeilles vont parfois butiner à plusieurs lieues de leur ruche ? Mais s’il en est ainsi, — et on ne peut le nier, — comment les plantes échap- DiMüui’iiisMi!: DU cucuamrA i\ihuoNÆUoaMis. KW peraîent-elles à l’inniionce de ccs diptères? Ail ! alors, dans ce cas, an lieu de voir dans ces insectes des « auxiliaires chargés de maintenir la sublime harmojiie de la na- ture, » nous- n’hésiterions pas à leur donner un autre nom : celui de « brouillons, » qui serait beaucoup plus exact. Une dernière objection que nous ferons est celle-ci, qui, du reste, s’applique fort à propos à notre sujet, et que va appuyer la ligure 32. La fécondation agissant sur le contenu, non sur le contenant, c’est-à-dire sur la graine, non sur le fruit, comment alors ex- pliquer ces formes si diverses de fruits (pie l’on rencontre parfois sur un même pied, par exemple des fruits longs, ronds, etc., jaunes, rouges, verts, galeux, lisses, etc.? Il faudrait donc admettre que la fleur dont est sortie la graine de ce pied avait été fé- condée non seulement par plusieurs in- sectes tout à la fois, mais encore avec du pollen d’espèces différentes? Ce n’est pas tout encore ; le fruit dont a été extraite la graine qui a donné ces variations contenait peut-être des centaines de graines ; com- ment donc se fait-il que toutes n’aient pas reproduit les mêmes caractères ? Nous ne pousserons pas plus loin ces ob- servations, qui nous ont paru nécessaires pour éclairer l’opinion au sujet des idées qu’on a sur la cause de la variation des plantes, et nous allons terminer en disant quelques mots sur le fait que présente la figure 32. A quoi est due cette « bizarrerie » de voir sur le même pied, à touche-touche, pour ainsi dire, ces deux formes de fruits si dif- férentes, l’une rappelant un Cantaloup très- régulier, l’autre au contraire une sorte de Courge oblongue qu’on pourrait faire rentrer dans plusieurs espèces de Courge autres que celles du Cucurhita melonœformis dentelle sort pourtant ? A un dimorphisme, incontestablement. Ce même fait n’est pas unique; il s’est présenté, sur trois pieds différents, chez M. de Lunaret, à Montpellier, qui a eu l’heureuse idée d’en faire faire une photo- graphie d’après laquelle a été exécutée la planche que nous reproduisons ici(fig.32). C’est également grâce à la générosité de ce même amateur que la Revue horticole a pu distribuer à scs abonnés des graines du type Cucurhita melonœformis et de la va- riété à fruits longs de ce même type (fig. 32) , et qui nous fournit l’occasion de le remercier tant au nom de nos lecteurs qu’en notre nom particulier. E.-A. CxXRRIÈRE. 140 IMANTOPIIYLLUM MAXIMUM. — QUELQUES PLANTES NOUVELLES. IMANTOPHYLLUM MAXIMUM Plante vigoureuse, magnifique par son port et par ses fieurs. Feuilles assez larges, très-longuement et gracieusement arquées, luisantes, d’un vert très-foncé. Hampe raide, dressée, très-plate, large, amincie sur les bords. Inflorescence sphérique, com- pacte. Pédicelles robustes, relativement courts. Fleurs très- régulières, bien arrondies au sommet, à divisions tellement rappro- chées que la fleur semble formée d’une seule pièce, comme une sorte de corolle infundibuliforme. L’onglet des pièces flo- rales, blanc jaunâtre à reflets nuancés, forme un contraste charmant avec la partie supérieure, qui est d’un rouge feu ou orangé très-brillant. Des 6 divisions qui constituent la fleur, 3, les externes, sont plus étr oites que les internes qui, du reste, sont exactement de la même couleur. J’ajoute que les fleurs de la superbe plante que je viens de voir chez M. Rougier-Ghau- vière dégagent une odeur douce, très- agréable, analogue à celles de certaines espèces de Lis. Ce dernier caractère est-il propre à d’autres variétés à’ Imantophyl- lumf Guillon. QUELQUES PLANTES NOUVELLES Pyrethrum aureum sélagînoides. Ob- tenue et vendue en Angleterre par M. Vil- liams, cette plante, dont la couleur est jaune comme celle du Parthenium aureum^ pré- sente plusieurs avantages sur cette dernière. Dabord elle est beaucoup plus naine, ne fleurit pas ou du moins qu’excessivement rarement, qualités qui la rendent tout par- ticulièrement propre soit pour faire des bordures, soit pour entrer dans la compo- sition des massifs de mosaîculture. Ses feuilles, à divisions un peu plus larges et comme subtronquées, l’ont fait comparer à certaines sortes de Sélaginelles, d’où son qualificatif. Quant au tempérament et à la culture, ils sont les mêmes que ceux du Parthenium aureum. Salvia Izanchou. Cette espèce, obtenue à Toulouse de graine du Salvia cardinalis alha, par un jardinier nommé Izanchou, a tous les caractères de sa mère, dont elle ne diffère que par les bractées fortement striées de rouge qui entourent de longues fleurs blanches, ce qui produit un contraste aussi singulier que joli. Elle est également très- floribonde et fleurit aussi à la même époque que le type. C’est une bonne plante de plus, pouvant être employée pour l’or - nementation des massifs de pleine terre à l’automne, et pendant une partie de l’hiver pour garnir les serres tempérées et même froides, où elle fleurira abondam- ment. Bégonia Roezli coccinea. Plante robuste, courtement caulescente, à liges et ramifi- cations très-fortes, glabres. Feuilles large- ment inéquilatérales, épaisses, glabres, lisses, luisantes et comme vernies, à bords très-courtement fimbriés, d’un rouge bril- lant en dessous. Pédoncule floral dressé, raide, très-gros, se terminant par une inflo- rescence assez compacte, forte, subsphé- rique. Fleurs portées sur un long pédoncule presque sétiforme; petites, à deux divisions, largement et courtement ovales, d’un très- beau rouge cocciné. Le B. Roezli coccinea offre cette parti- cularité rare, que l’été ses feuilles prennent de toutes parts une teinte rouge et pro- duisent alors un effet des plus singuliers. Il a été obtenu par M. Lemoine, horticul- teur à Nancy, de graines envoyées du Mexique par M. RoezL Le type {B, Roezli) est indiqué comme étant à fleurs blanches. Y a-t-il eu dans le semis fait par M. Le- moine d’autres variétés que celle dont nous parlons ? Le fait est très-possible. Nous avons étudié celle qui vient d’être décrite chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, où l’on trouvera aussi les quelques autres espèces décrites ci-dessus. E.-A. Carrièr-e. Itnp. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE L’hiver 1880-1881; lloraison des arbres fruitiers. — Cocotier à six branches décrit par M. de R.ijk. — Exposition de la Société d'horticulture et de petite culture de Soissons. — Le Haricot CJtevrier ; comment on obtient des grains verts. — Rusticité des Lis japonais; communication de M. Boisselot; décroissance du phylloxéra dans la commune de Montignac (Dordogne); collections de Vignes de M. Dulliat et de l’École de Saumur. — Travaux entrepris au Muséum d’histoire naturelle; construction de nouvelles serres; transplantation du premier Paulownia introduit en Europe. — Coleus Madame Simpson. — Chamœrops Grif/ithii; invitation adressée aux propriétaires de pieds mâles, note de M. le comte d’Épremesnil. — Les Vignes du Kahsmir ; graines rapportées par M. Ermens. — Fructi- fication du Musa ensele dans le Pas-de-Calais; naturalisation de cette espèce. — Récompenses accordées à l’horticulture par la Société des Agriculteurs de France. — Le Vriesea G lazioveana ; cmieux fait de végétation. — Extension à toute la France du ressort de la chambre syndicale des architectes- paysagistes — Rusticité du Cedrela sinensis. — Mémoire de M. A. Lavallée sur les Vignes du Soudan. Contrairement à quelques prédictions peu rassurantes qui avaient été faites en vue de l’hiver qui vient de se terminer, tout s’est passé d’une manière à peu près normale. Après un hiver ordinaire, bien qu’assez froid, mais qui est venu « dans sa saison, » comme l’on dit vulgairement, on a eu un mois de février assez beau, et un mois de mars très-beau et exempt de ces grands hàles et de ces fortes giboulées où la pluie, le froid et même la neige sont choses qui ne sont ordinairement pas rares. Seules les pluies ont été assez abon- dantes sur certains points pour faire naître des craintes ; mais à part quelques terrains de nature fortement argileuse, les choses se passeront assez bien. Les arbres fruitiers commencent à fleurir ; les boutons sont très-nombreux, trop même sur les arbres qui l’année dernière ont beaucoup souffert du froid. Pour beaucoup de ceux-ci on fera bien de supprimer des fleurs, en se basant pour faire cette suppression sur la nature et la vigueur des arbres. — Si, comme on le dit, « les exceptions confirment les règles, » ce n’est pourtant pas sans les affaiblir ni leur enlever le ca- ractère absolu, et par conséquent en en fai- sant des choses reloiives. Une de ces règles, qui peut-être jusqu’à ce jour était considérée comme absolue, c’est la tige simple des Co- cotiers, du Cocos nucifera surtout. Nous venons d’apprendre par un article de M. F. de Rijk, de Sœrabaia (Java), et que nous pu- blierons prochainement, que, au village de Kedong., il existe un énorme Cocotier à six branches formant une sorte de candélabre, et que toutes, bien vivantes, donnent de nombreux fruits chaque année. Notons tou- te AVRIL 1881 . tefois que ce fait est une rare exception, et à ce sujet M. F. de Rijk écrit : c( La pro- lification est excessivement rare dans les Co- cotiers, et le cas que je cite est le seul que j’ai vu ; je n’en ai même jamais entendu mentionner d’autres. » Quelque rare qu’il soit, le fait existe. Mais d’autre part, qui pourrait affirmer qu’il est le seul ? Dans tous les cas, c’est un premier pas ; et qui prouve qu’il n’est pas un ache- minement vers d’autres? Toujours est-il que dans cette règle, en ce qui concerne la non ramification, l’absolu est détruit, ce qui du reste confirme ce dicton : « Pas de règle sans exception. » — Du 13 au 16 août prochain, la Société d’horticulture et de petite culture de Sois- sons fera dans cette ville une exposition à laquelle, dès aujourd’hui elle convoque tous les horticulteurs et amateurs d’horti- culture français et étrangers. Toutes les demandes de renseignement, à ce sujet, devront être adressées à M. le Président de la Société d’horticulture, à Soissons. — Après avoir fait tant de bruit, le Haricot Chevrier perd peu à peu de sa réputation. 11 est même certaines gens qui l’abandon- nent complètement pour revenir soit au fla- geolet d’Etampes, soit au Haricot à feuilles gaufrées, qui n’est non plus qu’une sorte de flageolet. Outre la production, dont les gens en question ne paraissent pas satishnts, ils se plaignent que ce Haricot donne en très- grande quantité des grains blancs au lieu d’en produire de verts comme on l’avait annoncé. Ces plaintes paraissent fondées assurément; mais à qui s’en prendre? Le 8 U2 CHRONIQUE HORTICOLE. Haricot [Chevrier, comme presque toutes les variétés, est plus ou moins cons- tant suivant les milieux où il est planté. Mais, et quoi qu’il en soit, pour que ses grains restent bien verts, il faut sou- mettre les plantes au traitement habituel qu’on pratique dans ce cas, lequel consiste à arracher les plantes un peu avant leur maturité et à les faire sécher à Vombre. C’est là tout le secret, qui aujourd’hui, du reste, est celui de Polichinelle. Mais, disent certaines personnes, c’est ennuyeux ; cela nécessite du travail, de la main-d’œuvre, etc. C’est vrai, mais comment faire ? Il y a un moyen pourtant : c’est de laisser mûrir les plantes. A ceci ces personnes répondent : Ce procédé, nous le connaissons ; mais il a l’inconvénient de donner des grains blancs, et nous en désirons de verts. Alors il y a en- core un moyen : c’est de les soumettre à l’action du vert-de-gris; mais celui-là nous le recommandons pas. — Dans une lettre qu’il vient de nous adresser, notre collaborateur, M. Boisselot, en même temps qu’il confirmait ce qu’il avait écrit de la ruslicité des Lis japonais, nous assurait que depuis vingt ans il cul- tive, en pleine terre de bruyère, des Lilium speciosum ou lancifoliuyn. Quant aux L. auratum, qu’il cultive dans les mêmes conditions, les hampes florales, l’année der- nière, malgré le froid très-rigoureux qu’il a fait, n’ont pas moins atteint 1 mètre 70 de hauteur, cela bien que les oignons n’aient pas été relevés depuis trois ans. C’est une leçon dont profiteront les amateurs de ces belles plantes. En même temps qu’il nous faisait cette intéressante communication, M. Boisselot, à propos du phylloxéra, nous disait: Voici ce que m’écrit un de mes correspon- dants de Montignac (Dordogne) : « Plusieurs personnes d’une commune voi- sine, dont les Vignes sont gravement atteintes, m’ont assuré que certaines de ces Vignes qui, l’année dernière, n’avaient donné que des pam- pres Irès-gréles et d’une longueur tout au plus de 6 à 10 centimètres, - en ont produit cette année de 40 et 50 centimètres de longueur, et portant des feuilUîs d’un vert foncé et des grappes qui ont parfaitement mûri, sans qu’on ait employé aucun moyen, m une le plus petit, de destruction contre l’insecte. » De ce fait, dont il n’y a pas à douter de l’exactitude, il me semble ressortir qu’il y a quelque espoir de voir le mal finir par dé- croître. Gomme vous le dites fort bien, ce qui a commencé doit finir. — Si, comme on l’a fait trop légèrement à notre avis, la magnifique collection de Vignes de Dijon, de regrettable mémoire, a été (( arrachée et brûlée » à cause du phylloxéra, ce qui n’a pas empêché celui-ci de gagner les champs, où il était très - probablement depuis longtemps, il y a encore fort heureusement des collec- tions de Vignes en France. Outre les écoles particulières dont l’une des plus im- portantes est celle de notre collaborateur, M. Pulliat, à Ghiroubles(Bhône), ily a l’École de Saumur, qui comprend près de 1 ,900 varié- tés provenant : 9 de l’Afrique, 44 de l’Amé- rique, 18 de l’Autriche, 53 de l’Espagne, 8 de Madère, 4 du Portugal, 7 de la Grèce, 148 de l’Italie, 8 de la Bussie, 11 de la Bohême, 37 de la Hongrie, 10 de la Suisse, 2 de la Turquie et 5 de l’île de Zante. Il n’est, du reste, pas douteux que l’on pourrait augmenter considérablement ce nombre, soit en recourant aux mêmes pays, soit en s’adressant concurremment à d’au- tres, par exemple à l’école de viticulture de Nikita. De cette façon, et en réunissant ainsi une très-grande quantité de Vignes, on aurait deux bonnes chances à courir : celle de ren- contrer des sortes que nous n’avons pas et qui pourraient être avantageuses pour notre pays, et celle de trouver des sortes ro- bustes pouvant résister au phylloxéra ou croître dans des conditions défavorables, et où par conséquent peu d’autres pourraient se développer. Il y a encore la question des études comparatives, qui ne manque pas d’importance, au contraire. — La série des grands travaux entrepris au Muséum, il y a bientôt quatre ans, se continue. Elle a commencé par la nouvelle galerie zoologique, au sujet de laquelle nous réservons nos appréciations et qui, dison.s- le, est la perte à peu près complète, au point de vue de la culture, de l’extrémité des serres qu’elle cache en grande partie. La série en question des travaux qui doivent être exécutés comprend, en outre, l’établissement de nouvelles serres devant faire le pendant à celles qui existent déjà. Les fera-t-on semblables à ces dernières ? Il est très-probable que oui, en faisant CHRONIQUE HORTICOLE. 143 valoir la régularité, la nécessité du coup d’œil, etc., bien qu’il soit notoire qu’au point de vue de la culture ces serres laissent énormément à désirer. Mais ne devrait-on pas tenir compte de ladestination des choses, même quand il s’agit d’architecture ou de construction? L’art avant tout, dit-on, comme si l’art ne consistait pas dans l’ap- propriation des choses avec leur destination. Quoi qu’il en soit, l’on va commencer bientôt ce complément de serres par le mur de soutènement qui, s’appuyant sur le labyrinthe, séparera celui-ci des serres qui seront placées en avant. On assure que les deux ailes des serres neuves (futures) seront reliées aux anciennes à l’aide d’un pavillon central monumental dominant l’en- semble, sous lequel, dit-on, le public pas- serait, ce qui permettrait d’aller directe- ment de la partie basse à la partie haute du jardin, et mettrait toutes les galeries d^’lns- toire naturelle en rapport les unes avec les autres. Est-ce en prévision de ces travaux'' qu’on se prépare à transplanter le Paulownia qui se trouve au bas de l’un des pavillons? Cet arbre qui est, paraît-il, le premier qui ait été introduit en Europe, est arrivé au Muséum en 1834. Nous en avons donné une figure et une description dans le Journal (J Agriculture pratique (1). Sa tige, qui me- sure 75 centimètres environ de diamètre, est surmontée d’une énorme et large tête arron- die qui, chaque année, se couvre d’une quan- tité considérable de fleurs. M. André, archi- tecte du Muséum, qui doit en opérer le déplacement, a, dans cette prévision, fait établir à une certaine distance de la tige une tranchée circulaire pour en couper les racines, de manière à le préparer^et à rendre moins sensible la fatigue qui résulte tou- jours du déplacement d’un arbre âgé, et surtout d’aussi grandes dimensions. — De tous les Coleus parus jusqu’ici, — et le nombre en est considérable, — un des plus jolis est certainement celui nommé Simpson^ plante anglaise, d’une beauté incomparable par son coloris rouge grenat plus ou moins foncé et qui, suivant l’état de sa végétation, produit des effets de moiré et d’irisations indicibles. Cette variété n’a pas, comme tant d’autres, l’inconvénient de (1) '^oxv Journal d’ Agriculture pratique, n° ‘22, 1879, p. 757. se décolorer l’hiver. Toujours, au contraire, son feuillage est d’un ton chaud nuancé et velouté. Nous avons suivi cette plante, depuis plus de six mois, dans les serres de MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, où l’on pourra se la procurer. — M. le comte d’Épremesnil,un des plus grands et aussi des très-rares amateurs de plantes, nous fait, avec beaucoup de raison, observer qu’une espèce très-intéressante de Palmier, le Chamœrops [Trachycarpus] Griffithi,esi tellement rare qu’on n’en trouve que deux pieds en France, l’un au Muséum, l’autre au jardin d’acclimatation de Paris” mais que ces deux sujets sont femelles. En nous signalant ce fait, M. d’Épremesnil nous prie de vouloir bien faire un appel général à l’horticulture, et de prier les personnes qui posséderaient un pied mâle de cette espèce de vouloir bien, à l’époque de sa floraison, en récolter du pollen, de manière à pouvoir féconder les deux individus qui existent à Paris afin de tâcher d’ohtenir des graines de cette espèce qui, bien que très-belle, est si peu représentée. Tout en nous rendant avec plaisir au désir exprimé par M. le comte d’Épremes- nil et en ajoutant notre prière à la sienne, nous engageons, en attendant mieux, d’es- sayer la fécondation à faide d’espèces voi- sines ou analogues qui existent dans nos cultures, où elles fleurissent fréquemment, notamment avec le pollen du Chamœrops excelsa ou Fortunei, qui à la beauté joint la rusticité. — La longue durée du trajet qu’a né- cessité l’importation en France des Vignes du Kahsmyr : Opiman, Kavaurie, etc., dont plusieurs fois nous avons parlé, a déterminé la mort de ces Vignes qui, par suite aussi des interdictions que l’on sait, ne sont que récemment arrivées à Paris, mais dans un état à peu près complet de dessiccation, de sorte que l’importation est à recommencer. Fort heureusement que M. Ermens en avait apporté des graines lors de son retour en France, et qu’on est assuré de posséder ces Vignes, sinon dans leur type — les semis pouvant ne pas reproduire celui-ci — du moins dans sa descendance. Peut-être même en obtiendra-t-on des variétés plus méri- tantes que les types, ce qui est à désirer; mais on pourra aussi en obtenir de moins avantageuses. CHRONIQUE HORTICOLE. \U — Serons-nous longtemps encore tril)U- taires de l’Abyssinie pour les graines de Musa cnsete, et ne viendra-t-il pas un mo- ment où, môme en France, on pourra on ré- colter, sinon de grandes quantités, du moins assez pour l’ornementation? T.e fait suivant autoriserait presque à le croire. M. A. Boi- telle, deBully-Grenay (Pas-de-Calais), écri- vait à MM. Vilinoi'in ceci : Je possède dans le jardin d’hiver do mou chaleau de Mazingarle, ])rès Bully-Gronay, un magnifujuc Musa cnsetc dont le tronc, à 50 cen- timètres du sol, mesure 2 mèti’os de circon- férence et s’élève à Smèti’es de hauteur jusqu’à la naissance des feuilles, lesquelles ont 5 mètres de longueur. Cette plante porte en ce moment un monstrueux régime chargé de Bananes. Deux choses sont remarquables dans ce qui précède ; les dimensions colossales de ce Musa, qui est probablement le plus fort qu’on ait jamais vu en France, et les nom- breux fruits qu’il porte. Si l’on réüécbit que cette plante s’est développée sous un climat pourtant peu propre à des plantes de ce genre, on verra que les prévisions — les dé- sirs, pourrait-on dire — que nous formulons ci-dessus pourraient bien se réaliser. Nous avons d’autant plus raison de croire qu’il en sera ainsi, que non seulement la production de bonnes graines de cette es- pèce, mais un commencement de naturali- sation, s’est déjà opérée en France, il y a quelques années, chez M. Cbennevières, fa- bricant à Elbeuf (Seine -Inférieure). Là, dans une serre où avait été planté en pleine terre un des premiers pieds de Musa ensete, cette plante fleurit et donna de bonnes graines,;et ce ne fut qu’au bout d’un certain temps qu’on s’aperçut du fait, en voyant sous la plante pousser un très-grand nombre de jeunes Musa ensete. — Au congrès des agriculteurs de France, qui s’est tenu au mois de février dernier à Paris, il a été décidé qu’on accorderait un ju'ix agronomique à Société d'iiorticulture et de petite cidture de Soissons, c( pour les services signalés qu’elle rend à la cause de l’enseignement agricole et horticole, et pour l’exemple qu’elle donne au pays. » En parlant récemment de cette réunion, nous avons dit que la Société d'horticulture d’Orléans avait reçu un prix agronomique et M. Ch. Baltet, de Troyes, une médaille d’or spéciale, pour leur « mémoire sur les dégâts causés à l’horticultare par l’iiiver de 1879- 1880, sur les moyens curatifs employés et sur les résultats obtenus. On voit que l’horticulture n’est pas oubliée par la Société des agilculteurs de France. — Le fort pied de Vriesea Glazioveana du Luxembourg, dont nous avons parlé ré- cemment, montre un phénomène sinon in- connu, du moins qui ne nous paraît pas avoir été signalé jusqu’ici. C’est, après sa floraison, qui s’est faite il y a bientôt un an, d’avoir, pendant quelque temps encore, continué à fleurir. Les fleurs qu’il donne ne sont ni aussi abondantes ni aussi belles que celles qu’il avait produites la première fois ; mais elles se sont succédé à peu près sans interruption. C’est non seu- lement l’extrémité des ramilles florales qui, en s’allongeant, produisait des fleurs anor- males ; mais on a remarqué que des fleurs naissaient parfois entre celles qui étaient passées depuis longtemps. C’était donc une sorte de ramification. — Dans le but de généraliser son action, la chambre syndicale des architectes-paysa- gistes, entrepreneurs de jardins et horti- culteurs de la France, et dont le siège est à Paris, 84, rue de Grenelle, vient d’étendre son ressort et ses attributions à toute la France. C’est une heureuse idée dont nous félici- tons la chambre syndicale, convaincu que nous sommes que cette extension sera pro- fitable à tous, car, ainsi qu’on le sait, ses .attributions ne sont pas limitées à la pra- tique des jardins, mais comprennent à peu près tous les travaux de construction, de route, de canaux, de plantations de toutes sortes, terrassements, devis, etc., etc. Les demandes d’avis, de renseigne- ments, etc., devront être adressées à M. A. Pean, architecte-paysagiste, 20, rue Ge- rando, à Paris. — Quelques personnes nous ont écrit pour nous demander s’il est vrai que le Cedrela sine)isis est sensible au froid, ainsi qu’on leur a assuré. Nous pouvons d’autant mieux les renseigner et leur assurer qu’elles sont dans une erreur complète, que c’est nous qui les premiers, au Muséum, avons cultivé cette espèce que certain botaniste de cet établissement n’avait jamais remarquée, bien 145 RÉFLEXIONS A PROPOS que tous les jours presque il passât sous les branches d’un sujet ([ue nous avions planté au bord de la petite rivière dite « des G obéi ins. » Ce premier pied, dont nous avons signalé la floraison et même la fructification, donne actuellement de bonnes graines d’une ger- mination facile, ce qui fait espérer que dans un prochain avenir le Cedrela sinensis entrera dans l’ornementation des jardins et places publics comme arbre d’alignement, et par la suite comme arbre d’exploitation dans l’aménagement des forêts. Quant à la rusticité, nous répétons qu’elle est complète, et comme preuve nous dirons que cette es- pèce, qui n’avait pas souffert de l’hiver 1870-1871, a très-bien résisté à celui de 1879-1880, qui a été encore plus rigou- reux. — Nous avons sous les yeux un opuscule extrait du Bulletin de la Société nationale d’agriculture de France, intitulé’ : Les Vignes du Soudan, par M. A. Lavallée, trésorier perpétuel de la Société nationale d’agriculture et président actuel de la So- ciété nationale et centrale d’horticulture. Dans ce travail, qu’on trouve à la librairie de veuve Bouchard-Huzard, 5, rue de l’Éperon, M. Lavallée fait moins l’historique que la critique de la plante, et tous ses ef- forts paraissent tendre à démontrer qu’il y a beaucoup d’exagération dans tout ce qu’on a dit de cette Vigne, et qu’il n’y a aucune chance de la cultiver, si ce n’est peut-être dans « le sud de l’Algérie, en soumettant les plantes à de fréquentes irri- gations. » C’est là, du reste, à peu près ce que nous avions écrit sur ce sujet, mais avec plus de réserve toutefois, dans un article de la Re- vue horticole (1881, p. 28). Là nous écri- vions : ....Toutefois, nous u’affirmons pas, et il ne -faudrait pas conclure des quelques observations qui précèdent que nous considérons la culture RÉFLEXIONS A PROPOl Monsieur Carrière, rédacteur de la Revue horticole. Les nombreux et utiles documents que vous avez publiés sur l’hiver 1879-1880 m’engagent à vous communiquer quelques remarques que j’ai faites, moins toutefois sur les espèces et les DE L’HIVER 1879-1880. (le la « Vigne du Soudan » comme absolument impossible en Pb‘aiice ; seulement nous croyons (pi’il est bon, en s’ap[)uyant sinon sur des faits, (lu moins sur des probabilités, de mettre en garde contre un enthousiasme exagéré, ({ui pourrait être suivi de décei)tioiis d’autant plus dures qu’elles auraient été plus grandes... Pour essayer de justifier son opinion, M. Lavallée s’est appuyé sur certaines com- paraisons de plantes exotiques qu’on n’a jamais pu cultiver en dehors de certaines régions, et en a conclu « à l’impossibilité de cultiver, en France, à l’air libre, une plante du Soudan. » C’est là une affirma- tion hardie, et en l’émettant M. Lavallée semble avoir oublié que dans toutes les con- trées, même les plus chaudes, outre qu’il y a des êtres — végétaux ou animaux — de tempéraments différents, il y a aussi des parties dont le climat n’a rien de comparable. Sous ce dernier rapport, la France même pourrait fournir de nombreux et remar- quables exemples. La Pomme de terre, bien qu’originaire du Pérou, n’est-elle pas cul- tivée aujourd’hui dans presque toutes les parties du monde, même en Suède et en Norvège ? Toutefois, nous nous arrêtons à ces quel- ques considérations générales, n’ayant en quoi que ce soit l’intention de critiquer le tra- vail de M. Lavallée ; et tout en rendant jus- tice aux sentiments qui l’animent et qu’as- surément personne n’interprétera d’une manière désobligeante, nous nous permet - trons de faire remarquer que, lorsqu’il s’agit d’affirmations, celles-ci doivent reposer sur des faits, mais non sur des suppositions ; autrement on s’expose soi-même à des re- vendications ultérieures, tout en faisant naî- tre des craintes qui, parfois sans fondement, nuisent néanmoins au progrès, dontM. La- vallée est un zélé partisan. Il ne faut jamais oublier cette maxime, qui est toujours vraie : endant l’été précédent. Les pluies conti- nuelles, le peu d’élévation et l’uniformité delà température, joints à l’humidité constante, n’a- vaient pas permis aux pousses de l’année d’ac- quérir leur épaisseur normale, de les « aoûler, » comme on dirait en parlant de la Yigne. Ce qui le prouve d’une manière évidente, c’est l’aspect des Houx dans les forêts de Sapins au printemps dernier. Une partie des buissons de Houx fllexaquifolium) SiVüii crû en plein soleil; leur végétation avait commencé de bonne heure, et elle avait été promptement arrêtée par la fraîcheur des nuits d’automne. Etant en plein air, ils étaient })lus exposés que les autres au froid ; cependant aucun ne paraissait avoir souffert de la gelée. D’autres, au contraire, avaient crû sous l’ombre épaisse des Sapins, soit au sommet des montagnes, soit au fond des vallons ; ils étaient protégés contre les varia- tions de température. Leur port était élancé ; l’hiver les avait surpris en pleine végétation : les extrémités des tiges et des branches étaient complètement gelées sur une longueur de 10 à 15 centimètres et même plus. 2» Une autre cause, c’est le second quar- tier d’hiver qui est survenu en janvier. Le thermomètre alors n’est pas descendu bien bas ; mais les végétaux étaient malades, et ils se trouvaient dans des conditions exceptionnel- lement défavorables pour supporter ce nouvel assaut. 3o C’est aussi la sécheresse qui a régné pen- dant près de deux mois, de février en avril. Tout le monde sait que les plantes atteintes par la gelée souffrent beaucoup plus si on les rentre dans un appartement chauffé que si on les place dans un milieu humide, que si l’on arrose leur feuillage, ou si on les expose à la pluie. L’humidité est bienfaisante après la gelée: elle donne aux tissus végétaux le temps et les moyens de réparer les altérations qu’ils ont su- bies ; elle a manqué à la fin de l’hiver 1880; les tiges malades ont achevé de se dessécher. On peut objecter ici qu’un grand nombre d’arbres, des Cerisiers entre autres, ont fleuri et même porté des fruits, et n’ont succombé qu’à l’automne. C’est vrai ; beaucoup de guérisons pro- duites par l’humidité n’auraient été qu’appa- rentes et momentanées ; je crois pourtant que plusieurs auraient été réelles, et que beaucoup d’autres arbres, endommagés seulement par le froid, l’auraient été moins si l’humidité ne leur avait pas fait défaut. Voici une liste de quelques espèces atteintes par le froid : La plupart des gros Cerisiers épars dans la cam})agne, même demi-sauvages, subspon- tanés et non greffés, sont moils, les uns dès le printemps, les autres à la chute des feuilles. Les jeunes Cerisiers n’ont guère souffert. Les trois quarts au moins des Genêts à ba- lais {Sarothamnus scoparius) ont été gelés avec leurs racines. Les autres ont repoussé par le pied; les quelques tiges épargnées étaient celles qui avaient été couchées à feri-e par les rafales de neige. Les fleurs de Genêts ont été une rareté pendant l’été dernier ; elles ont ap- paru plus tard que d’habitude et successive- ment. De gros Platanes ont été crevassés profondé- ment; on aurait pu introduire la main presque tout entière dans beaucoup de fentes. A I’îju- tomne dernier ils })araissaient à }>eu près aussi vigoureux qu’auparavant ; pendant la gelée de janvier 1881 les fentes ont reparu, mais moins larges et moins profondes. Il sera intéressant de continue]' cette oljsei’vation sur de jeunes Platanes plantés le long d’une roule, chez lesquels les troncs ne })résentaient pas de lé- sions extérieures, mais dont pourtant les extré- mités des rameaux étaient gelées. Les feuilles au printemps ont été complètement gelées à deux reprises successives ; il semblait que les arbres épuisés n’avaient pu émettre que des pousses chétives, tendres et incapables de lut- ter contre le froid. Ils étaient sans feuillage et semblaient morts en juin ; _ils avaient repris assez de vigueur à l’automne. Des Peupliers blancs d’Italie plantés le long d’une route donnent lieu à quelques remarques intéressantes. Ils sont élancés et soigneuse- ment ébranchés jusqu’à moitié environ de leur hauteur. En outre, on racle l’écorce jusqu’à 3 mètres du soi, pour empêcher les insectes d’y trouver un abri ; j’ai même vu quelquefois l’écorce entamée jusqu’au vif. En juin 1879, des chenilles ont dévoré les feuilles jusqu’à quel- ques décimètres du sommet, oû elles sem- blaient ne pas oser s’aventurer sur les extré- mités des branches agitées par lèvent. La gelée est venue ensuite. Les arbres ont été languis- sants l’été dernier ; aujourd’hui la plupart sont morts ou mourants ; beaucoup viennent d’être abattus. A quelques mètres de la route on voit des Peupliers de même espèce et au moins aussi âgés; ils n’ont pas été élagués ni écorcés, leur port est plus trapu ; ils sont en pleine vi- gueur. Sur une autre route des Peupliers plus jeunes n’ont pas souffert. Tous les Pins maritimes, y compris des se- mis de deux ans, ont péri. Quelques Sapins des Vosges {Abies pectinata) ont été endommagés; c’étaient ceux qui croissaient dans des terrains humides ou tourbeux. L’état tourbeux du sol a l)aru être une des conditions les plus défavo- rables pour tous les végétaux ; on comprend facilement pourquoi. RÉFLEXIONS A PROPOS DE L’IHVER 1879-1880. 147 Quelques Genévriers ont laissé voir pendant plus de six mois ([uelle avait été la direction' du courant d’air froid qui les avait frap-pés ; un quart do leurs surfaces était grillé et jauni: c’était le (juart tourné vers le sud-ouest. La direction du courant d’air froid a pu ne pas être ici la meme que partout ailleurs ; le relief des montagnes a {)u le faire queUiue })eu dé- vier. Les températures ont été peu observées ; on sait seulement que le thermomètre est des- cendu jusqu’à 26 degrés centigrades au moins. A l’est de Raon-l’Étape, où j’habite, se trouve un plateau élevé d’environ 375 mètres au-des- sus du niveau de la mer, et de 100 environ au- dessus du confluent des deux rivières voisines. Il est en dehors de l’axe des deux vallées que suivent ces deux rivières ; il est abrité par les montagnes du côté du nord et de l’est, mais sans aucun abri du côté de l’ouest et du sud, d’où venait le courant froid. Je n’y ai vu aucun arbre fruitier planté en plein vent qui ait été endommagé; dans le nombre se trouvaient des Noyers, des Cerisiers (Bigarreaux, Montmo- rency, Cerises dites anglaises?), des Pi-uniers (entre autres des Reine-Claude, Reine-Victo- ria, Prunes de Tours, et deux autres variétés de Pruniers à gros fruits que je ne puis désigner par leur nom). On a remarqué depuis longtemps ([ue sur ce plateau les vergers réussissent et ne soulfrent guère des gelées de printemps. J’ai fait une autre remarque : la neige, quand elle est tom- bée depuis quelques jours, ne reste pas à l’état grenu comme dans le reste de la campagne ; elle se recouvre de longues et larges cristalli- sations de glace qui prennent je ne sais quelles apparences végétales et font involontaii-ement penser aux Lycopodes. Pareil fait se produit le long des cours d’eau ; mais alors ces arborisa- tions ont un aspect dilféi’ent: elles sont plus grêles, plus espacées et moins fournies. Les conditions d’hygrométricité, de tranquillité ou d’agitation de l’air, de rayonnement, elc., etc., modifient profondément ces formes pseudo- végétales. Ce qui m’a amené à ces observations, c’est une barcarole de Théophile Gautier, mise en musique par Gounod : Dites, la jeune belle. Où voulez-vous aller? La voile ouvre son aile, La brise va souffler ! Est-ce dans la Baltique, Sur la mer Pacifique, Dans file de Java? Ou bien dans la Norwége, Cueillir la Üeur de neige, Ou la fleur d’Augsoka? J’ai cherché longtemps sans pouvoir trouver quelles étaient ces deux fleurs mythologiques ; le dictionnaire de Larousse et d’autres sont muets à cet égard. Plus tard je lus dans les légendes de l’Inde ancienne, abrégées par Mary Summer : « L’Asôka entr’ouvre ses fleurs au calice empourpré ; n jiuis un feuilleton scien- tifique m’apprit que la fleur de neige n’est pas une üeur, mai« une cristallisation. J’aurais été curieux de la voir, mais il n’y fallait pas lienser. L’hiver de 1879-80 m’a fait observer quelque chose d’analogue sur les bords d’une rivière, vers le 20 décembre, peu de temps avant le })remier dégel. De la suie avait été répandue à la suiTace de la neige, de sorte que les cristallisations de glace qui s’étaient formées au-dessus de cette surface noire brillaient au soleil et attiraient les regards. On aurait dit des fleurs de 2 1/2 centi- mètres de diamètre, formées chacune de deux verticilles siqierposés et distants de 1 centi- mètre à 1/2 centimètre l’un de l’autre, l’infé- rieur étant à la même distance de la surface noircie. Chaque verticille était formé de trois lames minces, larges, de formes géométriques. On y remarquait facilement des angles de 60 degrés, c’est-à-dire ajipartenant au système hexagonal dans lequel cristallise l’eau. Ces for- mes avaient je ne sais quelle ressemblance avec les feuilles des Rubiacées, des (ialium par exemple, mais la largeur des trois }>ièces des verticilles leur donnait encore plus l’apjia- rence de fleurs. En cherchant sur les bords de la rivière, je vis plusieurs jours de suite de nombreuses ci'istallisalions semblables, mais de grandeurs et de développements très-divers. Cet hiver, je ne vis rien de semblable. Ce ne fut cependant pas faute d’observer ; mon atten- tion était attirée de ce côté J’observais surtout les dessins de givre sur le verre des fenêtres : on en voit quelquefois de merveilleux. La }»lu- part rappellent les formes végétales. On y trouve des paysages en miniature des genres les plus différents ; on croit y voir des Prêles, des Mousses, des Lycopodes, des touffes de Ga- rex. Bien des Cryptogames ont moins l’aspect de végétaux que ces arborisations. Les dessins les plus jolis et les plus variés que j’aie vus se produisirent de la manière suivante : un soir, vers neuf heures, avant de quitter ma salle à manger, dont l’air était chaud et humide, j’ouvris la fenêtre pour rentrer des pots de Crocus. Le froid était de- venu très-vif ; on voyait briller les étoiles ; l’air delà chambre se trouva brusquement refroidi. Le lendemain matin, je fus surpris des dessins que présentaient les vitres, et je les fis remar- quer à quelques personnes qui furent aussi surprises que moi. Je ne crois pas que les savants aient jusqu’à présent abaissé leurs regards sur ce sujet; il ne serait cependant pas sans intérêt de voir jusqu’à quelles limites la matière inorganique 148 APPAREIL POUR LA DESTRUCTION DES HANNETONS jjf-.ut ein]»runter les formes de la nature orga- nisée. Si vous jugez à propos de eommuniquer quelques-unes de ces remarques à vos lecteurs, je vous les offre en vous laissant le soin d’éla- guer ce qui est inutile ou en dehors-du sujet. Veuillez, etc. Docteur Raoult, Médecin à Raon-TÉtape. 18 mars 1881, C’est avec plaisir que nous publions ces très - intéressantes communications qui , nous n’en doutons pas, seront ti'ès-goûtées de nos lecteurs. Nous sommes tout à fait de l’avis de M. le docteur Raoult, que les sa- vants négligent trop l’étude de ces formes intermédiaires, dont, en général, on se borne à admirer la beauté, la singularité, la « bizarrerie, » sans penser à les rattacher à d’autres productions supérieures. On oublie trop qu’entre la nature inorganique et la nature organisée il n’y a pas de limites absolues. {Rédaction.) APPAREIL POUR LA DESTRUCTION DES HANNETONS Nous ne sommes plus au temps où les journaux pour rire, dénonçant les pre- mières mesures administratives essayées contre le hanneton et sa larve, ce double fléau de nos jardins et de nos champs, ten- taient de tuer par le ridicule un préfet in- telligent qu’on n’avait pas cru apte à s’occu- per de pareilles choses, à descendre à des détails d’un si mince intérêt pour des boule- vardiers de naissance ou de profession. Au risque de déplaire à la presse légère, plus spirituelle que sensée ou instruite, au mépris des sarcasmes qu’elle manie avec tant de dextérité, bien d’autres tentatives de destruction de ces terribles dévorants ont été faites, sans que personne ait plus songé à se moquer. C’est que la triste vérité sur les insectes nuisibles a fini par arriver à tous, aux plus superficiels comme aux plus ignorants, et qu’il est de science certaine aujourd’hui que l’insecte, (( ce vil excrément de la terre, » comme a poétiquement écrit notre bon La Fontaine, impose bon an, mal an, à notre agriculture pour plus de 200 mil- lions de francs de dégâts. Voyez, comptez la perte infligée par lui aux cultivateurs tandis que passe une génération de ces hommes dont le pénible labeur a pour objectifs l’ali- mentation publique et l’accroissement de la richesse nationale. Partout donc où se produit un effort utile contre la multiplication de l’insecte, partout où l’on rencontre un moyen pratique de réprimer les effets de sa prodigieuse fécon- dité et d’en contenir le débordement, il faut s’arrêter, regarder, applaudir, encourager. C’est dans cette disposition d’esprit qu’au dernier concours agricole tenu au palais de (1) Extrait du Journal d' Agriculture 'pratique, mars 1881, p. 407. l’Industrie nous avons examiné un appareil imaginé en vue de la destruction des hanne- tons, et qu’après nous être enquis de son utilité pratique nous avons cru devoir le faire connaître, ou tout au moins en annon- cer l’existence. C’est la première fois, croyons-nous, que cet appareil a figuré dans une exhibition publique. Il a été inventé par M. Cloux, an- cien manufacturier à Tracy-le-Mont, et il a été remis à M. Voitellier, aviculteur à Mantes, lequel paraît en avoir l’exploitation ou devoir y aider. Quoi qu’il en soit, ce nouvel engin figure au catalogue illustré de la maison Voitellier. Nous lui empruntons les deux dessins (fig. 33 et 34) et la description qui les accompagne. Le piège à hannetons est basé sur la grande attraction que la lumière exerce sur ces in- sectes. Il consiste en une forte lampe placée au centre de puissants réflecteurs, devant laquelle se trouve une glace. Au pied de la glace est })ratiquée une ouverture en forme d’entonnoir aboutissant dans un sac placé au-dessous. Le tout forme comme une lanterne posée sur un bâti mobile pouvant s’élever à volonté suivant la hauteur des bois ou taillis dans lesquels on veut opérer. On place l’appareil dans le bois, le soir, à la tombée de la nuit. Les hannetons, attirés })ar la lumière, viennent en foule se précipiter sur la lampe, et, se heurtant à la glace qui l’entoure, ils tombent par le choc dans l’entonnoir et disparaissent dans le sac d’où ils ne peuvent plus sortir. Les expériences les plus concluantes ont été faites devant les représentants de plusieurs Sociétés agricoles. C’est par milliers que les hannetons sont ramassés en quelques minutes. Cet appareil })eut également être eni])loyé pour la destruction de tous les insectes qui volent à la tombée de la nuit. APPAUEIL POUa LA DESTRUCTION DES HANNETONS. 149 Les pièges à hannetons sont divisés en quatre munéros: Le no i est composé d’une lanterne à deux faces, reposant seulement sur un hiiti destiné à supporter le sac. C’est la partie siq)érieure de la ligure 33. Le n« 2 ne comporte aussi qu’une lanterne à deux faces, mais il est monté sur un bâti avec pieds se re- pliant et s’allongeant à volonté. Le n» 3 est muni d’une lanterne à quatre faces, semblable à la fi- gure 34 ; la lanterne et le bâti se démontent, ainsi que l’échelle de côté, et trouvent place dans le bâti du bas, quand l’appareil est en transport. Le bâti du dessus, por- tant la lanterne, peut se hausser â volonté suivant la hauteur des tail- lis. Le tout peut encore très-faci- lement être porté à dos d’homme. Le no 4 a, sur le n° 3, l’avan- tage d’être monté sur roues et de pouvoir se transporter plus facile- ment. Ce qui nous paraît devoir être souligné dans ce petit exposé, c’est la possibilité d’aller por- ter avec efficacité la destruction sur les terrains plantés ou boi- sés, là précisément où les han- netons se réfugient en plus grand nombre et où, par les mé- thodes ordinaires, on les atteint le plus difficilement. M. doux a soumis, dit-il, son appareil à l’expérimentation pu- blique, et les juges les plus com- pétents auraient rendu à son su- jet le verdict le plus favorable. Il est fort à souhaiter qu’il en soit ainsi, car le hanneton n’est pas un ennemi en face duquel on doive demeurer les bras croisés. Le Progrès de P Oise du 16 mai de l’année dernière a rendu compte d’un essai quel- que peu original de l’appareil de M. Cloux dans la salle de la jus- tice de paix de Compiègne. La nuit faite en plein jour et al- lumée la lanterne, on déposa sur la table 600 hannetons ramassés depuis quelques heures et plus ou moins en- gourdis. Bientôt attirés par la lumière, fascinés par la vivacité du réflecteur, on les vit s’envoler, se diriger vers le point lumineux, tournoyer étourdiment, se heur- ter à la glace et finalement s’abattre Fig. 34 — Lanterne du piège à hannetons. \ dans le gouffre béant placé au-dessous de l’entonnoir. Quelques malades ou invalides échappèrent seuls au péril, faute de pouvoir quitter la table où les retint leur impuis- 150 ENCORE l’ennemi DES CAFÉIERS. sance. L’expérience, paraît-il, a eu un plein succès. Il importe qu’elle soit renouvelée non plus en chambre, mais à ciel ouvert, en pleins champs, sur le théâtre même où le maudit insecte exerce ses ravages. — FCCIISfA FULGENS PUMILA. La saison revient à grands pas où l’es- sai pourra se faire utilement et coram po- pulo. Eug. Gayot. ENCORE L’ENNEMI DES CAFÉIERS Dans ma précédente communication, je vous ai parlé de VHemeleia vastatrix et des craintes sérieuses que ce cryptogame fait naître à Java. Je suis heureux de vous in- former que le mal est moindre qu’on le supposait, et qu’il résulte d’informations prises auprès de notre très-savant docteur Schneider que les craintes ont été exagé- rées ; il paraît même que VHemeleia vasta- trix a toujours existé, qu’il est connu parmi les indigènes sous le nom de Djamoor Ou- passe^ mais que jusqu’ici il était rare; aussi ses ravages étaient tellement restreints qu’on y faisait à peine attention. Mais pourquoi donc s’est-il si développé dans ces der- nières années ? On croit pouvoir répondre d’une manière à peu près certaine que la cause en est aux fortes, abondantes et con- sécutives pluies que nous avons eues. Ce champignon, en poussant e! se propa- geant, a pour effet de déterminer la chute des feuilles, ce qui d’abord n’empêche au- cunement l’arbre de porter des fruits en aussi grande quantité. Toutefois, l’on com- prend que si cette chute de feuilles se re- nouvelle plusieurs fois, l’arbre doit forcé- ment succomber. Les jardins où la maladie se fait le plus sentir sont ceux dans lesquels l’air ne se renouvelle pas facilement, soit que cela provienne de leur situation dans un ravin où ils se trouvent encaissés entre des co- teaux, soit que la conformation des mon- tagnes attire et retienne les nuages, et les prive des rayons du soleil, ou bien encore que l’ombre qu’on leur donne habituelle- ment soit trop abondante. On a remarqué que les arbres chétifs sont les premiers atteints. Pour remédier au mal, différents moyens ont été prescrits, parmi lesquels la fumi- gation de fleur de soufre est la plus recom- mandée. Je crois cependant que le seul remède efficace est de rendre aux jardins atteints ce qu’il leur faut, c’est-à-dire le plus grand aérage possible en élaguant les arbres, et surtout en enlevant les branches du bas jusqu’à une hauteur d’à peu près un demi-mètre du sol. Depuis que nous jouissons d’une atmos- phère moins humide, on voit la maladie disparaître graduellement, et il y a lieu d’es- pérer que sous peu elle n’existera plus, au moins d’une manière sensible. Sœrabaia (Java), le 8 février 1881. F. DE Rijk. FUCHSIA FULGENS PUMILA Il serait difficile d’imaginer une plante plus méritante que celle que représente la figure coloriée ci-contre. Dire qu’elle sur- passe de beaucoup le type et toutes les va- riétés qu’il a produites, c’est faire son éloge, tout en restant dans la stricte réalité. Elle est vigoureuse et forme un arbuste sous- frutescent, très-nain, buissonneux, compact, qui, depuis mai-juin jusqu’aux gelées, se couvre de fleurs d’un éclat peu commun. Feuilles ovales plus ou moins allongées, en- tières, à bords un peu sinués, très-finement serrulés, d’un vert foncé luisant, parfois même rouge en dessus, à nervures très- saillantes en dessous, surtout la médiane qui est légèrement violacée. Pétiole gros, rouge vineux ou brunâtre. Ramilles florales axil- laires munies de feuilles bractéales terminées par une volumineuse inflorescence consti- tuant un épi très-court, mais excessivement compact par le rapprochement des fleurs. Fleurs tubuleuses, très-courtement pédon- culées, à tube d’environ 60-65 millimètres de longueur, d’un rouge corail des plus bril- lants, terminé par 4 divisions ovales-allon- gées, aiguës, d’un blanc pâle. Style légère- ment saillant, un peu rosé, terminé par un très-gros stigmate ovale, verdâtre. Rien que la grande quantité de fleurs pro- duise une masse considérable, l’ensemble Reoiu' HorU^'o/.c. "OTOjüIuJu. CU. FucJisïay pian ilu^. LÉGUMES NOUVEAUX. 151 (le l’innorescencc est néanmoins allégé par l’inégal développement des fleurs, qui se rencontrent à tous les degrés : depuis celles qui sont à peine en boutons juscju’à celles complètement développées ; et, d’une autre part, comme, suivant leur état d’avance- ment, les coloris diffèrent, il en résulte une diversité qui fait encore ressortir la vivacité des fleurs épanouies, qui paraissent encore plus brillantes. Le Fuchsia fulgens pumila mulliflora Si encore l’avantage de pouvoir être cultivé en pots et d’y fleurir abondamment même une partie de l’hiver, quand il est placé dans une bonne serre et que les arrosements ne lui font pas défaut. En pleine terre, c’est une plante d’un mérite hors ligne. E.-A. Carrière. LÉGUMES NOUVEAUX Les légumes dont il va être question ont élé mis au commerce, en 1880, par la mai- son Vilmorin et Ci®, à Paris; soumis à l’étude au jardin d’expériences de la Société d’hor- ticulture de Soissons, ils nous ont présenté les caractères suivants : Betterave blanche à sucre, à collet vert (race Brabant). — Cette variété de Bette- rave a donné au jardin un rendement con- sidérable ; il est vrai que le sol de ce jardin est extraordinairement riche d’engrais et qu’il ne faudrait pas espérer obtenir le même produit dans la terre ordinaire. On ne peut nier non plus que cette race ne soit particulièrement vigoureuse et rustique. Malheureusement, l’analyse a prouvé que la richesse saccharine n’était pas plus élevée que celle des autres variétés sucrières; elle a même été constamment plus faible. Tou- tefois, pour la bien juger, il faudrait la cul- tiver dans les mêmes conditions de sol, d’engrais et de façon qu’on applique aux variétés cultivées en plein champ. Aussi nous reconnaissons qu’il serait téméraire de se prononcer définitivement à la suite d’une première année d’essai sur son plus ~ ou moins de valeur. Échalotte blanche de Jersey. — Les bulbes sont sensiblement plus gros que ceux de la variété mère ; ils sont également plus allongés et aussi plus blancs. On pour- rait considérer cette variété comme inter- médiaire entre VÉchaloite commune et l’Échalotte de Jersey ordinaire, d’où elle sort. Son rendement est supérieur à l’Écha- lotte ordinaire, et sa qualité est absolument la même. Haricot flageolet Chevrier. — Son prin- cipal mérite consiste, lorsqu’il est arraché quelques jours avant sa complète maturité, à conserver son grain vert, couleur que la cuisson ne lui enlève pas. Il est un peu plus tardif que le Haricot flageolet blanc, et ici il a produit moins que ce dernier, et surtout moins que le Haricot flageolet d'Étampes. Ce dernier, pour notre contrée, est certainement la meilleure variété de Hari- cots sans rames, qu’il faut cultiver aussi bien dans le jardin qu’en plein champ. Haricot jaime très-hâtif de Chalaji- drey. — Cette variété serait, paraît-il, par- ticulièrement propre à la culture forcée. Essayée au jardin seulement en pleine terre, nous n’avons pu la juger autrement. Toute- fois, nous avons reconnu qu’elle était fran- chement hâtive, très-vigoureuse et très- productive. La gousse, longue et régulière, est excellente sous forme d’aiguille, et son grain est un des plus farineux que nous connaissions. Le seul défaut qu’on pourrait lui reprodier, c’est d’avoir une couleur brun jaunâtre, toujours moins avantageuse que les variétés à grains franchement blancs et qui sont si recherchées sur les marchés de notre département. Pomme de terre Champion. — Celte variété de Pomme de terre est assurément l’une des meilleures introductions faites dans ces dernières années. Ses tuber- cules, parfois énormes, sont assez réguliers et surtout très-nombreux. Sa qualité nous a paru supérieure à celle de la Chardon. Comme cette dernière, elle est du domaine de la grande et de la moyenne culture, où elle rendra de véritables services à cause de son produit considérable. Pomme de terre Magnum bonum. — Celle-ci a peut-être encore plus de valeur que la Champion. Elle appartient par la forme et la couleur do son tubercule à la série des Pommes de terre dite longues jaunes; mais elle en diffère par son rende- ment, qui est plus considérable et qui, dans certains terrains, — ici par exemple, — ne 152 DE LA iniCHINOSE. le cècie en rien aux variétés à liant produit. Elle a de plus l’inappréciable avantage d’être très-vigoureuse, rustique, et aussi de résister plus facilement à la maladie. Son tubercule est très-gros, allongé, quelquefois légèrement mamelonné, de couleur jaune pâle ; la chair est blanche, très-farineuse et d’un goût délicieux. Dans les terrains secs, il faut avoir soin de butter très-fortement les pieds, car les tubercules tendent plutôt à s’élever qu’à s’enfoncer en terre. Celte belle, bonne et très-productive variété de Pomme de terre doit être introduite au plus tôt dans tous les jardins. Elle n’est que de deuxième saison, c’est-à-dire de maturité moyenne. Pomme de terre saucisse blanche. — Celle-ci est également productive, vigou- reuse et rustique; son tubercule est généra- lement assez gros et régulier ; la chair est jaune, très-fine, délicieuse. Malheureuse- ment, ici elle a pris facilement la maladie. Nous l’étudierons encore cette année à cause de sa qualité qui est peu ordinaire, ainsi que de son rendement considérable en fécule. Potiron gris de Boidogne. — Cette va- riété de Potiron a l’avantage d’étre rustique, vigoureuse, et de nouer très-facilement ses fruits. Cultivée directement en pleine terre, c’est-à-dire sans fumier, elle donne encore des produits remarquables, ce qui est un réel avantage pour notre contrée, où les ouvriers ne peuvent pas toujours disposer d’une brouettée de fumier pour placer au pied de la plante. Cueilli bien mûr et placé dans un endroit sec, le fruit peut se conserver longtemps l’biver. Malheureusement, il n’est que de seconde qualité. Jusqu’à présent, nous ne connaissons aucune variété susceptible de remplacer celle cultivée à l’hôpital de Bois- sons. Ce beau et bon fruit doit sortir pro- bablement du Potiron Jaune gros de Paris, ou peut-être encore du Potiron d’Etampes, avec lequel il a beaucoup de ressemblance. Dans tous les cas, et quelle qu’en soit l’ori- gine, nous ne saurions trop engager nos collègues à demander des graines au jardi- nier de cet établissement et à en essayer la culture dans leur jardin potager, en leur assurant à l’avance qu’ils en seront satis- faits. Nous ne parlerons ici que pour mémoire de l’Epinard lent'à monter, que nous avons répandu depuis une douzaine d’années dans la contrée ; sa réputation est faite, et tous ceux qui font cultivé en sont très-contents sous tous les rapports, ce qui est le meilleur éloge qu’on puisse en faire. Il nous reste encore, pour clore la liste des nouveautés mises au commerce par la mai- son Vilmorin, à étudier et à décrire les espèces suivantes : Chou très-hâtif d’É- tampes, Fraisier des quatre saisons rouge amélioré Duru, les Laitues blonde de Cha- vigné, Lebeuf, monte à peine à graine noire, ce que nous ne manquerons pas de de faire aussitôt que nous serons bien fixé à leur sujet. E. Lambin. DE LA TRICHINOSE"^ On s’est beaucoup préoccupé depuis quelque temps de la présence des trichines dans les viandes de porc importées d’Amé- rique. On a cru que c’était là un fait nou- veau qui constituait pour la santé publique un danger auquel elle n’avait pas encore été exposée. C’est, paraît- il, une erreur que M. Bouley a jugé utile de rectifier dans une communication à l’Académie des sciences, afin qu’on se fasse des choses une idée plus juste et qu’on ne se laisse pas aller à des craintes exagérées. i\L Bouley constate tout d’abord que l’in- (l) Extrait du Journal d’ Agriculture pratique, mars 1881, p. 353. fection des viandes de porc d’Amérique par les trichines ne date pas d’hier, ce qui veut dire que nous sommes depuis longtemps exposés à la trichinose, puisque nous con- sommons depuis longtemps des salaisons américaines. Autrefois on ne voyait pas le parasite, parce que les agents du service sa- nitaire ne se servaient que de leurs yeux pour juger de la qualité des viandes. Mais actuelle- ment que l’inspection est confiée à des vété- rinaires initiés à l’usage du microscope, ce qui était invisible pour les inspecteurs d’au- trefois a pu être reconnu par ceux d’aujour- d’hui, et c’est ainsi que la trichine a été signalée. Mais cela ne signifie pas qu’elle- BROMELIA PINGUIN. 153 n’existe que d’aujourd’hui; elle existait avant, sans que l’on s’en doutât. Voilà tout. M.Bouley ajoute : Cependant la trichinose est une maladie qu’on peut dire inconnue en France. Le seul •fait constaté, il y a une douzaine d’années, à Créi)y-eii-Valois, provenait d’un porc d’origine française. D’où vient cette sorte d’immunité dont nous })araissons avoir le })rivilége ? On })eut dire, sans doute, qu’il en est de cette ma- ladie sur l’homme comme de la trichine dans les viandes de porc, c’est-à-dire que jusqu’à présent elle a été méconnue et que notre immu- nité est i)lus apparente que réelle. Je ne crois })as cette interprétation admissible. Une ma- ladie ne reste plus méconnue d’ordinaire quand une fois la. possibilité de son existence a été démontrée par un observateur plus clairvoyant que les autres. Avant que Rayer eut mis en évidence que l’homine était susceptible de con- tracter la morve par la transmission au cheval d’une maladie particulière dont il avait conslaté l’existence et recohnu la nature sur un pale- frenier couché dans une des salles de l’hôpital de la Charité, cette maladie passait sous les yeux des médecins sans que sa signification fût reconnue. Mais après la démonstration clé Rayer, tout le monde vit clair, et les cas de morve sur l’homme semblèrent se multiplier, non pas qu’ils fussent devenus en réalité, plus nombreux, mais parce qu’on lavait mieux voir. R en eût été de môriie, à coup sûr, de là tri- chinose liiiinaine, si elle existait réellement en France... On peut donc inférer dii silence des méde- cins français à l’brtdroit de cette maladie que nous en sommes exemptés. Pourquoi cela? Grâce, sans aucttii cloüte, à nos habitudes culi- naires. La trichine ne Supportant pas une tempé- rature suhérieücb à 70°, si la trichinose n’existe pas en France, cela doit dépendre de ce que la Au mois de juillet dernier (1880), une floraison aussi curieuse qu’inattendue se produisit au jardin botanique de la Marine du port de Brest, sur un de ces végétaux (1) Nous devons à notre collègue et ami, M. Blan- chard, jardinier en chef au jardin botanique de Brest, l'article que nous publions ici sur le B. Pinguin ^ qu’il nous avait envoyé sous le nom de Bwmelia bmcteata, que nous avons dû rejeter d’après des renseignements donnés par M. Morren. Toutefois, nous avons cru devoir conserver l’article de notre collègue, M. Blanchard, en aioutant après quelques détails résultant de l’examen que nous avons fait à l’aide d’échantillons qu’il nous a en- V)yos. (Rédaction.) cuisson de la viande de porc y est assez corn” plète pour éteindre la vitalité des trichines qui peuvent infester cette viande. D’où cette con- clusion: que la trichinose ne constitue pas pour nous un danger aussi sérieux que dans les }>ays où l’on mange la viande de ])orc à l’état de cru- dité ou de cuisson incomplète. — On peut même dire qu’il y a des aliments dont l’usage est plus dangereux que celui des viandes de port infes- tées de trichines : les moules, par exemple, qui causent des accidents si fréquents. Esi-il possible de soumettre les viandes de porc de provenance américaine à une inspection qui donne à l’hygiène publique les garanties suffisantes, ou faut-il définiti- vement en prohibei» l’usage? M. Bouley pense qu’un service sanitaire complet peut être organisé d’une manière efficace. Le savant académicien a reçu la rnission de se rendre au Hàvre pour étudier la question, et il rapporte de son voyage cette conviction qu’en initiant àiix préparations micros- copiques un nônlbfe siiffisaht d’enfants et de jeûnes filles, i’inspeclioti des viandes pourra èthè faite avec une célérité cjui ré- ponde aux exigences delà situation : « Déjà, dit -il, üri vétérinaire préposé à ce service, M. Lcfebvi’e, avait pris l’initiative de se faire assiste^ par de jeunes aides et donne ainsi la preüXë de l’efficacité de ce concours. Si l’expêriehce qui se fait au Havre dëltiontre la possibilité d’une inspection séHètise, il deviendra possible de concilieh les irilérêts de la santé et de la consommation publiques, et de ne pas maintenir le décret de prohi- bition contre l’importation des viandes de porc de provenance américaine. » PINGUIN qui ne montrent leurs magnifiques fleurs qu’à de très-longs intervalles dans les jar- dins de nos pays tempérés. C’est une plante de la famille des Bro- méliacées, cultivée depuis quarante-deux ans sous le nom de Bromelia Karatas, L., qui nous a montré cette fioraison intéressante, dont les botanistes nous sauront gré de leur donner ici une description sommaire. A l’examen de la fleur, nous avons re- marqué que la plante en question se rappor- tait plutôt au B. hracteata, Flort., dont les (leurs sont disposées en un énorme épi ra- meux, qu’au B. Karatas, L., qui les a réu- 154 BROMELIA. PINGUIN. nies en capitule, et dont l’espèce est très- connue et cultivée depuis longtemps dans les jardins botaniques et d’amateurs. De môme que toutes les espèces renfer- mées dans ce genre, celle-ci est acaule, émettant rarement quelques forts stolons d’environ 1 mètre de long. Feuilles très- nombreuses, en rosette, mesurant 3 mètres de long sur 5 centimètres de large, co- riaces, vertes et luisantes en dessus, légère- ment glaucescentes en dessous, canalicu- lées , bordées d’épines très - piquantes distantes de 5 à 8 centimètres, incurvées sur la moitié inférieure, plus rapprochée*^ et dressées sur la partie supérieure, termi- nées par une pointe acérée. Inllorescence en grappe spiciform.e, haute de 1"^ 10, composée de 40 à 45 épillets de 10 centimètres de long, presque horizon- taux, portant chacun 10 à 12 fleurs d’un bleu violacé, à 6 divisions périgonales, dont 3 extérieures (calice) courtes, ob- tuses, blanches scarieuses, et 3 intérieures (corolle) longues de 2 centimètres, dres- sées, oblongues , concaves, peu ouvertes au sommet. Étamines G, plus courtes que Fig. 35. — Bromelia (?) Phujii'n, plante entière, au 1/25 de grandeur naturelle. les divisions périgonales intérieures, à an- thères dressées, exsudant une liqueur su- crée, incolore. Style court, à 3 stigmates dressés, charnus. Ovaire infère, trilocu- laire, multiovulé, vert et couvert, ainsi que les rameaux et la hampe, d’une quantité prodigieuse de petites écailles pelucheuses, blanches, satinées avant l’anthèse, bleuâtres après. Fruits sessiles, solitaires, le long des épillets, consistant en une baie ronde ovoïde, indéhiscente, de la grosseur d’une Prune ordinaire, jaune orange, couronnée par le périgone persistant, à épicarpe épais, co- riace, couvert d’un très-léger duvet l)lan- châtre ; loges polyspermes, charnues, rem- plies d’une pulpe juteuse, sans saveur; graines plates arrondies, à testa couleur marron, ressemblant à de petites Lentilles. Du milieu de la rosette des feuilles ter- minales sort la hampe, dont la base est garnie d’une dizaine de bractées embras- santes, très-allongées, dressées, subulées, bordées d’épines très-fines dirigées vers le haut, d’un rouge vermillon sur la face supé- rieure de la base, rouge ocracé sur la face in- férieure jusqu’à la hauteur de50 centimètres, et vert foncé sur les deux faces de la partie terminale. Bractéoles du milieu de la hampe très-élargies à la base qui est blanc satiné. BUOMELIA l’INGUlN. 155 et ciliées sur les bords, à limbe presque filiforme, cilié-spinescenl et également rouge sur les deux faces, s’enroulant en dehors, ainsi que les bractées, après l’anthèse; les terminales sont dépourvues de limbe, en- tièrement blanches, très-élargies à la base, non ciliées et seulement pointues au -som- met. Les grandes bradées rouges placées à la Fig. 36. — Inflorescence détachée du Bromelia Pinguin, au 1/5 de grandeur naturelle, et une fleur . détachée de grandeur naturelle. Les figures 35 à 39, que nous devons à notre ami Rougeon, photographe à Brest, représentent la plante dans les diverses phases de son développement. D’après les renseignements qui nous ont été donnés par M. Decamp, e.x-rnédecin- rnajor à bo'rd de V Héroïne, cette plante fut rapportée du Brésil à Brest, en 1838, par 1 amiral Gecile, grand amateur d» végétaux base de la hampe forment, au moment de l’épanouissement, une couronne ressem- blant à une fleur gigantesque élégamment reliaussée par la blancheur de celle-ci, dont la forme représente un énorme spadice d’Aroïdée sur lequel se trouve parsemée une innombrable quantité de points bleu violacé (véritables fleurs) produisant le plus charmant efiet. Fig. 39. — Ensemble de la fructi- fication du Bromelia Pinguin, au l/7e de grandeur naturelle. exotiques, alors capitaine de frégate à bord de ce navire dans la station de l’Amérique Sud. Si notre plante’est bien le B. hracteata (1), elle est un de ces végétaux dont les dimen- (1) Voir plus haut la note que nous avons insérée, et les détails dont nous avons fait suivre la lettre de M. Blanchard. fBédaclion.) 156 BEURRÉ DIEL A FRUITS PANACHÉS. sions exigent de grandes serres ou un jardin d’iiiver pour se développer convenablement. Mis en pleine terre sur les rochers, les pe- louses ou au lK)rd des rivières factices, il produira reûèt le plus grandiose qu’il soit possible d’imaginer. Cultivé en pot à la façon des autres Broméliacées, dans sa jeu- nesse il pourra faire une plante d’apparte- ment qui n’aura de rivales que les jeunes Pandanus. De la terre de bruyère un peu tourbeuse, des vases plutôt petits que grands, de l’eau et de la lumière modéré- ment , en hiver une température de 12 à 15 degrés de chaleur, sont les seules con- ditions qu’il exige pour végéter convenable- ment, J. Blanchard. Disons d’abord quelques mots pour expli- quer le point de doute que nous avons mis après le qualificatif promelia^ doute qui nous paraît justifié par tous les caractères que re^ présentent les figures 35 à 39. En effet, aucune d’elles presque ne nous paraît convenir au genre Bromelia qui, du reste, est loin d’être bien dé- limité. Toutefois, nous ne nous prononçons pas sur ce point, et sous ce rapport nous nous bornons à appeler l’attention des hommes com- pétents, c’est-à-dire qui font des Broméliacées une étude toute particulière. Grâce à la beauté et à l’exactitude des pho- tographies que nous a adressées M. Rougeon, photographe à Brest, nous avons pu faire exé- cuter des dessins et ajouter les quelques dé- tails suivants, qui complètent ceux de notre collègue, M. Blanchard, une plante entière ré- duite (fig. 35). La figure 36 représente une inflorescence détachée au cinquième, qui montre aussi une fleur isolée, ainsi que les grandes bractées placées çà et là à la base des ramifications. La figure 37 montre un fruit dé- taché, de grandeur naturelle. Enfin la figure 38 représente une coupe de grandeur natu- relle d’un fruit, ce qui permet d’en distinguer les parties. Quelques mots maintenant sur l’ensemble de la fructification, fig. 39. Fruits nombreux, ses- silesou subsessiles, sur des ramifications subli- gneuses très-solides, ovales, allongés, atteignant jusqu’à 4 centimètres de hauteur sur 3 de dia- mètre, courtement arrondis à la base, atténués au sommet qui est terminé par un stigmate noir, solide, plus ou moins divisé, persistant. Le fruit, dont la couleur est d’un très-beau jaune d’or, est charnu pulpeux à sa maturité ; la partie externe, d’un tissu lâche jaunâtre, en- toure une partie centrale blanche, charnue, nettement circonscrite, au centre de laquelle se trouvent les cavités ovariennes, qui sont au nombre de trois ou moins par avortement. Le jus que contient la chaii- est sucré, légère- ment acidulé, sans saveur bien caractérisée. Tous ces fruits qui, par leur aspect, rap- pellent assez bien ceux des Eriohotrya, per- sistent sur la hampe pendant très-longtemps, ce qui est singulièrement ornemental. M. Ed, Morren, à qui nous avions demandé des renseignements sur notre plante, nous a répondu ; « \olre Bromelia bracteata^de Brest, est le Bromelia Pinguin^ Linné ; VAloe maritima fructu dulci et acido multiplici prunus si- mili, de Morisson, Hist., pL 418, figuré dans Trew E’heh, Plantœ selectœ, p. 21, pl. 51 ; Redouté, Liliacées, pl. 396. — C’est le Agal- lostachys Pinguin, de Beer (1857). (( Les fruits sont comestibles et connus sous les noms de Finuellas ou de Pinguin. « Cette espèce a fleuri au jardin botanique de Liège en juillet-août 1876 et a donné des fruits mûrs en mai-juin 1877. « Je ne connais pas de différence spécifique entre ce Bromélia Pinguin de Linné et le B. sceptrum de Fenzl. ; B. Commeliana de de Vriese ; B. antiacantlia de Bertholoni. — Les différences avec le B. Binotiana sont in- signifiantes. » A ces renseignements intéressants et précis, nous croyons devoir ajouter les quelques ob- servations suivantes ; L’examen que nous avons fait des figures qui ont été publiées i)ar différents auteurs sous le nom de Bromelia Pinguin, par exemple Tur- pin. Dictionnaire universel d’histoire natu- relle (végétaux monocotylédonés), pl. 49 ; — Tussac, Flore des Antilles, t. IV, pl. 22 ; — Redouté, Liliacées, 7, nous ont démontré que sous ce même nom on a représenté des variétés différentes : celle de Redouté est la plus voisine de la notre. Outre l’ensemble des plantes, qui est un peu dissemblable chez toutes les figures qu’ont publiées Turpin et Tussac, elles diffè- rent surtout par l’intérieur des fruits, ce que démontrent les coupes qu’ils en ont faites. (Rédaction.) BEURRÉ DIEL A FRUITS PANACHÉS Le premier sujet, croyons-nous, qui a produit cette variété se trouve dans le pota- ger du château de Villennes, près Poissy. Agé d’environ douze à quinze ans, il est planté en espalier au levant ; il est très-pro- ductif et ne manque jamais, chaque année, CAMOENS MAXIM A. LES CATALOGUES. 157 lie donner de 150 à 200 superbes et excel- lents fi'uils. En 1880, malgré le Iroid rigou- reux qui avait détruit passablement de bou- lons à fruit, j’ai encore pu récolter 104Poires de première grosseur. Le port et la végétation de l’arbre, de même que la forme des fruits, sont sem- blables à ceux de l’ancienne variété. Sous ce rapport, la différence n’existe que dans les panacbures qui se montrent sur le bois et sur les fruits. Je dois pourtant dire que ceux- ci, qui sont au moins aussi beaux et souvent naème plus gros que ceux du type, sont aussi d’une qualité supérieure à ceux de ce dernier. Gomment cette nouvelle variété s’est- elle produite? Je l’ignore; mais j’ai tout lieu de croire qu’elle n’est pas venue de semis, et qu’elle est î)ien plutôt le résultat d’un dimorphisme comme on en voit tant dans les plantes à feuilles panachées. Mais, après tout, (ju’importe son origine au point de vue de la production? L’essentiel est que celte nouvelle venue est bien supérieure sous tous les rapports au type, c’est-à-dire à l’ancien Beurré Diel. A'ussi je n’iiésite pas à la recommander vivement à tous les amateurs de beaux et bons fruits. On peut se procurer cette variété chez MM, Croux et fils, pépiniéristes, vallée d’Aulnay, à Sceaux, à qui j’en ai donné des ■greffons il y a plusieurs années. Louis-Jules, Jardinier au cliâleau d’Ancy-le-Franc (Yonne). CAMOENS MAXIMA D’après ce que nous savons déjà de la vi- gueur et de la végétation du Camoensia maxima, on est autorisé à croire que cette magnifique plante ne sera pas longtemps avant de montrer ses fleurs en Europe. En effet, un exemplaire qui fut envoyé, il y a deux ans, par le jardin royal botanique de Kew, aux jardins botaniques de Trini- dad (île de la Trinité), y a déjà fleuri. Néanmoins on ne peut conclure de là que sous notre climat, plus froid et pres- que sans soleil de l’Angleterre, nos horti- culteurs et amateurs auront la joie de con- templer la splendide floraison de ce joyau des contrées occidentales de l’Afrique tropi- cale. Il y en a cependant à Kew de fortes et vigoureuses plantes, et s’il est un endroit digne de contenir cette espèce, que l’on peut justement appeler la reine de l’ordre natu- rel des Légumineuses, c’est, assurément, la grande serre des Palmiers, à Kew. Le Camoensia maxima est une plante grimpante, élancée, à feuilles digitairement trifoliées et qui, sur des larges racèmes pendants, produit d’énormes fleurs d’un blanc laiteux, marquées d’une teinte d’or à la marge des pétales, qui sont frangés et ondulés. Ces fleurs sont certainement plus grandes que celles de n’importe quelle autre espèce de l’ordre naturel auquel appartient le Camoensia maxima. Le genre Caynoensia a été établi par le doc- teur Welwitsch, d’après la plante dont nous parlons, qu’il a découverte dans les forêts du Golungo Alla, où il l’admira couverte de ses splendides fleurs, qui recouvraient les arbres les plus grands placés sur la lisière des bois. Ce botaniste la dédia au grand poète portugais Camoens. Ct. Nicholson. LES CATALOGUES Nardy, horticulteur à Ilyères (Var). Arbres fruitiers variés ; arbres, arbrisseaux et arbustes d’ornement. Culture spéciale d’Orangers , de Palmiers, Dracænas, Agaves, Dasilyrions, Eucalyptus, etc. Bambous, Cannas. Plantes à feuilles pourpres, plantes grimpantes, etc. Yuc- cas, Phormiums, etc. Plantes pour bordures, massifs, pelouses ou gazons. Vignes américai- nes résistant au i)hylloxera. Rosiers greffés et francs de pied, etc., etc* ^ — Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). Catalogue général pour 1881. Plantes en collection de serre chaude, de serre tem- pérée et de serre froide. Spécialités diverses : Aro'idées, Bégonias, Gesnériacées, Broméliacées, Fougères et Lycopodes. Choix de Coléus, Ma- ranthacées, Orchidées, Palmiers, Cycadées, Azalées, Caniellias, Rhododendrons de l’IIy- malaya et autres. Nombreuses collections de Pélargoniums en tous genres* Plantes diverses : 158 TULIPA PATENS. Héliotropes , Lantanas , Fuchsias, Pétunias, Verveines. Arbrisseaux et arbustes de i)lein air. Conifères de pleine terre, rustiques, Azalea mollis^ Pivoines en arbre. Plantes vivaces di- verses : Phlox decussata, Delpliiniuins, Chry- santhèmes, Pentstémons, Fougères de pleine terre, etc. — Comme nouveautés, citons; Bégo- nias à feuillage ornemental, Gloxinias (10 varié- tés) ; Bégonias tubéreux à fleurs simples, idem à fleurs doubles (7 variétés) ; Pélargoniums à grandes fleurs (6 variétés), idem dits de fan- taisie (4 variétés) ; enfin une Sauge nouvelle, M. Issanchou, plante issue du Salvia cardinalis, très-remarquable par ses longues fleurs blan- ches et ses bractées panachées, striées rouge. — F. Brassac, horticulteur, 17, faubourg Bonnefoy, à Toulouse. Circulaire de })lantes de toute nature qu’il est en mesure de fournir l»our 1881 : plantes diverses propres à l’orne- mentation des jardins pendant l’été, telles que Pélargoniums, Allhernanthera, Héliotropes, Verveines, Agératums, Coléus, etc. Spéciali- tés : Cannas, Chrysanthèmes, Dahlias, Clé- matites, Conifères, Pivoines en arbre. Rosiers remontants, greffés et francs de pied, Yuccas. Plantes diverses : Diospyros costata et Mazeli, Ferula tinyhitana, Tritoma, Citrus triptera, Gynériums, Spiræa palmata, Céanothus, etc. — M. Boucharlat aîné, horticulteur, che- min de la Croix-Rousse, à Cuire-lès-Lyon (Rhône). Prix-courant pour 1881. Cet établis- sement, d’une richesse extrême en plantes par- ticulièrement propres à la décoration des jar- dins i)endant l’été, telles que Pélargoniums de toutes races, Lantanas, Chrysanthèmes, Fuch- sias, Pétunias, Héliotropes, Bégonias, Vervei- nes, Coleiis éromques, Calcéolaires, etc., dont il comprend de nombreuses collections, se tient au courant des nouveautés de tous les genres, ce que démontre le catalogue dont nous parlons, qui, de plus, présente l’avantage de donner des plantes ,dont il parle une bonne description. — Les personnes qui désii’ent ce catalogue peuvent en faire la demande à M. Boucharlat. TÜLIPA PATENS Le Tulipa patens, Agardh., originaire de la Sibérie, est remarquable à différents titres, non pour ses fleurs pourtant, qui n’ont rien du brillant coloris des innombrables variétés des Tulipes de Gesner, à fleurs simples ou à fleurs pleines, les seules à peu près con- nues dans le commerce. Mais, pour êti’e moins brillant, le Tulipa païens n’en est pas moins intéressant ; au point de vue scientifique, il a différents mé- rites : celui d’abord, tout en créant une sec- tion dans le genre Tulipe, d’établir en môme temps une sorte de trait d’union entre les sortes uniflores et les soilcs plu- rifiores. En eflèt, les fleurs, partant souvent de la hampe à des hauteurs diverses, sem- blent démontrer qu’elles sont des ramifi- cations d’un axe central, de même que l’on voit parfois chez les Tulipes de GeSner, re- gardées comme uniflores, l’axe ou hampe s’élargir un peu, devenir fascié, et alors émettre également plusieurs fleurs. Tout ceci ne veut pas dire que je considère le Tulipa patens comme une forme du T. Geàneriana, mais comme pouvant facile- ment s’y rattacher. Quoi qu’il en soit, voici les caractères que m’ont présentés les Tu- lipa ijatens que j’ai étudiés : Tige ou hampe à aspect du Tulipa Ges- neriana, à feuilles alternes engainantes, longuement et largement lancéolées. Hampe pluriflore. Fleurs larges d’environ 4 cen- timètres, blanc grisâtre, marquées à la base d’une macule jaune beurre foncé, lon- guement pédonculées , partant souvent à diverses hauteurs et constituant par leur ensemble une sorte d’ombelle irrégulière ou de panicule contractée, à six divisions étalées, toutes aiguës, les trois extérieures beaucoup plus étroites et plus longuement acuminées que les trois internes qui, plus largement ovales, sont brusquement acumi- nées au sommet, qui est également aigu. Éta- mines à filament blanc foncé ou rouge orangé. Anthères longues et larges, rouge violacé. Ovaire obtusément trigone, en forme de bouteille, terminé par un stigmate sessile. Gette espèce, glabre dans toutes ses par- ties, et dont l’inflorescence rappelle un peu celle des Ornithogales, est parfailement rustique ; grâce à la pluralité de ses fleurs qui se ferment et s’ouvrent plusieurs fois, sa floraison se prolonge assez longtemps. Pourrait-on par la fécondation artificielle en modifier les fleurs et surtout la couleur? Le fait est très-possible, et dans tous les cas nous paraît devoir être tenté. Pour obtenir ce résultat, on devrait prendre du pollen de Tulipes ordinaires dont le coloris est d’un rouge brillant plus ou moins nuancé. Nous avons étudié le T. patens chez CORRESPONDANCE — SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 159 M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Argen- teuil, chez qui on pourra se le procurer, ainsi que plusieurs autres espèces de ce genre , notamment le magnifique Tulipa Greigii, originaire du Turkestan. Guillon. CORRESPONDANCE M. A. V. (Seine). — Le ver plat dont vous nous avez parlé récemment, qui attaque et fait beaucoup souffrir vos Poiriers, n’est pas un ver proprement dit, mais une larve de co- léoptère du genre agrilus, larve du groupe des buprestides ; c’est Vagrilus pyri ou vi- ridis. Cette larve, que certaines personnes nomment « ver typographe, « à cause des gale- ries qu’elle fait et dont Taspect sinueux en zigzag a fait comparer à certains caractères typographiques , est xylophage , c’est-à-dire qu’elle vit dans le bois, comme presque toutes ses congénères. On ne sait pas d’une manière certaine comment elle s’introduit sous l’écorce; mais ce qu’on sait, c’est qu’une fois qu’elle y est entrée, elle fait des galeries peu profondes et tout près de l’écorce, c’est-à-dire à la surface du bois, et qui en général vont de bas en haut. Vous trouverez des détails sur cet insecte dans différents ouvrages d’entomologie, notam- ment dans VEntomologie horticole, de Bois- duval. La larve de Vagrilus pyri est très-plate, et comme si elle était composée d’articles ou d’anneaux placés à touche-touche. Elle est assez longue, et plusieurs fois nous en avons observé qui mesuraient plus de 15 à 18 milli- mètres de longueur. Pour la détruire, on pratique en différents sens, et assez rapprochées les unes des autres, des incisions à l’aide de la serpette ou du greffoir, là où l’on voit l’écorce légèrement boursouflée et présentant des nuances diverses, notamment celles de gris jau- nâtre ou « pelure d’oignon, » qui annonce une décomposition des tissus. — M. J. R. (Aveyron). — La trichinose est assurément un mal, mais, dont pourtant il ne faut pas exagérer l’importance, ce qu’on fait certainement aujourd’hui. Cette maladie, qu’on peut facilement éviter en faisant bien cuire la viande de i>orc, la seule qui peut la commu- niquer, est connue depuis très-longtemps. Ce qui démontre qu’elle n’a pas la gravité qu’on lui attribue, c’est que, même dans les localités où elle paraît endémique, les accidents qu’elle cause sont relativement très-rares. Contraire- ment à ce que l’on croit communément, elle n’est pas non plus exclusivement propre aux porcs américains, et l’on a des exemples d’a- nimaux nés et élevés en France, dont la viande était infestée par les trichines. Toutefois, pour vous rassurer et vous éclairer, nous reprodui- sons plus haut une communication faite à l’Aca- démie des sciences par un homme compétent, M. Bouley, dans le but précisément de ras- surer l’opinion sur la trichinose, dont on a certainement considérablement exagéré le danger. — M. C. (Marne). — Comme toutes les plantes de la famille des Labiées, à laquelle le Ye-Goma appartient, il faut à celle-ci une ex- position chaude et surtout bien aérée. La plante n’est pas délicate et vient à peu près dans tous les terrains, plus ou moins bien toute- fois, suivant leur nature. On sème aussitôt que les gelées ne sont plus à craindre, soit en pé- pinière pour repiquer les plants plus tard, ou mieux en place afin d’éviter le repiquage. — Les plantes venant fortes et se ramifiant beau- coup, on se trouvera bien de les espacer d’environ 50 centimètres en moyenne, dis- tance qui n’a pourtant rien d’absolu et qui pourra varier suivant la nature du terrain. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 24 MARS 1881 Apports. — Était-ce le fait de la mi-carême? était- celui de la saison qui retenait beaucoup d’horticulteurs? Nous constatons que les ap- ports étaient peu nombreux ; deux comités chômaient complètement ; c’étaient ceux d’ar- boriculture et de culture maraîchère ; seul le comité de floriculture était représenté, assez médioci'ement toutefois. M. Rigault, jardinier chez M. Bertrand, à la Queue-en-Brie (Séine-et- Marne), avait apporté des fleurs à' Anthurium Scherzerianum provenant de plantes de dif- férents âges et qui, au point de vue pratique, présentaient un grand intérêt. Ces fleurs, par- tagées en trois groupes, provenant l’un de plantes âgées de deux ans et demi à trois ans qui fleurissaient pour la première fois, l’autre des fleurs de plantes d’environ cinq à six ans ; enfin la troisième comprenait des fleurs de plantes tout à fait adultes. Les dimensions si extraordinairement grandes entre les fleurs 160 QUELQUES PLANTES RECOMMANDABLES. des jeunes plantes et celles des plantes adultes constituaient une sorte d’école pratique qui montrait qu’il ne faut pas se presser pour jeter les jeunes })lantes dont les premières fleurs laisseraient à désirer ])our les dimensions. Toutefois, nous devons faire remarquer que c’est là une règle générale qui présente des exceptions ; celles-ci se rencontrent ]>resque toujours chez les plantes dont la si)atlie est mince et peu consistante. Nous ferons aussi observer que, toutes choses égales d’ail- leurs, les ])lantes maladives ou souffreteuses et dont les feuilles sont peu développées donnent des fleurs de faibles dimensions, et que le contraire a lieu pour celles qui, bien portantes, ont les feuilles larges et bien cons- tituées. — M. Godefroy-Lebeuf présentait, avec un assortiment de plantes vivaces alpines très- intéressantes, une nouvelle espèce, le Boronia megastigma^ originaire de la Nouvelle-Hol- lande, miniature dont les fleurs brunes déga- gent un parfum délicieux. Les autres plantes étaient les Na^xissus Osfieldi, var. Empero)% idem var. Emperess ou bicolor. Ces deux plantes, à très-grandes fleurs et bien faites, ne diffèrent que par la couleur ; VIris Caucasica, très-voisine de Y Iris orchioides (1), à fleurs jaunâtres, originaire du Turkestan ; les Pri- mula Kahsmyriana et rosea (1), et le Pri- miila spectahilis à fleurs roses ; le Sangui- naria Canadensis^ Papavéracée très-naine et rustique, à fleurs s’épanouissant avant le déve- loppement des feuilles ; enfin les Saxifraga virginica et lanata, la première à fleurs blanches, la deuxième humifuse, rappelant un peu certains Sedum cespiteux à fleurs jaunes. Après la séance, M. Prillieux a fait une con- férence publique sur les effets de la gelée; vieux sujet, très-souvent traité, mais qui n’est pas pour cela plus avancé. M. Prillieux n’y a pas non plus ajouté grand chose. Après avoir rappelé diverses opinions émises sur ce sujet, lesquelles ne sont que des hypo- thèses, le conférencier s’est attaché à les ren- verser par d’autres hypothèses. En admettant même — ce qui n’est pas démontré — que la partie physiologique y ait un peu gagné, il en est autrement en ce ({ui concerne la pratique ; sous ce rapport, la question n’a }>asfait un pas. Et du reste, à quoi nous servirait de savoir pour- quoi et comment la gelée fait périr les arbres ? Ce qui importerait, ce serait de savoir .com- ment les em})êcher de geler et quels sont les meilleurs abris pour les garantir, M. Prillieux n’en a rien dit, mais on ne peut l’en blâmer. Faisons toutefois remarquer que nous ne di- sons pas que M. Prillieux n’a rien dit d’utile ; ses démonstrations physiologiques établissant que dans un arbre il peut y avoir des par- ties détruites par la gelée, tandis que d’autres sont indemnes, sont certainement vraies ; mais ici encore la pratique l’avait reconnu et constaté depuis longtemps. Notons pourtant que celle-ci n’est pas précisément d’accord sur les traite- ments à employer dans ce cas. Ainsi M. Pril- lieux conseille de pincer les bourgeons qui se dévelo})pent çà et là sur les parties non gelées. Nous sommes d’un avis contraire et croyons qu’il faut laisser ces bourgeons se développer en toute liberté, afin de ne pas déterminer de perturbations dans ces parties qui ont été frap- pées par le froid. QUELQUES PLANTES RECOMMANDABLES Anthurium Scherzérianum Palmeri. — Cette variété, d’origine anglaise, est vigou- reuse et se distingue particulièrement par la longueur et l’étroitesse de ses spathes, qui sont d’un très-beau rouge vif. Elle nous a paru extrêmement prolifique, car placée dans une serre où jamais aucun individu de cetfe espèce n’a encore fiuclifié, un pied de la Palmeri s’y est couvert d’une quantité considérable de fruits. Cgpripedium Boxalli. — Plante exces- sivement vigoureuse, ayant l’aspect du C. villosum, mais beaucoup plus forte dans toutes ses parties, ayant une grande ten- (1) V. Revue horticole, 1880, p. 387. (2) Ibid., 1880, p. 330. dance à former touffe par les bourgeons qui se développent de la souche. Feuilles larges et longues, arquées, presque planes. Hampe de 30 à 40 centimètres, droite, villeuse, à poils noirs, uniflore. Fleurs lisses, luisantes, grandes (jusque 10 centimètres), à di-^sions jaunâtres, ponctuées ou striées brun, les su- périeures écartées, jaune verdâtre marbré ou largement maculé de taches brun marron, bordées blanc au sommet, extérieurement villeuses. Labelle roux ferrugineux plus ou moins maculé. Cette espèce, qui est vi- goureuse et très-fïoribonde, pourrait être cultivée pour ses (leurs qui, très-grandes et belles, ont l’avantage de se maintenir très- longtemps (environ un mois) dans l’eau. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE La récolte des graines de Musa ensefe. — Pépins de Vignes du Soudan, mises en vente par la maison Vilmorin. — Mort de M. de Lunaret. — Légumes frais et Heurs vendus à Paris pendant le mois d’avril. — Un moyen de combattre le phylloxéra. — Particularités de quebiues plantes de Madagascar. — Nouveau type de la llore de Madagascar; Petrusia Madarjascariensis. — Les Clivias considérés comme plantes d’appai tement. — Grelfe du Châtaignier sur le Chêne. — Récolte des grosses Asperges. Floraison du Dmcœna Goldieana à Marseille. — Modifications d’ Ananas constatées sur des plantes de divers âges. — Inconvénients de la fumée dans les jardins; invention de M. Scott Montcrieff. — Falsification du Café au moyen du Soja. — Exposition d’horticulture de Soissons. — Greffe des Noyers ; observations de M. Boisselot. — Une plante propre à former des bordures: Ajuga replans atrosan- guinea. — Importance du commerce des fleurs coupées pour former des bouquets. — Forçage des Ananas aux Açores ; lettre de M. Marianne Rapozo. — Pommes de terre nouvelles faites avec des vieilles. Pas plus en Afrique et en Abyssinie qu’en Europe, c< l’harmonie fraternelle n’existe entre les hommes. » En voici un exemple, que nous citons parce qu’il touche aux choses horticoles. Ainsi, par suite d’hostilités survenues au pays des Musa ensete, l’envoi de graines de celte espèce, qu’avaient annoncé MM. Vilmorin, se trouve ajourné. Une guerre survenue dans les provinces du fds de feu Théodoros, roi d’Abyssinie, ayant occasionné la mort de ce souverain qui, paraît-il, accueillait bien les Européens, dont il enviait même la civi- lisation, semble compromettre le prochain envoi. Pourtant, nous avons lieu de croire que les nouveaux eftbrts tentés par la maison Vilmorin triompheront des diffi- cultés et que, prochainement, nous pour- rons annoncer l’arrivée de ces graines, si impatiemment attendues. Par contre, nous sommes heureux de pouvoir annoncer que, dès maintenant, l’on pourra se procurer, chez MM. Vilmorin et G'®, des graines de la « Vigne du Soudan, » au prix de 5 fr. le pépin. A cette occasion nous rappelons que, sous cette même qualification, sont com- prises cinq variétés dont voici les noms : Vitis Durandii, Chantinii, Faidherhii, Hardii et Lecardii. — Nous avons une mission pénible à remplir, celle d’annoncer la mort d’un homme qui nous était particulièrement sympathique, de M. de Lunaret, homme de cœur et de dévoûment ; patriote dans la véri- table acception du mot, il consacrait sa vie et sa fortune au service de l’horticulture, qu’il aimait avec passion. Bien qu’atteint depuis longtemps d’une maladie qui devait 1er mai 1881. le conduire au tombeau, ce n’est que dans le paroxisme du mal, et souvent sur la défense expresse des médecins, qu’il aban- donnait l’horticulture, à laquelle il pensait néanmoins toujours. Le passage suivant, que nous extrayons d’une de ses lettres, prouve et confirme nos dires : « Je n’ou- blie mes maux que lorsque je suis dans mon jardin et que j’entends parler ses habi- tants. Que voulez-vous? Là a été la toquade de toute ma vie, et j’espère mourir dans une serre, au milieu de mes plantes. C’est le champ d’honneur des jardiniers. y> A ces quelques paroles, qui résument si bien l’homme dont nous parlons, nous ajoutons nos regrets personnels, qui sont doubles : comme rédacteur en chef de la Revue horticole, pour les intéressantes communications qu’il faisait à ce journal, et comme homme, par l’affectueuse sympa- thie que nous faisaient éprouver ses fré- quentes relations écrites. On trouvera plus loin un article nécrolo- gique de la Société d’horticulture de l’Hé- rault, relatif à M. de Lunaret. — Grâce aux chemins de fer, contre lesquels pourtant tant de gens ont récri- miné au début, les choses tendent à s’équili- brer et à se répandre partout. C’est ainsi qu’à Paris, dès le mois d’avril, les Fraises, les Abricots, les Cerises, les Pois, les Hari- cots, les Pommes de terre, les Artichauts, les Fèves, etc., abondaient. Il en est de même des fleurs qui, tout l’hiver, arrivent en grande quantité de Nice. Quelques-uns de ces divers produits étaient même en telle abondance, qu’on les vendait dans les rues. C’est ainsi que, le 10 avril, nous avons entendu ce cri : « Pois verts au boisseau ! » 9 162 CHHONIQUE si Lien connu des Parisiens. Et comme ])caucoup de ces produits de l’année der- nière sont encore représentés, il en résulte que l’approvisionnement de la halle en légumes frais ne subit aucune interruption. — Est -on parvenu à découvrir un moyen très-pratique et peu dispendieux de com- battre le phylloxéra? Un observateur, en s’appuyant sur des faits, se prononce pour l’affirmative. On trouvera plus loin, page 167, l’indication du procédé, sous ce litre : De Vexpulsion du phylloxéra. — Il y a quelque temps (1), dans deux de nos chroniques, nous appelions l’attention sur quelques plantes de Madagascar qui sont des plus singulières par leur organi- sation ; aujourd’hui nous allons en signaler quelques autres de cette même partie du globe, qui ne sont ni moins remarquables ni moins intéressantes. Ce sont d’abord des Composées gigantesques, voisines des Verno- niaj qui, à Madagascar, sont connues par le nom vulgaire de Taloha, qui forment de grands arbres (15 à 20 mètres environ) que l’on peut employer dans les cons- tructions; ensuite, une légumineuse à feuil- les simples, assez grandes, dont la fleur très-grande est surtout remarquable par le développement de son réceptacle creux telle- ment allongé que cette heur, la plus longue de toutes celles connues dans les légumi- neuses, atteint parfois 30 centimètres et plus. La plante a été découverte à Madagascar par M. Humblot, de Nancy, qui en a envoyé des échantillons en France, où nous les avons vus dans le laboratoire de M. le pro- fesseur Bâillon. — Dans le Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Paris, M. le D^’ Bâillon fait connaître « un nouveau type de la flore de Madagascar, à ovules orthotropes, » telle- ment singulier par ses caractères que ce savant n’ose encore lui assigner une place définitive dans la classification. Dé- couverte par M. Grandidier, à Madagascar, M. Bâillon a dédié cette espèce àM. Pierre, qui s’occupe tout particulièrement de l’étude des plantes de l’Asie tropicale, et l’a nom- mée Petrusia Madagascariensis . Le Petrusia Madagascariensis, qui, d’après M. Bâillon, paraît se rapprocher des (l) V. Revue horticole^ 1880, p. 380; 1881, p. 63. HORTICOLE. Loranthées et des Olacinées, a le port d’un Ephedra et constitue « un arbuste noueux, rabougri, à rameaux cylindriques opposés, articulés au niveau des nœuds, et se dislo- quant facilement par la dessiccation. La plante est dépourvue de feuilles, au moment de la floraison du moins. Les fleurs for- ment (le petites grappes rigides et lâches. » — VAspidistra, qui jusqu’à ce jour pouvait être considéré comme la reine des plantes d’appartement, trouve actuelle- ment un sérieux rival dans les Olivia qui, outre un très-beau feuillage persislant, ont l’avantage de fleurir parfaitement dans les appartements, où même ils peuvent vivre presque indéfiniment. Nous connaissions déjà des exemples de cette robusticité, moins remarquables pourtant que ceux que nous trouvons cités dans le dernier numéro de la Revue de V horticulture belge et étrangère. On lit là qu’un Olivia placé dans une salle à manger donnant sur une cour entourée de bâtiments élevés s’y maintient et y fleurit parfaitement; qu’un autre qui, il y a douze ans, ne portait alors qu’une hampe et deux jeunes drageons, « occupe aujourd’hui une cuvelle de 60 centimètres de diamètre ; sa touffe de feuillage mesure de travers près de 2 mètres et laisse émarger de son sein à la fois une trentaine de tiges florales. » Les soins ontj été ceux-ci : ce un rempotage chaque année, et une fois par semaine on lui donnait un arrosage formé de purin al- longé de son volume d’eau. » — Après avoir été considérée comme im- possible, puis regardée comme une très-rare exception, la greffe des Châtaigniers sur le Chêne serait- elle sur le point de devenir usuelle ? Le fait nous paraît douteux. Néanmoins, comme il y a des affirmations, et que d’une autre part, en raison de la di- versité infinie des milieux, l’expérience dé- montre parfois que ce qui n’est pas possible dans un endroit l’est dans un autre, on ne doit jamais, surtout quand la chose n’est pas contraire à la science, — et c’est ici le cas, — regarder cette chose comme impossible, si- non après avoir fait soi-même l’expérience. Comme, d’une autre part, la greffe en ques- tion pourrait avoir une grande importance par les services qu’elle rendrait, nous croyons utile de reproduire un article qui a paru dans le Oourrier de Rennes sous les CHllONIQUE HORTICOLE. 163 initiales 'E. M., intitulé: De la greffe du Châtaignier sur le Chêne. Nous le publie- rons dans le prochain numéro. — Y a-t-il avantage à récolter de très- grosses Asperges ? C’est une question qu’on nous a souvent posée et que nous essaie- rons de résoudre prochainement. Quoi qu’il en soit, nous appelons l’attention sur un très-intéressant article qu’on trouvera plus loin, intitulé : Culture perfectionnée de V Asperge, et qui semble mettre hors de doute la possibilité d’obtenir, à volonté pres- que, de très-grosses Asperges. Nous le re- commandons particulièrement à nos lec- teurs, en priant tous ceux qui le pourraient d’expérimenter le procédé et de nous faire connaître les résultats qu’ alors nous publie- rions. — Une floraison, non seulement rare, mais sans exemple en France, peut-être même en Europe, est celle du Dracæna Goldieana, qui vient de se montrer dans les serres de M. G. Renouard, à Marseille. Nous apprenons ce fait par un petit opus- cule que nous venons de recevoir. Cette floraison s’est produite sur un jeune sujet provenant d’une bouture faite avec la tête d’une plante plus forte et qui mesure seu- lement 25 centimètres jusqu’à l’inflores- cence. Marcottée le 15 août dernier et sé- parée au mois d’octobre suivant, cette jeune plante fut mise en pleine terre dans un sol préparé ad hoc dans une serre à Orchidées, dont la température minima variait entre 16 et 18 degrés. C’est dans ces conditions que les premières fleurs s’ouvrirent le 15 février dernier. Voici comment les choses se passèrent, ainsi que des détails sur le fait dont nous parlons, qui, par sa rareté, nous paraît présenter un intérêt tout particulier : Le 15 décembre 1880, la formation d’un bourgeon floral était indiquée par les appen- dices qui se dégageaient au sommet de la plante. Tandis que, dans cette espèce, les feuilles possèdent un limbe secondaire, bien délimité à l’extrémité d’un pétiole engainant, les appendices de nouvelle formation, arrêtés dans leur différenciation morphologique, re- prenaient l’aspect de l’appendice primitif et se montraient comme de larges bractées embras- santes, conservant cependant encore la couleur et la nervation des feuilles: Plus au centre, les bractées, de plus en plus petites, prenaient une teinte rouge intense. Le bourgeon floral, très-lent dans son développement, est resté dans cet état pendant plus de deux mois ; puis, s’ouvrant peu à peu, il laissa voir une inflores- cence des plus anormales, sor te de volumineux glomérule coni})Osé de bmctées jaunâti’es, ser’- rées et plissées. Cette masse finit par atteindi-e un diamètre de 7 centimètres et une hauteur de 8 centimèti'es. Peu à peu les fleurs se mon- trèrent au-dessus de cette pelote, en boutons d’un jaune paille... Ces fleurs sont de vérita- bles organes d’Asparaginées , relativement grandes et rapjrelant, à ce point de vue, celles du Dracæna Sieholdii. Leur couleur est celle des Jacinthes blanches dont elles ont les di- mensions et l’odeur pénétrante, unie à celle du Lis... Au débutT2 fleurs s’ouvrirent à la fois. Ce nombre est allé en augmentant; et, au dixième jour, l’inflorescence portait 54 fleurs. La floraison a duré exactement vingt jours, durant lesquels un ensemble d’environ 500 fleurs se sont épanouies. ^ On voit, par ce qui précède, que si le Dracæna Goldieana est très-remarquable par son feuillage, il n’est pas moins intéres- sant par son inflorescence, et que, sous ce rapport, il pourra peut-être former une section ou coupe dans le groupe Dracæ.na. — On trouvera plus loin un article inti- tulé : Physiologie végétale, sur lequel, vu son importance, nous appelons dès main- tenant l’attention de nos' lecteurs. Il a trait à un fait des plus curieux et peut-être sans exemple connu , de modifications d’ Ananas qui, brusquement et sur des plantes d’âge très-différent, en ont déter- miné la fructification. — Il est inutile de rappeler les inconvé- nients que produit la fumée là où les foyers sont nombreux et où la houille est surtout employée comme combustible. M.-O.Klipp, dans la B.evue de V Horticulture belge, nous apprend qu’un savant anglais, le doc- teur Scott Montcrieff, vient d’inventer un système qui, s’il était appliqué par les com- pagnies du gaz, produirait, outre un éclai- rage supérieur, « presque le double de pro- duits accessoires, tels que : goudrons, li- quides ammoniacaux, etc., et que le com- bustible brûlerait plus facilement et ne donnerait plus trace de fumée. » M. Scott Montcrieff estime que la valeur annuelle du charbon qui se perd en fumée à Londres est d’environ 2,125,000 liv. Si ce système entrait dans la pratique, les jardins .s’en res- 1G4 CHRONIQUE sentiraient, et alors on ne verrait plus s’é- chapper des tuyaux et des cheminées cette fumée noire et épaisse si nuisible aux végé- taux, qu’elle salit et affaiblit toujours, quand elle ne les tue pas. — Bien que l’attention sur les propriétés du Soja soit assez récente, les graines de cette plante sont déjà employées pour falsi- fier le café, ce qui est regrettable. Si au lieu de mélanger et de déguiser cette plante, on se fût borné à la vendre comme succédanée ou comme on le fait de la Chicorée, outre que c’eût été honnête et eût permis à cha- cun d’en ajouter autant qu’il aurait voulu, suivant son goût, — comme on le fait de l’eau dans son vin, — on ne ferait pas payer 5 et 6 fr. le kilo ce qui ne vaut guère que quel- ques centimes. Le fait dont nous parlons est plus que frauduleux; il constitue un vol. — Du samedi 13 au mardi 16 août 1881, la Société d’horticulture de l’arrondissement de Soissons fera dans cette ville une expo- sition d’horticulture et d’apiculture, ainsi que des objets d’art et d’industrie qui s’y rattachent. Tous les liorticulteurs et amateurs d’hor- ticulture, ainsi que les apiculteurs, sont priés de prendre part à celte exposition. Ceux qui voudront exposer devront en faire la demande au président de la Société au moins quinze, jours avant l’ouverture de l’exposition et désigner, outre les objets qu’ils se proposent d’exposer, l’emplace- ment qu’ils jugeront devoir leur être né- cessaire. Le jury se réunira le samedi 13 août, à midi. — Au sujet de la greffe des Noyers dont il a été question récemment dans la Revue horticole, notre collaborateur, M. Boisselot, nous fait quelques observations très-impor- tantes que nous allons énumérer. D’abord, après avoir reconnu, ainsi que nous l’avions dit, que la greffe du Noyer réussit rarement dans les pays froids, mais que cependant on peut y parvenir très-bien en employant la greffe en hifur cation, telle qu’elle a été décrite et figurée dans la Revue (1), sous le qualificatif greffe Roisselot, l’inventeur, M. Boisselot, affirme que cette greffe est très- avantageuse et que sa réussite est « à (1) Voir Revue horiicote, 1866, p. 168. IIOHÏICOLE. peu près certaine sur la Vigne et* sur le Noyer, ainsi que sur tous les arbres et ar- bustes de plein vent. » Voici, du reste, un extrait de la lettre de M. Boisselot, qui nous paraît de nature à intéresser nos lec- teurs : ... On sait que cette greffe, que j’ai inventée il y a bien vingt ans, consiste à insérer le gref- fon dans une bifurcation (faisant une fente comme pour la greffe en fente ordinaire), en conservant un chicot de chacjue côté pour appel de sève. Ce qui probablement a jm empê- cher la vulgarisation de cette grefl’e (que je ne vois pas recommandée par les Congrès pour le greffage des Vignes), c’est peut-être la croyance qu’il faut cd^solument trouver une bifurcation, ce qui est une erreur. Il suffit, en effet, de fendre une branche ou un sujet quelconque assez profondément pour qu’il se trouve, de chaque côté, au-dessus du greffon, un œil d’appel apparent ou même latent. Il est bien entendu qu’on pincera cet œil d’appel pendant la végétation, s’il menaçait de s’emporter au détriment de la greffe. Une autre recommandation que je ne sau- rais trop répéier, c’est de pratiquer ces greffes à l’automne, au moment où les feuilles com- mencent à jaunir. La soudure a lieu avant l’hiver, et les yeux se développent au premier printemps, en même temps que ceux des par- ties non irreffées. Mon frère, d’.après mes indications, a très- bien réussi la greffe du Noyer, même sur des branches-mères d’arbres déjà forts, quoiqu’on conservant beaucoup d’autres branches intactes sur le même arbre. Ces greffes, qui datent d’une douzaine d’an- nées, ont été faites avec la variété de Noix Mayotte, de Grenoble, et végètent aussi bien que les parties non greffées de ces mêmes arbres. Quant à moi, j’ai toujours obtenu un bon résultat par la greffe en bifurcation sur la Vigne, soit rez-terre, soit à hauteur, lorsque j’ai opéré à l’automne dans le moment oppor- tun. Il va sans dire qu’il est mieux de couper les grefions quelques jours à l’avance. Un dernier mot : je supplie tous ceux qui pensent conserver nos Vignes françaises en les greffant sur sujets américains de pratiquer ce mode de greffe ; aucun autre ne lui est supé- rieur. Veuillez, etc. A. Boisselot.. Pas de commentaires. Après de sem- blables affirmations, il n’y a qu’a essayer, ce que nous prions de faire. — Une espèce justement à la mode au- jourd’hui, et très -recherchée pour former CHRONIQUE HORTICOLE. 165 des bordures, soit pour entrer dans les cor- beilles de mosaïculture, esiVAjuga reptans atrosanguinea, plante vivace, gazonnante et très-rustique, analogue au type qui, à l’état sauvage, est commun presque par-’ tout, même dans les lieux les plus arides ; (( sa couleur est plus foncée que celle de VIresine Lindeni. » Cette plante sera donc d’un grand secours pour l’ornementation ; sous ce rapport, elle fera le pendant des Pgrethrum aureum -et selaginoides, avec lesquels elle formera de charmants con- trastes. On la trouve chez M. Ed. Pynaert, horticulteur à Gand (Belgique). — Il est sans doute peu de personnes qui, en dehors du commerce habituel des halles de Paris, se rendent un compte exact de l’importance des fleurs coupées, soit pour la confection des bouquets, soit pour celle des garnitures de table. On pourra peut-être s’en faire une idée d’après ce que nous allons rapporter, pour deux espèces seulement : les Jacinthes et la Giroflée ordi- naire {Cheiranthus Cheiri). Ces espèces, comme à peu près toutes celles de pleine terre, et qui pour la plupart viennent des environs de Paris, se vendent par petites bottes. Eh bien ! dans la matinée du 10 avril, une seule maison a acheté dix mille bottes de Giroflées et cmq mille bottes de Ja- cinthes! Maintenant, combien d’autres ache- teurs, et combien aussi d’autres espèces sont vendues tous les jours dans diverses parties des halles : Lilas, Pensées, Narcisses, etc.? Relativement à ces dernières, nous ferons observer que les blanches sont à peu près les seules que l’on recherche ; les jaunes, au contraire, n’ont qu’une très-petite valeur comparative. C’est certainement par mil- lions de millions que se chiffrent les pro- duits des fleurs coupées qui se vendent annuellement aux halles de Paris. — Dans une lettre qu’il vient de nous adresser de Coimbre (Portugal), M. Ma- rianno Rapozo nous signale le fait suivant, sur lequel nous appelons l’attention de nos lecteurs : ...Chez moi, aux Açores (Saint-Michel), quand on veut forcer la floraison des Ananas (qui, dans notre île, sont cultivés sur une très-gi‘ande échelle), on fait des fumigations dans l’intérieur des serres jusqu’à ce que celui-ci soit complè- tement saturé de fumée. Au bout de deux ou trois semaines, à partir du moment où la fu- migation a été faite, on remarque que la flo- raison des plantes commence à s’effectuer. Je puis vous garantir que ce fait est rigoureuse- ment exact, l’ayant moi-méme pratiqué bien des fois dans tes serres de mon père. Quelle est la cause qui détermine le fait qui vient d’ètre rapporté? Quelle influence peut exercer la fumée sur la floraison ? Cela nous'paraît impossible à dire. Mais comme, bien qu’on ne puisse expliquer un fait, il n’en existe pas moins, nous appelons tout par- ticulièrement l’attention de nos lecteurs sur celui si singulier que nous a signalé M. Ma- rianno, en engageant tous ceux qui le pour- raient à le véritier et à nous faire con- naître les résultats qu’ils auraient obtenus. — Comme les années précédentes, on mange en grande quantité à Paris, depuis même déjà assez longtemps, des Pommes de terre a nouvelles » faites avec des vieilles. Le procédé, sur lequel nous espé- rons donner quelques détails, est du reste des plus simples, puisqu’il consiste à choisir des petites Pommes de terre et à les laver fortement, de manière à les débarrasser complètement de la vieille peau, et de mettre à nu la pellicule qui, claire et même presque luisante, simule assez bien celle des jeunes Pommes de terre que l’on vient d’arracher. Cette préparation est-elle un mal? cons- titue-t-elle une fraude? Oui et non, suivant le côté sous lequel on l’envisage. Oui, elle constitue une fraude, puisqu’elle trompe l’acheteur en lui vendant des vieilles Pommes de terre pour des nouvelles. Mais, loin d’être un mal, elle est un bien en four- nissant, sous une même dénomination, une bonne chose au lieu d’une sinon mauvaise, du moins médiocre. En effet, l’on sait que la fécule, qui fait le mérite des Pommes de terre, ne se développe que lorsque les plantes ont presque terminé leur évolution foliacée, de sorte que, à part les primeurs, et encore? il n’y a réellement, du moins dans le centre, — et à plus forte raison dans le nord de la France, — de bonnes Pommes de terre qu’en juin-juillet, au lieu que les vieilles Pommes de terre rajeunies ont deux avantages: celui de l’enfance comme aspect, et comme qualité celui de l’être adulte. On peut donc dire de l’industrie qui ra- jeunit les vieilles Pommes de terre qu’elle trompe l’homme pour son bien. Et l’on est presque autorisé à ajouter, en parodiant l’Ecriture : Félix culpa. E.-A. Carrière. IGG CULTUKE PEHFECTIONNÉE DES ASPEDGFS. CULTURE PERFECTIONNÉE DES ASPERGES Boulognc-sur-Seine, 7 avril 1881. Monsieur E.-A.. Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole (Paris). Je suis heureux de vous faire une com- munication utile et qui, j’ose le croire, sera agréable à plusieurs de vos abonnés. Elle a trait à la production des Asperges et fait connaître un moyen de les obtenir d’une fa- çon presque normale, du plus gros volume possible, grâce à un engrais raisonné dont je vais donner la composition : La culture courante a démontré que l’As- perge produit et progresse d’autant plus qu’elle rencontre un terrain siliceux et riche en potasse. Mais un tel terrain ne peut être régulier dans les immenses surfaces employées à la culture de ce légume, et l’on peut dire que ces Asperges monstrueuses qui flattent les consommateurs et donnent des profits su- périeurs ne s’obtiennent guère qu’excep- tionnellement dans les cultures ordinaires. La culture « spéciale naturelle » ne se peut généraliser et demeure circonscrite au terrain propice. L’engrais expérimenté dont je parle, pouvant donner presque partout la grosse Asperge, est le silicate de potasse qui, en se décomposant, donne au sol les éléments indispensables et assimilables même dans le terrain le moins convenable. Employé dans le terrain naturellement propice, il donnera donc des résultats ma- gnifiques. Voici d’abord le mode de culture le plus rationnel, puis le mode d’emploi de l’en- grais en question : L’Asperge doit se cultiver de préférence en buttes, dans une terre meuble, de la na- ture de celle d’Argenteuil ou de la plaine d’Herblay, à Bessencourt, ou, à défaut, dans un terrain préparé ad hoc. On prend le silicate de potasse soluble à 28o du densimètre Beaumé, que l’on ré- duit à 4» du même instrument. De cette préparation un litre à 4°, toujours du même densimètre, doit être versé dans quatre litres d'eau. En opérant d’après cette base, on peut préparer facilement quelques centaines de kilogrammes de silicate de po- tasse à 28® pour de grandes surfaces: Cet engrais, ainsi préparé, on le conduit aux champs avec un tonneau et on le ré- pand, en versant avec un arrosoir à pomme, sur toute la butte, avant que V Asperge ait poussé. Le silicate de potasse à 28» vaut 36 fr. les lOOkilog. Réduit à 4® Beaumé, 5 fr. les 100 kilog.; additionné de quatre litres d’eau, on a un volume de cerd litres d'en- grais pour i fr. La (( dominante » de l’Asperge est la po- tasse en combinaison avec la silice, et, par ce procédé, on la lui fournira, assimilable, et on développera son volume. Nous n’avons pas trop à nous occuper de la qualité réelle de l’Asperge devant la mode de la vouloir très-grosse, mode que paie, en définitive, son goût. Scientifiquement, nous pouvons dire que cette production par le silicate de potasse n’altère pas la c( sparagine, » corps orga- nique neutre de l’Asperge. Le fin gourmet trouvera peut-être la sparagine plus concen- trée dans l’Asperge moyenne que dans celle dont les parties organiques ont été fortement développées par la culture rai- sonnée. Notre but est de démontrer aux cultiva- teurs qu’ils peuvent, presque à leur volonté, récolter de grosses Asperges, et de les ins- truire en les faisant profiter de notre expé- rience. Dans un temps proche il n’y aura plus de possible que la culture raisonnée. Chacun sait que la silice est soluble mise en cordact avec un alcali, « soude ou po- tasse, » et quand il y a excès d’alcali. Le verre, le cristal sont des silicates de soude, de potasse. C’est de la solubilité du silicate de po- tasse dont ;nous tirons parti pour Vengrais spécial à l’Asperge, avide de silice et de potasse. Veuillez, etc. O. Lainé, De la Société centrale d’horticulture de France. L’intérêt de cet article est assez grand pour mériter l’attention de nos lecteurs qui ne manqueront certainement pas d’en faire leur profit. Quant à nous, après en avoir remercié l’auteur, M. Laisné, nous décla- rons nous ranger à son avis, que la science DE L’EXrULSION DU PIIYLLOXEllA. 167 est appelée à tout dominer et à tout régir. Nous disons plus : c’est que toute opération, fût-elle regardée comme empirique et ({ui donne de bons résultats, ne jouit de cet avan- tage que parce qu’elle repose sur la science. [Rédaction.] DE L’EXPULSION DU PHYLLOXERA - Le phylloxéra ne peut pas être, à pro- prement parler, détruit; mais il peut être expulsé sans frais. A M. le directeur de \di Revue horticole. Voilà bientôt dix ans que le phylloxéra a fait son apparition dans nos riches vigno- bles de France, et cependant, en dépit des louables efforts des agronomes les plus com- pétents et de l’énergique coalition de tous les intérêts viticoles, le problème de la des- truction du lléau n’a pas encore reçu sa solution. — Quand je dis qu’il n’a pas en- core reçu sa solution, j’entends sa solution pratique. — Il y a bien eu, sans doute^ certains insecticides proposés; mais le prix de revient de leur application, quelque ré- duit qu’il soit, amoindrit par trop le revenu, déjà si fortement atteint par l’élévation du prix de la main-d’œuvre, pour que l’on puisse songer à en généraliser l’usage. — C’est ainsi que le sulfure de carbone ou sidfo-carhonate de potassium, imaginé par l’illustre savant, M. Dumas, de l’Institut, et qui a donné la mesure de son efficacité en produisant de si bons effets sur les divers points où l’on a recouru à son emploi, a été, à ce point de vue, jugé comme un spécifique peu satisfaisant, puisque le gouvernement, par des subventions, a cru devoir alléger les sacrifices des cultivateurs qui voudraient y recourir. D’autres moyens ont été décou- verts. Tous sont entachés du même incon- vénient : les frais qu’entraîne leur applica- tion. Quant à la submersion, qu’on a jusqu’ici et avec raison considérée comme le meilleur moyen de détruire l’insecte dévastateur, son grand inconvénient est de n’êlre applicable qu’aux Vignes qui, étant, comme les palus de la Gironde, situées dans des plaines voi- sines de fleuves ou de rivières, ne sont qu’une très-rare exception dans la viticul- ture du pays. Il faut donc, si l’on veut aboutir à un yq- pratique, c’est-à-dire d’une applica- tion facile et universelle, trouver un moyen sûr d’enrayer le fléau sans augmentation des frais déjà considérables de la culture. Propriétaire dans l’un des départements SIMPLE OBSERVATION les plus vignobles de France, la Charente, et ayant eu, plus que personne, à souffrir des ravages du terrible fléau, j’ai longtemps réfléchi à cette grave question, et je crois avoir découvert la solution tant cherchée de la difficulté. Je vais donc brièvement indi- quer mon système qui, tout au moins, a l’avantage de ne pas augmenter les frais de culture de la Vigne. La méthode par excellence de la science agricole, c’est l’observation des faits, car, ainsi qu’on Ta dit, rien n’est brutal comme un fait. C’est à cela que, précisément, je me suis constamment attaché dans ma re- cherche du moyen pratique .de chasser Ten- nemi. Or, voici le fait considérable qui s’est ré- vélé à mon observation : Voulant faire une expérience, j’avais, l’an dernier, donné à mon domestique l’ordre de ne pas cultiver un petit espace de Vigne d’une contenance d’environ 6 mètres car- rés, situé à la limite d’un de mes vignobles et confinant à la Vigne d’un de mes voisins. La Vigne de ce dernier, comme la mienne, était, depuis deux ans déjà, la proie du phyl- loxéra, ainsi que le petit espace de terrain intermédiaire laissé inculte. Au mois d’août, l’aspect des deux Vignes était lamentable. La couleur jaune citron des quelques feuilles rabougries, dont les cépages étaient à peine garnis, et l’absence de toute pousse, attes- taient que lefléauavait atteint son paroxysme. Chose étrange ! au contraire, dans le petit espace non soumis à la culture, la Vigne, recouvrant son ancienne vigueur , avait poussé de longs et vigoureux sarments gar- nis de feuilles du vert le plus foncé et char- gés de Raisins superbes, si bien que cet es- pace laissé inculte, et où l’herbe avait même poussé, formait comme une île ou une oasis de prospérité végétale au sein de cette déso- lation. Jamais contraste ne fut plus com- plet ! Qu’est-ce à dire, sinon que le phyl- loxéra avait déserté cet espace où, l’année précédente, il avait cependant marqué son passage par la frappante identité d’aspect de ce terrain avec les deux Vignes contiguës ? 168 DE l’expulsion DU PHYLLOXERA. En réfïécliissant sur la cause de ce sin- gulier phénomène, je fus tout naturellement amené à l’explication suivante : Lorsqu’une terre est cultivée avec soin, elle devient meuble, et cette mobilité la rend nécessairement très-accessible à la pé- nétration, dans ses interstices, des pucei’ons ou autres insectes. On conçoit donc que, gj’àce à cette facilité qu’il a de circuler dans une terre cultivée, le phylloxéra ait pu faci- lement pénétrer jusqu’aux radicelles de la plante pour les dévorer. Lors, au contraire, qu’une terre est, du- rant un certain temps, en état de chômage ou en jachère, elle devient dense, compacte, serrée, et se durcit au point que la pioche a besoin d’être mue par un bras vigoureux pour la désagréger ou la cultiver. Elle de- vient même dure comme le sol d’un chemin longtemps piétiné. Il est, dès lors, évident qu’un insecte n’ayant plus la facilité de pé- nétrer et de circuler autour des racines de la plante, resserrées par la pression des terres qui l’entourent, celle-ci est désormais protégée contre les atteintes des pucerons, qui la désertent pour aller ailleurs. Et ce qui vient ici confirmer cette expli- cation du fait rapporté plus haut, c’est cette observation que j’ai pu faire que là où, dans la Charente, le phylloxéra a sévi avec le plus d’intensité, c’est précisément dans la contrée de ce département où la perfection de la culture a été poussée à ses dernières limites, c’est-à-dire dans l’arrondissement de Cognac qui, après avoir possédé les plus riches vignobles de France, ne présente plus que le spectacle de la plus affreuse désola- tion. Il me paraît donc certain que le phyl- loxéra ne peut vivre que dans les Vignes cul- tivées et que, ne pouvant vivre dans une Vigne inculte, il abandonne celle-ci pour al- ler ailleurs. Je suis tellement pénétré de cette convic- tion que je reproduis, cette année, mon ex- périence sur la presque totalité de mes Vignes qui ont été taillées seulement, mais ne recevront aucune façon de labour. Il y aurait donc tout avantage à recourir à ce moyen de se débarrasser du phylloxéra, puisque, loin d’entraîner des fi'ais, il assure au propriétaire qui l’emploie un revenu sans charge. Tout est donc profit, au contraire. Sans doute, un plant ne saurait rester longtemps inculte et donner des récoltes abondantes. Mais ce qu’il y a d’incontesta- ble, c’est qu’une Vigne jieut facilement res- ter quatre ans inculte sans que son exis- tence soit compromise, et certainement ans sans que la récolte en soit sensiblement diminuée. D’ailleurs, est- ce que, si l’on voulait remplacer l’effet de la culture sur la production, on ne pourrait pas déposer au pied de chaque cépage d’excellent ter- reau, eni'ichi d’engrais chimique qui, tout en favorisant le développement de la végé- tation, ne changerait rien à l’état de jachère de la terre? Or, il suffirait certainement que, pendant deux OMS, les Vignes fussent laissées sans culture, mais seulement taillées, pour que l’ennemi soit complètement expulsé, et j’a- jouterai même anéanti par famine, puisqu’il paraît bien constaté qu’il ne peut vivre que sur la Vigne. Et si, désertant celle-ci, il venait s’attaquer à une autre plante, il fau- drait encore s’en félicite)’, car on aurait au moins déplacé le mal et préservé nos riches vignobles d’une cause de destruction cer- taine. Je vous prie. Monsieur le directeur, de vouloir bien agréer l’assurance de ma haute considération. Paris, 10 avril 1881. Bouniceau-Gesmon, Substitut au Tribunal de la Seine, Membre de la Société d'horlicullure de France. Après avoir remercié M. Bouniceau-Gesmon de son intéressante communication, nous pre- nons la liberté de la faire suivre des quelques observations suivantes ; Gomme fait, celui qui est cité est indiscuta- ble, mais il en est peut-être autrement comme conclusion. Aussi, sans le mettre en doute en quoi que ce soit, nous ferons pourtant obser- ver que nous avons déjà vu des Vignes atta- quées qui, après avoir été complètement aban- données, ne s’en sont pas mieux comportées. Il va sans dire que nous désirons qu’il n’en soit pas ainsi des essais que va répéter M. Bouni- ceau, et qu’au contraire ses prévisions se justi- fient de tous points. Mais, d’une autre part, pourtant, nous devons faire remarquer que les observations de M. Bouniceau ont une très- grande valeur, car, outre qu’il a intérêt à bien voir et à ne pas se faire d’illusion, sa longue pratique et les connaissances qu’il possède de la Vigne donnent à ses dires une autorité que personne ne cherdiera à contester. Une chose reste donc à faii’e : essayer. Du reste, nous serons j)robablement rensei- gnés bientùl, puisque, afin d’augmenter sa cer- 169 NÉCROLOGIE. MORT DE M. DE LUNARET. — PHŒNIX CYCADÆFOLIA. titude, M. Bouniceau a consacré cette année une surface beaucoup plus considérable à ses expériences, et nous espérons qu’il voudra bien nous faire connaître les résultats qu’il aura obtenus, ce dont nous le remercions à l’a- vance. (Rédaction.) NÉCROLOGIE - MORT DE M. DE LUNARET Montpellier, le 13 avril 1881. Monsieur Carrière, rédacteur en chef de la Revue horticole. J’ai à vous annoncer un bien triste événe- ment. La Société d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Héi-ault, représentée par son bu- reau, son conseil d’administration et un grand nombre de ses membres, vient d’accompagner aujourd’hui à sa dernière demeure l’un de ses vice-présidents, M. Léon de Lunaret. La mort prématurée de cet homme de bien, qui plonge notre Société dans une profonde affliction, est une perte immense pour elle et pour l’horticulture en général dont il fut dans cette contrée l’un des plus zélés promoteurs, et qu’il aimait avec passion. Mais cette passion intelligente et éclairée avait, avant tout, un but d’utilité générale. M. de Lunaret avait réuni dans sa belle propriété de Rieucoulen de nombreuses et riches collections de végé- taux exotiques de tonte provenance. Dans les magnifiques serres qu’il avait fait construire à grands frais se pressent en foule les plantes intertropicales les plus rares ou les plus bril- lantes. Mais c’est dans les cultures de pleine terre qu’il a rendu de véritables services, par l’introduction de plantes utiles (comestibles ou industrielles) dont il tentait la naturalisation, et qu’il s’empressait de répandre généreusement lorsque ses essais de culture avaient réussi. Ainsi que l’a dit sur sa tombe M. le président de la Société d’agriculture de l’Hérault dont il était aussi un des membres les plus actifs, « M. de Lunaret ne reculait devant aucune peine, aucune difficulté, aucune dépense, et il eût fouillé le monde entier, s’il l’eût pu, pour découvrir une plante nouvelle dont l’introduc- tion pût être avantageuse à son pays. » Les rela- tions qu’il s’était ouvertes avec le Japon lui avaient permis de tirer de cette contrée lointaine des végétaux dont vous avez dans la Revue horticole signalé le mérite et contribué à ré- pandre la culture. Tels sont le Ye-Goma, la Courge mélonitorme, plusieurs Vignes du Ja- pon, entre autres le Yama Bouto. Vos relations avec notre regretté vice-prési- dent vous ont fait connaître, comme nous les connaissons nous-mêmes, son zèle et son dé- voûment généreux pour l’horticulture. Mais ce que vous ne pouvez connaître aussi bien que nous, ses collègues, qui avions avec lui des rap- ports presque journaliers, c’est la douceur, l’aménité de son caractère, son exquise bien- veillance, sa gracieuse affabilité pour tous. C’est là surtout ce que nous n’oublierons pas; c’est là ce qui perpétuera son souvenir dans le sein de notre Société. Le dévoûment de M. de Lunaret ne s’arrêtait pas à l’horticulture ; il s’étendait également à l’agriculture, à laquelle il a rendu des services signalés. JDans ces dernières années notamment, il a poursuivi avec une ardeur sans égale la réalisation du projet d’un canal d’irrigation dé- rivé du Rhône, qui seul peut relever l’agricul- ture dans cette région ravagée par le phylloxéra. Études, voyages, mémoires, efforts de toute nature, il a tout employé dans ce but, et si le canal s’exécute, comme tout le fait espérer, M. de Lunaret est certainement un de ceux qui y auront le plus puissamment contribué. Homme de dévoûment, de progrès, de sa- crifices, tout en restant homme aimable et bienveillant, tel était celui que nous regrettons profondément et dont la mémoire nous sera toujours chère. G. Brautl, Secrétaire général de la Société d’horticulture et d’histoire naturelle de l’Hérault. PHŒNIX GYCADÆFOLIA Si, considérés d’une manière générale, les Palmiers constituent un très-grand et très- intéressant groupe assez distinct, il n’en est pas de même dans les sections divisionnaires, par exemple dans les groupes génériques. La difficulté alors augmente encore quand il s’agit des espèces comprises dans un même genre. Dans ce cas et pour beaucoup d’es- pèces, la différence physique, c’est-à-dire dans le faciès et la végétation, n’existe guère ; de là la confusion, l’impossibilité presque, de se prononcer entre des sortes dont le nom diffère. Ainsi, il n’est pas rare de trouver dans les cultures les noms de Phœnix recli- nata, farinifera, farinosa, etc., appliqués à une même espèce, et parfois aussi ces mêmes noms appliqués à des plantes très- différentes, et vice versa. 170 ANTHURIUM ANDREANUM. La plante dont nous allons parler, le Phoe- nix cycadœfolia macrocarpa, présente, outre son très-grand mérite ornemental, l’a- vantage d’être suffisamment différent de tou- tes les autres sortes pour qu’on puisse la dis- tinguer. Introduite directement dans les cultures, son acte de naissance scientifique n’existe pas, et la qualification qu’elle porte, qui n’est pas rigoureusement exacte, lui a été donnée par les horticulteurs. D’où est- elle originaire? Sans pouvoir rien affirmer à cet égard, les quelques renseignements que nous avons pu nous procurer semblent dé- montrer qu’elle est originaire de la côte occi- dentale de l’Afrique, région qui, comme on le sait, produit un assez grand nombre de Phœnix. Ses caractères sont^les suivants: Plante vigoureuse robuste, rappelant un peu le Phœnix tennis, dressée, relativement compacte, Iportant à la base des frondes des ANTHURIUM La Revue horticole a, pour la première fois, signalé l’apparition de cette Aroïdée le 16 juin 1877 (p. 224), en relatant la des- cription et la figure que je venais d’en pu- blier dans V Illustration horticole (1877, p. 43, planche cclxxi). Depuis, M. Édouard Pynaert, le savant professeur de l’École d’hor- ticulture de l’État, à Gand, a entretenu les lecteurs de la Revue (1880, p. 169) des faits principaux qui se rattachent à la décou- verte et à l’introduction de cette plante, dont le monde horticole s’est enthousiasmé dès son apparition en Europe. Il serait donc superflu de revenir sur ces détails, et je me contenterai de compléter ou de rectifier par quelques renseignements les documents déjà connus, soit par les journaux d’horti- culture, soit par les récits qui ont circulé dans le public, souvent au détriment de la vérité. C’est au mois de mai 1876, dans l’une des régions les plus riches en belles plantes de la Nouvelle-Grenade (États-Unis de Co- lombie), et qui forme l’État du Cauca, que j’ai découvert cette belle plante, par hasard, d’abord sur le tronc d’un Ficus elliptica où elle croissait en épiphyte, puis sur le sol même, au milieu d’un gazon de Fougères et de Sélaginelles, sur lesquelles se détachaient admirablement ses grandes spathes écar- lates. filaments roux foncé. Frondes dressées, lé- gèrement et gracieusement arquées vers l’extrémité, lisses et d’un vert luisant dans toutes les parties. Pinules nombreuses, très- rapprochées, longues, les inférieures pres- que linéaires, les supérieures plus larges, bien que relativement étroites, entières, plus rarement munies çà et là de filaments roux foncé, toutes d’un vert gai foncé, lui- santes et comme vernies de toutes parts. Cette belle plante, relativement rustique, a l’avantage de se maintenir en très-bon état dans les appartements, pourvu qu’on l’ar- rose fréquemment. Bien que relativement compacte, elle est gracieuse, grâce à la légèreté de ses pinnules. On la trouve chez M. Ghantin, horticul- teur, route de Châtillon, à Paris. Bonnel. ANDREANUM J’étais accompagné de deux Indiens de la tribu des Guaiquérès, qui m’aidèrent à en ré- colter une quarantaine d’échantillons — tout ce que je pus trouver en une journée dans la région, — et un nègre.nommé Manuel les apporta avec moi à Tuquerrès, où ils furent joints à un envoi de plantes vivantes que je faisais en Europe. Ces quarante exem- plaires formaient des pieds à rhizomes al- longés, bien pourvus de racines, de feuilles et de fleurs. Ils furent emballés avec soin par moi-même et mon préparateur, Jean Nœtzli, en présence d’un habitant de Tu- querrès, M. Julio Thomas, et ils furent expédiés en Europe par l’entremise de M. Pouchard, consul de France à Tumaco, port de la Nouvelle-Grenade, sur l’Océan Pacifique. Les plantes arrivèrent à destination en assez mauvais état, suivant le sort de beau- coup d’envois de ces contrées lointaines. A mon retour, je m’empressai cependant de publier l’espèce, qui se trouvait absolument nouvelle et qui parut au commencement de 1877 dans V Illustration horticole, sous le nom d’ Anthurium Andreanum, avec une planche coloriée faite d’après mes échantil- lons d’herbier et un dessin pris par moi sur le lieu d’origine. On parla beaucoup de la plante, puis on attendit, et le silence se fit jusqu’à son ap- I ■Svdcu'cL. deZ ChroTn^lUÂ/.CrSeipereyTis. Anthiu ‘ium Andreimimt ANTHURIUM ANDREANUM. 171 parition sur la scène horticole. Pendant ce temps, je fis tous les efforts possibles pour en introduire de nouveaux pieds vivants, et j’y réussis enün au printemps de 1878, où un envoi m’arriva en bon état à Paris. Par un arrangement spécial signé le 5 juin 1878, je chargeai un horticulteur belge bien connu de cultiver la plante et de la mettre en vente, sous la condition écrite ! que je recevrais un tiers du prix brut de la vente jusqu’à concurrence de 10,000 fr., et moitié sur toutes les sommes dépassant ce chiffre. Au commencement de 1880, la plante fleurit, fut d’abord exposée à Gand, puis à Londres, où elle obtint le plus grand suc- cès. Le Gardeners’ Chronicle, qui en donna un dessin très-exact dû à l’habile artiste M. Worthington Smith, s’exprimait ainsi sur le compte de cette nouveauté : « Cette année, la plante qui a obtenu tous les re- gards et tous les suffrages, c’est le splendide Anthurium Andreanum. La spathe est énorme, ovale, d’un rouge éclatant, plus brillant même que celui de l’A. Scherzeria- num. Au lieu d’être plate, comme dans cette dernière la spathe de ce nouvel An- thurium est sillonnée et traversée par des veines sinueuses et profondes, qu’à dis- tance on pourrait prendre pour le travail manuel d’un habile artiste. Le spadice est blanc avec le sommet jaune. En un mot, la plante est une des plus remarquables in- | troductions des temps modernes, et par i elle-même elle suffirait à rendre célèbres i les explorations de M. Ed. André dans la | Nouvelle-Grenade. » i Presque aussitôt après avoir été exposé publiquement, le nouvel Anthurium fut mis en vente au prix élevé de 500 fr. l’exemplaire. Mais, moins d’un mois après, ! on apprenait qu’un voyageur de la maison ! Sander, d’Angleterre, venait d’arriver de | Colombie avec un lot de 200 pieds de ces i plantes, qui furent vendues aux enchères, ! chez Stevens, à Londres, le 5 mai 1880. I Les prix réalisés par cet envoi, qui cou- ronnait les recherches faites pas à pas sur mes traces par M. Lehmann, varièrent de 50 à 175 fr., un grand nombre des exem- plaires étant représentés par des fragments à peine viables. La conséquence de cette vente fut de faire baisser immédiatement le prix des plantes de mon introduction, cul- tivées en Europe. De plus, d’autres expédi- tions furent envoyées de nouveau à sa re- cherche ; on en introduisit par centaines, que les indigènes se mirent d’eux-mêmes à recueillir dans les forêts pour satisfaire à la demande du marché, et bientôt ['Anthu- rium Andreanum arriva au prix de 25 fr. où il est aujourd’hui, après avoir déterminé un mouvement de capitaux con- sidérable. Seuls les beaux exemplaires pri- mitivement introduits, comme ceux qu’on a pu voir en fleurs l’année dernière à l’Expo- sition de Bruxelles, conservent une valeur soutenue et même croissante. L’un d’eux a été acheté 1,000 fr. par M. le baron Nathaniel de Rothschild, de Vienne. Un autre échantillon moins fort, mais en bon état, a fleuri cet hiver à Ferrières, par les soins de M. Bergman, dont l’habileté horti- cole est au-dessus de tout éloge. Si j’ai relaté les circonstances dans les- quelles cette Aroïdée a commencé sa car- rière dans nos serres, c’est qu’il est bon de montrer que l’industrie des plantes, même de simple ornement, est devenue la base d’échanges commerciaux importants. G’est à 60,000 ou 80,000 fr. qu’il faut évaluer le mouvement de capitaux auquel a donné lieu y Anthurium Ayidreanum depuis le mois de mai dernier, c’est-à-dire en moins d’une année. Ge qui reste acquis, — et c’est là le grand bien de la publicité, — c’est que de cette émulation entre des intérêts divers ré- sulte la diffusion rapide d’une espèce or- nementale qu’autrefois nous eussions atten- due de longues années. Que deviendra cette plante, que tout le monde va pouvoir se procurer désormais à bon compte? Détrônera-t-elle, comme on l’a dit, y Anthurium Scherzerianum ou sera-t-elle effacée par cette magnifique es- pèce ? Ni l’un ni l’autre. Elles sont dis- tinctes et brillantes toutes deux à «des titres divers. Loin de se nuire, elles se feront va- loir mutuellement. Qui sait même si, malgré leur éloignement dans les sections des groupes auxquels elles appartiennent (1), elles ne pourront pas être croisées avec suc- cès entre les mains d’habiles hybridateurs comme M. Bertrand et M. de la Devansaye? (1) V Anthurium Andreanum, d’après M.Engler, dans sa Monographie des Aracées (p. 1(50), appar- tient à la section Cardiophyllum du genre, avec les A . tnetallicum, venosum, cuspidatum, Wal- lisii, etc., tandis que l'A. Scherzerianum, qui en est très-éloigné, fait partie de la section Porphy- rochitionum de Schott. 172 PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. Le champ est ouvert ; de nombreux échan- tillons vont fleurir cette année, et des graines de Colombie aideront à l’obtention des va- riétés, bien que je n’aie constaté la présence d’aucune diflerence notable dans les échan- tillons que j’ai récoltés à l’état'sauvage, con- trairement à ce qui a été dit. La planche coloriée ci-contre, qui repré- sente deux fleurs coupées et une feuille, est d’un dessin très-exact. Le coloris seul diffère un peu de la réalité. Au lieu d’être vermillon pur, il se rapproche plutôt sur le vif d’un minium plus orangé, lustré, très -brillant, sur lequel tranche agréablement le spadice blanc à extrémité plus ou moins jaune, sui- vant l’âge. Cet éclat dure des mois entiers ; j’ai vu des spathes r. graines mûres qui avaient conservé leur belle couleur, devenue seulement un peu plus foncée. C’est une raison pour envisager avec confiance le rôle que jouera V Anthurium Andremium, non seulement comme ornement des serres, mais comme décoration des appartements. La culture sera facile ; la serre chaude ou une bonne serre tempérée lui conviendront, en ayant soin de saturer l’air d’humidité. Il pleut presque constamment dans la région où je l’ai rencontrée, à une altitude qui ne varie que de 900 à 1,200 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec une température moyenne annuelle de 20 degrés. En citant cette région voisine de l’Equateur, c’est indi- quer le traitement de V Anthurium Scher- zerianum et de la plupart des Aroïdées que nous cultivons dans les serres. Voici cependant des indications que notre excellent confrère, M. le comte du Buysson, a entendues de la bouche de M. H. Veitch, et qu’il a publiées avec raison dans la Flore des serres : « Les A. Andreanum expé- diés d’Amérique arrivent tous plus ou moins attaqués par la décomposition ; si on ne prend soin, avant de bouturer la plante, d’enlever scrupuleusement tout ce qui paraît d’une couleur brune ou noire, la pourriture gagne le tout, et le sujet est perdu sans ressource. Quand on a la chance d’obtenir la sortie d’un œil, il est prudent de le déta- cher de la souche d’introduction avec son empâtement et de le bouturer à part ; l’en- racinement se fait plus promptement, et l’on risque moins de le perdre. Le meilleur com- post pour toutes ces boutures est un mé- lange de folioles de sphagnum obtenu avec un crible, de charbon de bois écrasé menu et d’un peu de terreau de feuilles ; humi- dité modérée et chaleur soutenue. » C’est par ce conseil, émanant de spécia- listes ayant fait leurs preuves, que je termi- nerai cette notice sur V Ayithurium Andrea- num, le Capotillo Colorado des Indiens du Cauca, nouvelle espèce que j’ai été assez heu- reux pour arracher à la solitude virginale des forêts du Nouveau-Monde. Ed. André. PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE UNE TRÈS-REMARQUABLE ANOMALIE PRÉSENTÉE PAR DES ANANAS On nomme anomalie tout fait qui se montre en opposition avec d’autres qu’on considère comme normaux c’est-à-dire conformes à certaines règles qu’on a éta- blies. Mais où est la limite entre ces faits? D’absolue, il n’en existe pas! Tous les jours, en effet, ou plutôt à chaque instant, l’on voit se montrer des exceptions à ces prétendues règles, exceptions qui, en réalité, ne sont autre chose que la manifes- tation de la vie, la création de formes qui, matérialisant celle-ci, constituent tous les corps de la nature. Ce que doit faire la science vraie, c’est donc de constater et de bien étudier ces formes, afin d’en tirer le meilleur parti possible. Le fait dont nous allons parler et sur le- quel nous reviendrons prochainement, est un des plus curieux; pour aujourd’hui, nous ne ferons que le citer et reproduire une lettre de notre collègue, M. Eug. Vallerand, jardinier chez M. Carcenac, à Bougival, où ce fait s’est produit. Voici cette lettre : Bougival, 11 avril 1881. Mon cher monsieur Carrière, Il se présente cette année, dans ma culture d’ Ananas, un cas très-anormal, car s’il n’est pas unique, je le crois du moins très-rare, ne Payant jamais vu se produire ici, ni chez aucun de mes collègues, quoique plusieurs en cul- tivent une assez grande quantité. Le fait dont je parle, et qui me paraît sans précédent, ne vous offrira peut-être que peu d’intérêt; malgré cela, et quoi qu’il en soit, je CORRESPONDANCE. 173 crois devoir vous le signaler. Voici en quoi il consiste. Gomme toutes les années précédentes, j’ai planté dès l’automne (tin novembre), dans ma serre (lisi)osée et établie pour celte culture, c’est-à-dire avec bâche et plancher, et tuyaux- gouttières passant ]>ar dessous, des plantes âgées de quatorze mois que j’avais élevées sur une bonne couche, sous châssis, depuis le mois de mai. Je les arrachai alors en motte, sans les metti-e à cul nu, ainsi du reste qu’on le fait presque toujours pour les plantes les plus re- belles à fructifier. Mais, contrairement à ce qui arrive généralement en culture bien réussie, au lieu de marquer en avril, mai et juin prochain pour les variétés hâtives, et bien plus tard en- core pour certaines, telles (jne les Cayenne,. En- ville, Reine Pomaré, etc., qui souvent, et même presque toujours, ne marquent que la seconde année, à peu près toutes ont commencé à fi’uc- tifier dès le mois de janvier, et aujourd’hui, fin mars, à l’exception de quelques-unes, toutes ces plantes ont montré leurs fruits. Et encore, s’il ne s’agissait que de plantes adultes, malgré que cette précocité me paraît inexplicable, j’aurais pu penser que, bien qu’anormal, ce fait n’avait pas une grande importance ; mais au contraire, et ce qui me paraît le plus extracrdinaire, c’est que les œilletons de ces plantes qui sont restés a})rès les pieds-mèi'es fructifient également, si petits quils soient. Mais ce qui augmente en- core mon étonnement, c’est qu’il en est de meme des œilletons que j’ai fait repi’endre en pot, au mois de septembre dernier, et que je destinais à planter en bâche au mois de mai prochain. Quoiqu’on bonne végétation, ces jeunes plantes suivent également la même marche, et cela quelles qu’en soient les espèces, tardives, à gros fruits, etc. Maintenant, à quoi attribuer cette anomalie ? Que conclure de ce fait anormal ? Comment expliquer ce cas de fructification anticipé, lors- que très-souvent l’on est contraint d’employer des moyens factices pour obtenir la fructifica- tion de certains sujets, et que ce n’est souvent M. Ch. (Paris). — Vous trouverez des petites serres dites cV appartement chez M. Borel, quincaillier horticole, 10, quai du Louvre (Paris). Il ne faut guère compter sur ces sortes de serre, autrement que pour s’amuser et faire des expériences, ou bien il faut leur donner des dimensions un peu grandes, et dans ce cas un emplacement et un arrangement spécial sont nécessaires. Ce sont alors de véritables serres, mais qui perdent leur caractère. Du reste, à ce sujet, vous pourriez vous entendre avec le constructeur. qu’aprôs les avoir épuisés, en privant les plantes d’arrosages et en les mettant à cul nu, que finalement on arrive à obtenir un résultat? Autant de questions qui me paraissent devoir rester sans réponse. Les üiits que je rapporte sont d’autant plus singuliers (jue mes plantes n’ont été soumises à aucun traitement spécial, et que depuis douze ans que je suis à Bougival les soins que j’ai donnés à ma culture d’Ananas ont toujours été les memes, et que la serre que je leur destine est toujours aussi maintenue à une môme tem- pér-ature : 15 à 18 degrés centigrades. Cependant, comme dans cette circonstance particulière il ne faut rien omettre qui puisse jeter quelque lumière sur les faits que je signale, je crois devoir dire que, au mois de novembre dernier, ayant été obligé de changer de chaudière, je restai pendant près d’un mois avant qu’elle soit remplacée, et qu’alors, dans cet intervalle, le thermomètre descendait quelquefois à 0 degrés au-dessus de zéro. Peut-on attribuer le phénomène en question à cette basse température ? J’en doute, car bien des fois j’ai conservé mes jeunes œilletons, l’hiver, dans une bâche sans chauffage où quelquefois môme je perdais beau- coup de Pélargoniums. Donc, à la rigueur et en admettant que le froid eut contribué à faire fructifier les plantes adultes, on ne compren- drait pas qu’il en fût de môme pour des œille- tons séparés ou môme attenant encore aux plantes-mères. Veuillez, etc. Eug. Vallerand. Nous croyons inutile de commenter les faits qu’énumère cette lettre; nous nous bornons à appeler sur eux l’attention des physiologistes. Quand à leur explication, nous promettons d’entrer dans quelques dé- tails lorsque prochainement nous y revien- drons, en les appuyant de quelques figures. (Rédaction.] Quant au Canna iridiflora, il semble re- connu que le meilleur moyen de le conserver l’hiver est de le tenir en serre chaude, à peu près constamment en végétation, en modérant toute- fois les arrosements, ce qui pourtant ne veut pas dire qu’on ne pourrait le conserver dans une serre tempérée en le ménageant « à l’eau, » comme disent les jardiniers, c’est-à-dire en ne lui donnant que ce qui est à peu près néces- saire pour qu’il y ait toujours un peu de végé- tation. La terre qui, pour l’hiver, paraît être la l)lus favorable est un compost léger et per- FRUCTIFICATION DU PANDANUS FURCATUS. 174 méablo,, résultant d’un mélange de terreau et de terre de bruyère un })cu tourbeuse et gros- sièrement concassée. Pour VTpomea spes caprœ et VAmphicome emocli, vous pourriez vous adresser à M. Rou- gier-Gbauvière, horticulteur, 152, laie de la Rofjuette, à Paris. — Les Nymphœa cultivés en ba({uet ne peuvent prospérer que si ceux-ci sont complètement submergés. R suffit pour les conserver l’biver que la température soit élevée de quelques degrés (4-6 environ) au- dessus de zéro. Un sol substantiel composé de terre franche vaseuse leur convient. — M. J. (llle-et-Vilaine). Vos craintes au sujet de la grelTe du Châtaignier sur le Chêne nous paraissent mal fondées. Jusqu’à ce jour on n’a pas d’exemple que l’influence du sujet sur le greffon ait pu dénaturer celui-ci. A peine dans certains cas constate-t-on de légères mo- dificaîions pi’oduites. Ce qui nous paraît plus douteux dans cette circonstance, c’est la réus- site de l’opération. Néanmoins, nous ne contes- tons }tar les dires de la personne dont vous parlez, car s’il y a des faits, quels que soient ceux-ci, il faut les admettre. Aussi n’avons-nous que ce conseil à vous donner : essayez. M. A. L. (Seine-Inférieure). — Je possède une plante dont le nom précis m’est inconnu et que j’appelle vulgairement « Lierre d’été, » à cause de la ressemblance de ses feuilles avec celles du Lierre. Elle est rampante ; je ne l’ai jamais vue fleurir, mais je sais que c’est un Senccio : le S. Mikanioides ou le S. macro- (jlossus. Voilà ce que j’ignore, et je vous serai très-obligé si vous daignez me le faire savoir. Réponse. — A^otre plante est le Deluirea odorata, Lem., qui, outre les dénominations que vous indiquez, porte aussi le nom de Senecio scundens. C’est une belle es{)èce grimpante très-vigoureuse, relativement rus- ti(jue, beaucoup trop abandonnée, et dont on pourrait tirer un très-bon parti comme plante grimpante, de suspension, ou même pour faire des bordures l’été, comme on fait pour le Lierre. Sans être floribonde, elle fleurit pourtant assez bien lorsqu’elle est exposée au soleil. Ses fleurs jaunes en petits capitules sont agréablement odorantes. FRUCTIFICATION DU PANDANUS FURCATUS Fig. 40. — Pandanus furcatus ayant fructifié chez MM. Jacquemet-Bonnefont, à Annonay, en 1880, au 1/24 de grandeur naturelle. La fructification des Pandanus, en France et même en Europe, bien que n’étant pas sans exemple, est toujours excessive- ment rare et par conséquent très-mal con- nue ; aussi avons-nous profité de l’occasion qui nous a été offerte de la fructification d’un Pandanus furcatus pour en faire connaître les principaux détails.- FRUCTIFICATION DU PANDANUS FURCATUS. 175 Fig. 42. — Fruit entier de Pandanus fnrcatus, au 1/4 de grandeur naturelle. Pandanus se voit parfois dans les cultures ; ainsi, un de nos collègues, M. Maron, jar- dinier au château d’Herbault, en Beauce, nous informait qu’il a vu en 1873, chez M. Marne, à Tours, fleurir un fort pied de Pandanus furcatus et que ce pied était Fig. 45. — Coupe d’un fruit de Pandanus furca- tus, au 1/4 de grandeur naturelle. que nous avons décrit également et figuré clans ce même journal (3). Mais aucune de ces floraisons ne résout la question de (1) Voir Revue horticole, 1880, p. 217. (2) V. Revue horticole, 1878, p. 405. {3). Ibid. ^ 1879, p. 290. la hampe munie de ses fruits arrivés à ma- turité que nous avons pu faire reproduire les caractères représentés par les figures 40 à 44. Quoique rare, la floraison des la Revue horticole (2). L’année suivante, un magnifique pied de Pandanus f urcatus mâle a fleuri dans les serres de M‘"® Fould, au châ- teau du Val, près Saint-Germain-en-Laye, Le fait s’est produit dans l’étahlissernent de MM. Jacquemet-Bonnefont, à Annonay (Ardèche), et c’est grâce à l’extrême obli- geance de ces Messieurs qui nous ont en- voyé, avec une photographie de la plante, mâle. On nous a également affirmé que dans la propriété de feu Louis-Philippe, à Neuilly (Seine), un pied de Pandanus utili s (emeWe avait fructifié. Vers 1808, au fleuriste de Paris, on vit fleurir' un pied femelle de Pandanus Pancheri (1). En 1878, dans les serres du Muséum, à Paris, nous avons vu fleurir un pied mâle de Pandanus cari- cosus que nous avons décrit et figuré dans Fig. 43. — Fruit détaché de Pandanus furca- tus, muni de son apo- physe terminée par un Fig. 41. — Ensemble de la fructification de Pan- mucron simple, de danus furcatus, au 1/16 de grandeur naturelle. grandeur naturelle. Fig. 44. — Fruit détaché de Pandanus furca- tus, muni de son apo- * physe terminée par un mucron bifide , de grandeur naturelle. 17G FRUCTIFICATION DU PANDANUS FURCATUS. sexualité, puisque Ton n’a jamais remarqué qu’un sexe chez toutes.'Ces plantes sont-elles dioïques? sont-elles monoïques? Toutefois, si ces floraisons n’ont pu démontrer la dis- position des sexes, elles ont eu cet avan- tage de faire voir que dans ce groupe des Pandanus il y a des inflorescences mâles, au moins de différentes sortes. Ainsi, tandis que les chatons femelles du Pandanus fur- catus sont pendants et légèrement tordus ou contournés comme le seraient de fortes cordes, ceux des Pandanus caricosus, ex- cessivement nombreux et petits, sont dressés et constituent des sortes de buissons chiffon- nés, diffus et compacts. Après ces considérations générales, nous allons décrire les différents caractères que nous avons constatés sur le Pandanus fur- catus en question, moins toutefois ceux de la plante, qui sont bien connus, en rap- pelant pourtant ce que nous a écrit de celle-ci notre collègue, M. Marius Jacque- met-Bonnefont, et qui du reste sont néces- saires, puisqu’ils font connaître l’âge et la force de la plante qui a fructifié. Répondant à certaines questions que nous lui avions posées, notre collègue nous écri- vait le 25 décembre 1880 : ...Il y a dix-sept à dix-huit mois que nous avons remarqué la tige florale pour la première fois ; elle était déjà forte. Le pied qui l’a produite est très-fort ; il porte une centaine de feuilles de 2 mètres à 2ra 50 de longueur. Les trois fruits qui restent sont beaucouj) moins gros que le premier q> e nous vous avons envoyé, qui terminait la tige, et étaient placés immédiatement au-dessous de lui. Dans une autre lettre en date du 21 jan- vier 1880, notre collègue complétait ses renseignements par les suivants : Cette plante nous a été vendue, en 1868, par M. Ambroise Yerscliaffelt, et pouvait avoir à cette époque trois à quatre ans ; elle aurait donc aujourd’hui de seize à dix-huit ans, au plus. Tous les échantillons comprenant la florai- son nous ayant été gracieusement envoyés, nous pouvons donc, grâce à l’obligeance de MM. Jacquemet-Bonnefont, faire con- naître les caractères qu’ils nous ont pré- sentés. Voici : Hampe centrale (fig. 40) assez longue- ment dépassée par les feuilles, dressée, an- guleuse, très-raide, subligneuse. Inflores- cences particulières sessiles à la base de longues bractées foliaires qui, en vieillissant, forment des faisceaux fibreux (fig, 41). Fruit (1) (fig. 42) courtement ovoïde, attei- gnant 12-16 centimètres de diamètre sur 15-18 de hauteur, résultant de fleurs réu- nies et serrées autour d’un axe central, et constituant des fruits particuliers (fig. 43 et 44) et que l’on distingue très-bien dans la coupe (tig. 45), terminés par une partie renflée ou sorte d’apophyse rhomboïdale an- guleuse, fortement saillante et portant sur le milieu un prolongement spinescent, roux, raide, subligneux, très-pointu, aplati, à peu près toujours bifide dans les deux tiers inférieurs du cône ou fruit principal, acu- minés en une pointe conique aiguë dans les écailles (fruits particuliers) de la partie supérieure. Tous ces muerons, de couleur un peu plus foncée que l’apophyse, s’en déta- chent facilement en laissant une cicatrice rhomboïdale. L’intervalle compris entre les fruits donLle testa est corné ou ligneux est occupé par une sorte de tissu pulpeux (fig. 45) qui, en fermentant, dégage une odeur vineuse, aromatique, rappelant un peu la .saveur d’un Ananas trop avancé. Pris à temps, ces fruits, qui deviennent mucila- gineux, peuvent être sucés et sont alors sucrés, assez bons, mais bientôt laissent une sensation désagréable, comme si elle était produite par des petits poils qui se seraient collés à la muqueuse. En mûrissant, ces fruits deviennent mous, mais peuvent pourtant se conserver long- temps après être cueillis. La maturité des quatre fruits que nous avons eus s’est opérée depuis décembre jusqu’à mars, à commen- cer par le plus gros qui terminait le rameau fructifère. Le nombre de fruits peut-il être plus con- sidérable que celui qu’a produit le sujet dont nous parlons? Nous le croyons, en nous appuyant sur l’examen de la hampe (fig. 41), qui montrait çà et là des cicatrices provenant d’avortements. Malgré que les fruits étaient peut-être arrivés à leur grosseur normale, aucune graine n’étant bonne ; il n’y avait pas trace d’embryon ; l’intérieur des fruits contenait quelques pellicules desséchées. E.-A. Carrière.' (1) Par fruit, dans cette circonstance, il faut comprendre la réunion ou l’ensemble d'une quan- tité considérable de fruits particuliers, dont on peut se faire une idée par un cône à' Araucaria ou un fruit d’Ananas, etc. LE COCOTIER. 177 LE COCOTIER A peu près tout le monde connaît — ne serait-ce que de nom — le Cocotier com- mun {Cocos nucijera, Linn.), ce roi des vég^étaux exotiques, au port majestueux, qui étend sa domination presque tout autour de notre globe. Depuis le rivage de la mer jusqu’à 2,000 pieds au-dessus et même plus haut, pas un village des contrées tropicales où l’on ne voie son élégant et gigantesque feuillage s’élever au-dessus de la verdure qui couvre le sol, pas une chaumière qui n’ait son Cocotier. Comment donc a-t-il pu se répandre sur une étendue si considérable ? Le fait, si étonnant d’abord, s’explique pourtant si l’on observe ses propriétés, car on ne larde pas à reconnaître qu’elles lui donnent la faculté de se propager plus facilement que beaucoup d’autres plantes, et dans toutes les directions, même en franchissant les mers les plus vastes. Remarquons d’abord que ses fruits, gros et ronds, font qu’en tombant à la maturité ils roulent à une assez grande distance, sur- tout si l’arbre a une grande élévation ; en- suite que l’espèce pousse jusqu’au bord de la mer, malgré l’eau saumâtre de celle-ci. Tombé dans les flots ou enlevé par le flux, la légèreté de la Noix la fait surnager, et l’épaisseur de son écorce la garantit bien longtemps de toute décomposition. Quant à ses usages, ils sont innombrables; il n’est aucune partie de l’arbre qui ne puisse être utilisée ; aussi est-il la manne de tous les pays tropicaux voisins de la mer, notam- ment de toute la Malaisie. Son tronc, avec lequel on confectionne aussi des cannes et autres objets, sert à faire des piliers pour soutenir la toiture des maisons; il présente l’avantage de n’être pas attaqué par les fourmis blanches. Sa rectitude fait que, fendu en deux et creusé, il est transformé en gouttières. L’enveloppe fibreuse qui protège les feuilles à leur nais- sance est employée pour faire des saco- ches. Les volumineux pétioles donnent un bon bois à brûler, et leurs folioles tressées fournissent aussi de quoi couvrir les chau- mières et le toit des hangars, et confec- tionner des corbeilles et autres objets domes- tiques. On en enveloppe, entre autres (quand elles sont encore jeunes), les pâtes simples, nommées ketoupatte, qui font la joie des indigènes, une réjouissance pour le grand jour (Vled-ezü. Cette babitude est même si générale, que ce jour en a pris le nom et se nomme « fête des ketou pattes. » Alors non seulement les bœufs, mais les chevaux aussi, sont décorés de colliers de ketou - pattes. Presque tous les balais sont fabriqués de matières empruntées au Cocotier : les ba- lais grossiers et raides, des nervures secon- daires ou battants des folioles ; les balais de chambre, des fibres du pétiole. Les spathes séchées donnent des torches et des mèches; elles conservent le feu pendant très-long- temps. Ces mèches et celles faites de l’écorce des fruits étaient généralement usitées lorsque l’emploi des allumettes chimiques n’était pas encore aussi répandu qu’il l’est. Le spadice donne le vin de Palmier, qui, à son tour, est transformé soit en vinaigre, soit en une liqueur enivrante ou en levain pour les boulangers. Pour l’obtenir, on coupe le bout du spadice, on le bat et on le re- courbe ; un vase en bambou y est attaché, et l’opération est terminée. Alors la sève qui aurait dû nourrir les fleurs remplit durant environ quinze jours le bambou jusqu’à concurrence d’à peu près 3 litres dans les vingt-quatre heures. Les fruits, appelés « Noix de Coco, of- frent encore plus de ressources : leur écorce extérieure, divisée et battue, forme une étoupe dont on fait les paillassons, le rem- bourrage des voitures, des cordages, des têtes-de-loups ; les morceaux coupés et battus à leur extrémité seulement fournis- sent aux villageois de grossiers pinceaux ; non battus, on en fait des brosses rudes pour récurer les cuivres, les pavés, etc. Avec l’écorce intérieure, on confectionne des écuelles, des cuillères et divers autres us- tensiles de ménage. Brûlée sur un morceau d’acier, cette écorce sécrète une huile essen- tielle très-efficace pour calmer les maux de dents. La Noix elle-même sert dans la cuisine et donne l’huile de Cocos, tant pour la table que pour l’éclairage. Le lait de Cocos n’est pas, comme on le croit vulgai- rement, l’eau contenue dans la Noix ; celle- ci, transparente et sans couleur, constitue I une boisson 'd’un goût sucré et agréable 178 LE COCOTIER. quand la Noix est encore jeune, et perd tout à fait ce goût à la maturité du fruit. Le lait est obtenu en rapanl la Noix et en pressant le résidu avec un peu d’eau. Dans plusieurs cas, il peut remplacer le lait animal. 11 faut au Cocotier sept ans pour com- mencer à fructifier. On plante ces arbres à une distance de 6 mètres, presque au niveau de la terre, et seulement après que la graine a commencé à germer, et il ne larde pas à développer ses premières feuilles. Dans sa jeunesse, le tronc du Cocotier est très- épais ; la variété macrocarpa peut avoir un diamètre de 80 centimètres; à un âge plus avancé, cette grande épaisseur disparaît; le tronc s’amincit, tout en conservant néan- moins à la base et au sommet plus d’épais- seur que vers le milieu. Pour récolter les fruits, — ce qui peut se faire tous les deux mois pendant toute l’année, — les indigènes pratiquent dans le tronc, à une distance de 50 centimètres fune de l’autre, des entailles pour poser les pieds. Chaque Cocotier devient de la sorte une échelle permanente. La récolte se fait jus- qu’à ce que l’arbre, devenu vieux (après tente-cinq à cinquante ans), ne donne plus assez de fruits pour valoir la peine de les cueillir. C’est alors qu’on le coupe et que l’on prend le cœur du bourgeon unique, qui donne le « Chou palmiste, » légume très- bon, rappelant un peu le Chou- fleur. Ce a. Chou palmiste » peut aussi se manger cru et confit au vinaigre. Cru, il a un goût de Noix d’une saveur très-agréable. Un Cocotier peut donner par an 80 à 120 fruits qui se montrent sur l’arbre à tous les degrés de maturité, depuis la petite Noix à peine formée jusqu’au fruit sec prêt à tomber. Qu’on se figure ces grandes masses brunes, menaçant l’imprudent qui viendrait chercher un abri sous son feuil- lage pour se garantir des rayons ardents du soleil des tropiques. Si on ne les fait pas récolter en temps convenable, les fruits ne se gâtent pas, mais ils tombent, et il y en a beaucoup qui se cassent. Gomme ces Noix, en tombant, causent des accidents, le Cocotier est impropre à border les routes et les chemins publics. Mais, comme tous les autres, cet arbre si précieux a ses ennemis naturels, qui sont surtout un insecte de l’ordre des coléoptères et l’écu- reuil. Le premier perce le bourgeon pour s’en nourrir et peut causer la mort de l’ar- bre, tandis que l’écureuil, friand des Noix, trouve le moyen de ronger l’écorce des jeunes fruits, malgré son épaisseur, pour en manger le contenu. Attaquant tantôt un fruit, tantôt un autre, il fait le désespoir du propriétaire javanais, qui n’a aucun moyen pour combattre cet agile ennemi. Il existe dans nos parages plusieurs va- riétés bien distinctes du Cocos nucifera. Celles qui sont communes ici sont en pre- mier lieu la variété à grandes Noix [macro- carpa] ^ dont les jeunes Noix contiennent l à 1 litre 1/4 d’eau; ensuite la verte [viri- disj, plus petite que la précédente ; une autre variété à fruits verts, mais plus gros, et enfin les jaunes d’or [alba]. Cette der- nière variété est la plus belle ; ses jolis fruits, d’un jaune qui tient le milieu entre l’or et l’ivoire, offrent un aspect des plus agréables, d’autant plus que l’arbre, restant plus petit que les autres, on est plus à même de jouir de sa beauté. Il y a encore une autre variété assez commune, nommée Tjengkir ma- nisse. L’écorce jeune de la Noix de cette dernière diffère des autres en ce qu’au lieu d’être astringente, elle a un goût légè- rement sucré. Le nom indigène susdit ex- prime cette qualité. Ce Cocotier n’a pas de branches ; cepen- dant, par une circonstance inexpliquée, il s’est produit dans les environs de cette ville, au village de Kedong-Tjangkring (district de Porrong), un cas de prolification extra- ordinaire et curieux. Il y a là un Cocotier à six branches ou têtes dont une seule se trouve placée au milieu et les cinq autres autour, ce qui constitue une sorte de grand candélabre. Les six têtes ou branches, toutes chargées de fruits, sont insérées à différentes hauteurs. La prolification est excessivement /are dans les Cocotiers, et le cas présent est le seul que j’ai jamais en- tendu mentionner. Le Cocotier commun [Cocos nucifera, Linn.) n’est pas délicat et se développe éga- lement bien dans une terre franche un peu argileuse et sablonneuse ; mais pourtant il ne s’accommode pas d’une terre calcaire. Une atmosphère chargée de vapeur saline lui convient tout particulièrement; c’est pour cette raison que les petites îles sont couvertes de Cocotiers. Les terrains maré- cageux sont peu propres à sa culture. Un arbre aussi utile et aussi répandu que l’est le Cocotier devait porter différents LES CATALOGUES. 