■HÏliyÉ^ HARVARD UNIVERSITY Received f. ' T '> i ■ t & / ) t- ( f / t-. ' / t3 ■^Ti. ,:.W ‘*1 ,i«' « _t- ■■ , , r I P . -4 s j /Tl û' ■ ï:v 'fl r ^ I I 'Î3. '.iV •> Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/revuehorticolejo1886unse REVUE HORTICOLE 58« ANNÉE — 1886 ORLÉANS, IMPRIMERIE DE GEORGES JACOR, CLOÎTRE SAINT-ÉTIENNE, 4 REVUE HORTICOLE JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE Fondée en 1829 pan les auteurs du Bon Jardinier RÉDACTEURS EN CHEF; MM. E.-A. CARRIÈRE & ED. ANDRÉ ADMINISTRATEUR : M. L. BOURGUIGNON PRINCIPAUX COLLABORATEURS : MM. AURANGE, Dr BAILLON, BAILLY, BALTET, BARBET, BATISE, BERGMAN (Ernest), BERTHAULT, BLANCHARD, BOISBUNEL, BOISSELOT BOÜLEY (Louis), BRIOT, CARRELET, C*® DE CASTILLON, CATROS-GÉRAND CHARGUERAUD, CHRISTACHI, COURTOIS (Jules), DAVEAU (Jules), DELAVILLE, DELCHEVALERIE, DE LA DEVANSAYE, DELABARRIÈRE, DUBOIS, DUBREUIL DUMAS, ERMENS, GAGNAIRE, GIRAUD (Paul), GLADY, GODEFROY, HARDY HAUGUEL, HAUETER, HOULLET, JADOUL, JOLIBOIS, JOLY (Ch.), KOLB LACHAUME, LAMBIN, D^ LE BÊLE, LHÉRAULT (Louis), MARON MARTINS, MOREL (Fr.), MORREN (Ed.), NANOT, NARDY, NAUDIN, L. NEUMANN D’OUNOUS, POISSON, PULLIAT, QUÉTIER, RAFARIN, RIGAULT RIVOIRON, SAHUT, SALLIER, SISLEY (Jean), DE SOLAND, THAYS, THOMAS, THOMAYER, TRUFFAULT, VALLERAND (Eugène), VALLERAND (Jules), VERLOT (Bernard), VERLOT (J. -Baptiste), VILMORIN, WEBER, ETC. année. — 1886 ^PARIS LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE 26, RUE JACOB, 26 1886 J- . ^ J* ."'''r t„ '. ■;^flA\'!.Al( ii,Y.fi/J.llt )ii r- ?'•{ }VL2?m8 ly^yO-11AAyUyiVU ' "-’A ;::?*■ . J-. ■• “ ■'■-'•■ ■T ;: : ; ;^Kh . * ^ ■ • . ' ---•-.■ -A' *■ n ' . ..* :. ..^ 4 ', -■" ' •* ' ■-' J r) ■;■ J--' :*'V4* ' ‘?À .V"-*. '.V, ' <■'-.■ ±.:..:i iii- i' ■ ,v.iijt>:.;;'- ■.;ikvva;,-: ' /i- A' ' ^ , ■■ ; V. .'••rAf. _ ’i'i . v.'A-.-- rp/?r >>■- ■■ _ ;>■ / : f •■ " ' :_ .' ;• ; - •. .■/’ '■n. ■'•- -. ■ rry »;-^. P. ; '•• A' no./ •î^ . H l/: ïe , •_" % ■' ■'•.i ■•■'A'; A ■ •..''' :'.v :f • " ,'l; -Ov .. ■•" * ' ■ .. : ’t- ::î^rv- %;î. • r .i. ^>V '■• /'■•;■• • •■':■ l -!, ■'■'■ P '/: :: ;.ï *-; ■. . - ^ ‘'iA . - ■ ' ' , i. K - ': . ' ' -i - ; A '■ , -■>. ' V . r ■ ; ^ ' , -j'.; - ■: ■-■■âfiïN--:’ - - '‘t ,:/7 , 'V ■ ' ..■■ .- '' ■■„ ■ " - : ■ . .' AiA- ..-V 'V >V' ,;■ ' -. . r '■ -■' Aï REVUE HORTICOLE CHRONIQUE HORTICOLE Les Primes d’honneur de l’horticulture et de l’arboriculture. — Témoignage sympathique au Di' Asa Gray. — A propos du Mildiou. — Nettoyage et insecticidation des arbres. — Pêches et Brugnons. — Robinia Decaisneana. — Des Eulalias. — Greffe disgénère : Néflier sur Poirier. — Les Welling- tonias reforment une tête quand elle a été détruite. — Vade-mecum horticole. — Cas de foliaison anormale. — Cours d’arboriculture de la Ville de Paris. — Une grande exposition de Pommes de terre. — Congrès horticole français en 1886. — Le directeur des jardins de Kevv. — Rectification. Les Primes d'honneur de l’horticul- ture et de l’arboriculture. — Par arrêté en date du 31 octobre dernier, le ministre de l’Agriculture a décidé qu’à l’avenir, dans chacun des départements où se tiendront les Concours régionaux agricoles, les prix et récompenses qui suivent seront décernés concurremment avec les récompenses pré- vues par l’arrêté du 28 décembre 1880. Prime d’honneur à Varhoricidture. — Un objet d’art de 300 fr. et une somme de 2,000 fr. seront mis à la disposition du Jury pour être décernés aux cultivateurs établis uniquement pour la vente des produits ma- raîchers ou des fruits, qui auront présenté les établis.sements les mieux cultivés, les mieux tenus, et du meilleur rapport. Le concurrent classé le premier recevra l’objet d’art à titre de prime d’honneur et une somme d’argent qui sera déterminée par le Jury. Prime d’honneur à l’horticulture. — Un objet d’art de 300 fr. et une somme de 2,000 fr. seront misa la disposition du Jury pour être décernés aux horticulteurs-fleu- ristes et aux pépiniéristes présentant les jardins et les pépinières les mieux cultivés, les mieux tenus et du meilleur rapport. L’horticulteur ou pépiniériste classé le premier recevra l’objet d’art à titre de prime d’honneur et une somme d’argent qui sera déterminée par le Jury. Ces prix étant réservés aux jardiniers, arboriculteurs, horticulteurs et pépiniéristes de profession, les amateurs, les jardiniers des particuliers, les propriétaires de parcs et de jardins d’agrément ne seront pas ad- mis à concourir. Des médailles de bronze accompagneront les prix autres que les primes d’honneur. Témoignage sympathique au Dr Asa Gray. — A l’occasion du soixante-quin- zième anniversaire de sa naissance , le Dr Asa Gray, dont les travaux scientifiques ont rendu de si grands services en faisant mieux connaître la flore nord-américaine, vient de recevoir un superbe cadeau que lui ont fait ses compatriotes botanistes. Ce cadeau consiste en un beau vase d’argent dont la surface extérieure est or- née de reliefs, artistement disposés, repré- sentant les différents genres de plantes qui ont fait particulièrement l’objet des études du D*’ Asa Gray. On y remarque ainsi d’élégantes frondes de Fougères califor- niennes, des Lilium, Aster, Centau - rea , Dionæa, Rudbeckia , Solidago , Gragia, etc. On ne peut qu’approuver hautement, en s’y associant de cœur, l’hommage rendu par ses concitoyens à l’éminent botaniste américain. A propos du Mildiou. — Nous recevons de M. J. Ricaud, vice-président du conseil d’administration des hospices, à Beaune, la lettre suivante, pleine d’enseignement : En vous adressant, au sujet du Mildiou et des moyens de le combattre par le sulfate de cuivre, la lettre à laquelle vous avez bien voulu donner l’hospitalité dans votre dernier 0 CHRONIQUE HORTICOLE. iiuHiéi’ü (lo la Revue kurlicole^ j’avais eu pour but de faire connaître les deux procédés réu- nissant au plus liant degi-é l’économie et l’effi- cacilé et j’avais jugé inutile de donner plus de développement à cette indication. Mais comme vous annoncez que la Revue horticole donnera prochainement une étude approfondie du Mil- diou, d’après les remarquables travaux de M. Millardet, professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux, et que vous indiquez ensuite les formules de ditlerentes prépara- tions au cuivre, je crois, à ce sujet, devoir vous soumettre certaines réflexions. Il me semble impossible de penser à em- ployer pour les Vignes en espalier les prépara- tions dans lesquelles le sulfate de cuivre est mélangé à un lait de chaux; car, comment éviterait-on d’atteindre les grappes en même temps que les feuilles? On n’y parviendrait pas et dès lors le remède serait ou pourrait être pire que le mal. A mon avis, il n’y a de possible pour les Vignes à « Raisin de table » que les dissolu- tions, soit qu’on s’en serve pour sulfater les liens ou de petites poignées de paille que l’on suspendrait de loin en loin, soit que l’on en asperge les feuilles. Dans ce cas, on ne doit pas hésiter à employer une dose très-faible (3 gr. de sulfate par litre d’eau). La dose de 5 kil. pour 100 litres (50 grammes par litre) altère les feuilles de la Vigne sans utilité, et risque da- vantage de laisser du sel de cuivre, soit à l’ex- térieur, soit à l’intérieur du Raisin. Il me reste à parler d’une application de sulfate de cuivre qui intéresse tout particuliè- rement vos lecteurs : c’est l’emploi de ce sel contre les cryptogames qui infestent cer- tains arbres fruitiers, notamment le Poirier Doyenné cT hiver, et déterminant cette altéra- tion que l’on appelle la tavelure. Vous savez qu’il y a là un parasite bien déterminé (il a même un nom que je ne me rappelle pas) qui se montre sur les feuilles, les bourgeons, et les fruits de certaines variétés de Poiriers et de Pommiers. J’ai commencé cette année des essais tendant à combattre ces cryptogames au moyen de dis- solutions de sulfate de cuivre; je n’ai pas obtenu de résultat, la saison étant trop avan- cée, mais je crois pouvoir affirmer que l’on réussira, en suspendant des poignées de paille sulfatée à travers la charpente des arbres, ou mieux en aspergeant de bonne heure les feuilles et plus tard les fruits avec une solution faite de 2 ou 3 grammes de sulfate de cuivre par litre d’eau. Agréez, etc. J. Ricâud, Président de la Société vigneronne, •Vice-président de la Commission administrative des Hospices de Beaune. De cette lettre, dont nous remercions Fau- teur, nous pouvons tirer d’utiles renseigne- ments non seulement pour les Vignes, mais aussi pour les arbres fruitiers en général, puisqu’elle nous apprend, d’une manière au moins probante, que les sels de cuivre, (jui sont des insecticides au premier chef, peuvent nous débarrasser de beaucoup de parasites (pti ravagent cei’tains de nos arbres fruitiers au point d’en rendre la cul- ture impossible. File a encore ce bon côté de rappeler que, ces sels pouvant avoir des conséquences fâcheuses , il faut toujours agir prudemment et n’employer que des doses faibles. Nettoyage et insecticidation des arbres. — En rappelant que la .saison d’hiver est la plus favorable pour nettoyer et débarrasser les arbres des insectes qui envahissent leur écorce, les fissures où ils sont cachés, où ils ont mis leur pro- géniture à l’abri des froids et des intempéries, nous croyons devoir recom- mander de faire préalablement la taille. Si pour des causes quelconques on ne la pouvait faire, il .serait bon d’enlever au moins toutes les parties inutiles ou qui devront être supprimées, de manière à ne pas nettoyer des branches qui devraient disparaître plus tard, ce qui occasionne une double perte : celle du travail et celle des substances employées ; en outre l’opération est plus difficile et le résultat toujours moins bon. Donc: taille ou au moins épluchage ou rognage, afin de n’avoir à traiter que la partie qui doit rester. Pêches et Brugnons. — M. Gagnaire fils ainé, horticulteur à Bergerac, nous adresse la communication suivante : La lecture de votre note sur l’origine des Pêchers et Brugnons, publiée dans la chronique du 16 novembre 1885 de la Revue Horticole, m’a suggéré les réflexions suivantes, que je crois devoir vous communiquer. Vous admettez, avec raison, je crois, que les Brugnons sont d’origine européenne, opinion que je partage entièrement. Car si, comme il est indispensable, il faut tenir compte des vieux axiomes, des vieux usages même pour déterrer dans l’histoire du passé l’origine d’un fait ou d’une chose, j’en trouve ici une nouvelle preuve dan§ les dénominations patoises appli- quées encore de nos jours aux diverses varié- tés de Brugnons répandues dans les cultures. Que ce soit un Brugnon blanc ou bien un Brugnon rouge que l’on désigne, tout le monde est d’accord ici pour donner à ces fruits, en patois bien entendu, les dénominations sui- vantes : Abrignol, Brignol, Brignoulé, quel- quefois même et selon les variations du patois, Brignoiüi. CHRONIQUE HORTICOLE. 7 Or, si d’une part on rapproche les dénomi- nations patoises Brignoulé^ Brignol, de Bai- GNOLES, village du département du Var, et de l’autre celle de Brignoun, de Brignon, village du département du Gard , on est porté à voir là quelque analogie se rappor- tant à l’origine du groupe Brugnon des pomo- logues.... Veuillez, etc. Gâgnaire. Robinia Decaisneana. — Quand une plante résiste aux caprices de la mode et de l’engouement, c’est une preuve indubitable de son mérite. Tel est le Robinia Decais- neana ^ qui, obtenu par M. Villevieille, de Manosque (Basses-Alpes), il y a plus de vingt ans, n’a rien perdu de sa réputation, au contraire. Les fleurs, très-nombreuses et disposées en fortes grappes, sont d’un beau rose carné. Ajoutons que l’arbre est peut-être le plus vigoureux du genre, que sa tige robuste et droite peut être employée dans l’industrie et que, très-peu épineux même lorsqu’il est jeune, l’arbre devient tout à fait inerme en vieillissant, de sorte que cette variété peut être plantée au point de vue de la spéculation. Le R. Decaisneana peut aussi, à l’aide d’une taille et d’un pinçage appropriés, être maintenu à l’état d’arbrisseau et même d’arbuste, ce qui permet de le planter dans les petits jardins. Des Eulalias. — Gomme un très-grand nombre de plantes, les Eulalias ont subi les influences de la mode, ont passé par deux phases contraires. Après avoir été prônées, louangées et mises au-dessus d’un grand nombre d’autres, ces plantes sont aujour- d’hui à peu près complètement oubliées. C’est assurément regrettable, car, à tous les points de vue, elle sont très-méritantes, non seulement par leurs fleurs, mais parleur feuillage qui est très-décoratif. Ce ne sont pas seulement les deux variétés panachées, dont l’une a les feuilles largement ruba- nées de blanc d’argent, et l’autre élégam- ment zébrées de jaunâtre sur un fond vert, mais le type même, à feuilles non pana- chées, est également très-ornemental. Dans les maisons bourgeoises où il faut des plantes à grand effet pour orner les tables ou les salles de réception, rien ne convient mieux que ces plantes. Toutefois, à cause de leurs grandes dimensions , les Eulalias, surtout le type et sa variété zébrée, ne conviennent que pour les grands jardins et comme plantes à isoler, mais dans ces con- ditions ils sont d’une rare beauté. En effet, les tiges très-nombreuses, qui peuvent atteindre plus de deux mètres de hauteur, se terminent par une inflorescence dont les ramifications très-plumeuses retombent gracieusement. Quant à la variété à feuilles argentées, elle devient moins haute et moins large et peut, par conséquent, être plantée dans des jardins d’une moindre étendue. Greffe disgénère : Néflier sur Poirier. — La famille des Rosacées présente de nombreux exemples de greffes disgénères ; peu cependant sont aussi remarquables que celui dont nous allons parler. Jusqu’ici, en effet, les arbres à fruits à noyau se greffaient sur des espèces à fruits de cette nature, mais rarement sur des espèces à pépins, ce qui, ici, est pourtant le cas. Les greffes de Néflier que nous avons faites sur Poirier ont parfaitement réussi ; il n’y a pas de bourrelet entre les sujets et les greflbns, et ceux-ci sont très-productifs; les arbres, qui sont très-fertiles, se ramifient tout de suite et paraissent disposés à former des sujets nains. En greffant près du sol, on ob- tiendrait donc des buissons analogues à des Groseilliers ; y aurait-il un avantage à pratiquer en grand cette culture ? Les Wellingtonias reforment une tête, quand elle a été détruite. — Bien que généralement nié, le fait n’en est pas moins exact ; nous en avons vu récemment une preuve convaincante chez M. Arthur Mallet, à Jouy-en-Josas. Là, un très-fort Wellingtonia gigan- tea, ayant eu la tête cassée par des Hérons qui s’en étaient fait une sorte de per- choir, a très-bien repoussé, de sorte qu’au- jourd’hui l’accident ne se manifeste que par une légère courbe de la branche termi- nale qui s’est redressée pour prendre la di- rection verticale. Du reste, le fait n’a rien d’extr' ‘ ,jf.. *■* ‘ t: :-71 V •■'■•• 4vU,-'"^'i • •■ •.:• ' •* 'T^ss - , •-•'fe.V- , V • vv ;• ‘•' :V COLEUS TUBEllOSUS. 13 gnosité bien marquée, se terminant par de fortes inflorescences dont les fleurs, beau- coup plus grosses que celles de la mère, sem- blaient au contraire se rapprocher de celles des Galcéolaires dits (( hybrides» qui avaient fourni le pollen. Quant aux coloris, ils va- riaient considérablement : du jaune pur au rouge sang, souvent plus ou moins maculé ou lavé de parties plus claires. Disons pour- tant que le jaune pur était l’exception, que presque toujours il était plus ou moins fine- ment ponctué rougeâtre. Au point de vue de l’ornement, les nou- veaux hybrides dont nous parlons joue- ront un rôle important. Mis en pleine terre un peu avant leur floraison, ils fleuri- ront sans interruption jusqu’aux gelées, COLEUS Tl J’ai trouvé, à la bibliothèque du Muséum, un ouvrage intitulé : « Histoire de la grande isle de Madagascar, composée par le sieur de Flacourt, directeur de la Compagnie française de l’Orient, et commandant pour Sa Majesté dans ladite isle et ès-isles adja- centes. Paris, 1661. » L’auteur y parle des Houmimes ou Voamitsa. « Ce sont, dit-il, petites ra- cines grosses comme le poulce qui multi- plient extrêmement, car d’une plante il en viendra plus de 200. » Le 15 juillet 1884, mon correspondant dans le Transvaal, M. Mingard, m’écrivait : <( Avec cette lettre je vous expédie quelques tubercules de la Pomme de terre fade ou sauvage appelée par les Magwamha Ma- tambala. C’est la même culture que la Pomme de terre ordinaire et la plante s’emploie comme telle. Les natifs l’apprécient beaucoup et la préfèrent à tout autre tuber- cule. Ils conservent les semences, — lisez tubercules, — dans le sable ou suspendues dans leurs huttes. Ils la plantent au moment de la semence du Maïs. » M. Mingard m’écrivait encore le 20 oc- tobre 1884 : (( Je remets à la poste un petit sachet de Matamhala ; ce seront les der- nières que je pourrai vous expédier. Les natifs les ont plantées depuis quinze jours ; la plante aime les terrains légers, a la même durée de végétation que la Pomme de terre, mais les tiges sont sensiblement différentes; elles s’élargissent dès la naissance. La fleur (l) Cet article a été communiqué par M. Pail- lieux à la Société d’ Acclimatation du bois de Bou- logne dans sa séance du 24 novembre 1885. surtout si l’on a le soin d’enlever les fleurs au fur et à mesure qu’elles passent. D’autre part, ils ont encore cet avantage que, pouvant être multipliés par boutures, on pourra conserver et propager les variétés qui, par leur taille ou leur floraison, seraient jugées méritantes et présenteraient des avan- tages particuliers pour la décoration. Quant aux semis, que donneront-ils? Des qua- lités d’un autre ordre, probablement ; c’est ce que l’avenir démontrera. Faisons encore remarquer que ces Calcéolaires hybrides sont relativement très-rustiques, que les pieds laissés en pleine terre ont supporté sans souffrir plusieurs degrés au-dessous de zéro. Ce sont donc de véritables plantes de serre froide. E.-A. Carrière. I SEROSUS'^) est petite, de couleur jaune ou bleue. Un tubercule planté entier donne de 40 à 20 pour un. La Matamhala s’apprête comme la Pomme de terre. Pas de saveur. (( J’ai remis la lettre et le paquet à la poste le 29 octobre courant. Les tubercules commencent à germer. J’ai choisi, selon votre conseil, les plus mûrs et les plus durs. » Les tubercules de ce dernier envoi ont pourri en route, mais, fort heureusement, ceux qui m’avaient été adressés au mois de juillet précédent se sont bien conservés dans le sable, et j’ai pu en planter quatre, sur couche et sous verre, le 45 mars dernier. Trois pieds ont végété admirablement; un seul est demeuré cbétif, et est même mort à la fin de juin. Je l’ai arraché le 4®'™ juillet et j’ai trouvé, à ma grande surprise, une dou- zaine de petits tubercules formant un groupe serré, immédiatement au-dessous du collet de la plante. Ces tubercules pa- raissent être mûrs et se sont jusqu’ici bien conservés dans le sable. Les trois autres pieds ont végété vigou- reusement, ont étalé sur le sol leurs nom- breuses tiges qui s’y sont marcottées spon- tanément et ont empli le coffre dans lequel ils étaient plantés. Un seul pied m’a donné, le 29 juin, 450 boutures qui ont repris avec facilité. Je n’ai conservé cet automne qu’une douzaine de ces boutures, dont les inflorescences se lais- saient déjà voir. J’en ai donné une au Muséum et une autre à mon ami, M. Char- gueraud, chef du jardin botanique d’Alfort. Celui-ci a pu faire déjà d’autres boutures et U COLEUS TUBEROSUS. (lonnei* iino ti^e fleur ie à riierhier du Mu- séum. Il me reste à confesser que, par ma faute, si je ne me trompe, les trois Ireaux pieds que j’ai conservés jusqu’à l’automne ne m’ont à peu près rien l’apporté. Je les ai arrosés trop long-temps, ce (jui a prolong-é outre mesure leur vég-étation; il aurait fallu, au contraire, l’arrêter pour ai- der à la formation des tubercules. L’an pro- chain, je ferai des lioutures dès le mois d’avril et je mettrai en pleine terre, le juin, le plus grand nombre des pieds ainsi ol)tenus;par ce moyen, j’olitiendrai, je crois, en septembre, une récolte satisfai- sante. Vous avez remarqué que M. de Flacourt annonce un rendement de 200 pour un, bmdis que M. Mingard dit seulement iO à 20. Cette énorme différence ne peut s’expli- quer que par le marcottage des tiges. Sous le climat de Madagascar, tous les pieds que donne le marcottage spontané produisent sans doute des tubercules dont le nomlire, en ce cas, peut s’élever à 200 et plus. Je suis surpris cependant que M. Mingard ne m’ait pas signalé ce fait, qui ne se présente pas apparemment à Elim-VVatafall. Et maintenant, mes chers confrères, vous allez sans doute partager mon étonne- ment sur ce fait que la plante qui nous oc- cupe a été signalée il y a deux cent vingt ans; elle est usuelle dans le Transvaal, ainsi qu’à Madagascar et à Maurice. Pendant tout ce temps, nous ne l’avons pas reçue, et voilà qu’en quinze mois je la reçois deux fois. Je vous communiquerai plus loin la lettre que j’ai reçue de M. Daruty, président de la Société d’acclimatation de Maurice, affiliée à la nôtre, mais je ne résiste pas à l’envie de lire d’abord l’épigraphe de cette lettre, épigraphe qui pourrait servir de devise à notre section : (( Le don d’une plante utile me paraît plus précieux que la découverte d’une mine d’or, et un monument plus durable qu’une pyramide. » (Bernardin de Saint- Pierre.) Voici ce que m’écrivait M. Daruty, en date de Port-Louis, le 3 septembre der- nier : J’ai lu avec beaucoup d’intérêt, dans le Bul- letin de la Société d’ Acclimation de Paris, vos notes sur le Potager d'un curieux. Je n’y ai pas vu mentionnée une plante à laquelle je m’intéresse en raison de ses qualités alimen- taires ; je veux parler du Plectranthus mada- gascariensis (Bentham, in DG. Prod., XII, 68), que nous appelons ici Oumime. L’Oumime donne un tubercule que nous con- sommons absolument de la même façon que la Pomme de terre, quoiqu’il possède un })etit goût particulier ((ui })eut-ôtre ne con- viendra pas au premier abord à des palais eu- ro})éens. Cependant je suis sûr qu’il serait fa- cile, _ par la culture, d’arriver à faire dispa- raître complètement ce goût particulier en même temps qu’on parviendrait à augmenter la valeur des tubercules. Je vous adresse donc par la poste quelques tubercules d’Oumimeafin que vous puissiez en tenter la culture en France. Je fais le même envoi à M. Heckel, de Mar- seille, ainsi qu’à la Société d’Acclimatation de Paris. Je viens maintenant vous faire une prière : Pourriez-vous nous adresser des graines des différentes plantes utiles dont vous avez tenté la culture? Je serais très-disposé à en essayer à Maurice et à vous tenir au courant de mes tentatives. Telle plante qui ne convient pas à l’Europe ou n’y est pas appréciée pourrait l’être ici. Je n’ai pas manqué d’envoyer des graines à notre obligeant confrère et je continuerai à le faire. Nous voici, grâce à M. Mingard et à M. Daruty, en possession d’une plante alimentaire très-intéressante et je vous pro- poserai de voter des remercîments à ces do- nateurs. Dans la note que je viens de vous lire sur la Matamhala et l’Oumime, ces deux La- biées sont considérées comme une seule et même plante. Je dois tenir pour exact le nom que M. Daruty donne à l’Oumime, que je n’ai pas encore cultivée. Quant à la Matamhala, dont M. Bois a reçu une tige fleurie obtenue à Alfort par AI. Ghargueraud, voici ce que m’écrit à ce sujet mon collaborateur : « La Matamhala appartient certainement au genre Coleus ; c’est, selon ce que j’ai pu voir jusqu’à pré- sent, une espèce nouvelle, voisine du C. tu- herosus, si ce n’en est pas simplement une variété, fhi attendant une détermination certaine, vous pourriez l’étiqueter Coleus taberosus (?). » Au point de vue de la culture et de l’usage, je suppose que les deux plantes que j’ai reçues sont identiques. Cependant, j’ob- serve que M. Alingard dit que les tuber- cules de la Matamhala sont fades, tandis qoe AI. Daruty leur attribue un goût parti- culier. Il est donc entendu que l’identité des deux plantes est, de ma part, une simple supposition. Paillieüx. CONCOURS DE CHRYSANTHÈMES A PARIS. 15 CONCOURS DE CHRYSANTHÈMES A PARIS Le succès qu’a eu le concours de Chrysan- thèmes ouvert par la Société nationale d’hor- ticulture de France, le 26 novembre, a incon- testablement démontré que ce beau genre de plantes devient de plus en plus à la mode à Paris. Cette vogue s’affirme surtout depuis que les belles variétés qui étaient pour ainsi dire exclusivement cultivées dans le midi de la France, à cause de leur floraison tardive, font leur apparition dans les cultures de la région parisienne, où, à l’aide de quelques précautions pour les préserver des premières gelées, on assure leur floraison. Il est vrai de dire que quelques-uns de nos heureux semeurs dotent tous les ans la culture de nouvelles variétés re- commandables, par la beauté et la hâtiveté relatives de leurs fleurs. Le concours de Paris a été remarquable non seulement par les nouvelles variétés qu’on a pu y admirer, mais aussi par la beauté et le parfait état de végétation et de floraison des collec- tions présentées en plantes vivantes, c’est-à- dire en pots, et enfin par le grand nombre de variétés que contenaient plusieurs collections présentées en fleurs coupées : quelques lots en contenaient plus de 350 variétés. Le premier lauréat a été M. Yvon, horticul- teur, 44, route de Châtillon, à Malakoff, qui a obtenu la médaille d’or pour sa magnique col- lection de Chrysanthèmes, d’une dénomination exacte, présentés en pots ou en terrines et en très-forts exemplaires. Le 2e prix, grande médaille d’argent, a été attribué à M. Lévêque, horticulteur, 69, rue du Liégat, à Ivry, qui présentait une très-belle collection de plantes également en pots, mais en plantes beaucoup plus faibles. Parmi les collections présentées en fleurs coupées : Le le’’ prix a été attribué à MM. Mercier père et fds, horticulteurs à Châlon-sùr-Saône; Le 2e prix, à M. Degressy, horticulteur à Châlon-sur-Saône ; Le 3e prix, à M. de Reydellet, cultivateur- amateur à Valence (Drôme) ; Le 4e prix, à M. Hoibian, marchand grainier, 16, quai de la Mégisserie, à Paris; Le 5e prix, à M. Chantrier, jardinier à Bayonne. Pour les présentations de variétés nouvelles de semis non encore dans le ^commerce, le 1er prix a été attribué à M. de Reydellet, dont les variétés nouvelles rentrant dans le groupe des japonaises et à grandes fleurs étaient des plus curieuses de formes et des plus jolies nuances. Le 2e prix a été attribué à M. Hamelin, hor- ticulteur à Villeneuve-sur-Lot; Enfin le 3® prix, à M. Chantrier, à Bayonne. Un énorme bouquet, composé des plus belles fleurs et comprenant les plus jolies variétés, présenté par M. Deschamps, amateur, a été récompensé d’une médaille d’argent. On ne saurait trop recommander la culture de ces belles plantes vivaces, variées à l’infini, ne nécessitant pas de soins dispen- dieux ni particuliers pour leur multiplication, pour parfaire leur végétation, et qui ont ce rare avantage de fleurir alors que les jardins sont à peu près complètement dépourvus de fleurs. Elles offrent aussi une immense res- source pour l’ornementation des serres froides, jardins d’hiver, appartements, etc., où, grâce à une culture appropriée, on peut avoir en fleurs certaines variétés de ces plantes pendant une grande partie de l’hiver. Voici quelques-unes des variétés qui m’ont paru plus particulièrement recommandables, parmi celles mises au commerce en 1885 : Sou- venir de Haarlem, à fleurs violet clair, centre or; Monsieur Yvon, à fleurs blanc ciême, rosé au centre; Monsieur Freeman, à ÜeurshlsLnches; MM .Thibaut et Keteleer, à fleurs cramoisi foncé, maculé or; Monsieur Vilmorin, à fleurs jaune orangé; une variété à pétales frangés, à fleurs blanches, légèrement rosées, nommée Belle Navarraise. Dans les variétés déjà anciennes, les plus jo- lies sont toujours : Yellow Dragon, l’une des variétés importées du Japon en France par R. Fortune, en 1861 ; Triomphe de la rue des Châlets , The Cossack , Monsieur Belaux , Princess of Teck, Étoile, etc., etc. En terminant ce rapide examen, je crois devoir rappeler qu’il y aura bientôt un siècle que le premier pied de Chrysanthème indien fut introduit en France. Ce fut, en effet, en 1788, qu’un négociant de Mar- seille l’apporta dans cette ville. Il serait, je crois, à désirer que, dès aujourd’hui, on prît des mesures pour que, dans trois ans, et pour fêter dignement le centenaire de cette char- mante Composée, on fît une exposition géné- rale de Chrysanthèmes, et qu’à cette occasion les horticulteurs et amateurs s’entendissent à l’avance pour ouvrir une sorte de Congrès dans lequel on discuterait les moyens d’étabhr une nomenclature sérieuse basée sur une classifi- tion rationnelle, de manière à pouvoir s’en- tendre sur les noms à adopter, ce qui est de la plus haute importance. Mais il ne faudrait pas attendre ce moment pour commencer ce tra- vail et, dès à présent, ceux qui s’intéressent particulièrement aux Chrysanthèmes devraient déjà prendre des mesures et amasser des ma- tériaux afin que dès l’ouverture du Congrès on ait déjà des documents qui permettraient de discuter les principaux points. A. Chargueraud. 16 UN NOUVEAU LÉGUME. UN NOUVEAU LÉGUME Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, dit un vieux proverbe, (pu remonte, je crois, au roi Salomon ; et ce qui le prouve bien, c’est que le nouveau lég-ume dont je veux parler aux lecteurs de la Revue horticole est fort ancien : c’est la Chayotte, une Gucurbitacée originale cultivée depuis des siècles en Amé- rique, introduite aux Açores d’où ses fruits s’expédient en Angleterre, et que j’ai même trouvée en Algérie il y a bien des années. Peut-être l’y cultive-t-on encore, mais elle n’y semble pas commune, car je ne l’ai pas revue à mon récent voyage dans ce pays. J’ignorais, jusqu’à ces derniers jours, qu’elle pût réussir en France, et je n’ai pas été peu surpris de la trouver superbement développée et chargée de fruits dans un jardin de Cannes, où elle passe aisément l’hiver. La Chayotte, le Sechium edule des bota- nistes, dont j’ai fait l’histoire dans ma mo- nographie des Cucurbitacées, est originaire du Mexique et de l’Amérique centrale. C’est une plante vivace, produisant de grosses tiges sarmenteuses et demi- ligneuses, qui s’élèvent à 10 ou 12 mètres sur des arbres ou sur des treillis, auxquels elles s’accrochent solidement par leurs vrilles. Ses fleurs sont monoïques, petites, insignifiantes, fort semblables à celles de notre Bryone commune ; les mâles en grappes axillaires, les femelles solitaires ou géminées aux ai.sselles des feuilles sur les sarments de l’année. Jusqu’ici rien de bien particulier, mais le fruit qui succède aux fleurs fécondées a une tout autre figure que celui de nos Cu- curbitacées ordinaires. Il est de la grosseur du poing, de forme obovoïde, creusé de cinq sillons longitudinaux, dur au toucher, verdâtre, même à la maturité, et quelque- fois armé de cinq ou six courtes épines. Il ne contient qu’une seule graine enchâssée verticalement, la radicule en haut, et adhé- rente à la pulpe par son tégument. Celte graine ne sort jamais du fruit, et, pour multiplier la plante, il faut planter le fruit lui-même quand il commence à s’ou- vrir au sommet et qu’il laisse entrevoir la radicule de l’embryon prête à sortir. Quand on préconise un nouveau légume, la première question qui se présente est celle de savoir s’il est bon et s’il sera accepté par le public des consommateurs. Il ne faut pas disputer des goûts, mais je crois, après expéilence faite, que la Chayotte, convena- blement préparée, et elle peut l’être de bien des manières, plaira au grand nombre. Je l’ai trouvée supéiâeure à tous les fruits de Cucurbitacées qui se mangent cuits: Cour- ges, Concombres et Bénincasas. Ce n’est là toutefois que mon opinion personnelle. Une seconde question qui a aussi son im- portance est celle de la facilité, ou au moins de la possibilité de la culture de la Chayotte sous nos climats. Ceci ne fait pas de doute pour le climat oû l’Oranger mûrit ses fruits en plein air. Il suffira de donner à la plante une bonne terre fumée et de l’adosser à un treillis ou à des soutiens quelconques .sur lesquels elle puisse s’élever et s’étendre en toute liberté. Il va de soi qu’on doit choisir un endroit bien exposé au midi et abrité des vents froids. Si cette dernière condi- tion n’était pas suffi.samment remplie par le sile même, on y suppléerait en couvrant le pied de la plante d’une litière de feuilles sèches et ses plus gros sarments de paillas- sons pendant les nuits oû la gelée serait à craindre. Hors du climat de l’Oranger, il faudrait plus de précautions; les abris vi- trés pourraient même être nécessaires. De même que toutes les Cucurbitacées vivaces, la Chayotte pousse plus vigoureusement et produit })lus précocement ses fleurs et .ses fruits à la seconde ou à la troisième année qu’à la première. Notre collaborateur, M. F. Sahut, m’écrit qu’il y a quelques années il a cultivé la Chayolte à Montpellier, qu’elle y a pris un beau développement, mais que ses fruits n’ont pas eu le temps d’y mûrir. Il s’agissait probablement de plantes semées dans l’année même. Plus âgées, et par conséquent fleu- ris.santplus tôt, il est assez probable qu’elles auraient mûri des fruits avant l’hiver ; mais, sous le climat, parfois très-rude, de Mont- pellier, le difficile aurait été d’abriter suffi- samment le.s parties aériennes de la plante pour les préserver de la gelée. Dans de bonnes conditions de climat et de culture, la Chayotte est extrêmement fertile et peut donner par pied plus de cent fruits, dont la maturité s’échelonne du commence- ment de septembre à la fin de janvier, plus longtemps même quand le climat est assez chaud. Si maintenant nous considérons la longue conservation de ses fruits et la faci- FRUITS DE PRUNIER DÉFORMÉS PAR l’eXOASCUS PRUNI. 17 lité (le les faire voyager, nous ne serons pas loin (radmettre ({u’il peut y avoir là un nouveau filon à exploiter pour les primeuristes d’une partie du midi de la France. Ch. Naudin. FRUITS DE PRUNIER DÉFORMÉS PAR L’EXOASCUS PRUNI Un cryptogame qui , par ses ravages, produit sur les Prunes une déformation analogue à celle qui détermine l’ergot du Seigle (Sclerotnmi Clavus ou Claviccps purpurea], s’est développé spontanément chez M. Gélineau, jardinier, à la Coû- ter!, à Saint- Georges - sur - Loire ( Maine - et -Loire), sur un Prunier Sainte-Catherine. Il avait déjà produit, le 15 juin 1885, le phé- nomène que montre la figure ‘2. Ce Champignon, qui est très-rare aux environs de Paris, où pourtant on le rencontre parfois sur le Prunus spinosa, est , au contraire , très -commun dans certaines parties du centre de la France, en Bourgogne no- tamment, soit sur cette même espèce sauvage, soit parfois sur diverses variétés de Pruniers cultivés où il produit des monstruosités sem- blables ou analogues à celles que montre notre gravure. Comme nous le disons plus haut et ainsi qu’on peut, du reste, le voir, cette déformation a quel- ques rapports phy- siques, au moins, avec celle que l’on nomme « Seigle ergoté » qui est produite par le Claviceps purpurea. En effet, aus- sitôt que les spores de V Exoascus germent sur le fruit du Prunier, ce fruit s’allonge en se contournant et présente un peu la forme d’une Courge dite « Massue d’Her- cule ». Quant à la nature du fruit, elle est alors complètement changée; la chair devient sèche, spongieuse, et, au lieu d’un noyau central, se trouve une longue cavité occupée, çà et là, par une substance su- béreuse. Nature et forme, tout est donc changé et altéré par le seul fait de la pré- sence d’un Champi- gnon. Il faut par conséquent veiller avec soin à ce que le parasite ne gagne pas, et comme sa multiplication, de même que celle de tous les Champi- gnons, 'se fait à l’aide de spores, qui sont l’équivalent des graines dans les vé- gétaux supérieurs, on doit éviter le développement de ces spores, par con- séquent enlever, aussitôt qu’on les aperçoit, tous les fruits sur lesquels on remarque la moindre trace du mal. Peut - être aussi pourrait-on préve- nir ce mal ou du moins en arrêter l’extension en bassi- nant fortement les arbres avec des ma- tières insecticides, tels que : nicotine, Fichet, acide sulfu- rique, protosulfure, etc., plus ou moins diluées en raison de leur énergie. C’est à essayer. Quant aux parties envahies, il faudrait les détruire par l’incinération. E.-A. Carrière. Fig. 2. — Fruits du Prunier de Sainte-Catherine, envahis et déformés par YExoascus Pruni, de grandeur naturelle. 18 CELliUI A C(EUK PLEIN FORME DE SCAROLE. LA FLORA DE COLOGNE. CÉLKIU A C(EUU PLEIN EOIIME Di: SCAROLE La plante, qui ne dépasse guère 15 cen- timètres de lianteur, et qui s’étale sur le sol OÙ elle constiine des masses qui at- teignent 30, 40 centimètres et même j)lns de diamètre, n’a plus rien des Céleids ordi- naires par son aspect ni par sa végétation; sous ce rappoi't, on dirait plutôt une Sca- role, comme l’indique le qualificatif qu’on lui a donné. Il en est autrement par la sa- veur et par le goût; à ce point de vue, c’est un véritable Céleri. En voici une descrip- tion succincte : Plante vigoureuse, étalée sur le sol. Sou- che tilireuse non tul)éi-euse, à racines nom- breuses, ténues. Feuilles excessivement rap- pi-ochées, fines, tellement serrées qu’elles forment des masses compactes qui, tout na- turellement, s’étiolent, et sans être liés, lilancbissent à l’intérieur. Culture, avantages et usages. — La culture, des i)lus simples, est celle des Scaroles ou des Chicorées. Comme celles-ci, on peut lier le Céleri à cœur plein, c’est même ce que l’on doit faire. Quant à ses Fig. 3. — Céleri à cœur plein forme de Fig, 4. — Rameau de Céleri à cœur plein Scarole. forme de Scaiole. avantages, ils sont de plusieurs sortes ; d’a- bord, on n’a pas à le butter , il suffit de le planter en planches ; on pourrait même ne pas le lier, et, lorsqu’on juge les plantes suffisamment fortes, les couvrir avec de vieux paillassons ou de la grande paille. Dans ces conditions, les plantes deviennent complètement blanches, ce qui, alors, cons- titue d’excellentes salades as.sez résistantes pour ne pas pourrir. Sous le rapport de la qualité, la plante est de premier mérite. Pour l’hiver, on peut la conserver ainsi qu’on le fait des Chicorées et des Scaroles en la mettant dans une serre à légumes, un cellier ou sous des châssis froids. Son emploi est absolument le même que celui du Céleri commun, auquel il est très- supérieur lorsqu’il est accommodé en sa- lade ; car, outre que ses feuilles sont fines et tendres, leur saveur est des plus agréa- bles. C’est une variété appelée à jouer un grand rôle dans les cultures. Le Céleri à cœur plein, forme de Sca- role (fig. 3), est mis au commerce par M. Forgeot, marchand-grainier, quai de la Mégis.serie, 8^ à Paris. E.-A- Carrière^ LA FLORA DE COLOGNE On appelle ainsi à Cologne le jardin que po.ssède la Société d’horticulture de cette ville. Ce jardin, dessiné par Meyer, terminé en 1863, est sous la direction de M; Nie- praschk. L’étendue du terrain est d’environ 6 hectares et demi ; il contient une ving- taine de seFres grandes et petites; la plus grande partie est dessinée à l’anglaise et le reste à la française. La Société possède dans ce jardin une école d’horticulture, école théorique et pratique, qui reçoit une douzaine d’élèves tant pen- sionnaires qu’externes ; ces derniers payent •450 fr* par an et les internes 1,000 fr. Ils LA FLORA DE COLOGNE. 19 reçoivent, en plus des leçons de botanique proprement dite, des leçons dans les prin- cipales branches de l’instruction, par les meilleurs prolesseurs de Cologne. La distance de Cologne au jardin est à peu près la même (pie celle de Paris au Jardin d’Acclimatation. La semaine, mais surtout les dimanches et fêtes, des milliers de visiteurs viennent y passer l’après-midi. La grande serre monumen- tale du jardin fait face à l’entrée princi- pale, dont elle est séparée par un jardin à la française avec fontaines, jets d’eau et statues. Certains dimanches et jours de fêtes, il y a feu d’artifice et illumination du jardin ; cela amène jusqu’à 5,000 per- sonnes. Quoique ces jours-là l’intérieur de la serre soit éclairé au gaz, jusqu’à présent les plantes n’en ont aucunement souffert. Un orchestre se fait entendre tous les di- manches, soit à l’intérieur de la serre, soit dans le jardin. Près de cette serre se trouve une collection de bois divers, fort intéressante. La Société d’horticulture entretient , moyennant une somme annuelle, les jar- dins de certaines autorités de la ville, par exemple, celui de l’Archevêché, etc.; elle vend les plantes qu’elle a en trop. Dans une partie du jardin se trouve le carré consacré aux arbres fruitiers et aux collections de plantes vivaces. Les Poires qui réussissent le mieux sous le climat de Cologne sont surtout : Louise bonne, Nouveau Poiteau, Duchesse d'An- goulême, Beurré Bachelier, Beurré Diel, Doyenné d'hiver, Saint-Germain, Sou- venir du Congrès, Be urré Hardy ; puis, comme Pommiers, toutes les Reinettes en général : Court-Pendu, Canada, etc. Le long de la maison même de M. Nie- praschk, on nous montre de magnifiques arbres plantés en 1875; ces arbres sont plantés verticalement le long du mur et attei- gnent déjà une grande hauteur : ils fructi- fient bien ; ce sont : Beurré Diel, Belle Angevine, Épargne, Amanlis. M. Nie- praschk se débarrasse facilement du puceron lanigère au moyen de seringages composés de moitié eau et moitié alcool à un fort degré. Dans les nombreuses petites serres à Palmiers, nous remarquons des échantil- lons de différentes variétés de plantes de serre chaude, entre autres, des Anthurium variés, un fort pied de VA. Gregei, des Dra- cœna, de petits Palmiers ; toutes ces I)lantes sont plongées dans la tannée ; on évite le Champignon en y mêlant un peu de chaux, cela l’empêche de paraître. Dans une grande serre adossée, un pied bien fleuri du Rosier Madame de Staël nous frappe ; cette Rose est d’une jolie couleur rose chair. Dans cette même serre se trouvent encore d’autres Rosiers et des Vignes. Dans les nombreuses serres que nous visitons, nous avons noté de gros Latania borbonica, des Corypha australis, des Strelitzia, des Musa, des Washingtonia füifera, Ence- phalartos Hildebrandtii, puis des Fuch- sias, Coléus, Gloxinias, Achim'ènes, Bégo- nias tubéreux et autres, Acalypha Maca- feana, Crinum Makoyanum (Moorei), Cissus, etc. Dans une serre ronde spéciale se trouve la Victoria regia, que l’on ren- contre, du reste, dans tous les ])rincipaux jardins de l’Allemagne. Elle reste en fleurs de juillet à fin septembre, et une année elle a eu, dit-on, jusqu’à 42 fleurs à la fois. Un peu plus loin se trouve une grande serre tempérée de 50 mètres de long sur 16 mètres de large et environ 10 de haut. On y rentre en hiver les plantes de la Nou- velle-Hollande qui, en été, sont en plein air dans le jardin. Elle contenait, lors de notre visite, une collection de Kentias, entre autres, les Kentiopsis macrocarpa, Kentia gracilis . Moorei, Forsteriana , Belmo- reana, ce dernier remarquable par sa beauté et sa grandeur ; puis des Cocos insi- gnis, Caryota Cumminghii en très-beaux spécimens. En 1879, la température est descendue jusqu’à 27® au-dessous deO, et, malgré cela, les Séquoia gigantea var. glauca, Abies Pinsapo, var. glauca, Abies lasiocarpa, ont bien résisté. Cela ne semble-t-il pas indiquer que les arbres à feuilles glauques sont, en général, plus rustiques que les autres ? Le jardin de la Flora est bien tenu et fait honneur à M. Niepraschk. Nous avons été heureux de pouvoir le visiter. Près de la Flora se trouve le Jardin zoologique : c’est un des plus intéressants de l’Alle- magne ; il mérite la peine d’être vu. Les jardins et promenades de Cologne n’offrent rien de bien curieux; on peut, en voiture, visiter tout le reste en une heure, ou à pied, en deux heures. Il n’y a vraiment d’inté- ressant, au point 'de vue horticole bien en- tendu, que la Flora et le Jardin zoolo- gique. Ernest Bergman; Li:S ANÉMONES DU JAI'ON. 20 LIÎS AAÉMONKS DU .lAUON Peu (le plantes, assurément, sont aussi nujritantes que les Anémones du ,Ta])on ; aussi a-t-on lieu de s’étonner de les voir si raremerit employées à la décoration. Pin etïét, ce n’est guère qu’exceptionnel lement qu’on les (“encontre ailleurs (pie dans les jar- dins botaniques, où, poui'tant, elles font l’admiration de tous ceux qui les voient. Leurs qualités sont grandes ; ces plantes sont rustiipies, pousseni partout, dans toutes les conditions, et y lleiirissent en abon- dance depuis août jusqu’en octobre et môme plus tard. L’Anémone du Japon type est un peu plus naine ({ue les deux variétés qu’elle a produites, surtout que celle à Heurs lilancbes; elle s’élève de 30 à 50 centi- mètres, et ses fleurs, d’un rouge légère- ment violacé ou vi- neux, atteignent en- viron 7 centimètres de diamètre; les sé- pales, complètement étalés, disposés sur trois rangs, sont très- inégaux, et les infé- rieurs, ceux du cen- tre, sont petits, irré- guliers et comme cbitfonnés ; les éta- mines, qui sont nom- breuses, ont les an- thères d’un beau jaune d’or. La variété elegans {Anenione elegans, Decaisne), hybride des A. japonica et viti- folia (1), a le port et l’aspect général de VA. Japonica; elle s’élève un peu plus haut que cette dernière ; ses fleurs, qui sont d’un rose carné ou rose mauve, s’étalent moins et restent en coupe largement arron- die subspliérique. La plante est excessive- ment floril)onde et nous paraît être un peu plus délicate et aussi moins traçante que le type {Anémone japonica). La seconde variété de V Anemone japo- nica et qui a été nommée Honorine Johert est issue, par dimorphisme, de (l) Voir Revue horticole^ 1879, p. 360. V Anémone elegans (2); elle est lieaucoup j)lus grande dans toutes ses parties que les deux précédentes. C’est une jilante d’une remarquable lieauté, éminemment orne- menlale, et (pii ne devrait manquer à au- cun jardin. Ln effet, aucune autre ne peut lui être comparée, pour le nombre et pour la beauté de ses grandes fleurs lilanches, qui, longuement pé'donculées, peuvent être coupées et mises dans des vases où elles se conservent très-longtemps. Elle est aussi beaucoup plus robuste que les deux précédentes et ses tiges, vigou- reuses tendent à former une souche. L’origine dimor- phique de l’Anémone Honorine Johert est un fait hors de doute ; nous l’avons fait connaître dans tous ses détails (l. c.). Cette plante s’est montrée spontané- ment chez M. Jobert, amateur à Verdun, qui l’a dédiée à sa fille, Honorine Jobert. Culture et multi- plication. — Rien de plus facile puisque ces plantes, outre qu’elles sont rusti- ques, vigoureuses et viennent dans tous les sols, tracent et donnent de nombreux drageons. Faisons pourtant observer que la forme Honorine Johert^ beaucoup plus vigou- reuse, trace moins, et tend à former une souche, ce qui permet de la laisser en place en enlevant seulement chaque année les drageons qui s’écartent de la souche. Aux endroits tout à fait au nord, là même où le soleil ne pénètre jamais, ces Anémones, surtout celles à fleurs blanches, fleurissent parhiitement. Dans ces condi- tions elles présentent même l’avantage d’avoir une végétation plus prolongée. E.-A. Carrière. (2) Voir Revue horticole^ 1879, p. 359. Fig. 5. — Anemone Japonica, var. Honorine Jobert. SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. — LES PÊCHES A MARSEILLE. 21 SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU -10 DÉCEMBRE 1885 Ont été faits les apports suivants : Au comité d'arboriculture : — Par M. Émile Chaput, à Chavagnac, par Nieulle (Charente), un assez grand *hombre de Pommes de semis, de formes, de couleurs et surtout de dimen- sions très-variées. Une entre autres était très- belle, légèrement côtelée; elle avait, sous ce l'apport, un peu l’aspect d’une Pomme de Cal- ville blanc, mais avec un coloris plus brillant ; — par M. Alexis Lepère, arboriculteur à Mon- treuil, quelques fruits de Beiü'ré de Naghin, variété ^d’origine belge. Très-gros fruit, forte- ment obtus et comme tronqué aux deux bouts, rappelant assez exactement une Passe Cras- sane, au même intermédiaire entre celle-ci et Olivier de Serres. Variété à recommander. Au comité de culture potagère ont été pré- sentés: — parM. Gottereau, horticulteur-maraî- cher, rue de Javel (Paris), deux Romaines grises qui avaient été cultivées sous châssis froid; — par M. Hédiard, marchand de pro- duits comestibles horticoles, des Piments doux et des racines de Manioc qui avaient été ré- coltés en Algérie ; — par M. Vincent Berthault, jardinier à Rungis (Seine), des pieds de To- mates chargés de fruits mûrs aussi beaux qu’ils le sont en pleine saison. Nos lecteurs savent que M. Berthault, l’un de nos plus ha- biles primeuristes, s’est fait une spécialité de la culture de la Tomate, qu’il pra- tique toute l’année avec un égal succès. D’a- près ce praticien, ce qu’il faut à la Tomate, c’est surtout une chaleur externe, ce qui ex- plique sa réussite en cultivant les plantes en pots qu’alors il place sur des gradins d’une serre dont il règle à volonté la température. Au comité de floriculture, trois présenta- teurs : M. Truffaut, horticulteur à Versailles, qui avait apporté des fleurs de Cyclamens des plus remarquables; les unes (principalement LES PÊCHES J’ai cueilli, le 11 juin dernier (1885), les premières Amsden, et, le 28 septembre, les dernières Sahvay. Les fruits ont été, cette année, exceptionnellement beaux et bons, et j’ai pu continuer mes études sur les Pècbes dans les meilleures conditions. Ainsi que je l’ai fait l’an dernier (1), je vais faire connaître le résumé de mes ob- servations, espérant qu’elles pourront être de quelque utilité aux arboriculteurs de notre région. (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 102. blanches), par leur grandeur vraiment extra- ordinaire ; les autres, par un coloris d’un rouge intense et d’une nuance spéciale, vermillon foncé ou magenta moiré. Le deuxième pré- sentateur était M. Dallé, horticulteur, rue de Javel, 168, à Paris, dont l’apport consistait en un pied fleuri de Saccolabium giganteum, var. illustre, à fleurs très-rapprochées, grandes et bien faites, à divisions extérieures blanc na- cré très-finement ponctué de violet rosé; le labelle, dans sa partie interne, est violacé, tandis que le dessous est d’un blanc crémeux, glabre et luisant. Cette plante est également très-remarquable par la largeur de ses feuilles et surtout par leur épaisseur et leur consis- tance sèche et coriace comme du bois ; de plus, ces feuilles sont largement arrondies et comme bilobées au sommet. M. Dallé présen- tait, en outre, une] souche de Cycas revoluta qui, après avoir été dépotée, jetée et complète- ment abandonnée pendant trois ans et exposée aux influences les plus diverses, avait néan- moins produit une belle couronne de feuilles. De ce fait, M. Dallé concluait, non sans raison, que cette espèce est très-rustique et qu’on pourrait probablement la cultiver en pleine terre en l’abritant contre l’humEidité, de ma- nière que la neige ni la gelée ne puissent en pénétrer la tête. — Enfin le troisième présen- tateur, M. Deschamps, amateur à Boulogne, avait apporté un fort bouquet de Chrysanthèmes, composé de variétés très-belles, remarquables par leurs dimensions et leurs coloris; une l’était par la plénitude de ses fleurs, dont chaque pétale, extrêmement divisé-frangé, donnait à l’ensemble un aspect plumeux des plus agréables. Elle a été nommée Chrysan- themum ciliatum, nom parfaitement appro- prié. . MARSEILLE Les Pêches précoces et très-précoces ont été abondantes et j’en ai eu à ma disposi- tion un grand nombre venant de terrains non arrosés et aussi quelques-unes très- belles venues à l’arrosage chez un jeune spécialiste, M. Moreau jeune, de Salon, qui a bien voulu m^offrir quelques fruits des variétés nouvelles pour les comparer avec les miens. Il n’y a maintenant pour moi aucun doute que, quels que soient la culture, l’année et le terrain, VAmsden, V Alexander, la Ronge de mai de Bright et toutes les 22 LES PftCIIES A MARSEILLE. antres Pêches de la Floride mûrissant en juin sont légèrement adhérentes au noyau; il n’en est point qui, coupées en deux avec un couteau, se détachent facilement comme le font les Pêches non adhérentes. Des fruits à' Alexander, devenus excel- lents et très-gros par la surgretfe sur vieux Pêchers, et méconnaissahles tant ils étaient supérieurs à ceux portés par le pied mère, ont conservé cette adhérence ; il en a été de même pour les Amsden grossis, mais non améliorés par le surgreffage sur jeunes Abricotiers. Ce qui a induit en erreur ceux qui ont trouvé ces Pêches non adhérentes, c’est l’eau abondante qu’elles contiennent à leur complète maturité. La Pêche Sanghai aussi se fond en eau dans notre Midi et c’est bien cependant un fruit de Pavie. La Rouge de mai de Bright, dans mes cultures, ainsi que dans celles de M. Mo- reau, n’a pas devancé VA7nsden; elle a donné ses premiers fruits à un ou deux jours de distance : ceux-ci sont un peu plus gros et peut-être un peu meilleurs, mais de même apparence. C’est cependant V Amsden qui, au point de vue industriel, conserve le premier rang pour sa vigueur, sa robusticité, sa fertilité excessive et sa précocité du rapport. Cette variété a encore le mérite, pour les vergers exposés aux vents, de tenir ses fruits soli- dement attachés à leur branche. Comme bonté, VAlexayider tient la pre- mière place ; je la crois issue de l’hybrida- tion de V Amsden ou d’autre Pêche très-pré- coce avec notre Grosse Mignonne hâtive, dont elle a une partie du mérite, surtout à l’aide de la surgreffe. Il a fallu, dans ces conditions, son adhérence et l’époque de maturité pour ne pas la prendre pour une Mignonne hâtive. Les variétés Waterloo, Conklind, Cum- berland, Musser, Wilder, ont mûri en même temps et ont beaucoup de points de ressemblance entre elles. UEarly Rivers a succédé à VAmsde7i ; elle a été superbe et bonne. Nos acheteurs commencent à s’habituer à son joli coloris un peu pâle à côté surtout des Pêches qui la précèdent et qui sont si colorées. Elle a été un peu sensible, avec plusieurs autres, aux gelées blanches des 26, 27 et 28 mars, qui ont fait beaucoup plus de mal aux Abricots et aux Poires qu’aux Pêches. La Précoce de Haie vient après et elle a conservé le premier rang des Pêches hâ- tives. Elle est fertile, très-belle, bien co- lorée et excellente. La Lai'gc Ea^ig Mi- gnonne, de Rivei’S, qui la suit de près, quoique méritante, ne la vaut pas. Elle me paraît peu fertile. Les Pèches Double de Troycs, Early York, Marguerite, Acton Scott, mûrissent à peu près avec la Pourprée hâtive et la Grosse Mignonne hâtive et ne les valent pas; la Favoynte de Evoledge est moins grosse et assez délicate dans sa fleur. La Madeleine à moyennes fleivrs reste supérieure à ses rivales et a tous les mérites comme la Grosse Mignoyine, qui mûrit quelques jours après et qui n’a pas encore été surpassée. J’ai remarqué dans les fruits du com- mencement d’août la Madeleme sty'iée, de tout premier mérite, mais manquant un peu de couleur, et Marie de La Rocheja- quelehi, bonne et très-belle Pêche. La Daun, qui manque de coloris, reste toujours la plus vigoureuse et la plus rus- tique des Pèches très-fertiles de fin août. La Grosse Mignonyie tai'dive (Belle Bausse] a avancé sa maturité ainsi que la plupart des Pêches mi-tardives et tardives. Les Pèches Baltet et Léopold sont les plus avantageuses, avec notre Chevy'euse tardive, et les meilleures du commencement de septembre. La Sea Eagle (Aigle de mey'], un des derniers gains de Rivers, les a suivies et me paraît, sur une première fructification, un fruit de grand avenir pour le Midi, bien qu’il ait été écarté par le dernier Congrès pomo- logique. C’est un bon gros fruit, très-co- loré et bien sain, porté par un arbre vigou- reux, rustique et paraissant fertile. Les nouveautés extra-tardives de ces der- nières années : Superbe de Choisy, Adyyii- rable. De Samt-Geslm, Tay^dive Gross, Gladstoyie, Mey'veille d'Octoby'e, n’ont pas encore mûri dans nos cultures. Elles n’au- ront pas de peine à remplacer la Salway, qui a un très-beau fruit, mais qui, comme sa mère, VAdynh'able jauyie, laisse tomber une partie de ses fruits, qui deviennent ra- pidement vermineux. La cloque a sévi plus fortement ici que les dernières années ; la Pêche Sayighdi a été la variété qui en a le plus souffert à toutes les expositions, même greffée sur de vieux Abricotiers. Les Pêchers greffés sur franc, superbes les premières années, continuent à jaunir et à devenir infertiles dès la cinquième ou la sixième année. Dans nos terres calcaires, ceux greffés sur Amandier dans les terres lÆS PÊCHES A MARSEILLE. 23 sôclies ou peu arrosées, sur Prunier, dans les jardins soumis à l’arrosage, végètent très-bien, et avec une taille courte et même de simples recépages, ils dépassent la ving- tième année s’ils sont plantés dans des ter- rains favorables. Les greffons pris sur des arbres très-agés produisent des sujets très-fertiles, un peu plus hâtifs, mais sans vigueur, et vivent peu. La surgreffe de Pêchers sur Abricotiers vigoureux, greffés eux-mêmes sur Prunier, m’a permis d’obtenir de très-belles et nom- breuses Pêches dans des terrains épuisés par des Pêchers sur Amandiers. Il y a dans cette méthode une ressource précieuse pour les espaliers qui ne peuvent pas changer de culture. Je puis affirmer par une expérience de huit ans, répétée chaque année, que des Abricotiers sur Pruniers plantés a la place de Pêchers sur Amandiers morts ont pros- péré et prospèrent. Il a suffi d’un trou d’un mètre et de quelques chiffons de laine mis dans ce trou pour obtenir des Abricotiers très-beaux dont je greffe les gourmands en Pêchers. Par ce procédé, VAmsden m’a donné un excellent résultat et j’ai cueilli des fruits avant les Abricots. J’emploie ces surgreffes sur tous les arbres fruitiers pour utiliser les branches gourmandes et j’ai ainsi rapidement des fruits et des greffons de mes nouveautés. Il y a dans la surgreffe un champ ouvert à de nombreuses expériences. Il est acquis que ce mode grossit les fruits et avance la mise à fruit des arbres tardifs au rapport. Afin d’obtenir ce résultat pour le Poirier sur franc, il faut, pour ne pas diminuer sa vigueur, choisir pour intermédiaire une va- riété vigoureuse et très-fertile. J’espère avoir le meilleur résultat en employant le Beurré d'Amanlis panaché, qui ■ est d’une fertilité et d’une vigueur extraordinaires. Si j’en juge par deux surgreffes dé Alexan- der sur un Pêcher de dix ans, la qualité se- rait beaucoup améliorée par cette opération. Reste à savoir la part qu’a eue à ce résultat l’âge de l’arbre surgreffé. Je n’ai constaté aucune amélioration en qualité sur des fruits diAmsden récoltés sur Abricotiers de trois et quatre ans. ^ Il y a des études délicates à faire, surtout s’il ne s’agit que de nuances, mais pour V Alexander, l’amélioration a été si grande que je n’osais y croire et j’ai vu avec plaisir que vous signaliez le même fait. P. Giraud. Époques de maturité des Pêches dans la banlieue de Marseille en 1885. Amsden, du 11 juin au 10 juillet. Rouge de mai, du 12 au 25 juin. Alexander, du 18 au 30 juin. Musser, du 22 juin au 10 juillet. Cumberland, du 22 juin au 14 juillet. Waterloo, du 24 juin au 12 juillet. Downing, du 24 juin au 14 juillet. Wilder, du 24 juin au 14 juillet. Early Rivers, Petite Madeleine, du 30 juin au 20 juillet. Précoce de Saint-Assicle, du 28 juin au 15 juillet. Précoce de Haie, du 6 au 25 juillet. Mignonne à bec, du 10 au 25 juillet. Large Early Mignonne, du 10 au 25 juillet. Double de Troyes, du 14 au 30 juillet. Marguerite, du 20 au 30 juillet. Early York, du 16 juillet au 10 août. Pourprée hâtive, du 16 juillet au 10 août. Anne précoce de Fay, du 22 juillet au 10 août. Grosse Mignonne hâtive, du 22 juillet au 20 août. Chevreuse hâtive, du 22 juillet au 20 août. Early Victoria, du 26 juillet au 16 août. Muscade hâtive de Los, du 26 juillet au 16 août. Madeleine jaune, du 26 juillet au 22 août. Pavie jaune hâtive, du 28 juillet au 24 août. Jaune de Pourville, du 28 juillet au 26 août. Marie de la Rochejaquelein, du 30 juillet au 20 août. Favorite de Evoledge, du 30 juillet au 20 août. Madeleine à moyennes fleurs, du l^i* au 30 août. Madeleine de Gourson, du 5 au 30 août. Grosse Madeleine, Madeleine striée. Belle de Beauvais, Docteur Hogg, Grosse Mignonne, du 5 au 28 août. De Franquières, du 7 au 28 août. New Lord Napier, New Hardwige Seedling, du 10 au 30 août. Daun (Danube), du 14 août au 2 septembre. New Céline, New Violette Musquée, New Galopin, du 14 au 26 août. New Impériale, du 18 août au 5 septembre. Belle Bausse, Sanghaï, du 20 août au 5 sept. Grosse Mignonne bosselée, du 22 août au 5 septembre. Chevreuse tardive, du 27 août au 20 sept. Bourdine, Nivette veloutée. Jaune de Mezel, Bonouvrier, du 28 août au 16 septembre. Royale, du 30 août au 20 septembre. Surprise de Pellanie, du 2 au 20 septembre. Ananiel, Baltet, Léopold Rr, du 6au 24 sept. Tardive de Toulouse, du 6 au 20 septembre. Clémence Isaure, du 8 au 22 septembre. De Ghazotte, Sultamseah, Pavie jaune tardive, du 6 au 20 septembre. Admirable jaune. Tardive D’Oullins, Pavie blanche, du 10 au 24 septembre. Salway, du 16 au 28 septembre. 24 CORRESPONDANCE. CORRESPONDANCE No A08A (Somme). — Les engrais les plus favorables à la Vigne, sont ceux dans lesquels les éléments potassiques dominent. Toutefois il est bon que le sol ne soit pas non plus dépourvu des autres engrais. Ces engrais peuvent être distribués sous di- verses formes, solides (pulvérulents ou autres), ou liquides. Quant au mode d’emploi, il va sans dire que c’est sous la forme d’arrosage, si l’en- grais est liquide, et, que, s’il est 'pulvérulent, on devra le répandre sur le sol comme on le ferait du plâtre, qui, soit dit en passant, est également très-favorable à la Vigne. Dans ces différents cas on donne de suite un binage pro- fond de manière à mettre l’engrais le plus pos- sible en contact avec les racines. Si l’on a em- ployé des substances pulvérulentes et que la sécheresse soit considérable, il est bon d’arro- ser un peu. Il va de soi que si les éléments potassiques se trouvent contenus dans des sub- stances solides, formant fumier pailleux, il faudra l’enfouir dans le sol par un labour. L’époque convenable pour employer les engrais peut varier avec la nature de ceux-ci. En général, tous les engrais qui sont solides et d’une décomposition plus ou moins lente de- vront être employés au printemps ; pour les autres, on pourra le faire à diverses époques, mais toujours pendant la végétation, (duant à la quantité, elle varie suivant la richesse des engrais employés. Pour ce qui est du renou- vellement de l’engrais, rien non plus de déter- miné ; cela dépend de la nature du sol et de son degré de fertilité Donc un engrais potas- sique chaque année ou seulement tous les deux ou trois ans peut suffire. C’est à la pra- tique d’examiner les choses et de décider. No 3230 (Cher). — Presque toutes les plantes vivaces à tiges ramifiées et résistantes pourraient être employées pour cacher la base de votre mur, d’autant plus que la hauteur, qui doit être cachée (50 centimètres), est très- réduite. Si vous voulez y mettre des Rosiers, un grand nombre de variétés pourraient être employées à cet usage ; il suffit qu’elles soient vigoureuses, floribondes, et remontent très- bien ; telles sont, par exemple. Aimée Yihert, Gloire de Dijon, etc. Mais le mieux, peut-être, serait, aussitôt le beau temps arrivé, de planter des espèces à floraison continue, tels que Pé- largonium zonale ou floribonds, ou mieux des Peltatum (Pélargonium ou ^Géranium Lierre des horticulteurs), ou des variétés de Pétunias à fleurs simples de semis, toutes plantes qui, à partir du printemps, fleuriraient sans inter- ruption jusqu’aux gelées, tout en dissimulant complètement la base du mur. Quant à votre espalier, si malgré le chan- gement complet de terre que vous lui avez fait subir, les Pêchers ne viennenfpas bien, il faut absolument changer l’essence. Dans ce cas, il s’agit de rapport ou de spéculation, ce sont souvent des Cerisiers, anglais ou autres, que l’on plante à la suite des Pêchers. Cepen- dant, si vous teniez à cultiver des Pêchers, il faudrait les prendre greffés sur des sujets spéciaux très - vigoureux; par exemple, sur Pruniers ou même sur Abricotiers , si les Pêchers qui occupaient le terrain étaient greffés sur Amandier; ou vice-versâ. Vous pourriez encore, si vous ne tenez pas à la régularité des arbres, planter le long de votre mur de très-jeunes sujets d’Amandiers, ou de Pruniers, et alors les greffer surplace avec les variétés de Pêchers que vous désirez. Enfin, si votre terrain ou les conditions clima- tériques le permettaient, vous pourriez essayer de greffer sur franc, mais alors sur des sujets plantés en place et n’ayant subi la transplan- tation qui, presque toujours, détermine une altération des racines. Évitez de planter comme sujets des Pruniers myrobolans qui, si on ex- cepte le Nord de la France, la Belgique et la Hollande, ne résistent pas longtemps, bien qu’ils poussent parfaitement pendant un ou deux ans. Pour vos massifs de Rosiers, plantez au centre du massif des Général Jacqueminot et comme bordure des Rosiers La France. M. E. C. (Constantinople). — 12 Amaryllis reticulata, considéré comme le type des Ama- ryllis vittata et variétés, ne graine pas dans les cultures 'françaises, que nous sachions du moins. Quant aux semis Y Amaryllis, ils doivent être faits aussitôt ou peu de temps après que les graines ont été récoltées ; autrement la levée, lorsqu’elle a lieu, est toujours beaucoup plus lente. * No 3513. (Bouches-du-Rhône). — Vous pourrez vous procurer de la terre de Châ- taigniers chez M. L. Aurange, horticulteur à Privas (Ardèche). Cetle terre étant destinée, dites-vous, à la plantation d’un massif d’Hor- tensias, vous pourriez, dans le cas où elle vous ferait défaut, la remplacer par un mélange de terre de bruyère, grossièrement concassée, .si l’on en trouve dans votre région, ce qui est rare, et vous pourriez même y ajouter du sable et surtout du gravier, principalement de rivière. U Admwistrateur-Gér(mt : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 25 CHRONIQUE HORTICOLE Nominations dans l’Ordre de la Légion-d’Honneur. — Nominations dans l’Ordre du Mérite agricole. — Bureau de la Société nationale d’horticulture de France. — Le temps. — Congrès horticole de Paris en mai 1886. — Quelques observations sur les Pêches. — La culture des Morilles est-elle possible ? — Conservation des greffons. — Destruction des insectes par le pétrole. — Sur les Eucalyptus géants de l’Australie. — Raisin Boisselot. — Les Chrysanthèmes en France. — Les reboisements en Sologne. — Syndicat des horticulteurs de la région lyonnaise. — Concours international d’appareils anticryptogamiques et insecticides en Italie.. — Vente de livres. Nominations dans l’Ordre de la Lé- gion-d’Honneur. — Par décret, en date du 29 décembre, ont été nommés cheva- liers de la Légion-d’Honneur, sur la pro- position du Ministre de l’agriculture : M. Pulliat, professeur de viticulture à l’Ins- titut national agronomique. Auteur de nom- breuses publications sur la viticulture et l’am- pélographie. Services exceptionnels. M. Joret, membre de la Société nationale d’horticulture, membre du jury international d’Anvers. Créateur du commerce d’exportation des fruits et primeurs de France dès 1842. M. Salomon, viticulteur à Thomery (Seine - et-Marne), membre du jury international à l’exposition d’Anvers. Lauréat d’un prix d’hon- neur pour ses collections de Raisins. Les nominations de MM. Joret et Salo- mon ont été faites à l’occasion de l’exposi- tion universelle d’Anvers, et sont l’objet d’un décret spécial inséré au Journal offi- ciel du 30 décembre. Toutes les personnes qui s’intéressent à l’arboriculture fruitière connaissent les, importants travaux de M. Pulliat, notre savant collaborateur, sur la viticulture et l’ampélographie. M. Salomon, l’habile cultivateur de Vi- gnes à Thomery, a porté au plus' haut de- gré de perfection la culture forcée des ar- bres fruitiers. Ses procédés de conservation des fruits par le froid ont été l’objet des éloges de la Revue horticole dans des arti- cles spéciaux, qui ont mis en relief l’ingé- nieux inventeur et le praticien consommé. Enfin, parmi les distinctions honorifiques conférées, sur la proposition du ministre de l’intérieur, à l’occasion du janvier, nous relevons avec plaisir la promotion au grade d’officier de la Légion-d’Honneur de M. Durand-Glaye (Alfred-Augustin), ingé- nieur en chef des ponts et chaussées, atta- ché au service municipal de la ville de Paris. On sait que M. Durand-Claye est chef du service de l’assainissement de la Seine et des irrigations à l’eau d’égout, et 16 Janvier 1886. professeur à l’École nationale des ponts et chaussées. Nominations dans l’Ordre du Mérite agricole. — Dans la liste des décorations du Mérite agricole conférées en date des 29 décembre 1885 et 2 janvier 1886, par arrêté du Ministre de l’agriculture, nous relevons les personnes suivantes, dont les titres sont plus spécialement horticoles : M. Fortin (Gélestin), jardinier en chef dè la ferme-école des Plaines (Corrèze). A professé gratuitement l’horticulture et l’arboriculture dans divers arrondissements des départements de la Corrèze et du Cantal et a obtenu de nombreuses récompenses dans les concours; plus de 40 ans de services. M. Fougnon (Georges), propriétaire-horticul- teur, ancien professeur d’agriculture à l’École normale de Mâcon, membre de la Chambre consultative d’agriculture et secrétaire de la Société d’agriculture de Mâcon; 32 ans de ser- vices. M. Garet (Gharles-Prosper) , horticulteur- paysagiste à Rouen, organisateur des parcs et jardins de l’exposition de Rouen en 1884, an- cien préparateur des cours d’arboriculture et de botanique de MM. Dubreuil et Buchet, lauréat dans diverses expositions; 38 ans de services. M. Latouche (Émile-Victor) , à Pontoise (Seine-et-Oise), professe, au jardin d’expérien- ces de la Société d’agriculture et d’horticul- ture de Pontoise, un cours suivi par des insti- tuteurs et des jardiniers. Conférences gratuites dans le département sur la culture et la taille des arbres fruitiers. M. Thouvenin (Auguste-Nicolas), jardinier en chef du parc de Versailles, lauréat dans di- verses expositions horticoles ; 33 ans de ser- vices. Nous sommes aussi très-heureux de trou- ver dans la même liste les noms de deux horticulteurs justement récompensés pour avoir professé l’enseignement agricole et horticole : M. Prieur (Jean), ancien instituteur à Épan- nes (Deux-Sèvres), membre de la Société d’a- 2 20 CHRONIQUE HORTICOLE. yi'iciiltiire (lu (hîpartement. S’esf toujours con- sacré à rcu.soijrnemont agricole. A obtenu de nombreuses récompenses dans les concours et ex})ositions ; 47 ans de services. M. lloldot (Pierre), instituteur public à Ghe- nay-Ie-Gliâtel, Professe l’enseignement agricole dans la classe, dans les fermes et dans un jar- din modèle ({u’il a créé pour l’enseignement pratique à ses élèves; 30 ans de services. La Revue horticole a plusieurs fois ap- pelé ratlention de ses lecteurs sur rutilité (l’iiu lel enseignement au moyen des jar- dins d’expériences. Bureau de la Société nationale d’hor- ticulture de France. — Après les élec- tions complémentaires du 24 décemlire dernier, le Inireau, pour l’année 1886, est ainsi composé : Président, M. Léon Say ; Premier Vice- P résident, M. Hardy ; Vice-Présidents, MM. Charles loly, Truf- fant père, Verdier (E.), Vitry (D.); Secrétaire général, M. Bleu; Secrétaire général adjoint, M. Verlot ; Secrétaires, MM. Ghargueraud , Dy- howski, Lepère, Bergman ; Trésorier, M. Cliouveroux; Trésorier adjoint, M. Huard ; Bibliothécaire, M. Glatigny ; Bibliothécaire adjoint, M. Hariot; Secrétaire rédacteur, M. Duchartre ; Conseillers d’administration : MM. De- lamarre, Jamin, Jolibois, Joly, Savoye, Curé, Gliatenay, Cornu, Verdier (Charles), Mussat, Forgeot, Carrière; Commission de contrôle : MM. Delà- hague, Brisac, Murlau, Villard. Le temps. — Nous pourrions en quel- ques mots résumer le temps de la saison végétative de 1885 sous le climat de Paris, soit sept mois : il y a eu deux grandes pé- riodes, l’ime très-sèche, aride et relative- ment froide, l’autre de pluies à peu près continuelles ou au moins de temps brumeux et très -souvent sans soleil. Aussi s’est-il produit de grandes irrégularités dans la maturité et la qualité des fruits. En géné- ral, les fruits ont été médiocres, parfois bons, mais rarement très-bons ; leur conser- vation a été mauvaise, relativement courte et irrégulière. Quant aux gelées d’hiver, elles ne peuvent guère, jusqu’ici, compter que pour mémoire. En effet, à part quel- ques jours, tant en novembre qu’en dé- cembre, suivant les localités, le thermomètre s’est abaissé jusqu’à 5 et même G degrés au- dessous de zéro, et pendant quelques heures seidenient. Le 8 décembre, les choses parai.s- saient vouloir changer ; il tomba en abon- dance de la neige ([ui recouvrit le sol de 6 à 10 (‘entimèires d’éjiaisseur, mais qui dis- parut très-prompternent, de sorte que les travaux, meme ceux de construction, ont à peine été interrompus. Ce temps a d’abord continué, brumeux, humide, mais ce qu’on nomme « l’hiver » commence à se faire sentir. Nous avons eu une période de neige depuis le 8 janvier. J.es choses ne se sont pas passées de môme partout; ainsi, de Metz, M. Jouin nous écri- vait le 19 décembre dernier : Ici, aujourd’hui, la neige a complètement disparu ; le temps est bien clair, le vent est au nord-est, les froids semblent vouloir prendre. Nous avons déjà eu d’assez fortes gelées, le 9 décembre : 12 degrés au-dessous de zéro et le 12 le thermomètre est même descendu à 15; aussi tous les Rosiers basses tiges. Thé, Noi- sette et meme beaucoup d’hybrides, ont-ils le bois gelé dans les parties qui étaient au-dessus de la neige. Congrès horticole de Paris en mai 1886. — V oici la liste des questions sou- mises au Congrès horticole que la Société nationale d’horticulture de France organise actuellement, et qui se tiendra à Paris, pendant la durée de l’Exposition, du 4 au 9 mai 1886, dans l’Hôtel de la Société. Il peut être présenté au Congrès des questions autres que celles du programme ; .les personnes qui désireraient les traiter devront, par avance, en prévenir le Prési- dent de la Société. QUESTIONS PROPOSÉES lo Examen des tarifs des Compagnies de chemins de fer, pour : A, le transport des vé- gétaux vivants ; B, le transport des denrées horticoles. 2» De l’intervention des Consuls relative- ment aux conventions pliylloxériques. Leur signature est-elle indispensable pour donner à un certificat une valeur officielle ? Le service des douanes des différents pays peut-il refuser l’entrée des végétaux, lorsque le certificat d’o- rigine porte seulement la signature du fonc- tionnaire chargé de délivrer ce certificat ? 3° Dans quelle mesure et dans quel sens conviendrait-il de développer l’enseignement de l’horticulture dans les Écoles primaires supé- rieures et dans les Écoles d’agriculture ? 4o Quelle influence l’âge des graines a-t-elle sur la qualité et la quantité des plantes qui proviennent de ces graines ? 5« Peut-on cultiver artificiellement les Gham- CHRONIQUE HORTICOLE. 27 pignons comestibles autres que l’Agaric cham- pêtre {Champignon de couche)'} 6« Quelles sont les causes du dessèchement sur les treilles de la rafle des gra})pes des Rai- sins de table? Connaît-on un moyen de l’em- pecher de se produire ? 7» Quelle est la cause qui donne naissance à la maladie comme sous le nom de blanc des racines, dont les effets se font particulièrement sentir sur les racines du Pêcher, et subsidiai- rement sur celles des autres Arbres fruitiers? 8" Du Mildiou {Peronospora viticola) et des moyens d’en préserver ou d’en guérir les Vignes dans les serres et les jardins. 9» Quels peuvent être les avantages du bou- turage des Arbres à fruits à pépins. Moyens pratiques de réussite. 10® Quels sont les fruits les plus avantageux à faire en grande culture pour l’approvisionne- ment des marchés ? llo Des moyens de mettre en bon état de rapport des terres de médiocre qualité ou peu productives, par l’emploi d’Arbresoud’Arbris- seaux fruitiers dont les produits soient direc- tement utilisés dans l’alimentation. 12» Influence des engrais chimiques en hor- ticulture. Leur emploi. 13» De la vaporisation des insecticides ; ses avantages et ses inconvénients. 14« De l’emploi des engrais liquides dans la culture des plantes en pots ou en caisses. 15» A quelle cause attribuer la grande diffé- rence qui existe souvent dans la germination des graines et la croissance des jeunes plants d’un meme semis? 16» Quelle explication peut-on donner de la différence que l’on remarque dans la végéta- tion et la floraison des plantes vivaces multi- pliées par le bouturage ou par la division des pieds ? 17» Élude de l’emploi des matières qui peuvent entrer dans la construction des couches. Leur influence sur l’élévation et la durée de la température qu’elles produisent. Maladies du Pélargonium zonale. Traite- ments à suivre. 100 Des moyens pratiques d’éviter la chute de la buée dans la construction des serres. 20» Faire ressortir comparativement les avantages ou les inconvénients de l’emploi de la fonte, du fer, de l’acier et du cuivre dans la construction des appareils de chauffage des serres. 21 De l’emploi de la vapeur pour chauffer l’eau des thermosiphons. 22» Utilité en horticulture des instruments météorologiques (baromètres, thermomètres, hygromètres). Leur mode simplifié d’emploi. 23^^ Des perfectionnements apportés à l’hy- draulique horticole et de ceux dont elle peut être encore l’objet. 240 Du rôle et de l’influence des différentes sortes de terres dans la culture des végétaux ligneux de plein air. Quelques observations sur les Pê- ches. — Nous recevons de notre collalio- rateur, M. Roisselot, de Nantes, à propos des Pèches, rintéressante communication que voici : Je viens à mon tour vous donner mon appré- ciation sur quelques Pêches observées dans le jardin d’un ami : Amsden, très-productive, deuxième qualité ; a mûri dans les premiers jours de juillet, cette année 1885 ; Rouge de mai, a beaucoup de rapport avec la précédente ; Béatrice, fruit petit, passable; l’arbre cloque beaucoup ; Earlg Rivers, assez grosse, pâle, peu agréable d’aspect, mais bien préférable à beaucoup d’autres, malgré sa légère acidité ; Précoce de Halle, bonne et même tiAs-bonne pour l’époque, mûrit quinze jours avant la Madeleine p>récoce ; Pï'écoce du Canada, bonne, mûre huit jours avant la Madeleine précoce ; Prince Alexander, assez précoce, moins bonne que la précédente ; Waterloo, assez précoce, presque sans sa- veur. Tous ces Pêchers sont plantés le long de murs, dans la meilleure exposition de la ville. Une chose à noter, c’est que cette année, malgré un printemps affreux, les variétés Amsden et Early Rivers, plantées en plein vent, dans un autre jardin, ont donné une moyenne récolte, tandis qu’à côté, dans les mômes conditions,, des Pêchers ordinaires de plein vent n’avaient abwlument rien produit. La culture des Morilles est-elle pos- sible? — Malgré tous les cloutes émis à la suite d’affirmations qui avaient été faites, nous ne croyons pas qu’il y ait lieu de dé- sespérer de cette culture, surtout en son- geant que ce Champignon comestible ne peut donner lieu à aucune méprise ; il ne peut être confondu avec aucune es- pèce nuisible, et, quel que soit son degré d’avancement, il ne présente générale - ment aucun danger pour la consommation. Aussi croyons-nous bon de publier tous les essais qui seront faits sur ce sujet et dont nous aurons connaissance, comme la note suivante que nous trouvons dans le Bulletin de la Société d’horticulture de la Seine- Inférieure, 1885, p. 84 : Est présentée par M. Richard : une plante d'Aspidistra sur les rhizomes de laquelle des Morilles se sont développées. M. Richard avait, l’année dernière, dans la propriété ,de M. Givon, enterré un grand nombre de pots à' Aspidistra dans la tannée ; 28 CHRONIQUE HORTICOLE. il dut les retirer, parce que la terre des pots se recouvrait d’un mycélium analogue au blanc des Champignons. Ce sont ces plantes qui, aujourd’hui, sont recouvertes de Morilles. Le fils de notre savant collègue a eu l’idée de planter des Morilles sur une vieille couche à Champignons; des Morilles se sont également développées. M. Gantier rappelle l’expérience, couronnée de succès, faite par le jardinier de M. Rowclilf, rue d’Elbeuf, il y a une vingtaine d’années. Pour obtenir des Morilles, il faisait sécher les pieds qui avaient été cueillis à la campagne, et en janvier il les plantait dans un mélange de terre de bruyère et de tannée. Il obtenait ainsi une récolte de IMorilles. M. Gautier a planté des pieds de Morilles garnis de mycélium et desséchés dans des pots de Musa Ensele, et a vu des Morilles se développer. Le docteur Duputel, après les avoir exami- nées, déclare que ces Morilles sont parfaite- ment comestibles et qu’il y a lieu de pour- suivre l’étude de leur culture artificielle ; il es- time que c’est surtout dans un terrain chai-gé de tannin que ces cryptogames peuvent se dé- velopper ; en effet on les trouve à l’état na- turel, surtout au pied des Ormes et dans les endroits où du marc de Pommes a été ré- pandu ; il est persuadé qu’on pourra les culti- ver comme des Champignons de couche. Nous reproduisons ces assertions, en re- commandant, à ceux qui le peuvent, de répé- ter ces expériences et même de les étendre en les variant, et de nous faire connaître les résultats qu’ils auront obtenus. Conservation des greffons. — La plu- part des greffes se faisant d’avril à mai et même parfois à juin, il faut, jusque-là, conserver les greffons dans un état de repos à peu près complet. Pour olitenir ce résultat, voici comment l’on procède : On les coupe en janvier lorsqu’il gèle, puis on les enterre tout à fait au nord et clans la crainte que les vents arides ne les dessèchent un peu, si le bois est petit ou d’une nature spongieuse, on les couvre légè- rement avec de la grande paille. Lorsqu’ar- rivent les premières chaleurs, avant que les yeux se gonflent, on descend les greffons dans une cave froide où on les enterre dans du sable jusqu’au moment où l’on va les employer. Si quelques espèces devaient être greffées au printemps, quelque temps avant de s’en servir « à œil poussant » on mettrait les greffons à la chaleur ou sous une cloche de manière à mettre la sève en mouve- ment et à permettre à l’écorce du greffon de se détacher de l’aubier. Dans ce cas il fau- drait combiner les choses pour que l’écorce du sujet pût également se détacher. Destruction des insectes par le pétrole. — Nous recevons, de notre colla- borateur M. K. Bergman, l’intéressante communication qui suit : Je puis confirmer ce que vous dites dans votre numéro du IG décembre dernier, au sujet de la destruction de la cochenille sur les plantes. Depuis j)lus de cinq ans, nous nous servons avec succès du pétrole ; à cet effet, et comme notre manière de procéder diffère un tant soit peu de celle indiquée par votre colla- borateur M. Rivoiron, peut-être y a-t-il quel- que intérêt à l’indiquer. Nous employons deux cents parties d’eau contre une de pétrole. Le traitement pour les Gardénias, Bouvardias, etc., a lieu pendant la période de repos ; c’est le moment où la cochenille se montre le plus, et où l’on ne craint pas d’abîmer les boutons ou les fleurs. Nous espaçons les seringages de cinq en six jours, et en quatre opérations on est généralement débarrassé de la cochenille. Nous prenons de l’eau de pluie à la température de la serre ou de la bâche où sont les plantes. Le lendemain d’une application de pétrole, nous donnons un bon bassinage pour enlever autant que possible l’odeur du pétrole. Il vaut mieux, pour appliquer ce remède, être à deux personnes, car si une seule le fait, le pétrole remonte sur l’eau. Il faut donc un aide qui pendant l’opération remue l’eau constamment; le meilleur moyen est d’avoir une seringue et de s’en servir dans lé seau où on a fait le mé- lange comme d'une pompe ordinaire. On peut se servir du pétrole pour les Palmiers. Dans tous les cas, il faut agir avec prudence, car si la proportion utile fait grand bien, une quan tité trop grande de cette substance pourrait avoir un effet désastreux. Sur les Eucalyptus géants de l’Aus- tralie. — M. Charles Joly, vice-président de la Société nationale d’horticulture de France, vient de publier un mémoire sur I les Eucalyptus. C’est un résumé scienti- fique et historique de ce qui a été dit sur ces intéressants végétaux, dont certains, par leurs dimensions, dépassent les colosses de la Californie, les Wellingtonia qui, jusqu’à ce jour, étaient considérés comme les plus grands végétaux du globe. Il cite, d’après M. Mueller, des E. amygdalina, « dont la hauteur dépasse 150 mètres et la circonfé- rence 30 mètres, c’est-à-dire la hauteur de la cathédrale de Strasbourg ; les premières branches ne partent qu’à 100 mètres du sol ». Le Mémoire en question est surtout in- téressant par les considérations industrielles CHRONIQUE HORTICOLE. 29 auxquelles se livre l’auteur et les conclu- sions pratiques qu’il en tire. Raisin Boisselot. — M. Auguste Bois- selot, de Nantes, nous informe qu’ayant disposé de tous les pieds qu’il avait dis- ponibles de cette variété, il ne pourrait plus satisfaire momentanément à aucune des demandes qui lui seraient faites. Les Chrysanthèmes en France. — Nous appelons particulièrement l’attention de nos lecteurs sur l’intéressant article re- latif à l’Exposition internationale de Tou- louse, contenu dans le présent numéro de la Revue horticole. En effet, on sait quelle vogue immense se produit actuellement sur ces jolies plantes à floraison automnale ; en Angleterre sur- tout, leur culture a pris une extension tel- lement considérable que des sociétés se sont formées uniquement dans le but de les étu- dier, de les exposer et d’en faire connaître les meilleures variétés. Mais, ce que l’on sait moins, c’est que la majeure partie des variétés qui sont mises chaque année au commerce hors de France sont obtenues en France, surtout à Tou- louse, d’où elles partent, sous un simple numérotage, pour être nommées et éditées à l’étranger. Les reboisements en Sologne. — On sait qu’à la suite des terribles ravages que l’hiver de 1879-1880 a occasionnés dans les cultures des Pins de la Sologne, l’Etat a organisé dans cette région des pépinières de secours, destinées à élever et distribuer gratuitement aux propriétaires éprouvés, les plants nécessaires à la reconstitution de leurs pineraies. Ces pépinières ont produit des résultats très-appréciables, piîisqu’en 1884 et 1885, vingt millions environ de plants ont pu être distribués dans les dépar- tements du Cher, du Loiret et de Loir-et- Cher. Mais il paraît que cette période de secours va prendre fin cet hiver. Cela se- rait infiniment regrettable, puisque douze à treize millions environ de plants prove- nant des semis de l’année 1885 restent en- core dans les pépinières. Il suffirait de cré- dits relativement faibles pour permettre de repiquer ces plants et de les soigner jus- qu’à l’automne prochain, époque à laquelle ils pourraient être distribués. Syndicat des Horticulteurs de la région lyonnaise. — Ce syndicat, qui vient de se constituer à Lyon sera très- utile, non seulement aux intérêts des producteurs et commerçants qui le com- posent, mais encore à l’horticulture en gé- néral. En eflêt, parmi les articles qui forment son programme, nous remarquons que ce syndicat se propose : d’examiner toutes les mesures économiques et toutes les réformes législatives que peut exiger l’inté- rêt de l’horticulture et d’en poursuivre la réalisation auprès des pouvoirs compétents, de créer des bureaux de renseignements pour la vente des produits horticoles, ins- truments et matières utiles à l’horticul- ture, etc. Ce programme, nous en sommes persua- dés, sera fidèlement rempli par les hommes d’action à l’initiative desquels la formation de ce syndicat est due. Concours international d’appareils anticryptogamiques et insecticides en Italie. — Ce concours, dont le but est surtout de rassembler et de comparer tous les procédés et instruments inventés pour combattre les ennemis de la Vigne, aura lieu à l’École royale de viticulture et d’œno- logie de Conegliano (près Venise), le 1er mars prochain et jours suivants. Des médailles d’or, d’argent et de bronze seront remises aux concurrents primés ; les appa- reils de ces derniers seront en outre acquis par le Ministère de l’agriculture, pour être répartis entre les Écoles d’agriculture du royaume italien. Les concurrents devront adresser les de- mandes d’admission, au directeur de l’École royale de viticulture de Conegliano, avant le 22 février 1886. Les expériences publiques de comparai- son auront lieu le 2 mars et jours suivants. Vente de livres. — Lesl, 2, 3 et 4 fé- vrier 1886 aura lieu à la salle publique, 26, rue des Bons-Enfants (salle Sylvestre), la vente de la bibliothèque de feu M. le docteur Eugène Fournier. Ce sont tous des livres scientifiques compris dans ces divi- sions générales : Histoire, Biographie, Anatomie, Physiologie, Nomenclature, Géographie, Publications périodiques. Ces ouvrages se rattachent surtout à la botanique, dont M. le docteur Fournier s’occupait tout particulièrement et avec une grande distinction. — Les ventes auront lieu à partir de sept heures et demie pré- cises du soir. E.-A. Carrière et Ed. André. 3ü LES SEMIS DE VIGNES. LKS SEMIS DE VIGNES Il est inutile, croyons-nous, de rappeler | que, à l’exception de certaines formes (|ui sont dues à des dimorphismes, toutes les variétés, non seulement des Vignes, mais de tous nos arl)res fruitiers, sont issues de graines. Aussi, lorsqu’on réfiécliit à cette quantité innombrable de variétés et surtout à leurs propriétés et qualités si diverses, on comprend que toujours l’on cherche mieux que ce que l’on a. Et il n’y a pas de limites absolues, non seulement dans la production des fruits ou des fleurs, mais au point de vue du tempé- rament des plantes. Sous ce dernier rap- port pourtant, le champ paraît être beau- coup plus restreint. Il est rare, en effet, qu’il y ait un grand écart dans la rusti- cité, et que des plantes délicates, c’est- à-dire frileuses, donnent naissance à des plantes rustiques. Faisons toutefois remar- quer que ces faits peuvent porter sur telle ou telle partie d’un végétal. Ainsi la Vigne, par exemple, qui est très-rustique quant au pied et au bois fait, a les bourgeons extrêmement sensibles au froid : ceux-ci « gèlent de peur » comme l’on dit vulgairement. D’autre part, n’ayant guère de chance de modifier ce caractère ou de vaincre cet ‘inconvénient, il faut essayer de tourner la difficulté, c’est-à- dire d’obtenir des variétés à bourgeonne- ment tardif, bien que hâtives par la matu- rité des fruits. La chose paraît difficile, mais non impossible pourtant, puisque déjà l’on en a de très -remarquables exemples dans une espèce dont le tempérament est le même que celui de la Vigne. Cet exemple nous est fourni par le Noyer qui, très- rustique en tant qu’arbre, est excessi- vement sensible au froid par son bour- geonnement (floraison et foliation) qui a lieu de très-bonne heure au printemps ; aussi les pousses et les fleurs sont-elles souvent détruites par les gelées tardives (1). Eh bien ! cet inconvénient, assurément très-grave, est cependant vaincu par l’ob- tention d’une race particulière de Noyer à (1) L’année dernière , on a eu un frappant exemple de l’avantage que présentent les Noyers de la Saint-Jean; ainsi, tandis que dans beaucoup de localités, toutes les autres variétés ont été gelées en avril, ces 'derniers (Noyers de la Saint- Jean) qui, à cette époque, étaient dans un état de repos absolu, n’ont nullement souffert, de sorte que leur récolte a été assurée. végétation tardive et qui a l’avantage de réunir les deux qualités contraires, celles que, dans cette circonstance, on doit surtout rechercher : tardiveté de bourgeonnement, hûtiveté de maturation. En effet, au lieu de se faire dès les premiers beaux jours, ainsi que cela a lieu pour le type et même pour la plupart des variétés de Noyers, le bour- geonnement, dans cette race, ne se mani- feste que vers le commencement de l’été, soif fin juin, aux environs de la Saint-Jean, ce qui, par conséquent, met cette variété complètement à l’abri des gelées, même des plus tardives. Pour cette raison, cette propriété singulière lui a fait donner la dé- signation générale de Noyer de la Saint- Jean, qui, du reste, est très-justement ap- pliquée. C’est avec intention que nous avons dit race, puisque, dans son ensemble, elle comprend plusieurs variétés qui, toutes, avec des différences dans la grosseur et même dans la forme des fruits, possèdent cette même propriété de bourgeonner tar- divement, c’est-à-dire vers la fin de juin. Cet exemple si remarquable de diver- sité et de propriétés différentes et surtout si contraires, n’est pas le seul dans les arbres fruitiers, plusieurs autres, notam- ment les Pommiers, en présentent de sem- blables. Ainsi, parmi ceux-ci, il est beau- coup de variétés qui fleurissent et bour- geonnent plus d’un mois après d’autres, de sorte que, elles non plus, ne sont jamais atteintes par les gelées tardives: telle est, entre autres, la variété de Pom- mier qui, pour cette raison, a été nommée Fleurit tard. Cette variété, du reste, n’est pas la seule et il n’est guère de localité, si même il en est, où l’on ne rencontre des arbres dans un repos à peu près complet et comme morts lorsque d’au- tres, placés dans les mêmes conditions et tout à côté, sont abondamment couverts de fleurs. Voilà donc ce qu’il faudrait obtenir pour les Vignes de même que pour certaines au- tres espèces fruitières qui ont le même tempérament que la Vigne, c’est-à-dire qui ont ce même inconvénient de bour- geonner de très-bonne heure au printemps, comme l’Abricotier, par exemple. De telles obtentions, surtout en ce qui concerne la Vigne, seraient une véritalile LES SEMIS DE VIGNES. fortune, ce qu’on pourrait appeler une révo- lution économi(jue de premier ordre. Mais, pourrait-on obtenir ce résultat ? Jl n’est pas déraisonnable de tenter l’ex- périence ; et en admettant que l’on échoue, on ne pertlrait pas son temps, car il est à peu près hors de doute que l’on obtiendrait de nouvelles variétés plus ou moins méri- tantes. Quelle marche devrait-on suivre? Ici, pas de choix ; il n’y en a qu’une : le semis. Mais alors, y a-t-il un ou plusieurs procédés qui, plus que d’autres, offriraient des chances plus grandes de réussite? Nous ne pouvons rien assurer; dans la circonstance, tout ce que nous pouvons faire, c’est de donner des conseils, indiquer une marche qui, quelle qu’elle soit, ne pourrait être la seule, puisque le but à atteindre dépend si- non du hasard, au moins de circonstances en dehors de toute prévision. D’abord, en procédant par analogie, il faudrait, comme point de départ et parmi les variétés de Vignes connues, en choisir une dont la végétation printanière soit déjà quelque peu tardive. Outre cette qualité, il en est d’autres qu’il conviendrait de réunir, par exemple la fertilité qui, géné- ralement s’annonce par des sarments re- lativement petits dont les yeux sont rappro- chés les uns des autres, caractères qui, pour la fructification, semblent annoncer une hâtiveté sinon absolue, du moins relative. Quant à la qualité, bien qu’importante as- surément, elle n’est cependant que secon- daire ; le point capital, dans notre cas, c’est d’obtenir des variétés à végétation printa- nière la plus tardive possible. Y a-t-il, en dehors de la marche que nous indiquons, des procédés spéciaux à l’aide desquels on pourrait arriver plus tqt au but que nous visons? Le fait est possible, et ici encore nous ne limitons en rien le champ d’expériences ; nous engageons à multiplier et à varier les essais de manière à augmenter les chances de réussite. Un fait regrettable assurément et de na- ture à retarder la solution que nous cher- chons, c’est le temps, relativement long, qu’exigent les semis de Vigne pour arriver à la première fructification. Toutefois ce temps peut être abrégé par certaines opérations, notamment par le procédé Tourasse, dont on ne parle plus guère aujourd’hui, bien qu’il ait donné à son inventeur des résultats des plus remarquables, et que plusieurs fois on ait pu, à Paris même, constater ces résul- 31 tats sur des sujets envoyés par feu M. Tou- rasse, de Pau (1). Voici, d’après l’auteur de ce procédé, et comment il convient d’opérer : semer tout de suite les graines mûres et aussitôt que les plantes ont pris deux à trois feuilles au- dessus des cotylédons, les repiquer en pots après en avoir coupé le pivot; puis, au bout de quelques semaines, repiquer de nouveau en rognant le ou les pivots de manière à déterminer la formation de ra- cines latérales. A chacun des repiquages, on devra soigner les plantes, les arroser, bassiner et même les ombrager au besoin de façon à ce qu’elles ne souffrent pas trop de ces opérations. Au bout d’environ deux mois, on opérera le repiquage définitif en pleine terre, en prenant les précautions né- cessaires pour assurer le succès. Un autre moyen, que l’on peut employer pour hâter la fructification des Vignes de semis, est celui dont nous avons récemment donné une des- cription et une figure (2). Il va sans dire que tous les soins que nous venons d’indiquer n’ont rien d’absolu, et qu’ils pourront être modifiés suivant la nature des espèces auxquelles on en fera l’application, les conditions de sol et surtout de climat dans lesquelles on se trouverait placé. Si au bout d’un an, soit même de deux, on voyait que les plantes s’allongent démesurément, on pourrait les arracher et les replanter après avoir supprimé un cer- tain nombre de racines, surtout celles qui se dirigent perpendiculairement. En se conformant à ces principes géné- raux, on aura la chance d’abréger de quel- ques années le temps de la fructification. Nous croyons cependant devoir faire remarquer que le résultat essentiel à ob- tenir étant une tardiveté dans le déve- loppement printanier, il ne serait même pas nécessaire d’aller jusqu’à la fructification ; il suffirait, dès que l’on a pu constater l’é- poque du développement, de jeter tous les sujets qui ne présenteraient pas cette pro- priété tardive. Ce rejet ne devrait se faire que dans le cas où l’on n’aurait que peu de place ; dans le cas contraire, il vau- drait mieux attendre la fructification, car parmi ces sujets, il pourrait se trouver des variétés méritantes qui compenseraient même largement les sacrifices qu’on aurait faits. E.-A. Carrière. (1) Voir Eevue horticole^ 1877, p. 257. (2) Voir Revue horticole, 1885, p. 463. 32 EXEMPLES UE COMPOSITIONS FLOUALES. EXEMPLES DE CÜMPOSITIOXS EEOUALES M. Y. Thomayer, dont la Revue a plu- sieurs fois publié d’intéressants articles, a Corbeille n» 1. (Diamètre: 7 mètres). COMPOSITION DE LA CORBEILLE NO 1 : 1. Dracœna australis (centre). — 2. Gymnothrix latifo- lia et Solanum marginatum. — 3. Pélargonium zo- [ nale Madame Thibaut. — 4. Centaurea candidissima. — 5. Alternanthera aurea grandis. — 6. Gnaphalium lanatum. — 7-12. Alternanthera ferax. — Bordure double : Alternanthera aurantiaca et Echeveria se- cunda glauca. — 10. Echeveria Scheideckeri. — 11. Al- ternanthera amœna et Mesembrianthemum cordifo- lium aureum. — 14. Oxalis atropurpurea et Yucca aloefolia au centre. Corbeille n° 3. (Diamètre : 6 mètres). COMPOSITION DE LA CORBEILLE N° 3 .’ 1. Musa Ensete. — 2. Achyranthes Wallisü. — 3. Pyre- thruyn Varthenium aureum. — 4. Alternanthera amœna. — 5. Mesembrianthemum cordifolium au- reum. — 6. Alternanthera ensifolia. — 7. Gnapha- lium lanatum. — 8. Boules de Coleus Verschaffelti. — a Santohna Chamœcyparissus. — 10. Teleianthera versicolor grandis aurea. — 11. Santolina Chamœcy- parissus. — 12. Scrnpcrvirum californicum. été nommé, il y a deux ans, jardinier en chef de la ville de Prague (Autriche), après Corbeille n” 2. (Diamètre : 6 mètres). COMPOSITION DE LA CORBEILLE N» 2 : 1. Lavatera arborea foliis variegatis. — 2. Achyranthes aouminata. — 3. Heliotropium Jersey Beauty mélan- gés de Lobelia cardinalis. — 4. Achyranthes acumi- nata. — 5. Santolina chamœcyparissus viridis. — 6. Mesembrianthemum cordifolium aureum. — 7. Al- ternanthera spatulata. — 8. Petits cercles en Gnapha- lium lanatum palissés, entourant un milieu de Sem- pervivum Donkelaari. Corbeille n° 4. (Diamètre : 2 mètres). COMPOSITION DE LA CORBEILLE N° 4 ! Milieu en Dracœna indivisa nigra. — 1. Teleianthera versicolor aurea. — 2 Sedum carneum.— 3. Alter- nanthera ensifolia. — 4. Santolina Chamœcyparissus. 5. Centaurea candidissima (deux ans;. — Sedum an- glicum (gazon). — 7. Echeveria rosacea. (Une coupe suivant A B montrerait la touffe de Centaurea surélevée au moyen d'un entourage de quelques tuiles.) Hg. G, 7, 8 et 9. — Exemples de compositions florales. LES FRUITS EN POLOGNE. 33 avoir passé en France quelques années pen- dant lesquelles nous avons eu la bonne for- tune de l’avoir pour élève. Prague est une très-belle ville, remplie de souvenirs historiques de premier ordre. Les promenades publiques y sont fort intéres- santes, mais elles étaient, depuis longtemps, mal entretenues et mal dessinées, lorsque M. Tliomayer en prit la direction. Dès la première année, il signala sa prise de pos- session par de judicieuses réformes. Il créa d’abord un parterre à boulingrin fleuri qui obtint une grande faveur parmi ses compa- triotes. En 1885, il continua la mise à exécution de son plan d’ensemble et s’occupa plus particulièrement de la floriculture décora- LES FRUITS En fait de fruits cultivés chez nous, la plu- part des bonnes sortes que nous possédons nous viennent de la France, les Poires sur- tout. Il est vrai que beaucoup de variétés de Poiriers ne peuvent pas supporter les grands froids de nos hivers; d’autres ont changé de goût ; il en est qui, non seulement, se sont acclimatées ici, mais encore ont gagné des qualités qu’elles ne paraissaient pas avoir à l’origine, par exemple la Poire Doyenné d'hiver, qui, en France, est sujette à se ta- veler ; l’arbre étant greffé sur franc pro- duit ici de beaux et bons fruits, sans qu’il soit nécessaire de recourir au siirgreffage, tel qu’on l’indique à l’École de Versailles, dirigée par M. Hardy. Nous récoltons les Poires Colmar Nélis, Fondante des bois, Besi de La Motte, Passe-Colmar, Beurré Coloma d'aidomne. Beurré d’Amanlis, Doyenné blanc. Beurré Diel ; ces deux dernières ne réussissent pas bien partout, ainsi que la Louise bonne d' Avranches et la Duchesse d' Angoidême, qui souflrent des grands froids ; nous préfé- rons les Beurré Hardy, Beurré Clairgeau, Bergamote rouge d'automne , Beurré Sterckmans, Duchesse précoce, Salisbury, Grise bonne. Seigneur d’Espéren, Nou- veau Poiteau, Baronne de Mello, ainsi que quelques Poires d’origine allemande, Grumkoiver, Winterbirne, autrement dite Calebasse de Plock, qui est tantôt bonne, tantôt ratatinée. Préférables encore sont le Beurré Liegel, autrement dite Co- lomaeilsiBergamote Fürstenzeller. Gomme ces deux variétés sont très-bonnes, la Liegel surtout, qui est extrêmement fertile et ré- tive. Il appliqua avec goût les modèles qu’il avait apportés de France et il en imagina d’autres. C’est ainsi que, parmi ses combinaisons de corbeilles de fleurs et de plantes à feuil- lage, nous avons pu choisir les dessins sui- vants, dont la composition pourra être agréée de nos lecteurs. Nous n’en indique- rons pas l’échelle absolue, mais nous donne- rons les dimensions qui sont recommandées par M. Thomayer d’après son expérience. Ges modèles d’ornementation peuvent va- rier dans la composition sans que leur des- sin change. Nous pourrons indiquer en temps utile leur garniture d’hiver et de premier printemps. Ed. Andrpl EN POLOGNE siste parfaitement aux plus grands froids, je pourrais en envoyer des greffons en F rance, car elles sont dignes de figurer dans chaque collection ; elles mûrissent toutes les deux au mois de décembre. Comme Poires origi- naires du pays, nous avons les Sapieganka, Orlasotawka, Pasowka, Bafa, Winiowka, Cytrynowka, toutes fertiles et supportant parfaitement le climat, mais ne pouvant soutenir la comparaison comme goût avec les Poires françaises. Quant aux Pommes, nous avons un bon nombre de variétés françaises, allemandes, russes et anglaises, comme Alant Anto~ nowka. Kaiser Alexander, Borsdorfer, les Pigeon et Pigeonnet rouges, les Bohnapfel, Calville rouge d'automne, Danziger KanU apfel, Beine des Reinettes, Courtpendu royal, Kirke’s Incomparable, Scarlet pearmain, Linneous Pippin, Ribston Pip- pin. Belle mousseuse. Reinette Baumann, Reinette étoilée. Reinette Harbert, Rei- nette de Riga, Reinette des Carmes, Rei- nette de Caux, Reinette Landsberger, Reinette de Champagne, Lothringer Rambour, Titowka, Drap d'or. Astrakan rouge et blanc. A côté de ces variétés de Pommes d’origine étrangère, qui toutes, d’ailleurs, supportent bien notre climat, nous avons un certain nombre de variétés indigènes : Cukrowka litewska. Calville d'Olgerd, Kovztela, Papierowka, Ra- jewskie, Rambour Sticha, Rayva rouge et verte, Smietankowe, Strumillowka. Outre ces Pommes, il y a, surtout dans la Volhy- nie, qui, jadis, possédait de magnifiques vergers, un bon nombre de variétés méri- 34 LES FRUITS EN POLOGNE. tantes d’origine inconnue et qui n’ont que des noms de fantaisie, entre autres une excellente Pomme d’été, dont personne n’a pu déterminer le nom, supérieure de beau- coup à la Pomme iV Astrakan, qui est pour- tant considérée comme une des meilleures Pommes d’été, ainsi qu’une excellente Pomme d’hiver obtenue de semis dans une propriété de famille et appelée par nous Sohieski. En fait de Prunes, la seule vraiment ré- pandue chez nous est la Quetsche corn- mune, dite « Prune hongroise », qui se multiplie de semis, assez bonne d’ailleurs pour toute espèce d’usages, quoique souf- frant des grands froids; mais il y a aussi la Reine Claude verte et la Quetsche d* Italie, excellentes toutes deux et supportant bien le froid. Les collections d’amateurs com- prennent beaucoup d’autres sortes de Prunes, mais tous ceux que j’ai questionnés à cet égard, lors de l’Exposition d’horticulture, au mois de septembre dernier, s’accordent à dire que les nouvelles variétés ne valent pas la Reine Claude et la Quetsche d'I- talie. Le genre Cerisier nous fournit la Cerise 7ioire commune, se multipliant de semis, ainsi que le Merisier sauvage, les seuls répandus jusqu’ici. On commence à cul- tiver, chez nous, des variétés plus géné- reuses; parmi elles, la meilleure est la Reine Hortense; le reproche qu’on lui fait d’être peu fertile n’est pas fondé, car, en amendant la terre avec des plâtras de mor- tier de chaux, sa fertilité devient extrême et régulière. La Cerise May Duke est aussi fort estimée, ainsi que la Cerise noire dite espagnole, fort recherchée par les confi- tures. Aux environs de Varsovie, on cultive aussi un grand nombre de Guignes noires et marbrées qui se vendent sur les marchés de la ville. Les Pêchers réussissent fort bien sous notre climat, seulement il faut les abriter soigneusement en hiver et ne point planter de variétés tardives, qui ne pourraient pas mûrir faute de temps. Sous ce rapport, la Pêche Reine des vergers paraît former la limite, et encore il lui faut une bonne expo- sition sud; les variétés précoces se con- tentent d’une exposition est ou ouest. Les autres variétés de Pêches cultivées chez moi sont : Amsden, Précoce Béatrice, Précoce de Rivers, Belle de Douai, Madeleine rouge. Princesse de Galles, Brugnon Lord Napier. La Pêche Lord Palmerston ne mûrit qu’une fois tous les trois ans. Au lieu de tailler les Pêchers comme en France, ici il faut se borner à les pincer et à les palisser soigneusement, et cela suffit, car ils pro- duisent tous les ans d’excellents fruits. Quoique moins fertiles que les Pêchers, les Abricotiers prospèrent assez bien chez nous; le meilleur est V Abricot-Pêche, mais l’arbre a le défaut de pous.ser très-lentement, c’est pourquoi je lui préfère une autre sorte plus précoce et plus robuste, mais dont le nom est malheureusement perdu. La rigueur du climat ne nous permet pas de cultiver la Vigne comme dans les pays vignobles; cependant la culture en espalier, dans des clos garnis de murailles, nous donne d’assez bons Piaisins de table. Le phylloxéra est inconnu, et l’on attribue son absence à l’obligation oû nous sommes de recouvrir de terre les sarments pour l’hiver, afin de les garantir du froid ; si la chose se vérifiait en France, ce serait un moyen aussi simple que facile de prévenir le phylloxéra, contre lequel on n’a point, à ma connais- sance, trouvé encore de remède efficace. Les variétés précoces peuvent être cultivées en treille basse sans murailles, pourvu que l’endroit soit garanti des courants d’air froid. Le Chasselas doré tient toujours ici la première ligne ; les Madeleine angevine. Chasselas Vibert et Duhamel sont aussi fort estimés pour leur bon goût et leur pré- cocité. Le Précoce de Leipzig est assez ré- pandu, mais il demande la muraille ainsi que l’abri d’un toit, car il suffit de quelques jours de pluie pour faire pourrir les Raisins. Sous les murailles ou bâtiments exposés au sud, on peut cultiver aussi le Fran- kenthaler; cette superbe variété mûrit tous les ans ici sans le secours de châssis vitrés, à condition de ne point laisser trop de grappes sur une même treille. Hors les confiseurs, qui emploient les fruits en confitures et fruits glacés, on peut dire que l’emploi des fruits dans l’industrie n’existe pas chez nous. Le séchage des fruits pour l’économie domestique se pratique de la façon la plus primitive. Il est vrai que, depuis quelques années, notre horticulture a commencé à se réveiller de l’espèce de léthargie oû elle était tombée à la suite des événements de 4863. L’éta- blissement d’une école d’horticulture à Var- sovie, un organe spécial bi-mensuel illustré, le Jardinier polonais, et enfin une société horticole fondée dans le courant de cette année, voilà les symptômes de cette renais- sance. Ce n’est que lors de la première exposition d’horticulture, en 4881, à Varso- NYMPIIÉA.CÉES ET NÉLO.MBONÉES. 35 vie, qu’on a pensé à établir une collection de fruits propres à être cultivés chez nous. Cette collection, contenant près de 20Ü va- riétés, est en train d’étre revue et corrigée par les membres de la Société horticole. NYMPIIÉACÉES E La culture des plantes aquatiques de serre semble très-délaissée en France ; les amateurs, en faisant construire, s’effraient de la dépense et de l’entretien qu’exige la serre-aquarium. C’est un tort qui a pour résultat de les priver des charmantes fleurs que donnent les Nymphéas pendant les derniers mois de l’année, alors que la sai- son de presque toutes les autres fleurs est passée. Nous nous rappelons toujours les bons moments passés à Kew dans la serre affectée à cette culture, où, à cette époque de l’année, les Nymphéas épanouissent encore leurs nombreuses fleurs blanches, roses, bleues ou violettes. (Voir Revue Hor- ticole, 1884, p. 553). Une telle serre est un véritable boudoir, surtout pendant les mau- vais jours où la bise et la gelée régnent au dehors, ce qui, alors, semble doubler le charme des fleurs. A une époque déjà reculée, un engoue- ment se produisit pour les plantes aqua- tiques de serre ; ce fut lorsque la Victoria Regia , cette Nymphéacée gigantesque , fleurit pour la première fois à Chatsworth dans le Derby shire en 1849, et commença à se répandre. La serre qui avait été cons- truite pour recevoir cette splendide nou- veauté existe encore ; elle est de construc- tion légère, rectangulaire et fort bien comprise, bien qu’elle ait été la première des serres dites « à Victoria ». Actuellement celle des jardins de Kew affecte la même forme, mais elle est plus vaste et plus soi- gnée. Beaucoup de ces serres-aquariums sont circulaires: c’est une disposition excel- (1) Nous devons à l’obligeance de MM, Ballet frères la communication de cet intéressant article, qu’ils tiennent de leur correspondant de Bologne, M. J. de Koncrewski. Grâce au concours dévoué de l’auteur, nos collaborateurs MM. Ballet ont pu recevoir et cultiver à Troyes (Aube) une partie des variétés fruitières russes ou allemandes. Le genre Poirier n’a pas révélé jusqu’ici de gains bien remarquables provenant de ces pays- Quant aux Pommes, ils y ont reconnu d’intéressants sujets d’études, comme la variété Titowska,^pàr exemple, qui supporte, dit-on, jusqu’à 40 degrés de froid dans la Russie septentrionale et la Sibérie. Nous remercions MM. Ballet de leur précieuse commu- nication. (Rédaction.) Je pourrais communiquer le résultat de ce Iravail, et aussi envoyer des greffons de nos variétés locales qu’il pourrait être utile d’é- tudier en France. (1). J. de Koncrewski. lente pour l’installation d’un bassin central ; celle de la Villa Oppenheim, près de Co- logne, était au moment de sa construction le véritable type du genre; nous croyons cependant que sa destination fut changée dans la suite. A Paris, au Jardin des Plantes, l’aquarium peut donner une idée de l’opulente végétation qu’on obtient dans ces sortes de serre. Là, autour des Nymphéa, Nelumhium, Pontederia, se développent dans un magnifique pêle-mêle, des Aroï- dées vigoureuses et grimpantes, des Cala- dium, des Nepenthes, le tout enguirlandé de Lianes et suggérant l’idée d’une petite crique des bords de l’Amazone. Le journal anglais The Garden signa- lait dernièrement, à propos d’un splendide Nelumhium blanc et nouveau qui lui avait été soumis par un correspondant, l’exis- tence en Chine et au Japon de formes nou- velles non introduites. Il y a donc encore des surprises pour l’amateur et des ri- chesses pour nos aquariums ; du reste les espèces qu’on possède déjà ne manquent pas d’attrait et à l’appui de nos dires, nous avons traduit du journal précité quelques particularités sur les Nélumbiums. « Il est intéressant de surveiller le déve- loppement des fleurs de Nélumbiums, d’a- bord quand elles sont en boutons, où alors elles ressemblent à celles d’une Rose Maré- chal Nicl, puis en s’épanouissant, quand elles forment une belle coupe ; plus tard quand la fleur s’avance, les pétales se réfléchissent et retombent de manière à laisser voir l’en- semble des étamines jaunes, au milieu desquelles on aperçoit le réceptacle des graines si singulièrement constitué. Lors- que les pétales sont tombés, le réceptacle continue à pousser jusqu’à ce qu’il atteigne une largeur d’environ 8 à 10 centimètres dans sa partie haute, sur 10 centimètres en longueur ; les graines sont contenues dans des alvéoles ou cavités qui sont sur le des- sus et arrangées comme celles d’un gâteau de miel. » Ordinairement, ces plantes ne mûrissent pas leurs graines dans nos contrées. Un fait curieux et qu’il est intéressant de remar- 3G P I II r . 0 r ) E N D R 0 N A N D R E A N U M . qiier, c’est que le Lotus sacré (Nelumhium Hprciosum), qui figure si souvent dans les peintures et les sculptures des Egyptiens, ne se trouve plus dans les eaux de l’Egypte, bien qu’on le trouve dans l’Inde, la Chine, le Japon, l’Australie, etc. En Chine, les rhizomes épais et charnus du N. speciosum sont très-employés dans l’alimentation. Fortune, dans son livre intitulé Voifages en Chine, dit qu’il est « cultivé largement pour ses racines, qui sont estimées comme un excellent légume par toutes les classes de la société. Les racines atteignent leur plus grand développement au moment de la chute des feuilles, et sont déterrées et appor- tées au marché pendant les mois d’hiver, dans le nord de la Chine. Les étalages des marchands fruitiers en sont toujours char- gés à cette saison de l’année. On en retire une excellente sorte d’arrowroot qui est considéré égal en qualité à celui que l’on importe des Indes. Les graines sont aussi riIILOÜENDRON Pendant le cours de l’année 1873, M. Ed. André décrivit, dans V IlJustration horti- cole (p. 198), une nouvelle espèce de Phi- lodendron découverte par le regretté Roezl dans les forêts du Choco (Nouvelle-Gre- nade). Il nomma cette jolie Aroïdée Ph. melanochrijsum, d’après les teintes vert foncé à reflets dorés qui se voyaient sur ses petites feuilles cordiformes. Cette espèce s’est répandue assez rapide- ment. La végétation rapide de ses tiges Unes et très -rameuses la fit adopter pour la garniture des colonnettes, des troncs d’ar- (1) Philodendroïi Andreanum, Devans., spec. nov. Gaudicis simplici crassi cylindracei *2 cenlim. diametr. saturate-viridis internodii elongati nodis vix turaidis inferne albo-striatis radicatis. Vaginæ (cataphylli) naviculari-amplexantes ecarinatæ membranaceæ rufescentes. Foliorum petiolus 0™50 longus (et ultra) subflexuoso-erectus, cylindraceus, basi abrupte tumefactus postice teres antice depla- natus, vaginæ rudimentariæ ligula vix prominente; lamina coriacea saturate-viridis nitida aiireo suffusa, junior salmonea, ad summum petiolum decurvum subito deflexa, petiolo longior (O^nGO — 0“80 longa, 0™ 25 lata) , lobo antico longe acuminato acuto, marginibus acietatis pellucidis, lobis posticis semi- reniformibus oblique-obtusis sinu profundo ellip- tico basi acuto separatis ; Costa albida sicut nervi primarii remoti decurvati suboppositi superne de- planati inferne prominuli, ad lobos posticos palrnato curvati, nervulispermultis subparallelis translucen- tibus intermixtis; flores — Crescit ad littus Oceani pacifici in silvis primævis Novæ Granatæ. Ed. A. tenues en haute estime; elles sont commu- nément rôties avant d’être mangées. » Au moyen de leurs tubercules, ces plantes peuvent être transportées à de longues dis- tances et même en dehors de la Chine, si elles sont soigneusement emballées, ce (pii vaut la peine (pi’on essaye d’en introduire quelques variétés parmi les plus distinctes pour cultiver ici dans nos serres chaudes. Comme pour le Chrysanthème et la Pivoine de Moiitan, on nous dit que les Chinois possèdent un Nélurnhium à fleurs bleues, mais ce ouï-dire semble basé sur les asser- tions des Chinois eux-mêmes, aucun voya- geur, assure-t-on, n’ayant vu un Lotus de cette couleur. Du reste il y a déjà dans les formes à fleurs roses, 1)1 anches et crêrne que nous possédons, d’assez jolies choses pour exciter l’intérêt et engager les ama- teurs à se livrer à celte culture, qui leur offrira des jouissances en les indemnisant largement de leurs peines. J. S allier. ANDREANUM(i) hres et des rocailles, où ses feuilles nom- breuses forment un élégant couvert de ver- dure à reflets chatoyants. Elle a même eu les honneurs de la contrefaçon, puisqu’elle est reparue, quelques années plus tard, sur d’autres catalogues, portant le nom de Ph. discolor. La plante, dont la Revue horticole offre aujourd’hui à ses lecteurs un portrait fidèle, peint d’après le grand exemplaire exhibé par M. Ed. André à l’Eixposition internationale de Paris en 1885, rappelle, dans son jeune âge, le Ph. mclanochrgsum. Elle est, d’ail- leurs, originaire des mêmes régions. Mais, dès qu’elle a traversé la période juvénile, elle prend un tout autre aspect. C’est une espèce très-distincte, à forte végétation, à tige robuste et non rameuse, à grandes feuilles défléchies qui ont déjà dépassé 60 centimètres de longueur, et qui vien- dront sans doute beaucoup plus fortes sous l’influence d’une culture généreuse. Sa beauté ne le cédera à aucune autre Aroïdée, et il faudra la ranger, dans nos serres, auprès de ces belles espèces d’un genre voisin, les Anthurium Veitchii, Warroc- queanurn, cr)jstallinum, etc. Aussi avons-nous le plaisir de dédier cette belle nouveauté à notre ami, M. Ed. André, qui a si largement contribué à faire connaître en Europe les Aroïdées ornemen- tales de l’Amérique du Sud. \ i'!h‘ ! ior U col c . Fil ilodauU ‘0/0 Andrexui lu/v . ( '/6 de qr nat.) PERVENCHE DE MADAGASCAR. — EXPOSITION INÏE Nous la nommerons donc Philodendron André anum. Voici la description, prise sur le vif, que M. André nous a envoyée : Tige simple, robuste, cylindracée, de 2 cen- timètres de diamètre, d’un vert sombre, à nœuds espacés et à peine saillants, entourés en dessous de stries blanches en virgules et accompagnés de grosses racines adventives. Gaine (catapliylle) naviculaire embrassante à la base de chaque feuille, ovale-oblongue, non carénée, d’abord verte, devenant membrana- cée et couleur feuille morte. Feuille à pétiole robuste quoique fin, dressé, un peu flexueux, vert noir, cylindracé, relevé de fines stries saillantes, brusquement tuméfié à la base non embrassante, arrondie extérieurement, dépri- mée à la face interne, et à ligule vaginale rudi- mentaire ; limbe ferme, cordiforme lancéolé, brusquement détléchi verticalement sur le pé- tiole, long de 60 à 80 centimètres large de 25, à lobe médian longuement acuminé-aigu , marginé d’une bande amincie blanche transpa- rente, à lobes postérieurs semi-réniformes, ob- PERVENCHE D Après avoir été très-commune et recher- chée pour les serres chaudes, dont elle était un des ornements ; après avoir été une des privilégiées des marchés aux fleurs, chérie des ouvriers dont elle ornait et égayait la mansarde, la Pervenche de Mada- gascar (Vinca rosea, L., Lochnera rosea, Rchh.) est aujourd’hui trop peu connue. Et pourtant quoi de plus charmant! Un port gracieux , des feuilles persistantes , rapprochées, grandes, d’un beau vert bril- lant ; des fleurs à profusion pendant presque toute l’année, grandes, blanches et roses, ayant au centre un cercle ou œil de couleur plus foncée, qui, par un ravissant contraste, relève encore la beauté de l’ensemble. Malgré tant de qualités, la Pervenche de Madagascar tend à disparaître ; nous le constatons à regret. Récemment un propriétaire qui, ayant fait construire une petite serre chaude, dé- sirait en garnir le mur du fond avec une plante à feuilles persistantes fleurissante, nous demandait notre avis. Nous n’avons EXPOSITION INTERNATIONALE D NATIONALE DE CHRYSANTHÈMES A TOULOUSE. 37 tus-obliques, séparés par un sinus profond, elliptique, aigu à la base; côte médiane blan- che, ainsi que les nervures primaires, éloi- gnées, subopposées, décurves, planes en dessus, peu saillantes et arrondies en dessous, celles des lobes postérieurs palmaticurves ; sur toute la surface, de fines nervules subparallèles aux autres se voient en transparence. La beauté principale de ces feuilles, indé- pendamment de leur forme régulière et de leur port noble et élégant, réside dans le ton velouté, chatoyant, donnant l’impres- sion d’un glacis d’or liquide sur un fond vert foncé. Le Philodendron Andreanum est une plante de premier ordre décoratif, qui ne manquera pas de faire, d’ici à quelques an- nées, un chemin brillant parmi les plus belles Aroïdées de serre tempérée. Ce ré- sultat sera d’autant plus facile à obtenir que la plante sera d’une culture aussi facile que toutes ses congénères. A. DE LA DeVANSAYE. ; MADAGASCAR pas hésité à lui recommander la Pervenche de Madagascar. Aucune espèce n’est plus propre à cet usage. Elle est très-vigoureuse, et, bien qu’elle se forme parfaitement en buisson, elle s’allonge promptement si on la plante le long d’un mur d’une serre chaude, que par ses très-nombreux rameaux elle cache très-promptement. Ajoutons que, dans ces conditions, elle n’en donne pas moins des fleurs en très-grande quantité, dont on peut tirer parti, pendant l’hiver, pour faire des bouquets. La Pervenche de Madagascar a encore ce très-grand avantage de n’être que bien rarement attaquée par les insectes. Pour en obtenir une bonne végétation et les rendre propres aux usages dont nous ve- nons de parler, c’est-à-dire à être employées pour cacher les murs, les plantes doivent être mises en pleine terre et fortement arrosées. Un mélange de terre de bruyère et de terreau leur convient parfaitement. E.-A. Carrière. 1 CHRYSANTHÈMES A TOULOUSE C’est du 9 au 16 novembre dernier qu’a eu lieu cette Exposition, organisée par la Société d’horticulture de la Haute-Garonne. Les amateurs et les horticulteurs spécialistes de notre ville et quelques autres des Basses- Pyrénées, de la Drôme et de Saône-et-Loire avaient rivalisé de zèle pour obtenir la richesse et la variété dans les spécimens de la culture ; 38 EXPOSITION INTERNATIONALE DE CHRYSANTHÈMES A TOULOUSE. aussi l’exposition répondait-elle à l’attente de ses organisateurs, bien qu’en fait d’exposants l’élément étranger fit absolument défaut. La Revue horticole, en annonçant cette ex- position à ses lecteui’s, leur faisait remarquer que notre vieille cité était, peut-être, en France, celle qui possède les plus belles et les plus nombreuses collections de Chrysanthèmes vi- vaces, originaires de la Chine. C’est à un amateur toulousain, au capitaine Bernet, que revient l’honneur d’avoir obtenu, le premier en Europe, les belles transforma- tions du genre Chrysanthème. De 1838 à 1854, M. Bernet lit les semis qui nous ont donné les premières variétés, aussi remarquables par l’éclat et la diversité de leurs couleurs que par l’agréable forme de leurs fleurs. Depuis cette époque, un grand nombre d’horticulteurs de Toulouse ont continué l’œuvre ébauchée par Bernet, et, par une cul- ture perfectionnée et des croisements intelli- gents entre les divers types, ont ajouté, à celles qu’on avait déjà, beaucoup d’autres variétés, soit unicolores, soit panachées, striées ou ponc- tuées de diverses couleurs. L’introduction en France, en 1862, par Ro- bert Fortune, de six types de Chrysanthèmes, dits japonais, bien qu’ils soient originaires de la Chine, fut encore, pour les semeurs, une source féconde de nouvelles transformations des espèces et variétés cultivées, transforma- tions de plus en plus heureuses, dont on voit augmenter le nombre tous les ans. Indépendam- ment du principe d’émulation, ce qui fait encore qu’on tient la culture du Chrysanthème en si grande estime dans nos régions, c’est que de tous les genres de plantes vivaces, subligneuses et de plein air, c’est celui qui nous donne la plus belle et la plus abondante floraison automnale. Notre exposition n’avait donc pour objet qu’un seul genre de plantes ; de là l’absence de cette diversité d’aspect que l’on est habitué à trouver dans les expositions générales d’hor- ticulture. Mais, en revanche, quel mirage fée- rique, quel ravissant coup d’œil offert par ces milliers de capitules aux couleurs aussi fraîches que variées ! Qu’on nous permette maintenant de donner la liste des variétés qui nous ont paru fixer l’attention publique, et de dire aussi quelques mots sur les nouveautés admises par le jury. Nous nous bornerons ici à suivre la classification même du programme, en donnant, en tête de chaque groupe constituant un concours, une description sommaire de ses caractères généraux. Les produits exposés, 3,200 plantes en pots, 2/100 fleurs coupées, garnitures de table, bou- quets, couronnes, etc., étaient répartis en trois sections, comme suit : Ire section : Plantes en pots. 2e section : Collections et groupes de fleurs coupées. 3e section : Objets cVart et de décoration formés avec des fleurs de Chrysanthèmes. Première section. 1er Concours. — Chrysanthèmes japonais et leurs hybrides. Ces variétés sont caractérisées par des fleurs de grande dimension, des ligules très-allongées, presque toujours plus ou moins contournées en spirale ou recourbées in-égulièrement, quel- quefois planes, souvent tabulées. Nous citerons : Marguerite Marrouch, rouge cramoisi foncé, pointillé do jaune, revers or; Domination, capitule énorme blanc rosé; Ma- dame Freemann, rouge amarante; Apollo, orange veiné d’acajou, fleur très-grande ; /n- fante d'Espagne, beau jaune paille; Sy-Syang, rouge cramoisi foncé; Belle fleur, flammes rouges sur fond jaune; Madame Audiguier, blanc lavé de rose; Royal Soleil, rouge cra- moisi sombre, pointillé or ; Docteur Masters, orange brillant jaspé de jaune; Laciniatum, blanc rosé, ligules tuyautées à pointes fran- gées ; Yellow Dragon, très-grande fleur, jaune d’or; Vénus, violet tendre, revers blanc d’argent, ligules laciniées ; Père Delaux, rouge brun foncé, velouté ; Meg Merillers, blanc glacé crème; Étoile Toulousaine, rouge brun, or et jaune foncé au centre; Fée Rageuse, blanc pur, ligules larges; Général de Lartigue, rouge cramoisi vif, centre or; Gloire rayon- nante, rose violacé, ligules longues et tubulées; Trioynphe de la rue des Châlets, rouge sau- mon; Docteur Audiguier, amarante foncé, re- vers blanc; Belle Paule, blanc teinté lie de vin ; Madame J.-M. Pigny, jaune clair pas- sant au blanc; Golden John, rouge cramoisi, revers or; Incomparable, fond jaune, flammé et pointillé cramoisi ; Juan Cruz de Eguileor, rouge cramoisi foncé , centre jaune d’or ; Source japonaise, violet carminé, bordé de vio- let cendré. Nous croyons devoir passer sous silence la forme dite japonaise à disque jaune, la consi- dérant, avec la plupart des chrysanthémistes, comme un retour aux types plutôt qu’une va- riation heureuse de la duplicature. 2e Concours.'"— Collections de Chrysanthèmes à grandes et moyennes fleurs. Cette section comprend les grandes et les moyennes fleurs, les plus régulières du genre, et que l’on désigne quelquefois sous le nom de Chrysanthèmes de la Chine; cette appellation ne peut servir à les distinguer des autres es- pèces et variétés, puisque, nous l’avons déjà dit, les japonaises sont aussi d’origine chinoise, de même que les Chrysanthèmes à petites fleurs nommés indiens, dont nous parlerons plus loin. Un caractère général, mais non absolu, dans les grandes et moyennes fleurs, c’est de présenter la forme Pivoine (capitule incurvé) pour les premières, et la forme Fœnoncule (ca- pitule récurvé) pour les secondes. Dans les grandes fleurs nous avons noté : Aimée Fer- rière, blanc carné, extrémité des ligules cra- EXPOSITION INTERNATIONALE DE CHRYSANTHÈMES A TOULOUSE. moisi tendre; Gloria mundi, grandes fleurs jaunes; Jupiter, blanc pur; Princesse of Teck, blanc pur ; Souvenir d'un ami, rose li- las, revers blanc; Reine Bacchanal, rouge carminé foncé; Virgin Queen, blanc pur; Lady Granville, rose clair, revers argenté ; Patrie, rose à fond blanc ; Jules Macary, rose carminé. Dans les moyennes fleurs nous citerons : Ca- pitaine Lambert, rose à revers argenté ; Car- minea superha, carmin foncé, pointillé or, li- gules parfaitement laciniées ; Frémy, brun rouge, ligules fimbriées ; Firmament, rouge cramoisi foncé, éclairé or; La Jonquille, Jaune jonquille; Duarte Oliveira, iaune chrome, pa- naché de carmin ; Monsieur L. de Germont, rose vineux, éclairé de violet tendre, irrégu- lièrement pointillé or; Souvenir de Salter, violet, pointillé or; Perle des Beautés, rouge cramoisi, glacé amarante; Toussaint Maurisot, rose lilas, nuancé de blanc. 3e Concours. — Collections de Chrysanthèmes à petites fleurs. Dans ces variétés, désignées quelquefois sous le nom de Pompons, d’autres fois sous le nom de Chrysanthèmes de l’Inde, les ligules sont de formes diverses; quelques-unes sont canaliculées ou tuyautées, d’autres infléchies ou récurvées, d’autres encore laciniées ou en- tières; mais un caractère commun, c’est le peu de développement qu’acquiert leur capitule. Le diamètre de ces fleurs ne dépasse guère deux centimètres. Dans ce groupe, nous avons remarqué : Au- rore boréale, rose violacé ; Boule-de-neige, blanc pur; Conseiller Niel, rouge orangé foncé ; Marmouset, rouge cramoisi, très-foncé; V Ave- nir, fond blanc, panaché de violet, bordé de blanc pur; Mademoiselle Pourquié, rose car- miné, bordé de blanc; Biquiqui, rouge pourpre, revers argenté ; Plumosa, blanc lilacé, ligules fimbriées ; Tendresse, rose tendre, pointillé blanc ; Tite-Live, rouge brun, panaché jaune ; Piqui Piccimino, blanc porcelaine, ligules tuyautées ; Fernand Picard, rose lilas tendre. 4e Concours. — Collections de Chrysanthèmes alvéolif ormes. Ce groupe se rattache aux grandes fleurs (2« concours). Leur différence réside dans le capitule, qui, chez les alvéoliformes, présente un centre très-développé , garni de fleurons tubuleux plus ou moins longs, et entouré de ligules longues et planes. Dans ce groupe nous recommandons : Du- chess of Edinburgh, blanc rosé, alvéoles li- las ; Mademoiselle Cabrol, ligules du centre bordées de blanc pur, fond rose tendre ; Sœur Dorothée Souillé, blanc glacé de rose, ligules bordées de blanc ; Madame Thérèse Clos, blanc carné, pointillé de jaune foncé; Madame Berthe Pigny, rose violacé, bordé or, ligules laciniées ; Madame Murel, blanc rosé, ligules 39 du centre dorées; Madame Jeanne Marty, li- gules tubulées, blanc légèrement rosé. 5e Concours. — Collections ou sujets proTe- nant des semis de l’année et présentant des types nouveaux. (Les exposants n’ayant pas encore donné de noms aux variétés admises par le jury, nous allons faire la description de celles qui nous ont paru le plus remarquables, nous proposant de faire connaître ultérieurement le nom de ces nouvelles obtentions en regard de chaque numéro d’ordre.) LOT No IL N» 7. Japonais, rouge amarante passant au carmin, revers argenté. LOT No III. No 8. Japonais hybride, blanc passant au jaune, revers amarante. LOT No IV. No 172. Japonais, rose lilacé, revers rose clair. No 170. Japonais hybride, rouge brique foncé, centre et revers jaune chrome. No 188. Japonais hybride, rose lilas, glacé de blanc. No 60, Japonais hybride, blanc nuancé jaune crème, ligules extérieures violet tendre, très-grande fleur. No 231. Japonais hybride, rose carminé. LOT No VL No 1. Japonais hybride, rouge brique car- miné, pointillé or. LOT No VIL No 218. Japonais hybride, rose lilacé, re- vers blanc d’argent, globuleux. Dans les fleurs coupées nous avons remarqué deux nouveautés avec noms : Théodora, japonais, rose lilacé très-clair sur fond blanc; Chèvrefeuille, japonais, blanc crème passant au rose. Deuxième Section. Cette section, embrassant les fleurs coupées, comprenait une série de concours subdivisés comme ceux de la première section. A part les deux nouveautés Théodora et Chèvrefeuille, décrites plus haut, nous y retrouvons les mêmes variétés que dans les plantes en pots. Troisième Section. Objets d’art et de décoration composés exclusivement de fleurs de Chrysanthèmes. Dans cette section nous avons remarqué une garniture de corbeille dont les capitules, aux mille couleurs, étaient disposés avec beaucoup de grâce et d’élégance. D’immenses couronnes et quelques beaux bouquets complètent cet ensemble du meilleur aspect. 40 DE LA TUBÉnEUSE. Nous sommes Iioureux de constater- que plus d’un présentait un caractèi'e généi-al de nanisme bien marqué, tout en conservant la belle di- mension dos cajritules, résultat évident d’une cultui-e intelligente et raisonnée. La liste des i‘écom])enses que nous mettons sous les yeux de nos lecteurs en dira du i-este plus long que toutes nos appréciations person- nelles. Médaille d’or de Le classe : M. Simon Be- laux, horticulteur à Saint-Martin-du-Toucli, près Toulouse ; Médaille de vermeil de B’e classe et prime de GO francs : M. Louis Lacroix, horticulteur, rue Lancefoc, Toulouse ; Médaille de vermeil de Le classe et pi-ime de CO fr. : MM. Peyrat, horticulteurs, rue Saint- Joseph, Toulouse ; Médaille de vermeil de 2® classe ; M. Lacroix, amateur, Toulouse; Médaille de vermeil de 2e classe et prime de 50 fr. ; M. Pertuzès, horticulteur, rue des Cha- lets, Toulouse ; Médaille d’argent de l>'e classe et prime de 40 fr. : MM. Bernard, horticulteurs, chemin de Raynal, Toulouse; Médaille d’argent de Le classe : M. Ghantrier, jardinier chez M. Bocher, au chateau de Bara- doc-Bayonne (Basses-Pyrénées). Médaille d’argent de !>’« classe avec éloges : MUe Bernard, fleuriste, rue Lafayette, Tou- louse ; Médaille d’argent de Le classe : M. de Rey- dellet, amateur à Valence (Drôme). Méflaille d’argent de 2e classe : MM. Bonamy, liorticulteurs, place Dupuy, Toulouse ; Médaille d’argent de 2® classe : M. Guillaume Belaux, horticulteur à Lalaude, près Toulouse ; Médaille d’argent de 2e clause : MM. Mercier, horticulteurs à Chalon-sur-Saône (Saône-et- Loire) ; Médaille d’argent de d® classe : M. Lassali, amateur, Toulouse ; Médaille d’argent de 3® classe et prime de 30 fr. : M. Teulier, jardinier chez M. Tessier- Lebois, à Lardenne, près Toulouse; Médaille d’argent de 3® classe : M. Martin, amateur à Toulouse; Médaille de bronze de l^e classe ; M. Bou- lines, artiste lyrique, chemin de Négrencys, Toulouse. J. Labelle, Paysagiste à Toulouse, élève diplômé de l’École nationale d’horticulture de Versailles. DE LA TUBÉREUSE Cette charmante Liliacée tend à dispa- raître des cultures des environs de Paris, probablement à cause de sa floraison qui, il faut en convenir, est assez capricieuse. C’est un défaut qu’on peut cependant corriger par une culture appropriée. Quelques mots d’abord sur ses caractères généraux : Originaire du Mexique, la Tubéreuse [Polyanthes tuherosa] ou « Jacinthe des Indes » présente une souche rbizomateuse surmontée d’un ou de plusieurs bulbes, mais dont le central seul est fertile. Feuilles glabres, linéaires-canaliculées, ordinaire- ment étalées en rosette. Tige glabre, simple, ramifiant parfois vers son sommet, haute d’environ 1 mètre. Fleur simple dans l’es- pèce que l’on cultive dans le Midi pour la parfumerie, mais double ou pleine, rare- ment simple, dans la variété cultivée dans les jardins. Ces fleurs dégagent une odeur d’une sua- vité exquise, bien qu’un peu pénétrante. Elles sont d’un blanc pur intérieurement, d’un blanc un peu carné à l’extérieur et presque sessiles; elles apparaissent de juillet à octobre et ont une assez longue durée. La culture de la Tubéreuse en pleine terre n’est possible que dans la région tout à fait méridionale de la France, là où les bulbes peuvent passer l’hiver en pleine terre. Cependant on peut, en prenant cer- taines précautions, pratiquer cette culture sous le climat parisien avec quelques chances de succès ; toutefois, à notre avis, la cul- ture en pot est de beaucoup préférable, surtout parce que, lors de leur floraison, on peut utiliser et transporter les plantes là où l’on en a besoin. Mais comme l’oignon des Tubéreuses gèle en hiver, on devra, à l’ap- proche des froids, dans le courant d’octobre, par exemple, les relever de terre, et, pour cette^opération, on choisira une journée de soleil, afin que les oignons se ressuient et dans ce but on devra les laisser une journée sur le sol et ensuite les conserver dans un endroit sec, soit dans une orangerie sur des tablettes, soit dans un cellier bien sain, à l’abri des froids. Au printemps, en mars, par exemple, on met les bulbes en pots de 12 à 13 centi- mètres, dans une terre légère et substan- tielle. On devra choisir les oignons de pre- mière grosseur et n'ayant pas eneore fleuri, et malgré tout, en prenant cette pré- caution, il arrive assez fréquemment que ces oignons, en apparence de force à fleurir, ne produisent que des feuilles. Un autre incon- vénient que présente la Tubéreuse, c’est que le même oignon ne refleurit pas deux fois. CINÉRAIRES HYBRIDES. 41 de sorte qu’il faut, chaque année, faire pro- vision d’oig'iions de force à lleurir. Une fois les oignions choisis, on les dé- barrasse de tous les caïeux et on les met en pot comme je l’ai indiqué plus haut. On en- terre les pots sous châssis sur une couche dont la chaleur n’a pas besoin d’ôtre élevée ; on peut meme se servir d’une couche sourde, l’essentiel étant de garantir ces oignons des gelées tardives qui pourraient encore sur- venir ; on devra aérer le plus possible. Vers la fin de mai, lorsque les gelées et les nuits froides ne sont plus à craindre, on enlèvera les châssis et l’on pourra alors en- terrer les pots dans une plate-bande ou bien livrer ces plantes directement à la pleine terre, mais, dans ce dernier cas, il faudra choisir l’exposition la plus chaude. Si les plantes doivent rester en pots, à ce moment, on rempotera dans des pots de 16 à 20 cen- timètres environ ; une fois la reprise faite, on donnera des arrosages copieux et même quelquefois avec addition d’engrais liquides. Z. Lionnet, Ex-élève de l’École nationale d’horticulture de Versailles. CINÉRAIRES IIYRRIDES C’est ainsi que l’on désigne les magni- fiques cinéraires qui, chaque année et par millions, se cultivent en France. Bien que leur origine n’ait pas été constatée, on les considère néanmoins comme des hybrides des Cineraria cruenta et populifolia, ce que semblent justifier leurs caractères géné- raux. Par la culture on est arrivé à créer des Fig. 10. — Cineraria hybrida, var. flore pleno. races à grandes fleurs de coloris et de taille divers, à port régulier, uniformes, naines, de grande ou de moyenne taille ; certaines se reproduisent parfaitement par les semis. Ces races peuvent être rangées en trois séries pouvant à leur tour, par la taille sur- tout, se décomposer chacune en deux sec- tions grandes, naines. Outre les couleurs, qui les distinguent nettement, on a donc trois races : multicolore, blanche, bleue. Dans chacun de ces groupes, par suite de sélections bien comprises , on a ob- tenu des plantes fortes, trapues, à ombelles aplaties très-régulières. Quant aux fleurs, elles sont très-larges, parfaites de forme et très-riches de coloris. Multicolores. — Qu’il s’agisse de plantes grandes, moyennes ou naines, toutes sont de premier mérite ; les coloris, des plus variés et des plus brillants, sont scintillants Fig. 11. — Cineraria cruenta hybrida. et d’une grande beauté; les grandes attei- gnent 40 à 50 centimètres environ de hau- teur, tandis que les naines, qui s’élèvent à peine à 20 ou 25 centimètres, sont au moins aussi belles en feuillage, et surtout en fleurs. Ce sont des plantes qui, à tous les points de vue, sont de premier mérite et que l’on ne saurait trop recommander pour l’orne- mentation des appartements. Hybrides blanches. — Cette race qui, 42 LES BÉGONIAS DISCOLOR-KEX COMME PLA.NTES ESTIVALES. comme la précédente, comprend une soiis- race de naines, à fleurs parfaites de forme, ^u'andes et d’un lilaiic pur, excepté les lleurons du centre qui sont violets et produisent un charmant contraste , est aujourd’hui complètement fixée. Elle est issue des Cinéraires hybrides multicolores, dont elle a, du reste, toutes les qualités. Dans la forme ordinaire, les plantes attei- gnent 40 centimètres environ de bailleur, tandis que celles delà forme naine dépassent à peine 130 centimètres. Pour les deux, même végétation et même régularité dans les Heurs et les coloris que dans le port et la tenue des plantes. Les fleurs sont d’un blanc mat, uniforme; aussi les recommandons-nous tout particulièrement comme plantes de marché. Fleurs bleu tVazur. — Il est difficile de donner une idée de la beauté des plantes de cette série. Toutefois nous devons recon- naître que, bien que toujours très-beau et bien pur, le bleu n’est pas uniforme; on trouve depuis le bleu indigo foncé tirant même sur le violet jusqu’au bleu lilacé; il serait donc possible de fixer des variétés de nuances diverses. Quant à la vigueur et à la végétation, elles ne laissent rien à dé- sirer, et, sous ce rapport, cette série est tout aussi méritante que les précédentes. Cette race, qui est aujourd’hui fixée, est sortie des Cinéraires hybrides multico- lores, fait d’autant plus remarquable que la couleur bleue n’existait pas dans ce LES BÉGONIAS ÜISCOLOR-RE Voilà bientôt huit ans que ces belles plantes ont été obtenues par M. Svahn et mises au commerce, pour la première fois, par M. Bruant, horticulteur à Poitiers. Ces premiers hybrides du Bégonia discolor et du B. Rex étaient déjà bien beaux, mais n’égalaient en rien ceux obtenus depuis, notamment par l’habile horticulteur qui lança ces nouveautés dans le monde horti- cole. Cependant, malgré leurs grands mé- rites et le légitime succès qu’elles eurent alors, je crois qu’elles sont beaucoup trop délaissées. Pourquoi ? Probablement parce qu’elles ne sont pas assez connues. En efiet, j qu’a-t-on à leur reprocher ? Rien n’égale leur beauté : feuilles de coloris des plus éclatantes, rappelant toutes celles des va- riétés du B. Rex; des Heurs en abondance; un port élevé et élégant dans beaucoup de variétés ; en un mot, toutes les qualités. groupe, ce qui démontre que sous le rapport des couleurs, il n’y a pas de règle absolue. 11 est même à peu près certain (jue si on le voulait on pourrait dans les diffé- rents bleus fixer telle ou telle nuance que l’on voudrait, c’est-à-dire créer des sous- races : de même aussi que les multicolores, il serait possible de fixer tel ou tel coloris dont on aurait besoin. Si, à ces races de Cinéraires, on ajoute celle à Heurs pleines, on verra combien une espèce, le Cineraria cruenta, a varié et a donné naissance à des races distinctes. Multiplication. — Elle se fait de graines que l’on sème en juin-juillet en pleine terre préparée ou en terrines à mi-ombre. On repique les plantes en godets, qu’on place pour l’hiver sous des châssis froids ou dans une serre tempérée, mais, dans un cas comme dans l’autre, le plus près possible du verre. Pendant l’hiver on les rempote une ou même deux fois en leur donnant des pots de plus en plus grands. Les arrosages doi- vent être modérés, puis d’autant plus abon- dants que leur végétation est plus forte et que l’on approche davantage du moment où les plantes vont monter à fleurs. Il leur faut une terre légère bien que consistante: un mélange de terre de bruyère, que l’on peut remplacer par du sable gras, de terre franche siliceuse et de bon terreau provenant de fu- mier de vache bien consommé, convient beaucoup aux Cinéraires. E.-A. Carrière. COMME PLANTES ESTIVALES moins les défauts, de leurs parents, car ils joignent encore à ces qualités une grande rusticité et peuvent être cultivés à l’air libre l’été, avec succès, dans une grande partie de la France ; c’est ce que je vais essayer de démontrer. Au mois de mai ou juin, suivant la loca- lité, c’est-à-dire dès que les gelées tardives ne sont plus à craindre (car alors les plantes sortent de serre), on choisit un endroit abrité et ne recevant le soleil qu’une partie de la journée, le matin ou le soir, par exemple, mais jamais en plein midi , car ces plantes redoutent un peu le grand so- leil (bien qu’ici, en Bretagne, elles viennent à toute exposition) ; on laboure le sol pro- fondément et on l’amende avec du vieux terreau de couche mélangé avec de la vieille terre de bruyère . Alors on y plante les jeunes Bégonias à une distance de 40 cen- 43 MUllS TEMPORAIRES DÉPLAÇARLES A VOLONTÉ. timètres en tout sens ; ils ne tardent pas à développer des feuilles qui, tout de suite, surpassent en beauté les plus beaux B. Rex. Je dois toutefois dire que toutes les variétés ne sont pas également méritantes ; comme Tune des plus belles, je citerai la variété Ed. Pijnaert, qui est aussi une des meilleures pour la pleine terre; pendant toute la saison, c’est-à-dire jusqu’en no- vembre même, elle forme des massifs ravis- sants, alors que la plupart des autres plantes sont passées depuis longtemps déjà. Ce- pendant, à cette époque avancée, il est temps de relever les plantes pour les mettre en pots et les hiverner en serre tempérée, au sec, si l’on veut ne conserver que les soiiclies, ou bien en serre chaude si l’on désire qu’elles continuent leur végétation. Celles conservées à l’état sec seront au prin- temps placées sur couche, où elles ne tarderont pas à repousser et pourront être de nouveau remises en pleine terre. Bien qu’en ayant laissé en pleine terre passer l’hiver sans abri et que plusieurs aient repoussé au printemps, je n’engagerai pas à le foire. La multiplication de ces Bégonias est des plus faciles ; elle se fait par boutures de tiges pour obtenir des plantes fortes en peu de temps, ou par feuilles comme on le fait pour les autres Bégonias à feuillage, et aussi par lesbulbilles qui, quelquefois, se développent sur les tiges comme le fait leur aïeul, le Bégonia discolor. Ces boutures seront faites à chaud, sous cloche, dans une serre à multiplication, ou, à défaut de celle-ci, sous cloche sur couches ; au printemps, on aura une bonne provision de plantes. On peut aussi,' avec ces Bégonias, faire une plante de marché. Pour cela, au lieu de les planter en pleine terre à l’air libre, on les met sous châssis également en pleine terre, et, en peu de jours, on obtient des plantes superbes que l’on pourra lever en mottes et empoter pour être livrées tout de suite, car ils reprennent avec la plus grande facilité. En un mot, aucune plante n’otfre autant de ressource; car, comme plante d’appartement , on peut aussi la ranger parmi les plus belles. Quant au choix des variétés, c’est un peu une affaire de goût; ce qui importe, c’est de prendre des variétés vigoureuses et dont les panachures répondent le mieux à l’usage que l’on veut en faire . En terminant, je ne saurais trop insister sur la valeur des Bégonia discolor-Rex, et j’engage fortement les amateurs de belles plantes, ainsi que ceux de mes collègues qui ne les connaissent pas ou qui les ont abandonnés, à en essayer la culture en plein air, ainsi que je la recommande, et je suis absolument certain qu’ils en seront sa- tisfaits. [Ce sont, du reste, des plantes d’un prix peu élevé et qu’il est facile de se pro- curer. Fouché fils. Horticulteur au domaine de Kérinou (Finistère). MURS TEMPORAIRES DÉPLACARLES A VOLONTÉ O Lorsqu’on réfléchit à l’utilité que pré- sentent les murs en horticulture, on ne comprend guère que l’on n’ait pas eu l’idée non seulement d’en construire à bon mar- ché, mais de les faire de manière à pouvoir les placer ou déplacer suivant le besoin, c’est-à-dire en rapport avec les cultures. Ce fait est d’autant plus étonnant que, une fois construits, ces murs, qui ont coûté fort cher, doivent rester en place, et que la terre, s’usant, il vient toujours un temps où des arbres que l’on a intérêt à cultiver n’y viennent plus. Si, lorsqu’il s’agit des murs de clôture, on peut alléguer le « moyen de défense », cette raison n’existe pas quand, au con- traire, il s’agit de murs de refend qui, eux, sont uniquement établis pour protéger des cultures spéciales. Dans ce cas, outre l’orientation, qui peut même varier quelque peu suivant la nature des végétaux et le travail auquel on les soumet, il faut tenir compte de l’usure du sol, ou de celle des arbres. Si, à la rigueur, il est facile de changer les essences, il n’en est pas de même du terrain, car, indépendamment de ce que le travail est dispendieux, il est toujours incomplet, de sorte que les résul- tats laissent toujours à désirer. Ce n’est pas tout encore, il y a toujours une perte de temps de quelques années pour la forma- d’un nouvel espalier, perte de temps qui peut être évitée avec l’adoption de murs ou d’abris déplaçables à volonté. Les murs mobiles doivent être légers, faciles à déplacer et à transporter, afin de nécessiter le moins possible de dépenses. Or, il y a deux moyens d’arriver au but : avec les paillassons et avec les planches. Les premiers sont moins dispendieux, en apparence, mais ils abritent moins bien, et comme leur durée est moins longue, il y 44 SOCIÉTÉ NATIONALE d’iIORTICULTURE DE FRANCE. aurait peu d’économie à les employer. Mais, comme il serait difficile d’y adapter des chaperons et tout à fait impossible de palisser contre eux, à moins d’y ap- pliquer une sorte de treillage, ce moyen n’est pas à recommander. Pour en pro- longer la durée, les paillassons pourraient être sulfatés. Restent les planches qui, elles, peuvent donner d’excellents résultats : d’abord , comme économie, ensuite au point de vue des produits. En effet, outre qu’elles sont légères, solides, on peut les assembler et en former des sortes de panneaux de hauteur et de formes diverses, susceptibles de s’ac- commoder de toutes les conditions qui peu- vent se rencontrer. Quant à l’assemblage, il n’a rien non plus d’absolu ; il est subor- donné au terrain et surtout au but que l’on cherche à atteindre. Pour empêcher l’air de pénétrer, il suffira de clouer des couvre -joint s. Pour fixer cette construc- tion, rien de plus facile; des pieux et, au besoin, des traverses suffiront. Pour les conserver, on pourra sulfater les planches, ou les goudronner, ce qui non seulement en prolongera la durée, mais pourra en éloigner les insectes. Lorsque l’emplacement n’oblige pas à donner aux abris une orientation détermi- née, on dispose celle-ci de manière que les deux côtés du mur puissent servir ; lorsqu’on a le choix, c’est en général du sud au nord, ce qui, en les obliquant un peu, donne un côté sud-est et un nord-ouest, l’un et l’autre offrant d’assez bonnes conditions de culture. Avec les constructions dont nous parlons, non seulement on peut les placer à volonté là où sont établies les cultures et avoir instan- tanément, selon la circonstance, des abris aux endroits où ils sont nécessaires, mais on peut faire les plantations à l’avance, et ne mettre le mur que le jour où les arbres sont en rapport, de sorte que les arbres, étant élevés au grand air, se constituent beaucoup mieux et se mettent plus tôt à fruits. Enfin, après avoir servi comme abri -mu- raille, les planches pourront être utilisées à faire des coffres ou être employées à une foule d’usages domestiques, et, à la rigueur et comme dernier service, elles iront finir à la cuisine. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE -1885 Les élections complémentaires annuelles du bureau de la Société, jointes à la température un peu basse de la saison, avaient sans doute empêché plusieurs membres d’apporter des pro- duits ; aussi ceux-ci, qui étaient peu abondants, manquaient - ils à certains comités, notam- ment à celui de lloriculture. Quant au résul- tat des élections, on le trouvera dans la Chro- nique. Apports. — Ont été présentés les objets suivants ; Au comité de culture 'potagère : par M. Girardin, à xNrgenteuil, de belles racines de Dioscorea Batatas. — Par M. Reinié, à Av- genteuil, des tubercules A'Oxalis sinensis très- beaux. Ce sont des sortes de rhizomes écail- leux, charnus, d’un beau rouge, constituant des masses d’environ 6 centimètres de lon- gueur sur 18-20 millimètres de diamètre. Cette plante serait-elle avantageuse à cultiver comme légume ? C’est ce que nous espérons pouvoir dire prochainement. — Par M. Vincent Cau- chin, cultivateur à Montmagny (Seine-et-Oise), des Choux de Bruxelles nains, qui avaient été plantés en plein air après une récolte de Pois. Les pieds, très-courts, qui paraissent être au type ce que sont aux Choux-fleurs anciens les Choux-fleurs à pied court, sont vraiment remarquables, d’abord par leur hauteur qui ne dépasse pas 35 centimètres, et surtout par les nombreuses pommes qui, très-régulières, rapprochées et d’une extrême dureté, cachent complètement la tige. C’est, autant que nous avons pu en juger, une variété précieuse. — Par M. Berthault (Vincent) , jardinier à Rungis (Seine), des Étiolats très-beaux de Pissenlit à cœur pii ein, puis une forte botte de magni- fiques Asperges (c’est la première fois que ce légume était présenté au comité cet hiver); de plus, des Haricots forcés en pots et cueillis en couteaux, qui étaient également très- beaux. xiu comité à' arboriculture fruitière ont été faits les apports suivants : Par M. Émile Rabier, à L’Haÿ (Seine), une corbeille de Poires comprenant les variétés suivantes : Oli- vier de Serres, Doyenné d’hiver et Doyenné d'Alençon. — Par M. Laplace, jardinier chez M. Claudon, à Ghâtillon-sous-Bagneux, quel- ques bonnes variétés de Poires d’hiver, notam- ment la Bergamote d Austrasie. — Par M. Le- père, arboriculteur à Montreuil, quelques échantillons authentiqnes de Poire fruitée ou Forelle et aussi de la variété Nouvelle Fulvie, qu’il s’était procurés afin d’éclaircir des doutes qui, dans la précédente séance, s’étaient éle- vés au sujet de ces deux variétés. — Par M. Jourdain, arboriculteur à Maurecourt (Seine-et-Oise), une corbeille de Poires Curé , CORRESPONDANCE. 45 et Crassane, les premières très-belles; les se- condes, bien que saines, n’étaient pas grosses et montraient que, quoi que l’on dise, c’est une variété usée et qui ne tardera pas à dispa- raître complètement des cultures. — Enfin, par MM. Baltet frères, de Troyes, un assorti- ment de Poires et de Pommes relativement nouvelles et peu connues, bien que méri- tantes. Dans ces intéressants apports se trou- vaient, entre autres, deux variétés sur les- quelles nous croyons devoir appeler l’atten- tion. Ce sont ; l’une, la Poire Charles Cognée, beau et bon fruit d’hiver, variable par les dimensions, un peu par la forme ainsi que par la couleur; l’autre, la Poire Beurré de Naghin, au sujet de laquelle il s’est élevé une discussion d’où semble résulter que, sous ce nom, deux variétés ont été confondues ; l’une est celle dont nous avons parlé dans le précédent numéro de la Revue horticole, et qui, par son faciès général, a assez de ressemblance avec la Poire Passe- Crassane, mais qui nous a paru supérieure en qualité; l’autre, qui, d’après M. Charles Baltet, serait la « vraie », est une Poire grosse, tur- binée et régulièrement ventrue, qui a quelque rapport avec le Beurré d'Anjou. Au lieu d’être crottée et d’un gris noir, comme la précé- CORRESF AVIS IMPORTANT Nom rappelons à nos abonnés qve la Revue HORTICOLE répond, autant que possible, à toutes les demandes de renseignements horticoles qui lui sont adressées, et nous les prions de tenir grand compte des recommandations sui- vantes : lo Joindre à toute demande de renseigne- ment la bande d’adresse sous laquelle la Revue est envoyée et qui porte le numéro d'a- bonnement. Cette bande d'adresse nous sert non seulement à nous montrer que la demande de renseignement est bien faite par un abonné, mais aussi à nous donner sans autres recher- ches l'adresse complète et lisible de l'abonné, pour le cas où la réponse est faite directement par la poste. 2« Adresser sous enveloppe spéciale, au nom de MM. Carrière et André, 26, rue Jacob, toute demande de renseignement. Sou- vent nos abonnnés profitent du renouvellement de leur abonnement pour adresser en même temps, sur la même lettre, tine demande de renseignement qui doit nous être transmise. Cette manière de procéder occasionne des com- plications fâcheuses, elle cause de fréquentes erreurs, et amène toujours des retards. On peut à la rigueur profiter de la même enveloppe, mais il faut avoir soin d’écrire sur une feuille à part la demande de renseigne- ment. 30 Ne pas nous fixer de délai pour la ré- dente, elle a la peau d’un vert gris qui passe très-promptement au jaune ; la chair est blan- che, fondante, beurrée, très-sucrée, un peu moins aqueuse et moins relevée. Ce sont, en somme, deux beaux et bons fruits pourtant bien distincts comme chair, mais surtout comme forme. Sous ce dernier rapport, ces deux variétés sont complètement dillérentes. Quelle est celle des deux qui doit porter le nom de Beurré de Naghin ? L’apport de MM. Baltet comprenait en outre : lo Les Poires : Baltet, variété très-recommandée, mûrissant en hiver; — Victoire Lepin, gros fruit de première qualité, et il/™® Mutin, bon fruit à chair saumonée ; puis quelques semis de M. Tourasse, de Pau, dont l’étude a été confiée à MM. Baltet. 2® Lee Pommes : London pippùi, très-beau et très-bon fruit d’hiver, répandu dans les cul- tures françaises sous les noms de Calville du roi et Citron d'hiver, arbre vigoureux, d’un beau port et très-lertile; — Swaar, beau fruit américain, remarquable par ses formes et sa couleur, de bonne qualité (sous ce nom, paraît- il, circulent plusieurs variétés différentes) ; — Diospyros costata, joli fruit récolté en espalier sous le climat de l’Aube. pense. Nous faisons de notre mieux pour don- ner à nos abonnés les renseignements qu'ils désirent; mais les questions qu'on nous pose sont variées, et souvent elles nécessitent de lon- gues recherches. 4® Ne jamais nous renvoyer à une lettre précédente ; nous avons à peine besoin de dire que les demandes de renseignements ne sont ni classées ni même conservées. 5® Ne nous adresser que ce que nous pou- vons détruire après avoir lu ; nous ne pouvons renvoyer aucune pièce, et nous déclinons toute responsabilité en cas de perte. M. C. (Haute-Garonne). — Vous trouverez le Sureau pleureur chez M. Paillet, horticul- teur à Ghâtenay-lès-Sceaux (Seine). Quant à la Prune Belsiana, vous devrez, pour avoir des renseignements, vous adresser à M. Gusin, secrétaire général du Gongrès pomologique, au Palais des Arts de France, à Lyon. — Le Rubus cannabinifolius n’est pas encore au com- merce, et nous ne pensons pas que vous puis- siez vous le procurer ailleurs qu’au Fleuriste de la Ville de Paris. — Quant aux causes qui rendent difficile la réussite des greffes de Noyers, Ghâtaigniers, Ghênes, Kakis, etc., elles sont assurément complexes et ne peuvent être indiquées, sinon très-hypothétiquement. On pourrait à ce sujet faire de longues disserta- tions qui n’avanceraient aucunement la ques- tion. La pratique seule pourrait peut-être ré- pondre plus tard , mais, quant à présent, elle 46 CORRESPONDANCE. ne l’a pas encore lait. Pour ce qui est des tire-sève ou « bourgeons d’appel », dont vous parlez, il y a longtemps qu’ils ont été recom- mandés et meme tju’on les a essayés, mais ils n’ont donné ({ue des résultats négatifs. Il ne nous est guère possible de répondre à votre question relative au certificat d’origine en ce qui concerne la Vigne, eu égard à la Con- vention de Berne. En effet, en parlant du cer- tificat, vous ne dites pas l’usage ({ue vous désirez en faire, }>ar exemple, s’il s’agit d’expédier des Vignes en France ou à l’étranger, dans des pays contaminés par le phylloxéra ou dans des loca- < lités indemnes; suivant ces cas, les formalités à remplir diffèrent. En outre, les décisions administratives sont très-souvent modifiées, sans que les intéressés en aient connaissance. Le mieux est de vous adresser au préfet de votre département, en ayant bien soin de pré- ciser les choses. Quant aux pots à marcottes, en zinc et à charnières, cet article, bien que très-commode est très-peu usité. Néanmoins, ayant écrit à certains industriels, nous ne perdons pas l’es- poir de pouvoir vous renseigner. Vous pourriez vous adresser à ceux qui fabriquent des pote- ries pour le jardinage ; vous trouveriez là les anciens pots à marcotter, qui ont une fente sur l’un des côtés, par laquelle on introduit le ra- meau qu’il s’agit de faire enraciner. M. B. ( Vaï'). — Une des premières conditions de bonne réussite pour récolter des fruits sur les arbres conduits en colonne ou en fuseau, c’est que ces arbres ne soient pas trop vigou- reux. Donc, en général, ils devront être greffés sur Coignassier s’il s’agit de Poiriers, et sur Paradis s’il s’agit de Pommiers. Ceci, du reste, est un peu subordonné au climat et aux varié- tés que l’on cultive. C’est donc à la pratique de décider. Mais, quoi qu’il en soit sous ces rap- ports, en règle générale, surtout s’il s’agit de variétés vigoureuses, l’on devra faire en sorte que les arbres soient bien garnis de brindilles, laisser celles-ci plus ou moins longues, et sup- primer au contraire, ou au moins rogner très- court, les branches vigoureuses. En môme temps, on devra allonger suffisamment la flèche afin que les branches latérales ne prennent qu’un développement relativement faible et se portent plus vite à fruit. D’autre part encore, les pinçage, cassage, rognage, etc., devront être pratiqués conformément aux prin- cipes sur lesquels s’appuient les théories pro- pres à la taille et en rapport avec la nature et l’espèce d’arbre dont il s’agit. Au besoin même, si les arbres étaient trop rebelles à la mise à fruit, on pourrait pratiquer l’arcure des bran- ches vigoureuses, du moins jusqu’à ce que les transformations en parties fruitières soient jugées suffisantes pour en déterminer la fructi- îi cal ion. M, P. B. {Nord). — Vous pourrez vous pro- curer à la Librairie agricole de la Maison Rustique, 26, rue Jacob, deux ouvrages prati- ques sur les Orchidées : le traité de M. le comte du Buysson coûte 6 fr ; l’ouvrage, plus élémentaire, de M. Delchevalorie, coûte 1 fr. 25. M. le baron de C. {Troyes). — Voici une liste comprenant quelques-unes des meilleures variétés de Rosiers grimpants, remontants, à fleurs rouges : Beine Olga, de Wurtemberg , Thé à fleurs très-grandes, presque pleines, rouge éclatant ; Climbing Charles Lefebvre, hybride à grandes fleurs pleines, rouge lavé de pourpre; Climbing Edouard Morren, hybride, à grandes fleurs pleines, rose cerise; Climbing Jules Margoltin, Heurs rouge cerise vif; Mi- chigan Eva Corinne, lleui’s doubles, rouge clair; Ayrshire à fleurs rouges; Mulliflorede la Grilferaye, rouge pourpre carminé, Beauté des Prairies, fleur moyenne rouge lilas, etc. Vous pourrez vous procurer ces Rosiers chez les horticulteurs-rosiéristes ; vous trouverez leurs noms et leurs adresses aux annonces de la Llevue. M. LL M. à Auterive {Haute-Garonne). — Pour vous procurer le Poirier Beurré Foucjue- ray, le moyen le plus simple est de vous adres- ser à son obtenteur, M. Fouqueray-Gautron, horticulteur à Sonzay (Indre-et-Loire). MM. P. de V. {Rhône), Pi. M. {Seine-Infé- rieure). — On trouve le liège en canons, blocs ou fragments utilisables pour la fabrication des suspensions ou garnitures de poutrelles, desti- nées à recevoir les plantes épiphytes. Bromé- liacées, Orchidées, Fougères, etc., chez MM. Ba- rigny, 50, rue Sainte-Groix-de-la-Bretonnerie, et Guillardet, 52, rue des Francs-Bourgeois, à Paris. Mme c. des A. {Ille-et-Vilaine). — Le nu- méro du 16 décembre dernier de la Revue hor- ticole indique le moyen de protéger les plantes de serre contre les ravages de la cochenille. Si vos Hoya et Coleus ne sont pas encore débar- rassés de ces insectes, il serait bon, avant de les bassiner d’eau très-légèrement additionnée de pétrole, dans la proportion que nous avons indiquée, de nettoyer autant que possible les plantes à l’aide d’une petite éponge ou d’une brosse très-douce. Pour les Coleus, dont les feuilles sont peut-être rendues très-fragiles par la culture à laquelle ils sont soumis, il sera prudent que vous n’expérimentiez le procédé en question que sur un seul pied d’abord, pour ensuite procéder en grand, si ce pied n’a pas souffert de l’opération. Dans le cas contraire, il faudrait réduire encore la proportion de pétrole. M. R. M. {Aveyron). — Pour le tuteurage de vos Poiriers-fuseaux et de vos Rosiers, nous vous conseillons d’employer les tuteurs ou échalas métalliques à torsion horizontale. Ces tuteurs sont légers, solides; les tigelles de fer tordues, dans lesquelles on fait passer les ar- bustes que l’on veut soutenir, dispensent de toute autre attache. Le même système s’emploie également, avec des tuteurs de diverses gran- deurs, mais toujours suivant le môme principe, pour soutenir les Vignes de grande culture, les REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 47 Fraisiers , les Tomates, plantes grimpantes, cordons horizontaux d’arbres fruitiers , etc. Pour les Poiriers pyramides, qui sont destinés à prendre un grand développement, il faudrait employer ces tuteurs, mais en ayant soin de les commander avec des torsions horizontales suf- hsamment larges pour être assuré que la tige des arbres ne sera jamais étranglée. Vous pourrez vous procurer les tuteurs métalliques en vous adressant à la Société anonyme des Forges de Franche-Comté, 116, avenue Dau- mesnil, Paris. M. E. G. {Drôme). — On peut parfaitement employer, pour palisser les arbres fruitiers, le fil de fer non galvanisé que l’on a à sa disposi- tion. Mais afin d’éviter qu’il ne rouille au bout d’un certain temps, il suffira de tremper les rouleaux de fil de fer dans un bain d’huile de lin, immédiatement après les avoir chauffés jusqu’à ce qu’ils deviennent rouges. Le fil de fer ainsi préparé résistera à l’oxydation et de- viendra moins cassant. La même opération peut d’ailleurs être employée pour la conser- vation de tous les outils ou instruments en fer. M. E. B. {Seine). — Si les arbres que vous nous annoncez avoir reçus pendant la gelée présentent, lorsque l’on coupe une branche ou une racine, une section tachée de noir, ils peu- vent être considérés comme perdus, au moins dans toutes les parties ainsi attaquées. Il est cependant possible que la tige, le collet et les principales branches et racines n’aient pas souffert, et il vous sera facile de le constater, en soulevant avec un canif une légère partie de leur écorce. Voici d’ailleurs les précautions qu’il est nécessaire de prendre lorsqu’on reçoit des arbres pendant le froid : si la température ne dépasse pas 2 ou 3 degrés au-dessous de zéro, il suffit de déposer ces arbres pendant trois ou quatre jours dans une cave un peu humide, et ensuite de les enjaiiger en pleine terre, en les enterrant de 15 à 20 centimètres au-dessus du collet. Si les arbres parviennent à destination par une température plus basse, ou si, après un long transport, ils arrivent plus ou moins desséchés, ce qui se reconnaît à leur écorce ridée, il faut immédiatement, sans défaire les ballots, mais en enlevant la paille qui les en- toure, les enfouir à une profondeur de 50 cen- timètres à 1 mètre, dans des tranchées fraîche- ment ouvertes en un terrain sableux, en ayant soin de faii’e autant que possible pénétrer la terre à l’intérieur des ballots, mais en évitant de froisser les branches. On comble les tran- chées; on tasse légèrement et on laisse les choses en cet [état jusqu’au dégel, ou au moins pendant une quinzaine de jours. On déterre alors les arbres enfouis qui, presque toujours, et à moins de congélation absolue, auront repris leur état normal. On plantera à demeure et l’on n’oubliera pas d’arroser aussitôt après. Sans cette dernière précaution, les arbres ainsi trai- tés reprendraient leur aspect desséché et réus- siraient mal. il/. A. de la V. (Calvados). — La liste des arbres et arbustes résistant complètement aux vents de mer est malheureusement bien courte. Le Pin noir d’Autriche, le Pin Laricio, le Ta- marix gallica, VAtriplex Halimus^ les Fusains du Japon, les Buplevrum fruticosum, peuvent être plantés, dans votre région, avec succès, comme premier rempart. Le Peuplier noir, l’Érable de Montpellier, le Chêne vert, l’Orme champêtre, viennent ensuite, comme arbres d’assez grand développement; les Ifs, Buis, Seneçon en arbre, Bucldleia Lindleyana^ Lau- rier de Portugal, Baguenaudiers, Coriaria myrtifolia, Troène à feuilles ovales, Sureaux variés. Lauriers tins, Gotoneasters, Elæagnus, Hortensias, etc., composeront les massifs résistants, bien qu’ils soient en partie abrités par une première ligne de végétation. Presque tous les arbustes et arbres de notre climat réussiront dans les parties de votre parc qui sont moins exposées au vent de mer, et il sera prudent, cependant, que vous plan- tiez surtout ceux que vous voyez réussir dans des conditions analogues. Vous vous trouverez bien, en faisant votre plantation, d’intercaler dans vos massifs un grand nombre de boutures de Peupliers noirs. Sureaux, Tamarix, qui formeront rapidement un bas-fond de végé- tation et pourront être successivement suppri- més. REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Botanical Magazine. Sagittaria Monter idensis, Gham. et Schlecht. — Alismacées {Bot. Mag., tab. 6755). — Belle plante aquatique, introduite en Europe en 1883, originaire de l’Amérique méridionale, où elle se trouve depuis Montévideo jusqu’à la Jamaïque, ainsi qu’au Chili et au Pérou. Ses belles et grandes fleurs, d’un blanc de neige pur, marquées à la base des pétales d’une large tache marron bordée d’or, se succèdent en quantité pendant une période très-longue. Souche tubéreuse, feuilles nombreuses, à pétiole long de 70 centimètres à 1 mètre, fort. cylindrique, s’amincissant dans sa partie supé- rieure ; limbe en flèche, à lobes aussi longs ou plus longs que le reste de la feuille, qui varie de forme, étant quelquefois étroitement oblon- gue, quelquefois presque deltoïde -aiguë ou finement acuminée ; les lobes de la base sont étroits et parallèles, ou triangulaires et diver- gents. Pédoncules des tleurs mâles hauts de 70 centimètres à 1 mètre, élancés ; panicule longue de 33 centimètres, formée de plusieurs bouquets de six à huit fleurs chacun ; bractées ovales-iancéolées, acuminées ; pédicelles longs de 25 à 50 millimètres ; sépales longs de 48 REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 13 millimètres, oblongs, concaves, obtus, verts ; pétales larges de 25 à 38 millimètres, un peu moins longs, arrondis, à base subaiguë, d’un blanc pur, ornés d’une large tache marron bordée d’or ; étamines nombreuses, entourant une petite tête d’ovaires avortés. Pédon- cules des fleurs femelles plus forts , à pédicelles plus courts, à bractées généralement plus larges. Périanthe semblable à celui des fleurs males. Ovaires réunis en une tête glo- buleuse, ovale, comprimée, d’un vert glabre. Akènes réunis en masse compacte globuleuse, de 25 millimètres de diamètre, vert foncé. Solanum Maglia^ Schlecht. — Solanées {Bot. Mag., tab. 6756). — Cette plante tuber- culeuse fut découverte en 1822, au Chili, par M. Al. Caldcleugh, qui l’envoya en Angleterre croyant avoir retrouvé la véritable Pomme de terre à l’état sauvage. Plus tard. Darwin retrouva le S. Maglia dans l’Archipel des Chonos et en décrivit les tubercules comme ovales, mesurant 5 centimètres de diamètre, et ressemblant exactement en forme et en saveur à la Pomme de terre comestible, mais deve- nant aqueux et insipides lorsqu’on .les faisait bouillir. Il a été reconnu depuis, par les savantes recherches de M. Baker, que le S. Maglia, qui croît à l’état spontané sur les côtes de l’Océan pacifique, n’est pas le type de notre Pomme de terre, qui doit être cherché dans l’espèce très-voisine, le S. tuherosum, origi- naire des Andes du Chili et du Pérou. Plante glabre ou irrégulièrement pubescente. Tubercules subglobuleux ou oblongs; les plus gros mesurant de 25 à 38 millimètres de dia- mètre en longueur, à surface unie, rouge brun. Tige haute de 60 centimètres, érigée, forte, rameuse. Feuilles longues de 10 à 20 cen- timètres, à 5-7 folioles ovales ou oblongues acurainées. Cymes composées, à fleurs nom- breuses ; fleurs blanches, de 25 millimètres de diamètre, à anthères jaune orangé. Tillandsia streptophylla, Scheidw. — Bro- méliacées {Bot. Mag., tab. 6757). — Décou- verte et introduite depuis fort longtemps cette, plante, originaire du Mexique et du Honduras, présente surtout un intérêt botanique. Elle est épiphyte, son inflorescence ressemble beau- coup à celles des T. polystachya et fascicu- lata ; mais ses feuilles, dont les bases réunies forment une sorte de vase autour de la base de la tige, s’élancent, coriaces, effilées, enroulées et contournées de façons diverses et fort bi- zarres. Plante haute de 35 à 40 centimètres, y com- pris l’inflorescence. Feuilles réunies en rosette basilaire très-dense ; limbe long de 15 à 23 cen- timètres, large de 25 millimètres à la base et s’amincissant graduellement jusqu’à l’extrémité qui est longuement aiguë, irrégulièrement contournée en spirales qui se dirigent dans tous les sens, épaissement velu-écailleux sur les deux faces. Pédoncule court. Épis au nombre de 4 à 8, formant une courte panicule distique ; bractées oblongues lancéolées, très-imbriquées, épaissement velues-écailleuses ; calyce long de 13 millimètres, caché par ces bractées amplexi- caules, glabre. Corolle cylindrique, lilas, longue de 38 millimètres. Drymonia marmorata, Ilort. Bail. — Ges- nériacées {Bot. Mag., tab. 6,763). — Plante grimpante, du plus haut intérêt au point de vue ornemental, et dont la patrie supposée est la Guyane. Elle est entièrement glabre dans toutes ses parties. Tige très-forte, de la grosseur du petit doigt, obtusément quadrangulaire, brun pâle marqué plus foncé, émettant des racines adven- tives qui vont chercher la nourriture de la plante et lui servent de point d’appui. Feuilles très-grandes, longues de 35 centimètres envi- ron, largement elliptiques ovales, subaiguës aux deux extrémités, crénelées, épaisses et presque charnues, huilées, vertes, avec des taches gris éclairé en dessus ; le dessous, au contraire, est pourpre violacé clair, avec les nervures très-saillantes. Fleurs fasciculées à l’aisselle des feuilles ; pédoncules longs de 25 millimètres à 10 centimètres, érigés, roses, tachés de gris ; sépales longs de 25* à 30 milli- mètres, foliacés, ovales, subaigus, à base cor- diforme, fortement nervés, rose pourpre. Corolle longue de 25 à 37 millimètres, déclinée, jaune pâle légèrement nuancé de rose; tube mesu- rant 12 à 13 millimètres de diamètre; lobes arrondis, concaves, à bords frangés. Plante de haut mérite. Hypericum empetrifolium, Willd. — Hypé- ricinées {Bot. Mag., tab. 6764). — Cette es- pèce, originaire de la Grèce et des Iles qui l’environnent, se rapproche beaucoup de VH. Coris, qui croît dans le sud de la France, en Italie et dans le Tyrol, et avec lequel elle a souvent été confondue. Voici les caractères qui permettent de les distinguer l’un de l’autre. L’H. Coris a les rameaux herbacés, les sépales étroits et érigés lorsque le fruit est formé, les pétales étroits et persistants, tandis que VH. em- petrifolium a les rameaux ligneux, les sépales petits, presque arrondis, étalés autour du fruit, et les pétales caducs et relativement larges. Voici, d’ailleurs, sa description : petit arbuste érigé, très-branchu, entièrement glabre, haut de 20 à 30 centimètres ; branches érigées, qua- drangulaires, feuillues ; feuilles réunies par trois en collerette, de 12 à 18 millimètres de longueur, sessiles, étroitement linéaires, ob- tuses, vert foncé. Cymes paniculées, à fleurs peu nombreuses, pédoncules longs de 25 milli- mètres, trichotornes, triflores, fleur du milieu sessile , s’épanouissant la première. Fleurs jaune d’or pâle, de 12 à 16 millimètres de dia- mètre ; sépales petits, largement oblongs obtus, étalés autour du fruit ; pétales largement oblongs, concaves, caducs. Ed. André. U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jaoob, — Orléans. CIiaOMQUE 1IORTIC0LE. 49 CHRONIQUE HORTICOLE Réduction de prix sur les chemins de fer. — Les champs d’expériences et de démonstration en France. — Production des vins et des cidres en France. — Nouveaux Anthuriums de MM. Chantrier. — Des Raisins Fendant, Blanclistte et Ermitage blanc. — Ophiopogon japonicus. — Bégonia Noémie Mallet. — Les arbres sur les routes. — Guérison du chancre des Melons. — Résistance des feuilles au dessèchement. — Un énorme broussin é'Epicea. — Phytolacca eleclrica ou Plante-torpille. — Veronica carnosula. — Surface approximative des espaliers à Montreuil. — Emploi de l’acide salycilique pour la conservation des fruits. — Les articles sans signature. — Syndicat horticole de U région lyonnaise. — Création d’une nouvelle ferme-école. — Société régionale d’horticulture du Nord de la France. — Nécrologie : M. Adolphe Burel. Réduction de prix sur les chemins de fer. — Nous sommes heureux de pou- voir commencer cette chronique par une bonne nouvelle : les démarches faites auprès^ des Compagnies de chemins de fer à l’occa- sion du prochain Congrès horticole à Paris, pour obtenir une réduction de prix, ont été couronnées d’un plein succès, et nous venons de recevoir la circulaire suivante, que nous nous empressons de publier : Mon cher Collègue, J’ai la satisfaction de vous annoncer que la Société, voulant faciliter la présence de tous ses membres au Congrès horticole qu’elle doit te- nir du 6 au 9 mai prochain, en même temps que son Exposition générale, a obtenu des chemins de fer une réduction de 50 p. 100 sur le prix du transport, en faveur’' de tous les Sociétaires. La Société, ayant pour but d’activer et de ré- pandre le plus promptement possible la marche des progrès de l’horticulture française, fait un pressant appel à tous. J’espère qu’il vous sera possible de profiter du grand avantage qui vous est offert, et vous engage à venir prendre part aux travaux du Congrès. Agréez, mon cher Collègue, l’expression de mes sentiments très-distingués. Le Secrétaire général, A. Bleu. Les champs d’expériences et de dé- monstration en France. — Dans une circulaire adressée, à la date du 24 décem- bre, par M. le Ministre de l’Agriculture aux Préfets, nous remarquons que le Gou- vernement, justement préoccupé de la triste situation de la culture en France, semble vouloir s’occuper sérieusement de faire ces- ser, autant que possible, ce pénible état de choses. Parmi les moyens à employer, soit pour améliorer les systèmes de culture, soit pour introduire dans certaines régions la culture de plantes qui y sont encore inconnues, la création de nombreux champs d’expérien- Février 1886. ces et de démonstration, répartis dans toute la France, vient certainement, après la grosse question du trafic international, en première ligne. Ces champs, à la création desquels l’Ad- ministration offre sa contribution, serviront surtout à l’étude de telle ou telle plante ou semence peu connue ou améliorée, à l’essai comparatif des différents systèmes de cul- ture et des" engrais nouveaux ; en un mot, ils rendront immédiatement utilisables pour tous les améliorations obtenues chaque jour dans une des branches quelconques de la culture. Les professeurs départementaux seront chargés de l’installation de ces champs de culture expérimentale, auxquels un bud- get annuel de 8,000 francs, fourni moitié par l’État, moitié par le département, sera alloué. Telles sont les bases principales de cette utile création, qui, par son développement, rendra certainement de grands services à la culture potagère, industrielle, ainsi qu’à l’arboriculture fruitière et forestière. Le Gouvernement désire activer, autant que possible, la création des champs d’ex- périences et de démonstration, et il sera certainement secondé dans cette tâche par les Conseils généraux, les Sociétés cultu- rales et les gros cultivateurs. Production des vins et des cidres en France. — D’après le tableau publié par le Ministère des Finances, la récolte des vins, en 1885, n’a atteint que le chiffre de 28,536,151 hectolitres, ce qui établit une diminution de 6,244,575 hectolitres sur la production de 1884, et de 13,672,903 hec- tolitres sur la moyenne des dix dernières années. Par contre, en Algérie, la culture de la Vigne s’étend et la production augmente. On y a récolté, en 1885, 896,000 hecto- litres. 3 50 CHRONIQUE HORTICOLE. Les cidres ont donné une augmentation considérable : j’année dernière a produit une récolte de 19,955,000 Iiectolitres, supé- rieure de 8,048,000 hectolitres à celle de 1874, et de 7,433,000 hectolitres à la moyenne des dix dernières années. 11 faut espérer que cette énorme diffé- rence en plus s’accentuera encore et que, tant que nous ne serons pas débarrassés du Phylloxéra, les cultivateurs des régions où le Pommier à cidre 'réussit, redoubleront leurs efforts pour arriver à remplacer, dans la plus grande proportion possible, par le cidre, la quantité de vin qui nous manque chaque année. Nouveaux Anthuriums de MM. Chan- trier. — Nous avons reçu de MM. Chan- trier, horticulteurs à Mortefontaine (Oise), de très-belles fleurs de leurs nouveaux An- thuriums de semis. L’un d’eux n’est autre chose que VA. Mortfontanense, que nous avons décrit sous ce nom au printemps der- nier (1) et qui a été exposé en mai 1885 à l’Exposition internationale de Paris, où ses fleurs à spathes rouge sang et son feuillage magnifique rappelaient nettement son ori- gine hybride, entre V Anthurium Andrea- num fécondé par VA. Veitchii. Depuis cette époque, la plante s’est beaucoup déve- loppée ; ses feuilles sont devenues grandes et vigoureuses, très-longues, les jeunes, vert olivâtre, et les pétioles longs et robustes portent des spathes grandes, d’un beau rouge sang. Nous trouvons dans cette belle plante une grande ressemblance avec celle exposée par MM. Jacob-Makoy à Anvers, en août 1885, sous le nom d’A. Leodiense, et qui a été récemment figurée et décrite dans la Revue de Vhorticidture belge. Ces beaux gains feront certainement parler d’eux. MM. Ghantrier avaient aussi exposé en mai 1885, à Paris, un autre hybride, prove- nant des mêmes parents et qu’ils avaient nommé A. Andreanum roseum. Or, la spathe rose qui avait motivé ce nom est de- venue rouge sang vif ; les feuilles, d’aliord moyennes, portent aujourd’hui des limbes dépassant 60 centimètres de longueur; l’en- semble est d’une fermeté, d’une vigueur admirables, et ne justifie plus la première appellation. La nouvelle plante de MM. Ghantrier sera donc nommée A. cruentum, d’après la couleur rouge sang de ses spathes. (1) Voir Revue horticole., 1885, p. 282. Raisins Fendant, Blanchette ®t Ermi- tage blanc. — Dans une tournée viti- cole qu’il vient de faire dans le bassin du Rhône, ensuite dans la Haute-Savoie, et dont nous avons parlé (‘2), notre collabora- teur M. Pulliat a une fois de plus constaté que le cépage cultivé sous la dénomination de Fendant ou Fendant blanc n’est autre que le Ghasselas de Fontainebleau, et que celui que l’on rencontre sous le nom de Blanchette n’en est qu’une légère forme, probablement due à un choix judi- cieux dessarments, et que c’est également le même que les Allemands nomment Gut Edel et les Hongrois Ermitage blanc. Gette découverte ne doit-elle pas avoir pour résultat prati({ue l’essai, dans certains vi- gnobles, de cultiver le Ghasselas comme Raisin de cuve chez les particuliers , si l’on songe que dans les années où la récolte du Ghasselas est tellement abondante qu’on le vend à vil prix, l’on pourrait en faire du vin, ce que font depuis longtemps certains horticulteurs. Du reste, aujour- d’hui que la science permet si facilement d’analyser les vins, rien ne serait plus simple, alors, connaissant les éléments qui se trouvent en trop faible quantité, de les y ajouter. De cette façon, l’on aurait un bon vin, préférable même à beaucoup d’autres du commerce plus ou moins falsifiés. Sans y lien ajouter l’on peut faire du vin, au moins passable, avec du Ghasselas, et M. Pulliat a eu soin de le faire remarquer : ... En Suisse, en Allemagne, en Hongrie, dit- il, on plante très en grand le Chasselas pour la production du vin ; en France, ce cépage est uniquement réservé pour la table par suite de l’idée préconçue qu’il ne peut pas donner du vin. Gette prévention est on ne peut plus fâ- cheuse, attendu que dans les Vignes où l’on ne peut voir mûrir les Raisins de première époque, le Chasselas est la variété \2i plus pré- cieuse que l’on puisse cultiver pour la produc- tion d’un « bon ordinaire ». Ophiopogon japonicus. — L’article publié récemment (3) sur cette espèce nous a valu plusieurs demandes de renseignements, entre autres celles-ci : Où peut-on trouver la plante? Pourrait-on s’en procurer des graines, et, dans l’affirmative, où trouver ces graines ? L’espèce se trouve, non seulement dans toutes les Écoles de botanique, mais encore chez la plupart des horticulteurs qui (2) Voir Revue horticole, 1885, p. 532. (3) Voir Revue horticole, 1885, p. 557. CIlUO.NJQUE llOUTIÜOl.E. M cuHivent des piailles herliacées de serre froide. Quant aux graines^ elles sont rares, la plante n’en donnant presque jamais, ce qui s’explique par ce fait qu’on la multiplie presque toujours par division des pieds. Mais il suffirait, pour la rendre fertile, de la multiplier par graines ; et, dans ce cas, il n’est pas douteux qu’après quelques générations, la plante en question serait devenue très-féconde. Outre cette espèce, il en est une autre, moins connue, et qui pourrait être employée aux mêmes usages : c’est V Ophiopogon spicatus, qui, originaire de la Chine, donne à peu près la même végétation que la précédente. La culture et la multiplication sont les mêmes pour les deux espèces. Bégonia Noémie Mallet. — On vient de nous informer que cette espèce, dont la Revue horiicole a donné récemment une description (1), vient de fleurir, etc’estavec plaisir que nous apprenons que les fleurs sont jolies et même très-élégantes. C’est donc un attrait de plus à ajouter à cette plante déjà si méritante. Les arbres sur les routes. — Nous venons de lire, dans le Bulletin publié par le Ministère des travaux publics, d’intéres- sants détails statistiques sur les plantations d’arbres sur les routes nationales de France, à la date du juin 1885. Sur 37,98*2 kilomètres, on compte 14,657 kilomètres plantés, c’est-à-dire environ les deux cinquièmes. Il reste encore 9,336 kilo- mètres susceptibles d’être plantés. On compte 2,871,385 arbres plantés, parmi lesquels les principaux sont l’Orme, le Tilleul, le Peu- plier, le Pmbinier, le Platane, le Frêne, le Sycomore. On trouve, en beaucoup plus petit nombre, l’Ailante, l’Alisier, le Ceri- sier, le Châtaignier, le Sorbier domestique, le Mûrier, le Noyer, le Poirier, le Pom- mier, etc. Il serait à désirer que des études plus sérieuses fussent faites, par l’Administration des ponts et chaussées, sur les essences arborescentes les plus propres aux planta- tions des routes, au point de vue de l’om- brage, de la rapidité de croissance, de la durée et du produit. C’est là une source de richesse trop négligée dans notre pays. Guérison du chancre des Melons. — Un abonné de la Revue horticole, M. Cha- (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 561. vigny, jardinier au château de Montrnarue, nous informe qu’il a trouvé un moyen in- faillible de guérir le chancre des Melons. Ce procédé, qui est des plus simples, consiste, après avoir enlevé les parties malades et bien nettoyé les plaies, à saupoudrer celles-ci avec du verre pilé réduit en poussière. Il nous dit : « Le lendemain de cette opéra- tion, la plaie est complètement sèche et tout le mal a disparu. » On le voit, le moyen est simple, peu dispendieux et son application est à la portée de tous. Mais de ce fait semble se dégager ceci : que l’on pourrait, pour le même usage, employer du sable siliceux, très-fin et bien sec. En effet, qu’est-ce que du verre pilé, sinon de la silice pure réduite à l’état pulvérulent ? Nous engageons à faire des essais dans ce genre. Résistance des feuilles au dessèche- ment. — La durée de temps néces- saire pour qu’une feuille séparée de la plante qui l’a produite ait perdu par la transpiration et l’évaporation toute l’eau qu’elle contenait est très-variable. La cons- titution anatomique des feuilles, leur épais- seur, la nature des sucs ou essences qu’elles contiennent, sont les causes principales de ces différences. Nous avons relevé, dans la Revue de V horticulture belge, les intéressantes re- marques ci-dessous relatées, qui donnent, d’après M. Heischer, le nombre de jours nécessaires pour la dessication absolue de certaines plantes : Chelidonium majus (Grande Éclaire), 6 jours ; Medicago sativa ( Luzerne ) , 15 jours; Convallaria maialis (Muguet), 15 jours; Ahies Nordmanniana, 18 jours; Nerium Oleander (Laurier rose), 22 jours; Tradescantia guyanensis, 61 jours ; Sem- pervivum tectorum (Joubarbe), 165 jours ; Bryophijllum calycinum, 255 jours, et Ce- reus (tige moyenne), 576 jours. Un énorme broussin d’Épicéa. — Tout récemment, en examinant, dans la propriété de M. Arthur Mallet, à Jouy-en- Josas, quelques-uns de ses beaux arbres, nous avons remarqué un énorme broussin sur un Épicéa commun ; ce broussin n’a pas moins de 1 mètre de diamètre sur à peu près au- tant de hauteur, et, du bas, il présente un aspect des plus étranges ; sa différence d’as- pect avec l’arbre sur lequel il a poussé est de nature à intéresser particulièrement ceux qui étudient la tératologie végétale. CHRONIQUE HORTICOLE. 52 Phytolacca electrica ou Plante tor- pille. — Gerljiins journaux ont récemment publié sur ce sujet des choses vrairnenl mer- veilleuses et dii^nies de tig'urer dans les contes de fées ou dans les Mille et une nuits ; elles nous ont valu des lettres de plusieurs lecteurs de la Revue horticole, dans les- quelles on nous demandait des renseip^ne- ments. 11 résulte de recherches sérieuses que tout ce qui a été dit à ce sujet est de pure invention, puisque la plante n’existe même pas. Veronica carnosula. — Cette espèce, originaire de la Nouvelle-Zélande, peut être comparée par son aspect général à un Pimelea dec^issata , mais avec des leu i lies plus courtes et plus largement ar- rondies, d’un glauque pruineux foncé, pres- (jue bleuâtre ; elle est remarquable et très- distincte. C’est une plante des plus cu- rieuses, formant un buisson nain et très- compact, et qui, très-différente de tout ce qui est connu en ce genre, pourrait se rap- procher un peu du Veronica Traversi, es- pèce assez rustique pour résister à la plupart de nos hivers. Surface approximative des espaliers à Montreuil. — Si l’on étudie Mon- treuil au point de vue des cultures et si l’on considère le gigantesque damier que forment ses murs , on doute qu’il soit possible d’en évaluer la surface, même ap- proximativement. C’est pourtant le contraire qui est vrai, et par des calculs relativement précis, on arrive à constater que, en chiffres ronds, cette surface peut être évaluée à plus de cinq cent mille mètres carrés. Emploi de l’acide salicylique pour la conservation des fruits. — Notre col- laborateur, M. Charles Joly, nous adresse la communication suivante empruntée à V American Garden : Le professeur Budd, du Collège d’agriculture de riowa, conseille, pour conserver les fruits que l’on expédie au loin, de les envelopper dans du papier trempé dans de l’acide sali- cylique. Le procédé peut être bon, car on sait que l’acide salicylique jouit de propriétés anti- putrides (|ui le font employer pour la con- servation de certaines substances alimen- taires. C’est donc à essayer, d’autant plus que le moyen est des plus simples. Les articles sans signature. — Un de nos lecteurs nous a envoyé un article intéressant, mais anonyme, sur le Congrès Ifuitier de Chiswick. Dans ces conditions, nous regrettons de ne pouvoir le publier. Nous prions l’auteur de se faire connaître, et s’il désire que son nom ne soit pas pu- blié, nous respecterons liien entendu sa volonté. C’est une règle générale pour la Revue horticole, de ne tenir aucun compte des communication non signées. Syndicat horticole de la région lyon- naise. — Le syndicat dont nous avons ré- cemment annoncé la formation, et qui a son siège à Lyon, vient de nommer son admi- nistration pour 1880 : Président : M. B. Comte, horticulteur. Vice-Président : M. Viviand-Morel, rédacteur en chef du Lyon-llorticole. Secrétaire: M. Ant. Rivoire fds, marchand grainier. Trésorier : M. Musset, fleuriste. Membres : MM. Bellisse, L. Carie, Charre- ton, Cousançat, C. Jacquier fils, Labruyère, F. Morel, E. Schmitt. Toutes les communications, adhésions, et demandes de renseignements, devront être adressées au secrétaire, M. Ant. Rivoire, 16, rue d’Algéne, à Lyon. Création d’une nouvelle Ferme- École. — C’est sur le domaine de Ber- thouval, dans la commune de Saint-Éloi, à 9 kilomètres d’Arras, que cette école va être établie. Le directeur estM. Ephrème de Roosmalen, qui depuis quelques années était sous-directeur à l’École nationale d’agriculture de Grignon. Déjà, paraît-il, il y a plus d’élèves d’inscrits qu’il n’y a de places disponibles, ce qui est de bon au- gure. Si nous parlons de cette école qui, par sa nature, semble être en dehors des attribu- tions spéciales de la Revue horticole, c’est parce qu’il va s’y rattacher une École d’hor- ticulture, sous la direction de M. Loizeau, ex-élève de l’École d’horticulture de Ver- sailles. Nous aurons donc plusieurs fois l’occasion d’en parler. Société régionale d’horticulture du Nord de la France. — La Société régio- nale d’horticulture du Nord de la France vient, dans son élection générale du 10 jan- vier, d’élire pour son président M. Charles de Franciosi, publiciste et botaniste. On ne DE l’incision annuitaire. 53 peut que la féliciter d’un tel choix car, outre ses connaissances spéciales, M. de Franciosi n’est étrang'er à aucune des bran- ches de l’horticulture: Nécrologie. — M. Adolphe Burel. — M. Adolphe Burel était connu de tout le monde horticole. C’était un horticulteur pra- ticien des plus distingués, et ceux qui l’ont vu à l’œuvre n’ouhlieront jamais ces plantes énormes vérital)les monstres de beauté, par exemple, des Fuchsias et des Héliotropes, qui, en quelques mois seulement atteignaient jusqu’à 4 mètres de hauteur. M. Burel est mort à Paris, le 13 janvier. Son nom est lié à un autre également cher à l’horticul- ture, à celui de M. Félix Lancezeur, avec lequel il avait été associé. E.-A. Carrière et Ed. André. UE L’INCISION ANNULAIRE Plusieurs fois déjà la Revue horticole s’est occupée de l’incision annulaire de la Vigne ; il faut y revenir, puisque cette pra- tique ne s’est pas généralisée autant qu’on aurait pu le supposer, eu égard aux bons résultats obtenus et mis sous les yeux du public, soit dans les Expositions, soit dans les séances des Sociétés d’horticulture. Est-ce un résultat de l’inertie ou de la routine, ou bien faut-il admettre que les viticulteurs ont relégué l’incision annulaire au nombre des fantaisies culturales ? Dans plusieurs articles de la Revue hor- ticole de 1865, 1870, 1871, dans le Traité d'arhoricidture de M. Duhreuil, etc., le pro- cédé est indiqué avec des faits à l’appui qui en démontrent les bons résultats. Quelques personnes, cependant, considèrent cette opé- ration comme ne présentant qu’un intérêt secondaire. En somme, après une période que l’on pourrait considérer un peu comme une affaire de mode, le silence s’est fait sur ce procédé, qui pourtant n’est pas tout à fait délaissé, car quelques cultivateurs con- vaincus continuent à l’employer; nous aussi, nous allons essayer de faire ressortir son utilité. Ce qui, peut-être, s’est opposé à la géné- ralisation de l’incision annulaire, c’est le manque d’outils propres à faire ce travail ; aujourd’hui il n’en est plus ainsi, et des instruments bien appropriés rendent l’opé- ration facile. Mieux que l’ancien coupe-sève, les pinces à inciser permettent de faire le travail avec rapidité et à peu près sans au- cun danger. Quelle autre objection pour- rait-on faire encore ? Le temps à y consa- crer? L’objection n’est pas sérieuse, car lorsqu’on n’hésite pas à pratiquer le ciselage du Raisin, qui demande un temps considé- rable, il n’y a pas lieu d’invoquer le temps nécessaire à l’opération en question, sur- tout lorsqu’on tient à avoir de beaux Rai- sins. Maintenant, qu’est-ce que l’opération en elle-même ? Presque rien : l’enlevage d’un anneau d’écorce en dessous de la grappe. En réalité, c’est donc fort peu de chose, et l’objection ne résiste pas si on la compare aux résultats. Dans la pratique de l’incision annulaire, on a le tort, croyons-nous, de ne tenir compte que des racines comme source de sève. Aussi l’étonnement, au sujet de la place de cette incision au-dessous et non au-dessus de la grappe, est-il complet. Beaucoup de gens même, bien qu’ayant vu, n’en admettent guère la possibilité, et n’osent même pas l’appliquer, sous prétexte qu’ils ne comprennent pas, s’appuyant en cela sur ce fait que pour faire développer un œil quelconque, il faut faire l’incision au- dessus et non au-dessous. Ici la comparai- son n’est pas juste, et ce sont les résultats qui se chargent d’en faire la démonstration. Disons toutefois que l’on rencontre bien quelques mécomptes de temps à autre, mais que, toujours rares et sans importance, ils justifient plutôt la règle qu’ils ne l’infir- ment. D’autre part, l’effet d’une incision an- nulaire montre, d’une façon irréfutable, le rôle des feuilles dans la végétation, et sur- tout dans ce qu’elle a d’afférent aux fruits ; car ce qui dans ce cas nourrit la grappe est évidemment le feuillage : la preuve, c’est que l’incision étant faite entre deux grappes, elle favorise la grappe supérieure, en laissant l’autre dans un état d’infériorité des plus faciles à constater. C’est cet effet qui étonne le plus ceux qui ne songent qu’à la sève fournie par les racines. Outre l’accroissement étonnant des fruits produit par l’incision, il y a encore l’ac- croissement extraordinaire du rameau lui- même, au-dessus de cette incision; son diamètre y est souvent plus du double de celui de la partie inférieure. 54 UE l’incision annulaire. De ces faits, il paraît hors de doute que le pincement court des rameaux au-dessus des grappes de Raisin n’est pas rationnel, et qu’on peut admettre à priori qu’un rameau chargé de vingt feuilles nourrira mieux ses fruits que s’il n’en avait que dix; que là, il n’y a que le point juste ou la mesure à chercher, sans contester le principe ; (pie la circulation de la sève, telle qu’on la con- çoit généralement (nous parlons ici du Jar- dinage pratique et non de la science bota- nique en général), c’est-à-dire partant des racines exclusivement, est contredite jiar lieaucoup de faits : témoin l’exemple des Vignes forcées en serre, et dont le tronc, pour celles qui sont plantées en dehors, — ce qui arrive fort souvent, — reste exposé à des températures de 10, 15 ou 20 degrés de froid, sans que la végétation dans la serre en paraisse arrêtée ou même ra- lentie. On peut aussi, à ce sujet, se demander ce qui se passe dans la végétation des con- trées sibériennes, où le sol ne dégèle qu’à la surface et assez lentement, et où, cepen- dant, la végétation marche avec tant de ra- pidité aussitôt la chaleur estivale établie, ce qui se produit à peu près sans aucune transition entre l’hiver et l’été. Revenons à l’incision ; nous allons ajouter quelques autres faits à ceux qui sont parti- culiers à la Vigne, à peu près la seule plante à laquelle on applique l’incision annulaire. Nous avons îdii, l’année dernière, sur un Pêcher, une expérience que d’autres ont pu et dû faire sans doute : Une incision a été pratiquée d’abord sur des rameaux assez forts, c’est-à-dire ayant pu donner des bourgeons à leur extrémité, ce qui a fourni une certaine quantité de feuilles. Le résultat a été aussi saillant que pour la Vigne. Les fruits ont pris beaucoup plus de volume que leurs voisins, et ont mûri huit jours plus tôt; les rameaux eux- mêmes ont doublé de diamètre au-dessus de l’incision. Une autre opération a été faite .sur un petit rameau, un bouquet de mai ou « branche chiffonne ». Dans ce cas, la dif- térence du résultat a confirmé plus encore ce que nous disions plus haut du rôle des feuilles dans la végétation du fruit. Comme ce petit rameau n’avait à son extrémité que très-peu de feuilles (quatre), le fruit resta petit et mûrit mal. Ainsi, avec des feuilles nombreuses au- dessus de l’incision, et par conséquent du fruit, celui-ci grossit rapidement, bien plus même que dans l’état normal, et cela aussi bien pour le IV^cher que j)our la Vigne, tandis (pie si les feuilles manquent, le ré- sultat est négatif. Ajoutons au.ssi que dans le cas d’une incision faite au-dessous de deux ou trois grappes, c’est toujours celle du haut qui est la plus belle. Un autre etfet de cette méthode a trait à la coulure. On sait, par exemple, que cer- taines variétés deRmisin nouent leurs fruits assez mal ; parfois à peine le dixième de leurs grains réussit , particularité qui a fait donner à une variété de Raisin le nom de Gros-Coulard (en .serre cette va- riété coule peu ou pas). L’incision prati- quée au moment de la lloraison arrête cet etfet, ou du moins l’atténue, de sorte que les fruits nouent d’une façon à peu près normale. En voici un curieux exemple dont nous avons été témoin l’année dernière. Une incision annulaire avait été pratiquée sur un Chasselas Napoléon, alors que la floraison était déjà assez avancée. Une grappe, entre autres, avait probablement déjà pu nouer ses fruits, et l’on sait que cette variété est aussi sujette à la coulure. 11 y avait environ quinze grains de noués ; le reste aurait sans doute coulé, comme l’ont fait les grappes voisines non opérées. L’in- cision pratiquée à ce moment fit nouer sans exception tous ces grains encore indécis. Seulement l’avance des premiers grains se maintint, et l’on vit cette grappe surpre- nante présenter quinze grains énormes, sur une foule d’autres qui n’avaient que leur volume normal, c’est-à-dire à peu près la moitié de celui des premiers grains noués. L’influence de l’incision sur la coulure était donc bien constatée. Une autre observation, qui vient égale- ment à l’appui de l’effet produit par l’inci- sion annulaire sur les grappes, est que si les incisions sont trop étroites, et que la sève arrive à les recouvrir assez vite, le résultat, quoique encore visible au point de vue du volume du fruit, est beaucoup moins saillant. Dans la quantité des incisions que nous avons sous les yeux, il y en a qui ont plus d’un centimètre de largeur, sans que le rameau en ait soutlert, et quoique le bois, mis à nu, paraisse dur et sec. (Cette année, toutes ces opérations ont été faites avec un couteau.) Il résulte donc de tout ceci que les ins- truments doivent enlever une bague d’écorce assez large afin d’éviter un trop prompt recouvrement; et à cela il n’y a aucun DE l’incision annulaire. 55 danger, contrairement à i’opinion émise par M. Dübreuil dans son Traité d’arbori- culture fruitière. Quant à l’etTet produit sur le rameau lui-même, au sujet de la taille, à l’épuisement du cep, etc., etc., qui ont été mis en avant par des adversaires de cette méthode, l’expérience démontre for- mellement que ce sont des arguments sans valeur. D’abord l’incision n’est jamais faite assez bas pour gêner la taille suivante ; et, quant à la grosseur et la force du rameau opéré, elles restent, au-dessous de l’incision, ce qu’elles sont partout où il n’y a pas eu d’o- pération faite, et comme sur tous les ceps non incisés. Il y a plus, et nous ajoutons même que nous prenons toujours quelques longs bois, parmi les plus beaux rameaux incisés, et que les résultats ont toujours été aussi beaux que sur ceux qui n’avaient pas été opérés. Cette méthode ne peut donc pas être considérée comme préjudiciable au bois à venir. Ce qui, au contraire, est incontestable, c’est que la pratique du pincement très- court (à une ou deux feuilles au-dessus des grappes), très-prônée, sans cependant être beaucoup employée, est préjudiciable aux produits, ce qui se comprend, du reste. Comment, en effet, et avec quoi peut se constituer un rameau que l’on maintient à peu près sans feuilles (deux ou trois en des- . sous de la grappe et une ou deux au-des- sus) ? Il n’est pas nécessaire d’avoir de grandes connaissances en physiologie végé- tale pour comprendre qu’il est impossible de faire de bon bois d’avenir avec ce pro- cédé, et qu’en tout cas ce bois serait d’au- tant plus beau qu’on y laisserait plus de feuilles. Au contraire, si on laisse allonger sans obstacle un rameau quelconque, on ne tarde pas à obtenir un bois énorme, pouvant atteindre plusieurs mètres de lon- gueur sur un diamètre de grosseur propor- tionnée. Il est donc douteux ou plutôt sans exemple qu’un pincement court produise un pareil effet; et alors que devient la taille suivante ? Un autre résultat que produit l’incision annulaire et qui n’est pas à dédaigner, c’est l’avance de maturité qu’on obtient en géné- ral ; elle peut être estimée de dix à quinze jours, de sorte que certaines variétés, qui mûrissent rarement à Paris, arrivent à y donner des Raisins parfaitement mûrs. Beaucoup de Muscats sont dans ce cas, et le magnifique Frankenthal lui-même a be- soin d’un automne très-favorable pour ac- quérir une maturité à peu près complète; à l’aide de l’incision annidaire, cette variété mûrit parfaitement. Voici quelques variétés que nous avons eu sous les yeux le 15 septembre 1885 : D’abord un groupe de Muscats, parmi lesquels : Jésus, dont les grappes incisées offraient des grains doubles des autres, et sans coidure ; ces grains commençaient à s’éclaircir. Sur les grappes non incisées, les grains n’étaient même pas à grosseur. — Lady Downe’s. Les grappes incisées prenant de la couleur; les autres pas encore à grosseur. — De Frontignan. Grappes incisées mûres ; les autres vertes encore ; différence de grosseur assez faible. — Alherdiento. Sur les grappes incisées, les grains doubles en volume ; sur les autres, quelques grains seulement sont mûrs; les autres sont verts, et beaucoup considérable- ment cottf es. — Blanc. Différence de gros- seur considérable sur les parties incisées. Dans les autres variétés que les Muscats : Fintindo. Grappes incisées mûres et plus du double en volume. — Frankenthal. Les grappes incisées tout à fait noires, plus fortes, avec des grains magnifiques; sur les autres, les grains commençant seulement à se colorer. C’est principale- ment sur cette variété que les différences sont les plus saillantes et les plus cu- rieuses. — Forster’s Seedling. Les grappes incisées avaient les grains déjà éclaircis et moitié plus gros que les autres, qui, de plus, présentaient de la coidure. — Bou- dalès. Une grappe seule incisée ; la diffé- rence sur les autres était telle qu’on l’eût supposée appartenir à un autre cep. ^ — Olivette rose. Même résultat que sur le pré- cédent. — Blanc d’ambre. Grappes inci- sées mûres ; les autres, peu de différence comme grosseur. — Citronelle. Grappes incisées énormes, comparées aux autres du même cep. — Pigeonnet. Grappes incisées beaucoup plus avancées que les autres. — Constance. Les grappes incisées énormes et sans coulure, et les grains aussi deux fois plus gros que ceux des pieds qui n’avaient pas été incisés. — Malvoisie. Même traitement et même résultat. — Sahalkanskoï. Mêmes effets que sur le Chasselas Najjoléon, cité plus haut. — Schiraz. Les grappes incisées déjà colorées, tandis que les autres ne pouvaient certaine- ment pas mûrir. Faisons remarquer que les dix dernières variétés sont plantées le long d’un mur ex- posé à l’Ouest. Quant au Chasselas, il a 50 J'RUNUS SIMONII. soiiÜert de la séclieresse, et les ditrérences ne sont pas aussi fortes ({ue les années pré- cédentes, quoiqu’elles soient encore consi- dérables à tous les points de vue. On le voit, les résultats de l’incision annulaire ont été, en 1885, peu favorables au Raisin de treille en général. Que produirait cette opération faite avec intelligence, en l’ajoutant aux soins qui nous donnent ces magnifiques grappes, tant admirées dans certaines expositions, et dont quelques rares cultures en France nous offrent des spécimens? Les serres à Vignes bien établies ne sont pas répandues, même aux environs de Paris, et l’on ne peut que le regretter, car malgré les pro- duits méridionaux qui arrivent maintenant avec tant de facilité, nos Raisins sont encore l)ien recherchés. L’Angleterre est restée la terre classique des belles cultures de Vignes en serre, et produit de très-beaux Raisins. Peut-être même est-ce à la pratique de l’incision annulaire qu’on doit ces énormes grappes dont nous trouvons la description dans le Gavdeners' Chronicle , rapportée dans le numéro de la Revue liortieole du 16 novembre 1875, et que nous reprodui- sons ici : Parmi les produits exposés à Édimbourg, on remarquait une grappe de Raisin de Calabre pesant 26 livres 4 onces (12 à 13 kilog.), obtenue chez M. Douglas, à Dalkeith, et une autre de la variété White-Nice, pesant 25 livres 15 onces, et sortant de chez M. Jardine, à Arkieton Langholme, près Glasgow. Comme on le voit, nous approchons des Piaisins de la Terre promise qui exigeaient deux hommes pour porter une seule grappe. Des esprits sceptiques ou mal- veillants ont prétendu que la l'ace de cesRai- sins était absolument perdue. Pourtant ces Raisins écossais sont presque en mesure de les faire changer d’opinion. Mais si l’application de l’incision annu- laire n’a pas des prétentions aussi éle- vées chez nous, elle n’en présente pas moins de sérieux avantages : d’abord celui d’éviter la coulure, et ensuite d’avancer la maturité de dix à quinze jours. Elle permet donc de cultiver en treilles à l’air libre (et d’en avoir de bons produits) quelques variétés qui, sous le climat de Paris, sont de véritables raretés. Depuis fort longtemps que nous la prati- quons, nous n’avons qu’à nous féliciter des résultats de cette opération. J. Batise. PkUNUS SIMONII De toutes les espèces et variétés du genre Prunier, celle-ci est assurément la plus remarquable. C’est un type tout particulier qui ne rentre dans aucun des groupes connus jusqu’à ce jour. Par ses fruits elle est à la forme générale des Prunes ce que la Pêche plate est à la forme générale des Pê- ches. Mais il y a plus, la nature de la chair est également différente de celle des Prunes et se rapproche de celle de l’Abricot. Les feuilles aussi ont une forme toute particulière qui ne ressemble nulle- ment à celles de nos Pruniers; elles se rattachent à celles des Prunus Sinensis et Japonica ; en un mot, et par tous ses caractères, le Prunus Simonii est différent de tous nos arbres fruitiers. C’est un type tout à fait spécial sur lequel nous api)elons tout particulière- ment l’attention. Voici quels sont ses carac- tères : Arbuste dressé, buissonneux, atteignant à peine 3 mètres de hauteur, souvent même beaucoup plus petit. Bourgeons allongés, à écorce rougeâtre. Feuil- les très - longuement • ovales-elliptiqnes, min- ces, contournées et comme cucullées, cour- tement dentées, à pé- tiole rougeâtre. Fleurs petites, blanches, s’épa- nouissant dès le com- mencement de mars, à pétales obovales, dis- tants. Fruit très-courte- ment pédonculé, très- déprimé, concave aux. deux bouts, atteignant 6 centimètres et même plus de diamètre sur à peine 3 cen- timètres de hauteur. Peau lisse, luisante, d’un rouge foncé même bien longtemps avant la maturité. Chair légèrement adhé- rente au noyau, d’un beau jaune foncé PRUNUS SIMONII. qui rappelle celle de l’Abricot, ferme, d’une saveur particulière que n’a aVicune de nos Prunes. Noyau très-plat, presque orbicu- laire, sillonné-rustiqué et rappelant assez, sous ce rapport, les noyaux de certains Pê- chers. Très-fréquemment, de même que cela arrive à la Pêche plate, la cavité supérieure du fruit du P. Simonii, qui correspond à l’ombilic du fruit des Pommiers, est légè- rement fendillée, ce qui détermine surtout la pourriture. Le Prunus Simonii, Carr. (fig. 12), est originaire de la Chine d’où il a été envoyé par M. Eugène Simon, alors vice-consul, à qui nous l’avons dédié. Il est rustique et sup- porte bien nos hivers ; toutefois, à cause de sa hàtiveté à fleurir, il est prudent d’en planter le long d’un mur à bonne expo- sition, et même de l’abriter lors de sa flo- raison, qui arrive souvent vers la fin de l’hiver. On le multiplie par la greffe, ainsi qu’on le fait de tous les Pruniers, et aussi par les boutures faites avec des bourgeons semi-aoûtés qu’on plante en terre de bruyère et place sous cloche comme on le fait pour les Prunus sinensis et japonica. A propos de cette espèce, et pour ter- miner, nous allons rapporter ce que nous en écrivait feu Buchetet (1), le célèbre mouleur de fruits de la Société d’horticulture : Je vous envoie, telle à peu près qu’était son modèle, la curieuse Prune que je vous ai pro- posé de reproduire l’été dernier : la Prune Simon, importée de Chine et que vous avez déjà signalée, je crois, dans la Revue horti- cole (2). C’est bien, en effet, une curiosité. Détachée de l’arbre et placée danslamain, on se demande d’abord ce que ce peut être ; une Prune ou un Brugnon? et c’est plutôt pour ce dernier que l’on se prononce. Elle est aplatie et séparée en deux lobes par un sillon ; elle est grosse pour une Prune (votre modèle pesant 75 grammes). Je ne sais comment était son pédoncule ; mais la cavité dans laquelle il s’enfonçait est évasée et profonde. La peau contribue, comme la forme, à faire douter de la nature du fruit; elle est d’un rouge violacé terne, un peu moins violette que dans le Brugnon, un peu plus que dans la Prune, s’éclaircissant un tant soit peu autour du pédoncule. De petits points roux très-fins la picotent çà et là. Ajoutez à cela que c’est à peine si l’on trouve une trace de cette légère (1) Voir Revue horticole, 1875, p. 84. (2) Voir Revue horticole, 1872, p* 111. 57 pruine glaucescente qui donne aux Prunes un si joli aspect. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’après le mouleur est arrivé le pomologue. J’ai donc ouvert le fruit et constaté, tout d’abord, que la chair éprouve de la peine à se séparer du noyau, et d’autre part, que la peau paraît ne pas tenir beaucoup à se séparer de la chair. Elle est d’un beau jaune pâle, cette chair, trans- parente, et son aspect vous ramène à la pre- mière question : est-ce un Brugnon ? est-ce une Prune? en sorte qu’il faut aller plus avant pour sortir du doute. A dire vrai pourtant, on n’en sort qu’à moitié ; il y a bien là le goût de la Prune mais il y a aussi celui du Brugnon. Pas beaucoup de sucre, assez de jus, le tout mélangé d’une saveur inaccoutumée dans nos Prunes, celle du Citron, laquelle naturellement, y joint un goût acidulé. En somme ce n’est pas mauvais du tout; ce n’est pas délicieux assurément, mais c’est agréable, en sorte que, d’un bout à l’autre, le fruit vous étonne. Que je n’oublie pas de vous dire que c’est le noyau surtout qui se charge de trancher la diffi- culté ; c’est un noyau de Prune ; il est petit, arrondi, assez plat, jaune pâle ; ce n’est pas qu’il n’ait, lui aussi, quelque velléité de simu- ler celui du Brugnon, car il offre quelques ru- diments de découpures rustiques ; mais ce n’est toutefois qu’un essai de sa part, et il ne parvient pas à nous abuser davantage. En somme la Prune Simon est curieuse, il sera très-intéressant de suivre cette espèce pour voir si nous saurons en faire autre chose que ce qu’en font les Chinois, et je me suis laissé dire qu’avec les éléments qu’elle présente, elle pourrait devenir un fruit méritant si le Prunier est bien cultivé et planté dans un terrain sa- blonneux. Ces observations, faites par un homme dont la compétence était hors de doute, confirment de tous points ce que nous avons dit du Prunus Simonii et font ressortir l’intérêt qu’il présente. Faisons toutefois remarquer que cette espèce est peu fertile, et qu’elle semble rechercher la chaleur, ce qui laisse croire qu’elle pourrait être cultivée en pots et par conséquent forcée. Peut-être aussi que greffée sur les petites espèces, chinoises ou japonaises, ses aptitudes à la fructifica- tion çe trouveraient augmentées. C’est à essayer. On pourra se procurer le P. Simonii chez MM. Simon Louis, frères, à Plan- tières- lès -Metz, et chez les principaux pépiniéristes. E.-A. Carrière. 58 VARIÉTÉS NOUVELLES DE CHRYSANTHÈMES A L’EXPOSITION DE TOULOUSE. — ŒILLETS REMONTANTS. VARIÉTÉS NOUVELLES DE CmiYSANTIIÉMES A L’EXPOSITION DE TOULOUSE Dans notre précédent article (1), nous n’avons pu qu’indiquer sommairement les variétés nouvelles de Chrysanthèmes, non encore nommées, qui attiraient l’attention des amateurs à la dernière exposition horti- cole de Toulouse. On en connaît aujourd’hui les noms. Nous croyons donc opportun de les livrer aux lecteurs de \'à Revue horticole, qui pour- rontbientüt apprécier ces plantes dans les collections où elles ne manqueront pas de se répandre, et dans les concours sur le con- tinent ou en Angleterre. La plupart sont de charmants gains. Si l’on considère la faci- lite, la rapidité, avec lesquelles les Chry- santhèmes peuvent se multiplier, on verra que bien peu de temps sera écoulé entre le moment de leur apparition et celui de leur diffusion. Voici les noms et les descriptions abré- gées de ces nouveautés toulousaines: Chèvrefeuille, japonais. — Blanc crème pas- sant au rose, pétales longs, tortillés. Théodora, japonais. — Rose lilacé, très- clair, fond blanc. Monsieur Murel, japonais. — Beau rose lilas, revers clair. ŒILLETS ï En horticulture, le qualificatif remon- tant, très-fréquemment employé de nos jours, se dit, en général, de toute plante qui a une tendance à fleurir plusieurs fois, c’est-à-dire à remonter. A quoi est due cette propriété ? Qui ou quoi l’a déterminée? C’est ce qu’on ne pourrait dire. Quelle que soit la cause, elle découle de la physiologie et résulte d’une modification organique des tissus. En effet, on ne voit guère apparaître une seconde tloraison que sur des plantes sou- mises depuis longtemps déjà à la culture et qui, pour ce fait, ont été modifiées par celle-ci. Peut-on provoquer cette propriété? Le fait paraît peu probable, du moins dans l’état actuel de la science ; cette particula- rité, jusqu’ici, se montre spontanément et fortuitement, c’est-à-dire sans que rien (i) Voir Rev. hortic., 1886, p. 37. Souvenir du Capitaine Remet, japonais, hybride. — Rouge brique foncé, centre et re- vers des pétales jaunes. /sis, japonais, hybride. — Lilas à reflets ar- gentés. Pégase, japonais, hybride. — Grande fleur blanc crème, pétales extérieurs lilacés. Thémis, japonais, hybride. — Rose car- miné. Roi des Japonais, japonais, hybride. — Rouge brique, pointillé or. Professeur Clos, japonais hybride. — Grande fleur rose vif, centre turbiné; Monsieur Baillé, japonais, hybride. — Rose lilacé, revers argenté. Willia?n Clarck, japonais, hybride. — Rouge saumon nuancé de rouille, revers or. Monsieur Weick fils, japonais, hybride. — Rouge cramoisi, brillant, éclairé saumon. Reduplicata. — Moyenne fleur couleur lilas ; duplicature de chaque fleuron ou ligule fleu- rissant à la façon des lilas doubles. Très- remarquable. Ces variétés, obtenues de semis par les exposants ne seront mises au commerce que dans le courant de l’année et ne doivent pas être confondues avec les nouveautés parues en 1885. J. Larelle. uiTlUil lii.il 1 kJ la fasse prévoir. Tout ce que l’on peut faire, c’est, lorsque ce caractère apparaît, de le généraliser et d’en développer l’intensité. On y parvient par plusieurs moyens : d’abord en prenant pour la multiplication les parties qui ont présenté cette exception, ou bien en les laissant fructifier, de manière à en ré- colter les graines qu’alors on sème à part, et en prenant ensuite pour parents les individus qui ont le mieux reproduit ces caractères exceptionnels. Si ce sont des plantes ligneuses ou sous-ligneuses, c’est-à- dire à tiges persistantes, on prend soit les boutures, soit les greffons sur les parties dont les caractères que l’on tient à repro- duire sont les mieux accusés. Il est encore un autre moyen de reproduire ces caractè- res exceptionnels moyen qui, moins sur parce qu’il est plus indirect, peut parfois donner de bons résultats : c’est la féconda- tion artificielle. Dans ce cas, voici comment l’on opère : d’abord on choisit un rameau ŒII.LETS REMONTANTS. 50 dont on enlève les üenrs, moins celles desti- nées à être lécondées, puis au moment où ces dernières sont bien épanouies, on prend du pollen sur les Heurs qui proviennent d’une seconde lloraison, — remontantes, par conséquent, — que l’on apporte sur celles qui ont été réservées ; on proièg-e celles-ci pour en récolter les graines, qui plus tard seront semées à part et soignées ainsi qu’il a été dit plus haut. Voilà, com- ment apparaissent et se reproduisent les propriétés remontantes . Revenons mainte- aux (( Œillets remontants ». Où et comment a commencé la culture des Œdllets remontants ? Cette culture est- elle ancienne ? Quel est l’horticulteur qui, le premier, s’y est livré? Sur ces difïérents points, nous ne pouvons rien affirmer. Ce qui est à peu près certain, c’est que cette culture ne date que d’un petit nomljre d’années, et que c’est à Lyon ou aux envi- rons de cette ville qu’elle a pris une cer- taine extension. Les Œillets remontants peuvent se par- tager en deux grandes divisions : les grands, dont les tiges sont grêles, même souvent retombantes par le poids des fleurs ; les nains, qui sont plus ramifiés et plus flori- honds, et dont les tiges, beaucoup plus rai- des, se tiennent bien, ce qui leur a valu le qualificatif de tiges de fer. C’est de ceux-ci que nous allons parler. Tout récemment, on admirait une magnifique collection à l’Expo- sition d’horticulture de Versailles, où elle avait été envoyée par MM. Lévêque et fils, horticulteurs à Ivry (Seine). Par suite des nombreux semis qui ont été faits de ces plantes, les variétés, ac- tuellement très-nombreuses, se distinguent par le port et la végétation et surtout par la grandeur et la couleur des fleurs. Bien que notre intention, ici, ne soit pas d’en faire une énumération complète, nous croyons cepen- dant devoir citer certaines variétés que nous avons remarquées dans la collection de MM. Lévêque. En voici les noms et une description succincte : Madame Hoste. Blanc mat, strié et marginé de bandes lie de vin. — Jean Sisley. Plante à grandes fleurs saumon lamé de rouge, par- fois de jaune paille et de groseille. — Sga~ narelle. Jaune cuivré unicolore. — Mademoi- selle Carie. Blanc pur, grandes et belles fleurs. — Docteur Raymond. Rouge mordoré, purpurin, velouté, à reflet rouge sang. — Léa Lévêque. Blanc pur, très-vigoureux. — Madame Viviand- Morel. Jaune d’œuf, rubané de rouge et de rose. — Belle Lyonnaise. Jaune paille, légèrement marqué de rose pâle. — Darwin. Saumon forte- ment bordé de rose vif. — Littré. Centre saumon pur, mélangé de rouge sang. — Martichon. Jaune largement bordé de rouge étincelant. — J. Chrétien. Centre saumoné panaché, et i'ouge magenta. — Madame E. Levet. Blanc rosé, recouvert de fines stries rose violacé. — Ch. Mercier. Cramoisi violacé unicolore. — Alégaiière. Rouge étincelant. — Louis Lé- vêque. Jaune soufre. — Pitaval. Lie de vin picoté de pourpre. — Madame Gaulain. Jaune soufre, bordure des pétales striée de rose. — Madame Solignac. Blanc d’argent, pétales à peine mar qués au sommet d’une fine dentelle gris perle. — Le Zouave. Rose, recouvert de fines stries rouges . — Mademoiselle C. Comte. Chamois saumoné et rouge feu. — Ul- rich Br miner. Blanc, ligné de rose cerise. — Henriette Nugue. Blanc, largement strié de rouge. — Suzanne Pellet. Pétales striés et lignés de jaune canari, de carmin et d’incarnat. — Claude Perrin. Orange, bordé de rose groseille. — Madame Musset. Fleur bien faite et très- grande, jaune canari, bordée de fines stries rose pâle. — Monsieur E. de Brianzas. Fond cha- mois clair, largement bordé de rose. — Joseph Métrai. Saumon marqué feu. — Georges Paul. Jaune d’œuf, pétales picotés, rouges sur les bordures. — Hooper. Jaune canari, bord des pétales orné d’un léger filet cramoisi violacé. — Triomphe de Lyon. Rouge vermillon bril- lant. — Marie Métrai. Blanc, bordé de rose violacé très-clair. — Perfection. Rose tendre, de forme parfaite. — Gaston Lévêque. Rose carné, ligné, strié et picoté de rouge brillant. — E. Pequet. Rose pâle très-vigoureux. — Bre- vet, jaune paille, pétales bordés de stries rose groseille. — Madame Lahruyère. Sau- mon veiné de jaune, marbré régulièrement sur le bord des pétales de ro.^e violacé. — Madame Jides Ménoreau. Rouge vermillon, sablé et marbré de blanc. — Louis Bernard. Cramoisi violacé. — Madame Bordet. Blanc légèrement strié de rose vif. — Major Lahor- dère. Rouge brique , très-florifère. — Ammal Courbet. Magenta, strié de cramoisi. — Du- creux. Rose, panaché de cramoisi. — Livérani. Foncé, rubané cramoisi et parfois cramoisi uni- colore.— Irma. Rose à grande fleur. — F.-V. Raspail. Rouge foncé, plante naine. Culture, Multiplication. — Sous ces deux rapports, les Œillets remontants « tiges de fer » ne présentent rien de particulier ; on leur donne une terre franche, allégée par des gazons bien pourris et un peu de terreau. La multiplication se fait de bou- tures et de marcottes. On peut aussi les multiplier par graines, mais alors les varié- tés ne se reproduisent pas franchement. Bien que rustiques, il faut les garantir l’hiver sous des châssis ou dans une serre, d’autant plus que c’est surtout dans 60 TILLANDSIA. UMBELLATA. cette saison que les Œillets remontants fleu- rissent le plus abondamment. Pour avoir plus de fleurs, on enlève parfois, pendant l’été, les boutons, afin que les plantes prennent plus de force et fleurissent plus abondamment pendant l’iiiver. Il ne faut pas beaucoup de chaleur aux Œnllets: une température de 5 à 8 degrés centigrades leur suffit. Les meilleures con- ditions, tant pour la conservation des plan- tes que pour l’obtention d’une lionne florai- son, sont une serre tempérée-froide, liien éclairée et aérée autant que le permet la saison. Dans ces conditions, les Œillets fleurissent sans s’étioler, et leurs fleurs s’épanouissent bien. Si cependant on vou- lait les forcer, on éleverait la température de la serre; mais alors la floraison, qui TILLANDSIA Un nouveau Tillandsia à corolles bleues, et le plus beau de tous, vient d’épanouir ses fleurs dans les serres de M. Alfred Marne, aux Touches, près de Tours. La plante, presque unique en Europe, et plus rare encore que le L. T. tricolor, dont la iîer ne a récemment entretenu ses lecteurs, provient de l’exploration de l’Amérique du Sud, que nous avons organisée, il y a quel- ques années, à frais communs, MM. Marne, Drake et moi, et dont M. H. Poortman a été chargé. D’un envoi important qu’il avait fait, quelques exemplaires seulement ont pu être sauvés, et l’un d’eux a enfin montré sa ravissante ombelle de fleurs, que nous ne connaissions jusqu’ici que par les des- sins, les descriptions et les échantillons d’herhier. C’est une heureuse surprise, c’est un lionheur toujours nouveau pour l’amateur, que la floraison d’une plante encore in- connue à l’état vivant, si attendue qu’elle soit, si étudiée qu’elle ait pu être sur le sec. La description initiale sera-t-elle exacte? Le collecteur n’aura- t-il pas exagéré ? Ses ten- dresses de père pour la découverte qu’il a faite, souvent au prix de grandes fatigues, de grands périls, ne l’auront-elles pas abusé sur la valeur de cet enfant perdu de la vé- gétation des forêts vierges ? Ramenée à l’optique plus exacte de la culture, au mi- lieu de tant de congénères de valeur, la nouvelle venue soutiendra-t-elle la réputa- tion qu’on lui a faite, ou ne sera-t-elle qu’un produit éphémère, vouée, avec tant d’autres, à un prompt oubli ? serait plus abondante, serait moins prolongée et les fleurs seraient aussi moins pleines. Les soins pendant l’hiver consistent à veiller à la pourriture à laquelle les Œillets sont assez sujets, les fleurs surtout. Il faut donc éviter l’iiumidilé, aérer autant qu’on le peut, et enlever les feuilles mortes ou moisies aussitôt qu’on en aperçoit. Ainsi fraités, on obtient des fleurs pendant tout l’hiver. Si pendant l’hiver on avait besoin de beaucoup de fleurs et pendant longtemps, on pourrait partager les plantes en deux lots : l’im qu’on placerait en serre pour les avancer, l’autre que l’on maintiendrait sous des châssis froids en leur donnant de l’air autant que possible, et qui remplaceraient les plantes épuisées. E.-A. Carrière. UMBELLATA Ces diverses questions se pressent sur les lèvres du possesseur de toute nouveauté vantée d’avance, et c’est avec une légitime émotion qu’il attend l’éclosion des premières corolles. Le Tillandsia umbellata, Ed. André, dont le nom rappelle la disposition subom- belloïde des fleurs, qui présentent à leur épanouissement simultané, souvent par cinq ou six à la fois, un plan presque hori- zontal, a été découvert par M. Poortman, en mai 1882, dans les forêts immenses qui s’étendent de la côte du Pacifique aux som- mets de la Cordillère de Cisné, dans l’Écua- dor. La plante habite la zone tempérée [tierra templadaj et, par conséquent, elle se contentera, chez nous, d’une serre tem- pérée ordinaire. Description. — Caudex court, subli- gneux, couvert de racines fibreuses me- nues, et des débris des feuilles mortes. Feuilles brièvement engainantes à la base, brusquement libres, dressées, un peu éta- lées, non rigides ni régulièrement arquées, filiformes, aiguës au sommet, longues de 25 à 35 centimètres, larges de 7 à 8 milli- mètres au milieu, d’un vert clair, à surface lisse et brillante relevée en dessous de fines nervures parallèles, pressées. Hampe dressée, longue de 10 à 20 centimètres, ferme, grêle, cylindracée à la base, com- primée au sommet, un peu sillonnée, cou- verte dès la base de gaines étroitement em- brassantes-aiguës , passant graduellement aux bractées florales. Inflorescence en épi très-court, ancipité, de forme subumbel- Horliwl& Godard ded. uinbellata TiUaiidsia SCOLYME D’ESPAGNE. G1 loï(]e par la disposition des fleurs au mo- ment de l’anthèse. Fleurs au nombre de 5 à 6, s’ouvrant simuHanément et non succes- sivement. Bractée d’un vert clair uni- forme, exactement de la largeur des sépales (0“' 04) qu’elle recouvre étroitement, navi- culaire, carénée, finement sillonnée, aiguë, à pointe comprimée. Calyce vert, trigone, à sépales très-étroitement équitants trian- gulaires, à dos arrondi, à sommet obtus, à bords membranacés, égalant l’onglet des pétales en longueur. Pétales à onglet blanc linéaire, finement membranacé, long de 4 centimètres, s’épanouissant brusquement en un limbe étalé obovale très-arrondi, en- tier au sommet, d’un bleu pur de saphir brillant d’un merveilleux éclat, rappelant les ailes du papillon de Muso (Morpho Cypris), à centre plus vif passant au blanc pur, long de 40 millimètres, large de 25. Étamines incluses, atteignant la moitié seulement de la longueur de l’onglet des pétales, soit 15 à 20 millimètres, à filet grêle, aplati, hya- lin, à anthère basifixe fine, jaune pâle Ovaire lagéniforme, obscurément trigone sillonné, à loges arrondies en dessus, long de 7 à 8 millimètres ; style plus court que les étamines (6 à 7 millimètres)'; stigmate très-développé, à trois branches papilloso- rameuses. Aucune graine n’a encore^mûri. SCOLYME Bien que très-ancien et souvent recom- mandé, le Scolyme d’Espagne {Scolymus liispanicus) est encore très-rare dans les cultures parisiennes, où il est même à peine connu. C’est regrettable assurément, car c’est un des bons légumes, le meilleur, peut-être, de tous ses similaires. Outre la routine si nuisible au progrès et qui en culture s’oppose si fortement à l’introduc- tion de nouveaux légumes, le Scolyme, quoique méritant, présente pourtant deux inconvénients, qui peut-être en ont em- pêché ou au moins retardé l’admission : la levée, un peu capricieuse, des graines et la spinosité des feuilles ; celle-ci, il faut en convenir, est considérable, ce qui pourtant n’est pas une raison, étant donnée sa crois- sance rapide, ou la grosseur et surtout la qualité exceptionnelle de ses racines, qui rappellent un peu celles de Salsifis, mais qui deviennent plus fortes. En effet nous en avons vu qui avaient été cultivées par M. A. Got, marchand grainier- horticulteur, à Vimoutiers (Orne), qui avaient 4 mètre Ce que la description ni la peinture ne sauraient rendre, c’est l’admirable couleur bleue de cette incomparable espèce. Tout a été dit sur la Broméliacée que Wallis avait envoyée de l’Ecuador il y aura bientôt vingt ans sous le nom de Tillandsia cyanea, qu’elle portait lorsqu’on l’a vue pour la première fois à Paris, à l’Exposition uni- verselle de 1867 ; elle a été baptisée depuis T. Lindeni. Parmi les formes de cette belle plante, soit à hautes inflorescences comme la variété luxurians, major ou speciosa, soit à courts épis distiques « en sardine », comme les variétés violacea et vera, soit encore en forme de sole, comme celle que j’ai découverte en 1876 sur les bords du Rio del Cristal (Ecuador) et nom- mée tricolor (Rev. hort. 1885, p. 422(, on compte certainement les plus jolies plantes de la famille aifipoint de vue de la floraison. J’affirme cependant que le Tillandsia umhellata leur est supérieur. On le verra bien lorsque la multiplication de cette raris- sime espèce aura permis d’en répandre enfin quelques exemplaires dans les collec- tions d’élite. En attendant, il est bon de féliciter M. A. Marne pour la première floraison de cette perle des Bromélia- cées (1). Ed. André. l’ESPAGNE de longueur'sur 18 centimètres, et parfois plus, de circonférence; deux pesaient 2 kil. 100 gr. Ceci est un peu exceptionnel, c’est vrai, mais il n’est pas rare d’en voir qui normalement atteignent plus de la moitié de cette longueur, ce qui du reste est préférable, parce qu’elles sont alors plus tendres et plus savoureuses. Les feuilles aussi , lorsqu’elles sont jeunes , peuvent être mangées en salade ou mises dans le pot-au-feu, mais il convient pourtant d’en enlever la partie épineuse pour ne conser- ver que les pétioles ou côtes. En somme le Scolyme d’Espagne est un excellent légume. En voici les caractères généraux : (1) Nous avons voulu prendre date en faisant peindre et en publiant le T. umbellata d’après la première inflorescence épanouie en Europe, et qui portait seulement deux fleurs. Mais, sur nos échantillons d’herbier, les inflorescences portent quatre fleurs ouvertes en même temps et disposées sur un plan horizontal. M, H- Poortman, dans ses notes, annonce qu'il a rencontré « des groupes de 5 à 6 fleurs occupant 20 centimètres de surface » . E.-A. 62 YUCC.\ WIIIPPI.EI. Planle indi{>’ène, l)isannnelle, à feuilles radicales entières, à peu près ordinairement un peu marbrées; les autres très-épineuses, larg-ement pétiolées. Tiges extrêmement ramifiées, à feuilles sessiles décurrentes. Fleurs en capitules, d’mi très-ljeau jaune brillant. Racines atteignant 50 à 80 centi- mètres, ou même plus, de longueur, sur 85 millimètres environ de diamètre, à écorce excessivement mince ou même nulle, d’un gris jaunâtre, ayant au centre une partie plus résistante, dure et même un j)eu filandreuse dans les vieilles racines. Chair blanche, cassante, lactescente, de saveur faible, assez agréable, parfois à peine légè- rement amère. Cullure. — On sème depuis la fin de juin jusqu’au 15 juillet, en tei're profonde et bien fumée de l’année précédente, ou, dans le cas contraire, engraissée avec du fumier très-consommé, en rayons, de ma- nière que les graines soient recouvertes de 3 à 4 centimètres ; semées plus tôt, les plantes montent; plus tard, elles ne prennent pas un développement suffisant avant la récolte qui se fait à partir d’octobre jusqu’à mars. Une fois les graines semées il faut, si le temps est sec, arroser de manière à faci- liter la germination ; ensuite on éclaircit si cela est nécessaire, afin que les racines puissent bien se développer. Du reste, les soins sont à peu près les mêmes que ceux que l’on donne aux Salsifis. Bien que la plante soit relativement rus- tique, il est bon, si les plantes restent en terre l’iiiver, de les couvrir avec de la paille ou des feuilles. Du reste on fera bien, partout où riiiver est rigoureux, d’arracher un peu avant cette époque ces racines, d’en couper le collet et de les enterrer dans du sable, soit dans la cave, soit dans la serre à légumes où l’on en prendra au fur et à mesure pour la consommation. Qualités et usages. — Sous ces deux rapports, on peut dire que les Scolymes peuvent aller de pair avec les Salsifis et les Scorsonères, avec cette différence toutefois que les Scolymes sont de beaucoup préfé- rables ; ils sont plus féculents, presque fari- neux, d’une saveur jilus agréable qui rap- })elle un peu le fond d’Articbaut et la Châtaigne. Lors({ue la planle croît dans des lieux secs et arides et (jue sa végétation languit, outre que les racines sont moins grosses, elles sont aussi plus sèches et le faisceau centr-al, est généralement plus prononcé. Dans ce cas, un peu après les avoir fait bien cuire dans de l’eau, il con- vient de les fendre sur l’un des côtés et d’enlever le centre. Si le Scolyme est à peine connu à Paris, il en est autrement dans certaines parties de l’flspagne, où il croit en abondance à l’état sauvage et où on le récolte pour la table ; il en est également de même dans quelques localités de la Francct Pourtant cette plante commence à être justement appréciée dans certaines parties de l’Ouest, où, paraît-il, elle est vendue couramment sur les marchés. A ce sujet M. A. Got nous écrit : (( ... Un maraîcher de Pmuen s’était avisé de cultiver le Scolyme d’Espagne et en avait obtenu de très-belles racines qu’il porta aumarcbé, où personne n’y fit até tention ; ce que voyant il eut la bonne idée d’en donner pour rien, ce qui le fit connaître et apprécier, de sorte que main- tenant la plante est recherchée des con- sommateurs. Je connais cinq à six ma- raîchers qui la cultivent sur une grande échelle. .» Ajoutons encore, en faveur du Scolyme d’Espagne, qu’il vient en quatre mois à partir des semis jusqu’à la récolte, tandis que les Salsifis et les Scorsonères, qui lui sont certainement inférieurs en qualité, n’exigent pas moins de quinze à dix-huit mois. E.-A. Carrière. YUCCA WHIPPLEI Depuis que le vétéran de la botanique américaine, Torrey, décrivait, en 1858 (1), la belle plante qui fait le sujet de cet article, vingt-huit années se sont écoulées. Les bo- tanistes d’abord avaient été frappés de son étrange aspect, de son feuillage en rosette courte et glauque, plus semblable à quelque G) Torrey, Botany of the United States and Mexican boundarij., p. 222. Littæa qu’à un Yucca véritable, et par ses grandes inflorescences hors de proportion avec ce feuillage, qui portait d’ailleurs, chose inusitée dans le genre, des dents fines, mais distinctes. Ces divergences parurent même suffi- santes à Engelmann pour former une sec- tion spéciale, un sous-genre, sous le nom de Hesperoijucca, en conservant le vocable YUCCA WIIIPPIÆI, Elujucca pour toutes les autres espèces du genre Yucca (1). On connut mieux alors le Y. Whipplei, et l’on apprit qu’il était répandu, ça et là, sur le territoire améri- cain des États-Unis, dans l’Arizona, en meme temps que sur les montagnes califor- niennes bordant l’Océan Pacifique. Ceci se passait en 1870. Trois années plus tard, en 1873, le professeur VV.-H. Brewer, du « Ca- lifornia n State Survey », com- plétait les notes déjà prises par le docteur En- gelmann , qui pouvait publier une description complète et bien étudier cette es- pèce dans sa classification sur le genre Yucca (2). Bientôt la plante était in- troduite à l’état vivant, d’abord à New -York, puis en Europe : elle lleurissait en 1876 en An- gleterre , chez M. Peacock, et à Haarlem (Hol- lande), chez MM. Krelage , qui l’avaient re- çue sous le nom de Y. califor- nica. Enfin , im- porté dans le Midi de la Eran- ce, le Y. Whip- plei (fig. 13), à l’aise sous un climat chaud et sec qui rappelait celui des savanes califor- niennes, fut bientôt représenté sur le lit- toral méditerranéen par de beaux exem- plaires adultes, qui se mirent à fleurir. Nous en avons même décrit et figuré, dans la Revue horticole, une forme magni- fique à fleurs violettes, dont le pied-mère (1) Proceedings of the American Academu, VII p. 390, 1870. (2) Notes on the genus Yucca, p. 51. G3 est la propriété du jardin d’Acclimatation d’Hyères. C’est à cette époque que M. Deleuil, l’ha- bile semeur marseillais, s’occupait avec le plus d’ardeur de l’hybridation des Yuc- cas. Ayant découvert ie moyen de les fé- conder artificiellement, presque à coup sur, il opéra avec le plus grand succès sur les Yucca pcndula, gloriosa, aloefolia, Tre- culeana, longi- folia. Nous en avons longue- ment parlé dans ce journal (l^i’ mars 1883), en décrivant une dizaine de for- mes nouvelles, dont plusieurs étaient d’une grande beauté. La plupart des hybrides de M. Deleuil, sans distinction d’o- rigine, se re- commandent par une vigueur extraordinaire. Bs ont un port subacaule, tra- pu, la tige d’un fort diamètre, les feuilles très- nombreuses et très - amples, courtes, longues ou très-longues, linéaires-obova- les ou largement acuminées, u- nies ou plissées, droites ou gra- cieusement re- courbées, rigi- des ou flexibles. (( Chaque année, dit M. Deleuil, nous croyons que leur maximum de déve- loppement est atteint, et, chaque année, nous sommes étonné du progrès considé- rable réalisé sur l’année précédente. » Mais dans tous ces hybrides, nous ne voyons pas que l’influence du Y. Whipplei se soit fait sentir, bien que la plante fleu- risse et fructifie chez M. Deleuil. B y aurait là, cependant, pour lui, un nouvel élément à introduire dans ses hybridations. S’il pou- Fig. 13. — Le YuccoYWhipplei dans le Midi de la France. 64 LE PÉTROLE COMME INSECTICIDE. vait également fiiire intervenir la curieuse plante dont le docteur Eugelmauu a lait un genre spécial, V Ilesperaloe yuccæfolia, vé- ritable intermédiaire entre les genres Yucca et Aloe, qui vient justement de tleurir chez lui, il aurait chance d’obtenir des produits tout dilïérents de ceux qu’on possède aujour- d’hui. Les tleurs de celle plante étrange rappellent la Ibrrne de celles des Yuccas, mais elles sont plus petites, rouge écarlate en dehors, jaune de chrome en dedans ; elles se succèdent sur la hampe pendant toute la lielle saison. Nous recommandons spécialement le Y. Wliipplei comme })orte-pollen et porte- graine. Tel qu’il est, le type se trouve un peu délicat pour les hivers du climat moyen de la France. II souffre moins encore du froid que de l’humidité. Fin Angleterre, M. Ellacornhe n’a pu le conserver à l’air libre. Dans notre parc de Lacroix, en Tou- raine, il prospère assez bien depuis quatre ou cinq ans, sans arriver cependant à tleu- rir. J.’exemplaire dont nous donnons aujour- d’hui la ligure (tig. 13) a été photographié à Flyères, où il prospère admirablement, ainsi que dans tout le midi. Nous pouvons donc espérer que l’in- tluence de cette belle espèce se fera sentir avant peu, dans l’hybridation des Yuccas déjà connus, et nous en augurons le meil- leur aspect décoratif pour ces plantes dans nos jardins. Ed. André. LE PÉTROLE COMME INSECTICIDE Dans son numéro du 15 décembre der- nier, la Revue horticole a signalé à l’atten- tion de ses lecteurs le pétrole comme insec- ticide ; c’est avec raison, car c’est en effet à lui qu’on doit avoir recours pour détruire les insectes que n’atteint pas le tabac, et il donne toujours de bons résultats quand il est bien employé. Mais, dans des mains inex- périmentées, il peut être nuisible aux plan- tes ; c’est pour éviter tout tâtonnement que je crois utile de donner le mode d’emploi de cet excellent insecticide. Mode d’emploi. — On applique le pé- trole au pinceau ou à la seringue, jamais pur, mais au contraire très-étendu d’eau. Les jardiniers généralement font leurs pin- ceaux eux-mêmes : quelques crins coupés à une brosse ou à un balai et attachés à un bâ- ton avec un fil font l’affaire; ils doivent être raides, de manière à pénétrer dans les cre- vasses ou sous les écorces. Pour les plantes à feuillage dur (Stepha- notis, Ixora, Gardénia, Hoija, Epiphyl- lum, etc.), on touche chaque insecte avec le pinceau trempé dans un mélange de huit parties d’eau pour une de pétrole, ou dilué davantage si les plantes sont plus tendres. Après l’application, on donne un bon lavage avec de l’eau pure à l’éponge, ou même à la seringue, afin d’enlever la plus grande quantité possible de la matière grasse. Lorsqu’il s’agit de désinfecter le maté- riel, tel que la charpente des serres, les étagères ou les murs, on opère de la même manière, mais avec un mélange plus fort; la seule précaution à prendre dans cette cir- constance, c’est de ne pas laisser tomber des gouttes sur les plantes environnantes. Comme le pétrole et l’eau ne se mélan- gent pas, il faut avoir soin, chaque fois qu’on trempe le pinceau, de remuer le tout ; le pétrole, étant plus léger que l’eau, surnage, de sorte qu’à la surface, le pétrole étant à peu près pur, brûlerait les feuilles des plantes. Si l’on se sert d’une seringue, le mélange doit être beaucoup moins fort, car alors, c’est souvent plutôt comme précaution pré- ventive que comme remède. Dans ce cas, l’on ne met que la valeur d’un petit verre à liqueur par arrosoir d’eau ; et pour que le mélange soit intime, il faut de temps à autre emplir et vider la seringue dans l’arrosoir, de façon que le pétrole se trouve réparti aussi régulièrement que possible dans la masse de liquide; puis on reprend une seringuée pendant que tout ce liquide est en mouve- ment, et on asperge les plantes, en opérant toujours très-rapidement, car la division se fait de nouveau et très-promptement dans l’intérieur de la seringue. Ces soins sont beaucoup plus longs à ex- pliquer qu’à prendre ; mais je tiens à le signa- ler afin d’éviter tout fâcheux malentendu. J’ajoute qu’il ne faut appliquer le pétrole qu’avec la plus grande circonspection , car certaines plantes à feuillage tendre pour- raient^ en être fatiguées , mais appliqué comme je viens de le dire, on obtient de très-bons résultats. Pour des plantes de serre, un et deux bassinages par jour avec le mélange sus-indiqué les maintiennent dans d’excellentes conditions et suffisent pour empêcher la cochenille de paraître ou pour la détruire lorsqu’elle a envahi les végétaux, résultat que ne produirait peut-être aucun autre insecticide. Em. Rivoiron. ORTIIOSIPIION STAMINEUS. DE LA TAILLE. G5 ORTIIOSIPIION STAMINEUS C’est avec un vif plaisir que j’ai vu que vous cliercliiez à appeler l’attention géné- rale sur V Ortiiosiplion stammeus, tant par l’article très-intéressant de M. E. Panel, dans la Revue horticole, du août 1885, que par les lignes consacrées à cette plante dans la Chronique horticole de ce même numéro. Dans ces dernières, la rédaction nous fait observer que la plante signalée comme étant très-efficace contre la maladie de la pierre a les fleurs d’une couleur blanche, tandis que la figure coloriée qui en a été faite dans le Botanical Magazine, n° 5833, est lilacée, et elle demande si cette différence est due à un état plus ou moins avancé de développement de la plante. C’est à cette question que je désire ré- pondre en faisant d’abord remarquer que la plante qui guérit de la pierre est le Koe- mies Koetjing, à fleurs blanches. Il n’y a ici aucune variété ou forme à fleurs lila- cées, tandis que, au contraire, l’espèce à DE LA Mon intention n’est pas d’entrer dans de grands détails sur les différents modes qu’il convient d’appliquer à telle ou telle espèce d’arbres, ni de m’étendre en de longues considérations sur les principes qui forment la base de la taille. Envisageant cette opéra- tion au point de vue général, mon but est de faire écarter certaines règles qu’on a posées et qui, vraies en principe, ont été admises d’une manière trop absolue. Je vais commencer par examiner l’époque où il convient de faire la taille. Une idée généralement reçue et assez accréditée à ce sujet est que la taille des arbres fruitiers peut se diviser en deux parties : l’ime comprenant les arbres à fruits à noyaux : Pêchers, Abricotiers, Aman- diers, etc. ; l’autre, les arbres à pépins tels que : Poiriers, Pommiers, Vignes, etc. A cette opinion l’on ajoute cette autre : que les premiers doivent se tailler au printemps, même lorsque les arbres sont en fleurs, tandis que les seconds, c’est-à-dire les Poi- riers, peuvent se tailler pendant tout l’hiver. Sur quoi se fonde-t-on pour appuyer ces théories ? Sur diverses raisons qui me pa- raissent dépourvues de valeur réelle. On dit surtout que les boutons des Pêchers, Abri- fleurs blanches est assez généralement ré- pandue, et j’ajoute que celle-ci est bien vé- ritablement la plante qui possède les ver- tus pharmaceutiques décrites. Dans cette circonstance, il ne peut y avoir de doute ni de méprise ; car, cultivant cette espèce comme plante ornementale depuis bon nombre d’années, et la rencon- trant même assez souvent à l’état sauvage, je la connais parfaitement bien et je sais que ses fleurs, même à partir de leur épa- nouissement jusqu’à ce qu’elles soient pas- sées, sont toujours blanches et n’ont au- cune partie lilacée. Du reste, prochainement j’espère vous envoyer une description botanique de cette plante, afin que l’on puisse vérifier si, outre la couleur, il existe encore quelque autre différence entre l’espèce décrite dans le Botanical Magazine et celle qui possède la vertu médicale qui nous occupe. F. DE Rijk. Soerabaia-Java, novembre 1885. TAILLE côtiers, pourraient geler, tandis qu’il en est autrement des Poiriers, Pommiers, etc. Cette théorie n’est pas sérieuse puisque, d’abord, chez les uns comme chez les autres les boutons ne gèlent pas et que, de plus, si par exception le fait se produisait, les bou- tons ne seraient pas plus tôt détruits sur les parties taillées que sur celles laissées en- tières ; ce serait même plutôt le contraire qui se produirait, puisque dans les parties taillées les boutons, en général, bien que se constituant mieux, se développent moins vite et qu’ils sont par conséquent moins exposés à la gelée. Aussi les objections que l’on fait contre la taille hâtive des Pêchers et des Abricotiers ne résistent-elles pas à l’examen. Maintenant qu’un aperçu général a dé- montré que tous les arbres fruitiers peuvent être taillés avant l’hiver, je vais, par quelques cas particuliers, confirmer ma démonstration. Ainsi il m’est fréquemment arrivé - — comme à beaucoup d’autres pro- bablement — soit à la suite d’une brusque insolation, soit par toute autre cause, d’être obligé pendant l’été, par conséquent pen- dant le fort de la végétation des arbres, d’en enlever et de les replanter tout de suite après 6G ABRICOT l'AGCREY. m’être assuré de l’état des racines et d’avoir nettoyé celles-ci. J)ans ce cas je taillais l’arhre et lui enlevais toutes ses feuilles de manière à diminuer révajioration et à don- ner moins de prise aux ag’ents aériens. Tout ceci ajoute encore en faveur de mon opi- nion que, à moins de faits particuliers dus à des conditions excejitionnelles, soit de cli- mat, soit d’intérêt économique sjiécial, il vaut mieux tailler lot que tard, par consé- quent plutôt avant qii’après l’hiver. Ceci dit, voyons à quelle époque il con- vient de tailler les arbres fruitiers. Suivant l’exposition ou la variété des individus on peut tailler dès le commence- ment de la défeuillaison. Je parle de la taille en grand, c’est-à-dire de la véritable taille, cela quels que soient les arbres dont il s’agisse. 11 va sans dire que le travail devra se continuer jusqu’en février et même mars, suivant le climat, cela aussi quand la chose se pourra, en tenant compte des variétés et de leur vigueur, en s’appuyant sur les principes généraux posés en arbo- riculture : que si la taille doit se pro- longer un peu après l’époque du repos, on devra la terminer par les arbres les plus vi- goureux qui, en général, se mettent le plus difficilement à fruit. Ces dernières observa- tions n’ont certainement rien de particulier ; néanmoins j’ai cru devoir les rappeler comme étant toujours bonnes à suivre. Outre les avantages que je viens de signa- ler,la taille bàtive présente celui de pouvoir, pendant une saison où les travaux de jardi- nage proprement dit laissent disponible un temps souvent peu ou mal occupé et qui permettrait de s’avancer et de mieux em- ployer plus tard un temps précieux aux travaux du printemps qui sont très nom- breux. Donc, à tous les points de vue, il y a avantage à tailler de bonne heure. Pour terminer il me reste une autre dé- monstration qui, tout en justifiant mes dires ABRICOT Comme la plupart des autres variétés d’ Abricotier, celle-ci est due au hasard. Au printemps 1880, M. Pagerey, proprié- taire, rue de Vincennes, 58, à Montreuil (Seine), ayant remarqué sur un tas d’im- mondices un tout petit plan d’Abricotier, l’arracha avec quelque soin et le planta dans son jardin. Deux ans plus tard, l’arbre com- mençait à fructifier, ce qui semblait être un indice de grande fertilité. Depuis ce temps, au sujet de la taille bàtive, tend anssi à prouver que, dans certains certains cas du moins, il serait possible d’aller encore plus loin et de reculer les limites que j’ai indi- (piées ci-dessus : c’est-à-dire de tailler avant la défeuillaison. Cette fois il me sem- ble entendre des objections; celle-ci, par exemple: « Mais si vous taillez lorsque les arbres sont en végétation, vous allez déter- miner une réaction de la sève qui, alors, retournant sur ses pas, atteindra les racines; et ces dernières recevant une sève non élaborée, pourront les faire périr. » Cette théorie, chère à certains professeurs qui se font les champions de vieilles théories, probablement parce qu’elles leur évitent la peine d’en faire d’autres, n’a rien qui m’efïfaye, au contraire, car s’ils ont la théo- rie pour eux, j’ai pour moi les faits, ce qui me paraît être une heureuse compensation. Ainsi, au nombre des faits venant à l’appui de la taille faite pendant l’été, je pourrais en citer d’analogues, les sui- vants, par exemple : D’abord la taille des Lilas, que l’on opère aussitôt la fleur passée et cela d’une manière parfois tellement com- plète qu’on ne laisse même pas de jeune bois, par conséquent jpas une seule feuille ; la taille des Seringats et des Boules-de-Neige qui se pratique d’une manière analogue, et qui vient encore confirmer mes dires. Enfin j’ajoute ce dernier exemple en faveur de la taille hâtive, exemple qui, comme les précédents, démontre que la réaction n’est pas à craindre; les Rosiers remontants, Quatre-Saisons ou autres, que l’on peut plusieurs fois dans l’année et en pleine végétation tailler pour obtenir une nouvelle floraison. Toutefois et malgré ces exemples, je ne recommande la taille d’été des arbres frui- tiers que comme un essai à faire, en attendant qu’elle soit sanctionnée par la pratique. May. PAGEREY chaque année, il se couvre littéralement de fruits. C’est donc une variété excessivement fertile. Voici ses principaux caractères : Arbrisseau très-nain, compact ; bour- geons courts assez maigres, à écorce rouge. Feuilles cbrdiformes, minces, vertes sur les deux faces, à limbe plus ou moins courte- ment arrondi, ondulé, tourmenté, très-sen- siblement, finement et régulièrement denté ; pétiole des jeunes feuilles rouge, portant lîROUSSIN SOUTERRAIN d’AILANTE. })liisieiirs glandes courtes, obtuses, dépourvu de glandes sur les feuilles des rosettes ou des bourgeons fructifères. Fruit de gros- seur moyenne, très-coui'tement ovale-arron- di, à peine aplati, prescpie subspbérique, légèrement sillonné d’un coté. Peau douce au toucher, d’un beau jaune d’or, souvent légèrement lavée de rougeâtre sur les parties fortement insolées.. Chair d’un très-beau jaune foncé, fondante, sucrée, parfumée, d’une saveur agréable ; noyau très-courte- nient ovale, fortement renllé sur les faces, 67 profondément tricaréné sur la suture ven- trale, à surface unie, d’un roux foncé. Jj’Abricotier Pagerey, qui est excessive- ment fertile, a aussi ceci de remarquable, (ju’au lieu de s’élancer, comme cela arrive en général aux arbres de semis, le pied-mère est trapu, compact, et bien qu’âgé de six ans, atteint à peine ^2 mètres de hauteur, de sorte que l’on peut en cueillir les fruits sans avoir recours à une échelle. Ce .serait donc une variété précieuse pour la spéculation et l’ex- ploitation en grand. E.-A. Carrière. liROUSSIN SOUTERRAIN D’AILANTE Ce n’est pas, croyons-nous, sans raison que nous appelons Broussin souterrain la masse que représente la ligure 14. En effet, la formation est à peu près identique à celle des Broussins qui se montrent exté- rieurement. Voici, pour le cas particulier qui nous occupe, comment le fait s’est pré- senté : d’abord une masse irrégulière déve- loppée sur une racine, s’accroissant ensuite continuelle- ment au point d’acquérir 30 centimètres et plus de dia- mètre et un poids de plus de 4 kilogram- mes. Qui a déterminé un pareil afflux de sève sur une racine ténue, presque lili- forme? Une piqûre d’in- secte, proba- blement. Bi- sons d’abord que cette mas- se, lors de l’ar- rachage , ne présentait au- cune apparence d’organisation aérienne quelconque : aucun rudiment d’œil nulle part ; au contraire, une continuité irrégu- lière de pointes ou de saillies, alternant avec des parties rentrantes comparables à certains conglomérats stalactiformes que l’on rencontre parfois dans les grottes rocheuses. Origine. — Cette masse a été trouvée en 1884, avenue des Charmes, 32 bis, à Vin- cennes, par M. Constant, entrepreneur de jardins à Fontenay-sous-Bois ; elle était très-peu enterrée, distante de 7 mètres d’un Vernis du Japon, sur une racine duquel elle avait poussé, racine qui mesurait à peine 1 centimètre de diamètre, et dont sur notre figure on voit les deux extrémités : la su- périeure, qui communiquait à l’arbre ; l’in- férieure, qui, ramifiée, se voit au-dessous de la masse qu’elle a traversée et alimentée. Comment une pareille quan- tité de tissu s’est-elle amas- sée à une si gi-ande distan- ce de l’arbre et sans qu’il y ait même de trace d’organes re- gardés comme nécessaires à l’élaboration et à la formation des ti.ssus ? Mais ce n’est pas tout ; cette masse de tissu, qu’ici nous nommons a- morphe, sou- lève une im- portante ques- tion de physiologie : la production spontanée de bourgeons. En effet, l’ayant recouverte d’une légère couche de terre de bruyère, tenue constamment humide, elle n’a pas tardé à émettre, sur beaucoup de points placés dans des conditions très-diffèrentes, des bour- geons munis de feuilles. D’où provenaient donc ceux-ci, si ce n’est directement du tissu utriculaire dont la masse était uni- quement formée? B y avait donc eu là Fig. 14. — Broussin souterrain développé sur une racine d’ Allante, au 1/5 de grandeur naturelle. SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. — DIRLIOGRAPIIIE. ()8 Ibrrnation de lioiii'geons sans le conconi’s d’organes foliacés, contrairemeni à cette ancienne théorie qni dit « qu’il n’y a ja- mais formation d’yeux ({u’à l’insertion des feuilles ». Ce fait, ainsi que tant d’autres que nous pourrions citer, montre de la manière la plus nette que dans les questions physiolo- gi({ues il y a encore beaucoup de points obs- curs, même là où la lumière semble briller ; c’est, du reste, ce (pie savent les vrais sa- vants, qui sont toujours réservés, contrai- rement à tant d’autres qui affirment presque toujours. f].-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTUKE DE ERANCE SÉANCE DU 14 JANVIER 1880 La formation des comités et la nomination de leurs bureaux donnaient à cette réunion un mouvement inaccoutumé, mais peut-être au détriment de la séance, et surtout des apports, qui étaient peu nombreux. Au comité à' arhoriculiure ont été pré- sentés : — Par M. Jourdain, de Maurecourt (Seine- et-Oise), une corbeille de Poires Belle Angevine^ qui étaient très -belles; — par M. Ledoux, jardinier à Nogent-sur-Marne, des Poires Doyenné dliiver, grosses et légère- ment colorées. Outre ces présentations, le co- mité a examiné des fruits de diverses prove- nances, la plupart innommés. Au comité de culture potagère ont été pré- sentés : — par M. Bertliault (Vincent), jardi- nier à Rungis, des Fraisiers en pots et en fruits de la variété Héricart de Thury et des Chi- corées Witloof; — par M. Hédiard, marchand de comestibles exotiques horticoles, 13, rue Notre-Dame-de-Lorette, des bulbes aériens de Dioscorea, d’espèces mal connues. Ces pro- ductions, assez grosses, du reste, très-angu- leuses, à angles arrondis, peuvent, dit-on, être mangées, accommodées comme on le fait de légumes analogues ; — par M. Alphonse Got : 1» des Poireaux dits 2^^^pétuels, singulière variété qui, lors de la germination des graines, produit un nombre plus ou moins grand de plantules, au lieu d’une seule comme le Poi- reau commun; ses qualités sont les mêmes que celles de ce dernier; 2° un Céleri rose nain, à pétiole plein, et dépourvu de bour- geons et qui, dit le présentateur, peut être cul- tivé avec avantage ; les C(Mes des feuilles sont légèrement rosées ; 3o des Salsifis à fleurs roses, dont les racines, grosses et tendres, ne sont jamais fibreuses ; au lieu d’être jaunes, les fleurs de cette espèce sont d’un beau rose; 4o des racines de Scolymus hispanicus, ma- gnifiques et de dimensions vraiment extraordi- naires, variant en longueur de 80 centimètres à 1 mètre, et mesurant juqu’à 15 et même 18 cen- timètres de circonférence; deux d’entre elles pesaient 1,100 grammes. C’est un excellent légume, préférable aux Scorsonères comme qualité et qui a l’avantage de venir beaucoup plus vite, c’est-à-dire en quatre mois, tandis qu’il faut dix-huit mois pour les Scorsonères. Au comité de fïoriculture ont été présentés : — par M. Fauvel, jardinier chez M. Picot, à Taverny, les espèces d’Orchidées suivantes en pots et en fleurs : Angræcum sesquipedale, Saccolahium giganteum et Ornithocepthalus grandiflorus, espèce à fleurs jaune verdâtre, en grappe compacte, rappelant assez celles des Saccolabium. C’est une plante rare, curieuse, mais non ornementale; — par M. Dallé, hor- ticulteur, 168, rue de Javel à Paris: Cœlogyne cristata, Caraguata cardinalis, Odontoglos- sum Alexandræ, Oncidium Cavendishianum, Tillandsia fenestralis, Lælia autumnalis atro- ruhens, très-voisin du type; — par M. Bruant, de Poitiers, des rameaux fleuris de son Bé- gonia Ameliæ, hybride d’un Bégonia Bruanti rosea fécondé par le C. Boezlii. C’est une plante très-floribonde, à beau et grand feuillage glabre, d’un beau vert luisant (1); les fleurs, disposées en grappes courtes et compactes, sont d’un rouge vineux foncé. Un caractère particulier organique propre à cette plante, ce sont ses inflorescences qui, au lieu d’être axil- laires, naissent à la base du limbe, à l’extré- mité du pétiole. RimiOGRAPIIlE Le Puceron lanigère Par Mühlberg et Kraft. — In-8» de 64 pages, avec une planche coloriée, à la Librairie agricole de la Maison rustique, 26, rue Jacob, Paris. — Prix : 2 fr. La première partie, due à M. F. Mühlberg, est relative à l’origine du Schizoneura (c’est le nom scientifique du puceron lanigère) ; l’au- teur essaye de démontrer comment s’opèrent les migrations végétales et animales, pour en- suite conclure à leur envahissement de pays jusque-là indemnes ; il établit que la présence de cet insecte n’a été constatée en Europe, que vers 1789, et plus récemment encore en Suisse. Remarquons, toutefois, que l’origine du Schi- zoneura lanigera, Hausm., est bien obscure (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 512. WBLIOGRAPIllE. 69 et que la plupai't des entomologistes sont loin d’être d’accord sur ce point. Dans le clia))itre ii, Description et histoire naturelle de Vinsecte, l’auteur décrit minutieu- sement toutes les phases du développement du Schizoneura et montre les diverses formes qu’il prend suivant ses différents âges, et de nombreuses figures coloriées ajoutent à la clarté des descriptions. Les chapitres iii, Influence de Vinsecte sur les Pommiers; — iv, Moyen de reconnaître V infection; — v, Mode d'infection, également dus à M. F. Mühlberg, terminent la première jiartie, La deuxième partie, due à M. A. Kraft, com- prend cinq chapitres, dont voici les titres : Dommages causés par le Schizoneura; — Im- portance de r insecte au point de vue de la cultm'e des arbres fruitiers; — Mesures pré- ventives contre Vinfection ; — Organisation des visites et des désinfections ; — Lutte contre Vinsecte imr des moyens mécaniques. Ensuite la troisième partie, due à M. F. Mühlberg, est relative à la désinfection par la voie chimique. Conformément au titre, ce chapitre énumère les substances à employer contre le Schizoneura et le moment propice pour qu’elles puissent agir sur l’insecte, la manière d’opérer, les précautions à prendre, la quantité à employer, etc. Enfin, dans un Appendice, sont résumés « des conseils et des prescriptions » relatifs aux soins généraux qu’il convient d’apporter dans les opérations, et sur les précautions à prendre suivant les cas, de manière à obtenir un bon résultat. L’ouvrage de MM. Mühlberg et Kraft, publié au nom du département fédéral de l’agricul- ture, est un travail sérieux et consciencieuse- ment fait. C’est, sans aucun doute, ce qu’il y a de plus complet sur ce sujet tant au point de vue pratique qu’au point de vue scienti- fique. E.-A. Carrière. Guide de l’ingénieur pour l’établissement et l’entretien des plantations d’alignement sur les routes, boulevards et avenues, Par J. Nanot. — Paris, librairie Coin, rue des Écoles, 62. L’auteur, M. J. Nanot, professeur à l’École d’arboriculture de la ville de Paris, a rassem- blé des documents précis de toute nature, qui l’ont mis à même de créer un ouvrage ne lais- sant dans l’ombre aucune des questions mul- tiples qui se rattachent à cette branche si im- portante de l’arboriculture. Ainsi que l’auteur le rappelle en tête d’un des principaux chapitres de son livre, les plan- tations d’alignement, en dehors des questions d’hygiène, ont pour but : A l'intérieur des villes et dans leur voisi- nage, d’embellir les différents lieux fréquentés par les promeneurs ; — de procurer de l’om- brage pour abriter contre l’ardeur du soleil; — de maintenir la fraîcheur au voisinage des habitations. xi la campagne, de fournir des bois pour l’industrie, tout en permettant d’utiliser des surfaces improductives; — d’embellir le pay- sage; — de protéger les voyageurs contre les rayons solaires ; — d’empêcher enfin la trop grande sécheresse de désagréger les routes. Tel, en effet, est le programme qu’ont à rem- plir journellement les administrations et les municipalités, ainsi que les propriétaires ou régisseurs de domaines importants ; et il est malheureusement trop aisé de constater que, la plupart du temps, les principes les plus élémen- taires assurant la bonne exécution et l’avenir des plantations ont été méconnus ou négligés. La première partie du livre de M. Nanot, qui est accompagnée de nombreuses gravures ex[)licatives, fait connaître la culture, les avan- tages et les inconvénients de tous les arby'es pouvant être employés en lignes : arbres d'ornement, forestiers et fruitiers. Toutes les indications judicieuses sont données au sujet de la croissance rapide ou lente des essences diverses, de leur feuillage plus ou moins décoratif, leur ombrage épais ou non, leur floraison, la qualité du bois, la foliaison hâ- tive ou tardive, la résistance aux gelées prin- tanières, aux insectes, à la fumée et à l'air vicié des villes, etc. Après avoir ainsi passé en revue toutes les considérations générales, et classé eh diverses catégories les plantations en lignes. Fauteur traite tous les détails d’exécution : choix des individus, soins que réclame la transplanta- tion, espacement à observer, nombre de lignes parallèles à disposer sur les avenues impor- tantes et les places publiques; tout est minu- tieusement décrit. Viennent ensuite des indications précises sur Vhabillage, la taille, le tuteurage et la pro- tection des arbres. L’opération de la taille des diverses es- sences a surtout préoccupé M. Nanot, et le chapitre qu’il a consacré à ce sujet prouve qu’il possède bien cette très-importante question. La troisième partie de Fouvrage s’occupe de l'entretien des plantations d'alignement. Nous regrettons de ne pouvoir suivre Fau- teur dans le développement de ces questions si intéressantes ; Fouvrage de M. Nanot con- tribuera certainement à épargner les tâtonne- ments et les déboires si fréquents dans les tra- vaux de plantation en ligne. Ch. Thays. Le Jardinage pour tous Par Gagnaire. — In-12 de 166 pages. — Prix : 2 fr. 25, chez Fauteur à Bergerac (Dordogne). Notre collaborateur M. Gagnaire vient de publier un intéressant ouvrage, dans lequel il a réuni en un petit nombre de pages les parties principales du jardinage, et il Fa fait avec la 70 COr.UKSI’ONKANCi;. compétence toute spéciale qui distingue l’habile horticulteur de llergerac. M. Gagnaire a donné pour sous-titre à son ouvrage ; L'art de cultiver i^ndant les douze mois de l’année les jardins 'potafjers, fruitiers et d'agrément, les jduntes de serres et de châssis, les Asperges, la Vigne, de gre/fer et diriger les arbres. Le sous-titre désigne d’une façon claire et précise l’objet de ce volume ; il va sans dire que chaque sujet y est traité suivant son importance. L’auteur donne ensuite une liste choisie « des rneilleui's légumes à cultiver au jardin I)0tager j> classés par lettre alphabétique. Puis vient un Tableau sgnoptique des Poires et des Pommes i-econirnandées mois pai‘ mois dans l’ouvrage. Au nom de chaque variété s’a- joutent les principales synonymies. Enfin, un « Choix des plus jolies plantes an- nuelles à semer au printemps » termine cet ouvrage recommnadable à tous les titres. E.-A. Gahrière. CORRESPOMIANCE M. B. (Maine-et-Loire). — Les variétés de Pêches dont vous nous avez envoyé la liste, sont des vaiâétés locales ou peu connues, qui se trouvent rarement chez les pépiniéristes ; aussi, sauf la Pêche de Saint-Geslin, que vous trouverez chez M. Defains, ancien horticulteur à Amboise , vous ferez bien , pour toutes les autres, de vous adresser à M. Paul Giraud, horticulteur à Marseille, qui, s’il ne peut vous procurer soit des pieds, soit des greffons, pour- rait probablement vous indiquer à qui vous devriez recourir. j^/me Ji (Hérault). — Vous pourrez vous procurer du Lilas blanc, en fleurs coupées, pendant une grande partie de l’année et en telle quantité que vous voudrez, chez M. De- launay, horticulteur, rue Marceau, à Montreuil (Seine), et chez M. Monnet, horticulteur, route de Ghâtillon, 30, à Paris. N° 3240 (Côte-d'Or). — Les résultats indi- qués dans l’article dont vous parlez sont ri- goureusement exacts ; la fécondation a, tout à la fois, modifié le contenant et le contenu. Quant aux comparaisons à faire entre les ani- maux et les végétaux au point de vue de la fécondation, il ne nous paraît pas possible, dans l’élat actuel de la science, d’en tirer des conséquences pratiques. JV» 4090. (Tarn). — La construction d’une Fougeraie n’est assujettie à aucune forme par- ticulière ; ce sont les conditions dans lesquelles on se trouve qui décident. En général, ce sont des rocailles faites avec des pierres meulières ou des silex disposés grossièrement et irré- gulièrement, et même sans scellement. Quant à l’exposition, si on a le choix, on prendra un endroit légèrement ombragé et un peu abrité si possible, de manière à éviter l’aridité, les grands vents, les brûlants coups de soleil. Lorsqu’on n’a pas d’endroit convenable, on en approprie un, soit en plantant quelques arbres afin de donner un peu d’ombrage, soit en cons- truisant des abris artificiels. Toutefois il faut éviter f excès de concentration, caries Fougères ont besoin d’être aérées. Dans le cas où il n’y aurait pas d’abri, on disposerait les plantes de manière que les espèces les plus délicates se trouvent à côté d’autres plus vigoureuses et qui pourraient les protéger. Quant au sol, bien qu’il puisse varier, il devra être très-per- méable, de nature plutôt siliceuse qu’argileuse; par exemple, de la terre de bruyère en mottes ou très-grossièrement concassée conviendra à toutes les espèces. Le sol, en général, devra être humide et l’humidité même sera très-ra- rement nuisible, à la condition toutefois que le sol soit très-perméable et bien aéré. Des détri- tus de feuilles, surtout si elles sont consistantes et de nature sèche comme le sont celles de Chêne et de Châtaignier, pourront être mélan- gées à la terre, le plus souvent avec avantage pour certaines espèces. Toutefois, ce sont là des principes généraux qui pourront être mo- difiés suivant le climat et les conditions dans lesquelles on se trouve, car il en est des Fou- gères comme de toutes les autres plantes ; il en est de tempéraments très-divers et qui, pour cette raison, ont besoin de soins différents, par- fois spéciaux. La question d’ailleurs est inté- ressante, et prochainement la Revue publiera un article sur l’établissement des Fougeraies. No 3452. (Loir-et-Cher). — Vous pouvez vous adresser, pensons-nous, au sujet des Anémones-Hépatiques dont vous nous par-lez, à M. J,- B. Yvon, horticulteur, 44, route de Ghâtillon, à Malakoff-Paris. M. D. M. (Blidah). — Les fleurs, feuilles et fruits que vous nous avez envoyés appartien- nent à une Gésalpiniée (probablement un Cas- sia), dont nous espérons pouvoir vous faire connaître le nom à la suite des recherches que nous faisons actuellement à ce sujet. Les Bégonias à beau feuillage dont vous voulez essayer la culture en pleine terre, dans un endroit un peu ombragé, surtout sous votre climat où l’ardeur du soleil brûlerait leurs feuilles assez délicates, appartiennent à la série des descendants du Bégonia discolor-Rex. Voici une liste des plus belles variétés ; Madame Swahn, E.-A. Carrière, Lucienne Bruant, Édouard André, W.-E. Gumbleton, Ed. Pynaert, Justinien Bretonneau, Fer- rario Fratelli, Lustre, Marguerite Bruant, Maxime Cornu, Joyau poitevin. A^ous pourrez vous procurer ces variétés chez M. Bruant, horticulteur à Poitiers (Vienne). M. T. V. de L. à Vendôme (Loir-et-Cher). — Nous comprenons bien que vous ne soyez pas satisfait de l’aspect peu harmonieux de vos rochers construits en meulière et en ciment. CORRESPONDANCE. 71 C’est surtout en les garnissant de Lierres, de Vignes vierges, de Clématites, de Chèvre- feuilles, etc., que vous les garnirez le plus vite possible, et il serait tout à fait inutile de les avoir créés si vous deviez maintenant les ca- cher au moyen d’un massif. Aux plantes grimpantes ci-dessus indiquées et qui auraient, si elles étaient employées ex- clusivement, l’inconvénient de recouvrir com- plètement plus tard les rochers qu’elles doi- vent seulement garnir en partie, il serait bon d’ajouter quelques Rosiers, Jasmins, Bégonias, à végétation plus lente ; dans les poches ré- servées, çà et là, placez quelques Coignassiers du Japon, Forsythia suspensa, Hortensias, Evonymus radicans, Yuccas variés, etc.; aux abords immédiats, quelques Tritoma, Berheris stenophylla^ Leycesteria formosa^ Cotoneas- ter variés, Hypericum calycinum^ Juniperus squamata, Pavia macrostacliya, etc., etc., formeront une heureuse transition entre les massifs compacts et vos groupes de rochers. Enfin , et surtout , en attendant que ces plantes produisent tout leur etfet, il estnéces saire que vous détruisiez l’aspect de cette ma- çonnerie fraîche au moyen d’un badigeon que vous appliquerez vers la tin de février, lorsque les gelées délitantes ne seront plus à craindre, et un peu avant de planter. Il con- vient que le ton de ce badigeon se rapproche autant que possible de la couleur des rochers de votre région. Vous l’obtiendrez en modifiant suivant le besoin chacune des substances ci- dessous indiquées, qui, employées dans les pro- portions que nous donnons, produiront un ton assez harmonieux ; Noir de fumée ou noir d’Anvers 1 k Ocre jaune 500 Ocre rouge 250 A l’eau qui servira à liquéfier ce mélange, il sera bon que vous ajoutiez de l’alun, qui le rendra adhérent aux rochers. il/. A. M. (Nièvre). — Ainsi que vous le densez, on peut faire de jolis groupes, sur une pelouse un peu vaste, au moyen du Spiy^æa Lindleyana., mais vous obtiendrez un effet en- core plus décoratif en l’employant ainsi : dans les deux ou trois premiers rangs intérieurs, c’est-à-dire du côté de la pelouse, d’un massif d’une certaine grandeur, disséminez au hasard quelques pieds de S. Lindleyana, puis, con- tinuez, d’une manière tout à fait irrégulière, le massif sur la pelouse, en n’employant plus que cet arbuste ; et enfin, jetez-en quelques pieds, sur la pelouse, aux abords de ce groupe, pour l’annoncer. Vous obtiendrez ainsi un effet très- ornemental et non banal. Pendant toute la belle saison, cette plantation aura l’aspect d’une fougeraie à végétation exubérante. 3110 (Ardennes). — Voici la liste des noms des Bégonias dont vous nous avez en- voyé des échantillons : N»s 1, B. Disgwetliana ; 2, B. Laura; 3, B. miniata; 4, B. fuchsioides. Quant au Tydæa dont vous nous avez en- voyé une tleur, celle-ci est remaniuable par l’addition de pièces caiycinales qui présentent une grande analogie avec ce qui se passe chez certains Gloxinia, et qui semble tendre à la duplicature. C’est un ébranlement du type. 11 ri’y aurait donc rien de surprenant qu’en semant les graines de ces plantes et en conti- nuant de les choisir, vous arriviez à créer un type particulier de Tydéas à fleurs pleines. C’est à essayer. N° 4247 {Aube). — Nous avons, à diverses reprises, indiqué les moyens de combattre les insectes dont vous vous plaignez. Voici les moyens recommandés particulièrement : Jo Contre le tigre du Poirier {Tingis pyri) : Fumigations de feuilles de Noyer ou de Tabac sous un drap fixé le long du mur; la- vages au moyen de lessive étendue d’eau, de décoctions de tabac ou de savon noir. Le point principal est de bien projeter le liquide par une pompe ou hydronette à jet ascendant, de manière à atteindre fortement le dessous des feuilles. 2ü Contre le puceron lanigère {Aphis lanigera) : Brosser fortement les parties atta- quées, enlever les exostoses et chancres à la serpette, et badigeonner l’arbre avec une forte dissolution de jus de Tabac ou de savon noir, à chaud. Pendant l’été, on se trouvera bien de surveiller les arbres et de toucher avec un pin- ceau les insectes qui auraient échappé à l’opé- ration d’hiver. — A^ous trouverez précisément sur la description, les dégâts et la destruction du puceron lanigère les détails les plus complets dans l’ouvrage de MM. Mülilberg et Kraft, dont le présent numéro de la Revue rend compte à l’article Bibliographie. 3» Contre l’altise (Haltica oleracea) : Impré- gner de la sciure de bois avec de l’huile lourde de gaz, à faible dose, et en couvrir légèrement le sol où l’on a semé des Choux, Navets, Ra- ves. C’est le moyen qui nous a le mieux réussi parmi tous ceux qui ont été préconisés. Vo 3297 (Eure). — Vous trouverez les cap- sules Étienbled, au sulfure de carbone, pour la destruction des courtilières, chez M. Eug. Remilly, chimiste-fabricant, à Créteil (Seine). Nous vous prions de nous donner con- naissance des résultats que vous aurez obtenus. iVo 4383 (Aude). — Il n’y a pas de nou- velles éditions du livre de M. de Puydt sur les plantes de serre, et un traité spécial de cette branche de l’horticulture, dans le genre de celui de MM. Ahlmorin sur les fleurs de pleine terre, n’existe pas en France. Tous les amateurs réclament, comme vous, un livre de ce genre. Voici une bonne recette pour fabriquer l’encre à écrire sur le zinc : Prenez 30 grammes de sel ammoniac, 30 grammes de vert de gris, 120 grammes d’eau distillée ou d’eau de pluie; placez le flacon à chaud, secouez pour opérer le mélange, filtrez à travers un linge et employez après avoir frotté le zinc avec du sable blanc très-sec. 72 CORRESPONDANCE. N° A823 {Alpes -Maritimes). — Il n’existe pas d’ouvrage donnant la concordance des familles de plantes, anciennes ou récentes, à l’exception des traités généraux de botanique où se trouvent exposés les dinérents systèmes et méthodes des auteurs : Gésalpin, Ray, Tour- nefort, Linné, A.-L. de Jussieu, Adanson, De Candolle, Lindley, Endlicher, Ad. Brongniart. Vous })Ourrez consulter à cet égard les Elé- ments de botanique de P. Ducliartre, le Dic- tionnaire d’histoire naturelle de d’Orbigny, le Dictionnaire botanique de Germain de Saint- Pierre, etc. Mais vous ne trouverez j)as l’es- pèce d’arbre généalogique que vous désirez, et qu’il serait fort difficile de dresser. Voici pourquoi : non seulement cliaque au- teur des systèmes ou méthodes précités a ima- giné, pour les familles qu’il créait, des noms différents de ceux donnés par ses prédéces- seurs, mais ses divisions du règne végétal n’étaient pas les mêmes. Tel genre de plante est placé par un classificateur dans une autre famille que celle qu’il occupait précédemment. Ce n’est pas seulement le nom qui est changé : c’est la place. Tel autre est devenu une famille à lui seul, comme le Ramondia, que Jussieu avait placé dans les Solanées, et dont Grenier et Godron ont fait les Ramondiacées, pendant que De Candolle le rangeait à son tour dans les Cyrtandracées. Tout dépend de l’auteur que l’on croit pou- voir suivre dans sa classification. Dans le cas qui vous occupe, la confusion n’est qu’apparente. Le genre Ficus., pour le- quel Gillet et Magne forment la famille des Fi- cacées (qui ne doit être considérée par les bo- tanistes que comme une tribu) fait en réalité partie de la famille des Artocarpées, celles-ci peuvent être considérées elles-mêmes comme rentrant dans le grand ordre des Urticacées (Benth. et Hook. Gen. _pL, III, p. 341), lequel comprend les Ulmacées, Celtidées, Morées, Artocarpées, Urticacées et Cannabinées. Bâil- lon préfère nommer le groupe général Ulma- cées, renfermant les Ulmées, Morées, Arto- carpées, Cannabinées. Le Maout et Decaisne réunissent les Artocarpées aux Morées, le principal caractère qui pourrait les distinguer (et encore?) étant l’inflexion du filet de l’étamine dans les Morées. En résumé, nous vous conseillons de vous en tenir à la classification la plus généralement adoptée aujourd’hui, celle de Bentham et Hooker (l. c.) et de dire que le genre Ficus appartient à la famille des Artocarpées, de l’ordre des Urticacées. M. S. {Bourg de Thizy). — On greffe les Groseilliers épineux à gros fruits sur le Groseillier doré {Ribes aureum) ou un hybride voisin, le G. de Gordon {R. Gordonianum). On greffe en fente ou en couronne, au premier printemps, au sommet de tiges vigoureuses (gourmands) qu’on a élevées l’année précédente pour servir de sujets. Ce moyen est employé avec succès en Allemagne, mais il est aussi fort connu en France, où plusieurs horticul- teurs-péj)iniéristes l’emploient en grand, no- tamment M. Croux, à Sceaux. M. E. J. {Ille-et-Vilaine). — Vous avez fait une confusion entre le Concours général agri- cole qui s’ouvrira bien, à Paris, le 2G février prochain, et le Congrès horticole, organisé par la Société nationale et centrale d’horticulture, à l’occasion de son Exposition, du 4 au 9 mai. Quant aux Concours régionaux, ils com- prennent, depuis les dernières modifications réglementaires, les concours horticoles des sept départements de la région. Vous pouvez donc, nous le croyons, préparer sans crainte vos produits pour les exposer à Laval. No i807 {Seine-et-Oise). — Vous pouvez, dès maintenant, couper des greffons pour les employer au printemps prochain. Ces greffons doivent être bien enterrés au nord, même sans aucun abri, à moins qu’il ne s’agisse d’espèces qui pourraient souffrir soit du froid, soit des haies. Dans ce cas, on les couvre soit avec des feuilles ou de la litière, de manière à les sous- traire aux agents atmosphériques. No 2534 {Seine). — Il ne faut jamais tailler les Lilas à cette époque de l’année, car vous couperiez les fleurs qui, chez les plantes de ce genre, se forment l’année qui précède la flo- raison et sont toujours placées à l’extrémité des rameaux. Mais vous pourriez préparer vos su- jets, c’est-à-dire enlever toutes les parties qui font confusion ou qui déforment par trop les arbres ; puis, aussitôt la floraison terminée, les rabattre plus ou moins sévèrement, suivant le besoin. En agissant ainsi, vous pouvez être à peu près certain d’avoir des fleurs au prin- temps suivant. H. D., à Châtellerault {Vienne). — La ré- daction de la Revue horticole est complètement distincte des annonces ; si les héritiers de M. B*”* veulent vendre ses collections d’Orchi- dées, ils se trouveront bien, croyons-nous, d’annoncer cette vente dans la Revue horticole. Mais ils devront s’adresser pour cela à M. Pel- letier, 26, rue Jacob, à Paris, qui est seul chargé des annonces de ce journal. L. C., à Vieiine {Isère). — Nous vous re- mercions de l’offre obligeante que vous nous faites au sujet de graines du Cephalotaxus ; mais la saison étant actuellement un peu trop avancée, nous croyons qu’il est préférable que vous attendiez l’automne prochain pour faire cet envoi. Le moyen le plus simple à em- ployer est l’expédition par colis postal ou par la poste. Quant aux Magnolias, vous pourrez les en- voyer quand bon vous semblera, en les adres- sant directement à M. Ed. André, 30, rue Chaptal, à Paris. L’ Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Qeorgea Jaoob , — Orléans, CHRONIQUE HORTICOLE. 73 CHRONIQUE HORTICOLE Échenillage des arbres. — Étiquetage des arbres. — Greffage des Vignes. — Philodendron Andreanum. — Ébranlement du genre Tijdœa. — Chasselas Gros-Guillaume. — Céleri nain rose plein. — Rose La Neige. — Chrysanthèmes et Choux panachés. — Lasiandra macranlha. — Lilium auralum. — Quand doit-on manger les Kakis? — La patrie de la Vanille. — Encore la production des Morilles. — Le jardin botanique de Saint-Louis du Missouri. — Société vigneronne et forestière de l’Aube. — Société anglaise d’amateurs d'Orchidées. — La Covent Garden Gazelle. — Expositions annoncées. — Erratum. Échenillage des arbres. — Nous n’a- vons pas à rappeler les dommages considé- rables que les chenilles occasionnent aux cultures ; tous nos lecteurs les connaissent assez, la plupart par expérience, c’est-à- dire qu’ils ont eu à en souffrir. Fort heu- reusement, le mal n’est pas sans remèdes. Parmi ceux-ci, le meilleur et assurément le plus pratique est sans contredit l’échenil- lage; c’est celui que chaque année l’autorité recommande par une circulaire spéciale, qui paraît dès les premiers beaux jours. A ce sujet, nous rappelons à nos lecteurs qu’il n’est pas nécessaire d’attendre cette circu- laire pour procéder à l’enlèvement des nids. Au contraire, il convient de profiter des jours d’hiver pendant lesquels, par suite des .gelées, on trouve ainsi un bon moyen d’uti- liser ses loisirs. Lorsque l’échenillage est bien fait, on n’a plus guère à s’occuper que des chenilles « bagueuses » ou de quelques espèces analogues dont les œufs, qui ne sont pas renfermés dans des nids visibles, éclosent, suivant les sortes, pendant les diverses saisons de l’année. Étiquetage des arbres. — Les diffé- rents types employés pour étiqueter les les arbres sont nombreux et variés ; les plus avantageux et aussi les plus usités, sont ceux sur lesquels on voit en caractères bien apparents le nom de l’objet. Les étiquettes que l’on pique ou que l’on suspend à l’aide d’un fil de fer, et sur lesquelles on écrit avec un crayon, sont presque les seules em- ployées par les horticulteurs. Néanmoins on leur fait un reproche asssez fondé, celui de ne pas durer assez longtemps : ou bien elles pourrissent, ou bien l’écriture s’efface. Nous venons de voir un nouveau mode d’étiquetage qui n’a aucun de ces incon- vénients : il s’agit des « étiquettes blanches et inaltérables », qui durent sinon indéfi- niment, du moins un temps tellement long qu’on ne peut lui assigner de limites, quelles que soient les conditions dans lesquelles on les place. Pour écrire, on se 16 Février 1886. sert d’une plume d’oie et d’une encre spé- ciale, d’un noir très-beau et bien voyant. Après avoir écrit, on laisse sécher, ce qui, du reste, se fait promptement. Les prix, qui sont relativement peu élevés, varient avec la grandeur des étiquettes. On trouve ces étiquettes, ainsi que « l’encre chimique et inaltérable spéciale » cliez M. Eacker, 29, rue des Petits-Champs, Paris.. Greffage des Vignes. — Cette opé- ration, peu connue et à peine pratiquée autrefois, a pris depuis quelques années, par suite de l’extension du phylloxéra, des proportions considérables. On a institué des écoles de greffage, nommé des profes- seurs ad hoc qui, chaque année, font des cours et des conférences sur le greffage des Vignes. C’est aujourd’hui un véritable en- seignement, encouragé par les Sociétés d’horticulture et de viticulture, dont cer- taines vont même jusqu’à prendre les frais à leur charge. Telle est, par exemple, la Société régionale de viticulture de Lyon qui, dans une de ses dernières séances, a décidé qu’elle continuerait, en 1886, à soutenir et à appuyer toutes les écoles qui ont fonctionné en 1885. Outre le départe- ment du Rhône, l’enseignement de la greffe, cette année, se donnera dans les dé- partements voisins : Loire, Saône-et-Loire, Côte-d’Or, Jura, Ain, Savoie, Isère. C’est une mesure dont on ne saurait trop féliciter la Société régionale de viticulture du Pvhône. Philodendron Andreanum. — A l’oc- casion de la publication du Philodendron Andreanum, dans le numéro du 16 janvier dernier, on nous écrit que cette espèce nou- velle ne serait qu’un Ph. melanochrysum vigoureusement cultivé. Cela est une erreur absolue. Avant de parler de cette nou- veauté, nous avons fait cultiver les deux espèces côte à côte, chez M. le baron Léon Le Guay, M. de la Devansaye, et ailleurs, et nous pouvons ajouter que M. Dallière, l’ha- 4 74 CHRONIQUE HORTICOLE. l)ile lioriiciiUeHr gantois, après avoir re- connu la valeur spécifique de cette Aroïdée, en a acquis un exemplaire (ju’il ne lardera pas à montrer au public horticole. Nous maintenons donc que les deux esjièces sont alisolumeni distinctes et ne sont nullement le résultat d’une cidture perfectionnée. Nous renvoyons d’ailleurs nos lecteurs à un examen comparatif de la des- cription, faite d’après des exemplaires sui- vis attentivement depuis plusieurs aminées dans des conditions ordinaires de culture. Ébranlement du genre Tydæa. — Sommes-nous à la veille d’avoir des Tydéas à Heurs pleines? Le fait est possible, et voici qui semble le démontrer. M. L. Moïse, à Mes- sempré (Anlennes), nous écrit : « Ayant, il y a trois ans, fécondé par elle-même la vaiâété de Tydæa appelée Belzehuth^ j’ai obtenu une vingtaine de variétés distinctes, diffé- rentes du porte-graines, et dont quelques- unes sont vraiment très-belles. Parmi elles s’en trouvent surtout deux remarquables: elles portent sur la partie extérieure de leur corolle cinq pièces additionnelles qui, par leur ensemble, constituent une sorte de corolle. Ce caractère paraît constant sur ces deux variétés ; il se montre sur toutes leurs Heurs. » Chasselas Gros Guillaume. — Nous avons souvent vu les grappes de cette va- riété atteindre de très-fortes dimensions ; mais nous ne nous souvenons pas d’en avoir observé d’aussi belles et surtout d’aussi développées qu’une grappe qui a été ré- coltée cette année, à Dublin (Irlande), dans le Phœnix Park, sur un pied de Vigne âgé de trois ans. Cette grappe, en effet, mesurait 71 centi- mètres de longueur sur 62 centimètres de largeur à sa partie supérieure. Elle pesait 10 kilos et présentait une forme régulière, parfaite, à grains bien développés et régu- lièrement écartés. Le même pied de Vigne a produit en même temps plusieurs autres grappes dont le poids variait de 6 à 8 kilog. N’est-il pas étrange de penser qu’il faut aller cberclier ces « Raisins de Chanaan », gros comme celui qui a été peint par Le Poussin, dans des serres sous le ciel bru- meux de la verte Erin ? Céleri nain rose plein. — Cette variété, qui est au-dessus de tout ce que nous con- naissons en ce genre comme qualité, est peu connue dans les cultures parisiennes, ce qui est regrettable. C’est une plante naine, à côtes très-pleines, légèrement ro- sées et ne drageonnant pas. Elle offre aussi cet autre grand avantage de ne pas « creu- ser », c’est-à-dire ([ue les pétioles, qui sont gros, pleins et bien moelleux, conservent ces pro[)i‘iétés (jui ne s’altèrent même pas. Nous l’avons reçue de M. Alphonse Got, marchand grainier horticulteur, à Virnoutiers (Orne). Rose La Neige. — Inutile de dire que cette Rose est d’un blanc pur. Sa forme, dit-on, est incomparable. Mais voici qui sort de l’ordinaire : Au lieu d’un rosiériste, son obtenteur serait un jnaniste composi- teur, M. Piermy, à la villa Cbarnp-des- Roses (Alpes-Maritimes). Le Thé Nipliétos est dépassé, dit notre confrère du Journal des Roses, qui, pourtant, ajoute : « Le seul défaut de cette nouvelle venue serait son peu d’odeur. » Chrysanthèmes et Choux panachés. — Un des abonnés de la Revue horticole, M. Ch. Fichot, nous signale l’heureux em- ploi qu’il a fait, pour la composition de corbeilles et plates-bandes d’automne, de Chrysanthèmes et de Choux panachés, plantés en mélange. En effet, les Heurs de Chrysanthèmes, portées le plus souvent sur des tiges grêles, ne peuvent que gagner à se détacher sur le fond coloré, un peu sombre, des feuilles, si jolies de forme, des Choux panachés. M. Fichot, en faisant la plantation de ces corbeilles, suit une certaine régularité, ce qui lui permet, aussitôt que la Horaison des Chrysanthèmes est passée, de les ra- battre ou de les enlever, afin de laisser les Choux prendre leur entier développement, et garnir jusqu’au printemps l’espace qui leur est attribué. Lasiandra macrantha. — L’une des plus jolies Mélastomacées, le Lasiandra macrantha, arbuste à Heurs très-grandes, bien faites et d’un très-beau bleu foncé ou violet, présente encore l’avantage d’être vigoureux, de se bien ramilier et d’avoir un joli feuillage. Malgré tant de qua- lités, cette plante est peu répandue, et ce n’est même que très-rarement que l’on en voit quelques pieds. Pourquoi? Proba- blement à cause de la réputation qu’on lui a faite : d’être d’une culture difficile et d’exiger la serre chaude, ce qui n’est pas. Une serre tempérée lui suffit, et, lors- CHRONIQUE HORTICOLE. 75 que les plantes sont fortes^ elles fleurissent même très-bien en serre froide, ce que nous avons encore constaté récemment au Jardin d’acclimatation, où des pieds dis- persés çà et là dans les gazons ont fleuri pendant tout l’hiver. La culture en serre tempérée présente cet autre avantage de donner des plantes plus trapues , plus robustes et mieux constituées qui peuvent être employées pour l’ornementation et même pour le commerce, ce à quoi des plantes élevées en serre chaude ne sont pas propres. Lilium auratum. — Grâce aux nom- breux envois qui nous viennent directe- ment du Japon, le Liliiim auratum, cette superbe plante dont nous avons plu- sieurs fois déjà signalé l’heureux emploi au milieu des plantes vertes, et surtout des Rhododendrons, se répand de plus en plus dans les cultures. Les bulhes que l’on reçoit, arrivés à leur complet développement, donnent, la pre- mière année de plantation en pleine terre, une bonne quantité de fleurs de première grandeur ; mais on en a rarement vu ayant produit une floraison aussi belle que celle que signale]’ Aberdeen Daily Press. En effet, le Lis en question, cultivé par MM. Smith et fils, de Kintore, portait sur une seule tige cinquante-cinq fleurs entièrement dé- veloppées à la fois. Etant donné le diamètre moyen de cha- cune de ces fleurs, on peut aisément se figurer la splendeur de la masse que pro- duisait cette inflorescense. Quand doit-on manger les Kakis ? — Cette question pourra paraître de second ordre, étant donnée la faible importance que présente jusqu’à présent la culture des Kakis en France. Mais est-ce une raison suffisante pour ne pas tirer le meilleur parti possible de ces fruits qui, après tout, commencent à être mieux appréciés et, par conséquent, à se vulgariser? Contrairement à tous nos fruits, les Kakis ne devien- nent pas farineux ; au contraire, ils devien- nent pulpeux-déliquescents ; c’est dans cet état qu’ils sont vraiment bons ; ils ont alors perdu presque toute leur astringence, à l’a- vantage du principe sucré, lequel augmente, en même temps que du fruit se dégage une petite saveur assez agréable. C’est dans ces conditions que les Kakis ont atteint le maximum de leur qualité. On les mange (( à la cuillère ». La patrie de la Vanille. — Voici, à ce sujet, une communication de notre collabo- teur, M. F. de Rijk, qui habite Soerabaia (Java) : « Jusqu’à pT“ésent on a toujours considéré le Mexique et les pays limitrophes comme la patrie de la Vanille. On allait même jus- qu’à prétendre que cette Orchidée aroma- tique ne pouvait jamais fructifier hors de son pays natal que par une intervention hu- maine, c’est-à-dire à l’aide de la féconda- tion artificielle. Je crois qu’on a eu tort. La véritable Vanille aromatique se trouve aussi dans les forêts vierges de Java. On l’y ren- contre fréquemment dans les régions méri- dionales, à une altitude d’environ 700 mètres au-dessus du niveau de la mer, et comme ces endroits sont inhabités et éloignés de toute habitation, même d’indigènes, il y a tout lieu de croire qu’on n’y a pas importé la Vanille, mais qu’elle y a existé de tout temps. » Il n’y a pas qu’au Mexique et dans l’Amérique du Sud que l’on trouve de la Vanille à l’état sauvage. Madagascar et l’Océan ie en nourrissent plusieurs espèces, mais ce ne sont pas les mêmes que le Vanilla planifolia , bien qu’elles soient susceptibles de produire aussi des gousses parfumées. Encore la production des Morilles. — Un abonné de la Revue horticole, M. Dugourd, jardinier à Fontainebleau, après avoir lu ce que nous écrivions récem- ment à ce sujet, nous informe que plu- sieurs fois déjà il a vu pousser des Morilles dans des endroits où l’on avait enterré des vieux papiers qui y avaient pourri. Il nous écrit : — « Chez un de mes voisins où, en réinstallant des bureaux de la Régie, l’on avait enterré beaucoup de papiers hors d’u- sage, tels que congés, acquits, etc., etc., j’ai vu deux années de suite, au printemps suivant, pousser de belles et grosses Mo- rilles en très-grande quantité. Ce fait et plusieurs autres que j’ai vus me font croire qu’il ne faut pas désespérer de voir un jour la culture de ce Champignon régu- lièrement établie. » Nous souhaitons qu’il en soit ainsi, sans oser pourtant l’espérer. Le Jardin botanique de Saint-Louis du Missouri. — Un riche philanthrope américain, M. H. Shaw, de Saint-Louis du Missouri, bien connu des visiteurs de cette belle cité, avait annoncé son intention de léguer après sa mort, à ses concitoyens, 76 CHRONIQUE HORTICOLE. 1111 ma;^nin([ue parc créé par lui en la ville méiiK*, et dans lequel il a org-anisé une école de botanique. Nous apprenons (jue, désireux d’accouqilir plus lot cet acte de générosilé si utilement ]ilacée, il vient d’efléctuer ce don de son vivant. Les jiorles du parc, ainsi (|ue les galeries des herbiers, collections, écoles , etc. , viennent d’étre ouvertes au public. Nous avons visité, en 1870, les jardins de M. Sbaw, admiré ses vastes collections de plantes, son riche herbier, où M. biiigel- mann et tant de botanistes ont puisé de précieuses ressources, et nous avons con- servé le meilleur souvenir d’avoir fait la connaissance personnelle de ce Mécène de la science. On ne peut que féliciter le donateur de ce legs si utile. Société vigneronne et forestière de l’Aube. — Cette Société, fondée en 1866, vient d’élire pour son président, et pour deux ans, M. Charles Baltet, qui en est l’un des principaux fondateurs et qui, déjà, avait plusieurs fois eu cet honneur. C’est un juste hommage rendu à l’éminent pomo- logiste, dont les connaissances et le dévoue- ment à tout ce qui se rattache à l’horti- culture sont bien connus et justement appréciés. Société anglaise d’amateurs d’Orchi- dées. — On s’occupe en ce moment, à Londres, de la création d’une Société d’Or- chidophiles, organisée à peu près sur les mêmes bases que les Sociétés similaires consacrées aux Chrysanthèmes, Auricules, Pélargoniums, Œillets, Roses, etc. Étant donné le grand nombre des amateurs et des cultivateurs d’Orchidées en Angleterre, cette Société, aussitôt formée, prendra cer- tainement un développement considérable, et fera progresser cette branche de l’horti- culture de luxe. En France, nous constaterions avec une vive satisfaction la création d’une Société semhlahle, et les efforts de tous ceux qui s’occupent des plantes et qui les aiment doivent tendre à la réalisation de ce but si utile. La Covent Garden Gazette. — Un journal tout spécial vient d’être créé, à Londres, sous ce titre, et est destiné à ren- seigner les producteurs sur les prix atteints chaque jour, au grand marché anglais, pour chaque sorte de fruits, légumes et Heurs. Ce journal contient une partie rédigée en français qui le rendra utile à nos compa- triotes. Notre commerce avec le marché de Covent Garden est déjà important, surtout en ce qui concerne les fruits et certaines Heurs. 11 y a tout lieu d’espérer que le nouvel organe anglais contrihuera à aug- menter ce déhouché de nos produits, en renseignant nos cultivateurs sur les envois qu’ils pourront faire avec certitude de pla- cement avantageux. Expositions annoncées. — La Société d’horticidture du nord de la France ouvrira, du 16 au mai prochain, au Palais Ra- meau, à Lille, à l’occasion du concours ré- gional, une exposition horticole internatio- nale, à laquelle sont invités à prendre part les amateurs, horticulteurs, instituteurs et directeurs de .Jardins publics et scienti- fiques, etc. La Société du Nord, suivant la mesure essentiellement pratique qu’elle a précédemment prise dans ses expositions, a divisé les exposants en quatre catégories concourant séparément, suivant qu’ils sont amateurs, horticulteurs, etc. Du 27 février au 14 mars 1886, sous les auspices du Cercle œnophile italien, aura lieu à Rome une exposition internationale pour l’œnologie des vins italiens, et l’uti- lisation desmarcs de Raisin. Les prix consisteront en diplômes d’hon- neur, médailles d’or, d’argent et de bronze, mentions honorables et même en monnaie. Chaque exposant devra payer l’espace oc- cupé par lui à raison de 10 fr. par mètre carré. Pendant l’exposition , des professeurs spéciaux feront des conférences sur les ma- chines et les objets exposés qui pourraient présenter de l’intérêt. Erratum. — Dans le numéro du 16 jan- vier dernier de la Revue liortieole, à la page 26, en parlant des membres du conseil de la Société nationale d’horti- culture de France, on a indiqué le nom de M. Forgeot comme faisant partie des conseillers. C’est une erreur; il faut lire : M. L. Delaville, marchand grainier, 2, quai de la Mégisserie. F. -A. Carrière et Ed. André. LES EXPOSITIONS DE CHRYSANTHÈMES EN ANGLETERRE. 77 LES EXPOSITIONS DE CIIIIYSANTIIÈMES EN ANGEETEKIIE Avec le mois de novembre commence en Angleterre la série des expositions de Chry- santhèmes qui se succèdent pendant tout le mois. Ce n’est pas seulement la Société royale d’horticulture qui fait une exposition de ces charmantes plantes, mais chaque So- ciété, si petite qu’elle soit, organise la sienne, sans compter les innombrables exposi- tions j)articulières que font les horti- culteurs dans leurs propres établisse- ments. Toutes ces expo- sitions sont impor- tantes, fort at- trayantes et très- visitées ; elles com- prennent en même temps les fruits et les autres fleurs de la saison ; mais la l’eine de l’automne, le Chrysanthème comprend les neuf dixièmes, et je ne parlerai que de cette fleur. L’abondance des produits exposés s’explique par ce fait qu’on ne mé- nage guère les ré- compenses : les prix consistent (comme dans tou- tes les expositions anglaises) en ar- gent, et personne ne s’en plaint; le prix d’honneur, ce- pendant, est géné- ralement une coupe d’argent ou de ver- meil. Le grand prix se donne pour 24 ou 3G fleurs cou- pées (japonaises et incurvées, par moitié) ; la valeur de ce prix est à considérer; à Kingston ainsi qu’à Hull, par exemple, elle était de près de sept cents francs ; aussi l’on comprend les immenses efforts que font les jardiniers pour obtenir ces récom- penses, car, dans ce cas, le profit se joint à l’honneur. Les concours principaux comprennent les fleurs coupées (collections d’un nombre limité de variétés ou six fleurs d’une même variété), les groupes de plantes et les spécimens pa- lissés. Les fleurs coupées sont disposées sur des tables un peu inclinées, de manière à pouvoir être vues facilement et de très-pi‘ès. Les expo- sants se servent, pour étaler- leurs fleurs, de boîtes en fer-blanc peint en vert foncé; ces boîtes sont rectangulaires et portent à leur partie su- périeure deux rangs de tubes verticaux (6 ou 12, suivant leur taille), dans lesquels on plonge les pédon- cules des fleurs; ces tubes, qui ont environ 2 centimè- tres de diamètre et qui sont remplis d’eaii, portent à leur sommet un jietit entonnoir de 5 centimètres de diamètre, destiné à soutenir Ja base des pétales poul- ies empêcher de se rabattre le long du tube, et qui permet de faire voyager les fleurs dressées sans qu’elles se déforment. Dans les appa- reils perfectionnés, l’entonnoir est mo- bile, et il porte aussi un tube qui se fixe dans celui de la boîte, en té- lescope, de manière que l’on puisse placer la fleur exactement dans la position que l’on veut à l’aide d’un morceau de bou- chon placé inté- rieurement à la base de la tige; on a soin, en ajustant ce bouchon , de laisser sur le côté un passage pour que l’eau contenue dans la boîte puisse monter dans le tube intérieur qui contient le pédoncule. Les fleurs coupées sont remarquables dans leur perfection, tant par leur régularité que par leur taille et la beauté de leurs coloris. De tous ces caractères, le seul que l’on puisse dé- crire exactement, c’est la taille des fleurs, quoique ce ne soit là qu’un caractère secon- daire. Voici ce que j’ai constaté dans diverses expositions cette année, ces chiffres ne variant guère pour une même variété : dans le groupe Fig. 15. — Chrysanthème à haute tige George Glenny (au 1/19 de gr. nat.). 78 lÆS EXPOSITIONS DE CIIUYSANTIIÈMES EN ANGLETERRE. des incurvées : Alfred SaUei\ Lord Alces- /cr, Empress of India^ Queen of Enaland^ GnernseiJ Nugyet, mesuraient 14 centimètres de diamètre. — Snow. Bail, Golden Eyyi- 2yress, Jardin-des-Plantes^ 12 centimètres. — Barbara, Baron Beust, 10 centimètres. Dans les japonaises, c’est mieux encpre : Eair Maki of Giiernsey, 10 et 20 centimètres. — Baron de Praüly, 18 centimètres. — Ma- dame C. Audiyuier, Boule d'Or, Belle Pauline, Mey Merrilies, 16 centimètres. — ■ Criterioyi, Comte de Germiny, Thunhery, Val d’Andorre, 15 centimètres, etc. A ceci je dois ajouter que les Heurs, en 1885, à cause de l’extrême sé- cheresse de l’année, étaient un peu au-dessous de leur taille habituelle. Avant de nommer les variétés (fue l’on admire dans les expositions, je crois utile de décrire les soins spéciaux que reçoivent les fleurs coupées destinées à ce but. Une opération fort importante pour les fleurs coupées de Chrysanthèmes est le dres- sage, qui consiste à placer régulièrement les pétales de chacune pour les rendre parfaites. Ce soin donne toujours un très-bon résultat, surtout pour les variétés incurvées. Dans une fleur de ce groupe, tous les pétales doivent être concaves en dedans et avoir leurextrémité dirigée vers le centre, ce qui pourtant est loin d’être conforme à ce qui existe sur les plantes dans leur état normal. Parfois les pétales exté- rieurs sont renversés en arrière, ou bien ceux du milieu sont roulés , tandis qu’au centre il y en a d’avortés ; il faut remédier à tout cela. Pour les variétés japonaises, il en est de même; quelque bizarre que soit la fleur, les pétales doi- vent être régulièrement disposés, soit rabattus, roulés ou hérissés, suivant la variété, mais toujours en portant à perfection le caractère distinctif de cette variété; deux fleurs d’un mérite égal avant le dressage sont bien difté- rentes quand Tune a été arrangée, et personne n’hésiterait à accorder la préférence à la fleur dressée. Quelques personnes ont prétendu que cette opération ne devrait pas être pratiquée; mais comme tous les jurys l’admettent, on doit par conséquent la recommander. Quant à expliquer comment elle se pratique, c’est plus difficile; chacun a sa manière et la garde, c’est le secret des exposants. On doit donc appren- dre par soi-même et faire de son mieux ; tout ce que je puis dire, c’est qu’on se sert de pe- tites pinces d’ivoire, de petits stylets de bois et... de beaucoup de patience, car il faut envi- ron une heure ou une heure et demie de tra- vail à une personne exercée pour dresser con- venablement une fleur; il est inutile de dire qu’on enlève soigneusement les pétales défor- més et les centres verts. Tous les boutons dont se couvrent les Chry- santhèmes ne sont pas propres à donner ces grandes tleurs que l’on admire dans les exposi- tions; la sélection des boutons se fait ici d’une manière particulière. Dans un article précé- dent (1) sur la culture des Chrysanthèmes, je disais : « On éclaircit les boutons en conser- vant les mieux placés. » C’est en effet ce (jue l’on doit faire; en culture générale, il faut agir suivant le but qu’on se pi-opose ; ainsi, dans une maison bourgeoise, pour le marché, quand on désire des tleurs, il serait mauvais d’obtenir pour cet usage des tleurs de i5 à 20 centimètres de diamètre dont on ne saurait que faire ; mais quand on veut exposer, il faut des fleurs très-grandes : on cherche à obtenir la couronne, qui seule est capable de donner un bon résultat. On appelle couronne, dans les Chrysan- thèmes, la fleur qui, la première, termine une tige. On rencontre un fait analogue dans presque toutes les plantes de la famille des Composées ; chacun a remarqué, par exemple, qu’une tige d’Artichaut donne, à son sommet, un rapitule plus gros que ceux qui terminent les ramifications de deuxième ordre. Ceci se fait naturellement dans la plante potagère, mais avec les Chrysanthèmes, il n’en est pas de même; c’est au jardinier à intervenir à temps, car les yeux inférieurs se développent avec une telle vigueur qu’ils déterminent souvent favor tement de la couronne. Ce sont ces ramifica- tions secondaires qui, par suite du ralentisse- ment de la végétation, donnent les tleurs que l’on a en culture ordinaire, car si la sève con- tinuait à arriver avec la même force, le même fait se reproduirait de nouveau et la plante ne fleurirait parfois pas du tout. Donc, quand on veut obtenir la couronne, on doit éhorgner tous les yeux latéraux de ta tige dès qu’un bouton à fleur apparaît à son sommet; cette opéra- tion doit être faite avec le plus grand soin. Le nombre des couronnes que l’on obtient sur chaque plante est déterminé par l’opéra- tion antérieure, le pincement; quand on ne prend qu’une fleur par plante, évidemment on ne pince pas, mais il n’y a pas avantage ; on peut obtenir deux, trois ou quatre fleurs aussi belles que s’il n’y en avait qu’une. Les bou- tures sont élevées sur une tige jusqu’à ce qu’elles aient atteint 80 centimètres ; c’est alors que l’on pince ; on revient un peu bas, sur des yeux bien formés, à 60 centimètres du sol environ. De ce pincement naît un certain nombre de bourgeons ; alors on en conserve deux, trois ou quatre bien placés et bien vi- goureux, et l’on supprime tous les autres, afin de laisser toute la sève à ceux qu’on a choisis et qui se terminent chacun par une couronne si l’on se conforme à ce que j’ai dit précédem- ment. C’est seulement grâce à cet emploi de la couronne que les fleurs pour expositions sont plus hâtives que celles que l’on obtient en cul- ture générale, car on ne peut pas forcer les Chrysanthèmes, leur plus grand ennemi étant la chaleur artificielle. (1) Voir Revue horticole, 15 nov. 1885. LES EXPOSITIONS DE CHRYSANTHÈMES EN ANGLETERRE. 79 Il est assez difficile d’amener vingt-quatre plantes ou plus à fleurir en même temps, de manière à ce qu’elles donnent chacune des fleurs parfaites pour un jour donné ; celles qui sont en avance sont retardées en les plaçant dans une serre très-aérée dont on maintient la température aussi basse que possible ; si quel- ques fleurs sont à point, quelques jours trop tôt, on les coupe, et on les conserve, la tige dans l’eau, dans un endroit obscur et très-frais : on peut les garder ainsi une semaine en bon état. Pour celles qui sont en retard, et quoique, je le répète, le forçage ne soit guère possible, on peut, néanmoins, les avancer un peu en les plaçant pendant quelques jours à une tempéra- ture artificielle s’il le faut, mais sèche, de 17 à 18 degrés ; dans ce cas, il ne faut pas s’effrayer de ce qu’elles deviennent légèrement molles, car elles reprennent leur fermeté après quel- ques heures passées à une température plus basse. Enfin, pour ce qui est du bouturage, il y a avantage à le pratiquer de bonne heure, de manière à avoir une longue période de végéta- tion avant la floraison; les plantes n’en sont pas pour cela plus hâtives, ni n’atteignent une plus haute taille; tout l’avantage consiste en ce que le bois s’aoûte davantage, condition de la plus haute importance dans la production de bonnes fleurs : on peut avoir de grandes fleurs avec du bois peu mûr, mais leur qualité est toujours inférieure. Aussi fait-on généralement les boutures dans le courant de décembre, à mesure qu’elles sont bonnes à prendre sur les pieds mères. Tels sont les soins spéciaux que reçoivent les Chrysanthèmes destinés à donner des fleurs coupées pour exposition. Voici, pour terminer, une liste de variétés de Chrysanthèmes qui donnent de bons résultats pour cet usage ; lo Vingt variétés incurvées. Empress of India (syn. Lady Saint-Clair, Snow Bail, White Queen et Mf® Cunningham), blanc pur. Golden Empress of India, jaune pâle. Queen of England, rose. Lord ALcester, jaune pâle. Lord Wolseley, rouge bronzé. A Ifred Salter, rose . Jeanne d'Arc, blanc rosé. Prince A Ifred, carmin . Princess of Wales (syn. Beauty of Saint-John’s Wood, Princess Alexandra), rose. Jardin des Plantes, jaune. Princess of Teck (syn. Christmas Number, Princess Mary), blanc, teinté de rose. Hero of Stoke Newington, rose. Golden Queen of England, jaune. John Salter (syn. Mr. Howe), rouge, centre orangé. Barbara, orange, centre jaune. Refulgens, pourpre. Lady Carey, rose . Miss Mary Morgan (syn. Pink Perfection), rose. Barron Beust, rouge marron. Lady Hardinge, rose. 2o Vingt variétés japonaises. Madame C. Audiguier, mauve. Boule d’or, jaune, pétales très-larges. Jeanne Delaux, grenat foncé. Belle Pauline, blanc et lilas. Elaine, blanc pur. Pair Maid of Guernsey, blanche. Comte de Germiny, jaune bronzé, pétales très- larges. Criterion, jaune. Meg Merrillies, crème. Mademoiselle Lacroix, blanche. Madame Bertiiier-Rendatler (syn. Curiosity), orangé et jaune. Soleil levant (syn. l’Infante d’Espagne), jaune pâle. Peter the Great, jaune. Marguerite Marrouch, rouge et or. Thunberg, Jaune pâle. Val d’Andorre, grenat. Baron de Prailly, rose. Triomphe de la rue des Chalets, saumon. Golden Dragon (syn Yellow Dragon), jaune. Comtesse de Beauregard, rose. Douze variétés récurvées. Cullingford, grenat foncé. Madame Madeleine Texier, blanc et rose. King of Crirnsons, grenat. Docteur S harpe, magenta. Cloth of Gold, jaune. Golden Christine, jaune bronzé. Pink Christine, rose. Chevalier Domage, jaune d’or. Mrs. Forsyth {syn. White Christine), blanche. Phidias, rose. Garibaldi, rouge. Emperorof China (syn. Webb’s Queen), blanche, centre rose. Dix variétés Pompons. Mademoiselle Marthe, blanche. Golden Mademoiselle Marthe (syn. Miss Ou- bridge), jaune. La Vogue, idxme orangé. Nellie Bainford, jaune. Comte de Morny (syn. Purple Pompon), pourpre. La Pureté, blanche. Marabout, blanc rosé, pétales fimbriés. Rossinante, rose. Adèle Frisette, rose lilas. Toussaint Mawnssot, rose et blanc. Huit variétés Anémones. Lady Margaret, blanche. Fleur de Marie, blanche. Minnie Chalé, rose. Gluck, jaune. Acquisition, rose, centre jaune. Mrs Peeters, lilas, centre rose. Georges Sand, rouge, centre jaune. Empress, rose, centre lilas. Six Anémones japonaises. Fabia de Maderanaz, blanc, ombré de pourpre et d’or, centre lilas . Madame Cabrol, blanche. Madame Closs, rose, centre blanc et jaune. Sœur Dorothée Souillé, rose. Madame Berlier Pigny, rose et or. Souvenir de l’Ardenne, mauve. 80 I.i:s KXl’OSmONS de CI1IIY.SANTJ1ÊMES en angeetehue. Six Anémones pompons. Marguerite de Coi (syn. Défiance), rose, centre jaune. Mr. Asiie, jaune. Madame Monlels, blanc, centre jaune. (Jueen of Anémones, rose. Marie Stuart, rose, centre jaune. Calliope, rouge. Cette liste contient les nouvelles variétés de 1885 qui ont été exposées et jugées bonnes. Je crois avoir dit à peu près tout ce qui a rapport aux Heurs coupées et à leur obten- tion; il me reste à traiter les plantes groupées et les spécimens palissés. Rien n’est beau comme un massif de Chry- santhèmes, de 3»‘ 50 de largeur, groupés, ainsi qu’on est dans l’habitude de le faire dans les expositions anglaises; ils sont généralement liants de 2'n 20 en arrière et 80 centimètres en avant environ, la face extérieure étant couverte de belles et grandes Heurs. Chaque plante n’en portant que trois ou quatre, on peut se faire une idée du nombre de plantes qu’il faut pour faire un massif. Les soins à donner aux plantes que l’on expose groupées sont les mêmes que ceux que reçoivent celles qui doivent fournir les tleurs coupées ; ce sont aussi les mêmes variétés que l’on emploie, le travail spécial consistant dans le placement des coloris. Je passe aux spé- cimens palissés. Les spécimens palissés sont de deux sortes : à haute tige ou sans tige. Pour obtenir un spé- cimen à haute tige, on élève la bouture jusqu’à la hauteur à laquelle on veut établir la tête, on la pince alors, et on conserve tous les bour- geons qui se développent au-dessus du point que l’on a fixé comme étant la base de la tête ; tous ceux situés au-dessous sont soigneuse- ment éborgnés ; on tuteure la tige et l’on con- tinue des pincements successifs de manière à avoir un grand nombre de branches partant le plus près possible de la tige; on tuteure ces rameaux et, lorsque les boutons se montrent, on les éclaircit, n’en laissant qu’un ou deux sur chaque branche. Tous ces rameaux sont d’inégale longueur et l’ensemble a plus ou moins l’air d’un buisson. Un mois environ avant le jour fixé pour l’ex- position, on procède au palissage ; on doit opé- rer de manière à obtenir la tête en forme de dôme, régulière, couverte de Heurs, celles-ci régulièrement disposées sur le feuillage, et ayant toutes leur face tournée vers l’extérieur. Pour obtenir ce résultat, on met un très-fort tuteur à la tige et l’on construit à son sommet une forme en gros fil de fer sur lequel on pa- lisse ; on tourne les rameaux en leur faisant décrire des cercles à l’intérieur, les attachant les uns sur les autres, afin d’amener la fleur juste au point voulu, ainsi que l’indique la figure 15 qui est copiée sur un modèle an- glais. Quant à tourner- les Heurs la face vers Texté- rieur, ceci se fait tout seul (ou à peu près); c’est pour cela que l’on fait le palissage long- temps avant le jour marrjué, car étant placées près du vitrage dans la serre, les Heurs, ainsi que les feuilles, se redressent, se dirigent vers la lumièi’e et aident le jardinier dans sa tâche. Pendant le temjrs qui s’écoule depuis le palis- sage jusqu’au jour de l’exposition, on perfec- tionne tous les jours le palissage à mesure que les tleui-s se développent. J^es Heurs, sur une plante de ce genre, sont au nombre de cent à cent cinquante (quelque- fois beaucoup plus); aussi sont-elles moins grandes que celles que l’on expose coupées ; elles doivent cependant être de bonne qualité et de grandeur égale; le feuillage, très-abon-,/ dant, doit être aussi parfaitement sain. Ce palissage est certainement une opération difficile; on n’arrive pas du premier coup à le bien faire ; il faut opérer avec soin, car- ies i-ameaux secondaires s’éclatent avec la plus gr-ande facilité; quand on n’est pas encore bien habitué à ce travail, on prévient ces éclate- ments au moyen d’une attache embi-assant à la fois la base du rameau dont on s’occupe et celui qui le porte. Quant aux soins à donner aux plantes pa- lissées en buissons, ils sont les mêmes que ceux que je viens d’indiquer pour les plantes à tige simple. La sur-face supérieure des plantes (qui est for-rnée par toutes les Heurs juxtaposées), ne saur-ait être mieux comparée qu’au dessus d’un parapluie ouverd ; c’est à peu près la même cour-be , les mêmes di- mensions. Ces plantes, qui atteignent jus- qu’à Jm 20 de diarnèti-e et qui perdent de 150 à 250 Heut's, s’obtiennent par des pince- ments successifs et très-courts des boutur-es, de manière à avoir un grand nornbr-e de ra- meaux par-tant presque de la base ; on éclairxit les Heures comme dans les spécimens à haute tige et on palisse de la même maniérée, sauf qu’on ne fait pas de tr-eillis en fil de fer, mais là, comme ort peut rnettr-e autant de tuteur’s que l’on veut, l’opération est plus simple; avant le palissage, elles ont 1 mètre de hau- teur au moins; après, elles n’ont plus que LO centimètres à cause des cour-bes auxquelles les branches ont été soumises, de manière que la Heur qui les ter-rnine arrdve là où il faut pour r-emplir les vides et faire un tour régulier. Disposition. — Dans les expositions, les hautes-tiges sont placées en ligne de manièr-e à êtr-e vues par le côté, mais les spécimens sans tige devant êtr-e vus en dessus sont placés sur des étagèr-es inclinées suffisamment pour que l’on puisse aper’cevoir toutes les Heur-s à la fois : très-souvent ces plantes sont tellement garnies de fleur-s qu’on ne voit pas du tout le feuillage. On n’élève en spécimens de ce genre que des variétés japonaises ou des incui'vées ; dans tous ces cas, celles que l’on choisit pour cet usage doivent êtr-e très-Horifèr-es et se r-a- rnifier facilement. vins JAPONIC.V C[1ASS1F0IJA. 81 Voici une liste des principales de ces va- riétés : 1° Variétés incurvées. Aurea multifl.ora, jaune. Barbara, orangé et jaune. Beethoven, rouge foncé. Dupont de VEure, orangé. Faust, pourpre. Guernsey Nugget, jaune clair. Golden George Glenny (syn. Mrs. Dixon, Mrs. C.-ll. Glover, George Peabody), pourpre. Hero of Stoke Newington, rose. Jardin des Plantes, jaune. John Salter (syn. Mr. Howe), rouge et orange. Lady Hardmge, rose. I.ord Derby, pourpre. Mrs. George Bundle (syn. Mrs. George Parnell), blanche. Mr. George Glenny, jaune. Mrs. Haliburton, crème. Mr. Gladstone, marron. Nil desperandum, rouge orange. Prince of Wales, marron rouge. Princess of Teck (syn. Cliristmas Number, Princess Mary), blanc rosé. Vernis, rose. White Venus, blanche. 2o Variétés japonaises. Alexandre Dufour, rose. Bouquet fait, rose. Cossack, rouge et or. Elaine, blanc pur. Etoile du Midi, rouge orangé. Pair Maid of Guernsey, blanche. Fleur 2)arfaite, rose. Gloire de Toulouse, rose. Hiver- fleur, crème. James Salter, mauve. Eile des Plaisirs, rouge et jaune. La Nymphe, rose. Lady Selborne, blanc pur. I^eter thc Great, jaune. Bed Dragon, rouge orangé. Les indications de couleurs placées après les noms ne sont pas une description de cha([ue variété; elles ne sont qu’une indication de la teinte générale, destinée à guider les amateurs qui, ne connaissant pas les plantes, désire- raient faire un choix dans ces listes. Pour terminer, je dois rappeler que les pro- cédés décrits dans cet article sont ceux em- ployés en Angleterre; par conséquent, les jar- diniers qui s’y conformeraient ne devraient pas s’étonner s’ils avaient quelques modifications à y faire, à cause de la différence des milieux. On peut pourtant, d’une manière générale, dire que le climat anglais est le même que celui de l’extrême nord de la France, mais qu’il diffère de celui de Paris par une plus grande humidité de l’air en toute saison, de celui du Midi par une température moins élevée en été, et surtout par un bien plus grand degré d’humi- dité atmosphérique. E. Rivoiron. vms .lAPONICA CRASSIFOLIA Plante excessivement vigoureuse, à sar- ments relativement minces pouvant at- teindre 3 mètres, parfois même plus, de longueur. Bourgeons à écorce rousse, lai- neuse ou longuement aranéeuse. Vrilles d’ahord ténues, très-longues et ramifiées- contournées , rougeâtres , puis lirunes. Feuilles grandes, fortement pétiolées, à pé- tiole roux ferrugineux, rouge dans les feuilles adultes. Limbe non digité, large- ment échancré à la base, à 3 lobes acu- tangles , très-saillants , courtement denté entre les lobes qui sont acuminés aigus, très-épais, coriace, consistant comme du cuir, à face supérieure luisante et finement réticulée, à face inférieure rouillée-ara- néeuse, à nervures principales saillantes, rougeâtres ; les autres très-nombreuses, pe- tites, réticulées-anastomosées. Fleurs mâles nombreuses, en longues grappes ; fleurs fe- melles Le Vitis japonica crassifolia , Hort., provient de graines japonaises. C’est une espèce dioïque , très - probablement , du moins, puisque M. de Mortillet a constaté que chez lui où elle fleurit très-abondam- ment chaque année, elle n’a jamais donné que des fleurs mâles. Voici ce qu’en dit M. de Mortillet, dans son Supplément de catalogue pour 1885-1886, page 17 : Plante extraordinairement vigoureuse, d’une croissance rapide ; feuilles de 26 à 29 centi- mètres de diamètre dans tous les sens, feston- nées sur les bords plutôt que lobées, à peu près entières, épaisses, pour ainsi dire parche- minées, régulièrement chagrinées, feutrées de jaunâtre en dessous, glabres et d’un vert intense en dessus ; pétioles d’un rouge vineux, ainsi que les principales nervures; jeunes bourgeons velus, roux jaunâtre, passant au violet dans le sarment aoûté; vrilles nombreuses et puis- santes. Malheureusement nous ne pouvons rien dire du fruit, le seul pied obtenu n’ayant donné jusqu’ici que des fleurs mâles ; mais nous affirmons qu’il est peu de plantes aussi ornementales ; placée au milieu d’une nom- breuse collection, elle attire forcément de loin Ip regard, et de près l’on reste en extase devant son feuillage si ample et si particulier : une seule feuille recouvre la plus large assiette. Si le Vitis japonica crassifolia n’est pas une plante fruitière , il n’en est pas moins très-intéressant par sa vigueur et surtout 82 LÉGUMES NOUVEAUX. par la beauté et la dimension de ses feuilles. Sous ce rapport, il constitue une plante très-propre à gai’nir les murs et à couvrir les tonnelles, d’autant plus que, indé- l)endamment de leur beauté, ces feuilles sont robustes et loni^tenips persistantes à l’automne. Est-ce une espèce ou simplement une forme d’un type japonais qui n’est pas en- core introduit ? Nous ne pouvons le dii-e , mais ce que nous pouvons affirmer, c’est (jue la plante est très-ornementale. Sa culture ne présente aucune difficulté; d’une complète rusticité, elle paraît s’ac- commoder de tous les sols comme de toutes les expositions. Quant à la multipli- cation , elle présente quelque difficulté au point de vue du bouturage, mais la plante se multiplie facilement par marcotte ou par couchage. On peut se procurer le Vitis japonica crassifoHa aux pépinières de MM. de Mor- tillet et fils, à La Tronche, près Grenoble (Isère.) E.-A. Carrière. LÉGUMES NOEVEiliX Chicorée frisée d’hiver. — Cette race est très-rustique et particulièrement vigou- reuse. Elle est surtout remarquable par l’ampleur de son feuillage dont les côtes sont très-larges, très-fermes, d’un beau vert, et de plus très -tendres et très-char- nues. Pour la conserver l’hiver en pleine terre, il faut en planter une saison assez tard, du 15 au 20 septembre, que l’on abritera l’hiver avec une légère couche de feuilles. Elle est bonne en salade, quoique un peu aqueuse ; mais cuite, elle est excellente et elle produit beaucoup. Chou Non-Pareil. — Très-petite race de Chou à pomme conique très-courte; feuilles amples, arrondies, d’un beau vert clair. Son pied est court et trapu. — Va- riété de moyenne vigueur. La pomme se forme vite ; mais il faut la saisir à temps, car elle se fend facilement. Ce Chou est de première qualité ; néanmoins, il ne rem- placera pas le Chou hâtif d’Étampes. Sa culture est la même que celle de ce dernier. Chou rouge conique. — Celui-ci a le pied haut, assez fort ; un peu renflé au- dessous de la pomme qui est moyenne, co- nique; mais parfois, sur quelques sujets, elle est aplatie, ce qui indique que cette variété n’est pas d’une pureté absolue. Les feuilles sont amples, raides, plus colorées dans l’intérieur qu’à la base de la tige; cette variété se place entre le Chou petit et le Chou rouge gros, qui nous semble encore préférable. Cuit et bien préparé à l’instar des autres Choux rouges, ce Chou est exquis. Ognon jaune dur de Russie, acclimaté et amélioré. — Bulbe déprimé, petit, quel- quefois moyen, mais s’ouvrant assez sou- vent, de couleur jaune rougeâtre avec des enveloppes fermes, épaisses et coriaces. Collet assez fin, de moyenne vigueur et pourvu d’un feuillage peu abondant. — Mûrit à peu près comme l’Oignon jaune des Vertus. L’une de ses plus importantes qualités, selon MM. Vilmorin et Gî«, c’est qu’il peut se conserver très-longtemps tout en restant toujours excellent. Pissenlit amélioré Mousse. — Race rustique et très-vigoureuse, abondamment pourvue de feuilles longues, très-amples et parfaitement découpées. A Boissons, les plantes ont atteint jusqu’à 50 centimètres de diamètre; aussi nous la considérons comme l’une des variétés qui poussent le mieux et le plus vite. Pour lui faire acqué- rir tout son développement, il faudra semer les graines de bonne heure, au printemps, et, lors de la plantation, placer les plants à 40 centimètres de distance, si l’on veut qu’ils acquièrent tout leur développement. Sa culture et son étiolement se font comme chez ses congénères. Pois Émeraude. — Cette variété a les tiges grêles et dépassant rarement 80 centi- mètres de hauteur. Les cosses sont droites, presque toujours solitaires et renferment de cinq à sept grains. La couleur des gousses, comme celle des tiges, est d’un beau vert luisant, un peu glacé. — Cette race est as- sez fertile et mûrit à peu près à la même époque que la série des Michaux. La cueil- lette des gousses est très-facile à cause de son feuillage léger, grêle et surtout peu abondant. Les grains saisis à temps sont de première qualité. C’est une bonne variété à adopter pour la culture de demi-saison. Elle exige des rames courtes et branchues. Pois Express. — Tige grêle et fine, ne dépassant guère 1 mètre de hauteur. Gosses droites, réunies quelquefois par deux, tou- jours bien pleines et contenant de six à huit grains, qui sont petits, ronds, verts LÉGUMES NOUVEAUX. 83 et d’une grande finesse de goût. Mûrit à peu près comme les Michaux ; mais il est moins fertile. Pois Minimum de Laxton. — Race très-naine, atteignant à peine 30 centimè- tres de hauteur et munie d’un feuillage bien développé et de couleur vert foncé. Les nœuds sont très-rapprocliés ; la tige, courte et grêle, porte à chaque nœud une cosse qui succède à des fleurs blanches, petites et dont la longueur ne dépasse pas 6 centimè- tres. Ces cosses sont droites, s’emplissent bien et contiennent de cinq à sept grains qui se rident en mûrissant. La maturité est de cinq à six jours plus tardive que celle des variétés précitées. Cueillis à point, les grains sont exquis. C’est une excellente variété, qui convien- dra tout particulièrement pour la culture forcée et pour les semis printaniers placés à bonne exposition. Pomme de terre Anderson. — Tuber- cules ronds, réguliers, moyens, lisses et jaunes. Chair blanche très-farineuse, tiges grêles, atteignant jusqu’à 1 mètre de hau- teur ; feuilles assez courtes et nombreuses ; fleurs blanches, réunies en un bouquet de dix à douze. Cette variété est très-vigou- reuse, très-fertile, mais très-tardive. Ses tubercules sont de première qualité ; aussi nous la considérons comme ayant beaucoup d’avenir. Pomme de terre Institut de Beauvais. — Tubercules énormes, légèrement aplatis, quelquefois un peu allongés, à peau jaune pâle, légèrement rugueuse. Yeux roses peu enfoncés et peu nombreux. Chair blanche de deuxième qualité. Tiges très-vigoureuses, pouvant atteindre facilement 1 mètre de hauteur, dressées et se tenant bien. Feuilles moyennes, à folioles assez longues et légère- ment luisantes. Fleurs blanches réunies en un bouquet de huit à douze et tenant très- peu. Elle est assurément l’une des plus pro- ductives de toutes celles que nous cultivons ici ; quatorze touffes, plantées à 75 centi- mètres de distance en tous sens, ont pro- duit 52 kilog. ! Nous avons pesé des tuber- cules dont le poids atteignait et dépassait même un kilogramme. Cette intéressante variété a été obtenue à l’Institut agronomique de Beauvais où, cul- tivée en plein champ, elle a donné un ren- dement moyen de 47,000 kilog. à l’hec- tare. C’est donc une précieuse ressource pour la grande culture, dont elle sera l’un des auxiliaires importants pour l’engraisse- ment du bétail. Nous ne l’avons trouvée que de deuxième qualité pour la cui- sine. Pom:me de terre Joseph BigaïUt. — Tu- bercules méplats, quelquefois oblongs, à peau lisse, jaune foncé; germes blancs. Chair jaune fine, très-délicate. Tiges car- rées, courtes et trapues, dépassant à peine 40 centimètres de hauteur et généralement tombantes. Feuillage frisé, d’un beau vert luisant. — Vigueur modérée. Cette variété se rattache au groupe des Marjolin, avec lequel, d’ailleurs, elle a beau- coup de ressemblance, notamment avec la MarjoUn Têtard, d’où elle paraît sortir. Néanmoins, ici, elle produit moins que cette dernière variété. Elle a été obtenue par M. Joseph Rigault, cultivateur à Grosley, un de ceux qui s’occupent avec le plus de succès de la culture des Pommes de terre en France. Selon l’obtenteur, l’un des prin- cipaux mérites des tubercules serait de se conserver fort longtemps et d’être man- geables encore à l’arrière-saison. C’est donc, à tous les points de vue, une bonne acquisition pour le jardin potager, pour la vente sur les marchés, et aussi pour la cuisine, où elle est reconnue de première qualité. Pomme de terre rose jaune. — Tuber- cules arrondis, moyens ou gros, jaunes, à peau lisse ; yeux peu enfoncés. Chair jaune, très-farineuse et de première qualité. Tiges triangulaires, dressées, atteignant environ 1 mètre de hauteur et se tenant bien. Feuilles assez grandes, régulières, lisses et d’un beau vert clair. Fleurs blanches peu nombreuses. Cette variété est très-fertile, d’une matu- rité moyenne et de première qualité ; aussi, peut-elle être classée parmi les meilleures Pommes de terre jaunes rondes. MM. Vil- morin et G‘® la recommandent pour la dis- tillerie et la féculerie. Nous avions reçu en outre des tuber- cules de trois races de Pommes de terre encore peu cultivées ou peu connues ; nous nous faisons un véritable plaisir d’en don- ner ici la description et de faire connaître les résultats que nous avons obtenus dans notre carré d’essai : Pomme de terre Belle de Vincennes. — Tubercules oblongs, moyens, quelquefois aplatis, lisses et bien faits, à peau rugueuse et presque dépourvue d’yeux ; germes viola- cés. Chair jaune, de première qualité. Tiges triangulaires, dressées et très-vigoureuses, atteignant de 80 centimètres à 1 mètre de 84 MUGUET FORTTX. — CYI'RIPEDIUM BARTETI, liaiiieiir, de couleur violet foncé pj'inci paie- ment à la base. Feuilles amples, frisées et très-sen*ées. Fleurs nombreuses, grandes, lilas violacé, réunies par pac[uet de 10 à 1^2 et fruclifiant très-facilement. Oite variété, (pii est de demi-saison, est suftisarnment fer- tile et a beaucoup d’avenir. Elle préfère les terrains légers aux sols frais ou (iompacts. P(^MME DE TERRE Adivondack. — Tuber- cules ronds ou méplats, moyens, lisses, rouge cuivré, à peau rugueuse ; germes roses, peu abondants. Chair blanche. Tiges vigoui'euses , dressées, pouvant atteindre 80 centimètres de hauteur; à feuillage d’une couleur fauve bien caractérisée. Fleurs li- las, réunies par bompiets de 8 à P2. — Ma- turité moyenne. Cette variété, de race américaine, est très- méritante à cause de sa grande fertilité et de l’imiformité de ses tuliercules ainsi que de leur bonne qualité. Pomme de Standard jaune ronde. MUGUET Il nous paraît difficile ou plutôt impos- sible de dire d’où vient ce Muguet. Il est peu connu; c’est à l’exposition printanière de la Société nationale d’horticulture de France, en 1884, aux Champs-Filysées, à Paris, que cette variété a été remar(|uée pour la pre- mière fois, exposée par M. Fortin (Casimir), jardinier chez M. d’Etcheverry, à Antony (Seine-et-Oise). La plante avait été trouvée, nous a-t-il affirmé, dans un jardin bour- geois où quelques pieds .se trouvaient plantés. Rentre-t-elle dans celles que l’on trouve citées sur certains catalogues, par exemple dans celui de M . Krelage , de Haarlem, sur lequel 9 espèces sont indi- quées, cela sans compter l’espèce commune et ses variétés ? Nous ne savons. C’est une variété précieuse, certainement appelée à jouer un grand rôle dans l’ornementation. Voici ses caractères : Plante robuste, trapue, vigoureuse, rela- tivement naine, très- lloribonde. Feuilles courtes, régulièrement et largement ovales, d’un vert très-foncé. Hampe grosse, courte, sortant liien du feuillage. Fleurs d’un blanc Tubercules arrondis, petits ou moyens, gris jaune, à |)(}aii légèrement rugueuse ; germes rose violel, peu nombreux. Chair blanche farineuse. Tiges moyennes, triangulaires, généralement relomhantes. Feuilles fines, (Visées et serrées. Fleurs lilas violet réunies en rares paquets de 8 à 10. — Cette variété est de maturité moyenne et d’une fertilité tout à fait ordinaire. Inniile, croyons-nous de dire que nos observations ne sont que relatives ; car, il est bien difficile de se prononcer définitive- ment et complètement sur la valeur exacte de certaines variétés après une année de culture seulement; elle exigent parfois des conditions climatériques toutes diffé- rentes pour donner le maximum de leurs produits. Aussi nous croyons que cette cer- titude ne peut (itre acquise sûrement qu’après plusieurs années (.le culture, d’étu- des et d’observations. E. Lambin. l'OrrriN mat, courtement renflées, rapprochées, beaucoup plus fortes que celles du Muguet commun, très-agréablement odorantes. Les yeux-bourgeons sont d’un rose légèrement violacé, enveloppées à la base dans une sorte de pellicule ou de gaine membraneuse qui se dessèche et persiste. Le Muguet Fortin qui, sans aucun doute, appartient à l’espèce commune (Conval- laiHa maialis) sera très-apprécié pour sa rusticité, sa vigueur, sa floribondité, et surtout par la beauté de ses fleurs , et deviendra, sans aucun doute, un hôte de tous les jardins. Il n’est pas difficile sur le choix du terrain. Gomme tous ses congé- nères, il s’accommode d’une position un peu ombragée, qu’il semble môme recher- cher, bien que sa vigueur lui permette de vivre aussi dans des lieux insolés C’est donc, à tous les points de vue, une plante précieuse pour l’horticulture. On pourra se la procurer en s’adressant à M. Ca- simir Fortin, jardinier à Antony (Seine-et- Oise). E.-A. Carrière. GVl'RIPEmUM BARTETI Obtenue au fleuriste de Paris par la fé- condation des Cypripedium Cliantini et barhatum, cette variété a été dédiée à M. Bartet, ingénieur en chef des ponts et chaussées, chargé particulièrement du ser- vice des Promenades et plantations de la ville de Paris. C’est dans ce même semis, dont quelques pieds n’ont pas encore fleuri. Rame florticolc . ChrcrtzoCuh . G. Sèoe/'aittLS d&L Miiguæl Foriuv. w»"'i*w ■ - ‘ ->••■'>■.■ •-■■ "iw r'> JPt'/ ■ ■: v«/iikWtB : ■ ' wKl ■■'*:,; '■■ >'“ '■ '*•'••• ; -V >■■ ■''' -.ffe : .I,y.'; „i -\.M- -"H .. •' Æ.I.Æ ■,%n '4-i' •■U: r ^ M m m-. y- •“■•-■ 'm ■ •-». ; _ ’^y. A:, ^ .■' 'j’i * 1' % -a£ î iJS'J A?- -* - DES PÉTUNIAS. 85 que s’est trouvée une autre variété ég-alement intéressante, le Cypripedium Laforca- dei (1), dont elle (lifiëre surtout par sa plurillorité et la grandeur de ses Heurs. En voici les caractères : Plante vigoureuse. Feuilles étalées, rela- tivement étroites, longuement acurninées en pointe, d’un vert clair luisant agréable- ment marbré, bandeletté de brun. Hampe très-forte, atteignant de 25 à 35 centimètres de hauteur, d’un noir violacé, biflore, forte- ment hispide. Pédoncule ovarien robuste, subdressé, à cannelures vert et brun. Fleurs très-grandes, bien ouvertes, à deux divi- sions externes, l’inférieure pendante, rose carné pale, légèrement piqueté de noir à la base, la supérieure plus grande, très légère- ment contournée, largement bordée de blanc ; à partie centrale sensiblement rayée de noir à peine piqueté, à partie moyenne d’un rose doux violacé qui vient se fondre en s’harmonisant avec une large liande blanc pur qui borde la Heur en formant un très- joli contraste; divisions latérales (aile.s) assez larges, légèrement contournées, bandelet- tées brun sur un fond roux cuivré; le tout parfaitement glabre et luisant, excepté à la base de chaque aile, où se trouve un petit faisceau de poils noirs. Colonne jaune roux. Labelle (sabot) très-développé, roux foncé, luisant et comme verni, obscurément veiné, à veinules plus foncées, à peine légèrement saillantes. Le C. BartcH et non Pardeti, comme on l’a écrit par erreur, parait devoir être très- Horibond et constitue une belle et bonne variété dans ce groupe à port et aspect de barhatum. Il diffère aussi de ses deux parents par ses hampes ordinairement pèu- riflores, montrant là la présence d’un ca- ractère rare dans le genre. E.-A. Carrière. DES PÉTUNIAS Généralement l’on sème les Pétunias dans le courant de mars et en avril ; cette époque convient aux amateurs qui destinent ces plantes à l’ornement de leurs jardins. Pour les personnes qui désirent les mettre aux expositions du printemps, qui se font ordinairement de mai en juin, il leur serait difficile, pour ne pas dire impossible, en semant même au commencement de mars, d’obtenir la floraison fin mai, à moins d’avoir recours à la culture forcée; mais alors, les Pétunias ayant une grande tendance à s’allonger, il en ré- .sulte un étiolement disproportionné qui en- lève toute la grâce et le mérite des sujets. Pour obtenir de belles potées et des plantes bien trapues, voici comment je pro- cède : Je sème en janvier, en terrine bien drai- née, en terre de bruyère sableuse (neuve ou ayant déjà servi), terreau de feuilles de chêne bien tamisé et sable de rivière mé- langé par tiers, recouvrant très-peu les graines (environ 2 millimètres). J’installe mes terrines dans un coffre, qui est placé sur une couche; il est essentiel que les ter- rines soient élevées de la couche d’environ 20 centimètres au moyen de pots renversés sur lesquels on met une planchette, car si les terrines étaient adhérentes à la couche, la trop forte chaleur ferait avorter ou pour- rir les semis, ou bien il en résulterait, mal- gré la bonne qualité du semis, que la tran- sition du chaud au froid ferait fondre les jeunes plantes, ce qui m’est arrivé. Pour être assuré d’une bonne réussite, il faut conserver une température de 12 à 15 degrés centigrades, ce qui est facile à l’aide de réchauds. Ordinairement, la couche chauffe de trois semaines à un mois ; j’ai donc soin de pré- parer cinq à six jours d’avance une nou- velle couche où je transporte les semis, en prenant les mêmes précautions que celles indiquées plus haut. Du repiquage . — Je repique les plants lorsqu’ils sont encore très-jeunes (absolu- ment comme les Galcéolaires, à la première feuille) en terrines dans le même compost, en les plaçant à distance de 4 centimètres en tous sens, puis je replace mes terrines dans les conditions indiquées. Vers la fin de février, j’empote mes semis dans de petits pots de 6 centimètres et les place sur une couche qui a jeté son plus grand feu, et que j’ai recouverte de terreau bien consommé ayant assez d’épaisseur pour pouvoir enfoncer les pots aux deux tiers. Du pincement. — A la fin de mars, je rempote de nouveau en pots de 10 centi- mètres; quelques jours après, je procède au pincement en enlevant délicatement le som- met à l’aide d’un canif ; il s’ensuit qu’au bout de huit à dix jours, l’on voit apparaître (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 107. 86 TRAITEMENT DU MILDIOU PAR LE SULFATE DE CUIVRE ET LA CHAUX. à la base de la plante des bourgeons, au nombre de trois à quatre, qui s’allongent et s’étalent sur le pot. A partir de ce moment, je n’ai plus re- cours aux couches; je me borne à fermer les châssis la nuit en les couvrant de pail- lassons; afin d’éviter l’étiolement, je donne pendant le jour autant d’air que possible en élevant les panneaux par devant et par derrière, mais seulement lorsque la tempé- rature le permet. Troisième rempotage et dernière ins- tallation. — A la fin d’avril, mes plantes commencent à avoir leurs racines contre les parois du pot; c’est alors le moment de faire le troisième et dernier rempotage dans des pots d’environ 15 centimètres ; après cette opération, je replace les plantes sous châs- sis pendant une huitaine de jours, pour fa- TRAITEMENT DU MILDIOU PAR LE En France, la culture de la Vigne a reçu, depuis quelque quinze ans , des atteintes désastreuses. A l’Oïdium 'et au Mildiou, qui, presque de tout temps, ont attaqué nos vignobles, est venu se joindre le Phyl- loxéra, ce fléau composé d’infiniment petits qui, aujourd’hui encore, malgré de savantes et persévérantes recherches, défie les efforts dirigés contre lui. L’Oïdium, on le sait, se combat aisé- ment au moyen du soufre; mais le Mil- diou, maladie qui résulte du développement dans le tissu des feuilles et des grains, du Peronospora vitieola^ rivalisait, hier en- core, dans certaines régions, avec le Phyl- loxéra et résistait comme lui à tous les es- sais tentés pour le détruire. Il n’en est plus ainsi, aujourd’hui, et, grâce aux savantes recherches de M. Mil- lardet, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, et à la vulgarisation du pro- cédé qu’il a découvert, le Mildiou n’est plus à craindre. Voici, esquissée à grands traits, la mar- che suivie dans les remarquables études de M. Millardet. Il y a déjà plusieurs années, en étudiant les spores d’été (conidies) du Peronospora, il remarqua que ces spores, qui, si on les mettait dans de l’eau de pluie ou de rosée, continuaient leur évolution et engendraient des zoospores, restaient au contraire sta- tionnaires et périssaient lorsqu’elles étaient immergées dans de l’eau d’un certain puits. Cette eau étant chargée de sels calcaires. ciliter la reprise; puis, je transporte mes Pétunias en plein air et en plein soleil, sous des panneaux posés sur des traverses, éle- vées de 50 centimètres et que j’enterre jus- qu’à 3 centimètres du collet. fin pleine terie, les Pétunias supportent très-bien les fortes chaleurs, mais en pots, ils demandent de fréquents arrosages. Si, dans ce genre de culture, on laisse les plantes trop souffrir de la séche- resse, leur feuillage ne tarde pas à jaunir; l’humidité produit le même effet. J’évite ces inconvénients en ayant soin de bien drainer le fond des pots, ce qui facilite l’écoulement de l’arrosage et en ne laissant que l’humidité nécessaire à la végétation. G. DE LA Rue, Amateur, Membre de la Société d’horticulture de la Gironde, SULFATE DE CUIVRE ET LA CHAUX M. Millardet pensa d’abord que la chaux était seule cause de cette action destructive; mais des expériences réitérées lui prouvè- rent qu’une autre influence devait s’ajouter à celle-là, et il continua ses recherches. C’est alors, en 1882, que M. Millardet, ayant remarqué l’influence favorable exer- cée sur le Mildiou par le mélange de sul- fate de cuivre et de chaux employé dans le Midi pour prévenir la maraude, en conclut que le cuivre devait être le principal agent efficace. Dès lors, ses études s’appliquèrent sur- tout à l’expérimentation des divers sels de cuivre et de fer, mélangés en proportions variables avec la chaux. C’est ainsi qu’il fit l’intéressante remar- que suivante : Si on soumet les conidies du Peronospora à une immersion dans l’eau pure à une température supérieure à 9 de- grés centigrades , ces conidies émettent, après une heure ou une heure et demie, des zoospores qui, après avoir tourbillonné dans l’eau pendant trois à cinq heures, s’arrêtent, se fixent et émettent des fila- ments-germes. Ces organes, traversant l’é- piderme des feuilles, pénètrent dans les tis- sus, et c’est ainsi que l’infection commence, cinq ou six heures à peine après que les conidies ont été déposées sur les feuilles. Mais si l’on emploie des solutions un peu concentrées de chaux, de sulfate de cuivre ou de fer, les conidies n’émettent pas de zoospores et meurent presque aussitôt. Les expériences de M. Millardet lui dé- LES ANGUILLULES ET LEURS DEGATS DANS LES CULTURES. 87 montrèrent que, pour arrêter le développe- ment des germes reproducteurs du Pero- nospora, les solutions suivantes contien- nent les proportions efficaces : Pour la chaux, 1/10, 000^; pour le sul- fate de fer, de 1/1 00,000e ; pour le sulfate de cuivre, de 2 à 3/10,000,000®®. C’est à la suite de ces recherches qu’il put se rendre compte des causes qui fai- saient l’eau de son puits destructive des conidies du Peronospora. En effet, l’ana- lyse lui démontra que cette eau, que l’on montait au moyen d’une vieille pompe en cuivre, contenait 5 milligrammes de cuivre par litre. Cette proportion, suffisante pour détruire le Peronospora, ou plutôt pour empêcher le développement de ses spores, n’était nullement nuisible à la santé hu- maine, puisque M. Millardet et toute sa famille buvaient de cette eau depuis six ans sans en être aucunement incommodés. Ce dernier point a une grande impor- tance, car il démontre qu’employée dans les proportions voulues, la dissolution d’eau, de chaux et de sulfate de cuivre ne peut donner au Raisin ou au vin aucune pro- priété nuisible à la santé : le vin, notam- ment, provenant de vignobles traités, ne contient qu’environ la sixième partie de la proportion de cuivre indiquée ci-dessus. M. Gayon, qui collabora avec M. Millar- det dans cette partie de ses recherches, fit les importantes constatations suivantes : Le cuivre, dans son mélange avec la chaux, et lorsque, pour le traitement préven- tif, il est répandu sur les feuilles, se trouve à l’état d’hydrate d’oxyde, sous la forme de granulations amorphes, englobées d’abord par la chaux et le sulfate de chaux, et pro- LES ANGUILLULES ET LEURS Depuis plusieurs années j’étais frappé de la végétation languissante de mes Bégonias, et de l’impossibilité d’obtenir des plantes d’un grand développement comme autrefois. J’en attribuai la cause à la terre, qui fut changée sans plus de succès ; il en fut de même pour les eaux qui servaient à les arroser, ainsi que des autres soins de culture. En examinant attentivement les souches, je les trouvais en partie pourries ainsi que les racines, et dans les parties encore fraî- ches, j’aperçus des excroissances sous forme de nodosités blanchâtres et plus dures que les parties environnantes. tégées plus tard par une croûte solide et peu soluble de carbonate calcaire, en sorte que les gouttelettes de mélange cupro-cal- cique projetées sur les feuilles y remplis- sent l’office de réservoirs de cuivre. Ceux-ci, pendant les mois de végétation, fournissent à l’eau des rosées et des pluies, qui contient du carbonate d’ammoniaque et de l’acide carbonique, la faible quantité de cuivre né- cessaire pour empêcher le développement des conidies de Peronospora que le vent dépose sur les feuilles. L’action dominante du cuivre étant ex- pliquée, M. Millardet attribue à la chaux le triple rôle de fixer la gouttelette de solution au moment de l’aspersion, puis, pendant un certain temps, de détruire les conidies par son action caustique propre, et enfin, lors- qu’elle est transformée en carbonate, de protéger la provision d’oxyde de cuivre, qui doit se dissoudre lentement. Ainsi que M. Millardet le répète, le trai- tement qu’il a découvert doit être appliqué préventivement, car, une fois les filaments germes du Peronospora développés dans le tissu des feuilles, on ne pourrait les détruire qu’en détruisant ces feuilles elles- mêmes. Le Blaek Rot (pourriture noire), cette autre maladie de la Vigne, qui se déclare sur ses grappes, n’est, ainsi que l’a constaté M. Millardet, que le développement du Mil- diou sur les divisions de ces grappes et à l’intérieur des grains de Raisin. Le même traitement préventif produit pour lui les mêmes effets, c’est-à-dire la destruction des conidies du Peronospora avant qu’elles aient commencé à prendre racine. Ed. André. DÉGÂTS DANS LES CULTURES Si l’on examine un de ces renflements, on reconnaît la présence d’une femelle d’an- guillule enkystée, soit profondément dans la substance corticale, soit même dans l’axe de la racine au centre du faisceau fibro- vasculaire, qui se trouve détruit en cet en- droit. Ne sachant à quoi attribuer cet état anor- mal, j’en fis part à M. le docteur Jobert, pro- fesseur de zoologie à la Faculté des sciences de Dijon. Cet habile observateur ne tarda pas à constater, dans l’intérieur de ces tu- bercules la présence d’anguillules sembla- bles à celles qu’il avait observées sur les racines des Caféiers au Brésil six ans aupa- 88 LES ANGUIl.LULES ET I.EURS DÉGÂTS DANS LES CULTURES. l’avant, et qui sont désignées par le nom de llelerodora radicicola, (îreiir, A ce meme moment, et pai* une sin- gidière coïncidence, M. .loliert faisait des observations dans son laboratoire sui’ des souci les de Bégonias tnbéreux atteintes de la même affection. Après de minutieuses recherches, nous constatâmes la pi’ésence de cette affection, non seulement sur différentes espèces de ilégonias, mais aussi sur des IHpcr, Aplic- landra, Jlibiscns et autres racines chai'- nues. La figure i() représente un flégonia en- vahi par les anguillules; le tubercule est vu par le dessous; les nodosités que l’on voit soit sur celui-ci, soit sur ses racines, sont jiroduites par des vers anguilloïdes (]ui se trouvent dans l’intérieur. il ne faudrait ]ias confondre ces nodosités avec celles que l’on observe sur les racines de certai- nes plantes, par exemple sur celles des iSpiræa fli- ■pendulma, di- verses espèces (VOynantlie, ainsi que sur les ra- cines de beaucoup d’Acacias exoti- ques. Ces renfle- ments, dans tou- tes ces plantes, sont naturels et composés d’un tissu homogène, ce qui n’est pas le cas pour l’affection qui nous occupe et qui ne se produit jamais que sur des parties altérées. Les anguillules appartiennent à la classe des Helminthes et à l’ordre des Nematoïdes, qui contient déjà la trichine et les ascarides des intestins. Elles sont invisibles à l’œil nu, mais, vues à la loupe, elles ont la forme d’un petit ver et sont alors douées d’une assez grande agilité. Les femelles, qui pénètrent dans les tissus des végétaux, s’y gonflent de façon à se transformer en un véritable kyste rempli d’œufs au nombre de 50 à 80; plus tard, les jeunes anguillules. une fois écloses, perforent le kyste et le végétal où elles soni nées et vont se lixer })lus loinpoui’ y subir la même évolulion. fœs tissus irrités j)ar la présence des an- guillules se gonllent et se convertissent en galles autour d’elles, par suite d’nne multi- plication insolitedes cellules. Sur les racines des plantes dicotylédonées, ces galles ont la forme d’un petit tubercule arrondi, variant depuis la grosseur d’nn gi-ain de cbenevis jusqu’à celle tout au })bis d’nn pois, et for- ment des chapelets de petites houles, ce que montre la ligure 10. Sur les végétaux monocotylédonés, ces jirotuijérances sont beaucoup plus allongées et les racines atta- quées des Hracé- nas. Bananiers et autres plantes de cette grande divi- sion, lorsqu’elles sont envahies par ces ])etits vi- brions, se gon- flent uniformé- ment sur une cer- taine longueur. Quelque temps après, les renfle- ments brunis- sent, et, si on les examine avec une bonne loupe, on les voit percés d’un ou de plu- sieurs petits trous qui sont des traces du passage des anguillules qui ont quitté leur retraite. Si l’on coupe ces renfle- ments en travers, on ne trouve plus qu’une cavité, et même on peut alors voir à l’œil nu les deux extrémités du faisceau hhro-vasculaire central interrompu en cet endroit. A ce moment, la plante souffre considérablement, devient languissante, et meurt souvent si l’on n’y porte remède. Les racines ainsi attaquées et abandon- nées par les anguillules ne tardent pas à être envahies par les Cryptogames et à pourrir. A ce moment l’on chercherait en vain la trace des nodosités et des kystes; on ne les trouverait pas plus que l’on ne trouve des nodosités phylloxériques sur les plants de Vignes morts par les atteintes de l’insecte. Fig. 16. — Tubercule de Bégonia tubéreux, envahi par des anguillules. LES ANGUILLUIES ET LEURS DÉGÂTS DANS LES CULTURES. 89 Après avoir quitté les plantes, les angiiil- lules SC rélugient dans la terre, où elles peu- vent séjourner pendant très-longtemps, jus- ([u’au jour où, trouvant des conditions favo- rables, elles pénètrent à nouveau dans les tissus végétaux pour y trouver une nourri- ture propre et un milieu favorable à une autre évolution qui sera caractérisée par la formation de nouvelles nodosités. Ces petits vers pénètrent avec une facilité très-grande dans les tissus végétaux, grâce à un aiguillon en forme de poignard, très-aigu, dont leur bouche est armée. Tout un appareil mus- culaire est fixé, au pourtour de la l)ouche, au manebe de cette sorte de poignard, et leur permet de le sortir et de le rentrer avec une très-grande rapidité et d’attaquer la plante ou j)arlie du végétal à la façon dont procèdent les mineurs qui veulent per- forer des roches. Le trou une fois fait, l’an- guillule chemine dans le tissu cellulaire; souvent même elle trouve un trajet tout fait et commode dans un des vaisseaux dont elle a perforé , la paroi et suivi le centre. (Observation de M. Jobert sur le Caféier.) L’hiver, par le froid, la reproduction des anguillules est arrêtée, et l’on ne trouve guère que des œufs, tandis que dans les serres on les trouve dans le même état que pendant la saison chaude, en pleine terre. On sait que dans la plupart des végétaux dycotylédonés, quand le sol est fertile ,et suflisamment humide, des nouvelles radi- celles se forment en abondance au-dessus de celles qui ont été détruites ; cette condi- tion ‘permet à ces plantes de résister à l’at- taque du parasite plus facilement que sur les végétaux monocotylédonés, dont les radi- celles, tout en se reproduisant, se ramifient plus rarement. Pour des raisons analogues, les ravages du parasite devront être aussi plus considérables sur les plantes annuelles que sur les plantes vivaces, à cause du che- velu plus abondant dans ces dernières. C’est en 1859 que Schlacht a constaté renvahissement des radicelles par de petits vers parasites que l’on nomma Heterodora Scldachtii , que Davenne observa peu de temps après sur le Blé niellé et le Char- don ; Greiffel l’a décrit en 1864, sous le nom de Heterodora radieieola ; Kunth l’a signalé en 1870, sur le Dodartia orientalis, sur les Sedum, et il a constaté ses dé- gâts dans les cultures de Betteraves de la Saxe. En 1875, Warming, en Angleterre, l’a remarqué sur plusieurs sortes de Grami- nées, et en 1878, Licopoli l’a signalé à Naples sur des Grassulacées, des Vignes, des Plantaginées, des Omhellifères, des Corn])osées et des Eupborbiacées. lœ pro- fesseur Jobert, (pie nous avons cité au com- mencement de cet article, a observé celte même alfection sur l’Oranger et sui* les racines des Caféiers malades du Brésil. Pres([ue en même temps, M. Cornu, ac- tuellement professeur de culture au Mu- séum de Paris, l’a trouvé sur le Sainfoin, ainsi (pie sur des Clématites, des Cissus et plusieurs espèces de Pœbiacées exo- tiques, telles que Gardénia, ixora, etc., et l’a décrit sous le nom d' Angaillukt Ma- rioni. Le docteur Müller, qui a observé cette maladie sur les Musa et les Dracæna, en a fait une description zoologique très-détailléœ, et M. Frank, professeur à l’inslitut agro- nomique de Berlin, vient de prouver par des expériences nombreuses, en infestant les unes par les autres un certain nombre d’espèces de plantes sauvages et cultivées, soit annuelles, vivaces ou ligneuses, que les différentes espèces d’anguilliiles décrites n’en forment réellement qu’une, qui vit indifleremment sur l’iine ou l’autre des espèces de plantes, mais qui néanmoins, suivant l’espèce envahie et suivant les cir- constances, peut présenter de légères diffé- rences. En France, ce n’est guère que l’an der- nier que les dégâts occasionnés par les anguillules ont été appréciables dans les cultures de Betteraves des départements de Seine-et-Marne et du Nord, et c’est alors qu’ils ont été signalés à l’Académie des sciences par M. Aimé Girard. Dans beau- coup de cultures de ces contrées, la perte a été de un quart dans les champs infestés, et M. Ghatin a signalé l’an dernier les dégâts occasionnés dans les cultures d’Oignons de l’Alsace par ces parasites. Diflerents remèdes ont été proposés pour leur destruction. En Allemagne on sème dans les champs infestés, avec les produits destinés à les emblaver, des Raves, des Na- vets, de la Moutarde ou du Colza, sur les- quelles plantes les Nématodes viennent se fixer de préférence à cause des racines tendres ; comme leur développement, avant celles des autres récoltes, précède celui des Betteraves, on les arrache avant celles-ci, ce qui détruit une grande quantité de ces parasites. M. Aimé Girard pense que l’on combattra facilement ces destructeurs de Betteraves et autres plantes n’occupant le sol que momen- tanément, en l’injectant d’une solution trè.s- faible de sulfure de carbone ; il pense qu’un 00 UN SUCCÉDANÉ DE l’eSTRAGON. — LES PALMIERS CULTIVÉS. j^'Tamme par Irois litres d’eau est suffisant ])oiir tuer les parasites, et ne peut faire aucun mal aux plantes. Mes propres expériences me permettent de croire qu’on pourra s’en déliarrasser dans les cultures florales par un procédé iieaucoiij) plus simple, par exemple en- ne se servant que des jeunes parties aériennes pour la propagation, puis en brûlant les souches et en calcinant ensuite la terre in- festée. J. -B. Wereu, Jardinier en chef de la ville de Dijon. UN SUCCÉDANÉ DE L’ESTKACON Parmi les diverses plantes recommandées comme pouvant remplacer l’Estragon, se placent en première ligne les Tagcles, et tout particulièrement le Tagctes lucida (üg. 17) auquel nous consacrons cet ar- ticle. C’est une plante vivace, traçante, ti’ès- vig’oureuse et lloribonde, qui fleurit très- bien en pot et qui ne dépasse guère 30 cen- timètres de bauteur. Elle est originaire du Mexique et exige un abri l’hiver sous le climat de Paris. Toutefois une serre froide, même des châssis lui suf- iisent. En voici une des- cription : Tiges dressées, très-rai- des, ne dépassant guère 30 centimètres de hauteur, très-ramifiées, à ramifica- tions dressées. Feuilles sub- sessiles, lancéolées, dentées, d’un vert luisant, dégageant, lorsqu’on les touche, une odeur balsamique très- agréable et légèrement poi- vrée qui rappelle un peu celle de l’Estragon, ce qui les fait parfois employer comme succédané de celui- ci. Inflorescences en corymbe subombelloïde. Fleurs nombreuses, en capitules, d’un jaune orangé très-vif, à ligules étalées sur plu- sieurs rangs, les internes tubuleuses, très- courtes, de la même couleur que les ligules, encore rehaussée par les étamines sail- lantes. La floraison du Tagetes lucida commence en juin-juillet et se succède presque jus- qu’aux gelées. Par une culture raisonnée on peut obtenir plusieurs saisons, car, de même que pour les Aster, on est arrivé à cultiver cette espèce comme bisannuelle et même comme annuelle. Culture. — Dans le cas où le T. lucida est traité comme plante d’orangerie, on le cultive en pots, et on le replante au besoin de manière à avoir des sujets vigoureux; les rempotages ou la replantation se font à l’automne ou au printemps, avant le départ de la végétation. On peut aussi les cultiver en pleine terre soit en massif, soit en bor- dure; les plantes alors deviennent vigou- reuses et fleurissent beaucoup plus. Culture annuelle ou bi- sannuelle. — Dans le pre- mier cas, on sème fin d’août ou commencement de sep- tembre soit en pleine terre, soit en pots ou en terrines, et l’on repique en pépinière sous châssis froid en don- nant beaucoup d’air ; on met en place en avril. Lors- que l’on traite les plantes comme annuelles, on sème les graines en mars-avril sur couche ; on repique dans les mêmes conditions ou en pépinière à bonne exposition, et l’on met en place en mai -juin. Ces plantes commencent à fleurir vers le 15 juillet. Usages. — Outre l’ornementation, à la- quelle le T. lucida est très-propre, on peut utiliser les feuilles et surtout les jeunes bourgeons comme condiments aromatiques dans la salade, les Cornichons, ou comme accompagnement de hors-d’œuvre divers; ils communiquent aux mets une odeur aro- matique très-agréable. Toutefois, il faut éviter de les employer en excès. E.-A. Carrière. Fig. 17. — Tagetes lucida. LES DALMIERS CULTIVÉS <'> Howea, Beccari. — Ce genre est composé de deux espèces (une seule, suivant Hooker) (1) Voir Revue horticole, 1881, p. 438, et 1885, pp. 19, GC, 8(5, 133, 230, 523, 547 et 5(51. antérieurement rangées dans les Kentias aus- traliens, sous les noms de K. Forsteriana et K. Belmoreana. Dans les cultures, on dis- tingue aisément ces deux Palmiers l’un de l’autre par la couleur de leurs pétioles : le pre- LES PALMIERS CULTIVÉS. 91 mier les ayant vert foncé, le second, teintés de rouge; un autre caractère distinctif consiste en ce que le K. Forsteriana a les segments des feuilles larges, tandis qu’ils sont étroits dans \e K. Belmoreana; toutefois, ces caractères, suffisants pour ditférencier des types dissem- blables au point de vue horticole, ne per- mettent pas aux botanistes de voir là deux espèces distinctes. D’ailleurs, dans un stock de graines, importées sous le nom de K. Forste- riana, on a obtenu de jeunes sujets qui possé- daient les quatre caractères cités plus haut. Le Kentia Belmoreana est, en outre, quel- quefois cultivé sous le nom de K. australis. Voici ce que dit, au sujet de ces Palmiers, la Flora australiensis de Bentham : « F. Muller ‘distingue deux espèces : le K. Belmoreana, ou Palmier frisé, dont les segments des feuilles convergent en dessus, et le K. Forsteriana, ou Palmier à toitures, qui a les segments retom- bants. Les spécimens observés sont cependant peu différents, et les caractères qui les dis- tinguent les uns des autres, comme variétés ou espèces, sont bien incertains. » M. Wendland considère que « le Kentia australis est peut- être une véritable espèce, mais que les K. Forsteriana ei Belmoreana sont distincts d’une manière bien incertaine ». Les spécimens bien développés ont un stipe haut de •12 mètres, lisse, annelé, portant une couronne de feuilles d’un vert brillant, longues de 2‘" 75, pennées, à segments nombreux, acu- minés, gracieusement arqués; la feuille elle- même possède une arcure élégante. Le fruit est oblong ou ellipsoïde, long de 3 à 4 centi- mètres 1/2. Le péricarpe, quand il est sec, ressemble à la coque d’une Noix de Coco et renferme une graine de la dimension d’une Prune de Damas. Les deux premières feuilles sont bipartites; ordinairement la troisième devient pennée. La beauté et l’utilité de ces Palmiers les fait rechercher par les horticulteurs et amateurs. Après deux années seulement de semis, iis forment déjà de jolies plantes, utiles pour la décoration des tables. Un plus grand dévelop- pement ne fait qu’augmenter encore leurs qua- lités décoratives qui leur font tenir un des pre- miers rangs parmi les Palmiers à feuillage or- nemental. Ils demandent la culture des plantes tropicales. H. Forsteriana, Beccari. — cc Palmier à feuilles plates » {Kentia Forsteriana, F. Muel- 1er ; K. australis, Hort. ; Grisebachia Belmo- reana, W. et D.). — Ile Lord Howe. ? H. Belmoreana, Beccari. — « Palmier frisé » (Kentia Belmoreana, F. M. ; Griseba- chia Belmoreana, W. et D.). — Ile Lord Howe. Hydriastele, 'W^endland et Dru de. — Sous ce nom générique est désigné le beau Palmier connu dans les cultures, le plus souvent, sous celui de Kentia Wendlandiana. C’est même sous ce dernier nom qu’il a été décrit, dans les termes suivants, dans la Flora australiensis, de Bentham : « Palmier élancé; feuilles à nombreux segments inégaux, les plus longs mesurant 50 centimètres, les supérieurs con- fluents à la base, tous ou presque tous ébré- chés ou dentés à leur extrémité supérieure. Les jeunes plantes ont l’apparence de certains Ptychosperma, tant dans leur port que par l’extrémité ébréchée des segments des feuilles, segments qui sont larges sur les jeunes plantes, vert foncé et brillant. Gomme plante ornemen- tale, ce Palmier est fréquemment cultivé dans les serres. Il demande une serre tropicale hu- mide, où, s’il est largement traité, sous le rap- port de l’eau et du sol, il formera rapidement une plante majestueuse. H. Wendlandiana, Wendl. et Dr. {Kentia Wendlandiana, F. M.). — Australie tropi- cale. Hyospathe, Martius. — Ce genre comprend trois espèces natives du Brésil, et dont aucune n’est encore introduite dans les cultures. La plante connue des botanistes et de quelques cultivateurs sous le nom de H. pubigera est actuellement rangée dans le genre Prestea. Hyophorbe, Gærtner. — Les Hyophorbe sont de jolis Palmiers à végétation vigoureuse, des plus gracieux quand ils sont jeunes, à port majestueux quand ils ont acquis un grand dé- veloppement. Originaires des îles Maurice et Rodriguez, ils demandent à être cultivés en serre tempérée; cependant, on les emploie fréquemment, sans qu’ils en souffrent, pour la décoration des appartements. Une certaine confusion existe dans les cultures entre le H. indica et le Palmier connu sous le nom d'Areca lutescens, et classé par \Vendland dans le genre Chrysalidocarpus. Le premier a le stipe simple, atteignant de 12 à 15 mètres de hauteur, acuminé, sur un diamètre de 15 cen- timètres, les feuilles longues, pennées, à seg- ments fortement veinés, et portant près de la base des écailles capilliformes blanchâtres. La plante entière est uniformément vert foncé. UAreca lutescens produit un grand nombre de tiges ressemblant, comme port, à celles des Bambous, unies, luisantes, peu élevées, à feuilles et pétioles jaunâtres, ce qui a motivé le nom de cette espèce. Le H. amaricaulis est un Palmier très-ro- buste, même quand il est jeune ; on le recon- naît facilement aux pétioles brun foncé des feuilles, dont les segments sont vert foncé. Quand il est entièrement développé, son stipe atteint 20 mètres de hauteur et est longuement renflé à la base, en forme de bouteille ; il at- teint alors 70 centimètres de diamètre, et ses pétioles, vigoureux, supportent un limbe penné, long de 3 mètres environ sur 1 mètre de largeur. Le H. Verschaffelti paraît, quand il est jeune, avoir le stipe triangulaire. En réalité, ce stipe est rond et c’est la base persistante des pétioles qui lui donne cette apparence. Dans Ü2 LES PALMIERS CULTIVÉS. cette espèce, le pétiole des feuilles est marqué d’une bande jaune qui s’étend dans toute sa longueur; les segments des feuilles sont d’un vert foncé brillant, avec la nervure centrale proéminente. Entièrement développé, ce Palmier atteint environ 8 mètres de hauteur, et jiossède à sa base un singulier renflement qui a environ 35 centimètres de diamètre. Les graines sont petites, longues de 15 à 25 millimètres, étroites, l'ondes et marquées de queb[ues lignes irrégu- lières. Les premières feuilles sont bipartites. IL amaricaulis, Martius. (A^'eca s2Jeciosa et Hyospathe amaricauUs, Hort.), lllustr. Jiort., XIII, 462). — Ile Maurice. 11. indica.^ Gærtn. {IL Coyyimersoniana, Martius. Arcca lutcscens, Bory, — Ile Mau- ilce. IL Verschaffelti, Wendland. {Areca Vers- chajfelti., Mort.), Illust. hort., 462, — Ile Ro- driguez. Ilyphæne, Gærtner. — Quoique les repré- sentants de ce genre soient intéressants au point de vue botanique, à cause de leur tige tréquemment divisée ou dichotome, et aussi par l’écorce du fruit, qui ressemble au pain de Gingembre, IVuit qui est consommé par les naturels des régions africaines où croissent les Ilyphœne, ils ne semblent pas exister dans les cultures européennes, bien que, depuis trente ou quarante ans, on ait plusieurs fois réussi à en obtenir de graines. De jeunes exemplaires du Palmier Doiim {11. thehaica) sont cultivés à Kew, mais, bien qu’ils soient dans de bonnes conditions de vi- gueur, ils ont une croissance constamment et étrangement lente. Suivant le docteur Kirk, plusieurs espèces de ce genre sont communes dans les régions maritimes africaines, comme le Cocotier, tandis que d’autres espèces ne se trouvent qu’à l’intérieur des terres, sur le bord des rivières. L’Zf. thehaica, d’après sir Joseph Hooker, est originaire d’une longue zone qui suit la côte orientale du continent africain. Aussi loin que ce Palmier s’étend dans les régions sableuses, ses racines longues et pivo- tantes s’enfoncent à une profondeur suffisante pour trouver l’humidité nécessaire. De récentes expériences, faites à Kew, établissent qu’aussi- tôt que les graines ont commencé à germer, les jeunes plantes doivent être placées dans des pots de grandeur telle que les racines ne soient jamais gênées dans leur développement; le contraire serait fatal à l’avenir de ces plantes. Placées dans la partie inférieure d’une serre chauffée à 23 degrés, en sol humide, elles se- ront dans les conditions les plus favorables à leur développement. Un Hyphæne ayant at- teint une hauteur de 10 mètres, à stipe plu- sieurs fois divisé à son extrémité, et portant plusieurs larges feuilles en éventail, est, au })oint de vue botanique, très-intéressant. La forme de ces stipes varie suivant les espèces ; les uns sont ventrus, d’autres cylindriques, d’autres dicliotomes. Aucune épine ne garnit le sti{)e ou les pétioles. Le fruit est pyriforrne, oblong, ou singulièrement ventru à la base; la gi’aine, ovoïde, a environ 5 centimètres de lon- gueur; les premières feuilles sont longues, en forme de courroie, acuminées, quelquefois fri- sées, et retombant sur le sol. IL thehaica, Martius. (Palmier Doum.) — Égypte supérieure, Nubie, Abyssinie. Iriartea, Piuiz et Pavon. — Ce genre est aujourd’hui réduit à cim{ espèces, dont une seule est introduite dans les cultures. Les Iriartea sont de belles plantes bien caractéri- sées, remarquables aussi bien lorsqu’elles ont pris un grand développement que lorsqu’elles ont de faibles dimensions. Leurs feuilles sont pennées et gracieusement arquées, surtout dans les jeunes j)lantes ; les pinnules sont larges et courtes, ébréchées ou émoussées (prémorses) et semblables à celles des Caryota et Arenga, mais plus courtes et souvent arrondies en forme d’éventail. Les jeunes plantes garnies de 5 à 7 feuilles sont très-ornementales. L’Iriar- tea deltoidea est originaire des forêts humides de l’Amérique tropicale, où il atteint quelque- fois une hauteur de 35 mètres ; son stipe est annelé, non épineux, couronné d’une tête de longues feuilles étroites, et supporté par un faisceau conique de racines qui se développent dès le premier âge à sa base. La base du stipe s’élève de telle manière qu’il semble que la plante entière est soulevée par l’effort des ra- cines s’appuyant sur le sol. L’écorce de' ces ra- cines aériennes est rugueuse comme une râpe, et ainsi employée par les naturels de ces ré- gions. Cette espèce est réputée comme crois- sant spontanément dans les terrains humides, d’où il résulte que, dans les cultures, elle de- mande une ample provision d’eau ; elle réussit seulement dans une température tropicale. Les graines sont globuleuses, longues de 25 milli- mètres, à endocarpe très-mince, habituelle- ment gélatineux (d’après Spruce), formant une enveloppe légèrement oblongue, et devenant presque noir en vieillissant. I. deltoidea, R. et P. {I. rohusta, Hort.). — Pérou. Plusieurs Palmiers cultivés sous le nom d'Iriartea sont actuellement rangés dans d’autres genres ; ainsi, 1’/. exorhiza et ïl. gi- gayitea, dans les Socratea, les I. andicola et nivea dans les Ceroxylon. Ed. André. (D’après le Gardeners'' Chronicle.) SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. — CULTURE DES BERTOLONIAS. 93 SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 28 Au comité tV arboriculture ont été présen- tés : Par M. Jourdain , arboriculteur à Maure- court (Seine-et-Oise), une corbeille de magni- fiques Poires Doyenné (V hiver ; les fruits sont gros, beaux et bien sains, légèrement colorés. Les arbres qui les produisent sont tous greiïés sur le Poirier Curé. Du reste, M. Jourdain fait une spécialité de la production fruitière. Ses cultures comprennent 3 hectares, dont un hec- tare en Poiriers Doyenné cVhiver, Duchesse (D Angoulême et Beurré magnifique , et deux autres hectares en Vignes, mais rien qu’en Chasselas. — Par M. Rémy, arboriculteur à Pontoise, des fruits locaux de deux espèces : la Poire dont la Revue horticole (1) fait l’historique dans ce numéro, et une Pomme également locale qui, petite et d’un beau jaune d’or, ressemble assez à une Reinette. C’est un fruit tardif, de bonne qualité, très- recommandable pour les vergers. — Par M. Alexis Repère fils, arboriculteur à Mon- treuil, deux Pommes d’origine allemande : Harherfs Reinette et Rheinischer Bohnen Ap- fel. Ce sont de très-beaux fruits, à peau forte- ment colorée de rouge un peu granité et là çà, gros, tardifs, et, dit-on, de bonne qualité. R est probable que ces variétés, peu connues ou même complètement inconnues en France, se- raient avantageuses pour la spéculation. — Par M. Glatigny, une Pomme longue, étran- glée vers son milieu et qui, par sa forme, n’a rien de commun avec tout ce que nous con- naissons. Mais le fait étrange, dans cette cir- constance, c’est qu’elle provient d’une branche d’un arbre dont tous les fruits sont ronds, sauf ceux de la branche dont nous parlons, ce qui constitue un fait de dimorphisme des plus re- marquables. CULTURE DES Si le genre Bertolonia n’est pas le plus beau de la famille des Mélastomacées, qui est assurément l’une des plus riches en plantes ornementales, c’est au moins un de ceux qui ne devraient manquer à aucune serre chaude. Malheureusement ce genre a la réputation d’être délicat, ce qui, du reste, est vrai pour certaines espèces, notamment pour le Bertolonia Van Houttei, le plus beau du genre et dont je vais parler tout particulièrement. Toutefois on a beaucoup exagéré, car à l’aide de quelques soins et par la culture que je vais indiquer, on peut non (1) Voir Rev. hortic., 1886, p. 85. JANVIER 1886 Au comité de culture potagère^ rien autre qu’un fruit de Chayotte {Sechium edule) pré- senté par M. Ilédiard, négociant en fruits et comestibles exotiques, 13, rue Notre-Dame-de- Lorette, à Paris. Le même présentateur avait apporté des fragments d’une tige de Phytolacca dioica^ qui montre une organisation toute })ar- ticulière et qui, à ce point de vue, nous a paru intéressante et digne de l’attention des physio- logistes. Au comité de floriculture, deux présenta- teurs seulement : M. Forgeot, marchand grai- nier, quai de la Mégisserie, à Paris, qui pré- sentait 24 variétés de Primevères de la Chine, très-jolies, naines et bien cultivées. 