179 noms. Voici une liste des principaux dans quelques langues indigènes des Indes- Orientales et des pays voisins: Klappaow Kerambaiig , malais; — Gnor, madurais; — Kramhile, bas-javanais; — Keloppoh, haut-javanais ; — Kalappa, soun- danais ; — Niou et Gno, à Bali ; — Nich, à Sumbawa; — Guioii,h Savou ; — Noliou, à IloUi ; — Noua, à Timor; — Tapa, à Solor; — Laloucou, à Bouton ; — Calou- cou, à Macassar; — Niouéra, à Céram; — Popo ou Klappa, à Menado; — Igo, à Ser- nate; Niwèle, Niwère et Nouère, dans plu- sieurs îles des Moluques; — Outéri, sur la côte sud-est de la Nouvelle-Guinée ; — Niou et Owa, à Lobo (Nouvelle-Guinée) ; — Roîiro, à Wonin (Nouvelle-Guinée); — Nidjou, à Radack (Nouvelle-Guinée); — Gnour, à Bandjermasin (Bornéo) ; — In- gnou, dans la langue des Dajacs sauvages de Bornéo; — Louhi, à Gebou (îles Philip- pines) ; — Niogue et Gîiogue, aux îles Philippines ; — Cocos, en tegalo (îles Phi- lippines); — Anour, à Kyow; — Njiour, à Sumatra et à Malacca; — Narihèle, au Bengale; — Narièle, en hindou ; — Nari- coudoume et Cohri-Tjallou, en télinga ; Niou, à Madagascar ; — Narioh, à Bom- bay ; — Narguyile, à Haderamaude (Ara- bie) ; — Nadikela, en sanscrit. J’ai supposé que ces noms pourraient peut-être présenter quelque intérêt pour les personnes qui s’occupent de l’étude compa- rative des langues de l’Orient, ce qui m’a engagé à les faire connaître. Soerabaia, janvier 1881. F. de B UK. LES CATALOGUES Rovelli frères, horticulteurs à Pallanza, Lac-Majeur (Italie). Prix courant des végétaux disponibles en 1881. Assortiment de plantes diverses de serre. — Spécialités : Palmiers, üy- cadées, Pandanées, Fougères, Agaves, Dasyli- rions. Yuccas. Plantes à feuillage pour l’orne- mentation. Pélargoniums à fleurs simples et doubles, appartenant aux différentes sections du groupe. Rosiers francs de pieds et greffés. Arbrisseaux grimpants et autres à feuilles ca- duques et à feuilles persistantes. Conifères, Gamellias, Rhododendrons. Plantes vivaces de pleine terre, Chrysanthèmes, Cannas, Dahlias. Arbres fruitiers, Vignes américaines considé- rées comme résistantes au phylloxéra, etc., etc. — V. Lemoine, horticulteur à Nancy. Dans le prix courant qu’il vient de publier, on re- marque, outre les nouveautés herbacées de divers genres, trois sortes ligneuses ; l’une est le Cerasüs Sieboldii flore pleno luteo vires- cente; l’autre Philadelphus grandiflorus spe- ciosus plenus. Enfin la troisième est le Ne- viiisia alahamensis, sur laquelle nous revien- drons prochainement. — Simon-Louis frères, horticulteurs-pépi- niéristes à Plantières-lès-Metz (Alsace-Lorraine). Extrait du catalogue pour 1881 ; plantes de serre chaude et de serre fi'oide. Dahlias, plantes vivaces de pleine terre. Pivoines herbacées, Glaiëuls, Lis, Amaryllis, etc., etc. En outre, on trouve là des plantes de serre et de pleine terre, des collections complètes d’arbres et d’arbrisseaux fruitiers, forestiers et d’ornement, ainsi que des greffons de tous ces genres, de Ro.siers, etc., etc. On trouve également et par très-grande quantité des plantes particulière- ment propres à l’ornementation des massifs et des jardins pendant tout l’été. — Louis Rœmpler, horticulteur à Saint- Max-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle). Prix cou- rant pour 1881. Cet établissement, l’un des plus importants de la région de l’est de la France, comprend des collections aussi nom- breuses que variées de plantes de serre chaude, serre tempérée et serre froide, des arbustes, des plantes vivaces de pleine terre, des plantes bul- beuses, des plantes à feuillage, etc. — Spécialité de Palmiers, Pandanées, Orchidées, Gloxiniées, Aroïdées, etc., etc. Dracænas, Dahlias, Bégo- nias, etc. Nouveautés en tous genres, etc., etc. Parmi les plantes aquatiques, nous trouvons indiquées les suivantes, qui sont très-intéres- santes et très-rares : Ouvirandra fenestralis, Trianea Bogotensis, Desmanthus plenus, grande et très -remarquable Mimosée, etc. SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 14 AVRIL 1881 Comité de culture potagère. — M. Aubert, jardinier au domaine d’Arrnainvilliers, présen- tait divers légumes ou fruits de primeur, par exemple un beau Melon bien mûr, de la va- 180 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE. riété Petit noir des Carmes, des Ilaricofs en filets, très-avancés et parfaitement dévelo})pés, de la Chicorée frisée, des Carottes et des Na- vets. — Un autre })résentateur avait ap[)orté une énorme botte d’ Asperges remarquables par la beauté et les dimensions. A ce même comité, l’un des membres, bien et avantageusement connu, M. Vavin, avait apporté des échantillons d’un mode de culture des }»lus intéressants et qui nous paraît tout à fait nouveau. Il consiste dans l’emploi de co- quilles d’œufs en place de pots. Ce mode, non seulement très-ingénieux, mais ration- nellement économique, offre plusieurs avan- tages, d’abord d’utiliser des sortes d’épaves que l’on est dans l’habitude de jeter. Afin de rendre sa démonstration plus concluante, M. Yavin avait rempli les coquilles en ques- tion de terreau dans lequel étaient plantés des Tomates, de sorte que l’enseignement était complet. Le comité de floriculture était relativement très-riche et rachetait jusqu’eà un certain point la pauvreté des séances précédentes. C’était d’abord M. Bergman, de b’errières-en-Brie, qui présentait en beaux échantillons et en fleurs une série d'Ociontoglossum très -méritants, rares et même inédits. Cette série comprenait les espèces suivantes : Odontoglossum Alexan- dræ, 01‘iginaire de la Nouvelle-Grenade, qui tient toujours un des premiers rangs dans le genre ; O. Andersonianum, espèce encore ex- cessivement rare, qui n’avait encore fleuri nulle part, même en Angleterre, assure-t-on : un pied de cette espèce a été vendu chez M. Day, le célèbre orcliidophyle anglais, la bagatelle de 650 fr.; 0. Pescatorei, également très-belle, qui a quelques rapports avec l’O. Alexandrœ, mais à fleurs plus petites; 0. tynumphans, belle espèce à fleurs très-grandes, découverte en 1842 à la Nouvelle-Grenade et importée par Schlim et Wagner; 0. cirrhosum^ introduite par Roezl, il n’y a pas encore longtemps : celle- ci, qui est également très-jolie, se distingue par le nombre et la légèreté de ses fleurs, qui sont finement pointillées de brun ; de plus, elles sont légèrement odorantes, qualité qui manque à toutes les autres de ce genre; enfin une autre espèce inédite et innommée, à fleurs ex- cessivement grandes, à divisions fortement ma- culées de jaune roux foncé ou marron. Outre leur beauté, toutes ces sortes (.V Odontoglossum ont le mérite de conserver leurs fleurs fraîches j)endant un temps excessivement long. MM. Vilmorin avaient envoyé un bon nombre de Cinéraires qui, outre une cultuie des plus soignées, résumaient toutes les perfections qu’on est en droit d’attendre de ce genre : formes et coloris des fleurs, arrangement et répartition des couleurs, joints à une gran- deur excessive — certaines fleurs dépassaient 7 centimètres — tout était réuni. Avec ces Ci- néraires M. Michel avait apporté deux belles potées de Linaria multipunctata, charmante nouveauté annuelle, très-naine, à fleurs jaune orangé, marquées de très-petits points noirs ou brunâtres. M. Jolibois présentait deux pieds en fleurs d' Anthurium Scherzerianum de semis, dont un à fleurs à peine moyennes, l’autre beau- coup plus vigoureux, à feuilles et à fleurs très- grandes, mais un peu contournées, ainsi qu’un très-beau pied de Neumannia nigra en fleurs. Cette charmante Broméliacée caulescente, qui nous a paru voisine du N. erijtrostachys, a les feuilles longuement obovales, atténuées en un très-long pétiole. Son inflorescence dressée se compose de nombreuses bractées écartées d’un très-beau rouge foncé. M. Bullier présentait un pied de Lycaste Skinneri^ portant des fleurs rose chair d’un volume extraordinaire. Enfin M. Godefroy-Lebeuf présentait un as- sortiment de plantes — plus de 80 espèces — vivaces alpines ou originaires du Turkestan, la plupart nouvelles ou rares. Ne pouvant dans cette chronique les décrire, — ce que nous nous proposons de faire plus tard, — nous nous bor- nons pour aujourd’hui à une simple énuméra- tion. C’étaient, comme plantes en fleurs, les Tulipa Iloensis, Kolpa Koivskiana, Biehers- teini, altaica, elegans, cornuta smensis, Greigi; les Fritillaria oranensis, pallidiflora, meleagris^ Caroline^ Chrysoion ; les Orohus variegatus ; Primula elatior cœrulea, leu- corum, pulchellum, grandiflorum ; Trillium grandiflorum; Arnehia echioides; Mertensia paniculata, etc.; puis 63 espèces de Saxifraga et d'Umhilicus, parmi lesquels se trouvait VU. sempervivoïdes dont les fleurs sont aussi bril- lantes que celles d’un Rochea. lmp. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Les gelées du mois d’avril: végétaux qui en ont le plus souffert; que faut-il faire des plantes atteintes par le froid? — Pomme de terre de Suède ou Pomme de terre Asperge; une expérience à tenter. — Préparatifs de l’exposition de la Société nationale d’horticulture aux Champs-Elysées. — Le Bromelia Pinguin: communication de M. E. André; offre de M. Blanchard. — Exposition de la Société d’horti- culture pratique de Montreuil-sous-Bois. — Changement de couleur des Heurs d’Azalées; lettre de M. Gagnaire. — Culture des plantes sans terre. — Orage et grêle du mois d’avril. — L’insecticide Fiehet; lettre de M. E. Roman. — Nouvelle série de Bégonias à feuillage récemment mise au commerce. — Nouvelles variétés de Coleus. — Comment on distingue les Pommes de terre nouvelles des Pommes de terre rajeunies. — Mort de M. Combaz et de M. Ramel. — Les cinq variétés connues de Vigne du Soudan. — Nouvelles Vignes chinoises. Nous rappelons à tous ceux de nos abon- nés qui voudront bien nous écrire pour nous demander des renseignements qu’ils doivent toujours joindre à leur lettre la bande d’adresse sous laquelle la Revue leur est envoyée. — Y a-t-il exagération dans les bruits qui circulent relativement aux dégâts qu’au- rait occasionnés la gelée des 20 et 21 avril dernier ? Nous aimons à le croire. Néan- moins, nous ne devons dissimuler ni même essayer d’affaiblir la vérité, à savoir que, dans un grand nombre de localités du centre de la France, il y a eu de la gelée, et que dans certaines elle a même fait un mal sensible, ce qui se comprend, le thermomètre, sui- vant les localités, étant descendu de 1 à 4 degrés sous zéro. Les végétaux qui ont le plus souffert sont les Pommes de terre, les Luzernes, les Vignes, et dans quelques endroits, et suivant les expositions, des fleurs d’arbres fruitiers : Pommiers, Ceri- siers, etc. Disons toutefois que chez ce der- nier le mal n’est pas grand. Il paraît en être autrement pour la Vigne et pour les Pom- mes de terre. Mais, et quoi qu’il en soit, il est hors de doute, vu la saison peu avancée, que le mal se réduira à peu de chose, en raison de la quantité considérable de grappes que portent les Vignes cette année; il en est de même quant aux autres sortes d’arbres fruitiers : les fleurs, de même que les grappes de Rai- sin, sont tellement abondantes, que l’on peut croire que malgré ce contre-temps la récolte future sera bonne. — Ce n’est pas tout de suite après une ba- taille qu’on peut juger les pertes d’une ma- nière absolue, car alors il y a, outre les morts, les blessés qui, suivant la gravité du 16 MAI 1881. mal, pourront se rétablir complètement, tandis que d’autres resteront plus ou moins infirmes, ou mourront après avoir souffert pendant plusieurs années. Nous pouvons, avec toute raison, appli- quer le raisonnement qui précède aux végé- taux, en considérant l’hiver comme étant une bataille : la lutte de la vigueur, de la rusticité, contre le froid. En effet, que se passe-t-il pendant l’hiver? Suivant son intensité, un nombre plus ou moins grand de végétaux est atteint, et, outre ceux qui succombent immédiatement, on en voit d’autres qui, plus ou moins fatigués, sont des équivalents des blessés dont nous avons parlé plus haut, et qui alors aussi vont plus ou moins longtemps, perdant chaque année, celui-ci une branche, celui-là des rameaux, jusqu’à ce qu’enfm ils se rétablissent ou meurent. C’est là ce qui arrive à la suite de chaque hiver un peu rude, et qui se manifeste, plus ou moins, suivant la rigueur de celui-ci. Ainsi, il y a quelques jours encore, nous re- cevions des lettres dans lesquelles on nous informait que des Abricotiers, des Poiriers, des Pruniers, et même des Vignes et des Rosiers qui, l’année dernière, paraissaient devoir se rétablir, étaient actuellement à peu près morts ou tellement fatigués qu’il n’y avait plus guère d’espoiude les sauver, et à ce sujet on nous demandait notre opinion. Nous la formulons ainsi : s’il s’agit d’espèces qu’on peut remplacer aisément, il faut arra- cher et remplacer les arbres par d’autres et, s’il est possible, d’espèces diverses autres que celles qu’on enlève; dans le cas con- traire, c’est-à-dire si les sortes sont rares ou qu’on y tienne, enlever les parties mortes seulement, cautériser les plaies, labourer légèrement le sol, le changer même ou le modifier, suivant les espèces auxquelles on a affaire, pailler le sol et l’arroser au besoin. 10 182 CHRONIQUE HORTICOLE. Il va sans dire que Ton devra s’occuper de leur donner des remplaçants en prenant, soit des boutures, soit des greiTons qu’on fera reprendre ou qu’on placera sur des sujets appropriés. — A l’exposition agricole qui vient d’avoir lieu récemment au palais de l’Industrie, à Paris, nous avons remarqué, dans un lot pour lequel il n’y avait pas de nom d’expo- sant, quelques tubercules de Pomme de terre dite « de Suède. » Cette variété, pro- bablement la même que celle que nous avions vue en 1878 dans l’exposition sué- doise, est très- curieuse, tant par sa forme que par l’exiguité de ses dimensions; ses tubercules petits portent des yeux telle- ment rapprochés qu’ils rappellent un peu les rhizomes écailleux de certaines plantes du groupe des Gesnériacées. Est-ce un type particulier? est-ce une variété de l’espèce commune dont on possède déjà une quan- tité innombrable de formes? Cette dernière hypothèse nous paraît probable. Mais, quoi qu’il en soit, nous appelons sur elle l’atten- tion des amateurs et des savants : des pre- miers, qui pourront ajouter une variété curieuse à leur collection ; des seconds, parce que les parties souterraines semblent inter- médiaires entre les rhizomes proprement dits et les tubercules volumineux et variés que présentent les variétés de Pommes de terre, Peut-être que, par des semis et desjsélections décroissantes de cette espèce, l’on arriverait à obtenir des rhizomes longs et à peine ren- flés, ce qui probablement est le caractère pri- mitif du type de la Pomme de terre. Cette expérience très-curieuse nous paraît digne d’être tentée. Nous devons à la maison Vil- morin les quelques tubercules que nous avons de la Pomme de terre en question, laquelle, en Suède, porte la qualification « Sparris, » qui veut dire Asperge. Pourquoi cette dénomination? Nous nous proposons de revenir sur cette curieuse forme, la- quelle, dès aujourd’hui, et pour conserver la signification de son appellation originale, nous qualifions Pomme de terre Asperge. Quelles sont ses qualités, son mode de végé- tation, en un mot ses caractères botaniques? Nous espérons pouvoir le dire prochaine- ment. — Les travaux pour l’exposition de la Société nationale et centrale d’horticulture de France se poursuivent activement, et l’on peut affirmer que cette exposition sera bril- lante, ce qui n’a pas lieu d’étonner, quand on pense aux puissants moyens d’action que possède la Société. Ces travaux sont sous la surveillance et sous la direction de la la commission d’organisation. D’une autre part, nous devons ajouter que la Société na- tionale et centrale d’horticulture de France ne recule devant aucun sacrifice pour que cette exposition soit digne de cette grande institution nationale. Nous rappelons qu’elle se tiendra dans les Champs-Elysées, entre le palais de l’Industrie et l’avenue d’Antin. — Notre précédent article sur le Bro- melia Pinguin nous a valu la lettre que voici : Paris, 18 avril 1881. Mon cher confrère. J’ai lu avec un grand intérêt l’article de M. Blanchard sur le Bromelia Pinguin, qui vient de fleurir et de fructifier à Brest, ainsi que les notes que vous y avez ajoutées. Per- mettez-rnoi d’y apporter mon faible contingent, qui aidera peut-être à mieux faire connaître cette belle plante. J’ai rencontré le Bromelia ou mieux Karatas Pinguin à l’état sauvage dans la Nouvelle- Grenade, au milieu des blanos du territoire de San-Martin, qui s’étendent du pied de la Cor- dillère orientale des Andes aux bords du rio Meta, un des principaux affluents de fOré- noque. La plante portait des feuilles longues de 2 mètres à2>«50, étroites, fortement bordées d’aiguillons et présentant cette particularité d’être terminées par une large tache rouge écarlate, comme si on les avait trempées dans du sang artériel. L’exemplaire de Brest ne paraît pas avoir présenté cet aspect. La panicule centrale de ma plante portait de nombreux fruits ovoïdes, de la grosseur et de la couleur d’une Bibasse ( Eriohotrya Japonica) et, contrairement à ceux que vous avez goûtés, d’un arôme puissant et exquis, plus développé que celui d’un Ananas bien mûr. Ils laissaient même dans la bouche cette sensation de brû- lure légère qu’on éprouve après avoir mangé en abondance la chair de l’Ananas, et qui est produite par les cristaux d’oxalate de chaux qu’elle contient. Le parfum de ces fruits était vraiment délicieux. Il est permis de croire qu’avec plus de chaleur sèche au moment de la matu''ation, il se développerait suffisamment dans nos serres, sans atteindre cependant l’in- tensité que lui donne le soleil de l’Équateur. Une faute d’impression faite dans la Bevue a fait donner à la plante le nom vernaculaire de cimOiNiQüE noirricoLE. 183 Finuellas, tandis qu’il faut lire Pinuela (1) ())ctite Pina ou petit Ananas, nom de l’Ananas dans ce pays). La culture de ces belles Broméliacées devrait être encouragée. LTne autre espèce, décrite j)ar M. Ed. iMorren, le Karalas Legrellœ , vient de fleurir et de fructifier au Mans, dans la serre de M. le docteur Le Bêle, dont elle a fait }du- sieurs mois le plus bel ornement. Ses grandes feuilles florales rouges lui donnaient un éclat incom})arable. Je crois que la culture de ces plantes ]>our- rait être tentée avec quelque succès dans les l)arties les plus ensoleillées de la côte méditer- ranéenne, particulièrement favorables aux Agavc^ Aloe, Opuntia^ etc., et je fais des vœux pour que de bonnes graines récoltées [)ermettent de les répandre sur plusieurs i)oints entre les mains des amateurs. Veuillez, etc. Eu. André. Dans une leilre qu’il vient de nous adres- ser, M. Blancbard nous dit : « Notre Bro- mdia Pinguin est encore tel qu’il était au moment où on l’a pbotograpliié. Si vous ou de vos amis désirez en avoir quelques fruits, veuillez me le faire savoir. Nous remercions notre collègue de sa généreuse offre, et nous engageons ceux de nos lecteurs désireux d’en profiter de s’adres- ser à M. Blanchard, au jardin botanique de Brest. — La Société d’horticulture pratique de Montreuil-sous-Bois (Seine) fera sa pre- mière exposition du 3 au 10 septembre 1881, sur la place de la Mairie et dans les écoles y attenant. Cette exposition comprendra tous les produits de l’horticulture, ainsi que des arts et industries qui s’y rattachent di- rectement. Les mesures et les dispositions déjà prises font augurer que, à tous les points de vue, cette exposition sera intéressante; aussi, dès à présent, le succès est-il à peu }>rès certain. Tous les horticulteurs et amateurs sont priés de prendre part à cette exposition, ce que permettront de faire les nombreux con- cours établis. Les personnes qui désireraient exposer devront en faire la demande, au plus tard le 25 août, à M. Lahaye (Joseph), secrétaire de la Société d’horticulture de Montreuil, rue Haute-Saint-Père, à Montreuil-sous- Bois, en indiquant, avec les objets qu’ils se (1) Prononcez Vignouéla. proposent d’exposer, l’emplacement qu’ils jugeront leur èlre nécessaire. J-.e jury se réunira au local de l’expo- sition le samedis septembre, pour procéder immédiatement à l’examen des apports. — Notre collègue, M. Gagnaire, frappé du changement de couleurs qui s’est pro- duit sur certains pieds d’Azalées, nous écrit à ce sujet la lettre que voici : Bergerac, le 10 avril 1881. Mon cher Monsieur Carrière, Les Azalées de l’Inde à fleurs blanches ma- culées on striées rose, groseille on cerise, sont- elles des variétés issues directement de semis on des anomalies fixées par la greffe on le bou- turage? Quelques faits dont je suis témoin en ce moment chez moi me font pencher })our cette dernière by[)othèse, et j’aime à croire qu’après vous les avoir fait connaître, vou'^ voudrez bien me dire si je suis dans le vrai. Voici : L’année denhère, une dame acheta à la maison une superbe potée d’Azalée du jduspur et du plus beau blanc. Cette plante, qui ne fai- sait que commencer à fleurir ici, fut portée chez elle, d’où elle me la retourna six semaines après comme pensionnaire. Or, ici, pas le moindre doute. Aussilôt sa réception, l’Azalée est étiquetée soigneusement pour éviter tout mélange, et placée à côté de ma collection. Cette année, c’est-à-dire en ce moment, ses fleurs sont littéralement rosées. Mais re fait n’est pas isolé. J’ai en ce moment, fleuris dans la serre, une dizaine de ces arbris- seaux mesurant de 40 à 80 centimètres de hau- teur, moitié blancs, moitié roses, qui produisent le plus charmant contraste. Si je croyais à la fécondation accidentelle des insectes, j’attri- buerais ces bariolages à leur contact, mais je suppose qu’il n’en est rien. Gagnaire fils aîné. Non î il n’est pas nécessaire de faire in- tervenir les insectes pour expliquer les faits qui viennent d’être rapportés, qui sont des plus naturels. C’est une conséquence de l’évolution végétale, qui se manifeste surtout sur les Heurs de Camellias et d’Aza- lées, qui a des équivalents chez presque tous les végétaux et se montrent soit sur les feuilles (forme ou couleur), soit sur les fruits, etc., etc.; les panach lires ne sont pas autre chose. Suivant leurs caractères, tous ces faits appartiennent à l’une ou à l’autre des deux sections que nous avons nommées dichroisme ou dhif orphisme, et dont nous avons cité un très -grand 184 CHRONIQUE HORTICOLE. nomlire d’exemples, qui ont été décrits et figurés en noir et même en couleur dans notre travail Production et fixation des variétés dans les végétaux (1). Puisqu’on ne peut expliquer ces choses, il faut tâcher d’en tirer parti, ce que l’horticulture fait en grelfant ou bouturant, quand il est pos- sible, les branches qui présentent des carac- tères exceptionnels. — Certains de nos lecteurs ont probable- ment entendu parler d’une culture des plantes sans terre qui a fait beaucoup de bruit depuis quelque temps. Des expériences en vue d’en constater les résultats ayant été faites à Rouen, nous avons cru devoir attendre, pour en parler, que ces expé- riences fussent concluantes, ce qu’aujour- d’hui, grâce à un témoin oculaire, nous pouvons faire connaître. On trouvera plus loin un article sur ce sujet. — Si ce proverbe : «: Quand il tonne en avril, le pauvre et le riche se réjouissent, » se réalise, tout le monde déjà a lieu d’être satisfait, puisque, le 26 avril, il a fait un orage bien caractérisé et que le tonnerre s’est fait assez fortement entendre. Malheu- reusement, déjà le dicton paraît perdre de sa valeur, puisque, pendant cet orage, il a tombé de la grêle en assez grande quantité pour causer quelques dégâts sur certains arbres fruitiers, la Vigne, etc.; les maraî- chers surtout ont eu à s’en plaindre, ‘puisque beaucoup ont eu leurs Laitues romaines percées par les grêlons. — • Nous recevons de M. E. Roman, in- génieur en chef à Périgueux, la lettre sui- vante : Périgueux, 20 avril 1881 . Monsieur, Je suis bien aise de pouvoir vous dire que, depuis un an, j’expérimente l’insecticide Ficbet. Je l’ai essayé sur les plantes de pleine terre, particulièrement sur les Rosiers, en serre, sur les Pélargonium peltatum, zonale, grandi- florum, sur les Fuchsias, les LiUum, etc.; j’ai toujours obtenu un succès complet, et les pu- cerons ont été détruits en quelques minutes. Il est bien regrettable que ce précieux insecti- cide ne soit pas plus connu. Il a encore un avantage précieux ; c’est qu’il mouille les feuilles. Beaucoiq) de substances Insecticides, (1) Librairie agricole de la Maison rusticiue, 26, rue Jacob, Paris. telles que les sulfo-carbonates en dissolution, n’agissent pas bien, parce qu’elles ne s’étalent pas à la surface des feuilles ; elles se réunis- sent en gouttelettes, épargnant ainsi les in- sectes et les parasites végétaux. Au contraire, je le répète, l’insecticide Ficbet mouille toutes les })arties des plantes et, par conséquent, agit uniformément sur leur superficie. Je compte l’essayer, mélangé d’un demi- gramme de sel maiin par litre, sur les Ro- siers, afin de détruire d’un seul coup les puce- rons et le blanc, suivant le procédé conseillé par M. le comte du Buysson. L’an dei'nier, j’avais employé l’eau salée pure; mais elle ne mouille pas les feuilles, ce qui est un incon- vénient réel. A la dose d’environ 1 gramme par litre, toutes les feuilles du Rosier sont tombées ; mais il ne s’en porte que mieux cette année. Il est vrai que j’avais opéré par un temps très- chaud. Agréez, etc. E. Roman. P. -S. Je vous autorise à publier cette -lettre ou à en faire tel extrait qui pourrait vous con- venir, dans l’intérêt des lecteurs de la Revue horticole. Cette lettre vient à propos, aujourd’hui que de divers côtés on nous écrit que les pucerons dévorent tout. Nous conseillons même d’essayer contre différents insectes pour lesquels, à peu près, tous les insecti- cides ont échoué, par exemple contre ceux qui ont des enveloppes résistantes tels que les charançons, les chrysomèles, les antho- nomes, etc. — Des quelques séries de Bégonias à feuillage , particulièrement remarquables, qui viennent d’être mises au commerce, nous citerons celles de MM. Thibaut et Ké- teléer, horticulteurs à Sceaux, de M. Bleu, horticulteur, 48, avenue d’Italie, et celle de M. Crousse, horticulteur, faubourg Stanis- las, à Nancy. Malheureusement, toutes ces plantes, qui sont d’une beauté hors ligne, sont indescriptibles tant par la richesse des coloris que par la disposition des couleurs, qui se fondent de mille manières pour constituer des nuances, non seulement in- dicibles, mais qui varient continuellement, suivant l’état de la végétation, de sorte qu’une définition exacte est impossible. Mais, après tout, ce n’est qu’une affaire de goût, car toutes, on peut dire, sont de pre- mier mérite. — Parmi les nouveautés de Coleus qui 185 CimOiNlQUE font quelque bruit, nous citerons, outre Shnpson, dont nous avons parlé précé- demment, et qui nous paraît sans rivale, les variétés suivantes, vendues par M. Paco- tot : Houllet, Garibaldi, Édouard Le- fèvre, ainsi que la Reine des Belles, récem- ment mise au commerce par M. Ed. Py- naert, de Gand. — Un de nos lecteurs nous demandait récemment s’il était possible <( de distinguer les Pommes de terre nouvelles de celles que, dans notre dernière chronique, nous appelions des vieilles « rajeunies. » Oui, et c’est même très-facile. Dans ces dernières, l’épiderme ayant été enlevé, il ne reste plus qu’une pellicule très-mince faisant corps avec le tissu sous-jacent, de sorte que, pour le peu qu’on la gratte, on met celui-ci à nu, tandis que si on fait la même expé- rience chez les Pommes de terre vraim.ent nouvelles, on met à nu la seconde pellicule, l’interne, qui est lisse et unie. — Encore deux morts à enregistrer, deux vides faits récemment, sinon dans le champ de l’horticulture proprement dite, du moins dans un champ voisin : l’une est celle de M. Comhaz, bien connu du monde horticole par les nombreux travaux qu’il avait faits dans l’art décoratif des aquariums, rochers, cascades, ponts rustiques, etc., et en dernier lieu par le gigantesque aquarium du jardin du Trocadéro, qui a fait l’admiration des millions de personnes qui ont visité l’Ex- position universelle de Paris en 1878. Tout en regrettant la perte de cet homme qui s’était créé une place importante dans l’art du rocailleur, nous sommes heureux de constater que l’œuvre qu’il a si habile- ment commencée se continue dans la personne de son fds, M. Paul Comhaz, qui depuis longtemps déjà suppléait et rem- plaçait son père dans la direction et la pratique des travaux, soit en France, soit à l’étranger. L’autre mort que nous avons à enregis- trer est celle de M. Ramel, qui était connu presque du monde entier et souvent dési- gné par ces quelques mots : (( l’homme aux EucahjiJtus, 7) qualification justifiée de tous points par la part si active qu’il a prise à l’introduction et à la vulgarisation en Eu- rope de ces végétaux si éminemment^utiles au point de vue de l’économie générale. Rien HORTICOLE. ne l’arrêtait : ni voyages, ni peines, ni sacri- fices d’aucune sorte; il savait tout s’imposer, bien convaincu qu’il était qu’il faisait une bonne œuvre, un acte d’humanité. M. Ramel ne se trompait pas, et, plus heureux que tant d’autres, il a eu le rare bonheur de voir couronner ses elforts, d’assister au triomphe de ses idées. — En annonçant dans notre précédente chronique que l’on peut se procurer des pépins de Vignes du Soudan, nous faisions aussi connaître que ces Vignes, découvertes et rapportées^par feu Lécard, sont au nombre de cinq. Voici, avec leurs noms, l’indication de quelques caractères propres à chacune de ces variétés. Ges renseignements ont été copiés sur les notes de l’infortuné voyageur, qui mourait quelques semaines après être de retour en France : Vitis Lecardii, à feuilles laciniées, très- fertile, Raisin violet noirâtre ; V. Faidher- hii, très-fertile. Raisin couleur jaunâtre ; y. Hardy i, très -curieuse et fertile. Raisin rosé; V. Chantinii, très-productive; feuilles entières, blanchâtres et cotonneuses. Raisin violet clair ; V. Durandii, feuilles rondes. Raisin noir. — Décidément le « vent est aux Vignes. » Après les Vignes du Kahsmyr, celles du Soudan ; puis voici des Vignes de la Chine ; celles-ci, au nombre de deux, sont, paraît-il, employées en Ghine à la confection de cer- taines sortes de vins aromatiques. Elles ont. été découvertes par l’abbé David, mission- naire lazariste dans le Chen-Li, là où pro- bablement aucun Européen n’avait jamais pénétré. Aussi n’est-il pas douteux qu’elles sont complètement inédites. G’est à M. Ro- manet du Galliaux qu’on en doit l’intro- duction en F rance . Très-prochainement nous publierons une note très-intéressante sur ces Vignes que, pour aujourd’hui, nous nous bornons à annoncer. Pourtant, nous croyons devoir dire quel- ques mots sur une particularité, unique jusqu’à ce jour, que présente l’une de ces deux variétés, et qui justifie le sons-genre Spinavitis qu’on en a fait. Contrairement à tout ce qu’on connaît dans le grand groupe des Viticées, l’espèce dont nous parlons est épineuse. Dédiée à l’abbé David, qui l’a découverte à l’état sauvage, elle en porte le nom et constitue le Spinavitis Davidii, 18Ü CULTURE DES PLANTES SANS TEDRE. L’autre espèce, qui porte le nom de l’intro- ducteur, s’appelle Yitis Romanetii. Pro- chainement nous reviendrons sur ces deux plantes si remarquables dont on peut, dès aujourd’hui, se procurer des graines chez ]\IM. Vilmorin et 4, quai de la Mégis- serie, à Paris. E. -A. Carrière. CULTURE DES PLANTES SANS TERRE Il y a environ six mois, les journaux de Rouen (le Petit Rouennais et le Journal de Rouen) se faisaient l’écho de M. Du- mesnil, en faisant ressortir le mérite de la culture des plantes sans terre. Voici com- ment les choses se sont passées : Une exposition eut lieu àRouen, au jardin de Solférino, vers le 20 novembre 1880. On y vit des Primula variahiîis, des Pâque- rettes, etc., sans terre depuis plusieurs semaines (vingt, vingt-six et trente jours), disait-on. Le coup fut brutal ; le public rouen- nais s’enthousiasma à l’idée de pouvoir avoir des fleurs sans jardin ; et c’est alors que l’on pouvait lire dans le Petit Rouennais: « Tous les monuments, les toitures, les asphaltes pourront être couverts de fleurs ; plus be- soin de terre avec le procédé jusqu’alors inconnu que M. Dumesnil a découvert. » Le Journal de Piouen imita son conhère, et une auréole se formait autour de M. Alfred Dumesnil. M. Eugène Noël en fit un article dans le Journal de Rouen, en février dernier, et il annonçait que M. Dumesnil devait exposer ses plantes, fleurissant sans terre, à Paris, le 22 février. Cette exposition a-t-elle eu lieu? je n’en sais rien; on n’en reparla pas. Au mois de mars dernier, if devait faire une conférence au Casino Pmuennais, tou- jours sur les plantes fleurissant sans terre; mais, par suite d’indisposition, cette confé- rence n’a pas eu lieu, et je craignais, avec tous les horticulteurs, que M. Dumesnil fût mort, lorsque le Journal de Rouen du 5 avril vint nous apprendre qu’une expo- sition des plantes fleurissant sans terre, de M. Alfred Dumesnil, aurait lieu le jeudi 7 avril, dans la grande salle de l’Hôtel-de- Ville. Toujours désireux devoir les expériences de M. Dumesnil, je me rendis à l’Hôtel-de- Ville le jour indiqué, et en effet j’y rencon- trai beaucoup de monde (je dois toutefois dire qu’il y avait peu d’horticulteurs). Voici quelles étaient les plantes exposées et la durée de temps qu’elles étaient privées de terre. Je dis privées, car je crois, et plus, je suis certain qu’elles souffrent, à en juger par la teinte de leurs feuilles et la petitesse de leurs fleurs. Ilellehorus purpureus. Sans terre depuis le 24 décembre. Assez bien. Pi'imevère variable. Depuis le 15 no- vembre. Déjcà exposée au jardin de Solférino. Anémones rouges. Depuis le 6 mars. Étio- lées, flem’s maigres. Silènes rouges. Depuis le 10 mars. Assez bien. Hépatiques bleues doubles et blanches simples. Diverses époques. Pâquerettes. Depuis le G mars. Primula cortusoides, étiquetée P. à feuilles dentelées. Sans terre depuis le 20 mars. Plante très-souffrante et ressem- blant peu à celles de pleine terre. Jacinthes roses et autres à fleurs simples. Sans terre depuis le 28 mars. Viola Piothomagensis. Depuis le 3 avril. Très-laides. Primevères doubles blanches (Primeroles) . Depuis les 2 et 4 avril. Auricules. Sans terre depuis le 6 mars. Cyclamen blanc. Depuis le 15 mars. Trop beau pour tant de temps. Pensées (sans date). A fleurs aussi petites et plus laides que celles de la Violette. Cinéraires assez belles. Pas de date ; on dit deux jours. PeuxFritillaria imperialis. Sans époque, avec des mottes de mousse de 25 centi- mètres de diamètre, et deux Diclytra, égale - ment comme les Fritillaria. C’est à peu près tout. Je m’approchai alors de M. Dumesnil, et lui demandai : « Quel est l’avantage de cette culture? Il me répondit: « De ne pas avoir besoin de pots ni de terre, ce qui est toujours désagréable, et, continua- t-il, on peut mettre cinquante plantes dans une corbeille, là où l’on n’en mettrait que trois à cinq si c’était de la terre ; « et me montrant une corbeille d’affreuses Pensées, il ajouta: UE LA (mEFEE DU CIIATAIGNIEK SUU LE CHÊNE. (( Dans coLLe corl)oillc, il y a pcut-ùlre cin- quante pensées; trois seraient assez avec do la terre. » A quoi je répondis: « Oui, trois Pensées dans cette corbeille sufliraient pour la garnir mieux qu’elle ne l’est, et donne- raient des fleurs plus que du double de grandeur si elles étaient dans la terre. » Quant à éviter les pots et la terre sous prétexte que c’est trop gros et trop lourd, et les rem- placer par des bottes de mousse trois fois plus grosses que le pot nécessaire à la plante, cela me i)araît être le comljle de la naïveté, et s’obstiner dans cette idée est res- sembler singulièrement au roi Midas. Quelques jours après cette exposition, M. Pumesnil écrivait dans le Petit Rouen- bS7 nais: « Je ne regrette ([u’une ebose : c’est de no pas avoir assez osé. » Il nous promet des Pruniers, des Pêchers couverts de fruits, et sans terre. Attendons. Toutefois, je dois le constater, il perd beaucoup dans l’opinion générale, et j’apprends à l’instant que la Société cen- trale d’horticulture de la Seine-Inférieui'o invite M. Dumesnil à s’expliquer devant ses meml)res réunis, et qu’à la séance de di- manche dernier, elle a décidé de publier dans son Bulletin l’ancienneté de ce pro- cédé de culture prétendu nouveau. Arsène Lefebvre, i05, rue d’Elbcuf, à Rouen. DE LA GREFFE DU CHATAIGNIER SUR LE CHÊNE Il y a environ une vingtaine d’années, de divers points de la France on commença à signaler le dépérissement des Châtaigniers. Des arbres jusque-là vigoureux, sans cause apparente aucune, devenaient languissants, puis périssaient. Vainement, lors des pre- miers symptômes du mal, ces arbres atteints dans leurs racines étaient-ils rabattus sur les grosses branches ou recépés jusqu’à terre ; les nouveaux jets, faibles et peu nombreux, ne tardaient pas à périr eux- mêmes. Depuis, d’année en année, le mal n’a fait que s’accroître, et il tendrait à devenir un fléau pour les contrées dans lesquelles les Marrons sont l’objet d’un commerce considérable ou jouent un rôle important dans l’alimentation ; telles sont une partie de la Bretagne, le Limousin, l’Auvergne, le Languedoc et la Corse. Jus- qu’à présent, en effet, aucun remède eflicace et pratique n’a été, que je sache, indiqué pour combattre le mal; bien plus, les agri- culteurs et les forestiers ne sont pas d’ac- cord sur la cause qui le pi'oduit. Dans ces conditions, je crois donc rendre service aux premiers en attirant leur attention sur la grelïé du Châtaignier pratiquée sur le Chêne. Vers 1840, pour la première fois, j’avais remarqué la facilité de la reprise de cette grelle et la vigueur de sa végétation ; depuis, maintes fois j’avais eu l’occasion de la pra- tiquer, mais toujours à titre de simple curiosité. Aujourd’hui, elle me paraît d’uti- lité première et appelée à se répandre rapi- dement partout où la culture du Châtaignier a pour but la production des fruits. Mainte- nant, quelle sera la qualité des Marrons obtenus sur les Chênes ? Evidemment ces Marrons seront identiquement semblables à ceux fournis par les arbres qui auront donné les greffons,"sans différence aucune due à la sève des pères nourriciers. En effet, tout greffon, ^véritable bouture devant seulement recevoir sa nourriture par l’intermédiaire du sujet au lieu de la puiser directement dans le sol au point de son insertion, modifie complètement cette nourriture selon la disposition des organes qui lui sont pro- pres. Dans la Poire, dans la Prune, dans l’Abricot ou la Pêche, qui reconnaîtrait la petite Poire sauvage et acerbe, la Prunelle ou l’Amande amère, productions naturelles des sujets avant l’opération de la greffe ? Toutefois, aux disciples de saint Thomas, s’il en existait, je dirais : Pour vous con- vaincre, allez aux portes de Rennes; adres- sez-vous à M. Ti'ochu, maire de la com- mune de Bruz. Avec une courtoisie parfaite, M. Trochu a bien voulu me faire connaître que pendant de longues années il a vu un Chêne, greffé par son père, produire des Marrons excellents et en grande quantité ; puis, dans le jardin attenant à son Irabita- tion, il m’a montré un autre Chêne gi-efle il y a environ quinze ans et qui, chaque saison, lui donne des fruits de première qualité. Le Châtaignier peut être greffé sur diver- ses variétés de Chênes ; cependant le Pédon- culé ou celui vulgairement appelé Chêne blanc, à raison surtout de son écorce plus 188 EMPLOI DES COQUILLES D’ŒUFS COMME POTS DANS LE .lARDINAGE. lisse et de sa croissance plus rapide, me pa- raîtrait fournir les meilleurs sujets. Quant au mode de greffe à employer, il variera nécessairement selon l’époque de l’année, la grosseur du sujet, l’habitude de l’opérateur ; j’indiquerai tous les suivants comme pouvant donner un heureux résul- tat : Greffe en écusson à œil dormant, en fente simple, en fente à l’anglaise, en couronne. à cheval, en flûte, en flûte à sifflet, en flûte de faune ou à lanières. Rennes, le 4 février 1881. E. M. Nous ferons remarquer que, tout en repro- duisant cet article, nous ne nous portons pas garant des faits qu’il rappelle. Mais, en raison de l’importance de ces faits, nous avons consi- déré comme un devoir de les reproduire, et nous en avons expliqué les raisons dans notre chronique et dans la correspondance de ce môme journal (1). [Rédaction.) EMPLOI DES COQUILLES D’ŒUFS GOMME POTS DANS LE JARDINAGE Bien que, dans une des précédentes chro- niques, notre rédacteur en chef ait déjà parlé de ce mode d’utilisation des coquilles d’œufs, j’ai cru cependant devoir y revenir et y consacrer quelques lignes, afin d’attirer sur lui l’attention qu’il mérite. C’est à M. Yavin, amateur bien connu de jardi- nage, qu’est due cette invention, des plus simples du reste, et qui peut être décrite en quelques lignes. En eflet, ce sont des co- quilles d’œufs dont on a enlevé le contenu, que tout le monde connaît par conséquent. Pour que la démonstration fût plus com- plète, M. Vavin avait empli de terreau ces sortes de pots improvisés et avait, dans chacun, repiqué un plant. Inutile de dire que ces récipients doivent être ménagés et qu’on ne doit y mettre que des plants qui devront être mis en pleine terre, et qu’on devra aussi, pour qu’ils tiennent debout, en enfoncer très-légèrement la base sur une surface ameublie, soit une faible épaisseur de sable, de terreau, etc., etc. Si les œufs ont été cassés par la moitié, chacun d’eux fournira donc deux pots ; dans le cas con- traire, par exemple lorsqu’ils ont été man- gés à la (( coque, » on n’aura qu’un pot, mais alors plus long. Un autre avantage, c’est qu’on n’aura pas besoin de dépoter pour opérer la plantation; il suffira de placer ce pot-œuf dans le sol. en appuyant légèrement sur les parois qui, sous la moindre pression, se rompront et permettront aux racines de passer, de sorte que celles-ci trouveront dans le vase même un aliment dont la plupart s’accommo- deront parfaitement. En dire davantage sur cette innovation serait superflu. Je m’arrête donc et vais tâcher d’établir une comparaison, un rap- prochement entre ce système et un que pratiquent certaines peuplades américaines quand elles plantent des végétaux à la réus- site desquels elles attachent une certaine importance, par exemple au Maïs ou bien à d’autres sortes qui servent à leur nourri- ture : dans des têtes de poissons. Que se passe-t-il dans ce cas? Qu’à peine levée, la jeune plante trouve autour d’elle une sorte de nourrice qui la sustente et la fortifie, et fait que plus tard, robuste et vigoureuse, elle est mieux disposée à supporter les mau- vaises conditions dans lesquelles, en géné- ral, la placent ces indigènes. Dans le cas qui nous occupe, et bien que nos plantes soient placées à peu près toujours dans des conditions favorables, il ne peut que leur être avantageux d’ajouter à ces conditions, ce qui peut se faire sans augmenter les frais, le système d’élevage dont je viens de parler. May. LISIANTHUS RUSSELLIANUS Originaire du Mexique et du Texas, \eLi- sianthus Russellianus, Hook., Eustomma Riisselliana., Don., appartient à la famille des Gentianêes. En voici les caractères : feuilles ovales, oblongues, acuminées, oppO' sées, connées à la base, à 3-5 nervures ; fleurs très-grandes et très-élégantes, violet pourpre à fond plus foncé, disposées en cymes terminales lâches ; corolle à limbe (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 174. DES GROSSES ASPERGES. 189 étalé, large de 8 centimètres, à segments obovales, grands, presque deltoïdes, trois lois plus longs que le tube ; capsules à 2 et 4 loges incomplètes. Culture (suivant James Cutliill). — L’époque la plus favorable })our semer les graines du Lisianthus Russellianus est le mois de mars. En raison de la petitesse de ces graines, leur semis demande un surcroît de soin, car si on les sème à la manière ordinaire, sur un sol trop meuble, les })remiers arrosements les en- traîneront ; de là non succès. Préparez le compost suivant : une moitié de terre lï-anclie, l’autre moitié composée de ter- reau de feuilles, de terre de bruyère, de terre de marécages et d’un peu de sable. Couvrez le fond du pot ou de la terrine d’un épais lit de gravier ; remplissez ensuite avec ledit coni- })ost bien tassé, et le couvrez d’un pouce et demi environ de sable blanc. Mouillez le sable pour en durcir la surface ; semez alors, et ré- pandez sur les graines un peu de sable sec ; puis couvrez le tout d’une cloche à boutures ou d’une vitre. 11 faut ensuite soumettre le vase à une température de 70 à 80 degrés Falir. (15 à 18^ Réaumur), en plaçant par dessous une terrine qu’on ne laissera jamais sans eau, ce qui évitera d’arroser par dessus. En trois semaines ou un mois, les jeunes })lantes se seront montrées. Trois autres se- maines après, plantez-les séparément dans des pots proportionnés à leur force, et que vous remplirez du compost indiqué en les drainant convenablement. Enfoncez-les alors dans une couche à Melons , après quoi vous pouvez les arroser et sur la tête et dans la terrine. A l’au- tomne, si les jeunes pieds ont toujours été te- nus à une bonne chaleur, ils auront déjà formé de jolis buissons. Rabattez-en alors chaque rameau. En septembre, rempotez-les dans de larges pots, et pour tenir leurs racines pen- dant l’hiver dans un état intermédiaire, tout arrosement sur le pot doit cesser, mais non dans la terrine placée dessous. Aux approches de l’hiver, pas une goutte d’eau ne doit tomber sur les feuilles. C’est surtout au collet de la plante que la terre doit être tenue sèche, si on veut la conserver. L’endroit qui convient le mieux à ces Lisianthus est un colfre à un seul châssis, chauffé par un réchaud de fumier à 50 ou 60 degrés Fahr., et dans lequel on in- troduira l’air en avant et en arrière, afin qu’au- cune humidité ne puisse s’y concentrer et re- tomber sur les plantes. L’endroit ([ui lui con- vient assez encore est le coin le plus froid d’une serre chaude et très-près des vitres. Je l’ai aussi bien conservé dans les parties les plus chaudes de la serre tempérée ; dans cha- cun de ces cas je ne lui donnais que tout juste assez d’eau pour renqiécher de faner. Pendant un hiver sec il faut l’arroser tous les quinze jours ; si l’hiver est humide, une fois par mois. Vers la fin de février, placez vos plantes sur la couche à Melons, à une chaleur de 70 à 75 degrés Farh. (16 àlS» Réaumur), et dès qu’elles recommencent à végéter, rempotez-les largement en pro})ortionnant les pots à la force des sujets. Fig. 46. — Lisianthus Russellianus. Mon plus bel individu, planté ainsi dans un large pot, m’a donné jusqu’à 600 fleurs. Au fur et à mesure que le printemps s’avance, il est pour ainsi dire impossible de leur donner trop de chaleur et trop d’humidité. Elles sont avides d’engrais liquides. Il est inutile d’essayer, pour avoir de beaux individus, de les tenir à une chaleur moindre de 70 à 80 degrés. J’en ai fait pousser ainsi de 5 pouces en sept jours. En les sortant des bâches, il faut avoir grand soin de ne pas les exposer au soleil pendant quelques jours, et de ne pas non plus les sortir trop brusquement d’une at- mosphère très-chaude pour les placer dans un endroit sec et froid. IIaage et Schmidt, Horticulteurs marchands grainiers à Erfurth. DES GROSSES ASPERGES L’article si intéressant de M.Laisné, inti- tulé : Culture perfectionnée de V Asperge., qui a paru dans la Revue horticole, nous a valu plusieurs lettres de personnes qui, mettant presque en doute l’avantage qu’il y aurait d’avoir de très-grosses Asperges, l‘)0 rr.î’NUS l'ISSAHDl nous ojil posé diverses fiueslions pouvant se résumer ainsi : Pensez-vous qu’il soit préférable d’avoir de très- fortes Asperges et que, commercialement, une culture faite dans ce sens serait avantageuse ? Cette question, on doit le comprendre, est complexe, et pour y répondre nous devons entrer dans quelques détails particuliers. D’abord, au point de vue commercial, cela dé- pend des conditions de vente ou d’écoulement dans lesquelles on se trouve. Par exemple, le voisinage d’une forte ville, où se trouvent les grandes fortunes, peut faire que là il soit plus avantageux d’avoir moins et plus gros. Ainsi, pour citer des cbilVres proba- bles, nous dirons qu’à Paris une Poire, une Cerise, une Asperge, etc., extraordi- naires et tout à fait monstrueuses, seraient pécuniairement plus avantageuses que le double, le triple et même plus en poids de ces mêmes légumes, mais en petits échantillons. Dans ces conditions la quan- tité, le prix même ne sont que secondaires; ce que l’on veut, c’est du beau, du gros sur- tout ; la qualité même n’est qu’accessoire. Mais dans des conditions toutes différentes, c’est souvent, en général même, le contraire auquel il faut viser, tout ceci au point de vue commercial. En se plaçant dans les conditions ordi- naires, l’on peut affirmer qu’une production moyenne est ce qu’il y a de mieux; car, comme l’on dit, (( il y a plus de petites bourses que de grosses. )) D’une autre part, en général aussi, l’on peut presque affirmer que les produits d’une bonne grosseur moyenne sont les meilleurs. Si, dans certains cas, on trouve des qualités dans ceux qui sont excessive- ment gros, il faut bien reconnaître que ce sont des exceptions. De ce qui précède il résulte que, suivant les conditions dans lesquelles on est placé et le but qu’on cherche à atteindre, l’on de- vra viser aux produits exceptionnels ou bien cliercher à en obtenir de moyens. Les petits seront rarement avantageux. Quand il s’agit d’Aspei'ges, on peut affirmer qu’en dehors de quelques conditions particu- lières, toujours rares, il y a avantage à avoir de beaux produits moyens ; car, outre qu’ils sont toujours relativement bons, la quantité est toujours aussi plus grande. Dans tous les êtres il y a dans leur ensem- ble une soi te de balancement organique qui fait que, lorsqu’une partie se développe ex- traordinairement, c’est toujours aux dépens d’autres qui, pour cette raison, se trouvent entravées dans leur développement. Ce fait, qui est vrai et bien connu, du reste, pour les arbres fruitiers, n’est pas moins exact quand il s’agit d’ Asperges. Quand elles sont très-grosses, il y en a très-peu ; quand elles sont moyennes, davantage; si, au contraire, elles sont petites, il y en a un grand nom- bre ; mais alors ces produits sont moins beaux et souvent moins bons. C’est du « fretin. » Il est bien clair que dans toutes ces circonstances la nature du sol, les soins et la culture qu’on donne aux plantes peu- vent jouer un grand rôle sur les qualités et la beauté des produits. J’ai cherché à indi- quer une moyenne qui pût satisfairq le plus grand nombre. Le procédé de culture indi- qué par M. Laisné et publié dans la Revue horticole (1) pourrait-il modifier les résul- tats probables que je viens d’indiquer et faire produire beaucoup de belles, grosses et bonnes Asperges? Je le désire, mais n’ose l’affirmer. Je pose la question ; à l’ex- périence à la résoudre. Dûnnel. PRUNUS PISSARDU'» Cette espèce, que nous avons vue chez M. Paillet, horticulteur à Chatenay-les- Sceaux, est certainement la plante la plus remarquable qui ait été introduite depuis quelques années. Outre qu*elle est nouvelle et très-méritante, elle constitue, dans le genre Prunus^ une section particulière des plus intéressantes, à deux points de vue : comme arbre fruitier et comme sorte orne- mentale. En effet, elle n’est pas seulement remarquable par la coloration de ses feuilles qui est d’un rouge intense, à reflets nuancés ; ses fruits, dès leur formation, sont égale- ment d’un rouge très-foncé, caractère ab- (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 16G. (2) Par suite d’une erreur typographique on a, en parlant d’un Rosier asiatique que nous avons dédié à M. Pissard, écrii P issarii; c’est Pissardi qu’il fallait écrire. (Voir Revue horticole, 1880, p. 314.) GocLxrdy, del. ChT'OTTiclU^^.G-.Sei^ej'eyrcS. Pnunw Pummli . 191 QUELQUES MOTS SUR LA UUSTICITÉ DES PLANTES DITES DE SERRE CHAUDE. Sülumcni nouveau. Aussi est-il hors de doute qu’elle va faire une vérital)le révolution dans le domaine de l’horticulture. Grâce à la correspondance que nous avons eue sous les yeux et aux plantes que nous avons étudiées chez M. Paillet, nous jmuvons faire connaître l’histoire et les prin- cipaux caractères du Prunus que nous avons qualifié Pissardi en mémoire de M. Pissard, jardinier en chef du Shah de de Perse, qui l’a envoyé en France. Elle est, assure-t-on, originaire de Tauris, ville importante de la Perse, située à plus de 450 kilomètres de Téhéran, où elle est encore rare et très-recherchée à cause de la couleur de ses feuilles, mais surtout de ses fruits qui, d’un rouge foncé dès leur forma- tion, sont, pour cette raison, très-recherchés à Téhéran, même avant d’être mûrs, soit pour les manger avec du sel, soit pour or- nementer des desserts. On les offre même en cadeaux. L’étude que nous avons faite de cette espèce nous permet d’en donner une description exacte. Elle nous paraît rentrer dans le groupe des Mirobolans. Ses principaux caractères sont les suivants : Arbrisseau ou très-petit arbre buisson- neux, très-ramifîé. Rameaux dressés, à écorce très-noire, luisante. Bourgeons à écorce rouge foncé, lisse et comme vernie. Feuilles glabres, largement et régulière- ment ovales, brusquemejat rétrécies arron- dies au sommet, à dents petites, peu pro- fondes, d’un beau rouge pourpre dans toutes leurs parties, variant d’éclat et de brillant suivant la végétation, mais toujours très- colorées. Les fleurs, qui se montrent dans la deuxième quinzaine de mars, sont suppor- tées par un pédoncule grêle, rouge, glabre, d’environ 12-18 millimètres de longueur. ]]outons sphériques, petits, visibles dès la (în de janvier. Calice à divisions appliquées, ovales arrondies, rougeâtres, un peu ferru- gineuses. Fleurs d’environ 15-18 milli- mètres de diamètre, régulières, à pétales obovales d’un très-beau blanc, très-rare- ment légèrement nuancé rose ; étamines à filet blanc ou à peine carné, terminé par une anthère d’un rouge orangé vineux. Fruits petits ou à peine moyens, légèrement ovales, rouge foncé ou pourpré dès leur apparition, assez bons quand ils sont bien mûrs, à chair pulpeuse, juteuse, sucrée. Le Prunus Pissardi pourra être employé avec avantage pour l’ornementation des massifs et même placé dans les plates-bandes près des habitations, puisque, outre ses dimensions très-réduite.-^, il est toujours très-agréable à la vue par ses feuilles, ses fleurs, ses fruits et par la couleur de son écorce qui, toujours rouge, noire et luisante, constitue un ornement perpétuel. On pourra même le cultiver en pots comme les Spi- rées ou autres arbustes analogues, puisqu’il s’élève peu et se ramifie considérablement. C’est certainement, nous le ' répétons, la plante la plus remarquable qui ait été intro- duite depuis longtemps; aussi n’est-il pas douteux qu’elle sera très-recherebée de tous. Une seule chose est donc à désirer : que M. Paillet la mette bientôt au com- merce. E.-A. Carrière. QUELQUES MOTS SUR LES PLANTES DITES DE SERRE CHAUDE RUSTICITÉ DU MUSA EASETE Sous cette qualification : « plantes de serre chaude, on trouve des végétaux très-variés et de tempéraments non moins dissemblables, ce qui se comprend, cette appellation ne s’appuyant souvent sur d’autre donnée que celle de l’origine qui, en sup- posant même qu’elle fût exacte comme pays, ne fournit que des renseignements très-vagues sur la nature des plantes. En efïet, une même contrée, surtout si elle est étendue, comprend des sites très- divers, des sortes de climats particuliers sous les- quels peuvent vivre des espèces de tempé - raments très-différentSi Mais, d’une autre part, combien de fois n’arrive- t-il pas que des plantes rencontrées dans un pays n’y sont pas originaires et y ont été importées de pays très -différents ? De là des causes d’erreurs pour la dénomination des serres dont ces plantes sont censé avoir besoin pour prospérer, et qui peuvent même faire qu’une plante d’un tempérament très-robuste et même relativement très-rustique soit indi- quée comme étant une plante de serre chaude. D’une autre part encore, il arrive souvent, lorsqu’on reçoit une plante rare, que, même sans tenir compte du pays où elle vient, on la met à la chaleur, soit pour 192 QUELfjUËS MOTS SUR LA RUSTICITÉ DES PLANTES DITES DE SERRE CHAUDE. la faire pousser et la multiplier, soit par surcroît de précautions, et si elle s’y com- porte bien, on la laisse souvent pendant longtemps. C’est, par exemple, ce qu’on a fait pour le Paulownia^ VAucuha^ les Pivoines en arbre et même pour le Marron- nier commun qui, lors de leur introduction, ont été cultivés en serre chaude, même pendant de longues années. C’est probablement à des circonstances analogues à celles que je viens d’énumérer qu’il faut attribuer les faits que mon col- lègue, M. Louis-Jules, a rappelés dans un précédent article intitulé : Rusticité de quelques plantes de serre (1). Le seul crité- rium, en général, pour connaître exactement la nature rustique d’une plante quelconque, c’est l’expérience ; aussi doit-on, quand on est bien pourvu d’une espèce dont on cloute, en' mettre au moins un pied à la pleine terre. Après ces quelques considérations géné- rales, j’arrive à ce qui fait particulièrement l’objet de cette note, au Musa ensete, qui, lors de son introduction, et pendant même assez longtemps après, a été considéré comme une plante de serre chaude, bien qu’elle puisse s’accommoder d’une serre même froide, ainsi que le démontrent les faits que je vais rappeler. Il y a deux ans, nous fîmes venir des graines de Mcsa ensete ; sur trois graines qui ont bien réussi et qui nous ont donné de belles plantes, nous en avons placé un pied en serre chaude, afin de l’avancer pour la mettre en pleine terre plus tard, ce qui est le seul moyen pour l’avoir belle, cette espèce poussant mal en pots ; quant aux deux autres, elles furent serrées dans une orangerie grandement éclairée et aérée. On doit toutefois comprendre que, placées dans ces conditions, ces dernières, surtoutpendant l’hiver, ne prospérèrent guère; mais, néan- moins, l’on voyait qu’elles étaient bien por- tantes. Au contraire, le pied conservé en serre chaude faisait d’immenses progrès ; mais aussi, et malgré tous nos soins, la grise se mettait après ses feuilles, ce qui les fatigua beaucoup et leur donnait un air souffreteux et maladif, de manière que lorsque le moment venu de sortir cette plante pour la mettre en pleine terre fut arrivé, elle était dans un bien mauvais état. C’est à ce point que nous avons dû en prendre une des autres, plus petite, (1) Voir Revue horticole^ 1881, p. 97. pour planter sur la pelouse, devant la maison, place qui, du reste, avait été réservée et préparée à l’avance ; alors, et même en très- peu de temps, ce petit sujet a pris des pro- portions vraiment considérables et déve- loppé des feuilles de 1™ 50 de longueur sur GO à 70 de largeur, tandis que le pied qui avait été tenu en serre chaude, après avoir été mis en pleine terre, n’a fait que végéter et a poussé seulement quelques feuilles, petites et de mauvaise apparence, et, fina- lement, à la fin de la campagne, il n’était guère plus avancé. Au contraire, le pre- mier avait tellement poussé que lorsqu’ar- riva l’automne, nous avons dû prendre de grandes précautions pour le rentrer, cette fois non pas dans la serre chaude, vu ses grandes proportions, mais dans la vaste orangerie, doutant pourtant que, dans des conditions de température si défavorables, nous pourrions le conserver en bon état. Aujourd’hui, 19 avril, nous sommes heu- reux de constater le contraire, c’est-à-dire qu’il est très-bien portant et apte à faire un beau sujet pour la nouvelle campagne. Je dois surtout faire remarquer que, plusieurs fois, la température de l’orangerie descendit à 1 et 2 degrés au-dessous de zéro, et cela pendant plusieurs heures, aussi bien l’hiver dernier que le précédent. Que devons-nous conclure de ces faits ? Qu’ils viennent corroborer ceux dont a parlé notre collègue, M. Louis-Jules, que des plantes, venant même de contrées chaudes, peuvent très-bien supporter des abaissements de température sans en souf- frir. Le tempérament étant connu, et notam- ment l’extrême limite du froid qu’une plante est apte à supporter, faut-il admettre que cette limite demeure invariable à peu de chose près, et que le degré d’abaissement thermométrique peut faire périr une plante à l’époque de son introduction? Oui, si son tempérament n’est pas robuste ; mais comme ce tempérament n’est pas connu, il faut donc, ainsi que je l’ai dit plus haut, s’en assurer par l’expérience. Quoi qu’il en soit, les faits que je viens de faire connaître démontrent suffisamment que le Musa ensete, bien que provenant d’un pays très- chaud, peut néanmoins vivre dans des con- ditions relativement très-froides, contraire- ment à l’opinion émise par M. Lavallée au sujet de la Vigne du Soudan, rapportée par feu Lécard, et d’une autre part confirme SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. ce qu’a dit mon collègue, M. Louis-Jules, que parmi les plantes dites de « serre chaude, » il en est de tempéraments très- i93 difTérents, que seule l’expérience peut faire reconnaître. Adam, Jardinier chez M“' la baronne de Châteaubourg, à Château, par Yilleneuve-sur-Yonne (Yonne). SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 28 AVIUL -1881 Apports. — Au comité de culture pota- gère, qui était peu fourni, M. Pierre Lescault, cultivateur à Argenteuil, jtrésentait des bottes d’Asperges de toute beauté ; — M. Emile Rabier, G pots de Fraisiers Docteur Morère, avec de très-beaux fruits mûrs. Au comité d'arhoricultm'e fruitière, rien autre que deux sortes de Pommes locales, la Ponnne de Vigne et la Pomme de Chamnes, envoyées par MM. Ballet frères, de Troyes, et (jui, bien que de grosseur à peine moyenne, ont, disent les présentateurs, le double mérite de ne jamais manquer et de se conserver long- temps. Au comité de ftoriculture, les apports étaient nombreux. M. Falaise présentait plusieurs caisses de fleurs de Pensées; — M, Welker, des semis d’Auricules qui n’avaient rien de remar- quable. — Le jardinier de M. Lemercier, l’im- l)rimeur-litliographe si connu, avait apporté un magnifique spécimen de Coprosma Bauheri variegata, plante d’un aspect tellement sem- blable à certaines sortes de Fusains du Japon à feuilles panachées, que tous ceux qui le voyaient le prenaient pour une de celles-ci, ainsi que des fleurs coupées de trois variétés de Pélargonium zonale ; — M. Bullier, amateur à Sarcelles (Seine-et-Oise), un pied très-bien fleuri de Burling tonia venusta, espèce naine, à fleurs nombreuses, d’un blanc pur, disposées en grappes, à feuilles iridiformes. — M. Pain- tèche, horticulteur à Paris-Passy, exposait un Yucca gloriosa glauca medio picta, sorte magnifique à feuilles glauques très-longue- ment atténuées aux deux bouts, marquées au milieu, dans toute leur longueur, d’une large bande d’un blanc d’ivoii’e. — M. A. Bleu pré- sentait un Cattleya hybride qu’il a obtenu de semis du Cattleya Aucklandiœ fécondé par une autre espèce. Cette plante n’est, du l'este, pas la seule obtenue par cet horticulteur, qui est passé maître ; il en })ossède un grand nombre d’autres sur lesquelles nous revien- drons à l’occasion. — M. Jolibois présentait une gigantesque Broméliacée, très-remarquable par son port et sa végétation, qui rappelaient assez exactement ceux du Wriesea Glazio- weana. Cette espèce, qui probablement n’avait pas encore fleuri en France, a les feuilles très- longues et très-larges, canaliculées, très-cour- tement arrondies au sommet. Son inflorescence centrale est de toutes parts d’un gris ferrugi- neux dû à une sorte d’exsudation pelucheuse, - furfuracée. Quant aux Heurs, elles sont très- })etites, jaune violacé terne, à peine visibles. Nous l’avons nommée Ilohenhergia ferruginea. — M Michel, directeur des cultures de MM. Vil- morin, rue de Reuilly, à Paris, avait aj)porté ; Jo une grande quantité de fleurs d’Auricules aussi jolies que bien variées et qui faisaient voir tout l’avantage que l’on pourrait retirer de ces plantes à peu près complètement abandonnées aujourd’hui ; ‘2® un certain nombre de variétés de Myosotis alpestris montrant, outre tout le parti que l’on peut tirer de ces plantes pour l’ornementation printanière des jardins, com- ment se forment les variétés, par conséquent les espèces, ce que tant de botanistes ignorent. En effet, après avoir été cultivée sans presque va- rier pendant une dizaine d’années, cette espèce s’est mise à se modifier parla couleur des fleurs et les dimensions des plantes, ce qui a permis à ces messieurs de fixer des variétés très-com- pactes à fleurs blanches, roses, etc., auxquelles ils ont appliqué le qualificatif elegantissima ; 3» un lot composé d’une douzaine d’individus d’une race de Giroflée des murailles, perfec- tionnée, plantes des plus remarquables, robus- tes, à rameaux floraux portant de très-gros épis dressés et compacts, composés de fleurs doubles variant du jaune au brun plus ou moins foncé, en passant par tous les intermé- diaires. Ces plantes ne sont pas seulement ornementales ; mais, comme les Myosotis, elles montrent comment les races se forment, et même à un degré plus élevé, puisqu’elles sont à fleurs pleines et que les couleurs se repro- duisent par les graines. — Gomme à peu près toujours, M. Godefi’oy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil, faisait un apport remarquable com- prenant les Dendroèium/îmèriafwm oculatum, espèce à très-grandes fleurs jaune foncé, mar- quées au centre d’une large macule noire, ori- ginaire du Népaul ; D. Griffithi, espèce rare, à hampes pendantes ou pleureurs, terminées par un long épi lâche de fleurs jaune clair ; un Oncidium Harissonvi, originaire du Brésil, portant deux hampes terminées par une inflorescence compacte d’un jaune roux cui- vré taché de noir ; enfin un Fritillaria re- curva, espèce à fleurs rouges formant des sortes de cloches tubuleuses. Cette espèce, qui est originaire de la Californie, a les feuilles lon- gues et étroites, verticillées, qui rappellent m DES CLOTURES. assez celles du FriUllaria aurca, que nous avons décrit et figuré dans ce journal (1). A. la séance, M. Duchartre a fait remarquer que, d’après des études faites dans différentes cultures, les deux grands organes ligneux qui constituent les Weliuitschia sont des sortes de ramifications, mais non des cotylédons, ainsi ({u’on l’avait cru pendant longtemps ; qu’ils naissent au-dessus des cotylédons et o])[>osés à ceux-ci qui, petits, disparaissent assez prom})te- ment. M. le secrétaire général lit une lettre de M. Alfred Dumesnil par laquelle celui-ci annonce à la Société qu’il continue ses expéidences de culture sans terre^ et qu’il se propose d’envoyer à Paris des écliantilloiis à la procliaine exposi- tion, ce qui nous permettia d’a})précier di* vue le mérite de cette culture, sur laquelle les opinions sont très-parlagées. Enfin la séance s’est terminée par une con- férence faite par M. Emile Cliaté sur l’essim- plage des Giroflées. En termes très-clairs et concis, le conférencier a d’abord fait l’histo- rique de cette opération toute pratique qui, d’abord empiri({ue, a, }>ar l’observation et rex]»érience, pris un certain cachet scientifique, mais qui, toutefois, en rapport avec les lieux, est toujours d’une api>lication difficile, excepté pour les quelques espèces que l’on cultive et avec lesquelles on est devenu familier. C’est presque une question de tact. E.-A. Carrière. DES CLOTURES Il ne suffit pas de créer, il faut garantir les créations. Les moyens de garantie sont nombreux et très-variés, 'mais de formes et de valeurs très -différentes. Un point essen- tiel, c’est de réunir à l’utile et à l’agréable la solidité qui les complète. Sortes d’hybrides d’économie domestique ou mieux rurale, les clôtures s’applic^uent à tout, aussi bien au jardin qu’à la ferme. Ce qu’il faut, nous le répétons, c’est que, tout étant solides, les clôtures soient appro- priées aux choses et presque dissimulées, de façon à ne pas ôter le « coup d’œil » et ne pas isoler les choses clôturées qui. Fig. 47. — Nouvelle ronce artificielle en fil d’acier galvanisé (partie détachée). alors, se rattachent à l’ensemble dont elles font partie. Ce sont des avantages que, au plus haut degré, paraissent réunir les pro- Fig. 48. — Bobine d’enroulement de la ronce artificielle. cédés de clôture que vend l’établissement Th. Pilter, 24, rue Alibert, à Paris. La Nouvelle ronce artificielle, en fil d’a- (i) Voir Revue horticole, 1878, p. 87. cier galvanisé, convient particulièrement pour l’usage des jardins ; elle est représentée par les figures 47, 48, 49. Ces fils de fer ont ces avantages multiples, d’abord d’ètre éco- nomiques, d’un emploi facile, de pouvoir être presque dissimulés et pjacés à volonté là où l’on en a besoin, et, de plus, de s’en- lever plus facilement, et alors d’étre rangés sous un très-petit volume, puisqu’ils peuvent s’enrouler comme de la ficelle et former une pelctte (fjg. 48). Quant à l’emploi, il est des plus faciles, puisqu’il s’agit simplement de fils de fer à tendre. Si on a des massifs peu élevés à ga- rantir, un fil placé à quelque distance du sol pourra suffire. Si, au contraire, on a à se défendre contre de forts animaux, on met- tra, suivant les cas, deux ou trois cordons de fils de fer. Les divers mérites que présente ce mode de clôture ont été parfaitement indiqués dans les quelques lignes qui suivent : CULTURE ROURGEOISE DU CRESSON DE FONTAINE. 195 Les îivanlages d’une clôture de ronce artifi- cielle ou en fil d’acif'r sont tels que^, à })reinière vue meme, ils s’imposent à la considération du cultivateur économe et des pi-opriétaii’es qui ont besoin de clôtures bien faites et infranclii.s- sables. Par son coût modique, c’est la moins dis- pendieuse de toutes les clôtures. Faite en fil d’acier galvanisé, elle est indestructible. Elle ne })eut être bn'dée, jetée à terre par les Vents, ni dé- tériorée par la rouille ou l’iiumidité. Lien posée, cette ronce artificielle a une durée illimitée. La ronce artificielle se compose de deux forts fils d’acier, tordus très-serrés (lig. 47), l’im des fils ayant à des intervalles mesurés un petit nœud dont les deux bouts saillants for- ment biseau très-aigu. Ces pointes ou ronces ne sont j)as des poin- çons qui coupent ou blessent ; ce sont seule- ment des épines d’acier qui rei)Oussent par une simple égratignure. Ajoutons que, par la llexibilité et la faci- lité à s’enrouler, les « ronces artificielles » sont susceptibles de prendre toutes les di- Fig. 49. — Emploi de la ronce artificielle dans l’intérieur d’une ferme pour protéger certaines parties, telles que pépinières, vergers, etc. rections et de pouvoir circonscrire les mas- sifs et les corbeilles, quelles qu’en soient les formes. Aussi, à tous les points de vue, ce mode de protection est-il une invention heu- reuse qui trouvera son application par- tout, au jardin comm.e à la ferme, et qui rendra service à la petite et tà la grande culture. La Ronce artificielle nous a paru une des CULTURE BOURGEOISE D C’est une idée encore trop généralement répandue que, pour avoir du Cresson de fon- taine, il n’y a qu’à en planter dans un cours d’eau, et qu’ensuite on n’a plus à s’en oc- cuper. C’est là une erreur qui fait que bien sou- idées îes'plus ingénieuses mises en pratique par la maison Pilter, qui s’occupe depuis longtemps des dilïérentes sortes de clôture, et a contribué à vulgariser l’emploi des grillages mécaniques en fils de fer galva- nisés; la Ronce artificielle, en répondant à d’autres besoins, n’aura pas un succès moins grand. E-A. Carrière. CRESSON DE FONTAINE vent, après en avoir tenté la culture, on y renonce parce que l’on ri’a pas obtenu les résultats sur lesquels on comptait. Il en est du Cresson comme de toutes les autres plantes. Son produit est d’autant plus avan- tageux que la culture est mieux soignée. 19G RHODODENDRON ASCOTT BRILLANT. Pour obtenir un bon résultat, il faut donner aux plantes quelques soins que nous allons indiquer aujourd’hui, espérant qu’ils pour- ront être utiles, soit à quelques proprié- taires, soit à quelques jardiniers de maison bourgeoise. Il suffit pour établir cette culture d’avoir à sa disposition un petit ruisseau d’eau courante. A défaut de source, rien n’est plus facile que d’en improviser un partant d’un réservoir un peu élevé — même d’un ton- neau — et se dirigeant du côté où le terrain présente une légère inclinaison. On peut aussi, là où il y a une rivière an- glaise ou un étang, établir sur les bords une cressonnière, ou mieux faire une petite « saignée » pour détourner un (( filet » d’eau qui va se jeter dans une petite fosse disposée à cet effet, et dont l’étendue est en rapport avec les besoins. Ceci entendu, voici quels sont les prin- cipaux soins à observer pour avoir une bonne récolte. D’abord de l’eau qui, plus elle sera renouvelée souvent, mieux vaudra ; ensuite refaire le Cresson tous les ans, en ayant soin de changer la terre usée et d’ajouter du terreau ou du fumier consommé. L’eau ne doit pas être profonde de plus de 15 à 20 centimètres, ou alors il faudrait ne planter^ que sur les bords. RHODODENDRON Cette splendide plante est issue, par hybridation, du Rhododendron Thomp- sonœ, espèce bymalayenne, et d’une sorte américaine rustique, probablement des Cateshœi, dont la plante a un peu l’aspect. Elle constitue un vigoureux buisson assez compact qui se maintient et qui, à moins de froid exceptionnel, ne souffre pas l’hiver, même sous le climat de Paris. Feuilles lar- gement et courtement ovales-elliptiques, planes, d’un vert foncé en dessus, d’un vert clair légèrement glaucescent en dessous. Inflorescence forte, se tenant bien. Fleurs larges, courtement et régulièrement cam- paniformes , d’un rouge excessivement intense, bien que très-agréable, uniforme à l’extérieur comme à l’intérieur. Pédoncule gros, vert, très-légèrement villeux, à l’ais- selle d’une large bractée légèrement rou- geâtre ferrugineuse, sensiblement villeuse. Calice rose, à divisions courtement ovales. Corolle campanulacée, bien ouverte, à six Le fond de la cressonnière doit être vidé tous les ans, vers la fin de l’été, époque qui m’a paru la plus favorable à la replan- tation du Cresson. Après avoir remis 10 centimètres de nou- velle terre et 4 centimètres de terreau par dessus, il n’y a plus qu’à planter des bran- ches de Cresson à 12 ou 15 centimètres les unes des autres, ce qui se fait avec le bout du doigt. Huit jours après la plantation, ces bran- ches auront des racines, et au bout d’un mois on pourra commencer la récolte, qui durera jusqu’à l’année suivante, sauf par les grands froids. Quand on ne fait pas une culture commerciale du Cresson, le mieux est de ne pas le couper pour faire la cueille, mais de l’arracher, ce qui a l’avantage d’é- claircir les endroits les plus garnis ; autre- ment le Cresson mettrait beaucoup plus de temps à repousser, et après la deuxième coupe il faudrait refaire la plantation. Il va de soi que si les plants étaient distants, il ne faudrait pas les arracher, mais en cueillir l’extrémité des tiges. Telle est la manière dont au point de vue bourgeois nous cultivons le Cresson depuis de longues années, qui nous a toujours donné d’excellents résultats et nous engage à la recommander. Louis Jules. lSGOTT brillant divisions très-larges, se recouvrant bien par les bords ; étamines à filets rosés inégaux, n’atteignant guère que la moitié de la lon- gueur de la corolle ; style rosé comme les étamines, dépassant à peine la corolle. Le Rhododendron Ascott brillant a été obtenu en Angleterre par feu Standish, il y a déjà longtemps. Bien que ce ne soit pas ce qu’on appelle une « nouveauté, » ce n’en est pas moins une très-jolie variété qui, pour la richesse du coloris, par conséquent par l’effet ornemental, n’a pas été dépassée, ce qui nous a engagé à la faire connaître, la recommandant à tous les amateurs de belles et bonnes plantes. Il a encore le grand avantage d’avoir des fleurs robustes qui résistent assez bien aux contre-temps, les- quelles, aussi coupées et mises dans l’eau, s’y maintiennent parfaitement pendant long- temps. La floraison a lieu vers le milieu d’avril. E.-A. Carrière. CORRESPONDANCE. — LES CATALOGUES. 197 CORRESPONDANCE N° 4578 (Vendée). — Vous pourriez vous adresser à M. Buclietet, peintre et mouleur de fruits, rue d’Enfer, 18 his, Paris, un de nos })reniiers artistes en ce genre et qui, sans au- cun doute, pourra reproduire toutes les collec- tions fruitières dont vous auriez besoin. Vous pourrez avoir d’autant plus de confiance en M. Buclietet que, outre qu’il est artiste, il pos- sède des connaissances pomologiques très- étendues, et que, toute sa vie, il s’est tout particulièrement occupé de l’étude des fruits. — M. R. (Paris). — Vous trouverez le P/m- langium liliastrum, et meme une variété à Heurs plus grandes, par conséquent plus mé- ritante, chez M. Godefroy-Lebeuf, horticul- teur, 26, route de Sannois, à Argenteuil (Seine-et-Oise). — M. L. M. (Allier). — L’administration de la Revue horticole ne se charge pas d’envoyer des plantes, ni aucun objet d’aucune sorte, à l’exception des livres qu’elle peut fournir par l’intermédiaire de la Librairie agricole de la Maison rustique. Quant au Fuchsia fulgens immila., que vous désirez acheter, vous le trou- verez chez MM. Thibaut et Keteleer, horticul- teurs à Sceaux (Seine). — No 4656. — Voici, au sujet de la Fraise Pellissier, l’adresse que vous me demandez : M. le docteur Miran, à Lectoure (Gers). Nous avons aussi reçu de vous une lettre que nous croyons devoir publier en partie, afin de rendre plus claires les observations qui sui- vent. Vous nous écrivez : « Lorsque vous annoncez, ou plutôt lorsque vous parlez, dans la Chronique ou dans la Revue horticole, d’une plante nouvelle, veuil- lez donc toujours indiquer la maison où l’on l>eut s’adresser pour se la procurer. « C’est aussi à cause d’un système de chauf- fage de serre que je vous adresse cette lettre. Vous avez rendu comi)te du système de chauf- fage Lemeunier, établi au Pdeuriste de Paris. Je désire le connaître et, pour cette raison, savoir où habite M. Lemeunier. Vous devez comprendre que pour les amateurs qui, comme moi, demeurent à vingt-cinq lieues de Paris, et qui n’ont pas de rapports avec le Fleuriste de Paris, des indications plus précises seraient bien utiles, indications qui ne consisteraient qu’à dire : Monsieur un tel, telle rue, tel nu- méro, etc. » Réponse. — Nous vous ferons remarquer que le plus souvent les indications que vous reclamez sont données dans la Revue horti- cole; seulement elles ne sont données que le jour où nous parlons pour la première fois d’une nouveauté quelconque. Vous pourriez vérifier la chose au sujet de M. Lemeunier. Mais vous admettrez bien que nous ne pouvons faire davantage, et qu’il nous est impossible de nous astreindre à ne jamais prononcer le nom soit d’une plante, soit d’un instrument, sans y ajouter le nom et l’adresse de l’horticulteur ou du fabricant. Ce sont, croyons-nous, les horticulteurs, fa- bricants ou marchands d’objets horticoles quel-_ conques qui, dans leur propre intérêt, devraient prévoir ces choses et profiter des pages réser- vées aux annonces pour faire connaître leur adresse. Ceci dit, M. Lemeunier, fabricant de chauf- ages de serre, demeure rue du Puits-de-Lher- mite, 19, Paris. — Pour renseignements sur le chaulTage : M. Drouet, directeur du Fleu- riste de Paris, avenue du Trocadéro. LES CATALOGUES J. Linden, horticulteur à Gand (Belgique). Catalogue des plantes nouvelles pour 1881 : Amorphophallus Lacom’ü (Cochinchine), Aspi- dium Germinyi, Olivia Lindeni, Colocasia Neo-Guinensis (Nouvelle-Guinée), Dracæna Lindeni (îles Salomon), Geissoisracemosa{^ovi- velle-Galédonie), Licuala ( PritchardiaJ gran- dis, Pothus aurea (îles Salomon), Selaginella Vageli foliis variegatis, belle plante à feuilles panachées. Outre ces quelques plantes, qui constituent la première série du catalogue et qui sont figurées, s’en trouvent beaucoup d’au- tres, d’introduction récente, se rapportant à des catégories diverses. Parmi celles-ci, il en est une sur laquelle nous appelons particuliè- rement l’attention : c’est VAlocasia Thibauti, plante de tout premier mérite, à feuilles de dimensions extraordinairement grandes. — A. Bleu, horticulteur, 48, avenue d’Italie, Paris, publie un catalogue pour 1881 en tête duquel se trouvent les nouveautés de Caladium bulbosum qu’il vient de mettre au commerce, au nombre de douze. Parmi les nouveautés diverses, on remarque VÆchmea Glaziovi, d’introduction tout à fait récente, dont nous avons donné une description (1) ; trois Bégo- nias caulescents ; douze Bégonias « à feuiL (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 100. 198 NEVIUSI ALAUAMEiNSIS. — DES BRUYERES. laye. » Toutes ces j)Ianies, des ])lus remarqua- Lles, sont décrites, ce qui permet de s’en faire une idée, bien relative toutefois, car (|ui })0urrait décrire ces feuilles de Caladium, ]>ar exemple, si brillamment colorées, dont la dis- position et rarrangement des couleurs est tel, que rimaginafion même la plus féconde ne pourrait les })réciser?Il va sans dii‘c que, outre ces nouveautés, on trouve chez M. Bleu toutes celles mises au commerce antérieurement par cet horticulteur, qui sont tout aussi méritantes ; le seul défaut de celles-ci est d’avoir quelques années de plus que celles-là, ce qui n’en atfai- blit pas la l)eauté. E.-A. Carrière. NEVIUSIA ALABAMENSIS Arbuste nain. Feuilles caduques, alternes, ovales, courtement arrondies, sensiblement et irrégulièrement dentées, fortement ner- vées, rappelant assez comme aspect général celles du Rhodotypiis kerrioides. Fleurs disposées en corymbes à Textrémité de courtes ramilles, sur un pédoncule grêle d’environ 4 centimètres. Calice à 5-G divi- sions foliacées assez grandes, finement den- tées. Étamines très-nombreuses, formant une sorte de faisceau léger et gracieux, à filets blancs fins et soyeux, terminés par une anthère jaune qui produit un contraste assez agréable. Voici ce qu’en dit M. Lemoine, de Nancy, dans son catalogue de printemps pour 1881 : Ar buste nouveau s’élevant à près de 2 mèlres et lleurissant au pi'emier printemps, rare même dans son pays natal, Etat d’Alabama, découvert par le docteur Nevius et décrit par Asa Gray, qui le considère comme représentant un genre inconnu ; scs fleur\s sont foimrées de toutfes d’étamines blanc pur avec les anthères jaunes, ressemblant assez à des fleurs de Myrte dépourvues de pétales. Son pord et sa végéta- tion lui donnent l’apparence de certains Spiræa; ses longues l’arnilles garnies de fleur's, loi-sque l’arbude est en pleine floi'aison, ju'oduisent l’elfet d’un buisson couvert de ireige. Il })ourra facilement êtr-e for’cé. Le Neviusia AJ ah amen sis, Asa Gray, sera-t-il rustique sous le climat de Paris? Le fait est à peu près certain. Ce sera un arbuste printanier qui fleurira aux premiers beaux jours, lors du développement de ses jeunes pousses, qu’il couronnei'a par des ombelles de petites houppes légères produi- sant un assez joli effet. E.-A. Carrière. DES BRUYÈRES La réputation qu’on a faite aux Bruyères comprend deux ordres très-différents : l’un dans lequel on a fait ressortir leur mérite ornemental, l’autre où Ton s’est préoccupé de montrer la difficulté de leur culture. Sur le premier point, il y a peu à dire: les auteurs ont été à peu près unanimes à déclarer que toutes ces plantes sont d’un mérite exceptionnel ; mais il en est autre- ment sur le second, et sur ce point on a sin- gulièrement exagéré, car si en effet la cul- ture des blricas est un peu plus difficile que celle de certaines plantes herbacées, elle est cependant loin d’étre ce qu’on Ta faite, ce que cherchera à démontrer un de nos colla- borateurs des plus compétents en ce genre, M. Gentilhomme, horticulteur, rue de Fon- tenay, à Vincennes, qui se livre exclusive- ment et sur une très-grande échelle à la culture des Éricas. D’une autre part, nous avons pensé qu’une revue des espèces connues, c’est-à-dire une description sommaire et pratique de cha- cune d’elles, pourrait présenter un certain intérêt pour nos lecteurs, ce qui nous en- gage à entreprendre ce travail qui, du reste, nous sera d’autant plus facile que M. Gen- tilhomme veut bien mettre à notre disposi- tion, comme élude, sa collection de Bruyères qui compte près de 200 espèces. Nous avons donc lieu d’espérer que, faite dans ces con- ditions, l’étude dont nous parlons, présen- tera un certain intérêt, surtout au point de vue pratique. Après ces quelques considérations géné- rales, nous allons commencer la description des espèces telles qu’elles se présenteront, devant plus tard y revenir dans un travail d’ensemble qui formera une sorte de classi- fication. Érica alopecuroides . Plante compacte. Rameaux en épis dressés, à ramifications subérigées. Feuilles aciculaires, longues d’environ 6 millimètres, vertes, glabres. Fleurs rose vineux, très-nombreuses, sur un pédoncule très-ténu d’environ 8 milli- DES BF\UYÈUES. 199 mètres de longueur. Corolle urcéolée, lon- gue de 4 millimètres, large d’à peine 3, rétrécie au sommet, où les anthères noires, un peu saillantes, forment contraste ; style légèrement saillant. Écailles calicoïdes colo- rées, appliquées. Octobre-novembre. E. ciibica. Compacte et naine, cette espèce, qui est excessivement floribonde, « se fait » bien. Feuilles très-petites, très-rapprochées, d’environ 3 millimètres, légèrement relevées vers le sommet. Fleurs très-nombreuses réunies au sommet de petites ramilles. Co- rolle campanulée, d’environ 3 millimètres de diamètre, à divisions largement ovales, d’un rose vineux; étamines incluses; style très-ténu, longuement saillant; pédoncule fdiforme d’environ 8 millimètres de lon- gueur. Écailles calicoïdes courtes, épaisses, rose foncé. Juillet-août. E. sulfurea. Plante robuste, à branches dressées, allongées, à ramifications nom- breuses se terminant par une fleur. Fleurs tubuleuses, longues de 21 millimètres, larges de 4 au sommet. Corolle sessile, s’é- largissant régulièrement à partir de sa base, d’un jaune soufre pâle, à 4 divisions peu profondes ; étamines de la même longueur que la corolle ; anthères noires, à peine sail- lantes, légèrement dépassées par le style. Écailles calicoïdes vert jaunâtre, longue- ment acurninées. Août-septembre. E. JÀnneayia. Branches strictement dres- sées, se couvrant de ramilles courtes. Feuilles ténues, excessivement rapprochées, d’un vert foncé à reflet argenté par une villosité métallique. Fleurs tubuleuses solitaires, sessiles à l’extrémité des ramilles, longues d’environ 16 millimètres. Corolle d’un blanc liacré, comme transparent, glabre, subitement renflée près du sommet (comme le battant d’une cloche), puis brusquement rétrécie et se terminant par 4 divisions courtes; étamines incluses, à anthères noires ; style à peine saillant, à stigmate noir formant avec les étamines un contraste très- agréable. Écailles calicoïdes vert blan- châtre, longuement appliquées. Septembre à novembre. E. Linneana superha. Semblable à la pré- cédente, dont elle ne diffère que par ses fleurs, un peu plus grandes et plus fortes ; chez l’une comme chez l’autre, il arrive parfois, surtout quand les plantes fleurissent dehors, que la corolle se colore plus ou moins, et passe au rose foncé et même vineux. Par- fois aussi le bouton devient de suite d’un rouge intense qui, avec le vert des feuilles qui l’entourent, produit un agréable con- traste, ce dont le cultivateur n’est pas sa- tisfait, car c’est un signe certain que ces fleurs ne s’é[)anouiront pas ; elles augmen- tent un peu, puis sèchent. E. gracilis autumnalis. Naine, robuste et compacte. Branches très-rameuses, à rami- fications dressées, courtes. Feuilles très- ténues, rapprochées, longues d’à peine 4 millimètres, subérigées le long des ra- milles qu’elles cachent. Fleurs rose violacé, sur un pédoncule coloré d’environ 4 milli- mètres. Corolle urcéolée, subsphérique, dépassant à peine 2 millimètres de diamètre ; étamines et styles complètement inclus. Écailles calicoïdes très-petites, fortement colorées. Septembre à novembre. E. versieolor. Branches dressées, peu nom- breuses, villeuses, lanugineuses. Feuilles étalées villeuses, surtout sur les bords. Fleurs sessiles, ordinairement réunies par trois à l’extrémité de courtes ramilles. Corolle tubuleuse, longue d’environ 25 mil- limètres, large de 4, à peine très -légère- ment rétrécie vers le sommet, de couleur rouge cuivré foncé, excepté à l’extrémité, qui est d’un jaune verdâtre, terminée par quatre divisions courtes largement ovales ; étamines à anthères brunes, à peine légè- rement saillantes ; style très-ténu, courte- ment saillant, verdâtre. Écailles calicoïdes relativement très-grandes, colorées, longue- ment appliquées. Octobre à décembre. E. cafra (E. exsurgens). Buissonneuse et naine. Branches courtes, à écorce gris roux, villeuse. Feuilles d’un vert cendré, sensiblement velues, longues de 4-5 milli- mètres. Fleurs excessivement nombreuses, courtement campaniformes, longuesde4 mil- limètres, larges d’environ 3, blanches, à quatre divisions largement ovales ; étamines à anthères roux brun, arrivant à peu près aux deux tiers de la corolle, non dépassées par le style. Écailles calicoïdes courtes, jau- nâtres. Août-septembre. Les ramilles florales de cette espèce sont tellement courtes et rapprochées, que les fleurs qui les terminent cachent complète- ment les rameaux, qu’elles transforment en sorte de pompons compacts d’environ 1 centimètre de diamètre. E. monadelpha. Branches peu nombreu- ses, longuement effilées; ramilles florales 200 QUELQUES PLANTES courtes, réunies et constituant, à des dis- tances irrégulières, des sortes de verticilles ou groupes floraux. Ecorce rougeâtre, cour- tement villeuse. Feuilles écartées, longues d’environ 6-8 millimètres. Fleurs solitaires, réunies en groupes à l’extrémité des ra- milles. Corolle tubuleuse courtement vil- leuse, longue de 18 millimètres, large de 5 dans son plus grand diamètre, un peu rétrécie près de l’ouverture du tube, qui se termine par quatre divisions très-courtes, d’abord rose clair ou carné, passant au rose vineux ou violacé. Écailles calicoïdes jau- nâtres, longuement appliquées. Septembre- octobre. E. mammosa minor rosea. Branches dressées. Feuilles étalées de 4-6 millimè- tres, vertes, glabres, comme toute la plante, du reste. Fleurs réunies par groupes, éta- gées sur des branches ordinairement dé- pourvues de ramifications, solitaires sur un pédoncule coloré d’environ 4 millimètres. Corolle tubuleuse un peu arquée, longue de 12 millimètres, large d’au moins 4, s’atténuant vers le sommet, qui est à peine très-légèrement lobé, de couleur rose vineux foncé ou violacé ; étamines incluses ; style QUELQUES PLANTE! Aquilegia chrgsantha. — Vivace, rus- tique. Tige élancée. Feuilles à divisions plus fines et plus nombreuses que celles de l’espèce commune. Fleurs fortes, d’un jaune pur dans toutes les parties, à divisions ex- ternes grandes et assez larges. Éperons très- longs. Étamines nombreuses, à filets et à anthères également d’un beau jaune. Plante très-ornementale par la couleur de ses fleurs, qui tranchent agréablement et forment un très-beau contraste avec les autres espèces du genre quand on les mé- lange ensemble. Mais, comme toutes ses congénères aussi, VA. chrysantha est très- variable, et déjà elle a produit des variétés dont les fleurs diffèrent par la couleur, la disposition, lesdimensionset même la forme, d’où l’on peut conclure que bientôt et par ses enfants cette espèce, qui lors de son arrivée chez nous était si différente, se trouvera confondue avec ses congénères. Pélargonium cucullatum flore pleno. — Tout aussi vigoureue que le type à fleurs RECOMMANDABLES. saillant en dehors de la corolle. Écailles ca- licoïdes élargies à la base, étroitement im- briquées, aiguës, de la même couleur que la corolle. Août à octobre. E. mammosa purpurea. Branches lon- guement érigées, généralerxient dépourvues de ramifications. Feuilles glabres comme toutes les autres parties de la plante, longues de 7 millimètres, couchées sur les rameaux. Fleurs solitaires sur un pédoncule légèrement coloré de 8-10 millimètres de longueur, réunies en groupe plus ou moins volumineux, et cachant là complètement le rameau. Corolle tubuleuse d’un rouge sang, surtout vers l’extrémité, longue de 2 cen- timètres, large d’au moins 5 millimètres dans le plus grand diamètre, un peu ar- quée, régulièrement atténuée, mais non étranglée vers le sommet qui est à peine très-courternent denté; étamines à filets plus courts^ que le style, qui jamais ne passe la corolle, laquelle est luisante et comme ver- nie. Écailles calicoïdes colorées, appliquées sur la corolle, avec laquelle elles se con- fondent. Août-septembre. E.-A. Carrière. I RECOMMANDABLES simples, dont elle a l’aspect et tous les caractères, cette variété est surtout remar- quable par ses fleurs qui , extrêmement abondantes, sont réellement pleines ; elles sont d’un très-beau violet rosé et ont les pétales internes nombreux et étroits. C’est une plante à grand effet, propre non seule- ment à la culture en pots, mais pour la pleine terre, dont elle s’accommode très- bien, et qui pourra servir à composer des massifs dans lesquels, plantée près d’es- pèces à coloris clair, elle fera ressortir ceux- ci et produira un contraste des plus agréables . Tulipa Greigii flore pleno. — Cette es- pèce ne présente rien de particulier dans son port et sa végétation, si ce n’est par les maculatures brunes ou marron de ses feuilles, qui rappellent un peu celles de V Erithronium dens canis. Quant aux fleurs, qui sont très-jolies, elles sont d’un rouge orangé feu ou vermillonné Très-cu- rieuse. Fleurit en mars-avril. lmp. Georges Jacob , — Orléans. AUX ABONNÉS DE LA REVUE IIORTIGOLE Nous avons la satisfaction d’annoncer à nos lecteurs que M. Edouard André remplira, à partir du janvier 1882, conjointement avec M. E.-A. Carrière, les fonctions de rédacteur en chef de la Revue horticole. Cette direction nouvelle, résultant de la collaboration étroite de deux hommes si connus et si appréciés du public horticole, sera féconde, nous l’espérons, pour les intérêts de l’horticulture française, soutenus par notre journal depuis plus d’un demi-siècle. Il serait superflu de faire ici, dans la Revue horticole, l’éloge de M. Carrière : trente ans de services rendus ix l’Etat comme chef des pépinières du Muséum d’histoire naturelle après un long stage dans toutes les parties de l’horticulture, les nombreux et importants ouvrages qu’il a publiés depuis 1847, et enfin les quatorze années de travail qu’il a consacrées à la Revue horticole en qualité de rédacteur en chef, ont entouré son nom d’une juste popularité. Il continuera, comme par le passé, à donner tous ses soins à notre journal, auquel il s’est dévoué tout entier, et qui lui doit déjà la plus grande part de son succès. Sans qu’aucune limite soit assignée à chacun des deux rédacteurs en chef, c’est M. Carrière qui restera plus spécialement chargé de l’arboriculture fruitière, de la floriculture et du potager, ainsi que de la chronique horticole et de la cor- respondance, tandis que M. Ed. André s’occupera plus particulièrement, avec sa haute compétence, de l’art des jardins, de l’horticulture de la région méridionale et de l’horticulture étrangère. Mais si nous ne pouvions faire ici l’éloge de M. Carrière autrement que pour reconnaître publiquement les services qu’il a rendus à la Revue horticole, il nous sera permis de rappeler à nos lecteurs les titres de M. Ed. André, qui a bien voulu nous apporter son utile concours, et que nous avons eu la bonne fortune de pouvoir associer à M. Carrière dans la direction de notre journal. M. Ed. André a commencé sa carrière de publiciste horticole en 1860, dans le journal même où il entre aujourd’hui comme co-rédacteur en chef. Nos lec- teurs ont été mis, à de fréquentes reprises, au courant de ses travaux. Après avoir dirigé pendant quatre ans l’établissement municipal connu sous le nom de « Fleuriste de la Muette, » il a été chargé du service des squares et parcs subur- bains de Paris, et a planté, notamment, le parc des Buttes-Chaumont. En 1867, il quitta la France pour se consacrer à la création du plus vaste des parcs publics de l’Angleterre, le Sefton Park, à Liverpool, dont il avait obtenu les travaux comme architecte, à la suite d’un concours international où il avait remporté le premier prix sur un grand nombre de concurrents. La Revue a publié en 1868 (p. 337) un article sur cette grande entreprise, terminée en cinq années sous la direction de M. Ed. André, à l’honneur de notre art national. Continuant en France et à l’étranger ses travaux d’architecte-paysagiste, M. André, outre la publication de plusieurs volumes sur les' plantes de terre de bruyère, les Fougères, les plantes à feuillage ornemental, etc., a donné au public, en 1879, sous le titre de Uart des jardins, un traité considérable qui a été classé unanimement au premier rang des ouvrages de ce genre. Dès 1870, M. André était devenu rédacteur en chef de V Illustration horticole, publiée en Belgique. Pendant les onze années qui se sont écoulées depuis celte 1er JUIN 1881. H 202 CimOiNIQUE lIOimCÜLE. époque, il n’a inlerrompu sa rédaction, en 1875 cl 1870, que pour explorer en naturaliste, la tliaîne des Cordillères de la Nouvelle-Grenade, de l’Kquatcur et du Pérou, chargé d’une mission scientifique par le Minislère de l’instruction publique. Nous avons indiqué, au retour de M. André, les résultats botaniques et horticoles de celte expédition, et récemment encore la Revue publiait une notice sur l’une de ses plus belles découvertes, VAnthiirkim Andreanuni^ qu’il a le premier intro- duit vivant en Europe et qui a fait l’admiration des visiteurs à la dernière expo- sition de la Société nationale d’horticulture, à Paris. Nous commencerons donc, avec l’année 1885, une nouvelle série de la Revue horticole dans des conditions qui sont de nature à en consolider le succès et à en étendre la légitime inllucnce. Nous devrons d’ailleurs une grande partie de ce résultat à la fidélité bienveillante de nos abonnés, fortifiés dans cette opinion que tous nos elforts ont pour liut le progrès constant de l’iiorticulture française. U Administraiion de la Revue horticole. CHRONIQUE HORTICOLE Exposition de la Société nationale d’horticulture ; lauréats des prix d’honneur. — Publication spéciale sur les Orchidées, par MM. Godefroy-Lebeuf et le comte du Buysson. — Exposition d'horticulture d’Orléans. — La sécheresse en Algérie. — IMort de M. Cossonnet. — Exposition organisée par le Cercle pratique d’horticulture du Havre. — Catalogue des principales variétés de Pommes de terre, dressé par M. Henry Vilmorin. — Floraison anticipée des Dracœna indivisa. — Situation des vignobles phylloxérés. — Espèce de Vigne originaire de Nigritie, cultivée à Marseille ; note de M. Roche. — Association pomologique des États-Unis. — Vente de la collection d'Orchidées de M. John Day. — Exposition d’horticulture de Saint-Germain-en-Laye. — Erratum. — Floraison du Chevaliera Veitchi. — Réintroduction dans les cultures du Gordonia pubescens. — Nouvelles variétés d’Érables japonais. — Les Delairea. — Fécondation aitificielle des Melons de primeur; procédé de M. Aubert. — Le Pourpier tubéreux. — Exposition de la Société d’horticulture de Seine-et-Oise. — Un insecte qui attaque l’Oseille; dégâts causés par cet insecte. Quand ces lignes paraîtront, l’exposition d’horticulture sera un fait accompli. Elle aura été et, comme telle, sera du domaine de l’histoire. A ce point de vue, nous de- vons donc l’inscrire dans ce que, pompeuse- ment parfois, on nomme les « annales de la science. » Rappelons donc, autant que nous le permet cette chronique, quels ont été les points saillants de cette exposition : d’abord un résultat qui a dépassé toutes les espé- rances ; aussi pouvons-nous, dès à présent, dire que cette exposition a complètement réussi; presque à tous les points de vue elle est certainement l’une des plus belles que nous ayons eue jusqu’ici. La Société « nationale d’horticulture » a donc justifié son titre, s’est affirmée, et a montré que, sans aucun secours, par ses pro[>res forces, elle pouvait exciter l’intérêt du public, qui, du reste, a mis un très- grand empressement à la visiter. — - Les prix d’honneur et les grands prix ont été attribués comme suit : MM. Moser, pour Rhododendrons et Azalées : objet d’art de la fabrique de Sèvres ; — Bleu (Alfred), grande médaille d’or de M. le Président de la Chambre des députés, pour Caladiums ; — Saisons-Lier- val, première médaille de M. le Ministre, pour plantes de serre ; — Margottin fils, deuxième médaille de M. le Ministre, pour belle culture de Rosiers ; — Croux et lils, troisième médaille de M. le Ministre, pour Rhododendrons, Azalées, Kalmias, etc. ; — Loise-Chauvière, pour plantes de serre, médaille du préfet de la Seine; — Horat, pour légumes de saison, médaille de la ville de Paris ; — Savoye, pour plantes de serre, médaille du maréchal Vaillant; — Ghantrier frères, médaille du docteur Andry, CIIUO.MUIîK II MITICOLK. pour plantes de serre : Crolons, Dracœ- nas, etc. ; — Luddemann, pour plantes de serres: Orchidées, Fougères, etc., première médaille des dames patronnesses ; — Cliris- ten, pour Clématites en (leurs, médaille de M'‘“^ la liaronne de Rothschild ; — Louis Lhérault, pour 'Asperges, médaille de la Société d’horticulture ; — Paillet, pour col- lection de Conifères, médaille de la Société d’horticulture ; — Machet frères, pour Ré- sédas, médaille de Lusson; — enfin h la maison Tricotel, pourkiosrpies, etc., mé- daille d’or de la Société. — Nous sommes heureux de pouvoir in- former nos lecteurs que, dans un but très- louable et avec un désintéressement qu’on ne saurait trop louer, M. Godefroy-Lebeuf et M. le comte du Ruysson se proposent, prochainement 08 D’après M. Baker, le genre Freesea a été compris dans celui des Gladiolus et des Tritoyiia (1), et il en existe deux variétés : réfracta et Leichtlini. Le premier a des fleurs jaune pâle, quelquefois teintées de vert et quelquefois de pourpre, tandis que la variété alba a des Heurs du blanc le plus pur, avec deux taches orange aux segments inférieurs; quelquefois cependant ces ta- ches n’existent pas. Les Freesea peuvent être cultivés en FRUITS ET Quoique le sujet ait été bien des fois traité, il est loin d’être épuisé, et aujour- d’hui encore il s’en faut de tout que les auteurs soient près d’être d’accord, et les bons fruitiers sont toujours rares. Beau- coup sont placés dans des caves qui pres- que toujours sont trop chaudes pour con- server les fruits pendant longtemps, ce que nous allons essayer de démontrer. Ainsi bien des fois nous avons cueilli une certaine quantité de Poires Louise-Bonne, Ducliesse d’Angoulême et de Beurré Diel un peu avant leur maturité. Une partie de ces fruits était rentrée au fruitier qui se trouvait dans des chambres situées au premier étage; l’âuti'e partie était laissée, après être cueil- lie, soit sur les bi’anches, soit sur les treil- lages. Ces derniers fruits mûrissaient tou- jours quinze jours à trois semaines plus tard que ceux rentrés au fruitier. Comment expliquer cela, sinon que dans les appartements aussi bien que dans les caves la tempér’ature est encore assez élevée à l’époque où l’on cueille ces fruits, fin septembr*e et octobre. B n’est pas rare à cette saison devoir dans les bâtiments le thennomètr’e se maintenir de 10 à 15 dei^rés le jour comme la nuit, tandis que dehors, s’il y a quelquefois 15 à 20 degrés le jour, la nuit la température descend assez souvent à zéro et même au-dessous. On peut donc conclure que ce sont ces nuits froides qui retardent la maturité des fruits, et cela sans les faire pourrir, au con- traire. J’ai remarqué que ceux qui étaient (1) Le genre Freesea a été établi par Ecklon. Nous avons trouvé énumérés les Fr. crispa, fiava, lowji/lora, miniata, qui tous sont rentrés dans le genie TrilO)iia. Le genre Freesea n’a pas été aiopté. (Rédaction.) pleine terre, mais ils sont bien plus beaux cultivés en pots en serre tempérée, et on peut ainsi les obtenir en fleurs en janvier, et leurs fleurs durent pendant ti ois à c[uatre semaines. Après la floraison on doit les laisser se reposer, pour les rempoter en automne. L. B. (Traduit du The Garden du 7 mai 1881, par Jean Sisley, de Montplaisir.) FRUITIERS rentrés pourrissaient plus vite que ceux qui restaient dehors. - Autre exemple : l’année 1879-1880, alors que le froid a pénétré dans tous les bâti- ments, on a vu des Poires de Duchesse, de Curé, de Beurré Diel se conserver jus- qu’au mois de mars, tandis que les deux automnes de 1876 et de 1877 ayant été très-doux, les Doyenné d’hiver et Beurré d’Aremberg étaient mûrs en décembre, ce qui prouve bien une fois de plus que plus la température des fruitiers est basse, plus les fruits se conservent longtemps. Par conséquent, il faut donc choisir pour fruitier un local autant que possible au rez-derchaussée, avec de grandes ouver- tures au nord, et aucune aux autres expo- sitions. Et, contrairement à ce qui se dit et ce qui se pratique journellement, ne pas ou- vrir par les temps doux, mais bien plutôt par les temps un peu froids c’est-à-dire quand le thermomètre est plus bas dehors qu’au fruitier. Quand les froids deviennent rigoureux, on bouche complètement les ouvertures avec des p'aillassons, et au besoin on fait du feu au fruitier; il est toujours plus facile de combatire le froid que la chaleur. En résumé, pour conserver les fruits le plus longtemps possible, il faut maintenir la température du fruitier de zéro à 5 de- grés au - dessus, et pour cela ouvrir au besoin la nuit quand on ne craint pas la gelée, et fermer le jour. C’est de cette manière que nous avons toujours gouverné notre fruitier, et nous n’avons eu qu’à nous en féliciter. I.,ouis Jules, Jardinier au cliàtcHu (l’Ancy-le-Franc (Yonne). PATATE FASCICULEE. 209 PATATE FASGICULÉE Je crois inutile de faire remarquer l’avan- tage considérable qu’il y aurait à obtenir une variété de Patate dont les tubercules, au lieu de pousser çà et là sur des racines souterraines plus ou moins longuement coureuses, seraient réunies et groupées ainsi que le démontre la figure 50. Que ce fait se produise un jour là où l’on récolte facilement des graines de Patates et où, par conséquent, l’on fait des semis, le fait est pos- sible. Mais chez nous, c’est-à-dire sous le climat de Paris, il n’y faut pas penser, et c’est peut-être par un autre procédé qu’on pourrait y arriver. En voici un que le hasard m’a fait découvrir et qui, jusqu’à ce jour, me donne de bons résultats. Je fais mes boutures de Patates en pots, dans la deuxième quinzaine d’avril ; aussitôt reprises, je les place dans des pots un peu plus grands. Vers la fin de mai, je les plante en pleine terre sur une vieille couche mince dont le fond se compose de pierres et de gravais mis pour niveler le sous-sol ; le tout recouvert de 10 centimètres de terreau dans lequel étaient plantées les boutures. Toutes poussèrent bien ; mais alors, au lieu de s’enfoncer perpendiculairement, les racines, arrivées aux gravois, s’arrêtèrent, et alors il se fit comme une réaction qui détermina, autour du collet des plantes, la formation de tubercules qui alors constituèrent une sorte de faisceau analogue à ceux qu’on trouve au pied des Dahlias. Il y a cinq ans que le hasard m’avait fourni le résultat que je viens de faire con- . naître ; il était trop important pour que je ne le remarquasse pas. Depuis ce temps je pra- tique de la même manière, et le résultat est toujours le même: au lieu d’avoir des tuber- cules longs, grêles et épars, ceux que j’ob- tiens sont plus renflés et réunis en touffes, ce qui est bien préférable. Quand, il y a un an, j’ai présenté à la Société nationale et centrale d’horticulture de France des échantillons de Patates fasci- culées, le comité chargé de les examiner déclara que cette particularité était déter- minée par le contournement des racines qui, par suite du temps très-long pendant lequel les plantes étaient restées en pots avant d’être livrées à la pleine terre, s’étaient réu- nies et renflées, assertion contraire à la vérité, puisque d’abord mes boutures sont plantées en pleine terre bien avant que les racines tapissent le pot, ensuite que, quand je les plante dans des sols profonds, les racines s’enfoncent perpendiculairement et végètent absolument comme le font norma- lement les Patates. Taberna, Jardinier chez Maltesie, 8, rue de Penthièvre, à Sceaux. De cet article, sur lequel nous appelons tout particulièrement l’attention, il semble hors de Fig. 50. — Patate commune blanche, à tubercules fasciculés, au 1/4 de grandeur naturelle. doute que c’est à la nature du sol que serait due la production fasciculée des Patates. Toute- fois, vu fimpoi’tance des faits et les consé- quences que cette découverte pourrait avoir tant au point de vue pratique que scientifique, nous croyons qu’il convient de contrôler l’expé- rience en la répétant sur plusieurs points ; et comme voici le moment arrivé de planter les Patates, nous engageons fortement toutes les personnes qui le pourraient à essayer le pro- cédé de M. Taberna, qui consiste à planter les Patates dans un bon sol, mais peu profond, reposant sur un sous-sol pierreux à peu près 1 impénétrable aux racines, et de vouloir bien nous 2iO BOUVAUDIA A FLEURS BLANCHES DOUBLES. — POMME BELLE DE PONTOISE. faire connaître les résultats qu’ils auraient ob- tenus, ([u’alors nous nous emj)resserions de faire connaître, de manière à j^éiiéraliser celte culture et à bien taire ressortir rini|)oitant rôle (jue dans certains cas le milieu peut jouer sur la forme et les caractères physiques des végétaux, les seuls, en définitive, sur lesquels repose la science. {Rédaction.) BOUVARDIA A PLEURS BLANCHES DOUBLES Il est bien rare qu’on lise un journal horticole sans y trouver l’annonce de quelque variété nouvelle. Mais depuis longtemps nous n’avons éprouvé une sur- prise aussi grande que celle de l’annonce que MM. Nanz et Neuner, de Louisville, ont obtenu un Bouvardia blanc à fleurs doubles. Ils l’ont nommé Alfred Neuner et disent que c’est un bijou de la plus belle eau, une variété égale, sinon supérieure en qualités florifères, à la belle variété simple Davidsonii, dont il est un accident fixé, et qui, depuis deux ans qu’ils le multiplient, a conservé toutes ces qualités. Les fleurs sont plus grandes que celles du type et composées de trois rangs de pétales du plus beau blanc de cire, chaque fleur étant une tubéreuse en miniature. Les hampes florales sont grandes et se produisent sans interruption, même sur POMME BELLE Bien que peu répandue, la variété dont il va être question est déjà bien appréciée, et l’opinion est à peu près unanime sur son mérite. Très-grosse, belle et bonne, et se conser- vant très -longtemps, telles sont les princi- pales qualités de la Pomme Belle de Pon- toise. Elle provient d’un pépin de la Pomme Grand Alexandre.^ qu’elle surpasse comme qualité et même comme dimension, ce qui n’est pas peu dire. Elle a été mise au com- merce par l’obtenteur, M. Remy père, hor- ticulteur et professeur d’arboriculture à Pontoise. Ajoutons que l’arbre est très-or- nemental par son feuillage excessivement large. Ses caractères sont les suivants : Arbre très-vigoureux et fertile ; rameaux nombreux ; scions gros à écorce marquée de petites lenticelles. Feuilles très-largement ovales arrondies, planes, épaisses, régulière- ment et largement dentées, brusquement ^«rrondies au sommet, d’un vert foncé sombre m luisant en dessus, très-conrtement vil- leuses en dessous, ordinairement munies les ramifications latérales, ce qui n’a géné- ralement pas lieu dans la variété simple. C’est donc une excellente acquisition pour les fleuristes comme plante à floraison hivernale, et pour orner les serres d’ama- teurs, d’autant plus que la culture de cette charmante plante est des plus faciles en serre tempérée. Jean Sisley. (Traduit du Botanical Index.) Nous croyons bon de faire remarquer que le Bouvardia en question est un fait de dimor- phisme, ce qu’on nomme vulgairement un « ac- cident » du B. Davidsonii , fait important à constater, puisque, dans certains cas, il pour- rait expliquer la présence dans les cultures de sortes à fleurs pleines dont l’origine par semis est au moins douteuse : telle est, par exemple, celle du Marronnier à fleurs doubles. (Rédaction.) DE PONTOISE de stipules très-développées. Fruit de pre- mière grosseur, parfois un peu plus large que haut, aplati au deux bouts. Peau très-colo- rée, luisante, souvent comme striée ou fla- gellée de bandes plus foncées, légèrement pointillée de gris. Chair très-dense, blanche, marquée çà et là de lignes verdâtres, fine, juteuse, sucrée et agréablement acidulée. Cavité ovarienne en général petite; pépins noirs roux, luisants. Maturité, décembre à mars. La beauté, la qualité des fruits du Pom- mier Belle de Pontoise lui assurent une place dans tous les jardins. Nous sommes même convaincu qu’il viendra un jour où, mieux appréciée, elle sera cultivée en grand, tant pour les halles de Paris que pour l’ex- portation. Outre la beauté et les mérites de ses fruits, ceux-ci sont remarquables par leur densité peu commune. Leur conserva- tion est facile, sans aucun soin et placés sur une tablette d’une salle à manger, à l’air. Nous avions encore des fruits à la fin du mois de février dernier, qui étaient y {ei>u e / 211 GÉNÉKALITES S.UR LES BKO.MÉLIACÉES, dans de très-bonnes conditions. Aussi, à tous les points de vue, nous n’hésitons pas à recommander la Pomme Belle de Pon- toise, que l’en trouvera chez l’obtenteur en très-beaux sujets de différents âges déjà en « plein rapport. t> E.-A. Carrière. GÉNÉRALITÉS SUR LES BROMÉLIACÉES La famille des Broméliacées comprend un grand nombre d’espèces bien distinctes, ({ui offrent elles-mêmes des variétés plus ou moins sensibles. Ces plantes sont générale- ment remarquables par leur port, leur feuil- lage et leur floraison; elles sont donc dignes d’exciter le goût des horticulteurs comme végétaux d’un haut mérite, et d’être recher- chées pour l’ornement des serres. Des explorateurs, souvent au prix de leur vie, ont parcouru les contrées les plus loin- taines, les plus sauvages, pour aller à la découverte de ces végétaux. Souvent leurs peines ont été heureusement couronnées de succès ; mais alors que de difficultés n’of- frait pas le transport en Europe de ces plantes, naissant et vivant sous un climat et dans une atmosphère tout différents de ceux du pays dans lequel on voulait les im- porter ! Puis, introduites dans nos pays sep- tentrionaux, quel mode de culture leur donner pour les assimiler par des moyens factices à celle que leur offrait spontané- ment la nature dans les lieux de leur nais- sance? Au point de vue scientifique, les bota- nistes de toutes les nations ont dû faire de longues et profondes études pour faire la nomenclature, la classification et la déno- mination de ces nouveaux venus, de ma- nière à placer chaque espèce suivant ses caractères ; mais souvent il y a eu des di- vergences d’opinions entre eux, parfois même des erreurs assez importantes, qui sont pour la plupart reconnues et rectifiées, tout en laissant néanmoins encore subsister, chez quelques espèces, ces fâcheuses syno- nymies qui trompent le vulgaire. Indépendamment des ouvrages de diffé- rents auteurs, plusieurs journaux donnent de temps à autre quelques articles sur ces plantes. La Belgique horticole, notamment, sous la direction de M. Morren, l’éminent écrivain qui, par ses connaissances et ses études spéciales, traite de main de maître toutes les questions qui se rattachent aux Broméliacées, contient souvent la descrip- tion et des figures des espèces plus remar- quables. La Bevue horticole aussi suit sou- vent ce bon et utile exemple. Outre ces notes, le savant broméliophile que je viens de citer s’occupe d’un vaste et important travail sur le même sujet. Son opinion devra faire autorité et être accueillie en toute con- fiance ; mais jusqu’au jour où cet ouvrage paraîtra, il n’est guère de traité pratique qui puisse servir de guide- à nos jardiniers ; les notions élémentaires, souvent plus scien- tifiques qu’usuelles, sont répandues et éparses dans plusieurs ouvrages ou revues parfois peu connus, de sorte que nos hor- ticulteurs praticiens ne peuvent s’occuper de leur lecture, soit parce que le temps leur manquerait pour feuilleter tous les volumes ' qui en parlent, soit parce qu’ils n’y trouve - raient pas toujours la clarté et la simplicité des caractères, qui seuls leur suffisent pour la culture ordinaire et la plus usuelle des plantes dont ils ont à s’occuper. La publicité de la Bevue horticole, si ré- pandue en France, m’a donné l’idée de pu- blier cette notice qui, je crois, pourra pré- senter quelque utilité. Elle est le résultat des recherches que j’ai faites dans les diffé- rents journaux auxquels je suis abonné de- puis longtemps, et un extrait succinct et concis des divers articles qui y sont insérés. Dans ce résumé, je diviserai les Bromé- liacées en deux classes : la première com- prenant les espèces dites épiphytes, prove- nant des pays les plus chauds, qui exigent une température très-élevée et réclament dans nos serres une culture toute spéciale la seconde, composée de familles d’un tem- pérament moins exigeant sous le rapport de la chaleur et se contentant d’un sol moins factice et plus naturel, que j’appellerai ter- restres. Dans la première classe se trouvent notamment les Tillandsia et les Vriesea. D’après tous les auteurs, et spécialement d’après M. Morren et ses collaborateurs de la Belgique horticole (voir les années 1877, p. 217-222; 1878, p. 193-201), ces plantes vivent et prospèrent avec une végétation luxuriante sur des morceaux d’écorces d’ar- bres, sur des troncs à demi-décomposés ou 21-2 GENERALITES SUR LES BROMÉLIACÉES. dans du sphagnum, vivant ou s’accrochant aux rochers ; quelques-unes, que l’on ap- pelle aériennes ou sylphides végétales^ et qui (telles sont chez les Orchidées les Ærides, nommées fdles de Vair) vivent et prospèrent suspendues dans l’air, atta- chées avec leurs racines fibreuses aux troncs ou à l’écorce des arbres, s’y développent et se nourrissent, sinon de leur sève, du moins de la transpiration de leur écorce. Dans nos serres, la culture généralement adoptée consiste à les placer dans des vases garnis de sphagnum, de détritus de bois et de feuilles, ou de les poser sur des troncs d’arbres. Suivant aussi le besoin, on forme encore des composts avec un mélange de tessons, de charbon de bois, de mousse, de terre de bruyère ; mais, observe un auteur, tous ces ingrédients ne sont que des ma- tières pour ainsi dire mortes, et qui se dé- composent d’ailleurs plus ou moins promp- tement. Dans leur pays natal, au contraire, c’est sur des arbres vivants, et encore sur certaines essences, qu’elles poussent et prennent leur nourriture, soit dans l’em- fourchement des arbres, soit au milieu et sur les rochers, où elles trouvent souvent des détritus de végétaux ; puis la chaleur, l’humidité naturelles de l’air ambiant du climat suffisent à certaines pour les faire vivre, croître et prospérer. De tout ceci il résulte que la tâche des horticulteurs de posséder et de cultiver ces plantes n’est pas facile ; il leur faut cher- cher à se rapprocher autant que possible des conditions dans lesquelles croissent les plantes, et à y suppléer par des moyens factices ; or, ces moyens peuvent varier et être modifiés selon le caractère et le tempé- rament de chaque plante. Les premiers essais ne sont pas toujours couronnés de succès ; c’est l’expérience seule qui est le meilleur guide, et celle-ci entraîne souvent des sacrifices. Dans le nombre des com- posts, j’en trouve un cité dans la Belgique horticole en 1880, p. 24, spécial pour un Vriesea et que je copie textuellement : « Serre chaude, humide, dans un compost léger et substantiel en grande partie de sphagnum haché, de charbon de bois, de tes- sons, de pots ou de tuiles, de gros sable ou de gravier, de terreau de fumier et de feuilles, de terre de bruyère, d’os et même un peu d’engrais Jeannel et de guano. » Ailleurs, je lis que les épithytes se conviennent bien suspendues dans des petites corbeilles fa- çonnées en liège brut. Un morceau de car- bonate d’ammoniaque déposé dans une partie de la serre où se trouvent des Bro- méliacées, selon le même auteur {Belgique horticole, 1878, p. 199-202), contribue à leur bonne végétation par l’évaporation dont il sature l’atmosphère. La plupart de ces plantes sont donc assez exigeantes sous le rapport de la culture; elles sont d’ailleurs rares, d’un prix souvent élevé ; elles réclament des serres spéciales, et ne conviennent qu’à de riches amateurs ; mais il est d’autres espèces, moins déli- cates, plus répandues dans le commerce, qui sont aussi méritantes au moins, et as- surément dignes de garnir des serres plus modestes : ce sont celles-là que j’ai com- prises sous le nom de terrestres, et dont je forme la seconde classe de la division que j’ai indiquée plus haut. Ce nom de terrestres est-il bien convenable? Je le hasarde peut- être, car les espèces sur lesquelles je vais dire quelques mots réclament aussi un sol particulier; mais quels sont les végétaux qui ne l’exigent pas? Le sol qui leur convient généralement consiste dans un mélange de terre de bruyère plus ou moins concassée et de terreau de feuilles bien consommées, reposant sur un drainage composé de quel- ques fragments de poterie ou de tuile et de charbon de bois (quelques-unes même réus- sissent dans les interstices des rocailles qui peuvent exister dans la serre), avec des ar- rosements plus ou moins copieux et plus ou moins fréquents, suivant le degré de tempé- rature qui leur est donné et qui, toutefois, n’a pas besoin d’être aussi considérable que celui qu’exigent les espèces qui rentrent dans la première classe. Dans cette seconde caté- gorie, on peut en trouver une centaine d’espèces ou de variétés qui formeraient une assez remarquable collection pouvant suffire aux modestes amateurs. Je vais en citer quelques-unes, ne disant toutefois que peu de mots du genre Æchmœa, qui d’ail - leurs ne comprend aujourd'hui que peu de plantes, depuis que la plupart des auteurs les ont classées dans le genre Hoplophytum telles que les sortes cœlestis ou cœrules- ceyis, purpureo roseum, etc., ou dans le genre Lamprococcus, telles que les ful- gens, Welbachi. Je signalerai plus parti- culièrement les Bilbergia, qui compren- nent une trentaine de formes, toutes plus UME VENTE D’üKGHIDÉES EN ANGLETEUUE, remarquables les unes que les autres, dans le nombre desquelles je dois mentionner particulièrement : les Baraquiniana , Croijana^ir ldi folia, Leopoldi, Liboniana, Moreliana, Porteana, farinosa, splen- dida, thyrsoldea, viltata, zehrina , et beaucoup d’autres qui se distinguent par leur hampe droite, élancée, terminée par un épi gracieux de fleurs de diverses couleurs, par leur feuillage zébré enveloppant une tige florale garnie de bractées tantôt d’un rouge vermillon, tantôt d’un rouge pourpre ou d’un rose plus ou moins vif, plus ou moins éclatant, s’inclinant et retombant sur elle-même au moment de l’inflorescence qui consiste en un épi de fleurs des diverses nuances du bleu, du jaune, du violet, du vert, admirables plantes qui font l’orne- ment des serres ! Je ne puis non plus passer sous silence le Canistrum awmwfmcwm, avec sa hampe florale élevée, ornée de bractées, terminée par un épi de fleurs rouges et jaune orange, et le C. ehurneum, précédemment nommé Guzmannia fragrans, les Caraguata, les EncholiiHum corallinum , Jonghii, Ludde- manni, roseum et Saundersi, le Guzman- nia tricolor. Les diverses variétés de Mdi<- larium dont la plupart ont leurs feuilles centrales mi- partie verte et l’autre partie d’un rouge plus ou moins vif, au milieu des- quelles se forme un groupe considérable de petites fleurs blanches, violettes ou bleues. 213 méritent aussi de fixer l’attention. Parmi les diverses espèces de Pilcairnia, je men- tionnerai le P. undulata, dont la tige florale, terminée en épi de fleurs d’un rose vif, s’élève au milieu d’une touflé de feuilles, et spécialement le magnifique P. AUenstenii, actuellement nommé Lamp)rococcus, dont la hampe garnie de bractées vertes et lise- rées de rouge est terminée par une pani- cule accompagnée de bractéoles en forme d’écailles d’un rouge vif, des aisselles des- quelles sortent les fleurs d’un blanc d’ivoire et d’un jaune brillant. Je ne puis non plus oublier le splen- dide Portea Kermesina à longues et larges feuilles d’un vert foncé marbré de rouge brunâtre, du centre desquelles surgit une forte tige cotonneuse, érigée, garnie de brac- tées roses et rouge carmin, terminée par un épi de fleurs munies de bractéoles roses avec pétales et corolles blanches dans la partie inférieure et bleues à la partie supérieure. Je m’arrête à ces considérations générales, sur la valeur desquelles je ne me fais aucune illusion. Mon but en les écrivant est moins de passer pour un savant que pour engager les personnes qui s’occupent particulièrement de Broméliacées de vouloir bien publier les observations qu’elles auraient pu faire sur ces plantes d’un si grand intérêt ornemen- tal, et je me croirai largement récompensé si j’ai pu atteindre ce résultat. De Paul des Héberts. UNE VENTE D’ORCHIDÉES EN ANGLETERRE Les Orchidées de M. John Day, esq., à Tottenham, près Londres, formaient la col- lection la plus nombreuse du monde entier, puisqu’elle comprenait de dix à onze mille sujets. Elle vient d’être vendue, en public, chez M. Stevens , à Londres. Les deux premières vacations, celles du 31 mars et avril, comprenant 700 plantes, ont pro- duit 1,847 livres sterlings et 7 shellings, soit plus de 46,000 fr. Le prix le plus élevé a été celui d’un Cyprypedium Stonei, var. platytœnium, payé 140 guinées par sir Trevor Lawrence. Cette plante, qualifiée de très-forte, consiste en une ancienne pousse montrant une hampe à fleurs et deux jeunes bourgeons de cinq feuilles chacun, le tout pour 4,000 fr. ! . Voici, à titre de renseignement et d’après (1) Extrait de la Belgique horticole, 1881, p. 92. le Gardeners Chronicle (1881, p. 472), les prix auxquels ont été adjugées les princi- pales plantes des deux premières vacations, sans les frais : Calanthe textori, très -rare, 262 fr. 50. . Vanda suavis, var. Veitchi, cinq pousses, 125 fr. Oncidium yyiacranthum, 150 fr. Cattleya lahiata, belle variété foncée, 187 fr. 50. Catdeya Mendelli, une des plus belles variétés, 288 tr. 75. Cattleya exoniensis , forte plante , 577 fr. 50. Lœlia elegans, une des meilleures va- riétés, 187 fr. 50. L. elegans, var. amgbilis de Rollisson, 162 fl*. 50. Cymbidium eburneum , 150-162 fr. 50. NOUVKAIJ MÉÜKIl A FAIHE DES PAILLASSONS. ^2 1 i Odonioçilossum citrosmum , splendide variété, 187 fr. 50. Masdevallia iovarensi^^ 125 'r. Dendrohium Veildiianum^ 125 fr. Caltleija lahiata, var. aiUumncde, 3'25ïï‘. Lœlia clegans, var. cuspatha, 400 fr. 25. Ladda clegans, var. alba, 577 fr. 50. Lœlia clegans, var. Dayana, 200 fr. yE rides affine ma jus, belle variété pro- venant de la collection de M. Rucker, 202 fr. 50. /Erides Fieldingi, 183 fr. 75. Ærides Schrœderi, plante avec 21 feuilles, 787 fr. 50. Odonloglossum pulchellum majus , 222 fr. 50. Odonloglossum Andersonianum, 657 fr. 50. Angrœcnm Ellisi, plante avec 5 feuilles, 274 fr. Angræcum sesquipedale, 131 fr. 25. Dendrohium superbiens, 187 fr. 50. Masdevallia Dayana, rare, 225 fr. Cœlogine cristata Lemoniana, plante de 3 pieds, 800 fr. 25. Lœlia purpurata, 183 fr. 75. Cypripedium purpuratum, 175 fr. Cypripedium vexillarium, 102 fr. 50. Cypripedium barbatum grandi forum nanum, 175 fr. Odonloglossum nœvium majus, 170 fr. Phalœnopsis amabilis, variété Daui. 137 fr. 50. Phalœnopsis amabilis, 200 fr. Masdevallia trochilus, 200 fr. Vanda tricolor insignis, grande plante avec 7 jeunes pousses, 125 fr. Cypripediuyn Spicerianum, 050 fr. 25. Dendrochilimi filiforme, 183 fr. 75. Phalœnopsis amabilis, avec 0 feuilles, 143 fr. 75. Arpophylluyn giganleuyyi, 143 fr. 75. Vanda Lowi, 137 fr. 50. Angræcum citratum, 127 fr. 50. Ærides Fieldingi, 3 fortes pousses, 288 fr. 75. Ayigrœcum Ellisi, plante avec 8 feuilles, 202 fr. 50. Ayygrœcuyn sesquipedale, avec 23 feuilles, 137 fr. 50. Masdevallia velifera, curieuse espèce avec de grandes Heurs brunes, 212 fr. 50, 210 et 130 fr. 25. Odontoglossuyn Rucker iayium,i3i fr. 25. Odonloglossum vexillarium, 183 fr. 75. Lœlia ayiceps, var. Davisoni, 0 biilf)es, 210 fr. Caltleya Skiyineyû, 143 fr. 75. Ærides Fieldingi, plante avec 4 pousses, 157 fr. 50. Lœlia ayyeeps,\‘à\\ rosea, 237 fr. 50. Cypripedium Stonei, 9 jeunes pousses, 157 fr. 50. Odoyitoglossuyn Pescatorei, plante avec 12 branches, 150 fr. Caltleya labiata, jolie variété automnale, 577 fr. 50. Lœlia autumyialis, var. alrorubens, 150 fr. Ærides Lobbi, grande plante avec 30 feuilles, 500 fr. Cymbidhmi Mastersi, 137 fr. 50. Lœlia anceps, var. alba, 525 fr. Caltleya Bhinli, var. blanche du G. Men- deli, avec 5 bulbes, 1,102 fr. 50 ; un autre avec 3 bulbes, 440 fr. 25. Odontoglossuyn P/m/renopsis, 131 fr. 25. Odonloglossum vexillarium, var. très- foncée, 157 fr. 50. Odontoglossuyn nœviuyn, 538 fr. 75. Cymbidium Lowianum, 131 fr. 25. Lœlia Jonghiana, 210 fr. NOUVEAU MÉTIER A FAIRE DES PAILLASSONS Je dis « nouveau, » parce que, avant le métier à paillassons dont je vais parler, il y en avait déjà plusieurs autres, mais qui tous laissaient à désirer, ce qui pourtant ne veut pas dire que le mien est parfait. Loin de moi cette prétention ; mais je suis néanmoins convaincu qu’il présente des avantages sur ceux inventés jusqu’à présent, ce qui m’en- gage à le faire connaître, cela d’autant plus qu’il donnera l’idée de modifier et de faire mieux, ce qui du reste est dans l’ordre des choses. (( C’est en forgeant qu’on devient forgeron, » dit un vieux proverbe. Ce nou- veau métier a surtout deux grands avan- tages : celui d’être très-peu dispendieux, et d’être d’une excessive simplicité. En effet, une vieille table ou un simple tréteau suffit, puis quelques clous pour fixer l’écartement des chaînes, deux petites planchettes pour arrêter la largeur du paillasson et une petite 215 SOCIRTK NATIONALE ET CENTRALE D’MORTICUI.TUUE DE FRANCE. sur la lal)le ou sur le tréteau trois, quatre barre poui“ tenir la paille, et voilà tout l’ap- pareil, (jue l’on peut — excepté le tréteau — tenir clans sa main. Je dois dire, avant d’aller [)lus loin, que, dans cette circonstance, j’ai voulu, afin d’avoir plus de solidité, et si possible une })lus longue durée, remplacer les ficelles par du fil de fer qui doit être bien recuit^ ce qui le rend beaucoup plus souple, plus malléable et moins cassant. Pour faire un paillasson, on lixe d’abord ou cinq clous, plus ou moins, suivant le nombre de chaînes que l’on veut faire, et on y fixe le fil de fer, puis l’on rapproche ou recule les deux planchettes AA, qui glis- sent à volonté sur la barre transversale au moyen de l’entaille C. La traverse B, qui passe dans les deux planchettes de côté, sert à serrer le paillasson et à le main- tenir sur le métier. Ceci entendu, voici comment oh procède : on prend une poignée Fig. 51. — Métier pour faire des paillassons. de paille que l’on met ce tête-bêche, » puis l’on donne un tour de main, comme le fait un grillageur, et comme le démontrent les mains placées sur la figure 51 , de manière à former ce qu’on appelle « une maille, » et l’on conti- nue. Quand on a fait une petite longueur de paillasson, on tire la traverse B, et après avoir fait glisser la partie terminée, on re- place cette traverse, et de nouveau l’on ajoute de nouvelles mailles en procédant ainsi qu’il vient d’étre dit. La largeur des paillassons est déterminée par l’écartement plus ou moins grand des deux planchettes AA, dont au besoin l’une pourrait être fixée. Quant à la longueur, rien ne la limite que le besoin qu’on en a. Outre la modicité de son prix, ce métier ofl’re l’avantage que l’ouvrier peut travailler debout — il pourrait même opérer assis — et de ne pas écraser la paille. Est-ce à dire qu’il est parfait? Loin de là, et je déclare volontiers qu’il laisse à désirer; mais, tel qu’il est, je lui reconais des avan- tages sur les métiers qu’on a faifs jusqu’à ce jour. C’est donc un pas en avant de fait, et si sous ce rapport je suis satisfait, j’espère et désire qu’il serve de modèle, et que bien- tôt on en invente d’autres qui lui soient supérieurs. Si quelques \ecienrs de ]u. Revue horticole désiraient avoir quelques explications plus détaillées, je me mets à leur disposition. Paul Hauguel, Jardinier à Montivilliers (Seine-Infér ioure). SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 12 MAI 1881 Apports. — Au comité de culture 'potagère, M. Dudouy présentait quatre Pommes de terre nouvelles issues de la variété dite à « feuilles d’orties » et ({iii, dit-on, sont très-méj’itantes, sur lesipielles le comité reviendra plus tard, ainsi qu’une nouvelle variété de Carotte sur la- quelle le comité réserve également son appré- ciation. — Deux cultivateurs d’Argenteuil , MM. Legay et Girardin (Emile), présentaient chacun une botte d’Asperges très-belles. Celles 216 UN NOUVEL HAKJCOT DE LA CHINE. de M. Legay surtout étaient d’une grosseur tout à fait exceptionnelle et comme on en voit rarement. A ce même comité, M. Millet présentait des Rosiei’s atteints par un cham})ignon particulier qu’il n’avait pas encore remarqué, et qui attaque le jeune bois, les feuilles, et les macule forte- ment. Bientôt la végétation se ralentit ; les feuilles tombent, et les fleurs également alté- rées se décolorent. Au comité de floriculture, MM. Cliantiier frères, de Mortefontaine, présentaient deux ma- gnifiques spécimens des Grotons Baron Franck Seillière et latimaculaturn, magnifiques espè- ces récemment décrites dans la Revue horiieole (1880, p. 193). — M. Lavallée avait apporté 'des branches fleuries du Vihurnum plicatum type à fleurs simples ; des Rihès muitiflorum^ sorte botanique complètement dépourvue d’intérêt au point de vue de l’ornementation ; un Aria qu’il a nommé Decaisneana^ vieille plante dont nous connaissons de très-gros sujets et qui est à })eine une forme de V Aria vulgaris. Il pré- sentait aussi une branche bien fleurie du Coto- neaster reflexa que dans la séance il a déclarée innommée, bien qu’il en connaissait le nom, puisqu’il l’avait étiquetée. Mais comme il eût fall u dire que nous en étions l’auteur, M. Lavallée a sans doute craint de blesser M. Decaisne, le « grand savant » son « maître, » comme il l’ap- pelle. Gela nous a paru porter un peu loin le sentiment d’admiration. Mais c’est là une affaij e de goût et de tempérament. — M. Malet avait apporté des rameaux fleuris du Xanthoceras sorbifolia, charmant arbuste qui semble réunir tous les mérites et qui, pour cette raison, devrait se trouver partout. — M. Moser avait envoyé des rameaux fleuris des Lilas Mme Briot, Mm* Mo- ser, D>' Lindley, Princesse Marie et Charles X, toutes variétés méritantes, la première sur- tout, qui est certainement la plus jolie du genre. — M. Godefroy-Lebœuf avait envoyé en })ots et en fleurs les plantes suivantes : un fort pied de Saccolahium curviflorum, espèce originaire du Népaul, à fleur rouge orangé; les Viola pédala et primulœ folia, deux charman- tes espèces américaines, rustiques et très-rares ; une variété de Pldox setacea, plarrte tout à fait naine et d’un mérite exceptionnel pour former des bor’dur'es ; Aquilegia Burgeriana, sorte très-florlbonde, or iginaire de Sibérie, rustique et r-obuste, pouvant êtr'e cultivée pai'tout ; Cam- panula Warneri, plante naine très-rare, ori- ginair’8 du centr'e de l’Europe, à fleur'S longue- ment tubuleuses, d’un r’ose violacé ; Androsace sarmentosa, très-r'ar’e et belle espèce de rilima- laya ; enfin des hampes fleuries de V Ixiolirion tataricum, sorte qui nous a paru très-voisine de Vlxiolirion Pallasii. A la fin de la séance, M. Ghailes Joly a fait une confér-ence généi'ale sur les expositions d’horticultui^e, et dont il s’esl parfaitement ac- quitté. Personne, du reste, ne pouvait mieux — nous dirions même aussi bien — que lui ti’aiter ce sujet. Parlant ti'ès-bien l’anglais, l’al- lemand, l’italien, l’espagnol, etc., et ayant beau- coup voyagé, il avait assisté à presque toutes les expositions, que jrar conséquent il pouvait compar'er, en faire l’essortir les mérites et les avantages qu’elles présentaient, ce qu’il a fait avec un talent vi'aiment l'emai’quable qui lui a valu des applaudissements chaleureux et bien mérités de tous les auditeurs. UN NOUVEL HAEICOT DE LA CHINE Depuis quelque temps on a fait beaucoup de bruit autour d’une légumineuse chinoise qui, assure-t-on, réunit une foule d’avan- tages comme plante économique, et enti’e autres celui de pouvoir «remplacer l’Avoine,» assertion qui nous paraît au moins hardie, car de toutes les légunrineuses que l’on pos- sède jusqu’à ce jour, — et il y en a beau- coup, même de tr’ès-méritantes, — il n’en est aucune qui puisse remplacer la plante graminée à laquelle les botanistes ont donné la qualification Avena saliva. Y arrivera- t-on ? L’avenir le dira. La plante dont il s’agit est tout simple- ment une forme de Soja à grains noir.'^, petits et courtement ovoïdes arrondis aux (l) Extrait du Journal d' Agriculture pratique, nurnéro du H avril 1881. deux bouts, ti’è.s-voisine du reste de plu- sieurs autres variétés cultivées depuis long- temps. Sei-a-t-elle supérieure à celle-ci ? Rien ne le démontrée. Ce que nous pouvons affirmer, c’est-que, jusqu’à ce jour, de toutes les variétés de Soja connues, il n’en est au- cune qui soit aussi méritante que celle qui attire en ce moment l’attention des cultiva- teurs, et qu’on désigne par la qualification vulgaire de Soja cTÉtampes, vailété qui, outre les nombreuses qualités connues et bien appréciées de ses graines, a le mérite d’ètre vigoureuse, rustique, très-productive, et de bien mûrir ses fruits même sous le climat de Paris, ce que ne font pas d’une manière convenable les variétés à grains noirs que nous avons vu cultiver jusqu’ici. D’une autre part, il n’esf pas démontré A l'HOPOS DE LA CONSERVATION DU CANNA IRJDIELOHA. 217 ([ue le Haé-Têou on Hei-Téou (le Sq/a dont | nous parlons) puisse croître et donner de bons produits par toute la France, mérite que possède au plus haut degi-é l’Avoine que l’on cherche à remplacer. En eOèt, on dit que (( la latitude du Tclié-Ly, où croît et où l’on cultive particulièrement le Haé-Téou, diffère peu de celle de l’Espagne, » ce qui suf- firait déjà pour émettre des doutes sur la pos- sibilité de cultiver la plante dans le centre de la France, et à plus forte raison dans le nord. Ce qui semble justifier nos craintes, c’est ce passage d’une lettre écrite du Tché-Ly : Le Haricot noir peut réussir dans tous les terrains ordinaires; un sol sablonneux et léger est le moins favorable ; les terres argi- leuses lui conviennent surtout, si les pluies sont abondantes ; la terre noire et fraîche est la meil- leure. Cette ])lante aime la pluie et la chaleur ; les pluies d’été au Tché-Ly sud-est, où nous sommes, sont d’ordinaire chaudes et abondan- tes. Le sol froid du Morvan et son humidité ])Ourraient ne pas convenir aux Haricots autant que notre humidité chaude de la saison des pluies en Chine. On voit par ce passage que, outre les bonnes terres noires, il faut encore au Haé- Téou (( l’humidité chaude de la saison des pluies en Chine. » D’une autre part aussi, comme rende- ment, il serait également imprudent d’affir- mer que ce rendement serait supérieur à celui de l’Avoine. Un autre point de vue qui ne manque pas d’importance non plus est de savoir si les chevaux mangeraient ce Hari- cot ou (( Pois noir » avec autant d’avidité qu’ils le font de l’Avoine, et si l’effet de cette alimentation serait aussi favorable que celui que produit l’Avoine. On pourrait presque en douter si l’on considère que, jusqu’à ce jour, les chevaux ne paraissent pas trop friands d’aucune sorte de Haricots. Dans cette circonstance, on doit tenir un grand compte de la disposition appétente, car il ne suffit pas qu’une chose soit riche en matières alimentaires ; il faut surtout qu’elle con- vienne à ceux — bêtes ou gens — qui doi- verît la consommer. Ici encore nous devons donc placer un point d’interrogation. Maintenant, si nous examinons la chose au point de vue de la consommation, nous voyons que la comparaison n’est pas en faveur de la plante si chaudement recom- mandée. En eflèt, tandis que l’Avoine est avidement recherchée par les chevaux, et (}u’on pourrait la leur distribuer même avec la paille ou avec les diverses parties qui en- veloppent les grains, il faut, après avoir bien nettoyé les Haé-Téou, leur faire subir une préparation particulière avant de les donner aux animaux. Cette ])réparatioii consiste à faire cuire les Haricots dans une chaudière.' Voici le mode habituellement suivi par les Chinois : la chau- dière est remplie, à quelques pouces des bords, de Haricots bien nettoyés et bien lavés s’il en était besoin, puis on ajoute l’eau de manière à ce qu’elle recouvre les Haricots ; la chaudière est fermée le plus hermétiquement possible, à l’aide d’un couvercle qui, de plus, étant con- cave, permet au Haricot d’augmenter de volume sans s’écraser. On fait cuire lentement, à feu doux ; mais il suffit que l’eau ait été portée au ])oint d’ébullition ; les Haricots absorbent toute cette eau et doublent de volume. Mais si ces Haricots ainsi préparés « dou- blent de volume, » n’est-ce pas par l’eau qu’ils ont absorbée, laquelle n’ajoute rien à la substance nuti itive? Ce « doublement de volume,)) qui n’est qu’une sorte de lest, n’est pas spécial au Haé-Téou ; on pourrait l’ob- tenir, non seulement avec de l’Avoine, mais avec toutes les graines quelconques. Faisons aussi remarquer que, au point de vue de l’économie domestique, c’est-à-dire de l’alimentation comme plante légumière, les Haricots noirs ne sont pas recherchés, au contraire. Des divei’ses observations qui précèdent il résulte qu’il convient d’être réservé dans les conclusions et prudent dans les essais qu’on pourrait tenter. Chercher, non seu- ment des succédanés, mais des auxiliaires et même, si possible, des espèces plus mé- ritantes que celles qu’on possède, est assu- rément une bonne chose ; mais alors on doit être très-circonspect ; les théories doivent être, sinon rejetées, du moins écartées pour laisser place à l’expérience, à qui appartient le dernier mot ; et dans le cas qui nous oc- cupe il ne faut pas oublier que l’expérience n’a rien dit. E.-A. Carrière. A PROPOS DE LA CONSERVATlOxN DE CANNA IRIDIFLORA L’absence complète ou à peu près de souche tuberculeuse chez le Canna Iridi- flora rend sa conservation difficile pendant l’hiver, car si on laisse la plante s’arrêter -218 LliS CATALOGUKS. complèlemcnl cf, sans eau, elle sèche; si au conliaire on lui donne trop d’eau, elle I)eut pourrir, surtout si elle ne « travaille » pas. De là des opinions contraires sur le meilleur mode de conservation à employer. En général on admet que les plantes doivent être maintenues en végétation et placées dans une serre chaude. Ce procédé est hon, assurément; mais je crois que le suivant, qu'employait feu le comte de Lamhertye à l’époque où j’étais à son service, est préfé- rable. Je conlinuc à le pratiquer et m’en trouve bien. Voici comment je procède. Dans la pre- mière quinzaine d’octobre, je fais dans un coin de l’orangerie une petite couche pro- portionnée à la quantité de plantes que je veux rentrer, et d’une épaisseur de 20 à 25 centimètres. Je la recouvre de deux ou trois centimètres de terreau de couche de feuilles; j’arrache mes plantes, les place sur ce terreau les unes contre les autres, et cache complètement les pieds avec du même terreau ; elles continuent à fleurir pendant quelque temps, puis s’arrêtent, * et c’est alors que toutes les vieilles tiges sont épui- sées, que de nouvelles sortent en masse des pieds. A la fin de mai, je les divise et les plante en pleine terre sans autre soin, et j’ob- tiens un succès complet. Tout amateur possédant une orangerie où la température ne descend pas au-dessous de zéro peut se procurer ces mêmes avan- tages, obtenir de magnifiques toulïés de Canna iridifïora qui fleuriront pendant tout l’été. Ce qui m’a engagé à écrire cette note, c’est la lettre qui se trouvait dans l’ar- ticle Correspondance du précédent numéro de la Revue horticole (1881, p. 173), écrite précisément au point de vue de la conserva- tion de cette espèce. J’ajoute encore que tous les fois que j’ai essayé de cultiver en serre chaude le Canna iridiflora, je n’ai pas eu lieu d’en être satis- fait; j’obtenais des pousses maigres, étiolées, qui, à peu près toujours, se couvraient d’in- sectes et ne me donnaient que des résultats médiocres, ce qui est tout à fait le contraire de celui que j’obtiens par le pi'océdé que je viens d’indiquer, ce qui in’a engagé à le faire connaître. B. Desquillée, Jardinier au cliâteau d’Abloi^. LES CATALOGUES Marchand (Charles), horticulteur à Poitiers (Vienne). Printemps 1881. Spécialité de plantes })Our rornementation ; Agératums, Bégonias, Chrysanthèmes, Alternanthéras,Coléus, Dahlias, Héliotropes, Fuchsias, Verveines, etc. Plantes ornementales à feuillage coloré. Plantes spé- cialement propres à la décoration des apparte- ments. Jeunes plants de plantes ornementales annuelles. — II. Jamain, horticulteur, 217, rue de la Glacière, Paris. Circulaire e.xclusivement propre aux nouvelles variétés de Rosiers récemment mises au commerce, .à i>rix réduit. Elles com- prennent neuf llo.siers thés, deux Ile-Bourbon, deux hybrides de thé; vingt-sept hybrides re- montants, un Pv.osier remontant mousseux à fleur blanche, enfin un Rosa pohjantha re- montant à fleurs roses pleines. — Auguste Van Geert, horticulteur à Gand (Belgique). Catalogue pour 1881 des }>lantes disponibles dans cet établissement, l’un des ])rincipaux de la Belgique, ce (jui n’est pas }>eu dire. Parmi les nouveautés figurées dans ce ca- talogue se trouvent les suivantes : Alocasia Thibauti, Aralia monstrosa, Cypripedium Euryandrum , Dychsonia Bertcronoa ^ les DiefJ'enhachia Carderi et Lcopoldi,\cs Nepcn- thcs hicalcarata^ Williamsi et Lawrenciana^ Lastrea aristata variegata, Pcperomia pros- trata, Ptychosperma Seemannii, Sarracenia Chelsonii, Senecio speciosus, etc. L’envoi des catalogues sera fait à toute personne qui en fera la demande. — f’ouclié iière et fils, horticulteurs à la Flotte, île de Ré (Charente-Inférieure). Prix-courant ‘ pour 1881, particulièrement propre aux plantes destinées à l’ornementation des jardins pendant l’été : Dahlias, Cannas, Fuchsias, Pétunias, Verveines. Toutes les séries de Pélargonium grandiflores, peltatum, zonales, etc., à fleurs simples et à fleurs doubles. Héliotropes, Bé- gonias, Coléus, Phlox decussata. Chrysanthè- mes, etc. Spécialité d’oignons à fleurs. Frai- siers, etc. Articles de pépinière : arbres fruitiers, forestiers et d’ornement. Conifères, Rosiers, etc. — Rougier-Chauvière, horticulteur, 152, rue de la Ro({uette, Paiis, publie deux catalogues pour 18S1, l’un particulier aux Dahlias, l’autre destiné aux diverses plantes que l’établissement est à même de fournir. Inutile de ra})peler que, soit pour l’exactitude des noms, soit comme choix, soit comme nombre de variétés, la col- lection de Dahlias de M. Rougier-Chauvière est certainement rune des premières de l’Europe. Quant aux ))lantes diverses de serre chaude, serre tempérée et serre froide, rétablissement DES MACHES. (le JM. Rougic'i’ est inc(Mitestabl(mient le j»lus imporlant de la France. C’est iiKJine aujour- d’hui à peu près le seul où l’on peut trouver des collections les })lus complètes en plantes de serre les [>lus vaiiées, ce ([ui ne l’empèclie de cultiver toutes les j)lantes herbacées usuelles m les plus communément em])loyées pour la déco- ration des jai'dins ; Pélari^oniurns, Verveines, Fuchsias, Iléliotro|)es, Pétunias, Pldox, Pivoi- nes, etc., ainsi ({ue des aibustes d’ornement. Clématites, Céanothus, (de., etc. DES MACHES De toutes les plantes potagères usuelles, les Mâches, vulgairement Doucettes, » sont celles dont il est le plus facile de constater l’origine sauvage^ c’est-à-dire spontanée. En effet, il est peu de pays où l’on n’en ren- contre plus ou moins. Mais d’une autre part aussi, ces végétaux font ressortir l’in- lluence des milieux et pourraient montrer aux faiseurs d’espèces comment se forment celles-ci. A l’état sauvage les Mâches cons- tituent des petites touffes k feuillage hlond, allongé, peu serré. Toutes à peu près ont ces memes caractères, malgré les nombreuses années — les siècles probablement — qu’elles Fig. 52. — Mâche à feuilles rondes. se reproduisent. Introduite dans les cultures, et par conséquent placée dans des milieux très-différents, la Mâche commune des champs n’a pas tardé à produire des varia- tions qui, à l’aide de sélections, se sont fixées et ont formé des variétés distinctes se reproduisant bien par semis. Les caractères portent soit sur les dimensions des plantes, leur couleur, la nervation, la forme ou la nature des feuilles, et même sur les graines. Toutes ces variétés n’ont pas une même valeur commerciale; certaines aussi ont les ciractères plus stables que d’autres et con- viennent mieux pour des localités particu- lières, où leurs caractères se maintiennent. ce qui explique pourquoi l’on est obligé d’y recourir au bout d’un temps plus ou moins grand, suivant les conditions de milieu où l’on se trouve. Voici ci-après une description succincte Fig. 53 — Mâche d’Italie ou Régente. de quelques variétés, parmi lesquelles se trouvent les plus généralement cultivées, y compris le type, par lequel je vais commen- cer : Mâche commune. Plante un peu élancée, Fig. 54. Mâche verte d’Étampes, â feuilles veinées. non compacte, à feuilles étroitement et longuement atténuées à la base, molles, d’un vert blond. — Quand les plantes sont isolées, elles forment des toulïês • assez larges, mais jamais serrées. FUITILLAKIA RECUKVA. 2-20 M. à feuilles rondes 52). L’une des plus cultivées par les maraîchers de Paris. Celte variété est compacte, a les feuilles longues et largement arrondies, résistantes, d’un beau vert foncé. — Graines rondes nues (1). M. d'Italie ou Régente (fig. 53). Plante très-volumineuse. Feuilles longues, molles, d’un vert blond, à limbe ovale longuement atténué à la base. — Graines vêtues. M. d'Italie à feuilles de Laitue. Sortie de la précédente (Pxégente). Cette variété forme de fortes touffes étalées. Feuilles très-développées, molles, à limbe très-lar- gement et longuement obovale, mince et comme légèrement érosé sur les bords, lar- gement atténué jusqu’à leur insertion, d’un vert blond. — Graines vêtues. M. verte d’Étampes (fig. 54). Relative- ment naine, cette espèce forme des touffes étalées compactes. Feuilles consistantes, d’un vert foncé, veinées, réticulées, à limbe obovale arrondi, largement atténué à la base. — Graines nues. M. verte de Chevreuse. Naine, compacte. Feuilles très-consistantes, courtement atté- nuées en pétiole, lisses,; luisantes, d’un vert fon< é, très-fortement veinées. Ces deux variétés, outre leurs qualités, ont le mérite de se bien conserver quand elles sont cueil- lies, ce qui les rend très-propres pour l’ex- pédition. M. verte à cœur plein. Plante naine, compacte et serrée, courtement ramifiée. issue de la Verte de Chevreuse. Feuilles d’un vert foncé, fortement veinées, réticulées, comme légèrement gaufrées. A quelque rapport avec la précédente. M. à grosses graines. A^^pectde la Mâche ordinaire, mais plus forte. Feuilles obovales, allongées, très-longuement atténuées à la base, d’un vert blond. Plante dressée, éta- lée. La graine est beaucoup plus grosse que dans les autres variétés nues. Cultivée quelques années en France, elle retourne au type primitif (Mâche ordinaire). C’est une forme locale, originaire de Hollande. M. coquille à feuilles rondes. Cette va- riété, sortie de la Mâche à feuilles rondes, forme des touffes compactes. Feuilles con- caves (en capuchon), d’un beau vert, réticu- lées-veinées. Ainsi qu’il a été dit plus haut, toutes ces variétés de Mâches, qui ne sont pas les seules du genre, sont assez constantes. Pour les maintenir franches, on choisit pour porte- graines les plantes les mieux caractérisées. Si l’on voulait créer de nouvelles races, il faudrait choisir parmi les semis les indi- vidus qui présentent des caractères particu- liers que l’on tient à reproduire, les enlever avec une petite motte et les planter à part pour en récolter les graines. Bien que courte, cette étude ne manque pas d’intérêt, car elle a été faite sur place dans les cultures de MM. Vilmorin, sur un grand nombre de plantes, ce qui permettait d’en saisir les différences. May. FRlïlLLARIA REGüRVA Originaire de la Californie, cette espèce est encore rare dans les cultures. Nous ne l’avons vue que chez M; Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil (Seine-et-Oise), où nous avons constaté les caractères sui- vants : Tige d’environ 25 centimètres, glabre, (1) On nomme nues, dans les Mâches, les graines dont le testa est complètement dépourvu d’appen- dice, par opposition à graines vêtues, qui se dit de celles dont le testa, plus ou moins recouvert d’une pellicule herbacée, forme autour d’elles une sorte de gaine qui semble l’envelopper comme si le ca- lice, mat cescent, constituait une sorte d’étui ouvert par l’un des bouts, qui est denticuié. En outre de ce caractère si singulier qui, par les graines, par- tage les Mâches en deux séries distinctes, il y a encore les dimensions des graines, qui sont sou- vent très-différentes. d’un vert glauque dans toutes ses parties. Feuilles longues et étroites, les inférieures verticillées par quatre, le deuxième verti- cille ordinairement par trois, tandis que les supérieures sont éparses, toutes très-lon- guement acu minées en pointe. Fleurs ordi- nairement presque horizontales, rouges, à divisions très-rapprochées, constituant une sorte de tube ou de cloche étroite dont le sommet est légèrement roulé en dehors. Cette espèce, très-rare, se trouve chez M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Argen- teuil, qui l’exposait en fleurs à une des séances de la Société nationale et centrale d’horticulture de France. C’est l’une des plus jolies du genre. E*-A. Carrière. lmp. Georges J acob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Nomination de M. Nanot comme suppléant du cours municipal et départemental d’arboriculture; retraite momentanée de M. Dubreuil, titulaire de cette chaire. — Culture des plantes sans terre. — Exposition organisée par la Société d'horticulture d’Anvers, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de la Belgique. — Aristolochia pelicana; lettre de M. Jules Lachaume. — Céleri blond ou blanchâtre. — Exposition de la Société d’horticulture d’Elbeuf. — Graines de Musa ensete importées d’Abyssinie. — Floraison et fructification du Dracœna indivisa Pigny. — Exposition d’horticulture de Fontenay-sous- Bois. — Les Vignes de Californie; extrait d’un rapport de M. de Savignon. — Utilisation des coquilles d’œufs en horticulture; lettre de M. Attias. — Exposition d’horticulture de Liège. — L’Arroche des jardins; communication de M. Bardet fils. — Fait de dichroïsme constaté sur une Pivoine par M. Ch. Verdier. — Fixité de certaines formes particulières de V Anthurium Scherzerianum ; lettre de M. de la Devansaye. — Exposition de la Société d’horticulture de Cherbourg. — Exposition de la Société d’horticulture de l’Hérault, à Cette. — Les vins de Vignes américaines. — Les Caladiurns bulbeux comme plantes d’appartement. — Le Chœnomeles Japonica cardinalis. — Melon et Vigne du Caboul ; lettre de M. Fabre-Tonnerre. — Les ennemis des jardins : insecte de l’Oseille, charançon des Fraisiers, champignons qui attaquent les Rosiers et les Orangers. Un arrêté en date du 11 mai 1881 auto- rise M. Dubreuil, professeur municipal et départemental d’arboriculture, à s’adjoindre un collaborateur, afin de pouvoir prendre un repos qui lui est indispensable. Par ce même arrêté, M. Nanot, répétiteur d’arbo- riculture à l’Institut national agronomique, a été nommé professeur suppléant de ce cours. Depuis longtemps très -fatigué par ses travaux, et malgré son énergique activité, M. Dubreuil était parfois obligé d’inter- rompre ses démonstrations, et tout récem- ment, lors du dernier examen des élèves qui avaient suivi ses leçons, il n’a pu assister à cet examen. Outre ses cours publics, soit au jardin d’expériences de Saint-Mandé, dont il est le créateur, soit à l’hôtel de la Société d’horticulture, 84, rue de Grenelle, M. Du- breuil faisait chaque année des cours d’ar- boriculture dans les diverses villes de la France qui réclamaient l’appui de ses con- naissances spéciales. De plus, il a publié, soit seul, soit en collaboration avec d’émi- nents savants, un grand nombre d’ouvrages très-estimés et qui sont répandus presque dans toutes les parties du monde. Nous espérons donc que sa retraite lui permettra de publier les intéressantes observations que sa position le mettait à même de faire. — L’exposition d’horticulture qui vient d’avoir lieu récemment à Paris, aux Champs- Elysées, a permis de se rendre compte d’un système dont on a beaucoup parlé depuis quelque temps : « de la culture des plantes 16 JUIN 1881. sans terre. » Nous aussi, avons examiné les plantes exposées par M. Alfred Dumes- nil qui, soit dit en passant, n’est pas l’in- venteur du procédé, ce que, du reste, il reconnaît. Ce système, sur lequel nous reviendrons, ne peut être discuté dans une chronique ; pour aujourd’hui nous nous boimons à dire que, contrairement à l’idée que beaucoup de gens s’en sont faite, il ne s’agit pas de cultiver les plantes sans terre, mais tout simplement] de les enlever du sol (juand elles sont arrivées à un certain état de déve- loppement, et d’en envelopper la base avec de la mousse « préparée » que l’on tient constamment humide. Ce n’est donc pas (( culture, )) mais conservation, qu’il fau- drait dire, ce qui est bien différent. Ainsi qu’on le voit, ce procédé ne pré- sente rien d’extraordinaire. Son seul intérêt consisterait donc dans la préparation de la mousse. Y a-t-il là un progrès? et si oui, est-il aussi important qu’on a bien voulu le dire ? C’est ce que nous examinerons prochaine- ment. — A l’occasion du cinquantenaire de l’in- dépendance delà Belgique, la Société royale d’horticulture et d’agriculture d’Anvers fera dans cette ville, les 14, 15 et 16 août 1881, une exposition internationale d’horticul- ture, ainsi que des arts et industries qui s’y rattachent. Toutes les dispositions sont prises pour donner à cette solennité l’intérêt que peut comporter cette grande fête nationale. Les 12 222 CHRONIQUE HORTICOLE. concours seront nombreux, et les récom- penses ne feront pas défaut, puisque 300 mé- dailles sont destinées à l’attribution des lots. Les récompenses spéciales ou grands prix sont au nombre de 6, qui sont : médaille d’or de grand module, offerte par S. M. le roi ; médaille d’or de grand module, ofïerte par S. M. la reine ; médaille d’or de 500 fr., offerte par la Fédération des sociétés d’horticulture de Belgique; médaille d’or de 200 fr., offerte par M. le président de la Société ; médaille d’or de 200 fr., offerte par M. le vice-président de la Société; médaille d’or de 200 fr., offerte par MM. les membres du conseil d’administration de la Société. — Dans une lettre du 18 mars qu’il nous adresse de la Havane, notre collègue, M. J. Lachaume, fait un pompeux éloge d’une Aris- toloche à très-grandes fleurs qu’il nomme Aristolochia pelicana. Ses fleurs, dont les dimensions sont considérables, ont l’incon- vénient, comme beaucoup d’autres de ce genre, du reste, quand elles sont épanouies, de répandre une odeur cadavéreuse qui attire les mouches et même des lézards, qui à leur tour vont là pour dévorer les mouches. La plante dont parle M. Lachaume ne serait-elle pas V Aristolochia gigas ou VA. fœtens, qui est considéré comme n’en étant qu’une forme ? — Parmi les nouveautés de légumes re- marquables, citons un Céleri blond ou blan- châtre naturellement, l’analogue de la Chi- corée frisée blanc jaunâtre qui, comme celle-ci, a l’avantage de pouvoir être con- sommé sans être soumis à l’étiolage. Cet état particulier, que l’on rencontre aussi dans certaines plantes d*ornement, par exemple dans le Parthenium aureum, est-il dû à une maladie? Oui et non, suivant le point de vue où l’on se place. S’il est une maladie, il en serait donc de même de toutes les pa- nachures, et alors où sera la limite, car les feuilles colorées ne sont-elles pas aussi des sortes particulières de panachures, l’indice d’une altération des tissus, c’est-à-dire une sorte d’affection organique ? Heureusement que, au point de vue pratique, ces questions physiologiques sont très-secondaires ; l’essen- tiel est que l’on puisse tirer parti de ces choses, et c’est le cas pour les légumes dont nous parlons. — Du 13 au 17 juillet prochain, la So- ciété d’horticulture d’Elbeuf fera dans cette ville une exposition à laquelle sont invités tous les horticulteurs et amateurs d’horti- culture. Les demandes de place doivent être adres- sées au président de la Société d’horticul- ture d’Elbeuf jusqu’au 30 juin. — Les mem- bres du jury se réuniront le 13 juillet, à une heure. — Malgré les énormes difficultés qu’il y avait pour pénétrer en Abyssinie, on est en- fin parvenu à se procurer des graines de Musa ensete, et aujourd’hui nous pouvons informer les amateurs de cette belle plante qu’ils pourront en trouver chez MM. Vilmo- rin et G‘®, 4, rue de la Mégisserie. Toutefois, comme le stock importé n’est pas considérable, les personnes qui désirent se procurer des graines feront bien de ne pas trop attendre pour faire leur demande. — Quand, il y a quelque temps, dans ce journal, nous appelions l’attention sur le Dracœna indivisa Pigny (1) et faisions remarquer combien cette plante est diffé- rente du type, nous ne prévoyions pas que, peu de temps après, cette forme si remar- quable montrerait ses fleurs, ce qui pourtant a eu lieu. A celles-ci, qui ne présentaient rien de particulier, sinon qu’elles étaient odorantes, ont succédé en très-grande quan- tité des fruits contenant *des milliers de graines. Que produiront celles-ci? Les sujets qui en naîtront retourneront-ils au type indivisa ou formeront-ils race en don- nant des variétés à feuilles plus larges, les- quelles iraient se confondre avec d’autres types spécifiques de Dracœna? Nous ne manquerons pas de le dire et d’enregistrer les faits, surtout s’ils présentent de l’intérêt soit au point de vue horticole, soit à celui de la science. — Du 31 juillet au 4 août 1881 inclusive- ment, la Société régionale d’horticulture de Vincennes fera à Fontenay-sous-Bois une exposition d’horticulture et des arts et des industries qui s’y rattachent. Tous les horti- culteurs et amateurs sont invités à prendre part à cette exposition. Outre les concours prévus, la Société met à la disposition du jury des médailles de (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 20. -223 CHRONIQUE HORTICOLE. diverses valeurs pour être altrihuées aux lots qui ne rentreraient dans aucun des con- cours établis. — La crainte du phylloxéra et le désir d’obtenir des cépages résistant à son action destructive a fait porter l’attention sur les Vignes des diverses parties du globe qui pa- raissent susceptibles d’être cultivées en France. C’est surtout à l’Amérique, conti- nent très-riche en Vignes sauvages, qu’on s’est adressé. Dans ce pays si vaste, on a trouvé des sortes de nature, de qualités et de tempéraments très-divers ; quelques-unes même semblent par des caractères communs devoir constituer des races particulières auxquelles on a donné des qualifications spéciales. Telles sont les « Vignes sauvages de la Californie » dont il est souvent question dans les recueils agricoles, viticoles et même liorticoles. Quelles sont ces Vignes sauvages? Nous croyons utile de faire connaître un extrait de ce qui en a été dit dans un rap- port présenté à M. le Ministre de l’agricul- ture, à la suite d’une mission remplie en Californie dans l’année 1880. Voici : Toutes les variétés de Adgnes sauvages origi- naires de Californie ont été, jusqu’à ce jour, comprises sous la dénomination commune de Yitis Califoy'Yiica. Nous avons pu constater sur place qu’il existe cinq variétés présentant des dissemblances bien tranchées qui ne permettent pas de les confondre;... mais les caractères suivants sont fixes et communs aux cinq va- riétés : végétation d’une grande vigueur (les plantes qui montent dans des arbres de 10 à 20 mètres de hauteur, et les garnissent com- })lètement) ; fructification très-abondante (255 li- tres par pied); vin très-coloré, riche en tannin et en tartre ; cinq nervures aux feuilles, l’une médiane, les autres latérales et opposées. F. de Savignon. — Pmlativement à l’utilisation des co- quilles d’œufs pour la culture des plantes, M. E. Attias nous a fait observer que cette invention c( n’est pas nouvelle. )> A ce sujet, il nous écrit le 17 mai : Monsieur Carrière, Ce procédé est longuement expliqué dans VAlmanach du Jardinier fleuriste de 1859 (il y a vingt-deux ans!), page 45; l’article est signé Boncenne, et a dû être extrait du jour- nal V Horticulteur praticien^ année 1858. Je désire que vous fassiez mention de ma lettre dans la Revue horticole, car il est juste de rendre à César Veuillez, etc. Tout en remerciant M. Attias de son in- téressante observation et en le félicitant des sentiments d’équité qu’il montre en vou- lant (( rendre à César ce qui appartient à César, » sentiment que nous partageons, nous avouons que rien n’est difficile comme d’in- diquer le premier auteur d’une idée quel- conque, et qu’ici encore nous serions fort embarrassé s’il nous fallait dire quelle est la personne qui la première a inventé le pro- cédé en question, le véritable « César. » En effet, trois personnes nous ont écrit sur le même sujet, et l’une fait remonter la dé- couverte à 1804... Mais qui même pourrait affirmer que ce « César » du commencement du XlXe siècle est le premier ? — La Société royale d’horticulture de Liège fera à Liège, du 24 au 28 juillet, unt exposition d’horticulture et des arts et in- dustries qui s’y rattachent, et à laquelle sont conviés les horticulteurs et amateurs de tous les pays. Les concours ouverts, au nombre de 206, comportant chacun deux médailles, il en résulte que 412 médailles en or, vermeil et argent sont affectées à cette exposition, quantité considérable qui, pourtant, ne li- mite pas les récompenses, puisque le pro- gramme contient ce passage : « Le conseil d’administration met à la disposition du jury les médailles nécessaires pour récom- penser les envois non prévus au pro- gramme, » ce qui, dans l’application, peut se traduire par ceci : médailles ad libitum. Le jury se réunira le 23 juillet, à midi précis. — M. Bardet fils, horticulteur à Varso- vie, nous informe que la plante signalée par M. le prince de Stourdza comme pouvant servir à de nombreux usages culinaires , et dont nous avons parlé dans la Revue horti- cole, numéro du 1^»’ avril 1881, p. 124, (( n’est autre que VAtriplex hortensis, vul- gairement Arroche des jardins, » et à ceci il ajoute : « Cette plante sert aussi, en Po- logne, à la confection de divers mets, entre autres à faire une soupe acidulée, dite na- tionale, la <( barscz, » Ici cette plante s’ap- pelle le Binda. Je vous avoue que, pour mon compte, je ne trouve rien de merveil- leux à cette plante, et qu’aucun des mets que j’ai mangés, résultant de sa prépara- tion, n’ont satisfait mon palais qui, peut- E. Attias (Paris). CIiaOMQliE HOiniCOLF. :224 être, est plus délicat que celui des paysans roumains. » — Un nouveau fait de dichroïsme vient de nous être signalé pjir notre collègue, M. Charles Verdier : c’est la production, sur une même plante de Pivoine officinale à fleurs rouges, de tiges portant des fleurs blanches ou carnées. Ce fait qui, une fois de plus, montre que, comme tous les autres caractères, les couleurs [résultent de com- binaisons des ék'ments qui entrent dans leur composition, n’est pas, comme quel- ques-uns l’ont dit, une preuve de (( retour » à un ancien type, .puisque, dans certains cas, non seulement ces faits n’ont pas d’a- nalogue , mais encore qu’ils sont parfois nombreux et divers sur une même plante, ce qui donnerait à celle-ci plusieurs ori- gines. ■ — A plusieurs reprises déjà, en signalant certains faits ^de dimorphisme de V Anthu- rium Scherzerianum (1), nous disions que ce type était ébranlé, et que bientôt, peut- être, par la fixité de ces modifications, cette espèce présenterait des formes particu- lières. La chosé s’est reproduite, et aujour- d’hui un de nos collaborateurs, i\L de La Devansaye, nous informe qu’il possède dans ses cultures deux variétés dont l’anomalie paraît stable et devoir rester permanente. Voici ce qu’il nous écrit : « Deux de mes Anthuriums, genre Rothschildianum ou J^mile Bertrand (2), sont à spathes su- perposées ; chez l’un, l’une des deux spathes est tachée de rose sur fond blanc, tandis que la spathe supérieure est rouge ver- millon comme le type (première floraison). Dans l’autre sujet, les deux spathes super- posées sont fond blanc taché de rose (deuxième floraison). C’est donc une forme se reproduisant régulièrement. Voilà donc notre supposition devenue une réalité, une sorte accidentelle créée spontanément et présentant, outre la forme différente de l’inflorescence, des couleurs également dif- férentes dans les diverses pièces, par con- séquent des faits tout à fait analogues à ceux que peuvent présenter des plantes de semis. (1) V. Rev. 1878, pp. 305-315; 1879, p. 190; 1880, pp, 221, 283, 416. (2) V. Revue horticole, 1879, p. 190. — La Société d’horticulture de Cher- bourg fera dans cette ville, du 30 juillet au 2 août -1881, une exposition de tous les produits de l’horticulture et de ceux des arts et industries qui s’y rattachent. Les horticulteurs et amateurs de tous les pays sont invités à prendre part à cette expo- sition. Les objets devront être rendus au local de l’exposition le vendredi 29 juillet, avant midi, excepté les fleurs coupées et les lé- gumes, qui seront encore reçus le samedi jusqu’à dix heures du matin. Le jury se réunira le samedi 30, à onze heures précises du matin. — Du 26 au 30 août, la Société d’horti- culture de l’Hérault fera, à Cette, une expo- sition à laquelle, aux produits horticoles pro- prement dits, seront joints ceux des arts et industries qui s’y rattachent. Les demandes d’admission devront être adressées avant le 15 août, soit au secré- taire général de la Société, à Montpellier, soit au secrétaire du comité local de Cette, à Cette. — L’utilisation et la consommation di- rectes des vins de Vignes américaines, dont on avait douté pendant longtemps, sont au- jourd’hui hors de toute contestation. C’est un fait acquis. Outre l’emploi qu’on en fait comme « coupage » dans la composition des vins de « cuvée, » auxquels ils sont très- propres, ces vins, récoltés en France sur des cépages américains, sont aujourd’hui, dans le Midi, fréquemment consommés à l’état de nature, soit chez les débitants, soit même dans les hôtels, quand les personnes en témoignent le désir. Toutefois, nous rap- pelons que toutes ces Vignes américaines à emploi direct, c’est-à-dire autre que comme sujets, ne peuvent être cultivées avanta- geusement en France que dans les parties chaudes, dans le Midi, par exemple. — Une opinion trop généralement admise est que les Caladiums bulbeux ne peuvent résister dans les appartements, et que ces plantes sont seulement propres à orner les serres. Cette idée, complètement contraire à la vérité, peut être préjudiciable en faisant considérer ces plantes comme impropres à un emploi auquel, au contraire, elles s’adap- tent parfaitement. En effet, nous en avons CimOMÜUE IIÜKTICOLK. "2^25 vu récemment plusieurs pieds exposés par M. Boizard, jardinier de M>“e la baronne de Rotlischild, à Paris, qui, après être restés un mois dans les appartements, étaient tout aussi frais et aussi beaux que lorsqu’on les avait sortis des serres. Nous devons toute- fois faire remarquer qu’il est bon, très-né- cessaire même, avant de s’en servir dans les appartements, de les mettre pendant quel- ques jours dans une serre relativement froide en leur donnant un peu d’air, de ma- nière à les « durcir )î un peu, puis, dans les appartements, de ne pas les laisser man- quer d’eau. Traités ainsi, non seulement les Caladiums résistent, mais ils conservent leurs couleurs, surtout si les plantes sont exposées à une lumière un peu vive, condi- tion essentielle pour que les couleurs de ces plantes gardent leur éclat. — Nous rappelons à ceux de nos lecteurs qui sont amateurs de belles et bonnes plantes ornementales que l’une des plus jolies est le Chœnomeles Japonica cardi- nalis. Outre que ses Heurs sont excessive- ment grandes, leur coloris, d’un rouge ruti- lant, impressionne tellement la vue qu’elle affaiblit l’effet de toutes les autres plantes, quand il ne l’efface pas complètement. — Le Caboul, de même que le Kahsmyr, est peu connu, surtout au point de vue des plantes domestiques. Ce dernier, grâce à M. Ermens, nous a donné récemment trois variétés de Vigne : Kavaury, Opiman, Katchebonrié ; aujourd’hui, c’estde Caboul qui paie son tribut à l’horticulture euro- péenne. Ainsi, par l’entremise de M. Fabre- Tonnerre, nous avons reçu des graines d’une sorte de Melon exquis, assure-t-on, que les indigènes appellent « Sirdar Karboutchu, » c’est-à-dire roi des Melons. Quant à la Vigne, voici ce que M. Fabre-Tonnerre nous écrit : C’est une plante vigoureuse, qui en peu d’années acquiert une grande force et qui pro- duit des grappes de Raisin dont la plus petite pèse au moins 1 kilogramme. Les grains de ces grappes que j’ai mangées quand j’étais dans l’Inde sont blancs ou jaunâtres, et ont un goût très-prononcé de Chasselas. Cette Vigne croît très-bien dans les vallées tempérées de l’Afgha- nistan ou dans les montagnes de l’IIymalaya. On peut donc espérer ([u’elle réussira dans nos contrées tempérées. Ces grains ont été récoltés pendant la dernière guerre par mon gendi-e. le capitaine lletcher, de rarmée anglaise des Indes. Quel intérêt ces espèces auront-elles pour notre pays ? Ne pouvant le dire, nous aimons à croire qu’elles pourront s’accommoder de notre climat, ce qui est à peu près hors de doute. Seront-elles résistantes au phyl- loxéra? Pourra-t-on en faire du vin? L'ex- périence le dira. Mais ce que nous pouvons presque affirmer, c’est que ce sera un ex- cellent Raisin de table, et peut-être de cuve ; une décoction que nous avons faite des pépins nous a fourni un liquide très-clair, d’un beau jaune, rappelant la couleur de la « fine champagne, » couleur qui s’est pro- duite plusieurs fois des mêmes pépins, chaque fois que nous avons renouvelé l’eau dans laquelle nous les faisions tremper. — Les cultures jardiniques sont de plus en plus assaillies ; outre les intempéries auxquelles elles sont exposées, il y a, soit des maladies particulières qui frappent les végétaux, soit des insectes qui les dévorent ou les font périr. Ainsi, tandis que l’Oseille autour de Paris est ravagée par une chryso- mèle, on voit sur d’autres points toutes les hampes de Fraisiers complètement détruites par un charançon qui les perfore, au point que des champs d’une grande étendue ont dû être labourés. C’est ce qui est arrivé sur- tout à Rosny-sous -Bois, où la culture des Fraisiers avait pris une grande extension. D'une autre part, nous voyons deux cham- pignons de natures très-différentes exercer aussi des dégâts considérables, l’un sur les jeunes Orangers, l’autre sur les Rosiers ; celui qui attaque ce dernier est une sorte d’Érysiphe qui envahit les jeunes pousses et les feuilles, et fait promptement tomber celle-ci, et qui macule aussi les jeunes écorces. Alors la végétation des Rosiers se trouve considérablement ralentie ; quant aux fleurs, elles se décolorent et s’arrêtent dans leur développement. Ce champignon s’est montré tout à coup chez M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine, et en très- peu de temps tous les Rosiers, qui étaient très-beaux, ont dû être rabattus. Quant au champignon qui attaque les jeunes Orangers, il paraît être d’une tout autre nature: d’abord on ne voit presque rien, puis les feuilles se contournent, se boursouflent, et leur tissu sembles’épaissir; alors elles se roulent, se déforment et 226 DAHLIA JUAHEZI. lornbcnt... l’ientol apparaissent des nécroses; le bois noircit, se dessèclie, et la mort ^^agne du liant en bas ; toute la tète se prend et Xiieurt jusqu’au-dessous de la grellé. C’est ainsi qu’en très-peu de temps nous avons vu chez M. Jamain, horticulteur, 215, rue de la Glacière, à Paris, tout une serre en- vahie, et des centaines d’Orangers réduits à l’état de tuteurs, c’est-à-dire dont il ne res- tait plus que la tige, qui à son tour subis- sait le même sort. Quelle est la cause du mal ? Un champignon sans doute, c’est-à- dire un être qui en détruit un autre aux dépens duquel il vit. C’est ainsi que de tout temps se sont passées les choses, et ce qui constitue cette lutte universelle : la lutte pour l’existence, la « bataille delà vie. i> Ici donc encore, ce qu’il nous faut, ce sont des armes. iNous nous adressons aux savants en les priant de nous en fournir, c’est-à-dire de nous indiquer des remèdes que nous nous empresserons de recommander à ceux de nos lecteurs qui en ont besoin. E.