11 y avait quelques variétés à heurs semi-pleines, égale- ment naines, bien heuries et très-belles. — Par M. Maurice Vilmorin, des échantillons d’arbustes très-bien heuris, venant de Nice, où ils avaient été cueillis en pleine terre. Ce sont des varié- tés àe Kemiedya., de Templetonia retusa, VEu- patorium Morrisii^ de Polygala myrti folia., et enfin d’un Hakea Victoriæ, très-remarquable par ses feuilles épaisses, coriaces, à bords très- épineux : espèce très-polymorphe qui porte des feuilles de formes et de dimensions très-diffé- rentes , les unes plus ou moins panachées d’un très-beau jaune d’or à la base, tandis que les autres, beaucoup plus longues et plus étroites, sont presque entièrement vertes ou à peine légèrement colorées près du pétiole. Il arrive parfois que, sur une même branche, certaines ramifications, par la forme et par la couleur, sont complètement différentes de leurs voisines, ce qui justifie le nom de Pro- téacées que l’on a donné à la famille à laquelle appartient cette plante. BERTOLONIAS seulement le conserver, mais en obtenir de très-belles plantes, bien vigoureuses, qui peuvent même servir à la décoration des appartements, ce qui a lieu chez moi. Le procédé que j’emploie est des plus simples ; le voici : Je prends des terrines de 25 à 30 centi- mètres de diamètre, dont je garnis le fond de tessons afin de favoriser l’écoulement de l’eau et d’éviter une humidité stagnante qui est extrêmement nuisible aux racines dont elle détermine souvent la pourriture ; ensuite je remplis totalement ces terrines avec un mélange formé d’humus grossière- ment concassé et de sphagnum haché bien 94 BIOTA PYRAMIDALIS COMPACTA. — REVUE DES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. fin, le tout lég-èrement tassé. Ceci fait je plante dans chaque terrine quatre boutures enracinées, qui ont dû être faites dans de très-petits pots, ce qui est de toute néces- sité pour la bonne conservation des ra- cines. Lorsque les plantes commencent à pous- ser, je couvre la terre (rune lég-ére couche de spbagnum ou de mousse, dont l’elfet est d’entretenir riiumidité et d’éviter les arro- sements trop répétés qui lavent la terre et en occasionnent la décomposition. A partir de ce moment, les Bertolonias poussent vigoureusement et tendent de suite à s’allonger, ce dont il faut éviter l’excès et à quoi l’on parvient à l’aide de pincements successifs, pratiqués à deux feuilles. Par ce traitement simple, j’obtiens des résultats vraiment surprenants ; des ter- rines monstres qui mesurent jusqu’à l"' 20 de circonférence, et dont la terre est entière- ment cachée par des plantes robustes d’une vigueur extrême et dont les feuilles attei- gnent jusque 15 centimètres de diamètre. Dans ces conditions, on doit le comprendre, la couleur est d’un éclat éblouissant, ce qui fait (|ue, jilacés sur une table comme garni- ture, ces plantes jiroduisent un splendide effet. Pour arroser les Bertolonias, je me sers d’eau de pluie, qui me paraît être bien pré- férable à toute autre. J’ajoute que pour conserver les plantes pendant l’biver, ce qui est parfois difficile,» il faut en faire des boutures au mois d’août et «avoir bien soin de les tenir dans des go- dets, les plus petits possible, relativement bien entendu. L. Lionnet. mOTA PYRAMIDALIS COMPACTA Obtenu par M. Cbouette-Tbéodet, horti- culteur, 54, route d’Olivet, à Orléans, le Biota pijramidalis co^npacta rentre dans le groupe orientalis et se place à côté de la variété aurea; il en diffère par son port étroi- tement pyramidal et aussi par sa teinte, qui est constamment d’un vert jaunâtre et non pas seulement jaune lors de la pousse prin- tanière comme l’est le B. orientalis aurea. Ses caractères généraux sont les suivants : Arbuste à branches nombreuses, stricte- ment dressées, très-ramifiées. Ramilles fla- belliformes rapprochées contre les branches, à ramifications foliaires distiques, alternes, également étalées. Feuilles écailleuses ou squamiformes, densement imbriquées, d’un vert gai, pâle surtout à l’époque de la pousse. Strobiles dressés plus hauts que larges, à l’extrémité de ramilles courts. Valves 6, dont 4 grandes, recouvrant les deux petites et portant, un peu au-dessus du sommet, un mucronule oblique, terminé en pointe. Graines, une ou deux sous chaque écaille, absolument semblables à celles du Biota orientalis. Le B. pyramidalis compacta forme na- turellement, c’est-à-dire sans aucune taille ni pincement, une pyramide compacte, étroitement et longuement conique. Bien REVUE DES PUDLIC Caraguata sanguinea, Ed. André. — Bro- méliacées {Bot. Mag., tab. G765). — La descrip- tion de cette belle plante ay«ant été donnée dans la Revue horticole, accompagnée d’une qu’appartenant au groupe aurea, il ne brûle pas comme cela arrive parfois pour ce der- nier, de sorte que, placé même en plein so- leil et dans un lieu sec, sa teinte n’en est nullement altérée. Sa multiplication se fait par bouture et par greffe, absolument comme pour les autres formes du groupe. Les boutures se font en terre de bruyère, sous cloche et à froid ; les greffes, en placage, plus rare- ment en fente, sur le Biota orientalis, qui peut même être remplacé par l’une ou l’autre forme du genre Chamæcijparis, lequel, au point de vue scientifique, peut à peine être séparé du genre Biota. Au point de vue de l’ornement, le B. py- ramidalis compacta présente certains avantages. Isolé dans un gazon, il forme une pyramide très-élégante qui ne se dégar- nit pas de la base. On peut aussi le planter dans les plates-bandes où il s’harmonise parfaitement avec les plantes d’ornement. Dans le cas où l’on voudrait en modifier la forme, il suffirait d’en supprimer le sommet pour qu’il constitue des buissons auxquels, par un pincement raisonné et approprié, l’on pourrait donner des aspects variés, en rapport avec le milieu et l’effet que l’on veut obtenir. E.-A. Carrière. TIONS ÉTRANGÈRES planche coloriée et de gravures analytiques, nous ne pouvons aujourd’hui qu’y renvoyer nos lecteurs (I). (1) Voir Revue horticole, 1883, p. 468. REVUE DES PUBLICATIONS ÉTïlANGÈBBS. 05 Solarium Jamesii, Torrey. — Solanées (Bot. Mug., tab. 0766). — Espèce Nord-Américaine, qui croît spontanément dans les montagnes du Mexique et de l’Arizona, en compagnie du S. Fendleri, et que le D'’ A. Gray croit n’ôtre qu’une forme du S. tuberosum, par lui nommée S. tuberosum boreale. Plante herbacée, atteignant 30 centimètres de hauteur, rameuse, glabre et irrégulière- ment velue. Tubercules ellipsoïdes, de 12 à 18 millimètres de diamètre. Feuilles de 5 à 10 centimètres de longueur, pétiolées, pennées; folioles, 5 à 9; la terminale ovale, lancéolée, les latérales sessiles, oblongues, ou oblongues lancéolées, subacuminées, vert foncé. Cyme de fleurs peu nombreuses, érigée. Fleurs subéri- gées , de 18 millimètres de diamètre , blan- ches ; calyce hémisphérique finement denté ; corolle à tube très-court, à lobes oblongs ou ovales, lancéolés, subaigus. Bégonia Beddomei, J.-D. Hooker. — Bégo- niacées (Bot. Mag.., tab. 6767). — Jolie espèce, récemment introduite de l’Assam, son pays d’origine, et rentrant dans la section Platy- centrum, établie par Alp. de Candolle. Tubercule de la grosseur d’une noix, lobé, brun foncé. Feuilles toutes radicales, érigées ; limbe horizontal, de 10 à 15 centimètres de diamètre, largement et très-obliquement ovale, cordiforme ou orbiculaire-cordiforme, faible- ment lobé et denticulé; face supérieure vert très-pâle, marquée de petites taches blanches, glabres et faiblement velues; face inférieure rouge pourpre pâle et sombre ; pétioles longs de 10 à 15 centimètres, vert pâle, velus. Hampe plus courte que le pétiole. Gyme étalée, â deux branches, portant chacune quel- ques fleurs rose pâle, de 25 millimètres de diamètre; segments du périanthe au nombre de 4, étalés, l’antérieur et le postérieur large- ment ovales - obtus, les deux latéraux plus étroits, oblongs. Bescïiorneria Decosteriana., Hort. Leichtlin. — Amaryllidées (Bot. Mag., tab. 6768). — Le genre Beschorneria contient quelques espèces ornementales ; mais le B. Decosteriana, intro- duit du Mexique en Europe, est bien certaine- ment la plus jolie d’entre ces plantes. Feuilles au nombre de 30 et plus, réunies en une rosette basilaire dense, obloncéolées, longues de 70 â 85 centimètres, larges de 65 millimètres dans le milieu, â base dilatée, épaisses de 15 millimètres, vert foncé en des- sus, glaucescentes en dessous, légèrement ca- rénées, finement denticulées sur les bords. Pédoncule deux fois aussi long que les feuilles, fort, érigé, garni de nombreuses feuilles ré- duites bractéiformes. Panicule deltoïde, à peu près aussi longue que le pédoncule, â ramilles étalées ou légèrement retombantes, les infé- rieures ayant 35 centimètres ou plus de lon- gueur. Fleurs réunies par fascicules 2 ou 3-flores, assez écartés ; pédicelles atteignant 25 millimètres ou plus de longueur ; bractées nom- breuses, larges, ovales, scarieuses, persistantes, blanches, lavées de rouge brillant; limbe du périanthe vert, long de 4 centimètres, divisé dès la base en six segments oblancéolés , im- briqués. Rhododendron mullicolor.^ Miquel. — Éri- cacées {Bot. Mag., tab. 6769). — Originaire des montagnes de l’île de Sumatra, le R. muUicolor a été introduit vivant en Europe par M. Gurtis , alors qu’il voyageait pour MM. Veitch, de Londres. Ce qui caractérise au premier examen cette espèce est la variation de couleurs bien tran- chée que ses fleurs présentent. En effet, ces fleurs sont rouge vif ou jaune brillant, et au- cune autre espèce du genre ne présente des différences de couleur aussi frappantes. Petit arbuste élancé, glabre. Feuilles en ver- ticilles de trois jusqu’à sept, longues de 3 à 8 centimètres sur 12 à 18 millimètres de large, elliptiques lancéolées, rétrécies aux deux ex- trémités en courts pétioles , vert foncé en dessus, vert pâle en dessous. Fleurs peu nom- breuses, horizontales, en ombelles terminales; calyce petit, faiblement pentalobé ; corolle longue de 25 millimètres, campanulée-infundi- buliforme, jaune brillant ou rouge foncé, à 5 lobes ayant en longueur le tiers de celle du tube, ovale-obtus dans la forme à fleurs rouges, plus arrondi dans l’autre. Berberis congestifoUa, var. hakeoides, J.-D. Hooker. — Berbéridées (Bot. Mag., tab. 6770). — Arbuste très-remarquable, produisant au premier printemps une floraison très-abon- dante et d’un bel effet. Il diffère du B. conges- tifolia en ce qu’il produit des masses arron- dies de fleurs sessiles à l’aisselle de ses feuilles, et sur l’extrémité très-allongée des rameaux, tandis que l’espèce type produit des fleurs réu- nies en têtes sur de longs pédoncules. Il est originaire des Andes du Chili, d’où il a été in- troduit par MM. Veitch. Arbuste vigoureux et très-ramifié, atteignant 2 mètres à 2™ 50 de hauteur; rameaux glabres, anguleux, très- chargés de feuilles et de fleurs. Feuilles lon- gues de 2 1/2 à 5 centimètres, presque imbri- quées, sessiles ou très-courtement pétiolées, orbiculaires ou très-largement oblongues, con- vexes, très-coriaces, épaisses, rigidement spi- nescentes, dentées, à base arrondie ou cordi- forme, vert brillant en dessus, glauques en dessous ; feuilles stipulaires semi-circulaires, fortement spinescentes-sinuées , en éventail. Fleurs en têtes globuleuses compactes, simples ou composées, à l’aisselle des feuilles ou au- tour de la partie extrême des rameaux, for- mant alors de longs épis interrompus; périanthe de 6 millimètres de diamètre, subglobuleux, jaune d’or brillant; sépales au nombre de 9, linéaires-oblongs et oblongs-çoncaves ; six pé- tales érigés, étroitement oblongs, obtus ou échancrés, glandes oblongues. Odontoglossum Edwardij Rchb. f. — Or- chidées (Bot. Mag., tab. 6771). — Espèce origi- 96 CORRESPONDANCE. naire de l’Ecuador et classée dans la section Myanthum, caractérisée par le label le sessile, les sépales crochus, et la petitesse relative des fleurs. Pseudobulbe long de 7 à 10 centimètres, étroitement ellipsoïde, lisse. Feuilles }>ar paires à l’extrémité suj)érieure des pseudobulbes, longues de 60 centimètres, en forme de la- nières, larges de 38 millimètres, subaiguës, lisses en dessus, striées en dessous, vert foncé. Panicule longue de 00 centimètres, subérigée sur un pédoncule élancé ; ramifications alternes, horizontales ou décurves, à fleurs abondantes. Fleurs mesurant 25 millimètres de diamètre; périanthe pourpre foncé, sauf le callus du la- belle qui est jaune d’or ; pétales et sépales tous à peu près de la meme dimension, étalés et recourbés, crispés; sépale dorsal éperonné, largement oblong obtus, les latéraux étendus horizontalement, plus étroits, subsessiles ; pé- tales semblables au sépale dorsal. Labelle lin- guiforme, plus large et faiblement lobé sur les côtés de sa base. Ed. André. COItRHSrOM)ANCE 3361 {Gironde). — Pour jardin d’hi- ver, voici une liste de plantes répondant, croyons-nous, à ce que vous désirez avoir : Phoe- nix rupicola, Washinytonia rohusta, Kentia Belmoreana^ Ahutilon Thompsoni flore ^jleno., Bégonia manieata, Streptosolen Jamesoni, etc. Quant aux plantes grimpantes de serre chaude, voici ce (jue nous vous con- seillons d’employer ; Philodendron melano- chrysum, ÿtephanoiis floribiindaj Passifloi'es variées, Cissus discolor, Clerodendron Balfoii Wi, Allamanda 7ieriifolia, A. Uende7'S07ii, etc. Vous trouverez ces plantés chez les horticul- ^ teurs qui s’occupent de plantes de serre : con- sultez les annonces de la Bevue. M. V. F. {Château -G 07itier) . — La plante dont vous parlez est encore extrêmement rare. Vous pouvez cependant vous adresser à M. Bruant, horticulteur à Poitiers, qui réus- sira peut-être à vous en procurer un pied. M. G. L. {Narhomie) . — 1® Nous ignorons si une nouvelle édition du livre que vous pos- sédez a été faite récemment. Le plus simple est de vous adresser à l’éditeur. 2o II n’a pas paru de monographie ni de traité de la culture des Broméliacées. La Bevue hoydicole a publié cependant, en juin 1883, un sy7iopsis des genres appartenant à cette fa- mille, d’après le travail de MM. Bentham et Hooker, publié en anglais dans leur Généra pla7itarum. M. Antoine, savant broméliogra- phe viennois, publie une série de magnifiques planches in-folio, avec des détails descriptifs, histori({ues et culturaux. Dans la Belgique horticole., M. Morren, depuis de longues an- nées déjà, donne libre cours à ses préfé- rences pour cette belle famille, en décrivant les plus belles ou plus nouvelles espèces , avec d’utiles renseignements concernant la culture. Enfin vous avez pu voir que la Revue horticole parle souvent des Bromé- liacées anciennes et surtout nouvelles, et que des articles concernant leur culture ont été souvent publiés par nos habiles collaborateurs, M. D. de la Devansaye, M. le docteur Le Bêle, ainsi que par les deux rédacteurs en chef de ce journal. Nous désirons, comme vous, voir pa- raître un bon livre, complet, traitant la question des Broméliacées au double point de vue bota- nique et horticole. 30 Vous pourrez vous procurer l’Aroïdée dont vous parlez chez M. Bruant, horticulteur à Poitiers. La culture que vous indiquez pour ces plantes, nous paraît bonne, mais la pre- mière condition est de leur donner une tem- pérature constamment égale, ce qu’il n’est pas toujours facile d’obtenir, par toutes sortes de considérations. C’est là le fond des merveilleux succès de MM. Charpentier, par exemple, dans la culture de ces plantes. Vous pouvez vous procurer le sphag- num que vous désirez en vous adressant à M. Codefroy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil (Seine-et-Oise). Il s’est fait une spécialité de cette fourniture , si nécessaire pour les Orchi- dées surtout. 5® Il faut écrire Orchidée et prononcer Orkidée. L’étymologie est Opxtç, (testicule) la famille ayant été fondée sur des plantes du genre Orchis, à tubercules géminés et ovoïdes. A’® iü34. {Seine-et-Oise.) — Il est rare, dans la pratique, que l’on greffe en fente des Pêchers. Ce n’est guère que dans des cas ex- trêmes et pour conserver une variété que l’on est menacé de perdre, qu’on a recours à ce moyen de multiplication qui, du reste, ne donne jamais de bons résultats. D’ordinaire l’opération réussit mal, et quand, par hasard, elle réussit, presque toujours les parties fen- dues, au lieu de se souder, s’écartent, la plaie se mortifie et, au bout de peu d’années, la par- tie greffée meurt. L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georgee Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 97 CIIRONiaUE HORTICOLE Avis aux retardataires. — L’hiver à Nice et aux environs. — Badigeonnage des Vignes contre l’anthracnose. — Utilisation des Pommes de terre gelées. — Emploi horticole des feuilles de Tritoma. — Greffe de Rosier sur racines d’Églantier. — Défense des Groseilliers épineux et à grappes contre les chenilles. — Rubiis deliclosus. — La « fleur » sur les fruits. — Orchidées de Madagascar. — Rose miniature. — Rusticité du Pé-tsai. — Semis d’Érables japonais. — École des hautes études. — Les plantations au Mexique. — Une bonne nouvelle. — Héliotrope d’hiver. — Lés cours publics et gratuits d’arboriculture. — Distinction à l'horticulture. — Expositions annoncées. — Nécrologie : MM. Tulasne et J.-E. Duby. Avis aux retardataires. — Le retard auquel nous faisons allusion s’applique à trois opérations également importantes. L’une est relative au choix et à la cueille des greffons ; la seconde a rapport à l’échenillage ; enfin, la troisième se rattache au nettoyage et au badigeonnage des arbres. A propos de la première question : le choix et la cueille des greflbns, il n’y a pas de temps à perdre, car, par la température douce dont nous jouissons, lesyeux segonflentrapidement,de telle sorte que, pour certaines espèces, il est déjà tard pour couper des greffons. Il faudra donc choisir les rameaux les moins avancés, qui se trouvent généralement à l’intérieur, c’est-à-dire dans la partie la moins éclairée des arbres, et l’on fera même bien, si les yeux sont très-développés, de supprimer l’extrémité supérieure des rameaux-gref- fons, puis de les enterrer dans une cave froide. Quant à V échenillage, les personnes qui ne l’ont pas encore exécuté devront se presser, car l’éclosion des œufs ne tardera pas à se faire, et ensuite, il devient très-difficile de détruire les chenilles. Rappelons que les nids doivent être ramassés avec soin et brûlés. Pour ce qui concerne le nettoyage et le badigeonnage des arbres, nous rappelons qu’ilsdoivent être faits avant le développement des organes foliacés ou floraux, surtout si les arbres doivent être en même temps in- secticidés ; si l’opération est faite trop tar- divement, on risque de briser les parties nouvellement développées, ou de les fati- guer, surtout si, pour les débarrasser des in- sectes, on doit se servir de substances cor- rosives, comme c’est généralement le cas. L’hiver à Nice et aux environs. — Si à Nice, à Cannes et sur tout le littoral médi- terranéen, l’hiver n’est pas comparable à celui du nord et même du centre de la France, il existe cependant et même plus fort qu’on ne le croit, en général. A ce sujet, 1er Mars 1886. on nous écrit de Cannes : (( Le mois de janvier a été excessivement dur pour nos plantes frileuses, aussi en est-il beaucoup qui ont fortement souffert. En certains en- droits, le thermomètre est descendu au- dessous de 5 degrés, de sorte que, dans quelques jardins, notamment dans celui de M. le duc de Vallombrosa, les Latania, Kentia, etc., ont eu des feuilles fortement endommagées. Dans la région du golfe Juan, la gelée a fait du tort; les Pritchar- dia filifera ont eu les feuilles très-fatiguées, tandis que les Washingtonia rohusta, pla- cés dans les mêmes conditions, n’onf nulle- ment souffert. Nice et Menton ont eu aussi beaucoup à souffrir du froid et ont éprouvé des intempéries analogues à celles dont je parle. (( Malgré cela, les jardins sont en pleine floraison, et, en ce moment, 2 février, les Acacia dealhata, les Anémones, les Vio- lettes de Parme, les Narcisses, etc., épa- nouissent leurs corolles sous un soleil splen- dide. La gare de Cannes, seule, expédie chaque jour 400 à 500 colis de fleurs. » Certains de nos lecteurs, jugeant par analogie, s’étonneront peut-être d’apprendre_. qu’un froid de 5 degrés et même plus, au- dessous de zéro, ne tue pas tous les végé- taux qui sont en fleurs ; le fait est pourtant exact ; la raison, c’est que dans cette partie de la France, même pendant l’hiver, le soleil n’est presque jamais obscurci par les nuages, de sorte que pendant le jour les végétaux font provision, pourrait-on dire, de calo- rique. Cela leur permet de supporter presque sans souffrir ces températures basses de la nuit qui, ailleurs, feraient périr les mêmes espèces. Badigeonnage des Vignes contre l’Anthracnose. — M. Vassilière, profes- seur d’agriculture de la Gironde, vient de publier le résumé des indications à suivre pour combattre l’Anthracnose. Suivant le degré d’infection des Vignes 5 98 CHRONIQUE HORTICOLE. traitées, on emploie les deux mélanges sui- vants : Eau, 100 litres; sulfate de fer, 50 kil.; 2» Eau, 91 litres ; acide sulfurique à 66 degrés, 5 litres. La première formule convient pour les Vignes peu atteintes; la seconde pour celles qui le sont d’une manière plus sérieuse. La dissolution du sulfate de fer se fait dans l’eau chaude. Le mélange de l’acide sulfurique et de l’eau doit être fait lentement et par petites portions des deux liquides, surtout de l’acide, qu’il faut toujours /aire glisser avec 2)récaulion le long de la paroi intérieure du récipient en bois dans lequel on opère, et cela à une température élevée. Le liquide obtenu s’emploie à froid; on l’appliciue, par un temps sec, au moyen d’un pinceau sur le cep entier, souche et bois de taille, y compris les yeux. Si une pluie sur- venait dans les quarante-huit heures qui sui- vent l’opération, il faudrait la recommencer. Ce traitement doit être terminé au plus tard dans les derniers jours de mars. Utilisation des Pommes de terre ge- lées. — La gelée détermine sur les Pommes de terre une décomposition presque immé- diate. Tant que son action persiste, les tu- bercules conservent la dureté de la pierre ; mais aussitôt le dégel, la fécule se décom- pose, la Pomme de terre se liquéfie, et aucun parti ne peut plus en être tiré. On peut - cependant, lorsque les tubercules sont encore en état de congélation, les rendre utilisables surtout pour l’alimentation des bestiaux ou des volailles, en les plongeant et en les lais- sant une demi-heure dans l’eau bouillante. Mais cette opération ne réussit que si elle est effectuée avant que le dégel ait com- mencé son action sur les tubercules. Ceux-ci, après qu’ils auront été bouillis, conserve- ront leur qualité farineuse et ils auront ac- quis une saveur sucrée très-prononcée. Il paraît, d’après M. l’abbé Descaillaux, que pour rendre leurs qualités aux Pommes de terre atteintes par la gelée, il suffit de 'les placer, avant leur décomposition, et en couches peu épaisses, dans un courant d’eau pendant environ trois quarts d’heure. On les retire ensuite, on les fait sécher, et cela suffit. La simplicité de ce procédé nous engage à le publier sans commentaires, et nous espérons recevoir des communications y re- latives de la part de ceux de nos lecteurs qui l’auraient expérimenté. Emploi horticole des feuilles de Tritoma. — On est dans l’habitude de jeter les feuilles de Tritoma; c’est un tort, car elles peuvent-être employées avec un grand avantage, comme ligature, ainsi qu’on le fait du Raphia, de la Laiche (Sparganium ramosumj, pour lier les greffes, attacher les plantes aux tuteurs, etc. Pour cela, on les coupe, et on les fait sé- cher, puis on les serre dans un endroit sec, et il suffit, lorsqu’on veut s’en servir, de les humecter, absolument comme on le fait du Sparganium. Les espèces les plus propres à cet usage sont celles dont les feuilles sont longues et relativement minces , par exemple les Tritoma uvaria, Burchelli, et leurs varié- tés, bien que, traités ainsi qu’il vient d’être dit, tous les Tritoma puissent être utili- sés. Un autre avantage que présentent ces feuilles, lorsqu’il s’agit de greffer, c’est qu’elles « n’étranglent » pas le sujet, ce qui est dû à leur élasticité. Greffe de Rosier sur racines d’Églan- tier. — Nous relevons dans le Journal des Roses l’indication suivante sur ce procédé de greffage, employé si fréquemment au- jourd’hui. Il est encore trop peu répandu et c’est rendre service que de le rappeler. A l’aide d’un plantoir, on met dans un bon terrain des fragments de racines longs de 15 à 20 centimètres. Vers le mois de juillet, lorsque ces racines sont en végéta- tion, on les découvre partiellement, et l’on greffe des écussons. Aussitôt que la reprise de ces yeux est faite, on sèvre les fragments greffés des racines, et l’on a ainsi autant d’individus complets. Défense des Groseilliers épineux et à grappes contre les chenilles. — Les arbres fruitiers, les Groseilliers surtout, sont souvent attaqués par des chenilles, qui dé- vorent leurs feuilles, leurs fruits, et ron- gent même leur écorce. Le Gardeners' Chronicle signale un moyen de prévenir à peu de frais les ravages de ces insectes. Dans de l’eau bouillante, on fait dissou- dre de l’alun ; cette dissolution est ensuite étendue d’une quantité d’eau froide suffi- sante pour que le liquide produise un effet utile, ce que l’expérience apprend facile- ment. En bassinant au moyen de ce mé- lange les arbres attaqués, les chenilles dis- paraîtront immédiatement. Le même pro- cédé est également efficace, paraît-il, contre les pucerons, et nombre d’autres insectes. 90 CHRONIQUE Rubus deliciosus. — Si, quant à pré- sent, rien ne semble justifier le qualificatif de cette espèce, qui ne peut s’appliquer qu’aux fruits, il en est autrement en ce qui concerne les fleurs. En effet celles-ci, extrê- mement grandes, nombreuses, bien ou- vertes et d’un très-beau blanc, font en avril- mai un splendide effet décoratif. La plante, vigoureuse et très-rustique, a le port, l’as- pect, et même la végétation du Spiræa opu- lifolia ; elle n’est pas épineuse, n’a même pas trace d’épine. Quant à ses fruits, de cou- leur marron et d’un goût agréable, ils se sont montrés en 1873, à Edimbourg, chez M. An- derson Henry. Mais n’y aurait-il pas eu une confusion, et le nom de deliciosus ne s’ap- pliquerait-il pas à une autre espèce que celle dont nous parlons, la seule pourtant qui se trouve dans les cultures sous ce nom ? Ajoutons que comme tempérament elle semble faire exception à toutes les Ronces. En effet, tandis que presque toutes se mul- tiplient avec une grande facilité par bou- tures ou par drageons, l’espèce dont nous parlons (Ruhus deliciosus) est rebelle à tous ces procédés. La (( fleur » sur les fruits. — Tous nos lecteurs savent que ce que l’on nomme « la fleur », sur les fruits, est ce velouté, blond ou jaunâtre, cette sorte de pruine glauces- cente qui se développe sur les fruits à une certaine époque de leur maturation. Tous ou presque tous, nous recherchons les fruits qui sont « bien fleuris », et pourtant, d’après certains savants, ce serait un tort, puisque la substance qui donne ce bel aspect aux fruits serait nuisible à la santé. Voici, à ce sujet, un extrait du Covent Garden Gazette, que vient de nous commu- niquer notre collaborateur M. Rivoiron : Une découverte importante vient d’être faite à Melbourne, dans les laboratoires du Tech- nological Muséum On sait, d’après les dé- couvertes de Pasteur, que la fleur, cette fine poussière qui recouvre les fruits, contient les germes des êtres qui produisent la fermen- tation de ces derniers, et que, si on les en débarrasse, on enlève en même temps ces germes de ferments, par conséquent les fruits ne se décomposent plus. Comme il est impossible de dépouiller les fruits de cette fleur par le frottement, surtout quand on a affaire à des Fraises ou à des Framboises, par exemple, M. Peacock, de Melbourne, a pensé qu’il était possible de tuer ces organismes sans enlever aux fruits leurs qualités comestibles ; il a découvert un procédé qui, paraît-il, répond à la question et qui est HORTICOLE. assez simple et peu coûteux pour pouvoir ê(re employé par les fermiers-producteurs; de sorte que des fruits crus peuvent être envoyés à de très-grandes distances, d’Australie en Europe, par exemple, et se conservent dans un parfait état en magasin, avant qu’on les transforme en conserves, seul usage, du reste, auquel ces fruits sont employés. Pour les industriels qui se livrent au commerce de ces fruits, la découverte est importante, et quoique le procédé soit bréveté et non divulgué, il est intéressant d’en connaître l’existence. Nous ne ferons aujourd’hui aucun com- mentaire sur ce qui précède cependant, en admettant le fait de l’existence de ces prétendus germes, nous ne le considérons pas comme ayant une valeur suffisante pour faire considérer comme dangereux ces beaux fruits si délicatement ombrés. Nous ne nous sentons pas à leur endroit le courage de la proscription. Orchidées de Madagascar. — Le traité de paix qui vient d’être conclu à Ma- dagascar aura certainement pour effet de nous rendre la libre circulation dans toutes les parties de cette île immense. R faut es- pérer que nos collections botaniques et hor- ticoles s’enrichiront bientôt de ce fait. En effet, la flore malgache nous ménage certainement encore bien des surprises. Ainsi, à la réunion du 17 décembre 1885 de la Société Linnéenne de Londres, M. H.- N. Ridley, a lu la description d’un certain nombre d’espèces nouvelles d’Orchidées, appartenant aux genres Satyrium, Bulbo- phyllum, Mystacidium, Cynorchis, Ha- henaria, Holothrix et Brownlea, et com- prise dans un faible stock de plantes collec- tées aux alentours de Imérina (Madagascar). Trois genres, jusqu’ici inconnus dans File, se trouvaient parmi les exemplaires examinés, ce sont les genres Arnotliia, Brownlea et Holothrix. Nous venons aussi d’apprendre que notre compatriote, M. Humblot, est reparti pour Madagascar, où il fera sans doute d’impor- tantes découvertes végétales. Rose Miniature. — Cette espèce, obte- nue par M. Alegatière, de Montplaisir- Lyon, est certainement le plus remarquable des descendants du Bosa polyantha. C’est la plus petite du groupe : elle est aux plus réduites ce que les Rosiers Miss Lawrence sont au Bengale ordinaire. Mais ce qui en fait surtout une plante méritante, c’est son excessive lloribondité et la beauté de 100 CHRONIQUE HORTICOLE. ses fleurs qui, cl’iin rose strié de carmin, s’épanouissent pendant font l’hiver. Traitées spécialement dans ce l)ut, les plantes don- neraient en ahondance des fleurs pendant tonte la durée des froids, quand en i^énéral les flenrs font défaut. Nous signalons le tait aux spécialistes. Plantées en pleine terre, en bordures, elles constituent un très- ])el ornement. Ajoutons que le feuillage, ({ui est abondant, vient encore faire ressor- tir la beauté des fleurs. Rusticité du Pé-tsai. — Cette Cruci- fère, nommée aussi Chou chinois, dont nous recommandons la culture et qui constitue un excellent légume, a été jus- qu’ici considérée, sinon comme délicate, mais du moins comme sensible au froid; elle est au contraire relativement rustique. Ainsi cette année nous avons vu des plantes résultant d’un semis fait au mois d’août dernier, et que nous croyions perdues par le froid, qui ont à peine souffert des 7 de- grés au-dessous de zéro qu’elles ont sup- portés. La neige, dont elles ont été couvertes pendant plusieurs jours, en a très légère- ment fatigué les feuilles. Semis d’Érables japonais. — Ces Érables si remarquables, tant par la couleur que par les formes si gracieuses et si lé- gères de leurs feuilles, mais toujours rares à cause de la difficulté de leur multiplica- tion, vont sans doute devenir plus com- muns et de nouvelles variétés vont pro- liablement apparaître. Plusieurs donnent aujourd’hui de bonnes graines qui, semées, germent et poussent très-bien. Un fait à noter, c’est la variation presque infinie des formes, en même temps que leur instabi- lité. En effet, dans un semis d’une même plante, on voit souvent un grand nombre de formes très-differentes que jusqu’ici on multipliait par la greffe. Toutes ces nou- veautés ne sont pas méritantes, assurément, mais il est à peu près certain que parmi celles “qui ne seront pas jugées dignes d’être conservées comme variétés, il s’en trouvera de vigoureuses et robustes, qui, alors, pour- ront servir de sujets pour greffer celles qui seront conservées. Les semis doivent être faits en terre de bruyère, aussitôt que les graines sont mûres, dans des terrines ou des pots bien drainés, qu’on rentrera sous des châssis froids pour passer l’hiver. École des hautes études. — Par arrêté en date du 13 janvier 1886, M. Gaston Bonnier a été nommé directeur du nouveau laboratoire de recherches botaniques qui vient d’être créé à Paris, à l’École des bailles études. Les plantations au Mexique. — Nous avons signalé en temps opportun les impor- tantes plantations qu’entreprend depuis plusieurs années le gouvernement mexicain. Ces plantations sont surtout intéressantes au point rie vue de l’assainissement des contrées insalubres oû elles sont faites. Nous apprenons qu’un marché vient d’être conclu avec un entrepreneur pour la four- niture et la plantation, dans la vallée de Mexico, de deux millions d’arbres ainsi ré- partis : Sous le rapport des essences : 60.000 Eucalyptus, 80,000 Frênes, 120,000 Peupliers, 35,000 Saules, 60,000 Troènes du Japon, 60,000 Cyprès, 60,000 Acacias et 120.000 arbres d’essences variées. Il est certain que, grâce à de semblables efforts, d’immenses contrées hier encore inhabitables seront rapidement acquises à la culture et au progrès ; et, à un tout autre point de vue, nous devons signaler à nos producteurs français des transactions horti- coles considérables. Peut-être y aurait-il là pour eux un débouché important pour l’écoulement de leurs produits. Une bonne nouvelle. — Sous ce titre, notre confrère, M. Godefroy-Lebeuf, publie la lettre suivante qu’il vient de recevoir du directeur des douanes : Monsieur, J’ai l’honneur de vous donner les renseigne- ments que vous m’avez demandés. La déclaration de l’expéditeur à laquelle est subordonnée, en exécution du décret du 28 août 1882, l’introduction en France des plantes et arbustes autres que la Vigne, doit être certifiée par fautorité compétente du pays d’origine, mais elle est exemptée de la forma- lité du timbre et de la légalisation consulaire. Le service a reçu des instructions dans ce sens... Le conseiller d'État., Directeur général, G. Pallain. C’est en effet une bonne mesure que nous sommes heureux d’enregistrer. Les frais en question grevaient considérable- ment les introductions provenant d’Angle- terre : le coût du visa du Consul de France à Londres, par exemple, s’élevait à 13 fr. pour chaque expédition de plantes. Nous félicitons M. Godefroy-Lebeuf du résultat de ses démarches. CHRONIQUE HORTICOLE. 101 Héliotrope d’hiver. — Nous ne sau- rions trop recommander à nos lecteurs la culture de cette charmante plante indi- gène. L’Héliotrope d’hiver fmgrans) devrait avoir sa place dans tous les jardins. Peu délicat, il s’accommode de toutes les situations qu’on lui donne; son feuillage cordiforme, en petites touffes élégantes, pro- duit un très-bon effet dans les rocailles, en bordure des massifs, etc., mais son princi- pal mérite, et il est d’une importance capi- tale, consiste à donner de novembre à janvier, en plein air, d’élégantes hampes de fleurs d’abord blanc carné, puis rose pâle, puis rouge purpurin, qui développent une douce odeur très-suave de Vanille ou d’Hélio- trope. On peut également, à l’automne, empo- ter quelques pieds d’Héliotrope d’hiver, et en les rentrant successivement dans une serre, un jardin d’hiver ou un appartement, y entretenir pendant la saison d’hiver un parfum délicieux. Ajoutons que cette plante se multiplie avec une extrême facilité, par la séparation des toufies et des rejets, qui peut se faire tout l’hiver bien que, pour ne pas retarder la floraison, il soit préférable d’effectuer cette opération un peu après la dessication des feuilles. Les cours publics et gratuitsd’arbo- riculture. — De toutes les parties du jar- dinage, celle de l’arboriculture fruitière est certainement la mieux enseignée. En effet, il est peu, ou plutôt il n’est pas de ville au- jourd’hui qui n’ait son professeur d’arbo- riculture. Dans le cas contraire, elle en fait venir un d’une localité voisine. La ville de Lille vient de publier le programme des cours pour l’année- 1886, lesquels, comme elle en a pris la bonne habitude, seront théoriques et pratiques. Les leçons seront faites par M. Jadoul, jar- dinier-professeur de la ville de Lille. Toute- fois, nous devons signaler particulièrement une bonne et utile mesure adoptée par la ville de Lille : c’est que, à l’exception du samedi 24 avril, tous les cours ont lieu le dimanche, de sorte que les ouvriers peu- vent y assister. — La première leçon a été faite le 31 janvier; la dernière sera faite le l®*" août. Distinction à l’horticulture. — Nous apprenons avec une vive satisfaction que notre collaborateur, M. Charles Baltet, hor- ticulteur à Troyes, vient d’être nommé che- valier de l’ordre de Léopold. Les nombreux services rendus par M. Baltet à l’arboricul- ture fruitière sont trop connus de nos lec- teurs pour que nous ayons à les rappeler ici et à expliquer cette distinction si bien méritée. La Revue de Vhortieidture belge, félici- tant son gouvernement d’avoir accordé cet honneur à notre concitoyen, ajoute que la Belgique vient de donner à la France un exemple que celle-ci suivra, il faut l’espérer, à la première occasion. La Revue horticole s’associe de grand cœur à cette espérance. Expositions annoncées. — A Bordeaux, une grande Exposition aura lieu, sous les auspices de la Société d’horticulture de la Gironde, du 29 mai au 15 juin. — A Dresde (Saxe), une Exposition internationale, dont la date est encore indéterminée. — A Évreux, à l’occasion du prochain Concours régional. Exposition horticole du 26 au 30 mai prochain ; adresser les déclara- tions, avant le 10 mai, à M. Dicton, di- recteur du Jardin des Plantes, à Évreux (Eure). Nécrologie : M. Tulasne. — Nous appre- nons la mort à Hyères, où il résidait depuis une vingtaine d’année, deM. Edmond-Louis- Bené Tulasne, botaniste de haut mérite, qui s’est surtout occupé de l’étude des Champi- gnons. Tout le monde scientifique connaît ses savantes recherches sur les Nidulariées, les Tubéracées, les Trémellinées, les Ustila- ginées, l’Ergot des Graminées, les Li- chens, etc. On lui doit en outre un Sy7ioj)sis mono- graphique des Podostémacées, de remar- quables études d’embryogénie, et enfin le magnifique ouvrage qui a pour titre : Se- lecta fu7igo7'um ca^yologia. M. Tulasne avait été élu, en 1854, membre de l’Acadé- mie des sciences, à la place d’Adrien de Jussieu. il/. J.-E. Dubg. — M. le pasteur Jean- Étienne Duby vient de mourir à Genève, à un âge très-avancé. B était l’auteur du Bota- 7iicon gallicum, où sont décrites les plantes phanérogames et cryptogames de France, et qui a rendu de si grands services aux botanistes français, jusqu’au moment où a paru la Flore frmiçaise de Grenier et Godron. M. Duby a publié, en outre, diverses' études sur les Algues, les Mousses, ainsi que sur les Primulacées. E.-A. Carrière et Ed. André. 102 LES RAISINS DE TAULE DANS LE MIDI DE LA FRANCE. LES RAISINS DE TABLE DANS LE MIDI DE LA FRANCE D’après les conseils de M. Victor Piilliat, je continue le travail qu’il avait commencé à publier clans la Revue horticole par une étude sur les Raisins de table dans le midi delà France. J’emprunterai la description de la plupart des variétés à son bel ouvrage le Vignoble^ ce guide précieux pour tous les viticulteurs. Mais par cetfe époque de phyl- loxéra, je ne puis guère m’occuper de la Vigne, dans le midi surtout, sans parler de ce terrible insecte. Toutefois je ne le ferai qu’avec réserve et seulement en ce qui touche à l’intérêt du commerce des A^égétaux, en insistant sur ce fait très-im- portant que la Vigne américaine a été intro- duite en France plus de soixante-dix ans avant l’invasion du phylloxéra. En effet, le y. labrusca Isabelle ou Alexander, etquan- tité d’autres espèces étaient cultivées dans les Jardins botaniques depuis un temps pres- C[ue immémorial. J’ai cueilli des fruits mûrs d’Isabelle ou c< Raisin Cassis » en 1830, et son goût spécial est resté dans mes souvenirs d’enfance. En 1848, lors de l’invasion en Italie de l’Oïdium, auquel Vlsabelle est ré- fractaire, le comte Ridolfi en fit des planta- tions immenses en Toscane, et des pro- priétaires siciliens suivirent son exemple. André Leroy, d’Angers, qui avait noué en 1849 des relations suivies avec les Etats- Unis, a introduit en France les Katawba, Labrusca à fruits roses, puis le Diana, VEltimburg, le Delaioare, l’ York Madeira, qu’il classait dans les Raisins de table. Toutes ces introductions ont eu lieu sans qu’il en soit résulté aucun dommage. C’est à l’envoi de plants enracinés fait de New- York à Roquemaure (Gard) et à leur multiplication à Tonelle, près Tarascon, dans la pépinière alors très-importante des frères Audibert, qu’est due, dans le Midi l’invasion phylloxérique. La culture des Vignes américaines a été près de cinquante ans sans danger, tant en France qu’en Ita- lie, et j’ai la conviction que ce sont toujours des plants enracinés et non des boutures qui ont amené la contagion dans les collections. J’ai formé la plupart de mes collections, de 1853 jusqu’à ce jour, au moyen de bou- tures prises de tous les côtés sans y intro- duire le phylloxéra. Les premières taches se sont formées dans d’anciennes plantations de Raisins à vin ; elles étaient souterraines dans deux cas, et aériennes dans un autre. | Je n’ai vu le mal que lorsqu’il était déjà développé. C’est du reste, un fait presque général dans notre midi d’espérer l’immu- nité, et c’est certainement une des causes qui ont rendu la défense difficile. Depuis dix ans, le phylloxéra est dans mon clos. Afin de mieux l’étudier je lui ai laissé le champ libre dans une partie du vi- gnoble ; j’ai, sur d’autres points, essayé diverses méthodes qui m’ont donné de mau- vais résultats, et je l’ai combattu avec un succès complet par les insecticides dans mes collections, soit individuellement, soit avec notre commission de viticulture. J’ai visité un très -grand nombre de vignobles sans aucun parti pris et avec le seul désir de m’éclairer, aussi je crois avoir acquis quel- que compétence dans cette grave question. Je puis affirmer avec toute certitude que, dans les terrains contaminés, toute Vigne française non défendue est mie Vigne per- due, et que de tous les moyens de défense, le sulfocarbonate de potassium en première ligne et dans presque tous les terrains, puis le sulfure de carbone dans ceux qui sont un peu profonds oû la diffusion peut se faire, sont de beaucoup les meilleurs. Dans la culture jardinique de la Vigne, le planteur n’a pas à se préoccuper du phyl- loxéra. Je lui assure qu’avec une application de 80 à 100 grammes de sulfocarbonate de potassium, dissous dans 30 ou 40 litres d’eau, soit avec une dépense annuelle de cinq à six centimes par cep, il aura des plants superbes donnant leur maximum de récolte. Il n’a aucun besoin des Vignes américaines ; s’il en a à sa disposition, il ne doit y recourir que pour servir de porte- greffes à des variétés faibles, et il doit prendre garde que si, en général, elles sont bien plus vigoureuses que les françaises, elles sont aussi plus difficiles sur le terrain. Lorsqu’elles ont été bien choisies, elles donnent aux greffons français une vigueur exubérante. Le Vitis Solonis est le cépage qui réussit le mieux dans les terres pro- fondes et légèrement arrosées, qui forment la majorité des jardins fruitiers. Dans les terrains secs les praticiens ont reconnu que les y. riparia bien sélectionnés lui seraient préférables. Ils ont observé aussi que le Taglor est un excellent porte-greffe là oû il végète bien, surtout pour les Raisins blancs et roses. LES VARIÉTÉS DE L’iF COMMUN. 103 S’il s’agit de plantations importantes et industrielles de Raisins de table où prime la question de produit net, il est plus éco- nomique de planter des Vig’nes américaines bien adaptées au sol et de les grelTer en variétés françaises. Le sidfurage, qui est le mode de défense le plus économique, coûte, au pal, de 160 à 175 fr. par hectare et doit être répété chaque année. Il a besoin d’ètre aidé par d’abon- dantes fumures sans lesquelles il donne des résultats incomplets. Les frais d’établissement d’une Vigne amé- ricaine greffée sont les mêmes que ceux de la Vigne française, à l’exception, toutefois de la dépense du greflage et des soins à donner aux plants greffés pendant deux ans ; ce supplément de frais ne dépasse pas 120 à 150 fr. une fois payés, en ne plantant que 2,500 à 3,250 pieds à l’hectare, comme l’exige la vigueur de ces Vignes américano- françaises. Je m’occupe seulement du planteur éco- nome qui fait enraciner lui-même ses bou- tures, et non du riche propriétaire pressé de jouir, qui les achète enracinées et même greftées. Du reste, je n’ose conseiller de grandes plantations de Raisins de table avant d’avoir fait des essais sur leur produit. Ils sont peu rénumérateurs dans mes riches terres où les gelées tardives sont presque sans effet. Mon éloignement de Paris et de Londres m’a rendu ces grands marchés onéreux ; j’y ai trouvé la concur- rence des Raisins espagnols et algériens qui nous fait aussi beaucoup de mal sur celui de Marseille. L’Espagne envoie dès la mi- juillet son superbe Moscatel, l’Algérie des chargements de beaux Chasselas. La moyenne de mes prix de vente de 1882 à 1885 est de 40 centimes le kilo et j’atteins à peine dans cette même période, un produit moyen de 6,000 kil. à l’hectare, malgré d’abondantes fumures. J’obtiendrais sûrement des Vignes à vin de grande production, soit 80 à 100 hectolitres à l’hectare, dont la vente serait facile de 40 à 45 fr. l’hectolitre, et j’aurais une économie considérable de main-d’œuvre. La culture du Raisin de table exige en plus un ébour- geonnernent sévère, de nombreux pince- ments, une cueillette successive et le net- toyage des grappes. Cette opération est mi- nutieuse, donne de forts déchets et est coû- teuse. Enfin si les Vignes sont palissées, elles exigent, sous notre climat, au moins trois palissages sous peine de voir, malgré les soufrages, la récolte dévorée par l’Oï- dium. Je laisse de coté la nécessité impérieuse de défendre par des sacs les Raisins pré- coces et les Muscats, sous peine de les voir dévorer par les guêpes. J’ai renoncé, au point de vue de la spécula- tion à faire de nouvelles plantations de Vignes à Raisins de table, en dehors des variétés nouvelles à introduire dans mes collections, et je n’en conseille la culture que pour les besoins du ménage et pour utiliser les murs du midi et du couchant, qui, palissés avec soin, sont ainsi ornés d’une manière admi- rable, réservant les murs du nord pour le Cerisier ou quelques Poiriers, et ceux du le- vant pour les Pêchers hâtifs, oû ils se dé- fendent mieux du puceron noir que dans les autres positions. Le traitement au sulfate de cuivre et chaux contre le Mildiou n’est pas applicable au Piaisin de table ; on pourrait essayer le sulfatage des liens servant au palissage (système Laffitte), le chaulage de la souche pendant l’hiver avec la dissolution de sul- fate de cuivre (système Perret), et si ces traitements sont insuffisants, recourir à l’eau de chaux, qui a donné les meilleurs résultats en Italie et chez M‘"® la du- chesse de Fitz James, à qui revient, à mon avis, la priorité du traitement dans le midi. Après ce préambule un peu long, peut- être, je m’occuperai, dans un prochain article, des variétés à cultiver dans notre région et de celles qu’il convient d’écarter. Paul Giraud. LES VARIÉTÉS DE L’IF COMMUN Les variétés cultivées de l’If commun (Taxus haccata, Lin.), sont nombreuses. Une demi-douzaine au moins sont popu- laires : T. h. adpressa, dont on avait fait à tort une espèce; T. h. hihernica, au port majestueux, colonnaire; T. b. Dovastoni, à branches étagées en verticilles pendants; T. h. variegata aiirea, à feuilles panachées de jaune ; T. h. v. argentea, panaché de blanc; T. h. fructu liiteo, à fruit jaune. Les autres formes, dont plusieurs sont jolies ou intéressantes, se rencontrent plus 104 lÆS VARIÉTÉS DE L’IE COMMUN. rarement dans les culiures. Cependant on pourrait en énumérer un assez gi’and nombre. London en décrivait six (1). M. Car- rière en compte vingt-six, dont il donne la synonymie et la description (2). Le cata- logue de M. A. J.avallée en mentionnait dix- Fig. 18. — Taxus baccata variegata aurea. Ramille fructifère, grandeur naturelle. Fig. 19. — Taxus baccata fructu luteo. Ramille fructifère, grandeur naturelle. huit, et plusieurs variétés se trouvent dans certaines collections, qui ne sont portées sur aucun de ces ouvrages. (1) Encycl. of trees, etc., p. 939. Or, y a-t-il un choix à faire dans les nombreuses formes ornementales du vieil If de nos montagnes? Sans aucun doute. (2) Traite gén. des Conif., 2« édit., p. 'Î31. Fig. 20. — Taxas baccata Dovastoni. Ramille fructifère, grandeur naturelle. Fig. 21. — Taxus baccata adpressa. Ramille fructifère, grandeur naturelle. LES VARIÉTÉS DE L’iF COMMUN. 105 Toutes ne sauraient être accueillies avec la même faveur. A celles que j’indiquais tout à l’heure comme les plus répandues, et qui sont di^^nes de figurer dans tous les jar- dins, on peut ajouter sans crainte les va- riétés suivantes : T. h. erecta (puramidalis ou stricto), dont le port fastigié est élégant, serré, les rameaux fins, dressés, les feuilles longues et fines, droites, vert foncé, brièvement mu- cronées. T. h. cheshuntensis, obtenu à Chesbunt (Angleterre). Port serré, rameaux non fas- tigiés, feuilles vert-noir en dessus, glauces- centes en dessous, un peu arquées, à mu- cron allongé. Mais il est une autre qualité orne- mentale que pos- sèdent encore les Ifs, indépendam- ment de leur port plus ou moins élé- gant, c’est celle qui résulte de leurs fruits. Chacun con- naît les jolies baies rouges qui ornent ces arbres à l’au- tomne et qui per- sistent jusqu’aux gelées. Certains ar- bres en sont parfois chargés à profu- sion; d’autres en produisent rare- ment ou jamais, surtout dans les variétés cultivées, ce qui n’a rien d’étonnant puisque l’arbre est dioïqne (1), et que certaines formes fixées par la greffé ou le bouturage ne se sont produites que sur des individus mâles. Vers la fin de l’automne dernier, j’avais remarqué, sur plusieurs points de la France, que les Ifs étaient couverts de fruits d’une manière exceptionnelle. Dans les pépinières de M. Louis Leroy, à Angers, cette abon- dance se retrouvait même sur les plus jeunes sujets cultivés en planches, de sorte que la plupart d’entre eux, s’ils avaient été mis en pots, eussent produit de charmants arbustes décoratifs pour appartement. J’eus l’idée de cueillir quelques rameaux (1) Voir cependant la note de M. Carrière (/. c., p. 743), qui conclut à la monoïcité de certains sujets dans le genre If. et de les examiner de près. D’abord, les formes et les couleurs semblaient iden- tiques, à la seule exception de la jolie va- riété à fruits jaunes, mais je fus bientôt frappé par la diversité des caractères, que je n’avais pas remarquée à première vue. Les différences ne portaient pas seulement sur la cupule ou écaille supérieure accrescente et charnue qui constitue la partie colorée et pulpeuse du fruit, elles affectaient singuliè- rement aussi la graine elle-même. Cueillis sur divers sujets, ces fruits montraient des caractères constants. Il me parut donc utile de les déterminer avec plus d’exactitude qu’on ne l’avait fait jusqu’à présent. Pour bien montrer cette diversité si cons- tante, j’en fis faire les dessins ci-con- tre, qui donneront une perception très- netle des caractè- res, surtout en ce qui concerne les graines; je donne celles-ci grossies deux fois. Ces il- lustrations et ces descriptions pour- ront aider les mo- nographes et les horticulteurs pour l’identification des formes difficiles à distinguer. Je me propose de les con- tinuer l’année pro- chaine sur les au- tres variétés que je pourrai trouver fructifiées. Taxus baccata type. — Reconnaissable par son port étalé, ses rameaux horizon- taux, ses feuilles linéaires subdistiques, plus ou moins arquées, à mucron apical aigu ou un peu obtus, son fruit rouge cerise, à cupule urcéolée, à orifice arrondi, enve- loppant la plus grande partie de la graine, qui est ovoïde, brun ou roux aux deux tiers, rougeâtre en bas, à mucron obtus et à côtes légères, à surface très-finement ponctuée. T. h. variegata aurea (fig. 18). — Port et feuillage semblables au type, parfois plus compacts; feuilles plus ou moins marginées de jaune clair. Écailles à la base de la cu- pule, imbriquées, obtuses, jaune-paille teinté de violet. Cupule comme dans le Fig. 22. — Taxus haccata hihernica. Ramille fructifère, grandeur naturelle. lOG TROIS RKGONIAS lŒCOMMÂNDARLES. type; graine (micule) ovale, arrondie, peu ou point anguleuse, inucronée au sommet, à cicatiTce l)asilaire tri ou tétragone. La variété argentée (T, h. v. argentea), qui est très-distincte par sa panaclmre lilanclie, se confond, à l’automne, par sa nuance avec la précédente. T. h. fnictu liUeo (tig. 19). — Port dressé, rameaux plus ou moins divariqués; feuilles courtes, linéaires, brièvement cus- pidées, vert foncé dessus, })àles dessous, lé- gèrement fal({uées. Ecailles obtuses, jaune- citron, touchées de violet au sommet. Cu- pule oblongue, d’un beau jaune d’or, très- é vidée à l’intérieur, à orifice ovale un peu anguleux, recouvrant la graine située au fond. Graine ovale comprimée, vert olive, à cicatrice basilaire ovale, grande, à pour- tour finement plissé, à sommet obscuré- ment caréné, déprimé, à mucron obtus. Répandu à tort dans quelques collections sous le nom de T. cuspidata, qui est une plante japonaise dont quelques auteurs font une espèce. T. h. Dovastoni (fig. 20). — Port pyra- midal, branches subverticillées, étalées, à extrémité retombante ; feuilles grandes, distiques-éparses, très-arquées, cuspidées, vert noir en dessus, pales dessous Écailles obtuses, jaune-paille, bordées de violet. Cu- pule oblongue, assez courte, rouge cerise vif, à orifice carré. Graine très-enfoncée, ovale comprimée, à cicatrice basilaire ovale plissée alentour, à sommet carré-obtus, à peine mucronée, à surface chagrinée. T. h. adpressa (fig. 21). — Port étalé, subhorizontal ; rameaux courts, feuilles dis- tiques, courtes, linéaires-obtuses, très- brièvement mucronées, vert foncé en des- sus, pales en dessous. Écailles obtuses, jaune-paille, touchées de violacé au sommet. Cupule rouge minium, cyatbiforme très- évasée, ne recouvrant pas la graine, qui est ovoïde, déprimée, très-apiculée au sommet qui est bi ou tricaréné, à dépression cen- trale avec mucron saillant, à cicatrice basi- laire cordi forme. I.,e Taxus adpressa était considéré comme une esj^èce par quelques auteurs; on l’avait même rangé dans les Ceplialo- taxus (C. lardiva), mais des faits de dis- jonction ont montré plusieurs fois que son origine était un accident du 7\ baccata. On peut voir chez M. le comte G. de Crouÿ, dans le parc de Mégaudais (Mayenne), un If dont plusieurs grosses branches portent à la fois le type et la variété adpressa liien caractérisés. Ce cas n’est liien probable- ment pas le seul que l’on puisse observer. T. h. hiherniea (fig. 22). — G’est l’If py- ramidal d’Irlande, qui est à l’If commun ce qu’est le Cyprès colonnaire du Midi au Cu- pressns sempervirens. Port fastigié, ra- meaux courts, vigoureux, serrés, érigés, feuilles fortes et longues, linéaires, aciculées, plus ou moins droites ou arquées, vert foncé sur les deux faces. Écailles obtuses ou acu- tiuscules jaune-paille, touchées de violacé. Cupule rouge cerise vif un peu oblongue, à opercule anguleux, recouvrant la graine à moitié. Nucule oblongue et ovoïde, à cica- trice basilaire enfoncée, tri ou tétragone, entourée de sillons et de plis, à sommet mu- croné. La forme panachée {T. h. h. variegata) de la même variété a le port de la précé- dente, avec les feuilles plus ou moins mar- ginées de jaune. Ed. André. TROIS BÉGONIAS RECOMMANDABLES Les plantes en question ont des mérites particuliers, que je vais faire connaître en les décrivant ; ce sont : Bégonia Ogtavie Malet. — Plante naine, excessivement floribonde. Tige robuste, raide, dressée, presque glabre, atteignant 15-20 centimètres de hauteur, blanchâtre ou un peu colorée. Feuilles portées sur un fort pédoncule cylindrique, raide; limbe à peine équilatéral, subpelté, épais, à contour arrondi, à bords presque entiers. Pédon- cules nombreux, multiflores, très-raides, strictement dressés et s’élevant bien au- dessus des feuilles, légèrement rosés-rouillés, non ou à peine velus. Routons légè- rement rosés. Fleurs renonculiformes, bien pleines, d’un très-beau blanc, à pétales externes largement ovales-arrondis, les in- ternes beaucoup plus petits et très-serrés, d’un blanc nuancé très-légèrement sou- fré. Cette plante, obtenue par M. Malet au Plessis-Piquet, est très-estimée et recher- chée pour la pleine terre. On peut aussi la cultiver en bordure, où elle produit un char- mant efïet jusqu’à ce que les gelées viennent la détruire. Ses fleurs, qui se conservent longtemps, portées sur de longs pédoncules, simulent de petits Gamellias et sont très- propres à la confection des bouquets. TAGETES GIGANTEA. 107 Le B. Octavie Malet n’a jusqu’ici donné que des fleurs mâles très-pleines, stériles, par conséquent. Bégonia Marron. — Également obtenu par M. Malet, horticulteur au Plessis-Piquet, celui-ci, qui, comme taille et végétation, se rapproche un peu du précédent, est éga- lement méritant, bien que d’une autre fa- çon. Il est plus buissonneux et un peu plus nain, et son aspect général est beaucoup plus sombre; ses pédoncules, excessivement nombreux et courts, sont rouges et très- multiflores, glabres; les fleurs, assez lon- guement pédicellées, pæoniformes, ont les divisions externes largement obovales, tan- dis que les internes, beaucoup plus petites, inégales, sont comme chiffonnées. Fleurs femelles à quatre pétales, dont deux beau- coup plus grands. Ce qui distingue surtout cette plante, c’est la couleur de ses fleurs, qui sont d’un rouge sang un peu fauve ou marron foncé, qui explique le nom que lui a donné M. Ma- let. C’est une plante très-bonne pour faire des bordures ou pour mettre en première ligne autour d’un massif. Bégonia Louis-d’or, Lem. — Cette variété est très-floribonde et remarquable par la couleur de ses fleurs, d’un beau jaune d’or brillant. Elle a le grand défaut de tomber, de sorte que l’on est obligé de maintenir les tiges qui, sans cela, s’affaissent sous le poids des fleurs. Ces tiges, qui sont rougeâtres, assez fortes, presque glabres, portent de fortes inflorescences; les fleurs, très-pleines, pæoniformes, à pétales relativement larges, jaune d’or, sont surtout très-brillantes. C’est une bonne nouveauté, qui tranche nettement par son coloris. La culture de ces Bégonias ne présente rien de particulier; les plantes sont vigou- reuses, robustes et se multiplient par boutures comme on le fait pour celles du groupe des Bégonias tubéreux auquel elles appartiennent. May. TAGETES GIGANTEA La plante à laquelle nous donnons ce qualificatif gigantea provient de graines envoyées de la Bolivie à MM. Vilmorin et C^®, sous cette rubrique : « Composée employée comme Persil, en Bolivie. » C’est une sorte de Tagetes, dont voici les carac- tères généraux: Plante très-ramifiée, formant une pyra- mide dressée, pouvant atteindre 2 à 3 mè- tres de hauteur. Tige robuste, grosse, à écorce glabre, pruineuse. Ramilles dé- cussées, courtes, dressées, grêles, raides. Feuilles opposées, profondément pennées, à divisions très-longuement et étroitement elliptiques, molles, longuement denticulées, dégageant, lorsqu’on les touche, une odeur balsamique poivrée, forte, mais assez agréable pourtant. Bien que les plantes aient été repiquées en serre, et mises en pleine terre dès les premiers beaux jours, elles n’ont cepen- dant pas fleuri; malgré qu’elles aient at- teint plus de 2 mètres de hauteur, elles n’ont pas donné même une apparence de fleurs. Cette espèce est-elle annuelle, bisan- nuelle, vivace ? C’est ce que nous ne pouvons dire, mais que nous saurons pro- bablement cette année. Car, indépendam- ment du pied mère qui a été rabattu et sur lequel nous avons mis une cloche. des boutures ont été faites avec l’extrémité des jeunes pousses encore en végétation, lesquelles, mises en serre, où probablement elles passeront l’hiver, fleuriront probable- ment aussi au printemps prochain. L’espèce dont nous parlons, que l’on trouve dans diverses parties du Brésil, à La Plata et jusqu’en Bolivie, est, pa- raît-il, représentée là par deux formes très-voisines l’une de l’autre : le Tagetes terni flora, Humb. Bonpl. et Kunth, dont les capitules floraux sont groupés par trois dans chaque inflorescence ; l’autre,le T. mi- nuta, Linné, T. glandulifera, Schrenk, chez qui les capitules sont indéterminés dans chaque inflorescence. Ces différences, on le voit, sont en réalité peu importantes, puisqu’elles ne reposent guère que sur des caractères de végétation, en plus ou en moins, toutes choses qui peuvent varier, même dans d’assez grandes proportions, suivant la vigueur des plantes et les conditions dans lesquelles elles sont placées. Or, comme, d’autre part, les plants que nous avons proviennent de graines et comme telles ont une tendance à varier, il pourrait se faire qu’en les rappor- tant à l’ime ou à l’autre de celles dont il vient d’être question, nous aurions pu faire erreur et jeter la confusion parmi ces es- pèces. Nous avons donc préféré créer un 108 NEIJMANNIA ARGUATA. qualificatif, car, à la rigueur, c’est-à-dire eu supposant que notre plante soit la meme que l’iine ou l’autre des deux esj)èces pré- citées, nous n’aurions toujours qu’une syno- nymie. Quant au qualificatif fjvjantea^ nous le croyons amplement justifié et ne pouvoir faire confusion avec aucune des espèces de nos cultures, ce qui est déjà un avantage. Pourrait-on utiliser cette plante soit pour aromatiser certains mets ou pour servir de condiments d’une façon analogue à ce qui se fait en Bolivie, ou liien en extraire une es- sence quelconque pour l’industrie V A ces questions l’expérience seule peut répondre. E.-A. Carrière. NEUMANNIA ARCUATA La jolie Broméliacée, nouvelle pour la science et pour la culture, qui fait le sujet de cet article, provient de mon voyage dans l’Amérique du Sud, efïectué en 1875-1876. Elle croît dans la Cordillère occidentale de la Nouvelle-Grenade, province du Cauca, vers 1® 16’ de latitude N., sur des rochers abrupts ({ui bordent le cours torrentueux du Bio Cuaiquer, au milieu d’autres plantes de la môme famille, appartenant princi- palement aux genres Pit- cairnia et Caraguata. Cette espèce se distingue, à première vue, par le port retombant de sa hampe florale et ses fleurs jaunes accompagnées de bractées rouge cerise, caractères dont tous les autres Ncumannia s’éloignent plus ou moins. Ce genre Ncumannia, dans lequel elle doit rentrer, a subi bien des modifica- tions. Les botanistes qui l’ont créé entendaient le dédier à un habile horti- culteur, M. Neumann, an- cien chef des serres du Muséum, à Paris. Achille Richard avait d’abord ap- pliqué ce nom (1) à un genre de Bixinées des îles Mascareignes, qui dut bien- tôt rentrer dans le genre Aphloia, de Bennet. M. Ad. Brongniart le reprit à son tour, pour le donner à un nouveau genre de Broméliacées f2) fondé sur une espèce mexicaine, le N. imhricata. On y ajouta plus tard une autre belle espèce, dont la Revue horticole a donné une description et une figure, sous le nom de N. nigra (3). (1) Flor. Cub., 96, in adnot. (2) Ann. sc. nat., sér. 2, XV, 369. (3) Voir Revue horticole, 1880, p. 390. Fig. 23. — Neurnannia arcuata. Fleur épanouie, de grandeur naturelle. Enfin, MM. Bentham et Hooker (4) ne veulent considérer les Ncumannia que comme une des grandes sections du genre Pitcairnia. Ces sections seraient au nombre de quatre : 1^’ Cephalopitcairnia, fleurs sessiles entre des feuilles imbriquées ou rosulantes. (Exemple, P. tahulæformis.) 2» Eupitcairnia, pédon- cule plus ou moins allongé, portant une grappe simple ou rameuse, bractées le plus souvent petites, grai- nes appendiculées sétacées aux deux extrémités (P. staminea). Comprend les Orthopetahim et Cochlio- jjetalum de Beer. 3» Ncumannia, épi al- longé ou rarement court, dense ou interrompu ; brac- tées ovales ou lancéolées, amples, recouvrant le ca- lyce, imbriquées ou plus rarement distantes [P. im- hricata]. On doit y com- prendre les genres Ncu- mannia, de Brongniart , Phlomostachgs, de Beer, Lamproconus, de Le- maire. 40 Pepinia, graines nues ou accompagnées d’ailes courtes, planes, membra- nacées (P. punicea). Genres Pepinia et Melinonia, de Brongniart. B faut dire que M. G. Koch, de même que les savants auteurs du Gênera plantarum, étaient d’avis d’étendre les limites de la section Ncumannia et d’y englober les an- ciennes espèces de Pitcairnia connues sous les noms de P. Altensteini, P. maidi- folia, P. undulata, et quelques autres d’un faciès analogue. (4) Gen. plant., III, p. 666. Revue HorticoU. NeÀiinannici arcuata . NEUMANNIA ARCUATA. 109 Quelque parti que l’on prenne, que l’on considère les Ncumannia comme formant un g’enre ou seulement un sous-genre, cela n’a ({u’un intérêt de classification. Passons à la description de l’espèce. Le N. arcuaia est une plante glabre, à tige subligneuse, dressée, noirâtre, haute de 50 centimètres à 1 mètre, couverte des restes des feuilles desséchées et tombées. Ces feuilles, rassemblées au sommet de la tige, ont leur base fortement embrassante, brune ; elles se rétrécissent brusquement en un pétiole étroit, plus ou moins bordé de dents épineuses, fines, puis dilaté en un limbe vert gai, lancéolé-aigu, long de 75 centimètres à 1 mètre, large de 7 à 10 centimètres, à texture parcheminée, vert clair, finement strié-réticulé, à nervure médiane canaliculée en dessus, saillante et arrondie en dessous. La hampe florale, d’abord dressée, puis complètement arquée en demi -cercle, con- trairement à toutes les autres espèces con- nues, est entourée de gaines foliacées, lar- gement, lancéolées-aiguës, brunes à la base, passant successivement à un épi simple, cou- vert de grandes bractées imbriquées-ovales, cucullées-aiguës, du plus bel écarlate cerise vif. Les fleurs sont portées par un pédoncule très-court, laineux ; le calyce, rouge vif et jaune, tuméfié à la base, a les trois sépales libres, rigides, étroitement embrassants, lancéolés-aigus, égalant presque la longueur de la bractée. Les pétales, qui dépassent les sépales de 3 centimètres environ, ce qui donne à la fleur une longueur totale de 7 à 8 centimètres, sont également libres dès la base, d’un jaune pâle, onguiculés et appen- diculés à l’intérieur, au-dessus de la base, puis étalés-révolutés au-dessus du calyce, et leur limbe ovale-aigu est large de 8 à 10 millimètres. Les étamines, interpéta- laires, sont moins longues que les pétales, et leur anthère grêle, dorsitixe près de la base, à deux prolongements basilaires courts et divergents, est longue de 16 à 18 milli- mètres et d’un jaune pâle. Le style les dé- passe un peu, sans atteindre la longueur des pétales, et il est couronné par des stig- mates linéaires à branches tordues en vrille et rassemblées en tête ovale (1). {\) Neumannia arcuata, Ed. André, nov . spec. — Glabra, subcaulescens; caulis brevis ni- grescens foliis delapsis squamatus; folia superne congesta, 0“ 75-1“ longa, basi amplexantia fusca, abrupte in petiolum gracilem spinoso-serratum Une particularité que les Neumannia partagent avec les Chcvallicra, dans la famille des Broméliacées, c’est la longue durée de leur floraison. Ainsi, le N. nigra reste en fleurs d’une année à l’autre. Le N. arcuata, qui a fleuri pour la première fois en Europe dans mes serres de Lacroix, en novembre 1884, a mis, de longs mois à développer sa hampe florale, gracieusement arquée. Elle était parée, depuis longtemps, de ses belles bractées écarlates, sans faire mine d’épanouir ses fleurs, si bien que, de peur d’accident, on dut faire peindre l’aqua- relle qui a donné naissance à la planche ci- contre, avant de savoir que les corolles étaient jaunes. C’est grâce aux soins de M. Maron, jardinier-chef à Saint-Germain- lès-Gorheil, que j’ai pu obtenir plus tard une fleur bien épanouie, dont il a été fait un dessin sur bois (fig. 23). Le N. arcuata est de serre chaude. Sans être d’une culture difficile, il exige une température régulière et redoute les alter- natives de chaud et de froid, étant origi- naire d’une région où le thermomètre des- cend rarement au-dessous de 20®. Sans ces précautions, la plante se dénude, son port est défectueux et elle fleurit mal. Presque tous les Neumannia sont, d’ailleurs, dans ce cas. Si l’on prend soin de les placer sur une souche de bois entourée de mousse, dans un coin humide et bien éclairé de la serre chaude, sans jamais les changer de place, on obtiendra des résultats comme ceux dont le docteur Le Bêle, au Mans, est coutumier, et peu de plantes surpasseront en beauté ces belles épiphytes des forêts vierges du Nouveau-Monde. Ed. André. contracta, mox in laminam pergameneam lanceo- latam 0“ 07-0“ 10 latam dilatata, leviter nervato- reticulata, costa supra canaliculata subtus tereti prominente; scapus basi vaginatus, primum erec- tus, mox deflexo arcuatus, inflorescentiam spica- tam bracteis amplis imbricatis lanceolatis acutis scarlatinis instructam gerens ; flores breviter pedi- ceüati, 0“07-0“08 longi, pedicello lanato, sepalis liberis rigidis aculis basi tumefacta scarlatinis lu- tescentibus, arcte imbricatis, bracteam fere æquan- tibus, petalis flavis unguiculatis supra basin interne ligula brevi retusa appendiculatis, limbo ovato- acuto patenti-revoluf 0, staminibus petalis brevio- ribus, antheris gracilibus elongatis ad basin dorsi- fixis, stylo staminibus longiore, stigmatibus linea- ribus apice spiraliter congestis. — In Cordill. occident, provinciæ Gauca Novo-Granaten - sium legi, maio 1876, et in caldariis Europæ anno 1882 vivam introduxi. E.-A. 110 LES NŒGÉLIAS EN DÉCEMBRE. LES NŒGÉLIAS Les fleurs sont belles en toute saison, mais c’est surtout en hiver, lorsque les jar- dins sont dépourvus de toute parure, qu’on apprécie mieux celles qui se développent dans nos serres à celle é})oque de l’année. Dans un récenl arlicle sur les Nelum- hiiim^ nous faisions déjà remarquer com- hien un aquarium vilré, g'arni de planles et conslellé de fleurs, pouvait procurer de jouissances à l’époque où ces fleurs s’épa- nouissent. Ce sont là des considérations qui peuvent se généraliser, et c’est ainsi que nous voudrions pouvoir faire partager à nos lecteurs la délicieuse surprise que nous avons éprouvée en pénétrant, à la fin du mois de décembre dernier, dans une des serres de M. Finet, amateur à Argenteuil. Que l’on s’imagine une longue serre hollandaise toute garnie de Nœgélias aux coloris les plus vifs et choisis parmi les meilleures variétés connues ; toutes les teintes se trouvaient là : rouge diverse- ment nuancé, carmin, pourpre, vermillon, ocre rouge, etc. Aux couleurs venait s’ajou- ter la force des spécimens portant deux, trois et même quatre tiges et formant des toufles de 40 à 50 centimètres de diamètre, le tout surmonté de D2 à 15 thyrses de fleurs : c’était splendide. Nous ferons remar- quer en faveur de ces belles plantes qu’elles se comportent très bien dans les apparte- ments, une telle garniture, pour les fêtes de Noël ou du jour de l’an, aurait certaine- ment beaucoup de succès dans un salon. Le feuillage vigoureux et étoffé se dégage bien du pot ; quant aux inflorescences, toujours érigées, elles dominent le tout avec une lé- gèreté qu’on chercherait vainement chez les autres Gesnériacées. La collection que nous avons admirée est l’objet de soins tout spéciaux; une végéta- tion aussi forte dans des pots relativement petits ne laisse plus rien à désirer ; néanmoins notre collègue et ami M. Leclerc, chef de ces cultures, nous fait remarquer que ces plantes sont de beaucoup plus faciles à cultiver que les Gloxinias, et qu’en outre la conservation des rhizomes est plus assurée que celle des tubercules de ces derniers qui souvent pourrissent au moment de la mise en végétation. Notre expérience personnelle corroborre cette assertion ; souvent, au dé- but de la saison, nous avons constaté que nos tubercules de Gloxinias à ce moment fondaient, comme l’on dit dans la pra- tique. Nous avons rapporté de notre visite à cet endroit, le vif désir de cultiver ce beau genre, et il peut y avoir lieu de s’étonner qu’avec tant de qualités, il ne soit pas mieux connu ; nous ne saurions donc trop engager nos lecteurs à en essayer; une culture aussi facile et une abondante floraison hiver- nale, sont bien faites pour tenter. Du reste, voici un aperçu de culture telle que la pratique M. Leclerc. Pour obtenir la floraison des Nœgélias en novembre, dé- cembre et jusqu’en janvier, on les met en végétation dans les premiers jours de mai, en plantant les rhizomes, dont un seul suffi- ra plus tard à faire une potée, dans des go- dets de 8 centimètres ; on place sur couche ou à défaut dans une serre chaude. Jusqu’à ce que le germe soit bien développé, on ne tient la terre que légèrement fraîche ; l’ex- cès d’humidité à cette époque pouvant être fort nuisible aux jeunes plantes encore presque dépourvues de racines. Lorsque les plantes ont trois ou quatre feuilles, on les rempote dans des pots de 11 ou P2 cen- timètres, et à partir de ce moment, on donne tous les soirs un léger bassinage à l’eau douce, sur les feuilles. La terre employée est un mélange par parties égales de terre de bruyère un peu sableuse pour donner de la légèreté, et de terreau de cépées constituant la partie nu- tritive du compost qui se compose de détri- tus de feuilles et de bois ; le tout est addi- tionné d’environ un dixième de sphagnum haché. La serre, bien ombrée et toujours tenue très-humide, ne doit être aérée que par le faîtage afin d’éviter que l’air extérieur ne frappe directement les plantes. Vers la fin d’août ou au commencement de septembre, on fait subir aux plantes un dernier rem- potage en ajoutant au compost précité, en- viron 4 p. 100 de poudrette. Une fois bien reprises dans leur nouvelle terre, on les ar- rose une fois par semaine avec une dissolu- tion du même engrais, en ayant soin de se maintenir dans la proportion déjà suivie pour le rempotage. Ges plantes pouvant être attaquées par des pucerons ou par des thrips, il est né- cessaire de s’en débarrasser au plus vite, ce à quoi l’on arrive facilement par des vapo- POIREAU PERPÉTUEL. 111 risalions au jus de tabac. Nous conseillerons même de ne pas attendre l’apparition do l’ennemi et d’agir préventivement. C’est à l’aide des soins que nous venons de faire connaître que M. Leclerc obtient les belles plantes qui excitent l’admiration de tous les visiteurs. J. S ALLIER. POIREAU PERPÉTUEL Sous ce qualificatif perpétuel, M. Al- phonse Got, marchand grainier à Vimou- tiers (Orne), nous a envoyé des graines que nous avons semées et qui au bout de quatre mois nous donnaient des résultats que montre la figure 24. D’où ce Poireau est-il originaire ? comment s’est-il produit ? C’est ce que nous ne pouvons dire. Nous croyons, cependant, être près de la vérité en disant qu’il est d’origine normande, peut-être même d’une commune du département de l’Eu- re, où on l’a trouvé dans un jardin, mais comment était-il venu là? C’est très- probablement une forme spontanée du Poireau commun, dont, au reste, il a tous les caractères généraux y compris les qualités culi- naires ; sa sav^eur est exactement sembla- ble : il peut donc servir aux mêmes usages. Un caractère sin- gulier de cette Plan- te, sur lequel nous appelons particuliè- rement l’attention, c’est, lorsqu’on sème des graines, que celles-ci, dès leur germination, produisent un nombre plus ou moins grand de bourgeons, — nous en avons vu jusqu’à quinze, — caractère que ne présente aucune variété ou race de Poi- reau que nous connaissions. A quoi donc est due cette faculté cespiteuse, éette sorte de gemmation spontanée ? Si ce caractère se produisait graduelle- ment, par exemple dans l’intervalle d’une campagne, le fait serait assurément encore remarquable en ce qu’il serait exceptionnel, mais enfin on pourrait essayer de l’expliquer. Mais tout d’un coup, presque en même temps, au point que tous les drageons d’un pied sont presque de la même grosseur, c’est vraiment extraordinaire. A la rigueur ce fait pourrait encore se comprendre s’il se produisait sur un pied que l’on a planté, car alors on l’assimilerait au développement des caïeux qui a lieu sur beaucoup de plantes bulbeu- ses. Mais, tel qu’il se passe, il est sin- gulier et sans exem- ple jusqu’à ce jour. Peut-être qu’une étude anatomique sérieuse faite à par- tir de la germination de la graine et suivie jusqu’au développe- ment des bourgeons donnerait de ce fait une explication. Culture. — Com- ment conviendrait- il de traiter cette variété au point de vue du produit, c’est-à-dire pour en obtenir le plus grand rendement possible? Faudrait-il, peu de temps après que les graines sont ger- mées , repiquer les plants ainsi qu’on est dans l’habitude de le faire pour le Poireau commun ? Sous ce rapport nous ne pouvons rien affirmer ; ce que nous pou- vons dire, c’est qu’ayant semé des graines en avril, les plus forts bourgeons, à l’au- tomne, n’avaient pas atteint 2 centimètres de diamètre. Pour en obtenir des graines nous croyons qu’il faudrait, au printemps, séparer les touffes et repiquer chaque bour- geon isolément. Peut-être même que dans ce cas les plants faibles qui ne monteraient pas à fleur prendraient un grand déve- 112 ORIGINE ET CULTURE DES ŒILLETS REMONTANTS. loppeincnl et pourraient alors être consom- més pour la cuisine. C’est à essayer. Mais, (juoi qu’il en soit et d’où qu’il viemie, le Poireau i)eri)éiuel n’en est pas moins une variété trè.s-intéressante, et nous remercions M. A. Got de nous l’avoir fait connaître. E.-A. Cahiuère. OUIGINE ET CLLTUUE DE.S ŒILLETS REMONTA?^TS T.a culture de l’Œillet, si l’on en croit certains écrivains horticoles, remonte à plus de deux mille ans. Nous ne savons rien de ce qui se prati- quait à cette é])oque, la science horticole, ainsi que toutes les autres, ne datant guère que d’un siècle, nous ne pouvons donc re- tracer ({ue l’histoire contemporaine de l’Qullet. L’Œillet remontant a été créé à Lyon. Ce fut M. Dalmais, jardinier chez M. Lacène (le fondateur de notre Société d’horticul- ture), qui obtint le premier Œillet franche- ment remontant, il y a environ quarante- six ans (vers 18-40). Il mit au commerce, en 18-44, Atim, qui était le produit de la fé- condation artificielle d’une soi-disant es- pèce, connue sous le nom vulgaire d’Œillet de Mahon, ou de la Saint-Martin (parce qu’il lleurit régulièrement vers la mi-no- vemhre), par l’Œillet Bichon, ou Œillet des Dames. Ce premier gain fut ensuite fécondé par les Œillets flamands et fantaisies, d’où il sortit, dès 1846, une nombreuse série de variétés de coloris les plus divers. M. Schmitt, un des horticulteurs lyon- nais les plus zélés et des plus intelligents, suivit Dalmais dans la voie qu’il avait tra- cée, et augmenta les collections de plusieurs variétés remarquables, telles que : Arc-en- ciel et Étoile polaire, qui étaient encore cultivées il y a peu d’années, mais qui sont perdues aujourd’hui, et remplacées par des variétés plus méritantes. Vers 1850, une maladie s’étant déclarée sur ses Œillets, M. Schmitt se découragea et les délaissa. Ce fut vers cette époque que M. Alphonse Alégatière s’adonna à cette culture, à la- quelle, en peu de temps, il fit faire des progrès considérables ; et c’est à cet ha- bile et persévérant horticulteur que nous devons les nombreuses variétés naines et remontantes, si estimées dans le monde horticole de tous les pays. C’est également à lui que nous devons les moyens de les bien cultiver, que nous indiquerons plus loin. M. Alégatière ne s’est pas contenté de faire varier à l’infini les Œillets remon- tants et de les mettre ainsi au niveau des anciens Œillets des fleuristes, dans la cul- ture desquels les Belges et les Hollandais excellaient jusqu’alors ; il s’était, de plus, imposé la tache de nous donner des Œillets remontants à tiges florales raides : ce qu’il obtint en 1866. Et l’on peut dire que M. Alégatière a créé un geni'e, on pourrait dire une espèce, car ce type se continue par le semis. Cette espèce a les mêmes mérites que l’Œillet Flon et a sur lui l’avantage d’avoir de grandes fleurs très- variées en nuances. La culture et la multiplication de l’Œillet sont des plus faciles, quoi qu’en aient dit certains auteurs. A une époque peu éloignée, l’on disait et imprimait, en parlant de la culture de l’Œillet : Le bouturage présente peu de chances de réussite, aussi est-il rarement em- ployé. Et alors on recommandait de fendre le bas de la bouture et d’y introduire un grain de blé, d’avoine ou d’orge; d’autres, un petit caillou pour maintenir l’écarte- ment. Nul doute que, par ce moyen, le boutu- rage offrait peu de chances de réussite, car l’une des parties de la fente se pourrissait, et si la plante provenant de cette bouture ne périssait pas, elle restait généralement languissante. Le bouturage était donc con- damné, et le marcottage, qui est l’enfance de l’art, était au contraire préconisé. Au- jourd’hui que la routine cède le pas à l’ob- servation et à l’étude intelligente des faits, il est généralement admis qire le bouturage est le meilleur moyen de multiplication pour presque toutes les plantes. Les Œillets, quoi qu’on ait dit, repren- nent très-facilement de boutures qui font, incontestablement, de meilleures plantes que les marcottes. Les boutures d’Œillets (dit mon voisin et ami Alégatière) peuvent se faire en toutes saisons ; mais, pour ceux qui ont des serres et veulent multiplier grandement, la meilleure époque est l’hiver, c’est-à-dire LES JARDINS DE HERRENIIÂUSEN A HANOVRE. 113 janvier et février, et ils obtiendront des plantes qui pourront être livrées à la pleine terre en avril et mai, pousseront vigoureu- sement dans le courant de l’été et fleuriront en automne. Pour faire ces boutures, point n’est be- soin de cloches, les châssis de la serre suf- fisent. Le sol de la couche et l’air de la serre doivent être maintenus à une température de 15 à 20 degrés centigrades. Je ne crois pas nécessaire d’indiquer comment il faut préparer les boutures. Tout jardinier sait cela. Mais un point essentiel pour la réussite, c’est d’enlever avec un grand soin les feuilles qui jaunissent, et il ne faut même pas craindre d’enlever les boutures de la couche pour faire cette opé- ration ; au contraire, la reprise n’en est que plus assurée, car les changer de place de temps en temps hâte souvent la reprise. Pourquoi ? Parce qu’il arrive parfois qu’une partie du talon ou le sable qui l’environnent sont moisis, ce qui peut, si cela ne fait pas périr la bouture, retarder le développement des racines. De fréquents bassinages sont indispen- sables, car, pour l’Œillet, il vaut mieux l’excès d’humidité que l’excès contraire. Il redoute la sécheresse. Les boutures faites en hiver reprennent généralement en trois ou cinq semaines, selon les variétés. Aussitôt que les boutures sont enraci- nées, on les place séparément dans de pe- tits pots et on les habitue peu à peu au grand air, ce qui, du reste, est l’A B G du métier. Les boutures bien reprises, il convient de les mettre en pleine terre dans le courant d’avril ou dans le commencement de mai, suivant la saison et le climat, dans un en- droit bien aéré ; car l’Œillet aime le grand air et craint d’être confiné entre les murs et les arbres. L’Œillet n’est pas difficile sur la nature du sol, cependant il préfère la terre franche, LES JARDINS DE HERI Toutes les personnes s’occupant d’horti- culture ont entendu parler de ces jardins et connaissent le nom du directeur, M. H. Wendland, le grand dénominateur des Palmiers. Passant par Hanovre, je n’ai pas voulu manquer cette bonne oc- casion de visiter les jardins dont les jour- pourvu qu’elle soit bien drainée, l’iiumi- difé stagnante aux racines lui étant nui- sible. Des arrosages copieux, mais peu répétés, lui conviennent, ainsi que des arrosages à l’engrais liquide, avec des matières fécales surtout. Ces dernières peuvent être facile- ment désinfectées avec du sulfate de fer à petites doses. Pour conserver les Œiillets remontants nains, il convient de rabattre chaque tige florale, immédiatement après son entière floraison, à 5 ou 6 centimètres au-dessus de sa base ; alors la plante se ramifie davan- tage et émet de nouvelles tiges florales. Les Œillets résistent parfaitement aux plus grands froids, et on les laissera en pleine terre si on ne tient pas à les voir fleurir l’hiver. Dans ce cas, une bonne pré- caution à prendre est d’abriter les plantes, après une forte gelée, contre les rayons so- laires, par une couverture quelconque. Si l’on veut jouir de la floraison en hiver, on empotera les plantes en octobre, du moins celles qui montrent des boutons, et on les rentrera le plus tard possible (seu- lement à temps pour que les boutons ne gèlent pas), dans une orangerie, une serre, une bâche ou tout autre abri tempéré, où il y ait beaucoup de jour, et que l’on puisse aérer chaque fois que la température exté- rieure le permet, ce qui est un point es- sentiel. L’amateur qui n’a pas de serre pour la multiplication doit opérer le bouturage des Œillets en septembre, contre un mur, au nord, en pleine terre, sous cloche. Dans ces conditions, la reprise est à peu près as- surée. Cette culture est donc à la portée de tout le monde. Les règles que je viens d’indiquer pour- raient s’appliquer à beaucoup d’autres plantes, surtout à celles que l’on appelle (( plantes molles ». Jean Sisley, à Monplaisir, Lyon. ENHAUSEN A HANOVRE naux horticoles se sont beaucoup occupés à différentes occasions. Le château et les jardins de Herrenhausen sont situés un peu en dehors de la ville, à laquelle ils se rattachent par une magnifique allée de Tilleuls de plusieurs kilomètres de long. Cette magnifique promenade a presque dans ^14 LES JARDINS DE 11 ERRENIIAUSEN A HANOVRE. toute sa longueur, à droite et à gauelie, de grands jardins pulilics, surtout vers la gauclie, le Georgs’ Garten, qui est sous la direction de M. Fintelmann ; il rappelle un peu le bois de Boulogne, en bien plus petit naturellement. Herrenliausen était l’an- cienne résidence d’été du roi de Hanovre ; aujourd’hui le château est inoccupé et la grande salle des létes est transformée en orangerie. Les jardins du château mômes ne font pas partie de ceux qui sont connus sous le nom de jardins de Herrenliausen ; ils sont dessinés à la française et contiennent des charmilles, fontaines, cascades, jets d’eau, etc. C’est malheureusement un des plus mau- vais exemples en grand des jardins à la française. Le château par lui-même n’est guère beau : il a l’air d’une grande maison bourgeoise et rien de plus. De l’autre côté du château et en traver- sant la route publique se trouvent les fameux jardins de Herrenliausen, où est placée la serre monumentale à Palmiers. Le parc a une contenance de hectares; il s’y trouve seize serres, grandes ou petites, et deux orangeries. Le nombre d’ouvriers em- ployés, hommes ou femmes, est de cin- quante et le budget annuel est d’environ 62,000 fr. Ges jardins sont fort bien te- nus ; on emploie les femmes pour les petits ouvrages : balayage des pelouses et des allées, enlèvement des feuilles mortes des arbustes, etc. La collection de Palmiers de Herrenliausen est une des plus complètes ; nous l’avons visitée avec le plus grand in- térêt. Quoique n’ayant pas le titre de jardin botanique, on peut dire que le jardin de Herrenliausen en tient lieu. Les collec- tions des plantes de serres ainsi que celles de plein air sont étiquetées avec un soin remar- quable et on peut faire toutes les recherches avec la plus grande facilité. L’entrée du jardin est publique et gratuite. Plusieurs serres sont consacrées à la cul- ture de l’Ananas ; la seule variété que j’ai vue en fruit en Allemagne est le nervosa ou nervosa maxima, variété peu connue en France et peu recommandable comme plante et comme apparence de fruit, à moins que la qualité ne soit absolument extraor- dinaire; le fruit en est très-court, les graines sont énormes, d’une belle couleur jaune doré ; la couronne est petite ; le fruit très-lourd. Je n’en connais pas la qualité, n’ayant pas eu l’occasion d’y goûter ; la couleur seule du fruit est assez attrayante. En plus de cette va ri été, M. Wendland cultive aussi : Cayenne à feuilles lisses, Queen, Comte de Paris. .le citerai au hasard les plantes dont j’ai pris note dans les dilférentes serres que nous avons traversées : Pinrjuieula cordata, jolie fleur violet foncé, de serre chaude,ainsi que le Slenor/asira nndtillora, ayant aussi des fleurs violet foncé à fond blanc ; un assez grand nombre d’Orcliidées, telles que : Lælia purpuraia , Caltlej/a Lawren - ceana, Doiviana, Mendelii, nobilior, Gigas, aiirea, Peristeria elata, Pleuro- thallis Roezlii , Pescatorea Lehmanni , P. Klahochorum , Maxillaria vemisla, Epidendrum vitellinum majus, Malhewsi, Lælia Lindlegana, Zggopetalum Gau- thieri, Cattlega superba, Schilleriana, Nanodes Medusæ, Masdevallia ionocharis et autres, Stanhopea en assez grand nombre. Puis les plantes suivantes : Musa coccinea et sanguinea, Anthurium Veit- chii, Andreanum, Dechardi, ferrierense, Copernicia macroglossa, Gurculigo se- chellarum, Licuala grandis et Pritchar- dia grandis, Licuala celebica, Dracæna Mamci, Utricularia Endresii et 7Uon- tana, Rhipidopteris peltata, Pritchardia macrocarpa, Kentia Relmoreana, Preg- cinetia insignis ; p\\\s la curieuse Fougère Hymenodium crinitum, aux larges feuilles dont le dessous est garni de longs poils ; des Gloxinias, Balsamines, Fuchsias variés, Go- léus, Lapageria rosea et alba, etc. Dans le jardin, près d’un bassin, où par conséquent la terre est toujours humide, se trouve une énorme toufte de Saxifraga pjeltata, plante bien décorative et que l’on ne voit que bien rarement dans lesjardins. Un peu plus loin, sous les arbres, se trouvaient sorties pour la belle saison les plantes de la Nouvelle-Hollande, des Fougères en arbre et des Palmiers : Washingtonia robusta et fdifera, Livistona inermis, Chamærops, Latania, et des magnifiques potées AAga- panthus blancs et bleus. Une serre spéciale est consacrée à la Victoria regia, qui pousse admirablement. Dans cette même serre se trouvent des L^halænopsis qui semblent se plaire énormément dans cette atmosphère chaude et humide; nous y remarquons surtout des P. Schilleriana ainsi qu un P. violacea en fleurs et dont le parfum si lin et si . agréable embaume la serre, puis des Aerides Sanderiana et autres, des ISe- penthes variés, Alocasia Regina, et, chose rare dans les collections aussi bien publi- ques que particulières, des Anæctochilus. Nous finissons notre promenade dans les AZA.LEA MOLLIS. 115 serres par une visite à la serre monu- mentale à Palmiers. P^lle est très-grande, presque carrée, et d’une forme peu gra- cieuse ; la partie la plus haute est de 33 mètres. De la partie supérieure exté- rieure,à laquelle on arrive facilement par un escalier, on a une vue splendide sur Hanovre et les environs. A moitié environ de la hau- teur existe tout autour une galerie inté- rieure qui permet de voir de haut l’effet des plantes. Les Palmiers sont magnifiques de santé et de force, la plupart atteignent des dimensions de 8 à 10 mètres, quelques-uns mêmes, tels que Livistona chinensis, ont au moins 16 mètres de haut. Notons aussi les spécimens suivants, entre autres : Phæ- nicopliorium sechcllarnm, Livistona aus- tralis, suhglobosa, de Java, Wallichia disticha, un bel Acanthorhiza Wars- cevoiczii, Caryota urens, ohtusa, Arenga saccharifera, Seaforthia elegans, Cocos AZALEA Ces Azalées, Lien qu’introduites depuis déjà quelques années , sont encore rares dans les cultures, ce qui est d’autant plus étonnant que ce sont des plantes de premier mérite. En effet, d’une rusticité à toute épreuve, elles sont d’une floribondité vrai- ment extraordinaire ; quant à leurs fleurs, elles sont très-grandes, parfaites de forme et infiniment plus belles et surtout plus régulières que celles des Azalées améri- caines et même des Azalées pontiques. Sous ce rapport elles rappellent assez celles des Rhododendrons; quant à leurs feuilles, qui sont également caduques, elles sont aussi plus grandes, moins crispées, plus « étoffées », comme l’on dit dans la pratique, que celles des Azalées d’Amérique. Toutefois, elles ont le léger défaut de s’épa- nouir un peu trop tôt au printemps, ce qui les expose aux gelées tardives. On pourrait peut-être aussi leur reprocher d’avoir des fleurs de couleurs peu variées, et sous ce rapport d’être beaucoup moins bien douées que les Azalées américaines. En effet, elles n’ont guère que deux séries de couleurs : jaune plus ou moins foncé, variant du jaune soufre au jaune d’or foncé; rouge orangé qui varie du rouge brique au rouge fauve plus ou moins intense. Aussi et malgré la grande quantité des variétés que l’on indique, n’en est-il guère qu’une douzaine vraiment distinctes, ce qui n’empêche pas que toutes soient belles. plumosa, Iriarlea deltoidea, Kentia Bal- ncri, Aveca sapida, Bambusa latifolia, Ceroxglonandicola, Euterpe. Nous sortons de cette serre émerveillé. Le jardin, dessiné à l’anglaise, a quelques petites parties à la française; il est fort bien tenu, ainsi du reste que les serres, et il contient une collection de plantes à feuilles caduques, conifères, etc. Toutes les grandes serres ont un double vitrage; c’est du reste le cas de toutes les grandes serres d’Allemagne. La ville de Hanovre a plusieurs squares et jardins intéressants ; l’un des plus re- marquables est celui qui se trouve en face de la gare. Nous sommes heureux, en terminant, de rendre hommage à la courtoisie du Direc- teur des jardins de Herrenhausen, M. Wend- land, qui accueille avec plaisir tous les ama- teurs d’horticulture. Ernest Bergman. MOLLIS Voici celles qui sont les plus dignes d’être recommandées : Alphonse Lavallée^ Baron Constant de Bebecque , Baron Edmond de Bothschild. Charles Kékulé, Chevalier de Beali , Charles-François Luppis, Comte de Corner, Consul Ceresole, Consul Pêcher, Docteur Léon Vignes, Ebe- nezer Pycke, Ernest Bach, Isabelle Van Houtte, Madame Legrelle d'Hanis, Arthur de Warelles, Monsieur Charles Van Wam- beke, William Gumbleton. Nous avons eu souvent l’occasion de les admirer en fleurs, chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux. Historique. — Au point de vue horticole proprement dit, M. Van Houtte nous paraît être le premier qui ait parlé des Azalea mollis. Voici ce qu’il a écrit dans la Llore des serres et des jardins de VEurope, 19^ vol., p. 177 : Tandis que les Azalea sinensis sont plus ou moins frileux et n’occupent qu’un rang très- secondaire dans nos cultures , V Azalea mollis y trône dans toute sa majesté ! Il n’en pouvait être autrement : il est des plus rus- tiques ; son feuillage est très-beau et ses fleurs sont les rivales des Rhododendrons pour leurs dimensions et leurs multiples coloris; leur intro- duction est récente, et l’horticulteur, jusqu’ici, n’a pu que leur souhaiter la bienvenue et s’ex- tasier devant leur extrême beauté sans avoir pu les étudier suffisamment encore pour se rendre compte des services qu’ils pourront lui rendre. Que de trésors l’avenir réserve à ceux qui se 116 POIRE VITAL. livreront avec ardeur à la propagation et aux h y brida lions que ces nouveaux diamants feront naître entre leurs mains ! On sait le parti que la génération qui s’éteint a pu tirer des Azalées américaines croisées avec la race caucasique, et déjà — mais dans le lointain — l’on augure de ce que poui’ra devenir la descendance des types que seuls nous pouvons montrer aujourd’hui non seulement en peinture, mais en types vivants dont voici les descriptions Suit l’énuinération et les descriptions d’une vingtaine de variétés dont un certain nombre se trouvent encore dans le com- merce. Faisons, toutefois, observer que dans cet article et sous le qualificatif général « gla- hrior, Pmgel », mais sans dénomination spéciale, sont figurées quatre variétés, toutes à grandes et belles Heurs, dont une d’un très-beau rouge vineux ou violacé et que nous n’avonsjamais observée dans les cul- cures. Culture. — De même que toutes les autres Azalées, celles-ci exigent la terre de bruyère. On les multiplie par semis, par boutures et par greffes. Les graines doivent être semées à froid en terrines ou en pleine terre sous des châssis près du verre ; elles doivent être placées sur la terre, qu’alors POIRE L’importance de plus en plus grande qu’acquiert chaque jour l’arboriculture fruitière a fait penser à une foule de fruits que l’on trouve çà et là dans les campagnes, sans nom et presque toujours sans que l’on en connaisse l’origine, et que, pour ces rai- sons, l’on nomme fruits locaux. Ils ne sont ni catalogués ni dénommés; ils ne sont géné- ralement connus que sous le nom de l’endroit où on les trouve, parfois ils prennent celui de la personne ayant, la première, remarqué une bonne variété ; celle-ci se répand, sous ce nom, chez les voisins, puis dans tout le vil- lage, où, quelquefois, elle reste confinée pen- dant un temps considérable. Onia remarque bien sur les marchés, où elle est très-re- cherchée et où elle donne de beaux béné- fices, mais, comme cette variété n’a pas de nom scientifique, il arrive fréquemment qu’une fois vendue à la criée, on en ignore complètement la provenance, ce dont, au reste, on ne s’occupe guère; aussi peut-elle, pendant très-longtemps, rester dans la même localité. Quelquefois aussi le pro- priétaire, qui, par l’argent qu’il retire de ce on appuie ou bat légèrement et que l’on tient constamment humide; les boutures se font également à froid, sous cloche, avec des bourgeons semi-aoùtés. Quant aux greffes, on les fait en placage en prenant comme sujets de jeunes plantes de semis de celte même espèce {Azulea mollis). Il va sans dire que l’on n’emploie la greffe que pour les variétés auxquelles on tientet qui ne se reproduiraient pas par semis. I.es graines, du reste, lèvent iiarfaitement et les plantes de semis s’élèvent avec la plus grande facilité. Nous appelons tout particulièrement l’at- tention des horticulteurs sur l’avantage qu’il y aurait à hybrider les Azalea ynoUis, en se servant comme porte-fleurs des Azalées d’Amérique ou politiques à fleurs très- colorées, qui font à peu près complètement défaut, dans ce type. Pourquoi, n’essaie- rait-on pas certains types de Rhododen- drons rustiques, qui, après tout, sont organiquement très -voisins des Azalées? Qui sait ce qui pourrait sortir de ces croise- ments? Des choses très - curieuses, sans aucun doute. Avis aux hybrideurs, les Lemoine, Crousse, Moser, Truffant, Croux, Paillet, etc., etc. E.-A. Carrière. VITAL fruit, a pu apprécier sa valeur commer- ciale, fait tout ce qu’il peut pour le tenir caché, de sorte qu’il faut une circonstance fortuite pour le faire connaître et le vulga- riser. C’est à peu près ce qui est arrivé pour la Poire sur laquelle je vais appeler l’atten- tion et dont voici l’histoire : Il y a environ quatre-vingts ans, un cul- tivateur de Cergy (Seine-et-Oise), nommé Vital, remarqua un jeune sauvageon de Poirier qui était né spontanément dans un champ, au lieu dit la Ruelle. Frappé de la vigueur et de l’aspect général de l’arbre, il eut l’idée d’en suivre le déve- loppement. Bien lui en prit, puisque dès sa première fructification, ce sujet produisit de beaux fruits. Toutefois, ce n’est qu’au bout d’un certain nombre d’années qu’il a pu apprécier le mérite de l’arbre, mérite vraiment grand, et pendant longtemps, sans en rien dire, il vendait très-avanta- geusement ses fruits sur le marché de Pon- toise, à six kilomètres de Cergy. On peut évaluer pour cet arbre, comme rapport par année, une moyenne de 400 kilogrammes SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTIGULTURE DE FRANCE. qui se vendent de 50 à 60 fr. les 100 kilos, ce qui, ainsi qu’on le voit, était assez avan- tageux. Le pied mère de la Poire Vital existe toujours au même endroit. Il n’a nullement souffert de l’hiver 1879-1880, et, bien que vieux et un peu fatigué, il est cependant encore assez vigoureux. Les jeunes sujets ont une forme gracieuse, et, quoique robustes, leurs rameaux sont légèrement réfléchis, ce qui donne à l’en- semble une certaine élégance. L’arbre est productif, se greffe sur franc, soit à tige ou à demi-tige. Quant au terrain, il semble préférer ceux qui sont profonds et consistants. Le fruit, qui est gris-verdâtre, prend en mûrissant une belle couleur jaune et se lave souvent de roux plus ou moins foncé, suivant les conditions dans lesquelles il a été produit ; sa maturité a lieu de décembre à mars, mais, dès décembre et même avant, on peut en faire d’excellentes compotes. En 117 somme c’est un bon fruit et une excellente variété pour les vergers. Il a fallu un grand nombre d’années pour que la Poire Vital fût connue, même dans le village, et ce n’est guère que depuis trente ou quarante ans que les cultivateurs de la localité se sont mis à en greffer, et aujour- d’hui on peut estimer en moyenne la ré- colte de 60,000 à 80,000 kilogrammes par année. Aussi dans cette localité, outre les spéculateurs, chacun veut-il avoir son Poi- rier Vital. Mais un fait remarquable et que je crois devoir signaler, c’est la len- teur avec laquelle se propagent souvent les bonnes choses C’est à ce point que la variété dont je parle, bien que très-méritante, n’est pas encore sortie de la localité. C’est afin de la vulgariser et d’aider à sa dispersion que j’ai écrit la présente note, lar- gement aidé par M. Bigny, propriétaire à Cer- gy, ancien trésorier de la Société d’horticul- ture de Pontoise, qui a bien voulu me commu- niquer d’intéressantes notes. Rémy père. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 11 FÉVRIER 1886 Comme apports, cette séance ne présentait qu’un faible intérêt, ce qui s’explique par la saison. Au comité de culture ^potagère., un seul pré- sentateur : M. Vincent Berthault, jardinier, à Rungis (Seine), qui exposait ; 1» des Fraises forcées, en pots, de la variété Marguerite Le- breton, très-belles et en bon état de maturité; 2» une assiettée de Tomates cueillies mûres, et un pied portant des fruits également mûrs. On sait aujourd’hui que M. Berthault s’est fait une spécialité de la culture des Tomates; pendant toute l’année il peut récolter des fruits mûrs ; toutefois ces fruits sont moins gros pendant l’hiver. La variété qu’il cultive est la T. naine hâtive. Les pieds présentés, qui portaient des fruits, semés au 15 octobre, ne dépassaient pas 25 centimètres de hau- teur. Au comité de floriculture, il n’y avait éga- lement qu’un seul présentateur, M. M. Horat, jardinier au château de Draveil (Seine-et-Oise), qui avait apporté un panier orné, c’est-à-dire garni de fleurs, telles que : Lilas blanc, Roses, Violettes de Parme, Anthurium Andreannm, Azalées, etc. ; le tout mélangé de feuilles de Fougères qui, en faisant ressortir les couleurs des fleurs, donnaient à l’ensemble un aspect de légèreté et de distinction tout particu- lier. Au comité d'' arboriculture, ont été présen- tés ; — Par M. Hédiard, place de la Madeleine^ plusieurs sortes d’Oranges et de Citrons, de grosseur, de formes, et de natures diverses, entre autres des Oranges sanguines, dites d’Oran, variété à chair rouge sang, comme l’in- dique le nom, ce qui ne les empêche pas d’être d’une très-bonne qualité ; — Par M. Émile, jardinier à L’Hay (Seine), deux corbeilles- de fruits : une de Poires Bergamote Espéren, rela- tivement très-grosses et légèrement colorées, en un mot très-belles ; l’autre corbeille, qui n’était pas moins remarquable, se composait de Pommes Reinette de Canada blanche très-jolies, grosses et très-bien faites. Ces fruits étaient sensiblement atténués vers le sommet, légère- ment côtelés, et la peau, à fond blanc jaunâtre, lisse, unie et luisante, était lavée de rose car- miné, ce qui leur donnait un aspect tout parti- culier que nous n’avions jamais remarqué sur cette variété. Est-ce le fait du terrain ou du milieu qui a donné à ces fruits les caractères dont nous venons de parler ou bien sont-ils dûs à une variété particulière locale? Nous ne pouvons le dire. Mais ce qui est certain, c’est que ces Pommes étaient très-belles. 118 NOTE ADDITIONNELEE AU CONGRÈS DE GIIISWTGK. NOTE ADDITJONNELLE AU COAGKÈS DE CJIISWICK En écrivant ces quelques lignes sur le Con- grès pomologique de Gliiswick, je n’ai d’autre but que de venir confirmer le compte-rendu, parfaitement exact, qu’en a donné M. Rivoi- ron (1), en ajoutant certaines particularités qui, je crois, pourront rendre quelques services à ceux qui s’occupent de pomologie. Elles sont extraites du compte-rendu officiel qu’a publié le Comité des fruits de cette Exposition. Le nombre d’assiettes de fruits était de G,G13 ; celui des exposants de 1G8; quant au nombre des variétés reconnues distinctes, il était d’environ 650. Parmi les variétés populaires qui ont été exposées le plus grand nombre de fois, le Beurré Diel est le premier, comprenant à lui seul 194 assiettes ; la Marie-Louise vient en deuxième avec le chiffre 155, et Louise Bonne de Jersey en troisième avec le chiffre 132. Après un examen général, sérieux, on a arrêté la liste suivante, comprenant les 60 va- riétés jugées comme les plus méritantes, et l’on avait placé en regard de chaque variété le nombre de fois qu’elles avaient été exposées qui était au moins de 50. Voici cette liste : Alexandre Lambe. Bergamote Espéren, 112 assiettes. Beurré Alexandre Lucas. Beurré d’Amanlis, 72 assiettes. Beurré d’Anjou. Beurré de l’Assomption. Beurré Bachelier, 74 assiettes. Beurré Baltet père. Beurré Bosc, 57 assiettes. Beurré Glairjeau, lOG assiettes. Beurré Diel, 194 assiettes. Beurré Hardy, 74 assiettes. Beurré Rance, 108 assiettes. Beurré Spae. Beurré Sterckmans. Beurré superfin, 70 assiettes. Ghaumontel, 77 assiettes. Comte de Lamy, 73 assiettes. Conseiller de la Cour, 61 assiettes. Doyenné Boussoch. Doyenné du Comice, 103 assiettes. Duchesse d’Angoulême, 121 assiettes. Durondeau. Easter Beurré. Emile d’Heyst. Flemish Beauty. Fondante d’ Automne. Gansel’s Bergamot, 50 assiettes. Général Totleben, 67 assiettes. Glou Morceau. Huyshe’s Bergamot. Joséphine de Malines. (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 560. Jersey Gratioli. Louise Bonne de Jersey, 132 assiettes. Madame André Leroy. Madame Treyve. Marie Benoit. Marie-Louise, 155 assiettes. Marie-Louise d’Uccle, 53 assiettes. Nouvelle Fulvie. Olivier de Serres. Passe-Colmar, 118 assiettes. Passe-Crassane. Pitmaston Duchess, 69 assiettes. Princess. , Souvenir du Congrès. Suffolk Thorn. Thompsoni, 56 assiettes. Urbaniste. Van Mous de Léon Leclerc, 51 assiettes. Bon Chrétien William. Winter Nelis, 121 assiettes. Zéphyrin Grégoire. Poires à cuire. Bellissime d’hiver. Gatillac, 108 assiettes. Gille ô Gille. Grosse calebasse. Uvedale’s Saint-Germain, 68 assiettes. Verulam. Vicar of Wakefield, 78 assiettes. Le Comité recommande particulièrement, pour leur qualité et leur production les va- riétés suivantes, bien que toutes ne soient pas nouvelles. Beurré Giffard (août) : Madame Treyve (sept.). Beurré d’Arenberg (été) (sept.) Glapp's Favourite (sept.). Pitmaston Duchess (oct.-nov.). Beurré d’Anjou (nov.). Beurré Baltet père (nov.). Émile d’Heyst (nov.). Marie Benoit (janv.). Nouvelle Fulvie (janv.). Beurré de Jonghe (janv.). L’Inconnue (Van Mons.) (janv.). Duchesse de Bordeaux (février). Passe-Crassane (mars). Olivier de Serres (mars). Les quelques variétés suivantes sont particu- lièrement recommandées pour les marchés : Beacon (aoiit). Fertility (sept.). Souvenir du Congrès (sept.). Marie-Louise d’Uccle (oct.-nov.). Durondeau ou de Tongres (oct.-nov.). Un catalogue raisonné de cet important Congrès doit être publié prochainement. S’adresser au Secrétaire de la Royal Horticul- tural Society, South Kensington (Londres). CORRESPONDANCE. 119 Quoique les listes ci-dessus aient été faites en vue du climat anglais, on peut cependant peut-être, à quelques exceptions près, les con- sidérer comme un très-bon guide, même en France, étant donné notre climat si bien approprié à la culture du Poirier. On peut du reste, à la citation des noms, remarquer que ce sont toujours les variétés françaises qui tiennent « la corde » et forment le fond des col- lections. Cette Exposition était placée sous deux tentes et dans la grande serre à Vignes : l’effet de celle-ci était admirable et rehaussé par les grappes de Raisin qui se balançaient au-dessus de la tête des visiteurs. Quant aux tentes, elles étaient trop froides et sombres, et ce mauvais côté était encore augmenté par plusieurs jours de pluie, ce qui a certainement nui à l’Exposition. Particularités. — On remarquait: 1® Par sa forme et sa grosseur et surtout par sa belle couleur jaune, la Pitmaston Duchess ; — 2» que le plus beau lot était sans contredit celui de M. Josua Le Cornu, à Jersey (Iles de la Manche) ; — 3° que la plus grosse Poire, la Belle Angevine, venait de l’établissement André Leroy, à Angers. S. M. CORRESPONDANCE N» 4087 [Somme). — Vous n’avez pas à hésiter entre les Fusains du Japon et les Osmanthus, pour la plantation de vos massifs ; les premiers possèdent toutes les qualités que l’on peut rechercher; ils poussent bien et très-vite, s’accommodent de tous les terrains et de toutes les expositions. Quant à leur aspect, il est agréable et peut, du reste, être modifié à volonté par le choix des variétés, soit à feuilles diversement panachées, soit à ports différents (étalé fastigié ou pyramidal et même rampant). — Les Osmanthus n’ont pas ces avantages ; ils sont en général plus délicats et poussent plus lentement que les Fusains. Quant aux variétés panachées, du genre Osmanthus, elles sont plus délicates que le type à feuilles vertes et sont aussi d’une végétation moins rapide. Vous pourrez vous procurer des Teucrium chamædrys chez M. Yvon, horticulteur, 44, route de Châtillon, à Malakoff (Seine). A un abonné du Nord. — Il est inutile d’envoyer à un constructeur spécialiste le petit aquarium dont vous nous parlez et qui a besoin de réparations. Vous pouvez préparer vous-même, avec les éléments ci-après indi- qués, un ciment d’emploi facile et de toute solidité. Faites dissoudre et mélangez à froid, par parties égales, du soufre sublimé, du sel ammoniac, en poudre, de la limaille de fer finement tamisée, du sulfate de baryte et de l’huile de lin bouillie. iVo 5568 (Italie). — Le genre Osman- thus a été établi par le botaniste Loureiro, aux dépens du genre Olea dont il est un dé- membrement. Les plantes qu’il comprend sont des arbustes originaires du Japon, à feuilles persistantes, coriaces et à peu près toutes plus ou moins épineuses. Quani à la préférence de nom entre Olea et Osmanthus, il convient de la donner à ce dernier, car, quoique ayant des caractères communs, les Osmanthus sont ce- pendant suffisamment distincts des Olea pour en être séparés, ne serait-ce que comme sous- genre. Voici, pour les variétés dont vous nous avez adressé des feuilles pour échantillons, les noms qu’il convient d’adopter : N» 1. Osmanthus fragrans, Loureiro. No 2. — ovalifolius, Hort. No 3. — aquifolius, Sieb. {Osm. ilicifolius, Hort.). Tous les Osmanthus en question sont origi- naires du Japon. — Il y a plusieurs variétés à feuilles panachées, mais qui, en général, sont moins vigoureuses que celles à feuilles vertes. M. L. B., à Carcassonne. — L’incision annulaire des arbres fruitiers, au sujet de laquelle vous nous demandez certaines indica- tions, se fait à différentes époques, suivant le but que l’on vise. Nous allons examiner les deux cas principaux où cette opération doit être pratiquée : 1 0 Pour hâter et augmenter la mise à fruit des arbres peu productifs : Pratiquer fin février, ou au plus tard dans les premiers jours de mars, à la base de l’arbre traité, une incision annulaire assez profonde pour enta- mer la couche de bois la plus extérieure. Les bourgeons acquièrent par suite moins de vi- gueur, et l’arbre se met à fruit. 2o Pour augmenter la grosseur des fruits et avancer leur maturité : Pratiquer sur le rameau fructifère au-dessus du point d’attache des fleurs, et au moment de leur épanouis- sement, une incision annulaire ayant au maxi- mum 5 millimètres de largeur. Les fruits à noyau et la Vigne sont surtout ceux des arbres fruitiers sur lesquels cette opération produit un effet des plus appré- ciables. — Vous pourrez consulter, dans la Re- vue horticole, année 1885, pp. 160, 263, deux articles consacrés à l’incision des arbres frui- tiers. — Vous trouverez la pince à inciser chez M. Borel, 10, quai du Louvre, Paris. M. E. F., à Sainte- Adresse. — Nous vous 120 CORRESPONDANCE. conseillons, pour l’acquisition des souches de Muguet, de vous adresser à M. Nilsson, 12 rue Auber, Paris, qui pourra vous livrer, aux memes prix que les maisons allemandes, et en variétés d’élite, la quantité qui peut vous être nécessaire. iV® 2395 (Seine-et-Oise). — Cette idée que les jardiniers « mettent de la chaux dans le sol au pied des plantes > est complètement fausse. Les quelques cas qui peuvent avoir donné lieu à cette opinion trop généralement répandue proviennent de ce que, pour cer- taines espèces qui aiment le calcaire nitraté, par exemple pour les orangers, on met parfois des vieux plâtras pour drainer le soh- Quant à mettre de la chaux ou même du plâtre neuf, jamais; aucune espèce ne s’accommoderait d’un semblable traitement. 19ii {Seine-Inférieure). — On a essayé comme paniers à Orchidées diverses sortes de paniers en terre, en fd de fer galvanisé et en bois; ces derniers sont les meilleurs, parce que, outre qu’ils sont moins froids et moins sujets aux variations, ils sont plus favorables à la végétation. Toutefois, le choix du bois n’est pas indifférent. Ainsi les bois blancs sont mau- vais, d’abord parce qu’ils pourrissent très-vite et aussi parce qu’en se décomposant ils don- nent naissance à des champignons ou à des moisissures qui peuvent être nuisibles aux Or- chidées. Le bois des Conifères est de beaucoup préférable, surtout quand il est fortement rési- neux, par exemple, celui de Pitchpin. iVo 851 {Seine-et-Oise). — Vos arbres doi- vent être faiblement arrosés, car, nouvellement plantés, les racines ne travaillent pas encore et, par conséquent, n’absorbent pas, de sorte que si, comme on le fait à tort, on arrose forte- ment, la terre se décompose et forme autour des racines un foyer d’infection qui, presque toujours, détermine la pourriture des racines. AVIS IMPORTANT Nous rappelons à nos abonnés que la Revue HORTICOLE répond, autant que possible, à toutes les demandes de renseignements horticoles qiii lui sont adressées, et nous les prions de tenir grand compte des recommandations sui- vantes : 1» Joindre à toute demande de renseigne- ment la bande d’adresse sous laquelle la Revue est envoyée et qui porte le numéro d’a- bonnement. Cette bande d’adresse nous sert non seulement à nous montrer que la demande de renseignement est bien faite par un abonné, mais aussi à nous donner sans autres recher- ches l’adresse complète et lisible de l’abonné, pour le cas où la réponse est faite directement par la poste. 2» Adresser sous enveloppe spéciale, au nom de MM. Carrière et André, 26, rue Jacob, toute demande de renseignement. Sou- vent nos abonnés profitent du renouvellement de leur abonnement pour adresser en même temps, sur la même lettre, une demande de renseignement qui doit nous être transmise. Cette manière de procéder occasionne des com- plications fâcheuses, elle cause de fréquentes erreurs, et amène toujours des retards. On peut à la rigueur profiter de la même enveloppe, mais il faut avoir soin d’écrire sur une feuille à part la demande de renseigne- ment. 3» Ne pas nous fixer de délai pour la ré- ponse. Nous faisons de notre mieux pour don- ner à nos abonnés les renseignements qu’ils désirent; mais les questions qu’on nous pose sont variées, et souvent elles nécessitent de lon- gues recherches. 4« Ne jamais nous renvoyer à une lettre précédente ; nous avons à peine besoin de dire que les demandes de renseignements ne sont ni classées ni même conservées. 5° Ne nous adresser que ce que nous pou- vons détruire après avoir lu; nous ne pouvons renvoyer aucune pièce, et nous déclinons toute responsabilité en cas de perte. UAdministrateur-Gérant : L. Bourguignon, lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 121 CHRONIQUE HORTICOLE Le temps. — Association horticole commerciale, — Le phylloxéra. — Rosiers grimpants nouveaux. — Fécondation des arbres fruitiers par les abeilles. — Chasselas Dupont. — Les Violettes. — Accroisse- ment journalier des fruits, — Protection des semis de Caiottes. — Bégonias hybrides de M. Lionnet. — Fructification d’un Cycas revolula au Muséum, — Fleurs servant à parfumer le Thé. — Concours pour l’emploi de professeur du cours municipal et départemental d’arboriculture, d’alignement et d’ornement. — Nouvelles serres du Muséum. — Herbier de plantes alpines. — Les chromolithogra- phies sur les catalogues et sur les sacs de graines. — Thanathophore. — Décoration à l’horticulture. — Changement de date de l’exposition de la Société nationale d’horticulture de France. — Expositions annoncées. — Nécrologie : M. Ed. Morren. Le temps. — Après plusieurs journées sans soleil, sombres, et un froid noir et pénétrant, il est tombé, dans la matinée du 26 février, une assez grande quantité de neige qui n’a pas tardé à recouvrir le sol ; le lendemain 27 il y avait 5 degrés au-dessous de zéro. Ce fait était d’autant plus fôcbeux qu’il coïncidait avec l’Exposition horticole qui, à l’occasion du Concours d’animaux gras, se tenait au palais de l’Industrie. Malgré ce contre-temps, la partie horticole de cette exposition qui nous intéresse plus particulièrement a été riche et très-réussie. Notre collègue, M. Charles Baltet, a bien voulu se charger d’en faire un compte- rendu que l’on trouvera plus loin. Association horticole commerciale. — Nous venons de recevoir la lettre sui- vante, que nous nous empressons de pu- blier : Nous avons déjà eu avec un certain nombre de nos confrères, horticulteurs, pépiniéristes ou marchands-grainiers, plusieurs réunions en vue de former une association ayant pour objet de s’occuper des intérêts généraux de l’horticulture au point de vue purement com- mercial. Vous n’ignorez pas qu’il y a beaucoup à faire dans ce sens, et il est certain que des questions, telles que celles des tarifs de che- mins de fer., des expéditions à h étranger , des revendications à produire auprès des diffé- rentes administrations, ministères, etc., seraient traitées bien plus pratiquement par une assem- blée de commerçants que dans le sein des Sociétés d’horticulture, où naturellement l’élé- ment scientifique doit toujours dominer. Nous avons donc jeté les bases d’une asso- ciation que nous voulons placer sous l’égide de la Société nationale et centrale d’horticul- ture de France, et nous allons prochainement réunir tous les horticulteurs et marchands- grainiers qui voudront bien répondre à notre appel, afin de leur faire connaître les statuts que nous venons d’élaborer, et nous cons- tituer définitivement. L’intérêt que la Revue horticole a toujours IC Mars 1886. témoigné à l’horticulture nous est un sûr ga- rant que, dans cette circonstance encore, elle voudra bien nous accorder son concours, ce dont nous vous remercions à l’avance. Pour la Commission d’organisation : Le secrétaire, Giiatenay-A IîEL. Nous trouvons l’idée de nos confrères très-bonne; aussi notre concours leur est-il acquis. Le phylloxéra. — L’invasion phylloxé- rique, qui semble diminuer d’intensité dans les régions depuis longtemps contaminées, continue toujours ses tristes progrès dans les pays récemment attaqués. Le Loiret notamment est très-atteint. Depuis un an, de nouveaux foyers phylloxériques ont été constatés dans 37 communes, et les parties ainsi infestées représentent une surface de 150 hectares. La pépinière de cépages américains créée en 1883 dans ce département a rapidement pris une grande extension, et l’on compte beaucoup sur elle pour la régénération des vignobles dans cette région. Le comité central d’études et de vigilance de la Charente-Inférieure vient de publier son dix-huitième Bulletin. Il ressort de ce document que l’étendue approximative des Vignes en état de produire, dans ce dépar- tement, se maintient à 40,000 hectares. La superficie des Vignes américaines greffées ou à greffer peut y être évaluée à 500 hectares environ. Le comité a émis, à l’imanimité, des vœux en faveur : l*’ de la création d’une École d’agriculture dans le Sud-Ouest; 2® de l’exonération, pour les Vignes reconstituées, de tout impôt pendant cinq ans; 3® de l’étude de la mise en valeur des sables pour la culture de la Vigne. La légitimité de ces vœux est évidente, et il faut espérer qu’ils seront pris en considération en haut lieu. 0 122 CHRONIQUE HORTICOLE. Rosiers grimpants nouveaux. — Un fait digne de remarque est la quantité rela- tivement très-restreinte des formes de Ro- siers grimpants obtenues jusqu’à ce jour, étant donné les innombrables variétés que comptent les autres classes de Rosiers. Cependant la forme sarmenteuse est celle sous laquelle le Rosier se présente avec le plus de charme, celle qui permet d’en tirer le parti le plus avantageux, en le fai- sant servir à garnir des pignons, des clô- tures, dissimuler des vues désagréables, etc. Nos semeurs devraient appliquer tous leurs soins à la recherche de nouveaux croisements possédant l’éclat et la double floraison de nos plus beaux Thés et hybrides remontants, en même temps que les qua- lités grimpantes des types les mieux carac- térisés. Une maison de Londres annonce pour le mois de mai prochain la mise au com- merce de trois variétés de Roses grim- pantes nouvelles, provenant de semis du Rosier Gloire de Dijon. Ces trois variétés, à fleurs rouges, dé- passent, paraît-il, en beauté toutes les au- tres formes que ce type a produites jusqu’à ce jour, et fleurissent abondamment vers l’automne. Elles sont ainsi nommées : Grimpante de Waltliam 1 ; Grimpante de Waltham n^ 2 ; Grimpante de Waltham n^ 3. Voici en quoi elles diffèrent les unes des autres : Le n® 1 est le plus brillant; Le n® 2, le plus sarmenteux; Le n® 3, le plus foncé de coloris. Fécondation des arbres fruitiers par les abeilles. — Le rôle que jouent les in- sectes, notamment les abeilles, dans la fé- condation des végétaux est assez connu, — du moins, c’est l’opinion générale, — pour nous dispenser de le rappeler. Ce que nous voulons seulement signaler ici, c’est l’ap- plication que l’on en peut faire et que l’on en fait dans les serres à forcer du château du Val, où les Cerisiers, Pruniers, etc., sont en ce moment en fleurs. On a placé dans ces serres plusieurs ruches et, sous l’influence de la chaleur les abeilles, excepté la nuit, sont toujours à butiner dans les fleurs qui, par ce fait, se trouvent fécondées. Le pro- cédé est simple, connu et même recom- mandé; mais, malgré cela, rarement appli- qué, ce qui nous a engagé à le rappeler. Chasselas Dupont. — Notre collabora- teur, M. Roisselot, de Nantes, nous informe que ce Chasselas, obtenu par feu M. Du- pont, président de la Société d’horticulture d’Alençon, « est bien certainement le meil- leur et le plus l)eau de toutes les variétés précoces de Chasselas ». Ses grains sont gros, d’un rose clair, croquants, à peau fine, et d’une saveur délicieuse. Il mûrit avant le Chasselas de Fontainebleau. Toutefois il a l’inconvénient d’être d’une conservation dif- ficile. Il faut le cueillir au fur et à mesure qu’il mûrit. D’autre part, le cep est peu vigoureux, de sorte que pour en obtenir une bonne végétation, il faut le greffer sur une variété vigoureuse. Les Violettes. — Plusieurs abonnés ont écrit à la Revue horticole pour savoir où ils pourraient se procurer des Violettes. Outre cela, l’un d’eux nous demande s’il y a plu- sieurs types de Violettes et, si oui, qu’on veuille bien, sinon les décrire, au moins les indiquer. Les véritables Violettes, que l’on consi- dère comme constituant deux groupes, n’en forment en réalité qu’un, dont le type est la Violette commune. Viola odo- rata, L., duquel font également partie les Violettes de bois à fleurs non odorantes et que les botanistes regardent comme des espèces distinctes. Toutes sont vivaces et ont un aspect général semblable. Un autre sous-groupe comprend les Vio- lettes de Parme, qui, toutes, sont à fleurs pleines ; on pourrait y rattacher les formes dites « en arbres », également à fleurs pleines. Chacun de ces groupes ou sous-groupes comprend un certain nombre de variétés qui se distinguent un peu par le feuillage, mais tout particulièrement par la grandeur, la forme, et surtout par la couleur des fleurs. Ainsi, sur une circulaire de M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine, nous trou- vons indiquées une douzaine de variétés de Violettes des Quatre-Saisons et autres, et diverses autres à fleurs pleines, de couleurs également différentes. Dans les unes comme dans les autres, on rencontre des variétés avec et sans filets. Dans le groupe des Vio- lettes de Parme, on trouve également des variétés très-distinctes par la forme et sur- tout par la couleur des fleurs. Toutes sont à fleurs pleines et ne donnent des graines que très-rarement. Le genre Viola des botanistes, auquel appartiennent toutes les formes dont nous CHRONIQUE HORTICOLE. 123 venons de parler, comprend nn très-grand nombre d’espèces annuelles, bisannuelles, plus rarement vivaces, cpii, outre leur nature et leur durée, diflèrent, par la forme des feuilles, la grandeur, la forme et surtout par la couleur des fleurs. Accroissement journalier des fruits. — Dans une étude qui vient d’ètre publiée sur ce sujet, en Allemagne, par M. Kraus, on remarque les intéressantes observations suivantes : L’accroissement des fruits est toujours plus actif pendant la nuit que pendant le jour. Ainsi, une Pomme produit 80 pour cent de son poids pendant la nuit, et 20 pour cent seulement pendant le jour; un fruit de Laurier-Cerise, 10 pour cent pen- dant le jour, et 90 pour cent pendant la nuit. En outre, le développement des fruits est à peu près indépendant de la température, dont les écarts ne modifient pas sensible- ment la marche de l’accroissement des cellules. Protection des semis de Carottes. — Il arrive très-fréquemment, malgré des arrosages et des soins assidus, que les jeunes semis de Carottes sont dévorés par des insectes, araignées ou autres. Voici un moyen à peu près infaillible de remédierai! mal, ou plutôt de le prévenir. Il suffit de semer, en même temps que les graines de Carottes, un peu de graines de Navets, en mélange. Les insectes, préférant les Navets aux Carottes, mangent ceux-là et épargnent celles-ci. Bégonias hybrides de M. Lionnet. — Ces plantes, dont nous avons déjà parlé d’une manière générale à propos du Bégo- nia Noémi Mallet, sont doublement inté- ressantes : par leur feuillage d’abord, puis par leurs fleurs qui sont vraiment très- belles. Bien que celles-ci soient de grandeurs diverses, toutes sont néanmoins très-jolies. Quant aux coloris, ils varient du rose carné au rouge vermillon très-foncé. Fructification d’un Cycas revoluta au Muséum. — Le sujet en question, qui est d’une force peu commune, mesure 1'" 10 de hauteur sur 30 à 35 centimètres de dia- mètre. Les écailles fructifères, qui sont feu- trées, d’un roux ferrugineux, très-divisées au sommet, portent sur les côtés de trois à six fruits d’un beau rouge orangé, et la base, qui est un peu aplatie, de 30 à 32 mil- limètres de longueur sur environ 23 de dia- mètre; ils sont largement ovales, atténués à la base, légèrement bilobés au sommet. Le sujet, (pii est femelle, a été fécondé deux fois par M. Loury, chef des serres au Muséum, la première fois avec du pollen de Ceratozamia mcxicana ; la deuxième avec une autre espèce de ce meme genre, le Ceratozamia Miqueliana. Les graines seront-elles fertiles? Fleurs servant à parfumer le Thé. — Un journal américain, le Gardening World, nous fait connaître les fleurs dont les Chinois se servent pour augmenter et diversifier le parfum de leurs Thés. Ce sont celles des Gardénia radicans, Jasminum Samhac, Aglaia odorata, Ternstræmia japonica, Camellia Sassan- guaei Olea fragrans. Les feuilles de cer- tains Saules, notamment du Saule blanc, sont, paraît-il, desséchées par les Chinois, et mélangées au Thé d’exportation. Concours pour l’emploi de professeur du Cours municipal et départemental d’arbori- culture, d’alignement et d’ornement. — Ce concours aura lieu à Paris , le lundi 10 mai 1886, devant un jury nommé par le Préfet de la Seine. Il portera sur les ma- tières du programme du cours à enseigner. Les candidats devront se faire inscrire avant le avril prochain, terme de ri- gueur, à la Préfecture de la Seine (Direc- tion des travaux de Paris, l^*^ division, l«î’ bureau), soit directement, soit par écrit. Ils recevront communication, sur leur de- mande, des conditions du concours et du programme. Nouvelles serres du Muséum. — Ces serres, dont la Revue horticole a déjà plu- sieurs fois parlé, vont prochainement être mises en culture, — du moins les annexes de la grande serre monumentale. — Déjà toutes les petites serres du bas, qui sont spé- ciales à certaines plantes ou à des cultures particulières (Broméliacées, Orchidées, etc., serre à multiplication, etc.), sont occupées. Dans la partie consacrée aux Orchidées, dont un grand nombre sont fleuries, nous avons noté, parmi les plus remarquables, les es- pèces suivantes : Anæctochilus Dawso- nianus. Dendrobium undulatum, D.cris- pum, Miltonia cuneata, Oncidium Ce- bolleta, Cœloggne occellata, Galanthe Regnieri, Phajus grandifolius et P. Wal- 124 CHRONIQUE HORTICOLE. lichii, Lycasle Skinneri, lAclia alhida, Brassavola frayram, Odontoglosmm cor- dahim, AnyræcAim (dmrne'um A. supcr- bum, A. viride, et plusieurs autres es- pèces (pii,l)ieu que jolies, n’ont g'uère qu’un intérêt scientifique, excepté pourtant une })etile espèce de Bolbof)}n/IÏU7n, du Galion, qui est vraiment très-intéressante. Elle est voisine du B. barbigerum, liien qu’elle en soit distincte. Herbier de plantes alpines. — Nous apprenons que l’herbier des plantes récol- tées et classées par M. Personnat, mort il y a quelques années, est à vendre, à Ver- sailles, 13, rue Royale. Cet herbier, qui comprend notamment une belle collection de plantes alpines, se compose de trente- cinq forts paquets, et est, paraît-il, en très- bon état. Les chromolithographies sur les ca- talogues et sur les sacs de graines. — Cette innovation, qui est en môme temps une amélioration , vient d’être faite par deux établissements grainiers de Paris, MM. Vilmorin et et M. Forgeot. Ce sont des chromolithographies qui sont ou collées ou imprimées sur les sacs et représentent en couleur la plante dont les graines sont contenues dans ces sacs. Du côté opposé du sac se trouvent imprimés la culture et divers autres renseignements scientifiques sur la plante en question ; l’acheteur se trouve donc ainsi renseigné ; il a en même temps une sorte d’album où se trouvent la figure de la plante et toutes les indications néces- saires pour la cultiver. Thanatophore. — Tel est le nom donné à un nouvel appareil destiné à vaporiser la nicotine, et qui est fabriqué par MM. Martre et fils, constructeurs de chauflages, 45, rue du Jura, à Paris. Cet appareil, employé depuis quelque temps déjà par M. Bleu, horticulteur, avenue d’Italie, 48, qui en est l’inventeur, donne les résultats les plus satisfaisants ; nous avons été à même d’en faire la constatation au moment des expé- l'iences. Décoration à l'horticulture. — Nous avons le plaisir d’annoncer que, à la suite du Congrès horticole d’Anvers, où il avait été délégué par le Ministère de l’agricul- ture avec M. Charles Balte!, M. Maxime Cornu, professeur de culture au Muséum d’histoire naturelle, vient d’être nommé che- valier de l’ordre de Léopold. Déjà, à propos de la révision de la Convention de Berne, M. (^ornu avait reçu la mission de se rendre à Bei'iie pour y soutenir les intérêts de la France près du Comité. Changement de date de l’Exposition de la Société nationale d’horticulture de France. — Des circonstances particu- lières imprévues ont fait changer la date de cette Exposition, qui, au lieu du 4 au 9 mai, s ouvrira le 1 1 mai pour se terminer le 10. Nous prions nos lecteurs de prendre note de ce changement. L’ex- position mma lieu, comme il a été dit, au pavillon de là Ville de Paris, aux Champs- Elysées. Expositions annoncées. — Du 20 au 30 mai 1880, la Société horticole du Loi- ret fera, à Orléans, une Exposition géné- rale, comprenant, outre les plantes, tous lesolvjets qui se rattachent à l’horticulture. Adresser les demandes, au plus tard le mai, à M. Foucard, président de la So- ciété, route d’Olivet, à Orléans. La Société d’horticulture de la Côte-d’Or fera à Dijon, du 29 mai au 6 juin 1886, une Exposition horticole ainsi que des arts et industries qui se rattachent à l’horticul- ture et à la viticulture. Les personnes qui désireraient exposer devront, avant le 1®‘' mai, en faire la de- mande au secrétaire général de la Société, 12, rue Vauban, à Dijon. Nécrologie. — M. Éd. Morren. — C’est avec un véritable chagrin que nous appre- nons la mort de M. Édouard Morren, pro- fesseur de botanique à l’Université de Liège, directeur de la Belgique horticole. Il a succombé le 28 février, à l’àge de cin- quante-trois ans, aux suiles d’une maladie d’estomac qui le minait depuis plusieurs années. La botanique et l’horticulture perdent en M. Morren un savant des plus distingués, un travailleur infatigable, un écrivain alerte et souvent éloquent, un orateur des plus sympathiques. Mais nous pleurons surtout en lui un ami fidèle, et, en attendant que la Revue lui consacre une notice biographique, nous déposons un adieu profondément at- tristé sur sa tombe prématurément ouverte. E.-A. C.VRRiÈRE et Ed. André. GREFFES DISGÉNÈUES : ASTER SUR TOPINAMBOUR. 125 GREFFES DISGÉNÈRES : ASTER SER TOPINAMBOUR En s’appuyant sur certains caractères or- ganiques, quelques auteurs ont posé des règles indiquant les limiles extrêmes d’u- nion entre les végétaux. Ces limites qui, du reste, ont un peu varié, étaient : que la soudure n’est possible qu’entre des plan- tes appartenant à la même espèce ou au même genre, ou, à la rigueur, à la même famille. Des expériences pratiques dé- montrent tous les jours que l’on peut aller au delà de ces limites, sans toutefois et sinon très-exception- nellement, s’en écar- ter de beaucoup. Pourra-t-on un jour franchir ces barriè- res ? Peut-être, au moins scientifique- ment ; pratiquement, c’est-à-dire spécula- tivement, le fait est douteux. Tous les essais tentés jus- qu’ici n’ont donné, en général, que des résultats négatifs ou à peu près, et nous- même, dans un très- grand nombre d’ex- périences que nous avons faites, n’avons guère été plus heu- reux. Nous croyons cependant que l’on pourra reculer les limites que l’on a posées, et surtout montrer qu’elles re- posent sur d’autres bases que celles qu’on a assignées, par exemple sur l’état moléculaire des tissus, et tout particulièrement sur celui du milieu dans lequel auront lieu les expériences. En effet, lorsqu’on réfléchit que tous les végétaux sont composés des mêmes élé- ments, on paraît, au moins par un raison- nement logique, autorisé à soutenir que tous devraient pouvoir s’unir. D’autre part, la pratique a déjà démontré — et démontre même tous les jours — que cette règle « que pour s’unir, les végétaux doivent appartenir à un même groupe, et que l’opération est d’autant plus assurée qu’ils sont spécifiquement plus rappro- chés, etc., » est sinon fausse, du moins relativement vraie. Combien, en effet, de plantes qui , bien qu’appartenant à une même espèce, ne peuvent pas se souder, quand, au contraire, on en voit tant d’autres de genres dilfé7'e7its qui se soudent avec la plus grande facilité et sont même plus robustes et plus vigou- reuses que si elles étaient franches de pied. Il y a plus ; ne suffit-il pas, dans beau- coup de cas, d’inter- vertir la position, de changer les rôles du sujet et du greffon j pour que la soudure ne soit plus possible 1 D’un autre côté, qu’est-ce qu’une es- pèce? Qu’est-ce qu’une famille? Les définitions données ont-elles une base solide, invariable ? Non, assurément, et sur ces différents points, nous voyons ces définitions varier à l’infini suivant les auteurs qui les ont établies, et souvent même chez un même auteur ; il suffit pour cela qu’il se place à un autre point de vue. C’est, pourrait- on dire, une manière de voir propre à chaque auteur ; ce qui faisait dire à un botaniste de grande valeur, à Adanson : « L’espèce est un champ dans lequel chacun peut e^'rer à son aise. y> On peut en dire autant des fa- milles. Le milieu aussi, et lui surtout, joue un très-grand rôle dans la réussite des greffes, au point même que ce qui est possible dans un pays ne l’est pas dans un autre. Ainsi, en Espagne, la greffe en écusson des Ro- bmia est des plus faciles et ne manque jamais, tandis qu’à Paris nous n’avons ja- mais pu la faire réussir. Il en est de même des Magnolias, qui réussissent très-bien en écusson, à Angers, tandis que c’est le con- 126 QUELQUES BONNES VARIÉTÉS DE POIRES D’iIIVER. traire à Paris. Et combien de faits ana- logues que la pratique démontre! De tout ceci il résulte que, en dehors des règles posées sur la limite de possibilité du grellage, il y en a d’autres, ce qui crée pour les savants et pour les praticiens l’obligation de se livrer à de nouvelles recherches. Api’ès ces quelques considérations géné- rales, nous allons dire (pielques mots de la grellè représentée par la figure 25. C’est un Aster formosus que nous avons greffé sur le Topinambour, où il a vécu six mois, d’avril à la fin de septembre, époque où sa végétation était complètement terminée. Lorsrpi’on se livre à ces sortes d’expé- riences de grellage un peu en dehors des règles, il faut non seulement faire en sorte que la nature physique des tissus concorde, mais encoi’e que le grefibn ait, autant que possible, une végétation analogue à celle du sujet, et surtout qu’il puisse continuelle- ment exciter la vitalité de celui-ci, même pendant la saison où il semble dans un repos à peu près complet. E.-A. Carrière. QUELQUES BONNES YARIÉTÉS DE BOIRES D’IIIYER CULTURE EN PLEIN AIR, EN ESPALIER; CONSTRUCTION ÉCONOMIQUE DE MURS D’ESPALIER Lorsque, dans un but de spéculation, on établit sur un terrain nu une plantation de Poiriers, on préfère généralement les bonnes variétés d’automne, qui n’ont be- soin d’aucun abri pour produire de beaux fruits. Parmi celles que l’on trouve le plus communément dans les vergers et qui sont, du reste, les plus productives, les plus esti- mées et les plus recherchées par les ama- teurs ou les fruitiers, nous citerons : les William, Beurré cVAmanlis, Louise- Bonne céAvranches, Duchesse d'Aji- goulême, Beurré magnifique, Beurré Hardy, etc. Pour les hautes tiges, les pyramides, les fuseaux et les espaliers, toutes ces variétés sont assurément d’un bon choix, si Ton tient absolument à récolter des fruits d’au- tomne. Elles ont surtout pour le commerce le grand avantage d’être favorablement con- nues des consommateurs, ce qui est la con- dition essentielle pour la spéculation. En outre, toutes ces variétés sont robustes, vi- goureuses, s’accommodent de presque tous les sols et se prêtent avec assez de facilité à toutes les formes. Seulement, à côté de tous ces mérites, il y a le revers de la mé- daille : la vente de ces fruits n’est pas tou- jours rémunératrice, même dans les années les plus fertiles. Pourquoi? — Parce que toutes ces varié- tés mûrissent en une saison où tous les fruits abondent, d’où il résulte que, dans les an- nées où la récolte dépasse la moyenne, un excès de production qui ne peut être consommé détermine une baisse considé- rable dans les prix habituels, ce que nous avons pu voir cette année, où des Louise- Bonne d' Avr anches. Duchesse d'Angou- lême, ont été livrées aux prix de 0 fr. 10 à 0 fr. 15 le kilogramme. Malgré ces graves inconvénients. Ton ne reste pas moins fidèle à cette vieille routine, et, dans toutes les nouvelles plantations, dans tous les nouveaux vergers que Ton établit, on plante encore toutes ces variétés, souvent même en grande quantité, sans ré- fléchir que les productions excessives sont presque toujours onéreuses. Nous reconnaissons parfaitement que toutes ces variétés sont les meilleures lors- qu’il s’agit d’une plantation d’arbres à haute tige, mais lorsqu’au contraire il s’agit de pyramides, de fuseaux ou d’espaliers, il en est autrement, et il est alors préférable de planter des variétés à fruits d’hiver. Nous re- commandons surtout les suivantes : Passe- Crassane, Bergamote Espéren, Doyenné d'Alençon et Olivier de Serres, qui se comportent assez bien en plein air et qui ont l’énorme avantage de prolonger leur maturité jusqu’en mars et avril, et, par conséquent, peuvent, à une époque où les fruits sont rares et toujours recherchés, at- teindre des prix très-élevés. En outre, on a la facilité d’avoir quatre à cinq mois pour en faire l’écoulement, de sorte que, si le marchand vous refuse les prix que vous lui demandez en décembre, il reviendra forcé- ment en janvier, février et jusqu’en mars, attendu qu’à cette saison il n’en trouve que difficilement, et en admettant même que vous en ayez perdu 10 à 20 pour 100, l’aug- mentation de prix de ceux qui vous restent compense largement cette perte par la plus- value que les fruits ont acquise. 127 QUELQUES BONNES VARIÉTÉS DE POIRES D’iIIVER. Nous nous bornons à signaler ces quatre espèces, auxquelles on pourrait peut-être ajouter quelques autres; toutefois, nous re- commandons celles-ci tout particulièrement, car ce que l’on recherche surtout, avec la qua- lité, pour faire ce qu’on appelle vulgairement « des fruits de vente », c’est la grosseur. Ceux-ci sont assurément les plus gros et les plus beaux que l’on puisse trouver à l’é- poque de leur maturité; ils sont, en outre, d’une excellente qualité. Peut-être pour- rait-on reprocher à la Bergamote Espéren d’être relativement un peu petite, mais cha- cun sait qu’en ne laissant qu’un fruit par corymhe, il peut facilement atteindre une bonne grosseur moyenne, et même très- souvent la dépasser. Dans ce cas, le fruit devient très-beau, ce qui ne l’empêche pas d’être de toute première qualité. Un des plus grands mérites de ces Poires d’hiver est de mûrir lentement, ce qui rend le producteur en quelque sorte maître du marché, tandis que, dans certaines variétés d’automne, il voit blettir ses fruits souvent en quelques jours, et se trouve forcé de les livrer à des prix trop peu rémunérateurs ou de les perdre sans aucune ressource autre que d’en faire de l’alcool. La plantation en plein air étant étudiée au point de vue de la spéculation, exami- nons si, à ce même point de vue, la planta- tion en espalier ne serait pas beaucoup plus avantageuse et ne compenserait pas large- ment les frais de premier établissement, ainsi qu’on le pratique à Montreuil pour la culture du Pêcher. Dans ce cas, il ne faudrait encore choisir que quelques bonnes variétés, et n’ajouter aux quatre que nous recommandons pour le plein air seulement que le Doyenné dlii- ver, pour les terrains qui lui sont favo- rables, et quelques Belle Angevine, mais ces dernières seulement, pour leur beauté, c’est-à-dire comme fruits d’apparat. On devra placer les Doyenné dliiver, les Doyenné d’Alençon, les Belle Angevine à l’exposition du levant et du midi, en ayant bien soin, surtout pour le Doyenné d’hiver, de ne jamais le planter au couchant, où ses fruits se crevassent. Les Passe-Crassane, les Olivier de Serres, les Bergamote Es- péren s’accommodent mieux de cette expo- sition. Je ne rappellerai pas ici quels sont les soins à donner pour obtenir de beaux fruits d’espalier, mais, au point de vue où nous nous plaçons, je recommanderai cependant avec instance d’éclaircir et d’effeuiller à temps. La beauté, le coloris, la finesse et la qualité qu’acquièrent ces fruits, lorsque ces opérations sont bien faites, en font des pro- duits incomparables à ceux récoltés en plein air, et les prix qu’ils atteignent sont quel- quefois surprenants : il n’est pas rare de voir, à l’arrière-saison, des Doyennés d’hiver se vendre jusqu’au prix énorme de 2 francs la pièce, et même plus ; mais, sans se baser sur ces cours exceptionnels, on est toujours assuré de trouver des marchands à 50 ou 60 francs le cent. En outre, ces fruits, qui sont toujours d’une bonne vente, sont souvent enlevés lors de la cueillette par des marchands qui achètent pour l’Angleterre, l’Allemagne et la Russie. Nous ferons encore remarquer qu’avec des espaliers on peut récolter aussi des Pommes Calville, qui sont vendues jus- qu’à 100 et 150 francs, et des Pommes d’Api, qui alors deviennent beaucoup plus belles et qui peuvent se vendre depuis 15 francs jusqu’à 25 francs le cent. Ajoutons encore que, en espalier, la ré- colte est presque toujours certaine, tandis que celle de plein air, exposée à toutes les intempéries printanières, est bien plus éven- tuelle, car, lors de la floraison, il suffit d’une seule nuit pour détruire le produit d’une année de travail, cela sans aucun dédommagement. Voyons maintenant ce que peut rapporter un mur d’espalier de 2^ 50 de hauteur, dont la plantation est bien établie sur les deux côtés. Si nous avons formé nos arbres en palmettes Verrier, qui, assurément, est l’une des meilleures formes, nous espaçons les branches à 30 centimètres (distance maxi- mum), ce qui donne, pour 10 mètres de longueur de mur, 33 branches sur chaque face, et, pour les deux faces, 66 branches. En admettant, et n’exagérant rien, un fruit espacé sur ces branches tous les 25 cen- timètres, soit 10 pour chacune, cela nous produit, pour 10 mètres de longueur de mur ou 66 branches, 660 fruits, ce qui, au prix moyen de 50 francs le cent, fait 330 francs pour ces 10 mètres. C’est là une production minimum qui peut presque tou- jours être dépassée, soit pour la quantité, soit pour le prix de vente. Maintenant, l’on pourrait objecter que l’établissement de ces espaliers entraîne à des frais assez considérables, ce que nous reconnaissons vrai, lorsqu’on se sert pour construire les murs de moellons ou de meu- lière, c’est-à-dire de pierres de choix ; mais 128 OBSERVATIONS SUR LA SURGREFFE DES ARBRES FRUITIERS. il y a la conslruciion des murs en fer et en Lriqiie, qui est bien plus économique, sans que la solidité y perde, et nous sommes très-satisfait du résidtat que nous olitenons par ce nouveau mode de construction , dont le prix de revient ne dépasse guère 4 francs par mètre superticiel. Le fer, aujourd’hui, est à bon marché, et on peut s’en procurer pour cet usage depuis 15 francs les 100 kilogr. Les briques sont également à des prix relativement très-bas, et on en trouve actuellement à 25 francs le mille dans le rayon de Paris. Nous re- commandons les fers à double T, de 8 cen- timètres d’épaisseur, que l’on coupe par bouts égaux à la hauteur du mur à élever, plus 80 centimètres pour les scellements. On place perpendiculairement en ligne ces bouts de fer à double T, que l’on scelle soli- dement dans le sol à 80 centimètres de pro- fondeur. I.a saillie qu’offrent ces fers sert à encastrer les briques sur champ, ce qui fait un mur de 8 centimètres d’épaisseur que l’on recouvre d’un enduit de plâtre. Bien établie, cette construction offre une grande résistance, et sa solidité dépend surtout de la profondeur des scellements et des soins que l’on apporte au travail. Nous avons établi dans ce genre des murs pour lesquels le prix de revient est toutefois un peu plus élevé, mais que, malgré cela, nous recommandons tout particulièrement. Nous avons d’abord remplacé le mortier de plâtre par celui de ciment et sable, ce qui n’élève pas beaucoup les frais, le mortier n’entrant qu’en petite quantité dans ce genre de construction, et, lorsque les OBSERVATIONS SUR LA SURGI On sait que certaines variétés de Poiriers, notamment le Beurré Clairgeau, le Yan Mous, \e Don-Clirétieii Williams, le Beurré superfin, et même le Doyenné dltiver, ne s’accordent guère avec le Cognassier, pous- sent peu et même point sur ce sujet et qu’il faut les greffer sur franc pour obtenir des arbres beaux et durables. Généralement, on hésite — les amateurs surtout — à planter dans les jardins des Poiriers greffés sur franc, d’abord, parce que ces arbres font attendre trop longtemps leurs produits, et ensuite parce que les fruits sont moins beaux et moins savoureux que lorsqu’ils ont été greffés sur Cognas- sier. Depuis plusieurs années déjà, des arbo- briques sont prises avec le ciment et le fer, ces matériaux constituent une sorte de mo- nolithe doni la durée est presque infinie. A l’extrémité de chaque montant en fer à T, nous avons fait river deux fers cor- nières inclinés, sur lesquels nous fixons, à l’aide de petites vis, des planches de 23 cen- timètres formant chaperon. A la moitié de la longueur de ce support, nous pratiquons un coude et formons un talon avec le bout, en le recourbant, de manière à placer com- modément des auvents que le vent ne peut enlever, cela sans y placer aucune attache. Sur les montants en fer, nous avons fait percer des trous tous les 50 centimètres, qui servent à recevoir des crochets à œils, dits (( à queue de cochon », supportant des fils de fer, que nous tendons avec des raidis- seurs, distancés à 5 centimètres du mur. Sur ces fils de fer, nous attachons de petites tringles en pitchpin qui servent à diriger les arbres suivant la forme adoptée. Ce genre de construction pour espalier est économique, simple, facile, élégant, so- lide, et chacun, sans être maçon, peut éle- ver ces murs lui-même. Ils offrent aussi l’avantage de faire gagner 20 centimètres sur l’épaisseur d’un mur ordinaire, avan- tage déjà notable lorsque l’on construit sur un terrain d’une valeur de 3 ou 4 francs le mètre. Nous engageons les spéculateurs qui au- raient l’intention de créer une plantation fruitière d’arbres à pépins de bien réfléchir aux avantages que nous indiquons, et nous espérons qu’ils en feront leur profit. Eug. Vallerand. EFFE DES ARRRES FRUITIERS riculteurs distingués ont conseillé de gref- fer ces variétés délicates sur des variétés vi- goureuses greffées elles- mêmes sur Co- gnassier : c’est ce que l’on a appelé la sur- greffe. On espérait ainsi que la vigueur du sujet greffé se communiquerait à la variété surgreffée : le résultat a répondu à cette attente. Au potager de Versailles, M. Hardy avait ainsi surgreffé sur Curé tout un espalier de Doyenné cVhiver, et nous nous rappelons la vigueur de ces arbres et la beauté des fruits récoltés. Malheureusement, cet espalier, qui donnait de si beaux résultats, a été détruit par les terribles gelées de l’hiver 1879-1880. Néanmoins, on continue,' à l’École d’hor- ticulture, à surgreffer tous les Doyennés OBSEnVATIONS SUR LA SURGREFFE DES ARBRES FRUITIERS. dliiver sur Curé et cette pratique com- mence à se répandre dans les pépinières. L’idée de la surgrelTe n’est pas nouvelle, comme on pourrait le supposer. Voici ce que dit à ce sujet le Traité de l’abbé Le- gendre, qui date de l’année 1652 : « Ceux qui auront la curiosité de ramas- ser de tous côtés les meilleures sortes de Poires doivent, en greffant les pépinières de Cognassier, y enter quantité de fruits de grosses espèces, comme : des Poires de Livre et des Poires de Bon-Chrétien d’été ou d’autres qui ont beaucoup de sève, pour y regreffer en fente des Poires rares dont on ne peut avoir aisément des greffes pen- dant l’été, soit pour être trop éloignées ou pour avoir le bois trop délicat pour écus- sonner. Les curieux pourront aussi regref- fer sur ces mêmes arbres des Poires de Bon- Chrétien d’hiver et de Bergamotte, parce qu’elles y viennent plus grosses et plus belles. » Malgré ces conseils, qui remontent déjà si loin, la surgreffe paraît avoir été laissée dans un complet oubli ; cependant, depuis un certain nombre d’années, les pépinié- ristes l’emploient pour les Poiriers et les Pommiers à haute tige. Le sauvageon, comme le Cognassier, ne donnant pas une tige assez forte ni surtout assez régulière, on greffe rez-terre sur le sujet une variété vigoureuse, poussant bien droit, et celle-ci est à son tour surgreffée en tête avec la va- riété que l’on désire obtenir. La surgreffe était encore employée par les arboriculteurs et les jardiniers pour mo- dérer la vigueur d’une branche de char- pente. Pour le Pêcher, le Poirier et le Pom- mier, on greffait sur cette branche une variété fertile de manière à obtenir une égalité de végétation. La surgreffe en basse tige pour espaliers et contre-espaliers est beaucoup plus ré- cente dans la pratique ; elle est faite avec intention sur le Cognassier en prenant pour sujet intermédiaire le Curé, la Jaminette, le Triomphe de Jodoigne, c’est-à-dire des variétés très-vigoureuses sur le premier sujet. On peut poser les surgreffes un an après avoir greffé sur le Cognassier, et en poser autant qu’il est nécessaire pour la formation de l’arbre, même à une faible distance de la première greffe. Ayant à Boulogne un jardin fruitier en terrain sec, où certaines variétés seulement poussent convenablement, telles que ; Beurré d'Amanlis, Triomphe de Jodoigne, Curé, Beurré Diel et Beurré Hardy, je me suis 129 borné à planter seulement ces Poiriers vi- goureux et j’ai surgreffé sur la plus grande partie d’entre eux un certain nombre de bonnes variétés de Poires pour étudier com- parativement les résultats obtenus. Voici les observations faites depuis trois ans sur ces arbres : Van Mous, surgreffé sur Triomphe de Jodoigne, a bien poussé la première année, 30 centimètres environ ; le rameau a brûlé et est mort la deuxième année. Doyenné d'hiver, surgreffé sur Triomphe de Jodoigne, a bien poussé la première an- née ; la deuxième, il y a eu un peu de brû- lure à l’extrémité du rameau. Beurré Clairgeau, surgreffé sur Beurré d’ Amanlis, a bien poussé la première an- née ; la deuxième année a peu poussé ; la troisième, les Poires, assez nombreuses, ont été fendues et tachées , elles sont tombées avant maturité, l’extrémité du rameau a' brûlé; il ne vivra pas. Beurré Clairgeau, surgreffé sur une Bergamotte Sageret très-vigoureuse , a poussé fortement les deux premières années, très-peu la troisième; le rameau a donné deux Poires, puis a jauni, brûlé et est mort cet hiver jusqu’à la greffe. Doyenné du Comice, surgreffé sur Beurré Diel, pousse très-vigoureusement, trop peut- être. Beurré Dumont, surgreffé sur Curé, pousse bien. Anne de Bretagne, surgreffé sur Curé, pousse assez bien; un peu jaunâtre, quoique le sujet soit bien vert. Nouvelle Fulvie, surgreffé sur Curé, pousse bien; vigoureux. Passe- Crassane, surgreffé sur Curé, pousse très-bien, suffisamment vigoureuse. Olivier de Serres, surgrefte sur Curé, pousse bien ; assez vigoureux. Beurré Bachelier, surgreffé sur Curé, pousse médiocrement, se met bien à fruit, mais le feuillage est jaunâtre, la pousse de l’année dernière a été presque nulle; ce- pendant le sujet est vigoureux. Passe-Colmar, Joséphine de Malines, Conseiller de la Cour, surgreffés sur Curé, poussent très-bien et sont suffisamment vigoureux. Charles Cognée, surgreffé sur Curé, pousse médiocrement, 60 centimètres en deux ans; présente un peu de brûlure à l’extrémité du rameau. Beurré superfin, surgreffé sur Beurré d' Amanlis, pousse bien; suffisamment vi- goureux. 130 SÉCATEUR AUURY. Fondante des Bois, surgrefTé sur Beurré d’Amanlis, pousse très-vigoureusemeiit. Bonne de Matines, surgreflé sur Beurré d’AmanUs, pousse peu ; l’extrémilé du ra- meau a brûlé. Doyenné de Mérode, surgreflé swv Beurré d’AmanUs, pousse bien, vigoureux. Madame Treyve, surgreflé sur Beurré d’ Amantis, pousse assez bien. Beurré de V Assomption, surgrefTé sur Beurré d’Amanlis, pousse bien, très-vigou- reux. Baronne de Mello et Seigneur (Espéren), surgrefiés sur Beurré d’Amanlis poussent modérément, un peu de brûlure à l’extré- mité des rameaux. Bon-Chrétien Williams, surgrefTé sur Beurré d’ Amanlis, sur deux sujets 'diflé- rents, a poussé un peu la première année; le rameau a l)rûlé et est mort la deuxième année sur les deux sujets. Bon-Chrétien de Bance et Beurré Hardy, surgrefTés sur Bon-Chrétien d’hi- ver, en plein vent, ont poussé tous deux très- vigoureusement. Bonne d’Kzée et Louise-Donne, greffés sur Madeleine, poussent bien. Je soumets sans commentaire à mes col- lègues les résultats ainsi obtenus. Ces es- sais pourront les guider eux-mêmes, s’ils veulent les tenter de nouveau, afin de s’as- surer et des sujets propices à la surgreflé et des variétés qu’il est nécessaire de surgref- fer; les résultats, du reste, se modifieront sans doute, selon les terrains et les sujets employés. Pour ce qui me concerne, j’ai constaté qu’en général la surgreflé paraît avoir mieux réussi sur le Curé que sur les autres sujets, ce Poirier étant, comme on le sait, d’une vigueur et d’une fertilité remar- quables. Charles Chevallier. SÉCATEUR AIRRY La forme, aussi gracieuse que commode, du sécateur Aubry, que représente la fi- gure 20, est celle du sécateur dit à la Mon- treuil, lequel, de l’avis de tous les prati- ciens, est évidemment le plus convenable. Disons maintenant en quoi consistent les avantages que présente ce sécateur. C’est, d’abord, d’avoir un ressort mobile, petit, bien que très-solide, pouvant se dissimuler complètement, facile à ôter et à mettre, ce qui permet de remplacer immédiatement celui qui viendrait à se casser. Pour cela, il n’est pas nécessaire d’avoir un instru- ment particulier ; une lame de couteau, une petite pièce de monnaie et même un sou qu’on introduit dans la rainure de la tète de la vis, suffisent. Quant au ressort, il fait trois fois le tour de la vis dont il em- brasse le collet, ce qui, en augmentant sa force, donne encore plus de puissance à l’ensemlde. La vis, bien maintenue par un carré parfaitement ajusté, ne bouge jamais, ne se serre ni se desserre, con- trairement à tant d’autres qui, après quelques mouvements, se serrent tellement que pour s’en servir l’on est obligé de les desserrer. Pour démonter le sécateur, rien n’est plus facile : on dévisse la petite vis A avec un couteau ou un sou ; on soulève la petite plaque en métal B, et on retire le ressort C. On voit en D la gouttière où fonctionnent les extrémités du ressort. Un avantage tout particulier, que nous devons aussi faire ressortir, c’est la sup- pression de tout mécanisme entre les deux branches du sécateur, qui fait que non seu- lement la main de l’ouvrier ne peut jamais être prise, mais aussi que, en évitant l’ac- cumulation de brindilles ou de branchelettes à l’intérieur, ou met le ressort complètement à l’abri des tressautements qui, dans la plu- part des sécateurs ordinaires, font presque toujours casser les ressorts. Quant à la solidité et au fonctionnement de l’appareil, on ne peut désirer mieux ; la longueur de l’instrument varie de 18 à 20 centimètres ; et les sécateurs coûtent DES GOURMANDS. — LES VIGNES AMÉRICAINES AUX XYP ET XVIie SIÈCLES. 131 de 6 à 7 fr., suivant qu’ils sont noirs ou qu’ils sont polis. Pour le praticien , les premiers sont préférables, ils se rouillent beaucoup moins. Cet instrument est fabriqué par M. Au- bry, coutelier, 131, rue Vieille-du-Temple, à Paris. E.-A. Carrière. DES GOURMANDS En arboriculture, on donne le nom de gourmand à tout bourgeon qui, par son ex- trême vigueur, s’empare d’une trop grande quantité de sève au détriment de certains aulres; ceux-ci, alors, s’en trouvent affaiblis, ce qui, en arrêtant leur développement, nuit à l’harmonie de l’ensemble. Il faut donc, sur un végétal quelconque dont on tient à la ré- gularité, éviter avec soin la production de gourmands, ces parties, d’une extrême vi- gueur, n’étant jamais favorables à la fructi- fication. Il y a plusieurs moyens d’éviter les incon- vénients que nous venons de signaler; un des principaux consiste à s’opposer au dé- veloppement des gourmands. Pour cela, il faut, dès que l’on voit un bourgeon (( s’em- porter », c’est-à-dire prendre plus de vi- gueur que ne le comporte sa destination ou la position qu’il occupe, en modérer la végé- tation, afin d’en modifier les parties, ce à quoi l’on parvient à l’aide de différents moyens en rapport avec la nature des arbres, leur position, leur destination, ou avec l’emplacement qu’ils occupent. Par exemple, s’il s’agit d’arbres en espalier pla- cés le long d’un mur, on palisse sévèrement ce bourgeon de manière à le priver d’air en l’appliquant presque contre le mur; si, au contraire, l’arbre est en plein air, on emploie la mutilation, c’est-à-dire le pincement. D’abord on supprime l’extrémité, ce qui fait développer des bourgeons axillaires, par conséquent multiplier les parties qui, par ce fait, sont moins fortes et plus disposées à se mettre à fruit. D’autre part, suivant les cas et la nature de l’arbre, on peut allonger davantage, et attacher sévèrement le bourgeon principal, c’est-à-dire l’axe, et laisser développer seulement les ramifica- tions, que l’on pince même au besoin, de façon à en déterminer la transformation en parties fructifères. Il est à peu près hors de doute que, par l’un ou l’autre de ces moyens, l’on devra arriver à éviter les gourmands ou à en dé- terminer la transformation. Dans certains cas, il est même possible de les prévenir en éboutant ou éventant un peu l’œil qui, par sa position et son aspect, paraît, en se déve- loppant, devoir donner naissance à un ra- meau très-vigoureux et hors de proportion avec sa destination. Traités ainsi qu’il vient d’être dit, les bourgeons vigoureux, que l’on nomme gour- mands, sont maintenus dans de justes pro- portions, se modifient et deviennent des parties fruitières, souvent même des bran- ches charpentières très-solides, et, alors, au lieu d’être une cause de désharmonie, ils concourent à la régularité de l’ensemble de l’arbre tout en assurant sa conservation et sa production. Carrelet. LES VIGNES AMÉRICAINES AUX XVU ET XVIU SIÈCLES Les premiers navigateurs qui abordèrent sur les côtes de l’Amérique du Nord furent frappés de l’exubérance des Vignes indi- gènes. En 1524, à cent lieues au sud du paral- lèle de Rome, c’est-à-dire sur les côtes de l’État moderne de Delaware , Jean de Verazzano vit beaucoup de Vignes sauvages grimpant autour des arbres, comme cela a lieu en Lombardie. « Si des agriculteurs, dit-il, les cultivaient avec soin, sans aucun doute elles produiraient de très-bon vin, car leur Raisin, desséché, est doux et agréable. et il n’est guère différent de celui que pro- duiraient nos Vignes. Les Indiens, pensions- nous, estiment ces Vignes partout où elles poussent ; ils enlèvent les feuilles des arbres qu’elles entourent, afin que les Raisins puissent mieux mûrir. » (Ramusio, t. III, fol. 421, G.) Un capitaine dieppois, dont le récit, écrit en 1539, fut traduit en italien et publié par Ramusio, parle des Raisins sauvages de la Nurembègue. (Ihid., t. III, fol. 426, F.) Nurembègue était le nom indigène de la côte orientale des États-Unis; depuis le 132 GIROFLÉES RAVENELLES A FLEURS PLEINES. voyage de Jean de Verazzano, beaucoup, et même les Portugais, l’appelaient la « Terre française ». (IJnd.) En septembre 1535, Jacques Cartier, alors qu’il remontait le Saint-Laurent pour aller visiter le fort indien de Hocbelaga, re- marqua le long du Üeuve des rangées de Vignes chargées de Raisins qui semblaient avoir été plantées de main d’homme, mais comme elles n’étaient ni cultivées ni taillées, elles ne produisaient point de Raisins aussi gros et aussi doux que les nôtres. (P>.amu- sio, t. III, fol. 444, D.) La géographie de Robbe (t. II, p. 57), citée par Bruzen la Martinière dans son Dictionnaire géographique (La Haye, 1730, à l’article Canada), parle également des Vignes du Canada qui embrassent les arbres près desquels elles poussent ; de telle sorte qu’il semble que les grappes soient la véri- table production de ces arbres, tant leurs branches en sont couvertes. « Avec ce Raisin, ajoute-t-il, on a fait du vin qui, après avoir longtemps cuvé, s’est trouvé de même dou- ceur que celui des Canaries et était noir comme de l’encre. » Le Dictionnaire de Bruzen la Martinière (art. Port-Royal) cite encore la Vigne sau- vage comme croissant en Acadie, aux envi- rons de Port-Royal (aujourd’hui Anna- polis). Romanet du Caillaud. GIROFLÉES RAVENELLES A FLEURS PLEINES En présence du grand nombre de types de Giroflées et pour distinguer celui dont nous parlons, nous proposons, comme sous- genre, le qualificatif Ravenelle, dont le type, indigène, habite nos murailles. Cette division a le grand avantage de distin- guer nettement ces Giroflées des autres sous-groupes, et d’en donner une idée exacte. Les Ravenelles à fleurs pleines se repro- duisent comme duplicature mais varient par la couleur; cependant déjà certaines formes sont fixées, par exemple une jaune clair comme le (( Rameau d’Or » est sur- tout remarquable par sa fixité. Ces plantes ont aussi varié comme dimen- sions ; sous ce rapport, elles forment deux catégories bien distinctes : une grande et une petite. Toutes deux renferment un grand nombre de variétés : depuis le jaune plus ou moins clair jusqu’au brun foncé, l’équi- valent de la Giroflée « savoyarde ». Il y a aussi des variétés à fleurs panachées et éga- lement pleines. Un fait assez curieux, c’est que toutes ces variétés grainent, quelques- unes même en très-grande quantité. Gomme dans toutes les plantes qui tendent à se mo- difier, la duplicature suivant une marche analogue, est allée constamment en s’accen- tuant, de sorte que ce qui était une excep- tion est aujourd’hui la règle, et qu’il est assez rare que dans les semis il y ait des fleurs simples. D’oli viennent ces Ravenelles? Ce sont des descendances des plantes dites « Giro- flées jaunes d’Erfurt », un type tout à fait particulier dont l’origine ne paraît pas bien constatée, mais dont les caractères semblent nettement démontrer l’hybridation entre des variétés de Ravenelles communes (Cheiranthus Cheiri] et les Giroflées Qua- rantaines,— Cocardeau, probablement. — Outre l’aspect général des plantes, leur tem- pérament intermédiaire entre ces deux types semble ne laisser aucun doute à cet égard. Mais, quoi qu’il en soit sous ce rap- port, et quelle que soit leur origine, ce qui est certain, c’est que ce sont des plantes or- nementales de premier ordre. Cidture. — La culture des Ravenelles à fleurs semi-pleines ou pleines est absolu- ment celle des Giroflées Quarantaine, Co- cardeau. On sème en juin, on repique en pépinière puis en pots et l’on hiverne sous châssis, car, bien que relativement rus- tiques, ces plantes ne supportent pas nos froids humides. Ce qui leur convient, ainsi, du reste, qu’à beaucoup de Crucifères, c’est une terre plus ou moins nitrée ou salpê- trée, comme celle dont nous avons précé- demment parlé (1). Il est donc très-bon, quand on le peut, d’ajouter à la terre de vieux plâtras bien écrasés ou des raclures de vieux murs. Si parfois, dans les semis, il se montrait une variété qui, par suite de sa plénitude considérable, ne donnât plus de graines, et que l’on tînt à la conserver, il faudrait la multiplier par boutures, ainsi qu’on le fait pour la Giroflée Rameau d’or. Un léger reproche que l’on pourrait peut- être adresser aux Ravenelles dont nous parlons, c’est de ne pas ramifier, et, en gé- néral, de ne donner qu’une inflorescence, (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 418. Giroflées raveræUes à fleurs doubles. Reeuc Horiuvlc. LES PALMIERS CULTIVÉS. 135 qui, il est vrai, est très-forte. Pourrait-on, par un pinçage approprié, contraindre ces plantes à se ramifier et à produire plusieurs inflorescences? Nous posons la question, aux praticiens à répondre. E.-A. Cariuèiie, LES PALMIERS CULTIVÉS « JUANIA, Drude. — Ce genre ne se trouve encore dans aucune collection européenne, bien qu’il soit connu depuis longtemps ; mais, comme l’unique espèce qui le compose a été cultivée à Kew, en 1882, il convient, par suite, d’en parler. En 1877, des graines furent en- voyées à Kew comme provenant du Palmier de l’île Juan Fernandez. Une seule plante ré- sulta du semis de ces graines et fut étiquetée Jiiania^ dans la supposition que la provenance était bien indiquée et aussi parce que les ca- ractères de la jeune plante correspondaient bien à ceux du Palmier de Juan Fernandez vrai. En 1882, toutefois, de jeunes exemplaires de Palmier récemment introduits vivants de Rio- de-Janeiro, sous le nom de Glaziova insignis, et actuellement rangés dans le genre Cocos^ furent comparés avec la plante étiquetée Jua- nia, et déclarés absolument semblables ; cela suggéra l’idée d’indiquer, dans la liste des plantes cultivées à Kew, le Glaziova insignis comme étant synonyme de Juania australis. Si le Palmier étiqueté à Kew Juania australis est réellement cette espèce, cette synonymie est bien établie; mais, d’un autre coté, si les graines reçues sous le nom de Juania sont celles de Glaziova, il s’ensuit que le Palmier de Juan Fernandez est encore inconnu en Angleterre. La description suivante provient de la relation de l’expédition du « Challenger ». J. australis, Drude. (Syn, Ceroxylon? australe, Mart. ; Morenia Chonta, Philippi.) Chonta est le nom local de ce Palmier, qui croît spontanément dans l’île Juan Fernandez. Le stipe atteint 25 à 30 mètres de hauteur, et excède rarement 25 à 30 centimètres de dia- mètre. Ce Palmier, dont la couronne domine les plus hautes forêts, y produit un remar- quable effet, par ses longues feuilles, ondu- lées, plumeuses. Le tronc, vert foncé, est lisse et brillant, et les fruits, rouge écarlate, de la grosseur d’une balle de fusil, sont sus- pendus en élégants festons, ce qui ajoute en- core à l’aspect décoratif de cette espèce. On sait qu’à l’époque (1704-1709) où Alexandre Selkirk (Robinson Grusoé) séjourna dans cette île, les Palmiers Chonta y étaient très-abon- dants; mais Moseley relate que de nos jours il n’en reste qu’un très-petit nombre. Un frag- ment de feuille est conservé à l’herbier de Kew et suffit à montrer l’élégance extrême des feuilles de ce Palmier, qui se rapprochent beaucoup de celles du Glaziova. Kentia, Blume. — Parmi les nombreux Pal- miers qui sont répandus dans les cultures (1) Voir Revue hort., 1884, p. 438; 1885, pp. 19, 66, 86, 133, 230, 523, 547 et 561 ; 1886, p. 90. sous le nom de Kentias, deux seulement, en- core rares, ont le droit de porter ce nom. Le genre, d’après sir Joseph Hooker, com- prend trois espèces. Ce sont des Palmiers sans épines, à stipes annelés et feuilles pennées, à pinnules arrangées régulièrement le long du rachis, qui est canaliculé en dessus et arrondi en dessous. Les fruits ont la grosseur d’un grain de Cassis; ils sont légèrement oblongs, le ca- lyce restant attaché à leur base, et contiennent des graines ressemblant à des grains de Poivre un peu oblongs. Les feuilles séminales sont bipartites, ainsi que les sept ou huit qui vien- nent ensuite ; ces Palmiers ne produisent des feuilles pennées que lorsqu’ils ont déjà plu- sieurs années. J{. costata, Beccari. — Nouvelle Guinée. K. elegans, Br. — {K. Luciani, Wendl.). — Nouvelle Guinée. JuBÆA, H. B. K. — Genre monotype, inté- ressant surtout en ce qu’il est celui qui croît le plus au sud, dans le Nouveau Monde, et parce qu’il sert d’aliment aux Chiliens. Au point de vue ornemental, il est bien inférieur à la plupart des Palmiers. Darwin, dans le récit du voyage du c Beagle », rappelle qu’il rencontra le Jubæa dans l’ascension qu’il fit de la Campana, ou a Montagne de la Cloche », à une altitude de 1,500 mètres. « A certains endroits, dit-il, je rencontrai le Jubæa, et je fus très-étonné qu’il pût végéter à cette hauteur. Ce Palmier, rela- tivement aux autres représentants de cette fa- mille, est laid; sa tige est forte et de curieuse forme ; son diamètre est plus grand, à moitié de sa hauteur, qu’à la base et au sommet. Les sujets sont très-nombreux dans certaines ré- gions du Chili, où ils sont précieux à cause d’une sorte de mélasse qui se fabrique au moyen de leur sève. Dans une propriété, près de Petorca, on a commencé une fois à énumérer les Jubæa existants ; mais on a dû s’arrêter sans avoir terminé cette tâche, après avoir déjà compté plusieurs centaines de mille exem- plaires. » « Chaque année, au premier printemps, c’est-à-dire en août, on abat un grand nombre de ces arbres; aussitôt qu’ils sont étendus à terre, on coupe leur couronne de feuilles, et la sève se met immédiatement à couler à l’ex- trémité supérieure du stipe. Elle continue ainsi pendant plusieurs mois, à condition que chaque jour on enlève une rondelle pour raviver la plaie de l’extrémité tronquée. Un bon arbre peut ainsi produire 400 litres de sève, ce qui semble étonnant, étant donné que le tronc dont sort tout ce liquide paraît, lorsqu’on l’abat, presque entièrement sec. » Par suite d’une indifférence bien coupable, on a entière- 134 LES PALMIERS CULTIVÉS. ment négligé de remplacer par de jeunes plants les nombreux Palmiers abattus chaque année pour la récolte de la sève, en sorte que, dans ces régions, ils sont aujourd’hui en très-petit nombre. Un joli spécimen cultivé à Kew, en serre tempérée, développe actuellement des fj’ondes qui ont 4 mètres de longueur, et qui s’élancent d’un tronc renflé en forme de ton- neau, non encore devenu stipe. Les feuilles sont pennées et ressemblent à celles du Dattier. Les graines sont rondes, aussi grosses que des Prunes, et recouveiles d’une enveloppe fibreuse ; les feuilles séminales sont simples, érigées, raides; les graines germent rapidement dans une température élevée, et les jeunes plantes se développent bien en serre tem- pérée. Il est probable que, sous nos climats, le Juhœa aura à peu près la même rusticité en pleine terre que le Chamærops Fortiinei. J. spectabilis, H. B. K. {CoquitO’nut Palm). — Chili. Kentiopsis, Brongn. — Ce genre, qui, jus- qu’ici, n’a donné que trois espèces décrites, est représenté dans les cultures par deux espèces de haut intérêt. Les Kentiopsis., quand ils sont bien développés, ont le stipe robuste, élevé, non armé; les feuilles, grandes, pen- nées, supportées par un rachis fort, lisse, à pinnules plutôt larges, rétrécies aux deux ex- trémités, la pointe supérieure très-aiguë. Les fruits, ovales, ont 5 centimètres de lon- gueur ; le péricarpe est épais et fibreux, et en- toure une graine lisse, presque ronde. Jv. olivæformis, Brongn. {Kentia gracilis, Lind.) Cette espèce, à l’état jeune, possède un port noble et tout à fait distinct; un exemplaire cultivé à Kew, et qui mesure environ 1 mètre de hauteur, porte six feuilles étalées, à rachis long de 55 centimètres, presque cylindrique, mesu- rant 15 à 16 millimètres de diamètre, abon- damment pointillé de brun; les pinnules, au nombre de 12 paires, sont disposées réguliè- rement, et ont 50 centimètres de longueur; leur extrémité est allongée et pointue, elles sont épaisses et coriaces, vert olive foncé. Au moment où elles se développent, les feuilles sont d’un rouge brun foncé, ce qui augmente encore l’aspect ornemental de la plante. Nou- velle Calédonie. K. macrocarpa, Brongn. {Kentia Lindeni, Lind.) Également originaire de la Nouvelle- Calédonie, cette espèce est aujourd’hui très- répandue dans les cultures ; son beau feuillage, qui est rouge au moment où il se développe, l’a placée à l’un des premiers rangs. Lâtaniâ, Comm. — De tous les Palmiers à feuilles en éventail, les trois espèces qui com- posent ce genre sont certainement les plus jo- lies, aussi bien quand elles sont jeunes, cul- tivées en pots, que lorsqu’elles ont acquis de grandes dimensions en pleine terre. Les exemplaires, pourtant bien développés déjà, que l’on rencontre dans les cultures eu- ropéennes, ne sont que des pygmées à côté des splendides spécimens décrits par M. Baker dans la Flora of Mauritius and Seychelles., et qui ont le stipe haut de 12 à 18 mètres, très-fort, renflé à la base, supportant une im- mense couronne de feuilles longuement pétio- lées, très-larges, à segments retombants. La beauté de ces feuilles est encore relevée par la couleur rouge foncé ou jaune que conservent toujours les nervures et les bords du limbe. Les jeunes exemplaires ont les pétioles garnis d’épines sur leurs bords, mais, en vieillissant, ils perdent ce caractère. Les graines sont en forme de drupe, longues de 5 centimètres, va- riant quelque peu en épaisseur, suivant l’es- pèce qui les a produites; les feuilles séminales sont palmatificles, panachées. Ainsi que les autres Palmiers provenant des mômes régions, les Lataniers demandent une température tro- picale humide, un sol riche, argileux, et des arrosages copieux. Ils croissent lentement quand ils sont jeunes et demandent alors à être surveillés de 'très-près, car, s’ils sont né- gligés, ils prennent bien vite une apparence rachitique. Il existe actuellement, dans les cultures, une certaine confusion entre les trois espèces connues ; les descriptions suivantes permettront de les distinguer entre elles. — L. Comynersonii, Linn. (L. ruhra, Jacq. et Hort.) — Pétiole long, faiblement arqué ; limbe italmé, à segments longs, retombants, vert foncé en dessus, plus pâle en dessous ; les bords en sont légèrement épineux, et rayés de rouge foncé, quand les plantes sont jeunes. Les jeunes feuilles portent le long de leur ner- vure principale des épines qui tombent lors- que les feuilles sont entièrement développées. Les graines sont pyriformes, presque plates sur un côté, brun foncé, enfermées dans une cosse écailleuse et portant à sa surface extérieure des lignes ou stries foncées. L. Loddigesii, Mart. (L. glaucophylla, Hort.) — Cette espèce a les feuilles semblables à celles de la précédente, sauf que le limbe est glauque ; les nervures sont légèrement to- menteuses en dessus et teintées de rouge ; les écailles des jeunes feuilles sont presque blan- ches. Les graines sont longues de 5 centi- mètres, plates d’un côté, arrondies de l’autre, et garnies d’une sorte de nervure proéminente et ramifiée, qui rappelle la forme d’un petit lézard qui serait appliqué sur la graine. L. Verschaffelti, Linn. (L. aurea, Hort.) — Ce Palmier a le pétiole jaune orangé bril- lant, le limbe vert pâle, à segments légèrement teintés de jaune. Les nervures et bords de ces segments sont tomenteux et écailleux. Les graines sont obovales, légèrement triangu- laires, longues de 5 centimètres, larges de 4, et ont leur surface marquée comme celle du L. Commersonii. La plante connue dans les cultures sous le nom de Latania borhonica est le Livistona chinensis. Ed. André. (D’après le Gardeners’ Chronicle.) PE-TSAI AMÉLIORÉ. 135 PE-TSAI AMÉLIORÉ Doit-on écrire Pc-tsai, Pet-sai, Pak- choi, Petsaiy ou même Petsaï ? Sous ce rapport, nous ne voyons pas plus de raison pour l’un que pour l’autre de ces modes d’orthographe, les ayant vus écrits de ces diverses manières par des hommes que l’on peut regarder comme également compé- tents. Cependant, nous croyons devoir nous ranger avec les autorités les plus accrédi- tées, MM. Paillieux et Bois (1), Vilmorin et C‘®, qui ont écrit Pe-tsai. Peu de plantes, du reste, ont donné lieu à autant d’écrits, de rapports ou d’articles isolés, que l’espèce dont nous parlons et qui, comme type, est un vieil habitant des jardins botaniques, sous Fig. 27. — Pe-tsai, type Brassica sinensis, très-réduit. le nom de Chou de la Chine {Brassica si- nensis, Linné). On en a une preuve dans le Potager d'un curieux, à la page 217. Nous ne rapporterons pas les diverses opinions successivement émises sur cette espèce ; ceux qui désireraient se renseigner à ce sujet pourront consulter les Plantes pota- gères, de MM. Vilmorin, mais surtout le Potager d'un curieux. Faisons cepen- dant remarquer que, même en Chine, où le Pe-tsai est très-fréquemment cultivé comme plante alimentaire, il en existe plusieurs variétés. Voici à ce sujet ce que nous lisons dans ce dernier ouvrage : ... On distingue ici (c’est un missionnaire qui parle) trois sortes de Pe-tsai (2) : 1» les (1) Le Potager d’un curieux, broch. in-8o, p. 209. — Librairie agricole, 26, rue Jacob. (2) Pe veut dire blanc, tsai veut dire légume; Pe-tsai à feuilles blanches, fines et très-ten- dres, qui pomment comme les Laitues ro- maines, quand on les aide un peu ; 2» les Nisontou, c’est-à-dire « Fraises de bœuf », parce que leurs feuilles sont crépues, très-grandes, charnues, pleines de suc et assez douces ; 3o les Violacés, dont les feuilles sont très-dé- liées, lisses, fortes, tendres et d’un goût agréa- ble, mais mêlé d’une petite pointe d’amertume, comme quelques espèces de Laitue. Parmi ces trois espèces, on distingue encore celles qui ont les feuilles allongées en langue de serpent, ou arrondies, découpées ou unies, à côtes plates comme les Bettes (Poirées), blondes ou à côtes arrondies comme les Laitues , etc. Nous n’insisterons pas sur les détails de ces différences... Il est inévitable que les Pe-tsai, étant si diversemient cultivés dans un empire aussi immense, changent d’un endroit à l’autre Fig. 28. — Pe-tsai amélioré {Brassica sinensis),^ très-réduit. et prennent différentes formes... Le climat, la saison et la nature du terrain déterminent les qualités pour le goût et la grosseur. ... Les plus estimés, à Pékin, sont ceux des environs de la petite ville de Ngan-Sun ; ce sont ceux, en effet, que l’on préfère pour la table de l’Empereur et de toute sa famille. ... Quand on cherche plutôt à avoir de bons que de gros Pe-tsai, et à les avoir en leur temps, il suffit d’en pousser la croissance ; il faut leur choisir un terrain découvert et plutôt sec qu’humide. de sorte que Pe-tsai veut dire légume blanc. Des trois espèces de Pe-tsai que cite la notice, il y en a deux qui ne méritent pas d’être accueillies. La troisième ne diffère de nos Cardes-Poirées que parce que celle de la Chine est plus tendre et moins fade, plus large et plus longue que les nôtres. Cette espèce a réussi en France ; les deux autres y réussiraient de même si elles valaient la peine qu’on essayât de les y cultiver. (Note de MM. Pail- lieux et Bois.) 136 PE-TSAI AMÉLIORÉ. Les Pe-tsai no donnent leurs graines que l’année après qu’ils ont été plantés. Les Chinois prennent les mômes précautions pour en avoir que nous pour les Choux; ils gardent dans une serre ou tout autre endroit bien abrité quel- ques pieds choisis, et, le printemps venu, ils les replantent dans un endroit bien abrité, ex- posé au soleil, et les arrosent jusqu’à ce qu’ils soient montés en Heurs et en graines. La graine est mûre d’ordinaire en juin et juillet. Les jar- diniers, ici, sont partagés sur ce qu’il faut se- mer. Les uns veulent que la graine nouvelle donne des produits plus forts, plus vigoureux, et d’une culture plus aisée ; les autres j)réten- dent que ceux qui viennent de la graine de l’an- née précédente, bien conservée à l’air, dans un endroit découvert et exposé au nord, don- nent des Pe-tsai plus tendres, plus délicats et plus faciles à faire j^ommer. Dans les provinces méridionales, on sème les Pe-tsai en toutes saisons, et ils y vien- nent très-bien. Quand on veut en avoir à la lin du printemps, en été et tout l’automne, il faut leur choisir une terre bien arrosée, et, autant qu’on le peut, l’exposition de l’orient. Dans les provinces septentrionales, comme Chun-tong et le Pe-tche-li, où ils sont incomparablement meilleurs et plus délicats, on les sème sur planche, de la mi-juillet en août, comme on le fait chez nous des Choux cabus. Les chaleurs de la canicule passées, on les transplante au cordeau dans des trous que l’on fait avec un gros plantoir, afin d’y mettre un peu de pou- drette. Ceux qui ne visent qu’au profit les plan- tent en échiquier, à 20 ou 25 centimètres l’un de l’autre, parce que les Pe-tsai se mangent à toutes leurs périodes d’accroissement. Ils en dédoublent les rangs à mesure que les plantes croissent, choisissant celles qu’ils veulent lais- ser, qu’ils supposent devoir atteindre les plus fortes dimensions... Il y en a qui lient leurs Pe-tsai, comme on le fait de nos Laitues ro- maines, afin de se procurer une grosse pomme et des côtes de feuilles plus tendres... Quand les plantes ont tout leur développement, elles ont jusqu’à 1 mètre de hauteur et pèsent depuis 8 jusqu’à 10 kilos. On a trouvé plusieurs moyens de conserver le Pe-tsai et de le faire durer tout l’hiver. Les uns les confisent au sel et au vinaigre, les au- tres les font cuire à demi à la vapeur de l’eau bouillante ou faner à l’air froid du nord, après les avoir effeuillés, puis passés par l’eau de Moutarde ou de Gingembre, en les coupant par morceaux. ... Mais, outre cela, on en conserve une grande quantité de frais jusqu’au printemps. Il y a pour cela deux manières : la première consiste à les exposer un peu au soleil pour leur ôter le superHu d’humidité qui les ferait jaunir, puis de les mettre en pile dans une resserre ou dans des fossés creusés ex- près; la deuxième, à les planter en masse dans du sable de rivière, humide, au fond d’une res- serre. Ceux qui ne veulent pas les conserver si longtemps les couchent à plat sur une terre ni trop sèche ni trop humide, et, après avoir jeté dessus un peu de j)aille hachée, ils les couvrent avec de la terre sèche. Ceux qui ont un endroit commode pour cela les suspendent par le pied, comme on le fait des Choux cabus, et le })lus près possible les uns des autres. Du reste, l’industrie tire si bien parti de toutes ces ma- nières de conserver les Pe-tsai qu’on en a, à Pékin, et à fort bon compte, pendant tout l’hiver. La consommation qui s’en fait dans cette ville est incalculable... Plusieurs raisons nous ont engagé à re- produire ces quelques passages du Mémoire concernant le Pe-tsai, et que MM. Paillieux et Bois attribuent à Poiteau, en choisissant ceux qui nous ont paru les plus intéressants et qui peuvent éclairer sur la culture, l’usage et la conservation des Pe-tsai. Ainsi, ces renseignements démontrent : que l’espèce est très-fréquemment cultivée en Chine, où il s’en fait une énorme consom- mation ; qu’on en connaît plusieurs va- riétés, qu’il y en a même qui c pomment », et aussi que, comme nos légumes, ils vien- nent plus ou moins bien, en raison du mi- lieu où ils sont plantés. Après ces quelques observations géné- rales, nous allons décrire la variété amé- liorée qui fait particulièrement l’objet de cette note, et afin qu’on puisse se rendre bien compte de sa valeur, nous avons cru devoir dire quelques mots du type que re- présente la ligure 27. Ce type, qui ne pomme pas, et que MM. Vilmorin et G*® ont décrit dans les Plantes potagères, p. 397, sous le nom de Pah-choi, peut être comparé à une sorte de Poirée-Garde ou à une très-grosse Ro- maine dont les feuilles , au lieu de se « coifïer », sont réHéchies, c’est-à-dire ren- versées en dehors. Ges feuilles sont d’un vert très -blond, presque jaunâtres. Quant aux côtes, qui sont très-larges et épaisses, elles sont d’un blanc nacré. La variété améliorée (fig. 28), bien qu’ayant un aspect général à peu près sembla- ble à celui du type, est plus compacte et plus ramassée, et a surtout cet avantage de pom- mer et même très-fortement. En effet, outre qu’elle atteint les dimensions d’une très- grosse Romaine, elle pomme presque aussi dur que nos Choux. Dans cet état, elle est com- plètement blanche et peut être consommée de bien des manières. Nous en avons mangé cuites et accommodées au jus, comme on le fait des Chicorées, en salade, dans le pot au SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 137 feu et même hachées, et assaisonnées comme des hors-d’œuvre, et toujours ces lég'umes nous ont paru excellents. C’est donc un nouveau et bon légume à ajouter à tant d’autres que nous possédons déjà, qu’il ne (( détrônera » pas, bien entendu, — ce qui, après tout, n’est pas nécessaire. Ce n’est pas un Chou, ni une Salade, ni un Epi- nard : c’est un Pe-tsai, qui au besoin peut les remplacer ou aller de compagnie avec eux. Cette variété est une amélioration du Pe-tsai commun, obtenue à Verrières, dans les cultures de la maison Vilmorin et C^®. Culture. — On sème vers la fin de juillet ou dans le commencement d’août ; les grai- nes lèvent très-vite et la croissance des plantes est extrêmement rapide. Un sol consistant, bien fumé et humide, convient parfaitement ‘à\i Pe-tsai. Il faut aussi veiller avec soin aux tiquets et aux chenilles, qui en paraissent assez friands. On sème en li- gnes ou à la volée, en ayant soin d’éclaircir au fur et à mesure, de manière que les plantes se trouvent à 30 centimètres envi- ron en tout sens. Il va de soi que, comme cela a lieu pour presque tous les légu- mes, l’époque des semis pourra varier un peu suivant le climat et le milieu où l’on sera placé, ce qui, du reste, se voit égale- ment en Chine. Au point de vue scientifique, le Pe-tsai nous fournit encore un exemple de la for- mation spontanée d’un caractère, celui de la pomature. En elfet, jusqu’ici et bien qu’étant cultivé dans les jardins botaniques depuis un très-grand nombre d’années, ja- mais il n’avait donné que des plantes à feuilles lâches, ouvertes même au centre par le renversement des feuilles, fait qui, par analogie, pourrait expliquer comment, soit dans les Romaines ou dans les Laitues, ou même dans les Choux, ce même carac- tère s’est produit. Ajoutons encore que, contrairement à ce que l’on supposait, le Pe-tsai est relative- ment rustique; nous en avons vu qui, ayant supporté 7 degrés centigrades au-dessous de zéro, n’en avaient pas souffert. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 25 FÉVRIER 1886 Constatons d’abord que, le matin, il y avait eu, en diverses localités des environs de Paris, de 3 à 5 degrés au-dessous de zéro, ce qui, jusqu’à un certain point, pourrait expliquer le peu d’importance des présentations. Au comité de culture potagère., M. Beur- delet, présentait deux pieds de Céleri Chemin très-beaux, et qui, contrairement à l’idée géné- ralement répandue, démontraient que bien que très-hâtif, ce Céleri se conserve en bon état aussi longtemps que le Céleri commun. A ce même comité, M. Berthauld (Jean), jardinier à Vissous (Seine-et-Oise), présentait en pots et en fruits mûrs des Fraisiers de la variété Marguerite Lebreton, ainsi que des Tomates cueillies et parfaitement mûres. Au comité à' arboriculture ont été présentés les objets suivants : Par M. Berthauld (Jean), jardinier à Vissous (Seine-et-Oise), deux corbeilles : l’une de Bergamote-Esperen, l’autre de Pommes de Calville et de Canada. Tous ces fruits étaient très-beaux ; les Pommes surtout étaient énormes et très-belles; cepen- dant elles n’avaient pas ce degré de finesse ex- terne qui donne aux fruits une si grande valeur. Outre ces présentations, le comité avait à examiner des fruits nouveaux ou peu connus, envoyés par M. Chrétien, de Tigery (Seine-et- Oise), amateur passionné d’arboriculture. Parmi ces fruits, dont la plupart étaient très-petits, nous avons remarqué la Pomme Hoover, d’ori- gine américaine, dit-on, mais qui nous paraît différer beaucoup de celle qu’a décilte M. O. Thomas dans son Guide de Vamateur de bons fruits. Il pourrait bien y avoir là une confusion de nom. Au comité de floriculture ont été faites les présentations suivantes : Par M. Regnier, horticulteur, avenue Marigny, à Fontenay-sous- Bois (Seine), deux variétés de Calanthe Re- grmeW récemment introduite de la Cochinchine, ainsi qu’un pied fleuri de Saccolabium illus- tris. — Par M. Maurice Vilmorin, vingt es- pèces d' Eucalyptus., la plupart en fleurs et en fruits, qu’il avait cueillies dans des jardins, à Nice. Il est impossible, si on ne l’a pas vu, de se faire une idée de ce que sont ces plantes, c’est- à-dire de la beauté originale, mais aussi du po- lymorphisme qu’elles présentent , polymor- phisme tel que ces espèces n’ont plus rien de commun avec les formes sous lesquelles on les rencontre ordinairement dans les serres, lors- qu’elles sont plantées en caisses ou en pots. Voici les noms de ces espèces : Eucalyptus amygdalina, Hort., E. botryoides, Mueller, E. calophylla, E. cinerea, E. cornuta., E. co- rynocalyx, E. cosmojjhylla, E. diversicolor, E. Globulus, E. Lehmanni, E. melliodora, E. polyanthema, E. Ristoni, E. resinifera^ E. robustus, E. rostratus, E. rudis, E. vimi- IJORONIA ELATIOR ET POLYGALÆFOLIA. 138 nalis. — Par M. Terrier, jardinier chez M. le docteur Fournier, rue Saint-James, à Neuilly (Seine), deux variétés de Phalœnopsis Schille- riana, très-dittérentes par la fleur, }>ar la vi- gueur, mais surtout par la forme, l’aspect et la nature des feuilles. En présentant ces plantes, M. Terrier, avec beaucoup de raison, voulait surtout faire voir combien il est important de distinguer et de dénommei- les variétés. En effet, sous un meme nom, il montrait là deux plantes complètement différentes comme mé- rite ornemental. — Par M. Dugoui’d, jardinier à Fontainebleau, chez M. le marquis de Cir- court, une collection de variétés d’ilellébores dont les fleurs, de grandeur et d’aspect divers, vaidaient du blanc pur au rouge sang plus ou moins foncé. — Par M. Leclerc, jardinier chez M. Tdnet, à Argenteuil, un petit pied iV Angrœcum leonis portant une seule fleur, petite, d’un blanc pur. C’est la deuxième floraison de cette espèce, qui a lieu en France. Puis les espèces suivantes : Odolonglossum Andcrsonianum, à feuilles irridiformes un peu tombantes ; ses fleurs, ({ui rappellent celles d’un Odontoglossum Alcxandræ, sont d’un jaune sale mar(jué de taches d’un brun mar- ron ; puis deux Cattleyas : un Cattleya Trianæ, magnifique comme force et comme vigueur, portant dix belles et très-grandes fleurs. Enfin un très-fort pied de Callleya arnethystoglossa de récente importation. C’est une magnifique variété, inédite, remarquable par ses fleurs plus colorées que celles du type, à divisions bien maculées, avec la partie inférieure du labelle d’un très beau violet à reflets rosés. IIORONIA ELATIOR ET POLYRAL EFOLIA Établi par le botaniste Smith, le genre Boronia est propre à la Nouvelle-Hollande. Les espèces qui le composent sont des plantes très-floribondes, toutes très-jolies et qui, bien que très-variées, rappellent un peu certains Diosma, qui appartiennent, d’ailleurs, à la même famille, celle des Diosmées. Voici les caractères généraux des deux espèces dont le nom est placé en tête de cette note : Boronia eJatior. — Plante vigoureuse, élancée, à rameaux ténus, effilés, stricte- ment dressés. Feuilles opposées, pinnati- fides, imparipennées, à pennes distantes, opposées, étroitement linéaires, acuminées- aiguës. Fleurs pédonculées, axillaires, so- litaires dans l’aisselle des feuilles; pédon- cules d’environ 12 millimètres. Galyce à quatre divisions étroites, appliquées, cour- tes. Corolle à pétales rapprochés, se re- couvrant sur les bords et semblant consti- tuer des urcéoles ou grelots d’un très-beau rose vineux, à reflets violacés. Ovaire gros, fortement saillant. — Fleurit en avril-mai. Boronia pohjgalæfolia. — Arbuste dressé, de vigueur moyenne. Ptameaux ténus, raides. Feuilles opposées, décussées, étalées, buxiformes, entières, sessiles, obo- vales et comme spatulées, largement ar- rondies au sommet , longues d’environ 1 centimètre sur 4 millimètres de largeur. Fleurs nombreuses, disposées en sortes d’ombelles larges, sur des pédoncules assez longs, dressés, très -fermes, nus. Galyce à quatre divisions ovales, appliquées, forte- ment élargies à la base. Corolle à quatre pétales ovoïdes, horizontalemennt étalées, d’un rose cendré, légèrement vineux. Éta- mines dressées, disposées en cercle au mi- lieu de la fleur, où elles forment une sorte de couronne. Les fleurs, qui sont étalées, régulièrement aplaties, ont environ 12 mil- limètres de diamètre. Elles se succèdent d’avril à mai. Culture et Multiplication. — Les Boro- nias sont de très-petits arbustes à ra- meaux dressés, qui s’allongent assez vite, de sorte que les plantes ont une grande tendance à se dénuder. Il faut donc les ra- battre de temps à autre, ce qu’on doit faire lorsque la floraison est terminée. On les cultive en serre tempérée, où on les place sur des tablettes, le plus rapprochés pos- sible du vitrage. Les arrosages doivent être modérés surtout pendant l’hiver. On les cultive en terre de bruyère plutôt légère et fibreuse que compacte. La multiplication se fait par bouture et par greffe. Pour les boutures, on prend du bois semi-aoùté, non à fleurs, et on les place sous cloche dans la serre à multiplication. Il faut avoir soin de pincer les jeunes plantes pour les faire ramifier et les empêcher de s’allonger trop. Certaines espèces, qui ne reprennent pas très-bien de boutures, doivent être greffées. On se sert comme sujets des es- pèces vigoureuses du genre qui reprennent bien de boutures. On peut aussi les essayer sur Correa, sur Zieria et même sur Choisya ternata. E.-A. Carrière. l’hortictiltüre au concours général agricole de paris. 139 L’HORTICULTURE AU CONCOURS GÉNÉHAL AGRICOLE DE PARIS Décidément, l’horticulture a pris pied au Concours général agricole de Paris. Après les fruits et les légumes de conserve, sont arrivées les primeurs. Les Heurs ont fini par s’imposer : aujourd’hui, le programme admet les arbres et arbustes verts; demain, ce sera le tour des arbres fruitiers, des Rosiers forcés, des Ca- mellias en fleurs et de toute la riche floralie qui donne tant d’éclat aux expositions vernales de la Belgique et de l’Angleterre. Le public ne s’en plaindra pas, et les liens déjà si nombreux qui unissent l’agriculture à l’horticulture y seront encore plus intimes. Les procédés de culture et d’exploitation ont été également inaugurés cette année; témoin, la médaille d’or accordée, conformément à l’ar- rêté ministériel, à M. Étienne Salomon, de Thomery. Dans une salle spéciale, autour d’une serre vitrée renfermant les superbes Raisins qui ont gagné le Prix d’honneur de l’exposition frui- tière, le public a pu se rendre compte : 1» des procédés de multiplication de la Vigne par se- mis, bouturage, marcottage ou greffage; 2® de l’outillage servant à ces diverses opérations, et à la culture du sol et à la taille du plant, à Pair libre ou sous verre ; 3» des accessoires employés à la récolte du Raisin, à son embal- lage pour le transport et l’exportation ; 4° des modèles de fruitiers avec agencements néces- saires aux modes de conservation du Raisin à rafle sèche ou à rafle verte; 5« enfin, les spéci- mens des différents systèmes de préservation contre les gelées printanières, les pluies et les brouillards d’automne; en même temps, les métiers à paillassons, claies et autres abris. Les cloisons de la salle Salomon étaient ta- pissées de ceps de Vigne régulièrement dis- posés en cordons verticaux ou horizontaux, et donnaient une idée suffisante des méthodes adoptées par les cultivateurs de la région de Fontainebleau. Nous ne parlons pas des dessins et tableaux qui tapissaient le pavillon de la Ville de Paris réservé à l’Exposition scolaire, et dénotant un certain progrès chez nos instituteurs et profes- seurs; nous préférons ici les exhibitions maté- rielles. Dans cet ordre d’idées, signalons les Vignes en espalier, de M. Chevallier, ou en contre-es- palier, de M. Forney; les arbres formés, de M. Boucher ; les arbres à cidre, de M. Groux, et même les poussières de Liège, par M. Bure, d’Algérie, servant à l’emballage des Rai- sins. M. Rigault, de Thomery, montrait de jolis Chasselas dorés sur brin en fiole ; moins beaux étaient ceux de MM. Louis et Jourdain, mais supérieures étaient les grappes rebondies, am- brées ou veloutées, de M. Salomon, en 66 va- riétés parfaitement étiquetées, et qui, d’ailleurs, ont valu le grand prix à leur présentateur. Des Vignes forcées en pot, des arbres frui- tiers en fleurs représentaient la culture forcée à côté des fruits de conserve. Les tables consacrées aux Poires et aux Pommes offrent, comme toujours, des échan- tillons irréprochables de Poires Doyenné d'hi- ver, Passe-Crasanne, Olivier de Serres, Saint- Germain, Doyenné d'Alençon ; des Pommes Calville blanc. Reinette grise. Reinette du Ca- nada, Api, Reine des Reinettes. En fait de nouveautés ou de fruits peu connus, les Poires Charles Cognée, Doyenné de Montjean, Duchesse de Sardeaux, Direc- teur Alphand ; les Pommes Belle-Fleur jaune. Calville du roi. Baron de Trautenherg . Signalons les fruits locaux du Cercle d’ar- boriculture de Montmorency, la Poire Vital, les Pommes Jean Huré, Fare, Tavernière, Guéraud, Mazure, de Ruellé. Les principaux producteurs étaient MM. Che- valier, de Montreuil ; Boucher, de Paris ; Ber- trand, de Sceaux; Bureau, de Rosny; Jour- dain, de Maurecourt; Rigault; de Thomery. Les Doyenné d'hiver, de M. Ledoux, à No- gent-sur-Marne, et les Calville, de M. Grapotte, à Gonflans- Sainte-Honorine, récoltés en plein air, ont encore démontré la supériorité de ces deux variétés pour les cultures spéculatives de fruits d’arrière-saison. VApi étoilé revient régulièrement à ces concours. Séduisant de forme et de coloris, il n’a pas la qualité fine de son type, VApi rose. Les Ananas, de M. Grémont, à Sarcelles, étaient irréprochables. Quelques apports de fruits (Pommes de Nor- mandie), nous ont conduit au cidre de l’Eure, obtenu avec la 3/arm Onfroy, la Blanc-Mollet, la Fenouillet de la Mayenne ; aux cidres mous- seux de M. Pol Fondeur, à Viry (Aisne), et aux eaux-de-vie de poiré du Calvados. Le Midi nous avait fourni l’intéressante col- lection d’Amandes, de M. Victor Leydet, à Aix ; les Pruneaux d'Ente, de MM. Laffargue et Lassalle, de Lot-et-Garonne; les Noix de la Dordogne, les Noisettes de la Sarthe, les Mar- rons de l’Ardèche. Quant aux Oranges, Citrons, Mandarines, les envois d’Algérie ont prouvé que les cultures arbustives devaient être encouragées dans cette vaste colonie. Nous ne citerons les beaux lots des expo- sants marchands que pour faire ressortir la variété de nos productions indigènes ou colo- niales destinées à la consommation. La culture maraîchère des environs de Paris était représentée par une série remarquable de légumes à feuillage, à tige ou à racine alimen- taire, provenant de Sceaux, d’Argenteuil, de 140 l’horticulture au concours général agricole de paris. Nogent, d’Issy, de Villejuif, de Saiiit-Gratien. M. Buisson (Henri), de Montreuil, a reçu une médaille d’or pour une collection de Chicorées et autres plantes soumises à l’étiolage j)ar un système combiné de chaleur et d’obscurité, et rendues comestibles en cette saison. Une ré- compense semblable est décernée aux légumes de M. Chemin, à Issy, à qui nous devons le Céleri }üein blanc doré. Il y a de quoi se perdre dans les galeries consacrées à la Pomme de terre. Nous deman- dons une sélection, tout en rendant justice aux choix des espèces alimentaires ou féculières de M. Rigault, de Croslay. Les amateurs de grandes collections pota- gères et fourragères ont éprouvé toute satisfac- tion dans les salles Vilmorin, Delahaye, For- geot, Lecaron. M. Forgeot exhibait le Cèlera à forme de Scarole, plante naine de récente ob- tention. Au milieu de ces plantes utiles à l’agricul- ture et à l’horticulture, brillait la partie florale. A la maison Vilmorin, les Jacinthes, Tulipes, Crocus, Narcisses, Scilles, Primevères de Chine, Muguets, Anémones, Jonquilles, Cyclamen, tout de premier ordre, le Thlaspi de Gibral- tar, à larges bouquets compacts, lilacés ou cendrés; le Chionodoxa Luciliæ, genre de Scille à fleur carnée liseré bleu d’Outre-Mer. Il est impossible de voir un plus joli lot de Cinéraires hybrides, plantes bien développées, à larges corolles et les types à grande fleur blan- che, à fleur bleu d’azur, à fleur double. La médaille d’or était là de toute justice, comme le rappel de prix d’honneur attribué aux im- menses collections de grande culture de MM. Vilmorin et Cie. Si quelques mains indiscrètes se sont portées sur les touffes de Muguet de MM. Vilmorin, M. Forgeot a dû faire la même remarque sur ses Violettes de Parme fort tentantes, formant ceinture autour des Cyclamens bien variés. La même maison s’est signalée par une pyramide de Jacinthes de Hollande de toute beauté, une corbeille de Primevères de Chine bien culti- vées et des Cinéraires hybrides à grandes fleurs. Le Cyclamen si coquet se retrouve dans les lots de M. Robert, à Sarcelles, et de M. Truf- fant, à Versailles. A celui-ci, nos plus vives félicitations pour sa vaste corbeille, trophée de ravissantes Orchidées de serre froide en pleines fleurs. Il n’est pas un visiteur et surtout pas une visiteuse qui n’ait applaudi à la médaille d’or gagnée par notre confrère. Dans le salon d’honneur, nous trouvons en- core un bon choix de Tulipes, Anémones, Cro- cus, Cyclamen et Primevères bien fleuris de M. Torcy -Vannier, à Melun; les Hellébores, plantes trop négligées, en nombreuses va- riétés, de M. Dugourd, à Fontainebleau. Les Hellébores Paul Hariot et Charles DelaviUe sont des plantes d’avenir. Enfin, une tablette de 22 belles variétés de Violettes en fleurs, par ]\L Millet (Armand), à Bourg-la-Pteine, aux nuances violet-bleu ou lilacé, rose vif, carné ou blanc, complétait la section florale du con- cours. Au rez-de-chaussée, M. Groux, à Aulnay, et M. Honoré Defresne avaient disséminé des groupes de Conifères et d’arbustes verts vigou- reux, bien di’essés et de première force, comme il est rare d’en rencontrer. Cette innovation a parfaitement réussi. Charles Baltet. Voici la liste des récompenses accordées aux produits de l’horticulture : Plantes d'ornement fleuries et plantes vertes. Médailles d’or. MM. Vilmorin, Andrieux et Cie, pour leurs Ginéaires ; M. Truffaut, à Ver- sailles, pour ses Orchidées ; M. Groux, à Aul- nay (Seine), pour ses arbres et arbustes verts; médailles de vermeil, MM. Forgeot et Cîc, pour leurs Primevères ; M. Robert, à Sarcelles (Seine-et-Oise), pour ses Cyclamens ; M. De- fresne, à Vitry (Seine), pour ses arbres et ar- bustes verts ; M. Fouquet, à Sinceny (Aisne), pour ses plants de Peupliers régénérés ; mé- dailles d’argent, M. Millet, à Bourg-la-Reine (Seine), pour ses Violettes ; MM. Vilmorin, An- drieux et Gie, pour leurs Jacinthes ; MM. For- geot et Cie, pour leurs Jacinthes ; MM. Vilmo- rin, Andrieux et Gîe, pour leurs Narcisses ; M. Torcy-Vannier, à Melun (Seine-et-Marne), pour ses Primevères ; M. Dugourd, à Fontai- nebleau (Seine-et-Marne), pour ses Hellébores ; ^médailles de bronze, MM. Vilmorin, Andrieux et Gle, pour leurs Crocus, leurs Anémones, leur Muguet et leurs Tulipes ; M. Torcy-Van- nier, pour ses Tulipes ; M. Torcy-Vannier, pour ses Crocus ; MM. Forgeot et pour leurs Cinéraires. Légumes. Médailles d’or, M. Chemin, à Issy (Seine) ; M. Buisson (H.), à Montreuil-sous-Bois (Seine); médailles d’argent, M. Renard (Théophile), à Saint-Gratien (Seine-et-Oise) ; M. Dagneau, à Nogent-sur-Marne (Seine) ; M. Lhérault (Louis) à Argenteuil (Seine-et-Oise) ; médailles de bronze, M. Bertaud, à Rosny-sous-Bois (Seine) ; M. Bertrand, à Sceaux (Seine) ; M. Girardin (Eugène), à Argenteuil (Seine-et-Oise) ; M. Bure, à Bône (Gonstantine). Pommes de terre. Rappel de médaille d’or, M. Rigault (Joseph), à Croslay (Seine-et-Oise) ; médaille d’or, M. Rigault (Hyacinthe), à Croslay (Seine-et-Oise) ; médailles d’argent, M. Sevin, à Villejuif (Seine); M. Renard, à Saint-Gratien (Seine-et-Oise) ; M. Torcy-Vannier, à Melun (Seine-et-Oise) ; médailles de bronze, M. Barbier, à Glamart (Seine) ; M. Lepetit ; M. Bastier, à la Souter^ raine (Creuse). NA TAUPE ET U’OTIORYNCHUS SULCATUS. 141 Bais ms. Médaille d’or, M. Salomon, à Tliomery (Seine-et-Marnej ; médaille de vermeil, M. Ri- gault, à Thomery (Seine et-Marne) ; médaille d’argent, M. Louis, à la Brosse-Monceaux (Seine- et-Marne). Procédés de conservation et culture. Médaille d’or, M. Salomon ; médaille d’ar- gent, M. Bure. Fruits frais autres que les Raisins. Médailles d’or, M. Bertrand; M. Crémont, à Sarcelles (Seine-et-Oise) ; médailles d’argent, M. Chevallier, à Montreuil (Seine); M. Jour- dain, à Maurecourt (Seine-et-Oise) ; M. Cra- potte, à Gonflans-Sainte-Honorine (Seine-et- Oise) ; M. Bertrand, à Rosny-sous-Bois (Seine) ; médailles de bronze, M. Boucher, à Paris, ave- nue d’Ralie; M. Ledoux, à Nogent-sur-Marne (Seine) ; M. Bure ; M. Rigault ; M. Guilloux, à Sceaux (Seine) ; M. de Beaune, à Vitry-sur- Seine (Seine). LA TAUPE ET L’OTIORYNCHUS SULCATUS Dans la nature tout s’enchaîne : la culture est tellement liée à la zoologie que nos lec- teurs ne nous sauront pas mauvais gré de leur parler un peu de la taupe, ce petit animal tant détesté des cultivateurs. Lien qu’il leur rende des grands services dont ils ne se doutent même pas. La taupe, rappelons-le, est essentielle- ment insectivore et ne fait aucun mal à la végétation proprement dite ; elle ne vit que de la chasse acharnée qu’elle fait continuel- lement aux insectes de toutes espèces et à leurs larves. C’est pour chercher sa pâture journalière qu’elle creuse ses longues gale- ries souterraines, dont elle ramène la terre à l’extérieur sous forme de monticules nommés Taupinières, et qu’elle commet toutes les dégradations qu’on a à lui re- procher. Dans les prairies, où elle est très- commune, ces taupinières empêchent sou- vent de faire la fauchaison d’une façon régulière, et font quelquefois subir aux in- téressés des pertes assez sérieuses. Dans les jardins, le même inconvénient n’a pas lieu, parce qu’on les chasse davantage et qu’elles y sont plus rares, mais elles n’en causent pas moins des dégâts considérables parmi les semis et les plantations. En 1881, un de nos confrères a publié dans la Revue horticole (16 août 1881) un article sur l’invasion de V Otioryiichus sul- catus dans les cultures des environs de Brest ; il en a décrit les mœurs, les trans- formations et les ravages causés par ses larves qu’on connaissait à peine ; il a même cru que ce coléoptère avait été importé avec des végétaux exotiques, introduits au Jar- din botanique. Sous ce dernier rapport, il n’en est rien, V Otiorynchus est originaire de l’ancien continent; on le rencontre sur plusieurs points de l’Europe : en France, en Suisse, en Angleterre, et, d’après les renseignements qui nous ont été donnés. sur les cotes de Normandie et de Bretagne, depuis Cherbourg jusqu’à Brest, et même peut-être plus avant dans le sud. R habite généralement les terres légères, comme celles de landes ou de bruyère, les talus garnis de Ronces, Sedum QidfJJmhilicus, dont ses larves sont très-avides. Dans les cul- tures, on le trouve souvent sous les grosses touffes de plantes placées dans les endroits abrités, au pied des bordures et surtout parmi les Fraisiers Lorsqu’il est à l’état d’insecle parfait, il ne fait que peu ou même point de ravages ; ce n’est que lorsqu’il est en larve qu’il est le plus à craindre. Ces larves rongent comme les vers blancs, dont V Otio- rynchus n’est qu’un diminutif, les racines de tous les végétaux qui leur conviennent, sans qu’il soit possible de les détruire. Depuis l’apparition de ce charançon dans nos cultures, nous avons suivi avec atten- tion la marche progressive de son invasion et noté les végétaux qu’il attaque de pré- férence. R débuta d’abord parmi les plantes de la famille des Grassulacées, puis passa aux Primulacées, ensuite aux Saxifragées, aux Œnanthérées, aux Rosacées herbacées, et, l’année dernière, nous avons constaté sa présence sur le Gunnera et sur le Myrica pensylvanica, qui est la première plante ligneuse sur laquelle nous l’ayons rencontré. Les Grassulacées, sur lesquelles il cause des ravages considérables, sont une de ses familles préférées ; non seulement il en dé- vore les racines, mais même les tiges des espèces frutescentes ; il creuse, à l’intérieur de ces tiges, des galeries qui arrivent même jusqu’au sommet de la plante. Les bulbes de Cyclamen ont souvent le même sort. Dans les Saxifragées, les désastres ne sont pas moins grands. En général, VHoteia ja- ponica lui sert de gîte ; il en recherche les souches dans lesquelles il construit de nom- breuses loges pour abriter sa progéniture. 142 LES PISSENLITS. qu’on y rencontre à tous les degrés de dé- veloppement ; mais cette plante est telle- ment robuste et rustique qu’elle n’en paraît nullement incommodée. Il n’en est pas de même des Saxifrages en général, et du Saxifrafja umbrosa en particulier. Les végétaux de ces deux familles se plaisent généralement dans les terres douces et légères, qui conviennent également à notre coléoptère, et l’on est très-surpris de voir qu’elles prospèrent mieux avec leur ennemi que partout ailleurs, et qu’elles ne paraissent nullement en souffrir, ce qui n’a pas lieu de surprendre, quand on sait que c’est aussi ces familles que les taupes choi- sissent pour établir leur domicile, et que ce sont elles qui sont les gardiennes de ces plantes et qui les débarrassent chaque jour des hôtes incommodes qui les dévorent. Dans une autre partie de notre jardin, où la terre est plus franche et plus compacte qu’ailleurs et où les taupes ne restent pas, la culture des Primulacées et des Saxifragées LES PL Le Pissenlit commun (Taraxacum dens leonis^ L.) est une des rares plantes indi- gènes qui, à l’exemple de la Chicorée sau- vage, après avoir été dédaignées, ont pris tout à coup par la culture une extension considérable, et sont devenues la base d’un commerce important. ^ Cette plante, que l’on rencontre presque partout, sur le bord des chemins, dans les prés, les gazons, etc., nous fournit encore un exemple des modifications considérables que peut déterminer la culture. En effet, au lieu de plantes maigres, à feuilles étroites, très-divisées-roncinées, on a aujourd’hui des races qui deviennent très-grosses, à très- larges feuilles presque entières, ou des va- riétés à feuilles très-finement découpées, frisées, à cœur plein, et devenant énormes par la multiplicité des feuilles, rappelant assez exactement la Chicorée fine d’Italie^ allant quelquefois même jusqu’à une décou- pure tellement ténue et rapprochée qu’on l’a comparée à de la mousse. Telle est la variété à laquelle, et pour cette raison, on a donné le qualificatif de Pissenlit mousse. Outre ces caractères, il s’en est produit d’autres qui portent sur le tempérament des plantes, notamment sur la hâtiveté. Un fait remarquable encore, c’est que toutes ces variétés se sont fixées et tendent à constituer des races. y est impossible; la terre est tellement peu- plée de larves que les végétaux qu’on y plante résistent à peine six mois. 11 y a bien le merle et la grive qui se chargent d’étre les auxiliaires des taupes et détruisent des milliers de larves, mais les dégâts qu’ils causent sont presque aussi grands que ceux déterminés par VOlioryn- ehus, puisqu’ils arrachent toutes les plantes qui en sont infestées, afin de pouvoir ex- traire ces larves de leurs racines pour s’en nourrir. Les endroits fréquentés par les taupes ne sont pas visités par les merles. Nous n’avons pas l’intention de nous faire le défenseur de la taupe, car nous connais- sons trop les ravages qu’elle cause dans les cultures; nous voulons seulement appeler l’attention des cultivateurs sur les services qu’elle peut rendre, surtout pour la destruc- tion des larves d’un insecteaussi désagréable que V Otiorunchus., pour lequel les moyens de destruction sont encore inconnus. J. Blanchard. ŒNLITS Nous avons pensé qu’il serait intéressant de rechercher le point de départ de la cul- ture des Pissenlits au point de vue commer- cial, c’est-à-dire de ce que l’on nomme la « grande culture ». Pour arriver à ce résul- tat, il fallait d’abord rechercher quelles sont les localités où le Pissenlit fait l’objet d’une grande culture pour l’exploitation. C’est sur- tout ou plutôt c’est exclusivement aux envi- rons de Paris qu’a commencé cette cul- ture. Les investigations auxquelles nous nous sommes livré nous ayant appris que c’est à Montmagny (Seine-et-Oise) que cette culture des Pissenlits se fait sur la plus grande échelle, nous nous sommes adressé à l’un des principaux cultivateurs de cette commune, M. Vincent Gauchin, qui a eu l’obligeance de nous faire connaître tout ce qu’il y a d’important sur cette cul- ture, de sorte que, grâce à lui, nous pou- vons faire l’histoire à peu près complète de cette Gomposée-Chicoracée, qui est devenue l’objet d’un important commerce et se cul- tive aujourd’hui par centaines d’hectares. G’est en 1857 qu’un nommé Ghatelain (Joseph) a eu l’idée de tenter cette culture pour la première fois. Gette pensée lui est venue en voyant certaines gens aller chercher des Pissenlits dans les champs, principalement dans ceux de Luzerne, où, LES PISSENLITS. par siiitfi dps laliovirs, les plantes avaient été enterrées et sortaient du sol où elles avaient poussé et acquis une couleur blanche due à l’éliolement qu’elles avaient subi à l’abri de la lumière. Ce cultivateur fit re- cueillir des graines dans les champs, et les sema dans son jardin. Bientôt l’attention fut appelée sur cette plante dont la répu- tation s’établissait. Cependant ce n’est que quelques années plus tard, vers 1865, que deux autres cultivateurs, M. Guimier (Louis-Ange) et M. Jean-Louis Ledru, se livrèrent à cette culture, qui, déjà, se pra- tiquait en divers endroits, notamment à l’École d’horticulture de Versailles, où le Pissenlit est cultivé depuis 1862. A partir de cette époque, l’élan était donné, les cultivateurs de Pissenlits allèrent progressivement en augmentant, et il en fut de même des surfaces cultivées qui s’é- tendirent constamment. Aujourd’hui, c’est par centaines d’arpents que, dans la com- mune de Montmagny, sont cultivés les Pissenlits. Une progression analogue se produisit dans les communes voisines qui ont suivi cet exemple. Un fait difficile à comprendre pour ceux qui ignorent les besoins, les exigences ou, si l’on veut, les habitudes, c’est que, aux Halles centrales, c’est-à-dire pour le com- merce, on rejette les variétés améliorées, celles à cœur plein, par exemple, et surtout à feuilles larges; la raison, paraît-il, c’est que, coupées et exposées à l’air, les plantes ne se tiennent pas, deviennent prompte- ment flasques, fanent et s’affaissent, incon- vénient que n’a pas le Pissenlit commun et qui explique la préférence qu’on lui accorde dans le commerce. Les variétés à feuilles larges sont surtout rejetées, parce que ce sont celles qui fanent le plus vite. Il va sans dire que, pour des cultures bour- geoises, il pourrait en être autrement, d’au- tant plus que les variétés améliorées sont plus belles et aussi plus succulentes. Culture co7nmerciale des Pissenlits. — Les semis de Pissenlits se font de février en mai, dans un terrain meuble et profond. On trace, à environ 60 centimètres l’une de l’autre, des rigoles petites et peu profondes ; on tasse le fond avec le pied, puis l’on sème, on recouvre légèrement et l’on piétine de nouveau. La durée pour la germination des graines varie de trois semaines à un mois, suivant la température. Si le terrain où doivent être faits les semis était occupé, on pourrait faire stratifier les graines, de ma- nière à semer aussitôt que le terrain serait 143 devenu libre, et à rattraper, en partie du moins, le temps perdu. Lorsque les plants sont bien développés, on les éclaircit en laissant entre eux un es- pace d’environ 5 à 6 centimètres. Les soins ultérieurs consistent en binages et sar- clages donnés à propos, afin de maintenir le sol dans des conditions propices à la végétation. A l’automne, on enlève les grandes feuilles des plantes ainsi que toutes celles qui sont avariées, puis l’on butte en relevant la terre de chaque côté à la houe ou à la charrue, et l’on attend que les feuilles commencent à sortir de terre pour en faire la récolte, qui a lieu à partir de février, suivant la température de l’hiver. On pourrait même récolter dès l’automne ; il suffirait pour cela de hutter vers la fin de l’été, époque où la végétation se ralentit et où les feuilles des Pissenlits sèchent et dis- paraissent en partie pour bientôt être remplacées par d’autres {deuxième sève des cultivateurs). Cette récolte pourrait être également abondante, mais non rémunéra- trice, diverses autres salades abondant à cette saison. Les semis en grande culture se font dans, les proportions de 3 kilos à l’hec- tare. Cueillette. — Elle se fait ordinairement à la hinette; on coupe un peu au-dessous du collet, et, comme les racines de Pissenlit s’enfoncent perpendiculairement et profon- dément et qu’elles ont la propriété de re- former des hourgeons quand la partie tron- quée est exposée à l’air, une plantation bien réussie, dans un bon sol, peut durer plu- sieurs années, trois ou quatre et même plus. Cela est aussi un peu une question d’entre- tien et de soins. Cidture bourgeoise des Pissenlits. — Bien que la culture que nous venons d’in- diquer puisse également se pratiquer en maison bourgeoise, le plus souvent, bien que le fond soit le même, elle diffère par quelques détails qui, quoique secondaires, ne sont pas sans avoir une certaine impor- tance. En général, on fait usage de variétés améliorées., soit à cœur plein, mousse, ù ktrges feuilles, etc., et au lieu de semer en place, on sème en pépinière, pour repiquer en place, soit en lignes, soit en planches. Quant au traitement pendant l’été, il est le même que celui décrit plus haut. Mais, au lieu de faire blanchir les Pissenlits en les recouvrant avec de la terre, on recouvre parfois avec du terreau ou de la vieille tannée ; le plus souvent encore, après avoir nettoyé la plante, on réunit les feuilles con- 144 CORRESPONDANCE. sorvéos (le chaque pied, sans les cndom- uijii'er, sous un grand ])ol ou une leriâne; ces leuilles, privées d’air el de lumière, ainsi ([ue les nouvelles (jui poussent danl riiiver, deviennent d’un Irès-heau hlanc jaunâtre, sont alors très-lendres et excel- lent(\s à manger. I.es Pissenlits poussant iï-ès-hienà l’omhre et sous les ai’hres, où ])eu d’autres i)laut(\s viendraient, on peut eu semer les graines au ju'intemps; dans ces conditions, ce qui lait (l’al)ord un charmant tapis de verdure (constellé de fleurs d’un jaune très-hrillant plus tard, le([uel, en le recouvrant à l’aide de teri’oau ou de feuilles, peut être transformé en un champ de légumes. On peut aussi faire poui' les Pissenlits repiqués en ])!anches ce qu’on fait pour blanchir les Scaroles : les recouvrir avec des i)aillassons ou d(3s feuilles. On ])outéga- lemenl les eidever en moites et les porter dans la serre à légumes, ou les mettre dans un cellier ou môme une cave, d’où on les ])rend au fur et à mesure du besoin. Ouli'e leur ])iéparation en salade, les Pis- senlits })euvent éire cuits et accomirK^dés au jus ou à la sauce, ainisi qu’on le fait des Cbicorées et des Scaroles, ce qui constitue des metsagréables et tout particulièrement liygiénicpies. f].-A. Carrière. CORRESPONDANCE M. IL (Haute-Garonne) . — Tous les végé- taux cotylédonés peuvent absorber les liquides quels qu’ils soient, en quantités différentes, toutefois, en rapport avec leur nature, leur végétation et les conditions dans lesquelles ils se trouvent placés. Quant à préciser et dire quels sont les phé- nomènes que joueront chacun des organes et quelles seront les parties de liquide qui n’ont pu être absorbées, il est impossible de le dire ; ce sont des expériences de chimie organique et analytique très-délicates et qui, quoique l’on fasse, ne sont jamais précises dans les résultats. Quant aux ouvrages qui traitent de l’organo- génie, vous n’avez guère que l’embarras du choix ; tous les traités de botanique s’étendent assez longuement sur ce sujet. Néanmoins, il en est un que vous pourrez demander, c’est le Traité de botanique du docteur Ecorchard, qui s’est beaucoup occupé de cette question. Vous le trouverez à la librairie agricole, 26, rue Jacob. Paris. Son prix est de 6 fr. No 4748 (Paris). — Oui l’incision annulaire se pratique à peu près exclusivement sur la Vigne, et toujours sur le sarment fructifère. Quant au mode d’opérer, il est parfaitement décrit dans la Revue horticole. Cependant les opinions sont partagées, surtout eu égard au but que l’on recherche ; si c’est pour éviter la coulure, on conseille de faire l’incision au- dessus des fleurs ; si au contraire l’on clierclie à avancer la maturité du Raisin, il faut prati- quer l’incision au-dessous des grappes. Il va sans dire que dans ce dernier cas, l’incision doit être faite beaucoup plus tard, c’est-à-dire lorsque les grains ont atteint leur grosseur. No 4209. (Eure.) — Pour avoir du plant de Paradis jaune il faut vous adresser à MM. Si- mon-Louis frères, horticulteurs à Plantières- lès-Metz (Alsace-Lorraine). No 4270. {Nord.) — A l’exception de la Bi- bliothèque Mazarine ou de l’Institut, toutes sont publiques et chacun peut s’y présenter aux jours et heures indiquées par le règlement. Pour envoyer des greffons ou des arbres au- tres que des Vignes dans un département phyl- loxéré vous n’avez aucune formalité à remplir. Nous ne sachions pas qu’il y ait aucune tra- duction des Œuvres comjRètes de Linné. Il y a bien eu quelques ouvrages particuliers tra- duits du latin, mais il y a bien longtemps, de sorte que, les traductions étant épuisées, ce n’est que le hasard qui pourrait vous en faire rencontrer, soit dans des ventes particulières, soit chez des bouquinistes spéciaux. Ces cas sont toujours rares. Quant à savoir si les Pommes de terre hâ- tives que l’on fait germer avant la plantation dégagent de l’acide carbonique, nous ne pou- vons vous en rien dire, l’expérience, que nous sachions, du moins, n’ayant jamais été faite. Néanmoins, vu l’état presque latent où sont alors ces Pommes de terre, il nous paraît que, dans l’aftimative, la quantité d’acide carbo- nique dégagée serait si minime qu’elle ne pourrait occasionner aucun accident. M. E. B. (Seine-et-Marne.) — Le sulfate de fer peut être employé pour donner de la vi- gueur et de la verdeur non seulement aux Ca- mellias et aux Gardénias, mais à presque tous les végétaux dicotylédons, employé à petites doses, toutefois; 1 à 4 grammes par litre d’eau suffisent. Cette solution doit être employée de suite, car elle se suroxyde très-vite et passe alors à l’état de ^mroxijde dont les propriétés sont très-différentes. L’ Administrateur- Gérant • L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 145 CHRONIQUE HORTICOLE Le temps. — Le prochain congrès horticole. — Les Vignes américaines en Algérie. — Les microbes et la germination des graines. — Les premières fleurs de Pêchers à Montreuil. — Roses-Trémières et Dahlias. — Badigeonnage des arbres. — La lutte contre le Mildiou. — Le Lierre à feuilles digitées et le Lierre à feuilles en cœur. — Destruction des Cloportes. — Quelques Saxifrages pour l’ornemen- tation d’hiver. — Floraisons intéressantes. — Floraison du Coryanthes maculata punctata. — Les auxiliaires du jardinier dans l’Amérique centrale. — Ficus repens panaché, — Le Quinquina à Ceylan. — La Poire au pot. — Concours pour un meilleur traité sur l’Alfa en Algérie. — Les Raisins de Belgique. Le temps. — La phase de température que nous venons de traverser est réelle- ment une exception. C’est un véritable (( quartier d’hiver » à la veille du prin- temps. Ainsi les 4, 5 et 6 mars, il a neigé, et, à partir de là, il a gelé tous les jours : c’est à peine si, à l’ombre, dans la journée, le thermomètre s’est élevé au-dessus] de zéro. Les points extrêmes des variations ont été, aux environs de Paris, de 5 à 10 de- grés de froid. A Taverny (Seine-et-Oise), le 11 mars, le thermomètre est descendu à 10 degrés au-dessous de zéro. En Touraine, à Orléans, on a constaté des minima ana- logues ; aussi presque partout les cultures herbacées, légumières ou autres, sont- elles comme brûlées. Que vont devenir les arbres fruitiers ? On nous affirme que beau- coup d’entre eux ont les boutons très-fati- gués ou même gelés. A partir du 22 mars, le temps a brusque- ment changé, et nous avons eu quelques journées véritablement très chaudes. Le prochain Congrès horticole. — Nous avons indiqué dernièrement que l’ou- verture de la prochaine Exposition de la Société nationale d’horticulture était fixée au 11 mai au lieu du 4 du même mois, date précédemment fixée. Une circulaire de la Société vient de nous apprendre que l’ou- verture du Congrès d’horticulture aura lieu le jeudi 13 mai, à trois heures précises, à l’hôtel de la Société, rue de Grenelle-Saint- Germain, 84, Paris. Pour pouvoir bénéficier de la remise de 50 P . 100 accordée par les Compagnies de chemins de fer, les membres de la Société devront adresser leur adhésion au Congrès avant le 22 avril prochain. Les Vignes américaines en Algérie. — On sait que deux foyers phylloxériques ont été constatés en Algérie, à Mansourah et à Sidi-Bel-Abhès. Tous les efforts du gouver- nement et des particuliers tendent à circons- crire ces localités et à détruire les deux centres de contamination. M. Paul Chappe- 1er Avril 1886. lier, dont la compétence en la matière est hors de doute, et qui depuis longtemps com- bat pour l’interdiction formelle en Algérie, jusqu’à nouvel ordre, de la possession, à quelque titre que ce soit, d’un seul pied de Vigne américaine, vient de déposer à la Chambre une pétition, où il énumère les mesures qui, d’après lui, devraient-être prises : lo Tant que l’Algérie n’aura pas été déclarée phylloxérée, la possession, à quelque titre que ce soit, d’un seul pied de Vigne américaine (ou de Vigne autre que la Vigne indigène, Vitis vinifera) est interdite dans la colonie ; 2o Tous les plants de ces Vignes actuellement existants en Algérie seront détruits ; 3» Cette destruction donnera droit à une in- demnité égale au prix de revient de ces plants ; coût des graines semées, location du terrain occupé, soins culturaux ; 4° Par dérogation à l’article ler^ le Gouver- neur général pourra autoriser la conservation d’un certain nombre de plantations et leur transformation en pépinières d’essai, soit dépar- tementales, soit communales, soit particulières; 5° Ces pépinières seront entourées de toutes les garanties désirables, notamment ; A. Un directeur technique et un comité de surveillance, nommés par le Gouverneur gé- néral, seront attachés à chaque pépinière. B. Tous les ans, la pépinière sera soumise à un ou deux traitements insecticides de préser- vation, quand même un examen minutieux n’y aurait pas fait découvrir de phylloxéra ; 6° Si, au contraire, la présence de l’insecte venait à y être constatée, la pépinière serait détruite... Les opinions au sujet de l’interdiction des Vignes américaines en Algérie sont par- tagées. Il faut espérer qu’une discussion à la Chambre, après enquête approfondie, éclaircira cette question. Dans tous les cas, la Vigne représente pour l’avenir de notre colonie une des sources principales de produit ; c’est un devoir pour tous ceux qui connaissent bien la question actuellement en litige d’agir cha- cun selon ses moyens et de coopérer à la résistance contre le phylloxéra. 7 146 CHRONIQUE HORTICOLE. Les microbes et la germination des graines. — A l’ime des dernières séances de l’Académie des sciences, M. Pasteur a présenté, au nom de M. Duclaux, une note intitulée : De la germination des plantes dans un sol exempt de microbes. Dans cette note se trouve relatée la très-intéressante expérience suivante : dans un sol préalable- ment stérilisé et ensuite arrosé avec du lait rendu également stérile, des Pois et des Hari- cots ont été semés. Ni les uns ni les autres n’ont germé, et, de plus, trois mois après le commencement de l’opération, lelaitemployé pour l’arrosage ne présentait aucune trace d’altération. Cette expérience tend donc à prouver que la présence des microbes dans le sol est absolument indispensable pour le développement de la vie des plantes. Les premières fleurs de Pêchers, à Montreuil. — Malgré la prolongation des froids, on a vu quelques fleurs de Pêchers complètement épanouies dans la première quinzaine du mois de mars, du 6 au 40. Ce n’était toutefois qu’une rare exception qui s’est montrée sur des arbres placés au midi et sur des paidies qui, l’année pré- cédente, avaient souffert des attaques des pucerons, ce qui, en ralentissant la végéta- tion des arbres, les dispose à fleurir plus tôt l’année suivante. Roses-Trémières et Dahlias. Bien qu’appartenant à des familles très-diffé- rentes, les Dahlias et les Roses-Trémières ont suivi une progression analogue quant à la végétation des plantes, aux dimensions et aux formes des fleurs. En effet, au lieu de ces plantes géantes, qui atteignaient 2 mètres et plus de hauteur, on a aujour- d’hui des variétés très-naines, à feuilles rapprochées, à tiges ramifiées, et formant des touffes relativement compactes. Quant aux fleurs, les différences ne sont pas moindres : au lieu de ces fleurs simples, irrégulières, plus ou moins tourmentées, les variétés que l’on possède actuellement ont les fleurs très-pleines, bombées ou plutôt sphériques. De plus, on remarque que, comme les Dahlias, ces fleurs, pour les dimensions, peuvent être rangées dans deux groupes : les petites, ou lilliputiennes, et les grosses et grandes fleurs. Ainsi sur des chromolithographies, faites pour l’éta- blissement Benary, à Erfurt, nous remar- quons beaucoup de variétés qui mesurent 44 centimètres et même plus de diamètre. Quant aux couleurs, on y trouve depuis le blanc pur jusqu’au rouge foncé, en passant par toutes les nuances intermédiaires. Badigeonnage des arbres. — Les per- sonnes qui n’ont pas encore fait ce travail des plus importants doivent se presser, car bientôt les premières fleurs, surtout celles des arbres à fruits à noyaux (Pêchers, Abri- cotiers), ne tarderont pas à s’épanouir, et, alors, il sera trop tard. Bien que les subs- tances puissent varier en nombre et surtout en quantité, voici comment est composée celle que l’on emploie le plus généralement à Montreuil : nicotine, 4 litre, avec addi- tion d’un ou deux pains de blanc d’Espagne, et environ la même quantité de fleur de soufre, de manière à obtenir une sorte de bouillie claire, avec laquelle, à l’aide d’un pinceau, on barbouille toutes les parties des arbres que l’on a dû préalablement tailler, afin d’économiser le temps et le badigeon. La lutte contre le Mildiou. — Dans le Concours qui a eu lieu à Montpellier, dans la seconde partie de février, pour les instruments destinés à combattre le Mildiou, le lauréat du premier prix a été M. Delord, de Nîmes, qui a inventé une pompe fou- lante à piston plongeur pour agir sur la masse liquide à projeter. Cet instrument est placé à portée de la main gauche de l’opéra- teur qui le met en mouvement sans fatigue. Le deuxième prix a été attribué à M. le Comte Lorzi, de Bologne, pour un soufflet qui active le jet du liquide en assurant sa parfaite diffusion. Un seul instrument à traction de cheval avait été exposé, mais il n’a pas paru ré- pondre aux exigences de la culture. Le Lierre à feuilles digitées et le Lierre à feuilles en cœur. — Notre col- laborateur, M. Boisselot, de Nantes, tout en approuvant l’emploi général que l’on fait du Lierre pour garnir ou dissimuler les murs, fait la remarque judicieuse que, pour cet usage, c’est à tort que l’on emploie presque toujours le Lierre d’Irlande « qui est lourd, se fixe mal sur les murs, et dont les feuilles distantes, longuement pédoncu- lées et, par cette raison, tombantes, laissent voir le mur et les tiges des plantes parfois. Il vaudrait infiniment mieux employer le Lierre digité (Hedera Hélix digitata) dont les feuilles, très-rapprochées, courtement pétiolées, s’appliquent sur le mur, qu’elles cachent parfaitement. » Avec non moins de raison, M. Boisselot appelle l’attention sur CHRONIQUE HORTICOLE. 147 la variété de Lierre à feuilles en cœur, ou Lierre de Rœgner (Ilcdera Rœgneriana), qui, par sa masse et ses g'randes feuilles, d’un vert noir, est très-propre à dissimuler les objets qui sont placés à une certaine dis- tance. Nous sommes absolument de l’avis de notre collaborateur, et nous n’hésitons pas à engager nos lecteurs à profiter des conseils pratiques qu’il donne à propos du Lierre et sur l’emploi que l’on peut en faire. Destruction des Cloportes. — Tous les horticulteurs, au moins, connaissent cet insecte qui fait partie de l’ordre des crusta- cés et appartient au genre Oniscus. Pen- dant longtemps, on croyait qu’il ne fai- sait que peu ou qu’il ne faisait môme pas de tort aux plantes, aussi le laissait- on à peu près tranquille. Il en est tout autrement aujourd’hui, l’expérience ayant démontré qu’il ronge et coupe certaines par- ties très- tend res, et tout particulièrement les racines aériennes ainsi que les hampes florales des Orchidées; aussi, est-ce surtout dans les serres où l’on cultive ces plantes qu’on lui fait une guerre d’extermination. Pour cela, on exploite surtout la répu- gnance outrée qu’il a pour la lumière, en dis- posant, çà et là où il existe des cloportes, des substances légères et très-divisées sous lesquelles ils se retirent aussitôt que se montre le jour, par exemple des feuilles de choux, de salade, etc., du foin humide ou de la mousse, que l’on pose sur le sol. Des moitiés de Pommes, de Poires ou même d’autres fruits que l’on a évidés et que l’on pose sur le sol par le côté creusé, sont éga- lement employées. On visite ces pièges de temps à autre et l’on écrase les cloportes qui sont dessous. M. Boizard, jardinier-chef chez M. le baron Alph. de Rothschild, à Paris, et à qui l’hor- ticulture est déjà redevable du procédé de vaporisation de la nicotine, vient de faire cette autre découverte qu’un balai de bouleau, placé où il y a des cloportes, est ce qu’il y a de mieux pour détruire ces in- sectes qui, paraît-il, préfèrent cet abri à tout autre. Il suffit, de temps en temps, de relever le balai et de le secouer dans un seau où il y a de l’eau pour se débarrasser instantanément de ces hôtes si incom- modes. Quelques Saxifrages pour rornemen- tation d’hiver. — Les espèces dont nous allons parler, qui appartiennent au sous^ genre Megase.a, sont bien connues et juste- ment appréciées pour la pleine terre, là où elles résistent bien l’hiver; mais il est rare qu’on les emploie pour la décoi*ation des appartements. Deux espèces surtout : le M. ligulata et sa variété spcciosa, et le M. ciliata, peuvent être employées avec avantage pour la décoration des apparte- ments; outre que ces plantes sont vigou- reuses, robustes et peu délicates, elles ont un très-beau feuillage, sont très-floribondes, et leurs nombreuses fleurs, d’un beau rose, durent très-longtemps. Abandonnées à elles- memes, elles fleurissent en avril-mai; mais comme elles se forcent très-facilement, on peut les faire fleurir successivement, au fur et à mesure du besoin, pendant tout le cou- rant de l’hiver. Il suffit d’avoir un certain nombre de plantes, que l’on conserve dans un local relativement froid et aéré, d’où on les prend pour les soumettre à une tempéra- ture plus ou moins élevée, en rapport avec l’usage que l’on veut en faire. Laissés dans une serre froide, à l’abri de la gelée, ces Saxifrages fleurissent de mars en mai. Ce sont des plantes que l’on ne saurait trop recommander, même à ceux qui n’ont pas de serre, puisqu’il suffit de les rentrer, un peu avant les gelées, dans un local quel- conque : cellier, sous-sol, d’où on les prend quand elles commencent à épanouir leurs fleurs. Floraisons intéressantes. — Notre collaborateur, M. de la Devansaye, nous signale plusieurs cas de floraison de haut intérêt, qui ont lieu actuellement dans ses belles serres du Fresne. C’est, en premier lieu, celle du Tillandsia Zahni magnifica, très-jolie variété obtenue par M. C. Lemoine, d’Angers, et qui a été décrite dans la Revue horticole (I). Puis, la floraison d’un semis d'Anthu- rium Seherzerianum\ixr. Devansayanum, qui a conservé exactement les caractères distinctifs de cette variété. Presque tous les semis AAntliurium Scherzerianum, var. Rothschildianum y A. S. Vervæne- anum, sont jusqu’ici retournés au type. C’est pour cette raison que la fixité de caractères constatée par M. de la Devansaye est un tait des plus intéressants. Enfin, des semis d’A. Vervceneanum, lecondé par les A. andegavense et Devan- sayanum, ont donné au même amateur quelques jolies fleurs jaune saumon à spadice jaune d’or. (1) Voir Revue horticole, 1888, p. 02. 148 CHRONIQUE HORTICOLE. Floraison du Coryanthes maculata punctata. — CeUo Orcliidée, originaire (les forets de la Oîiiyane, vient de fleurir dans les serres de M. Fine!, amateur à Argenteuil. C’est une plante excessivement rare, d’une culture difticile, et dont la Heur s’était rarement vue en France. Par la forme et la disposition, la couleur et môme l’odeur, les fleurs des CorjjanUies se rapproclient lieaucoup de celles des Stanlwpea. Comme celles-ci, aussi, la Heur est peu durable. Les auxiliaires du jardinier dans FÀmérique centrale. — Notre collaliora- teur, M. Lacliaurne, nous envoie de la Havane de fort intéressantes remarques sur un petit animal qui rend dans les régions tropicales américaines de grands services aux cultivateurs. Il s’agit du lézard Â7'gus. Ce joli reptile, d’un lieaii vert bleuâtre, mesurant seulement de 6 à 10 centimètres de longueur, vit dans les cultures au milieu des jardiniers, dont il n’a aucune peur et qui le ménagent avec grand soin. Caché dans les touffes d’Orchidées, dans les Heurs d’ Aristoloches ou de Colocases, il guette et détruit les araignées, mouches, fourmis, pucerons, vers et larves de toutes espèces. Au moment des rempotages, il vient jusque sur les tables de travail, et là, presque entre les mains des ouvriers, il accomplit consciencieusement son œuvre. C’est le même saurien qui, dans les plan- tations de Canne à sucre, détruit les four- mis blanches qui y exercent de si grands ravages. Sous nos climats, nous avons quelquefois vu des jardiniers conserver dans leurs serres des lézards gris ou verts, qui y fai- saient une guerre acharnée à tous les insectes nuisibles. Ficus repens panaché. — Le Journal of horticulture nous apprend qu’il existe au Jardin botanique de Cambridge (Massa- chusetts, États-Unis) un fort pied de Ficus repens (F. stipulata) dont les feuilles sont franchement panachées de blanc pur, à peu près sur la moitié de leur limbe. Cette plante est très-décorative. Dejeimes exemplaires, cultivés en pots, forment de jolis petits buissons très-compacts qui pro- duisent le plus charmant effet, soit en serre, soit pour la décoration des jardinières d’ap- partement. Le Quinquina à Geylan. — Le Phar- maceutical Journal donnait récemment les chiffres suivants, qui montrent le dévelop- pement immense qu’à prise, à Ceylan, la culluredu Quinquina. Fn 1884, l’exporta- tion s’est élevée dans cette île à 11,678,360 livres d’écorce, dont 1,143,140 livres d’é- corce de rameaux et 10,535,220 livres d’écorce de tronc. Ces chiffres, qui indiquent un excédent de 185,143 livres sur la quan- tité exportée l’année précédente, se passent de tout commentaire. La Poire au pot. — Peu de personnes, probablement, savent que des Poires peu- vent être mises dans le « pot au feu » ainsi ({u’on le fait pour quelques légumes : Pa- nais, Poireaux, etc., pour donner du goût. Mais un fait assez curieux, c’est que des fruits très-mûrs et même passés reprennent de la qualité lorsqu’on les place dans ces conditions. Le bouillon n’en est pas altéré, et la saveur des Poires y a gagné. Concours ouvert pour le meilleur traité sur l’exploitation de l’Alfa en Algérie. — Un arrêté du Gouvernement général de l’Algérie institue un Concours pour l’attribution d’un prix au meilleur traité sur l’exploitation de l’Alfa (Stipa te- nacissima) dans notre grande colonie afri- caine. Ce prix consiste en une médaille d’or grand module accompagnée d’une somme de 4,000 fr. En outre, il pourra être dé- cerné une médaille d’argent et un prix de 1,000 fr. au concurrent qui sera déclaré second ou qui, sans remplir tout le pro- gramme, en aura le mieux développé la partie principale. Les concurrents pourront être français et étrangers. Les mémoires seront rédigés en français et envoyés avant le octobre 1886 au Gouvernement général de l’Algérie. Les Raisins de Belgique. — Les Raisins cultivés sous verre en Belgique, à Hoeylaert et ailleurs, grâce au bon marché de la houille, du bois et de la main d’œuvre, qui abaissent leur prix de revient, entrent chez nous en franchise pendant que les nôtres paient des droits chez nos voisins. Il y a là une anomalie contre laquelle des intéressés ont commencé une campagne vigoureuse. Les députés du Nord vont porter la question devant les Chambres ou chercher à la ré- soudre par voie diplomatique. Nous tien- drons nos lecteurs au courant des résultats obtenus. E.-A. Carrière et Ed. André. LE TUTEURAGE DES ARBRES FRUITIERS 149 LE TUTEURAGE DES ARBRES FRUITIERS Parmi les opérations qu’exige la conduite des arbres fruitiers, le tuteurage et le palis- sage, suivant que ces arbres sont placés isolément ou appliqués contre un mur, un contre-espalier, etc., sont des plus impor- tantes pour le dressage des arbres. En effet, le choix des tu- teurs, leur durée variable, l’emploi de liens suffisam- ment solides pour bien assujettir l’arbre tout en ne blessant pas son écorce, la disposition de tampons ou coussins, le change- ment des attaches au fur et à mesure que les exem- plaires se développent, etc. , constituent des soins per- manents dont l’inobser- vance est trop souvent fatale à l’avenir des arbres fruitiers, et plus souvent de sa tige, soit un peu plus tard, en faisant passer cette tige par l’ouverture ménagée à chaque boucle. Il est bien entendu que chacune des boucles est proportionnée au dévelop- pement futur de la plante, dont la tige, sans cette précaution, serait étranglée dans un délai quelconque. On voit quelle facilité et quelle économie de main- d’œuvre résulteraient de Dans la figure 20, nous montrons un cep de Vigne muni du tuteur Yvert. A la base de ce tuteur, une forte boucle sert à lui don- ner la stabilité nécessaire. Une seconde, puis une troisième boucles, établies hors de terre aux points utiles, soutiennent la plante qui y est introduite, soit au moment de l’élongation Fig. 32. — Tuteur Yvert applicable aux cordons horizontaux. encore nuisible à leur bon développement. Un système de tuteurs en fer perfection- nés, dont l’invention est due à M. Yvert, simplifie considérablement, ou plutôt ré- sume en une seule, toutes les opérations ci-dessus indiquées. Ce système, de la plus grande simplicité, d’ailleurs, consiste dans l’emploi de tigelles de fer tordues par places, d’une certaine manière, suivant le laut désiré. l’emploi de ce procédé dans les vigno- bles. Le même tuteur, mais avec des dimen- sions suffisantes et un nombre approprié de boucles, s’emploie pour les arbres frui- tiers dirigés en patinettes, fuseaux, gobelets, les Pmsiers à tiges, etc., etc. Le type des figures 30 et 31, à boucle unique, est d’un emploi facile et très-utile pour soutenir les touffes de Fraisiers, et 150 CHOIX DES GREFFDNS OU DES DOUTURES. empocher leurs fruits de reposer sur la terre ou le paillis. Enfin, la figure 32 nous montre l’applica- tion, également très-pratique, qui a été faite du système Yvert pour la conduite des arbres fruitiers en cordons horizontaux, obliques ou verticaux. Les avantages de ce système sont suffisamment expliqués par les figures ci-dessus, pour que nous n’ayons pas besoin d’en parler plus longue- ment. Ed. André. CHOIX DES GREFFONS OU DES ROUTURES De toutes les opérations du jardinage, il n’en est certainement aucune, lorsqu’il s’agit de la multiplication des végétaux, qui ait autant d’importance que le choix des gretTons. Ce choix peut même passer avant celui des boutures ou même des graines, car, bien qu’il en soit l’équivalent, les faits qui en résultent sont plus faciles à saisir par leurs conséquences presque immé- diates. Pour bien comprendre ces faits, et sur- tout pour les expliquer clairement et prati- quement, il est certaines considérations dans lesquelles nous devons entrer, et qui sont ce qu’on pourrait appeler la « clé » du sujet. D’abord, il faut bien se pénétrer de ceci : qu’une plante quelconque peut être consi- dérée comme une infinité de sujets qui, isolés, peuvent revêtir des caractères parti- culiers et posséder des propriétés spéciales susceptibles de se transmettre ; d’où il ré- sulte que l’on doit étudier ces propriétés avec soin, de manière, au besoin, à prendre celles qu’on a reconnues être les plus avanta- geuses. Ce choix, on le comprend, est su- bordonné au résultat que l’on xeut obtenir, et, par conséquent, très-variable. Pour mieux préciser, nous allons citer quelques exemples pris dans les catégories les plus importantes en horticulture. Ainsi, s’agit-il de Rosiers remontants, il faut prendre pour multiplication des parties qui aient bien fleuri, de grosseur moyenne, à moins qu’il s’agisse de sortes qui poussent peu et « se tuent » à fleurir. S’il s’agissait de la greffe en écusson, il faudrait choisir les rameaux comme il vient d’être dit et prendre sur ceux-ci les yeux de la partie supérieure des rameaux, ceux qui se rapprochent le plus de la fleur. Toutefois, et ici encore, il faut éviter les excès et ne pas oublier que, si l’on prend trop près de l’in- florescence et surtout les yeux qui se trou- vent dans celle-ci, on obtient alors des plantes qui ne poussent presque plus, tant elles fleurissent, et qui, en général, ont les fleurs plus petites. L’exemple est sur- tout frappant dan.s le Rosier Aimée Vihert. Ainsi, si l’on prend pour celui-ci des yeux sur les rameaux gros et très-longs qui fleu- rissent peu, — et surtout si on les prend vers la base, — on obtient des R.osiers presque volubiles ou sarmenteux, tandis que si on les prend à l’extrémité, près ou même dcDis l’inflorescence, on obtient des Rosiers nains, buissonneux, à fleurs petites et presque toujours solitaires, au lieu des énormes grappes que donne généralement le Rosier Aimée Vihert. Les Rosiers, surtout, pourraient fournir de nombreux et remarquables exemples de ces modifications et de la formation de va- riétés par le choix des parties prises pour la multiplication, non seulement par greffe, mais aussi par boutures, bien que, pour ces dernières, le fait soit peut-être moins sen- sible. Et combien d’écarts aussi, de variétés obtenues par le choix des greffons, surtout dans certains genres, par exemple sur les Azalées, les Gamellias, et même sur des Pé- largoniums ? Si des exemples analogues à ceux dont nous venons de parler sont moins nombreux dans les arbres fruitiers, ils s’y rencontrent cependant assez fréquemment, mais c’est parce qu’on n’y fait guère attention et que le fait n’est visible qu’au bout d’un certain nombre d’années, alors que l’origine en est souvent oubliée, de sorte que, lorsqu’on re- marque les différences, on les attribue à un semis passé inaperçu et alors on fait une variété de hasard. C’est aussi par le choix des rameaux qui présentent des particularités, soit de feuilles, soit de fleurs, que l’on arrive à produire des variétés qui, une fois fixées, sont constantes et ne se distinguent en rien de celles obte- nues par semis. Ce que nous venons de dire pour les fleurs et les feuilles peut l’être des fruits. On sait, en eflet, que, sur un arbre quel- conque, certaines branches sont chaque année régulièrement chargées de fruits taudis que d’autres n’en ont presque jamais ou qu’elles en portent de beaucoup plus ÉDOUARD MORREN. 151 beaux, soit d’une autre forme, d’une autre coideur ou môme d’une autre nature. En prenant les rameaux qui présentent ces variations on peut fixer celles-ci, et obte- nir ainsi des formes dilférentes les unes des autres, bien qu’elles proviennent d’un môme arbre. Là où ces faits sont fréquents, c’est sur- tout sur les Vignes. On sait, en effet, qu’un vignoble, bien que planté d’un cépage unique et parfaitement franc, présente par- fois, au bout de quelques années, des diffé- rences sensibles, parfois môme considé- rables ; certains ceps, par exemple, sont plus sujets à la coulure, tandis que d’autres sont plus francs, c’est-à-dire produisent davan- tage, des Raisins plus beaux, meilleurs, d’une autre forme ou d’une couleur diffé- rente. Dans ce cas il peut y avoir une très- grande importance à prendre les boutures sur certains pieds plutôt que sur certains autres. ÉDOUARD La vie du savant qui vient de mourir pré- maturément a été une des plus laborieuses et des plus fécondes parmi celles qui peu- vent être offertes en exemple à la généra- tion présente. Elle a été un modèle de per- sévérante énergie , au milieu des plus grandes difficultés qu’un homme puisse traverser en restant fidèle au culte de la science. Il faudrait de longues pages pour retracer la carrière d’Édouard Morren, et je dois me contenter de résumer ici son oeuvre principale. Né à Gand, en 1833, l’ami que nous venons de perdre était fils de Charles Morren, l’un des savants dont la Belgique a grande raison de s’honorer, car ses connais- sances étaient aussi étendues que l’étude de r histoire naturelle pouvait le permettre il y a un demi-siècle. La botanique, la zoologie, la paléontologie, la géologie, sciences qu’il n’avait pas craint d’embrasser dans leur en- semble, furent l’objet de nombreux travaux qui lui ouvrirent, en 1830, la chaire de géologie, de zoologie et d’anatomie com- parée à l’Université de Gand, et, l’année sui- vante, la chaire de physique dans le même étahlissement. Bientôt, la botanique et l’horticulture spécialisèrent la direction de sa carrière, et depuis sa nomination de professeur de bota- nique à l’Université de Liège, en 1835, il ne cessa de contribuer à l’avancement de ces sciences. Enlevé en 1858, à l’àge de 51 ans. Toutes ces variations, auxquelles on fait à peine attention, qui étonnent parfois, n’ont pourtant rien que de très-naturel. Elles résultent de deux causes principales : l’une, qu’aucune partie d’un végétal n’est identique à une aufre; l’autre, que toutes changent constamment, de sorte qu’une plante, ou l’une quelconque de ses parties, n’est jamais non plus identiquement la même. De tous ces faits que faut-il conclure au point de vue pratique? C’est qu’il est de la plus grande importance de bien choisir à l’avance les parties qui doivent servir à multiplier les végétaux à feuilles caduques et dont les caractères disparaissent avec celles- ci, et qu’il faut marquer les parties à prendre (greffes ou boutures) au moment où elles sont les mieux accusées de façon à les bien reconnaître quand viendra le mo- ment de les couper. E.-A. Carrière. MORREN à l’affection de ses élèves et à la tendresse de sa famille et de ses amis, Charles Morren a laissé une mémoire que son fils entoura de vénération filiale^ et dont il prit à tache d’augmenter encore la renommée. Cette succession scientifique ne pouvait tomber en des mains plus dignes. Le gou- vernement belge ne s’y trompa pas. Il confia à Édouard Morren, bien jeune encore, la chaire que son père avait illustrée. Entre les mains du nouveau titulaire, cet ensei- gnement prit un intérêt croissant, un per- fectionnement rapide. Non seulement le jeune professeur était à la hauteur de toutes les découvertes de la science et attirait à lui, par son aimable et fine éloquence, tout un peuple d’étudiants distingués, mais il contribuait lui-même au progrès général, par les recherches physiologiques les plus délicates, et notamment en esquissant une théorie nouvelle de la nutrition des plantes qui a conquis les suffrages de beaucoup de bons esprits. Les plantes dites carni- vores, les phénomènes de la motilité, de la sensibilité dans les végétaux, la théorie mé- canique de la chaleur et de la lumière appli- quée aux plantes, et de nombreuses ques- tions concernant la botanique biologique, furent l’objet de ses incessantes recherches, dont l’Académie royale de Belgique, qui lui avait ouvert ses portes, et d’autres Sociétés savantes dont il était membre, se parta- geaient la publication. 152 ÉDOUARD MORREN. Pendant ce temps, la Jjotaniqne appliquée à riiorticultiire prenait une grande part de sa prodigieuse activité. Non seulement Mor- ren dirigeait le mouvement de plusieurs Sociétés horticoles, celle de Liège notam- ment, la Fédération des Sociétés d’horti- cidture belges^ association étendue que l’on devait surtout à sa féconde initiative, non seulement il répandait ses soins sur ses la- boratoires et sur le jardin botanique dont il était le chef, et qu’il réussit à faire réorga- niser, en 1883, sous la forme d’un Institut grandiose, mais il publiait sans cesse des diagnoses et des descriptions de plantes nouvelles, se tenant au premier rang de l’ac- tualité horticole contemporaine. On le voyait dans toutes les grandes assises européennes, expositions internationales et congrès horti- coles, où il représentait brillamment le gou- vernement de son pays, en tenant haut et ferme le drapeau scientifique. A Paris, à Londres, à Amsterdam, à Hambourg, à Saint-Pétersbourg, à Vienne, nous l’avons vu siéger dans les jurys, oii il apportait les lumières de sa grande expérience et de son grand savoir. La Belgique horticole^ organe mensuel fondé par son père en 1851, et dont il devint en 1855 co-rédacteur en chef, puis seul propriétaire et directeur depuis 1858 jusqu’aujourd’hui, atteste les qualités brillantes et solides et l’activité bien rare de son continuateur. C’est encore à lui que l’on doit une tra- duction du livre allemand de Schacht sur Les Arbres, de nombreux mémoires sur la botanique et l’horticulture, et la Corres- pondance botanique, publication annuelle donnant la répartition des chaires, des jar- dins, des institutions de botanique sur le globe entier, ainsi que les adresses de tous les hommes qui s’occupent de cette science. De nos jours, il n’y a plus de savants encyclopédiques; les Pic de la Mirandole seraient matériellement impossibles. Après avoir embrassé les généralités de la science, il faut, à toute force, se spécialiser : c’est le seul moyen de faire œuvre de poids et de durée. Édouard Morren avait porté ses pré- férences, dans le règne végétal, sur la famille des Broméliacées. Sa vocation déci- dée pour l’étude de ces belles plantes le mit bientôt au premier rang parmi les bromé- liograpbes. Il en avait réuni une collection vivante très-étendue, soit dans le Jardin botanique de Liège, soit dans ses propres serres de la Boverie, où il avait fait cons- truire, avec un goût délicat et une entente parfaite de la culture, un véritable palais de verre pour ses i)lantes aimées. A cba({ue floraison intéres.sante et nouvelle, il les fai- sait peindre de grandeur naturelle, de sorte qu’il avait ainsi rassemblé une col- lection d’aquarelles, qui devient aujour- d’hui un trésor de grand prix. En même temps son herbier s’enrichissait chaque jour, })ar des envois de toutes les régions américaines où croissent ces belles et curieuses plantes. A mon départ pour l’Amérique du Sud, en 1875, il fut un des derniers amis étran- gers que j’allai visiter, et je n’eus pas de peine à lui promettre que je donnerais une attention spéciale, dans mes recherches, à ces Broméliacées que nous aimions tant l’un et l’autre. Je lui portai, immédiatement après mon retou r, le produit de mes récoltes, et nous en commençâmes l’étude, que le temps ne nous a pas permis de poursuivre depuis, et que j’aurai le chagrin d’être seul à reprendre et à publier. Morren possédait ainsi les éléments d’une monographie des Broméliacées qui était impatiemment attendue des botanistes et des horticulteurs ; une des amertumes de ses derniers jours aura été de ne pouvoir la publier avant sa mort. A ces qualités de premier ordre, comme savant, se joignaient celles, plus précieuses encore, de l’homme de devoir et de l’ami toujours sûr. A la mort de son père, il n’avait trouvé qu’une succession purement scientifique. Grâce à un travail acharné, à l’âge même où la vie lui eût souri sous les apparences du plaisir et des succès mon- dains, il rétablit la situation difficile, attei- gnit une indépendance légitimement ac- quise, et sut trouver une compagne digne d’être associée à sa vie laborieuse et ho- norée. Édouard Morren est mort au même âge que son père, à deux années près. L’infati- gable énergie et la production incessante de ces deux rares esprits offrent de nombreuses ressemblances : ils se complètent l’un par l’autre. Tous deux ont désormais une place au premier rang, dans l’histoire de la bota- tanique horticole du XIX® siècle. S’ils ont payé, d’une fin prématurée, un travail excessif et une ardeur trop peu mesurée, ils ont aussi conquis dans la mémoire des hommes et dans le cœur de ceux qui les ont appréciés et aimés une place privilégiée que le temps ne saurait effacer. Ed. André. LES CANNAS. — FÉCONDATION DES ARBRES FRUITIERS. 1.53 LIÎS CANNAS Tîicn ([u’ils soient connus depuis long- temps, les Cannas n’étaient guère cultivés que dans les écoles de botanique, probable- ment parce que, d’origine exotique, on ne les croyait pas capables d’étre cultivés en pleine terre. Les choses en étaient là, lors- qu’en 1846, M. Année, attaché à la légation de France à Valparaiso (Chili), en rentrant en France prendre sa retraite, en apporta un bon nombre. Après avoir habité pendant quelques années Passy, où il obtint de nombreux et beaux Cannas de semis, il alla se fixer à Nice, où il en cultiva une partie en serre et une partie en pleine terre, et il acquit bientôt la preuve qu’ils supportaient aussi bien notre climat que les Dahlias et autres plantes tuberculeuses. Il s’occupa alors de leur propagation par le semis, après avoir fécondé artificiellement les fleurs, et en obtint de très-belles variétés qu’il distribua autour de lui. Cependant, ce ne fut qu’en 1855 que, grâce à Barillet- Deschamps, cette plante figura dans les jar- dins publics de Paris et qu’elle se répandit dans les jardins particuliers. Quelques années plus tard, Crozy père, horticulteur à Lyon, s’adonna aussi à la culture et à la fécondation artificielle des Cannas. En 1862, il m’en donna des graines et me montra la manière de les féconder, et c’est alors que, moi aussi, j’en obtins plu- sieurs variétés distinctes qui figurent encore sur les catalogues, telles que Jean Van- dael, Daniel Hooihrenk, Député Hénon et Édouard Morren. Depuis lors, les Cannas se sont tellement répandus que l’on en trouve dans presque tous les jardins ; cependant, malgré le grand nombre de variétés, jusqu’à ces dernières années l’on ne possédait guère que FÉCONDATION DES Bien que, plusieurs fois déjà, nous ayons parlé de la fécondation, et que celle des arbres fruitiers repose sur les mêmes prin- cipes que celle des autres plantes, nous croyons cependant qu’il y a lieu de faire ressortir les avantages que l’on pourrait en retirer. Un fait qui peut d’abord étonner, c’est que, malgré les résultats si remarquable- des plantes très-élevées. C’est alors que M. Crozy fils, suivant l’exemple de son père, crut que par des semis répétés on pour- rait obtenir des plantes plus naines et plus florifères, ce à quoi il a réussi. Il a produit des variétés qui, fleuries, ne s’élèvent pas à plus d’un mètre, et souvent beaucoup moins, et qui ont le mérite de pouvoir être cultivées en vases et forcées pour servir à la décoration des apparte- ments, où elles contrastent admirablement avec les autres plantes. Leur culture forcée en vase est très-facile. Il faut, pour cela, choisir des rhizomes bien constitués, ayant un bon œil terminal. Vers le mois de février, les mettre dans des pots de la grandeur du tubercule et les pla- cer sur couche chaude, sous châssis ou dans une serre à multiplication en ayant soin de leur donner de l’air chaque fois que le temps le permet. On les rempote chaque fois que les ra- cines ont rempli les pots, jusqu’à ce que les tiges florales paraissent ; alors, on les sort de dessus la couche et on les place dans un endroit aussi aéré que possible, suivant la température extérieure. Pendant le forçage, ils demandent à être bien arrosés et, de temps en temps, avec des engrais liquides. Les variétés les plus convenables pour ce mode de culture sont les suivantes : Amiral Courbet, Vietor Gaulin, Ma- dame Just, Ulrieh Brunner, Madame Goblet, Antonin Crozy, Geoffroy Saint- Hilaire, Jean Liahaud, Tonkin, Émile Gui- chard, Commandant Rivière, Édouard Morren, Louis Rœmpler, Perle des mas- sifs, Vésuve, Bihorelli splendens. Jean Sisley. ARBRES FRUITIERS ment avantageux que la fécondation artifi- cielle détermine sur les plantes d’ornement, on ait à peine songé, sinon très-excep- tionnellement, à la pratiquer sur les arbres fruitiers. Pourtant, au point de vue écono- mique, les résultats seraient d’une grande importance. Les conditions pratiques pour opérer la fécondation artificielle étant les mêmes que 154 FÉC0NDÂTION DES ARDRES FRUITIERS celles qu’on applique aux plantes d’orne- rnent, nous ne les rappellerons pas; nous nous bornerons à citer quelques exemples, (le manière à servir de guide pour les opéra- tions. Peut-être aussi n’est-il pas inutile, vu l’importance du sujet, de dire au moins quelques mots sur la qualification artifi- cÂeUe, qui, bien qu’elle revienne fréquem- ment, n’a pas toujours été interprétée dans son véritable sens. Artificielle, en parlant de la fécondation, veut dire que celle-ci a été opérée par l’homme, dans des conditions déterminées, afin d’arriver à un résultat prévu. Le but que l’on cherche généralement à atteindre dans ce cas étant l’obtention de sujets dont les propriétés seraient avantageuses à la spéculation, quel que soit le côté visé, on ne saurait donc y apporter trop d’attention. Après ces quelques considérations géné- rales, nous allons aborder la question pra- tique, et d’autre part aussi, faire l’applica- tion des principes que nous avons posés à deux genres seulement : Pêchers et Abricotiers. Nous les envisagerons à des points de vue différents : la hâtiveté chez les premiers, la couleur chez les seconds. Dans les Pêchers, par suite de Vintro- duction de variétés extrêmement hâtives, il semble qu’il y ait de grands avantages à réaliser certains progrès. Notons d’abord que la plupart des variétés nouvelles de Pêchers, que l’on qualifie de Pèches américaines, bien que toutes ne viennent pas de ce continent, ont l’avantage de mûrir un mois, et même davantage, avant les Pêches dites e de saison ». Mais un reproche qu’on fait à ces Pêchers, c’est d’abord d’avoir des fruits un peu trop petits, et la chair plus ou moins adhérente au noyau. Nous devons reconnaître que les reproches sont fondés; c’est le côté fâcheux auquel nous croyons qu’il serait facile de remédier à l’aide de la fécon- dation artifcielle. Pour obtenir ce résultat, voici ce qu’il y aurait à faire : Féconder des fleurs de bonnes variétés {Grosse-Mignonne hâtive, Belle-Beausse, Galande, Bonouvrier, etc.), par celles de variétés hâtives (Amsden, Wilder, Doiv- ning, Cumberland, etc.), ce qui est d’au- tant plus facile que, bien que ces dernières mûrissent leurs fruits un et même deux mois plus tard que les variétés tardives, toutes fleurissent à la même époque. Pour augmenter les chances de succès, on pourrait opérer inversement, c’est-à-dire féconder les variétés hâtives, mais à petits fruits, par des variétés tardives, ù gros fruits et à chair non adhérente, en un mot, choisir les variétés de manière à faire pré- dominer certains caractères, suivant le but que l’on veut atteindre. Quant aux Abricotiers, les principes étant les mêmes que ceux dont il vient d’être question, tout se résume dans une application bien appropriée. Étant donné que les Abricots colorés sont généralement plus recherchés et ont plus de valeur que ceux qui sont d’un jaune pâle, — admettons que l’on veuille obtenir des variétés à fruits colorés ; — il faut alors prendre une belle et bonne variété à gros fruits et en féconder des fleurs par une variété à fruits de cou- leur foncée. Celle qui présente ce caractère à un très-haut degré est l’Abricotier (( noir du Pape )) (Armeniaca dasgearpa) variété à gros fruits pourpre noir, très-voisine des Pruniers qui, dans cette circonstance, nous en avons la presque certitude, pourrait être employée pour féconder les Abricotiers. Dans ce cas, on devrait choisir les sortes qui déjà réunissent le mieux les qualités que l’on recherche, soit comme grosseur et couleur, soit comme qualité de fruits. Ce que nous venons de dire des Pêchers et des Abricotiers, étant applicable à tous les autres arbres fruitiers : Pommiers, Poi- riers, Cerisiers, jVignes, etc., pourra ser- vir de règle. Traitement des fécondations. — Les fleurs fécondées devront être l’objet de soins particuliers, afin d’assurer un bon dévelop- pement des fruits, et, plus tard, ceux-ci de- vront être récoltés avec soin afin d’en semer les graines. Mais comme, en général, les arbres frui- tiers de semis demandent un certain nom- bre d’années, parfois même assez grand, pour fructifier, on pourra hâter cette fructi- fication, soit en traitant les semis à chaud, soit en prenant sur les jeunes semis des parties déjà modifiées qu’alors on greffera en fente, en placage, en coulée, etc., sur des arbres adultes de la même espèce. Par ces moyens, on abrégerait de beau- coup le temps de la fructification. On pour- rait aussi appliquer aux plantes de semis le procédé Tourasse, dont la Bevue horticole a plusieurs fois parlé. E.-A. Carrière. L’OXYCOCGUS PALUSTRIS. — POIRIER DOYENNÉ D’HIVER TRÈS-RUSTIQUE. 155 L’OXYCOCCÜS PALUSTRIS AU L’amateur ou le botaniste qui, en herbo- ■ risant, rencontre, pour la première fois, VOxycoccus{Ox\jcoccuspalustris^'9QYïioovL)^ vulgairement Cannehcrge, ne se doute cer- tainement pas que d’une tige fdiforme et si grêle on puisse récolter des fruits en assez grande quantité pour pouvoir être expédiés par wagons complets. C’est pourtant ce qui a lieu en Russie. Pendant l’hiver, des marchands de la Crimée, du Caucase, de l’Arménie, de l’Égypte, de la Turquie et de la Grèce viennent dans les gouvernements où cette plante abonde faire des chargements de ces fruits nommés Kloukewa, qu’alors ils expédient par les voies ferrées à destination, sans trop craindre qu’ils ne fondent, car, à cette époque de l’année, la gelée les main- tient fermes, absolument comme si c’étaient des graines sèches. Ici comme partout, les compagnies de chemins de fer étant plus soucieuses de leurs intérêts que de ceux des commerçants, elles exigent le paiement à l’avance de cette marchandise qui, pourtant, est très-suscep- tible d’éprouver des détériorations par les brusques changements de température. Pour obvier à toutes prétentions de la part des acheteurs, les compagnies de chemins de fer ne s’en chargent que sans aucun en- gagement de responsabilité. Le fruit de VOxycoccus a des propriétés ra- fraîchissantes au plus haut degré. Pendant les chaleurs surtout, ou dans les cas de fièvres si communs dans le voisinage des marais fangeux et quelle que soit la ma- nière dont on l’emploie, on remarque que ses propriétés sont toujours les mêmes ; il n’y a guère que dans les cas de gravelle urique qu’il paraît contraire. V Oxycoccus palustris croît ici dans plu- sieurs gouvernements, sur les terrains maré- cageux, les étangs et les lacs de Ladoga, Sego, Vig, Onegos, Ubas, Pielis, Sondawalo, Pétrowskizawode, Peipus, Saïma, Kuopto, Bejelos, ainsi que près des rivières et fleuves du Centre : Bérésina, Desma, Dniéper, Pri- pet et Sèma. Il ne croît qu’avec la Mousse (SphagnumJ et sa trop faible tige ne peut POIRIER DOYENNÉ D’ Nous avons ici, dans une petite com- mune, un arbre de cette variété qui est complètement rustique. Ainsi qu’on le sait, POINT DE YUE COMMERCIAL s’en passer. Sa floraison, en Russie, a lieu au mois de juin; alors ses jolies fleurs, rose foncé, grandes, rarement blanches, produi- sent un joli effet sur ces vastes tapis jaunes qui couvrent souvent des milliers d’hectares sans aucune interruption. Cependant, à cette époque de l’année, le Kloukewa n’a pas encore atteint le moment où il va être le plus intéressant; il faut, pour cela, attendre la moitié du mois de septembre et souvent même la fin pour que ses fruits aient acquis leur développement complet, ainsi que leur belle couleur rouge corail. Ils sont de la grosseur d’un fort Pois, ronds, suspendus à quelques centimètres au-dessus de la couche jaune qui en fait ressortir l’éclat. C’est à ce moment que ces fruits sont d’une beauté tellement remar- quable et aussi tellement abondants c^ue l’on a peine à s’en faire une idée. En regardant cette masse, elle semble composée de deux couches superposées : le rouge corail des fruits et le vert jaunâtre des Sphagnum. Mais, quelques jours seulement après, cet état change ; la brise et les premières neiges vont les moissonner et c’est alors que les gens viennent les ramasser avec des pelles de bois pour les mettre en tas en attendant le moment où les chemins seront suffisam- ment praticables pour pouvoir les transpor- ter aux gares, d’où on les expédiera dans tous les pays du Sud, où leur jus sera trans- formé en gelées, sirops, pâtes, vin, vinai- gre, etc., etc. Le prix est très-variable ; de 10 kopecks (1) les huit mesures que je les ai vu vendre, il a atteint, cette année, 2 roubles 40 kopecks (2) le poud (17 kilogrammes), et encore n’en trouve-t-on que très-difficilement à* ce prix. Ce qui m’étonne, c’est que l’on ne songe pas à exploiter ces fruits sur place ; la chimie, ce me semble, pourrait cependant trouver des moyens de les utiliser avantageusement. Plusieurs animaux et oiseaux sauvages en sont très-friands, notamment les grues qui, dans la belle saison, viennent en abon- dance dans les localités où croît l’O. palus- tris. G. Dubois, à Glouchekowo. lYER TRÈS-RUSTIQUE le Doyenné d’hiver, qui est incontesta- blement la Poire tardive la plus précieuse, (1) 0 fr. 40. — (2) 9 fr, CO. 156 ANTHURIUM MORTFONTANENSE. est malheureusement devenu, dans le Nord surtout, très-difficile sur l’exposilion, à tel point rpi’il est inutile de le planter en espalier à une autre ]dace qu’au sud ou au levant. Si on le met ailleurs, au nord par exemple, l’arbre donne bien des fruits, car il est très-rustique dans sa fleur, mais ces fruits sont tavelés, cbancreux, en un mot immangeal)les. Je l’ai encore constaté il y a peu de temps dans un jardin: le mur placé au sud avait deux Doyenné cHàver portant des fruits de lionne qualité, tandis que le mur de face, conséquemment au nord, avait également deux pal mettes de cette même variété, ne donnant que des fruits tellement défectueux que l’on ne prenait même pas la peine de récolter. Aussi le propriétaire de ce jardin ne savait à quoi attribuer cette différence, qui était cependant bien facile à comprendre. ANTHURIUM M( Nous avons déjà décrit quelques-uns des Anthurium hybrides que MM. Ghantrier, horticulteurs à Mortefontaine (Oise), ont obtenus, grâce à des fécondations artifi- cielles habilement opérées. Passés maîtres dans la culture des plantes de serre chaude, ces semeurs émérites, déjà bien connus par leurs succès croissants dans l’obtention des Grotons à feuillage coloré, avaient vu tout de suite, en 1880, le grand parti qu’ils au- raient à tirer de V Anthurium Andreanum dès qu’il fut mis au commerce. Ils souscri- virent pour les premiers exemplaires au prix de cinq cents francs pièce. G’est une particularité à noter, car elle révèle l’esprit entreprenant de ces cultivateurs instruits, et leur sens juste de la véritable valeur com- merciale des plantes nouvelles. Aussi les résultats ont-ils été à la hauteur de leurs espérances. La liste des deux premiers hy- brides A Anthurium^ que nous avons pu- bliés sous les noms de A. Hoidetianum, carneum, Chantrieri, Eduardi (1), l’a bien prouvé. Nous avions fait pressentir , à cette époque, de nouveaux gains, dans un avenir peu éloigné. Ges hybrides ne se sont pas fait longtemps attendre. Dès le printemps 1885, nous décrivions, chez MM. Ghantrier, plu- sieurs Anthurium nouveaux. Le plus beau d’entre eux, le plus étrange surtout par son port, reçut le nom de Mortfontanense d’après le lieu où il avait pris naissance. Il (1) Voir Revue horticole, 1884, p. 100. Le Doyenné dliiver [dont je parle forme une pyramide ayant une trentaine d’années. Il est jilacé dans les plus mauvaises conditions climatologiques que l’on puisse trouver : planté sur une hauteur, dans un mauvais sol, exposé en plein nord, ayant un étang au nord également, qui envoie ses vapeurs glacées sur les fleurs, il donne cependant de beaux et bons fruits, non tavelés, et l’arbre est très-sain. La fertilité est très- grande : tous les ans, ce Doyenné d'hiver est chargé de fruits excellents, bien que l’arbre ne soit pas'liien soigné. A quoi est due l’immunité dont je viens de parler? Je n’essayerai pas de l’expliquer : en pareil cas, lorsqu’il s’agit de physiologie, le plus prudent est de s’abstenir ou de se borner à citer des faits. P. Baille. présentait cette particularité d’être le pro- duit d’une espèce à grand et beau feuillage, VA. Yeitchii, fécondé par le pollen d’une espèce à fleurs brillantes, l’A. Andreanum. L’hybride a bien réuni les caractères des deux parents, comme nous le disions en mai 1885, dans notre compte-rendu de l’Exposition de Paris, où il parut pour la première fois, et en annonçant que nous l’avions fait peindre pour la Revue horti- cole (2). Des feuilles à limbe très-long, brillant, métallique, des spathes rouge sang éclatant; voilà bien les qualités résumées des deux générateurs de la plante nouvelle. Depuis cette époque, ces caractères se sont affirmés. Les feuilles sont devenues de plus en plus grandes et belles , comme on peut le constater sur notre planche coloriée, où nous ne pouvons donner qu’un port réduit de VA. Mortfontanense, et les pé- doncules, d’abord courts et gros, se sont allongés pour porter gracieusement leurs belles spathes coccinées. Voici d’ailleurs la description de l’hybride prise sur le vif dès son apparition : plante très-vigoureuse, acaule. Pétioles cylindra- cés plus courts que le limbe, d’abord dres- sés, puis brusquement décurves, vert foncé, à gaine très-courte et peu saillante. Limbe ovale très-oblong, cordiforme acuminé, à pointe apicale longue, un peu oblique, à sinus ouvert jusqu’au pétiole, à lobes posté- rieurs semi-orbiculaires, à bords ondulés (2) Voir Revue horticole, 1885, p. 282. tmc /loi'ticole \ iTodmn , dcL. C 7a ov i/?l ùlo. G. Sc nc7\yTL<- A/i tJiiu'iiWb Mortfo7it(uie7L.s'e . ^ F— ' F»” 1^"' -1 .; TjfT,' 7;^ ■v'n H. {T-K *'^ - ^ i’ -rs ^ ';r >L ' ' T^-Ti-™ - - àP-.’^&.. ' / ■-■î-L.'fjîJS'’;- 7%ît- .r ,..v'lJ‘ 1^' Vvf r • • f '. ! i /.-k . . » 7?. .,'‘U.'.i. i'« 1 *. .., . N"^ Cè¥v!i.: 1'. IL ^ V.-ïf .’i • î-:r. -I • "’L-. ‘►îr _ ; U iFi • .,' ,,r., '•■■t f' it&). V ■ ‘ .' i ■ ’"'®'^'-v “‘•'!^^ ' ; iV.v ■.,.>1. .% ^ , '.tI' -“4'' ilV-"''' : POMMES REINETTE D’ANGLETERRE ET ROYALE D’ANGLETERRE. amincis, plus pâles que le ton vert foncé, uniforme, velouté et chatoyant de la page supérieure; page inférieure plus pâle; ner- vure médiane saillante, arrondie comme les deux principales supérieures, les autres rectangulaires légèrement enfoncées, la ligne antémarginale interrompue. Pédon- cule dressé, court, robuste, vert foncé un peu teinté de rouge au sommet. Spathe d’un beau rouge sang étalée horizontale- ment, un peu concave, non cloisonnée ni corruguée, légèrement canaliculée entre les nervures peu apparentes, suborbiculaire- cordiforme lirusquement rétrécie en une pointe aiguë, vernie et concolore sur les deux faces, de 10 centimètres de dia- mètre et plus. Spadice dressé dès le com- mencement de l’an thèse, robuste, gros, 157 d’un blanc pur; ovaires saillants, lagéni- formes. Nous avons dit récemment (1) que la plante exposée par MM. Jacob-Makoy, à Anvers, en août dernier, nous semblait bien voisine de celle-ci, si elle ne lui était pas identique. Gela prouve que l’idée de fé- conder les deux espèces génératrices de cet hybride est venue en même temps aux hor- ticulteurs français et aux horticulteurs liégeois, exemple nouveau de cette produc- tion synchronique dont l’horticulture offre de si nombreux témoignages. Il n’en reste pas moins, à l’actif de l’hor- ticulture européenne, une belle Aroïdée de plus, ce dont les amateurs doivent tous se réjouir. Éd. André. POMMES REINETTE D’ANGLETERRE ET ROYALE D’ANGLETERRE Parler aujourd’hui de la prééminence qui doit exister entre les deux variétés de Pom- mes inscrites en tête de cet article, après les descriptions qui en ont été faites, les dis- cussions auxquelles elles ont 'donné lieu, et finalement la décision prise à leur égard par le Congrès pomologique, en 1867, paraîtrait peut-être oiseux; il semble cependant, à voir l’espèce de persistance qui fait paraître sur les catalogues et sur les livres le nom de la variété évincée, il nous semble que le der- nier mot n’a pas été dit à propos de ces va- riétés. Elles présentent d’abord une parti- cularité étrange : on sait qu’à défaut de renseignements précis sur l’origine des va- riétés, quand on se trouve, dans ce cas, en présence de plusieurs noms, l’usage est de donner la préférence au plus ancien et le plus usité. Ici rien de pareil n’a eu lieu ; au contraire, ce sont les noms les plus récents qui ont été adoptés après beaucoup de difficultés, il est vrai ; il est même résulté de cette anomalie, qu’à l’heure actuelle, les pomologues sont loin d’être d’accord sur ces fruits. La première de ces variétés, c’est-à-dire la Reinette d’ Angleterre, a été décrite par Merlet en 1675, c’est-à-dire il y a un peu plus de deux cents ans. Près d’un siècle apres, en 1768, Duhamel, en la décrivant à son tour, se crut obligé d’ajouter le quali- ficatif de Grosse à cette Pomme pour la distinguer de la Pomme Pépin d'or, nom- mée aussi Reinette d'Angleterre, désigna- tion d’ailleurs adoptée par la plupart des continuateurs de Duhamel, tels que Calvel, de la Bretonnerie, Noisette, Poiteaii, etc. C’est ainsi qu’elle fut présentée à l’appré- ciation du Congrès pomologique, en 1856; elle figura sur ses listes jusqu’en 1861, époque après laquelle on la perd de vue jusqu’en 1864. Toutefois, il faut bien reconnaître que les auteurs que nous venons de citer étaient loin d’être d’accord sur l’identité de cette variété, que quelques-uns d’entre eux, tels que de la Bretonnerie, Gouverchel, Poi- teau, etc., ont cru devoir réunir cette va- riété à la Reinette du Canada, beaucoup plus récente, puisque son introduction en France ne daterait, d’après M. André Leroy, que de l’année 1771, époque à la- quelle elle fut mise au commerce. D’autres pomologues, tels que Calvel, Noisette, et plus tard M. André Leroy, font de la Rei- nette d' Angleterre une variété distincte ; mais cette opinion n’a pas prévalu parmi les pomologues modernes. En 1864, à la session du Congrès pomo- logique à Nantes, où des Pommes étique- tées Reinette d'Angleterre ont été soumises au Congrès, il est à remarquer qu’alors l’adjectif Grosse a disparu. Était-ce la même variété qui avait été l’objet de discussions parmi les pomologues anciens, ainsi que nous venons de le dire, et sur laquelle on avait oublié de statuer? Il est permis d’en douter , en présence de l’affirmation de quelques membres présents qui pensent re- connaître dans la variété exposée sous le (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 50. 158 l’hybridation des orchidées. nom de Reinette d'Angleterre, la Rogale d’ Angleterre, variété prcscpic aussi ancienne que l’antre, et ayant nne origine tout aussi problématique. En 1867, au moment de se prononcer sur ces fruits, une controverse, longue et assez confuse, s’engage (disent les procès-verl)aux du Congrès de cette époque), et beaucoup de personnes y prennent part. M. Villermoz croit qu’il ne doit pas être fait une Rogale d’Angleterre de cette Pomme, puisqu’il en existe déjà une de ce nom, et que ce serait deux fruits différents sous la môme déno- mination. Alors M. le Président s’efforce de remet- tre l’ordre dans la discussion et de répandre la clarté nécessaire pour formuler un juge- ment faisant autorité et qui ne puisse être contesté plus tard ou ailleurs. Enfin, après beaucoup d’efibrts, l’assemblée se réunit dans une appréciation commune et adopte le nom de Rogale d’ Angleterre, pour dési- gner la Pomme portée sur la liste des fruits à l’étude sous celui de Reinette d’Angle- terre, en effaçant de la liste ce dernier nom. Cette décision, bien que prise à la majo- rité des membres présents, n’a pas satisfait tout le monde, comme bien l’on pense ; quelques pomologues n’ont pas été convain- cus, et bien que respectueux de la chose jugée, tout en inscrivant le nom admis pour désigner cette espèce dans leurs ouvrages, ils regrettent un pareil jugement qui les prive d’une appellation à laquelle on était habitué. Il en est résulté quelques inconvé- nients au sujet de la forme de l’arbre; cer- tains auteurs lui attribuent un bois fort et droit, tandis que d’autres, au contraire, un bois et des branches faibles et pendantes. Tous ne sont pas d’accord non plus sur l’é- poque de la maturité du fruit, que l’on fixe généralement à la saison d’automne, tandis que d’autres pomologues, tels que MM. Mas L’HYBRIDATION Dans une communication sur YHghri- dation parmi les végétaux, par M. Her- (1) L’article qu’on va lire est la traduction de la remarquable communication faite l’année dernière à r (( Orchid conférence » de Londres parM. Harry Veitch. Cette traduction est due à notre collabora- teur M. Ch. Thays, d’après le Journal of horticul- ture, dont le directeur, M. le R. Hogg, a bien voulu mettre à notre disposition les gravures des- tinées à éclairer le texte, en montrant à nos lecteurs les curieuses transformations subies par les Orchi- dées de semis dans leur jeunesse. E.-A. et Baltct, le classent dans les fruits d’hiver (de janvier à mai). Nous avons parlé de la persistance de la Reinette d’ Angleterre à vouloir figurer dans les ouvrages pomologiques après son rejet, depuis bientôt vingt ans, par le Con- grès, et à ce sujet, nous avons déjà cité le Dictionnaire de Pomologie, de M. André Leroy, où elle est décrite tout au long. On peut aussi consulter la plupart des Catalo- gues marchands de notre époque ainsi que divers journaux spéciaux, notamment la Revue horticole de 1885, où elle est citée deux fois, et où cette variété figure concur- remment avec la d’Angleterre. Mais alors, on est assez embarrassé de savoir de quelle Reinette d’Angleterre il est ques- tion, les auteurs ayant négligé de dire s’il s’agit de la Reinette du Canada ou du Pépin d’or, ou de la Reinette de Cusg (Côte-d’Or), qui toutes portent le nom de Reinette d’Angleterre. C’est un exemple, heureusement très-rare dans la Pomologie, d’un nom détruit par le Congrès pomolo- gique qui continue à figurer dans la no- menclature concurremment à celui ou à ceux qu’on lui préfère. La seule raison plausible est que la lumière n’a pas été faite entièrement sur cette variété, beaucoup d’horticulteurs ayant réservé leur opinion ; en tout cas, c’est se montrer peu soucieux des décisions du Congrès et porter atteinte à son influence morale et à l’autorité qui doit s’attacher à ses décisions. Il ne faudrait pas beaucoup d’exemples de cette sorte pour les discréditer. Nous craignons que du jour où les déci- sions rendues par le Congrès pourront être discutées, ce Congrès aura vécu, suivant l’expression d’un de ses membres les plus influents, ce qui serait très-fâcheux au point de vue du progrès de la science po- mologique. Boisbunel. lES ORCHIDÉES w bert, de Manchester, publiée en 1847 dans le second volume du Journal of the Rogal horticidtural Societg, de Londres, je trouve le remarquable passage suivant: « Les c^i- sements parmi les Orchidées donneraient probablement de très-frappants résultats; mais malheureusement, ces plantes se re- produisent difficilement par graines. J’ai toujours obtenu ainsi des Rletia, Cattlega, Ilerminium monorchis et Ophrys arani- fera ; et si je n’étais pas, pendant la l’hybridation des orchidées. 159 majeure partie de l’année, absent de l’en- droit où sont mes Orchidées, je pense que j’obtiendrais des hybridations. J’avais au printemps dernier des fruits d’Orcliis bien fécondés par du pollen (VOphri/s, et cela aussi bien que pour ceux qui l’avaient été par d’autres espèces d'Orchis, et si j’avais pu continuer sur place mes expériences, je pense que j’aurais obtenu des graines de races hybrides d’Orcbidées. Un cultivateur intelligent, qui continuerait des expériences de ce genre, rendrait service à la science, surtout s’il consignait les résiütats bien éta- blis de ses observations. » C’est par cette première information au- thentique que j’appris la possibilité de l’hy- bridation dans les Orchidées. Vers cette époque, et même encore plusieurs années après, la croyance était partout répandue que le croisement des Orchidées était im- possible ; et, autant que je sache, aucune autre expérience de ce genre, autre que celles de M. Herbert, ne fut entreprise à cette époque, si ce n’est par M. Dominy, en 1853, dans nos pépinières d’Exeter. La cause de cette croyance préconçue contre l’hybridation n’est pas, croyons-nous, diffi- cile à expliquer. Mais M. Herbert était un savant, et il con- naissait intimement la structure des fleurs d’Orcbidées. A ses yeux, leur fécondation artificielle ne présentait pas de difficulté. Pour les horticulteurs et les jardiniers, il en était bien autrement ; non seulement ils n’avaient pas, comme d’ailleurs presque tout le monde, la moindre idée de la fécon- dation des Orchidées par les insectes; mais encore ils ne possédaient, pour la plu- part, aucune notion de botanique. Ils savaient bien, nous en convenons, distin- guer les pistils et étamines des plantes qu’ils avaient coutume de cultiver, et ils étaient attentifs au fonctionnement de leurs organes ; mais la réunion de ces organes reproducteurs en une colonne solide, ainsi que cela a lieu dans les Orchidées, était pour eux un profond mystère. C’est un chirurgien d’Exeter, M. John Harris, qui suggéra à M. Dominy l’idée de croiser entre elles les Orchidées d’es- pèces différentes et qui lui indiqua la réunion de leurs organes de reproduction dans la colonne, en lui démontrant que l’application des pollinies sur leur surface stigmatique était l’analogue du dépôt de poussière pollinique sur le stigmate des autres fleurs. Ce simple fait fut le point de départ de l’hybridation des Orchidées, qui dès lors fit des pi'ogrès assez rapides; les fleurs des belles espèces de CatÜeya^ Lælia, Calan- Ihe, etc., furent fertilisées par des pollinies d’espèces différentes, et aussi quelquefois par des plantes de genres différents, mais voisins entre eux. Les capsules furent pro- duites en abondance, leur maturité s’indi- qua par la déhiscence, et, de cette manière, les graines attendues depuis si longtemps avec anxiété furent enfin obtenues. Ohteniion des semis. — Ici se présente une très-grande difficulté, contre laquelle notre longue expérience ne nous a fait faire que peu de progrès ; il s’agit de la réussite dans le semis et de l’élevage des toutes jeunes plantes. Les graines d’Orchidées sont ténues, en forme de menues pailles très-légères, et de si hiibles dimensions qu’une loupe de poche ordinaire est impuis- sante à permettre de reconnaître si les graines qu’on observe sont susceptibles de contenir un germe, ou si, au contraire, ce sont simplement des atomes de poussière. Quand les Orchidées croissent à l’état sauvage, le contenu des capsules mûres, après la déhiscence, est plus ou moins dis- persé par le vent et transporté à de grandes distances, jusqu’à ce qu’il soit, de divers côtés, déposé sur des branches d’arbres, sur des rochers en pente, ou autres situations favorables, où les graines peuvent germer et les jeunes plants s’établir solidement. Par suite, et pour imiter la nature autant que la culture artificielle le permet, dès ces premières tentatives, on sema les graines d’Orchidées sur des blocs de bois, sur des fragments de tiges de Fougères arbores- centes, des morceaux de liège, sur la mousse recouvrant la surface des pots, mais, malgré ces précautions, la réussite était bien rare. Causes d’insueces. — Parmi les princi- pales causes d’insuccès dans l’obtention des Orchidées par la voie du semis, il faut mettre en premier lieu les conditions cli- matériques défectueuses, résultant de l’in- suffisance de la lumière et du traitement artificiel auquel les plantes sont nécessaire- ment soumises dans nos serres. Les cap- sules n’acquièrent pas la perfection natu- relle qu’elles ont dans leurs contrées na- tales ; et, en plus de cette cause désavanta- geuse, les graines que l’on sème étant presque toujours le résultat d’hybridation, il s’ensuit que la proportion des graines fertiles, dans ces dernières conditions, est infiniment moindre qu’à l’état naturel. ICO L’ilYmUDATION DES ORCHIDÉES. Il 01) osl. (lo rnoHio poin* los joiinos ])laril.s (jiio l’oii poiil, ()l)l(Hiir ; cai’ ils so Ir-oiivoiil dans dos oondilioiis l(3ll(‘monl dinoi'onlxîs do (îollos aiix(pi(‘llos ils soni soumis dans los rôdions doni provionnonl hîiii’s parents, (pi’il n’osi pas él.onnani (pio la majonro partie d’entre (aix disparaisse à loin' p)‘o- niière jiéi'iode de dévelop[)ejiient. Onti'o (jiie les capsules se développimt, moins parta ile- menl, dans nos seia-es, elles mettent, aussi |)lns de temps pom- aia-ivei- à maturité, eir- eonstanee (jiii a encore iin(i j^i-ande in- tlnence sur les sujets qui en proviennent. La cause de ce tait l•ésnlle d(3 l’énorme di- minntion (pie subissent sons notre climat les Orcliidijos dans la ([uantité de lumière Fig. 31t. — Graines de Dendrobium (grossies). Fig. 34. — Semis de Dendrobium (4 mois). Fig. 35. — Dendrobium (7 mois). Fig. 3G. - et de clialeur natn- l'elle (pi’elles l'oçoi- venl. Pour rendi'e ce point j)lns com- préhensible, nous allons prendre pour lyjie les CaUlef/a néo-grénadins du groupe labia ta, |)ai‘ce ({lie ces Orclii- dé(‘s sont de celles (jui jouent le plus grand riMe dans les essais des semeurs bylnâ- deurs. (^es Catlleyas ont leui* station nalui'elle établie |»i‘inci|)alement dans Icxs ravins et vall('‘es des Cordillères, à une altitude va- l'iant (le ()50 à 1 ,700 mèti'es au-dessus du niveaude la mer, et entre les 2*^ et 10^ pa- rallèles de latitude nord. ’ig. 38. — Dendrobium (deux ans). Dans ces ]*(3gions voisines de l’é([ua- teur, les végétaux reçoivent les rayons solai res pei'pend icu - lairement ou sous un ti'ès-faible angle, tandis (pie sous notre climat, ces rayons ont une obliquité de 28» {lendant quel- ques mois et cette obli({uité atteint en hiver 75". Les plantes subissent de ce chetiin changement considérable sous le rapport de la clarté, car, dans ces dernières conditions, les rayons du soleil perdent un quart de leur |)uissaii(3e. Par exenqile, dans les mois d’biver, ])ar les jouiaiées claires, les Catlleija reçoivent à jieine dans nos serres les cinq liuitièmes l’iiycridation des orchidées. 161 (le la lumière qu’ils reçoivent dans leur pays natal. De ce qui précède, on conçoit aisément dans quelles conditions désavantageuses les Cattleyas et autres Orchidées se trouvent sous notre climat, et cela sans encore tenir com})te des inconvénients moins impor- tants, tels ({ue l’atmosphère hrumeuse, les ruinées (fue produisent les villes, etc. Temps nécessaire pour la mahiration des graines. — Etant connu, la courte pé- riode de sécheresse , environ trois mois, qui se produit dans la Nou- velle-Grenade, on en déduit que les graines de Cattleyas doivent, en ce laps de temps. arrivera maturité. Dans nos serres, il faut: l)our les Calilega du groupe labiata, de onze à treize mois ; pour le Lælia puigm- rala, environ neuf mois; pour le Pliahc- nopsis Scfiilleriana, six mois ; le Cgpri- pedium Spicerianuni^ onze à douze mois; le C. insigne, dix mois; Masdevallia, quatre mois ; Calanthe, trois à quatre mois; Zggopetalum Mackagi, croisé avec le Z. maxUlare, envi- ron six mois; Odonto- gloss um maculai uni, iJendrohium aureuni, Anguloa Clowesi, Chg- sis hractescens et Maxillaria Ilarriso- niana, environ douze mois. Ces évaluations sont, bien entendu, approxi- Fig. 39. — Graines de Cattleya (grossies). Fig. 43. — Cattleya (16 mois). Fig. 44. — Cattleya (2 ans). matives. Le temps nécessaire pour que les Orchidées mûrissent leurs graines est considérablement influencé et modifié par la température et les circonstances ex- térieures, et surtout par la quantité de lu- mière solaire reçue pendant le cours de l’année. Nous ferons remarquer que nos expériences diffèrent très-peu de celles de M. Bleu, de Paris, qui a publié, dans le Bulletin de la Société nationale d’horti- cidiure, les périodes de maturation de cap- sules pour plusieurs espèces d’Orchidées qu’il a hybridées, liien que le climat de Pa- ris, sous lequel ses cultures sont faites, soit plus chaud et plus sec que le nôtre, ce qui diminue dans quelques cas le temps néces- saire pour la maturation. Quelques influences sous lesquelles nous travaillons pour obtenir des capsules sont également défavorables. Leur obtention, en abondance, est peu difficile, et même lors- qu’elles proviennent de croisements qui pa- 162 l’hybridation des orchidées. raîlraient presque incroyaliles à un bota- niste systématique. Mais voici où commen- cent les difticultés : Graines imparfaites. — De lionnes foraines sont le facteur le plus important dans la production de jeunes plantas bien portantes, et ces graines, inallieureusement pour les causes que nous avons déjà en partie examinées, sont la bien minime par- tie de celles que l’on récolte. Nous faisons nos semis avec profusion ; mais les graines qui germent sont en si faible quantité que la jiatience se trouve soumise à une sévère épreuve. Les graines de centaines de cajisidcs ne produisent souvent pas le moindre résidtat. Dans des cas fort nombreux, un seul exem- lilaire est oldenu d’une capsule contenant plusieurs milliers de graines. Quelquefois, cependant, le nombre de jeunes plantes ob- tenues par un seul croisement atteint une centaine. Il est vrai aussi que nous avons obtenu de nombreux semis fertiles dans l’en- semble, mais la plupart sont apparus quand on s’y attendait le moins ; et, quand nous considérons les myriades de graines que nous avons semées et la quantité relativement faible d’hybrides que nous avons eus, nous ne pouvons pas dire que nous avons obtenu un grand succès. Nous devons mentionner ici qu’à l’exception des Cypripedium, qui supportent mieux que tous les représentants des autres genres la fatigue occasionnée par le développement et la maturation des graines, la plupart des Orchidées qui por- tent des capsules en sont très-fatiguées. Pendant la période où la capsule opère sa maturation, la végétation de la plante s’ar- rête entièrement; et, quand cette plante n’est pas robuste, il arrive assez fréquem- ment qu’elle périt avant que les graines soient mûres. Si la maturation des capsules est subor- donnée à ces conditions défavorables, les mêmes influences n’ont pas moins d’action sur les jeunes plants qui en proviennent. La période qui s’étend de la germination à la formation des premières racines, période qui comprend souvent plusieurs mois, est surtout le moment critique de l’existence des Orchidées de semis cultivées sous verre. C’est spécialement pour les Cypripediiim, les Calanthe et les Phalænopsis que des soins éclairés sont nécessaires jusqu’au mo- ment où le développement des racines leur donne une vigueur relative. Une série de journées brumeuses en hiver, ou même (pielquos heures du brouillard que l’on a souvent à Londres, suftisent à causer une grande mortalité non seulement parmi les jeunes semis non enracinés, mais aussi quekjuefois parmi les plants les plus forts. L’attention et les soins du cultivateur ne doivent pas diminuer lorsque les jeunes Orchidées commencent à jiroduire des ra- cines. Le défaut d’arrosage pour une seule journée et même pendant quelques heures, au moment des fortes chaleurs, peut leur devenir fatal, de même qu’un excès de cha- leur ou d’arrosage, en les mettant en végé- tation avant leur saison naturelle, produit les mêmes effets désastreux. D’autres dangers sont également à crain- dre. Il nous est arrivé, par exemple, après avoir obtenu, par le croisement du splen- dide Dendrobium nobile var. nobüis et du D. aureum, un seul hybride qui s’é- tait vigoureusement développé, de voir dis- paraître en une seule nuit ce précieux exemplaire , entièrement dévoré par un co- limaçon. Nous pourrions citer encore d’autres cas analogues à celui-ci. Temps s’ écoidant avant la floraison. — La période la plus courte, entre la germi- nation des graines et la production des fleurs, a été observée par nous pour le Dendrobium. En effet, le D. aureum, fé- condé par le D. nobile, et vice versa, de- mande seulement trois ou quatre années ; les Phajus et Calanthe, à peu près le même temps ; les Masdevallia et Chysis, de quatre à cinq ans; les Zygopetalum, de cinq à neuf ans; le Z. maxillare, fécondé par le Z. Mackayi, demande seulement cinq an- nées, tandis que les hybrides obtenus en intervertissant le rôle des deux parents ne lleurissent qu’à partir de la neuvième an- née; de même, le Cypripedium Schlimi, hybridé par le C. longifolium, fleurit la quatrième année, et la fécondation inverse produit une lloraison seulement au bout de six ans. Les Lycaste demandent de sept à huit ans ; les Lælia et Cattleya, de dix à douze années. On peut se rendre compte, par l’examen des figures ci-annexées (fig. 33 à 44), des états successifs des jeunes plants pendant leur période de développement. H.-J. Veitch. (Traduit du Journcd of Horticulture, par Gii. Thays.) [La fin au prochain numéro.} LÉGUMES FOLIACÉS BLANCS. — SOCIÉTÉ NATIONALE d’iIORTICULTURE DE FRANGE. 163 LÉGUMES FOLIACÉS IILANCS Sans être excessivement nombreuse, la catégorie des légumes blancs comprend une assez grande quantité de plantes que Ton mange blanches, soit qu’elles acquiè- rent naturellement cette couleur, soit, au contraire, qu’on la leur communique artifi- ciellement. Dans ce dernier cas, le travail se nomme éliolage. Nous ne croyons pas nécessaire de rap- peler ici les différents procédés par lesquels on obtient l’étiolage, qui sont le liacjc^ l’en- terrage ou jaugeage des plantes, ou liien une soustraction plus ou moins complète de la lumière, soit qu’on les soumette à la chaleur, soit au contraire qu’on les laisse à la température ordinaire. Citons pour mé- moire les Gardons, Chicorées, Scaroles, Céleris, Pissenlits, Poireaux, Barbe-de-Ga- pucin, etc., et, comme blanchissant, c’est-à- dire, s’étiolant naturellement, beaucoup de sortes de Choux, certaines salades, laitues romaines, etc., enfin toutes les plantes qui naturellement se « coiffent » et qui par ce fait se soustraient d’elles-mêmes à la lumière. Il est une autre série de plantes qui, na- turellement aussi, sans « pommer » ni « se coiffer », prennent également une couleur blanche, parfois rouge, noire, ou plus ou moins brune, etc. ; c’est ce qu’on nomme plantes à feuillage panaché. Dans ce cas, encore, les Choux présentent surtout, au plus haut degré, des exemples de ces pana- chures. En effet, après avoir montré dans leur feuillage des panachures plus ou moins larges, on est arrivé aujourd’hui à avoir des variétés à feuilles d’un blanc pur, et cela sans les lier et bien qu’elles ne pomment pas. Ces variétés sont tout aussi bonnes à' manger que leurs analogues vertes, et ce qu’il y a de plus curieux, c’est, contrairement à la théorie qui admet que les plantes pana- chées sont malades et par conséquent ne devraient pas être rustiques, que ces plan- tes décolorées sont au contraire d’une rusti- cité à toute épreuve; elles ne gèlent jamais. Mais dès l’instant que diverses plantes se panachaient de blanc, que certains légumes, des Choux, par exemple, revêtaient com- plètement et naturellement cette couleur, il n’y avait pas de raison pour que celle-ci ne se montrât pas sur d’autres légumes foliacés, et dont par conséquent on mange les feuilles. C’est, en effet, ce qui est arrivé pour les Céleris ; il y a trois ans, le Céleri Che- min, au lieu de rester vert et d’acquérir la couleur blanc jaunâtre par l’étiola ge, de- vint naturellement d’un blanc d’ivoire bril- lant, et cela quelles que soient les condi- tions dans lesquelles on le plante, le climat sous lequel on le cultive. Mais ici s’est mon- tré un autre fait, celui de l’ébranlement du type et sa tendance à former une race blanche, en un mot à transformer en ca- ractère permanent ce qui, d’abord, n’avait été qu’une exception. Aujourd’hui, en effet, l’on compte déjà plusieurs variétés de Céleris, plus ou moins blanches naturelle- ment, c’est-à-dire sans que l’on soit obligé de les soumettre à un étiolage quelconque. Un fait très-curieux encore, dans cette circonstance, c’est que, contrairement à ce qu’on avait avancé, toutes ces plantes se re- produisent par graines avec une fixité abso- lue, mieux même que ne le font la plupart de celles que l’on considère comme de bonnes espèces. Quant à l’avantage que procurent ces plantes, les Céleris surtout, il est assez im- portant pour être rappelé. D’abord on n’a pas à les lier, à les couvrir, ni à les en- jauger, ce qui, outre le travail en moins, ne les expose pas à la pourriture, ainsi que cela arrive fréquemment lorsqu’on les enterre. Ajoutons encore qu’ils sont tout aussi bons et aussi savoureux que leurs analogues verts, qu’ils sont très-appétissants et agréables à la vue, au point qu’on peut en faire des plantes d’ornement. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU n MARS 1886 Constatons d’abord que, pour la circons- tance, le temps était loin d’être favorable. En effet, la gelée, qui, depuis quelque temps, avait repris sans relâche, avait, ce jour, atteint une intensité peu commune : de 6 à 11 degrés, sui- vant les localités. Aussi cette circonstance avait-elle refroidi, on le comprend, le zèle des présentateurs. 164 ORIGINE DU FRAISIER DES QUATRE-SAISONS. Au comité (VarhoricuUure fruitière : M. Jour- dain, de Maurecourt, présentait une corbeille de Pommes Calville blanc de dimensions peu communes et d’une beauté vraiment excep- tionnelle. Bien et régulièrement côtelées, elles étaient d’un blanc crémeux, luisant, légère- ment lavé de rose vermillonné. Ges Pommes valaient de 1 fr. 50 à 2 fr. la pièce. Au comité de culture ])otagère ont été faits les apports suivants : — Par M. Chemin, ma- raîcher, boulevard de la Gare, à Grenelle, une botte de magnifiques Asperges provenant de ses cultures forcées. Le prix de ces Asjierges, à l’heure actuelle, est de 30 à 40 fr. la botte ; — Par M. llédiard, marchand de comestibles et de denrées horticoles exotiques, à Paris, des bulbilles aériens de Dioscorea bulbifera; — Par M. llorat, jardinier au château de Draveil (Seine-et-Oise), un lot de Fraises Marguerite Lebreton qui, de l’aveu de tous, réunissaient toutes les qualités que l’on peut désirer : grosses, régulières et d’une belle forme, elles étaient d’un coloris luisant et relativement foncé, que l’on voit rarement à cette époque de l’année; — Par M. Chargueraud, jardi- nier en chef à l’École vétérinaire de Maisons- Alfort, des tubercules du Coleus tuberosus de différents âges et qui semblaient démontrer que, par une culture appropriée, il sera pro- bablement possible d’utiliser cette plante pour l’ornementation. Ges tubercules, qui viennent surtout au collet des plantes, paraissent indi- quer que cette espèce devra être buttée; ils sont régulièrement et courtement ovales, et la peau, d’un brun foncé, est légèrement fendillée. Au comité de ftoricultnre ont été faits les apports suivants : — Par M. Leclerc, jardinier en chef chez IM. Finet, à Argenteuil : 1» des Gloxinias d’une beauté exceptionnelle pour la saison ; 2» un fort pied de Corganthes ma- culatu punctata, Orchidée des plus curieuses, qui croît dans les forêts de la Guyane. G’est une plante rare, surtout intéressante pour sa lloraison, qui, des plus singulières et des plus originales, rappelle assez exactement, pour la forme, la couleur et même l’odeur, le Stayihopea. Gette espèce, dont la floraison est d’une extrême rareté, est cespiteuse, a les pseudobulbes longuement ovales, cannelés, brusquement tronqués et terminés par une feuille longuement iridiforme, étroite ; — Par M. Schwartz, jardinier chez M. Lemercier, à Ba- gneux (Seine), un pied bien fleuri et en parfait état de Reine-Marguerite anglaise. Non seule- ment la plante, qui n’avait pas plus de 12 cen- timètres de hauteur, portait de belles fleurs d’un coloris aussi beau et aussi frais que si c’eût été en saison normale, mais les feuilles, abon- dantes et d’un très-beau vert, indiquaient une culture soignée et parfaitement entendue. — Enfin par M. Fauvel, jardinier en chef au châ- teau de Taverny (Seine-et-Oise), les espèces suivantes en fleurs coupées : 4 variétés magni- fiques de Cattleya Trianæ, à très-grandes fleurs, toutes dissemblables; Phalænopsis Schüleriana, P. alba aurantiaca, Zygopeta- lum Mackayi, Cypripedium Hookeri, Harris- sianumy Veitchii, Cœlogyne cristata, Saccola- bium giganteum, Odontoglossum Cervantesii. O. Rossii majus; enfin deux variétés de Narcisse à fleurs odorantes appartenant au N. Jonquilla, l’une à fleurs simples, l’autre à fleurs pleines. Toutes ces plantes, disposées avec art, formaient un magnifique et élégant bouquet. ORIGINE DU FRAISIER DES QUATRE-SAISONS Si Ton jugeait d’après certains faits bien connus, et que nous allons rapporter, cette question d’origine du Fraisier des Quatre- Saisons, elle serait bientôt résolue. La con- clusion serait qu’il provient des grosses Fraises. Mais alors se présenterait cette ob- jection, que le Fraisier des Quatre-Saisons est une espèce qui croît spontanément dans certaines parties des Alpes, d’où le nom de « Fraisier des Alpes » par lequel on le dé- signe parfois. Et alors, ici, il y aurait désac- cord entre les auteurs. En effet, tandis que certains regardent le Fraisier des Quatre- Saisons comme une espèce distincte, d’autres le considèrent comme une variété du Frai- sier des bois (Fragaria vesca). Lesquels ont raison ? Bien que les deux opinions puissent être soutenues, la dernière, pour- tant, parait plus probable. Jusqu’ici, en effet, on avait bien parlé çà et là de quelques productions spontanées de Fraisiers Quatre-Saisons, mais aucune ne paraissait assez probante pour éclairer suffisamment le débat, et donner une so- lution suffisante. Aujourd’hui il en est autrement et la question semble entrer dans une nouvelle voie. Elle a été ouverte par les diverses particularités remarquées sur l’ob- tention de Fraises, à propos de la variété Belle de Meaux (1), Quatre-Saisons sor- tant de la variété Général Chanzy, qui est une grosse Fraise non remontante. Voici, à ce sujet, ce que nous écrivait M. Edouard Le- fort, l’obtenteur de la Fraise de Meaux : Mon cher Rédacteur en chef, J’ai continué cette année mes semis de Frai- siers Général Chanzy. Procédant par ordre, (1) Voir Revue horticole, 1884, p. 40. REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 165 je VOUS donne d’abord les renseignements de l’année 1881. Les semis de graines prises sur de grosses ou sur des petites Fraises ne m’ont pas donné plus de Quatre-Saisons l’une que l’autre. J’ai obtenu un beau plant un peu amélioré mais ayant plus le caractère de grosse P’raise, et quatre pieds de grosse Fraise sans filets. J’ai semé aussi les Fraises Marguerite Lebre- ton et Jucunda^ mais je n’ai pas obtenu de Quatre-Saisons bien que les pieds de ces va- riétés fussent placés auprès de la Fraise Belle de Meaux. Pour cette année, j’ai continué les semis de la Fraise Général Chanzy, provenant de grosses ou petites Fraises, et j’ai obtenu le meme résul- tat que l’année dernière : une dizaine de Quatre-Saisons par terrine, par conséquent rien de semblable à ce que j’avais obtenu la première année, c’est-à-dire en 1883, où mes graines de fruits tardifs levèrent comme du gazon. J’ai eu, cette année, l’idée de semer des graines d’une Fraise nouvelle, obtenue d’un semis de Général Chanzij et provenant de la même année que la Fraise Belle de Meaux. Cette Fraise est plus tardive que la Fraise Gé- néral Chanzy, de mômes couleur et grosseur, mais plus rustique, et de ce semis j’ai obtenu presque toutes Quatre-Saisons. De même que la première année, le plant des Quatre-Saisons est même plus fort que le plant qui reste en grosse Fraise. J’ai semé aussi des graines de la Fraise Pau- line fécondée par la Fraise Général Chanzy et j’ai obtenu des Quatre-Saisons d’une force et d’une vigueur extraordinaires. Que produiront- elle? Ls’avenirle dira. Agréez, etc. Édouard Lefort. De cette lettre, dont nous remercions l’auteur, il résulte ce fait important au point de vue qui nous occupe, que diffé- rentes variétés de grosses Fraises peuvent donner des Quatre-Saisons. D’où l’on pour- rait conclure que celles-ci proviennent de celles-là. Ce qui semble encore en faveur de cette hypothèse, c’est que jusqu’à ce jour, que nous sachions du moins, on n’a jamais obtenu de résultat inverse, c’est-à-dire que l’on n’a pas d’exemple que des fruits du Fraisier des Quatre-Saisons aient produit des Fraisiers à gros fruits, ce qui, pourtant, n’autorise pas à affirmer que le fait ne soit pas possible. Dans les expériences de M. Lefort nous remarquons : que la variété Général Chanzy a produit des Quatre-Saisons, fait également constaté par M. La pierre (2) ; 2^^ qu’on a obtenu le même résultat avec la variété Pauline, mais non avec les variétés Marguerite Lehreton et Jucunda qui, cependant, sont également des variétés à gros fruits comme les variétés Général Chanzy et Pauline. Mais, cette fois, outre les Quatre-Sai- sons, nous voyons, de graines de grosses Fraises trés-traçantes, sortir un nouveau type: des Fraisiers non traçants, fait iden- tique à ce que nous avons déjà constaté et complètement analogue à ce qui se produit fréquemment sur les Fraisiers Quatre-Sai- sons traçants qui donnent des non traçants ou Fraisiers « buisson ». De tous ces faits s’ensuit-il qu’on puisse poser des règles absolues, et conclure qu’on pourrait, à volonté, obtenir ces mêmes résultats? L’expérience pourra seule le dire. E.-A. Carrière. REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Botanical Magazine. Salvia discolor, Kunth. — Labiées {Bot. Mag., tab. 6772). — Jolie espèce, originaire du Pérou, et qui a été mise au commerce par un horticulteur anglais, M. C.annell, sous le nom de S. nigricans. Tiges hautes de 1 mètre à 1^» 30. Fleurs en grappes terminales, très-longuement pédoncu- lées ; calyce tubuleux-campanulé , long de 18 millimètres; corolle violet-bleu foncé, plus pâle sur le tube et la gorge ; tube légèrement recourbé, un peu plus long que le calyce; la- belle supérieur étroitement oblong, obtus, long de 8 millimètres; labelle inférieur plus long, presque quadrangulaire, bilobé, étalé. Philodendron Selloum, G. Koch. — Aroï- dées {Bot. Mag., tab. 6773). — Magnifique es- pèce, originaire du Brésil, à végétation très- vigoureuse, sous-arborescente, rampante. Tiges émettant des racines adventives qui ressem- blent à des cordes. Feuilles longues de 35 à 70 centimètres, ovales, à base sagittée, pinna- tifides, vert foncé luisant ; pinnules lobées, lobes allongés, obtus à nervures accentuées, pâles. Spathe longue de 35 centimètres, à pé- doncule très-court, étroitement oblongue, exces- sivement épaisse, vert foncé à l’extérieur, jaune pâle à l’intérieur, tube plus étroit et à peu près (2) Voir Revue horticole, 1885, p. 505. ^66 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. de U meme longueur que la partie ouverte de la spatlie. Spadice jaune })âle, très-fort, aussi long' que la spatlie. Cette espèce répand, sur- tout pendant la nuit, une odeur aromatique très-prononcée. Cereus paucisjnnus , Engelm. — Cactées (Bot. Mag., tab. 6774). — Espèce originaire des régions orientales du Mexique. Tiges hau- tes de 12 à 25 centimètres sur 5 à 10 de lar- geur, souvent déformées, rétrécies, étranglées et divisées, vert foncé, à côtes accentuées. Epines réunies par 3 à 7, renflées à la base; fleurs axillai- res, à l’extrémité de la tige, longues de 7 cen- timètres et demi sur 6 environ de diamètre ; tube calycinal subcylindrique, garni par places de 10 à 15 jiaquets de courtes épines blanchâ- tres ; sépales extérieurs oblongs-obtus-acumi- nés ; pétales au nombre de trente environ, spatulés-allongés, à extrémité arrondie, con- cave, subérigés et étalés, rouge foncé, teinté de brun; étamines très-foncées, anthères vio- lettes. Iris {Xiphion) tingitana^ Boiss. et Reuter.— Iridées {Bot. Mag., tab. 611b). — Cette espèce a été découverte il y a fort longtemps aux en- virons de Tanger (Maroc), mais ce n’est que tout récemment qu’elle a été introduite dans les cultures. Elle est assez ornementale et se distingue surtout par sa tige érigée, haute de 65 centimètres environ, et par les segments érigés du limbe, qui sont très-étroits, et se re- courbent gracieusement sur eux-mêmes à leur extrémité supérieure. Bulbe ovoïde, pointu. Tige érigée, complète- ment cachée par la base engainante des feuilles. Feuilles, au nombre de six à sept, linéaires, les inférieures longues de 35 centimètres. Fleurs, deux ou trois, en épi simple, termi- nal ; limbe lilas brillant ou rose violacé; seg- ments extérieurs obovales, onguiculés, longs de 7 à 8 centimètres, à limbe retombant, aussi long que l’onglet, marqué d’une tache médiane allongée, jaune brillant, segments intérieurs lancéolés, érigés, aussi longs que les exté- rieurs. Ravenea Hildehrandti, Bouché. — Palmiers {Bot. Mag., tab. 6776). — Palmier nain, très- élégant, introduit il y a quelques années des Iles Comores, et dont le port se rapproche sensiblement de celui des Arcea. Ce genre est voisin, au point de vue botannique, des Hyo- phorhe, mais il en diffère par sa végétation beaucoup plus vigoureuse, par ses fleurs, qui sont monoïques et disposées en lignes inter- rompues sur le spadice. Pentapterygiuyn serpens, Klotzsch. — Yac- ciniées {Bot. Mag., tab. 6777). — Plante char- mante, originaire de l’Himalaya, où elle croît aussi bien en épiphyte, sur les arbres les plus élevés quelquefois, que sur le sol, où elle re- cherche surtout la surface des rochers garnis de mousse. L’altitude "à laquelle on la rencontre varie entre 1,000 et 2,500 mètres. Elle développe un rhizome très-allongé, lobé, ayant (juclquefois 60 centimètres de lon- gueur. Ses branches retombantes, longues de 60 cenMmètres à P» 20, ont l’écorce rouge, et produisent, au mois de mai, lorsque la plante est cultivée en serre, une profusion de fleurs rouge intense, axillaires, solitaires, retom- bantes, à corolle longue de 3 centimètres environ, tubuleuse-ovoïde, terminée par cinq dents. Les feuilles sont ovales-lancéolées-ai- guës, longues de 2 centimètres, larges de 5 mil- limètres. Ilæmanthus Katherinæ, Baker. — Amaryl- lidées {Bot. Mag., tab. 6778). — Plante bul- beuse d’un haut intérêt ornemental. De Natal, son pays d’origine, VH. Katherinæ a été in- troduit en Angleterre, où il doit être cultivé en serre. 11 possède un bulbe globuleux, mesu- rant de 4 à 8 centimètres de diamètre, et pro- duisant de trois à six feuilles ovales-lancéolées, mesurant de 15 à 30 centimètres de longueur sur 12 environ dans leur partie la plus large ; les pétioles, longuement engainants, consti- tuent une sorte de fausse tige, haute d’environ 20 centimètres. A côté de cette fausse tige se développe une hampe arrondie , haute de 35 centimètres, que surmonte une inflores- cence ombelloïde rouge écarlate, mesurant 20 centimètres de diamètre, à segments du pé- rianthe étroits et étalés, à étamines et style longuement saillants. L’attrait que donne à cette plante sa superbe fleur est encore augmenté par le singulier réseau de veines saillantes qui parcourent ses feuilles sur toute leur sur- face. Corylopsis himalayana, Griffith. — Hama- mélidées {Bot. Mag., tab. 6779). — Arbuste originaire de l’Himalaya oriental et des régions voisines, où on le trouve à une altitude de 1,800 à 2,700 mètres. Il est introduit en Eu- rope, où il forme un arbuste ou arbrisseau ressemblant beaucoup au Noisetier, mais avec de très-grandes feuilles d’un vert foncé, lon- gues de 15 à 20 centimètres, sur une largeur quelquefois plus grande. P y rus {Cydonia) Maulei, Masters. — Rosa- cées-Pomacées {Bot. Mag., tab. 6780). — Cet arbuste, introduit, en 1874, du Japon, par M. Maule, de Bristol, forme, suivant M. le doc- teur Masters, qui l’a décrit, une espèce dis- tincte, tandis que M. le docteur Hooker y voit plutôt une variété du P. {G.) japonica. Ses fleurs sont semblables à celles de ce dernier; mais ses fruits, d’un beau jaune d’or, sont ar- rondis, fortement ombiliqués au sommet et à la base, unis et sans côtes. Chrysanthemum cinerariæfolium, Yisiani. — Composées {Bot. Mag., tab. 6781). — Es- pèce originaire de Dalmatie, ne présentant aucun intérêt horticole. C’est cette plante qui sert à la fabrication de la poudre employée pour débarrasser les appartements des mou- ches , moustiques et autres insectes nui- sibles. CORRESPONDANCE. 167 Streptocarpus Kirkii, D. Hook. — Gesnéria- cées {Bot. Mag., tab. 6782). — Charmante es- pèce de serre chaude, très-voisine du Strepto- carpus caulescens, et introduite en 1882 de Zanzibar. Elle produit une tige haute de 10 à 15 centi- mètres, garnie de feuilles disposées par paires, largement ovales -obtuses, longues de 4 à 6 centimètres, à pétioles longs de 1 à 2 centi- mètres. De cette tige partent deux ou trois cymes bifides portant d’élégantes petites fleurs violet pâle, longues de 2 centimètres, à pédon- cule axillaire grêle et rouge. Crinum leucophyllum, Baker. — Amarylli- dées {Bot. Mag., tab. 6783). — Fort belle es- pèce, introduite de l’Afrique centrale, en 1880, en Angleterre, où elle a fleuri en août 1881. Son bulbe, ovoïde, mesure environ 30 centi- mètres de diamètre. Il donne de douze à qua- torze feuilles distiques, lancéolées, longues de 45 à 60 centimètres, larges de 12 à 15, longue- ment recourbées vers le sol, largement canali- culées , vert glauque , superposées sur une hauteur d’environ 20 centimètres. A la partie supérieure du bulbe, au-dessous des feuilles, se développe presque horizontale- ment une forte hampe, longue de 30 centimè- tres, qui se termine par une énorme ombelle composée de trente à quarante fleurs roses à leur partie extérieure, blanches ou très-légè- rement rosées à l’intérieur, composées d’un tube long d’environ 8 centimètres et de seg- ments au nombre de six, étalés, recourbés en dehors, un peu moins longs que le tube. Ces fleurs, très-ornementales, répandent un parfum agréable. Le C. leucophyllum doit être cultivé en serre chaude. Dendrobium aduncum, Wall. — Orchidées {Bot. Mag., tab. 6784). — Espèce chinoise in- troduite vers 1840, à fleurs moyennes, rose pâle , gorge jaune paille, anthères rouge foncé. Pinguicula hirtiflora, Tenore. — Lentibu- lariées {Bot. Mag., tab. 6785). — Petite espèce alpine, croissant en Grèce et en Italie, assez voisine du P. vulgaris, qui en diffère par la couleur bleu brillant de ses fleurs, ses lobes émoussés et ses capsules moins globuleuses. Le P. hirtiflora a les fleurs lilas ou rose, à tube blanc : ces fleurs ont environ 16 millimè- tres de diamètre. Tulipa primulina, Baker. — Liliacées {Bot. Mag., tab. 6786). — Espèce algérienne, décou- verte en 1882, par M. Elwes, dans les. mon- tagnes de l’Aurès, à une altitude de 2,000 mè- tres. Bulbe- ovoïde, mesurant 3 centimètres dans son plus grand diamètre ; feuilles au nombre de trois à six, linéaires, canaliculées, longues de 18 à 25 centimètres. Pédoncule érigé, long de 30 centimètres. Fleurs très-odorantes; pé- rianthe à segments oblongs-lancéolés, pointus, longs de 3 à 4 centimètres, jaune primevère pâle, légèrement rosés sur le bord, les exté- rieurs et la face inférieure vert bordé de rose vif. Ed. André. CORRESPONDANCE M. A. B. {Isère.) — Bien que nous vous conseillions, pour la formation d’une collec- tion de plantes alpines, de vous procurer de jeunes plantes, il vous est possible d’arriver au même résultat, plus lentement bien entendu, par la voie du semis. Pour la plupart des espèces, vous obtiendrez la floraison en une, deux ou trois années. La végétation des plantes alpines est très-lente. Voici, pour la reproduction par le semis, les principes essentiels à observer. On doit, à la fin de l’automne, déposer les graines dans un compost d’un tiers de ter- reau de feuilles, un tiers de terre de bruyère et un tiers formé de coke, de sable, de spha- gnum, de tourbe ou de terre de rochers, sui- vant les espèces. On draine les pots au moyen de coke concassé ou de cailloux calcaires. La germination ne doit avoir lieu qu’au prin- temps, les graines devant seulement se stratifier pendant l’hiver. Le semis se fait soit en pleine terre, soit sur couche froide. Lorsque les graines sont recouvertes de terre, on place sur le sol quelques branches de sapin, et si, pendant l’hiver, il tombe de la neige, il faut avoir soin d’en tasser le plus possible sur les émis. Au mois de mars, on découvre le sol pour que la germination s’opère, et, à mesure que les jeunes plantes se développent, on les repique séparément dans des pots, pour les mettre en place, c’est-à-dire dans des rocailles, aussitôt qu’elles auront la force suffisante. Les Papaver alpinum, Silene rupestris, Thlaspi rotundifolium, Linaria alpina, Le- pidum alpinum, Cerastium glaciale, Œil- lets, etc., fleurissent au printemps qui suit le semis. Les Aster alpinus. Edelweiss ou Gna- phalium leontopodium, Anemone vernalis, Androsace, Erinus alpinus. Primevères, Benoites, Saxifrages, Helianthemum, Corydalis lutea, etc., fleurissent au bout de deux années. Les Silene acaulis, Dryas octopetala, Androsace glacialis helvetica, Campanula cenisia, Saxifraga oppositifolia, etc., sont beaucoup plus longs à fleurir, alpines au jardin alpin d’acclimatation, à Ge- nève, et chez M. Yvon, horticulteur, 44, route de Châtillon, à Paris-Malakoff. M. B. C. (Vienne.) — L’insecte qui s’attaque aux Noisettes que vous ré- coltez, qui perfore leur enveloppe et détruit leur amande, est nommé le Balanin des Noi- settes. Sa femelle dépose, en mai, son œuf sur la Noisette nouvellement formée; la larve, qui 168 CORRESPONDANCE. éclot bientôt, pénètre dans le tissu encore tendre, et, bien que le fruit continue à se déve- lo})per, il est dès lors absolument i)erdu. Le moyen de combattre cet insecte se résume à une grande propreté du sol, à la suppression des fruits attaqués, aussitôt qu’on s’aperçoit du fait, et, enfin, au nettoyage de l’écorce et des écailles, des branches et brindilles. Le Balanin est une es})èce du genre Charan- çon {Balaninus nucum), et il a à peu près la grosseur d’une Coccinelle moyenne. iV® 3896. [Seine et Marne. J — Il est certain que les vapeurs ammoniacales qui se dé- gagent du sol de la remise où sont rentrés vos Lauriers-Roses sont la principale cause de la dessiccation des feuilles de ces plantes. Vous avez donc, pour faire cesser ce fâcheux état de choses, à choisir entre deux moyens : ou bien mettre vos Lauriers-Roses dans un autre local, ou bien améliorer celui qui les renferme actuellement en changeant le sol qui a été décomposé par les urines de cheval qui Font imbibé, et aussi en éloignant les lapins qui sont une autre cause de l’état vicié de l’air dans votre resserre. M. J. C. à Manlèche. — Il est probable que la mortalité que vous constatez dans vos jeunes semis de Tomates provient d’un excès d’humidité, et aussi de ce que l’eau employée aux arrosages n’est pas à la tempé- rature des couches. Vous plantez vos Pommes de terre à une distance trop rapprochée les unes des autres. Pour les variétés vigoureuses, il ne faut pas donner moins de 1 mètre d’espacement entre les touffes. Les tubercules pourvus de bons yeux non germés sont à beaucoup près les meil- leurs pour la plantation. Ceux dont les yeux sont cléjà faiblement développés peuvent être employés en conservant ces derniers que l’on a soin de ne pas froisser ou détacher partielle- ment. Les germes trop allongés ou froissés doivent être suprimés. Pour détruire les vers qui envahis- sent vos semis, vous pouvez employer soit le sulfure de carbone dans les proportions que la Revue horticole a indiquées (I) pour les vers blancs, soit les capsules Etienbled. Pour les limaces, une légère aspersion de chaux vive sur le sol non emblavé vous en débarrassera, et il vous sera aisé de défendre ensuite vos semis par un simple cordon de cette même chaux entourant vos carrés. Voici, suivant votre demande, une liste de quelques plantes à fleurs, de culture facile et surtout utiles pour la préparation des bou- quets : Ancolie de Sibérie, — de Californie hybride, (1) Voir Revue horticole., 1884, p. 346. Campanule calycanthème striée, Centaurée Barbeau variée, Clarkia élégant double varié, Digitale pourpre variée Gaura Lindheimeri, Giroflée Ravenelle variée, Immortelle à bractées doubles à grandes fleurs variées, Lin à grande fleur rouge, Lin vivace bleu. Lobclia vivace hybride varié, (Eillets de l’oète variés, Bentstemon hybride, l’erilla de Nankin, Idilo.K de Drummond, Pied d’Alouette des blés double. Pied d’Alouette Cardinal, Pied d’Alouetle de la Chine à grande fleur bleue, Reine-Marguerite variée. Réséda odorant, Scabieuse des .Jardins grande, Véronique vivace variée. Verge d’Or, Zinnia élégant double, etc., etc. M. L. B. (Cantal.) — La meilleure époque pour ensemenser les pelouses dans vos terrains humides et un peu compacts s’étend du 15 mars au 15 avril. Choisissez pour répandre la graine une belle journée venant après quelques jours de séche- resse relative. Votre terrain étant préparé suivant les règles bien connues, employez, pour une surface de 1 hectare, le mélange suivant : Agrostis stolonifère 12 kilogr. Cretelle des Prés 10 — Fétuque rouge 20 — Flouve odorante 3 — Ivraie vivace 24 — Palurin des Prés 15 — Paturin commun 15 — Trèfle blanc 1 — Total 100 kilogr. Dans les parties en pente, mouillez légère- ment le sol avant de semer, pour que la graine adhère, répandez par dessus une légère couche de terreau de feuilles, puis battez légèrement à l’aide d’une planchette. Dans la partie tout à fait escarpée, vous serez obligé de plaquer du gazon, en fixant les carrés à l’aide de chevilles de bois. 4,383 {A^lde). — Les graines de Oli- via (ou Imantophyllum) se sèment en serre tempérée. Après avoir dépouillé les fruits de leur pulpe charnue, on sème les graines enterre de bruyère, soit en terrines pour les repiquer après la levée, soit séparément dans des petits godets pour leur éviter la fatigue temporaire du repiquage. Ces graines doivent être peu recouvertes, ou même pas du tout. Des graines de Cyclamen semées main- tenant peuvent vous donner des plantes de force à fleurir dès l’année prochaine, mais à la condi- tion que vous soumettiez les jeunes plantes à la culture intensive que les fleuristes de Paris et des environs ont adoptée depuis quelques années. Cette culture repose principalement sur l’élevage en pleine terre sous châssis, avec chaleur graduée et croissante, et mise en pots seulement lorsque les jeunes plantes sont bou- tonnées. U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléana. CHRONIQUE HORTICOLE. ^69 CHRONIQUE HORTICOLE Décorations à l’horticulture. ~ Le prix de 300,000 fr. et le phylloxéra. — La plantation des arbres. — Lilium auratum monstre. — Le ver à soie de VEucalyptus. — Un nouvel hybride d’Orchidées. — Bégonia Lucie Clozon. — Bouturage des Tydœa. — Un Wehuitschia vivant, à Paris. — Les Roses dans les régions tropicales. — Première fructification en Europe du Jiibœa speclabüis. — Le froid dans la Floride. — Les vendanges en Italie. — Les Oranges à Valence. — Expositions et concours. — Nécrologie : MM. Franz Antoine et Pierre-Victor Quétier. Décorations à l’horticulture. — Par arrêté en date du 24 mars, la décoration du Mérite agricole a été conférée aux personnes dont les noms suivent : M. Ausseur-Sertier, pépiniériste à Lieusaint (Seine-et-Marne). A donné un grand dévelop- pement à la culture des pépinières : lauréat de médailles d’or dans diverses expositions, no- tamment à l’Exposition universelle de 1878. M. Fréchou (Émile), pharmacien à Nérac (Lot-et-Garonne), chimiste et micrographe dis- tingué. Études sérieuses sur les maladies de la Yigne et découverte de la spore dominante du mildiou. A contribué à répandre l’emploi des cépages résistants et des insecticides, ainsi qu’à la vulgarisation du soufrage des Vignes. M. Lefront (Eugène), lieutenant au 4® régi- ment de tirailleurs algériens. Création de jar- dins en Tunisie ; s’est fait remarquer par les améliorations de cultures qu’il a introduites dans les camps arabes. M. Mussat (Victor-Émile), professeur de bo- tanique à l’École nationale d’agriculture de Grignon (Seine-et-Oise), treize ans de service. Mistral (Joseph), propriétaire du domaine du Grand-Antonnelle (Bouches-du-Rhône), services rendus à la viticulture et à l’agriculture. Mise en culture de 200 hectares incultes en Ca- margue. M. Turc, pépiniériste-horticulteur, à Angers (Maine-et-Loire), créateur d’un établissement d’horticulture important à Vienne (Autriche). M. Ausseur-Sertier a réuni sous sa di- rection les très-anciennes pépinières de Lieusaint, et les a augmentées dans des proportions considérables. Il a créé une collection très-intéressante d’arbres d’ali- gnement et d’ornement, et une belle école d’arbres fruitiers dirigés suivant une nou- velle méthode de son invention. Le Prix de 300,000 fr. et le Phyl- loxéra. — La Commission supérieure du Phylloxéra, dans sa séance du 2 mars der- nier, a adopté les conclusions de M. le doc- teur Ménudier, rapporteur, conclusions établissant que, les 161 moyens de destruc- tion du phylloxéra proposés laissant tous considérablement à désirer, le prix de 16 Avril 1886. 300,000 fr. devait être encore une fois ré- servé. Nous extrayons de cet intéressant rap- port, qui résume la question à son point actuel, les diverses observations suivantes : D’après un rapport du Comice agricole du haut Beaujolais, l’emploi du sulfure de carbone, mêlé à un volume égal de pétrole, serait préférable à celui du sulfure de car- bone pur. Le traitement par l’arsenic, prôné ces dernières années, n’a donné, à la suite d’ex- périences sérieuses, que des résultats né- gatifs. En effet, il est inefficace contre le phylloxéra ; il stérilise le sol, et enfin il est dangereux, puisque son emploi a entraîné la mort d’un vigneron. L’irrigation, au contraire, donne, dans le Midi, des résultats de plus en plus avanta- geux, tandis que la submersion ne peut être employée avec succès que dans certaines conditions peu communes. Les cépages américains résistants, sur- tout greffés avec des cépages français, don- nent des récoltes tellement satisfaisantes que la plupart de leurs anciens adversaires les plus autorisés sont devenus d’ardents convertis en leur faveur. Le badigeonnage des Vignes, pour la des- truction de l’œuf d’hiver, se pratique dans beaucoup d’endroits et donne de sérieuses espérances. En terminant, M. le docteur Ménudier continue de recommander les moyens déjà connus de destruction : l’irrigation, le sul- fure de carbone et le sulfo-carbonate de potassium . La plantation des arbres. — Comme il peut se présenter des circonstances qui em- pêchent de faire les plantations aux époques considérées comme normales, c’est-à-dire pendant le temps du repos des plantes, nous croyons bon de rappeler que même en dehors de ces époques, on peut encore, et même parfois avec avantage, faire des plan- tations en prenant toutefois des précau- 8 170 CHRONIQUE HORTICOLE. lions en rapport avec l’état et la nature des végétaux, ainsi qu’avec les conditions dans lesquelles on se trouve placé, pré- cautions, d’ailleurs, tout à fait élémen- taires. Voici en quoi elles consistent : Planter au fur et à mesure que l’on déplante en s’arrangeant de manière que l’air ne frappe pas les racines, arroser copieusement aussitôt que les arbres sont plantés, puis, si possible, bassiner de temps à autre afin de maintenir les tissus humides. A l’aide de ces soins l’on pourra planter presque tout l’été. On pourrait agir de même pour la transplantation de gros arbres, fruitiers ou autres. Lilium auratum monstre. — Cette plante, qui a fleuri en Angleterre, était doublement remarquable, d’abord par sa tige qui, haute d’environ 1°» 50, était fasciée, ensuite par le nombre de fleurs qu’elle portait, qui dépassait 120. Les fleurs, ajoute notre collaborateur, n’étaient pas très-grandes, ce qui était probablement dû à la fasciature qui en avait arrêté le dé- veloppement, mais elles étaient néanmoins d’une bonne forme. Quant à l’inflorescence, très-compacte, elle formait une sorte d’éven- tail, ce qui, en augmentant l’eftet pitto- resque, ajoutait à la beauté de la plante. Le ver à soie de l’Eucalyptus. — Le dernier Bulletin de la Société d’Acclimata- tion contient une communication, intéres- sante au plus haut degré, de son corres- pondant àTamatave, le R. P. Paul Gamboué, missionnaire apostolique. Il s’agit d’une espèce malgache de ver à soie, nommée là- bas Bibindandy (Borocera Bihindandy) et dont les représentants peuvent se nourrir et vivre sur V Eucalyptus, introduit depuis quelques années à Madagascar. Le R. P. Gamboué poursuit activement ses observations à ce sujet, et la Bevue horticole tiendra ses lecteurs au courant de leurs résultats. On comprend aisément le liouleverse- ment que produirait dans la production de la soie l’apparition d’un ver qui, en se nour- rissant d’un arbre qui se répand de plus en plus dans toutes les régions chaudes et hu- mides du glohe, donnerait une soie abon- dante et de bonne qualité. Un nouvel hybride d’Orchidées. — Les numéros des R'‘ et 16 avril de la Revue horticole contiennent l’exposé des fort inté- ressantes expériences d’hybridation d’Orchi- dées entreprises et suivies depuis de longues années par MM. Veitch, de Londres, et aussi l’énumération ])artielle des nombreux résultats ({u’ils oui obtenus. Les journaux anglais nous annoncent aujourd’hui (|ue ces habiles horticulteurs viennent (l’obtenir la floraison d’un nouvel hybride, le Phahenopsis intermedia, qui résulte d’un croisement entre les P. ama- bilis et rosea. Ge gain précieux constitue une belle variété bien caractérisée, dont nous donnerons })rochainement la descrip- tion. Bégonia Lucie Clozon. — De tous les Régonias à feuillage ornemental, cette va- riété est assurément l’une des plus remar- quables; ses feuilles, très-nombreuses, d’une bonne grandeui*, sont très-élégamment pa- nachées et pointi liées de couleurs et de nuances diverses qui sc font une opposition harmonieuse et qui varient suivant l’état de la végétation des plantes. On peut, en deux mots, faire l’éloge et donner de cette variété une idée assez exacte en disant « qu’elle a quel([ue rapport avec la variété Louise-Chrétien à laquelle elle est bien supérieure ». Elle a été mise au commerce par l’établissement Jacob Makoy, de Liège. Bouturage des Tydæas. — Le procédé le plus généralement employé pour multi- plier les Tydæas est l’emploi des rhizomes. Quoique bon, ce procédé a l’inconvénient de donner des plantes grêles et peu robustes. Un des abonnés à la Revue horticole, M. Moïse, jardinier à Mésempré, emploie le bouturage qui lui donne d’excellents ré- sultats. Voici ce qu’il nous écrit à ce sujet: ... Quant au mode de multiplication, voici celui que j’emploie et dont je suis très- satisfait: Au lieu de prendre des rhizomes pour les faire pousser et former des plantes, à fleurs, je me sers de boutures de tête, ce qui me donne des sujets trapus, robustes et relati- vement nains, qui se couvrent de fleurs pen- dant tout l’hiver et constituent de magnifiques plantes ornementales, ce que je n’obtenais jamais quand je les multipliais par rhizomes, ainsi qu’on est dans l’habitude de le faire géné- ralement. Un Welwitschia vivant, à Paris. — Get exemplaire, cjui existe au Jardin d’accli- matation du Rois de I^)Oulogne et dont nous aurons à parler prochainement en en donnant une figure et une description, se maintient et pousse, malgré que ses grandes CHRONIQUE HORTICOLE. 171 feuilles aient été plusieurs fois coupées. Il a été envoyé de Mossamédés (sud du Galion), par l’amiral Ribourt, et est arrivé au Jardin du Rois de Roulogne le 5 mai 1880. Gonliée aux bons soins de M. Patrie, rintelligent jardinier en chef de cet établissement, la plante a poussé et elle présente en ce moment des zones claires qui indiquent qu’elle entre dans une nouvelle période d’activité. Ce fait est rassurant, car ce qui est surtout redoutable, fatal môme à cette espèce, c’est l’absence de soleil et l’humi- dité qui, sous notre climat, sont si à craindre pendant l’hiver. Les Roses dans les régions tropi- cales. — Le Gardeners’ Chronicle sig'nale l’impossibilité où l’on est d’acclimater, sous les tropiques, certaines plantes qui semblent pourtant, dans nos cultures et dans nos serres, s’accommoder des conditions les plus diverses de température, d’humidité et d’aération. Le Rosier notamment est dans ce cas. Un grand nombre de variétés hybrides, remontantes et autres, sont expé- diées chaque année des climats tempérés ; mais, quoiqu’elles fournissent dans les ré- gions chaudes une végétation luxuriante, elles cessent bientôt de produire des fleurs. Le seul moyen de remédier à cet inconvé- nient consiste à greffer en écusson les espèces de variétés réfractaires sur des Rosiers thés. Première fructification en Europe du Jubæa spectabilis. — Un fait des plus intéressants, en Europe, est certainement, en ce qui concerne la botanique, la floraison d’un pied de Juhæa spectabilis, qui vient d’avoir lieu à Lisbonne. Ce Palmier, âgé d’environ trente-cinq ans, a un stipe (tige) de 5'" 60 ; sa circonférence près du sol est de 40 et de 60 à 1 mètre de hauteur. Notre collaborateur, M. Daveau, a bien voulu nous promettre de nous envoyer un article sur ce Palmier, ce dont nous le remer- cions à l’avance. Le froid dans la Floride. — On sait que cette province des États-Unis jouit habituellement d’un climat très-doux qui a permis d’y établir de très-importantes plan- tations d’Orangers. Cet hiver, le froid y a atteint une intensité inaccoutumée qui a produit de grands ravages. La plupart des jeunes Orangers ont été détruits par la gelée. Les arbres plus âgés ont souffert et perdu leurs feuilles. Le Gardeners’ Chro- niele nous apprend que, de ce fait, une ({uanlité d’Oranges représentant environ r)0(),()00 boîtes a été détruite. C’est une perte sèche d’environ 5,000,000 de fr. Les vendanges en Italie. — D’après les renseignements officiels, la récolte de 1885, en Italie, a produit 22,699,000 hecto- litres de vin. La production moyenne des an- nées précédentes étant évaluée à 34,600,000 hectolitres, c’est donc, pour l’année der- nière, une diminution de 12,000,000 d’hec- tolitres, soit la proportion énorme de un tiers en moins, environ. Les Oranges à Valence (Espagne). — Un journal anglais, le Times, annonce, d’après une dépêche de Madrid, que la ré- colte des Oranges, cette année, est très- abondante. On estime que, dans la province de Valence seulement, la récolte d’Oranges sera de 900 millions. Meeting horticole de Gand. — Dans sa dernière réunion, le comité de la Société d’horticulture de Gand a décerné les récom- penses suivantes : Certificats de première classe: M. Vervaet- Vervaene pour le Olivia Madame Vervaet ; M. A. Peeters, de Bruxelles, pour VOncidium Jonesia- nura; M. Joseph Vervaene, pour VAzalea Vervae- îieawa; MM. Vervaet et 0'°, pour le Cypripedium Leeanum, VOdontoglossum Pescatorei Vervae- teanum, et pour l’O. Halli leucoglossum , M. Jules Heye, pour le Cypripedium Sallieri;MM. Desbois et Ci®, pour V Amasonia punicea. Mentions honorables pour belle culture :M. Jules Heye, pour \e Cypripedium superciliare veuve Vanderzwaelmen, pour le Pellea ornithopus, var. Mentions honorables pour la nouveauté ; M. L. Desmet-Duvivier, pour le Cattleya Trianœ magnifica; M. de Ghellinck de Valle, pour le Olivia miniata Triomphe de Wondelghem ; MM. Blanc- quaert et Vermeire, pour le Olivia miniata Triom- phe de Gendbrugge ; M. James Bray, pour le Catt- leya Triaîiœ, var.; M. Joseph Vervaene, pour VAzalea indica VAmi du Cœur; M. Van Geert père, pour le Cypripedium Boxalli guttatum, var.; MM. Vervaet et C‘o, pour V Odontoglossum mulus et le Cattleya Trianœ, var. Popaysan ; M. Jules Heye, pour le Cypripedium hirsutissimum Vuyls- tekianum, le Cypripedium politum et VAnthu- rium Adriani. Expositions et concours. — Le Comité central agricole de la Sologne ouvre, en 1886, divers concours relatifs à la sylvicul- ture, à la culture de la Vigne, à la création de prairies par l’utilisation des eaux, et enfin, entre gardes et régisseurs ayant le plus contribué à des boisements. Pour les I renseignements, s’adresser, dans un délai 1 aussi bref que possible, à M. Ernest Gaugi- 172 CHRONIQUE HORTICOLE. ran, secrétaire-archiviste du Comité, à Lamotte-Beuvron. — Un concours spécial d’appareils propres à comliattre les ennemis de la culture : in- sectes, cryptogames, etc., aura lieu à Dijon du 29 mai au (> juin prochain, en môme temps que le Concours agricole. D’après l’arrêté ministériel, en date du 12 mars, ce concours formera trois catégories : Appareils d’arrosage, de pulvérisation, d’épandage, etc., contre les cryptogames; 2» Appareils à échauder, à llarnher, eic. ; instruments à décortiquer, à racler, vases, récipients, etc., contre les insectes nuisihles à la Vigne ; Appareils à vapeur, secoueurs méca- niques, poulaillers roulants, récipients, etc., contre les insectes nuisihles aux Céréales. Des médailles de différentes valeurs, en or, argent et hronze, seront accordées aux objets qui auront été reconnus méritants par le jury. De plus, une récompense en argent pourra être attribuée à tout objet le plus propre à combattre les fléaux qui frappent la culture : insectes ou cryptogames. — Par arrêté en date du lef mars, le Ministre de l’agriculture a institué quatre Concours spéciaux d’instruments pour l’ap- plication des remèdes contre le mildiou ; ils auront lieu, à l’occasion des Concours régio- naux : à Marseille, du au 9 mai ; à Bourges, du 8 au 16 mai ; à Agen, du 15 au 23 mai, et à Clermont-Ferrand, du 19 au 27 juin. Des médailles d’or, d’argent et de bronze seront remises aux concurrents pri- més. — D’autre part, la Société d’agriculture et de viticulture de l’arrondissement de Mi- rande (Gers), organise un concours d’in- struments à combattre le Peronosopra de la Vigne, qui aura lieu, à Mirande, le lundi 26 avril. Ce concours ne portera que sur le mérite des instruments présentés et non sur les matières employées. S’adresser, avant le 20 avril, à M. Jules Seillan, secrétaire de la Société d’agriculture, à Mirande. — Du 7 au 10 mai 1886, la Société nan- taise d’horticulture fera, à Nantes, une Exposition générale des produits horticoles. Les personnes qui voudront y prendre part devront en faire la demande au pré- sident de la Société, à Nantes. — A l’occasion du Concours régional agricole qui doit se tenir à Sedan en 1886, la Société d’horticulture des Ardennes fera, dans cette ville, du 10 au 13 juin prochain, une Exposition générale d’horticulture. Adresser les demandes, pour exposer, à M. le Président de la Société avant le 15 mai. Des prix spéciaux avec primes seront ac- cordés aux exposants méritants, demeurant à plus de 100 kilomètres de Sedan. — Du 11 au 13 septembre prochain, la So- ciété d’horticulture de l’arrondissement de Gorheil fera, dans cette ville, une Exposition d’horticulture ainsi que des arts et indus- tries qui s’y rattachent. Les demandes pour exposer devront être adressées avant le 25 août, à M. le Secré- taire de la Société, à Corheil. Quant au jury, il devra se réunir, le 11 septembre, à 11 heures du matin, au local de l’Expo- sition. — Autres Expositions : Nantes, du 7 au 9 mai prochain ; Lille, Palais-Rameau, du 16 au 20 mai ; Londres, exposition spéciale de Dahlias, les 3 et 4 septembre. Nécrologie. — M. Franz {Antoine). — A peine annoncions-nous la mort de notre regretté collègue et ami, M. Ed. Morren, que nous apprenions celle du botaniste qui, après lui, connaissait le mieux la grande famille des Broméliacées, M. Franz (An- toine), directeur des jardins impériaux, à Vienne, qui vient de mourir, dans cette ville, à l’àge de soixante-douze ans. Ses travaux botaniques sont nombreux; mais ce sont surtout les Broméliacées qui ont fait l’objet de ses études, et il a réuni à Schoenhrunn une magnifique collection de ces belles plantes. — M. Pierre-Victor Quetier, horticul- teur à Meaux, où il est décédé, le 2 avril 1886, à l’âge de quatre-vingt-sept ans, était un grand travailleur et un habile praticien. En dehors de ses occupations ordinaires, il s’adonnait surtout, avec un vrai talent et des aptitudes particulières, à la féconda- tion artificielle, à l’aide de laquelle il a ob- tenu des variétés méritantes soit dans les arbres fruitiers, soit dans les plantes d’or- nement, soit dans les plantes potagères. En voici quelques-unes des principales : Pomme Quetier, Pêche Quetier, Beurré Quetier, Yucca meldensis, Campanula hybrida^ Chicorée de Meaux améliorée, Rutabaga Quetieri. Jean-François Quetier était depuis très- longtemps un collaborateur de la Revue horticole, et nos lecteurs n’ont certaine- ment pas oublié les intéressants articles qu’il a publiés sur les diverses parties de l’horticulture. E.-A. Carrière et Ed. André. DU GREFFAGE EN VUE DE IIATED LA FRUCTIFICATION DES SEMIS. 173 DU GREFFAGE EN VUE DE HATER UA FRUCTIFICATION DES SEMIS En pliysioloi^ne, tout est complexe; une opération quelconque, l)ien c{u’en a})pa- rence de peu d’importance, peut parfois avoir des conséquences de premier ordre. Aussi, lorsqu’il s’agit de greffage, tout reposant sur la nature des grefibns; le choix n’en est pas indifférent, au con- traire. Deux autres choses sont également de première importance : le mode de greffage et le choix du sujet. La question capitale ou d’ensemble, lorsqu’il s’agit de hâter la truc- tification des arbres de semis, se trouve donc ramenée à ces trois points : Choix des greffons, mode de greffage et choix du sujet. Choix des greffons. — Il faut prendre des parties de vigueur à peine moyenne, assez longues, dont l’œil terminal, aussi ar- rondi que possible, se trouve entouré d’une rosette de feuilles rapprochées l’une de l’autre de manière à former une sorte de verticille. Il va sans dire que cette sorte de brindille-greffon ou de dard devra être con- servée en entier, et que, dans le cas où elle serait trop longue, on devrait la raccourcir de la base, mais jamais du sommet, afin de conserver l’œil terminal. Mode d’opérer. — Lorsqu’il s’agit d’ob- tenir promptement des fruits, on doit faire en sorte que les yeux du greffon ne se dé- veloppent que faiblement et donnent du « bois à fruit ». Pour cela, il est avantageux que le greffon pousse relativement peu. On obtient ce résultat par la greffe eu eoidée, qui est l’analogue de la greffe en écusson, mais qui en diffère notablement en ce sens que, au lieu d’un œil, l’on prend un ra- meau. Comme exécution, c’est la greffe Luizet, avec cette différence que, au lieu d’une partie munie de boutons à fleurs, comme pour celle-ci, celle qu’on emploie ne porte que des yeux à bois dont on veut déterminer la transformation en parties fruitières. Si l’on greffait en fente, au contraire, malgré toutes les précautions que l’on aurait prises, on obtiendrait un développement beaucoup plus fort et, par suite, une fruc- tification plus reculée. Cependant, tout en greffant en fente avec, des rameaux de vigueur et de nature semblables, on peut obtenir des résultats liien différents; par exemple, si, au lieu de greffer une petite branche, on greffe un fort rameau ou mieux encore une tige : dans le premier cas, on obtient des scions grêles qui se mettent promptement à fruit, tandis que, dans le second, on obtiendra des bourgeons vigoureux qui ne se mettront à fruits qu’au bout d’un certain nombre d’an- nées. Époque d’opérer. — Il y en a deux : mai-juin et août-septembre, lorsque les écorces peuvent se détacher de l’aubier. Dans le premier cas, la difficulté est plus grande, car il faut conserver des greffons à l’état de repos, pendant cinq mois et même plus; aussi est-ce le plus souvent le mois de septembre que l’on choisit. Du reste, sous ce rapport, il n’y a rien d’absolu, le climat, le milieu et surtout la nature des arbres pouvant déterminer de notables dif- férences. C’est donc une affaire toute de pratique, subordonnée à l’état des végétaux, du sujet surtout. Conclusion. — Pour résumer les faits et mieux les fixer dans la mémoire, nous allons énumérer chaque opération en rappe- lant qu’il s’agit d’arbres fruitiers. Pom- miers et surtout Poiriers, de semis : Choi- sir pour greffons les parties qui semblent les plus adultes, c’est-à-dire dont les carac- tères se rapprochent le plus de la fructifica- tion, ce qui, en général, se reconnaît aux yeux plus renflés et surtout plus arrondis; greffer en coidée sur un arbre en rapport, c’est-à-dire qui fructifie, et surtout jüacer les greffons sur des parties latérales, où plus tard ils trouveront lumière et chaleur. Quant aux soins d’exécution, ils sont les mêmes que pour les greffes analogues opérer promptement, assujettir solide- ment les greffons en faisant bien coïn- cider les écorces, et au besoin les engluer, ainsi qu’on le fait généralement. Il va sans dire aussi que, si l’on opérait pendant les grandes chaleurs et surtout avec des parties délicates ou herbacées, on se trouverait, très-bien de les garantir un peu avec dm papier ou des feuillages, de manière à les protéger contre le soleil et en assurer la reprise. E.-A. Carrière. 174 TAILLE DES VIGNES PEU FEHTILES. — ARRANGEMENT PARTIEL D’UN PARC TRÈS-ACCIDENTÉ. TAILLE DES VIGNES PEU FERTILES Le moment de tailler les Vignes cultivées dans les jardins étant arrivé, c’est aussi, je crois, le moment d’expliquer un mode de taille pratiqué en Belgique depuis quelques années, et qui y donne de très-bons résul- tats. Cette taille, qui convient très-bien aux Vignes en serre, force, pour ainsi dire, cer- taines lielles variétés, peu fertiles de leur na- ture, à donner plus de fruits que par le mode de taille dit « à la Thomery » ; par cela même, on ne devra pas l’appliquer aux Vignes d’une bonne fertilité. 11 est extrê- mement simple et d’une pratique très-facile. Voici en quoi il consiste : Supposons un cordon vertical ou horizon- tal, taillé comme on le fait à Thomery. Cha- que courson de l’année précédente porte ac- tuellement deux rameaux : le plus éloigné, qui a donné une ou deux grappes de Raisin, et le plus près du courson, sur lequel on doit asseoir la taille et appelé, pour cette raison, rameau de remjjlaeement. Si les Vignes sont ainsi constituées, on applique immédiatement le nouveau mode de taille : le rameau de remplacement sera taillé sur l’œil de sa base, le plus voisin du courson ; le second rameau, qui a porté fruit l’année précédente, au lieu d’être supprimé, sera taillé sur 6, 7 ou 8 yeux, quelle que soit la variété. Il est facile de comprendre le résultat de cette taille. La Vigne fructifie à l’extrémité de ses bourgeons, et ici, le second rameau, étant taillé aussi long, donnera, presque certainement, des grappes; de plus, on sera assuré d’avoir un excellent remplaçant sur l’œil qu’on a laissé au premier rameau, ce qui est une chose importante dans la taille ARRANGEMENT PARTIEL D Parmi les plus grandes difficultés que l’on rencontre dans la création des jardins paysagers, se place surtout la disposition des allées, forcément rapprochées, que né- cessitent les terrains très-accidentés. Plus les lieux sont pittoresques, plus il est désirable de pouvoir jouir de tous leurs détails, accéder facilement à tous les points où la vue présente un agrément, un in- térêt. Il en résulte une multiplicité de voies qu’il est d’autant plus difficile de masquer qu’elles s’aperçoivent de différentes ban- de la Vigne. On voit aussi que les coursons ne sont pas allongés, puisque, la seconde année, les choses sont remises en l’état pré- cédent. C’est encore un avantage au point de vue de la multiplication : c’est de fournir des boutures bien garnies de vieux bois et l’on sait que c’est une garantie pour leur re- prise. Disons, cependant, que, si on appliquait ce mode de taille à tous les coursons d’un cep, on l’épuiserait promptement; on se contentera donc, la première année, de tail- ler ainsi les coursons impairs 1, 3, 5, etc., les coursons de numéros pairs 2, 4, 6, etc., étant taillés à la Thomery; la seconde année, ce sera le tour des coursons pairs, les coursons impairs étant taillés à la Tho- mery, et ainsi de suite, en alternant comme je viens de le dire. Par ce moyen, la fécondité des ceps se maintiendra et ils ne péricliteront pas, sur- tout si l’on a soin de bien fumer et d’amen- der le terrain. Cet excellent mode de taille est recom- mandé, dans ses cours, par M. Laurent, di- recteur de l’École d’horticulture de Mons. A titre d’expérience, je l’ai appliqué sur deux espaliers en plein air de Museat Ot- tonel, variété qui est très-semblable au Museat Saint- Laurent, mais qui est peu fertile ici, et je remarque que, depuis deux ans que je lui applique cette taille, les ceps sont devenus d’une bonne production. Toutefois, je répète que ce mode de taille ne conviendrait pas à nos excellentes va- riétés, telles que Chasselas doré, rose royal, violet, Frankenthal, etc., qui sont très-fertiles. P. Baille. UN PARC TRÈS-ACCIDENTÉ teurs. Souvent même, elles se croisent à divers niveaux et augmentent ainsi la diffi- culté. Pour tracer convenablement ces allées et dissimuler les parties disgracieuses, les théories sont vaines et les règles difficiles à formuler, car elles se modifient à l’infini avec les situations. Il nous a semblé plus opportun et plus pratique de procéder par des exemples. Au moyen du plan ci-joint (fig. 45), qui donne la figure d’une portion de parc exécutée récemment dans les envi- ARRANGEMENT PARTIEL D’UN PARC TRÈS-ACCIDENTÉ. 175 Fig. 45. — Arrangement partiel d’un parc très-accidenté. 17G ARRANGEMENT PARTIEL D’UN PARC TRÈS-ACCIDENTÉ. rons (le Paris, on pourra trouver une a])pH- calion assez curieuse des diriiculiés à vaincre pour arriver à des résullats saiis- faisanls. I.e terrain, de formation calcaire, coin- plèteineut bouleversé jadis i>ar l’exploitation de carrières innnenses, avait été depuis abandonné, et une végétation naturelle et désoi'donnée s’y était librement dévelo])pée, jetant des semences d’arbres, aujourd’tiui })lus ([lie centenaires, dans des parties ro- cheuses diflicilement accessibles. Un examen attentif des cotes non com- prises dans les cercles, sur la gravure ci- contre, donnera une idée de la conformation accidentée du sol avant l’exécution des tra- vaux. Ces cotes indiquent, en mètres, les points principaux de bauteur; elles sont toutes prises en contre-bas du point 0,00 qui représente le niveau du terre-plein AA. Ce terre-plein, dont nous ne voyons ici qu’nne faible partie, et qui forme l’extré- mité avancée d’un plateau sur lequel un vaste château de style Louis XIV est actuel- lement en construction, a été circonscrit par un mur de terrasses, à décrochements calculés, et sera procliainement converti en parterres réguliers, dans le style de l’habi- tation. Cette sorte de bastion, largement déve- loppé, était nécessaire pour donner au futur château une base convenable, une assiette digne de lui, dans un site dont l’aspect est des plus pittoresques. Des escaliers, A et B, permettent de des- cendre des terrasses dans le parc. Les lignes pointillées, qui partent de ce terre-plein, indiquent les vues ménagées, soit entre les massifs, soit par dessus des plantations d’arbustes à faible développe- ment, et qui font successivement apercevoir, en larges cadres, le cours de l’Oise, un châ- teau datant du XI siècle, une vieille église des mieux situées, etc. L’objectif principal, dans le modelé de ce terrain accidenté, a été d’établir une allée eu accentuée du sol a permis de le faire. L’espace compris, à droite, entre les ter- rasses et l’allée de ceinture, est occupé par une carrière peu profonde, abandonnée de- puis plusieurs centaines d’années, et dans laquelle une végétation des plus vigoureuses s’est librement développée. Des Hêtres su- perbes, des Épicéas énormes, des Érables, des Erênes, aux formes pittoresques, se sont enqiarés de ce vallon étroit et l’ont transformé en une sorte de forêt vierge de région tempérée. Le sous-bois, très-compact, est compo.sé de Buis, d’Épines blanches et noires, de Chèvrefeuilles, de Lierres, etc., et de Mousses épaisses. Le caractère sauvage et grandiose de ce bosquet a été conservé avec soin ; un seul sentier AA le traverse dans sa partie la plus basse, pour aller déboucher, bordé de roches, sur l’allée descendant à l’Oise. Dans ce taillis, suffisamment aéré, jamais le soleil ne pénètre, et de nombreux oiseaux y ont élu domicile. A gauche des terrasses, un ancien che- min d’exploitation, largement encaissé, a été utilisé. Après avoir passé sous le tun- nel EE, ce chemin, dont les niveaux et le tracé ont naturellement été rectifiés, par- court le fond d’un ravin dont les lianes ont été rendus encore plus pittoresques par la construction de masses de rochers aux points culminants. Des plantations, sur les- quelles nous donnons plus loin quelques in- dications, en tapissent les bords et l’on est bientôt conduit de là à une pièce d’eau établie dans une ancienne carrière, dont les berges perpendiculaires , en roches cal- caires couvertes de végétation , repré- sentent des falaises assez imposantes. Cette pièce d’eau n’est pas comprise dans le périmètre du dessin ci-contre. Le mamelon K, très-élevé, se termine par un promontoire FF, d’où la vue rayonne, sans rencontrer aucun obstacle, sur le pay- sage environnant. ARRANGEMENT PARTIEL D’UN PARC TRÈS- ACCIDENTÉ. 177 I.e but que nous nous sommes proposé, en modelant cette partie du parc, étant ainsi es({uissé à gramls Iraits, examinons la partie non moins importante, des planta- tions. La base du mur de soutènement des terrasses a été garnie, dans ses parties les plus hautes, de massifs NN de Lauriers du Caucase, qui, sans pouvoir jamais masquer complètement les profils du couronnement, en adoucissent la dureté et meublent la liase d’un fond de verdure d’où émerge la masse architecturale; dans les parties plus basses, des Mahonias, mélangés à quelques Lauriers et Buis, remplissent le même office et doivent, par leurs feuillages diversement colorés, rompre la régularité relative de cet encadrement végétal. Les plantations naturelles situées en AA, dans la gorge si sauvage dont nous avons déjà parlé, ont été renforcées, sur leurs bords, d’arbustes à végétation analogue : des Troènes de Chine, Mahonias, Coto- néasters variés. Sureaux laciniés, Spiræa Reevesiana, Hypericum patulum, Buis variés, Ribes alpinum stérile, Xylosteum Philomelæ, etc. sont venus égayer le fond un peu terne des Buis verts et arbres fores- tiers, sans produire cependant de feuillages ou de fleurs trop recherchés. Le massif E, qui forme pointe sur la pelouse et entoure le rond point CC, a été composé d’arbres et arbustes un peu plus élégants. Quelques forts Marronniers blancs, qui doivent fournir de l’ombre, des Rohinia monophylla, Ressoniana, Épines cramoi- sies et roses, Kœlreuteria paniculata, Coignassiers du Japon, Groseilliers de Gordon, Spiræa Lindleyana, Lilas va- riés, etc., sont venus s’ajouter aux essences citées plus haut et ont donné à cet endroit bien en vue un aspect riant qui se dé- tache en clair sur le fond sombre du massif A. Les abords escarpés de la passerelle DD ont été soutenus et garnis au moyen de blocs de rochers. Près de ces blocs et entre eux, on a disséminé les espèces buisson- nantes et rampantes qui suivent : Ajoncs à fleurs doubles, Goignassiers du Japon, Goto- néasters variés, Elæagnus reflexa, Cerasus azorica, Mahonia fascicularis , Lierres en arbre, Ligustrum sinense, Quihoiii, Berheris stenophylla , Ronces à fleurs doubles, Buplevrum fruticosiim, Leyces- teria formosa, Cratægus Lalandei, Yucca flaccida, Forsythia suspensa , Spiræa Thunhergii, Lisgustrum vulgare, Sym- phorines rouges, Iderres, Chèvrefeuilles, Vignes vierges, qui garnissent partiellement les roches, ainsi ({ue les assises et les appuis de la passerelle. lies massifs BB et CC existaient en presque totalité ; ils ont été augmentés en employant à peu près les mômes essences que pour les massifs AA. lies massifs GG, situés de chaque coté du tunnel, dans des parties en pente, très en vue, ont été composés d’arbustes de choix, se développant peu, pour ne pas intercepter la vue, sauf cependant vers leurs extré- mités, où quelques arbres choisis parmi les plus jolies essences ont pu trouver place. On y trouve, comme arbres à tiges : Acer macrophyllum, Merisiers à fleurs doubles. Erables de Tartarie, Sorbiers d’Amérique, Acer colchicum , Rohinia semperflorens, etc., arbres à développement peu encombrant. Le dessous de ces massifs a été planté principalement en Spirées variées. Lilas, Weigela, Ribes, Deutzia, Ceanoth us, Cbamæ.cerasus, Calycanthus, Épines vinettes vertes et pourpres, etc. Aux extrémités, c’est-à-dire aux abords du tun- nel et de la passerelle, quelques arbustes à feuillage persistant: Troènes de Chine, Lauriers variés, Filarias, Mahonias, Pho- tinia, sont venus donner à ces plantations un peu plus de vigueur. En HH, les rochers formantle tunnel sont accompagnés déplantés buissonnantes, rap- pelant un peu celles placées près de la passe- relle, mais moins élancées, et mieux en harmonie avec la masse de roches qu’elles garnissent : Pins Mugho, Lierres en arbre, Juniperus Sabina, J. squamata, Cerasus azorica, Alaternes, Phyllirea Vilmori- niana, Evonymus radicans, Cephalotaxus Fortunei, Coignassiers du Japon, Ptomarin officinal, Jasminum fruticans, etc., etc. Sous le tunnel, et dans les parties très- omlirées, quelques Fougères, Ruscus race- mosus, Lierres variés, etc., cachent en partie la nudité de la pierre. Les massifs H, sur pentes rapides, ont été plantés en espèces de choix analogues à celles qui forment les massifs GG. La vue, ici, n’étant plus à ménager, des arbres résineux et à haute tige ont été em- ployés en bonne proportion, pour former une masse à silhouette hardie, à l’entrée du ravin: Abies Nordmanniana, Thuiopsis horealis, Cupressus Laivsoniana. Rohinia monophylla, R. viscosa. Tilleul argenté pleureur. Marronnier à fleurs doubles, Sor^ hier des oiseleurs, etc. 178 DRACÆNA BARTETII. Aux essences d’arhustes indiquées pour les massifs G, on a ajouté, dans les parties les plus en pente : Ilippophae rhamnoidcs, Ligustvum viUgare, Hypericum kalmia- num, Berheris stenophylla, Genêt d’p]s- pagne, Ligustrum Quihoiii, etc. Enfin, la Butte K, qui était déjà en partie plantée de Pins sylvestres, a été complè- tement regarnie à l’aide de la meme es- sence, les bordures d’allées étant largement et irrégulièrement garnies, partout où la vue peut s’étendre, avec des Mabonias à feuilles de Houx. Le point de vue FF, seul, a été entouré de quelques Tilleuls argentés forts, transplantés au chariot. Les masses de feuillage étant ainsi com- posées, il restait à jeter sur les bords quel- ques groupes et arbres isolés, choisis dans les espèces ornementales et destinés à se détacher sur l’ensemble. En voici l’énumé- ration ; A I, Cojmiis sibirica variegata, forte touffe ; (b), Sopbora du Japon ; (c). Lierres en arbres ; (d). Juniper us Sabina; (e), Ber- beris stenophylla ; (f), Tlmiopsis borealis ; (g), Juniperus squamata ; {h. i). Buis verts, fortes touffes anciennement existantes ; (j). DRACÆNA Plante vigoureuse, trapue, ne se dénu- dant pas. Tige robuste, sans être très- grosse. Feuilles très-rapproebées, à pétiole engainant, canaliculé, d’un rouge écarlate très-brillant ; limbe plan , régulièrement elliptique, longuement atténué à la base, assez brusquement rétréci en pointe, à centre rouge bronzé, vineux, luisant, plus ou moins largement bordé de rouge lors- que les feuilles sont adultes, avant cette époque, au contraire, d’un rouge brillant surtout dans la partie inférieure, excepté vers le sommet qui est souvent flammé ou lavé de stries sombres ou même bru- nâtres qui, en s’harmonisant avec les par- ties écarlates, beaucoup les plus nom- breuses, forment les plus heureux con- trastes. Gette splendide A^ariété , obtenue par M. Baüer, chef multiplicateur au Fleuriste de la ville de Paris, des graines des Dra- cæna Mooreana et Fraseri, qui avaient été fécondées par des D. terminalis, a pour elle non seulement la beauté, mais les qua- lités que doit posséder ce qu’on nomme Taxiis Bouxistoni ; (k). Érables à feuilles pourpres etLauriers du Caucase ;(1), Thuiop- sis dolabrala; (rn). Lauriers amandes; (n). Pin noir d’Autriche ; (o), Cotoneastermi- crophyUa ; {p)^ Lierres en arbre et £’?æa- gnus rejlexa ; (q), (Marches en pierre rus- tique), Ajoncs à fleurs doubles, Filarias, Alaternes , Yucca fdamentosa, Evonyynus radicans, etc.; (r), Cedrus Deodara ; (s i), Tilleuls de Hollande à haute tige; (u), Ligus- trum Quihoui ; (v), Pins noirs d’Autriche ; (x). Bouleau très-fort, existant. Beaucoup d’autres plantes disséminées, soit vivaces et à fleurs brillantes sur les pe- louses et à la retombée des massifs, soit saxatiles et grimpantes sur les roches, ne sont pas indiquées ici, mais la fantaisie de l’artiste peut sans difficulté s’exercer sur ce sujet. Nous recommandons surtout de lire at- tentivement les cotes de nivellement, soit anciennes, soit rectifiées (dans des cercles) que le plan ci-joint comporte. Nous espé- rons qu’on pourra trouver, dans leur com- paraison, quelques utiles indications pour des situations analogues. Ed. André. BARTETII (( une bonne plante ». Beaucoup plus ro- buste que le D. terniincdis qu’il est pro- bablement appelé à remplacer, le D. Bar- tetii est un peu plus compact et a cet autre avantage de ne pas se dégarnir ni de se décolorer ainsi que cela arrive parfois au D. terminedis. Outre cela et quels que soient l’âge des plantes et la saison où on les exa- mine, on constate que les coloris sont tou- jours très-beaux et brillants, et comme, d’autre part , la plante est relativement naine, ne « s’emporte pas », il en résulte qu’elle est toujours jolie. G’est au point, que le pied mère qui a été obtenu vers 1875, haut d’environ 80 centimètres, est encore très-beau et présente les couleurs les plus vives, et comme d’une autre part il est garni de feuilles jusqu’à la base, ce sujet, malgré son âge, constitue encore ce qu’on nomme une « bonne plante marchande ». Cette variété a été dédiée à M. Bartet, ingé- nieur en chef des ponts et chaussées, chargé spécialement des promenades et plantations de la ville de Paris. E.-A. Carrière. EXPOSITION PRINTANIÈRE AU PALAIS DE CRISTAL. — LA SPÉCULATION HORTICOLE A PARIS. 179 EXPOSITION PRINTANIÈRE AU PALAIS DE CRISTAL Bien que restreinte, cette Exposition n’en était pas moins intéressante. Il y avait là quel- ques plantes véritablement fort belles. Le principal apport était un lot de plantes de serre chaude exposé par MM. Laing et G», horticulteurs à Forest Hill. Nous y avons vu de très-beaux spécimens, tels que : Croton An- dreanum, C. Baronne de Rothschild; quelques Caladium bien caractérisés : Anna de Con- deixa, Eisa, Ferdinand de Lesseps. Dans ce lot, se trouvaient aussi de très-beaux échantillons d’Orchidées, surtout dans les Dendrobium; le D. Wardianum était repré- senté par des plantes splendides comme gran- deur de fleur, et qui laissaient bien en arrière le vrai type ; car tous ces individus proviennent de semis. Il y avait aussi quelques beaux Cattleya Trianæ, et le C. Lawrenceanum, qui vient de fleurir pour la première fois en Angleterre. U Imantophyllum Mistress Laing, plante ayant beaucoup de rapport avec VIm. Madame Van Houtte, et ne lui cédant en rien pour la beauté et la grandeur des fleurs, ainsi que pour leur abondance. Un des lots les plus intéressants qui venait ensuite était celui présenté par M. Henry R. Wright, «fleuriste, et composé de Jacinthes remarquables pour leur belle culture, l’abon- dance de leur floraison et la diversité des co- loris. Le même exposant avait, en outre, des Résédas en arbre, très-bien dressés, dont la tige avait environ 50 à 60 centimètres de haut, et dont la partie supérieure se terminait par un cône un peu aplati et très-bien garni de fleurs. M. Wright avait, en plus de cela, un beau lot de Muguets dont la culture était irréprochable. Enfin, cet exposant avait, dans une autre partie de l’Exposition, un lot de Tulipes en pot, assez joli, mais dont l’effet était détruit, car l’exposant avait attaché tous les pétales des fleurs avec du raphia, afin d’empêcher ces fleurs de s’épanouir, ce qui produisait un mauvais effet. Dans ce cas, l’emploi du fil eut été préférable, car on l’aurait moins vu. MM. Williams et fils avaient un lot de Narcissus odorus très-joli ; mais un des lots les plus importants comme Narcisses était celui exposé par MM. Barr et fils, de King Street. Dans ce lot, on rencontrait un très-grand nombre de variétés de Narcisses des plus inté- ressantes ; on remarquait surtout : N. palli- dus, præcox, N. juncifolius, N. maximus, N. poeticus flore pleno, etc., etc. L’exposant avait groupé, tant en pots qu’en fleurs cou- pées, un très-grand nombre de Narcisses, de Scilles, Galanthus, Muscari, etc. A côté de ce lot, s’en trouvait un autre des mêmes espèces également très-bien cultivées, et formé d’un très-grand nombre de variétés ; ce lot était exposé par MM. Th. S. ^Ware, pépiniéristes, de Tottenham. Les Narcissus les plus intéressants du lot étaient les N. Horsfieldi, N. Teuley, N. Ma- cleai, N. Bulhocodium, N. triandrus, N. in- comparahilis flore pleno, etc., etc. Dans ce lot, se trouvaient groupés quelques Muscari très- élégants, tels que le M. ambrosiacum avec ses grandes fleurs jaunes, panachées de violet, dégageant une odeur agréablement musquée ; M. botryoides, var. alba, à fleurs petites, glo- buleuses, très-gracieuses ; M. Botrys, à fleurs bleues, ne différent du précédent que par la coloration des fleurs. MM. Paul et fils avaient un très-beau lot de Rosiers en pots ; les plantes étaient bien fleuries. Les variétés les plus remarquables étaient : Docteur Andry, Céline Forestier, Co- lonel Félix Breton. Nous terminons cet examen succinct par l’énumération de deux lots de Cyclamen per- sicum, présentés par MM. Gannell et fils, et par l’établissement de Saint-George, d’Han- well. Ges deux lots étaient vraiment remarqua- bles sous tous les rapports : grandeur de fleurs, diversité de coloris, et surtout par l’abondance de la floraison. Nous avons surtout remarqué dans ces lots les variétés Hecate, rouge violacé, et Firefly, rouge très-intense. Z. Lionnet. LA SPÉCULATION HORTICOLE A PARIS Au lieu de préciser et de localiser le prin- cipe de la spéculation, il vaudrait mieux le généraliser, car, ayant l’intérêt pour base, il est à peu près le même partout ; les diffé- rences reposent sur des causes particulières, souvent locales, que par conséquent l’on ne peut prévoir, et que seul le spéculateur doit étudier. Tout ceci est vrai d’une manière générale, et nous pourrions l’appuyer de nombreux et divers exemples, mais afin de ne pas sortir de notre sujet, nous nous arrêtons aux plantes et choisissons les arbres fruitiers. Faisons d’abord remarquer que, lorsqu’il s’agit de spéculation, les extrêmes sont de beaucoup préférables : extrême de hâtiveté, extrême de tardiveté qui sont en effet les deux époques où les produits sont les plus chers, par cette raison qu’ils sont plus rares. Pendant l’époque moyenne, au contraire. 180 LES TOMATES. les fruits arrivent de toutes parts et en quan- tités consi(]éral)los, de sorte qu’ils sont l)on marclié, qu’on les vend |)lus diflicilenient et en même tenq>s que l’on en retire moins d’argent, les frais généraux sont beaucoup plus élevés. Que doit donc faii'c le spécidateui’ intelli- gent ? Diminuer le nombre de variétés de saison intermédiaire, en ne conservant que les plus l)elles et, au contraire, augmenter celui des variétés très- précoces, et celui des variétés très-tardives, (’eci dit pour le plan- teur. Quant au semeur, se ]>asant sur les memes raisons commerciales, il doit agir d’une manière analogue en vue d’ol)tenir des variétés soit hâtives, soit tardives, et, pour cela, il devra, dans| le premier cas, prendre des graines de variétés bàtives; mais auparavant il aura du féconder les fleurs par d’autres également hâtives , possédant des propriétés que l’on tient à reproduire et même à augmenter, telles que qualité, dimension, forme, couleur des fruits. Précisons afin de nous faire mieux com- prendre : pour cela supposons qu’il s’agisse de Poires et de tardiveié: on pourrait pren- dre pour mères, des variétés à gros et beaux fruits, telles que Directeur Alphand, Du- chesse d’hiver, Duchesse de Mouchy ,et les féconder parles Passe-Crassane, Doyenné d’hiver ou d’autres analogues. Dans le cas où l’on aurait intérêt à obtenir des variétés hâtives, on procéderait de même, mais en choisissant des variétés possédant les carac- tères (pie l’on recherche. Il va de soi que l’on jirocéderait de même si, au lieu de Poires, il s’agissait de'Pornmes, de Pêches, de Prunes, de Cerises et meme de Fraises, les mêmes principes devant produire des conséquences analogues. Quant aux jeunes semis (aigrins), on pourrait en avancer la fructification par le greffe réitérée, pratiquée sur des sujets en rapport et sur les branches, et sans couper celles-ci, par exemple, en greffant en écus- son ou en coulée, c’est-à-dire en insérant des rameaux au lieu d’yeux, et en les choi- sissant aussi nodifiés que possible. È.-A. Carrière. LES TOMATES Dans le fruit de la Tomate, aux couleurs lirillantes et diverses et aux qualités culi- naires, se joignent des formes et des dimen- sions qui présentent des diflerences encore beaucoup plus grandes. Sous ce dernier rap- port, et indépendamment de ces particula- rités, nous croyons bon de faire remarquer que le caractère primitif des Tomates, la cô- tehire des fruits, va continuellement en s’aftaiblissant, au point que prochainement ce caractère aura très-probablement disparu. Outre les qualités culinaires que l’on re- cherche dans les Tomates, on recherche les fruits lisses et unis, c’est-à-dire dépourvus de côtes, qu’ils soient longs ou courts, sphé- riques, ohlongs ou plus ou moins allongés. Au point de vue culinaire, nous n’avons pas à faire ressortir le grand intérêt que pré- sentent les Tomates, ce sont des choses con- nues de tous. Mais il n’en est pas de même au point de vue ornemental, bien que, sous ce rapport aussi, la beauté exception- nelle des fruits eût du, depuis longtemps, attirer l’attention. Toutefois, tout en recon- naissant que toutes les Tomates ne sont pas ornementales au même degré, nous consta- tons qu’il n’est pas facile de poser des limites, car celles-ci sont un peu liées au ])ut que l’on vise. Observons de plus que toutes les Tomates sont comestibles et que leur saveur même, bien que généralement semblable, présente cependant quelques différences, parfois même assez sensibles, surtout comme aci- dité. Après ces quelques considérations gé- nérales, nous allons décrire les variétés figurées dans la planche coloriée ci- contre. Tomate-Poire (n® 1). — Très-vigou- reuse et assez précoce, cette variété, qui a un assez joli feuillage, est très-fertile. Ses fruits, disposés en grappes, ont environ 4 centimètres de diamètre à leur hase, qui est plus élargie que la partie supérieure, plus ou moins étranglée. La chair, rela- tivement ahondante, est de honne qualité. Du reste, sous ce qualificatif « Tomate- Poire », on trouve plusieurs variétés qui se distinguent surtout par la forme des fruits. Tomate- Olive rouge (n° 2). — Cette nouveauté, issue, dit-on, de la Tomate- Poire, est vigoureuse et d’une prodi- gieuse fertilité ; ses fruits ovoïdes ou lé- gèrement ohlongs, ont la chair épaisse, peu aqueuse, relativement ahondante. Graines peu nombreuses placées au centre du fruit principalement vers sa base, de sa^ Reinie Horticole'. j Iririctcs de to/na/e.'i /. Tomate jooire . 2. T.oIuk’ iviuje. , j ToUoe j(uuie. y- T. cvri.s-e . T. T. a diapelel.v i «■, BELLES-DE-NUIT A FEUILLAGE PANACHÉ. 181 veur assez développée, agréable, légèrement acide. — llelle ci bonne variété, très-orne- mentale. Tomate-Olive jaune 1^). — Tout aussi belle et aussi lionne que la précédente, cette variété a les fruits un peu plus régu- liers. La peau est d’un beau jaune clair, lirillante, et comme transparente. Chair ferme, jaune pâle, très-abondante, douce sans être fade. Cette variété, dont les fruits sont de bonne qualité, est en même temps très-ornementale. Tomate-Cerise (n® 4). — Relativement rustique et excessivement productive, cette variété a des fruits parfaitement sphériques, atteignant 2 à 3 centimètres de diamètre, d’une très-belle couleur rouge vermillonné, et disposés en grappes. Quant à la qualité, sans être extra, elle est bonne. 'Tomate à fruits en chapelets (n^ 5). — Cette variété, qui rappelle la Tomate- Groseille dont elle est une forme, a l’inflo- rescence simple, très-rarement ramifiée, atteignant jusqu’à 50 centimètres de lon- gueur; ses fruits, qui sont petits, régulière- ment sphériques, sont alternes-distiques, disposés sur deux rangs, d’un rouge cerise foncé, atteignant environ 15 millimètres de diamètre. Chair aqueuse, rouge, de sa- veur légèrement piquante. Graines nom- breuses, disséminées dans la pulpe. BELLES-DE-NUlT A Quels que soient la cause qui détermine les panachures et le point de vue auquel on les envisage, deux faits s’en dégagent : elles sont un sujet d’ornementation, servant à la fois de caractère, et, comme telles, contri- buent à la distinction des plantes, et par ce fait, deviennent des éléments scientifiques. Loin d’être passagères et propres à tel ou tel individu, ainsi qu’on l’avait affirmé pen- dant longtemps , les panachures peuvent devenir permanentes et se reproduire par les semis, absolument comme la plupart des autres caractères. C’est le cas pour les Belles- de-Nuit dont nous allons parler, qui appar- tiennent à l’espèce la plus cultivée, le Mira- bilis Jalapa. Ce type particulier, qui s’est montré spon- tanément, a été fixé et se reproduit bien par graines, ce que nous constatons depuis quelques années dans les cultures de MM. Vilmorin et C“^. Comme aspect et comme végétation, les plantes ne présentent rien de particulier, si ce n’est par les pana- Toutes ces Tomates possèdent à des de- grés divers des qualités d’aspect et de goût de nature supérieure. Usages. — En France, dans le centre et dans le nord surtout, les Tomates ne sont guère utilisées que pour confectionner des sauces, parfois, mais plus rarement, comme hors-d’œuvre et quelquefois comme condi- ment. Mais il en est autrement dans l’Eu- rope méridionale, et même dans les parties chaudes de la France, où on les mange le plus souvent crues et même sans aucune préparation. Coupés par tranches et assai- sonnés comme de la salade, ces fruits sont également très-bons. En terminant, rappelons que ces Tomates à petits fruits que nous avons tenu à figu- rer ne sont pas les seules, qu’il en existe au contraire beaucoup d’autres ; ce sont pour- tant les principales. Quant à la culture, elle est la même que celle qu’on applique aux Tomates à gros fruits, avec cette différence, toutefois, que si on les cultive au point de vue de l’ornement, ce qui n’empêche pas d’en cueillir çà et là quelques fruits, il faut lais- ser les plantes pousser presque à volonté, en se bornant à enlever les branches qui font confusion et quelques feuilles, là où, trop nombreuses, elles cachent les fruits. E.-A. Carrière. EUILLAGE PANACHÉ chures qui affectent les feuilles sur les- quelles elles forment au milieu une large bande longitudinale. En général aussi, les plantes sont plus naines et forment de larges buissons arrondis, compacts, se couvrant de fleurs qui, depuis le mois de juillet, se suc- cèdent sans interruption jusqu’aux gelées. Quant aux Heurs, elles sont tout aussi abondantes et aussi variées que dans le type à feuilles vertes. Il y a des formes à fleurs rouges, jaunes, blanches, pana- chées, etc., etc., qui se reproduisent dans les semis que l’on fait en mélange. En les isolant et en semant les graines séparément, on arrive à fixer ces variétés. Culture et multiplication. — LesBelles- de-Nuit s’accommodent de tous les terrains et viennent à toutes les expositions, même à l’ombre. On les multiplie par graines que l’on sème aussitôt que les gelées ne sont plus à craindre, en place ou bien en pépi- nière, pour les repiquer ensuite où l’on veut les voir fleurir. 182 LES CIIÆNOMELES. Si l’on avait des variétés aiixfjuelles on tienne particulièrement, on pourrait les ar- racher à rautomne et rentrer les racines, que l’on traiterait comme on le fait des Dahlias, et on les replanterait au prin- temps, soit en massif, soit isolément. Lecas, LES CIIÆNOMELES Établi par Lindley, le genre Chæno- 7neJes est l’un des plus méritants au point de vue de l’ornementation. En effet, les plantes sont rustiques, d’une extrême flori- hondité et s’accommodent de presque tous les sols et de toutes les expositions. Les semis ont produit une grande quantité de variétés, remarquables par des coloris nom- breux, du blanc au rouge foncé, en passant par toutes les nuances intermédiaires. Mais, de plus, outre les couleurs, il y a, dans cette série un grand nombre de variétés, qui ont des fleurs plus ou moins pleines, qui, éga- lement rustiques, sont tout aussi üori- bondes que les variétés à fleurs simples. Il en est également de port, d’aspect, de vi- gueur et de végétation très-divers; la plupart forment des buissons arrondis, plus ou moins compacts, d’autres tendent à s’é- taler sur le sol, tandis qu’il en est qui s’élè- vent et constituent d’énormes buissons qui atteignent plusieurs mètres de hauteur ; tel est, par exemple, le Chænomeles umhili- cata, qui pourrait être employé à l’établisse- ment des haies. Plusieurs autres, du reste, pourraient servir à cet usage, car, buisson- neux par nature, les Chænomeles ne se dégarnissent pas. Ajoutons que les Chænomeles sont géné- ralement fertiles ; leurs fruits, de grosseur et de formes très-variées (1) et qui se colo- rent aussi très - diversement, contribuent encore à l’ornementation ; tel est, par exemple, le Ch. citripoma (2), qui, par sa forme et sa couleur, rappelle assez exac- tement certaines sortes de Citrons allongés. Quant à leurs caractères botaniques, ils pré- sentent parfois des différences assez impor- tantes, surtout par le nombre et même la forme des loges. Nous en avons représenté de remarquables et curieux exemples (3). Voici une liste des variétés de Chæno- meles les plus méritantes : Alha, blanc teinté de rose à l’extérieur. Alba semi-plena, blanc teinté de rose, semi-pleine. (1) Voir Revue horticole, 1876, pp. 410. (2) Id. ibid., p. 330. (3) Id. ibid., p. 410. Alba grandiflora plena, fleurs semi- pleines, blanches, passant au rose. Alba plena, fleurs pleines, blanc carné. Alba grandiflora, fleurs très-grandes, blanc pur (plante extra). Atrosanguinea, fleurs très-grandes,rouge foncé. Atrosanguinea fleurs pleines, rouge très-vif. Aurora, rouge orangé vif. Cardinalis, fleurs très-grandes, rouge écarlate. Carnea, blanc légèrement rosé à l’exté- rieur. Candida, fleurs blanc crémeux. Coccinea, fleurs rouge vif. Eburnea, blanc légèrement teinté vert. Gaujardi, saumon orangé très-clair. Imbrieata, fleur rose. Inermis, blanc légèrement rosé. Macrocarpa, fleurs rouge clair. Mallardii, rose bordé de blanc. Moorlosii, blanc rosé. Nivalis, fleurs blanc pur. Nivea extus coccinea, blanc, revers des pétales rose. Papeleui, jaune, légèrement rose à l’ex- térieur. Princesse Émilie Soutzo, rouge marron, le plus foncé de tous. Rosea sçmi-plena, rose vif, fleurs semi- pleines. Rosea plena, fleurs pleines, rose clair. Ruhra aurantiaca, rouge orangé clair. Rubra grandiflora, rouge cramoisi foncé. Sanguinea multiflora, fleurs pleines, rouge écarlate. Sanguinea plena, plante d’une vigueur extrême. Versicolor plena, fleurs semi-pleines, carné passant au rose. Multiplication. — Elle se fait par semis, par greffes et par boutures de racines. Les semis se font en terre franche siliceuse, de bruyère si possible, ce qui est préfé- rable. On sème les graines en pots, en ter- rines ou même en pleine terre, au prin- temps ; elles lèvent très-bien et assez 1 promptement; plus tard on repique les HYBRIDATION DES ORCHIDÉES. 