-A. Carrière. DAHLIA JUAREZl Cette espèce, récemment figurée par le journal anglais The Garden, est des plus remarquables par le coloris rouge cocciné écarlate très-brillant de ses fleurs, qui est d’un ton tellement chaud qu’il fatigue la vue quand on le fixe pendant quelque temps. Je crois qu’il pourrait être pris avec avantage, soit comme porte-graines, soit même pour êire employé directement à l’ornementation, ce qui m’a engagé à le signaler à l’attention des horticulteurs et des amateurs de Dah- lias. Voici son histoire : En 1872, M. J. -F. Van der Berg, de Juxphaav, près d’Utrecht reçut d’un de ses amis de Mexico une petite caisse contenant différentes sortes de graines, bulbes et tuber- cules. Cette caisse resta très-longtemps en route, et le contenu arriva en un piteux état : les graines étaient mélangées ; une partie avait germé et était gâtée, et les tuber- cules étaient pourris. Cependant il conserva ceux qui parais- saient encore viables, et il attendit patiem- ment le résultat. Au bout de quelque temps, un des tuber- cules émit un petit jet qui bientôt fut reconnu pour être un Dahlia. C’était en hiver, et il ne put en faire que des boutures qui furent conservées avec le plus grand soin, eUau printemps de 1873 il en avait quelques-unes qui furent plantées dehors avec d’autres Dahlias en juin ; ils fleurirent en même temps que ces dernières, et tous ceux qui les virent admirèrent leur taille et leur forme, et particulièrement la vivacité de la couleur, qui égalait celle des pavots les plus brillants. ' En 1874, la plante fut vendue à un des grands horticulteurs de France, d’où elle retourna en Hollande chez MM. Ant. Roozen et fils, de Oversveen, et c’est à M. "W.-H. Cullingford, de Kensington, que l’on doit son introduction en Angleterre et qui la cul- tiva pendant deux ans sans en soupçonner la rareté. M. Henry Gaunell, de Swanley, à qui il en donna des plantes, l’exposa à South Ken- sington, où elle fit grande sensation, et où on lui donna le nom de Cactus Dahlia, à cause de la ressemblance de la Heur avec celle des Cactus. Elle est généralement répandue sous le nom de Dahlia Guarezi ; mais le vrai nom doit être Juarezi, car lorsque M. Van der Berg la reçut du Mexique, Juarez en était le président. Jean Sisley. (Extrait du Garde^i du 7 mai 1881.) DE L’AVANTAGE DES CHASSIS POUR LA CULTURE DES LÉGUMES DE PRIMEUR Contrairement à une opinion encore trop généralement admise, la culture des pri- meurs sous châssis est infiniment plus avantageuse que celle qu’on pratique sous cloches, d’abord parce que le résultat en est plus certain, ensuite parce qu’elle est plus économique, ce que je me propose de démontrer. Je commence par dire que, outre qu’ils sont préférables aux cloches, les châssis re- DE l’avantage des CHASSIS POUR LA CULTURE DES LÉGUMES DE PRIMEUR. viennnent moins cher, ce qui fait une éco- nomie dans le matériel. Un châssis dit maraîcher, de 30 sur 1'" 35, coûte, avec son coffre, de 16 à 18 fr. et couvre une superficie de 1"* 75 de ter- rain. Pour couvrir une même quantité de terrain, il faudrait quatorze cloches de 40 centimètres de diamètre, valant de 1 fr. à 1 fr. 20 chacune, ce qui fait, pour avoir l’équivalent d’un châssis, 14 à 16 fr. 80. No- tons que les cloches sont très-fragiles, et qu’une fois cassées elles ne sont plus guère réparables. En admettant donc que sur qua- torze cloches on en casse en moyenne une par an, au bout de quatorze ans on n’en aurait plus aucune, au lieu que des châssis bien entretenus peuvent durer vingt-cinq à trente ans. Mais de plus, outre cette éco- nomie de matériel, l’entretien du coffre et des châssis est largement compensé par la place que l’on gagne sur les cloches. En elfet, au lieu de quatorze cloches qu’il faut pour couvrir la même surface de terrain qu’un châssis, on ne peut en utiliser que dix ou douze au plus, à cause du vide qui reste entre chaque cloche. D’une autre part, l’emploi des châssis est beaucoup plus commode que celui des clo- ches. Ainsi deux hommes portent facilement deux châssis qui représentent vingt-huit clo- ches, tandis que pour manoeuvrer ce nombre de cloches quatre hommes au moins se- raient nécessaires. Quant aux travaux à faire sous châssis, tels que semis, plantation, nettoyage, sarclage, arrosage, etc., ils sont infiniment plus faciles sous châssis que sous des cloches et bien plus économiques, puisque chaque fois qu’on déplace un châssis le travail équivaut au déplacement de qua- torze cloches. Sous ce rapport encore, l’avantage n’est pas discutable. Au point de vue de la culture, les châssis sont également préférables. D’abord les plantes sont plus rapprochées du verre et se trouvent dans de meilleures conditions ; la lumière est plus forte, et le soleil chauffe mieux sous les châssis que sous les cloches. Avec le temps, ces dernières finissent par se dépolir, devenir opaques, et après quel- ques années sont hors d’usage. De plus, la chaleur est toujours concentrée au som- met de la cloche de sorte que les plantes s’étiolent plus vite ; et enfin on ne peut planter ni aussi régulièrement ni aux 227 memes distances, d’où il résulte que les plantes sont généralement trop serrées, et par conséquent moins belles sous cloches que sous les châssis. Si à tout ceci l’on ajoute qu’on peut tou- jours utiliser les châssis pendant l’hiver soit pour garantir des légumes de la gelée, soit pour forcer des Asperges, des Laitues, des Concombres, etc., etc., et surtout cultiver des Melons de première saison, toutes choses qu’il est impossible de faire avec des cloches, on comprendra que, à tous les points de vue, l’avantage des châssis sur les cloches est considérable. Notons encore que les châssis peuvent remplacer avantageusement les cloches pour les cultures de printemps, telles que celles des Melons, des Choux-Fleurs, Laitues, Ro- maines, etc., etc., et que la réussite sera infiniment plus certaine, surtout pour les Melons. En effet, quand une fois les branches de Melons sortent en dehors de la cloche, elles sont exposées à toutes les intempéries extérieures, qui déterminent des maladies, notamment la rouille, ce qui s’est vu en 1866, en 1878 et 1879, où les Melons de cloche ont été complètement perdus par cette maladie qui est occasionnée par les temps humides et froids. Ces années-là, en effet, tous les maraîchers ont perdu leurs Me- lons de cloche, ce qui ne serait pas arrivé si, au lieu de cloches, on avait employé des châssis, car alors les Melons eussent été garantis contre les froids et l’humidité qui leur sont si préjudiciables, de sorte que, malgré une saison très-défavorable, on eût pu encore faire une récolte sinon abondante, du moins passable, ce qui n’a pas eu lieu avec la culture sous cloche, puisque toute la récolte a été perdue. Voyons maintenant l’avantage que pro- curent les châssis sur la pleine terre. Plusieurs années d’expérience nous ont démontré que, même sans couche et par le seul fait de la chaleur du soleil, les châssis avancent la récolte d’un mois sur la pleine terre. Si l’on y fait seulement une petite couche tiède, on gagne quinze jours à trois semaines de plus, c’est-à-dire six à sept se- maines sur la pleine terre. Ainsi, en semant des Carottes courtes le 1er février : 1® sur couche tiède ; 2'’ sous châssis à froid ; 3*^ en pleine terre sur cô- tière le long d’un mur, on pourra commen- cer à récolter les premières le 20 avril, les 228 DE LA GREFFE FORCÉE DES ROSIERS. secondes le 5 mai, laridis que celles de la pleine terre donneront seulement les pre- miers jours de juin. De plus, à partir du 15 avril, les châssis peuvent encore servir pour faire une saison de Melons ou de Ha- ricots à froid. Des avantages analogues se produiront si, au lieu de Carottes, on cultive des Radis, des Choux-Fleurs, des Pommes de terre, des Lai- tues ou des Romaines ; il n’y aura de diffé- rence que dans l’époque de la récolte, qui varie suivant la nature des légumes cul- tivés. C’est surtout pour les cultures à froid que nous recommandons tout particulièrement l’usage des châssis, par cette raison que, outre qu’elle est à la portée de tous, elle coûte peu, puisqu’on peut la faire sans autre fu- mier que celui qu’on emploie pour la culture en pleine terre, et qu’avec les mêmes châssis l’on avance deux récoltes de vingt-cinq à trente jours. Toutefois, et malgré tout l’avantage qui peut résulter de l’emploi des châssis, il faut reconnaître que cet avantage est relatif, et qu’à une certaine époque de l’année les cul- tures sont moins favorables, ce que vont dé- montrer les quelques observations suivantes : Ainsi, si l’on avance d’un mois à sept semaines les légumes faits sous châssis le |er février, l’expérience nous a démontré qu’à partir du 1®’' novembre jusqu’à la tin de janvier, cbacun de ces mois ne faisait gagner que buit jours sur des mêmes cultures commencées lel®*’ février. Supposons, par exemple, que l’on sème des Carottes courtes sur couche" tiède le novembre, on gagnera trois semaines sur celles faites trois mois plus tard ; en semant le décembre, on gagnera quinze jours, et celles semées le 1®'" janvier donneront seulement huit jours plus tôt que celles com- mencées le 1®'’ février. Il y a donc peu d’avantage à commencer trop tôt, puisque, comme nous l’avons déjà dit, la réussite est bien moins certaine les cultures étant exposées à toutes les intem- péries des trois mois les plus humides et les plus froids de l’année. L’on est alors obligé de faire des couches plus fortes qui, malgré cela, perdent promptement leur chaleur, de sorte qu’il faut refaire souvent les réchauds, couvrir et découvrir les châssis, ce qui prend beaucoup de temps et occa- sionne d’assez grandes dépenses, et cela pour gagner quelques jours seulement et avoir une récolte bien inférieure. Donc, à tous les points de vue, il est pré- férable, à moins déraisons particulières, de ne commencer à cultiver la plupart des lé- gumes comme primeurs que vers la tin de janvier ou môme dans les premiers jours de février. A cette époque, le soleil commence à « prendre de la force, » comme l’on dit vulgairement; les jours sont plus longs, et les froids ne sont plus autant à craindre, et la récolte, beaucoup plus certaine, sera aussi beaucoup plus belle. Si pour des motifs particuliers l’on voulait gagner dix à quinze jours d’avance, il vaudrait mieux ne faire que quelques châssis seulement de chaque espèce de légumes, et ne commencer la grande saison que le 1®** février. Louis Jules. DE LA GREFFE FORGÉE DES ROSIERS Nous ne rappellerons pas les détails de l’opération qui, du reste, ne présente rien de particulier, puisqu’elle n’est autre que la greffe en fente pratiquée dans une serre chaude, c’est-à-dire dont, pour la circons- tance , la température est maintenue à 25 degrés environ. On sait aujourd’hui qu’il n’est pas nécessaire de taire de couche, au contraire. Quant aux avantages que procurent les greffes forcées, ils sont considérables et constituent un véritable progrès, puisque de Rosiers nouveaux, achetés 25 et 30 fr. la pièce, ou peut, quelques mois plus tard. en fournir de beaux sujets prêts à fleurir ou même en fleurs pour 3 fr. chaque pied, ce qui permet à tous, même aux impatients, de s’en procurer. Toutefois, ce ne sont pas tant ces avan- tages que nous nous proposons de faire res- sortir ici qu’une modification heureuse qui vient d’être apportée à l’opération par un rosiériste des plus distingués, du reste, dont le nom est des plus honorablement connus, par M. Hippolyte Jamain, horticulteur, 217, rue de la Glacière, à Paris. Cette innova- tion, (les plus simples, consiste à ne pas employer pour sujets des Rosiers vieux en U U ST IC [T F<: DES DIU LENA IN DI VI SA. pots, contrairement à tout ce que l’on fai- sait et recommandait jusqu’ici. Au con- traire, M. Jamain choisit ses sujets, qui tou- jours sont des Manetli^ les empote dans un compost consistant et nutritif, préparé à l’avance, et les greffe de suite. Dans cette condition, c’est-à-dire dans cette terre vierge, les sujets ne tardent pas à émettre des racines qui, trouvant là des éléments bien préparés, communiquent aux sujets une sève abondante et riche, qui agit sur les greffons et en fait développer vigoureuse- ment les yeux, de sorte que l’on a de •suite soit de très-beaux scions qui, si l’on a affaire à des hybrides, peuvent atteindre 1 mètre et plus de longueur ou, si ce sont des thés ou des sortes analogues, constituer des buissons qui ne tardent pas à se cou- vrir de fleurs. Au contraire, si les sujets sont vieux en pots, la terre est usée, et leur végétation, qui alors ne se fait guère que par la suite des arrosements, est toujours faible, ne donne non plus aux parties gref- fées qu’une sève peu abondante et pauvre, dont elles se ressentent, ce qui se traduit par une végétation grêle, des feuilles Kd mai- gres, » mal constituées et qui, le plus sou- 2-29 vent, ne tardent pas à tomber. Résultat final relativement mauvais. Une précaution, qui est également très- importante, c’est, quand on retire les Ro- siers des châssis (1) où ils ont été greffés, de les enterrer par dessus les pots, de ma- nière que les parois de ceux-ci ne soient pas directement en contact avec l’air am- biant, qui pourrait fatiguer les jeunes ra- cines qui contournent les pots, et surtout aussi que cette terre soit légère, même neuve et, s’il est possible, analogue ou même identique à celle dans laquelle ont été em- potées.les plantes. Les résultats produits par cette innovation sont -tels, que des vieux praticiens, ha- bitués aux sujets « vieux en pots., y> veu- lent à^ peine y croire. Pas de doute pour- tant : les faits sont là. R n’est pas nécessaire, non plus, de gref- fer de très - bonne heure, par exemple à l’automne, comme l’ont conseillé quelques personnes. Ainsi, M. Jamain fait sa pre- mière saison de greffes dans le commence- ment de janvier, la deuxième un mois après. E.-A. Carrière. RUSTICITÉ DBS DRACÆNA INDIVISA Après avoir hiverné ses Dracœna sous des bâches froides et garanties contre les gélées seulement par d’épaisses couver- tures de paille et de paillassons, M. Le- quesne, horticulteur, rue de la Mare-du- Parc, à Rouen, mettait ses Dracœna indivisa en pleine terre et en plein vent, au milieu d’un jardin n’ayant d’autre abri qu’une cloison de planches au sud, ce qui, comme on le comprend, présente peu de garantie. Dans ces conditions, les plantes ont supporté à plusieurs reprises 6 degrés et 6 degrés 1/2 au-dessous de zéro. Néan- moins, sous cette température défavorable, les plantes se sont maintenues bien vivantes, et dès les premiers jours de chaleur les feuilles ont perdu la teinte rougeâtre que le froid leur avait fait prendre, et ont au contraire repris la belle couleur verte qui leur est habituelle. Aujourd’hui, ces plantes, que beaucoup de personnes avaient considérées comme perdues, poussent comme si elles n’avaient jamais souffert des gelées, qui pourtant les saisirent dès leur mise en pleine terre. Ces faits démontrent d’une manière indu- bitable que les Dracœna indivisa sont rela- tivement rustiques, et qu’on peut les faire passer l’hiver dans une serre froide et même dans 'des bâches, en les préservant un peu à l’aide de paillassons. Arsène Lefebvre, 105, rue d’Elbeuf, à Rouen. (l) Ces sortes de châssis ou de coffres très-bas, sur lesquels on place des verres mobiles qui s’en- lèvent facilement, sont aujourd’hui à peu près ex- clusivement employés pour faire les greffes. Outre que l’on gagne de la place, le travail est plus ra- pide et la surveillance beaucoup plus facile que lorsqu’on opère sous des cloches. 230 LAITUE MERVEILLE DES QUATRE SAISONS. — CHEVALLIERA GERMINYANA. LAITUE MERVEILLE DES QUATRE SAISONS Cette sorte, qui est encore très-nouvelle, est précieuse non seulement par ses qua- lités; elle l’est même par sa beauté. Les feuilles, d’un roux brunâtre et bien gau- frées, se coiffent très-bien, et d’une autre part, quand elles sont bien serrées, la pomme qu’elles forment est d’un beau rose nuancé qui, avec les parties blanc jaunâtre qui s’y trouvent mêlées et le roux foncé des feuilles extérieures, forment un contraste très-agréable, ce qui ne nuit pas non’ plus CHEVALLIERA L’espèce dont il va être question, qui est inédite et excessivement rare, a fleuri pour la première fois chez M. le comte Alfred de Germiny, au château de Gouville, à vingt pour l’usage culinaire, car lorsqu’un mets plaît à la vue, c’est déjà de bon augure, et en général le goût accepte facilement ce qui satisfait l’œil. La Laitue merveille des quatre saisons a encore cet autre avantage de s’accommo- der de températures très-diverses et de pou- voir être cultivée presque toute l’année, tou- tefois à la condition que pendant les chaleurs on lui donnera de fréquents arrosages. Gibaut. GERMINYANA kilomètres environ de Rouen (Seine-Infé- rieure), où nous l’avons fait peindre. D’où la plante est-elle originaire? C’est ce que nous ne saurions dire. Ce que nous savons. c’est qu’elle a été achetée en Belgique sous le nom de Bromelia Daguensis, genre au- quel elle n’appartient certainement pas. Tons ses caractères, au contraire, la pla • cent dans le genre Chevalliera^ auprès du C. Veitchi (1), avec lequel elle a quelque (1) Voir Rcvur. horticole, 1880, p. 450. rapport comme inflorescence, mais dont elle est complètement différente par le port et le feuillage. Sa floraison est, comme celle de ce dernier, d’une durée excessive. En voici une description : Plante très-vigoureuse et robuste, étalée (fjg. 55), pouvant atteindre 1"' 50 à 2 rnè- J^evue //o/‘licolc Gin'jùzrd'. deZ'. CkroTrbûhtZu G. Sev&r^ y ns. CJu't)((/I(Tui Ger/nui i/rma NOTE SUR DEUX KARÂTAS. 231 1res de diamètre. Feuilles à peu' près liori- zontales, réfléchies, engainantes, légère- ment ondulées, planes, larges de 7-8 cen- timètres, longues d’environ 60-80, d’un vert luisant en dessus, un peu canali- culé au centre qui, blanchâtre et variable, forme un contraste avec les ^autres parties (les plus jeunes, uniformément vertes), bor- dées de dents e.vcessivement courtes, rap- prochées, serrulées, glaucescentes et comme pulvérulentes et farinacées en dessous. Hampe centrale s’élevant bien au-dessus de la plante (fig. 55), recouverte de feuilles appliquées, acuminées-aiguos et comme zonées, pulvérulentes, les supérieures en- core plus acuminées dressées. Inflorescence à peu près identique à celle du Chevalliera NOTE SUR DI J’ai lu avec intérêt la notice publiée par M. Blanchard sur le Bromelia Pinguin {Rev. hort., 16 avril 1881). La plante, intro- duite du Brésil, qui vient de fructifier dans les serres du jardin botanique de Brest sous le nom de Bromelia Pinguin, est très-cer- tainement un Karatas, comme l’a écrit très- judicieusement M. Ed. André dans la Revue horticole du 16 mai 1881. La Broméliacée du jardin botanique de Brest ne doit pas être confondue avec le Bromelia hracteata, qui est un véritable Ananassa, fait que j’ai pu constater, de visu, sur un sujet qui a fruc- tifié en 1880 dans mes cultures. La même fructification s’est produite il y a trois ou quatre ans dans les serres du Fleuriste de la ville de Paris; elle fut en ce temps-là signalée dans la Revue horticole par M. Car- rière. Voici la synonymie de VAnay^assa hracteata, Lindley : voy. Botanicalregister, XIII, 1081, et Ed. Morren, dans le catalogue des Broméliacées cultivées au jardin bota- nique de Liège; c’est encore l’Ananas à fruit rose de l’horticulture, souvent appelé, mais à tort, Agallostachys variegata, Beer ; c’est même sous ce dernier nom qu’il figu- rait dans les collections de la Muette au mo- ment de sa fructification dans cet établisse- ment. Cette même dénomination est aussi donnée par Beer dans sa monographie de la famille des Broméliacées, p. 38, dans la note sur\e B^'omeliavayHeg ata {Avruda, Dissert., Rio Janeiro, 1810). Le Bromelia Pinguin, qui est le véritable Veitchi, mais plus forte, s’allongeant suc- cessivement au point d’atteindre 35 centi- mètres et plus de longueur, d’un rouge ponceau, comme légèrement orangé. Fleurs à l’aisselle des bractées florales, mais moins longues qu’elles, d’un blanc rosé. Le Chevalliera Germinyana, comme aspect général, semble avoir quelque rap- port avec VÆchmea Maria reginœ. C’est une espèce ornementale, même par son port et son feuillage, et qui a encore l’avan- tage d’émettre facilement des bourgeons. Quant à sa floraison, qui est splendide, elle se prolonge pendant beaucoup plus d’un an. A tous les points de vue, c’est donc une précieuse acquisition. E.-A. Carrière. ÜX KARATAS Karatas Plumieri, se rencontre aussi au Mexique. Je cultive un sujet sorti de graines envoyées de cette contrée. La plante du jar- din de Brest ayant élé introduite directement du Brésil, il se pourrait qu’elle fût très-voi- sine du Bromelia Binoti (Brésil). J’ai pré- cisément un Bromelia Binoti (Binot) qui va fleurir; dans quelques jours j’espère établir la comparaison entre la plante décrite par M. Blanchard et la mienne. Le Brome- lia Binoti a figuré en fleurs dans la belle collection de Broméliacées de la maison Makoy, de Liège, à l’Exposition nationale de Bruxelles en 1880; M. Ed. Morren déclara alors que cette Broméliacée était un Kara- tas. En 1878, page 191 de la Revue horti- cole, j’ai, à l’occasion de la floraison du Karatas humilis, donné la nomenclature des Karatas cultivés à cette époque. La nomenclature du Bromelia Pinguin est donc Karatas type, de Plumier ; Kara- tas Plumieri, Ed. Morren; Bromelia Ka- ratas, Linn.; Nidularium Karatas, Le- maire; Caraguata Acanga, Pis. et Herb., no 6315 de Willd. D’après les échantillons que je cultive, il y a lieu de réunir encore au Karatas Plu- mieri les Broméliacées connues sous les noms ci-après : Agallostachys Pinguin, Beer, et Bromelia Karatas, Jacquin. Certains auteurs considèrent le Bromelia sceptrum comme étant encore un Karatas Plumieri ou Pingum. On verra plus loin que nous ne partageons pas cette opinion. 232 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE E Le Bromelia sceptrüm est souvent appelé dans les collections Bromelia antiacantha, Bertol., etc.; Agallostachys anliacantha, d’après Beer, qui écrit aussi Agallostachys antiacanthus , p. 6, fig. 1, dans son réper- toire des Broméliacées. Ce barbarisme doit certainement résulter d’une faute d’impres- sion. Le Bromelia Commeliana, d’après de Vrièse, en 1847, fut considéré par quelques botanistes comme une troisième forme du Bromelia Pinguin ; Beer en fit son Agal- lostachys Commeliana ; c’est à tort, selon nous, car il est semblable au Bromelia sceptrüm, auquel il doit être réuni. Voici l’énumération des Karatas cultivés au Fresne : 1. Karatas Plurnieri. — 2. Ka- ratas Binoti (?). — 3. Bromelia sceptrüm. — 4. Agollostachys antiacantha ou Brome- lia Commeliana, du jardin botanique de Liège. — 5. Karatas species du Mexique (?). — 6. Autre Karatas species, probablement Xe'Lagopus (?), Ed. Morren. — 7. Karatas Legrellœ. — ■ 8. Karatas species (forme du LegrelUe) (?). — 9. Karatas agave folia. — 10. Karatas humilis. Je cultive ces différentes espèces ou formes, et tout particulièrement trois Bro- melia sceptrüm issus d’un semis sorti des CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. graines provenant d’un fruit de cette Bro- méliacée cultivée au jardin botanique de Liège et exposée aux « floralies i qui eurent lieu dans cette même ville en 1877. Dans le compte-rendu de cette exposition paru la même année (page 294 de la Bevue horti- cole),]'3ii raconté que les jurés eurent la satis- faction d’être aus.si appelés à déguster les fruits d’un Bromelia sceptrüm. Je crois important de noter ici que si les épines du Karatas Plurnieri sont noires, les feuilles érigées, souvent entièrement droites, le Bromelia sceptrüm porte au contraire des épines jaunes ; les feuilles sont longuement recourbées, bien plus étroites et peu épaisses. Il y aurait donc lieu de conserver dans les Pinguin deux formes se rapportant, l’une au Karatas Plurnieri ou Bromelia Pinguin^ l’autre au Bromelia sceptrüm, qui est lui-même un véritable Karatas. Laissons à M. Ed. Morren le soin de lui donner une épithète, si toutefois il partage notre avis. Dans tous les cas, il n’aura pas été, je crois, inutile d’établir la nomenclature assez embrouillée des Bromé- liacées rentrant dans le type ou voisines du Karatas Plurnieri. A. de la Devansaye. EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE La Société nationale et centrale d’horticul- ture de France a ouvert, du 21 au 28 mai 1881, une exposition générale des produits de l’hor- ticulture et des arts et industries qui s’y rat- tachent. Cette exposition, réussie au-delà des espé- rances des organisateurs, marquera dans les annales de la Société une phase nouvelle de progrès, un acheminement vers une complète autonomie de cette Société ; car cette fois en- fin, bien qu’un peu hésitante, la Société, libre d’elle - même , ouvrait son exposition aux Champs-Élysées, abandonnant ainsi, en môme tem})s que le palais de l’Industrie, la tutelle de l’exposition des beaux-arts, qui lui imposait chaque année des conditions relativement dures, en échange d’un local si particulière- ment impropre à l’ensemble d’une exposition horticole. La Société, reprenant son véritable rôle, vint s’installer dans les jardins du concert Besselièvre, si connus du tout Paris ; » ces jardins, en quelques jours, furent transformés- en un véritable Éden. Des tentes légère;, dres- sées rapidement, reçurent les collections de fleurs délicates ;^{uelques serres vitrées et une grande tente simulant le jialais d’hiver de ces jardins improvisés reçurent les plantes des ré- gions chaudes. Çà et là, sur les pelouses, de grands Palmiers, disposés isolément, impri- maient au coup d’œil général le cachet d’une végétation tropicale. Dès l’entrée chaque visiteur (et ils se comp- tent par mille) se dirige comme instinctive- ment vers la grande tente dont nous avons déjà parlé, et nous-môme, cédant à cet en- traînement nous nous portons de ce côté. Nous sommes heureux de nous faire ici l’écho des cris d’admiration qui sortent de toutes les bouches à la vue de tant de richesses entas- sées dans cet endroit, que l’on pourrait noin- mer le « sanctuaire » de notre horticulture parisienne. Artistement groupés et s’étageant dans une perspective bien conçue, les nombreux lots de fleurs et de feuillage semblaient se dispu- ter à l’envi les louanges qui s’échappent de la EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTUALE D’IIOHTICULTURE DE FRANCE. 233 foule enthousiaste, qui s’appelle le public hor- ticole. ]\r. Moser, de Versailles, exposait un lot de Uhododendrons composé d’au moins 80 varié- tés, toutes très-belles et d’un choix heureux ; ce groupe, qui formait une véritable montagne de fleurs, était littéralement assiégé par les visiteurs. Un su])erbe ensemble d’Azalées rus- tiques de plein air, dont un grand nombre à fleurs pleines, et bon nombre d’autres apports, que nous retrouverons disséminés dans le jardin, valurent à M. Moser le })rix d’honneur de l’exposition, consistant en un objet d’art offert par M. le Ministre de l’instruction pu- blique et des beaux-arts. M. Savoye, horticulteur à Paris, exposait un lot d’ensemble de plantes de serre chaude : Palmiers, Grotons, Broméliacées, etc.; nous y rencontrons des grands Ghamærops, des Co- cos , des Areca de toute beauté ; puis des plantes grimpantes : des Passiflores, des Hoya d’une végétation vigoureuse. N’oublions pas non plus cette collection de petites plantes dé- licates, tenues sous vitrine, dans laquelle des variétés rares de Nepenthes et d’Orchidées, de Mélastomacées paraissent végéter merveilleu- sement. La médaille d’honneur de M. le maré- chal Vaillant récompensait cette importante ex- position, Gitons en passant le petit groupe de Prunus Pissardi de M. Paillet, horticulteur à Ghâte- nay-les-Sceaux ; cet arbuste, très-remarquable, figuré dernièrement dans la Revue horti- cole (1), est d’un coloris rouge foncé à reflets métalliques. G’est une précieuse acquisition pour nos jardins, qui n’attendent que sa mise au commerce. Il a été récompensé d’une mé- daille de vermeil. M. Loise-Ghauvière se distinguait par l’en- semble de ses aiiports. Gitons son grand groupe de plantes de serre, composé de Palmiers, Fougères, Gycadées, d’Orchidées en fleurs; ses plantes de récente introduction et ses vitrines sous lesquelles des Anectochilus, So- nerilla , Aplielandra , Bertolouia , etc., joi- gnaient à l’extrême délicatesse la haute nou- veauté. Gitons encore parmi les plantes de serre les Dracœna terminalis alha, Thompsonii^ stricta alba marginata, Gladstonei, puis les grands Phœnix paliidosa, Syagrus majestica^ Cocos Weddeliana, des Fougères arborescentes nou- vellement introduites du Brésil, des Cyathea dealbata et medullaris, etc., etc. Voici du meme exposant un lot relativement très-nombreux de plantes d’introduction ou de haute nouveauté ; nous y rencontrons VHijdran- gea nigra, les Potlios aurea, Cyperus laxus variegata, Philodendron elegans, Anthurium (1) V. Revue horticole, 1881, p. 190. Andreanum, Aralia quercifolia, le superbe Dracœna Lindenii, le Dieffenbachia insigne, et une quantité d’autres également intéres- santes. Gomme plantes aquatiques, citons les Pontederia crassipes et surtout V Ouvirandra feneslralis, espèce originaire de Madagascar, des plus curieuses et aussi des plus rares de l’exposition. Une inq)ortante collection de Broméliacées du même établissement reçut une médaille d’or. Dans cette collection, nous avons remarqué un superbe Æchmæa Ma- ria reginæ en fleurs, un Caraguata inédit de la Guyane également fleuri, le Dromelia bracteata, le Vriesea Malzini et deux vigou- reux Encholirion Saundersii et roseum. La médaille d’honneur de M. le préfet de la Seine fut attribuée à M. Loise Ghauvière pour l’en- semble de son exposition, M. Landry exposait une collection de plantes de serre parmi lesquelles nous avons remar- qué un beau Pritchardia ftlifera, puis des Phormium Colensoi et tenax variegata, etc. Une médaille d’or fut décernée à M. Landry. Dans le lot de plantes variées de serre de M. Hérivaux, et récompensé d’une grande mé- daille de vermeil, citons le Syagrus botryo- phora, le Lomaria cycadefolia, belle et cu- rieuse Fougère; de beaux exemplaires des Cocos Maria Rosa, flexuosa et Weddeliana. M. Saison-Lierval exposait un très-impor- tant, immense et beau lot de plantes variées : Palmiers, Gycadées, P’ougères, Dracænas, etc. Notons parmi les superbes Areca sapida, Kentia rupicola, Cocos Maximiliana, le Dra- cœna, Robinsoniana les Dracœna Youngii, le Dracœna ignea, etc., etc. M. Saison-Lierval reçut une médaille d’honneur de M. le Ministre de l’agriculture et du commerce. Nous voici arrivés à l’un des lots d’élite de l’exposition, à la collection de Rosiers de M. Margottin fils, de Bourg-la-Reine. Ici encore la foule des amateurs s’extasiait devant ce que' nous appelons un tour de force horticole, lot hors ligne de variétés auxquelles cet éminent rosiériste avait appliqué la culture anglaise. Outre la force et la beauté des plantes, chaque fleur s’épanouissait à la place que lui avait assignée l’horticulteur. Une telle culture ne cessa d’étonner la plus grande partie des visi- teurs. Une médaille de M. le Ministre de l’agri- culture et du commerce fut attribuée à M. Mar- gottin fils. Parmi les variétés, citons John Hap- per, et dans les Thés Madame Margottin, Mademoiselle Mélanie Willermoz et Prin- cesse Marie de Cambridge. M. Jolibois, jardinier en chef du palais du Luxembourg, exposait hors concours une nom- breuse collection de Broméliacées dans laquelle nous remarquons le Vriesea Ilillegeriana, le Bromelia bracteata ou Ananassa bracteata 234 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET avec son fruit, lo Bilhergia zehrina majoVj plante très-forte, le Pitcairnia Moritziana, V lloplophytum Lindenii ai purpureo roseum. Citons en passant l’apport de Galadiums et de Bégonias Rex de M, Geisviller, jardinier de M. Panliard, à Grignon, récompensé d’une mé- daille d’argent. Puis une jolie collection de Bégonias tubéreux de la variété dite erecta de MM. Gouturier et Robert, horticulteurs à Cha- tou, récompensée d’une médaille d’argent. Une magnifique plante toujours rare en aussi beau sujet, le Cyano}:>}njllum magnificum, et placée au milieu d’un groupe de Gloxinias par M. Louis Morin, jardinier de M. Attias, à Neuilly, fut récompensée d’une médaille d’argent. Les Azalées de l’Inde étaient dignement re- présentées par la superbe collection de M Boyer, horticulteur à Gambais, près Houdan. Chaque plante régulièrement taillée formait une boule compacte de fleurs épanouies à point. Une mé- daille d’or fut décernée à ce magnifique apport. L’un des bas-côtés de la tente dqnt nous venons de parcourir une partie était presque entièrement occupé par l’immense collection de Rosiers de MM. Lévôque et fils, les rosiéristes si connus d’Ivry-sur-Seine, collection de plus de COO variétés d’élite en près de 2,000 sujets très-bien fleuris. Le jury, devant la mention « hors concours, » décerna à l’unanimité un di- plôme d’honneur à MM. Lévôque et fils. Ainsi qu’on a pu le remarquer, les plantes de serre constituaient la plus grande partie des lots que nous avons visités'; nous les retrouvons encore en culture aussi soignée qu’intelligente dans le lot de Palmiers de M. Alexandre Lange, récompensé d’une grande médaille de vermeil, et dans celui de M. Mathieu, horticultur irPassy, dont les Palmiers, Fougères en arbre. Anthu- rium^ Broméliacées, etc., lui valurent une mé- daille d’or. Outre une collection de Kalmia latifolia^ M. Moscr, dont nous avons déjà parlé, avait a})porté un superbe ensemble d’Araliacées, parmi lesquelles nous noterons : Oreopanax clactylifolia, Aralia quinquefolia ^ Sciado- phyllum pulchrum, Aralia Vcitchii, elliptica, nymphœfolia, pentaphylla, foliis variegatis, Sieholdii, aurea reticidata, heteromorpha. Citons la collection d’IIortensias de M. Chaté (Louis), horticulteur à Paris, puis le lot de })lantes diverses végétant et fleurissant « sans terre » par la méthode particulière de M. Du- mesnil, à Vascueil, apport sur lequel nous ne pouvons nous prononcer, cette culture toute spéciale étant, paraît-il, le secret de son inven- teur. La maison Vilmorin-Andrieux exposait des Calcéolaires herbacées hybrides en bonnes variétés d’une excellente, culture, formant un ensemble magnifique au milieu duquel était placé l’un des deux superbes Dracœna CENTRALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. draco de M. Chevet. La maison Vilmorin-An- drieux reçut })our ce brillant apport une mé- daille de vermeil. M. Lecarron, horticulteur à Paris, exposait aussi une belle collection de Calcéolaires her- bacées à laquelle fut attribuée une médaille d’argent. M. Poirier, de Versailles, si connu pour ses Pélargoniums, en présentait un groupe de choix, l’un des meilleurs de l’exposition, parmi lequel la superbe variété blanche nommée Mlle Wilhem nous a paru d’un mérite supé- rieur. Une médaille d’argept fut attribuée à cet apport. MM. Croux et fils, les célèbres pépiniéristes de la vallée d’Aulnay, avaient envoyé un ma- gnifique lot de Rododendrons, qui avec un lot d’Azalées, un de Kalmias, de Clématites, tous en parfait état de floraison, leur valut une mé- daille d’honneur de M. le Ministre de l’agricul- ture et du commerce. En sortant de celte grande tente que nous venons de parcourir rapidement, et dont nous regrettons de ne pouvoir citer toutes les riches- ses, nous retrouvons dans une élégante serre hollandaise placée cà droite le complément de la collection de Broméliacées de M. Jolibois, mais en variétés petites et délicates. Nous remar- quons les Bilhergia Saundersii, Vriesea bra- chystachys, var. Truffautiana^ plante nouvelle remarquable par son inflorescence aux tons éclatants ; les Bilhergiahorrida et quadricolor, V Æchmœa macracantha, les Neumannia ni- gra^ Tillandsia Lindenii, et plusieurs « spé- ciès » dont l’un, le « spéciès nova, » originaire du Brésil, rappelle à la fois le Tillandsia tes- sellala et Y Encholirioti Saundersii, etc. De la serre contenant cette collection, nous pénétrons dans une autre à peu ])rès sem- blable et disposée parallèlement. Là l’affluence des visiteurs indique tout d’abord les mer- veilles qu’elle contient et la célébrité dont jouit dans le monde horticole l’heureux exposant de tant de beautés. Il s’agit de M. Bleu, l’intelligent et heureux semeur de Caladiums. Ici, les expressions manquent pour dépeindre toutes ces splendides variétés aux tons rosés, nacrés, translucides, aux fines zébrures si bizar- rement disposées sur des limbes d’une ampleur étonnante, comme ceux des Caladiums Auguste Lemoine et Virgile ; citons Madame Fritz ICœchlin, Madame Marjolin Scheffer, Madame Alfred Bleu; n’oublions pas les variétés trans- lucides rosées, d’une délicatesse extrême, comme Ibis rose, Albane, Cardinal, Comtesse de Condeixa et Madame Williaume. Citons encore parmi les gains de cette année la variété candidum, Yalbo luteum. La beauté de cette collection si visitée faisait passer inaperçue celle des su})erbes Bégonia Rex, avec lesquels M. Bleu avait entouré son exposition. Le EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET deuxième grand prix, la médaille d’or d’hon- neur, offerte par M. le président de la Chandjre des députés, fut décernée à M. Bleu. M. Bergman, le chef des cultures du do- maine de Ferrières en Brie, avait exposé un lot de plantes de haute serre chaude. Ce beau groupe constituait l’un des points de l’exposition les plus recherchés du public, la great attrac- tion, comme diraient nos voisins d’outre- Manche. Citons quelques-unes de ces merveilles toutes remarquables, par exemple : les Anthu- rium Veitchi, l’un des plus beaux exemjjlaires qui existent en Europe, puis son digne congénère V Anthurium Varocqueanum, non moins beau et atteignant aussi des dimensions incroyables ; V Anthurium suhsignatum, le Dieffenbachia imperialis, V Anthurium Andreanum en ma- gnifique exemplaire portant trois fleurs dont l’une, fécondée, promet d’excellentes graines. Cette belle Aroïdée, pour laquelle la trompette de la renommée a tant sonné pendant ces der- niers temps, justifiait là la célébrité prématurée dont elle jouissait à Paris. Des Orchidées, des NepentheSj des plantes carnivores, etc., etc., complétaient ces collections. Citons les Nepen- thes Veitchi, Hookeri, intermedia, Raffle- siana, splendida, dont les ascidies bizarres et volumineuses attestaient une végétation vigou- reuse. En présence d’un groupe d’une culture aussi perfectionnée exposé hors concours, le jury, à l’unanimité, décerna à M. Bergman un diplôme d’honneur. Dans la meme serre, MM. Chantrier frères, de Mortefontaine, avaient exposé leur collection de Crotons, que l’on peut citer comme unique à Paris. Nous y avons surtout remarqué les xsifiéiés splendidum, volutum, latimaculatum. Baronne James, de Rothschild, Drouetti, Carrieri, etc., etc. Citons encore des mêmes exposants des Dracænas de semis dont les va- riétés Verlottii, erecta alha, cannœformis, Madame Ferdinand Bergman, sont des plus remarquables. Plus une belle collection de Fougères. La médaille d’honneur de M. le doc- teur Andry récompensait ces apports. M. Luddernann, si connu pour sa spécialité d’Orchidées, en avait envoyé un beau groupe en fleurs. Les variétés les plus belles et les plus délicates se rencontraient là en exemplaires vigoureux; le jury décerna à cet habile cultiva- teur la médaille d’honneur des Dames patron- nesses de la Société. La maison Constant Lemoine, d’Angers, ex- posait des Dracænas nouveaux de semis parmi lesquels nous avons noté les variétés Petit Edouard et Abel Carrière, Monsieur Jolibois et Madame Constant Lemoine, et un bel An- thurium dentatum, plante unique non encore au commerce, complétait cette exposition, qui valut à M. Constant Lemoine une grande mé- daille de vermeil. CENTRALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. 235 Les fleurs cou[)ées, houciuets, garnitures? étaient aussi très-dignement représentés à l’exposition j>ar les productions de M. Boizard, l’intelligent fleuriste de M»‘® la baronne de Rothschild. Ses garnitures et corbeilles de table, toutes en fleurs d’Orchidées provenant du do- maine de Ferrières, étaient d’une grâce et d’une légèreté incomparables. Une médaille d’or récompensait ces précieuses corbeilles. — M. Bazelle, horticulteur fleuriste, exposait aussi de grandes couronnes de fleurs et des paniers garnis très-élégants. Une médaille de vermeil et une médaille d’argent lui furent attribuées. Les plantes et fleurs délicates exposées dans les diverses parties du jardin étaient abritées sous d’élégantes tentes ad hoc. C’est dans ces dispositions [que se trouvaient les collections d’Agaves, d’Aloès et de Cactées de M. Ant. Eberlé, récompensés d’une médaille d’or et d’une médaille d’argent; — les fleurs de pleine terre de M. Yvon, de Paris, médaille d’argent ; — la mosaïculture de M. Paintèche, de Passy, médaille d’argent; — puis les 5 exem- plaires de Chrysanthèmes frutescens, var. Com- tesse de Chambord, de M. Poiret-Delan, jardi- nier de M. Leduc, à Puteaux. Ces cinq plantes, disposées isolément dans le jardin, étaient du plus bel effet; chaque plante formait à elle seule une véritable corbeille de fleurs d’envi- ron 3 mètres de diamètre. Une médaille d’or fut justement attribuée à ce bel apport. M. Louis Christen, horticulteur à Versailles, exposait un magnifique lot de Clématites com- posé d’une trentaine de variétés parmi lesquelles nous avons noté une nouveauté, Monsieur Briot, puis hybrida per fecta, Lucie Lemoine, Eugène Delattre, etc. Ce lot valut à M. Christen la médaille d’honneur de Mme ta baronne de Rothschild. N’oublions pas de noter le beau groupe de Pélargoniums Docteur Salet, de M. Foucard, horticulteur à Chaton, nouveau gain de l’expo- sant, l’un des meilleurs à citer pour la pleine terre. C’est une plante extra qui fut récom- pensée par une grande médaille d’argent. M. Comesse, le mosaïculteur si bien connu de Passy, exposait, outre un tableau de mosaïcul- ture, trois collections de plantes pour massifs, dont 55 variétés de Yuccas formant l’une des meilleures collections de ce beau genre, 120 va- riétés d’Echevérias et 200 variétés de plantes propres à la mosaïculture. Ces trois lots reçu- rent chacun un premier prix. — Citons aussi les Conifères et arbustes à feuilles panachées de M. Félix Moreau, •horticulteur à Fontenay-aux- Roses ; la collection de Clématites de M. Bou- cher, successeur de M. Roy, horticulteur à Paris ; les Pétunias de M. Naudin, à Paris ;- le nouveau Pélargonium Gloire de l'Exposition, (le M. Duffoy, à Avron ; les Calcéolaires hy- brides nains de M. Meslé, à Ivry; la culture 236 CANAVALIA LUNAUEH. spéciale de Pensées de M. Falaise aîné, à Bil- lancourt ; la jolie collection de Fougères de ])lcine terre de M. Moser; le joli groupe d’Araucarias de M. Saison-Lierval ; les Ané- mones, les Tulipes, les Iris, les Ixia de M. De- lahaye, grainetier à Par is ; le joli lot de plantes lleuries de la maison Paul Tollard. Tous ces lots reçurent des médailles d’argent de dillérents modules. L’établissement horticole de la ville de Paris avait exposé lioi-s concours, outre un joli lot de Rhododendrons de semis, de magnifiques plantes de seiTe formant dans le jardin un fort joli groupe, puis de gi-ands exemplaii’es de Pal- miers isolés sur les pelouses, parmi lesquels les Livistona olivæformis, Seaforthia elegans^ Cocos Australis, VAstrocaryum Airi, etc., toutes plantes de grandes dimensions et en fort bon état. La maison Vilmorin-Andrieux avait exposé dans le jardin un charmant groupe de plantes fleui-ies annuelles et bisannuelles, épanouies à point. Cette maison a encore seule le privi- lège de produire en aussi gi'and nombre ces gentilles fleui’s, qui égaient et reposent la vue fatiguée par les grandes })lantes des expo- sitions, Une médaille de vermeil fut accordée à cet élégant apport. Les pépinières étaient représentées par les apports de MM. Groux et fils, dont lesîgroupes d’Azalées d’Amérique et de Kalmia myrii- folia étaient du plus charmant effet. Ce Kal- mia, très-élégant et très-floribond, est digne d’attention, car il a parfaitement résisté à notre terrible hiver de 1879-1880. Parmi les Conifères de cet exposant nous rencontrons les Ahies lasiocarpa, le Retinospora Podocarpus Japonica. Citons, dans les col- lections du môme genre, de M. Paillet, compo- sées de })lus de 125 variétés ; le Sciadopitys verlicillata^ le Retinospora Andclyensis^ le Cryptomeria clegans, VAbics Douglo.sii, le Salisburia adiantilolia^ le Cupressus Luio- soniana elegantissima, puis le grouj)e de Thuiopsis dolohrata ^ espèce très-rustique, originaire du Japon. Le groupe de Juniperus Sinensis aurea, de M. Moser, était très-remanjuable. C’est une variété à la fois nouvelle et rustique, de môme que le Thuiopsis horealis aurea du môme exposant, dont l’apport de Conifères était aussi très-digne d’intérôt. Citons encore les Conifères et arbustes à feuilles persistantes de M. Defresne, pépinié- riste à Vitry, qui formaient un ensemble de tout premier mérite et pour lequel il a reçu une grande médaille de vermeil ; les beaux Lau- rus nohilis de M. Saison-Lierval, qui garnis- saient si bien l’entrée de l’exposition, de môme que les quatre grands Rhapis ftabelliformis, gracieusement prôtés par l’établissement horti- cole de la ville de Paris. Telle était, après une promenade rapide à travers l’exposition, la partie réservée à Flore, de laquelle nous devions nous occuper. Est-ce à dire que tout y était pour le mieux, parfait ? Non, cela ne nous semble guère • possible ; comment, en effet, contenter tout le monde ? Cependant on ne peut contester un grand pas fait en avant, un grand progrès ac- compli, une des plus jolies exhibitions que la Société nationale et centrale d’horticulture de France ait encore organisées grâce à l’intelli- gence et au dévoiiment de membres actifs, qui ne craignent pas de prendre part aux tra- vaux d’une telle organisation. C’est à ceux-là que nous sommes heureux d’adresser nos re- mercîments et les félicitations de tous les amis de l’horticulture. Johannis Saluer. GANAVALIA LUNARETI Nous donnons à cette espèce le qualifi- catif Lunareti, en mémoire de son intro- ducteur dans les cultures françaises, feu M. de Lunaret, à qui la science de l’horti- culture doit tant de choses intéressantes, et qui l’avait reçue du Japon sous le nom de (( Haricot du Japon. » C’est aussi à lui que nous devons les quelques renseignements c|ue nous possédons sur cette plante et les figures 56 et 57, qui ont été exécutées d’après des photographies faites dans ses cultures à Montpellier, ou d’après des échantillons qu’il avait récoltés chez lui et qu’il nous a envoyés. La plante dont nous parlons appartient- elle au genre Canavalia, D. G. ? Rentre-t- elle dans l’une ou l’autre des sections qu’on a faites dans ce même genre, ou bien fait- elle partie d’un des nombreux groupes qui confinent vers les Canavalia ? C’est ce que nous ne pouvons affirmer. Voici à son sujet ce que, dans des lettres des 16 et 20 oc- tobre 1880, nous écrivait M. de Lunaret en réponse à diverses questions que nous lui avions adressées : ...Quant au Haricot Japonais, Dolique ou Canavalia (car je ne sais, n’étant pas bota- niste), je me borne à cultiver les plantes, que j’aime toutes, sans m’ai)pesantir sur leurs ca- ractères..., Sa tleur, dont vous avez vu un CANAVALIA LUNARETI. 237 mauvais écliaiitillon, est assez grande, d’un j beau rose, et non pas rouge. Quant au fruit ([Lie je vous envoie (figure 57), il est semblable à ceux que je conserve sur la [dante [)our tâcher de les faire miirir dans la serre. La grande difficulté à iiinrir de cette graine don- nerait à penser que cette [liante n’est pas ori- ginaire du Ja[)on Je ne sais si la [liante est annuelle ; j’en ai semé l’an dernier des graines, et comme le fruit ne miJrissait [las, ce que j’ai Fig. 56. — Canavalia Lunareti; plante entière, réduite au 1/12® de grandeur naturelle. attribué au manque de chaleur de l’été, j’en ai fait relever un pied de pleine terre et mettre dans une serre, et au printemps je l’ai remis en pleine terre où il a fleuri et fructifié ; mais nous voici bientôt à l’époque des gelées, et les fruits ne sont pas beaucoup plus avancés en maturité que celui que je vous ai envoyé. C’est pour ce motif que cette année j’ai semé dans un pot avec un tuteur spiral (fig. 56), et je viens de le faire mettre en orangerie, pour voir si ses fruits achc'veront de mûrir. La [liante est très-vigoureuse ; sa tige est sous- ligneuse, et chaque pied [icut donner de trois à quatre fruits ; les abeilles et les guêpes en re- cherchent les fleurs avec avidité. Quoi qu’il en soit, il semble que de tout ceci on est autorisé à croire que cette espèce est au moins bisannuelle, peut-être même sous-ligneuse. Mais, ce qui est hors de doute, c’est qu’elle a besoin de beaucoup de chaleur pour acquérir tout son dé- veloppement. Voici les caractères que nous ont présentés les différents échantillons que nous avons eu l’occasion d’étudier. Plante vigoureuse, volubile. Feuilles tri- foliolées, à folioles longuement et largement Fig. 57. — Fruit de Canavalia Lunareti, au tiers de grandeur naturelle. ovales, entières, prolongées en une longue pointe, glabres, à nervures étroitement sail- lantes en dessus, longues de 12-15 centi- mètres, larges de 6-7 ; les deux inférieures trèS'Courtement pétiolées, la terminale, au contraire, portée sur un pétiole relativement long. Fleurs grandes, d’un beau rosé carné. Fruit (fig. 57) atteignant 26 centimètres et plus de longueur, sur environ 55 milli- mètres de largeur, très-épais , arqué et comme genouillé, jamais droit, et profondé- ment étranglé des deux côtés au-dessus des deux tiers supérieurs, arrondi au sommet, qui est terminé par un fort mucronule courbé ; pédoncule gros, très-brusquement 238 CORRESrONDANCE. — LES CATALOGUES. arqué ; suture sillonnée de chaque coté, fortement carénée, ce qui sur ce point rend le fruit très-anguleux. Graines très-grosses, de couleur rose. Que sont devenues les plantes dont nous parlons, ainsi que beaucoup d’autres dont M. de Lunaret s’occupait avec tant d’amour et_[dont il étudiait si minutieusement les propriétés ? Espérons qu’elles seront conser- vées, et qu’un jour nous pourrons y reve- nir et compléter les détails qu’aujourd’hui nous ne faisons qu’ébaucher. E.-A. Carrière. CORRESPONDANCE No 4529. — Il existe plusieurs sortes de ton- deuses américaines et anglaises : Y ArcJii- médienne ^ qui sé trouve 1, rue Gaumarlin (Williams et GiQ; la Buckeye, 37, rue des Vi- naigriers (M. Daiilton) ; enfin deux françaises ; l’une construite par M. Beaume, 06, route de la Reine à Boulogne, et l’autre, la Berrichonne, inventée et fabriquée par MM. Louet frères, à Issoudim (Indre), qui est très-estimée, et dont M. Borel, quincaillier horticole, 10, quai du Louvre, à Paris, est le dépositaire. M. Borel se charge de procurer non seulement cette der- nière tondeuse, mais encore toutes celles qui se trouvent dans le commerce, ainsi que tous les outils et instruments, et tout ce qui con- cerne l’ameublement des jardins. — M. W. (Paris). — Vous pourrez vous pro- curer des Lauriers-Roses non seulement à fleurs jaunes, mais de beaucoup d’autres couleurs, à fleurs doubles et à tleurs simples , chez M.Sahut, horticulteur à Montpellier (Hérault). — M. II. L., à Genève (Suisse). — L’insec- ticide Fichet se vend chez l’inventeur, M. Fi- chet, chimiste, 51, rue de Lagny, à Vincennes (Seine). — M. E. L. (Seine-lnlérieure ). — L’échan- tillon que vous dites m’avoir adressé ne m’étant pas parvenu, il m’est impossible de vous dire le nom de la plante à laquelle il ap- partient. Veuillez donc, si vous tenez à le con- naître, renouveler l’envoi en l’adressant à M. Garrière, 140, rue de Vincennes, à Mon- treuil (Seine). . . — No 4781 (Tarn). — Je ne connais aucun traité spécial sur la culture des Orangers. Et d’une autre part, vous devez comprendre qu’il est impossible d’indiquer un remède à appli- quer à des arbres que je ne vois pas, cela d’au- tant plus que le mal dont vos Orangers sont atteints peut provenir dé causes diverses et môme très-différentes. Toutefois, je ]>uis vous dire que toujours, mais dans cette circonstance surtout, il faut d’abord s’assurer de l’état des racines, les nettoyer, si cela est nécessaire, et môme enlever ce qui serait moil, mourant ou seulement très-malade, puis mettre les Oran- gers dans une terre neuve et légère, les tenir à l’abri du soleil et les bassiner fréquemment. Quant à la terre, une légère humidité suffit. Si les plantes sont envahies par des cochenilles ou des insectes analogues qui vivent sur l’é- corce, il sera bon de les laver avec de l’eau additionnée d’insecticide nutritif, afin de net- toyer les écorces et en môme tem})s de les lu- bréfier d’un liquide légèrement excitant. Quant à les préserver des fourmis, le mieux, quand les plantes sont en caisses ou en vases, c’est de les isoler en les plaçant au-dessus de réci- pients remplis d’eau. Quelques seringages avec des insecticides étendus d’eau donnés de temps à autre seront également favorables. Il ne faut pas oublier non plus que les Orangers ont be- soin de calcaire et que l’eau dont on se sert' doit en contenir; autrement les plantes jaunis- sent. Deux ou trois arrosages pendant l’été, avec de feau légèrement saturée de matières fécales, produiront également un très-bon ef- fet. Dans tout état de choses, on devra éviter l’excès d’humidité, qui toujours est funeste. — M. de P., à Lisbonne (Portugal). — L’ar- rosage des Asperges avec le silicate de potasse soluble se fait avant que les Asperges sortent de terre, c’est-à-dire en janvier, février ou môme mars, suivant les climats. Une fois par an suffit ; mais, en général, on se trouve bien de faire cette opération chaque année. Toute- fois, il ne faut soumettre à ce traitement que des Asperges bien établies et déjà en rapport. LES CATALOGUES Duval , horticulteur , 04, rue Duplessis, à Versailles, publie un supplément de catalogue })Our 1881, particulièrement propre aux Ges- nériacées : Gloxinia, Achymenes, Tydœa, Gesneria, etc. Palmiers, Broméliacées, Fou- gères, Lycopodes, Ficus, etc. Gomme nou- veautés, citons ; 16 Gloxinia et 1 Tydœa, le Vésuve, toutes plantes obtenues dans l’établis- sement. En tôte de ce siqiplément se trouvent des 239 MULTIPLICATION DES LAURIEKS-UOSES DANS L’EAU. renseignements sommaires, mais très-précis, sur la culture des Gloxinias, qui comprennent tout ce qu’il y a (rinq)ortant et (jui permettent (le cultiver ces plantes, d’un si bel eltet orne- mental. — Le catalogue de M. Duval sera en- voyé à toute {)ersonne ([id en fera la demande. — J. -B. -A. Deleuil, horticulteur, rue de Pa- radis, traverse du Fada, à Marseille. — Plantes nouvelles obtenues par l’établissement ; Agave Mussiliense, Amaryllis le Niger, 4 Bégonias à fleurs simples, 3 Bégonias à fleurs doubles, 4 variétés (V Echeveria, l'riloma media, hy- bride des T. grandiflora et Mac-Owani ; en- fin le Pellionia viridi/lora, qui a les mômes caractères généraux ({ue le P. Daveauana {Bégonia, Daveauana ; voir Revue horticole, 188Ü, numéro du 1er août), et ({ui n’en diflère que par des tiges plus fortes et par ses feuilles, ({ui sont vertes au lieu d’étre panachées. MULTIPLICATION DES LAURIERS-B.OSES DANS L'EAU La multiplication des Lauriers-Roses à l’aide de boutures faites dans l’eau est telle- ment connue qu’il pourra paraître au moins inutile d’en parler. Il est peu de personnes, en effet, qui n’aient pas eu l’occasion d’en faire ; et dans ce cas c’est à peu près tou- jours dans une bouteille qu’on place les bou- tures par trois ou quatre, et reposant sur le sommet du goulot. Les boutures ainsi faites, on pose les bou- teilles sur une croisée, une table ou dans une pièce quelconque, dans les conditions les plus diverses; aussi, en général, mettent- elles beaucoup de temps à s’enraciner, et il arrive même fréquemment qu’un certain nombre ne s’enracinent pas du tout. Il en est tout autrement quand on pro- cède régulièrement, c’est-à-dire d’après des règles, en vue de la spéculation. Alors le succès est complet, et la reprise se fait en quelques jours. Voici pour ce cas comment il faut procéder ; . Du 15 février au 15 mars environ, on fait les boutures de Laurier-Rose; on les met dans des verres remplis d’eau, autant qu’ils peuvent en tenir (20, 30, 40, 50) et qu’on place dans une serre dont la température est maintenue à 22-25 degrés. Au bout de quelques jours, toutes ces boutures sont re- 'prises, et l’on procède à l’empotage, qui alors exige certaines précautions. On les met en terre légère (terre de bruyère et terreau) et les place sur couche sous châssis, où on les tient humides et à l’obscurité à l’aide d’un paillasson. La reprise est très-prompte, et, une fois opérée, on donne de la lumière et de l’air : d’abord un peu, puis davantage, ainsi que cela se fait, du reste, pour toutes les plantes. Ce procédé, très-facile, donne d’excel- lents résultats ; en quelques semaines, on obtient avec certitude des plantes bien éta- blies, ce qui n’aurait pas lieu par les pro- cédés ordinaires. La démonstration est faite ; nous connaissons un horticulteur qui em- ploie ce procédé en grand et s’en trouve très-satisfait. Pourrait-on avec avantage s’écarter des règles indiquées, placer les boutures dans un milieu plus chaud ou plus froid? Un peu plus froid? Peut-être, bien que dans ce cas la reprise serait probablement plus longue à s’opérer, et sans doute aussi moins cer- taine. Plus élevée? Le fait est douteux, car alors il arrive fréquemment que les boutures prennent la grise, durcissent et ne s’enra- cinent que très-difficilement ; au-dessus de 30 degrés, le résultat est mauvais, assure - t-on. Lee AS. DEUX NOUVELLES VIGNES CHINOISES Grâce à l’extrême obligeance de MM. Vil- morin, nous pouvons publier les intéres- rants détails qui suivent sur les Vignes indi- quées en tête de cette note. Ces détails sont dus à M. Romanet du (1) Extrait du Journal d’ Agriculture pratique, mai 1881, p. 619. Caillaud, villa Maurilloux, près Périgueux. Nous les reproduisons sans y rien changer. ... J’ai reçu, il y a quelques jours, des graines de deux espèces de Vignes à vin qui croissent dans les forêts de la province chinoise de Ghen- Si. L’une de ces Vignes est épineuse; elle a reçu le nom de Vigne David {Spinovitis Davidi). 240 Dp:rx NOUVKLLKS VIGNES CHINOISES L’autre doit porter mon nom et s’appeler Vigne Romanet {Vitis Romaneti). Ces Vignes sauvages })ortent des Raisins co- mestibles avec lesquels les missionnaires ont fait du vin d’un goût aromatique particulier, rappelant la Framboise. C’est d’après les indications de M. Armand David, prêtre lazariste et naturaliste voyageur en Chine, que j’ai fait venir ces graines de Vigne. Ce dernier m’écrivait à la date du 17 avril ; 0 Comme je ne sache })as que d’autres natura- listes que moi aient pénétré dans les montagnes où j’ai rencontré le Vitis Davidi et le Vitis Romaneti^ et que, d’un autre coté, mes courtes indications sont insuftisantes pour bien déter- miner ces deux espèces, je pense que vous, comme introducteur de ces plantes inédites encore, vous avez tout le droit de les vulgariser sous les noms que vous avez indiqués. Les rè- gles convenues de nomenclature binaire exige- ront que l’espèce épineuse s’appelle sim})lement Vitis Davidi (ou mieux Spinovitis Davidi, si les botanistes se déterminent à créer un sous- genre pour cette très-curieuse Vigne à épines). » Les Chinois ne cultivent pas ces deux espèces de Vigne. M. David les a rencontrées dans les broussailles. Toutes deux croissent dans un sol granitique. Or, notre Vitis vinifera d’Europe préfère le sol calcaire. La Spinovitis Davidi a été découverte par M. David dans une vallée où il avait remarqué « des blocs de beau granit à gros cristaux de feldspath, et beaucoup de phyllades et de schistes tout remplis de staurotides, ces curieux cris- taux qui atfectent la forme d’une croix. » La vallée où elle croît est à 1,500 mètres environ d’altitude. Le baromètre variait en hiver entre 648 et 666 millimètres, latitude 34» environ, longitude E. 106® environ. Lavallée est ouverte vers le nord. La Vitis Romaneti a été trouvée à environ 40° plus au sud, par 105° longitude est, à une altitude d’environ 1,390 mètres. Elle croît dans un terrain exclusivement granitique, au milieu de nombreux Fi’aisiers sauvages, de Châtaigniers sauvages, de Céphalotaxus, de Corylus, de Pins, de Sumacs à vernis, de Cerisiers sauvages, d’Or- mes, de Charmes, de Bouleaux, de Peupliers- Trembles, de Saules, de Chênes. (Cette dernière essence est la principale de ces forêts.) Le versant de ces montagnes est exposé au sud. Au moment où M. David visita cette partie du Chen-Si, le sol était couvert de neige. Dans la région de la Spinovitis Davidi, la neige a com- mencé à paraître vers la mi-novembre. Dans celle de la Vitis Romaneti, elle n’était pas en- tièrement fondue au 8 mars. Ces deux Vignes seront, je crois, précieuses pour les terrains granitiques. Que produiront ces Vignes dans nos cul- tures? A quel groupe appartiennent-elles? Personne ne pourrait le dire, cela d’autant plus qu’elles n’ont probablement jamais été introduites en Europe. La parole est donc à l’expérience, qui seule nous renseignera sur ces différents points ; et comme d’un autre côté on peut s’en procurer des graines chez MM. Vilmorin et Ci®, il est donc à peu près hors de doute que de toutes parts on va faire des expériences, et que bientôt Ton saura à quoi s’en tenir sur ces Vignes, qui du reste présentent un double intérêt : pra- tique comme essence vinifère, scientifique par les caractères tout à fait exceptionnels de Tune d’elles, caractères qui, probable- ment, permettront de créer le genre Spino- vitis. Il est de toute justice que Tunique espèce qu’il comprendra porte le nom du voyageur, M. David, qui Ta découverte et à qui toutes lesj sciences naturelles doivent tant. Une Vigne épineuse pouvant produire du vin est un véritable événement. Si cette Vigne est rustique, comme tout semble le faire croire, peut-être pourra-t-on aussi l’em- ployer comme plante défensive pour clôture. Les graines de Spinovitis Davidi et de Vitis Romaneti que nous avons étudiées appartiennent sans aucun doute aux Viti- cées ; elles ont même beaucoup de rapport avec la Vitis œstivalis et surtout avec sa variété cinerea. Toutefois, ces ressemblances n’autorisent pas à préjuger quoi que ce soit, puisque ces graines, sembhibles entre elles par leur caractère physique, diffèrent néanmoins complètement par les plantes qu’elles pro- duisent. Attendons pour juger. E. A. Carrière. Ixip. Q«orgea Jacob , — Orlé«2i& k CHRONIQUE HORTICOLE Température anormale delà première quinzaine de juin. — Exposition d’horticulture de Versailles; lauréats des grands prix de celte exposition. — Exposition d’horticulture du Ilàrre. — Les graines de Musa ensete. — Ouvrage d'horticulture publié par M. Thomas Moore. — Le terreau dans la culture des Patates. — Exposition de la Société rosiériste de Brie-Gomte-Robert et Grisy-Suisnes. — Pensées à Heurs doubles. — Essai d'ampélogmphie universelle, par le comte de Rovasenda. — Bulletin de la Société botanique et horticole de Provence ; Daphné Mazeli ; essai de Florale des plantes spontanées qui croissent aux environs de Marseille. — Médaille décernée à la Société d’horticulture d’Étarnpes pour la propagation du Soja hispida. — Les Vignes du Soudan. — Eucalyptus amyrjdalina ; lettre de M. le prince de Troubetzkoy. — Conférence de M. Ed. André sur les Palmiers. — Fabrication de l’alcool avec les fleurs de Bassia latifolia. — Supplément au catalogue de la maison Vilmorin. — Exposition de la Société d’horticulture d’Épernay. — Nouvelle série de Pélargoniums obtenus par M. Lemoine. La première quinzaine de juin a été marquée par une série de contre-temps. A des chaleurs relativement considérables ont succédé des jours relativement froids, somljres et presque brumeux, où tom- baient fréquemment de la pluie, de la grêle, on pourrait presque dire des giboulées comme l’on en remarque habituellement en avril. Ainsi, le samedi 4 juin, le thermo- mètre, au nord, marquait 30 degrés au- dessus de zéro ; le lendemain, jour de la Pentecôte, un peu moins ; mais à partir de là jusqu’au 11, ce ne fut qu’une suite de mauvais temp.s pendant lesquels le thermo- mètre, le matin, variait de 2 à 9 au-dessus de zéro, et le jour de 11 à 16, suivant les lo- calités et les expositions. Dans la nuit du 9 au 10, il descendit même plus bas, puisque sur différents points des environs de Paris des Haricots, Luzernes, Pommes de terre, etc., furent gelés. Quant à la Vigne, qui cer- tainement a dû souffiir de cet abaisse- ment de température, nous ne sachions pas qu’elle ait été atteinte par la gelée. Un tel contre -temps est d’autant plus regrettable pour la Vigne que les grappes, qui abondent de toutes parts, entraient en fleur, même dans les champs. Depuis, les choses ont bien changé, et d’après les apparences on a lieu de croire à une bonne récolte générale. — L’exposition d’horticulture de Versail- les, qui vient d’avoir lieu, a présenté, comme presque toujours, les deux caractères prin- cipaux qui particularisent cette fête horti- cole : d’une part de la pluie, de l’autre un ensemble magnifique, où la beauté s’unis- sait au bon choix des plantes pour s’harmo- niser avec leur disposition. Gomme les années précédentes, cette 1er JUILLET 1881. exposition s’est tenue dans 4e parc de Ver- sailles, au quinconce des Marronniers. Les exposants étaient nombreux, et plu- sieurs étaient des plus avantageusement connus; aussi la lutte a-t-elle été vive. Heureusement que, outre les récompenses ordinaires, le jury pouvait disposer de nom- breux (( grands prix. » Voici comment et dans quel ordre ceux-ci ont été attribués : Objet d’art de la manufacture de Sèvres, M. Léon Duval, horticulteur à Versailles ; mé- daille d’honneur des Darnes patronnesses, à M. Poii'ier ; Ire médaille des Dames patron- nesses, MM. Vilmorin et G'® ; l®r pi-ix du Mi- nistre de l’agriculture et du commerce, M. Da- vid ; 2e prix, M. Etienne Salomon, à Tho- mery ; 1er prix du Conseil général, M. Per- rette, à Bellevue; prix de Mf^e Heine, M. Moser; médaille de M^® la baronne de Rothschild, M. Constant Lemoine, à Angers ; pr prix des chemins de fer de l’Ouest, M. Christen; prix de la ville de Versailles, M. Lacroix, jardinier chez M. Horson ; prix Furtado, MM. Couturier et Robert, horticulteurs à Chatou ; 2^ prix des chemins de fer de l’Ouest, M. Pigier ; 2® prix du Conseil général de Seine-et-Oise, M. For- geot, grainier à Paris ; 2® prix des Dames pa- tronnesses, M, Rothberg, chez M. Marcot, à Saint-Cloud ; 3e prix du Conseil général de Seine-et-Oise, M. Eberlé ; 3® prix du Ministre de l’agriculture, médaille de vermeil, M. Gi- rardin-Collas, à Argenteuil ; 4e prix, médaille de vermeil, M. Lyonet, au château de Jouy-en- Josas; 3e prix des Dames patronnesses, mé- daille de vermeil, M. Glaziou, à Paris. Quant à M. Truffant, dont les apports étaient des plus remarquables, il a renoncé aux récom- penses qui lui eussent été accordées, en priant le jury de vouloir bien les convertir et de les attribuer à ses deux chef et sous-chef de culture, ce qui a été fait ainsi : à M. Dévignes, 4® mé- daille de vermeil des Dames patronnesses et 13 242 CHRONIQUE HORTICOLE. quatre primes de 25 fr.; à M. Pavard, 2® mé- daille d’argent du Conseil général, plus deux primes de 25 Ir. — Relativement à l’exposition d’iiorti- culture qui doit avoir lieu au Havre du 7 au 10 juillet })rocliain, et que nous avons an- noncée dans le n° du juin de la Revue horticole^ une faute typographique nous fait dire que les jurés devront se réunir le 9. C’est le, 7 juillet — et non le 9 — à neuf heures du matin, que l’examen des apports devra commencer. — Un abonné de la Revue horticole nous ayant écrit j)our nous informer que les graines de Musa ensete qu’il avait ache- tées étaient mauvaises et même « décom- posées, )) tombaient « en farine, » nous l’avons prié de nous envoyer au moins une de ces mauvaises graines, afin que nous puissions vérilîer le fait. Nous avons cons- taté, au contraire, que ces graines sont très -bonnes, et c’est pour le rassurer que nous publions plus loin un article sur ce sujet, de manière que si d’autres personnes se trouvaient dans le même cas, elles puis- sent profiter des quelques renseignements que nous avons cru devoir donner. — Parmi les ouvrages d’horticulture ré- cemment parus, nous pouvons signaler en première ligne VEpitome of Gardening, par M. Thomas Moore, directeur du jardin botanique de Cbelsea, précédé d’une intro- duction sur les principes de l’horticulture par MM. Maxwel et T. Masters, deux des plus célèbres autorités en ce genre. L’ouvrage se divise en deux parties : l’une, intitulée : Principes de l’horticulture, con- tient, outre la préface, un chapitre dont le titre ; la- Science de V horticulture, in- dique l’importance. C’est pour ainsi dire tout un traité pratique de jardinage. La deuxième partie est intitulée : Pratique de V horticulture ; elle comprend huit cha- pitres dont voici les titres : Etablissement des jardins. — Plans et appropriation des jardins. — Matériel et accessoires. — Opé- rations de jardinage. — Fleurs. — Fruits. — Légumes divers. — Calendrier des opé- rations particulièrement propres aux jardins de la Grande-Bretagne. — Calendrier des travaux du jardinage sous la latitude de New-Tork. Ajoutons qu’une quantité con- sidérable de dessins sur bois exécutés avec le plus grand soin, sur toutes les parties traitées dans cet ouvrage, en faisant com- prendre ce dont les mots ne pourraient que difficilement donner une idée, complètent le travail,- qui devient une sorte de Guide ou de Memento indispensable. — Une erreur de chilfre a été commise dans le numéro de la Revue horticole du juin dernier dans l’article concernant la Patate fasciculée. Au lieu de 10 centimètres de terreau qu’il est dit, c’est de W à qu’il faut aux Patates pour qu’elles puissent se développer. — Les 11 et 12 septembre 1881, la Société horticole rosiériste de Brie-Comte-Robert et Grisy-Suisnes fera à Grizy une exposition des produits de l’horticulture et des arts et industries qui s’y rattachent, à laquelle sont conviés tous les horticulteurs et amateurs. Les personnes qui voudront exposer de- vront en faire la demande au Secrétaire de la Société au moins huit jours avant l’ex- position, et les objets devront être rendus à Grizy le 9 septembre ou au plus tard le 10, jusqu’à onze heures du matin. Le jury se réunira au local de l’exposi- tion le samedi 10 septembre, à deux heures très- précises. — Jusqu’ici, que nous sachions du moins, l’on n’avait pas encore remarqué de fleurs doubles dans le genre Pensée. Il en est autrement aujourd’hui; nous avons la satisfaction d’informer nos lecteurs que le fait vient de se montrer, et fort heureu- sement, sur une sorte vigoureuse à très- larges et belles fleurs. On peut donc espérer que bientôt on aura dans ce genre des va- riétés à fleurs plus ou moins pleines qui, pour cette raison, présenteront une plus longue durée. Et comme dans ce cas il est plus que probable que la forme des fleurs sera modifiée, il est à peu près aussi hors de doute que ce trouble va déterminer la formation de nouvelles races dans ce genre qui, jusqu’aujourd’hui et malgré la quantité innombrable de variétés qu’il a produites, était resté stable dans son orga- nisation. — Il vient de paraître à Montpellier, chez l’éditeur Camille Coulet, Grande-Rue, 5, une traduction de V Essai d’une ampélographie ^243 CIIUOMQUE imiverselle, par le comte Joseph de Rova- senda, un des plus célèbres et des plus compétents arnpélographes de nos jours. Cet ouvrage se trouve aussi à Paris, chez MM. Delahaye et Lecrosnier, libraires-édi- teurs, place de rÉcole-de-Médecine, 33. Dans ce travail, qui comprend, outre l’énuméra- tion, la description, la synonymie et la clas- sification des cépages, l’auteur, en se basant sur les caractères les plus constants et les plus faciles à observer, arrive à établir 96 groupes, dans lesquels peuvent entrer à peu près toutes les Vignes connues suscep- tibles de fournir du vin ou de servir à l’ali- mentation. C’est donc un livre que devront se pro- curer tous ceux qui s’occupent de viticul- ture, et même tous ceux qui ne sont pas indifférents à l’étude des plantes dont les produits jouent un des plus importants rôles dans l’alimentation. — La Société botanique et horticole de Provence continue régulièrement la publi- cation de son Bulletin. Dans le cahier qui vient de paraître se trouve une figure colo- riée et une description du Daphné Mazeli, espèce très-voisine du D. Japonica. Comme celle-ci, elle est très-rustique et très-flori- bonde ; ses fleurs, excessivement et agréable- ment odorantes, d’un blanc carné fortement lave ou strié de rouge, apparaissent dès les premiers beaux jours. C’est une plante vi- goureuse, qui vient très-bien dans les terres argilo-siliceuses, mais qui redoute le cal- caire. Signalons encore dans ce recueil la pu- blication d’un essai de Florule des plantes phanérogames spontanées ou cultivées, qui croissent dans un certain rayon aux envi- rons de Marseille, où, à la suite du nom de la plante et de celui du botaniste qui l’a ap- pliqué le premier, se trouve indiquée la loca- lité où l’on rencontre cette espèce. Cette idée est bonne, et si chaque société d’horti- culture faisait un travail analogue et qu’on les réunît tous, on aurait une flore générale de la France beaucoup plus exacte et plus précise que ne peut l’être celle faite par un seul botaniste, presque toujours étranger à la plupart des pays dont il parle. — - Ayant apprécié tout l’intérêt que peut présenter l’introduction dans les cultures du Soja hispida et reconnu les efforts faits IIOHTICÜLE. par la Société d’Étampes pour améliorer cette plante [en étudiant les variétés qui offrent le plus d’intérêt, le Ministre de l’agriculture vient de faire remettre une grande médaille à la Société d’horticulture d’Étampes. C’est un juste hommage rendu à cette Société qui, grâce à ses efforts réité- rés, a contribué largement à faire ressortir les mérites du Soja qui, sans cela, serait probablement encore à peu près inconnu du^plus grand nombre. — Si, relativement à la rusticité et à la vigueur des plantes, de même qu’à la qua- lité et au mérite des fruits, nous ne pouvons rien affirmer au sujet des Vignes du Soudan rapportées par feu Lécard, il n’en est pas de même en ce qui concerne leur classifi- cation. Sous ce rapport, l’étude que nous avons faite d’échantillons authentiques rap- portés par l’infortuné voyageur nous per- met de dire, avec une presque certitude, qu’aucune des cinq espèces que comprend le stock n’appartient au groupe des Vini- fera. Toutes nous ont paru devoir rentrer dans la section des Cissus, bien qu’elles n’aient rien de commun avec les quelques espèces que nous cultivons sous le nom de (( Vigne vierge » ou d' Ampélopsis . Les échantillons que nous avons examinés sem- blent démontrer des végétaux tout à fait herbacés, qui se désarticulent promptement et peuvent faire croire, ainsi que l’a dit Lécard, qu’elles disparaissent complètement lorsque leur végétation est terminée. D’une autre part, nous pouvons aussi af- firmer que les graines de ces Vignes sont différentes de toutes celles des espèces avec lesquelles nous les avons comparées, bien que celles-ci s’élèvent à plus de quarante sortes, provenant de presque toutes les par- ties du monde. Les espèces de Lécard sont-elles nou- velles, ou rentrent-elles — en tout ou en partie — dans celles qui ont été décrites récemment, au nombre de soixante-dix-sept, dans la Flore de V Afrique tropicale^ par M. Backer, aide de botanique à l’herbier de Kew ? C’est ce que nous ne pouvons dire. Mais quant à ce qu’on pourra retirer de ces Vignes au point de vue économique, nous croyons qu’il est impossible de rien assurer, et que toute affirmation dans ce sens pourrait être hasardée, sinon témé- raire. Les quelques grains de Raisin du CimOMüUE HORTICOLE. vais Lecardi que nous avons été à même d’étuclier ne nous permettent de rien affir- mer sinon que ces grains sont noirs, légè- rement ovales, mesurant environ 1 centi- mètre de longueur. Nous publierons pro- chainement des descriptions sommaires de ces Vignes, accompagnées de dessins faits d’après des échantillons authentiques, mais malheureusement incomplets. - — Eucalyptus glohulus qui, non sans raison, a été considéré comme la meilleure espèce, a trouvé, paraît-il, un rude rival dans VE. amygdalina « vrai. )) C’est à M. le prince de Trouhetzkoy, grand, amateur et collectionneur de plantes en général et d’Eucalyptus en particulier, et qui en a réuni un grand nombre d’espèces dans sa propriété d’Intra (Lac-Majeur — Italie), que l’on doit la connaissance de cette espèce qu’il regarde comme la plus méritante, qu’il ne cesse de recommander et dont il offre géné- reusement des graines. Au sujet ' de cette espèce et dans une lettre qu’il nous écrivait récemment, M. le prince de Trouhetzkoy nous disait : ...Sur les trente variétés iVEucalyptus que je cultivais avant le terrible hiver 1879-1880, l)endant lequel la température est descendue chez nous à — 9 1/2 centigr; (sous zéro), VE. amygdalina vrai, que j’ai introduit direc- tement d’Australie, est le seul qui ait résisté et qui porte tous les ans des graines qui ger- ment facilement, et dont j’expédie beaucoup de plantes dans le Midi de la France surtout (pour tout le littoral de la Méditerranée jusqu’à Perpignan et même à Pau). C’est heureux que cette belle variété soit rustique, car elle possède et réunit toutes les qualités : des feuilles qui contiennent le plus d’huile volatile (par conséquent les })lus hygié- niques), — croissance })lus ra})ide que môme celle de VE. glohidus, — et dureté du bois. Les abeilles aussi recherchent ses fleurs avec avidité. Mon plus vieux sujet, âgé de onze ans, a 20 mètres de hauteur et 2 mètres de circonfé- rence. On l’a estimé comme poutre pour la bâtisse (sans comptei' les branches très-grosses et les feuilles, qui contiennent plus d’huile vola- tile que le glohulus) à 40 fr. A Ilyères, où le climat est})lus doux, ils croîtraient plus vite, et on pourrait en même temps avoir de beaux l)àturages. — Parmi les conférences qui ont été faites récemment à l’hôtel de la Société na- tionale et centrale d’horticulture de France, sous les auspices et par les soins de la So- ciété, il en est une dont nous n’avons pas parlé, mais que pourtant son intérêt tout particulier ne permet pas de passer sous silence. C’est celle faite par M. Ed. André sur les Palmiers. Personne peut-être mieux que lui ne pouvait traiter ce sujet, car, outre ses connaissances spéciales et sa faci- lité à bien dire les choses, un voyage qu’il a fait au « pays des Palmiers » lui a permis de voir et d’admirer dans leur « grandiose, » c’est-à-dire dans leur état naturel, ces « princes du règne végétal, » que jusque-là il ne connaissait que par les soins qu’il leur avait donnés dans les serres. Aussi là, dans une grande salle où, grâce à M. Drouet, di- recteur du Fleuriste de Paris, l’on avait réuni un grand nombre de beaux et rares spécimens de Palmiers, M. André a-t-il réussi à captiver pendant plus d’une heure l’attention d’un nombreux public qui, par de fréquents et unanimes bravos, a témoi- gné sa satisfaction au conférencier qui, du reste, s’est admirablement bien acquitté de la tâche dont il avait bien voulu se char- ger. Ajoutons que l’éclairage à la lumière électrique, qui avait été organisé et disposé pour la circonstance, et qui a très-bien réussi, augmentait encore l’attrait de cette confé- rence, l’une des plus belles de toutes celles qui avaient été faites. — Pvien ne rend ingénieux comme le besoin, qui, en réalité, est la base de tout progrès. C’est ainsi que, depuis la dispari- tion d’une grande quantité de Vignes par le phylloxéra, on a cherché à suppléer à la disette des vins à l’aide des Raisins secs, et même de l’eau sucrée additionnée de cer- tains éléments qui entrent dans la compo- sition des vins. Mais ce à quoi l’on n’avait pas encore pensé, c’est à l’utilisation des fleurs pour en faire de l’alcool, ce que l’on fait au- jourd’hui. Ainsi, depuis quelque temps il arrive à Marseille de certaines parties chaudes de l’Inde des quantités considé- rables de fleurs de Bassia latifolia, Roxb. (famille des Sapotées), avec lesquelles, pa- raît-il, on fait d’excellent trois-six. Ici ce sont les divisions florales, les pétales surtout qui, très-épaisses et charnues-sirupeuses, contiennent en très-grande quantité des matières sucrées qui, par la fermentation, se transforment en alcool. Mais, alors, où s’arrêtera-t-on dans cette voie, car où il y FRUCTIFICATION ü’UN ÆCIIMEA MARIÆ REGINÆ. 245 a du sucre — et tous les composés orga- niques en contiennent — il y a les prin- cipes de l’alcool, de sorte que l’obtention de celui-ci n’est plus qu’une question commer- ciale, une atïaire industrielle. Et que ne peut l’industrie quand on rétléchit au degré de perfection où en sont arrivées les sciences chimiques ? — Dans un supplément de catalogue que vient de publier la maison Vilmorin, outre des graines de Musa ensete^ sont annoncées un très-grand nombre d’espèces exotiques, fruitières ou industrielles, telles que Ac/ims, Aleurites , Anacardium{o\x k(id^]o\x) ^ Anona^ Averrhoa, Cicea, Cookia, Copaifera, Eu- p)honia^ Genipa, Guaiacum, Mangifera, Myristica, Psidium, Quassia amara, Tec- tona grandis ou Teck, etc., ainsi que des graines de Palmier, parmi lesquelles deux espèces de Kentia : Balmoreana et Can- terhuryana. On y trouve aussi quelques Conifères, ainsi que les Vignes du Soudan et celles, plus récemment introduites, de la Chine, où elles ont été découvertes par M. l’abbé David. Quelques détails sur les espèces fruitières, historiques ou indus- trielles, donnent au catalogue dont nous parlons son intérêt particulier. — La Société d’horticulture de l’arron- dissement d’Épernay fera dans cette ville, du au 5 septembre 1881, une exposition à laquelle elle convie tous les horticulteurs et amateurs d’horticulture français et étran- gers. Outre les fleurs, les fruits et les légumes, seront admis les produits indus- triels se rattachant à l’horticulture, à la viticulture et à l’apiculture. Les personnes qui désireraient prendre part à l’exposition devront en faire la de- mande à M. le secrétaire général de la Société avant le 1^=*’ août prochain, en indiquant, avec les objets qu’elles se pro- posent d’exposer, l’emplacement dont elles pourront avoir besoin. Le jury se réunira au local de l’exposition le 1er septembre, à neuf heures du matin. — Encore une nouvelle série produite dans les Pélargoniums. Cette fois elle porte sur les sortes à grandes Heurs et est carac- térisée par la rigidité des pédoncules, qui fait que toutes les inllorescences assez lon- gues sont dressées, ce qui les rend très- avantageuses pour confectionner des bou- quets. Ces plantes sont d’autant plus propres à cet usage que les fleurs sont grandes, d’un blanc très-pur, bien faites, et que, à moitié épanouies, elles sont d’une élégance vraiment remarquable. Ajoutons encore que les plantes robustes et vigoureuses sont toujours en fleurs ; aussi sont-elles éminem- ment propres à la culture pour en couper les fleurs, et l’on nous a affirmé que déjà en Angleterre, et pour cet usage, c’est par quantités considérables que certains horti- culteurs les cultivent. Les plantes dont nous parlons, obtenues par M. Lemoine, horticulteur à Nancy, ont reçu de l’obtenteur la qualification erecta. Voici donc encore une nouvelle création précieuse pour l’horticulture par la dispo- sition des fleurs, et surtout par leur produc- tion incessante et continue, de véritables seinperflorens, et qui pourraient ébranler l’opinion fausse de certains botanistes qui ferment les yeux sur les faits défavorables à leur théorie sur la création des espèces. Malheureusement pour eux, ces faits de la formation continuelle des espèces sont irré- futables et s’imposent à tous ceux qui sont dépourvus de préjugés et de parti pris. E.-A. Carrière. FRUCTIFICATION D’UN ÆCHMEA MARIÆ REGINÆ Le 5 juin dernier, il a été présenté à la séance de la Société d’horticulture d’Angers et de Maine-et-Loire une véritable rareté horticole : c’est le fruit du bel Æchmea Mariœ reginœ. Celte fructification s’est produite sur un magnifique spécimen, cul- tivé dans les serres de notre très-honorable président, M. de la Devansaye, au château du Fresne, près Beaugé (Maine-et-Loire). La plante, d’une grande vigueur, montrait ses premières fleurs dans le commence- ment de septembre 1880, et ce n’est que deux mois plus tard que les belles bractées roses qui accompagnent l’inflorescence se fanèrent. Le fruit volumineux de cette es- pèce est très-curieux; il se compose d’une réunion de petits fruits de forme polyé- drique, rassemblés et pressés les uns contre 24(3 PO! s BRÉSILIEN. les autres autour d’un axe très-gros, de couleur rose grisâtre, . Ibrlement pruineux. l.’cnsemble de tout cela forme une sorte d’Ananas à pointes saillantes fort agréable à l’œil, d’un diamètre d’environ 10 centi- mètres, sur une longueur double à peu près. Ce fruit ou plutôt cette agrégation de fruits a mis environ six mois pour arriver à maturité ; cbacun de ces petits fruits con- tient une très-grande quantité de graines très-fines et de qualité parfaite, puisque déjà il en a été semé et qu’elles ont bien levé. J’ai pensé que ce phénomène, que je crois unique jusqu’à présent, était bon à signaler, ne fût-ce que pour en prendre acte, et dans ce sens faire un appel à tous les horticulteurs et amateurs, afin que si cette espèce a déjà fructifié dans les serres françaises, on pût au moins constater officiellement la date de cette fructification ? J. Charon, Horticulteur à Angers, vice-secrétaire de la Société d’horticulture d’A gers et de Maine-et-Loire. POIS BRÉSILIEN Il y a déjà plusieurs années que mon attention fut attirée par un Pois que des habitants de Saint-Michel (Bougival) culti- vaient avec des avantages incontestables. Un d’entre eux que je questionnai à ce sujet me dit avoir rapporté cette espèce d’une ferme située entre Poissy et Mantes, où il se trouvait à la chasse. A ma prière, il con- sentit à rn’en céder des graines ; c’était vers 1874 ou 1875. Depuis ce temps, des obser- servations attentives m’ont permis de bien le juger et de constater qu’il est très-méri- tant. D’abord, il est très-précoce, à ce point qiUil n’en est aucun parmi ceux que j’ai cultivés jusqu’à présent qui puisse lui être comparé. Il est vigoureux, et sa végétation est régu- lière ; sa rusticité est des plus grandes, et son rendement considérable ; ses cosses très-renflées sont bien pleines et toutes dis- posées par deux à chaque étage. Quant au grain, fin et rond, il est très-estimé des cui- sinières, ce qui en démontre la qualité. En un mot, je n’hésite pas à déclarer que c’est un des meilleurs Pois que je connaisse, su- périeur à tous ceux que j’ai cultivés jusqu’à présent. Aussi je n’hésite pas à le recom- mander. Voici, comment je le cultive : Pratiquant la méthode des cultivateurs des localités montagneuses et précoces des environs de Meulan, je sème en espalier vers la Sainte-Catherine (25 novembre), en ayant soin de recouvrir les graines de 10 à 15 centimètres de terre ou de terreau bien consommé; je laisse entre les rangs des ados très-saillants, qui protègent les Pois pendant l’hiver et servent à les re- chausser au printemps. L’année dernière, grâce à la douce température qui nous fa- vorisait dans la première quinzaine de dé- cembre, mes Pois levaient vers le 15 de ce mois ; aussi, lorsque les grands froids du mois de janvier se firent sentir, je crus, malgré la neige qui les protégait, qu’ils étaient perdus. Cependant il n’en fut rien, et, après la neige fondue, je pus constater que mes Pois étaient frais et vigoureux, et n’avaient nullement souffert. Dès les pre- miers jours d’avril, ils commençaient à fleurir. Le 10 mai, je trouvais des cosses dont les grains avaient atteint leur grosseur normale, et enfin le 17 suivant je faisais la première récolte. Une des principales causes de la grande précocité de cette variété est due aux in- florescences qui se montrent presque au ras de terre, de manière qu’en les pinçant à quatre ou cinq étages on a la quantité suf- fisante de fleurs pour une récolte de pri- meurs. D’où vient ce Pois ? Pourquoi est-il dé- signé sous le nom de Pois brésilien ? Est-il cultivé ailleurs sous un autre nom? Je ne puis le dire ; mais, quoi qu’il en soit, et quelle que soit son origine, ce que je puis affirmer, c’est qu’il est précieux pour la culture potagère, et que les qualités du grain vont de pair avec celles que présente la plante au point de vue de la végétation et du rendement. Eug. A^allerand. DES GRAINES DE MUSA — EXDOSIflON d’HORTIGDLTURE A TOURS. 247 DES GRAINES DE MUSA C’est une idée assez généralement ré- pandue que toutes les graines d’un même genre de plantes sont semblables ou à peu près. C’est une erreur, car elles peuvent dilFérer par l’aspect, la forme, les dimensions, la couleur, etc. Seuls certains caractères intimes, portant sur les parties organiques essentielles, ont une certaine ressemblance. Les analogies génériques portent principalement sur l’embryon, sur sa position, sa forme et sa nature. Parfois, pourtant, il existe dans ces choses des différences assez importantes pour donner lieu à des méprises préjudiciables, ce qui pourtant n’est pas le cas ici. Dans les graines de Musa, il est une particularité qui peut induire en erreur sur leur qualité, et comme la chose s’est déjà produite, c’est pour en éviter le retour que nous écrivons cet article, profitant de cette occasion pour parler des graines de quelques espèces que l’on trouve parfois dans le com- merce. Musa textilis. — Graines à peine grosses comme un grain de Chènevis (de 4 milli- mètres de diamètre), un peu comprimées, subovales, d’un gris brunâtre, à surface très-légèrement rimeuse; cicatricule régu- lièrement circulaire. M. rosacea. — Graines comprimées, irré- gulièrement anguleuses, à angles arrondis, d’environ 5 plus rarement 6 millimètres, de couleur roux foncé, à surface inégale- ment, mais sensiblement rugueuse, gra- nulée, jamais lisse. M. superha. — Graines très-irrégulière- ment polyédriques, atténuées vers la cica- tricule qui, assez grande, est par fois sail- lante, cornées, très-dures, à testa noir luisant à peu près uni, d’environ 10-12 mil- limètres dans le plus grand diamètre. M. ensete. — Graines irrégulièrement obovales, subréniformes, osseuses- cornées, atténuées vers la cicatricule qui, trigone assez large, est parfois caronculée, rappe- lant assez exactement une petite Châtaigne, à testa noir roux, uni, bien que parfois bossué, de 18-20 millimètres dans le plus grand diamètre et même légèrement cô- telé. Un caractère propre aux quelques es- pèces que nous avons examinées — peut- être même à toutes celles du genre — ré- side dans la cavité embryonnaire qui, généralement grande, est remplie d’une substance granulée d’un blanc de neige, ou plutôt d’un blanc de lait brillant. C’est cette substance qui, lorsqu’on fend une graine, s’échappe sous forme de poussière et a fait croire à certaines personnes que les graines présentant ce caractère étaient mauvaises et même « décomposées, » ce qui n’est pas. Lorsqu’on a fendu une graine de Musa, si l’on examine avec attention, on aperçoit l’embryon dont l’extrémité semble se perdre dans cette substance pulvérulente, blanche, avec laquelle il paraît se confondre. Cette substance, qui nous a paru de na- ture amylacée, est-elle, par suite de l’humi- dité qu’elle absorbe, destinée à se transfor- mer pour nourrir l’embryon lorsqu’il entre en ger mination ? Nous sommes disposé à le croire. Si c’est ainsi que les choses se passent, loin d’être un signe de détérioration des graines, cette substance, au contraire, serait une preuve qu’elles sont dans de bonnes conditions de germination. E.-A. Carrière. EXPOSITION D’HORTICULTURE A TOURS. Le 28 mai dernier a été inaugurée l’exposi- tion horticole que la Société tourangelle d’hor- ticulture avait organisée dans le jardin de la Pi-éfecture de Tours, à l’occasion du concours régional. J’ai eu le plaisir d’y assister comme membre du jury et de constater le grand succès obtenu par l’horticulture tourangelle. Je dis « tourangelle » à dessein : des se})t départements com])osant la région, celui d’Indre-et-Loire avait presque seul répondu à l’appel; mais i avait tenu à remplacer dignement les absents par des apports nombreux, dont une certaine quantité de premiei' ordi’e. Il y a deux manières de faire le compte-rendu d’une exposition : en dresser l’inventaire à peu près conq)let, en citant à profusion des noms d’exposants et de plantes, louaiiGou critiquant les décisions du jury, et ne réussissant ipas à 248 EXPOSITION D’HORTICULTURE A TOURS. contenter mieux pour cela « tout le monde et son })ère ; » ou bien choisir le dessus du panier, butiner sur chaque belle chose, noter la nou- veauté et y insister, faire valoir le trait saillant et négliger volontairement le remplissage, la culture et les collections ordinaires, commen- saux de toute ex})Osition régionale. C’est à ce dernier parti que je juge meilleur de m’arrêter; c’est celui qui me paraît le mieux servir les in- térêts et le progrès de l’horticulture. A la société organisatrice d’une telle exposition, il convient de publier in extenso des comptes-rendus don- nant satisfaction à tous les intérêts engagés ; le rôle d’un journal comme la Revue horticole est de résumer les faits principaux et d’en tirer des déductions profitables à l’horticulture générale. .Je comprendrais même les choses autrement qu’on ne le fait d’ordinaire, et j’admettrais fort bien que la grande publicité d’un recueil central comme celui-ci servît largement le commerce horticole d’une région et enregistrât les succès de tous les exposants primés, mais avec cette réserve que ce catalogue, ce palmarès soit placé aux annonces ou tout au plus dans un appen- dice spécial du journal. Le compte-rendu indé- jiendant parlerait des « plantes ; » le catalogue parlerait « des gens. » Tout le monde ainsi y trouverait son compte : l’amateur des rensei- gnements utiles et désintéressés sur les produits liors ligne, et l’horticulteur marchand la publi- cité complète qui sert le mieux son industrie. On me permettra, avant de procéder à la trans- cription de mes notes sui‘ rex|)osition de Tours, d’ajouter que je trouve également regrettable de voir, dans les comptes-rendus des exposi- tions horticoles, les écrivains s’attacher surtout à citer les nouveautés. Autant qu’aucun autre je suis d’avis que les plantes nouvelles ])riment l’intérêt des exemplaires de culture, lorsque leur mérite égale leur rareté, et je suis d’avis qu’il faut surtout appuyer sur ce qui apporte aux amateurs une jouissance inattendue et aux horticulteurs une source de larges profits. Mais je voudrais aussi que l’on citât souvent les plus belles variétés, sans s’occu})ei; de la date de leur naissance, la beauté n’ayant pas d’âge, ou pour mieux dire étant toujours jeune. D’ailleurs, une plante vulgaire j)eut revêtir des grâces particu- lières dans une contrée i)lutôt que dans une autre, et il ne faut rien négliger de ce qui peut les faire valoir. C’est rendre un service â l’ama- teur hésitant, et il vous bénira d’avoir guidé son choix. Au premier rang des collections d’amateurs brillait celle de M. Alfred âlame. Sa propriété des Touches, embellie })ar ses soins depuis de longues années, dessinée j)ar un maître incon- testé ès-arcliitecture paysagère, M. Biilder, n’est ]>ar moins renommée par ses serres que par ses perspectives charmantes. Aussi le public éclairé a-t-il fait fête aux })lantes exposées pai‘ M. Marne et acclamé son jardinier-chef, M. Pa(iuereau. Dans une ser»‘e s])éciale consacrée aux plantes de serre chaude, on a vu, côte â côte, les plus belles })lantes â feuillage ornemental et une col- lection d’Orchidées suj)érieurement fleuries. Aux Orchidées d’abord. Nous conseillons â tous les amis de ces belles plantes qui n’ont })u voir le groupe foiané j)ar celle des Touches â l’exposition de Tours de méditer la liste que voici. Elle se compose d’un petit nombre d’es- })èces, de grande beauté, ([ui peuvent former un excellent noyau de collection : Cattleya Men- clelii, Phalœnopsis Luddemanniana, Odonto- glossum vexillarium (portant 42 fleurs â la fois), O. cirrhosum, charmant avec ses nom- breux périanthes blancs tigrés de brun, 0. ci- trosnium, O. grande, 0. Pescatorei (60 fleurs), Vanda tricolor, V. suavis, V. insignis, Ærides Lohhii, A. virens, Stanhopea ocuUita, Sophro- nüis coccinca, Phalœnopsis grandijlora, Cy- pripeçlium Boxalli , C. Harrissonianum , Lœlia purpurata, Cattleya Mossiœ, Apophijl- lum spicatum (10 épis), Miltonia spectabilis, CattleyaWarneri splendida, Masdevallia Lin- déni (15 fleurs), Cattleya superba rosea, etc. L’éclat de cette petite collection vengeait ces admirables plantes des critiques fréquentes chez le public, qui déclare volontiers que les Orchi- dées sont plus bizarres que belles. Dans la môme serre, un rare assemblage de plantes â feuillage, parmi lesquelles les Aroïdées suivantes : Anthurium Veitchii, aux feuilles In'onzées, de plus d’un mètre de lon- gueur ; Anf/nmum Warocqueanum, superbe variété à limbe allongé de VA. crystallinum (Linden et André); Anthurium Dechardi, cou- vert de ses jolies fleurs blanches parfumées, aussi beau que les pieds que j’ai trouvés en 1876 au pied de la Gordilière orientale de la Nou- velle-Grenade, lorsque j’ai rapporté cette plante vivante en Europe ; Anthurium Patini, gra- cieux, délicat, très-floribond ; Anthurium crys- tallinum, énormes feuilles satinées et caisson- nées de blanc ; Anthurium floribundum, autre espèce colombienne â fleurs abondantes, rentrant plutôt, comme VA. Palini, dans le spathijjhyllum ; Die/fenbachia illustris, une des meilleures introductions anglaises de ces dernières années ; Phyllotœnium Lmdeni, Ga- ladium â feuilles pérennantes, pour lequel j’ai cru devoir fonder un genre nouveau ; Alocasia Thibautiana, grande et splendide forme hy- bride d’un haut effet décoratif, dédiée â M. Thi- baut, horticulteur â Sceaux ; Potos celatocaulis, curieux avec ses feuilles appliquées ; Philo- dendron gloriosmn (FA. André), presque aussi beau que je l’ai vu â Yillavicensio, en Golom- bie, et plusieurs autres espèces de moindre im- jmrtance. De beaux Né])enlhès couverts d’ascidies et d’une culture couide, exceUente {N. Hookeriana^t EXPOSITION D’iIORTICULTUKE A TOUUS. 249 Coiirtii, etc.), ruu des plus l)eaux Tillandsia Lmdeni vera (d liainpes) ([iii soient en Ku- roi)e ; de tcès-gracienses Foni^^’ères nouvelles ou races : Adiantum Veitchii, A. gracillijnum, A. Cardiochlœnum, A. scutum, Lastræa lli- cliardsii multifida ; rétrange 1 fymenodium crinitinn, avec plusieurs frondes fertiles ; des plantes dites carnivores {Dionœa, Brosera, Ce- lAialotus, Barling tonia, Sarracenia) se grou- paient de la manière la j)lus heureuse. J’ai encore noté la gracilité cliaianante de V Asparagus plumosus nanus, de belles Afa- rantacées (Maranla Lietzii, M. Lindeni, M. Kerchovei), i)uis les élégantes et délicates Mé- lastoniacées : Bertolonia Van Houttei, Miran- dei, etc. Quand j’aurai cité encore quelques Bracœna de clioi.x ( B. Sijdncyi, Baptisti), de glorieux Grotons (Codiæum campylophyllum, C. Vervœti, Sinitzinianum), le Peperomia argyroncura, VAralia Kcrchoviana, VEran- themum albo marginatum, un Balcchampia Bæzlii bien Henri et une Aroïdée encore ti O]> j)eu répandue, le Schismatoglotlis crispata, la liste des plus beaux exenq)laires de serre chaude duc à M. Maine sera })resque au conq)let. Mais je ne })uis passer sous silence sa riche collection d’Azalées en forts spécimens admi- rablement conduits et lleuris, ce qui suppose une grande baliileté horticole. Au second rang de la belle culture se te- naient les envois de M. le marquis de îlan- cougne, du cbriteau d’IIerbeault, représenté par son jardinier, ]M. Maron. Le jury a décerné à runanimité une médaille d’or à sa collection de Fougères, composée de quelques espèces seulement, mais d’une perfection absolument inusitée en France. Il faut recourir aux plus habiles jardiniers anglais pour })ouvoir lutter avec ces beaux exemplaires, appartenant aux espèces'suivantes : Bavallia dissecta, I). J. Sm.; B. Mooreana, Masters (D. pallida, Meto.); B. platyphylla, Don. {Microlepia, ou D. lon- chitidea, Nall.) ; Pteris sulcata, Link ; Adian- tum cuneatum, Lang, et Fiscb.; A Farleycnsc. IMoore (la belle forme anormale d’A. tene- rum)-, Blcchnum hrasiliense, Desv. ; Gymno- gramma chrysophylla, Kaulf; Pteris crci ica albo lineata, Hook. ; Nephrolcpis tuberosa, II. K. (N. cordifolia, Presl.). Toutes nos félici- tations à M. Maron pour ses Fougères. Un jeune amateur, nouveau venu dans la carrière, M. Justinien P>retonneau (un nom cher à l’horticulture comme à la science médicale), débute })ar un coup de maître. Il s’est fait d’emblée collectionneur. Famille bi('u clairse- mée aujourd’hui, les collectionneurs rendent les plus grands services à l’horticulture et à la botanique, en conservant précieusement des espèces ou des variétés que -la mode efface en passant, et que les jardins botaniques ne sont pas assez lâclies pour garder à la science et à la pratique. ]\L Dretomieau, tout en s’essayant la main aux Coleus, doid il nous a montré des variétés par centaines, a fouillé les deux hémis- ))lièr(‘s [)Our l'éunir la plus nombi’euse collec- tion de Bégonias (pii soit .au monde. Il est arn'vé à Tours avec liO esjièces ty|)es, 483 va- riétés à feuillage, 30 à belles thmrs et 05 tu- béreux, c’est-à-dire avec un total de 700 plantes distinctes, panui lesipielles nous en avons re- man[né un bon nombre ([u’on ne r(drouverait plus à aucun prix dans d’autres collections. Si d('s amateurs nous passons dans le camp des horticulteurs, nous rencontrerons les beaux massifs dressés par M. Ghatenay, pépiniéi'iste à Tours, la cheville ouvrière de la Société tou- ivangelle d’horticulture, avec son dévoué prési- dent, M. Pelle. Les Gonifères sont, de iière en fils, l’objet de toutes les préférences de M. Gha- tenay. Nous y avons trouvé une collection très- complète, ainsi ({ue de belles Roses bien fleu- ries, })armi les([uelles je signalerai Ben- nett, Madame Laurent, Etienne Levct , Madame Poignant, Boïeldieu, Baronne de Bothschild, variétés ({ui, })Our être connues, n’en sont ])as moins recommandables. Deux horticulteurs fleuristes d’une rare habi- leté, Màl. Delahaye frères, se sont révélés à l’exposition de Tours de manière à remportei* les éloges les iilus complets du jury et du pu- blic. Leur trionqdie a été complet. Dans les ])lantes nouvelles ou rares, ils arrivaient avec [’ Anthurium Andreanum, ïAlocasia Johns- toni, l’excellente Orchidée à tiges courtes et à grandes fleurs, Sobralia macrantha nana; les Curmeria Wallisii, Oavirandra fenestralis, Bendrobium Balliousianum, une Vanille en fruits, etc. Leur lot de Palmiers était remar- quable de nombre, de force et de santé. Dans les Grotons, on remarquait C. spirale, volutum, Andreanum Weismanni, Bisraeli, Baronne de Bothschild. Parmi les Coleus, un surchoix présentait, en belles plantes non pincées, à grandes feuilles bien colorées, les variétés sui- vantes, que je l’ecommande aux amateui's : C. m. g. Simpson, Begnauld-Berthier, Gloire du Monceau, Niger, Claire de Chandnieux, Duchesse d'Edimbourg, Admiration, Anne, M. Bullier, M. Thibaut, Pleine des Belges, E. Garnett, Chantrier, Magie, Boyal pmrple, M. Carpentier, B. Noirot. Les Azalées de MM. Delahaye soutenaient la lutte avec celles des Touches, non par la force des sujets, mais par leur brillante floraison et le choix des nuances. Sont toujours à signaler : les Van der Cruyssen, Baphne, Grande Buchesse Hélène, Alice Van Iloutte, Dame Mélanie, Neptune, Souvenir de Maximilien, Comtesse de Beau- fort, A. Van Geert, Stanleyana, Bouquet de Flore, grandis, Bernhard Andrea, B. A. alba. Bue de Brabant, Impératrice des Indes, Bijou de Paris, Prince Albert. Les 250 MAIIONIA KOTUNDIFOLIA. — HEINE-CLAUDE PRÉCOCE DE RAZIMBAUD. Hi'oinéliacées étaient aussi très-rcmarqiiées. En somme, rex])osition de MM. Delahaye a mis ces horticulteurs hors de pair comme cultiva- teurs. Dans les arbustes de })lein air, j’ai remanpié avec plaisir le joli Phyllirœa Vilmoriniana^ Boissier. (P. laurifolia^ Dort.), es})èce trop peu répandue, qui ne souffre que des hivers trop rudes, et dont le mérite est de tout pre- mier ordre pour nos i)rovinces occidentales. De belles Pivoines herbacées de M. Désert- Méchin, de Ghenonceaux, parmi lesquelles on a })U noter les variétés suivantes : Étienne Méchin, rouge foncé vif; Madame Duval, rose tendre ; Édouard André, pourpre noir écla- tant, montraient que M. IVléchin jière est un habile et heureux semeur, très-digne d’avoir reçu dans sa jeunesse les précieuses leçons du docteur Bretonneau. Des plantes fleuries en abondance. Pélargo- nium zonale et grandiflorum, Calceolaria, Gloxinia, Achimenes, de superbes et Bégonia à feuillage coloré, des spécimens de grandes Fougères en arbre {Balantium an- tarcticum, Alsophüa australis et Para- guayen sis), des légumes appétissants, des Fj’aises succulentes, des fruits très-bien con- servés, surtout les Raisins, complètei-aient les citations restreintes que je me suis pi oposé de faire dans l’ensemble de cette exposition, si je ne gardais }>our la tin l’une des meilleures im- pressions, celle qui se i-apporte au charmant Anthurium à Heurs blanches tigrées de rouge obtenu j)ar M. de la Devansaye d’un semis d’A. Scherzerianum, et que j’ai nommé A, S. Andegavense. Cette plante, admirablement fleurie, a valu à son obtenteur une médaille d’or. J’en donnerai la desci-i]»tion dans le ])ro- chain numéro de la Bevue horticole. L’ex})osition de Tours a donc })leinement réussi. Que l’exemple donné ]>arMM. A. Maine, de Rancougne et Bretonneau soit suivi par des amateurs plus nombreux; que les horticulteurs tourangeaux mettent le sceau à leur réputation en se consacrant de plus près aux hybridations, aux semis, aux introductions directes de plan- tes nouvelles des contrées lointaines, et la Tou- raine, si célébrée }>ar les écrivains, chantée par les poètes, justitiera ]dus complètement encore son- surnom antique et glorieux de jardin (\e la France. Ed. André. MAHONIA ROTUNDIFOLÎA Celte forme du Mahonia aquifoUum, obtenue par M. Hervé, horticulteur à Ver- sailles, et que, pour cette raison, on nomme parfois Ma/iouia Heruci, est très-distincte et même assez originale. Elle constitue un buisson compact à branches strictement dressées, complètement dépourvues d’é- pines, garnies de feuilles d’un vert très- foncé presque noir, et qui sont persistantes comme celles du type; les folioles, luisantes, courtement ovales arrondies, planes, à peu près inermes, excepté parfois sur les bords où se rencontrent quelques très-petites spi- nules, de sorte que l’ensemble de cette plante forme un tout compact, d’un aspect REINE-CLAUDE PRÉ tout particulier. Les fleurs, disposées en sortes de grappes, ou mieux d’épis dressés, sont d’un très -beau jaune clair, mais, comme organisation, ne diffèrent pas de celles du type. Tout aussi rustique que le M. aquifo- lium, cette sorte est précieuse pour les lignes du devant des massifs, ou même pour faire des bordures dans les grands jardins paysagers. Gomme, d’une autre part, elle vit très-bien à l’ombre et pousse même « sous bois, )) on peut l’employer soit dans les parcs, soit dans les cours où, en général, le soleil fait défaut. May. [)GE DE RAZIMBAUD Arbre très-fertile et d’une grande vigueur, surtout dans son jeune âge ; branches lon- gues, bien espacées, formant un arbre assez ouvert ; il le serait même trop sans l’appli- cation d’une bonne taille dès les premiè- res années de sa plantation. Les rameaux, qui sont assez forts, atteignent facilement 1"^ 50 de longueur. Bois jeune, vert luisant, pour- pré par bandes du côté du soleil ; en vieil- lissant, il se garnit sur toutes les branches de plaques blanchâtres, comme vernies. Yeux petits, de couleur pourpre marron, pointus, portés sur un tout petit coussinet ; feuilles grandes comme celles de Reine- Claude ordinaire, un peu plus ovales et d’un vert mat en dessus, glauques en dessous ; péliole de grandeur moyenne; boulons à fruits rarement solitaires, moyens, arron- Revue //o/'livole. Godaurd . d&î.. L •/'. '07ru>h-tJv. G S&ü&T’&U'is . Pf’utu’ ncivc -Claude de Ra\{ndxtud . SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’IIOHTICULTURE DE FRANCE. — DES PAQUERETTES. 251 dis, portés par des brindilles assez fortes. Fruits moyens ou gros, suivant la vi- gueur de l’arbre, arrondis, partagés sur l’une des faces par un sillon assez sensible; peau très-üne, vert glauque, passant au jaune doré à la maturité, surtout du côté du soleil ; chair fine, fondante, jaunâtre, se détachant facilement du noyau ; eau douce, sucrée, laissant un très-bon goût à la bouche. Noyau moyen ou petit, ovale, ru- gueux comme dans la Pèche. Maturité du 4 au -10 juin dans nos contrées, et se prolon- geant jusqu’à la fin du mois. Remarqué pour la première fois en 1871, dans un carré de jeunes plants de Pruniers Myrobolan et de Reine-Claude, le pied mère, qui fut mis de coté, fructilia pour la première fois en juin 1875. Je le crois dû à un croi- sement de la Prune Pieine-Claude ordinaire avec la Prune abricotée que nous avons chez nous en quantité, ce que pourtant je ne puis affirmer. Jean Moulins, Pépiniériste à Razinibaud, près NarbonneiAude). SOCIETE NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU Apports. — Malgré l’apparition des fruits, le comité d’arboriculture est toujours inoccupé faute de matériaux. Une seule présentation a été faite: elle consiste en deux rondelles de bois, Tune à' Acacia dealhata mesurant 22 sur 28 cen- timètres de diamètre ; fautre, de Laurus no- bilis, n’avait pas moins de 35 centimètres sur 40 de diamètre. Au comité de culture potagère^ M. Duvillar, maraîcher à Arcueil, présentait quelques légu- mes très-remarquables par leur développement, mais surtout comme types « francs. » C’étaient des Romaines blonde maraîchère, Choux Cœur- de-bœuf. Carottes courtes ou grelot qui, à peu })i’ès complètement dépourvues de racines, étaient tout à fait sphériques, et quelques Laitues d’une variété à feuilles rosées. — M. Dudoüy pré- sentait plusieurs variétés de Pois et aussi quel- ques Haricots choisis parmi les meilleures espèces. Ces plantes, en très-bon état de dévelop peinent, toutes chargées de fruits, avaient été cul- tivées à l’aide d’engrais ch i iniques, .^es nombreu- ses expériences auxquelles se livre M. Dudoüy sont des plus intéressantes, et nous engageons les amateurs à les répéter. Ils pourraient, afin d’éviter des déceptions et ne pas « faire école, » se renseigner aujirès de M. Dudoüy, qui ne leur refusera pas ses conseils. — M. Vavin présen- tait des gousses de « Fève de Lisbonne, » variété rustique, dit M. Vavin, qui, semée à Neuilly le 2 février en plein air et sans aucun abri, avait ses fruits à peu près à grosseur le 8 juin. Au comité de floriculture, M. Godefroy- Lebeuf avait envoyé en pots et en fleurs les 12 MAI 1881 espèces suivantes : Delphinium nudicaule, Campanula Vayihouttei, Pulmonaria (Mer- tensia) virginica, Primula lut< ola, plus un Lilium tenuifolium et un L. pulchellum, deux espèces aussi légères que jolies. — M. Cordon- nier, jardinier au château d’Orainville (Seine- et-Oise), avait apporté 12 Goléus de semis, tous très-remarquables tant par la richesse des panachures et la forme des feuilles que par les dimensions et le faciès des plantes. Dans ce se- mis il y avait depuis des variétés très-naines, presque humifuses, pouvant former bordures, jusqu’à des sortes de bonne vigueur; depuis des feuilles larges, cristées ou amaranthoïdes jus- qu’à des feuilles très-divisées Gomme pana- chures, il y en avait qui rappelaient V Amaran- thus tricolor, mais à feuilles beaucoup plus finement divisées. Ce semis provenait de ces trois sortes : Duchesse d’Édimbourg, Baronne de Sparre, M. Herincq. L’une des plantes ex- posées rappelait assez M. Simpson. — M. Millet, de Bourg-la-Reine, présentait un très-fort bou- quet de fleurs de Bouvardia Sieboldi corym- biflora, très-belles et bien épanouies. On sait que normalement cette espèce ne fleurit guère avant le mois d’octobre. Le résultat si remar- quable obtenu par M. Millet est dû à des pin- cements faits à pro|)os. Serait-il possible, à l’aide de traitements spéciaux, de faire fleurir cette espèce à des époques prévues et fixées en vue de satisfaire à certains besoins, par exemple d’obtenir des plantes en fleurs à telle fête dé- terminée? M. Millet considère la chose comme possible. A l’expérience de répondre. DES PAQUERETTES Le type des (( Pâquerettes » {Bellis pe- rennis) qui pullulent dans les gazons, dans certains prés, que l’on rencontre à peu près partout, plus ou moins, suivant la nature du sol et son exposition, est un de ceux qui tout particulièrement méritent de fixer fat- 252 DES PAQUERETTES. tention, car, outre la beauté des plantes qu’il a produites, il peut servir la science en montrant, même aux moins clairvoyants, comment se forment et se fixent les variétés, et conséquemment ce qu’on nomme des especes, qui ne sont autre chose que des produits spontanés qui se fixent et devien- nent alors permanents. On voit là les con- séquences des deux grandes causes modiü- catrices : l’influence du milieu et celle de la culture. En effet, il est rare, malgré que les Pâquerettes se montrent par millions chaque année à l’état sauvage, que l’on aperçoive aucune modilication, si ce n’est pourtant, dans quelques cas, un léger changement dans la coloration des fleurs, qui tend à Fig. 58 — Pâquerette à fleurs blanches doubles, ligulées. passer au rose(l), et qui suffit néanmoins à l’observateur attentif pour lui faire voir que c’est par là surtout que les premières mo- difications apparaîtront. Quand, où et com- ment s’est développée la première variété ? C’est ce qu’il serait impossible de dire. Mais ce qui paraît hors de doute, c’est que c’est dans les jardins et par la culture que toutes les races se sont produites, et tous lés jours encore on en voit apparaîti-e de nouvelles. Les caractères difierentiels portent sur la couleuret les dimensions des fleurs, ainsique sur leurs formes. Mais quels que soient ces (1) Nous connaissons un jardin où, dans les gazons, les Pâquerettes sont très-abondantes, ten- dent même à les envahir, et paraissent manifeste- ment disposées à tourner au rose; et là cette année, 1881, le type à fleurs blanches était presque une exception. Cette transformation est-elle passa- gère ou s’étendra-t-elle en se permanenlisant? Nous nous proposons de le dire. changements et la cause qui les détermine, ils se fixent, deviennent stables et se repro- duisent parfaitement par graines. C’est ainsi qu’on a des variétés blanches, roses, rou- ges, etc., de même que d’autres dont les fleu- rons, au lieu d’être ligulés (fig. 58), sont Fig. 59. — Pâquerette à fleurs rouges. Les deux capitules grossis montrent, celui de gauche des fleurons (fleurs tubulées), celui de droite des fleurs ligulées. tuyautés (fig. 59). Il s’est aussi produit une race ou une espèce dont la fleur bourgeonne, et qui émet de ses diverses parties des pelites tigelles qui, à leur tour, se terminent par Fig. 60. — Pâquerette prolifère, dite Mère de de famille. une Pâquerette (figure 60) qui pour cette raison a reçu le nom « mère de famille. » Ce bourgeonnement, qui, en principe, était une monstruosité, est aujourd’hui un fait normal. Pourquoi? Parce qu’il se reproduit très-exactement, de sorte que voici une «monstruosité» scientifique qui, d’après EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’IIORTICULTQRE DE FRANCE. 253 la science môme, est devenue un caractère spécüique. Comme variété nouvelle et très-intéres- sante de Pâquerette, nous pouvons citer la rouge pourpre, obtenue par la maison Vil- morin, qui est d’un très-beau ronge cra- moisi foncé, et dont tous les fleurons, bien développés, constituent une masse très- ornementale. Elle se reproduit parfaitement de graines. Quoique les Pâquerettes croissent très- bien dans les terres légères et sèches, elles ne s’y maintiennent que si on a le soin de les arroser, et encore, dans ce cas, les l)lantes s’allongent et perdent beaucoup de leur beauté. Au contraire, dans une terre consistante, argilo-siliceuse, un peu fraîche, elles forment des touffes compactes qui résistent assez bien à la sécheresse, en con- servant leur beauté pendant longtemps. E. -A. Carrière. EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE DTIORTICULT0RE DE FRANCE RÉCOMPENSES ATTRIBUÉES PAR LE JURY DE LA QUATRIÈME SECTION. {Arhoriculhire et culture maraîchère). A. Arèrcs fruitiers formés par la taille pour espaliers et coutre-espaliers. — Grande mé- daille d’argent à M. Léon Leroy. B. Arbres fruitiers formés par la taille pour pyramides . — Médaille de bronze à M. Léon Leroy. G. Â7'bres fruitiers forcés en pots, j^ortayit leurs fruits. — Médaille d’argent à M. Millet lils, horticulteur à Bourg-la-Pteine (Seine). — Médaille de bronze à M. J. Margottin fils, hor- ticulteur à Bourg-la-Reine (Seine), D. Vignes en pots avec fruits. — Grande médaille de vermeil à M. J, Margottin fils. — Médaille d’argent à M, Millet fils. — Médaille de bronze à M. Legay, horticulteur, 36, rue des Ouches, à Argenteuil (Seine-et-Oise). E. F^ndts conservés. — Médaille d’argent à M. Bertaut, rue de Noisy, cà Rosny. — Médaille de bronze à M. Lefèvre (Auguste), horticulteur à Saint-Leu-Taverny (Seine-et- Oise). F. Friiifs exotujues. — Grande médaille d’argent à M. Hédiard, négociant, -13, rue Notre-Dame-de-Lorette, à Paris. G. Légumes de saison. — Médaille d’hon- neur offerte par la ville de Paris à M. Horat (Charles), jardinier chefehez M. Laveissière, au château de la Folie, à Draveil (Seine-et-Oise). — Médaille d’or à la Société de secours mu- tuels des maraîchers du département de la Seine. — Grande médaille de vermeil à M. Chom- met, jardinier au château de Moignarville, par Gironville (Seine-et-Oise). — Grande médaille d’argent à M. Glaziou (Jean), jardinier, 36, rue de la Colonie, à Paris. H. Asperges. — Médaille d’honneur de la Société â M. Louis Lhérault, horticulteui-, 29, rue des Ouches, à Argenteuil (Seine-et- Oise). — Médaille d’or â M. Girardin-Gollas, horticulteur, 6, rue des Gobelins, â Argenteuil (Seine-et-(3ise). — Grande médaille de vermeil â 31. Legay, horticulteur, 36, rue des Ouches, à Argenteuil (Seine-et-Oise). — Grande médaille d’argent à M, Renard. — 3Iédaille d’argent â M. E. Girardin, horticulteur, rueGaillon, â Ai*- genteuil. I. Choux-fleurs. — Médaille d’argent â la Société de se'cours mutuels du département de la Seine. J. Lots de légumes d'un meme genre. — 3'Iédaille d’argent â M. Bertaut, pour Cerfeuil bulbeux. — Médaille d’argent à 31. Hamelin, â Paris, 34, boulevard de l’Hôpital, pour Fève mexicaine. — 3Iédaille d’argent à 31. Glaziou, déjà nommé, pour Champignons. — 3Iédaille d’argent â 3131. Vilmorin-Andrieux et Ci®, pour collection de Laitues variées. — Médaille d’ar- gent aux mêmes pour une collection de Ro- maines. — 3Iédaille de bronze aux mêmes, pour une réunion aussi complète que possible de Ra- dis cultivés. — 3Iédaille de bronze â M. 3Iillet fils, pour son apport de Pommes de terre. K. Fraisiers en ptots avec fruits à ^naturité. — Gr ande médaille de vermeil â 31. LapieiTe, horticulteui’-pépiniériste, il, rue de Fontenay, au Grand-3Iontrouge (Seine). — Grande mé- daille d’ar-gent â 31, 3Iillet fils, déjà nommé. — - 3Iédaille de bronze à 31. Louis Lhérault, déjà nommé. L. Collection de Fraises cueillies. — 3Ié- daille d’argent à 31. 3Iillet fils, déjà nommé. — 3Ié.daille d’argent à 31. Louis Lhérault, pour fruits du Fraisier Br 31orère. 31. Légumes exotiques. — 3Iédaille d’argent à 31. Hédiard, déjà nommé. 254 CULTURE DES PLANTES DITES SANS TERRE. CULTURE DES PLANTES DITES SANS TERRE Quand, pour expliquer des choses tangi- bles, reposant essentiellement sur l’évolution des êtres, on veut y parvenir sans le secours de la science, on ne peut le faire qu’empi- riquement, c’est-à-dire en employant des termes de comparaison qui parfois, souvent même, tombant à côté de la vérité par suite d’une fausse interprétation, semblent toucher au merveilleux ou font crier au miracle ! Mais il en est tout autrement si l’on fait appel à la science, si l’on invoque ce véritable critérium qui examine sérieuse- ment les choses, les dissèque, pourrait-on dire; alors non seulement tout s’explique, mais l’explication rationnelle conduit tou- jours à d’autres auxquelles elle se relie, tant il est vrai que toutes les vérités s’en- chaînent. L’examen que nous allons faire de la culture des plantes dite c( sans terre y> va justifier nos dires. Faisons d’abord observer, contrairement à ce que croient encore beaucoup de gens, qu’il ne s’agit pas de plantes cultivées sans terre, mais tout simplement de faire croître des plantes dans la terre et, quand elles ont acquis un certain développe- ment, de les enlever du sol avec toutes leurs racines et d’envelopper celles-ci de mousse, qu’alors on tient toujours humide. A vrai dire, il n’y a pas là de culture, mais tout simplement eonservation et prolonga- tion de I’acquit. M. Alfred Dumesnil, qui plusieurs fois déjà, et en dernier lieu à Paris, a exposé des plantes cultivées dites sans terre, et à qui nous faisions ces observations dont, au reste, il s’est empressé de reconnaître la justesse, nous a affirmé que le succès qu’il obtient est uniquement dû à une préparation particulière qu’il fait subir à la mousse qu’il emploie, et que la mousse ordinaire est « complètement inerte. » C’est donc, d’après lui, sur ce point que repose la solution du problème et que nous examinerons plus tard. Pour le moment, comme préliminaire, et afin de bien nous faire comprendre et de ne rien annoncer qui ne soit justifié, nous devons entrer dans quelques considé- rations sur la nature des plantes en général. Par exemple, chacun sait que les végé- taux sont dénaturé très-diverse, qu’il en est dont les tissus diffèrent considérable- ment, parfois du tout au tout. L’expérience suivante, des plus simples et à la portée de tous, le démontre surabondamment; coupez des tiges de Graminées, de Légumineuses, de Pélargoniums, de plantes grasses, etc.; laissez-les à l’air dans de mêmes con- ditions, et on les verra se comporter très- différemment : les unes se faneront immé- diatement, d’autres dans un temps plus ou moins long, tandis que certaines ne paraî- tront même pas souffrir. Des différences analogues se montreront suivant l’état de ces parties, qu’elles seront plus ou moins herbacéas et plus ou moins chargées de feuilles. Si, au lieu de tiges coupées, on prend pour faire l’expérience des plantes entières, on constatera dans la résistance à la mort des diflérences analogues à celles qui viennent d’être énumérées. Il y a donc dans tous les végétaux, de même que dans toutes leurs parties, un acquit, une certaine somme de vie d’accu- mulée qui les conserve contre une action contraire qui tend à les détruire. Toutefois, ces actions s’exercent en rapport avec l’in- fluence des milieux, et sont plus ou moins rapides, suivant ceux-ci. D’où il résulte que certains végétaux peuvent vivre dans des conditions très-diverses, ou s’y maintenir plus ou moins longtemps que certains autres, et même y accomplir toutes les phases de leur développement, ce qui ex- plique la végétation des plantes épiphytes, celle des plantes qui vivent sur les toits, sur des murs ou sur des rochers arides, là où elles ne reçoivent presque jamais d’eau. Une condition essentielle, indispensable même à la conservation des végétaux, c’est de maintenir l’harmonie ou l’équilibre entre les deux fonctions principales qui consti- tuent la vie : V absorption et V évaporation, de sorte que si vous placez les plantes ou leurs parties dans des conditions où ces choses s’équilibrent, non seulement elles s’y maintiennent vivantes, mais elles s’y développent et fleurissent. Il n’est personne qui ignore ces choses et qui n’ait pas cons- taté le fait sur des branches qu’il a placées dans l’eau, où elles poussent et épanouissent leurs fleurs. Toutefois, ici encore la conser- MüLTIPL[CATION DES lŒGONIAS TUBERCULEUX 255 vation, quoique dans un milieu semblable, présente de grandes ditTérences dans la durée des parties, suivant leur état et aussi suivant les espèces auxquelles elles appar- tiennent. Il est aussi des plantes dont la souche, charnue ou renflée, tuberculeuse ou bul- beuse, peut être comparée à une sorte de réservoir ou de magasin à provisions, qui suffit pour alimenter les parties aériennes et leur faire parcourir toutes leurs phases de végétation, à la condition pourtant qu’elles soient placées dans un milieu hu- mide, qu’on leur donne quelques arrosages ou mieux qu’on les place dans l’eau telles sont les Jacinthes, les Triteleia, certains Arum, les A m or pho phallus , Bégonias tubéreux, les Cyclamens, les Pommes de terre dans les caves, etc. Qui ne sait aussi quelle est la vitalité de certains Pal- miers, qu’on pourrait tenir presque indéfi- niment dans les mêmes vases, sans même les rempoter, rien qu’en les arrosant? En résumant ce qui vient d’être dit, on voit que la conservation des plantes en dehors du sol est en raison de leur nature et des conditions dans lesquelles on les place, et surtout du soin que l’on a de main- tenir l’équilibre entre l’absorption et l’éva- poration. C’est donc, en réalité, une sorte de balancement à observer, en ayant soin que la dépense soit moins considérable que l’apport, ce qui détermine Vexcéda^it, c’est-à- dire le développement des parties soumises à l’expérience. Dans un prochain article, nous commen- cerons l’examen du système préconisé par M. Alfred Dumesnil, et nous démontrerons qu’il repose tout entier sur les données que nous venons d’essayer à établir. E.-A Carrière. MULTIPLICATION DES BEGONIAS TUBERCULEUX Si, une fois reprises, les boutures de la plu- part des plantes produisent des sujets sem- blables à ceux dont elles proviennent, il n’en est pas toujours ainsi des Bégonias. Chez ceux-ci, presque toutes les parties, soit des tiges ou des feuilles, prennent racine et poussent ; mais il n’y a en que cer- taines qui produisent des tubercules qui, f année suivante, formeront des plantes par- faites. Pour qu’une bouture de Bégonia pro- duise des tubercules, il faut qu’il y ait un œil à sa base, car, sans cet œil, point de tubercule. Le mieux est de prendre les boutures au printemps sur les jeunes pousses qui portent des tubercules et qui sont garnies d’yeux à leur base. On peut aussi laisser pousser les tiges jusqu’à la hauteur d’en- viron 30 centimètres et en couper les extré- mités sur un œil, qui alors s’enracinent faci- lement et forment des tubercules. L’on sait que les feuilles des Bégonias appliquées sur terre, et sur lesquelles on a fait des incisions, produisent un grand nombre de plantes ; mais , pour les espèces tu- berculeuses, ce moyen est fort chanceux, car la plupart de ces jeunes plantes ne forme- ront point de tubercules et mourront après leur végétation annuelle terminée. Beaucoup d’horticulteurs et d’amateurs ont ainsi été déçus dans leurs espérances. Pour bien réussir les boutures de Bé- gonias tuberculeux, il ne faut pas les mettre sous cloches et ne pas trop les arroser. Une température de 18 à 20 degrés cen- tigrades leur est convenable. Il convient aussi de les faire dans du sable fm sans mélange, plutôt sec que mouillé ; l’essentiel est que les feuilles des boutures soient tenues Immectées. Quelques personnes pensent qu’il vaut mieux faire les boutures dans du terreau ; c’est une erreur, car, jusqu’à ce qu’elles aient émis des racines, elles n’ont besoin d’aucune nourriture; mais aussitôt bien en- racinées, elles doivent être empotées dans un sol convenable, et dès qu’elles commen- cent à pousser, on se trouve bien de les arroser avec de l’eau contenant un peu d’en- grais liquide et de les tenir dans un état constant d’humidité jusqu’au moment du repos. D.-F. Fish. (Traduction libre du Garden par Jean Sisley, de Montplaisir-Lyon.) 25(> COUKESPONDANCE. PAUNASSIA PALUSTHIS. CORRESPONDANCE M. M. (Pai'is). — Nous ne savons si M. Roclic, de Marseille_, consentirait à céder des graines ou des plants de sa Vigne de Nigritie, dont il a été question dans la Revue horticole. Le seul moyen de s’en assurer, c’est de le lui demander. — M. Roche demeure rue du Loisir, 12, à Mar- seille. — M. E, P. (Marne). — Les renseignements (jue vous demandez au sujet des chautrages de MM. Cliarropin et Cî« ne peuvent vous être donnés d’une manière exacte que par les cons- tructeurs, d’après des notes précises sur les dimensions de vos serres et même sur leur affectation. Il faudrait donc vous adresser direc- tement au successeur de M. Charropin,M. Ma- thian, constructeur à Lyon. — 4210 (Orne). — De tous les essais qui ont été faits pour remplacer les paillassons pour la couverture des serres, il n’en est aucun qui ait donné des résultats tout à fait satisfaisants. Les toiles goudronnées ou enduites de substan- ces grasses ne garantissent que très-im})arfai- tement contre le froid. Les doubles châssis qu’on emploie dans le nord de l’Europe don- nent de bons résultats, mais coûtent très-cher, et de plus pourraient peut-être avoir pour cer- taines cultures l’inconvénient de ne laisser pas- ser qu’une lumière trop diffuse. Un moyen qui donne d’assez bons résultats et dont l’emploi commence à se généraliser consiste dans l’em- }»loi de volets faits en volige de bois blanc., mais pas trop larges, afin de pouvoir être maniés faci- lement }>ar un seul homme. Afin que l’air ne passe pas et d’éviter le retrait ou la dilatation, PARNASSIA Les botanistes voyageurs, les d chasseurs de plantes, » comme les appelle pittores- quement Mayne-Reid, ont procuré à nos jardins et à nos serres un nombre infini d’espèces, et nous devons leur en savoir gré. Les unes ont une vogue éphémère et disparaissent promptement : le temps que dure un chapeau de jolie femme ; d’autres prennent sous les vitres dont nous proté- geons leur délicatesse, ou dans nos cor- beilles, une place qu’elles ne semblent pas disposées à céder ; elles sont au-dessus des caprices de la mode. Quoique nous applau- dissions à ces incessantes recherches qui multiplient les jouissances de l’amateur, nous ne voyons cependant pas sans un cer- tain regret l’indifférence, voire même le dé- on bouche les interstices des voliges à l’aide d’un couvre-joint, lequel, par son peu de lar- geur, permet le travail du bois sans qu’il y ait de soulèvement. On j)eut aussi, pour le raccor- dement des volets, faire sur l’un des côtés un demi-couvre-joint qui s’avance sur le volet voisin et qu’il recouvre de quelques centimètres. Quant aux dimensions et aux formes que doi- vent avoir les volets, les conditions dans les- quelles 011 se trouve et les dépenses qu’on est disposé à faire sont les seuls guides. Les toiles brevetées, imperméables, fabriquées par MM. AAon et Laurent, rue Popincourt, 17, pourraient-elles présenter des avantages ? Nous ne pouvons le dire. Dans le cas où vous vous arrêteriez aux volets, vous pourriez, pour en prolonger la durée, les immerger pendant cinq à huit jours dans un bain contenant 2 kilo- grammes de sulfate de cuivre en dissolution pour 100 litres d’eau. L’imprégnation se fait d’autant mieux que le bois est encore un peu vert. — No 5052 (Manche). — Vous pourrez vous procurer des plants d’Ananas de différents âges chez M. Crémont (Emile), horticulteur à Sar- celles (Seine-et-Oise). Quant au Traité de la culture forcée des arbres fruitiers, })ar M. Pynaert, l’édition an- noncée depuis quelque temps déjà n’est }>as encore parue, ce qui ne peut tarder, un grand nombre de personnes ayant souscrit et envoyé le montant de l’ouvrage, qui, d’après une cir- culaire de M. Pynaeert, était « sous presse. » PALUSTRIS dain d’un grand nombre de personnes pour les plantes françaises. On a dit et redit mille fois déjà que beaucoup de nos fleurs seraient choyées si elles avaient une ori- gine brésilienne ou japonaise; aussi nous ne broderons pas encore de nouvelles va- riations sur ce thème dont la trame est à jour ; nous ne voulons pas abuser par des banalités de l’hospitalité que l’on nous ac- corde dans les colonnes de la Revue horti- cole. Sans autre préambule, nous signale- rons de temps en temps à l’attention quelques charmantes fleurs de notre pays; tant pis si l’on devine le botaniste passionné sous le faux nez de l’horticulteur. Nous commencerons par recommander une bonne recrue pour nos bassins trop dé- GREFFES HÉTÉROGÈNES. 257 nudôs : la Parnassie des marais. Elle est ainsi nommée parce qu’elle abonde auprès du mont Parnasse, en Grèce ; dans notre pays on la trouve dans quelques prairies tourbeuses de la plaine et dans les ma- rais des montagnes. Ses dimensions va- rient beaucoup dans ces deux stations : elle est presque naine lorsqu’elle provient des sites alpestres; ailleurs elle atteint 4 déci- mètres ; ses feuilles coriaces, ovales, cor- dées, sont disposées en rosettes; leurs tiges grêles, dressées, portent une seule feuille et une seule fleur, cette dernière grande. blanche, veinée, très-élégante, à cinq pé- tales accompagnés d’écailles nectarifères, à filaments nombreux et glanduleux. Ces fleurs, qui commencent à se montrer en juin, se succèdent jusqu’en septembre. Planter en pots, en terre tourbeuse, et placer de manière à ce que la plante entière émerge de l’eau. Cette charmante espèce est de la famille des Droséracées, dont font aussi partie plusieurs plantes dites carni- vores : la Dionée et les Rossolis ou Drosères, par exemple. Cn. Magnier. GREFFES HÉTÉROGÈNES On nomme gretles hétérogènes ou disgé- nères toutes celles dont les sujets et les greffons appartiennent à des genres diffé- rents. Bien que ces greffes soient relativement rares, l’horticulture en fournit pourtant de nombreux exemples ; Châtaignier sur Chêne, Poirier sur Coignassier, Planera sur Orme, Chionanthe sur Frêne, Pêcher sur Prunier, Eriohotrga sur Epine, Lilas sur Troène, Photinia sur Coignassier, Poirier sur Épine, etc. Faisons toutefois remarquer que, en général, l’écart ne peut être très- grand, et qu’il est même rare que dans les greffes cette reprise puisse se faire quand les deux végétaux qu’on associe dépassent la famille, c’est-à-dire que le greffon et le sujet appartiennent à des familles différentes. Ce- pendant, et ici encore, on remarque que, suivant la nature des individus, on voit parfois des particularités que ne justifie pas le rapprochement botanique. La figure 61 représente un de ces faits de soudure disgénère ; c’est un Olea fra- grans, espèce à feuilles persistantes, très- grandes, à fleurs petites, blanches, déga- geant une odeur d’une délicatesse et d’une suavité rares et presque exceptionnnelles. Ces fleurs, paraît-il, sont très-recherchées en Chine pour aromatiser certaines sortes de thés. Le sujet sur lequel cette espèce est greffée est le Ligustruyn sinense nanum, plante très-rustique, à feuilles caduques. Une précaution qu’il est bon de prendre toutefois dans la plupart des cas, lorsqu’il s’agit de greffes disgénères, c’est de laisser un bourgeon d’appel près du greffon, en ayant soin de le pincer au besoin de manière qu’il n’affame pas le greffon, et, d’une autre Fig. 61. — Olea fragrans, greffé sur Liguslrum sinense nanum, au 1/8 de grandeur naturelle. part et autant qu’on le peut, qu’il est bon de greffer au moment où le sujet est en végétation, afin que la reprise ne se fasse pas attendre et, comme l’on dit, que les plantes ne languissent pas. CUILLON. 258 DEUX PLANTES A UECOMMANDEK. ~ AZALEA NAUCISSÆFLOUA . — DUS UEïICULATA. DEUX PLANTES A RECOMMANDER Les deux espèces dont il s’agit, qui sont de véritables messagères du printemps, n’ont pas seulement le mérite de venir égayer nos jardins au moment où ils sont encore revêtus de leur parure d’hiver qui, certainement, n’a rien de très-gai ; ce sont, on peut le dire, de ravissantes plantes, qui plaisent toujours et qu’on ne peut se lasser d’admirer. Ce sont VAdoyiis vernaUs et le Scilla Sïherica. La première est indigène et se rencontre, très-rarement pourtant, dans les lieux humides, sur certaines mon- tagnes, à une altitude assez grande (envi- ron 1,500 mètres). C’est une plante naine qui, lorsqu’elle fleurit, n’a pas plus de 15 centimètres de hauteur, dont le feuillage abondant et très -léger est tellement dé- coupé, qu’on le dirait plumeux. Quant au Scilla Siberica, rien n’est plus joli que ses fleurs d’un très-beau bleu foncé, qui se montrent pendant presque un mois à une époque où les fleurs font à peu près com- plètement défaut dans les jardins. Ces deux plantes, qui fleurissent en abondance chaque année, ont cet autre avantage d’être des plus rustiques. May. AZALEA NARCISSÆFLORA Si, ainsi qu’on le dit, le mérite ne vieillit pas, la plante dont il est question sera tou- jours jeune. Elle n’est pas seulement belle par ses fleurs du blanc le plus pur ; elle a encore l’avantage d’être rustique et robuste. Sous ces rapports, elle va de pair avec sa congénère, VAzalea liliiflora. La plante forme un buisson compact ; ses branches nombreuses, diffuses, subétalées, ont l’écorce brunâtre, hispide par de nom- breux poils courts qui s’enchevêtrent et for- ment une sorte de bourre ou de feutre; ses feuilles longuement obovales, atténuées en petiole, portent sur toutes leurs parties des poils gris argenté, couchés. Il, en est de même du calice et de ses divisions qui, larges et longuement acuminées, s’appli- quent sur la corolle. Corolle grande, régu- lière, à divisions largement ovales, minces et comme transparentes. A l’intérieur sont placées des pièces plus petites, mais dis- tinctes et longuement atténuées, qui par leur disposition forment un verticille plus court qui rappelle le cc godet » de certaines espèces de Narcisses ; les étamines sont complètement soudées avec les pièces in- ternes et ne sont guère visibles que par l’anthère qui surmonte ces pièces, le tout d’un blanc de lait. Pendant l’anthèse, mais avant leur complet épanouissement, les fleurs forment des sortes de tubes très-élé- gants, ou rappellent la corolle de certaines Campanulacées. Cette très-belle espèce qui, par ses fleurs, nous paraît surtout très-propre à la confec- tion des bouquets et également avantageuse pour le forçage, a encore le mérite d’être très-rustique et de pouvoir se cultiver en plein air dans les massifs de terre de bruyère, où elle fleurit vers la deuxième quinzaine d’avril. Lee AS. IRIS RETICULATA Bien que récemment introduite dans les cultures, cette espèce est déjà anciennement connue. Elle est originaire de l’Ibérie, où elle a été découverte par le botaniste Bie- berstein. Cette plante semble rentrer dans les Iris de Perse, et particulièrement dans les Xiphion ou Iris d’Espagne, parmi les- quels elle pourrait former une section. Ses principaux caractères sont les sui- vants : oignon petit, ovale ou ovoïde, à tunique externe, comme subéreuse, blan- châtre. Hampe droite, d’environ 20 centi- mètres de hauteur, violacé strié à son extrémité qui porte une fleur dressée. Feuilles charnues, fortement anguleuses, subtriquètres, petites, comme jonciformes. Fleurs relativement grandes, à divisions externes dressées, très-étroites, d’un très- beau violet clair ; les internes ou sexuelles doubles, c’est-à-dire composées de deux SUf\ LES VITEX. 259 — UN JARDIN FRUITIER AU CINQUIÈME ÉTAGE, A PARIS. pièces qui s’appliquent l’une contre l’autre; la supérieure convexe bifide au sommet, d’un violet clair, cachant dans sa cavité une étamine à filet violet terminée par une forte anthère longuement ovale ; l’inférieure un peu plus forte, élargie au sommet en une sorte de limbe ovale, marquée dans toute la longueur du sillon central stigmatifère de- macules violet foncé sur un fond blanc parcouru par une bande d’un très-beau jaune d’or. Ces trois couleurs, enfermées dans une large bande violette, qui viennent s’étaler sur la partie élargie du limbe des divisions extérieures, constituent au sommet de ces divisions une large tache tricolore qui forme un contraste de plus agréables. Mais, outre leur beauté, les fleurs de y Iris reticulata, Bieb., ont une qualité qui seule ferait rechercher cette espèce : c’est l’odeur d’une suavité douce et extrêmement agréable que dégagent ses fleurs, odeur qui rappelle celle des Violettes unie à celle dite de Pomme de reinette. Cette espèce supporterait-elle sans souf- frir le froid des hivers parisiens? Nous ne pouvons le dire. Tout ce que nous savons, c’est qu’elle s’accommode parfaitement des châssis froids, sous lesquels elle fleurit de février à avril. Nous croyons que VIris reticulata pour- rait être facilement cultivé en pot et forcé, comme on le fait des Crocus et des Jacin- thes. Peut-être aussi pourrait-on le cultiver en pleine terre. C’est à essayer. Guillon. SUR LES VITEX Les Vitex ou Gatiliers, qui sont des ar- brisseaux excessivement floribonds, ne sont pas seulement propres à l’ornementation des jardins paysagers; ils ont encore le très- grand avantage de pouvoir croître très-près de la mer. Ce qui m’a suggéré de les indi- quer, c’est un article que j’ai lu récemment dans la Revue horticole à propos du Genêt d’Espagne, comme présentant ce même avantage, ce qui est un fait absolument vrai.’ Ces végétaux, qui appartiennent à la fa- mille des Labiées, présentent aussi cet avan- tage de n’être pas délicats et de pouvoir croître dans des terrains très-secs et même de mauvaise nature. Si dans ces conditions ils ne prennent pas un si grand développe- ment, ils n’en fleurissent pas moins. Aussi, à tous les points de vue, je n’hésite pas à re- commander les Vitex. Je dois pourtant faire remarquer que ces plantes ne conviennent pas seulement pour les bords de la mer, mais partout ; si je les ai indiquées particulièrement pour cette der- nière condition, c’est parce que là on n’a pas beaucoup à choisir, le plus grand nombre de végétaux ligneux n’y pouvant pousser ou n’y poussant que très-mal. Outre les Vitex agnus castus et variétés, il en est un que je recommande tout parti- culièrement : c’est le Vitex rohusta qui, outre son excessive vigueur et sa grande floribondité, est à fleur grande, de couleur rose. Bonnet. UN JARDIN FRUITIER AU CINQUIÈME ÉTAGE, A PARIS Il est peu de personnes qui n’aient entendu parler de ces fameux jardins suspendus de Babylone, dits de « Sémiramis, > ou qui n’aient lu les récits merveilleux qu’en a faits la tradition. Quelques savants, des érudits même, ont mis en doute la possibilité de créer ces jar- dins. C’est un tort, croyons-nous, car qu’est- ce que 'cela a d’imposssible lorsqu’on dis- pose de toute la puissance, quand les forces et les ressources de tout un peuple sont au pouvoir d’un seul ? En faisant la part de l’exagération, il est permis de croire que ces jardins ont existé. Mais, du reste, qui n’en connaît des exemples, au moins en petit? Et qu’est-ce que ces terrasses, ces balcons qu’on voit fréquemment et sur les- quels on cultive des plantes à fleurs, si ce ne sont des sortes de jardins suspendus ? Il y a plus : ces mansardes où, au 'premier « en descendant du ciel, » l’ouvrière cul- tive sur sa fenêtre, parfois sur une simple lucarne, une plante quelle a achetée ou des « Volubilis » dont elle a semé les graines. 260 UN JARDIN FRUITIER AU CINQUIÈME ÉTAGE, A PARIS. qu’est-ce aussi, sinon une sorte de jardin suspendu ? De ceci à plus, ce n’est à vrai dire qu’une « question d’écus. » Pourtant, non, cela ne suflit pas ; à l’argent il faut autre chose : l’amour ! Varnour sans lequel on ne peut rien, mais avec lequel, au con- traire, on peut tout, et qui a fait dire : c( Quand j’aurais le don des miracles, de parler toutes les langues, cela me serait inutile si je n’ai la charité, c’est-à-dire l’amour. Eh bien ! cet amour, nous connaissons à Paris un homme qui l’a, et qui, au cinquième étage, à 18 mètres au-dessus du sol, a créé un véritable jardin. Cet homme est M. Lockroy père, qui du reste a toujours aimé les plantes. En effet, après avoir cul- tivé rez terre, et ne le pouvant plus depuis que son jardin, rue du Rocher, a été pris pour percer des rues, et aimant toujours ceux qu’il appelle ,(( ses enfants, » il est allé établir, 32, rue Washington, un jardin aé- rien. Mais ici encore il s’est distingué, et au lieu de se borner à cultiver quelques plantes grimpantes pour se procurer de l’ombrage, il a innové, on peut dire, et créé là ce qui n’existe probablement nulle part : un véri- table jardin fruitier, une sorte de verger. Mais, alors, c’est ici où l’on voit ce qu’on peut faire quand on a l’amour ou la passion d’une chose. Voici le fait : Sur une terrasse longue de près de 20 mètres de long sur 2 au moins de large, fermée sur la rue par une grille en fer, M. Lockroy a placé des caisses dans les-* quelles sont complètement enterrés les pots qui contiennent ses Poiriers. Inutile de dire que la terre est .un bon compost parfaite- ment approprié. Bien que la forme spirale (système Ghapel- lier) domine, M. Lockroy a voulu montrer qu’il peut également en faire d’autres ; il cul- tive des fuseaux et même des palmettes, qui tous sont en très-bon état et rapportent de très-beaux fruits, grâce aux soins assidus que leur donne le jardinier, c’est-à-dire M. Lockroy, car personne autre que lui ne touche à ses arbres. Le nombre des variétés de Poiriers cul- tivés par M. Lockroy est de 18, et aucun n’est rebelle à la culture ; et bien qu’il y ait parmi ellt-s du Doyenné d’hiver et quelques autres sortes dont les fruits se tavèlent géné- ralement, jamais, au jardin aérien de la rue Washington, il n’y a de fruits défectueux, grâce à l’emploi qui y est fait de la nicotine, dont M. Lockroy asperge complètement les fruits. Il y a peut-être là un enseignement, une application à généraliser. Quoique les Poiriers soient de beaucoup l’essence dominante, M. Lockroy a montré que ce n’est pas la seule qui peut s’accom- moder de sa culture, et outre des Groseilliers à grappes et à maquereau, il cultive avec un très-grand succès les Rosiers, et nous pou- vons affirmer que la vigueur et la santé des plantes, ainsi que la beauté des fleurs, ne laissent non plus rien à désirer. Disons pour expliquer ce résultat que M. Lockroy est un amateur passionné des Rosiers, et qu’à l’é- poque des Laffay, des Vibert, des Verdier et des Lévêque pères, ses connaissances en ce genre l’avaient déjà fait c( passer maître. » Nous sommes heureux, tout en consta- tant ces faits, de pouvoir rendre justice à leur auteur, M. Lockroy, de le féliciter des résultats qu’il a obtenus, et de le remercier du bienveillant accueil qu’il nous a fait quand nous nous sommes présenté pour voir ses cultures, ce qui toutefois n’a pas lieu de surprendre, puisque, coutumier du fait, c’est la réception que trouvera tout amateur qui voudra bien se présenter au n» 32 de la rue Washington, et qui demandera à visiter le jardin fruitier aérien dont M. Lockroy père est le créateur et le jardinier. E.-A. Carrière. lmp. George* Jacob , — OrUan*. CHRONIQUE HORTICOLE Lo Canna UHiflora. — Les semis de graines de Vignes du Soudan. — Reproduction des plantes par leurs graines; le Rosa Pissarli. — Imanlophyllurn venus de semis; le commerce des plantes. — Délimitation des formes du Tillandsia Lindeni. — Exposition de la Société d’horticulture de Cholet — Une plante à introduire en France et en Algérie : le Casimiroa edulis. — Production des sexes dans les végétaux ; un Idcsia polycarpa à Heurs monoïques et à branches verticillées ; communication de M. le prince de Troubetzkoy. — Publication d’un ouvrage sur les Conifères par l’établissement James Veitch et lils. — Greffe des pépins de Poirier; expériences à faire. — Extension des ravages du phylloxéra, d’après M.Planchon; nouvelles plantations de Vignes. — Soufrage de la Vigne. — L’insecte des Fraisiers : R/njnchites fragariœ. — Rusticité du Cliamœrops humilis ; lettre de M. Clausen. ^Nous avons la bonne fortune de pouvoir annoncer à nos lecteurs que le beau Canna liliiflora, cette espèce à grandes fleurs d’un blanc pur, et que l’on croyait perdue, se trouve au contraire parfaitement en sûreté. Les amateurs de cette belle plante pour- ront se la procurer en s’adressant à M. Édouard André, 49, rue Blanche, à Paris, qui en possède des pieds en fort bon état, et qu’il céderait en échange d’autres plantes qui manquent à ses collections. — Nous avons reçu de plusieurs de nos abonnés des lettres dans lesquelles ils se plaignent de la mauvaise qualité des graines de Vignes du Soudan, qu’ils ont achetées de la succession Lécard, et nous deman- dent en môme temps notre opinion. Nous devons d’abord rappeler que jamais nous n’avons rien dit de l’avenir de ces Vignes au point de vue de leur production ; en ce qui concerne les graines, nous ne savons rien, sinon que celles que nous avons se- mées n’ont pas encore germé, et qu’il en est de même de celles qu’ont achetées quel- ques personnes que nous connaissons; tou- tefois, cela ne veut pas dire qu’il n’en ger- mera pas. Afin d’éclairer nos lecteurs, nous donnons plus loin, dans un article spécial, quelques renseignements qui nous ont été communi- qués sur ce sujet. — Si la reproduction identique des plantes à l’aide de leurs graines était, comme on l’a cru pendant si longtemps et qu’un grand nombre de botanistes en chambre l’affirment encore, une preuve de leur valeur spéci- fique, il s’ensuivrait que la plupart des pré- tendues espèces scientifiques devraient des- cendre au rang de simples variétés, tandis que presque toutes les sortes jardiniques de- 1G JUILLET 1881. vraient au contraire monter et faire partie du contingent spécifique officiel. Ce serait alors le renversement des choses, une sorte de ca- taclysme scientifique. En effet, tandis que presque toutes les variétés ornementales et légumières se fixent, forment races et se reproduisent à peu près identiquement, on voit qu’il en est souvent autrement d’un grand nombre d’espèces scientifiques. Pour celles-ci, quand elles sont ligneuses, il faut les multiplier de boutures, si l’on tient à en conserverlescaractères. Tels sont, par exem- ple, presque tous les Rosiers, et le Rosa Pissarti, pourtant si différent, n’échappe pas à la règle. Ainsi, de toutes les graines de cette espèce introduites en France, au- cune des plantes qui en proviennent et qui ont fleuri n’a reproduit le type si remar- quablement beau dont la Revue hortieole a donné une description et une figure. M. Pail- let, horticulteur à Chatenay- les- Sceaux, ayant eu la chance d’en recevoir des gref- fons en bon état, est très-probablement le seul horticulteur européen qui possède cette espèce, le Rosa Pissarti, sur lequel nous reviendrons prochainement. — Un de nos abonnés ayant acheté des Tmantophyllum dont il est mécontent, nous écrivait récemment pour se plaindre de la « mauvaise foi » de certains horticulteurs, lesquels, dit-il, c annoncent et montrent même parfois de belles plantes, et en four- nissent de vilaines quand on les leur de- mande. î) Notre correspondant nous de- mande ce qu’il pourrait faire pour éviter ces déceptions. Tout en reconnaissant qu’il y a là un fait très-regrettable, nous hésitons à appliquer la qualification de « mauvaise foi. » Voici comment les choses se passent générale- ment. Un horticulteur ayant fait un semis 14 26“2 CHRONIQUE HORTICOLE. d' Imantophijllum avec des graines d’une variélé quelconque, attend ensuite la florai- son des plantes. Quand celle-ci s’effectue, s’il a la cliance, ce qui arrive parfois, d’obte- nir une sorte méritante, il la montre, la fait peindre et lui donne un nom. Quelque temps après, si on la lui demande, il prend dans son lot de semis une plante qu’il croit être semblable à celle dont il a vu la fleur, mais qui peut aussi en différer de beaucoup. Alors de bonne foi il la livre sous le même nom que celle qu’il avait vu fleurir en pre- mier lieu ; de là l’erreur. Nous ne prétendons pas justifier le pro- cédé; nous cherchons à l’expliquer. On ou- blie que, en général, les semis ^ne repro- duisent pas identiquement les types que l’on sème, et que chez certaines espèces le con- traire arrive fréquemment. Voilà le fait, ce qui produit les déceptions dont, avec raison, se plaint notre abonné. Pourrait-on éviter ces choses, et comment ? Rien de plus facile. Ce serait à l’horticulteur de ne vendre que des plantes provenant de celles quHl a an- noncées, et aux acheteurs de bien préciser qu’ils n’en veulent pas d’autres? De cette façon, tout s’arrangerait, et vendeurs et ache- teurs y trouveraient leur compte. Mais il y a souvent deux choses que l’on veut concilier : l’amateur désire jouir de suite de la plante qui fait l’objet de ses rêves; alors il in- siste, la demande, puis la redemande, et le vendeur, afin de le satisfaire, et peut-être aussi un peu pour le métal cher à Plutus, cède, et chacun est content, pour le moment du moins. Mais plus tard la plante fleurit, et alors viennent les récriminations. Notre abonné est peut-être dans ce cas. — Est-il possible de créer des espèces, c’est-à-dire de bien délimiter les formes dans les Tillandsia du groupe Lindeni? Déjà nous nous sommes prononcé pour la néga- tive, et cela malgré les affirmations ou les tentatives faites en faveur ^de l’opinion con- traire, et en nous appuyant sur ce fait que tous les caractères qu’on avait assignés à certaines prétendues espèces étaient plus ou moins communs à certaines autres. Nous étions donc arrivé à ne voir de différence sérieuse que dans la belle couleur rose que présentent les bractées du Tillandsia Lin- deni ver a (1) et qui le caractérisent. Au- (1) Voir Revue horticole, 1878, p. c’90. jourd’hui,il en est autrement, et nous avons reconnu que ce caractère peut être égale- ment commun aux sortes à hampes grandes. Nous avons constaté le fait, tout récem- ment, sur une sorte très-floribonde pré- sentée à l’une des précédentes séances de la Société nationale et centrale d’horticulture de France. Cette plante vigoureuse, qui s’é- lève assez, mais qui émet tout à la fois un grand nombre de hampes, a ses inflores- cences fortement colorées en rose, ce qui ne se montre pas sur le Tillandsia Lindeni type, ni sur les sortes qui en proviennent et dont, à tort selon nous, on a voulu faire des espèces. Si l’on admettait celles-ci, ce serait supprimer la notion d’espèce qui, prise d’une manière absolue, est plutôt nuisible qu’utile à la science, mais qui a ses avan- tages quand, la considérant comme relative, on en fait une judicieuse application. D’une autre part, comme jusqu’à ce jour on n’a pas encore récolté de graines de Tillandsia Lindeni, ni d’aucune de ses formes, tous ceux qu’on rencontre dans les cultures sont donc des importations. D’où l’on est auto- risé à conclure que toutes ‘ces plantes sont issues d’un même type, ce que, du reste, semble démontrer l’ensemble de leurs ca- ractères. — Du 29 au 31 juillet courant, la Société d’horticulture • de Gholet fera dans cette ville une exposition à laquelle, outre les hor- ticulteurs , elle convoque les amateurs d’horticulture, ainsi que tous ceux qui s’oc- cupent d’art ou d’industrie qui se rattachent à l’horticulture. Les personnes qui désirent exposer de- vront en faire la demande avant le 25 juillet à M. Paul Turpaut, secrétaire général, en indiquant, avec les objets qu’elles se pro- posent d’exposer, l’étendue de terrain qui leur serait nécessaire. Le jury se réunira le vendredi 29 juillet, à sept heures du matin, au local de l’expo- sition. . • — Parmi les plantes non seulement inté- ressantes, mais essentiellement utiles, étran- gères à notre pays, et qu’il serait avanta- geux d’introduire, il en est une qui, bien que plusieurs fois déjà signalée, est presque encore un mythe dans les cultures. C’est le Casimiroa edidis, vulgairement appelé 1 « Pomme du Mexique, » espèce qui, dit-on. CnuONIQUE HOUTICOLE. . 