183 plants, soit en pépinière, soit en place, pour en attendre la floraison, qui varie beaucoup et se montre dans un intervalle de trois à cinq ans, parfois même plus. Ce mode est avantageux parce qu’il produit beaucoup et vite, mais il a l’inconvénient de ne pas reproduire la variété que l’on a semée; il est vrai qu’il peut donner maissance à des variétés nouvelles; c’est donc le seul à pré- férer si l’on vise à l’obtention des nouveau- tés. Mais lorsque l’on tient à conserver les variétés, il faut employer les greffes ou les boutures. Les premières se font sur Poirier, sur épine ou sur franc, c’est-à-dire sur semis de Cfiænomeles ; ce dernier sujet est de beaucoup préférable, car, outre que la re- prise est plus certaine, les plantes vivent parfaitement et très-longtemps, ce qui n’a pas lieu si l’on greffe sur Poirier et surtout sur Goignassier. Mais le meilleur procédé est certainement et même de beaucoup le bouturage des racines, que l’on coupe par tronçons et qu’on plante en terre de bruyère; cependant ce procédé a l’inconvénient d’être long, car il faut attendre que les plantes soient déjà fortes, que leurs racines soient bien développées et aient acquis une cer- taine grosseur. E.-A. Carrière. HYBRIDATION DES ORCHIDÉES d) Résultats. — Nous allons maintenant mentionner quelques hybrides d’Orchidées obtenus dans nos cultures. M. Dominy commença en 1853 ses hybri- dations dans notre établissement d’Exeler et les continua, également pour nous, à Chelsea en 1864. M. Seden commença à Chelsea en 1866, et depuis cette époque, jusqu’au temps présent, ses travaux n’ont pas été interrompus. Nos hybridations, par suite, embrassent une période de plus de trente années, pen- dant laquelle notre champ d’expériences s’est successivement augmenté ; nos croise- ments différents s’élèvent à plusieurs cen- taines, non seulement entre espèces voi- sines, mais aussi entre espèces appartenant à des genres différents. Parmi les plantes ob- tenues par M. Dominy à Exeter, le Calanthe Dominyi, provenant de la fécondation du C. Masuca par le C. furcata, est la première Orchidée hybride résultant de la féconda- tion artificielle. Il fleurit pour la première fois en octobre 1856. Un de ses épis fut en- voyé par mon père au docteur Lindley, qui s’écria : « Vous ferez perdre la tête aux botanistes, » paroles caractérisant bien les idées systématiques qui régnaient avant la publication, par Darwin, de la Fertilisation des Orchidées par Vaction des insectes. Le premier Cattleya hybride ayant fleuri est le C. hybrida, plante aujourd’hui dis- parue, mais qui fut suivie de près par la floraison du C. brahantiæ. Le premier Oypripedium hybride ayant fleuri est le C. Harrisianum, dédié au docteur Harris. Au nombre des hybrides remarquables (l) Voir Revue horticole, 1885, p. 158. obtenus à Exeter, je citerai encore les Catt- leya Dominyi, Lælia exoniensis, Calanthe Veitchi et le Lælia Veitchi, qui fleurit pour la première fois à Chelsea. Dominy obtint à cette époque des Vanda hybrides ; mais ils ont depuis disparu. Les gains de M. Seden sont plus nom- breux, et la plupart d’entre eux affirment les sérieux progrès réalisés dans l’hybridation des Orchidées, en dépit des nombreuses difficultés qu’elle présente. Il suffit notamment de comparer les Cy- pripedium cardinale, Schrœderæ et Se- deni candidtdum, avec l’espèce originale, le C. Schlimii, pour constater les énormes améliorations obtenues, ainsi que les C. œnanthum superbum, C. Leeanum su- perbum, C. Morganiæ et Lælia flammea, Masdevallia Chelsoni, Dendrobium mi- cans, Calanthe Sedeni, ces quatre der- nières Orchidées ayant été obtenues par d’autres opérateurs. Parmi les Cattleya, j’ai remarqué que les membres du groupe lahiata, et aussi les espèces brésiliennes à tiges défeuillées, telles que : C. intermedia, C. Aclandiæ, C. superba, etc., se croisent facilement entre elles et aussi avec les Lælia du Brésil, qu’on hybride aussi entre eux sans grande difficulté. Il est intéressant de noter que les hybrides qui ont un Cattleya bifeuillé et un autre Cattleya ou un Lælia uni- feuillés pour parents, produisent des tiges les unes unifeuillées, les autres bifeuillées, sans que la floraison se modifie suivant ces dissemblances. Mais ni les Cattleya ni les Lælia du Brésil ne s’hybrident avec les Lælia du Mexique : Lælia albida, autumnalis, maialis , rubescens, ce der- nier mieux connu dans les cultures sous le d84 HYBRIDATION DES ORCHIDÉES. nom (le />. acnminata. De nomlirevises fé- condations ont été faites en ce sens, les ca})sules se sont (lévelop})ées et ont mari, mais les graines se sont montrées infertiles. I.e Lælia anceps est une excej)tion, car il se croise facilement avec les Cattleya ou avec les Lælia brésiliens. La période qui s’écoule entre la germi- nation et la lloraison, pour les hybrides, varie énormément. Ainsi, le Lælia triopfi- talma, obtenu de graines semées en 1875, fleurit en 1883, et c’est la période la plus courte que nous connaissions ; le Lælia ca- loglossa, semé en 1858, fleurit pour la pre- Fig. 48, — Semis de Cypripedium Fig. 49. — Semis de Cypripedium (6 mois). (9 mois). Fig. 50. — Semis de Cypripedium (12 mois). mière fois en 1877, c’est-à-dire dix-neuf ans plus tard ; c’est la durée la plus longue que nous ayons observée. Les autres ont demandé une période variant de dix à douze années. Parmi les Cypripedium, quelques faits curieux ont été mis à jour par l’hybrida- tion. Ainsi, les espèces (les Indes orientales s’allient facilement entre elles, et il en est résulté une grande cpiantité d’hybrides. Les espèces sud-américaines, les Sclenipe- dium , ainsi qu’elles sont nommées, se croisent également bien entre elles, et ont produit un grand nombre de formes nou- velles. Les produits de l’une et l’autre de ces deux sections fleurissent très-peu d’an- HYBRIDATION DES ORCHIDÉES. 185 nées après qu’ils ont été semés. Mais si on hybride entre elles les espèces indiennes et celles sud-américaines, les résultats se font attendre beaucoup plus longtemps; une proportion infiniment moins grande de graines germent, et les jeunes plants qui survivent sont si lents à arriver à époque de floraison, que, parmi ceux que nous cultivons, aucun n’a encore fleuri , bien qu’ils aient une bonne a[)parence de santé et de vigueur et qu’ils se développent régulièrement chaque année. Une chose est certaine : l’ovaire à tr’ois cellules des Selcnipedium ne présente aucun obstacle Fig. 53. — Graines de Phalœnopsis (grossies). Fig. 51. — Graines de Phalœnopsis à 4 mois de semis (grossies). Fig. 55. — Semis de Phalœnopsis (ü mois, grossi). Fig. 56, — Semis de p)ialœnopsis grossi (15 mois). Fig. 57. •— Semis de Phalœnopsis (*22 mois). à la fécondation par les pollinies des Cy- 2)vipedimn, qui ont l’ovaire unicellulé ; nous avons ainsi hy- bridé le C. caudatum par le C. harbatum; et plusieurs croise- ments semblables , entre d’autres espèces, ont également produit des graines. Le Cyp)ripedium Sedeni est un hybride remarquable à plu- sieurs points de vue. Il a été obtenu, iden- tique, par la féconda- tion du C. Schlimii par le C. longifolium et par les deux mêmes espèces, en renversant le rôle res- pectif des deux parents. On doit remarquer que, dans ce cas, l’un des parents, le C. longifolium^ est beaucoup plus robuste, en port et en végé- tation, que l’autre, le C. Schlimii. Aucune différence perceptible n’a pu être remarquée entre les exemplaires prove- nant de ces deux croi- sements. Nul autre résultat analogue n’a été obtenu par nous pour les autres Cypri- pedium. Des croise- ments en intervertis- sant les rôles des parents ont produit des sujets plus ou moins différents. Ain- si, le C. tessellatum provient du C. har- batum fécondé par le C. concolor, et le C. tessellatum por- gjhyreum est le pro- duit du C. concclor hybridé par le C. bar- batum. Nous avons aussi, dans un ou deux cas, obtenu des hybrides absolument sembla- bles par le croisement, deux par deux, de trois espèces. Ainsi, le C. longifolium hy- bridé par le C. Schlimii, et le C. Roezlii fécondé par le même C. Schlimii, ont donné 186 HYBRIDATION DES ORCHIDÉES. des produits qu’il est impossible de distin- guer les uns des autres par la fleur. Ce fait met bien en question le rang spé- cifique du C. Roezlii. Non seulement les espèces de chacune des sections des Indes orientales et de l’A- mérique méridionale se croisent aisément entre elles dans cbaque section, mais les hybrides s’allient également avec elles. J.e beau C. œnanlhum superhum a pour pa- rents le C. Ilarrisianum, lui-même un hy- bride, et le C. insigne Maiilei. Sous le rap- port du port et du feuillage, les liybrides de Cypripedium prennent généralement une place intermédiaire entre leurs parents; mais, quelquefois, ils sont plus robustes que ceux-ci. Les hybrideurs ont un vaste champ d’expé- rience dans le genre Dendrobium, dont les représentants ont été, jusqu’ici, soumis à des hybridations peu nombreuses. M. Dominy a obtenu l’hybride qui porte son nom, il y a fort longtemps, à Exeter. Quelques années plus tard, en 1874, le D. Ainsworthi apparut dans les serres du D*' Ainsworth, à Manchester. Des hybrides, résultant du même croisement, c’est-à-dire de la fécondation du D. aureum par le D. nohile, étaient obtenus à la même époque par West, dans les cultures de Fairfield, près Manchester, et, plus récemment en- core, par les soins d’un autre opérateur, dans la collection de M. Brymer, à Dor- chester. Plus tard, M. Seden obtint le D. splendi- dissimum par le même croisement, et, enfin, M. Swan, par la fécondation du D. nohile par le D. aureum, eut le D. Leechianum. Ce dernier a donc les mêmes parents que les autres, mais avec leurs rôles respectifs intervertis. Les produits obtenus par tous ces croisements sont assez variables. Les membres d’une lignée se rapprochent sou- vent d’une façon si intime de ceux d’une autre descendance que les différences qui les séparent ne sont plus appréciables ; mais, sans parti pris, nous avançons que notre C. splendidissimum est celui qui a les fleurs les plus grandes, en même temps que leurs sépales et pétales ont plus d’épaisseur. Cela provient probablement de ce fait, que nous avons croisé entre elles les plus jolies variétés des deux parents. Sur huit Den- drobium différents dont nous avons eu déjà la floraison, le D. nohile est un des parents de cinq; le D. aureum l’est pour trois, parmi ces cinq hybrides, et également d’un autre, de sorte que deux seulement, les D. mieans et D. rhodostoma, ont une pa- renté dans laquelle n’entrent ni le D. nohile ni le D. aureum. Des croisements entre les espèces de Pha- lænopsis ont été effectués par plusieurs opérateurs, et des capsules ont prompte- ment été formées. Nous ne connaissons, toutefois, que trois cas où des sujets de se- mis aient été obtenus : la première fois, par Dodds, en 1808, dans la collection de sir John Greville Smyth, à Ashton-Court, près Bristol, mais depuis les hybrides ont dis- paru; ensuite par Crey, jardinier d’un émi- nent orchidophile, M. Corning, d’Albany (Etats-Unis), et les sujets obtenus ont eu le même sort que ceux d’Ashton-Court; enfin par M. Hollington, de Enfield, qui, je crois, a un hybride encore vivant. Nos propres expériences sur les Pha- lænopsis (fîg. 53 à 59) datent de 1875; notre première fécondation fut entre le P. grandiflora et le P. Schilleriana ; mais, dans ce cas, de même que dans plusieurs autres semblables, aucun résultat autre que la formation de capsules ne fut obtenu. La première capsule qui produisit op jeunes plants provenait delà fécondation du P. grandiflora par le P. rosea. Quelques- uns de ces plants sont actuellement en voie de croissance. Ensuite nous obtînmes quel- ques hybrides des P. amahilis et P. rosea, se qui développent avec plus de vigueur que les précédents, et nous pensons bien qu’ils fleuriront d’ici à deux ans, au plus. Plus récemment, nous avons obtenu des hybrides du P. Schilleriana X P. rosea, P. gran- diflora X P. Lüddemanniana, et de deux ou trois autres croisements. Les Calanthe ont probablement attiré da- vantage l’attention des hybrideurs qu’aucun autre genre de la grande famille des Or- chidées. Cette circonstance provient peut-être de ce que, pour les Calanthe, les résultats se font moins attendre que pour n’importe quel autre genre. Ces Orchidées sont plutôt terrestres qu’épiphytes, et je pense que leur prédisposition à la précocité vient de là. Les capsules des Calanthe mûrissent habituel- lement en trois ou quatre mois, et les graines demandent de trois à quatre mois pour germer; les jeunes plants, dans des circonstances favorables, fleurissent dans leur troisième ou quatrième année. C’est pour cette raison que, bien que les premiers hybrides obtenus aient été des Cattleyas, c’est un Calanthe qui, comme nous l’avons dit plus haut, a fleuri pour la première fois parmi les hybrides d’Orchidées. HYBRIDATION DES ORCHIDÉES. 187 Le Calanthc Veitchi donna sa première floraison en 1859, et, à cette époque, il était considéré comme un hybride entre deux genres distincts; mais, dans le Généra Plantarimi, Bentham a classé le Lima- todes rosea, qui avait fourni le pollen, dans le genre Calanthe. Il en est tout autrement, cependant, pour le Phajus irroratus, obtenu par M. Dominy du Phajus grandi flo rus X Calanthe nivalis, du Phajus irroratus purpureus, obtenu par Seden du P. grandi- fîorus par le Calanthe vestita rubro-macu- lata, et enfin d’un troisième hybride n’ayant pas encore fleuri et qui a été obtenu par Seden du Phajus grandifolius X Calanthe Veitehi. Ces trois hybrides sont le résultat de croisements bigénériques. Dans un des cas seulement, un produit est bien intermé- diaire entre ses parents, car il n’est ni tou- jours vert, comme les Phajus, ni à feuilles caduques, comme les Calanthe. Les Masdevallia ont été depuis long- temps hybridés; mais les insuccès ont été nombreux, probablement parce que leur nombre était très limité. C’est un fait cu- rieux, cependant, que, par le port, l’aspect et divers autres caractères, le genre Masde- vallia est beaucoup plus hétérogène qu’on ne l’avait d’abord supposé, d’où il résulte que les croisements entre certaines sections ne peuvent être effectués. Le Masdevallia Chelsoni a été obtenu par l’hybridation du M. amahilis par le M. Veitehiana ; ensuite, le M. Fraseri, résultant du M. ignea par le M. Lindeni, obtenu par M. Fraser, de Derneleugh, Aberdeen, et dont les jeunes plant sont été élevés parnous,et, en dernier lieu, le Masdevallia Gairiana , produit du M. Veitehiana par le M. Davisii. Des cap- sules ont été obtenues du M. Veitehiana par le M. infracta, M. polystieta par M. tovarensis, M. Harryana par M. Veitehiana, et quelques autres ; mais tous les essais pour croiser le M. Chimæra et ses alliés avec les espèces à brillante floraison sont demeurés infructueux. S’il est difficile d’obtenir des sujets de semis provenant d’Orchidées qui exigent pour leur culture une haute température, cette difficulté est encore plus grande pour les espèces qui reçoivent un traitement froid, excepté, cependant, les Masdevallia. Les Odontoglossum présentent un remar- quable exemple de ce fait, qui semble para- doxal , étant donné la grande quantité d’hybrides naturels entre les espèces de ce genre qui ont été importés dans les dix dernières années. De nombreuses hybridations artificielles ont été faites entre les espèces mexicaines et néo-grenadines ; des capsules paraissant bonnes ont été produites, mais, malgré les soins les plus grands, aucun sujet nouveau n’a été obtenu. Cependant, M. Gookson, de Newcastle, a annoncé, dans le Garden (10 février 1883), qu’il avait réussi à obtenir un joli lot d’O- dontoglossuni de semis, par la fécondation de rO. gloriosum ou de l’O. Uro-Skinneri par VO. crispum. Depuis, M. Cookson nous a appris que tous ses hybrides avaient péri. Il en est de même pour les Miltonia, que l’on range habituellement dans les Odonto- glossum, et qui croissent dans une tempé- rature moyenne, comme les O. vexilla- rium, Roezlii et Phalænopsis. Nous avons pu obtenir quelques hybrides entre ces deux dernières espèces ; mais, malheureusement, ils sont morts peu après la germination des graines. Nous devons dire ici que Bentham a dû être mal informé lorsque, dans le Gé- néra Plantarum (Orehidacæ, III, p. 563), il a dit, à propos du M. vexillarium : a Fide hortulanorum facile cum Odontoglossis variis nee cum Miltoniis genuinis proies hybridas gignunt. » Notre expérience nous met en contradiction avec lui. Le M. vexil- larium s’hybride aisément avec les Milto- nia à labelle uni, comme le M. speetabilis, et, cependant, nous n’avons pu obtenir au- cun produit de ces croisements, mais non avec les véritables Odontoglossum ; malgré que nous ayons fait de nombreuses tenta- tives, nous n’avons jamais obtenu de cap- sules. Notre expérience, en même temps qu’elle contredit l’assertion de Bentham, confirme l’opinion de cet éminent botaniste en ce qui concerne la place générique du vexillarium et de ses alliés, Roezlii, Pha- lænopsis et Warsceiviezii. Après les détails que je viens de faire connaître sur l’hybridation entre les Or- chidées, je crois utile de relater quelques faits qui intéressent également la science et la pratique. Ainsi que je l’ai déjà dit, nos opérations ont été faites sur un vaste champ. Non seu- lement elles ont eu lieu entre espèces appar- tenant au même genre, mais plusieurs cen- taines d’hybridations ont eu lieu entre re- présentants de genres différents. La question suivante se pose alors naturellement : com- ment se fait-il que ces hybrides affectent la stabilité des genres comme on les limite ac^ tuellement ? Et quelles sont les modifica^ 188 PÉLARGONIUM ZONÂLE ANGLAIS MISTRESS STRANG. lions de nomenclature nécessaires pour pla- cer les Orchidées sur une liase intelligible de classification? Kn considér.uit l’enseinble de nos opérations et leurs résultats, je })uis conclure que, jusiju’ici, la stabilité géné- rique est très légèrement atteinte, et que les modifications de nomenclature auraient bien peu d’im])ortance. Kn mettant hors de considération les pro- duits d’iiybridation entre les CaitJeya et les Lxlia, ce dernier genre étant, sans contre- dit, artificiel, deux hybrides liigénériques, seulement, ont jusqu’ici fleuri ; nous les avons fait connaître déjà : ce sont les Pliajus irroratus et P. i. purpureus. 11 y a quelques années, M. Dominy a obtenu l’.4- næctochilus Dominy i de l’hybridation du Goodycra discolor par l’.4. xantliophyUns, et le Goodyera Veitclii du G. discolor par V Aiiæctochilus Veitchi. Les plantes sont actuellement dans les cultures, mais leurs noms sont simplement jardiniques. Nous avons des hybrides, qui n’ont pas encore fleuri, obtenus par le croisement du Catt- leya Trianæ et du Sophronitis grandi- Jlora, ainsi que du CatÜeya intermedia, croisé avec le même Sophronitis. Nous avons, en outre, un semis dont les parents sont le Cattleya Trianæ et le Brassavola Digbyana ; cette dernière Orchidée étant aujourd’hui considérée comme un Lælia, il est donc difficile de reconnaître là une by- liridation bigénériqiie. Ces quelques cas épuisent la liste de nos ol)servations à ce sujet; cependant, si nous examinons les croisements bigénériques qui nous ont donné des capsules contenant des graines paraissant lionnes, mais qui n’ont donné aucun résultat, nous aurons une liste beau- coup plus importante. Parmi les plus re- marquables, nous citerons les suivants : Acanthephippium Curtisi\yàr Chysis hrac- tescens, Bletia hyacinthina par Calanthe Masuca, CJiysis aarea par Zygopetalum Sedeni, OdontogJossum bictonense parZ^- gopetalam maxillare, Zygopetalum Mac- l'ÉLARGOMUM ZOVVLE A? La plante dont nous allons dire quelques mots appartient au grand groupe des Pélargoniums zonales, mais à cette section remarquable par des feuilles si élégamment panachées qu’elles rivalisent avec les fleurs, sur lesquelles elles ont l’avantage de la durée. D’autre part, ces plantes sont très- constantes d’une manière générale, c’est-à- hayi par Lycaste Skinneri. Mais, d’un autre coté, nous avons obtenu un grand nombre de cajisules de grandeur normale, en a])parence paià'aites, non seulement de croisements bigénéri(pies, mais par croise- ments entre esjièces de même genre, qui ne contenaient jias une seule graine. Tout ré- cemment, nous avons obtenu des graines par le croisement du Zygopetalum Mac- kayi et de plusieurs espèces (V Odontoglos- sum ; ces graines ont produit de jeunes plantes ; mais ces dernières, au moment de leur floraison, ont été reconnues comme étant simplement le Zygopelalurn Mac- kayi. L’bybridation artificielle des Orchidées est encore à son délnit; et maintenant que cette opération attrayante a tenté de nom- breux amateurs et cultivateurs éclairés, on peut sans crainte annoncer de futurs résul- tats nombreux et importants. Mais, en en- visageant la somme totale d’hybrides obte- nus jusqu’à ce jour, et en tenant compte de l’attention continuelle et des soins assidus que les semis d’Orcbidées exigent avant d’arriver en âge de fleurir, pouvons-nous avoir une complète satisfaction? Combien peu des meilleurs d’entre eux supportent favorablement la comparaison avec les nom- breuses et jolies fleurs produites par des plantes qui doivent leur origine à l’instinct infaillible de la tribu des insectes ailés, qui ont, à leur insu, accompli la tache qui leur était réservée, et ont démontré, par la per- fection de leur œuvre, la maladresse rela- tive des hybrideurs. Je ne puis terminer cette relation sans en profiter pour exprimer l’obligation que j’ai envers le professeur Pteicbenbach de la peine qu’il a prise pour examiner, décri l'e et nommer nos divers hybrides, travail qui a employé beaucoup plus de son temps qu’on ne le suppose généralement. H . - J . Veitch . (Traduit du Journal of Horticulture, par Ch. Thays.) }LAIS MISTRESS STRAYG dire que les jianachures se reproduisent bien, mais avec des variantes dans les nuances, parfois même dans la position des couleurs. Ajoutons que ces couleurs si brillantes varient continuellement en intensité et en diversité suivant la végétation des plantes. Dans la pratique ces sortes sont désignées par le nom de Zonales anglais, ce qui SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 189 s’explique, du reste, car non seulement c’est en Angleterre que ces plantes ont pris nais- sance, mais c’est encore de là que, chaque année, nous arrivent les nouveautés en ce genre. On fait cependant à ces plantes un re- proche, en général mérité : c’est de pousser peu, d’être délicates, et de ne pas s’accom- moder de la pleine terre, ce qui est vrai pour beaucoup de variétés, mais non pour toutes; sous ce rapport il y a de remarquables et nombreuses exceptions ; telle est, par exemple, la variété Mistrcss Pollock qui pourtant n’est pas la seule, mais qui est très-belle, bien colorée et relativement vigoureuse. Mais il en est une qui a avec le P. Mistress Pollock beaucoup de ressemblance et qui pourtant lui est bien supérieure par sa SOCIÉTÉ NATIONALE D’H( SÉANCE DU Au comité de floriculture ont été présentés les objets suivants : — Par M. Maurice de Vil- morin, qui les avait cueillies à Nice : une collection de vingt-six variétés d’Acacias en fleurs parmi lesquelles plusieurs très-rares et que l’on ne voit jamais dans les cul- tures ; — Par M. Dallé, horticulteur, à Paris, un pied de Phalænopsis grandiflora qui, dans la même année , fleurissait pour la quatrième fois, ce qui est un fait à peu près exceptionnel. — Par M. Landry, horti- culteur, rue de la Glacière, à Paris, un pied fleuri de Scuticaria Stœli, Orchidée rare et nouvelle des plus singulières par ses feuilles jonciformes, qui rappellent assez bien celles du Lælia harpophylla, tombantes. Ses fleurs, qui sont solitaires, rappellent assez- exacte- ment celles d’un Odontoglossum cordatum ; — Par M. Jolibois, un fort pied de Cypripe- dium Haynaldianum, puis un fort sujet de Schomburgkia crispa^ dont les hampes, assez grêles, se terminent par une inflorescence subsphérique qui rappelle assez celles de cer- tains Lélias. Quant aux fleurs, portées sur un pédoncule ovarien long, grêle, légèrement vio- lacé, elles sont petites, fortement crispées, à divisions contournées, violacées-rosées. Une particularité singulière que présente cette es- pèce, c’est, d’après M. Jolibois, que, si l’on dé- range légèrement la plante quand les in- florescences sont développées, jamais, dit-il, les fleurs ne s’épanouissent : elles avortent ; — Par M. Delaville, marchand grainier, quai de la Mégisserie, des hampes fleuries de VAllium neapolitanum, dont les fleurs excessivement nombreuses, d’un blanc de lait, sont très-orne- vigueur : c’est la variété Mistress Strang, qui a le mérite de s’accommoder aussi bien de la pleine terre que les P. zonales ordinaires, ce dont nous avons pu nous assurer dans les cultures de MM. Thibaut et Keteleer, à Sceaux, où un grand nombre de ces plantes avaient été mises en pleine terre, afin de pouvoir être comparées et d’en constater les qualités ornementales. Ajoutons, pour compléter cet aperçu sur les P. zonales anglais, que l’on trouve chez eux, de même que sur les P. zo- nales ordinaires, beaucoup de variétés à fleurs pleines ; seulement ces fleurs sont infiniment plus petites et à peu près dé- pourvues de valeur au point de vue orne- mental . E.-A. Carrière. TTICULTURE DE FRANCE ) MARS 1886 mentales. Les horticulteurs de certaines par- ties du Midi, où la plante est très-cultivée, la nomment, paraît-il, Hermitte à grandes fleurs. Serait-ce une variété de VAllium neapolita- tum obtenue par M. Hermitte? — Par M. Éd. André, un fort pied d’un nouveau Caraguata qu’il a découvert dans les forêts humides de la Nouvelle-Grenade. C’est une plante vigoureuse, formant une masse com- pacte par ses feuilles très-densement rappro- chées, largement étalées, légèrement arquées au sommet, longues de 30-40 centimètres, larges de 6-7, planes ou un peu convexes; les inférieures vertes, les médianes un peu rou- geâtres en dessous (discolores), tandis que celles du sommet, qui avoisinent et entourent l’inflorescence, sont d’un rouge vineux ou vio- lacé. Inflorescence centrale très-forte, courte- ment paniculée, à bractées rouges, acuminées, dépassant la fleur, qui est d’un très-beau jaune d’or brillant. Plante très-ornementale, même sans fleur; M. André l’a nommée Caraguata Morreniana; — Par M. Tissons, jardinier chez M. Bullier, à Sarcelles (Seine-et-Oise), deux espèces d’Orchidées très-remarquables par leur beauté et leur développement inusité. L’une est un Phalænopsis Schilleriana, l’autre un Dendrohrium fimbriatum oculatum. Ce der- nier pied, très-fort et d’une beauté vraiment exceptionnelle, portait 6 belles inflorescences, dont 3 avaient toutes leurs fleurs épanouies. Les tiges étaient presque toutes (moins une) en- tièrement garnies de feuilles. Gela est-il propre à cette espèce, ou bien résulte-t-il de la bonne culture qu’avait reçue la plante ? — Par M. Fauvel, jardinier en chef au château de 190 DES HAIES. Taverny (Seine-et-Oise) , les trois plantes suivantes: Cij2)rix)edium Boxalli, var., plante beaucoup plus lloribonde que le type, portant 7 fleurs; un Cattleya Amethystoylossa, dont l’une des tiges se termine j)ar une inflores- cence forte, dont 7 fleurs sont ouvertes ; enfin un fort pied de Catlleya portant 4 fleurs bien ouvertes et d’une beauté extra. Cette espèce, qui rentre dans le groupe Trianæ, est trapue, relativement naine; ses hampes, courtes et ro- bustes, se tenant bien, sont terminées par des fleurs excessivement grandes, parfaites de forme, et d’un coloris dont aucune description ne peut donner l’idée. C’est une plante hors ligne sur laquelle nous reviendrons dans un article spécial. Au comité à' arboriculture^ un seul présen- tateur : M. Jarnet, cultivateur, à Chambourcy, qui avait apporté une corbeille de Pommes de Canada; elles étaient grosses, très-belles, la- vées de rouge vermillon, nettement côtelées, de forme jiarfaite. Au comité de culture maraîchère^ il n’y avait aucun apport. DES HAIES Dans nn précédent article (1), nous avons succinctement et d’une manière générale cherché à appeler l’attention sur l’impor- tance des haies, en soumettant celles-ci à une sorte de classement d’après leur na- ture et leur destination. Aujourd’hui, et pour compléter ce travail, nous allons examiner les principales opérations nécessaires à l’éta- blissement des haies. Elles sont au nombre de 7 : Préparation du sol, Choix des es- sences, Habillage des plants. Plantation, entretien. Taille ou tonte. Rabattage ou ra- jeunissage, dont nous allons successivement parler. Préparation du sol. — Il en est 'de la plantation des haies comme de celle de toutes les plantes ; plus le sol sera bon et bien préparé, plus aussi la réussite sera as- surée. Quant à la nature du sol, on n’a pas le choix; il faut le prendre tel qu’il est, et, autant que possible, l’approprier à sa desti- nation. A moins de conditions spéciales et rares, il y aura avantage à défoncer le sol, plus ou moins profondément toutefois. Si le terrain était très-mauvais, il serait néces- saire de faire une sorte de tranchée, en mo- difiant au besoin la terre. Tout ceci, du reste, se rattache à des questions écono- miques que, seul, l’intéressé peut résoudre. Ce que nous pouvons et même devons dire, c’est qu’il y a toujours avantage à bien faire les plantations. Choix des espèces. — Il devra se faire suivant la nature du sol et du climat et être en rapport avec le but que l’on re- cherche, de manière à constituer des haies défensives ou des haies ornementales. Pour cela on prend, parmi les essences que nous avons précédemment indiquées, celles qui correspondent le mieux au résul- tat que l’on veut obtenir. Suivant aussi le but et les conditions dans lesquelles on se (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 443. trouve, on plantera avec une ou plusieurs essences ; de là deux catégories : haies simples ou haies composées. Les plants devront être jeunes et, si pos- sible, avoir subi un repiquage. Habillage des plants. — On nomme ainsi l’opération qui consiste à faire ce qu’on pourrait appeler la « toilette » des plants : 1® à rafraîchir les racines fati- guées ou avariées et à rogner celles qui, trop longues, pourraient gêner la planta- tion ; étêter ou raccourcir les plants de manière à les faire ramifier de la base, ce qui est important. Quelquefois aussi, et suivant l’espèce, il pourrait y avoir avantage à ne faire qu’une demi-toilette, c’est-à-dire à ne préparer que les racines et à attendre, pour raccourcir la tige, que les plants soient bien repris. Ce sont surtout les Co- nifères que l’on soumet à ce régime. Plantation. — Deux modes sont recom- mandés : la disposition sur une ligne ou sur deux. Chacun de ces modes a ses par- tisans et ses avantages, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont équivalents. Le mieux, selon nous, est la plantation sur une ligne, mais alors croisée, c’est-à-dire que les plants sont penchés l’un à droite, l’autre à gauche, de manière que, vue dans le sens longitudinal, la haie, qui alors est rela- tivement très-large, forme comme deux lignes séparées par un sillon aigu et res- serré à sa hase, s’élargissant de chaque côté en allant vers le sommet, ce dont on peut se faire une idée assez exacte en se repré- sentant une fourche en bois dont la base reposerait sur le sol, le manche en terre. Ce mode a l’avantage de laisser aux racines plus de terrain à parcourir et en même temps de donner plus d’épaisseur à la haie qui, par cette sorte de croisement, se trouve enchevêtrée, ce qui en augmente beaucoup la solidité et la résistance. Si au CORRESPONDANCE. 191 lieu d’une ligne de plants on en met deux, il arrive souvent que les deux parties ne se lient pas bien et qu’alors il y a comme une solution de continuité : ce sont deux haies accolées l’une contre l’autre. Quant à la mise en terre, elle peut se faire à l’aide d’un fort plantoir, ou bien on fait une tranchée et l’on place les plants sur chacun des bords ou mieux sur un cordeau placé au milieu et sur lequel on adosse les plants obliquement de chaque côté, de sorte que, alternative- ment, l’un penche à droite, l’autre à gauche. On remplit la tranchée, on foule le sol avec les pieds et c’est fini. Quant à Ventretien du sol, il consiste en des binages que l’on donne de temps à autre, afin de le tenir propre et exempt de mauvaises herbes. Taille. — On la fait à l’aide d’une grosse paire de ciseaux nommée cisaille. Elle doit être faite très-régulièrement, de manière à constituer des lignes bien droites. Pour commencer à les dresser, si l’on n’est pas habitué à ces sortes de travaux, on tend un cordeau de chaque côté, à une distance calculée d’après l’épaisseur que l’on veut donner à la haie, et on le fixe de place en place, afin qu’il ne se dérange pas et que l’on ait des lignes bien droites et régulières, et pour cela le cordeau doit être placé à une même distance de chaque côté. Pour le dessus de la haie on fait de même, mais alors le cordeau est maintenu de place en place avec des piquets, de manière que, dans toute sa longueur, il soit régulière- ment placé à une même hauteur du sol, et que la surface soit unie et parfaitement ho- rizontale. La taille ou tonte se fait une fois ou deux par an, suivant la vigueur ou la nature des plants. Quant à l’époque, elle n’a rien de rigoureusement déterminée; c’est une affaire de propreté ou même de coquetterie. On taille ou tond les haies plus ou moins sévè- rement, en rapport avec la vigueur et la végétation des plants, et suivant aussi qu’elles sont plus ou moins bien consti- tuées. Rabattage ou rajeunissage. — Ces deux opérations n’ont rien de régulier ni d’absolu quant à leur application, et on ne les pra- tique que lorsqu’elles sont nécessitées par l’état même des haies, c’est-à-dire quand celles-ci sont défectueuses, irrégulières, ou qu’elles présentent des parties faibles ou inégales. Il n’y a pas non plus d’âge pour les pratiquer. Une seule chose est néces- saire pourtant : c’est qu’il y ait de la vi- gueur, afin que les plants puissent bien re- pousser. Quant à l’opération, elle consiste à rapprocher les coupes de manière à unifor- miser le tout et à obtenir un ensemble ré- gulier. On profite parfois de cette circons- tance pour remplacer certaines parties très- défectueuses, et alors on choisit de bons plants, relativement forts, qu’ensuite on soigne particulièrement bien de manière à ce qu’ils (( rattrapent », comme l’on dit, les autres parties et que le tout forme un ri- deau régulier. E.-A. Carrière. CORRESPONDANCE No 1183 (Seine-et-Oise). — Il ne faut pas considérer comme perdues vos Azalées de rinde défledries. Puisque vous avez un petit jardin à votre disposition, voici de quelle ma- nière vous devez procéder pour conserver ces plantes en bon état et, à l’aide d’un châssis froid, obtenir une floraison possible au prin- temps prochain, certaine dans deux ans : Préparez contre un mur, au nord, une plate- bande de terre de bruyère; plantez-y vos Aza- lées, après les avoir débarrassées de leurs pots. Pendant l’été, arrosez assez copieuse- ment, après avoir paillé la surface du sol avec du fumier de vache consommé. A l’automne, vous rempoterez ces plantes en terre de bruyère pure, et vous les rentrerez sous châssis, où elles ne devront pas supporter de tempéra- ture plus basse que 5 degrés au-dessus de zéro. Vous conserverez ainsi vos Azalées en bon état de végétation, vous assurant une floraison très-satisfaisante. No 2831 {Loir-et-Cher). — Non seule- ment il est encore temps de planter des Glaïeuls, mais il est nécessaire, si vous vou- lez avoir une floraison successive depuis juillet jusqu’en octobre, d’en faire une nouvelle plan- tation, tous les dix jours, jusqu’au Ur juin. Choisissez, de préférence, un terrain léger, pas trop humide. Si ce terrain n’a pas été fumé, à l’automne, avec du fumier de vache, bien pré- férable, pour ces plantes, au fumier de cheval, enterrez-y, en le labourant, une bonne propor- tion de terreau aussi consommé que possible. Si vous mettez ces Glaïeuls en planches, ce qui est le meilleur procédé pour obtenir beaucoup de fleurs à couper, distancez-les de 25 centi- mètres environ, et recouvrez-les de 8 à 10 cen- timètres de terre mélangée de terreau. Aus- sitôt la plantation faite, recouvrez le sol d’un paillis de fumier consommé, qui l’empêchera de hâler, et évitera qu’en arrosant on 'plombe sa surface. 192 CORRESPONDANCE. Il VOUS suffira ensuite de tuteurer les varié- tés à tige faible, et de donner, dans la période des séclieresses, de copieux arrosages. La lloraison terminée, vous arracherez, vers la fin d’octobre, par un temps sec, les bulbes, que vous rentrerez, pour attendre le prin- temps, dans un endroit sec à l’abri de la gelée. No 2129 (Seine). — L’époque de trans- plantation s’étend, pour les Conifères, jusqu’à fin mai. Gomme ces arbres se trans- plantent tous avec une motte de terre, on peut en faire la plantation alors même que leurs bourgeons ont commencé à se développer; on doit seulement, dans ce dernier cas, prendre de grandes précautions dans l’arrachage, arroser les arbres aussitôt qu’ils sont mis en place, et, enfin, les protéger contre les coups du soleil printanier par une couverture en toile d’embal- lage, qu’il est bon d’enlever la nuit, pour per- mettre à la rosée d’iiumecter toutes les parties de l’arbre. On pourra augmenter encore cette action réparatrice, en seringuant, le matin des journées sèches. Il va sans dire que vous pouvez de même transplanter encore,* et jusqu’à la ^nême épo- que, les arbres à feuilles persistantes, en mottes, et même les arbres et arbustes à feuilles caduques à végétation tardive. Nous avons vu souvent transplanter de ces derniers arbustes en pleine végétation, et ils ne fanaient même pas, si une motte suffisante leur avait été laissée, si la replantation était faite presque aussitôt, et enfin, si on leur don- nait des arrosages et ombrages suffisants. No 2584 (Haute-Vienne). — Si la gazon- nière que vous avez créée l’an dernier n’est pas suffisamment grande pour vous per- mettre de recouvrir les pentes rapides que vous voulez garnii’ d’herbe, voici le moyen qu’il convient d’employer : Après avoir découpé votre gazon par plaques d’environ 25 centimètres de côté, placez ces plaques sur les parties que vous désirez recou- vrir, en les disposant en damier, de manière que deux plaques soient toujours séparées l’une de l’autre par un espace vide égal en surface à chacune d’elles. Vous remplirez ces vides de terre meuble légèrement tassée, et vous y sè- merez de la graine de gazon, suivant les mêmes mélanges que vous avez employés pour votre gazonnière. Battez ensuite toute la surface sur laquelle vous aurez répandu une légère couche de terreau; maintenez, au moyen de petits pi- quets de bois, les plaques trop inclinées pour tenir d’elles-mêmes, et vous aurez à la fin de l’été prochain, et même bien plus tôt, si le prin- temps est pluvieux, un beau gazon, parfaite- ment homogène. M. L. R. [Espagne] . — L’espèce dont vous nous avez envoyé un échantillon e.st le Kenne- dya ovata, magnifique plante grimpante, origi- naire de la Nouvelle-Hollande. Si, comme vous le dites, les graines vous en ont été en- voyées du Brésil, ce qui est possible, c’est, sans aucun doute, que cette espèce avait été primitivement importée là; car le genre Ken- nedya est tout-à-fait étranger au Brésil. il/. B. (Paris). — Aux substances indiquées (Revue horticole 1866, p. 146) pour le badi- geonnage des arbres, on devra ajouter la quan- tité d’eau nécessaire pour faire une bouillie assez liquide, pouvant être appliquée sur les écorces à l’aide d’un pinceau. Quant aux terres purement argileuses que vous désirez recouvrir d’un gazon vert, vous poui'rez semer du (Pas-d’âne) Tussüago far- fara ou variétés, ou, mieux encore, un mé- lange de Graminées, prises parmi les espèces que l’on emploie, en général, pour établir des gazons sur les sols calcaires, surtout des Poa, et tout particulièrement le Poa annua. Toute- fois, dans ce cas, il vaut mieux multiplier que restreindre les espèces. C’est le moyen d’aug- menter les chances de réussite. il/. G. (Cher). — Vous pourrez, parmi les diffé- rents articles qu’a publiés la Revue horticole sur les Capsules au sulfure de carbone, relire les suivants : p. 346, en 1884; — p. 88, en 1885, et Chronique, 1885, p. 483. Vous y trouverez les renseignements que vous désirez. il/. H. D. (Vienne). — En général, les serres relativement c’est-à-dire dont la pente est très-faible, sont de beaucoup "préférables à celles dont la pente est rapide. Il n’y a guère d’exception que pour les serres destinées à re- cevoir des plantes qui ont besoin d’une lu- mière intense pendant l’hiver, lesquelles, du reste, ne sont jamais nombreuses : 20 centi- mètres de pente par mètre sont largement suf- fisants. Les serres à pente rapide sont toujours plus sèches et plus arides, par conséquent moins favorables aux cultures. No 5419 (Italie). — Tous les sels d’arsenic peuvent être employés pour la destruction des rats. Celui dont on fait le plus fréquent usage est l’arsenic du commerce. Le succès dépend de la préparation et de la quantité d’arsenic, qui doit être assez forte, mais assez bien dissi- mulée toutefois pour que les rats en mangent. Un autre moyen de destruction, très-efficace, est d’introduire dans les trous du sulfure de carbone. U Administrateur- Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 193 CimONKliriî HORTICOLE Union commorciale des liorticulteurs et naarchands-grainiers de France. — École algérienne d’agri- culture. — Un procès horticole. — Semis et germination, à Paris, de graines A' Anrjrœcum Leonis. — Poirée-Betterave. — Nouveau mode d'ornementation à l’aide de plantes bulbeuses. — ba culture du Pêcher aux Etats-Unis. — Le nouveau parc national australien. — Les bouquets sous l’eau. — Moyen de préserver les semis contre les limaces. — La loile chez les maraîchers. — La taxe sur les récoltes des plantes exotiques. — Le jardin d’acclimatation de Tananarive. — Le Concours international de Conegliano. — Les grenouilles dans l’île de Cuba. — Les Nopals et la Cochenille au Guatémala. — UEucalypliis amyydalhm vera. — Les Vignes de la Chine. — Le Phylloxéra au Cap de Bonne-Espérance. — Le centenaire de Parmentier. Décoration à l’horti(;ulture. — Le D"’ Ed. de Regel. — Les forêts de la Kroumirie. — L’instruction agricole des femmes. — Nécrologie : MM. Audusson-IIiron, Bouchardat et Petot Union commerciale des horticulteurs et marchands grainiers de France. — Cette association, dont ia Revue horticole a plusieurs fois parlé, est définitivement constituée. De ses statuts, ipi’elle vient de publier, nous extrayons les premiers ar- ticles, concernant la consiitution, le but et la composition de la Société. Article premier. — Entre les soussignés et ceux qui adhéreront aux présents statuts, il est formé, sous les auspices de Société nationale d' Horticulture de France., une association qui prendra le nom d’Union commerciale des Horticulteurs et Marchands Grai- niers de France ; elle sera régie par la loi du 21 mars 1874, et par les dispositions ci- après : Art. 2. — Le siège de l’association est à Paris; sa durée est illimitée. Art. 3. — FUnion commerciale des Horti- culteurs et Marchands grainiers de F'rance a pour but de défendre, de protéger et dévelop- })er les intérêts généraux et spéciaux de l’horti- culture française. Elle se propose spécialement : 1^* D’examiner toutes les mesures écono- miques et toutes les réformes législatives que peut exiger l’intérêt de l’horticuîture, et d’en réclamer la réalisation auprès des autorités et pouvoirs compétents; 2» De créer, sur des bases à déterminer, un office de renseignements, afin d’éviter, autant qu’il est possible, les pertes que subissent an- nuellement les horticulteurs. Art. 4. — Tous les horticulteurs, pépinié- ristes et marchands grainiers de France, peu- vent faire partie de V Union commerciale. Pour être admis dans la Société, il faut en faire la demande au Président ou bien être présenté par deux membres sociétaires. La commission administrative statuera sur l’ad- mission à la majorité des membres présents. École algérienne d’agriculture. — La ville de Paris a décidé de créer en Al- gérie une école d’agriculture réservée aux enfants du département de la Seine dont les études spéciales, faites sur place, les 1er Mai 1886. rendraient plus tard aptes à faire progresser les exploitations culturales de notre co- lonie. La viticulture y tiendrait naturellement la place la plus importante. Ses études terminées, chaque élève rece- vrait, après avoir satisfait à la loi militaire, une concession de terrain qui lui appartien- drait en toute propriété, et, en lui facilitant la mise en culture habilement dirigée de cette concession, on créerait ainsi des sortes d’exploitations modèles pour les cultivateurs voisins. Un procès horticole. — Nous avons reçu de M. F. Lebatteux, horticulteur au Mans, communication des pièces d’un procès curieux qui intéresse le commerce horticole et même les intérêts des amateurs d’horti- culture. M. Lebatteux est un habile cultivateur d’Orchidées. Il est connu surtout par , les forts exemplaires de Saccolahium et Aerides qu’il possède, énormes buissons qui se couvrent chaque année d’innom - brahles grappes et qui ont tenté bien des amateurs. Or, la ville du Mans a laissé hrûler, sur un terrain lui appartenant, des substances délétères dont la fumée contenait des va- peurs corrosives : ces vapeurs ont pénétré dans les serres de M. Lebatteux et ont causé la mort ou la détérioration de ses plantes. Des experts furent commis par le tribunal, pour statuer : M Sur la réclamation de M. Lebatteux, réclamant 32,678 fr. pour le dommage à lui causé ; 2® Sur la proposition de la Ville du Mans, qui offrait 3,333 fr. 33. Après divers considérants, le Tribunal a conclu ainsi : Par ces motifs : Condamne la Ville du Mans, à raison de la responsabilité qui lui incombe, à payer à Le- 9 194 CHRONIQUE HORTICOLE. hattoux, à titre de dommages-intérêts pour le préjudice ([u’il a épr'ouvé par la })erte et les détériorations des Oi'cliidées enfumées dans sa serre, et des piaules et ai'bi'es de son jardin, la somme de 7,000 fr. avec intéi’éts à partir du jour de droit. Déclai'o, })ar suite, insuffisantes les offres faites au nom de la Ville du Mans. Condamne la Ville du Mans aux déi)ens. L’affaire est rcvomio tout récemment, et cette ibis devant la (^our d’a})pel d’Angei'S, qui a conürmé le jugement de première instance en élevant toutefois à 10,400 fr. le cliinVe des dommages-intérêts (|ue la Ablle du Mans devra }>ayer à M. Lel)atteux. Semis et germination, à Paris, de graines d’Angræcum Leonis. — Ge fait, dont on n’a certainement ])as d’exemple en Kurope, s’est produit au Muséum d’histoire naturelle. Voici comment : Lorsque M. llumhlot rapporta cette es- pèce des Comores où il l’avait découverte, il en donna quelques ])ieds à M. Loury, chef des serres du Muséum. Sur l’iin se trouvait un fruit à peu près mur, dont les graines furent semées avec soin sur le sphagnum de l’un des pots. Do ces graines sont sorties deux petites plantules, ce qui permettra de suivre le développement de cette espèce, sur laquelle le dernier mot n’est pas dit, car, après avoir peut-être e.xagéré son mérite, on nous paraît au- jourd’hui heaucoup trop disposé à exagé- rer dans un sens contraire. Si ses fleurs sont plus petites que celles de V AngræcAim sesquipedale, en revanche leur hlancheur et surtout leur excessive ahondance en fe- ront une espèce de haut ornement, d’autant plus précieuse qu’elle fleurira plusieurs fois dans l’année. Ce sera prohahlement la plus helle du genre. Poirée-Betterave. — C’est le nom par lequel nous désignons un nouveau type qui s’est développé spontanément et qui, une fois de plus, en apportant un document nouveau, peut éclairer sur l’origine des Bet- teraves, à propos de laquelle on a souvent discuté. Depuis longtemps nous remar- quions, chaque année, dans des semis de Poirées-Cardes, la disposition que présen- taient certains pieds à donner des racines charnues et plus ou moins renflées, mais peu volumineuses, l)ranchues et portant un ahondanl chevelu ; l’année dernière (1885), dans un semis, il s’est trouvé un pied qui a donné nne racine longue et grosse, entière- menl dépourvue de ramifications et même presfjue de chevelu, en un mot, une vé- j’itahle Letlerave, mais avec des jiétioles (rès-lai'ges et plats raj^jielant exaclement ceux des Cardes. Cette racine, (jiii mesurait 55 centimèires de longueur sin- L1 centi- mèlj-es de diamètre, avait la peau rouge et la chair alleiaialivement zonée de rouge et de hianc. D’après ce fait, des Poirées- Cardes on passerait aux Betteraves. Nouveau mode d’ornementation à Laide de plantes bulbeuses. — Jusqu’ici l’on faisait, non sans raison, un rejiroche aux })Iantes hulheuses (Tulipes, Jacin- thes, elc.) d’occuper le sol pendant trop longtemps eu égard à la durée de leur flo- raison. Ce reproche, assurément fondé, n’existe plus, giùce au nouveau mode de culture adopté au Fleuriste de la ville de Paris. Ce ])rocédé, que l’on doit à M. Lafor- cade, Jardinier en clief de la ville de Paris, consiste à planter les ognons en pots et à enterrer ceux-ci là où l’on désire les avoir, de manière que, aussitôt déllenries, on peut enlever les plantes, que l’on rem- [)lace par d’autres en rapport avec la sai- son, les condilions où l’on se trouve et le hut que l’on recherche; ainsi le terrain est toujours garni. Étant donné le grand intérêt que présente cette innovation, nous lui consacrerons prochainement un article spécial. La culture du Pêcher aux États- Unis. — J..es conserves américaines de fruits entrent de plus en plus dans la consommation européenne. Les hoîtes de Pêches, Prunes, Abricots, Ananas, etc., encombrent les boutiques d’épiciers et viennent, en toutes saisons, à des prix très- bas, s’ajouter à nos desserts. On s’étonne bien souvent que les frais de préparation, de mise en boîte et de trans- port, n’élèvent pas davantage le prix de ces conserves, mais ce fait provient de ce que, aux pays de production, la matière pre- mière, c’est-à-dire le fruit lui-même, n’a qu’une valeur infime, à laquelle peuvent s’ajouter facilement les frais dont nous ve- nons de parler. Ce 1)011 marché des fruits en Amérique est dù à l’importance surprenante des plan- tations d’arbres fruitiers que le défriche- ment de surfaces immenses a permis d’y établir. Le Gardeners’ ChronicJe cite une culture de Pêchers qui, dans l’État de Géorgie CHRONIQUE HORTICOLE. 195 (États-Unis), occupe une surface de 840 hectares. Les Pêchers, an nomlire de 150,000, y sont cultivés sous forme de buissons ou go- lielets, rendant la récolte plus facile. Cette culture appartient, paraît-il, à M. Parnell, le frère du chef du parti irlandais en Angleterre. Le nouveau parc national austra- lien. — A l’exemple des États-Unis qui, en déclarant propriété nationale la magni- fique vallée de Yosetmite, ainsi que le Yellowstone Park , les ont soumis à une réglementation qui a principalement pour but d’empêcher les particuliers de créer toute construction ou industrie désa- gréable à la vue ou à l’hygiène, et d’aug- menter encore, par des plantations, des t ra- cés de voies de communication, etc., les beautés naturelles de toute une contrée, le gouvernement de la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) vient de créer, dans le district de Illawara, qui touche à l’Océan Pacifique, une réserve de neuf cents hectares, qui constituera un parc national. Les sites pittoresques et la belle végéta- tion de cette région sont des éléments de premier ordre à l’aide desquels, en un cer- tain nombre d’années, avec des mesures générales prises dès le principe, il sera facile de créer un parc vraiment grandiose. Les bouquets sous l’eau. — M. Bur- venich père publia dans la Revue de Vhor- ticidture belge, un procédé qui permet de conserver très-longtemps un bouquet dans toute sa fraîcheur. Voici de quelle manière on doit procéder : On remplit d’eau un récipient quelconque assez grand pour pouvoir y submerger une assiette ou plat, avec le bouquet à conserver et une cloche en verre proportionnée audit bouquet. Celui-ci ne doit contenir ni mousse, ni remplissage ; l’eau doit être d’une com- plète limpidité. On place l’assiette au fond de l’eau, et, au-dessus de cette assiette, en le submer- geant, on pose le bouquet qui est maintenu verticalement par un corps lourd quelconque que l’on a préalablement attaché à sa base Ceci fait, on recouvre ce bouquet à l’aide de la cloche, dont les bords doivent exac- tement reposer sur la partie plate de l’assiette et qui doit être entièrement remplie d’eau, sans contenir la moindre bulle d’air. On enlève alors ensemble assiette, bou- quet et cloche remplie d’eau et l’on pose le tout sur une table, en essuyant avec soin toutes les parties extérieures, mais en lais- sant sur l’assiette, autour de la cloche, une petite provision d’eau qui empêche l’air de pénétrer. Les fleurs ainsi disposées se conservent dans toute leur fraîcheur pendant plusieurs semaines, et leur beauté est encore aug- mentée par un grand nombre de petites bulles de gaz produites par la respiration des feuilles, et qui viennent se fixer comme des perles sur les pétales. Le bord de l’assiette et l’eau qu’elle con- tient doivent disparaître sous une légère couche de mousse dans laquelle on pique d’autres fleurs. Le soir, à la lumière, un bouquet ainsi disposé produit un effet charmant. Moyen de préserver les semis contre les limaces. — Voici, à ce sujet, ce que nous écrit de Nantes notre collègue M. Bois- selot : Au moment d’effectuer les différents semis printaniers, j’ai cru utile de rappeler un procédé bien simple et peu dispendieux de les préserver des limaces, ordinairement si nombreuses au printemps. Voici en quoi consiste ce procédé : Entourer le massif ou la plate-bande où sont les plants à proté- ger par des planchettes sur lesquelles on étale du sulfate de cuivre pulvérisé. Au lieu de planchettes, de vieilles cordes, un peu fortes, imprégnées de cette même substance, sont tout aussi efficaces. La toile chez les maraîchers. — Cette terrible maladie, la toile, qui depuis long- temps fait de si cruels ravages en horticul- ture, s’était juscj[u’ici, à peu d’exceptions près, limitée aux plantes de serre. Il n’en est plus ainsi, malheureusement, et aujour- d’hui elle exerce ses pernicieux effets dans beaucoup de cultures maraîchères et fait périr les plants de Poireaux, Salades, etc., ainsi qu’elle le fait sur les boutures dans les serres à multiplication, principalement sur les (( plantes molles ». C’est un fléau dont tes conséquences peuvent devenir très- funestes et auquel, par conséc|uent, chacun doit chercher un remède. La taxe sur ïa récolte des plantes exotiques, — Nous trouvons dans l’Or- chidophile une nouvelle qui, si elle était confirmée, pourrait constituer un précédent fâcheux. Voici ce dont il s’agit: un collée- lOG CHRONIQUE HORTICOLE. feiu* (le })lnntes s’épiant, maladroiteriient et à taux, vaiil(3 d’avoir exporté de l’ile Sainte- (Jatlierine,au Ilrésü, pour jilus de l()(),()()Orr. de plantes , le Conseil de la cornmnne a frappé d’un droit de 5()(),000 reis (1,300 fr.) la sortie de tout individu emportant des plantes. Cette taxe nous paraît peu justifiée, car les collecteurs, dans leur besogne pénible et souvent périlleuse, ne causent aucun préju- dice aux contrées ({u’ils parcourenl ; les plantes ({u’ils découvrenl, qu’ils exportent, ü’ont sur place aucune valeur , et, au con- traire, ils font souvent avec les indigènes des contrats pour la récolte et l’expédition de ces plantes qui sont, pour ces derniers, une source de produits. On a luen parlé de forêts incendiées par des collecteurs qui, ayant récolté d’une plante nouvelle tous les exemplaires qu’ils pouvaient emiTOrter, détruisaient ainsi les autres afin qu’un concurrent ne puisse à son tour les découvrir et contrarier une spéculation fructueuse ; on a cité éga- lement des abatages d’arbres gigantesques pour faciliter la cueillette possible d’une plante épipbyte croissant à leur sommet; mais ce sont là des récits non fondés ou considérablement exagérés. Le droit de sortie sur les collecteurs de plantes serait à notre avis une mesure mala- droite, qui paralyserait la rechercbe des plantes nouvelles, et, pour un avantage purement illusoire, supprimerait l’établis- sement de relations qui ne peuvent être que très-profitables aux contrées parcourues par ces voyageurs. Le Jardin d’acclimatation de Tana- narive. — Les tendances gouvernemen- tales se dirigent de plus en plus vers la colonisation, et la cause de ce mouvement est bien aisée à saisir : notre production s’accroît de jour en jour, et, par contre, la concurrence étrangère, favorisée par des prix de main-d’œuvre excessivement bas, nous ravit chaque jour de nouveaux dé- bouchés. Il faut à toute force nous en créer d’autres, et nous n’arriverons à de sérieux résultats que si, à l’exemple d’autres na- tions dont les facultés colonisatrices sont plus développées que les nôtres, l’initiative privée vient, chez nous, seconder les efforts du gouvernement. Les essais d’acclimatation et d’introduc- tion réciproque de végétaux doivent surtout nous préoccuper, et c’est en les engageant énergiquement à entrer dans la voie des échanges (pie nous signalons aux lecteurs de la iievue horlicole le Jardin d’acclima- tation, (b'^jà })ien installé, que les mission- naires français ont créé à Ambobipo, près Tananarive (Madagascar). Ce jardin doit servir de lieu d’étude pour tous les végé- taux des pays analogues sous le rapport du climat, dont il faut essayer l’introduction à Madagascar; il servira en outre de pépi- nièi'e jiourtoiis les repinsentants de la flore malgache, qui seront de là réexpédiés en France et ailleurs. Le Concours international de Cone- gliano. — Ce Concours, que nous avons annoncé en temps utile, et (pii était consa- cré aux appareils pour la destruction des cryptogames et des insectes, a réuni 197 ex- posants de toutes nationalités. Les lauréats des médailles d’or sont : MM. Balestr'azzi, d’Imola (Italie), pour une pompe portative qui peut être montée sur un chariot; Noël, de Paris, pour une col- lection de pompes à système pulvérisateur, et Zabeo, de Padoue, pour une petite pompe à giberne d’une grande simplicité. Les grenouilles dans Pile de Cuba. — Notre collaborateur, M. Lacbaume, nous envoie de la Havane quelques intéressants détails au sujet de la grenouille Ch ante- reine, qui rend là-lias aux jardiniers les mêmes services que les lézards dont la Revue horticole a déjà parlé. L’île de Cuba renferme, nous dit M. La- cbaume, plusieurs variétés de cette espèce. Il y en a d’un vert clair, d’un blanc d’argent ; d’autres sont striées de vert et blanc métal- liques, etc. Ces batraciens ont, à l’extré- mité des doigts, des callosités spongieuses qui leur permettent de grimper sur des vi- trages perpendiculaires au sol. Pendant le jour, ces grenouilles se tien- nent blotties entre les pseudo-bulbes ou les paniers des Orchidées, entre la tige et les pétioles des Musa, dans la Mousse, et la nuit elles sortent de leurs retraites pour faire une guerre sans relâche à tous les in- sectes nuisibles. Elles ne causent, elles- mêmes, aucun dommage aux plantes au mi- lieu desquelles elles vivent. Les Américains du Nord qui viennent passer l’hiver dans l’île de Cuba ont cou- tume d’emporter de ces grenouilles, qui se sont très-bien acclimatées dans leurs serres chaudes, où même elles se multiplient en déposant leurs œufs dans les bassins ou ré- servoirs d’eau. CHRONIQUE HORTICOLE. 197 Les Nopals et la Cochenille au Gua- témala. — Peu de personnes se doutent de l’importance que peuvent acquérir, dans l’Amérique centrale, les exploitations de Nopals {Opuntia coccinellifera), qui ser- vent uniquement à l’élevage des Goclie- nilles. Certaines plantations acquiérent jusqu’à 4G0 hectares de superficie. Au moment de la saison pluvieuse, de larges raquettes de Nopals, couvertes de Cochenilles, sont coupées et rangées sous des hangars, où, pendant la période des pluies, environ quatre ou cinq mois, les insectes restent à l’abri. A la tin du mauvais temps, vers le 15 oc- tobre, les plantations sont repeuplées de Cochenilles de la manière suivante : On suspend aux épines des Cactus des sortes de nids composés de libres de bois, dans lesquels on met une douzaine d’insectes femelles. Le soleil tropical fait bientôt sortir ces Cochenilles de leur torpeur, et elles pondent aussitôt avec une telle profusion que chaque femelle produit environ 1,000 œufs. Les jeunes insectes se répandent très- rapidement sur les Cactus, s’en nourris- sent, grossissent vite et sont bientôt re- cueillis pour servir à l’industrie. Ces renseignements intéressants ont été publiés dans un récent Bulletin de la So- ciété d' Acclimatation. L’Eucalyptus amygdalina vera. — La prodigieuse rapidité de développement des Eîiccdyptus, sur le littoral de la Médi- terranée et dans la région des lacs italiens, est toujours, même pour les cultivateurs accoutumés aux effets de la végétation dans l’extrême Sud-Est de la France, un sujet d’étonnement. Dans un terrain absolument nu, on plante, parmi ces nombreux végé- taux qui permettent de créer dans ces ré- gions des scènes tropicales, de jeunes Euca- lyptus plus ou moins étiolés, de la grosseur d’un porte-plume, et dont la tige est si grêle qu’elle doit être soutenue par un tuteur. Trois ans après, ces souffreteux sont devenus des arbres vigoureux, hauts de 8 à 10 mètres, et mesurant jusqu’à 45 centimètres de cir- conférence à la base ! Certaines variétés A Eucalyptus, surtout, possèdent cette extrême vigueur. En pre- mière ligne vient VE. amygdalina vera, dont la diffusion est due à M. le prince Troubezkoy. M. Cb. Joly, dans une notice qu’il vient de consacrer aux Eucedyptus, cite un spécimen AE. amygdedina vera, semé en 1870 par M. le prince Troubeztkoy, dans sa propriété d’intra (Lac-Majeur), et qui mesure aujourd’hui ‘25 mètres de hau- teur et ‘2‘“ 10 de circonférence à 1 mètre du sol. Cette espèce, (|ui peut supporter jusqu’à 10 degrés de froid, produit un bois relati- vement serré, et la grande proportion d’huile essentielle qu’elle élabore la rend précieuse pour l’assainissement des régions marécageuses. Les Vignes de la Chine. — Ces Vignes, dont on a souvent parlé dans ce journal sous les qualificatifs Davidii et Romaneli, sont toutes remarquables par leur végéta- tion ainsi que par la forme et même la na- ture de leurs feuilles. Sous ces rapports elles constituent deux groupes tout parti- culiers. Outre leurs caractères généraux, sur lesquels nous reviendrons dans un article spécial, l’une d’elles, le Spinovilis Davidii, en présente d’autres non moins remar- quables au point de vue morphologique : par exemple, dans un même semis, outre la villosité subspinescente de certains sujets et la glabréité complète de certains autres, 11 s’en trouve dont les feuilles, au lieu d’être entières ou plus ou moins lobées, sont com- plètement divisées et pour ainsi dire com- posées, et sont tout à fait l’anaiogue de notre Vigne vierge commune, le Cissus quinque folia. Ces Vignes seront-elles fertiles? Produi- ront-elles de bons Raisins? Sous ces rapports on ne peut rien préciser ; mais ce que nous pouvons affirmer, c’est que leur vigueur ex- trême, jointe à la beauté et à l’abondance de leur feuillage, en feront des plantes très- propres à couvrir les tonnelles, cacher des murs, etc. Le Phylloxéra au Cap de Bonne- Espérance. — Malgré toutes les mesures qu’on a prises, le terrible insecte vient de pénétrer, paraît-il, dans cette partie de l’Afrique. Ce fait démontre une fois de plus l’inutilité des mesures restrictives adop- tées et qu’il serait temps d’abandonner, en rendant à l’horticulture la liberté à laquelle elle a droit. Le Centenaire de Parmentier. ~ Les lecteurs de la Revue horticole savent que des fêtes viennent d’avoir lieu à Montdidier, pour célébrer le centenaire de Parmentier, à qui nous devons la vulgarisation de la Pomme de terre. Nous rendrons compte de l’exposition 198 CHRONIQUE HORTICOLE. s[)éciale organisée à celle occasion. Celle exj)osilion étail exclnsiveinenl consacrée à Ja Pomme de terre, à ses dérivés, et anx engins qui servent à leur fabrication. Décoration à l’horticulture. — M. Co- chet (Scipion) vient d’éti'e décoré de Vordre du Christ de Porlwjal. C’est une distinc- tion bien méritée, accordée à réminent ro- siériste de Suisnes (Seine-et-Marne). Le D" Ed. de Regel. — I .e bruit a couru, dans la presse horticole, ([ue le D*‘ de Regel s’était démis de ses fonctions de directeur du jardin botanique de Saint-Pétersliourg. Il n’en est rien, et c’est seidement comme directeur du Gartenflora que le savant bo- taniste vient de céder sa place à M. Engler. Les forêts de la Kroumirie. — La Tunisie renferme, on le sait, de vastes fo- rêts qui, soumises à une réglementation éclairée et sévère, deviendront, pour ce pays, une source de produits très-impor- tants. M. Lemarchand, de Tunis, adressait récemment au Club alpin français une communication relative aux forêts des Ouchtétas et de Mrassen, voisines de Gbar- dimaoii ; nous en extrayons quelques utiles indications. L’exploitation de ces forêts emploie, pa- raît-il, 2,000 ouvriers ; elles sont principa- lement formées des essences ci -après dési- gnées : le Chêne Zen (Quercus Mirbeckii), dont le bois sert à faire les traverses de chemin de fer; l’Orme, l’Olivier sauvage, le Pistachier, le Frêne, assez rare, la Vigne sauvage, dont le tronc mesure parfois jus- qu’à 25 centimètres de diamètre, et enlin, l’arbre le plus commun et le plus riche, le Chêne-Liège. Le Chêne-Liège (Quercus tsuber), exces- sivement nombreux en ces forêts, est sou- mis à une exploitation régulière, depuis l’occupation française. En 1884 et 1885, deux entrepreneurs de Ghardimaou ont à eux seuls déniasclé 1,100,000 Chênes qui, dans sept années, rapporteront chacun, pa- raît-il, 1 fr. 80. Les arbres qui ne sont pas susceptibles de recevoir l’opération du démasclage sont abattus ; on en fait du charbon et du tan. En 1885, il a été extrait, des deux forêts de Mrassen et des Ouchtétas, 50,000 quintaux environ de tan. L’instruction agricole des femmes. — La Société d’agriculture de la Loire vient d’émettre le vœu que le gouvernement s’oc- cupe de l’insti’uction technique agricole des femmes, et que, dans ce but, des écoles d’a- griculture spéciales soient créées. Il est évident que ces écoles rendraient des services, étant donné le rôle important que jouent les femmes dans toute exploi- tation rurale. Leur insli'uction devrait sur- tout être dirigée vers la culture potagère, l’arboriculture, l’horticulture, le soin des bestiaux et l’élevage de la volaille. Il y a plus de trente ans, une femme du plus haut mérite, Millet-Robinet, fai- sait remarcpier, dans la préface de son livre aujourd’hui classique ; la Maison rustique des Dames, combien cette question était importante : J’appelle sur ce grave sujet de l’éducation agricole des femmes, disait-elle, l’attention du gouvernement et des amis du pays. Que l’on se persuade bien que les femmes sont en gé- néral complètement étrangères à toute éduca- tion agricole, et que si quelques-unes ont assez de sens pour comprendre combien la vie des champs est douce et lucrative, la plupart la considèrent comme un malheur. Mme Millet-Robinet, en écrivant la Mai- son rustique des Dames, a apporté la pre- mière i)ierre au grand édilice de l’éduca- tion agricole des femmes : on ne saurait suivre un meilleur plan que celui qu’elle a tracé. Nécrologie. — M. Audusson-Hiron. — Get horticulteur distingué vient de mourir à Angers, à l’àge (te 57 ans. La maison qu’il dirigeait avait été fondée en 1828 par son père, praticien très instruit, qui est mort dans un âge avancé, il y a un mois à peine, et auquel il avait succédé en 1862. La nou- velle de la mort de M. Audusson-Hiron sera accueillie avec une grande tristesse, par tous les horticulteurs de France, parmi lesquels il ne comptait que des amis. — M. Bouchardat, professeur à la Fa- culté de Médecine, vient de mourir. Membre de la Société nationale d’agriculture de France, depuis 1848, il faisait partie de la section des cultures spéciales. Il s’est sur- tout occupé de la Vigne, et a produit, à son sujet, des travaux de haut intérêt. — M. Petot. — Nous apprenons égale- ment la mort d’un amateur d’horticulture distingué, M. Petot, de Reaune. Il avait réuni dans ses cultures des collections re- marquables, et c’est surtout aux Rromé- liacées et aux Orchidées qu’il avait consacré ses soins. E.-A. Garrière et Ed. André. PRÉPARATION DES GARNITURES d’iIIVER POUR CORBEILLES ET PLATES-BANDES. 199 PRKPAPiATION DES GAIINHURES D’RIVER POUR CORBEILLES ET PLATES-BANDES Il y a ({uelqucs années, on n’apportait pas, dans l’entretien des jardins, le soin, on pourrait même dire le luxe, que Ton y met aujourd’hui. Aux approches de l’hiver, notamment, on faisait une sorte de toilette qui consistait le plus souvent à labourer les corbeilles et plates-bandes, après en avoir arraché la garniture estivale, et, quand on ne se bornait pas à les laisser nues, en attendant la belle saison, on se contentait d’y planter quelques Chrysanthèmes, Giro- flées, Pensées, Myosotis, Silènes ou Pâque- rettes. Maintenant, il n’en est plus ainsi, fort heureusement. Une décoration très-variée en arbustes rustiques à feuilles persistantes, en Conifères, que leur nature propre et des pincements maintiennent dans les dimen- sions voulues, peut apporter pendant Thiver aux jardins, à l’aide de feuillages multico- lores, un attrait nouveau. Nous avons déjà donné et nous nous proposons de publier encore, des exemples détaillés de ces garnitures d’hiver. Mais, comme les plantes employées à cet usage doivent toujours être très-nombreuses, et que les jardiniers prévoyants devront pré- parer à l’avance à l’aide du bouturage ou par tout autre moyen les sujets dont ils auront besoin à l’automne, nous extrayons du Gardeners' Chronicle une liste descrip- tive des essences les plus employées en An- gleterre, où ce genre de décoration com- mence à atteindre un haut degré de per- fection. Sur le tableau ci-dessous, les essences marquées G sont employées pour la garni- ture générale, celles marquées S sont ré- servées pour le centre des corbeilles ou la partie la plus élevée des plates-bandes ; quant à celles marquées P, on les réserve pour garnir, en pyramides, les angles des parterres. Noms des plantes. Abtes : C. Picea aurea, C. Engelmanni, C. Menziesii. Aucuba : C. j aponie a ver a fe- mina. Biota : P. orientalis argentea, Couleur du feuillage. jaune d’or. grisâtre. grisâtre. vert et rouge (couvert de fruits.) Noms des plantes. C. aurea, P. variegala, P. eleganlissima, P. elegantissima j)icla, G. filiformis, G. perfecta, G. semper-aurea. Berberis : G. pggmœa. Buxus : G. sempervirens , var. nana variegala. Gedrus : P. Deodara albo-spica. Gupressus Lawsonin- na (variétés) : P. alba peyidula, P. albo-spica P. argentea, P. aureo-variegala, P;, erecLa viridis, G. lutea, G. nana glauca, P. ochroleuca. Gupressus : P. macrocarpa Crip- psii, P. sempervirens varie- gata. Elæagnus : P. pungens variegala. Evonymus japonicus (variétés) : C. P. aurea maculata^ P. Duc d'Anjou, G. P. S. lalifolia ar- gentea, G. P. S. lalifolia elc- gans, G. P. S. lalifolia au- rea elegantissima, G. microphylla ou pul- chella, G. S. radicans varie- gata, G. rotundifolia argen- tea. Gynérium : P. argenteum compac- tiim elegans. Hedera (variétés) : S. Hélix arborea ar- gentea, S. arborea aurea, S. — arborea elegan- tissima, S. — arborea Bœgne- riana, S. — o.rborea chryso- carpa. Couteur du feuillage, bronze doré, tacheté jaune d’or. Jaune l>ronzé. jaune d’or, tacheté d’ar- gent, vert gai. vert en hiver , jaune souffre au printemps, bronze doré. vert foncé. vert et blanc, argenté. gris et blanc, gris et blanc, gris argenté, grandes taches jaune d’or, vert gai. jaunâtre, gris. blanc jaunâtre. vert tacheté blanc, vert tacheté jaune d’or, bordure dorée. milieu du feuillage jaune doré. panachure vert foncé et vert pâle. jaune d’or et argent, blanc argenté vif. large bordure dorée, vert foncé. large bordure argentée, bordure argentée. rayures argentées. large bordure argent, moucheté jaune d’or. bordé de blanc argenté. vei t foncé. verdâtre, baies jaunes. tacheté d’argent. 200 POIRE P.EUriUÊ DE NAGIIIN. Noms des plantes. JuNiPERUS (espèces et variétés) : P. chinensis aurca, P. dnipacea, G. P. japonica aurea, P, japonica argentea variegata, G. P. japonica aureo- varieçjala, P. neoboriensis^ P." virginiana argen- Lea, P. — coluninaris , P. — elegans (Lee). Ligustrum (espèces et variétés) : G. coriaceum^ G. S. japonicum, G. S. lucidum aureo- variegalum , G. S. ovalifolium au- reo-variegatum, G. S. sinense Iricolo- ruyn, OSMANTHUS : G. S. ilicifolius argen- teus, G. S. aureus. Prumnoptis : P. elegans. Betinospora (espèces et variétés) : G. cupressoides, G. ericoides, G. fin fer a, G. juniperoides, G. oh t usa nana aurea, G. pisifera lutea, G. plumosa, G. — albo-spica, Couleur du feuillage. jaune paille, vert gai. tout doré. mouchetures blanc ar- genté. rayures jaune d’or, vert gris<àtre. taches blanches, vert foncé, vert foncé. vert foncé, vert foncé. large bordure dorée. large bordure dorée. vert, mélangé d’argent et de rose. bord argenté, bord jaune terne. vert pâle. brun pâle, brun pâle, vert. glauque pourpre, tout jaune d’or, jaune. vert blanchâtre, vert blanchâtre , avec pointes blanches. Noms des plantes. G. — liUea, G. squarrosa. Séquoia : P. sempervirens albo- spica. Taxus (espèces et va- riétés) : G. P. baccala aurea, G. P. eleganlissima, G. P. fastigiala aurea, P. — variegata, P. gracilis pendilla, P. qujramidalis varie- gala, P. Washingtoniana. Thuya : G. occidentalis albo- spica, G. plicata lutea, G. P. Vervaeneana. Couleur du feuillage, jaune, grisâtre. pointes argentées. rayures jaune, blanc d’argent, tout doré, panaché de jaune, vert foncé très-élégant. rayé de jaune, bronzé. pointes blanches, entièrement jaune doré, jaune bronzé. Un certain nomln^e de variétés de plantes vivaces à feuilles panachées, telles que San- iolina incana, Festnea glauca, Pyre- thriim Parthenium aureum, Arahis pa- nachés, Ajuga repians, etc., etc., s’ajoutent à cette liste; mais il est toujours très-facile de se les procurer. Nous avons voulu surtout signaler, aux jardiniers et aux pépiniéristes, les plantes qu’ils peuvent multiplier en grandes quan- tités, car c’est surtout en les voyant par car- rés importants, que les amateurs peuvent se rendre compte de l’effet que produisent ces plantes, lorsque, par des groupements étudiés, on les fait concourir à un ensemble décoratif. Nous sommes j3ersuadé que d’ici peu, ce genre de décoration hivernale des corbeilles et plates - liandes prendra en France un grand développement. Ed. André. POIRE BEURRÉ DE NAGIIIN A la dernière séance de 1885, nous avons présenté à la Société nationale d’horticul- lure de France de beaux échantillons de la Poire Beurré de Naghin. Grand émoi au Comité d’arboriculture, qui avait examiné, quinze jours plus tôt, un soi-disant beurre de Naghin différant du nôtre. Nous dé- clarâmes aussitôt que dans les cultures fran- çaises il circulait un faux Beurré de Na- gliin et que, dans l’intérêt de la vérité, nous soumettions le vrai à l’appréciation des connaisseurs. 11 nous semble intéressant de faire con- naître aux lecteurs de la Bevue hortieole la description et la silhouette du véri taille Beurré de Naghin et du Colmar Daras, de la même origine et avec lequel on le confond trop souvent. Nous devons ces dé- tails à M. Charles Gilbert, d’Anvers, le pomologue érudit, le savant auteur des Fruits belges. Beurré de Naghin (vrai) (fig. 60). — Obtenu, vers 1840, par Norbert Daras de Naghin, des semis de Gabriel Everard, jardinier à Tournai ; couronné en 1853 par la Société d’horticulture de Tournai. Fruit presque gros, uni, lisse, luisant, non odorant, jaunissant sensiblement à la maturité, pointillé de fauve et légèrement marbré de même couleur autour du calyce. Pédoncule assez long, grêle, ligneux, renflé aux extré- mités. Calyce ouvert, peu profond à divisions courtes, irrégulières, dressées, verdâtres. Loges petites, pépins moyens, châtains ; lacune cen- trale nulle ou peu marquée. Chair blanche, Fig. 61. — Poire Colmar Bavas. 202 T5KGONIA MAIITIANA RÂCEMIFLORA. LES PLANTES ALIMENTAIRES AU JAPON. assez fine, fondante, juteuse, sucrée, très-va- 1 iuble en ce qui concerne la saveur. Maturité (le décembre à février. Arbi’e vigoureux et fertile se greffant bien sur üoignassier. Colmar Devras (faux Beurré de Naghin, syn. Beurré Delphine) {l\g. 01). — Obtenu, par Nor- bert de Naghin, à Tournai, vers 1855, dessemis de Gabriel Everard, jardinier à Tournai ; cou- ronné à Tournai en 18(38. Fruit moyen, lisse, terne, à peau jaune ver- dâtre à la maturité, abondamment marbrée de roux. Pédoncule brun-verdàtre, moyen, con- servant souvent la trace des tleurons tombés, ou de bractéoles, parfois charnu à la base. Galyce ouvert à divisions courtes et irrégu- lières; loges spacieuses ; pépins larges, aplatis, cbâtain-foncé, lacune centrale Ijien marquée. Chair fine, verdâtre, Ijeurrée, juteuse, sucrée, parfumée. Maturité novembre-décembre. Arbre fertile et d’une Imnne vigueur sur franc, délicat sui- Goignassier, donnant des fruits beaucoup })lus volumineux en espalier qu’en pyramide ou tige. On voit qu’il s’agit liien ici de deux va- riétés, l’une (la première) ayant l’avantage de la vigueur de l’arlire, de la grosseur du fruit et d’une maturité })lus prolongée. Maintenant pourquoi a-t-on donné au Colmar Daras le nom de Beurré de Na- ghin? Nous l’ignorons. Gliarles Paltet. ]W. M VRTIANA RACEMIFLORA La plante dont nous allons parler est is- sue du Bégonia Martiana graeilis^ dont la Revue horticole a donné une descrip- tion et une figure coloriée (1). Ces deux plantes ne sont certainement que des for- mes du B. diversifolia , dont, au reste , elles ont tous les caractères généraux : port, végétation, faciès et jusqu’à, la propriété commune de produire des quantités consi- dérables de bulbilles écailleuses, à l’aide desquelles on multiplie ces plantes. Elle a été obtenue par M. Lemoine, de Nancy. Bien qu’elle ait tous les caractères généraux de ses ancêtres, elle leur est cependant bien supérieure au point de vue de l’ornementa- tion. Voici en quoi : La plante est moins élevée, plus trapue, ce qui est dû à sa ramification, qui est plus considérable et qui part même de la base, de sorte que chaque pied constitue des Imissons plus compacts. Elle est aussi lieau- coup plus colorée dans toutes ses parties. Ainsi ses tiges ont l’écorce rouge sang, et ses fleurs sont également plus foncées que ne sont celles des Bégonia Martiana et B. Martiana gracilis ; aussi leur est-elle l)ien préférable pour l’oiaiement. Quant à la culture et à la multiplication, elles sont alisolument semblaliles à celles des B. Martiana et B. Martiana gra- cilis. Bien que la plante se multiplie de bul- billes aériens avec une rapidité et une faci- lité dont on trouve peu d’exemples, on doit néanmoins, si l’on veut obtenir des varié- tés, la multiplier à l’aide des graines que, du reste, cette plante donne en très-grande quantité. Gomme plante à effet ornemental, le B. Martiana racemiflora est de tout premier mérite. On peut en faire des massifs ou le planter isolément, suivant le besoin. Di- sons, toutefois, que dans ce dernier cas l’on devra employer de forts tubercules ou, ce qui vaudrait encore mieux, en mettre plusieurs ensemlile en les écartant un peu, de manière à produire beaucoup d’effet. ()ue pourrait donner cette espèce dont les tiges raides et fermes sont strictement dres- sées, si on la fécondait avec du pollen des Bégonias tubéreux à fleiirs très-pleines, mais qui, en général, se tiennent très-mal ou inversement, c’est-à-dire ceux-ci par ceux-là ? Nous croyons qu’il y a là une « mine b horticole à exploiter. Nous sou- mettons l’idée à nos fameux hybrideurs, particulièrement les Grousse, les Lemoine, les Malet. E.-A. Garriére. LES PLANTES ALIMENTAIRES AU JAPON La flore japonaise est aujourd’hui assez l)ien connue. Les travaux de Thunherg, de Siehold et Ziiccarini, de MM. Franchet et Savatier, etc., ainsi que les ouvrages spé- ciaux que les liotanistes japonais ont publiés (1) Voir Revue horticole, 1883, p. 372. sur leurs plantes indigènes, albums dans lesquels le sentiment artistique accompagne toujours l’exactitude scientifique, dans la figuration des types, nous ont initiés à cette nature toute spéciale, dont la caracté- risti({ue est l’originalité. LES FIXANTES ALIMENTAIRES AU JAPON. 203 pRi efTei, les végétaux japonais ont pres- que tous un port tout particulier (jui fait reconnaître leur origine au milieu d’autres plantes. Les Japonais, avec la passion des choses bizarres qu’ils possèdent au suprême degré, ont encore, on le sait, par une cul- ture raffinée, exagéré ces qualités particu- lières de leurs plantes, et ils ont obtenu des types tout à fait étranges, bien en rapport avec leurs goûts. En considérant la plupart des plantes que les Japonais emploient pour leur alimenta- tion, nous retrouvons la même recherche, la même originalité, on pourrait dire la même bizarrerie. Voici, par exemple, une liste de ces plantes, que vient de publier le Gardeners' Chronicle, d’après la communication d’un Européen habitant Yokohama. On y re- marque surtout le besoin de saveurs accen- tuées, dénotant les raffinements cherchés par un palais blasé. Sous le nom de Shinu-giku, les feuilles et fleurs du Chrysanthemum coronarium servent de légume, ainsi que les fleurs du Pyrethrum sinensc, que les Japonais font infuser dans le vinaigre. Les pétales des fleurs du Prunus-pseudo-Cerasus sont sa- lés et consommés ainsi ; on les emploie éga- lement pour donner du parfum à certaines boissons. Les racines du Dolichos hirsiitiis sont employées pour la préparation d’une farine recherchée, et l’on en obtient également par la dessication et le broyage des graines et cosses des D. incurvus, umheUatus^ hicon- tortus et ensiformis. Les racines et les pétioles du Pelasites japoniens sont em- ployées comme épices. Les feuilles du Phytolacca Kæmpferi et de trois autres espèces se consomment, les premières comme légumes, les autres comme aro- mates. Parmi les Conifères, le Gingko [ Salis - huria adiantifolia] et le Torreya nucifem fournissent leurs graines pour l’alimenta- tion ; les Gycadées, leurs feuilles, leurs graines et la moelle de leurs tiges et pé- tioles; plusieurs Arum et Alocasia, leurs racines. Les Lis japonais qui, pour la plupart, ont une si riche floraison, servent aussi d’ali- ments par leurs bulbes. Il en est de même pour les Allium Scliænoprasum, arena- rium, scnescens, odorum, Cepa, fistiUo- sum et ascaloniciim. Les frondes de certaines Fougères, no- tamment du Pleris aqiiHina, de V Osmiindct reyalis, des Lichens : Bæomyces diyitatus, [Jsnea florida, sont très-appréciées par leur saveur particulière. Des Algues alimentaires, V Enteromorpha intesiinalis eiVE. complanata, sont l’objet, de la part des Japonais, d’une sorte de cul- ture assez curieuse. Des petites brandies, sur lesquelles des fragments de ces Algues viennent bientôt s’attacher, sont piquées, aux bords de la mer, dans les eaux peu profondes, en septembre, octobre et no- vembre ; en deux ou trois mois, ces plantes ont pris un développement suffisant et on les récolte en recueillant toutes les branche- lettes ainsi disposées. Parmi les végétaux comestibles consom- més en Europe, nous remarquons le Soja hispida, dont les Japonais cultivent vingt- quatre variétés , le Fenouil (Fœnicidum mdgarejf le Coriandre {Coriandrum sati- vum), la Carotte, la Laitue, le Pissenlit, le Chardon, le Radis, les Pois, Haricots, cer- tains Choux : Brassica chinensis, orienta- lis, campestris, Rapa. De cette dernière espèce, les feuilles et les racines sont man- gées au Japon. Les fruits sont principalement les Oranges, Citrons, Kakis, Poires, Coings ; ceux des Priimis tomentosa, japonica, in- cisa, Ficus Carica, F. pumila; enfin ceux du Châtaignier, du Noyer (Juglans regia), des Juglans Sieholdiana et mandshurica. Dans l’énumération rapide que nous ve- nons de faire, il est aisé de se rendre compte, en dehors des végétaux actuelle- ment consommés en Europe, de la saveur que peut présenter chacun de ceux particu- liers aux Japonais, même avec les prépara- tions qu’ils leur font subir. De prime abord, nous ne nous sentons pas très-alléchés par ces nouveautés culi- naires. Nous aurions bien des chances de continuer à nous contenter de nos légumes et fruits, que chaque jour on améliore, si des chercheurs persévérants, comme M. Paillieux, ne consacraient heureusement leur zèle infatigable et leurs nombreuses connaissances à introduire les végétaux comestibles ou recueillis dans toutes les parties du monde et susceptibles d’être acclimatés avec profit en France ou dans nos colonies. Ed. André, 204 QUELQUES OSEILLES ORNEMENTALES. — GALGÉOLAIRE MADAME LEMAÎTRE. QUELQUES OSEILLES ORNEMENTALES Les Oseilles dont il s’agit appartiennent au groupe Lapatlium (Rnmex Patientia, IIij- drolapathu'in, paluatris, aquaticus, etc.). Quand elles sont bien cultivées et placées dans de lionnes conditions, elles simulent assez bien, à une certaine époque de leur développement, diverses Aroïdées exotiques. Mais un peu plus tard elles changent d’as- pect : une tige se développe, qui atteint jusqu’à *2 mètres, parfois plus, de bauteur, et qui, par ses ramifications et surtout par ses fruits, devient un ornement d’un genre tout particulier. A de petites tleiirs ver- dâtres succèdent en quantité considérable des fruits assez gros et anguleux, qui pas- sent successivement du vert roux au brun rouge plus ou moins foncé. Outre la grande tige, il se développe dans chaque axe des feuilles un très-long épi analogue à la tige principale, et qui , comme celle-ci , se couvre de fleurs et de fruits ; il en résulte une sorte de pyramide d’un aspect origi- nal. Voici, faite sur le vif, une description sommaire de l’Oseille-Épinard (R. Pa- tentiaj qui, du reste, est l’une des plus grandes du genre. Plante vivace, très-rustique, s’élevant à 2 mètres et plus de hauteur. Feuilles radi- cales longuement pédonculées, à limbe régu- lièrement acurniné , atteignant jusqu’à 60 centimètres de long sur 20 et même plus de largeur. Tige cannelée, à sillons nom- breux, rapprochés, d’un vert roux, feuillue. Piamilles axillaires simples, atteignant par- fois 1 mètre de longueur, également feuil- lées, terminées comme la tige par des inflo- rescences spiciformes dressées. Fleurs pe- tites, verdâtres, sur un pédoncule grêle, variant en longueur de G à 20 millimètres. Fruits triangulaires-ailés, pendants, pas- sant duvert roux à la couleur brune plus ou moins intense. Culture. — Bien que ces plantes soient rustiques, qu’elles viennent partout et à toutes les expositions, néanmoins une terre profonde, hu mide, consistante, leur convient particulièrement. C’est dans ces conditions et surtout si le terrain est fortement hu- meux, qu’elles atteignent de grandes di- mensions et sont réellement ornementales. Toutes, aussi, sont à moitié et même com- plètement aquatiques, si on les plante peu profondément, de manière qu’il n’y ait qu’en- viron 10 à 12 centimètres d’eau au-dessus du collet des plantes. Dans ces conditions on obtient des sujets d’une grande beauté et cer- tainement capables de rivaliser avec beau- coup de plantes exotiques ornementales. Usages. — Ils sont de deux sortes : l’or- nement, d’abord, ainsi qu’il vient d’être dit, puis l’économie domestique. Dans le pre- mier cas, outre l’usage que l’on peut en faire comme plantes décoratives pour les jardins, on peut en faire servir les inflores- cences à la confection des bouquets d’hiver; il suffit pour cela de les couper avant leur complète maturité et de les faire sécher à l’ombre. Au point de vue de l’économie do- mestique, les feuilles de presque toutes les espèces peuvent être employées comme plantes culinaires, soit comme Oseille, soit comme Épinard. Ajoutons que presque toutes sont d’excellents dépuratifs. Lebas. CALCÉOLAIRE MADAME LEMAÎTRE La variété, des plus remarquables, que re- présente la planche coloriée ci -contre, a été obtenue par M. Leuret, horticulteur, route d’Orléans, à Arcueil (Seine) ; c’est un hy- bride de deuxième génération , issu du Gal- céolaire Souvenir d’ Arcueil, comme porte- graines et, comme père, d’une variété de Calcéolaire hybride ou herbacée. Ce qui, dans ce cas, est doublement intéressant, c’est sa sublignosité qu’il tient de sa mère, la G. Souvenir d' Arcueil, qui, elle, prove- nait d’une fécondation d’une variété suf- frutescente, G. rugosa Triomphe de Versailles, par le pollen d’une variété her- bacée. Mais ce qui, au point de vue ornemen- tal ou horticole, constitue le principal mé- rite de cette plante, c’est la beauté, les di- mensions, la forme et surtout la couleur exceptionnelle de ses fleurs, qui sont d’un très-beau blanc, ce qui, aujourd’hui, est sans exemple dans le groupe auquel cette plante appartient. En voici une description sommaire : Plante suffrutescente, trapue, atteignant environ 30 centimètres de hauteur, se rami- fiant facilement. Feuilles à peu près sem- Rcinic //or/ ! roi (’ . J. Cr. (a/céo/(U7V /u^iride à Jirur.s' hiafir/ies. SERICOGRAPHIS MOIIINTLI. Ijlables à celles des Galcéolaires lierl)acées dites hybrides. Inflorescences très-fortes sui- des pédoncules raides qui s’élèvent et se tiennent très-bien au-dessus du feuillage recouvert par d’énormes boules de fleurs. Fleurs nombreuses, grosses, liien faites, d’un lieau lilanc crémeux, sans aucune tache ni pointillé. Ajoutons que la plante est relativement 205 rustique, et qu’elle remonte une grande partie de l’été. La Calcéolaire Madame LemaUre pré- sente encore cet avantage de pouvoir être multipliée par lioutures comme les Calcéo- laires ligneuses. Se reproduira -t-elle de graines et formera- t-elle une race ? Le fait n’aurait rien de surprenant. E.-A. Carrière. SERICOGRAPIIIS MOIIINTLI Cette espèce, originaire du Mexique, où on la rencontre dans diverses régions, prin- cipalement dans la vallée d’Orizaba, est à peu près inconnue dans les cultures, et il est même très-rare de la rencontrer dans les jardins botaniques. Comme, d’autre part, outre ses qualités ornementales, elle présente des propriétés industrielles et mé- dicales particulières, j’ai cru devoir appeler sur elle l’attention des horticulteurs. Je dois les pieds que je possède à MM. Weber, médecin-major, et Thomas, pharmacien atta- chés au corps expéditionnaire du Mexique, qui, lors de cette expédition, eurent l’occa- sion d’en faire, sur les lieux mêmes, une étude toute particulière. M. Thomas, au- jourd’hui pharmacien en chef à l’hôpital militaire de Vincennes, après une étude chimique de la plante au point de vue de ses propriétés générales, publia sur cette espèce une brochure (1) dont je vais faire quelques extraits, d’où ressortira l’impor- tance du Sericographis Mohintli. D’abord, au point de vue médical, voici ce qu’en dit M. Thomas : Dans la vallée d’Orizaba, les métis et les Indiens, atteints des premiers symptômes de la dysenterie, ont recours, pour combattre cette maladie, aux feuilles du Mohintli. Ils font macérer, dans un verre d’eau ordi- naire, quelques feuilles de cette plante et ob- tiennent, quelques heures après, un liquide qu’ils boivent pour se guérir. Le Sericographis Mohintli., Nees, n’est sans doute pas la seule espèce que l’on trouve au Mexique. C’est du reste ce que fait remarquer M. Thomas et ce qu’il con- signe dans sa brochure où, page 5, il écrit : Sur les mamelons boisés qui se trouvent à quatre kilomètres environ de Gordova, près de l’hacienda de Toxpam, nous avons rencon- tré, en grande abondance, une espèce de plante (1) Sur le Sericographis Mohintli et sa ma- tière colorante. très-voisine de la nôtre, mais cependant dis- tincte et probablement nouvelle. Elle se distingue du Mohintli véritable par ses feuilles pi us grandes, plus pubescentes, et surtout par ses inflorescences qui, au lieu d’être trifides comme celles du Mohintli., sont au contraire multifides et beaucoup plus grandes. Elle forme des buissons d’une certaine étendue et de 2 à 3 mètres de hauteur. Ses grands bou- quets la font apercevoir de loin à l’époque de’ sa floraison, qui a également lieu du mois de janvier au mois de mai. Que cette plante soit une espèce particu- lière ou une forme du Sericographis Mo- hintli, type, le fait nous importe peu; ce que j’ai tenu à constater, c’est que des plantes analogues à celle qui fait le sujet de cet article, mais différentes et probable- ment même plus méritantes, existent au Mexique. Quant à la matière colorante que contient le Sericographis, elle intéresse peu l’hor- ticulture ; aussi je ne crois pas devoir en parler autrement que pour dire que les Indiennes s’en servent pour teindre leurs étoffes en bleu, ce qu’elles font en les trem- pant dans une décoction faite à chaud et en répétant cette opération plusieurs jours de suite. Le Sericographis Mohintli, Nees d’Esen- beck, appartient à la famille des Acan- thacées. Voici les caractères qu’il présente dans nos cultures : Plante sous-frutescente, buissonneuse. Rameaux cylindriques, glabres, légèrement noueux. Feuilles opposées, semi-persis- tantes, ovales-allongées, entières, coriaces, assez épaisses et longuement atténuées en une pointe obtuse. Fleurs sur des petites ramilles opposées, axillaires ou extra-axil- laires. Calyce persistant à cinq divisions courtes, acuminées. Corolle d’un très-beau jaune orangé, profondément bilabiée, lon- guement tubulée, renflée vers son milieu, à division supérieure entière, relativement 20G POLYPODIUM PICOTI. (Mroite, dmifo on nn peu ai-qnéo, l’infé- rieure fortement enroulée en spirale, tri- dentée au sommet. dette espèce a une grande tendance à se dénudej*, ce (ju’il est facile d’éviter par de fré(juents pinçages ({ue la plante supporte très-bien. Elle est vigoureuse et, comme la j)lupart de ses congénères, a Ijesoinde beau- coup de nourriture si on veut l’avoir belle. Mi.se en pleine terre pendant l’été, elle coirs- titue de fortes touffes d’un beau vert. A ])artir du mois de mai la plante fleurit pres({ue continuellement. Pour l’biver on peut rabattre les plantes et les rentrer dans une serre tempérée, où elles se conservent parfaitement. 11 est môme probable qu’elles passeraient dans une seri*e froide, j)ourvii (jue la tempé- rature .se maintienne à quelques degrés au- dessus de zéro. On les multiplie par bou- tures à l’aide de jeunes bourgeons ({ui, placés sous une cloche à l’ombre, s’enraci- nent parfaitement et promptement. Alliaume, Jardinier en chef de l’hôpital militaire de Vincennes. poi.yi’omuM PICOTI Cette espèce, que nous n’avons vue dans aucune collection, a été introduite directe- ment du Brésil, en 1882, par M. Picot, à qui nous l’avons dédiée. C’est une plante de haut ornement, d’autant plus précieuse qu’elle pourrait vivre presque indéfiniment dans les appartements, à la condition qu’on lui donne beaucoup d’eau, qu’on en essuie ou lave les feuilles de temps à autre, précau- tion nécessaire, du reste, non seulement pour la beauté, mais pour la santé de la plante. Si l’on veut avoir une idée à peu près Fig. 62. — Polijpodium Picoti (au 1/15 de grandeur naturelle). exacte de cette plante, il faut se figurer un énorme Phormium dont les feuilles, au lieu d’être droites, raides et régulières comme des lames d’épée, seraient arquées, ou plus ou moins tombantes, à liords çà et là gracieu- sement ondulés, parfois un peu sinués, d’un très-beau vert luisant en dessus, et l’on aurait une opinion assez j uste de la beauté exceptionnelle de cette espèce, dont voici une description sommaire : Plante d’une extrême vigueur. Feuilles nombreuses atteignant i mètre et plus de longueur sur 12 à 16 centimètres de largeur, obliquement dressées, étalées, très-gracieu- lilHLIOGP.AriIIE. 207 sèment arquées, très-longuement atténuées à la l)üse, épaisses, coriaces, luisantes et comme vernies en dessus, légèrement on- dulées sur les ])ords, d’un vert mat glauces- cent en dessous, à face supérieure très-ré- gulièrement sillonnée, à nervure médiane saillante, d’un blanc jaunâtre en dessus, verte en dessous. Sporanges réunis en forts glomérules orl)iculaires, disposés réguliè- rement et à des distances égales sur chaque l)ande placée entre deux nervures. Le P. Picoti (fig. 62) forme avec l’âge d’énormes buissons qui atteignent 2 mètres et plus de diamètre. Le pied qui nous a servi pour cette description avait presque cette dimension, bien qu’il tut dans un pot relativement petit. C’est une espèce assez rustique pour pousser en serre tempérée froide. Quant à sa multiplication, on la fait par graines (spores) et par éclats. On sème les premières — qui, du reste, sont souvent capricieuses pour la germination — dans des parties ombragées d’une serre, tenues toujours humides, soit sur des bûches de bois, des vieux murs ou sur des mottes filnnuses de terre de bruyère. La division doit se faire quand les plantes entrent en végéta- tion, en ayant soin de ne pas couper les racines et en y conservant, si possible, un peu de terre. On empote et on place les plantes dans des châssis d’une serre à mul- tiplication, où on les couche jusf[u’à ce qu’elles soient reprises. Seule, la terre de l)ruyère neuve et grossièrement concassée convient à cette remarquable espèce. Afin de bien établir l’identité du Pohj- podium Picoti, nous l’avons comparé aux diverses espèces du groupe scolopen- drioidc, qui se trouvent dans les cultures, telles que P. musæfolium, Brownii, Cun- ninghami, ccdlæfoliimi, irioides, crassifo- lium, etc., et nous avons constaté qu’il diffère de toutes ; il en est deux pourtant avec les- quelles il a une certaine resseml)lance : ce sont les P. irioides et crassifolium, dont il diffère cependant par son aspect général et surtout par sa vigueur beaucoup plus grande. C’est à M. Fauvel, jardinier-chef chez M. Picot, au château de Taverny, que nous devons la connaissance de cette remar- quable espèce et c’est d’après l’échantillon qu’il a bien voulu nous confier que le dessin ci-contre a pu être exécuté. E.-A. Carrière. BIBLIOGRAPHIE îllustrationes floræ insularum maris pacifici, par M. Emm. Drake del Castillo. — In-folio de 32 pages, 10 planches. G. Masson, éditeur, 120, boulevard Saint-Germain,"Paris. Nous avons la satisfaction de saluer, à son début, un nouveau venu dans la carrière botanique. M. Emm. Drake del Castillo vient de publier un beau volume consacré à des descriptions et illustrations de plantes nou- velles ou rares] appartenant aux îles dn- l’Océan Pacifique. C’est le commencement d’une série que nous verrons prochainement se continuer, pour le plus grand bien de la science des plantes, sur une flore qui est encore trop 'peu connue. Les îles du Pacifique se composent, on le sait, de trois groupes : la Mélanésie au S. -O., la Micronésie au N. -O. et la Polynésie à l’E. Ces îles se présentent sous deux aspects dif- férents, dus à leur nature géologique. Les unes, volcaniques, très-accidentées, sont en ma- jorité dans les archipels de la Mélanésie et de la Polynésie. Les autres sont madréporiques, reposant sur des masses de rochers presque à fleur d’eau, basses et plates, et dominent en Micronésie. Il en résulte deux sortes de végétation abso- lument distinctes : celle des hautes vallées et des montagnes, et celle des plages et îles basses. La première rappelle celle de l’Asie tropi- cale. Crâce à une humihté constante, cette vé- gétation est superbe. Des arbres de grand dé- veloppement : les Spondias dulcis, Alidiito- nia ziziphoides, divers Alstonia, Aleiirites, Weimnannia, Xylosina, etc., élèvent çà et là leurs hautes cimes. Autour d’eux on voit un taillis de Rubiaçées, Pandanées, Fougères arborescentes, Orchidées, Liliacées, puis le Sanialum au bois odori- férant, des Acacia^ Metrosideros, Melasto- ma, etc., tandis qu’un très-petit nombre de plantes naines garnissent le soi. La Nouvelle-Calédonie, à cause de son cli- mat plus sec, fait exception, et un grand nom- bre de végétaux australiens y apparaissent. Dans le Sud, on rencontre de vastes forêts d’Araucarias. La flore des îles basses est toute différente de celle que nous venons d’entrevoir; les plantes qui la composent appartiennent aux vé- gétaux de l’Archipel Malais et de l’Inde, qui ont été transportés par les vents, les courants ma- rins, et aussi, pour les espèces utiles, par la main de l’homme. Les premiers arbres qui s’emparent des plages sont les Barringtonia, les Guettarda et les Casuarina ; sur les roches madréporiques, croissent les Triumphetta pro- cumbens, Suarina maritima, Ximenia ellip- tica, etc. 208 HIBLIOGRAPHIE. Le Goyavier, le Cocotier et l’Arbre à pain, certainement introduits dans ces régions bas- ses, s’y rencontrent en très-grand nombre. Telle est, esquissée à grands traits, la flore intéressante que M. Drake del Castillo a entre- pris de faire mieux connaître, en consacrant en premier lieu ses études aux végétaux de la Polynésie française (îles de la Société, Mar- quises, Pomotou, Gambier). Aucun travail d’ensemble n’a encore été fait sur ces pays. De 1772 à 1842, les relations des voyages de Cook, d’Entrecasteaux et Labillar- dière, de Freycinet, Duperrey, Beechey, Du- mont d’Urville, Gaudicbaud, Wilkes, appor- tèrent des éléments nombreux, mais épars et incomplets. La flore des îles Viti fut étudiée à fond par Seemann. Celle de la Nouvelle-Calé- donie, grâce aux herbiers rapportés par le P. Montrouzier, Deplanclie, Vieillard, Panclier, Balansa, et aux travaux de détermination ac- complis par MM. Brongniart, Gris, Fournier, Bureau, Poisson, etc., est plus avancée. Mais aucune œuvre de concentration n’avait encore été entreprise pour la coordonnation de ces do- cuments divers, et c’est cette tâche que M. Drake del Castillo s’est proposé de remplir. Le premier fascicule, qui vient de paraître, contient la description et la figure de trois espèces nouvelles : Evodia nodulosa, arbuste de la famille des Rutacées, originaire de Taïti ; Evodia emarginata, espèce voisine de la précé- dente; Sclerotheca Forsteri, Lobéliacée arbus- tive, Taïti, et de sept espèces déjà décrites, mais non publiées : Berrya Vescoana, H. Bn. ; Evodia sericea {Melicope tahitensis, H. Bn.); Evodia auriculata {Melicopte aiiriciilata, Na- deaud) , Evodia Lepinei^ H. Bn. ; Sclerotheca arborea, A. DG.; Apetahia Raiateensis, H. Bn., et Alstoyiia cosiata, R. Br. Tous nos vœux appellent le travail d’en- semble que nous promet l’auteur et dont le présent fascicule est le premier jalon, planté d’une main déjà sûre et expérimentée. Ed. André. Note sur l’enseignement agricole en France et à l’étranger. Sous ce titre, M. Charles Joly, Président de la Commission des expositions de la So- ciété nationale d’horticulture de France, vient de publier un travail sur les établis - sements scientifiques, mais surtout horti- coles et agricoles, existant en France et à l’étranger. Cet opuscule comprend trois parties : la première, qui est une sorte d’examen gé- néral dans lequel l’auteur s’élève à des considérations philosophiques, politiques et sociales, qui démontre combien, dans beau- coup de cas, nous sommes inférieurs à nos voisins. R cite, pour chaque pays, les prin- cipales institutions de tous genres, agrono- miques, horticoles, botaniques, etc., et en indique l’importance, le nombre d’élèves et celui des professeurs ainsi que les dépenses que ces établissements entraî- nent et les subventions que l’État leur accorde. En s’appuyant sur ces faits, M. Joly fait voir combien nous aurions in- térêt à voyager à l’étranger et à voir ce qui s’y fait. I^es différents États examinés par M. Joly sont les suivants: France, Allemagne, Au- triche-Hongrie, Belgique, Danemark, Es- pagne, États-Unis, Grande-Bretagne, Hol- lande, Suède, Norwège, Suisse. E.-A. Carrière. Traité de la Vigne et de ses produits, par L. Portes et F. Ruyssen, t. I. Un volume in-8 de 701 pages, avec 41 figures dans le texte. Paris, Octave Doin, éditeur, 8, place de FOdéon. L’ouvrage sera complet en deux volumes; le 2® volume, qui se paie d’avance, sera remis aux souscripteurs en août 1886. — Prix des deux volumes : 24 francs. Les publications ayant rapport à la Vfigne sont aujourd’hui fort nombreuses. L’impor- tance de sa culture en France, les terribles assauts qu’elle subit depuis un certain temps, ont attiré l’attention d’auteurs qui, par suite de leurs aptitudes spéciales, ont chacun envisagé cette grave question à un point de vue diffé- rent. Certes, les études les plus sérieuses, les documents les plus divers et les plus complets existaient ; mais leur dispersion les rendait difficiles à consulter. MM. L. Portes et F. Ruys- sen, dans le remarquable ouvrage qu’ils vien- nent de publier ont mis fin, à notre avis, à cet état de choses en rassemblant’, avec une grande érudition, tout ce qui a été jus- qu’ici publié de bon sur la Vigne et ses pro- duits. Commençant leur étude aux temps préhistori- ques, les auteurs signalent l’apparition, avec le terrain paléocène, de la première Vigne {Vitis sezannensis) ou plutôt de son empreinte, que l’on a retrouvée à Sézanne (Marne). Les nom- breux autres types trouvés successivement dans les diverses couches géologiques sont ensuite savamment décrits et figurés. L’histoire fort intéressante de la Vigne, résume ensuite les annales et légendes du monde entier. Nous si- gnalons tout particulièrement, dans ce chapitre, l’histoire de la Vigne et du vin en France, au moyen âge. Après cette partie historique, MM. Portes et Ruyssen donnent une classification de la fa- mille des Ampélidées, 'l’histoire botanique du Vitis vinifera et des autres espèces connues du genre Vitis, et enfin la liste descriptive de plus de 900 variétés du Vitis vinifera et des Vignes américaines. POLYMORPHISME DES VÉGÉTAUX. 209 Cette étude complète de la Vigne terminée;, les auteurs s’occupent du vin, et, envisageant les facteurs qui en proportionnent la quantité et la qualité , ils citent, comme principaux éléments, les qualités des cépages, le climat, le terrain, l’exposition et les engrais. Il va de soi que les procédés de culture n’ont pas été oubliés ; s’inspirant des remarquables travaux du D»’ Guyot, et des ouvrages des autres auteurs, MM. Portes et Ruyssen, ont donné à ce sujet toute l’importance qu’il comporte. Le greffage de la Vigne sur espèces américaines, qui donne aujourd’hui en maints endroits de si beaux résultats, l’étude de ses maladies et des moyens de les combattre viennent ensuite. Les principaux cépages sont longuement étudiés dans toutes les conditions possibles de climat, de terrain et de qualité dans le produit. Il en est de même pour le climat et l’exposition. Le sol joue, on le sait, un rôle des plus impor- tants dans la constitution du vin. Il peut être très-varié, puisque les bons vignobles sont plantés sur schiste en Anjou et à la Gôte-Rotie, sur calcaire à Saumur et en Bourgogne, sur argile et sur silice dans la Gironde, etc. Mais il est aujourd’hui bien reconnu que c’est le calcaire qui donne le plus de sucre, et par suite d’alcool. Il donne aussi plus de bouquet aux vins, mais ces derniers ont souvent moins de finesse que ceux qui proviennent de terrains siliceux. A tous les points de vue, cette étude sur la nature du sol dans ses effets sur la production et la qualité du vin, est du plus haut intérêt. Certaines données que l’on y remarque pour- raient même être utilisées pour des cultures autres que celle de la Vigne. On sait que la question de la fumure de la Vigne a été de tout temps le sujet de contro- verses accentuées. On prétendait que le fumier, en augmentant la production du vin, en dimi- nuait considérablement la qualité. On est à peu près d’accord aujourd’liui pour reconnaître que la fumure est nécessaire, et qu’en outre, elle donne à la Vigne une vigueur qui lui permet de mieux résister aux attaques du phylloxéra. Les connaissances spéciales des auteurs les ont mis à même d’étudier les divers engrais de toutes natures et d’indiquer ceux qui conviennent à tel sol, à tel cépage. L’influence du voisinage des bois et des rivières, de Taltitude, de la moyenne hygro- métrique, etc., sont tous examinés avec soin. En résumé, le Traité de la Vigne et de ses produits est un ouvrage que la situation ac- tuelle de nos vignobles rendait nécessaire, et nous avons la conviction qu’il aidera dans leur tâche les nombreux praticiens et savants qui travaillent actuellement avec ardeur à la recons- titution de nos vignobles, dont la France était à bon droit si fière. Ed. André. POLYMORPHISME DES VÉGÉTAUX Quels que soient les caractères différen- tiels entre l’enfance et l’état adulte, ces diffé- rences existent toujours, bien qu’à des de- grés très-divers. C’est surtout, pour ne par- ler que des plantes, sur celles qui sont grimpantes-radicantes que les différences sont les plus considérables. Deux espèces sont particulièi-ement re- marquables sous ce rapport : le Lierre et le Ficus stipulata, repens ou scandens. Ces exemples sont d’autant meilleurs à citer que, tout à fait semlilables par leurs consé- quences, on les rencontre presque partout, de sorte qu’il est facile de les observer. On sait que le Lierre à l’état grimpant développe, sur toute la surface des par- ties en contact avec les supports, des cram- pons à l’aide desquels il s’attache. Tant qu’il est placé dans ces conditions, quelles que soient sa vigueur et les dimensions qu’il puisse atteindre, il conserve des feuilles plus ou moins lobées-digitées ; ses rameaux aussi sont irrégulièrement anguleux; de plus, ils s’enracinent très-fiicilement lors- qu’on les bouture ou qu’on les couche. Mais si, en vieillissant, des rameaux viennent à se détacher et à « nager » dans l’air, alors tout change : les feuilles s’al- longent, s’épaississent et deviennent co- riaces, cordiformes, entières, longuement acuminées : les rameaux deviennent cylin- driques et perdent complètement leurs crampons. Leur nature aussi est complète- ment modifiée, de sorte qu’ils ne repren- nent plus ou ne s’enracinent que très-diffi- cilement lorsqu’on les bouture. Des faits absolument semblables se pas- sent pour le Ficus stipulata si fréquemment employé pour garnir les murs de serre. Tant qu’il rampe sur ceux-ci, il s’y attache fortement; ses rameaux, ténus et très-grêles, portent des feuilles minces très-petites, courtement et régulièrement ovales, ses- siles, fortement appliquées et excessivement rapprochées; c’est la plante enfant. Quand, au contraire, elle devient adulte, les ra- meaux, dépourvus de crampons, gros et cylindriques, nagent dans l’air, et, dans ce cas, les feuilles, très-épaisses, longuement ovales-lancéolées, six à huit fois plus grandes et fortement pétiolées, n’ont plus rien de commun avec celles de la plante en- 210 SOCIÉTÉ NATIONALE d’iIOUTIGULTURE DE FRANCE. et, c’esi alors aussi que ce Ficus fruc- lilie, alisolument comme nous l’avons dit précédemment pour le Lierre. Nous avons reçu d’un de nos collaliora- teurs d’Angleterre, M. Geoi'ges Staunton, un colis contenant des éclianti lions de Ficus slipulata à tous les degrés de déve- lo})pement, depuis les rameaux radicants, à ti’ès-petites feuilles, comme celles des Nummulaires, jusqu’à de grandes et grosses feuilles lauriformes, épaisses et coriaces, accompagnées de fruits. Dans la lettre qui accompagnait cet envoi, M. G. Staunton nous disait : Je vous envoie des Ficus stipulata avec fruits qui montrent le polymorphisme de cette espèce, le tout provenant d’un môme pied. Le sujet en question est planté dans une serre chaude, dont il couvre tout le mur, et il s’élève, sur celui-ci, à une hauteur de 2'« 50, cela sans présenter au- cune variation. Arrivées là, les branches se sont éloignées du mur, ont pris une forme plus vi- goureuse et entièrement différente ; les rameaux, beaucoup plus gros et raides, se soutenant par- faitement sans support, ne tardèrent pas à se mettre à fruits. Ce sont ceux-ci et les rameaux qui les ont produits que je vous adresse en même temps que d’auti'es rameaux de diverses formes qui, tous, coupés sur le même pied, vous montreront les principales variations que cette espèce peut présenter. On peut voir, par ce qui précède, corn- lûeu nous avions raison de comparer ce Ficus au Lierre jiour ce qui est des modifications ou plutôt des transformations de ses parties. Nous allons terminer cet ar- ticle ]>ar une description sommaire du fruit du Ficus stipulata. Fruit solitaire, mollissant très-promple- rnent, non pulpeux, naissant sur des ra- meaux libres de toute attache et sur des plantes adultes, rajipelant assez exactement, tant par la forme que jiar les dimensions, les fruits du Figuier commun {Ficus ca- rica), ou plus exactement encore la Ibrme d’une tou])ie, dressé ou oblique, sur un gros et court pédoncule, d’environ G centi- mètres de longueur sur 10 à 12 de circonfé- rence, très-longuement atténué à la base qui se confond avec le rameau pédonculi- forme, lirusquernent rétréci et comme tronqué au sommet qui, au centre du fruit, porte iiii mamelon courternent conique ter- miné par un apicule lirun, à surface légère- ment bossuée. Peau d’un vert blanchâtre ou jaunâtre, douce au touclier, glauces- cente et comme diaphane, assez épaisse, adhérant fortement à la chair avec laquelle elle se.confond. Ghair spongieuse, blanche, lactescente, d’une saveur légèrement âcre, pas désagréable pourtant ; cavité centrale grande, tapissée par une paroi d’un très- beau rouge, sur laquelle sont fixées les fleurs femelles, seules connues jusqu’à présent. Ge ({ue nous appelons « fruits » n’est ici, comme on le sait, que sur la surface in- terne duquel sont insérées les tleiirs fe- melles, puis les véritables fruits, comme dans tous les Figuiers. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 8 AVRIL 1880 _ A cette séance ont été faits les apports sui- vants : Par M. Fauvel, jardinier au château de Taverny : Lycaste Sklnneri, un pied de Vmida cinnamomea portant deux hampes flo- rales; ses fleurs rappellent assez celles des Vanda tricolor., groupe dans lequel, du reste, cette plante rentre; un fort pied d' Anthurium Scherzerianum de semis, portant sept hampes dont les spathes, d’un beau rouge vermillonné, brillant, sont très-grandes, larges et bien faites quoique légèrement contournées ; — Par M. Leclerc, jardinier chef chez M. Finet, à Argenteuil: Burlingtonia venusta, Cattleija Mossiæ d’une variété magnifique tant par la beauté que par la grandeur des fleurs; Odonto- glossum vexillarium, Oncidium concoloy\ enfin une variété de Lycaste Skinneri. Toutes ces plantes, agrémentées par quelques Fougères, constituaient un magnifique « panier fleuri » ; — Par M. Schwartz, jardinier chez M. Lemercier, à Bagneux, des Reines-Marguerites en pots, en pleine fleur et d’un développement parfait ; elles avaient été semées en octobre et cultivées en serre. C’était un véritable tour de force; — Par M. Forgeot, un pied de Violettes des Quatre-Saisons dont les feuilles, panachées de jaune, rappelaient sous ce rapport celles du Lonicera hrachypoda variegata ; — Par M. Truffant, de Versailles, quelques variétés d’Azalées plus ou moins nouvelles, mais toutes de bonnes plantes pour le commerce. En voici les noms ; Président A. Van Geert., Phœ- hus, Princesse Victor, Czar Alexandre III, Ilelene Krugemann, Kaires, Wilhelm, Gérés, Souvenir d'Arthur Veitch, Jean Huytens ; Comte de Kerchove, il/me a. Van Geert, Dame Mathilde, Comte de Chambord, Versicolore, Estelle CuvelUer, Reine des Amateurs. De plus, M. Truffaut exposait quelques Or- chidées dont voici les noms : Odontoglossum MOYEN DE FORCER LES ARRRES REBELLES A LA FRUCTIFICATION. 211 Alexandrx^Y?^\\^ Cattleya Lawrenceana, nou- veauté à grandes fleurs violet lilacé; deux pieds de Zygopetalum aHnitum, dont un à fleurs très-foncées, maculées; SojAironilis grandi- flora aurantiaca ; un Cattleya nobüis, espèce très-naine à fleurs rose lilacé relativement très- grandes, bien étalées, remarquables par la prolongation de leur labelle : — Par M. Dela- ville, grainier à Paris, une potée de Jacinthes de Fontainebleau, à fleurs blanches, plus hâ- tives, dit-on, que la Jacinthe de Paris; — Par M. Huilier, amateur à Sarcelles, un fort pied de Dendrobium macrophyllum, à tiges droites, inflorescences très-développées, dressées ; fleurs grandes, rose foncé, labelle violet foncé, oculé. Très-belle plante; — Par M. Godefroy-Lebeuf, horticulteur à Argenteuil, un pied d’Odon^o- glossum euspidatum, portant deux hampes fleuries ; celles-ci, qui sont dressées, sont ter- minées par une inflorescence spiciforme com- pacte, à fleurs grandes, rapprochées, très-for- tement maculées marron sur un fond jaune. Jolie plante; — Par M. Michel, de la maison Vilmorin et G»®, un fort pied d'impatiens Sul- tani couvert de fleurs et de boutons à ditfé- rents états. Cette plante, qui avait été semée en mars 1885 et avait fleuri sans interruption de mai à octobre, fut rabattue en février 1886 et formait un buisson compact de 80 centi- mètres de hauteur sur un diamètre à peu près égal. M. Michel présentait aussi quel- ques potées de cette même espèce ; elles étaient composées de jeunes })lantcs qui, se- mées en décembre, étaient déjà couvertes de fleurs. C’est une plante éminemment orne- mentale. Au comité de culture ^^otagere, ont été présentés }>ar M. Charles llorat, jardinier en chef au château de Draveil, des Haricots Fla- geolet gauffré, qui étaient tout à fait mûrs ; quel({ues-uns même étaient presque secs. Il pi'ésentait aussi quatre pieds de Céleri blanc à tiges pleines^ qui, parfaitement conservés, paraissaient en pleine végétation ; — Par M. Chemin, maraîcher, quai de la gare, à Gre- nelle, quatre beaux pieds de Romaine Maraî- chère 2date; — Enfin, par M. Charollois, hor- ticulteur, rue de Javel, 196, Paris, trois Champignons de couche, énormes, subsphé- riques, très-fermes, pesant ensemble 1 kil. 150 grammes. Ils mesuraient de 12 â 14 centi- mètres de diamètre et appartenaient à la va- riété grise de l'Agaricus edulis. Au- comité d' arboriculture fruitière, rien autre que quelques fruits, dont la dégustation n’a présenté aucun intérêt. MOYEN DE FORCER LES ARRRES RERELLES A LA FRUCTIFICATION Un principe généralement admis et que l’expérience et la pratique semblent confir- mer, c’est que les arbres très-vigoureux et bien portants sont moins disposés à donner des fruits que ceux dont la végétation est faible et qui, contrairement à ceux-là, paraissent souffrants et maladifs. On a cherché à expliquer le fait en disant que chez ces derniers, la sève moins abon- dante et circulant plus lentement subit davantage faction des agents atmosphé- riques, et qu’alors sa transformation' se fait plus vite et mieux, ce qui détermine la mise à fruits des arbres. Que cette explication soit vraie ou c{u’elle soit fausse au point de vue scienti- fique, c’est ce que je ne veux pas rechercher ici, car, outre que cela m’entraînerait un peu en dehors de mon sujet envisagé comme fait, je devrais parler d’anatomie et de phy- siologie, deux choses toujours un peu hypo- thétiques sur lesquelles les savants spéciaux, même ceux qui sont regardés comme les plus compétents, sont loin d’être d’accord. Toutefois et quelle qu’en soit la cause, le résultat, en tant que fait, semble confirmer la théorie, du moins comme principe. En effet, qu’une branche vienne à être plus ou moins mutilée, soit par le vent ou par toute autre cause, on remarque, en général, que cette branche est plus disposée à fructifier que ses voisines et qu’elle se charge de fruits quand, auparavant, elle restait stérile ou ne donnait que très-peu de fruits. De là, à l’idée de maltraiter et de faire souflVir les arbres très-vigoureux, il n’y avait qu’un pas. C’est aussi ce qui explique, en arboriculture, les différentes directions que l’on fait prendre à certaines parties plus ou moins stériles pour les contraindre à se mettre à fruits : l’abaissement ou l’arcure des branches, leur torsion, les mutilations partielles telles que pinçage, cassage et toutes opérations qui en général donnent les résul- tats cherchés, c’est-à-dire la mise à fruit des parties soumises à ces divers traite- ments. Je m’arrête à ces considérations géné- rales, que j’ai crues nécessaires à l’expli- cation du sujet que j’essaye de traiter : la mise à fruits des arbres rebelles. C’est en lisant dans la Revue horticole un article sur ce même sujet que l’idée m’est venue d’écrire celui-ci. Si les procédés dont je vais parler et qui 212 REINETTE ARRY. ici,, à Sœraliaja (Java), sont pratiqués par les indigènes, ne sont pas précisément les mêmes que ceux que l’on })ratiqneen Knrope, dans des circonstances analogues, ce sont du moins des équivalents, ainsi qu’on va en juger. Ces moyens, du reste, des plus simples et des plus primitifs, ({ui soid. très-fréquem- ment enqdoyés ici, comprennent les diverses opérations que voici : On etlèuille les arlires et l’on fouette fortement ceux-ci ; 2'* On enlève une partie de l’écorce sur une petite surface circulaire autour du tronc, ou des parties soumises à l’opération, mais en ayant soin de conserver l’écorce sur une partie de la circonférence. La quantité que l’on conserve n’a rien d’alisolu et varie depuis 18 jusqu’à 3/4 de la circonférence suivant la nature de l’espèce soumise au traitement ; 3® On attache autour de l’arlire une corde que l’on serre fortement ; 4^> On enfonce çà et là des clous dans l’écorce ; 5® A l’aide d’une vrille ou d’une tarière, suivant la forme de l’arhre, on fait de part en part un ou plusieurs trous dans lesquels on passe une corde faite avec des gaines de l’Aroir/a saccharifera qui a l’avan- tage de se conserver très-longtemps. Comment ces procédés, qui ont assez d’a- nalogie avec plusieurs de ceux qu’on em- ployé en Kurope pour obtenir des résidtats analogues, ont-ils été connus ici et pratiqués par de pauvres Indiens? Est-ce une consé- quence de l’observation directe, nne sorte d’instinct spontané, ou ont- il s été apportés d’Piurope à une époque dont on n’a pas con- servé le souvenir? Je ne pourrais le dire, et sur ce point je me borne à signaler les faits en faisant néanmoins remarquer qu’il y a dans ces prati({ues indiennes une singulière coïncidence avec plusieurs opérations d’ar- boriculture pratiquées en Europe pour mettre à fruit certains arbres rebelles, par exemple, le gaulage, Vincision annu- laire, etc., etc. Je crois aussi, en terminant, devoir faire remarquer que les espèces Soumises ici à ces divers traitements sont autres que les arbres fruitiers d’Europe, par exemple des Goyaviers iPsidium], des Anones ou Ché- rimoliers lAnona], des Manguiers [Man- giferaj, des Jacquiers [Artocarpus], etc., qui sont les arbres fruitiers des tropiques. F. DE Rijk. Sœrabaja-Java, février 1886. Rl'INETTE ABRY Cette variété locale paraît originaire de Montlignon, où la grande vigueur de l’ar- bre, sa robusticité et sa tendance à s’élan- cer tout en restant compact l’ont fait remar- quer comme devant servir de sujet pour le surgretfage des Pommiers et former de belles tiges, ce à quoi, en effet, il est très-propre. Mais ce qui, dans cette cir- constance, vient ajouter au mérite de cette variété, c’est la fertilité extraordinaire de l’arbre, ainsi que la qualité de ses fruits qui, sans être gros, sont très-beaux et rap- pellent assez bien la Pomme que, dans , cer- tains pays, l’on nomme Reinette tendre. Pin voici une description : Arbre très-vigoureux. Tige robuste pou- vant, dès la liremière année de grefle, at- teindre jusqu’à 1”‘ 50 et même plus de bauteur, et émettant dans toute sa longueur des bourgeons courts ou sortes de dards ({ui, la deuxième, parfois même la première année, se transforment en parties frui- tières. Pvameaux érigés, légèrement velus, à écorce rougeâtre finement ponctuée de blanc. Feuilles très-rapprocbées, fortes, | ovales-allongées, dressées, finement den- tées ; pétiole gros, assez long, très-large, lé- gèrement velu, prenant promptement une couleur rougeâtre qui s’étend sur toute la nervure médiane, qui est fortement sail- lante en dessous. Fruit de grosseur moyenne (6-7 centimètres de diamètre), ordinaire- ment déprimé, largement arrondi aux deux extrémités, parfois très-obscurément côtelé. Cavité pédonculaire régulière, largement évasée. Queue dépassant peu la cavité ou l’atteignant à peine ; œil dans une dépres- sion assez large, ouvert, à divisions forte- ment laineuses, réllécbies, longuement acu- minées en pointe. Peau d’un vert pâle, passant très-promptement au jaune d’or brillant, régulièrement pointillée de gris, parfois très légèrement lavée de rose. Gbair blanche, tendre, sucrée, de saveur fine et très-agréablement parfumée. Loges petites; pépins peu nombreux, renflés, d’un roux foncé, brillant. Maturité : septembre à dé- cembre. Le Pommier Reinette Ahrg est tout par- ticulièrement propre à former des fuseaux ; REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 213 ses rameaux, courts, se chargent de fruits, (le sorte que ron a une colonne très-agréahle à la vue. 11 est tellement fertile que, dans les pépinières, même à l’état de scion, sa tige est garnie de fruits dans une grande partie de sa longueur. On peut se procurer cette variété cliez M. Couturier fils aîné, à Saint- Micliel-Jlougival (Seine-et-Oise). K. -A. Gaiiriéue. DES EXPOSITIONS D’IlORTICUETUUE On nous a souvent demandé des ren- seignements sur la meilleure disposition, le meilleur mode de groupement ou de dispersion à adopter quand il s’agit d’une exposition. 11 n’est pas facile de répondre cà cette ques- tion ; car ici moins que partout ailleurs, peut-être, il n’y a de règle absolue. On est lié d’abord par l’emplacement que l’on a bien rarement la possibilité de choisir; le plus souvent c’est une place ou un espace étroitement limité ; donc, par conséquent, il faut s’arranger ; et, d’une part, le tout est absolument lié aux ressources pécu- niaires que l’on possède ; enfin il faut tenir compte du nombre et de la nature des plantes qui doivent être placées. De même que les jardins, dont elles sont en quelque sorte la représentation, les expo- sitions affectent deux formes : style français et style anglais. Mais ici encore il arrive fréquemment qu’on n’a pas le choix; on est lié à l’emplacement qu’il n’est pas tou- jours facile de bien approprier. Avant tout, il faut faire une intelligente répartition des objets exposés, de façon à en faciliter l’examen. Ensuite il est indis- pensable d’assurer la libre circulation du public. Pour cela il est bon que sur certains points il y ait des sortes de dégagements, où la foule puisse facilement s’écouler. Autant que possible l’entrée et la sortie devront être éloignées l’une de l’autre : c’est le meilleur moyen d’éviter l’encombrement. Il ne faut pas employer avec exagération les rochers, les rivières et les ponts ; ce mode d’ornementation ne doit jamais venir que comme appoint, et ne doit jamais être em- ployé que dans des cas spéciaux. En général on en abuse, et en voulant trop obtenir on n’atteint souvent que le ridicule. Evitez les faux décors qui rapetissent les (dioses au lieu de les agrandir. Ce qu’il faut, c’est dis- poser les objets que l’on veut montrer dans les meilleures conditions possibles, pour les bien faire apprécier; et cela, tout en cber- cbant à obtenir un ensemble gracieux, simple et sans prétention. Nous avons bien souvent entendu les visi- teurs de nos expositions se plaindre de la difficulté qu’ils avaient à trouver les plantes qu’ils désiraient examiner. A cet égard, nous sommes heureux de pouvoir indiquer un essai qui a été fait par la Société d’horticul- ture d’Orléans et du Loiret sur la propo- sition de son Secrétaire général, M. Eugène Delaire. C’était un plan colorié représentant à une échelle assez grande tous les lots de l’Exposition avec des numéros correspondant à une légende générale. On pouvait de la sorte embrasser l’Exposition d’un seul coup d’(jeil, et l’on voyait facilement où étaient placés les objets qu’on avait le désir d’exa- miner. Nous signalons aux Sociétés d’horticul- tures cet exemple qu’elles pourraient imiter, au grand profit de leurs expositions. E.-A. Carrière. REVUE l)]-s PLANTES DÉCRITES ou FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Botanical Magazine. Iris hexagona, Walt. — Iridées {Bot. Mag., tab. 6786). — Originaire des États-Unis du Sud, cette belle espèce d’iris ne peut être consi- dérée comme entièrement rustique sous notre climat. Son rhizome rampant, rond, d’environ 15 millimètres de diamètre, produit des feuilles ensiformes, longues de 1 mètre et plus ; la hampe florale, haute de 60 centimètres à 1 mè- tre, porte de 4 à 6 fleurs relativement gran- des, d’une belle couleur violette, inarquée sur le milieu des pétales extérieurs et sur la moitié inférieure de ces derniers d’une large bande jaune d’or. Le pédoncule et l’ovaire ont six an- gles longitudinaux, d’où vient le nom spéci- fique qui lui a été donné. Hydrangea petiolaris, Sieb. et Zucc. — Saxi- fragées-Hydrangées {Bot. Mag., tab. 6788). — Espèce grimpante, originaire du Japon, et de- mandant, sous notre climat, à être cultivée en orangerie. Elle produit de grandes inflores- cences en cymes, mesurant jusqu’à 20 centi- 214 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. mètres de diamètre, et dont les fleurs cxtéi'ieu- rcs, peu nombreuses, stériles, portent ti’ois ou quatre grands séj)ales blancs, arrondis ; les au- tres Heurs, très-nombreuses, fertiles, sont vertes et ont un calyce en godet à cinq lobes marginaux. Allium macranthum, Baker. — Liliacées (IJot. Mag.^ tab. 0789). — Espèce rusti(juc, à grandes Heurs pourpre mauve, découverte par M. EKves dans le Sikkim-llimalaya, où elle c»‘oît à une altitude de 4,000 mètres. Sa souche est plutôt rliizomateuse ({ue bul- beuse ; ses feuilles nombreuses, lancéolées-li- néaires, acuminées, ont de 30 à 50 centimètres de longueur. La hampe florale, haute de 1 mè- tre, })orte une ombelle globuleuse, mesui-ant de 12 à 15 centimètres de diamètre, et compo- sée d’au moins cent fleurs à périanthe campa- nulé, à moitié ouvert, long d’à peu près 12 millimètres, pourpre mauve ; style saillant. Espèce intéressante au point de vue orne- mental. Salvia liciniculala^ Linn. — Labiées (Bot. tab. 0790).— Introduite en Europe, par P. Miller, en 1758, cette belle espèce, origi- naire de l’Afrique centrale, avait depuis long- temps, malgré ses qualités décoratives, dis- paru des cultures. Récemment réintroduite, elle peut rendre de bons services comme plante d’orangerie à livrer pendant la belle saison à la pleine terre, où elle fleurit vers le mois d’août. Elle atteint environ 2 mètres de hau- teur, et produit d’abondantes fleurs violet pâle. Bichotrichum ternateum., Reinw. — Gesné- riacées-Cyrtandrées {Bot. Mag., tab. 0791). — Le genre Bichotrichum se rapproche beau- coup des Æschynanthus, dont il diffère par le stigmate et la forme des arêtes de la graine, et surtout par le port, qui est tout à fait dif- fèrent. Le B. ternateum, originaire des Iles Molu- ques, est un sous-arbrisseau grimpant, à raci- nes adventives lui permettant de s’attacher et de vivre sur les aj’hres sur lesquels il s’établit. Ses feuilles, opposées, présentent cette parti- cularité que dans chaque paire, l’une, longue de 10 à 20 centimètres, est pétiolée, oblique- ment ovale-arrondie, cordiforme à la base, un peu charnue, irrégulièrement dentée en scie, tandis que l’autre forme une sorte de petite oreille sessile, longue d’environ 2 centimètres. Les fleurs, réunies en ombelles mesurant envi- ron 8 à 10 centimètres de diamètre, sont rouge écarlate brillant ; la corolle, longue de 3 centi- mètres, forme un tube légèrement arqué, ter- miné par un limbe presque régulier, à cinq lobes oblongs, dont les deux supérieurs sont un peu plus longs et un peu plus rapprochés que les autres. Plectranthus fetidus , Benth . — Labiées (Bot. Mag., tab. 6792). — Jolie plante de serre chaude, originaire de l’Australie orientale, où elle a été découverte par Banks lors du premier voyage du capitaine Cook dans ces parages. Elle atteint 1 mètre à l>i^ GO de hauteur ; ses feuilles, longues de 10 à 15 centimètres, sont cordifoi-mes, à bords largement crénelés, co- tonneuses aux deux faces. Infloi-escences attei- gnant 25 centimètres de longueur, formées par de faux verticilles, très-rapi)rochés, de fleurs bleu cobalt émergeant d’une masse de poils blancs laineux. Ces inflorescences, assez nom- breuses sur chaque plante, lui donnent un grand méilte ornemental. Malgré son nom, cette espèce ne répand au- cune mauvaise odeur. Le froissement de ses feuilles, au contraire, donne un parfum assez agréable. Magnolia. Camphelli, Ilook. f. et Thoms. — Magnoliacées {Bot. Mag., pl. 6793). — Cet arbr e, découvert dans l’IIimalaya oriental jrar le docteur Griffith, à une altitude de 2,700 mè- tres, est certainement le plus beau de tous les Magnolias à feuilles caduques connus jusqu’ici. Il est rustique dans la région méditerranéenne et en Irlande, et depuis quelques années il a fleuri en pleine terre à Cork, au sud de l’Irlande. Ses fleurs, qui atteignent 30 centimètres de diamèti’e, sont d’un joli rose vif à l’extérieur des pétales et blanc légèrement rosé à l’inté- rieur. Leur centre est occupé par une forte touffe d’étamines épaisses, rouge vermillon dans leur moitié inférieure, le reste étant jaune d’or. Ces fleurs sont parfois réunies au nom- bre de quatre ou cinq, épanouies en même temps, sur un rameau long de 50 centimètres à peine. Dans son pays natal, le M. Camphellii ac- quiert une hauteur de 30 mètres. Idcsia p)ohjcarpa, Maxim. — Bixinées {Bot. Mag., tab. 6794). — Joli arbre de moyenne grandeur, originaire du Japon, bien connu au- jourd’hui, mais qui n’est pas à beaucoup près aussi répandu dans les cultures qu’il mérite de l’être. Fuchsia triphylla, Linn. — Onagrariées {Bot. Mag., tab. 6795). — Cette espèce, découverte en 1703, aux Antilles, est le type de beaucoup de belles variétés de Fuchsias connues au- jourd’hui. Ses fleurs, rouge vermillon, sont longues de 4 centimètres et mesurent environ 7 millimètres de diamètre à l’extrémité supé- rieure de la gorge. Bentaria polyphylla, Waldst. et Kitaib. — Crucifères {Bot. Mag., tab. 6796). — Charmante plante de l’Europe centrale, particulièrement propre à l’ornementation des endroits om- l3ragés. Souche tuberculeuse émettant une tige haute de 30 à 35 centimètres, portant à son extrémité supérieure trois ou quatre feuil- les pennatiséquées, à segments longs de 7 à 11 centimètres, subsessiles, linéaires-lancéo- lés, acuminés, finement dentés. Corymbe com- posé de six à douze fleurs blanches ou vert pâle; à pétales longs de 3 centimètres, limbe obovale. Torenia concolor. T. Fordii, D. Hook. — CORRESPONDANCE. 215 Scrofularinées {Bot. Mag.^ tab. C797). — La ])i‘eiinère de ces deux espèces est bien connue aujourd’hui ; ses grandes fleurs, mauve vif ou violet pâle, sont très-abondantes et rendent la plante précieuse pour la décoration des serres. Le T. Fordü, introduit en 1884 de Chine en Angleterre, où il a fleuri à Kew l’année sui- vante, est à petites fleurs jaune pâle, maculées violet foncé sur les lobei* latéraux de leur lèvre inférieure. Ed. André. CORRESPONDANCE M. A. B. (Bliône). — Vous pouvez être ab- solument rassuré sur la solidité du radier de votre pièce d’eau et des rochers qui l’accom- pagnent : du moment que l’hiver a passé sur ces constructions sans que les ciments et mortiers en aient souffert, vous n’avez plus rien à craindre, et vous pouvez, vous devez môme y mettre l’eau sans le moindre retard. Pour que la terre que vous avez déposée dans les niches et baquets en pierre ne soit pas délayée par l’eau qui la submergera, recouvrez sa surface de plaques de gazon que vous bat- trez et à travers lesquelles vous planterez les plantes aquatiques. Voici, pour ces dernières, les indications que vous nous demandez : Elles peuvent être, suivant leur manière de se développer, divisées en quatre catégories, dans lesquelles nous vous indiquons les plus intéressantes : 1» Natantes, c’est-à-dire immergées et étalant leurs feuilles et leurs fleurs à la surface de l’eau. Nymphéa carnea, fleurs doubles, rose car- né, odorantes. N. cœrulea, fleurs très-belles, blanches et bleues, très-odorantes (à abriter pendant l’hiver). N. exqiiisita, fleurs rose vif, à bouton cen- tral rouge, très-odorantes. N. flava, fleurs jaune double. N. odorata ruhra, fleurs magnifiques, rose foncé, doubles, odorantes. N. rosacea, grandes fleurs rose tendre, odo- rantes. Aponogeton distachyus^ fleurs variarlt du blanc au rose, d’un parfum exquis. Trapa natans (Châtaigne d’eau). 2» Flottantes, non adhérentes au sol et voguant sur l’eau, Azolla canadensis, plante à feuilles de Fou- gère, très-élégante. Salvinia natans., feuilles élégamment décou- pées, tressées. 3& Submergées, n’arrivant pas à la surface de l’eau. Stratiotes aloides, feuilles allongées, épi- neuses sur les bords, fleurs blanc légèrement jaunâtre. 4® Amphibies, vivant émergées ou im- mergées, Acorus Calamus, Jonc odorant. Butomus umhellatus, Jonc fleuri, grandes ombelles roses. Cyjjerus pungens, jolie espèce. C. Papyrus, espèce très-ancienne, extrême- ment décorative. Jimcus spiralis, à feuilles en spirale, remar- quable. J. zehrinus, Jonc zébré annulairement de vert et de blanc. Pontederia cordata, feuilles en cœur, fleurs nombreuses, en épi, bleues. Sagittaria japonica flore pdeno, belle forme à fleurs doubles. Typha minima, joli roseau n’envahissant pas trop, etc., etc. Il y a en outre la série très-nombreuse des plantes telles que Bambous, Arundo, Carex, Iris, Eupatoires, Menthes, etc., etc., qui se plaisent au bord de l’eau ; mais elles s’éloignent un peu de celles sur lesquelles vous nous avez demandé des indications. M. L. de la V. (Isère). — Il n'y a pas de règle absolue pour la distance à laisser entre les arbres et arbustes que l’on plante. En effet, cela dépend complètement de la végétation particulière à chaque espèce ou variété, de l’effet que l’on veut plus ou moins vite obtenir, de la durée que doit avoir la plantation, etc. Pour le cas qui, spécialement, vous intéresse- plantez les Épicéas et Pins dît Lord, par grou, pes, à 4 mètres en moyenne et irrégulièrement. Les plantes à feuillage persistant, de pre- mière force, telles que Lauriers, Photinias, Filarias, Alaternes', doivent être distancées entre elles de 50 au moins ; les Mahonias, Rosiers, Buis panachés, de Im à 25. Quant aux arbustes à feuilles caduques, que vous ne pourrez plus pour cette saison transplanter qu’avec une motte de terre, la distance à ob- server varie depuis 1 mètre pour les Ceanothus, Millepertuis, Spirées de Thunberg, etc., jus- qu’à 2 mètres et plus pour les Sureaux, Se- ringats, Lilas, Boule-de-Neige, etc., et se règle naturellement suivant la grandeur que doivent atteindre ces plantes. Voici le tableau que vous demandez, et qui indique le nombre d’arbres à planter sur un hectare de terrain, à des distances variant entre On» 50 et 10 mètres : à Qm 50 : 40,000 à 4m 00 : 625 à 1m 00 : 10,000 à 4m 50 : : 493 à 50 ; 4,436 à 5m 00 : : 400 à 2m 00 : 2,500 à 6m O O ; 276 à 2™ 50 : 1,600 à 7 m 00 : : 201 à 3m O O 1,090 à 8m 00 : 156 à 3m 50 : 812 à 10m 00 : : 100 216 CORRESPONDANCE. No SOIS (Meurthe-et-Moselle). — Les fibres de Noix de Coco sont toujours rares et ne donnent lieu à aucun commerce particulier ; néanmoins, si vous teniez à en avoir, vous pourriez vous adressera M. Ilédiard, négociant en comestibles exotiques, place de la Made- leine, n« 21_, à Paris, qui pourrait peut-être vous en fournir, ou, dans le cas contraire, vous dire où vous pourriez en trouver. No 3950 (Seine-et-Oise). — La plante dont vous nous avez adressé un pied est le Gistus incanus, qui croît à l’état spontané dans di- verses parties de l’Europe méridionale. Cette espèce ne suj)porte pas la pleine terre dans les environs de Paris, où l’on doit la cultiver en serre froide; la température dans ces condi- tions peut meme descendi-e au-dessous de zéro sans que les plantes en souffrent. No 3743 (Basses-Pyrénées). — La grande Fougère dont vous nous avez envoyé un échan- tillon est le Litobrochia aurita. — Quant à la petite, nous avons tout lieu de croire qu’elle appartient au genre Aspidium et est voisine de VA. uliginosum, ce que, pourtant, nous ne pouvons pas assurer, à cause de la petitesse et de l’imperfection de l’échantillon. M. C. (Haute-Garonne). — Le Prunus sinensis figuré et décrit dans la Revue hor- ticole en 1884, n’est pas encore au commerce. — Pour les Lilas dont vous parlez, nous ne pouvons vous en dire le mérite. Vous les trou- verez chez MM. Jacquemet-Bonnefont, à An- nonay. — Quant aux Sorbiers à fruits blancs et à fruits bruns, ce sont des variétés en géné- ral peu méritantes, surtout le dernier. Elles sont, du reste, très-rares. Néanmoins, si vous les désirez, vous pourriez vous adresser, avec quelques chances de succès, aux horticulteurs dont les noms suivent : MM. Simon-Louis frères, à Plantières-lès-Metz ; MM. Transon frères, M. Desfossé-Thuillier, ou M. Dauvesse, à Orléans ; — ou bien encore à M. Louis Le- roy, ou les enfants d’André Leroy, à Angers. Les Amélanchiers et les Aronias appar- tiennent au grand groupe désigné d’une ma- nière générale par le nom de Cratægus. Les Amélanchiers sont des arbustes buissonneux, dressés, très-ramifiés, à fleurs nombreuses dis- posées en grappes terminales. Les Aronias, au contraire, forment des petits arbrisseaux variés de port et d’aspect et qui se relient plus étroi- tement aux Cratægus de la section Aria., avec lesquels ils se confondent même. Leurs fleurs, également blanches, sont disposées en larges corymbes ombelliformes. Toutes ces plantes sont très-rustiques et décoratives. M. de la P. (no 3093). — Votre plante est l’Andromeda japonica très-bel arbuste, })arfaitement rustique dans toute la France, et dont on connaît deux vai iétés, l’une à feuilles étroites et l’auti'e à feuilles ))anachées. C’est le JJodan des Ja})onais ; il ci’oît sur les mon- tagnes près de Nangasaki, où Tbunbei’g l’a découvert le pi-emier, et dans d’auDes parties de l’empir e. Nous ne connaissons pas d’autres Andro- mèdes lleuiâssant en hiver, bien que ce geni'e cornpi’enne de nombreuses esjrèces japonaises et noi'd-améiâcaines. On les multiplie par bou- tures ou rameaux à froid, à l’étouffée, ou mieux par marcottes. Vous ti-ouvei-ez VAndromeda japonica et la plupart des autres espèces en (juantité sufli - santé pour en faii'e des massifs, et à des pr ix modérés, chez M. Groux, horticulteur à Aulnay, pi’ès Sceaux (Seine). M. A.-W.-II. Menton. — Vous pourrez vous procui'er les tuteurs système Y vert en vous adressant à la Société des Forges de la Franche-Comté, à Besançon (Doubs), qui a une succursale à Paris, avenue Deaumesnil, 116. M. E. A., rue de l’Entrepôt, Paris. — Votre lettre ne donne pas toutes les indications né- cessaires pour que nous puissions vous in- diquer avec précision les causes de la non fructification de vos Vignes en serre. Nous pouvons cependant vous dire que c’est proba- blement dans l’insuffisance de l’air et de la lumière, ainsi que dans l’air vicié de la ville, qu’il faut chercher les raisons principales de votre insuccès. Les Vignes peuvent donner des Raisins en serre, même lorsqu’on cultive d’au- tres plantes près d’elles, mais ce sont des con- ditions défavorables. Si vous examinez les serres à Vignes en France, et surtout en An- gleterre et en Belgique, vous verrez que les plantes volumineuses en sont exclues, de ma- nière à laisser circuler autour des sarments, des feuilles et des grappes, un cube d’air con- sidérable et une abondante lumière. Dans ces conditions, que les pieds soient plantés en dedans ou au dehors de la serre, les tiges s’aoûtent bien et se couvrent annuellement de belles grappes. Si l’on a soin d’aérer fréquem- ment, de donner de l’engrais aux racines en végétation, de ne pas arroser les fleurs pen- dant leur épanouissement, de pratiquer en temps utile les pinçages et les rognages, on obtient le succès, même dans les villes, ainsi que l’ont démontré de nombreux horticulteurs et amateurs. U Administrateur- Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 217 CHRONIQUE HORTICOLE La prochaine récolte des fruits. — Concours ouverts par la Société des agriculteurs de France. — La Vigne et sa culture en Perse. — Le tuteurage végétal de la Vanille. — La culture de l’Immortelle dans le Midi. — Le Rosier de Banks à l'état sauvage. — L’emploi médicinal des Oranges et Citrons. — Multiplication des Bégonia Bex et formes analogues. — rernetlya anguslifolia. — Déplantation des boutures. — Origine du Beurré Clairgeau. — Une Tulipe de Greig à fleurs panachées. — Greffe automnale en fente des Poiriers. — Cryptogames ravageant les plantations de Pins. — Giroflée Bavenelle jaLune hâtive. — Catlleya Lawrenceana. — Origine des Fraisiers des Quatre-Saisons. — Odontoglossum Pescalorei iàune. — Exposition d’horticulture de Paris: principales récompenses. — Toxicophlea spectabilis. — La sous-direction des jardins de Kew. — Expositions annoncées. — Nécrologie : M. E. Aramburu. La prochaine récolte des fruits. — Bien c{iie l’on ne puisse encore rien affirmer, généralement les apparences sont telles que l’on semble autorisé à compter sur une bonne récolte de fruits. Prunes, Pèches, Abricots, sont parfaitement noués ; reste l’époque critique, la formation du noyau qui , comme on le sait , est toujours à craindre. Mais comme toutes les apparences sont bonnes, il y a lieu d’espérer. Concours ouverts par la Société des agriculteurs de France. — Parmi les nombreux concours ouverts, cette année, par la Société des agriculteurs de France, nous citons ci-dessous ceux qui intéressent particulièrement les lecteurs de la Revue horticole. Ces Concours, à chacun desquels sera at- tribué un prix agronomique, objet d’art, etc., s’appliqueront respectivement aux sujets suivants : Monographie forestière d^une région de la France. — Maladies du Mûrier et moyens de les combattre. — Dessication des fruits. — Étude générale du xngnohle français. — Étude sur la cidture des cé- pages américains et les meilleurs pro- cédés de vinification de ces mêmes cé- pages. — Destruction du Peronospora viticola. — Les Mémoires doivent être dé- posés au siège delà Société, 21, Avenue de l’Opéra, avant le 31 décembre 1886. Pour l’année 1890, la Sociécé des agri- culteurs de France ouvre un Concours pour la Création de fermes fruitières et elle prévient aujourd’hui les pépiniéristes et cultivateurs, afin que ceux qui désire- raient concourir puissent dès maintenant diriger leurs cultures dans ce sens. Pour la désignation du lauréat, on pren- en considération : M L’importance de la plantation; 2^ Les soins pris pour assurer la réussite ; 16 Mai 1886. Le choix des espèces et variétés, qui devront être appropriées au sol et au climat et déterminées au point de vue de l’emploi assuré des fruits, soit pour le marché, soit pour l’usage industriel ; Aû Les plantations intercalaires, telles que celles des Groseilliers, Framboisiers, légumes et autres végétaux alimentaires pouvant donner un produit avant les arbres. L’importance de ce dernier Concours n’échappera à personne. Nous sommes per- suadés que les concurrents seront nombreux et qu’il en résultera un progrès très-appré- ciable dans les procédés de création et d’ex- ploitation des cultures fruitières. La Vigne et sa culture, en Perse. — Une très-intéressante communication sur ce sujet a été faite, à l’une des dernières séances de la Société nationale d’Acclimata- tion, par M. Bernay, consul de France à Tauris (Perse). Voici quelles en sont les données principales : On cultive, en Perse, environ soixante va- riétés de Vignes ; mais trois seulement, les meilleures, sont l’objet d’exploitations im- portantes. Le premier cépage, nommé Châhcmi, c’est-à-dire Royal, produit d’é- normes grappes à grains noirs, longs et gros comme la moitié du poüce, dont on fait un vin extrêmement capiteux et coloré. Vient ensuite VAskéri, qui donne des grappes plus petites que le précédent ; ces grains, de grosseur ordinaire, sont très-su- crés, juteux, et leur peau est si mince qu’il est difficile de les détacher sans les meur- trir quand ils sont un peu mûrs ; les pépins sont presque invisibles. C’est surtout un Raisin de table très-apprécié des Persans ; il sert à faire un vin blanc très-capiteux et de très-bonne qualité. Le troisième cépage, qu’on nomme Riche Taha, c’est-à-dire Barbe de Vieux, dans le sud de la Perse, 10 218 CHRONIQUE HORTICOLE. et Guélin harrnaghi on Doigt de mariée, dans le nord, prodnil d’énormes grappes dont les grains sont longs de 4 à 5 centi- mètres. Les pauvres font leur ]>rincipale nourriture de ce Raisin, (jni manque un peu de jus et de fondant, et par suite ne peut servir à faire du vin. En Perse, les Vignes sont plantées dans des sillons ]>rofonds de 1"‘ 50 à 2 mètres; en hiver et au printemps, elles sont arro- sées au moyen d’eau courante qui l)aigne les racines et même les ceps pendant un jour ou deux chaque fois. En été, les mêmes irrigations ont lieu une fois par semaine, car djuis le sud et le centre de la Perse, il ne pleut pas pendant les mois de juin, juil- let, août et septembre ; dans le nord, quel- ques orages donnent un peu de fraîcheur, au commencement de l’été seulement. 11 serait bien désirable que les Vignes dont il vient d’être question fussent intro- duites vivantes en France. Nous avons ap- pris avec une vive satisfaction que M. Ber- nay a l’intention de prendre les mesures nécessaires pour assurer leur introduction dans un délai aussi rapproché que pos- sible. ' Le tuteurage végétal de la Vanille. — M. Gustave Heuzé vient de publier dans le Journal d'agriculture pratique un remarquable article sur la Vanille, sa cul- ture et l’exploitation de ses produits. On sait que la Vanille se cultive dans nos colonies des Antilles, à la Guyane, à la Réunion, Madagascar, Cayenne et en Go- ebinebine; il est donc du plus haut intérêt de répandre les utiles enseignements con- tenus dans l’article en question et nous nous proposons d’en publier quelques ex- traits. Parlons aujourd’hui du tuteurage.. On sait que la Vanille est une Orchidée grim- pante, ou plutôt qui s’enroule autour des supports qu’elle rencontre. Aux colonies, on emploie pour la soutenir des arbres qui ne changent pas d’écorce. Ceux que l’on plante dans ce but sont : L’Avocatier, Persea gratissima ;\eB\]ms- sier, Eriohot rga Japonica; le Bois Chan- delle, Dracæna candclaria ; l’Acacia à bois ■^pioir. Acacia latifolia ; le Manguier, Man- ^gifera indica ; le Filao de l’Inde, Casuarina equisetifoJia ; le Jacquier, Artocarpus integri foUa;\el)vi\go\miev, Dracæna iJraco; le Fromager ou Ouatier, Bomhax mala- haricum ; le Pignon d’Inde, Jatropha Cur- cas. Ce dernier végétal [)erdant ses feuilles au moment où les Vanilliers mûrissent leurs fruits et réclament un })eu d’ombre, on lui adjoint, en plantant, un certain nombre de Bananiers clairsemés, dont l’ample feuil- lage suffit à donner aux plantations l’ombre dont elles ont besoin. La culture de l’Immortelle dans le Midi. — La ])liq)art de nos lecteurs qui sont allés dans le Midi de la France ont dû être fi‘a[)pés de l’aspect étrange que pré- sentent certains clianq)S pierreux, du côté d’Aubagne pai'ticulièrement. Ils sont cou- verts de petites touffes blanches arrondies, qui se parent, dans la belle saison, de nombreuses fleurs jaune d’or. C’est l’Immortelle funéraire, qui se cul- tive dans cette région sur de vastes étendues. Nous extrayons d’une intéressante mono- graphie que M. Gros, professeur d’agricul- ture des Alpes-Maritimes, vient de publier sur cette plante {Ileliclirgsum orientale), un chiffre qui donne une idée de l’impor- tance de cette cidture dans la région médi- terranéenne. En effet, en Provence, la sur- face des terrains culvivés en Immortelle jaune comprend environ 1,200 hectares. Étant donné qu’au moment de leur épa- nouissement les fleurs se touchent presque les unes les autres, on conçoit quelle énorme quantité de ces fleurs est employée annuel- lement pour la confection des bouquets et couronnes funéraires. Le Rosier de Banks à l’état sauvage. — La Revue horticole a récemment parlé (1) des Primida découverts dans le Yii-nan par M. l’abbé Delavay, et parmi lesquels M. Francbet a reconnu seize espèces nou- velles. L’étude de cet intéressant herbier se poursuit. Les Rosiers récoltés dans la même province ont été également étudiés ; on y a trouvé le type sauvage du Rosier Banks. Seulement, les spécimens collectés par M. rabl)é Delavay ont des épines, et leurs feuilles se composent de sept folioles au lieu de cinq que montre le Pmsier de Banks de nos cidtures. La disparition des épines sur les individus cultivés n’a rien de surprenant, tandis que la différence du nombre de folioles est un fait bien sin- gulier. L’emploi médicinal des Oranges et Citrons. — Le Gardeners’Chronicle publie (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 507. CHRONIQUE HORTICOLE. 219 une communication du docteur Bonaria, au sujet des grands services que l’Orange et le Citron peuvent rendre en médecine, parti- culièrement dans les cas de débilité, et aussi pour combattre l’état d’affaiblissement et de langueur qui suit les accès de lièvre in- termittente et de malaria. Dans l’Inde, le Citron est fréquemment employé comme fébrifuge ; pris en décoc- tion, il produit rapidement le même effet que la Quinine, dans les cas de fièvres tierce ou quarte. L’Orange, appelée Khatta dans ces régions, possède les mêmes pro- priétés. Les qualités précieuses de ces beaux fruits pour la thérapeutique ont été cons- tatées depuis longtemps ; mais en ce mo- ment où toutes les nations civilisées portent leurs efforts sur la colonisation des pays plus ou moins salubres, il faut largement faire connaître tout ce qui peut, à un moment donné, rendre service à nos soldats et à nos pionniers. Multiplication des Bégonia Rex et formes analogues. — On a remarqué que pour beaucoup de variétés du Bégonia Rex, que l’on multiplie par feuilles, il y a sou- vent avantage, au lieu du limbe que l’on applique sur le' sol, à planter le pétiole ver- ticalement ainsi qu’on le ferait d’une bou- ture quelconque. Dans ce cas il ne tarde pas à se développer à la base du pétiole des bourgeons qui sont très-vigoureux et consti- tuent une sorte de petite touffe que l’on sé- pare, et qui fournit de bonnes plantes. Très-souvent même il est possible de re- couper cette feuille et de la planter de nou- veau ; alors elle ne tarde pas à produire une deuxième série de jeunes plantes. Dans cer- tains cas, si le pétiole est un peu long, on peut faire successivement trois séries de bou- tures avec une même feuille. Mais alors com- ment, dans cette circonstance, faire concorder ces faits avec l’ancienne théorie scientifique, qui disait qu’il « n’y avait jamais formation d’yeux là où primitivement il n’y avait pas eu d’organe foliacé ou son équivalent : feuille, bractée, stipule, écaille, etc. );? Ici, en effet, le pétiole n’a jamais porté aucun de ces organes, et malgré cela il peut, sur- tout s’il est surmonté du limbe, donner naissance à de nombreux bourgeons, cela d’autant plus qu’on le sectionne' davantage, c’est-à-dire un nombre de fois plus ou moins grand. Pernettya angustifolia. — Cet arbuste, qui est rustique, n’est pas seulement joli par ses fleurs blanches, mais encore par ses fruits rouge vineux, dont la plante se charge chaque année et qui persistent pendant très- longtemps (plus de 7 mois), ce qui fait qu’on peut l’employer avec avantage pour orn-er les massiff pendant tout l’hiver. Cultivé en pots, il pourrait être utilisé pour la garni- ture des appartements et même être pré- senté sur les tables comme dessert, car ses fruits doux, mucilagineux et pulpeux, assai- sonnés avec un peu de rhum ou d’eau-de- vie et de sucre, sont assez agréables à man- ger. Disons toutefois que cette espèce n’est pas la seule du genre qui puisse être ainsi employée, il en est un grand nombre d’autres dont les fruits, de grosseurs diverses et de couleurs excessivement variées (du blanc au rouge brun foncé) et dont la Revue hor- ticole a récemment parlé et donné les des- criptions (1), sont tout aussi décoratifs. Déplantation des boutures. — Lors- qu’on a affaire à des espèces dont l’en- racinement s’effectue lentement, il ne faut pas craindre de déplanter les boutures et même de les secouer, au contraire ; car, par suite des arrosements et de la non absorp- tion par les plantes, la terre se décompose et devient impropre à la végétation. Dans ce cas, il faut déplanter les boutures et les re- planter en terre neuve, qu’elles soient en pots ou en pleine terre, et alors il n’est pas rare, quelques jours plus tard, de voir ces mêmes boutures développer des racines, ce qu’elles n’auraient pas fait si on les eût lais- sées dans la vieille terre. Il va sans dire que les soins et les traitements devront être en rapport avec la nature des plantes et qu’il en sera de même pour les terres ou composts qu’il convient d’employer. Origine du Beurré Clairgeau. — Deux raisons nous engagent à rappeler l’ori- gine de ce beau et bon fruit : d’abord pour l’orthographe du nom, que quelques-uns écrivent Clergeau, ce qui est un tort. Cette variété a été obtenue à Nantes, en 1849, par un jardinier, M. Pierre Clairgeau, qui en a vendu le pied mère en Belgique. Comme cela a presque toujours lieu, l’ob- tenteur, il a voulu anoblir son enfant en lui créant un magnifique acte de naissance. Il lui a reconnu comme ancêtres un Reurré et une Duchesse d’ Angoulème. Toute- fois, il faut bien reconnaître que par les (1) Voir Revue horticole, 1884, p. 159; id., 1885, p. 76. 220 CHRONIQUE HORTICOLE. qualités et la beauté, l’enfant s’est montré (ligne (le ses parents. En effet le Beurré Clairgeau est gros, bon et d’une belle forme. Une Tulipe de Greig à fleurs pana- chées. — Cette forme s’est trouvée dans un lot de 500 Ognons du Tulipa Grei- gii, envoyés directement du Turkestan à MM. Simon-Louis, de Plantières-lès-Metz. A l’exception d’un seul, tous ces Ognons ont donné des fleurs à peu près semblables à celles du type, c’est-à-dire d’un beau rouge carminé, avec une large macule noire à la base de chaque segment. Au contraire, rOgnon qu’ici nous nommons dissident a donné des fleurs à segments plus largement obtus au sommet, et également maculés de noir à la base ; ils sont très-fortement tlammés-striés de jaune sur un fond car- miné. Ces fleurs sont très - agréablement odorantes. Sommes-nous en présence d’un fait de dichroïsme spontané du Tulipa Greigii, ce qui, du reste, est assez commun chez les Tulipes, ou bien cet Ognon serait-il le représentant d’une variété à fleurs pana- chées du type, se trouvant avec celui-ci au Turkestan ? Greffe automnale en fente des Poi- riers. — Dans une circulaire qu’il vient de publier, M. A. Hérault, pépiniériste à Angers, conseille, avec raison, la greffe en fente des Poiriers. Cette greffe, dit-il, a l’avantage de n’occasionner aucune pertur- bation dans l’économie du sujet, vu le ra- lentissement hivernal de la sève, qui est cependant suffisante pour souder les gref- fons. Ceux-ci, en quelques jours, deviennent partie iptégrante du sujet, de sorte qu’ils poussent vigoureusement au premier mou- vement de la sève du printemps. Nous nous associons à M. Hérault pour recommander cette greffe, que nous avons très-souvent pratiquée et toujours avec succès. Outre son avantage comme opéra- tion, elle a celui de pouvoir se faire à une époque où les travaux sont en grande partie terminés, tandis qu’au contraire au prin- temps et en été ils sont nombreux et pressés. Cryptogames ravageant les planta- tions de Pins. — M. Maxime Cornu vient de se livrer à des expériences d’un grand intérêt, au sujet des cryptogames qui, dans bien des localités, exercent dans les forêts de Pins des dégâts considérables. Nous extrayons d’une communication, faite ré- cemment par lui dans une réunion de la Société nat ionalc d’agriculture, les précieuses indications (jui suivent. M. Cornu a constaté que les dégâts exer- cés sur les aiguilles du Pin étaient dus au Pcridcrmium Fini (var. corticolum), cryp- togame qui se développe sur le Seneçon {Senccio arvensis) d’où il passe sur ces ai- guilles. Le parasite qui attaque les écorces est le Cronarlium asclepiaduyn, qui vient du Dompte-venin. Pour prévenir l’apparition de ces deux rouilles, M. Max. Cornu recommande de n’établir les pé})inières de Pins qu’en ter- rains siliceux, où le Dompte-venin vient très-difticilement; on évite ainsi le Cronar- tium asclepiadum. Quant au Perider- mium Fini, il suffit, pour empêcher son ap- parition, d’empêcher le développement du Seneçon dans les cultures surveillées. Giroflée ravenelle jaune hâtive. — - Cette race n’est guère connue que dans quelques communes aux environs de Paris, Montreuil, Bagnolet, Romainville, Noisy- le-Sec, où on la cultive pour la fleur coupée. Ses caractères généraux sont absolument les mêmes que ceux du type dont elle sort ; la seule diflérence, qui est importante, consiste dans sa hâtiveté de floraison. Ainsi, il n’est pas rare d’en voir déjà en fleurs à la Toussaint, et, (|uand le temps est relati- vement doux, de voir la floraison se conti- nuer pendant tout l’iiiver. Mais il faut re- connaître que cette race hâtive est beaucoup moins rustique, et qu’il y a peu d’hivers où elle ne soit plus ou moins fatiguée par les gelées. Qu’y aurait-il à faire? La cultiver en pots pour la rentrer lors des froids, ou phdùt la planter près à près et l’abriter avec des paillassons ou toute autre chose. Nous avons la certitude que les dépenses et le travail seraient largement compensés. Pour la récolte des graines, on procède comme pour toutes les autres plantes. On choisit pour mères les sujets les plus francs, c’est-à-dire ceux dont les caractères se rap- prochent le plus de la perfection, suivant le but que l’on se propose et le point de vue où l’on se place. Cattleya Lawrenceana. — M. Henry Fatyer, directeur des serres Excelsior à Ignanval près du Havre, nous informe qu’un pied de CattJega Laivrenceana a fleuri i dans son établissement au mois de janvier I dernier, par consé([uent avant celui (iont il j est parlé dans la Revue horticole. A l’ap- CHRONIQUE HORTICOLE. 221 piii (le son dire, M. Fatyer ajoute: Ce pied de CatUeya Lawrenceana avait deux îiainpes portant chacune quatre tleiirs, qui ont été adressées l’une à M. Godefroy- Lebeiit, à Argenteuil, l’autre à M. le pro- fesseur Reiclienhach. Origine des Fraisiers des Quatre- Saisons. — Dans une lettre qu’il nous écrivait récemment, M. Boisselot, de Nantes, à propos de l’article sur l’origine des Fraisiers des Quatre-Saisons^ disait : (( L’idée que la Revue horticole a émise dernièrement que ces Fraisiers sortent des grosses races remontantes est certainement vraie, et bien des fois j’ai pu m’en assurer. Ainsi, dans un jardin où jamais je n’avais cultivé que des grosses Fraises non remon- tantes, j’ai toujours remarqué que dans les semis faits des fruits sortaient des Fraisiers des Quatre-Saisons. Au contraire, dans un terrain éloigné de celui dont je parle, et où je semais des Fraisiers de Quatre-Saisons, je n’ai jamais obtenu de grosses Fraises. » Odontoglossum Pescatorei jaune. — L’exemplaire de cette belle variété qui a été récemment exposé à South Kensington vient d’être vendu aux enchères, à Lon- dres. Il a été adjugé pour le prix respec- table de 4,125 fr. au baron Schrœder, qui, on le sait, possède une admirable collection d’Orchidées de choix. Exposition de la Société nationale d’horticulture de France. — L’ouver- ture de cette Exposition a eu lieu le 11 mai, aux Champs-Élysées , au milieu d’une affluence considérable de visiteurs et par un assez beau temps. Nous en donnerons le compte-rendu dans notre prochain numéro, nous bornant forcément, pour aujourd’hui, à publier les principales récompenses. Grand prix d’honneur: M. Cliantin, Pal- miers. Prix d’honneur : M. A. Truffaut, Orchidées; M. A. Bleu, plantes de semis; M. Dallé, plantes variées de serre; M. Savoye, plantes de serre; M. Massange de Louvrex, Cattleyas ; Compa- gnie continentale d’horticulture (J. Linden), plantes d’introduction nouvelle ; M. Defresne, Conifères ; M. Moser, Rhododendrons ; M. Ch. Verdier, Rosiers; M. Lévêque , Rosiers; MM. Vilmorin-AndrieuxetCi®, plantes annuelles d’ornement; M‘"® E. Lion, bouquets variés; Société de secours mutuels des Jardiniers de la Seine, Légumes ; M. Louis Lhérault, Asperges. Toxicophlea spectabilis. — Cette es-* pèce, dont la Revue horticole a donné une description et une figure (1), est des plus intéressantes, et l’on a lieu de s’étonner de ne la rencontrer que si rai*ement dans les cul- tures. Elle est d’une e.xtréme tloribondité, à tel point que des petites boutures, à peine reprises, se couvrent de fleurs nombreuses, réunies en grosses inflorescences subsphé- riques, d’un l)lanc de neige et d’une odeur des plus suaves , qui rappelle la fleur d’Oranger, mais est moins pénétrante. La sous-directioa des jardins de Kew. — Les fonctions de directeur-assistant du jar- din de Kew, en remplacement de M. This- leton Dyer, nommé directeur, viennent d’être confiées à M. D. Morris, précédem- ment directeur du jardin botanique de Kingston (Jamaïque). Expositions annoncées. — L’Exposi- tion de la Société d’horticulture de Seine- et-Oise aura lieu à Versailles du 22 au 25 mai prochain. Outre les récompenses ordinaires , la Société accorde un grand prix d’honneur, douze prix d’honneur et 40 primes d’une valeur de 25 fr. Ces primes s’ajouteront toutes aux mé- dailles d’or et de vermeil pour ceux des lauréats dont les prix seront convertis en une médaille exceptionnelle. Pour les autres lauréats, elles resteront attachées à chaque premier prix qui leur sera accordé. Les 12, 13 et 14 juin prochain, se tien- dra à Amiens une Exposition générale d’horticulture ainsi que des objets qui s’y rattachent. Les personnes qui désirent y prendre part devront en faire la demande, avant le juin, à M. le Président de la Société, rue Debrais, 13, à Amiens. Nécrologie. — M. E. Aramhiiru. — Nous apprenons avec regret la mort de M. E. Aramburu, architecte-paysagiste, qui a dirigé avec talent, dans le Nord de la France, des travaux d’une certaine impor- tance. M. Aramburu était l’un des membres les plus actifs de la jeune Société régionale d’horticulture du Palais Rameau, à Lille, dont les heureuses innovations sont con- nues des lecteurs de la Revue horticole. E.-A. Carrière et Ed. André. (1) Voir Revue horticole, 1879, p. 270. 222 LES EREMURUS. LES EREMURUS Parmi les plantes de pleine terre que des introductions récentes ont tout d’un coup placées en première li^ne, au point de vue ornemental, les Eremnrns méritent sur- tout de fixer l’attention des amateurs, par l’ensemble de leurs qualités décoratives. fai eflét, quoi de plus beau et de moins banal que ces plantes au feuillage gladié, qui développent en deux ou trois mois une magnifique hampe florale haute de deux, trois mètres et plus, garnie sur plus de un mètre de hauteur d’un épi très-dense de fleurs jaune d’or, blanc pur, lilas, rose vif ou jaune soufre, suivant les espèces ! Le genre Eremiirus qui, il y a peu d’an- nées, lorsque Baker lui consacra une mo- nographie, ne comptait que dix-huit es- pèces, a vu depuis, surtout par suite des introductions faites du Turkestan par M. Albert Regel, ce nombre d’espèces s’éle- ver à vingt-huit, les dernières venues étant pour la plupart de beaucoup les plus belles du genre. LesEremurus, d’une culture facile comme d’ailleurs la plupart des plantes vivaces, exigent cependant les conditions essentielles suivantes : leurs longues racines charnues demandent un sol riche, profond et bien défoncé ; pendant l’été, ils doivent être placés à une exposition chaude, en plein soleil, avec des arrosages abondants ; pen- dant la période de repos, au contraire, leurs racines doivent être maintenues dans une sécheresse complète. Le seul procédé de multiplication connu jusqu’à ce jour est le semis ; heureuse- ment, les graines cV Ereniurus qui sont tou- jours abondantes mûrissent facilement sous notre climat, lorsque l’été est chaud. Les graines doivent être semées à l’au- tomne même qui suit leur maturation, et les jeunes plantes sont repiquées dans de petits pots aussitôt que leur développement rend cette opération possible. On les cultive sous châssis, pendant les deux premières années ; ensuite elles ont acquis assez de force pour supporter le froid de nos hivers. C’est alors qu’on les place dans les plates-bandes ou sur les pelouses qu’elles doivent garnir. Le principal danger que l’on doive éviter est que l’iiurnidité se loge dans la couronne, ce qui affaiblit considérablement les plantes et rend leur floraison presque insignifiante. Il faut aussi tenir compte de ce fait que le grand développement que prennent les racines des Eremurus, ainsi que leur na- ture charnue, font que ces plantes souffrent heaucoup de la transplantation, qui, tou- jours, retarde leur floraison, et souvent compromet leur avenir. Actuellement, huit Eremurus sont in- troduits dans les cultures; les plus répan- dus sont les suivants : E. aurantiacus. — Cette espèce, que, par suite du pou d’éléments qu’il avait à sa disposition, M. Baker avait placée dans la section des Ilenningia, croît spontané- ment, dans l’Afghanistan, à une altitude variant de 2,300 à 3,000 mètres. Elle pro- duit cinq ou six feuilles linéaires étroites, longues de 35 centimètres sur 15 mil- limètres de largeur. L’épi floral est haut de 70 centimètres à 1 mètre, et sa moitié supérieure est abondamment garnie de fleurs d’une bonne grandeur, jaunes, à segments réfléchis, qui s’épanouissent à la fin d’avril ou au commencement de mai. Cette espèce donne une bonne végétation dans une plate-bande de terre de bruyère. E. Bungei. — Cet Eremurus se rap- proche beaucoup du précédent, avec lequel, d’ailleurs, il a souvent été confondu. Il s’accommode du même terrain avec addi- tion de terre franche poreuse et de sable. Les feuilles, qui se développent avec les fleurs, ont environ 35 centimètres de lon- gueur sur 6 à 7 millimètres de largeur. Les épis floraux, assez vigoureux, ont de 35 à 50 centimètres de hauteur, et sont couverts, sur à peu près un tiers de leur longueur, de fleurs d’un jaune brillant, me- surant 25 millimètres de diamètre. Cette espèce, originaire de Perse, entre Nischapur et Meshed, fleurit fin juin et en juillet. E. himaJaicus. — Cette plante, voisine de VE. rohustus, est certainement la plus résistante des espèces cultivées jusqu’à ce jour. Sa hampe s’élève à 2™ 75 de hauteur et est couverte, sur un tiers ou plus de sa longueur, de jolies fleurs assez grandes, d’un blanc pur, très-rapprochées de la hampe. Cette espèce, qui pousse très-tard, au printemps, est par suite moins .sujette à souffrir des derniers froids; ses fleurs se développent fin de mai et en juin ; elle croît dans l’Himalaya, aux environs de Kunawur, à une altitude de 2,300 à 3,300 mètres. BETTE ET BETTERAVE. 223 E. Olga. — Espèce très-rustique, qui doit cependant être retardée, autant que possible, dans sa végétation printanière, pour la raison indiquée ci-dessus. Ses îéiulles, très-étroites, ont de 35 à 70 centi- mètres de longueur; la lianq)e llorale at- teint de 05 centimètres à 30 de liauteur et est fortement garnie, sur à peu près la moitié de sa hauteur, de jolies Heurs lilas ou roses, mesurant 25 millimètres de dia- mètre. Quoique ne prenant pas un très- grand développement, cette espèce, origi- naire du Turkestan, est une des plus belles du genre. Ses tleurs s’épanouissent en mai et juin. E. rohusiiis. — Celui-ci, d’abord décou- vert dans les montages d’Alatan, à une alti- tude de 700 à 1,000 mètres, a été ensuite trouvé par Olga Fedjenko, dans le Turkestan, à 3,500 mètres d’altitude. C’est l’espèce la plus accommodante, sous le rap- port de la culture, et la mieux disposée à réussir dans les plantes-bandes ordinaires de nos jardins. Ses feuilles ont 1 mètre de longueur sur 7 ou 8 centimètres de largeur. L’épi floral atteint 3'^^ 30, et sa partie supé- rieure est abondamment garnie, sur envi- ron 1't^20 de hauteur, de très-jolies fleurs, mesurant 5 centimètres de diamètre, rose pâle, à centre jaune d’or. Cette espèce, d’un grand intérêt au point de vue ornemental, demande un sol profond et riche, défoncé à 1 mètre de profondeur, car ses représen- tants, même lorsqu’ils sont jeunes, ont les racines très-longuement développées. Elle lleurit tin de mai et commencement de juin. E. spectahilis. — Cet Eremurus est sou- vent désigné, dans les cultures, sous le nom de E. caucasicAis. 11 est moins ornemental que les espèces dont nous venons de parler, bien que sous ce rapport il soit assez va- riable, et donne parfois une floraison très- belle. Sa hampe llorale, haute de 70 centimètres à 1"^40, porte des Heurs jaune pâle, ({ui se développent en juin. 11 est originaire de la Sibérie, du Caucase, etc. Voici maintenant la liste de toutes les espèces actuellement connues, et dont quel- ques-unes seulement sont introduites dans ces cultures : E. altaicus, E. tauricus, E. tiirkesta- nicus, E. cappadociciis, E, stenophyllus, E. inderiensis, E. angustifolnis, E. Kaiiff- manni, E. Aucherianus. E. Korolkowi, E. Aitcliisoni, E. Stocksi, E. Griffithi, E. hucharicus, E. paucifloricus, E. gjer- sicus, E. anisopterus, E. luteus, E. Sou- varowii, E. Capiisii et E. alho-citrinus. Nous souhaitons que l’introduction de la plupart d’entres elles ne se fassent pas long- temps attendre; elles seront de nature à procurer de nouvelles et vives jouissances aux amateurs de plantes de pleine terre. Ed. André. BETTE ET BETTERAVE Si scientifiquement Bettes et Betteraves sont synonymes, il en est autrement au point de vue économique. Sous ce rapport, en effet, les différences sont considérables. Tandis que les Betteraves servent surtout à la grande culture et à l’industrie, les Bettes, Cardes ou Poirées, comme on les appelle, n’ont jamais quitté le jardin où elles sont cultivées comme légumes et exclusivement pour les feuilles comme Épinards, mais tout particulièrement pour les pétioles que l’on mange sous le nom de Cardes, nom qui, au point de vue culinaire, rappelle les Cardons, dont on mange également les pétioles. Origine et caractère de la Poirée-Carde ou Bette. — La Bette ou Poirée est indi- gène et bisannuelle ; ses caractères bota- niques étant les mêmes que ceux de la Bet- terave, nous n’en parlerons pas et n’avons qu’à examiner ceux que la plante présente et qui la diHerencient dans la pratique du jardinage. « La Poirée, disent MM. Vilmorin, paraît être exactement la même plante que la Betterave, à cela près que la culture y a dé- veloppé les feuilles et non pas les racines. » {Les Plantes potagères, p. 420.) Nous sommes complètement de l’avis de MM. Vil- morin, et cette opinion, nous allons la justi- fier par des faits. Disons pourtant, d’une manière générale, que les différences entre les Poirées et les Betteraves sont assez sen- sibles pour que le praticien puisse les dis- tinguer, même à première vue. Ainsi, les Bettes ont les feuilles plus nombreuses; les pétioles, qui sont charnus et très-déve- loppés, sont surtout heaucoup plus larges que ceux des Betteraves. Quant aux racines, elles sont généralement ramifiées, fibreuses, parfois plus ou moins renflées et charnues ; 224 BETTE ET BETTERAVE. quant à la couleur soit des feuilles, soit des racines, elle pi'éseide des différences en rapport avec les variétés jaune ou blanche. C’est encore, actuellement, à ces quel([ues variétés que se home la culture des Poirées pour le commerce. Mais depuis une vingtaine d’années, en- viron, on a introduit du Chili, dit-on, une variété intiïiimeut plus vigoureuse, de colo- ris divers, riches et hrillaids, que l’on cul- tive tout particulièrement pour rornemen- tation ; ses caractères bota- niques sont également les mêmes que ceux des bet- teraves et de la Poirée. Nous l’avons cultivée pendant longtemps et jamais elle n’a varié que dans le coloris de ses feuilles ; quant à ses racines, elles sont toujours restées fibreuses. Voilà pour les Poirées. Jusqu’à présent l’on avait bien soupçonné — l’on avait même dit — que les Bettes étaient le type et qu’elles avaient produit les Bette- raves, ce que, du reste, semble indiquer le nom Betterave : Bette - Rave, c’est-à-dire une Bette à racines charnues, comme l’est celle de la Rave, qu’elle rappelle assez exactement, mais personne, que nous sachions du moins, n’avait donné aucune preuve à l’ap- pui de ces dires ; nous- même avons bien des fois tenté des expériences pour arriver à la démonstration du fait, c’est-à-dire à la transformation des racines, mais toujours sans résultat. Il est vrai de dire que nous étions toujours parti du Beta maritima, plante couchée, traçante, à racines fibreuses. Mais plus tard, en exami- nant certaines cultures de Bette, à Mon- treuil, nous avons remai-qué des pieds à racines charnues plus ou moins renflées et de couleurs différentes, et qui, sous ce rap- port, nous ont paru être des équivalents, c’est-à-dire des intermédiaires, des (( pas- sages », comme l’on dit, entre les Bettes et les Betteraves. Nous en avons même mangé comparativement avec celles des Betteraves, et avons reconnu que la chair et la saveur étaient les mêmes que celles des Betteraves, sauf le ])i-incipe sucré qui était moins pro- noncé. Il n’y avait, en réalité, de différence sérieu.sc ([ue dans les })étioles qui, chez les Bettes, son! loujoui’s beaucoup plus })lats et surtout ])lus lai'ges que ceux des Betteraves. Aussi notre opinion était-elle faite, et nous nous croyions aulorisé à dire ({ue les Bette- raves étaient sorties des Bettes ou Poirées. Nous en étions arrivé à cette conclusion, sans cej)endant pouvoir fournir du fait une preuve irrécusable, lors- qu’une circonstance fortuite a confirmé nos observa- tions. Cette fois, plus de doute, la nature était e prise sur le fait ». Voici com- ment : Notre collaborateur et ami, M. Poisson, aide-natu- raliste au Muséum, semait tous les ans, pour son usage, des Bettes ou Poi- rées - Cardes ordinaires , ainsi que des Poirées- Cardes du Chili destinées surtout à l’ornementation. En 1885, parmi ces der- nières, il remarqua que l’un des pieds semblait vou- loir donner une racine plus grosse que les autres ; il n’y fit d’abord que peu d’attention, et ce n’est que vers la fin de l’été qu’il s’aperçut que, outre le grossissement qui augmen- tait de jour en jour, la racine s’allongeait en deliors du sol qu’elle finit par excéder d’environ 25 centi- mètres; le collet aussi était plus atténué et moins feuillé qu’il ne l’est chez les Poi- rées. Cette plante excep- tionnelle, qui ne reçut pas plus de soins que ses voisines, fut arrachée comme elles, et nous fut envoyée par M. J. Poisson, ce qui nous a permis de l’exa- miner et d’en faire la description ainsi que la figure 63. Plante excessivement vigoureuse , à feuilles grandes, à limbe rougeâtre ferrugi- neux, luisant, plus ou moins cloqué. Pé- tioles très-larges bandelettés de rouge vif brillant, sur un fond jaune. Bacine (figure 63) assez régulièrement fusiforme, longue d’au moins 50 centimètres (dont la moitié était Fig. 63. — Poirée-BeUerave, au 1/5. BETTE ET BETTERAVE. 225 en dehors du sol) sur 11 centimètres de diamètre, portant çà et là quelques l’adi- celles très-ténues. Peau rouge cerise vineux. Cdiair zonée, à zones alternativement rouge et blanc rosé sanguinolent, ferme, de saveur légèrement su- crée, rappelant celle de la Bet- terave commune ou « disette ». Ainsi qu’on le voit, la distance enti*e les Bettes et les Betteraves est comblée par une nouvelle race qui en forme le trait d’union. Cette race, qui se distingue un peu par sa chair mais surtout par ses pétioles, qui rap- pellent tout à fait ceux des Bettes, a encore, au point de vue économique, cet avantage de cuire promp- tement, beaucoup mieux même que les bet- teraves. Nous avons aussi remarqué que la chair se décolore en cuisant. Comme il est probable que cette plante sera le point de départ d’une nouvelle série Fig. 65. — Poirée blonde à carde blanche. économique et ornementale, nous avons tenu à en préciser les caractères de manière à ce que, plus tard, on puisse comparer et apprécier le chemin parcouru, c’est-à-dire le progrès réalisé. Ajoutons que cette Poi- rée-Betterave, qui mesurait plus de 50 cen- timètres de longueur sur 11 centimètres de diamètre, pesait plus de kilogrammes. Partant de la Bette commune, figure 64, nous voici donc en possession de la race blonde à carde, figure 65, et de la race à Carde blanche früée, figure 66 (qui elles aussi présentent des variations), puis de la race Poirée-Bet- terave (fig. 63) dont nous par- lons, qui, double- ment comestible, efface les distan- ces en réunissant les Bettes aux Betteraves qu’elle tend à confon- dre. Sélection. — Ici comme tou- jours, la sélec- tion doit être relative, c’est-à- dire en rapport avec le but que l’on se propose, et comme dans cette circonstance le ré- sultat est l’amélioration et l’augmentation de la partie souterraine, c’est sur celle-ci que le choix doit porter. Il faut donc choisir non seulement les plus grosses racines, mais les mieux faites, les plus unies, les moins « racineuses », et tout particulière- Fig. 66. — Poirée à carde blanche frisée. ment celles qui, atténuées au sommet, sont presque dépourvues de collet. Quant à la couleur et à la nature de la chair, le choix devra porter sur les racines qui présentent au plus haut degré les caractères que l’on recherche, et celles-ci, alors, seront prises comme porte-graines. Fig. 6h — Poirée blonde commune. E.-A. Carrière. 22G MODE PARTICULIER DE CULTURE DU DAHLIA. MODE PAimCULlER DE CULTURE DU DAHLIA Le mode dont il s’agit ici consiste surtout dans la direction que l’on fait prendre aux tiges des Dahlias. En général, on laisse s’élever verticalement la tige ou les tiges, tout en leur faisant svd)ir des pincements selon les circons- tances,le besoin ou le résultat qu’on cherche à obtenir, mais quant à l’ensemble de la plante, il présente toujours une touffe dres- sée plus ou moins élevée suivant les va- riétés, la nature du sol ou les soins de cul- ture. Le procédé particulier de culture dont je parle et que je n’hésite pas à recommander est celui-ci : Au lieu de laisser s’élever ver- ticalement les tiges de Dahlias, on les diri- ge horizontalement sur le sol, en procé- dant de la manière suivante : D’abord, en faisant la plantation légèrement inclinée de manière à faciliter plus tard l’abaisse- ment complet sur le sol des pousses, que l’on dirigera suivant le besoin ; ensuite, au fur et à mesure que les jeunes tiges sé développent, on les abaisse successivement de manière à leur faire prendre la position horizontale, et à leur faire recouvrir le sol à l’aide d’agrafes ou de crochets, en bois ou en métal, analogues à ceux qu’on emploie pour coucher les tiges des Pétunias, des Ver- veines, etc., etc. On aura seulement le soin de laisser se redresser librement les pédoncules floraux qui, du reste, prendront toujours une direc- tion verticale. J’ai vu des corbeilles, des plates-bandes et des bordures ainsi traitées et je puis as- surer que leur effet décoratif était vérita- blement surprenant. Les tiges couchées disparaissaient complètement sous les feuilles, qui formaient un tapis de verdure duquel émergaient les fleurs rendues toutes bien visibles et produisant les plus heureux contrastes. Indépendamment du splendide effet orne- mental qu’il produit, ce genre de culture du Dahlia, susceptible d’une foule d’appli- cations diverses, peut être aussi très-avan- tageux à appliquer pour les emplacements où les vents violents sont si nuisibles aux Dahlias à haute tige, qui brisent celle-ci et fatiguent les fleurs, tandis que, par le mode dont je parle, les plantes sont à l’abri et, quel que soit le temps, l’effet ornemental n’en est pas affaibli. C’est surtout sur les terrains fortement inclinés qu’il est souvent difficile de garnir que la culture dont je parle produit d’excellents résultats. La plantation, en tant qu’écartement des touffes, devra être faite en raison de la vi- gueur naturelle des variétés employées. Une variété un peu vigoureuse peut facilement couvrir une surface d’un mètre carré. Quant au moment d’abaisser les pousses, il n’y a rien d’absolu; ce travail doit se faire au fur et à mesure du développement des bourgeons qui, du reste, est conlinuel. La disposition à donner dépend de l’empla- cement à garnir et de la vigueur des plantes. J’ai constaté qu’il y avait avantage à ne pas pratiquer de pincements ; toutes les tiges doivent être conservées et ramenées sur le sol, à moins qu’il y ait excès de pro- duction. Les agrafes ou crochets qui auront servi à fixer les tiges au commencement de leur développement pourront successivement être retirées et utilisées pour fixer les extré- mités au fur et à mesure de leur allonge- ment. Ce mode de culture, peut se prêter à un grand nombre de combinaisons ornemen- tales. On pourra aussi former des corbeilles d’une seule nuance, ou au' contraire varier les coloris, et même, au besoin, l’on pour- rait introduire dans le massif ou la cor- beille d’autres végétaux qui concourront à une combinaison ornementale prévue. 11 est bien entendu que les soins d’entre- tien ne devront pas être négligés, que les arrosages devront être en rapport avec la vigueur des plantes, la nature du sol où elles sont placées et la position qu’elles oc- cupent. Quant aux soins spéciaux, ils con- sistent à supprimer les parties qui font confusion ou qui sont épuisées, et à les remplacer par des jeunes, de manière que le tout soit bien garni et forme de magni- fiques tapis de verdure sur lesquels les fleurs ressortiront en formant les plus heureux contrastes. A. Ghargueraui). ÉTIOLAGE ET ETIOLAT. 227 ÉTIOLAGE ET ETIOLAT On appelle éliolage tout procédé em- ployé pour enlever aux végétaux la couleur qui leur est propre et leur en fait prendre une autre qui, suivant l’espèce, est Ijlan- ch-Ure ou jaunâtre, parfois légèrement co- lorée, et c’est alors à ces parties plus ou moins décolorées que, dans la pratique, l’on donne le nom d’étiolats, que nous n’avons trouvé sur aucun dictionnaire (1). Disons toutefois que si ces mots sont nou- veaux, il n’en est pas de même de la chose. De tout temps, on avait reconnu que les légumes décolorés par l’obscurité étaient plus tendres et plus savoureux que ceux qui, poussés à la lumière, étaient plus ou moins verts. Avec le temps, le progrès aidant, on a généralisé le principe ; on en a fait une in- dustrie que l’on pratique sur une grande échelle, surtout dans certaines communes des environs de Paris, notamment à Mon- treuil, où, depuis un temps presque immé- morial, on applique l’étiolage à la Chico- rée sauvage que l’on transforme en Barbe de Capucin. Les choses en étaient là quand, il y a quelques années, un amateur, aussi intelli- gent que désintéressé, un véritable « cu- rieux », M. Paillieux, eut l’idée de soumettre à ce système une foule de plantes sauvages ou autres, indigènes ou exotiques, et de les transformer en produits alimentaires, pro- duits qui, quelles qu’en soient l’espèce et la nature, ont reçu le nom d’étiolats, et les procédés à l’aide desquels on les obte- nait ont été désignés par la qualification générale d'étiolage, dénomination -sous la- quelle est compris tout ce qui a rapport au blanchiment des légumes. Dans la pratique , et lorsqu’on opère en grand, le résultat est toujours ob- tenu par la chaleur et la privation de lu- mière. Nous ne parlerons pas ici du blan- chiment à froid, si généralement usité, quand il s’agit des Salades diverses, des Cardons, du Céleri, des Pissenlits, etc., et dont les procédés, très-variables, sont à peu près connus de tout le monde ; nous nous occuperons seulement du procédé pra- (1) De tous les dictionnaires que nous avons con- sultés, aucun ne parle à'éliolat, ni d'étiolage qui, pourtant, s’y trouvent implicitement indiqués par les mots étiolés, étioles, étiolement, mais alors dans un autre sens que celui qu’on leur donne en horti- culture. tique employé à Montreuil, notamment par M. Buisson, cultivateur, 47, rue Alexis Pesnon. Depuis très-longtemps, cet intelligent cultivateur se livrait à la culture en grand de la Barhe de capucin; ce n’est que de- puis quelques années qu’il a élargi cette culture en l’appliquant à un très-grand nombre d’espèces dont voici une énuméra- tion (2) : Bardane du Japon, Betterave rouge. Chi- corée sauvage. Chicorée rouge. Chicorée rose. Chicorée Witloof, Chicorée de Magde- hourg. Chicorée de Brunswick, Chicorée rouge d’Italie, Chicorée panachée. Chicorée améliorée à feuilles blanches. Chou marin ou Cramhé, Cerfeuil musqué. Chiendent, Épinard Bon-Henri, Ortie, Pissenlits va- riés, Poirée rouge, Poirée blanche, Piaifort, Rhubarbe, Salsifis, Scolyme d’Espagne, Scorsonère. Quoique déjà passablement nombreuses, ces espèces ne sont pas les seules que l’on pourrait soumettre à l’étiolage; car, à peu près toutes, pourvu qu’elles ne soient pas de nature nuisible ou malsaine et qu’elles aient une souche assez forte pour fournir une certaine quantité de feuilles, pour- raient être soumises à l’étiolage. Quant aux résultats, ils sont en rapport avec la nature des plantes tant comme quantité que comme qualité et beauté. Ainsi, outre qu’elles pro- duisent beaucoup, les Betteraves rouges, la Poirée rouge, les Chicorées à feuilles colo- rées, donnent des étiolats très-jolis par leurs feuilles qui, partie rouge, jaune ou blanche, produisent de charmants con- trastes. Préparation des plantes. — Elle consiste en nettoyages, c’est-à-dire dans l’enlèvement des feuilles et des parties qui, malsaines ou blessées, pourraient déterminer la pourri- ture ; il faut aussi enlever les parties pous- sées, de manière à n’avoir que des jeunes feuilles qui, en se développant, prendront la couleur blanche et les qualités que l’on re- cherche. Toutefois, il ne faut jamais tou- cher au cœur, et, dans la crainte d’affaiblir celui-ci, on ne se sert pas de couteau ; toutes ces parties se cassent ou s’enlèvent (2) Tout récemment, au concours d’animaux gras, à Paris, M. Buisson avait exposé des échantil- lons de toutes ces plantes, qui lui ont valu une médaille d’or. 228 PRUNE REINE-CLAUDE D’ALTIIANN. avec la main. Une fois préparées, les raci- nes se meitenf en boites ])lus on moins fortes, on en vases, suivant resj)èce ou le Lut (jue l’on se préposé d’atteindre, en ayant l)ien soiji (pie toutes les tôLrs arrivent à la même hauteur, afin d’olitenir des })ousses régulières et de la meme longueur. Culture et soim généraux. — Les ra- cines préparées ainsi qu’il vient d’étre dit, on les (( encave », c’est-à-dire qu’on les place près à près, dans une cave très- obscure, où l’on a dû préparer à l’avance une couche ou jdancbe de fumier neuf d’environ 20 ou 25 centimètres d’éjiaisseiir. Gela fait, on arrose fortement, de manière que toutes les parties intérieures soient ])ien mouillées. Une chose importante, c’est que la tem- pérature de la cave soit élevée : 25 degrés au moins sont nécessaires ; on peut même, sans inconvénient, l’élever à 35 et même à 40 degrés', car l’on a remarqué ce fait gé- néral que plus l’étiolage est prompt, plus les pousses sont belles et régulières, et moins aussi la dépense est grande. Pour obtenir la température régulière dont on a besoin, on place une cloche (poêle en fonte) que l’on cbaufïe autant que cela est néces- saire. Le temps nécessaire à l’étiolage est en rap- port avec la nature des plantes et la tempéra- ture de la cave. Avec une température moyenne de 25 degrés, les plantes mêmes les plus dures arrivent à un bon développement ; dans l’espace de quinze jours ; mais pour beaucoup, par exemple pour la Chicorée sauvage, il est possible de l’amener au point convenable en huit à dix jours. C’est une affaire de condiustible. PRUNE REINE-CL Malgré le qualificatif de Reine-Cliude cV Althann^\\\\di été donné à cette superbe et excellente Prune, nous ne pouvons guère trouver cette appellation justifiée. Si sa forme et sa saveur la rapprochent de la Pleine- C lai i de violette, il faut dire que cette saveur, dans ces deux variétés, ne rappelle guère celle des Bernes- Claudes propre- ment dites. Elle ferait plutôt partie de la section que le docteur Hogg a nommée (( Prunes Brugnons » {Free nectarines) et qui est caractérisée par les jeunes pousses lisses, la peau foncée, la chair se sépa- rant du noyau et une saveur particulière. .De toutes manières, nous croyons qu’il Arrosages. — Ils doivent être en rapport avec la tenqiératnre du local et la nature dos plantes soumises à l’étiolage; l’essentiel, c’est (pie l’intérieur des bottes ne sèche pas. Ainsi, les Chicorées sauvages, qui se déve- loppent très-vite et qui émettent une quan- tité considérable de chevelu, exigent plus d’eau que les plantes dont la feuillaison est longue et dont les racines ne produisent que très-peu de chevelu. Maladies. — Il n’y en a guère qu’une, la pourrittire, qui esta craindre; il faut donc veiller avec soin afin d’enlever de suite les parties attaquées, et, si le mal est très- grand, le mieux est d’enlever les plantes malades afin que l’infection ne se propage pas. La culture que nous venons de décrire est celle que l’on pratique en grand, c’est-à-dire au point de vue de la spéculation. Toutefois, nous devons dire que, dans ce cas, il est rare qu’on la pratique sur d’autres plantes que sur les Chicorées sauvages, et encore sur le type, ce (|ui pourtant ne veut pas dire qu’il n’y aurait pas un choix à faire, et que cer- taines variétés ne seraient pas préférables à certaines autres. Pour la culture bourgeoise, où il ne faut que peu de salades pour l’usage de la maison, on peut utiliser soit des caves, soit des celliers, ou même des serres à bou- tures ou d’autres, où la température est élevée et où il n’y a pas de lumière, et y placer les plantes dont, alors, on coupe les feuilles au fur et à mesure du besoin. Si le local était éclairé, on pourrait y remédier en couvrant les plantes avec des pots, des paillassons, des planches, etc. E.-A. Carrière. .UDE D’ALTIÎANN serait plus juste de la nommer tout court Prune d' Althann. En voici la description: Arbre vigoureux, fertile même dans sa jeunesse, jeunes pousses lisses, bois vineux-noiràtre. Eeuilles assez longuement pétiolées, à pétiole canali- culé biglanduleux au sommet,à limbe ovale- obtus-ondulé-crénelé, d’un beau vert foncé. Fleurs généralement géminées, parfois soli- taires ou ternées, accompagnées à la base d’écailles courtes très-obtuses, imbriquées en anneau, et souvent d’une ou plusieurs petites feuilles spatulées-crénelées. Pédon- cule long de 10 ou 12 millimètres, vert, pu- bérulent. Galyce anguleux, fortement nervé .CÀfU. e Horlivoie . U’i'ovoo 'ùih . (rPA, ,aO D'ii/ie Reuie -('lauda d AU/ian . EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE FLORE DE BRUXELLES. 229 chagriné, à lolios étalés on réflécliis lancéolés- obtus-ciliolés. Pétales blancs, à peine ongui- culés, suborbiculaires, étalés, légèrement concaves, de 10 millimètres de diamètre. Étamines dressées à filets blancs tilitbrmes longs de 5 à 8 millimètres, à anthères sphériques jaune d’or. Style plus court que les étamines, vert pâle, stigmate capité, mielleux, doré. Fruit gros ou très-gros, dépassant cinq centimètres de diamè- tre, subspbériipie déprimé ou légèrement ovoïde ; peau fine et ferane, rouge violacé clair, transparente, très-pruineuse, tine- ment sablée de points d’un ton jaune bois ; mucron apical nul ou très-peu apparent ; queue moyenne, de 10 à 15 millimètres de long, robuste, fortement enfoncée ; chair fine, quittant franchement le noyau, jaune doré ou ambré foncé, parcourue par des fibres blan- ches ; eau abondante, saveur développée, su- crée, parfumée, rappelant celle de la Reine- Claude violette ; noyau petit, blond, ovoïde- comprimé, olitus au sommet, non rustiqué. Maturité fin août et commencement de sep- tembre. La Prune d’Althann était très-nouvelle, il y a une dizaine d’années, et M. O. Thomas (1), en la décrivant sommairement. accompagnait sa diagnose de la mention suivante : « Variété d’origine bohémienne, encore très- peu connue ». Ce fruit a été obtenu par M. Proebasta, jardinier du comte Micbel-Jo.se})b Altbann, à Swoyscbitz, en Pobéme. On lui a donné successivement les synonymes suivants : Althans Reine-Claude, Reine-Claude du comte Hathem, Reine-Claude rouge comte Altlian, Reine-Claude rouge du comte Ilethau. fin France, M. G. Croux a reçu l’arbre et le vend sous le nom de Reine- Claude d’ Altlian. D’après R. Hogg (2), la véritable orthographe du nom du comte serait Altbann (et non Altban) et nous croyons devoir suivre en cela le savant pomologue anglais. La Prune (VAlthann est un fruit de pre- mier ordre. A sa l)eauté hors ligne, à sa grande fertilité, elle joint l’avantage ex- ceptionnel de se prêter facilement au trans- port, grâce à la fermeté de sa chair et de sa peau. Elle peut devenir une précieuse va- riété pour la spéculation. Nous la recom- mandons aux amateurs, qui la trouveront chez M. Croux, à Aulnay, près Sceaux (Seine). Éd. André. EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE ELORE DE BRUXELLES La Société royale de Flore, de Bruxelles, vient de faire sa dOfie Exposition. Parmi les nom- breuses collections exposées, nous avons sur- tout remarqué : • Les Azalées de M. Peeters, qui ont étonné les visiteurs par leurs grandes dimensions et leur belle floraison. Les Pvhododendrons et les Rosiers du même horticulteur n’étaient pas moins remarquables, ainsi que sa superbe col- lection d’Orchidées. Citons entre autres les Odontoglossum Alexandræ à fleurs roses, de toute beauté, de beaux Masdevallia Veiichi, Catlleya Sanderiana, Cyprqiedium vdlosiim et surtout VOncidium Jonesianum. La Compagnie continentale exposait un assez grand nombre de plantes nouvelles introduites pour la plupart cette année. Tel est VAlo- casia (?) Lindeni, dont la belle teinte verte du limbe contraste agréablement avec la couleur blanche des pétioles et des nervures. L’A. Au- gustiana, à grandes feuilles vertes portées par des pétioles rouges striés de noir. Le pétiole de VA. nigrescens est couvert de mosaïques gris noirâtre sur fond vert. Ces trois espèces et l’A. reginæ, déjà connu depuis l’année (1) O. Thomas, Guide pratique de VAmateur de fruits, p. 158. dernière, constituent des introductions d’un grand intérêt. Dans les Orchidées nouvelles, on remarquait le Cattleija Malouana . C’est une espèce voi- sine du C. speciosissima ; elle a les bulbes ronds, les fleurs très- grandes, le périantbe d’un beau rose magenta, le labelle extrêmement grand et la gorge marquée de deux points blancs. Le Cgpripcdiiim Hijeanum est un C. Law- renceanum à fleurs vertes, dont l’étendard blanc rayé de vert produit beaucoup d’effet. Mais voici une autre forme d’Orchidée intro- duite récemment de la Papouasie. Le Spa- thoglottis Augustorum émet au milieu de ses belles feuilles vert sombre des tiges florales élevées, terminées par une sorte d’ombelle dont les fleurs, assez analogues à celles d’un Phcdænopsis se succèdent pendant plus de trois mois. WAphelandra Macedoiana, du Brésil , à feuilles noires, aux nervures d’un blanc ar- genté, comptera parmi les plantes à teintes des plus curieuses. Puis deux Cycadées du Tonkin, le Cycas Bellefonti et le C. tonkinensis, sont deux acquisitions à noter, comme Heliconia (2) The Fruit Manual, 5® édit., p. 692. 230 NOUVELLE CULTURE DES TULIPES. albostriata, Colocasia Grusoniana, Sagenia mammülosa, curieuse P'ougère de la Pa- pouasie, Pandanus Kerchovei, dédié au savant amateur belge, M. Oswald de Kercliove. L’établissement de M. de Ilemptinne, de Gand, avait envoyé de belles Broméliacées et des plantes variées parmi lesquelles les Vriesea psittacbia fol. aur. var., V. hieroglyphica fol. var. et un élégant Aralia Chabrieri. Un Coccoloba pubescens et un Phœnicophonum Sechellarum, attiraient l’attention ])armi les beaux envois de M. Boutmans, chef des cul- ture!» du Jardin botanique de Lille ; les plantes à feuilles panachées du môme exposant étaient vraiment superbes. Parmi les autres collections, mentionnons les P’ougères arborescentes de M. Vervaet et de M. Wallem, de Gand ; les plantes décora- tives de MM. Van Riet, Halkind et Buquet, de Bruxelles ; les plantes bulbeuses de M. Van Gelst, de Bruxelles, et de M. Van Loghem, de Haarlem, les Ananas volumineux de M. le baron de Vinck d’Orp. Un lot de Gardénias de M. Van Riet a excité l’admiration de tous les visiteurs. Quelques bonnes plantes nouvelles se ren- contraient encore çà et là. C’étaient Cypho- NOUVELLE CULTl Nous venons de constater que, sur deux tiges de nos Tulipes ^amandes ou bizarres, l’une porte trois fleurs : c’est la variété Violette Ulrich. Nous ne savons si ce cas de pluriflorité se présente souvent, mais nous n’avions pas encore eu l’occasion de le remarquer. Doit-on l’attribuer à la culture spéciale à laquelle nous soumettons ces plantes, et que nous allons faire connaître ? Nous ne savons ; mais le fait s’est produit, cette année, sur un certain nombre de variétés à la fois. Voici quelques détails sur notre cul- ture : Nous avons, dans une plate-bande, trois touffes de Tulipes, dont deux de la section Perroquet ou Dragonnes, et la troisième qui rentre dans la section des Flamandes, et dont nous ne connaissons pas le nom. Ces plantes sont là depuis un temps que nous ne pouvons apprécier exactement, mais que nous estimons être d’au moins quinze années ; elles ont fini par former des touffes énormes ; sur l’ime d’elles, nous avons compté plus de quarante boutons. Nous avons remarqué aussi, sur ces plantes, une particularité assez curieuse; elle concerne les variétés appelées Perro- quet ou Dragonnes. kentia llaenei, beau palmier introduit par M. D’IIaene, de Gand ; Odontoglossum Pesca- torei, var. Vervaetanum de M. Vervaet, à fleurs brillamment décorées par de grandes macules d’un rouge violacé. Signalons aussi VAreca Baueri variegata de M. Desmet, de Garni, ainsi qu’un Anthurium Scherzerianum, var. giganteum, du môme horticulteur. Les Olivia de M. Wallaert renfermaient une variété remarquable par sa tige courte et son omljelle trapue. Enfin, quelques petites collections d’Orchi- dées ont mérité les plus grands éloges et sur- tout les AnæctocJdlus de M. Vandendrienche, et les Cypripedium de M. Ilye, deux amateurs gantois pleins de zèle. La Société de Flore avait eu la délicate atten- tion de déposer une couronne d’immortelles avec cette inscription : « A Monsieur Édouard Morren, à la mémoire du botaniste qui a rendu tant de services à l’horticulture. Un public très-nombreux s’est pressé, pen- dant les fêtes de Pâques, au milieu des collec- tions exposées, dont la disposition artistique augmentait encore la beauté et l’attrait. Émile Laurent. RE DES TULIPES Vous savez, sans doute, que ces fleurs, très-grandes et montées sur des tiges peu fortes, entraînent celles-ci et retombent , caractère qui les discrédite beaucoup auprès des amateurs. Dans nos plantes, au contraire, les tiges se tiennent absolument droites, et les fleurs se présentent aussi bien que celles des autres races. Nous attribuons cette bonne tenue à la profondeur d’où les tiges partent. Cette pro- fondeur est certainement considérable, puis- que, la floraison passée, chaque année on bêche la plate-bande, sans s’inquiéter des ognons et sans jamais les rencontrer. Ces résultats excellents, que nous n’avions du reste pas cherchés, attirèrent notre atten- tion et nous firent penser que la véritable culture des Tulipes était peut-être bien celle-ci. Mais toutes les variétés s’y prête- raient-elles aussi liien ? Là était la ques- tion. Pour la trancher, nous plantâmes une centaine de variétés, la moitié en hâtives, l’autre moitié en flamandes. Voici comment a été faite cette plantation : Sur une profondeur de vingt-cinq centi- mètres, nous fîmes enlever complètement la terre, puis, dans le fond de la planche ainsi creusée, nous plantâmes nos Tulipes en les enterrant encore de dix centimètres. LE BOULOT. 231 Sans recouvrir davantage, nous laissâmes passer la première floraison, mais aussitôt après, toute la terre qui avait été enlevée fut rapportée, de sorte que nos ognons se trou- vèrent enterrés à 35 centimètres. Chaque année, depuis ce temps, — et il y a déjà cinq ans, — elles fleurissent très- régulièrement, et sans que nous prenions jamais le moindre soin pour en assurer la réussite. Presque toutes les variétés ont bien ré- sisté à ce traitement, mais cependant il est à remarquer que les Tulipes flamandes ou bizarres prennent un développement bien plus rapide que les Tulipes hâtives; chaque toufle nous donne aujourd’hui un certain nombre de fleurs (dix ou douze). On peut donc déjà juger du résultat de cette culture et entrevoir le moment où les massifs de Tulipes pourront être plantés à demeure. Le bon côté de ce système — en outre du peu de soins qu’il nécessite pour donner tous les ans une belle floraison — est de n’occuper le terrain que juste pendant le temps où l’on ne saurait guère qu’en faire, moins longtemps même qu’en le cultivant en Tulipes, par la méthode ordinaire. En effet, aussitôt la floraison passée, nous plantons au travers des touffes de Tulipes, des Pétunias, Zinnias, Géraniums, Balsa- mines, etc., aussi bien que si le terrain était complètement libre ; au bout de quelque LE B C’est dans les pays de Pommes que le Boidot a pris naissance. Il est certainement d’origine normande, bretonne ou perche- ronne. Le Boulot est une Pomme, la plus grosse possible et la meilleure naturellement, qu’on enveloppe de pâte et qu’on met au four après l’enfournement du pain, dans les campagnes. Le tout cuit doucement, la pâte etla Pomme avec. Cette dernière doit prendre une couleur de galette. C’est une sorte de « chausson » fait d’une Pomme seulement. Grâce aux pâtissiers, tout le monde sait ce que c’est qu’un chausson. Le Boi des Boulots — qualité et gros- seur — est un Boulot fait avec une Bei- nette du Canada pesant de 350 à 400 gram- mes : il y en a qui vont jusqu’à la livre. Pour être beau, le Boulot, outre qu’il lui faut une belle couleur et une cuisson par- faite, a besoin, de même que le chausson. temps les feuilles des Tulipes se dessèchent, de sorte qu’il suffit d’un binage pour net- toyer le sol, et alors il n’existe plus trace de ces plantes. L’hiver venu, lorsque les plantes qui ont servi d’ornement pendant l’été sont mortes ou ont été enlevées, le terrain est de nou- veau mis à nu, et le tour des Tulipes recom- mence. Rivoire père et fils. Voici quelques observations sur l’intéres- sant article que l’on vient de lire. Sur le premier point, la pluriflorité^ le fait est com- mun; la Revue horticole en a souvent parlé et en a même donné des figures. (Voir 1883, p. 343 ; 1884, p. 57, 476, et enfin 1882, p. 550, et surtout p. 558 de cette même année, où nous en avons publié une belle chromo- lithographie et quelques autres figures noires). Quant à bourgeonner, à former des touffes qui fleurissent lorsqu’on ne les relève pas, nous en connaissons de nombreux exemples. Toutefois, nous croyons qu’il y a une li- mite au delà de laquelle les ognons fleurissent moins. C’est donc celle-ci qu’il convient de dé- terminer. Reste la question de profondeur : ici encore, il y a des faits qui semblent démontrer que les Tulipes peuvent être plantées, au-delà de la profondeur moyenne des labours, de manière à constituer des plantations perma- nentes et à permettre de supprimer les travaux de plantation et d’arrachage des ognons, ce qui serait un grand progrès sur l’ancienne culture. Mais, ici encore, on ne peut douter qu’il y ait des limites. Où sont-elles? A la pratique de répondre. E.-A. G. d’être percé à son sommet d’un petit trou par lequel s’échappe le gaz qu’a produit la cuisson de la Pomme, sans quoi il crève- rait. A la campagne, en Normandie, en Bre- tagne et dans le Perche, on ne manque pas, le jour où se fait le pain, de faire aussi des Boulots, autant qu’il y a de marmots. A peu de frais, les voilà joyeux, et joyeux tout le monde avec eux. Le Boulot doit se manger tout chaud. Pourtant, c’est pénible à dire, le Boulot, comme tant de vieilles et bonnes choses dans ces temps bousculés, culbutés et de rapidissime existence où nous vivons, le Boulot est menacé de disparaître; on ne cuit plus dans les campagnes. Un travail- leur citadin, le boulanger, est parti des villes et s’est répandu dans les villages ; il cuit pour tout le monde. Dans les fermes, le pétrin, le four et sa hotte sont en voie 232 SOLANUM ALBIDUM POORTMANI. (l’aller rejoindre l’antique manèg-e à écraser les Pommes, aveu son cheval, sa roue et son ange circulaire en pierre ou en liois. Les tours des fourneaux dits écono- miques, qui, eux aussi, se répandent dans les villages, seront-ils de nature à mainte- nir le Poulot? Kspérons-le; mais les Bou- lots de fourneaux ne seront plus les vieux Boulots du jour de cuisson, à la ferme, pour les enfants. J. Courtois. S0I..VMM ALlilIlOI POORTAIAM Le magnifique SoJanurn^ nouveau pour les cultures européennes, que je présente aiijourd hui au lecteur, provient du vovage d’exploralion que j’ai exécuté dans l’Amé- rique méridionale, jiour le gouvernement français, en 1875 et 1870. Fig. 67. — Solanum alhidum Poortmani. Les échantillons authentiques recueillis dans l’Écuador portent dans mon herhiei’ le n® 4298. Mais la plante n’avait pu être cette fois introduite en Europe. Nous la devons aux soins de M. H. Poortman, qui m’en envoya I des graines en 1882, au cours du voyage î que MM. Marne, Drake et moi l’avions chargé ; de faire dans l’Ecuador. Ces graines ont produit de superbes plantes, qui ont orné depuis deux ans mes pelouses à Lacroix (Indre-et-Loire), où elles ont pris en peu SOLANUM ALBIDUM POORTMANI. 233 (le mois, chaque ét(3, le port (éminemment ornemental que représente la figure 07. Aussi bien (jue dans les (Cordillères, où elle se rencontre à une altitude de 1,;)Ü0 à 2,000 mèlres au-dessus du niveau de la mer, la plante forme chez nous de véritaldes })etits arbres, pouvant atteindre de 2 à 4 mètres, à rameaux vigoureux, glabres, d’un vert (pii se teinte jiar places d’un Jileu métallique, et armés cà et là de roliustes aiguillons verts à large empâtement. Les feuilles, d’un beau vert gai, liss(^s en dessus, lilanclies et tomenteuses en dessous, atteignent jusqu’à 00 centimètres de lon- gueur et sont profondément loljées comme celles de riVcantbe ; elles prennent unedis- })osition dont notre figure représente fidèle- ment l’ampleur et l’élégante noblesse. Vers la fin de la saison, sur les jeunes rameaux couverts d’une pubescence blanche caduque, formée d’une infinité de poils courts étoilés, se développent de nomlireuses cymes de fleurs blanches, petites, à calyce laineux comme l’extérieur des corolles, et qui sou- vent ne s’épanouissent que si l’on rentre les plantes en serre. L’identification de l’espèce, au milieu du dédale des neuf cents Solanum décrits par Dunal, — nombre qui s’est encore augmenté depuis, — n’a pas laissé d’être laborieuse. Comme tous les botanistes-voyageurs, j’en- tretenais d’abord l’espérance d’avoir décou- vert et importé une plante inédite. Il a fallu s’incliner devr.nt la priorité de détermina- tion, et confesrer que la plante était le Solanum albidum de Dunal, autrefois recueilli au Pérou, vers 1780, par notre compatriote Dombey (1), retrouvé près d’Olleros, par Bonpland, en 1803, puis par Pœppig, en 1832, à Gatingas (Brésil), par Martius, en 1818. Cependant, en lisant la description de Dunal, on trouve que la plupart des échan- tillons types qu’il a observés avaient les rameaux , les aiguillons , les nervures des feuilles et les pétioles teintés de pour- pre, ce f{ui n’est pas le cas dans notre plante, qui est absolument verte et tomenteuse. Je ne parle pas des caractères insuffisam- ment décrits, comme les intïorescences, qui sont nettement extra-axillaires et non su- (D Ruiz et Pavon, dans le Flora per uviayia, 2^ p. 40, t. 175, avaient nommé la plante découverte par Dombey S. incamim, ignorant, sans doute, que Linné avait déjà décrit une autre espèce sous ce nom. bopposées aux feuilles, ni d(.‘S pétioles rare- ment pourvus d’un aiguillon, tandis que j’en ai souvent obsei'vé plusieurs; ce sont là (brs détails sans importance. Je ne veux retenir (pie la difîérence de couleur, (pii détermine une variété distincte et motive le nom de Solanum albidum Poorlmani ipie portera la plante en sou- venir du voyageur (jui en a le premier envoyé les graines. Dans les plantes à grand feuillage comme celle-ci, il n’est jias rare de rencontrer des variétés spontanées de coloration, mais ici la forme et les dimensions des feuilles accusent des variations encore plus caracté- ristiipies. Ainsi les échantillons de mon herbier (n® 4298) ont les feuilles moins pro- fondément lobées que celles des plantes que j’ai cultivées à Lacroix, et leurs lobes sont arrondis au lieu d’étre aigus. Les feuilles deviennent de moins en moins découpées en s’approchant de l’inflorescence, et celles qui accompagnent les fleurs, souvent géminées (l’une des deux moitiés- est toujours plus petite que l’autre), deviennent même tout à fait lancéolées. Les fruits ne sont ni décoratifs ni co- mestibles, comme dans certaines espèces. Ils se présentent sous la forme d’une baie sphérique, grosse comme un grain de Rai- sin de Madeleine ; leur couleur est d’abord jaune, puis noire. Le Solanum albidum Poortmani pren- dra rang parmi les plus belles d’entre nos plantes à feuillage ornemental. Sa culture sera aussi élémentaire que celle des autres Solanum de grande décoration {S. macran- thum, Warszcewiczi, robustum, margina- tum, etc.), c’est-à-dire qu’on devra multi- plier chaque année les plantes par boutures d’hiver faites sur un pied rentré avant les froids, et les mettre en place au commence- ment de mai, soit isolées sur les planches, soit en corbeilles ou massifs, en les distan- çant de I“'50 pour leur laisser prendre tout leur développement estival. Une terre profondément défoncée, légère, bien fumée à l’avance, daTis une position abritée mais non à l’ombre, un épais paillis de fumier de cheval, des tuteurs contre les vents, des arrosements abondants avec addition d’en- grais liquide pendant la grande activité vé- gétative, tel est le traitement à suivre pour obtenir cette plante dans toute sa beauté. Ed. André. 234 DE LA SÉLECTION. — MYOSOTIDIUM NOBILE. DE LA SÉLECTION Considérée dans son ensemble, la sélection comprend deux ordres de faits : le clioix des porte-graines ; puis, parmi les plants qui en sortent, la mise à part de ceux qui paraissent les plus parfaits suivant le point de vue où l’on se place. Quant à définir les propriétés ou qualités que les porte-graines doivent réunir, cela est impossible, puisque, toujours relatives, ces propriétés sont en rapport 'avec le but que l’on veut obtenir, et que, seul, l’expérimentateur peut appré- cier. Ainsi le choix pourra porter sur la végétation, le port, la vigueur des plantes, ou bien sur les fleurs, en ce qui touche les dimensions, les formes, les couleurs, ou bien encore sur la précocité ou la tar- diveté. Mais, outre ce choix, qui, reposant sur des objets tangibles, paraît tellement simple qu’il semble à la portée de tous, il en est un autre qui est beaucoup plus difficile à faire, car il exige une longue habitude des choses. En efïét, il est propre aux individus et ne peut se traduire. C’est une sorte de jugement moral d’après lequel on reconnaît que tel ou tel individu est plus apte que tel autre à produire des variations avantageuses. En général, c’est lorsque dans les semis on remarque une sorte d’affolement annon- çant que le type suivi depuis longtemps est usé et qu’il faut en créer un autre, qu’on doit procéder à un nouveau choix. Dans ce cas, il convient souvent de prendre pour porte-graines des individus beaucoup moins parfaits, mais qui présentent 'des caractères spéciaux que n’avait pas le type qui s’éteint et que l’on cherche à remplacer. Le dénouement dont nous parlons est fatal pour toutes les plantes, autrement il n’y aurait pas de raisons pour que, suivant le point de vue où l’on se place, on puisse arriver à des limites extrêmes, en plus ou en moins : par exemple, s’il s’agit de fleurs, des formes avec des dimensions géantes ou bien, dans le sens contraire, à des fleurs réduites jusqu’à la dernière expression. Il en serait absolument de môme si, au lieu de fleurs, il s’agissait de la végétation : on pourrait passer au géantisme illimité, ou à l’extrême nanisme. Mais il n’en est pas ainsi; la perfection a des limites qui, une fois atteintes, appellent autre chose. Du reste il n’est pas d’horticulteur qui, bien des fois, n’ait constaté la vérité de ce que nous énonçons et qui n’ait été obligé d’abandonner un type que, pourtant, il avait intérêt à conserver. Faisons toutefois remarquer que, dans tout ceci, il n’y a rien d’absolu et que, au point de vue de la durée, les types présen- tent des différences considérables, suivant les milieux ou les conditions dans lesquels ils sont placés, de sorte qu’un même type peut durer longtemps ici, moins là, et être tout à fait instable ailleurs, ce qui explique les opinions si diverses, parfois tout à fait contradictoires, qui ont été émises, soit sur la durée, la fixité, la stabilité, c’est-à-dire la perfection ou la dégénérescence. C’est au point que l’on peut parfois, sur un même sujet, être dans la vérité en soutenant les opinions les plus contraires, ce que, du reste, savent tous les horticulteurs. Quoi qu’il en soit, et pour en revenir à notre sujet, nous disons : il faut, après avoir constaté l’affolement d’un type et choisi dans les nombreuses formes qu’il produit celle qui semble être la mieux appropriée au but que l’on recherche, il faut, nous le répétons, chercher à la perfec- tionner. On y arrive en procédant ainsi qu’il est d’usage en pareil cas, en choisis- sant, lors de chaque .semis, les individus qui présentent, au plus haut degré, les caractères que l’on a intérêt à reproduire. E.-A. Carrière. MYOSOTIDIUM NOBILE Introduite vers 1858 de la Nouvelle- Zél ande, la remarquable Borraginée à laquelle nous consacrons cette note est à peine con- nue dans les cultures. Ses qualités décoratives l’avaient cepen- dant signalée à l’attention des connaisseurs ; mais, des essais de culture, tentés dans de mauvaises conditions, n’ayant donné que des résultats négatifs, la plante a depuis longtemps presque totalement disparu. Nous verrons plus loin que cette culture est assez simple, si l’on prend soin d’ob- FRUITS NOUVEAUX OU PEU CONNUS. 235 server quelques précautions que nous signa- lons plus loin. Le genre Myosotidium ne comprend qu’une espèce, le M. nohile. Celui-ci, que l’on prendrait volontiers pour un gigan- tesque Myosotis des ruisseaux {M. palus- tris), est une plante herbacée vivace, à feuilles cordiformes arrondies, de 20 à 24 centimètres de diamètre, d’un vert brillant, à veines foncées. L’inllorescence, qui forme une ombelle à divisions scor- pioïdes, mesure environ 12 centimètres de diamètre. Elle est composée de Heurs très-serrées, de 12 à 15 millimètres de diamètre, ayant, en beaucoup plus grand, la forme des fleurs du Myosotis, d’un bleu foncé lavé de blanc sur le bord des pé- tales. Il est aisé de se rendre compte, d’après cette courte description, de la beauté des inflorescences du Myosotidium nohile. Cidture. — La terre à employer consiste en un compost de terre franche et terreau de feuilles, avec un tiers de crottin de che- val et une bonne proportion de sable pour FRUITS nouveau: Poire François Hutin. — Arbre vigou- reux, à rameaux nombreux, bois rouge foncé, finement ponctué. Yeux gros, duve- teux. Feuilles de moyenne grandeur, un peu allongées, à pétiole long et mince. Fruit gros, souvent très-gros, mesurant en moyenne 12 centimètres de hauteur sur 9 à 10 centimètres de diamètre. Forme turbinée, allongée, très-ventrue vers son milieu, habi- tuellement bosselée. Pédoncule moyen , d’environ 4 centimètres de longueur, bien nourri, jamais arqué, toujours renflé et charnu à la base, quelquefois obliquement implanté à la surface du fruit. Œil grand, régulier, ouvert, faiblement enfoncé. Peau assez épaisse, un peu rude, jaune sombre, presque entièrement lavée de roux et tou- jours fortement vermillonnée du côté du soleil. Chair très-blanche, fine, très-fon- dante, juteuse, exempte de toute pierre. Eau abondante, sucrée, acidulée, d’un par- fum des plus agréables. Mûrit en octobre. Poire Madame Caroline d’ Air oies. — Arbre d’une bonne vigueur, à rameaux gros, peu nombreux, gris clair, finement ponc- tués. Yeux très-gros, écartés du bois et sou- vent saillants en courts éperons. Feuilles de , moyenne grandeur, allongées, à pétiole long et mince. Fruits moyens, quelquefois rendre la terre poreuse, car les Myosoti- dium doivent être copieusement arrosés, sans que jamais l’eau reste stagnante auprès de leurs racines. Sous le climat de Paris, on les rentrera l’biver sous châssis froid, où il sera facile de les aérer largement, tout en les protégeant contre les froids un peu ri- goureux. Dans les premiers jours de mars, la vé- gétation commence, et les plantes se déve- loppent si rapidement, que la floraison a lieu au commenuement d’avril. On a pu tout récemment admirer un lot de magnifiques Myosotidium nohile qui étaient exposés à une des réunions de la Société royale d’horticulture de Londres. Nous recommandons avec insistance la culture de cette jolie plante. En dehors de son mérite comme plante ornementale au point de vue général, elle sera très-utile pour la décoration, dans les jardins d’hiver, des rochers et bords des pièces d’eau, à con- dition, bien entendu, que ses racines ne se trouvent jamais dans l’humidité stagnante. Ed. André. ou PEU CONNUS- gros, mesurant souvent 9 centimètres de hauteur sur 8 de diamètre. Forme régulière, rappelant beaucoup celle du Doyenné d’hi- ver. Pédoncule moyen ou court, mesurant environ 3 centimètres de longueur, grêle, légèrement arqué, inséré dans une cavité profonde, évasée, assez régulière, et ordi- nairement surmonté d’une forte gibbosité. Œil petit, régulier, légèrement enfoncé. Peau épaisse, vert clair, quelquefois un peu rugueuse, s’éclaircissant à la maturité, mais conservant cependant toujours quelques teintes d’un brun roussâtre. Chair blanche, fine, très-fondante, juteuse. Eau abondante, très-sucrée, agréablement parfumée. Mûrit en mars-avril. Pêcher pyramidal. — Arbre d’une vigueur à peine moyenne, formant une pyramide étroite. Rameaux plutôt grêles que gros, strictement dressés. Feuilles pe- tites, courtement elliptiques, sensiblement mais courtement dentées, brusquement arrondies à la base. Glandes réniformes, parfois mixtes. Fleurs rosacées, rose clair. Fruit petit, très-régulièrement subsphé- rique, presque globuleux, uni, à peine légèrement sillonné d’un côté, portant au sommet un très-petit point pistillaire. Peau très- courtement velue, flagellée. 236 FRUITS NOUVEA.UX OU PEU CONNUS. inarljrée de roiig'e sur les parties fortement insolées, ayant sous ce rap|)ort quelcpieres- semblance, même par la forme, avec la Pèche de Malte. Chair non adhérente ou à peine légèrement adhérente au noyau, hlanche, rouge violacé dans la partie qui avoisine le noyau, sucrée, agréablement par- fumée. Noyau assez longuement et régu- lièrement ovale, osseux, très-dur, largement sillonné. Maturité, première quinzaine d’oc- tobre. Les fruits, que nous avons dégustés le 5 octobre dernier, bien que mûrs à point convenable, avaient la chair farineuse et comme cotonneuse. Etait-ce dû à ce que l’arbre était planté de l’année ou au carac- tère particulier de ce fruit ? Le Pécher pyramidal est une variété cu- rieuse e'. très-distincte que l’on ne peut confondre avec aucune autre. C’est non seu- lement un arbre fruitier, mais il peut être employé comme arbre d’ornement tant pour ses fleurs et ses fruits que pour sa forme toute particulière en colonne étroite, ce qui permet de le planter dans les plates-bandes, oû il fait un très-bel effet. Celte variété, qui est très-rare, se trouve chez MM. Ottin père et fils, horticulteurs à Saint-Étienne (Loire). Poire Souvenir du Vénérable de la Salle. — Arbre d’une bonne vigueur moyenne ; scions dressés à écorce vert olive, finement lenticellée, à lenticelles linéaires, petites. Feuilles largement ovales , elliptiques, longuement pétiolées, à limbe coriace, luisant, très-entier, d’un vert foncé. Fruit allongé, un peu calebassiforme, parfum rap- pelant assez le Saint-Germain, âiiérméxers le pédoncule qui est long, souvent inséré obliquement, puis fortement renflé et ré- tréci. Œil à fleur du fruit, peu profond, bien ouvert, à divisions largement étalées. Peau vert herbacé mat, régulièrement poin- tillé de gris, ne se colorant guère. Chair blanc verdâtre, légèrement sucrée. Eau abondante mais peu relevée, à saveur fade. Fruit de qualité à peine moyenne, mûris- sant dernière quinzaine d’octobre. Le Congrès pomologique de France, qui a examiné cette Poire, l’a décrite ainsi : Fruit moyen , allongé , resserré au tiers inférieur, bosselé au pourtour, atténué vers le sommet. Peau verte, abondamment granitée de gris, avec quelques taches de marbrures de rouille, pédicelle fort, charnu, implanté très- obliquement dans un pli circulaire. Œil moyen, ouvert, dans une cavité marginale. Chair , blanche, assez fine, très-juteuse, sucrée, riianque un peu de parfum et de relevé, assez bonne. Maturité du commencement à la fin d’octobre. Poire P)eurré Piome Gaujard. — Obte- nue par M. Narcisse Caujard, horticulteur à Gaud, qui l’a dédiée à son père, M. Rome Gaujard, ancien pépiniériste à Cbâteauroux, cette variété à poi't pyramidal a les ra- meaux souvent terminés par un bouton à fiaiit. Feuilles grandes, d’un beau vert lui- sant, à limbe sensiblement denté. Fruit moyen et même souvent gros, pyriforme, rappelant un peu un Beurré d’Anjou, sou- vent légèrement mammelonné vers le pédon- cule. Peau d’un vert brun, rugueuse, pas- sant au jaune à la maturité. Calyce légère- ment enfoncé. Chair blanche, beurrée, c’est-à-dire fondante, agréablement parfu- mée. Maturité, janvier à mars. Cette nouvelle variété est mise du com- merce par M. Ed. Pynaert, horticulteur à Gand. Poire Abbé Fetel. — Ce fruit peu connu, non admis par le Congrès pomologique mal- gré qu’il soit bon, a été obtenu par M. l’abbé Fetel, aujourd’hui curé à Charentay (Rhône). Nous devons à notre collègue et collabora- teur, M. Cusin, secrétaire-général du Con- grès pomologique de France, d’intéressants détails sur cette Poire, notamment l’extrait suivant d’une lettre cjue lui avait adressée son obtenteur, M. l’abbé Fetel : ...En 1865, après avoir pris possession delà cure de Chessy-les-Mines (Rhône), je vis chez un pépiniériste un groupe détruits magnifiques résultant de greffes à fruits dites « greffe Luizet » et comprenant les variétés suivantes : Duchesse cVAngoulême, Beurré cV Hardenpont, B. CJairgeau, Alexandrine Douillard, etc., réparties sur une surface de un demi-mètre carré. J’eus l’idée que ce rapprochement avait dû fournir une belle chance d’hybridation soit par le vent, soit par les insectes. Je demandai et obtins ces fruits, dont je recueillis avec soin les pépins que je semai, et qui me donnèrent une centaine de jeunes sujets très-variés par le bois et par le feuillage. Alors j’en choisis dix des plus beaux que j’emportai dans la nou- velle cure, à Charentay, où j’avais été appelé. Au bout d’un an, je posai des greffons de celui qui me paraissait le plus remarquable, et, trois ans plus tard, j’en pus voir un fruit assez joli auquel j’ai donné mon nom. L’arbre est d’une bonne vigueur, à bois érigé avec les tiquetures du B. Clairgeau, à beau feuillage. Maturité, octobre-novembre. Abbé Fetel. Au sujet de cette même Poire, on lit dans le procès-verbal du Comité de pomologie, séance du 8 novembre 1884 : Fruit assez gros, longuement calebassiforme, arrondi en sa moitié supérieure, resserré et SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 237 cylinrlrique en sa moitié inférieure, se termi- nant en pointe vers le pédicello, qui est assez court, fort. Q^il assez petit, ouvert, dans une cavité normale. Peau jaune marbrée de fauve lisse, frap})ée de rouge orangé après l’insola- tion. Chair fine, fondante, juteuse, sucrée, relevée, bonne. On assure que cette Poire, qui a été présen- tée en 1876, au Congrès de Lyon, par M. Jac- quier, pépiniériste à Montplaisir-Lyon, aurait été mise au commerce par M. Liabaud, horti- parfumée, culteur à Lyon. Nous allons terminer cette note sur la Poire Abhé Fetel par une description que nous avons faite sur le vif, dans notre jardin, à Montreuil: Arbre très-productif, de vigueur moyenne. Rameaux à écorce olivâtre, à lenticelles petites , peu nombreuses. Feuilles cordi- formes elliptiques, à limbe court, coriace, SOCIÉTÉ NATIONALE D’Hl SÉANCE DU : Au comité de floriculture, ont été faits les apports suivants : Par M. Fauvel, jardinier au château de Taverny : Anthurium Scherzeria- num de semis, à très-grande spatbe plane, non contournée ; un très-fort pied de Cymbidium pendulum portant, sur trois hampes, 60 fleurs. Cette espèce reste très-longtemps fleurie. Un sujet de Dendrobium chrysotoxum, remar- quable par sa force et sa beauté, avec 7 hampes florales portant 80 fleurs d’un très-beau jaune d’or ; le labelle, court, très-largement étalé en trompe, à bord frangé, est d’une couleur orange foncé qui tranche agréablement sui les parties environnantes. Cette espèce, qui est trapue, relativement naine, est toujours munie de grandes feuilles ; son aspect général rappelle assez exactement certains Lælia. La plante présente cet autre avantage d’étre très-long- temps en fleurs ; — Par M. Crépeaux, horticul- teur, 31, rue Lacordaire, à Grenelle-Paris, un très-beau pied de Rhododendron de semis qui rappelle un peu le R. Gibsoni. La plante, haute d’environ 1 mètre, portait plusieurs cen- taines de fleurs courtes, campanulées, d’un rose légèrement carminé - violacé çà et là, agréablement nuancées, dégageant une odeur douce d’une exquise suavité. C’est une plante de premier mérite qui, bien que provenant d’un type himalayen, est néanmoins assez rus- tique. Toutefois, comme elle fleurit de très- bonne heure, il arrive presque toujours que ses boutons gèlent. C’est donc, à vrai dire, une plante de serre froide. Le même cultivateur présentait un joli pied bien fleuri d’un nouvel Epiphyllum, VE. Gibsoni, espèce très-jolie par ses fleurs d’un beau rouge orangé. Par son aspect général et sa végétation, la plante vert foncé, luisant, légèrement arqué. Fruit longuement calebassiforme, parfois légère- ment arqué, d’environ 15 centimètres de long sur à peu près 7 centimètres dans son plus grand diamètre, qui se trouve dans la partie supérieure du fruit, très-longuement atténué vers le pédoncule qui, long d’environ 20 à 25 millimètres et légèrement arqué, est implanté sur le côlé du fruit. Peau macu- lée-réticulée de gris, rarement un peu colo- rée, passant au jaune d’or à la maturité. Œil placé presque à fleur du fruit, petit, ordinairement un peu plissé, à divisions calycinales bientôt molles ou brusquement tronquées. Chair blanche, fine, un peu cas- sante bien que fondante et comme beurrée. Eau très-sucrée, excessivement abondante, légèrement parfumée, d’une saveur agréable. Reau et bon fruit. Maturité octobre. E.-A. Carrière. RTICULTURE DE FRANCE 1 AVRIL 1886 rappelle VEpiphyllum trimcatum. C’est une intéressante nouveauté, dont nous reparlerons prochainement ; — Par M. Leclerc, jardinier chez M. Finet, à Argenteuil, les quatre espèces d’Orchidées suivantes : Masdevallia SJiut- tleworthi, plante très-naine, excessivement flo- ribonde, à grandes fleurs jaunes à l’extérieur, rose-violet à l’intérieur ; Cypripedium micro- chilum ,hyh vide très-curieux, intermédiaire entre les Cypripedium Druryi et niveum, dont il provient; la plante ressemble beaucoup à ce dernier; un pied relativement fort du Cattleya Laivrenceana, avec des fleurs très-foncées, à labelle rouge pourpre. C’est une variété très- méritante. Enfin, une autre espèce toute nou- velle, VAerides Balantianum, fleurissant pour la première fois en France; la grappe, relati- vement longue et surtout large, porte des fleurs assez grandes, d’un blanc nuancé çà et là de rose, avec une macule lilacée à l’extrémité externe de chaque division; la colonne et le la- belle sont épais, charnus, jaunâtres. Ajoutons que les fleurs dégagent une délicieuse odeur. Au comité de culture piotagère ont été faits les apports suivants : — Par M. Chemin, deux fortes bottes de primeurs, l’une de Carottes Grelot qui avaient été semées à la fin du mois de février 1886; l’autre de Navets, dont les graines avaient été semées vers la fin de dé- cembre 1885. De l’avis du comité, ces produits étaient très-beaux; — Par M. Bouzigues, 26, rue de la Marne, à Neuilly-Plaisance, des Choux-Fleurs Lenormand qu’il présentait, non pour leur grosseur, mais pour leur rusticité, qui, dit-il, est beaucoup plus grande que celle des autres races ; ces dernières, en effet , plantées dans les mêmes conditions, ont toutes 238 EXPOSITION DES AZALÉES DU FLEURISTE DE PARIS. gelé, tandis que les Choux-Fleurs Lenormand ont parfaitement résisté. Après avoir manifesté une soulfrance par l’abaissement des feuilles et leur aspect général, les })lantes, se relevaient dès les premiers beaux jours et entraient de nou- veau en végétation. Le fait nous paraît intéres- sant à constater et digne d’être véribé ; — Par M. Edouard Lefort, secrétaire de la Société d’horticulture de Meaux, une terrine de plants dé Fraisiers, semis de la variété à gros fruits Général Chanzy. Ces Fraisiers ({ui, à leur FAPOSITION DES AZALÉES Chaque année, le Flenri.ste de la Muette ouvre ses portes au pul)lic, pendant la flo- raison des Azalées. Beaucoup d’amateurs profitent de cette au- torisation de l’Administration de la Ville de Paris pour visiter cet établissement et admi- rer les richesses horticoles qu’il renferme. Le coup d’œil d’ensemble du jardin d’hi- ver réservé aux Azalées était, cette année, encore plus beau que précédemment, grâce, il est vrai, à M. Lafbrcade, Jardinier-chef de la Ville, qui ne néglige rien pour acquérir chaque année les meilleures variétés nou- vellement mises au commerce. Nous avons particulièrement admiré les variétés à fleurs blanches : Bernhard An- drea cdha, Comtesse de Biheaucourt^ A. Borsic), Atha iUustrata plena, Baronne de Vriére, Mademoiselle Marie Lefebvre, Princesse Stéphanie, Madame Ch. Y an Eeckhaute. Parmi les Azalées à fleurs roses, citons ; Bernhard Andrea, Comtesse de Beaufort, Hermann Seidel, Jidiette, Ma- dame Van der Cruyssen. Mentionnons aussi les variétés à fleurs rouges suivantes : Charles Leirens, Co- carde orange, Boi Léopold, Alexis Dal- lière. Marquis of Lomé. Enfin les variétés à fleurs multicolores, telles que : Antigone, avec ses fleurs blanc de neige admiraldement lignées et pointil- lées de violet; Apollon, Daphné, Louisa Pgnaert , avec leurs larges pétales rubanés de rose, Jean Vervaene, Beauté suprême, où le saumon s’harmonise délicieusement avec le blanc pur. En sortant de ce palais des fleurs, nous trouvons à droite une petite serre en contre- bas où l’on descend par des marches rusti- ques. Sous une modeste apparence cette serre abrite les plantes à la mode : les Or- chidées. Venues des contrées humides, des forêts vierges dont elles étaient le charme, elles nous prodiguent, dans nos serres, des début, avaient tous les caractères des Fraisiers à gros fruits, non remontants, ont, au con- traire, actuellement, l’aspect et la végétation dos Fraisiers des Quatre-Saisons, ce qui, une fois de plus, démontre la production spontanée des Fraisiers des Quatre- Saisons, par consé- quent remontants, par des Fraisiers à gros fruits non remontants. Nous ferons toutefois remarquer que ces Fraisiers, d’aspect de Quatre-Saisons, sont d’une vigueur inaccou- tumée. Que donneront-ils? DU ELI' UDI STE DE PARIS fleurs incomparables de fraîcheur et de gi’âce, et surtout d’originalité, et dégagent des suavités étranges. Nous avons particu- lièrement remarqué les espèces .suivantes: Odontoglossum vexillarium, Odontoglos- surn Alexandrie et variétés. Cymbidium elmrncum, Arpophyllum giganteum, Ma- xillaria Ilarrissoni, les Phalænopsis Schil- leriana, delicata et Lüddemanniana , Vanda tricolor, var. Pescatorei, Cypri- pedium Laforcadei, Spicerianum, super- ciliare, Sivanianum, etc. Nous traversons, ensuite, le jardin pour nous rendre à la grande serre monumentale des Palmiers et nous trouvons dans le pa- villon central le Livistona sinensis, le Bhapis flahelliformis du Japon, le Ca- ryota urens ou Palmier vinifère des Indes, le Sabal umbraculifera, en parasol, des Antilles, aAœc ses énormes feuilles glauques, le gracieux Seaforthia Cunnin- ghami de l’île Norfolk, le Kentia sapida- de la Nouvelle-Zélande, le Kentiopsis macrocarpa . etc., etc. Dans la partie gauche de la serre monu- mentale sont cultivés les Palmiers des ré- gions les plus chaudes du globe. Nous y avons surtout remarqué le Wallichia caryo- toides de la Birmanie, les Astrocaryum du Mexique, le Pritchardia des îles Fidjii ; j’allais oublier le Pandanus furcatus, seul survivant, dit-on, des végétaux exotiques cultivés, avant la guerre, au Fleuriste de la Muette; tous les autres périrent de froid. Exposé au feu qui mitraillait la porte de la la Muette, il eut la tête coupée par un obus. Malgré ce grave accident, il échappa à la moii et développa quatre ramifications qui touchent aujourd’hui le faîte de la serre. Nous n’en finirions pas, si nous devions mentionner toutes les plantes que nous avons admirées dans ce remarquable établisse- ment, si bien placé sous l’habile direction de M. Laforcade. Lebas. CORRESPONDANCE. 239 CORRESPONDANCE M. P. y. {Drôme). — Pour les travaux que vous avez l’intention de faire exécuter dans votre parc, si vous n’en confiez pas la direction à un architecte-paysagiste, vous pouvez traiter avec votre entrepreneur, en choisissant l’un des trois modes d’entreprise suivants : 1» En régie. — Votre projet de transforma- tion étant arrêté, vous chargez de son exécu- tion un entrepreneur qui vous fournira les hommes, chevaux, ainsi que le matériel et les marchandises nécessaires, suivant des prix que vous déterminerez avec lui à l’avance, et moyennant une indemnité que vous aurez à lui payer pour avance de fonds, direction du chan- tier et bénéfice. Cette indemnité variera de 10 à 20 p. 100, suivant l’importance du tra- vail, l’époque à laquelle vos paiements seront faits, etc. Ce genre d’entreprise vous permet d’arrêter ou de modifier vos travaux quand bon vous semble ; mais, si vous ne confiez pas la direc- tion du chantier à un conducteur payé par vous et chargé de prendre vos intérêts, l’entre- preneur, n’ayant aucun intérêt à diminuer la dépense, au contraire, il y a bien des chances pour que vous soyez entraîné beaucoup plus loin que vous ne l’auriez voulu. 2'> A forfait. — Après vous être rendu con- tradictoirement compte, à l’aide de profils bien étudiés, de l’importance des déblais, remblais et transports, ainsi que de tous les autres tra- vaux et fournitures à exécuter, vous confiez le travail à votre entrepreneur suivant un prix to- tal déterminé à l’avance. Il va sans dire que tout doit être prévu et spécifié, et qu’un ca- hier des charges doit maintenir l’entrepreneur dans les conditions acceptées par lui, pour tout ce qui concerne les travaux, la fourniture, la durée de l’entreprise, les époques de paye- ment, etc. L’entreprise à forfait semble vous laisser beaucoup plus de liberté, et vous permet de fixer à l’avance la somme que vous voulez dé- penser. Mais elle présente, entre autres incon- vénients, la préoccupation constante qu’a l’en- trepreneur de réaliser des économies, ce qui l’engage à diminuer, si possible, la profondeur des défonces, à mélanger les terres végétales et les gravois, à éviter les longs transports, à fournir des arbres et graines de qualité mé- diocre, etc. A tout propos, il vous parlera de travaux non prévus., pour lesquels il vous de- mandera des indemnités supplémentaires. Bref, en ce cas aussi, la présence d’un homme expérimenté et chargé de prendre uti- lement vos intérêts est nécessaire. S'* Sur série de prix. — Sous une bonne direction, et si vous savez bien à l’avance ce que vous voulez faire, ce genre d’entreprise est le plus rationnel que vous puissiez employer. Tous les prix de main-d’œuvre, des trans- ports et des fournitures étant fixés à l’avance, l’entrepreneur exécute les travaux dont, au fur et à mesure, vous faites prendre les attache- ments : au mètre cube, pour les déblais, trans- ports, régalages, empierrements, etc.; au mètre superficiel pour les défoncements, vallonne- ments, règlements, cylindrages, semis, etc.; au mètre linéaire pour la confection des bordures, filets, etc. De même, les fournitures de toute nature devront être examinées, avant leur em- ploi, par une personne expérimentée. Au moyen de l’entreprise sur série de prix, vous pouvez arrêter vos travaux quand vous le désirez, et l’entrepreneur, si les attache- ments sont pris par une personne sûre et con- naissant bien son affaire, ne peut profiter que d’un bénéfice licite. M. B. d’A. {Ille-et-Vilaine). — Vous pour- rez, penson.s-nous, vous procurer les plantes aquatiques dont vous avez besoin, et qui sont indiquées dans la Correspondance du précédent numéro de la Revue horticole, chez M. Latour- Marliac, horticulteur, au Temple-sur-Lot (Lot- et-Garonne). C’est actuellement la meilleure époque pour opérer la transplantation de ces végétaux. M. R- /. {Charente-Inférieure). — Étant donnée la nature siliceuse du terrain de votre propriété, le moyen le plus rapide de rendre de la vigueur à vos jeunes gazons, qui sont chétifs et jaunes, est de leur donner, dans le plus bref délai possible, une couverture de fumiers de vache et de cheval, très-décomposés et mélangés par moitié. Avant de répandre cette sorte de paillis, qui, en même temps qu’il nourrit le gazon, l’abrite contre l’ardeur du soleil et le hâle des vents, il est nécessaire que vous fassiez tondre vos pelouses. Il va sans dire que, si le printemps est sec, vous devrez arroser largement vos gazons aus- sitôt que le paillis sera répandu, afin de le faire adhérer au sol, puisque vous avez à votre dis- position une bonne canalisation et de l’eau en abondance. M. R. A. {Cantal). — La plante dont vous nous avez envoyé une hampe florale e.st l’Épi- mède à fleurs pourpres {Epimedium atro- purpureum), charmante plante originaire du Japon. Elle est surtout propre à la garniture des rocailles et à être employée en bordure des plates-bandes de terre de bruyère, seul terrain qui lui convienne. Outre l’espèce dont vous nous avez envoyé un spécimen, il en existe un grand nombre d’autres, à fleurs blanches, jaunes de diffé- rentes nuances, carnées, violettes, roses, à grandes fleurs, etc. Toutes sont fort jolies et rappellent cer- 240 CORRESPONDANCE. f •-.v taines Orchidées par la grâce toute particulière de leur tloraison. On les multiplie par séparation de touffes faite en lévrier ouniai's; mais vous })ourrez vous en procurer maintenant encore, car cer- tains horticulteurs les cultivent en pots, no- tamment M. Godefroy-Leheuf, à Argenteiiil, et M. Yvon, 44, route de Gliâtillon, à Malakolf (Seine), M. B. J. (Seine). — Vous n’avez malheureu- sement pas de recours contre le pépinié- riste qui vous a vendu cet hiver les arbres dont vous nous annoncez la perte presque totale, parce qu’aucune condition de garantie n’a été formulée, et aussi parce que votre jardinier, qu’un tribunal déclarerait com{)étent en la ma- tière, a reçu ces arbres et aurait pu refuser tous ceux qui lui semblaient mal arrachés, ge- lés ou desséchés. Il en est tout autrement pour les fraudes que vous avez constatées dans les quelques arbres qui ont repris, sous le rapport de l’étiquetage : Hêtres, soi-disant à feuilles pourpres, qui sont des Hêtres communs; Ceri- siers à fleurs doubles qui sont simplement des Mérisiers dont les greffes n’ont pas repris, etc. Quoiqu’ici encore votre jardinier eût dû, à la simple inspection du bois et des bourgeons, s’apercevoir de la substitution, il y a tromperie sur la nature de la chose vendue, puisque les , arbres en question portaient et portent encore les fausses étiquettes écrites de la main du pé- piniériste. Une simple expertise établira facile- ment l’indélicatesse de ce pépiniériste. M. M. V. (Suisse). — Puisque vous ne pou- vez maintenir vos Arbres à haute tige nouvellement plantés au moyen de fils de fer qui entraveraient, croyez-vous, la cir- culation dans l’avenue oû ils sont placés, fixez chacun de ces arbres au moyen de trois pi- quets, solidement enfoncés en terre, à au moins 1 mètre de la tige de l’arbre, et se réunissant au plus bas à l»» 20 au-dessus du sol. 11 faut bien vous garder de réunir par une seule ligature les trois piquets et l’arbre que vous voulez assujettir, car, malgré la mousse que vous pourriez employer, et qui, en se des- séchant, s’en irait peu à peu, sous l’effet du ba- lancement produit par les vents, la tête des pi- quets ne tarderait pas à blesser l’écorce des arbres. Il faut d’abord, à l’aide d’un fil de fer, attacher ensemble les trois piquets, de manière qu’aucun glissement ne puisse avoir lieu, puis, à l’aide d’un fort osier, envelopper l’endroit oû la ligature en fil de fer est faite, donner à cet osier deux ou trois torsions dans le même sens., et enfin, à l’aide du même osier, attacher solidement l’arbre, dont vous protégerez l’écorce par un tampon de vieux chiffons. Les piquets uniques verticaux ne valent rien pour les arbres un peu forts, parce qu’en les enfonçant actuellement en terre, vous pourriez meurtrir des racines essentielles, et surtout parce que leur faiblesse relative fait ([u’ils ne maintiennent aucunement les arbres auxquels ils sont adjoints. Pour les baliveaux ou les jeunes tiges, vous pouvez employer le tuteur unique, mais eu observant le procédé d’attache avec torsion in- termédiaire que nous venons d’indiquer pour le tuteurage à l’aide de trois piquets. M. J. T. (Paris). — Vous pourrez vous pro- curer la collection de Nérions (Lauriersroses), à fleurs simples et doubles, blanches, roses, carnées, jaunes, cuivrées, rouge-ponceau, li- lacées, etc., chez M. F. Sahut, pépiniériste, à Montpellier. M. V. O. à Quéy (Belgique). — Certaines recherches que nous avons dû faire ont un peu retardé l’envoi des renseignements que voici : La Pomme Belle du bois a pour synonymes : Belle Dubois et Belle des bois. Le nom de Gloria mundi est un des syno- nymes de la variété Joséphine, souvent appelée Belle Joséphine, et qui diffère par plusieurs caractères de la P. Belle du bois. La variété dont vous nous parlez est la P. Cox’s Pomona, dont les caractères géné- raux sont les suivants : Grosseur au-dessus de la moyenne, de deuxième qualité, employée surtout pour la cuisson, fertilité ordinaire, ma- turité en octobre-décembre. La Reinette de la Chine est de grosseur au- dessus de la moyenne, de deuxième qualité, fer- tilité moyenne, maturité de novembre à février. Nous ne connaissons pas de Reinette Verbine. Les synonymes les plus répandus de la Rei- nette jaune hcitive sont : Reinette hâtive. Rei- nette blanche. Reinette jaune d'automne. Rei- nette d'été, Reinette dorée d’été, Citron des Carmes, etc. Ge fruit diffère assez sensiblement de la Pomme de Gravenstein. Le Poirier Beurré Diel a pour synonymes : Beurré magnifique. Beurré royal, Beurré in- comp)arable, etc., etc. Le nom de Beurré de Mérode est un des synonymes de Doyenné Boussoch. La Bonne-Louise d’Avranches et la Bonne- Louise de Jersey désignent le même fruit. La Mansuette double et le Bon Chrétien turc sont deux fruits différents. Les noms de Poire Durandeau, Beurré Du- randeau ou Durondeau sont les synonymes de la P. de Tongres. Nous ne connaissons ni la Poire Beurré Gilles, ni la Pêche Imp)ératrice Eugénie. J. K., à Warszaiva (Pologne). — Vous pouvez demander à la Librairie agricole, 26, rue Jacob, à Paris, qui vous les enverra franco, aux prix indiqués, les ouvrages sui- vants : Fuchsia, par Porcher, 2 fr. 60. — Géranium et Pélargonium, par Malet et Verlot, 1 fr. 50. U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 241 CIIRONKiUE HORTICOLE Vcinix formulés par la Société des Agriculteurs de France. — Dichroïsme d’une Giroflée jaune, à fleurs pleines, dite « Rameau d’or ». — Dimensions très-grandes d’une fleur <)i' Anllairium Andreanum. — Culture des Glaïeuls dans l’eau. — Pinçage des Chrysanthèmes. — L’Edelweiss en Amérique. — Protection des plantes alpines. — Collier pour arbres fruitiers. — L’emploi du sable dans les repiquages et les plantations. — Conservation des fruits et légumes. — Destruction des chenilles coureuses. — Les fourmis et les arbres. — Emploi de l’acide phénique contre les oiseaux et les insectes. — Les musées cantonaux. — Flore du Congo. — Société royale d’agriculture et de botanique de Gand. — Les rendez-vous d’amateurs dans les expositions horticoles. — Congrès pomologique à Versailles en 1886. — Expositions annoncées. — Nécrologie : MM. Ambroise Verscha(felt, Bertrand et Citerne. — Rectification. Vœux formulés par la Société des agriculteurs de France. — Dans une de ses dernières séances, cette société a émis les vœux suivants, auxquels tous ceux qui s’intéressent à l’horticulture fran- çaise ne peuvent que s’associer en tous points: lo Les sections d’enseignement agricole et d’horticulture réunies émettent le vœu que des récompenses soient données aux meilleures publications horticoles à mettre à la disposi- tion des enfants des écoles rurales, publications qui seraient sous la forme la plus simple et la plus élémentaire. 2° Les sections d’enseignement et d’horticul- ture réunies émettent le vœu que les jardins des instituteurs communaux soient appropriés à l’enseignement de l’horticulture sous le rap- port théorique et pratique, et que les jardins des écoles normales et des fermes-écoles soient disposés en vue d’une instruction solide à donner aux élèves ; Que l’obligation soit imposée aux candidats à l’obtention des brevets d’instituteurs de ré- pondre à un examen sur la connaissance de l’agriculture et de l’horticulture. 3» La section d’horticulture et cultures ar- bustives émet le vœu que, dans chaque dépar- tement producteur de cidre, une plantation soit faite, composée des arbres des meilleures variétés de fruits à cidre convenant au dépar- tement, pour la fabrication du cidre et pour servir de types ; Que la question de la fabrication des cidres et de leur éclaircissement soit étudiée scientifi- quement et pratiquement dans les stations agronomiques des mêmes départements, et que la manière de greffer les arbres y soit ensei- gnée. 4« La section d’horticulture et cultures ar- bustives émet le vœu que les bordures de routes soient plantées au moyen d’arbres frui- tiers à haute tige, partout où ils pourront être placés. Dichroïsme d’une Giroflée jaune, à fleurs pleines, dite « Rameau d’or ». — 1er Juin 1886. Ce fait, des plus curieux, sur lequel nous appelons l’attention des physiologistes, s’est montré chez M. Locard, horticulteur à Fa- laise (Calvados). Voici comment les choses se sont passées : Sur un pied de Giroflée « Rameau d’or », variété qui, comme on le sait, est à fleurs jaunes très-pleines, s’est développée spontanément une branche à feuilles panachées (marginées) de hlanc, à fleurs pleines, comme le type, mais d’un beau violet, parfois légèrement striées. La plante aussi est moins vigoureuse que le type. Il y a donc, dans cette circonstance, deux faits : dimorphisme et dichroïsme. En de- hors de toute considération physiologique sur cette question toujours très-intéressante de la duplicatiire, qui paraît être syno- nyme de pléthore, se montrant simultané- ment avec \tx panachure, que l’on tient par un état de chlorose ou d’anémie, il est remarquable de voir se reproduire, avec quelques variantes, ce qui a été signalé en 1869 par M. B. Verlot (1), et en 1870 par M. Ed. Morren (2). Dimensions très-grandes d’une fleur d’Ânthurium Andreanum. — M. Cow- ling, deMonk’sManor, Lincoln, Angleterre, vient d’obtenir une spathe à' Anthurium Andreanum mesurant 20 centimètres de largeur sur 22 centimètres de hauteur. Il est curieux de constater, à ce propos, avec quelle rapidité la culture a augmenté les qualités décoratives de cette plante. Sans parler des hybrides, nombreux au- jourd’hui, et qui ont permis de réunir une floraison analogue à l’espèce-type et le beau feuillage d’autres espèces, on ob- tient actuellement des spathes à' Anthurium Andreanum dont les dimensions sont (1) Voir Revue horticole, 1869, p. 310. (2) Belgique horticole, 1870, p. 137. 11 2;2 CHRONIQUE HORTICOLE. presque doul)les de celles que portaient les premiers exemplaires découverts par nous dans la Nouvelle-Grenade, il y a juste dix ans. Culture des Glaïeuls dans l’eau. — De môme que les Jacinthes et lieaucoup d’autres plantes Indbeuses, les Glaïeuls réussissent trè.s-bien lorsqu’on les cultive en carafes. Il paraît même que, dans ces conditions, la floraison se produit en moitié moins de temps qu’avec le procédé ordinaire de cul- ture. M. Yiard-Clivot, de la Société horticole de l’Aube, nous apprend cependant que toutes les variétés ne donnent pas ainsi d’aussi bons résultats : celles à fond rouge développent un système radiculaire moins fort et plus sujet à pourrir; leurs hampes se développent plus difficilement que dans les variétés à fleurs blanches ou à fond blanc. La culture des Glaïeuls dans l’eau permet de les mettre en 'végétât ion de très-bonne heure, depuis la mi-janvier, et d’obtenir ainsi une floraison très-bâtive. On peut, en échelonnant cette mise en culture, avoir des fleurs de Glaïeuls depuis le premier prin- temps jusqu’à la fin de l’automne. Pinçage des Chrysanthèmes. — Jus- qu’à quelle époque peut-on pratiquer le pinçage afin que les ramifications puis- sent fleurir ? Telle est, en substance, la demande que nous adressait récemment un abonné de la Bévue horticole. La question étant complexe et le sujet généralement in- téressant, nous croyons nécessaire de con- sacrer à son examen un article spécial. Toutefois, envisageant la question d’une manière générale et pour répondre à notre abonné, nous dirons que, à moins de cir- constances particulières que nous ferons connaître, il ne faut guère pincer après le mois de juin. L’Edelweiss en Amérique. — Tout le monde connaît cette charmante petite plante frileuse, recouverte sur toutes ses parties d’une fourrure blanche qui lui per- met de supporter les rigueurs des climats alpestres. Jusqu’ici, on ne l’avait encore trouvée qu’en Europe, d’où ses jolis rameaux se répandent dans le monde entier, pour s’ajou- ter aux collections botaniques, et aussi pour être conservés comme souvenir par les fiancés. On vient, nous apprend la Revue de V horticulture belge, de découvrir V Edehveiss [ Gna ph aliu m L eon to podi u m ] en Amérique, à 2,0ü0 mètres au-dessus du niveau de la mer, sur la montagne de Te- coura (territoire de Washington, États- Unis). C’est encore un article de moins pour l’exportation européenne vers le Nou- veau-Monde. Protection des plantes alpines. — Nous avons signalé, à maintes reprises, les persévérants efforts de l’Association de Ge- nève pour la protection des plantes alpines ainsi que les heureux effets qui n’ont pas tardé à en résulter. Cette ligue scientifique a déjà dépassé la frontière suisse, car nous apprenons que la Diète provinciale de Salzbourg a voté une loi interdisant la vente des Edelweiss avec racines. La Diète du Tyrol a aussi demandé au Gouvernement autrichien de réglementer le commerce de ces plantes. Pour les botanistes soucieux de la con- servation des espèces étroitement locali- sées, le meilleur moyen de contribuer à cette œuvre protectrice est de se faire rece- voir membre de l’Association. La cotisation annuelle est de 2 fr. et les adhésions doi- vent être adressées à M. H. Correvon, di- recteur du Jardin alpin d’Acclimatation, à Genève (Suisse). Collier pour arbres fruitiers. — M. Ed. Pynaert recommande, dans le Bul- letin du Cercle d' arboriculture de Bel- gique, un collier pour l’assujétissement des arbres fruitiers. C’est simplement l’emploi de bouchons de liège, ayant servi ou non, que l’on réunit en chapelet au moyen d’un fil de fer galvanisé. Ce procédé présente l’avantage de main- tenir solidement les arbres sans écorcher leur écorce. Une inspection annuelle des colliers permet de desserrer un peu ceux qui doivent l’être, car, par suite de l’ac- croissement de la tige des arbres, le fd de fer, dans un délai assez rapproché, produi- rait des coupures plus ou moins dange- reuses. M. Pynaert conseille de plonger préala- blement les l^oucbons dans l’eau bouillante. Cette opération augmente leur élasticité et détruit les vers qu’ils pourraient contenir. L’emploi du sable dans les repi- quages et les plantations. — Beau- coup de cultivateurs ont coutume, lorsqu’ils CHRONIQUE HORTICOLE. 243 ont à repiquer des plantes nn peu délicates dans des terrains arg’ileux on argilo-cal- caires, dans lesquels la reprise est diflicile, de prati({iier nn tron qn’ils emplissent de terreau an milieu duquel ils repiijnent les jeunes plantes. Notre confrère, M. Viviand- Morel, critique avec force, dans le Ltjon horticole, ce procédé de culture, et les rai- sons qu’il met en ligne paraissent fort justes : Savez-vous, dit-il, qued est le résultat qui se produit neuf fois sur dix à la suite de cette opération ? Tous les lombrics ou vers de terre du voisinage ne tardent pas à venir prendre part au festin que le jardinier leur a préparé, dévorent le terreau, mettent les racines de la jeune plante à nu et lui donnent un excellent coup de main pour trépasser. Si ce n’est pas le résultat que l’on cherche, c’est malheureuse- ment celui que l’on obtient. M. Viviand-Morel conseille de remplacer en pareil cas le terreau par du sable, dont le rôle consiste, non pas à nourrir la jeune plante, mais à recevoir les racines et radi- celles sans les froisser et les déranger, et à leur permettre de se développer pour péné- trer lentement dans le nouveau sol qui leur est attribué. Conservation des fruits et légumes. — Nous recevons d’Amérique des prospec- tus et indications diverses, relatifs à un nouveau procédé de conservation des fruits. Ce procédé a pour principe de soumettre les produits expérimentés à un fort courant d’air chaud et sec, qui supprime les matières liquides inutiles, dessèche la surface en y fixant le coloris naturel, et prolonge consi- dérablement la durée de ces fruits ou lé- gumes. Nous reparlerons plus longuement de ce procédé, lorsque des expériences en cours d’exécution nous en auront- appris l’efficacité. On nous signale également d’Amérique, l’emploi avantageux que l’on fait, sous deux formes différentes, des fruits du Bananier (Musa sapientum). Ces indications pour- ront être d’une grande utilité en Algérie. C’est, en premier lieu, de concasser les Bananes, et de les disposer, au moyen d’une forte pression hydraulique, en tablettes semblables à celles de chocolat. Sous cette forme, ces fruits sont, paraît-il, d’une con- servation facile, et le peu de volume qu’ils acquièrent rend leur transport et leur emmagasinage commodes. En outre, et au moyen du procédé de des- sication que nous avons mentionné plus haul, on conserve en A méri([iie les Bananes, préalablement coupées en rondelles, comme on le fait des Figues de Smyrne. Ces ron- delles, mises en boîtes, conservent fort long(enq)s un })arfum et un goût très- agréables. Destruction des chenilles coureuses. — Envisagées d’une manière générale, les chenilles se présentent sous deux formes : réunies en nids, et à l’état coureur ou va- gabond. Les premières, facilement atteintes, sont celles que l’on enlève dans l’iiiver, lors de l’échenillage; les deuxièmes proviennent d’œufs pondus sur les branches et agglutinés autour de l’écorce, souvent sous la forme annelée ; ce sont les chenilles hagucuses. Aussitôt écloses (au printemps), elles se ré- pandent sur les diverses parties des arbres dont elles rongent les feuilles. Dans les pre- miers temps de leur éclosion elles se tien- nent ensemble et Ton en profite pour les écraser. Mais une fois complètement éparses le seul moyen de s’en débarrasser consiste à les asperger avec un insecticide quelcon- que : liquide Fichet, eau de savon, nicotine, esprit de bois, vinaigre, régénérateur Guil- bert, pétrole, etc., qu’on lance à l’aide d’un instrument propulseur puissant, après avoir plus ou moins dilué ces substances sui- vant leur corrosion, de manière à atténuer celle-ci, s’il eaest besoin. Les fourmis et les arbres. — Les Archives italiennes de Biologie contien- nent une fort intéressante étude de M. Odoardo Beccari sur les Plantes à four- mis de r Archipel Indo-Malais et de la Nouvelle-Guinée. L’auteur y traite, entre autres questions, celle de ces sortes d’asso- ciations bizarres, contractées entre végétaux et insectes, et dont les uns et les autres profitent. Le fait se produit surtout sur des plantes appartenant aux Myricinées, Eu- phorbiacées, Verliénacées, Palmiers, Ru- biacées. Légumineuses et Araliacées. Voici, par exemple, ce qui se passe pour V Acacia cornigera. Les fortes épines bifur- quées de cet arbre servent de retraite à des fourmis nommées Pseudomiirma hicolor, qui, après s’y être introduites en y perfo- rant un trou, en vident l’intérieur, pour se constituer une loge, d’où elles sortent pour se nourrir en partie des matières sucrées que secrétent les appareils glandulaires des jeunes feuilles de l’arbre, et aussi pour dé- fendi’e ce dernier à la première attaque des 244 CHRONIQUE animaux herbivores et des insectes ron- geurs. Cet exemple serait vraiment touchant s’il n’était pas permis de supposer rpie l’égoïsme entre pour une bonne part dans les soins vigilants avec lesquels les fourmis défen- dent l’arbre auquel elles doivent leur exis- tence. En tous cas, il démontre une fois de plus le merveilleux instinct de ces in- sectes. Emploi de l’acide phénique contre les oiseaux et les insectes. — Tous les cultivateurs connaissent l’opération du cliaularje, qui a pour but de soustraire les graines semées aux attaques des oiseaux et insectes. On sait que les Anglais remplacent l’em- ploi de la chaux par celui de l’acide phénique, qui est beaucoup plus facile, mais qui demande une grande attention, car une dose un peu forte détruit la qualité germinative des graines. Dix grammes d’acide phénique suffisent pour donner à un hectolitre d’eau une odeur assez forte qui éloigne les insectes et les oiseaux. Aussitôt mouillées par cette solu- tion, les graines doivent être séchées, car une humidité semblable qui se prolongerait les détériorerait considérablement . On peut également protéger contre les limaces une plate-bande ou une corbeille en les entourant de cailloux trempés dans de l’eau pbéniquée ou d’une corde de grosseur moyenne ayant subi la même préparation. Les musées cantonaux. — La création de ces musées, dus à l’initiative de M. Groult, de Lisieux, marche à grands pas. Il y en a déjà quarante-cinq d’orga- nisés, et le simple exposé des branches que comporte leur section agricole donnera une idée des services que cette utile institution rendra à la culture dans toutes ses divisions : Spécimens d’arbres fruitiers, de plantes fourragères, de graines et racines, propres à chaque région et dont l’introduction doit être expérimentée; spécimens de drai- nages et d’irrigations, avec plans et statis- tiques, collections de sylviculture et d’arbo- riculture; modèles de constructions, de machines, d’instruments et d’outils agri- coles, etc., etc. Nous avons, à plusieurs reprises, rappelé ce que devrait être, dans chaque commune, le jardin de l’école; les musées cantonaux, sans retirer la moindre utilité à ces jardins modèles, au contraire, sont installés à peu HORTICOLE. près sur les mêmes principes généraux, bien que leur sphère d’action soit moins localisée. La flore du Congo. — L’année der- nière, la Revue horticole a publié (I) le programme des questions adressées par le Congrès international de botanique et d’hor- ticulture d’Anvers aux botanistes et cultiva- teurs résidant au Congo. Deux intéressants rapports viennent de parvenir après cet appel. Ils vont être pu- bliés dans les Actes du Congres. L’impor- tance de ces envois n’échappera à personne, car ils intéressent de très-près l’avenir de nos nouvelles colonies africaines. La Revue horticole tiendra ses lecteurs au courant de cette question, mais les per- sonnes qui voudraient connaître in extenso tout ce qui se publiera sur ce sujet feront bien d’entrer dans le Cercle floral d’Anvers (cotisation annuelle, 5 fr.), pour recevoir tout ce qui aura trait aux diffférents points que nous venons de signaler à leur attention. Les rendez-vous d’amateurs dans les Expositions horticoles. — Il est très-vrai que, à l’occasion des Expositions d’horti- culture, beaucoup d’amateurs désireraient se rencontrer, qui ne le peuvent, faute de s’être proposé mutuellement des rendez- vous précis. C’est un desideratum qu’il se- rait facile de remplir. Un de nos excellents collaborateurs, M. .1. Courtois, vice-prési- dent de la Société d’horticulture d’Eure-et- Loir, vient de s’y essayer d’une manière assez originale, en envoyant à quelques amis ou correspondants la carte suivante à l’occasion de la dernière Exposition horticole de Paris : Paris, mercredi l'2 mai 1886. On se visite sans espoir De se rencontrer, de se voir; Afin d’en augmenter la chance, Je viens vous donner à l’avance Un rendez-vous Non pas chez vous. Pour jouir, vous et moi, du plaisir réciproque Qu’on a de se serrer la main, Vers deux à trois heures, demain, A l'Exposition des fleurs je vous convoque. On chercherait, oui, vainement. Dans Paris un lieu plus charmant ! J. Courtois. Congrès pomologique à Versailles en 1886. — L’Association pomologique de l’Ouest, présidée par M. Lochartier^ tiendra (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 242. CHRONIQUE HORTICOLE. 245 à raiiiomne procliain, à Versailles, son concours et son congrès annuels. Pài même temps ({ne le concours ({ui aura s{)écialement lieu pour les fruits à cidre, la Société d’iior- ticulture de Seine-et-üise organisera un concours de fruits à couteau. Société royale d’Agriculture et de Botanique de Gand. — Celte Société, (jui est la doyenne des sociétés l)elges, \dent d’élire comme président le Comte Oswald de Kercliove de Dentergliem, qui, dans toutes les occasions qui se sont présentées à lui, a montré la plus grande sympathie pour l’horticulture française. Expositions annoncées. — Une expo- sition d’horticulture, de viticulture et d’in- dustrie hoi-ticole se tiendra à Lyon, cours du Midi, du 9 au 13 septembre prochain. Les personnes qui voudraient y prendre part devront, avant le septemlire 1886, en faire la demande au secrétaire général, M. Viviand-Morel, et indiquer les olqets qu’ils se proposent d’exposer, ainsi que l’emplacement qu’ils jugeront devoir leur être nécessaire. — La Société régionale du Puaincy fera dans cette commune, les dimanche 8 et lundi 9 août, une Exposition d’horticulture ainsi que des objets d’art et d’industrie qui s’y rattachent. Adresser les demandes, avant le 30 juillet, à M. Beauvais, secrétaire général, 5, allée des Sapins, au Puaincy. Nécrologie. — M. Ambroise Verschaf- felt. — L’horticulture belge vient de faire une grande perte dans la personne d’un de ses représentants les plus distingués. M. Am- broise Verchaffelt vient de mourir, à Gand, à l’âge de soixante-un ans, après une dou- loureuse maladie. Son nom est lié très- étroitement aux progrès horticoles de son pays. Il avait créé un vaste établissement rue du Chaume, à Gand, et l’avait porté à un très-haut degré de prospérité, jusqu’en 1869, époque à laquelle il le vendit à un horticulteur luxembourgeois, M. J. Linden. M. A. Verschaffelt, qui s’était attaché, avec une grande ardeur et une très-louable per- sévérance à l’introduction des plantes nou- velles, avait fondé, en 1854, VlUustration horticole, dont il avait confié la direction à notre compatriote M. Charles Lemaire (1). (1) M. Ed. André avait succédé en 1870 à M. Le- maire comme rédacteur en chef de VlUustration horticole, fonctions qu’il a conservées jusqu’en 1880. Le nombre des {liantes de choix, aujourd’lmi réyandiies dans les collections, et ({ue M. A. Verschaflèlt avait fait introduire directement en Europe, est très-considérable. Citons, en {lassant : les Coleus VersciLalfcUi, Cala- dium (plusieurs types {ii'écieux découverts {lar Baraquin et ({ui ont sei'vi de points de départ aux variétés obtenues par M. Bleu), Catlleya Leopoldi, Latania Verschalfelti, Wüheringia ])ogonandra, Vassijlora Ba- raquiniana, P. trifasciata, Cibolium regale et G. VerschafJ'eUi, Vriesea gi- gantea, Areca (Ilgophorbe) Verschalfelti, Ggmnoslachyiim Verschaffelti, etc. Betiré des affaires, M. Ambroise Vers- chaÜêlt continuait à jouer un inle important dans la Société royale d’ Agriculture et de Botanique de Gand, et il contribuait très- activement à l’organisation de ses célèbres Expositions quinquennales. Il avait inspiré de solides amitiés, parce qu’il était lui-même un ami suret constant, et il laisse la mémoire d’un amateur passionné des {liantes, d’un commerçant loyal et d’un honnête liomme. M. Bertrand. — Nous avons également à annoncer la mort d’un amateur des plus distingués, M. J. -B. Bertrand, propriétaire à La Queue-en-Brie (Seine-et-Marne). Ses collections d’Orchidées, avant la guerre de 1870, qui a causé leur destruction, étaient de premier ordre. M. Bertrand ne les avait pas rem{ilacées, mais il s’était adonné à la culture de VAnthurium Scherzeriamim dont il avait obtenu d’admirables semis-. En 1878, à l’Exposition universelle de Paris, on a pu voir une serre entière garnie de ces remarquables produits, dont la Revue hor- ticole a parlé à diverses reprises (1). M. Citerne. — Le jardinier en chef du jardin botanique de Clermont, M. Jean Ci- terne, vient de mourir dans cette ville, à l’âge de cinquante-deux ans. Il avait étudié, pendant sa jeunesse, à l’École de botanique du Muséum de Paris, sous la direction de notre collaborateur, M. B. Verlot. C’est une perte très-sensible pour l’horticulture de l’Auvergne, où M. Cfnrne avait su se faire estimer de tous. Rectification. — M. Antoine, dont nous annoncions récemment le décès, à Vienne, était, dans cette ville, directeur des Jardins de la Cour Impériale et royale, et c’est là qu’il avait rassemblé la superbe collection des Broméliacées connue de tous les spécialistes. E.-A. Carrière et Ed. André. (i) 1878, p. 151; 1879, p. 190. 246 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. I-M'OSITIOX JH- IA SOCIKTÉ XATIONAI.i: D’IlOilTICLJJLUK DK KHAACK La Société nationale d’iiorticulture vient de tenir son Exposition annuelle, et l’affluence considérable des visiteurs qu’elle a attirés prouve une fois de })lus que la passion des fleurs et des belles plantes se développe de })lus en })lus en France, en même temps ({ue le goût des amateurs s’é})ure. Les organisateurs de cette Exposition, qui ont eu sui'tout en vue de j)lacer individuelle- ment chaque lot dans les meilleures condi- tions possibles d’examen, sans se préoccu})er outre mesure de l’as})ect d’ensemble, avajent tiré un très heureux parti des éléments qu’ils avaient à leur disposition. Par éléments, nous entendons ici les lots exposés eux-mêmes, dont l’agencement général donne à première vue au visiteur une impression })lus ou moins agréable ({ui n’est pas sans exei-cer une grande influence sur l’opinion qu’il se forme de l’ensemble de l’exposition et des produits qu’elle renferme. L’intérêt particulier de tel ou tel genre de plante ne vient qu’ensuite, et les amateurs dont les préférences s’appliquent à l’un ou l’autre d’entre eux les découvrent et les étudient tou- jours facilement là où ils se trouvent. Mais nous avons remarqué avec regret, cette année, parmi les exposants, quelques absten- tions regrettables, et, si nos pi'incipaux spécia- listes étaient presque tous là, nous montrant les progrès qu’ont faits depuis un an leurs cultures, un certain nombre de producteurs n’avaient pas exposé. C’est, pensons-nous, une erreur de leur part, car, aussi sûrs qu’ils puissent être de la fidé- lité de leur clientèle, ils n’empêcheront jamais les visiteurs qui constatent leur absence de penser (ju’ils ont craint d’affronter la compa- raison de leurs produits avec ceux des cultiva- teurs concurrents. Ceci dit, commençons notre revue sommaire par les plantes qui jouissent plus spécialement pour l’instant de la faveur du public : les Orchi- dées. Il est fort intéressant de suivre, chaque année, les progrès réalisés par nos bons hor- ticulteurs dans la culture de ces belles plantes et dans l’extension de leurs collections. M. Truffant, dont les plantes dénotent tou- jours la grande supériorité de culture, avait, entre autres Orchidées de grand intérêt : le Cy- jn'ipedium Stonei, aux fleurs bizarres, jaune violacé marqué de pourpre brunâtre, à sépales latéraux élégamment contournés; le C. cauda- tum, à sépales latéraux longs de GO centi- mètres; Epidendmm vitellimim, fleurs orange feu, et le curieux Scuticaria Steeli, à feuilles jonciformes, fleurs vertes marquées de brun, etc., etc. M. Chantin [avait envoyé un lot magnifique où, parmi de nombreuses espèces, nous avons remarqué le joli Dendrobium Picrardi, aux fleurs violet i)âle et jaune soufre; Aerides Fieldinyii^ dont le thyrse compact est garni de fleurs roses pointillées de carmin sur une longueur de 50 centimètres; Aerides Ja- ponicum, à fleurs jaune verdâtre marquées de marron, réunies en grappes dont la raideur élégante indique bien l’origine japonaise ; un superbe exemplaire de Cymbidium Lowii, dont la hampe florale était longue de 1"> 25, etc. Les magnifiques exemplaires de Cattleya Mossiæ, Mendelli, M. grandifiora^ M. Ma- ria, etc., Cypripedium villosum, swperbiens, ci- liolare, Grossi, Druryi, Laivrenceanum^ etc. Masdevallia Veitchi, Lindeni, Armini ro- sea, etc., de M. Massange de Louvrex, excitaient l’admiration générale par leur fort développe- ment, leurs formes irréprochables et leur abon- dante floraison. M. Bleu exposait une belle collection de Cattleya et quelques autres Orchidées toutes très intéressantes. Enfin M. Duval avait un lot important d’Or- chidées fort bien cultivées. Les plantes d’introduction nouvelle étaient surtout représentées par le lot de la Compagnie Continentale d’horticulture. Parmi les plantes intéressantes, nous avons surtout remarqué les suivantes : Alocasia nigrescens, belle Aroïdée aux feuilles élégamment ondulées, vert nuancé, pétiole vio- let foncé, tigré-strié régulièrement de vert clair ; Papouasie. — A . imperialis^ feuilles épais- ses, à consistance de cuir, page supérieure vert noirâtre, l’inférieurepourpre sombre; Bornéo. — A. Devansayaiya^ feuilles élancées, ondulées, vert brillant, à nervures vertes en dessus, violet foncé en dessous ; pétioles très-allongés, violet pourpre; Nouvelle-Guinée. — Sageniamammü- losa, intéressante Fougère de la Nouvelle-Gui- née, à feuilles })ennatipartites, longues de 75 centimètres à segments très-distancés, larges, régulièrement garnis en dessus de petites pus- tules ou mammelles qui sont le repoussé des points d’insertion des sores, à la page infé- rieure. — Labisia Malouana, Myrsinée à feuil- les horizontales velouté, vert foncé, à nervure centrale vert pâle argenté ; Bornéo. — L. alata, feuilles dressées, vert foncé, à nervures violettes. — L. rubrocostata, feuilles d’abord érigées puis retombantes, vert clair, à nervure médiane plus pâle. — Cupania denticulata, Sapindacée à port de Fougère, feuilles bifides, à nervures brun-rose très-pâles, folioles fortement den- tées. Les cultures spéciales, qui ont fait à quel- ques-uns de nos principaux horticulteurs une réputation universelle, étaient représentées par des lots remarquables. Citons parmi eux : Les superbes Caladium de M. Bleu, dans r 247 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE d’HORTICULTURE DE FRANCE. lesquels, à côté des variétés remontant à plu- sieurs années, on remarquait les nouveautés suivantes ; JV» 4, à feuilles d’un rouge intense luisant, bordées de vert; No 3, feuilles légère- ment arrondies, ondulées, rouge sang, ner- vures rouge plus foncé, bords lavés de vert sombre; iVo 5, feuilles sagittées, rose pâle, à nervures rouge intense, etc. M. Bleu exposait en môme temps une collec- tion charmante de Bertolonia, et, parmi les nouveautés qu’il a obtenues de semis dans ce même genre, nous avons surtout admiré les suivantes : Mademoiselle de Freycinet^ feuilles à fond vert brun, largement réti- culées et ponctuées de carmin métallique brillant. — Marguerite Wilson, fond som- bre, nervures et ponctuations nombreuses, argent. — No iO, grandes feuilles, à fond roux verdâtre foncé, réticulé et ponctué de rose métallique. — Alice Van Geert, très- grandes feuilles, blanc légèrement verdâtre, nervures roses. Puis le Bégonia villosa argentea purpurata, joli hybride entre les Z?, stigmosa et Otto Fors- ter, à feuilles gaufrées, profondément sillon- nées, à reflets argentés violacés, fond vert clair grisâtre. Les Bégonias tuberculeux de M. Robert sont vraiment admirables, avec leurs fleurs énormes, aux pétales amples, légèrement ondulés, aux coloris d’une fraîcheur et d’une intensité exquises. Les Azalées de l’Inde de M. Truffant sont d’une culture aussi irréprochable que celles que préparent les spécialistes belges et an- glais. Dans les beaux exemplaires qu’il avait envoyés, les variétés qui suivent attiraient sur- tout l’attention : Iveryana, fleurs blanc pur ; Comtesse de Beaufort, carmin vif ; Marquis of Lorne, rouge sang; François Devos, violet éblouissant. Les Grotons et les Dracénas de MM. Chan- trier défient toute comparaison et sont connus de tous les amateurs. On sait avec quel succès ces habiles cultivateurs se sonLappli- qués aux hybridations de VA. Andreanum et ils avaient envoyé, cette année, avec un su- perbe exemplaire de la plante type, les belles variétés qu’ils en ont obtenues, c’est-à-dire les A. Mortfontanense, roseum grandiflorum, cruentum, Houlletianum, etc. Au milieu de leurs magnifiques Grotons déjà connus du public, quelques beaux sujets de semis, inédits, attiraient l’attention par leurs coloris nouveaux. Nous avons remarqué no- tamment une forme à feuilles d’un coloris ver- millon vif tout nouveau, une autre à feuilles arrondies grenat noir, à nervures rouge sang, etc. Les Glématites de M. Ghristen sont toujours aussi belles. Il leur avait ajouté, cette année, une fort nombreuse collection de Rosiers grimpants, parmi lesquels les variétés remon- tantes les plus intéressantes étaient : Madame Alfred Carrière, fleurs semi-doubles, blanc pur; Jeanne d'Arc, fleur très-double, blanche; Polyantha Williams Evergreen, fleur moyenne, blanc rosé ; Polyantha W. Richardson, fleur jaune carné vif. Ge sont là des plantes de pre- mier ordre que nous recommandons tout par- ticulièrement aux amateurs. M. Boucher expo- sait aussi de belles Glématites en nombreuses variétés. Les plantes à feuillage ornemental : Palmiers, Broméliacées, Aroïdées, Fougères, etc., avaient de nouveau appelé en concurrence nos grands horticulteurs parisiens. M. Ghantin avait exposé ses superbes exemplaires dont l’énumération nous entraînerait beaucoup trop loin. Nous avons revu avec plaisir son beau Kataki- dozamia Mac Leay, cette Gycadée aux feuilles pennées, vert noir, élégamment retombantes, et admiré un Todea superha, ravissante Fou- gère bien connue, dont les feuilles épaissement veloutées sont, sur le même pied, vert tendre, vert foncé et vert fortement bronzé. M. Truf- fant tient toujours la tête pour la perfection de ses procédés de culture ; les plantes de serre chaude qu’il produit ont toujours la fraî- cheur d’un papillon nouvellement éclos. MM. Jo- libois (Luxembourg), Saison-Lierval, Dallé, Savoye, Duval, Fletcher, Landry, Terrier, etc., avaient envoyé des collections fort intéressantes de plantes bien cultivées. _ Le public s’arrêtait pour contempler les beaux spécimens des plantes de marché envoyés par M. Dallé : Hortensia, Deutzia, Pélargonium, Erica, Chrysanthemum, Cytisus, le tout en variétés d’élite. L’intérêt que, dans nos expositions, pré- sentent les plantes de pleine terre est certai- nement aussi grand que celui des plantes que nous venons d’examiner. Quel magnifique ta- bleau que celui offert par ces masses de Rho- dodendron aux glorieuses (1) fleurs ! Quoi de plus beau que ces superbes plantes aux floraisons si variées de couleur : violet mauve vif dans la variété Boursault, puis car- min vif, rouge pourpre éblouissant, rose pâle, rouge violacé, violet pourpre presque -noir, blanc, soufre, etc., dans les belles formes : Bouquet de Flore, William Austin, Comtess of Clancarty, Old Port, Nigrescens, Album elegans, Ochroleucum, etc., qui sont parmi les plus belles que nous ayons remarquées dans les apports de MM. Groux, Moser et Defresne. Les compagnes habituelles des Rhododen- drons, les Azalées de pleine terre, n’occupent pas dans les jardins la place qu’elles devraient y avoir. Quelle fraîcheur, quelle harmonie, (1) L’expression glorieuse, ici employée, est sou- vent usitée en pareil cas en Angleterre (glorious) et nous semble bien résumer les adjectifs dont on est tenté de se servir pour exprimer l’admiration qu’excite la vue d’une corbeille de Rhododen- drons en variétés de choix, fleuries en même temps. 248 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTIGULTURE DE FRANCE. quelle flistindion dans la couleur de ces fleurs, dont les masses sont disposées naturellement d’une façon toute gracieuse, et non compacte comme dans les Azalées de serre. M. Groux en avait envoyé une fort belle collection où nous avons surtout admiré : Aréthuse, blanc légère- ment lavé de jaune; Fama, saumonet rose vif; Isabelle Y an Iloutte, jaune paille; Comte de Gomer, brique sang; Baron Ed. de RoUischild, vermillon ; W.-E. Gumhlelon, jaune clair ; Deciis Jwrtoruyn, variété au port irrégulier, à fleurs petites, roses et jaunes, en })aquet , ressemblant à des inflorescences de Chèvre- feuilles; Consule Ceresole, aurore lavé de vermillon. Dans le lot de M. Moser, où les variétés pré- cédentes se retrouvaient pour la plupart, nous avons également admiré : Bouquet de Flore, jaune vif; Ch. Kékulé, jaune orange; Alp. La- vallée, vermillon vif; Comte Papadopoli, rouge brique clair, etc. Nos rosiéristes ont eu, cette année, une exposition fort belle. Leurs spécimens, notam- ment ceux de MM. Lévêque et fils et Charles Verdier, avaient un feuillage touffu, vert foncé, une floraison extrêmement abondante, amenée juste à point, dénotant une supériorité de cul- ture maintes fois constatée. Comme plantes de tout premier choix parmi les nouveautés, nous avons remarqué, dans le lot de MM. Lévêque et fils. Princesse de Béarn, double rouge pourpre, à pétales légèrement ondulés; Comtesse Freissinet de Bellanger, rose carminé, plus pâle sur le bord des pé- tales ; Anna Ollivier, Ûeurs très-grandes, jaune paille, à pétales récurvés; Madame Cusin, fleurs très-grandes, rose nuancé, onglet et bas des pétales jaune paille ; Souvenir de Thérèse Levet, fleurs assez grandes, carmin foncé très- vif; Paul Jamain, pourpre violacé très-double; Marie Lavallée, très-grande, rose pâle, semi- double, etc. M. Margottin fils avait, comme de coutume, envoyé des Rosiers supérieurement cultivés; puis venait M. Rothberg, dont les collections étaient intéressantes. Les Lilas à fleurs doubles de M. Lemoine étaient représentés par les belles variétés : Pré- sident Grévij, violet pâle; Horace deChoiseul, rouge ; Michel Buchner, lilas pâle, etc. Dans la section des arbres et arbustes, M. De- fresne avait exposé un lot remarquable de Co- nifères de choix ; la diversité, la rareté et la belle végétation de ces plantes excitaient l’ad- miration générale. Un fort beau Sciadopylis verticillata, haut de 2ni 50 environ, compact, bien garni, et un Libocedrus sinensis glauca, étaient les perles de cette collection. MM. De- fresne, Rothberg, Moser, présentaient de bonnes collections de plantes à feuillage persistant. M. L. Paillet expose toujours les plus belles collections de Pivoines en arbre. Parmi les nombreuses et superbes variétés qu’il pré- sentait cette fois, les plus remarquées étaient : Louise Mouchelet, énormes fleurs saumon lavé de rose vif au centre de la fleur ; Reine Elisa- beth, fleurs également très-grandes, rouge saumoné foncé ; Zénobia, grandes fleurs violet })Ourprebleuâlre, étamines jaune d’or ; Athlète, fleurs blanc teinté de lilas, onglet pourpre marron, etc. M, Ch. Verdier avait aussi exposé des Pivoines splendides. Les concours de fleurs annuelles et vivaces mettent l'égulièrement en présence du public les jolies plates-bandes composées avec un goût éclairé par MM. Vilmorin, Andrieux et C*°, Forgeot, Lecaron, Paul Tollard. MiM. Ahlmorin avaient disposé à part des cor- beilles de Cinéraires doubles dont les fleurs sont aussi grandes que celles de certaines Pveines-Marguerites, des Calcéolaires aux urnes larges de 5 centimètres, et dont certaines va- riétés ont un coloris or tigré de pourpre mar- ron d’une vigueur surprenante. Citons encore les Résédas et Pensées de M. Dupanloiip, les plantes bulbeuses de MM. Delaliaye ; les énonnes Chrysanthèmes Comtesse de Chambord, de M. Gillard; les Calcéolaires hybrides de M. Leurot ; les Cac- tées de M. Simon; les Œillets de M. Brot- Delahaye ; les Reines-Marguerites nuancées de M. Schwartz; lesbouquets deM“c Lion, MM. La- chaume, Bories, qui soutenaient la bonne ré- putation de nos fleuristes parisiens, et nous aurons terminé notre revue pour les plantes d’ornement. La section des fruits nous a fait admirer les Chasselas de M. Salomon aux grains rebondis, dorés, comme ceux que l’on récolte en sep- tembre à Thomery. De ces Raisins, les uns for- cés, représentaient la récolte de 1886, tandis que les autres, aussi pleins, étaient conservés depuis la récolte, en plein air, de l’année der- nière; les Prunes, Pêches, Figues, etc., for- cées, de MM. Margottin père et fils ; les fruits exotiques de M. Hédiard. Dans les concours de culture maraîchère, MM. Vilmorin- Andrieux et Cîe, la Société de Secours mutuels des maraîchers de la Seine, les cultures de Gennevilliers, l’Établissement du Gros-Orme, près Asnières, avaient, comme de coutume, envoyé des produits remarquables au double point de vue du choix des variétés et de la belle culture. Citons également la nom- breuse collection de Pommes de terre de M. J. PJgault, celle de M. Chomet, et enfin les Cham- pignons de M Duvillard, les Fraises et As- perges de M. L. Lliérault, apports remar- quables, devant lesquels les gastronomes res- taient en contemplation. Ch. Thays. Liste des principaux lauréats. Grand prix d'honneur: M. Chantin (Palmiers). Médailles d'honneur : A. Alb. Truffaut (Orchi- dées); M. B\e\x (Caladium, Bertolonia, Sonerila, Anthurium) -, M. Dallé (Plantes de serre) ; M. Sa- voye (Plantes de serre); MM. Chantrier frères (Crotons); M. Massange de Louvrex (Cattleya); Compagnie Continentale (Plantes d’introduction CULTURE DE nouvelle) ; M. Defresne (Conifères) ; M. Moser (Rhododendrons); M. Ch. Verdier (Rosiers); M. Lévêque (Rosiers'); MM. Vihnorin-Andrieux et Cf>> (Plantes herbacées d’ornement); M'^e E. Lion (Rûuqiiets) ; Association de secours mutuels des Jardiniers de la Seine (Légumes) ; M. L. Lhérault (Asperges). Diplôme d’honneur: M. Jolibois, jardinier en chef du Luxembourg (Broméliacées). Médailles d'or. Plantes à feuillage ornemental de récente in- troduction : M. Chantin. Plante à feuillage ornemental arrivée le plus près de son maximum de développement: M. Chan- tin. Plantes marchandes à feuillage : MM. Duval, Alb. Truffaut. Plantes de serre chaude : M. Fletcher. Plantes à feuillage coloré, panaché, maculé : M. Terrier. Orchidées exotiques en fleurs : MM. Ant. Chan- tin, Alf. Bleu. Gloxinias: M. Vallerand. Broméliacées : M. Alb. Truffaut. CULTURE D En général, les Alocasia, ces charmantes Aroïdées, ont une trop faible place dans l’es- time des cultivateurs. La difficulté de leur culture et le peu de solidité qu’on attribue bien à tort à leur feuillage sont les causes principales du délaissement où elles sont. Ces plantes, cependant, dépassent en rus- ticité beaucoup d’autres plus renommées, telles que Crotons, Dracénas, et nous avons pu maintes fois le constater, en employant le procédé de culture en serre cliaude que voici : Quand les plantes reviennent des garni- tures d’appartement, je les traite comme si elles étaient récemment importées, c’est-à- dire en les lais-sant dans un repos complet pendant plusieurs jours, dans une serre à multiplication. Ensuite, je prépare en serre chaude, près du verre, un lit de sable de rivière dans lequel j’enfonce debout les' tron- çons éCAlocasia, en ayant soin d’y entrete- nir une constante humidité. Dans ces con- ditions, la croissance se fait rapidement. Aussitôt qu’une feuille est développée, je prépare, dans la même serre, une planche de pleine terre de la façon suivante : immé- diatement sur les tuiles de la bâche, je mets un bon drainage de mâchefer sur lequel je place un lit de mousse ou de sphagnum sec, de préférence, et ensuite un mélange de ce dernier avec de la terre de bruyère grossiè- rement concassée et de charbon de bois. Ceci fait, je donne un fort mouillage et je plante les Alocasia à demeure, ainsi que beaucoup d’autres plantes à refaire, parti- culièrement les Aroïdées, qui se plaisent ALOCASIA. 249 Bégonias tubéreux à Heurs simples: M. Alb. Robert. Aroïdées : M. Ant. Chantin. Caladium : M. Alf. Bleu. Dracæna : MM. Chantrier, frères. Fougères arborescentes: M. Ant. Chantin. Fougères herbacées : M. Ant. Chantin. Cycadées : M. Ant. Chantin. Arbustes à feuillage persistant : M. H. Defresne. Rhododendrons : MM Croux et fils. Azalées politiques, A . mollis fleuries ; M. Moser (quatre médailles). Rosiers en fleurs: MM. Lévêque et fils, Ch. Ver- dier (deux médailles). Plantes annuelles et bisannuelles fleuries : MM. Vilmorin-Andrieux et C>c. Corbeille de plantes fleuries : M. Lecaron. Ornementation en fleurs : M. Bories. Arbres fruitiers forcés : M. Margottin père. Légumes forcés : M. Cousin. Plantes artificielles: M^^® Marie Fortier. Industrie. — Serres en fer: MM. Ferry, Izam- bert. Chauffages : M. Paul Lebœuf. Constructions rustiques : MM. Dubos et C*°. ; ALOCASIA dans ce compost et y ont bientôt pris des proportions considérables. Quoique l’on puisse faire ce travail à toute saison de l’an- née, il est bien préférable de profiter des pre- miers beaux jours , ce qui donne le temps aux plantes de bien se faire jusqu’au com- mencement d’août, bonne époque pour les relever et les mettre en pots afin qu’elles aient le temps de refaire de nouvelles racines avant les premiers froids. Une chose essentielle à observer lors du rempotage, en arrachant de la pleine terre les plantes qui ont naturellement émis de nombreuses et longues racines, c’est d’en supprimer au besoin quelques- unes, car s’il fallait conserver toute la motte qu’elles entraînent, il faudrait un vase trop grand. Il n’y a aucun inconvénient à se- couer et à faire tomber une grande partie de la terre. Ce qu’on ne doit pas oublier, c’est de tremper les racines dans l’eau avant de mettre en pots, car, en suivant avec soin cette précaution, jamais les plantes nefanent. En effet, l’adhérence de la terre sur les ra- cines mouillées d’avance est bien plus ra- pide que par tout autre moyen. Il m’arrive aussi quelquefois, lorsque je suis pressé de planter, de rempoter les Alo- casia tout de suite, sans les livrer à la pleine terre, mais toujours après le repos indiqué et la mise en végétation dans le sable; je mets alors plusieurs turions par pots. J’obtiens ainsi plus vite des plantes propres aux garni- tures, mais moins fortes et moins belles. Bach. 250 CYCLAMENS DE PEDSE A FLEURS DOUBLES. QCLVMF.XS DE PEUSE A EEEÜRS DOIRLES Depuis ([lie des semis assez récents et une culture perfectionnée ont produit une véri tatile révolution dans la pro- duction des Cyclamens (te serre, ces charmantes plantes ont pris laveur à un point extraordi- naire. Non seulement on s’est mis à recher- cher les plus lielles varié- t é s P O U r porte -grai- nes, mais les races I strain s / créées par q U e 1 q u e s h O r t i c U 1 - leurs an- glais leur ont conquis une véritable gloire et... beaucoup d’ar- gent. Les horticulteurs français ne sont point restés en ar- rière dans cette course au progrès, et Versailles sur- tout s’est tenu au premier rang. Mais voici que le centre- sud de la France prend part à l’ac- tion. De nouvelles formes nous arri- vent aujourd’hui de M. Bruant : des Cy- clamens à fleurs doubles. Nous ve- nons aussi informé d’autres cas de du plicature bien caractérisée dans ces jolies Primu- lacées. Nous avons reçu plusieurs pieds couveris de tleiirs toutes semblables. Voici la d(3Scripîion de cette curieuse nouveauté : Plante (figures 68 et 69) cespi- teuse, d’un port régu- lier, très- feuillue et abondam- ment fleu- rie. Feuilles à pétiole dressé, cy- lindrique, rouge vi- neux strié, plus pale au sommet qui est élargi et canaliculé, à limbe charnu, éta- lé, cordi- forme, ob- tus, à bords légèrement dé fléchi s denticulés , à sinus ba- silaire obtus, d’un vert foncé avec des nervures et une zone intermédiaire pâle argentée, page inférieure vert pâle teinté de rose. Pé- doncules uni do- res robustes, un tiers ou moitié plus hauts que les feuil- les, gris rougeâtre, annelés de zones olive, hispidulo- glanduleux, brus- quement défléchis au sommet. Calyce brun, glanduleux, à lobes courts, del- toïdes, entourés de points verts et d’un bord blanc, aminci, émoussé, zébrés de rouge noir en dedans. Corolle à tube normal, à cinq lobes principaux détlé- Fig. 68. — Cyclamen à Heurs doubles (port au 1(3 de grandeur naturelle). d’être Fig. 69. — Cyclamen à fleurs doubles (fleur de grandeur naturelle). DES PLANTES NATURELLEMENT JAUNES. chis comme dans le type (paraissant érigés par rinilexion du pédoncule), lancéolés, tordus, plus ou moins ai^nis ou obtus, rose violacé tendre très-pur, passant au rouge violet toiicé à la base. La dupli- cature a pour cause, à l’intérieur du tube urcéolé, la transformation des étamines en pétales également tordus, dressés ou étalés, diversement développés et portant inférieurement, sur leur milieu, l’anthère allongée, déformée ou cornue à la surface interne et couverte de rugosités noi- râtres. I.’ovaire est ovoïde, côtelé, et le style conique. Une deuxième variété nous a montré des 251 fleurs également doubles, mais d’un rouge violacé Irès-vif. Toutes ces Heurs exhalent un parfum très-doux et très-pénétrant d’eau de Heurs (l’oi'anger. C’est donc une nouvelle race qui se trouve ainsi créée. La confoianation du pollen nous a paru parfaite, et il n’y a pas de doute que des vaiiétés doubles, de plus en plus per- fectionnées, sortent des premiers sujets que M. Bruant nous a communiqués. Nous souhaitons vivement que les Cycla- mens à Heurs doubles puissent être pro- chainement mis au commerce. Ed. André. [)ES PLANTES NATURELLEMENT JAUNES Les plantes en question, dont l’horticul- ture ornementale tire un très-bon parti, sont celles qui conservent toute l’année cette teinte jaune plus ou moins foncée qui se rencontre très-fréquemment dans les plantes vraiment panachées, c’est-à-dire qui, sur un point quelconque, présentent plusieurs couleurs en opposition les unes avec les autres. Ces plantes rentrent dans la catégorie de celles à feuillages uniformément colorés, qui constituent dans ce groupe une nou- velle série que l’on appelle Chromique ou Xanthique. Elles se distinguent donc des plantes panachées proprement dites, en ce sens qu’elles n’ont qu’une seule coideur, excepté pour leurs Heurs. Presque tous les genres de plantes peu- vent présenter cette coloration particulière qui résulte de combinaisons spéciales, mais non d’éléments particuliers. Bien que le nombre en soit encore très-petit, it n’est pas douteux qu’il s’accroîtra à mesure que de nouveaux besoins se feront sentir et que l’on y portera plus d’attention. Notons aussi que ces caractères excep- tionnels de coloration se rencontrent, bien qu’en quantité très-inégale, dans tous les végétaux, soit ligneux, soit herbacés, qu’il s’agisse de Heurs ou de légumes, de végé- taux de pleine terre ou de plantes de serre. En voici un aperçu : Légumes. — Arroche blonde ; Mâche à feuille de Laitue ; Chicorée à couper ou tou- jours blanche ; Scarole blonde ; Cresson alénois doré. Un grand nombre de Laitues, telles que Earlg Simpson, Blonde d’été. Blonde d’hiver. Blonde de Berlin, etc., Bo- mXme Alphange, Scarole blonde, présentent aussi cette coloration ; Moutarde de la Chine, Pourpier doré, Poirée carde jaune, Poirée blonde. Betterave jaune. Chou à grosses côtes, C. de Milan doré, C. à mille têtes. Plantes herbacées, cV ornement, depleine terre et de serre. — Belle de Nuit naine à fleurs blanches ; Verveine hybride à feuilles jaunes ; Spergtda qnlifera aurea, Stella- ria graminea aurea; plusieurs variétés de Coleus, Matricaria aurea; les Pyre~ thrum partheiiium aureimi, P. aureum laciniatum , P. aureum selaginoides , P. aureum discoideum , Alternanthera paronychioides aurea major; A. aurea nana; Fuchsia Pillar of gold, F. Cloth of gold, F. Golden Fleece, Pélargonium zonale Cristal Palace Gem, P. interna- tional, P. CreeeVs seedling, P. Robert Fish. Arbres et arbustes. — Catalpa syrin- gæfolia aurea; Quercus Concordia ; Vei- gela Leymansii (celui-ci brûle au soleil). Pêcher à écorce et à feuilles jaunes; plu- sieurs variétés de Fusain du Japon, telles que les F.flavescens, pallens, aurea; Acer pseudo-Platanus lutescens, A. pseudo- Plat. Woorlei, Aucuba japonica aurea , Buxus suffruticosa aurea. Cornus mas foins aureis, Corylus avellana aurea, Cratægus oxyacantlia foliis luteis ; Fraxi- nus excelsior foliis aureis, Hedera pal- mata aurea ; Ilex aquifolium lutescens, Jasminum nudiflorum aureum ; Ligust- rum vulgare aurea; Padus Mahcdeb foliis aureis; Populus canadensis aurea Van Geerti; Ptelea trifoliata aurea; Ribes alpinum, var. pumila aurea; Robinia 252 BÉGONIA. HYBRIDE ARTHUR MALLET. pseudo-Acacia anrea ; Samlmcus nùjra foliis aurcis ; Spiræa opulifolia Intea ; Syringa Emodiaurca ; Sarotliamnus sco- parius foliis varicgalis ; Tilia plcdyphylla pyramidata aurea ; Uhmis montana au- rea ; U. Dampieri Wredei. Conifères. — Biota flava, Cupressus Lmvsoniana aurea, Juniperus sinensis aurea, Retinospora ohtusa aierca , R. pi- sifera aurea, etc. Lorsqu’il s’agil de ces jdantes jaunâtres recherchées^ soit pour rornementation, soit comme légumes, il n’est pas rare d’entendre faire cette objection : « Ce sont des plantes malades. » — Malades, pounpioi ? Est-ce parce qu’elles sont jaunes ? Mais alors si le jaune indique un état maladif, pourquoi n’en est-il pas de meme du brun, du rouge, etc. ? D’autre part, presque toutes ces plantes se reproduisent par graines et beaucoup d’entre elles étant meme plus vigoureuses que certaines du même genre qui sont vertes, on peut se demander quel est le signe de la maladie ! Et si la couleur indique cet état, alors ne serait-il pas contraire à la logique et au bon sens de voir fréquem- ment des malades (jaunes) plus vigoureux et plus robustes que d’autres regardés comme étant bien portants, par cette seule raison ({u’ils seraient verts ! En attendant et quelles que soient sur ce sujet les opinions scientifiques qui seront émises, les horticulteurs continueront à re- chercher ces plantes, que l’on dit être ma- lades, et même, pour certains cas de déco- rations spéciales, à les préférer à d’autres dites en bonne santé. E.-A. Carrière. BÉGONIA HYBRIDE ARTHUR MALLET Si, quelle que soit son habileté, un ar- tiste est toujours impuissant à reproduire les choses de la nature, de telle sorte qu’il existe toujours une différence considérable entre l’original et sa copie, la difficulté est intiniment plus grande lorsqu’il s’agit de les décrire. Dans ce cas, en effet, on n’a que des mots à sa disposition, et, outre leur insuffisance, ces mots ont encore l’inconvé- nient de pouvoir être très-différemment interprétés. Mais, en associant ces deux modes d’action, c’est-à-dire en joignant à la description le dessin et le coloris, on aug- mente les chances de réussite et l’on peut arriver plus près de la vérité. C’est ce que nous avons fait ici en appelant à notre secours M. Godard, l’habile artiste de la Revue hor- ticole, qui a fait faquarelle dont la cbromo- litbograpbie ci -contre est une copie. Nous osons donc espérer que, grâce à cette com- liinaison, nous pourrons donner une idée relativement assez exacte du magnifique Bégonia Arf/mr Mallet, dont voici une des- cription sommaire : Plante caulescente, glabre de toutes parts. Souche à racines fibreuses, non renflées. Tige droite, raide, à écorce luisante vert olive, lavée ou marbrée rougeâtre. Feuilles sur un gros pétiole dressé, à limbe épais, fortement inéquilatéral, plan, non tour- menté, régulièrement atténué en une pointe obtuse, long d’environ 15 à 18 centimètres, large de 6 à 8 centimètres dans son plus grand diamètre, entier ou à peine çà et là faiblement denticulé, d’un rouge brillant très-foncé en dessous, à face supérieure d’un rose violet et comme perlé, à reflets brillants, variant en intensité suivant l’état de végétation des parties et de la lu- mière qui les éclaire, et produisant ainsi les nuances les plus diverses et les plus fines augmentées des contrastes les plus harmo- nieux. Cette belle couleur rose violacé, mauve nacré et perlé, que présente la face supérieure des feuilles du B. Arthur Mal- let, rappelle un peu les nuances indicibles que présentent les feuilles du Bertolonia Van-Houttei. Quant aux fleurs, elles sont nombreuses, disposées en ombelles corym- biformes ; les boutons sont d’un beau rouge foncé vineux ; les divisions sont rose car- miné à l’extérieur tandis que la partie in- terne est d’un rose carné pâle, ce qui pro- duit un charmant contraste. D’autre part, ne pouvant par notre des- cription donner qu’une idée très-relative de la beauté du B. Arthur Mallet, nous prions le lecteur de se reporter à notre cbro- molitbograpbie, qui, par comparais'on, lui permettra de compléter le tableau, en ajoutant ce que la parole est impuissante à traduire. Quant à l’origine de cette splendide va- riété, la voici : C’est un hybride, obtenu, à Jouy-en-Jüsas, par M. Lionnet, jardinier régisseur de M. Arthur Mallet, par la fécon- dation du B. subpeltata par le B. Eldo- rado. C’est de cette fécondation, dont nous avons déjà parlé (1), qu’est également sortie ■ (1) Voir Revue horticole, 1885, p. 561. > 1 i I Gûdd^ci. del. ChrornolùJv. &.S^ve.r&yn^ . Bi'o- si(TS ont élé plantés, et l’on voil (jii’auciin d’eux ne se Iroiive hors de portée de la main. La (lisj)osilion diagonale des sentiers les rend ôq beaucoup moins visibles; d’ailleurs, ils sont ta])issés de gazon tondu deux fois |)ar semaine, ])cndant la saison des Pvoses, pour (pi’une cbaussure légère n’ait rien à craindre de la rosée. Au premier printemps, l’inféiaeur des lo- sanges entre les Piosiei“s est garni de Myo- sotis, Pensées, Pà([ueretles, Corbeilles d’ar- gent, Silènes, et, chaque losange étant composé d’une seule espèce, il en ré.sulte une mosaïque très-décorative. Plus tard, ces plantes sont remplacées par des Ver- veines, Lobélias, Alternantluîras, (Jmt- phalium , toutes plantes basses et peu dévorantes. I! est aisé de se rendre compte de l’aspect que présente ce Riosarium au moment de la lloraison. B forme un ensemble parfait, harmonieux, et il convient d’ajouter qu’il rend de grands services pour la confection des bouquets. Même dans un jardin plat, avec quelques terrassements peu coûteux on pourra établir un Rosarium de ce genre. B servirait, par exemple, à diminuer d’une manière agréable la hauteur d’un mur séparatif, que l’on aurait préalablement garni d’une épaisse bordure d’arbustes à feuilles persis- tantes, pour servir de repoussoir aux Rosiers en Heur. £d. André. DE PARMENTIER mieux accusés, ce qui eût facilité la distinc- tion des variétés. Comme je crois qu’il n’a jamais été fait en France d’Exposition spéciale de Pommes de terre, l’occasion était bonne; avec un jury compétent on eût pu, à la suite d’é- tudes sérieuses, faire des rectifications dans la nomenclature souvent énoncée ; néan- moins, j’ai pu faire quelques observations que les lecteurs de la Revue pourront peut- être ne pas trouver dépourvues d’intérêt. Ainsi, dans un des lots exposés, j’ai remar- qué une même variété étant représentée sous trois noms diflerents. B serait grandement à désirer qu’un Co- LE CENTENAIRE DE PARMENTIER. mité 'spécial s’érigeât en sorte de Congrès, ainsi qne la chose a été faite pour les fruits, pour, après nn examen sérieux, faire nn choix des meilleures variétés de Pommes de terre et dresser une liste synonymiqne. Un tel travail, ce me semble, eût été le meil- leur moyen de fêter utilement le Cente- naire de Parmentier, l’inventeur, peut-on presque dire, de la Pomme de terre en France. Cependant et malgré le moment mal choisi pour cette Exposition, il y avait un certain nombre d’exposants qui montraient des lots assez importants pour tenter le travail dont je parle. Je citerai d’abord la maison Vilmorin, qui avait envoyé là sa nombreuse et remar- quable collection d’études générales de Pommes de terre qui, dit-on, remonte à l’origine de cette culture. Ces Messieurs exposaient aussi leurs belles et très-inté- resantes collections de Blé, d’ Avoine, Maïs, Betteraves à sucre, ce qui faisait de leur exposition le principal attrait du Concours. Le jury leur a attribué un premier prix d’honneur. L’Institut agricole de Beauvais exposait hors concours une grande collection de Pommes de terre bien choisies; on avait accompagné leur lot, déjà si intéressant, de tableaux synoptiques des études et expé- riences pratiques faites sur la production, la richesse en fécule et la densité composée de nombreuses variétés de Pommes de terre. M. Joseph Rigault, de Groslay, exposait une collection de Pommes de terre^ainsi que des variétés nouvelles et des semis en végé- tation, pour lesquelles il a obtenu une mé- daille de vermeil grand module et une mé- daille d’argent. Un autre cultivateur de Groslay, M. Hya- cinthe Rigault, 16, rue de l’Asile, exposait une collection de cinquante et quelques variétés de bon choix et d’une dénomi- nation rigoureusement exacte. Sa qualité de membre du jury l’excluait naturelle- ment des récompenses, et le plaçait hors concours. M. Camille Triboulet, directeur de la belle exploitation d’Assainvillers (Somme), avait fait une exposition très-intéressante; outre son lot de Pommes de terre qui se composait d’un très-beau choix, il présen- tait divers autres produits agricoles tels que Blés, Avoines, Betteraves, ainsi que des produits dérivés, par exemple des alcools obtenus chez lui, dans la distillerie attachée 255 à son exploitation. Il a été récompensé d’un objet d’art, comme prix d’honneur. M. Boursier, féculierà Chevrières (Oise), exposait une collection de Pommes de terre spécialement utilisées par la féculerie. Le jury a regretté que cet industriel n’ait pas complété son lot par des échantillons des divers produits qu’il obtient dans son exploi- tation. Le jury lui a accordé une médaille de vermeil. M. l’abbé Benoît van Crickinge, exposait des variétés dites de récente importation, ce qui, dit-il, est un moyen d’atténuer les ra- vages de la maladie. Il a été récompensé d’une médaille de vermeil. M. Torcy-Vannier, marchand grainier, à Melun (Seine-et-Marne) , montrait une nombreuse collection de Pommes de terre d’une grosseur ordinaire, mais d’une très- bonne dénomination. Une médaille de ver- meil lui a été accordée. M. Cauchetier-Ghaperon, botaniste et droguiste, à Montdidier, avait une exposi- tion très-intéressante consistant en travaux et en manuscrits divers et d’une étude parti- culière sur la Parmentière ; M. Gauchet est un admirateur passionné de son compatriote Parmentier, dont il a fait ressortir les impor- tants services rendus par ce dernier non seulement à la France, mais à l’humanité. M. Galet-Gibout exposait divers produits extraits de la Pomme de terre, par exemple du sucre en pain, des fécules, des al- cools, etc. Le jury lui a décerné un premier prix : Médaille de vermeil. M. Pointin-Fiévet, de Montdidier, obte- nait une médaille d’argent pour sa collection. M. Longuet et M. Dubois, marchand de Pommes de terre, à Amiens, étaient récom- pensés d’une médaille d’argent. M. Sement, amateur au Chesnay, par Versailles, exposait, avec quelques variétés de Pommes de terre, des Chicorées Witlootf d’une rare et très-belle venue. Faisant par- partie du jury, M. Sement n’a pu être récompensé. En outre des lots dont je viens de parler, il y en avait un grand nombre d’autres plus petits. Ils appartenaient à des amateurs ou des cultivateurs de Montdidier ou des pays voisins, qui, dans cette circonstance, avaient saisi cette occasion pour manifester leur reconnaissance à leur compatriote, Parmen- tier, qui, par son heureuse importation, peut être appelé le bienfaiteur de l’huma- nité. La plupart ont été récompensés d’une médaille d’argent ou de bronze. B. Durand. 256 ANTOINE-AUGUSTIN PARMENTIER . \\T01M>ArGUSTl\ PAUMEMIER Antoine-Augustin Parmentier naquit à Mont- didier le 12 août 1737 ; fils d’un commerçant sans fortune, ses premières éludes furent diri- gées par sa mère. A dix-sept ans, il était élève en pharmacie; trois ans plus tard, il était attaché à l’armée de Ha- novre comme })harmacien mili- taii'e. Les Prus- siens le firent prisonnier et ce fut pendant sa captivité que Par- mentier put ap- précier à sa juste valeur Futilité de la Pomme de terre. Il rentra en France en 1763, après la signature de la paix, et re- prit aussitôt ses chères études à Paris; en 1765, il obtint au con- cours une place de 'jjliarmacien gagnant maîtrise à la maison royale des Invalides, et de ce moment, il occupa les courts instants de loisir que lui laissaient ses fonctions à cul- tiver la Pomme de terre et à ré- diger d’impor- tants mémoires. L’Académie de Besançon avait mis au concours la question sui- vante : Quelles 'plantes, en Fran- ce^ peuvent sup- pAèer, dans les temps de disette, aux autres nourritures de lliomrne, et quelle est la nature de l'alirnent qiCon p>eut tirer de ces végétaux 1 Parmentier, convaincu des mérites incontestables de la Pomme de terre, en fit ressortir toute Futilité, et son mé- moire, couronné par l’Académie de Besançon, eut un grand retentissement en France et à l’étranger. De plus, et en récompense de son activité et de son dévoùment à l’humanité, Louis XV lui délivra un brevet d’apothicaire- major. Il ne conserva ces fonctions que jus- qu’au 31 décem- bre 1774; mais le roi lui fit servir une pension égale à ses appointe- mènts, tout en lui laissant le logement qu’il occupait aux In- valides. C’est alors qu’il entre- prit de poursui- vre ses études sur la mouture économique et la Pomme de terre ; en passant en re- vue tous les fruits et toutes les ra- cines, il reconnut de nouveau que cette Solanée était bien la seule plante pouvant suppléer aux cé- réales dans les temps de disette. La Pomme de terre était déjà cultivée en Alle- magne, en An- gleterre, dans la Lorraine, l’Alsace et les Vosges ; mais dans la Brie, la Picardie, la Normandie, etc., un grand nombre de personnes la regardaient en- core comme insa- lubre ; à Paris, on refusait d’en man- ger les tubercu- les. Parmentier dut s’imposer la tâche de détruire toutes les erreurs qu’on propageait i sur la précieuse plante ; la lutte qu’il eut à sou- ' tenir fut longue, mais elle se termina à son honneur. C’est sous l’empire des idées erronées qu’il avait à réfuter que Parmentier, en 1785, époque où la cherté du blé alarmait et les populations et le gouvernement, eut l’idée de faire une ex- périence publique aux portes de Paris, dans le Fig. 72. — Statue de Parmentier. CONGRÈS d’horticulture A PARIS. 257 but de démontrer combien était facile la cul- ture de la Pomme de teri’e. Ces essais furent faits sur 2 arpents dans la plaine des Sablons et G arpents dans l’île des Cygnes. Les tuber- cules y furent }>lantés pendant la première quinzaine de mai, et, pour attirer les l'cgards de la population de Paris, on lit garder le ter- rain pendant le jour par des gendarmes. L’année suivante, en 178G, de nouvelles ex- périences furent faites sur 35 arpents dans la plaine de Grenelle. L’étendue occupée par la Pomme de terre était telle qu’elle attirait chaque dimanche de très-nombreux spectateurs. Au mois d’août, lorsque les tiges furent char- gées de fleurs, Parmentier sollicita l’honneur d’en présenter un bouquet à Louis XVI. Le roi, qui était animé des intentions les plus louables en faveur des progrès de l’agriculture, ac- quiesça avec empressement à cette demande. L’accueil qu’il ht à Parmentier, à Versailles, devant toute la cour, les félicitations qu’il lui adressa pour son désintéressement et le noble but qu’il poursuivait avec une ardeur et une persévérance des plus louables, furent remar- qués. Les hauts personnages présents à cette réception, en voyant le roi attacher quelques fleurs de pomme de terre à sa boutonnière, épuisèrent, en l’honneur de Parmentier, les plus chaudes expressions de la reconnaissance et de l’admiration, et ils s’engagèrent tous à cultiver cette précieuse plante. Les calomnies et les épigrammes cessèrent devant l’authenticité des faits constatés à la suite des essais opérés dans la plaine des Sa- blons et la plaine de Grenelle. Voltaire écrivit à Parmentier les lignes suivantes : « Vous avez rendu un grand service à la France en lui prouvant qu’elle peut tripler ou quadrupler les substances nécessaires à ses nombreuses popu- lations... Croyez-moi, une gloire comme la votre est pure et mérite l’ovation de tous ceux qui aiment l’humanité. » A la maturité des tubercules, en octobre, le peuple vint la nuit en extraire pour en manger et bien a{)précicr leur qualité. Ce larcin fit plai- sir à Parmentier, parce qu’il en concluait que la Pomme de terre pouvait être considérée dé- sormais comme appartenant à l’opinion pu- blique. Les Pommes de terre, cultivées dans la plaine de Grenelle, ne furent pas gardées pendant le jour par la force })ublique, mais Parmentier les tu entourer par un large fossé, dans le but d’attirer l’attention des maraudeurs et les exci- ter à les arracher. C’est à partir de ce moment que, dans les faubourgs, on appela Parmentier ; \liomme à la Pomme de terre! La cause de la Pomme de terre était gagnée devant le i)euple de Paris. Parmentier voulut alors prouver à la haute Société que cette })lante pouvait servir à de nombreuses pré})ara- tions culinaires; le 24 octobre 1787, il donna aux Invalides un grand dîner dans lequel la Pomme de terre seule fournit la substance de tous les mets. Ce repas fit le sujet de toutes les conversations jiendant plusieurs semaines et François de Neufehâteau proposa d’apjieler dé- sormais la Pomme de teire Parmentière, en l’honneur de l’illustre })ro})agateur. En 1788, Parmentier fut élu membre titu- laire de la Société nationale d’agriculture de France; l’Académie des sciences l’admit dans son sein en 179G. En l’an VIII, il était jjremier pharmacien deslarmôes ; en 1801, on l’appela au conseil de salubrité du département de la Seine et au conseil général des hospices civils. Parmentier est mort célibataire. Le 17 dé- cembre 1813, il s’éteignit à Paris, à l’âge de soixante-seize ans. Il fut inhumé au Père- Lachaise, où un monument élevé }>ar les soins des pharmaciens de Paris rappelle sa mémoire. Peu d’hommes ont rendu autant de services que Parmentier à leur pays, à l’humanité. Peu de noms d’agronomes sont aussi populaires que le sien en France et à l’étranger. A. Lesne. CONGRÈS D’HORTICULTURE A PARIS Séance du jeudi 13 mai. Ouverture du Congrès à trois heures en l’hô- tel de la Société nationale d’horticulture, rue de Grenelle Saint-Germain, 84. En l’absence de M. Léon Say, M. Hardy préside. Environ deux cents membres dans la salle; malgré l’in- vitation de l’afhche, les dames se sont abste- nues. La discussion s’ouvre sur la question du transport des végétaux vivants ; tout le monde réprouve la façon dont sont taxés les arbres voyageant en chemin de fer, mais on s’entend moins sur les moyens à employer pour arriver à une entente avec les Compagnies ou pour leur forcer la main. M. Ghatenay propose d’attaquer les tarifs généraux plutôt que de demander des tarifs spéciaux. Les principaux arguments sont fondés sur la différence des tarifs spéciaux existant dans chaque Compagnie, sur les dif- ficultés d’obtenir un tarif uniforme sur tout le réseau français, sur les négociations très-diffi- ciles et très-longues qu’il faudrait entreprendre ; enfin sur ce que les tarifs spéciaux sont tou- jours révocables. Pourquoi les arbres, qui sont des produits du sol, ne sont-ils pas assimilés aux autres produits du sol ? M. Chatenay pro- pose la résolution suivante, qui est adoptée : Les horticulteurs français^ réunis en Congrès, dénoncent aux autorités compétentes le sort déplorable fait aux arbres vivants par les Compagnies de chemins de fer et demandent que les arbres voyagent en 5®, 4® et 5^ séries comme les autres produits du sol. 258 CONGRÈS d’horticulture A PARIS. Est également adoptée la proposition de M. Ti'ufl'aut demandant la suppression de la majoration de 50 p. iOü. — Sur la question des tarifs qui régissent les transports des denrées horticoles^ long rapport de M. Ilédiart et adoption de ses pro- positions dont voici la principale : Les horticulteurs français, réunis en Con- grès, demandent l’application aux petites quantités des tarifs ap^jliqués aux grandes quantités. L’assemblée vote sans enthousiasme; on a déjà tant de fois levé la main pour la cause de l’horticulture sans rien obtenir, à Berne, à Londres, à Saint-Pétersbourg, à Bruxelles, etc., que cette fois on pourrait bien encore la lever inutilement. — M. Audibert, de Tarascon, demande la pa- role sur l’intervention des consuls relativement aux conventions phylloxériques. Sur cette ques- tion, M. Godefroy-Lebeuf avait déjà donné des éclaircissements pouvant apporter une amélio- ration à l’état de choses existant. M. Audibert, lui, ne veut pas des consuls; il demande pure- ment et simplement la suppression des certifi- cats d’origine. On proteste de divers côtés, M. Audibert s’étonne, et, en effet, il a pour lui de bons arguments. Pourquoi, dit-il, des certi- ficats d’origine? Jusqu’ici ils ont entravé le commerce , mais ont-ils empêché la propaga- tion du phylloxéra ? Le certificat d’origine ne devrait être requis que pour la Vigne ; on ré- clame ces certificats pour des plantes venant de pays où la Vigne n’existe même pas. C’est au milieu des applaudissements de l’assemblée que sont adoptées les propositions de M. Audibert : La Société des horticulteurs français réunis en Congrès demande : Que les certificats d’origine soient supprimés pour les végétaux autres que la Vigne; Que les 2)roduits des puissances élrangères ne soient admis en France qu’aux mêmes conditions auxquelles les produits français sont admis dans ces con- trées; 3^ Que, voie di]_üomatique, le Gou- vernement français }wenne l’initiative d’une ]woposition devant annuler la Convention de Berne p>our les végétaux autres que la Vigne. — M. de Bosschere a parlé sur l’enseigne- ment de l’horticulture dans les écoles. Il avait adressé un rapport à la Société sur cette ques- tion ; il vient le développer. M. de Bosschère est belge; il a cru, en voyant nos programmes universitaires, que l’horticulture avait fait chez nous des progrès considérables, grâce à l’ensei- gnement donné dans les écoles. Hélas! tant qu’on n’exigera pas, aux examens, des notions d’horticulture, les programmes ministériels res- teront lettre-morte. On présente une série de vœux ; enfin l’on s’arrête aux suivants ; Les horticulteurs français réunis en Congrès demandent : Que l’enseignement de l’hor- ticulture soit OBLIGATOIRE daïis les écoles nor- males ; Qu’un professeur spécial soit atta- ché à cet enseignement; 3^ Que les Sociétés soient récompensées selon les efforts qu’elles font pjour V enseignement horticole. On vote, mais en secouant la tête, comme si on ne comptait guère sur la réalisation de ces vœux. Séance du vendredi 14 mai 1886. La séance est ouverte à deux heures. — Peu de monde, trop peu de monde dans la salle. M. Max. Cornu prend la parole sur un vœu, adopté hier par l’assemblée, demandant l’abro- gation de la] Convention de Berne, M. Cornu appelle de tous ses vœux cette abrogation, mais il considère le vote de la veille comme nuisible aux intérêts de l’horticulture. Mieux eût valu ne pas attirer l’attention et ne pas réveiller le sentiment des autres puissances déjà trop jalouses de notre commerce à propos d’une convention destinée à tomber d’elle-même en désuétude. L’assistance devient peu à peu plus nom- breuse et |]les personnes qui étaient en retard doivent se féliciter d’arriver à temps pour en- tendre M. Vilmorin parler d’une question très- intéressante et qu’il connaît à fond, ayant été à même de faire de nombreuses expériences dans son bel établissement de Verrières. « Quelle influence l’âge des graines a-t-il sur la qualité et la quantité des plantes qui proviennent de ces graines ? » M. Vilmorin dit que la graine la plus jeune est toujours la meilleure. Il est vrai que certaines graines germent mieux après un certain temps de repos que fraîches (Mâches, Pensées, Graminées) ; mais, d’une manière ab- solue, ces graines ne sont pas âgées; ici, c’est une question d’une plus ou moins grande matu- rité. Le fait que des graines d’un an germent plus mal que des graines de deux ou trois ans n’infirme en rien sa thèse, les années étant plus ou moins bonnes, les récoltes plus ou moins bien faites. Très-intéressante et très-controversée éga- lement la question du « blanc des racines » sur les arbres fruitiers et les Rosiers, à laquelle M. Max. Cornu apporte les lumières de sa science. M. Cornu pense que le blanc des racines est dû le plus souvent à des débris organiques. Les échalas sont dans les Vignes une source d’infection par les détritus que le pied laisse dans le sol en pourrissant. Il a pu constater que des Champignons adhéraient en même temps à des échalas et à des racines. Les plantations anciennes sont beaucoup plus sujettes à cette maladie que les jeunes parce que les racines qui meurent sont une source constante de ma- ladie pour les nouvelles. Par quoi est produit le blanc ? Probablement par plusieurs Cham- pignons très-communs. Gomment le guérir ? Par l’emploi de produits sulfureux dans le sol. Gomment en préserver les arbres sains dans les plantations atteintes ? En arrachant impi- toyablement les arbres contaminés et en faisant le vide autour d’eux* 259 PINÇAGE DES CHRYSANTHÈMES. Un membre du Congrès dit ù l’assemblée qu’il a employé avec]]succès le sulfure de cal- cium contre l’oïdium. Autre question. On nous apprend que le bou- turage des Pommiers et des Poiriers n’a i)ro- duit jusqu’ici aucun résultat satisfaisant. Une douzaine de questions restent encore à exami- ner et M. le président ne voit pas la possibilité de les discuter toutes. Le Congrès s’ajourne au lendemain. Séance du samedi 15 mai 1886. MM. Mussat et Bleu parlent sur la quinzième question : « A quelle cause attribuer la grande différence qui existe souvent dans la germina- tion des graines et la croissance des jeunes plants d’un même semis ? » M. Mussat dit que la cause de la différence de germination des graines est difficile à con- naître, mais ({u’elle doit provenir du milieu dans lequel elles ont été conservées. M. Bleu fait remonter la cause des plantes fortes et faibles dans un même semis à la fé- condation croisée ou non. Les conclusions des autres questions posées sont adoptées telles qu’elles sont imprimées dans les rapports préliminaii'es et sans dis- cussion. P. CORNUÂULT. PINÇAGE DES CllUYSANTIlEMES Les plantes dont il s’agit ici sont celles que l’on désigne généralement sous le nom de (( Chrysanthèmes de l’Inde », bien que la plupart soient d’origine chinoise ou japo- naise. Ces plantes, quel que soit le groupe auquel elles appartiennent, excepté pour la catégorie des hâtives, fleurissent à l’au- tomne, s’élèvent plus ou moins et sont éga- lement très-diflerentes entre elles quant à leur ramification. Avec des caractères aussi divers, il est bien clair qu’on ne peut leur appliquer un même traitement, si ce n’est en ce qui con- cerne la culture et la multiplication. Mais, il en est tout autrement quant au pincement, dont nous allons parler. Ici, en eflét, il faut tenir compte des caractères individuels, c’est-à-dire propres à chaque variété : si elle vient très-grande, se ramifie beaucoup ou peu, si les ramifications se mettent facile- ment à fleurs, si celles-ci sont solitaires ou si elles fleurissent en bouquets. Le climat ou les conditions dans lesquelles on se trouve ainsi que le but à atteindre peuvent aussi déterminer des différences, quant au mode d’opérer. Avant d’aller plus loin, et pour éviter les confusions entre les choses, nous croyons devoir nous expliquer quant aux mots. Ainsi beaucoup de gens, regardant comme synonymes pinçage et rabattage, se servent indifféremment de l’un ou de l’autre pour désigner une opération différente. C’est un tort. Rabattage est un terme particulière- ment propre à la culture quand il s’agit de faire grossir les plantes, de les faire « TOUFE^ER i. Ainsi on rabat les sujets mai- gres, qui s’emportent ou s’élancent trop, afin de les faire drageonner ou ramifier du bas. Cette opération peut se faire de mars à mai. Il en est autrement du pinçage, que l’on doit pratiquer sur des parties en pleine végétation et seulement vers le sommet des pousses, là où devront se développer des ramifications florales qui, dans certains cas, suivant les variétés, pourront elles-mêmes subir à leur tour un pinçage. Bien que le pinçage puisse varier quant à ses dernières limites et que, pour cette rai- son, il n’y ait pas lieu de préciser d’une ma- nière absolue l’époque extrême où il con- vient de le pratiquer, il y a pourtant, à ce sujet, des données générales qui, au moins relativement, peuvent être prises comme guides. Ainsi, sauf les cas parti- culiers, sous le climat de Paris et surtout lorsqu’il s’agit de variétés à grandes fleurs, il ne faut plus pincer après la fin de juin, ou par exception jusqu’au 15 juillet. Plus tard, les plantes pourraient ne plus fleurir ou donner moins de fleurs et dans ce cas celles-ci sont toujours plus petites. Toutefois, lorsque les planfes sont cultivées en pots, l’inconvénient est moindre, car alors on peut forcer un peu les planfes en les plaçant au besoin dans une serre pour les préserver du froid et des intempéries et alors en obtenir une bonne floraison. Il est bien entendu que si les plantes sont traitées en vue de fleurir très-tard, même l’hiver, en serre, le dernier pinçage, toutes circonstances égales d’ailleurs, pourrait être effectué plus tardivement. Du reste, toutes ces choses étant essen- tiellement pratiques, c’est à chacun j suivant les conditions dans lesquelles il est placéj les variétés (hâtives et tardives) qu’il cul- tive, à agir en conséquence afin d’obtenir le résultat auquel il vise parliculièrement. Manière d’opérer le pinçage. — Sup- pression de ramilles ou de fleurs. — Outre que les pinçages doivent se faire plus ou 269 SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE. — LES COLLECTIONS DE POMMES DE TERRE. moins longs on ])lns on moins coiirls sui- vant les variétés cullivées et le tint pour- suivi, il faut encore, ])our éviter la confu- sion et obtenir de lielles fleurs, ne laisser (pi’un certain nombre de ramilles floi’aleset parfois même, sur celles-ci, il convient de ne laisser qu’une quantité déterminée de fleurs. Dans ce cas, il faut siq)])rimer les ramilles les plus maigres qui ne fleuriraient pas ou qui ne donneraient que de mau- vaises fleurs, cela au détriment des bonnes. Lorsque la saison aura été défavorable et que la floraison arrivera à peine à se mani- fester, il faut enlever toutes les ramilles douteuses, de manière à reporter les sucs nourriciers sur les parties Jiien constituées, qui, alors, produiront de belles fleurs. Er-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTUIVE DE EIIANCE SÉANCE DU 13 MAI 188G Présentations presque nulles, les horticul- teurs et les amateurs ayant préféré courir les chances d’une Elxposition aux Ghamps-Élysées. Au Comité de floriculture, rien ; au Comité de pomologie, rien ; au Comité de culture pota- gère, deux Concombres présentés par M. Chemin ; l’im blanc superbe, variété (\e Bonncuil, l’autre vert, variété anglaise. Tout l’intérêt de la journée réside dans le Congrès. La séance serait levée au bout d’un quart d’heure, si M. P. Duebartre n’était pas là pour faire une communication très- intéressante. Dans une correspondance lue à l’une des dernières séances de la Société, on prétendait que par des lavages, on pou- vait débarrasser les tubercules de la Pomme de terre des parasites qui la tuent. M. Du- ebartre n’est pas de cet avis. La Pomme de terre est attaquée par un Champignon ento- pbyte, c’est-à-dire qui croît à l’intérieur. Ce Champignon comprend deux parties, la partie végétative et la partie reproductr ice. La partie végétative se développe à l’intérieur du tubei’- cule quand la Pomme de terre commence à gei’iner, pousse et s’allonge avec les tiges, et par d'innombrables filaments ti'ansforrnés en suçoii’s pompe le suc de la plante. Bientôt ces filaments sortent par les stomates de l’épiderme et se montrent porteurs d’une petite sphère (les spores) destinée à la reproduction ; c’est la seconde phase de la vie du parasite. Malheu- reusement, l’ennemi de la Pomme de terre jouit d’une très-grande facilité de germination; il suffit d’une goutte d’eau sur les spores pour la provoquer. On voit alors se produire le phé- nomène étrange par lequel certains crypto- games ont beaucoup de ressemblance avec les infusoires et les êtres de l’échelle animale. De petits poils étoilés {anthéndies) commencent à se mouvoir au milieu de la gouttelette d’eau qui leur sert d’habitation; ils vont et viennent; ils ne font pas de grands voyages, mais leurs excursions n’en sont pas moins fâcheuses. S’ils rencontrent une surface tendre qui leur plaise, ils s’y arrêtent, s’y cramponnent, pénètrent dans les tissus et s’enfoncent fort avant, atten- dant comme leurs parents une occasion favo- rable pour se développer. L’ennemi étant à l’intérieur, conclut M. Duebartre, il est impos- sible de le détruire par des lavages ou des pro- cédés analogues. Ici s’arrête la communication. Nous connaissons le mal, qui trouvera le re- mède ? Avant de clore la séance, on lit une lettre d’un horticulteur de l’Ouest, annonçant qu’un Cyclamen à fleur double a été obtenu. Le fait n’est pas isolé et s’est montré cette année sur plusieurs points. M. Bruant en conclut à un ébranlement du type ; nous donnons d’ailleurs dans ce numéro une gravure représentant un très-beau Cyclamen à fleurs doubles. LES COLLECTIONS DE POMMES DE TERRE Dans son compte-rendu du dernier Con- cours agricole de Paris, M. G. Baltet, après avoir fait une très-judicieuse remarque sur le grand nombre de variétés présentées au public, exprime le désir qu’il soit fait un choix, une sélection, de manière que ceux qui viennent visiter les expositions dans le but d’y faire des acquisitions puissent se renseigner et apprécier quelles sont les meilleures variétés à cultiver. Conserver et comparer par la culture des collections de Pommes de terre est l’affaire soit des marchands, soit des amateurs; mais le tort qu’ont ceux qui font les programmes et organisent des expositions, c’est de ne pas limiter le nombre à exposer par con- cours spéciaux de 20, 25 ou 30 variétés de chaque catégorie : les variétés potagères et celles à grand rendement ou de grande culture étant considérées comme générale- ment les meilleures. De cette façon, la tâche du jury serait simplifiée. Il faut bien l’avouer, cette partie est souvent mal jugée, fait qui, ROSA GODEFROYÆ. généralement, a pour cause l’incompétence, car peu de gens, en dehors de la praticpie rigoureuse, sont aptes à formuler une sé- rieuse opinion sur le bon choix d’un lot, et surtout à faire une sérieuse distinction entre les variétés exposées, soit en ce qui concerne les noms et les synonymies, soit en ce qui a rapport aux qualités. La Société nationale d’horticulture de France, bien inspirée, avait, il y a quelques années, essayé de faire adopter, après de sérieuses études, une classification des va- riétés les plus méritantes. Ce travail, qui devait être suivi d’une façon perma- nente, afin d’ôtre toujours à la hauteur des circonstances, a été abandonné, ce qui est regrettable assurément. Toutefois, dans ces appréciations, il est bon d’être assez large, car si le jardinier, pour da table de son maître, le cultivateur pour ses liesoins et l’approvisionnement des marchés, doivent se contenter de quelques variétés reconnues de bonne qualité et très-productives dans son terrain, il peut arriver qu’il n’en soit pas de même dans d’autres conditions, car, ainsi qu’on le sait, telle variété qui réussit 261 dans une localité peut ne donner que de mauvais résultats ailleurs. Sous le rapport de la qualité surtout, les terrains influent considérablement, ce qui explique comment la Pomme de terre Earhj rose , détestable partout ailleurs , est, au contraire, bonne dans les terrains secs et légers; d’autre part, c’est sa grande production qui fait que l’on en main- tient la culture. Des raisons non moins bonnes militent en faveur de certaines autres variétés; ainsi la Marinum Bonum, qui pourtant n’est pas de bonne qualité, est, parfois, à cause de sa grande rusticité, une précieuse ressource dans les années où la maladie des Pommes de terre se fait forte- ment sentir; par contre, une de nos meil- leures variétés, la Tétart, est abandonnée comme étant trop facilement atteinte par cette même maladie. Il faut donc, comme je le dis, être assez large dans le choix à recommander et éviter de tomber dans un excès contraire en don- nant de l’importance à des collections in- nombrables de variétés de Pommes de terre. Hyacinthe Rigault, A Groslay ',Seine-et-Oise). ROSA GODEFROYÆ Obtenue, en 1881, par M. Godefroy-Le- beuf, horticulteur à Arg entend, de graines envoyées de Téhéran par M. Pissard, alors qu’il était jardinier en chef chez le Shah de Perse, cette espèce présente les caractères suivants : Arbuste de bonne vigueur moyenne, ex- cessivement floribond, à rameaux dressés, effilés, plutôt minces que gros, à écorce glabre, rougeâtre, luisante, non glauque ; ai- guillons rares, petits, élargis à la base, légèrement arqués-aigus, d’abord rouillés, bientôt jaune roux. Feuilles glabres de toutes parts, très-longtemps persistantes bien que caduques, à 5-7 folioles longue- ment et étroitement ovales, finement et ré- gulièrement dentées, d’un vert foncé, lui- santes. Inflorescences dressées rappelant assez celles du Rosier Bengale ordinaire^ à pédicelles ténus, grêles, rougeâtres. Bou- tons allongés, effilés, très-élégamment en- veloppés avant l’épanouissement par les pièces calycinales qui, alors, se contournent au sommet du bouton qu’elles dépassent et couronnent, d’une belle couleur rose chair lors de l’antbèse. Fleurs grandes, bien ou- vertes, d’un blanc pur, à pétales nombreux; les externes, largement obovales, légèrement écbancrés au milieu, portent au centre un court mucron obtus. Etamines à filets iné- gaux, blancs un peu soufrés ; anthères d’un ben U jaune d’or, petites. Le Rosa Godefrogæ forme un buisson dressé, compact, glabre dans toutes ses parties, très-franchement remontant. Il se prête facilement au forçage et est même d’autant plus propre à cet usage que ses boutons nombreux et gracieusement allon- gés, d’un beau rose doux, carné pâle, sont effilés et d’un aspect très-élégant; aussi sont-ils particulièrement propres à la con- fection des bouquets. Ce Rosier n’est pas moins avantageux pour la pleine terre, où il fleurit continuellement depuis le com- mencement de l’été jusqu’à l’arrivée des grands froids. Jusqu’ici ce Pmsier avait été considéré par son obtenteur, M. Godefroy-Lebeuf, comme étant le Rosa Pissardi (1), ce qui n’est pas, tant s’en faut. Ce dernier, que nous possédons bien franc et provenant de boutures du pied-type de Perse, qui nous avaient été envoyées de Téhéran par M. Pis- sard, est très-différent du Rosa Godefrogæ, avec lequel il n’a pour ainsi dire rien de (1) Voir Revue horticole, 1880, p. 314. ‘262 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURi' commun. En oflet, tandis que dans le Rom Pissardi les fleui-s sont à 5 pétales, par conséquent tout à tait simples, les pétales sont mulliples chez le Rosa (>odef'roj/ie. Quant aux plantes et à leur véi.»-étation, elles sont complèlement diflerentes. T.e Posa Pwsardi, d’une extrême vig'ueiir, constitue d’énormes buissons très-épineux, à ramitications nomlireuses, arquées; les folioles sont courtement ovales-arrondies ; l’écorce est d’un glauque blancliiiti-e. Ajoutons encore que le Rosa Pissardi ÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. ne remonte pas, qu’il tleurit relativement peu et (pie ses boutons, lors([u’ils commen- cent à s’épanouir, sont blanc soufré, tandis (pi’ils sont roux dans le Rosa Godefroyce, ((iii pi’ésenle encore celte différence d’étre pres([ue loujours vert, ce qui est le contraire du Rosa Pissardi, qui, lui, a les feuilles très-cadiupies. Nous avons dédié cette espèce à M. Gode- froy-T.ebeiif, liorticulleur à Argenteuil, chez qui on i)ourra se la procurer. E.-A. Garuière. REVUE DES PLANTl'S DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Botanical Magazine. Panax Murrayi, Muell. — Araliacées {Bot. Mag., tab. 6798). — Plante de serre chaude, très-ornementale, provenant de l’Australie et autres îles océaniennes, d’où elle a été intro- duite, en 1881, par M. W. Bull, qui l’avait en premier lieu nommée Arcdia syjlendklissima. Tige dressée, simple, garnie à sa partie su- périeure de belles et grandes feuilles pennées, longues de 1 mètre et plus; folioles au nombre de dix à douze paires, ovales-lancéolées, acu- minées, ondulées, à base arrondie et oblique ; pétiole duveteux. Ges longues feuilles, d’un vert lustré, s’étendent horizontalement en rayon- nant, formant ainsi une sorte de couronne me- surant près de 3 mètres de diamètre. Fleurs petites, d’un vert brunâtre, réunies en nom- breuses ombelles simples, qui forment elles- mêmes des grappes érigées ou subérigées peu compactes. Caryoxjteris Mastacanthus, Schauer. — Yer- benacées {Bot. Mag., tab. 6799). — Charmant arbrisseau originaire du Japon et qui, après avoir été introduit en Europe vers 1846, avait disparu, on ne sait pourquoi, des cultures. Le seul reproche que l’on puisse lui faire est de manquer un peu de rusticité et de demander, sous notre climat, à être rentré l’hiver en oran- gerie. Il atteint au maximum l'“ 50 de hauteur, et ses branches, arrondies, dressées ou ascen- dantes, sont garnies de feuilles opposées ovales ou oblongues, lancéolées, largement dentées, longues de 3 à 9 centimètres; des ais- selles de ces feuilles, à la partie supérieure des branches, des cymes compactes de petites fleurs d’un bleu brillant, rappelant d’assez près, par leur disposition et leur forme, les inflores- cences des Ceanothus. Phillyrea Vümoriniana, Boissier et Balansa. — Oléacées {Bot. Mag., tab. 6800). — Cette espèce, bien connue aujourd’hui à cause des services qu’elle rend dans l’ornementation des jardins par ses grandes et belles feuilles per- sistantes, d’un vert foncé, et ses pa |uets de fleurs blanches qui se dévelopj)ent à l’aisselle des feuilles, a été introduite, en 1866, de l’Asie-Mineure, par Bourgeau. Elle est parfai- tement rustique sous le climat de Paris. C4lematis tuhulosa, var. Hookeri, D. Hook. {Bot. Mag., tab. 6801). — Originaire de la Chine septentrionale, cette plante, dont De- caisne avait formé une espèce sous le nom de C. JJoo/teri, n’est, d’après J. D. Ilooker, qu’une forme du C. tubulosa. C’est une plante herba- cée, à ramifications velues, à petites fleurs vio- let pâle se développant par trois ou quatre à l’aisselle des feuilles. Cirrliopetcdum picliiraturn, Lodd. — Or- chidées {Bot. Mag., tab. 6802). — Espèce à floraison singulière, découverte dans le Moul- mein (Indes occidentales) et introduite en Eu- rope, il y a environ quarante-cinq ans. Ses pseuso-bulbes, longs de 5 à 7 centimètres, ovoïdes, développent des feuilles solitaires, lon- gues de 8 à 15 centimètres, linéaires-oblon- gues ; dans les fleurs, le sépale supérieur, vert réticulé et ponctué de violet, est largement ovale, concave, long de 8 millimètres, et sur- monté d’un filet étroit et sinueux, violet vif; les sépales latéraux, vert clair légèrement rayé de violet, longs de 4 â 5 centimètres, linéaires, convexes, acuminés, sont soudés par leurs bords inférieurs et supérieurs, et forment une sorte d’éperon tubuleux recourbé. Vitis pteropliora , Baker. — Ampélidées {Bot. Mag., tab. 6803). — Plante grimpante superbe et extrêmement vigoureuse, pouvant garnir en très-peu de temps les fermes de serres des plus grandes dimensions. Originaire du Brésil, elle présente les surprenantes sin- gularités suivantes : à différents points de sa tige serpentante, des renflements ou tubercules cylindriques ou en massue se forment, puis se détachent et tombent sur le sol, où ils don- nent, dans des conditions favorables, naissance à de nouveaux individus ; en second lieu, on remarque que les vrilles de cette espèce sont grêles, plusieurs fois bifurquées et munies â leurs extrémités de petits suçoirs adhésifs qui CORRESPONDANCE. 263 leur permettent de se fixer sur les points d’ap- pui qu’ils rencontrent. Ces vrilles, en outre, s’enroulent autour des objets qu’elles rencon- trent, et secrétent un liquide visqueux qui, en séchant, les fait encore adhérer plus fortement. Les branches, vigoureuses, rouge carmin, sont longitudinalement garnies de quatre ailes vertes ondulées ; les feuilles, longuement pé- tiolées, sont formées de trois grandes folioles, longues de 12 à 15 centimètres, sessiles, ru- gueuses, ondulées, finement dentées, la termi- nale trilobée. Les fleurs, en corymbes, sont jaunes et sans intérêt au point de vue de l’or- nementation. Mais, comme plante grimpante à feuillage ornemental, le V. pterophora peut rendre de grands services. Dioscorea crinita, D. Hook. — Dioscoréa- cées {Bot. Mag., tab. 6804). — Charmante espèce sarmenteuse, produisant d’élégantes feuilles longuement pétiolées, à cinq folioles pétiolulées, oblongues, lancéolées, pointues, d’un vert pâle, translucide. A l’aisselle de ces feuilles se forment une ou plusieurs grappes pendantes, cylindriques, longues de 5 à 7 cen- timètres, sur 8 à 10 millimètres de diamètre, composées de fleurs blanches, cotonneuses. Cette Igname, originaire de Natal, est très- ornementale, surtout, ainsi que le dit Sir J. Hooker, lorsqu’elle est cultivée sur une sorte de ballon en fil de fer. Ed. André. CORRESPONDANCE A tous nos abonnés. — Il est indispensable de joindre à toute demande de renseigne- ment la bande d’adresse sous laquelle la Revue est envoyée et qui porte le numéro d’a- bonnement. Cette bande d’adresse nous sert non seulement à nous montrer que la demande de renseignement est bien faite par un abonné^ mais aussi à nous donner sans autres recher- ches l’adresse complète et lisible de l’abonné, pour le cas où la réponse est faite directement par la poste. La chose n’est vraiment pas difi- cile à faire et nous prions nos abonnés de tenir compte désormais de cette recommanda- tion. — P. E. M. T. — Non seulement vous n’avez pas joint votre bande d'adresse à votre de- mande de renseignement, mais vous n’avez même signé votre lettre que des quatre initiales ci-dessus ! Dans ces conditions, nous ne pou- vions tenir compte de votre lettre. — P. de M. {Isère). — Il n’y a pas d’époque spéciale pour les herborisations ; elles peuvent être faites toute l’année, certaines es- pèces étant plus faciles à découvrir l’hiver que pendant toute autre saison. Cependant, c’est surtout d’avril à octobre que les récoltes se- ront le plus fructueuses. Les instruments qui vous seront indispensables dans vos excur- sions sont : 1° une houlette., dont le long manche vous servira de canne ou Alpenstock, alors que la petite pelle démontable, qui sert à arracher les plantes avec leurs racines, sera remplacée, à l’extrémité de la houlette, par une pointe de fer; 2» un fort couteau pouvant de préférence s’adapter à une ceinture de cuir ; 3® une boite à herboriser, aussi grande que possible. Ce sont là les instruments absolument néces- saires. Il y a encore le Piochon, le Sécateur, le Cartable, VÊchenilloir., etc., qui sont en maintes occasions très-utiles, mais qui ne vous seront pas indispensables pour vos premières herborisations. Nous vous engageons d’une manière toute spéciale à vous procurer, avant tout, le Guide du Botaniste herborisant, excellent ouvrage dont l’auteur est M. B. Verlot , chef de l’École de Botanique au Muséum d’Histoire na- turelle de Paris. Vous trouverez dans ce vo- lume les indications les plus complètes et les plus précieuses pour tout ce qui concerne les herborisations, et, de plus, les tableaux des herborisations dans les diverses régions de la France, avec énumération de toutes les espèces particulières à chaque région. Nous extrayons de l’ouvrage de M. Verlot le passage suivant, qui se rapporte au cas très- fréquent où, n’étant pas muni des instruments nécessaires, on rencontre des plantes intéres- santes que l’on désire collecter ; « Il peut arriver que, pour faire une simple promenade, le botaniste ne juge pas nécessaire de prendre sa boîte, et qu’il trouve cependant quelques espèces à récolter. Dans ce cas, un simple couteau pourra suppléer au piochon ou à la houlette, et un journal pourra contenir la récolte. Si les échantillons étaient nombreux et d’une taille élancée, on devrait les plier et les disposer de manière à ce que leurs racines fussent toujours dans le même sens ; on les envelopperait ensuite d’un peu d’herbe ou de larges feuilles, et on les serrerait fortement dans le journal. Si, au contraire, les spécimens étaient de petite taille et que le nombre en fût restreint, on pourrait les mettre dans le fond de son chapeau en les recouvrant d’un mou- choir, ou bien encore les déposer dans un parapluie fermé. « Ces systèmes sont bien connus et pratiqués par les pirates qui fréquentent et dévalisent les écoles de botanique, où la récolte est plus fa- cile que celle d’un certain nombre d’espèces croissant sur les rochers taillés à pic. » — H. C., aux Grouets {Loir-et-Cher). — Vous pouvez parfaitement planter au pied des grands arbres qui ornent, en groupe, les abords de votre habitation : des Rosiers 264 CORRESPONDANCE. grimpants, Chèvrefeuilles et Vignes vierges. Ces vieux arbres se trouvant sur une pelouse, placez les })lantes grimpantes à environ 50 cen- timètres ou 1 mètre du pied des arbres, puis coucbez-les sur le sol, et enfin, palissez-les sur le tronc des arbres que vous voulez garnir, en les maintenant par un osier ou un jonc peu serré et embrassant en meme temps l’arbre et les plantes grimpantes. Ces dernières étant en végétation très-avan- cée, vous craignez que, bien qu’en pots, elles ne soient fatiguées par la transplantation. Vous pouvez être absolument rassuré sous ce rapport, si vous avez soin d’observer les précautions suivantes : Enlevez de terre les plantes grimpantes en cassant le moins pos- sible de racines et en faisant cette opération le soir, pour que les plantes aient toute la nuit suivante pour se refaire un peu. Remettez-les tout de suite en place définitive, arrosez-les et bassinez-les abondamment. Jusqu’à ce que ces plantes se soient remises en végétation active, c’est-à-dire pendant une semaine, à peu près, protégez-les contre les rayons du soleil et le vent, par une toile d’em- ballage très-légère, ou, à défaut, par des pail- lassons, qui devront être supportés par des tringles de bois les empêchant de froisser les plantes. Ces paillassons seront retirés la nuit pour que la rosée puisse exercer sur les jeunes bourgeons développés son action répa- ratrice. — No 4127 {Somme). — Il nous est im- possible de désigner l’insecte qui ravage vos Poiriers, parce que vous ne nous en avez pas envoyé d’individus, avec les feuilles attaquées. Dans tous les cas, le seul remède qui puisse vous en débarrasser complètement consiste, lorsque la période d'enrouleynent de feuilles sera terminée, à enlever toutes ces feuilles, quel qu’en soit le nombre, et à les brûler avec soin, afin de détruire les insectes. L’époque peu avancée de la saison permettra à vos Poi- riers de développer encore suffisamment de feuilles pour assurer leur végétation. — V. F., à Châteaii-Gontier. — Nous pen- sons que vous pourrez vous procurer des graines cVEucahj2:>tus amygdalina ver a en vous adressant au jardinier-chef de M. le Prince Troubetzkoy, à Intra, Lac-Majeur (Italie). — No 4597 (Doubs). — Votre observation relative aux Azalées de l’Inde est fort juste, dans certains cas que nous allons exami- ner. La note que nous avons publié dans la correspondance du 16 mai s’appliquait à de forts exemplaires qui étaient fortement fatigués, par suite de manque de soins suffi- sants en appartement, et il était nécessaire, pour les remettre complètement, de leur faire passer une saison en pleine terre à l’abri du vent du midi et des coups de soleil, au risque d’avoir ensuite une première floraison moins abondante. ]\Iais dans les conditions normales do bonne culture, cette protection n’est pas néces- saire ; et les Azalées peuvent être placées, en plein air, sans aucun abri, à condition que les pots en soient enterrés jusqu’au bord. Ibi mo- dérant judicieusement les arrosages, vous amènei-ez les })lantes à développer de nom- breux boutons à Heurs. — ilL il/. , à Nevers. — Nous avons en effet remarqué, comme vous, la belle apparence des pelouses des jardins publics de la ville de Tours, notamment de celles du Jardin bota- nique. Sur votre demande, nous nous sommes adressés àM. Madelain, directeur de ces jardins, pour savoir quelle est la composition des gazons qu’il maintient en aussi bon état, et voici les renseignements que nous tenons de son obligeance. Les pelouses en question sont faites au moyen de gazons enlevés par plaques dans des prairies où des moutons avaient pacagé pendant plusieurs années. Leur végétation est maintenue par un terreautage annuel (en fé- vrier) qui les aide puissamment à supporter les rigueurs de l’été. Ces pelouses sont en toute saison fauchées très-court à l’aide de tondeuses arebimédiennes. — M. G., à Toulouse. — Voici les renseigne- ments que vous nous demandez, au sujet du traitement du mildiou par le système Millar- det : dans 100 litres d’eau quelcomiue, de puits, de pluie ou de rivière, on fait dissoudre 8 kilog. de sulfate de cuivre du commerce. D’un autre côté, on fait, avec 30 litres d’eau et 15 kilog. de chaux grasse en pierre, un lait de chaux que l’on mélange à la solution de sulfate de cuivre. Il se forme une bouillie bleuâtre que l’on verse en l’agitant dans un récipient et que l’on projette ensuite à l’aide d’un vapori- sateur ou, à défaut, d’un balai, sur les ceps attaqués. Sauf les Raisins, que Ton doit éviter d’atteindre, toutes les parties de la Vigne doivent être aspergées, même les organes les plus tendres. Au cours d’expérimentations qui ont été faires, avec succès, sur 5 hectares, en 1885, on a constaté que 50 litres de mélange ont suffi, en moyenne, au traitement de 1,000 ceps, ce qui, pour un hectare (10,000), représente une dépense de 50 fr. au plus. Le mildiou n’apparaît généralement sur la Vigne que vers le milieu de juin. C’est aus- sitôt que cette apparition est co7istatée que l’on doit pratiquer l’aspersion, qu’il ne sera pas nécessaire de répéter. Il n’est pas nécessaire que les feuilles soient recouvertes en totalité du mélange préservateur. Une seule tache par feuille est, paraît-il, suffisante. L’Administrateur- Gérant ’ L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 265 CIIRONiaUE HORTICOLE Nomination à l’Académie des sciences. — Concours spéciaux de la Société nationale d’horticulture de France. — Concours ouverts par la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. — La prochaine récolte des fruits. — Les Vignes américaines en France. — (Eillet Flon nouveau. — Maladie nouvelle des Amandiers. — Rosier Maréchal Niel. — Emploi de l’Acacia rose. — Sulfatage des fruits pour en augmenter le volume. — Le plomb des arbres fruitiers. — La suie employée comme engrais pour les Rosiers. — Destruction des limaçons de la Vigne. — P rilcharclia W iiylalckcana et P. Washinglonia (ilamenlosa. — Plantes australiennes résistant à la sécheresse. — Destruction des cloportes. — Consolidation provisoire des talus. — Prix de quelques Orchidées. — Meeting horticole à Gand. — Les collections du professeur Morren. — Les arbres dits pleureurs. — Un changement de cépage. — Exoascus Pruni. — Remède contre la ioile. — École d’horticulture de l’État à Gand. — Expositions annoncées. — Exposition à Tunis. — M. Nicholson à Kew. — Erralum. Nomination à l’Académie des scien- ces. — Dan.s sa séance du 10 mai dernier, l’Académie des sciences a élu, dans la sec- tion de botanique, M. Édouard Bornet, en remplacement de M. Tulasne. Il n’y avait pas eu d’élection depuis plus de neuf ans dans cette section de l’Académie des sciences ; la précédente était celle de M. Van Tieghem, appelé, le 8 janvier 1877, à remplacer M. Brong'uiart. Concours spéciaux de la Société na- tionale d’horticulture de France. — Les concours que la Société nationale d’horti- culture organise chaque année à des époques qui coïncident avec la floraison de certaines plantes de collections et la maturité des fruits présentent toujours beaucoup d’in- térêt, et leur importance s’accroît rapi- dement. Voici ceux qui auront lieu en 1886 : Le 8 juillet : Amaryllis, Delphinium, Cucurhitacées et Pvoses coupées. Le ^20 août : Glaïeuls en fleurs coupées, Reines-Marguerites, Plilox, fruits. Le 23 septembre : Dahlias en Heurs cou- pées, Bégonias tuberculeux et fruits. Le 21 octobre : Asters, Choux-Fleurs et fruits. Le 25 novembre : Chrysanthèmes et fruits. Concours ouverts parla Société d’en- couragement pour l’industrie nationale. — Cette Société met, pour l’année 1887, les questions suivantes au concours : Prix de 2,000 francs pour l’étude des maladies de la Vigne connues sous le nom d’Auhernage, de Cottin et de Pourridié. Prix de 1,000 francs pour l’emploi au boisement des terrains pauvres, d’essences dont les produits soient au moins aussi avantageux que c jlix des essences forestières employées actuellement. 16 Juin 1886. Prix de 1,000 francs pour la mise en valeur de terres incultes, par l’emploi d’arbres fruitiers dont les produits soient utilisés directement dans l’alimentation de l’homme. Prix de 2,000 francs pour la meilleure étude sur l’agriculture et l’économie rurale d’une province ou d’un département. Les modèles, mémoires, descriptions, etc., doivent être adressés au secrétaire de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, rue de Rennes, 44, Paris. Ils devront être remis avant le janvier de l’année de la distribution des prix. S’adres- ser au siège de la Société, pour avoir le pro- gramme détaillé des prix mis au concours. La prochaine récolte des fruits. — Les apparences, qui étaient si belles il y a un mois dans le bassin de Paris, ont beau- coup perdu, surtout pour les Prunes, les Poires et les Pêches. Dans l’ouest, ces mêmes fruits sont également peu abon- dants, mais cependant on peut, quant à présent, compter sur une récolte plutôt au-dessus qu’au -dessous de la moyenne. Pour les Piaisins, les grappes abondent à peu près partout. Dans une lettre qu’il nous adressait de Marseille, le 19 mai dernier, notre colla- borateur, M. Paul Giraud, nous donne quelques détails sur les prochains produits fruitiers. Nous en extrayons les quelques renseignements suivants : Tous les Cerisiers sont chargés de fruits qui ari'ivent avec uii retard de vingt jours sur l’année dernière pour les variétés les plus hâ- tives, de dix jours seulement pour les hâtives; les Fraises n’ont aucun retard ; nous cueillons en abondance la Victoria {Trollop), qui fait la base de nos cultures. Le Pêcher Amsden est chargé de fruits déjà assez développés. J’ai beaucoup d’Abricots ; les plus précoces dans mes cultures mûrissent du 10 au 20 juin, toujours après la Pêche Amsden. 12 26ü CHRONIQUE HORTICOLE. C’est d’abord un vieil Abricotier trouvé dans la })ropriété, qui a certains rapports avec l’Abricat cV Alexandrie des Italiens. Il est allongé, gros, très-coloré, très-bon, à amande douce et à flo- raison très-luitive ; il supporte, sans en souffrir, des froids assez intenses. Après lui vient l’Abricot Liabaiid, qui ne le vaut pas. Quant aux Poires, elles sont rares, et font môme dé- faut pour certaines variétés. Les Vignes américaines en France. — Los Vignes américaines, qui occupent ac- tuellement en France 75,000 hectares, ont, on le sait, leurs adversaires déclarés, qui jirétendent que tant que l’on cultivera ces Vignes en France on ne pourra se débar- rasser du Phylloxéra. Lors de la récente session de la commis- sion supérieure du Phylloxéra, M. Gaston Lazille, dont la haute compétence en la ma- tière est connue de tous, a pris la défense des Vignes ainsi critiquées. Suivant lui, l’arrachage des Vignes américaines n’amè- nerait aucunement la disparition du Phyl- loxéra ; les Vignes submergées, celles trai- tées et non traitées, suffisent à assurer la reproduction de l’insecte. « Il est trop tard, a dit M. Bazille, pour attaquer la Vigne américaine; cette année, dans sept ou huit communes des environs de Montpellier, on a vendu 140 à 150,000 hectolitres de vin : ce ne sont plus seulement les grands pro- priétaires qui plantent ; les petits vignerons, les simples journaliers sont entrés dans le mouvement et c’était plaisir de voir avec quelle joie ils montraient en 1885 les échan- tillons de leur récolte : on serait bien mal- venu si on leur demandait d’arracher leurs Vignes et de se remettre à boire de l’eau. » Il paraît que dans l’Hérault où, en 1885, 45,000 hectares étaient plantés en Vignes américaines, sur tout en Ripa r ici , l’engoue- ment pour ces plants ne s’affaiblit pas, au contraire. Des plantations nouvelles très- importantes ont été faites à l’automne der- nier et ce printemps, et, grâce aux procédés actueliement connus pour combattre les maladies cryptogamiques autres que le Phyl- loxéra, les vignerons méridionaux envi- sagent, paraît-il, l’avenir avec sécurité. Œillet Flon nouveau. — Cette variété n’est pas seulement nouvelle et jolie; elle est d’une importance capitale par suite de cette propriété qu’elle a de donner des graines, ce qui permettra non seulement de la multiplier, mais encore d’en olitenir des variétés. C’est donc une nouvelle voie ou- verte qui, assurément, conduira à de précieux gains dont déjà l’on peut prévoir l’impor- tance. Elle porte le nom de son obtenteur, M. Alégatière. En voici les caractères géné- raux : Plante vigoureuse, très-remontante, s’éle- vant à 30 centimètres ; fleurs bien faites, du double plus grandes que celles de l’ancien Flon ; son coloris est d’un beau rose carminé, brillant. Quant à son origine, voici ce qu’en dit M. Alégatière : c Nouveau genre d’Œillet- Flon issu de l’Qéillet-Mignardise remontant, fécondé par l’Œillet de Chine. Par son port et son feuillage, cette nouveauté ressemble à l’ancien Œhllet-Flon, mais elle a sur son aînée l’avantage de grainer... » Maladie nouvelle des Amandiers. — M. Max. Cornu vient d’étudier une maladie qui, dans le midi de la France, exerce de grands ravages sur les Amandiers. C’est gé- néralement en mai que les premiers symp- tômes en sont constatés : les feuilles se marbrent d’abord de taches rougeâtres, qui s’agrandissent peu à peu, et recouvrent sou- vent tout le limbe qui noircit et tombe. Cette affection est occasionnée par une plante cryptogame, le Pohf stigma julvum, Tul., espèce très-voisine du P. ruhrum, Tul., qui envahit les feuilles du Prunellier, Prunus spinosa, et quelquefois aussi, notamment en Allemagne, celles du Prunier cultivé. Dans une récente communication faite par lui à la Société nationale d’Agriculture, M. Cornu a dit qu’il pensait que l’on pour- rait enrayer les ravages du Pohjstigma fulvum en ramassant les feuilles tombées et en les brûlant. Rosier Maréchal Kiel. — Cette magni- fique variété, aujourd’hui avantageusement connue de tous, est encore relativement rare si on tient compte de son très-grand mérite. En effet, on ne la cultive guère que comme plante de collection. Il est cependant une exception que nous devons citer : elle porte avec elle son enseignement. C’est à Bagnolet, dans un jardin appartenant à M. Bidault, qu’elle se trouve ; la planta- tion, faite il y a six ans, est le long d’un mur placé au levant. La surface occupée, qui est d’environ 20 mètres, rapporte annuellement, pour la fleur coupée, de 100 à 140 fr., cela sans nécessiter d’autre tra- vail que découper les Doses et de les porter au marché, où elles sont très-recherchées à cause de leur état de fraîcheur. Dans ces conditions, la taille est nulle ; M. Bidault, le propriétaire, se borne chaque année à CHRONIQUE HORTICOLE. 2G7 supprimer les liranclies épuisées rpie l’on remplace par d’autres qui ont été conser- vées pour cet usage. I.’exemple, on le voit, est assez concluant pour mériter d’élre suivi. Emploi de l’Acacia rose. — L’Acacia rose {Ilobinia hispida, L.), est certaine- ment l’iin des arbres rustiques sous notre climat dont la floraison est des plus orne- mentales. Ses magnifiques grappes de fleurs rose vif, à calyce brunâtre, très-abondantes, serrées les unes contre les autres, ont un attrait tout particulier et de premier ordre. Le feuillage, ample et d’un vert pale, est également joli. Le seul désavantage que pos- sède ce bel arbre, et ce désavantage est grave, c’est l’extrême fragilité de son bois, car ses rameaux sont brisés par les vents un peu violents ; c’est pour cette raison que l’on rencontre rarement l’Acacia rose dans les jardins, et que les exemplaires que l’on y voit sont presque toujours d’une forme peu gracieuse. Il est cependant possible de remédier à ce défaut en plantant l’Acacia rose de la ma- nière suivante, que nous avons remarquée déjà dans plusieurs jardins, où elle produit un eflet des plus charmants. Sur une terrasse, un rond-point ou toute plate-forme quelconque, on plante, sur plu- sieurs rangs, rectilignes ou circulaires, des Acacias roses greffés tous exactement à la même hauteur, puis on réunit ces arbres les uns aux autres, à la hauteur de la greffe, par des tringlettes de fort fil de fer, sur les- quelles, avec du fil de fer plus fin, on forme un réseau à mailles très-grandes. Après avoir rabattu à deux ou trois yeux les rameaux existants, on palisse, au fur et à mesure de leur développement, et horizon- talement, les nouveaux bourgeons. A partir de la deuxième année de plantation, la flo- raison a lieu ; les fleurs, retombantes, gar- nissent complètement la partie inférieure de ces sortes de Pergoles, tandis que le feuil- lage, s’élevant légèrement au-dessus, tamise les rayons du soleil. On obtient ainsi, nous le répétons, un eflet des plus décoratifs. Sulfatage des fruits pour en aug- menter le volume. — Ce moyen, des plus simples, dont nous devons la connaissance à M. Bonnel, consiste à lancer sur les fruits une pluie fine formée d’eau dans laquelle on a fait dissoudre du sulfate de fer (vulgairement couperose verte), dans la proportion de 80 centigrammes par litre. Par ce procndé, |)araîl-il, on ol)tienl des fruits beaucoup plus gros que ceux (pii viennent naturellement. Nous on recom- mandons d’autant plus volontiers l’essai, que ce moyen est simple, facile et non dis- pendieux et qu’il ne peut qu’être avanta- geux à la végétation et aux fruits, qu’il garantit de la tavelure, en s’opposant au développement des parasites végétaux. Le plomb des arbres fruitiers. — On constate souvent sur les arbres fruitiers à noyaux. Abricotiers, Cerisiers, Pruniers et Pêchers, une affection qui se manifeste par les sympt(')ines suivants : les feuilles présen- tent une teinte toute particulière, vert pâle avec un reflet gris métallique, (jui se rap- proche de celle du plomh terni ; ces feuilles se crevassent et se fendillent aisément ; les fruits, quand ils se développent, prennent peu de volume et tombent avant de mûrir; les Prunes, mal formées, inégales, sont remplies de gomme ; les Abricots, couverts de taches blanches, se vident et tombent. M. Ed. Prillieux a étudié cette maladie, qu’on appelle le et s’est rendu compte des causes qui donnent aux feuilles cette apparence caractéristique' qui signale son apparition : entre l’épiderme supérieur et le tissu vert, une lame d’air s’introduit et détruit l’adhérence qui doit exister entre ces tissus. Les cellules vertes n’ont entre elles presque pas de cohérence; sous la moindre pression, le tissu vert s’égrène, et toutes les cellules se séparent et flottent isolément dans l’eau de la préparation. En somme, l’altération particulière des feuilles plombées consiste en ce que les cellules sont plus gonflées et moins cohérentes que dans l’état normal ; elles laissent entre elles des espaces libres où l’air pénètre. Les causes de cette maladie, ainsi que les moyens de la combattre, ne sont pas encore connus ; mais les savantes recherches de M. Prillieux, en faisant connaître l’effet phy- siologique qu’elle produit, ont considéra- blement facilité les études cpii seront con- tinuées sur cette question, des plus intéres- santes pour la culture fruitière. La suie employée comme engrais pour les Rosiers. — Notre confrère, M. Viviand-Morel, cite dans le Lijon hor- ticole le procédé à employer pour transfor- mer la suie de cheminée en un engrais qui donne aux Pvosiers une grande vigueur : « Mettez la suie dans un vieux sac, jetez ce sac dans un baquet d’eau pendant quel- 268 CHRONIQUE HORTICOLE. qiies jours. Quand l’eau aura pris la couleur du vin de Porto (et ce sera du vrai vin poul- ies Rosiers), vous donnerez un léger labour à la corbeille, vousjnénagerez une cuvette autour de chaque ])ied, et vous y verserez à volonté l’eau de suie en question; ne crai- gnez pas d’en mettre trop et jusipi’à ce que le sol ne l’absorbe })lus. « En procédant de cette manière au dé- part de la végétation, leslèiiilles dos Rosiers deviendront d’un beau vert foncé, les pousses seront fortes et donneront de belles lleurs. » Destruction des limaçons de la Vigne. — Les limaçons exercent, on le sait, dans les Vignes, des ravages souvent considé- rables. C’est surtout aux jeunes pousses et aux grappes nouvellement formées qu’ils s’attaquent. Outre les dégâts qu’ils font pour se nour- rir, ils déposent partout où ils passent une substance visqueuse, qui dépare considé- rablement les Raisins de table. La Vigne française indique le procédé suivant pour protéger la Vigne contre les limaçons. Prendre : Sulfate de cuivre 25 parties. Eau 100 — Farine 1 — Ocre 5 — Faire dissoudre le sel de cuivre dans l’eau bouillante, ajouter la farine et l’ocre, ce qui compose une bouillie liquide. En se servant d’un pinceau trempé dans cette colle, on trace un cercle autour de chacjue cep, pour les Vignes en plein vent ; pour celles en espalier, on cerne lé pied de la même manière, mais on doit également, sur le mur, former avec la composition une sorte de cadre qui isole complètement les Vignes ainsi protégées. Aussitôt que cette opération est faite, les limaçons, paraît-il, ne dépassent plus la limite tracée, et s’ils tentaient de le faire, ils mourraient aussitôt, par suite de l’effet immédiat que le sulfate de cuivre exerce sur eux. En appliquant ce mélange par un temps sec, il résiste très-longtemps à l’action diluante de la pluie. Les limaçons empoisonnés par le sulfate de cuivre doivent, on le sait, être enfouis, car ils constituent un poison très-violent pour les animaux de basse-cour. Pritchardia Wuylstekeana et P. Was- hingtonia fîlamentosa. — Voici, au sujet de ces deux Palmiers, ce que, en mars dernier, nous écrivait de Lisbonne notre collaborateur, M. .Iules Daveau : « Le Prit- ehardia Wiiglslekeana vient de passer, ici, son deuxième hiver en pleine terre, sans autre protection (pi’un léger écran- abri, contre les gelées blanches. Quant à mes Washinglonia filarnentosa, ils sont s})lendi(les; (piehpies exemplaires montrent déjà leur stipe ou tronc véritable débar- rassé des bases des frondes, qui, comme on le sait, persistent longtemps sur le tronc après la suppression du limbe, comme, du reste, cela arrive sur la plupart des Pal- miers. Ce tronc, ainsi mis à nu, est fen- dillé-rugueux. Plantes australiennes résistant à la sécheresse. — Dans une des dernières séances de la Société nationale d’agricul- ture de France, M. Prillieux, inspecteur général de l’enseignement agricole, a parlé de certaines plantes qui couvrent de grandes sur- faces de terrains, en Australie, dans les ré- gions exceptionnellement arides, où on les emploie pour l’alimentation des moutons. Ces plantes, qui appartiennent à la famille des Chénopodées, atteignent de 30 à 40 cen- timètres de hauteur, et seraient, si leur ac- climatation en France réussit, précieuses pour nos régions méridionales sèches, ainsi que pour certaines parties de l’Algérie. Dans cette colonie, les semis qui ont été faits, jusqu’à présent, de ces plantes, ont donné peu de résultats; mais, par contre, en Camargue et à Hyères, les semis ont bien réussi. Dans les terrains salés par la mer, la végétation a été satisfaisante ; elle a continué malgré la sécheresse et aussi mal- gré le froid, par une température de 4 de- grés au-dessous de zéro et plusieurs jours de neige. Cette communication de M. Prillieux est intéressante au premier chef, et nous espé- rons pouvoir donner ultérieurement des renseignements plus précis et signaler de nouveaux résultats avantageux dans les ex- périences qui sont poursuivies. Destruction des cloportes. — Voici un nouveau moyen de détruire ces désa- gréables crustacées isopodes. Ce procédé, employé avec succès par M. Carrelet, con- siste (lans l’emploi d’écorces de vieux bois qui se sont détachées de l’aubier, et que l’on place sur le sol par la face concave. En mouillant cette paroi interne, les insectes s’y réfugient avec une prédilection toute I CHRONIQUE HORTICOLE. 269 spéciale, an point que celte partie de l’écorce est parfois littéralement couverte d’insectes qn’alors on écrase ou que l’on secoue dans une terrine d’eau où ils ne tardent pas à périr. Consolidation provisoire des talus. — Nous avons récemment remarqué, sur la voie ferrée du Saint-Gotliard, auprès de la station de Arth Goldaii, un système ingé- nieux et économique pour consolider les talus un peu élevés, dans les terrains hu- mides et glissants. Parallèlement à la voie, des claies d’osier encore vert ont été enterrées par lignes séparées de un mètre environ les unes des autres. Ges claies sont maintenues vertica- lement par des pieux enfoncés dans le sol à environ 5 mètres les uns des autres. Les lignes sont en outre reliées entre elles par des torsades d’osier qui augmentent la sta- bilité de l’ensemble. Aussitôt enfouis, les osiers verts qui composaient ces claies ont produit des bour- geons et des racines ; ces dernières, en se développant, ont donné au sol la consistance qui lui manquait, et leur effet s’est suc- cessivement augmenté, pendant que le clayonnage se décomposait peu à peu . Par surcroît de précaution, une ligne d’ Acacias a été plantée entre chaque rang de claies, et ce sont ces derniers arbres qui, dans l’ave- nir, resteront maîtres du terrain assaini et rendu solide. Prix de quelques Orchidées. — Loin de s’affaiblir, la passion des amateurs pour les Orchidées semble s’accentuer, du moins si l’on en juge par les hauts prix auxquels journellement se vendent certaines . espè- ces. Ainsi, dans son numéro du 16 mai, la Revue hortieole signalait un pied eVOdon- toglossiim Peseatorei jaune qui, dernière- ment, à Londres, a été adjugé, au baron Scbrœder, au prix de 4.125 fr. Des faits analogues sont cités par notre collègue, M. Godefroy-Lebœuf, dans son journal VOrchidophile. Ainsi, dans une vente publique faite récemment à Londres, un Odontoglosswn Alexandræ Duvali, trouvé par M. Duval, horticulteur à Versailles, dans un stock de nouvelle importation, a été vendu 4.200 fr. Voici d’autres espèces dont les prix ont été assez élevés : Cijpri- pedium Morganæ, 1.700 fr. ; C. Fairiea- num, 800 fr. ; C. Arthurianum, 750 fr. ; C. Godefrogæ, 500 à 800 fr. ; Vanda Sanderiana, 1.050 fr., etc. Meeting horticole de Gand. — Dans sa dernière réunion du 10 mai, le comité de la Société d’horticulture de Gand a dé- cerné les récompenses suivantes : Ccrl'ificals de mérile : M. Halkin, de Bruxelles, ^o\xY VOdontocjlossum Alexandræ^ var. Helenia- nmn ; M. Aug. Van Geert, pour le Davallia fœni- cidacea ; M. B. Spae, pour le Rhododendron hy- hridum The Strategist ; M. Ilye-Leysen, pour le Masdevallia Chelsoni, le Cypripediu7n ynicro- chilum et le Cypripedium Curlisi. Certificats de cidture : M. Émile Decock, pour le Ptychosperma A lexandrœ. Mentions honorables : veuve Van der Svvael- men, pour le Cattleya Mossiœ, var.; M. Louis Van Iloutle, pour le Pescatoreacerina ; var , M. Aug. Van Geert, pour VImpatiens Sullani aureo-variegata ; M. Louis Van lloutte, pour le Tillandsia hiero- glypjiica; et M. James Bray, pour le Dendrobium thyrsi florum. les Gollectionsdu ProfesseurMorren. — Nous apprenons avec une vive satisfac- tion que la bibliothèque et l’herbier de notre ami le regretté professeur Ed. Morren, ainsi que les nombreux dessins qui les accom- pagnent, et qui se rapportent surtout aux Broméliacées, ne se disperseront pas dans les hasards d’une vente publique. Ges pré- cieux documents, dont la concentration ren- dra beaucoup plus aisées l’étude et la déter- mination des Broméliacées nouvelles, de- viennent la propriété du Gouvernement belge, et resteront à l’Institut botanique de Liège. Les arbres dits pleureurs. — Notre confrère, M. Viviand-Morel, critique avec raison, dans le Lyon hortieole, la fâcheuse habitude que l’on a prise d’appeler pleu- reurs les arbres à rameaux retombants: Saule pleureur, Frêne jdeureur, Hêtre pleureur, etc. c( Pendant qu’on était à faire pleurer les arbres, dit-il, on aurait dû indi- quer les nuances. Les variétés pleurant mal auraient été a pleurnieheuses »; celles dont l’aspect est triste a pleurardes d, q{, si la locution n’eùt pas été un peu longue, on aurait pu dire de quelques-unes qui pleurent immodérément: a Variété pleurant comme (( un veau... » La remarque humoristique de M. Viviand- Morel est absolument fondée, et il ne serait pas bien difficile de supprimer peu à peu des catalogues et des publications horticoles et botaniques ces appellations inexactes en les remplaçant par d’autres satisfaisant mieux le bon sens. Un changement de cépage. — Bécem- rnent, à propos du Chasselas, notre collabo- 270 CHRONIQUE HORTICOLE. râleur M. Piillial, professeur de vilicuiliii'e, faisait, avec raison, remarquer qu’il élail regrettable que, comme le fait a lieu en Allemagne, en Hongrie, en Suisse, ce cépage, qui produit un bon vin ordinaire, soit si négligé en France et nerenq)lace pas certains cépages, dits de cuve, qui, entre plusieurs défauts, ont surtout celui de ne pas mûrir ou, au moins, de ne mûrir que très-mal. Ce regret, qui est une sorte de reproche déguisé, nous })ourrions l’adresser à beaucoup des vignerons de l’arrondis- sement de Meaux, qui, dans un sol et sous un climat peu favorable à la Vigne, s’obs- tinent à cultiver un Raisin, le Gonais, très- productif mais qui a le défaut de ne pas mûrir, et qui donne un vin imbuvable et par conséquent invendable. Pourquoi? Est-ce entêtement, insouciance ou routine? Non, assurément. Il est certainement regrettable que ces vignerons ne se décident pas à se rendre compte des progrès accomplis chez leurs voisins ; les moyens de locomotion sont cependant rapides et multiples, grâce aux chemins de fer, et il y aurait grand profit. Exoascus Pruni. — Ce singulier Cryp- togame, dont la Revue a donné une figure et une description (1), vient d’être découvert dans le Finistère par notre collaborateur M. J. Francber. Il nous écrivait de Kérinou, le 22 mai dernier : Je viens de rencontrer cette curieuse espèce sur deux Pruniers Reine-Claude Abricot vert, et voisins l’un de l’autre. Tous les fruits — et ils sont nombreux — sont dénaturés et trans- formés ; il y en a qui ont 5 centimètres de lon- gueur. L’année dernière il paraît qu’un seul de ces arbres était atteint; mais comme on a laissé tous les fruits, farbre voisin de celui-ci est en- tièrement contaminé cette année, ce qui semble mettre hors de doute que cette affection se propage par contact, c’est-à-dire à l’aide des spores. On conclut de là qu’il est important d’enlever tous ces fruits avant leur maturité. Remède contre la « Toile n. — Bien ({lie les nomlireux moyens qui ont été recommandés pour combattre ce fléau n’aient pas donné de résultats satisfaisants, nous n’iiésitons pas à recommander le sui- vant, qui, paraît-il, est efficace. Faisons toutefois observer que c’est plutijt un moyen préventif ({u’un remède proprement dit. Il consiste dans l’emploi du marc de Pommes bien {lourid, c’est-à-dire réduit à l’état de terreau ; il suffit même, assure-t-on, de recouvrir le sol, dans lequel on a fait les (1) Voir Revue horticole, 1880, p. 17, boutures, d’une {letite couche de cette subs- tance pour se préserver de ce fléau, (jui sévit parfois si cruellement dairs les serres à mulliplicafion. J.es Marcs de Raisins, de Poires, auraient-ils les mêmes pro{)riétés ? C’est à essayer. École d’horticulture de l’État à Gand. — Nous apprenons que notre émi- nent confrère, M. H. -J. Van Huile, vient d’être, sur sa demande, déchargé des fonc- tions de {)rofesseur-cbef de culture à l’École d’horticulture de l’État, à Gand. Son suc- cesseur est M. G. Van Eckbaute, jardinier en chef au Jardin l)otani({ue de l’Université de Gand. Expositions annoncées. — Toulouse : du 15 au 19 se{:»tembre prochain. Adresser les demandes, avant le 30 août prochain, à la Société d’horticulture de la Haute-Garonne, {dace Saint-Georges, 15, à Toulouse. Montreuil-sous-Bois : du 5 au 13 se{3- teml)re. Adresser les demandes, avant le l'^‘‘ août au plus tard, pour l’horticulture, à M. Lahaye, 4, rue Bombasle, à Montreuil; pour l’industrie et les arts, à M. Vaillant, rue Rufton, à Montreuil. Exposition à Tunis. — Une ex{3osition française alimentaire et d’économie domes- tique s’ouvrira à Tunis du l^^^’au 15 novembre prochain et durera trois mois. Elle compren- dra des concours d’arbres, de plantes et de fleurs. Les Compagnies de chemin de fer et les Sociétés maritimes organiseront, à l’oc- casion de cette exposition, des voyages à prix réduits. M. Nicholson à Kew. — Nous ap|)re- nons que M. G. Nicholson vient d’être nommé eurator (ce qui équivaudrait chez nous au titre de jardinier en chef) du grand établissement national botanico-horticole de Kew, à Londres. Il succède à M. Smith, qui laisse le souvenir d’une bonne carrière, noblement consacré à l’horticulture. Erratum. — Une erreur d’adresse, que nous nous empressons de rectifier, s’est glissée dans notre dernier numéro, à propos du compte-rendu de notre collaborateur M. Cornuault sur le Gongrès d’horticulture de Paris. Il aurait fallu dire : M. Audihert, horticulteur de Grau (Var) et non de « Ta- rascon ». L’ancien établissement d’horticul- ture de MM. Audihert, de Tonnelle, près Tarascon, n’existant plus depuis longtemps. E.