263 (( produit, les meilleurs fruits de provenance .tropicale » et (|ui, assure-t-on encore, croît dans une aire tellement étendue et variée, qu’on y rencontre des sites et des tempé- ratures les plus divers, depuis des climats tropicaux jusqu’à des climats tempérés et même froids. « On le rencontre depuis le bord de la mer, où il endure des chaleurs tropicales, jusqu’à 7,000 pieds (plus de 2,000 mètres) d’altitude, sur des montagnes où l’hiver est parfois assez rude, et partout il donne- des fruits en abondance. » Com- ment donc se fait-il qu’une espèce qui pour- rait rendre de si grands services et proba- blement croître dans certaines parties de la France, et sans' aucun doute en Algérie, ne s’y trouve à peu près nulle part? Cela a d’autant plus lieu de surprendre que M. Lin- den, qui l’a introduite du Mexique en Eu- rope, l’annonce sur ses catalogues. Espé- rons que ces quelques lignes attireront l’attention sur le Casimiroa edulis, et que bientôt on le verra dans les cultures, et peut-être à Nice, d’où ses fruits pourraient être envoyés à Paris. La chose nous paraît digne d’être tentée. Nous la signalons aux amateurs. — Il est maintenant hors de doute que, comme tous les autres caractères, les sexes sont des conséquences de la végétation ; aussi rien n’est-il plus irrégulier que leur apparition chez les végétaux à fleurs mo- noïques ou dioïques. Mais comme il n’y a pas de règle dans leur apparition, il arrive parfois que, pendant longtemps, un seul sexe se montre sur une plante ; alors elle est considérée comme dioïque. C’est ce qui est encore arrivé pour VIdesia polycarpa. Jusqu’à ce jour, tous ces sujets que nous connaissons n’ont donné que des fleurs d’un seul sexe. Il n’en est pas ainsi partout, ainsi que le témoigne le passage suivant que nous extrayons d’une lettre que vient de nous adresser M. le prince de Troubetzkoy. Il nous écrit d’Intra, le 3 juin 1881 ; ... Contrairement à ce ({ue vous m’avez dit un jour à Paris lorsque j’admirais votre magnifique Idesia polycarpa, cette espèce n’est pas dioïque, car j’en possède un seul arbre dans mon jardin, à Intra (lac Majeur), ipii, mis en pleine terre il y a huit ans, alors qu’il avait seulement 30 centimètres de hauteur, mesure aujourd’hui 8 mètres. Ses branches sont régulièrement dis- posées par verticilles, comme celles d’un Arau- caria excelsa ; son })remier verticille ou étage mesure 2 mèli’esde diamèti'e, tandis ([ue les deux autres, tout aussi l'éguliers, sont un peu moins lai-ges. Depuis deux ans il m’a donné des grai- nes ([ui, semées, ont produit une très-grande quantité de jeunes plantes, fait qui jirouve d’une manière formelle que ma plante porte les deux sexes parfaitement conformés, .l’ai cru que cette particularité pourrait intéresser les lecteurs de la Revue horticole, ce qui m’a en- gagé à vous la faire connaître. Un fait analogue, moins affirmatif pour- tant, nous avait déjà été signalé par un ama- teur passionné de plantes, M. William Gumbleton. Nous l’avons consigné dans la Revue horticole, 1879, p. 23. Il était moins concluant que celui que nous fait connaître M. le prince de Troubetzkoy, en ce que les fruits sont tombés avant que d’être mûrs, ce qui peut être dû au climat froid de l’Irlande qu’habite M. Gumbleton. La communication de M. de Troubetzkoy nous fait connaître cel autre fait intéressant et presque unique de la disposition verticillée des branches, ce qui est le contraire de ce que l’on voit à peu près partout. En effet, presque toujours, VIdesia polycarpa a les branches très-iné- gales et irrégulièrement disposées. A quoi donc est due la rare exception que signale M. le prince de Troubetzkoy? — Les amateurs de Conifères apprendront avec plaisir la publication d’un nouveau traité sur ces végétaux, édité par l’établisse- ment James Veitch et fils(R,oyal Exotic, Nur- sery, 544, King’s Road Chelsea, Londres). Cet ouvrage, fait par des hommes émi- nemment pratiques et qui aux connais- sances du métier joignent celles du savant, comprend trois parties ; la première, avec une revue générale des Conifères, contient des descriptions succinctes de la structure du bois, des organes de la végétation et de la fructification, les sécrétions, les propriétés économiques, les maladies, etc., ainsi que la distribution des Conifères sur le globe, leur nomenclature et leur classification. La deuxième partie comprend un synop- sis du groupe, l’énumération des espèces les mieux appropriées au climat de la Grande- Bretagne. Enfin, dans la troisième, les auteurs trai- tent des différents modes de plantation, des procédés de culture les mieux appropriés pour, suivant les cas, tirer le meilleur parti de ces arbres. On y trouve aussi tous les renseignements, 2G4 CHUONIQUE IIOiniCOLE. soit sur la multiplicalion, soit sur l’histoire de ces arbres, sur leur haldlat propre, l’époque de leur introduction, etc. Enfin rien n’a été oublié pour donner à ce livre tout l’intérêt et l’utilité que com- porte un si important sujet : le choix du papier, celui des caractèi'es typographi- ques, etc., enfin de nombreuses gravures exécutées avec le plus gj’and soin, représen- tant soit des caractères génériques ou spé- cifiques de Conifères, soit des spécimens isolés ou groupés de ces arbres, soit des sites particuliers où croissent certaines es- pèces. Tout concourt à donner à cet ouvrage, avec son incontestable utilité, l’attrait que com})orte un ouvrage méritant, et lui assure une place dans toutes les bibliothèques. — Au moment de pratiquer les greffes en écusson, nous croyons bon d’appeler l’atten- tion sur un fait physiologique a peu près oublié aujourd’hui, bien qu’il ait fait un certain bruit lorsqu’on en a parlé au congrès pomologique de Bordeaux, en 4860. Ce fait, au sujet duquel nous sommes enlré clans quelques détails (1), consiste dans une greffe de pépin de Poirier au lieu d’un œil. Voici ce qu’en disait feu M. Laujoulet : .... Introduit dans le congrès, M. Lescure pi) a déclaré qu’il s’est occiq)é peu d’arboriculture et, au contraire, heaucoiq) de physiologie végé- tale. Parnii les nombreuses expériences qu’il a faites, il a cité celle-ci : « A l’ascension de la sève, vers b' coinmen- ceinent de mai, il a semé sur un sujet assez fort, ou si l’on veut greffe comme un écusson à (eil poussant, en ayant soin de placer seule- ment la ])ointe en bas, une graine de Duchesse récoltée l’année précédente. De cette gi'aine est sortie une tige qui a fructifié à la seconde ]»ousse et donné une iJucbesse (Poire de). M. Lescure en a conclu que, ainsi semée ou grelfée, la graine du Poii'ier a, comme l’écusson, la ])ro})i'iété de reproduire toujours la môme variété. » Nous avons en son temps (J. c.) discuté le fait dont a parlé M. Laujoulet, et, sans le nier, essayé de montrer qu’il est contraire aux lois physiologiques, ainsi qu’à tout ce que la pratique enseigne. Néanmoins, comme, d’une part, MM. Lescure et Lau- joulet sont des hommes dont les affirma- tions méritent créance, et que d’une autre part il s’agit d’une question des plus impor- (1) Voir Revue horlicolc, 1800, p. 100. (2) M. Lescure, médecin ù Angoulème. tantes tant au point de vue de la science que de la pratique, nous croyons qu’il scr rait bon que l’on répétât l’expérience, et que des essais fussent tentés afin de s’as- surer s’il n’y a pas eu de confusion ou de mauvaises intei’prélations de faits. Nous pensons, vu l’époque avancée, et si les pé- pins n’ont pas été stratifiés, qu’il serait pru- dent de les mettre dans de l’eau pendant quelque temps, afin de faire gonfler les tissus et ranimer l’embryon. — S’il faut en croire certains rapports, le phylloxéra continue à exercer ses ravages. Ainsi, dans le n<^ G (juin 1881) de la Vigne américaine, qui vient de paraître, M. Plan- chon écrit : }jQ phylloxéra dans le Midi signale sa marche toujours de jdus en plus croissante parles vides de plus en plus nombreux qu’il fait dans nos vignobles, sur les points où il était apj)aru à l’automne dejnier. Il n’est })as rare de voir des Vignes belles de végétation et de })roduction il y neuf ou dix mois, ne donnant plus signe de vie à l’heure qu’il est. Bien des })ropriétés, que jus- que-là on croyait indemnes, sont parsemées de taches qui ne laissent aucun doute sur l’inva- sion de l’insecte. Eu un mot, on peut dire que dans toutes les contrées où le phylloxéra existe depuis trois ou quatre ans, il s’est répandu à peu près })artout. Tout cnVnregistrant ces dires malheureu- sement trop vrais, nous devons faire remar- quer que, d’une part, les moyens employés pour combattre le fléau, d’une autre la plantation de nombreuses Vignes résistantes tendent à combler les vides, immenses c’est vrai, qu’avaient occasionnés le phylloxéra. On fait de nouvelles plantations sur une étendue considérable, et il y a lieu d’espérer que bientôt l’équilibre sera rétabli, et que la production du vin reprendra son cours normal. — Au momenrdes grandes chaleurs où nous sommes arrivés, qui est aussi celui où en général se montre l’oïdium, et alors que les Raisins sont déjà bien formés « en ver- jus, 5) comme l’on dit, il est de la plus grande importance de soufrer toutes les Vignes, sur- tout cette année que les Raisins, extrême- ment abondants, tendent à ralentir la végé- tation en affaiblissant les ceps. Nous rappe- lons qu’il est temps d’agir et de soufrer : il vaut toujours mieux prévenir le mal que d’avoir à le réprimer. nus MONNIEIU. m — L’insecte ravageur des Fraisiers, dont nous avons parlé récemment et dont aussi nous avions remis un échantillon à un liomme compétent, M. Künckel, aide- natu- raliste au Muséum, est le Rliynchües fra- gariœ. Était-il rare jusqu’ici, ou bien ses goûts se sont-ils modifiés? L’une de ces deux liyi)otlièscs est certainement vraie, puisque, jusqu’à il y a quelques années, les cultivateurs ne s’étaient jamais plaints de cet insecte et, d’une autre part, qu’aucun traité d’entomologie n’avait parlé de ses ins- tincts destructeurs du Fraisier. Voilà donc le nom .du destructeur bien connu : c’est quelque chose, sans doute, mais pas assez ; l’important serait de trouver le moyen de le détruire. Malheureusement, sous ce rapport, nous ne sachions pas que l’on connaisse d’autre moyen d’extermina- tion que faire une guerre directe à l’insecte parfait, et brûler les parties des plantes où sont déposés ses œufs ou ses larves. Des aspersions fréquentes à l’aide d’insecticides seraient-elles efficaces ? C’est à voir. — Dans une lettre en date du 2‘i mai, notre collègue et collaborateur, M. Glausen, professeur d’arl>oricuUure à l’École impé- riale d’horticulture de Nikita (Grimée), nous écrivait que le temps est splendide et que la végétation marche à souhait. Sa lettre contenait en outre une communication qui nous paraît de nature à intéresser nos lec- teurs. Elle porte sur le Chamœrops hu~ rnilis comme plante éminemment propre à l’ornementation des appartements, propriété mise hors de doute par le passage suivant : .... Cette espèce, nous écrit-il, outre son mé- IRIS M On cultive plus ou moins, suivant les régions, les espèces ou variétés d’iris; mais on peut dire que ces magnifiques Monoco- tylédones ne sont pas aussi connues et appréciées qu’elles le méritent. En effet, que de qualités réunies : élégance du port, beauté du feuillage, singularité de la forme des fleurs, éclat des nuances ! Nous ne par- lerons pas des nombreuses variétés issues de VIris Germanica et des espèces voisines ; nous signalerons plusieurs types botaniques qui tranchent beaucoup sur tous les autres Iris. Aujourd’hui, nous recommanderons VL'is Mounieri, plante excessivement rare rite oi'iiemenlal, est d’iiiie rusticité telle (pdil ('st presipie iiii])0ssihle delà faire })érir, malgi’é rahandon (pi’oii peut en faire, ce que je vais lâcher de démontrer: ainsi, dans une pelit(‘ caiss(î en icv peinlo à riiuile, longue de ‘20 cen- timètres, large de 14 et haute de 10, j’avais ])lanté, il y a six ans, deux jeunes Palmiers [)or- tant ensemble 21 feuilles. Comme, d’une autia* jiart, cett(î caisse n’étaù pas ^^crcéc, toute l’c'au des arrosements devait donc y séjourner. J’a- joute encore ([ue cette caisse n’a jamais été au soleil, et ({ue la {)lante, qui jamais non plus n’a été rencaissée, était })aj‘fois un mois et ])lussans être arinsée ; })uis, au bout de ce tenq)s, ({ucl- ({u’un, par pitié sans doute, l’arrosa ])lusieurs fois et si copieusement, qu’elle baignait dans l’eau, comme si elle était dans un marais. Les racines s’étaient tellement multipliées qu’il n’y avait ])ius de terre et f[ue les plantes s’élevaient d’environ 8 centimètres au-dessus de la caisse. Malgré des conditions aussi défavorables, ces deux Chamœrops^ après six ans de ce traite- ment, sont encore en très-bon état, ce qui semble justifier ce que j’ai dit ])lus haut : « qu’il semble impossible de tuer cette es[)èce. » Après ce qui précède, il serait au moins inutile de recommander le Chamœrops hu- milis comme plante propre à orner les appartements. En eflet, si malgré un traite- ment aussi barbare les sujets en question se sont maintenus en bon état, que serait-ce si on leur eût accordé quelques soins? Fai- sons, du reste, remarquer que, excepté les espèces de serre chaude, presque tous les Palmiers sont dans ce cas; aussi, à celte qualification de « rois du règne végétal » qu’on leur a donnée, peut-on ajouter — quoique nous soyons en république — c( rois des appartements. » E,-A. Garrière. dans les jardins d’agrément. Elle produirait beaucoup d’elTet isolée dans les pelouses, sur le bord des bassins ou des ruisseaux artificiels, tant par ses feuilles longues, étroites, que par ses tiges d’un mètre et quelquefois plus, portant des fleurs d’un jaune orangé d’une agréable odeur, et se succédant pendant l’été, de juillet en août. Gette plante ne réclame aucun soin ; elle est très-rustique et digne à tous égards de sortir des plates-bandes des écoles de bota- nique, poui' tenir une place honorable dans les jardins les plus modestes, aussi bien que dans les plus distingués. Gh. Magnier. 266 VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE) DE POPAYAN A PASTO, PAU LOS PUEBLOS (I) Du Pûtes pour arriver à San Miguel, la scène ne change pas; ce n’est guère que plus haut, en gravissant l’alto de l’Ascen- sion, que je rencontre de nouveau les beaux Chênes de Humboldt et ces nombreuses Mélastomées, la plupart en Heur, que j’avais perdues de vue. La nuit obscure m’obligea bientôt à chercher un abri dans un de ces nombreux ranchos isolés qui composent les pueblitos de Santa Barbara et de El Negro, dont je n’étais éloigné que d’une heure, mais qu’il eût été imprudent de vou- loir atteindre ce même soir. Le lendemain, dès l’aube, j’étais en selle ; mais je ne m’étais pas encore levé assez tôt pour échapper aux nombreuses consulta- tions qu’il me fallut donner, pour être dé- barrassé des obsessions de ces malheureux, qui persistaient à me considérer comme une illustration médicale et à me traiter comme tel. Après un examen des plus som- maires, le medico hlanco fit à ses malades une distribution des remèdes qu’il possédait, ainsi qu’une consultation générale qui n’en- gageait en rien sa responsabilité morale, puis, saluant gravement l’assistance, il dis- parut bientôt à leurs yeux avec la satisfaction du devoir accompli. Je cheminai d’abord à travers les lomas et québradas nombreuses qui sillonnent le pays, puis la végétation se réveillait bientôt en approchant de El Negro, dont l’altitude est égale à celle de Dolorès ; je remarquai de nombreuses Pitas (Agaves) sur les bords arides des ravins. Les Plata- nos (Bananiers) affectionnent au contraire les parties profondes et fraîches; on m’a assuré qu’il y avait aussi de fort beaux Caféiers, mais que je n’ai pas vus. Je fran- chis plusieurs petits ruisseaux coulant sous un véritable nid de verdure et de fleurs, tandis que les Bégonias, Mélastomées et Fougères diverses mélangent leurs frondes ou leurs fleurs délicates aux festons d’une Gobée blanche à fleurs pendantes, et aux brillants Tacsonia et Bomarea. Toute une légion de plantes épiphytes semblent se cram- ponner aux parois ruisselantes des talus ou se balancent sur les lianes des grands arbres voisins. (I; Voir Revue horlicole, 1881, pp. 58, 1Ü5. Cette exubérance de végétation fait bien- tôt place à un spectacle contraire, chaque fois que le sentier s’éloigne des québradas nombreuses qu’on est obligé de franchii- pour gagner le haut de la rive droite du rio Pansitarcà. Quelques Chochos (Érythrines) arborescents, aux grains de corail, sont à peu près les seuls végétaux qu’on rencontre avant d’arriver à un petit pont de bois jeté sur d’énormes roches entourées de Fuch- sias arborescents et couverts de millions de fleurs. Tout proche de là, sur de vieux troncs d’arbres, de grosses touffe^ d’Epidendrum à grande panicule blanche disputent la place à des Fougères qui s’y sont également ins- tallées. Enfin les grands arbres qui précè- dent le pueblo de la Véja donnent asile à une grande Broméliacée à feuilles raides, d’un rose clair saupoudré de blanc, à tige florale dressée, plus vivement colorée, haute de 60 centimètres à 1 mètre et régulière- ment ramifiée. Le village de la Véja est assez compact, situé sur un plateau d’un kilomètre de large sur trois environ de long, et placé au pied de montagnes très-élevées, mais peu boisées, qui cachent les forêts de Quinquina dont il est éloigné d’environ deux journées de marche. Sa population se compose exclusi- vement de Quineros ou Cascarilleros, em- ployés dans les montagnes à la décortication sur place des précieux Quinquinas qui, dans un avenir prochain, ne tarderont pas à dis- paraître si, comme tout le fait supposer, on continue son exploitation insensée, qu’on pourrait même appeler barbare. Sur la jjlaza, devant l’église, on remarque un beau Cocotier qui a été planté là, mais n’y peut fructifier. J’ai aussi vu chez mon hôte. Don Santiago Pinos, de grands Bananiers qu’il avait sans succès, me disait-il, essayé d’ac- climater, la température moyenne annuelle ne permettant pas à ce précieux végétal d’y mûrir ses fruits. Je recueillis près de là des exemplaires du Loasa Wallisii, ainsi que diverses autres plantes herbacées ; mais ce qui me fit le plus de plaisir fut de récolter un énorme bouquet de fort belles Roses bien pleines et très-odorantes. Quelques-unes, par leur taille exiguë et leur floraison par tro- 267 VOYAGE AU CAÜCA (ÉTATS-UNIS DE COUOMBIE). cliet, doivent rentrer dans la section des Ro- siers Noisette, tandis que d'autres plus larges, plus colorées et à odeur plus forte, font as- surément partie des Rosiers Ile-Bourbon. J’étais surpris de rencontrer la reine des (leurs précisément dans un pays où leur culte serait presque taxé d’aberration mentale Les Calcéolaires à feuilles entières crois- sent un peu partout, émaillant le sol de leurs (leurs jaunes et formant même des champs entiers qui de loin rappellent des Colzas. Ce fut enfin à la Véja où je réussis à perdre le titre de doctor (1) hlanco qui m’avait précédé jusque-là, et par suite à me débar- rasser des soucis qu’il m’occasionnait. C’est alors que je m’engageai dans l’étroite vallée du Pansitarà, franchi plus de trente fois en moins de deux heures par le chemin tor- tueux et bizarre que je suivis, et en quittant brusquement le lit du ruisseau qui se dirige sur la droite, vers une montagne dénudée dont la crête (cuchilla) m’en cachait une seconde beaucoup plus grande, couverte d’une forêt épaisse où tous les arbres sont couverts de cette mousse gris verdâtre, pendante, particulière à la région des Pa- ramos (3,000-4,000 mètres). Bien que j’aie revêtu mon habillement d’hiver, je me sens peu à peu pénétré par cette pluie fine et très-froide qui caractérise ces hauteurs. Arrivé au sommet de VAlto de Chorillo, je n’y vois pas à vingt pas dè moi, tant le brouillard est épais ; n’importe, ce que j’ai entrevu en montant a trop excité ma curio- sité pour résister à la tentation de faire à pied une petite excursion rapide sur la li- sière de la forêt. Je m’engageai donc à quelques pas, me trouvant aussitôt en pré- sence de plusieurs Orchidées très-rares et de plantes singulières que je voyais pour la première fois. J’aurais donné beaucoup pour qu’il me fût possible de parcourir à loisir cette singulière forêt ; mais la pluie tombait tellement dru, qu’elle me força à battre en retraite au plus vite, c’est-à-dire à rejoindre ma monture et à effectuer la descente dans des terres glaises où les glissades périlleuses sont à peine atténuées par des troncs de Fougères arborescentes, couchés par my- (l) Le titre de doctor est donné à tout indigène de sang bleu (issu d’Européen), ainsi qu’à tout étranger dont les occupations journalières ont rap- port aux arts libéraux. Bien des commerçants, même des plus ignares, adoptent ce qualificatif, dont la valeur est à peu près équivalente à celle du grade de colonel ou de général au Vénézuéla. riades au travers du chemin. La forêt de Chorillo, sur son versant sud-ouest, pré- sente une végétation toute différente de celle du côté opposé. Des Chênes superbes, d’énormes Guayacans croissent pêle-mêle avec des Fougères arborescentes de toutes formes et de toutes les tailles, servant d’appuis à une multitudes d’Aroïdées, de Bégonias grimpants. Orchidées diverses, que je n’ai pu qu’entrevoir à la dérobée, mais qui m’ont affermi dans la conviction de la richesse de la région. Une suite de profondes « québrada » très-boisées et de « lomas )) découvertes ou marécageuses se succèdent et semblent vouloir accompa- gner le voyageur jusqu’aux portes mêmes d’Almagner, situé quelques heures plus loin. Ainsi que bien des villages du Cauca, celui-ci est environné de sauts-de-loup et de lourdes barrières en bois servant à parquer les animaux domestiques du terri- toire municipal. Situé au sommet d’un pla- teau assez large, Almagner domine à peu près dans toutes les directions; plusieurs rangées de maisons bien alignées bordent les quelques rues et le pourtour de la grande place, dont l’un des côtés est occupé par l’église, pauvre édifice assez vaste, mais où le clocher consiste en deux pièces de bois appuyées extérieurement contre la grande porte et reliées par une traverse supportant les deux cloches de la ville. J’étais logé tout près, chez le Jéfé municipal, Dom Miguell Sanchez, dont je me rappellerai longtemps les bons procédés à mon égard. Grâce à ce fonctionnaire et*à sa famille, j’étais en fort peu de temps mis en rapport avec les prin- cipaux habitants de la ville. Le lendemain matin, en prenant congé de mes bons amis d’Almagner, suivant la coutume colom- bienne, nous nous serrâmes mutuellement le pouce gauche, tandis que de la main droite nous nous tapotions amicalement dans le dos. Cet usage bizarre est consi- déré comme une preuve d’attachement et de dévoûment. Je suivis ce jour-là une direction qui différait peu de celle de la veille ; le passage de l’Alto de Chorillo fut remplacé par ceux des rios Ruiz et San Jorje. Cette dernière rivière, profondément encaissée, roule ses eaux écumantes sur d’énormes blocs de rochers servant d’assises au pont fragile qui conduit à l’autre rive. Sur les bords du torrent j’aperçois de nom- breux bouquets de fieurs roses, des Bego- 2G8 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. nia Yerschulfeltii à souche volumineuse, Quelques mètres plus haut, je remarquai sur une roche aride un groupe de Bromé- liacées appartenant sans doute au genre Pitcairnia : leur port, leurs feuilles étroites retombantes et leurs troncs dénudés à une hauteur de plusieurs pieds auraient pu de loin les faire prendre pour des Cordyline indivisüf s’ils n’eussent été surmontés de longs épis hauts de près d’un mètre et com- plètement garnis de fleurs vermillon su- perbes. Tout autour d’eux croissent des petits Echeveria à fleurs jaune orange et jaune verdâtre, plusieurs Peperoinia et autres plantes basses. Aux abords du rio se trouvent plusieurs grands arbres sur lesquels j’aperçus encore un certain nombre degrandes Broméliacées à tiges colorées, très- ramifiées, hautes de près de 2 mètres, que je considérai comme une forme plus vigou- reuse de celle dont j’ai signalé l’existence à La Yeja. A quelques cents mètres, nous entendions le sourd grondement de la belle cascade de la Mostezza, que nous dûmes franchir un kilomètre en amont pour gagner de nouveau les lomas découvertes précé- dant Bolivar et d’où l’on jouit d’un pano- rama splendide. C’est là que je récoltai des graines d’une sorte de Pourretia terrestre. à feuilles d’Ananas, épineuses, fortement arquées, blanches au revers et très-nom- breuses. Au-dessus des feuilles centrales la tige mesurait 20 de haut et 22 centi- mètres de circonférence; elle ne comptait pas moins de 45 à 50 ramifications et de 300 à 350 fleurs. Cette plante abonde aux environs de Bolivar ; on l’emploie comme clôture et lui donne le nom YAchupallas, qui, du reste, est commun à toutes les Broméliacées dans cette contrée. Descendant brusquement par une cuchiUa, le chemin passe par une petite forêt où les Orchidées sont très-nom- breuses, surtout dans les genres Oncidium, Epidendrum et Maxillaria. Les Chênes de Humboldt se retrouvent encore là, mais plus beaux, plus droits que partout ailleurs ; cette fois, je remarque qu’il en est parmi eux qui ne présentent pas du tout le même faciès et pourraient bien être les Q. Almagne- rensis de certains auteurs. J’admirai de vé- ritables taillis d'Aphelandra cristata écar- lates, puis une grande Passiflore à fleur (?) en trompette, rose saumoné vif, superbe ; le I tube mesurait de 12 à 15 centimètres de long et la corolle autant de diamètre ; le fruit est comestible, ovoïde, de grosseur moyenne, et porte le nom de Poroporo. [A suivre.) PUYILLÂND. EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SECTION DE l’industrie. Il ne m’appartient pas de parler de l’organi- sation de cette partie de l’exposition, dont je me suis occupé ; mais je constaterai seulement la satisfaction qu’éprouvaient tous les ex}io- sanls de se sentir à l’air libre, et d’être enfin sortis de ces affreuses caves du palais de l’In- dustrie où les jiroduits horticoles étaient relé- gués. Ici plus de choix des places; elles étaient toutes bonnes, et l’industrie, dispersée de droite et de gauche, était grandement représentée. Une centaine d’exposants ont pris part à cette exhibition, et presque tous y ont apjiorté des objets d’un véritable intérêt. En première ligne, le pavillon en bois rus- tique garni intérieurement en bois de « Pitcli Pille » (Pinus rigida), construit et mis gra- cieusement à la disposition de la Société jiour ses bureaux par la Société anonyme des plan- tations rustiques (ancienne maison Tricotel). Eue médaille d’honneur a été décernée à cette Société. Les serres étaient nombreuses, quoique i>lu- sieurs exposants manquaient à l’a}»pel. Quel- ques-unes étaient vitrées, ce c|ui, jusqu’à jiré- sent, ne s’était jamais vu dans nos ex})ositions horticoles (les grandes Expositions universelles exce})tées, bien entendu), ce qui permettait de constater l’énorme différence de coup d’œil entre une serre vitrée et cette grande carcasse qui représente une serre non vitrée. Mais, même pour l’exposant, une serre vitrée est avantageuse : la vente doit en être beaucouji plus facile que celle d’une serre non vitrée. Une médaille d’or a été décernée à M. Izam- bert pour la grande serre qui abritait les ma- gnifiques plantes de Mme la baronne de Roths- child, de MM. Luddemann, Chantrier frères, etc. MM. Boissin et Loquas ont obtenu chacun une médaille de vermeil grand module. M. Lo- quas exposait six serres de différents modèles. Les auti’es exposants de serres : M. Bergerot, médaille de vermeil petit module ; IM. Stackel, médaille d’argent ; M. Leblond, médaille de bronze ; àl. Ozanne, rappel de médaille d’or.- EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D'HORTICULTURE DE FRANCE. 269 Le public, en général indiscret, qui toujours aime à savon' « le pourquoi des choses, » se de- mandait peut-être, en examinant et comparant, quelle didérence il y avait entre la seri'e qui avait été récompensée d’une médaille d’or et celles qui n’avaient obtenu qu’une médaille de vermeil, et même entre toutes les autres. A cette question, j’avoue que je ne poui'rais ré- pondre, n’étant pas dans le secret « des dieux, » comme l’on dit, c’est-à-dire de ceux qui ont attrihué les récompenses. Mais je constate que, au point de vue du nouveau, il n’y avait nen ! Au point de vue de ragencenient et de la bonne labrication, les sept exposants précités se valent, appréciation bien personnelle sans doute, mais que je crois juste. M. Véiard, pour une serre en bois et des châssis de couctie, médaille d’argent. Dans le concours serres^ chà;>6iÿy etc., ce qui était peut-être te plus nouveau était présenté par M. Carpentier, à üoullens. Ce sont des cliàssis-clocnes, plutôt châssis que cloches pourtant, mais pouvant s’ajouter hout à bout et lormer ainsi des longueurs indétermi- nées, sans séparation intérieure. C’est une idée qui a de l’avenir ; médaille de vermeil. Cette série d’exposants formait le premier concours, car, par suite d’une innovation dont l’avenir jugera la valeur, le' progrannne formait des concours spéciaux. Üii ! je ne blâme pas ces sortes de concours; mais que signitie un concours spécial, quand à côte celui qui ne fait partie d’aucun de ces concours peut être examiné, expérimenté et récompensé tout aussi . bien que les autres? Alors il n’y a plus de con- cours .spéciaux, puisque tout concourt au même titre. Le deuxième concours est intitulé : Pompes et appareils d'arrosaye. Ici, non plus, rien de nouveau chez les douze exposants ; seulement continuation de bonne fabrication, amélioration même. MM. Debray et Beaume obtenaient, le premier une médaille d’or, le second une mé- daille de vermeil grand module; M. Noël, mé- daille d’argent grand module ; MM. Sureau et Collet, Lecestu, llitter et Ygarof, Haveneau, médailles de bronze. Ce derniei' avait une petite nouveauté : tout le monde qui s’occupe un peu de jardinage connaît le jet Haveneau, for- mant la nappe d’eau. La nouveauté en question consiste dans la mobilisation du jet, qui alors, en tournant, produisait un jet droit pour l’ar- rosage en pot. Y a-t-il du nouveau dans le troisième con- cours : Poteries usuelles, caisses, bacs, etc., servant à la culture? Ici encore je dis non; mais, comme précédemment, je constate dans toutes ces choses une bonne fabrication, et même quehjues améliorations. Pour poterie : M. Viriot, médaille de vermeil. — Pour bacs : MH® Loyre, médaille d’argent ; M. Bonnet, médaille d’argent ; M. Méry, mé- daille de bronze. — Pour caisses à Heurs : M. Pédieux, médaille de bronze. Le ({uatrièrne concours comjirenait Vameu- blement des jardins, les tentes et abris. En première ligne M. Lovaud, l’inventeur des inventeurs. Si vous voulez du nouveau, tou- jours il en a : meubles, barrières, etc., le tout articulé, se ployant, s’allongeant, se transfor- mant à volonté et de plusieurs foi'mes, fabrica- tion légère, mais néanmoins as.s'ez solide. Mé- daille de vermeil grand module. — M. Couette, bien connu pour ses tentes-abris, médaille d’ar- gent grand module. — M. Ed. Boul, médaille d’argent pour ses meubles, ustensiles de jar- dins de tous modèles, et pour sa coutellerie horticole. Le cinquième concours comprenait les treil- lages, grillages, clôtures, grilles, ponts. M. llanoteau, })our différentes grilles, entre autres la grande grille monumentale de l’entrée de l’exposition, très-belle pièce que nous avons déjà vue quelque part, rappel de. médaille d’or. — M. Maison, médaille de vermeil grand module pour grilles et kiosques. — MM. Louet frères, médaille d’argent grand module pour grilles, ponts, kiosques et poteaux raidisseurs. Au sujet de la maison Louet frères, je demande à ouvrir une parenthèse pour informer que tous les objets fabriqués dans cette maison vont être installés en exposition permanente, avenue Daurnesnil, 264. — M. Méry-Picard, ponts et kiosques en fer rustique, médaille d’argent. Il me reste à parler de la série des exposants non classés dans les concours, mais néanmoins examinés par le jury. Ce sont ; Pour coutellerie horticole : M. Hardivillé, médaille d’argent grand module ; M. Larivière, médaille d’argent petit module ; M. Ballée, mé- daille d’argent petit module ; M. Aubry, mé- daille de bronze. La poterie d’art était l'eprésentée par six ex- posants ; MM. Barbizet, médaille de vermeil, et Paris, rappel de médaille d’argent grand module. Les plans et reliefs de jardins : M. Péan, mé- daille de vermeil grand module pour le plan et l’exécution du jardin de l’exposition; MM. Poi- tevin, médaille d’argent grand module; Combaz, médaille d’argent petit module ; Ghassin, mé- daille d’argent grand module pour rocher ; Éon, rappel de médaille d’argent grand module pour thermomètres ; Morin, médaille de bronze pour ratlssoires ; M™® Dufour, médaille de bronze pour soufflet pulvérisateur ; et enfin M. Forgeot, pour papiers dentelle pour bouquet, médaille de bronze. Les chauffages pour serres étaient également bien représentés ; mais, par une vieille habitude, — j’allais dire routine, — le chauffage ne con- court pas. La librairie, les tondeuses de gazon. 270 DES DIPLACUS. VERONICA SrBSESSILIS. les claies à ombrer et les engrais ont été 'égale- ment exposés, sans attirer l’attention Hu jury. Poiu quoi ? Je terminerai en mentionnant le piège à han- netons exposé par M. Voittelier à Matités ; cet aj)pareil })araît très-ingénieux, et en dehors de l’expérience, (jui seule peut en indiquer le mé- rite, un simple examen suHit pour en déter- miner une impression favorable. Borel. DES DIPLACUS Ces plantes, dont le type, Diplacus glu- tinosus, est originaire de Californie, bien que très- méritantes, sont presque com- plètement inconnues aujourd’hui, sinon des botanistes. C’est regrettable, car elles pour - raient rendre d’importants services à l’orne- mentation, puisque non seulement elles poussent bien en pots, mais que, mises en pleine terre dès les premiers beaux jours, les plantes fleurissent sans interruption jusqu’à ce que les gelées viennent les dé- truire. Les fleurs, qui rappellent assez exactement celles des Mimulus, sont d’une longue durée. On possède aujourd’hui un certain nom- bre de formes ou variétés de Diplacus, toutes sorties probablement du D. gluti- nosus dont, au reste, elles ont tous les ca- ractères comme aspect, végétation et apti- tude à fleurir. Elles n’en diffèrent que par les dimensions des fleurs, et surtout par la couleur de celles-ci, d’où les qualificatifs punieeus, grandiflorus, aurantiacus, etc. C’est surtout à M. Ingellerest, de Nancy, qu’on doit la plupart des variétés qu’on possède aujourd’hui. Pourrait-on, par la culture, modifier la nature des Diplacus et les amener à l’état de plantes annuelles ? Sans pourtant rien affirmer à ce sujet, je ne doute pas que l’on pourrait atteindre ce résultat, soit par les semis directs, soit en faisant intervenir la fécondation artificielle, et dans ce cas c’est, je crois, avec les Mimulus qu’il faudrait opérer les croisements. Le succès me pa- raît d’autant plus certain que ces deux genres sont placés près l’un de l’autre dans la famille des Scrophularinées. Les Diplacus sont, pourrait-on dire, des Mufliers en arbre. Coupées et mises dans l’eau, les branches s’y maintiennent parfaitement, et leurs fleurs continuent à s’épanouir. La multiplication des Diplacus se fait par boutures et par graines. Pour l’hiver, on place les plantes dans une serre froide ou sous des châssis que l’on couvre avec des paillassons. En terminant, et comme renseignement sur les Diplacus, je dirai que, parmi toutes les variétés ou sortes que j’ai étudiées chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, la plus jolie est le Diplacus au- rantiacus. Si l’on cultive les plantes en pot, il est bon de les pincer de temps à autre, atin de les maintenir naines et régulières. Si on voulait les mettre en pleine terre, qu’elles aient longuement poussé et se soient allon- gées en serre, on se trouverait bien de les rabattre, fussent-elles même en fleurs. Bonnel. VERONICA SUBSESSILIS Plante vivace, rustique, atteignant 30-40 centimètres de hauteur. Tiges florales rami- fiées dès la base, robustes, très-villeuses dans les jeunes parties, se terminant, ainsi que toutes les ramifications, par de forts épis qui, en s’allongeant au fur et à mesure de la floraison, acijuièrent jusque 20 centi- mètres et plus de longueur. Feuilles longue- ment ovales, elliptiques, régulièrement acu- minées au sommet, sessiles ou atténuées à la base en un très-large et court pétiole qui se confond avec le limbe, épaisses et très- consistantes, fortement dentées, à dents aiguës, d’un vert foncé et luisant en dessus, plus pâle en dessous où les nervures sont saillantes. Fleurs excessivement rappro- chées, solitaires, disposées en épis denses, assez grandes, d’un très-beau bleu foncé, presque violet. Étamines longuement ex- sertes, à anthères jaunes. La Veronica subsessilis, originaire du Japon, est une plante d’ornement de pre- mier ordre. Elle a surtout cet avantage de croître dans presque tous les sols et à toutes Re vice //o/‘lü:o le . l'^r'OTLlCa lojKJlfolui suhsessilis\ Ghrornoluth'. GSe^ereyns. îiy.' • iV:;- • I -**'■ uvV''>' >■ • *'• *1 m ■ -"g;; ,-r* a Vk ■ ■ ,:Vr'.: ;0 i. I BIBLJOGKAI'HIE. -271 les expositions, et d’y tleurir abondamment. Quant à sa multi[)lication, elle se fait très- facilement, soit par éclats en divisant les toulïès, soit par boutures que Ton plante sous cloche, où elles reprennent bien et assez promptement. Abandonnée à elle-même, la plante fleurit dès juin-juillet, et si l’on coupe les inflo- rescences au fur et à mesure que les fleurs se passent, il s’en produit de nouvelles, soit sur les mêmes ti^es, soit directement de la souche, de sorte que la plante est presque toujours en fleurs. On trouve la Veronica suhsessilis chez M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur, 26, route de Sannois, à Argenteuil, chez qui nous l’avons fait peindre. E.-A. Carrière. BIBLIOGRAPHIE Sous ce titre modeste : Éléments d'his- toire naturelle des végétaux ou Notions élémentaires de botanique, il vient de pa- raître à la librairie Hachette et C‘®, 70, bou- levard Saint- Germain, Paris, un petit livre cc pour l’enseignement de la botanique dans la classe de huitième. » Le but que s’est pro- posé l’auteur de ce travail, M. le docteur Bâil- lon, professeur de botanique à la faculté* de médecine de Paris, est de donner à cette science toute l’importance qu’elle mérite en la rendant attrayante, ou mieux de la ! laisser telle en en faisant disparaître le côté aride, pédagogique ou doctoral qui, surtout pour des débutants, a quelque chose de dur qui fait que, instinctivement, pourrait-on dire, la jeunesse le repousse. Pour atteindre ce but, il fallait d’abord parler aux yeux à l’aide d’images qui, représentant les choses, les gravent dans l’espi it sans lui occasionner de fatigue. Enfin, pour que la science pro- fite, il faut l’agrémenter, lui donner un certain attrait D’où il résulte que la préoc- cupation d’un auteur doit être d’effacer le maître, qui alors devient une sorte de cama- rade que l’élève recherche. En d’autres termes, pour enseigner à la jeunesse, le professeur doit se faire jeune, parler un langage à leur portée, afin d’en être compris. Mais pour arriver à ce résultat, il faut encore que les matériaux soient simples et surtout communs, de façon que l’élève les trouve partout ; que dans toutes ses prome- nades à la campagne il les rencontre fré- quemment, et que, sans s’en apercevoir, il ait constamment sous les yeux et sans les rechercher les objets dont le maître s’est servi pour faire ses démonstrations. Autant que possible aussi, les plantes destinées à l’étude doivent être de première utilité, rentrer dans l’économie domestique soit dans les arts, dans l’industrie, dans la médecine, ou faire partie de l’alimentation, de manière qu’en étudiant ces plantes, et sans s’en douter, l’élève prépare sa carrière pour entrer un jour dans les arts dits c( libéraux. » C’est ce qu’a compris et fait M. le docteur Bâillon en choisissant ses plantes de manière qu’elles aient un emploi usuel et journa- lier; de plus, que chacune des espèces fût une des principales de sa famille, dont alors elle rappelle tous les principaux caractères, j Voici la liste adoptée dans les Notions de botanique : Giroflée jaune. Mercuriale, Chêne, Jacinthe des bois, Narcisse, Iris, Orchis, Rosier, Fraisier, Coquelicot, Œillet, Géranium, Mauve, Oranger; Vigne, Pois, Liseron, Laurier-rose, Pomme de terre, Gueule-de-Loup, Lamier blanc. Primevère, Garance, Carotte, Campanule, Potiron, So- leil, Oseille, Sapin, Blé, Fougère, Polytrie, Prêle, Lichen, Champignon, Algue. Ainsi qu’on peut le voir, outre que ces plantes sont communes et qu’elles em- brassent la série économique végétale, elles résument et rappellent toutes les principales divisions de la botanique, de sorte que leur étude constitue non seulement l’histoire de la botanique, mais initie à toutes les sciences naturelles organiques. Aussi le livre dont nous parlons n’est-il pas seulement bon pour les jeunes gens « qui sont en huitième, » mais pour tous ceux qui se consacrent à l’étude des sciences naturelles, et même pour tous «les gens du monde, » car quelle que soit la position qu’on occupe, il est des choses qui, à cause du plaisir et des jouissances qu’elles pro- curent, ne doivent être ignorées de per- sonne, et dont par conséquent tout homme doit avoir au moins une idée. Telle est tout particulièrement l’étude des végétaux. Ajoutons que ce livre, qui est bien im- 272 ANTHURIUM SCHERZERIANUM ANDEGAVENSE. primé, sur beau papier, comprend 410 gra- vures dessinées par M. Faguet et gravées avec le plus grand soin, et que beaucoup de ces gravures comportent souvent un très-grand nombre de détails se rapportant à des organes spéciaux, qui font com- prendre la nature de ceux-ci en montrant le rôle qu’ils remplissent dans la vie et les fonctions des végétaux, et, dans certains cas, les produits auxquels ils donnent lieu. Inutile donc d’indiquer l’utilité générale du livre de M. le docteur Bâillon et du légitime succès qui l’attend. E.-A. Carrière. ANTHURIUM SCHERZERIANUM ANDEGAVENSE La série des variations du type de cette admirable Aroïdée n’est pas près de finir. Que de chemin parcouru depuis le moment où Scherzer rencontra au Guatémala, mais secs, les premiers échantillons, à spathes longues de 3 à 5 centimètres seulement, qui servirent à Schott, en 1857, pour établir l’es- pèce ! Retrouvée par Hoffmann à Gosta- Rica, c’est à M. Vendland qu’on doit de l’avoir introduite vivante en Æurope. On m’a raconté que l’édition entière fut offerte pour mille francs à un horticulteur assez peu clairvoyant pour méconnaître quels trésors recélait cette plante dans sa descen- dance. Elle fut donnée presque pour rien. Quand elle eut fleuri à Kew, le Botanical Magazine en publia (t. 5319) une aquarelle où la spathe était grosse comme le pouce. Aujourd’hui elle atteint la largeur et dé- passe la longueur d’une main d’homme ou- verte. La forme de la spathe s’est régula- risée ; le port de la plante a gagné en beauté, et il n’est pas rare de voir, en Angleterre, une grosse touffe des variétés grandiflores atteindre et dépasser le prix de 500 à 600 fr. Mais jusqu’en 1876, époque où M. Wil- liams, de Londres, annonça sur son cata- logue (p. 33, avec figure) la variété à spathes blanches qui porte son nom {Anthurium Scherzerianum Williamsii), aucun ébran- lement sérieux de l’espèce n’avait modifié profondément sa forme ou sa couleur. Les variations allaient se produire simultané- ment sur plusieurs points. Pin 1878, M. Carrière faisait connaître {Revue horticole, p. 305) une variété à double spathe, née chez MM. Chantrier, puis uno autre portant deux lignes blanches sur la sphathe {l. c.), et enfin une jolie forme à deux spathes subopposées, à laquelle il donna le nom de Madame Jules Valle- rand {L c., p. 315). L’année suivante, 1879, autres variations à deux spathes superposées, à feuilles colo- rées de rouge, et enfin à spathe fond blanc maculé de rose vineux sur les deux faces, le tout obtenu de semis par M. Bertrand. Cette dernière variété reçut le nom de Madame Émile Bertrand {l. c., 1879, p. 190). Presque en même temps, M. Bergman, chef des cultures de Ferrières, obtenait une variété analogue, dont il vendit en partie l’édition à MM. Veitch, et qui fut publiée par la Flore des serres (t. XXIIT, p. 83) sous le nom d’ Anthurium Scherze- rianum Rothschildianum, avec une jolie planche coloriée. Elle se distinguait par une spathe à fond blanc agréablement marbrée de macules roses coccinées irrégulières. L’année dernière, le Gardeners’ Chro- nicle (n® du 26 juin) constatait une varia- tion beaucoup plus complète et fort extraor- dinaire : un spadice portant une suite d’écailles bractéales ou petites spathes cu- cullées, écarlates, de l’aspect le plus étrange. La plante provenait des cultures de M. Pat- terson, à Carlisle (Angleterre). Enfin, nous venons de voir, à l’exposition de Tours, la plante qui fait le sujet de cet article. Elle est due aux semis de M. A. de la Devansaye. Je l’ai nommée Anthu- rium Scherzerianum Andegavense. En voici la description : feuilles semblables à celles du type, un peu plus atténuées à la base; hampe de 35 centimètres, cylindrique, vert pâle ponctué de violet, passant gra- duellement au blanc fortement tigré de rouge au sommet; spathe défléchie, ovale subcordiforme, à bords incurvés à la base, puis plans, longuement acurninée, à pointe tordue, convolutée, aiguë ; page intérieure fond blanc légèrement parcouru par des nervures longitudinales translucides et cons- tellé de deux sortes de maculatures rouge vermillon cerise, les unes en groupes de points traversaux, comme vermiculés. BROCOLI-SERPENT. 273 les autres roses, pulvérulents, d’une ténuité extrême ; page extérieure beau vermillon vif, non maculée, mais sablée régulièi'ement de points blancs plus abondants sur la ner- vure médiane ; spadice cylindracé en spirale dressée, obtuse, jaune d’or (1). Les caractères qui distinguent à première vue cette variété des précédentes sont la coloration blanche et ponctuée du pédon- cule, la spathe inférieurement pointillée Idanc sur fond rouge vermillon et non tigrée, sans parler des dimensions, qui atteignaient en largeur 12 centimètres sur l’échantillon fleuri à Tours. La date du semis effectué par M. de la Devansaye est de 1877; la première tlorai- son eut lieu en avril 1880. C’est à Tours, en mai 1881, que VAnlhuriiim Scherze- vianum Andegavense a été exposé pour la première fois. Son succès a été très- grand ; le jury lui a voté une médaille d’or à l’unanimité. Sans aucun doute, les semeurs n’en res- teront pas là. Le champ est ouvert aux hybridations. Ne venons-nous pas d’ap- prendre que V Anthurium Andreanum vient d’être fécondé avec succès par M. Lergman au moyen de V Anthurium ornatum? Les ovaires déjà gros que nous avons vus sur le bel exemplaire présenté par cet habile cultivateur à la dernière exposi- tion de Paris en faisaient foi. L’avenir, je l’ai déjà dit à ce propos, nous réserve bien des surprises. Ed. André. BROCOLI-SERPENT Dans ce qu’on nomme « monstruosités végétales, » une des moins importantes n’est pas celle qui comprend les cristatureSj et parmi ces dernières la figure 62 repré- sente certainement l’une des plus curieuses. C’est une sorte de mimique rappelant un serpent, d’où le nom de Brocoli-Serpent qu’on lui a donné. Elle s’est produite à Nice, dans le jardin d’un couvent, sur un Brocoli blanc. M. le comte Starzynski ayant vu ce (l) Anthurium Sciierzerianum, Scholt, var. An- degave7ise^'Ed. André; pednnculo a medio ad api- cem albido, rubro punctato; spatha intus alla phénomène, en envoya un dessin à MM. Vil- morin, qui eurent l’obligeance de nous maculis roseo coccinais divcrsis, alteris vermicu^ lads, alteris punctiformihus notata, extus coccU m a punctulis albis tenuiter conspersa. 274 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. communiquer les divers renseignements qu’ils avaient reçus. Voici la lettre écrite de Nice, le 25 février 1880 par M. Starzynski : Villa Starzynski. Messieurs Vilmorin et C’ic. Je viens vous signaler une excentricité végé- tale (le la nature, fort cui'ieuse, qui vient de se })roduire ici dans un jardin, sur un Brocoli blanc et dont je vous envoie un croquis gros- sier. Son volume est énorme (itn 80 de circon- férence); les feuilles sont d’un très-beau vert et très-bien venues ; au milieu, en place de la Heur, il y a un gros serpent dont le corps, (jui peut avoir de 15 à 20 centimètres de diamètre, forme un serpent très-régulier, d’un blanc jaunâtre, comme l’est généralement le fruit du Brocoli ; la peau est tout à fait celle d’un gros serpent, avec une raie })arfaitement sensible qui suit les vertèbres de Tépine dorsale; la tète, en forme de boule, a, si l’on veut y mettre un peu de complaisance, yeux et bouche. Sur cette tige faisant serpent partent de petites feuilles, puis de ])lus longues. Dites-moi, je vous prie, si c’est une chose rare et intéressante, ou si cela se voit souvent comme variété, car si c’est une excentricité de la nature, cela vaudrait la peine d’en faire une photographie. Veuillez, etc. Comte Starzynski. Cette description est assez exacte, ce dont nous avons pu nous assurer par un examen minutieux, la plante ayant été coupée presque au niveau du sol et ayant été envoyée à MM. Vilmorin, qui l’ont mise à notre disposition, ce qui nous a permis d’en faire un dessin sur le vif (fig. 62), ainsi que la description suivante : Tige d’environ 60 centimètres de hau- teur, élargie au sommet, ainsi que le dé- montre le petit dessin placé à côté de la figure 62. Inflorescence largement cristée- fasciée, contournée, serpent! forme, renflée aux deux extrémités, ce qui semblait cons- tituer un serpent à deux têtes. Cette masse compacte, formée par des milliers de pe- tits rameaux charnus, présentait des sortes d’aspérités qui rappelaient grossièrement les écailles d’un serpent, ressemblance qu’ac- centuait encore une saillie qui, parcourant supérieurement toute l’inflorescence, rappe- lait assez une épine dorsale, d’où partent les vertèbres, ainsi que le faisait remarquer M. le comte Starzynski. Que serait devenue cette forme si singu- lière ? Se serait-elle fixée, et aurait-elle cons- titué une race? C’est ce qu’on ne peut dire, la plante qui a produit cette anomalie ayant été coupée avant de se développer et de fleurir, comme cela eût eu certainement lieu si on l’eût conservée. Comme fait physiologique, celui-ci est curieux ; c’est une exagération du phéno- mène de cristature, c’est-à-dire de ces dé- formations fréquentes que l’on remarque dans les inflorescences, ou encore l’analogue des tiges fasciées, dont le limbe des feuilles peut même être considéré comme le point de départ. En effet, ne voit-on pas des feuilles se diviser et former des laciniures plus ou moins profondes, parfois si ténues qu’elles semblent constituer des ramilles ? Combien aussi développent des fleurs et des fruits! Oû est la limite de ces transforma- tions ? Quelles sont les lois qui président à leur apparition ? Autant d’énigmes que la science n’est pas encore parvenue à expli- quer. Y parviendra-t-elle? On peut l’affir- mer. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 23 JUIN 1881 Apports. — Le comité d’industrie avait à examiner un métier à faire des paillassons pré- senté par un paysan des environs de Clamart, j)i'ès Paris. Ce métier paraissait une œuvre d’art des plus remarquables, mais malheureusement d’un emploi difficile, eu égard à sa destination. Du reste, l’inventeur, qui pourtant paraît le ti'ouver parfait, déclare que ce métier n’a jamais fonctionné. Au comité de floriculture, M. Tabard, de Sarcelles, présentait des Pétunias de semis à Heurs simples et à fleurs doubles, a})[)artenant tous à la se(dion des grandes Heurs. — M. Cor- donnier, jardinier au château d’Orainville (Seine-et-Oise), présentait une nouvelle série de Goléus, moins remarquables au point de vue de l’oiTiementation qu’à celui de la physiologie végétale. Sous ce dernier rapport, ces plantes sont très-curieuses. Quelques-unes, au lieu d’une tigé principale, portent des ramifications garnies de feuilles plus ou moins larges et for- mant des petits buissons très-compacts d’à peine 15 centimètres de hauteur, dressés, garnis de feuilles très-réduites, linéaires, divisées, déchi- ({Licitées, de sorte que l’ensemble ressemble à certaines Fougères ou Lycopodes. Certaines DE LA CLOQUE DES ARDUES FRUITIERS. 275 préscnlaieiil dos couleurs diverses, mais non éclafaides. — ]\r. Ghanirier, de Bayonne, avait envoyé des Heurs de Gloxinias qui paraissaient assez jolies, un peu laliguées }>ar le voyage, ce (pii en rendait l’appréciation difficile, mais lais- sait voir néanmoins de triis-belles formes aux couleurs ti-ès-brillantes et variées. — On avait aussi envoyé une corbeille d’O'bllots dits remon- tants, en tlenrs détachées. Excepté quelques variétés à tleurs d’un blanc pur, toutes les au- tres ajipartenaicnt à la section des fantaisies et avaient les Heurs jilus ou moins striées, ruban- nées, et rappelaient assez les « ardoisés » ou couleur a feu. » Au comité de culture })otagère, deux présen- tateurs seulement : M. Laiziei*, qui avait a[)])orté un tr(‘s-l)eau Cantaloup dit « gris fond blanc, » race qui, d’apriîs le présentateur, est très-estimée des maraîchers. Elle jirovient, assure-t-on, d’un métissage entre le gros fond blanc et une sovte à fond gris ([ui, sans atfaiblir la qualité du pre- mier, lui aurait communiijué la rusticité ; — DE LA CLOQUE DES D’abord, qu’est-ce que la cloque? A quoi est-elle due? Étudiée avec soin et jusque dans ses caractères même les plus intimes, la cloque ne paraît présenter aucune appa- rence de parasitisme. D’où il résulte que sa cause est le fait d’influences atmosphériques particulières, ce qui, du reste, paraît démon- tré par l’expérience. En effet, il suffit que, soit par des abris, soit par leur position, des arbres d’une même essence, appartenant à une même espèce, soient placés dans des con- ditions différentes, pour qu’ils soient indem- nes ou plus ou moins attaqués ; que les uns soient cloqués, les autres pas. On a remar- qué aussi que certains vents dominants, sur- tout s’ils sont froids et arides, sont particu- lièrement favorables à la cloque, ce qui se voit chaque année à Montreuil, où les Pêchers sont très-communs. D’une autre part, l’on sait aussi que c’est surtout à l’époque du bourgeonnement que la cloque se montre. C’est donc une maladie essentiellement prin- tanière. Il est aussi démontré, en. géné- ral, que celte aiïection est particulière aux arbres frutiers à noyau, notamment aux Pêchers. Peut-on s’opposer à la cloque ou bien la faire disparaître quand elle est développée? Sur le premier point, le fait est hors de doute: il suffit de soustraire les plantes à certaines inHuences atmosphériques qui en favorisent le développement. C’est donc un moyen pré- l’autre ])ré.s(îiitat(Hir, M. Bonnf^niain, grainier- liorticuKour à Etanqies, jtréseiilaif un lL)is nou- veau non encore au coimneice, obtenu jiar lui il y a trois ans d’uii semis du Pois Caraclacus. La plante, vigoureuse, de grandeur moyenne, est rustique et tres-productive. Ses cosses lon- gues, droites, très-bien faites, viennent toujours en troebets jiar deux. Les gi-aines, de bonne ({ualité, très-rap})rochées, sont très-fré(iuern- ment au nombre de onze d;nis cliacjue cosse. Ajoutons que cette sorte est très-bative. Semées le 3 mars, les iilantes entraient en Heurs le 28 avril, et le 25 mai on en faisait la cueillette. On nous a affirmé que cette prétendue nou- veauté n’est autre (|ue le Pois d’Auvergne, bonne es}»èce, mais connue depuis longtenijis. A la séance, M. Pail lieux, présentait des fruits et des graines naturelles, ainsi ipie d’au- tres, torréfiées et moulues, de VAstragalus hœticus, iilante qui, assui*e-t-on, est, de toutes les succédanées du café connues, la meilleure. C’est à (îssayer. Nous y reviendrons. ARBRES FRUITIERS ventif, à peu prés le seul du reste, qu’il con- vient de pratiquer. En effet, la cloque étant la conséquence d'une perturbation organique, quand celle-ci est déclarée elle suit son^cours, et c’est à peine si on peut l’arrêter ou en atté- nuer les effets. Mais comme il est souvent difficile et même parfois impossible d’abriter les arbres, il faut recourir à d’autres moyens. Un des meilleurs, croyons-nous, et qui à sa valeur intrinsèque joint l’avantage d’être à la portée (le tout le monde et de n’occasionner pour ainsi dire aucune dépense, est « le lait de chaux. » 'Fréquemment employé à Mon- treuil, il donne toujours de bons résultats. Cette année encore, partout où il a été pra- tiqué à temps, il n’y a pas eu de cloque, tan- dis qu’à côté les arbres qui n’ont pas été chaulés ont été tellement cloqués que non seulement les fruits sont tombés, mais que leur végétation est mauvaise. L’époque où il convient de projeter le lait de chaux sur les Pêchers est le printemps, quand la sève se met en mouvement et que les arbres vont bourgeonner ; le lait de chaux se projette sur les arbres à l’aide d’une se- ringue ou d’un balai, comme s’il s’agissait de détruire l’oïdium ou de s’opposer à une invasion cryptogarnique quelconque. Com- ment le lait de chaux agit-il comme préser- vatif de la cloque? Nous ne pourrions le dire. Mais ce que nous sommes en mesure d’affir- m T, c’est qu’il agit efficacement. i^UERCUS STRICTA DUMOSA. 27C) Y aurait-il avantage à mélanger au lait de chaux de la fleur de soufre et d’en faire l’équivalent'du procédé Grison, jadis recom- mandé et employé avec succès contre l’oïdium et le blanc des Rosiers? » Pourrait-on em- ployer ce mélange comme un moyen préser- vatif et môme curatif contre la tavelure des fruits? Nous inclinons presque pour l’affir- mative. Dans tous les cas, cet emploi no pouvant être nuisible, au contraire, nous conseillons de l’essayer. Un Montreuillois. QÜERGUS STRIGTA DUMOSA L’observation attentive des faits vient sou- vent modifier l’opinion qu’on s’était d’abord formée de ceux-ci, surtout en ce qui con- cerne leur origine, quand cette origine n’était pas connue. L’idée que l’on avait — et qu’un grand nombre de personnes ont encore — que dans les végétaux les variétés ne peuvent provenir que de grai- nes, conduisait tout naturellement à re- chercher dans ce sens l’origine des plantes. Aujourd’hui que l’on sait que toutes les parties d’un végétal peuvent dévier et revêtir des caractè- res tout autres que ceux que possède la plante sur laquelle elles se sont mon- trées, l’opinion com- mence à se modifier à cet égard; et com- me d’une autre part aussi toutes les par- ticularités qu’on nom- me anomalies, acci- dents, etc., peuvent se fixer et devenir permanentes, il s’en suit que si, dès leur apparition, on n’a pas consigné leur origine, elles sont là comme isolées, comme des jalons épars d’un plan dont toutes les lignes auraient été effacées. Ces faits constituent des sortes d’énigmes sur lesquelles la sagacité s’exerce souvent au détriment de la vérité. A quoi donc sont dues CCS anomalies qu’on nomme accidents, jeux, monstruosités, etc., et que nous nous appelons tout simplement dimorphismes? Nous pourrions ci- ter de nomlireux exemples de ces ap- paritions subites dans le port des plantes, leur végétation , la forme, la nature et la couleur soit des feuil- les, soit des fleurs, soit des fruits. Il n’est pas rare non plus que ces productions aient un tempérament diffé- rent de celui que pré- sentent les individus sur lesquels ils se dé- veloppent. Un exemple des plus curieux des faits dont nous parlons est celui que représente la figure 63, qui s’est produit dans le bois deVincennes, près de la demi-lune, à Saint- Mandé, tout à fait à l’extrémité d’un Chê- ne déjà âgé. Ses ca- ractères généraux sont les suivants : Arbuste très-buis- sonneux^ diffus, com- pact, à branches rap- prochées , grosses , strictement dressées, fastigiées. Ramilles et ramifies nombreux, également dressés. Ecorce des rameaux vert olivâtre, lisse, luisante. Feuilles grandes, marcescentes, épaisses, les principales lar- gement lyrées ou à peine lobées, élargies vers le sommet, à lobes arrondis, rappelant Fig. 63. — Dimorphisme produit par un Chêne , commun. 277 COliUESl’ONDANGE. — LE JAUDIN un peu colles de certaines espèces améri- caines. Peliolo court ou presque nul, très- large ; nervure médiane très-forte, roux brunâtre. L’arbre sur lequel s’est montré le phéno- mène en question n’a pour ainsi dire rien de commun avec ce phénomène, qui du reste s’est montré alors que l’arbre avait ])lusde vingt-cinq ans et était haut d’environ 7 mètres. Son port est élancé, et ses bran- ches longuement étalées portent des feuilles petites, minces, très-profondément et étroi- tement dentées - lobées, à lobes arrondis. L’écorce des rameaux, au lieu d’être vert olivâtre, luisante, comme celle du dimor- phisme, est gris cendré et comme légère- ment pubescente. A quoi peut-on attribuer ce nouveau fait d’bétéromorphie ? Puisqu’il est complète- ment impossible de le dire, bornons-nous à le constater et à en tirer des conséquences qui, appliquées à d’autres, poui’raient peut- être les expliquer. Par exemple, ne pour- i‘ait-il se faire que ce soit un fait semblable ET L’AOUAIUUM du TROCADÉliO. qui, à une époque reculée, se soit montré sur un Peuplier noir ou sur une sorte ana- logue, et cjui ait donné naissance à ce qu’on nomme Peuplier d’Italie (Populus nigra fasiigiata des botanistes), dont on ignore l’origine véritable? Supposons en effet que, au lieu d’un Chêne, l’arbre qui a produit le dimorphisme dont nous parlons soit une espèce à bois tendre pouvant se multiplier facilement par boutures, dont on aurait né- gligé de constater l’origine, et (pie le pied mère vînt à disparaître. Alors on se trouve- rait absolument dans les mêmes conditions que celles dans lesquelles on se trouve rela- tivement au Peuplier d’Italie. Mais, quoi qu’il en soit, nous avons dans ce fait un nouvel exemple de ces formations spontanées qui montrent comment dans cer- tains cas ce qu’on nomme une espèce peut se. produire. Ici, en effet, port, végétation, nature, feuilles, rusticité, époque de foliai- son, en un mot tout dilfère entre la mère et l’enfant. Pourquoi ? E. A. Carrière. CORRESPONDANCE Al. A. M. (Seiiui-ct-Oise). — Vous trouverez (les sujets de Rosier Manetti à Angei's, chez M. A. Leroy et cliez j\L Louis Leroy, au Graud- Jardiu, et route d’Olivet, à Orléans, chez MM. Trausoii frères. — M. G. A. (Dordogne). — Je ne connais aucun travail tout à fait s]»écial pour les arbres fruitiers « cultivés en pots. » Ce mode de cul- ture s’exerce toujours simultanément avec celui des arbres cultivés en ideine terre. De tous les LE JARDIN ET L’AQG L’emplacement où s’élèvent aujourd’hui le palais et les jardins du Trocadéro faisait partie, au VIE siècle, du village de Nigéon (Nimio), dont le territoire, occupé par la forêt de Rouvret (le bois de Boulogne ac- tuel), s’étendait depuis l’ancien Paris, en passant par dessus le Trocadéro et lePoint- du-Jour jusqu’à Boulogne. Cet emplacement du Trocadéro, situé sur le territoire de Passy-Chaillot, a été occupé jusqu’à la fm du siècle dernier par le cou- vent de la Visitation, où, parmi les célébrités qui s’y étaient retirées, ont figuré la fille d’Henri IV, veuve de Charles et de la Vallière. Louis XIV, assure-t-on, serait ouvrages sur la culture (Les arlua'.s IVuiliei's publiés eu français, un des plus conq)lels, et dans lequel aussi on trouve le })lus de détails sur la culture des arbres fruitiers (Ui pots, est celui de M. Pynaert, édité par M. G. Masson, jdace de l’Ecole-de-âlédecine, à Paris. La Bevue horticole î)ublie aussi de temps à autre des ar- ticles sur ce sujet. Vous en trouverez notam- ment dans le volume de 1870, p|). 128, 228, 291,411. RIUM DU TROCADÉRO venu un jour en personne y réclamer sa maîtresse, et comme la supérieure refusait de le laisser entrer, il conçut un instant l'idée de faire incendier le couvent, qui a été plus tard supprimé, à l’époque de la Ré- volution, vendu comme propriété nationale, puis démoli quelque temps après. * - En 1824, le duc d’Angoulême ayant pris la redoute du Trocadéro en Espagne, voulut, pour perpétuer le souvenir de ce fait d’armes, bâtir une caserne sur cet emplacement, qui offre de ses hauteurs un si beau panorama sur la Seine et la rive gauche de Paris. Cette caserne ne fut pas construite ; mais le nom de Trocadéro resta depuis cette époque à 278 LE JARDIN ET L’AQUARIUM DU TROCADÉRO. la montagne, véritable repaire de voleurs jusqu’au moment de sa première transfor- mation en l86G,et où la police a fait maintes fois d’importantes razzias de vauriens qui trouvaient refuge dans les cavités abandon- nées de cette montagne. En 186G, on rasa les principales buttes et monticules, en jetant la terre au fond des catacombes à travers des trous qui avaient été creusés sur plusieurs points de la pente de cette montagne. Dans un massif du jardin actuel, à côté de l’escalier de droite qui con- duit à la rotonde du palais, on voit 'encore un de ces puits, large d’une vingtaine de mètres et recouvert d’un grillage, et au fond duquel aboutissent plusieurs galeries don- nant accès dans les catacombes situées sous les jardins du Trocadérô, et dans lesquelles on peut descendre, moyennant une permis- sion spéciale, par un escalier en spirale qui se trouve à côté du puits en question. Une partie des terres provenant du déblaiement des buttes du Trocadéro fut aussi trans- portée au moyen d’un chemin de fer incliné traversant le pont d’Iéna, et allant par la seule poussée des wagons porter les terres au Champ -de- Mars, pour en exhausser certaines parties et approprier le terrain du parc paysager qui fut construit pour l’Expo- sition universelle de 18G7. Le Trocadéro fut alors nivelé en pente douce vers les quais de la Seine, séparé au milieu par un. large escalier légèrement in- cliné, d’où l’on pouvait descendre la mon- tagne des hauteurs de Passy, pour se diriger vers le Champ-de-Mars par le pont d’Iéna. Les parties de droite et de gauche, égale- ment disposées en pente douce inclinée vers la Seine, furent disposées en parterres français, avec des plates-bandes richement fleuries et de grandes surfaces gazonnées au milieu pendant toute la durée de l’Exposi- tion universelle de 18G7 et années suivantes. En 1877, ces parterres « à la française » furent de nouveau bouleversés pour la cons- truction du palais actuel, et pour y créer le par-c paysager qui était parsemé de construc- tions de tous les pays qui avaient pris part à l’Exposition universelle de 1878, et dont les principales étaient la ferme et \e jardin japonais, la maison égyptienne de Vépoque pharaonique^ le châlet de V administra- tion des forêts, V exposition algérienne, le châlet chinois, les bazars tunisiens, etc., et çà et là par de belles serres remplies de plantes tropicales. Toutes ces choses ont disparu aussitôt après la fermeture de l’Ex- position de 1878, et depuis lors les jardins du Trocadéro ont encore subi d’importantes et heureuses transformations, qui en ont fait le plus beau parc de Paris, sinon par la grandeur, du moins par les nombreuses collections de végétaux d’ornement qui y ont été plantés en pleine terre, soit à feuilles persistantes, soit à feuilles caduques, et qui témoignent de l’importance des collections renfermées aujourd’hui dans les pépinières municipales. De tous ces bâtiments qui ornaient les quatre parties du parc du Trocadéro pen- dant la dernière Exposition universelle, no- tamment dans les deux situées le long de la Seine, le grand palais des fêtes et la cascade, ainsi que l’aquarium souterrain qui se trouve à côté, ont été seuls conservés. Les jardins actuels, d’une superficie de près de dix hectares sont, comme pendant l’Ex- position, divisés en quatre parties qui sont séparées de haut en bas par la cascade et un grand tapis vert qui lui fait suite et entouré de] plates-bandes de fleurs plantées de dis- tance en distance de Magnolia grandiflora et Lilas alternés, jusque sur le quai, en face du pont d’Iéna. Le boulevard Delessert prolongé divise également le jardin du Trocadéro par le tra- vers de la pente, et passe en bas de la cas- cade pour la circuiation des voitures et des tramways. D’autres allées du parc sont éga- lement carrossables. Pour les piétons, ces jardins sont encore accessibles par les deux portes d’entrée qui se trouvent sous le palais du Trocadéro, ainsi que par les quais, les rues Lenôtre et Magdebourg. Le parc du Trocadéro est livré au public depuis la fin de l’été 1880. Contrairement à ce qui a lieu dans les autres squares de Paris, dont l’entrée est interdite à certaines heures et fermée la nuit, il n’y a point ici d’obstacles : l’entrée est absolument libre partout, aussi bien la nuit que le jour, et les nouveaux jardins ne sont entourés par au-^ cune grille, pas même de ces bordures en ar- ceaux de fer rustique regardées comme in- dispensables, et que l’on voit partout dans les promenades de Paris. Les gazons, ici, viennent affleurer les bords des routes, des allées, des chemins et des sentiers, et cepen- dant on ne constate aucune dégradation sur les bords de ces gazons, tant il est vrai 279 LE JAUDIN ET L’AUUARIUM DU TROCADÉUO. qu’une cliose qui n’est pas défendue n’at- tire pas l’attention du public. Les enrochements placés contre la butte de Passy, à travers lesquels des sentiers rustiques et tortueux et des escaliers ont été ménagés, sont bien posés et ne laissent pas voir la main de l’ouvrier. L’intérieur de l’aquarium et les rocailles qui bordent les ruisseaux à l’extérieur imitent également bien la nature. Les bois rustiques, imités en ciment, sont bien réussis et forment des bancs pour s’asseoir dans le jardin, des es- caliers et des passerelles dans les rocail- les, etc. Dans l’aquarium, les glaces sont également entourées de bois rustiques imités en ciment, et produisent un très -bel effet. Au sommet des enrochements situés contre la butte de Passy, des sentiers et des reposoirs ont été soigneusement ménagés, d’où l’on jouit d’un point de vue magnifique sur toute la surface du jardin, d’une partie de la Seine, et va se perdre dans l’intérieur de Paris. Un rocher, construit àja partie supérieure de la montagne, dans une espèce de gorge située entre des enrochements et l’aile gauche du palais, laisse s’échapper une belle cascade d’eau dans un bassin d’où part un ruisseau qui serpente dans la pelouse très-inclinée en cet endroit, et laissant tom- ber ses eaux en cascadelles sur un fond ro- cailleux, graveleux et garni de petits îlots de plantes aquatiques telles que Roseaux, Mas- settes, Cresson, Joncs, Thalia, Arums, etc., et dont les eaux vont former une petite pièce d’eau au milieu de la pelouse, pour s’échap- per ensuite dans un égout. Dans l’autre partie du jardin se trouve aussi une petite rivière prenant sa source dans une tête de roche placée au sommet de la pente et tombant en cascadelles à tra- vers la pelouse inclinée, pour venir alimenter l’aquarium d’eau douce, dont la partie supé- rieure, à ciel ouvert, comprend un grand nombre d’espèces et variétés de^yégétaux à feuilles persistantes et d’autres à feuilles caduques, de façon à obtenir, même pendant l’hiver, un ensemble aussi garni de verdure que possible. D’importantes plantations ont été faites dans le parc du Trocadéro depuis la ferme- ture de l’Exposition universelle de 1878. Plus de huit cents gros arbres y ont été plantés au chariot; le boulevard qui traverse le parc est planté de Marronniers. Parmi les arbres qui sont isolés sur les pelouses ou plantés en massifs, nous citerons : les Catalpa, Ormes, Tilleuls, Érables, Acer, Robinia, Mûrier à papier. Sorbiers, Frênes, Ailante, Saules, Bouleaux, Merisiers, Gle- ditschia, Pavia, Aulnes, Noyer à feuilles laciniées. Peupliers d’Italie, Peupliers de la Caroline et même des Peupliers suisses portant des guis, qui sont toujours d’une belle verdure. Les bords et l’intérieur des massifs ont été plantés d’arbrisseaux et d’arbustes très- variés ; parmi ceux à feuilles caduques, on remarque les Sureaux, Faux-Ébénier, les Spirœa, les Lilas, les Ribes, Hibiscus sy- riacus, Weigelas, Jasmins nudiftores. Cor- nouillers sanguins, Épine-Vinette, Sumac, Hippophae, Forsythia, Genista, Calycan- thus. Épines ou Aubépines à Heurs roses, à fleurs coccinées, etc., entremêlés d’arbris- seaux et d’arbustes à feuilles persistantes tels que : Ligustrum. japonicum et Maho- nias divers, des Lauriers-tin, amande, sauce et cerise, etc., Daphnés, Buissons ardents, Eleagnus, de nombreuses variétés et de belles collections d'Evonymus, de Buis et de Houx à feuilles vertes et à feuilles pana- chées, qui maintiennent une belle verdure dans ces jardins pendant tout l’hiver. Parmi les arbres et arbrisseaux isolés sur les pelouses, on remarque surtout une belle collection de Conifères tels que : Cèdres de l’Atlas et du Liban ; le Cèdre Déodora, les Pinus laricio et sylvestris; Taxus baccata, Thuiopsis borealis et Standishi ; Thuia gigantea, compacta et compacta à feuilles panachées ; Wellingtonia gigantea, etc., Ju- niperus chinensis et virginiana ; Chayna> cy paris pisifera; Abies Gregoriana, etc. Les plantes isolées sur les pelouses et le bord des ruisseaux sont : les Bambusa aurea et Metaké, quelques touffes de Bam- bous nains à feuilles panachées ; diverses espèces de Yucca, Pivoines en arbre; Gyné- rium argenteum. Çà et là des emplacements ont été conservés pour y placer les plantes tropicales à feuillage ornemental pendant la belle saison, et qui sont pendant l’hiver re- misées dans les serres de la Muette. Les plantes grimpantes attachées au pied de gros arbres sont des Chèvrefeuilles à feuilles persistantes et autres ; des Cléma- tites, des Vignes vierges, Periploca grœca, Dignonia radicans, Jasminium nudiflo- rum et officinale ; Lierres à feuilles ver- tes et à feuilles panachées, etc. Certains 280 l‘L\NTES NOUVELLES, IVIÉKITANTES OU l'AS ASSEZ CONNUES. massifs, du côté des enrochements de la butte de Passy, sont bordés de Fusains nains et à petites feuilles simulant d’élégan- tes bordures de Buis. Les fleurs printanières, telles que Pensées, Pâquerettes, Giroflées jaunes, etc., viennent en premier lieu garnir les corbeilles dispo- sées sur les pelouses. On y voit aussi de belles corbeilles de Rosiers du Bengale et, parmi les massifs, diverses espèces de Ro- siers cultivés en buissons. Des massifs de terre de bruyère près de Faquarium ont été plantés en Rhododen- drons, Berberis, Kalmias, Azalées, Horten- sias, etc. L’aquarium, dont les bassins sont à ciel ouvert et presque à fleur de terre, a été entouré d’une petite grille en fer rusti- que peu apparente et presque entièrement dissimulée sous les feuillages, pour- éviter tout danger et mettre le public en garde contre tout accident. On peut néanmoins traverser, à l’extérieur, au moyen de passe- relles et d’un sentier qui aboutit à un îlot où se trouve un pavillon entouré d’une vé- gétation variée, de toutes espèces et variétés de plantes à feuilles persistantes vertes ou panachées, qui font de cet îlot un des endroits les plus charmants du jardin pendant l’hiver, et qui est bien plus beau encore en été, époque où les arbres et arbustes à feuilles caduques sont revêtus de leur feuillage. Le sentier qui traverse ainsi l’aquarium à la partie supérieure est fermé à l’entrée et à la sortie de la grille par une petite porte que le public peut ouvrir et fermer à volonté, et dont le but a été seulement d’indiquer le danger qu’il y aurait à circuler sur le bord des bassins de l’aquarium, qui sont pro- fonds de plusieurs mètres. Les bords exté- rieurs des bassins dans lesquels se trouvent les poissons, ainsi que l’entrée et la sortie de l’aquarium, sont recouverts de plantes rampantes parmi lesquelles de nombreuses espèces et variétés de Lierres, de Chèvre- feuilles, de Fusains, etc. Un grand nombre de plantes d’ornement sont nichées dans le.s rocailles et les garnissent de verdure, no- tamment des Fougères, Garex, Pervenches, (Thllets, Bambous, \v\?,^Farfucjium grande ; il s’y trouve même plusieurs touffes de Cen- taurea gymnocarpa qui ont passé l’hiver à l’air libre et résisté à 15 degrés de froid, et à tout un long mois de frimas pendant le- quel la terre était entièrement couverte de neige. Les galeries de l’aquarium sont souter- raines et en forme d’un grand fer à cheval, avec une entrée et une sortie sur le boule- vard qui traverse le jardin ; on y descend et on en sort par deux escaliers rustiques creusés dans la terre à travers des enro- chements disposés en ravins et garnis de plantes et d’arbustes variés. A droite et à gauche, à l’intérieur de Faquarium, sont disposés un grand nombre de compartiments remplis d’eau, vitrés à l’intérieur de Faqua- rium par de grandes glaces en verre clair qui permettent de voir les poissons, et dont une étiquette indique l’espèce : brochets, carpes, anguilles, perches, gardons, tan- ches, brèmes, goujons, poissons rou- ges, etc., et une grande quantité de sau- mons d’eau douce nés dans Faquarium. On y voit encore d’autres espèces telles que : vérons, silures, orfs, chevannes, lam- proies, ablettes, nases, lottes, feras, truites communes et saumonnées, ombres, roten- gles, etc., ce qui ajoute à l’ensemble et le complète : le royaume de Neptune uni à celui de Flore. G. Delchevalerie. PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Phalœnopsis equestris (P. rosea). — Plante ramifiée, à feuilles étroites. Fleurs petites, blanc légèrement carné. Labelle rose foncé. Originaire des Philippines. Rare. Nous l’avons vue en fleurs chez M. Luddemann, horticulteur, 20, boulevard d’Italie. Tillandsia Lindeni flore pleno. — Port, végétation et faciès semblables à ceux du type, dont la plante ne diffère guère que par des fleurs qui parfois présentent au centre des rudiments plus ou moins développés de pétales, plus rarement plusieurs de ceux-ci bien développés. Plante inconstante, vigou- reuse, floribonde. Fleurs grandes, d’un très-beau bleu, comme le type. Irap. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE La comète et les chaleurs du mois de juillet. — Cisèlemeiit des Raisins. — Travail de M. Paul Oliver sur la tavelure des fruits. — Nouvelle Balsamine découverte à Madagascar par M. Ilumblot; ce qu’en dit M. le docteur Bâillon. — Variations du Rnsa polyantha ; variété obtenue par M. Guillot. — Nouvelles Roses obtenues par M. Guillot, par M. J. Scbawrtz, par M. Bertbier et par M. Bernaix, — Comment on peut utiliser les Salades qui montent; Salades-Asperges. — Destruction de Toïdium par le polysulfnre Grisou; préparation de ce produit indiquée par M. Verdier. — Trempage des graines avant le semis; durée de l’immersion des graines de Musa ensele ; note de M. le baron de Saizieux. — La greffe des Pommes de terre ; expériences entreprise.s par la Société d’horticulture de la Côte-d’Or. — Le Mildew en Algérie. — Intluence des verres colorés sur la végétation des arbres fruitiers ; expériences de M. Chevalier, de Montreuil. — Soins à donner aux arbres à fruit pendant les grandes chaleurs. — Les expositions horticoles en Belgique. — Vente d’Orchidées en Belgique; établissement pour la vente des plantes. Est-ce à la comète qui vient de se mon- trer partout dans notre hémisphère que Von doit la chaleur et la température assez régu- lière, et presque toujours si considérable, dont nous jouissons depuis quelque temps, et ce voyageur chevelu présage-t-il une bonne récolte de vin, ainsi que tant de gens semblent le croire ? Sur ces diverses questions, il nous paraît prudent de ne pas se prononcer. Pour affirmer ce fait, l’opinion s’appuie surtout sur l’année 1811, où la récolte de vins fut non seulement abondante, mais de qualité tout à fait supérieure. Mais rien n’autorise à en conclure que la comète en ait été la cause; en effet, n’a-t-on pas vu des années où les récoltes étaient mé- diocres, mauvaises même, bien' qu’un de ces astres voyageurs se fût également mon- tré sur notre hémisphère? Quoi qu’il en soit, et quelle que soit aussi la part qu’ait eue la comète dans la chaleur excessive et tout à fait exceptionnelle du mois de juillet, nous croyons devoir consigner ici les plus hautes températures observées. C’est le lundi 4 et surtout mardi 5 juillet que le maximum d’intensité calorique s’est montré. Ainsi, à notre connaissance et suivant les lo- calités, aux environs de Paris, par exemple à Montreuil et dans quelques communes voi- sines, le thermomètre, de trois à cinq heures du soir, à l’ombre, a varié entre 36 et 42 de- grés ; on nous a même affirmé que dans quelques endroits il avait sensiblement dé- passé ce chiffre. Dans une lettre du 8 juillet que nous écrivait M. Viesener, professeur à Paris, il nous disait : <.( Chez moi, rue de Bagneux, à Fontenay- aux-Roses, le lundi 4 juillet, à cinq heures de l’après-midi, un thermomètre placé au soleil , près d’un mur, a marqué 65 degrés. » 1er AOUT 1881. On comprendra facilement, d’après une pareille chaleur, que tant de végétaux aient souffert et que beaucoup aient été brûlés ou que des fruits aient été « cuits, » comme l’on dit, ce qui est arrivé à Montreuil pour certaines espèces, notamment pour les Gro- seilliers. Serons-nous dédommagés par une bonne récolte de vin ? Comme quantité, on peut y croire, à en juger par l’extrême abon- dance de grappes dont sont chargées les Vignes ; comme qualité, l’avenir le dira. — Les bons résultats que produit le cisèlement des Raisins sont assez connus pour nous dispenser de rappeler ces choses ; mais ce qui est important, c’est d’insister sur l’opportunité de pratiquer cette opéra- tion. Pour cela, il ne faut pas attendre que les Raisins soient arrivés à leur grosseur normale]; mais, au contraire, on peut com- mencer quelques jours après la défloraison, quand les grains sont bien formés. On opère avec des ciseaux à lames très-longuement effilées et bien tranchantes, afin de ne pas blesser les tissus et de faire des plaies bien nettes. Il va de soi que l’on devra conserver les plus beaux grains et que l’on commen- cera par enlever tous les plus petits, de ma- nière que les grains restants ne se touchent pas. — A propos de la tavelure des Poiriers, nous lisons dans le Journal d’ Agriculture pratique, numéro du 7 juillet 1881, que cette altération des fruits est due à un Champignon nommé Fusicridium piry- nium, lequel, d’après l’auteur de l’article en question, M. Paul Oliver, n’attaquerait pas seulement les fruits, mais les feuilles et même les écorces des bourgeons. Pour s’en 15 282 CHRONIQUE HORTICOLE. débarrasser, M. Oliver conseille de badi- geonner les arbres avec une solution au sixième de sulfate de cuivre, et d’asperger les jeunes pousses avec cette même solu- tion, mais alors plus diluée. Il résulte d’expériences qu’il a faites qu’on pourrait aussi se servir d’eau à laquelle on aurait ajouté de l’acide sulfurique dans la proportion d’un vingtième, ou bien du sul- fate de fer. Nous croyons que toutes les substances corrosives, acides ou alcalines pourraient être employées au même usage ; inuis alors dans quelles proportions? C’est ce qu’il faudrait essayer. A ce sujet, nous rappelons que toujours, lorsqu’il s’agit de substances énergiques, il faut être très- prudent dans leur emploi ; qu’il vaut mieux pécher par le moins que par le trop, sauf à recommencer plusieurs fois l’opération, ce qui est toujours de beaucoup préférable. — La flore de Madagascar, si remar- quable én végétaux singuliers, vient encore de nous fournir une espèce qui paraît ap- pelée à entrer dans l’ornementation, et dont les caractères sont assez différents. C’est une Balsamine découverte par M. Humblot, que, pour cette raison, M. le professeur Bâillon a nommée Impatiens Humhlotiana. Voici ce qu’il en a dit dans le Bulletin de la So- ciété linnéenne de Paris (séance du 6 avril 1881) : Ce sera une charmante aoquisition pour nos serres chaudes. Ses tiges, grêles et fragiles, d’apparence vitreuse, sont glabres, ainsi que ses feuilles lancéolées, et ses fleurs, qui sont, dit-on, du pourpre le plus éclatant, présentent une forme qui n’est pas habituelle, même dans le genre, attendu que le limbe de la plus grande partie du périanthe, obtus, arrondi, peu étalé, prend un faible développement relativement à celui de l’éperon. Celui-ci a tout à fait la forme d’un ongle de grand félin, tel qu’un tigre ou une panthère. Il est arqué en corne un peu comprimée latéralement; mais au lieu de s’at- ténuer brusquement, il le fait graduellement, si bien que, redressé, il aurait tout à fait la forme d’un cône. Les organes sexuels sont bien ceux de la plupart des Balsamines. Le nectan’ que sécrète l’éperon que nous venons de dé- | crire sert, dit-on, de nourriture habituelle à un petit souimanga qui glisse dans la fleur, sans se poser, son bec long et ténu. Les feuilles, membraneuses et paucinervées, ont ceci de particulier que leurs bords portent chacun quatre ou cinq dents seulement, très-distantes les unes des autres, très-fines et saillantes, non rigides, et qui se détachent facilement de la feuille adulte. — Si, par les produits qu’elle a déjà don- nés et qu’elle donne encore tous les jours, une espèce infirme nettement et formelle- ment la théorie que les savants ont émise au sujet de la valeur de l’espèce et comme carac- térisant celle-ci, c’est certainement le Rosa I polyantha. En effet, non seulement elle a donné naissance à des enfants qui n’ont plus rien de commun avec elle : port, végé- tation, inflorescence, vigueur, etc., mais au- jourd’hui même il y a plus: la couleur rouge chez certaines variétés a remplacé la blanche. Aussi n’est-ce pas seulement l’espèce qui est ébranlée, mais la section, puisque, par leurs caractères si divers, les enfants rentrent au- jourd’hui dans diverses sections. Voici les caractères de Mignonnette, une des der- nières variétés obtenues parM. J. -B. Guillot fils, rosiériste à Lyon, et qu’il a présentée à l’Assosiation horticole lyonnaise le 19 juin 1881, où les caractères suivants ont été constatés : (( Rosier polyantha, ou multiflore nain, très-remontant : Petite Mignonnette. (( Cette superbe variété sera une vraie mi- niature comme Rosier à bordure et sera un digne pendant de sa sœur, la Rose Pâque- rette. ne craint pas les hivers rigou- reux. » Sera mise au commerce au mois de novembre 1881. — Les amateurs de Roses nouvelles peuvent se réjouir, car cette année encore celles-ci ne manqueront pas, du moins à en juger par les obtentions lyonnaises. Ainsi Lyon horticole nous apprend que M. J. -B. Guillot fils en mettra quatre au commerce cet automne prochain : Thé Étoile de Lyon; Thé Madame Cusin; \xx\c autre variété non encore nommée; un Rosier hybride. Ma- dame Marie Bianch i; enfin une nouvelle des plus intéressantes : Mignonnette, issue du Rosa polyantha, par conséquent une sœur de Ma Pâquerette, sur laquelle nous re- viendrons. M. J. Schawrtz, dont le nom est aussi avantageusement connu, mettra au com- merce deux variétées hybrides de Thés ; Camoens et Madame Jules Grévy. Deux autres horticulteurs, MM. Berthier, de Saint-Genis-Laval, et Alexandre Bernaix, montraient, le premier une Rose hybride CHRONIQUE HORTICOLE. 283 c( très-remontante » issue du Rosier Victor Verdier; le deuxième un Rosier Ile- Bourhon de semis; enfin veuve Rambault montrait aussi une très-belle va- riété hybride également issue de Victor Verdier. Toutes ces plantes, assure-t-on, sont de premier mérite. — On est dansl’babitude d’arracher et de jeter les Salades (Laitues romaines) qui montent. C’est un tort, surtout quand les légumes ne sont pas très-abondants. A ce sujet, nous rappelons que, dans certains pays, après avoir supprimé les feuilles, soit pour les faire cuire ou donner aux animaux, on enlève l’écorce des tiges, puis on fait cuire celles-ci, que l’on mange soit à la croque au sel, soit au jus, soit à la sauce blanche, ainsi qu’on le fait des Asperges. Nous rappelons aussi que les Romaines tout entières, à feuilles très-étroites, qui ne pomment pas, peuvent être utilisées de la même manière, surtout parce qu’elles ont beaucoup de cô- tes. Dans certaines parties du nord de l’Eu- rope, ces Laitues à feuilles étroites sont même cultivées pour cet usage, d’où le nom de Salades- Asperges sous lequel on les dé- signe. Si toujours, et ce même quand les produits alimentaires sont abondants, il ne faut pas les prodiguer, à plus forte raison là où ils sont rares. La vraie économie consiste à tirer parti de tout. Utiliser ce qu’on lais- sait perdre constitue un progrès. — Dans notre précédente chronique, en parlant de roïdium de la Vigne, nous engagions nos lecteurs à exercer une sur- veillance sévère sur la marche de cet en- nemi, qui déjà, sur différents points, est « entré dans la place; » nous ajoutions même qu’il est prudent d’agir préventive- ment et de s’opposer à l’apparition du mal, afin de n’avoir pas à le combattre. Aujour- d’hui, tout en renouvelant nos conseils, nous rappelons qu’un bon moyen de com- battre ce fléau est l’emploi de l’hydrosulfure ou polysulfure Grison, jadis tant préconisé et avec raison, actuellement presque aban- donné, bientôt même oublié. C’est à tort, se- lon nous, car, outre qu’il est peu dispendieux, d’un emploi facile, il donne de bons résul- tats, et quand il est appliqué à temps, à peu près toujours il produit de très-bons effets. Arrivé au moment où il convient de l’employer, nous croyons bon de dire quel- ques mots de sa composition, de sa prépa- ration et de son emploi. Voici : Prendre une marmite en fonte ou en terre vernie dans laquelle on met 250 grammes de Heur de soufi“e, et un volume égal de chaux fraîchement éteinte sur lequel on verse trois litres d’eau (on peut augmenter proportionnel- lement ces quantités); faire bouillir pendant environ dix minutes, en ayant soin de bien re- muer; puis on laisse éclaircir, et on tire à clair pour mettre et conserver en bouteilles (cette préparation se conserve pendant plusieurs années). L’emploi se fait en versant de cette espèce de barége dans de l’eau ordinaire, dans la propor- tion de 1 litre pour 100 litres; on remue bien cette eau, qui devient immédiatement verte, puis blanchâtre, et l’on en seringue les plantes attaquées du blanc, sorte de Champignon du genre Erisyphe. Il est bon d’opérer le soir, lorsque le soleil a cessé de frapper sur les végé- taux qui doivent subir cette opération, — très- douce, du reste, et qui ne peut jamais nuire, — ou le matin de bonne heure, avant que le soleil ne donne sur les plantes; mais je préfère le soir. Eug. Verdier. Nous ajoutons que, appliquées en temps opportun, deux ou trois aspersions de poly- sulfure suffisent pour combattre l’oïdium, et que, lancées avant son apparition, il est rare que le Champignon se montre, ce qui est encore préférable. Projeté sur des arbres fruitiers après leur floraison, le polysulfure en maintient la vigueur, tout en étant très- profitable aux fruits, qui alors sont préser- vés de la tavelure et des parasites, qui les déforment et en arrêtent la croissance. — R est hors de doute qu’en mettant quelque temps des graines dans de l’eau avant de les semer, on en distend les tissus, favorise et avance la germination; mais dans quelles limites, et combien de temps convient-il de les hisser dans le liquide ? C’est cette appréciation qui cons- titue la difficulté. En effet, ces choses sont relatives; la durée de temps est évidemment en rapport avec la nature des graines et leur état de siccité. Voici quelques lignes écrites à MM. Vilmorin et par M. le baron Ch. de Saizieux, de Montpellier, et qu’ils ont eu l’obligeance de nous communiquer, lesquelles montrent que, dans certains cas et pour certaines espèces, les limites d’im- mersion peuvent varier considérablement. Nous sommes d’autant plus satisfaits de 284 CHRONIQUE HORTICOLE. reproduire cet extrait qu’il se rapporte à une espèce précieuse dont les graines germent parfois difficilement et irrégulière- ment, au Musa ensete : (( J’ai réussi plusieurs fois le semis des graines de Musa ensete en les faisant tremper dans de l’eau pendant trois mois. Votre expérience ou celle de vos clients a-t-elle établi que cette longue immersion fût nécessaire à la réussite? » En ceci, et pour le cas surtout, nous ne pouvons rien affirmer, tout en reconnaissant que l’imbibition des graines en favorise la germination. Mais comme d’une autre part, une humidité trop prolongée peut aussi dé- truire les facultés germinatives des graines, il convient donc d’être très-prudent, d’éviter les excès surtout en plus, et qui, toujours, sont plus redoutables que les excès en moins. En général, l’immersion peut être d’autant plus longue que le testa des graines est plus dur ou plus corné. D’une autre part aussi, l’état plus ou moins complet de siccité des graines, la température du lieu, celle de l’eau dans laquelle on met tremper les graines, peuvent aussi déterminer de notables différences dans le temps néces- saire à leur imbibition. Dans toutes ces cir- constances, la pratique et l’observation sont souvent les meilleurs guides. — La question de la greffe des Pommes de terre, que l’on croyait « enterrée, y> sans pourtant avoir été résolue, vient de nou- veau d’être remise sur le tapis, ce que nous apprend le Bulletm de la Société d’horticul- ture delà Côte-d’Or (mars-avril 1884), où il est dit (( que M. Letroublon présente à la So- ciété plusieurs tubercules de Pomme de terre provenant du greffage de VEarly rose sur l’espèce dite printanière. Par la comparai- son avec des tubercules de ces deux der- nières espèces, on constate aisément des changements notables dans la forme et la coloration des produits provenant du gref- fage. » Nous apprenons avec plaisir que la question est reprise, et que désirant s’éclai- rer, la Société a nommé une commission chargée de faire des expériences sur ce sujet. La chose en vaut la peine, selon nous, car dans les divers rapports qui ont été faits sur ce sujet, on trouve du pour et du contre, mais rien de précis. Espérons que la Société d’horticulture de la Côte-d’Or fera mieux. — La Vigne qui, en Algérie, avait jusqu’ici joui d’une immunité à peu près complète en ce qui a rapport aux divers fléaux qui sé- vissent sur elle presque partout en Europe, vient d’y être frappée d’une maladie qui, sans être inconnue en France, n’y fait pour- tant pas de grands ravages. C’est le Mildew, parasite d’origine américaine, dit-on, assez analogue à VOidum Tuckeri (1), qui parfois fait sentir si cruellement son action destruc- tive en France. — Rien de tel que l’expérience pour ré- soudre les questions, et cela quelle que soit la chose dont il s’agisse. Les quelques faits suivants vont en fournir un nouvel exemple. Un arboriculteur de Montreuil dont le nom est bien connu, M. Chevalier aîné, dans le but de résoudre la question de l’in- fluence des verres colorés sur la végéta- tion, en mit de diverses couleurs sur des branches de Pêchers appartenant à diffé- rentes variétés. Aucun ne lui a donné de bons résultats ; ceux qui paraissent avoir été les moins mauvais sont ceux obtenus avec les verres colorés en jaune. Mais sous les au- tres verres colorés, outre que les fruits étaient plus petits, durcis et moins avan- cés, la végétation était aussi plus mau- vaise, et les bourgeons, plus maigres, mani- festaient un air de souffrance sensible. Le seul avantage des verres placés devant les arbres, c’est, quand il y a des fruits des- sous, de garantir ceux-ci contre les intem- péries et d’en empêcher la tavelure. De ceci il résulte que les verres de cou- leur, appliqués devant des branches d’ar- bres ou enveloppant des fruits, ne favorisent ni ceux-ci ni les parties des arbres devant lesquelles on les place, au contraire. En se- rait-il de même si, au lieu de n’en couvrir que certaines parties, les verres les envelop- paient entièrement et les garantissaient même de l’air, comme le ferait une serre? ou ne pourrait-il se faire que dans d’autres conditions ou sur d’autres espèces les choses se passassent différemment ? — Par la chaleur sénégalienne qu’il fait normalement depuis longtemps déjà, tous les arbres souffrent, plus ou moins; les fruits restent petits et durcissent; seuls, ceux qui sont cachés par les feuilles se dé- veloppent bien. Les Raisins, même, qui sont I (1) Voir Revue horticole, 1880, p. 131. LAITUE DE CRACOVIE. 285 frappés par le soleil deviennent bleuâtres et sont comme paralysés. Aussi ne doit-on pas palisser les arbres; au contraire, il faut évi- ter toute opération qui pourrait en arrêter la végétation. Dans certains cas même, on se trouvera bien de dépalisser les branches, r.fin de les laisser en liberté. Tous les végé- taux souffrent; la Vigne même, dans les terres faibles, fatigue, et pour peu que cela continue, la récolte serait compromise. Dans ces circonstances, de copieux bassinages donnés le soir surtout — mais jamais par le soleil — seraient très-avantageux. Tou- tefois, il faudrait éviter les arrosages de (( fond )) aux arbres qui souffrent beaucoup et sont très-chargés de fruits, dans la crainte de déterminer un surcroît de végétation qui, alors, pourrait faire tomber ceux-ci. — Les grandes expositions se succèdent en Belgique. Ainsi, après Gand, Liège, An- vers, puis Bruxelles, qui en aura deux : une de floricidture au mois d’août, à l’époque des fêtes nationales, au palais du Midi, puis une deuxième de pomologie et de culture maraîchère, qui se tiendra au mois d’octo- bre. Ces deux expositions se feront sous les auspices de la Société royale linnéenne de Bruxelles. — Un établissement pour la vente publi- que et à l'enchère paraît définitivement établi en Belgique, à Gand du moins, qui, au point LAITUE DI Dans une lettre qu’adressait récemment (17 juin 1881) M. Br. Ryx, professeur au musée de Cracovie, à MM. Vilmorin et Ci®, qui ont eu l’obligeance de nous en donner un extrait, ce savant disait : Cher Monsieur, Il m’est tombé ces jours-ci entre les mains votre beau catalogue général de graines ; mais parmi les nombreuses variétés de Laitue qui y sont nommées, jp n’en trouve pas une qui est toute spéciale à notre ville, et à laquelle nos savants botanistes ont donné le nom de L actii CCI C raco v iens is . La « Laitue de Cracovie » ou « Glonbik », comme on l’appelle ici vulgairement, est de temj)s immémorial cultivée par les maraîchers de notre ville. On en distingue trois variétés : très-hàtive, hâtive, et tardive ou d’hiver. Cette dernière est la plus estimée, parce qu’elle de vue horticole, est certainement l’une des premières villes de l’Europe. Ainsi, d’après une circulaire que nous avons reçue malheureusement trop tard pour pouvoir l’insérer à temps, nous voyons que le 13 juil- let 1881, à dix heures du matin et à deux heures et demie du soir, il y avait une vente (( publique et importante d’Orchidées. » Tous les lots étaient indiqués en tant qu’es- pèces, nombre et force des plantes, de manière que, en raison des besoins qu’on en a, chaque personne sait si elle doit oui ou non aller à la vente. D’après cette circu- laire, 630 lots devaient être vendus. De ce nombre, 10 seulement (les lots 111 à 120) étaient étrangers aux Orchidées : c’étaient des Anthurium Andreanum. Ghacun de ces 10 lots comprenait « trois plantes éta- blies. » La vente qui avait lieu était pour le compte de MM. Sander et G'®, à Saint-Al- bans, près Londres. On le voit, l’agence de vente à Gand n’est pas seulement pour la Belgique ; elle est à la disposition de toute personne qui désire s’en servir. Il y a là une très-heureuse innovation que nous sommes heureux de signaler, et qui ne peut qu’accroître encore le commerce de plantes, déjà si important en Belgique. Mais alors pourquoi ne fait-on pas de même en France, et pourquoi, ici encore, n’imite-t-on pas la Belgique? E.-A. G arrière. CRACOVIE offre des tiges des plus gj-osses, ressemblant beaucoup aux Asperges, et est aussi des plus appétissantes. Comme toutes les Laitues, celle de Craco- vie est une plante annuelle, })rospérant dans toute l)onne terre de jardin, et exigeant beau- coup d’eau et de fumier. Les dessins ci-joints me dispensent d’une description plus dé- taillée. Les feuilles de la Laitue de Cracovie ne sont pas mangées par les hommes ; mais elles cons- tituent un excellent fourrage pour les chevaux et les vaches, qui en sont très-friands. De cette manière, la Laitue de Cravovie n’est pas seule- ment une plante polagère, mais aussi four- ragère. Sa culture ne diffère en rien de celle des au- tres variétés de la même espèce. Les hâtives se sèment en place; tes tardives, pour bien réussir, doivent être repiquées. La récolte chez 286 VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). nous a lieu vers la fm du mois de mai et en juin, c’est-à-dire quand les tiges ont atteint la grosseui’ de belles As])erges. Débarrassées de leurs feuilles et lavées, les tiges sont vendues ici, à la balle, à raison de 15 à 20 kreuzers (30 à 45 centimes) la soixantaine. Il est des gens qui les mangent cuites comme des Asj)erges ou en confitures; mais pour la plupart on les con- somme crues et jiréparées comme les Corni- chons. Rien de plus simple que cette prépara- tion. Il suffit de les peler (la peau étant amère) et de les placer dans un grand pot ou cuve en bois dans laquelle on verse de l’eau tiède, en y ajou- tant un petit morceau de pain de seigle, du sel (15 grammes pour un litre d’eau) et un peu de tiges de fenouil fraîchement cueillies au jardin. Dans un milieu chaud (à 30 degrés cen- tigrades), la fermentation se fait remarquer en quelques heures et finit en vingt-quatre, après quoi les « Glonbiks, » acquièrent un goût lé- gèrement acidulé et un teint jaunâtre. On en fait ainsi préparer tous les trois jours, car au- trement ils se gâtent. A cause de leur bas prix, ils sont un mets favori du peuple de Gracovie, qui les mange avec plaisir en masse considéra- ble, surtout pendant les grandes chaleurs d’été. Dans le cas où vous seriez intéressé à connaî- tre de plus près la Laitue de Gracovie, je pour- rais vous fournir de plus amples informations et de la graine pour semence, qui est aussi à très bas-prix. Agréez, etc. Br. Ryx, Professeur au musée de Gracovie, rue Bracka. De ces détails, assurément très-intéres- sants, il ne faudrait pas conclure que la Lai- tue de Gracovie est d’une nature spéciale. MM. Vilmorin, dans les de.ssins en question, ont cru reconnaître une ancienne variété qu’ils ont abandonnée et qu’il avaient reçue d’Allemagne sous le nom commercial de Lac- tuca angustana ou « spargesata^ » c’est-à- dire Salo.de- Asperge. Au sujet de cette plante, MM. Vilmorin nous écrivaient : « C’é- tait une Laitue assez curieuse, en forme de Romaine, mais à feuilles étroites, allongées et effilées, ne pommant pas et qui parais^ait n’être utilisable que par les cd^es des feuilles qui se mangeaient cuites à la façon des As- perges, soitau jus, soitàlasauce blanche. » Cette dernière {Lacluca angustana) est- elle la même que la « Laitue de Gracovie » dont a parlé M. le professeur Br. Ryx? C’est ce que nous saurons bientôt, MM. Vil- morin se proposant d’eclaircir cette question par la culture comparative et simultanée de ces deux plantes. En attendant, nous appelons l’attention de nos lecteurs sur les dilïerents emplois qu’on peut faire de certaines parties de Salades qu’on est dans l’habitude de jeter chez nous, qui, accommodées d’une manière particu- lière, pourraient entrer dans l’alimentation et augmenter nos ressources culinaires. E. A. Carrière. VOYAGE AU CAÜCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE) DE POPAYAN A PASTO, PAR LOS PUEBLOS (1) Bolivar est un peu plus considérable qu’Almagner, avec lequel pourtant il a de nombreux points de ressemblance ; j’y rencontrai plusieurs personnes très-atïàbles qui s’empressèrent de m’offrir leurs ser- vices. L’un d’eux même, Don Vidal Cornez Paz, voulut absolument m’accompagner le lendemain jusqu’au-delà des affreux har- riales (fondrières) qui se trouvent aux portes mêmes de la ville. Cinq mortelles heures de marche nous séparaient encore de San Lorenzo, petit village qu’on voit parfaitement de Bolivar, dont il ne paraît pas éloigné de plus d’une lieue. Le « rio San Bingo » et de grandes lomas désertes, complètement nues, nous conduisirent peu (1) Voir Revue horticole, 1881, pp. 58, 105, 266. à peu à l’horrible montée de San Lorenzo, où il nous fallait escalader une élévation de 500 mètres au moins dans un sentier qui ne vaut pas, tant s’en faut, une foule de montées d’escaliers de nos édifices publics. Du pueblito de San Lorenzo, le chemin, se dirigeant constamment au sud-ouest, s’en- gage dans des bois marécageux où le Ly- copode denticulé remplaçait toute autre Graminée sous bois, et faillit nous être fatal en nous inspirant une trop grande confiance sur la solidité du chemin. Nous n’avions pas fait 500 mètres que nos deux mules s’en- fonçaient jusqu’au ventre dans cette vase tenace d’où l’on se retire si difficilement ; fort heureusement que nous étions sur le bord supérieur du chemin, très-large en cet endroit, et que nous pûmes nous accrocher 287 VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). .aux branches d’arbres, échappant ainsi à tune situation critique. Nous passions dans un véritable dédale de chemins se croisant en tout sens, et nous n’avançâmes plus dé- sormais qu’avec une grande circonspection. Peu avant la fin du jour, je traversai le gué du « rio Matabiego, » au sommet duquel commence la grande forêt de « Ba- Iteros » dont le Chêne de Humboldt est une que la germination des graines de Vignes du Soudan est lente à s’elïectuer, et qu’elle est très- irrégulière ; que le nombre de pieds de ces plantes actuellement existantes en France est très -petit, en ad- mettant même qu’il n’y ait pas eu d’exagé- ration ni de répétition dans les divers récits qui ont été faits. Quant à nous, nous le répétons, nous ne connaissons aucun exemple de germination de Vignes du Soudan, et aucune de ces- graines que nous avons semées n’a jusqu’à présent donné signe de vie, cela quand un assez grand nombre d’espèces ou de variétés de Vitis vinifera que nous avions semées comparativement sont parfaitement ger- mées, et même depuis longtemps. E.-A. Carrière. LES CATALOGUES Henry Jacotot, horticulteur, 14, rue de Long- vie, à Dijon (Côte-d’Or). — Plantes nouvelles ou rares. Plantes de serre chaude; plantes de serre tempérée; plantes vivaces de plein air. Arbres et arbustes fruitiers, forestiers et d’ornement. Conifères, Rosiers; plantes de terre de bruyère. Magnolias, Azalées, Rododendrons, Kalmias, etc. — Oignons à fleurs, tubercules et rhizomes divers, tels que : Anémones, Re- noncules, etc. — Graminées ornementales. Pi- voines, Dahlias, etc., etc. — Krelage et fils, marchands grainiers horti- culfeurs à Harlem (Hollande), viennent de pu- blier pour 1881 le catalogue des plantes bulbeuses et tubéreuses qu’ils sont à même de fournir. Outre les collections de plantes courantes, telles que Jacinthes, Tulipes, Amaryllis, Lis, Fritil- laires. Narcisses, Glaïeuls, etc., qui sont des plus complètes, on trouve dans cet établissement, le premier du monde en son genre, à peu près toutes les espèces Je plantes tubéreuses à rhi- zomes qu’il est possible de se procurer, telles que Freesia(l), Hæmanthus, Lachenalia, Leon- tice, Littonia, Imantophyllum, Bravoa, Crocos- mia, Dodecatheon, Cyclamen, Calocorthus, etc. — Demander les catalogues. VANDA' CŒRULEA GRANDIFLORA Cette forme de Vanda, qui s’est trouvée dans un stock que M> Rougier avait reçu et qui contenait beaucoup d’autres espèces, diffère def type par son inflorescence plus forte et surtout par ses fleurs considérable- ment plus grandes, d’où le qualificatif gran- diflora. C’est donc une plante non seule- ment méritante, mais inédite ; ses princi- paux caractères sont les suivants : Plante vigoureuse, ramifiant facilement. Feuilles épaisses arquées, longues et étroi- tes, distiques comme chez toutes les autres (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 207. espèces du genre. Inflorescence longue et largement réfléchie. Fleurs excessivement grandes, très-longuement pédonculées, attei- gnant jusque 8 centimètres de diamètre, à divisions externes bleu mauve ou lilacé doux, les internes à peu près blanches. La- belle petit, d’un bleu indigo affaibli, prolongé en un très-long éperon de même couleur. Colonne courte, droite, blanche, légèrement colorée au sommet. Les fleurs sont d’une longue durée, et la floraison se prolonge aussi pendant très-longtemps. Pour donner une idée du mérite du IteuLLC. IIoHicoU. ^doLTiL. deL. hvuici Cacj-ulea Gr-andiflom. GhrorruihXdv. G- Severe ■iyns ‘■■-r' ■■ : r ' ' ' ■ 'A '■V r*/>. -vriiT Eï‘‘ 1*^- I CYPERUS LAXUS VAHIEGATA. — EXPOSITION D’HORTICULTÜRE A MULHOUSE. 291 Vanda cæridea grandiflora^ nous dirons, malgré que le sujet soit récemment arrivé en France et que sa hampe se soit 'dévelop- pée sur un bourj^eon latéral qui avait poussé au sommet par suite de la rupture de l’extré- mité de l’axe principal, que l’inflorescence, néanmoins, mesurait 28 centimètres de lon- gueur sur 15 environ de largeur, ce qui semble indiquer qu’une plante bien établie produirait, sinon des fleurs plus grandes, du moins des inflorescences plus fortes. Le y. cœrulea grandiflora vient du Khasya, dans les environs de Burmat. E. A. Carrière. CYPERUS LAXUS VARIEGATA Cette forme, très-jolie parmi les pana- chées et qui, en Angleterre, où elle est née, joue déjà un certain rôle au point de vue ornemental, présente par son origine un certain intérêt qui mérite de lixer l’attention des horticulteurs, mais surtout des physio- logistes, qui doivent s’attacher à l’origine des choses, laquelle, bien interprétée, devient la clé de voûte de l’édifice scientifique. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces considérations, que le fait suivant appuie et justifie, bien qu’il porte sur une pana- chure, car^ quoi qu’on en dise, on sait aujourd’hui que la panachuie est, comme tous les autres caractères des plantes, un fait de végétation. Or, voici l’histoire du Cyperus laxus variegata : Un jardinier de Londres, entrant un jour dans une maison de débit qu’on nomme « public house, d ayant remarqué sur un Cyperus laxus qui était placé sur un comptoir une branche à feuilles panachées, demanda à acheter la plante. Le propriétaire, voyant que l’acheteur tenait surtout à la branche jaune, la lui donna, et c’est de celte partie, qui fut bouturée et soignée, que pro- viennent les nombreux individus que l’on vend aujourd’hui. Les caractères généraux sont ceux du type ; ce qui distingue la variété dont nous parlons, ce sont les pana- chures. En voici une description. Plante caulescente, robuste, à feuilles persistantes, largement engainantes, plus ou moins bandelettées de jaune pâle ou blanchâtre. Hampe droite, grosse, raide, glabre, de 25-30 centimètres, terminée par une rosette de feuilles, de laquelle partent les inflorescences — ainsi, du reste, que cela a lieu chez tous les Cyperus — et font du tout un ensemble léger très-gracieux. Ce ne sont pas seulement les feuilles; toutes les parties prennent plus ou moins ce carac- tère. Mais il arrive parfois, ainsi que cela a lieu pour toutes les plantes panachées, que certaines parties reprennent la couleur verte. Il faut donc prendre pour multiplication les bourgeons dont la panachure est bien pro- noncée. Du reste, lorsque la plante revient au vert, elle n’est pas dépourvue de mérite et n’en constitue pas moins une sorte de petit buisson d’un assez joli effet orne- mental à feuilles persistantes. May. EXPOSITION D’HORTICULTURE A MULHOUSE « Qui paie ses dettes s’enrichit, » dit un proverbe. Est-ce pour amasser les trésors de Grésils que nos reporters horticoles viennent si fidèlement, quand ils ont banqueté au nom de Flore, payer par quelque rapport fleuri leur dette aux concours régionaux et aux truites d’Épinal ou d’ailleurs ? Je n’en sais rien ; mais je veux, à défaut de leur savoir et de leur talent, imiter envers la Société d’horticulture de Mulhouse l’empressement scrupuleux qu’ils mettent d’ordinaire à remercier leurs hôtes. En Alsace comme partout, les Roses vont vite, si vite qu’avec elles il faut payer comp- tant ; sinon le compliment n’est plus qu’une oraison funèbre. Le mien ressemble foi't à un bout de l’an, car c’est le 19 mai que MM. Wœhr- lin, président de la Société d’horticulture de Strasbourg ; Camille Schlumberger, président de celle de Colmar; Émile-Napoléon Baumann, pépiniériste à Bollviller ; Edouard Gast, fabri- cant à Issenheim; Isaac Kœchlin fils, à Willer; Léon Wetzel, à Sochaux ; Adolphe Weick, hor- ticulteur à Strasbourg, et moi, nous recevions de M. Jean Mieg-Kœchlin, maire de Mulhouse et président de la Société d’horticulture, le plus chaleureux accueil à l’entrée du jardin d’expo- sition. Un deuil nous faisait regretter l’absence du secrétaire général de la Société, remplacé par son collègue, M. Meyer. M. Wœhrlin fut choisi par nous, avant l’ouverture de la séance, comme président du jury. Aussitôt M. le Maire, qui avait tenu à mé- 292 EXPOSITION d’horticulture A MULHOUSE. nager ses elTets, souleva devant nous la por- tière d'entrée. Quelque blasés que nous fussions les uns et les autres sur des exhibitions semblables, celle- ci présentait un tableau si peu banal, une si heureuse disposition des lots, une si coquette nichée de fleurs sous les ombrages frais et silencieux, que nous fûmes de suite ravis et charmés. Je sais bien que c’est le premier devoir d’une exposition florale d’être fraîche ; elles le rem- plissent généralement quand le jury }>asse. Je sais qu’on a fait de magnifiques exj)ositions, d’énormes même. 11 y en a qui sont les mieux organisées du monde, et d’auti'es qui n’ont « ni queue ni tête. » On a eu le parc de Barillet- Deschamps, puis la cour du roi Pétaud. Mon excellent ami, M. Charles Joly, a raison de dire qu’on ne saurait accorder trop d’attention au cadre, lorsqu’on veut faire une bonne expo- sition de fleurs. Telle société choisit donc les quatre murs d’un préau ; les plantes y seront bien gardées, et telle autre la cour d’un tri- bunal, afin qu’elles soient mieux jugées, et puis, comme on possède tout auprès une char- mante promenade, on y met les machines à vapeur sous les arbres, pour qu’elles aient moins chaud. Ailleurs, on se figure que les œuvres d’art relèvent les plantes, et c’est dans un musée qu’on fait entrer le jury. Ces Messieurs circu- lent dans des galeries, le public au dos, les ex- posants dans la figure, un orchestre sur la tête, ou bien une machine à battre. On leur donne à juger des bordures. Ils opèiœnt à l’ombre d’un groupe, la Justice qui s’en retourne aux deux : ils aspirent à la suivre ; l’air est pou- dreux ; les feuillages sont poudreux. Il faut dé- cerner des prix à l’éclat, à la fraîcheur, à la nou- veauté, à la belle culture ; le jury en accorde à la poussière, aux chaises, aux arrosoirs, aux plantes grasses et à celle qui sue. Et voilà pourquoi nous nous arrêtions ravis à la porte de l’exposition alsacienne : pas de poussière, jias de soleil, })as de faïence ni de beaux-arts, pas de ta])isserie-culture, à peine un soupçon de matériel horticole ; pas de mu- sique, pas d’exposants, comme qui dirait une création spontanée sortie de terre avant le dé- luge des exposants et du public. Oui, pas de public; de l’air et de l’ombre; des fleurs, des fleurs etencoi'e des fleurs, dans un petit jardin bien fermé, à soi, c’est-à-dire à la Société, avec .sa maison, sa bibliothèque, son potager, ses serres et collections de fruits, la salle de réunion et de banquet, d’un banquet où les oies de Poméranie n’ont pas remplacé les poulardes du Mans, où les petits Pois se mangent toujours à la française. Sous les gi’ands arbres, au centre de l’expo- sition, s’élève un kiosque en bois rustique, tout ajouré; une lumière verte filtre du toit sur les Rhododendrons ; un promenoir renferme les nombreuses collections de Calcéolaires, Pélar- gonium zonale, Aralia, Yucca., et le concours de plantes à feuillage panaché. Les grandes baies laissent apercevoir, depuis le cœur de l’exposition jusqu'à l’allée de ceinture, un pano- rama de gazons fleuris, de dessous de bois avec groupes de Gunnera, de Yucca, de Fougères en arbi’e, })uis des tapis de Cinéraires à grandes fleurs, un kiosque de Roses, des rocailles gar- nies de plantes alpines, et tout au fond les concours d’Azalées, comme un foulard de Mulhouse aux mille couleurs. Une odeur de mousse et de Fraises signale discrètement la présence des cultures maraîchères, et se mêle au suave parfum des Azalea mollis. Dans le silence matinal (le jury se lève à neuf heures), on entend chanter un rossignol que ne trouble pas cette revanche des fleurs. J’ai tenu à décrire comme un parfait modèle le joli cadre des floralies de la Haute-Alsace ; il fait honneur au goût des organisateurs, et le jury en a remporté la plus agréable impression. Je me permettrai toutefois de recommander à nos collègues un perfectionnement qu’ils ont dû rêver déjà et qu’ils eussent réalisé, je n’en doute pas, sans les pertes que l’annexion a fait subir à la Société : c’est rétablissement d’une serre plus grande que celle actuellement en place, afin de pouvoir exposeï’ mieux et plus au large les plantes de serre chaude. Une serre d’exposition devrait être légèrement ombrée ; l’absence d’abri élève la tempéra t.urb au point de devenir insupportable aux visiteurs et sur- tout aux visiteuses. La serre de la Société con- tenait un des genres de })lantes qui plaît le plus aux femmes, et certainement un des plus beaux lots de l’ex])Osition, la collection de Caladium à feuilles colorées, présentée par un amateur, M. Fritz Kœchlin ; la bonne culture de ces plantes a valu une médaille de veianeil au jar- dinier, M. Joseph Unmüssig. La })résence des amateurs donne aux expo- sitions de Mulhouse un cachet intéressant. Si l’Alsace ne met }>as ou pre.sque pas de nou- veautés horticoles au commerce, du moins elle les recherche, ce qui est une façon d’encou- rager les producteurs. Des amateurs riches et intelligents tiennent à ce que leurs jardins soient au premier rang, comme leurs manufac- tures. On ne })eut eri'er longtemps dans Mul- house sans rencontrer la rue d’Altkirch, for- mée, à la mode anglaise, d’élégantes maisons de maître, chacune isolée dans un jardin planté^ de belles essences. Magnolia, Cryptomeria, Gingko, Paulownia ; le passant admire à son aise à travers les grilles, comme chez M. Vaucher par exem])le, des perspectives de pelouses bien peignées, ornées de Bananiers, de mosaïques, des vérandas garnies de fleurs. Le coteau qui EXPOSITION D HORTICULTURE A MULHOUSE. i293 (loiniiio la ville, et qu’on ai)pelle le vUjnohle, }K)rt(^ (jiiel([ues belles propriétés. C’est })Oiu' elnujiu' jardinier une lutte (raniour-pro})re, et on conçoit que cet entraînement ;q)porte aux années d’expositions un syigulier renlort. Aussi, malgré toute rinq)ortance et la beauté (les lots nombreux des liorticulteui's, M]\I. Hans, Strüb et .l.-J. Bartliel, J’ai pris plaisir à cons- tater cet amour des fleurs chez les maîti'es et ce z(’de uni à l’habileté chez leur jardinier. 11 faut bien le dire toutefois, ce ({ui marque les lots d’amateurs (je parle ici des amateurs moyens, et non de ceux ((ui ne consacrent pas toute leur existence et leur fortune à l’horti- culture), c’est, dis-je, de certaines imperfections, soit une cnltnre plus maigre, élancée et non tra})ue, moins ])artaite en tout cas que celle des horticulteurs de profession, une présen- tation moins convcte aussi. Les collections sont })arfois mélées d’éléments dis})arates comme gemv.s ou comme familles de plantes ; mais tous sont instructifs à examiner. L’intro- ducteur de variétés nouvelles en retrouve ({u’il n’a guère connues qu’à l’état de multiplica- tions. Il voit comment, si je puis dire ainsi, elles se coni])ortent dans le monde : « Il y a des choses, s’écrie un fantoche de Gavarni, qui sentent bon chez le parfumeur, et qui empes- tent chez les gens ! » Parfois c’est le contraire : l’horticulteur néglige à tort d’excellentes vieil- leries qui sont restées en « odeur de sainteté » dans quelques jardins, et (jui méritent d’être remises à la mode. Passons maintenant rapidement en revue les lots princi})ajax. Tandis que MM, J. -B. Strüb et J.-J. Barthel obtenaient un prix d’honneur chacun pour l’ensemble de ses apports, un objet d’art, prix de feu Weiss-Schlumberger, le regretté président de la Société, était décerné à M. Amédée Hans, dont l’exposition embras- sait plusieurs concours, notamment les Rho- dodendrons ; on remarquait parmi les siens les variétés Michaël Waseiu\ ^(onceau clair, et Puritij., blanc pur ; dans la collection de M. J.-J. Barthel, les variétés R. guttatiim., ponceau vif. Le prix de Rhododendrons, concours entre amateurs, a été gagné encore }>ar M. J. Un- müssig, un nom bien ])orté, et qu’on peut tra- duire en bon français })ar : qui ne se croise pas les bras. Les Azalées de l’Inde présentées par M. Strüb formaient la collection la plus nombreuse et dont les exemplaires étaient généralement les plus forts; j’ai admiré surtout les variétés Etoile de Gcmd, curieux effet de dichroïsme sur les mêmes rameaux; Auguste Defosse, fleurs gaufrées ; Princesse Alice, Alexandra, Duchesse Adélaïde de Xassau. La collection de M. Barthel renfermait des sujets plus })etits, mais bien tleuris, entre autres une jolie variété à feuilles panachées. L(î concoui-s des amateurs d’Azalées de l’Inde était satisfaisant. M. Dominique Barthel, jardinier chez M. Edouard Mieg, l’emportait sur ses concurrents })ai‘ une culture soignée (d un souci [)articulicr de la forme; c’est l’ab- sence de laill(‘ ({ui a fait placer au second rang le beau lot de M. Banmeyei*, jardinier de M. Jean Mieg-Kaaddin ; ses ([uarante variétés, [irésentées sous mu^ gracieuse tente, étai('nt néanmoins d’une bonne culture et d’un cboix parfait. Lejui'y, tout ébloui encore par les Azalées de l’Inde, n’a pas tardé ])Ourtant à subir b' charme des Azalées rustiques,/!, mollis, nudi- flora, etc., ex})osées par M. Amédée Hans. Inu- tile de rapj)orter les nombreux mérites de ces délicieux arbustes, trop peu répandus dans nos jardins. Le même horticulteur présentait aussi une intéressante collection d’espèces de terre de bruyère, les Kalmia, les Ledum, les An- dromeda. Les plantes alpines et les plantes vivaces jouissent à Mulhouse de queh{ue fa- veur. M. Hans en avait une collection bien fleurie : Cypripedium calceolus, C. spect(d)ile, Aira cespitosa variegata, Androsace corono- pifolia, Gentiana acaulis, Silene Caucasica, et les Primula cortusoides. Primevères rusticjues du Ja})on, dont Victor Lemoine, de Nancy, obtient chaque année plusieurs jolies variétés ; enfin les hlanclies i>otées de VEdelweis, le Leontopodium alpinum, obtenu par voie de semis. Parmi les nouveautés plus ou moins récentes, ce que M. Hans montrait de plus intéressant, c’est une excellente [liante de marché et de bordures ; je l’ai mise chez moi à une rude épreuve, celle du soleil de 1881, et j’en re- commande hardiment l’emjdoi : c’est un Myo- sotis, M. elegantissima ; ses fleurs bleues font un charmant contraste avec son feuillage net- tement [lanaché de blanc, qui ne craint ni l’air iii l’éclat du jour. La [dante est vigoureuse et forme ra[)idement en pleine terre de foi'tes touffes qui restent pendant toute la belle saison un objet décoratif. N’oublions pas deux genres qui nous réservent encore bien des sur[)riscs, les Goleiis et le Pélargonium peltatum. Dans ce dernier genre, la collection de M. Strüb ren- fermait ce qu’Orléans et Nancy ont fait de mieux jusqu’à jirésent. Bien que placées dans un obscur bâti et fanées par le vent, les [)lantes de serre chaude et les Amaryllis d(‘ M. J.-J. Barthel ont été récompensés à juste titre par une médaille de vermeil, et celles de M. Gh. Clausset, jardinier chez M. Jules Dollfus, [>ar une médaille d’argent. Passons au concours de [dantes à feuillage panaché. Il y a des personnes auxquelles cela fait dresser les cheveux sur la tête (de ceux ([ui en ont... des cheveux). Vous connaissez les rengaines habituelles sur la panachure à laquelle. 294 EXPOSITION d’horticulture A MULHOUSE. faute d’explication plausible, on a pris le parti de donner de vilains noms. Pour nous, nous dirons à ceux qui ne peuvent souffrir les plantes panachées : Que voulez-vous ? nous aimons le changement, la variété, les jeux de la couleur ; nous vivons par les yeux ; nous sommes tous plus ou moins barbouilleurs de quelque chose : les romanciers font de la pein- ture de genre, les gens de lettres de l’impres- sionnisme, les jardiniers du paysage; les actrices exposent; il en est même quelques-unes qui... posent. Les horticulteurs sèment des couleurs ; aussi est-ce en peintres, en confrères, que nous regardons ce que fabrique une éminente artiste, une maîtresse ès-arts, la mère des coloristes ; ses œuvres sont tantôt correctes, tantôt fantaisistes ; quoi qu’en disent les savants, elle fait des sauts ; elle se plaît même à sauter par dessus les bar- rières qu’ils ont établies : « Oui, dit la nature, je vois généralement vert; je fais des Bouleaux verts, des Chênes verts, des Érables verts, des prés verts, et cela depuis des milliers de siècles; mais je puis essayer autre chose, pour plaire aux jardiniers, aux paysagistes, aux artistes, et pour vexer les savants qui se figurent que je ne puis pas faire, si je veux, des arbres qui. seront de génération en génération, quoi qu’ils en disent, noirs, blancs, roses, jaunes, brouillés, rubanés, piquetés, fouettés, déchiquetés, la plupart vigoureux et bien venants. » M. Jules Dollfus est de ceux qui se plaisent à voir dans un salon, dans un jardin, au coin des bois, un buisson que l’automne a doré avant les autres, un groupe d'Acer negundo pareils, durant l’été, à des Pommiers en fleurs, un Dracæna tout en feu. Ces notes piquantes réveillent les autres; elles jettent comme une sonnerie de clairon dans le désert. Mais, je me hâte de le dire, c’est avec discernement, c’est avec un goût sûr que M. Dollfus choisit des effets décoratifs parmi les innomhrables feuillages panachés que l’horticulture nous pré- sente aujourd’hui. Je dois citer à ce propos, dans la riche col- lection de Liliacées si bien cultivées par M. Ha- herthûr, une jolie variation lignée de blanc du Yucca filamenlosa. Pour ne })as abuser de l’hospitalité de la Bevue horticole, je cours à la fin, en signalant d’autres collections spéciales : les Aralia de M. Ilans; ses Conifères, bien réellement culti- vés en panier ; les Calcéolaires et la mosaïque de M. Isaac Lantz (M. Alter, jardinier) ; les Giroflées cjuarantaines de M. Fritz Zuher (M. Muckenston, jardinier) ; celles de M. Ed. Mieg (M. D. Barthel, jardinier) ; ses Caladium et ses Cinéraires à grandes fleurs ; celles de M. Jules Dollfus (M. Clausset, jardinier) ; les Géranium zonale doubles de M. Édouard Schwartz (M. Lang, jardinier^ ; ceux à fleurs shnples de M. Strüb, ses Rosiers forcés et ceux de M. J. -J. Barthel; les magnifiques Asperges de M. Obrecht, à Horhurg ; les bouquets do M. Arnold ; les outils de M. OU, de Colmar; le kiosque de M. Fichter ; les Pensees de M. Meyer, de Thann. Un des meilleurs concours était celui des Fraises for^ies : c’est M. P. Schmitt, jardinier de M. Gustave Dollfus, qui a remporté le prix des amateui’s ; son magnifique lot té- moignait d’une culture remai'quable. Margue- rite Lebreton est toujours la reine des Fraises forcées. Les Fraises de la Société, cultivées par M. llaberthür, ont été plus appréciées encore peut-être... au dessert. Une médaille de vermeil a été gagnée haut la main par M. Jean Mader, jardinier de M. Albert Schlumberger. Ses légumes variés étaient au-dessus de tout éloge. Un aimable Badois, fabricant badin d’éti- quettes pour collection de fruits et jardins bo- taniques, mérite d’être signalé à la Société po- mologique ; je le l'ecommande aussi à M. Bu- chetet : ces plaquettes en fonte émaillée guérissent de la tavelure; elles dérident les Poires les plus nouées, qui s’en donnent des bosses; les Pommes d’Alsace et de Lorraine s’en tiennent les côtes. Aussi, après six heures d’un sérieux travail, le jury et la commission se sont sentis doucement soulagés et dératés en voyant le Beuiisé d’amanilis, le Diogéné d’hiver, le Bon Crétin Williams, et puis le Crotoneaster vulgaris. Quelques-uns d’entre nous furent saisis d’un doute en voyant l’étiquette qui dénomme ainsi, dans le jardin de la Société, un bel Abies cepha- lonica : Abies panachaica. Je ne sais si c’est un Badois; c’est en tout cas un Allemand, Heldreich, qui a gratifié de l’éjiithète réservée à Minerve et à Cérès ipana- chaios, vénéré de toute la Grèce), une espèce qui portait déjà d’autres noms : Abies Apol- linis, Cephalonica, qui est resté, Peloqjonne- siaca, Arcadica, Parnassica, Monte-Draco. Heldreich a regretté plus tard ce nom pédant ; il a tourné le dos à Minerve et à Gérés pour bap- tiser à neuf son Sapin : Abies Reginæ-Amaliæ. Ferai-je maintenant l’éloge de la Société hor- ticole de la Basse-Alsace? Il est tout fait. J’ai constaté qu’elle est unie et vivante, après avoir traversé une tourmente effroyable, oû elle a perdu un grand nombre de ses fondateurs, de ses bienfaiteurs. Elle se possède encore et a conservé son cachet alsacien, ce sympathique attrait qui fait qu’il n’est besoin d’aucun dis- cours pour se comprendre : il suffit d’une poi- gnée de main. Décidément le proverbe a du vrai : « Qui paie ses dettes s’enrichit. » Nous sommes revenus de Mulhouse plus riches d’ins- truction et plus riches de cœur. ' Émile Gallé, Secrétaire général de la Société d’horticulture de Nancy. PAVONIA MAKOYANA. — CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES POMMIERS MICROCARPES, 295 rAVONIA MAKOYANA Cette espèce, qui a été décrite par M. Ed. Morren dans la Belgique horticole, 1878, p. 59, et qui a été récemment {Bot. Magaz., t. 6427) nommée par M. J.-D. Hooker Gothea Makoyana, est originaire du Brésil ; elle a été figurée en noir dans la Revue de V horticulture belge et étrangère; d’après M. Morren, l. c. Voici ce qui en est dit : Cultivé en serre chaude, le P. Makoyana ou Gothea Makoyana forme un bel ar- buste ramifié dès la base, et ayant l’appa- rence d’un buisson de 1 mètre environ de hauteur; chaque rameau se termine par une belle grappe de fleurs roses, fort jolies. Elles durent très-longtemps et se suc- cèdent avec tant de profusion que l’arbuste semble être toujours en fleurs. Comme le Pavonia Viotti , introduit du Brésil en 1874 par le même établissement d’horticul- ture, le P. Makoyana a acquis droit de cité dans nos serres. Les feuilles de l’arbuste sont très-élégantes ; leur limbe ellipti jue est presque entier ou faiblement denté, ].en- ninervé, lisse sur les deux faces et mai qué d’une côte saillante rouge orangé sur la face interne, qui est criblée de petites ponc- tuations. Les fleurs, qui viennent au nombre de douze à vingt, en grappe terminale, sont fort gracieuses; le calicule a cinq folioles amples, profondément cordées, auriculées, lancéolées, un peu ondulées, égalant le calice, finement ciliées, réticulées, rose vif. Le calice est rose foncé assez terne ; il est, quinquépartite, fortement costé à la base, à divisions conniventes. Les pétales obovés, roses à la base, rouge noir sur la plus grande étendue, sont tordus ensemble en une corolle fermée qui dépasse un peu le calice et le calicule. Le tube staminal est longuement exserte (2 centimètres), à filaments nombreux, rose pâle, portant une anthère subpeltée, uniforme, qui produit un pollen à gros grains bleus. Les styles dépas- sent les étamines et sont d’un rose fort vif. Comme on le voit, le P. Makoyana est une espèce dont la floraison, aussi riche qu’abondante, justifie le succès. Elle se cul- tive très-bien en serre chaude ordinaire et dans le compost qu’on donne habituellement aux plantes exotiques. Guillon. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES POMMIERS MICROCARPES Nous appelons Pommiers microcarpes tous ceux dont la nature naine des arbres, et surtout celle des fruits, a fait désigner par les qualifications : Pommiers hacci- fères, Pommiers cerise, Pommiers à bou- quet, et même Pommiers cte la Chine. Toutes ces appellations donnent bien une idée de l’ensemble de ces arbres, mais ne les séparent pas d’une manière assez nette des autres sortes de Pommiers, c’est-à-dire •des (( Pommiers à couteau, » dont ils ont, du reste, tous les principaux caractères. Bien que d’une manière générale on puisse les distinguer, surtout pendant leur végétation, il est assez difficile d’en donner une classi- fication, ce que pourtant nous essaierons de faire dans un travail d’ensemble que nous publierons sur ces arbres qui, à peu près tous, sont d’un très-grand mérite orne- mental. Pour aujourd’hui, nous nous bor- nons à l’énoncé de quelques espèces. Toutefois, abordant une question de gé- néralité, nous disons : Y a-t-il entre les Pommiers et Poiriers cette limite absolue que certain professeur leur reconnaît ? Nous disons non. Les quelques caractères qu’on a dit être exclusivement propres aux uns se retrouvent toujours plus ou moins chez d’autres. Ainsi, par exemple, le pro- fesseur en question a affirmé que les an- thères rouges ne se rencontrent que chez les Poiriers, ce qui est inexact. Deux es- pèces, à notre connaissance, les Malus sem- pervirens (fig. 66) et coronaria, ont les étamines d’un rouge vineux, même très- foncé (1). On a également soutenu que les granules ou concrétions, vulgairement ap- pelés (( pierres, y> ne se rencontrent que chez les Poires, fait également contraire à la vérité : les fruits de ce même Malus sem- pervirens (fig. 70) en renferment très-sou- vent (2). Nous ne voyons guère de caractère organique vraiment différentiel entre les (1) V. Revue horticole, 1875, p. 103; 1876, p. 324; 1877, p 410. (2) Ibid., p. 410. 29G CONSIDÈHATIONS GÉNÉRALES SUR LES POMMIERS MICROCARPES. Poiriers et les Pommiers que la présence dans les Pommes d’un acide particulier qui, Fig. 64. — Malus microcarpa /îorihunda (A, fruit de grandeur naturelle). dit- on, n’existe jamais dans les Poires. Est-ce à dire qu’il ne s’y rencontre pas du moins chez certaines variétés, surtout lors- que ces fruits sont arrivés à un état par- ticulier de dévelop- pement? Nous n’ose- rions l’affirmer. On avait cru aussi — et beaucoup croient en- core — que seules les Poires blétissent ; c’es| aussi une er- reur; nous connais- sons un bon nombre de Pommes parmi les microcarpes qui pré- sentent ce caractère au plus haut degré, qui blétissent pres- que instantanément et sont même cadu- ques; tels senties ilia- lus florihunda (fig. ('di),torrmgo (fig. 65). Notons encore, comme particularités gé- nérales des Pommiers microcarpes, qu’ils blent les relier à différents groupes de l’or- dre des Pomacées, par exemple aux Cratæ- gus, aux Aria, aux Sorhus et même aux Pirus. Ainsi, le Ma- lus sempervirens a les feuilles (fig. 66) profondément et ir- régulièrement den- tées; le Malus Tor- ringo (lîg. 65) les a simples, lobées et même presque com- posées , rappelant celles des Cratœgus. Les fruits, de même que ceux du Malus florihunda (fig. 64), se liquéfient presque instantanément et rappellent par leur saveur ceux de cer- tains Sorbiers, d’É- pines ou même des Néfliers; les divi- sions calicinales sont tellement caduques que c’est à peine si on peut les observer, tandis que le M. micro- Fig. 66. — Rameau fructifère du Malus microcar2Ui sempervirens. 297 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES POMMIERS MICROCARPES. c(irpa craUvijina G7) a des fruits qui les divisions calicinales très -longues et per- rappellent ceux de certains Cratœgus et ont sistantes. Le nombre des loges est également Fig. 67. — Malus tnicrocarpa cratœrjina, de grandeur naturelle. variable, par exemple chez le il/, microcarpa Ringo (flg. 68) ; au lieu de 5, les fruits n’en ont régulièrement que 3 ou 4. Le M, microcarpa jma^cox a les fruits persis- tants ; ils se dessèchent sur l’arbre, et il n’est pas rare d’en trouver encore qui sont sur les branches depuis plusieurs mois, même un an, mais alors ridés et secs (tig. 69). Enfin, comme caractère intermé- Fig. 68. — Malus microcarpa Ringo, de grandeur naturelle. diaire exceptionnel, nous pouvons encore citer les concrétions des fruits du Malus sempervirens (fig. 70) qui, avec les an- thères rouges des fleurs, tendent à réunir les Pommiers aux Poiriers. Il ne faudrait pourtant pas, de ces quel- ques observations, conclure que nous vou- lons, à l’exemple de certains botanistes, réunir et confondre les Pommiers avec les Poiriers ou avec d’autres groupes de Poma- Fig. 70. — Coupe d'un fruit de Malus microcarpa sempervirens. cées ; non, au contraire ; au point de vue de la pratique, ce serait une grande faute dont 298 ROMAINE BALLON OU MONSTRUEUSE. les résultats seraient très-préjudiciables, en réunissant et confondant sous une même dénomination des plantes qui, comme cul- ture et même comme faciès, n’ont, pour ainsi dire, rien de commun. Aussi, et quoi qu’en disent certains bota- ROMAINE BALLON Il arrive fréquemment qu’une plante d’ornement, un arbre fruitier ou un légume, sont cultivés depuis longtemps dans un en- droit, et cela parfois très-avantageusement, sans que l’on cherche à en tirer les mêmes profits ailleurs. Pourquoi? C’est évidem- ment un fait dû à la routine, qui résulte de ce que chacun trouve bon ce qu’il a et s’en contente, sans chercher si d’autres — parfois même ses voisins — ne cultivent pas des variétés préférables à celles qu’il cultive. La variété de Romaine dont je vais parler ne serait-elle pas dans le même cas? Je le crois, car, sans être nouvelle, elle est depuis longtemps déjà cultivée dans la localité d’où on me l’a envoyée, cela sans qu’elle ait été répandue ailleurs, je le suppose. Du reste, à l’appui de cette hypothèse, voici qui pa- raît le prouver indubitablement. En 1876, à la suite des inondations qui eurent lieu, notre potager fut couvert par les eaux de la Seine pendant près d’un mois, lesquelles ne se retirèrent que vers le 15 avril, ne laissant aucune trace de vé- gétation, si ce n’est une planche de Violette de Pa'rme et les arbres fruitiers. Dans les jours qui suivirent ce désastre, un de mes amis, jardinier à Châtillon, vint me voir, et, après avoir vu notre détresse, m’envoya tout ce qu’il put en plants de ditférenls lé- gumes, parmi lesquels se trouvait une Ro- maine que soi-disant ils cultivaient, lui et plusieurs de ses collègues dans cette loca- lité, depuis quelque temps déjà, et qu’il me recommanda tout spécialement. En effet, dès les premiers moments de sa végétation, elle frappa mon attention par ses dispositions toutes particulières ; elle ne tarda pas à prendre d’énormes proportions, et finalement devint monstrueuse. Dans sa jeunesse, elle a la forme et l’aspect de la Romaine Alphange ; mais, en veillissant, ce caractère ne tarde pas à disparaître. Elle se coiffe parfaitement d’elle-même, sans nistes, les Pommiers constituent un groupe naturel qui, même à première vue, se dis- tingue de tous les autres groupes delà grande famille des Pomacées, ce que nous démon- trerons dans le travail que nous publierons sur ce sujet. E.-A^. Carrière, ou MONSTRUEUSE avoir besoin d’être liée, et sa pomme seule mesure souvent jusqu’à 60 centimètres de circonférence. Ses feuilles ont jusqu’à 25 cen- timètres de largeur, largement arrondies à l’extrémité, d’un vert blond, gaufrées, à nervures principales fortement saillantes, fermes et cassantes. Comme goût, pour sa- lade, elle est de première qualité. Plusieurs de mes amis, remarquant la su- périorité de cette Romaine, m’ont prié de leur en céder quelques graines, ce que je fis naturellement avec empressement. Aussi, depuis ce temps, ont-ils fait comme moi, aba adonné toutes celles qu’ils avaient cul- tivées jusque-là, pour ne faire exclusive- ment que celle-ci. J’ajouterai qu’elle monte bien plus difficilement que toutes les autres, et (|u’on peut l’avoir relativement bonne et belle jusqu’à la fin de l’été, avec des pommes partaitement formées et non tortillées, comme cela arrive généralement avec la plupart des variétés. A Châtillon et aux environs, on la dé- signe sous le nom de « Romaine ballon, » nom, du reste, parfaitement justifié par sa forme, qui rappelle également celle d’une crinoline. Je ne l’ai jamais vue nulle part, pas plus chez les maraîchers que chez les grainetiers de Paris, et la maison Vilmorin, justement connue pour les soins qu’elle apporte à ses collections de légumes, envoyait il y a quelque temps chez nous, pour la juger, M. Bricart, spécialiste des plus compétents, qui n’hésita pas à dire qu’elle manquait dans leur collection de Romaines, pourtant si nombreuse, et témoigna le désir de l’y introduire. Le seul défaut que je lui reconnais con- siste dans la difficulté d’en récolter des graines Ce défaut est-il dû au sol ou au climat de notre localité? Cela pourrait être possible, car elle monte et se développe bien, et fleurit abondamment; seulement, à un certain moment, les vers rongent près- CORRESPONDANCE. — INFLUENCE DE LA LUNE SUR LA VÉGÉTATION. 299 que toutes les graines avant qu’elles soient mûres. A part ce petit inconvénient, nous n’hésitons pas à la recommander aux ama- teurs de salade et à lui décerner le titre de reine des Romaines. Elle est excessivement rustique. Ainsi je sème ma première saison au commence- ment de novembre, et les plants sont re- piqués sous cloches ou sous châssis dès qu’ils ont deux feuilles, ainsi qu’on le fait généralement pour toutes les autres. Vers le mars, comme elle ne craint plus les froids de cette saison, les plants sont mis en place, à 45 ou 50 centimètres de dis- tance, dans une terre bien engraissée. Elle est de quelques jours plus tardive que la Romaine verte maraîchère; mais elle suc- cède facilement à la blonde d’hiver. Jusqu’à la fin de l’été, j’en fais successivement des semis qui me donnent des résultats bien supérieurs à tous ceux que j’obtenais avec les autres sortes de Romaines que j’avais cultivées jusqu’ici. Eug. Vallerand. CORRESPONDANCE No 4529 (Tarn-et-Garonne). — Créé par Her- bert aux dépens des Amaryllis, le genre Vallota ne contient guère qu’une espèce, \e\ . piuyiirea, Herb. {Amaryllis purpurca, Ait). Vos doutes relativement aux sortes grandiflora , major et minor sont donc justifiés. Il nous paraît douteux aussi qu’on ait jamais fait des semis de cette espèce, et nous inclinons fortement à croire que les quelques très-légères dilfé- rences qui se montrent parfois dans les fleurs, soit comme coloris, soit comme dimensions, sont dues à la bonne culture des plantes ou à la force des oignons, ou bien au milieu, c’est-à-dire aux conditions dans lesquelles les plantes ont été cultivées. Nous devons toutefois reconnaître que dans un très-grand nombre de - cas il n’y a de différence que pour l’étiquette. ce qui alors est un fait de l’ignorance ou de la spéculation Donc cultivez bien vos plantes, de manière à avoir de gros oignons, et vous aurez des Val- lota grandijlora ou major ; faites le contraire vous obtiendrez des minor. M. P. M. (Nièvre). — L’établissement « Ger- vais, » pour la construction des chauffages de serre, actuellement exploité par son gendre, M. Lebœuf (Paul), est situé, 7, rue Vésale, Paris. M. D. (Paris). — M. le prince de Troubetskoy, dont vous voulez connaître l’adresse, demeure villa Troubetskoy, à Intra (lac Majeur, Italie). C’est là qu’il a planté sa remarquable collection d’Eucalyptus, parmi laquelle se trouve l’espèce Aînygdalina, dont vous désirez recevoir des graines. INFLUENCE DE LA LUNE SUR LA VÉGÉTATION Ün de nos abonnés, M. Raoult, au sujet de l’influence de la lune, nous adresse la lettre suivante : Monsieur, Dans les Vosges, toutes les personnes qui s’occupent un peu de jardinage sont per- suadées que les graines de légumes doivent être semées à la pleine lune. Si on les sème à la nouvelle lune, dit-on, les plantes mon- tent rapidement, fleurissent vite et ne por- tent que quelques graines mal fournies. Plu- sieurs personnes qui ont l’esprit observateur m’ont assuré avoir vérifié l’exactitude de cette remarque ; après l’avoir longtemps rejetée comme invraisemblable, je me suis demandé si l’on ne pourrait pas en trouver une explication plausible, et voici la ré- flexion qui m’est venue. Je n’entends pas par là préjuger en rien la question ; l’expé- rience seule pourra la trancher. La lune me semble ne pouvoir agir que par sa lumière. Or, les plantes qui germent rapidement et qui ont été semées à la nou- velle lune sortiront de terre vers la pleine lune, et seront, à cette phase de leur exis- tence, éclairées nuit et jour, tandis que celles qui ont été semées à la pleine lune seront, quinze jours après, dans une obscu- rité presque complète chaque nuit. Il n’est pas impossible que ces alternatives de- lumière et d’obscurité exercent une in- fluence sur l’évolution future du végétal, qu’elles lui donnent un port plus trapu, tandis que l’action permanente de la lumière dans les premières phases de sa vie lui don- nerait des formes élancées et l’amènerait à fleurir plus tôt. Si cette hypothèse était juste, la remarque populaire ne serait pas' applicable à tous les végétaux indistinctement, mais seulement CYTISUS ELEGANS. 300 à ceux qui lèvent peu de temps après avoir été semés. Il n’y aurait pas à tenir compte du moment précis de la nouvelle lune ou de la pleine lune ; mais il faudrait calculer ap- proximativement le temps que chaque es- pèce met à lever, et semer de façon qu’elle sorte de terre quatre à cinq jours avant la nouvelle lune : le Persil, par exemple, de- vrait être semé bien avant le Cresson alé- nois. L’expérience seule peut trancher la ques- tion. Il faudrait faire chaque semaine ou deux fois par semaine un petit semis de plu- sieurs sortes de graines, et observer les ré- sultats ; puis, si la lune semblait avoir quelque influence, il faudrait éclairer artifi-- ciellement (à la lumière électrique, par exemple) quelques-uns des semis faits à la pleine lune, tandis que les autres seraient laissés dans les conditions normales. On comprend que les plantes qui auraient été éclairées devraient présenter le même port élancé que celles qui auraient été semées à la nouvelle lune. Je ne crois pas que la lune puisse avoir aucune autre influence que celle de sa lu- mière. Ses rayons ne fournissent pas de ca- lorique. Il est peu vraisemblable qu’elle puisse agir par l’attraction de sa masse. comme elle le fait sur les marées. Quant aux influences mystérieuses analogues à celles qu’on lui attribuait sur l’espèce hu- maine, les recherclies patientes faites ces dernières années ont montré que celles-ci n’avaient rien de fondé ; il n’est guere ad- missible qu’il en soit autrement pour le règne végétal. Veuillez, etc. IIaoult. De cette lettre il semble 'résulter que l’iii- llueiice (le la luue sur la végétation est à ])eu près hors de doute, ce (]ui pourtant a été bien souvent contesté, malgré (jue la chose soit in- contestable. En eltet, un corj)s quelcoïKjue ne ])Ouvant être sans influence, la lune ne peut échapper à la règle. Ce qu’il y a à faire, ce sont des expériences, afin d’arriver à découvrir la nature de cette inllmmce et les limites dans lesquelles elle s’opère. Sous ce rai)port, celles que M. Raoult in- dique nous paraissent mériter une sérieuse attention, cela d’autant plus qu’elles sont faciles à faire. Il va sans dire qu’on pourrait les varier, soit comme époque de semailles, soit surtout en [)renant pour (expériences un plus grand nombi‘e d’espèces de végétaux ; ceux-ci ayant tous des tempéraments dilférents, certains pourraient être j)lus ou moins sensibles aux influences lunaires. (Rédaction.) CYTISUS ELEGANS Cette espèce, que MM. Thibault et Kéte- leer, horticulteurs, à Sceaux, ont récemment importée d’Angleterre, est une bonne acqui- sition qui, assure-t-on, jouera dans l’orne- mentation et pour le commerce du marché aux fleurs un rôle analogue à celui que rem- plit le « Genêt à grappes, » Cytisus racemo- sus. Très-vigoureux, nain, compact, à ra- meaux nombreux, le C. elegansdi^ comme ce dernier, la propriété de reprendre facile- ment de bouture, condition essentielle, in- dispensable presque pour devenir populaire. Ses feuilles, trifoliolées, petiolées, rappellent un peu celles de V Halimodendron argen- teuyn, mais moins grandes ; elles sont d’un vert cendré, un peu sérissées, comme bril- lantes par des poils très-courts, couchés ; les folioles, elliptiques, sessiles, longuement atténuées à la base,courtement rétrécies au sommet, sont très-sensiblement carénées au milieu, longues de 30-40 millimètres sur environ 6-8 de largeur. Les fleurs, assez bien ouvertes, relativement grandes, sont nom- breuses, disposées en épis dressés, d’un beau jaune clair. Cette espèce, très-ftoribonde, relativement robuste, s’accommode de la serre froide, où elle fleurit en avril-mai. Pourrait-on la forcer? En Angleterre, paraît-il, quelques horticul- teurs la cultivent comme plante de marché, ainsi qu’on le fait à Paris du Cytisus race- mosus. Comme ce dernier, les plantes se prêtent bien à la taille, ce qui permet de les maintenir petites et d’en faire un charmant buisson. Lebas. lmp. Georges Jacob , — Orléajis. GMONIQUE HORTICOLE La chaleur et la sécheresse du mois de juillet. — Ouverture des cours de l’École nationale d’horticulture de Versailles. — Curieux fait de dimorphisme constaté par M. Chevalier, de Montreuil; Pêches hâtives et Pêches tardives provenant d’yeux pris sur un même arbre. — Ilâtiveté de la Pêche Amsden ; variétés hâtives décrites par M. Baltet. — La sangsue des Poiriers ; comment on peut la détroiire ; communication de M. Boisselot. — Publication de la Flore du plateau central de la France, par M. Martial Lamothe. — Vente de l’établissement de M. Buchetet pour le moulage des fruits; lettre de M. Buchetet. — Germination d’un pépin de Vigne Lécard. — L’industrie des pots nutritifs. — Rusticité des Dracœna indivisa; lettre de M. J. Buge, horticulteur à* Tulle. — Le Dahlia Juarezi. — Conservation des collections de plantes de M. de Lunaret; communication de M“e de Lavèdre. — Le Melon Cantaloup de Cavaillon. — L'Astragalus bœticus comme succédané du Café. — Transformation immédiate d’un œil greffé en une Poire; observation faite par M. Vivien Morel. — Arrêté du Ministre de l’agriculture relatif à la circulation des Orangers et autres arbustes à feuillage persistant. L’année 1881 sera décidément chaude et relativement sèche. Ainsi aux chaleurs tor- rides (on peut dire de 34 à 42 degrés et plus à l’ombre; à Ferrières-en-Brie, un thermo- mètre a marqué 43) qui se sont fait sentir pendant presque un mois, le 18 juillet les choses ont changé : quelques coups de ton- nerre se sont faits entendre, puis on a eu quelques jours de temps couvert agré- mentés de pluie, et un abaissement subit de température, au point que le 28 juillet, au matin, dans quelques localités des environs de Paris, des thermomètres minima ont in- diqué seulement -|- 6 degrés. Mais dès le lendemain il en était autrement ; la chaleur recommençait et la sécheresse aussi, et bien qu’un peu moins forte que dans la pre- mière quinzaine de juillet, la chaleur était encore au moins normale. Aussi les légumes sont-ils rares, et beaucoup de fruits, arrêtés dans leur développement; se détachent-ils des arbres. — Les cours de l’École nationale d’hor- ticulture de Versailles reprendront le oc- tobre prochain. Les demandes d’admission doivent être adressées avant le septembre au préfet du département où habite le candidat. Pour ceux des départements de la Seine et de Seine-et-Oise, les demandes sont directe- ment envoyées à M. le Ministre de l’agricul- ture et du commerce. Nous ne saurions trop engager les jeunes gens qui se destinent à l’horticulture à pro- fiter de l’enseignement donné dans ceir éta- blissement de l’État, où les études des mieux comprises assurent aux élèves des connais- sances étendues, aussi bien techniques que pratiques. Aussi tous ceux qui en sortent 16 AOUT 1881. sont-ils très-recherchés, aussi bien par les propriétaires, les villes, les départements, que par les horticulteurs eux-mêmes. — D’une manière absolue on peut affirmer qu’il n’y a pas deux choses — quelque minimes qu’elles paraissent — complètement iden- tiques, ce qui, appliqué aux végétaux, ex- plique comment, sur un arbre quelconque, un œil pris comme greffon ou une ramiHe prise comme bouture peuvent parfois pro- duire une sorte différente, quelquefois même très- différente de la sorte dont ces deux parties ont été détachées. Un exemple des plus curieux est le suivant, qui s’est produit' chez M. Chevallier aîné, arboriculteur à Montreuil (Seine). Voici le fait: sur un Pêcher provenant de semis et dont il avait vu les fruits qui, très-hâtifs, lui paraissaient méritants, M. Chevallier prit çà et là, pour le multiplier, des rameaux bien constitués sur lesquels il leva des yeux pour greffer en écusson. Deux ans plus tard, lors de la fructification des parties greffées, ce prati- cien fut très-surpris de voir des fruits de mérite et surtout d’époque de maturité très-différents, les uns mûrissant dès le mois de juillet, tandis que les autres mûris- saient du 15 au 25 août, c’est-à-dire un mois plus tard. L’une des deux formes, la tardive, a aussi les feuilles un peu plus larges, et les glandes plus prononcées étaient égale- ment plus nombreuses. Ce fait, qui peut paraître extraordinaire, qu’on n’a peut-être jamais constaté, est plus commun qu’on ne le pense. Il résulte d’un dimorphisme ou d’une transformation par- tielie des yeux ; c’est un fait analogue à ceux qu’on constate fréquemment sur les Vignes où, sur un même pied, l’on voitpar- 16 CHRONIQUE HORTICOLE. 302 fois des sarmenls qui produisent des Raisins diflérénts, non seulement par les qualités ou par la forme des grains, mais même par la couleur de ceux-ci. — La Pêche Amsde^i {Amsden's June) n’a pas démenti son appellation : « Pêche de juin. » Nous en avons vu cette année qui étaient mûres le 15 juin. — Il est vrai que l’arbre était exposé le long d’-un mur au midi. Le fruit, qui est beau, bien coloré, rela- tivement gros, a de l’apparence. Il sera bon pour la vente. Sa chair blanchâtre est très- juteuse, d’une saveur agréable. Malheureu- sement elle est ordinairement adhérente, ou au moins semi-adhérente au noyau. L’ar- bre est très-fertile. C’est la plus hâtive de toutes les Pêches que nous connaissons. Sous ce rapport, toutefois, le champ est large, et nous faisons des réserves, car, d’a- près une note très-intéressante que nous venons de recevoir de notre collègue, M. Charles Baltet, note tout à fait spéciale aux Pèches hâtives, et que nous publierons prochainement, nous constatons qu’il est des variétés qui vont faire une rude concurrence à Amsden, ce dont, au reste, les cultiva- teurs ne se plaindront pas. — Notre collaborateur, M. Boisselot nous adresse la lettre suivante : IMüiisieur le rédacteur, Eiii-eg'istrant d’habitude dans la Revue horti- cole les calamités qui frap})eiit l’iiorticulture, je viens vous signaler un véritable tléaii ({ui ravage nos poiriers principalement. Dès l’année dernière, dans tons les jardins (pii m’entourent, les feuilles des Poiriers étaient dévorées par une espèce de petite sangsue dont j’ignore le nom ; cette année, il y a recrudescence, et aujourd’hui (29 juillet) on peut dire qu’il n’y a pas une seule feuille de Poirier intacte. On voit une masse brune d’où émergent quelques Poires vertes qui aui-ont bien de la peine â atteindre la maturité. 11 y avait cette année déjà très-})eu de fiaûts ; c’est donc un vrai désastre. La sève est complètement arrêtée, et })roba- blement qu’aux premières ])luies d’automne il y aura une recrudescence de sève qui augmen- tera le mal. Dans les grands jardins, de même que dans les ténues^ il y a beaucoup moins de mal, mais il y en a cependant. Veuillez, etc.... L’insecte dont parle M. Boisselot est le Tenthredo adumhrata, vulgairement ap- pelé Yer Limace, Sangsue Limace, limace des feuilles. 11 est très-facile à détruire. soit avec de la chaux en i)oudre, soit avec une dilution d’insecticide Pichet ou de nico- tine qu’on projette sur les feuilles à l’aide d’une seringue ou de tout autre appareil analogue. — M. Martial Lamothe, professeur â l’Ecole préparatoire de médecine et de phar- macie, directeur du jardin botanique de Clermont-Ferrand, continue sa publication de la Flore du plateau central de la France, comprenant l’Auvergne, le Vélay, les Cévennes, une partie du Vivarais et du Bourbonnais. La deuxième partie, qui vient de paraître?, comprend à partir des Cornées jusqu’aux Globulariées, soit 35 ordres. Cet ouvrage n’énumère pas seulement les plantes que l’on trouve dans cette immense étendue de la France ; il indique les localités où on les rencontre, l’époque où elles fleuris- sent, en discute la valeur spécifique et en éta- blit la synonymie, puis, quand le besoin l’exige, c’est-à-dire qu’il s’agit d’espèces cri- tiques, l’auteur se livre à des considérations générales, soit pour faire ressortir les carac- tères distinctil^, soit pour montrer les causes qui déterminent la confusion, quand celle- ci existe. Utile à toutes les personnes qui habitent la campagne et aiment à herboriser, la Flore du plateau central de la France est indis- pensable aux botanistes de profession. Cet ouvrage se vend chez M. Masson, éditeur, 120, boulevard Saint-Germain, à Paris. — Dans une lettre qu’il vient de nous adres- ser, notre collègue, M. Buchetet, nous in- forme qu’il vient de céder son établissement de moulage et de reproduction plastique de toutes sortes de fruits. Nous n’avons pas à dire ici ce qu’est le mouleur de la Société nationale et centrale d’horticulture de France ; sous ce rapport il est assez connu du monde entier, et rien de ce que nous pourrions dire n’ajouterait à sa réputation. C’est un artiste qui, outre ses connaissances pomologiques, a l’amour et le sentiment de sa profession que, du reste, il abandonne à regret, ainsi qu’on en peut juger par ce pas- sage que nous extrayons de sa lettre : C’est avec chagrin, je ne le caclie pas, que j’aurais abandonné les travaux auxquels depuis si longtenips je m’étais })articulièrement atta- ché, si je n’avais pas eu la chance de rencontrer un ami intelligent et laborieux qui, depuis plus d’un an, a bien voulu devenir mon élève. Je CHRONIQUE viiMifs donc dtî lui céder mou établissemeiit, ce ((ue je vous serais o))li^é de vouloir J)ieii aimoii- cer. Plus jeune, -toul enthousiasme, et mieux disposé (|ue moi poui‘ produire davantage, et ayant tout('s les ai)titudes nécessaii’cs pour cela, j(' ne doute pas ([ue l’élève ne lasse bientôt oublier le maître, (l’est donc une bomu' nou- velle à appi’endre à vos lecteurs. Mon successeur, M. Clyprien Gouidois, qui transporte l’établissement l'ue Spontini, 40 ôis, à Paris, s’associant, au grand avantage de son industrie, à M. Morel, artiste peintre, le public ne pourj-a ({ue gagnera cette nouvelle mesure. Le public se souviendra de ce savant mo- deste auquel la science est redevable de tant de chefs-d’œuvre de reproduction; et quel que soit le talent de son ou de ses succes- seurs, il ne fera pas oublier celui si avanta- geusement connu du maître, M. Buchetet. — Nous pouvons aujourd’hui affirmer qu’un pépin de Vigne de Lécard a, germé et que la plantule suit son cours régulier de développement. Le fait s’est produit chez un de nos collègues, M. Deleuil, horticulteur à Marseille. — Qu’est devenue l’industrie qui consis- tait dans la fabrication des « pots nutritifs, » qui a fait tant de bruit il y a quelques an- nées et dont on ne parle plus guère aujour- d’hui, bien qu’il y avait là, croyons-nous, un fait pratique d’utilité générale ? En effet, à l’aide d’une machine peu volumineuse et relativement très-simple, tout chacun pou- vait fabriquer les pots dont il avait besoin. Le qualificatif « pots nutritifs » vient de ce que ces pots, n’étant pas durcis au feu, se décomposaient en fournissant aux plantes des éléments fertilisants dont elles s’empa- raient pour effectuer leur accroissement, et cela d’autant mieux que, suivant la nature et les besoins des plantes, on peut, à la terre des pots, ajouter les substances que les plantes recherchent particulièrement pour se développer. Nous rappelons que ces machines se fabriquaient par MM. Kœnig et Foltzer, 3, boulevard Saint-Pierre, à Colmar. — Au sujet de la rusticité du Dasylirion ou Cordyline, M. J. Buge, horticulteur à Tulle, nous adresse la lettre suivante : IMonsieur le rédacteui’, Je lis dans le numéro du 16 juin de \r Revue horticole un article relatif à la rusticité des HORTICOLE. 