-A. Carrière et Ed. André. LES GUIS. 271 LIÎS GUIS Bien qu’en parlant du Gui, notre inten- tion ne soit pas d’étudier cette plante au point de vue physiologique, nous avons pensé qu’il ne serait pas déplacé, vu son organisation toute particulière, d’en dire au moins quelques mots et de citer quelques faits, sans entrer dans des détails que ne permet pas le cadre de la Revue horticole. Réduite à ces proportions, l’étude que nous allons faire, bien que succincte, pourra néanmoins, par les conséquences qu’elle soulève, engager des physiologistes à entre- prendre des études spéciales auxquelles on ne paraît pas avoir pensé jusqu’à ce jour. D’abord, quant à l’organisation, et en nous en tenant à l’évidence des faits, nous cons- tatons que jamais, et quoi qu’on ait tenté, on ne paraît avoir pu faire vivre aucun fragment d’un Gui, lorsqu’il était isolé. Sous ce rapport, le Gui est une individualité. Quelle est la cause de cette propriété ? Rien, jusqu’à ce jour, ne l’a fait connaître. Seule, la pratique constate le fait, d’où l’on a conclu que la multiplication du Gui ne peut se faire que par la graine. Est-ce vrai? Origine du Gui. — Pour expliquer l’ap- parition du Gui sur un arbre quelconque, on a dit que des graines avaient été appor- tées là par des Grives ou par des Merles, et que, s’étant collées sur l’écorce, ces graines y avaient germé ; ensuite , leurs racines s’étant implantées dans le bois ou plutôt entre le bois et l’écorce, les plantes s’étaient développées et avaient fructifié, et les graines qui en étaient tombées sur les branches in- férieures y avaient germé à leur tour, etc. Ici, non plus, nous ne contestons pas le fait, nous nous bornons à faire remarquer que, en dehors des causes signalées, il y en a d’autres dont il faut tenir compte : par exemple, la nature des individus sur lesquels pousse le Gui, c’est-à-dire leur état orga- nique particulier. Admettons, pour expliquer la première hypothèse de l’apparition d’un Gui sur un arbre quelconque, l’apport d’une graine par un oiseau : nous ferons d’abord observer que cette graine devrait toujours être dé- posée sur le dessus des branches et non sur le dessous, comme le fait a souvent lieu, ainsi que le montre la figure 73. Sur celle-ci, en effet, il existe des germinations sur tout le contour de la branche, absolument comme le feraient des pustules sortant sur les par- ties d’un membre dont le sang serait vicié. D’autre part, si les Guis inférieurs d’un arbre provenaient des graines tombées de ceux qui sont placés au sommet de cet arbre, comment, dans certains cas, expliquer l’absence absolue de Gui sur des arbres de môme nature placés directement au-dessous d’autres qui sont couverts de Gui ? Ainsi, nous avons souvent vu des groupes de Peu- pliers dont les plus élevés portaient de nom- breuses et fortes touffes de Gui qui fructi- fiaient en abondance, tandis que d’autres arbres plus petits, placés directement au- dessous, n’en avaient pas- même une par- ticule, bien que chaque année ces arbres reçussent une véritable pluie de graines de Gui. Pourquoi ne pas admettre qu’une fois sur un arbre, un Gui peut, par une sorte de gemmation interne, gagner et s’étendre sur les diverses parties de cet arbre, et cela suivant que sa sève plus ou moins altérée aurait encore été viciée parla venue du Gui? Cette hypothèse semble acquérir de la va- leur, si l’on réfléchit à ce qui se passe sou- vent sur un arbre qui était couvert de Guis après l’enlèvement de ceux-ci : on voit alors, çà et là, à toutes les expositions, et même là où il n y avait pas de Guis, naître non des plantes simples de semis, mais des sortes de bourgeonnements for- mant de petits buissons. Nous nous arrêtons à ces généralités, n’ayant, ici, d’autre but que d’appeler l’at- tention sur une question dont l’étude atten- tive pourrait peut-être amener des décou- vertes importantes dans la physiologie. Après ces considérations générales, nous allons examiner la question du Gui aux points de vue spécifique et idiosynchrasique. Examen spécifique. — Y a-t-il plusieurs espèces de Gui ? Oui et non, suivant la ma- nière dont on envisage l’espèce. En effet, si, à l’exemple de certains auteurs, nous consi- dérions ici comme caractères spécifiques le port et la végétation des plantes, la grosseur des fruits, les dimensions et les formes des feuilles, etc., nul doute que nous ayons dans des échantillons, extrêmement variables, les éléments propres à faire des espèces, car il est des caractères d’une importance beau- coup moindre qui, dans d’autres genres, ont néanmoins suffi pour établir des espèces. Gomme port et végétation, nous pouvons 272 LES GUIS. considérer comme une variété des plus re- marquables le Gui pleureur (i'v^uve 74), qui forme un énorme buisson dont les liraiiches, toutes pendantes et très-rami fiées, descen- dent perpendiculairement jusqu’à plus de 1 mètre de longueur. Quand on examine les Guis à distance, il semble que tous soient identiques ; il en est autrement si l’on s’approche des plantes, car alors on constate sur toutes des diver- sités plus ou moins grandes : outre les fruits et les feuilles, il y a des ditlérences, souvent môme très-grandes dans la végéta- tion ; sur certains pieds les ramifications, lâches et distantes, sont allongées, tandis que sur d’autres elles sont courtes, rappro- chées, et alors les plantes forment des buissons compacts. 11 y a donc là formation spontanée de variétés. Pour compléter cette étude sur le Gui, nous avons jugé à propos de la faire suivre d’une liste énurnérative des espèces de végé- taux sur lesquelles on a constaté sa pré- sence. Liste publiée par M. le docteur Bonnet, dans le journal le Naturaliste^ 1879-1880, des es- pèces sur lesquelles le Gui a été observé ; Tüia grandifolia. — Tilia parviflora. — Acer campestre. — Acer pseudo-Platanus. — Acer platanoides. — Æsculus liipjjocasta- num. — Pavia flava. — Vitis vinifera. — Bobinia pseudo- Acacia. — Amygdales com- Fig. 73. — Gui ayant circonscrit une branche (réduit). munis. — Prunus domcstica. — Prunus Cera- sus. — Prunus Mahalch. — Posa canina. — Cratægus monogyna. — Cratægus oxyacan- tha. — Cratægus Crus-galli. — Photinia ser- rulata. — Cotoneaster microphylla. — Mes- pilus germanica. — Mespilus laciniata. — Pyrus communis. — Malus communis. — Sorbus domcstica. — Sorbus aucuparia. — Sorbus terminalis. — Cornus mas. — Fraxi- nus excelsior. — Ulmus campestris. ~ Ulmus montana. — Morus alba. — Fagus sylva- tica. — Castanea vulgaris. — Corylus Avel- lana. — Carpinus Betulus. — Quercus sessili- flora. — Quercus pcdunculata. — Quercus crinita. — Quercus Phellos. — Quercus Ilex. Salix alba. — Salix babylonica. — Populus alba. — Populus nigra. — Populus pyrami- dalis. — Populus tremula. — Populus canes- cens. — Populus canadensis. — Populus can- dicans. — Populus angulata. — Belula alba. — Alnus glutinosa. — Platanus orientalis. — Pinus sylvestris. — Pinus Laricio. — Larix europæci. — Abies pectinata. — Abies Apiol- linis. — Abies cilicica. — Picea excelsa. Voici, toujours d’après M. Bonnet {l. c.), les localités françaises où le parasitisme du Gui, sur le Chêne, a été constaté : Forêt de Troyes (docteur Gosson), forêt de Chaux, Doubs (Viginnex), bois d’Essaroy et de Messigny, Côte-d’Or, environs de Yillefranclie- sur-Saône (Tillet), de Grézieux et de Vaugne- ray, dans le Rhône (Butillon), environs de Tours (docteur Marchand), parc de Cheverny, près Blois (Franchet), Seiche, Maine-et-Loire (Bouvet), Isigny-le-Buat, dans la Manche (Gué- rin), environs d’Avrawehes (Laisné), environs LES r.UIS. 273 (le Mortagne (Anjubault), et dans diverses autres localités de la France (docteur llonnet). Nous allons ajouler à cette énumération (le quelques espèces sur lesquelles croit le Gui des lettres de personnes auxquelles nous avons écrit, lettres parfois accompag-nées d’observations locales relatives à ce parasite. M. Charles Baltet (Troyes) ; Pommier, Poi- rier, Sorbier, Aubépine, Églantier, Peuplier de Virginie. — A été trouvé une /“ois sur un Chêne, dans la forêt de l’Aube, par M. Bouquet de la Grye. M. Boisbunel (Rouen) : Pommier, Frêne commun. Peuplier du Canada, Robinier. M. Bernieau (Dol de Bretagne) : Pom- mier, Saule com- mun. M. Blanchard (Brest) nous écrit: Bien que les Merles pullulent dans les environs de Brest, je n’y ai jamais trouvé, malgré tou- tes mes recherches, un seul pied de Gui, ce qui fait que je n’ai pu le signaler dans ma Flore Brestoise. Le Gui existe en abondance dans l’arrondissement de Ghâteaulin, dans le nord de celui de Quimper, dans le sud de celui de Morlaix, mais je ne l’ai jamais vu que sur des Pru- niers et des Peu- pliers de Virginie, jamais sur d’autres espèces d’arbres. M. Clausen (Odessa-Russie); Populus pyra- midalis, P. tremula^ P. alha, Salix vitellma, Fraxinus exelsior, F. oxyjdiylla, JJlmus cam- pestris, Quercus Suher, Quercus Robur, Quer- cus pubescens. M. le comte de Castillon (Haute-Garonne) : Alisier, Épine blanche, Robinia, Tilleul, Pom- mier, Peuplier de la Caroline, Charme (une seule fois). M. Daveau (Lisbonne) nous écrit : Le Gui est très-rare en Portugal; on l’a signalé à Coltarès, à six lieues de Lisbonne, mais je ne l’ai vu ni là ni ailleurs, en Portugal. M. le docteur Philibert (Moscou) : Poirier. M. Fouché (lle-de-Ré) : Le Gui n’existait pas dans rile-de-Ré, où nous l’avons introduit comme curiosité ; nous l’avons semé sur un Peuplier de la Caroline et sur un Pommier Saharot, où il a parfaitement réussi, mais sans jamais s’être reproduit ailleurs, et cela bien qu’il fructifie annuellement, que les Pommiers soient très-communs et que les merles ne soient pas rares dans cette île. M. Frœbel (Zurich) : Pommier, Peuplier, Poirier, Épine blanche. Frêne. M. Jouin (Metz) : Pommiers, Peupliers, Poi- riers, Érables, Robiniers, Saules. M. Lancezeur (Rennes) : Pommiers, Peu- pliers de Virginie et du Canada; jamais je ne l’ai vu sur aucune autre espèce de ce genre. M. Lachaume (Havane) : Je n’ai jamais ob- servé de Gui ici, bien que j’aie parcouru pres- que tout le pays, et que j’y aie vu beaucoup de mer- les. M. Louis Leroy (Angers) : Commun sur Pommier, rare sur Peuplier; se trouve parfois sur Cormier. M. Metaxas (Bag- dad) : Je n’ai ob- servé le Gui que sur le Chêne, bien que les merles a- bondent en Orient ; on le dit commun dans les forêts de l’Asie, dans l’ile de Clîio. M. Collinson (An- gleterre) : En 1739, dans le parc de Lord Petre, on constatait la pré- sence du Gui sur les espèces suivan- tes: Tilleul, Cory- lus Avellana et C. tubulosa, Sorbier, Ho&ima, Pommier, Poirier, Épine blanche, Acer campestre, Po- pmlus alba, Frêne commun. Orme, Saule, Rhamnus^ Ilex aquifolium, Juglans nigra. M. Morren (Liège) : Pommier, Peuplier de Virginie, Pin sylvestre. J’ai vu un pie(l de Gui sur un Lilas ; j’en ai deux pieds sur Aubépine, l’un est mâle, l’autre femelle. M. Nicholson (Kew, Angleterre) : Acer ru- brum, Tilia europæa, Cratægus Crus-galli, Populus nigra, canadensis. M. O. Thomas (Alsace-Lorraine) : Pommier, Peuplier du Canada, Poirier, Hêtre. M. Pavard (Trianon) : Pommier, Poirier, Ro- binier, Bouleau, Tilleul, Frêne. M. Racaud (Saragosse) : Le Gui n’existe pas aux environs de Saragosse. Je ne l’ai même vu nulle part en Aragon, si ce n’est sur des 274 LE GROUPE DES PP.IMULA INDIGÈNES. Pommiers à Tolosa et à Saint-Sébastien, bien que les merles et les grives abondent partout en Espagne. M. Robinet (Toulouse) ; Pommier, Poirier, Peuplier, Chêne. M. Rovelli (Lac Majeur) ; Le Gui manque complètement dans certaines parties de l’Italie, tandis qu’il est assez commun dans d’autres. Les plus rapprocbés de moi, que j’ai pu re- marquer, sont à 40 kilomètres, dans la vallée de Gannobbina. On le rencontre sur les Pom- miers, les Peupliers, les Chênes. ]MM. Transon (Orléans) : Peupliers, Pommiers, Robiniers, Sorbiers. M. Thierry (Nice) : Je n’ai vu le Gui sur aucune espèce d’arhre dans le pays niçois. M. Gh. Van Geert (Anvers) : Le Gui est très- commun dans la province de Namur, mais jamais je n’en ai rencontré dans les provinces flamandes ; il vit sur les Pommiers et les Peu- pliers. Chez moi je l’ai implanté sur Épine blanche, où il vit, mais sans gagner de terrain, bien que les merles n’y soient pas rares. M. Viviand-Morel (Lyon) : Pommiers, Poi- riers, Tilleuls, Peupliers, Marronniers, Robi- niers, Platanes. On voit, par cette énumération, que le Gui peut croître sur une grande quantité de LE GROUPE DES I Une découverte très-intéressante, au point de vue scientifique surtout, vient d’être faite ces jours derniers par un de nos amis, le docteur Ohrond ; c’est la découverte du type de nos Primevères cultivées (Primula variahilis, Coup.), point de départ d’où sont probablement sorties toutes les espèces et variétés de Primevères formant la section des Primulastrum, Duby, Les botanistes anciens et modernes se sont souvent trouvés fort embarrassés pour savoir à quel type rapporter les difle- rentes races d’où sont sorties les nom- breuses variétés de Primevères qui font l’ornement des jardins au retour de la lielle saison. On sait liien que toutes ces variétés simples ou doubles ne sont que des hybrides ou des monstruosités de nos espèces cham- pêtres, obtenues par la fécondation des différentes races entre elles, soit par la culture, soit par dichroïsme. Mais ce que l’on ne connaît pas bien encore, c’est le type 2)rimiiif^ quoique la majeure partie des savants soient d’accord pour les rap- porter au Prim/ula elatior, Jacq. En France, la section des Prmiulastriim est la plus largement représentée ; elle ha- bite les prés, les haies, les collines et les végétaux, non toutefois d’une manière uni- forme sur les mêmes espèces. Sous ce rap- port, il y a au contraire des variations con- sidérables; on constate même des faits des plus singuliers, par exemple, l’absence complète de Gui dans l’arrondissement de Brest, où pourtant Pommiers, merles et grives abondent. Des faits analogues se passent à Tlle-de-Ré et dans beaucoup d’autres endroits. Quelle en est la cause? Terminons par la citation d’un fait de végétation du Gui qui nous a paru des plus singuliers : On nous a affirmé qu’un bota- niste anglais aurait cultivé du Gui sur des tiges de Polypodium, ce que, bien entendu, nous ne garantissons pas et cpie nous repro- duisons sous toutes réserves. Ajoutons toutefois, et pour notre propre compte, la remarque suivante : outre que nous ayons fréquemment vu des Guis sur les espèces précitées, nous en avons parfois remarqué sur des arbres sur lesquels on en rencontre rarement : Marronnier, Ro- sier, Mûrier, Mahaleb, Charme et même Micocoulier. E.-A. Carrière. IIMULA INDIGÈNES bois clairs ; on la rencontre dans tout le centre, le nord, l’ouest et le midi de la France. Les botanistes la divisent en six espèces, dont les quatre principales sont celles qui nous intéressent : Primula grandi flora^ Lamk., P. officinalis, Jacq., P. variahilis, Coup., et P. elatior, Jacq., dont Linné avait fait des variétés qu’il réunissait au P. officmalis, Jacq., sous le nom spécifique de P. veris. Le P. grandiflora, Lamk., est plus coin-' mun dans les lieux lioisés que dans les prairies, et dans les terrains granitiques que dans les terrains calcaires; on le trouve cependant dans ceux du centre et du nord, mais moins communément que dans ceux de l’ouest, où il est à peu près le seul repré- sentant du genre, surtout en Basse-Bre- tagne, où il est connu sous le nom de Bou- quet de lait ou de mai. Il croît abondam- ment sur le bord des fossés, le long des talus pierreux, sous les bois clairs, et plus rarement dans les prés. La couleur naturelle de ses fleurs est toujours le jaune serin. On le rencontre avec des fleurs parfois totale- ment lilanches, parfois d’un jaune rougeâtre aussi, mais plus rarement, avec des fleurs violettes. On voit que c’est de cette espèce que LE GROUPE DES PRTMÜLA INDIGÈNES. 275 sont sorties toutes les variétés à Heurs soli- taires, c’est-à-dire celles qui sont com- plètement dépourvues de pédoncvdes et que l’on désigne par le qualificatif acaiiles. I.e P. officinalis, Jacq., croît à peu près dans toute la France, et préfère les terrains calcaires aux sols primitifs. On le rencontre dans les prés, sur les coteaux frais et la li- sière des l)ois, rarement à l’intérieur. Il est plus commun dans les départements du centre que dans ceux de l’ouest; il com- mence à diminuer dans ceux d’Ille-et- Vilaine et de la Loire-Inférieure, où, dans certains endroits, on ne le rencontre plus que par localités. Dans les Côtes-du-Nord et dans le Morbihan, ces localités devien- nent de plus en plus rares ; le Finistère ne nous en a offert qu’une seule jusqu’à pré- sent, qui se trouve à Lézardeau, près Quim- perlé. Dans tout le reste du département, les quelques pieds que nous y avons ren- contrés étaient toujours isolés et mêlés au P. grandiflora. Le P. elatior, Jacq., préfère aussi les terrains calcaires aux sols granitiques ; on le rencontre généralement dans les prairies fraîches et les bois humides et presque tou- jours mélangé aux deux espèces précé- dentes. Aux environs de Paris, il croît sur- tout dans la forêt de Montmorency, remonte vers le nord, le nord-ouest, passe en Nor- mandie et disparaît dans la presqu’île de la Manche. Ensuite on le retrouve en assez grande quantité dans les tranchées du che- min de fer entre Lamhalle et Saint-Brieuc, puis de ce dernier point à Ghatelaudren, qui est à peu près sa dernière limite vers l’ouest. Au sud de Paris, il est beaucoup plus rare ; on en rencontre, çà et là, quel- ques pieds le long du cours de la Loire, peut-être jusqu’à Angers, puis il disparaît totalement au sud de la Bretagne. C’est généralement à cette espèce que les horti- culteurs rapportent les variétés cultivées à fleurs pédonculées. Si nous insistons sur ces détails, c’est pour faire comprendre au lecteur que le sujet en question n’est pas un produit de culture, ni de fécondation artificielle, comme on pourrait le penser, mais bien un exemple de végétation spontanée. Si nous partons de Paris pour nous diri- ger vers l’ouest, nous traversons en plein la région des P. officinalis et grandiflora ; plus nous avançons, plus la région de la pre- mière diminue et plus la région de la se- conde augmente. La première espèce s’ar- rête à la pointe du Finistère et la seconde se retrouve jusque sur les îlots les plus éloi- gnés du continent; la troisième ne suit les côtes de la Manche que jusqu’à Chatelau- (1 ren (Côtes - d u-N o rd ) . Dans ces dernières années, on ne connais- sait, dans le Finistère, qu’une seule espèce de Primevère qui est le P. grandiflora, Lamk., comme l’atteste la Floride des Frères Crouan, publiée en 1867. Depuis la publication de cet ouvrage, les botanistes bretons ont constaté une première fois la présence du P. officinalis, aux environs de Brest, en 1869. Cette découverte, qui parais- sait douteuse au premier abord, fut confir- mée plus tard par la découverte d’une nou- velle localité aux environs de Kèrhuon, puis par une troisième au Belec, localité peu éloignée de Kèrhuon. Cette année (1886), nous la retrouvions au Trèzhès, près le Conquet, mais toujours en quantités très- minimes et en compagnie de P. grandi- flora. De son côté, le docteur Ohrond cons- tatait une deuxième fois sa présence au Relec, sur le bord de la tranchée du che- min de fer, dans une localité nommée Ker- vitou. A Kervitou, où il n’existe ni maisons, ni jardins, le P. grandiflora est excessive- ment abondant et, comme toujours, le P. officinalis n’y est représenté que par quelques pieds mêlés à ce dernier et surtout au P. elatior dans un petit carré d’environ 1»* 10. On se figurerait que les trois es- pèces se sont donné rendez-vous sur ce point. Le lendemain de sa découverte, M. Oh- rond nous en fit part et nous partions en- semble pour constater la présence du P. ela- tior dans nos environs ; notre surprise fut grande de le rencontrer en cet endroit, très-bien fleuri et accompagné du P. offiei- ncdis, mais elle fut plus grande encore lorsque nous découvrîmes un magnifique pied de P. elatior portant cinq pédoncules chargés chacun de six à sept fleurs parfai- tement bien caractérisées et un bouquet de P. grandi fiora à fleurs également bien caractérisées. Ces dernières paraissaient même plus précoces que celles du P. elatior, puisque les premières épanouies commen- çaient déjà à se flétrir. Nous nous sommes bien assuré de l’insertion des pédicelles et nous avons constaté qu’ils partaient tous du même point et qu’ils étaient portés par le même pied que les fleurs pédonculées. Il résulte de cette observation que le P. elatior n’a été ni semé ni apporté dans cet endroit par aucun agent cultural, ni 27G CA RA OUATA ANDREANA. a 1 m OS pi lé i‘i qu 0 , q 1 1 ’ i 1 rosi 1 1 1 e (F U n (1 i cli l'oïs m o produit jiar lo l\ fjrandifhra. Ce produit s’cst ressemé depuis longtemps et a formé le petit groupe dont nous avons parlé; c’est en se ressemant qu’il a produit à son tour les quelques pieds de P. officinal^ qui s’y trou- vent mêlés. Ceci nous explique encore la présence et l’isolement de cette dernière espèce, parmi le P. grandijlora, dans tontes les localités où nous l’avons renconirée dans le Finistère; elle n’est donc autre chose que des semis de P. grandi fhra qui retour- nent à l’espèce. Le P. clatior, qu’on ren- contre à l’intérieur parmi le P. ofllcinalis, est aussi un hybride de ce dernier et du P. grandiflora, c’est-à-dire une plante inter- médiaire entre ces deux espèces. Lorsqu’on consulte les Flores françaises, on reconnaît que toutes les espèces de Pri- mevère, à l’exception du P. grandiflora, sont pourvues d’un pédoncule supportant les pédicelles formant l’omhelle ; il n’y a que cette espèce qui en soit privée. Dans l’exem- plaire que nous avons trouvé, toutes les fleurs du P. elatior en sont munies, tandis que les fleurs du P. grandiflora ne sont que pédicellées et, comme ces pédicelles sont tous réunis à la hase, il faut bien admettre que c’est le pédoncule qui s’est atrophié au lié- néfice des fleurs, qui sont devenues plus grandes. Donc le P. grandiflora n’est qu’une anomalie du P. elatior, qui est lui- même une plante intermédiaire à fleurs plus petites que celles de ce dernier et plus grandes que celles du P. offlcinalis, mais ce ne sont pas des caractères suffisants pour constituer des espèces (1). Il n’y a donc plus de doute sur l’origine CARAGUATA Depuis que Lindley fonda le genre Cara- guata sur une seule espèce alors connue, le C. lingidata, les cultures se sont enrichies de nombreux représentants de ce groupe des Broméliacées. Les serres de l’Europe ont vu successivement paraître les espèces suivantes: C. lingidata, Lindley; C. splen- dens, Planchon, qui paraît une forme su- périeure de la précédente ; C. Zahni, Hook, fil.; C. Van Volxemi ; C. musaica, Éd. André; C. Aiignstæ, R. Schomh. ; C. cardinalis, Éd. André; G. sanguinea, (1) Il est bien entendu que, dans une question scientifique de cette nature, nous laissons à notre collaborateur M. Blanchard la responsabilité de son assertion. {Note de la rédaction'). de nos Primevères de la section des Primu- laslrum ; iowlcH descendeni d’une seule et même espèce dont le type est le P. veriff, L., ou P. offlcinalis, .lacq., ce qui, toute- fois, ne veut pas dire que nous devions reje- ter îes^noms scientitiques qui leur ont élé appliqués par les anciens auteurs. Au contraire, il convient de conserver ces noms pour désigner les différentes races que la cullure s’est appropriées, comme on le fait pour les plantes économiques, telles que le Chou, le Froment, etc. C’est-à-dire qu’au lieu de diviser la section en plusieurs espèces, c’est l’espèce qui sera divisée en plusieurs races. Ainsi les plantes qui porte- ront des fleurs pédonculées formeront les races des elatior, et celles qui en porteront de pédicellées se rapporteront à la race des grandiflora ou acaidis, et ainsi de suite. Les Primevères étaient connues dès la plus haute antiquité, puisque les anciens se servaient de quelques-unes de nos espèces comme plantes médicinales; aujourd’hui elles sont tombées en désuétude. L’histoire de la culture des variétés ornementales se perd aussi dans la nuit des temps, et les amateurs qui en faisaient leurs délices se sont tou- jours contentés de cultiver les plus at- trayantes, en supprimant celles qui se rap- prochaient le plus des espèces sauvages. Il n’est donc pas étonnant que la trace des types qui ont produit ces variétés soit restée si longtemps incertaine. Nous sommes heu- reux de pouvoir signaler ce fait, qui intéres- sera certainement nos lecteurs en jetant un nouveau jour sur l’origine des plantes cul- tivées. J. Blanchard. ANDREANA Éd. André; C. angiisti folia, C. liierogly- ‘phica (Massangea) ; C. Andreana, Ed. Morren ; C. Morreniana, Éd. André. Combien d’autres espèces du même genre attendent encore, dans les vastes solitudes de l’Amérique méridionale, que des collec- teurs entreprenants et heureux les rappor- tent vivantes! Dans l’herbier des Bromé- liacées que j’ai recueillies en 1875-1876, plusieurs Caraguata nouveaux sont encore innommés. Tous ont une grande valeur or- nementale, par leur feuillage ou par leurs fleurs. En attendant que les collections euro- péennes reçoivent ce complément désiré des broméliophiles, nous venons présenter au HcPite IJorlicolr ''do.^d.deZ-. Ch'G-nclidv G- S&oei^ôij'is . Canujiuda Andrcana v\ ■■" ''\7 ..r ‘ v’'^-'7' '"' ' ■ '"' ' - >' V ' LES FRUITS EN POLOGNE. 277 lecteur la jolie espèce que notre ami Morreu m’a dédiée, et. qui a été mise au commerce par M. Jtruant, horticulteur, à Poitiers. Voici la description qu’il en a donnée (1) : Description. — Plante de dimensions moyennes pour le genre. (Le spécimen décrit mesui ait 90 centimètres de diamètre et 70 cen- timètres de haut.) Tige courte, épaisse, de 3 cen- timètres. Feuilles nombreuses, en rosette lâche, peu coriaces, arquées, longues, jusqu’à 60 cen- timètres, lisses, luisantes, vertes sur les deux faces, à gaine assez large, environ 45 milli- mètres, brunâtre à la base, à lame plus étroite, 35 millimètres environ, en courroie et lan- céolée, canaliculée à la base et plane à la partie supérieure. Inflorescence dressée au-dessus du feuil- lage. Hampe droite, longue de 40 centimètres, lisse, rose, à nœuds rapprochés, 35 millimètres, por- tant chacun une bractée foliacée, verte, dressée, lisse, parfois un peu veinée à la base, plus ou moins longue, 20-10 centimètres, et dépassant toujours l’entrenœud. Panicule plus ou moins allongée. Rachis droit, rose, lisse, à nœuds rapprochés, 25 millimètres environ, portant, dans un ordre s})iral, une spathe herbacée longue, 7 centimètres et moins, horizontale, à base large, 3-4 centimètres, canaliculée, striée de rouge, bientôt lancéolée et se prolongeant en une pointe mince et verte. A Faisselle de chaque spathe est un épillet sessile et très-court, de 3 â 4 fleurs agglomé- rées. Fleurs sessiles et très-longues, 55 milli- mètres. Bractée florale courte, 17 millimètres, condupliquée, herbacée, lisse, jaune-verdâtre, LES FRUITS En France, le Poirier Doyenné d'hiver est considéré à bon droit comme délicat, et il ne donne de bons et beaux fruits que lorsqu’il est planté en espalier à une bonne exposition. Ici, en Pologne, nous cultivons le Doyemié d'hiver greffé sur franc, en tige, planté le plus souvent en plein verger, sans aucun abri, et il nous donne de bons et admirables fruits ; en 1879, il a un peu souffert, mais ce n’est que le jeune bois, mal aoûté, qui a été attaqué par la gelée. Quant à la Duchesse d' Angoidême et à la Louise bonne d' Avr anches, ces deux variétés sont rustiques, produisent beau- coup de fruits qui sont vraiment excellents, et, depuis quarante et un ans que je pour- suis ici mes remarques sur les fruits, ces (1) Revue horticole, 1884, p. 247. pâle. Galyce deux fois plus long, 3 centimètres, â 3 sépales libres, dressés en tube, cartilagi- neux, elliptiques, lisses et jaunes; corolle jaune citron, à pétales à peine coalescents, tu- buleuse, infundibuliforme, très-longue, 55 mil- limètres, à tube long et fendu, à limbe trilobé, â lobes larges, obtus et réfléchis. Étamines plus ou moins adhérentes, égalant la corolle, droites, à anthères subbasifixes, sa- gittées et longues, 5 millimètres. Pistil de môme longueur. Stigmate â trois branches di- vergentes et vertes. Le C. Andreana a quelques affinités avec les ScJduînbergera, surtout par la longueur de sa corolle, dont les lobes sont arqués et rendent ainsi les étamines exsertes ; mais, en réalité, - c’est un Caraguata. Le port de la plante rappelle beaucoup celui du C. Van Volxemi, Éd. André, autre espèce néo-grenadine introduite par le meme voya- geur, mais elle en diffère totalement par la forme de l’inflorescence et surtout par ses fleurs longuement tubulées. Il ne reste rien à ajouter à cette descrip- tion si complète, si ce n’est que la plante fleurit aisément, qu’elle montre des hampes et des bractées d’un ronge plus ou moins vif, mais toujours élégantes, et que la cul- ture en serre tempérée en est tout à fait facile. J’ai trouvé le C. Andreana, dans les Andes de Pasto (Nouvelle-Grenade), en mai 1876, et n’en ai reçu des graines fertiles qu’en 1881. De ce semis sont sorties les plantes parmi lesquelles a été choisi l’échan- tillon représenté aujourd’hui dans la Revue. Éd. André. EN POLOGNE variétés n’ont jamais lieaucoup souffert du froid, si ce n’est quelquefois sur les bran- ches de l’année mal aoûtées. Parmi les fruits considérés ici comme des variétés locales, beaucoup sont originaires de France. Ainsi la Winiowka Palska est la Bergamote d'été, les Panny sont des Poires à cuire que l’on connaît en France, dans le Jura, sous le nom local de Canne- pire ; c’est une longue Poire mûrissant en septembre ; le Malgawatki est la Poire de la Madeleine ou Citron des Carmes, etc. Il en est de même pour les Pommes ; la Koivztela est la Pomme Castelet du diction- naire A. Leroy; la Papierowska est la Passe Pomme d'été ( Calville blanche d’été), le Ray va rouge et vert doivent être les Rapa rouge et vert; ce sont deux Rambour, l’un rouge, l’autre vert. 278 LES FRUITS FORCÉS EN I Passons aux Pnines : Outre la Qucische commune et la Heine clan de verte, on cul- tive ici les Prunes (VAgen, Dame Aubert jaune et violette, la Prune de Monsieur, les Coe rouge et Coe Gotdendrop, Damas de Tours, Fellemherg, Goliath, Je/fersoii, Kirke’s, Lombard, de Mont fort, elc., etc. Au commencement du siècle, j’ai vu et mang'é ici des fruits, des Cerises de Montmoreneg à longue et à courte guette, le Bigarreau rouge, le B. ja'ime précoce, le B. noir, le B. en cœur etauti’es provenant de gros arbres qui alors, en 1830-1840, avaient déjà dans les trente à cinquante ans d’àge; quant à la Beine Ilortense, on la cultive depuis l’année où elle a été mise au commerce en France ; depuis cette année-là je l’ai multipliée, et c’est par grandes quan- tités qu’on peut la rencontrer dans ce pays. Au marché de Varsovie, on trouve des fruits de cette variété en abondance depuis nombre d’années ; l’on cultive d’ailleurs ici toutes les bonnes variétés françaises. Nous cultivons ici toutes les variétés pré- coces de Pêchers, car ce sont celles qui pro- LES FRUITS FORCÉS EN La culture forcée des fruits : Raisins, Pêches, Fraises, etc., subit depuis plusieurs années, en France, une crise grave. Les producteurs belges, qui ont à leur disposition tous les matériaux : fer, verre, bois de construction, charbon, ainsi que la main-d’œuvre, à des prix très-bas, ob- tiennent des fruits avec des frais de culture presque moitié moindres que chez nous. Encouragés par ces avantages énormes, des cultivateurs ont créé, en Belgique, des établissements de première importance (1) qui leur permettent de réduire encore le prix de revient de leurs produits. Jusqu’ici, nous devions nous borner à constater les faits et à encourager nos com- patriotes à suivre l’exemple de nos voisins, c’est-à-dire à créer des forceries d’une im- portance égale à celle des grandes cultures belges, la douceur du climat, dans certaines parties de la France, et même aux environs de Paris, compensant en partie les diffé- rences du prix de revient. Mais, voici un point oii la concurrence (1) MM. Sotiye ont construit à eux seuls, à Hoy- laert, près Bruxelles, un ensemble de serres recou- vrant une surface de cent vingt mille mètres (12 hectares), et viennent de les agrandir sur quinze hectares récemment acquis. RANCE ET EN RELGIQUE. (luisent le plus; les variétés tardives ne mûrissent pas toujours bien. On cultive aussi beaucoup d’Abricoliers qui poussent et fructifient à merveille. En fait de Vignes, nous cultivons surtout le Ghassclas Vibert, Duhamel, Madeleine angevine, Madeleine blanche, Madeleine Vibert, Muscat de la Mi-Août, etc. ; nous taillons la Vigne en automne, puis nous r-e- couvrons de terre les sarments, de sorte qu’aucune variété ne souffre des gelées. Depuis 1840, les progrèsde l’horticulture en Pologne n’ont fait qu’augmenter d’an- née en année ; les évènements de 1863 n’ont rien fait pour les entraver, et, si ce n’était la crise dont toute l’Europe soutire, l’on pourrait dire que l’hoj-liculture polo- naise est au même degré que celle des autres pays d’Europe. D’ailleurs, notre jeune et laborieuse Société d’horticulture ne marchande pas ses efforts, et son comité de pomologie cher- che constamment à augmenter le nombre des variétés de plantes actuellement culti- vées en Pologne. Polack. FRANCE ET EN RELGIQUE n’a plus lieu dans des conditions semblables entre les deux pays : La Belgique ne page aucun droit pour Ventrée de ses Baisins frais en France, tandis que nous devons jjayer, pour les faire parvenir en Bel- gique, un droit de 10 p. iOO sur leur va- leur. Il y a là une non réciprocité dont les effets sont accablants pour les cultiva- teurs français. Nous savons qu’en haut lieu on se préoc- cupe de cette situation anormale , dont l’étude amènera, nous en sommes persuadé, une modification aux tarifs actuellement en vigueur. Quels seraient donc les moyens de donner à cette spécialité de production essentielle- ment française les moyens de lutter à armes égales avec la concurrence étrangère qui s’accroît dans des proportions effrayantes? De la part du gouvernement : frapper tous les fruits d’origine belge, à leur entrée en France, de droits judicieusement éta- blis ; De la part des producteurs français : la construction, d’après les modèles les plus pratiques, de serres à chauffages écono- miques, établies dans des proportions sem- blables à celles usitées en Belgique. Nos cultivateurs ne le cèdent en rien en ERINEUM ET PERONOSPORA. 279 habileté à leurs confrères belges, notre cli- mat compense en grande partie, nous le ré- pétons, les conditions avantageuses qui nous manquent. 11 est donc certain que, moyennant les réformes mentionnées plus haut et quelques efforts persévérants, la culture forcée des fruits retrouverait vite en France la prospérité qu’elle avait il y a quelques années. Cii. Tiiays. ERINEUM ET PERONOSPORA Il y a un mois, les vignerons ont eu de cbaudes alarmes ; ils ont cru pour la plu- part à une invasion prématurée du Pero- nospora viticola que, bien à tort et pour parler comme tout le monde, nous nous surprenons souvent à appeler mildiou (im- portation doublement américaine, puisque nous avons le nom et la chose). A cette époque, nous avons eu l’occasion de voir des feuilles de Vignes attaquées et provenant de diverses contrées, et sur toutes ces feuilles, nous n’avons trouvé que V Erineum qui semble s’être développé cette année dans nos vignobles avec une intensité tout à fait exceptionnelle. Le mal causé est beaucoup moins grave, fort heu- reusement, que s’il se fût agi du Peronos- pora. Mais afin de mettre les lecteurs de la Revue mieux en situation de juger à l’ave- nir et d’établir la distinction entre VEy'i- neum et le Peronospora, nous avons jugé utile de résumer ici les principaux caractères de ces deux affections de la Vigne. Hâtons-nous de dire que c’est à M. Mil- lardet, professeur à la Faculté des sciences de Bordeaux, que nous devons la découverte de ce cryptogame; le premier, il a cons- taté sa présence en 1878. Depuis, le mal s’est étendu et l’an dernier, surtout, nous avons eu, en bon nombre de contrées, à souffrir de la chute prématurée dns feuilles qui a entraîné une maturité incomplète du raisin. Le Peronospora viticola est un champi- gnon parasite analogue au Peronospora de la Pomme de terre qui s’attaque surtout aux feuilles ; quelquefois, en Italie et aux États- Unis, il semble attaquer en même temps les fruits. L’écorce des rameaux, au voisinage des feuilles atteintes, offre encore fréquem- ment des taches livides qui sont dues à la présence du parasite dans leur épaisseur. Les filaments fructifères se développent à la face inférieure des feuilles ; ils consti- tuent avec les spores qu’ils portent des taches blanches de 3/4 de millimètre de saillie, d’aspect cristallin, comparables à des concrétions salines ou à du sucre répandu en poudre. Puis les taches s’étendent, se joignent et arrivent à couvrir presque en- tièrement le revers des feuilles. A mesure qu’elles s’accroissent à la périphérie, elles se dessèchent au centre et là, les filaments fructifères se crispent et deviennent presque méconnaissables, tandis que le tissu de la feuille se dessèche, prend une couleur brune et tombe. Sur nos Vignes indigènes, les taches se montrent d’ abord plus nom- breuses le long des nervures et à Vextré- mité des lobes de la feuille, elles n’ont au début que de 1 à 3 millimètres de diamètre, mais elles arrivent rapidement à couvrir toute la face inférieure du limbe. L’humidité et la chaleur sont deux condi- tions nécessaires au développement du champignon ; par suite, le mal est toujours plus grave dans les terrains bas et humides et les feuilles de la base des ceps sont atta- quées les premières ; des brouillards ou des pluies fines alternant avec des coups de so- leil favorisent la propagation de ce cryp- togame et le grand remède qui ne coûte rien à appliquer, c’est un temps sec et le vent du Nord. Pour ce qui est de la chaleur nécessaire au développement du Peronos- pora, M. Viala a constaté qu’avec une tem- pérature moyenne de 17 degrés avec minima de 10 à 11 degrés, la germination des zoos- pores n’a lieu qu’au bout de deux à trois jours, mais la progression du mal est au- trement rapide quand le thermomètre monte de 20 à 25 degrés. E Erineum de la Vigne a fait l’objet de recherches très -intéressantes de M. Plan- chon et autres savants. Longtemps on a pensé que les plaques de feutre du dessous des feuilles étaient de véritables champi- gnons et, comme tels, on les décrivit sous le nom à' Erineum. Mais, en 1864, Landois découvrit l’acarien vermiforme qui les pro- duit, et M. Donnadieu, de Montpellier, a constaté que ces animalcules passaient par quatre phases : l*^ la larve vermiforme, n’ayant que deux paires de pattes dévelop- pées, qui vit dans les poils de VErineum pendant la période de végétation de la Vigne et s’y reproduit par œufs non fécondés ; 280 DÉCORATION ESTIVALE DES JARDINS. 2‘> l’état enkysté qui est celui de la dernière génération d’antonine, consistant en lai-ves hexapodes, renlcrniées dans la peau renllée et durcie de la larve tétrapode qui lui a donné naissance. Ces kistes restcnl, jiendant l’hiver, dans les poils des Krineum (jui les abritent ; il'J l’état hexajiode agile, qui sort, au printemps, des kystes ])récédents et, prenant bientôt huit pattes et des appa- reils sexuels, constitue 4® l’état parlait, oc- topode et sexué. « Ces petits acariens, dit M. Planchon, courent sous ou sur les écorces des ceps de Vigne au moment de leur première végétation, » et ce sont eux qui, par leurs piqûres, feraient développer, sur les feuilles naissantes, les premiers Erineu'm, dans lesquels ils pondraient les œufs d’où sortirait la forme larvaire de l’été. Il en résulte, à la face inférieure des feuilles, des plaques tantôt arrondies, tan- tôt isolées, tantôt conlluentes, d’un feutrage de poils enchevêtrés, dont la couleur, d’abord blanchâtre ou rosée, avec des reflets demi-cristallins, passe avec le temps au fauve ou au brun mat. Au-dessus de ces plaques, la feuille se honrsoufle en vous- sures ou hullosités })lus ou moins saillantes, largement ouvertes en dessous, dépourvues de tout orifice du côté de la face supérieure de la feuille. Ces boursouflures ne se trou- vent jamais sur les feuilles atteintes du Peronospora. M. Planchon ajoute que, très-souvent, dans les années sèches, les pousses de la Vigne sont très -affectées au printemps, par l’irrégularité du développement que leur imprime V Erineum, mais que presque toujours la végétation rapide de l’été efface cette première atteinte à la pousse normale du feuillage. Qimni kV Erineuni des pousses de la sève d’août, il n’a jamais qu’une im- portance des plus secondaires. La cause du mal étant connue ainsi que IIÉCORATION ESïl Le mode d’ornementation dont nous allons parler peut rendre des services pour la dé- coration des parcs ou jardins de toutes dimensions, aux abords des habitations, et particulièrement dans les jardinets, à l’in- térieur des villes. En effet, dans ces dernières conditions, l’espace dont on dispose est toujours res- treint. Qu’arrive-t-il le plus souvent lorsque l’on y crée des corbeilles de Heurs, suivant la méthode haliituelle ? Ou bien ces cor- l’insecte ipii le produil, son mode de repro- duction et ses transformations, les remèdes |)euvent être ajipliipiés avec chance de suc- cès ; les li({uides insecticides : nicotine, acide phéniqiie, pétrole émulsionné avec de l’eau (le savon ou du lait, projetés sur les Vignes au moyen d’un pulvérisateur, au- raient sans doute de bons effets ; il est pro- bable aussi que les badigeonnages avec les mélanges insecticides, recommandés contre l’œuf d’hiver et effectués peu de temps avant le départ de la végétation, détruiraient les acai-iens qui causent V Ermeum. Enfin M. Planchon a proposé d’essayer de livrer aux troupeaux, après la vendange, les par- ties du vignoble très-infectées d’érinose. e En mangeant les feuilles, dit-il, les moutons supprimeraient la plus grande partie des parasites logés dans le feutrage de VEri- neum. A défaut de ce moyen, faire ra- masser dans les Vignes les feuilles tombées sur le sol dès les premières gelées, les mettre en tas et les faire servir de litière pour les engrais à mettre ailleurs qu'au pied des ceps. » L’acarien de l’érinose nommé phytopus par Dujardin, phytoptus par Dufour, est devenu le phytocoptes vitis d’après d’autres auteurs. Peu importe d’ailleurs le nom au- quel on s’arrête; ce qu’il était intéressant de constater, c’est que V Erineum n’a rien de commun avec le Peronospora c’est qu’il est moins dangereux et que, bien connu, on peut espérer le détruire sans grands frais. Mais la conclusion inévitable à laquelle il faut toujours revenir, c’est que la Vigne, épuisée et malade, est de plus en plus attaquée et de tous les côtés à la fois par les insectes et les maladies, c’est qu’on a perdu déjà trop de temps et d’argent en traitements de toute nature sans avoir assez fait pour la régénération de la plante. A. Lesne. ALE DES JARDINS beilles sont trop grandes et encombrent le jardin, qu’elles font paraître plus petit qu’il n’est en réalité, ou bien, si on leur donne la proportion qu’elles doivent avoir, elles sont mesquines et d’un effet peu déco- ratif. Les corbeilles montées, dans le genre de celle que nous donnons ci-dessous comme type (lîg. 75), obvient à cet inconvénient et permettent d’employer, en occupant très-peu d’espace, un nombre de plantes qui suffirait I»K(:011ATIO\ KSTIVAI.E DES JARDINS. 281 lllIMlllii illll 1||| ,„.M ,.|i, à couvrir une corbeille de grandes dinieii- sioiis, dans les conditions habituellement observées. Voici comment on étalilit ces sortes de corbeilles (fi^’. 75): On enfonce suflisam- ment en terre un fort poteau, sur lequel on devra placer un vase orné d’une plante à léuillaj^m. On surmonte ce poteau d’un plateau de bois, rond, d’un diamètre é^al à celui du haut de la corbeille et recouvert d’une feuille de zinc dont les bords sont circulaire- nient rele- vés, de ma- nière à for- mer une jardinière. Entre le sol et le pla- teau, on fixe solidement, en les re- liant au po- teau verti - cal, quel- ques tigelles de bois, un peu rami- ti é e s , qui forment une s 0 1* t e de squelette au milieu et autour du- quel on dé- pose, en la tassant suc- cessive- ment, une terre subs- tantielle, un peu com- pacte. On recou- vre ensuite le tout d’une très-légère couche de mousse, et on l’assujettit au moyen d’un réseau de fil de fer à mailles très-larges, que tout jardinier peut confectionner sur place. Pendant la belle saison, on place sur le plateau un joli vase d’où s’élève une large plante à beau feuillage : Phœnix cana- viensis, Washingtonia rohusta, Latania borhonica (Livistona smensis), Agave applanata, etc. A la surface du vase, ainsi que dans la jardinière qu’il surmonte, on Fig. 75. — Décoration Üorale. Corbeille montée, placée sur pelouse (1/35 de grandeur naturelle). dispose (ju(‘l(jiies jdantes grimpanles et re- tombantes, S(i dévelop[)ant peu : Pétunias, Pélargoniiims à feuilles de Lierre, Capu- cines de Lobb, elc. , qui doivent surtout servir à relier ensemble le vase et son pié- destal. Enfin, ce jiiédestal lui-niéme est garni du haut en bas de plantes à fleurs, qui varient avec les saisons : Pensées, Pâ- querettes, Myosotis, Silènes, etc., au pre- mier printemps ; puis, plus tard, les Bégo- nia Casianeæ folia, Verveines, Lobélias, Pyrèthres, •!' -Il'' (T T" (m naj) ka- lium, Eche- veria, Al- ternanthe - ru,Pélargo- n i U m s à feuilles pa- nachées, etc., etc., en un mot, toute la tri- bu des plan- tes à fleurs ou à feuilla- ges décora- tifs, à faible développe- ment, que l’on emploie pour la mo- saïculture. Pendant l’hiver, la garniture florale est remplacée par du ga- zon })laqué, et la ].lante à feuillage par un Yuc- ca pendilla ou gloriosa, qui pourra ainsi résis- ter à des températures assez basses. On peut en cette saison, piquer sur le gazon des ar- bustes à feuilles persistantes et panachées, très-nains, pour faire des dessins à compar- timents, qui seront d’un effet assez heureux jusqu’au retour du printemps. Le mode d’or- nementation dont nous venons de parler est dû à M. Morin, jardinier chef de l’une des plus jolies villas des environs de Paris. C’est un devoir de rendre hommage au bon goût de ce praticien distingué. Ed. André. 282 LI-: YEIl DES FRUITS. IK \m DES ElUJJTS Les ai'bres Iruiticrs sont entourés de nombreux ennemis dès le délmt de la végé- tation ; sans compter les chenilles grandes et petites (]ui dévorent les feuilles aussitôt qu’elles commencent à se développer, d’autres larves menacent les fleurs et les fruits. Parmi ces larves, connues vulgairement sous le nom de vers, les unes rongent les boutons à Heurs avant leur éclosion, tandis que d’autres s’introduisent dans le fruit aussitôt qu’il est formé et y passent toute la saison. Ce sont des mouches du genre Cécudomie et de petits papillons du genre Pifrale qui causent ces dégâts. Certaines espèces pondent à l’automne, à la liase du liouton à Heur, un œuf qui éclot à la tin de l’iiiver et dont la larve se met à dévorer ce bouton, qui alors ne s’épanouit pas; il est facile de les reconnaître et de les enlever. P’autres espèces pondent au printemps dans l’ovaire d’une Heur épanouie et au mo- ment où le fruit commence à nouer : ce sont ces dernières qui causent le plus de dégâts, à ce point même que dans certains jardins tous les fruits sont véreux. L’espèce la plus commune est la Pyrale des Pommes {Tortrix carpocapsa pomo- nana), dont la chenille vit exclusivement dans les Pommes et dans les Poires. Après la fécondation, la femelle dépose un œuf dans la Heur épanouie ou dans l’œil du fruit à peine noué. Aussitôt éclose la jeune che- nille, un peu moins grosse qu’un fil, pé- nètre peu à peu dans l’intérieur. Nous avons également la Pyrale des Prunes et des Abricots, qui ressemble beaucoup à la précédente ; et enfin la Pyrale des Châtaignes, très commune dans les bois des environs de Versailles. Nous ne parlons pas de la Pyrale de la Vigne qui malbeureu- sement est trop connue dans les pays vi- gnobles. Indépendamment des Pyrales qui sont de très-petits papillons crépusculaires, cer- taines mouches viennent aussi pondre un œuf au centre des Heurs de nos arbres fruitiers. Nous citerons : La Cécudomie du Poirier, qui cause la chute d’un grand nombre de jeunes Poires. Lorsque celles-ci prennent une forme sphé- roïde et qu’elles noircissent, on peut être sur qu’elles contiennent une larve. Il faut enlever ces Poii’es « ealebassécs » et les brûler, ou écraser le ver qui s’y trouve. La Sciure des Poires, ((ni ressemble beaucou}) à la précédente et qui cause les mêmes dégâts. Orlalidc des Cerises, dont la larve se rencontre dans certaines variétés de Guignes et de Bigarreaux. La Mouche de l’Olive, etc. Ces insectes, (>ar leur petitesse, sont fort difliciles et même impossibles à détruire directement, mais on a découvert le moyen de les éloigner ; après avoir essayé de di- verses substances, on a reconnu que le vi- naigre avait ce pouvoir. Il suftit donc, au moment où les fleurs sont épanouies, d’asperger les arbres avec de l’eau vinaigrée : — un décilitre de vi- naigre pour dix litres d’eau. — On peut bassiner à deux reprises avec une seringue à trous tins, P au moment où les fleurs viennent de s’épanouir, 2® au moment où les pétales commencent à tomber ; l’odeur du vinaigre éloigne mouches et papillons. Ce procédé a été ex(3érimenté et a donné d’excellents résultats ; les arbres fruitiers traités de cette sorte sont restés couverts de fruits sains, tandis que d’autres, placés dans les mêmes conditions, ont perdu leurs fruits ou bien ceux qui sont restés étaient tous véreux. Le remède est peu coûteux et facile à employer ; il est à désirer que les expériences déjà faites se trouvent confir- mées. Un petit coléoptère du genre charançon, le Rynchiles Bacclius, attaque également les jeunes Poires ; la femelle de cette jolie Lisette, qui est d’un beau rouge très-bril- lant, (lerce avec son rostre les petites Poires nouvellement nouées et dépose dans le petit trou un œuf qui éclot en quelques jours ; la larve creuse une galerie dans le fruit, dont elle occasionne la chute au bout d’un mois environ. Pour atténuer le mal que cause cet insecte, il faut enlever tous les fruits piqués. Tous ces soius sont minutieux et ne peuvent être employés que dans les jardins de moyenne étendue, c’est-à-dire où il y a peu d’arbres. Dans les grands jardins et dans les vergers, on est obligé de compter sur les oiseaux pour nous débarrasser de tous ces insectes qui pullulent de plus en plus à mesure que les Becs fins deviennent EPIPIIYLLUM GII3S0N1. — O.\II{RA(il0 DES SERRES A ORCHIDÉES. 283 plus rares ; ce sont ceux-ci surtout : fau- vettes, traquets, bergeronnettes, rouges- gorges et roitelets, etc., qu’il faut protéger et dont on doit empêcher la destruction. Ces charmants oiseaux, qui sont la gaîté de nos jardins et de nos champs, se nourrissent toute rannée, soit des insectes, soit de leurs œufs, qu’ils sont constamment occupés à rechercher ; il faut donc protéger leurs nids et leurs couvées, ce que l’on ne saurait trop recommander aux enfants, surtout dans les écoles rurales, en leur faisant connaître la nécessité de conserver ces utiles auxi- liaires. Cil Chevallier. El'llMIYLLUM GIBSONl Si nous ne pouvons dire d’où cette espèce est originaire, nous pouvons, par contre, affirmer qne c’est une charmante nouveauté. M. Crépeaux, horticulteur, 31, rue Lacor- daire, à Paris, l’a achetée en Allemagne en 1885. C’est une plante ramifiée, à ramifi- cations très-aplaties, rappelant un peu celles de V Epiphijllum tr uncatuni ; elles sont étalées, puis tombantes. Fleurs dressées, puis pendantes, à l’extrémité des jeunes ramilles, ordinairement réunies par 2-4 parfois même 5, et alors pressées et comme monstrueuses, constituant des masses d’un beau rouge orangé foncé, d’une nuance toute particulière. Les divisions pétaloïdes, assez nombreuses, se relèvent légèrement, et donnent à l’ensemble des fleurs un as- pect un peu campaniforme ; elles sont assez largement ouvertes, et produisent un très- bel effet. A la base du calyce, qui est composé de petites écailles jaunâtres appliquées, se trouvent des poils droits, raides, de 8 à 15 millimètres de longueur, (jui viennent encore ajouter à la singularité de l’en- sendjle, et qui donnent à cetle plante un caractère tout particulier d’originalité. La culture est la même que celle de VEpiphylinm truncat um, c’est - à - dire (pi’elle se bouture avec une grande facilité. On peut également multiplier cette forme par la greffe sur certaines espèces de Cereus et notamment sur les Pereskia. Suivant que l’on grefie plus ou moins haut, on obtient des plantes à tige unique, surmontée d’une tète qui prend beaucoup de développement et se couvre de fleurs qui produisent un très-bel effet ornemental. \j Epiphyllum Gibsojii se place à côté de VE. triincatmn, avec les variétés duquel il pourra probablement s’hybrider, et, par son coloris tout particulier, il produira des variai ions nouvelles dans ce groupe qui en contient déjà tant. E.-A. Carrière. OMBRAGE BES SERBES A ORCHIDÉES Il est nécessaire, pendant les mois d’été, de diminuer l’ardeur des rayons solaires au moyen d’un système d’ombrage que l’on place sur ces serres ; de ces systèmes d’om- brage, ceux qui sont mobiles devront toujours être préférés à ceux qui sont fixes, car on peut les enlever dès qu’ils cessent d’être utiles. Cela explique le fréquent usage des claies, mais ce qui est générale- ment défectueux, c’est leur disposition. Quand elles sont appliquées immédiatement contre le verre, le soleil ayant un mouve- ment (apparent au moins) presque horizon- tal pendant quelques heures de la journée, ses rayons frappent longtemps à la même place quand ils passent entre deux barreaux d’une claie, et il en résulte sur les plantes des brûlures en lignes parallèles, très-nui- sibles. On remédie à cet inconvénient de la ma- nière fort simple que voici : On élève les claies à un pied au-dessus du verre, de ma- nière à ce que l’ombre portée par chaque baguette soit beaucoup plus large, et qu’il n’y ait aucune partie du vitrage au plein soleil, même quand il frappe perpendiculai- rement sur la serre. Pour élever ainsi les claies, sur les serres en bois, on place des traverses de bois paral- lèles à la pente de la serre, élevées chacune par deux ou trois barres verticales clouées sur la charpente. Les claies, sur ces barres, se manœuvrent de la même manière que si elles étaient pla- cées sur le verre. C’est ainsi que sont dis- posées plusieurs serres chez MM. Veitch, à Londres, et dans beaucoup d’établis- sements anglais. Quand il s’agit des serres en fer, on est obligé de mettre des tringles de fer, disposées ainsi qu’il vient d’être dit. Pour les Orchidées de serre froide, telles que Masdevallia, Odontoglossum cris- 284 l’érahle a sucre. pum, etc., (jiii redouleiil tant, la forte clia- lenr, si l’ombrage ii’est, pas suftisaiit, on peut al)aisser la teinpératui'e de la serre de plusieurs degrés en ouvrant tous les venti- lateurs autant (jii’il est ])ossil)le, et les recouvrant de toiles claires (pie l’on bassine assez souvent [)oui‘ maintenir les })lantes et la serre constaimnent humides. Ce (pie nous venons de dire pour les serres à Orchidées jieut, on le comprend, s’applicpier à toutes les serres. E. Kivoiron. i;i':kai!IÆ a suciie Parmi les arbres à grand développement (pie l’on emploie sous nos climats tempérés, })our la composition des massifs un peu re- clunxdiés au ])oint de vue de la décoration, l’Erable à sucre {Acer sacchavinum, Wan- genheim; syn.:^!. saccharum, Marshall; A. barbatum, Michaux), tient une honne place. Originaire de l’Amérique du Nord, où on le trouve à l’état spontané dans la région des grands I.acs, dans la Floride, le Minne- sota, leNéhraska, le Kansas et le Texas, ce hel arhre atteint jusqu’à 35 mètres de hau- teur, sur un diamètre de P“ 20 à la hase. Il recherche de préférence les terrains d’allu- vions riches et frais, où je l’ai vu former de vastes forêts, soit presque seul, soit mélangé à d’autres espèces. Son })ort, un peu raide et irrégulier, ac- quiert, au fur et à mesure du développe- ment de l’arhre, une grande élégance. L’écorce du tronc et des fortes hranches est d’un hlanc légèrement grisâtre, et produit un joli effet an milieu du feuillage abon- dant et léger; les feuilles, à cinq lohes, cor- diformes à la hase, sont glauques et glabres en dessus, vert jaunâtre en dessous; elles deviennent jaunes ou rouges à l’automne. Les tleurs, jaunes, sont réunies en corymhes courtement pédicellés. D’après cette courte description, on voit que les qualités ornementales de l’Érable à sucre sont précieuses. Au point de vue éco- nomique, les propriétés qu’il possède sont de premier ordre. En effet, son bois, dur, compact, fle- xible, à grain fin et serré, susceptible de prendre un beau poli, est employé pour la charpente et l’éhénisterie. Mais, c’est surtout comme producteur de sucre que cet arhre rend de grands services en Amérique, et c’est à ce point de vue que nous allons étudier les documents qui nous viennent des États-Unis et qui sont peu connus en France. C’est, en général, à partir de leur vingt- cinquième année que l’on commence à exploiter, aux Etats-Unis, les Erables })our la production du sucre. Avant cet âge, la (piantité de sève récoltée ne serait pas sufti- sante pour indemniser des frais d’exploita- tion. • L’extraction se fait tout simplement au moyen de trous ou sondages mesurant en- viron 1 centimètre de diamètre, et qui pé- nètrent souvent jusqu’au cœur de l’arhre. Chaque Erable ne doit supporter (ju’un sondage, chaque année, et celui-ci doit être fait sur la partie du tronc qui est ex})osée au midi. On obtient ainsi un rendement bien supérieur en quantité et en qualité à celui qu’on aurait en perforant l’arljre sur la face exposée au nord. Quant à la hauteur à la- quelle doit être pratiquée l’opération, voici ce que l’on a jusqu’ici constaté dans la plu- part des cas : D’un trou percé dans le bas de l’arbre, la quantité de sève écoulée est plus grande; mais la sève récoltée à une plus grande hau- teur contient proportionnellement beaucoup plus de sucre. Lors([ue l’on ne tient jias à réserver l’ave- nir, on perce sur un même arbre , un cer- tain nombre de trous ; on obtient ainsi un écoulement plus grand et surtout plus ra- pide ; mais aussi l’arbre en souffre, et ses récoltes futures sont rapidement compro- mises. Judicieusement effectués chaque année, les sondages ne fatiguent pas les Érables, et l’on voit des individus sur lesquels cette opération est faite régulièrement depuis cent ans, qui se portent aussi bien que d’autres, placés exactement dans les mêmes conditions, et qui n’ont jamais subi d’opé- ration. C’est au printemps, et même depuis le 15 février jusqu’en mai, suivant les localités et l’exposition, que l’on opère les ponctions. De curieuses remarques ont été faites à ce sujet. Ainsi, lorsqu’une tempête est sur le point d’éclater, l’écoulement de la sève di- minue et s’arrête quelquefois complètement ; après une pluie ou une chute de neige, la 285 SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. production de sève et de sucre s’accroît; le vent d’ouest est favorable, tandis qu’au con- traire, les vents d’est et du sud interrompent l’écoulement. Pour ce qui est de la production, on a constaté que, dans une saison, un arbre de bonne force peut fournir juscpi’à 80 kilo- grammes de sève, qui, par la simple évapo- ration, produisent environ 4 kilogrammes de sucre. C’est là un rendement très-sérieux, car les frais d’exploitation se bornent, pour la presque totalité, à ceux d’extraction, qui ne sont pas énormes, un homme pouvant opérer un nombre considérable d’arbres, et, à lui seul, récoUer leur sève. 11 ne reste plus ensuite qu’à en favoriser l’évaporation et à faire les expéditions. Jj’Acer saccharinum produit la majeure partie du sucre d’Erable récolté dans l’Amé- ri({ue du Nord. Deux variétés naturelles de cette espèce, VA. s. nigrum, Michaux, semblable au type, mais à feuillage plus sombre, et VA. s. floridum, dont les fleurs apparaissent avant les feuilles, tandis que dans VA. saccharinum la feuillaison et la floraison sont simultanées, ont à peu près les mêmes qualités saccharifères. Viennent ensuite VA. eriocarpum, Mi- chaux (syn. A. saccharinum, L., A. ru- hrum, var. paUidum, Aiton, A. clasgcar- pum, Ehrliart); VA. ruhrum, L. (syn. A. coccineum, Michaux, A. sanguineum, Spacb); VA. circinaium , Pursh (syn. A. virgatum, Rafin.; VA. macrophyllmn, Pursh (syn. A. palmalum, Rafin.), qui apportent aussi, dans des proportions beau- couj) moindres, leur contingent annuel de sucre. Mais le véritable Erable à sucre et ses deux variétés tiennent de beaucoup la tète dans cette production toute spéciale, et en dehors de la source de produits qu’ils consti- tuent aujourd’hui aux États-Unis, on peut aisément se rendre compte des services im- menses qu’ils ont rendus aux populations nord-américaines alors que les moyens ac- tuels de transports n’existaient pas, et que, par suite, il était impossible ou trop coûteux de faire parvenir le sucre de canne dans les régions éloignées du littoral. On a, plusieurs fois déjà, conseillé la plantation de l’Érable à sucre en Europe pour l’exploitation industrielle, mais on ne cite guère d’essais sérieux. Nous croyons que la valeur économique de l’arbre est de nature à appeler sur lui une attention qu’on lui a trop refusée jusqu’ici. Sa culture en grand, pour l’exploitation du sucre, pour- rait être l’objet d’encouragements sous forme de prix fondés, soit par le Gouverne- ment, soit par les Sociétés d’agriculture ou d’industrie. Ed. André. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 27 MAI -1886 Cette séance se ressentait de l’exposition gé- nérale de la Société : les apports étaient peu nombreux. Au comité de floriculture, M. Terrier, jar- dinier chez M. le docteur Fournier, à Neuilly, avait envoyé quelques beaux exemplaires d’Or- chidées fleuries : Aerides Fieldingii, à long épi de fleurs blanc lavé de rose vif; Cypripedium Laivrenceanum, Vanda teres, au feuillage junciforme; Lælia purpurata ; Odontoglos- suni citrosmum, O. vexülarium. — M. Dela- ville, marchand grainier, quai de la Mégisserie, à Paris : un Géranium de semis, très-vigoureux, à fleurs rouge foncé rappelant de très-près la variété Gloire de Nancy, et dont tout un ra- meau, par un cas intéressant de dichroïsme et de dimorphisme, portait des ombelles bien constituées, mais composées de fleurs doubles à pétales aigus, à peine plus longs que les sépales, blanc et rose saumoné; puis quatre beaux exemplaires du Crassula jasminea, charmante plante de marché, à fleurs nom- breuses en ombelles, blanc pur, très-odorantes. — M. Schwartz, jardinier chez M. Remercier, à Ragneux : une corbeille composée de plusieurs pieds de Reines-Marguerites en pleine floraison, avec un feuillage vert foncé, très-vigoureux. Au comité d’arboriculture d’ornement, M. Robert Lavallée présentait quelques rameaux fleuris d’arbustes peu connus, et cultivés dans l’Arboretum de Segrez : Syringa Œmodi, superbe Lilas à grappes énormes de fleurs rose pâle. L’exemplaire sur lequel les rameaux présentés avaient été coupés provient de graines envoyées de Pékin par le docteur Breitschneider ; Syringa Josikea, espèce plus répandue; Sy- ringa villosa, à petites grappes rose pâle ; Rosa chlorocarpa, espèce pimpinelliforme, à fleurs rose lavé de rouge vif, quelquefois réticulé de blanc; Exochorda Korolkowi, espèce nouvelle, découverte en 1878 dans le Turkestan, rus- tique, à petites fleurs légères, blanc pur. Au comité d’ arboriculture fruitière, un cor- respondant avait envoyé un jeune Pommier de trois ans, provenant de bouture ; le présen- tateur possède, paraît-il, un assez grand 286 l’enlèvemem des fleurs d’orchidées. nombre de Pommiers seml)lal)les o})tenus par le même procédé, c’est-à-dire par éclats de branches, rabattues à une hauteur de 35 cen- timètres environ, et enterrés sur les quatre cinquièmes de cette longueur. Ce genre de multiplication, intéressant au point de vue })liy- siologique. Test peu en ce (]ui concerne la pra- tique, car les Pommiers ainsi obtenus seraient moins productifs que ceux greffés comme on a coutume de le faire; — Par M. Bonnel, de Palaiseau, une corbeille de Cerises Guignes Jtâtives de mai, variété à beaux fruits, ti‘ès- précoce, puisque les Cerises présentées, bien mûres, avaient été récoltées en plein air sous le climat de Paris. Au comité de culture maraichère, ce dernier ])i'ésentateur avait envoyé quelques pieds de Fenouil de Florence, à renflement très-déve- loppé et blanchis par le buttage. L’ENLEVEMENT DES FLEURS D’ORCHIDÉES Le doute ne paraît pas permis, du moins à en juger par ce qui suit, que nous ex- trayons du Bulletin de la Soeiété d'aceli- mation sur la question de savoir si l’enlève- ment des fleurs d’Orchidées afîaiblit les ])lantes. Voici à ce sujet, ce qu’à écrit de Flugez (Haute-Marne), M. de Gonfevron : D’après mes observations, les Orchidées de pleine terre ne supporteraient pas d’être cueil- lies ou d’avoir leur tige coupée avant maturité de la graine, et si semblable mutilation se pro- duit, la plante meurt ou ne fleurit pas l’année suivante. Exemple, un coteau en nature de pelouse, et qui tient à mon habitation, avait, jusqu’à l’été dernier, été pâturé par des vaches qui respec- taient les Orchidées y fleurissant en assez grande quantité, surtout les trois variétés dési- gnées ci-après : Aceras jyyramidalis ! A. an- Iropophora et Ophrys hombiliflora. Au mois de juin 1884, le coteau en question où j’ai planté des arbres fruitiers a été fauché et les Orchis ont été coupés en pleine floraison, sauf quelques exceptions qui avaient été de ma part l’objet d’un jalonnement particulier. Or, cette année," aucun des Orchis fauchés non seulement n’a fleuri, mais même n’a re- poussé. Ce fait est, je crois, assez concluant, surtout venant corroborer des observations analogues laites dans des parages où l’année précédente on s’était livré à des moissons d’ Orchis des espèces ptirpurea et purpurea militaris. Ces observations très-judicieuses et confir- mées par l’expérience sont vraies, non seu- lement pour les Orchidées de pleine terre, mais même pour celles de serre. Elles sont également vraies pour un grand nombre de plantes du groupe des Monocotylé- donées, ce que nous avons constaté pendant plusieurs années mais sans y attacher d’im- portance, par exemple sur le Muguet com- mun, dans certains bois où cette plante était abondante. Dans diverses parties réser- vées où le public n’était pas admis et où par conséquent on ne cueillait pas le Muguet, la floraison était très-abondante et les fleurs en étaient très-grosses. Là, au contraire, où le public cueillait le Muguet chaque année, les hampes étaient rares et maigres, et les inflorescences beaucoup plus petites. Ce fait, du reste, ne constitue pas une exception, il se montre sur toutes les plantes formant souches et qui produisent des turions, soit sur des souches fibreuses, soit sur des plantes tuberculeuses ou bulbeuses, que ces bulbes soient souterrains, soit au contraire qu’ils soient aériens. Il semble qu’il y ait là, à la base de ces plantes, une sorte de réservoir qui doive toujours être alimenté, et ce qui contribue à leur alimentation, ce sont les organes de la végétation : fleurs, feuilles, etc. Ce sont ces organes qui, chez les Orchidées à pseudobulbes, déterminent la formation de ceux-ci. Des faits complètement analogues se montrent chez les Asperges. Tous les cul- tivateurs savent que si, pendant plusieurs années, sur les jeunes Asperges, on n’en- lève aucun turion, ils se convertissent en tiges et feuilles. Même, plus tard, lorsque les plantes sont fortes, on n’en coupe encore qu’un certain nombre, de manière à ce que les autres poussent et alimentent la souche, qui prépare alors la nourriture pour les turions futurs. Dans les Orchidées de serre, le fait est connu pratiquement; les horticulteurs sérieux, et sans s’en rendre compte proba- blement, l’observent avec une scrupuleuse attention. En effet, jamais ils n’enlèvent d’une plante une feuille ni un pseudobulbe avant qu’ils ne soient complètement pourris. Ce sont là des faits bien connus et sans doute beaucoup plus communs qu’on ne semble le croire. On pourrait même les généraliser et dire que l’on ne peut rien supprimer à un végétal quelconque, sans lui occasionner une souflrance, ni déter- miner une réaction. Ce qu’il faut donc, c’est combiner l’opération de manière à ne CORRESPONDANCE. 287 pas fatiguer les plantes et à ce que la réac- tion leur soit avantageuse dans un autre sens. C’est, du reste ce que produisent la plupart des opérations pratiques qui néces- sitent des suppressions, telles que taille, pinçage, ébourgeonnage, etc., etc. De tout ceci que doit-on conclure au point de vue particulier où nous sommes placés, c’est-à-dire celui de la suppression des fleurs ? Qu’il faut procéder avec une extrême réserve en tenant compte de la force et de l’effet des plantes. Il serait même avantageux, lorscfu’il s’agit de plantes culti- vées particulièrement pour la vente des fleurs, d’avoir plusieurs séries, de manière à les laisser reposer après qu’elles auraient été soumises à la cueillette. Mais ceci est un fait particulier qui ne peut être jugé que par l’exploitant. Nous avons posé la règle, aux praticiens à en déduire les consé- quences. E.-A. Carrière. CORRESPONDANCE No i775 (Rhône). — Vous vous étonnez de n’avoir pas reçu de réponse cà une demande de renseignement que vous nous aviez adressée il y a un mois, et vous ajoutez : « J’avais cepen- dant collé la bande d’adresse sur la carte pos- tale que je vous avais envoyée. » C’est proba- blement pour cela que vous n’avez pas reçu de réponse. Il est défendu de rien coller sur une carte postale ; on ne tolère que le collage des petites étiquettes portant le nom et l’adresse du signataire. Il est probable que la poste nous aura présenté sous enveloppe votre carte pos- tale en la taxant comme lettre affranchie, et nous l’aurons refusée. — Écrivez-nous à nou- veau, par lettre cachetée, et n’oubliez pas de joindre votre bande d’adresse à votre demande de renseignement. A. à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne). — Écrivez directement à M. Robert, horticulteur à Ghatou (Sëine-et-Oise). Nous ne pouvons nous charger d’envoyer à nos abonnés les cata- logues des horticulteurs. No 3291 (Drôme). — Le petit diptère qui ravage les plantes de votre serre a été confié par nous à un entomologiste qui nous en fera connaître le nom et les mœurs. Nous vous les donnerons dans notre prochain numéro, avec le moyen de détruire le mal, si nous pouvons le découvrir, après l’enquête à laquelle nous nous livrons. Quant aux Camellias, nous avons plusieurs fois constaté un dépérissement semblable à celui que vous déplorez. Nous n’y avons trouvé qu’un remède, après avoir essayé en vain des lavages ou des fumigations à la nicotine et autres insecticides : ç’a été de retirer foutes les plantes de la serre, d’en enlever le sol lorsque les sujets étaient en pleine terre ou de secouer les racines à nu, lorsqu’ils étaient en vases, et de renouveler entièrement la terre de bruyère, après avoir passé un lait de chaux mélangé de soufre sur toutes les parties intérieures de la serre. Après avoir enlevé et brûlé toutes les feuilles des plantes, puis taillé vigoureusement les rameaux, nous replantions à neuf et nous obte- nions une excellente végétation, sans voir repa- raître l’ennemi. Le procédé paraît héroïque, mais ne vaut-il pas mieux l’employer et être sûr du succès que de lutter par de petits moyens, toujours insuffisants, contre un mal invétéré? Les renseignements fournis par la Revue horticole sont toujours et absolument gratuits. M. F. B. (Varsovie). — Votre envoi de Cycla- mens à fleurs doubles nous est bien par- venu, ainsi que votre lettre. Nous reparlerons, dans la Revue, de cette intéressante question, qui prouve une fois de plus combien la simul- tanéité dans l’apparition de variétés, dans une ligne déterminée, est un fait fréquent, quoique peu observé jusqu’ici, faute d’une suffisante attention. M. Ch. B. (Indre-et-Loire.) — Pour visiter les très-intéressantes cultures de la Ville de Paris, à Gennevilliers, obtenues grâce aux eaux d’égout, il suffit d’écrire à l’Ingénieur en chef chargé de ce service, M. Durand-Glaye, à Gen- nevilliers (Seine), qui vous fera renseigner sur les jours et heures auxquels vous pourrez les visiter. On peut se rendre de Paris à Genne- villiers, en voiture, jusqu’auprès des cultures. Pour les feuilles jaunes dont vous parlez, certaines variétés le sont complètement, comme le Catalpa aurea, le Quercus concordia, etc. ; la plupart cependant ne le sont que par- tiellement. Gertaines retournent au type quand elles sont très-vigoureuses. On peut trouver ces variétés chez : M. Van Houtte, à Gand; Simon-Louis, à Metz ; André Leroy, à An- gers, etc. M. L. (Angers.) — Nous avons reçu votre Bülbergia en fleurs. Gette belle nouveauté sera décrite dans un prochain numéro de la Revue horticole. 3138. (Aude.) — Le traitement des Ro- siers qui doivent être préparés dès cette saison pour la culture forcée fera l’objet d’un article prochain dans notre journal. En attendant, vous pouvez leurlaisser effectuer leur floraison normale. r--' ! ! I, I i i 1 i 1 ' ]• ' [, i : i " f 288 COUUESPONDANCE. A()02. {Haute-Garonne.) — Nous n’avons pu insérer l’article que vous nous avez envoyé sur les « Cycles phyllotani(jues » ; il ne rentre pas dans les spécialités traitées dans C(ï n'cueil. Mais nous accueillerons volontiers ri nous in- sérerons toute communication sur un sujet nouveau intéressant l’horticulture pratique. Vous trouverez, dans un de nos })rochains nu- méros, des considérations étc'udm^s sur l’accli- matation d('s plantes et les conclusions que l’on est en droit d’en tirer. F. E. S. L. — Votre lettre n’est signée que d’initiales. Vous avez joint, il est vrai, à votre lettre, un fragment de bande d’adresse, mais ce fragment ne comprend que l’en-téte de cette bande, c’est-à-dire le titre du journal, et la date d’expiration de l’abonnement. En deman- dant de joindre la bande d’adresse à toute de- mande de renseignement, nous n’aurions pas cru avoir besoin d’ajouter que nos abonnés de- vaient nous l'envoyer sans en avoir enlevé au préalable leur nom et leur adresse. Il peut arriver, et il arrive que l’abonné dé- sire une réponse absolument anonyme., et nous demande de la lui faire sous des initiales déterminées, et sans la mention du numéro d’abonnement. Rien n’est plus simple, et nous ne manquons pas de le faire chaque Ibis qu’on nous en témoigne le désir. Mais cela n’empêche pas que nous ayons le droit de savoir, nous, par qui la question est posée. iV® 4205. (Yonne). — Si vous n’avez pas réussi en employant l’insecticide Fichet contre la maladie qui fait périr vos Melons, vous pourriez essayer les fumigations de tabac ou de nicotine par le procédé Boizard. Gomme un appareil vaporisateur coûterait trop cher et serait difficile à installer sous vos châssis, nous vous conseillons de faire vaporiser de la nico- tine sur des briques fortement chaulfées au préalable. Peut-être est-il bien tard et vos plantes sont sans doute trop atteintes pour res- sentir de bons effets de cette médication tar- dive ; mais, s’il vous reste encore des feuilles couvertes d’insectes, vous pouvez vous assurer de l’effet que le traitement que nous vous con- seillons produira sur elles. Si vous trouviez la dose exacte à laquelle la fumigation fait périr les insectes sans fatiguer la plante, nous vous serions obligés de nous la faire connaître. M. E. R. (Oise). — Pour vous procurer le Raisin Lignan blanc, adressez-vous à M. Pulliat, professeur de viticulture, à l’Insti- tut agronomique, à Paris, qui pourra vous donner le moyen de l’obtenir avec une entière certitude de l’identité de la variété. On ne sau- rait s’entourer de trop de précautions pour s’as- surer de l’exactitude des dénominations dans les vai’iétés fruitièi*cs demandées au com- merce. M. E. B. (Erfiirt.) — L’envoi que vous nous avez fait nous a beaucoup intéressés. Vous nous demandez notre avis sur les nouvelles variétés de Calcéolaires à fleurs striées que vous avez obtenues. Nous les trouvons très-remarquables. Pour avoir produit 20 à 25 p. 100 de cette forme, en diverses couleurs, après une génération ou deux, il faut que les types ({ue vous avez choisis aient été follement ébranlés. Nous vous conseillerions volontiers de suivre la sélection des meilleures variétés, tout en jirovoquant des hybridations avec les nou- velles formes de Calceolaria ruyosa et de ses dérivés. Nous serions bien aises d’être tenus au courant de vos découvertes en ce genre. M. G. S. H. (Hijères). — Le fait de floraison des Bambusa gracilis à llyères est très-in- téressant, mais il n’est pas isolé. Il nous est signalé simultanément sur plusieurs points du littoral méditerranéen, notamment chez M. le comte d’Éprémesnil, au Golfe Juan. G’est un curieux exemple de synchronisme à ajouter à ceux que l’on connaissait déjà. Ne pourrait-on aussi supposer que les plantes qui fleurissent actuellement proviennent peut-être de la sépa- ration d’un pied unique, dont elles ne seraient, en quelque sorte, que le prolongement? Nous avons vu ce fait se produire pour des Astrapea Wallichii, toutes les boutures prises sur un même pied se mirent à fleurir en même temps que le pied mère, bien que les unes fussent à plusieurs centaines de lieues les unes des autres, et que la culture à laquelle elles étaient soumises différât beaucoup dans les diverses localités. No 2045. (Haute-Saône.) — Si vous voulez traiter avec le sulfate de cuivre vos Vignes attaquées par le mildiou, faites dissoudre 3 ou 4 kilogr. de ce sel dans 100 litres d'eau et mettez-y tremper vos échalas pendant dix ou douze jours s’ils sont en bois fraîchement coupé et pendant trois semaines au moins s’ils sont en bois vieux. Au bout de ce temps, vous les mettrez sécher à l’air et à l’ombre. La dis- solution s’atfaiblit par le trempage, on lui rend de la force en faisant dissoudre un demi-kilo- gramme ou un kilogramme de sulfate de temps en temps. L’effet des échalas ne se produira contre le mildiou que la première année. Il se- rait bien plus simple et bien plus sûr d’accoler vos Vignes avec de la paille ou des liens trem- pés pendant douze heures dans une dissolution faite à raison de 5 ou 6 kilogr. de sulfate de cuivre par 100 litres d’eau, ou bien encore d’asperger les ceps avec cette dissolution, à ' l’aide d’un pulvérisateur ou d’un balai. L’Administrateur- Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 289 CIIHOMQUE IfORTICOLE Le temps. — Distinctions à l’horticulture. — Société des rosiéristes français. — Extension du Phylloxéra. — Précautions à prendre contre le Pcronospora de la Vigne et des Pommes de terre. — Les récompenses au concours régional agricole de Dijon. — Meeting horticole de Gand. — Cultures à contre-saison. — Fécondation des plantes dioïques à de grandes distances. — Rusticité du Chorisia spcciosa. — Impatiens llawkeri, — Le doyen des Acacias en Europe. — L’âge que peuvent atteindre les Pêchers. — Énorme tloraison d'un Yucca cjloriosa. — Dimorphisme du Rosier Gloire de Dijon. — P/iyllirea Vilmoriniana. — Le Riz de montagne. — Le vin de Colchique. — Désinfection des cuvelles ou baquets à Lauriers. — Les égouts de Paris. — Remplacement de M. Édouard Morren. — Concours pour une chaire de viticulture à l’école d’agriculture de Montpellier. — Expositions annoncées. Le temps. — Bien que nous n’appre- nions rien à personne en disant que le temps qu’il fait est défavorable aux cultures en général, nous, croyons cependant — ne .serait-ce que pour servir à l’histoire de la météorologie — devoir constater les irré- gularités atmosphériques qui n’ont pas cessé de se produire pendant le mois de juin. Le mois de mai avait été trè.s-heau, sec, et surtout chaud; puis est arrivé le mois de juin avec de nombreux orages ; enfin une série de jours de pluie avec une température basse et même froide. Qu’en résultera-t-il? Si on devait avoir une entière confiance dans le proverbe : « Frais mai, c/iaud juin, amènent pain et vin », il est évident que nous n’aurions pas grand’cliose de bon à espérer. Distinctions à Bhorticulture. — A la suite du concours régional lenu récemment à Dijon, la décoration du Mérite agricole a été décernée à notre collaborateur M. Weber, jardinier en chef du jardin botanique de Dijon. C’est une récompense bien méritée et que, certainement, tout le monde hor- ticole constatera avec plaisir. M. Weber, inspecteur et directeur des plantations de la ville de Dijon, fait aussi des cours et des conférences d’horticulture et d’arboriculture tant à l’école normale et aux instituteurs, qu’au public en général. A la même occasion, M. Jules Ricaud, de Beaune, également un de nos collaborateurs bien connu de nos lecteurs pour ses études viticoles, a été l’objet d’une distinction semblable, à laquelle nous sommes heureux d’applaudir. Une autre décoration, cqWq à’ Isahelle-la- Catholique, vient d’être accordée à notre col- lègue et collaborateur, M. Jules Lachaume, directeur du Jardin d’acclimatation de la Ha- vane, pour les nombreux services qu’il a ren- dus à l’horticulture coloniale, en général, et 1er Juillet 1886. tout particulièrement à la suite de l’Exposi- tion d’Amsterdam, à laquelle il avait pris part, en exposant une très-remarquable col- lection de libres textiles, provenant de plantes sauvages et de plantes cultivées, notamment de quatre variétés nouvelles, qu’il a découvertes dans file de Cuba. Société des rosiéristes français. — Tout récemment, à la suite du Congrès horticole tenu à Paris, il a été fortement question de créer, à Paris, une Société de Rosiéristes français qui, à l’exemple du Congrès pomologique, aurait à examiner les Roses nouvelles et à se prononcer sur leur valeur, de façon à éviter les déceptions de tout genre sur le mérite des variétés si souvent exagéré ou dénaturé. Voici, du reste, quelques extraits qui résument l’in- tention des sociétaires fondateurs et dé- montrent le but qu’ils se proposent d’at- teindre. Bs sont tirés d’une lettre collec- tive écrite par MM. Simon (Léon), de Nancy, et Cochet (Scipion), de Suisnes : Nous avons résolu de profiter de ce Congrès qui réunit un grand nombre d’horticulteurs et d’amateurs de Roses, pour proposer Ça forma- tion d’une Société française de rosiéristes. Vous savez les services qu’a rendus et que rend chaque année, aux cultivateurs de fruits, la Société pomologique de France, par la créa- tion de listes de fruits de choix, et par l’étude des fruits nouveaux ou peu connus. Nous voudrions voir former pour les Roses une Société analogue à celle-là. Il est certain que la Rose n’a pas l’impor- tance commerciale des fruits. Elle en a cepen- dant une assez grande. Outre les spécialistes, tous les horticulteurs cultivent plus ou moins les Rosiers ; les amateurs et collectionneurs sont nombreux. Le nombre des variétés existantes est énorme, sans parler des Dictionnaires de Nietner et de Singer, qui contiennent 4 à 6,000 noms, plusieurs catalogues de maisons honorables contiennent 1,000 à 2,000 noms. C’est évidemment trop et cependant chaque 13 290 CHRONIQUE HORTICOLE. année voit mettre en circulation de 50 à 100 va- riétés nouvelles ou soi-disant telles. Si nous possédions une Société sérieuse (d active de rosiéristes, aucune Rose mise au com- merce, sans lui avoir été pi’ésentée et sans avoir eu son aj)probation, ne trouverait d’ache- teur. Le commerce et les amateurs ne seraient plus exposés à })ayer 50 fr. une Rose (jue l’on possède parfois depuis de nombreuses années. La Société ayant son centi'e à Paris, pourrait avoir des sections dans les villes où la culture de la Rose est la plus répandue. Elle pourrait, chaque année, tenir une ses- sion dans une de cos villes, ainsi que le fait la Société ])omolog'ique de France. Les frais de cette Société devant être peu considérables, la cotisalion pourrait être faible. Nous croyons que nous pouvons espérer le patronage de la Société nationale d’horticul- ture de France et son hospitalité pour les réu- nions de la Société projetée. Nous vous proposons, si ce projet vous semble utile, de nommer une commission chargée de rédiger des statuts et de faire appel aux rosiéristes. La plupart des questions proposées au Con- grès n’ayant pu être l’ésolues, faute de temps, la demande ci-dessus a été renvoyée à une prochaine session où, occupant un bon rang, elle sera discutée et acceptée, nous en sommes convaincus. Voilà une très-bonne idée, à la({uelle nous nous empressons d’applandir, et dont nous souhaitons la réalisation. Extension du phylloxéra. — On lit dans le Journal cV agriculture pratique : Plusieurs taches phylloxériques viennent d’être découvertes près de Phili})peville (Al- gérie). Les mesures les plus énergiques sont prises par l’administration de l’agriculture pour éteindre ce nouveau foyer. On annonce également que le phylloxéra a été constaté dans l’arrondissement de Mont- luçon (Allier), jusqu’ici considéré comme in- demne. Puisque l’expérience de tous les jours démontre que les mesures générales prises contre la circulation des végétaux n’empêche nullement la marche du terrible insecte, pourquoi ne pas rendre la circulation de tous les végétaux libre de toutes entraves, à l’exception de celle de la Augne, (jui est la seule plante sur laquelle vit le phylloxéra. Cela n’empêcherait nullement l’administra- tion supérieure de prendre toutes les me- sures jugées nécessaires pour combattre le lléau partout où il apparaîtrait. De cette ta- ! Qon, toutes les garanties contre l’extension { sei'aient conservées et toutes les entraves | apportées au commerce disparaîtraient, | Précautions à prendre contre le Pe- ronospora de la Vigne et des Pommes de terre. — La série de jours de pluie que nous venons de traverser aura certaine- ment pour etlet l’augmentation des ravages du Peronof^pora, tant sur la Ahgne que sur la Pomme de teire. Pour la première, atta- quée par le /h vilieola, (jui a déjà fait son appaiRion dans l’iléi'ault, l’Ailier, etc., les remèdes étant aujourd’hui connus, il suftit de redoubler d’attention et d’employer à temps les moyens curatifs. Quant aux Pommes de terre, que ravage le P. infes- tans, M. Max. Cornu recommande d’es- sayer si des solutions de sulfate de cuivre à 1/200^ employées en aspersions, ne produi- raient pas le résultat désiré. Les récompenses au Concours régio- nal agricole de Dijon. — A ce concours, qui s’est tenu à Dijon, du 29 mai au 6 juin 1886, l’horticulture a été remarqua- blement partagée; elle a reçu les récom- penses suivantes : Cnlture maraiehere, 12 récompenses, dont un diplôme d’honneur. Arhoriculture, 12 médailles. Floriculture, 63 médailles. Arts et industries horticoles, 12 mé- dailles. Prime d'honneur. — Aucun des ex- posants n’ayant réuni les conditions pour obtenir cette récompense, elle a été con- vertie en trois médailles d’or, grand mo- dule, accompagnées chacune d’une somme de 300 fr. et réparties entre MM. Pierre Nolotte, Sylvain AO’ennot, Paul Loisier, tous trois horticulteurs à Dijon. Meeting horticole de Gand. — Dans sa dernière réunion du 14 juin, le comité de la Chambre syndicale de Gand a dé- cerné les récompenses suivantes : Ccrlificats de mérile. — M. Ed. Pynaei t van Geeit, pour le Furjus atropurpiirea tricolor ; ^EM. Jacob Makoy et C'°, de Liège, pour le Pan- danus discolor, présenté pour la première fois en Heurs sur le continent; M. Aug. Van Geert, pour le MasdevalUa macrura ; M. Jules Hye-Leysen, pour le Cijpripedium grande et le Callleya M osbiœ ; Xi'S] . Vervaet et Ci°, pour VOdontoglossiim Pescalorei var., et le Vanda insignis; M. Ch. van Geert, d‘Anvers, pour le Scunbucus comidensis fiUcifoUü Certificat de belle cidtnre. — IM. L. Desmet- Duvivier, pour VOdontoglosswn vcxillarium. Menlioa.s honorables. — MM, Jacob Makoy et Ci-, de Liège, pour le Caraguata sangninca ; M. Ed. Pynaeit van Geert, pour VElœodendron (Aralia) Chabrieri ; M. Desmet-Duvivier, pour le Pavella montana ; M. Bernard-Spae, pour le CHRONIQUE HORTICOLE. 291 P/tœnix senegalensis ; M. Alex. Dallière, pour le Crolon Gladstoncl ; Fr. Desbois et pour le Ceanot/nis americanus flore pleno ; M. Aug. Van Geert, pour le Sohralia macrantha nana; MM. Vervaet et G'®, pour le Calllega Mossiœ var. Cultures à contre-saison.— On nomme ainsi les cultnres dont les produits arrivent à une épo([ue anormale, mais par une cul- ture tout à lait opposée au forçage, c’esl-à- dire par le retardagc, ce qui est bien plus difficile. Les espèces qui ont été soumises à ce Iraitemenl sont des Zinnias et des Reines- Marguerites, plantes annuelles, qui lleu- rissent à rautomne de l’année où ont été semées les graines. Celles dont nous parlons, qui avaient été semées au printemps, ont commencé à fleurir à l’automne dernier ; elles se sont succédé sans interruption depuis cette époque, et, à l’heure qu’il est, certains exemplaires n’ont pas même fleuri. C’est à M. Schwartz, jardinier chez M. I.emercier, à Bagneux (Seine), que nous* devons cette nouvelle et intéressante culture, dont le dernier mot n’est pas dit. Ce n’est pas seulement quelques plantes que cultive M. Schwartz ; nous en avons vu chez lui par centaines, toutes dans les meilleures conditions possibles de végétation. Fécondation des plantes dioïques à de grandes distances. — Si aujourd’hui l’on connaît bien les organes sexuels à l’aide desquels s’opère la fécondation des plantes, il n’en est pas précisément de même quant aux phénomènes qui la déterminent, sur- tout lorsqu’il s’agit de plantes dioïques, c’est-à-dire dont les organes sexuels sont placés sur des individus différents. Certains Padmiers, notamment des Dattiers, ont donné lieu à ces fécondations à- grandes distances, dont on parle parfois, et qui ont vivement excité la curiosité publique. Deux faits de ce genre se sont produits à Marseille, et nous en devons la connaissance à un de nos collaborateurs, M. Paul Giraud, qui nous écrit : Voici un fait curieux de fécondation qui s’est produit chez moi sur un Dattier. L’arbre paraît avoir une trentaine d’années. Stérile jusqu’ici, il m’a donné l’année dernière quatre régimes de Dattes mangeables, mais à fruits petits et bien inférieurs à ceux que nous envoie l’Afrique. Il a été fécondé par un autre Phœnix dactyli- fera mâle, qui était placé à plus de 1,000 mètres de distance. Il y a une quarantaine d’années, alors que les Palmiers étaient tellement rares à Marseille qu’on pouvait les compter, un Dattier femelle situé à Saint-Louis, sur la route d’Aix, fut fé- condé par un mâle qui était du côté opposé de la rade, à Montredon, â plusieurs kilomètres de distance. Le fait fut consigné dans les Annales provençales. Rusticité du Chorisia speciosa. — Cette belle et rare Bornbacée brésilienne est relativement rustique et pourrait peut-être même prospérer en pleine terre dans cer- taines localités du midi de la France. En Al- gérie le fait n’est guère douteux ; à Lisbonne, elle ne souffre aucunement de l’hiver. Tout récemment notre collaborateur, M. J. Da- veau, nous écrivait : (( Comme curieux exemple de rusticité, je vous citerai encore celui du Chorisia speciosa, qui, ici, ne souffre aucunement du froid. Toutefois, planté en pleine terre depuis six ans, il n’y a pas encore fleuri bien qu’il ait déjà atteint 7 mètres de hauteur ; son tronc, robuste, d’un beau vert, sur lequel tranchent de nombreuses épines coniques d’un cliatain clair, est remarquablement beau. » Impatiens Hawkeri. — Voici, d’a- près le Gardeners’ Chronicle, l’histoire et la description sommaire de cette belle nou- veauté, qui est destinée à une place de pre- mière importance dans la décoration florale des jardins et des serres. Originaire des îles de la Mer du Sud, où elle a été découverte par le lieutenant Haw- ker, cette Balsamine, qui rappelle un peu, mais avec des proportions considérablement plus grandes, V Impatiens Sidtani, a les feuilles finement dentées, elliptiques acu- minées. Ses magnifiques fleurs sont très- grandes, étalées, de la plus riche couleur carmin foncé brillant. Cette couleur est en- core relevée par une sorte de disque bleuâtre qui entoure le centre ou œil blanc de la fleur. Le sépale dorsal est arrondi et les deux lobes latéraux oblongs et bilobés ; l’éperon est rouge et long de 5 centimètres. La floraison, très-abondante, a lieu depuis mars jusqu’en octobre. Grâce à la facile multiplication des Im- jKttiens par le semis, nous verrons bientôt dans les cultures l’J. Hawkeri, qui est mis au commerce par la maison W. Bull, de Ghelsea (Londres). Le doyen des Acacias en Europe. — M. Maxime Cornu a récemment présenté aux membres de la Société nationale d’agri- culture de France un rameau fleuri qu’il avait coupé sur le premier Acacia (Robinia P seado- Acacia), introduit en Europe. Cet 292 CHRONIQUE HORTICOLE. arbre, 01‘ig'inaire des États-Unis, fut apporté en IGOl, par Jean llol)in, au Muséum d’his- toire naturelle, où il existe encore. L’âge que peuvent atteindre les Pêchers. — Les Pêchers, en général, ne restent pas de longues années en bon état de végétation ; il est rare qu’après leur tren- tième année, qu’ils soient gretïés sur Aman- dier ou sur Prunier, ils continuent à végé- ter avec vigueur et à bien fructifier. J.e Journal of horticulture a signalé cepen- dant plusieurs cas qui font une exception bien marquée à cette règle. En Amérique, dans le Maryland, on voit des Pêchers de soixante à soixante-dix ans, en bon état de production; on cite même un exemplaire. Agé d’environ cent ans, dont le tronc at- teint 70 centimètres de diamètre et qui pro- duit encore de très-bonnes Pèches. La plu- ])art du temps, l’affaiblissement de ces arbres fruitiers provient de l’épuisement du sol où ils croissent, et l’on peut facilement prolon- ger leur existence en amendant et en culti- vant avec soin le terrain qui les nourrit. Énorme floraison d’un Yucca glo- riosa. — La Revue horticole a parlé, l’année dernière (1), d’un Yucca gloriosa monstre qui existe dans la propriété de M. Édouard Martell, à Gbanteloup, près Cognac (Charente), et qui mesurait à cette époque 12'“ 50 de tour. M. Gaucher fds, jardinier-chef dans cette propriété, nous écrit pour nous informer que cette plante, dont les dimensions se sont encore accrues, porte, actuellement, 37 tiges florales sur chacune desquelles on compte en moyenne 200 fleurs. Il paraît, et nous nous en ren- dons facilement compte, que cette plante est d’une beauté éblouissante, formant une énorme gerbe fleurie, qui rappelle, dans la hardiesse de son port, un bouquet de feu d’artifice. Dimorphisme du Rosier Gloire de Dijon. — Cet « accident », comme on dit dans la pratique, était signalé récemment dans le Journal des Roses ; il consiste dans la production spontanée sur un pied cà fleurs pleines, comme l’est cette variété, d’une branche partant des fleurs « entièrement simples », c’est-à-dire à cinq pétales seu- lement. Notre confrère signale aussi sur ce Rosier cet autre fait « de la production, sur le même pied, des fleurs de couleurs diffé- (1) Voir Revue horticole 18S5, p. 75. rentes. » Ce dernier fait n’a rien qui puisse étonner; nous l’avons souvent constaté, non seulement sur celte variété, mais sur beau- coup d’autres. Quant au premier fait, il n’est j)as plus étonnant que la production spontanée d’une fleur pleine sur une plante dont les fleurs sont normalement simples. Au lieu de voir dans ces faits des « bizarre- ries de la nature, » il faut y voir des consé- quences naturelles de principes ignorés. Phyllirea Vilmoriniana. — Cette es- pèce, qui est certainement la plus belle du genre, possède à peu près toutes les qualités que doit présenter une plante ornementale. Vigoureuse, s’accommodant de presque tous les terrains, elle est à feuilles persis- tantes, épaisses, coriaces, longuement et largement saliciformes. De février à avril elle se couvre de fleurs lilanches qui ont une certaine ressemblance avec celles d’un Cliionantbe, avec lequel, du reste, la plante a de l’analogie dans tous ses carac- tères d’ensemble. Disons, toutefois, que sous le climat de Paris il arrive parfois qu’elle gèle, non complètement, mais assez cependant pour fatiguer ses feuilles et perdre sa floraison. Cet inconvénient est plu- tôt une question de milieu que le fait du froid proprement dit ; nous avons vu geler la plante à 8 degrés de froid à Paris, tan- dis qu’à Orléans elle supporte 10 et même plus sans fatigue. Le Riz de montagne. — Le R. P. Cam- boué , missionnaire à Madagascar, vient d’expédier à la Société nationale d’Acclima- tation un certain nombre de graines de Riz Antavij ou Paz de montagne. Les essais de culture de cette plante, dans les régions sèches et chaudes de la France, présenteront un grand intérêt, car elle est on ne peut moins difficile sous le rapport de la fertilité du sol et des soins de culture. Voici, d’après le R. P. Camboué, de quelle manière les Malgaches la cultivent : « Les habitants des forêts mettent le feu aux ar- bres et sèment ensuite leur Riz sans grande difficulté. Tenant d’une main un petit bâ- ton aigu, avec lequel ils font un trou dans la terre, ils y laissent tomber de l’autre quelques grains de Riz et les recouvrent avec le pied. La rusticité de ce Paz doit en- gager nos cultivateurs à essayer l’intro- duction de cette plante, pour le midi de la France, pour l’Algérie, la Tunisie, ou toute autre de nos colonies des régions chaudes. 1 CHRONIQUE HORTICOLE. 293 Le vin de Colchique. — Les propriétés toxiques du Colchique (Colchicitni aidum- na(e), viennent d’occasionner, dans de sin- gulières conditions, la mort de plusieurs personnes. Lors des troubles qui ont eu lieu récemment à Chicago, les insurgés, entre autres déprédations, mirent à sac un maga- sin de liqueurs alcooliques parmi lesquelles se trouvaient quelques bouteilles de vin de Colchique, dont la couleur se rapproche beau- coup de celle du Sherry. Huit individus qui en absorbèrent sont morts empoisonnés, et beaucoup d’autres sont gravement malades. Le Colchique est rré([uemment employé en pharmacie, surtout dans le traitement de la goutte et des rhumatismes. Désinfection des cuvelies ou baquets à Lauriers. — Les bacs et caisses, dans lesquels on place les Orangers, Lauriers roses, Crenadiers, etc., lorsqu’ils sont soli- dement et élégamment construits, coûtent toujours fort cher ; aussi beaucoup de per- sonnes emploient-elles à cet usage, par raison d’économie, des tonneaux hors de service. Ces tonneaux sont, en raison de leur état, de peu de durée, et après deux ou trois années de ce nouveau service, ils doi- vent être remplacés. Les fûts ayant contenu du pétrole sont beaucoup plus solides, les douves beaucoup plus épaisses, étant en outre cerclées de fer; mais beaucoup de personnes hésitent, avec raison, à s’en ser- vir, craignant que le pétrole, qui a pénétré le bois dans une certaine épaisseur, ne porte préjudice aux plantes ainsi encais- sées. M. F. Burvenicb a indiqué, dans la Revue de llwrticidture belge, qu’il suflit, pour parer à cet inconvénient en désinfectant complètement les fûts, de placer ceux-ci, après avoir enlevé un de leurs fonds, au- dessus d’un feu bien flambant de paille ou de menu bois, de manière à carboniser légèrement la paroi intérieure. Au préa- lable, on aura dû percer d’une demi-douzaine de trous le fond conservé, pour favoriser la combustion. Le bois, ainsi carbonisé, ne conserve aucune trace d’odeur de pétrole. Pour éviter que les cuvelies vides se dis- loquent par la sécheresse, on doit sim- plement [les renverser, la partie ouverte contre terre, et boucher les trous de drai- nage. L’humidité du sol suffit ainsi à mainte- nir le bois dans un degré sufüsant d’humi- dité. Les égouts de Paris. — Le dernier Riilletin de la Société des Agriculteurs de France donne, d’ainùsune récente commu- nication (leM. Durand-Claye, des indications fort intéressantes sur les cbilfres formidables de la production journalière des égoûts de Paris, et sur l’utilisation des matières qui en proviennent. lia ville de Paris cherche à augmenter la quantité d’eau disponible, alin de faire jour- nellement disparaître tout ce qui serait pro- jeté dans le réseau des égoûts. On s’est préoccupé du chiffre final auquel il faudrait arriver. Aujourd’hui , pour ‘2,^200,000 habitants, il y aurait 320,000 à 340.000 mètres cubes par jour à enlever de l’égoût. Cette quantité s’accroîtra lentement; or, si la ville réalise les achats de sources projetés dans le département de l’Eure, on pourra aller jusqu’à 500,000 mètres cubes à l’entrée aux égoûts. Quant aux surfaces de terrain destinées à utiliser les eaux d’égout, on aura prochai- nement employé 2,000 hectares, et il est possible d’en trouver 8,000 à 9,000 entre Achères et Paris. A Berlin, on possède 5.000 hectares réservés dans un but ana- logue, en vue des éventualités futures. Remplacement de M .Edouard Morren. — La chaire de botanique de l’Université de Liège, laissée vacante par la mort de M. Edouard Morren, vient d’être pourvue d’un titulaire. Elle a été confiée à M. le doc- teur Gravis, savant bien connu, qui, du reste, était l’assistant de l’illustre professeur que l’horticulture regrette. Concours pour une chaire de viticul- ture à l’École d’Agriculture de Mont- pellier. — Les personnes qui désirent concourir devront en faire la demande au Ministère de l’Agriculture, le 15 juillet ait gAus tard. Les conditions à remplir sont indiquées sur le programme qui sera adressé aux candidats, sur leur demande. Les exa- mens commenceront le 9 août, à Mont- pellier. Expositions annoncées. — A Lyon, du 9 au 13 septembre prochain. Adresser les demandes au secrétaire de l’association hor- ticole lyonnaise, à Lyon. — A Troyes, du 16 au 20 septembre. Adresser les demandes au secrétaire de la Société horticole, vigne- ronne et forejstière de l’Aube, à Troyes. E.-A. Carrière et Ed. André. « 294 LES RAISINS DE TAREE A CULTIVER DANS LE MIDI DE LA FRANCE. LES RAISINS DE TAREE A CULTIYER DANS LE MIDI DE LA ERANCE J»aisins irès-})récoces : Madeleine ange- vine^ Malingre, Lignan, Précoce de Vil- morin. .l’appelle llaisins très-jirécoces ceux qui, régulièrement, comuienceni à mûrir dans notre Midi dans le courant de juillet. Ils sont encore peu nombreux et ils laissent tous à désii’er. La Madeleine angevine est le plus liàtif des premiers llaisins; elle a mûri ses pre- mières grappes le 0 juillet 1882, année très-précoce, et le 2ü juillet en 188.3 et en 1884, années où la maturité des fruits fut très-retardée. C’est aussi le meilleur des llaisins hâtifs, l’im des plus lieaux et des plus fertiles; sa vigueur est exubérante et c’est probablement à cette qualité qu’il doit le défaut capital de millerander (couler) d’une manière constante et très-grande, .l’ai diminué notablement ce défaut en le greffant sur des Vignes françaises très-faibles ; au contraire, je l’ai augmenté en lui donnant pour sujets des Vignes américaines. Un très-grand développement de la cliar- liente, la taille extra-tardive, corrigent en partie le vice capital ({ui a retardé la pro- pagation et la culture de cette variété. Toutefois, ce llaisin a trop de mérites })our qu’on n’essaye pas de le corriger de ce seul défaut ; on y parviendra sûrement par des croisements judicieux; mes efforts de huit ans n’ont pas encore abouti. J’indi- ({uerai, dans un travail sur les fruits à obte- nir, le moyen certain de se procurer une Madeleine angevine parfaite. Le Malingre mûrit deux ou trois jours après la Madeleine angevine ; il est d’une fertilité excessive, exige une taille très- courte et un développement moyen de sa cliar})ente pour conserver sa précocité. La petitesse de ses grains, sa grappe moyenne, ne lui permettent pas de lutter avec les Ijeaiix Chasselas d’Algérie qui arrivent ici vers la mi-juillet ; aussi sa culture se res- treint-elle chaque année. Le Lignan {Joannenc charnu) a com- mencé à mûrir le 14 juillet 1882, le 28 en 1883 et 1884, le 2G en 188.5. Il est très-cultivé dans le Var, mais on le délaisse dans les Bouclies-du-Pvlione, parce que, traité comme les autres Vignes, à la taille longue comme à la taille courte, il donne des produits insuffisants. Il produit de nondireiix, beaux et bons Raisins lors- qu’on peut lui accorder un très-grand déve- lo])pement de charpente et ({u’on lui applique la taille à crochets et un ébour- geonnement sévère. Son beau fruit ambré est recberché sur nos marchés iiour la con- sommation locale et l’expédition. Le Précoce de Vihnorin est le nom donné par le comte Odard à un llaisin oli- tenu de semis }>ar M. Régnier, d’Avignon, qui l’avait appelé I^récocc de Vaucluse. Cette variété, du plus grand mérite, ne s’est pas répandue parce que les ampélo- graphes le croient identique au Lignan. .le puis afürmer (jue c’est une erreur. C’est très-prohahlement un semis de Li- gnan, dont il a conservé la plus grande partie des caractères, mais sa grappe est plus ailée et bien plus volumineuse ; son grain est moins ambré et son aspect moins séduisant. Il est aussi bon, mais de deux à trois jours plus tardif. 11 ne mûrit, dans les années tardives, que vers la fin de juillet, quelquefois même dans les premiers jours d’août. Très-vigoureux comme le Lignan, il a moins d’entrenœuds, est bien plus fertile et s’accommode de la taille ordinaire et d’un développement moyen. S’il était plus hâtif, il serait parfait ; son croisement avec la Madeleine angevine donnerait très-probahlement le Pvaisin très- hâtif cherché. Il n’y a pas de Raisins noirs ou roses, de quelque mérite, qui mûrissent régulière- ment en juillet. IL Ischia et le Précoce de Hongrie sont à trop petites grappes pour la vente ; le der- nier est un Pineau très-hâtif, bien distinct des diverses variétés ({ue j’ai reçues de M. Pulliat; il est d’une grande fertilité, bien vigoureux, et il pourrait certainement rendre des services pour les vignobles du Nord. Comme Raisin de table, il ne mérite pas la culture et il reste un Raisin de collec- tion. Je ne puis indiquer le Portugais bleu que sur la recommandation de M. V. Pul- liat. Il avait échappé à mon attention comme Piaisin de table lors de sa description, en 1870, dans le Vignoble. Je connaîtrai sa précocité, son mérite, au point de vue qui m’occupe, dès l’année prochaine, . l’aide du greffage sur de vieux sujets. Paul Giraud. LES CYPRIPEDIUM RUS'I'IQUES. 295 LES C\TRirEI)IlJM UUSTKIUES Kii liorticiiltiiro, il est impossiljle de s’ar- rêter daiis la voie du progrès. Si jolies cpie soient les plantes récemment obtenues ou introduites, si attrayants que puissent être certains })rocêdês de décoration des jardins et des appartements, leur succès, à part (piel- ques exceptions, n’est jamais de longue du- rée ; aussi l’amateur et le jardinier, soucieux de toujours ménager à leurs visiteurs des surprises agréables, doivent-ils être cons- tamment à la reclierclie d’innovations. Sous ce rapport, la culture à l’air libre de certaines Orchidées à jolie tïoraison nous paj’aît des plus intéressantes, et une col- lection de ces plantes, habilement réunie dans un jardin, près d’un endroit de repos, charmera non seulement les amateurs, mais toute personne aimant les fleurs. I.’objection de la non-rusticité des Orchi- dées ne peut être introduite, à ce sujet, du moins pour un certain noml)re d’entre elles, et, ainsi que nous l’avons fait pour recom- mander leur culture comme plante d’appar- tement (1), nous allons, pour un des plus intéressants genres de cette famille, les Cypripcdium, examiner dans quelles con- ditions on peut cultiver un hon nombre d’espèces en plein air. Nous avons puisé sur ce sujet des ren- seignements précieux dans un article sur les cultures de Ed. Leeds, amateur distin- gué, que vient de publier le Gardeners' Clironicle. Pour oljtenir des plantes bien développées, on emploie des paniers ou terrines de di- mensions relativement grandes, jwuvant avoir jusqu’à 50 centimètres de diamètre, sur 25 centimètres de hauteur; un drainage occupant au moins le tiers de cette hauteur est ménagé. Le compost à employer est le suivant : une brouettée de débris de paille décomposée, ou de terreau de feuilles, un quart de terre franche sableuse, un quart de plâtras pulvérisés et un quart de sable Jdanc, fin et propre. Les racines de Cijpri- pedium sont placées près de la surface, en recouvrant la « couronne » d’une poignée de sable fin. Il faut autant que possible favo- riser le développement de mousses au-des- sus des paniers, autour de la couronne, et celui d’herbes à faible développement auprès du bord de ces paniers. (1) Voir Revue horticole^ 1882, p. 282. La séparation des foi'tes toullès doit se faire en octobre, el les jeunes })lanles (|ui en résulteront sei’onl placées aussitôt après sous châssis, pour facililer leur reprise. A la belle saison, on sort les ])lantes et on les })lace (le manière (ju’elles reçoivent les rayons du soleil jusqu’à dix heures du matin seulement. Il n’est ])as nécessaire de ga- rantir les Cypripcdium ainsi tiviités conlre les pluies d’automne, car l’épais drainage que nous avons indiqué plus haut, les mousses et les herbes qui se dévelo})pent à la surface des paniers, suffisent pour empê- cher une humidité surabondante. L’expérience a démontré que les espèces qui s’accommodent le mieux de la culture de plein air sont les C. acaule, puhesccns, Ccd- ccolus et occidenUdc, puis le C. apectahilc, pour lequel, seulement, le compost employé doit être de quatre paidies de terre de bruyère tourbeuse et de une partie de ter- reau de feuilles. Mais ces Cypripcdium, quoique très-intéressants, ne sont pas les seuls que l’on puisse cultiver ainsi. Voici d’autres espèces très-ornementales, dont la rusticité a été reconnue, à la suite d’expé- riences réitérées : C. macranthiim. Cette espèce supporte bien la culture en plein air, mais elle semble se fatiguer après la floraison. On doit augmenter pour elle la proportion de terre franche, que l’on rend poreuse en y ajoutant des tessons ou un peu de cliarhon de bois, le tout finement pilé. Il est néces- saire de la surveiller lorsque la floraison est passée, car, si les feuilles meurent trop vite, les racines ne se développent pas normalement; elles ne mûrissent bien que si les feuilles restent vertes au moins deux mois après la floraison. Le C. yuttatiim est une espèce sibé- rienne que l’on retrouve même dans les environs de Moscou, et qui produit de jolies fleurs blanc pur, pointillées de carmin; il est bon de la conserver l’hiver sous châssis froid, pour la sortir ensuite dès le premier printemps. Le C. occidentcde, récemment introduit de la Californie, est un des plus rustiques ; il croît vigoureusement dans un endroit humide et ombragé. Viennent ensuite les C. arietinum, ccdi- fornicum eiccmdidiwi, qui, bien qu’ayant déjà réussi en plein air dans diftérentes 296 WELWITSCHIA MIRARILIS. conditions, n’ont }>as suffisamment fait leurs preuves pour que l’on iiuisse les recom- mander d’une façon certaine. En résumé, il y a dans la culture des Gypripèdes de plein air un élément inté- ressant de plus pour la décoration des jar- dins. Dans le nord de la France, il sera prudent néanmoins de rentrer ces plantes à partir d’octofire jusqu’à avril, sous châssis froid. Cette })récaution, qui ne présente aucun désavantage, permettra de soigner plus aisément les Gy})ri})èdes soumis à cette culture. Ed. André. AVKIAVITSCIIIA MIIIABILIS De tous les genres compris dans le grand et important groupe des Conifères, aucun, certainement, n’est plus étrange que celui qui a été dédié au célèbre voyageur anglais. Fig. 76. — Cône du Wehvitschia mirahilis, de grandeur naturelle. Fig. 77. — Fleur grossie du Wehvitschia mirabilis. le docteur Wehvitsch, qui, dans son explo- ration du centre de l’Afrique, a découvert cet étonnant végétal. A ce sujet, nous croyons devoir citer quelques extraits d’une lettre que ce voyageur écrivait de Loanda à sir AVilliam Ilooker, à la date du 16 août 1860 : Sous les latitudes du pays de Benguela, c’est-à-dire du 10c au 16® degré de latitude australe, en pleine zone torride, la Flore est déjà tout autre que celle des environs de Saint- Paul de Loanda qui lui contine au nord (à peu près sous le 9® degré). Le botaniste est surpris d’y voir apparaître, sans transition, d’autres espèces, d’autres genres et même d’autres fa- milles de végétaux. Un trait particulier de cette végétation aussi luxuriante que variée est le Fig. 78. — Wehvitschia mirabilis, port réduit au 1/5. grand nombre de Lomnthus parasites sur presque tous les buissons, qu’ils décorent de leur brillant feuillage, ainsi que des Mimosées épineuses couvertes de Roccella (lichen dont on extrait une brillante teinture pourpre) et qui exsudent de leur écorce crevassée de la gomme arabique de première qualité. Dans les jardins de Benguela, surtout le long des rives de la Columbella (entre les 9® et 10® degrés), tous les légumes d’Europe sont cultivés avec le plus grand succès ainsi que tous les arbres fruitiers des pays tropicaux et tempérés : les Citronniers et les Orangers, l’Olivier, la Noix de Cachou, l’Ananas, le Figuier, la Vigne, le Grenadier, VElæis, le Bananier, les Anones WELWITSCHIA MIRABILIS. 297 et les Corossols etc., etc. La Vigne y produit (leux fois l’an, et, à chaque fois, donne des Rai- sins d(3licieux. Les jardins de Mossamédès offrent un curieux assemblage de végétaux de toutes les zones. On y voit prospérer côte à cote le Bananier et la Pomme de terre, le Manioc et le Blé, la Canne à sucre et le Lin, rOrge distique et toutes les variétés de Pa- tates, etc. Cependant sous la latitude meme de Mossamédès (entre le 15^ et le ICc degré), V Ananas^ V Anacardium et VElæis ou Palmier à huile, ne viennent plus, ce qui semble indi- quer que cette ville est sur la limite de la zone équatoriale. L’absence presque totale d’ Algues marines sur près de 30 milles géographiques (environ 55 kilomètres) des côtes qui séparent Mossamédès du cap Nègre est aussi un fait à remarquer. C’est à 100 ou 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, à quelques milles en deçà du cap Nègre, sur un plateau où la végé- tation est comparativement maigre, que le docteur Welwitscli a trouvé le curieux végétal sur lequel le Gardeners’ Chronicle, d’après M. Naudin, appelait l’attention. « ... C’est un arbre nain par la hauteur de sa tige, qui ne dépasse jamais 1 pied, géant par la grosseur de cette même tige qui a souvent 4 pieds ou plus (l'“ 32) de diamètre. Ce qui n’est pas moins surpre- nant, c’est que cet arbre n’a jamais que deux feuilles, ses deux feuilles séminales ou cotylédons, qui durent autant que lui, c’est- à-dire plus de cent ans, et prennent avec Page des proportions démesurées, car elles dépassent fréquemment une toise (2 mètres) en longueur sur 2 à 3 pieds (60 centimètres à 1 mètre) de large; elles sont ligneuses et découpées en nombreuses lanières qui s’étalent sur le sol. Du centre de l’énorme plateau caulinaire, que le docteur Welwitscli compare à une table ronde, s’élève un court pédoncule floral divisé dicliotomiquement et dont les ramuscules portent, à leurs extrémités, des cbatons ou jeunes cônes (fig. 76), à bractées imbriquées sur quatre rangs et qui contiennent une masse de fleurs serrées (fig. 77), en apparence poly- games, à 6 étamines et à un seul style ; les an- thères paraissent avoir trois loges et les stig- mates sont peltés. Après la floraison, les cônes grandissent et acquièrent à peu près la grosseur du doigt, sur 4 à 6 centimètres de longueur. Cet étonnant végétal étant désigné par les indigènes du pays sous le nom de Tumho, M. Wehvitsch proposa d’en faire le genre Tiimboa, faisant observer qu’il n’est probablement pas le seul de son genre dans cette partie de l’Afrique, et que de nouvelles explorations en feront sans doute découvrir d’autres espèces. » M. Naudin ajoute : « Ces prévisions étaient probablement justes, car depuis la communication que nous venons de rap- porter, on a découvert d’autres sujets qui présentent des caractères différents : 4 feuilles ou organes cotylédonaires au lieu de deux ; le docteur Welwitsch incline aussi à voir là le type d’une nouvelle famille. » Depuis le temps déjà éloigné où ces lignes ont été écrites, des botanistes voyageurs ont aussi trouvé, même dans des localités diffe- rentes, mais toujours dans des conditions analogues, des Welwitschia, notamment M. Daines, dans le pays des Danaras. Tout récemment, l’amiral Ribourt en adressait deux pieds au Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne. Il les avait recueillis au sud du Gabon, à Mossamédès, et comme l’un d’eux a survécu au voyage malgré les mutilations qu’on a dû lui faire subir pour le faire entrer dans une caisse, nous avons tenu à en donner une figure (fig. 78) et une description, d’autant plus que c’est le pre- mier sujet qui ait vécu en France. C’est le 5 mai 1885 qu’il arriva au Bois de Boulogne. La terre qui entourait les ra- cines, et qui était très-forte, excessivement argileuse et sèche, se détacha, de sorte que le pied fut mis complètement à nu. Du reste, il était à peu près dépourvu de ra- cines et le peu qu’il possédait se bornait à quelques rares chevelus ou fibrilles. M. Pa- trie, le jardinier en chef du Jardin d’Accli- matation, le mit dans un pot de 14 centi- mètres de diamètre, dans du sable sec pris dans le Bois de Boulogne, auquel il ajouta quelques particules de terre de bruyère fibreuse, puis le plaça sous un châssis en plein soleil, sans jamais l’ombrager. Mais comme la partie des cotylédons que l’on avait conservée était pourrie, il fallut les (( rapprocher » jusqu’à 5 centimètres du pied. Malheureusement les extrémités se dessèchent et pourrissent presque au fur et à mesure de leur élongation, qui pourtant tend à gagner du terrain. Le pied ou support, qui constitue une masse solide, très-dure et ligneuse, mesure, en dehors du sol, 15 centimètres de hau- teur, 22 de longueur sur 12 d’épaisseur; il s’élargit régulièrement à partir du sol. Quant à la masse centrale, elle est tout à fait ligneuse, sèche, d’un gris noir, d’une dureté presque métallique. Les cotylédons sont d’un vert blond, minces, unis, de con- sistance de cuir fortement durci. La partie 298 IlYIiRIDKS D’a/.ALEA M()[,I.IS ET DE RHODODENDRONS. (lo la masse d’oi'i pai'lciit les cotylédons est d’un vej'l pàl(', zone coinmc la hase des co- tylédons, ce (jiii annonce un niouvenienl sensible de véi^étation. I)e])uis son arrivée, cette plante n’a été arrosée qn’nne fois au coniinenceinent de février deiaiier. J)n reste, c’est la condition nine (jua non pour la conserver : jamais d’immidité. A son arrivée à P, iris, la plante [lortait ])rès du centre, sur la partie ([ni louclie au départ des cotylédons, une dizaine de cc'mes analoi^'ues à celui ([iie représente la figure 70, mais beaucoup plus petits et de ditlerentes [grosseurs. Il arrive fi’écpiemment ([u’il transsude de la [larlie centi’ale une résine de couleur am- brée très-odorante. (ie cui-ieiix végétal, certainement uni(pie dans son genre, appaj tient au grand gi’oupe des Conitèi’es; il fait partielle la famille des finélacées , elle -même si remarcpiable jiar ses caractères botani([ues et surtout par la végétation singulière des sujets (ju’elle c.omjirend, et (jui, parfois réduits à des ar- bustes pres(jue tuméfiés, constituent ([uel- ([uefois de grands arbres, ramjiants ou grimpants, très-rarement dressés. E.-A. Carrière. inmUDES ITAZALEA MOETiS ET DE RDODODEMiHOAS l.a floraison des Azalea mollis, qui vient de se terminei', a mis une fois de plus en lumière les qualités supérieures de ces plantes au point de vue ornemental. L’ab- sence de feuillage, défaut que la beauté de leurs fleurs fait vite oublier, peut être cor- rigée par l’adjonction de plantes feuillues in- tercalées: des Kalmia latifoHa en K. I. myr- tifolia, par exemple. Dans les appartements ou dans les serres, cette nudité relative est même un avantage, car on peut mélanger à volonté les inflorescences de feuillages appar- tenant à d’autres [liantes, et nous avons vu obtenir ainsi de délicieux effets décoratifs. Mallieureusement, ces charmantes fleurs sont trop peu variées. Sur une douzaine de couleurs distinctes que possèdent les jardins, — bien qu’un plus grand nomlire soient indiquées dans les catalogues, — il ne faut guère en compter ([ue quatre qui soient très-tranchées. 11 y aurait donc inté- rêt à obtenir des nouveautés tout à fait dif- férentes de ce que nous possédons. C’est un vœu que formulait M. Carrière à la fin d’un article sur ce sujet, dans les termes suivants : Nous appelons tout particulièrement l’atten- tion des horticulteurs sur l’avantage qu’il y aurait à hybiâder les Azalea mollis, en se servant comme porte-fleurs des Azalées d’Amé- rique ou politiques à Heurs très-colorées, qui font à peu près complètement défaut dans ce ty[>e. Pourquoi n’essaierait-on pas certains types de Rhododendrons rustiques, qui, après tout, sont organiquement très-voisins des Azalées? Qui sait ce qui pourrait sortir de ces croisements? Des choses très-curieuses, sans aucun doute. Avis aux hybrideurs, etc. (1). Or, ce conseil a été suivi avant d’être (1) Revue horticole, 1886, p. 115. donné, si l’on peut ainsi parler. Aux der- nières Expositions d’horticulture de Cand, on a pu voir des hybrides de ce genin. (Jes plantes, fort curieuses, étaient exposées par M. A.-L. Pœsseeh Elles avaient été olitenues A Azalea mollis fécondés par des P\hodo- dendrons hylirides. Le résultat de ce croisement a été des plantes intermédiaires entre les deux pa- rents. Nous en avons eu récemment sous les yeux deux variétés liien distinctes, à feuilles persistantes. La première présentait des feuilles rappe- lant celles de VA. mollis, mais plus fermes, longuement atténuées à la hase, glandulo- puliérulentes et glaucescentes en dessous, aiguës au sommet. Les fleurs, en capitules moyens, à corolles bien ouvertes, de grandeur moyenne, étaient d’un violet lilas. La seconde montrait des feuilles plus courtes, ellipti([ues, glabres sur les deux faces, de contexture plus ferme que la pre- mière. Les Heurs étaient roses, plus pales à la liase de la corolle. Ces deux variétés, d’une remarqualile précocité, étaient épanouies le D*’ mai, par conséquent liien avant les autres Pvhododen- drons hybrides de plein air. M. Pvosseel, qui les cultive, soit à Gand, soit dans son établissement de Tronchiennes, dit ([ue ces plantes sont rustiques et sup- portent bien la taille. Leur bois, tout en rappelant celui de VA. mollis, est plus gros; les jeunes pousses ressemblent également à cette espèce, et prennent par la suite l’aspect de celles d’un llbododendron, en se conservant semblables sur la plante. Elles ne supportent pas .«^ans l souffrii' 8 cà 10 degrés de froid. NETTOYAC.E DES EflEITS. 299 Doux qualités précieuses eliez ces nou- veaux liybrides sont leur lloriljondilé et leur lacililé à se forcer; on les amène facile- nient à lïeurir en janvier. Ce seraient de l)onnes })lantes de commerce si leur rnulti- })licalion était plus rapide. La greffe lier- i)acée ou le placage réussissent bien, mais il vaudrait mieux pouvoir les semer. Or, jusqu’à présent, ces produits sont restés des « mulets » ; ils n’ont point donné de graines. M. Rosseel a essayé de les féconder entre eux, dans le but de les em})éclier de retourner aux types originaires, par disjonc- tion, mais il n’a pas encore obtenu de succès dans cette voie, probablement à cause des anthères mal constituées. Au total, l’affinité n’est pas aussi grande qu’on pourrait le croire entre VA. mollis et les Rhododendrons essayés avec lui jus({u’à jirésent. Ce qui ne veut pas dire (|u’il ne faille pas essayer encore, essayer toujours. 7V//, tnj and tnj again, disent avec raison NETTOYAGE Après l’excellent article de M. Ch. Che- valier, puljlié dans le précédent numéro de la Revue horticole sur « le ver du fruit », on pourra s’étonner que nous revenions sur cette question, mais le sujet a un grand inté- rêt, puisqu’il s’agitdela production et surtout de la conservation des fruits, ce qui constitue une spécialité importante de l’arhoriculture. De même que dans l’article sus-désigné, l’ennemi consiste ici dans les infiniment petits, qui, du reste, sont toujours les plus dangereux, parce que, outre leurs faibles dimensions qui les mettent souvent à l’abri de nos poursuites, ils se nomment « légion » et ils paraissent souvent en quantité consi- dérable. *• Cet article étant essentiellement pratique, je ne rechercherai ni le nom ni les carac- tères scientifiques des déprédateurs, mais seu- lement les moyens de s’en débarrasser ou au moins de les éloigner. Quels qu’ils soient, au point de vue de l’horticulture on peut les ranger sous ces trois chefs : larves ou chenilles, coléoptères ou lisettes [suceurs- coupenrsj , papillons . Rien que ces derniers ne fassent point de mal par eux-mêmes, il n’en faut pas moins leur faire une guerre continuelle, parce qu’ils sont les procréa- teurs. Point de papillons, point d’œufs et par suite pas de chenilles. Donc guerre à mort aux papillons. Les moyens de défense sont de deux les Anglais. Seulement nous conseillons de varier les tentatives. Si les sujets choisis jusqu’à présent montrent une toudance à })rüduii‘c des sujets atro])hiés et stériles, (jue n’opère-l-on avec d’autres types, soit pui’s, soit déjà ébranlés, notamment les Azalées nudillorcs de Mortier, les Rhododendrons du Sikkim-ïlimalaya, du Népaul, du Roo- tan, de l’Assam, fùt-ce même les espèces du Moulmein et des îles de la Sonde, ((ui ont produit de si remarquables hybrides pour la culture sous verre? On pourrait es- sayer aussi une forme déjà hybridée, par exemple, ce Rhod. Cavroni dont nous avons décrit et figuré les belles fleurs par- fumées (1). Si la rusticité faisait d’abord défaut, on pourrait infuser ensuite, aux produits obtenus une sève plus robuste, et retrouver peut-être ainsi des plantes pas- sant franchement à la pleine terre. Ed. André. DES l'RUlTS sortes : la chasse directe, qui, lorsqu’elle est possible, est toujours la plus efficace, qu’il s’agisse de larves, de cheuilles, etc., et l’emploi d’insecticides liquides. La recherche directe consiste en une sur- veillance continuelle des insectes, quels que soient la forme ou l’état sous lesquels ils se trouvent. R arrive souvent qu’on ne voit pas les insectes et que leur présence est indiquée par des signes qui trompent rare- ment le praticien éclairé. Ces signes consis- tent surtout dans le recroquevillage des feuilles ; aussi lorsqu’on en aperçoit de roulées ou de repliées sur elles-mêmes, doit- on les enlever, car on peut être certain de trouver à l’intérieur un ver ou une larve ; il suffit alors d’écraser les insectes. Une autre précaution, également très-importante, est de visiter les feuilles qui se trouvent rappro- chées, soit l’une contre l’autre, soit contre des fruits et comme agglutinées, car c’est un indice à peu près certain que ce rappi*o- chement est produit par une larve quel- conque qui se prépare un lit pour se métamorphoser, par conséquent un abri pour sa progéniture. R faut avec soin arra- cher ces feuilles et les écraser ou les brûler. Ce qui est également très-important, lors- qu’il s’agit de fleurs réunies en quantité et surtout disposées en ombelles, comme dans (1) Voir- Revue horticole, 1885, p. GO, 300 PRIMEVERES DE CHINE. les Poiriers et les Pommiers, par exemple, c’est, aussitôt la floraisou passée, d’enlever les Heurs très-rapprochées, principalement celles qui ])araissent mal conlbrmées ou dont les jeunes fruits formant « calebasse » sont ordinairement ventiais et irrég'uliers, et jirennent ])romptement un grand développe- ment. Toujours ces fruits bossués renfer- ment un ver à l’intérieur, il faut donc les enlever, ainsi que les feuilles qui touchent aux fruits après lesquels presque toujours elles sont collées, car elles cachent un petit trou par lequel une jeune larve vient de pénétrer dans le fruit ou qui est sur le point d’entrer à l’intérieur. Quant aux quelques coléoptères (pii attacfuent, coupent ou perfo- rent les bourgeons, tels que lisettes, charan- çons, etc., etc., il n’y a guère, pour s’en déliarrasser, d’autre moyen que de leur faire la chasse directement, chasse d’autant plus ingrate qu’on ne la peut généralement prati([uer qu’après que les dégâts sont effec- tués, effet, on ne s’aperçoit de la pré- sence de ces ravageurs que lor.sque les bourgeons se fanent. Si on les visite tout de suite, on trouve au point piipié le dépréda- teni*, qu’alors on doit s’empresser de dé- truire. H’out ce ({ui précède constitue des indi- cations générales se lupportant à la chasse directe que l’on doit faire aux insectes rava- geurs de fruits. Outre ces moyens, qui sont assurément bons mais longs, il en est d’autres plus rapides et souvent aussi très- bons (piant aux résultats. Ils consistent dans de fortes aspersions de licpiides corrosifs ou insecticides (pi’on lance avec force sur les arbres, particulièrement sur les parties où sont dispersées les chenilles. Les liquides employés comme hase sont les suivants : savon noir, vinaigre, insecticide Fichet, ni- cotine, acide ptiénique, régénérateur Guil- hert, pétrole, etc., etc., auxquels on ajoute plus ou moins d’eau suivant la nature des végétaux, de manière à ne pas les fatiguer. E.-A Carrière. Peu d’espèces, dans ces dernières années, ont donné autant de variations que la Pri- mevère de la Chine. Aujourd’hui, les races fixées de cette jolie plante sont si nom- lireuses que plusieurs pages de la Revue horticole suffiraient à peine à en donner une description sommaire. Etcependant l’introduction delà Primevère de Chine dans les cultures est relativement récente, et la plante n’a pas commencé dès les premières années à varier comme elle le fait à présent. On peut, sans remonter bien loin, se rappeler le temps où l’on n’en con- naissait que deux formes : la plante primi- tive à fleurs roses, dont les fleurs, à cinq divisions en forme de couir et échancrées au milieu, étaient d’une teinte très-fraîche et très-délicate, et la variété à fleurs blan- ches, semblable au type par la forme de ses pétales. Puis sont venues les races trapues, telles que le Primnla sinensis erecta su- perha, à tiges courtes, portant de jolies Heurs d’un rose cuivré très-doux, mais mal- heureusement à demi cachées dans le feuil- lage. Presque en même temps apparaissaient les races à Heurs larges, frangées sur les bords, qui venaient faire une heureuse diversion. Un accident fixé a donné naissance à la série des variétés dites fUicifolia (à lèuilles de Fougère), type aussi remarquable qu’élé- DE CHINE gant, à feuilles allongées et qui, au lieu d’être larges et de se rapprocher un peu de la forme d’une feuille de Vigne, ce qui est le caractère de la plante sauvage, ont pris une forme générale, largement denté et, comme ondulée, qui rappelle un peu celle de quel- ques variétés du Pohjpodium vulgare, d’où le qualificatif qu’on leur donne. En même temps que les Primevères de Chine à Heurs frangées se fixaient et se perfectionnaient , on constatait , dans les races à fleurs ordinaires, des coloris tout nouveaux et remarquables par leur inten- sité : d’abord le rouge violacé, immédiate- ment multiplié par les horticulteurs pari- siens et encore populaire sous le nom de race Lapipe , et le rouge vif, obtenu dans les cultures de MM. Vilmorin, An- drieux et Bientôt ces mêmes coloris fu- rent olitenus dans les races à fleurs frangées qui déjà s’étaient enrichies des variétés marniorata, lilacina et hermesina, puis des rose enivré, eouleur de chair, pana- chées-striées, à Heurs doubles, pleines, semi- pleines, etc. Enfin, pour épuiser tout de suite l’énumération des principaux coloris, une race a paru en Angleterre, en 1884, (|ui se rapproche assez du bleu pour pouvoir être ainsi désignée sans trop d’exa- gération. Elle a à peu près la teinte de V Agératum du Mexique ou de la Campa- Reüiic Horticole. PiTnieoèi'cs de Chine punoécs . OBSERVATIONS SUR LE CONGRÈS POMOLOGIQUE. 301 müc marine. Cctic nouvelle variété graine peu et. est encore rare. Nous en dirons autant des Prinievères de Chine à Heurs doubles (jiii commencent à se récolter ]>ar nuances séparées. I.es vaiâations fournies par le Primula prænitens ne se liornent pas aux modi- i ica lions du coloris des tleui's : les liges sont devenues plus courtes et [)lus raides; l’ampleur des tleurs, considérée isolément, a augmenté dans une proportion consi- dérable, en môme temps que le nom- bre sur chaque tige en devenait plus res- treint par la disparition presipie constante des verticilles supérieurs de rintlorescence. Tandis ({ue, dans la jilante pi-imitive, les étages de Jleurs étaient au nombre de trois et parfois de quatre sur le même pied, les races tout à fait perfectionnées qui sont au- jourd’hui à la mode n’en présentent sou- vent qu’un seul, et quand il y en a deux, ils sont assez rapprochés l’un de l’autre pour se confondre pour ainsi dire en une seule masse de tleurs d’un très-bel effet orne- mental. La planche coloriée ci -contre pourra, OBSERVATIONS SUR LE On sait que les membres de la Société pomologique de France, auxquels s’adjoi- gnent les délégués des Sociétés d’horticul- ture, se réunissent tous les ans en Congrès pour juger les fruits nouveaux, admis préa- lablement à l’étude, et pour prononcer leur admission définitive ou leur rejet. Le Congrès tient ses sessions, cliaque année, dans une ville différente; il par- court ainsi successivement toutes les prin- cipales villes de la France et les principaux centres de production fruitière. Dans les premières années, les admis- sions de fruits ont été faites assez large- ment, mais depuis, envahi par d’innom- brables nouveautés, le Congrès s’est montré plus difficile et plus .sévère; maintenant, c’est à peine si cinq ou six fruits sont admis à chaque session. Nous sommes loin de nous plaindre de cette sévérité, qui donne à ses décisions plus d’autorité. Essayons de passer en revue quelques travaux du Congrès, non pour les critiquer, mais seulement pour faire quelques obser- vations nécessaires, tant au point de vue de l’intérêt général, que dans celui du Congrès dont nous reconnaissons l’autorité et la compétence. mieux qu’aucune description, donner une idée de ce que sont aujourd’hui les belles vai’iétés de la Primevère de Cbine. Tous ces coloris sonl fixés d’une manière très-satis- faisante et se reproduisent par le semis dans la proportion de soixante-quinze à cent })our cent suivant les races. Et les plantes ([ui, dans les lots des lions cultivateurs, ne reproduisent pas exactement le coloris voulu sont des formes de choix à tous les autres points de vue, vigueur et tenue des ])lantes, ampleur et forme des fleurs, etc., et elles peuvent souvent donner à l’amateur la satisfaction de voir apparaître dans .ses semis une variation nouvelle et encore inédite. A. qui revient le mérite d’avoir amélioré les Primevères de Chine ? A plusieurs hor- ticulteurs, sans aucun doute, mais nous n’hésitons pas à dii-e que la plus grande part revient à la maison Vilmorin, An- drieux et C^^^, dans les cultures de laquelle, chaque année, nous admirons ces plantes et où nous avons fait peindre la belle planche qui accompagne le présent article. E.-A. Carrière. CONGRÈS POMOLOGiaUE En 1881, .sur la propo.sition qui lui en a été faite, le Congrès a décidé qu’il réviserait la liste des fruits admis précédemment au catalogue, afin d’éliminer celles des va- riétés que l’expérience aurait fait recon- naître comme peu méritantes. Alors, dans une .seule séance, de l’asisemblée a prononcé la radiation de 88 variétés de fruits qui étaient portées depuis longtemps ; postérieurement, dans la session de 1885, nouvelle radiation de 55 variétés de fruits. Nous ne nous plaignons pas de la déci- sion générale prise par le Congrès en 1881, et nous croyons qu’en effet il était bon de revoir la liste des fruits admis depuis plus de vingt ans, d’autant plus que quelques- uns n’avaient pas donné ce qu’ils sem- blaient promettre, et que certains autres étaient surpassés de beaucoup par des va- riétés nouvelles ; mais nous croyons toute- fois devoir faire quelques observations sur la manière dont les éliminations furent faites et les radiations prononcées. Posons d’abord cette question : Comment procède-t-on pour l’admission des fruits proposés? Après avoir dégusté ces fruits, même plusieurs fois de suite, on décide qu’ils se- 302 OliSEKVATIOXS SUU LE CONdLÈS POMOLOdlnlIE. roiit oti 110)1 admis à l’Éludii. S’ils sont admis, on ])oi-lo ce l'ail à la coimaissanco do tons les mombres de la Société jiomoloiji'iqne et (le tonies les Sociétés d’iiorticnllm'e qui y sont atlili('‘es. Puis a[)rès une, deux on plu- sienrs années d’élnde, et avoir reçu les observations de divers ci'ilés, le Con^ri'S, s’ajijmyant snr ces observations, décide sur Tadmission ou le rejet délinitit du ou d(3S fruits pi‘0j)0sés. l.o)'S({u’nn fruit (‘st admis, il l’a été, g-é- néralemont, après avoir élé bien éindié ; il ne nous jiaraît doncjias possible de pronon- cer ])lns lard la radiation de ce fruit, du moins en une seule séance, et sans avoir entendu d’autres ojiinions (jue celles des membres présents. Selon nous, dans la cir- constance, on devrait suivre, pour la radia- tion du fiaiit déjà admis, le même système que pour l’admission elle-même, c’est-à-dire mettre cette radiation à rétude et faire connaître à tous les membres de la Société pomolog’ique ainsi qu’à toutes les Sociétés d’horticulture afti liées que l’on demande la radiation de tel fruit pour tel motif que l’on indiquera, de manière à provoquer les observations de tous. Qu’arrive-t-il, en effet, ]>ar la manière actuelle de procéder? La radiation est quel- quefois prononcée par une faible majorité, et sans même être motivée. En effet, le Congrès se réunit parfois dans des villes très-éloignées de Paris. Dans ce cas, il n’est guère composé que de très-peu de membres de la Société pomologique, et des délégués des Sociétés d’horticulture les plus proches, ainsi que des membres de la Société d’horticulture de la ville où est réunie le Congrès, de sorte que ceux-ci sont souvent en plus grand nombre ({u’ils l’étaient dans les réunions précédentes; d’où il ré- sulte que la végion se trouve en grande ma- jorité et impose ses opinions. Cette influence est telle, alors, que certains fruits qui avaient été rayés dans une session tenue à Orléans ont été rétablis dans une session tenue à Bourg. Cette manière de procéder est vicieuse, car l’on sait fort bien que tel fruit, qui est excellent dans une région, n’est souvent que l)on ou même médiocre dans une autre, et vice versa. Ce fait est si vrai que, dans sa dernière session, le Congrès l’a reconnu lui-même et a décidé ({ue : (( Les fruits re- connus l)ons dans une contrée seront adop- tés en ')nentionnant ee fait sur Je eata- logue. » Il nous semble que le Congrès aurait dù prendre cette sage mesure plus tôt et être b('ancoiq) plus cii'conspect dans ses radia- tions. Si nous pai’com’ons la liste dcîs fiaiits (pii ont été rayés du catalogue, nous l'econnais- sons que, en général, les décisions prises sont justes; néanmoins, il y en a (quelques- unes contre lesijuelles nous ci*oyons devoir pi'otester et nous connaissons beaucoup de pei’sonnes qui qiaidagent notre opinion. Ainsi, })ar exemqile, on a rayé la Pêche Cliancelière et le Brugnon Pilrnaston orange (qui sont poindant de beaux et lions fruits; on a également rayé les Poires Beurré Luizei et Fondante du Comiee (qui sont certainement meilleures que lieau- coup d’autres qui ont été maintenues. Et le Chasselas Coidard ? Cet ancien et très- beau Baisin ne méritait certainement qias d’être éliminé. One lui reproebe-t-on, en effet? De couler trop facilement, dit-on. Cela est vrai ; mais il est si beau, si vigou- i-eux, et, de plus, il est si facile d’atténuer sensiblement la coulure des fleurs : 'te en le qilantant en espalier an levante! en l’abri- tant lors de la lloraison; 2*^ en le greffant sur une variété productive ! Aussi la déci- sion du Congrès n’empêcbera-t-elle pas de le cultiver dans les jardins bourgeois, et l’on aura raison. Mais ce qui nous a le plus étonné, c’est la décision prise dans la dernière session (1885). Ainsi, parmi les fruits rayés, nous trouvons la Pêche Bourdine et la Poire Beurré StereJnnans, deux fruits méritants. La Pêche Bourdine ou Royale est un de nos plus anciens fruits; elle est origi- naire de Montreuil, où elle est cultivée, ainsi qu’au potager de Atersailles, depuis deux cents ans; il semble donc qu’on aurait vraiment dù avoir égard à son ancienneté, d’autant qilus que c’est une de nos qilus grosses et de nos meilleures Pêches et des plus tardives. Si sa culture a été un peu aliandonnée à Montreuil, c’est parce que le commerce recherche les Pêches colorées et que celle-ci ne l’est qias beaucoup ; on lui préfère depuis peu la Sahvag, une variété anglaise, clont le coloris est qdus accentué, mais qui lui est de beaucoup inférieure comme qualité. Nous sommes bien convaincu que le pré- sident du Congrès n’a pasdù laisser prendre cette décision sans faire des observations, car voici comment il apprécie la Bourdine dans les Fruits à cultiver : c( ... C’est une excellente Pêclie, fine de chair, bien sucrée, bien juteuse, bien qiarfumée, d’un goût vi- neux; arbj*e fertile. » Dans la PomoJogie LE (iENÉVRIER EN CRIMÉE. (le la h'rancr, or^aiiodcs |)i-é(*c(lenles déci- sions du Coii{^'i‘ès j)oiHol(),L;i([iie, on qualifio ainsi c(‘ liaiil : « C(dl(i Ix'llo et délicieuse IV'clie, de loule première qualité, niniât (In courant à la lin de septenilire ; récoltée par nn tcniips sec, et mangée vingt-quatre lieur(}s après, ccsl la Pèche la plus extpdse. » Du reste, tous les traités de po- mologie disent que c’est la meilleure des Pèches tardives. Et voilà le fruit que l’on raye aujourd’hui, sans motif apprécialile. E’est une décision contre laquelle le Congrès devra revenir, car cette Pèche est toujours très-cultivée et très-appréciée à l’École na- tionale d’horticulture de Versailles; elle l’est et le sera toujours dans les jardins hourgeois, car non seulement le fruit est beau et lion, mais l’arhre est vigoureux, rustique et fertile. Et quand on pense qu’après avoir rayé la Pèche Bourdinc, on a laissé subsister une Pèche qui n’est presque plus cultivée, la Téton de Vénus, dont le fruit ne mûrit presque jamais et dont l’arlire n’est pas pro- ductif, on n’est pas disposé à avoir une con- fiance absolue dans les décisions du Congrès. Nous l'éclamons aussi contre la radiation LE EENÉVRIE de la VoiTe Beurré Sterckmans. On pourra peut-être dii-e (ju’elle n’est pas de toiit(î pre- mière (pialité, mais elle est liien coloiûe, assez grosse, tardive et, en somme, bonne pour la saison on elle ai*rive à maturité; l’arbre est vigoureux et surtout très-pro- ductif. On en a certainement maintenu sur le catalogue qui ne la valaient pas; elle est très-appréciée dans les environs de Paris, où, du reste, on la trouve dans presque tous les jardins. Si M. Ch. Paltet ent été présent à ce Congrès, il n’eût ceidaine- ment pas laissé rayer ce fruit qui ligure parmi les Cent bonnes Poires, et dernière- ment encore, il en faisait l’éloge et la re- commandait avec d’autres Poires tardives. Nous espérons qu’à l’avenir, le Congrès agira avec plus de réserve et qu’il exami- nera longuement et attentivement les rai- sons sur les([uelles on pourra s’appuyer pour demander la radiation de fruits déjà admis, et que les motifs de ses décisions seront publiés comme pour les admissions. C’est la seule manière de donner de l’au- torité à ses jugements et de les faire accepter par les pépiniéristes et les amateurs. Ch. CUEVALLIER. R EN CRIMÉE T.e Genévrier élevé (Juniperus excelsa) est très-répandu en Crimée. « In Martian (montagne formant le cap Nikita, près du Jardin impérial du même nom) sola cum J. Marschalliana ( Oxijeedrus) sqlvam constituit », dit Steven dans son (( Verzei- ehniss der auf der taurischen Ilalhinsel wildwacJisenden Pflanzen ». Cette foret do Genévriers est une cause d’eiiiharras pour les jardins fruitiers du voisinage, c’est un foyer d’infection permanente pour les Poiriers, qui soutirent heaiicoiq) du Gyrn- nosporancjium fuscum. La lutte pour l’existence est liien dure pour ces arbres fruitiers, d’autant plus qu’ils sont aussi attaqués par le puceron lanigère, comme les Pommiers. On conseille de ne pas tolérer de Genévriers près d’un jardin fruitier. Mais dans le cas actuel, on ne peut songer à exé- cuter cette mesure, car ici nous avons à faire, comme j’ai dit, à toute une forêt, appartenant à plusieurs propriétaires. Du reste les jardins du voisinage ont peu de valeur commerciale et ne pourraient justifier la destruction d’une forêt, quelle qu’elle soit. Les grands jardins fruitiers de la Crimée sont situés au delà des montagnes. La cote, le versant méridional, est vouée presque exclusivement à la viticulture, qui occupe près de 5,000 hectares. Mais il y a encore bien des terrains incultes, et c’est là qu’on trouve, réfugiés dans le fourré, loin des routes et des cultures, des arbres cen- tenaires et de dimensions exceptionnelles. Un des représentants les plus remar- quahles du Juniperus excelsa, qui forme la forêt de Genévriers du mont Martian, a un tronc de 2 de circonférence. On trouve même dans le voisinage des exemplaires qui ont jusqu’à 2 85 de circonférence. Il est à présumer que ces Genévriers n’ont plus longtemps à vivre. On en abat quelques- uns, car le bois de Genévrier est excellent et d’une durée presque illimitée. Il y a ici des poteaux de ce liois, qui, implantés dans le sol depuis des dizaines d’années, sont encore comme neufs. Mais c’est surtout le déboisement qui menace les forêts, et si ce n’est la Vigne, c’est le Tabac qui supplan- tera les Genévriers, car pour celte dernière culture, le fermage a atteint ici pour les bons terrains le prix exorliitant de 500 rou- bles par ailla déciatine (1,200 fr. l’hectare). A. Basaronv, Président de la Société horticole et viticole de Yalta, 304 JARDIN FRUITIER, CONTRE-ESPALIERS ET CORDONS. JARDIN FUUITIEU, CONTRE-ESPAIJEIIS ET CORDONS Dans les propriétés de moyenne impor- tance, le Pota£>er et le Jardin Irnitiei', pour arbres taillés et palissés, ne font générale- ment qu’un. On se sert des murs de clô- ture pour y appliquer les espaliers; on borde les allées de ])lates-bandes au milieu des- quelles on isole régulièrement des pyramides et des fuseaux ; on sépare ces plates-bandes ;) r J r ^.-^=^=1 O i a 3 Fig. 79. — Jardin fruitier de M. Ausseur-Sertier. Plan au 1/100 de grandeur naturelle. Fig. 80. — Jardin fruitier de/M. Ausseur-Sertier, Profil en travers, au 1/33 de grandeur naturelle. des allées par des Pommiers en cordons, et l’on obtient ainsi un ensemble satisfaisant à l’œil, mais qui, au point de vue de la cul- ture, présente des inconvénients trop connus pour que nous ayons à les rappeler ici. On a pu dire avec raison, à propos de cette disposition mixte, qu’en voulant avoir à la fois des fruits et des légumes, on n’avait ni fruits ni légumes. Pour cette raison, aussitôt que l’espace dont on dispose le permet, il vaut mieux franchement séparer les uns des autres, le Potager, le Verger pour arbres à haute tige, et le Jardin fruitier ne contenant que 305 JARDIN FRUITIER, CONTRE des arbres soumis à la taille et au palis- sa^m. C’est de ce dernier jardin que nous al- lons parler, et voici à quel propos : Au cours d’une visite fort intéressante que nous avons récemment faite dans les pépinières de M. Ausseur-Sertier, à. Lieu- saint, nous avons remarqué une installa- tion modèle de ce genre. Ainsi qu’on le voit sur les figures 79 et 80, la charpente principale des contre-es- paliers consiste principalement en des po- teaux A B en fer carré de 3 centimètres, solidement scellés dans un massif enterré de maçonnerie, et raidis par les contre-forts AE contre la traction exercée par les lils de fer. Ces poteaux, qui sont distancés de 5 mètres les uns des autres, supportent des doubles bras CD, CD, en fer à T épais, de 4 centimètres de largeur d’ailes, dont la longueur diminue suivant qu’ils sont plus élevés. Les extrémités de ces bras sont réunies par des fils de fer MM sur lesquels on pa- lisse les arbres. Ces derniers ont, par suite, une position légèrement inclinée qui rend leur aspect plus agréable, et qui permet au .soleil de mieux pénétrer à travers leurs ra- meaux et leur feuillage. On voit immédiatement le côté pratique de cette disposition. Le terrain étant uni- quement destiné aux arbres fruitiers, les labours légers et les binages se font aisé- ment, les premiers, par un homme qui se glisse, l’hiver, au-dessous du premier étage, entre les deux contre-espaliers adossés l’un à l’autre; les seconds, en passant simple- ment le manche d’une binette au-dessous du même étage. Pour les cordons de Pommiers, le sys- tème employé par M. Ausseur-Sertier est destiné à rendre de grands services. Il ar- rive très-souvent, lorsque l’on achète en pé- pinière des Pommiers pour cordons, qu’au lieu de recevoir des arbres grefïes sur Pa- radis, sujet peu vigoureux, et qui déter- mine dans les variétés qu’il reçoit une prompte mise à fruit, on entre en posses- sion de Pommiers greffés sur Doucin, type qui donne aux Pommiers cordons une vé- gétation trop abondante et supprime presque entièrement la production. I)ans certains terrains trop riches, ce fait se produit quel- quefois sur des Pommiers greffés sur Pa- radis. Mettant à profit les avantages bien cons- tatés de l’arcure des branches, voici en quoi ;-ESPALIERS ET CORDONS. consiste le système de conduite que nous recommandons particulièrement aux culti- vateurs. A mi-hauteur du montant vertical FG, un bras, 111, long de 20 centimètres, s’étend horizontalement, et reçoit à son extrémité un fd de fer qui, parallèlement à celui sur lequel sont fixés les Pommiers (à un seul rang) relie tous les bras I I, qui sont sem- blables les uns aux autres, et adjoints à tous les montants. Aussitôt qu’un bourgeon, Gg, par exem- ple, commence à « s’emporter » et à se transformer en « gourmand », on le rabat suivant GI, et on l’attache sur le fil de fer latéral. Cette opération, en arrêtant dans son cours la sève trop abondante, détermine immédiatement la formation de boutons à fruits. Inutile d’insister sur les avantages de premier ordre que présente ce procédé de conduite de Pommiers en cordons horizon- taux. Le Jardin fruitier modèle créé par M. Aus- seur-Sertier se compose de planches ou plates-bandes toutes semblables au spéci- men que nous donnons ci-dessus et bordées par des tuiles ornées J qui retiennent les teri'es et dessinent les allées K. Les condi- tions d’espacement, en longueur et largeur, sont fort judicieusement calculées, et à l’aide des échelles qui accompagnent nos dessins, il est aisé de les reproduire. On peut également, et en alternant, plan- ter une planche suivant ce spécimen et une autre où l’on remplacera les contre-espaliers par une rangée de QuenouilleSj Pyramides ou Gobelets. Aux indications qui précèdent, nous pou- vons ajouter celles-ci, d’un caractère émi- nemment pratique : Les murs qui enclosent le jardin fruitier de M. Ausseur-Sertier ont 2'“ 40 de hauteur sous chaperon. Les lames de bois qui forment le treillage sont placées verticale- ment, à 15 centimètres d’écartement ; elles ont 1 centimètre de côté. Les potences qui doivent soutenir les toiles d’abri contre les gelées sont formées de simple fer à T, de 50 centimètres de longueur, scellées en haut du mur. Les planches du jardin sont entourées de tuiles placées debout. L’ensemble a une ap- parence excellente, et nous conseillons à nos lecteuis d’aller visiter ce nouveau type de jardin fruitier. Ed. André. 30G CONFÉRENCE SUR LES l'RI.MEVÈFŒS A LÜNJiRES. CONFÉUKNCE SEU LES PIUME\ÈUES A LOADKES On sait que la Jioijal llorticuUural So- ciety organise (le temps en temps des Confe- i‘onces-ex])ositions, consacrées à tel on tel genre de })lanles ou de fruits. Ainsi, au printemps dernier la Conférence sur les Or- chidées fut un vrai succès; plus récemment encore, celle de (diisAvick, c’est-à-dire la Pear-Conference ((conférence sui‘ les Poires), rendit des services notal)les à la ])omologie et surtout donna un nouvel élan à la cnlture fruitière, encore un peu négligée de (ce C(')té de la Manclie. D’autre part, nous voyons les charmantes variétés des Narcisses devenir des fleurs favorites, non seulement chez l’amateur pri- vilégié, mais chez le simple artisan ou cot- tager. La Conférence sur les Narcisses, qui eut lieu il y a deux ans, éveilla l’attention pu- blique en faveur de ces plantes; un autre i-ésultat pratique fut la simplification de leur nomenclature, qui, alors, était très confuse. Chaque année, des expositions unique- ment consacrées aux Auricules (Primula Anricnla) ont lieu dans différentes villes du Pioyaume Uni, et, pour donner un nouvel élan à cette spécialité, un Congrès vient d’étre organisé à Londres, à leur intention, le- 21 avril dernier. Une exposition des mêmes plantes avait heu concurremment avec cette conférence, et rendait plus faci- lement compréhensibles les savantes obser- vations qui ont été émises. MM. T. Masters, J.-D. Hooker, J. -G. Daker, Shirley Hihherd et d’eautres bota- nistes ou horticulteurs éminents, ont pris part aux travaux de ce congrès, et la cita- tion de ces noms indique que la partie scientifique a été traitée à fond. Nous ne pouvons aujourd’hui embrasser dans leur ensemble les aperçus nouveaux qui résultent de cette réunion ; mais nous allons résumer un rapport de M. Shirley Hihherd, sur l’origine des Auricules des lleuristes. C’est, paraît-il, à Bruxelles, que les Auri- cules furent en premier lieu transportées de Suisse par des colporteurs wallons. Ces plantes se répandirent bientôt en Hollande, et c’est de là que, en 1570, elles furent trans- portées par des artisans hollandais qui, émi- grant en Angleterre, ne voulurent pas se séparer de leurs plantes favorites, l' Ile chat, ])id)lié en 1597 par Gérard, décilt et figure six variétés cultivées à cette épo({ue. Une nouvelle édition de cet ouvrage, en lOdd, parle des variétés à fieurs hlauches, jaimes, l'oiiges et poui'pres, à feuilles veiles ou hlauchàlres, (jue l’oti j-emar([uait dans les jardins de MM. Tradescaut et Tuggie. Un lOiO, .lohn Parkinson, dans son Tkealer of Planl!^, décrit vingt-deux variétés, et l’on eidrevoit déjà l’impoilance (jue la cultuin de ces phmtes prendra en Angleterre. C’est seulement vers 1770 que la dimen- sion de l’œil (pii se trouve au milieu de la fleur commence à avoir une importance capitale pour les véritables amateurs. lên 1785, cette faveur pour les variétés à œil central développé s’accroît encore, et les variétés Grimc’s Ik'ivatec , PopplewelVs Conqueror, (iortons Champion et Whri- gley’s Northern Ile co, dont le nom indique celui de leurs heureux olitenteurs, sont les plus recherchées. Depuis cette époque jusqu’à nos jours, c’est-à-dire pendant une période de cent_ ans, la prédilection des Anglais pour les Auricules ne s’est pas démentie un moment, et les hybridations patiemment suivies ont produit les variétés si bien marquées que l’on admire aujourd’hui dans les collec- tions. Mais revenons à l’Exposition. Il est à re- gretter que le temps varialde et froid du printemps ait retardé ou endommagé le développement de certaines variétés, sur- tout des Auricules. Cependant le visi- teur ne manquait pas d’être frappé de la beauté et de la variété de certaines collections qui, au lirillant coloris des fleurs, ajoutaient un feuillage vigoureux et de lionne texture. Ainsi le magnifique apport de MM. Back-' bouse et fils, d’York, était d’une culture irréprochable et comprenait les meilleures variétés commerciales et les dernières nou- veautés. Les apports de MM. Veitch, Paul et Son, Thomas Ware, Dean, étaient aussi excel- lents et assez nombreux. Toutefois, les collections principales provenaient des jardins botaniques de Kew, d’Edimbourg et de Glasnevin (Dublin). Dans la division réservée aux amateurs on admirait surtout quelques magnifiques spé- cimens et des fleurs coupées élégamment disposées. CONFÉRENCE SUR LES PRIMEVÈRES A LONDRES. 307 Ou se fera une idée du grand nombre de variétés représentées, ainsi que de leurs synonymes, en apprenant que la liste dressée par M. Dewar, de Kew, contenait plus de 700 noms. Ci-après, nous énumérons les Ibrines qui nous ont semblé être les plus recomman- dables. Plusieurs étaient encore dans toute leur beauté, dernièrement, à Kew, et, grâce à rentbousiasme que la jiresse horticole a voué au genre Primula, elles faisaient l’ad- miration de tous les visiteurs. Primula Allionii, plante naine, belle Heur rose purpurine. • P. Boweana, excellente espèce lloribonde, en beaux spécimens dont les Ifeurs rose lilacé répandent un agréable parfum. P. denticulata, en plusieurs charmantes formes telles que: Henrici, pulcherrima et une nouvelle variété appelée ero^oides , d’un coloris très-riche, pourpre et dont les fleurs sont de beaucoup supérieures au type. P. ohconica, très -florifère, blanc lilacé. P. Sieholdi (Syn. cortusoides ou amœ- na), était représenté par de fortes plantes dont les coloris des élégantes ombelles variaient du blanc pur au cramoisi pourpré. P, japonica, en plusieurs excellentes formes. P. involucrata (syn. verticillata), belles ombelles blanches, sur de longs pédon- cules. P. admontensis, rouge magenta, plus florifère que P. Clusiana son parent. P. acaulis, en excellentes variétés. P. Balbisii, belles fleurs jaunes, odori- férantes. P. Facchinii, très-nain, rose. P. carniolica, nain, rose pourpré. . P. rosea grandiflora, bonne variété à grandes fleurs, rose brillant. P. auriculata, un bel exemplaire por- tait douze ombelles l)ien formées, d’un rose foncé. P. Ohristii, se rapprochant de l’Oreille d’ours, heur jaune d’or, feuilles farineuses. P. marginata, en plusieurs variétés dont la forme nommée il/, cœrulea a une teinte Ijleu lilacé et forme avec la Primevère Scolt Wilson un progrès vers ce coloris si con- voité. P. erosa, toujours rare, ton mauve pâle. P. viscosa, en bonnes variétés. P. villosa, en bonnes variétés. P. Muretiana, pourpre foncé. Les espèces et variétés suivantes étaient aussi excel- lentes : farinosa , f. acaidis, Widpi- niana, sikhimensis, algida, alpina, supra- auricula, ciliata purpurea, scolica, jlori- hunda, irdcgrifolia, grandis, longiflora, longicarpa lutcola, Kloerhiana, minima, pid)escens, Bushgi, Kernerii, etc., etc. I.es cinq variétés suivantes furent hono- rées d’un cerlilicat de première classe : P. denliculala erosoides, charmante ])lante déjà décrite ])Ius haut, et deux variétés hy- brides du J\ viscosa, dont l’une a de grandes tleurs rouge magenta avec œil blanc; l’autre très-florifère, pourpre lilacé, P. mislassinica, variété miniature, à fleur ressemblant à P. farinosa, mais (pii n’a que l’avantage de la nouveauté. Et enfin un hybride obtenu par le croisement de l’Auricule des Alpes et une Auricule de couleur uniforme, VA. Pctronella ; ce métis est d’un jaune brillant avec cercle blanc poudreux, feuilles farineuses. Quoique quelques Androsacées, Solda- nelles et autres plantes alpines se rencon- trassent dans les collections, on était surpris de ne pas voir les jolies et utiles Prime- vères de Chine, ou les Cyclamens qui font aussi partie de la famille des Prirnulacées. Par contre, les Auricules ou Oreille d’oui's et la Primevère des jardins {P.polgantha) qui depuis longtemps déjà sont l’objet de cultures spéciales, formaient le noyau de l’exposition. Voici, d’après la classifica- tion anglaise, les principales variétés : W classe. Crey-edged. — Auricules marginées gris : George Lightbody (extra), a reçu cette année la distinction ortent sur des arbres obtenus par graines, appai tenant au genre Pécher, qui, dans un très- grand nonibre de cas, se multiplie de cette ma- nière. E.-A. C. CORRESPONDANCE. 311 rapport, en s’imprégnant de tonte linmidité surabondante. Comme elle puise prescpie toute sa nourriture dans l’atmosphère, elle ne peut nuire à nos plantes, fpi’iine troj) grande quantité de vapeur fatiguerait sur- tout, parce que nous ne pouvons pas ici donner toujours d’air. J. Duuois. CORRESPONDANCE M'oo G. à L. {Ardeymes). — L’époque où il faut tailler les Azalées de l’Inde est aussitôt après leur floraison. On ne doit pas craindre de tailler avec hardiesse, pour donner aux plantes la forme qu’elles doivent avoir. Pendant la végétation estivale, des pincements seront faits dans le meme but, mais ils devront avoir lieu seulement jusque vers le 15 juillet, car, bientôt après, les boutons à fleurs commen- ceront à se montrer, et il faut les conserver tous avec soin. C’est également vers le 15 juillet qu’il est bon de donner aux Azalées le rempo- tage qu’elles conserveront tout l’hiver, et de les placer en plein midi pour favoriser leur mise à boutons. iVo 5549 {Suisse). — Le Raphia tædigera, llort., Sagus tædigera., Mart., Metroxylon tædigerum, Spr., habite communément au Brésil, mais probablement, en raison des nom- breux services qu’il peut rendre, il a été im- porté dans diverses localités de l’Afrique où il sert à de nombreux usages domestiques. Les Malgaches se vêtent avec des étoilés qu’ils confectionnent avec les fibres de celte espèce, qui sert également à beaucoup d’autres usages dans le pays. On en mange les jeunes bour- geons comme « Chou palmiste ». Les fruits, qui sont ovales, de 5 à 8 centimètres de lon- gueur, sont aussi mangés par les indigènes. Avec les rachis, ceux-ci font des chevrons pour couvrir leurs cases. Pour extraire les fibres (liens) qui sont envoyés en Europe sous le nom de Raphia, voici comment on procède : On coupe les folioles d’une feuille incomplètement dévelopiiée ; on casse l’extrémité du limbe d’une foliole, et en tirant on détache la pelli- cule extérieure qui alors constitue la fibre tenace et souple du commerce. Les feuilles de cette espèce, complètement développées, attei- gnent jusqu’à 7 ou 8 mètres de longueur. Quant aux fibres bien préparées du Piaphia, vous pourrez vous en procurer chez tous les marchands grainiers à Paris. No 3008 {Oise). — Le nom vulgaire sous lequel est connue la plante dont vous nous avez envoyé un échantillon, n’est ni arbitraire, ni complètement dépourvu de valeur. Il est môme cité dans les ouvrages scientifiques et s’applique à une espèce du genre Calycanthus, établi par Lindley, pour désigner des arbustes de diverses parties de l’Amérique. Celle dont vous désirez savoir le nom est le Calycanthus floridus, L., vulgairement Poynpadoura ou « arbre aux Anémones ». Ses fleurs nombreuses, en sortes de petites roses pompons, d’un rose brun, dé- gagent une délicieuse odeur qui a quelque rapport avec celle d’une Pomme de Reinette franche. Cette espèce, de môme que toutes les autres du genre, est très-rustique; sans exiger absolument la terre de bruyère, elle s’en accom- mode parfaitement ; elle redoute surtout le calcaire. Envoyez aux bureaux de la Revue horticole la liste des numéros qui vous manquent pour compléter votre collection. Le prix de chaque numéro est de un franc. Il n’existe plus de planches coloriées séparées, pour les années 1882 et 1884; vous seriez obligé de prendre les numéros pour avoir les planches. M. S., à Tiflis — Nous avons reçu avec plaisii' vos graines de Payn^otia persica et d'Abies Noyulmanniana, dont il serait fait le meilleur usage. Vos communications seront toujours les bienvenues; merci d’avance. M. R., à B. — Vous pourrez trouver VOrtho- sqyhoyi stayyiineus chez M. J. Vallerand, horti- culteur, rue de la Procession, à Bois de Co- lombes (Seine), qui en possède quelques })ieds. No 4695 {Paris). — Les renseignements que vous nous avez demandés peuvent se résumer ainsi : On cultive trois espèces d’Onopor- dons pour l’ornement des jardins : les Ono- gyordon Acanthium, O. illyricum et O. ara- bicum. Le premier est une fort belle plante, très-décorative avec ses grandes feuilles blan- châtres sinuées-dentées et ses tiges ailées ; mais elle croît spontanément dans toute la France, et son tort est d’être trop commune. On lui préfère l’O. illyricum, du Midi de l’Europe, qui est moins blanc, à tiges plus roides et plus rameuses et à feuilles plus découpées. Mais VOnopordon le plus recommandable est rO. arabicum, qui est à la mode depuis quel- ques années et que vous pouvez voir sur les pelouses du parc Monceau. C’est une plante très-robuste, toute couverte d’un épais tomen- tum blanc, dressée en pyramide serrée, haute de 2 à 3 mètres, à tige simple ou très-peu ra- meuse, à feuilles oblongues sinuées ou pinnati- fides, à dents épineuses. Les fleurs sont en pa- nicule allongée, à gros capitules purpurins. La culture de ces Composées est fort simple. Tous les terrains, même médiocres, leur con- viennent. Ces plantes étant bisannuelles, on doit semer à la fin de l’été, soit en godets pour repiquer à volonté, soit en place, ce qui don- nera un plus beau développement. On n’aura, 312 CORRESPONDANCE. dans ce cas, que deux feuilles radicales, très- grandes et très-belles, mais les hampes florales ne se montreront que l’été suivant. On em})loie l’O. arahicinn, soit isolément, sur les pelouses, dans le voisinage des cor- beilles de Heurs, ou par groupes de trois ou cin([, également sur pelouse, auj)rès d’un massif d’arbustes à feuillage foncé, avec lequel ces grandes silhouettes blanches contrastent de la manière la plus heureuse. iVo 5CS4 (Nord). — Nous recommandons fort, pour le palissage des contre-espaliers de plein vent, les systèmes employés à l’f]cole nationale d’horticulture de Versailles. Ceux qui ont été mis en j)ratique au Jardin du Luxem- ])Ourg, sont aussi fort bons. En vous adressant au jardinier en chef, M. Jolibois, vous obtien- drez les renseignements que vous désirez avoir. Enfin, nous pouvons vous adresser, pour la fabrication des supports en fer, des contie- espaliers et les cordons de fil de fer, à MM. So- hier et G>«, 121, rue Lafayette, à Paris. Vous ne pouvez mieux faire, pour la fabrica- tion des Prunes à l’eau-de-vie, que de suivre la méthode donnée par M^e Millet-Robi- net dans la Maison rustique des Dames. Cueillir cent Prunes encore dures et vertes, les essuyer, les piquer avec une aiguille jusqu’au noyau. Couper la queue à demi-longueur, jeter le fruit dans l’eau fraîche. Faire fondre, dans une bassine non étamée, 2 kilog. de sucre avec un litre d’eau, le verser sur les Prunes dans un vase de faïence ou de porcelaine, et les charger avec une pierre plate pour les empêcher de surnager, car elles noirciraient. Le lendemain, remettre le sirop à bouillir dix minutes, puis y laisser encore les Prunes infuser vingt-quatre heures. Remettre alors le tout sur un feu clair. Quand les Prunes reviennent à la surface, bien vertes, les retirer avec une écumoire, les laisser égoutter, puis les mettre dans un bocal; les baigner de sirop tiède, et boucher. A})rès trois jours d’infusion, ajouter un litre de trois-six, remuer avec })récaution le mélange, boucher herméti(|Liement et conserver dans un pla- card. Ce qu’on appelle la bouture anglaise ou bouture d’œil consiste à lever sur un sarment un œil entouré de bois, comme si on levait un écusson pour la greffe. On prend alors ces yeux et on les « sème )î, à plat en godets, en serre. Ils produisent rapidement des racines, l’œil pousse et ])roduit de magnifiques sarments qui fournissent ces belles potées de Vignes, à fortes tiges, servant à la plantation des vineries de serre en Angleterre. Cet excellent procédé est d’ailleurs mis en pratique avec grand succès, sur le continent, depuis un certain nombre d’années. Voudriez-vous avoir l’obligeance de nous dire, par un mot de ré])onse, dans quel cata- logue vous avez vu indiquer la « greffe des Clématites sur Vitmrnum » ? Nous serons heureux (l’apj)rendre le sort qui a été réservé à vos « Doyennés d'hiver rusti- ques » en ])lein vent. . Permettez-nous une observation ({ui s’adresse non seulement à vous, mais à quelques autres : nous donnons, dans la Correspondance, du mieux que nous pouvons, et le plus vite que nous pouvons, les renseignements qu’on nous demande; mais nous n’avons jamais entendu prendre un engagement quelconque de ré- j)ondre dans un délai déterminé. S’il en devait être ainsi, nous serions bien vite obligés de renoncer à une innovation qui ])romet cepen- dant de rendre de grands services. M. P. L. (Bayeiix). — Votre nouveau Rosier nous est pai'venu en bon état en ce qui concerne les boutons, mais les fleurs, qui avaient souffert dans le voyage, n’ont pu s’épa- nouir normalement. Nous ne pouvons donc ex- primer d’opinion personnelle sur la valeur de ce nouveau gain, que nous aurons probable- ment occasion de revoir avant de nous pro- noncer sur son mérite, puisque vous désirez avoir notre opinion. iV» 4744 {Paris). — En vous adressant à M. Pulliat, professeur de viticulture à l’Institut national agronomique, à Paris, vous obtiendrez le renseignement que vous désirez sur le Raisin portugais bleu. La culture de la Vigne sous verre est })0ssible dans une serre à Pélargo- niums, mais on ne peut obtenir de beaux pro- duits qu’en consacrant la serre entière à la cul- ture de la Vigne. C antlirachnose n’est pas à craindre dans votre serre. M. M., à Villers-Saint-Christophe. — Vous trouverez de la graine &’ Eucalyptus amyyda- lina chez MM. Vilmorin-Andrieux et C'^', 4, quai de la Mégisserie, à Paris, ou peut-être en vous adressant au jardinier en chef de la villa Ada, à Intra (Lac-Majeur), Italie. xVo 5341 {Belgique). — Votre Vigne peut être guérie au moyen de soufrages pratiqués, l’un au commencement delà végétation, lorsque les jeunes pousses n’ont que quelques centi- mètres de longueur, l’autre avant la floraison. Nous ne pouvons vous indiquer le remède à la maladie que vous constatez sur vos Choux- Fleurs, et qui se présente parfois abondam- ment pendant une saison })Our disparaître entièrement à l’autre. Votre petite plante de serre à fleurs péri- phylles est le Xyloqjhylla latifolia. L’Admivistrateur- Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 313 CIlüONiaUE KOimCOLE Chronique du Phylloxéra. — Nouvelles de la Haute-Garonne. — ElTets du Mildiou sur la qualité du vin. — La Pèche Amsdcn surpassée. — La plus grosse des Roses connues, — Les engrais à donner aux arbres à cidre. — Le Borocera Bihindandy . — Rose La France. — Azalea occidenlalis. — Lœlia et Caltlcya. — Un nouvel hybride de Rhododendron. — Tilleuls argentés de semis. — La rusticité du Tritoma caulescens, sa floraison en plein air. — Choux frisés qui pomment. — Destruction du Blanc des Rosiers et de la Toile par le sel de cuisine. — Emploi du sulfate de fer pour faire grossir les fruits. — Moyen de se débarrasser des Perce-oreilles. — Les vaporisateurs. — L’enseignement de l’horticulture dans les écoles. — La culture du Lin en France. — Les fruits en Californie, — Congrès national et exposition viticoles de Bordeaux. — Expositions annoncées. — Erratum. Chronique du phylloxéra. — Le phyl- loxéra vient d’ètre découvert à Lutterhach, près Mulhouse. Trois foyers distincts ont été constatés. D’autre part, le phylloxéra a été décou- vert dans la province de Geelou (Australie), où ses ravages s’étendent très-rapidement. Nouvelles de la Haute-Garonne. Nous avons reçu de notre collahorateur, M. H. Ro- binet, une lettre dont nous extrayons ce qui suit : La température basse, les pluies et les vents froids que nous avons subis pendant plusieurs semaines ont comj)romis nos récoltes. La fécon- dation de la Vigne se fait mal et déjà l’on peut accorder une large place à la coulure. Pour surcroit de malheur, le phylloxéra se montre aujourd’hui par hectares entiers. Je ne crois pas exagérer en disant que la récolte prochaine sera la dernière de quelque importance que, dans notre département, donneront nos Vignes françaises, cela en admettant que l’emploi du sulfate de cuivre ait raison du mildiou. Les Vignes américaines font ici leur entrée, mais combien de mécomptes sont à craindre, et surtout que de confusions commerciales, bien que nous ne soyons encore qu’au début? Nos Pommes de terre disparaissent par le Peronospora infestans. Ai-je bien fait de con- seiller les solutions cuivrées pour le com- battre? La dépense, dans tous les cas, n’est pas importante, et ce remède est sans danger, car les sels de cuivre ne sont employés que sur les feuilles et en petites quantités. Les Tomates sont dans le même cas, mais ici, à cause des fruits, la prudence ne permettra pas l’emploi d’une matière aussi dangereuse que les sels de cuivre; mais on pourra employer les piquets sulfatés, ainsi que les liens préparés d’une ma- nière analogue. Cet envahissement est-il local ou particulier à notre contrée? Il est à craindre que, pour les deux Solanées en question, la production soit nulle ici. Effets du mildiou sur la qualité du vin. — Cette terrible affection, en occa- sionnant la chute prématurée des feuilles 16 Juillet 1886. de la Vigne, arrête le développement des grappes et réduit parfois de plus de moitié le rendement du Raisin, par conséquent celui du vin. Ce n’est pas tout encore, la qualité du vin fait avec des Raisins atta- qués est tellement affaiblie que ces vins se vendent à vil prix. M. Dupuy, propriétaire de vignes dans le département d’Indre-et- Loire, à Loches, emploie, pour combattre le fléau le protosulfure de calcium, vulgaire- ment appelé eau Grisou. Par ce moyen, il maintient ses Vignes en santé et en bon rapport. Les Vignes non traitées ainsi rap- portent à peine une demi-récolte de vin de mauvaise qualité. La Pêche Amsden surpassée. — L’année dernière, à Montreuil, les Pêches Amsden et Alexander sont les premières qui ont mûri, au commencement de juillet. Cette année, c’est la Pèche Waterloo qui a ouvert la série ; la première mû- rissait fin juin. Elle mesurait ^21 centimè- tres de circonférence. Ce premier fruit était un peu amygdaliforme et rappelait, par son aspect, l’ancienne Pêche à hec, que l’on ne voit plus guère dans les col- lections. Ce fruit, qui était conforme à la description faite dans la Revue horticole, (1884, p. 117), était profondément et inégalement sillonné. L’article en ques- tion se terminait par cet alinéa : (( Les quelques échantillons que nous avons vus sembleraient faire croire qu’ils auront une tendance à se fendre, si l’on en juge par la profondeur du sillon. Ce fait est-il exceptionnel, dû à l’arbre ou à l’em- placement qu’il occupait ? Nous ne pouvons rien affirmer. Constatons, toutefois, que la variété est hâtive, que son fruit est gros, fortement coloré, toutes qualités qui sem- blent recommander particulièrement cette variété. » Cette année la Pêche Waterloo n’est ni sucrée ni savoureuse, ce qui pourrait être 14 314 CHRONIQUE HORTICOLE. (lu aux circonstances si défavoraliles — le froid et la })luie — qui se sont produites pendant tout le mois de mai. La plus grosse des Roses connues. — Cette variété est, sans conteste, Paul Nc>^- ron, hybride remontant olitenu, en i8ü9, par M. Levet. On dit cette rose issue des variétés Victor Verdier et Anna Diesbach . La plante est vigoureuse, à rameaux dressés ; ses fleurs, ordinairement solitaires, parfois réunies par deux, plus rarement trois, à l’ex- trémité des bourgeons, sont d’une belle forme en coupe, bien ouvertes, d’un beau rose brillant. Bien que faisant partie des Roses remontantes , elle ne donne pourtant qu’un nombre de fleurs relativement petit, ce qui s’explique par l’énorme dévelop- pement qu’elles atteignent. En effet, des fleurs de 12-14 centimètres sont très-ordi- naires. Quand le Rosier est vigoureux et que les bourgeons sont gros et peu nom- breux, il n’est pas rare de voir des fleurs qui dépassent 22 centimètres de diamètre, ce que nous avons vu cette année ; nous en avons même mesuré une qui était solitaire à l’extrémité d’un fort rameau, dont le diamètre était de 24 centimètres. C’est cer- tainement une variété des plus remarqua- bles, très-rustique, ne redoutant nullement le froid, même le plus rigoureux de l’biver. Son seul défaut est de manquer de parfum. Dans un sol riche et consistant, le Rosier Paul Neyron donne une floraison d’automne relativement abondante. Les engrais à donner aux arbres à cidre. — La plupart du temps, surtout dans les fermes de la Brie, on ne donne aucune fumure aux Pommiers à cidre, qui sont plantés en bordure des routes; on écorche à peine à la charrue la surface du sol au pieci de ces arbres, on enlève quelque- fois les Guis qui s’implantent sur leurs branches, et tout est dit ; la nature doit se charger du reste. C’est là une grande faute. La récolte est beaucoup plus grande et ré- gulière lorsque l’on nettoie et aère, pendant l’hiver, le branchage de ces arbres et surtout lorsque, un peu avant le départ de la végé- tation, on donne un bon labour, à la bêche, jusqu’à 1"^ 50 si possible, tout autour du tronc de chaque arbre, en enfouissant un engrais approprié. Tous les engrais ne conviennent pas aux arbres à cidre : les fumiers de cheval et de mouton attirent le puceron lanigère, qui épuise les arbres et donne naissance aux chancres; le fumier de vache attire les vers blancs; les fumiers non fermentés engen- drent le blanc des racines. I.es engrais liquides et le marc de Raisin sont surlout à recommander. On obtient d’excellents résultats en arrosant le pied des Pommiers avec du purin, de la colorn- bine, du guano ou des matières fécales, chacun de ces engrais étant délayé et large- ment étendu d’eau. Les marcs de Pommes mélangés avec du phosphate fossile pulvérisé, dans la propor- tion de 15 à 20 kilog. de phosphate par 400 kilog. de marcs, agissent aussi très- efficacement. Le varech et les algues marines donnent beaucoup de vigueur aux arbres et empê- chent les vers blancs d’attaquer les ra- cines. Nous engageons vivement les cultivateurs à expérimenter comparativement ceux de ces divers engrais qu’ils ont à leur disposi- tion, et à nous communiquer les résultats qu’ils auront obtenus. Le Borocera Bibindandy. — Revue hortieole a récemment signalé (1) les inté- ressantes communications faites par le R. P. Camboué, missionnaire apostolique à Tamatave, au sujet du Borocera Bihin- dandy, ce ver à soie ({ui se nourrit des feuilles de V Eucalyptus. A une récente séance de la Société d’ Acclimatation, M. Mau- rice Girard a présenté des papillons et des cocons de cette intéressante espèce, prove- nant d’un envoi fait par le R. P. Camboué. Les Malgaches en obtiennent, parait- il, une soie fort estimée chez eux; ils en confec- tionnent des étoffes appelées lamhas, qui servent à ensevelir les morts de qualité. Des essais d’introduction et d’acclimata- tion vont être tentés, et il y a tout lieu d’es- pérer que le Borocera Bibindandy sera bientôt élevé, dans de grandes proportions, soit en France, si le climat lui convient, soit dans nos colonies, et qu’il y deviendra une source de produits rénumérateurs. Rose {( La France a. — S’il est une va- riété de Rose que toute personne devrait avoir, c’est assurément celle-ci, dont le mé- rite est sans égal, pourrait-on dire : plante d’une vigueur extrême, robuste, rustique et presque constamment couverte de fleurs. Ces tleurs sont grosses, bien faites, d’une (1) Voir Revue horticole^ 1886, p. 170. CHRONIQUE belle forme hémisphérique ou presque glo- buleuse; réunies par bouquets de 3 à 5 à l’extrémité des bourgeons vigoureux, elles sont solitaires, un peu tombantes ou pen- chées sur les rameaux minces ; leur couleur est d’un rose clair argenté à l’intérieur, li- lacé à l’extérieur ; les pétales externes sont largement roulés, ce qui lui donne de la légèreté et complète la beauté de l’ensemble. De plus elle exhale un parfum exquis, d’une saveur toute particulière. La Rose La France est un hybride de Thé obtenu en 1869 par M. Guillot fils, de Lyon. C’est une de ces Roses qui ne vieil- lissent pas et sont toujours à la mode, et qui valent à leur obtenteur la popularité la mieux justifiée. Azalea occidentalis. — R a été pré- senté, à une récente séance de la Société royale d’horticulture de Londres, par M. An- thony Waterer, horticulteur à Ragshot, une nouvelle Azalée, V Azalea occidentalis, es- pèce californienne, très-distincte et char- mante. Par son port et ses fleurs, elle se rapproche beaucoup des Azalées de Gand ; mais ce qui constitue son principal mérite, c’est la tardiveté de sa floraison. En effet, lors de sa présentation, c’est-à- dire le 22 juin, l’exemplaire en question était seulement en boutons, ce qui constitue un retard considérable sur les espèces et variétés cultivées en grand jusqu’à ce jour. Nous donnerons prochainement une des- cription plus complète de cette plante très- intéressante. Lælia et Cattleya. — Pour les prati- ciens, ces deux genres n’en forment qu’un ; cela tient à l’instabilité du caractère générique distinctif adopté par les botanistes. Ce carac- tère réside dans le nombre des masses polli- niques existant dans chaque fleur, lequel, d’après Lindley, serait de quatre pour les Cattleya et de huit pour les Lælia. Mais, outre que ce caractère est vraiment trop léger pour constituer un genre, il est in- constant et peut même parfois, assure-t-on, présenter des différences sur un même pied. Quant aux autres parties, c’est-à-dire à la végétation et à l’aspect des plantes Lælia et Cattleya sont absolument les mêmes. La seule différence pratique que présentent ces genres consiste dans la floribondité, qui est généralement différente; ainsi, tandis que les Cattleya n’ont souvent que deux fleurs sur chaque hampe, les Lælia en ont beau- coup plus. Au point de vue décoratif, ce ca- HOimcoLE. 315 ractère n’est pas sans valeur ; nous le signa- lons aux amateurs. Un nouvel hybride de Rhododen- dron. — Sous le nom de Rhododendron roseum odoratum, MM. Isaac Davies et fils, pépiniéristes à Ormskirk (Angleterre), ont envoyé, à la récente exposition horticole de Manchester, un hybride obtenu par le croisement du R. Rrayanum et d’une Azalée d’Amérique naine, à fleurs blanches. Ses fleurs, qui sont réunies en paquets de bonne grosseur, sont rose pale très-légère- ment carné ; le bord des segments est nuancé de rose foncé. Ces fleurs, qui sont un peu plus petites que celles des Rhodo- dendrons ordinaires, dégagent un parfum très-agréable. La plante est absolument rustique, et rendra de grands services pour la décora- tion des jardins. Tilleuls argentés de semis. — Nous ne saurions trop recommander les semis de graines de Tilleul argenté, non que cette espèce se reproduise identiquement, mais parce que ces graines produisent des formes intermédiaires, vigoureuses, à bran- ches étalées, plus ou moins pendantes, à feuilles coriaces largement cordiformes-sub- orbiculaires, d’un vert glaucescent ou bleuâtre. Ces arbres, beaucoup plus vigou- reux même que le type et d’un port et d’un aspect très-ornemental, conviennent très- bien, pour les avenues ou pour isoler dans les grandes propriétés, et ils pourraient même être cultivés au point de vue de l’ex- ploitation. Rs fleurissent aussi considérable- ment et leurs fleurs dégagent une odeur d’une extrême suavité. La rusticité du Tritoma caulescens; sa floraison en plein air. — Cette espèce, si remarquable par son feuillage et son port général, et qui, avec les années, constitue de très-forts buissons caulescents rap- pelant certains Yuccas, est relativement très-rustique. Ainsi, le dernier hiver, qui, sans être très-rigoureux ( — 7 à 10 degrés), a été néanmoins meurtrier pour beaucoup de plantes, n’a fait que fatiguer à peine l’extrémité des jeunes feuilles du Tritoma caulescens. Ces feuilles, qui rappellent un peu celles de certains Aloès, sont très-lon- gues et ont aussi quelque analogie d’aspect avec certains Eryngium parallèlinerves. Nous sommes heureux d’informer nos lec- teurs que le pied mère, qui est en pleine CHRONIQUE HORTICOLE. SiC) leiTO depuis cpiaire ans et qui a 5 lii^es, montre trois liamjies tlorales, ce qni nous permettra d’en donner une ligure et une description. Choux frisés qui pomment. — La série des (dioux panacliés-frisés , si émi- nemment ornementale, tend à s’améliorer encore par la ])roduction de variétés qui pomment, et il est hors de doute que, ])ro- cliainement, celte série se sera enrichie de nombreuses variétés économiques qui, à la l)eauté des formes et des couleurs, join- dront les (pialités culinaires. Destruction du « blanc » des Rosiers et de la « toile » par le sel de cuisine. — Le Bulletm de la Société dliorticidture de la Dordogne annonce qu’un amateur belge, M. Max. Singer, de Tournai, se se- rait débarrassé du blanc qui couvrait ses Rosiers en les bassinant à plusieurs re- prises avec une solution de sel de cuisine faite, la première fois, à la dose de 3 kilo- grammes de sel sur iOO litres d’eau, la deuxième fois avec 1 kilogr. 1/2 de sel sur la même quantité d’eau. Nous trouvons d’autre part, dans les ^In- nales de la Société de la Haute-Garonne, qu’un horticulteur toulousain aurait obtenu de bons résultats d’une solution légère de la même nature pour détruire le Champi- gnon qui, sous le nom de toile, envahit souvent et détruit les boutures de plantes molles. On a déjà indiqué ces sortes de remèdes, mais ils sont peu employés encore. Nous recommandons aux praticiens de les essayer avec prudence, et nous leur serons très-obligés de nous communiquer le résultat de leurs expériences. Emploi du sulfate de fer pour faire grossir les fruits. — Ce moyen, que nous avions indiqué dans la chronique du 16 juin dernier comme pouvant être employé pour augmenter le volume des fruits, nous a valu d’un abonné à la Revue, M. Charruaud, l’intéressante communication que voici : « ... Le sulfatage des fruits, dont vous avez parlé récemment, est une très-bonne chose à recommander. Dire qu’il fait beaucoup aug- menter le volume des fruits est peut-être aller- un peu loin, mais ce que je n’hésite pas à affir- mer, c’est que les fruits sont plus sains et que les arbi'es aussi s’en trouvent très-bien. Ce que je puis encore vous assui’er, c’est que, sans aucun danger, l’on peut augmenter la quan- tité du sulfate de fer indiquée ; par exemple, metti-e 1 gi-amme et même plus par liti-e d’eau. » Moyen de se débarrasser des Perce- oreilles. — Bien ([ii’il soit déjà connu, il est bon de rappeler ce procédé, qui est à la fois des plus simjiles et qui ne nécessite aucune dépense. 11 est basé sur ce fait, ({ue les jrerce-oreilles, insectes qui font de si grands ravages aux cultures, redoutent au plus haut degi’é la lumière; aussi n’est- ce guère que la nuit, le soir ou le matin qu’ils causent leurs déprédations. On dis- pose donc dans les lieux qu’ils fi‘équentent des petits hotti lions d’herhes ou de ra- meaux feuillés dans lesquels ces insectes vont se cacher aussitôt ((ue la lumière vient les frapper. Ces bottillons se placent çà et là dans les arbres lorsqu’il s’agit de préserver les fruits, ou bien sur des pi- quets au-dessus des plantes que l’on veut garantir; un pot renversé sur un piquet au-dessus des plantes, au fond duquel on met de la mousse donne aussi les meil- leurs résultats. Tous les jours ou même plusieurs fois par jour, si cela est néces- saire, on visite les pièges et on les se- coue pour en faire sortir les insectes, que l’on écrase. Au lieu de les secouer par terre, d’où les perce-oreilles, qui sont d’une agilité extrême, s’échappent parfois, il vaut mieux prendre un vase un peu profond au fond duquel il y a de l’eau et dans lequel on plonge les pièges. Les vaporisateurs. — Depuis que M. Boizard, jardinier-chef chez Mad. la baronne J. de Pmthschild, a découvert la puissance insecticide de la nicotine à l’état de vapeur pour la destruction des insectes dans les serres, l’idée est venue à plusieurs personnes de construire des appareils spé- ciaux pour cet usage. Nous allons citer les plus connus en indiquant, autant que possible, l’ordre dans lequel ils sont apparus. Notre intention n’est pas ici d’en re- commander ni indiquer leur supériorité, ce qui est essentiellement du domaine de la pratique. Le premier qui a paru est le vaporisa- teur Landrg, inventé par M. Landry, hor- ticulteur, rue de la Glacière, à Paris ; il est fabriqué par M. Éon, constructeur, 11, rue des Boulangers. Le deuxième est construit par M. De- mande, route de Béthune, 150, à Loos-les- Lille (Nord). CHRONIQUE HORTICOLE. 317 î.e Iroisicmc, nommé Ihanatojihorr, in- i venté par M. Bien, liorticullenr, et par M. Martre, conslrnctenr, rue du Jura, 15, à Paris, est fabriijué par ce dernier. Pintin il en est un quatrième, le vapori- sateur Latour, construit par M. El. Latour, lioulevard Richard-Wallace, 9, à Neuilly (Seine). L’enseignement de l’horticulture dans les écoles. — La section d’enseigne- ment de la Société des Agriculteurs de Errance vient de prendre une résolution dont les eflets favoriseront considérahle- ment la vulgarisation de l’horticulture. Frappé de la mauvaise organisation actuelle de l’enseignement de riiorticulture dans les écoles, les livres clairs et simples faisant absolument défaut, le Conseil vient de déci- der l’ouverture d’un concours pour la rédac- tion d’un manuel élémentaire d’enseigne- ment agricole et horticole. Cet ouvrage devra être court et à bon marché. Nous ferons connaître, aussitôt qu’elles seront fixées, les conditions de ce concours. La culture du Lin en France. — A la séance du 23 juin de la Société nationale d’agriculture de Errance, M. Risler a signalé l’invention d’une nouvelle machine à teiller le Lin, invention due à un ouvrier du dé- partement du Nord, permettant d’obtenir 30 p. 100 de filasse de plus qu’avec les an- ciennes machines à teiller. Cette découverte fera peut-être reprendre à la culture du Lin en France l’importance qu’elle avait il y a quelques années. R pa- raît que cette année déjà, dans l’arrondisse- ment du Havre d’où elle avait presque entiè- rement disparu, cette culture occupe, une surface considérable de terrains. Les fruits en Californie. — La produc- tion des fruits s’accroît, dans l’Amérique du Nord, avec une rapidité prodigieuse. I.es chiffres suivants ont une éloquence qui rend tout commentaire inutile. En 1885, il a été récolté en Californie 4,500 tonnes (4,500,000 kilog.) de Raisins, c’est-à-dire à peu près trois fois la produc- tion de l’année précédente ; 750,000 kilog. de Prunes, 910,000 kilog. de Pommes, 950,000 kilog. de Pèches, 570,000 kilog. de Prunes, 325,000 kil. d’Ahricots, 625,000 kil. de Noix et 525,000 kilog. d’Amandes. Ces chiffres, déjà éno-rmes, seront, d’après des prévisions fondées, notablement dépassés en 1886. La consommation européenne profitera certainement de cette production toujours croissante; mais nos cultivateurs doivent, par de nouvelles jilantations faites sur une grande échelle, se jiréparerà combattre cette puissante concurrence. Congrès national et exposition viti- cole de Bordeaux. — Le Comité central d’études et de vigilance de la Cironde orga- nise un congrès national viticole, qui aura lieu à Rordeaux du 28 août au 3 septendire prochains. Une exposition, qui sera ouverte à la même époque, du 28 août au 5 septembre, sera consacrée aux Vignes, Raisins, vins, eaux-de-vie, instruments, appareils, outils, ouvrages, plans, dessins, collections, etc.; le tout, bien entendu, se rapportant à la Vigne et à ses produits. Voici le programme des questions sou- mises au Congrès : Rc Division. — Phylloxéra. — L’insecte. La défense. La reconstitution des vignobles. 2c Division. — Affections autres que le phyl- loxéra. — Maladies cryptogamiques : A, Mil- diou; B, Antrachnose; G, Oïdium; D, Pourri- dié ; E, Black Rot. — Insectes ampélophages : Érinéum. — Accidents atmosphériques et affec- tions diverses : coulure, chlorose, gelée. Division. — Économie et législation. Les personnes désireuses de prendre part à l’Exposition devront en faire la demande au Secrétariat de la Commission d’organi- sation, avant le R*’ août prochain, à la Pré- fecture de la Gironde, oû elles pourront se procurer le programme plus détaillé du Congrès. Expositions horticoles annoncées. — A Ncuilly-Plaisance, du P'i’ au 9 août. Adresser les demandes à M. le commissaire central de l’exposition à Neuilly-Plaisance. Le jury se réunira le 31 juillet, à dix heures du matin, au local de l’Exposition. A Bayeux (Calvados), du 21 au 23 août. Adresser les demandes au plus tard le 20 juillet, à M. Tavigny, président de la commission d’organisation, à Rayeux. Erratum. — Dans le numéro du 16 juin dernier de la lieviie horticole, à la page 283, il s’est glissé une erreur que nous nous empressons de rectifier. Au lieu d'iLpiphyllum Gibsoni, il faut lire : Eiu- riiYLLUM Russellianum Gartneri. E.-A. Carrière et Ed. André. 