303 Dracnoia i)idivi'^a. Je viens à ce sujet vous faire part des faits ([ue j’ai obs(;rvés chez jiioi. Possédant une assez gi-ande (fuantité de ces l)lantes, je les mis au ])i-intenq)s 1880 en l)l(;ine terre, en plein carré ex])osé au midi; à l’autonnie, j’en relevai la plus grande (juantité (jue j(‘ mis en pots et (pie j’bivernai en serre tempéree ; mais voulant savoir jus([u’ori irait leur rusticité, j’en laissai ])lusi(;urs (;n j)leine t(;rre. De ceux-ci, quelques-uns ayant gêné, dans le courant de l’hiver, pour l’('xécution de ceilains travaux, fui-ent arrachés et replantés à côté, toujours en plein air. Ces jdantes ont parfaite- ment supporté l’hiver dernier en pleine terre et seins ccHciiH cihri^ et n’(jnt pas beauc(ju]» j)lus soulfert du froid que les Chamærops eæcelsa. Les pieds sont em ce moment très-vigoui-eux et bien verts. Ces })lantes ont donc résisté à une tempéra- ture de 14® au-dessous de zéro. Au mois de janvier 1880, un de mes clients m’envoya un Dracæna indivisa et un Aloc umbellalus, qui étaient restés tout le mois de décembre 1879 dans un appartement sans feu, malgré le froid rigoureux qui sévissait à cett(3 époque. Ces deux plantes ne présentaient ])lus que l’aspect d’un bloc de glace conservant la forme de la plante. UAloe umbellatus s’est })cU faitement })ourri ; mais le DraccOiappii n’a- vait pas conservé une feuille et que je ci-oyais perdu, a reverdi et possédait au mois de j\ïin sui\ant une magnitique couronne de feuilles. Ce dernier sujet appartenait à la variété llneata. Ces deux expériences, que je ne saurais trop engager à renouveler, me portent à croire qu’avec quelques soins et un léger abri de toile pour les préserver de la neige, on pour- rait cultiver ces belles plantes en ])lein aii-, ce qui serait une précieuse acquisition pour l’art décoratif. Je vais en faire l’essai, et si vous le permet- tez je vous ferai part des résultats que j’ob- tiendrai. Veuillez, etc. j.-jj. Buoe, Horticulteur, professeur d’agrientture à l’École normale de Tulle. B va sans dire que nous acceptons à l’a- vance la nouvelle communication que vient de nous faire espérer M. Buge. En attendant, nous le remercions vivement de celle qu’on vient de lire. — Plusieurs de nos lecteurs nous ayant écrit pour nous demander où ils pourraient se procurer le Dahlia Juarezi dont il a été question dans ce journal (1), nous nous (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 226. 304 CHRONIQUE HORTICOLE. empressons de les informer que cette espèce se trouve chez MM. Vilmorin et C»°. Nous disons espèce, parce que cette intéressante et belle plante n’est pas seulement remar- quable par ses fleurs, mais par son faciès si dissemblable, qu’on peut la distinguer très- facilement de tous les autres Dahlias connus. — Dans une lettre qu’elle nous a faitl’hon- neur de nous écrire, M'’^® de Lavèdre, née Lunaret, nous informe que les nombreuses collections réunies par ce digne et dévoué feu M. de Lunaret seront non seulement conservées avec soin, mais augmentées, au- tant que les circonstances le permettront. C’est une bonne nouvelle que nous sommes heureux d’apprendre et que nous nous em- pressons de communiquer à nos lecteurs. Nous avons donc l’espoir de pouvoir suivre certaines études que, grâce à la bienveillante générosité de M. de Lunaret, nous avions pu commencer. — Parmi les nouveaux légumes qui sont arrivés en quantité considérable à Paris cette année, on peut placer, en première ligne le Melon Cantaloup de Cavaillon. On ne sait rien de certain sur son origine véritable ; ce qu’on paraît pouvoir affirmer, c’est qu’il vient du département du Var, de Cavaillon ou des environs. C’est une sorte qui a quelque rapport avec un petit Cantaloup fond blanc prescot; ses fruits ré- guliers, fortement applatis aux deux bouts, sont tous bons ; ils seraient même très-bons si, soumis à une culture raisonnée, on les cueillait quand ils sont arrivés à un point convenable de maturité, ce qu’on ne fait pas, car tous ceux qu’on envoie sont cueil- lis très-longtemps avant qu’ils soient mûrs, ce qui explique le manque de jus, de sucre et de finesse qu’on remarque chez beaucoup. Comme ce Melon nous paraît appelé à rendre de grands services, nous lui consa- crerons prochainement un article, et en at- tendant, nous avons cru devoir appeler l’attention sur cette espèce, afin d’engager à s’en procurer des graines, et pour cela, tandis qu’il en est temps encore, à choisir les fruits qui présentent une plus grande perfection relative. — Le Soja hispida qui, comme succé- dané du Café, était considéré comme l’un des meilleurs, est, dit-on, comme tel, fortement menacé par une plante appartenant à la même famille et qui, assure-t-on aussi, lui est bien supérieure. Cette espèce serait VAstragalus hœticus, Lin., qui croît sponta- nément dans plusieurs parties de l’Europe méridionale. D’après certaine personne qui s’occupe tout particulièrement de cette question, cette plante serait liien préféra- ble au Soja, parce que, outre ses qualités que l’on dit supérieures, la plante est très-pro- ductive, pas délicate, vient bien dans tous les sols et mûrit très-facilement ses fruits, ce que ne fait pas toujours le Soja. Tout ce qu’on dit de l’A. est- il exact ? Bien que nous ne puissions rien affirmer, nous avons cru néanmoins devoir appeler sur cette espèce l’attention des lecteurs, en les engageant à faire des essais qui, en pareil cas, sont toujours ce qu’il y a de mieux pour juger. Si quelqu’un avait sur ce sujet des renseignements à nous donner, nous serions heureux de les recevoir, et nous nous em- presserions de les publier. En attendant, nous dirons qu’on peut se procurer des graines di Astragalus hœticus chez MM. Vilmorin et Ci®, à Paris. — Dans le journal Lijon-horticole Qm\- let 1881) nous trouvons rapporté le fait physiologique suivant, qui nous paraît des plus curieux. Il porte sur la formation di- recte, ou si l’on veut la transformation im- médiated’itn Œil greffé, en une Poire. Voici comment notre confrère, M. Vivian Morel, rapporte le fait en question : M. Chaudey, horticulteuràChapeiiost (Rhône), l’obtenteur de cette superbe Poire Madame Chaudey, présentait un cas singulier de proli- fication. Ayant greffé quelques boutons à fruits de Poirier, il a vu se développer à la place d’un bourgeon, d’abord une jeune Poire du centre de laquelle est sorti un rameau ordinaire qui s’al- longe naturellement. . Ici le fait'est doublement remarquable, car il y a eu, sans fleur, formation d’un fruit. C’est donc une transformation directe d’or- ganes foliacés en une masse de tissu utri- culaire. C’est un peu l’analogue des yeux qui, chez certaines plantes (dans les boutures de Pommes de terre par exemple), se trans- forment directement en tubercules, ce que nous démontrerons prochainement. Ajou- tons que, l’année dernière, nous avons observé un fait à peu près identique : un œil à bois de Pommier qui, greffé en écus- son, a développé directement une masse de 305 SEMIS D’OHCHIDÉES. tissu cellulaire semblable à celui qui cons- titue une véritable Pomme. Malheureuse- ment une souris, afïamée peut-être ou allé- chée par ce produit, rongea complètement celui-ci. Le fait de cette transformation d’un œil de Pommier s’est produit chez notre collègue, M. Godefroy-Lebeuf, qui nous avait envoyé le sujet sur lequel il s’était montré. — Les réglements sur la prohibition des végétaux, si onéreux pour l’horticulture, nuisibles aux intérêts généraux, tendent à s’adoucir, et fréquemment on en relâche les ressorts. En voici encore un exemple. Ainsi le 9 juillet, sur la proposition du directeur de l’agriculture, le Ministre prenait l’arrêté suivant : Le Ministre de ragriculture et du commerce arrête : Art. 1er, — Les Orangers et autres arbustes à feuillage })ersistant pourront circuler dans toute rétendue du territoire de la République française, dans les conditions d’emballage habi- tuelles à ce mode de commerce. Art. *2. — Les produits horticoles susdits ne })Ourront circuler qu’autant qu’ils seront accom- })agnés d’un certiticat d’origine émanant du commissaire de })olice, ou à son défaut du maire de la localité, attestant que la pépinière d’oii ils sortent ne cultive pas de Vignes, et qu’elle est séparée de tout point phylloxéré par une distance d’un kilomètre au moins. On le voit, ce qui précède ne signifie pas qu’il n’y a plus d’entraves à la circulation des végétaux, mais qu’il y en a moins, ou qu’elles sont de nature différente. Ce n’est donc pas la liberté. Bien qu’allongée, la chaîne n’existe pas moins. Mais, d’une autre part, les mesures res- trictives prises ou restantes sont-elles, comme on semble le croire, une garantie contre l’invasion phylloxérique ? Qu’est-ce qu’une distance d’un kilomètre pour un insecte ailé, qui, à une certaine époque de son existence, peut si facilement fran- chir des distances mfiniment plus gran- des que celles indiquées, et qui, d’une autre part, peut être transporté par tant de causes diverses qu’on ne peut ni prévoir ni em- pêcher? D’une autre part encore, com- ment constater qu’il n’y a pas de phylloxéra à partir d’un point connu jusqu’à un autre également déterminé ? La chose est donc complètement impossible et les mesures il- lusoires. Et encore, comment démontrer que le phylloxéra n’existe pas là où on le croit, puisque, de l’aveu de tous les gens compétents, savants ou praticiens, ce n’est qu’au bout d’un certain nombre d’années que l’insecte est dans un endroit, et qu’il a déjà pu irradier et s’étendre, que sa présence devient manifeste ? A quoi donc peuvent servir les mesures restrictives restantes? A rien comme garantie contre la contagion. Alors, à quoi bon? E.-A. Carrière. SEMIS D’ORCHIDÉES , CATTLEYA HYBRIDES DU CATTLEYA INTERMEDIA AMETIIYSÏINA ET DU G. ACLANDIÆ Si la patience est nécessaire pour l’éle- vage d’un grand nombre de plantes de se- mis, elle est certainement indispensable et doit même être poussée jusque dans ses dernières limites, dès qu’il s’agit des Orchi- dées en général, et du genre Cattleya en particulier. Il suffirait pour s’en convaincre — si le fait n’était pas connu — de rap- peler que ce n’est qu’après de longues années environ (huit à dix ans) qu’on peut es- pérer voir la fleur, du moins en ce qui con- cerne les sujets dont la description est ci- après. Ce n’est en effet qu’au bout de sept ans que j’ai pu obtenir la floraison du pre- mier, et dix ans m’ont été nécessaires pour voir celle du second. E.'^t-ce à dire qu’on ne pourrait obtenir ce résultat en beaucoup moins de temps ? Mes expériences me per- mettent d’espérer que cette si longue at- tente peut être abrégée. Toutefois, il est permis de croire que six ans au moins se- ront toujours nécessaires, et encore ce ré- sultat ne sera probablement obtenu que par quelques rares sujets, d’une vigueur exceptionnelle et provenant de types parti- culiers. On sait, en effet, que la graine, d’une extrême ténuité, met presque toujours deux ans pour former — pour monter serait peut-être plus juste — son pseudo-bulbe. (J’en possède de 1879, hyb. Cattleya su- perhaet C. Mossiæ, dont le bulbe sémi- nal (1) n’est pas encore développé.) (l) Contrairement à la plupart des autres plantes, les Orchidées naissent sans cotylédons; dès que la graine est semée, elle.se gonfle, produit d’abord un petit globule transparent, verdâtre, ovoïde, puis en grossissant davantage prend la forme d’une mon- gollière dont la pointe repose sur le sol. 306 AUBERGINE NAINE NOIRE PRÉCOCE. Les plantes dont je m’occupe n’étant pas nommées , je les désigne provisoirement n» 1, no 2. N® 1 . — Cette variété, qui est vigoureuse, de culture facile et très-florifère, rappelle beaucoup le C. ametliystina, quoique ses pseudo-bulbes soient moins longs et moins gros ; sa fleur, de même grandeur que celle de celui-ci a les sépales et les pétales bien ouverts comme dans le C. Aclandiœ, blancs et légèrement verdâtres au moment de l’épanouissement; ils passent insensiblement et en quelques jours au blanc rosé ; le la- belle, très-élégamment fimbrié, est lilas clair strié de lilas voilet. N® 2. — Gomme la précédente et dont l’origine est aussi la même, cette variété, qui est également vigoureuse et facile à cul- tiver, en diffère essentiellement dans toutes ses parties; les pseudo-bulbes, longs d’en- AUBERGINE NAIN Parmi les plantes légumières, une des plus intéressantes est sans conteste V Au- bergine naine noire 'précoce. Elle est précieuse surtout par sa grande fertilité. Dans ce moment (commencement de juillet), où l’Aubergine longue noire, qui est la plus usitée, donne à peine quelques fruits, et encore assez mal venants, l’Aubergine naine est couverte d’une grande quantité de fruits, qui sont excellents par leur finesse et leur bon goût. La culture de cette plante, qui est des plus simples et des plus faciles, ne diffère en rien de celle des autres espèces. On sème les graines en février- mars, sur couche et' sous châssis. Contrairement à l’espèce longue, la graine de celle-ci lève très-facilement. Quand les jeunes plantes ont atteint une certaine force, on les repique sur une nouvelle couche et sous verre, à la distance de 12 à 15 centimètres. On bassine souvent, et quelquefois on mêle dans l’eau des arrosages quelques matières fertilisantes, telles que purin, poudrette, etc. Cette der- nière semblerait préférable; elle m’a toujours donné de bons résultats. On met en place dans le courant de mai, dans une terre pré- parée à l’avance par un profond labour, et en ajoutant une bonne fumure, car l’Auber- gine exige beaucoup d’engrais. On devra arroser souvent, surtout par les fortes cba- viron 16 à 18 centimètres, sont un tiers plus gros que ceux du C. Aclandiœ ; les feuilles, d’un vert foncé, parfois moucheté de violet, rappellent aussi ce semis, mais ce qui rend celle-ci très -intéressante, c’est sa fleur qui, bien que semblable à celle du C. Aclan- diœ par sa forme, s’en distingue complète- ment par son périanthe, dont les sépales et les pétales sont blanc rosé légèrement ver- dâtre, parsemé de très-nombreux et gros points violets, comme dans le C. guttata A'methystoglossa Keteleeri;ei ce qui achève d’en faire une plante vraiment remar- quable, c’est son labelle d’un violet rouge velouté jusqu’au gynostème, qu’il laisse à découvert en s’élargissant gracieusement, et formant comme une aile rose tendre de chaque côté. Alfred Bleu, Horticulteur, 48, avenue d’Italie ] NOIRE PRÉCOCE leurs, et autant que possible donner un léger binage de temps à autre, de manière que la terre ne durcisse pas, surtout au collet des plantes. Lors de la mise en place, on fera bien de supprimer les premières pous- ses ou branches du bas, car la plante étant naturellement naine, toutes les ramifications inférieures retombent sur le sol, de sorte que leurs fruits pourrissent ou sont dété- riorés par les insectes. Il n’y a rien à crain- dre de cette suppression, car les pousses qui viennent ensuite sont beaucoup plus fertiles, mieux constituées et plus vigou- reuses. Les premiers fruits devront être cueillis avant qu’ils aient acquis toute leur grosseur, parce qu’étant ordinairement pro- duits par un temps peu favorable à la plante, ces fruits durcissent et deviennent trop co- riaces. La suppression prématurée, en quel- que sorte, des premiers fruits avance de beaucoup l’arrivée des seconds, qui sont alors d’une bonne venue et bien meilleurs que les premiers. La finesse de la chair des Aubergines naines précoces devrait les faire préférer à toutes les autres sortes du genre; la cuis- son en est prompte et facile. J. -B. Carbou, HorücuUeur à Carcassonne. UN VOYAGE D’EXPLORATION HORTICOLE. — HORTENSIA THOMAS HOGG. 307 UN VOYAGE D’EXPLORATION HORTICOLE La France est depuis longtemps tributaire de l’étranger, surtout de 1’ /Angleterre et delà Belgique,cncequiconcernerintroductiondes plantes nouvelles. Si sa floriculture occupe le premier rang pour le semis et la production des variétés de choix destinées à l’ornemen- tation des jardins, son infériorité n’est que trop réelle dans l’importation directe des plantes des contrées d’outre-mer. Toute tentative d’indépendance nationale en ce sens ne peut donc qu’attirer les sympathies des amis des jardins. Aussi nous constatons avec plaisir que des expéditions lointaines, ayant en vue l’introduction de nouveautés pour nos cultures, s’organisent en France depuis l’année dernière, et nous pouvons aujourd’hui dire quelques mots de l’une d’entre elles. Au commencement de 1880, six amateurs distingués d’horticulture, ayant lu la relation de mon voyage dans l’Amérique du Sud, publiée dans le Tour du Monde, furent frappés de la richesse végétale de ces con- trées, et conçurent le projet de provoquer l’introduction de plantes nouvelles desti- nées principalement aux jardins du midi de la France. A cet effet, ils me demandèrent d’organiser une expédition horticole dans la Cordillère des Andes, et ils firent, de concert avec moi, les frais du voyage, dont ils me confièrent la direction. Sur les recommandations de M. le comte d’Eprémesnil , l’un des souscripteurs, je choisis, comme voyageur, M. J. Puvilland, dont nos lecteurs ont pu voir récemment quelques articles sur la Colombie. Il partit en mars et rentra en août 1880, passa qua- tre mois environ à suivre une partie de l’itinéraire que j’avais parcouru en 1875- 1876, et récolta des plantes et des graines suivant les instructions précises que je lui avais données. Cette expédition, modeste dans ses résul- tats, a présenté de l’intérêt, non au point de vue des plantes vivantes, la plupart des caisses étant arrivées en assez mauvais état; mais sous le rapport des graines elle a été fructueuse, et c’était là l’objet principal que se proposaient les souscripteurs. Ces graines ont été semées avec soin ; elles ont fourni un bon nombre de germinations, et nous donnerons aux abonnés de la Revuehorticole la primeur des descriptions des plantes qui en sont issues, au fur et à mesure que leur développement permettra de les publier. Indépendamment de ce résultat, il peut être curieux de montrer, par un document exact, que le public horticole est générale- ment mal informé sur le prix de revient de semblables expéditions. Les dépenses n’en sont pas exagérées, au contraire, et voici le bilan de celles du voyageur dont nous venons de parler : Voyage de Saint-Nazaire à Colon et Buenaventnra et retour 1,125 f.» Équipement 430 » Dépenses diverses, chemins de fer, corres})ondance, etc 128 » Voyage }>ar terre en Colombie, tout compris 3,102 )) Fret de dix-sept caisses, d’un })ort du Pacifique en Touraine 965 » 5,810 » A ce chilfre il faut ajouter le salaire du voyageur, qui peut varier; mais il ne man- que pas en France de jeunes gens, animés de la passion des voyages et de l’amour des plantes, disposés à remplir la tache de col- lecteur dans des conditions modérées. En résumé, on peut dire qu’un voyage d’exploration de ce genre, durant six mois, peut être eQectué pour 6,500 à 7,000 fr., soit 10,000 fr. au plus pour l’année entière. Voilà donc, pour une petite somme , des résultats qui méritent qu’on s’y attache. L’exemple a tenté de nouveaux adeptes. Plusieurs autres voyageurs viennent dépar- tir pour des régions encore inexplorées. Tous nos vœux les accompagnent. Ils conti- nueront la série, au grand profit, nous l’es- pérons, de l’horticulture française qui n’au- rait pas besoin de recourir à l’étranger pour prendre en Europe, sous ce rapport, un rang qu’il ne tiendrait qu’à elle d’acquérir. Ed. André. HORTENSIA THOMAS HOGG Comme toutes les bonnes choses, Tllor- tensia Thomas Hogg, importé du Japon il y a environ cinq ans, a rencontré dès son début de nombreux détracteurs, et il y a 308 CORRESPONDANCE. encore des gens qui soutiennent que ses fleurs sont d’un Liane sale et que la plante végète mal, ce qui m’engage à faire connaître ce que j’ai observé. Bien cultivée, cette variété est admirable par ses fleurs, d’un blanc des plus purs ; par sa rusticité et son abondante floraison, ce qui pourrait presque lui valoir le qualificatif remontant. Toutes les variétés d’Hortensia sont très- ornementales ; mais elles ne sont pas toutes assez rustiques pour que leurs tiges flo- rales résistent à nos hivers dans le centre et surtout le nord de la France. J’ai depuis vingt ans, au fond de mon jardin, au nord, et bordant un massif, une rangée d’Hortensias roses, qui, lorsqu’ils sont fleuris, font de loin un effet superbe. Mais chaque année je suis obligé, à l’ap- proche des froids, de coucher les tiges sur terre et de les couvrir de feuilles pour abri- ter les jeunes pousses. L’année passée, je n’ai pu prendre cette précaution ; aussi, dans la nuit du 24 janvier, la gelée de 21 degrés a détruit l’extrémité des pousses, et en ce moment je n’ai pas une seule fleur, quoique les tiges soient restées vivantes et se soient bien ramifiées. De l’autre côté de l’allée se trouve en bordure, depuis trois ans aussi, un rang d’Hortensias, et alternativement un blanc {Thomas Hogg) et un rose. Ils sont restés, comme les autres, sans protection contre le froid. Dans ce moment les blancs sont couverts de fleurs, et les roses n’en ont aucune. Voilà une preuve incontestable de la rus- ticité du Thomas Hogg^ et en outre il fleu- M. B... (Indre). — L’ampélographie uni- verselle du comte de Rovasenda se trouve à Paris, chez MM. Delahaye et Lecrosnier, place de l’École-de-Médecine, n» 23 ; son prix est de 7 fr. — Quant aux ouvrages de M. Thomas Moore, nous ne sachions pas qu’il en soit fait un dépôt spécial à Paris ; néanmoins, nous croyons (jue vous auriez chance de les trouver en vous adressant à la librairie deM'«c Boyveau, rue de la Banque, près la place de la Bourse ou, à défaut, au journal Le Galignani, rue de Ri- voli, près la rue Gastiglione. Nous ne connais- sons non plus aucune traduction française des ouvrages de M. Thomas IMoore. Dans 1(‘ cas où vous ne trouveriez ]>as à Pai'is rit aussi bien en plein soleil, quoique l’ex- position à mi-ombre soit celle qui lui convienne le mieux. Cultivée en pots, cette plante est très- convenable pour la décoration des balcons, vérandas, vestibules et jardinières de salon ; par la blancheur de ses fleurs, elle fait res- sortir le coloris des fleurs qui l’avoisinent. La culture n’en est pas difficile. D’abord une terre légère, et en pot un bon drainage, de la terre de bruyère quand on en a, des arrosages copieux et de temps en temps, faits avec des engrais liquides. Si l’on pouvait réunir dans un massif, ce que ma fille a vu au Japon, dans les bois, c’est-à-dire le rose, le blanc et le bleu, cela produirait un effet splendide. Mais com- ment obtenir des Hortensias bleus ? J’ai bien demandé à mon gendre l’ingé- nieur, à son retour du Japon, pourquoi il n’avait pas rapporté l’analyse du sol où il avait vu ces trois couleurs ; mais il m’a ré- pondu ; « A quoi cela aurait-il servi, puisque les trois couleurs vivaient en communauté dans le même sol, sous les mêmes arbres ? » Ceci me remet en mémoire ce que mon voisin, l’habile horticulteur Hoste, médisait il y a environ vingt ans; il était employé chez André Leroy, à Angers. Là il y avait un tas de terre de bruyère destinée aux Horten- sias bleus, et un autre tas pour les roses ; mais il n’a pas pu me dire ce qui constituait la diflerence. Celui qui trouverait un moyen infaillible pour obtenir des Hortensias bleus rendrait un grand service à l’horticulture. Jean Sisley. Monplaisir-Lyon, le 10 juillet 1881. les ouvrages de M. Moore, vous pourriez les demander à fauteur, dont voici l’adresse : M. Thomas Moore, directeur du Jardin l)Ota- nique de Ghelsea, à Londres. Nous n’avons aucune connaissance qu’on ait jamais arrosé les plantes avec de l’eau cam- phiÿ.e, ce qui du reste serait assez difficile, le camphre ne se dissolvant pas dans l’eau. Outre cela, nous ne comprendrions pas quelle action le canqihre pouriait exercer sur la vé- gétation. Par culture « anglaise » des Rosiers, il ne faut pas comprendre une culture sj)éciale propre- ment dite, mais l’ensemble des opérations or- dinaires jiratiquées pendant un temps })Ius ou GEUM COCCINEUM FLORE PLENO. — CULTURE DES PLANTES DITE SANS TERRE. 30 moins long, de manière à obtenir des plantes fortes et d’un bel aspect, dites « spécimens cVex- posiiion. » La greffe dite en bifurcation n’est autre qu’une greffe en fente, pratiquée le plus gé- néralement dans une fourche, c’est-à-dire au milieu de deux branches. Cette greffe a été décrite et figurée dans la Pievue horticole (1866, p. 168). Dans ce dernier cas, c’est à la Vigne qu’elle s’applique; mais les soins étant les mêmes })our toutes les autres es- pèces d’arbres, cet exemple peut servir pour toutes. Vous pourrez vous procurer des graines du Melon de Caboul, dont la Revue hordcole a parlé, chez MM. Vilmorin, Andrieux et C‘®, 4, quai de la Mégisserie, à Paris. Quant au travail sur les greffes herbacées, par le baron Tschudy, il est rare aujourd’hui. Vous auriez pourtant chance de le trouver en vous adressant à la Librairie Bouchard-Huzard, 8, rue de l’Éperon, à Paris. GEUM COCCINEUM FLORE PLENO Cette magnifique plante, qui est vivace très-larges, plus ou moins pleines, d’un et très-rustique, a été obtenue de graines très - grand effet ornemental par leur par MM. Vilmo- coloris d’un rou- rin et C‘‘’. Appa- ge cocciné très- rue il y a quel- foncé. ques années déjà. La rusticité du elle est aujour- Geum coccineum d’hui à peu près flore pleno (fig. .complèt ement 71), sa facilité fixée. D’une forte à pousser et à touffe à feuilles fleurir dans tou- grandes, lyrées. tes les condi- à lobes profonds. tions, et la lon- arrondis, le supé- gue durée de ses rieur plus grand. fleurs , qui se s’élèvent de nom- succèdent pen- breuses tiges flo- dant plusieurs rales ramifiées, de mois , font de 30 à 50 centimè- Fig. 71. — Geum coccineum flore pleno. cette espèce une tres de hauteur, plante éminem- d’où partent à différentes hauteurs des ment ornementale, à la portée de tous. pédondules rameux portant des fleurs Guillon. CULTURE DES PLANTES DITE SANS TERRE Dans un précédent article (1), nous avons cherché à bien établir que les végétaux étant de natures très-diverses, ce sont ces différences qui constituent leur force de résistance aux agents de destruction : air, soleil, sécheresse. Continuant cette étude, nous allons essayer de démontrer qu’un très-grand nombre des plantes exposées dernièrement à Paris, par M. Alfred Du- mesnil, rentrent précisément dans celles qui, par leur constitution, appartiennent à la série des plantes résistantes par suite de la masse de produits accumulés, c’est-à-dire par Vacquity ce qui va ressortir de l’énumé- ration que nous allons en faire. (1) V. Revue horticole, 1881, p. 154. Anemone cor onaria, Amaryllis viitata, Azalée de l’Inde (celle-ci, qui était en pleine fleur, très-belle, et qui s’est parfaitement conservée, était en motte et avait été placée là la veille de l’exposition, de sorte que sa bonne conservation n’a rien que de naturel, puisque la plante se trouvait dans les meil- leures]conditions possibles), Collinsia, Coro- nille, Deutzia gracilis, Fraisier, Groseillier à grappes. Héliotrope, Helleborus niger, Gratninées, Orchidées et diverses autres es- pèces robustes arrachées dans les bois, Ibe- ris sempervirens, Limnanthes Douglasii, Mimulus, Narcisses à fleurs doubles, des Némophiles, Pélargoniums à grandes fleurs. Pensées, Pétunias, Phlox suhulata, Pœonia 310 POMME ROSSIGNOL. tenui folia, Polysticum filix Mas, Primula cortusoides, Primula Japonica, Renon- cules, Rosier, Saxifrage, Trollius, Tulipes, Véroniques vivaces {spuria, prostrata, ele- gansk fleurs roses). Quant à l’état de ces plantes, à part celui des espèces vivaces et à souche robuste, il était médiocre, ce qu’il pouvait être du reste. Mais, d’une autre part, cette conservation a-t-elle lieu d’étonner ? Non ! En effet, la plupart de ces plantes ayant une forte souche très-résistante, conser- vaient, outre une très-grande quantité de racines, quelques parcelles de terre. De plus, elles étaient dans de la mousse qui était tenue constamment humide, ce qui suffisait largement à les maintenir vivantes. On pourrait même affirmer que toutes les espèces de plantes, quelles qu’elles soient, se maintiendront dans de telles conditions. Tout ce qui pourrait leur arriver, ce serait d’avoir des feuilles jaunes, ce qui, du reste, était le cas pour beaucoup de celles expo - sées par M. Dumesnil. D’après M. Dumesnil, tout le succès qu’il obtient serait dû à une préparation particu- lière, tandis que la mousse ordinaire serait, toujours d’après lui, inerte ou à peu près, c’est-à-dire sans action, ce qui nous paraît plus que douteux. Que, par suite d’une pré- paration spéciale, il donne à sa mousse des propriétés particulières, nous voulons bien le croire ; mais que la même mousse natu- relle (non préparée) soit « inerte, » comme l’affirme M. Dumesnil, c’est ce que nous n’hésitons pas à nier, et qui du reste se trouve complètement infirmé par les expé- riences de M. Bonnet faites en 1746, et dont nous parlerons plus tard. De ceci il résulte que la question est des plus simples; mieux, elle se résout d’elle- même par une simple expérience qui a l’a- vantage de couper court aux discussions, en excluant même les hommes du débat, lequel, alors se trouve”circonscrit dans un dilemme reposant sur cette double expérience, qui est des plus élémentaires et qui consiste en ceci : faire l’opération comparative double, c’est-à-dire prendre un certain nombre d’es- pèces semblables et de même force ; en mettre une moitié dans la mousse préparée, tandis que l’autre serait mise dans de la mousse ordinaire; les placer toutes dans des conditions identiques et les soumettre à un même traitement. C’est alors seu- lement qu’on pourrait juger de la diffé- rence, et nous sommes tout porté à croire qu’elle jne serait pas grande, si même il en existait. Nous venons de dire que, pour être con- cluante, l’expérience devrait être double ; ce n’est pas assez : c’est triple qu’il faudrait par exemple comme ceci ; en mousse pré- parée, en mousse naturelle, la troisième* sorte avec de la terre, de manière à bien faire ressortir les différences qui se produi- raient suivant les substances employées. En effet d’après des expériences de M. Bonnet, des cultures faites dans de la mousse natu- relle, c’est-à-dire non préparée, auraient même produit de meilleurs résultats que la culture des mêmes plantes faite dans de la terre, ce que nous essaierons de démontrer. Dans un prochain article nous examine- rons la culture des plantes dans la mousse au point de vue de son antiquité, de ma- nière à rendre à chacun la part qui lui revient, tout en cherchant à faire ressortir les prétendus avantages que cette culture présente, et en discutant ceux-ci. E.-A. Carrière. POMME KOSSIGNOL Description. — Arbre vigoureux et fer- tile dont les branches grosses, longues, gri- ses, rudes au toucher, forment, avec le tronc un angle assez ouvert. Rameaux gros, longs, écartés à leur base, ascendants. Écorce rude, pourpre brun, presque entiè- rement recouverte de glauque ardoisé. Len- ticelles roses, petites, d’un gris cendré. Mérithalles courts, assez réguliers. Yeux moyens, coniques, arrondis, aplatis et appliqués sur le rameau, portés sur un fort coussinet. Feuilles grandes, larges, épaisses, ovales-lancéolées, acuminées ; pétiole court, gros, plein, carminé en dessous ; stipules assez [rares, spatulés ; boutons à fruit assez gros, coniques, renflés, à écailles serrées, très-duveteux. Fruit gros ou très-gros, toujours plus large que haut, déprimé, parfois sensiblement mamelonné vers l’œil, souvent côtelé, assez régulier. Il est d’abord d’un vert jaunâtre passant au jaune clair, parsemé de quelques Heviz^. J~/oHieoIe . irooLarjL-, aiU- Pou Uf te txos'Sifjnol . JhroTy-i^Uéhy. ; '-Slacé dans une cavité assez étroite et profonde. Pédoncule court, assez fort, renflé, ligneux, profon- dément inséré dans un petit bassin tapissé d’une large marbrure gris rouge s’étendant sur le fruit. Chair blanche, un peu verte sous la peau, assez fine, tendre, contenant en assez grande abondance une eau sucrée, parfumée, légèrement acidulée; loges assez longues, très-étroites, peu régulières, ren- fermant de rares pépins, petits et bruns. — Maturité : de décembre en mars. La Pomme Rossignol est une de [celles qui croissent le plus promptement, quoique ce soit un fruit de garde. Vers la fin de l’été, lorsque la saison est favorable, elle a déjà acquis un accroissement notable, comparé à celui de ses congénères, les ï Pommes d’hi- ver, ^ et qui pourrait faire douter qu’elle appartienne à cette catégorie. Il résulte de cet accroissement rapide qu’étant assez mal attachée, elle résiste faiblement aux forts vents d’automne. On doit donc la surveiller et la cueillir aussitôt qu’elle jaunit. On devra cultiver cette variété de préfé- rence greffée sur paradis ou sur doucin, et s’en tenir aux petites formes, qui lui convien- nent très-bien. Malgré sa vigueur, les fruits devront être dégagés et effeuillés ; ils ne s’en trouveront que mieux. Historique. — Ainsi que l’a dit M. An- dré Leroy, dans son Dictionnaire^ elle porte le nom de son obtenteur. Malheureusement, il n’y a que cela d’exact dans la description ENCORE UN ENNEMI Les horticulteurs du département du Fi- nistère sont sérieusement menacés d’un ennemi très-redoutable, doué d’une très- grande fécondité, à en juger d’après les dégâts toujours croissants que causent les larves de l’insecte (espèce de coléoptère du genre Otiorhynchus, de la famille des Cur- culionides), qui fit son apparition au jardin botanique de Brest en 1876-77. L’ennemi dont il s’agit est V Otiorynchus sulcatus, Fabr. A la rentrée des plantes de serre froide, au mois d’octobre de cette dernière année, je fus surpris de l’aspect maladif et pauvre que présentait une espèce de Primevère [Primula erosaj cultivée en pot, et qui, qu’il a donnée, laquelle se rapporte assuré- ment à une autre variété que celle-ci, que j’ai mise au commerce effectivement enl867 . Par une coïncidence assez étrange, l’année meme où nous mettions en vente cette variété, M. André Leroy annonçait dans son prix- courant la mise en vente d’une variété du même nom et tout à fait différente, qu’il dé- crivait ainsi : « Fruit petit, première qua- lité, hiver. » Je vois dans le catalogue d’ar- bres fruitiers du même horticulteur, pour 1868, la même description reproduite avec cette annotation en plus: « Jamin, » ce qui semble indiquer que le fruit en question proviendrait de cette dernière maison. J’ai pu me procurer la variété mise au commerce par M. André Leroy, et je puis affirmer que rien, dans son arbre ni dans son fruit, ne rappelle celle dont il est ques- tion ici. Le fruit, petit, arrondi, très-joli d’aspect, côtelé, d’un beau jaune luisant, est très-tardif. Il se rapproche par sa forme, sa grosseur et sa qualité de la tribu des Api, dont il a aussi la chair ferme. Je n’ai vu non plus, ni rencontré sur ce fruit aucune moucheture de carmin ou de lie de vin, signalée dans la description de M. André Leroy. Le fruit que je connais ne possède ni moucheture ni pointillé d’aucune sorte ; il est uniformément jaune doré; peut-être y a-t-il confusion et existe- t-il encore un fruit différent, du même nom, que le temps fera découvrir. Je n’insiste pas davantage sur ce point, préférant laisser à chacun ses appré- ciations. Boisbunel. DE L’HORTICULTURE quelques jours auparavant, était floris- sante de vigueur et de santé. Ayant dépoté la plante pour visiter ses racines, j’ai constaté que toutes celles-ci avaient été rongées par douze petites larves blanches cachées dans des logettes qu’elles s’étaient creusées dans la terre, pour passer l’hiver. J’écrasai ces larves et n’attachai pas grande importance à la perte que nous ve- nions d’éprouver, lorsqu’en 1878, mon ennemi apparut de nouveau et se fit parti- culièrement remarquer par des ravages qu’il nous causa dans la famille des Pri- mulacées. Les Primula erosa, cortusoides, involu- 312 ENCORE UN ENNEMI DE L’HORTICULTURE. craia, Japonica, sinensis et le Coriusa Ma- thioli furent complètement dévorés par de nouvelles larves, que je considérais alors comme étant celles du hanneton des Liés (Rhizotrogus ihoracicus), espece commune dans les environs de Brest. En 1879, les dégâts furent encore plus considérables : toutes les Primevères de serre froide cultivées en pots furent ron- gées, ainsi que celles de pleine terre, dans l’école botanique. J’ai détruit pendant l’automne de cette année plus de 300 larves trouvées dans les racines de plantes en pots. En 1880, l’ennemi a paru en nombre considérable et a sérieusement menacé nos cultures ; ne trouvant plus assez de plantes primulacées pour la nourriture de ses larves, l’insecte a fait choix de deux autres familles : les Crassulacées et les Œnotbérées, qui semblent également être pour la progéniture de l’insecte une nourriture de prédilection. Les Sedmn, Sempervivum, Echeve- ria, etc., etc., de la famille des Crassula- cées, ont eu beaucoup à souffrir des ravages de ces rongeurs, ainsi que les diverses espèces d’Œnothérées. Ces larves, excessivement voraces pen- dant la première période de leur croissance, qui est relativement rapide, ne se gorgent de nourriture que depuis juillet jusqu’en octobre. A partir de cette époque, elles sont repues et paraissent digérer la grande quantité d’aliments qu’elles ont absorbés ; elles sont alors à peine sensibles au toucher pendant la saison d’hiver. Durant l’automne 1880, j’ai cherché l’in- secte auquel appartiennent ces rongeurs, mais inutilement. C’est alors qu’ayant conservé quelques larves cachées dans les racines d’un Dode- catheon meadia, que je suivis depuis le mois d’octobre 1880 les différentes trans- formations de ces larves, dont la métamor- phose n’a été complète que dans le courant du mois dernier. Après sa métamorphose, l’insecte quitte la loge dans laquelle il a passé l’biver et va vivre sur d’autres végétaux, sur lesquels on le trouve difficilement à cause de sa couleur et de sa ruse. Il prend en effet une immobilité complète lorsqu’il est menacé d’un ennemi quelcon- que. C’est sur les plantes de la famille des Rosacées, et particulièrement sur les diver- ses espèces de Potentilles et de Fraisiers, que l’animal se cache pendant le jour, et quelquefois en compagnie des cloportes {Onyscus murarius), autre insecte nuisible dans les jardins. Cette dernière famille serait-elle aussi menacée de destruction ? Je ne puis encore me prononcer à cet égard. Cet insecte étant inconnu jusqu’ici dans notre région, j’ai cru à la probabilité de son introduction dans nos cultures par des envois de plantes de la Nouvelle-Calédonie. Mais M. Blanchard, le savant jardi- nier-chef du jardin botanique de Brest, ne croyait pas à la possibilité de l’acclimatation d’un insecte exotique de cette provenance dans un pays aussi humide que la Bre- tagne. C’est à l’obligeance de M. Roussel, mé- decin de première classe de la marine, que nous sommes redevables de la détermi- nation de notre ennemi qui, d’après cet entomologiste distingué, serait Y Otiorhyn- chus sulcatus, originaire du midi de la France. En possession de ces renseignements, nous avons acquis presque la certitude que cette espèce d’insecte nous provient d’un envoi de plantes du jardin botanique de Toulon, envoi qui coïncide parfaitement d’ailleurs avec l’époque de l’apparition de l’animal dans nos cultures. Quoi qu’il en soit,, nous ne pouvons que regretter les ravages toujours croissants que nous causent les larves de cet insecte, contre lequel nous sommes impuissants. Encore quelques années, et la culture de certaines familles de plantes deviendra im- possible dans notre région. Il n’est pas admissible, en effet, qu’un insecte doué d’une si grande fécondité, ce que démontre la prodigieuse quantité d’œufs microscopiques pondus par les quelques insectes que j’ai conservés depuis un mois, reste localisé dans un seul endroit. L’apparition de l’animal dans une pro- priété privée, distante du jardin botanique de plus de 2 kilomètres, le démontre suffi- samment. Y. PONDAVEN, Jardinier au jardin botanique de Brest. De ce qui précède ressort ceci : que l’in- secte en question n’est connu en Bretagne que depuis quatre ans, et qu’il s’accommode SCHIZOPIIRAGMA HYDRANGEOIDES. 313 de plantes très -diverses, appartenant sou- vent à des familles très-éloignées les unes des autres, ce qui, du reste, est le propre de toutes les bêtes — l’homme y compris SCHIZOPHRAGMA Cette espèce, décrite et figurée par Sié- bold et Zuccarini dans leur Flore du Japon, rappelle assezl’aspect général d'nnHijdran- gea, ce qui justifie le qualificatif liydran- geoides qu’on lui a donné. Mais depuis quelque temps on a intro- duit dans les cultures, sous ce même nom, une plante qui, bien qu’elle appartienne peut-être à ce genre, est cependant bien — et qui justifie ce proverbe tout particu- lièrement applicable à l’homme : « Faute de grives, on mange des merles. » {Rédaction,) HYDRANGEOIDES différente de celle décrite par Siébold (fig. 72) ; il pourrait même se faire que celle-ci dût rentrer dans le genre Hydran- gea, et nous ne serions même pas éloigné de croire qu’elle est synonyme avec une espèce que nous avons appelée Hydrangea volubilis, précisément à cause de ses ra- meaux essentiellement volubiles. Quoi qu’il en soit, et afin de bien faire res- Fig. 73. -- Schizophragma hydrangeoides, Hort. sortir la différence des deux plantes en question, nous avons cru devoir en donner des figures : d’abord de celle décrite et figu- rée dans la Flore du Japon où nous l’avons copiée, puis de celle qui a été importée du Japon l’année dernière et dont il va être question plus loin. Le Schizophragma hydrangeoides, Sié- bold (fig. 72), constitue un arbrisseau à rameaux décombants, couchés et radicants, « s’élevant rarement à 2 ou 3 pieds. » Bois gros, promptement dénudé. Feuilles cadu- ques, opposées, ovales cordiformes ou lar- gement elliptiques, assez longuement acumi- nées, longues de 8 à 10 centimètres, d’en- viron 6 à 7 dans la plus grande largeur, largement et sensiblement dentelées, vil- leuses, fimbriées^sur les bords. Pétiole gros, 3U PUYA GIGAS. légèrement canaliculé, prenant souvent une couleur cuivrée plus ou moins foncée, qui gagne parfois le limbe et surtout les ner- vures. On lit dans Siébold, l. c. : La patrie de notre plante se trouve dans les montagnes élevées /les îles du Japon, où elle croît avec les Diervilla, Andromeda, Azalea, et surtout avec Vll.viridis. Cette espèce est appelée Tsurit Demari ou Pomme de neige. Elle rampe le long'des vieux arbres à l’aide de racines qu’elle émet. Ce n’est que dans les endroits où elle rencontre une couche assez profonde de terre fertile et de terrain cultivé que la jjlante forme un arbuste de 3 pieds de hauteur. Les grandes* feuilles, opposées et échancrées en cœur à leur base, poussent en avril. Au mois de juillet, les feuilles petites, mais très-nombi'euses, d’un blanc verdâtre, nais- sant au sommet "des tiges, sont disposées en corymbe très-rameux dont le principal orne- nement consiste dans les folioles ovales et d’un blanc fort pur, placées sur les extrémités des branches florales. Comme dans la Pomme de neige et dans les différentes espèces (VHydran- gea, ces folioles sont des calices monstrueuse- ment agrandis et devenus pétales de fleurs d’ailleurs avortés. Cependant elles se dis- tinguent encore de ces monstruosités en ce qu’elles sont parfaitement entières, et que par conséquent elles doivent probablement leur for- mation au dé.velop})ement exclusif d’une seule division du calice au détriment des autres, qui dis})araissent entièrement. On aime beaucoup cet arbrisseau pour en orner les jardins. Les bourgeons radicants ren- dent la multiplication facile. Une variété pro- duite par la culture j)orte des folioles lloi’ales^ de couleur rougeâtre. On voit, d’après ce qui précède, qui se PUYA Le 2 mai 1876, j’étais parti de Pasto pour franchir la Cordillère orientale et explorer la Laguna Cocha, lac subalpin du sud de la Colombie, cjui donne naissance au ilo Guamuès, affluent principal et peut-être même source du Putumayo, grand tribulaire de. l’Amazone. J’ai raconté dans le Tour du Monde (vol. XXXVIII, p. 332) les détails pittoresques, géographiques et botaniques de cette expédition. Pour aujourd’hui, je ne parlerai que d’une des découvertes végéta- les auxquelles elle donna lieu. Nous cheminions à la file, dans l’eau jus- qu’aux genoux, au milieu des joncs qui font à la Cocha une vaste ceinture marécageuse. rapporte à la plante décrite et figurée par Siébold, que nos gravures, bien qu’elles por- tent le même nom, représentent deux plan- tes tout à fait différentes ; celle dont il va être question (fig. 73) a paru dans le cata- logue de Peter Henderson, de New- York, qui en a envoyé à notre collaborateur, M. Jean Sisley, lequel, le 14 avril dernier, nous écrivait ce qui suit : Je vous envoie sous ce pli le de.ssin du ScJti- zo'phragnia Jiydrangeoides ou «Hortensia grim- })ant, » importé du Japon par Th. Ilogg, et mis en vente l’année dernière par Peter llen- derson, de New-York, qui m’envoya une bon-* ture par la poste, que j’ai donnée â Aléga- tière, qui l’a multipliée. L’on assure que cette plante possède des oiv ganes radicants comme le Lierre, à l’aide des- quels elle s’attache aux arbres et aux murs, et s’élève parfois jusqu’à 50 pieds. On dit qu’elle est rustique ht qu’elle produit un très-bel effet lorsqu’elle est en fleurs, et aussi que celles-ci sont excessivement abondantes. Cette dernière plante, le Schyzophragma hydrmigeoides (fig. 73), que l’on pourra se procurer chez M. Alégatière, horticulteur à Lyon, permettra probablement d’éclaircir cette question que, en terminant, nous croyons devoir poser : Ces deux plantes ap- partiennent-elles au même genre ? Et si oui, celle qui nous est parvenue par M. Peter Henderson est-elleissue del’espèce qu’a dé- crite Siébold? Si ce fait était démontré, nous aurions là un exemple de plus de la variation des formes, qui, une fois de plus aussi, dé- montrerait l’impossibilité de fixer des limites entre les prétendus types et leur descen- dance. E.-A. C.A-RRIÈRE. GiGAS et entre de petits monticules où croissaient des Cassia, V Osmunda cinnamomea et de jolies Cardamines roses. En avançant péni- blement sous la pluie, j’aperçus tout à coup se dressant devant moi une sorte de mât, comme un poleau télégraphique égaré dans ce singulier paysage. M’étant approché, je reconnus une Broméliacée gigantesque, la plus étrange qu’aucun botaniste eût jamais contemplée. Sur des tiges courtes, plantées sur des petites buttes émergeant du terrain inondé, se dressaient ou s’étalaient des ro- settes de feuilles aiguës, coriaces, blanc furfuracé en dessous, armées de redoutables aiguillons noirs diversement crochus. Du PUYA GIGAS, 315 centre de ces feuilles s’élançait la hampe, variant entre six et dix mètres de hauteur. Sa couleur était un gris noir ; elle était cou- verte d’une laine fauve, plus abondante vers le sommet. Cette laine est destinée à proté- ger les fleurs contre les intempéries d’une zone dont l’altitude dépasse 3,000 mètres au- dessus du niveau de la mer. L’inflorescence avait l’aspect d’une énorme massue. Je n’ai pas vu les Heurs, que l’on m’a assuré être Fig. 74. — Pwja gifjas. belles, blanches d’abord, puis passant au rose et au violet avant de se flétrir (1). (1) Pmja gigas, Ed. André, « caule erecto brevi crasso, ramoso, foliis longis, lineari-acu- tis canaliculatis glabriuscidis subtus albo-furfura- ceis, spinis marginalibus remotis nigris diverse iincinatis, scapo tereti 0-10 metr. alto basi foliaceo J’avais déjà rencontré dans les Cordillères dein bracteato-spinescenle lanoso, spica terminali fusiformi haud pyramidata ramulis brevibus lanosis congestis, Itracteis ovato-subulatis, floribus albis v. roseis (fide incolarum). In bumidis lacus Cocha Andium Pastoensium (Nova Granata), circit. 3,000 metr. altit. Legi maio 1876. » (E. A.) 316 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICüLTURE DE FRANCE. plusieurs espèces de Puya, depuis le P. la^ nuginosa, Schult., à fleurs couleur bleue ou vert de gris, jusqu’aux espèces voisines du C. chilensiSj à périanthes jaunes, à inflo- rescence paniculée. Mais rien de semblable n’avait jusque-là frappé mes regards, ni comme dimensions, ni comme port ou inflo- rescence. Ce n’est que plusieurs mois plus tard qu’étant à Lima, M. Raimondi, le savant explorateur du Pérou, me parla d’une autre Broméliacée, géante qu’il avait décou- verte dans le département d’Ancachs. Cette plante, qui croissait dans la quebrada de Cashapampa et sur le chemin de Huinac à Cajamarquilla, non loin de la petite ville de Huaraz, s’était présentée à lui avec des hampes de neuf mètres de hauteur, et des fleurs disposées en panicule qu’il n’évaluait pas à moins de huit mille pour un seul pied. Il la trouva à une altitude supra- marine de 3,800 mètres. Cette belle plante n’est pas encore introduite en Europe. Le Puya gigas (fig. 74), qui atteint ces mêmes dimensions, ne présentait pas de graines mûres lors de mon expédition à la Laguna Cocha. Je ne pus que prendre un dessin de cette étrange espèce. On com- prendra que j’aie tout essayé pour l’intro- duire vivante depuis mon retour en Eu- rope. Aussi, parmi les principales ins- tructions que je donnai à M. Puvilland à son départ pour la Nouvelle-Grenade, l’an- née dernière, figurait la récolte des graines du Puya géant de la Cocha. Aidé d’un indigène qui m’avait autrefois accom - SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRiS SÉANCE DU 28 A l’occasion de cette séance, particulièrement affectée à la distribution des récompenses attri- buées lors de l’ex})Osition d’horticulture aux Ghamps-Élysées, en juin 1881 , ainsi qu’aux au- tres récompenses accordées pour divers sujets, la cour de l’iiotel de la Société, ainsi que la grande salle de réunion, avaient été décorées. Aussi n’y a-t-il pas eu de séance horticole, et n’a-t-on pu s’occuper d’aucune autre affaire. Néanmoins, quelques a})})orts ont été faits ; ils consistaient, au comité de culture potagère^ en un rameau de Framboisier, idem de Persil, idem d’Estragon, et d’un rameau de Groseil- lier à grappes, tous d’un développement ex- traoi'dinaire, qui, d’a})rès l’exposant, était du à remjjloi du régénérateur Guilbert, pagné, Ildefonso Jojoa, M. Puvilland re- trouva la plante, qui devient de plus en plus rare, paraît -il. Il ne récolta pas ses graines sur la rive droite du lac, où se trou- vent les plus grands exemplaires, mais sur la première zone des rives, où ils atteignaient encore plus de 5 mètres de hauteur. Il en rapporta de bonnes graines qui furent semées avec soin, et qui permettent aujour- d’hui de mettre la plante au commerce. Les amateurs pourront s’adresser, dans ce but, à MM. Delahaye et Dallière, horticul- teurs à Tours (Indre-et-Loire), qui sont dès à présent en mesure d’en livrer de jeunes sujets en bonne santé et bien développés. Ornement remarquable des serres froides et des jardins d’hiver, le Puya gigas, plante d’une culture facile, produira surtout son effet ornemental dans les jardins de la côte méditerranéenne. Il pourra, nous l’es- pérons du moins, y être cultivé à l’air libre depuis Toulon jusqu’à Gênes. La station naturelle où il croît indique une plante robuste et nous donne le meilleur espoir. Tout porte à croire qu’il se comportera comme les Dasylirions, dont il a le port, et qui forment de si beaux exemplaires dans le midi de la France. J’avoue que ce serait une grande joie pour moi de revoir, dans notre pays, sur les pentes des ravins pittoresques de Cannes ou de Nice, les hampes prodigieuses de cette commensale des régions froides des plus belles montagnes du globe. Ed. André. LE D’HORTICULTURE DE FRANCE JUILLET 1881 Au comité d’arboricu lture on avait également présenté des rameaux d’Abricotier chargés de fruits remai-quablement beaux et gros, dont aussi le développement considérable serait éga- lement dù à ce meme produit. Les rameaux, assurait-on encore, })rovenaient d’arbres gelés en 1878-1879, lesquels, grâce à un arrosement fait avec cette substance, avaient repoussé et donné les énormes fruits qu’ils })ortaient. Nous ne nions certainement jias les propriétés de ce régénérateur i{ui, en effet, méilterait son nom si les faits avancés étaient prouvés, ce qui nous })araît difficile, surtout en ce qui concerne les Abricotiers. Le comité de floricuUure était mieux pourvu : c’était d’abord des fleurs de Pétunias simples et EXPOSITION d’horticulture DE MATANZAS. 317 l)loines, a})})ortées })iir M. Tabar, de Sarcelles; (les Heurs (rCKillets de semis }»réseiitées j)ar — M. llocliard, horticulteui- à Pierrelltte. — JM. Clialé Louis, liorliculteur à Paris, avait ap- poi'té une (j[uiuzaiue de variétés (]e Phlox decus- sala, tous remaiajuablemeiit beaux; un surtout, d’un blanc //’cs-jun’ et relativement iiaiii, méri- tait une attention })articulière. C’est une plante tout à lait hors ligne. — M. Régnier, horticulteur à Fontenay-sous-Bois, avait apporté un piedd’ür- cbidée qui nous a paru des^plus curieux par sa végétation et surtout par les tubérosités de sa souche, qui rappellent à s’y tromper celles de certaines Aroïdées, notamment de Ckiladhim biilbosiim. Nous reviendrons sur cette plante que JM. Régnier a reçue directement de Saigon. — JMJM. Couturier et Robert, horticulteurs à Cbatou, présentaient trois variétés de Gloxinias de semis et cinq de Bégonias tubéreux, remarquables }>ar la beauté et surtout par les dimensions de leurs Heurs. — JM. Poitevin, jardinier à Sannois, avait ap})Oi“té deux pieds de Galtonia^ espece plus con- nue sous le nom de Hijacinthus candicans, sous lequel nous l’avons décrite et figurée (1). C’est une plante cuideuse, très-rustique, se repro- duisant par graines, ainsi que nous avons pu le constater dans les cultures de JMJM. Vilmorin, à Verrières, où il en existe de grandes quan- tités. — JM. Bullier, amateur bien connu, avait a})porté, de sa propriérité de Sarcelles, deux JJendrobium : I). Fanneri album fortes grappes iiendantes de fleurs blanches, à la- belle largement maculé jaune, et le Z), siiavis- slmum^ à Heurs d’un très-beau jaune, hi labelle maculé brun, qui dégagent une odeur des plus agréables. — JM. Lavallée présentaiC un jeune })ied de semis d’une intéressante Bignoniacée originaire de la Colombie, à peine haute de 40 centimètres, et qui se terminait par une inllo- rescence en épi dressé, à Heurs d’un beau jaune éclatant, à tube largement ouvert, légèrement strié à l’intérieur. Cette es})èce, (j[ue M. Laval- lée croit ])ouvoir rappoider au genre Adoioca- lijmma, i-a])])elle j)arses feuilles et [>ar ses Heurs celle que nous avons publiée sous le nom de Bapionia sambucifolia [Tecoma sarnbiici fo- lia, IL B.) (1). — Entin JVI. JMicliel, de la maison Vilmorin, Andrieux et C»c, exposait des Heurs coupées des espèces suivantes: Pétunia à gran- des Heurs doubles etsinqiles, })anacbées, süiées, rubannées; Balsamines, Camellias, Œilletsdela Chine à Heurs doubles et à Heurs simples; une vingtaine de variétés de C I ir y santhemum cari- natum à Heurs doubles d’une bonne forme et de coloris variés, qui montraient de pro'fondes et très-heureuses, modifications chez cette jilante éminemment ornementale ; plus deux caisses de Zinnias à Heurs doubles, bien variées, a})j)ar- tenant les unes à la série des Ponq)ons, les autres à celle des grosses Heurs. A la séance du conseil, JM. Eugène Verdier })résentait des branches de Chrysanthèmes Étoile d’or, croyons-nous, et d’autres de la Chrysanthème Comtesse de Chambord ou d’une forme voisine de l’espèce commune, de la Chry- santhème frutescente. Elles étaient remarqua- bles par leurs Heurs, qui étaient monstrueuses et montraient toutes les transformations que l’on peut imaginer, et ({u’il serait à peu près impos- sible d’énumérer scientifiquement. Les savants, néanmoins, qui ne sont jamais embarrassés et qui se tirent toujours d’affaire disent de ce fait (( que ce sont des chloranthies . » Qu’ont-ils fait dans ce cas ? A peu près rien : à la chose ils ont substitué un mot. EXPOSITION D’HORTICULTURE DE MATANZAS Havane, 28 avril 1881. Cher maître, Je viens vous transmettre quelques notes sur l’Exq)osition internationale de Matanzas (Cuba). Matanzas est par son importance la seconde ville de File de Cuba. Tandis que la capitale, la Hava?ie, est avant tout industrielle et com- merciale, servant de dépôt central, Matanzas, avec une population de 40,000 âmes et jouis- sant d’un beau port de mer, est située au centre de la province la plus agricole et la plus riche de l’île, dans la fameuse vallée du Yumiri, ancien lac immense qui s’est desséché natu- rellement en formant une petite rivière du meme nom, qui assainit ce beau vallon si fertile en canne à sucre et pâturages. Des chemins de fer y rayonnent des quatre points cardinaux et (1) Voir Revue horticole, 1880, p. 468. viennent apporter les produits de la colonie â son port. R était par conséquent naturel que l’on eût choisi ce centre de la culture pour y exposer les richesses de l’île de Cuba. C’est â l’initiative d’un ancien élève de l’École centrale de Paris, JM. Jean-Baptiste Gimenez, président de la commission exécutive, et aux membres^du « Club de l’Athénée » qu’est dû le plan et l’exécution de cette exposition. Le bâti- ment a 100 mètres de façade sur 75 mètres de côté. Dans l’intérieur existent des galeries laté- rales divisées par quatre autres galeries formant une croix au centre de laquelle se trouve le dôme surmonté d’une coupole. Les quatre coui s renfermées entre les branches de cette croix sont ornées de kiosques, Heurs, plantes, et de l’ex- position du Jardin d’acclimatation de la Havane. (1) V. Revue horticole, 1878, p. 50. 318 EXPOSITION d’horticulture DE MATANZAS. Gomme la partie industrielle de l’exposition doit vous intéresser à un moindre degré, je ne vous entretiendrai que de la partie horticole et agricole. A ce sujet je me permettrai de vous faire re- marquer qu’une exposition horticole sous les tropiques est une alfaire bien plus complexe qu’elle n’en a l’air au premier abord, car nous ne pouvons pas faire usage de serres j)ropre- rnent dites où, comme on l’entend en Europe, tout y brûlerait. La commission exécutive a donc eu recours à l’em})loi de galeries à treil- lages en bois, dont j’ai été l’innovateur dans ce pays. Ici, i)ermettez-moi de faire une petite digression. Il y a quinze ans, en arrivant dans l’île de Cuba, j’avais remarqué que les jardiniers qui possédaient quelques plantes les cultivaient en pots à l’ombre des grands Manguiers ; aussi n’avaient-ils que des sujets chétifs. J’eus alors l’idée de construire des galeries en forme de serres hollandaises, avec du treillage en bois dont les mailles sont i)lus ou moins rap- prochées, selon que les plantes demandent plus ou moins de chaleur, ou qu’elles sont plus ou moins fraîchement importées dans l’île. En dimi- nuant par ce procédé les rayons solaires, j’obte- nais une fraîcheur relative et surtout une bonne ventilation ; les plantes y vivent dans un milieu suffisamment frais et dont l’ombre qui les pro- tège est modifiée ; le soleil y est en quelque sorte tamisé, et en poursuivant sa course ne donne jamais longtemps sur la môme place. Depuis quinze ans que j’ai trouvé et erni)loyé ce système de serre à treillage, mon idée a fait du progrès dans l’île ; les riches colons ont commencé à prendre goût aux plantes et ont fait construire des galeries très-élégantes et nommé leurs serres à treillage : galerico cVac- climatacion ; une belle fontaine au centre, quelques rocailles et plantes luxuriantes de file de Cuba, font de ces retiro un endroit déli- cieux. Or, dans les parties de l’exposition destinées, comme je viens de le dire, à l'horticulture, la commission exécutive a fait construire deux galeries de 20 mètres de long sur 5 mètres de large avec fontaine au milieu (ces galeries ont coLité 20,000 fr.) ; quatre entrées dans chacune, donnant accès dans l’intérieur de l’exposition, facilitent le passage d’une section à l’autre. Je dois aussi faire remarquer qu’il en est ici des plantes tro})icales, comme si en France l’on exposait un Chêne dans un pot pour représenter une forêt, c’est-à-dire qu’on ne les apprécie pas, et que ce qui vous intéresserait particu- lièrement n’a aucun ou n’a que peu d’attrait pour le public, qui préfère un Œillet, un Dahlia ou une Rose à toutes les plantes tropicales. Par liarenthèse, l’Q^illet flamand ne vit ici que pen- dant trois à quatre mois; mais les colons ont importé une espèce d’Œdllet à ])arfum dont la fleur semi-double est de couleur rouge écarlate, que je crois natif du Maroc, où les Orientaux en extraient l’essence pour le commerce. Cette es})èce, à bois sec, sui)porte mieux la chaleur et ne pourrit pas, comme l’autre, à rez de terre, par les fortes rosées. A part quelques plantes hors ligne, toutes les autres sont des plantes importées ou accli- matées. Je cite d’ahoj’d les Coleiis, plante des plus merveilleuses sous les tropiques, qui se multi- plie par la graine à l’infini; le Jardin d’acclima- tation de la Havane, sur 200 semis, en a i>lus de 150 variétés. Vient ensuite la famille des Aroïdées en général : Caladium, Dieffenha- chia-, Anthurium, Alocasia; les Bromélia- cées, les Tillandsia et autres. Les Dracœna, qui croissent dans nos jardins à une hauteur de 6 à 8 mètres; les Crotons, dont j’ai greffé deux et trois variétés sur chaque plante, qui atteint l"i 50 de hauteur sur autant de diamètre ; rien n’est beau comme ces plantes dont le feuillage, varié à l’infini comme forme, est surtout remarquable par les nuances si vives et si diverses des coloris. Les Fougères, enfin toutes les plantes de l’Australie, font merveille ici. Les Géranium zonale {Pélargonium, très-rares), les Bégonia, les Cactus, les Agaves et les Euphorbes. Dans les plantes grimpantes et autres, leaBi- gnonia venusta, les Antigonum, Clitoria, Aris- tolochia, Passiflora, Aralia, Clusera, Melia florihunda, Brunsfelsia, Acalypha, Jatropha, Justicia, Ixora, tous ces arbustes sont plantés dans les jardins, comme les Spirea en Europe, et excitent peu d’intérêt dans une exposition sous les tropiques. La famille des Palmiers est représentée par les Latania horhonica,' Sabal Adansonia, Oreodoxaventricosa, Martinezia, Chamœrops, Phœnix dactylifera, Thrynax elegans, Pan- danus, Cycas, Zamia, Strelitzia et autres. Mais on ne fait nul cas de ces plantes ici. Les plantes agricoles, fourragères et indus- trielles sont représentées par les sortes sui- vantes : Bamie, Sanseveria, Sorgho à balai et du Minnesota, Eucalyptus, Café Liberia, Canne à sucre, Yé-goma, Téosinte ou Beana luxurians. Maïs du Pérou, Maïs dent de cheval, Haricots Chevrier (comme primeur pour l’exportation à Ne^v-York), les Pommes de terre hâtives (cultivées jtour la première fois au Jardin d’acclimatation de la Havane, où, })lantées le 20 décembre 1880, elles étaient mûres et prêtes à être exportées le 25 février suivant, comme primeurs, pour New-York, chaque pied ayant produit de 500 à 000 gram- mes de tubercules), — plus 20 variétés de Ha- ricots pour primeurs et 10 variétés de Mais pour la grande culture. Les semis de ces trois 319 DEUX POMMES LOCALES DE L’AUBE. derniers produits provenaient de la maison Vilniorin-Andricux et de Paris. . Cette maison a bien voulu nous envoyer à l’exposition son bel album de légumes, Heurs annuelles et vivaces, des fleurs à bulbe ; c’était la première fois que les habitants de l’île de Cuba admiraient cette riche collection de fleurs et légumes, inconnue ici jus({u’à ce jour. Du reste, la maison Yilmorin-Andrieux est universellement connue; j’étais néanmoins bien aise de voir des noms français briller à cette exposition. Dans la galerie de l’industrie agronomique, le Jardin d’acclimatation de la Havane a exposé une collection de fibres textiles des plantes de l’île de Cuba, telles que : Sanseveria, Ramie, Tillandsia Pingouin, Aiianassa, Gombo {Hi- biscus africanus), Hibiscus sinensis, Hibiscus tillianus, Fourcroya, Agave americana et longifolia, Musa sapientium. En fait de i)lantes à essences de parfum : Eucalyptus et ses variétés. Jasmin d'Espagne, Rose d' Alexandrie (l’antique Rose des quatre saisons) et la Vanille du Mexique. Dans la section de l’agriculture, la charrue vigneronne, }»ropre à remplacer la main d’œuvre dans la culture de la Canne à sucre et du Tabac, de Souchu-Pinet. En articles d’industrie pratique, le Jardin d’acclimatation de la Havane a exposé : un mouchoir fabriqué avec les fibres de Ramie ; — des cols et manchettes aussi fins que de la dentelle, fabriqués avec Vaubier de VHibiscus tillianus ; — des bracelets, croix, boucles d'oreilles, épingles pour dames et pour cra- vate, fabriqués avec les graines de Martinia diandra (en monture, cette graine ressemble à un coléoptère et produit un très-joli effet) ; — du qiapier fabriqué avec l’aubier de VHibiscus tillianus, des fibres de Musa sapientum pré- parées pour fabriquer du papier à cigarettes ; — du café grillé en poudre de Soja; — des cigares et cigarettes dont l’enveloppe est faite du parenchyme du Palmier oreodoxa, et une grande collection de rustiques, tels que : jardi- nières, corbeilles de fleurs à suspension, etc., fabriqués avec les bois du pays {Kalmia, Lianes et bois de Ficus), industrie que j’ai introduite dans l’île de Cuba en 1865. Dans la section des sciences et de l’instruc- tion publique, j’ai cru utile d’exposer mon ou- vrage en langue espagnole, intitulé : Trente et une veillées ou Principes élémentaires de la culture Cl Cuba, à l’usage de la jeunesse cu- baine ; un essai sur la Physiologie de Vile de Cuba, et mon rapport, en qualité de délégué de la commission scientifique de la Havane, sur V Exposition de i878, à Paris, Finalement, je mentionnerai encore une belle collection de Roses, que j’avais apportée de l’Ex- position de J 878, provenant de M. Margottin père, à Bourg-la-Rcine, près Paris. Je vais terminer ce compte-rendu par la des- cription du parc de l’Exposition .de Matanzas ; la voici : L’ensemble du parc a la forme d’un ovale dont les extrémités sont au sud et au nord. La ligne extérieure de l’ovale forme bordure à riiippodrome, qui a 900 mètres de pai’cours, et la ligne intérieure bordant l’édifice de l’ex- position. L’entrée principale de la façade est ornée de deux j)iédestaux, imitation rustique, champêtre, surmontés de vases. A droite et à gauche [se trouvent les entrées principales du parc. Les premières })lates-bandes sont plantées de Latania, Cocos nucifera, AcalyqAia 7nar- g inata et de Croton. En face de l’entrée, à droite du i>arc, se trouve une pelouse avec fontaines, imitation de pétrification (de mon invention). A la base de l’édifice est une plate-bande de plantes tropicales élevées au Jardin d’acclima- tation de la Havane. En tournant à droite, l’on rencontre un kiosque de style mauresque. Du côté sud, en suivant cette route, se trouve une large pelouse garnie de massifs de plantes à feuillage décoratif, et de chaque côté de cette pelouse il y a une large promenade, l’une cir- culaire à l’édifice, l’autre à l’iiippodrome. Au milieu de la pièce de gazon existe un lac de 150 pieds de long sur 50 pieds de large, au centre duquel s’élève une île en rocaille, forme rustique, avec un jet d’eau formant om- brelle. A l’est on rencontre un pavillon, forme chalet, pour senoras ; un peu plus loin le pavillon contenant la chaudière à vapeur char- gée de transmettre le mouvement aux ma- chines de l’exposition, avec sa cheminée, en face duquel se trouve une large sortie ornée de deux piédestaux surmontés de vases. Plus quelques pavillons destinés à différents usages, autour desquels se trouvent des massifs de plantes en rapport avec la circonstance. Telle est l’énumération succincte de cette exposition dont le souvenir restera longtemps dans la mémoire des nombreuses personnes qui ont pu la visiter. Jules Laciiaume, Membre de la commission exécutive de l’exposition de Matanzao (Cuba). DEUX POMMES LOCALES DE L’AUBE<'> La vallée d’Othe, riche en arbres frui- (I) Extrait des Annales de la Société vigne- ronne et forestière de VAiibe, mai 1881. tiers, a été cruellement ravagée par l’hiver 1879-80 ; les hauteurs, les plateaux ont été moins éprouvés. Parmi les quelques espè- DEUX POMMES LOCALES DE L’AUBE. 320 ces ayant résisté au froid, il est deux va- riétés de Pommiers qui sont tellement ré- pandues dans cette contrée de l’Aube et de l’Yonne, qu’elles pourraient bien y avoir puisé leur origine. Le fruit est à deux fins : à couteau et à cidre ; à l’arrière-saison, il est accaparé par les marchands fruitiers, qui le livrent directement à la consommation. Ces deux sortes sont les Pommiers de Vigne et Nez-de-Chat ; on ne les connaît que sous ces deux noms. En voici la description som- maire : Pomme de Vigne. — Le Pommier de Vigne paraît être d’une culture très-an- cienne ici et a dû avoir une grande vogue, à en juger par le grand nombre d’individus qui existaient encore il y a une trentaine d’années. Mais le nombre s’en restreint chaque année. On lui reproche avec raison, quoiqu’étant naturellement fertile et faisant souvent de magnifiques promesses, de ne tenir que très-rarement ces promesses. La floraison hâtive étant très-délicate, le plus souvent le fruit n^noue pas. De plus, quoi- que la qualité sucrée du fruit soit appréciée pour le cidre, il rend très-peu de jus, sur- tout si la maturité est un peu avancée, de sorte que la culture de cette variété paraît devoir se restreindre à l’emploi en guise de Pomme à couteau pour la consommation courante locale, et surtout pour la vente tardive du marché. Aux mois de février et mars, le fruit est très-recherché, chez nous, par les marchands fruitiers pour le marché de Troyes. Même et surtout pour cet emploi du fruit, l’arbre aurait besoin d’un certain entretien, facile à donner il est vrai, mais que l’on néglige ordinairement. Cet arbre, d’une grande vigueur, est excessivement touffu ; il aurait besoin, tous les deux ou trois ans, d’une espèce de taille, ou plutôt d’un éclaircissement de ses rameaux, pour que les fruits de l’intérieur aient l’air et le soleil nécessaires pour les rendre propres à la consommation. Dans son état de nature, il n’y a que ceux du tour de l’arbre que l’on cueille ; le reste est mis en cidre. La Pomme de Vigne est moyenne, un peu aplatie, d’un coloris jaune tavelé de rouille, souvent nuancé rougeâtre ; elle ressemble aux Reinettes dorées et aux pe- tites Reinettes grises. - Pomme Nez-de-Chat. — Moins ancien que le précédent, le Pommier Nez-de-Chat est plus répandu. Je me rappelle encore que, dans mon jeune âge, il y a une quarantaine d’années, l’on ne greffait pour le cidre que le (( Nez-de-Chat. Si aujourd’hui la propagation s’est ralentie, c’est qu’il y en a déjà une certaine quantité et que l’on dé- sire lui associer d’autres sortes de Pommes pour le mélange, ce qui constitue un bon cidre ; cependant cette variété a aussi ses défauts. L’arbre vient trop touffu ; son bois flexible le fait souvent ressembler à un Saule pleureur, avec une forte charge de fruits. Son fruit, petit, rend très-peu de jus. Le cidre, très-épais, est lent à s’éclaircir, ce qui est un grand défaut pour la vente, qui se fait le plus souvent à prendre au pres- soir et pour une consommation immédiate. Pour que ce cidre ait acquis toutes ses qua- lités, la consommation ne doit pas s’en faire avant le mois de mai ou juin, quand la fer- mentation est achevée et que l’éclaircisse- ment a eu lieu. Malgré ses défauts, cet arbre est peut-être le plus précieux de tous nos arbres à cidre. R est vigoureux, et surtout d’une vigueur soutenue. Quoique ne cou- vrant pas une grande superficie de terrain, c’est incroyable, pour qui ne le connaît pas, la quantité de fruits que l’on peut en tirer. Il en pousse partout. La floraison, étant des plus tardives, échappe souvent seule à nos gelées printanières. Le cidre est bon et sur- tout de longue garde. La Pomme n’est cueillie que dans les années où les autres variétés plus appréciées font défaut. Son emploi est pour le cidre. Cependant, cuite, elle a des qualités, à la condition toutefois de la choisir bien développée, de ne la pren- dre que sur les arbres demi-chargés et sur les dehors, où elle reçoit l’air et le soleil. La Pomme, Nez-de-Chat est petite, pres- que moyenne, semi-conique, d’un coloris' vert jaune s’éclaircissant à l’arrière-saison, souvent tacheté de brun. Eugène Noël. Ifaip. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Session du Congrès pomologique de France à Orléans ; exposition d’horticulture organisée à l’occasion de ce Congrès. — Les grandes chaleurs de 1881 comparées à celles de 1793. — La température à Falaise ; lettre de M. Ravenel. — Le Casimiroa ediilis du jardin de M. Hambury, près Menton; lettre de M. Andrews. — La récolte à Saragosse. — Exposition de la Société d’horticulture de Meaux. — La chaleur et la sécheresse dans le Midi ; lettre de M. d’Ounous. — Graines de Vignes sauvages envoyées du Kahsmyr par M. Ermens; Nymphéacée du lac de Srinagar. — Le principe colorant des plantes d’après M. le professeur Schnelzler; observation à ce sujet. — Le Nymphéa odorala rubra. — Nouvelles serres du jardin d’acclimatation; Vigne sénégalienne introduite dans ce jardin; Cycas siamensis. — Les Irnanlophyllum comme plantes d’appartement; observations de M. Arthur de Smet. — Prix mis au concours par la Société zoologique d’acclimatation du bois de Boulogne. — Procédé de M. Lajoye pour le bouturage des Bégonias. — Culture des Bruyères. — Apparition de l’oïdium. — plantation de Bhododendrons sous bois au domaine de Ferrières; plantes ligneuses qui ne sont pas mangées par le gibier. — Abaissement du tarif de transport des fruits et légumes sur les chemins de fer belges. Nous rappelons à nos lecteurs que, le 14 septembre prochain, le Congrès pomo- logique (le France tiendra sa séance à Orléans. Inutile de dire tout l’intérêt que présentent ces sortes d’assises, où sont examinés les fruits nouveaux ou rares, et constatés leurs mérites, de manière à éclai- rer l’opinion publique sur la valeur de chacun d’eux. A. propos de ce Congrès, la Société d’horticulture d’Orléans et du Loiret orga- nise pour cette même époque une exposi- tion d’horticulture, qui sera la quarante- huitième depuis sa fondation. Tous les horticulteurs et les amateurs français et étrangers sont invités à prendre part à cette exposition. A cet effet, ils de- vront de suite adresser une demande, soit au président, M. Max. delà Rocheterie, soit au secrétaire général, M. Eug. Delaire. Bien que l’exposition soit plus particuliè- rement spéciale aux fruits, on admettra néanmoins « les apports en fleurs coupées et les plantes rares ou nouvelles qui pour- raient être en fleurs au moment de l’expo- sition; les objets d’art pei(, encombrants pourront aussi être admis. » Le jury se réunira le mercredi 14 sep- tembre,î^à neuf heures du matin, à la mairie d’Orléans. — Appréciant comme il le mérite le travail fait par M. Charles Baltet sur les dégâts occasonnés sur les végétaux par le froid si intense de l’hiver 1879-1880, la Société nationale d’agriculture a accordé une médaille d’or à son auteur. C’est justice, car de tous les mémoires faits sur ce su- jet (et ils étaient nombreux, — 148, paraît- il), celui de M. Baltet était de beaucoup le plus complet. — La chaleur exceptionnelle de cette année (38 à 42 degrés, et même plus, à l’ombre dans les environs de Paris) n’est pas sans précédent, et, en cherchant dans le passé, voici ce que nous avons trouvé. Parmi les étés célèbres pour leur chaleur, il faudra maintenant citer 1881. Nous avons eu, comme en 1793, 38 degrés à l’ombre.- C’est en 1793 qu’on trouve le premier été terrible sur lequel on possède des renseigne- ments. Jamais peut-être la chaleur n’atteignit,' en France, une intensité semblable. Le prin- temps avait été froid, et on avait été forcé, en juin, de faire du feu dans les appartements. Dès le 4 juillet, Pair commença à s’échauffer, et le 8 le thermomètre marquait 38 degrés à l’ombre. (( Cette chaleur si forte, dit un contempo- rain, succédant à un froid continu et à une sécheresse prolongée, produisit des effets dé- sastreux. Dans les jardins et dans les champs, les légumes furent grillés ; les fruits séchaient sur les arbres ; les meubles et les boiseries craquaient ; les meubles se déjetaient ; la viande fraîche se corrompait immédiatement; la volaille et les bestiaux paraissaient accablés. Les vents dominants furent le nord-est et l’est. Ce n’est que le 17 juillet qu’un orage violent, accompagné de grêle, mit fin à ces chaleurs excessives. » — M. Jules Ravenel nous écrit de Fa- laise, le 7 août : « Nous avons ici une cha- leur intolérable ; presque tous nos semis de Choux et de Salades faits en pleine terre sont brûlés ; il faut les laisser abrités pen- dant la moitié de la journée si l’on veut 1er SEPTEMBRE 1881. 17 322 CHRONIQUE HORTICOLE. réussir. Nous avons quelques fruits de table, et Ton compte sur une demi-année de Pommes à cidre. Quant à nos Vignes, elles sont chargées de Raisins c( très-avancés. » Il est à désirer qu’il en soit ainsi dans les pays vignobles. — Au sujet du Casimiroa eduUs,M.L-B. Andrews, de Menton, nous écrit le 31 juil- let 1881 : Monsiem' le rédacteur, D’après ce que vous avez écrit sur le Casimi- roa edulis, j’ai pensé que vous ne seriez pas fâché d’apprendre que, dej)uis quelques an- nées déjà, il existe un pied de cette espèce au ■jardin de M. Ilambury, à la Mortala, ])rès Men- ton. Je crois que ce pied n’a pas encore fructifié. Le fait que cette plante, si rare dans notre con- tinent, se trouve là n’a rien qui puisse étonner ceux qui connaissent ce jardin qui, au point de vue des végétaux exotiques, est certainement l’un des plus remarquables et des plus intéres- sants qu’il y ait en Europe. Nos lecteurs, il n’est pas douteux, apprendront avec plaisir qu’un Casimiroa edulis est planté près de Menton, c’est-à- dire aux portes de la France, dans une localité des plus agréables et constamment visitée par les nombreux amateurs qui actuellement habitent Hyères, Cannes, Nice, et qui pourront voir là et suivre une espèce des plus intéressantes, qui, même au point de vue de l’alimentation, pourra peut- être acquérir une grande importance. La communication de M. Andrews vient donc fort à propos, et nous le remercions d’avoir bien voulu la faire. — D’une lettre que nous adresse, de Saragosse, un de nos collègues, nous extrayons le passage suivant : « .Les ré- coltes de la grande culture sont moyennes ; les grandes pluies de l’hiver ont beaucoup nui au Froment; les fruits et les Raisins sont. passablement abondants; le vin vaut 35 à 40 fr. l’hectolitre par suite de l’expor- tation, qui est considérable, surtout pour la France. C’est au point que les diverses sta- tions de chemin de fer sont encombrées de futailles dans tous les pays vinicoles dont Sa- ragosse est de bi'aucoup le centre le plus im- portant. Jusqu’ici l’Aragon n’a pas de phyl- loxéra. « Quant à la température, elle n’a guère excédé 34^ Pmaumur, à l’ombre (cela va sans dire). Vous savez, du reste, puisque vous avez habité Saragosse, que cette partie de l’Aragon a un climat très-variable : chaud, froid, sécheresses, pluies, orages, etc., avec tout cela de grands vents assez fréquem- ment. » — Les 17, 18 et 19 septembre prochain, la Société d’horticulture de l’arrondissement de Meaux fera dans cette ville une exposi- tion d’horticulture, ainsi que des arts et in- dustries qui s’y rattachent. Les ressources horticoles et surtout ma- raîchères de la ville de Meaux ne laissent aucun doute sur le succès de cette expo- sition. Les| personnes qui désirent exposer de- vront, le plus tôt possible, en faire la de- mande à M. le président de la Société, baron d’Avène, au château de Rrinches, par Tril- port (Seine-et-Marne), en faisant connaître approximativement, avec leurs produits, l’emplacement qu’ils jugeront leur être né- cessaire. Le jury se réunira le 16 septembre pro- chain, à onze heures, à rHôtel-de-Ville de Meaux. — La chaleur et la sécheresse se font sentir presque partout en France d’une manière inaccoutumée. Notre collaborateur, M. D’Ounous, nous écrit de Saverdun que presque toutes les cultures souffrent beau- coup, que certaines sont compromises, mais que chez lui les fruits, les Poires surtout, « abondent^ y> et qu’il a été obligé de soutenir ses arbres, qui « rompent sous la charge; » mais, somme toute,année moyenne, « Le vin et les Haricots sont rares. Le prix des céréales augmente déjà. — M . Ermens, qui est en ce moment au Kahsmyr, nous informe que, outre les espè- ces de Vignes dont 'il a envoyé des graines l’année dernière, il enverra^cette année des pépins de « Vignes sauvages. » Mais quelles sont celles-ci? Il nous fait aussi savoir que cette année les vivres ne manqueront pas et que la disette n’est pas à craindre; car, outre que le Froment et le Riz sont abondants, les fruits. Cerises, Pommes, Poires, Rai- sins, etc., existent partout en quantités con- sidérables. Presque tous ces fruits sont convertis en alcool. M. Ermens nous pro- met une note sur le lac de Srinagar qui, dit- CHRONIQUE il, présente en ce moment l’aspect le plus ravissant par la végétation, surtout par une l)elle Nymphéacée dont les feuilles gigan- tesques sont constellées de magnifiques fleurs roses. — Les chaleurs sont fortes et soutenues ; la température à Srinagar est, en moyenne, de 34 à 35 degrés. — La Revue de Vhorticulture belge et étrangère nous apprend que M. le profes- seur Schnelzler, qui s’occupe tout particu- lièrement de l’étude des principes colorants des plantes, suppose, d’après toutes les com- binaisons, qu’il a vu se former a priori, qu’il n’y a dans les plantes qu’une seule ma- tière colorante, la chorophylle, laquelle, mo- difiée par certains agents, fournit toutes les teintes que présentent les feuilles et les fleurs. Malgré tout le respect que nous avons pour les travaux des savants, nous ne pou- vons adopter cette manière de voir, car pour- quoi plutôt la chlorophylle que toute autre couleur ? En principe, aucune couleur n’existe ; toutes résultent des combinaisons et des transformations des éléments qui s’o- pèrent sous l’action de la vie. Que la chloro- phylle se forme avant certaines autres Cou- leurs c’est possible ; mais qu’elle soit innée, non seulement cela n’est pas, mais cela ne peut être ! — Nous avons vu récemment en fleurs, chez M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Ar- genteuil, une plante qui certainement fera sensation. C’esiun Nymphéa odoratarubra, espèce très-rare, à fleurs d’un beau rose mauve nuancé, à reflets comme un peu lilacés. Au grand mérite d’une rusticité complète, on peut ajouter celui de la floribondité. Nous avons vu des pieds jeunes parfaitement fleuris, bien qu’ils fussent plantés dans un baquet. Nous en donnerons prochainement une description et peut-être une figure. — Dans une visite que nous venons de faire au jardin zoologique d’acclimatation du bois de Boulogne, nous avons pu cons- tater, outre des nouvelles serres et beaucoup d’autres améliorations sur lesquelles nous espérons revenir prochainement, la présence d’une nouvelle Vigne des plus intéressantes par tous ses caractères physiques. Malheu- reusement, il est à craindre que son origine sénégalienne n’en fasse, dans notre pays. HORTICOLE. ^ 323 qu’une espèce de serre chaude. C’est ce (j[ue l’avenir démontrera, et pour aujourd’hui nous ne pouvons faire autre chose que d’in- diquer ses principaux caractères, qui sont les suivants. Plante très-vigoureuse, à tige ligneuse, subéreuse, volubile, pouvant atteindre une grande hauteur, munie de fortes vrilles partant de nœuds ou mérithalles assez gros. Écorce des bourgeons très-glauque, fortement pruinée et comme bleuâtre. Feuilles gran- des, entières, cordiformes allongées, obtuses au sommet, qui est brusquement arrondi. Fleurs. . . Une autre plante également nouvelle, que nous avons aussi remarquée dans cet établissement en échantillons variés, et dont un grand nombre présentent des dimensions vraiment extraordinaires, est le Cycas Sia- mensis, sur lequel nous reviendrons dans un article spécial. Outre les plantes moyen- nes, il y en a un grand nombre dont le stipe, qui mesure 2 mètres de hauteur sur 20 à 35 centimètres de diamètre se termine par une magnifique couronne de frondes. La base de ces tiges qui, renflées absolument comme celle du Pincynectitiatuberculata, mesure, chez certains individus, jusque 50 centimètres et même plus dans le plus grand diamètre. — Les Imantopliyllum ne sont pas seulement des plantes de premier ordre pour l’ornementation des appartements ; ils présentent encore cet avantage que leurs hampes, coupées et mises dans de l’eau, même quand les fleurs ne sont encore qu’en boutons, ceux-ci continuent leur développe- ment et s’y épanouissent parfaitement. Il y a même plus, et d’après M. Arthur de Smet, qui rapporte le fait dans le Journal de la Société régionale d’horticulture du nord de la France, non seulement la flo- raison s’accomplit très-bien dans ces condi- tions , mais les fleurs peuvent produire des graines, ce^qu’il a pu observer sur une hampe d’ Imantophyllurn miniatum robus- tum qui avait été cassée accidentellement lorsque ses fleurs n’étaient encore qu’en boutons. Pour obtenir ce résultat, il lui a suffi, dit-il, de mettre la hampe dans un vase dans lequeLil avait déposé, avec du sable, de l’eau qu’il renouvelait tous les huit jours... a Le coloris et l’ampleur des fleurs. 324 CHRONIQUE HORTICOLE. la grandeur et la forme du bouquet étaient tout aussi parfaits que s’il s’était développé sur la plante même... Bientôt les fruits mû- rirent, et devinrent tout aussi rouges et aussi volumineux que si la floraison et la fécon- dation s’étaient faites dans des conditions normales... Le semis réussit à merveille... et au moment où les graines, sur les autres Imanlophyllum, atteignaient seulement leur maturité, je possédais déjà de jolies jeunes plantes ; j’avais donc gagné environ six mois sur les floraisons naturelles. » — On sait que la Société zoologique d’ac- climatation du bois de Boulogne, outre les nombreuses médailles qu’elle accorde chaque année, soit pour l’introduction d’espèces nou- velles, soit comme encouragement à l’iiistoire naturelle dans les diverses parties qu’elle embrasse, ou à titre de gratification pour services rendus, met au concours diverses questions, en stipulant pour chacune les conditions pour l’obtention des prix pro- posés. Parmi plus de quatre-vingts grands prix qui n’ont pas encore été attribués, qui tous se rapportent à des questions générales, s’en trouvent vingt dans la « section des végétaux, )) dont cinq sont de 1,000 fr. ; les autres varient de 200 à 600 fr. En voici l’énumération : Introduction d’espèces nouvelles. — Plantes de pleine terre utiles et d’ornement, introduites en Europe dans ces dix dernières années. Introduction en France et mise en grande culture d’une plante nouvelle pouvant être utilisée pour la nourriture des bestiaux. — Introduction en France d’une espèce végétale propre à être employée pour l’alimentation de l’homme, ou utilisable dans l’industrie ou dans la mé- decine. — Introduction d’un décalitre de graines dÜElœococca vernicia, récoltées en Europe ou en Algérie. — Utilisation indus- trielle du Lo-za {Rhamnus utilis), qui pro- duit le vert de Chine. — Utilisation indus- trielle de l’Ortie de Chine {Boehmeria utilis, tenacissima, etc.), récoltée en France ou en Algérie. — Introduction ou culture en France du Noyer d’Amérique ( Carya alba), connu en Amérique sous le nom de « Ickorry. » — Introduction et culture pen- dant deux années successives d’une Igname {Dioscorœa) joignant à sa qualité supé- rieure un arrachage facile. — Culture du Bambou dans le centre et dans le nord de la France. — Introduction par semis de glands truffiers de la Truffe noire dans une contrée où elle est aujourd’hui inconnue. — Culture de V Eucalyptus en Algérie. — Cul- ture de V Eucalyptus en France, et parti- culièrement en Corse. — Guide théorique et pratique de la culture de V Eucalyptus. — Culture du Jaborandi (Pilocarpus pin- natus) en France ou en Algérie. — Beboi- sernent des terrains en pente par l’Ailante. Les personnes qui désireraient prendre .part à ces concours devront en informer M. le secrétaire général du Jardin zoolo- gique d’acclimatation, à Neuilly (Seine), qui leur fera connaître les conditions de chaque concours. — Pour que le bouturages de Bégonias tubéreux produise de bons résultats, il faut le pratiquer en juillet-août. Mais comme cette époque est aussi celle des grandes chaleurs, il arrive fréquemment que les plantes poussent peu, ou qu’elles sont même brûlées par le soleil, ce qui est arrivé cette année dans beaucoup d’endroits. Un des abonnés de la Revue horticole, M. Lajoye, 22, boulevard Saint-Pierre, à Rouen, nous informe que, malgré les grandes chaleurs, il a obtenu un très-bon résultat en plaçant à environ 50 centimètres de ses plantes des traverses sur lesquelles il a placé des châssis. Ce procédé étant très-bon, pratique et nullement dispendieux, nous le faisons con- naître à nos lecteurs. — Plusieurs abonnés de la Revue hor-^ ticole nous ont écrit au sujet de l’article sur la Culture des Bruyères, que nous nous sommes engagé à publier. Nous n’avons pas oublié notre promesse, que nous espérons réaliser prochainement ; le retard, très-in- volontaire, provient de ce que des circons- tances particulières ont empêché l’éminent cultivateur à’Erica, M. Gentilhomme, de nous remettre les notes qu’il nous avait pro- mises sur ces plantes. “ Ainsi que nous l’avions prévu, — ou mieux, craint, — Toïdium s’est montré dans certains vignobles, même avec assez d’in- tensité. Il ne s’est guère manifesté que sur les Raisins déjà avancés (en gros verjus) et s’est développé très-rapidement, de sorte qu’il est très-difficile d’en arrêter la marche. A ce sujet nous rappelons la recommanda- 325 LAITUE DE CALIFORNIE ET LAITUE-CHICORÉE FRISÉE A COUPER. lion que, plusieurs fois déjà, nous avons faite ; de soufrer préventivement. On doit d’autant plus agir ainsi que, quoi qu’il arrive, le soufrage est favorable au développement de la Vigne. — Un essai qui a été suivi d’un succès complet vient d’être fait au domaine de Fer- rières-en-Brie, par M. Bergman, jardinier en chef de cette propriété, probablement unique dans son genre tant par sa vaste étendue que par l’ordre, la propreté, en un mot par la bonne tenue qui règne dans toutes les parties de ce remarquable do- maine. Cet essai porte sur la plantation sur une très-grande échelle de Rhododendrons faite sous bois, là précisément où si peu de végétaux ligneux sont susceptibles de croître. Deux raisons poussaient M. Bergman à faire cet essai ; garnir le sol sous hoisy de manière à protéger le gibier, avec une plante qui en même temps ne fût pas dévorée par ce dernier, notamment par les lapins, qui, ainsi qu’on le sait, mangent presque tous les vé- gétaux. Ce double but a été complètement atteint, et aujourd’hui l’on voit à Ferrières des sous-bois complètement composés de Rhododendrons. Les espèces qu’emploie M. Bergman sont des Rhododendrons pon- tiques ou d’autres espèces communes dont les plants, toujours abondants, sont d’un prix peu élevé. Ce résultat porte à cinq le nombre des plantes ligneuses qui jouissent de ce double privilège de croître sous bois et de ne pas être mangées par le gibier. Ce sont les Buis, les Ifs, les Mahonias, les Rho- dodendrons et le Rïbes alpinum, ce dernier à feuilles caduques. Y a-t-il d’autres espèces qui possèdent ces mêmes propriétés ? On ne peut guère mettre le fait en doute. Sous ce rapport, le champ est vaste ; l’expérience seule peut répondre. Peut-être les Horten- sias, et notamment le Thomas Hoog, pour- raient-ils se prêter à cette culture. Nous conseillons à M. Bergman de l’essayer. — Nous apprenons par la Revue de Vhor- ticulture que le Ministre des travaux publics de Belgique vient d’écrire au Cercle d’ arbo- riculture, dont l^e siège est à Gand, qu’ayant apprécié l’importance de la production frui- tière et maraîchère à la suite de l’Exposition universelle de 1880, il abaissait le tarif de transport des fruits et légumes circulant à l’intérieur de la Belgique ou à destination du marché de Londres. Il y a dans cette mesure un grand progrès qui profitera à tous les habitants de la Bel- gique d’abord, pui^, par extension, à tous les peuples, en facilitant la dispersion de produits de première importance pour l’ali- mentation. Espérons que cet exemple sera bientôt' suivi par toutes les nations, et tout particu- lièrement par la France, dont les produits fruitiers et maraîchers se chiffrent chaque année par des quantités si considérables. E.-A. Carrière. LAITUE DE CALIFORNIE ET LAITUE-CHICORÉE FRISÉE A COUPER Ces deux sortes que l’on confond parfois, mais à tort, puisqu’elles sont très-différentes, appartiennent à la série des Salades qui ne pomment pas et que l’on cultive pour en couper les feuilles, pour les faire cuire comme on le fait des Chicorées, dont elles ont un peu la consistance. Ce sont deux varié- tés très-curieuses et même ornementales, qui par leur aspect et la découpure de leurs feuilles rappellent tellement les Chicorées frisées'qu’on pourrait les confondre, ce que, du reste, semble indiquer la double qualifi- cation générique : Laitue-Chicorée frisée, qu’a reçue l’une d’elles. Bien qu’assez sem- blables, elles sont cependant différentes, ce qu’on pouvait constater dernièrement à l’exposition de la Société d’horticulture, aux Ckamps-Élysées, dans un très-remarquable lot de Salades de MM. Vilmorin et C*®, La Laitue de Californie, très-récemment introduite par M. Paillieux, a les feuilles comme spiralées, un peu plus larges, mais on- dulées-cristées, à cristures très-fines et élé- gantes. Elle monte difficilement à graines. Ses feuilles résistantes, < croquantes, » comme l’on dit, ont une saveur agréable. Sera-t-elle rustique, et pourra-t-on en con- server longtemps à l’automne, la prolonger pour la consommer même en hiver ? L’ex - périence seule pourra nous éclairer sur ce point. May. 326 A PROPOS DE L’ÉLECTRICITÉ APPLIQUÉE AUX VÉGÉTAUX. A PROPOS DE L’ÉLECTRICITÉ Au moment où va s’ouvrir l’exposition d’électricité, il est utile, je crois, d’appeler l’attention sur les applications possibles de l’électricité à l’horticulture. Après la chaleur et la lumière, l’électri- cité est l’agent qui a le plus d’action sur la végétation (1). Les elTets de ces deux pre- miers agents sont aujourd’hui connus dans tous leurs détails ; les horticulteurs en ont pu apprécier les conséquences pratiques, qui sont aussi nombreuses que variées. Il n’en est pas de même de l’électricité ; je crois que l’on n’a guère essayé jusqu’ici son application directe sur les plantes. Et pour- tant, que d’expériences à faire sur ce sujet ! La dernière Année scientifique de Figuier annonce que M. Grandeau et M. Leclerc ont fait des expériences à un autre point de vue : qu’ils ont soustrait des plants de Tabac et de Maïs à l’action de l’électricité atmos- phérique au moyen de cages de fer ou de bois, d’arbres et d’autres corps capables de soutirer l’électricité, et que dans ces condi- tions la floraison et la fructification de ces plantes ont été appauvries. Ces expériences, répétées par M. Naudin sur d’autres plan- tes et sous un autre climat, ont donné des résultats différents ; ce dernier fait remar- quer que l’influence de l’électricité sur les- végétaux peut être modifiée non seulement par l’essence même des espèces, mais encore par le climat, la saison, la température, la lumière, l’humidité, et peut-être par la structure géologique et la composition mi- néralogique du sol (voir Figuier, page 471). Je crois qu’il serait à propos de placer diverses plantes dans un courant voltaïque fermé par le jet d’un pulvérisateur, soit d’une façon continue, soit d’uné façon inter- mittente. Ce serait un des moyens les plus sûrs d’apprécier Faction de l’électricité. C’est une pluie d’orage qui m’a amené l’an dernier à faire ces réflexions. Surpris par un orage et réfugié sous un arbre, je n’eus pendant une demi-heure d’autre dis- traction que de regarder tomber la pluie; du reste, l’intervalle considérable qui s’écou- lait entre chaque éclair et son coup de ton- (1) Peut-on séparer ces choses : lumière, chaleur^ électricité? Là où est l’une, les deux autres ne s’y trouvent-elles pas? (Rédaction.) APPLIQUÉE AUX VÉGÉTAUX nerre montrait que cette petite imprudence n’était guère dangereuse. Il me sembla que les gouttes de pluie ne se comportaient pas comme d’habitude au moment où elles tou- chaient le sol. Au contact de la terre, elles s’étalaient et disparaissaient instantanément. Elles paraissaient happées avidement, n’é- claboussaient pas et étaient absorbées comme par une vaste éponge ; je ne puis mieux exprimer cet aspect qu’en disant qu’elles paraissaient attirées par tous les pores de la terre. A la surface des feuilles les gouttes d’eau s’étalaient et mouillaient l’épiderme sur de larges surfaces ; elles paraissaient adhérer à l’épiderme comme le feraient des liquides, excitées par une capil- larité active. Il n’en est pas de même dans les pluies ordinaires: les gouttes, au contact du sol, conservant davantage leur forme sphéroï- dale, se divisent en gouttelettes qui re- bondissent comme des billes de billard ; 'elles éclaboussent et mouillent moins bien les végétaux. Quand la pluie est terminée, le feuillage n’est pas uniformément mouillé ou rafraîchi par une couche d’eau évaporée ; le plus souvent l’eau n’adhère à l’épiderme des feuilles que sur quelques points au- dessus desquels elle forme une demi-sphère liquide. D’autres fois on voit des gouttelet- tes qui restent sur les feuilles sans y adhé- rer. J’accentue peut-être trop ces différen- ces, mais c’est afin de les faire mieux comprendre. Depuis que mon attention est attirée de ce côté, j’ai répété ces observa- tions chaque fois que l’occasion s’en est présentée, me défiant de mes yeux, sachant combien l’on est exposé à voir avec les yeux de l’imagination quand on ne peut contrô- ler ses observations avec des instruments de précision ; chaque fois j’ai vérifié ces remar- ques. Je me disais aussi que ces différences pouvaient tenir, non à la tension électrique, mais à la température des pluies d’orage ; le fait suivant répond à cette objection. Il y a un mois environ, il survint vers midi une averse après une période de séche- resse. J’étais à la fenêtre avec un ami, et regardant les premières gouttes de pluie, nous causions de mes remarques de l’année dernière et des conclusions que j’hésitais à 327 A PROPOS DE l’électricité en tirer. « Cette pluie>ci, disais -je en re- gardant des pots de fleurs devant la fenêtre, semble confirmer ma manière de voir ; il tombe de larges gouttes d’eau chaude ; les plantes sont altérées, et pourtant le feuillage reste à peine mouillé ; les gouttes ne sont pas happées avidement par la terre : elles éclaboussent. C’est que cette pluie n’est pas une pluie d’orage ; ce n’est qu’un c( grain, » ce qui arrive rarement après d’aussi lon- gues sécheresses et d’aussi fortes chaleurs. Voyez, le coloris des nuages ne présente pas de tons orageux ; on n’entend pas de coups de tonnerre. » Dix minutes après, l’aspect de la pluie et celui des nuages changèrent brusquement; le vent tourna, et la pluie cessa d’atteindre la fenêtre qui était à l’ouest. Je fis alors la remarque qu’en ce moment la pluie avait changé d’aspect, qu’elle était devenue électrique, et quel- ques instants après il y eut plusieurs coups de tonnerre dans la direction du nord. Depuis ce moment, je crois que ces remar- ques ne sont pas imaginaires. J’en ai fait une autre ; mais celle-ci je ne la donne que sous toute réserve, car cette fois l’illusion est facile, et les faits peuvent être interprétés diversement. Lorsqu’un orage va éclater, il s’écoule quelque temps entre le moment où le soleil est obiscurci par les nuages et celui où la pluie com- mence à tomber. Ce temps varie entre une heure et une demi-journée ; les nuages prennent des couleurs et des formes qui annoncent l’imminence de l’orage ; le soleil est caché, et la température baisse; par intervalles on sent des bouffées d’air frais qui annoncent ou que la pluie tombe déjà dans les environs, ou du moins que les cou- ches de l’atmosphère sont bouleversées par des tourbillons. Eh bien ! c’est à ce moment que beaucoup de plantes semblent le plus souffrir de la soif. Après avoir supporté de longues journées de sécheresse et des cha- leurs torrides, c’est au moment où l’air fraîchit qu’elles sont le plus flétries. J’ai fait cette remarque trois ou quatre fois depuis le printemps de l’année dernière sur diffé- rentes plantes, entre autres sur des Prime- vères. A l’approche de l’orage, le change- ment est brusque : les feuilles s’affaissent languissantes ; elles sont comme pâmées, toutes choses qui semblent démontrer une évaporation rapide que la diminution de la pression barométrique est insuffisante à APPLIQUÉE AUX VÉGÉTAUX. expliquer. Jusqu’à présent je ne vois d’autre cause que l’électricité atmosphérique : à ce moment le sol est toujours chargé d’électri- cité négative ; la plupart des nuages le sont d’électricité positive. Il en résulte un cou- rant qui a pour conducteurs les aspérités du sol et surtout les parties aériennes des plan- tes, qui jouent le même rôle que des pointes ajoutées à un conducteur électrique. Il n’est pas invraisemblable que cette électrisation produise une modification de la nutrition de la plante et une évaporation plus grande à sa surface ; mais cette supposition no doit être exprimée qu’avec de grandes réserves tant qu’elle ne sera pas vérifiée par des ex- pSriences concluantes. Ce n’est pas le désir qui me manque d’en- treprendre des expériences ; mais je n’ai ni le temps ni les moyens de les conduire à bonne fin. Je crois donc plus utile de faire appel à ceux qui peuvent consacrer à de semblables recherches leur temps et leurs soins, de manière à opérer en grand. Il est probable que chaque expérience en inspire- rait de nouvelles ; le sujet a de l’attrait : il pourrait présenter de l’imprévu. La première expérience à faire, selon moi, serait d’arroser des vases à fleurs avec un pulvérisateur (analogue au pulvérisateur Marinier), dont le bec serait mis en com- munication avec le pôle positif d’une pile. La terre du vase serait mise en commun! - cation avec le pôle négatif ; il ne serait pas nécessaire, mais il serait peut-être utile que les vases fussent placés sur des tabourets isolants. Les pulvérisations auraient lieu à des intervalles variables ; le jet du pulvéri- sateur pourrait être remplacé par des poin- tes métalliques dirigées vers les feuilles et les fleurs. On pourrait aussi essayer diver- ses sortes d’électricité, par'exemple l’élec- tricité statique des machines classiques, les décharges de la bouteille de Leyde et des autres condensateurs, l'électricité voltaïque des piles, celle des courants induits ou fara- diques, celle des appareils magnéto-élec- triques et des autres moteurs que l’on invente tous les jours. Les applications de ces différentes sortes d’électricité à la phy- siologie du règne animal, et surtout les recherches de Duchenne, de Boulogne, ont conduit à des résultats qui auraient paru invraisemblables a priori. La crainte de sortir du sujet m’empêche d’entrer dans de plus grands détails. Les observations pour- 328 ANDROMEDA JAPONICA VARIEGATA. — VARIATION DANS LES CALADIUM BULBOSUM. raient porter sur les diverses phases de l’é- volution de la plante, sur les greffes, sur les boutures, etc. En général, c’est le pôle négatif qui devrait communiquer avec le sol et les parties souterraines du végétal, tan- dis que le pôle positif serait mis en com- munication plus ou moins directe avec les parties aériennes, ainsi que cela a lieu dans la nature. On pourrait aussi diriger le cou- rant en sens inverse : il pourrait se faire qu’ainsi appliquée l’électricité fût nuisible. Je n’insiste pas; mon seul but est de provo- quer des expériences sur un sujet qui en mérite, n’eût-il d’autre intérêt que l’attrait de la curiosité. * Raoult. 18 juillet 1881. ANDROMEDA JAPONIGA VARIEGATA Tout aussi jolie et aussi rustique que le type dont elle sort, cette plante se distingue surtout de celui-ci par ses feuilles panachées ou mieux bordées de blanc. Elle a été in- troduite directement du Japon par M. Vies- ner, amateur, à Font'enay-aux-Roses. Malgré sa panacbure, la vigueur de la plante n’est pas affaiblie, ni sa floraison amoindrie. Plan- tée en pleine terre depuis quelques années, elle s’y comporte parfaitement et n’a nulle- ment souffert, même de l’hiver exceptionnel de 1879-1880. I^a panacbure blanche qui entoure le vert brillant de ses feuilles ajoute encore à la beauté de l’ensemble, qui est déjà si remarquable. VARIATION DANS LES A propos des variations que présentent fréquemment les plantes à feuillage coloré, notamment les Caladium hulhoswn , M. de Paul des Héberts nous adresse la lettre suivante : Les Héberts, le 21 juin 1881. Monsieur Carrière, Il se produit dans certains végétaux à feuil- lage ornemental des anomalies si bizarres, qu’il est utile parfois, et intéressant toujours, de les faire connaître, ce qui m’engage à vous en signaler quelques-unes qui se produisent chez moi sur des Caladium nouveaux. L’année dernière, à la brillante exposition horticole de Rouen, j’avais été frappé d’admira- tion à la vue de la splendide collection de ces beaux végétaux provenant du domaine de Gouville : choix des variétés, excellente culture du reste, ampleur et brillant coloris des feuil- les où toutes les nuances, parfois capricieuse- ment, étaient toujours harmoniquement nuan- cées. En voyant ce beau lot devant lequel s’extasaient tous les visiteurs, je partageai l’enthousiasme et résolus de m’en procurer quelques variétés. Pour cela, dans le coui-ant de mai dernier, je m’adressai à une maison La panacbure se reproduirait-elle aussi par graine? Le fait est possible, bien que le con- traire puisse arriver. On n’aurait toujours au- cun risqua à courir d’essayer ce procédé, at- tendu que dans le cas où il ne donnerait pas de bons résultats, c’est-à-dire où la panacbure ne se reproduirait pas, on pourrait être cer- tain d’obtenir le type, qui, comme onle sait, est une espèce de premier mérite. Le moyen d’obtenir avec certitude la panacbure serait le bouturage des plantes que l’on pratique- rait sous cloche avec du jeune bois semi- aoûté. E.-A. Carrière. CALADIUM BULBOSUM aussi sérieuse qu’elle est honorable, à MM. Thi- baut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux, et leur demandai les variétés qui m’avaient particulièrement frappé par la beauté et la ri- chesse de leur coloris. Ces variétés étaient Jupiter J VAlhane, Virgile, la Perle du Brésil, Alfred Bleu, MBe Laing. Eli bien! ces plantes que j’ai reçues, quoique en bon état, n’avaient guère qu’une feuille ; depuis plus d’un mois que je les possède, quel n’est pas mon désappointement de voir que, chez la plupart, les feuilles nouvelles se transforment, dégénèrent et n’ont pfus les mêmes couleurs, les mêmes bigarrures ! Ces plantes perdent complètement ce cachet d’origi- nalité et de beauté qui m’avaient séduit; elles sont méconnaissables et ont perdu tout le mérite qui me les avait fait choisir et acheter. D’où proviennent ces transformations , ces dévia- tions très-sensibles de couleurs sur le même pied? 11 serait intéressant que la science pût expliquer ces phénomènes ! Doit-on les attri- buer à la tendance qu’ont ces nouveaux hybri- des de revenir au caractère de leurs auteurs. La nature du terrain et la culture y contri- buent-elles ? Je puis dire que mes pieds sont en parfait état de végétation, et qu’ils ])rospè- BIBLIOGRAPHIE. — LES PAPILLONS DE FRANCE. 329 rent bien; mais ce ne sont i)lus du tout les plantes si justement renonmiées que l’on con- naît. Cette variabilité dans la coloration du feuil- lage de certains Caladium s’est déjà fait re- marquer dans les soi’tes Belleymii, Meyeubeeu et autres. Ce serait bien bklieux qu’elle se pro- duisît dans les nouveaux hybrides (jui se forment de})uis quel({ues années. S’il en était ainsi, on serait autorisé à en tirer cette décou- rageante conséquence et dire : « Amateurs , méfiez-vous des caprices de la nature, que d’habiles obtenteurs veulent subjuguer, mais qui reprend promptement ses droits, » ou bien d’avoir recours aux savants, de leur demander l’explication de ces mutations et les moyens pratiques de les éviter, et de maintenir dans les plantes obtenues ces vifs et brillants coloris que le talent et le hasard leur ont fait obtenir.v Tout en désirant. Monsieur, la publicité de ces faits, qui donneront ainsi aux amateurs un salutaire avertissement que j’aurais voulu moi- môme recevoir pour ne pas être dupe, je m’en rapporte complètement à vous pour lui donner la forme que vous jugerez convenable. Veuillez, etc. De Paul des Héberts. Les faits que signale M. des Héberts sont des plus naturels et analogues à tant d’au- tres dont cet observateur a été certainement bien des fois témoin. Il n’a donc pas été « dupe,.)) comme il le dit, car alors il eût été trompé, ce qui n’est pas, puisque, ainsi qu’il le déclare, il a bien reçu les plantes qu’il avait demandées. Ces faits sont dus à l’instabilité que montrent fréquemment les panacbures, ce que l’on remarque même souvent dans tous les caractères des plan- tes; quels qu’ils soient, ils sont des consé- quences de la végétation et de l’action des milieux. Qui ne sait, en effet, que les caractères et BIBLIOGRAPHIE. - LES Un livre sur les papillons est toujours bien accueilli, car il a pour lecteurs à peu près tout le monde. En effet, pour des motifs très -différents, les jeunes et les vieux recherchent et étudient les papillons : les premiers, les enfants, par distraction, pour collectionner ces insectes qui, pour la plupart, sont très-beaux; les autres, les (1) Histoire naturelle, mœurs, chasse, prépara- tion, collections. Un volume grand in-octavo^ avec 110 vignettes et 19 chromolithographies. Paris, 1880, J. Rotschild, éditeur, 13, rue des Saints-Pères. même les propriétés des végétaux — nous pourrions dire de tous les êtres — varient suivant les localités. Les horticulteurs, de même que les cultivateurs, le savent bien ; aussi, lorsqu’il s’agit de graines, ont-ils bien soin d’en acheter là où elles conservent leur caractère, qu’elles a ne dégénèrent pas. )) Le fait est bien plus ^frappant encore lorsqu’il s’agit des panachures, et personne n’ignore que, placées dans des conditions aussi semblables que possible, les plantes panachées s’y comportent souvent très- différemment. Ces quelques observations générales, et un grand nombre d’autres analogues bien connues, et que par conséquent nous ne , rappellerons pas, suffisent pour expliquer, autant que des faits physiologiques sont explicables, les « bizarreries )) dont parle M. des Héberts. Ici pourtant il y a plus, car les plantes dont parie M. des Héberts sont très-jeunes, — plusieurs même n^avaient qu’une ou deux feuilles, — et chacun sait que ces feuil- les nouvelles ne prennent généralement leur brillant coloris que lorsque les plan- tes sont fortes. Il y a donc tout lieu de croire que bien- tôt les sujets en question présenteront les couleurs qui leur sont propres. Mais le contraire arriverait-il qu’il ne faudrait voir dans ce fait ni un (c caprice )) ni une « bizarrerie )) de la nature ; celle-ci, ne pouvant avoir de volonté, n’est ni capri- cieuse ni bizarre, mais soumise à des lois qui sont toujours des résultantes de l’évolu- tion, c’est-à-dire delà végétation, auxquelles elles sont liées comme les effets le sont à leurs causes. - E.-A. Carrière. PAPILLONS DE FRANCE<'> hommes, pour les étudier au point de vue scientifique, ou bien pour tâcher d’en décou- vrir les mœurs et les caractères, afin d’arri- ver à opérer la destruction de ces insectes, car si beaucoup plaisent, il en est aussi un très-grand nombre qui, surtout à l’état de larves, occasionnent des dégâts considé- rables. Le livre dont nous parlons, Les papillons de France, apprend à connaître ces insectes sous leurs différents états, ce qui permet d’opérer la destruction des sortes qui sont 330 BEGONIA SEMPERFLORENS ROSEA. particulièrement nuisibles, et aussi de pré- parer les collections, de leur faire la chasse, de les conserver, etc. Pour cela, outre les détails descriptifs indiquant les caractères et les particularités propres aux espèces, l’auteur a dû parfois s’appuyer sur des considérations historiques spéciales qui aug- mentent l’intérêt du livre, tout en rendant sa lecture plus attrayante. C’est ainsi que, en parlant de V Acherontia Atropos, vulgai- rement (( Sphynx à tête de mort, » et après la description des caractères, on trouve ce passage : Le Sphynx atropos offre une particularité singulière pour un papillon : il fait entendre, lorsqu’il est inquiété, un son aigu que l’on a comparé à un cri plaintif. Les naturalistes ne sont pas d’accord sur la cause de ce bruit : les uns l’ont attribué au frottement de sa trompe contre la tête, d’autres à la sortie, par la trompe, de l’air contenu dans une cavité parti- culière de la tête ; d’autres enfin, et c’est le plus grand nombre, pensent que* ce bruit est produit au moyen d’une petite capsule mem- braneuse située de chaque côté du corps, à la base de l’abdomen, et recouverte par un fais- ceau de poils rigides, susceptibles d’entrer en vibration. Quoi qu’il en soit, ce cri sinistre, joint à l’i- mage lugubre qu’il porte sur le dos, a fait de tout temps regarder cet insecte comme un être de funeste présage, et Piéaumur nous apprend que, de son temps, l’apparition de ces papillons en grand nombre ayant coïncidé avec des mala- dies épidémiques, il n’en fallut pas davantage pour que le peuple pensât que c’était cet in- secte qui apportait la mort, ou au moins venait annoncer les maladies fatales qui régnaient. Son nom scientifique Acherontia Atropos n’est, au reste, que l’expression de ces terreurs populaires Au point de vue scientifique, outre les descriptions, l’ordre et les divisions sont parfaits; l’arrangement en groupes ou fa- milles, qui relie ensemble les genres et les BEGONIA SEMPÉl Malgré qu’en principe, et avec l’appui de la Société d’horticulture d’Indre-et-Loire, cette plante si remarquable ait été nom- mée par son obtenteur Bégonia Philippe Lemoine, l’usage a prévalu : le qualificatif semperflorens rosea qu’on lui a donné l’emportera ; *ce n’est pas sans de bonnes raisons, du reste, car outre que cette plante espèces dont les mœurs et les habitudes sont analogues, facilite les recherches et met l’amateur sur la voie qu’il convient de suivre pour arriver à reconnaître l’insecte et lui faire la guerre s’il lui est nuisible, fait rendu encore plus facile par des indications pra- tiques des mœurs de l’espèce, soit à l’état parfait, soit à celui de larve qui, nous le répétons, est de tous celui sous lequel les insectes, en général, font le plus de mal. Dans cet immense groupe d’insectes qu’on nomme lépidoptères, il est une tribu essen- tiellement redoutable entre toutes ; c’est celle des pyrales et des teignes, et dont , toutes les espèces sont de véritables fléaux, soit horticoles ou agricoles, soit même éco- nomiques ; telles sont la pyrale de la Vigne (Vortrix vitana), la pyrale des Pommes {Carpocapsa pomona), la pyrale ou tor- deuse du Poirier (Vortrix holmiana); ci- tons encore dans les teignes celle de l’Olivier (Œcophora olivella). Enfin, c’est dans cette même famille que se trouvent : 1<> la teigne des tapisserie? (tinea tapezella) ; celle des pelleteries (tinea pellilionella), celle des crins (tinea crinella); enfin la teigne des Blés ou « alucite y> (tinea granella), qui cause des dégâts si considérables dans les tas de Blé, où sa chenille ronge cohiplè- tement tout l’intérieur des grains. Un grand nombre de vignettes (110), représentant les phases diverses des in- sectes, en facilite la distinction spécifique, faisant ainsi ressortir des caractères qui, bien que parfois très-importants, ne peuvent être rendus par aucune description. Ajou- tons que 19 chromolithographies, exécutées avec le plus grand soin, en permettant de distinguer ce que ni une description ni même un dessin ne peut rendre, font des Papillons de France un livre aussi beau qu’utile, et lui assurent une place dans toutes les bibliothèques. _ Bomieu. FLORENS ROSEA sort du B. semperflorens, elle en a tous les caractères et ne s’en distingue réellement que par sa couleur plus fpncée. Voici l’ori- gine de cette plante remarquable, l’une des plus précieuses, au point de vue de l’orne- ment. Ces renseignements, nous les devons à M. Houdayer-Deniau, horticulteur, 13, rue des Ursulines, à Tours : jReüUJi /7o/^ticolx>. GodouriL. deZ O/iroTriout/v. G: S'ezÿ&r&z/Tzs . l^e(^o?Ù£L se/nper^c)re/is rosecL. 331 EXPOSITION d’horticulture a Ce Bégonia a été obtenu par un de mes amis, M. Roussel, jardinier chez M. Lapcrclie, à lapro- priété dite de la (( Crande-Garrée, » i)rès Tours. Ce jardinier l’a présenté à notre Société d’hor- ticulture le 7 juillet 1878, où il a été décidé qu’il porterait le nom de « Philippe Lemoine. » 11 a été obtenu naturellement, c’est-à-dire sans fécondation, du B. semperf^orem. Qui a pu faire produire cette variation à une plante qui jus- que-là, et bien que multipliée chaque année par centaines de mille et plus, c’est-à-dire en quan- tités considérables, n’avait jamais varié, et qui depuis se reproduit identique- ment, sans revenir au type dont elle sort ? Déjà pourtant l’on voit parfois ap- paraître des sujets un peu plus colorés, qui autorisent à croire que bientôt on obtiendra des va- riétés encore plus foncées peut - être, même des pourpres. Nous en avons fait reproduire un à côté du type, et qui présente déjà un coloris un peu plus foncé et plus rouge sang que ce dernier. Le B. semperflorens rosea (fig. 75) se cultive absolument comme le B. seynperflo- rens ; il reste nain, se ramifie comme lui. LIÈGE, DU 24 JUILLET 1881. est tout aussi floribond, et, comme lui encore, a cet immense avantage de croître à l’ombre, cela sans s’étioler ; il s’y maintient meme mieux que le type, ce qui n’est pas peu dire. D’après M. Eug. Vallerand, le B. sem- perflorens rosea serait même un peu plus robuste que le B. semperflorens et serait moins sujet à être envahi par les hissus que ne Test le type. D’après ce même praticien, la plante est très -stable, puis- que, sur des milliers de sujets obtenus chaque année, au- cun ne présente de variation, ce qui dé- truit complètement cette erreur scien- tifique soutenue en- core par certains botanistes : que la (( reproduction iden- tique d’une plante à l’aide de ses graines est une preuve de sa spéciéité; y> nous trouvons là, au con- traire, la justification de nos dires : que ce qu’on nomme les c( espèces » ne sont que des variétées fixées, ce qui, au point de vue de la science vraie, efface les « espèces » en leur enlevant la prétendue valeur que, à tort, les botanistes leur ac- cordent si gratuitement. . E.-A. Carrière. Fig. 75. — Bégonia semperflorens rosea. EXPOSITION D'HORTICULTURE A LIÈGE DU 24 JUILLET 1881 L’an dernier, la ville de Bruxelles organisait une grande Exposition nationale à l’occasion des fêtes données pour célébrer le cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Belgique. Nous avons eu l’occasion de rendre compte dans la Revue horticole de cette belle Exposi- tion, pour laquelle on avait fait des frais im- menses. Aujourd’hui, à une année d’intervalle, les principales villes belges célèbrent le même an- niversaire. C’est le 24 juillet dernier que la ville de Liège a ouvert la série de ses réjouissances municipales par des exhibitions rétrospectives relatives aux armes, aux arts et à l’imprimerie. Comme l’a très-bien dit le bourgmestre ; « Point de fête sans tleurs ; » aussi le conseil communal s’était-il associé à la Société royale d’horticul- ture de Liège, pour organiser une exposition horticole, laquelle laissait bien en arrière ses devancières. C’est toujours sur la place Saint-Paul que s’élèvent les constructions édifiées par les soins de la Société royale. De longues galeries vitrées occupent les allées circulaires du square ; les toitures de verre sont même recouvertes de toi- les à ombrer, destinées à combattre la chaleur. 332 EXPOSITION d’hohticultuke qui menaçait d’être tro})icale. Malheureusement, tous ces soins ont été inutiles ; l’eau et le froid «avaient })i'is rendez-vous là, pour nuire aux plantes les })lus frileuses et pour empôchei’ le succès matériel et tinancier de l’entreprise. Les visiteurs, forcément, ont été })eu nombreux, car des pluies diluviennes et froides se sont abattues sur Liège précisément le jour de la visite royale. A cette date, les galeiies de l’ex- })Osition furent inondées, au point que des ri- goles durent être creusées et recouvertes de planches pour faciliter le passage, à }>eu près à ])ied sec, de la famille royale et de sa suite. Malgré ces conti’e-temps, tous les visiteurs et les spécialistes s’accordaient à dire qu’il serait difficile de montrer des cultures mieux réussies, des fleurs plus belles ou plus rares. En entrant dans le jardin central, à gauche, sous une énorme tente, les Palmiers de MM. .lacob-Makoy formaient le fond du tableau; à droite, en face, se trouvait le kiosque* destiné aux concerts sous la direction de M. Meuron, que nous retrouvâmes à son pupitre au moment de la sérénade donnée à l’hôtel de Suède, pen- dant le banquet olfert aux exposants et aux membres du jury. Le grand prix d’honneur, décerné à l’horti- culteur liégeois s’étant le plus distingué, est échu par acclamation à la- maison Jacob-Makoy. Nous avons déjà cité ses splendides Palmiers : Pritchardia 'pacifica, Juhæa sjjectahüis, dont les ])eaux exemplaires sont si rares ; Areca sapida, Livistona Hoogendorpi, Ceroxijlon niveum, Sycigrus majesticus, tous les Kentia, Geonoma (jracilis, G. Porteana, G. Lietzei, G. Seemani vera, G. fe)iestraUs, G. rubri- caulis, Heterospathe elata (1880), Pritchardia aurea , Licuala grandis, Pinanga Kiihlg , Plectocomia assamica, Thrinax w'gentea, PJmnicophorium Sechellarum , etc. Les Broméliacées sont fort en honneur à Liège, grâce au professeur Ed. Morren et à MM. Jacob-Makoy, qui réunissent leurs elforts pour introduire et répandre les espèce^ nou- velles. M. Wiot, de la maison Makoy, avait com- posé une collection en ce genre vraiment hors ligne ; toutes les bonnes espèces y étaient re- })résentéés en sujets très-bien cultivés et admi- rablement lleuris : Nidularium Morrenianum (nec Guganense de Brong.), forme présentant de jolies bractées roses, larges et serrées ; cette lloraison inusitée était fort curieuse ; espérons qu’elle se maintiendra dans les multiplicaiions sorties de ce sujet; Karatas agavæfolia, Brong., ou le volcan miniature, auquel^ on avait donné le nom im j)eu trop fantaisiste de Bromelia Vesuvius; Ananassa Fernandæ, belle espèce se rap|)ortant au type du Chevaliera sphæroce- phala de Gaudichaud ; IhUandsict argentea vera, T. caput Mediisæ, T. Kienasli, T. Kar- wuiskiana, T. ionantlw , jadis décrit et figuré A LIÈGE, DU 24 JUILLET 1881. dans la Flore des Serres ; T. Schiedeana, T. Leiholdiana, superbe, très-originale impor- tation du Mexique (1881), Anoplo2diytiim Rol- lissoni, A. senüe (1881), A. Hartwégi; Æchmea gigas, forme moins encombrante que son type V Æchmea Alariæ reginæ ; Æchmea hys- trix, Vriesea glaucojdiyUa, V. gladioliflora, Ed. Morren, ou V. j^Æiceps, Ananassa Men- dorfiana. Dans ce même genre, comme amateur, M. Van den Wouver (premier prix) avait des spécimens bien cultivés, surtout Vriesea strep- tojdiylla, très-fort et toujours très-rare; Til- IcindsiajuncifoUa, d’une vigueur extraordinaire; Chevaliera Veilchi, bien fleuri. Dans la collec- tion des Broméliacées multicolores de M. Fer- dinand Massange, de Louvrex (premier prix), on distinguait un beau Tillandsia Lindeni, var. liixurians, avec cinq hampes, puis dans les j)lantes nouvelles du même amateur le re- marquable Massangea tigrina, introduit par lui, et qui deviendra l’une de nos meilleures Broméliacées ornementales. Le Jardin botanique de Liège exposait hors concours un superbe Karatas Guyanensis en fleurs; cette culture honore le jardinier en chef, M. Maréchal. M. de la Devansaye avait apporté un Vriçsea incurvata, Gaudichaud? auquel fut donné le premier prix pour une Broméliacée nouvelle de semis. Dans le même concours, M. Ed. Morren (deuxième prix), pour Wiesea Morreniana, un hybride du V. psittacina et du F. hrachystachys. Pour une Broméliacée re- marquable (premier prix), M. Truffaut, de Ver- sailles, Encholirion variegatum. Pour une Broméliacée très-mre, le Massangea Morreni (premier prix), M. Ferd. Massange. N’oublions pas le très-bon lot de plantes officinales, les Pandanées et les Gesnériacées de M. L. Van lloutte (premier prix). Citons aussi le joli lot cVAnæctochilus de MM. Makoy (premier prix), avec leurs feuilles brodées d’or et de pourpi-e, petites merveilles bien cultivées et choisies parmi les nouveautés. Le lot de 75 plantes variées, fleuries ou non tleui'ies, des mêmes exposants (premier prix), était très-intéi’essant. Dans ce concours se trou- vaient bon nombre de Broméliacées, Orchidées et Aroïdées en très-bon état. * Le concours pour 25 plantes à feuillage coloré (premier prix d’amateur) a donné à M. Ferd. Massange l’occasion de produire les nouveautés les plus récentes : Philodendron Wallisi {on Gustavi), Croton Steivartii, Cypho- nandra argentea, Dracæna majestica. Philo- dendron gloriosum. Le même exposant (pre- mier }>rix) avait des plantes encore plus rares dans le concours spécial des « nouvelles intro- ductions » : Alocasia Thihautiana, Anthu- rium Veitchi, Pothos ceratocaulis, Colocasia Neo-Guineensis, Croton Rodekiana, As2)cira- 333 EXPOSITION d’horticulture gus plumosus nanus (Afrique, 1881.) Dans ce même concours également (})remier prix, liorti- culteur M. Makoy), notons Anthùriuyn llar- rissicuium ynarmoratHm, Sc/dsmatogloUis La- vallei, Ap/ielandra punctala. Pour 6 plantes d’introduction depuis 1880,’ MM. Ferdinand Massange et Makoy ont obtenu chacun un premier prix, le premier avec Wal- lichia vivipara ou liiieata, Crinmn Verschaf- felti, Heliconia aiireo striata, Pothos aurea, Dracæna Lincleni, Aralia spinulosa, Gymno- gramma schizophylla ; le second avec Arcïr- sia metaUica, Culcasia Wallisi, Dieffenhachia memoria Covsi, Tillandsia Leiboldiana. MM. Makoy arrivaient encore premiers dans plusieurs concours spéciaux ; leurs plantes car- nivores et les Nepenthes étaient fort curieuse^ et en très-bon état. Nous devons recommander comme nouveautés sortant de l’établissement de ces habiles praticiens ; Aralia splendidis- sima, Dracæna Massangeana ({ui deviendra une plante de marché ausssi rustique que le Dracæna fragrans. Notons encore Phrynium Luhhersi et Anthurium Waluiewi (Williams, 1881). Personne ne s’étonnera maintenant en voyant que le premier prix d’honneur donné à l’amateur le plus distingué a été décerné à M. Ferdinand Massange de Louvrex, qui, pour compléter son magnifique ensemble, exposait CO Orchidées en fleurs qui obtinrent aussi le prix des 30 Orchidées fleuries et celui des 10 Orchidées les mieux cultivées, ainsi que le prix pour les plus belles Orchidées remarquables par leur belle floraison ; Disa grcmdiflora. Les 12 Cypripedium en fleurs de M. Makoy étaient bien lleuris (premier prix). M. Oscar Lamarche de Ronius, président de la Société, exposait 2Ô Orchidées (premier prix par acclamation), Cypripædium Sedoii, Odontoglossum Pescatorei, etc. Nous airivons au lot d’Orchidées. le plus considérable de l’exposition, collection géné- rale d’Orchidées en fleurs ; premier prix : Objet d’art de 500 fr. donné par la fédé- ration des Sociétés d’horticulture de Belgique à M. Dieudonné Massange de Louvrex, avec acclamations et félicitations du jury. Dans ce magnifique ensemble où brillaient des centaines de fleurs rares on voyait le nouveau Phalænop- sis violacea, Vanda cærulea, Masdevallia chimærea, M. ignea, M. Limleni, M. rotra- dæ, M. Veitchi, Cypripedium selligerum, C. Crossianum, C. superbiens, C. lævigatum, C. Euryandrum, Odontoglossum Alexandræ, O. veæillarium, Vanda formosa, V. meleagris et une collection de Cattleya. Avant de quitter la salle des Orchidées, ajou- tons que le public s’arrêtait volontiers pour étudier d’autres curiosités végétales apparte- nant à M. Ferdinand Massange, par exemple un Ouvirandra fenestralis, de beaux Marctntaei A LIEGE, DU 2i JUILLET 1881. 6 Platycerium Hilly (Queensland, 1878), grande, alcicorne, biforme, slemmaria, Wil- lincki. Les Fougères de plein air de MM. Wallem et Legrand (premier prix) méritent aussi une mention spéciale. M. Moens, amateur (second prix d’honneur), exposait de très-bonnes espèces de Palmiers en grands exemplaires ou rares : Calamus ken- tiæformis, plante nouvelle et très-curieuse ; Geonoma elegans, Pritchardia macrocarpa, bien vert et trapu ; Geonoma glauca, G. ruhri- caulis, Maurilia Glaziouana, sorte pas assez caractérisée pour faire une nouveauté, du moins jusqu’à plus ample étude. M. Van den Wouver, amateur (troisième prix d’honneur) exposait aussi des Palmiers nouveaux ou rares : Plyehosperma Seemani, Ravenea Hildebrandti, etc., et comme plante de culture une belle Orchidée, VOneidium pulüinatum, portant une masse de fleurs. M. Lucien Linden, de Gand, avait mis hors • concours un lot de Miscellanées tout à fait re- marquable. Ce n’est plus de la culture ; c’est de l’art ; M. L. Linden est un artiste qui place son nom en vedette sur ses étiquettes, en guise de signature. Nous n’avions jamais vu, même l’an dernier^à Bruxelles, un semblable Phylotænium Lindeni, de 2 mètres de diamètre, avec des cen- taines de feuilles bien panachées, sans une seule tache; à coté de superbes exemplaires de Dracæna Lindeni; Afaccia crisfata, fort et couvert de ses fleurs si originales ; Verschaf- feltia splendida, Phœnicopliorium viridefo- lium, Philodendron Melmonis, P. pinnatifi- diim, Anthurium Warocc[ueanum, Tillandsia tessellata, Ronnebergia Morrenianch, Bromé- liacée au joli feuillage marbré dans le genre du Dracæna Goldieana, qui figurait aussi dans le même lot, avec Dracæna Robinsoniana, D. Neo- Caledonica, D. FelUngi, D. Verloti, D. Nitzs- chneri, D. Anerleyensis, D. Thomsoni, D. Dennisoni, D. M. C. J. Freak, Cycas Sia- mensis, Artocarpus grandis, Curcuma Leo- 2)oldi, Croton Raronne J. de Rotschild, C. An- dreanum, C. Bergmcmi, C. Veitchi, C. pyictu- rata, Aralia regina, etc. — Ces merveilles ont été acclamées par le jury, qui a voté une grande médaille d’or et demandé que M. L. Linden reçût en outre le grand prix d’honneur destiné à l’étranger à la ville de Liège ayant le plus con- tribué à la splendeur de l’exposition. A mon très-grand regret, je suis obligé de laisser de côté les plantes molles, bien re- présentées cependant. Les Roses coupées de MM. Soupper et Notting, de Luxembourg, sem- blaient bien choisies; mais la forme et le volume étaient ordinaires. Telle est l’appréciation rapide de ces belles floralies, qui ont prouvé une fois de plus que les horticulteurs liégeois font sans cesse de 334 TRANSFORMATION DES BOURGEONS. nouveaux et considérables progrès. En présence de ces beaux résultats, il faut d’abord rendre justice aux efforts bienveillants de l’État, qui ne néglige rien pour protéger et encourager l’horticulture belge; puis toutes les sociétés horticoles du pays, réunies en société générale de fédération, associant tous leurs travaux pour améliorer l’industrie qui les intéresse; enfin les organisateurs des expositions locales ou in- nationales, cherchant le succès, soit par la valeur des prix distribués, soit par une excel- lente organisation, et surtout par la gi'acieuseté qu’ils mettent à recevoir les étrangers invités à venir juger le mérite des concurrents. Ces réu- nions d’amateurs et d’horticulteurs étrangers servent très-utilement le commerce, en faci- litant les transactions et en créant des relations nouvelles. Nous devrions souhaiter que l’on fit de même en France. Depuis longtemps nous réclamons inutilement une place pour les pro- duits horticoles dans les concours régionaux où l’on s’obstine à ne pas les traiter sur le meme pied que les produits agricoles. En Belgique, le ministère de l’agriculture a dans son dépar- tement une section spécialement affectée à l’horticulture. Cette science fait partie du pro- gramme de l’enseignement primaire. Depuis longtemps nos voisins ont reconnu que les principes de l’horticulture étaient 1’^ B C de la grande culture. Espérons donc que les vœux de nos sociétés françaises seront prochaine- ment entendus, et qu’il leur sera donné pleine et entière satisfaction. C’est à ce prix seule- ment que nous pourrons lutter avec les. autres Tous les végétaux sont dus à des transfor- mations d’éléments séveux : tiges, feuilles, fleurs, fruits, etc., de même que la nature de ceux-ci sont des résultantes, des con- séquences de la transformation de la sève, qui, elle-même, est formée de quelques éléments primordiaux : carbone, hydrogène, azote, etc. Un exemple cjarieux de ces transforma- tions est celui que montrent les figures 76 et 77, qui représentent des boutures de Pommes de terre faites le 2 juin, sous cloche à froid. L’une (fig. 76) est une bouture nor- male, c’est-à-dire comme on les fait géné- ralement, avec un talon, c’est-à-dire coupée transversalement au-dessous d’un œil. En général, dans ce cas, à peu d’exceptions près, l’œil ne se développe pas ; mais par contre des racines se forment. Ici, d’abord il n’y a pas eu de racines ; l’œil s'est transformé et pays. Certes, si chez nous les cultures de plein air sont bonnes, tout ce qui concerne les serres nous semble mieux entendu en Belgique. Ce n’est pas sans raison que ce beau- pays a été appelé « le jardin d’hiver de l’Europe. » C’est là, en effet, qu’il faut aller chercher les ri- chesses végétales rares ou inédites. Le jury, composé de notabilités belges et étrangères, comptait quarante membres : pré- sident général, M. de la Devansaye ;• vice-prési- dent, M. le comte Henri de Attems-Petzenstein, deGratz; secrétaire-général, M. BenedictRoezl, de Prague. La première section était j)résidée par les membres du bureau. — La deuxième, M. Schlumberger, de Rouen, président, et M. L. Linden, de Gand, secrétaire. — La troi- sième section, M. Geoffroy-Saint-Hilaire, prési- dent, et M. Van Volxem, secrétaire. — La qua- trième, M. Henri Doucet, président, et M. Ern. Ludewig, de Maestricht, secrétaire. Tout était si parfaitement organisé que les quatre sections du jury ont pu facilement et rapidement pro- céder à leurs opérations. En terminant, adressons ici nos très-sincères félicitations et l’expression de notre sympathie à la Société royale d’horticulture de Liège, en particulier à son aimable et si gracieux prési- dent, M. Oscar Lamarche de Rossius, et à son honorable secrétaire, M. le professeur Ed. Morren, qui ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour nous prouver qu’ils étaient heu- reux de nous recevoir ; aussi, en leur offrant nos remercîments, nous disons : A bientôt ! A. de la Devansaye. DES BOURGEONS a produit un tubercule, c’est-à-dire la Pomme de terre. La figure 77, qui est également un bour- geon de Pomme de terre coupé entre deux mérithalles, montre une transformation sem- blable, mais alors presque à fleur du sol : sa base, dépourvue d’œil, n’a rien produit, de sorte qu’en peu de temps la bouture disparaît; mais à sa place on a un tuber- cule de la grosseur d’une Noisette qui, l’année suivante, peut servir pour faire une ^ plantation. Maintenant, que conclure de tout ce qui précède au double point de vue scientifique et pratique ? Ceci ; que, en général, toutes les parties d’un végétal formées d’éléments toujours en voie d’organisation sont, sui- vant les circonstances, le milieu et le trai- tement, susceptibles de se transformer. Au point de vue pratique, pour le fait qui nous 335 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE occupe, Fon peut tirer parti de cette trans- formation, par exemple si Fon avait à mul- tiplier une variété rare de Pommes de terre. On pourrait, au fur et à mesure qu*elle pousse, en détacher des bourgeons dont on ferait des boutures à une feuille, et qui, plantées, produiraient à Faisselle de Fig. 76. — Bouture de Pomme de terre munie d’un œil à la base, lequel s’est transformé en tubercule. la feuille une petite Pomme de terre qui, Fannée suivante, servirait à la plan- tation. Faisons encore observer : 1® qu’il arrive parfois que ces tubercules, provenant de la transformation d’un œil, donnent naissance à des organes foliacés, ce que démontrent d’horticulture de France. les figures 76 et 77 ; 2» que les boutures avec un œil à la base, après avoir produit un tubercule, s’enracinent et poussent, mais Fig. 77. — Bouture de Pomme de terre coupée entre deux feuilles, par conséquent sans œil à la base. qu’alors celui-ci disparaît généralement, résorbé qu’il est par le développement des nouveaux organes foliacés. E. A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 11 AOUT 1881 Apports. — Comité de culture 2Jotagère. — Rien qu’un petit Melon, dit d’Ispahan, à écorce brodée, d’un vert olive. Ce Melon, présenté par M. Laisné, qui en avait reçu les graines de la Société, avait la chair blanchâtre, sans saveur aucune, en un mot dépourvue de toute qua- lité. ■Au comité d’arboriculture, d’abord quel- ques Prunes de semis qui ne présentaient qu’un médiocre intérêt. — M. Bertaud, de Rosny, avait apporté une corbeille de Pêches de la variété Mignonne hâtive, qui étaient très- belles, sans être très-grosses pourtant. — M. Gi- rardin, d’Argenteuil, présentait une corbeille de Figues, de la variété Dauphine, qui étaient remarquables par leurs dimensions. — M. Re- père fils, de Montreuil, présentait quelques Pêches de semis qui ont paru méritantes, sur lesquelles pourtant le jury a fait des réserves. — M. Rémy père, arboriculteur à Pontoise, avait envoyé une Prune de semis, qui avait quelque rapport avec la Reine-Claude violette, mais qui n’était pas assez avancé pour que le jury formulât une opinion. M. Rémy devra en présenter à la prochaine réunion. — M. Michel, de la maison Vilmorin, présentait deux pieds 336 DES PÊCHES HATIVES. de grand Soleil annuel à feuilles bien panachées, — sablées de blanc, et des pieds de Celosia Japonica, plante très-remarquable par les pa- nachures de toutes ses parties et par la varia- tion des formes de son inflorescence. C’est une plante nouvelle, qui est appelée à jouer un rôle important dans l’ornementation. — Un Glaïeul de semis était présenté par ]\I. For- geot, sous le nom do Général Samsaier ; ses fleurs, assez grandes, sont d’un rouge vineux, brtinâtres striées, rubannées de brun. Si ce coloris est nouveau, il est loin d’être brillant. — M. Tabar, de Sarcelles, présentait des Pétu- nias de semis k grandes fleurs, simples et doubles. — M. Ballue présentait deux caisses de Zinnias à fleurs doubles. ^ M. Delaville, jar- dinier en chef au square des Buttes -Chau- mont, avait apporté une plante remarquable par sa floribondité, ainsi que par la forme et le coloris des fleurs. Celles-ci, d’un beau rose gai, à tube blanc, sont surtout très-gracieuses par leur petitesse. Sous ce rapport, elles forment un type to.ut particulier, qui certainement prendra une place importante dans l’ornemen- tation. — Enfin, M. Godefroy-Lebeuf présen- tait les six i)lantes suivantes : Cypripedium Alhustoniæ, hybride . de C. harbatum et C. insigne; C. stfpercüiàre , hybride des C. superbiens et C. barbatum ; Oncidium lanceanurn, Liatris pycnostachya ; Chelone obliqua ; enfin le magnifique Veronica lon- gifolia subsessilis, plante vivace, rustique, certainement l’une des plus belles du genre et de premier mérite pour la pleine terre. — M. Chaté (Émile) avait apporté une grande ({uantité de potiches, de suspensions. Me va- ses, etc. , particulièrement propres à l’ornementa- tion des appartements, qui tous contenaient des plantes à culture « sans terre, » et qui étaient en très-bon état de végétation, bien que, d’après M. Chaté, un grand nombre aient séjourné plus d’un mois dans les appartements. Voici la liste de ces plantes : Abutilon, Bégonia tubéreux, Bégonia rex, Coleus, Caladium bulbosum, Cannas, Chrysanthèmes de Chine, Fuchsia, Pélargonium peltatum, Palmier (Chamærops), Pteris umbrosa, Ruellia spe- ciosa, Tradescantia discolor, Yucca. Au sujet de ces plantes, des contestations s’élèvent, et plusieurs personnes protestent en disant que les faits avancés ne peuvent être exacts, ap- puyant surtout leurs revendications sur cer- taines espèces, notamment sur les Coleus et les Fuchsia, qui ne peuvent, même pendant quel- ques jours, conserver leurs feuilles quand on les renferme dans un appartement. M. Chaté af- firme que les faits qu’il avance sont d’une rigou- reuse exactitude. Nous ne pouvons, quant cà nous, dire autre chose, sinon que les plantes étaient en bonne santé. Quant au traitement auquel on les a soumises, ainsi qu’au temps qu’elles avaient séjourné dans les appartements, nous nous abstenons de toute observation. Seule- ment, ce que nous pouvons assurer, c’est que, par leur nature, un grand nombre de ces plan- tes sont aptes à se bien conserver dans les a})partements, pourvu qu’on leur donne de l’humidité. La question des plantes dites cul- tivées « sans terre » ne peut être résolue que par des expériences sérieuses et comparatives. DES PÊCHES HATIVES La Pêche Amsden’s Jime (Pêche Amsden de juin) et les Pêches précoces d’Amérique, d’Angleterre et de France. La culture des Pêches hâtives est avanta- geuse à la consommation et à la spéculation. Aussi n’est-il pas surprenant que les gains du célèbre horticulteur anglais, Thomas Ri vers, aient obtenu un succès aussi]prompt et aussi justifié. LesEarly ou Précoce Béa- trice, Louise Hivers, Léopold, Argentée, Victoria, Alfred, etc., que l’obtenteur ré- coltait dans son Orchard house les 8, 12, 18, 24, 28 et 31 juillet, se rencontrent dé- sormais dans tous les jardins où l’on tient à goûter le « fruit exquis » par excellence avant la « Pêche de Montreuil, » expression surannée, puisque les Montreuillois intelli- gents ont été les premiers à comprendre que le moyen de lutter contre les arrivages du Midi, c’était de cultiver des espèces très-hâtives. Mais rien n’est parfait ici-bas, ou plutôt on n’est jamais satisfait. Cette série anglaise, qui laissait à quelque distance les Avant-Pêche, Double de Troyes, Mi- gnonne hâtive de nos pères, est elle-même menacée par^une série américaine. Amsden\s june, Alexander, Early Hape,Brigg’sMay, Waterloo, Downing, Cole’s Early Red, Large Early York, Musser, Early Tillot- son, II ame’ s Early Red, Wilder, WheeleFs Early, Yellow Saint-John, etc., nous sont recommandées par nos confrères d’outre- mer, qui déjà nous ont dotés de deux excel- lentes Pêches hâtives de plein vent et d’espalier. Précoce de Haie, Précoce Craw- ford, l’une et l’autre de la catégorie Frees- tone, c’est-à-dire à noyau libre. Presque toutes ces variétés ont franchi l’Atlantique et sont actuellement dans les DES PÊCHES HATIVES. 337 cultures européennes ; cependant une appré- ciation n’étant possible qu’à la suite de plu- sieurs années d’observations, nous nous bornerons pour aujourd’hui à Amsden'’s june, qui remplit ces conditions. Grâce à l’obligeante intervention de notre ami, M. Nardy, un des hardis pionniers de l’horticulture française, installé à Hyères- les-Palmiers, le département du Var, qui expédie tant de primeurs à Paris, possède déjà de nombreux vergers du Pécher Ams- den. J’en ai visité plusieurs à l’automne 1880, et j’ai été surpris de leur aspect verdoyant et de leur grande vigueur relative. Dans nos pépinières, nous avons constaté ce mérite important de l’arbre. Au mois de juin dernier, M. Nardy et son voisin, M. Audibert, intelligent pépiniériste à la Grau d’hères, m’envoyèrent de bons et beaux fruits AAmsden^ et je les comparai avec les nôtres, qui mûrissaient trois semai- nes après. Le fruit en est assez gros, arrondi, fortement coloré de rouge vineux et de pourpre sur un fond blanchâtre ou un peu verdâtre à l’ombre. La chair est dense, blanche, juteuse, d’une saveur agréable. Le noyau, petit ou moyen, est libre ou adhérent, car tous les fruits ne présentent pas le même caractère : chez quelques-uns, ce sont les filaments de la chair qui seuls pénètrent les rugosités du noyau. Disons de suite que les jolis fruits que nous avons récoltés avaient le noyau libre. En France, comme en Amérique, les avis sont partagés sur l’adhérence ou la non adhérence de la chair de VAmsden : les uns classent cette variété parmi les Freestone (à noyau libre), les autres dans la catégorie des Clingstone (à noyau adhérent). Dans l’Ain, M. de la Bastie, vice-président de la Société pomologique de France, a récolté V Amsden, adhérente au noyau en 1880, non adhérente en 1881. Cette fois, la pé- riode de maturation s’est accomplie du 25 juin au l^i^ juillet. L’époque de maturité arrive, dans la ré- gion méditerranéenne, en plein air, du 5 au 10 juin. A Troyes, elle s’est montrée sur un jeune espalier du 8 au 12 juillet, soit encore un mois plus tôt que la Grosse Mignonne hâtive. Avec ces données, il est facile à chacun de calculer l’époque de ma- turité en tenant compte de la situation de l’ arbre. Immédiatement après Amsden, de cinq à huit jours plus tard, mûrit Précoce Béa- trice, aussi belle et plus sucrée que la pré- cédente. Elle est suivie par Précoce Louise, colorée de pourpre, moins fine que Béa- trice, puis par Précoce de Sainte- Assiscle, belle et bonne Pêche française née dans les Pyrénées - Orientales. Vient ensuite une sorte de Madeleine hâtive répandue dans le midi de la France. C’est ici que se place la Précoce Hivers, dont l’éloge n’est plus à faire; elle réunit tous les mérites. Alors les autres gains de Rivers mûris- sent en même temps que Favorite de Boll- vnller et Marguerite, qui devraient être plus connues, de même que Précoce de Haie, bien colorée et bonne, — nous l’apprécions beaucoup, — originaire des Etats-Unis, et qui se plaît au verger aussi bien qu’au jardin fruitier. Nous ferons la même ré- flexion à l’occasion de la Pêche qui lui suc- cède : Précoce de Crawford, gros fruit à chair jaune, juteux et sucré (section des Freestone), qui se reproduit à peu près par le semis de ses noyaux. C’est une des variétés les plus cultivées dans les divers Etats de l’Union ; elle entre pour une bonne part dans la f^rication des conserves en boîtes de fer-blanc qui, en 1878, s’élevait au chiffre de 1 million de boîtes pour les seuls États de Delaware et du Maryland. La Pèche jaune, notre Alberge, est appelée là-bas Melacoton, comme terme général. . La Crawford Earlij mûrit à Troyes du 10 au 15 août ; c’est l’époque des Grosse Mignonne, àe la Galande, de la Pourprée hâtive, de bonnes anciennes connaissances. Nous sommes en seconde saison ; les Pêches hâtives sont finies. Maintenant, veut- on connaître l’opinion des Américains sur leurs Pêches précoces? Voici un extrait des travaux de la session de 1879 de V American pomological So- ciety dont la Revue horticole a déjà parlé : Discussion sur les Pêches et particulièrement sur les variétés précoces, à la xvii^ session de la Société pomologique américaine, àRo- chester. — Séance du 20 septembre 1879. M. Saul mentionne la Wilder, une des Pêches de semis de M. Engle. Pour lui, elle mûrit le 8 juillet et continue jusqu’au 15. Elle passe ra- pidement. LAlexander est mûre complètement à la môme époque. C’est une Pêche plus riche que la Wilder et de forte couleur. La Saunders mûrit immédiatement après ; ce sont toutes DES PÊCHES HATIVES. 338 des Pêches à noyau adhérent {Clingslone). U Alexander est née deux ans plus tôt. M. Lyon avait eu la Wilder à maturité cette année et ne Ta pas trouvée })lus j)récoce (jae YAmsden et Y Alexander. Elle leur ressemble beaucoup, et elle est de très-bonne qualité. Cette maturation peut être exceptionnelle. M. Ilape, de Géorgie, a récolté les Downiny, Saunders et Wilder. La Wilder était la meil- leure et la plus petite ; elle est de quatre ou sept jours en retard sur la Doioning. La Dow- ning est la plus précoce et très-fme ; elle serait de deux à quatre jours la plus hâtive. Il l’a ob- tenue de sept pouces de circonférence et n’a pas trouvé de pourriture. Cette année n’était pas favorable aux Pêches, car beaucoup d’entre elles ont été tout à fait gâtées (ruined). M. Bateham suppose que, depuis quelques années, il s’est présenté plusieurs de ces Pêches extra-précoces, produites de semis et mûries dans l’Ohio nord, près de son lieu d’habitation, et qu’ayant eu l’espoir d’une bonne récolte de Pêches l’été dernier, il avait pris ses mesures pour comparer ces nouvelles variétés de l’Ohio avec celles d’autres États. Un comité fut formé, composé de deux autres citoyens de Painesville et de lui, et prière fut faite aux producteurs des autres États d’envoyer des spécimens mûrs et^ s’il était possible, d’envoyer des si)écimens de YAmsden et de Y Alexander, ^comme type de comparaison des époques de maturité. Le pre- mier arrivage de ces Pêches (cueillies et en- voyées le 17) fut le 19 juillet, de MM. Engle et tils, de Pensylvanie, comprenant huit variétés, savoir : Doivning, Wilder, Saunders, Masser, Cumberland, Amsden, Alexander et Béatrice. La plupart étaient de belle dimension, bien co- lorées et franchement mûres; mais les Wilder, Saunders et Béatrice parurent légèrement en retard par rapport aux autres, et la majorité tellement semblable â YAmsden et Y Alexander, que même un expert eût pu les croire du même arbre. Dans leur lettre, MM. Engle disaient que, vu la sécheresse de la saison ou pour quelque autre cause, les différentes variétés de cette classe avaient mûri plus proche l’une de l’autre qu’elles ne l’avaient jamais fait jusque-lâ, et ({u’elles étaient également plus semblables sous tous rapports, de sorte que c’était une bien pauvre saison pour juger leurs mérites respec- tifs. Nous trouvâmes qu’il en était de même de nos variétés de l’Ohio. Une que nous considé- rons la plus précoce de toutes, produite par T. Davison, de Painesville, mûrit complètement au 10 juillet ; cette année, elle était â peu près dix jours en retard, mûrissant presque en même temps que Y Alexander que, soit dit en passant, nous considérons comme synonyme de Amsden , et en apparence et qualité toute semblable â la plus hâtive et la meilleure des variétés de MM. Engle. Nous avons un autre semis de notre comté nommé Allen, qui l’an dernier mûrit immédiatement après le n» 1, et cette année fut • quelques jours en retard, de même que Alexan- der, avec laquelle elle a quelques rappoils. Nous reçûmes de MM. Ellwanger et Barry des spécimens de Waterloo, qui mûrit en même temps i{\Y Alexander . C’est un fruit très-beau et très-précoce. Notre comité déclara inq)ossible de faire une juste com])araison entre les diffé- rentes espèces de cette saison. Nous les trou- vâmes égales en ressemblance â la Ilale’s Early â chair très-juteuse et adhérente au noyau, lequel est légèrement coloré, et toutes, autant que nous avons pu l’observer, sont plus ou moins sujettes â se tacher sur l’arbre, en plein vent, si le temps ou le sol ne sont pas favora- bles, Nous pensons qu’il est encore besoin d’une bonne Pêche â chair ferme et à noyau libre comme YAlexaïider et d’autres nommées. M. Purdy dit que toutes ces Pêches précoces possédaient le même caractère. Il avait cueilli Y Alexander et l’avait trouvée impropre à l’envoi le lendemain matin. Il attribuait cela â ce qu’elles avaient dû être piquées par des troupes de guêpes et d’abeilles qui, d’après lui, hâtaient la décomposition des Pêches en très-peu de temps. Ces Pêches précoces seraient plus avan- tageuses dans les États du Sud, parce qu’ici elles se trouvent en concurrence avec celles du Midi. Elles ne sont bonnes que pour la consom- mation à la maison. De son côté, M. Ilape n’a éprouvé aucune difficulté â embarquer des Pêches pour New- York (distant de 1,000 milles ou 335 lieues), et elles y sont arrivées en bon état. Il avait vend.u YAmelia â New-Yorck pour 6 dollars le bushel ou 30 fr, les 80 litres. Un ami envoya des Béatrice d’Atlanta à Paris, oû elles arri- vèrent en bon état. Le président pense que M. Purdy avait dû laisser trop mûrir ses fruits. M. Purdy répond qu’il ne cueillait pas ses Pêches trop tôt ; quoique récoltées encore fer- mes, les Haie’ s Earlg se gâtèrent {rothed). M. Lyon trouva Amsden et Alexander de bon profit, malgré la concurrence du Sud. Il a embarqué Alexander pour Chicago et n’a pas eu de pourriture. D’après lui, les meilleures Pêches croissent dans une terre forte. M, Purdy déclare que les abeilles attaquaient les Pêches très-juteuses, , D’après M. Harrison, la Barnard’s Earlg est attaquée par les abeilles quand elle com- mence â mûrir, parce qu’il n’y a pas autant de fleurs oû les abeilles puissent travailler. Il avait vu cinquante abeilles dans la même Pêche. Chez lui, Béatrice n’est pas juteuse. M. Husman affirme que Amsden et Alexan- der se conservent intactes dans son verger et rapportent 5 dollars 1/2 le bushel. On lui avait envoyé YAmsden, et quoiqu’elle fût neuf I DES PECHES HATIVES. 339 jours en voyage, elle arriva en état d’etre bien jugée. Sous son climat, M. Purdy a remarqué que si VAmsden ne pourrit pas sur l’arbre, elle passe vite après sa maturité. Celles à noyau adhérent sont plus juteuses et se gardent plus longtemps que celles à noyau libre. M. Hape cite la Chinoise, à noyau adhérent {Chinese Clingstone), ayant une tendance à la pourriture. Le président Barry a remarqué que la chair se sépare plus facilement lorsque les Pèches les plus hâtives sont tout à fait mûres. M. Hape pense que les descendants de la Haie’ s Earhj devaient être classés comme va- riété à noyau semi-adhérent. M. Thomas parle de la distinction entre les Melters et les Pavies, et dit que les Pêches hâtives ne sont pas positivement â noyau adhé- rent. Il avait des Amsden et des Alexander parfaitement saines, et il pense que si elles étaient cueillies au bon moment, elles sup- porteraient bien de longs voyages. M. Purdy a reçu des Waterloo de MM. Ellwan- ger et Barry ; elles se sont bien conservées après trois jours de cueillette. Cette variété serait la meilleure des Pêches précoces. M. Saul dit que la Power' s Early, originaire du Maryland, promet beaucoup. Le sol et l’altitude, suivant M. Bateham, de- vraient être étudiés avec soin. Il avait élevé Haie' s Early en quantité et avec succès sur des sites élevés et 'sablonneux, également favo- rables â la culture de la Vigne, Dans ces condi- tions, les Pêches ne redoutent pas l’humidité. M. Nowlin, d’Arkansas, dit que la Gov. Gar- land est de six à dix jours plus précoce que VA^nsden. Elle est grosse (6 à 7 pouces de cir- conférence), avec une riche couleur rose ; elle répand une odeur agréable ; son parfum est dé- licieux. M. Purdy lui trouve les mêmes inconvénients dont il a déjà parlé. M. Saul parle de la Lévi's late, Pêche très- jaune, à noyau adhérent, très-tardive, de bonne qualité, mûrissant à Washington du milieu d’octobre au novembre. M. llusman exhibe le dessin colorié d’une Pêche tardive de mérite qu’il a obtenue et qui dépasse la Heath Cling. Elle mûrit vers le 13 octobre et se garde un mois. Il l’appelle Oc- tober beauty ; sa chair est blanche. M. Lyon a reçu cinq variétés mûrissant entre la Haie' s Early et la Crawford’s Grawford ; toutes étaient à chair non adhérente. Dans l’Ohio, on réclame une . variété pour succéder à la Hale’s Early. La Troth's Early est trop petite, si L’on en croit M. Bateham. M. Saul dit que les espèces de Hivers tien- nent une place utile ; elles arrivent après les espèces très-hâtives : Earltl Léopold, Early Silver et Early Alfred sont réellement exqui- ses. La Early Ganary, en arrivant quelques jours après, est délicieuse pour l’usage domes- tique; aucune n’est employée pour le marché. ha Early Béatrice est sujette â trop porter; mais une fois éclaircie {thinned), elle est plus belle. La Early Louise vient un peu après. La Early Hivers est admirable sous tous ra})})orts, mais d’une peau trop fine pour le marclié ; tel est aussi l’avis de M. Hape. M. Lyon ne s’inquiète pas de la finesse. La Pêche, dit-il, est cueillie la nuit, et le lendemain matin elle est au marché. Après Haie' s Early vient Grawford' s Early. M. Green place la Wager, originaire du comté de Livingstone, parmi les bonnes espèces; Golden Mamm'oth vient plus tard. D’après M. Hape, Mounlain Rose est très- vantée en Géorgie. M. Saul déclare que VAmélia est une des lilus fines parmi les deuxièmes Pêches hâtives, parfaite de coloris et de parfum, et mûrissant quinze jours avant Mountain Rose. M. Hape fait observer que VAmelia, parfois d’une production incertaine, est d’un rendement avantageux. Elle rend G dollars le bushel â Baltimore. Elle a beaucoup d’apparence, mais n’est pas de première qualité. La Early Hape est aussi hâtive que V Alexander. Il attend qu’il l’ait mieux éprouvée pour en parler plus lon- guement. M. W.-G. Barry recommande Early Silver (Précoce argentée), qui mérite une mention spéciale. G’est un beau fruit d’amateur, qui mûrit juste ayant la Early Grawford. Beaucoup de Pêches de Rivers mûrissent à peu près à la même époque et se ressemblent tant, que par- fois on ne peut les distinguer. La liste devrait donc en être réduite. Il n’a pu observer la Waterloo cette année, l’arbre étant surchargé et le fruit n’ayant pas mûri aussi tôt que l’an dernier. D’ailleurs, toutes les variétés furent en retard pour mûrir. M. Purdy réclame pour le Nord une Pêche jaune de forte couleur, par exemple une variété plus tardive encore que Late Grawford. Pour répondre à ce dernier, M. Saul conseille Levi's late. La Hilyeu's late est très-recommandée. La Yellow S^-John, qui mûrit le 11 août, ne saurait être trop propagée. M. Hape vante Hustion's octoher. M. Husmann dit que la Gottage mûrit dix jours après Grawford' s Late, et elle est meil- leure. Elle est propagée par son ami, M. Millet, à Bluffton. M. Hape reconnaît que la Susquehanna est supérieure en qualité . à la Early Grawford. Si l’on en croit M. Saul, la Stonewall Jack- son est une des plus belles Pêches à chair fou dante et adhérente, de parfum agréable. M. Lyon parle de la Salway ; elle est fine, 340 DE LA GREFFE DES CHATAIGNIERS. dit-il, mais il doute que la saison soit assez longue pour que sa maturation s’accomplisse. M. Saul la décrit de couleur jaune foncé et très-grosse. M. Van l)usen, de Genève, dit que beaucoup de propriétaires de vergers, dans le comté de Seneca, plantent une grande quantité de Pêchers Diinlap. C’est un semis qui se reproduit franc de pied. M. Conover la connaît depuis quinze ou viiigt ans. Elle est plus robuste que la Early Craiv- forcl; son fruit est plus petit et mûrit en môme temps. M. Bateham mentionne la Conkling, origi- naire de Spenceport. M. le président Barry con- firme ses bonnes qualités; leiruit mûrit assez tôt ; elle est très-belle et non adhérente comme Early Crawforcl. ]\I. Rogérs dit qu’il en a en- tendu faire l’éloge. La séance se termine par des recommanda- tions sur la culture et la taille du Pêcher, pré- sentées par un membre actif du Congrès, M. Purdy, de ï^almyra, dans l’État ^de New- York. Depuis que cette séance a été tenue par delà l’Atlantique, la Pêche Amsden s’est fait mieux connaître et apprécier dans les Deux-Mondes. M. Nardy a souvent récolté du fruit pe- sant 50 à 60 grammes. Les cultivateurs-plan- teurs l’pnt essayée pour l’exportation et se sont assurés que cette Pêche supporte par- faitement l’emballage et le transport. Nous avons parlé de la grande vigueur du Pêcher Amsden; sa fertilité n’est pas moins remarquable. Ainsi, une plantation de scions ou greffes d’un an, faite à l’air libre, en fé- vrier 1880, dans les alluvions de Sauve- bonne, a donné des résultats immédiats. Les jeunes sujets ont formé cette même année des têtes de 1 mètre à 1"‘50 de diamètre, et ont déjà produit de quarante à cinquante fruits, soit 3 kilog. et plus par arbre. Aussi comprenons-nous M. Duclaux, de Draguignan, lorsqu’il écrivait en juillet 1881 : (( Parmi les variétés de Pêches précoces, Amsden" s june est certainement la plus re- commandable. Elle mûrit du 15 juin au 15 juillet, suivant la nature du sol, l’expo- sition et le climat. Elle est ronde, à peau fine, et à chair tendre, sucrée et très-juteuse. L’arbre est remarquablement vigoureux et très-fertile. C’est bien certainement la Pèche de prédilection pour les amateurs de fruits hâtifs et surtout pour les spéculateurs. » Charles Baltet, Horticulteur à Troyes DE LA GREFFE DES CHATAIGNIERS Jusqu’à présent, toutes les greffes des Châtaigniers que j’avais faites ont généra- lement peu et mal réussi ; cette année, au contraire, grâce à un nouveau mode de greffe que j’ai employé et que je vais faire connaître, j’ai obtenu d’assez bons résultats. J’ai greffé le 24 juin (nouveau style), quand les pousses de l’année étaient déjà suffisam- ment aoûtées. Je fais une incision perpen- diculaire dans le bouton terminal du sujet, longue d’à peu près 4 centimètres, dans laquelle on introduit un bourgeon de l’année qui ne porte que l’œil terminal ; on amincit en coin ce bourgeon, et on l’insère dans la fente, puis on lie simplement avec de la laine, ce qui est suffisant. Inutile de masti- quer les plaies ; seulement, on se borne à ramasser les feuilles du sujet et à les rele- ver au-dessus du greffon, de manière à l’abriter. Les greffons que je n’avais pas abrités ont manqué ; deux ou trois autres ont également manqué : ce sont ceux pour lesquels j’avais employé, au lieu d’un greffon à bouton terminal, un greffon à deux yeux laté- raux. Il n’est point de rigueur que le gref- fon ait la même dimension que le sujet, bien que ce soit préférable ; lorsqu’il y a inégalité, on fait affleurer les deux écorces par un côté seulement. Ce mode de greffe m’ayant donné de bons résultats, j’ai cru devoir le faire connaître. E. Clausen. Itap. Georges Jacot , — Orléans. GHROxNlUUE HORTICOLE La température du mois d’août; maturation des fruits. — Exposition d’horticulture de Montreuil; apports de Scoccard et de la maison Vilmorin. — Les habitants de la Terre-de-Feu au Jardin d'acclima- tation du bois de Boulogne. — Abaissement de température constaté au mois de juillet dans les montagnes du Jura; note de M. de Brevans. — Production de fruit sans production d’organe foliacé; communication de M. Chaudey. — Septième livraison de V Illustration horticole : Rondeletia rjratissima, Coleus Reine des Relcjes et Œillet Mademoiselle de Rleichrœder. — Variétés de Vignes cultivées au château de Ferrières par M. Bergman ; conservation des Raisins. — Brochure de M. Charles Chevallier sur le Chasselas doré. — Bouton§ de Genêt à balais employés comme condiment. — Variété naine de Pélargonium zonale obtenue par M. Pinaert Van Geert. — Publication d’une iconographie des Azalées de l’Inde par M. Auguste Van Geert. — Germination des pépins de Vignes du Soudan; lettre de Lécart. — Emploi de l'eau salée contre les parasites des végétaux ; note de M. Jean Sisley. — Progrès de l’invasion phylloxérique. Après une longue série dejournées sèches et surtout extraordinairement chaudes, une réaction était à craindre. C’est en effet ce qui est arrivé. Tout à coup les choses ont complètement changé; nous sommes passés sans transition d’un été tropical à l’automne. Ainsi, dès le 10 août la chaleur était ahaissée de presque moitié par suite de la pluie ; des vents frais et même presque froids régnaient; des journées sans soleil, avec ou sans pluie, ont été la règle, et tout le mois d’août a été froid, mauvais, peut-on dire. Aussi la ma- turité des fruits s’est-elle faite difficilement, et actuellement il y a plutôt du retard que de l’avance. En fait de Raisins, le « Précoce y> ou Pinot de juillet était à peine noir (mais non mûr) le 20 août ; et les Pêches, qui à Montreuil abondent à cette époque, étaient à peine mangeables; à part quelques variétés nouvelles très-hâtives, les Early par exemple, toutes les autres étaient encore plus ou moins vertes. Parmi les Pêches dites (( de Montreuil, » on ne cueillait guère, encorele 20 août que les « Grosses Mignonnes hâtives, » en petite quantité, et à vrai dire elles n’étaient pas bien mûres. Ajoutons que les fruits, cette année, outre qu’ils sont rela- tivement petits, laissent aussi à désirer pour la qualité. — Quand ces lignes paraîtront, l’Exposi- tion d’horticulture de Montreuil appartien- dra à l’histoire : elle aura été ! Toutefois., comme ces événements qui ont fait une pro- fonde impression, son souvenir persistera longtemps ; ceux qui l’ont vue ne l’oublie- ront jamais, et désormais la date du 4 au 11 septembre 1881 marquera dans les an- nales de Montreuil. Nous ne pouvons, dans 16 SEPTEMBRE 1881. cette chronique, nous étendre ni entrer dans de grands développements sur cette fête du travail ; nous devons nous borner à cons- tater ce fait que, de l’aveu de tous, c’était certainement une des plus remarquables expositions de toutes celles qu’on avait vues jusque-là, si ce n’est par le nombre des exposants, du moins par les produits expo- sés. Il va sans dire que les fruits et surtout les Pêches y abondaient, et sous ce rapport c’était complet : beauté et quantité étaient réunies. C’était, pourrait-on dire, une jeu- nesse et une fraîcheur éternelles, ce qui s’explique par le renouvellement journalier des fruits. Montreuil a, dans cette circons- tance encore, justifié sa réputation, et la qualification de Montreuil- aux- Pêches a été affirmée de nouveau. Toutefois, il ne faut pas croire que seuls les fruits se faisaient remarquer : non, si Pomone était dignement représentée. Flore et Gérés y avaient aussi leur temple qui excitait l’admiration générale, la première représentée par M"™® Scoccard, la célèbre fleuriste si universellement connue, qui s’était encore surpassée, ce qui n’est pas peu dire : outre des bouquets comme elle sait en faire, elle exposait en fleurs de choix, artistement et harmonieusement disposées, un guéridon, un ballon, une ombrelle, un fauteuil, un coussin, etc., dignes assui'ément d’orner les salons des dieux. Un autre exposant également bien connu, la maison Vilmorin- Andrieux et Ci®, avait aussi accompli un véritable tour de force ; elle aussi s’était surpassée, et seule elle eût suffi pour exciter l’admiration des visiteurs ; outre des lots analogues à ceux que l’on connaît, elle avait « bondé d une salle de 18 342 CHUOiNIQUE HORTICOLE. produits légumiers de toutes sortes, le tout rehaussé par une collection de Glaïeuls, rappelant celles si remarquables qu"on voyait à Paris à l’Exposition universelle de 1878, de sorte que, dans cette salle. Flore et Gérés semblaient se donner la main, et se joindre avec leur sœur Pomone. — Dans un des précédents numéros de la Revue horticole nous signalions deux plantes nouvelles et des plus remarquables que nous avions vues au Jardin d’acclimatation du bois deBoulogne : c’étaient des Cycas sia- mensis^ sur lesquels nous reviendrons pro- chainement, et une Vigne des plus curieuses, dont nous parlerons également plus tard. Aujourd’hui, nous avons à parler d’un fait qui n’est pas moins intéressant : l’arrivée d’un certain nombre (onze hommes, femmes et enfants) de Fuégiens^ c’est-à-dire de gens qui habitent la T’erre-de-Feu. Ce sont des anthropophages sans industrie, vivant de chasse et de pêche, qui, ici, mangent de la viande crue. Nous ne saurions donc trop engager à aller les voir, car rien, assuré- ment, n’est plus digne d’intérêt pour l’homme que l’étude de l’homme lui-même. Là, en effet, par l’examen de ces êtres qui, à vrai dire, sont à peine des embryons de l’homme civilisé, on peut remonter plus haut et se faire une idée de ce que l’huma- nité était à son point de départ... On pour- rait même, jusqu’à un certain point, essayer un rapprochement ou plutôt faire une com- paraison entre eux et les végétaux, et dire que, considérés normalement, ces hommes sont à la haute civilisation ce que certains végétaux inférieurs sont aux plus améliorés, lesquels, à leur tour, sont le fruit d’efforts raisonnés. Dans un cas comme dans l’autre, on voit une progression ascendante, on assiste à une évolution continue. Toujours cette marche : du simple au composé, de l’imperfection à la perfection. — Ce n’est pas seulement aux environs de Paris que des variations extrêmes de température se sont subitement montrées ; on en a constaté d’analogues et même de plus fortes dans des contrées limitrophes de la Suisse. En voici un exemple qui nous paraît digne d’être cité : il a été constaté par M. de Brevans, qui à l’époque des gran- des chaleurs (juillet), parcourant les hauts sommeîs de la chaîne du Jura, écrivait ceci : Une particularité à noter d(; cette saison sé- négalienne. Pendant les (jLieàjues jours de ra- lï’aîclnsseinent atmosphérique qui ont régné dans la j)remière ({uinzaine d(; juillet, le li du mois, la température s’est abaissé(; sur les pla- teaux du Jura à ce point de geler les jeunes ])0usses des Sapins : toutes sont, à riieui‘e pré- sente, rousses et pendantes, fait 'anormal que de mémoire d’iiomme on n’avait vu. Rappelons que nous avons signalé des faits analogues à celui qui cite M. de Brevans. Ainsi, dans la chronique du juillet de la Revue horticole, relativement à des froids relatifs succédant brusquement à des cha- leurs tropicales, nous écrivions ceci : « Dans la nuit du 9 au 10 juin, sur diffé- rents points des environs d(^ Paris, des Haricots, Luzernes, Pommes de terre, etc., furent gelés. Quant à la Vigne, qui certai- nement a dû souffrir de cet abaissement de température, *^nous ne sachions pas qu’elle ait été atteinte par la gelée » Il n’en a pas été de même partout : sur certains points de la Bourgogne et même delà Champagne, les Raisins ont été en partie détruits. — Dans la crainte que le fait dont il a été question récemment (1), d’un bouton à fruit qui s’est transformé et a produit des fruits sans qu’il y ait production d’organe foliacé, soit mal interprété, M. Chaudey nous adresse à ce sujet la petite note que voici : ...Ayant, au mois d’août J 880, grdfé en j)é})i- nière, sur Coignassier, une assez grande quan- tité (le sujets avec des boutons à fruits de la Poire Chaudey, je remarquai ({ue, au })rin- temps suivant, presque toutes mes greffes pro- duisirent une belle ombelle de fleurs de la base de laquelle se développaient des bourgeons. Mais l’un d’eux (celui dont il a été question dans Lyon horticole) a fleuri comme les autres, mais sans émettre de bourgeons. Deux fruits seulement sont restés et ont atteint leur déve- loppement normal. J’ai été fort surpris quand, examinant ces fruits, j’ai vu que l’un d’eux avait développé à son sommet un bourgeon, tandis que l’autre n’avait produit qu’un bouquet de feuilles seulement, qui se fût probablement développé en un bourgeon, si je n’avais supprimé toutes les parties placées dans son voisinage afin do concentrer sur lui une plus grande quantité de sève. Ces explications, qui précisent très-bien les faits, démontrent d’une manière nette plusieurs transformations de la sève, qui s’est modifiée pour constituer des fruits, (1) V. Revue horticole, 1881, p. 304. cimOiSmuE iiürtigolf. 343 tandis que l’axe cential de ceux-ci s’est à son tour tnuislbrmé en feuilles et même en l)ois pour constituer un bourgeon. — La septième livraison de V fllustration horticole qui vient de paraître contient, comme plantes décrites et figurées, les espèces suivantes : Rondeleiia gratissima, magnifique Rubiacée à Heur rose carné, plante originaire de l’Inde occidentale et de diverses parties de l’Amérique tropicale, particulièrement de la Nouvelle-Grenade. Une bonne serre tempérée lui est nécessaire. Les deux autres planches coloriées repré- sentent, l'une le Coleus Reine des Belges, l’autre une magnifique variété à fleurs rouges de l’Œillet Souvenir de la Malmai- son, qui a été nommé Mademoiselle de Rleichrœder. Dans l’article qui accompagne cette variété, il est dit a que ce semis, comme fleur, ressemble exactement à son aîné; cependant le feuillage est un peu plus déli- cat. La fleur a le même volume avec une teinte incarnat foncé et forme une variété très-distincte Cet Œillet, comme ses aînés Souvenir de la Malmaison blanc et ROSE, diffère de la plupart des autres Œillets remontants en ce qu’il s’élève moins haut, que ses boutons, au lieu d’être allongés, sont globulaires. Ils pourraient presque former une série séparée et nouvelle. » Dans l’article en question, on a omis de faire connaître l’origine de cet QGllet. Dire que c’est « un semis » n’est pas suffisant; il eut été bon de préciser et d’indiquer quelle est la mère qui a produit l’enfant, car jamais, que nous sachions, l’Œillet Souvenir de la Malmaison n’a donné de graines, même une seule. Nous sommes donc dis- posé à croire que, comme les variétés rose et blanc, celle-ci est le produit d’un di- chroïsme, ce qui u’affaiblit pas son mérite. Quelle q*ue soit son origine, le nouveau venu n’en est pas moins très-beau, et nous engageons tous les amateurs d’Œillets à se le procurer, ce qui sera probablement facile en s’adressant à M. Lucien Linden, horticul- teur, 52, rue du Chaume, à Gand (Belgique). — Deux résultats contraires peuvent être obtenus par la culture des Vignes en terre : forçage et retardage. Dans le premier cas, le choix des variétés étant fait, on augmente la température à l’aide des procédés connus qui, généralement- sont des thermosiphons. Dans le deuxième, outre que l’on ne chauffe [)as, si ce n’est quelquefois à certains mo- ments, pour faciliter la floraison et assu- rer le nouage des fleurs, on choisit des variétés méritantes dont la maturation des Raisins est tardive et dont la peau, assez résistante, facilite la conservation. Ces Bai- sins aussi doivent être beaux et de bonne qualité. Voici l’énumération des queh{ues variétés reconnues méritantes par M. IJej’g- man, jardinier en chef chez M. le baron de Rothschild, au château de Ferrières-eii-Brie, où la culture tardive dont nous parlons est pratiquée sur une très-grande échelle. Raisins blancs : Muscat d’Alexandrie, Muscat Bonvod, Camon Hall Muscat, Royal Vineyad, Calabre, Chasselas Napoléon (le plus tardif). Raisins noirs : Mrs Pince’s black. Gros Colmar, Wests St-Peter’s, Black Alicante, Madriesfield court, Lady Dermé’s Seedling (le plus tardif). Des différents essais de conservation des Raisins, tentés par M. Bergman, il résulte que celui qui lui réussit le mieux est de laisser les Raisins sur les ceps, en ayant soin, en liiver, que la température reste autant que possible à 2 ou 3 degrés au-dessus de zéro. Ainsi traités, ces Raisins se conservent bien, et l’on en coupe au fur et à mesure du besoin. « Cette année, nous écrit M. Ernest Bergman, nous avons coupé les derniers Raisins à la fin de mars, alors que la végé- tation commençait à partir. » — Sous ce litre : « Chasselas doré ; sa culture, soins à lui donner, » M. Charles Chevallier, bibliothécaire delà Société d’hor- ticulture de Seine-et-Oise, président du co- mité d’arboriculture de la Société nationale et centrale d’horticulture de France, vient de publier un opuscule (I) résumant tout ce que cette culture comprend d’important, c’est- à-dire moins les détails qu’à peu près tout le monde connaît. Dans ce travail, l’auteur passe en revue la plantation des ceps, la forme qu’il convient de leur donner, les e72grais, \a taille, ébour g eoyinage, pinçage, ciselage, effeuillage, nettogage ; puis il arrive à la conservation du Raisin, et termine par le rajeunissement des Vi- gnes. (1) Versailles, imprimerie de E. Aubert, avenue de Sceaux, 1881. 344 CHRONIQUE HORTICOLE. Ce mémoire, insuffisant peut-être pour l’homme complètement étranger à la cul- ture de la Vigne, est néanmoins précieux pour tous, et s’il n’est pas indispensable aux praticiens « consommés, » il leur est certainement utile en leur rappelant les quelques principes généraux qui consti- tuent le traitement de la Vigne à Thomery et à Conflans-Sainte-Honorine qui, de l’aveu de tous les gens compétents, sont certainement les localités où cette culture est la mieux entendue. — Aux condiments bien connus : Câpres, Cornichons, Capucines, etc., M. O. Klipp, dans le Bulletin d' arboriculture et de flo- ricidture ( juillet 1881 ), conseille d’ajou- ter les boutons du (c Genêt à balais » qui, dit-il, après un séjour de trois semaines dans du vinaigre, « jouissent d’une saveur à nulle autre pareille. » Nous ne mettons nullement le fait en doute, et à notre tour nous ajoutons que presque tous les végé- taux qui ne contiennent pas de principes toxiques ou une saveur désagréable peuvent, à un certain état de leur développement, être employés à ce même usage, et que les ileurs des légumineuses surtout : Pois, Hari- cots, etc., quand elles ne sont qu’à l’état de bouton, peuvent être préparées comme on le fait des Câpres, et que ceux des Rohinias, vulgairement Acacias, sont tout particu- lièrement agréables à manger soit comme hors-d’œuvre, comme on le fait des Corni- chons, soit comme accommodement dans la préparation de certains mets, soit même frits avec de la pâte, comme on le fait des beignets. — Les Pélargonium zonale, qui jusqu’à ce jour n’étaient guère propres que pour orner les plates-bandes ouïes massifs d’une certaine dimension, vont, paraît-il, grâce à une variété très-naine et très-floribonde, pouvoir entrer dans la composition des petits dessins de mosaïculture. Cette variété, obtenue parM. Pynaert-Van-Geert, horticul- teur à Gand, et qu’il a nommée Princesse Stéphanie, présente, d’après l’obtenteur, les caractères suivants : Plante de 10 à 12 centimètres de hauteur, for- inant unebuule cunq)aete; rameaux très-courts; petites (ît nombreuses feuilles très-serrées, sur- moidées, à quelques centimètres à })eine, i>ar de nombreuses et larges ombelles de fleurs doid)l(‘s d’un beau rose vif ti‘ès-frais, éclairé blanc au centre, jiortées )>ar des pédoncules très-courts, di'oits et fermes. La })lantc est si llorilèn', (jue nous avons conq)fé jus({u’à neuf oml)el]es sur un sujet n’îiyant que trois rameaux, dont l’ensemble ne dépassait j>as 10 centimèti-es en baufeur et en largeui'. Voilà donc encore une nouvelle forme dans un groupe qui en présente déjà tant. Se fixera-t-elle pour constituer une race ? — M. Auguste Van-Geert, horticulteur à Gand, va publier prochainement un ouvrage qui, nous n’en doutons pas, fera sensation ■ dans le monde horticole. Ce travail consiste en une « Iconographie des Azalées de l’Inde ou Recueil mensuel comprenant la figure et la description des meilleures variétés, tant anciennes que nouvelles. (( Le premier numéro contiendra une préface historique qui servira d’introduction à l’ouvrage. « Le prix de l’abonnement est de 30 fr. par an, soit douze livraisons, pour tous les pays de l’Union postale. » On s’abonne chez l’éditeur, M. Auguste Van-Geert, faubourg d’Anvers, à Gand (Belgique). — Nous avons reçu de Lécard sœurs, au sujet des graines de Vigne du Soudan, la lettre suivante, que nous sommes heureux de reproduire : Scey-sur-Saône, 17 août 1881. Monsieur, Nous venons vous prier de nous dire quelles sont les |)ersonnes qui ont pu vous faire savoir que nous n’avions qu’un seul pépin de levé sur cinquante que nous avions plantés au mois de mars. Nous aimons â croire que c’est sans doute par suite d’une erreur que nous regret- tons, toutefois, car elle peut porter })réjudice â la découverte de notre regretté frère. Nous pouvons vous assurer que nous n’avions que ciii({ })e})ins de plantés au mois de mars, et que tous les cinq ont parfaitement réussi, puisque le dernier est sorti de terre hier dans la journée, et le premier a aujourd’hui 39 centimètres de hauteur, qu’il a ac({uis dans un mois. Nous avons une certaine quantité de pépins qui })0ussent très-bien, et il nous en lève chaque jour même de ceux })lantés en pleine terre en juillet. Si, comme MM. Vilmorin nous rafliianent, voLis])ortez de l’intérêt à la découverte de notre regretté frère, nous vous prions. Monsieur, de vouloir bien indiquer dans voti-e journal que c’est ]»ar erreur (jue l’article portant notre nom CIIUONlüUE HORTICOLE. 345 y a été inséré. Nous vous assnrons, Monsiour, <{uo cet article nous a causé bien du cliagrin, et sachant ([ue vous nous portiez de l’intérét, notre intention était bien de vous faire voir nos pieds de Vigne et de vous en otfi'ir à notre procliain voyage à Paris, et s’il vous fallait des rensei- gnements sur toute la germination do nos pépins, nous sommes à votre dis})osition. Nos plus beaux pieds sont germés en pleine terre, où nous les garantissons du soleil quand il est trop chaud. Veuillez, etc. A. Lécard sœurs. Nota. U Avenir commercial des Alpes-Mari- times n’insère, et sans nous connaître, que des articles intéressants et authentiques sur la dé- couverte qui a coûté la vie à notre malheureux frère. V. A. L. C’est avec plaisir que nous reproduisons cette lettre qui, précisément, satisfait au grand désir que nous avions d’apprendre de bonne source que, contrairement à l’opinion générale, beaucoup de graines des Vignes du Soudan rapportées par feu M. Lécard ont non seulement germé, mais que les plantes poussent bien. Dont acte. Quant à ce que nous avons écrit de ces graines, nous l’avons reproduit soit d’après V Avenir comynercial des Alpes-Maritimes , soit d’après les journaux qui l’avaient copié sur cette publication, soit d’après des lettres émanant de personnes désintéressées, qui par conséquent n’avaient pas de raisons de dénaturer les faits. Il ne nous reste donc plus qu’à remercier MMiies Lécard, ce que nous nous empressons de faire. — Il y a bien longtemps déjà qu’on a re- commandé l’emploi de l’eau salée contre les parasites des végétaux (champignons divers, oïdium, blanc des Pêchers, etc., etc.). Les résultats annoncés jusqu’à ce jour, très- divers, parfois contradictoires entre eux, montrent qu’il n’y a pas eu conformité ni dans le mode d’opérer, ni dans la quantité de sel employé pour une quantité d’eau dé- terminée. Il est donc à désirer que cette ex- périence soit reprise et suivie avec attention, en procédant scientifiquement. Eh atten- dant nous croyons devoir publier, sur ce su- jet, la petite note suivante que nous adresse notre collaborateur, M. Jean Sisley, de Mon- plaisir Lyon, le 18 juillet dernier : ...J’ai dans mon jardin deux jeunes Pêchers de semis ; ils ont deux ans et sont à environ 2 mètres l’im de l’autre en plein vent. L’un d’eux fut atteint de la ckK[ue il y a en- viron six semaines; je n’y fis d’abord })as att('ir tion et ne cherchai pas à me rendre compte de ce que c’est ([ue la cloque. J’eus tort: le mal s’aggravait; toutes les feuilles étaient crispées, et bientôt la plus grande partie jaunirent en partie et séchèrent. Alors, il y a quinze jours, je songeai à l’eau salée et mis dans un ai'rosoir contenant 18 litres d’eau, environ 500 grammes de sel de cuisine, et j’y trenq)ai à plusieurs reprises les rameaux du Pécher malade, ainsi que les extrémités de ceux du second où le mal commençait à paraître. Les feuilles l'oulées du premier se sont des- séchées; je lésai fait tomber en les pressant entre les doigts, et maintenant les rameaux i-e- poussent ; au second le mal paraît arrêté, car aucune feuille n’a jauni. — La chaleur et la sécheresse de cette année paraissent avoir été favorables au phylloxéra, dont la marche a cessé de se ralentir, comme cela paraissait devoir être l’année passée. Ainsi, nous lisons dans le Journal d' Agriculture pratique (numéro du 18 août, p. 214) : Le fléau a re})ris sa marche régulière en 1881 . Tous nos renseignements accusent même, avec un accord désespérant, une aggravation excep- tionnelle cette année. » Ainsi débute le rapport préparé par le comité central d’études de Lot- et-Garonne, sous la présidence de M. P. de La- fitte, pour être soumis au Conseil général dans sa prochaine session. Le fait avait été prévu dès longtemps par M. de Lafitte, et la constatation en est malheureusement trop facile à faire. Dans le sud -est, notamment, les progrès de l’invasion ont été d’autant plus considérables que la dissé- mination de l’insecte a été favorisée par la cha- leur et la sécheresse. De nouvelles taches viennent d’être décou- vertes dans le département du Gers. En Suisse, on signale plusieurs points d’at- taque à Dole et à Serrières, dans le canton de Neufcliâtel, et à Prégny (canton de Genève), à 400 mètres environ de la Vigne détruite en 1880. Mais alors, si, comme il est maintenant hors de doute, toutes les précautions prises pour arrêter la marche du phylloxéra, qui paraît subordonnée aux climats et à des in- fluences atmosphériques contre lesquelles on ne peut rien, n’ont pas empêché le mal de s’étendre, pourquoi maintenir plus long- temps les prescriptions, les restrictions et les prohibitions, en un mot ne pas retirer toutes les mesures qu’on avait prises dans le but de l’entraver, et ne pas laisser pour la Vigne la liberté, ainsi qu’on le fait pour 346 OUCIIIDÉES DE SEMIS. tous les autres végétaux? La logique vou- drait qu’on agisse ainsi. D’une autre part, que va faire la Suisse? Ya-t-ellc, pour arrêter le phylloxéra, comme elle l’a fait déjà à Prégny, arracher les Vignes au fur et à mesure que le phylloxéra les envahira? Il est certain que ce procédé serait infaillible!... Mais, après son applica- tion ?... Les Vignes auraient vécu ! E.-A. Carrière. ORCHIDÉES DE SEMIS Dans son cahier du mois d’avril 1870, la Société nationale et centrale d’horticulture de France a publié une note de nous sur .les semis d’Orchidées obtenues en Angle- terre. Depuis cette époque, de nouveaux semis ont fleuri, de nouveaux obtenteurs se sont ajoutés aux anciens. Nous avons pensé qu’il ne serait pas sans intérêt, pour les lec- teurs de la Revue horticole, de faire connaître les résultats obtenus ces dernières années. Notre première liste et celle que nous pu- blions aujourd’hui complètent ces rensei- gnements. Aux noms des obtenteurs anglais, nous sommes heureux d’ajouter celui bien connu de notre grand semeur de Caladiums, M. Alfred Bleu. Le nombre total des hybrides est de 92. La maison James Veitch et fils, de Londres, en a obtenu à elle seule 70. Puis viennent M. Cross, 3 semis ; M. Sivan, 1 ; M. Mit- chell, 2; M.Bowring, 3; MM. Lvoliison et fils, 2 ; M. B. S. Williams, 1 ; M. Warner, 4; M. Gosse, d ; M. Barber, 1 ; M. Bleu, 2. Les variétés qui paraissent se prêter le mieux à la fécondation sont les Cypripe- dium, dont nous possédons déjà 38 nou- veautés ; les Cattleya, 32 ; puis viennent ensuite : 8 Calanthe , 6 Dendrobium, 2 Phajus, 1 Zygopetalum, 1 Anœctochilus, 1 Goodyera, 1 Ærides, i Chysis etd Mas- devallia. Parmi toutes ces nouveautés, il n’y en a guère qu’une dizaine au commerce, et cela à un prix assez élevé. Nous avons décrit les plantes aussi minu- tieusement que cela nous a été possible. LISTE DES ORCHIDÉES OBTENUES DE SEMIS. A. Chez MM. James Veitch et fils, horti- culteurs à Chelsea (Londre.s). 1 Calanthe hella (C. Turneri'X G. Veit- c/ni). Fleurs lilas, à l’exception de la colonne et d’une partie du bas du lahelle, qui sont cramoisis. J^a jiartie inférieure du labelle est bordée de blanc. — Grandes brandies de fleurs un peu moins tombantes que celles du C. Turneri. 2. Cattleya fausta superha (C. Loddi- gesiix C. exoniensis). 3. Cattleya fausta aurea (C. Loddi- gesii X C. exoniensis). 4. Cattleya fausta crispa (C. Loddi- gesii X G. exoniensis). En plus des trois variétés ci-dessus, la même maison en avait déjà obtenu quatre autres par le même croisement, qui ont été mentionnées dans notre première note. 5. Laüia Dominiana rosea {Cattleya Dowiana X C. exoniensis). Parenté très- marquée ; le labelle est grand et profond comme dans le L. Dowiana, mais d’un riche cramoisi pourpre; les bords sont très- joliment gaufrés; sépales d’un rose pâle. 6. LœliaPhilbrichiana{Cattleya Acklan- diæ X Lœlia elegans). Fleurs à pédoncule court ; sépales et pétales pourpre brillant teinté de même couleur, mais plus foncée , le labelle d’un riche cramoisi ; les deux ailes latérales blanches et la colonne pourpre. 7. Lœlia Sedenii {Cattleya superha X Lœlia Devoniensis). Comme la plupart des semis, celui-ci a pris un peu du père et de la mère, et fait une bonne variété. 8. Masdevallia Chelsonii {Masdevallia amabilis X M. Veitchiana). Cette plante, qui tient des deux parents, a la couleur du M. Veitchiana, mais elle est plus florifère. 9. Phajus irroratus purpiiratus ( P. grandifolius X Calanthe vestita nivalis). ÎO. Dendrobium micans (D. Hardia- num X D. liliiflorum) . Fond des pétales et sépales blanc pourpre, plus foncé aux extré- mités ; labelle blanc. Belle acquisition pour les amateurs. 11. Dendrobium splendidissimum {D. heterocarpum X D. maerophyllum). Va- riété remarquable ; pétales et sépales crème, à extrémité pourpré clair; labelle à h nd jaunâtre ; disque [lourpre foncé. 12. Cypripedium calurum [C. longijo- Hum X C. Sedeni). Pétales ressemblant à OKCIIIDÉES DE SEMIS. 347 ceux ilu C. lojigifolium, mais plus longs cl plus tortillés ; sépales vert olive tirant sur le jaune, avec des nervures pourpre bru- nâtre. — Le labelle est pareil à celui du C. Sedeni ; le t’euillage est plus court et plus étroit que celui du Sedeni. 13. Cypripediicm ealanthum (C. hlflo- rum X C. Lowiï). — Bonne variété : à étudier. 14. Cypripedium yvcuide {C. Ilœzlii X C. caudatum). Grandes fleurs l)rillantes; larges feuilles d’un vert foncé. Paraît être une variété améliorée du C. Ilartiuegii ; couleur du type. — Sera l’un des plus beaux du groupe. 15. Cypripedium Morganiœ (C. Veit- chii X C. Stonei). Se rapproche beaucoup de la variété, encore très-rare, du G. Stonei pJatytamium. Feuillage du G. SYoneL Porte trois fleurs. Sépales blanchâtres avec quel- ques nervures foncées; pétales blanc jau- nâtre, avec de nombreux points mauves ; labelle blancliâtre teinté de mauve. 16. Cypripedium porphyrospilum (C. Loivii X C. Hookerii). Cette plante est un Cypripedium Lowii en diminutif, et avec des feuilles plus courtes. 17. Cypripedium selligerum majus (C. harhcitum X G. lœvigatum). Fleurs plus grandes que celles du type, C. selligerum . Sa couleur rappelle le C. harhatum^ mais le sépale supérieur est plus blanc et marqué plus distinctement. Les sépales latéraux sont aussi d’une couleur plus vive. 18. Cypripedium tessellatum porphy- reum (C. concolor X G. harhatum). Va- riété hors ligne du G. tessellatum. Elle est à ce dernier ce qu’une variété rouge foncé du G. Sedeni est à une variété pâle. 19. Cypripedium verniximo (G. Argus X G. villosum). B. Chez M. B. S. Williams, horticul- teur à Holloway, Londres. 1. Cypripedium calophyllum {C. venus- tum X G. harhatum) . Intermédiaire entre les deux variétés. G. Chez M. Warner, amateur (Blonnfield, Chelmsford). 1. Cypripedium chloroneurum (pa- renté inconnue). Feuillage du G. venus- tum. Grandes fleurs brillantes, comme si elles étaient vernies. 2. Cypripedium meirax (parenté in- connue). Celle-ci, ainsi du reste que les trois autres Cyjjripedium de semis du même oljtenteur, semble avoir le G. venustum pour un des deux parents. 3. Cypripedium melanopldhalnum (pa- renté inconnue). Jolie Heur ; feuillage vert jaunâtre marqué de taches plus foncées. 4. Cypripedium politum (parenté in- connue). Feuilles larges avec de nombreuses marques transversales d’un vert foncé. Belle Heur. D. Provenant de chez M. John E. Bow- ring, amateur à Forest Farm, Windsor. 1. Cypripedium conchiferum (G. Pear- eei X G. Boezliï). Bessemble à un G. Peareei monstre, avec quelques additions de couleurs prises sur le G. Boezlii. 2. Cypripedium gemmiferum (B. IIoo- kerœ X G. purpuratum). Feuillage du G. Ilookerœ, avec des fleurs intermédiaires entre les deux parents. E. De chez M. P. H. Gosse, amateur, à Saint-Mary’s Ghurch, Sandhurst. Torquay. 1. Calanthe Sandhurstiana (parenté in- connue). Ressemble au Calanthe Veitchii, mais a de plus forts bulbes. A une magni- fique macule sur le labelle. F. De chez M. J. G. Barber, amateur de Old-Hall, Spondin, Derby. Calanthe Barheriana {C. vestita X G. Turneri. Plante robuste. Fleurs dans le genre de celles du C. ^vestita, mais plus fines, d’un blanc pur, jaune à la partie infé- rieure du labelle, ainsi qu’à la partie infé- rieure de la colonne. G. De chez M. Bleu, Paris. Un de nos horticulteurs- amateurs les plus distingués, M. Alfred Bleu, 48, avenue d’Italie, Paris, s’est adonné depuis quelque temps déjà, à la fécondation artificielle des Orchidées. S’il réussit aussi bien avec ce genre de plantes qu’avec les Galadiums, nous sommes sûrs que dans un certain temps il produira certainement des mer- veilles dans nos collections d’Orchidées de semis. ‘ M. Bleu a bien voulu nous communique^ la description de ses deux premiers semis qui aient fleuri. Ils ne sont pas encore nommés. En fécondant le Cattleya intermedia amethystina avec le Cattleya Aeklandiœ, notre confrère a obtenu les deux variétés : Cattleya n« 1. — - Variété vigour-euse 348 VEHBENA VENOSA. PUUNE BELLE DE LOUVAIN. très-florifère, qui rappelle le Cattleya ayne- tlujstina dans toutes ses parties, quoique ses pseudo-bulbes soient moins élevés et ]dus grêles ; la fleur, de même grandeur que celle de ce dernier, a les sépales et les pé- t.des blanc verdâtre au moment de l’épa- nouissement, mais qui passent insensible- ment en quelques jours au blanc rosé. Le Libelle, très-élégamment et finement on- dulé, est lilas clair strié de lilas foncé. Cattleya n» 2. — Plante vigoureuse, dif- férant complètement du n° 1 . Si la première a pris les caractères généraux de la mère, celle-ci, au contraire, a conservé ceux du père. Bien que rappelant le Cattleya Acklan- diœ par sa forme, la fleur s’en distingue essentiellement par son périanthe, dont les sépales et les pétales, au lieu d’être jaune foncé, marbrés de brun, sont blanc rosé très-légèrement verdâtre, parsemés de très- nombreux et gros points rouge violet, comme dans le C. amethystoglossa Keteleerii ; et ce qui achève d’en faire une variété vraiment remarquable, c’est son labelle d’un violet rouge velouté jusqu’au gynostème, qu’il laisse à découvert en s’élargissant gracieu- seusement, et formant comme une aile rose tendre de chaque côté. Ernest Bergman. VERBENA VENOSA Malgré son mérite ornemental et bien qu’il soit depuis longtemps introduit dans les cultures, le Yerhena veyiosa est à peine connu en dehors des jardins botaniques, ce qui est regrettable, car peu de plantes sont aussi méritantes. Bien qu’assez généralement on cultive cette espèce comme annuelle, elle est pour- tant vivace. Originaire du Brésil et quoique relativement rustique, le Yerhena venosa doit être rentré en serre. Ses caractères sont les suivants : Plante vivace, rameuse, émettantde nom- breux stolons horizontaux munis d’yeux d’où partent des tiges aériennes tétragones atteignant 30 à 40 centimètres de hauteur, à ramifications nombreuses se terminant toutes par une inflorescence qui, à partir de PRUNE BELL] Cette variété, l’une des plus méritantes de la saison où elle -mûrit ses fruits, n’est pas aussi répandue qu’elle devrait l’être. Ses fruits, très-gros, longuement ovales, largement et régulièrement arrondis aux deux bouts, atteignent jusqu’à 5 centi- mètres de longueur sur 35 millimètres environ de diamètre. Queue longue, ténue, solidement attachée. Peau d’un beau vio- let pourpré, fortement pruinée et glauces"- cente farinacée. Chair non adhérente, jau- nâtre, contenant en très^grande abondance une eau sucrée à saveur fine, agréablement relevée. Noyau très-longuement obovale, à surface légèrement rugueuse, peu rustique. juin, se couvre de fleurs d’un bleu violacé à reflets roses, qui se succèdent jusqu’à l’arri- vée des froids. Cette espèce, certainement l’une des plus jolies qu’on puisse voir, n’est pas délicate et résiste parfaitement à la sécheresse, de sorte qu’on peut l’employer avec avantage, soit pour garnir des talus, soit pour en former des massifs qui sont d’un effet déco- ratif des plus remarquables. Elle est également très-propre à faire des bouquets. On ne saurait donc trop la recommander. Son seul défaut, peut-être, est de ne pas être nouvelle, ce qui, pour les amateurs du beau et du bon, sera plutôt une bonne qu’une mauvaise note. Sa culture peut se résumer en deux mots : elle est la même que celle des Verveines. Gilland. DE LOUVAIN Voici ce que M. O. Thomas [Guide pra- tique de V amateur des fryiits, p. 160) dit do cette espèce : (( Fruit très-gros, de forme ovale, pourpre foncé, à chair jaunâtre, juteuse, d’une bonne qualité pour la table et d’une première qualité pour cuire. Maturité : deuxième quinzaine d’août. — Arbre très-vigoureux. — Se recommande par la beauté de son fruit, qui a la propriété de très-bien tenir à l’arbre. » M. Thomas n’a nullement exagéré ; la Prune Belle de Louvain est, nous le répé- tons, de premier mérite. Aussi n’hésitons- nous pas à la recommander. Pomona. CULTURE DES PLANTES DITE SANS TERRE. 349 CULTURE DES PLANTES DITE SANS TERRE^^ L’étude que nous avons déjà faite de la culture des plantes dite sans terre a dé- montré que ce système, examiné sérieuse- ment, et qui ne présente rien que de très- normal, est loin d’olFrir tous les avantages qu’on lui a attribués. Aujourd’hui nous allons essayer d’en faire l’historique et tâ- cher d’en faire connaître l’inventeur. Disons tout de suite que celui-ci n’est pas M. Alfred Dumesnil; que ce procédé doit être très-ancien, car toute conservation de fleurs dans de l’eau peut être prise comme principe, c’est-à-dire comme ayant donné l’idée d’en généraliser l’application. Il en résulte que cette découverte pourrait être reculée indéfiniment. L’idée première de l’élever à l’état de système remonte également très-haut, puisque, avant même le milieu du XVIII® siècle, un Berli- nois avait déjà eu l’idée de cultiver des plantes dans de la mousse, et qu’en 1746 un Français nommé Charles Bonnet, rési- dant en Suisse, ayant eu connaissance des expériences faites à Berlin, eut alors l’idée d’en vérifier la valeur, en répétant les expé- riences et les pratiquant sur une grande échelle. Nous devons à notre collègue, M. Charles Baltet, un mémoire relatant les nombreuses et diverses expériences faites par M. Charles Bonnet, mémoire sur lequel nous espérons revenir un jour et citer la plupart des faits rapportés, en en discutant la valeur. Pour aujourd'hui, nous nous bornons à dire que toutes les expériences de Charles Bonnet ont été faites avec de la mousse pure^ c’est-à-dire sans avoir subi aucune préparation : ...La mousse dont s’est servi M. Bonnet est cette espèce longue et branchue qui croît dans les bois, au pied des haies, autour des buissons, et généralement dans tous les lieux un peu hu- mides ou qui ne sont pas trop exposés au so- leil. C’est le Lijjmiim abietinum. Il eut soin de n’en point employer qui n’eût été bien dépouillée de matières étrangères, et surtout de la terre qui demeure attachée aux ra- cines. Il arrosait assez fréquemment, plus rare- ment néanmoins dans les temps humides ou plu- vieux que dans les temps chauds. Enfin il a tenu les vases exposés au levant et en plein air. (I) Voir Revue horticole, 1881, pp. 254, 309. On voit par ce passage que Charles Bonnet ne donnait à la mousse qu’il employait aucune propriété nutritive; au contraire, il avait bien soin de la nettoyer en ne lui laissant ni terre, ni aucune substance K étrangère, » ce qui détruit l’opinion émise par M. Alfred Dumesnil : que la mousse non préparée, c’est-à-dire natu- relle, n’a aucune action. Ajoutons que Charles Bonnet demandait beaucoup plus à sa mousse que M. Dumesnil, puisqu’il se- mait dedans de l’Orge, des Pois, des Hari- cots, etc., qui devaient parcourir toutes les phases de développement, c’est-à-dire depuis la germination des graines jusqu’à la matu- rité complète des fruits, qui pourtant — du moins d’après l’auteur — se développaient parfaitement, mieux même que dans la terre. Faut-il de ces faits, et de tout ce que nous avons dit, conclure que la préparation que M. Alfred Dumesnil dit faire subir à la mousse e.st inutile, et qu’elle ne lui communique aucune propriété nutritive ou conservatrice ? Non assurément , et personne de ceux qui connaissent l’éminent écrivain du journal La France ne mettra en doute sa bonne foi ; mais cela ne suffit pour- tant pas pour constituer un titre de certi- tude. On peut se tromper de bonne foi, et une erreur commise dans ces conditions n’en est pas moins le contraire de la vé- rité. Disons toutefois, en terminant sur ce sujet, sur lequel nous nous proposons de revenir, que nous ne prétendons pas avoir montré que les expériences de M. Alfred Dumesnil sont dépourvues de valeur ; il suffirait, pour se convaincre du contraire, de connaître la loyauté et la droiture de carac- tère de l’auteur, dont les connaissances en horticulture sont approfondies, et surtout de rappeler le grand nombre d’expériences qu’il a faites, ainsi que la persistance qu’il y met, toutes choses qui sont le résultat d’une profonde conviction; un homme de sa valeur n’appuie pas sa conviction sur des riens. Mais aussi, il faut se mettre en garde contre l’enthousiasme, et toujours se défier d’un père parlant des enfants qu’il a éle- vés, et surtout de l’exagération qui peut se POMME DE TERRE LA PARISIENNE. — ABUTILON FLORIBUNDUM. 350 produire quand il s’agit de choses que l’on aime ; et ici tout le monde sait que ce n’est pas seulement de l’amour, mais une véri- table passion, que M. Alfred Dumesnil a pour les plantes, cc II sera beaucoup par- donné à celui qui aura beaucoup aimé, » a dit Jésus. Notre but en écrivant cette note, était sur- tout d’attirer l’attention sur la culture des plantes dite « sans terre, » et d’engager tous ceux de nos lecteurs qui le pourraient à tenter des expériences dans le sens de celles indiquées par M. Alfred Dumesnil, moins toutefois pour contrôler celles-ci que pour arriver à ajouter aux découvertes qu’il a faites. La voie est ouverte; il serait fâcheux qu’on ne la suivît pas. Faisons encore observer que ces expé- riences sérieuses, les seules peut-être qu’il y ait à faire, se réduisent à deux : Prendre de la mousse préparée par M. Alfred Dumesnil, puis un certain nombre déplantés, n’importe lesquelles ; les préparer et les mettre dans un endroit quelconque ; puis prendre les mêmes sortes de plantes en pot, en même nombre, et les mettre dans des conditions identiques avec les premières, en leur accordant aussi un traitement tout à fait semblable. En agissant ainsi, on com- prend que le choix des plantes, de même que l’emplacement, sont indifférents, puisque les uns comme les autres, étant dans les mêmes conditions, les causes favorables ou défavorables devront agir également dans les deux séries d’expériences. E.-A. Carrière. POMME DE TERRE LA PARISIENNE Cette variété, encore toute nouvelle, et à peine au commerce, a été obtenue par M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine. La plante est vigoureuse, robuste, très-pro- ductive. Elles est aussi relativement hâtive, puisque cette année elle mûrissait fin juillet- août. Ses tubercules, très-gros, ovales-arron- dis aux deux bouts, sont jaunes ; les yeux, peu nombreux, sont presque à fleur de la peau ; ils présentent cette particularité qu’ils naissent et se concentrent en masses com- pactes au pied des plantes ; ils sont de très- bonne qualité. Cette année, la variété dont il s’agit, la Parisienne, a présenté un caractère qui, s’il était constant, relèverait singulièrement le mérite déjà grand de cette Pomme de terre. Comme toutes les autres espèces hâ- tives ou de « deuxième saison, » sa végé- tation était complètement terminée lorsque sont arrivées les pluies qui ont fait repousser ABUTILON E Plante naine, très-rameuse, extrêmement fioribonde, courtement velue feutrée dans toutes ses parties, qui sont très-douces au toucher. Feuilles longuement pétiolées, plus ou moins profondément lobée^, à lobes lon- guement acuminés, denticulés. Fleurs très- nombreuses, axillaires, sur un long pédon- cule grêle. Calicejaunâtre, à divisions longue- toutes les variétés hâtives qui étaient dans ce cas, tandis que celle-ci n’a montré aucune disposition à pousser, bien que ses tuber- cules soient restés en terre jusqu’à la fin d’août. Si ce caractère était fixe, il constituerait une propriété précieuse dont il nous paraît inutile de faire ressortir l’importance. Mais à part cela, et quoi qu’il arrive, nous consi- dérons la Pomme de terre la Parisienne comme une variété précieuse surtout pour la grande culture, c’est-à-dire comme espèce à fort rendement, ce qui ne veut pas dire qu’elle est impropre pour la petite culture et même pour le commerce des halles. Est- elle riche en fécule? Nous ne pouvons le dire ; ce que nous pouvons affirmer, c’est, au point de vue culinaire, que ses qualités sont incontestables, ce qui, joint à son ren- dement, en fait une bonne sorte domestique. Lebas. ment appliquées. Corolle largement campa- niforme par le recouvrement des pétales, d’un très -beau rouge orangé strié, à ner- vures plus foncées ; étamines très-nom- breuses, jaune roux, à filets rougeâtres ; style saillant, fortement coloré. UAhutilon florihundum a été obtenu en 1879, au Fleuriste de la ville de Paris, Gc‘do7'lus de longueur, sur 6 environ de largeur, très-plates, brusquement atténuées à la base en un bec très-court, porlant à la face et sur les bords do très-petites saillies transversales, et au milieu une sorte de cicatricule ou fossette ellipsoïde, à face in- terne parcourue dans sa longueur d’une carène saillante, bordée de chaque côté d’un léger sillon. A l’exception des graines du Vitis Du- randii, qui sont noires (telles étaient du moins celles que nous avons examinées), les quatre autres sortes soudaniennes dont nous nous occupons sont d’un gris cendré légèrement brunâtre. Parmi les espèces figurées comme terme de comparaison se trouve d’abord : le Spino- vitis Davidii (fig. 78 et 79), nouvelle espèce de la Chine appartenant au groupe vinifera ; le Cissus antarctica, Vent. (Cis- sns Baudiniana, Brouss.; C. glcmdulosa, Poir. ; Vitis lucida, Forst. ; V. Kanguruh , lïort.), originaire de la Nouvelle-Hollande, dont les graines, qui rappellent un peu celles du Ricin, sont très-grosses, renflées sur la face externe qui est brunâtre, sensi- blement caronculée ; enfin le Vitis Vulpina ou Scupernong (fig. 82 et 83), espèce amé- ricaine appartenant au groupe vinifera, mais rappelant assez bien par son aspect, c’est-à-dire par sa forme et ses dimensions, les sortes soudaniennes. Celle-ci est assu- rément, de toutes les graines que nous avons examinées, la plus voisine des Vignes souda- niennes . L’étude que nous avons faite des graines des espèces de Lécard semble démontrer que, bien que très- différentes de celles du groupe des vinifera, elles s’y rattachent pourtant un peu, du moins quant à la forme, par le Vitis Vulpina, de même qu’elles paraissent se relier aux Cissus par l’espèce antarctica (Cssus Biaudiniana), originaire de la Nouvelle-Hollande. Faisons encore observer, relativement aux graines rapportées par Lécard, que le nombre pouvant varier dans chaque grain, cette variation influe notablement sur leur forme, ce que démontrent les figures 88 et 89, faites d’après nature sur le Vitis Le- cardii. Ainsi, à côté d’un grain entier de grandeur naturelle de cette espèce, se trou- vent. deux coupes montrant, l’une trois, l’autre quatre pépins. Dans cette dernière LES ANDROMÈDES. on voit que les pépins sont régulièrèment trianpjulaires, cordilbr’mcs, ù côtés égaux, tandis que, dans la coupe où il y a trois pe- j)ins, ceux-ci sont largement et un peu iné- galement triangulaires ; au contraire, quand il n’y a que deu.K pépins, ils sont plus large- ment aplatis, surtout par les deux faces, qui s’appliquent Tune contre l’autre. Mais si 355 par hasard le grain ne contient qu’un pépin, celui-ci est parfois un peu plus renllé. Nous avons jugé à propos de faire ces quelques observations sur les graines, pour expliquer certaines contradictions que pour- raient parfois contenir des descriptions, ])ien que celles-ci se rapportent à une meme espèce. E. A. Carrière. LES ANDROMÈDES Les Andromèdes, tel est le nom sous lequel sont plus généralement connues des liorticulteurs un certain nombre de plantes formant pour De Candole les genres Andro- meda, Lyonia, Leiicothœ , PieriseiZenobia. Mais laissons là la classification des sa- vants ; nous sommes horticulteurs, et c’est à nos confrères que nous nous adressons pour leur demander pour quel motif ils ne culti- vent pas ces charmantes plantes. Quiconque les connaît ne peut admettre d’autre raison de cet abandon que l’insuffisance qu’on a de leur mérite, et que, probablement ignorant leur culture, on leur a exagéré la difficulté de celle-ci. Le fait est que les Andromèdes passent pour être très-difficiles à cultiver, ce qui est le contraire de la vérité. Il en est de leur culture comme de la mauvaise répu- tation qu’on a faite à certaines gens, souvent môme sans les connaître'; opinion fausse, mais qui néanmoins se généralise par les répétitions qu’en font d’autres sans les con- naître davantage. Eh bien ! oui, il y a comme cela de par le monde des erreurs qui se transmettent de . génération en génération, et que per- sonne n’ose relever, crainte d’être blâmé ou de paraître ridicule. C’est là, nous le croyons, la seule raison à donner de l’abandon dans lequel on laisse les Andromèdes. Mal appréciés à leur arrivée dans le monde horticole et mal cultivés, probable- ment parce qu’on ignorait le climat d’où ils sont originaires et les conditions dans les- quelles ils vivaient à l’état spontané, les Andromeda n’ont eu qu’un succès éphé- mère, et aujourd’hui on les délaisse, malgré leurs qualités éminemment ornementales. C’est contre cette indifférence imméri- tée pour les Andromèdes que nous vou- drions réagir en faisant connaître à tous, mais particulièrement aux horticulteurs- fleuristes, les principales variétés à cultiver et le parti qu’ils pourraient en tirer. Nous ne parlons bien entendu, ici, que des va- riétés absolument rustiques et ayant résisté chez nous à ^22® centigrades de froid. Du reste, presque toutes les espèces d' Andro- meda sont très-rustiques. D’une autre part, la culture de ces plantes en pleine terre est des plus élémentaires : un peu de terre de bruyère, une exposition à mi-ornbre, le mieux aérée possible, et un sol toujours frais, car les Andromèdes redoutent beau- coup la sécheresse. Avec cette culture, qui, comme on le voit, est des plus simples, on aura des fleurs de- puis le printemps jusqu’à l’automne, en choisissant des variétés qui se succèdent dans l’ordre suivant : En avril et mai. — Andromeda cali- culata, fleurs blanches, très-nombreuses. Une des meilleures variétés et d’un effet charmant, même lorsqu’elle est en bouton. En mai et juin. — Andromeda axiliaris, plante vigoureuse et aussi remarquable par son feuillage vert foncé que par ses fleurs blanches en grappes. En juin. — Andromeda cassinœfolia ou speciosa et sa variété pulverulenta, à Heurs blanches en grelots. De mai à juin. — Andromeda floribunda. Se couvre littéralement de fleurs d’un blanc pur, faisant le plus étrange et le plus char- mant contraste avec son feuillage sombre. Cette variété, peut-être la seule que nous avons trouvée un peu délicate, exige plus que les autres un sol exempt de séche^ resse. En mai et juin. — Andromeda lucida. Plante aussi coquette par son feuillage pres- que caduc que par ses fleurs abondanles d’un blanc rosé. De mai en août. — Andromeda Afa- riana. Espèce à feuilles caduques, s’accom- 356 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D HORTICULTURE DE FRANCE. modant mieux que les autres d’un sol un peu sec. En juin et juillet. — Andromeda jwlii- folia et sa variété poliifolia glaucophylla sont de petits arbrisseaux nains, à fleurs très-abondantes, légèrement carminées. Enfin V Andromeda Japonica^ une nou- velle espèce qui, quoique assez récemment introduite, est déjà très-favorablement con- nue comme l’une des meilleures espèces du genre, ce qui n’est pas peu dire. D’une rus- ticité à toute épreuve, jamais elle ne souffre même dans ses boutons qui, dès l’automne, sont déjà très -apparents et forment pen- dant tout l’hiver un très-bel effet. Ses fleurs en grélots blancs forment avec le feuillage persistant, qui est d’un beau vert, le jdus charmant contraste. Celte liste n’est qu’une très- courte énu- mération des espèces A Andromeda que l’on pourrait particulièrement cultiver pour l’ornementation, surtout comme plantes à effet pour les horticulteurs-fleuristes, qui certainement pourraient en tirer un bon parti, soit comme plantes en pots pour le marché, mais tout particulièrement pour la confection des bouquets, usage auquel les Andromèdes sont très-propres, ce qui m’a engagé à les recommander. Louis Leroy, Pépiniériste à Angers SOCIÉTÉ NATIONALE BT CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 25 AOUT 1881 Apports. — Au comité de culture potagère, trois présentateurs seulement. M. Bertaud, cultivateur à Rosny-sous-Bois, un lot de Fe- nouil (ITtalie. — M. Boimel, de Palaiseau, pré- sentait quelques pieds de Soja d’une sorte particulière dont les fruits, excessivement nom- breux, sont disposés en panicules très-volu- mineuses et extrêmement ramifiées. Quelques personnes affirmaient que c’était une des sortes cultivées en Hongrie. — M. Millet, horticulteur à Bourg'-la-Reine, jirésentait une corbeille de Pommes de terre dont il est Fobtenteur, et qu’il a nommée la Parisienne. C’est une sorte jaune, un peu aplatie, qui produit abondamment. Les tubercules, très-gros, viennent en masse com- pacte au pied et ne s’étendent pas ; les yeux, peu nombreux, sont presque à fleur de la peau ; enfin, tout semble faire croire que pour la grande culture c’est une variété de mérite. Le comité d' arboriculture avait peu de chose à examiner : quelques fruits variés, puis une corbeille de Pêches mignonnes hâtives très- belles, présentées par M. Bertaud, de Rosny. Le comité de floriculture, sans être ce qu’on })eut appeler « chargé, » était néanmoins mieux pourvu que les comités d’arboriculture et de culture potagère. D’abord, M. Bruant, de Poi- tiers, présentait plusieurs corbeilles de tleurs coupées, doubles, de Pétunias de toute beauté, tant pour la forme, les dimensions, que pour les coloris, qui tous étaient des plus brillants, ainsi que quelques variétés à fleurs simples, largement et longuement tubulées ; les uns comme les autres a}»partiennent à la série des grandes Heurs ; les doubles avaient les divisions laciniées. Il présentait aussi un Bégonia rfûsco /or rex cultivé en pleine terre, dont le volume an- nonçait une très-grande vigueur. — M. Dudoüy présentait en fleurs coupées des semis de di^ verses espèces : Dahlias, Reines-Marguerites, Soucis, Zinnias, Pétunias à fleurs simples, obte- nues de semis. — M. Berger, horticulteur à Verrières-le-Buisson (Seine-et-Oise), avait ap- porté des Glaïeuls provenant de ses semis, qui, par les dimensions, la forme et le coloris des fleurs, étaient vraiment très-beaux; plusieurs variétés étaient surtout remarquables })ar des coloris foncés violets ou presque noirs, qui sem- blent former une nouvelle gamme dans les co- loris, déjà pourtant si nombreux, parmi les Glaïeuls. — MM. Ghantrier frères, de Morte- fontaine, avaient envoyé quelques Gloxinias dont les Teuilles sont atteintes par un champi- gnon ({ui en détruit les tissus. D’après ces hor- ticulteurs, un moyen qui leur avait très-bien réussi pour guérir leurs plantes était un sou- frage énergique. — M. Arnould, jardinier à Savigny, présentait des Bégonias tubéreux de semis remarquables par la beauté et la pléni- tude des fleurs; ils appartiennent à la série naine, subacaule, qui malheureusement sont d’ime multiplication lente. — M. Godefroy- Lebeuf, d’Argenteuil, présentait un pied AAscle- 2)ia verticillata, plante vivace dont les tiges garnies de feuilles étroites, longuement acicu- laires, se terminent par des inflorescences nom- breuses, axillaires, composées de fleurs petites, blanchâtres, de peu d’effet ; puis une inflores- cence de Tritoma Saundersi, nouvelle espèce du Cap, remarquable par sa vigueur, les dimen- sions de son inflorescence et la belle couleur de ses fleurs. C’est certainement la })lus vigou- reuse du genre; ses hampes robustes, dressées, atteignent jusque 2 mètres de hauteur. — On avait aussi apporté deux potées en fleurs du GIROFLÉES A FLEURS JAUNES DOUBLES. — Ci'cissula (jracilis, nouvelle espèce très-naine, dont les tiges très-nombreuses, qui atteignent de 15 à 20 centimètres, se couvrent dans la ])artie supérieure de Heurs petites, d’un beau rouge l'oncé ; les feuilles, très-rapprocliées, sont char- nues, subcylindriqucs, longuement aciculaires. C’est une espèce qui, sans être très-bi'illante, pourra être enq)loyée avec avantage dans la GERMINATION DES VIGNES SOUDANIENNES. 357 composition des massifs décoratifs spéciaux, de la mosaïculture i)ar exemple. M. Kmile Chaté avait, de nouveau, aj)porté des plantes diverses mises dans de la mousse j)ré])arée d’après le système de M. A. Dumes- nil ; c’étaient })Our la })lupart les mêmes (ju’il avait déjà })résentées à la séance ))récédente, c’est-à-dire quinze jours avant. GIROFLÉES A FLEURS JAUNES DOUBLES OU D’ERFLRTH Ces Giroflées, d’origine allemande, sor- tent sans aucun doute de l’espèce commune {Cheiranthus Cheirï). Elles constituent une race très- distincte par l’aspect, les fleurs et même le tempérament. La tige est simple ou peu ramifiée, assez élevée, promptement dénudée à sa base, grosse, charnue, se ter- minant par une très- forte grappe spici- forme de fleurs semi- doubles, quelquefois doubles, plus rare- ment simples, de couleurs diverses, jaune, brun, rouge lie de vin, pana- ché, etc. Feuilles épaisses, charnues. Siliques très-fortes, très- longues à mû- rir. Les Giroflées dites d’Erfurth ou à fleurs doubles (fig. 90) se reproduisent à peu près franchement par graines. Elles consti- tuent une race très- distincte dans les fleurs, qui durent très-longtemps et qui rappellent un peu celles de la Giroflée dite (( savoyarde, » mais alors beaucoup plus fortes, et sont tout aussi odorantes. Pour avoir ces plantes belles sous le cli- mat de Paris, il est bon de prendre quelques précautions pour les faire passer l’hiver. Gomme on le fait pour l’espèce commune, il faut semer de juin à août, repiquer et soi- gner les plants de manière à les avoir beaux et robustes. Un peu avant l’hiver, il convient de .les mettre en pots, et si l’on peut, à l’ar- rivée des grands froids, on les met dans des coffres que l’on recouvre de châssis. Si ces derniers faisaient dé- faut, on les rempla- cerait par des plan- ches ou des paillas- sons; au printemps, on peut les mettre en pleine terre ou les laisser fleurir en pots dont elles s’accom- modent assez bien. Bien que, en gé- néral, ces Giroflées ne se ramifient pas, on en voit néanmoins des pieds qui font ex- ception, ce qui fait supposer que, par un choix approprié, on pourrait former des races plus naines et plus compactes, mais probablement aussi que les inflorescences seraient moins fortes et moins serrées. La quantité des inflores- cences compenserait-elle ce qu’elles pour- raient perdre en grosseur ? L’expérience seule pourrait répondre. Nous penchons pour l’affirmative. E.-A. Garrière. Fig. 90. — Giroflée à fleurs jaunes doubles ou d’Erfurth, au 1/3 de grandeur naturelle. GERMINATION DES VIGNES SOUDANIENNES Nous continuons à enregistrer ce que nous apprenons sur la germination des grai- nes de Vignes soudaniennes, dites Vignes de Lécard (1). D’après VAvenir commercial (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 288. des Alpes-Maritimes du 7 juillet, M^epis- tre, 53, Grande-Rue, à Valence (Drôme), au- rait obtenu un résultat sans exemple connu jusqu’ici ; une graine de Vitis Lecardii se- mée le 22 juin aurait commencé à germer 358 GERMINATION DES VIGNES SOUDANIENNES. le 2 juillet. Ce résultat serait dû à l’immer- sion dans de l’eau pendant vingt jours que l’on aurait fait subir au pépin qui contenait la graine en question. Sans nier ce résultat, nous ferons remarquer qu’il est surprenant et sans précédent connu. A Nice (toujours d’après le journal cité plus haut), dans le jardin de M. le prince Lobanotf, au quartier Saint-Philippe, on avait semé le 12 mai 1881 des graines des cinq va- riétés rapportées par M. Lécard, et le 12 juillet (( deux graines de Yitis Chantinii avaient germé et poussé, l’une à la hau- teur de 4 centimètres, avec de magnifiques cotylédons, et quatre feuilles d’une superbe venue ; l’autre avait un développement de 2 centimètres, avec des cotylédons et deux feuilles qu’on pouvait distinguer parfaite- ment. Une des graines de la variété Dii- randii avait aussi poussé. » Nous ne demandons pas mieux que de croire à ces résultats ; pourtant nous ne serions pas fâché de les voir constatés par des personnes compétentes, c’est-à-dire du métier ; aussi est-ce avec un grand plaisir que nous apprendrions que ces faits sont confirmés par des horticulteurs ou des jardi- niers, et nous serions très-reconnaissants envers ceux de nos collègues, Niçois ou au- tres, qui voudraient bien nous renseigner à ce sujet, non seulement pour les faits que nous venons de rapporter, mais aussi pour ceux dont nous avons parlé antérieurement {l. c). et alors nous nous empresserions de faire connaître ce qu’on nous aurait appris à ce sujet. Notre collègue, M. J. -B. Deleuil, nous écrit de Marseille, le 23 juillet 1881 : Monsieur Carrière. Les renseignements que vous insérez dans la chi-onique de la Revue horticole du 16 cou- rant sur les résultats, négatifs jusqu’ici, des se- mis des Yignes du Soudan, m’engagent à vous faire la communication suivante, sur un semis de onze pépins que j’ai fait de ces Vignes le Oavril dernier. Ces onze pépins se divisent ainsi, cinq du Vitis Lecardii^ — deux du V. Du- ramlii, — une du V. Chanüni — deux du V Faidherhii et une du V. Hardii. Ce semis, fait en pleine terre, à l’air libre, avec tous les soins que comportent des graines d’un prix si élevé et soi-disant d’un si brillant avenir, n’avait encore donné aucun signe de vie dans les pre- miers jours de juin. A cette époque, désireux de m’assurer de l’état des pépins, j’en retirai un des cin({ de la Vitis Lecardii, lequel me pa- rût pourri fait que je constatai par un exannui minutieux. Mais je ne poussai pas plus loin mes investigations, et j(i continuai à don- ner aux semis les mêmes soins qu’aupa- ravant, bien ({ue j’eusse perdu tout es])oir, quand le 25 juin les deux cotylédons du pe))in unique de la Vitis Hardii se montj-aient vi- goureux et bien sains. Depuis, aucune autre graine ifa donné aucun signe de vie. Quant au Vitis Hardii^ malgré ses cotylédons bien i)iis et bien vivants, iln’amontré sa ])i‘emière feuille ([ue depuis (juebjues jours seulement; son dé- veloppement est ti’ès-lent ; cette feuille, cordi- Ibrrnc, d’un l)cau vert poui’prc, est sensiblement dentelée. Veuillez, etc. J. -B. Deleuil. Voici encore, au sujet des Vignes du Sou- dan actuellement existantes en. France, deux lettres reçues par Lécard et communiquées à MM. Vilmorin, qui ont eu l’obligeance de nous les transmettre : Valence, ce 21 juillet 1881. Mesdemoiselles, Nous recevons votre lettre du 19 courant, et voici les renseignements demandés. Nous devons le pépin de Vitis Lecardii à l’obligeance de MM. Lemus'et Garren, qui nous l’envoyèrent le 22 juin, et que nous avons semé le même jour, ainsi que vous l’avez vu par no- tre lettre dans Vxivoiir commcrciat. Notre plant émet aujourd’hui sa septième feuille ; il y aura un mois juste demain soir que la graine a été semée. Nous avons le plus grand plaisir à voir pous- ser cette plante, et à moins d’un accident qui ne serait pas de notre faute, vous pouvez le croire, nous espérons bien la voir arriver à bonne fin. Depuis deux jours nous la laissons à l’air libre toute la journée ; mais comme nous craignons les cbenilles, nous avons mis le petit pot dans le bas d’un Poivrier (arbre à poivre^, et nous la couvrons le soir. Veuillez, etc. E. et E. Pistre. Voici le deuxième document: Carcès, le 22 juillet 1881. Monsieur Lécard frère, à Scey-sur-Saône. (Haute-Saône). Conformément à votre désir, j’ai l’honneur de vous adresser les résultats de mes semis de graines des Vignes du Soudan, découvertes i)ar feu M. Théodore Lécard, votre regretté frère. J’ai mis les graines en })ots, en terre très- meuble de jardin, le 24 avril dernier, à environ 3 centimètres de profondeur. J’ai arrosé les vases régulièrement tous les jours ; vers le commencement de juin, pendant mon absence, une des graines de la variété Lecardii a germé ; elle a maintenant 17 centimètres de bau- INSOLATIONS VEGETALES. 359 teiir, [lüi-te n;'ul’ iouilles plus larges que des })ièces de cent sous, paraît très-vigoureuse et est d’une ressendjlance très-grande avec notre Vigne sauvage indigène ; la tige en est cepen- dant plus transparente. A 2 centimètres de teri’e environ, des bran- ches semblent prêtes à se développer entre la seconde et la troisième feuille et la tige ; quoique cela pai aisse devoir être ainsi, je n’ose- rais cependant raltirmer. Le 10 juillet courant mois, en arrosant mes vases, je mis à découvert un autre pépin qui germait, de l’espèce dite ImicUterbii. Le pépin, au sommet de la petite tige, de couleur rose, a conservé pendant dix jours sa forme et sa cou- leur ; enfin, il y a deux jours, le 20 juil let,elle s’est transformée en deux larges feuilles beau- coup plus foncées. La tige a maintenant 2 cen- timètres de hauteui'. Je suis heui'eux d’apprendre que d’autres ont obtenu des résultats plus beaux encore; cela donne beaucouj) d’espoir à notre viticulture en détresse, les Vignes américaines n’ayant pas encore donné, dans les nombreuses expériences faites sur tous les points des départements mé- ridionaux, tout ce qu’on est en droit d’attendre de plantes résistant au phylloxéra. Je vous serais très-obligé si vous vouliez bien me faii’e connaître le résultat des expériences faites sur vos pépins de Vignes du Soudan. Veuillez, etc. A. Reveutégat, Conseiller général. INSOLATIONS VÉGÉTALES Ayant remarqué, qiendant les chaleurs extraordinaires qui se sont récemment fait sentir, qu’un certain nombre de végétaux avaient été, les uns frappés complètement de mort, d’autres plus ou moins fatigués et perdant, ceux-ci des branches, ceux-là seu- lement leurs feuilles, je disais à un de mes collègues que ces végétaux avaient subi une insolation. — Non, me répondit-il, cela est impossible. — Mais pourquoi non? ajoutai- je. — Parce que, repliqua-t-il, les végétaux « ne sont pas des animaux^ » et que seuls ces derniers peuvent être frappés d'insola- tion. )) J’avoue que la, première partie de l’objection me parut sans réplique, et que M. de la Palisse n’eût pu mieux dire ; quant à la seconde, il me parut en être autrement : aussi je crus, et crois encore, que le fait est sujet à contestation, ce que je vais essayer de démontrer. Pour qu’une démonstration absoluejpuisse se faire, il faudrait pouvoir établir une déli- mitation entre les végétaux et les animaux, ce qui est impossible. En effet, quand on des- cend l’échelle des êtres, on assiste à une dé- gradation de plus en plus grande, qui tou- jours conduit à l’indécision. Arrivé là, plus de caractères tranchés, et alors on se dit : Est- ce un animal ? Est-ce un végétal ? C’est l’un ou l’autre, et même contradictoirement, sui- vant le point de vue où l’on se place. Cette constatation, qui enlève l’argument que m’objectait mon collègue, me donne presque raison, puisqu’on démontrant qu’il n’y a pas de limite entre les végétaux et les animaux, il en résulte que les uns comme les autres sont susceptibles d’éprouver des accidents analogues. Mais, même en restant dans les ordres supérieurs de l’animalité, on constate que les principaux phénomènes de leur existence présentent des équiva- lences : tous absorbent, assimilent et déga- gent en raison de leur nature, et tout en résistant aux causes de destruction qui s’exercent sur les uns comme sur les autres. Alors, lorsque cet équilibre est rompu, l’être décroît ou meurt plus ou moins vite, suivant l’intensité de la cause destructive. Quand pendant l’été la chaleür est trop forte, ou plutôt trop vive, l’être soumis à son action est surexcité, et si sa vitalité n’est pas en rapport avec l’action externe, l’é- quilibre est détruit : l’individu souffre et meurt. Comme d’une part, dans un végétal, il n’y a pas de centre unique de vie, mais que toutes les parties, bien que se rattachant au tout, jouissent d’une vie particulière qui leur permet même de se développer alors qu’elles sont séparées du tout, et que, d’une autre part, les forces de résistance sont iné- gales, il en résulte que, bien qu’elles soient soumises à une même force, les unes souf- frent peu, d’autres beaucoup, tandis que cer- taines sont détruites. Ce qui semble démontrer que ces acci- dents sont bien le fait d'insolations, c’est qu’ils ne se produisent que sous l’influence du soleil. Une température, quelque chaude qu’elle soit, mais par un temps couvert ou sombre, ne produit jamais de ces morts im- médiates, qu’on remarque au contraire fré- quemment quand, avec la chaleur, la lu- mière est très-vive. Pourrait-on empêcher les insolations ? 360 LES SERRES FLEURIES-, Sans aucun cloute, par exemple en interpo- sant une sorte d’écran ou (l’isolateur entre la lumière et l’être c|ui la subit, et si c’est un végétal, de tenir la terre constamment humide, de manière à maintenir l’atmos- phère qui l’entoure dans un certain degré de fraîcheur qui atténue l’intensité des rayons' calorifiques. Y a-t-il un remède cà appliquer contre les insolations végétales? Non, si elles sont complètes, car alors, de même que dans les insolations animales, l’individu est frappé de mort, ce qui appuie encore l’analogie que nous soutenons exister entre les végétaux et les animaux; mais lorsqu’elle est partielle ou incomplète, il suffit d’enlever, et le plus tôt possible, les parties frappées. S’il reste encore un peu de vie, — ce qui pourtant est rare, — il faut les débarrasser des feuilles et de toutes les parties herbacées, et maintenir les écorces humides par de fréquents bassi- nages. May. LES SERRES FLEURIES Nous appelions serres fleuries celles qui toute l’année renferment des plantes en Heurs. Ce sont des sortes de boudoirs où l’élégance et l’ordre régnent toujours, mais sans rien présenter de dur, où tout se con- fond dans un agréable contraste qui plaît, et où les couleurs, bien qu’en se faisant oppo- sition, se fondent dans un ensemble des plus harmoniques. Dans ces sortes de décors, rien d’exclusif. Pour qu’une plante soit admise, il suffit qu’elle soit belle, et sous ce rapport à peu près toutes jouissent de ce privilège quand elles sont en fleurs, car on le sait, parmi les fleurs, rien autre que des beautés relatives. Le soin du jardinier doit donc se borner à avoir des plantes en pots, lesquelles tour à tour vont orner la serre, et qui ensuite sont reportées, les unes dans les serres chaudes, froides ou tempérées, les autres au jardin ; d’autres enfin, si elles sont annuelles ou bis- annuelles, en quittant le boudoir de Flore, vont augmenter le tas de fumier. Jusqu’ici je n’avais vu rien de pareil, et c’est tout récemment, en visitant la magni- fique propriété de Ferrières, dont toute la partie ornementale est confiée à l’un de nos plus célèbres jardiniers, M. Bergman, que j’ai eu l’occasion d’admirer les serres fleu- ries dont je parle, que l’on pourrait aussi appeler «boudoir de Flore. » Voici à l’époque de ma visite (commencement d’août) l’énu- mération de quelques espèces que j’ai notées : Hortensias communs et H. Thomas Hogg, Justicia speciosa, Fuchsia^ Aphelandra , Campanula pyramidalis à fleurs blanclies et à fleurs bleues, etc. Mais, je le répète, rien d’absolu dans le choix des plantes ; toutes celles qui fleurissent beaucoup et dont les fleurs se succèdent ou durent longtemps peu- vent passer au boudoir .Toutefois, si l’on devait couper des fleurs soit pour en faire des bou- quets ou des garnitures, l’on devrait, autant que possible, choisir des espèces dont les fleurs assez résistantes peuvent se conser- ver après qu’elles ont été coupées, et dont aussi les inflorescences sont portées sur des ramifications assez longues. Si au contraire les fleurs doivent seulement orner les serres, on pourra indistinctement prendre toutes les plantes qui, soit par le nombre des fleurs, soit'par l’éclat de celles-ci, sont susceptibles de produire le plus possible un bel effet ornemental. Il va sans dire aussi que des plantes à beau feuillage placées çà et là pourront par leur constraste contribuer encore à cette ornementation et même à en rehausser l’éclat. Dans toutes c^s circonstances, du reste, il n’y a rien d’absolu ; presque toutes les plantes peuvent être employées suivant le but à atteindre. Ce que j’ai voulu ici, c’est, en appelant l’attention sur une in- novation qui me paraît très -heureuse et destinée à rendre de grands services à l’or- nementation, faire connaître l’homme qui le premier, je crois, a eu l’idée d’en faire l’application. Maintenant que j’ai montré le but à atteindre, c’est à chacun de chercher le moyen le plus avantageux. Ici la voie est large, et si, comme on dit vulgairement, « tout chemin peut conduire à B.ome, )) c’est surtout lorsqu’il s’agit de la culture et de la disposition des fleurs que les moyens sont infiniment variés, car c’est alors une affaire de goût, et comme le dit encore un vieux proverbe : « Des goûts et des couleurs il ne faut pas discuter. » Sallier père. lmp. Georges Jaoob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Persistance du mauvais temps; pourriture des Raisins à Montieuil. — Les semis de Vignes du Soudan; lettre de M. A. Adam; lettre de M. Catros-Gérand. — Un Grenadier à Heurs doubles qui donne des fruits ; communication de M. le Dr Stawecki. — Commerce des oignons de Lis blanc à Montreuil. — Publication prochaine de la Revue phylloxérique inlernationale. — Congrès phylloxérique de Bordeaux. — Nouvelles variétés de Groseilliers à maquereaux. — Plantation d’Asperges faite par M. Brunellière; communication de M. Boisselot. — Multiplication des Catalpas par le bouturage; expérience faite par M. Clausen. — Céleri blanc sans éliolage; avantages de cette variété. — Le climat et les récoltes de Nice ; extrait de deux lettres de M. Thierry. — Mise au concours d’une place de jardinier en chef du jardin botanique d’Angers. — La consommation des Ananas en France. Le Café de Liberia: VAslragalus bœticus comme succédanée du Café; lettre de M. Chauvin. — Le Cissiis Rocheana, décrit par M. Planchon dans la Vigne américaine. A part de '.rès-rares exceptions, le mau- vais temps v.st toujours la règle. Sous ce rapport le mois de septembre est à peu près la continuation du mois d’août : de la pluie, pas ou peu de soleil ; aussi les Raisins com- mencent-ils fortement à pourrir ; dans cer- taines localités, à Montreuil, c’est presque une calamité : la pourriture gagne avec une vitesse désespérante, au point que certains cultivateurs, dans la crainte de tout perdre, parlent de vendanger, bien que les Raisins soient loin d’être mûrs. On espérait faire beaucoup et bon ; on est exposé à ne faire ni l’un ni l’autre, ou du moins, si l’on fait beaucoup, il paraît au moins douteux que l’on fasse bon. — Tous les jours la vérité se fait sur les Vignes du Soudan, et les doutes qu’on avait conçus sur celles rapportées par Lécard, et surtout sur la faculté germinative de leurs graines, tendent à disparaître. Tout récem- ment encore, M. Adam, conservateur des hypothèques à Guéret (Creuse), nous écri- vait les lignes suivantes : Guéret, le 11 septembre 1881. Monsieur, ... Le 14 mai dernier, j’ai semé cinq graines de Vignes du Soudan, une de chacune des variétés ({ue j’avais reçues de la maison Vilmorin. Une seule de ces graines a germé le 5 juillet suivant : c’est, je crois, le Vitis Chantinü. La plante a d’abord végété assez vite, puis elle s’est arrêtée depuis une quinzaine de jours. Elle a environ 10 centimètres de hauteur et est garnie de qua- tre feuilles, indépendamment des cotylédons ; la quatrième feuille est peu développée. A l’ais- selle de chaque feuille, et même des cotylédons, se sont dévelo})pés des bourgeons munis de deux ou trois petites feuilles qui ressemblent beaucoup l)lus, par la couleur et la forme, aux jeunes feuil- R»’ OCTOBRE 1881.* les de nos Vignes françaises. La tige est d’un blanc verdâtre, de la grosseur d’une plume d’oie renflée à sa base. Les feuilles sont d’un vert tendre en dessus et blanchâtres en dessous, où elles sont légèrement cotonneuses. Veuillez, etc. A. Adam. — De son côté, notre collègue, M. Catros- Gérand, nous écrivait la lettre suivante, à la date du 29 août 1881 : Monsieur le l’édacteur. Nous avons lu avec beaucoup d’intérêt, dans la Rcinic hurlicole du l«i’ août, les notes rela- tives aux Vignes du Soudan. — Nous aurions désii'é y ajouter queb{ues renseignements nou- veaux; mais nous sommes forcés d’attendre le développement complet des }»ieds que nous possédons, ce qui n’aura lieu que l’année })ro- chaine. A son arrivée â Bordeaux, en novembre dei’nier, M. Lécard nous a donné huit graines de ces précieuses Vignes, qu’alors et sérieuse- ment il considérait comme devant remplacer nos cépages français. — Les semences ont été mises â stratifier dans du sable, où elles sont restées jusqu’au mois de mars ; â cette époque elles ont été semées sous un châssis. Au bout d’un mois, une des graines a montré ses feuilles en tout semblables â celles de notre Vigne, puis cinq autres ont germé â quelques jours d’inter- valle; mais toutes n’avaient pas la môme vigueur. Deux de ces Vignes sont mortes d’acci- dent ; les autres ont été i)lantées contre un mur exposé en plein midi. — Mais nous avons reconnu depuis que c’était une faute, car ces })ieds ont eu â supporter une chaleur qui a dépassé i)endant plusieurs jours 45 degrés, ce qui a beaucou}) nui â leur développement, puisque dans le Soudan, nous dit M. Lécard, ces Vignes poussent â l’ombre, sous bois et dans une atmosphère humide. — Nous tâche- rons, autant ([ue ])ossible, de l’éunir ces condi- 19 362 CHRONIQrE HORTICOLE. fions ])our la denxiôme })oussc (jiii, assme-t-on, doit ])roduire d(^s fruits. Nous ])cus()us arraclior nos ]>laut<^s voi-s Jafiu d’octobre, (d, si vous l(‘ peruicttez, nous vous ferons ])art de nos observations. A^euillez, (de. Cathos-Gérand. Plus (le doute possible ! Cette lettre dé- montre non seulement l’existence de Vignes soudaniennes, auxquelles beaucoup de gens ne croyaient pas; mais, grâce à M. Catros- Gérand, nous pourrons avoir sur elles des renseignements précis, ce qui, jusqu’à pré- sent, laissait à désirer. Inutile donc de dire que nous accueillerons avec empressement toutes les communications que notre collè- gue voudra bien nous faire. — M. le docteur Stawecki, vice-président de la Société tourangelle d’horticulture nous adresse la lettre suivante : Tours (Tndre-(?t-Loire), 24 août 1881. Monsieur le rédacteur en clief, Les Grenadiers à fleurs doubles })euvent-ils quelquefois donner des fruits ? Il y a quatorze ans, j’ai fait ])lanter à l’a})pui d’un mur exposé au sud-est un jeune Grenadier Legrelli. Il s’est mis à fleurir d(>s sa seconde année de plantation; les deux hivers qui ont fait périr tant d’arbustes ne lui ont porté aucun préju- dice. Aujourd’hui, la plante, très-développée, est couverte de grosses fleurs, ioufes très- doubles. — En la faisant voir l’autre j’our aux personnes ({ui venaient visiter mon jardin, j’ai été très-sur})ris de découvrir sur une branche, munie encore de fleurs bien doublets, une belle Grtuiade. Ce fait m’a paru extraordinaire. Je viens le signaler, pensant que vous jugerez })eut-étre à propos de le faire insérer dans votre journal. A’euillez, etc. D»’ Stawecki, Vice-Président de la Société tourargclle d’horticullure. Sans être commun, le fait en question se voit encore assez fréquemment ; il suffit, pour qu’il se produise, que des organes femelles (ne serait-ce même qu’un) ayant échappé à la transformation se trou- vent fécondés. On connaît du reste, dans les plantes annuelles d’ornement, beau- coup d’espèces dont les fleurs, bien que très-doubles, produisent néanmoins des graines à l’aide desquelles on multiplie ces plantes. Dans les Grenadiers, nous n’en connaissions pas d’exemple, et le cas de sté- rilité des sortes à fleurs doubles était consi- déré comme ne présentant pas d’exception. En voici donc une; nous remercions M. le docteur Stawecki de nous l’avoir signalée. — Malgré .sa couleur et son nom, le vieux (( Lis blanc » est toujours recherché, et si. en France un grand nombre de gens, mêlant la couleur à la tradition politique, se font un .scrupule d’admettre dans leur jardin cette magnifique plante, il en est tout autrement de nos voisins d’outre- Océan , lesquels, quand celle-ci est bonne, chaque année tirent de chez nous plusieurs centaines de mille d’oignons de Lis blanc (Lüium can~ didum). Une seule maison en expédie an- nuellement de 40,000 à 70,000. C’est surtout aux environs de Paris que sont tirés la plupart de ces Lis. Ainsi, cette année encore, qui n’a pas été des plus favorables à la production, la commune de Montreuil a livré plus de 70,000 oignons de cette espèce. — On annonce comme devant paraître très-prochainement les deux premiers nu- méros de la Revue phylloxérique inter- nalionale. Placé sous la direction de M. le professeur Pvœsler, 'directeur de l’école de viticulture de Klosterneubourg, près Vienne (Autriche), on peut à l’avance prédire que cet ouvrage sera des plus intéressants. — Le congrès phylloxérique qui devait se tenir à Bordeaux le 20 août a, par suite de circonstances particulières, été ajourné au 10 octobre prochain. -- Le Bulletin d'arboriculture, et de Bel- gique, dans son numéro d’août 1881, décrit et figure quatre variétés de Groseilliers à ma- quereaux qui, outre des grosseurs considé- rables, présentent des formes et des coloris très-différents; ce sont: Garïbaldi, « fruit al- longé, à peau légèrement hispide, d’un jaune orange vif. » — Shines, « fruit arrondi, de longueur moyenne, à peau luisante, légère- ment verdâtre, teintée blanc. » — Antago- nist, « fruit blanc, allongé, largement veiné, à peau hérissée, blanc de crème avec veines verdâtres. » — London, « fruit long ; peau luisante, légèrement poilue, rouge pourpre foncé. » On trouve ces variétés chez M. Fr. Bur- venich, horticulteur à Gendbrugge-lez-Gand (Belgique). — Notre collaborateur, M. Boisselot, nous adresse la lettre suivante : CHRONIQUE Nantes, le 28 juillet 1881. Monsieur et cher directeur, Je viens vous rendre compte d’une plantation tVAsperges faite dans des conditions que je crois insolites, et qui cependant a donné un résultat merveilleux. Cette plantation, établie par M. L. Brunellière, dont le nom n’est pas inconnu des lecteurs de la Revue horticole^ a été faite ainsi que je vais l’expliquer. En 1877, le 4 du mois d’août, après avoir con- venablement préparé le terrain, on a pris des grilfes d’ Asperges àg'ées de trois ans\ puis, après en avoir coupé les tiges, on a bien praliné les griffes dans une bouillie de terre franche, et on les a plantées en les recouvrant de terre lé- gèrement fraîche et d’un peu de sable.. Dans le courant de l’été, elles ont été arrosées quelque peu, selon le besoin. Au mois d’octobre suivant, les tiges nouvelles avaient atteint la hauteur de 1 mètre, et aucune plante n’avait manqué. Enfin, sur un certain nombre, il y avait des graines m ûres qui, semées, ont parfaitement germé. Le printemps suivant, on a pu récolter quel- ques Asperges, et il va sans dire que la 2c an- née la récolte était très-abondante et très-helle. Depuis cette époque, le carré est splendide. Il est inutile, je crois, de faire ressortir l’avantage de ce procédé ; pas de terrain à rien faire pendant deux ans au moins, jouissance immédiate et absence d’insectes qui ravagent les plantations au printemps. M. Brunellière dit que si c’était à recommen- cer il ferait la plantation dans les mêmes con- ditions, mais dès le mois de juillet, à cause de la sécheresse, qui est quelquefois trop forte en août. — L’expérience, c’est-à-dire l’observation, par conséquent la véritable science, nous révèle des faits du plus grand intérêt. Tel est le suivant, que nous signale notre colla- borateur, M. Clausen, professeur d’arbori- culture à l’école impériale d’horticulture de Nikita (Grimée), qui nous écrit : .... Ce qu’on ne sait pas assez, c’est que le Catalpa bignonioides f Catalpa vulgaris) ou sy ring æ folia, espèce si éminemment ornemen- tale, reprend parfaitement de boutures, ce que le hasard m’a démontré. Voici comment ; Ayant fait, il y a cinq ans, des semis très- importants de Catalpa bignonioides, les plants, en temps opportun, furent repiqués à 50 cen- timètres l’un de l’autre. Une partie seulement fut vendue; les autres restèrent en pépinière, faute d’un emplacement suffisant pour être plantés. Mais ayant eu besoin l’année dernière de tuteurs pour dresser des Prunus Lauro- HORTICOLE. 363 eerasus (jue je désirais élever à haute tige, je fis alors couper à une longueur de 2 mètres quelques centaines de ces Catalpas, qui furent employés pour cet usage, absolument comme on le fait des tuteurs ordinaires. Quelque temps après, tous poussèrent des feuilles, ce à quoi d’abord je ne fis pas attention, attribuant ce fait à la sève contenue dans ces tuteurs ; mais bientôt, en voyant la végétation se maintenir, devenir même très-active, j’y regardai de plus près et reconnus qu’ils étaient parfaitement enracinés. Dans certains cas je dus même ébourgeonner les Catalpas, afin de protéger mes Laurocerasus, dont ils gênaient le déve- loppement. Ces boutures-tuteurs n’avaient reçu aucun soin particulier ; elles avaient profité de ceux donnés aux Lauriers-Cerises et avaient, comme ces derniers, reçu trois arro- sage pendant le cours de l’été. j Peut-on de ce fait conclure que le boutu- rage pourrait être employé avec avantage pour ■ multiplier les Catalpas ? Le fait est douteux, d’autant plus que cette espèce produit facilement des graines qui lèvent promptement et bien, et que les jeunes plants se développent aussi très-vigoureuse- ment. Mais ce qu’on est en droit d’espérer, c’est que les variétés qu’on aurait intérêt à conserver pourraient être multipliées par ce procédé. — Tout récemment nous faisions connaî- tre l’obtention d’un Céleri naturellement blanchâtre, une de ces plantes que les bota- nistes nomment des « chloranthies . » Ce fait que nous remarquions l’année dernière, qui alors pouvait être considéré comme une curiosité, a aujourd’hui une très- grande importance et va probablement cons- tituer une race corpmerciale très-méritante. Déjà ce Céleri est sorti du domaine des pro- babilités et est entré dans la consomma- tion, et aujourd’hui, à la Halle, il est très- recherché et tellement apprécié, que ceux qui le connaissent le préfèrent aux Céleris blanchis par les procédés connus de Vétiola- ture, c’est-à-dire du blanchissage par la pri- vation d’air. En effet, tous les Céleris blanchis par ce dernier moyen, quand on ne les vend pas de suite, perdent peu à peu la teinte blan- che qui semble constituer leur mérite, tan- dis que le nouveau Céleri dont nous parlons conserve sa teinte blanchâtre, quelles que soient les conditions dans lesquelles il se trouve. Un autre avantage que présente ce dernier, c’est de ne pas pourrir comme le Céleri dont la blancheur est due à la décolo- 364 CHRONIQUE HORTICOLE. ration du tissu, qui alors est devenu peu con- sistant. Sous le rapport du travail, ce Céleri présente aussi un grand avantage, puisque d’abord il ne nécessite aucune main-d’œu- vre particulière et qu’il suffit de le planter. Quant à la saveur, elle est absolument la même que celle des meilleurs Céleris. Nous y reviendrons prochainement. — C’est moins à une grande élévation momentanée de la température d’un pays qu’à la persistance de celle-ci qu’est dû son climat méridional. Ainsi à Nice, où les Oran- gers et tant d’autres plantes exotiques fleu- rissent et fructifient en pleine terre, la cha- leur maximum a été loin d’atteindre celle qu’on a constatée aux environs de Paris, et môme dans certaines parties du nord de la France. Notre collègue, M. Thierry, jardi- nier-chef à la villa Chamhrun, nous écrivait le 17 août dernier : ...Nous avons une sécheresse extraordinaire ; il n’a pas tombé d’eau depuis cette horrible grêle qui a tout l’avagé. La chaleur est très- sup[)ortable : le thermomètre n’a pas inar(j[ué |)lus de 33 degrés centigrades au-dessus de zéro. Néanmoins le soleil est très-j)iquant ; mais la brise de la mer est toujours fraîche, ce ({ui équilibre la température. La récolte, dans notre région, est moyenne ; il y a un peu de tout : Olives, Figues, Raisins, Oranges et Citrons. La Vigne est en généi’al moins atta(j[uée [rar l’oï- dium que les années précédentes; aussi le Rai- sin est-il })lus beau. Chose curieuse : après avoir été attaquées à })eu pi’ès i»artout par la maladie, les Tomates se sont tellement bien remises qu’aujourd’hui elles sont magniliques, et leurs fruits aussi. Toutes leui’s feuilles étaient comme bridées; la maladie a dis])aru complè- tement, bien qu’on ne leur ait rien fait. Les Melons du Caboul dont vous m’avez envoyé les gi’aines sont ti’ès-beaux ; mais comme je les ai semés tard, ils commencent seulement à avoir des petits fruits. En somme, la récolte est moyenne; il y aura un peu de tout. — L’inclémence si grande du temps, dans le bassin de Paris, ne se montre heu- reusement pas partout, et même en France il y a des exceptions remarquables. A Nice, par exemple, il en est tout autrement. Ainsi, notre collègue, M. Thierry, jardinier en chef à la villa Ghambrun, nous écrivait le 9 septembre : .... Ici le temps est superbe, chaud; la tern- pér-ature, la nuit, est de 15 degi’és; celle du jour, de sept heures du matin à huit heur es du soir. vjude de 18 à 26 degi'és. On commence les ven- danges lundi ; le Raisin est très-beau ; mais ce qui conti’arie les vendangeurs, c’est que dejruis une huitaine de jouixs qu’il a tombé une bonne avei’se il bi’uine fréquemment, ce qui jri-oduit une humidité constante qui, avec le soleil piquant, fait ci’evasser le Raisin. Mais, malgr-é ce conti’e-temps, la l’écolte ici ser’a bonne. Mais ce n’est pas seulement en France qu’on observe des inégalités ou mieux des irrégularités dans ce que Ton pourrait appe- ler cc la marche du temps ; j on en voit d’a- nalogues partout. Ainsi notre collègue et collaborateur, M. Clausen, professeur à l’école impériale d’arboriculture de Nildta, nous écrit de cette localité, à la date du !*''■ septembre : .... La chaleur et la séchei'esse, ici, sont des plus intenses; les feuilles des ai'br'es jaunissent et tombent ; les Peupliers et les Châtaigniers sont bient(M j)r-esque dépour-vus de feuilles. A âloscou et à Saint-Péter\sboui’g, au contraire, il fait un temps alfi-eux, fi'oid et humide, au l)oint que Ton clrautïe les poêles et qu’on s’en- velop})e dans des foui-ur-res. Les r'écoltes de Blé sont tellement abondantes' qu’il y a long- tenqrs que Ton n’en a vu de .semblables. Malheur-eusemerrt il en est aufrement des fruits ; sous ce r-a]>por1, on n’a pas lieu d’être satisfait, car, considérée d’une manière génér-ale, la récolte n’atteint pas la moyenne. — Nous recevons la lettre suivante avec prière de l’insérer, ce que nous nous em- pressons de faire : Avis administr.vtif. — Mairie d’Angers. Le Maii‘e de la ville d’Arrgei’s infoi’ine le })u- blic qu’une })lace de jardinier en chef au jaralin botanique est actuellement vacante,* et qu’elle sera donnée au concoui’s. Ce concour’s aura lieu, entr-e les candidats admis à subir' les épi'euves, le mardi 15 no- venrbi'e ju'oclrain. Le âlaii'e d’Angei's invite les candidats à adresser au secrétai'iat de la Mair ie, avant le fri- novembre pi'ochain, leur demande accoin- ])agnée des pièces suivantes : 1“ Acte de naissance ; 2« Extrait du casier judiciair'e; 3'* Pièces établissant leurs antécédents pro- fe.ssionnels. A l’Ilùtel-de-Villq, le 16 septembi'e 1881. La Combes, Adjoint. — Gomme cela a eu lieu depuis quelques années déjà, il arrive à Paris des quantités considérables d’ Ananas moyens et même LA CULTURE DES PLANTES BULBEUSES ET LE LAC DE HAARLEM. 365 gros, de très-bonne qualité, et qui se ven- dent à des prix relativement très-bas, de- puis 2 à 3 fr. la pièce, ce qui permet à toutes les personnes de manger de ces fruits qui, naguère encore, étaient à peu près exclusivement réservés aux favorisés de la fortune. Ce bienfait est dû à la facilité des com- munications, qui, en égalisant la richesse, tendent à répandre le bien-être partout. Loin de ruiner le pays, comme tant de gens le croyaient au début de leur établissement, les chemins de fer tendent à uniformiser, non au détriment de ceux qui possèdent, mais à l’avantage de tous. — Une espèce doublement précieuse, comme plante économique et comme plantt* ornementale, est le Café de Libéria y ir es ~ recherché en Angleterre. En France, cette espèce n’est guère connue que de quelques amateurs. C’est un tort, car outre la produc- tion abondante de ses fruits, cette plante, qui est très-vigoureuse, est très-ornementale par son beau et grand feuillage persistant d’un vert très-foncé. Les amateurs de cette belle sorte, qui semble exiger la serre chaude, en trouveront de bonnes graines chez MM. Vilmorin et C‘®, 4, quai de la Mégisserie, à Paris. — D’une lettre qu’il nous adresse de Dijon, M. Chauvin, qui s’est tout particu- lièrement occupé de la culture de VAstra- galus hœticus, il semble résulter que cette plante présente réellement des avantages comme succédanée du Café. Voici ce qu’il nous écrit à ce sujet: .... Sans doute, comme je l’ai dit déjà, on ne peut avoir la prétention de substituer au Café VAstragalus ; mais celui-ci peut, dans une cer- taine mesure, le remplacer. C’est ainsi, 'par exemple, que V Astragalus hœticus, mélangé clans la propjortion des deux tiers de sa cjraine avec un tiers de Café, il est prescque impossible de saisir une différence entre cette préqjaration et le Café cjui n’aurait subi aucun mélange. Je ferai remarquer enfin que V Astragcdus possède des qualités nutritives au moins égales à celles du Café, et qu’il est comme lui un sti- mulant, sans toutefois avoir sous ce rapport la môme puissance. Depuis un certain temps, des demandes soit de renseignements, soit de graines, m’ont été adressé(‘s d(^ diversxôtés ; je serais beiirc'ux de voir se répandre la culture de cette plante? elont on peut tirer un très-utile jearti. Veuillez, etc. llipi). Chauvin, Vice-Président de la Société d’hortieuKure de la Côte-d’Or. Il y a dans ce qui précède une question doublement importante et d’intérêt général, devant laquelle on ne peut rester indifférent, et comme d’une autre part on ne peut la ré- soudre que par la pratique, nous engageons toutes les personnes qui le pourraient à tenter des expériences et de vouloir bien nous faire connaître les résultats, que nous nous empresserions de publier. — L’espèce de Vigne du Soudan dont nous avons parlé précédemment, cultivée chez M. Roche, à Marseille, où elle pousse et fructifie très-bien en pleine terre, vient d’être décrite dans La Vigne américaine (août 1881) par M. Planchon, sous ce titre: (( Sur une nouvelle espèce de Cissus {Cis- siis Uocheana, Planch.) originaire de V in- térieur de Sierra-Leone, et supportant les hivers de Marseille. » Cette Vigne semble appartenir au groupe des Vignes vierges ; ses racines, toutefois, présentent un caractère tubéreux tout par- ticulier.Voici ce qu’en dit M. Planchon, l. c.: Les racines de ce Cissus sont renflées en tubercules plus ou moins fusiformes ou ovoïdes, parfois formant chapelet sur la meme fibre ra- dicale, tubercules vraiment radicillaires, dé- pourvus de tout bourgeon à feuilles, mais pro- duisant aisément de tout point blessé de leur surface des bourgeons adventifs qui multiplient sur place le pied mère. On pourrait comparer ces tubercules à ceux de VAjnos tuberosa, mais nullement aux tuber- cules des Vitis macropus, Bainesii, Lecardii, qui sont évidemment de nature caulinaire. La rusticité du Cissus Rocheana, espèce originaire de l’intérieur, c’est-à-dire des parties chaudes du Soudan, autorise-t-elle à accorder la même propriété aux espèces rapportées par feu Lécard? Si l’on ne peut répondre affirmativement, ce fait semble protester contre la négative. 11 est donc sage d’attendre. E,-A. Carrière. LA CULTURE DES PLANTES BULBEUSES ET LE LAC DR HAARLEM En quittant Amsterdam pour se diriger sortir de la ville, de belles maisons de cam- vers Haarlem, on commence par voir, au pagne bâties à la hollandaise, c’est-à-dire 3G6 LA CULTURE DES PLANTES BULBEUSES ET LE LAC DE HAARLEM. pignons sur rue et portant une foule d’en- seignes, telles que Belle-vue, la joie dam la paix, plaisir et repos, etc. Au fur et à mesure que ces villas deviennent plus rares, se déroulent les champs et les prairies où paissent les- moutons et des troupeaux de bétail magnifiques, retenus comme prison- niers dans leurs îles de verdure entrecou- pées de canaux. La noire fumée des stea- mers et les voiles blanches des navires qui indiquent à l’horizon le voisinage de la mer, ainsi que les innombrables moulins à vent servant à la saignée des prairies, etc., rompent un peu la monotonie du paysage. On se croirait en Égypte. Les routes sont plantées de deux ou de quatre rangées d’Or- mes ; mais, comme dans la vallée du Nil, les transports se font presque toujours, sur les canaux qui traversent le pays dans tous les sens, au moyen de bateaux auxquels on attelle un cheval à une longue corde, monté par son conducteur. En Égypte, ce sont les « fellahs » qui se chargent de cette besogne pour remonter le Nil, quand le vent est contraire à la navigation. En Hollande, quand deux bateliers se rencontrent, au lieu de se dire comme chez nous : Com- ment allez- vous ? » ils disent : « Comment naviguez-vous? » A la distance d’une quinzaine de kilo- mètres d’Amsterdam, la chaussée s’élève brusquement à la hauteur d’une forte digue au sommet de laquelle se trouve un grand canal. Dans le lointain, au-dessous de ce canal, s’étendent de grandes prairies entre- coupées de canaux, d’allées vertes et semées de fermes, de villages et d’églises. C’est le Haarlemmermeerpolder, situé à une lieue de la ville de Haarlem ; il occupe l’emplace- ment de l’ancien lac de Haarlem; les tra- vaux d’assèchement de ce lac peuvent être comparés au creusement de l’ancien lac Mœris, en Égypte, où l’on aurait extrait, d’après Champollion, onze cent milliards de mètres cubes. A Haarlem, au lieu de terre, ce sont des milliards de mètres cubes d’eau salée qu’on a dû extraire de cette vallée, naguère encore occupée par les eaux de la mer! Le Haarlemmermeerpolder est aujour- d’hui entouré d’un grand canal et cultivé en prairies, jardins, cultures diverses, notam- ment en plantes bulbeuses et tuberculifèrès. - C’est en 1839 que les États-Généraux ré- solurent l’assèchement de ce lac. Il fut d’abord entouré d’un mur et d’un fossé, et trois puissantes machines à vapeur, Leegh- water, Lynden et Cruquius, pompèrent les eaux pour les monter dans le fossé d’écoulement et les reconduire à la mer. Ces machines fonctionnent encore aujour- d’hui toutes les fois que le besoin s’en fait sentir, afin de maintenir l’eau des canaux de Haarlemmermeerpolder à un niveau con- venable, car le fond de cet ancien lac est de 14 pieds plus bas que le fossé d’écou- lement, situé au niveau de la mer, et les eaux de pluie ou de neige, qui sont abon- dantes en ce pays, n’ayant pas d’écoulement naturel, inonderaient sans cesse la contrée sans le concours permanent des pompes d’épuisement. Haarlem, la ville des plantes bulbeuses, est borné à l’horizon d’ouest par les dunes pittoresques de la mer du Nord, au pied desquelles se trouvent de belles villas en- tourées de jardins magnifiques. Cette ville possède l’église Saint- Bavon, remarquable par ses orgues, qui ont passé longtemps pour être les premières du monde, tant sous le rapport du son qu’au point de vue de la grandeur. De l’autre côté de la ville, opposé à là station, se trouve une belle plaine sablonneuse parsemée de pâturages, de jar- dins et de grandes cultures de plantes bul- beuses. Le bois, situé à quelques minutes de la ville, a été transformé en parc paysa- ger pour la promenade des habitants de la ville, et renferme dans ses environs immé- diats une belle avenue de vieux Tilleuls et de belles maisons de campagne entourées de jardins. Des marais asséchés (polders) entourés par des digues environnent la ville sur plusieurs points. Parmi les établissements d’horticulture destinés spécialement à la culture des plantes bulbeuses ou tuberculeuses, celui de M. Krelage, occupant une douzaine d’hec- tares de surface de sables cultivés, est l’un des plus importants. Le nombre des es- pèces et variétés que cultive cet horticulteur éminent dépasse 18,000, dont 1 ,800 variétés de Jacinthes et 2,200 variétés de Tulipes, et ainsi de suite pour les autres genres de plantes, dont 900 variétés de Pivoines ; c’est par millions de bulbes, de grilfes et de rhi- zomes qu’il exporte à lui seul dans toutes les parties du monde horticole. L’établissement principal est situé au Kleinen-Houtweg, près du bois de Haarlem ; il compte plusieurs succursales importantes. LA CULTUUE DES PLANTES BULBEUSES ET LE LAC DE IIAAKLEM. 367 possédant un sol bien approprié aux plantes qui y sont cultivées, ainsi que plusieurs champs de grande étendue pour la culture des plantes bulbeuses. C’est à Kleinen- Houtweg que se trouve la résidence du maître, les bureaux, magasins, séchoirs, serres, forceries et châssis vitrés pour la culture des plantes délicates. Les collections de plantes bulbeuses de toutes sortes s’y trouvent cultivées et classées méthodique- ment, et un long parterre mosaïque, dis- posé pour la culture des Tulipes, offre à la vue un tableau ravissant au moment de la floraison. C’est dans les succursales que se pratiquent surtout les cultures en grand; elles sont situées à quelque distance de l’établissement principal ; ce sont ; 1° Sie- raad van flora, au Wagenweg, sur la chaussée de Leyde, à vingt-cinq minutes de la gare, où se trouvent de vastes magasins de jeunes bulbes; Bloernhof, au Binnen- weg, commune de Heemsted, à vingt-cinq minutes de la maison principale, où se trouvent également les jeunes bulbes dans un sol excellent pour la culture des Ja- cinthes; 3'^ Bloemhof, au Zijhveg, commune d’Overveen, est la troisième succursale, éta- blie sur une prairie défrichée et amendée, pour servir également à la culture des plantes bulbeuses. Les espèces à floraison printanière pro- pres à la culture forcée, telles que Jacinthes, Tulipes, Narcisses, Croms, etc., se livrent depuis le milieu jusqu’à la fin de l’été, ainsi que les Fritillaires, Galayithus, Erythro- nium, Muscari, Bulbocodium, Scilles, Tritonia, Oxalis, Ornithogalum, Iris pré- coces, etc. Les espèces à floraison estivale, comme les Iris, Renoncules, Anémones, Lis, Glaïeuls, Pivoines, etc., sont expédiées en automne et au printemps. Les espèces à floraison automnale, telles que Dahlias, Tubéreuses, Balisiers, Tigri- dia, etc., ne s’expédient qu’au printemps. Enfin les espèces qui fleurissent en serre, comme les Gesnériacées, Cyclamen, Ama- ryllis, etc., se livrent en automne et au printemps; celles qui sont «mltivées en pots s’expédient pendant toute la belle saison. En résumé, les Crocus, Perce-Neige, Hépatiques, Hellébores, Narcisses, etc., commencent à fleurir ert mars. Puis vien- nent les Tulipes hâtives, les Jacinthes, Fritil- laires, etc., qui fleurissent en avril. En mai, les Tulipes sont en fleurs; en juin, ce sont les Renoncules, les Anémones, Iris, Pivoines, etc., puis viennent en juillet les Glaïeuls et les Lis. En août, ce^^sont les Lilium speciosum ; en septembre, les Tubéreuses ; en octobre, les Colchiques, Cannas, Dahlias, etc. En hiver, ce sont les Amaryllis, Cyclamen, Methonica, Olivia, Crinuyn, Imantophyllum, etc., qui fleu- rissent sous verre. Dans les terrains destinés aux plantes bulbeuses, on cultive alternativement les Jacinthes, les Tulipes, les Anémones, etc., afin de ne pas trop appauvrir le sol et d’avoir ainsi un système de rotation dans l’assole- ment des cultures. Dans les terrains neufs, on commence d’abord par labourer profon- dément le sol à la bêche, et on cultive des lé- gumes pendant deux ou trois ans, en mettant une centaine de mètres cubes d’engrais par hectare. Les terrains destinés à la culture des plantes bulbeuses sont divisés en planches plus élevées que les sentiers de service, parce qu’on trouve l’eau à un fer de bêche sous terre et que, plantés en planches creusées plus bas que les chemins, les bulbes se trouveraient trop exposés à l’humidité; ces terrains sont ordinairement sablonneux, perméables, et conviennent particulière- ment à la culture des plantes bulbeuses. L’engrais employé est la fiente de vache que l’on ramasse dans les prairies, et qui vaut environ 25 fr. le* mètre cube. Le niveau des eaux des fossés qui entourent les pièces de terre cultivées en plantes bulbeuses est constamment maintenu à la hauteur voulue, au moyen de barrages qu’on baisse ou qu’on exhausse suivant^la nécessité, et cette eau arrive ainsi aux racines par capil- larité, ce qui constitue comme une sorte de culture en grand sur carafe. Beaucoup d’horticulteurs ne cultivent qu’une ou deux variétés de Jacinthes ou de Tulipes, mais alors c’est par centaines de mille qu’ils produisent de ces bulbes. En général, chaque cultivateur s’attache au genre de culture qui convient le mieux à son sol et à ses aptitudes. La maison Valentin Schertzer, de Haar- lem, établie depuis 1735, qui possède, éga- lement plusieurs hectares de culture de Tulipes et Jacinthes, mérite d’être citée particulièrement pour l’excellence de ses produits bulbeux et tuberculeux. A chaque livraison est jointe une notice sur le traite- 368 CANTALOUP DE CAVAILLON. ment des oignons à iïeurs, en langue fran- çaise, ce qui est d’un grand intérêt pour les amateurs qui sont peu initiés à la culture de ces plantes. Au moment de la floraison, surtout au printemps, l’aspect général des environs de Haarlem est attrayant et varie à tout mo- ment. On voit alors de vastes surfaces de ces plantes aux couleurs les plus variées et les plus éclatantes. Vers la fin de la florai- son, on coupe les hampes des Jacinthes et des Tulipes, etc., dans le but de fortifier et de faire grossir les oignons ou bulbes. On remarque des tas de hampes de fleurs cou- pées, aussi gros que les tas de fumiers d’étable dans les cours de nos fermes, qu’on laisse pourrir sur place pour en faire de CANTALOUP ] Cette espèce, dont nous avons déjà dit quelques mots, a fait son apparition aux balles de Paris l’année dernière, mais alors en si petite quantité qu’elle a passé inaper- çue ; cette année il en est tout autrement, et depuis la fin de juillet jusqu’à la fin d’août il en est venu des quantités si considérables aux Halles centrales et chez les commis- sionnaires, que dans certains marchés des environs de Paris, par exemple à Vincennes, les marchands, surtout ceux dits des quatre saisons, en avaient chaque marché de vérita- bles monceaux. Quelle est l’origine de ces Melons? D’où viennent-ils ? Quels en sont les principaux caractères? Enfin quells sont leurs qualités, et quels services peuvent-ils rendre ? Ce sont là des questions auxquelles nous allons essayer de répondre. D’abord, sur ce premier point : quelle est l’origine de ces Melons ? il ne nous paraît pas possible de l’indiquer en tant qu’ori- gine vraie; tous les renseignements que nous avons pris auprès des commission- naires auxquels ils sont expédiés ne nous ont guère appris qu’une chose : qu’ils vien- nent du département du Var, des environs de Cavaillon, où ils sont cultivés en pleine terre sur une très-grande échelle. Leurs ca- ractères — du moins ceux des fruits — sem- blent les rapprocher des Cantaloups fond blanc, du petit Prescot par exemple. Ils sont déprimés aux deux « pôles, » réguliers comme forme et même comme grosseur (environ 25 centimètres de diamètre) ; les l’engrais. Si l’on pouvait avoir ces masses de fleurs fraîches au printemps à Paris ou à Londres, quel commerce pour les fleuristes en boutiques, et quels produits ils en retire- raient en les employant à la confection des l)ouquets ! Lorsque l’époque de la maturité des bul- bes ou des oignons est arrivée, les plus grands soins sont apportés à l’arrachage et au séchage de ces bulbes et oignons. On les étale sur des claies à l’intérieur de grands séchoirs bien éclairés et disposés à cet effet, où la ventilation est réglée suivant le besoin de chaque genre de plante, afin de les mettre dans le meilleur état de conservation pos- sible pour les exportations à l’étranger. G. Delghevalerie. E CAVAILLON côtes sont nombreuses, relativement étroi- tes, les sillons pas très-enfoncés, quoique bien marqués; l’écorce, d’un vert pâle ou gris blanc, très-légèrement rugueuse, passe au jaune foncé à la plus complète maturité ; la chair est dense, rouge orangé, fine et fondante, sucrée et d’une saveur agréable {sui generis) qui diffère pourtant un peu des Cantaloups fond blanc. Quant aux services que ces Melons sont appelés à ren- dre, bien qu’on ne puisse encore rien affir- mer, il paraît à peu près hors de doute qu’on tirera un bon parti de cette espèce, qu’on dit très-productive et peu délicate. Si la qualité laisse souvent à désirer, cela tient uniquement à ce fait que les fruits sont cueillis bien longtemps avant qu’ils soient mûrs et qu’ils sont encore très-verts, de sorte qu’ils jaunissent dans les boutiques ; mais alors leur chair est plus sèche et n’acquiert pas ce parfum quileur estpropre, et qu’ils acquerraient si les plantes étaient cultivées comme on le fait dans les maisons bourgeoises, en laissant mûrir les fruits sur le pied. Aussi engageons-nous les ama- teurs à choisir certains fruits pour en extraire et conserver les graines qui, semées et traitées comme on le fait, produiront en quantité de beaux et très-bons fruits. Un fait qui seul démontre la fertilité des cantaloups de Cavaillon, c’est leur faible prix à Paris. En gros, à Paris, ils sont vendus, suivant la saison, de 40 à 60 fr. le cent, ce qui fait supposer qu’ils ne sont guère GmOFLÉE JAUNE PUR OU JAUNE JAUNE. — LES CATALOGUES. 369 payés au producteur que 25 fr. en moyenne, somme qui, assure-t-on, est encore rému- nératrice, eu égard au peu de soins qu’on accorde aux plantes, soins qui se bornent aux semis et à la plantation, ainsi que cela se ferait s’il s’agissait de sortes, annuelles quelconques. Lebas. CmOFLÉE JAUNE PUR OU JAUNE JAUNE Introduite d’Angleterre par MM. Vilmo- rin et vers 1876, cette espèce, qui est probablement issue de la Giroflée des mu- railles {Cheiranthus Cheiri), est de tout premier mérite pour l’ornementation. Elle forme des buissons compacts et très-ré- guliers qui atteignent 30 et 35 centimètres de hauteur et qui, en avril-mai, se cou- vrent d’une telle quantité de fleurs qu’ils disparaissent. Les plantes, qui sont très-robustes, se ra- mifient considéra- blement, et leurs fleurs, d’un jaune brillant plutôt clair que foncé, sont ex- cessivement et agréa- blement odorantes. Quant aux feuilles et à l’aspect général, ils sont à peu près les mêmes que ceux du type. Toutefois, les plantes sont plus compactes et plus naines, et nous ont paru aussi beaucoup plus rus- tiques. Cette espèce est donc une plante de premier mérite et dont, sans crainte, on peut recommander la culture. On la multi- plie par graines qu’on sème et traite comme on le fait de celles de la Giroflée commune, et l’on agit de même à l’égard des plantes. On peut aussi multiplier par bou- tures; mais dans ce cas les plantes vien- nent moins fortes. Jusqu’à présent, cet- te espèce, la Giroflée jaune pur (fig. 91), n’a montré aucune, tendance à doubler, non plus qu’à varier par la couleur. C’est à peine si dans une grande quantité de plantes on en trouve quelques pieds dont les fleurs présen- tent des nuances légèrement différen- tes. Nous suivons cette espèce depuis deux ans dans les cultures de MM. Vilmorin chez qui l’on pourra se procurer des graines. E.-A. Carrière. Fig. 91. — Giroflée jaune pur ou jaune jaune. LES CATALOGUES J. -B. Guillotfils, horticulteur fleuriste, mettra au commerce, à partir du 1er novembre 1881, les Rosiers nouveaux dont voici l’énumération : Thés : Étoile de Lyon, Madame Cusm; — HYBRIDES REMONTANTS : Madame Marie Blan- chi, Monsieur Jules Monger ; — Rosier po- LYANTHA OU MULTiFLORE NAIN, très-remontant : Mignormette. — Louis Leroy, horticulteur-pépiniériste à Angers. Prix courant pour 1881-1882.— Arbres, arbrisseaux et arbustes forestiers et d’ornement, à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Arbres fruitiers et forestiers de différents âges, formés et non formés. Conifères, Rosiers. Plan- tes de terre de bruyère : Rhododendrons, Gamel- lias. Azalées de l’Inde, Kalmias, Magnolias à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Jeunes plants d’arbres fruitiers, forestiers et d’ornement. Plantes vivaces. Pivoines herba- cées, Chrysanthèmes, Dalhias, Œillets. — Rovelli frères, horticulteurs à Pallanza (lac Majeur), Italie. — Collection nombreuse et variée d’arbres, d’arbrisseaux et d’arbustes à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Conifères d’âges et de forces divers. Plantes vivaces d’ornement , arbrisseaux et 'arbustes grimpants. Fraisiers, arbres fruitiers. Plantes â feuillage propres à l’ornementation des appar- tements, etc. — En même temps que ce cata- logue, MM. Rovelli publient une liste de Camel- lias d’âges et de forces diverses, mais tous bien établis, en bonnes plantes de 60 centimètres â 370 RAISIN PRÉCOCE DE MONTREUIL. 4 mètres et plus de hauteur. — Dans une note spéciale, MM. Rovelli informent le public qu’il est officiellement constaté que la localité où est leur établissement n’est pas envahie par le phylloxéra. — Joseph Schwartz, rosiériste, rue de Vienne, 7, à la Guillotière (Lyon), mettra au commerce le Ier novembre 1881 les Rosiers nouveaux suivants, qu’il a obtenus de semis : hybride de Thé: Camoëns. — Hybrides remontants: Com- tesse Henriette Combes, John Twombly et Jules Grévy. — De deux autres nouveau- tés obtenues par M. Schmitt, l’une, Caroline ScJimitt , appartient aux Noisettes ; l’autre , Mme Adélaïde Cote, appartient aux « hy- brides remontants. » — E. Jacqueau, grainier-fleuriste, 2, rue Saint-Martin, Paris. — Catalogue des oignons, RAISIN PRÉCOG] Obtenir des variétés hâtives, c’est, comme résultat, rapprocher les latitudes, par con- séquent reculer les limites culturales à l’avantage des pays moins favorisés comme climat. Aussi, quand à la précocité se joint la qualité, tout est-il pour le mieux. C’est ce qui arrive pour la variété que nous figu- rons ci-contre : le Raisin Précoce de Mon- treuil, Faisons toutefois cette observation très- importante que notre dessin est au-dessous de la vérité, car il a été fait en 1880, alors que toutes les Vignes ayant gelé l’hiver pré- cédent, la plupart n’ont pas fructifié, et c’est d’après des grappillons que notre aqua- relle a été exécutée. Cépage de bonne vigueur, très-productif. Sarments plutôt petits que gros, à écorce gris roux, jaune foncé à la fin de la végéta- tion. Feuilles très-rapprochées, moyennes ou même petites ; celles de la dernière saison ou des « redrugeons » souvent pres- que entières, les autres profondément trilo- bées, quadri ou même quinquélobées, large- ment et sensiblement dentées , minces, vertes en dessus, glaucescentes et veinées en dessous, parfois comme légèrement tomen- teuses. Grappes moyennes, compactes, très- solidement attachées. Grains sphériques, relativement gros, fortement fixés sur un pédoncule un peu plus court que le Gamay, à peau très-résislante, bien que mincg, d’un beau noir bleuâtre par l’abon- dance de la pruine — vulgairement fleur — qui la recouvre; jus très-abondant, sucré, tubercules et griffes à fleurs : Tulipes, Jacin- thes , Amaryllis , Anémones , Renoncules , Glaïeuls, Narcisses, Lachenalia, Scilles, Arum, Caladium, Achymènes, Gloxinia, Tigridia, Galanthus, Pancratium, Ixia, Müscari, A?nor- 2>hop}iallus, etc., etc. Collections de Frai- siers, etc. — Léveque et fdsf horticulteurs, 69, rue du Liégat, â Ivry-sur-Seine, livreront, â partir du 12 novembre, les Rosiers nouveaux suivants dont ils sont les obtenteurs : Hybrides remontants : Comte Adrien de Germiny, Tatiana Oneguine, Comte de Flan- dres, Mme Marthe d’Halloy, Mme Marie Kœ- derer. Les catalogues de cet établissement seront envoyés franco â tous ceux qui en feront la de- mande. DE MONTREUIL finement acidulé, d’une saveur agréable; pépins peu nombreux, petits, en forme de bouteille, largement tronqués à la base. Maturité, première quinzaine de septembre. Voilà pour les caractères généraux ou d’en- semble. Maintenant, l’importance d’un cépage à vin qui, aux environs de Paris, mûrit ses fruits au commencement de septembre est assez grande pour que nous nous permet- tions d’appeler tout particulièrement l’at- tention sur la Vigne Précoce de Montreuil. Cette variété est très-fertile, coule peu, mûrit de bonne heure relativement et peut néanmoins, grâce à la résistance de sa peau, rester plus d’un mois encore sur le cep, bra- vant les pluies et les brouillards qui se mon- trent fréquemment à cette époque, ce qui est un immense avantage. Ses bourgeons don- nent fréquemment deux et trois grappes, et quand on les pince de bonne heure, presque toujours les « redrugeons » produisent aussi des fruits qui mûrissent. Il donne un vin généreux, coloré, bien préférable à celui du * Gamay. Cultivé à Montreuil, à côté du Gamay, il mûrit presque toujours plus tôt que lui. Voici un aperçu de la différence. L’année 1879, Tune des plus mauvaises que Ton connaisse pour la récolte du Raisin, le cépage Précoce de Montreuil était mûr le 25 octobre, alors que les Gamays « mê- laient » à peine et que les Chasselas commen- çaient seulement à « éclaircir. » Mieux : du vin fait avec ce Raisin, dégusté le 2 novem- Reoue No/‘ii-(X)U. GûûLard, Cdvcrru}budu.O-.SdL/irtufns. Fuiisin précoce de Monbnul . " ■ . 371 BILLBERGIA SPLENDIDA. — LES PLANTES ET L’ÉLECTRICITÉ. bre, était, malgré ces conditions si défavo- rables, sucré, vineux, très-coloré. De plus, le bois était bien aoûté, tandis que celui des Gamays était vert roux, ce qui est encore une certitude de récolte pour l’année suivante. Une avance d’un mois dans la maturité du Raisin, c’est, comme avantage, l’équiva- lent de 2 degrés environ en latitude méri- dionale, par exemple comme si l’on ramenait à Paris le climat do Bordeaux. Cette variété a été obtenue par M. Lahaye, cultivateur, 84, boulevard de l’Hôtel- de- Ville, à Montreuil (Seine). R. -A. Carrière. BILLBERGIA La culture des plantes appartenant à la famille des Broméliacées a suivi la marche que nous avions depuis longtemps prévue : ces végétaux, actuellement très-répandus dans les collections, fleurissent facilement, grâce à une culture bien comprise, et l’hor- ticulteur praticien sait faire de bons sujets pour l’ornementation des serres et des ap- partements. Il est donc intéressant de rechercher les formes, variétés ou espèces les plus flori- fères, afin que le commerce puisse en tirer parti. Le Billhergia splendida (Lem.) fut récolté, d’après M. Ed. Morren, par Libon, en 1846, dans un bois, àPetropolis, près de Rio de Janeiro, et envoyé par lui à M. de Jonghes. Le Billhergia tliyrsoidea , qui est très-voisin de la forme précédente, fut observé par Martius dans ses herborisations au Brésil, en 1847; il croît sur les rochers dans la province de Rio de Janeiro. La des- cription de cette Broméliacée fut donnée, en 1830, par M. J. -H. Schultes, sous le nom de B. thyrsoidea. On appelait thyrse, chez les Grecs et les Romains, une lance ou bâton décoré à l’une de ses extrémités par un bouquet de fleurs ou de feuilles : c’est bien là du reste l’aspect de l’inflorescence de ce Billhergia. La première floraison con- nue eut lieu chezM.de Jonghes, à Bruxelles, en 1849; c’est à lui qu’on doit f’introduc- tion de cette belle plante. Ce fait fut signalé, en 1851, dans le Journal d' Horticulture pratique, rédigé par Ysabeau ; la plante fut aussi figurée dans le second volume du Jardin fleuriste de Lemaire; en 1852, elle LES PLANTES E Dans un très-intéressant article que contient la Bevue horticole du 1er septembre dernier, M. Raoult fait entrevoir le parti que l’horticul- ture pourrait retirer de l’emploi, intelligem- ment fait, de l’électricité. SPLENDIDA était figurée dans V Horticulteur français; enfin, en 1853, le docteur Hooker l’a don- née dans le Botanical Magazine. Le Billhergia thyrsoidea type a fourni de nombreuses formes ; disons tout de suite que la meilleure est incontestablement celle qui a été décrite par Lemaire sous le nom de Billhergia splendida {Jardin fleuriste, II, 1852, tabl. 181-182 ; par Beer, Fam. Brorn., 1857, p. III ; à Berlin, par Kock, en 1858). Cette magnifique Broméliacée est répan- due dans les serres sous divers noms ; mais la forme qui a reçu le qualificatif splendida est introuvable dans les cultures; c’est, comme nous l’avons dit, la plus belle, et celle qui fleurit le plus facilement et le plus régulièrement. Le B. thyrsoidea commun est, au contraire, une plante assez ingrate comme culture : il fleurit rarement ; sou- vent même les fleurs pourrissent dans le cœur du sujet. Il y a donc un intérêt considérable pour l’horticulteur marchand à bien distinguer les variétés ou formes du B. thyrsoidea. Nous n’hésitons pas à déclarer que la variété B. T. SPLENDIDA est la seule qui puisse donner une entière satisfaction à l’horticulteur pra- ticien. Ajoutons que nous avons été assez heureux pour retrouver la belle forme de cette superbe Broméliacée chez un amateur, M. le docteur Ghaumier, à Bléré-la-Croix (Indre-et-Loire). Il sera donc facile mainte- nant de se procurer sûrement l’une des plus belles Broméliacées de serre tempérée. A. de la Devansaye. : L’ÉLECTRICITÉ Malheureusement, l’auteur passe un peu rapidement sur le récit des observations déjà faites ; aussi mon intention est-elle d’en déve- lopper un peu plus les détails. Depuis bientôt quatre ans, je m’occupe de 372 LES PLANTES ET L’ÉLECTRICITÉ. cette question et suis, avec intérêt, la description des résultats obtenus })ai“ les expérimentateurs. Moi-meme ai lait aussi quelques expériences à ce sujet; mais mes occupations, en m’em})ô- cliant de suivre ces expériences avec assez d’assi- duité, m’ont empêché d’obtenir des résultats assez com})lets et assez sûrs pour que j’en renouvelle le récit, que j’ai déjà fait d’ailleurs, l’année })assée, dans un journal lyonnais. M. Raoult débute par cette phrase que je considèr.e comme un axiome : « Après la chaleur et la lumière, l’électricité est l’agent qui a le plus d’action sur la végétation. » Une note de la rédaction appuie sur cette définition en disant qu’il est impossible de séparer ces trois choses : lumière, chaleur et électricité; et en effet, l’on sait parfaitement que la lumière et la chaleur ne peuvent exister sans produire un dégagement d’électricité. Relativement aux expériences de MM. Gran- deau et Naudin, que ne fait que citer l’auteur de l’article en question, voici les résultats, sinon complets, du moins exacts, obtenus par chacun d’eux. Partant de ce principe que le meilleur moyen de reconnaître l’influence de l’électricité atmosphérique sur les plantes était de les sous- traire à cette influence, M. Grandeau, directeur de la station agronomique de Nancy, isola un certain nombre de plantes de Tabac et de Maïs, en les plaçant sous une cage métallique cons- truite en fils de fer fins ef non interrompus. Par ce moyen, ces plantes restèrent soumises à toutes les influences atmosphériques ordinaires : l’air, la lumière, l’eau, etc. ; l’électricité seule était interceptée à peu près complètement. Après quelques mois de culture ainsi prati- quée, M. Grandeau constata que les plantes placées sous l’enveloppe métallique avaient beaucoup moins prospéré que celles cultivées dans des conditions identiques, mais sans être isolées. La contre-partie de cette expérience fut entreprise par M. Naudin, qui opéra dans un milieu différent et dans des conditions inverses sur des plantes de Tomates, de Laitues, de Ha- licots nains, etc., en les enveloppant d’une cage métallique, ainsi que l’avait fait M. Grandeau, mais à mailles moins serrées, et disposées de façon à concentrer sur les plantes l’électricité qu’allaient soutirer quatre longues tiges de fer dont la cage était armée. M. Naudin obtint ainsi une végétation bien supérieure à celle qui se produisit, en même temps, pour des planta- tions semblables, mais non recouvertes de la cage; en voici d’ailleurs les résultats exacts : Le Haricot sous cage se développa beaucoup plus et fut bien plus riche en grains que celui cultivé à l’air libre. La Laitue atteignit, sous la cage, une hau- leur de 1"^ 20 et ])esa 427 grammes ; à l’air libre, elle n’arriva qu’à 1 mètre et ne pesa que 337 grammes : différence 20 centimètres et 90 grammes. Enfin la Tomate atteignit, sous la cage, une hauteur de 1 mètre et un poids total de 3 kilog. 754 gr.; à l’air libre, elle n’atteignit que 80 cen- timètres de hauteur et un jioids de 3 kilog. 072 gr. De plus, alors que sous la cage elle produisit 83 fruits pesant ensemble 2 kil. 162 gr. , elle n’en produisit, à l’air libre, que 37 pesant seulement 1 kil. 082 gr. : soit une différence, à l’avantage des plantes électrisées, de 16 fruits et de 1 kilog. 082 gr. L’expérience de M. Grandeau nous montre que l’on ne doit pas soustraire les végétaux à l’action électrique, sous peine de dépérisse- ment ; celle de M. Naudin nous prouve qu’en augmentant cette action l’on pourrait, en même tem})S, augmenter le produit. M. Raoult passe ensuite à une étude fort bien raisonnée de ce qui se passse, dans le règne végétal, avant et pendant un orage. Il s’est rencontré sur ce sujet, sans le savoir cer- tainement, avec un de nos savants compatriotes, M. Beckensteiner, qui écrivait, il y a près de trente ans : a A l’approche d’un orage, les plantes baissent leurs feuilles, et les plus faiblee s’inclinent vers la terre, fanées et mourantes ; la belle couleur verte des feuilles devient jaunâtre et terne. « Quelle est donc la cause de tant de trou- bles? C’est l’électricité atmosphérique qui a momentanément suspendu son action de trans- port ; et si cette interruption pouvait durer quelque temps, elle frapperait de mort tout ce qui a vie. L’orage éclate ; des masses électri- ques de l’atmosphère se précipitent vers la terre, visibles par les éclairs qui sillonnent l’espace, ou par la pluie dont chaque goutte est imprégnée, et rendent à la terre, dans une double mesure, leur action bienfaisante un moment suspendue. Tout renaît d’une vie nou- velle. Le cultivateur, en visitant sa propriété, remarquera que la végétation a considérable- ment augmenté pendant l’orage ; elle a été plus activée par cette pluie électrique, en quelques heures, qu’elle ne l’aurait été par quelques jours de beau temps. » On le voit, les conclusions sont exactement les mêmes, et de plus M. Beckensteiner a pra- tiqué cet arrosage électrique dont parle M. Raoult et en a obtenu des résultats si satis- faisants qu’il le recommande chaudement. Je n’en citerai qu’un exemple : (( Deux jeunes So}yhora jajionica, dit-il, dans deux vases séparés et dont l’éclosion datait de trois semaines, paraissaient malades, se trouvant entièrement fanés et couchés parterre. J’en électrisai un en pratiquant l’arrosage élec- trique ; au bout de deux heures, cette plante avait repris sa santé primitive : la couleur et EVONYMUS CAHKIEUEI. l’expansion dos fouilles ôtaient revenues, tan- dis que l’autre, arrosée et soignée de la inanièi'o oi-dinaire, a péri. » Mais là où ces deux auteurs ne sont })lus d’accord, tout en ayant peut-être raison tous les deux, c’est sur la manière dont il faut a})})li- quer l’électricité. M. Beckensteiner récuse absolument l’emploi de l’électricité négative ; après de nombreux essais, il prétend que l’é- lectricité positive seule doit être utilisée, puis- qu’il dit : « Soumettez deux plantes semblables, l’iino à un bain négatif continu, l’autre à un bain positif : la première périra bientôt ; l’autre redoublera de vie et de vigueur. » Il condamne même l’emploi de tout autre fluide que l’élec- tricité statique ou atmosphérique. On peut également employer le fluide élec- trique en horticulture, en le transformant en lumière. En 180G, de Candolle faisait déjà des expé- riences pour connaître l’action de la lumière sur les végétaux ; mais alors il lui manquait un foyer suffisamment intense, et il ne put faire que quelques observations sans importance. Mais plus tard, M. Hervé-Mangon, puis M. Prilleux, employèrent la lumière électrique et constatè- rent qu’elle agissait à la façon du soleil ; et enfin, tout récemment, M. Siémens expéri- menta en grand en se servant d’un foyer lumi- neux alimenté par une machine magnéto -élec- trique, et dont la puissance dépassait 150 becs de lampe Garcel. Je ne rappellerai pas ici les détails de cette si curieuse expérience ; je me contenterai de citer les conclusions qu’en tira M. Siémens lui- même et que voici : 1» La lumière électrique favorise la formation de la chloi'ophylle dans les feuilles et active la croissance de la plante. , Les plantes ne paraissent nullement récla- mer une période de repos pendant les vingt- quatre heures de la journée, de sorte que si, après les avoir soumises à la lumière solaire, on les soumet, la nuit, à la lumière électrique. 373 leur })rogression, en taille et en vigueur, s’en ])0ursuit beaucoup j)lus rapidement. L’épa- nouissement des fleurs et la maturation des fruits se trouvent ainsi de beaucoup bâtés. Les frais de V cl eclro-cidturè })ouri‘aient être relativement très-faibles là où il existe des sources naturelles de force motrice, telles que chutes d’eau en état d’être utilisées pour la mise en activité des machines })roductrices de la lumière. Enfin, à ce dernier alinéa, j’ajouterai que l’installation et renti'etien d’un a[)pareil lumi- ne'ix dans une serre serait peu de chose aujourd’hui, grâce à l’invention des lampes à incandescence qui ne nécessitent qu’un faible courant électrique, qu’une pile de 8 à 10 élé- ments Bunsen suffit à donner. De tous les travaux remarquables des savants cités ci-dessus, MM. Beckensteiner, Hervé- Mangon, Prilleux, Grandeau, Naudin et Sié- mens, auxquels j’ajouterai le savant abbé Nollet qui prétendait que l’électricité pourrait contri- buer à l’avancement de la végétation chez les plantes, ce que se chargea de démontrer, par expérience, M. Mambray, en 174G, il résulte que l’eau, la terre et le soleil ne suffisent pas •pour produire une plante; il faut absolument qu’un quatrième élément vienne à leur aide, et ce (juatrième élément, que nous ne pouvons ni voir ni saisir, mais dont l’importance est indis- cutable, c’est l’électrictité ; et qui sait si un jour ne viendra pas où chaque horticulteur devra être doublé d’un électricien ? Ceci fera peut-être sourire plus d’une moustache grise ; mais c’est le propre de la vérité sur l’erreur. L’on eût certainement bien fait rire nos pères aussi, si on leur eût dit qu’un jour viendrait oû sans chevaux, mais avec du charbon, du feu et de l’eau, l’on pourrait voyager avec une vitesse de GO kilomètres et même plus à l’heure ! En matière de science, ne l’oublions pas, il n’y a ni bornes, ni limites. A. Rivoire et fils, Marchands-grainiers à Lyon. EVONYMUS Celte plante, certainement l’une des plus remarquables au point de vue de l’orne- ment, et que notre collègue et ami, . M. Vauvel, a décrite dans son journal de Vulgarisation de Vhorticulture (1881, n° 6), est de celles qui pourraient faire ouvrir les yeux aux botanistes et les éclairer sur la véritable valeur des espèces, s’ils voulaient bien, de temps à autre, quitter leur cabinet où ils n’étudient que des cadavres, pour aller s’instruire dans le véritable laboratoire, le GARRIEREI jardin, où, au contraire, tout vit et setrans- forme sans cesse ! Mais non, car d’abord ce serait faire de la science comme tout le monde, et alors ils ne seraient plus des savants... D’où vient l’espèce dont nous parlons et que représente la figure 92? C’est ce qu’on ne peut dire d’une manière absolue. Ce qu’on peut affirmer, c’est qu’elle est très- voisine de celle à laquelle, dans la « Fi- gure théorique de V Evonymus radicans 374 EVONYMUS CAHRIEREI. variegata (1), nous avons donné le qualifi- catif reptans (1. c, rameau A). Mais, et quoi qu’il en soit de son origine, ce n’en est pas moins l’une des plus jolies plantes d’ornement, surtout pour les ro- chers, les cascades ou toutes les autres parties pittoresques. Ses caractères sont les suivants : Arbuste couché, diffus, à rameaux traî- nant sur le sol, atteignant 50 et même plus de longueur. Feuilles persistan- tes, rapprochées, coriaces, largement ovales, brusquement arrondies au sommet, courle- ment dentées, luisantes et d’un vert foncé en dessus, d’un vert clair ou comme glauces- cent en dessous. Fleurs vertes, nombreuses et disposées en sortes de petits corymbes à l’extrémité de ramilles axillaires très-té- nues, naissant sur les bourgeons de l’année. •Quant aux fruits, ils ne présentent rien de particulier : ils sont longtemps persistants et s’entr’ouvrent à la maturité, de sorte qu’on voit alors les graines, dont la couleur rouge orangé forme un contraste assez agréable. Un autre caractère propre à VE. Car- rierei, c’est de fleurir et de fructifier facile- ment et promptement. Les graines, qui lè- vent également bien, nous ont donné des . plantes rappelant assez exactement VE. Fig. 92. — Evomjmus Carrierei, au 1/20 de grandeur naturelle. radicans type, du moins quant à présent, ce qui ne veut pas dire qu’elles doivent con- server celte forme, et quand on en récoltera beaucoup, que l’on obtiendra peut-être des formes intermédiaires, qui peut-être même confondront les diverses formes de VE. Ja- ponica et de VE. radicans. VE. Carrierei (fig. 92) peut être employé soit à faire des bordures autour des grands massifs, soit à cacher des murs, comme le Lierre ; mais sa véritable utilisation nous pa- raît être pour garnir les rochers ou d’autres endroits pittoresques plus ou moins rocail- leux. Quand les plantes vieillissent, les nom- breuses ramifications qui ont poussé sur les (1) V. Revue horticole, 1878, p. 131. parties horizontales constituent des masses compactes qui, par la quantité considérable de feuilles qu’elles portent, forment des sortes de fourrés de verdure d’un aspect très- agréable. Cette espèce est d’une rusticité extrême : quel que soit le froid, elle n’en souffre pas, même dans ses parties les plus herbacées. Sa multiplication se fait par boutures qui s’enracinent avec la plus grande facilité, et aussi par graines que la plante donne abondamment ; mais si l’on tient à conserver les caractèi’es, on fera bien de la multiplier par boutures. — On peut se procurer cet Evonymus chez MM. Baltet frères, pépi- niéristes à Troyes. E.-A. Carrière. .PLANTATION ET TRAITEMENT DES ARBRES FRUITIERS. 375 PLANTATION ET TRAITEMENT DES ARBRES FRUITIERS Dans une précédente chronique nous avons dit quelques mots d’un article sur la prépara- tion des engrais et composts relatifs à la plan- tation des arbres fruitiers. Cet article étant sus- ce})tible de nombi euses applications pratiques, nous avons cru devoir le reproduire. Après quelques considérations générales sur le sujet, M. Lucet commence ainsi : Voyons .d’abord comment on s’y prend pour planter la plupart des arbres fruitiers de nos jardins. Il esta remarquer que l’opé- rateur n’apporte pas toujours dans la pra- tique les connaissances les plus indispensa- bles lorsqu’il s’agit de bien planter les arbres, et cela parce qu’on a la routine ou l’habitude de toujours procéder de telle ou telle façon, sans raisonner son travail et sans se rendre compte des causes qui font qu’un arbre mal planté languit pendant quelques années et meurt parfois avant d’avoir pro- duit, tandis qu’un autre planté de la même manière et placé dans les mêmes condi- tions poussera avec une grande vigueur et restera infertile. Inutile d’insister pour prouver que ceci n’est dû qu’à l’ignorance. Certains prati- ciens, et souvent ceux qui prétendent être les plus intelligents, font pour planter leurs arbres des trous d’une largeur et d’une pro- fondeur convenables; mais, une fois ces trous creusés, ils y déposent au fond quatre ou cinq brouettées de fumier qu’ils recou- vrent de 28 à 30 centimètres de terre ; les arbres sont placés sur cette espèce de couche ; l’on recouvre les racines de terre, et quand le trou est rempli au niveau du sol, le collet est enterré à une profondeur de 9 à 10 cen- timètres au-dessous de la surface du terrain environnant. Dans ce cas, l’arbre est déjà placé trop profondément ; que sera-ce quand le fumier placé au fond sera pourri et que l’affaissement du sol se sera produit? Il eût fallu se rendre compte que la terre remuée s’affaisse en moyenne de 10 centimètres sur 1 mètre d’épaisseur; que le trou étant creusé à 70 ou 80 centimètres de profon- deur, on aura au moins 8 centimètres de tassement qui, ajoutés aux 10 centimètres qui existent déjà, donnent un total d’au moins 18 centimètres de terre, et peut-être plus, dont le collet sera recouvert. Voici ce qui résulte ordinairement de cette manière d’opérer; la plupart des ar- bres languissent ou poussent vigoureuse- ment pendant quelques années et meurent ensuite avant d’avoir produit. L’expérience a démontré que les arbres plantés trop pro- fondément donnent peu ou même ne don- nent pas de fruits, et que la plupart meurent asphyxiés avant de parvenir à la fructifica- tion, parce que leurs racines sont trop en- foncées et ne respirent pas librement. Le plus ordinairement ces arbres étant greffés rez terre s’affranchissent, c’est-à- dire que l’arbre se bouture sur place ; le sujet sur lequel il est grelïé meurt et se dé- compose; dans cet état, il en résulte un arbre affranchi poussant avec une vigueur telle qu’il ne donne que peu ou pas de fruits ; de là la nécessité de trouver un moyen pour que l’arbre puisse se développer librement, donner des produits abondants et en rapport avec son étendue. Il suffit d’être observa- teur et de se rappeler les faits qui se pro- duisent sous nos yeux. La nature nous en fournit des exemples frappants que nous n’avons qu’à chercher à imiter. Lorsque nous nous promenons dans une forêt, il nous est facile de constater que les plus grands et les plus beaux arbres présentent le collet de leurs racines placé en dehors du sol ; de cet exemple nous devons conclure que, toutes les fois que nous aurons à procéder à la plantation d’arbres forestiers et d’ornement, nous de- vrons imiter la nature en plaçant le collet de chaque arbre que nous planterons de manière à ce que, après l’affaissement com- plet du sol, le collet ne soit recouvert que de 2 ou 3 centimètres de terre, quelle qu’en soit la nature, puisqu’on aura fait choix d’arbres greffés sur des sujets en rappoit avec la place qu’ils devront occuper. Les raisons qui font procéder de cette manière sont les suivantes. Nous savons que les racines placées près de la surface trouveront dans tout leur parcours, et cela pendant toute la vie de l’arbre, une terre de meilleure qualité et profiteront davantage des engrais répandus à la surface du sol ; d’un autre côté, le collet et les racines de l’arbre étant placés superficiellement, res- 376 PLANTATION ET TRAITEMENT DES ARBRES FRUITIERS. pirent' plus librement, et les arbres ne meurent jamais d’aspbyxie; dans ces con- ditions la fructification ne se fait jamais at- tendre, et les fruits sont plus succulents que quand leurs racines vont cherclier la nour- riture à une grande profondeur. Pour ce qui est du fumier, n’en mettons jamais au fond de nos trous au moment de la plantation; c’est de l’engrais perdu, puisqu’il est placé hors la portée des racines et qu’il va saturer les entrailles de la terre sans profit pour la végétation. Contentons-nous de placer les racines dans de la terre bien amendée ; étendons régulièrement et presque horizontalement les racines des arbres en interposant de la terre entre elles, et, lorsqu’elles seront re- couvertes de quelques centimètres de terre, déposons-y une épaisseur de 6 centimètres de bon fumier bien pourri et bien trituré, en partant de la circonférence du trou jusqu’à 15 à 20 centimètres de distance du pied de l’arbre ; presque toujours une bonne brouet- tée suffit pour' un trou de 2 mètres de diamètre au lieu de quatre ou cinq qui ne servent à rien quand elles sont placées sous le pied de l’arbre. Le fumier disposé de la manière que je recommande se trouvera à la portée des racines, et cet engrais entraîné par l’eau des pluies ira saturer la couche de terre où elles sont plongées, ce qui déter- mine une végétation abondante de la partie souterraine et aérienne des arbres. En faisant l’application de ces principes, on évitera les déceptions dont j’ai parlé plus haut, et qui peuvent se résumer par ces deux mots: stérilité et mort résultant d’une plan- tation mal faite. On obtiendra au contraire vigueur et fructification, si l’on suit nos in- dications. Préparation des fuyniers ou composts. — Il nous serait impossible d’être clair et précis si nous ne disions pas qu’il faut avoir soin de disposer la fabrique d’engrais dans un endroit ombragé, pour qu’ils ne se des- sèchent pas, au lieu de la placer dans un trou en plein soleil, comme on le fait trop souvent, car il en résulte que les purins s’y accumulent et vont saturer les couches in- férieures du sol, au grand détriment du fu- mier qui s’y trouve comme lavé et qui, dans cet état, n’a nullement la valeur exigée d’un engrais de première qualité. Pour obtenir de bons fumiers, on pro- cède à leur confection de la manière sui- vante : lorsque l’endroit est désigné, on éta- blit à la surface du sol deux plateaux pa- rallèles en rapport avec les besoins de l’ex- ploitation, parfaitement unis et légèrement inclinés l’un vers l’autre, au milieu des- quels on place la fosse à purin ou simple- ment un vieux tonneau d’une contenance en rapport avec les besoins, dans lequel les purins des étables, les eaux ménagères, de savon, de lessive arrivent par des conduits souterrains ou simplement par des ruisseaux disposés à la surface du sol. Les différents liquides que contient ce réservoir sont des- tinés à l’arrosement des fumiers en prépa- ration ; cette disposition est celle que l’on doit adopter pour la confection d’un bon engrais. Fumier préparé en vue de combattre la jaunisse ou chlorose du Poirier. — On commence par apporter sur l’un des pla- teaux dont nous venons de parler un lit de fumier neuf ou vieux auquel on peut joindre tous les détritus de la cuisine et du jardin, d’une épaisseur de 15 à 20 centimètres, que l’on étend sur toute la surface ; on a dû le triturer et le mélanger en le plaçant ; on tasse légèrement, si c’est nécessaire; puis on y répand du sulfate de fer que l'on a eu soin de concasser à l’avance et que l’on dis- tribue régulièrement; on l’arrose tous les trois ou quatre jours, puis on en remonte un second lit sur le premier que l’on sau- poudre à son tour avec du sulfate de fer. La quantité de sulfate à mélanger n’est pas absolue comme pour l’aspersion sur les feuilles ; elle peut entrer dans la proportion de trois à quatre kilos par mètre cube de fu- mier. Inutile de dire qu’il faudra continuer, à mesure qu’on montera le tas, de l’arroser avec le liquide contenu dans le réservoir; cette opération a pour but de déterminer la fermentation, de faire dissoudre le sulfate de fer qu’on y a ajouté et d’en saturer toutes les molécules du fumier, et aussi d’en hâter la décomposition. Lorsque le tas sera arrivé à sa hauteur, on continuera encore à l’arroser pendant quelque temps, et, lorsqu’il sera jugé à point, on le coupera par tranches verticales pour le défaire et le remonter sur le plateau opposé; on aura soin de renfermer les parois extérieures du las dans l’intérieur, et, ce travail. fini, on continuera d’arroser le fumier encore quel- que temps jusqu’à ce qu’il soit arrivé au degré voulu. GAILLARDIA PICTA LORENZI ANA. 377 Pendant ce temps, on travaille à refaire un nouveau tas et de la même manière que le précédent à la place du premier, puis on procède à son déplacement; mais avant, le premier tas est démonté comme la première luis et est employé si l’on en a besoin, ou re- monté en tas à coté des plates-formes. Jus- qu’à son emploi, il sera recouvert de 10 à 15 centinièlres de terre, pour empêcher l’é- vaporation de se produire et lui faire con- server tous les sucs qu’il contient; c’est alors que l’on met le second tas à sa place pour en former un troisième, et ainsi de suite, car la fabrique d’engrais ne doit jamais chômer. Le fumier, préparé comme nous venons de le décrire, sert à engraisser le sol du jardin fruitier; or, comme on a pu s’en rendre compte, le sulfate de fer étant un stimulant pour les arbres pris de chlo- rose, on comprend dès lors la richesse que possède un engrais préparé de cette manière ; non seulement il contient à un haut degré le stimulant du sulfate de fer, mais aussi une grande dose d’engrais renfermant la plupart des sels propres à baccroissement des végétaux. Lucet. [La fi7i prochamement.) GAILLARDIA PIGTA LORENZIANA La Gaillardia peinte {Gaillardia picta) type est déjà, et à juste titre, considérée comme une des plus belles plantes de nos jardins. On la traite en général comme plante annuelle, bien que, en réalité, elle soit vivace. Les demi-fleurons entourant le disque brun sont d’une nuance très-vive, rouge cramoisi foncé, jaunes à l’extrémité. On cultive, de cette espèce, plusieurs variétés fort inté- ressantes à fleurs blanches, à grandes Heurs, à Heurs bor- dées de blanc, etc. Déjà depuishuità dix ans on a pu s’a- percevoir que cette plante montrait une certaine disposition à transformer ses rayons, parfois aus- si les Heurons du disque, en fleurs tubuleuses, évasées en entonnoir, di- visées en quatre- cinq segments ré- guliers. Mais de tels capitules floraux ne se présentaient toujours que très- rarement, et ordinaire- ment ils ne se développaient qu’imparfaite- ment, et n’offraient, en général , que deux ran- gées de ces fleurs tubuleuses. Tous les efforts pour perfectionner cette forme intéressante et pour la fixer restèrent longtemps sans effet. M. Chr. Lorenz, marchand grainier d’Er- furt, horticulteur distingué, à qui nos jar- dins doivent déjà un grand nombre de plantes superbes telles que le Dianthus Heddewigii, diadematus, le Viola tricolor Kaiser Wilhelm, le Gomphrena globosa nana compacta et autres, est enfin parvenu à réaliser une importante amélioration dans une variété à la- quelle il a donné son nom. Le Gaillardia picta Lorenziana (fi g. 93) offre en effet une forme ca- ractérisée non seu- lement par le dé- veloppement tu- buleux parfait et régulier de tous les fleurons ; mais cette forme est aussi devenue fixe à un degré satis- faisant. En outre, M. Lorenz a réussi à en obtenir six variétés bien tran- chées, très-belles, dont les couleurs répondent aux cou- leurs des variétés ordinaires, c’est-à-dire : rouge vineux à segments blancs; 2“ rouge amarante à segments jaunes ; 3» jaune doré à cœur rouge vineux ; 4» jaune doré à cœur rouge amarante; pourpre à seg- ments jaunes ; pur jaune. Toutes ces formes sont, comme 'nous l’avons dit plus 378 EXPOSITION d’horticulture DE MONTREUIL. haut, d’une constance suffisante. Cultivées séparément ou mélangées les unes, aux autres, elles forment des groupes de fleurs d’une élégance exquise et d’un effet superbe par leur joli coloris. La Gaillardia picta Lorenziana, dont chaque inflorescence mesure 7 à 9 cen- timètres de diamètre est mise au commerce par l’obtenteur, M. Ch. Lorenz. Elle figu- rera dans son catalogue général, qui paraîtra en décembre 1881. X***. Nous avons pu, grâce à des échantillons qui nous ont été envoyés et qui nous sont parvenus en très-bon état, étudier les plantes dont il est ici question, et nous pou-' vons affirmer que les descriptions qu’en a faites l’obtenteur ne sont nullement exagé- rées, au contraire. Outre les coloris, qui sont très-brillants, la transformation des fleurons du centre en ligules rend les fleurs très-fortes et bombées, et leur donne quelque ressemblance (grossière, bien entendu) avec des fleurs de Zinnias ou encore avec les Pétu- nias à fleurs doubles frangées. Ce sont des plantes très-décoratives, d’un grand avenir ornemental, qui vont transformer le type sous le rapport de la forme. {Rédaction.) EXPOSITION D’HORTICULTURE DE MONTREUIL Ainsi que nous l’avons dit dans notre précé- dente chronique, l’ex})osition que vient de faire la Société d’horticulture de Montreuil était des mieux réussies. Pour un début, c’est un coup de maître : Montreuil s’est affirmé et a montré que, s’il sait cultiver les Pêchers, au besoin, à ceux-ci, il sait aussi joindre la culture des fleurs. Plus de cent cinquante exposants, tant de Montreuil que de la province, plusieurs meme de Paris, avaient répondu à l’appel qui leur avait été fait. Dans la vaste jilace de la Mairie, transformée en un magnifique jardin dans lequel, avec un rocher d’où sortait en abon- dance de l’eau qui tombait en cascçidelles pour s’écouler ensuite par une petite rivière, avait été dressée une tente de 17 mètres de largeur, y compris des annexes, sur 30 mètres de lon- gueur, sous laquelle étaient placées des plantes délicates qui auraient pu souffrir du contact de l’air. A côté, et s’y rattachant, toutes les nom- breuses salles des Écoles avaient également été transformées en autant de jardins, bondées, on peut le dire, de fruits o.i de légumes, et dans lesquels les visiteurs marchaient de surprises en surprises. Près des Pêches, qui s’y trouyaient à profusion, oç voyait des Pommes, des Poires, des Prunes, des Raisins, des Ananas magnifi- ques. Jusqu’à de la « Barbe de capucin, » qui à Montreuil fait l’objet d’un commerce consi- dérable, était représentée, bien que ce fût à contre-saison pour avoir ce produit. Outre les nombreux lots de Pêches exposés par les culti- vateurs de Montreuil, on avait formé une im- mense corbeille de ces fruits qui, tous les matins, étaient renouvelés. L’industrie figurait également bien à l’exposi- tion de Montreuil, et plusieurs salles étaient rem- plies de produits qui n’auraient pu supporter le plein air sans se détériorer. Une stalle aussi était consacrée aux arts : tableaux, statuettes, céramique, travaux d’aiguille, antiquités diver- ses se rattachant plus ou moins directement à l’horticulture. Outre ces concentrations d’ob- jets se trouvaient disséminés, soit dans les cours des écoles, dans des annexes ou dans le jardin, d’autres produits industriels (chauffages, serres, pompes, etc.), qui par leur nature n’avaient rien à redouter du mauvais temps qui n’a guère cessé de régner pendant les dix jours qu’a duré l’exposition. Les Céréales, les Pom- mes de terre, les Betteraves et tous les légumes de saison étaient aussi largement représentés. Dans le jardin, disposées en massifs entourés de gazon, on voyait des collections de Pélargo- niums, PMchsias, Cannas, Coleus, Réséda, etc., ainsi que des dessins de mosaïculture ; on re- marquait surtout le massif du grand mosaïcul- teur de Paris, M. Commesse qui, en outre, avait exposé quatre petits lots de nouveautés : Lan- tana, Agératum, Alternanthera, etc. Sous la tente se trouvaient des collections de plantes de serre variées : Bégonias tubéreux et reæ, des Palmiers et autres espèces de serre chaude, à feuillage, etc., rehaussées cà et là par des mas- .sifs de plantes fleuries : Reines-Mai'guerites, Glaïeuls, Zinnias, Primevères, etc., de manière à produire des contrastes harmoniques qui ajoutaient encore à la beauté de l’ensemble. Là se trouvait, entre autres, une plante nouvelle, ïAcalypha Macfeana, qui par ses feuilles élé- gamment panachées nous paraît appelée à jouer un important rôle dans l’art décoratif. Ne pouvant citer tous ceux qui ont pris part à cette exposition, il en est deux pour lesquels nous croyons devoir faire une exception. L’un est la maison Vilmorin qui, outre ses remarqua- bles lots de fleurs’ et de légumes dispersés dans le jardin et sous la tente, occupait seule une très-grande salle des Écoles où ses col- lections de légumes de saison, toutes aussi CHICORÉE SAUVAGE AMÉLIORÉE. nombreuses que belb's et bien éfi(jueté(;s, eons- tituaienrune véi'itable exposition, c’(\st-à-(lire une école des j)lus intéi-essantes, — il serait, plus exact de dire Un musée borticole, — le tout 1‘elevé [>ar une mas^nifujin' collection (b; Cdaïeuls rai)pelant celles (pi’on admirait à TEx- l»osition universelle de i878, et avec les- (pielles, certainement, elle aurait ])U rivaliser. Ij’autre exposant, ({ui pcmdant toute la durée de l’exposition ca})tiva l’attention des visiteurs, était la célèbi'e fleuriste de Paris, Scoccard, dont les cultures sont à Montreuil, et le maga- sin commercial, le laboratoire floral, pouri-ait- on dire, est à Paris, 58^ rue du Faubourg-Saint- llonoré. Outre de très-grandes })lantes diverses })articulièreraent proi>res à l’ornementation des aj)partements, tels que Dattiers, Phoenix, Co- cotiers, Dracænas, Kentia, etc., Scoccard avait exposé sous la tente un trophée de bouquets montés et autres, de toutes sortes de formes, où la beauté semblait le disputer à l’art pour for- mer un ensemble harmonieux résumant le nec plus ultra du beau. C’étaient des })arures de bal, des tours de tête, des bompuets de ma- riée, etc., puis un guéridon, un fauteuil, des paniers fleuris,* coussin, ballon, ombrelle, etc., le tout en fleurs de choix dont l’ensemble pro- duisait un effet indescri})tible, féerique. La grande artiste s’était surpassée. Le jury, selon nous, aurait dû séparer ce concours de tous les autres. Il est de ces beautés qui ne se })artagent pas ! Elles brillent par elles- 379 memes, ])euvent donner, mais non recevoir, et défient foute comj)ai’aison ; c(dle (jue j)i‘dsentait le lot dont nous [)arlons était dans ce cas. Ihn'it fallu isole,!' ce lot (d lui donner une récompense spéciale, av(‘c cette insci iption : « A la perfection de l’art dans la disposition des fleurs !!!... » Poui' i'éconq)ens(‘i' tant de méi'ites divers, il a été décerné: aux lauiéats 16 médailles en or, 88 en vermeil, 90 <'n argent et 15 nnintions ho- norables. Les deux })remlei‘s.gi‘and })i'ix d’honneur ont été décernés : l’un, 'médaille de la ville de Mon- treuil, à MM. Vilmorin et C'c ; l’autre, mé- daille du Conseil municipal de Montreuil, à M">c Scoccard. Les médailles d’or constituant les premiers })rix ont été disti'ihuées j)ar ordre de mérite à MM. Tei'rier, maraîcher, pour légumes de saison; — Chevallier (Gustave), pour fruits va- riés ; — Paillet, Conifères et }>lantes diverses. Pommes de terre ; — Sornin et Julien, arbres fruitiers formés et arljustes divers ; — Landry, plantes de seri'c chaude ; — lk)utreux, Pélar- goniums et Primevères de la Chine ; — Trin- quart, })om])es et rohinets ; — Rain (Paul), plantes diverses de serre, Acalypha Macfeana, légumes ; — Boucher, fi'uits et arbres fruitiers; — Rieul-Pouligné, Bégonia rex ; — Doucet (Charles), Pèches et fruits de saison ; — Pac- coto, Coleus, Fougères nouvelles. Cannas ; — Vigneau, parure de mariée en fleurs d’Oranger. E.-A. Carrière. CHICORÉE SAUVAGE AMÉLIORÉE Dans un précédent article (1) nous avons essayé d’établir la généalogie de la Chicorée sauvage, c’est-à-dire d’en faire ressortir la marche ascendante, en indiquant sommai- rement les variétés qu’elle a produites. Au- jourd’hui nous allons prendre l’une d’elles, la Chicorée sauvage améliorée, et montrer ce que l’on peut en obtenir surtout par la cul- ture forcée, en l’amenant à cet état particulier d’étiolage qu’on nomme « Barbe decapucin.io Faisons toutefois remarquer que, sous ce rapport et au point de vue commercial, cette variété ne serait pas avantageuse, car outre que ses feuilles, plus larges que celles du type, s’étalent au lieu de s’élever et qu’elles exigent plus de place, elles viennent aussi moins longues, ce qui fait que la production est moindre. Mais cet inconvénient est com- pensé par la qualité, qui est bien supérieure à la barbe de capucin ordinaire. Dans ce cas les feuilles, qui rappellent assez bien celles (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 72. de la Scarole, et qui en ont aussi la saveur, sont glabres et non villeuses. C’est assurément un mets excellent. Quand on veut transformer la Chicorée sauvage amé- liorée en Barbe de capucin, » la culture est identique à celle de la Chicorée sauvage ordinaire. Cultivée comme on le fait des Pissenlits, c’est-à-dire pour en couper les feuilles quand elles sont blanches, la Chi- corée sauvage améliorée est de toute pre- mière qualité et serait très-recherchée pour les maisons bourgeoises. Mais CO que nous n’hésitons pas à recom- mander, c’est la culture directe, c’est-à-dire le semis en pleine terre, pour en couper les feuilles pendant l’été. On obtient ainsi une Salade permanente, d’une saveur très-légè- rement amère, mais agréable. Si l’on désirait affaiblir encore son peu d’amertume, on pourrait faire étioler un peu les feuilles en recouvrant les pieds avec du terreau ou un paillis de vieux fumier. 380 QUELQUES PLANTES Nous appelons donc tout particulièrement l’attention des amateurs et des jardiniers bourgeois sur la Chicorée sauvage amélio- rée, et les engageons à en essayer la culture par des procédés différents,’ de manière à se rendre bien compte de leur valeur et de pouvoir choisir le plus avantageux. Toute- fois, nous les engageons à faire une sélection rigoureuse et à ne prendre pour porte- graines que les pieds bien caractérisés, dont les feuilles larges, charnues, entières et dépourvues de villosité, ont une tendance manifeste à se « coiffer, » c’est-à-dire à se contourner en s’appliquant l’une contre l’autre et à former une pomme. Si l’on tenait à fixer des races, c’est-à-dire à constituer RECOMMANDABLES. des variétés, il faudrait choisir comme porte- graines les pieds qui réunissent le mieux les caractères que l’on tient à conserver. Toutefois encore, nous devons faire ob- server que le meilleur moyen pour former des variétés et en fixer les caractères est d’abord de bien faire développer ceux-ci, ce à quoi l’on arrive beaucoup plus vite par une bonne culture, en soumettant les plantes au repiquage et en leur donnant des soins appropriés: arrosages, binages, etc., ainsi du reste qu’on doit le faire de tous les vé- gétaux qu’on veut améliorer, ce qu’on ob- tient en les plaçant dans des conditions de milieu particulièrement favorables. E.-A. Carrière. QUELQUES PLANTES RECOMMANDABLES Bégonia Verschaffelti'. — Plante caules- cente, à tige robuste, non élancée. Feuilles longuement pétiolées, à limpe subpalmé, assez régulier, brillant et comme verni. In- florescences très-fournies , nombreuses , axillaires, sur un long pédoncule dressé, raide. Fleurs excessivement rapprochées, constituant des masses compactes, quoique légères, d’un très-beau rose vif un peu carné. Le B. Verschaffelti, qui fleurit tout l’hi- ver et même une grande partie du printemps, est certainement l’une des plus jolies espèces pour la décoration des serres, et nul doute non plus que sa culture, au point de vue de la production des fleurs pour la confection des bouquets, ne puisse être rémunératrice. Lippia hracteata. — Plante très-vigou- reuse, fortement villeuse, laineuse sur toutes ses parties herbacées. Rameaux qua- drangulaires. Feuilles opposées-décussées, grandes, longuement ovales-acuminées, épaisses, scabres, fortement réticulées en dessus, à face inférieure tomenteuse par des poils argentés laineux. Inflorescence capiti- forme rappelant celle des Lantana, sub- sphérique, au sommet d’un pédoncule d’en- viron 5 centimètres de longueur ; bractées nombreuses, papyracées, accrescentes, ses- siles et élargies à la base, d’un rose vineux ou violacé. Fleurs axillaires petites, lon- guement tubuleuses, à tube blanc terminé par quatre divisions étalées, très-petites, ovales arrondies, d’un rouge brique ou fauve. Cultivée avec soin et soumise à des pince- ments appropriés, cette espèce pourrait devenir une belle plante d’ornement pour les serres d’abord, puis pour les jardins, où, mise en pleine terre pendant l’été, elle fleu- rirait continuellement. Serre chaude, serre tempérée ou orangerie, suivant qu’on tient à avoir des fleurs pendant l’hiver. Billbergia iridifotia. — Plante vigoureuse ramifiée, à port yuccoïde. Feuilles longues et étroites, rappelant un peu celles de cer- tains Thuia, légèrement ondulées, gracieu- sement arquées, réfléchies, glaucescentes, farinacées, épaisses, charnues, d’un vert pâle ou un peu grisâtre par une pulvérescence. Hampe centrale bientôt réfléchie, pendante, rose tendre. Bractées rose foncé, grandes. Fleurs petites, jaunâtres, violet cendré au sommet. Cette espèce, bien que très-vieille, qu’on ne rencontre qu’assez rarement, mais que nous admirons chaque année chez M. Rou- gier, horticulteur à Paris, est très- orne- mentale par son port. Elle est robuste, fleurit aussi bien en serre chaude qu’en serre froide, et se conserve presque indéfini- ment dans les appartements. linp. Qeotges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Le phylloxéra au Caucase; fabrication du vin dans ce pays; communication de M. Glausen. — Révision de la Convention internationale de Berne ; délégués du gouvernement et des horticulteurs français. — Semis de graines de Grenadier Legrelli; lettre de M. Lucas. — VAhulilon fiorihundum ; lettre de M. le vicomte d’Anselme. — Exposition de la Société d’horticulture de la Haute-Garonne, à Toulouse ; réflexions à propos des programmes des expositions horticoles. — Recrudescence du puceron lanigère. — Les froids avant-coureurs de l’hiver ; plantes qui efi ont le plus souffert. — Origine de la nouvelle Vigne sénégalienne introduite au Jardin d’acclimatation. — Chrysanthèmes de Chine à Heurs bleues. — La Pêche Amsden. — Mesures prises en Russie contre le phylloxéra. — La sécheresse à Hyères; lettre de M. Guérin. — Vente des Orchidées à Gand ; un nouveau Palmier. — Les Vignes du Soudan; lettre écrite de la Gironde à propos de ces Vignes. Ce n’est pas seulement en France ni même en Europe que le phylloxéra exerce des ravages ; il vient de faire son apparition dans le Caucase où, jusqu’ici, sa présence n’avait pas encore été signalée. Voici, à ce sujet, ce que nous écrit M. Clausen, profes- seur de viticulture à l’École impériale de Nikita (Crimée) : Je vous informe que tout récemment on a découvert le phylloxéra au Caucase, dans la petite ville de Souchoum. Le vignoble malade est d’une petite étendue. Aussitôt cette fâcheuse nouvelle connue, l’on a envoyé des officiers du génie avec de pleins pouvoirs pour combattre le mal. Dans ce but, l’on va détourner le cours d’une petite rivière qui se trouve dans le voisi- nage et à portée du vignoble envahi. Le succès me paraît douteux, pour cette raison que pres- que toutes les forêts du Caucase contiennent des Vignes sauvages, et qu’il est à peu près im- possible de détruire celles-ci. Cet envahisse- ment est assurément très-regrettable, car le Caucase produit considérablement de vin, en- viron 10 millions de ocdros, c’est-à-dire 80 mil- lions de litres, quantité qui, au besoin, pour- rait être facilement décuplée. Il est vrai que jusqu’aujourd’hui ce vin se consomme pour la très-grande partie dans le lieu même de sa production, à cause de sa qualité médiocre, uni- quement due, du reste, à sa mauvaise fabrica- tion qui est des plus primitives, mais que pour- tant il serait très-facile de changer. Voici qui peut en donner une idée. Après sa fermentation, le vin est versé dans de grands vases ou sortes de cruches en terre glaise hautes de 1 à 2 mè- tres, qui sont enterrées un peu plus bas que la gorge et couvertes d’une pierre, puis de terre. Bientôt la consommation commence ; alors on enlève la pierre pour puiser, puis l’on recouvre de nouveau. Pour le transport et pour la vente, on tient le vin dans des peaux d’animaux : de moutons quand il s’agit de petites quantités; dans le cas contraire, on se sert de peaux de bœufs. De tels sacs ressemblent assez à un ani- mal auquel on aurait coupé la tête et la partie inférieure des jambes. Une de celles-ci sert de passage au vin, puis est refermée à l’aide d’une ficelle. D’après ce que je viens de dire, on ne doit donc pas être surpris si, ainsi traités, ces vins ne se conservent pas et s’ils passent à Tétat de vinaigre l’année même de leur récolte. Ce qui prouve que la non conservation de ce vin est due aux procédés défectueux qu’on em- ploie pour le fabriquer, c’est que le prince Monchransky, qui pour faire ses vins emploie les bons procédés connus, et qui les met en- suite dans des tonneaux, en fait d’excellents et qui se conservent trois à quatre ans, et même beaucoup plus. — L’événement le plus important du jour, au point de vue de l’horticulture, est la révision de la Convention de Berne, qui a eu lieu à Berne (Suisse) le 3 courant (octo- bre 1881). Les délégués désignés par les horticulteurs et agréés par le Ministre de l’agriculture étaient MM. Édouard André, de Paris, et Anatole Leroy, d’Angers. C’était M. Maxime Cornu, aide-naturaliste au Mu- séum, qui, délégué officiellement, représen- tait le gouvernement et qui était chargé de porter la parole en son nom. Nous recevons, au moment de mettre sous presse , une communication de M. A. Leroy, que nos lec- teurs trouveront à la fin de présent numéro. — La communication qu’a bien voulu nous faire M. le docteur Stavecki (1), au sujet de la fructification d’un Grenadier Le- grelli, nous a valu la lettre suivante : Monsieur le rédacteur. L’intéressante communication de M. le doc- teur Stavecki m’a suggéré l’idée que l’on devrait semer les graines du Grenadier Legrelli de façon à tâcher de fixer cette variété, si, comme (1) V. Revue horticole, 1881, p. 362. 16 OCTOBRE 1881. 20 382 CHRONIQUE horticole. le fait est possible, le fruit qu’il a récolté con- tient de bonnes graines. L’expérience me paraît d’autant plus importante que l’on m’a assuré que cette espèce, dont les fleurs sont très-jolies, est relativement rustique. En agissant ainsi, peut-être pourrait- on créer un nouveau type qui rendrait des services à l’horticulture. Veuillez, etc. Lucas. Non seulement nous approuvons l’idée émise par M. Lucas; mais nous en profilons pour prier M. le docteur Stavecki de vouloir bien surveiller avec attention le fruit du Grenadier Legrelli et, s’il contient des graines, de les semer et d’en suivre le déve- loppement, ce que, très-probablement, il ne manquera pas de faire. Relativement à la rusticité du Grenadier Legrelli, nous pouvons assurer qu’elle est complète, et que l’on cultive une quantité considérabled’arbustes qu’on regardecomme de plein air, et qui sont loin de présenter une résistance comparable à celle qu’offre le Grenadier Legrelli qui, de plus, a des fleurs grosses et bien pleines, d’une beauté presque incomparable. Aussi n’hésitons- nous pas à le recommander et à engager les pépiniéristes# à le multiplier en grande quantité. — A propos de VAhutilon florïbundum que nous avons décrit et figuré dans le n» 18 de la Revue horticole, lequel prove- nait d’un semis fait au Fleuriste de la ville de Paris, M. le vicomte d’Anselme, pro- priétaire et directeur du remarquable éta- blissement qu’il a créé à Tostat (Hautes- Pyrénées), nous écrit : <( qu’il a obtenu avant nous des- plantes identiques à la nôtre ; 2® qu’il avait déjà donné le qualificatif flo- rïhundum <( à une variété à fleurs roses, » et que par conséquent il réclame la prio- rité, » Les quelques lignes que nous adresse M. le vicomte d’Anselme, et dont nous le remercions, comprennent deux choses : une affirmation et une revendication. D’abord, l’affirmation que notre plante « est la même que d’autres qu’il avait ob- tenues », est au moins dubitative, car, outre que l’on n’obtient jamais deux plantes identiques, on ne pourrait supposer le fait que si l’on avait les deux plantes sous les yeux, ce que n’avait pas M. le vicomte d’Anselme. Quant à la priorité du qualifi- catif, la revendication ne nous semble pas fondée, puisqu’il s’agit de plantes diffé- rentes : l’une à fleurs jaune orangé, l’autre à fleurs roses. Tout ce qu’il y aurait à faire, ce serait, comme cela a lieu en botanique, après le qualificatif, d’ajouter le nom de celui qui l’a appliqué. On aurait donc ceci : Ahutilon florïbundum, Ans,, s’il s’agissait de la plante obtenue par M. le vicomte d’An- selme, tandis que l’on dMVdXi Ahutilon flori- hundum, Carr., s’il était question de la plante obtenue au Feuriste de Paris, et qui a été nommée et décrite par nous dans la Revue horticole. Quoi qu’il en soit, nous remercions M. le vicomte d’Anselme de l’occasion qu’il nous a fournie d’expliquer un petit fait qui eût pu, peut-être, occasionner des confusions, ce qui, nous en avons l’espoir, ne se pro- duira pas, grâce aux quelques observations que nous venons de faire. — Du 4 au 7 novembre prochain, la Société d’horticulture de la Haute- Garonne fera à Toulouse une exposition particulière, propre à certaines cultures. Voici l’indica- tion des spécialités : « Culture maraîchère. Culture ornementale. Agriculture frui- tière, forestière et d'ornement. » C’est là une très-bonne idée certainement, mais exprimée très-vaguement, trop vaguement même, car, en effet, qui ou quoi pourrait échapper à ces dénominations ? A peu près rien. Toutefois ceci n’est pas de la critique, mais une simple observation pour à l’avenir guider pour la rédaction des programmes spéciaux. Si cette idée était généralisée, horticulteurs et amateurs y gagneraient : les premiers pourraient écouler des produits qui leur restent souvent parce qu’on ne les connaît pas ; les amateurs, augmenter leurs collections de plantes intéressantes dont ils ignorent même l’existence, parce que, fleu- rissant en dehors de l’époque où ont ordi- nairement lieu les expositions, elles n’y figurent jamais. De cette manière aussi, les collections se maintiendraient, et les ama- teurs deviendraient aussi plus nombreux. Ce qu’il faudrait surtout, ce sont des expo- sitions partielles et spéciales dans lesquel- les pourraient figurer un ou plusieurs gen- res analogues, ou qui fleurissent à peu près aux mêmes époques, soit qu’on les force, soit qu’ils se développent naturellement. On aurait, par exemple, certaines Liliacées : Jacinthes, Tulipes, Amaryllis, Crocus, des CimONIQUE HORTICOLE. 383 Camellias, des Rhododendrons, des Azalées, des Giroüées quarantaines et autres, des Rosiers, des Œillets, des Gloxinias, des Pélargoniums, des Phlox, des Cannas, etc., des Reines-Marguerites, Balsamines, Zinnias, Dahlias, etc. Enfin, pour terminer la saison et comme clôture, on aurait les Chrysan- thèmes. Il va sans dire que les quelques genres que nous venons d’énumérer ne sont pas les seuls qui pourraient être exposés ; tous ceux surtout qui sont nombreux en espèces pourraient, suivant les saisons, entrer dans les séries spéciales, et alors prendre leur rang. De semblables expositions de légumes. Laitues, Carottes, Navets, Betteraves, Pom- mes de terre, etc., pourraient aussi y figu- rer, de façon à compléter les séries orne- mentales et potagères. — L’humidité atmosphérique jointe à l’abaissement de la température ont, en général , produit une recrudescence dans le développement du puceron lanigère. En effet un grand nombre de Pommiers qui n’en avaient pas eu de tout l’été en sont aujourd’hui littéralement couverts. Il ne faudrait pas, sous le prétexte que les froids ne tarderont pas à se montrer, laisser tran- quilles ces insectes, car ils vont se multi- plier et de plus s’insinuer entre les exostoses qu’ils auront déterminées, où ils passe- ront l’hiver pour apparaître encore plus nombreux au printemps. Il faut au contraire s’en débarrasser promptement en asper- geant toutes les parties attaquées avec un insecticide, puis, aussitôt la chute des feuil- les, les bien laver avec une solution plus concentrée, de manière à en débarrasser complètement les arbres. — Les premiers froids, avant-coureurs de l’hiver à Paris et aux environs, c’est-à-dire dans la partie que l’on désigne généralement par « bassin de Paris, » se sont fait sentir avec le mois d’octobre. Ainsi les 1, 2, 3 et 4, il y a eu de la gelée blanche, bien que le thermomètre soit généralement resté au- dessus de zéro ; le 5, il avait gelé plus fort, de 1 à 5 degrés au-dessous de zéro, et sur différents points de la France, notamment aux environs de Nancy, il a tombé beaucoup de neige. Faut-il de ces faits conclure que l’hiver sera précoce et froid ? Non, car à peu près tous les ans il survient prématurément quelques jours de froids, suivis d’une série de beaux jours qui font d’autant plus re- gretter cette gelée passagère que sans elle les jardins qu’elle a dépouillés seraient restés garnis de fleurs ou de verdure pen- dant un mois et plus. C’est probablement ce qui va encore arriver cette année, puisque depuis le 7 octobre il fait très-beau et que la température est relativement douce. Les plantes qui ont beaucoup souffert sont les Cannas, les Sauges, Dahlias, Agératum, Co~ leus, etc. Parmi les légumes, ce sont sur- tout les Haricots, Tomates, Piments, Ph^j- salis ou (( Goquerets, » qui ont souffert. — La nouvelle Vigne sénégalienne, dont nous signalions récemment (1881, p. 323) l’introduction en France, au Jardin d’accli- matation du bois de Boulogne, est originaire de Boké, sur le Rio-Nunez. Nous espérons y revenir prochainement, en donnant de cette si singulière espèce une figure et une description. — Existe -t-il réellement des Chrysanthè- mes dites de la Chine, à fleurs bleues? Après avoir été affirmé, le fait est aujour- d’hui mis en doute. Pour rejeter ce fait, certaines personnes s’appuient sur la science en invoquant cette raison que le Chrysan- thème de l’Inde et de la Chine appartient par ses couleurs à la série xanthique qui, ayant la couleur jaune pour base, exclut absolument les fleurs bleues. Tout en res- pectant la science, nous savons aussi que là, comme partout ailleurs, il n’est pas de règle qui ne présente d’exception; aussi, tout en reconnaissant que nous ne connaissons pas de Chrysanthèmes à fleurs bleues, nous ne nions pas que l’on n’en puisse obtenir. On oublie toujours que, en principe, les couleurs n’existent pas ; elles résultent de combinaisons et se forment sous l’influence de la vie, et alors il n’y a pas de limites possibles. Si aujourd’hui, dans les Chrysanthèmes, la couleur bleue n’existe pas, qui oserait affirmer qu’il en sera de même demain? C’est surtout en histoire naturelle qu’il faut être réservé dans les négations, que là surtout le mot jamais est toujours compro- mettant. — Décidément, de toutes les Pêches hâ- tives aujourd’hui connues, la variété Ams- den paraît être une des premières, et son 384 CHKOMQUE HOHIICOLE. qualificaiir « Pèclie de juin est hors de doute. Ainsi, à Meaux, un amateur pas- sionné d’arbres fruitiers, M. Lefort, en cueillait à la fin de juin. De son côté, M. Boucher, successeur de M. Roy, horti- culteur, avenue d’Italie, à Paris, en récol- tait aussi de parfaitement mûres vers le 20 juillet. — Quand il s’agit de mesures répres- sives, on constate que toutes les adminis- trations sont à peu près les mômes ; on croirait qu’il y a entre elles une sorte d’en- tente qui les pousse à se copier les unes les autres, à commettre les mêmes fautes. En ce qui concerne le phylloxéra, le doute semble n’être pas possible. Déjà, en effet, en Russie, on arrête des graines de plantes, de fleurs diverses, de Calcéolaires, de Gi- roflées, etc. Ainsi, un de nos abonnés qui habite la Crimée, et qui nous informe de ce fait, nous écrit que le zèle des officiers de la douane est tel, que bientôt ils arrêteront tout, peut-être même « les voyageurs, aux- quels ils feront sans doute faire une qua- rantaine. Mais ce qui montre jusqu’où sont poussés les conséquences et l’arbitraire, c’est qu’en même temps qu’on est si sévère pour des végétaux ou des graines venant de pays où l’on n’a jamais vu de phylloxéra, on laisse arriver ici, sans aucune entrave, des végétaux venant de Riga ou de Saint- Pétersbourg, bien qu’ils proviennent parfois de pays complètement phylloxérés. » — Tout récemment, à propos de l’humidité presque continuelle dont on a à se plaindre dans le bassin de Paris, nous citions, comme opposition, quelques faits contraires à ceux constatés à Nice ou aux environs. En voici encore un c^ui montre que les choses sont à peu près encore dans le même état. Ainsi, d’une lettre qu’un de nos collègues, M. Gué- rin Joseph , nous écrivait de Hyères le 25 septembre dernier, nous extrayons le passage suivant ; « Toutes nos cultures souffrent considérablement ; depuis plus de deux mois nous n’avons plus d’eau au canal, et il n’est pas tombé d’eau de l’année, ex- cepté une averse insignifiante que nous avons eue le 6 de ce mois. » — Dans la vente d’Orchidées qui a eu lieu à Gand le 20 septembre dernier, et qui comprenait 600 lots, se trouvait un Pal- mier nouveau , le Bismarckia nohilis, Vendel (Pritchardia nohilis^ Hort.). Cette espèce étant tout à fait nouvelle et très-in- téressante, nous croyons devoir reproduire la note suivante, qui avec l’origine de la plante en fait connaître les principaux carac- tères : De ce beau Palmier, que feu M. Jean-Marie Ilildebrandt a envoyé du sud de Madagascai-, où jamais un Européen n’a mis le pied, quel- ques graines seulement 0]it levé ; et cette l)elle édition vient d’être acquise j)ar M. B. Ihxdz j)Our une somme considérable. Ce i^almi(;r, d’une Ijeauté toute i)ai-ticulière, est unique dans son gem e ; il a des feuilles comme le PrUchar- dm, mais d’une couleur glauque métalli({uo, un })eu rougerdre ; il est d’une culture facile, et M. Wendland, à llerrnliausen, })rôs Hanovre, en })ossède déjà un pied ayant des feuilles ca- ractérisées. La plante, dans son })ays natal, fait un tronc de lO à 12 mètres de hauteur et des feuilles de plus de 1 mètre de diamètre. — Les opinions les plus diverses sur les Vignes du Soudan tendent à se répandre, sans qu’il y ait souvent pour les émettre autre chose que des présomptions. Ainsi, dans une lettre écrite de Bordeaux le 10 sep- tembre dernier, l’auteur, M. X***, de la Société d’horticulture de la Gironde, exécute à peu près complètement ces Vignes, en s’appuyant sur des faits dont la valeur peut être mise en^doute. Il écrit ; La Vigne du Soudan sera en France une « curiosité botanique; » la plante est grêle, dé- licate, craint notre chaleur sèche du sud-ouest. Sur sept pépins que j’avais fait stratifier et que j’ai semés sous un châssis en mars, j’ai obtenu six petites Vignes. J’ai mis deux sujets à notre exposition horticole de mai : j’en ai perdu un l>ar suite de cette transplantation. En mai, j’ai mis en pleine teri’e ces Vignes, à bonne expo- sition, et j’en ai perdu une autre. Enfin, les grandes chaleurs du mois de juillet ont détruit deux autres de ces plantes. Il me reste donc deux Vignes du Soudan, au port délicat et grêle; il se forme à la racine un petit tubercule que je rentrerai en hiver, lorsque la tige sera tombée. Et l’année prochaine, d’après M. Lécard, cette racine devra repousser et donner des fruits. Depuis la découverte de M. Lécard, on a trouvé 78 variétés de Vignes tuberculeuses, qui peuvent servir à l’ornementation de nos jardins, mais (jui ne remplaceront jamais notre Vitis V bd fera. J’ai vu au Jardin-des-Plantes de Bordeaux une Vigne tuberculeuse apportée du Cambodge, dont la racine pèse 1 kilog. environ. ÉLECTIUCITÉ APPLIQUÉE A Les graines de Vignes du Soudan n’ont géné- ralement pas levé, ce qui tient à ce qu’elles n’étaient pas mûres. Sur quatre cents pépins mis en terre au jardin public de Bordeaux, une quinzaine seulement sont levés, et maintenant il ne leur reste plus que (juatre ou cin({ spéci- mens. La lettre dont nous venons de reproduire les principaux passages, adressée à un de nos collègues de la Société nationale et cen- trale d’horticulture de France, qui a eu l’obligeance de nous la communiquer, con- tenait en outre cette phrase : « Pour les Vignes du Soudan, je partage toutes les idées émises par notre savant président de la Société nationale et centrale d’horticulture de France. » Deux choses ressorlent de cette lettre : que la mauvaise germination des graines des Vignes de Lécard est due à leur incomplète maturité, ce qui toutefois ne prouve rien contre les propriétés de ces plantes ; l’autre, qu’elles sont (c délicates, grêles, » ce qui ne prouve pas davantage, même au point de vue où se place l’auteur, car combien de plantes sont délicates et difficiles à élever, qui, plus tard, sont vigoureuses et robustes ? Quant à dire que ces Vignes ne seront que des curiosiétés botaniques et à « partager l’opinion de M. Lavallée sur l’avenir des Vignes du Soudan, » c’est peut-être un peu ÉLECTRICITÉ APPLIQUÉE A QUELQUES EXPÉ Ayant lu dans plusieurs journaux qu’un éminent professeur du Muséum d’histoire naturelle de Paris avait profité de l’expo- sition d’électricité pour faire de très-inté- ressantes expériences » dans le but de cons- tater l’action de la lumière électrique sur la végétation, nous nous sommes empressé d’aller au palais de l’Industrie, afin de nous rendre compte de ces expériences, avec l’espoir de faire notre profit de l’enseigne- ment pratique qui devait en résulter. Nous nous proposions donc de noter scrupuleu- sement le nom et l’état des végétaux, afin de pouvoir bien constater l’influence qu’aurait sur leur développement, pendayit Vexpé- rience, cette lumière électrique substituée à la lumière solaire. En effet, il nous paraissait intéressant de constater si un végétal soumis à cette lu- A PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. 385 imprudent, car il est toujours dangereux de se prononcer affirmativement sur des choses qu’on ne connaît pas. Parce que M. le Président de la Société nationale et centrale d’horticulture de France a jugé à la légère, au moins, et en se basant sur des hypothèses, un fait qu’il ne connaissait pas, est-ce une raison pour l’imiter? Nous croyons le contraire. D’une autre part, en disant que sur sept graines de Vignes du Soudan qu’il a semées il a obtenu six plants, M. X***, de la Société d’horticulture de Bordeaux, semble con- tredire ses propres assertions : « que ces graines sont mauvaises. » Nous l’avons déjà dit et nous le répélons : nous n’affirmons ni ne préjugeons rien sur les Vignes du Soudan, et si nous semblons prendre leur défense, c’est d’abord par di- gnité et pour ne pas démentir des assertions que nous ne pouvons vérifier. Ensuite, et surtout, c’est dans un but d’utilité nationale et afin de ne pas contribuer à faire rejeter une chose qui peut-être un jour sera avan- tageuse pour tous. Mais, lors même que cette dernière ne se réaliserait pas, la science ne se serait pas moins enrichie, et qui dit science dit vérité. Il est toujours mauvais, souvent dangereux, de rejeter celle-ci. E.-A. Carrière. LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE IIENCES A FAIRE mière, qu’on peut appeler artificielle, se comporterait comme s’il eût été cultivé dans les conditions ordinaires. Il y avait là, pen- sions-nous, la possibilité de se rendre compte de faits pouvant ouvrir une ère nouvelle dans la culture de certaines plantes. Nous n’avons pas à indiquer ici toutes les conséquences qui semblaient devoir découler de ce fait : les plantes se développant, s’ac- croissant sous l’action d’une lumière artifi- cielle. Eh bien ! nous pouvons le dire de suite : nous avons été péniblement désillusionné lorsque nous nous sommes trouvé en pré- sence des sujets mis en expérience, que nous avons vu leur état, la culture et les soins qu’on leur donnait, ainsi que le milieu dans lequel ils étaient placés. 386 ÉLECTRICITÉ APPLIQUÉE A En effet, au lieu de rencontrer des végé- taux choisis ou préparés de manière à être susceptil)les d’accomplir une évolution végé- tative pendant le laps de temps qu’ils seront soumis à l’influence de cette lumière, nous avons trouvé là, formant la presque totalité, des plantes dont la végétation annuelle était accomplie, ou des plantes à feuillage persis- tant et à végétation tellement lente que beaucoup d’entre elles n’auront même pas développé une feuille à la fin de l’expérience. Enfin il nous a paru que l’expérimenta- teur n’avait d’autre but que se rendre compte du degré de résistance qu’o//>immni à la mort un certain nombre de végétaux, placés d’ailleurs dans des conditions défavo- rables, et soumis à l’action de la lumière électrique. Nous voulons bien croire que l’état de ces végétaux, les soins qu’on leur donne, comme du reste le choix des espèces, a été voulu par l’éminent professeur, et que des expériences faites dans ces conditions suffi- ront à ses recherches scientifiques. Mais est- ce suffisant? et quand on annonce à grand renfort de réclames que des expé- riences vont être faites pour éclairer le public, le premier soin à prendre n’est-il pas de rendre ces expériences dignes de l’intéresser, ce qui certainement n’était pas? Car pour des expériences scientifiques, pour lesquelles encore plus que pour toute autre, outre qu’elles doivent présenter un certain at- trait, elles doivent être entourées de toutes les précautions qui permettent de les contrôler et d’en faire une application fructueuse, précautions qui, bien qu’élémentaires, fai- saient complètement défaut. En effet, nous n’avons même pas vu un simple thermo- mètre à minima et maxima, ni aucun appa- reil pouvant indiquer l’état et les variations hygroscopiques de l’atmosphère, toutes choses si importantes dans ces sortes d’ex- périences, qui permettent de comprendre celles-ci et d’en faire une application pra- tique, par conséquent indispensables pour se rendre compte des faits. Commuent, en effet, en l’absence de ces moyens de constatation, se rendre compte des résultats, ou même seulement établir des comparaisons judi- cieuses avec d’autres plantes placées dans des conditions différentes? Car chacun sait que les diverses intensités de lumière pro- duisent des effets et donnent des résultats en rapport avec les conditions dans lesquelles LA PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. se trouvent les plantes : c’est-à-dire chaleur et humidité, etc., et dans la petite serre où se fait cette expérience il s’y produit, par le fait même de cette lumière, une chaleur et une siccité dont les variations d’intensité devraient être rigoureusement notées. Nous nous arrêtons là de nos observations, nous réservant d’y revenir à l’occasion, car la critique de cette expérience n’est ni notre but, ni notre intention. Ce que nous voudrions aujourd’hui, enfin ce que nous demandons, nous, jardinier, c’est que quelqu’un, en ayant la possibilité, voulût bien faire des expériences capables d’avoir un intérêt pratique. On pourrait formuler ainsi le desiderata : la lumière électrique exerce- 1- elle une action sensible sur l’accroissement des plantes? Peut-elle remplacer ou seulement suppléer la lumière solaire dans leur déve- loppement ? Et pour donner une idée sur ce que nous pensons qu’il faudrait faire, nous dirons que l’expérimentateur devrait opérer avec des végétaux à développement complet et rapide : on connaît des plantes qui accom- plissent une grande partie de leur évolution en moins de deux mois ; puis des végétaux à évolutions partielles, à feuillaison ou fleu- raison rapides (ceux-ci ne manquent pas) ; puis des végétaux à fleurs et à feuillage di- versement colorés ; des végétaux odoriférants dans différentes de leurs parties, etc., etc. Comme espèces pouvant servir de démons- tration, on n’a certainement que l’embarras du choix. Nous demandons donc instamment que des expériences soient entreprises dans le sens pratique, qu’ici nous ne faisons qu’in- diquer, et qu’on profite du peu de temps qui reste pour atteindre la fin de l’exposition d’électricité, dont la clôture doit avoir lieu le 15 novembre prochain. Il n’y a pas d’impossibilité à invoquer ; les jardiniers savent bien que, à l’aide de la chaleur et d’une culture appropriée, ils peu- vent forcer en très-peu de temps le déve- loppement d’une foule de végétaux parmi lesquels ils sauraient choisir ceux capables de leur fournir les meilleurs sujets d’études pour une pareille expérimentation. Quelle amélioration l’électricité pourrait-elle ap- porter aux procédés déjà connus ? A. Chargueraud. 14 septembre 1881. Ainsi que M. Chargueraud, nous sommes allé 387 NOTES PRATIQUES SUR QUELQUES VARIÉTÉS DE FRAISIERS. voir les expériences auxquelles sont soumis un certain nom])re de végétaux, et nous partageons complètement son opinion au sujet de ces expé- riences. Rien ne nous paraît approprié pour l’obtention d’un résultat pratique quelconque. En est-il autrement }>our la science? Le fait nous [>araît plus que douteux. Seuls, probable- ment, les expérimentateurs en retireront quel- ({Lie profit. (Rédaction.) NOTES PRATIQUES SUR QUELQUES VARIÉTÉS DE FRAISIERS En parcourant les catalogues des horti- culteurs-marchands, à l’article Fraisiers, on pourrait croire que leurs auteurs se sont copiés les uns les autres. Bien plus, les appréciations sont quel- quefois si étranges, qu’il est à croire que certaines variétés n’ont pas même été dé- gustées par le vendeur. Je sais bien que le sol, le climat, l’expo- sition influent beaucoup sur les Fraisiers, mais pourtant ces choses ont des limites. On peut dire, en général, que le Frai- sier aime une terre substantielle, un peu forte et surtout neuve. Quoi qu’il en soit, voici à ce sujet quelques observations d’un vieil amateur et obtenteur de Fraises, que dans l’intérêt général j’ai cru devoir faire, et qui me paraissent dignes d’être mé- ditées. Dans cette note, je divise les Frai- siers en trois catégories : précoces, moyeii- nes, tardives. Précoces. — Maij Queen (Nicolson). Va- riété très-précoce et très-productive, souvent remontante, rustique. Fruit moyen ou petit, doux, assez bon. Prince Impérial (Graindorge). Très-pré- coce et très-productive; remonte quelque- fois ; très-rustique , même dans les terres chaudes. Fruit assez gros ou moyen, très- sucré. Manque peut-être un peu de saveur. Marguerite (Le Breton). Également très- précoce et très-productive ; remonte parfois. Plante vigoureuse dans les bonnes terres. Fruit très-gros, assez bon dans les terres chaudes ou dans les années chaudes, mais très-mou et insapide dans les terres froides. Princesse Royale (Pelvilain). Sorte très- précoce et très-productive ; ne vient pas dans tous les terrains ; dégénère quelque- fois dès la première année. Fruit' très-gros, rouge foncé, acidulé ; très-bon, à mon avis, avec vin et sucre. On reproche à cette variété une espèce de mèche centrale dure, qui n’existe pas ici dans les bonnes terres légères, riches en humus. Auguste Boisselot (Gloède). Plante fer- tile, d’une grande vigueur, même dans les terres chaudes. Fruit assez gros, très- sucré. Valentin Leheuf (Boisselot). Espèce vi- goureuse et productive. Fruit gros, sucré, assez relevé. Moyennes. — /)*’ Morère (Berger). Très- vigoureuse dans certains terrains, cette plante ne vient pas ou vient mal dans d’au- tres. Fruit gros, bon. Sir Joseph Paxton (Bradley). Plante vi- goureuse, assez productive. Fruit gros, très- bon, ferme, de saveur relevée. Souvenir de Nantes (Boisselot). Plante d’une vigueur extrême, productive seule- ment dans les expositions découvertes. Fruit très-gros, d’un goût d’ Abricot, au dire de certaines personnes. Bon. Goliath (Killey). Sorte très-vigoureuse et très-productive. Fruit gros, très-ferme, à chair jaunâtre, d’un goût safrané dont on se lasse promptement. Carolina superha (Kitley). Plante n’at- teignant que de petites dimensions, qui par conséquent doit être plantée serrée. Excel- lent fruit relevé, mais sans vinosité. Assez productive. Bemonte plus tard, surtout si l’on sacrifie les premières fleurs. La Châlonnaise (Di” Nicaise). Presque du même goût que la précédente, un peu moins bonne, mais bien plus rustique. Lucas (de Jonghe). Espèce vigoureuse, assez productive. Fruit gros, rouge vif, très-bon. Premier (Buffet). Plante assez vigou- reuse, productive. Fruit très-ferme, bon. Sir Harry (Undarhill). Variété qui ne réussit presque nulle part, presque toujours tuée par les chaleurs, ce qui est regretta- ble, car ses fruits sont beaux et bons. Victoria (Troloppe). Plante très-vigou- reuse et productive. Fruit très-gros, bon seulement dans les années chaudes. Sir Charles Napier (Smith). Variété assez vigoureuse et assez productive. Bon fruit, ferme. Tardives. — Wonderfalt {ieyes). Exces- sivement productive , mais demande une 388 SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTUKE DE FRANCE. bonne terre et des arrosements fréquents. Plante d’un petit développement, à fruits moyens très-fermes, bons. Jucunda (Salter). Plante vigoureuse , rustique, très-productive. Les fruits, très- beaux, très-fermes, sont peu savoureux, bons avec du sucre. Dritish Queen (Myatt). Excellente va- riété qui malheureusement ne produit pas partout. Barnes' large Wite. Variété productive. Fruits blanc ambré, fermes, assez bons. Fraise du Chili. Cette variété ne réussit que sur les bords de l’Océan. A Nantes même, les plants ont gelé il y a plusieurs années. Le fruit, très-gros, blanchâtre, n’est guère bon que pour confitures. Lucie (Boisselot). Voilà une variété qui a fait ses preuves depuis vingt ans. La plante, vigoureuse et rustique, produit beaucoup de fruits dont les premiers peuvent peser jus- qu’à 45 grammes. Ils sont très-fermes et des plus convenables pour conserves, et d’une légère saveur de roses. Ms^ Fournier (Boisselot). Cette variété, qui malheureusement non plus ne se plaît pas dans tous les terrains, a le fruit très- gros et très- foncé, excellent, ferme, quoi- que très-fondant. Par sa finesse il peut être appelé fruit de convalescent. Godefroy -Leheuf (Boisselot). Cette nou- veauté, mise au commerce par la maison Godefroy-Lebeuf, d’Argenteuil , est très- méritante. Les mêmes appréciations que pour la variété précédente peuvent lui être appliquées. Fruit exquis. Nectarine (Boisselot). Mise au commerce par la même maison. Cette variété a le fruit légèrement acidulé, de saveur très-agréable. Je me borne pour aujourd’hui à ces quelques variétés, ce qui ne veut pas dire que ce sont les seules méritantes. J’ai néanmoins la certitude que toutes ces sortes sont bonnes et peuvent être cultivées avec avantage dans les conditions que je viens d’indiquer, Il est toutefois bien entendu que la culture de ces bonnes espèces, plus ou moins anciennes, ne devra pas empêcher les essais de nouveautés, car, quelque bien que l’on ait, il est toujours permis d’espérer mieux. Il ne faut pas oublier non plus qu’il est certaines particularités que seule l’expé- rience peut faire connaître ; ainsi, il est des variétés qui, bien que regardées comme bonnes et avec raison, n’ont pas réussi ici. Telles sont Lucie Flaynment qui, quoique belle, est à peine médiocre pour le goût et a la chair excessivement molle; Great american, qui ne m’a donné que des fruits moyens , et la Vicomtesse Héricart de Thurij, si chère aux Parisiens, qui ici ne donne que ses premiers fruits de grosseur moyenne. A. Boisselot. SOCIÉTÉ NATIONALE ET CENTRALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 22 SEPTEMBRE 1881 Apports. — Deux comités seuls ont eu des examens à faire : celui de l’arboriculture et celui de la floriculture qui, sans être très-garni, pré- sentait néanmoins un certain intérêt. Parmi les fruits qu’a tlû examiner le comité d'arboriculture se trouvait une nouvelle Pêche présentée par M. Gliévreau, de Montreuil. Le fruit, très-gros, un peu atténué vers le sommet, était terminé par un mamelon analogue à celui que présentent les Pêches Téton de Vénus; la peau, couleur rouge foncé, est légèrement fla- gellée ou striée brun noirâtre ; la chair, non adhérente, rouge près du noyau, est sucrée, agréablement relevée. Maturité, deuxième quin- zaine de se})tembre. Variété i)araissant très- méritante. — M. Paillet présentait un Lis en fleurs qui nous a paru voisin du Lilium Bro wnii. Le tube de la fleur, très-long, verdâtre, se ter- minait par des divisions jaunâtres roulées en dehors, les trois externes plus blanches et plus larges ; quant au port des feuilles et au faciès de la plante, ils rappelaient assez ceux du L. eximium. M. Paillet présentait aussi un Pru- nus Pissardi greffé, dont la tête relativement forte était couverte de feuilles qui, d’un rouge sang foncé, produisent un très-bel effet. Cette espèce, qui sera prochainement mise au com- merce par M. Paillet, horticulteur à Sceaux, est une des plus remarquables importations qui aient été faites depuis longtemps. C’est à la fois un arbre fiaiitier et un arbre d’ornement, réali- sant par conséquent cette double maxime : utile dulci. Quel(|ues Poires, Pommes et Pêches, connues ou d’un intérêt «médiocre, et c’était tout pour le comité d’arboriculture. Le comité de floriculture était mieux pourvu. C’étaient d’abord MM. Couturier et Robert, de Chaton, qui présentaient plusieurs caisses de Bégonias tubéreux du type erecta, tous très- becàux, vigoureux, et aussi remarquables par le DELPHINIUM KAHSMYHIANUM. 389 bi’illant de leur coloris que par les dimensions des lleui's, qui étaient énormes, — juscjue 13 centimètres on meme })lus de diamètre. — Toutes ou à p(ui près toutes les Heurs mâles, en général beaucoup })lus grandes que les fe- melles, étaient à quatre pétales dont deu.x très- larges ; les femelles, plus arrondies, présentaient cinq, plus rarement six pétales. Avec ces plan- tes, ces horticulteurs avaient apporté des fleurs cou})ées })rovenant de semis inédits de couleurs très-diverses, variant du blanc pui‘ au rouge foncé, en passant par toutes les nuances inter- médiaires. — M. Ghantin, horticulteur, 30, avenue de Cliâtillon, présentait un Cycas revo- luta dont la couronne de feuilles, qui mesurait 2‘» 50 de large, portait au centre une inflores- cence femelle subspliérique déprimée, d’environ 40 centimètres de diamètre; ses écailles fructi- fères, très-nombreuses, roux cendré, fortement tomenteuses, très-longuement, régulièrement et très-profondément divisées, portaient de très- gros fruits blanc verdâtre ; la tige, haute d’en- viron 80 centimètres, mesurait envii on 2.5 centi- mètres d(i diamètre. Considéi’ée dans son en- semblig C(dte plante était magnifique. M. Ghan- tin |)résenfait aussi une nouvelle llroméliacée en Hem', des j)lus remarquables et des plus jolies, dont l’inHorescence centrale, garnie dans toute sa longueur de grandes bractées d’un beau rouge, portait à cha({ue aisselle une ramille flo- rale dont les fleurs disticjues et sessiles, d’un lilas violacé, forment un magniri(pie contraste. Prise dans son ensemble, cefte infloi'escence seule mesurait au moins 40 centimètres de longueur. Nous reviendrons sur cetfe espèce, qui nous a paru appartenir au genre Lampro- coccus. Quant à la plante, elle est très-vigou- reuse ; les feuilles, étalées, arquées, bordées de dents courtes, rapprochées, atteignent 70- 80 centimètres et plus de longueur sur environ 6 de large; elles sont largement canaliculées, d’un vert clair, marquées çà et là de taches beaucoup plus sombres. DELPHINIUM KAHSMYRIÂNUM Gomme plante vivace, le Delphinium Kahsmyrianuyn est certainement l’une des plus méritantes de toutes celles qui ont été introduites depuis longtemps ; aussi, malgré qu’il en ait déjà été question dans la Revue hortieole (1), je crois qu’il est bon d’y Ve- venir, afin d’attirer particulièrement l’at- tention sur elle. Je n’essaierai pas d’en faire l’historique, qu’on trouvera l. e. Ce que je veux dans Tintérêt de l’horti- culture et surtout des amateurs de plantes vivaces, c’est attirer particulière- ment leur attention sur celle-ci qui, je n’en doute pas, est appelée à jouer un important rôle dans l’ornementation de ~ plein air. Elle sem- ble en effet réunir toutes les principales conditions, ce dont on pourra se convaincre par la courte description suivante : Plante d’une complète rusticité, formant un énorme buisson dressé, compact, attei- (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 113. gnant 60 à 90 centimètres, parfois plus, de hauteur. Tiges très-fortes, ramifiées, à écorce sensiblement, mais courtement vil- leuse. Feuilles plus ou moins digitées, lobées, à divisions irrégulières et en nom- bre variable, toutes profondément et iné- galement dentées, rappelant un peu celles de certaines espèces de Gérania- cées. Inflorescence en panicule racémi- forme, très-large par suite de la réunion des ramilles Horales. Fleurs grosses, en forme de capuchon, rappelant assez bien celles des Aconits, villeuses, d’un bleu violacé, à éperon court, robuste, gros, légèrement courbé. Le Delphinium Kahsmyrianum (fi- gure 94) fleurit depuis la fin de mai jus- qu’en juillet ; la plante n’est pas délicate et croît à peu près dans tous les sols. Comme toutes les espèces du genre, celle- ci aime une terre saine et n’a plus besoin d’ôtre arrosée dès que sa végétation est Delphinium Kahsmyrianum . 390 BOUTURAGE D’ÉGLANTIERS. — NEUMANNIA NIGRA. terminée, c’est-à-dire depuis le mois d’août. Quant à sa multiplication, elle ne pré- sente non plus aucune difficulté : elle se fait par éclat ou par graine quand la plante en produit, ce qui me paraît être une ex- ception. May. BOUTURAGE D’ÉGLANTIERS Rien de plus fréquent que d’entendre les doléances des horticulteurs à propos de la difficulté de plus en plus grande de se pro- curer des sujets d’Églantiers. D’une autre part, si les Églantiers que l’on tire des bois ou des haies sont des drageons présentant un beau fût, il faut bien reconnaître que malheureusement ils sont trop souvent pourvus à leur base d’un énorme chicot ou sorte de crosse qui nuit énormément à la bonne végétation, et surtout à la longévité de la plante . Ce sont là, assurément, de grands inconvénients, mais que, je crois, l’on peut éviter à l’aide du bouturage. Voici comment j’ai été conduit à émettre cette opinion : A fautomne de l’année dernière, voulant garantir quelques terrines et potées de plantes diverses contre les dégâts causés par des animaux, chiens ou chats, je les avais entourés avec des rameaux d’Églan- Quelques mots d’abord sur le genre Neu- mannia. Dans sa Flore de Cuba, p. 96, le botaniste Achille Richard, dans une note, donnait à une plante qu’il croyait nouvelle le nom générique de Neumannia, plante qui dut rentrer dans le genre Aphloia, Rennett, de la famille des Rixacées. Plus tard, M. Adolphe Rrongniart, à son tour, créait le genre Neumannia de la famille des Rroméliacées, dans lequel rentre l’es- pèce dont nous parlons. Quelquefois aussi on donne ce nom, Neumannia, comme synonyme du genre Pourretia, ou Puya, notamment au Puya maidifolia. Résumant ces. choses, voici comment nous paraît devoir être scientifiquement établi le genre Neumannia : Neumannia, Ad. Brong. , in Nouv. Ann. SC. nat., XV, p. 369; non Ach. Rich., Floré^cuh., p. 96, in not. — La plante à laquelle Achille Richard avait donné le nom générique Neumannia appartenant à la famille des Bixacées, où tiers, piqués sans aucune précaution. Ma surprise a été grande en voyant avec quelle facilité un bon nombre de ces rameaux ont émis de bonnes grosses pousses, très-pro- pres à écussonner dès cet automne en basse tige et pouvant, l’an prochain, faire certainement de très-belles et hautes tiges. Je crois donc, d’après ce fait, qu’en pre- nant dans les haies des branches de l’année hie7i aoûtées, peut-être même de deux ans, et non des drageons gros et moelleux, et qu’en les coupant à environ 30 à 50 cen- timètres de long, et laissant un petit talon à la base pris sur une bifurcation (comme cela se fait pour la Vigne), et en les ar- rosant quelque peu pendant l’été, on serait assuré d’avoir de très-beaux bourgeons pou- vant, l’année suivante, faire des hautes tiges, par conséquent fournir des sujets de longue durée. A. Boisselot. [A NIGRA elle^se placefdans le genre Aphloia, Bennett m Hort., Plant, jav. rar., p. 192, n’a donc rien de commun avec le genre Neu- mannia, Broméliacée qui, en réalité, ne comprend que deux espèces bien connues : le N. imbricata, Brongt., qui est originaire du Mexique, et l’espèce que nous figurons ci-contre, le N. nigra, dont voici une des- cription. Plante caulescente se dégarnissant au fur et à mesure qu’elle s’élève, et alors munie de sortes d’écailles provenant de la base des feuilles qui ont été enlevées. Feuilles elliptiques, vert clair, d’environ 25 centi- mètres, larges de 10-12 dans le plus grand diamètre, atténuées en un pétiole raide, ténu et étroitement canaliculé, portant de chaque côté dans sa partie inférieure, et très-rapprochées, des épines noires très- fines, aiguës ; hampe centrale terminée par une inflorescence en épi simple, droit, ro- buste, couverte d’écailles fortement appli- quées, les inférieures vertes, les supérieu- res, celles qui avoisinent les fleurs, d’un jFlevu-e Ho?^ticole.. G^i dojrcL. cLeÀy C/irorrwüUA-. G-.Sez^&r&i/rcs. Neiunannia rhiqra VOYAGE AU CAUCA (ETATS-UNIS DE COLOMBIE). 391 beau rouge portant parfois une tache verte au sommet, qui est acuminé. Inflorescence atteignant 30 centimètres et plus de lon- gueur, rappelant assez exactement celle d’un Curcuma, composée de bractées lâche- ment imbriquées, ouvertes, largement cana- liculées, tuyautées, toutes d’un rouge corail des plus brillants. Fleurs axillaires dressées, légèrement arquées au sommet, longues d’environ 6 centimètres, tubuleuses à la base qui est d’un jaune roux, d’un noir opaque dans toute la partie visible ; étamines pla- cées sous la division supérieure de la corolle et l’égalant en longueur. Par son allongement lent et continu, l’in- florescence du Neumannia nigra conserve pendant très-longtemps tout son éclat, qui ne s’affaiblit pas, malgré la disparition des fleurs. Cette espèce est donc non seulement une rareté ; c’est encore une plante très- ornementale. FJle a fleuri en 1881 au pa- lais du Luxembourg, où nous l’avons fait peindre. E.-A. Carrière. VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE) DE POPAYAN A PASTO, PAU LOS PUEBLOS (1) C’était d’abord une grande Broméliacée à feuillage ample, vert clair teinté de rouge feu sur le tiers de sa longueur extrême, produisant une grande tige ramifiée dont les Heurs blanches sont protégées par des bractées rouge feu du plus grand éclat ; une Gesnériacée grimpante, couvrant les gros troncs de ses myriades de fleurs sau- monées feu, à tube ventru et gorge blanche, comme certains Sciadocalyx ; à droite et à gauche, de nombreux Epidendrum odo- rants, surmontés de leur panicule serrée de fleur carmin foncé à labelle blanc pur ; de tous côtés des Bégonias caulescents et grimpants, chargés de fleurs de toutes cou- leurs, se mêlent à des Fougères et Masde- vallia; plusieurs espèces distinctes de Pas- siflorées remarquables. Parfois le chemin s’encaisse ; les talus disparaissent sous une végétation épaisse de mousses de toutes for- mes et de toutes grandeurs, ainsi que d’Or- chidées terrestres, dont plusieurs acquièrent des dimensions phénoménales. Quelquefois aussi les arbres, couchés par le temps, soit au travers, soit au-dessus du chemin, sont envahis par une foule de plantes ravissantes d’élégance et de fraîcheur. C’est dans ce cadre que réapparaissent les Palmiers aux stipes élancés et au feuillage léger fine- ment découpé, montrant à leur sommet ces gros régimes de fruits ronds, d’un violet noir. C’est encore là que je revis avec plai- sir cette grande Aroïdée grimpante des forêts de Dolorès, toujours aussi belle, mais plus abondante et croissant en compagnie d’un grand nombre de ses congénères, (1) \oir Revue horticole, 1881, pp. 58, 105, 266, 286. dont plusieurs doivent être nouvelles pour la science. Je dois cesser mon énumération, non qu’elle soit finie, mais parce qu’elle m’entraî- nerait à des développements qui pourraient fatiguer les lecteurs même assez patients pour me lire ; mais je déclare que, depuis deux mois que durait mon voyage, je n’avais encore vu une semblable accumulation de végétaux à feuillage ornemental et à fleurs remarquables, tous dignes de la culture. Je m’arrachai violemment au spectacle de tant de belles choses et dus me conten- ter, pour cette fois, d’en emporter le souve- nir ou quelques maigres échantillons. Le soleil baissait à l’horizon, et je tâchai d’at- teindre mon compagnon de route, qui avait gagné sur moi une avance considérable. En sortant de cet Éden, je me trouvai pres- que aussitôt sur un plateau découvert d’où la vue est admirable ; à quelques pas de là se trouvent quelques pauvres ranchos aux- quels on a donné — je ne sais pourquoi — le nom de « la Divisa de las Mesas ; )> de ce point le chemin continue à descendre dans quelques taillis. Sur le versant du sud-est, les arbres étaient couverts du bel Odonto- glossum triumphans en pleine floraison; un peu plus loin, au haut d’un talus escarpé, je fus frappé à la vue d’une singulière liane que je pris d’abord pour un Tacsonia à fleur écarlate ; mais un examen plus at- tentif m’apprit que c’était une grande Com- posée grimpante, à feuille divisée [MutisiaJ, dont la Heur, qui comptait plusieurs rangs de pétales étroits, bien imbriqués, mesurait de 12 à 14 centimètres de diamètre. A la tombée de la nuit, j’arrivais à « l’alto de 392 VOYAGE AG CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). las Estrellas, » petit groupe de cases situé au sommet d’une montagne d’une désolante nudité dont il me fallut entreprendre la rude descente à la faible lueur du crépus- cule. J’avais, par bonheur, été rejoint par un Indien qui voulut bien, moyennant quel- ques centavos, me guider à travers ces roches arides par où l’on est obligé de pas- ser pour atteindre la petite hacienda de (c El Tambo » où m’attendait déjà Floren- tine, légèrement éméché. Le lendemain, notre traite devant être encore très-longue, nous dûmes partir au clair de lune, bien avant le jour et l’estomac fort peu garni, nous promettant de faire halte au pueblo de « El Tablon » dont nous voyions au loin la silhouette blanche du clocher. Nous continuâmes à descendre la montagne d’El Tambo, dont lés Graminées et les tubes blancs des Escohedia sont l’unique parure. Ce n’est guère qu’en arrivant sur les bords du rio (( Juanacatu » que la végétation re- naissait ; l’entrée du pont était surtout sur- prenante par la diversité des arbres et arbustes qui y fleurissaient à qui mieux mieux. La rive opposée du pont n’était pas moins belle, mais avec une variante pour- tant : un grand nombre de Bégonias à grand feuillage vert disputaient la place aux Fou- gères diverses, qu’ils écrasaient de leurs bouquets roses, et toute une légion de mousses peuplaient les talus pierreux et ruisselants du chemin que nous gravis- sions. Dans un repli du terrain, à quelques mètres du Juanacatu, plusieurs cases sont comme perdues au milieu d’une forêt de grands Bananiers et d’Orangers dont les fruits sont excellents et fort beaux. Quel- ques détours un peu brusques du chemin nous cachèrent bientôt la vue de cette oasis, et nous reprenions notre rude ascension sur cette pente abrupte et rapide, autant que dénudée, qui conduit au plateau pré- cédent, le pueblo même de El Tablon. Dès notre arrivée, je dus faire donner à nos mules une abondante ration de feuilles de Maïs vertes qu’elles préfèrent à toute autre nourriture — hormis la canne à sucre, bien entendu — et nous dédommager un peu de notre jeûne prolongé. Situé sur un terrain plat comme une table, d’où son nom, El Tablon est assez régulièrement construit ; il occupe un vaste parallélogramme servant de plaza à l’extré- mité du plateau qui domine le Juanambu et son puissant tributaire, le Juanacatu, dont je viens de parler. Bien que ce pueblo soit moins considérable que a La Gruz, » on y fait aussi le trafic du quina et des grains, et il s’y rencontre quelques tiendas où l’on peut se procurer des provisions de bouche — indigènes, cela va sans dire. — J’y ai été témoin de l’enterrement d’un Indien qu’on emportait à sa dernière demeure, le torse seul enveloppé ; tête, bras et jambes, nus et à découvert, étaient exposés aux rayons du soleil. On m’apprit que ce mode d’inhumation se pratique encore fréquem- ment parmi les Indiens de cette région, dont les croyances superstitieuses sont toujours très-vivaces. Le versant sud-est du plateau de El Tablon est des plus arides; des Pitas (Agaves) et des Goyaviers en représentent à peu près toute la végétation, qui pourtant est un peu plus variée en arrivant près du rio Juanambu, un des plus puissants et des plus rapides affluents du fleuve cc Patia. » Une fois le pont franchi, le sentier montant rapidement, nous nous trouvions de nou- veau dans une contrée aride et désolée, qui ne changea guère qu’après une ascen- sion pénible de plus d’une heure et demie. A cette hauteur, la terre se recouvre de quelques maigres Graminées ; on voit en face, presque à ses pieds, le pueblo qu’on vient de quitter ; de quelque côté qu’on porte ses regards, on n’aperçoit que pics de mon- tagnes (cerros) et cuchillas, dont le nom- bre est incalculable. Enfin, la monotonie de ce paysage est rompue par la montagne boisée de « Buésaco, » dont la teinte foncée indique une végétation plus riche. Le che- min qui courait tantôt dans des lomas désertes se resserre; bientôt quelques qué- bradas boisées sont successivement fran- chies, et nous abordons la descente rapide qui nous conduit au. pont du rio (( Icha- gué, » en passant toutefois dans un coteau couvert exclusivement d’une sorte de Com- posée arborescente, à grandes feuilles cor- diformes, produisant d’énormes corymbes de grandes fleurs rose saumoné. Le rio Ichagué traversé, je m’engageai dans une grande montée le long de laquelle je re- marquai une foule de formes de Mélasto- mées et de Composées arbustives que je n’avais encore pas vues fleuries. J’arrive à Buésaco quelque peu après le coucher du soleil, en suivant 'cette cuchilla sur la- 393 VOYAGE AU CAUCA (ÉTATS-UNIS DE COLOMBIE). quelle il est bâti, et qui permet de voir de fort loin le petit clocher de sa pauvre église. Dès que j’eus passé la porte du pueblo, je me trouvai presque aussitôt en face d’une rue principale montant légèrement, sur laquelle s’alignent les deux seules rangées d’habitations qui composent le « pueblito. » C’était ma dernière étape avant d’arriver à Pasto, qu’il me tardait de voir, pour mettre en ordre mes notes et mes récoltes que j’avais été forcé de négliger durant ce long parcours de douze journées. Je sortis le lendemain de Buesaco par la porte sud, où quelque voyageur, sans doute aussi heureux que moi de l’ouvrir pour s’en aller, a fait poser l’inscription: (( Puerta del Placer » — porte du plaisir. — Suivant en- core quelque temps cette cuchilla dénudée, où quelques troupeaux de vaches cherchent une maigre nourriture, je m’engageai enfin sur le flanc même de la montagne où, par une rapide descente très-escarpée, j’arri- vai aux bords du rio (( Ortéga. » Aussitôt le pont franchi, le chemin se dirige droit sur des lomas désertes et des prairies qui leur succèdent; puis, après avoir fait quelques contours un peu brusques dans une partie rocheuse, il débouche sur des lomas ver- doyantes, émaillées de fleurs blanches acaules [Cicorias], àe la largeur et delà forme des Crépis blancs, et d’une autre petite plante basse, rameuse se couvrant de fleurs campanulées, dressées, à cinq lobes, d’un bleu mauve. Sur les talus, j’aperçois une forme de Pourretia à souche volumi- neuse, à fleurs bleu verdâtre ; ses feuilles sont armées d’épines dont les blessures, m’a-t-on assuré, sont très-mauvaises. Je vis aussi de nombreux Évelynas à fleurs rose vif, rouge cireux, jaune clair, orange, etc. Un grand nombre d’Orchidées terrestres viennent aussi sur le bord des talus et dans les parties sèches, bien découvertes ; ce sont ensuite les superbes arbustes que Humboldt a nommés Rhododendron des Andes, des Befaria qui se couvrent litté- ralement de bouquets de fleurs rose vif ou carmin brillant. Enfin, sur les arbres élevés, poussent plusieurs sortes de Bro- méliacées dont une des plus belles, peu volumineuse, qui produit des feuilles vert clair, très-minces, une tige écarlate retom- bante de 30-40 centimètres de long, et qui porte des petites fleurs blanches en- veloppées de larges bractées vermillon. Dans les parties découvertes qui se trou- vent au bas du chemin en arrivant sur Pasto, il y a de grandes plantes isolées que leur mode d’inflorescence me fit prendre de loin pour des Agaves, mais que je reconnus bientôt pour une Broméliacée géante, du genre Puya. Ses tiges, qui mesurent de 3 à 4 mètres de haut, sont recouvertes, ainsi que l’épi et ses capsules même, d’un to- mentum ferrugineux particulier ; la plante fleurie forme toujours une touffe énorme de feuilles recourbées, très-dures, armées sur les bords de longues dénis recourbées. Tout proche de là croissent un grand nombre de petits arbustes à feuilles de Myrte, produisant une masse de fleurs pe- tites, urcéolées, blanc pur, roses ou pur- purines. Le Millepertuis à feuille de Mélèze (Romerillo) mêle ses bouquets de petites fleurs jaune d’or aux ravissantes grappes roses retombantes des Gaultheria. D’énor- mes touffes d’une sorte de Broméliacée ter- restres’élancent une multi- tude de grandes tiges écarlates garnies de petites fleurs blanches ou jaunes protégées par des bractées colorées. En se rappro- chant davantage de Pasto, je rencontrai un beau Gunnera rouge ; quelques Bambous, Panicum, Gynérium, etc., etc. Les Fuchsia font encore leur apparition de concert avec le Datura sanguinea [Jua- muco] et plusieurs Mélastomées 'qui pro- duisent tous une véritable profusion de fleurs, me faisant presque oublier les hor- reurs du chemin, qui devient là presque impraticable, comme le sont, du reste, tous les chemins sans exception de toutes les villes du Gauca, durant les saisons hiver- nales. Un détour du chemin me permet d’entrevoir Pasto, puis d’examiner curieu- sement le panorama de cette ville, dont toutes les rues sont bien alignées et tirées au cordeau. Quelques édifices publics assez importants semblaient émerger de la masse des habitations ; leur façade était fraîchement badigeonnée, et j’avoue que cette première impression me fit augurer mieux de Pasto que de la capitale même de l’État du Gauca. On verra plus tard si je me trom- pais. J. PüVILLAND. La suite comprendra la description du pays qui s’étend de Pasto à l’Océan Paci- fique, et en particulier celle de la région de Barbacoas. J. Puvilland. {A continuer.) 394 SACS A RAISIN PERFECTIONNÉS, DITS RATIONNELS. SACS A RAISIN PERFECTIONNÉS, DITS RATIONNELS Si, comme on le répète fréquemment, c( il n’y a pa^ de petites économies, » — ce qui pourtant est une erreur, — on pourrait dans le même sens dire qu’il n’y a pas non plus de « petites découvertes, » ce qui ne serait pas exact. Ce qui , en réalité , constitue l’impor- tance et la valeur d’une chose, c’est l’emploi qu’on peut en faire; aussi quand celui-ci est d’une utilité générale, c’est alors que, quelle que soit la chose, elle est réellement grande. C’est ce qui a lieu pour les sacs à Raisin dont nous allons parler, et dont l’in- vention est due à un homme bien connu par les nombreux services qu’il a déjà rendus à l’horticulture. Nous avons nommé M. Pelletier, l’inventeur du guêpier infail- lible, du pot-piége, du support de Frai- siers à point arrêt, etc., toutes choses dont l’utilité est incontestable et dont, au reste, le mérite est sanctionné par l’usage. Nous n’avons ni à rappeler ce que sont les sacs à Raisin employés jusqu’ici, ni com- ment ils sont faits, non plus qu’à faire res- sortir les avantages qu’ils présentent ; sous ces rapports, nous n’aurions rien à appren- dre à personne. Mais ceux dont on s’est servi jusqu’à présent étaient loin d’être par- faits, et il était permis de chercher mieux. C’est ce qu’a fait M. Pelletier. Pour apprécier les différences qui exis- tent entre l’ancien et le nouveau sac, il faut les comparer, les mettre en présence l’un de l’autre, ce que nous allons faire. Les sacs à Raisin employés jusqu’ici sont plats, régulièrement rectangulaires, ce qui n’est pas, tant s’en faut, en rapport avec la forme des grappes de Raisin qu’ils doivent contenir, de sorte que lorsqu’ils sont placés les parois pèsent sur les Raisins, ce qui d’abord maintient sur eux une humidité constante qui tend à les faire pourrir, et qui de plus les met à la portée non seulement des oiseaux, mais des guêpes, qui peuvent piquer et sucer les Raisins même à travers le sac. Frappé de ces inconvénients, M. Pelletier a cherché à les éviter, et c’est ce à quoi il est parfaitement arrivé en confectionnant ses sacs à Raisin perfectionnés, dits rationnels, expression juste, puisqu’elle indique une chose bien appropriée à sa destination. Au lieu d’être plat, le sac à Raisin ra- Fig. 96. — Sac rationnel, à Baisin, ouvert, mon- trant les oreillettes a a, à l’aide desquelles on l’ouvre, ce qu’indiquent les deux mains, au 1/6 de grandeur naturelle. tionnel est cylindrique, par conséquent en rapport avec les grappes qu’il doit contenir; de plus, il maintient cette forme grâce à deux' ou trois cercles de laiton qui, placés à des distances égales, maintiennent l’écar- tement des parois, de sorte qu’une fois dedans la grappe de Raisin se trouve isolée de toutes parts et à une certaine distance des parois qui la met à l’abri des oiseaux ou des guêpes, ce que montre la figure 95. La figure 96, au contraire, fait voir ce même sac ouvert et prêt à recevoir une grappe de Raisin. L’emploi de ces sacs est aussi simple que facile; ils offrent tous les avantages que l’on peut désirer, sans présenter d’inconvénients. En elfet, les grappes entrent sans aucune difficulté et sans être endommagées, et on peut les faire sortir soit pour les nettoyer LES CATALOGUES. 395 OU les visiter, et de plus l’opération est beau- coup plus prompte. Donc, à tous les points de vue, les avantages des nouveaux sacs sur les anciens sont considérables ; aussi est-il à peu près hors de doute que bientôt ces sacs seront les seuls dont on se servira. Quant au mode d’emploi, il est tellement simple que toute démonstration devient presque inutile, grâce aux figures 95 et 96. En effet, un coup d’œil jeté sur celles-ci dispense de toute explication. Soit qu’on veuille ouvrir le sac ou qu’on veuille le fer- mer, l’opération est la même dans les deux cas : tirer les deux petits cordons, les oreil- lettes AA pour l’ouvrir, les cordons BB (fig. 95) s’il s’agit de le fermer. A tous ces avantages nous devons ajouter que ces sacs sont des plus faciles à serrer, qu’ils ne tiennent presque pas de place . En effet, par la moindre pression de haut en bas, ils s’affaissent sur eux-mêmes comme le font soit les blagues à tabac, soit ce qu’on nomme lanternes vénitiennes, de sorte qu’on peut les empiler en grande quantité dans un très-petit espace. Pour donner une idée de la légèreté de ces sacs et du peu de place qu’ils occupent, nous dirons que, dans une lettre ordinaire que nous adressait M. Pelletier, il y en avait deux, un grand et un petit modèle. L’invention des sacs rationnels pour la conservation des Raisins constitue donc un véritable progrès, . pouvant être résumé ainsi : 1® opération simplifiée et pouvant être pratiquée par tout le monde, même par des enfants ; 2» grande économie de temps ; 3° résultat final bien plus satisfaisant. Tels sont les avantages que présentent les sacs rationnels pour la conservation des Raisins, inventés et vendus par M. Pelletier, 20, rue de la Banque, à Paris. E.-A. Carrière. LES CATALOGUES Nous sommes heureux de pouvoir informer les amateurs de belles et bonnes plantes nou- velles que les deux si remarquables variétés de Grenadiers dont la Revue horticole a publié une chromolithographie et une description (no du lo»’ avril 1880), issue par dimorphisme du G. Legrelli, sont en vente chez fobtenteur, M. Gégu, horticulteur, 46, bas chemin du Mail, à Angers (Maine-et-Loire). L'une, Souvenir de André Leroy, est à fleurs rouge foncé ; l’autre. Loriot de Barny, est à fleurs complètement blanches, très-pleines comme la précédente. — André Leroy, à Angers, ses enfants suc- cesseurs. Extrait du catalogue général. Prix courant pour 1881-1882. Arbres fruitiers, fores- tiers et d’ornement. Conifères, Magnolias à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Plantes grimpantes. Spécialité d’arbustes de terre de bruyère. Clématites, Gamellias, Rosiers, Azalées, etc. Jeunes plants forestiers, de Coni- fères, etc. — Briolay-Goitfon, horticulteur à Orléans (Loiret). Catalogue pour 1881 et printemps 1882. Arbres et arbustes forestiers et d’ornement, à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Arbres fruitiers de divers âges ou de diverses formes. Plantes grimpantes ; Clématites en col- lection, etc. Rosiers greffés et francs de pied. Conifères en pots et en paniers. Jeunes plants d’arbres fruitiers, forestiers et d’ornement. Jeunes plants de Conifères, etc. En tête de ce catalogue se trouve une liste des arbustes nouveaux ou peu connus, dans laquelle nous remarquons des espèces encore rares, telles que Neviusia alahamensis, Philadelphus deutziæflorus plenus, Cedrela shmisis, Lirio- dendron tulipifera aiirea, PhylUrea Vilmo- riniana, Populus BoUeana, Magnolia stel- lata, etc. — Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). Extrait du catalogue général. Prix cou- rant pour l’automne 1881. — Serre chaude. Aroïdées, Bégonias, à feuillage. Broméliacées, Coleus (nouveautés). Fougères et Licopodes, Palmiers. Espèces diverses. — Serre froide. Bégonias tubéreux. Azalées de l’Inde, Gamellias, Rhododendrons, Pélargoniums (les diverses sé- ries, compris les nouveautés), etc. — Arbris- seaux et ARBUSTES : Azalées américaines. Azalées du Japon (A. mollis), Rhododendrons, Pivoines en arbre, deux séries : celles « de Fortune » et les Montai! proprement dites. Conifères de plein air. Nouveautés diverses. Dans la série des arbustes de plein air, on trouve, outre 13 sortes d’Érables du Japon, les Aralia Maximowiczii, Cedrela sinensis, An^ dromeda japonica, Sapuidus japonica, Shim-^ mia ruhella, etc, — Liabaud, horticulteur, 4, rue de la Boucle, à la Croix-Rousse (Lyon), mettra en vente, à partir du 1^ novembre 1881, les quatre Rosiers nouveaux dont voici les noms : Madame Pierre- Mctrgery, A.-M. Ampère, Souvenir de Madame Berthier, Capucine Liabaud. Ce dernier a la « fleur moyenne ou grande, semi-double, d’un beau rouge capucine. Coloris unique dans la section des hybrides. » — Frœbel et Gie, horticulleurs à Zurich SEDUM SEMPEUVIVOIDES. — CYCAS SIAMENSIS. 396 (Suisse). Catalogue })our l’ automne 1881. Itul- ])es, tuLercules, rhizomes, etc., de i)leine terj'e. Plantes vivaces rustiques, en collection. Spécialité de plantes alpines. Plantes aqua- ti(iues, et subaquatiques. Arbres, arbrisseaux et arbustes d’ornement, à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Plantes grimpantes. Graines de i)lantes diverses : ornementales , })otagères, fruitières et forestières, etc. — Louis Rœmpler, horticulteur à Saint-Max- lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), publie une cir- culaire, « olfre spéciale, » relative aux principa- les esi)èces qu’il est en mesure de fournir, soit dans les nouveautés, soit dans les sortes rares ou méritantes : Palmiers, Cycadées, Aroïdées, Aralia, Araucaria, Dracœna, AnUiuriinn, Ficus, etc. — Simon Louis Irères, borticulteurs-pépi- niéristes à Plantières-lès-Metz (Alsace-Lorraine). Prix courant })our 1881 -1882. Arbres fruitiers, forestiei's et d’ornement de ditférents âges et de diverses formes. Fraisiers, Rosiers giulfés et francs de pied. Conifères en pots, en j)aniers ou en mottes. Plantes grimpantes, etc. .Jeunes })lants d’arbres fruitiers et forestiers de toutes espèces, propres au reboisement, à la création des pépinières, etc. — Ce catalogue, de même que tous ceux que possède l’établissement, seiu envoyé à toutes les personnes ({ui en feront la demande. SEDUM SEMPERVIVOIDES Originaire de l’Iljérie, le Sedum seynper- vivoides, Bieberst.; S.sempervivum, Linn., est parfois, mais à tort, appelé Umhilicus sempervivum. C’e.st une plante bisannuelle qui, par son aspect général et surtout par son inflorescence, rappelle assez un Rochea de faible dimension. Ses caractères sont les suivants : Tige grosse, charnue, atteignant 20 à 30 centimètres de hauteur. Feuilles alter- nes, assez rapprochées, charnues, très- épaisses, cordiformes allongées, régulière- ment acuminées en une courte pointe aiguë, sessiles, largement amplexicaules, d’un vert blond ou blanchâtre, et courtement villeuses en dessous, à face interne ou supérieure d’un rouge foncé comme la tige. Inflores- cence élargie, compacte, à ramifications sub- dressées, surdécomposées, toutes d’un beau rouge. Fleurs très-nombreuses, petites, ré- gulières, à cinq divisions égales étalées, d’un rouge sang foncé ; étamines incluses, à anthères d’un beau jaune d’or qui fait un très-beau contraste avec le rouge foncé de l’ensemble de la fleur. Cette espèce, que j’ai remarquée dans les collections de M. Godefroy-Lebeuf, fleurit de la fin de juin au mois d’août. Elle n’est pas délicate et croît à peu près partout, même dans les lieux les plus arides et les plus chauds, où elle pousse et fleurit très- bien ; seulement, dans ces conditions, sa floraison dure moins longtemps. Guillon. CYCAS SIAMENSIS Ainsi que nous l’avons déjà dit, c’est au jardin zoologique d’acclimatation du bois de Boulogne que, pour la première fois, nous avons récemment vu cette espèce de Gycas, qui est assurément la plus impor- tante du genre. En effet, tout aussi remar- quable que les autres espèces par ses belles frondes, elle présente un caractère particu- lier que jusqu’ici l’on n’avait jamais ob- servé chez aucune autre. Cette particularité consiste dans une énorme protubérance déprimée-conique que les plantes offrent dès leur germination. Ce renflement, dont on voit des analogues dans certains genres des Monocotylédonés, notamment dans les Dasylirions et tout particulièrement dans l’espèce généralement connue sous le nom de Pyncinectitia tuberculata, vont encore augmenter la beauté de ces Cycas en leur donnant un cachet d’originalité caractéristi- que des plus pittoresques. Voici les princi- paux caractères que nous a présentés le Cycas Siamensis (fig. 97) : Plante robuste développant à sa base une forte tubérosité ligneuse très -solide, qui atteint le double et même le triple en diamètre de la tige. Tige raboteuse par la base (coussinet) des frondes, qui persiste longtemps et forme alors des annellations qui avec le temps disparaissent pour faire place à une écorce ligneuse crevassée, bien que relativement unie. Frondes atteignant 30 et plus de longueur, à pinnules entières, coriaces, d’environ 20 centimètres CYCAS SIAMENSIS. 397 de longueur sur 1 de largeur, d’un vert clair. Inflorescence femelle (vulgairement cône) très-grosse, subspliérique, composée d’écailles roux ferrugineux par un abondant tomentum lanugineux feutré. Ecailles fruc- tifères (fig. 98) très-longuement stipitées, atténuées à la base, élargies vers le sommet et profondément divisées, à divisions iné- gales, acuminées, pointues, verdâtres, por- tant à la base de cette sorte de limbe deux fi'uits ovales, acuminés, largement arrondis à la base qui est enchâssée dans un tissu roux feutré. Inflorescence mâle termino- centrale régulièrement ovale- elliptique ou fusiforme conique, d’environ 15 centimè- tres, à écailles roux jaunâtre, mucronées. Pollen granuleux, jaunâtre pâle. C’est grâce au Jardin d’acclimatation qui. ï'ig. 97. •»- Groupe de Cycas Siamensis au Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne, au 1/26 de grandeur naturelle. ici comme toujours, du reste, a fait grande- ment.les choses, que nous avons pu étudier dans tous ses détails les caractères du Cycas Siamensis. En effet, dans le stock que cet établissement s’est procuré, nous avons remarqué une cinquantaine d’indivi- dus adultes, dont un certain nombre ont des troncs de 2 mètres de hauteur sur 15 à 25 centimètres de diamètre. Qu’on se figure alors l’eüet que peuvent produire de sem- blables sujets portant à leur base un renfle- ment conique et tellement étalé qu’il emplit complètement le pot dans lequel chacun est placé, et dont il cache la terre. C’est aussi grâce à cette étude relativement complète que nous avons pu faire du Cycas Siamen- sis que non seulement nous avons pu en étudier tous les caractères, mais constater 398 CORRESPONDANCE. que les individus femelles de cette espèce sont beaucoup plus nombreux que les mâles, et que ceux-ci fleurissent à un âge relative- ment jeune, puisque l’unique pied mâle que nous avons remarqué, et que l’on aper- Fig. 98. — Écaille fructifère du Cycas Sianiensis, moitié de grandeur naturelle. çoit tout à fait à gauche de la figure 97, est relativement très-jeune, bien que déjà son renflement soit énorme. On avait dit aussi que cette espèce est délicate et qu’elle a besoin d’une grande M. B. (Suisse). Vous pourrez vous procu- rer VHibiscus roseus ({ue vous désirez chez M. Bonnet (Louis), horticulteur, li, route de Montrouge, à Vanves, près Paris (Seine), et pro- bablement aussi chez M. Yvon, horticulteur, 20, route de Gliâtillon, Paris. — N» 3,720. Le Prilchardia filifera (Brahea filameniosa, llort. aliq.J n’est pas, comme vous le supposez, oiiginaire de l’Australie. Sa patrie est le Nouveau-Monde, où il habite parti- culièrement le Colorado, contrée relativement froide et où, cliaque Jiiver, le thermomètre s’abaisse de plusieurs degrés au-dessous de zéro, ce qui, peut-être, explique pourquoi cette plante est ordinairement si malvenante quand on la cultive en serre chaude, où ses feuilles sont toujours maculées. Il faut pourtant reconnaître que, en général, le Pritchardia filifera se comporte mal en pot ; sa véritable place paraît être en pleine terre. Dans ces conditions, c’est un des plus beaux Palmiers qu’on puisse imaginei’. Cette es})èce semble s’étendre sur une assez grande surface et devoir subir des ditlérences chaleur pendant l’hiver. Ce fait nous paraît au moins singulièrement exagéré, puisque, au Jardin d’acclimatation, des jeunes sujets ont passé l’hiver dernier dans le grand con- servatoire, où la température s’abaisse par- fois jusque près de zéro degré, et qu’ils s’y sont parfaitement comportés. Le Cycas Siamensis est donc une espèce qui, à tous les points de vue, mérite de fixer l’attention, et que devront se procurer tous les amateurs du beau et du singulièrement pittoresque. Son introduction est une bonne note de plus à ajouter à l’acquit du Jardin d’acclimatation, et tout particulièrement à son directeur qui, toutes les fois qu’il en trouve l’occasion, ne néglige rien pour ren- dre ce jardin digne de l’intérêt général, d’en faire une sorte d’école où tous, jeunes et vieux, et quels que soient leurs goûts, peuvent s’instruire. Ainsi que nous l’avons déjà dit et qu’on ne pourrait trop le répéter, le Jardin d’acclimatation cherche à réaliser cette devise : utile dulci, qui est celle que dans tout l’on doit viser, car elle constitue le nec plus ultra du progrès, c’est-à-dire de la science universelle. Les personnes qui désirent se procurer des Cycas Siamensis peuvent s’adresser au Jardin zoologique du Bois de Boulogne. E.-A. Carrière. de température assez sensibles, bien que géné- ralement froides. C’est surtout, paraît-il, dans l’Anzona, district des États-Unis, dans la partie du Nouveau-Mexique qui confine à la Californie, qu’on renconti'e le P. filifera^ fait qui explique pourquoi ce Palmier vient si bien en pleine terre dans certaines parties du littoral méditer- ranéen, notamment à Nice et aux environs. Nous acceptons avec empressement l’offre que vous voulez bien nous faire de renseigne- ments sur les produits qu’a montrés chez vous le Cucurbita melonæformis^ ainsi que sur les modifications que cette espèce a présentées dans vos cultures, et, à l’avance, nous vous en adressons tous nos remercîments. — M. Ed. R. (Aisne). L’action des sels de fer pour déterminer le bleuissement des Hor- tensias est connue depuis longtemps. Toutefois, dans cette transformation, il y a des causes qui échappent et dont on lie voit que les effets. Par exemple, pourquoi sur une même branche des inflorescences bleues et d’autres roses ? Pour- quoi dans une même inflorescence des fleurs bleues et d’autres roses? Pourquoi, aussi, dans NOUVELLE UIILISATION D’UNE VIEILLE PLANTE. — ACHILLEA PTABMICA FLOUE PLENO. 399 une même fleur des parties tout à fait bleues, tandis que d’autres sont complètement roses? Les plantes dont vous nous aviez envoyé de petits échantillons sont : n« 1, Apios taberosa ; n» 2,- Apocynum Androsæmum ; n® 3, Asclé- piadée, en trop mauvais état pour être déter- minée. Vous trouverez le Peliona Daveauana dans le Bon Jardinier^ 1881, p. xlviii (article Nou- veautés)^ et dans la Revue horticole, 1880, p. 290, où il a été décrit et figuré sous le nom de Bégonia Daveauana. Le sphagnum est une sorte de mousse blan- châtre, longue, ramifiée, qui se trouve dans les lieux marécageux et dans des bois très-humides où le sol est fréquemment submergé. Aucune description ne pourrait le faire reconnaître, si l’on n’en a pas vu. Vous pourrez vous en [irocurer des échantillons chez M. Godefroy- Lebeuf, horticulteur, à Argenteuil. Il n’est aucun ouvrage où toutes les plantes sont décrites, par cette raison que tous les jours on en introduit de nouvelles dont on ne trouve une description que dans les journaux spéciaux, soit dans les catalogues, soit dans des ouvrages périodiques. NOUVELLE UTILISATION La vieille plante dont il s’agit, c’est VEvo- nymus radicans. Ce qui m’a donné l’idée d’en généraliser l’emploi, non comme plante grimpante, mais comme plante tapissante, c’est un article publié dans la Revue horti- cole au sujet d’un Pommier (1), je crois, dont un Evonymus radicans avait complè- tement recouvert le tronc. Je pensai alors à rendre le fait normal en l’appliquant dans des conditions diverses, et partout j’eus lieu d’en être satisfait. Des murs où rien ne venait à cause du manque d’air et de soleil sont aujourd’hui littéralement tapissés d’une belle verdure et présentent un aspect des plus agréables. J’ajoute même que cette plante couvre bien mieux que le Lierre et qu’elle lui est préférable, parce qu’elle se colle contre les objets et que ses feuilles, excessivement rapprochées, petites et à peu La transformation subite d’iris bleu en Iris à fleurs jaunes par le fait de son immersion dans l’eau est un de ces vieux dictons que les dé- monstrations scientifiques ne peuvent détruire. Le temps et surtout l’éducation pourront seuls en faire justice. . L’action du marc de café placé sur des caisses d’Orangers, de Lauriers-Roses, etc., n’est j)as bien déterminée ; ce que la pratique démontre, c’est que ça n’est pas nuisible aux plantes. Quant aux graines de Soja que vous désirez recevoir, veuillez attendre jusqu’après la pro- chaine récolte, afin de les avoir fraîches, et ne pas oublier de renouveler votre demande un peu plus tard. Le Dictionnaire de M. le docteur Bâillon n’est pas terminé; seul le premier volume est achevé; le deuxième est en voie de publica- tion. — No 3,697. Vous trouverez le Pirus Maulei VRAI chez MM. Thibaut et Keteleer, à Sceaux ; une étude que nous avons faite de cette plante confirme les doutes que nous avons émis il y a déjà longtemps sur le genre auquel il ap}>ar- tient. C’est au genre Chænomeles qu’il convient de le rapporter. D’UNE VIEILLE PLANTE près sessiles, constituent des tapis très-régu- liers et très-minces sur lesquels la neige ne peut s’amasser, comme cela a lieu sur les Lierres, dont les feuilles s’affaissent, de sorte qu’on est même obligé de les cou- per. L’Evonymus radicayis est pour la garni- ture des murs en plein air l’analogue des Ficus repens pour les serres. Je n’hésite même pas à dire qu’il est préférable à celui-ci, parce qu’il fait des tapis beaucoup plus réguliers. J’ajoute encore, en faveur de V Evo7^ymus radicans, que la plante est excessivement rustique, et que jamais elle ne souffre même des plus grands froids. Il va de soi que, au lieu du type, on pour- rait employer une des nombreuses variétés qu’il a déjà produites, surtout parmi les plus vigoureuses. Lucas. ACHILLEA PTARMICA FLORE PLENO Le type spécifique de cette plante, VA- chillea Ptarmica, L. [Ptarmica vulgaris, (1) Notre collaborateur se trompe : ce n’est pas un Pommier, mais bien un Cerisier que le Fusain avait entouré de toutes parts. — Voir Revue horti- cole, 1878, p. 209. (Rédaction.] Dec.), est une de ces vieilles connaissances qui, jusqu’à présent, et contre toute raison, est restée à peu près confinée dans les jardins botaniques, où elle a passé presque ina- perçu. C’est à tort certainement, car sa rus- ticité est complète et son tempérament ro- 400 A PROPOS DE LA CONVENTION DE BERNE. buste, ce qui lui permet de croître à peu près partout et de produire en quantités innom- brables de petits capitules d’un blanc de neige dont la plante se couvre chaque année de juin-juillet à septembre. Voilà pour le type. Quant à la variété à üeurs doubles, elle ne diffère du type que par ses capitules plus forts et plus sphériques. Voici ses princi- paux caractères : Plante vivace, très-rustique, villeuse, à souche rameuse d'où partent de nombreu- ses tiges qui atteignent 30-50 centimètres de hauteur, ramifiées au sommet. Feuilles linéaires inégalement et assez profondé- ment dentées. Infiorescences en fortes pani- cules rameuses. Fleurs excessivement nom- breuses en capitules subsphériqueâ rappe- lant ceux des Matricaires, mais beaucoup plus petits, d’un blanc très-pur. VAchillea Ptarmica flore pleno se mul- tiplie par éclats comme le type, et aussi par graines que la plante donne peu d’abord, mais par les semis successifs elle en pro- duit davantage, et c’est ainsi que MM. Vil- morin, à Verrières, la cultivent maintenant A PROPOS DE LA GC Au moment de mettre sous presse nous rece- vons, au sujet de la révision de la Convention de Berne, la communication suivante, qui nous attriste, parce que nous voyons que les intérêts de l’horticulture risquent fort de ne pas être mieux sauvegardés après cette révision qu’a- vant. Voici la lettre que nous écrit M. A. Leroy : Mon cher monsieur Carrière, Nous arrivons de Berne, M. André et moi, et j’ai le regret devons dire que rien n’est encore décidé en ce qui concerne l’ar- ticle 3 de la Convention. L’Autriche et la Hongrie surtout semblent s’opposer à toute révision dans un autre sens que celui de l’aggravation. La Suisse et l’Allemagne seraient au con- traire disposées à réviser la Convention d’une manière favorable aux intérêts de l’horticulture. Je me hâte d’ajouter que notre cause commune est en très -bonnes mains. M. Cornu a montré dans la discussion une connaissance complète de la question au point de vue horticole ; aussi, et quoi qu’il advienne, nous lui devrons une vive recon- naissance. sur une très-grande échelle. Si dans les semis il se trouve des pieds à fleurs simples ou à peu près, on les jette, ou du moins on ne doit pas en récolter de graines ; on en prend au contraire sur celles dont les capi- tules sont les plus grosses, qui néanmoins sont fertiles. Quand on multiplie par éclats, il va sans dire que l’on doit prendre les pieds dont les fleurs sont les plus pleines. Comme plante propre à couper des fleurs, aucune n’est plus avantageuse ; ces fleurs, qui sont très-légères, conviennent parfaite- ment bien pour la confection des bouquets. M. Jongkindt-Conninck, horticulteur à Tottenham-lez-Wolle (Pays-Bas), nous a fait parvenir un bouquet de cette espèce dont les fleurs nous ont paru être plus fortes. Serait-ce une forme particulière? En cherchant dans les ouvrages de bo- tanique, nous avons trouvé citée comme variété de VAchillea Ptarmica une sous-va- riété multiplex, Renar. Serait-ce la même que celle dont nous parlons, qui déjà se serait produite à une époque très-reculée ? E.-A. Carrière. NVENTION DE BERNE Je vous adresserai d’ici quelques jours une note plus détaillée sur notre voyage à Berne. L.-A. Leroy. L’article 3 de la Convention de Berne, qu’il s’agissait de modifier, portait entre autres clauses : Les plants, arbustes et produits divers des pépi- nières, jardins, serres et orangeries, ainsi que les plants de Vigne, boutures et sarments, admis au transit international par des bureaux de douane désignés, devront être accompagnés d’une attesta- tion de l’autorité du pays d’origine, portant : a) Qu’ils proviennent d’un territoire réputé pré- servé de l’invasion phylloxérique, et figurant comme tel sur la carte spéciale établie et tenue à jour dans chaque état contractant ; h) Qu’ils n’y ont pas été récemment importés. Les plants de Vigne, boutures et sarments, ne pourront circuler que dans des caisses en bois, parfaitement closes, au moyen de vis, et néanmoins faciles à visiter et à refermer. Les plants, arbustes et produits divers des pépi- nières, jardins, serres et orangeries, seront solide- ment emballés; les racines seront complètement dégarnies de terre; elles pourront être entourées de mousse et seront en tous cas recouvertes de toile d’emballage, de manière à ne laisser échapper aucun débris et à permettre les constatations né- cessaires. lmp. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Conférence internationale de Berne; ce que la logique commande de faire. — Les jardins des sociétés d’horticulture; jardin de la Société d’horticulture d’Étampes; Soja, P hy salis edulis, -variété dû Melons à rames cultivée dans ce jardin. — Disposition des sexes dans les Bégonias tubéreux. — Caractères distinctifs des Lichens et des Champignons ; découverte de M. le docteur Arthur Minks. — Une plante méritante trop délaissée; Desmonium 'penduliflorum ; communication de M. Clausen. — Mortalité des Conifères au bois de Boulogne et au Jardin d’acclimatation; à quoi faut-il attribuer cette mortalité? — Un lot de Pêches vendu à la halle de Paris. — Observations de M. Ch. Joly sur les principales cultures de l’Algérie. •— La sécheresse dans l’Ariége et dans les Alpes-Maritimes; lettres de MM. d’Ounous et Thierry. — Le Dasylirion longifolium comme plante d'appartement. — Culture des plantes sans terre ; apport de M, Maximilien Dujardin à la Société d’horticulture de Rouen. — Première livraison de la Monographie des Azalées de l’Inde, publiée par M. A. Van Geert. — La Pêche Amsden ; Pomme sans pépin. — Congrès phylloxérique de Bordeaux. L’espoir qu’on avait pu concevoir au sujet d’une révision de la Convention de Berne, dans le sens d’une plus grande liberté, sinon de la liberté entière, en ce qui con- cerne la circulation des végétaux autres que la Vigne, est à peu près perdu, ce qu’on a pu voir, au reste, par une lettre de notre collègue, M. Louis-Anatole Leroy, insérée à la fin de notre dernier numéro (1). La simple observation des faits semblait même conduire à ce résultat immiédiat : la libre circulation de tous les végétaux, EXCEPTÉ de la Vigne. En effet, dès l’instant que la science unie à la pratique ont dé- montré de la manière la plus formelle que le phylloxéra ne peut vivre que sur la Vigne, il va de soi que les restrictions ne devraient s’appliquer qu’à celle-ci. Mais allez donc convaincre des gens qui ont peur. D’une autre part, si les prescripteurs étaient logiques, ils ne s’en tiendraient même pas là, car dès l’instant qu’ils ne tiennent pas compte de la nature de l’insecte ni de son mode d’existence, son extension et son envahissement ne sont plus qu’une simple question matérielle que peut déter- miner le moindre déplacement, et alors tout peut servir de véhicule. Cela est incon- testable. Que faire donc ? Ceci : une addition à l’article 3 de la Convention de Berne, ainsi Conçue ; « Le moindre déplacement pouvant déterminer l’extension du phylloxéra, tout mouvemeyxt est interdit. » Ce serait complet, mais logique cette fois. ^ Si, comme on l’a dit, le jardin peut être considéré comme « un laboratoire de la (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 400. 1er novembre 1881. grande culture, » ce qui le rend obligatoire pour toute ferme bien tenue, il en est de même — et à plus forfe raison — pour une société d’horticulture. Mieux : pour celle-ci le jardin est un complément indis- pensable. En effet, qui plus qu’une société qui doit répandre et recommander les bonnes choses, ainsi que les meilleurs pro- cédés de culture, est tenu de connaître ces choses, ce qu’elle ne peut faire que par l’expérience ? A ce compte, la Société nationale et cen- trale d’horticulture de France, qui ne possède aucun jaurlin, est donc au-dessous de beaucoup de sociétés d’horticulture de province et obligée, pour faire son Bulletin, d’enregistrer ce qu’on lui dit ou de copier sur les différents journaux plus ou moins spéciaux ce qui s’y trouve. Que devient alors ce bulletin, sinon une sorte, de gazette de colportage ou d’écho qui transmet les sons, quels qu’ils soient? Ce n’est pas ainsi que se passent les choses dans certaines villes de province, par exemple à Soissons et à Étampes. C’est ainsi que tout récemment, dans le jardin de la Société d’horticulture d’Étampes, ■ — sur lequel nous espérons revenir prochaine- ment, — nous avons pu, grâce à la bien- veillance de son président, M. Blavet, juger et comparer des véritables c( Soja d’É- tampes, » du Soja « fourrager de la mai- son Vilmorin, du Haé-Téou' ou Soja noir, tant recommandé par M. Faivre, et plu- sieurs autres plantes, notamment un Phy- salis edulis « amélioré )) espèce peu connue pouvant avec avantage, comme légume, faire partie de <( l’économie domestique, )) et dont nous espérons pouvoir prochaine- 2i 402 CHRONIQUE HORTICOLE. ment donner une description et une figure coloriée. Nous avons vu, là aussi, une variété de Melon à rames, à fruits moyens, nombreux, à chair jaune foncé et de toute première qualité. Ainsi, le 5 octobre, alors que tous les Melons, par le fait seul de l’abaissement de la température, sont mauvais ou au moins médiocres, nous avons mangé un de ces fruits qui était délicieux. Nous revien- drons également sur cette plante qui, très- productive, robuste et pas délicate, peut être très-avantageuse comme sorte pota-. gère. — Nos prédictions quant à la disposition des sexes dans les Bégonias tubéreux se sont réalisées. Après avoir présenté les modi- fications les plus diverses, on trouve aujour- d’hui les deux sortes d’organes sexuels réunies dans une même fleur, qui, par con- séquent, devient hermaphrodite, ce qu’a constaté M. Duchartre à la séance de la Société d’horticulture du 13 octobre der- nier, sur des rameaux fleuris de Bégonias qui lui avaient été remis. Ce fait justifie complètement ce que nous soutenons : que, de même que tous les autres caractères des plantes, les sexes sont des résultantes, des conséquences de la végétation. Doit- on en conclure que la sexologie ou disposition des sexes suit une marche ascendante, analogue à tout ce que montre le développement des caractères : du simple au composé qui, du reste, paraît être la loi universelle de l’évolution des êtres? Cela est possible, bien que nous ne puissions l’affirmer. Mais s’il en était ainsi, voici comment il faudrait admettre que les choses se sont passées relativement aux sexes : asexes, monosexes, hisexes ou hermaphroditisme, ce qui pourtant ne veut pas dire que la marche ait été aussi ré- gulière. Non, assurément, et au contraire tout porte à croire qu’il y a eu des irrégu- larités, des réversions, des inversions et même des interversions, en rapport avec la vigueur des plantes, le milieu où elles étaient placées et le traitement auquel on les a soumises. Quoi qu’il en soit, dans les Bégonias on trouve que de la dioécie, de la monoécie et puis de la pohjécie, nous voici arrivés à V hermaphrodicÀe, ce qui pourtant“^n’est en- core qu’une exception. — La grande difficulté qu’il y avait d’é- tablir une ligne de démarcation entre les Lichens et les Champignons est, assure- t-on, vaincue, grâce aux découvertes faites par le docteur Arthur Minks. C’est, paraît- il, la forme de la thèque qui forme le caractère distinctif essentiel. our vérifier si les plantes herbacées étaient des Vignes. Cette fois la certitude était absolue: de magnifiques verjus jiendaient déjà; la végétation était si vigoureuse que nous esti- mâmes que le développement en hauteur avait di'i être de plus de 15 centimètres })ar jour; tel pied qui sortait de terre le 3 juin avait jilus de 2 mètres le 14; les feuilles, les fruits étaient formés en grand nombre. Une espèce à bois blanc, à tige très-sarmen- teuse, me parut la plus fertile ; elle a la feuille laciniée(2) comme celle de la Vigne- Vierge; ses fruits sont très-nombreux (souvent de 40 â 50), très-hâtifs; mais dès qu’ils sont en verjus, môme avant la formation du grain, ils sont dévorés par les singes, les oiseaux et les rats. Il n’y a déjà plus un seul de ces verjus entiers; cepen- dant les grains sont à peine formés et moins gros que les petits Pois; si nous voulons con- naître le fruit, il faut protéger ces Raisins au moyen de fdets. Une autre espèce, bien plus commune, cou- vre littéralement le sol de la foret ; sa ressem- blance avec la Vigne d’Europe est frappante : mêmes pampres, même aspect; elle nous })ré- senle cette ])articularité qu’il n’y a })as une seule tige entière; toutes ont été broutées par les animaux sauvages; nous ne trouvons que quelques pieds portant des fleurs, mais sur des bourgeons développés depuis que la tige a été dévorée. Nous goûtons de ces sommités, et nous constatons qu’il n’y a absolument aucune diffé- rence avec celles que les enfants mangent au printemps en Europe. Les singes et les antilopes 5ont friands de ces tiges d’une acidité (3) agréa- it) On sait aujourd’hui qu’il existe un certain nombre de Viticées appartenant, aux Cissiis ou Ampélopsis, qui ont ce caractère. (E.-A. G.) (2) Ce que Lécard, ici, appelle « laciniée, b ce sont des feuilles digitées, profondément lobées. Lacinié en parlant des feuilles, se dit de celles dont les contours ou dentelures sont divisés en lanières plus ou moins étroites. On dit aussi fran- gées ; certaines Salades, par exemple, sont dans ce cas. (E.-A. G.) (3) Cette propriété particulière d’avoir les bour- geons acides nous parait nouvelle et tout à fait exceptionnelle dans les Cissus et les Ampélopsis qui, en général, — du moins pour tout ce que nous connaissons de ces groupes, — ont les bour- geons insapides ou n’ont qu’une faible saveur her- bacée. Par ce caractère d’acidité, cette espèce pour- rait rattacher les Vignes décrites par Lécard au groupe des Vinifera. (E.-A. G.) blc. Celte Vigne est également hei'bacée, à Rai- sins vivaces; sa tige est toujours unique; elle- croît en si grande quantité que l’on pourrait supposer qu’elle est plantée. Sous l’influence du ])incement qu’elle subit plusieurs fois sous la dent des animaux, les feuilles inférieures prennent un grand dévelopjiement, tandis que les sommités formées de bourgeons poussés après l’écimage de la tige principale sont grêles, et les raisins qu’ils portent sont petits. Nous ne pouvions juger et décrire cette inté- ressante espèce d’après ce que nous avions sous les yeux, malgré le nombre infini de ces plantes (certainement plusieurs millions), dont pas une seule n’avait écha})pé au broutage. Nous cher-, châmes dans les fourrés les plus inextricables sans trouver un seul pied non écimé ; ce ne fut que le vendredi 25 juin que nous aperçûmes, au milieu d’une touffe de Miniosée épineuse, un pied de Vigne absolument intact. La tige, qui atteint 2«i 50 â 3 mètres de hauteur, est her- bacée, et sa couleur est rouge foncé ou vert violacé sombre. Gomme aspect général, elle ressemble à la Vigne cultivée en Europe; ses fruits apparaissent dès la troisième ou la qua- trième feuille; ils sont nombreux et de moyenne grosseur. La plante, à tige unique se ramifiant vers sa partie supérieure, s’attache aux arbres voisins par ses vrilles. Tous les Raisins de ce pied étaient déjà dévorés par les rats, les oiseaux ou les singes ; il ne restait plus que des grappes en fleurs. Plus tard, lors de la maturité des fruits, j’ai pu me convaincre que cette deuxième espèce, malgré ces qualités, n’avait pas la va- leur des autres; elle n’est pas aussi productive, et ses Raisins, toujours en grand nombre, sont pluspetits; ils mûrissent aussi })lus difficilement, et leur pulpe est moins vineuse. La culture pourra })robablenient modifier les produits de cette espèce, et je l’envoie en Europe dans cette espérance, en déclarant dès maintenant qu’à l’état naturel elle est inférieure aux quatre autres variétés que j’ai observées dans mon voyage; mais il faut dire aussi que nous n’avons pu l’étudier d’une manière aussi complète que celles-là, par suite de l’écimage qu’elle subit presque constamment de la part des animaux. Ce môme jour, 25 juin, je trouvai une autre variété, grande, sarmenteuse, à feuilles entières, blanchâtres et cotonneuses. Je supposai que cette belle espèce devait donner des Raisins blancs; elle est peut-être moins hâtive que celles à feuilles laciniées, car ses grappes sont en fleurs, tandis que les autres ont les fruits formés. Mais sa fertilité extraordinaire me frappa, et je revins l’étudier le 25 juillet: ses longs et ro- bustes })am})res s’appuyaient sur un arbre de deuxième grandeur (N. guiguis bauhinia reti- culataj et, en retombant autour de l’arbre, en faisaient une véritable tonnelle; la tige princi- pale et unique se divisait en plusieurs cordons à 417 UNE BELLE PLANTE, 3 mètres de liauteiir, portant chacun de 12 à 15 énormes Raisins qui pendaient, abrités })ai’ les grandes feuilles de cette Vigne merveilleuse; nous comptâmes 57 grappes, dont ])lusieurs avaient de 25 à 30 centimètres de longueur. Je tis placer un filetsur l’ai-bre, })Our })réserver les fruits des dégâts occasionnés par les singes et les oiseaux; je pus, grâce â cette précaution, suivre la plante dans toutes ses phases jus(ju’â la maturité de ses fruits, ([ui arriva â la tin d’août, dès le 23, pour moitié des grappes. Contrairement à ce que je supposais, d’après le faciès de la plante, sa tige, d’un beau blanc ^ argenté, et ses feuilles cotonneuses en dessous, le Raisin est violet clair; la grappe est très- longue; les grains nombreux, peu serrés, gros comme ceux d’un beau chasselas, sont très- juteux et sucrés. Nous classons cette variété parmi les meil- leures de celles observées pendant nos excur- sions ; nous n’avons pas perdu un seul pépin ; nous les apportons tous pour la culture en Europe. L’espèce à feuilles laciniées est certainement la plus hâtive, car depuis le 10 juillet, nous mangeâmes chaque jour des R.aisins; les grains sont sphériques, d’un violet noirâtre; la pulpe est un peu ferme avant la parfaite maturité, puis elle devient juteuse ou fondante, comme dans les meilleures espèces connues; elle est très- sucrée, sans aucun arrière-goût d’astringence, contrairement â ce qui a lieu dans les fruits sauvages; le Raisin est souvent énorme : il y en a de 30 centimètres de longueur et du poids de 1 à 2 kilogrammes ; ils sont très-nombreux, et une seule tige en porte souvent 30 à 40 et plus. J’ai essayé sur quelques pieds le pinçage des tiges â quelques feuilles au-dessus d’un Raisin ; je ciselais les fruits, et pendant quinze jours j’empêchais les bourgeons de s’allonger en les pinçant ; ces premiers rudiments de culture ont produit des résultats merveilleux; les fruits ont doublé, et la maturité s’est faite' au moins quinze jours plus tôt que sur les tiges voisines. Une autre variété, aussi â feuilles laciniées, avait attiré mon attention par la couleur d’un UNE BELLE PLANTE, Cette plante, qui croît dans le midi de la France, V Anthémis altissima, L., est pour- tant très-rare dans les cultures et semble justifier la remarque, faite depuis longtemps déjà, que le pays d’origine et la difficulté de culture entrent souvent pour une grande part dans la valeur et la beauté qu’on attri- buait à certaines espèces cultivées dans les jardins, et qu’on a maintes fois déjà cherché FACILE A CULTIVER. violet cuivré de sa tige et de ses feuilles; elle nous donna un délicieux Raisin violet clair, â grains seri'és, très-juteux et convenant admi- rablement pour .la cuve. Une cin({uième espèce ou variété fut décou- verte quehjues jours après; ses fruits sont peut- être moins nombreux, mais les grains sont énormes, de forme obovale et â chair un peu plus ferme que les autres espèces. C’est le plu.') beau et le meilleur fruit que l’on })uisso imaginer Après ces descriptions, que nous avons ^ cru devoir rapporter, Lécard entre dans des détails à propos d’études qu’il a faites sur la rapidité de croissance de ces Vignes, le nombre de degrés calorifiques qu’elles ont dû absorber pour mûrir leurs fruits sous le climat du Soudan; toutes choses qui nous paraissent inutiles ici, notre but étant de faire connaître ce que l’on sait sur ces Vignes qui, bien qu’à peine connues, ont déjà excité de nombreuses discussions et donné lieu à des opinions diverses, souvent contradic- toires. Nous croyons que ces détails sont d’autant plus nécessaires que, d’une part, ils permet- tent de voir ce qu’a dit Lécard de ces Vignes, et de l’autre, en prenant ses affirmations comme point de départ, déjuger du chemin parcouru, en les comparant avec ce que la pratique pourrait un jour déterminer de modifications. Toutefois, il est bien entendu que nous ne nous portons pas garant des faits avancés par M. Lécard ; nous les rappelons, en fai- sant pourtant observer qu’il n’y a rien d’é- tonnant que ce voyageur ait rencontré des espèces nouvelles, lorsqu’on réfléchit que, avec les connaissances botaniques et prati- ques qu’il possédait des végétaux, il par- ; courait des contrées jusque-là à peu près complètement inexplorées. E.-A. Carrière, (La fin prochainement.) FACILE A CULTIVER sans grand succès à faire cultiver quelques- unes de nos plantes indigènes ou croissant spontanément en France. Malgré cet insuc- cès, je vais encore en signaler une dont j’ai pu constater le mérite depuis plusieurs années, et par conséquent apprécier les services qu’elle peut rendre. C’est une sorte de grande Marguerite. En voici la description au point de vue horticole : 418 LES CATALOGUES. Plante annuelle, glabre ou à peu près ; tiges rougeâtres, rameuses dès la base, fermes, dressées, pouvant former des touffes de 40-60 centimètres de hauteur sur 50 centi- mètres de diamètre. Feuilles plusieurs fois segmentées. Fleurs très-nombreuses, gran- des, blanches, sur des pédoncules rigides, légèrement renflés au sommet. Sa culture est extrêmement facile : la plante croît pour ainsi dire sans soins et dans à peu près tous les terrains ; toutefois, le grand air et surtout le soleil lui sont nécessaires, sinon indispensables ; les plan- tes résistent très-longtemps à la sécheresse, sans paraître en souffrir. Mais pourtant, et comme pour à peu près toutes les plantes, la végétation est d’autant plus belle, et la plante plus ornementale, qu’elle a été mieux soignée et placée dans de meilleures conditions. Bien qu’annuelle et pouvant se semer au printemps, j’ai constaté qu’il est préférabl de la semer à l’automne, par exemple vers la fin de septembre, soit en place, soit en pépinière. Si le semis a été fait en pépi- nière, il conviendra de mettre les jeunes plantes en place vers la fin de mars ou au commencement d’avril. Sa floraison com- mencera au mois de mai et se continuera jusqu’à la fin d’août, beaucoup plus tard si le semis a été fait au printemps. C’est surtout en corbeille ou en bordure, près de végétaux de plus hautes dimensions, qu’on devra placer Y Anthémis altissima, qui alors produira certainement un char- mant effet. Cultivée en pots pour le marché, cette espèce se développera sous forme de petits buissons de 30 à 40 centimètres de hauteur qui, à l’époque delà floraison, disparaissent complètement sous les fleurs. A. Chargueraud. LES CATALOGUES Lorenzo Racaiid et fds, horticulteur cà Sara- gosse (Espagne). Catalogue des arbres fruitiers divers : Poiriers, Pommiers, Abricotiers, Pê- chers, Framboisiers, Vignes, etc. Arbres et ar- bustes d’ornement, à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Spécialités: Conifères, Ro- siers. Plantes annuelles, bisannuelles et vivaces, pour rornementation des jardins, etc. — Hennequin-Denis et C'e, marchands grai- niers, horticulteurs à Angers (Maine-et-Loire). Prix-courant, pour i88i-1882, des oignons, griffes à fleurs, plantes bulbeuses, plantes viva- ces par collections ou en mélange. Fraisiers, As])erges, Graminées sèches pour bouquets. Plants de Pensées, etc. Le catalogue général de' l’établissement sera adressé franco à toute personne qui en fera la demande. — L. Delaville, grainier-horticulteur, 2, quai de la Mégisserie, <à Paris. Catalogue des«ignons à fleurs, aibres fl-uitiers, forestiers et d’agré- ment. Plantes diverses, annuelles, bisannuelles et vivaces. Graines de fleurs à semer à l’au- tomne. Choix des meilleures variétés de Frai- siers, avec leur description. Graines potagères cà semer à l’automne, etc. — Desfossé-Tliuillier et fils, à Oj-léans. Prix- coui\ant pour l’automne 1881 et printemps 1882. Arbres fruitiers, forestiers et d’ornement, à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Col- lections de Clématites divisées en cinq groupes : 'païens, lamujinosa, Jachmanni, Florida, vi- licella. Conifères de i)leine terre, en })ots et en paniers. Rosiers gretfés et IVcancs de pieds. Bruyères de pleine terre. Azalées du Japon, de l’Amérique et de l’Inde. Pivoines ligneuses et autres. Plantes vivaces,- etc. — Jacquemet-Bonnefont père et fils, à An- noiicay (Ai’dècbe). Arbres fruitiers, forestiers et d’ornement. Plantes vivaces et autres. Plantes de serre diverses. Graines d’arbres, de fleurs, potagères, etc., qu’ils sont en mesure de fournir pour l’automne 1881 et le})rintemps 1882. Nous n’essaierons pas d’énumérer les collections que comprend cet établissement, l’un des plus im- portcants de la France, ce que démontrent les nombreux catalogues publiés par cette maison, et qui seront envoyés à ceux qui en feront la de- mande. — V. Lemoine, horticulteur, rue de l’Étang, à Ncancy (Meurthe-et-Moselle). Extrait du Ccata- logue général. Collections de plantes de pleine terre, de serre chaude, de serre tem})érée et de serre froide. Spécialités : Gbryscanthèmes, Del- })hiniums. Glaïeuls hybrides rustiques, Pyrè- thres, Pentstémons, Phlox decussata, Pivoines, plantes vivaces, etc. Parmi les nouveautés nous remarquons YAbu- tilon chrysostephanum, plante naine extrême- ment floribonde ; 2 Pélargonium peltatum à fleurs doubles ; 6 Pélargonium zonales à fleurs doubles, 6 à fleurs simples; 8 Pldox cleeussata, 3 Pldox nains; enfin un Lilas à fleurs ti'ès- l)leines. — F. Brassac, pépiniéiâste, 17, faubourg Bon- nefoy, à Toulouse (Haute-Garonne). Arbres fruitiers et forestiers. Arbrisseaux et arbustes à feuilles caduques et à feuilles persislantes, de INULA GLANDULOSA. 419 diverses forces. Spécialités : Conifères, Rosiers, Pivoines ligneuses et liei'bacées. Jeunes })lants fruitiers, forestiers et (rornement. Magnolias, Chrysanthèmes, j)lantes vivaces et ])lantes a([ua- ti([ues. Azalées de l’Inde, Cuinellias, Kalinias, Rhododendrons, etc. Graines de Heurs, graines potagères, etc. — Schmitf, horticulteur, rue Saint-Pierre- de-Yaise, à Lyon (Rhône), mettra au commerce, au Ri’ novemhre 1881, les deux Rosiers nou- veaux suivants dont il est l’obtenteur: Caroline (Noisette), «jaune saumoné j)assant au l)lanc Jaunâtre ; rappelle la Noisette Narcisse, avec des fleurs plus grandes ; » Adélaïde Côte (hybride remontant), « fleur grande, rouge cramoisi éclatant; rai)pelle Cardinal Pairizi, très-odorante, franchement remontante. » — Chouette-Tliéodet, horticulteur, 54, route d’Olivet, à Orléans. Prix-courant : automne 1881, printemps 1882. Arbres fruitiers et forestiers. Arbrisseaux et arbustes à feuilles j)ersistantes et à feuilles caduques. Jeunes plants pour pépi- nières. Conifères, plantes grimpantes, Fraisiers, Rosiers greffés et francs de pied, de diverses forces. Plantes vivaces. Arbustes nouveaux ou peu connus, etc. — Levavassein’ et fils, horticulteurs-pé})inié- ristes à Ussy (Calvados). Culture spéciale sur une très-grande échelle de jeunes plants frui- tiers, forestiers et d’ornement, par quantités considérables. Conifères. Arbiâsseaux et ar- bustes à feuilles caduques et à feuilles persis- tantes, etc. Arbres forestiers élevés sur tige, de diverses forces. Plantes variées, « nou- velles ou peu réj)andues, méritantes et re- commandables, toutes de pleine terre et très- rustiques. » — Transon frères, pépiniéristes, JG, route d’Olivet, à Orléans. Culture sur une très-grande échelle d’arbres, d’arbrisseaux et d’arbustes. Plantes de terre de bruyère : Azalées de l’Inde et autres. Rhododendrons, Kalmias, etc. Vignes américaines et asiatiques. Arbres d’alignement. Conifères en pots, en i^aniers et en mottes. Plantes grimpantes. Quantités considérables de jeunes plants fruitiers, forestiers et d’ornement, à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Arbres fruitiers d’àge, de forme et de force très-divers. Nouveautés en tous genres, etc. Le catalogue général sera adressé à toutes les personnes qui en feront la demande. mULA GLANDULOSA Cette espèce, très- rare et peu connue dans les cultures, n’est pourtant pas nou- vvelle. C’est Wildenow, botaniste prussien, qui l’a déterminée. Elle est originaire du Caucase. En voici les principaux caractères : Plante vivace, rusti- que, cespiteuse, attei- gnant 35 à 40 centi- mètres environ de hau- teur. Feuilles radicales étroitement oblongues, inégalement et très- courtement dentées, comme courtement vil- leuses en dessus, sca- bres et fortement ner- vées à la face inférieure. Feuilles caulinaires éta- lées, plus petites, lar- gement sessiles, un peu convexes, scabres, finement et très-courte- ment denticulées, à dents noirâtres, presque sétiformes, spinescentes. Tiges florales très- raides, à écorce roux ferrugineux, courte- ment hispide, terminées par un très-large capitule d’un très-beau jaune. Ulnula glandulosa,N^i\d. (fig. 101), fleu- rit en mai-juin. C’est une plante très- ornementale dont on peut faire des bordures dans les grands jardins, ou la planter par touffes dans les plates bandes, où elle pro- duit un très-bel effet. Malgré l’énormité des fleurs, les tiges, raides et dures comme du bois, se tiennent très- bien. On la multiplie par la division des pieds et aussi par graines. Par ce dernier moyen, il est à peu près cer- tain qu’on obtiendra des variétés qui se dis- tingueront, sinon par la nature des fleurs, du moins par leur duplica- ture. Il est assez pro- bable que les fleurs se développeront en ligules plus ou moins complètes, et qu’on aura alors quelque chose d’analogue à ce qui s’est produit dans le genre Helianthus. Mais déjà, tel qu’il est, VInula glandu- 420 HARICOT BEURRE NAIN DU MONT-DOR. — PLANTES NOUVELLES OU PAS ASSEZ CONNUES. losa est une très-belle plante d’ornement ; nous l’avons vue en fleurs dans les cultures de MM. Vilmorin, à qui nous devons aussi le cliché à l’aide duquel a été faite la ligure ci-contre. May. HARICOT BEURRE NAIN DU MOto’OR L’éloge de ce Haricot peut se résumer en ces quelques mots : c’est l’un des meilleurs du groupe de Haricots beurre. En voici les principaux caractères : Plante très-naine, vigoureuse, robuste, hâtive, excessivement productive. Feuilles grandes, glabres, d’un beau vert clair. Cosses très-nombreuses, charnues, grosses, bien nourries, d’un très-beau jaune, dépourvues de parchemin. Grains brunâtres. Le Haricot beurre nain du Mont-d’Or est une sorte nouvelle vraiment hors ligne, dont l’usage se généralisera promptement. Je l’ai étudié à Verrières, dans les cultures de MM. Vilmorin, qui vont le mettre au com- merce cette année. On nous a affirmé qu’il est très-bon écossé, soit en vert, soit en sec ; en cosse, comme « mange-tout, » il est délicieux. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Odontoglossum Roezlii alha. — Pseudo- bulbes courternent et largement ovales arrondis, comprimés. Plante d’une bonne vigueur. Feuilles linéaires iridiformes. Fleurs à cinq divisions, les trois externes d’un blanc pur. Labellelargement étalé, lobé, blanc jaunâtre à la base. — Outre sa beauté, cette plante est remarquable par l’odeur que dégagent ses fleurs et qui, à peu près indé- finissable, a quelque rapport avec celle de Jasmin, plus fine pourtant. Cattleya Regnelü. — Vigueur moyenne. Pseudobulbe nul. Feuilles charnues, épais- ses. Fleurs de 10 centimètres et plus de largeur, à divisions externes roux cuivre luisant, plus foncées et largement maculées rouge marron à l’intérieur. Labelle très- grand, d’un beau violet rosé et strié dans toute la partie plane ou tablier, enjoulé en capuchon et de couleur rose pâle extérieure- ment dans la partie supérieure, qui, à l’in- térieur, est transversalement striée de lignes rougeâtre violacé sur un fond jaune. Campanula Siherica eximia. — Plante bisannuelle, naine, compacte, très-ramifiée,. à feuilles relativement étroites, longues, ru- gueuses, scabres, un peu hispides, comme toutes les parties de la plante. Tiges flora- les dressées, ramifiées, très-nombreuses, à tube campaniforme longuement et étroite- ment tubulé, bleu foncé ou violet. Cette espèce, originaire de l’Europe sep- tentrionale, fleurit abondamment en mai- juin. Elle paraît devoir varier beaucoup, car déjà on voit des sujets dont la couleur va du blanc lilacé au violet foncé. Tristania densiflora. — Originaire de la Nouvelle-Hollande, cette espèce est très- rustique, s’accommode très-bien de la cul- ture des Metrosideros et Melaleuca, avec qui elle se place dans la famille des Myrta- cées, et pourrait parfaitement pousser en pleine terre dans la partie chaude de la France; mais comme, d’une autre part, elle végète aussi parfaitement en pots, qu’elle y fleurit admirablement et que ses fleurs, ex- cessivement nombreuses et d’une très-lon- gue durée, sont d’un rouge sang, bien que brillant, nul doute qu’on pourrait en faire une belle et bonne plante de marché, ce à quoi elle est d’autant plus propre qu’elle est très-floribonde, supporte bien la taille et fleurit très-petite, même à l’état de bouture. Les feuilles persistantes sont opposées et très-rapprocbées, courternent et régulière- ment ovales, très-entières, épaisses, coria- ces, portées sur un pédoncule d’environ 3 millimètres. Fleurs très-nombreuses, or- dinairement groupées par trois sur un pédoncule commun, constituant par leur ensemble une sorte de corymbe très-élégant. Filets staminaux dressés, d’environ 12 milli- mètres, d’un rouge intense, terminés par une anthère brunâtre. Fleurit en mai-juin ou plus tard, suivant le traitement. Très- belle plante, pas assez connue. lmp. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Clôture des travaux du Congrès de Berne; texte du nouvel article 3 de la Convention internationale; satisfaction donnée aux horticulteurs; lettre de M. Anatole Leroy. — L’automne et l’hiver; variation du thermomètre pendant le mois d’octobre et la première quinzaine de novembre. — Transformation de rétablissement d’horticulture de M. Linden, à Gand. — Article de M. de la Devansaye sur le Neumannia nicjra ; comment on peut obtenir des plantes trapues. — Nettoyage des arbres fruitiers. — Le Prunus Pissardii ; lettre de M. Debuc. — La maladie des Pommes de terre; enquête ouverte à ce sujet. — Floraison du 'Lamprococcus Vallerandi. — Fécondation du Bégonia discolor par une forme du D. rex. — La neige à Paris. — La Pèche Ballet idere. — Plantes décrites dans le Gardener's Chronicle. — Floraison du Casuarina Sumatrana dans les serres de MM. Thibaut et Keteleer. — Le Bromelia Pinguin. — Aristotelia Braithivaitei. — Une nouvelle Cypéracée gigantesque. — Capucine à fleurs pleines. — Lilium pomponium et Primula Sikkimensis. — L. Gutierrezia ggmnosper- moides. — La sécheresse dans l’Ouest. — Nouvelles variétés de Fraisiers introduites du Chili par M. Boisselot. — Procédé pour la conservation des Pêches. — Découverte du phylloxéra au sud ouest de Cologne. Le 2 novembre, c’est-à-dire après un mois de session (le Congrès s’était réuni pour la première fois le 30 octobre), a été signée la nouvelle Convention de Berne, qui modifie certains passages de la première Convention, notamment l’article 3, qui avait soulevé tant de réclamations. Voici à æ sujet ce que nous écrit notre collègue M. A. Leroy, délégué admis avec M. Ed. André à soute- nir les intérêts de l’horticulture française : Angers, le 6 novembre 1881. Monsieur et cher collègue, La nouvelle Convention de Berne a été signée le 2 novembre, par les délégués de l’Allema- gne, de rAutriche-IIongrie, du Portugal, de la Suisse et de la France. M. Tisserand, directeur de ragriculture , me communique aujourd’lmi même le texte de l’article 3, concernant les j[)lantes, arbres et arlmstes, tel qu’il vient d’être moditié }>ar le Congrès. Je m’empresse de vous le transmettre. L.-A. Leroy. Convention de Berne. Article 3, modifié. « Les plants, arbustes et tous végétaux autres que la Vigne, provenant de pépinières, de jar- dins ou de serres, seront admis à la libre cir- culation internationale, mais ne poui'ront être introduits dans un État que par les bureaux de 'douane désignés à cet effet. « Lesdits objets seront emballés solidement, mais de manière à permettre les constatations nécessaires, et devront être accom})agnés d’une déclaration de l’expéditeur, et d’une attestation de l’autorité compétente du }>ays d’origine, })Oi’- tant : (( a) Qu’ils pi’oviennent d’un terrain (planta- tion ou enclos) sépai-é de tout pied de Vigne par un espace de 20 mèti’es au moins, ou })ar 16 NOVEMBRE 1881. un auti-e obstacle aux racines, jugé suffisant par l’autorité compétente ; (( R) Que ce teri-ain ne contient lui-même au- cun pied de Vigne ; « c) Qu’il n’y est fait aucun dépôt de cette plante ; « D) Que s’il y a eu des ceps phylloxéi‘és, l’extraction l’adicale, des opérations toxiques l’éitérées, et pendant trois ans des recherches l’épétées ont été laites, qui assurent la destruc- tion complète de l’insecte et des l'acines. Ainsi qu’on peut le voir, si cette modifi- cation n’est pas aussi grande qu’on pourrait le désirer, elle donne pourtant une large satisfaction aux désirs que l’on pouvait émet- tre sur ce sujet. Comme, d’une autre part, on ne peut se dissimuler que cette amélioration est due, pour une bonne part, aux efforts qu’a faits M. Cornu , le délégué autorisé par notre gouvernement pour représenter la France au Congrès international ; nous sommes heureux, au nom de tous nos collègues et de l’horticulture en général, d’adresser à M. Cornu nos félicitations et nos remercî- ments. — Nous sommes encore en plein automne et déjà, dans son rude langage, le thermo- mètre a écrit : hiver ^ que tout le monde ré- pète. Mais ce cri, qui le justifie? N’est-il pas prématuré ? R.appelons qu’il est toujours dangereux de pronostiquer, surtout en ce qui concerne le temps, et que quelques jours de froid précédant l’hiver ne sont pas une- preuve que celui-ci sera rigoureux. Les exemples du contraire abondent. En atten- dant, et comme terme de comparaison pour l’avenir, constatons un abaissement de la 22 CHRONIQUE HORTICOLE. 422 température vraiment exceptionnel sur quel- ques points des environs de Paris. Ainsi, le 31 octobre , le thermomètre marquait de — 3 à — 6 degrés, suivant les localités, et le l®*" novembre il est descendu à — 9 de- grés à Auteuil, 8 à la Muette (Paris-Passy), 8 au château du Val, près Saint-Germain- en-Laye ; à Montreuil, ce même jour, nous avons constaté 7 degrés au-dessous de zéro. Notons que cela n’a pas duré, que le 4 le thermomètre indiquait, le matin, 11 degrés au-dessous de zéro, que depuis il fait un temps d’été, et que le thermomètre s’élève jusqu’à 18 degrés au-dessus de zéro. Est- ce une preuve qu’il n’y aura plus de froid cette année ? Non, certes ; aussi engageons- nous tous ceux qui ont des produits qui peuvent souffrir du froid de ne pas oublier que nous sommes à peine au 15 novembre. Il faut éviter les extrêmes ; ne soyons ni pessimistes, ni optimistes, mais prudents. — L’établissement d’horticulture de M. Linden, à Gand, ainsi que ses diffé- rents annexes, a cessé d’être établissement privé pour devenir une grande agence hor- ticole sous le nom de Compagnie conti- nentale d’horticulture, sous la direction de M. J. Linden, ce qu’établit une circulaire dont voici le principal dispositif : Gand, le 15 septembre 1881. Monsieur, J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que j’ai conclu aujourd’hui l’apport de mon établissement d’introduction et d’horticulture situé à Gand, y compris son organe, Vlllustra- tion horticole, de même que l’agence et le dépôt établis, 5, rue de la Paix, à Paris, à la Compagnie continentale cVJiorticulture, Société anonyme dont l’acte constitutif paraîtra inces- samment au Moniteur belge. En vous faisant part de cette transformation, je suis heureux de ne pas avoir à prendre congé de vous, car, outre la forte part d’intérêt que je conserve dans la Compagnie nouvelle, j’ai accepté la haute surveillance de toutes ses opérations commerciales et horticoles, en qua- lité iV administrateur délégué. Veuillez, etc. J. Linden. De ceci on est en droit de conclure que, loin d’affaiblir la puissance d’action déjà si grande de cet établissement, cette nouvelle organisation l’augmentera encore, et que la c( Compagnie continentale d’horticulture » deviendra une immense artère qui, embras- sant toutes les parties du globe, facilitera encore les transactions et créera de nou- velles forces, non seulement à l’horticulture belge, mais au commerce horticole du monde entier. — Au sujet du Neumannia nigra (1), nous avons reçu une communication de M. de la Dqyansaye. Dans cette pièce, qu’on trouvera plus loin, M. de la Devan- saye complète fort heureusement ce que, faute de renseignements suffisants, nous n’avions pu qu’ébaucher. Aussi, engageons- nous nos lecteurs à la lire. Outre les détails scientifiques qu’elle contient, il résulte de la susdite communication que, dans le genre Neumannia, les quelques espèces connues sont à peu près toutes très-floribondes et particulièrement ornementales. M. de la Devansaye indique même un moyen d’avoir de belles plantes trapues, jolies de feuillage et de fleurs : c’est de couper la tête des su- jets qui s’allongent un peu trop et de la bou- turer. Alors la reprise se fait promptement, et la plante fleurit parfaitement. Il est donc probable que les horticulteurs mettront à profit l’observation faite par M. de la Devansaye et que, grâce à ce procédé, l’on verra bientôt les Neumannia concourir à l’ornementation des appartements, ce à quoi, du reste, ils sont très-propres, tant par le port que par leur floraison qui, outre qu’elle est splendide, se prolonge pendant longtemffs. — Nous rappelons à nos lecteurs qu’ils doivent profiter de l’arrêt de la végétation et du moment où les arbres sont dépourvus de feuilles, pour les débarrasser des insectes ou des parasites qui en recouvrent les écorces. Les procédés consistent à les bros- ser s’ils sont très-sales, puis à les laver avec de l’eau plus ou moins chargée d’insecti- cide. Dans cette saison, surtout quand il s’agit d’écorce, on peut employer des solu- tions beaucoup plus concentrées, c’est-à-dire plus chargées. Au lieu d’insecticides quel- conques, beaucoup de gens font usage d’un lait de chaux pur ou auquel on a ajouté un peu de fleur de soufre. Ce dernier procédé a l’inconvénient d’offrir un coup d’œil peu agréable pendant la moitié de l’année, et, d’une autre part, bien que bon, il est moins efficace que certaines substances qui, outre qu’elles nettoient mieux les écorces, ont (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 390. CHRONIQUE HORTICOLE. m encore l’avantage de rendre celles-ci plus claires ; tel est, tout particulièrement, l’in- secticide Fichet, que l’on ne saurait trop recommander. Mais, quel que soit le procédé qu’on emploie, l’opération que nous conseillons est toujours très-avantageuse, et il ne faut jamais la négliger, surtout pour les vieux arbres, car, outre qu’elle les nettoie et les débarrasse des parasites, elle leur donne de la vigueur, ce qui, en général , manque chez les sujets âgés. — Un amateur, lecteur de la Revue horti- cole, nous adresse la lettre suivante : Monsieur le rédacteur, Je causais l’autre jour avec un de mes amis du Prunus Pissardi, et je soutenais qu’il est à feuilles caduques ; lui m’affirmait le contraire. Désirant me procurer un pied de cette remar- quable espèce, je désire être renseigné sur le fait dont je vous parle, et vous serais tout par- ticulièrement obligé si vous vouliez bien m’éclai- rer à ce sujet et me dire aussi si les fruits sont véritablement bons à manger. Veuillez, etc. Debuc. Sur ces deux points nous pouvons donner des renseignements précis. Voici : Vous avez raison : le Prunus Pissardi est bien à feuilles caduques; ce qui a pu in- duire votre ami en erreur, c’est que, contrai- rement à tous les Pruniers à fruits, celui-ci conserve ses feuilles pendant très-longtemps, même lorsqu’il gèle de quelques degrés, ce qui fait qu’il est encore très-garni quand tous les autres sont depuis longtemps com- plètement dépouillés. Ainsi, aujourd’hui 12 novembre, malgré plusieurs jours de gelée, les Prunus Pissardi, dont la végéta- tion est à peine arrêtée, sont encore cou- verts de feuilles colorées, d’un rouge in- tense presque noir, ce qui en fait un arbris- seau de premier mérite pour l’ornemen- tation. Sa place dans le jardin sera donc près des habitations. Quant à ses fruits, sans être de qualité supérieure, ils sont cependant très-mangeables quand ils sont bien mûrs ; mais leur couleur constante, d’un rouge sang, même quand ils sont très-jeunes, les rend très-intéressants et ajoute encore à son mérite ornemental. M. Paillet, horti- culteur à Chatenay-les- Sceaux, est en me- sure de fournir, des sujets de Prunus Pissardi dans de bonnes conditions de dé- veloppement. — L’attention générale est tellement portée sur le phylloxéra que l’on semble oublier certains maux qui naguère préoc- cupaient vivement les cultivateurs : telle est la maladie des Pommes de terre qui, dans beaucoup d’endroits , fait pourtant des ravages considérables ; c’est au point que certaines variétés sont menacées de disparaître. A cette occasion, un cultiva- teur nous fait observer que chez lui, et depuis quelques années déjà, il a cru re- marquer que ce sont surtout les variétés les plus fines, surtout quand elles sont « vieilles, » qui sont les plus frappées, tandis qu’au contraire les sortes jeunes (du moins quelques-unes) semblent beaucoup plus rustiques. Il nous demande si cet état de rusticité ne serait pas dû à ce que, venues les dernières, ces variétés auraient un tempérament plus robuste, ce qui du reste paraît être une loi générale. La question nous semble trop sérieuse et surtout trop complexe pour pouvoir ré- pondre affirmativement ; nous croyons qu’il est plus prudent de faire à ce sujet une sorte d’enquête, de manière à avoir des renseignements plus complets qui, alors, permettraient de formuler une opinion ba- sée sur une plus grande quantité de faits. Aussi prions-nous ceux de nos lecteurs qui auraient fait des observations sur ce sujet de vouloir bien nous les communiquer. En attendant, nous ferons observer que les remarques faites par notre collaborateur sont logiques et qu’elles s’accordent avec cette grande loi qui, d’une part, veut que tout ce qui a commencé finisse et que les plus anciens précèdent les plus jeunes. Il est bien certain que cette marche n’est pas régulière, car il y a les tempéraments parti- culiers, qui peuvent et doivent faire des exceptions ; cela toutefois ne détruit pas la valeur de la règle. — Deux pieds de Lamprococcus Yalle- randi (1) sont en ce moment en fleurs, l’un chez M. Eugène Vallerand, jardinier à Bou- gival; l’autre chez M. J. Vallerand, horti- culteur à Bois-de- Colombes. Obtiendra-t-on des graines ? C’est à désirer, car, outre que l’on pourrait multiplier cette magnifique espèce beaucoup plus vite que par les bour- geons, on aurait encore la chance d’obtenir des variétés . (1) Voir Revue horticole, 1877, p. 129. 424 CHRONIQUE HORTICOLE. — M. Adam, jardinier à Château, près Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), nous in- forme qu’il a fécondé des Bégonia discolor par une forme de B. rex, et que, contraire- ment à beaucoup de ses collègues qui ont pratiqué cette opération, la plupart de ses semis ont reproduit les caractères du père. Il a une grande quantité de plantes très- remarquables qu’il échangerait volontiers contre d’autres. — La première neige, à Paris, est tombée le 30 octobre; le matin, après une nuit très- claire, le thermomètre marquait — 2 degrés ; dans l’après-midi il tomba des giboulées de neige et de grésil ; le soir les nuages étaient disparus, et le matin, 31 octobre, le thermo- mètre marquait — 6 ; une gelée extrême- ment blanche couvrait la terre. Le véritable hiver semblait commencer. — Une des bonnes — nous pourrions même dire une des meilleures — Pêches tardives est la Pêche Ballet père (1). Ainsi, cette année encore, dans les premiers jours d’octobre, nous en avons mangé qui étaient délicieuses et auraient certainement pu sou- tenir la concurrence avec les variétés « de saison » les plus renommées. Ajoutons que les fruits,' très- colorés, gros et même très- gros, ont la chair non adhérente, rouge au- près du noyau, fondante, très-juteuse et bien parfumée. Aussi n’hésitons-nous pas à la re- commander aux amateurs de beaux et très- bons fruits. On la trouve chez MM. Baltet frères, horticulteurs à Troyes. — Dans le Gardeners’ Chronicle du 15 octobre 1881 se trouvent, parmi les nou- veautés, le Nepenthes Bajah, Hook., f., espèce introduite par la maison Veitch, de Bornéo, où elle croît à une altitude de 5,000 pieds. Lactuca macrorhiza, plante vivace, jolie (jjrettg), originaire de l’Hima-„ laya; elle a été figurée par Roy le {Illustr., p. 251, t. 61). Catasetumtahulare, hindi., var. lœve, Reich., qui a fleuri au Jardin botanique de Hambourg, en juillet 1880. Sarcanthus flexus, Reich ; espèce importée de Bornéo par MM. Veitch. Cette plante n’a guère d’intérêt que pour la botanique. Le numéro du 22 octobre de ce même recueil comprend comme plantes nouvelles : Odontoglossum Sanderianum, sorte inter- (1) Voir Revue horticole, 1878, p. 250. médiaire, dit-on, entre l’O. Nevadense et rO. nevium. — Polygonum multiflorum , Thunb., espèce originaire de la Chine et du Japon, et qu’on suppose devoir être un peu abritée pendant l’hiver. — Nepenthes an- gustifolia,y[di'si., introduite de Savarak, où elle a été découverte par M. Curtis et M. Bur- bidge, et obtenue de graines dans l’établis- sement de MM. Veitch. — Dahlia varia- hilis superha, plante naine buissonneuse obtenue au Jardin botanique de Chelsea, de graines du D. variahilis type, introduit du Mexique par M. Roezl, en 1873. — Récemment , dans les serres de MM. Thibaut et Keteleer, à Sceaux, nous avons eu l’occasion d’observer en fleurs et en fruits le Casuarina Sumatrana, espèce des plus jolies et des plus ornementales par ses nombreux rameaux ténus et plumeux qui retombent si gracieusement. Les graines seront-elles bonnes, et si oui, reproduiraient- elles le type avec tous ses caractères, ou produiraient-elles des variétés encore plus méritantes ? C’est ce que seule l’expérience pourrait dire. Nous ne doutons pas que les intelligents horticulteurs chez lesquels ce fait s’est montré ne suivent ces expériences, dont ils nous feront connaître le résultat, qui serait intéressant au point de vue de la science et à celui de l’ornementation. — heBromelia Pinguin, dont nous avons donné une figure et une description (1), n’est pas seulement ornemental par son port et par ses fleurs ; il l’est aussi par ses fruits qui, paraît-il, sont même bons à man- ger (2). Ainsi notre collègue, M. Blanchard, de Brest, chez qui il a fleuri récemment (L c., p. 153), nous écrit qu’en ce moment, la plante, qui n’est pas encore morte, est couverte de fruits mûrs d’un beau jaune. Cette espèce est donc à la fois ornementale et fruitière. — Sous le nom d' Aristotelia Braith- luaitei, M. Ferd. Mueller décrit une nou- velle espèce, découverte aux Nouvelles-Hé- brides par le capitaine Georges Braithwaite. C’est, dit-on, une belle plante avec des gran- des fleurs blanches (?). Par ses caractères, cette espèce est intermédiaire entre les genres Eleocarpus et Aristotelia, (!) Voir Revue horticole, 1881, p. 25'3. (2) IhicL, p. 182. CHRONIQUE HORTICOLE. 425 — Le Journal Irish Farmer's Gazette annonce une nouvelle Cypéracée gigantes- .que, le Cjjperus pseudo giganteus qui, à tort, parait-il, avait été considéré comme un Papyrus antiquorum. Il en existe des exemplaireffe à Glasnevin. — Le journal de M. Robinson, The Gar- den, dans son numéro du 15 octobre 1881, publie une figure coloriée d’une nouvelle variété de Capucine à fleurs pleines d’un beau rouge, nommée Hermine Grashoff. Cette plante, qui a été obtenue en Allema- gne, se trouve actuellement en France, chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux. Dans le même journal, numéro du 22 oc- tobre, nous remarquons, outre la planche coloriée représentant le Lilium pomponium verum^ une figure noire et une description du Primula Sikkimensis, espèce nouvelle (( distincte de toutes les autres espèces con- nues. » Elle est originaire de THimalaya, où elle fleurit en mai-juin. Le pied qui a servi de modèle pour faire le dessin a fleuri dans le Jardin botanique du collège de la Trinité, à Dublin. C’est une très-belle plante que l’on croit très-rustique et devant supporter les hivers de l’Europe moyenne. — Aux personnes qui, n’aimant pas le culte de la routine, s’élèvent assez au-dessus des préjugés pour admettre le jaune, — au moins dans leur jardin, — nous conseil- lons la culture du Gutierrezia gymnos- permoides, Lag., dont on trouvera plus loin une description et une figure. — Que la sécheresse soit extrême dans certaines parties du midi de la France, cela paraît normal; mais qu’il en soit ainsi dans les provinces de l’Ouest et surtout sur le bord de la mer, cela paraît plus surpre- nant. C’est cependant ce qui a encore lieu en ce moment à Nantes, et que nous fait connaître M. Boisselot. Il nous écrivait le 18 octobre : (( Nous avons ici une grande sécheresse très-prolongée; la terre est absolument comme au mois d’août. Mais cela ne ‘durera sans doute plus longtemps, car quelques gelées blanches se sont montrées, qui ont détruit les Haricots. » — Toujours à la recherche des nou- veautés, surtout en Fraisiers, notre colla- borateur, M. Boisselot, nous informe qu’il a reçu du Chili les quelques variétés sui- vantes, qu’il ne connaît pas. Ce sont le (( Fraisier de Cazamepu, de la province de Lanquilhué; Fraisier du Chili, rosé, de rarchipel de Chiloé; enfin le Fraisier lui- sant {Fr ag aria lucida). » A l'égard de ce dernier, M. Boisselot fait l’observation suivante : « Cette espèce est-elle la même que celle introduite depuis longtemps? » C’est ce que l’avenir nous apprendra. Quant aux deux autres espèces, présenteront- elles des avantages pour notre pays? La parole est aux faits, et nous espérons que M. Boisselot voudra bien faire connaître ceux-ci. — S’il faut en croire certaines affirma- tions, la conservation des Pêches, considé- rée jusqu’ici comme impossible, serait un fait à peu près certain. Des expériences con- cluantes, assure-t-on, ont fait disparaître tous les doutes. C’est au point que déjà une société se forme pour exploiter cette partie de l’arboriculture fruitière. Le procédé est, paraît-il, très-simple, facile, peu dispen- dieux, par conséquent très-pratique. On nous affirme aussi que, à l’aide de ce pro- cédé, les Pêches peuvent se conserver en parfait état, cela sans perdre de leur qualité, pendant un mois et plus. Ce serait beau, très-beau assurément; nous n’osons même y croire ; aussi, sans nier la chose, nous craignons qu’il y ait beau- coup à rabattre. Inutile de dire que nous désirons que nos craintes ne soient pas fondées, et d’être trompé « en bien, » comme l’on dit. — Il paraît que, contrairement à l’idée qu’on s’en était faite, le phylloxéra peut vivre dans un climat relativement froid, puisque récemment on l’a découvert dans la vallée d’Ahr, au sud-ouest de Cologne. M. V. Pulliat, qui cite ce fait dans la Vigne américaine., 1881, p. 258, dit que le mal remonte au moins à cinq ou six ans, et que la surface envahie n’est pas moindre de 8,000 mètres carrés. « On ignore, dit notre collègue, comment l’insecte a pu être in- troduit dans une région viticole aussi sep- tentrionale et aussi isolée. » En attendant qu’on connaisse la cause, on s’occupe d’ar- rêter l’effet, ce qui a lieu en « détruisant 426 QUELQUES OBSERVATIONS S toutes les Vignes attaquées par le sulfure de carbone à haute dose. » C’est là un moyen infaillible, celui, du reste, qu’on a employé dans plusieurs loca- lités de la France. NOUVELLE UTILISATION DEl Je dis Chrysanthèmes « d’hiver, » afin qu’il n’y ait pas de confusion avec ces autres plantes auxquelles, bien que très -diffé- rentes, on donne souvent aussi le nom de c( Chrysanthèmes, » et auxquelles appar- tient la variété qu’on a nommée Comtesse de Chambord. Je n’ai 'rien àidire de la culture, que du reste à peu près tout le monde connaît, mon but n’étant autre que d’indiquer un traitement auquel on peut soumettre les Chrysanthèmes d’hiver ou de la Chine, afin de les soustraire à l’action des froids et de profiter de leur floraison. Je ne parle pas des personnes qui ont à leur disposition des serres ou une orangerie, mais pour celles qui n’ont à leur disposition qu’une cave. Voici en quoi consiste le procédé, qui du reste est des plus simples. Quand les plantes sont en gros boutons et que les gelées sont à craindre, on les arrache, et les porte dans la cave, où on les place debout, absolument comme on le fait pour certains légumes, et alors la chaleur de la cave suffit pour faire épanouir les fleurs, que l’on coupe au fur et à mesure du besoin. Par ce moyen, on peut prolonger la floraison jusqu’en janvier et utiliser des plantes qui auraient pu être perdues. Il va de soi que ce procédé ne vaut pas celui qu’on emploie quand on a une serre à sa disposition, ce qui est toujours l’exception; je l’indique comme étant à la portée presque de tout le monde, la plupart des gens, en effet, pouvant ' disposer d’une cave. Je dois dire aussi que toutes les variétés ne se prêtent pas également bien au traitement que je viens d’indiquer ; il faut d’abord choisir celles qui fleurissent tardivement, mais dont les boutons sont cependant déjà QUELQUES OBSERVATIONS fR LE GENRE NEUMANNIA. Ce procédé, peut-être un peu trop radical, rappelle celui que conseillait un dentiste pour guérir le mal de dent : les arra-‘ cher I ! E.-A. Carrière. i CHRYSANTHÈMES D’HIVER bien formés quand on les arrache. Ces con- naissances ne s’acquièrent que par l’expé- rience. Le moyen que je viens de décrire est plus pratique que peut-être beaucoup de gens pourraient le supposer. En voici une preuve : j’ai pour voisin, à la campagne, un cultivateur intelligent qui tous les ans l’em- ploie, ce qui lui permet de vendre des fleurs coupées, à Paris, jusqu’au 15 janvier, par- fois plus tard, alors que depuis longtemps déjà ses collègues n’en ont plus. Il va de soi aussi' que le procédé dont je viens de parler n’est pas comparable, quant aux résultats, à ceux qu’emploient les hor- ticulteurs ; mais comme il présente certains avantages et qu’il est à la portée de tous, j’ai cru devoir l’indiquer. Les personnes qui n’auraient même pas de cave pourraient néanmoins employer ce moyen ; dans ce cas, elles devraient tardi- vement, ainsi qu’il a été dit, arracher les Chrysanthèmes et les mettre dans des vases quelconques qu’elles placeraient à l’abri de la gelée dans une cuisine, une salle à manger ou dans une chambre quelconque, où elles fleuriraient successivement en décembre- janvier. Tous les soins se réduisent à ar- roser les plantes au besoin, et même assez copieusement. Toutefois, en terminant, je crois devoir faire remarquer qu’il y a toujours avantage à n’arracher les Chrysanthèmes pour les faire fleurir à l’intérieur que quand les bou- tons sont déjà très-gros ; autrement certains pourraient ne pas s’épanouir, ou ne le faire que très-difficilement, et quand même l’épa- nouissement se fait relativement bien, les fleurs sont toujours beaucoup plus petites. Lefébure. !UR LE GENRE NEUMANNIA L’article que nous avons publié récemment sur le genre Neumannia (i) nous a valu l’in- (1) Yoir Pieviie horticole, 1881, p. 390. téressante note que voici, qui complète ce que nous avons dit sur ces })lantes très-jolies et certainement trop i»eu connues : CONVENTION DE BERNE. 427 Angers, le 17 octobre 1881. Mon cher rédacteur en chef, J’ai toujours la passion des Broméliacées qui, je dois l’avouer, encombrent mes serres, où elles sont représentées par plus de deux cents espèces dont beaucoup sont des souve- nirs de bons amis qui, comme moi, sont très- épris de ces belles plantes. Aussi, ai-je lu avec un grand intérêt votre notice sur le Neumannia nigra, Ed. Morren. Cette belle Broméliacée figurait en fleurs à l’exposition de Liège, en 1877, dans la collection exposée par le Jardin bo- tanique de la ville. A cette date, M. Ed. Morren voulut bien me donner un jeune sujet issu de cette belle plante absolument introuvable dans le com- merce. En 1879, j’eus la satisfaction d’ob- tenir une très-bonne floraison, après laquelle se montrèrent trois jeunes rejetons. J’offris le premier à M. Jolibois : c’est celui qui est devenu le modèle de la jolie planche publiée par la Revue horticole du 16 courant. Le second a fleuri également au printemps 1881 , chez un broméliophile bien connu, le doc- teur Lebèle, au Mans. Aux renseignements déjà remarquables contenus dans votre si judicieuse notice, j’ai pensé que les lecteurs de la Revue horti- cole liraient avec intérêt ceux que j’ai pu trouver sur le genre Neumannia dans la bibliothèque et les archives broméligraphi- ques de mon ami, M. Ed. Morren. Monsieur et cher collègue, Chargés par la commission des horticulteurs français d’aller à Berne pour })résenter à la conférence internationale pbylloxérique les observations du commerce horticole français sur la teneur de l’article 3 de la convention signée le 17 septembre 1878, nous venons aujourd’hui vous rendre compte de notre mis- sion. ]\ï. Cornu, délégué de l’Institut, représentait officiellement la France à la conférence M. Arago, ambassadeur de France en Suisse, avait obtenu, sur la demande de M. le comte H. de Choiseul, sous-secrétaire d’État aux affai- res étrangères, que nous fussions admis et entendus à titre officieux. La première séance a été consacrée à la constitution du bureau, cà la reconnaissance des pouvoirs de chacun des délégués et à l’adop- tion d’un réglement pour les séances. Le senre Neumannia, établi depuis 1841 par Ad. Brongniart, comprend jusqu’à pré- sent quatre espèces cultivées ; elles font partie de ma collection de Broméliacées; ce sont : 1° Neumannia atroruhens, G. Ivock ; syn. Puya Warszewiczi, Hook, Phlomas- tachys atroruhens, Beer. D’après les vélins de la collection de M. Morren, cette espèce aurait une splen- dide inflorescence et serait la plus belle du genre. L’exemplaire cultivé au Fresne n’a pas encore fleuri. 2» N. imhricata, Brongn. ; syn. Pitcair- nia imhricata, Br., in Hort. ; Phlomasta- chys imhricata, Beer. C’est la moins belle espèce du genre; elle fleurit tous les ans sur les exemplaires adultes. 3“ N. nigra, Ed. Morren ; syn. Neuman- nia species de la Haute- Amazone, Hort. Linden. Cette troisième espèce semble fleurir faci- lement, même chez les jeunes sujets; on ob- tient promptement une belle inflorescence en bouturant la tête des exemplaires en retard. 4^^ N. petiolata, Kock. Cette superbe plante fut exposée fleurie, en 1878, au Ghamp-de-Mars, par M. Joli- bois ; elle eut alors un grand succès ; elle paraît devoir fleurir très -facilement, ce que j’ai constaté l’an dernier ici. A. DE LA DeVANSAYE. f DE BERNE A la seconde séance, nous fûmes introduits par M. Cornu, et autorisés par l’assemblée à assister à toutes les séances plénières. Nous prîmes de suite connaissance des modi- fications que la Suisse proposait d’apporter à la Convention de Berne, et particulièrement à l’article 3, concernant plus spécialement l’hor- ticulture. Ce nouvel article 3 était ainsi conçu : « Les plants, arbustes et produits divers des pé})inières, jardins, serres et orangeries, admis au transit international par les bureaux de douane désignés, devront être accompagnés d’une déclaration de l’expéditeur et d’une attestation de l’autorité du pays d’origine por- tant : « A) Que rétablissement dont ils 2yrouiennent ne possède aucun pied de Vigne, ne fait pms le commerce de cette plante, n’a p)as eu pré- cédemment de ceps pjhylloxérés et se trouve à 428 CONVENTION DE BERNE. \me distance cVau moins 50 mètres de tonte plantation de Viar M. Cornu. Elle nous semblait donner toute satisfaction aux partisans de la protection à outrance, et spécialement à l’Autriclie-Hongrie, qui se mollirait très-exigeante pour tous les produits de l’horticulture. La Suisse comliattit notre j)roposition comme n’offrant pas de garanties suffisantes, et demanda la su])|)ression de toute culture de Vigne dans les jiépinières et les jardins, même dans les pays non ])hylloxérés. Nous fîmes en vain remarquer l’inutilité d’une pareille mesure et la difficulté de l’a})- })li(pier dans la pratique. — Et nous fîmes ressortir également les sacrifices immenses que riiorticulture s’imposait déjà dans le projet que nous avions soumis à la conférence. Mais, malgré tous nos efforts pour faire adojiter ce projet, et bien que le délégué alle- mand nous eût laissé l’espoir de l’appuyer, il fut rejeté par la commission, et dans la troi- sième séance M. le docteur Fatio présenta la rédaction suivante, à laquelle, en dernier lieu, nous avions cru devoir donner notre assen- timent ; (( Les plantes, arbustes et produits divers des pépinières, jardins, serres et orangeries, admis au transit international par les bureaux de douane désignés, devront être accompagnés d’une déclaration de l’expéditeur et d’une attes- tation de l’autorité du pays d’origine portant: « i" Pour les pays non déclarés pbylloxérés: « a) Qu’ils proviennent d’un territoire déclaré pméservé de l’invasion jjhylloxérique et figurant comme tel sur la carte Sj^éciale établie et tenue à jour dans chaque Etat con- tractant. « u) Qu’ils 2^^'ovienneni d’une plantation ou d’un enclos ne renfermant aucun pied de Vigne. « Pour les pays déclarés pbylloxérés : (( Qu’ils 2vro viennent d’ une 2)lcÀntation ou d’un enclos situé d une distance à f xer pjar chaque Etat, mais qui en tous cas ne 2^ourrait qjcis être inférieure à ,20 mètres de toute 2)lantation de Vigne; que l’enclos lui-même 'ne contient aucun pned de Vigne; qu’il n’a jamais renfermé de Vignes 2^bylloxérées et qu’il n’y est fait ni dépjôt ni culture de cette 2Jlante. » Nous pensions que cette nouvelle rédaction donnerait enfin satisfaction aux plus exigeants, et nous la considérions comme l’expression de nos dernières concessions. Aussi, quel ne fut pas notre étonnement d’entendre M. d’Emicb, écuyer imjiérial, délé- gué de la Hongrie, déclarer qu’il ne pouvait l’accepter. En vain MM. Cornu et Fatio essayèrent-ils de lever les scrupules du délégué hongrois. Tout fut inutile, et sur la proposition de M. de Prétis, délégué de l’xVutricbe, il fut décidé que, puisqu’on ne pouvait s’entendre en séance plénière, cette nouvelle proposition de M. Fatio serait étudiée par une sous-com- mission qui ferait un rapport. Nous étions au mardi 4 octobre; la confé- rence fut ajournée au vendredi 7. Nous avions exposé tous nos arguments et défendu de notre mieux la cause que vous nous aviez chargés de soutenir. Cependant nous u’aviops pas de solution à CULTURE FLORALE D’HIVER DES PÉLARGOiNIUMS ZONALES. VOUS ra})})orter, et nous njournàmes notre dé}):u't, espérant que la sous-connnission nous entendrait encore. Il n’en fut rien. Pendant trois jours consécutifs, elle se réunit sans })Ouvoir se mettre d’accord, et la séance ])lénière fut ajournée d’abord au samedi, ])uis enlin au mardi M octobre. Il nous était impossible d’attendre ce délai. Nous dûmes quitter Berne, laissant à M. Cornu le soin de défendre nos intérêts. Nous avons jdeine confiance en lui, et nous savons qu’il ne négligera rien pour faire triompher notre cause, qui est celle du droit et du bon sens. Et quoi qu’il advienne, nous lui exprimons ici notre vive reconnaissance. m M. le comte H. de Clioiseul et M. ddsserand ont bien voulu s’intéresser à cette affaire, et c’est gi'ace à eux que nous avons été entendus à la conférence. Vous vous joindrez certainement à nous })Our les remercier d’avoir bien voulu nous ap})orter leur puissant et bienveillant concours. Nous espérons que la conférence ne tardera pas à terminer ses travaux. Aussitôt que nous en connaîtrons le résultat, nous nous empresserons de vous le faii'e con- naître. Recevez, Monsieur et cher collègue, l’assu- rance de notre entier dévoûment. Ed. André. Louis-An. Leroy. 12 octobre 1881. CULTURE FLORALE D’HIVER DES PÉLARGONIUMS ZONALES Peu de plantes — on peut même douter qu’il y en ait — sont aussi propres à la cul- ture pour la production des fleurs pendant l’hiver que les Pélargoniums zonales, et l’on ne s’explique vraiment* pas pourquoi, à Paris, cette culture est à peu près inconnue. Pourquoi, en effet? Probablement parce qu’on n’y a pas pensé. C’est cette conviction que nous avons qui nous engage à écrire cet article, dans lequel, le plus brièvement possible, nous énumérerons les principaux soins qu’il convient de prendre pour obtenir des résultats satisfaisants, lesquels, du reste, sont d’autant plus faciles à obtenir que, par leur nature, ces plantes sont très-llori- bondes. Afin de mettre un certain ordre dans les faits, nous les placerons dans l’ordre qui semble le plus conforme à l’ensemble des opérations qu’il convient de faire, et qui classe celles-ci suivant la marche où ces opérations doivent être exécutées. Choix des variétés. — Outre la beauté des fleurs et les couleurs qu’elles doivent présenter qui sont déterminées par le but qu’on se propose, on doit choisir des plantes vigoureuses et surtout très-floribondes, dont les pédoncules raides soient assez longs pour qu’on puisse employer les fleurs directement, ou facilement les monter s’il en était besoin. Voici quelques variétés qui nous ont paru de premier mérite tant pour la beauté des fleurs, leur abondance, leur bonne tenue, que pour leur durée. Nous les partageons en deux groupes : à fleurs simples, à fleurs doubles. Fleurs simples : Abondant, Adolphe Crémieux, A. Rosenkrœnzer, Alsacien- Lorrain, Baron Taylor, Béatrix, Docteur Orton, Jules Grévy, Madame Boselli, Ma- dame Mail, L’Élysée, Madame Walter, Mariette- Pacha, New-Life, Nordenskiold, Sahnon , Sarah Bernhardt, Vesuvius, Sir P. Dyke, Titania, West-Brigham, White- Vesuvius. Fleurs doubles: Barthélemy- Saint - Hilaire, Comtesse Horace de Choiseul, Charming , Constancy, Dorine, E. André, Georgeous, J. -B. Varrone, Hopeful, Ma- dame Chariot, Ma joie. Monsieur Flo- re72tin. Monsieur Passeman, Noirot, Le Nain, Madame Gilbrm, Monsieur Tala- bot, Pioneer, Progress, Befmeme^it, Secré- taire Daurel, Serge^it Hoff, Violet. Ces variétés ne sont pas les seules que l’on pourra employer; ce sont celles qui nous ont paru les meilleures, qui ont été choisies chez MM. Thibaut et Keteleer, hor- ticulteurs à Sceaux, dans toute leur collec- tion qui, certainement, est l’une des plus complètes et des plus méritantes. Sentes. — Les serres à Pélargoniums doivent être très- claires, relativement bas- ses et faciles à aérer. Comme dans le cas qui nous occupe il ne s’agit pas seulement de conserver les plantes, mais de les faire fleurir continuellement, la serre devra être maintenue à une température de 6 à 10 de- grés. Il va de soi que, sous l’action du soleil, cette température pourra s’élever beaucoup plus, mais alors on pourra aussi aérer da- vantage. On devra donner de l’air toutes les 430 TULIPA ALBERTI. fois que le temps le permet. Si la tempéra- ture n’était pas un peu soutenue, outre que les plantes fleuriraient moins, beaucoup de boutons pourraient ne pas s’ouvrir et au contraire pourrir. Culture. — La culture proprement dite ne différant pas de celle qu’on accorde géné- ralement aux Pélargoniums, nous n’en par- lerons pas, et nous nous bornerons à indi- quer les époques où il convient de faire les opérations afin d’atteindre plus sûrement les résultats qu’on recherche : la floraison d’hiver. Taille, rempotage. — Ces opérations, qui ne présentent rien de particulier, doi- vent être faites quelque temps avant la période du traitement hivernal, ou du moins dès son début. Voici comment, en général, il convient d’opérer. En juillet-août, on choisit les plantes qu’on destine au forçage d’hiver; on les met à-part et les fait souffrir un peu à l’aide d’une privation relative d’eau, de manière à en ralentir la végétation, à faire aoûter les bourgeons et les mieux dis- poser à donner une abondante floraison et bien soutenue. On pratique la taille, et l’on supprime au besoin quelques ramifications, de manière à régulariser les plantes, si cela est nécessaire. On profite de cette occasion pour rempoter en enlevant une partie de la terre de la motte, qu’on remplace par de la terre nouvelle appropriée, et, au besoin, on met les plantes dans des pots un peu plus grands que ceux dans lesquels elles étaient. Un peu avant l’arrivée des premiers froids, on rentre les plantes dans la serre, où on les maintient dans un état lent de végé- tation, jusqu’à la période fixée pour l’obten- tion des fleurs, où alors on active le déve- loppement par une température un peu plus élevée et plus soutenue. Soins généraux. — Us consistent à ar- | roser les plantes au besoin, en se rappelant i que les Pélargoniums craignent un excès d’humidité, à nettoyer et enlever avec soin les parties mortes ou en voie de décompo- sition, et surtout à couper avec des ciseaux ou avec un greffoir les boutons qui sont altérés, ainsi que les inflorescences mal dé- veloppées, qui absorberaient de la sève au détriment des parties sur lesquelles on compte particulièrement. Cueillette. — Elle est déterminée par l’état des fleurs et subordonnée aux besoins qu’on a de celles-ci. C’est donc une question que seul l’intérêt peut résoudre. Toutefois, nous devons faire observer que si l’on pré- voyait n’avoir pas besoin de fleurs pendant un certain temps, l’on pourrait enlever les inflorescences avant qu’elles se développent, de manière à ne pas fatiguer les plantes inu- tilement. Culture bourgeoise. — En écrivant ce qui précède, nous nous sommes placé au point de vue de la spéculation des fleurs. S’il s’agissait d’une culture purement orne- mentale, les soins et la culture seraient exactement les mêmes ; la seule différence, c’est qu’on laisserait les fleurs s’épanouir normalement, en se bornant à enlever au fur et à mesure celles qui seraient passées. Usage des fleUrs. — La beauté des fleurs et la richesse toute particulière de leur co- loris, unies à la disposition des i nflorescencef;^ font des Pélargoniums des plantes essen- tiellement propres à la confection des bou- quets, auxquels, du reste, elles se prêtent admirablement bien. En outre, les fleurs sont d’une très -longue durée. Au point de vue de l’ornement, on peut sans hésiter affirmer qu’il n’est aucune plante qui, pendant l’hiver, puisse être comparée aux Pélargoniums zonales. En effet, la diversité infinie des couleurs, la floraison ininter- rompue de ces plantes donnent à une serre qui en est remplie un caractère de beauté indicible, vraiment féerique, et cela presque sans soins particuliers, par conséquent à la portée du plus grand nombre. Que désirer de plus ? Ajoutons qu’au point de vue ornemental on peut encore augmenter leur beauté en la diversifiant par un élément particulier : les plantes à feuillages, qui, placées çà et là parmi les Pélargoniums, accentuent les contrastes en les agrémentant. E.-A. Carrière. TÜLIPA ALBERTI Plante relativement naine. Oignon sem- blable à celui d’à peu près toutes les Tulipes de Gesner, auxquelles cette espèce se relie très- étroitement. Hampe robuste, courte- H^VLLe^ r2oHicoLe>. Godarôi, oLeL GUTIERREZIA GYWNOSPERMOIDES. 431 ment villeuse, très-glauque. Feuilles rappro- chées, longuement et largement amplexi- caules, épaisses, charnues, sensiblement ré- volutées, fortement ondulées, ce qui les fait paraître dentées, d’un vert bleuâtre où très- glauque. Fleur petite. Bouton subsphérique ou très-courtement ovale arrondi. Fleurs rouge orangé nuancé, très-brillant, à divi- sions externes distantes, courtement ovales, les internes plus grandes, très-largement maculées brun à la base, rouge foncé au sommet et sur les bords, plus clair au mi- lieu, qui est comme flammé. — Fleurit vers la deuxième quinzaine d’avril. Cette plante, qui n’est autre qu’une des innombrables formes du Tulipa Gesne- riana, n’en est pas moins jolie et très- remarquable par son riche coloris. Ses fleurs dégagent urte odeur douce, très- agréable, bien que toute particulière {sui generis). La Tulipa Alherti, dont nous -donnons ici une figure coloriée, a été décrite par M. Regel, qui l’a dédiée à son fils, M. Albert Regel, voyageur botaniste, qui l’a découverte dans le Turkestan. C’est une plante très- rare, que nous avons étudiée dans l’établis- sement de M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur, route de Sannois, 26, à Argenteuil, où on pourra la trouver. E. -A. Carrière. GUTIERREZIA GYMNOSPERMOIDES Ce genre a été dédié à Guttierrez, bota- niste espagnol. L’espèce dont il va être ques- tion, le Gutierrezia gymnospermoides, Lag. {Gunthera viscosa, Régi.), qui est originaire du Texas, constitue une plante annuelle très-ornementale, mais pas assez connue dans les cultures, où pourtant elle pourrait rendre d’importants services, ce qui m’a engagé à la signaler aux amateurs. Ses caractères sont les suivants : Plante annuelle très-robuste, rappelant assez par son faciès les IJelenium qui, du reste, appartiennent à ce même groupe des Composées. Tiges dressées, très-rameuses,' atteignant de 60 à 80 centimètres de hau- teur. Feuilles sessiles, alternes, un peu vis- queuses, oblongues, lancéolées, ordinaire- ment courtement dentées. Inflorescence paniculée, corymbiforme, large — souvent très-large — par la réunion des nombreuses inflorescences secondaires ou ramillaires. Fleurs d’un jaune très-brillant, à capitules étalés, plats, d’environ 2 centimètres de dia- mètre, composés de nombreux fleurons en- tourés par des demi-fleurons très-étroits. Le G. gymnospermoides (fig. 102) est une plante très-robuste et vigoureuse, « vorace , » comme l’on dit vulgaire- ment, et qui a besoin d’un sol consistant et humeux, ou bien d’être fréquemment et copieusement arrosée. Comme à peu près toutes les plantes annuelles, cette espèce peut s’accommoder de traitements divers ; mais alors, et suivant ceux-ci, elle atteint des dimensions très-variables. On peut semer en septembre, repiquer et hiverner les plants sous châssis à froid, pour mettre en place aux premiers beaux jours, en avril, sur couche, sous châssis, ou mêm^e en pleine terre, puis on repique en pépinière ou directement en place. Enfin on peut semer successivement jusqu’en juin, et ces dernières plantes fleurissent encore dès la première quinzaine de septembre ;*et comme à cette époque les nuits sont plus fraîches et les journées moins chaudes, les fleurs durent aussi beaucoup plus longtemps. Cette époque arrive précisément en même temps que fleu- Fig. 102. — Gutierrezia gymnospermoides. rissent les derniers Asters, avec lesquels, par leurs fleurs nombreuses d’un très-beau jaune, elles produisent de magnifiques con- trastes et ornent très-bien les jardins à ce moment de l’année où, à part les Dahlias, les jardins sont à peu près dégarnis de fleurs. Cette année encore, comme les précé- dentes, nous avons admiré le Gutierrezia gymnospermoides.) dans les cultures de MM. Vilmorin et C^®, qui sont à même d’en fournir des graines. May. 432 CONGUÈS INTEFiNATIOiXAL PHYLLOXÉHIQUE DE LA GIKOA’DE. CONGRÈS INTERNATIONAL PHYLLOXÉRIQUE DE LA GIRONDE Pendant que le Congrès de Berne discutait les précautions à prendre par les parties in- téressées- pour empêcher l’invasion du phyl- loxéra, la chambre de commerce, le conseil général et le conseil municipal de Bordeaux, puis les Sociétés d’agriculture et d’horticul- ture de la Gironde convoquaient, pour le 10 octobre, un Congrès dont le but était de constater l’état présent de la question phyl- loxérique et les résultats obtenus avec les insecticides, afin de répandre, par tous les moyens possibles, la lumière sur une des plus sérieuses questions qui puissent occu- per notre pays. Si, en eflet, on consulte le rapport de l’éminent directeur de l’agricul- ture pour 1880, on voit qu’en France seu- lement, sur 2 millions d’hectares plantés en Vignes, 558,000 hectares sont entièrement détruits par le phylloxéra, et 454,000 hec- tares sont près de succomber : le reste est très- menacé. En un mot, quarante et un départements sont aujourd’hui plus ou moins attaqués. Sur ces chiftres, on ne constate encore que 8,000 hectares soumis à la submersion, 5,547 traités par le sul- fure de carbone, 1,472 par les sulfo-carbo- nates, et enfin 6,441 replantés avec des cépages américains. Pour notre pays seul les pertes se comptent par milliards. Si nous jetons les yeux au delà de nos fron- tières, nous voyons que le Portugal, l’Ès- pagne, l’Italie, la Grimée, la Californie elle-mêmé sont attaqués ; c’est dire com- bien il importe de faire connaître les faits et les expériences qui peuvent guider les propriétaires de vignobles dans la lutte contre l’ennemi commun. Aussi, voyait-on aux séances du Congrè.s de Bordeaux les repré- sentants de tous les départements envahis, les principaux propriétaires de vignobles, les professeurs d’agriculture et des délégués spéciaux chargés de s’enquérir des faits intéressant cliaque sol et chaque climat. L’Amérique du Sud, la Grimée, l’Australie, l’Espagne, le Portugal, la Hongrie; en un mot presque toute l’Europe, avaient à Bor- deaux un représentant. Pour moi, j’étais heureux de voir enfin l’initiative individuelle des Sociétés scienti- fiques se manifester énergiquement sans l’intervention officielle. Pour cette dernière. je n’admets son action que sous deux for- mes : dégrever les propriétés ruinées par le phylloxéra, absolument comme on dégrève d’impôts les maisons non louées et non productives ; 2® puis et surtout presser l’exécution des canaux d’irrigation qui doi- vent apporter la richesse dans les départe- ments d U Midi . Bien ne m’attriste comme cette commission de Beaune qui réclame l’inter- vention de l’Etat, pour ne pas « abandonner les viticulteurs qui, livrés à eux-mêmes, ne manqueraient pas de se décourager. » Ah ! si l’Etat avait à donner du courage à tous ceux qui souffrent dans une industrie, quelle besogne pour MM. les préfets ! Il y a longtemps que, pour la question qui nous Occupe, M. Dumas a dit que la science avait fait son oeuvre, et que c’était à la pratique à faire la sienne. Et, en effet, le Congrès de Bordeaux avait surtout pour but de faire constater des faits et de les porter à la connaissance de tous par tous les moyens possibles. Pour cela, on avait constitué à l’avance des sous-commissions chargées, l’une de faire un rapport sur la lutte indi- recte, c’est-à-dire sur les Vignes améri- ricaines et sur les sables, l’autre sur la lutte directe, c’est-à-dire sur l’emploi des sulfures de carbone et des sulfo-carbonates, puis sur la submersion. Ces excellents rap- ports, faits par les hommes les plus compé- tents, étaient résumés en séance et servaient de bases aux discussions des membres pré- sents. En outre de ces discussions plus ou moins intéressées, les professeurs départe- mentaux d’agriculture, les anciens élèves des écoles et les délégués régionaux se réunissaient pour étudier les questions spé- ciales à leur région. Enfin, on avait préparé, près de la salle des séances publiques, une exposition phylloxérique où l’on pouvait voir des souches vivantes des diverses Vignes américaines, des échantillons de vins, des machines à greffer, les modèles des appa- reils usités pour la production du sulfure de carbone ; de plus, l’École d’agriculture de Montpellier avait une exposition spéciale où se trouvaient des vues microscopiques mon- trant la constitution des racines des Vignes américaines comparées aux Vignes fran- çaises, des échantillons de pépins des diver- DÉCHOÏTOIH ÉCONOMIQUE. 433 ses variétés, les modèles de tous les instru- ments de viticulture, enfin des échantillons de vins obtenus en France avec les diflerents cépages étrangers. Le congrès a tenu jus- qu’à trois séances par jour ; il a terminé ses travaux par une visite dans les vignobles phylloxérés et dans les curieux établisse- ments viticoles du Médoc. En présence de ces faits, et comme résumé de ce qui a été dit au congrès, on ne saurait mieux faire que de donner les conclusions auxquelles sont arrivés les rapporteurs des sous-commissions. Oui, ou non, dans l’état actuel de la science, les Vignes françaises peuvent-elles être sauvées ? Après de nom- breuses visites dans les principaux vigno- bles, les rapporteurs n’hésitent pas à recom- mander trois moyens : 1“ la submersion là où elle est praticable ; elle doit être répétée chaque année et suivie de fumures conve- nables. Les insecticides, et en particulier le sulfure de carbone et les sulfo-carbonates, quand les vignobles ne sont pas trop pro- fondément atteints et qu’ils peuvent sup- porter des frais de traitement répétés. 3» Enfin les cépages américains à racines résistantes, employés soit comme produc- teurs directs, soit comme porte-greffes, sur- tout dans la Gironde, pour reconstituer les vignobles détruits. Il est inutile d’ajouter que dans le choix des cépages il. faut tenir compte de la nature du sol, du climat et de l’exposition. Ainsi, telle variété qui réussit sous le climat sec et chaud du Midi ne conviendra pas dans la Gironde, bien que les latitudes soient à peu près les mêmes ; de plus, certains cépages américains donnent un vin net de goût qu’on peut introduire avec avantage dans les vins du Midi. Tous ces essais, toutes ces études, ne les avons- DÉCROTTOIR Bien que très-vrai et justement appliqué, le qualificatif économique serait insuffisant pour faire admettre la chose à laquelle il s’applique ici, s’il était seul ; mais il n’en est pas ainsi, et le petit instrument dont nous parlons, et que représente la figure 103, réunit les principaux mérites que doit pré- senter tout objet dont l’usage journalier est d’un fréquent emploi, et en même temps indispensable dans un jardin. construction est tellement simple, nous pas faites déjà avec les cépages fran- çais ? Parmi les insecticides usités, deux seule- ment sont aujourd’hui recommandés par tous les praticiens expérimentés. Il n’est peut-être pas inutile de citer les paroles du rapporteur de la commission supérieure sur les 280 concurrents au prix de .300,000 fr. en 1880 : « Ces inventions sont, comme par le passé, un amas d’idées saugrenues, fan- taisistes ou ressassées, qui démontrent que leurs auteurs sont dans la plus grande ignorance de la question. » Je terminerai cette note en rappelant le remède préconisé au congrès par quelques viticulteurs, contre l’anthracnose et le mil- dew : c est le sulfate de fer en dissolution, em- ployé comme lavage en hiver après la taille, ou bien injecté en poudre au printemps, comme on le fait avec le soufre pour l’oïdium . En résumé, aucune invention, aucun pro- cédé nouveau n’a été signalé ; mais le Con- grès a vulgarisé une foule de notions utiles ; il a mis en rapport des hommes intéressés à se connaître ; il a prouvé par des faits nou- veaux que désormais la lutte est possible et que, si l’on succombe, c’est qu’on est resté dans l’apathie et la routine. Oui, la grande industrie viticole a des moyens certains de se sauver. Il y aura encore bien des études à faire, bien des faits à observer ; il y aura à modifier les cultures, à étudier les nou- veaux cépages pour les adapter au sol et au climat ; mais, je le répète, on a aujourd’hui des exemples nombreux de régénération de vignobles menacés de perte totale, et le Con- grès de Bordeaux, en les mettant en lumière, n’aura pas peu contribué à conserver une des plus riches industries de notre pays. Ch. Joly. ÉCONOMIQUE qu’une description est inutile ; il suffit, pour s’en faire une idée exacte, de jeter un coup d’œil sur la gravure ci-contre, qui représente l’instrument en place et posé ; il est en fer fort, galvanisé, ce qui lui assure une durée presque illimitée. Ce décrottoir n’exige pas de scellement, et peut par conséquent se placer à volonté là où l’on en a besoin. Dans les terres fortes, où il est surtout indispensable, il suffit, après en avoir çnterré la partie inférieure, de 434 CORRESPONDANCE. battre fortement la terre de chaque côté ; au contraire, dans les terres peu consistantes ou sablonneuses, il peut être nécessaire de Fig. 103. — Décrottoir éconorriique en place. placer quelques pierres par devant et par derrière, et que l’on recouvre de terre. Quant à sa solidité et à sa durée, elles sont considérables ; nous en avons une preuve par quelques-uns qui, bien que placés depuis quatre années, n’ont subi aucune altération ni aucun déplacement , malgré qu’ils soient dans un terrain peu solide et qu’ils servent à chaque instant pour l’usage auquel ils sont destinés. Ajoutons que la modicité du prix permet d’en placer dans toutes les parties du jardin qui doivent être maintenues propres. Il y a donc, dans cette invention, en ap-' parence peu importante, un nouveau pro- grès d’économie jardinique, accompli par M. Pelletier, à qui cette partie de l’hor- ticulture est déjà si redevable par les di- verses inventions qu’il a faites, et qu’on trouvera chez lui, 20, rue de la Banque, à Paris. E.-A. Carrière. CORRESPONDANCE N» 3906. — Bien que, peut-être, vous puis- siez vous procurer des graines cVEucalyptus amygdalina vera par la voie du commerce, nous croyons, comme cette i)lante est rare et l’elativement nouvelle, que vous auriez plus de chances d’en obtenir des graines en vous adres- sant à M. le prince de Troubetskoy, qui le ])remier l’a fait connaître. — M. le prince de Troubetskoy, villa Intra, à Intra, lac Majeur (Italie). Dans le cas où vous ne pouriiez l’obtenir de M. le prince de Troubetskoy, il faudrait vous adresser à MM. Vilmorin, à Paris, mais jamais au Muséum, qui, du reste, ne possède pas cette espèce. — M»^« H. R. (Mayenne). — Il n’y a d’autre époque pour faire venir de la terre de bruyère que celle du besoin, combinée avec l’écono- mie. Le mieux est d’en faire venir au fur et à mesure, afin de ne pas la conserver très-long- temps, car autrement, et quoi qu’on fasse, elle s’altère toujours. La bonne' terre de bruyère est celle qui con- vient à la nature des plantes auxquelles elle est alfectée. En général, les terres de bruyèi'e lé- gères, dans lesquelles il y a beaucoup de ra- cines ou de détritus de bruyères sont les meil- leures ; par contre les plus mauvaises sont celles qui sont tourbeuses et compactes. Mais quand on n’a ])as le choix, il faut bien em- ployer celle qu’on a, qu’alors on modifie sui- vant le besoin et les cultures auxquelles elle est destinée. Dans ce cas, on y mélange soit du sable, soit du terreau de feuilles, ou mieux du terreau produit de plantes ou d’immon- dices végétaux (ju’on a mis en tas et fait pour- rir. Toujours, dans les mélanges de teri'e de bruyère, l’on devra éviter d’y introduire des éléments calcaires. On ne doit casser la terre de bruyère que peu de temps avant de s’en servir ; les détritus seront mis à pourrir pour constituer du terreau plus tard, ou conservés pour être mis au fond des massifs de pleine terre de bruyère. Pour ceux-ci, la terre devra être concassée grossièrement ; on ne devra que très-rarement passer au tamis, si ce n’est pour des cas rares, quand il s’agit de semis à ojié- rer avec des graines très-ténues, ou faire des boutures de plantes fines et délicates. Les Erythrina en arbre dont vous parlez, et que vous avez vus à Milan, appartiennent à l’es- pèce commune ; Erythrina crista galli. Il y en a d’analogues à Hyères, Nice, Cannes, etc. Il n’est pas rare d’en voir dans ces localités des pieds qui mesurent de 2 à ,5 mètres de hauteur sur 50 centimètres et même plus de diamètre. — No 4635. — Le Tropæolum tuherosum est en elfet peu cultivé, par cette raison que son mérite ornemental est, sinon nul, du moins beaucoup moindre que celui de beaucoup d’au- tres espèces, et que ses productions tubéreuses n’ont non plus qu’une valeur au moins médio- cre, ])OLir ne ])as dire plus. Quant à la culture, elle est analogue à celle des autres espèces : on sème les graines au printemps, et on plante à bonne ex{)osition; on relève les tubercules à l’automne, si l’on a à craindre qu’ils souffrent l’hiver, et on les conserve à l’abri des froids, ]toui‘ les replanter au })]hitemps suivant. On peut aussi multiplier de boutures; celles-ci sont plantées en pleine terre, si le climat et la saison })ermettent ({u’elles forment des tubercules, qui seront traités ainsi qu’il est dit plus haut. Dans le cas contraire, ces boutures devront BIDENS GRANDIFLORA. 435 etro rentrées dans nne serre tempérée, on elles continueront à végéter jnscpi’au printemps sui- • vaut, éi)0(jue où on les metti'a en j)leine terre, ainsi qu’il a été dit ci-dessus. Quant aux engrais chimiques (engrais Ville ou autres), vous en ti'ouverez chez MM. .Tou lie et Cie, i05^ rue Saint-Denis, et chez M. Dudoüy, 38, rue Notre-Dame-des-Victoires, à Paris. BIDENS GRANDIFLORA C’est inutilement que nous avons cherché dans le Bon Jardinier, dans le Jardinier illustré, V Amateur des Jardins, même dans Les Fleurs de pleine terre publié par la maison Vilmorin ; nous avons parcouru vingt années de la Revue horticole, avec l’espoir de mettre la main sur ce rara avis: nulle part nous n’avons trouvé même de traces du Bidens grandiflora Et pourtant c’est une très-belle plante d’ornement qui simule assez bien les Co- reopsis tinctoria, Drummundi, etc., mais leur est bien préférable; une plante déjà vieille en Europe, sans doute, car elle figure dans le catalogue du Jardin botanique de Turin, publié par Balbis en 1812. Pourquoi donc le Bidens à grandes fleurs n’est-il pas cultivé dans les jardins, et n’est- il pas devenu populaire commesesvoisins les Coreopsis ? Nous n’en voyons pas la raison. Pourtant cette plante leur est bien supé- rieure, car on chercherait vainement au- jourd’hui, à là fin de ce mois d’octobre, les Coreopsis ! Ils sont disparus ou, s’ils sont encore en place, ils font une triste mine, tandis que le Bidens épanouit encore ses in- nombrables fleurs, sans même avoir éprouvé la moindre fatigue par les gelées qui sont déjà venues nous visiter plusieurs fois cette année. En présence de ces faits, nous n’hésitons pas à affirmer que nous préférons une bor- dure ou un massif de Bidens grandiflora aux bordures ou aux massifs que l’on fait avec bien d’autres plantes plus ou moins en vogue. Depuis la fin de juin jusqu’à la fin d’octobre, on peut dire que cette plante ne cesse de produire en abondance ses fleurs d’un jaune très-vif, portées sur des pédon- cules qui s’élèvent à peine au-dessus d’un feuillage finement découpé et qui, leur ser- vant de tapis, produisent un effet charmant. Voici une description de cette plante, dont nous croyons devoir recommander la cul- ture, et que nous faisons aussi détaillée que possible : Plante annuelle, très-ramifiée, à rameaux fins, étalés sur le sol, où ils s’enchevêtrent. s’enracinent parfois et ne s’élèvent guère au-dessus de 20 à 25 centimètres. Feuilles vertes, très-élégantes par des découpures deux fois pennées. Rameaux nombreux terminés par un pédoncule tétragone long de 3 à 5 centimètres, portant un capitule large de 4 centimètres. Ces capitules sont munis d’un involucre à deux rangées d’écailles de même longueur; les exté- rieures étalées et vertes, les intérieures appliquées- et jaunâtres. Les ligules qui sont elliptiques, à peine dentées au som- met, composent ce qu’on appelle vulgaire- ment la fleur, qui ^lus tard constitue une sorte de masse ovoïde formée de fruits linéaires, tétragones comprimés, noirâtres et surmontés par deux dents jaunâtres ren- versées. Tous ces fruits (Akènes) sont placés à l’aisselle de paillettes linéaires qui atteignent la naissance des arêtes. Ce Bidens, qui croît spontanément autour de la ville de Mexico, forme une plante très- robuste qui chez nous n’a même pas souf- fert en plein jardin, pendant les deux mois de sécheresse et de chaleur torride qu’il a fait cette année, cela sans que les plantes eussent été arrosées. Comparant cette espèce aux Coreopsis tinctoria et Drummundii, nous constatons que les plantes sont plus buissonneuses, plus floribondes, et que les fleurs sont d’une plus longue durée. CusiN et Guichard, Marchands-grainiers, place du Change, 1, à Lyon. La plante dont il vient d’être question est-elle la même que le Bidens grandiflora, Balb., lequel, d’après Stendel, a pour syno- nymes : Bidens dwensi/bD'a, Wild.; B. odo- rata, Hort.; B. quinqueradiato, Zéa; B. serrulata, Desf. ; Coreopsis diversifolia, Jacq.; C. serrulata, Pers.; Cosmea lutea, Sims ; Keryieria serrulata, Cass. ? On pour- rait presque en douter et croire qu’il y a confusion, probablement par suite des synonymes. En effet, le Coreopsis diver- sifolia, D. C. (non Jacq.), est regardé comme une plante vivace, originaire de la Caroline ; et d’une autre part, MM. Vilmo- 436 LES CATALOGUES. rin et G'®, dans Les Fleurs de pleine terre, décrivent comme annuel le Coreopsis di- versi folia, D. G., qu’ils regardent comme synonyme des C. p)icta et C. hasalis, Hort., et Calleopsis Drummundii, Don. Il nous paraît donc nécessaire que des expériences sérieuses soient faites pour éclairer la question. Pour cela, il suffirait de se procurer des graines de Bidens gran- diflora chez MM. Gusin et Guichard, à Lyon, et des graines de Coreopsis diversi- folia chez MM. Vilmorin, de les semer et de comparer les plantes. G’est le seul moyen, croyons-nous, d’é- claircir cette affaire ; on a d’autant moins à craindre que, en supposant qu’il y ait une différence, elle ne serait guère préjudiciable, car l’on ne peut douter que ces plantes soient toutes deux méritantes. (Rédaction.) LES CATALOGUES Nardy, horticulteur à Hyères (Var). Siq)plé- ment au catalogue. Plantes particulièrement pro- pres à la région méditerranéenne, telles que Aca- cias, Agaves, Dasylirions, Dracæna i)idivisa, Echeveria, Eucalyptus, Lauriers-roses, Oran- gers, Palmiers, etc. Rosiers greffés et francs de pied, etc. Graines fraîches récoltées dans l’établissement : Agaves, Dasylirions, Cordylines, Acacias, etc. — Ranieri-Pini, horticulteur au Prato (jn’ov. di Firenze). Automne 1881. Graines de céréales, de plantes potagères et de fleurs diverses. Plantes bulbeuses et tuberculeuses ; Tulipes, Jacinthes, Crocus, Amaryllis, Lis, Scilles, Pan- craèinm. Tubéreuses, Crinum, Ixia, Anémones, Renoncules, Fritillaires, Iris, etc. Dans cette catégorie de plantes bulbeuses ou tubéreuses se trouvent un grand nombre d’es- pèces l'ares : Trülium, Wachendorfia, Cyclo- botra, Erythronium, Camassia, Canarina, Ccdochortus, Buhartia, Ccdlyroa, Brodiaca, Anomatheca, Babiana, Dodecatheon, Zephy- ranihes, etc. — Baltet frères, liorticulteurs-pépiniéils- tes à Troyes (Aube). Catalogue et prix cou- rant, automne 1881 et printemps 1882. Arbres fruitiers en tous genres, de forces et de formes diverses : arbres, arbilsseaux et arbustes fo- restiers et d’ornement. Plantes grimpantes , arbustes et arbrisseaux à feuilles caduques et à feuilles persistantes. Conifères en pots et en paniers. Rosiers francs de pied et greffés à di- verses hauteurs. Jeunes plants fruitiers, fores- tiers et d’ornement. Fraisiers. — Diveus : Dahlias, plantes vivaces, plantes médicinales, })lantes de serre tempérée et d’orangeile, etc. Spécialité pour massifs. Graminées, i)lantes pour suspensions. Oignons, rhizomes et tuber- cules à fleurs. Asperges et graines potagères, de fleurs, d’arbres, etc; — Codefroy-Lebeuf, horticulteur, 26, route de Sannois, à Argenteuil. Catalogue général des Asperges, Fraisiers, arbres fruitiers, etc. Dans chacune des séries que comporte le cata- logue se trouve, outre une énumération des meilleures variétés anciennes, une liste des nouveautés, et })Our toutes celles-ci, outre le nom, on trouve des renseignements sur les })rin- cipaux caractères. Dans les arbres fruitiers, la section des Pê- chers comprend à peu près toutes les nou- veautés américaines et anglaises désignées par la qualification générale Early, c’est-à-dire 'précoces. — Eugène Verdier, horticulteur, 37, rue Glisson , à Paris. Collections spéciales de Glaïeuls, Amaryllis, Iris Germanica, Lis, Pi- voines herbacées. Œillets, etc. Les Rosiers nouveaux qui sont actuellement en vente sont au nombre de 60 ainsi répartis ; 36 dans les hybrides remontants, 16 Thés, 3 Noi- settes, 2 Ile-Bourbon, 1 Moussu remontant, I Polyantha remontant, enfin 1 Rosa rugosci. — yp«c veuve Ducliei’, 23, rue des Quatre- Maisons, à Lyon (ses enfants successeurs), vient de mettre au commerce les variétés suivan- tes de Rosiers obtenus dans son établissement, qui toutes appartiennent aux « hybrides re- montants. .» Ce- sont ; Ernest Prince, François Olin, Climbing Capitaine CJiristy. Ce dernier est « le même que Capitaine Christy, mais fleuiissant plus abondamment et grimpant. » — Guéi'in-Cauguin, horticulteur, 127, Grande- Rue-Saint-Marceau, à Orléans. Prix-courant. Arbres fi-uitiers, forestiers et d’ornement. Ar- bustes et arbrisseaux à feuilles caduques; idem à feuilles })ersistantes. Conifères en pots, en pleine terre, en motte et en paniers. Jeunes plants en tous geni’es : fruitiers, forestiers et d’ornement. Plantes de terre de bruyère, })lan- tes grimpantes. Plants de Conifères. Rosiers francs de pied et greffés à différentes hauteurs. Collections de plantes diverses. Plantes vivaces, Fraisiers, etc. — Le premier catalogue de la « Compagnie continentale d’horticulture » (ancien établisse- ment d’horticulture de M. J. Linden, à Gand, Belgique) vient de paraître. G’est une sorte de répertoire général d’horticulture, dont par con- séquent nous ne tenterons même pas l’énu- mération ; nous nous bornons à dire que les (( plantes nouvelles mises au commerce pour HOHENBERGIA la ))i-emii'ro lois par rétablissement le avril 1881 » comprennent les })rinci})ales nouveautés horticoles. Outre les })lantes de serre de tous genres, on trouve dans cet établissement, des collections FERRUGINEA. 437 d’arbres IVuitiers, d’arbustes de })leine terre. Plantes vivaces, plantes grimj)antes, etc. Les catalogues seront envoyés aux personnes (|ui en leront la demande. HOHENBERGIA FERRUGINEA Plante très- robuste, vigoureuse, rappe- lant un peu par son faciès général le Vrie- sea Glazioweana. Feuilles longues, d’envi- ron 70-80 centimètres, larges de 10-12, d’un vert clair, irrégulièrement maculées çà et là d’un vert sombre, formant des taches plus ou moins foncées, parfois bru- nâtres, brusquement et courtement atté- nuées au sommet, qui est souvent révol uté. Hampe centrale s’élevant peu au-dessus des feuilles, à ramifications très-nombreuses. compactes par les très-courts épillets qui constituent comme des sortes de gloméru- les. Fleurs extrêmement petites, rosées- lilacées, surmontées par des étamines pla- cées entre trois bractées, foliacées, ovales, courtement étalées, formant une sorte de calicule ou d’involucre, dégageant une odeur fine, agréable, mais tout à fait parti- culière. Fruits nombreux, ovoïdes, charnus, succulents, blanchâtres ou lilacé violet, rap- pelant assez ceux des Æchmea. La hampe Fig. 104. — Hohenhergia ferruginea, au 1/12 de grandeur naturelle. et ses ramifications sont recouvertes d’une sorte de pulvérulence plucheuse d’un gris ferrugineux qui donne à la plante un aspect sombre. Cette espèce (fig. 104), qui probablement n’avait jamais fleuri en France, et dont une floraison vient de s’effectuer dans les serres du Sénat, au Luxembourg, se trouve dans quelques collections sous les noms de Nidularium fragrans ou Gusmannia maculata. Si elle n’est pas jolie par ses fleurs, il en est autrement par son feuillage et son aspect général. Sous ce rapport, elle mérite une place dans toutes les collections d’amateur. Le seul défaut qu’on pourrait peut-être lui reprocher, c’est de prendre un peu trop de place. En effet, la plante dont nous parlons, bien que dans un très- petit pot, n’avait pas moins de 1"™ 50 de largeur ; sa hauteur, beaucoup moindre, n’atteignait pas 1 mètre. E.-A. Carrière. 438 A PROPOS DU CYCAS SIAMENSIS. A PROPOS DU CYGAS SIAMENSIS Argenteuil, le 19 octobre 1881. Mon cher Monsieur Carrière, Je vous remercie en mon nom d’abord, ensuite et surtout pour l’horticulture, d’avoir publié dans la Revue horticole un article et une bonne figure du Cycas Siamensis. C’est une vieille connaissance que j’ai tou- jours cherché à répandre, sans grand suc- cès. Le public horticole était prévenu contre cette belle espèce; je ne sais vraiment pour- quoi. J’ai tout lieu d’espérer, maintenant que vous l’avez fait amplement connaître, que les portes des jardins d’hiver vont s’ouvrir toutes grandes devant ce nouveau venu. Pour celui qui a vu cette espèce dans son pays d’origine, il n’y a pas de plus belle plante. A Saigon, c’était sans contredit le plus beau des Cycas, et une des plus belles choses qu’il fût possible d’admirer. Les personnes qui, du haut du jardin d’hiver de Kew, ont vu s’épanouir les frondes des Balantium antarcticum peuvent seules se faire une idée de l’élégance des frondes du Cycas Siamensis J quand les plantes sont bien établies. Je ne sais vraiment pourquoi cette plante n’est pas plus répandue. Ce n’est pas précisément une nouvelle venue, puisque, dès 1872, M. Cavron, de Cherbourg, en possédait de nombreux exemplaires qu’il avait reçus de Cochinchine. Depuis cette époque la plante a été souvent réintroduite ; mais alors, faute d’une description exacte, elle était peu connue. En 1878 ou 1879, le catalogue de M. V. Bull la mentionnait au nombre de ses nouveautés. Quoi qu’il en soit, c’est au Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne que revient l’honneur d’avoir motivé la figure que vous avez publiée. Vous vous rappelez sans doute avoir vu chez moi, pendant deux hivers, dans une salle à manger où nous n’avons jamais réussi à avoir chaud, un exemplaire de Cycas Sia- mensis que j’avais rapporté en 1876. Jamais cette plante n’a souffert, quoique le thermomètre eût souvent marqué zéro. Je ne sais vraiment à quoi attribuer la résis- tance de cette plante au froid relatif de nos appartements. Le Cycas Siamensis croît en Cochin- chine, dans l’île de Ponlo-Condor, où il est extrêmement abondant. Cette île, placée entre les 8« et 9® degrés de latitude nord, présente un climat de beaucoup supérieur à la moyenne de nos étés, et si le thermo- mètre monte rarement au-dessus de 35, par contre il ne descend guère au-dessous de 17. J’ajouterai que les Cycas croissant au milieu de rochers fortement insolés, la chaleur rayonnante doit y être terriblement élevée. Je ne sais s’il faut rapporter à cette es- pèce le G. inermis, de Loureiro, ce dont je suis disposé à douter, car cet auteur ne men- tionne pas le caractère original de la tige, ce renflement qui se remarque sur tous les individus. Par ses graines, le Cycas Sia- mensis paraît se rapprocher du C. Neo- Caledonica. Du reste, à mon avis du moins, cette plante semble être comme un enfant égaré de cette flore océanienne dont on re- trouve des exemples sur plusieurs points du territoire de la Cochinchine et du Cam- bodge. L’île de Phu-quoc et différents points des provinces d’Ha-tien et de Chav-doc doivent être particulièrement cités. Pour quiconque a parcouru l’herbier de la Cochinchine, les spécimens que j’ai rapportés de l’ile de Phu- quQp et de la côte occidentale de la Cochin- chine, cette relation n’est pas douteuse. Il y a une série de plantes qui sont bien des espèces plutôt australiennes qu’asiatiques. Les, Dacrydium, les Melaleuca surtout, qui forment des fourrés immenses, des plantes de plus humble apparence, quelques espè- ces de Fougères, en un mot des plantes de toutes sortes dont il nous serait facile, avec un peu plus de loisir qu’à cette époque, de dresser une liste, appartiennent bien à une flore plus froide que celle de la Cochin- chine. Ce curieux phénomène d’assimilation, quelle que soit la cause à laquelle on l’at- tribue, n’est du reste pas spécial aux plantes. Le Grand-Lac, cet immense estuaire que des soulèvements et des transports de terre par les grands fleuves de la Cochinchine ont isolé de la mer, n’est presque entièrement peuplé que de poissons appartenant à des A PROPOS DU CYCAS SIAMENSIS. 439 espèces d’eau salée, et cependant l’eau du Grand-Lac est parfaitement douce. Pour en revenir au Cycas Siamensis, c’est une plante qui mériterait d’être cul- tivée dans tous les jardins d’hiver. Elle se montre sous une infinité de formes. Chez certaines, les folioles ne commencent qu’à une assez grande distance du pétiole ; sur d’autres, elles sont beaucoup plus rappro- chées du tronc. Quelquefois les frondes revêtent une couleur vert glauque, presque bleuâtre. Les unes ont les folioles très- larges, d’autres très-étroites. On peut pres- que dire qu’il y a autant de formes que d’individus. De plus, ce Cycas atteint des dimensions extraordinaires : on en rencontre qui dépassent 4 et 5 mètres de hauteur; les exemples de troncs ramifiés ne sont pas rares. Quand cette espèce sera plus connue, on ne la confondra plus avec les G. Neo-Ca- ledonica, G. Rhumphi et autres dont elle est pourtant très-différente. Quand on sera convaincu de sa force de résistance au froid, il est évident qu’elle remplacera avantageusement les G. circinalis et re- voluta. Les frondes qui, sur des exemplaires bien traités, sont très-nombreuses, ont une lon- gueur et un cachet d’originalité qui donnent à cette espèce une physionomie toute parti- culière, et beaucoup plus élégante que chez les espèces précitées. Il est évident que l’on ne peut juger une plante sur des exemplaires d’introduction ; j’espère cependant que l’article et la figure que vous avez donnés du Cycas Siamensis engageront le public à se le procurer. J’a- jouterai que son introduction est des plus faciles, que la plante est commune, et qu’il en arrive chaque annéé qui restent en magasin faute de débit, par suite de l’igno- rance des qualités de cette belle espèce. J’engage les personnes qui ont des rela- tions en Cochinchine à introduire ce Cycas vers le mois de mai au plus tard. A cette époque, les plantes ont supporté les longs mois de sécheresse ; leurs anciennes frondes sont souvent déchiquetées ; mais elles tien- nent en réserve une nouvelle couronne qui ne tardera pas à se développer peu après leur arrivée. Les mois de mars et d’avril sont les meilleurs pour l’introduction des végétaux de Cochinchine, parce que le réveil de la végétation n’a pas encore commencé et que les plantes arrivent avec leurs nouvelles pousses toutes prêtes à sortir. Il faut, à l’arrivée de ces Cycas, les débar- rasser de tous les corps étrangers et surtout des insectes qui, en général, les accompagnent, en nettoyer les plaies, car malheureusement trop souvent les indigènes blessent les plantes à coups de pioche. Pour donner une idée des singularités de ce climat de Cochinchine, où on voit des pois- sons qui grimpent sur les arbustes et d’au- tres qui murmurent, des serpents à mous- taches et mille autres excentricités du même genre ; j’ai même rencontré, sur une petite montagne de 300 mètres d’altitude, une Fougère qui croît dans différents coins de notre Normandie : V Hymenophyllum Tunhridgeyise. Il est évident que quand M. Pierre aura terminé le travail herculéen qu’il a entre- pris, la flore de Cochinchine, l’on cons- tatera immédiatement combien les rapports de certaines parties de la Cochinchine avec ceux de pays beaucoup moins chauds, sont frappants. Le Cycas Siamensis est certainement un des cas les plus curieux de la résistance de certaines plantes à une température bien inférieure à celle des climats où elles crois- sent. Il serait du reste intéressant de comparer le degré de résistance de cette espèce avec celui d’autres espèces du même genre. Peut-être peut-on attribuer ce degré de rusti- cité à la nature du climat de Cochinchine. Les plantes y sont à l’état de repos du mois de novembre au mois de mai , époque pen- dant laquelle il ne tombe pas une goutte d’eau. Chacun sait qu’une plante tenue sèche pendant l’hiver (les Orchidées, par exemple, en fournissent une bonne preuve) est beaucoup plus apte à résister à une température basse que celle qui est mainte- nue dans un état continu de végétation active. La Cochinchine nous réserve encore bien d’autres surprises. Un collecteur de M. San- der, de Saint-Albans, est parti dans ce pays il y a quelques mois; il est donc plus que probable que nous apprendrons du nouveau avant peu. M. le docteur Harmand, le hardi explo- rateur, va partir sous peu occuper des fonctions importantes dans ces contrées si 44Ü PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES. intéressantes. Espérons qu’il lui sera pos- sible de faire étudier la flore des parties peu connues du Laos, qui jusqu’à ce jour ont gardé leurs secrets. Nos vœux les plus sincères accompagnent notre ancien chef. Godefroy-Lebeuf, Horticulteur, 26, route de Sannois, à Argenleuil, ex-membre de la mission Harmand. CULTURE DES FUCHSIAS EN CORDONS ET EN ESPALIERS Bien qu’il ne soit pas précisément nou- veau et qu’il puisse rendre de grands ser- vices, ce mode de culture est peu connu, ou du moins très-peu usité ; je ne l’ai guère remarqué que dans une seule maison : au château de Ferrières-en-Brie, où il est mis en pratique par M. Bergman, jardinier en chef, directeur général des cultures orne- mentales de cette remarquable propriété, unique, peut-être, dans son genre. Le procédé qu’emploie M. Bergman est tel- lement simple qu’on peut l’indiquer en quel- ques mots, ce que je vais essayer de faire. Une condition indispensable est d’avoir des plantes vigoureuses, dont la tige puisse facilement s’élever plus ou moins haut. Les espèces robustes, qui poussent beaucoup et qui sont très-Üoribondes, sont donc les seules qu’on puisse employer. Elles sont du reste nombreuses et appartiennent presque toutes au groupe des glohosa, ce qui pour- tant ne veut pas dire que ce sont les seules qui peuvent être employées à cet usage qui, il faut le reconnaître, est un peu lié au but qu’on se propose d’obtenir. D’une autre part, cette culture « en l’air » des Fuchsias est très-rationnelle, ces plantes ayant à peu près toutes les fleurs tout à fait pendantes, de sorte qu’on ne les voit réellement bien que si elles sont élevées, et qu’on soit placé au-dessous d’elles. Pour réussir dans cette culture, les plantes ne dpivent pas seulement être vigoureuses ; il faut les planter en pleine terre préparée, soit le long des murs contre lesquels on les palisse, soit partout ailleurs, et alors on leur donne des supports appropriés aux circons- tances. Le plus souvent, dans ce cas, ce sont des fils de fer disposés en cordons sur les- quels on fait courir les branches. Culture. — Placées en pleine terre, les plantes s’y développent vigoureusement et sans soins, pour ainsi dire, autres que des arrosages qui, du reste, doivent être copieux, surtout quand les plantes sont en végétation ; sans cela,' les fleurs seraient plus chétives et pourraient même tomber, ce qu’il faut éviter. Taille. — Comme les fleurs des ï’uchsias viennent sur le jeune bois, il faut tâcher d’en faire développer le plus possible, et pour cela on doit, chaque année, supprimer tous les bois maigres, et ne conserver que la tige et les branches charpentières princi- pales, et en réduisant même celles-ci, de manière à n’avoir jamais de parties dénu- dées ni dépourvues de fleurs. Sallier père. PLANTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Pimelea Nieppergiana. — Introduite de la Nouvelle-Hollande par le baron Hugel, qui l’a dédiée au baron Niepperg, amateur d’horticulture, cette espèce, très-rameuse, à ramifications ténues, dressées, a les feuilles linéaires, excepté celles qui avoisinent les fleurs, qui s’élargissent en raison de leur rapprochement avec elles, de sorte que les quatre dernières feuilles placées immédia- tement sous l’inflorescence forment à celle- ci une sorte de large involucre calicinal. Fleurs nombreuses, blanc pur, réunies en sorte de capitule onibelloide, à tube d’envi- ron 13 millimètres, terminé par quatre di- visions étroites, étalées, portant au centre un faisceau jaune dû aux anthères. Cette plante se cultive et se multiplie comme les autres espèces du même genre. Disons toutefois que le sujet qui convient le mieux pour la greffe est le Pimelea dru- pacea qui, lui, fleurit et fructifie très-bien dans les cultures. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE Les expositions de la Société nationale et centrale d’horticulture aux Champs-Elysées. — Création d’une école pratique d’irrigation dans Vaucluse. — Procédé pour l'aire cuire le Soja. — Deuxième fascicule de V Iconographie des Azalées de l’Inde, par M. Aug. Van Geert. — Proposition de M. Van Geert, relative à l’unification de l’échelle thermométrique. — Turions comestibles produits par le Canna edulis. — Vigne Madresfleld Court black muscat. — Rusticité des Oignons. — Le Soja fourrager; expérience faite par M. Tardieu, cultivateur dans l’Oise. — Les récoltes et les variations de tempéra- ture en Espagne; lettre de M. Racaud. — Prune Saint-Martin ; autre Prune tardive recommandable. — Plantes décrites par le Florist and Pomolorjist. — Publication de la troisième édition des Serres-Vergers, de M.. Pinaert. — Les graines dites Noix d’Amérique; lettre de M, Lafond. — L’inHuence des milieux. — Multiplication du Poinsettia pulcherrima flore pleno; procédé de M. Adam. — Nouveau cépage obtenu dans un semis de Jacquez; lettre de M. Pulliat. — Un Rosier grimpant, provenant, par dimorphisme, d’une sorte non grimpante; lettre de M'"®Ducher. Il paraît certain que, à l’avenir, les expo- sitions de la Société nationale et centrale d’horticulture de France se. feront aux Champs-Élysées, dans les différents pla- teaux situés au sud du palais de l’Industrie, entre celui-ci et la Seine, et dont le pavillon de la ville de Paris occuperait à peu près le centre et servirait, quel que soit le pro- jet adopté, pour abriter les plantes délicates, susceptibles de souffrir du grand air. Ce monument tout en fer qui, en 1878 était placé au milieu de l’Exposition universelle du Champ-de-Mars, est très-vaste : sa sur- face est de 3,000 mètres carrés. H y a deux projets, l’un restreint qui serait probable- ment limité d’un côté par le plateau du res- taurant Besselièvre, et du côté opposé par l’un des plateaux placé près du Palais, vers le sud- est. Le second projet comprendrait une su- perficie infiniment plus grande de 25,000 à 50,000 mètres, et même beaucoup plus si l’on voulait. Il va sans dire que pendant la durée des expositions toutes les allées, autres que celles qui sont indispensables pour la cir- culation publique, seraient interdites. La So- ciété nationale et centrale d’horticulture de France s’engagerait, paraît-il, à faire trois expositions par année : une au printemps, une autre à l’été et la troisième à l’au- tomne. Nous croyons pouvoir assurer que le grand projet sera adopté; c’est avec. raison du reste, car, comme dit le proverbe, « qui peut le plus peut le moins » tandis qu’il en est souvent autrement du contraire. Quel que soit le nombre de grandes expositions qui soient faites, cela n’empêcherait pas les expositions spéciales de fleurs, de fruits, de légumes, de manière à ce que toutes les séries de plantes puissent figurer ; au reste, 1er décembre 1881.' cela peut se faire avec deux et même trois grandes expositions à époque fixe. — L’horticulture est tellement liée à l’agriculture, lui est tellement connexe, que toute amélioration importante apportée à l’une réagit toujours plus ou moins sur l’autre. Aussi est-ce avec un grand plaisir que nous apprenons que le Conseil général du département de Vaucluse vient de voter 180,000 fr. pour la création d’une école pratique d’irrigation, qui servira non seu- lement les intérêts agricoles, mais facilitera l’établissement des cultures horticoles et même sylvicoles qui, surtout dans les par- ties chaudes de la France, ne peuvent pro.s- pérer sans eau. — Tant de fois déjà nous avons parlé de la culture du Soja, que tout récemment encore nous déclarions être une précieuse addition aux plantes culinaires, que nous croyons devoir reproduire ici un conseil donné pour en obtenir une parfaite cuisson, ce qui, comme l’on sait, est une condition essentielle pour la qualité des légumes, sur- tout des sortes de la famille des Légumi- neuses. Nous l’extrayons du Bulletin de la Société dliorticulture d'Étampes, 1880, p. 49. Voici : Pour un demi-litre de grains qui, après la cuisson, fournira 1 litre 1/2, mettre le Soja tremper pendant vingt-quatre heures dans 1 litre d’eau de pluie ou d’eau de rivière dans laquelle on aura fait dissoudre 50 grammes de sucre. Le lendemain, égouttez les grains; plongez- les, comme les autres légumes secs, dans l’eau froide, et portez-les à fébullition pendant trois heures. Faire cuii-e à grande eau ; saler convenable- 23 442 chroniqup: horticole. ment à demi-cui.sson. On ])cut même à ce mo- ment, ou peu upj'ès, mettre yros comme une noix de beurre. Assaisonnez au gras ou au maigre. Si nous ne pouvons garantir ce procédé, que pourtant nous avons lieu de croire bon, ce que nous ne saurions trop affirmer, c’est que le Soja d’Etampes est très-bon, déli- cieux même, soit en vert, soit en sec. Qu’il y ait des Soja médiocres, mauvais même, c’est possible, même probable ; mais qu’il y en ait d’excellents,/ceci ne peut pas faire l’ombre d’un doute. Celui dit « d’Étampes » est de ce nombre. » — Le deuxième fascicule de Y Iconogra- phie des Azalées de YLide, parM. Auguste Van Geert, de Gan>l (Belgique), vient de paraître. Il contient trois planches coloriées représentant Élise Liéher, Madame Louis' Van Houtte et James Weitch. Une des- cription de chaque variété, indique ce qu’elle est et vaut, au point de vue commer- cial, ce qui en fait un guide pour les hor- ticulteurs et les amateurs de plantes, à qui cet ouvrage devient indispensable. Ainsi, pour James V^eitch, M. Van Geert écrit : (( La plante est très-llorifère, et ses bou- tons n’avortent pas aisément ; la végétation est vigoureuse et ne donne pas beaucoup de bois. Elle se force facilement et sera très- recherchée pour la confection des bouquets quand elle sera mieux connue. » Le nom de l’obtenteur et l’origine de la plante ne sont pas oubliés. De cette der- nière, et relativement à la variété il/adame Louis Van Ilouite, il est dit : et Cette bril- lante Azalée est le produit de ce qu’on nomme un lusus (dichroisme ici) : elle provient d’une branche trouvée sur l’Azaléa Monsieur Joseph Lefebvre, plante obtenue de semis à l’établissement Van Houtte, fixée au moyen du greflage et mise au com- merce en 1878. » On le voit, en quelques mots l’histoire de la plante est à peu près complète. — Simplifier les choses en les uniformi- sant, c’est les mettre à la portée d’un plus grand nombre, en attendant qu’on arrive à les mettre à celle de tous. Tel est le but ques’est proposé un jeune horticulteur belge, M. Van Geert, fils, d’Anvers, au congrès hor- ticole qui s’est tenu récemment dans cette ville, à la suite de l’exposition d’horticulture. Frappé des inconvénients qu’entraînent les différents thermomètres, il a proposé au congrès, l’unification de l’échelle thermo- métrique, en faisant observer que, par suite de ces différences, on est obligé d’a- bord d’indiquer l’échelle dont on se sert, ensuite de faire des réductions de façon à avoir des équivalents, ce qui nécessite des calculs qui, bien qu’ils ne soient pas très- difficiles, ne sont pourtant pas accessibles à tous et desquels résultent souvent des erreurs. M. Van Geert a proposé l’échelle centigrade comme la plus simple, proposition qui a été adoptée par le congrès. L’idée est bonne, assurément, et nous voudrions la voir adopter par tous. — Les Cannas qui, jusqu’à ce jour, n’a- vaient été considérés que comme des plantes ornementales, vont probablement faire partie de l’économie domestique et concourir, pour une large part peut-être, à l’alimentation de l’homme et des ani- maux. C’est encore à l’infatigable chercheur de plantes cornestibles, M. Paillieux, que nous sommes redevables de cette découverte. Ayant fait venir de l’Amérique centrale le Canna edidis, Ker., qu’il cultive depuis trois ans déjà, il a pu s’assurer que les énormes turions que produit cette espèce peuvent être mangés. Aujourd’hui le fait est constaté, et tout récemment, dans un déjeuner improvisé à cet effet et auquel nous assistions, nous avons pu nous assurer que, en effet, ces turions, étant cuits, sont féculents et sans saveur désagréable, au contraire, qu’ils peu- vent être accommodés de diverses manières et occuper une bonne place dans l’usage culi- naire. Nous y reviendrons prochainement et démontrerons que cette espèce n’est pas la seule du genre qui soit comestible, qu’il en est beaucoup d’autres qui, à des degrés divers, peuvent être employées comme ali- ment. — Dans son numéro d’octobre 1881, le Bulletin d’arboriculture et de floriculture de Belgique décrit et figure une nouvelle Vigne ; Madresfield Court black muscat, provenant d’une fécondation entre le Mus- cat d’ Alexandrie et la Ahgne Marocco . Cette variété d’origine anglaise est, assure- t-on, de tout premier mérite comme plante propre au forçage. CimONIQUE HORTICOLE. 443 — La réputation de rusticité dont jouit l’Oignon blanc est elle méritée? Oui, assu- rément. Mais ce qu’on ignore générale- ment, c’est que cette qualité est propre aux autres e.spèces ; à peu près toutes la possèdent et peuvent impunément sup- porter nos hivers. C’est un fait hors de doute; aussi engageons-nous tous les jardi- niers à semer, à la même époque qu’on le fait pour l’Oignon blanc, tous les Oignons rouges ou autres, ou simplement les espèces dont ils pourront tirer parti, et dans cette circonstance nous croyons qu’ils feront bien d’essayer, sinon sur une très-grande échelle, du moins le plus possible de varié- tés, car si à peu près toutes sont rustiques, il serait possible que, suivant les conditions de sol et de milieu, il y ait des variétés qui « tournent » mieux que certaines autres. — Décidément le Soja\a faire son chemin. Dujardin il va passer aux champs : de l’essai à l’application, c’est logique. Ainsi, dans une lettre adressée à MM. Vilmorin par M. Tar- dieu, à Frétoy- le -Château, par Guiscard (Oise), et qu’ils ont eu l’obligeance de nous communiquer, nous copions ce passage, qui nous paraît devoir intéresser nos lecteurs : Le Soja sera je crois, la providence des ter- rains légers comme plante étouffante des mauvaises herbes, s’étant ici mieux comporté pour la maturité que les Haricots du pays. J’ai tout fait couper à la faucheuse; la dessic- cation des feuilles, qui m’inspirait des craintes, s’est bien faite ; la grande quantité de celles-ci me paraît être une sécurité de plus à cause de leur finesse; aussi je compte bien la cultiver en grand dans mes teri'ains légers. Cette plante devient tellement épaisse, que les lapins la broutent autour et entrent difficilement dans le champ. Il s’agit probablement ici d’une sorte hâ- tive de Soja, puisque, même dans le dépar- tement de l’Oise, elle a mûri « mieux que les Haricots du pays. » Notons toutefois que si on le cultivait comme (( plante étouffante, » il conviendrait peut-être de choisir une variété très-vigoureuse et buissonnante, lors même qu’elle ne devrait pas bien mûrir ses fruits, pui.sque, dans ce cas, ce serait une sorte de culture exceptionnelle, faite surtout pour nettoyer le sol, ainsi qu’on le fait pour certaines cultures sarclées. Dans le cas encore où il s’agirait unique- ment de plante fourragère, il conviendrait de choisir une sorte hâtive qui, outre les tiges et les feuilles, pourrait mûrir ses fruits, ce qui augmenterait la proirriété nutritive du fourrage. — Malgré l’extrême sécheresse qui se prolonge en Espagne, la récolte sera bonne cette année, du moins dans l’Aragon. Ainsi, notre collègue, M. Racaud, horticulteur à Saragosse, nous écrivait le 5 novembre dernier : ... Nous sommes sans pluie depuis six mois. 11 n’est })as tombé d’eau depuis le mois de mai ; mais grâce aux canaux d’iirigation la campagne est superbe. Les vendanges sont ma- gnifiques et très-abondantes. Hier et aujour- d’hui nous avons eu 25 degrés au-dessus de zéro, tandis que le 31 octobre, par un vent glacial, le thermomètre s’est abaissé subite- ment au point que dans les petits bassins où l’eau n’était pas agitée on a constaté de la glace d’environ 3 millimètres d’épaisseur. On voit par ce qui précède que ce n’est pas seulement en France qu’on observe des variations atmosphériques extrêmes et que, sous ce rapport, il est douteux qu’on en remarque de plus grandes en France que celles qui viennent d’être citées. — Si la Prune Saint-Martin n’est pas une des meilleures, elle présente néanmoins cet avantage d’être une des plus tardives. Sous ce rapport, elle justifie son qualifica- tif. En effet, c’est probablement une de celles qui, lorsqu’il ne gèle pas, peut en- core être sur l’arbre à la Saint-Martin, c’est-à-dire au 11 novembre. Cueillie et mise au fruitier, elle s’y conserve encore longtemps ; mais pour cela il est préférable de la prendre un peu avant sa parfaite ma- turité. Sans être ce qu’on peut appeler ex- cellente, on peut dire qu’elle est très-bonne pour la saison. C’est une Prune ovale, de grosseur moyenne, à peau d’un rouge vi- neux et fortement pruinée à la maturité ; à chair jaune roux, ferme, non adhérente, contenant en assez grande quantité une eau sucrée agréablement relevée. Comme Prune tardive qui réunit à peu près toutes les qua- lités, et qui est en même temps une des plus précieuses, on peut recommander la Goutte d'Or ou Coe Golden Drop, beau, bon et gros fruit qui, cueilli à point, se conserve jusqu’en janvier sans perdre autre chose qu’un peu d’eau, devenant ridée, mais tou- jours très -sucrée et de première qualité. 444 CHRONIQUE HORTICOLE. — Dans son numéro d’octobre 1881, le journal The flprist and '][)omologist décrit et donne des figures coloriées des Ericas Lord Douglas, Turnhullii superha, Doc- teur Masters, Savileana Boihwelliana, ferruginea Bothwelliana, Sliamoni Both- xoelliana; de la Pomme Stirling Castle, très-gros früit, régulièrement arrondi, c( in- termédiaire par ses caractères entre Smairs admirable et Hawthornden. » Décembre à janvier. Ce même journal, dans son numéro de novembre 1881, décrit et figure en couleur une plante japonaise, VAruncus astilhoides, laquelle, à l’exposition de la Société royale d’horticulture, en mai 1879, avait reçu un certificat de mérite sous le nom de Spirœa nivosa. Elle a également reçu le nom de Spirea aruncus, var. astilhoides. Dans une étude qu’il a faite de ces plantes, M. Maximowicz a cru devoir former un genre particulier sous la dénomination Aruncus, de sorte que le Spirœa aruncus devient VAruncus sylvestris, et la variété dont nous parlons, A. astilhoides. Ce dernier est originaire des hautes montagnes delà province de Nambu, de la partie sep- tentrionale de l’île Nippon. La plante est parfaitement rustique. — La 3e édition des Serres-Vergers, par notre éminent collègue, M. Ed. Pynaert, de Gand (Belgique), vient de paraître. Bien que nous devions y revenir prochainement, nous croyons devoir informer nos lecteurs que cet ouvrage, dont la réputation n’est plus à faire, est actuellement en vente chez l’auteur, M. Ed. Pynaert Van Geert fils, de Bruxelles, à Gand (Belgique). — On nous adresse la lettre suivante ; Paris, ce 8 octobre 1881. Monsieur le rédacteur. Pourriez-vous me dire quelle est l’espèce de plantes dont actuellement et même depuis quelque temps déjà on vend les graines dans les rues deParis, sous le nom de * Noix d’Amé- rique. » Ces graines à enveloppe dure et si- nueuse, brune, sont anguleuses, trigones et présentent un de leurs angles très-aigu et mince. L’intérieur, blanc, ferme, a une saveur assez agréable, qui rappelle un peu celle des Noisettes. Veuillez, etc. Lafont. Nous pouvons d’autant plus facilement répondre à ces questions que cette espèce, précisément à cause de l’importance de ses fruits, a déjà fait le sujet d’un article très- détaillé dans ce journal (1), où les anciens abonnés pourront le trouver. Pour les nou- veaux, nous rappellerons en quelques mots que cette espèce, qui n’est autre que le Bertholetia excelsa, originaire du Brésil, forme un grand arbre qui atteint 30 mètres et plus de hauteur. B appartient au groupe des Myrtacées et est souvent désigné par le nom vulgaire de Touka. Son fruit, qui est très-gros, sphérique, est fréquemment dé- signé par le nom de « Marmite de singe, » parce qu’il porte au sommet un grand trou par lequel, dit-on, les singes retirent les graines. — Au moment où tant de maladies frap- pent les végétaux sans qu’on en puisse con- naître les causes, nous signalons particuliè- rement à l’attention de nos lecteurs un article qu’on trouvera plus loin, sur l’in- fluence des milieux, lequel, sans donner une solution complète de la question, mais en donnant une explication fondamentale du fait, pourrait peut-être mettre sur la voie du véritable mal, par conséquent indi- quer le moyen de le combattre. — Dans une lettre qu’il vient de nous adresser, notre collègue, M. Adam, jardi- dinier à Ghâteau, par Villeneuve-sur-Yonne (Yonne), nous informe que le Poinsettia pulclierrima flore pleno , beaucoup plus difficile à multiplier que le type, réussit très-bien par le procédé suivant : faire les boutures dans du sable, et de temps en temps les arracher, pour remuer celui-ci, puis replanter les boutures. « De cette fa- çon, on évite la pourriture; le bourrelet, qui est très-sain, ne tarde pas à développer des racines, et la réussite est complète. » Il va sans dire qu’il faut opérer en serre chaude. —- Une bonne nouvelle que nos lecteurs — les viticulteurs surtout — apprendront certainement avec plaisir est la suivante, que notre collègue et collaborateur, M. V. Pulliat, nous fait connaître dans une lettre qu’il vient de nous adresser. Il nous écrit : Je viens de faire une tournée dans les vignobles du Midi, du Bordelais, etc., etc. La plus belle découverte que j’ai faite en visitant (1) Voir Revue horticole, 1867, p. 68« BÉGONIA VICTOR LEMOINE. les vignobles reconstitués de l’Hérault est un céj)age nouveau obtenu dans un semis de Jac- qiiez, et qui me semble aj)})elé à jouer un grand rôle dans la reconstitution des vignobles. Ce cépage, qui végète admirablement depuis cinq ans dans un centre on ne peut })lus phylloxéré, produit un vin très-droit et très-franc de goût, et aussi agréable que ceux de nos meilleurs cé- pages du Midi, sans la moindre saveur d'Esti- valis, dont pourtant il provient.... Deux raisons surtout nous déterminent à faire connaître cette bonne nouvelle ; l’une pour rassurer ceux des viticulteurs qui, en présence du fléau toujours crois- sant, désespèrent de la viticulture fran- çaise, ce qui à nos yeux est un tort, même lorsqu’on ne trouverait pas de remède con- tre le phylloxéra et qu’il devrait envahir tous les vignobles, — ce qui toutefois n’est pas possible, — car, de même que tous les fléaux, celui-ci passera, et après viendront des jours meilleurs. L’autre raison, toute scientifique, montre comment les caractères se forment et dispa- raissent, et que les doutes qu’on a émis sur la possibilité d’obtenir des Raisins amé- ricains non foxés n’étaient pas fondés, ce qui, du reste, pouvait être prévu, même par induction. En effet, dès l’instant qu’il y a en Amérique des Raisins foxés ou cassis, et d’autres qui le sont moins ou pas du tout, il était rationnel qu’il n’y avait là que des caractères individuels qui, suivant leur intensité, pouvaient se per- dre ou se transmettre. Ici, c’est la première de ces deux choses qui a eu lieu, et comme, d’une autre part, le tempérament robuste s’est conservé, il s’ensuit que l’on a dans la variété en question un cépage résistant, pro- duisant de bons Raisins, analogues à ceux que donnent les cépages dits « asiatiques, » 445 bien qu’ils puissent se rencontrer dans pres- que toutes les parties du globe. — Dans notre travail : Production et fixation des variétés dans les végétaux (1), après avoir indiqué ce qu’on doit entendre par dimorphisme, montré comment il se forme et l’important rôle qu’il joue, nous avons cité et même figuré un grand nom- bre d’exemples de ces faits si remar- quables, auxquels pourtant on fait peu d’at- tention, et dont les savants ne tiennent à peu prés aucun compte. Tous les jours ce- pendant on en constate de nouveaux dont les horticulteurs tirent un bon parti. En voici encore un qui est dans ce cas : Le Rosier Capitaine Christy. Hybride remontant, non grimpant, a produit par dimorphisme une sorte grimpante , de ma- nière que voilà un enfant qui, directement, par gemmation, diffère de sa mère, cela sans être produit par graine. Qu’est-ce donc que ce fait, sinon une sorte de genèse spontanée, l’analogue dxxsine coneuhitu? Afin de bien nous convaincre du fait et de ne rien an- noncer qui ne fût bien certain, nous avons écrit à l’obtenteur, veuve Ducher, ro- siériste à Lyon, qui eut l’obligeance de nous répondre les quelques lignes suivantes : Lyon, le 26 octobre 1881. Monsieur E.-A. Carrière, En réponse à votre honorée du 24 courant, nous avons l’avantage de vous informer que notre Rosier Climbing Capitaine Christy ne^ provient pas de graine ; c’est un accident fixé du Capitaine Christy nain. Veuillez, etc. Donc, plus de doute quant à l’origine. Mais alors, comment fixer la limite des es- pèces et déterminer celles-ci? E. A. Carrière. BÉGONIA VICTOR LEMOINE Malgré la quantité de Bégonia qui depuis quelque temps sont venus augmenter le stock déjà si considérable de ceux que nous possédions et que nous employions à la dé- coration de nos jardins, loin d’avoir dit son dernier mot, et chaque année, ce genre nous procure d’agréables surprises. Tel est encore le B. Victor Lemoine. Rien qu’obtenu il y a déjà quelques an- nées, ce n’est guère qu’en 1881 qu’il est entré dans l’ornementation des jardins des environs de Paris. Mais pour être venu tard il n’en sera pas moins bien venu, au con- traire, car c’est une très-belle plante, qui certainement tiendra dignement sa place à côté des B. semperflorens, castanœfo- (1) Brochure grand in-8° à deux colonnes, avec dix gravures noires et une figure coloriée. Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob. rSEUDO-GUEFFE ET QUASI- GREFFE. 4/iG lia, etc., auxquels, de l’aveu de beaucoup de gens qui l’ont vu chez moi à diverses épo- ques, il est préférable, ce qui n’est pas peu dire. Quant à son origine, on n’a rien de certain. On m’a aflirmé que c’est un hybride obtenu parM. Schmilt, horticulteur à Vaise- Lyon, du B. incarnata fécondé par une forme de Bégonia tubéreux. Est-ce certain ? Tout ce que je puis affirmer, c'est qu’il n’a rien de ces plantes, et que par son faciès gé- néral il se rapproche beaucoup du B. casta- nœfolia, non toutefois par sa floraison, qui est très-différente. En voici une description sommaire : Plante naine, trapue, très-ramifiée, à tiges rouges, nombreuses, droites, raides, à nœuds très-rapprochés. Feuilles longuement acuminées, dentées, fortement carénées, d’un vert luisant, portées par des pétioles courts légèrement teintés rouge clair. Inflo- rescences axillaires denses, érigées sur des pédoncules rouges, raides, quoique fins et allongés. Fleurs très-nombreuses, presque toutes mâles, à quatre divisions, rarement cinq, dont les deux extérieures très-larges et arrondies ; étamines réunies en fais- ceaux ; pollen d’un beau jaune, contrastant agréablement avec la teinte rouge groseille des pétales. Cultivée en pots, cette espèce produit le plus agréable effet et est d’une légèreté peu commune. En massif, l’abondance de ses Heurs est telle que toute la plante dis- paraît, sans aucune interruption, depuis la mise en pleine terre des plantes jusqu’aux premières gelées, et cela quelle qu’en soit la position, c’est-à-dire aussi bien au soleil qu’à mi-ombre. Aussi toutes les personnes qui ont vu cette espèce dans le courant de la dernière campagne sont-elles unanimes à déclarer que c’est une des plus précieuses PSEUDO-GREFFE Quelle que soit mon estime pour les agronomes de l’antiquité, je suis forcé d’a- vouer que sur le cliapitre des greffes ils se sont avancés au delà des bornes du possible. Les auteurs modernes n’ont pas manqué de relever ces erreurs, et se sont donné la facile satisfaction de les livrer à la risée du lecteur. C’était justice, mais jusqu’à un certain point pourtant. Je n’entrefmendrai pas de faire en leur faveur un plaidoyer en pour l’ornementation, et qu’aucune ne peut lui être comparée pour former des massifs. llenlrée dans une bonne serre tempérée (10 degrés), la Horaison s’y maintint par - faitement; l’année dernière encore, jusqu’en décembre, et au printemps suivant, c’est- à-dire dès le mois de mars, les boutures étaient déjà couvertes de Heurs. La conservation des pieds-mères du B. Victor Lemoine m’a paru l’hiver dernier assez difficile, malgré que les plantes aient été placées dans plusieurs serres de diffé- rentes températures. Le bouturage d’au- tomne, au contraire, m’a assez bien réussi ; mais malheureusement la Horaison épuise tellement la végétation, qu’il est presque impossible de trouver des branches dont le bois soit propre à cette opération. La multi- plication du printemps donne également de très-bons résultats; seulement j’ai cru re- marquer que, plus que les autres peut-être, cette variété est plus attaquée par cette ter- rible maladie qü’on appelle « la toile, » qui, chez nous, tend à prendre de telles propor- tions qu’elle devient inquiétante. Le nom vulgaire de (( toile » vient de ce que cette espèce, qui se développe presque instanta- nément, forme une sorte de tissu filamen- teux qui couvre bientôt le sol et envahit les plantes, qui, alors, ne tardent pas à périr. Cette végétation rnucédinoïde se développe surtout dans les vieilles serres. Pourrait-on s’en débarrasser, et par quel moyen? Tout ce que je puis dire, c’est que, jusqu’à pré- sent, elle a résisté à tous les traitements auxquels nous favons soumise. 11 serait à désirer que l’on puisse récolte'r des'graines du B. Victor Lemoine. Jusqu’à présent, et quoi que j’aie fait, je n’ai pu en obtenir. D’autres ont-ils été plus heureux ? Eug. Vallerand. ET QUASI-GREFFE règle. Je me contenterai de rappeler, à un point de vue très-général, que les anciens se sont trompés précisément parce qu’ils étaient les anciens, et qu’ils n’avaient pas à leur disposition cet ensemble de connais- sances dont ils ont fourni les premières as- sises. D’un autre côté, en ce qui concerne spécialement les greffes, on sait aujour- d’hui que leur réussite est souvent une question de latitude et de méridien, et que PSEUDO-GUEFFE ET QUASI-GKEFFE. 447 certaines réputées impraticables ici s’opè- rent ailleurs avec facilité, ce qui a fait dire à l’amiral Fleuriot de l’Angle « que les Portugais, dans leurs possessions de l’Inde, pratiquent des greffes tellement imprévues, qu’elles renversent toutes les idées qu’on s’en fait en Europe. » 11 faut aussi faire la part de l’exagération, qui est la compagne de toute tentative couronnée de succès. Le premier d’entre les anciens qui s’avisa de gretïer un Poirier sur un Cognassier et sur une Aubépine ne devait guère s’attendre à le voir reprendre, car il ne savait absolu- ment rien des caractères botaniques qui sont communs à ces trois genres. Il n’est pas étonnant qu’on soit parti de ce fait, qui devait paraître si extraordinaire, pour en faire une généralisation excessive et procla- mer cet axiome que tous les arbres se peu- vent greffer indistinctement les uns sur les autres. Enfin il y a les erreurs inévitables, les fausses interprétations ; elles sont de tous les temps. C’est ainsi qu’un auteur du XVIIP siècle (je crois que c’est La Breton- nerie) affirme sans broncher que le Pécher peut être greffe sur le Marronnier. Le mal- heureux a confondu le Pavia avec le Pavie ! Et ce ne sont pas seulement les jardiniers de cabinet, ceux qui écrivent dans l’arrière- boutique d’un libraire (je crois que c’était, le' cas de La Bretonnerie) qui énoncent de pareilles énormités : voici un praticien con- sommé dont, pour ma part, je fais le plus grand cas, Philibert Baron, qui nous dit avec assurance que le Pèclier reprend sur l’Aulne. A ces diverses considérations, ajou- tons la superstition, la croyance aux greffes qui attiraient la foudre, la distinction entre les arbres de bon augure et ceux qui étaient voués aux dieux infernaux à cause de leurs épines ou de leurs fruits noirs, et nous nous expliquerons facilement comment les an- ciens se sont mépris en plus d’une ren- contre. La greffe des végétaux est une union qui a ses degrés d’intimité : l’ente d’un rameau sur sa propre branche est naturellement le rapprochement le plus étroit qui se puisse opérer ; au contraire, deux plantes qui sont botaniquement très -différentes ne peuvent vivre en commun que si l’une d’elles prend le rôle de parasite. La Cuscute et le Gui sont, entre autres, organisés pour cet emploi. Il y a, de plus, un cas mixte qui a été signalé par les anciens, ainsi que par des voyageurs modernes, et dont l’horticulture ne s’est pas encore occupée, à ma connaissance du moins, pour le faire servira la décoration des jardins. C’est une sorte d’union que j’appelle quasi-greffe. (( Nous avons vu, dit Pline (xvir, 22), un Cerisier sur un Saule, un Platane sur un Laurier, un Laurier sur un Cerisier. » Pline donne cà ce phénomène le nom de greffe (insitio) ; maison conçoit bien ce qu’il veut dire quand il ajoute : « Il paraît que la cause première est l’apport par les corneilles de diverses graines qu’elles ca- client dans des trous d’arbres. » Voyons comment se produit cet accident de végétation. Quand un arbre présente une plaie un peu considérable c{ui ne s’est pas fermée au bout de deux ou trois ans, la décomposition du bois sur ce point ne se fait guère atten- dre, et il s’y forme une sorte de terreau. Si la plaie est horizontale ou peu inclinée, rien ne se perd de ce terreau, qui s’augmente encore de résidus de feuilles mortes et de cadavres d’insectes. C’est alors un composé noir, meuble, éminemment fertile; les jeunes branches adjacentes s’y l)outurent avec facilité et y puisent une vigueur nou- velle: le tronc est le pélican qui nourrit ses branches de sa propre substance. Je crois que c’est à une rénovation de ce genre que le fameux Robinier du Muséum doit de survivre à sa ruine. Une graine vient-elle à se poser sur cet humus reconstitué par une synthèse naturelle, elle y trouve des ali- ments propres à la faire germer et prospérer ; elle garnit de ses racines toute la partie meuble, et elle les applique sur la paroi du bois vif comme elle les appliquerait sur la paroi du pot de terre cuite, mais dans de meilleures conditions d’humidité perma- nente et de conservation. Que maintenant cette graine adventice soit celle d’un arbre différent du premier, il y a vie en commun de deux essences qui mêlent leurs branches ou dont l’une se su- perpose à l’autre. C’est un phénomène qui n’est pas dépourvu d’intérêt. Je suivais der- nièrement la bordure d’un herbage entouré d’arbres, suivant l’usage de Normandie. C’étaient de très-vieux Frênes, cultivés en têtards, dont un grand nombre portaient sur leurs têtes des végétations étrangères : ici une pi’airie en miniature. Là une cor- beille de fleurettes ; l’un d’eux surmontait sa bosse de têtard d’un jeune Sureau de la 448 SOJA D’ÉTAMPES. plus belle venue, avec lequel il paraissait très-bien vivre; quelques hautes Orties avaient aussi trouvé là l’hospitalité et com- plétaient le tableau. Le spectacle me parut curieux, et je m’en amusai, parce que je ne suis pas difficile ; mais pour le faire ac- cepter par des amateurs plus exigeants, il suffirait, je crois, de remplacer le Sureau et les Orties par des végétaux moins ef- facés. Les quasi-greffes sont naturellement plus fréquentes dans les solitudes que dans nos jardins bien ratissés et que dans nos forêts aménagées, plus aussi dans les pays du soleil que dans nos contreés tempérées; mais quel- que part qu’il les rencontre, le naturaliste s’y arrête et les décrit. Dans le récit d’un voyage au pays des gazelles (1), M. Bolo- gnesi signale en ces termes un cas très-cu- rieux : (( M’étant porté en avant, j’eus le bonheur de trouver un immense Figuier sauvage dans l’intérieur duquel croissait un Palmier, une des rares merveilles de ce genre trouvées par moi dans ces ré- gions, etc. » Le dessin qui accompagne le texte montre que le Figuier, par suite de la rupture de son tronc, n’a plus que des bran- ches horizontales du centre desquelles s’élève comme une colonne le fût du Palmier, qui se trouve ainsi complètement dégagé de son support. Un autre voyageur a noté le phé- nomène inverse, celui où la quasi-greffe se produit, non plus sur la troncature d’un arhre et dans son intérieur, mais bien sur la surface extérieure de son écorce : « Une espèce faible, rapprochée par accident des grosses branches d’une autre espèce, y prend racine et en devient comme partie inté- grante. C’est ainsi qu’on voit quelquefois un Mimosa prospérer sur une branche de l’arbre de bois de natte ou sur celui appelé bois de cannelle. Les racines pendent comme des cheveux autour de la mère branche. » Ces jeux de la nature ne doi- vent se voir que dans des milieux particu- liers ; il leur faut sans doute l’ombre épaisse et la température à la fois humide et sur- chauffée des forêts de la zone torride. Mais, pour nous en tenir à ce qu’il nous est facile de produire, n’est-il pas vrai que la quasi-greffe peut fournir dans le jardin d’ûn curieux un motif d’ornement, un effet, amusant à mettre en scène, et qu’au lieu d’arracher un Saule creux, on pourrait se donner le plaisir de lui faire porter, au moins pendant quelques années, des végé- tations diverses et tout à fait imprévues? A. Messager. SOJA D’ÉTAMPES Sous cette dénomination, la Société d’hor- ticulture d’Étampes, sur les instances réi- térées et les encouragements de son pré- sident, M. Blavet, cultive et répand depuis plusieurs années, avec un zèle et une persis- tance dont on ne saurait trop la louer, une forme particulière de Soja qu’il ne faut pas confondre avec toutes les autres, dont elle est différente, au moins par ses qua- lités. C’est pour avoir méconnu ou nié ces propriétés qu’on est arrivé à des conclusions complètement contradictoires sur les Soja, et même en s’appuyant de part et d’autre sur des expériences. La raison, c’est que celles-ci étaient faites avec des éléments différents, qui tous portaient le mêmeT qua- lificatif ; hispida. Ce terme spécifique, hispida, appliqué aux Soja, n’a aucune valeur, toutes ou à peu près toutes les formes du groupe (1) Tour du monde^ 1862, 2** semestre. ayant les fruits velus. La forme hispida proprement dite, celle qu’on cultive com- munément, comprend une grande quantité de sous-variétés différant par la vigueur, les dimensions, la hâtiveté ou la tardiveté des plantés, par la forme, la grosseur et surtout par la couleur des grains. Ajoutons que leurs qualités sont également diffé- rentes. Presque toutes aussi — ou du moins celles que nous avons vues — ont le hile relativement gros et toujours coloré. Le Soja hispida « d’Étampes, » au contraire, a l’ombilic très-petit, non coloré, ce qui fait qu’on le voit à peine si l’on n’y porte une attention toute particu- lière. Quant à la végétation des plantes et à leur aspect, ces caractères sont à peu près semblables à ceux que présentent certaines autres sous -variétés. C’est, nous le répétons, pour n’avoir pas tenu compte de ces différences qu’on est arrivé à émettre des opinions si contia- 449 LE CONGRES POMOLOGIQUE A ORLEANS. dictoires sur les Soja, et qu’on voit tous les jours encore paraître des articles dans lesquel on propose d’exclure cette plante du potager. Ainsi, tout récemment, dans une séance , de la Société nationale et centrale d’horticulture de France, au comité de culture potagère, un des principaux mem- bres, le secrétaire du comité, disait en parlant du Soja « qu’on a trop vanté cette Légumineuse, dont le mérite principal con- siste en ce que le bétail la mange volontiers, et qu’elle peut rendre des services dans la grande culture. Comme plante potagère, elle offre ce double inconvénient : que sa graine sort difficilement de la gousse à l’état jeune et devient un aliment un peu grossier à l’état de maturité (1). » Eh bien! nous qui avons vu et étudié les plantes à Étampes, et où nous avons mangé des Soja hispida « d’Étampes, y> n’hési- tons pas à déclarer que ces dires sont abso- lument contraires à la vérité, et à affirmer que ce légume est délicieux et que, comme aliment, aucune autre Légumineuse ne peut lui être comparée, tant pour la saveur, le « moelleux » que pour la finesse de goût, qui est aussi des plus agréables. La cuisson se fait relativement promptement. Quant à l’écossage, il ne nous a paru présenter non plus de difficulté quand les gousses sont arrivées à maturité ; sèches, elles s’ouvrent facilement et peuvent alors être ouvertes avec de fléau, ainsi que cela peut se faire des Haricots. Y a t-il des variétés de Soja hispida qui présentent les inconvénients signalés par M. le secrétaire du comité de culture potagère, et que nous avons rapportés plus haut? Le fait nous paraît probable, même certain; mais ce que nous n’hésitons pas à affirmer c’est qu’il en est autrement du Soja dit « d’Étampes » qui, comme plante culinaire, est de premier mérite. Aussi, n’hésitons-nous pas à le recom- mander. Est-ce à dire que ce Soja soit le sum- mum de la perfection et qu’on ne pourra trouver mieux? Non, sans doute, et quand on réfléchit à cette quantité si considérable de Haricots, de Pois, de Fèves, etc., qu’on a obtenus, il serait imprudent de soutenir qu’on ne pourra améliorer les Soja et obtenir des variélés plus méritantes que celles qu’on possède, même de celle dite (( d’Étampes. » Les efforts devront surtout être dirigés en vue d’obtenir des grains plus gros et des cosses plus longues, cela sans préjudice des autres qualités: hâtiveté, grains blancs, etc., etc. Pour cela on devra examiner et étudier avec soin les plantes, et prendre pour semences les graines qui présentent déjà des modifications dans le sens de celles qu’on recherche. E.-A. Carrière. LE CONGRÈS POMOLOGIQUE A ORLÉANS La Société pomologique de France, réunie en congrès, a tenu sa vingt-troisième session le 44 septembre 1881 et jours suivants, à Orléans. A cette occasion, ta Société d’horticulture d’Or- léans et du Loiret avait organisé, dans les salons de l’Institut, une exposition fort intéressante. Le bureau de la session était composé de MM. Jamin, président; de la Rocheterie, Julien- Crosnier, Doumet, Glady, vice-présidents ; Cusin, secrétaire général ; Michelin, Dauvesse, Delaire, Ch. Baltet, secrétaires ; Reverclion, trésorier. Environ soixante-dix personnes ont pris part aux travaux du Congrès. La première séance fut consacrée à l’examen des fruits mis à l’étude ; un certain nombre furent supprimés, la majeure partie conservés, et l’admission fut prononcée en faveur des va- riétés suivantes : (1) Journal de la Société nationale et centrale d’horticulture de France, 1881, p. 596. Cerise : Bigarreau de Trie. Figue : Dauphine. Groseilles a grappes : Hâtive de Bertin, Victoria. Pèche : Amsden. ^ Poires : Bergamote Hertrich, Docteur Jules Guyot, Marguerite Marillat. Prunes : Englebert, Beine-Claude d’Althan, Reine-Claude d’Ecully. PiAisiNS : Clairette Mazel, Hardy, Musqué Talabot. Ainsi qu’il avait été convenu à la session précédente, à Moulins, le Congrès révisa la liste des variétés admises depuis sa fondation (1856). La radiation du tableau fut proposée et votée à l’égard des variétés suivantes : Liste des variétés fruitières précédemment, admises par le Congrès pomologique, ac- tuellement remises au second plan. Poires : Ananas, — Arbre courbé, — Belle 450 ONCIDIUM WELTONI SUPERBUM. sans pépins, — Beilissime d’iiiver, — lierga- mote d’Angleterre, — Bergamote de Partlienay, — Bergamote Süvange, — Besi de Saint- Waast, — Beurré Beaucliamp, — Beurré Bois- bimel, — Beurré Bretonneau, — Beurré Bur- nicq, — Beurré Gurtet, — Beurré Dellbsse, — Beurré Dilly, — Beurré Duval, — Beurré Lui- zet, — Bon Cdirétien d’Espagne, — Calel>asse Tougard, — Colmar d’hiver, — Columbia, — Comte de Flandres, — des Deux-Sœurs, — Dix, — Doyenné de Bordeaux, — Doyenné Defays, — Doyenné Goubault, — Doyenné Sieulle, — Duc de Nemours, — Espérine, — P’ondante du Comice, — Frédéric de AVurtemberg, — Géné- ral Totleben, — Jaminette, — Léon Leclerc de Laval, — Lucie Audusson, — Madame Élisa, — Madame Millet, — Marie Parent, — Passe- Colmar François, — Poire-Pêche, — Prince Albert, — Princesse Charlotte, — Professeur Dubreuil, — Rousselet d’Esperen, — Saint- Germain Vauquelin, — Souvenir Favre, — Souvenir d’Hortolès père. Pommes : de Gantorbéry, — Hugue’s Golden Pippin, — Violette des quatre goûts. Pêches : Cliancelière, — Double de Troyes, — Tardive d’Oullins. Brugnons : Ghauvière, — Pitmaston’s Orange^ — Stanwick. Abricots : Angoumois d’Oullins, — Mexico, — Abricot précoce. Prunes : Dame Aubert, — Decaisne, — De Pontbriant, — Drap-d’Or d’Esperen, — Jaune hâtive, — Washington. Cerises : Bigarreau de septembre ; — Guigne: Guigne blanche ; — Cerise acidulée: Cerise à trochets ; — Griotte : Griotte d’Alle- magne. Figues : Bourgassotte grise, — Gourreau noir. Raisins : Chasselas Goulard, — Corinthe blanc, — Gros Damas noir, — Gros Gromier, — Morillon blanc, — Malvoisie de Sitjes. Nous avons eu l’honneur de présider les pre- mières sessions du Congrès en 1856 et 1857, à Lyon. Les fruits recommandés alors peuvent avoir été dépassés par de meilleures variétés inconnues à cette époque, ou insuffisamment appréciées. Est-ce une raison pour les biffer net d’un trSft de plume ? Il y a en outre à se méfier des influences locales, qui font pencher la ma- jorité en faveur d’un fruit qui ne serait pas autant prisé dans une autre région. L’acte de révision est donc une bonne chose, surtout à de longues périodes ; mais ici encore il faut tenir un grand compte de Faction des milieux où l’on se trouve, etc. On devrait se borner à }Woposer les modifications, et tous les cinq ans, par exemple, à Lyon ou à Paris, le Congrès prononcerait définitivement. Un fruit trouvé bon en 1865 ne doit pas être mauvais en 1880, et ce serait fâcheux de voir l’œuvre, qui a été discutée laborieusement, tranchée par d’autres nombreux à une voix de majorité, comme le fait s’est produit à Orléans. Ainsi la Poire Con- seiller de la Cour n’a dû son salut qu’à cette infime majorité. Mieux favorisée, Howell est restée sur la liste, les deux camps étant en nombre égal. Il y aurait peut-être encore à exiger les deux tiers des voix favorables — comme au jury de la cour d’assises — et à classer les fruits par région climatérique, par destination de plein vent ou d’espalier, en fruits fondants, fruits cassants, fruits à cuire, à confire ou de séchage. Toutefois, il faut prendre patience, et avec le temps tout se fera. La médaille d’honneur du Congrès a été décernée à M. Ferdinand Jamin, pour services rendus à la pomologie. Avant de se séparer, l’assemblée a émis deux vœux importants, à transmettre au Ministère des travaux publics et de l’agriculture : ‘ Jo Accepter les arbres fruitiers pour les plantations qui bordent les routes ; 2» Laisser circuler librement les végétaux en France et à l’étranger, (cette décision visait la Convention de Berne) (1). Enfin, il a été décidé que la session de 1882 se tiendrait à Bordeaux, oû se prépare une exposition générale d’horticulture qui déjà promet d’être très-importante. N’oublions pas de dire que, au moment où la Société pomologique de F'rance inaugurait sa vingt-troisième session à Orléans, la Société pomologique américaine ouvrait, à Boston, sa dix-septième session, et qu’un mois après un Congrès pomologique se tenait à Vienne, en Autriche. On le voit, partout l’on se préoccupe de l’arboriculture fruitière, de l’étude de la vulgarisation des bons fruits. Charles Baltet, Horticulteur à Troyes. ONCIDIUM WELTONI SUPERBUM Plante vigoureuse, à pseudobulbes gros et très-longs (jusqu’à 25 centimètres), plats, amincis sur les bords, comme tronqués- arrondis au sommet, qui se termine par une feuille large, très-épaisse, plane ou légèrement concave. Hampe ténue, raide, (1) Depuis la rédaction de cet article, des modi- fications ont été apportées qui en changent cer- taines dispositions. — V. Revue horticole, 1881, p. 421 . GüdaroL oLeL. Ch-orriotz.t/'i/. O: Onciduim ]\cllo/ii. A PROPOS D’EXCROISSANXES SUR LA VIGNE EN CÉPAGE. 45 1 terminée , par compacte à ramifica- d’environ 40 centimètres une inflorescence tions subdisti- ques. Fleurs re- lativement gran- des, très-rappro- chées, formant une large grappe spiciforme, légè- rement arquée, d’un roux mar- ron, élargie au sommet, à con- tour comme sinué érosé, légèrement crispé, marginé de blanc. Labelle étalé, un peu tourmenté à la base, qui est lo- bée, d’un violet rosé çà et là di- versement nuancé de jaune ou de rose, très-large- ment bordé de blanc. Le revers des fleurs est éga- lement violet rosé marginé blanc. Sous le nom à' Oncidium Wel- toni on trouve plusieurs formes souvent fort délicates en général, à inflorescences lâches et à fleurs Fig. 105. — Oncidium Weltoni superbum, au 1/8 de grandeur naturelle. plus ou moins distantes. Au contraire, celle que nous figurons, que nous avons vue en fleurs chez M. Rougier- Cbauvière auprès de beaucoup d’au- tres qu’il avait reçues sous la même qualifica- tion, est très- vigoureuse, à feuilles et pseu- dobulbe très- ro- bustes, et à in- florescence com- pacte grosse; ses fleurs, très-rap- procbées , sont aussi d’un coloris plus brillant. En un mot, celle dont nous par- lons est une va- riété de tout premier mérite, qui explique et justifie le quali- ficatif superbum que nous lui avons donné et que représente au 1/8 de gran- deur naturelle la figure 105. E. A. Carrière. A PROPOS D'EXCROISSANCES SUR LA VIGNE EN CÉPAGE Nous recevons de notre collègue, M. Horten- sia Robinet, professeur de culture pour le département de la Haute-Garonne, la lettre suivante : Toulouse, 20 octobre 1881. Mon cher monsieur Carrière, Je prends la liberté de vous adresser un spécimen de souche de Vigne couvert d’ex- croissances anormales qui, en une ou deux années, détruisent la plante qui en est at- teinte. Ce fait n’est pas nouveau chez nous ; mais il prend des proportions inquiétantes dans certaines parties de nos vignobles. De nombreux exemples me sont signalés et des avis demandés, afin d’en atténuer les effets. Je conseille d’enlever ces gourmes aussitôt leur/apparition, et de laver les plaies qui en résultent. Ces excroissances, qui se produisent dans la tête de la souche, à la base des cour- sonnes, et même sur les longs bois, comme vous pouvez le remarquer dans l’échantillon que je vous adresse, s’étendent aussi sous forme de stygmate plus ou moins accusé jusque sur les jeunes sarments. La pre- mière année de la maladie, les fruits mû- rissent ; mais la seconde, la végétation est rachitique, et les Raisins arrivent rarement à maturité. A quoi devons-nous attribuer cette ano- malie ? A un excès de végétation, ou à la 452 CülUAESl’ONDANCE. piqûre d’un insecte? La dernière hypo- thèse me paraît plus probable. J’ai souvent vu sur des treilles ou cordons des Vignes en espalier, et dans des ceps près de ter re, des racines se développer sous les vieilles écorces qu’elles perçaient, et s’accroître de plusieurs centimètres dans l’air. Ici, ce n’est pas le cas, et cette année surtout, où il n’est pas tombé d’eau dans la région tou- lousaine depuis le 8 ou 10 mai. Depuis le 10 juillet environ, la terre est d’une séche- resse excessive, ce qui n’empêche pas ces exostoses de se former. Si c’est un insecte, quel est-il ? quelles sont ses mœurs? En en- levant ces protubérances, il est probable que l’on entravera sa multiplication. Peut-être aussi serait-il urgent de laver les plaies sur les tiges avec quelque liquide caustique, comme l’eau de chaux, de tabac, etc. Si cette note vous paraît digne d’attirer l’attention de vos lecteurs, donnez-lui place dans la Revue. Ici le tait que je vous signale devient le sujet d’une véritable inquiétude de la part des viticulteurs. Veuillez, etc. H. Robinet, Professeur départemental de culture à Toulouse. Nous avons examiné avec attention l’éclian- tillon que nous a adressé M. Robinet, et avons constaté que les nombreuses exostoses qu’il porte présentent un caractère particulier que nous n’avions jamais vu. Ce sont des exubé- rances fortement saillantes et très-profondé- ment fendillées, paraissant cancéreuses, qui semblent annoncer un travail de décomposi- tion organique. Est-ce le fait d’insectes ou est-ce dû à la })résence d’un cryptogame? Nous ne pouvons le dire. Nous l’avons remis à M. Cornu, qui s’occupe des maladies des végétaux, et tout particulièrement de celles de la Vigne, et nous avons tout lieu de croire que ce jeune érudit nous éclaii’era sur la cause du mal, ce qui conduirait })robablement à en trouver le re- mède, qu’alors nous nous empresserions de faire connaître. Quant à indiquer le moyen de remédier au mal signalé par M. Robinet, nous ne pouvons rien dire. Nous approuvons le moyen préconisé par notre collègue ; mais il y aurait mieux, ce nous semble: ce serait de prévenir le mal, afin de n’avoir pas à le combattre. Quels sont ces moyens, s’il en existe? Nous croyons que ceux indiqués par M. Robinet, mais alors appliqués préventivement, pourraient produire de bons résultats. Nous en conseillons l’essai. Notre opi- nion est qu’une solution très-concentrée d’insec- ticide Fichet, étendue avec un pinceau sur toutes les parties malades, pourrait améliorer celles-ci , et qu’appliquée sur les parties non malades, elle pourrait les empêcher de le devenir. C’est à essayer, sur quelques souches au moins. Ce dont nous sommes à peu près certain, c’est que si ce traitement ne faisait pas disparaître le mal, il augmenterait de beaucoup la vigueur des malades, ce qui est un commencement de guérison. Enforcir le malade, c’est affaiblir le mal. [Rédaction.] CORRESPONDANCE N» 4520. — La plante dont vous nous avez fait parvenir des échantillons est le Gymnos- 2)orangium fiiscum ou Æcidium cancellatum., espèce aujourd’hui bien connue sous les deux états qu’elle présente. Elle est particulièrement propre à certaines sortes de Genévriers ap- partenant au groupe Sahina. Pendant long- temps môme on a cru qu’elle ne vivait que sur ce dernier. C’était une erreur: l’on sait aujour- d’hui que ce parasite se montre aussi sur beau- coup d’espèces de la section Oxycedriis. Peut- être même, suivant les circonstances, cette plante pourrait-elle vivre sur toutes les espèces de Genévriers. Dans la première phase de son développement, qui a toujours lieu sur les Gené- vriers et qui se montre au printemps, ce cripto- game se présente en masses gélatineuses qui se forment sur la tige des plantes, quand elle n’est pas très-grosse, ou sur les branches un peu fortes. Alors elle occasionne des nécroses et fait disparaître l’écorce, attaque môme et détruit l’aubier, et plus tard se sèche, en passant à l’état pulvérulent. C’est alors que les spores, trans- portées par l’air, se déposent çà et là sur les feuilles de Poirier, où ils déterminent d’abord des taches jaunes qui s’agrandissent, deviennent brunes ou noii-âtres, présentant parfois des cercles ou sortes de zones de nuances diver- ses. Bientôt la tache devient concave, tandis que l’autre partie de la feuille se soulève, cons- tituant une sorte de couvercle. C’est quand la plante offre cet état qu’elle a reçu le nom à' Æcidium cancellatum. A l’état gélatineux, le seul sous lequel on la connaissait pendant de nombreuses années, le cryptogame portait le nom de Gymnosg)orangium fuscum. Plus ré- cemment, on l’a nommé Podisoma cancellata. Il est donc probable, certain même, ou que vous avez des Genévriers dans votre jardin, ou que, près de vous, vos voisins en* pos- sèdent. Tous devrez donc chercher sur ceux-ci le Gymnosgyorangium et l’enlever avec soin. Quant aux feuilles de Poiriers attaquées, il est prudent de les ramasser et de les brûler, LES TRITOMA. 453 de manière à détruii'e les si)ores (ju’ils con- tiennent. Jusqu’ici, on n’a j)as remarqué /{ue ce para- site, à l’état gélatineux, se dévelo})pe sur (l’au- tres essences que sur les Genévriers, de même qu’à l’état de taches on ne l’a encore vu que sur les Poiriers. Mais qui pourrait aftirmer que cette transformation est la dernière ? Ce qui est certain, c’est ([u’en arrachant vos Genévriers, qui paraissent être la cause, l’elfet — les ta- ches — ne se reproduira pas. — M. R. V. (Haute-Garonne). — Le mot T-amara est probablement une altération de Tamarin ou de Tamarix, que toutefois il ne faut pas confondre. Le Tamarin vrai est un arbre des Indes dont on tire certains produits qui sont em})loyés en médecine, avec lesquels les indigènes, préparent une boisson acidulée très-hygiénique et tout particulièrement ra- LES T] La magnifique espèce dont on parle tant en ce moment, le Tritorna Saundersi, me fournit l’occasion de présenter quelques autres espèces peu connues du public. Je ■ ne sais si elles doivent être considérées comme des espèces ou des variétés, ce qui ici est absolument indifférent, puisque toutes offrent des caractères tranchés qui me permettent, -comme horticulteur, de les reconnaître à première vue. Toutes, je le répète, sont éminemment ornementales, et mes lecteurs pourront s’en faire une bonne idée par le Tritoma uvaria, l’es- pèce la plus commune du genre et qu’on trouve aujourd’hui dans un grand nombre de pelouses des jardins quelque peu bien tenus, plante des plus remarquables, tant par son feuillage touffu que par ses fleurs brillantes et de longue durée. Les Tritoma^ d’après M. Max Leitclilin, peuvent se diviser en deux sections bien tranchées : dans Tune les épis sont cylin- driques, tandis que chez l’autre ils sont ovales, plus ou moins bombés. Le Tritoma nohilis peut être pris comme type des variétés à épis bombés, et le Tritoma Saundersi comme type de celles à épis cylindriques. Le Tritoma no- hilis fut mis en vente par M. Robert Parker de Tooting. M. Max Leitchlin en ignore l’origine. Le Tritoma Saundersi fut remai-qué par M. Max Leitchlin, chez M. Wilson Saun- ders, à Worthing. Personne alors ne fi-aîchissantc. Gotte cs})èce, qui a})partient à la famille des Gésalpiniées, doit être cultivée eu serre chaude. Le Tamarix, au coiiti'aire, est un genre faisant partie de la famille des Tainariscinées. 11 conq)rend trois ou quati-e espèces qui forment des arbustes d’ornement très -rustiques,* fi‘é- ({uemment plantés dans les jardins. Quant au livre que vous désirez, il n’existe pas; ceux qui vous ont été indiqués répondent aussi bien que possible à ce que vous demandez. — M. E. D. (Saône-et-Loire). — Vous pour- rez vous procurer le Delpidnium Kahsrnijria- nuni chez ,M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur, 2G, route de Sannois, à Argenteuil (S.-et-O.). C’est par suite d’un oubli que ce renseignement n’a pas été donné lors de la publication de l’ar- ticle sur cette espèce, qui a paru dans la Revue horticole. savait d’où cette plante venait ; mais tout fait présumer qu’elle avait été collectée par Cooper, qui voyagea pour le compte de M. Saunders dans l’Afrique australe. M. Max Leitchlin devint, quelque temps avant la mort de M. Saunders, le possesseur de la moitié de cette remarquable espèce. Il la dédia à son importateur, amateur pas- sionné, M. Saunders. Ainsi, il est facile de distinguer les deux espèces nouvelles : nohilis et Saundersi. Dans l’une, nohilis., les épis sont ovales; dans le Tritoma Saundersi ils sont cylin- driques. J’ajouterai que dans le Tritoma nohilis les fleurs sont jaune clair quand elles sont épanouies et rouge orange avant l’an- thèse. Le T. Saundersi a les fleurs constam- ment rouge orange brillant, et l’épi se colore entièrement dès l’épanouissement des premières fleurs. Le feuillage est aussi élégant dans l’une que dans l’autre espèce. Parmi les autres espèces aujourd’hui cultivées en Europe, nous citerons le Tri- toma Mac Owani, dont il a été fait mention dans la Revue horticole, 1879, p. 390. C’est une espèce à floraison abondante, hâtive et incessante, et qui s’est montrée très-rustique. Ses fleurs sont couleur abricot brillant. De plus, elle est très- naine. Le Kniphofia sarmentosa est une espèce voisine dont les fleurs sont près-' que semblables à celles de ce dernier, mais LES VIGNES DU SOUDAN. 454 dont les anthères sont plus longues que la corolle. Le Kniphofia Burchelli (Herb.). Espèce anciennement cultivée qui devient fort rare. Décrite dans le bel ouvrage Les Fleurs de pleine terre de M. Vilmorin et Cie. Le Tritoma Rooperi (Moore). Espèce à feuilles glauques, à Heurs ovales, couleur soufre et brique, à floraison tardive. Le Tritoma caulescens (Baker). Splen- dide espèce toute nouvelle, que j’ai annon- cée pour la première fois en 1880. La plante, qui a un feuillage très-ornemental, ressemble plutôt à un Yucca qu’à un Tritoma. Les fleurs sont jaune paille; la pointe de l’épi est rouge foncé. Le Tritoma precox (Baker), qui res- semble au T. aloides, mais épanouit ses fleurs en mai juin. Si nous ajoutons les espèces ancienne- ment cultivées (les T. uvaria, glauca et T. media, nous arrivons à un joli total d’espèces qui se trouve encore augmenté par les introductions nouvelles d’Abys- sinie. Le Tritoma quartiniana, Rich., fleu- rissant en novembre- décembre, a les fleurs jaunes, légèrement teintées de rouge. Espèce sulTrutescente dans le genre du T. caulescêns. lùiiphofia comosa, récemment figuré dans le Botanical Magazine, à tiges attei- gnant 2 mètres de hauteur, et à épi floral ressemblant à ceux du Metrosideros sem- perflorens. Les fleurs jaunes sont entière- ment couvertes par les étamines rouge sang foncé et très- voyantes. Enfin le Tritoma Leitchlini (Baker), figuré précédemment, sous le nom de T. carnosa, dans le Garden. Cette espèce, qui a donné lieu à de nombreuses recher- ches et à un examen des plus attentifs, LES VIGNES Après tout ce que nous avons rapporté des Vignes de Lécard, et d’après l’examen que nous avons fait des échantillons col- lectés par cet explorateur, et sur lesquels ont été exécutés les dessins que repré- sentent les figures 406 à 412, nous allons (1) Voir la Revue Horticole, n<>s des 16 septem- bre et 1«‘«' novembre 1881, p, 352 et 413- va être prochainement figurée dans le Bo- tanical Magazine. Ainsi, si l’on prend l’ensemble des Tri- toma, on voit que l’on peut jouir de leurs fleurs depuis le mois de mai jusqu’au mois de décembre-janvier. Il sera évidemment nécessaire de rentrer en serre froide les es- pèces à floraison tardive. Mais alors on se trouvera bien de les remettre en pleine terre dès le mois de mai, de façon à leur per- mettreMe reprendre des forces pour bien fleurir à l’automne suivant. L’espèce qui est la plus remarquable dans ce beau genre, et que nous espérons pouvoir introduire un jour ou l’autre, c’est le T. Andongensis, Baker, dont les tiges florales atteignent 3 mètres de hauteur. Elle fut découverte par Schimper à Adoa, en Abyssinie. M. Max Leitchlin a bien voulu m’envoyer la plu- part des renseignements consignés ici. C’est aussi grâce à lui que j’ai pu réunir une collection de ce beau genre que je crois unique en France. L’an prochain, j’espère pouvoir présenter à la Société une série de ces différentes espèces. Les Tritoma nouveaux ne doivent être risqués en pleine terre qu’avec beaucoup de précautions. Il sera toujours bon d’en garder quelques sujets en pots, que l’on rentrera soit dans une orangerie, soit dans une serre à Pélargoniums, un cellier ou même une cave un peu éclairée. Il convient aussi d’ajouter que très-pro - bablement les semis et surtout les hybri- dations donneront des formes distinctes et méritantes. Ainsi déjà M. Deleuil, l’habile semeur de Marseille, a mis au commerce un Tritoma media très-remarquable, qu’il ne faut pas confondre avec le Tritoma media ancien, et qui provient d’un croi- sement entre le T. Mac Owani et le T. uvaria. Godefroy- Lebeuf, Horticulteur à Argenteuil Seine-et-Oise) . )U SOUDAN décrire ces plantes aussi complètement qu’il est possible de le faire dans l’état actuel. Toutefois, avant d’entreprendre ces des- criptions, nous croyons devoir faire re- marquer que, en général, chez ces Vignes, la floraison paraît être continue tant que dure rallongement des bourgeons, de LES VIGNES DU SOUDAN. 455 sorte qu’il y a toujours des fruits et des fleurs de dillerents âges, caractère pro- pre aux Ampélopsis et aux Cissus, et qui relie les Vignes soudaniennes à ces groupes^ sans pourtant les identifier. Notons en- core ce fait que, chez les Cissus et les Ampélopsis, les fruits sont insapides et impropres à la vinification, ce qui serait le contraire des Vignes découvertes par Lécard, du moins d’après ce que ce voyageur en a dit. Que ces plantes ne soient pas assez dis- tinctes pour être considérées comme de « bonnes espèces » botaniques, cela nous importe peu et n’a qu’une importance très- secondaire au point de vue prati({ue, c’est- Fig. 100 — Vüis Lecardii, au 1/4 de grandeur naturelle. Fig. 107. — Grain de Raisin du Vitis Lecardii, de grandeur naturelle. Fig. 108. — Grappe de Raisin du Vitis Lecardii, de grandeur naturelle. — D’après l’herbier de Lécard. à-dire de l’alimentation. Il suffit, pour ce dernier cas, que ces plantes aient réelle- ment une valeur différente par suite de propriétés dissemblables, ce qui existe très- probablement, puisque MM. Lécard et Durand les ont distinguées et en ont fait cinq sortes auxquelles ils ont donné des noms diftnrents. Ce sera à l’expérience à juger. Quoi qu’il en soit, nous allons les décrire, en commençant par l’espèce qui nous paraît la plus importante et qui porte le nom de l’infortuné explorateur. Malheureusement, plusieurs des échantillons d’après lesquels nos dessins ont été faits étaient incomplets, de sorte que nous n’avons pu en reproduire les inflorescences qui, en général, faisaient défaut. Néanmoins, il nous a été possible de décrire celles-ci, grâce à d’autres écban- % 456 LES VIGNES DU SOUDAN. tillons pris dans l’herbier de Lécard, de sorte que les descriptions seront parfois plus complètes que les dessins qui repré- sentent ces espèces. Nous devons faire observer encore que ces descriptions ont été faites sur des échan- tillons secs et également très-incomplets, lesquels ont été maniés bien des fois ; il nous a semblé que certains de ces échantil- lons, qui pourtant étaient indiqués comme appartenant à une même variété, présen- taient des différences. Il pourrait donc se faire qu’il y ait eu des transpositions d’éti- quettes. Ici encore, l’expérience seule pourra (fig. 108) très-forte, à grains (fig. 107) ovales, oblongs, d’un violet plus ou moins foncé, longs de 9 à 10 millimètres, à chair pulpeuse, peu abondante. Graines longues, grosses, relativement plates, portant, sur l’une des faces et sur le milieu, une carène très-marquée occasionnée par un fort déve- loppement de la chalaze. Saveur faible ou presque nulle. Les caractères que nous venons d’indi- quer relativement aux fruits du Vitis Le- cardii ont été pris sur des échantillons secs rapportés par Lécard. Seraient-ils différents s’ils étaient pris sur des plantes développées éclaircir cette question, et les descriptions que nous donnons devront peut-être subir un jour quelques modifications. N» Lecardii{^\^. 106, 107 et 108), « sarmenteuses, à feuilles laciniées, très- fertiles ; Raisin violet noirâtre. » (Lécard, Opuscide,j note des héritiers Lécard, p. 1.) Plante vigoureuse, à feuilles épaisses et résistantes, très-grandes , les inférieures très-profondément lobées, digitées, à peine çà et là légèrement denticulées. Tige forte, peu consistante, se désarticulant facilement par la dessiccation. Vrilles nombreuses, ténues, peu ramifiées, longues. Grappe Fig, 110. — Vitis Chanlinii, au 1/5 de grandeur naturelle. en pleine terre, sous un climat moins brû- lant que l’est celui du Soudan ? L’expérience seule pourra le démontrer. Mais, en atten- dant, nous ferons observer que la pulpe et la peau des grains étaient dépourvues de saveur. Ce fait était-il dû à l’extrême sic- cité des fruits? N» 2. Vitis Durandii, fig. 109. on Entomologie horti- cole., p. 154. — - Les Pêches nouvelles, quelles qu’elles soient, ne doivent pas faire oublier les vieilles qui sont bonnes. Parmi ces dernières, il en est une qui n’est pas assez connue et que, pour cette raison, nous croyons devoir rap- peler : c’est la Pêche Baron Dufour, dont la •Revue horticole (1872) a donné une des- cription et une figure. Rien de ce qui 24 462 CHRONIQUE HORTICOLE. a été dit de ses qualités n’a été exa- géré, et l’expérience de huit armées a justifié de tous points ce qu’en a écrit M. O. Thomas. C’est une variété de premier mérite dont le fruit, très gros et très-coloré, de qualité supérieure, mûrit à partir des premiers j ou l’s d’août. La Pêche Baron Dufour a été mise au commerce par l’établissement Simon Loiiis, de Plantières-les-Metz, le novembre 1872. Cette Pêche, par sa maliirité, est intermé- diaire entre la Grosse Mignonne hâtive et la Grosse Mignonne ordinaire, auxquelles elle paraît devoir faire une rude concurrence tant par sa beauté que par ses qualités. Dans certains terrains même elle la pré- cède. — Il vient de se passer au Kahsmyr un fait que nous sommes heureux de rapporter. Nous en devons la connaissance à notre collègue, M. Ermens, directeur des cultures de Son Altesse le Maharadjah de Kahsmyr et de Jummao.Ce fait a trait à la mémoire de l’infortuné Victor Jacquemont, qui a payé de sa vie son dévoûment à la science, et qui, après avoir échappé à de nombreux dan- gers de toutes sortes, est mort dans la vallée du Kahsmyr, loin de sa patrie, de sa famille et de Ses amis. A ce sujet, M. Ermens nous écrit la lettre suivante : Srinagar, le 12 octobre 1881. Mon cher maître. Il vient de se passera Srinagar, dans la vallée du Kahsmyr, un fait très-intéressant au point ' de vue patriotique. Les quelques Français qui sont ici ont profité de la présence de M. et Mme Ujfalvy, en ce moment à Srinagar, })our ériger en mémoire de Victor Jacquemont une pierre commémorative, qufils ont déposée dans le lieu qu’il affectionnait particulièrement. Ce lieu, qui est placé au milieu du lac de Srinagar, se nomme Giienard baague (île des Platanes). C’est de là qu’il écrivait ses lettres si intéres- santes et pleines de tendresse pour sa famille et ses amis. Je vous remets ci -joint le duplicata du procès-verbal que nous avons signé et placé sous la pierre commémorative, portant l’inscrip- tion suivante : A LA MÉMOIRE DE VICTOR JACQUEMONT 1831 - 1881 Ses compatriotes, La Société de géographie de France, La Société d’anthropotogie de France, La Société de géographie commerciale de Paris. Voici le procès-verbal en question, qui a été rédigé dans l’île des Platanes, sur le lieu même où est mort Victor Jacquemont: « Il y a cin({uante ans que l’illustre voyageur français, Victoi- Jacquemont, a séjourné à Sri- nagar. Pour se soustraire à la curiosité des ba- bitants, et j)our ])ouvoir travailler pendant les gi-andes chaleurs de l’été 1831, notre com- ])atriote s’est réfugié dans l’île des Platanes, située sur le lac de Srinagar, d’où il a daté ses plus remarquables lettres. « Peu de teni})s a}>rès sa mort prématurée, quelques compatriotes ont placé dans l’île des Platanes une pierre commémorative, sur la- quelle le nom de l’illustre voyageur se trouvait gravé à la suite de ceux de Bernier et de Fors- ter. « Cette pierre a disparu, de même que le petit pavillon de l’époque mogole que Jacque- mont avait habité. « Les soussignés ont cru le moment oppor- tun pour poser une pierre dans l’île des Plata- nes à la mémoire de Victor Jacquemont; ils ont associé en pensée à cette œuvre répara- trice les noms des trois grandes sociétés scien- tifiques de France qui ont gardé un vif souve- nir des travaux de Jacquemont, ainsi que le nom de M. Drouin, consul de France à Bom- bay, grâce aux persévérants efforts duquel les cendres de l’illustre voyageur ont pu être ren- dues à sa patrie. (( En honorant ses grands morts, une nation s’honore elle-même. » Ont signé : M'«e Ujfalvy-Bourdon, Georges Ermens, M. Dauvergne, Cii. Ujfalvy, M. Bou- le y, M. Peychaud. <( Fait à Srinagar, dans l’île des Platanes, lé Il octobre 1881. » — Grâce à l’extrême obligeance de M. le docteur Stawecki, nous pouvons décrire le fruit du Grenadier Legrelli. La forme générale du fruit est celle du Grenadier commun, beaucoup plus court et subsph.é- rique, à peine étranglé au sommet. L’inté- rieur est rempli de graines; malheureuse- ment celles-ci ne sont probablement pas bonnes : c’est du moins ce qui en était des quelques-unes que nous avons coupées. Nous reviendrons prochainement sur ce fruit, dont nous espérons donner une des- cription et une gravure. — Économie dans la production et faci- lité dans l’application, tels sont les avan- tages que nous paraît réaliser au suprême degré une nouvelle encre pour écrire sur le zinc, inventée par M. Laugier, répé- CHRONIQUE HORTICOLE. 463 liteur de chimie au Laboratoire des liaut.es études, rue de BuÜori. Cette encre, sur laquelle nous reviendrons prochainement et dont nous ferons connaître la compo- sition et la préparation, peut être faite instantanément, et à peu près par tout le monde. Elle paraît inaltérable et offre cet autre avantage, qui toujours est l’un de ceux qui passent en première ligne, de ne coûter presque rien. Dès aujour- d’hui nous pouvons indiquer que sa supé- riorité réside surtout dans sa persistance, qualité qu’elle doit à l’acide chloridique, substitué à l’acide sulfurique qui, malgré son énergie, n’attaque pas le zinc d’une manière assez radicale pour donner aux caractères graphiques une solidité qui leur permette de résister à toutes les influences auxquelles sont exposées des étiquettes placées continuellement à toutes les causes de destruction atmosphériques. — Tout récemment (1), nous signalions comme exceptionnelle la sécheresse, ob- servée à Nantes ; une sécheresse beaucoup plus extraordinaire encore, s’est manifestée à Brest, localité qui est sans doute la plus humide de toute la France. Voici, à ce sujet, ce que nous écrit notre collègue, M. Blan- chard : à la date du 16 novembre, .... Il fait à Brest, depuis le Ier novembre, un temps magnifique, comme on n’en a peut- être jamais vu ; le soleil brille tous les jours J dus qu’à la Saint-Jean, et l’on commence à manquer d’eau dans beaucoup d’endroits. Au jardin nous en avons à peine ce qu’il en faut })our la conservation de nos plantes de serre. Cette exception a d’autant plus lieu d’é- tonner que, de toutes les stations maritimes, Brest est sans doute la plus mouillée, ce qui lui a valu cette qualification de « pot de chambre de la France. » A quoi est due cette singularité ? — M. le docteur Bâillon, ^professeur de botanique à la Faculté de médecine de Paris, vient de publier un nouveau livre : Anatomie et Physiologie végétales, ou- vrage rédigé conformément aux program- mes officiels du 2 août 1880. Ce travail, — sur lequel nous reviendrons dans un article spécial, qui fait suite à celui qu’a publié récemment le même auteur sous ce titre : Eléments d’histoire naturelle des végé- (!) V. Revue horiicolCj 1881, p. 4'25. taux ou notions élémentaires de holani- que (1), est non seulement plus complet, mais beaucoup plus complexe que ce der- nier. Comprenant que cette fois il s’adresse à des hommes, l’auteur est descendu plus avant dans le sujet, a abordé et traité des questions qui eussent été déplacées dans le premier ouvrage. Ce qui a lieu d’é- tonner, c’est que des questions si profondes, puissent être traitées d’une manière simple, toujours très-concise et claire. C’est ce[>en- dant cé qui fait la supériorité de cet ouvrage, et le rend indispensable à tous ceux ({ui s’occupent de botanique. De nombreuses figures, exécutées avec le plus grand soin, en parlant aux yeux, rendent très-compré- hensibles des détails minutieux, dont une description ne pourrait donner une idée suffisamment nette. Cet ouvrage, qui comprend 300 pages et 465 gravures exécutées par M. * Faguet, se vend à la librairie Hachette et C*^^, 79, boulevard Saint-Germain, Paris. — Il est en ce moment question de la découverte d’une nouvelle plante fébrifuge, d’origine américaine. D’après un échantil- lon qui lui a été confié, M. le professeur Bâillon a cru pouvoir la rapporter au Calea glahra, D.C., espèce qui serait « ar- rivée en France pour la première fois à l’époque du voyage en Amérique de Du- mont-Durville, qui l’avait récoltée au Brésil, dans les provinces de Sainte-Catherine. Il paraît qu’on emploie en infusion les som- mités fleuries. > (H. B., Bid. Soc, linn., Paris, 1881, p. 295.) — A la séance de la Société d’horticul- tufe pratique de Montreuil du 13 novem- bre dernier, M. Veniat, jardinier de M. Pail- lieux, à Crosnes, présentait un lot de 11 va- riétés de Badis dont 10 japonais et 1 de Chine connu et cultivé depuis quelques années sous le nom de « Radis rose de la Chine. » Ces produits, — nous parlons des japonais, — de toute beauté, appelés certai- nement à jouer un important rôle dans les cultures légumières et probablement four- ragères, étaient des plus remarquables. Nous y reviendrons prochainement dans un article spécial dans lequel nous essaierons de faire ressortir leurs qualités, qui nous ont paru être d’une importance capitale. (1) V. Revue horticole, 1881, p. 271. 464- CULTURE HIVERNALE DES CANNAS. A ceile même séance, M. Véniat avait apporté quatre énormes tarions du Canna ediilis sterilis, qui, ovales-arrondis, mesu- raient d2-14 centimètres de longueur sur 6-8 de diamètre. Ces productions, char- nues, non fibreuses, sont très-alimentaires et probablement appelées à prendre une place importante dans l’économie domes- tique et peut-être même agricole, ainsi que nous essaierons de le démontrer! prochai- nement. ■ — M. le docteur John Denny, directeur du pénitentiaire de StokeNewington, près Lon- dres, est mort le 18 novembre dernier d’une attaque de paralysie, à l’âge de soixante- deux ans. Amateur éclairé d’horticulture, à laquelle il était très-dévoué, c’est à lui que l’on doit la création et l’organisation de la Pélargonium Society of London^ dont il était resté un des membres les plus actifs. — Tandis que les gouvernements pren- nent des mesures prohibitives et préventives, qu’ils lancent des décrets contre le phyl- loxéra, celui-ci continue sa marche, et bien- CULTURE HIVERÎ Je n’ai pas à rappeler la beauté toute ex- ceptionnelle des Cannas, soit comme plante à feuillage, soit même comme plante d’or- nement par ses fleurs. Sous ces rapports, ces plantes sont assez connues, et tout cha- cun sait aujourd’hui l’immense avantage qu’on peut en retirer pour la décoration des jardins pendant l’été. A -ce point de vue, je n’en puis parler non plus, car la chose étant également connue, je n’aurais qu’à répéter ce qui a déjà été dit. Mais, bien que grand, très-grand même, cet avantage n’est pas le seul qu’on peut re- tirer des Cannas ; il est un autre mode de décoration auquel on ne paraît guère avoir pensé, bien qu’il soit très-important : c’est la culture d’hiver. En effet, peu de plantes mieux que les Cannas peuvent se prêter à cette culture, qui, du reste, est très-facile, vu la vigueur des plantes et leur disposition à pousser et à Heurir continuel- lement, même en hiver, pourvu qu’on leur donne de la chaleur et de la lumière. Toutefois, comme il s’agit ici d’une cul- ture rationnelle devant produire de bons tôt, ainsi que nous l’avions prédit, il aura en- vahi toutes les parties du monde favorables à son développement, c’est-à-dire partout où la Vigne est cultivée sur une grande échelle. Ainsi, nous lisons dans le Journal d' Agri- culture pratique, numéro du 17 novembre, page 688, que le phylloxéra vient d’être dé- couvert dans le canton de Rabastens (Hau- tes-Pyrénées), à vingt kilomètres de Tarbes, dans une Vigne appartenant à M. Cazeaux. L’étendue apparente de la tache est d’envi- ron 75 ares. D’une autre part, il y a environ un mois que M. Franc, professeur d’agri- culture, constatait la présence du redoutable insecte dans les environs de Bourges. Après avoir rapporté ces faits, M. de Céris, avec beaucoup de raison, dit : ce Voilà donc deux nouveaux arrondissements, situés dans des départements jusqu’alors indemnes, à tein- ter en gris sur la carte du phylloxéra. » Mais alors, répétons-nous, pourquoi mettre des entraves, et à'quoi servent celles-ci, si ce n’est à nuire au commerce déjà si cruel- lement éprouvé par le phylloxéra, et pour- quoi à un mal en ajouter un autre ? E.-A. Carrière. ^LE DES CANNAS résultats, il faut donner une culture appro- priée, en rapport avec le but qu’on cherche à atteindre. Voici : au printemps, après la division des Cannas, au moment de les mettre en place, on choisit de beaux tu- rions,*d’une bonne vigueur ; on les plante en lignes, en planches, assez distants pour que les pieds ne s’étiolent ni ne s’allongent démesurément ; on les paille et les arrose au besoin. Pendant l’été, à l’aide de la bêche, on peut les cerner un peu, de ma- nière à restreindre l’élongation des racines et faciliter l’empotage des plantes en temps opportun. Vers la fin d’août ou dans le cou- rant de septembre, on relève les plantes et on les met dans des pots dont les dimensions sont en rapport avec la force des plantes ; on les arrose et les laisse sur cul un peu à l’ombre, de manière à les faire reprendre, sans les forcer à pousser pourtant, puis on les place au soleil afin que les plantes s’endurcissent et se constituent. Dans ces conditions, les plantes souffrent un peu, et leur végétation s’arrête à peu près com- plètement. On laisse les choses dans cet CHOU TRÈS-HATlF d’ÉTAMFES. LNSIABILITÉ DES CARACTÈRES. 4G5 état jusqu’au moment où l’on en a besoin, en ayant soin cependant de les préserver de la gelée, ce qui est important. Quand on veut forcer les plantes, on les place dans une serre tempérée ou dans des coffres, mais toujours à la lumière, et aussi près que possible des vitres ; on les arrose assez copieusement, et si leur développe- ment ne se fait pas assez vite, on élève la température, soit par la chaleur d’un poêle ou celle d’un thermosiphon, soit à l’aide du fumier. Traités de cette façon, on a des Cannas en fleurs pendant tout l’hiver, tout aussi beaux, et même plus que s’ils étaient en pleine terre. Il va de soi qu’on devra choisir les va- riétés relativement naines, les plus fïoribon- des, et dont les fleurs sont aussi les plus belles, à moins qu’on travaille au point de vue des garnitures d’appartement, et qu’a- lors on ait besoin de grandes plantes à feuil- lage coloré. Dans ce cas, et comme toujours du reste, il faut approprier les plantes au but qu’on se propose d’atteindre. May. .CHOU TRÈS-HAÏIF D'ÉTAMPES Encore une de ces variétés qui est ap- pelée à prendre une place’importante dans le potager. Elle a pour cela tous les mérites : rusticité, qualité, grosseur relative, et sur- tout très-hâtive. Le Chou très-hâtif d’Étampes (fig. 113) Fig. 113. — Chou très-hâtif d’Étampes, très-réduit. appartient à la catégorie des « Choux blancs » ou plutôt blonds, appelés aussi ar la beauté et la bonne cul- tui-e. — M. Michel, chef des cultures de ]\IM. Vilmorin, rue de lleuilly, Paris, présen- tait quelques plantes cultivées dans la mousse ordinaire depuis })lusieurs mois, ('t dont la vigueur, la beauté et la lloribondité montraient de la manière la plus nette, et contrairement à ce que certaines personnes avaient avancé, que les plantes peuvent très-bien vivre dans ces conditions, ce qui est conforme à ce que nous avons dit bien des fois au sujet d’une prétendue préi»aration de la mousse, sans laquelle — aflirmaient ces personnes — les plan- tes ne peuvent vivre dans c(îs conditions de culture, ce qui pourtant est le contraire de la vérité. PRUNUS CHAPRONII Nous avons dédié cette variété à M. Ed. Chapron, jardinier à Berlad (Roumanie), qui l’a découverte dans ce pays, d’où il nous l’a envoyée en même temps que la lettre suivante : Berlad, le 31 août 1881. Monsieur Carrière, Je prends la liberté de vous adresser des Prunes accompagmées de rameaux et de feuil- les, d’une variété que je n’ai jamais vue nulle part, et qu’on m’a dit venir de Constantinople. Si néanmoins vous la sachiez connue, je vous serais très-obligé de vouloir bien m’en dire le nom. De mon côté je serais très-heu- reux, si vous la trouviez méritante, de contri- buer à son introduction en France, et à ce sujet je m’emprasse de vous dire que je me mets à votre disposition. Toutefois, je vous informe que les fruits que Fig. 114. — Prunus C/iapronii, de grandeur naturelle. je vous adresse ne sont pas mûrs et qu’ils n’ont pas atteint toutes leurs qualités ; j’ai cru devoir vous les envoyer ainsi, afin qu’ils puis- sent vous parvenir dans un état relativement bon. C’est un fruit d’assez bonne qualité, mais" qu’ici l’on n’apprécie pas, car dans ce pays (en Roumanie) on a l’habitude de manger les fruits tout verts, c’est-à-dire avant qu’ils soient mûrs. » Les fruits en question nous sont arrivés en asseîî bon état ; l’un d’eux était même très-joli, ferme et d’un brillant rare. D’après Texamen que nous en avons fait, le Prunus C/iapronw (fig. 114) nous a paru rentrer dans le groupe des Myroholans. En voici une description sommaire : Arbrisseau buissonneux, à feuilles petites, courtement ovales, très-finement dentées. Fruit très-lourd, légèrement aplati, large- ment arrondi au sommet. Peau lisse, lui- sante et comme vernie, d’un beau rouge foncé à reflets violacés, légèrement pointillé 4G8 LES EULALIA. — CÛLEUS COMTESSE DUCHATEL. gris blanc, d’environ 45 millimètres de dia- mètre sur 35 de hauteur. Queue grêle, relativement longue, dans une très-petite cavité. Chair très-dense, adliérente au noyau, rouge foncé dans la partie placée I sous la peau, le reste d’un jaune abricot I foncé ou orangé; eau abondante, sucrée, agréablement acidulée, d’une saveur sui generis. Maturité : août-septembre. E.-A. Carrière. LES EULALIA Ce genre, dont on semblait tant se préoc- cuper il y a seulement deux ans, paraît aujourd’hui, sinon oublié, du moins trop délaissé. En effet, c’est à peine si de temps à autre, chez certains amateurs, l’on en rencontre quelques pieds, ce qui est très- regrettable assurément, car, à tous les points de vue, les Eulalia sont très-méri- tants. Ils sont très-rustiques, vigoureux, robustes, et viennent à peu près partout. De plus encore, ils sont excessivement propres à la confection des forts bouquets de table ou de salon, et tout particulière- ment de ceux qu’on fait^ l’hiver avec des fleurs sèches. On en possède actuellement trois sortes : Eulalia Japonica type, E. Japoyiica va- riegata et E. Japonica zehrina. Toutes trois sont analogues par leur végétation et leur faciès général; toutefois, la variété pa- nachée liserée est un peu moins vigou- reuse que les deux autres, ses sœurs, mais n’en est pas moins très-méritante. E Eulalia Japonica zehrina, moins con- nue que les deux autres, parce qu’elle est apparue après elles, mérite une mention toute spéciale. Récemment introduite du Japon, on ne l’a d’abord jugée que d’après la disposition singulière de ses panachures, qui sont bien nettement circonscrites et placées transversalement à des distancée assez régulières les unes des autres. En voici, du reste, une description sommaire : Plante vigoureuse, gazonnante, cespi- teuse. Tiges nombreuses, de 90 centi- mètres àM"' 30, parfois plus, de hauteur. Feuilles nombreuses, engainantes, longue- ment arquées, presque planes, parcourues sur le milieu, à la partie supérieure, d’une nervure saillante blanche, "marquées trans- versalement et dans toute leur longueur de larges bandes jaunâtres bien délimitées, qui font un singulier contraste et donnent à l’ensemble un cachet des plus originaux ; l’extrémité est très-longuement atténuée en pointe. Quant à la fleur, elle est à peu près semblable à celle des autres variétés. La multiplication de cette sorte se fait comme celle de toutes les autres : par les graines et par la division des touffes. Lors- qu’on tient à conserver les types, il faut employer les divisions, le semis pouvant donner des plantes tout autres que celles dont on a semé les graines. C’est surtout pour les variétés panachées qu’on doit mul- tiplier par division, ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer de graines, car avec celles-ci, si l’on peut ne pas obtenir les mêmes sortes, on peut aussi en obtenir de plus méritantes que celles qu’on pos- sède. Lefébure. COLÉUS COMTESSE DUCHATEL Malgré le nombre si considérable de va- ! riétés de Coleus que l’on possède aujour- ! d’hui, il est encore possible d’en ajouter, et même de très - méritantes. Telle est, par exemple, celle dont je vais parler, quia reçu le nom de Comtesse Duchâtel, chez qui elle a été obtenue, et que j’admire depuis quelque temps chez MM. Thibaut et Keteleer, horti- culteurs à Sceaux, qui la mettront prochai- nement au commerce. Cette variété, dont la couleur, ou plutôt les nuances infinies que présentent les feuilles .'îont indicibles, réunit toutes les qualités que doivent posséder les plantes de ce groupe pour être admises à faire partie du contingent ornemental auquel appar- tiennent les Coleus. La plante est vigoureuse, relativement robuste, ramifie beaucoup et est surtout très-constante ; jamais elle ne varie, et même c’est à peine si, pendant l’hiver, la richesse et le brillant du feuillage sont légèrement alhiiblis. Sur un fond velouté, violet rosé chatoyant, présentant toutes les nuances OlUGINE DES CHOUX PANACHÉS. 469 possibles, et qui, de plus, varient sans cesse avec l’état de végétation, se dessinent en forme gracieuse des sortes d’arbres ou de dessins {)lus ou moins ramifiés, d’un rose vif ou rouge nuancé qui, par les opposi- tions de teintes qu’il détermine, constitue sur les feuilles des figures dont la bizar- rerie n’a d’égale que la beauté de l’ensem- ble. En général, la forme de ces sortes d’a- rabesques, ou d’arbres en miniature, est déterminée par la disposition des nervures. Houllet. ORIGINE DES CHOUX PANACHÉS Si la série des Choux panachés est bien connue au point de vue de la beauté et de l’avantage qu’on peut tirer de ces plantes comme ornementation, il en est tout autre- ment quant à leur origine. Sous ce rapport, non seulement l’on ne peut émettre que des hypothèses , mais les opinions sont même très-divisées sur ces hypothèses. Faisons d’abord observer que nous par- lons des Choux frisés, c’est-à-dire des Choux qui ne pomment pas, souvent aussi appelés (( Choux verts. » Sortent- ils des Choux pommés : Cahus, Mila72s ou autres, ou bien sortent-ils à la fois de différentes races ? C’est ce qu’on ne pourrait affirmer, et tout ce qu’on pourrait dire à ce sujet se- rait hypothétique. A prioi'i pourtant, il semble que l’on soit autorisé à leur reconnaître une autre origine, par exemple de provenir des Choux de Bruxelles. En effet, il n’est pas rare de voir de ces Choux, colorés ou non, émettre de nombreux bourgeons sur leur tigCj lesquels, suivant les cas, sont plus ou moins serrés , parfois même sphériques, très-durs. Les Choux à feuilles laciniées présentent très-souvent aussi, ce caractère. Quoi qu’il en soit, voici un fait qui nous paraît intéressant, digne d’être médité, ce qui nous a engagé à écrire le présent ar- ticle. Ce fait fnous est fourni par M. R.o- thenburger , horticulteur à Montbéliard ( Doubs ), qui nous adresse la lettre suivante, en réponse à une lettre que nous lui avions écrite pour demander quelques renseigne- ments sur la provenance d’une quantité considérable de variétés de Choux qu’il nous avait adressées : Montbéliard, le 17 avril 1881. Monsieur Carrière, Voici l’origine des Choux que je, vous ai aitressés : ils se sont produits chez moi dans les conditions que je vais vous faire connaître. Il y a environ cinq ans que j’ai trouvé, dans une de mes grandes i)lantations de Choux rouges, un pied qui le long de sa tige produi- sait des petites })ommes comme le Chou de Bruxelles ordinaire , mais dont toutes les feuilles étaient rouges ; l’ayant planté à j)art, j’en ai obtenu une vingtaine de graines d’où est sorti un Chou de Bruxelles ordinaii-e, mais rouge, Au mois de mai dernier, je semai les graines qu’avait produites celui-ci, qui me don- nèrent environ cent pieds de Choux rouges qui tous portaient des boiirgeons à l’aisselle des feuilles, ainsi que le font les Choux de Bruxelles. Mais ces rosettes n’étaient [>as très- dures, ce que j’attribuai à la plantation tardive que j’en avais faite. A l’arrivée des froids, ces Choux ont changé de couleur et sont devenus panachés comme ceux que je vous avais en- voyés. Tous ces Choux sont actuellement en fleui's. J’ajoute qu’ils sont })lus rusti(}ues qu(‘ les Choux de Bruxelles ordinaires, et qu’iL sont très-bons à manger et peuvent, par consé- quent, être em])loyés comme légume et aussi servir à la décoration, car ils sont très-jolis et très-variés. Je profite aussi de cette circonstance pour vous informer que, cette année, dans un semis de Choux-tleui's, j’en ai obtenu à feuilles d’Ar- tichaut. Veuillez, etc. Faisons d’abord remarquer que tous les très-nombreux échantillons de Choux que nous a envoyés M. Rothenburger étaient des plus variés, et qu’ils présentaient soit dans les feuilles, soit dans leurs ramifica- tions, les couleurs les plus vives et les plus variées, absolument comme cela se voit sur les Choux panachés dont on se sert fré- quemment aujourd’hui comme ornementa- tion, Maintenant, comment expliquer ces faits : d’abor-d, l’obtention d’un Chou à jet d’un Chou pommé, puis la fixation d’uiu* série de Choux, présentant toutes les nuan- ces du blanc au rouge intense, en passant par toutes les couleurs intermédiaires? Ce fait est dû à la plasticité de la matière qui, dans les Choux surtout, est excessivement grande, et qui, d’une sorte sauvage qu’il serait impossible de préciser aujourd’hui, a produit toutes ces innombrables et si di- verses formes que l’on connaît. C’est donc 470 SOLA.NUM BETACEUM COCCiNEUM. — PLANTES une addition à faire, un anneau à ajouter à la chaîne sans fin des modifications que peut présenter ce qu’on appelle un type. On oublie trop que ce qu’on nomme ainsi n’est qu’une individualité devant en créer d’autres ; qu’il faut prendre ceux-ci quand ils se présentent, ou chercher à en tirer le meilleur profit possible. Dans celte circons- tance, qu’y a-t-il à faire? Ceci : exploiter les nouveaux venus. Nous ajouterons aux mérites de ces NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES. Choux, signalés par M. Rothenburger, cet autre qui n’est pas à dédaigner ; préparés soit comme a entrées, î soit comme « hors- d’œuvre, î hachés et accommodés à l’huile et au vinaigre, ils forment un excellent condi- ment qui, par le brillant des couleurs, sa- tisfait les yeux en même temps que, par sa saveur fine et agréable, il satisfait le palais. Dans tous les cas, il a cet immense avan- tage de favoriser la digestion. Utile dulci. C’est parfait. E.-A. Carrière. SOLANUM BETACEUM COCGINEUM L’espèce type, le Solarium betaceum, que nous avons décrit et figuié dans ce re- cueil (1), par des semis qu’a faits M. Alliau- me, jardinier en chef à l’hôpital militaire de Vincennes, a produit un grand nombre de variétés qui, à peu près semblables au type par leur port, leur feuillage et par leur vé- gétation, s’en dislir)guent nettement par la couleur de leurs fruits. Sous ce rapport, au- jourd’hui on en a qui varient du blanc jau- nâtre au rouge foncé ; celui que nous ligu - ions ici rentre parmi ces derniers. Outre sa couleur, le fruit est courlernent ovale arrondi aux deux bouts ; sa chair, extrêmement ju- teuse, est d’un rouge orangé marbré ou maculé rouge sang ; elle est sucrée, acidulée et assez agréable au goût. Les graines sont également très-colorées. Mangés crus avec du bouilli, comme on le fait des Tomates, ces fruits constituent une sorte de condi- ment d’une saveur particulière. Jusqu’où ira-t-on dans l’obtention des variétés de celte espèce? Après la couleur, arrivera-t-on à modifier la forme et les dimensions? La chose u’esl pas impossible. Peut-être pourrait-on hâter les modifications en pratiquant la fécondation artificielle, en opérant avec une sorte très- distincte à tous les points de vue, par exemple avec la To- mate. Nous conseillons surtout de tenter ^e^sai en procédant inversement, par exem- ple en fécondant le Solarium hetaceum ou ses variétés par le S. lycopersicon ou To- mate, ou bien en sens contraire, c’est-à-dire en prenant pour père le Solanum hetaceum et pour mère le S. lycopersicum. De cette façon, peut-être arriverait-on à obtenir des plantes à la fois ornementales et économi- ques. C’est à essayer. Rappelons que, outre la beauté de ses fruits, le S. hetaceum peut être cultivé comme une plante à feuillage, car semées au printemps, de bonne heure, les graines, qui germent et lèvent promptement, produi- sent des sujets qui, dans celte même année, peuvent atteindre près de 2 mètres de hau- teur et se couvrir de feuilles cordiformes de dimensions vraiment extraordinaires. Ajoutons encore que les Heurs de -S. be- taceum., qui sont blanches et assez grandes, dégagent une odeur des plus suaves et des plus agréables. E.-A. Carrière. PLAXTES NOUVELLES, MÉRITANTES OU PAS ASSEZ CONNUES Coprosma Bauheri variegata. — Plante buissonneuse, très-vigoureuse, glabre et luisante de toutes parts. Rranches étalées, opposées, à ramifications nombreuses. Feuil- les opjiosées, subsessiles, oblongues, forte- ment arrondies, très-entières, épaisses, char- nues,d’un vert clair, luisantes et comme ver- nies, largement bordées de blanc jaunâtre. Le Coprosma Bauheri variegata res- (1) V. nevue horticole, 1880, p. 150. semble tellement par son aspect général à certaines variétés iV Evonymus Japonica à feuilles panachées bordées de blanc, qu’au premier aspect il n’est personne qui ne s’y trompe. Cette espèce, qui peut avec avantage être employée pour la pleine terre pendant l’été, doit être tenue dans une bonne serre tempé- rée l’hiver; en serre froide, elle souffre, et ses feuilles tombent. J^rDue //o/‘/ico/e GccLxrol dfiyù (JkrorroolUAy. G Seve.T'^un^'. SolamnH. hetacarnL . ( occulcluh . ’ . TABLE ALPHABÉTIQUE DFS AUTEURS DU VOLUME DE 1881 A Adam. — Leblanc des racines, 8. — Quel({ues mots sur les })lantes dites de serre chaude ; rusticité du Musa ensete^ -191. — Les semis de Vig'nes du Soudan, 3ü1. André (Ed.)-— Anthurium Andreanum, T7Ü. — Le Bromelia Pinguin, 18"2, — Exposi- tion d’horticulture à Tours, 247. — Anthu- rium Scherzerianum Andegavense, 272. — Un Voyage d’ex[)loration horticole, 307. — Paya gigas, 314. — Convention de Berne, ^Ti. Andrews (J. -B.). — L’hiver 1881 à Menton, 85. — Le Casimiroa edulis, 322. Attias (E.). — Utilisation de.s coquilles d’œufs j)our la culture des plantes, 223. B Bach. — Les Fougères comme plantes d’appar- tement, 77. Bâillon (Dr). — Nouvelle Balsamine décou- verte à Madagascar, 282. Baltet (Charles). — Visite à la villa Tourasse, 74, 94. — Des Pèches hâtives, 336. — Am- pélopsis Veitchii, 413. — Le Congi ès porno- logique à Orléans, 449. Batise (Jules). — L’éducation dans le jardi- nage, 51 , 86. Berger. — Pommier Belle-Fille de Sceaux, 119. Bergman (Ernest). — Oi’chidées de semis, 346. Blanchard (J.). — Bromelia Pinguin, 153. Bleu (Alfred). — Semis d’Orchidées, 305. Blumenau (Dr H.). — Deux nouveaux Coco- tiers, 64. Boisbunel. — Pomme Rossignol, 310. Boisselot (A.). — Composition et ornementa- tion d’une montagne artificielle, 36. — Pom- mes, Poires, cidres et poirés, 89. — Lis du Japon, 122, 142. — Le phylloxéra dans la Dordogne, 142. — La greffe des Noyers, 164. ■ — Destruction de la sangsue des Poiriers, 302. — Plantation d’Asperges, 362. — Notes pratiques sur quelques variétés de Fraisiers, 387. — Bouturage d’Eglantiers, 390. — In- fluence du greffon sur le sujet, 409. Boitelle (A.). — Les graines de Musa ensete, 144. Bonnel. — Phoenix cycadæfolia, 169. — Des grosses Asperges, 189. — Des Diplacus, 270. Bonnet. — Sur les Vitex, 259. Borel. — Exposition de la Société nationale et centrale d’horticulture de France, 268. Bouley. — De la trichinose, 152. Bouniceau-Gesmon: — Simple observation sur l’expulsion du phylloxéra, 167. Brault (G ). — Mort de M. de Lunaret, 169. Buchetet. — Vente de son établissement pour le moulage des fruits, 302. Buge (J.-D.). — Rusticité du Dasylirion ou Cor- dyline, 303. Carbou ( J. -B.). — La suie et les insectes, 44. — Aubergine naine noire précoce, 306. C Carrière (E.-A.), — Chronique horticole, 5, 21, 41, 61, 81, 101, 121, 141, 161, 181, 201, 221 , 241 , 2() 1 , 281 , 301 , 321 , 341 , 361 , 38 1 ,401 , 421,441, 461. — Pétunias iianachés nains, 10. — Correspondance, 11, 37, 114, 159. — Un bon modèle de haie vive, 16. — Les engrais chimiques et la Vigne, 18. — Dracæna indi- visa Pigny, 20. — Quehpies observations sur la Vigne du Soudan, 28. — Onùidium concolor, 30. — Bromelia agavoides, 3t. — Un nouveau tyjie Bégonia, tuherosa erecta, 37. — Populus Boileana, 40. — Vriesea. Glazioveana, 50. — Pommier hétéromorphe, 54. - Peut-on élaguer les Conifères ? 66. — P’iguier Osborn Prolific, 68. — l’élargoniurn Gloire d’Orléans, 70. — Origine des plantes domesliques : la Chicorée sauvage, 72.— Ly- simachia hrachyslachys, 90. — Pour [lier tubéreux, 93. — Production d’un bourgeon sur un tubercule de Dalhia, 98. — Biblio- gra})hie, 99, 129, 271 . — Æchmea Glaziovl, 100. — Piment-Tomate, 107. — Bégonia Monsieur Laing, 110. — Château de Gou- ville, 113. — Exposition agricole au palais de l’Industrie, 115. — Fleur monstrueuse de Dahlia, 117. Pommier Belle-Fille de Sceaux, 118. — Phalangium lüiastrum, 128. — Masdevallia chimera, 130. — De la greffe des Noyers, 137. — Dimorphisme du Cucurbita melonæformis, 138. — Quel- ques plantes nouvelles, 140. — Fuchsia ful- gens pumila, 150. — Fructification du Pan- danus furcatus, 174. — Prunus Pissardi, 190. — Société nationale et centi-ale d’horticul- ture de France, 193. — Des clôtures, 194. — Rhododendron Ascott brillant, 196. Neviusia Alabamensis, 198. — Des Bruyère.'-, 198. — Pomme Belle de Pontoise, 210. — Un nouvel Haricot de la Chine, 216. — Fri- tillaria recurva, 220. — De la greffe forcée des Rosiers, 228. —ClievallieraGerminyana, 230. — Canavalia Lmiareti, 236. — Deux nouvelles Vignes chinoises, 239. — Des graines de Musa, 247. — Des Pâquerettes, 251. — Culture des plantes dites sans terre, 254, 309, 349. — Un jardin fruitier au cin- quième étage, à Paris, 259. — Veronica sub- sessilis, 270. — Brocoli-Serpent, 273. — Quercus stricta dumosa, 276. — Laitue de Gracovie, 285. — Germination des Vignes soudaniennes, 288. — Vanda cœrulea grandiflora, 290, — Considérations géné- rales sur les Pommiers microcarpes, 295. — Schizophragma hydrangeoides,3'\3. — An- dromeda Japon ica variegata, 328. — Va- riation dans les Caladium bulbosum, 328. — Bégonia semperflorens rosea, 330. — Transformation des bourgeons, 334. — Ahu- tilon floribundum, 350. — Les Vignes du Soudan, 352. — Giroflées à fleurs jaunes doubles ou d’Erfurth, 357. — Giroflée jaune pur ou jaune jaune, 369. — Raisin précoce de Montreuil, 310. — Evonymus Carrierei, 373. — Exposition d’horticulture de Montreuil, 378. — Chicorée sauvage améliorée, 379. — Neumannia nigra, 3lt0. — Sacs à Raisin per- fectionnés, dits rationnels, 394. — Cycas siamensis, 396. — Achillea ptarmica flore pleno, 399. — Buellia macrantha, 410. — Les Vignes du Soudan, 413, 454. — Haricot 472 TABLE ALPHABETIQUE DES AUTEÜBS. beurre nain du Mont-d’Or, 420. — Gultui‘e lloralc d’hiver des I^élari^oniurns zonales, 420. — Tulqja Alberii, 430. — ])écrottoir économique, 443. — Jlohenbergia ferru- ffûieüy AÛl. — Soja d’Etampes, 448. — Onci- dimn VVellonl superbum , A-bO. — Chou très- hfitir d’Etampes, 465. — Prunus Chapronii, 467. — Origine des Choux ])anachés, 469. — Solamim betaceum rubrum, 470. Castillon (Comte de). — Horticulture japo- naise : bouturage des Poiriers ; conservation des Poires, 70. Catros-Géhand. — L’hiver 1879-4880 à Boi- deaux, 15. — Les semis de Vignes du Sou- dan, 361. CiiAPRON (Ed.). — Prunus Chapronii, 467. Crargueraud (A.). — Electricité appliquée à la physiologie végétale ; quelques expériences à faire, 385. — Une belle plante, facile à cul- tiver, 417. CiiARON (,}.). — Eructification d’un Æchrnea Mariæ recjinœ, 245. • CîiÂUDEY. — Production de fruit sans produc- tion d’organe foliacé, 312. Chauvin (Hipp.). ~ Culture de VAstragalus bæticus, 365. Clausen. — Découverte de nouvelles taches ])hylloxéi’iques en Crimée, 7, 9. — Ecole d’horticulture et de viticulture de Nikita, 45. — Rusticité du CJmmærops hamilis, 265. — De la grelfe des Châtaigniers, 340. — Multi- plication des Catalj^a par le bouturage, 363. — Le climat en Grimée, 364. — Le phylloxéra et fabrication du vin au Caucase, 381. — Desmodiimi periduUfloruni, 402. CusiN (L.j. — Poire Madame Ghaudy, 29. — Cucurbita melouæformis , 84. — Bidens grandiflorUy 435. Daniel. — Pommier Relle-Fille de Sceaux, 119. Debuc. — Prunus Pissardi, 423. Delghevalerie (G.). — Culture en serre des arbres fruitiers exotiques, 108. — Une plante propre à orner les salons, 131. — Le jardin et raquarium du Trocadéro, 277. — La culture des plantes bulbeuses et le lac de Ilaarlem, 365. Deleuil (J. -B.). — Germination des Vignes soudaniennes, 357. Desnoix. — Le Cucurbita nielonæformis^ 23. Desquillée (B.). — A ])ropos de la conserva- vation du Canna iridi^lora^ 217. Devansaye (A. de la). — ■ Notes sur deux Ka- ratas, 231. — Exposition d’horticulture à Liège du 24 juillet 1881, 331. - Bübergia, splendida^ 371. — Quelques observations sur le genre Netimannia, 426. Dubos (G.). — Le Cucurbita niclonœformis, 5. Dugiier (veuve). — Un Rosier grinqiant, 445. Dudoüy (A.). — Les engrais chimiques et la V'igne, 18. Durand (E.). — Graines de Vigne de Soudan, 122. K Ebmens. — Graines et crossettes de Vignes du Kahsmyr, 7. — Quelques mots sur Caboul, 38. — Monument élevé à Kahsmyr, à Victor Jacquemont, 462. F Fabre. — Ralentissement de l’invasion du }>hyl- loxera, 9. Fisii (D.-F.). — Multiplication des Bégonias tu- berculeux, 255. a Gagnaire (ils aîné. — Changement de couleur des fleurs d’Azalées, 183. Galle (Emile). — Exjiosition d’horticulture de Mulhouse, 291. Gayot (Eug.). — Api)areil pour la destruction des hannetons, 148. Gibaut. — Laitue Merveille des Quatre-Sai- sons, 230. Giuani). — Verbena venosa, 348. Godeeroy-Lp:beuf. — A projios du Cgcas sia- mensis, 438. — Les Tritoma, 453. Guichard. — Bidens grcuidi/lora, 435. Guillon. — llydrangea paniculata grandi- flora, 19. — Revue de quelques plantes ré- cemment décrites et figurées, 116. — Pteros- tyrax hispidum, 131. — Imantophyllum maximum^ 140. — Tulipa patens^ 158. — Greffes hétérogènes, 257. — Bas reticulata, 258. — Pavonia Makoyana, 295. — Geum coccineum flore p>leno, 309. — Sedum sem- pervivoides , 396. — Nymphéa odorata ru- bra, 406. — Tritoma nobüis. El Haage et Scilmidt. — Delphinium Cahsme- rianum, 113. — Sabbatia campestris, 136. — Lisianthus Bussellianus, 188. Hauguel (Paul). — Nouveau métier à faii'c des paillassons, 214. Hauteiuve. — Les insecticides à appliquer aux cultures des légumes, 8. Héberts (De Paul des). — Documents comjilé- mentaires sur l’hiver 1879-1880, 26. — Gé- néralités sur les Broméliacées, 211. — Varia- tion dans les Caladium bulbosum, 328. Houllet. — Xarithochymus pictorius, 12. — Coleus Comtesse Duchâtel, 468. Humbert (Albin). — Observations })ratiques sur le jardinage, 411. J Jamin. — Pommier Belle-Fille de Sceaux, 119. Joly (Gh.). — Observations sur les principales cultures de l’Algérie, 403. — Congrès phyl- loxérique de la Gironde, 432. La chaume (Jules). — Exposition d’horticulture de Matanzas, 317. La Combes. — Concours pour une place de jardinier chef au Jardin botanique d’Angers, 364. Lafont. — Les graines dites Noix d’Amérique, 444. Laine (O.). — Culture perfectionnée des As- perges, 166. Lambin (E.). — Légumes nouveaux, 151. Lebas. — Æclimea histrix, 129. — Multipli- cation des Lauriers-Roses dans l’eau, 239. — Azalea narcissæflora, 258. — Cytisus ele- gans^ 300. — Pomme de terre la Parisienne, 350. — Cantaloup de Gavaillon, 368. — Ins- tabilité des caractères, 465. Légard (MMites). — Graines de Vignes du Sou- dan, 344. Lefébure. — Nouvelle utilisation des Chrysan- thèmes d’hiver, 426. — Les Eulalias, 468. Lefebvre (Arsène). — Gidtiire des plantes sans TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. toi're, 18G. — Rusticité dos Dracæna indivisa^ Leiicdi. Nouvelles variétés de Glaïeuls, 14. — Expéi'iences comparatives de Laitues et de Romaines, 78. Lp:roy (L.-A.). — A pj'opos de la Convention de Berne, 400, 421, 427. — Les Andro- mèdes, 355. Lesta.nt. — Le Çucarbita melonæfonnis, 23. Linden (J.). — Transformation de son établis- sement, 422. Louis-Jules. — ^ Rusticité de quelques plantes de serre, 97. — Beurré Diel à fruits pana- chés, 156. — Culture bourgeoise du Cresson de fontaine, 195. — Fruits et fruitiers, 208. — De l’avantage des châssis pour la culture des légumes de primeur, 226. Louvet. — Culture du Poinsettia pu lcherrbna, 60. Lucas. — Semis de graines de Grenadier Le- grelli, 381. — Nouvelle utilisation d’une vieille plante, 399. Lucet. — Plantation et traitement des arbres fruitiers, 375, 407. Lunaret (Léon de), — Le vin de Jacquez, 21 . I?î Magnier (Ch.). — Parnassia 2icilustris, 256. — lids Monnieri, 265. Mallet. — Pommier Belle-Fille de Sceaux, 119. Marsais (Georges). — Les machines à greffer, 31. ^ May. — Cattleya Eldorado et variétés, 118. — Emploi des coquilles d’œufs comme pots dans le, jardinage, 188. — Des Mâches, 219. — Maiionia rotundifolia, 250. — Deux plantes à recommander, 258. — Cyjjerus laxus variegata, 291 . — Laitue de Califor- nie et Laitue-Chicorée frisée â couper, 325. — Insolations végétales, 359. — Pelphi- nium Kahsynyriamim, 389. — Initia, glan- diilosa, 419. — Guüerrezia gymnospyer- nioides, 431. — Culture hivernale des Can- nas, 464. Messager (A.). — • Pseudo-greffe et quasi- greffe, 446. Morren (Edouard). — Vriesea Glaziovearia, 50. Mote (L.-S.). — Influence de greffon sur le sujet, 67. Moulins (Jean). — Reine-Claude précoce de Razimbaud, 250. Nicholson (G.). — Camoens maxima, 157. Noël (Eugène). — Deux Pommes locales de l’Aube, 319. © Oudin. — Un bon modèle de haie vive, 16. OuNOUS (L. d’). — Quelques arbres fruitiers du Sud-Ouest, 65. — La sécheresse dans l’Ariége, 404. P Paillet. — Pommier* Belle-Fille de Sceaux, 118. P.YNGiiER. — Quelques observations sur l’in- fluence des milieux, 132. PiERRON (H.). — Origine du Paiphia^ 42. PiSTRE (E. et E.). — Germination des Vignes soudaniennes, 357. 473 Plalsant. — Observations sur quelques plantes de serre, 77. PoMONA. — Fi'uits nouveaux ou j)eu connus, 20,68, 111, 470. — Prune Ilelle de Louvain, 348. — Pommier double Bon Pommier, 460. PoNDAVEN (Y.). — Encore un ennemi de l’hor- ticulture, 311. PuLLiAT (V.). — Variétés de Vignes américai- nes, 11. — Barbarossa i\. feuilles duveteuses, 135. — Nouveau cépage obtenu dans un semis de Jacquez, 444. PuviLL.AND. — Voyage au Cauca (Etats-Unis de Colombie), de Popoyan â Pasto, par Los Pueblos, 58, 105, 125, 266, 286, 391. Il Raoult • (DQ. — Réflexions à propos de l’hi- ver 1879-1880, 145. — Influence de la lune sur la végétation, 299. — A propos de l’électricité appliquée aux végétaux, 326. Rapozo (Marianno). — Forçage des Ananas aux Açores, 165. Regnaud (J.). — Pomme Jean Gaillard, 49. Revertégat (A.). — Germination des Vignes soudaniennes, 357. Rijk (F. de). — Encore l’ennemi des Caféiers, 150. — Le Cocotier, 177. Rivoire père et fils. — Observations sur la germination des graines, 91. — Les plantes et l’électricité, 371. Robinet (IL). — A propos d’excroissances sur la Vigne en cépage, 451. Rom.yn (E.). — L’insecticide Fichet, 184. Romanet du Gaillaud. — Deux nouvelles Vignes chinoises, 239. Romieu, — Bibliographie, 329. Rotiienburger. — Origine des Choux pana- chés, 469. Ryx (Br.). — Laitue de Gracovie, 285. S Sagot (DQ. — Quelques observations sur l’in- fluence des milieux, 132. Sallier. — Culture en pleine terre des plantes de serre, 25. — Les serres fleuries, 360. — Culture des Fuchsias en cordons et en espa- liers, 440. Sallier (Joliannis). — Exposition de la Société nationale et centrale d’horticulture de France, 232. Savignon (F. de). — Les Vignes de Californie, 223. SiSLEY. — Lis du Japon, 6. — Le froid à Lyon, 61. — Freesea réfracta alba, 207. — Bou- vardia à fleurs blanches doubles, 210. — Dahlia Juarezi, 226. — Multiplication des Bégonias tuberculeux, 255. — Hortensia Thomas Hogg., 307. — Emploi de l’eau salée contre les parasites des végétaux, 345. Starzyski (Comte). — Brocoli- Serpent, 274. Stawegki (DQ. - Un Grenadier à fleurs dou- bles ({ui donne des fruits, 362. Stourdza (D. de). — Un nouveau légume, 124. T Taberna. — Patate fasciculée, 209. Thierry. — Maladie des Oliviers, 82. — Le climat et les récoltes de Nice, 364. Troubetzkoy (Le pilnce de). — Eucalyptus amygdalina, 244. — Production des sexes dans les végétaux : un Idesia polycarpa à fleurs monoïques et à branches verticillées, 263. 474 TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES COLORIÉES ET DES GRAVURES NOIRES, \ Vallkrani) (Eug.). — Une très-remarquable anomalie ])réseutée par des Ananas, 172. — Pois brésilien, 24G. — Romaine ballon ou monstrueuse, 298. — Rusticité de VA)it/ui- rium lei(co}io}'um, 3.51. — llégonia Viclor Lemoine, 445. Yerdier (Eug,). — Desti-uction de roïdium par le polysLilfure Grisou, 283. \v Wagner. — Aucuha japonica, 114. Werer (J. -B.). — Centaurea nervosa, G9. TABLE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES COLORIÉES Ahutüon porlhmidum, 350. Anthurium Andreamim, 170. Bégonia Monsieur Laing, 110. . — Beyonia sem- perflorens rosea, 330. Chevalliera Germinyana, 230. Fuchsia fulgens pumila, 150. Lysimachia hrachijstachys , 90. Masdevallia dihnera, 130. Neumannia nigra, 390. Oncidium concolor, 30. Oncidium Weltoni superhum, 450. Pélargonium Gloire d’Orléans, 70. TABLE ALPHABÉTIQUE Ampélopsis napæformis et tuberosa, 415. Bégonia semperflorens rosea, 331 , Brocoli-Serpent, 273. Bromélia Pinguin. Plante, inflorescence, fructi- fication et fruits, 154, 155. Canavalia Lunareti et fruit, 237, Chêne commun (Dimorphisme produit par un), 27G. Chevalliera Germinyana, 230. Chicorée sauvage type, 72. — Chicorée sau- vage améliorée, 72. — Chicorée W'iiitloof, 73. Chou très-hâtif d’Étampes, 4G5. Cucurhita melonæformis (Dimorphisme de), 139. Gy cas siamensis (Groupe de), 397. — Ecaille fructifère, 398. Dahlia (Tubercule de) ayant développé un bour- geon au centre, 99. — Dahlia monstrueux, 117. Décrottoir économique, 434. Delphinium Cahsmerianum, 113. Delphinium Kahsmyrianum, 389. Evonymus Carrierei, 374. Figuier Osborn Proliflc, G8. Gaillardia picta Lorenziana, 377. Geum coccineum flore pleno, 309. Giroflée à fleurs jaunes doubles ou d’Erfurth, 357. — Giroflée jaune pur ou jaune jaune, 3G9. Gleditschia triacanthos (Haie vive en losanges faite avec le), 17. Greffoirs Berdaguer, Trabuc, Sabatier, 32. — Pelaquier, Vincent, .33. — Leydier, Fouque, 34, 35. — Machine à ligaturer deM. Gueyte, 35. Gutierrezia gymnosp)ermoides, 431. Haie vive en losanges faite avec le Gleditschia triacanthos, 17. Hannetons (Piège à), 149. Hohenbergia ferruginea, 437. Diula glandulosa, 419, Rigaturer (Machine à) de M. Gueyte, 35, •• Pétunias nains panachés, 10. v Pomme Belle de Pontoise, 210. — '^Pommo Rossignol, 310. Prune Reine-Claude de Razimbaud, 250. Prunus Pissardi, 190. vRaisin précoce de Montreuil, 370. Ruellia macrantha, 410. ^Solanum betaceum ruhrum, 470. Tulipa Alberti, 430, ^Vanda cærulea grandiflora, 290. ' Veronica longifolia snbsessilis, 270. • Vriesea Glazioveana, 50. DES GRAVURES NOIRES Ligustrum sinense nanum {Olea fragrans greffé sur), 257. Lisianthus Russellianus , 189. Mâche â feuilles rondes, dTtalie ou Régente, verte d’Etampes, 219. Malus mirocarpa [floribunda, 29G ; Torringo, 29G; sempervirens et îr mi, Cr atæ g ina, Bingo, Precox, 297. Métier pour faire des paillassons, 215. Olea fragrans greffé sur Ligustrum sinense nanum, 257. Oncidium Weltoni superbum, 451. Paillassons (Métier pour faire des), 215. Pandanus furcatus. Plante entière, 174. — Fructification et fruits, 175. Pâquerette à fleurs blanches doubles ; à fleurs rouges prolifère, dite Mère de famille, 252. Patate commune blanche, à tubercules fasci- culés, 209. Phalangium liliastrum, 128. Piège â hannetons et lanterne, 149. Piment-Tomate ou Tomate dure d’Egypte, 107. Pomme de terre : bouture d’un œil à la base, 335. — Bouture coupée entre deux feuilles et sans œil â la base, 335. Pommier hétéromorphe (ramille et fruits), 54. Pourpier tubéreux, 93. Prunus Chapronii, 4G7. Puya gigas, 315. Q lier eus stricta Dumosa, 27G. Raisin (Sac à) fermé et ouvert, 394. Ronce artificielle, 194, 195. Sabbatia campestris, 13G. Sac à Raisin, fermé et ouvert, 394. Schizophragma hydranaeoides, Sieb, etHort., 313. Tomate dure d’Egypte ou Piment-Tomate, 107. Vignes du Soudan (Pépins de), 353. — Grappe et rameaux, 455, 456, 457. Vriesea Glazioveana, 50. Xanthochymuspjictorius. Plante, 13. — Fruits, 13, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES A Abonnés de la [\eimc horticole (Aux), "iOl. Ahnliloti floribundum, 350, 382. Aediniatation de plantes exotiques, 41. AcInUca ptarmica flore ple)io, 399. Ado)iis vernalia, 258. Æclimea Glaziovi, 100. — Æchmea histrir, 129. — P'ructilication d’un Æchmea Mariw refiiuæ, 245. Æcidium cancella tum, 452. A(/riluH pyri, 159. AJuya reptans atrosanguinea, 1G4. Algérie (Obsei'vatidns sur les principales cul- tures de 1’), 403. Attises (Emploi de la gadoue pour éloigner les), 124. Ampélopsis Veitchii, 413. — Ampélopsis tube- rosa et nap'æformis, 415. Ananas Cayenne à feuilles lisses, 103. — Modi- fications d’ Ananas constatées sur des plantes de divers âges, 163, 172. — Forçage des Ananas aux Açores, 165. — La consomma- tion des Ananas en France, 364. Andromeda Japon ica variegata, 328. — Les Andromèdes, 355. A)ithemis altissima, 417. Anthuriam Scherzerianum Palmeri, 160. — AnthariiDH Andreanum, 170. — Anthu- rium Scherzerianum, 224. — Anthurium Scherzerianum Andeyavense, 272. — Rusti- cité de V Anthurium leuconorum, 351. Acpiarium (U) duTrocadéro, 277. Aquileyia chrysantha, 200. Arbre "(Un) géant de l’Australie, 121. Arbres fruitiers (Quelques) du Sud-Ouest, 65. — ' Culture en serre des arbres fruitiers exo- tiques, 108. — Floraison des arbres fruitiers, 141. — De la cloque, 275, — Arbres frui- tiers cultivés en pots, 277. — Influence des verres colorés sur’ la végétation des arbres fruitiers, 284. — Soins à donner aux aiLres fruitiers pendant les grandes chaleurs, 284. — Plantation et traitement des arbres frui- tiers, 375, 407. — Nettoyage des arbres fruitiers, 422. Arbustes à feuillage persistant (Arreté du Alinistre de l’agriculture sur la circulation des), 304. Aristolochia pelicana, 222. Aristotelia Breithwaiti, 424. Arroche (L’) des jardins, 223. Asperges (Récolte des grosses), 163, — Cul- ture perfectionnée des Asperges, 166. — Des grosses Asperges, 189. — Arrosage des Asperges, 238. — Plantation d’ Asperges, 363. Association })omologique des États-Unis, 205. Astraqalus bæticus comme succédané du Café, 304, 365. - Aubergine naine noire précoce, 306. Aucubas (Production constante de fleurs mêlées d’), 104, 115. Avoine (Une plante qui, dit-on, doit rem])lacer F), 122. Azalées (Changement de couleur des fleurs d’), 183. — Azalea narcissæflora, 258. B Balsamine nouvelle découverte à Madagascar, 282, ‘ Barbarossa, à feuilles duveteuses, 135. 1 Bassia. latifolia (Fabrication do. l’alcool avec les fleurs de), 244. Beyonia tuberosa erecla (Un nouveau tyj>ede), 37. — Bégonia M. Laing, liO. — Beyonia Boezli coccinea, 140. — Nouvelhi séile de Bégonias à feuillage, 184. — Multi])lication des Bégonias tuberculeux, 255. — Procédé de M. Lajoye pour le boutui-age des Bégo- nias, 324. — Beyonia semperflorens rosea, 330. — Beyonia Verschciffelli, 380. — Dis- })Osition des sexes dans les Bégonias tubé- reux, 402. — Fécondation du Beyonia dis- color, 424. Bégonia Victor Lemoine, 445. Betterave blanche à sucre, à collet vert, 151. Bibliographie : Annuaire yénéral d' horticul- ture, par F. Brassac, 21. — La, Belgique horticole, 43. — Correspondance botanique, de M. Morren, 43. — Bevista horlicola an- daluza, 44. — Revue antiphylloxérupie, par M. Roesler, 44, 362. — La répa/rtition métrique des impôts, 62. — Série de prix ap)pliccdde aux travaux de jardinage, 99. — Les étiquettes horticoles, par Ch. Joly, 102. — Le Soja hispida, par M. Paillieux, 102, 129. — ÏJictionnctire de Botanique de M. Bâillon, 104. — L’Orchidophüe, par Go- defroy-Lebeuf, 203. — Essai d'un catalogue méthodicpie et synonymique des principales variétés de Pommes de terre, pai’ M. Henry Vilmorin, 204. — L’Epitome of G ardeniny , par M. Thomas Moore, 242. — Essai d’am- péloyraphie universelle, ])ar M. le comte de Rosavenda, 242. — Traité sur les Conifères, par M. James Veitch, 263. — Éléments d’histoire naturelle des végétaux ou Notions élémentaires de botanique, par M. le docteur Bâillon, 271. — Elove du plateau central delà France,* par M. Martial Lamothe, 302. — Les Papnllons de France, 329. — L’Illus- tration horticole, 343. — Chasselas doré, par M. Charles Chevallier, 343. — Iconogra- phie des Azalées de l’Lide, par M. Auguste Van Ceert, 344, 405, 442. — Le Garde- ner’s Chronicle, 424. — Florist and pomo- loyist, 444. — Les serres-vergers, \)^r M. E. Pinaert, 444. — Anatomie et physiologie vé- gélale, par M. le docteur Bâillon, 463. Bidens grandiflora, 435. Bilbergia splendida, 371. — Bilbergia iridi- folia, 380. Blanc des racines (Le), 8. Bourgeons (Transformation des), 334. Bouvardia à fleurs blanches doubles, 103, 210. Brocoli-Serpent, 273. Bromelia aqavoides, 31. — Broniélia Piniruin, 153,182,424. Broméliacées (Généralités sur les), 211. Bruyères (Des), 198. — Gultui‘e des Bruyères, 324. C Caboul (Quelques mots sur), 38. Café (Falsification du) au moyen du Soja, 164. — Le Café de Libéria, 365. Caféiers (Encore Fennemi des), 150. Caladiums bulbeux (Les) comme plantes d’ap- partement, 224. — Variation dans les Cala- dium budbosum, 328, TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIERES. m Camoens maxima, 157. Campanula Siberica exhhia, 420. Canavalia Limareti, 236. Canna iridiflova., 173. — Conservation du Canna iridiflora, 217. — Le Ca)ina liliijlora, 261. — Turions coniesti])les })roduits par le Canna edulis, 442^ 464. — Culture liivernale des Cannas, 464. Capucine à fleurs pleines, 425. Caractères (Instabilité des), 465. Casimiroa edulis (Le), 262, 322. Casuarina Sumatrana (Floraison du), 424. Catalogues : MM. Ballet frères, à Troyes, 436. — Bleu (A.), à Paris, 197. — Boucliarlat, à Lyon, 50, 158. ~ Brassac (F.), à Toulouse, • 158, 418. — Briolay-Goillon, à Orléans, 395. — Bruant, à Poitiers, 49. — Chantrier frè- res, à Mortefontaine, 460. — Chouette-Théo- det, à Orléans, 419. — Chouvet, à Paris, 71. — Crousse, à Nancy, 111, 351. — Crozy fils aîné, à Lyon, 71. — Delaville (L.), à Paris, 418. — lielessale (Henri), à Thumesnil, 111. — Deleuil, à Marseille, 71, 239. — Desfossé- Tliuillier et fils, à Orléans, 418. — Dudier (veuve), à Lyon, 436. — Duval, à Versailles, 238. — Fouché père et fils, à la Flotte, 218. — Frœbel et C‘e, à Zurich, 92, 395. — Ga- gnaire, à Bergerac, 15. — Gégu, à Angers, 395. — Godefroy-Lebeuf, à Argenteuil, 15, 436. — Guérin-Gauguin, à Orléans, 436. — Guillot fils (J. -B.), à Lyon, 369. — Haage et Schmidt, à Erfurth, 71, 351. — Hennequin- Denis, à Angers, 15,49,418.— Iluher etC'*’- (Ch.), à Hyères, 111, 460. — Jacotot (Henry), à Dijon, 290. — Jacqueau, à Paris, 111, 370. — Jacquemet-Bonnefont père et fils, à An- nonay, 71, 418. — Jainain (H.), à Paris, 218. — Krelage et fils, à Haarlem, 290. — Leca- ron (A.), à Paris, 93. — Lemoine (Y.), à Nancy, 92, 179, 418. — Leroy (André), à Angers, 395. — Leroy (Louis), à Angers, 369. — Levavasseur et fils, à Ùssy, 419. — Lévéque et fils, à Ivry, 370. — Liahaud, à Lyon, 395. — Lille (Léonard), à Lyon, 460. — Linden (J.), à Gand, 197, 436. — Lon- gone (Angelo), à Milan, 111. — Marchand (Charles), à Poitiers, 218, 459. — Matichon fils, à Cannes, 111. — Molin, à Lyon, 15, 111. — Nabonnand, au golfe Juan, 351, 459. — Nardy, à Hyères, 157, 436. — Paillet, à Sceaux, 49. — Racaud et fils (Lorenzo), à Saragosse, 418. — Raniéri Pini, au Prato, 436. — Rivoire père et fils, à Lyon, 93. — Rœmpler (Louis), à Saint-Max, 179, 396. — Rougier-Cliauvière, à Paris, 218. — Rovolli frères, à Pallenza, 179,369. — Schmitt, àLyon, 419. — Schwartz (Joseph), à Lyon, 370. — Simon-Louis frères, à Plantières- lez -Metz, 179, 396. — Thibaut et Keteleer, à Sceaux, 157, 395. — Thiéhault-Legendre, à Paris, 92. — Tostat (Etablissement de), 459. — Transon frères, à Orléans, 15, 419. — Van Geert (Auguste), à Gand, 218, 351 . — Van Houtte (Louis), à Gand, 49. — Verdier (Gliarles), à Paris, 15. — Verdier (Eugène), à Paris, 436. — Vilmorin et Cî^, à Paris, 71, 204, 245, 351, 460. — VVeick (Adolphe), à Strasbourg, 92. Catalpa {MaWlpiic. des) par le bouturage, 363. Cattleya Loddir/esii, 80. — Cattleya Eldorado et variétés, 118. — Semis de Cattleya, 305. — Cattleya, Regnelii, 420. Caucase : phylloxéra et fabrication du vin, 381 . Cedrela sinensis (Rusticité du), 144. Céleri lilond ou blanchâtre, 222, 363. Cenlaurea nervosa, 69. Cerfeuil tubéreux (Y a-t-il deux sortes de)? 104. Cerise (Guigne précoce Léo d’Ounous), 65. — Gros Bigarreau cœur de poule, 65. Chænomeles (LiC) Japonica cardinalis, 225. Chamærops Griffit/di, 143. — Rusticité du Chamærops humilis, 265. Chambre syndicale (Extension à toute la France du ressort de la) des architectes paysagistes, 144. Champignons (Caractères distinctifs de.s), 402. Charançon des Fraisiers, 225. Châssis (De Tavantage des) })Our la culture des légumes de })rimeur, 226. Châtaignier (Grefïè du) sur le Chêne, 162, 174, 187. — De la greffe des Châtaigniers, 340. Château de Gouville, 113. Chauffage des serres, système Lemeunier (Une expérience sur le), 103, 197. Chaux (La) et les limaces, 124. Chêne commun (Dimorphisme produit parmi), 276. Chevalliera Veitchi (Floraison du), 206.— Che- valliera Germinyana, 230. Chicorée (La) sauvage, 72. — Chicorée sau- vage améliorée, 379. Chou très-hâtif d’Étampes, 405. — Origine des Choux pcnachés, panachés, 469. Chronique horticole, janvier : 5, 21 ; février; 41, 61 ; mars : 81, 101 ; avril : 121, 141 ; mai ; 161, 181 ; juin : 201, 221 ; juillet : 241, 261 ; août ; 281, 301 ; septembre: 321, 341 ; octo- bre : 361, 381 ; novembre : 401, 421 ; décem- bre; 441, 461. Chrysanthèmes de Chine à fleurs bleues, 383. — Nouvelle utilisation des Chrysanthèmes d’hiver, 426. Cidres et Pommes, 89. Cisèlement des Raisins, 281. Cissiis Rocheana (Le), 365. Clivias (Les) considérés comme plantes d’ap- partement, 162. Cloque (De la) des arbres fruitiers, 275. Clôtures (Des), 194. Cocos Blumenavia et C. Gærtneri, 64. Cocotiers (Deux nouveaux), 64. — Cocotier à six branches, décrit par M. de Rijk, 141. — Le Cocotier, 177. Coléus Madame Simpson, 143. — Nouvelles variétés de Coléus, 184. — Coléus Reine des Belges, 343. — Coléus Comtesse Duchâtel, 468. Comète (La) et les chaleurs du mois de juillet, 281. Commerce (Le) des plantes, 261 . Concours agricole au ])alais de l’Industrie, â Paris, 6, 62, 115. — Concours pour une place de jardinier en chef, 364. Conférence sur les Palmiers })ar Ed. André, 244. Congi'ès pomologique de France (Session du), 321. — Congrès phylloxérique de Bordeaux, 362, 406, 432. — Congrès pomologique d’Or- léans, 449. Conifères (Peut-on élaguer les)? 66. — Morta- lité des Conifères au bois de Boulogne et au Jardin d’acclimatation, 403. Coprosma Bauheri varieyata, 470. Coquilles d’œufs (Emploi des) comme pots dans le jardinage, 188, 223. Correspondance: 11,37,114,121,159,173, 197, 238, 256, 277, 299, 308, 398, 413, 434, 452. Cresson defontaine(Culturebourgeoise du), 195. 477 TABLE ALPHABETIQUE DES MATIEEES. Crimée : Ecole (riiorticulture et de viticulture de Nikitu, 45. Cucuvbita mehmæfonnis^ 5, 23, 8i, 84. — Di- morphisme du Cucurlrita melonæformis, 138. Culture eu pleine terre? des plantes de serre, 25. — Culture des plantes sans terre, 184, 180, 221, 254, 309, 349, 404. Cl) cas siamensis^ 323, 396, 438. Cijpents laxus variegala, 291. — Cijperus pseiido giganteus, 425. Cgprijjedium Boxalli, 160. Cytisus elegans, 300. a» Dahlia (Production d’un bourgeon sur un tu- bercule de), 98. — Fleur monstrueuse de Dahlia, 117. — Dahlia Juarezi, 226, 303. Daphné Mazeli, 243. Dasylirion longifolium (Le) comme plante d’appartement, 404. Décorations : M, Glaziou, commandeur du Christ du Brésil, 43. Décrottoir économique, 433. Delairea odorata, 174, 200. Delphiniimi Cahsmenanum, 113. Delphinium Kahsmiyrianiim, 389. Desmodium pendulillorum, 402. Didier a (Le) crée par le docteur Bâillon, 63. Diplacus (Des), 270. Dracæna indivisa Pigny, 20, 222. — Culture en pleine terre des Dracæna, 25. — Flo- raison du Dracæna Goldieana, 163. — Flo- raison anticipée des Dracæna indivisa, 202. — Rusticité dQsDracæna indivisa, 229, 303. Dschugara (Le), 6. Ë Échalotte blanche de Jersey, 151. Echenillage des arbres, 64. Ecole d’horticulture et de viticulture de Nikita (Crimée), 45. — Ecole d’horticulture établie par la ville de Paris dans la plaine de Cenne- villiers, 121. — Création d’une école prati- que d’irrigation dans Vaucluse, 441. Education dans le jardinage, 51, 86. Eglantiers (Bouturage d’), 390. Elagage : peut-on élaguer les Conifères? 66. Electricité (A propos de 1’) appliquée aux végé- taux, 326, 371, 385. Encre pour écrire sur le zinc, 462. Engrais chimiques (Les) et la Vigne, 18. — Composition et mode d’emploi d’un nouvel engrais chimique horticole, 123. — Emploi de la gadoue pour éloigner les altises, 124. Ennemi (Encore un) de riiorticulture, 311. Enseignement: cours de M. Jadoul à Lille, 41. — M. Nanot nommé professeur suppléant, 221. — Ouverture' des cours de l’Ecole nationale de Versailles, 301. Erables japonais (Nouvelles variétés d’), 206. Erythrina crisla galli, 434. Espagne : les récoltes et les variations de tem- pérature, 443. Etablissement (Un) en voie d’organisation, 105. — Transformation do l’établissement d’horti- culture de J. Linden, 422. Eucalyptus aynygdalina, 244, 434. Evonymus Carrierei, 373. Evonymus radi- cans, 399. Eulalias (Les), 468. Exposition d’horticutture de : Anvers, 221. — Bruxelles, 285. — Cette, 224. — Cherbourg, 224. — Cholet, 262. — Elbeuf, 222. — Eper- nay, 245. — Fontenay-sous-Bois, 222. — Cand, 5. — Crisy, 242. — Le Havre, 203, 242. — Liège, 223, 331. — Madrid, 104. — Matanzas, 3l7. — Meaux, 322. — Montreuil- sous-Bois, 183, 341, 378. — Mulhouse, 42, 291. — Orléans, 203, 321. — Paris, 202, 232, 253, 268, 441. — Saint-Germain-en-Laye, 205. — Soissons, 141, 164. — Toulouse, 81, 382. — Tours, 247. — Versailles, 101, 207, 241. — Démolition du palais de l’Exposition , du Champ-de-Mars, 84. F Figuier Osborn Prolific, 68. Fleurs vendues à Paris pendant le mois d’avril, 161. — Importance du commerce des Heur!»; coupées, 165. Flore du Kahsmyr, 7. Florule (Essai de) des plantes spontanées, 243. Fougères (Les) comme plantes de serre, 77. Fraisiers (Charançon des), 225, 265. — Notes pratiques sur quelques variétés de Fraisiers, 387. — Nouvelles variétés de Fraisiers intro- duites du Chili, 425. Freesea réfracta alha, 207. Fritillaria Oranensis, 80. — Frilillaria recurva, 220. Froid (Le) et les insectes, 03. Fruits nouveaux ou peu connus, 20, 68, 111, 470. Fruits et fruitiers, 208. — Maturation des fruits, 341. — Production de fruit sans pi‘o- duction d’organe foliacé, 342. Fuchsia fulgens pumila, 150. — Culture des Fuchsias en cordons et en. espaliers, 440. F Limée (Inconvénients de la) dans les j ardins, 1 63. ü Gadoue (Emploi de la) pour éloigner les alti- ses, 124. Gaillardia picta Lorcnziana, 377. Gelées (Les), 21,41, 181. Genêt d’Espagne (Utilisation particulière du), 127. — Boutons de Genêt à balais enq)loyés comme condiment, 344. Germination des graines (Observations sur la), 91. Geum coccineum flore pleno, 309. Girollées à fleurs jaunes doubles ou d’Erfurth, 357. — Giroflée jaune pur ou jaune jaune, 369. Glaïeuls (Nouvelles variétés de), 14. Gleditschia triacanthos pour haie vive, 16. Gordonia pubescens (Réintroduction dans les cultures du), 206. Gouville (Château de), 113. Graines (Observations sur la germination des), 91. Greffe : préparafion des greffons, 62. — In- fluence du greffon sur le sujet, 67, 409. — De la greffe des Noyers, 137, 164. — Greffe du Châtaignier sur le Chêne, 162, 174, 187. — Greffe forcée des Rosiers, 228. — Greffes hétérogènes, 257. — Greffe des Pépins de Poirier, 1^64. — La greffe des Pommes de terre, 284. — De la greffe des Châtaigniers, 340. — Pseudo-greffe et quasi-greffe, 446. Greffer (Les machines à) les Vignes, 21, 31. — Le greffoir Berdaguer, 62. Grêle et orage du mois d’avril, 184. Grenadier à fleurs doubles (Un) qui donne des fruifs, 362. — Semis de graines de Grenadier Legrelli, 381. — Fruits, 462. Groseilliers à maquereaux (Nouvelles variétés de), 362. Gutierrezia gymnospermoides, 425, 431. Ggmnosporangium fuscum, 452. TABLÉ ALPHABÉTIQUE DÉS MATIÈRES. 478 la Ilaarleni (La culture dès })lautc8 bulbeuses et le lac (le), 3b‘5. Haie vive (Un bon mo(l(‘le de), 10. Hannetons (Appareil }>our la destruction des), 148. Haricot Cdievrier; comment on o])tient des grains verts, 141, 451. — Haricot jaune très- hàtif de Chalandrey, 151. — Un nouvel Haricot de la Chine, 210. — Haricot beurri^ nain du Mont-d’Or, 420. Jlibi.scus roseus, 398. Hiver -1879-'1880, 15, 20, 145’, 321. - Héconi- penses décernées })ar la Société des agricul- teurs de France, 102. — L’IiiverùHordeaux, 15. — Hiver de 1880-1881, 41, 01, 81, 85, 102, 141. — A Menton, 85. Hohenbergia ferruginea, 437. Hortensia Thomas Hogg, 307. — Les Horten- sias bleus, 398. llgacintluis candicans (Dénomination du), 22. Hgdrangea paniculata grandifloraj 19. l Idesia pohjcarpa (Un) à fleurs monoï({ues et à branches verticillées, 203. Imantophgllmn miniatum, 131. — Imanto- phgllum maximum, 140. — Imantopjhyl- venus de semis, 201. — Les Imantho- p/njUum comme idantes d’appartement, 323. Insectes (La suie et les), 44. — Le froid et les insectes, 03. — Un insecte qui attaque l’O- seille, 207, ï25. — L’insecte des Fraisiers, 205. Insecticides (Les) à appliquer aux cultures de légumes, 8. — Un insecticide fertilisant, 82. — Une pré})aration insecticide jiour laver les plantes de serre, 124. — L’insecticide Fichet, 184. Insolations végétales, 359. Instabilité des caractères, 405. Institut national agronomique : cours 7. Inula glandulosa, 419. Ipomea spes capræ, 174. Iris reticiilata, 258.- — Iris Monnieri, 205. J’ Japon: bouturage des Poiriers; conservation des Poires, 70. Jardin (le) du Trocadéro, 277. — Jardin d’ac- climatation du bois de Boulogne; nouvelles serres et vigne sénégalienne, 323. — Les habitants de la Terre de Feu, 342. — Les jardins des sociétés d’horticulture, 401. Jardinage (L’éducation dans le), 51, 80. — Ob- servations pratiques sur le jardinage, 411. Jardin fruitier (Un) au cinquième étage, à Paris, 259. U Kahsmyr : flore et vignes, 7, 41. — Variétés de Noyers, 82. Karatas (Note sur deux), 231. Laitues (Expériences comj)aratives de) et de Ro- maines, 78. — Laitue Merveille des quatre saisons, 230. — Laitue de Gracovie, 285. — Laitue de Californie et Laitue-'Gliicorée frisée à couper, 325. Lamprococcus ValleramU (Floraison du), 423. Lauriers-Roses (Multiplication des) dans l’eau, 239. — Insectes des Lauriers-Roses, 418. Légumes (Les insecticides à a})j)liquer à la cul- ture des), 8. — Etiolage des légumes, 83. — Un nouveau légume, 124, 151. — Légumes frais vendus à Paris })endant le mois d’avril, 101. — De l’avantage des châssis j)our la cul- ture des légumes de primeur, 220. I Lichens (Caractères distinctifs des), 402. Lihum pomponimn, 425. Limaces (Emploi du son pour faire la chasse aux) dans les seia-es, 43. — La chaux et les limaces, 124. lÂppia bracteata, 380. Lis du Jaj)on (Rusticité du), 0, 122, 142. —Com- merce des oignons de LisblancàMontreuil,302. JAsianUius liussellicuius, 188. Lunaret (Conservation des collections de ])lanles de IM. de), 304. Lune (Intluence de la) sur la végétation, 299. Lysimachia brachyslachys, 90. n Mâches (Des), 219. âlagnétisme (Effet du) sur les plantes, 84. Mahonia rotimdi folia, 250. IMarronnier (Origine du), 03. Masdevallia chimera, 130. Melons de primeur (Fécondation artificielle des), 200. — Melon du Calioul, 225. — Le Melon Cantaloup de Cavaillon, 304, 308. Métier (Nouveau) à faire des ])aillassons, 214. Mildew (Le) en Algérie, 284. Milieux (Quelques observations sur l’intluence des), 132. Montagne artificielle (Composition et ornemen- tation d’une), 30. ^Monument élevé â Kahsmyr, à Victor Jacque- mont, 502. Moulage des fruits (Vente de l’établissement de M. Buchetet pour le), 302. Musa ensete (Fructification du), 144. — La ré- colte des graines, 101. — Rusticité du Musa ensete, 191. — Graines importées d’Abyssinie, 222, 242. — Des graines de Musa, 247, 283. Muséum d’histoire naturelle (Travaux entrepris au), 142. Nécrologie. M. de Lunaret, 101, 109. — MM. Combaz et Ramel, 185. — M. Cossonet, 203. — M. le docteur John Denny, 464. Neige (La) â Paris, 424. Neumamiia nigra, 390, 422. — Quelques ob- servations sur le genre Neumamiia, 426. Neviusia Alabamensis, 198. Noix fraîches (Fabrication de) à l’aide de Noix sèches, 57. — Les graines dites Noix d’Amé- rique, 444. Noyer (Origine du), 63. — Variétés de Noyers du Kahsmyr, 82. — De la greffe des Noyers, 137, 164. Nymphéa odorata rubra, 323, 406. Nymphéacée du lac Srinagar, 322. O Odontoglossum Roezlii alba, 420. Œillet ilademoiselle de Blichræder, 343. Œufs (Emploi des coquilles d’) comme pots dans le jardinage, 188, 223. Oïdium (Destruction de 1’), 283. — Apparition de roïdium, 324. Oignons (Rusticité des), 443. Oliviers (Maladie des), 82. Oncidium concolor, iSO. — Oncidium Weltuni superhum, 450. Orage et grêle du mois d’avril, 184. Orangers (Champignons (jui attaquent les), 225. — Maladie des Orangei-s, 238. — Ari'êté du Ministre de l’agriculture sur la circulation des Orangers, 305. Orchidées (Semis d’), 305, 346. Oseille (Un insecte ([ui attaque 1’), 207, 225. Otiorynchus sulcatus, 311, 461. 479 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. P Paillassons (Nouveau métier à faire des), 214. — Paillassons pour la couverture des sei'res, 256. l’almiers (Culture en pleine terre des), 25. — Conférence de M. Andi-é, 244. — Un nouveau Palmier, 384. Pandanus furcatus (Fructification du), 22, 174. Pâquerettes (Des), 251 . Parasites des végétaux (Emploi de l’eau salée contre les), 345. Parnassia palustrift, 256. l^atate fasciculée, 209, 242. Pcmlownia (Transplantion du })remier) intro- duit en Eui ope, 143. Pavonin Mahoyana, 295. Pèche tai'dive de Panebel, 65. — Pèches hfdives et Pèches tardives provenant d’yeux pris sur un même arbre, 30i. — Hàtiveté de la Pèche Amsden, 302, 383, 405. ~ Des Pèches hâ- tives, 336, — Un lot- de Pèches vendu à la halle de Paris, 403. — La Pêche Daltet })ère, 424. — Conservation des Pèches, 425. — Pèche Baron-Dufour, 461 . Pélargonium Gloire d’Orléans, 70. — Pelar- gonium cucullatum flore 2Jleno, 200. — Pélargonium nouveaux de M. Lemoine, 245. — Variétés naines de Pélargonium zonales, 344. — Culture tlorale ddiiver des Pélar- goniums zonales, 429. Pensées à heurs doubles, 242. Petrusia Madagascariensis, 162. Pétunias })anachés nains, 10. Phalænopsis equestris, 280. Phalangium lüiastrum, 128. Phœnix cycadæfolia^ 169. Phylloxéra: en Grimée, 6,9. — Dans la.Doi- dogne, 9, 142. — Dans le Midi, 264. — Au Gaucase, 381. A Gologne, 425. — A Rahastens et Bourges, 464. — Un remède, 22, 161, 167. — Convention de Berne, 24, 45, 381, 400, 401, 421, 427. — Situation des. vignobles, 43, 204. — Inconvénients des mesures prises, 62. — Procédé de M. Prorèze, 104. — Les parasites, 64. — Rapport de M. Millot, 104. — Pi-ogi’ès de l’invasion phylloxérique, 345. — Gongi’ès de Bordeaux, 362, 406, 432. — Mesui’es prises en Russie, 384. Phyllohotryo)i (Le), 63. Physiologie végétale, 98, 117, 172. Pimelea Nieqypergiana, 440. Piment-Tomate, 107. Pivoine (Fait de dichr-oïsrne constaté sur une), 224. Plantes nouvelles décrites dans diver’ses publi- cations, 43, 116. — Plantes curieuses de Madagascar, 63,161. — Plantes domestiques (Origine des), 72. — Plantes de serr'e (Obser- vations sur quelques), 77. — Plantes nou- velles mérltarrtes ou pas assez connues, 80, 120, 140, 160, 200, 258, 280, 380, 420, 440, 470. Plantes (Elfet du magnétisme sur les), 84. — Rusticité de quelques plantes de ser're, 97. — Une plante pr-opre à ormer les salons, 131. — Gultur’e des plantes sans terre, 184, 186, 221, 254, 309, 349, 404. — Le principe colo- r'ant des plantes, 323. — La culture des plantes bulbeuses et Je lac de Haarlern, 365. — Flor’aison des plantes prlntannières, 461. — Nouvelle plante fébrifuge, 463. Poinsettia piilcherrima (Culture du), 60. — Multiplication, 444. Poire madame Ghaudy, 29. — Poire Hollœn- dische feigen birne, 69. — Beura-é Diel à fruits panachés, 15. — Conservation des Poir-es au Japon, 70. — Poires et poir-és, 89. Tr’ansforrnatiorr imnrédiate d’urr œil gr’effé en une Poir-e, 304. Poirés et Poires, 89. Poirler-s (Bouturage des) au Japon, 70. — Gr-effe des])epins de Poirler's, 264. — Tavelur e des Poirlcïi's, 281. — La sangsue des Poirier's; sa destruction, 302. Pois hr'ésilien, 246. — Pr-oduction de petits Pois, 461. Polysulfur’e Gilson pour la destruction de l’oï- dium, 283. Pommé de la Knmre, 20. — Pomme Loial Gariingtoir, 44. — Pomme Je;m Gaillaial, 49. — Pomme Bon Pommier, 68. — Pomme Blodoviska, 69. — Pornnre Trans]rar’enle de Zurich,. 112. — Pomme Comte Orlotf, 112. Pomme Belle-Fille de Sceaux, 118. — Pomme Belle de Pontoise, 210. — Pomme Rossignol, 310. “ . Deux Pommes locales de l’Aube, 319. — Pomme sans pépin, 405. — Pommes et cidres, 89. Ponrrnes detera-e; la Parisienne et l’Excellerrte naine, 83, 350. — Pomme de terre Gham- })ion, 151. — Pornnre de teraœ Magnum honum, 151. — Pomme de teraœ Saucisse blanche, 152. — Pomme de teraœ de Suède ou Pomme de terre Asper'ge, 182. — La greffe des Pommes de tera-e, 284. — Pommes de terre nouvelles faites avec des vieilles, 165, 185. — La maladie des Pommes de terr-e, 423. Pomrnier’s et cidre, 12. — Porrrrnier Irétéro- rnorphe, 54. — Considérations généraales sur* les Pornmier's nricr-ocar’pes, 295. — Pommier double Bon Pommier-, 460. Populus Bolleana^ 40, 123. Potir-on gris de Boulogne, 152.'“ Bots nutritifs (L’industrie des), 303. Pourpier tubér-eux, 93, 206. . Pritcliardia filifera, 398. Primula Sikkimensis, 425. Pr-une Reine-Claude de Saint-Avertin, 111. — Pr'une Rademaekers, 111. — Topaze de Guthrlc, 112. — Prune Belle de Schœne- ber-g, 112. — Reine-Claude prœcoce de Ra- zirnbaud, 250. — Prune Belle de Louvain, 348. — Prune Saint-Marlin et Pr-une Goutte d’or, 443. Prunus Chap)ronii^ 467. Prunus Pissardi, 190, 423. Pterostyrax liispidum, iSi. Pucer-on lanigèr-e (Recr’udescence du), 383. Puya gigas, 314. Pyrethrum aureum selaginoides, 140. Quercus striclu dumosa, 276. R Racines (Le blanc des), 8. Radis japonais et chinois, 463. Raisins (Cisèlernent des), 281. — Gonser^vation des Raisins, 343. — Pour-ritur-e des Raisins à Montreuil, 361. — Raisin précoce de Mon- tr-euil, 370. — Sacs à Raisin perfectionnés, dits rationnels, 394. Raphia (Origine du), 42. Récolte (La) à Saragosse, 322. — Les r-écoltes de Nice, 364. — Les r-écoltes en Espagne, 443. 480 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Récompenses accordées à l’horticulture par la Société des agriculteurs de France, 144. Rhododendron A'scott brillant, 196. — Planta- tion de Rhododendrons sous bois, 325. Rhync/iites fragariæ, 265. Romaines (Expériences comparatives de Laitues et de), 78. — Romaine ballon ou mons- trueuse, 298. Ronce artilicielle (Nouvelle), 194. Rondeleüa (jratissima^ 343. Rosa polyantha (Modilication du type), 125, 282. — Rosa Pissardi, 261. Rose Aimée Vibert (Origine de la), 81. ■— Roses nouvelles, 282. Rosiers (Champignons qui attaquent les), 225. — Grelle forcée des Rosiers, 228. ’ — Un Rosier grimpant provenant par dimorphisme d’un Rosier non grimpant, 445. Ruellia macrantha, 410. S Sahhatia campestris^ 136. Sacs à Raisin perfectionnés dits rationnels, 394. Salades-Asperges, 283. Salvia Izanchou, 140. Sangsue des Poiriers (La), 302. Saxifraga tricolor superba, 120. Schizophragma hydrangeoides, 313. Scüla siberica, 258. Sécheresse (La) en Algérie, 203; à Brest, 463. Sediim sempervivoides, 396. Serres : expériences sur le système de chauf- fage Lemeunier, 103, 197. — Construction de nouvelles serres au Muséum, 142. — Serres d’appartement, 173. — Nouvelles serres du Jardin d’acclimatation, 323. — Les serres tleuries, 360. Société horticole, vigneronne et forestière de l’Aube (Distribution des prix de la), 22. — Médaille décernée à la Société d’horticulture d’Étampes, 243-. — Prix mis au concours par la Société d’acclimatation du bois de Bou- logne, 324. Société nationale et centrale d’horticulture de France: décision concernant ses expositions, 5, 121. — Préparatifs de l’exposition, 182. — Exposition, 202, 232, 253 268, 441. — Séances, 30, 48, 89, 107, 137, 159, 179, 193, 215, 251, 274 316, 335, 356, 388, 409, 458, 466. — Conférences, 101, 244. Soja hispida, 103, 243. — Procédé pour faire cuire le Soja, 44J. — Le Soja fourrager, 443. — Soja d’Étampes, 448. Solanum betaceum (Variétés de), 123. — So- lanum betaceum rubriim, 470. Son (Emploi du) pour faire la chasse aux li- maces dans les serres, 43. Sorgho sucré ambré hâtif du Minnesota^ 123. Suie (La) et les insectes, 44. T Tavelure des fruits, 281. Température, 461 ; du mois de février, 101 ; du mois de juin, 241 ; du mois de juillet, 281 , 301 . — Les grandes chaleurs de 1881 comparées à celles de 1793, 321. — La température à Fa- laise, 321. — La température dans le Midi, 322; du mois d’août, 341*. — Température dans le Jura, 342. — Persistance du mau- vais temps, 361. — Le climat de Nice, 364. — Les froids avant-coureurs de l’hiver, 383 — La sécheresse à Ilyères, 384. — La séche- resse dans l’Ariége et les Alpes-Maritimes, 404. L’automne et l’iiiver, 421. — La neige à Paris, 424. ■ — La sécheresse dans l’Ouest, 425. — La température en Espagne, 443. Terre de bruyère (La), 434. Thermométrique (Unification de l’échelle), 442. 2dlla7idsia Lindeni {Féconôsiüoïi des fleurs de), 103. — Délimitation de ses formes, 262. — Tillandsia Lmdeni jlo7x 2Jleno, 280. Tondeuses américaines, 238. Tourasse (Visite à la villa), 74, 94. Transport (Abaissement du tarif de) des fruits et légumes sur les chemins de fei' belges, 325. Trichinose (De la), 152, 159. Tristania densiflo^xc, 420. Tritoma (Les), 453. Tropæolam tube7^osii7n, 434. Tulipa patens, 158. — Tiilipa Greigii flore 2jle7io, 200. — Tiilipa Alberti, 430. Vallota (Le genre), 299. Vanda cæyndea girindiflora^ 290. Végétation (Faits de) résultant de la douceur de la température, 21. — Influence de la lune sur la végétation, 299. — A propos de l’élec- tricité appliquée aux végétaux, 326, 371, 385. Vente (Prochaine mise en) de la collection d’Or- chidées de M. Day, 62, 205, 213. — Vente d’Orchidées en Belgique, 285, 384. Verbena veiiosa, 348. Feromca siibsessilis, 270. • Verres colorés (Influence des) sur la végétation des arbres fruitiers, 284. . Vignes du Kahsmyr, 7, 41, 62, 143, 322. — Vignes américaines, 11, 42, 104. — Vignes du Soudan, 23, 28, 44, l03, 115, 122, 145, 161, 185, 243, 261, 288, 303, 344, 352, 357, 361, 365, 384, 413, 454. — La Vigne et les engrais chimiques, 18. — Les machines à greffer les Vignes, 21, 31. — Collections de Vignes de M. Pulliat et de l’école de Saumur, 142. — Les Vignes chinoises, 185, 239. — Vignes de Nigritie, 204, 256. — Vignes de Californie, 223. — Vignes du Caboul, 225. — Nouvelles plantations de Vignes, 264. — Sou- frage de la Vigne, 264. — Vigne sénégalienne du Jardin d’acclimatation du bois de Boulo- gne, 323, 383. — Variétés de Vignes culti- vées au château de Ferrières, 343. — Vigne Madresfield Court black muscat, 442. — Nouveau cépage obtenu dans un semis de Jacquez, 444.— A propos d’excroissances sur la Vigne en cé[)age, 451. Vin de Jacquez (Le), 21. — Les vins dp Vignes américaines, 224. — Fabrication du vin au Caucase, 381. Visite à la villa Tourasse, 74, 94. Vitex (Sur les), 259. Voyage au Cauca (Etats-Unis de Colombie); de Popovan à Pasto, par los Pueblos, 58, 105, 125, 266, 286, 391. — Un voyage d’explora- tion horticole, 307. Vriesea Glazioveana, 50, 144. Weigela (Semis naturels de), 7. Xanthochymus pictorius, 21 . Ve-Goma^Distributionde graines de), 104, 159. FIN DE LA TABLE DU VOLUME DE 1881. lmp. Georges Jacob, — Orléans.