318 LES CÂLCÉOLAIIŒS IlYliLIDES VIVACES. j.i:s (;am;i:ol\ji{es iivnnmivs mvaœs Kii pnliliant, au comnienccmeiil de cette année (1), nn article sur ces nouvelles (ial- céolairc'S liylirides, dont nous avons donné une desci'ipiion et une ligure, nous tai- sions, en nous appuyant sur les succès déjà obtenus, ressortir les avantages (|ue très- ju'obahleinent cette nouvelle race était a|)})e- lée à fournil’. Toutefois ce n’était encore là (jue des proliabilités. Aujourd’bui ce sont des faits qui ont même dépassé de beaucoup ce ({u’on était en droit d’espéi’er. Rappelons d’abord l’origine de ces nou- veaux liylirides : la mère était le Calceoia- ria rugosa Triomphe he Versailles, plante vivace et même sous-frutescente cul- tivée en serre, dont la lleur est d’un très- lieau jaune d’or ; M. Rourderioux, l’obtenteur des plantes en question, avait pris pour porte- pollen des variétés des Calcéolaires dites liylirides, sortes dont il serait difticile d’in- diquer exactement l’origine, déjà très-modi- fiée et surtout très-remarqual)le par l’abon- dance et la forme des fleurs, de même que par la variation des coloris. Mais au lieu d’être sous-frutescentes, ces dernières va- riétés, que l’on nomme aussi « Calcéolaires lierliacées », ne sont même jias vivaces; ce sont des plantes bisannuelles à feuilles très- larges qui rappellent un peu celles de la Digitale commune. C’est de l’association de ces deux races si différentes que sont sorties les hybrides vivaces et même sous-ligmmæ dont nous parlons. Ils ont donc jiris tous les princi- paux caractères (faciès, végétation, nature, perennéité et même presque lignosité) de la mère, tandis qu’ils ont conservé du père la forme et l’aspect général des fleurs, et sur- tout la grande variation des couleurs. Il y a là un nouveau type très-intéressant et certainement appelé à jouer un très- grand rôle dans l’ornementation, et qui con- trilniera à la décoration des massifs pendant l’été; en eflet, mises en pleine terre au prin- temps, les plantes en question continueront à fleurir pendant toute l’année, absolument comme le font les Calceolaria rugosa (type et vai’iétés). Les Calcéolaires hybrides vivaces dont nous })arlons présentent encore, au point de vue de l’ornement, cet avantage qu’on peut les multiplier par boutures, ce qui per- (1) Voir Revue horticole, 1886, p, 12. metira de [)ro[)agei’ les variétés ({ue l’on trouvera l('s plus belles ou les plus jiropi’es à (el ou tel usage ornemental, et d’en faire soit des massifs d’une même couleur ou de les [ilanter en mélange en disjiosant les couleurs de telle façon (pie l’on voudra, de manière à obtenir des contrastes ou des elfets prévus. Au contraire on devra pi’cxé- der par semis si l’on veut olitenir des vai’iétés parmi lesquelles on pouri’a choisir })Our multiplier celles qui seraient les })lus belles ou qui présenteraient un intérêt par- ticulier. Nous avons tenu essentiellement à rapjie- 1er ces particularités et à en faire ressortir les consé([uences, car en même temps qu’ils montrent un grand progrès et des avantages obtenus, ils élargissent la voie ouverte de l’hybridation ou fécondation artificielle, ils monti’ent ce qu’on est en droit d’attendre de son application bien entendue. En effet, ce n’est pas seulement dans l’horticulture orne- mentale, mais dans toutes les parties de la culture que l’on pourra obtenir les variétés particulières dont on aurait besoin ; il suf- fira de bien choisir les parents et d’opé- rer à propos, suivant les conditions dans lesquelles on se trouve. Par la fécondation artificielle judicieuse- ment pratiquée, le cultivateur, de même que riiorticulteur, peut donc, en opérant d’après certaines règles, créer pour ainsi dire à volonté, les plantes dont il a liesoin pour son usage. Jusqu’aujourd’hui, nous devons le reconnaître, on n’en a guère profité qu’en ce qui a rapport aux plantes d’ornement. C’est un tort, sans aucun doute, car on ob- tiendrait sans doute des avantages analogues en arboriculture et même en agriculture. Culture et multiplication des Calcéo- laires hybrides vivaces. — La multiplica- tion peut se faire par boutures ainsi qu’on le fait du Calceolaria rugosa^ c’est-à-dire par bourgeons herbacés que l’on coupe et plante en pots, qu’on place sous cloche dans la serre à multiplication et que l’on traite ensuite comme des plantes de serre. Quant au semis, on le fait de juin en août, en pots ou en terrines remplis de terre de bruyère ; mais vu la ténuité des graines, on sème sur la terre maintenue légèrement liiimide ; on appuie légèrement et si })ossible on recouvre le vase d’une feuille de verre, ainsi qu’on le [fait lorsqu’il 1 ROSIER MULTIFLORE DELALANDE. — r (le graines li-cs-fines, par exemple de celles (le ]>égonias. AussitcU que les })lanl,s ont (le d à i feuilles, on les repi(pie dans de petits pots (|ii’on pkuîe sons cloche ou sons d(‘s châssis très-prè>s du verre. On ])eut aussi repi(pier en ^deine terre sons châssis li“ès-près des vitrages. A rapproche pa 3 spathes ; j’ai mesuré l’une d’elles, qui atteint 1«'80 de longueur; elle est carénée, ligneuse et très-résistante. Le sjiadice est constitué par un faiset'au de ramitications, lestpielles por- tent à leur liase de 15 à ‘20 fleurs femelles, solitaii-(‘s ou géminées avec une Heur mâle, celle-ci très-cadn({ue, et, à leur partie su- périeure, de 00 à 70 Heurs toutes males. Les fruits mûrissent en août; leui- vo- lume est celui d’une noix de moyenne gros.seiir avec leur pulpe qui est jaunâtre; la noix dépouillée de sa pulpe, véritahle miniature de la Noix de Coco, atteint la grosseui- d’une forte Aveline. Ce Jul)ica a refleuri cette année; une spathe est déjà détlenrie (80 mars), une autre s’ouvrira prohahlernent dans (juinze jours ou trois semaines. Malgré cette tlorai- Fig. 82. Ramille florale portant des fleurs mâles et des fleurs femelles, montrant la disposition et les dimensions relatives. raison tardive, ce Palmier ne donne aucun signe de caducité (1). J. P AVE A U, JarJiiiitr en chef à l’inslilut nalionai polytechnique de Lisbonne. (I) Un pied de Jubœa speclabilis planté en pleine terre, aux serres du Muséum, dans le pavil- lon tempéré, depuis environ trente ans, présente aujourd’hui les dimensions suivantes : Hauteur du tronc au-dessus des feuilles. . In’CO Hauteur de la base des premières feuilles à la base de la dernière feuille du centre. . O^^SO Soit de la base du tronc à la base de la feuille cenfrale 2'r'iO Circonférence de la tige 8'"40 Soit en diamètre O^SO Cette plante, âgée d’environ quarante ans, a 24 feuilles bien développées. Chaque feuille, qui mesure environ 4 mètres de longueur, porte 225 pinnules. On peut citer aussi, parmi les plus forts exem- plaires de Jubœa, plantés en plein air actuellement en Europe: celui de la villa Tburet, à Antibes; celui des frères Rovelli, à Pallanza (Lac-Majeur) ; celui que M, Dognin avait planté dans son jardin, à Cannes, et qui n'a pas survécu à l’opération de la transplantation, etc. {Rédaction .) EXPOSITION DE GEOGRAPHIE (iOTANlOUE. LE DLANG DES RACINES. 321 EXPOSITION OE OÉOGHAPIIIE liOTANIODE Après ax’oir fait un certain nombre de conférences sur la Géographie liotanique et montré tout l’intérêt que présente cette partie de la science des végétaux, le savant professeur à l’Académie royale supérieure d’agriculture de Copenhague, M. Cari Hansen, eut l’heureuse idée de faire, dans les locaux de la Société danoise, une Expo- sition générale de géographie botanique, dont nous allons essayer de donner une idée. Disons d’abord que l’entreprise était hardie, sinon téméraire, car, outre qu’il n’y avait jamais eu, à Copenhague, d’exposi- tion de ce genre, l’exécution était difficile et laborieuse, et pour surmonter les diffi- cultés il fallait non seulement une « volonté de fer », mais des connaissances générales très-étendues sur presque toutes les parties du glolie. Rien, pourtant, n’arrèta le sa- vant danois, et avec le concours d’hommes éclairés, savants et praticiens, il eut l’hon- neur et la gloire de voir son entreprise couronnée d’un plein succès, même bien au delà de tout ce qu’on paraissait en droit d’en attendre. Pour donner à cette Exposition un plus grand éclat, on avait réuni 'dans les diverses .salles d’exposition, outre les objets compo- sant celle-ci, des ornementations en rapport avec le sujet et qui ajoutaient encore à l’in- térêt de celui-ci; par exemple, en plus des drapeaux et des écussons, on avait placé des bustes des principaux naturalistes qui s’é- taient surtout occupés de ces diverses spé- cialités. Les flores des deux continents avaient été groupées .séparément; ensuite venaient celle du Japon, celle de la Nouvelle-Hol- lande, etc. Quant aux flores de l’Amé- rique, ainsi que celle des Indes, indépen- damment de leur caractère général, elles se faisaient remarquer par la nature et les formes spéciales des végétaux qui leur sont plus particulièrement propres. Lorsipie nous disons qu’une grande quan- tité de flores avaient été exposées, il ne faut pas confondre et nous devons quel- ques explications à ce sujet. 11 ne s’agit pas des llores scientifiques écrites, c’est-à- dire des travaux des botanistes dans lesquels ceux-ci ont énuméré et décrit les végétaux de telle ou telle partie du globe. Non ! ce serait une grande erreur. M. Cari Hansen, en organisant cette exposition, avait des vues plus élevées ; ce qu’il voulait, c’était montrer à tous, même aux gens les plus ignorants en fait de science, non seulement la nature des végétaux qui recouvrent le globe, mais comment ils sont répartis à la surface de celui-ci, ce qui ne pouvait être fait qu’en réunissant là le plus grand nombre de végétaux vivants, autant que possible, et en les dispersant dans l’ordre où on les rencontre le plus généralement à l’état sauvage, de manière à faire de l’Ex- position une véritable école populaire où, d’un coup d’œil, on pût se faire une idée exacte de la population végétale des di- verses parties du monde. A-t-il réussi? Oui, certainement, si l’on en juge par le nombre des visiteurs, 'que cette exposition a vivement intéressés. Il y a là un bon exemple à suivre, et nous ne doutons pas que M. Cari Hansen trouve des imitateurs. En attendant, nous n’hésitons pas à le féliciter de son heureuse initiative et du succès légitime qu’il a obtenu. E.-A. Carrière. LE BLANC DES RACINES J’ai lu avec un vif intérêt le compte- rendu de la .séance du Congrès d’horti- culture de Paris, concernant la question suivante : (( Quelle est la cause qui donne naissance à la maladie connue sous le nom de Blanc des racines, dont les effets se font particulièrement sentir sur les racines du Pêcher, etc.? » Cette question intéresse au plus haut point tous les arboriculteurs. Je viens exposer, à ce sujet, ce qui m’est arrivé depuis que je suis à Saint-Brice, et les expériences auxquelles je me suis livré. Il y a environ vingt-cinq ans, mes maîtres avaient fait garnir de Pêchers une grande surface de murs exposés au midi. Or, ces 32‘2 SCIENCE ET PRATIQUE. ai'lires ayani tous péri par épuisornent, ou voulut, il y a quelques années, faire re- nouviîler celle planlalion. Je fis alors ouvrir (les fouilles de 1 mètre de profondeur sur de c(')té. Je lis enlever le sous-sol et rapporter des terres douces, substantielles, ])lus lé'g-ères (pie fortes el qui n’avaient ja- mais nourri d’ai-lires. Mes sujels étaient sains et vig-oureux, greflés sur Amandier ; les deux premières amures, ils poussèrent J)ien, mais la troisième, je m’a{)erçus, au mois do Juillet, (pie (piel(pies-uns étaient llétris. Je reconnus, alors, les etTets de cette terrible maladie, à laipielle aucun d’eux n’a depuis pu résister. Cet insuccès ne me découragea pas. tl y a quatre ans, je lis de nouvelles plantations le long d’un mur exposé au levant, et où étaient déjà quelques anciens plants. Mes arbres sont très- vigoureux ; mais, l’an dernier, le mal se fit encore sentir, et deux d’entre eux périrent. J’eus l’idée de ti'aiter ceux (pii me restaient par le poly- sulfure de potassium, décrit dans la chro- nique de la Revue du 16 juin 1885. Pour cela, je dégarnis les autres arbres et j’en trouvai encore trois dont les racines étaientta- pissées de ce cbampignon. Je préparai aussitôt un bain de polysiilfure de potassium à la dose SCIENCE e; Nous avons dit souvent diqà que la pra- tique ne pouvait être isolée de la science, c’est-à-dire de la théorie dont, à vrai dire, elle est sceur. Quelle est l’aînée? La pratique, assurément, car la théorie, étant une déduction, ne peut venir qu’en second lieu. Dans le monde horticole, il faut bien le reconnaître, les praticiens, par suite d’un regrettable aveuglement, se méfient quel- quefois de la science, et croient s’être relevés lorsque, en parlant d’un théoricien, ils ont dit : C’est un savant ! C’est un tort, et même un grand, sans doute, mais cela est ainsi. Hâtons-nous de dire qu’ici nous n’avons pas à défendre les savants qui, du reste, ne sont nullement atteints par cette sorte de boutade ; ajoutons aussi que le plus grand nombre des praticiens jugent autre- ment la science et ceux qui l’enseignent. Cette séparation est préjudiciable aux uns et aux autres: aux savants en les pri- vant de matériaux qui leur seraient Irès- iitiles ; aux praticiens en leur enlevant des indiquée, c’esl-à-dire dans la ])ropoi*lion de ({uali-(‘ grammes par lilnî d’(‘au et j’armsai (1(“ suil(' ni(‘s trois plants malades avec dix lili’es de C(‘ li(piide [lar pi(“d, (pu» je vi'rsai en deux fois, à deux beuri's d’inb'rvalle, el je changeai ensuile b's terres de la sniface. Ilnil jours apj-ès, j(; riJournai arro.S(‘r comme la ])remière fois. Aujour- d’hui, deux de ces plants sont vigoiirmix ; le troisièuKg (pii était le plus alb'int, est resté languissant, sans toutefois pré.senter aucune ti'ace de blanc. Mon [irocédé est-il bon ? Je le soubaib; dans l’inlérél de l’arboricullure. I.a dispa- rition de la maladie est-elle due à l’action de l’air sur les racines dans le très-court espace de temjis où je les ai dégarnies? C’est ce que je ne puis dire, bien qu’il m’ait semblé que les filaments du champignon se desséchaient aussit(')t découverts. Le mal reviendra-t-il? Peut-êli'c. Je le crains beaucoup. Je crois cependant que, pour le détruire, il faut l’emploi de produits sulfureux dans le sol. Je continuerai, cette année, mes expériences, et je les ferai aussi sur les arbres qui étaient sains l’an der- nier. Jusqu’à présent, je n’ai rien remarqué de fâcheux dans leur végétation. Paul Moreau, .lardinier au château de Saint-Brice, près Cognac (ChareJel. ' l'RATiaiJE connaissances fondamentales sur la nature et l’organisation des végétaux, connais- sances qui pourraient les guider et les con- duire plus sûrement à la réalisation et aux succès d’opérations pratiques. C’est ce que nous allons essayer de démontrer en nous appuyant sur des faits d’une appli- cation journalière et dont, par conséquent, on ne peut nier la valeur. Dans ce but nous allons, brièvement et succinctement, examiner les principales opérations que comprend riiorticulture, en général, et même l’agriculture, sciences qui, sous le rapport du sol et même un peu de l’outillage, se touchent par beaucoup de côtés. Sous le titre de Jardinage proprement dit nous comprenons les diverses opéra- tions qui, dans leur ensemble, constituent le jardinage pratique, c’est-à-dire l’appli- cation des procédés usités dans la prati- que. Bouturage. — C’est la botanique, en faisant connaître la nature et l’organisation SCIENCE ET PRA.TIOUE. 323 (les vég’élaiix et en décrivant les principales conditions pour l’émission des racines, ([ui a mis sur la voie des difierents })rocédés de bouturage et a montré les principales conditions qui sont les bases du succès. C’est surtout cette science qui, en démontrant l’absorption et l’évaporation dans les végé- taux, a fait ressortir ce fait, que toute partie séparée de la plante, évaporant et ne recevant plus rien de sa mèi'e, périrait dans un laps de temps plus ou moins long- suivant sa nature et son état, si elle n’était protégée contre l’air extérieurr. De là la né- cessité « d'étouffer » les boutures, néces- sité d’autant plus grande que les parties séparées sont plus tendres, plus molles et plus aqueuses. Semis et plantations. — C’est égale- ment la science qui nous démontre que, toute partie respirant et expirant doit pour se maintenir et vivre, être placée dans des conditions où ces fonctions puissent s’exercer le mieux possible. Ce fait a aussi démontré que les graines, de même que les plantes, devaient être mises le plus près possible (relativement bien entendu) de la surface du sol afin d’être le plus possible en rapport avec les éléments atmosphé- riques qui leur sont indispensables. Fécondation artificielle. — Cette opé- ration, dont l’importance se fait de plus en plus sentir, et qui, aujourd’hui, joue un si grand rôle, non seulement en horticulture et en arboriculture, mais aussi dans la cul- ture générale, ou plutôt dans toutes les parties de l’histoire naturelle, ne date pour- tant que d’un nombre d’années relative- ment petit. Il fallait, en effet, pour l’appli- quer avec succès, savoir que toutes les plantes étaient sexuées, difïeremment tou- tefois, connaissances qui ont été longtemps peu ou mal connues et qui, même de nos jours encore, laissent beaucoup à désirer, ce qui explique les nombreux déboires c{ue l’on éprouve encore dans la pratique et que l’on ne sait souvent à quoi attribuer. C’est un botaniste français, Sébastien Vaillant, qui, le premier, a fait connaître la fécondation des plantes. Jusqu’à lui la chose était plutôt pressentie que vraiment dé- montrée ; ce savant, au contraire, mit le phénomène hors de doute. Qui donc, au- jourd’hui, pourrait dire quel service cette science a rendu à l’horticulture et surtout ceux qu’elle est appelée à lui rendre? Greffage. — De toutes les opérations du jardinage, celle du greffage est peut-être la moins empirique, c’est-à-dii*e que c’est elle c{ui repose sur les bases les plus solides, si bien même qu’il paraît difficile de s’en écarter sans éprouver des déceptions. En elfet, quoi (jue l’on ait tenté, on n’a jamais pu unir les végétaux n’ayant entre eux aucun lien de parenté, c’est-à-dire certaines affinités organiques que la botanique fait connaître. C’est l’ensemble et surtout l’en- chaînement de ces caractères (jui consti- tuent la loi d’après laquelle les végétaux peuvent s’unir, c’est-à-dire être greffés les uns sur les autres. C’est à cetensemble, (iui peut pourtant présenter ({uelques différences anatomiques mais qui imporlent peu à la pratique, ({ue l’on a donné le nom de classification. Industrie et outillage horticole. — Dans cette partie encore la pratique de l’horticul- ture ne peut être isolée, ni prétendre .se passer des autres sciences; au contraire, elle doit faire constamment appel à diverses industries qui lui sont plus ou moins connexes : telles que la construction deserres, celle d’appareils de chauffage, de pompes élévatoires d’arrosage, etc., etc. Si, de la partie horticole proprement dite, c’est-à-dire de tout ce qui comprend la chose considérée jardiniquement, nous passons au sol en général, c’est-à-dire à l’examen de sa nature, aux façons qu’il faut lui donner, aux engrais à employer, au rôle qu’ils jouent, à leur distribution, etc., etc., plus que jamais il nous faudra recourir à des sciences spéciales, à la chimie, à la phy- sique, à la minéralogie, à la géologie, etc. On a pu, par ce qui précède, voir que l’horticulteur praticien, quelque instruit qu’il soit, était rarement aussi isolé qu’il le croit, et que journellement, il met à contri- bution des sciences spéciales, dont il pro- fite, largement. Les résultats obtenus ne reviennent pas tous à la science et très-souvent même la pratique y entre pour une grande part, soit par la méthode, le choix et la bonne direction des procédés, soit par la manière intelligente avec laquelle ceux-ci ont été appliqués. De tout ce qui précède on doit conclure que, science et pratique sont sœurs, que, mieux éclairées sur leurs véritables intérêts, elles doivent rester unies, et marcher vers le même but. E.-A Carrière. (ilJZ^lAMA J1 y a ({uelqiics années que M. W. Bull, liürlicuUeur à Clielsea (Londres), a mis au commerce une pelite Broméliacée nouvelle, sous le nom de Carfujuala amjuslifolia. Cette jolie planle, ([ui existe déjà dans (jiiel- ([ues colleclions, e( à laquelle nous li'ouviojis un aspect di lièrent des autres espèces de ce genre, nous rappelait plutôt certains G uzmania. Elle vient de lleurir chez le docteur Le Bêle, au Mans, et nous a permis de consta- ter (ju’elle faisait bien partie du genre Guz)nania ; il n’y a pas à en douter à l’ins- pection de son épi sinq)le, portant des tleurs tuhulées à la base, avec les anthères dispo- sées en annecui autour du style. Nous proposons donc de rectitier une détermination qui est inexacte, et de dé- dier la plante, sous le nom de G uzmania Bidlüma, Ed. And., à riiorticulteur qui l’a reçue de l’Amérique du Sud. En voici la descjâption : plante de petite taille, d’un port régulier, à feuilles circinées, étalées-décurves canaliculées , acuminées- aigües, molles, faiblement in\'aginées, vert pale ligné de violet, longues de 0 ‘20, larges de les tïorales plus petites, teintées de rouge orangé à la base, toutes légèrement lavées de violet en dessous. In- lîlLUAXA tlorescence en épi simple, courtement pé- donculé, haut de '10 à 15 centimètres, en massue, dressé ou un })ou penché, couvert de br.udées ind)riquées du plus beau j’ouge minium, braisquement termiiiées par une ])ointe allongée à sommet vert un peu obtus. Fleurs sessiles, une à l’aisselle de chaque bractée. Calyce à sé])ales ovales-obtus, caré- nés, im])riqués, pales, membranacés, longs de0"*0'15; corolle jaune d’or, longue de 0"'045, tubuleuse à la I)ase, légèrement courbée, à limbe cupuliforme ol>tusilol)é, à bords convoi (liés api'ès l’an thèse. Etamines connées en anneau péristylique, subsessiles, sagittées, subbasifixes, un peu plus longues que le style tiliforme ; stigmate courtement trifide. On ne voit pas de tleurs à l’aisselle des bractées de la base et du sommet de l’épi. Cette charmante petite nouveauté, à la fois brillante par ça 11 oraison et c( distinguée » par son port ne peut manquer de trouver place dans toutes les collections de Bromé- liacées, dès qu’elle sera suffisamment mul- tipliée. Le Cr . BuUiana demande la serre chaude, à l’exemple des autres espèces du genre : G. tricolor, G. erythrolepis, G. De- vansayana. Ed. André. L ELIA SUPERBIENS Cette espèce est une des plus l)elles du genre, c’est ce qui nous a engagé à en donner une ligure et une description. Plante extrêmement vigoureuse, à tiges très-fortes, à pseudoliulbes très-longs, attei- gnant parfois jusqu’à 40 centimètres de lon- gueur, terminés par deux feuilles coriaces, excessivement épaisses, d’un vert l)lond, lirusquement rétrécies et arrondies au som- met. Hampe dans l’axe des deux feuilles, très-forte, atteignant jusqu’à i '“50 de hau- teur, Ijlancbàtre, farinacée, terminée par une énorme inflorescence courtement pani- culée, arrondie, de 20 à 30 centimètres de diamètre sur ime hauteur presque égale. Fleurs grandes, d’un très-beau rose nuancé de A'ermillon violacé, à divisions très-longues, relativement étroites, surtout les externes qui sont légèrement tortillées. Labelle enroulé, étalé, très-longuement pro- longé à sa base, qui est largement bordée de violet rosé, légèrement stiâé. Pédoncule ovarien de 8 à 12 centimètres de longueur, muni à sa base d’une bractée scarieuse, pa- py racée. Cette plante, que nous avons fait peindre dans les serres du Luxembourg, est certai- nement l’une des plus jolies du genre. Tou- tefois nous devons reconnaître ({u’elle ne lleurit que lorsqu’elle a dtyà acquis une cer- taine force, ce qui s’explique par l’ampleur de l’iîiflorescence, le nombre et la grandeur des Heurs. Ainsi l’inflorescence de la plante qui a servi de modèle portait douze fleurs, et son diamètre était d’environ 30 centi- mètres. Le Lælia superhiens a été ainsi nommé })ar Lindley (T), le grand orcbidograpbe anglais, sur les échantillons découverts par Fre Skinner dans le village de Surupango, au Guatémala, en '1839. C’est auprès de la (1) /> ;/. Rcrj., 18i(\ n" 87, et sub lab. G2, 18'r2. ne une noriicote 325 LES INDUSTRIES HORTICOLES A l’EXPOSITION d’HORTTCULTURE DE PARIS. petite ville do Gomalepe que l’espèce se trouve en ])lus grande abondance. Depuis cette époque, elle a été retrouvée en d’autres points de l’Amérique centrale et de temps en temps on en introduit d’assez grandes quantités, en Angleterre surtout. Hartweg a également trouvé cette Orcliidée dans les montagnes de Malacatan, au Mexique, et près de Chantla, dans l’état de Ques;dte- nango. Le Lælia supcrhiens exige la serre tem- ])érée et des pots rëlativement grands ; on le cultive en terre de bruyère très-grossière- ment concassée, mélangée de spliagnum bacbé auquel on ajoute des morceaux de lirique pilée. Pendant l’époque de la végé- tation, les arrosages doivent être assez abon- dants, et de l'ré(|uents seringages seront également très-l'avorables. Toutefois ceux-ci ne devront jamais être faits sur les Heurs qui s’en trouveraient tachées et dont la durée serait diminuée. p].-A. Carrière. LES INDUSTRIES HORTICOLES A L’EXPOSITION D’HORTICULTURE DE PARIS Les produits des arts et industi ies horticoles étaient nombreux à la dernière exposition de la Société centi’ale d’horticulture de Paris. Outre ^es exposants du département de la Seine, vingt- cinq étaient venus du département de Seine-et- Oise et dix de neuf autres départements. La Société n’a pas jugé devoir récompenser les produits dont l’expérimentation n’avait pu faire apprécier la valeur, bien qu’il y eût des produits fort remarquables. Serres. — Les serres en fer et en bois, très- nombreuses, perfectionnées et variées dans leurs applications, ne présentaient cependant l'ien de nouveau. Il semble que dans l’indus- trie des serres en fer, les fabiâcants cherchent plutôt à attirer la clientèle par le bon marché que par une construction bien raisonnée au point de vue de la solidité et des meilleures conditions horticoles. M. Vélard a obtenu une grande médaille d’argent pour ses châssis en bois et fer dont les assemblages sont bien compris. La série des appareils de chauffage des serres était très-importante, tant par le nombre des exposants que par le perfectionnement des ap- pareils. M. Paul Lebœuf (ancienne maison ■ Gervais) a obtenu la médaille d’or. Il avait exposé des chaudières en fer, tubulaires, d’une grande puissance de surface de chauffe, et dont le nettoyage et la réparation sont faciles. Toute- fois, il a dû cette réconq)ense à iin nouveau thermosyphon î)ortatif ayant la forme et la mo- bilité du poêle Chouberski; la chaleur émise par l’eau, étant douce, régulière, convient à la fois aux serres et aux appartements. M. Martre a obtenu une médaille de vermeil pour la bonne exécution de sa chaudière et une grande médaille d’argent pour un nouvel appareil qu’il appelle le (x thanatophore » pour la vaporisation de la nicotine ou d’autres insec- ticides. M. Blanquier, de La Chapelle, MM. Zani, Lecœur et Mirande, de Saint-Germain-en- Laye, avaient également exposé de très-bonnes chaudières. Les claies à ombrer les plus perfectionnées ont obtenu deux récompenses : un rappel de médaille de vermeil à MM. Lebœuf frères, et une médaille d’argent à M. Marchai. Des paniers à Orchidées de formes élégantes, variées, et surtout très-bon marché, étaient exposés par la maison Lebœuf frères. L’exposition des appareils hydrauliques était des plus remarquables. M. Beaume a obtenu la grande médaille pour son exposition de })ompes fixés et portatives de ses divers appareils. M. Pallau est l’inventeur d’un nouveau sys- tème de pompes rotatives à palettes, qui paraît très-ingénieux ; et a obtenu une grande mé- daille d’argent. Le système de pompes à chaînes, exposé par M. Debray, avec des clapets en cuir faciles à rem})lacer, est très-ingénieux. M. Mayer exposait un système de pulvérisa- teur-mélangeur d’insecticides dont il est l’in- venteur. La maison Suireau et Collet a obtenu une grande médaille d’argent pour l’ensemble de son exposition, dans laquelle on remarquait une nouvelle pompe portative et foulante très- ingénieuse pour l’injection des insecticides dans le sol. M. Lefebvre -Renier avait exposé des arro- soirs-pulvérisateurs perfectionnés, ainsi que les maisons Tellier et Broquet. M. Johy avait exposé des tonneaux d’ariœsage en tôle, très-perfectionnés. — M. Dubuc, le plus ancien des fabricants de pompes d’arro- sage à main, en avait apporté de plusieurs grosseurs, qui réunissaient toutes les conditions de légèreté, solidité et bon marché. Parmi les appareils spécialement destinés à l’arrosage, nous avons remarqué le nouveau pulvérisateur de M. Gitton, fonctionnant faci- lement par le moyen d’un levier et permettant de projeter les insecticides à une grande hau- teur. ■ — Les nouveaux tuyaux d’arrosage en bronze de la maison Mansion-Tessier, de Bougival, étaient vraiment remarquables. Ces tuyaux peuvent résister à une presssion bien supérieure à ceux en caoutchouc ou en toile. M. Eon montrait un système de raccords d’une application facile pour les tuyaux eu 320 IM'GllER REINE DES VERGERS EN PLEIN VENT. caoutchouc, ainsi (jue de Ijons instrurnenls de précision, tliennonièli'es miniina et inaxiina avec avertisseur, etc. M. Lebailleux ex})osait des cuvettes en /inc })our maintenir l’arrosage au j)ied des arhi-es. line commission d’arboricultui'c a été chargée d’étudier l’appareil et d’en rendre com{)te. La maison J. Carré et bis aîné a obtenu une gi’ande médaille d’argent pour l’ensemble de son exposition, qui était très-remarquable et qui comprenait un système de distribution d’eau à toute hauteur, par l’air comprimé, au moyen d’une pompe très-simple. ]\1. Ch. Tellier, ingénicmr, exposait des ap- pareils particuliers pour l’élévation automa- tique de l’eau. Nous ne pouvons donner ici la description de ces appareils, dont le fonction- nement est fondé sur les })ropriétés d’affinités de l’ammoniaque pour l’eau. C’est la première fois que ces systèmes sont exposés. M. Ch, Tellier annonce que le 2 no- vembre 1885, par une journée favorable, l’un de ces appareils a donné, à Paris, 2,500 litres à l’heure pendant une partie de l’après-midi. Avant de porter un jugement quelconque sur ces nouveaux appareils, il est bon d’attendre des expériences plus concluantes. La coutellerie horticole, ainsi que les outils de jardins, étaient fort luen i-eprésentés. M. Aubry a obtenu une grande médaille d’ai’gent pour son nouveau sécateur à ressort mobile, et l’ensemble de son exposition. M. Hardivillé exposait son cueille-lleurs 'et son numéroteur d’étiquettes; M. Larivière, un sécateur pour l’incision annulaire et une pince à onglet. La cueilleuse Dubois perfectionnée, instru- ment bien commode se dissimulant élégam- l'KCIlEK m-INE DES VI Les murs sont-ils absolument néces- saires pour récolter de belles et lionnes Pèches? Ne serait-il pas suftisant, pour cer- taines variétés, de planter en plein air, comme on le fait pour les Abricotiers, dont les fi-uits récoltés en plein vent sord bien supérieurs sous tous les rapports à ceux ({ue l’on récolte en espalier ? Dans beaucoup de cas on jiourrait répondre négativement, mais avant de se jirononcer délinitive- ment sur celte hypothèse, qui pourra sou- lever quelques doutes, il sei’aitbon, croyons- nous, d’en tenter l’essai pour certaines variétés, ainsi que je l’ai fait à Dougival pour le Pécher Reine (?cs Verffers. En 187T, je visitais le jardin d’un ami, au Vésinet, lorsqu’en passant dans son ver- ger, j’ajierçus parmi diberentes variétés d’arbres fruitiers un magniti([ue Pécher en plein vent, sur lequel j’admirai les plus ment dans une canne ou une ombndle, était très-appréciée des visitcui's. M. Desenne a obtimii une gi-ande médaille d’argent pour ses cueille - Roses, ainsi que pour l’ensemble de son exposition : j)lante-Nai- vets, porte-cloches, chargeoir de hottes, ci- vières, etc. Une médaille d’argent a été attribuée à M. Pel- letier, pour ses chariots à caisses et bacs. De bonnes tondeuses, mais depuis longtemps connues, étaient exposées par les maisons Louet, Reaume et Williams. M. Solder avait exposé un fort beau pont en fer rustique, ainsi que des grillages mécaniques, pour lesquels on lui a accordé une médaille de vermeil. En terminant ce compte-i-endu tardif, nous regrettons de ne pouvoir que mentionner, sans nous y arrêter davantage; les porte - fruits de I\IM. Barbou et .lollivet, les tentes de ]\I. Couette, les meubles de jardins de M. Lich- tenfelder, de M. Perret, les vases d’ornement» de M. Paris, les kiosques de MM. Dreux et Ozanne, les treillages de M. Groseil, les con- structions rustiques, rochers et grottes de MM. Dubos et qui ont obtenu la médaille d’or. En résumé, les arts et industries horticoles faisaient bonne figure à la dernière exposition de la Société centrale d’horticulture de France, et l’excellente direction des organisateurs, MM. Alexandre Ilébrard, Delaville et Paul Le- bœuf, qui avaient su apporter beaucoup d’ordre dans le groupement des objets, mérite les plus vifs éloges et n’a pas peu contribué au succès de cette partie de l’exposition. J. Dormois. tCERS EN PLEIN VENT helles Pêches qu’il fut possilile de trouver, même en espalier ; les ayant goûtées, je les trouvai délicieuses et j’appris avec surprise que ces Pêches n’étaient autres que la Reine des TTny/ers; je fus frappé de la beauté et de la (pialité de ces fruits. L’an- née suivante, en faisant une commande de diverses espèces d’arbres fruitiers que je voulais planter, j’avais noté sur ma liste deux Pêchers hautes tiges Reine des Ver- gers. Le pépiniériste à qui je m’adressai était un arhoriculteur intelligent et que j’aimais toujours à consulter, lorsqu’il s’a- gissait d’une plantation fruitière quelconque. Il m’engagea à renoncer à cet essai, mal- gré l’ohservation que je lui faisais, en lui citant pour exenqile les fruits que j’avais vus chez cet ami. 11 me répondit que, dans le sol léger et chaud du Vésinet, le fait était possible, mais qu’il n’y aurait aucune chance 15 1 1’ I ! ICN ARIA A n ï A N I' I A CA . 327 (le ivussile dans des lorrains froids ei lui- inides ex]>osés an nord. Bien que ces ohser- valions ni’aienl causé quelques craintes je n’en jiersistai pas moins à mettre mon idée à exécution, et en automne 1875, je plantai deux Pêchers ïmwie i\g;e Reine des Vergers. Ces deux arlires, qni avaient d’aliord poussé vigoureusement, furent atteints ])ar les froids excejitionnels de l’hiver 1879- 1880, ainsi que liien d’antres ailires frui- tiers qni périrent, ou furent bien ma- lades. Même un de ces deux Pêchers me parut perdu, et je fus sur le point de l’arracher, ce qu’heureusement je ne tis pas, car aujourd’hui ces deux arbres sont sains et vigoureux, et les cbancres qu’avait en- gendrés la gelée ont complètement disparu, recouverts par une écorce lisse et unie. Outi'e leur rusticité, ces Pêchers lleu- rissent bien plus régulièrement toutes les années que certaines autres essences d’ar- bres ; leurs Heurs sont très-rustiques, la fécondation en est pi'esque toujours assurée, et leurs fleurs résistent plus que toutes autres aux intempéiles printanières qui annulent si souvent les récoltes fruitières. Depuis 188^2, ces deux Pêchers se sont chaque année couverts de fruits magni- fiques, tandis que les Pruniers, les Abrico- tiers, les Cerisiers qui les environnent, RIFKENARIA (( Plantes épiphytes, originaires du Brésil ; l)ulbes ovales-tétragones ; feuilles oblon- gues-lancéolées, plissées; inflorescence ra- dicante, triflore; fleur pourpre foncé, très- odorante. » (Endlicher, Généra^ p. d97.) Cette diagnose, bien que très-courte, peut donner une idée assez exacte des ca- ractères du genre Bifrenaria, moins celui des fleurs, toutefois. En effet, Endlicher indique celles-ci comme devant être pourpre noir (atro-piirpureis), ce qui, d’une ma- nière générale, peut être vrai, pas pour tout, cependant, puisque l’Orchidée dont nous parlons a les fleurs orangées. Voici ses caractères : Plante cespiteuse relativement naine. Pseudo-bulbes assez gros, quadrangulaires, unifoliés, courtement acuminés. Feuilles dressées, régulièrement ovales-elliptiques, rappelant assez exactement celles de cer- tains Veratrum ou encore du Gentiana lutea, atténuées à la base en un pétiole ca- naliculé d’environ 3 centimètres de lon- gueur, régulièrement atténuées au sommet, coriaces, de nature sèche, luisantes en des- n’ont donné de réc.olte qu’en 1885. Je dois toutefois, rdativement à ces Cerisiers, dir'<‘ (jue rex|)osition de mon jardin leur est ti'ès-défavorable; c’est au ])oint que depuis K) ans (fue je suis à Bongival, les Ceri- siers n’ont encore produit ({u’une belle récolte, bien qu’ils se couvrent de Heurs tous les printemps. J’ajoute que, coîitrairement à l’opinion du pépiniériste (|ui m’avait livré ces deux Pêchei's, leui's fruits sont tout aussi beaux ({ue ceux que j’avais vus au Vésinet, et je puis affirmer qu’ils sont bien siqrérieurs à ceux de la même variété que nous ré- coltons en espalier ; à Bougival, ils sont, comparativement, ce ({u’un Abricot-Pêche de plein vent est à un Abricot-Pêche d’es- palier. Sans espérer que toutes les variétés d’élite de Pêchers arrraient l’avantage que pré- sente la Reine des Vergers dont je parle, on peirt supposer que plusieurs autres, et peut-être aussi des Brugnoniers, se prête- raient parfaitement à cette culture, ce que j’engage à essayer, d’autant plus que, outre les piebabilités de réussite, ce mode de culture, qiti ne nécessite aucun travail et qui est par conséquent à la portée de tous, donnerait de beaux bénéfices. Eug. Vallerand. AURANTIACA SUS et parcourues par trois nervures princi- pales d’rrn blanc jarrnatre. Rameaux Horaux partant de la base des pseudo-birlbes, dressés, ramifiés. Pédoncule ovarien muni à sa base d’irne br-actée scarieuse papyracée, jaunâtre, rnareescente. Fleurs insérées ver’s leur milieu, atténrrées à la base, qui forme une sorte de gros éperon d’où semblent partir les pièces Horalesquisontd’unjarrnebeurre assez forreé, à cinq divisions rapproebées, lar’ge- ment et coirrdernerrt ovales, formant par lerrr disposition rrne sorte de capuchon dont l’ouverture, par son ensemble, rappelle un peu rrne Heur de Gladiolus psittacinus. La- belle contourné, dr’essé, simirlant assez bien certaines Heurs de Scroplrularinées, pro- longé à sa base en une lame ou languette recourbée, finement })apilleuse ou velue- veloutée, d’irn jaune orangé foncé, très-légè- rement strié, rougeâtre, dégageant une odeur assez forte, mais très-fine et agréa- ble, d’une exqirise suavité. Colonne forte, longue et lar-ge, placée à la partie supérieirre du labelle. J.e genre Bifrenaria, lundi., a été classé 3'^g LES SUSPENSIONS POUR ORCIllPÉES. dans l:i Iribii des Vandées, pas Irès-loin des Malaxis, entre les Tnchocenirum et les Jkilcmania. Quant à l’espèce dont nous jiai'lons, le Ik aaraniiaca, la [)lante est très-llori bonde, d’une bonne vigueur; ses fleurs sont assez grandes et d’une longue durée. C’est une iilanle robuste, quecbacpie année nous admirons en fleurs dans les serres du laixernbourg. K.-A. Carrière. LES SDSEEXSIONS l'OlHI OIUIMIKÉES L(‘S Orebidées épipliytes ont, on le sait, des racines d’une nature toute pai-ticulière. Ci-oissant, à l’état naturel, .sur les pentes de rochers, sur le tronc ou les branches Fisf. 83. — Vase à Orchidées. pjo-, 84^ _ Bûche à Orchidées. Fig. 85. — Panier à Orchidées. d’arbres de toutes dimensions, ces racines, cpii ne [)euvent pénétrer dans ces corps so- lides, ne font que s’y appliquer, et ne sont Fig. 86. — Hotte à Orchidées. qu’en partie cachées par la mousse et les lichens qui garnissent ces surfaces. Il en résulte, pour elles, des fonctions COU.IER i’OUR ATTACHER LES ARItHES. 329 nouvelles : elles concourent à la respiration (les plantes qui les produisent, et à leur ap- provisionnement d’iiuiniditci par l’absorp- tion des vapeurs and)iantes. C’est en favorisant ce mode tout sp(3cial de vt'^mlation, (pii se présente encore dans certaines Broméliacées, Aroïdées, Platijce- rium, etc., que l’on peut seulement culti- ver avec succès ces belles Orcb idées aé- riennes au port si élépi'ant, aux Heurs si pures de formes et si ricliement colorées. Or, la plupart du temps, dans les .serres, les Orchidées sont placc'ies, soit dans des sortes de paniers en treillis de lil de fer de forme arrondie, soit dans des bûches creu- sées qui ne remplissent qu’en partie les conditions désirables, soit dans des suspen- sions préparées par les jardiniers eux- mêmes, à l’aide de brins de bois disposés toujours à peu près de la môme manière. Nous devons reconnaître que presque toujours ces appareils manquent absolu- ment d’élégance et forment un contraste choquant avec les plantes qu’ils soutien- nent ou supportent. Un industriel spécialiste, M. Mansion- Tessier, de Bougival, a créé, pour obvier à ce grave iuconvéuieni, toute une séiâe de types de suspensions pour Orchidées, de formes très-variées, et jiarmi lesquels nous avons pris au hasard les (piaire spécimens reproduits ci-contre. Ues suspensions sont fabriqm^es au moyen de l)i*ins de bois de Pitchpin, dont le dia- mètre varie de 10 à 18 millimètres. La forme en vase repi’ésentée }>ar la ligure 83 convient surtout aux Orcbidé(3S à floraison abondante et disposées tout au- tour des })lantes qui les produisent. La bûche (lig. 81) et le panier (l'ig. 85) peuvent être enqdoyés pour les espèces aux Heurs brusquement recourliées vers le sol. Enlin la hotte (lig. 86) nîcevra de préfé- rence les formes, assez nombreuses, qui se dévelopjient dans une seule direction. 11 est bien entendu que ces indications, toutes relatives et générales pourront être modifiées au gré des cultivateurs. Les Orchidées étant souvent appelées à garnir momentanément les appartements, l’elfet décoratif qu’elles produiront sera, on le conçoit, grandement augmenté par l’em- ploi des suspensions que nous signalons aujourd’hui. Éd. André. COLLIER POUR ATTACHER LES ARRRES Depuis bientôt vingt ans que je m’occupe des plantations des promenades et boule- vards de la ville de Dijon, une de mes grandes préoccu- pations a toujours été les attaches des jeunes arlires. Les anciens tam- pons en paille ou en jonc avec cla- quets en bois atta- ciiés au fil de fer furent dans diver- ses localités rem- placés, il y a quel- ques années, par le collier perfec- tionné Durand, qui consiste en une bande demi-circu- laire de zinc galva- nisé, dont l’inté- rieur est garni au moyen d’un mince fil de fer et d’une tresse en jonc pour éviter le contact du métal avec l’écorce des arbres. Deux fils de fer galvani- sés doubles et tordus font le tour extérieur du collier; ils sont passés dedans aux ex- trémités, et servent à le fixer au tuteur. Ce mode d’attache présente quelques inconvé- nients. Ainsi, j’ai souvent remarqué que par les hàles et les temps secs, le jonc desséché était brisé en petits morceaux par le ballotte m eut de et finissait })ar tomber, et qu’a lors l’écorce de l’arbre était en contact direct avec le zinc, qui y oc- casionnait bien vite des blessures circulaires très-dif- ficiles à cicatriser. Frappé de cet inconvénient, j’ai remplacé ces colliers par des bandes en cuir munies d’œillets aux extrémités pour y pas- ser les fils de fer destinés à les fixer au tuteur après en avoir fait le tour extérieure- Fig. 87. — Collier en cuir pour attacher les arbres aux tuteurs. 330 LES FRUITS A OBTENIR. ORCHIDÉES A !• LEURS ROUGE 01 ineiil. Mais im aiilrc iiicoiivéïiieiil so pi'éson- lail ; qiicl([Hcrois l(‘S jcunos ai-hros à ci'ois- saiice li‘ùs-raj)i(le en pirossissanl vile, se Iroiivaieiil élraiigics sous le (il de (er, cela malgré ré[)aisseiir du cuir c[ui se h’oiivail. eulre J’écorce el le (il de (ér. (3esl alors (|ue j’ai clierché à su])])rimer coinjilèlmuent le métal pour mes altaclies d’arbres de tout âge et de toute grosseur. Ainsi ({ue le montre la (igiire 87, la liaude d?^ cuir est conservée comme précé- demment en la donlilant au besoin si le cuir est mince; à cha([ue exirémilé je la tais ])ercer de trois œillets pour pouvoir varier la dimension selon la grosseur des arbres, t/attacbe doil être une lanière en cuir de jiremière (pialité, ou de la tresse ronde assez solide }»our résister aux coups de vent les plus torts. On passera d’abord la moitié de la longueur de la lanière dans chacnn des deux (uillets dont on veut se servir d’un bout. Au moment de les em- ])loyer, après avoir envelo})pé l’arbre avec le collier, on passe de nouveau les attaches ÜUCIIIDÉES A FLEl NGE. — dans les deux timis choisis de l’autre bout, on croise les extrémités et l’on fixe aj)rès le lideur de façon à ce ({iie la jiarlie où le cuir est croisé se ti-ouve enti-e l’ariire et le tu- Icur. De cetle façon il n’y a plus de métal d’aucune sorte pouvant lilesser l’ai'bre, et à mesure (pie ce dernier grossira, le collier s’écarler.iet alors l’étranglement, toujours si préjudiciable, ne peut plus se jiroduiro. Point n’est besoin d’un ouvriei- spécial pour la fabrication de ce collier: tout lioiir- relier ou fabricant de chaussures peut les confectionner au prix de 18 àt25fr. le cent, selon la longueur et l’épaisseur du cuir. En principe, je ne rejette aucun autre mode (t’attaches f{ui peuvent convenir selon les cas, même les colliers en liège recom- mandés tout récemment ; toutefois le sys- tème que je préconise est celui qui me paraît le })lus conveuahle surtout pour les arbres déjà gros des promenades publiques. AVerer Jardinier en chef au jardin botanique de Lyon. IS ROUGE ORAXGÉ t.a couleur orangée, qui est certainement l’une des plus jolies,est aussi l’une des plus rares. Il est même certaines familles de plantes dont les espèces ou variétés se comptent par des quantités innomhraliles et où pourtant c’est à peine si cette couleur y est représentée : telle est, par exemple, celle des Orchidées. En effet dans le nombre si grand, que comprend la famille des Or- chidées, cinq espèces seulement, parmi celles que l’on connaît, sont à fleurs orangé. Ce sont les suivantes : Ada aurantiaca, Epidcndriun cinncdnirinum, E. vitelli- nnrn, LæUa cinnaharina, L. liarpopliyUa. Pourquoi ce petit nondire, dira-t-on peut-être, dans un groupe aussi étendu et où , dans une même espèce , chaque plante constitue, pour ainsi dire, une va- riété ou une forme particulière? Nous avouons ne pouvoir répondre à cette ques- tion aussi, ne pouvant expliquer le lait, nous nous bornons à le cher. Notre but, ici, c’est, en constatant la chose, d’appeler l’attention des amateurs d’Orchidées sur un petit groupe de plantes peu cultivées qui pourtant méritent de l’être davantage, en raison des services qu’elles pourraient rendre à l’ornementation. De fortes potées de ces plantes placées çà et là parmi les autres es- pèces d’Orchidées produiraient, à l’époque où elles sont en (leurs, un effet ornemental ravissant. Nous les signalons tout particu- lièrement aux amateurs, d’autant plus que, loin d’affaiblir le mérite des autres espèces, elles le font ressortir, par un contraste aussi frappant qu’iiarmonieux. E.-A. Carrière, LES FRUITS A ORTEKIR Le nomlire des fruits mis au commerce chaejue année est considéralile. Malheureu- sement il en est un grand nomlire qui font double em])loi; ils ne dépassent pas, et souvent ne valent i>as, les variétés de même éj)oque déjà connues. Le semeur, au lieu d’agir à l’aventure. devrait donc savoir ce qu’il veut obtenir et travailler en conséquence. C’est ce que M. Carrière a très-bien exposé dans deux arlicles sur les arbres fruitiers à floraison tardive et sur l’amé- lioration du Pêcher Amsden. Dans le midi, nous n’avons pas beaucoup LES FRUITS à reculer la lloraison de nos arbres fruitiers, les froids tardifs ayant Généralement lieu du "25 mars au 14 avril, de sorte qu’il suf- iirait de trouver des variétés lleurissaiit vers le 10 avril pour que leur récolte fut assurée. Ou peut poser comme une règle assez générale que la lloraison est d’autant plus hâtive que la variété a été obtenue dans un pays plus chaud. Cette oliservation pour- rait même, dans des cas douteux, indiquer approximativement l’origine des variétés. L’époque de la maturité est sans influence sur celle de la floraison. C’est ainsi que le Poirier Royale dliiver (Spina des Ita- liens), qui paraît originaire du centre de l’Italie et qui mûrit en novembre-décembre, fleurit avant le Doyenné de juillet qui mû- rit ici en juin. La précocité de la floraison et de la végé- tation augmente avec la position plus chaude de la pépinière ; ainsi la même variété fleu- rit plus tôt si l’arbre planté vient de Nice que s’il vient d’Annonay. Des Poiriers que j’ai fait venir de Flo- rence, le Lardeia, d’origine toscane, ainsi que le Loseia, sont en pleine végétation et ont leurs feuilles développées, alors que les autres Poiriers n’ont pas encore fleuri. Il résulte de ces observations que, pour obtenir des variétés à floraison tardive, il faut semer les graines de celles obtenues le plus au nord possible et sur des arbres pris dans les pépinières des pays froids. Pêchers. — Les fruits qui nous restent à obtenir ou à améliorer dans le midi sont peu nombreux, car déjà nous avons en abondance de beaux, de bons et même d’ex- cellents fruits. Ainsi que le conseille M. Carrière, il faut commencer par la Pêche Amsden. C’est à M. Thomas Divers que nous de- vons les premières variétés de Pêches très- bàtives. Son Early Béatrice mûrit depuis douze ans dans mes cultures, sans abri, ses premiers fruits du 18 au 25 juin. Pour obte- nir cette précocité. Divers a pris pour mère V Avant- Pèche rouge dont le produit a con- servé exactement l’odeur pénétrante, le du- vet et le coloris ; le sucre manque comme dans beaucoup de Pêches anglaises. U Early Béatrice seule ou croisée avec des variétés meilleures a servi aux semeurs de la Floride à obtenir V Amsden, la Musser, la Cumberland, la Wilder, etc. Le croise- ment avec la Grosse Mignonne hâtive est indubitable pour l’A/cxander, qui, surgretTé reproduit, sauf la précocité et une légère A OISTENIR. 331 adhérence, noire excellenfe Pêche fran- rais(‘. Quel ({ue soit le jilus ou moins d’exac- titude de ces généalogies, il est certain que VAmsdeji a le grand mérite de la vigueur, de la robuslicilé, de la fertilité et surtout de la })récocité ; les qualités ([ui lui manquent peuvent Irès-probablement être obtenues en la croisant avec une variété qui les possède et en choisissant la plus bàtive possible pour ne pas trop diminuer la pré- cocité ; VEai'lg Halle est donc tout indi- quée pour le croisement, et elle donnera très- probablement le résultat cbercbé. C’est à cette même variété qu’il tant s’adresser pour donner plus de couleur et de sucre à V Early Rivers, si fertile, mais trop pâle et un peu fade. On pourrait chercher à donner à l’excel- lente, rolniste et fertile Daun un peu plus de couleur, et la rendre parfaite en la mariant soit avec la Grosse Mignonne ordi- naire ou avec la Grosse Mignonne tardive, suivant qu’on vent avancer ou conserver l’époque de maturité. En dehors de la grosseur et de la beauté, il me paraît douteux que l’on puisse amé- liorer les autres excellentes variétés de Pêches que nous possédons de juillet ou septembre. Les nouvelles Pêches d’Octobre, Tardive Gros, Belle de Saint-Geslin, Saperhe de Choisg, Merveille E Octobre, ont, paraît-il, complété la série des excellentes Pêches tardives. Poiriers. — C’est encore dans les fruits très-bàtifs qu’il y a des obtentions pré- cieuses à faire. Le Doyenné de juillet est la première Poire mûre (P'*' au 15 juin); son fruit, assez bon, se vend mal à cause de sa petitesse. On lui préfère le Citron des Carmes, appelé ici Madeleine Anisette, Poire de Saint-Jean, parce que le fruit est de gros- seur moyenne et qu’il est juteux. C’est à peine si ce fruit est de deuxième ordre, mais il est porté par un arbre d’une grande précocité de rapport et d’une fertilité exces- sive, cela sans alternance ; il mûrit ici du 4 au 20 juin. E André Desportes n’a pas tenu toutes ses promesses. Quoique vigoureux et fertile il est délicat dans sa fleur, supporte mal les légères gelées du printemps et il a retardé plutôt qu’avancé sa maturité. Il précède de bien peu le Beurré Giff'ard, qui, comme qualité, lui est bien supérieur. La Pré- coce de Tivoli, très-jolie Poire, et exces- 332 SOCIÉTÉ NATIONAL!-: D’iIOKTICULTUUE DE FitANCE. .siveiiHMil lerlih' ii’osl, comme ([iialilé, (|ii(; (le (leiixiènu' ordi’c el ne mùi’il, ({ii’avec le licurré (iilfard. C’esI donc line Poire de juin cjii’il lani olitenii', el c’est le (diron Pc.s (firmes ((iii doit être pi'is [lonr mère. J^e choix est «assez dil'licile |)onr le père; il landr.i essaye!' simnlt.anément les lionnes Poires 'les pins hâtives. Ce soni, jiai* ordre de malurilé, les Beurré (li/jdrd, Brandytrine, Trioiuyhe de Vienne, Fondante des hois, (;/o/i//s Favorite. f.es Ivoires excellenles ahondent en jnillel, aont, sejilemhi'e el octohi’e. Il y «aniMil à l'ajennir le Beurré d' Hardenyonl {[\\\, jiar- lait il y a lrente-cin({ ans, laissemaintenant toniher nue ^l’ande partie de ses nonibi*enx fiaiits à l’approche de la maturité, et est devenn, ici, nn tVnit d’antomne. IJOlivier de Serres est ici très-délicat dans sa llenr et splendide dans sa ilorai- son ; il noue très-pen de fruits, qui, dn reste, sont délicieux et vont jusqu’à fin mars. Son habile obtenteur, M. Boisbnnel, pourrait jieut éti’e conâger ce défaut s’il n’est pas local. La Bergamote Espéren est le fruit le SOCIÉTÉ NATIONALE D’H SÉANCE DU Comité de ftoriculture : M. Pugourd, jardi- nier chez M. le comte de Gircourt, à f^ontaine- bleau, avait fait une présentation de haut inté- rêt. Il est d’ailleurs coutumier du fait', et la Revue horticole a souvent enregistré les heu- reux résultats obtenus jiar lui dans ses semis et hybridations. M. Dugourd avait envoyé : une collection de Pensées obtenues par l’hybrida- tion (188.5) du Viola cornuta et des V. tricolor et Munhyana. Ce qui donne à ces semis un charme tout particulier, c’est la fraîcheur de leurs coloris : chaque vai'iété est bicolore, va- riant du blanc au violet foncé et au jaune vif, par toutes les nuances intermédiaires, avec, au milieu de la tleur, un petit œil jaune en- touré de quelque.s lignes courtes, rayonnantes, noires; elles se rapprochent surtout du V. cor- nuta, mais avec des fleurs beaucoup plus grandes; — un lot de Lychnis grancliflora, com- posé de 45 variétés obtenues de semis (1885), aux coloris très-variés, et dont quelques-unes avaient les fleurs mesurant jusqu’à 0 centimè- tres de diamètre ; un certain nombre de Poten- tilles de semis (1885), à fleurs doubles, jaune vif et rouge sang plus ou moins mélangés; une cliarmante collection d’Orcliidées avec bulbes, feuilles ih Heurs, toutes récoltées dans la forêt de Fontainebleau ; il y avait, entre plus lai'dif (pic jo (omiaisse; nous on man- gions oncoi'o lo 15 mai dmaiier dos fiaiils hion consorvés ot ti‘ès-hons ; mais aussitôt ([u’ils soidont du fiaiitioi', ou s’ils y sont m.aiiiés, loin- épidoiano })rend une teinte iioir.àti'o (jui leur enlève leui’ valeur mai’- chande. Comme le Beurré d’ llardenpont, et même plus que lui, la Bergamote Es))é- ren laisse tomber les nomhi-eux fiiiits de ses belles pyramides dès les premiers jours de scptemhi-o, et sa l'écolte alors estti'op di- minuée ])our être lucrative. La Passe-Crassane, la Royale Vendée, n’ont pas ces défauts, mais leui's fiaiits ne vont plus au delà de la tin de niai'S. (duant au Doyenné dliiver il ne mérite jias la cul- ture chez moi; sa jiroduction de fruits, que je cueille trop tôt ou tro[i tard, est insigni- tiante et presque sans valeur. «le n’ai pas encore obtenu les fiaiits de Cliarles Cognée; peut-être remplacera-t-il la Bergamote Espéren. S’il est moins tar- dif, c’est aux habiles pomologues et se- meurs, MM. Baltet frères, à nous doter d’une Bergamote Espéren améliorée. Paul Giraud. KTICULTURE DE FRANCE •A JUIN 1886 autres, les espèces suivantes : Satyrium hirci- num, Orchis maculata cdba, O. pyramidalis, O. lalifolia, O. palmcda maculata, Epipactis cUrorubens, Ophrys apifera, O. oveda, Cepha- lanthera rubra, etc.; enfin, un énorme bou- quet de plantes vivaces et autres, toutes très- intéressantes, où l’on remarquait surtout les jilantes suivantes: Veronica spicala, blanche et bleue, Ægopodium Podagraria, Melcia allissima, Verbascum Blattaria cdba, Pole- variés, Thalictrum glaucum luteum, Clematis recta, Saxi fraya sarmentosa, Mc- thonica graraliflora, Campanula carpathica, Geranium pratense album, etc., etc. M. Michel, chef de cultuie chez MM. Yil- morin-Andrieux et C‘c, à Paris, présentait un certain nombre de Phlox Drummondi nains, en pots. Ces plantes, dont une seule formait chaijue potée, atteignaient à jieine 15 centi- mètres de hauteur, tandis que leur diamètre était de 30 centimètres en moyenne. Très-com- pactes, elles étaient littéralement couvertes de Heurs très-grandes. Voici quelles étaient les }»lus jolies formes : Violet, Rouge sang strié. Blanc, Chamois rosé. Rouge feu, cdba ocu- lata. Ces Phlox, dont la Horaison dure très- longtenqis, peuvent rendre de grands services pour la confection de bordures et dans la mo- REVUE DES PLANTES DECRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 333 saïciilture, car, sans aucun pincement, ils sem- blent tondus avec des cisailles. M. Michel fai- sait remarquer (juehpies Heurs d’un Phlox cà Heurs pourpres, doubles, dont la variété est fixée, aujourd’hui, comme forme, coloris et du})licature. M. Dallé, horticulteur à Paris, avait présenté quelques beaux exemplaires d’Orchidées en Heurs : Vanda suavis^ Epidendrum vitelli- uum, Odonioglossum cilrosmum et une espèce nouvelle, le Spathoglossis Augustorum , dé- couverte dans les îles de la Sonde. Cette plante montrait une longue hampe , sur laquelle étaient épanouies quelques Heurs rose pâle- — M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine, exposait plusieurs i>ieds en pots de la Tubé- reuse La Perle, variété américaine intro- duite depuis quelques années. C’est une très- bonne plante, se forçant bien en petits godets, et produisant d’énormes é]>is de Heurs d’un blanc mat, d’une grande beauté. — M. Tus- seau, de Dourg-la-Reine , avait envoyé une énorme touffe (VAcineta llumholdti, Orchidée originaii’c de rAméri(|ue du Sud. Cet exem- plaire mesurait 90 centimètres de hauteur sur \ mètre de largeur, avec des feuilles longues de 80 centimètres, et portait trois lourdes grappes retombantes de Heurs jaune brun de cuir tigré de points grenats. Au comité de pomologie : M. Landsman, sculpteur à Saint-Germaih-en-Laye, avait en- voyé cin([ fruits artificiels : Pommes, Pêches, Abricots, en marbre sculpté, puis coloré. L’imi- tation était parfaite. N. B. — Une erreur a été faite dans notre compte-rendu de la séance du 27 mai de la Société d’horticulture : les Syringa Josihea, Emodi et variétés, n’étaient }»as })i’ésentés par M. R. Lavallée, mais bien par le Muséum d’his- toire naturelle et avaient été envoyés par M. Max. Cornu, qui a accompagné cette pré- sentation de très-intéressants détails. REVUlî DES l'LAME.S DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Botanical Magazine. Neviusa alabamensis, A. Gray. — Rosacées. {Bot. Mag., tab. 6800). — Plante nord-améri- caine, qui a fleuri pour la première fois en Eu- rope, à Kew, en 1883. C’est un arbrisseau élancé, à branches arron- dies et rameaux duveteux ; feuilles alternes, ovales ou ovales-oblongues, longues de 2 1/2 à 4 centimètres; Heurs blanches, réunies en grappes compactes à l’extrémité des ramules latéraux, composées d’un calyce, sans corolle, large de 2 centimètres environ, et contenant une touffe ou large aigrette d’étamines longue- ment saillantes, à filets capillaires et à anthères jaunes, qui produit un charmant effet. Citrus medica, var. Riversii, Masters. — Ru- tacées, Aurantiacées {Bot. Mag., tab. 680'i). — Variété naturelle, originaire des Indes occiden- tales, à fruit ne mesurant guère que 3 à 4 cen- timètres dans son plus grand diamètre. Dracontium'fœcundum, J.-D. Hooker. — Aroï- dées {Bot. Mag., tab. 6808). — Espèce origi- naire de la Guyane anglaise, d’où elle a été introduite, en 1882, à Kew. Son tubercule est entouré d’une profusion de bulbilles qui émergent du sol et forment une touffe compacte et ronde autour de la base du pédoncule et du pétiole. Chaque plante pro- duit une feuille unique dont le pétiole mesure 2 mètres de hauteur; le limbe, qui atteint de 1"^ 30 à 60 de diamètre, est étendu horizon- talement; les divisions, retombantes, sont tri- partites; chaque segment, étroitement ailé, porte plusieurs subdivisions très-irrégulières dans leur forme, quelques-unes étant très-pe- tites et obtuses, tandis que les plus grandes, lan- céolées-acuminés, ont jusqu’à 8 centimètres de longueur. Le pédoncule, dressé, haut de 75 cen- timètres à 1 mètre, porte une spathe érigée, longue de 15 centimètres, étroitement cylindri- que-oblongue, brun foncé. Le spadice, haut de 5 centimètres, cylindrique -obtus, est d’un brun bleuâtre. Anthericum echeandioides, D. Hooker. — Li- liacées {Bot. Mag., tab. 6809). — Cultivée d’abord sous le nom cVErheandia eleutheran- dra, cette plante, probablement originaire du Mexique, a été reconnue par Sir D. Hooker comme appartenant au genre Anthericum et nommée par lui A. echeandioides. Au point de vue horticole, elle ne présente qu’un intérêt très-secondaire ; ses feuilles, lan- céolées, ont environ 30 centimètres de lon- gueur ; ses Heurs, jaunes avec une raie verte dans le milieu des pétales, ont 3 centimètres de diamètre. Clematis stans, Sieb. et Zucc. — Renoncula- cées {Bot. Mag., tab. 6810). — Espèce japo- naise herbacée, à feuilles trifoliolées, à grap- pes terminales de petites fleurs bleu pâle, en fascicules, comme verticillés. Chiisquea ahietifolia, Griseb. — Graminées- Bambusées {Bot. Mag.,iah. 6811). — Sorte de Bambou rampant, très-grêle, â feuilles longues de 12 à 18 millimètres. Grappes â l’extrémité des branchelettes latérales, composées de trois à six épillets retombants, jaune verdâtre et violet. Originaire de la Jamaïque. Salvia Greigii, A. Gray. — Labiées {Bot. Mag., tab. 6812). — Cette espèce, très-décora- tive, a été découverte dans le Nord du Mexi- que, où elle croît à une altitude de 3,000 mè- tres. Elle a les feuilles subsessiles, linéaires- oblongues, longues de 25 à 35 millimètres ; ses 334 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES fleurs, d’un rouge carmin vif, sont réunies par six ou huit en grappes érigées, à l’extrémité redressée de rameaux plus ou moins pen- dants. Philodendron Glaziovi, D. Hooker. — Aroï- dées {Bot. Mag., tab. 6813). — Très-belle es- pèce grimpante, introduite tout récemment du Brésil. Feuilles alternes, distiques, longues de 45 centimètres, larges de 8 à 13, ovales-lancéo- lées-aiguës, coriaces, longuement pétiolées. A l’aisselle des feuilles supérieures se dévelop- pent des spathes solitaires, longues de 15 à 18 centimètres, en cornet dans le bas, étalées dans le haut, jaune légèrement verdâtre, avec la partie intérieure rouge écarlate depuis la base de la spathe jusqu’au tiers de sa hauteur. Le spadice, cylindrique, jaune, est aussi long que la spathe. Eucoynis bicolor, Baker. — Liliacées. {Bot. Mag., tab. 6816.) — Plante singulière produi- sant cinq ou six feuilles oblongues, plus ou moins ondulées, longues d’environ 30 centi- mètres, larges de 7 à 8, du milieu desquelles s’élance une hampe arrondie, haute de 20 à 25 centimètres, qui porte au-dessous de son extrémité une grappe serrée et longue de^ 8 à 10 centimètres de fleurs en étoile, bien ou- vertes, à pétales blanc verdâtre régulier, bor- dés de rouge pourpre; ces fleurs sont larges de 8 à 10 millimètres. Au-dessus de l’inflores- cence, la hampe se termine par une touffe serrée de 30 à 40 feuilles ovales-aiguës, crispées aux bords et parfois teintées de pourpre. Deyidy'obium Phalæyyopsis, Fitz-Gérald. — Orchidées {Bot. Mag.^ tab. 6817.) — Jolie espèce introduite récemment du nord de l’Aus- tralie et qui se trouve également, à l’état spon- tané, dans la Nouvelle-Guinée. Voisine des D. bigibbum, superbiens et Goldiei, ses inflo- rescences sont en grappes lâches, pendantes, composées chacune de 6 à 10 fleurs larges de 5 centimètres, à sépales rougeâtres, pétales plus grands, rose rouge et labelle trilobé rose sang foncé, marqué de lignes longitudinales plus foncées. Bauhinia vaydegata, L. — Légumineuses {Bot. Mag.., tab. 6818). — Fort belle espèce, introduite en Europe depuis près de deux cents ans et que l’on devrait rencontrer dans toutes les bonnes cultures. Originaire des Indes Orientales, elle forme, dans son pays natal, de jolis arbustes hauts de 2 à 6 mèti'es, qui se couvrent littéralement de grandes fleurs mesu- rant jusqu’à 10 centimètres de diamètre, res- semblant un peu, par la disposition des pé- tales, à des fleurs de Pélargoniums, mais plus grandes et plus légères. Leur couleur varie beaucoup, passant du vert jaunâtre au rose, au jaune crème et au pourpre. Streptocarpus caulescens, Yatke. — Gesné- riacées {Bot. Mag., tab. 6814). — Plante peu ornementale, originaire des régions orientales de l’Afrique tropicale, et qui se rapproche DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. beaucoup du S. Kh'kii, mais les fleurs, au lieu d’être violet-mauve, comme dans cette espèce, sont blanches et lavées de rose violacé. Macroscepis obovata, H. B. K. — Asclépia- dées {Bot. Mag., tab.^ 6815). — Plante grim- pante, à l’aspect étrange, recouverte dans toutes ses parties de longs poils roux qui lui donnent un caractère tout particulier. Ses feuilles, de grandeur moyenne, sont ovales, arrondies ou cordiformes à la base. Les fleurs, en cymes axillaires serrées, ont la forme d’une étoile large de 2 centimètres, et sont d’un brun de cuir foncé, avec le centre jaune clair (1). Cytisus hirsutus, L. — Légumineuses {Bot. Mag.., tab. 6819). — Cette espèce, connue de- puis fort longtemps, se trouve à l’état spontané dans toute l’Europe méridionale et jusqu’en Suisse. Odontoglossuyyi Œy'stedii., Reichb. f. — Or- chidées {Bot. Mag., tab. 6820). — Cette jolie plante, originaire de Costa-Rica, a été décou- verte par Warszcewicz en 1848; mais son intro- duction à l’état vivant est beaucoup plus ré- cente, et c’est en 1877 qu’elle fleurit pour la première fois en Europe. Ses fleurs, d’un blanc pur, sauf la base de la colonne qui est jaune d’or, sont' portées par des pédoncules érigés, vigoureux, peu élancés. Costus igneus, N.-E. Brown. — Zingibéra- cées {Bot. Mag., tab. 6821). — Jolie espèce récemment introduite de Bahia. Tige haute de 30 à 45 centimètres, dressée, forte ; feuilles elliptiques-lancéolées, à longue pointe grêle, vert foncé en dessus, vert pâle mêlé de rouge en dessous. Les fleurs, réunies en haut de la tige, ont de 7 à 8 centimètres de diamètre; elles sont largement étalées, d’une jolie couleur orange rouge. Hyacmthus azuï'eus, Baker. — Liliacées {Bot. Mag., tab. 6822). — Plante naine, origi- naire de l’Asie Mineure, à grappe compacte de fleurs bleu foncé, très-voisines des Muscayd. Chrysophyllum hyipeydale, Benth. — Sapo- tacées {Bot. Mag., tab. 6823.) — Fort belle plante à grandes feuilles ornementales, et très- répandue dans les serres, où elle est géné- ralement connue sous le nom impropre de Theophrasta irnperialis. Jusqu’ici, on avait laissé ignorer sa patrie exacte, mais, d’après M. Glaziou, directeur des parcs et promenades de l’État, à Rio-Janeiro, elle croît au Brésil, dans les montagnes nommées Serro do Estrello. Exacurn affine, Balf. f. — Gentianées {Bot. Mag., tab. 6824). — Charmante petite plante native de Tîle de Socotora et donnant une grande quantité de jolies fleurs lilas violacé (2). (1) Nous avons trouvé cette plante dans l’Écua- dor et dans la Nouvelle -Grenade, et l’ayant intro- duite vivante en Europe, nous avons pu communi- quer à Sir Joseph l’exemplaire d’après lequel ont été faites la description et la planche coloriée du Botanical Magazme. (E. A.) (2) Voir Revue hoi'ticole, 1883, p. 512. * REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 335 Narcissus (Hermioné) pachyholbus, Durieu. — Amaryllidées (Dot. Mag., tab. 6825). — Jolie espèce algérienne, de la section des "Tazetta, mais s’en distinguant surtout par la grosseur de son ognon globuleux, qui atteint 5 centimètres de diamètre. Fleurs blanches, odorantes, réunies par huit ou dix à l’extrémité de chaque hampe. Corydalis pallida, Pers. — Papavéracées {Bot. Mag., tab. 6826). — Cette espèce, origi- naire de la Chine et du Japon, a été récemment introduite. Elle atteint de 50 à 60 centimètres de hauteur; ses feuilles sont tripennatiséquées, glauques en dessous. Les fleurs, réunies en ra- cèmes longs de 3 à 13 centimètres, sont nom- breuses, jaune d’or, avec une tache brun pâle à l’extrémité obtuse du pétale dorsal. Rhododendron niveum, D. Hook. var. fulva. — Éricacées {Bot. Mag., tab. 6827). — Cette plante, que certains auteurs ont considérée comme une espèce distincte, n’est, d’après M. D. Hooker, qu’une variété du R. niveum. Elle en diffère en ce qu’elle n’a pas, comme ce dernier, le pétiole et le dessous des feuilles couverts d’un duvet cotonneux, blanc de neige, très-abondant, et aussi par ses fleurs, d’un rouge violacé beaucoup plus foncé, et réunies en inflorescences plus amples. Elle a été introduite de l’Inde (Sikkim) par sir J. Hooker. Allium giganteum, Regel. — Liliacées {Bot. Mag., tab. 6828). — Grande et belle es- pèce récemment importée de l’Asie centrale. Son ognon, qui mesure de 5 à 8 centimètres de diamètre, produit de 6 à 9 feuilles longues de 30 à 45 centimètres. La hampe florale, cylindrique et dressée, est haute de 1™25 et se termine par une grosse ombelle globuleuse, mesurant 10 centimètres de diamètre, et formée de nombreuses fleurs lilas. Sisyrinchiumfilifolium, Gaudich. — Iridées {Bot. Mag., tab. 6829). — Charmante petite plante rustique, originaire des îles Falkland, et qui a fleuri, en avril 1885, en pleine terre à Dublin. Les feuilles, érigées, linéaires, embras- sent les tiges florales dans presque toute leur longueur. Ces tiges, hautes de 15 à 30 centi- mètres, portent, à leur extrémité supérieure, une spathe foliacée, dressée, d’où se dégage un groupe de deux à six fleurs larges d’environ 2 centimètres au moins, bien ouvertes, à seg- ments du périanthe obovales- obtus, blancs teintés de jaune à la base et marqués chacun de trois lignes longitudinales rouges. Delphinium cashrnirianum, var. Walkeri, J.-D. Hook. — Renonculacées {Bot. Mag., tab. 6830). — Cette variété naturelle, origi- naire du Cachemire, présente peu d’intérêt au point de vue ornemental ; c’est une plante basse, à fleurs bleu pâle, à port lâche et diffus. Cœlogyne stellaris, Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 8). — Espèce nouvelle à floraison jolie, quoique modeste, in- troduite de Bornéo, où elle a été découverte par T. Lobb. Ce Cœlogyne se rapproche du C. testacea, mais ses pétales et sépales sont verts; le labelle, blanc, a les bords laciniés et mar- qués de bandes brun-sépia, et le centre pourvu d’une pustule jaune soufre et de deux taches brun foncé. Bulbe émoussé, fusiforme, tétra- gone. Feuilles semblables à celles du C. plan- taginea. Microstylis hella, Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. I, p. 9). Tout récemment introduite de l’archipel de la Sonde, cette espèce, qui atteint 70 centimètres de hau- teur, a les feuilles grandes, larges, cunéi- formes-oblongues, et produit une grappe de fleurs nombreuses, aussi grandes que celles du M. Josephi. Les pétales et sépales sont pourpre pointillé de vert; labelle pourpre, garni d’oreilles sagittées très-longues et de neuf dents imbriquées presque égales à son extré- mité. Le front de la colonne est pourpre noi- râtre foncé et orné de poils blancs très-bril- lants. Spathoglottis Augustorum, H. -G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 9). — Autre nouveauté également originaire des îles de la Sonde, à très-gros bulbes brun- rougeâtre et verdâtre, ovales. Feuilles cunéi- formes, oblongues-acuminées, très-larges pour le genre. Inflorescence presque capitée; brac- tées vert brillant, très-larges ; sépales et pétales lilas clair plus foncé â la base; labelle trilobé, lilas, blanc à la base; lobes latéraux carrés- oblongs, lobe central long, onguiculé, oblong, bilobé à son extrémité. Gallus presque tétra- gone, jaune, garni de points pourpres et de poils blancs. Eucomis zambesiaca, Baker. — Liliacées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 9). — Native des régions montagneuses du Zambèze et des abords du lac Nyassa, cette espèce est intermé- diaire entre les E. punctata et undulata, bien connus dans les cultures. Feuilles lauriformeSj subobtuses, plus fermes que celles des deux espèces précitées, longues de 35 centimètres, larges de 5, dans leur milieu; pédoncule cylin- drique long de 22 centimètres ; longue grappe de 10 à 20 centimètres, sur 5 de diamètre ; brac- tées inférieures ovales, les centrales lancéolées; périanthe vert, long de 15 millimètres, à seg- ments oblancéolés-oblongs, obtus. Lælia porphyritis, H. -G. Rchb. f. (Hyb. nat.?). — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 73). Cette espèce, que M. Reichen- bach pense êlre un hybride naturel entre le Lælia pumila et un Cattleya {C. Dorma- niana?), est originaire du Brésil. Bulbes cylin- driques, ressemblant à ceux du Cattleya Skinneri ; feuilles semblables à celles du Cat- tleya Forbesii, sépales verdâtres et pourprés, pétales pourpre clair, labelle trilobé, pourpre, à disque blanc jaunâtre clair; colonne blanche. Schomburgkia chionodora, H. -G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 73). — Importée de l’Amérique centrale 336 CORRESPONDANCE. cette espèce nouvelle, qui se rapproche du S. Jlumboldti, j)romet (l’être fort helle. Ses feuilles, au nombre de deux ou trois, sont cu- néiformes-oblongues, larges de 10 à 12 centi- mètres. Les fleurs, probablement en panicules, sont dites très-nombreuses, dé})assant celles de VEjiideyuhnnn alropurjiureum ; sépales ligules acuminés ; })étales spatules, émoussés ; labelle large, quadrilobé. Ces (leurs sont dites d’un blanc de neige, avec une tache pourpre au centre du labelle. Catasetiim macrocarpum , var. hélium^ II. -G. Uchb. f. — Orchidées {Gard. ('Jiron., 1886, vol. 1, p. 74). — Jolie variété brésilienne à pétales brun-pourpre, labelle de même cou- leur, marqué d’une large tache pourpre sur chacun de ses côtés. Cypripedium Thihautianum, II. -G. Rcbb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 104). — Très-jolie variété obtenue chez MM. Veitch par le croisement des C. Ilarri- sianum et insigne Maulei. La partie extérieure du sé})ale dorsal est verte bor(lée de blanc, et rouge à son extréjuité; sépales latéraux réunis par leur base, })resque égaux avec le labelle, vert marqué de taches brunes ; pétales brun luisant à l’intérieur, vert brillant à l’extérieur, qui est marqué de petites taches brunes; co- lonne jaune. Ed. André. CORRESrOADAACE iVo 3000 (Alpes-Maritimes). — Nous avons constaté les ravages causés sur vos Vignes par l’insecte dont vous nous avez envoyé des échantillons. Ces dégâts sont dus à une Altise (Haltica ampelopjhaga, de Guérin-Menneville). Pour la détruire on enlève, au mois de juin, les quatre ou cinq premières feuilles de la base des sarments. Les œufs étant déposés sur le revers de ces feuilles, que l’on brûle, ce moyen de de destruction est très-efficace. V’o 4058 (Seine-et-Oise). — La maladie que vous avez découverte sur vos Fraisiers est le « blanc ». Il faut le traiter comme le blanc des Rosiers (Sphœrotheca pannosa).^ par des sou- frages répétés. L’important est d’agir dès qu’on aperçoit les premières traces du mal, et de renverser les feuilles de manière à les pou- drer de soufre en dessous. On peut recom- mander aussi : l’eau sulfurée, le soufre préci- pité, une solution à l/lOQe de sulfure de potas- sium dans l’eau, 1/50^ de savon noir dans de l’eau, etc. Nous pensons que, si vous avez spontanément employé le soufrage comme vous aviez déclaré vouloir le faire, vous avez dû en obtenir de bons effets. Nous serions heu- reux de l’apprendre dans une nouvelle com- munication. M. J. L. (Tiflis). — Vos graines seront se- mées avec soin. Le Parrotia 2^ersica est un arbre peu répandu dans les collections, bien qu’il ait été introduit en Europe depuis long- temps et qu’on le cultive facilement. M. C. P. (Algérie). — Voici les noms de quelques jardins à visiter dans l’excursion que vous avez entreprise : à Naples, villa Delahante, villa Rothschild, établissement Denman, Insti- tut horticole de Portici; — à Rome, villa Pam- phili, jardins du Vatican, du Pincio, pépinière municipale, villa Borghèse, jardin botanique; — à Florence, les Cascine, le Jardin botanique, villas Torrigiani, San-Donato, San-Miniato, Gorsi; — à Venise, jardin Papadopoli; — à Milan, établissement Ferrario, jardin public ; — au Lac- Majeur , établissement Rovelli, à Pallanza ; villas Franzosini et Ada, à Intra ; les îles Bor- romée ; — à Gênes, le jardin botanique, quelques villas; cà Pegli, la villa Pallavicini ; — à Monaco, les jardins du Casino ; — à Nice, les villas Frémy, Damrémont, Rimsky-Korsahoff,Vigier ; — à An- tibes, la villa Thuret ; à Cannes, les villas Val- lombrosa, Dognin, d’Éprémesnil ; — à Hyères, le Jardin d’Acclimatation ; — à Toulon, le jardin de Saint-Mandrier, Costebelle; — à Marseille, les jardins Talabot et Renouard. Pouile reste de votre itinéraire, vous possédez tous les rensei- gnements nécessaires. Nous sommes heureux de savoir que la So- ciété des Agriculteurs de France a récompensé vos cultures d’arbres fruitiers en Algérie. C’est une raison de plus pour vous encourager à persévérer dans vos essais. M. B. V. (Orléans). — Le Fraisier King of Earlies, représenté par les échantillons que vous nous avez envoyés, est extrêmement vi- goureux, d’une abondance de fruits vraiment exceptionnelle. Si tous les fruits se forment bien, et que les fleurs ne coulent pas, c’est une variété à recommander tout spéciale ment. iV» 3212 (Charente). — Votre communica- tion sur le traitement des Pêchers attaqués du blanc, au moyen du polysulfure de calcium, est si intéressante que nous en avons fait l’objet d’un article spécial. Nous vous prions de nous envoyer ultérieurement les nouveaux rensei- gnements que vous recueillerez sur les ré- sultats des procédés que vous employez. U Administrateur- Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jaoob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 337 0III5ONIOUE IIOimCOLE Nominations dans la Légion-d’Konneur et dans l’Ordre du Mérite Agricole. — Distinction honorifique conférée à Millet-Robinet. — Les Primes d’honneur accordées en 1886 à l’horticulture dans les concours régionaux. — Récompenses décernées par la Société nationale d’agriculture. — L’âge des Pêchers. — Greffes de Robiniers en écusson. — Préservation des Tomates contre la maladie; culture des plantes annuelles à contre-saison. — Cueillette des Pêches, des Abricots et des Brugnons. — Protection des arbres contre les chenilles. — Pucerons des légumes. — Pèche Amsden. — Cultures des Reines-Marguerites à contre-saison, — Riz de montagne. — Le reboisementde La Sologne. — Le Chêne géant de la Balme. — Meeting horticole de Gand. — Exposition horticole populaire à Londres. — Exposition annoncée. ~ Errata. Nominations dans l’ordre de la Lé- gion-d’Honneur. — Parmi les chevaliers de la Légion-d’Honneiir, nommés à l’occa- sion du 14 juillet, nous relevons les noms de M. A. Bien, secrétaire général de la So- ciété nationale d’horticulture de France; de M. Vassillière, inspecteur général de l’agri- culture, et de M. Foëx, directeur de l’Eicole d’agriculture de Montpellier. M. Bleu, qui a doté l’horticulture de tant et de si belles variétés de Caladiums, de Bégonias, et qui applique maintenant ses soins aux Orchidées, trouve ainsi une ré- compense honorifique à laquelle tout le monde horticole applaudira. Les nombreux services rendus par M. Vas- sillière sont trop connus pour que nous ayons à les rappeler ici. M. Foëx est l’auteur de savantes publi- cations sur la viticulture. Nominations dans l’ordre du Mérite agricole. — Dans la liste des décorations du Mérite agricole conférées à l’occasion du 14 juillet, par arrêté du ministre de l’agriculture, nous relevons les personnes suivantes, dont les titres sont plus spécia- lement horticoles : Deny (Eugène), architecte-paysagiste à Paris, organisateur des parcs et jardins à l’Exposition universelle de 1878, Nombreux travaux horti- coles. Titres exceptionnels. Fezais, professeur d’arboriculture àBoulogne- sur-Seine. Professeur d’arboriculture à l’As- sociation française de la jeunesse depuis six ans. Auteur de plusieurs ouvrages sur la taille des arbres. Titres exceptionnels. Lamelle (Henri-Théodore), directeur géné- ral des plantations de la ville d’Amiens, horti- culteur distingué. Services exceptionnels, Michel (Louis), conseiller municipal à Rueil (Seihe-et-Oise). Services rendus dans l’outil- lage agricole. A contribué au développement de la culture des légumes dans le département de Seine-et-Oise. Ossaye (Arthur-Annet), président de la So- ciété d’horticulture et de viticulture du Puy- de-Dôme, ancien juge au tribunal de commerce, conseiller municipal de Ghamalières. Titres exceptionnels. Pavard (Paul- Jean), professeur d’arboricul- ture à l’école nationale d’horticulture de Ver- sailles, jardinier en chef des pépinièj’es de Trianon et des parcs de Versailles ; 30 ans de services. Robinet (Hortensia), professeur d’horticul- ture et d’arboriculture à Toulouse (Haute- Garonne). Nombreuses publications horticoles; 32 ans de services. Distinction honorifique conférée à Millet-Robinet. — Par arrêté du mi- nistre de l’instruction publique en date du 12 juillet, Millet-Robinet a été nommée officier d’ Académie. L’auteur de la Maison rustique des Dames a contribué largement à développer dans les campagnes le goût de l’horticul- ture et la Revue horticole est heureuse de cette nouvelle distinction accordée à M'"^^ Mil- let-Robinet. On se rappelle que le ministre de l’agriculture avait déjà reconnu l’impor- tance des services qu’elle a rendus en lui conférant l’année dernière la décoration du Mérite agricole. Les primes d’honneur accordées en 1886 à l’horticulture dans les concours régionaux. — Voici la liste partielle des lauréats des primes d’honneur décernées cette année à l’horticulture. Ces primes, on le sait, consistent en un objet d’art et une somme variable d’argent. Bourges. — M. Guillemin-Desfossés, horti- culteur-pépiniériste à Henrichemont. Ageyi. — MM. Glerc frères, horticulteurs- pépiniéristes. Lille. — M. Théodore Mullié, horticulteur- pépiniériste à Neuville-en-Ferrain. Évreux. — M. Lepelteyt (Édouard), pépinié- riste. 1er Août 1886. 15 338 CHRONIQUE HORTICOLE. Marseille. — M. Montel, pépiniériste àSaint- ]3arn:ibé. Médaille d’argent à M. Schwaller, pépiniériste à llonneveine. Diplôme d’hon- neur hors concoui-s et objet d’art sj)écial à M. ttesson (Antoine), horticulteur au Pont-de- Nivaux. Laval. — M, Grimault, maraîcher. Une mé- daille d’or supplémentaire à M. Rahourdin (Félix), horticulteur. Guéret. — M. Recourt, horticulteur-amateur à Boussac. Chambéry. — M. Gattin (Charles), horticul- teur à Buisson ; M. Rondet, à Mâché Cham- béry (Savoie), M. le comte Grotti-Gastigliole, propriétaire à I^a Bauche, pour reboisement des teri'ains en pente. Récompenses décernéespar la Société nationale d’Agnculture. — Dans sa séance du 30 juin dernier, la Société natio- nale d’ Agriculture a décerné les récom- penses pour divers concours ouverts par elle. Nous relevons dans la liste des lauréats les noms suivants, qui intéressent tout par- ticulièrement les lecteurs de la Revue hor- ticole : Section des cultures spéciales. — Sur les rapports de M. Ghatin, une médaille d’or à M. Sahut, vice-président de la Société d’horti- cuiture de l’Hérault, pour son livre sur le Greffage des Vignes américaines; une mé- daille d’or à M. Truelle, pharmacien à Trou- ville-sur-Mer (Calvados), pour ses travaux sur les fruits à cidre de la Vallée-d’Ange ; — sur le rapport de M. H. Vilmorin, une médaille d’or à M. Sacc, correspondant de la Société à Cochabamba (Bolivie), pour ses recherches d’histoire naturelle dans l’Amérique du Sud. Section de sylviculture. — Sur le ra}>port de M. Glavé, une médaille d’argent à M. Pou- cin, conservateur des forêts à Alençon (Orne), pour son mémoire intitulé : la Maison fores- tière. Section cV histoire naturelle agricole. — Sur le rapport de M. Prillieux, une grande médaille d’or à M. Jensen, directeur du bu- reau Gérés à Copenhague (Danemark), pour ses recherches relatives à la maladie de la Pomme de terre. L’âge des Pêchers. — Nous avons reçu à ce sujet les communications suivantes : Dans un des derniers numéros de la Revue horticole, j’ai lu avec intérêt un article sur l’âge que peuvent atteindre les Pêchers. Voici un nouveau cas de longévité : Dans la petite ville de Braisne (Aisne), chez M. de Champlain, au lieu dit la Sainte-Judée, on je suis resté jardinier pendant dix ans, de 1857 à 1867, j’ai taillé et soigné quatorze Pê- chers qui étaient âgés de plus de soixante- quinze ans, d’après les dires du propriétaire, et qui avaient été successivement taillés par mon grand-})ère, mon oncle et mon père. Ainsi ces Pêchers avaient été traités de père en tils pendant une période de j)lus de soixante ans, et mon ))ère me disait les avoir toujours vus dans le même état de vieillesse. En octobre 1867, au moment où j’ai quitté sa propriété, ces vétérans de l’arboriculture étaient encore très-vigoureux et produisaient chaque année de très-gros et bons fruits. Poiret-Délan, jardinier chez M. Leduc, à Puteaux (Seine). Greffes de Robiniers en écusson. — A. diverses reprises déjà, la Revue horti- cole a appelé l’attention sur Tintluence que, dans certains cas, les milieux peuvent exer- cer sur les résultats des opérations horti- coles. C’est surtout à propos de la réussite des greffes de Robiniers, faites en écus- son, que des remarques ont été faites. Par exemple, on a constaté que le succès, qui est complet en Plspagne de même que dans certaines parties du Midi de la France, a été complètement négatif à Paris. Pour- quoi ? Le fait n’a pas été expliqué. On avait attribué l’insuccès au climat, peut-être moins cbaud, de Paris; mais est-ce l)ien là la cause? Le fait suivant, que nous fait connaître M. Vaudrey -Evrard, horticulteur à Mirecourt (Vosges), permet d’en douter : R y a trois ans, je recevais quelques variétés de Robinia de MM. Transon frères , d’Or- léans. Aussitôt l’arrivée de ces jeunes sujets, je coupai l’extrémité des rameaux que je plaçai en terre pour faire des greltes en fente, comme cela se pratique habituellement. J’ai l’habitude de grelfer les Acacias assez tard, afin que les jeunes pousses ne soient pas détruites par les gelées du mois de mai, qui, dans les Vosges, arrivent fréquemment fm-mai et quelquefois en juin. Au moment de l’ojiération, commencement de mai, il s’est trouvé une variété à assez gros bois, le Robinia Bessoniana, dont les rameaux fort gros n’étaient pas en rapport avec la gros- seur de mes sujets qui étaient petits. Je levai sur les greffons du Robinia Bessoniana des écussons qui furent greffés de la manière ordi- naire, avec la seule différence que les greffons avaient été coupés pendant la période de repos et non pendant l’été. Les quelques greffes que j’ai faites de cette manière ont toutes réussi et admirablement poussé. Aussitôt faites, j’étète les greffons qui alors poussent au bout de quelques jours et font d’assez beaux sujets pour l’automne. On peut grefler de cette façon jusque fin- juillet. J’opère, du reste, de la même manière pour les Pommiers doucins, les Tilleuls, les Sopho- ras pleureurs, et les résultats sont excellents. CHRONIQUE HORTICOLE. 339 Ici, le fait de la réussite n’est pas dou- teux, mais, à vrai dire, il ne démontre que ceci : la possibilité, à Mirecourt, de grelloi’ les Robiniers en écusson, mais non le pourquoi de la réussite. Nous avons cru devoir faire connaître ces résultats qui, une fois de plus, démontrent qu’en culture, une chose qui n’est pas possible dans un en- droit peut l’ôtre dans un autre, et qu’il sera toujours bon de la tenter. Préservation des Tomates contre la maladie. — Culture des plantes an- nuelles à contre-saison. — Nous avons reçu de notre collègue et collaborateur, M. Gatros-Gérand , de Bordeaux, l’inté- ressante communication suivante : .... A propos des précautions à prendre contre le Peronospora de la Vigne et des Pommes de terre, nous avons appliqué le même traitement aux Tomates, et le mal rCa p)lus fait de pro- grès. Une autre expérience, sur laquelle nous désirons appeler votre attention, consiste à tremper, pendant quarante-huit heures, les semences de Tomates dans du sulfate de cuivre, de la même façon que le Blé. Ainsi traités, les jeunes plants de cette Solanée, plantés à part, n'ont été atteints, jusqu’à présent, d’aucun genre de maladie. Les essais de culture de plantes annuelles à contre-saison méritent certainement d’être en- couragés. A la liste que vous publiez, il y a lieu d’ajouter les Immortelles de la Malmaison et surtout les Chrysanthèmes annuels. Cette dernière plante, semée en juillet, a donné des plants dont un certain nombre, conservés en serre tempérée, ont fleuri en avril et mai. Il faut surtout les préserver de l’humidité. Catros-Gérand. Nous conseillons tout particulièrement à nos confrères et abonnés de reproduire les essais faits par M. Gatros-Gérand ; ils sont marqués au coin d’un observateur sagace et d’un habile expérimentateur. Cueillette des Pêches, des Abricots et des Brugnons. — Pour être savoureux et parfaits, ces trois sortes de fruits doivent être cueillis ; les Pêches un peu avant la complète maturité. On les conserve de un à trois jours (suivant leur état), dans un local légèrement frais, à l’abri du soleil. Gueillies au contraire lorsqu’elles sont très-mûres, les Pêches ont perdu une partie de leur parfum, et sont souvent « pâteuses » ou (( farineuses ». Les Abricots, au contraire, doivent être cueillis lorsqu’ils sont bien mûrs ; aussi ceux que l’on trouve dans le commerce sont- ils, en général, médiocres, .sans sucre ni parfum ; la raison, c’est (pi’ils ont été cueillis avant d’fdre nn'trs, pour qu’ils puissent voyagc'r. Les Brugnons, [)our êtr(3 lions, doivent être cueillis lorsqu’ils sont très-mûrs et même ridés. Dans ces conditions, ce sont des fruits délicieux, qui deviennent même vineux par suite d’une sorte de fermenta- tion alcoolique. Il est toutefois bien entendu que ces qua- lités sont relatives et en rapport avec l’es- pèce ou la variété. Protection des arbres contre les chenilles. — Ge procédé, que nous fait connaître M. Glausen, professeur d’arbori- culture à l’Ecole impériale de Nikita (Gri- mée), et qui lui a donné de très-bons résul- tats, consiste à entourer la tige des arbres avec de l’ouate, dont on forme une sorte d’anneau. c< Il est bien rare, dit M. Glau- sen, que même une seule cbenille passe cet anneau ; mais on voit souvent des centaines d’insectes qui s’y sont réfugiés; alors, il est facile de les détruire. A la longue, ce- pendant, ces anneaux se gâtent, et voici ce que j’ai fait pour remédier au mal : — (( J’ai pris du gros papier que j’ai coupé par bandes d’environ 15 centimètres de largeur, j’en ai goudronné un côté que j’ai laissé sécher, puis j’ai enduit l’autre côté sur lequel j’ai étalé de l’ouate pendant que le goudron était encore frais ; puis j’ai appliqué ces bandes en les disposant en forme d’anneaux autour des troncs et les assujettissant avec une ficelle. J’ai lais.sé ces anneaux aux arbres tout l’hiver (ils y sont même encore). De temps à autre, je visite ces sortes de pièges permanents et j’y trouve de grandes quantités d’insectes di- vers, qui se sont réfugiés sous ces liandes. J’y trouve même des pucerons. Je n’hésite pas à recommander ce procédé queje trouve très-efficace. » Pucerons des Légumes. — On a lieu d’être surpris en voyant les soins assidus que l’on porte soit aux arbres fruitiers, soit aux arbres d’ornement, lorsqu’il s’agit de les débarrasser des insectes , notamment des pucerons, et de voir tant d’indifle- rence, lorsqu’il s’agit des légumes. Pour- tant, bien que de nature ditïérente, l’in- térêt n’est guère moindre et le travail est tout aussi facile. Gbaque année nous remarquons des carrés d’Artichauts enva- his par les pucerons, dont la végétation s’ar- 340 CHRONIQUE HORTICOLE, rcto, qui sont hideux à voir et tout à fait impropres à la consommation, quand pour- tant il eut suffi de ({uehjiies instants pres([ue sans bourse délier pour débar- rasser ces piaules de leurs ennemis. En effet, quelques l)assina{^es avec un insecti- cide (nicotine, insecticide Ficbet, etc.) suf- firaient amplement pour cette beso'ji'ne. Comme exem})le, nous ])ouvons ciler deux cai'rés d’Articbauts conli^us, et deux autres de Choux également voisins l’un de l’autre. Par comparaison, l’un avait été inseclicidé, l’autre pas; les Artichauts traités étaient d’un beau vert chiir, gros et exempts d’in- sectes, tandis que les non traités, petits, maigres, durs et ])resque desséchés, étaient couverts de piu-erons et tout à fait imman- geables. Des faits analogues ont été consta- tés sur les Choux. Ceux qui avaient été insecticidés étaient propres, bien venants et avaient les feuilles entières, tandis que chez les autres les feuilles étaient dévorées par la Piéride du Chou. Pêche Amsden. — Au .sujet de cette variété, dont le monde aujourd’hui est d’ac- cord à reconnaître le mérite, notre collabo- rateur M. Gagnaire, horticulteur à Ber- grac, nous éci'it : ].e 22 juin dernier, j’ai fait la récolte d’une trentaine de Pêches Amsden , parfaitement mûres. Gomme elles ont été consommées à la maison, j’ai pu constater que sur ce nombre, la chair de pas une seule ne s’est détachée du noyau. Cela ne provient-il pas directement du temps froid et humide pendant lequel la matu- ration s’est opérée? Vous savez que c’est là mon opinion. Il reste encore des Pêches sur le même arbre; j’ai quelques-uns de ces mêmes fruits sur d’autres sujets, ce qui me pei-mettra de comparer et de voir si les chaleurs que nous subissons ici depuis environ une semaine n’auront eu aucune influence sur la plus ou moins grande adhérence de la chair au noyau. Gagnaire. Cette question d’adhérence est encore controversée. Il faut accumuler les faits : c’est le seul moyen d’arriver à une conclu- sion précise. Cette année, à Lacroix, en Touraine, nous avons mangé les dernières A msden le 15 juillet. Tous les noyaux ont été parfaitement adhérents. Culture des Reines-Marguerites à contre-saison. — Riz de montagne. — Nous recevons sur ces deux sujets, de MM. Rivoire père et fils, horticulteurs-grai- niers, rue d’Algérie, n® 16, à Lyon, la com- munication suivante : Vous avez signalé, dans la Revue horticole, la floraison de Reines-Marguerites en hiver et au printemps, obtenue par un jardinier des environs de Paris. Permettez-nous de vous faire observer que ce l ésultat avait déjà été obtenu par nous l’an- née passée. Le 19 avril 1885, nous avons présenté, à l’Association horticole lyonnaise, plusieurs pieds de Reines-Marguerites en pots et parfai- tement fleuris. Ce résultat a été jugé très-méri- tant ])uisque nous avons obtenu une prime de première classe. A notre connaissance, la flo- raison pi'intanière de ce genre de plantes n’avait jamais été signalée. Nous en possélionssoixante à soixante-dix plantes cultivées exprès pour obtenir ce résultat. Au sujet du Piiz de montagne, dont parle également la Revue horticole, nous vous ferons remarquer que la Société d’Acclimatation avait déjà — il y a deux ou trois ans — fait essayer la culture d’un Riz portant le même nom et provenant, autant qu’il peut nous en souvenir, de la Mandchourie. Nous avions reçu un assez fort échantillon de cette variété que nous avons fait semer à des époques différentes et dans trois positions et altitudes différentes aussi. Le résul- tat a été absolument nul, à cause sans doute, de la sécheresse qui sévissait cette année-là. Les renseignements donnés semblaient prouver ce- pendant qu’il devait facilement réussir dans notre région. Rivoire père et fils. Tout en remerciant MM. Rivoire de leur intére.ssante communication , nous ferons remarquer qu’elle n’enlève ni n’atténue le mérite des expériences de M. Schwartz, auxquelles ils font allusion. Elle prouve seulement que l’idée de ces cultures s’est manifestée sur différents points, ce qui, du reste, arrive fréquemment. Quant au « Riz de montagne » il nous paraît jdiis que douteux qu’on puisse ja- mais le cultiver en dehors des climats chauds et humides. Nous avons connaissance de lieaucoup d’expériences, c|ui, bien que tentées dans des conditions en apparence favorables, n’ont donné aucun résultat satisfaisant. Il faut au Riz, non seulement une température élevée, mais une grande humidité de l’air, et même du sol, quand cela est possible. Le reboisement de la Sologne. — Dans la dernière session de la Société des Agri- culteurs de France, la section de sylvicul- ture a nommé une commission chargée d’étudier les reboisements entrepris en So- logne à la suite des gelées de l’hiver 1879- 1880. Cette commission devant se réunir prochainement, les propriétaires qui dési- CHRONIQUE HORTICOLE. 341 reraient être visités devront adresser leur demande, dans leplusbretdélai, à M. Edouard de Laage de Menx, au château de Maison- fort, par Olivet (Loiret). Le Chêne géant de La Balme. — On peut voir actuellement, dans un bateau spé- cial amai’ré près du pont de la Concorde, à Paris, le tronc d’un Chêne colossal. Ce géant mesure 31 mètres de hauteur sur 3 mètres de diamètre à la hase, et 2 mètres un peu au-dessus du collet La Revue horticole consacrera dans son prochain numéro un article à cet aiLre qui, en dehors de ses dimensions remarquables, présente un haut intérêt scientifique. Meeting horticole de Gand. — Dans sa réunion du 5 juillet, le comité de la So- ciété d’horticulture de Gand a décerné les récompenses suivantes : Certificats de li^e clàsse. — M. Alexis Dal- lière, pour le Pernettya lilacina nigra major et P. l. fructo alho; M. Aug. Van Geert , pour YHoplophytum robustiim variegatum; M. Des- met-Duvivier, pour V Anthurium Scherzeria- num var. sanguineum ; MM. Vervaet et pour le Cœlogyne Massangeana ; la Compagnie continentale pour les Aîocasm Augustiana, A. marmorata, Phrynium variegatum, Alocasia 7iigricans, Sagenia mammülosa, Alocasia Gi- gas, Amaryllis Bonguerothi. Certificats de Culture. — M. Hye Leisen, pour le Cypripedium superhiens. Exposition horticole populaire à Londres. — Londres, encore plus que Paris, possède des quartiers populeux, où l’air n’est pas renouvelé suffisamment par de larges voies plantées, des jardins parti- culiers, squares, etc. Dans le but de remédier autant que faire se peut à ce fâcheux état de choses, et d’a- mener les habitants de ces quartiers à cul- tiver chez eux, sur leurs fenêtres, leurs terrasses couvertes, le plus de plantes qu’il est possible d’y installer, une exposition hor- ticole populaire vient d’êlre organisée à Londres, au milieu de l’un des quartiers les plus malsains (South Lamheth). Le prix d’entrée a été réduit autant que possible, de manière à le mettre à la portée des classes laborieuses peu fortunées. Les concours ont naturellement été réglés de manière à rentrer dans l’idée générale qui a présidé à l’organisation de cette exposi- tion, à laquelle était annexé tout ce qui peut contribuer à former l’instruction horticole élémentaire du peuple. C’est là une heureuse innovation, il faut espérer qu’une idée aussi philanthropique ne tardera pas à faire son chemin ailleurs qu’en Angleterre. Exposition annoncée. — Une exposition d’horticulture aura lieu à Coulommiers du 18 au 20 sei)tenibre prochain. Les concours, au nombre de 82, seront divisés en quatre catégories, concourant sé- parément : lo Pépiniéristes, rosiéristes et horticulteui’s- marchands; 2<^ Jardiniers et amateurs; 3» Instituteurs; 4° Sociétés d’horticulture françaises et étran- gères et établissements publics. La division des concurrents en quatre catégories, adoptée par la Société de Cou- lommiers, apporte certainement une com- plication dans l’attribution des récom- penses; mais on doit reconnaître que c’est la manière la plus équitable de mettre les producteurs en concurrence. Il est évident qu’un instituteur, dont les ressources sont fort limitées, ne pourra jamais concourir à chances égales de succès, pour une collec- tion de fruits ou de légumes, par exemple, avec une société maraîchère ou le jardinier chef d’un riche propriétaire, et pourtant, il aura souvent dépensé plus de savoir et d’in- géniosité que ses concurrents, plus favorisés que lui sous le rapport des moyens d’action. Il y a là une voie à suivre dans bien des circonstances. Errata. — Dans la chronique du nu- méro du juillet, page 290, en parlant des récompenses de l’Exposition d’horticul- ture de Dijon, on a dit, au sujet de la prime d’honneur, que « n’ayant pas été méritée, elle a dû être partagée ». Ce n’est pas pré- cisément ainsi que les choses se sont pas- sées. La cause, paraît-il, c’est que trois concurrents de même mérite s’étant pré- sentés, le Jury a jugé convenable de par- tager le prix. Ces concurrents étaient les horticulteurs dont nous avons cité les noms. — Numéro du 16 juillet, page 317, ligne 49, au lieu de Prunes, lisez Poires. — Même numéro, page 330, M. J. -B. Weber a été indiqué comme jardinier-chef au jardin botanique de Lyon ; nos lecteurs savent que M. Weber est au jardin bota- nique de Dijon. E.-A. Carrière et Ed. André. AVANCEMENT J»E LA MJSE A FRl'IT DES VIGNES DE SEMIS. AVAMll'TMIÎNÎ Dlî LA WISIi A L’excellence d’mi })rinci[)e se démonlre par ses conséipieiices. C’est ce ({ui arrive pour le procédé ipie nous avons fait con- naîlre l’année dernière (1), et qu’il convient de pratiquer lorsqu’on vent avancer la fruc- (itication des Vignes de semis. Dans l’article en question nous avons dé- montré qu’à l’aide de certains traitements on ])oiivait avancer de beaucoup l’époipie de la fructirication des Vignes de semis. Lien (jue le fait ne parût pas contes- lal)le, puisqu’il était démontré pratique- ment, le résultat paraissait tellement dilfé- rent de ce que l’on savait sur ce sujet, que c’est à peine si l’on pouvait y croire, même après avoir vu. Pour donner aux obser- tions un caractère d’autliencité indiscutable, nous avons cru devoir répéter l’expérience dans un établissement public jouissant d’une grande réputalion et où la publicité permet l’aftirmation la [)lus complète des faits. L’école d’horticulture de Versailles nous parut indiquée. La bienveillance de son directeur, M. Hardy, et les moyens maté- riels dont il dispose, l’empressement qu’il met à favoriser tout ce qui peut pousser au progrès et faire avancer l’horticulture ou ce qui s’y rattache, étaient un sûr garant de mener la chose à bonne fin. Il fut convenu que l’expérience serait faite sur une petite échelle, surtout en vue de consacrer le principe, ce qui fut fait, ainsi que le constate la lettre suivante que, le 8 juillet dernier, nous adressait M. Har- dy, en même temps qu’un sarment de Vigne portant trois grappes de Raisins arrivés à maturité. Voici cette lettre : Versailles, ce 8 juillet I88G. Cher Monsieur Carrière, Ainsi que nous en étions convenus, j’ai fait exécuter des semis de pépins de Vignes, peu toutefois, et d’une seule espèce seulement, — du Chasselas, — car, malgré votre affir- mation, je dois vous avouer que je conservais quelques doutes sur le succès de l’entreprise. Aujourd’hui, il en est autrement, et les résul- tats que j’ai obtenus et que je vais vous faire connaître sont de nature à dissiper jusqu’au moindre doute. Comme preuve à l’appui de mes dires et afin que vous puissiez juger de visu je vous adresse, en même temps que cette (l) Voir Revue horlicole, 1885, p. 463. I-HLIÎ l»KS YKLAES J)E SEMIS lettre, un sarment coupé sur l’un des pieds qui ont fructifié, portant trois grappes de Raisins complètement mûres, de sorte (jue vous pourrez les déguster et en indiquer les caractères. A'oici comment j’ai procédé : Le 10 janvier 1885, quinze pépins de Chas- selas ont été semés en terrine qui fut placée en serre et sur couche. Pendant toute la durée de la culture, la chaleur de fond, donnée aux jeunes plants, a été de ‘24 à 2G degrés centigrades. La tempé- rature de la serre a varié de IG à 20 degrés, pendant le jour, et de 12 à 15 degrés, pendant la nuit. L’aération s’est faite chaque fois qu’elle a été jugée nécessaire, en ayant soin de l’aug- menter au fur et à mesure que les Vignes ap- prochaient du moment où elles ont dû être sorties de la serre. Le tuteurage, l’ébourgeonnage, le pinçage et f étêtage ont été pratiqués selon les besoins de la végétation des plantes, et il en a été de même des bassinages et des arrosages. La levée des graines a eu lieu vingt-huit et trente jours après le semis. Les jeunes plants ont été repiqués lorsqu’ils ont montré leur deuxième feuille, non compris les cotylédons, dans des godets de 9 centimètres, en terre richement composée. Lorsque les racines ont touché les parois du godet, on a rempoté ces Afignes dans des pots de IG centimètres, puis, à mesure de leur dé- veloppement, dans des pots de 22 centimètres; et enfin dans des pots de 32 centimètres où elles ont achevé de pousser. Pour obtenir du bois bien mûr et solide, les Vignes ont été sorties de la serre et mises 'en plein soleil le 10 septembre. Elles y sont res- tées jusqu’à la chute des feuilles. Ces Ah'gnes ont donc subi, après le semis, un repiquage et trois rempotages successifs. Elles ont tou- jours été maintenues à la température indiquée plus haut. Sur les quinze pépins semés, dix plants ont été conservés ; sur ces dix plants, deux ont été rejetés, huit seulement ont été gardés. De ces huit pieds de Ahgne, six ont été mis en végétation le 20 janvier 188G et soumis à la culture avancée et non forcée. Trois pieds avaient de beau bois d’environ 1 centimètre de diamètre : les trois autres étaient plus fai- bles. Ce sont ces derniers qui ont fructifié : Un pied a donné une grappe, dont les grains étaient en partie avortés. Un autre pied a donné deux grappes petites qui rappelaient le Raisin de Corinthe. Enfin le troisième pied a produit sept grappes assez belles rappelant à peu près le Chasselas dont elles sont issues. Ce dernier pied a un sai ment qui porte trois grappes. C’est celui que je vous envoie. 343 DEUX ARBRES FRUITIERS REMARQUABLES AUX ÉTATS-UNIS. Conclusion : En faisant des semis de Vigne et en traitant les plants qui en proviennent ainsi qu’il vient d’être dit, c’est-à-dire comme on traite les bou- tures de Vignes faites à un œil, d’après la mé- thode anglaise, il est possible d’obtenir du Raisin l’année qui suit celle du semis. Dans l’essai qui fait l’objet de cette note et que je viens de rappeler, la fructification a été obtenue en dix-huit mois, depuis l’époque du semis jusqu’à la maturité complète du Raisin. J. -A. Hardy. Maintenant que la question d’avancement de semis de Vigne par la culture est mis hors de doute, nous devons, après avoir constaté les résultats culturaux, en tirer quelques déductions pratiques. D’abord constatons les caractères des pieds de Vignes qui ont fructifié. Voici pour le sujet qui avait sept grappes : Cépage à aspect général de Chasselas de bonne vigueur, paraissant très-fertile. Sar- ments bien nourris sans être très-gros, à écorce jaune roux foncé. Feuilles à incisions lobaires plus ou moins profondes, à lobes irrégulièrement dentés. Grappes assez lon- gues, relativement étroites, non compactes. Rafle moyenne, violette à son point d’in- sertion. Pédicelles courts. Grains réguliè- rement sphériques, de 10 à 13 millimètres de diamètre. Peau vert blond, passant au jaune ambré, légèrement glaucescente. Pulpe abondante, sucrée, agréablement par- fumée. Pépins petits, solitaires. Si l’on réfléchit que ces caractères sont pris sur un très-jeune sujet et qui fructifie pour la première fois, on est presque auto- risé à croire que l’on aura, dans ce semis, une variété méritante et dont les qualités augmenteront avec l’àge, conformément à ce qui arrive fréquemment pour les arbres fruitiers de semis. Le résultat dont nous parlons semble démontrer que le Ghasselas a une tendance à se reproduire identiquement. En effet, les trois pieds en question et qui ont fructifié avaient les caractères généraux des Chas- selas. H est maintenant hors de doute que l’on peut abréger au moins des cinq sixièmes le temps jusqu’ici regardé comme nécessaire aux Vignes de semis pour arriver à donner leur premier fruit ; ce qui permet, par con- séquent, même à un vieillard de faire des semis de Vigne et d’en voir le résultat, ce qui n’était pas possible par l’ancien sys- tème. Pratiqué sur d’autres essences que la Vigne, ce système produira-t-il les mêmes résultats? Cette question, que nous posons, la pratique seule peut la résoudre. E.-A. Carrière. DEUX ARBRES FRUITIERS REMARQUABLES AUX ÉTATS-UNIS M. Charles Joly, vice-président de la Société nationale d’horticulture de France, vient de publier, sur la 2Qe session de la Société pomo- logique américaine, une notice dans laquelle il donne, sur les plantations et sur la pro- duction fruitière aux États-Unis, des rensei- gnements très-intéressants. Nous en extrayons les curieux détails qui suivent sur deux arbres remarquables ; Depuis de longues années, je me suis fait un devoir de rendre compte des travaux delà Société pomologique américaine, dont la fon- dation remonte à 1848 et qui publie, depuis cette époque, un volumineux rapport renfer- mant une foule de documents du plus haut in- térêt. Pendant longtemps, les États-Unis ont eu recours aux pépinières belges et fran- çaises pour leurs plantations fruitières ; au- jourd’hui, les choses ont bien changé : les semis et la production des fruits du pays se font sur une échelle immense ; des variétés précieuses obtenues par nos rivaux sont venues enrichir nos collections. Les Ananas, les Citrons, les Oranges et les conserves du Maryland, de la Floride et de la Californie, s’expédient dans le monde entier; les Vignes résistantes américaines sont aujourd’hui le salut de notre grande industrie viticole eu- ropéenne et il y a lieu de s’étonner qu’on n’ait pas pensé plus tôt à recourir aux greffes qu’on pratique aujourd’hui sur une si grande échelle, quand ce procédé était employé, depuis un temps immémorial, pour les arbres fruitiers... On croit généralement que les planta- tions d’arbres fruitiers sont relativement récentes aux États-Unis; quelques faits prouvent le contraire. Je citerai ici un Poi- rier remarquable dit Endicott Pear tree (fig. 89), situé dans la ferme du gouverneur Endicott, à Danvers, État de Massachusetts. Son histoire, dont nous lisons les détails dans le C.-M. Hovey’s Magazine of Ilorti- cidture, Boston, 1853, prouverait que la ferme appartient à la même famille depuis plus de deux siècles et demi et que l’arlme en question est connu depuis 1632. Sa hau- teur est d’environ 6 mètres et la circonfé- 344 DEUX ARliRES FRUITIERS REMARQUABLES AUX ÉTATS-UNIS. rence dos branches est de 18 niùires. Iaî | tronc est presitne enlièroniont creux. J1 y a | trente-ciiDf ans, il est parti des racines deux drageons (pii ont aujourd’hui 3 à Fig. 88. — Vieux Pommier dans le Connecticut. i mètres de haut et qui portent les memes Tuits que le pied uère. > Le second arbi^ ntéressant que j’ai i mentionner est m Pommier dont a figure 88, faite l’après une pho- ngrapliie, donne me idée exacte. Miivant le rapport lu secrétaire du Conseil de la So- ciété d’agriculture :lu Connecticut, en 1878, l’arhre est situé sur la pro- priété de M. Delos tiotchkiss, dans le comté de Cliester. Dans l’opinion de la [amille, l’arhre peut Avoir cent soixante- juinze ans. Le tronc est de forme symétrique, presque rond et en partait état. 11 a huit grosses hranclies, Fiff. 89. — Vieux Poirier dont cinq donnent des fruits une année; les trois autres hran- clies ne produisent que l’aimée sui- vante. La circonfé- rence de l’arlire est de 4“^ 15 à 50 centimètres du sol ; sa hauteur est de 20 mètres et la circonfé - rence totale des hranclies est de 33 mètres. Dans certaines années, la récolte sur la moitié de l’arhre a été de 40 hu- sliels (1). L’état actuel de ce remarquahle Pommier fait es- pérer, qu’à moins dans le Massachusetts. ouiagans excep tionnels, il végé- tera longtemps encore. Gli. Joly. (1) Le lushel est de 36 litres 3i8. DÉCORATION FLORALE DES TABLES. 345 DÉCORATION CLORALE DES TARMÎS Nous décrivons ci-dessous les moyens employés en Angleterre pour garnir la tahle d’une salle à manger, soit dans les maisons particulières, soit pour les banquets pu- blics, etc. Parfois on n’emploie qu’une seule variété de fleurs, avec quelques plantes à feuillage. Ainsi, dès le premier printemps, les garni- tures sont faites presque exclusivement de Primrose, qui n’est autre que l’humble Primevère des cliamps (Prfmu/a acaulis). D’autres se font de Campanules et d’autres encore, de Perce-neige, de Pioses, etc., sui- vant l’époque et le caractère de la réunion. Toutefois ces arrangements sont trop uni- formes et ne tardent pas à fatiguer l’œil. Quoiqu’il soit difficile de poser des règles fixes à cause de la diversité des goûts et des Fig. 90. — Décoration de table à manger. matériaux que l’on peut avoir à sa dispo- sition, on peut cependant considérer comme points principaux: Que les plantes soient légères et peu hautes, p)our ne pas obstruer la vue entre les eonvives ; Que les fleurs, tout en étant variées, ne soient pas de coloris troj? criards, ni très-nombreux; Que V arrangement soit généralement sg- métrique et que le milieu de table for- me, si possible, Vor- nement principal. Depuis quelques an- nées, on fait ici, sur la nappe même, des des- sins de verdure entre- lacés de fleurs ; l’effet en est charmant et nous ne saurions trop en recommander l’emploi. Les deux exemples ci-dessous don- nent une idée approximative de la forme à donner au dessin de la bordure qui, natu- rellement, peut varier à l’infini suivant les goûts. La figure 90 représente une table de moyenne grandeur, la salle étant éclairée en partie par les candélabres 1, 3 et 3’ ; les no® 2 et 2’ sont d’élégants Arases de cristal garnis de fleurs coupées. Les n®* 4, 4, 4, indiquent les compotiers et plateaux à fruits ou sucreries qui restent sur la table pen- dant tout le repas. Le dessin sur la nappe montre simplement une manière de relier les différents plateaux de dessert ou d’ornement entre eux par une bordure large de 10 à 15 centimètres. Lorsque les fleurs sont rares, cette bande peut être composées de branchelettes de Houx panaché avec fruits bien rouges, etc. Toutefois on emploie plus généralement de la Mousse propre et de bonne couleur, dans laquelle on pique lé- gèrement les fleurs, que l’on varie suivant les contours, puis, pour donner plus de légèreté à l’ensemble, on insère quelques rameaux d’Asperge, dé Adiantum, etc., et lorsque l’on a la bonne fortune de posséder des Orchidées, leurs gracieuses fleurs forment toujours un char- mant effet. Si la Mousse n’est pas suffisam- ment fraîche, il y aura avantage à faire un fond de verdure, à l’aide de Pervenches, de rameaux de Cyprès, d’Adiantes, etc. Les bordures circulaires entourant les can- délabres 1, 3 et 3’ doivent aussi présenter quelques variations, comme, par exemple, quelques légers épis de Calanthe, des Glaïeuls, des Delpbiniums, etc., se rele- Fig. 91. — Décoration de table à manger. 346 DES MÈRES. vaut sur un fond d’une couleur plus soni- Lre. Tai figure f)l représente une laide de di- mensions plus modestes dans une salle éclairée au gaz. Le n® 1 sera, soit un vase garni de tleurs, soit une plante décorative: un Cocos WcddcUiana, un Kenlia^ entou- rés de plantes fleuries (pielconques, le tout dressé en cône sur un plateau ou une ])ièce de carton circulaire, le cône élaiit recouvert de Lycopodes ou de Mousses dans les- quelles on dispose quelcjnes tleurs ou des jeunes pousses de plantes panachées. Les deux Ijouts de table n^*^ 2 et 2’ peuvent être, si le milieu est un vase de cristal avec tleurs, deux belles plantes, soit des Panda- nus Veilcliiiy de jeunes Dracénas Ijien co- lorés ou encore deux petits Palmiers, etc. En 3, 3, 3, sont les compotiers et plateaux. Les plateaux de fruits sont également dressés avec de la verdui’e et des tleurs cou- pées. En général on laisse assez de place entre les })lateaux pour intercaler dans la ver- dure les ornements de table que l’on pour- rait avoir à sa disposition. Jacques Haueter. DES MÈRES On nomme Mère toute plante, annuelle ou vivace, ligneuse ou herbacée, particu- lièrement destinée à la multiplication, par graines, boutures, coucttages, greffons, etc. Nous allons étudier les Mères à ces divers points de vue. Quelle que soit la destination des Mères, elles doivent être bien franches, c’est-à-dire présenter, au plus haut degré possible, les qualités que l’on désire reproduire. Quant à l’utilité des Mères, il est, croyons-nous, superflu de la rappeler puisque c’est la base de toute bonne culture, pour la spé- culation. Des Mères pour graines. — En outre des caractères propres à l’espèce, les plantes devront être relativement fertiles, mais toujours avoir une bonne vigueur. S’il s’agit de plantes annuelles ou bisannuelles susceptibles de se féconder réciproquement, il faudra, si l’on tient à conserver les types purs, les isoler autant qu’on le pourra ; dans le cas, au contraire, où on désirerait les faire « jouer », il faudra les planter auprès des types avec lesquels on désire les voir s’hybrider. Des Mères pour couchages. — Ces Mères, qui seront aussi rapprochées du sol que possible, devront, en outre, être vigou- reuses, pourvues de jeunes rameaux longs et peu ramifiés, à moins que les ramifications soient assez longues pour être, elles-mêmes, couchées. Pour obtenir ces résultats, on rabat les branches qui s’élèvent ou sont trop fortes pour être couchées, de manière à faire développer près du sol des bourgeons vigoureux pour l’année suivante ou pour le courant de l’été si ces parties doivent être couchées à l’état herbacé. Des Mères pour greffons. — Ces Mères, qui sont de première importances en liorti- culture, devront être non seulement bien franches, mais surtout exactement dénom- mées. A ce point de vue, en effet, on ne saurait y apporter trop d’attention, puisque ce sont elles qui, chaque année, devront fournir soit les écussons, soit les rameaux destinés à la multiplication des plantes et par conséquent seront répandues dans toutes les cultures. Les Mères d’arbres fruitiers, outre leur bonne nomenclature, devront être bien franches comme fertilité et déjà en rapport, de manière à ce que l’on puisse prendre pour la multiplication des parties dont les sucs séveux soient déjà modifiés dans le sens de la production fruitière. Des Mères pour boutures. ■ — Comme il s’agit ici presque exclusivement de plantes ligneuses, les Mères destinées à fournir des boutures devront être vigoureuses, rela- tivement basses et le plus ramifiées possible, de façon à permettre de couper un grand nombre de boutures. Au besoin, l’on pour- rait y prendre des greffons, pourvu que le bois soit convenable, c’est-à-dire qu’il pré- sente les qualités nécessaires pour cette opération. Traitement général des Mères. — Nous allons brièvement passer en revue les soins d’ensemble que réclament les Mères à partir de la plantation. Plantation et disposition. — Bien que ces choses n’aient rien d’absolu, il est pour- tant bon d’observer certaines considérations d’ordre qui, dans la pratique, présentent d’assez notables avantages. D’abord, quant à la disposition, on se trouvera très-bien, si l’on en a la place, de faire une sorte d’école et BÉGONIA DE de réunir là, par genres, autant qu’on le pourra, en les plantant à la suite l’une de l’antre, les espèces qui rentrent dans chacun d’eux. 11 y a en cela plusieurs avantages, d’abord de permettre de voir l’état dans lequel sont les plantes, de pouvoir les sur- veiller et en suivre la végétation, de soigner les malades et de remplacer celles qui meu- rent, de façon à ce que la collection soit toujours complète, ensuite d’éviter les erreurs, les parties qui doivent servir à la multiplication étant toujours prises sur les types. Voilà, en général, ce qui est relatif aux Mères pour boutures et pour couchages. Quant aux Mères pour graines^ outre que ])lusieurs des précédentes pourront égale- ment fournir des graines, comme ce sont en général de grands arbres ou au moins des arbrisseaux, il sera bon, lorsque la chose est possible, de les isoler, çà et là, ou de les planter le long des grandes allées ou en lignes pour séparer les cultures ou pour limiter un champ. Il en sera absolument de même s’il s’agissait de Mères pour greffons. Ce mode de plantation d’arbres fruitiers présente encore ce grand avantage de permettre de comparer, de voir s’il n’y a pas d’erreurs, et, s’il y en a, de les réparer. La nature de la terre, les arrosages, etc., devront être soumis aux conditions géné- COCIIABAMBA. 347 raies, c’est-à-dire êfi*e en rapport avec la nature des plantes. Soins généraux à donner aux Mères. — Ils sont surtout subordonnés à la desti- nation des Mères ainsi qu’à leur tempé- rament. Ces soins consistent dans les o])érations suivantes : taille, rabattage, nettoyage ou épluchage, tuteurage, etc. I^a taille n’a d’autre eflêt (pie de maintenir les plantes dans des dimensions relatives et appropric^es, et parfois d’en régulariser la forme ; le rabattage s’opère pour rajeunir certaines parties et les contraindre à produire du })ois propre à la multiplication (boutures, marcottes, greffons, etc.). Le nettoyage et V épluchage consistent à enlever les jiarties mortes ou usées afin de protéger et d’aérer les autres. Quant au tuteurage, on ne le pratique guère que sur les Mères de plantes grimpantes, pour maintenir les bourgeons ou rameaux qui doivent être couchées l’année suivante et les empêcher de tomber sur les parties couchées. S’il s’agit d’espèces b'erbacées, annuelles ou vivaces, ces plantes n’étant guère em- jiloyées que comme Mères à graines, parfois à boutures, on les plante dans des condi- tions appropriées à leur nature et les soins sont également en rapport avec celle-ci. E.-A. Carrière. BÉGONIA DE COCIIABAMBA Cette superbe plante, qui est une des plus grandes de la famille entière , se rencontre en abondance dans les vallées humides de la Cordillère septentrionale. Elle est recherchée par le bétail. Croyant trouver en elle un nouveau légume, nous l’avons analysée, et son rhizome était composé de : Épiderme brun foncé Gba»" » Chair rose 310 » Le rhizome entier pesait 375 gr » Voici l’analyse de la chair, qui prouve assez ses qualités nutritives : Fécule loiCl Albumine 21 Citrate calcique 32 Dextrine 06 Sucre 19 Acide gallique 13 — pectique 2 58 Fibrine 1 36 Ligneux 6 52 Cendre 3 29 Eau 83 73 La matière colorante rose est soluble dans les carbonates alcalins ; dans le résidu, il y en a une autre jaune vif, qui ne se dissout que dans la potasse caustique. Les dimensions de ce Bégonia sont grandes, le rose des fleurs très- vif, les feuilles sont grandes, charnues et d’un vert très-foncé. Les Heurs ont une odeur douce, fort agréable et analogue à celle des Primevères. La culture est la même que celle des Auricules ; bonne terre franclie, beaucoup d’eau et mi-ombre. Le soleil jaunit les fleurs et les fait tomber. Ce Bégonia vient bien dans les apparte- ments, où il produira un magnifique effet si on l’y entoure de Bégonias à feuilles co- lorées. Il se couvre, presque toute l’année, de ses belles fleurs, qui ne cessent que pendant les trois mois d’hiver, durant lesquels la plante se repose, pour reparaître avec les premiers beaux jours du printemps. Les fleurs mâles, qui senties plus grandes. lOOor » 348 DENDROmtIM MACROPIIYLLUM GTGANTEUM. — GARDENIA CITRIODORA. soril. au liaiil (les liges; il y eu a g(3U(jra- lemeut deux pour cliacpie (leur (emelle. Les ca])sules de celles-ci sont grosses et toutes remplies de graines très-liries, Lrun foncé. Je crois ce beau et rustique Bégonia appelé à un grand avenir pour les jardins lleuristes, la décoration des parcs humides et du l)ord des pièces d’eau, mais plus encore pour celle des ajipartements. Je crois (fu’il fera sur les fenêtres des mansardes une grande concurrence aux Balsamines et aux (Eillets, sur lesquels il a l’avantage de la rusiicité et d’avoir une floraison presque continuelle (1). B'' Sacc, Cochabarnba (Bolivie). DENDROmilM MACROPIIYLLUM GIGANTKUM Getle espèce, dont les dimensions et la forme des fleurs rappellent celles de cer- tains Lælia à très-grandes fleurs, est cer- tainement l’une des plus remaiaïuables du genre. Malheureusement, comme la jdupart des Dendrobium, ses tiges, très-longues, étalées, anpiées ou pendantes, sont tout à fait dépourvues de feuilles lorsqu’elles sont adultes, de sorfe que, quand l’inflorescence se montre, les tiges ne portent guère que des fleurs. Toutefois, la plante n’en est pas moins remarqualde, car, dans l’espèce dont nous parlons, l’inflorescence atteint parfois 30 centimètres de longueur sur 12 à 13 de largeur. C’est, en un mot, par ses fleurs, une plante d’une beauté hors ligne. En voici les caractères : Plante très-vigoureuse à tiges arquées, longues, très-légèrement cannelées, attei- gnant jusqu’à (30 centimètres de longueur. Feuilles ovales, largement arrondies, en- gainantes, opposées ou alternant avec une (leur, longues de 7 à 10 centimètres, larges de 5 à 6. Fleurs solitaires ou géminées sur un pédoncule ovarien roliuste, atteignant 10 centimètres et plus de diamètre et rap- pelant assez exactement les fleurs de Lælia ou de Catlleya, moins la disposition, à divi- sions externes légèrement tordues ou con- tournées, d’un rose mauve très-légèrement lilacé. Lalielle grand, enroulé en cornet, fortement oculé, à bords frangés limitant une large liande rose pourpré diversement nuancé suivant le développement des fleurs. Originaire de Manille, le Dendrobium macrophyllum giganteum doit se cultiver en serre chaude, en panier suspendu, ce qu’indique du reste la disposition réclinée ou môme tombante de ses rameaux. C’est certainement l’une des plus jolies espèces du genre ; le seul reproche qu’on pourrait peut-être lui faire, c’est sa grande tendance à perdre ses feuilles ; mais quanta la beauté et surtout à la dimension des fleurs, c’est certainement une espèce exceptionnellement belle. May. GARDENIA CITRIODORA Si jamais une plante devait être chez tous les amateurs qui possèdent une serre chaude, ce serait évidemment le Gardénia citriodora, (|ui présente à peu près toutes les qualités que (loit avoir une plante orne- mentale. En effet, ses feuilles, qui sont per- sistantes comme celles du Café qu’elles rappellent un }»eu, sont nombreuses et rap- prochées ; quaid, aux fleurs, elles sont d’un blanc pur et dégagent une odeur citronnée ou de fleurs d’Oranger. D’autre })art, la plante, qui est naine, vigoureuse et extrê- mement llorihonde, se midtiplie facilement par boutures qui, faites sous cloche, en terre de bruyère, s’enracinent très promp- lement. C’est donc, ainsi ({u’on peut le voir, une plante de tout premier mérite. Le Gardénia citriodora, liook., qui appartient à la famille des Rubiacées, pré- sente les caractères suivants : Arbuste nain, compact et très ramifié dès la base. Feuilles rapprochées, opposées, longuement ovales, elliptiques, courtement pétiolées, atténuées aux deux bouts, co- riaces, d’un très beau vert foncé luisant, glabres de toutes parts. Fleurs d’un très beau blanc, assez grandes, nombreuses, (i) Nous avons inséré l’article de M. le docteur Sacc, sans avoir pu rapporter le Bégonia dont il parle à l’une des espèces connues et décrites. L’aquarelle qu’il nous avait envoyée à cette occa- sion n’en précisait pas suffisamment les caractères botaniques. Dès que nous aurons des renseigne- ments plus complets, que nous avons demandés, nous ferons connaître à nos lecteurs le nom scien- tilique de l’intéressante espèce dont parle notre correspondant. E. A. Godxu'cL.ddy. Üw~TwUth. G.Stver&yiis . Gardmia cdriodorcv. Repue llorlicole. 349 AQUARIUMS d’appartement ET I-EUR AMÉNAGEMENT. réunies par petits groupes à la base des feuilles, très courtement pédonculées. Ca- lyceà divisions très petites, fortement appli- quées, presque sétacées. Corolle à 5 divi- visions bien ouvertes, largement ovales. Étamines cà filets très courts, longuement dépassées par le stigmate. Le Gardénia citriodora fleurit tout l’hi- ver. Originaire de Port-Natal, il réclame la serre chaude ou, au moins, une bonne serre tempérée. Sa lloraison dure assez longtemps. On le cultive en terre de bruyère pure, dans des pots plutôt un peu petits que grands. Les arrosements doivent être assez abondants, surtout pendant l’épofjue de sa forte végétation. E.-A. CaiuuèPiE. AQUARIUMS D’APPARTEMENT ET LEUR AMÉNAGEMENT Depuis que les aquariums sont devenus un objet de luxe, utile sinon indispensable à l’ornementation des appartements, la cul- ture des plantes aquatiques a tout à coup pris un nouvel essor. Autrefois, on ne connais- sait guère ces plantes que par les quelques espèces qui étaient cultivées çà et là dans les jardins botaniques et surtout dans les bassins et cours d’eau de quelques jardins paysagers. Les Nymphæa alba et lutea, les Typha, la Salicaire, laLysimaquecommune, le Ramincidus Lingua, le Caltha palus- tris, le Butomus umbellatus, la Sagittaria sagittifolia et quelques grandes espèces de Schpus et de Cyperus, formaient en grande partie le stock des plantes aquatiques culti- vées pour l’ornement des eaux. Ces plantes sont encore employées de nos jours aux mêmes usages et rendent souvent de grands services dans l’ornement des pièces d’eau, mais elles ne peuvent être aucunement em- ployées dans les cultures en aquarium. Depuis l’apparition de ces derniers, il a donc fallu chercher d’autres plantes pour les orner, et par conséquent augmenter la quantité des plantes aquatiques ornemen- tales, spécialité qui, actuellement, tend à devenir une autre branche de l’hortioidture. Il nous est arrivé souvent d’être consulté sur les cultures qui peuvent se faire dans les aquariums, en même temps que sur les plantes pouvant servir à les décorer. Une réponse affirmative à ce sujet nous paraît impossible , attendu que les espèces de plantes aquatiques sont très-nombreuses, que les aquariums sont divers et de dimen- sions différentes, que certaines espèces de plantes poussent plus vigoureusement que certaines autres, qu’il y en a de submer- gées, d’émergées et de nageantes, qui par conséquent ne peuvent se cultiver l’une comme l’autre. Il faut aussi tenir compte que les aquariums sont placés dans des endroits très-différents les uns des autres. Il y a également à étudier la nature de l’eau, qui peut être bonne pour une es- pèce et mauvaise pour une autre. La hau- teur de certaines espèces est quelquefois un obstacle pour la culture en aquarium, car il existe des plantes à qui il faut très-peu de hauteur d’eau pour vivre, qui se conser- veraient très-bien dans un petit aquarium et qui périraient dans un grand, parce c^ue la quantité d’eau qui les entoure est trop considéralile. Pareil fait peut se produire inversement pour une grande espèce cul- tivée dans un aquarium trop petit. Ainsi qu’on peut le voir, la culture des plantes aquatiques en appartement est assez compliquée et demande beaucoup d’étude et surtout de pratique pour arriver à obtenir un résultat satisfaisant. L’effet qu’on cherche dans la culture des plantes en aquarium est plutôt un dessin ou un tableau qu’une véritable culture. Quand on se propose de faire des cultures en acjuarium, il faut choisir aussi autant que possible les espèces qui conviennent le mieux à l’eau et qu’on a à sa disposition, ainsi qu’aux conditions dans lescpielles on est placé, car dans ce genre de culture c’est l’eau qui joue un des principaux rôles. Si on mettait des plantes d’eau saumâtre ou salée dans de l’eau douce ou qu’on agît inverse- ment, il est évident que ces plantes péri- raient au bout de quelques jours. La même chose se produirait encore si l’on mettait en eau ferrugineuse, ou toute autre eau conte- nant en dissolution des matières contraires à la nature des végétaux, des espèces qui vivent en eau calcaire. Celles qui nous paraissent le plus convenables pour ce genre de culture sont les eaux de rivières, d’étangs et généralement toutes les eaux courantes. Si l’on habite un pays qui soit privé de ruis- seaux, l’eau de pluie est préférable à l’eau de puits, d’abord parce qu’elle est saturée des principes contenus dans l’atmosphère, et ensuite parce qu’elle contient beaucoup moins de principes minéraux en dissolution, qui presque toujours sont funestes aux cul- tures. Les eaux des mares, étangs, sont 350 AQUARIUMS D’APPAUTEMENT ET LEUR AMÉNAGEMENT. aussi excellentes, mais comme elles sont stagnantes, elles renferment beaucoup de matières organiques, ce qui les décompose très- vile, et d’autre part elles sont géné- ralement infestées de Conferves, Vauclié- rias et autres plantes parasites semblables ([iii détruisent toutes espèces de culture, et sont souvent très -difiici les à détruire. Si un aquarium est envahi par les Conferves, il n’y a qu’à le débarrasser complète- ment de tout ce qui l’encombre, le laver comme il faut à l’acide sulfurique, ensuite à l’eau chaude, puis le laisser sécher pendant ({uelques jours; ensuite on le relave de nou- veau à l’eau chaude, on le remet en place et on le replante à neuf, en ayant bien soin de ne remettre aucun des objets qui servaient précédemment à son ornementation. La terre qui convient le mieux pour ce genre de culture est celle dans laquelle croissent les plantes dans leur station natu- relle. Aussi, lorsqu’on les enlève pour les planter en aquarium, faut-il avoir bien soin d’enlever avec elles la portion qui entoure leurs racines et de les mettre avec cette terre dans le vase qui leur est destiné. Dans le cas où il faudrait leur en donner d’autre, nous croyons que la terre franche siliceuse serait préférable. Les racines de ces plantes sont presque toujours fibreuses; quelquefois elles sont bulbeuses ou stolonifères; souvent elles sont adventives, par conséquent, en général, elles exigent très-peu de terre pour être fixées. En général, une épaisseur de 4 à 5 centimètres nous paraît suffisante. Toutes les plantes aquatiques, qu’elles soient rares ou communes, peuvent servir à la décoration des aquariums, mais il en est dont les tiges sont toujours hors de l’eau qui, pour cette raison, ne peuvent être uti- lisées qu’à l’ornement des pièces d’eau ; il en est d’autres, les Nénuphars, par exemple, dont les feuilles sont tellement grandes qu’elles ne peuvent être employées. Il faut donc faire un choix parmi celles qui sont de dimensions plus petites et souvent plus élégantes. Pour donner une idée des plantes qui peuvent servir à cet usage, nous diviserons les aquariums en trois catégories. La pre- mière, qui sera celle des plus grands, com- prendra ceux dont la capacité est de 80 à 100 litres d’eau et au-dessus, la deuxième, qui sera celle des plus petits, comprendra ceux qui en contiennent de 1 à 15 litres, et la troisième les intermédiaires. De même que pour les aquariums, nous diviserons également les plantes aquatiques en trois séries, la première (pii comprendra les espèces submergées, la deuxième les émergées et la troisième les nageantes. On appelle plantes submergées celles qui vivent entièrement et constamment sous l’eau. Les principales sont : les Vallisne- ria spiralis, Isoetes laeustris, Littorella laeustris, les différentes espèces éCElatine, les Naias major et rninor, quelques espèces de Potamogeton, les Stratiotes aloides, ZannicheUia palustris , Ruppia mari- tima, AUlieiiia fUiformis, les Zostera ma- rina et nana, les Fonlinalis anlipyretica, Elodea canadensis, quelques espèces de Renoncules aquatiques, les Callitriclie verna, Heliosciadium inundatum, Mg- riophgllum spicatum et verticiUatum, CeratophyUum suhmersum et demersum, les Remua trisulca et autres, enfin le Scir- pus acicularis. Cette série, qui comprend des plantes de hauteurs différentes, en comprend aussi qui vivent dans différentes sortes d’eau, et, par cela même, elle a besoin d’être étudiée afin que l’on puisse utiliser le mieux pos- sible les plantes qui la composent. Si l’aqiia- rium est de première grandeur et que l’eau qu’il contient renferme des principes cal- caires, on peut y cultiver les Vallisneria spiralis, Elatine hydropiper, Naias ma- jor, Potamogeton Jucens, perfoliatus, cris- pus, gramineus, etc., les Stratiotes, Fon- tinalis, Ranuncidus aquatilis, triparti- tus, etc., les Callitriche, Myriojdiyllum, CeratophyUum et le Scirpus acicidaris. Les Naias major, VElatine, les Renon- cules aquatiques et les Myriophyllum sont des plantes annuelles ou vivaces dont les tiges disparaissent en hiver, et qui ne peuvent être employées que pendant la belle saison. Les autres peuvent servir à peu près toute l’année. Dans cette série, il n’y a guère que les Renoncules qui donnent des fleurs un peu remarquables; la Vallisneria est très- curieuse par son mode de fécondation, et le reste n’est réellement joli que par le feuillage des plantes. Lorsque l’eau dont on se sert provient des sols granitiques ou schisteux, comme sont ceux de la Rretagne où les principes cal- caires sont remplacés par des principes fer- rugineux, on peut y cultiver les diftérentes espèces de Potamogeton, les Renoncules aquatiques, les Myriophyllum, les Cerato- phyllum, le Scirpus acicularis, V Elodea canadensis, les Callitriche et V Helioscia- dium inundatum. 351 AQUARIUMS d’appartement ET LEUR AMÉNAGEMENT. Dans les aquariums de moyenne gran- deur, on peut cultiver dans l’eau calcaire les Vallisneria, Isoetes, Elatine. Litto- rdla, Lobelia Dortmanna, Naias minor, Elodea et Fontinalis. Si l’eau manque de calcaire, les Littorella, Elodea, Zannichcl- lia palustris et Fontinalis sont les espèces qui prospéreront le mieux. De cette série, il n’y a que VElodea et le Fontinalis qui conservent leurs tiges pendant l’hiver. Les Littorella, Isoetes, Elatine heæan- dra, Naias minor, Zanichellia, Fontina- lis et Lemna trisulea sont les espèces qui conviennent le mieux aux petits aquariums. A l’exception du Naias minor, toutes peuvent se cultiver dans les différentes sortes d’eaux douces. Quant aux aquariums minuscules, les plantes qui leur conviennent le mieux sont les différentes espèces de Mousses aqua- tiques, qu’il faut avoir la précaution de prendre avec les petits cailloux qui leur servent de support et qu’on place dans le fond de l’aquarium en remplacement de la terre qui les encombrerait trop; ces Mousses se conservent assez longtemps et sont sou- vent très-élégantes à voir à travers l’eau. Les plantes émergées sont celles dont les parties inférieures, comme les racines et la tige, sont continuellement sous l’eau et dont les feuilles et les fleurs se montrent seules à sa surface. Lorsque ces plantes sont hétéro- phylles, elles produisent un très-joli effet dans les aquariums, parce qu’elles jouent le rôle de plantes submergées dans l’eau et celui de plantes nageantes à sa surface; mais lorsque les tiges sont simples, elles ne remplissent que celui de plantes nageantes. C’est à cette série qu’appartiennent les Aponogeton distachyus, Potamogeton na- tans, fluitans, polygonifolius, Trapa na- tans, Hydrocleis Humboldti, Myriophyl- lum spicatum et verticillatum, Hottonia palustris, Villarsia nymphoides, renifor- mis, Ranuneulus aquatilis, Baudoti, Callitriche verna, Alisma natans, Hi})- puris vulgaris, Polygonum amphihium, Marsilea quadrifolia et Pilularia glohu- lifera. Bon nombre des plantes de cette série donnent de jolies fleurs et n’exigent pas plus de soins que celles de la série précé- dente. Quelques-unes, comme V Aponoge- ton, les Potamogeton, les Villarsia et Polygonum, ont souvent les tiges dénudées dans l’eau, ce qui les fait ressembler à des filaments désagréables à voir ; pour obvier à cet inconvénient, il faut mêler à celles de la série précédente, dont la plupart ont de très-jolis feuillages dans l’eau, mais dont les fleurs sont insignifiantes, celles dont on désire voir la floraison, ou les cultiver’ avec celles dont les tiges sont garnies de feuilles. Celles qui méritent d’êti’e cultivées pour leurs fleurs sont V Aponogeton, les Villarsia, Vllydrocleis, V Hottonia, les Ba- nuneulus, le Polygonum et V Alisma na- lans. Toutes peuvent se cultiver dans les grands aquariums et dans toutes espèces d’eau douce. F Alisma, les Marsilea qua- drifolia et Pilularia, peuvent servir aux petits aquariums. Les plantes nageantes vivent continuel- lement à la surface des eaux, sans adhé- rer au sol ; elles se maintiennent au moyen de leurs pétioles vésiculeux, et des vésicules aérifères entremêlées aux folioles et aussi de leurs racines qui se développent dans la masse liquide. Le nombre des espèces n’est pas très-considérable, mais il est assez grand pour fournir des plantes très-ornementales pouvant se cultiver avec succès dans les aquariums de toutes grandeurs. Leurs fleurs sont insignifiantes, mais elles sont compen- sées par leur feuillage déchiqueté ou fine- ment découpé, qui ne manque pas d’élé- gance. Celles qui sont le plus recherchées sont : le Pontederia crassipes, VHydro- charis Morsus ranæ, les Utricularia ma- jor et minor, V Aldrovanda vesiculosa, le Salvinia natans, VAzolla caroliniana, les différentes espèces de Lemna et les Biceia fluitans et natans. Le Pontederia crassi- pes ne peut se cultiver que dans les grands aquariums à cause du développement consi- dérable que prennent ses feuilles. Les Char a et les Nitella aux rameaux verticillés, transparents et couverts de leurs fructifications rougeâtres, pourraient .servir également à la décoration des aquariums pendant tout l’été, mais leur odeur nauséa- bonde en fait rejeter la culture. Toutes les plantes que nous venons d’énu- mérer poussent dans l’eau douce et peuvent être cultivées avantageusement par les per- sonnes qui habitent le centre de la France, mais celles qui habitent le littoral et qui possèdent des aquariums préfèrent souvent les plantes maritimes ou marines à celles des cours d’eau. On nomme plantes maritimes celles qui habitent la terre et les cours d’eau du litto- ral ; elles se divisent également en deux séries qui sont : les plantes d’eau douce qui sont celles dont nous avons déjà parlé, et celles d’eau saumâtre. Celles-ci sont peu 352 AQUARIUMS d’appartement ET LEUR AMÉNAGEMENT, iiornlireiises et. leur culture est assez diffi- cile, d’abord parce que l’eau contenue dans les aquariums n’est pas courante, ensuite à cause du manque de grand air qui les fait périr promptement. On peut cependant cul- tiver les Potamogeton densus et pectina- ius, la Iluppia maritima, VAlthenia fiU- formis, le Scirpus translucens et le lia- nunculus Baiidoti, plante hétérophylle, à fleur assez grande, d’un beau blanc, à on- glet jaune. Du reste, la culture des plantes d’eau saumâtre n’a rien d’attrayant, car outre que les feuillages sont peu variés, ces sortes d’eaux sont toujours remplies de Gonferves et d’Enteromoy'pJia qui se déve- loppent avec une grande rapidité et arrêtent la végétation des plantes vasculaires. Il y a peu de plantes marines vasculaires; nous ne connaissons guère que les Zostera marina et nana, et le peu d’intérêt qu’elles présentent nous empêche d’en conseiller la culture. Mais les Cryptogames, et surtout la grande et belle famille des Algues en particulier, nous offrent tout ce que l’on peut désirer de plus élégant comme formes, découpures et couleurs pour la décora- tion des aquariums. On en rencontre de hautes, de basses, de longues, de larges, de touffues, de simples, à tiges épaisses et à tiges filiformes, de toutes les couleurs, depuis le rouge foncé jusqu’au vert le plus intense, en passant par toutes les couleurs intermédiaires. Malheureusement leur exis- tence en eau stagnante est de trop courte durée; elles se décolorent, pourrissent et disparaissent ensuite ; pourtant, si elles durent peu, elles ont l’avantage de se passer de terre pour être cultivées; les personnes qui habitent les bords de la mer et qui s’en occupent peuvent les changer chaque fois qu’elles se détériorent et les remplacer , soit par d’autres plus fraîches, soit par de nouvelles espèces qu’on rencontre selon les saisons. Il n’y a que les Fucacées et les Floridées qui peuvent servir à orner les aquariums, et leur récolte est des plus faciles. Les Algues qui bordent le rivage ne conviennent guère à cette culture; étant soumises aux mouvements de flux et de reflux, elles passent la moitié de leur exist^ce hors de l’eau et ne peuvent par cela nmme être cultivées dans un aquarium où l’eau est toujours stagnante et au même niveau. Il faut donc, chaque fois qu’on en a besoin, pro- fiter de la basse mer pour aller à la recherche de celles du fond des eaux. Pour cela on se munit d’un pot qu’on remplit d’eau salée afin que l’air ne les détériore pas, et on les y plonge au fur et à mesure qu’on les récolte. Il faut toujours avoir soin de pren- dre celles qui sont attachées sur de petits cailloux ou sur des coquillages, et enlever ceux-ci avec elles de manière à ne pas dé- ranger leur végétation, ce qui a cet autre avantage de permettre aux plantes de se tenir verticalement à l’endroit de l’aquarium qu’elles doivent occuper. Sans ces soins on risque de les voir nager à la surface de l’eau où elles ne produisent aucun effet. On se sert du même procédé pour ramas- ser les Astéries, Balanes, Anatifes, etc., animaux indispensables aux aquariums d’eau salée, quelles ornent et animent. La récolte des plantes de.stinées à la cul- ture en aquarium peut se faire en toutes saisons, mais les premiers beaux jours de mars sont préférables, parce qu’à cette époque de l’année les plantes ne sont pas très-élevées et que leurs racines ne sont encore qu’à l’état de fibrilles. Dans ces con- ditions elles sont beaucoup plus faciles à ins- taller que dans toute autre saison. D’autre part, la reprise des plantes annuelles, par exemple celle des R^enoncules aquatiques, est beaucoup plus sûre, et chacun sait que plus les végétaux sont plantés tôt, plus on a la chance d’avoir une bonne reprise et une belle floraison. A l’automne ou en hiver, au moment où la végétation est arrêtée de tous côtés, on peut encore récolter quelques plantes na- geantes, telles que les Lemna, Azolla, Riccia et toutes les Mousses aquatiques. C’est aussi en hiver que le Fontinalis anti- pyretica est dans toute sa beauté et qu’il faut parcourir le bord des petits ruisseaux pour le rencontrer ; on le trouve générale- ment fixé aux cailloux qui en forment le fond et souvent auprès des ponts et sous la roue des moulins. Il suffit d’emporter les cailloux sur lesquels cette Mousse est im- plantée et de les placer au fond de l’aqua- rium, où la plante dure souvent plusieurs années. Ainsi qu’on peut le voir par l’esquisse que nous venons de faire, le nombre des plantes aquatiques qui peuvent se cultiver en aqua- rium est relativement considérable. Mais pour donner à chacune d’elles la culture et les soins qu’elle réclame, il faut souvent beaucoup d’études et surtout beaucoup de pratique, ce qui du reste constitue le seul moyen d’arriver à représenter la végétation qui existe à l’intérieur des eaux. Les plantes aquatiques sont excessive- MELON SERPENT. 353 ment jolies duns leur développement. Les feuilles mnltilîdes, les vésicules remplies d’air et les racines adventives de beau- coup d’espèces, se balançant au milieu des eaux traversées par des rayons lumineux (|ui changent à chaque instant, impriment à l’ensemble un aspect de beauté originale qui peut donner une idée de la vie des eaux dont les ])oissons, crustacés et autres ani- maux sont les habitants. U est donc à dési- rer que les personnes qui s’occupent de cette culture fassent connaître les résultats de leurs expériences, afin de guider les personnes qui désirent s’adonner à cette branche de l’horticulture, qui du reste est des plus intéressantes. J. Blanciiakd. MELON SERPENT Si nous parlons aujourd’hui du Melon serpent, ce n’est pas qu’il s’agisse d’une nouveauté, c’est simplement pour appeler l’attention sur une plante remarquable, qui, par son aspect, rappelle assez exactement certains Ophidiens. Si la forme du Melon serpent n’a rien de commun avec le type, il en est autre- ment de la chair, qui, à l’époque de la ma- turité du fruit, a exactement la saveur, aflaihlie il est vrai, de nos bons Melons. A un certain état de sa maturité, non seu- lement la couleur change et passe au jaune comme dans les Melons bien caractérisés, mais l’odeur melonnée est tout à fait dé- veloppée. On voit des pieds qui produisent des fruits courts, ovales ou renflés, parfois même amincis vers le pédoncule, fortement renflés vers l’extrémité, et qui, alors, rap- pellent un véritable Melon. Il est donc à peu près certain qu’en prenant les graines sur ces fruits ovales on arriverait promp- tement à la formation d’une race de Melons à fruits courts-, subspliériques ou ovoïdes, en un mot, à des fruits analogues à ceux de certains Melons du Midi : de CavaiUon, par exemple. Si nous examinons maintenant le côté pratique, nous constatons que, outre l’or- nementation, le Melon serpent peut être utilisé pour l’usage culinaire, soit cuit et accommodé à différentes sauces, lorsque les fruits sont arrivés à un certain état, soit cru pour en confectionner des condiments ou des hors-d’œuvre, ainsi qu’on le fait de beaucoup de Cucurbitacées quand leurs fruits sont encore très-jeunes. Cueillis à temps et mis dans des bocaux à Corni- chons, ces fruits, des plus curieux, causent toujours une certaine impression lorsqu’on les sert sur la table. M"’® Louis Vilmorin, à Verrières, avait l’habitude, chaque année, de conserver un fruit gros et parfaitement développé de Concombre serpent qu’elle mettait dans un grand bocal en verre, dans lequel il y avait du vinaigre et des plantes aromatiques, ainsi qu’on le fait lorsqu’il s’agit de préparer des Cornichons. En voyant, à travers les parois du bocal, ce fruit tortillé, on aurait dit un serpent conservé dans de l’alcool comme une pièce anatomique, ce qui causait toujours un léger sentiment de répulsion. A l’occasion, on retirait ce fruit du bocal et l’on en Fig. 92. — Cucumis flexuosus. coupait des morceaux que l’on servait sur la table comme on l’eùt fait des Corni- chons. D’où le Melon serpent est-il originaire ? On dit, d’une manière vague, qu’il nous vient de l’Inde; mais, outre que le fait est loin d’être prouvé, on ignore le lieu précis où il croît. Est-ce un type particu- lier ou une forme accidentelle (dimor- phisme) d’une race de Melons produite dans des cultures ? Quoi qu’il en soit, le Melon serpent (Con- combre serpent, Cucumis flexuosus) est une forme curieuse et singulièrement or- nementale par ses fruits. C’est une plante relativement délicate que, sous notre climat, il faut cultiver comme les Melons. Dans le Midi, on peut l’elever en pleine terre; néanmoins, il est bon de lui donner quelques soins particuliers et de le planter à une bonne exposition. Comme c’est principalement à cause de ses fruits que l’on cultive le Melon serpent, 354 CULTURE RETARDÉE DES CHRYSANTHÈMES DE L’INDE. ]’on devra, comme porte-graines, dujisir les frnifs les plus heanx et surtout don I l’as- pect serpenliforme sera le mieux accusé , à moins qu’on ne veuille le ramener à la forme courte, ovoïde, oblongue, subsplié- rique, etc. Dans ce cas, l’on devrait choisir pour graines les fruits chez lesquels ces ca- ractères sont les mieux accusés. K.- A. Carrière. CULTURE RETARDI'E DES CIIRYSANÏIII'MES DE L’INDE En horticulture, le forçcujc est le procédé de culture spécialement prali(pié pour ame- ner certaines plantes à lleurir à une époque déterminée. Parmi les })lantes g'énéralement cultivées, il en est qui se prêtent bien au forçage ou chauflage, c’est-à-dire à ce mode particulier de culture par lequel, à l’aide de la chaleur, on peut avancer la floraison; d’autres, au contraire, y sont plus ou moins rebelles. J’ai essayé diflérents moyens de culture pour faire varier l’époque de lloraison des Chrysanthèmes de l’Inde; le forçage des jeunes pousses, devant fleurir la même année, ne m’a donné que de très-mauvais résultats. Au contraire, je suis parvenu à obtenir une belle floraison, que j’ai même pu prolonger de février en juillet, à l’aide de quelques opérations particulières que je vais indiquer et qui retardent la floraison au lieu de l’avancer. Voici comment j’ai opéré : Au mois de juillet, j’ai fait des boutures de Chrysan- thèmes avec de longs rameaux (environ la moitié de la pousse de l’année) que je laissai en pleine terre jusqu’en septembre. Ces boutures, placées dans un bon sol, bien pré- paré, un peu à l’ombre et entretenu hu- mide, reprirent très-bien. Vers le 15 sep- tembre, au moment où les boutons à fleurs commencèrent à se montrer, j’ai relevé ces boutures, que j’ai mises en pots, et j’ai alors rabattu toutes les tiges en ne leur conser- vant qu’environ 20 centimètres de longueur. Je laissai reprendre ces plantes en plein air. Au premier froid, je les rentrai à l’abri de la gelée dans une serre froide où je les lais- sai jusqu’en décembre, ne les arrosant que tout juste assez pour maintenir les plantes en végétation. Pendant ce temps, je sup- primai avec soin toutes les jeunes pousses, c’est-à-dire toutes les nouvelles tiges qui naissent de la partie souterraine, ne conser- vant que les tiges déjà développées. Cette opération de la suppression des nouvelles pousses sortant du sol ou du bas de la tige est particulièrement importante au point de vue du résultat qu’on veut obtenir. Successivement, en décembre, janvier, février, etc., etc., j’ai mis ces Chrysan- thèmes dans une serre dont la température moyenne était d’environ J 2 degrés. La vé- gétation a immédiatement repris son acti- vité. J’arrosai les plantes selon le besoin et je remarquai que les rameaux latéraux, qui se développèrent sur les tiges conservées, se terminaient, sans trop s’allonger, par des boutons à fleurs qui s’épanouirent très- bien. Au contraire, je constatai que les nouvelles pousses partant de la base des quelques tiges auxquelles je ne les avais pas supprimées, afin d’établir une comparaison, s’allongèrent très-vite et s’étiolèrent sans montrer même de boutons à fleurs^ bien que ces pieds de Chrysanthèmes fussent, bien entendu, placés exactement dans les mêmes conditions et soumis aux mêmes traitements que les autres. En résumé, voici comment il faut opérer pour faire fleurir des Chrysanthèmes à contre-saison : Empêcher les plantes de fleurir à la fin de l’année on opérant ainsi que je l’ai indiqué ; conserver une partie de la longueur des tiges et supprimer avec soin toutes les pousses qui naissent à la base de ces tiges ou qui sortent du sol ; remettre en végétation dans les conditions précitées, en- viron deux mois avant l’époque déterminée pour la floraison. Je ne doute pas que ce mode de culture, qu’on peut appeler culture retardée, puis- qu’elle consiste surtout à retarder la florai- son, par opposition à culture forcée qui consiste à l’avancer, ne puisse être généra- lisée et s’appliquer avec succès à un grand nombre de végétaux annuels ou vivaces, qu’il y aurait intérêt à faire fleurir l’hiver, selon le besoin, ou à des époques déter- minées. Sans vouloir expliquer ici comment on peut retarder la floraison des plantes an- nuelles et vivaces, je crois devoir dire que l’idée qui m’a guidé dans cet essai repose sur ce principe, que le but de la végétation est la reproduction de l’espèce, et que, par conséquent, l’on peut, dans une certaine NOUVELLES APPLICATIONS DE LA CUEILLEUSE DUDOIS. 355 limite et avec des précautions spéciales, 'prolonger l’existence, soit des végétaux an- nuels, soit seulement des parties annuelles des végétaux vivaces, en les empêchant de tleurir. Toutefois, pour les plantes vivaces, il faut en plus empêcher le développement des pousses annuelles qui naissent sur la partie réellement vivace ou végétale. Nous recommandons aux horticulteurs de faire des essais en ce genre; ils ne man- queront certainement pas d’arriver à des résultats intéressants. A. Ciiaiigueraud. NOUVELLES AUrLICATIONS DE LA CUEILLEUSE DUBOIS M. Dubois, fabricant, 7, boulevard de Strasbourg, vient d’apporter des améliora- tions à sa cueilleuse, dont la Revue horti- cole a donné naguère une description et une figure (1). Ces améliorations sont doublement im- portantes : elles ajoutent de nouveaux avan- tages, et permettent de transformer à vo- lonté un instrument utile en l’appropriant à un autre usage. M. Dubois a eu l’excellente idée d’intro- duire sa cueilleuse à l’intérieur du manche des omlirelles', de sorte que cet objet, sous une forme gracieuse, sert d’élégant appui pour la promenade, d’ombrelle ou d’en- cas (fig. 93) contre le soleil ou contre la pluie, et d’organe de préhension {cueil- leuse), pour atteindre et saisir à distance sans difficulté ni fatigue les fleurs, les fruits, etc. Le fonctionnement de la cueilleuse, dans le manche de l’ombrelle, est le même que celui qui a été décrit précédemment. Il suffit donc, lorsqu’on veut couper un objet Fig. 94. — Canne Passe-Montagne. quelconque, d’appuyer l’index qui est passé dans l’anneau (fig. 93) pour imprimer un mouvement au petit sécateur-preneur pour que l’objet (fleur, branche ou fruit) soit coupé et saisi. Au repos, l’ombrelle-cueil- leuse, alors pliée, tient très-peu de place ; Fig. 95. — Canne Passe-Montagne ouverte, le bout (sécateur) est enfermé dans une douille solide qui dissimule le tout. Des modifications , non moins impor- tantes, ont été apportées au mécanisme, elles simplifient l’instrument, en faci- litent l’usage et en augmentent par con- montrant la Cueilleuse également ouverte. séquent le mérite, en ajoutant au fini et à la solidité de l’ensemble. C’est ainsi que par une très-légère pression sur l’an- neau de la cueilleuse, le sécateur s’ouvre, se ferme, et reste à volonté ouvert ou fermé. Canne Passe-Montagne (fig. 94 et 95). (1) Voir Revue horticole, 1884, p, 234. — Ici encore tout est approprié à l’usage auquel la canne est destinée. Ce qu’il faut pour gravir une montagne, c’est une pointe droite et solide (fig. 94) permettant de s’arc-bouter et de se maintenir lorsqu’on descend des pentes rapides, et, d’autre part sur l’un des cotés, un crochet très-résistant pour se cramponner, se suspendre et escalader au besoin. Mais ici, ce crochet 350 SOCIÉTÉ NATIONALE d’HORTICULTURE DE FRANCE. sori, non senlenienl à so liisser, mais en- core à saisir des échaniillons, abaisser des brandies et les attirer à soi. De plus, à l’intérienr de cette canne se trouve une cneillense pertectionnée qui, pi'ès du pommeau, se visse très-solidement. A l’anti’e exti’émité se trouve le sécateur, ([ni s’onvre et se ferme à volonté. Mais ici, alin de le tenir fermé lorscju’il est dans le fourreau et d’éviter le frottement contre les parois de celui-ci, M. Duliois y ada[)te une g-aîne iriétallicjue, de sorte que le tout entre et sort sans aucune difficulté. La tigure 94 montre le Passe-Montagne fermé, à l’état de véritable canne de tou- riste on de naturaliste; la figure 95, au coniraire, laisse voir la [lartie interne, c’esl- à-dii‘e la cneillense sortie de son étui et ou- verte. Pour la feiTuer, il suffit de faire une très-légèi’e jii'ession sur la languette placée près de la vis du sommet ([ui touche au pom- meau de la (’anne. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIOIITTCULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 8 JUILLET 1880 Les concours spéciaux organisés par la So- ciété nationale d’horticulture acquièrent pro- gressivement un intérêt de premier ordre. Ils permettent aux amateurs d’étudier à loisir, bien plus facilement que dans une exposition générale, les plantes dont ils s’occiqient de pré- férence, et aux cultivateurs d’exposer leurs produits au moment oii ils sont dans tout l’état de leur floraison, sans avoir besoin de les avancer ou de les retarder. Le 8 juillet, un Concours d’Œnllets flamands et de fantaisies remontants et de quelques autres plantes et fruits était ouvert. Nous avons pu y admirer des collections d’élite. Citons en première ligne le lot d’Qbllets de M. Gautbier-Ilocbard, horticulteur à Pierre- fitte, qui a obtenu une médaille de vermeil. Parmi les nombreuses et fort belles variétés qu’il présentait, nous signalons particulière- ment aux amateurs les suivantes, encore innom- mées: no 730, jaune très-pâle strié carmin foncé ; n» 1GP2, fond ardoisé lamé rose ; RO 2421, fleur énorme, rouge ponceau ; no 153, blanc pur ; in» 711, jaune d’or, strié carmin; no 1742, ardoisé pâle, rayé rose, et des exem- plaires de la variété Souvenir de la Malmaison^ avec des fleurs mesurant jusqu’à 8 centimètres de diamètre. M. Alex. Piégnier, horticulteur à Fontenay- sous-Bois, avait également un apport remar- quable d’Œillets; voici les variétés qui nous ont paru les plus intéressantes : Léon Régnier^ grenat presque noir, Alexandre Régnier^ jaune soufre, à pétales frangés, très-remon- tant ; no 438, fleurs très-grandes, rouge sang ; RO 249, fond blanc, strié rose ; ro 359, fond jaune pâle, strié rouge ; ro 368, flamand pourpre. Une grande médaille d’argent a été attribuée à M. Régnier. Les autres présentateurs ayant obtenu des récompenses sont: M. Bourgeois (Aimable), horticulteur â Chambourcy, Œillets, médaille de bronze ; M. AAmlker, horticulteur â la Celle- Saint-Cloud, DeljAiinium, médaille de bronze; M. Chauvin, maraîcher â Issy, Melons et Con- combres, grande médaille d’argent. Passons maintenant aux apports faits aux comités : Au comité de floriculture, M. Godefroy- Lebeuf, d’Argenteuil, avait envoyé une gerbe d’inflorescences de Delphinium cardinale^ jolie plante vivace rustique, toujours rare, aux nom- breuses fleurs rouge corail, en grappes suppor- tées par des hampes d’une grande rigidité. Cette plante rendrait de très-grands services pour la décoration des jardins et la confection des bouquets. Ainsi que le faisait justement ob- server M. Godefroy-Lebeuf, il est impossible qu’on ne la rencontre pas désormais dans toutes les cultures bien entendues. — M. Le- clerc, jardinier-chef chez M. Finet, à Argen- teuil, avait, suivant son habitude, apporté quelques Orchidées d’élite en fleurs : un On- cidium Jonesianum, aux feuilles jonciformes et dont la grande inflorescence se compose de fleurs en forme de papillon, aux pétales jaune foncé tigré marron, au large labelle blanc poin- tillé de pourpre ; un Promenea stapelioides^ charmante Orchidée naine, à fleurs blanc très- légèrement verdâtre, ponctué de marron vio- lacé; un Oncidium curtum, espèce rare, à fleurs légères or et brun de cuir ; un Tryxs- permum Rerkeleyi^ espèce naine, produisant des fleurs d’un blanc mat, en grappes longues de 30 à 35 centimètres; un Anguloa Ruckeri sanguinea^ à fleurs très-grandes qui ont, par la juxtaposition des lobes relevés, la forme d’une marmite ; l’extérieur de ces fleurs est jaune brun verdâtre, l’intérieur grenat pourpre, labelle jaune tigré de pourpre. Les larges feuilles de cette plante augmentent encore son effet décoratif. — M. Jolibois, jardinier-chef au Jardin du Luxembourg, exposait un fort beau lot de CAjpripedium harhatum super- hum, portant quinze fleurs et composé de plu- sieurs individus plantés dans la même terrine, — M. Dallé, horticulteur, 29, rue Pierre- Charron, à Paris, un Catileya Acklandiæ et un Oncidium Lanceanum. — M. Terrier, jardi- nier chez chez M. le docteur Fournier, à Neu- ville, un Aerides Lobbii, avec un épi compacte de fleurs rose violacé, long de 40 centimètres. LES PALMIERS CULTIVÉS. 357 — M. Millet, horticulteur à Bourg-la-Reine, trois inflorescences de Glaïeuls, de la race G. Lemoinei, récemment obtenue par M. Le- moine, de Nancy. Les exemplaires présentés appartenaient à la variété Lafayette, â fleurs très-grandes, à largo macule chamois. Cette présentation avait surtout pour but de faire constater la hâtiveté de la race nouvelle, qui fleurit environ quinze jours avant les G. gandavensis placés exactement dans les mêmes conditions. On sait que ces Glaïeuls, plus rustiques, paraît-il, que les autres types, passent l’hiver en pleine terre, avec une très- légère couverture. — M. Schwartz, jardinier chez M. Lemercier, à Bagneux, des Reines- Marguerites et des Zinnias en fleurs. Au comité de pomologie : — Par M. Vitry, à Montreuil, deux Pêches Downing, variété américaine de huit jours à peu près plus hâtive que les variétés Amsden, Early Alexan- der, Cumberland. — M. Alexis Lepère, de Montreuil, de superbes Pêches Amsden et Early Alexander, récoltées dans un verger qu’il dirige, au château de La Mi-Voye, près Nogent-sur-Vernisson. — M. Édouard Lefort, amateur à Meaux, des Pêches Amsden et Alexander. — M. Maurice de Vilmorin, à Nogent-sur-Vernisson, de belles Pêches Ams- den. — M. Lardin, arboriculteur à Montreuil, de magnifiques Pêches Early Alexander et LES PALMIEÏ Licuala , Thunb. — Bien que ce genre comprenne environ trente espèces, presque toutes décoratives, aucune d’elles n’est encore répandue, excepté cependant le L. grandis, le plus souvent désigné sous le nom de Pritchardia grandis. Ge fait s’explique peu, car, lorsque ces Palmiers sont cultivés dans les conditions de chaleur humide et d’arro- sages abondants qu’ils recherchent, ils peuvent, au point de vue ornemental, jouer un rôle im- portant dans les serres. Quelques cultivateurs recommandent un traitement semi-aquatique pour la plupart des espèces de Licuala. Les L. horrida et elegans sont ceux qui se cul- tivent le plus aisément dans une serre ordinaire, où ils forment des touffes compactes portant un élégant feuillage vert brillant, sans prendre un développement encombrant. De l’eau en abondance, une riche terre argileuse, une po- sition au soleil dans une serre tropicale, sont nécessaires aussi bien pour ces deux espèces que pour toutes celles qui sont introduites au- jourd’hui. Après les deux Palmiers que nous venons de citer, celui qui est le plus recherché des amateurs est le L. grandis , espèce rare et très-distincte, à feuilles rondes. Quand (1) Voir Revue horticole, 1884, p. 438; 1885, pp. 19, 66, 86, 133, 230, 523, 547 et 561 ; 1886, pp. 90 et 133. Amsden.' — M. Wenthelays, à Argenteuil, de fort belles Pêches Amsden. — M. Dernier, 49, boulevard Garibaldi, Paris, des Pommes d’une bonne variété non dénommée et con- servée en parfait état de fraîcheur et de goût malgré l’époque très-avancée de la saison. M. Dernier doit faire prochainement connaître à la Société le procédé qu’il emploie. Au comité des arts et induslries horticoles : — M. Fusenot, négociant, 77, rue Rarabuteau, Paris, avait misa la disposition des cultivateurs, pour les essayer, un certain nombre de Tentes- abris contre la gelée. Ges appareils, déjà très- répandus dans certains vignobles, ont fait leurs preuves d’utilité incontestable. La Revue horti- cole leur consacrera prochainement une note spéciale. Au comité de culture potagère : M. Bé- raud, horticulteur à Montceau-les-Mines, quel- ques pieds chargés de fruits d’un Fraisier des Quatre-Saisons obtenu, par lui, de semis, et qu’il a nommé Madame Béraud améliorée. Ge Fraisier, à fruits gros et très-parfumés, sem- ble se rapprocher de très-près, sans nouvelle amélioration, de la variété Madame Béy'aud, mise au commerce, en 1885, par le même cultivateur. — M. Hédiard, négociant à Paris, place de la Madeleine, des Piments forts du Japon, mis par lui à la disposition des membres de la Société. ) CULTIVÉS C) il est jeune, il a une belle apparence de vigueur, un feuillage vert foncé, et l’élé- gance de son port, la forme de ses feuilles, le rendent très-différent des autres Palmiers. Cette espèce a été figurée, en 1883, dans le Botanical Magazine, t. 6704. Le port de la plante est des plus gracieux ; elle est surmontée d’une belle couronne de feuilles vert brillant, rondes, relevées sur leurs bords, et dont le limbe présente une quantité innombrable de plis rayonnants, terminés par une pointe bi- furquée. Ges caractères ne se retrouvent dans aucun autre Palmier. Récemment, un Palmier a été mis au com- merce par MM. Veitch, comme étant le véri- table Pritchardia grandis, bien qu’il n’appar- tienne pas à ce genre, et ce doit être probable- ment une espèce de Licuala, ce qui a fait proposer pour ce Palmier le nom de Licuala Veitchi. G’est une plante très-distincte, aux feuilles en éventail, à courts pétioles épineux, à limbe arrondi abondamment plissé, vert foncé, raide. Malheureusement, jusqu’ici, ce Palmier a montré une végétation peu vigou- reuse. A Kew, un jeune exemplaire se déve- loppe assez bien, à condition d’être placé dans une serre excessivement chaude, constamment remplie de vapeur par un réservoir ouvert con- tenant de l’eau chaude. Les caractères de ce genre sont les suivants : 358 LES PALMIERS CULTIVÉS. tiges habituellement grêles, peu élevées, non ! années, annelées, rugueuses, portant une partie du pétiole des feuilles tombées ; feuilles en éventail, pennées, quelquefois peltées ou en- tières, se relevant sur leurs bords en forme de coupe ; pétioles bordés d’épines ou courtes dents. Fruit généralement rouge brillant, de la grosseur d’un Pois ou d’un grain de Poivre {L. amplifrons, L. horrida) et renfermant une petite graine brune. Feuilles séminales simples, avec quelques brèches à l’extrémité supérieure. L. acutifida, Mart. (Penang Lawyei’.) — Les tiges de cette espèce servent à confection- ner les cannes connues sous ce nom. — Sin- gapore et Penang. L. amplifrons, Miq. Sumatra. L. elegans, Blum. — Sumatra. L. grandis^ II. Wendl., Bot. Mag., t. 6704. {Pritchardia grandis, Hort. Bull.) — Nouvelle- Bretagne. L. horrida, Blume. — Java. L. peltata, Roxb. — Indes orientales. L. Bumphii, Bl. (L. spinosa, Bl.) — Molu- ques, Bornéo. L. Veitchii, Hort. — {Pritchardia grandis, Ilort. Veitch.) Patrie (?). Livistona. Ce genre, d’après sir J. Hooker, comprend quatorze espèces, dont onze sont introduites dans les cultures. Ainsi que cela a lieu pour certains Phœnix, plusieurs espèces de Livistona ne sont distinguables les unes des autres que par des caractères bien faibles. Ainsi, les L. rotundifolia et altissima ont entre eux des différences à peine sensibles; les L. australis et humilis (compris les L. inermis et Leichardtii) sont presque semblables par le feuillage et le port, et entre les L. suhglobosa, olivœformis et chinensis, il y a peu de diffé- rence ou même aucune. Il faut cependant con- sidérer que cette ressemblance n’a été cons- tatée que sur de jeunes exemplaires, et que souvent les caractères différentiels ne se mon- trent que plus tard. De tous les Palmiers cultivés , le plus connu est certainement le L. chinensis, plus connu sous le nom de Latania borbonica. Cette es- pèce est cultivée par milliers d’exemplaires pour l’ornementation, car elle se tient en bon état de végétation, même lorsqu’elle est longtemps maintenue dans des pots relative- ment très-petits. C’est surtout lorsque le L.chi- 'nensis est cultivé pour la formation des gros exemplaires que son aspect est magnifique. Il réussit aussi bien dans une serre froide ou orangerie que dans une serre tempérée, et de tous les Palmiers c'est celui qui produit le plus bel effet pour la décoration estivale des jardins. A Kew, un spécimen qui atteint actuelle- ment environ 19 mètres de hauteur, produit chaque année une grande quantité de bonnes graines. Le L. australis, communément appelé Co- rypha australis, est presque aussi répandu que l’espèce précédente. Très-voisin du L. hu- milis, il provient des mêmes contrées ([ue ce dernier et demande le même traitement; quand ils sont jeunes, aucune différence ne les distingue l’un de l’autre. Le L. Iloogendorpii est un Palmier distinct et remarquable, ayant les pétioles très-forts, brun rougeâtre, luisants, armés d’épines lon- gues de 25 millimètres et larges de 7 milli- mètres à leur base ; le limbe de la feuille, qui est irrégulièrement palmé, mesure 40 centi- mètres de diamètre, et est divisé, presque jus- qu’à la base, en huit segments. Le L. Jenkinsiana est une espèce remar- quable, qui se distingue par ses longs pétioles épineux et le limbe de la feuille, qui est large- ment arrondi, mesure de 1 mètre à 30 de diamètre, et se divise en 70 ou 80 segments bilobés. Cette espèce est aussi remarquable en ce ((u’elle a, de tout le genre, les plus grosses graines. Celles-ci ont la grosseur d’une forte Noix, sont presque entièrement rondes et violet foncé. Dans ce genre, les graines varient considé- rablement avec les espèce s : elles sont sphé- riques, mesurant 25 millimètres de diamètre dans le L. Hoogendorpii; le L. chinensis les a ovoïdes, de la grosseur d’un œuf de rouge- gorge ; elles sont plus petites encore dans les L. humilis et australis. Elles sont toutes en- tourées d’un péricarpe bleuâtre. Les feuilles séminales sont simples, plissées. L. altissima, Boll. — Java. L. australis, Mart. {Corijpha australis). — Australie orientale. L. chinensis, Mart. (L. Mauritiana, Wall. ; Latania borbonica, Lamk.) — Chine méridio- nale. L. Drudei, Wendl. — Patrie (?) L. Hoogendorpii, T. et B. — Java. L. huynilis, Br. — (L. inermis, Br,; L. Leichardtii, Muell.; Bot. Mag., tab. 6274, comme L. australis). — Australie tropicale. L. Jenkinsiana, Griff. — Assam et Sikkim. L. olivæformis, Mart. — Java. L. rotundifolia, Mart. — Malaisie, Molu- ques, Penang. L. subglobosa, Mart. — Java. Le L. Ramsayi, F. Mueller, est actuellement nommé Licuala Muelleri. Lodoicea, Commerson. — Ce genre ne com- prend qu’une espèce, le Cocotier à fruit double des Seychelles (L. Sechellarum) que l’on ne trouve à l’état sauvage que dans les îles qui lui ont donné leur nom. A l’état naturel, ce Pal- mier atteint de 15 à 35 mètres de hauteur. Son stipe est inerme, uni, quoique garni d’an- neaux produits par la base des feuilles tom- bées, et terminé à la base par un renfle- ment tuberculeux. Les feuilles sont palmées, flabelliformes, larges de 2 mètres, à segments bifides, à pétiole long de 2™ 50 à 3»^ 50, fort, à base large et engainante. Les graines ou Noix COnRESPONDANCE. 359 ont une forme tout à fait particulière. Elles ont 50 centimètres de longueur, sur 35 de largeur, leurs deux extrémités sont profondément bilo- bées et les échancrures sont réunies par un profond sillon qui parcourt de chaque côté le fruit dans toute sa longueur, de sorte que l’on croirait voir, dans chacun de ces fruits, deux Noix de Coco soudées longitudinalement en- semble. Découvert en 1743, ce beau Palmier n’a pas encore pu être conservé vivant en Europe. Quelques rares sujets ont été obtenus de semis, mais ils sont tous morts après deux ou trois années de culture. L. \Sechellarum , Labillardière. — Sey- chelles. LoxococcuSy Wendland. — Autre genre ne comptant jusqu’ici qu’une espèce découverte à Ceylan. Le L. rupicola ressemble aux Areca et aussi à certains Ptychosperma, auxquels, d’ailleurs, il avait été adjoint par Thwaites. Le stipe est uni, haut de 2 à 3 mètres, et mesure 5 centi- mètres de diamètre, excepté à la base, qui est d’une grosseur double. Les feuilles, pennées, ont environ 2 mètres de longueur, leur pétiole. qui mesure environ 70 centimètres, est uni, à base largement engainante. Les pinnules, au nombre de vingt paires environ, ont 70 centi- mètres de longueur, G à 7 centimètres de lar- geur; elles sont recourbées, et leur extrémité est ébréchée comme dans les Ptychosperma ; leur face inférieure est glauque, la supérieure est vert brillant. L’inflorescence se développe au-dessous des feuilles; elle est d’un rouge sang foncé, longue de 35 centimètres, bran- chue, à fleurs jaunes. Les fruits ont la gros- seur d’une Noisette Aveline et sont contenus dans une coque épaisse, brun pâle, qui se casse facilement, découvrant une graine rugueuse, brun foncé, qui est légèrement aplatie et pré- sente sur une de ses faces un sillon peu pro- fond. Feuilles séminales bipartites, d’un brun rouge quand elles sont jeunes. Le L. rupicola, Wendland, est, dans les cultures européennes, un joli Palmier, à tous les degrés de développement. 11 demande un traitement tropical humide. A Ceylan, il croît dans les parties rocheuses des forêts où il at- teint, paraît-il, une hauteur de 10 à 13 mètres. Ed. André. (D’après le Gardeners’ Chronicle.) CORRESPONDANCE No 4002 {Haute-Garonne). — Le traité de V Origine des plantes cultivées, par M. Alph. de Candolle, a été édité chez Baillière, à Paris. Le livre de VOrigine des espèces, par Ch. Dar- win, se trouve à la libraiile G. Masson. Il n’existe pas encore de livre en français spécial à l’acclimatation des plantes. Mais nous savons que M. Ch. Naudin, de l’Institut, pré- pare un Manuel de V Acclimateur, actuellement sous presse, et qui formera une traduction, très-augmentée, des Select tropical plants, de Ferd. Muëller, de Melbourne (Australie). La Revue horticole rendra certainement compte de ce livre quand il paraîtra. M. W.-E. G. {Cork, Irlande). — Nous vous remercions de votre observation sur Vlmpa- tiens llawkeri. Cette belle plante restera encore quelque temps avant de se répandre comme il le faudrait, puisqu’il a été impossible, jusqu’à présent, de lui faire produire des graines. Mais il ne faut pas perdre de vue que toutes les Balsamines se multiplient facilement de boutures, de sorte que les collections de choix ne tarderont pas à posséder celle-ci. M. B. {Ferrière-la-Grande). — Certaine- ment, la monstruosité de Charme {Carpinus Betulus) que vous signalez mérite d’être mul- tipliée. Vous pourriez, si vous le jugez conve- nable, en adresser un rameau caractérisé à M. Éd. André, à La Croix, par Bléré (Indre- et-Loire). Nous ferons de notre mieux pour vous renseigner le plus exactement possible à ce sujet. Nous avons transmis à M. Salomon votre de- sideratum en ce qui concerne la rédaction d’un traité de la culture forcée de la Vigne sous notre climat, et nous prenons note de vos ob- servations au sujet du Raisin Gamai de juillet. Vos communications pour la Revue seront très-bien accueillies, et nous attendons la réa- lisation de votre promesse. No 5603 {Autriche). — Vous pouvez vous adresser, pour les Amaryllis, à M. L. Van Houtte, à Gand. La collection de MM. Veitch, à Ghelsea (Londres), est de toute beauté, et contient les plus remarquables nouveautés. En vous adressant à M. Davrillon, jardinier en chef du Jardin d’acclimatation d’Hyères (Var), vous pourrez sans doute obtenir les renseignements que vous désirez sur les Amaryllis gigantea. No 5436 (Italie). — La maison de com- merce dont vous parlez n’existe plus. Vous avez bien fait d’essayer les capsules Remilly, On recommande aussi d’employer le sulfure de carbone dans de petites fioles enterrées dans le sol et mal bouchées. Il se produit une éva- poration suffisante, dans les terrains légers, pour obtenir les effets insecticides désirés. No 4132 (Somme). — Nous sommes heu- reux Je vous voir entrer dans la voie de l’ex- périmentation directe, d’après les conseils de la 360 CORRESPONDANCE. Revue horticole. C’est une voie féconde en bons résultats. Nous répondons à vos demandes dans l’ordre que vous avez adopté : 1® La superficie de 18 mètres carrés est suf- fisante sous notre climat pour le Lignan blanc, surtout conduit en cordons superposés ; 2® La taille « à crochets » doit être entendue dans le sens des deux ou trois yeux conseillée par M. Pulliat; 3® L’ébourgeonnement sévère consiste à pin- cer les faux-bourgeons à une feuille; 4® Nous ne vous conseillons pas d’activer la végétation autrement que par un sol bien dé- foncé, bien fumé avant la jilantation, et entre- tenu meuble avec paillis vigoureux à la surface. Vous pouvez demander le sulfo-carbonate de potassium à M. Dudouy, 38, rue Notre-Dame- des-Victoires, à Paris ; 5® L’obligeance de M. Pulliat est si grande qu’en vous adressant à lui à Chiroubles (Rhône), vous obtiendrez probablement le moyen de vous procurer le Raisin Précoce Vilmorin. X® 4i05 (Vienne). — Vous pouvez écrire, pour les paniers à Orchidées, à M. Mansion- Tessier, 19, rue de Versailles, à Rougi val (Seine-et-Oise). Vous pouvez tailler vos Rosiers sous verre comme on le fait dans le Midi, c’est-à-dire en septembre. Jusque-là, n’y touchez pas, laissez aoûter le bois, mais arrosez peu ou pas. Il n’y a qu’à seringuer vos Dahlias avec de la nicotine et de l’eau jusqu’à ce que les pu- cerons aient disparu, ce qui ne manquera pas d’arriver, si vous réitérez ces seringages. Ce ne sont pas des pucerons qui attaquent vos Areca sapida, mais des kermès. Le meilleur moyen de les détruire est de frotter toutes les feuilles de ces Palmiers avec une éponge trempée dans l’eau additionnée d’un dixième d'alcool. On tue préalablement les kermès adultes, c’est-à-dire gris ou couleur bois, en les ràclant avec un petit morceau de bois avant de passer l’éponge. Ne laissez pas vos plantes trop longtemps sans employer le remède; elles pourraient périr ou souffrir beau- coup de cette peste. iV® 3365 (Gironde). — Les insectes que vous nous envoyez appartiennent à deux espèces. L’une d’elles (veuillez les examiner à la loupe). formant de petites écailles blanches orbicu- laires, est le Kermès des Palmiers (Chermes jmlmarum). L’autre, plus grosse, oblongue, brun café plus ou moins clair, est le Kermès des Cycas (Ch. Cycadis). Ces deux Hémiptères, d’origine exotique, ont été importées avec les Palmiers et les Gycadées, qu’ils envahissent comme une peste redoutable. On a conseillé, pour les détruire, des lavages avec l’eau de les- sive, de savon noir ou de nicotine, la fleur de soufre, les fumigations de tabac, etc., mais gé- néralement sans succès. Il n’y a qu’un véri- table remède, le brossage avec une brosse plus ou moins dure, suivant la résistance de la coque de ces insectes, soit à sec, soit avec de l’eau additionnée d’alcool. Les Kermès tombés à terre ne remontent plus; il n’y a donc que des bros- sages prolongés et réitérés qui puissent agir avec sûreté. Une autre espèce troj) connue, le Kermès du Cerisier rose (Ch. Nerii), plaie des plus tenaces, est détruite en tenant les plantes entièrement immergées pendant plusieurs jours, remède qu’il n’est pas toujours facile d’employer, mais qui paraît très-efficace. On se contente d’ordinaire de sacrifier les vieux pieds envahis est d’en faire des marcottes pour obte- nir de jeunes plantes vigoureuses que les Kermès n’atta({uent pas. A”® 4207 (Yonne). — Vos plantes vertes d’appartement peuvent être sorties souvent pendant la belle saison. Il faut les mettre à l’ombre, sous des arbres, ou , à défaut, le long d’un mur au nord, et les tenir fraîches. Il est inutile de leur mettre de l’engrais, qui leur serait plutôt nuisible. Un rempotage chaque année, en enlevant la vieille terre par- tiellement, et en mettant à la place un compost de terre de bruyère, de terre franche et de ter- reau, par parties égales, est ce qui conviendra le mieux. On peut arroser en mettant le fond du pot dans l’eau, mais il est préférable de mouiller par le haut, pour être sûr que toute la moite est imbibée. Les lavages hebdoma- daires sont excellents. On paille les massifs de Bégonias comme les autres, à moins qu’ils ne soient en terre de bruyère pure. Avant de soumettre toutes vos Tulipes au traitement profond, essayez-en sur de petites proportions. Vous verrez ensuite si vous devez généraliser la mesure l’an prochain. L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Q-eorgea Jacob, — Orléana. CHRONIQUE HORTICOLE. 361 CIIRONIüUE IJOimCOLE Distinctions accordées à l’horticulture. — Les primes d’honneur accordées en 188(3 à l’horticulture dans les concours régionaux. — Récompenses accordées en 1886 par la Société nationale d’Acclimatation. — Élagage des Épicéas. — Extension du Phylloxéra. — La lutte contre le Pcronospora vilicola. — Précaution préventive à prendre contre l’Antrachnose. — Préparation des sujets pour la greffe en écusson. — Cueillette des fruits. — Entrecueillage des Pêches. — Moyen d’éloigner les insectes carpophages des arbres fruitiers. — Rose William-Francis Bennett. — Œillet Souvenir de la Malmaison. — Iris anglais à fleurs doubles. — Floraison anormale d’un Rosier sauvage. — Société d’horticulture de Versailles. — Emploi des Fougères comme engrais. — La Naphtaline et le Ver gris. — Distillation de l’Ananas. — Faut-il laver les légumes? — Les plantations sur routes en France. — Société de botanique d’Indre-et-Loire. — Expositions annoncées. Distinction accordée à l’horticul- ture. — M. Louis Mangin, botaniste dis- tingué, memlu’e de la Société botanique de France, vient d’ètre nommé cbevalier de la Légi on - d ’ H O n ne u r . Notre savant confrère de la presse horti- cole belge, M. Gli. deBosscbere, cpii a été le promoteur et le secrétaire général du Con- grès international de botanique et d’horti- culture d’xVnvers, en 1885, vient de recevoir les palmes d’officier d’ Académie. Les primes d’honneur accordées en 1886 à l’horticulture dans les concours régionaux. — Aux primes d’honneur de l’horticulture, indiquées dans notre dernier numéro, viennent s’ajouter les suivantes : CAer mont-Ferrand. — M. Carret (Benoît), horticLÜteur à Riona. Médaille d’or à M. Dar- douillet, notaire à La Veine, par Grevant, pour sa belle culture d’Asperges. Dijon. — La prime d’honneur a été convertie en trois médailles d’or grand module, accom- pagnées chacune d’une prime de 300 francs. Ces médailles ont été décernées à MM. Nolotte (Pierre), Alennot (Sylvain) et Loisel (Paul), tous trois pépiniéristes à Dijon. Limoges. — M. Laurent, pépiniériste à La Jonchère. — Médaille d’or à M. Baillot (J.-B.), maraîcher à Limoges. Sedan. — M. Darbour (P.-E.), à Torcy- Sedan. — Médailles d’or : La Société centrale d’horticulture des Ardennes (section de Sedan); Exposition forestière organisée par M. Derné, inspecteur des forêts; M. Cresson, horticulteur à Charleville; M. Valentin Bernard, horticul- teur à Fresnes-en-Woëvre (Meuse). Oran (création de pépinières). — Médaille d’or et 200 francs à la Société de reboisement d’Oran. Diplômes de mérite à l’annexe de Ghel- lala, commune indigène de Boghar, et à la commune mixte du Goussaya. Récompenses accordées, en 1886, par la Société nationale d’Acclimatation.— La Société nationale d’Acclimatation vient de décerner les récompenses suivantes : Grande médaille d'or hors classe à M. le docteur Mène, chargé d’étudier les productions végétales du Japon ayant figuré à l’Exposition universelle de 1878. Le travail de M. le docteur Mène est aujour- d’hui complètement terminé, et il forme un livre du plus haut intérêt. Médailles de première classe. — Lauréats : MM. Zeiller, Duval et Godefroy-Lebeuf, pour les indications qu’ils ont données sur la cul- ture simplifiée des Orchidées de serre froide; M. Sanford, pour envoi en France de semences du Noyer-Pacanier des États-Unis (Carya oli- væformis), qui, on l’espère, fournira à notre industrie un bois méritant^; M. Voinier, mé- decin-vétérinaire à l’armée du Tonkin, pour avoir créé, en quelques mois, à Hanoï, un véritable potager européen, ayant rendu de grands services non seulement par les légumes frais que l’on en a tirés, mais par l’exemple qu’il a donné que l’on peut, à l’aide d’une culture bien entendue, obtenir au Tonkin la plupart de nos légumes européens. Médaille de deuxième classe. — M. P.-L. Simmonds, qui a fait une étude des progrès de la culture des Eucalyptus dans les différentes parties du globe, sous les latitudes les plus diverses. Élagage des Épicéas. — Dans les parcs d’agrément d’une grande étendue, ainsi que dans les exploitations forestières, on emploie souvent en massifs l’Épicéa, soit planté seul, soit accompagné d’autres es- sences à feuillages caducs ou persistants. Dans l’un et l’autre cas, le fait suivant se produit, et cela d’autant plus vite que les plantations sont plus serrées : au fur et à mesure que l’Épicéa grandit, ses couronnes inférieures de branches perdent leurs feuilles, puis meurent lentement, se décom- posent peu à peu et tombent par fragments sur le sol, en laissant dans le tronc de 16 Août 1886. 16 302 CHRONIQUE HORTICOLE. l’ar])re leur liasc, en forme de clieville, éi,ndemen(. morte, l^rotép^ée par la résine dont elle est impré^^née, cette cheville dure fort longtemps et est progiessi veinent re- couverte par l’accroissement annuel du tronc. T.orsque plus tard l’arlire est aliattu et débité, on découvre, au moment du sciage, ces nomlireuses chevilles qui, n’ayant pas (t’adticMence avec le ])ois au milieu duquel elles se trouvent, se détaclient et laissent au milieu de ce bois des trous qui en dimi- nuent considérablement la valeur. Des expériences, récemment faites par M. Mer, ont permis d’établir les règles sui- vantes, en faveur de l’élagage des Épicéas : Cet élagage doit être fait au fur et à me- sure du dépérissement des branches infé- rieures. Il ne doit porter que sur des branches dépourvues de feuilles, et dont la végétation est tout à fait ou presque tout à fait arrêtée. La branche doit être sciée à 15 milli- mètres au-dessus de son empâtement. Il est inutile d’enduire la section avec du coaltar. Extension du Phylloxéra. — On si- gnale l’apparition du Phylloxéra dans deux cantons de la Suisse qui, jusqu’ici, étaient restés indemnes. C’est d’abord dans plu- sieurs localités aux environs de Zurich, puis, dans le canton de Vaud, à la frontière génevoise, et enfin à Founet, près Goppet. Ajoutons que l’on a également constaté la présence de taches phylloxériques dans plusieurs vignobles de la vallée du PJiin, en Allemagne. La lutte contre le Peronospora viti- cola (Mildiou). — Des expériences vien- nent d’être faites à Versailles pour étudier la projection des substances préservatrices, au moyen de l’appareil Noël, sur les Vignes atteintes du Peronospora. Ces expériences ont complètement réussi et ont établi une fois de plus le bon fonctionnement de cet appareil, auquel la Société nationale d’agri- culture de France vient de._décerner une médaille d’argent. Précaution préventive à prendre contre l’anthrachnose. — Cette maladie si redoutable a, parait-il, exercé de grands ravages cette année, surtout sur les cépages particulièrement propres aux pays chauds. A ce sujet, M. Pulliat écrit dans la Vigne américaine : Ce qui rend surtout cette maladie perni- cieuse, c’est sa propagation rapide d’une année à l’auti-e, lorsfpie la température est favorable à son dévcloi)peinent. Il est donc à craindre que l’an })rocliain, si nous avons, au moment de la première végétation, un temps pluvieux et humide comme il l’a été cette année-ci, l’in- vasion de l’anthraclmose devienne générale. Il sera donc prudent, au printemps de 1887, aussi- tôt après la taille, surtout dans les sols où l’on souffre le plus souvent de cette maladie, de traiter la Vigne avec une solution de sulfate de fer dont, à plusieurs reprises, on a constaté les bons effets. Ces conseils, très-judicieux, sont assu- rément très-sages, et l’on ne saurait trop recommander de les mettre en pratique, non seulement contre l’anthraclinose, mais contre presque toutes les maladies, surtout quand les remèdes indiqués, peu dispen- dieux et d’une application facile, ne peuvent en aucun cas être nuisibles à la végétation : tel est, par exemple, l’emploi du sulfate de fer. Préparation des sujets pour la greffe en écusson. — Outre l’ébourgeonnage- nettoyage, qui consiste à enlever aux Églantiers tous les petits bourgeons grêles et à n’en laisser qu’un ou deux qui, ainsi protégés, deviennent gros, vigoureux et très- propres à être greffés, il est une précaution essentielle qu’il est bon de prendre : c’est de ne jamais toucher aux Églantiers, de n’en rien retrancher peu de jours avant de les greliêr, car autrement il se produit un arrêt de sève qui peut même aller jusqu’à empêcher l’écorce de se détacher de l’au- bier, à moins qu’il n’y ait un afflux de sève très-considérable, ce qui alors pourrait, au contraire, être favorable à l’opération. A part cette circonstance, il faut seulement préparer les sujets au fur et à mesure qu’on est prêt à les greffer, ou, dans le cas con- traire, faire la préparation des sujets assez longtemps à l’avance pour que la sève puisse reprendre son cours un moment arrêté par l’ablation ou l’écourtement de certains ra- meaux, et que l’écorce puisse se détacher. Cueillette des fruits. — Cette opéra- tion n’est pas arbitraire; elle doit reposer sur des bases qu’il nous paraît bon de rappeler. Voici pour ce qui concerne les Pommes et surtout les Poires : toutes les variétés qui mûrissent de très-bonne heure, c’est-à-dire à partir de la fin de juin, doi- vent être entrecueillies, c’est-à-dire cueillies avant d’être mûres; dans ce cas, la fer- CHRONIQUE HORTICOLE. 363 mentation est plus régulière et les combi- naisons chimiques, plus lentes, s’accom- plissent beaucoup mieux; aussi, les saveurs sont -elles plus agréables et d’une durée beaucoup plus longue. Quant à la conserva- tion, elle n’est pas comparable; tandis que des fruits tout h fait mûrs peuvent à peine être conservés pendant quinze jours, ceux de la même variété pourront, si on les cueille avant la maturité, se garder pen- dant un mois et plus, et ils sont aussi moins sujets à blétir. Les fruits d’hiver, au con- traire, devront être cueillis très-tard, d’au- tant plus qu’ils seront plus tardifs et moins sucrés. La vigueur de l’arbre, le sujet sur lequel il est greffé, l’exposition où il est placé, peuvent déterminer quelque diffé- rence dans l’époque de la cueillette des fruits. D’une manière générale, on peut po- ser comme règle que les fruits d’été doivent être cueillis avant d’être complètement mûrs, tandis qu’il en sera tout autrement des fruits d’hiver. Entrecueillage des Pêches. — Il est assez rare qu’on applique aux Pêches l’opé- ration de l’entrecueillage, bien que, dans certains cas, il y aurait avantage, surtout dans les jardins privés. Ainsi qu’on le sait, l’entrecueillage consiste à cueillir les fruits quelques jours avant leur complète maturité et à les mettre dans un lieu très- somhre et relativement froid, mais bien sain. On peut les couvrir avec un linge de toile, une couverture de laine ou seulement du papier. De cette manière on prolonge la durée et, par conséquent, la consommation des fruits. Certaines variétés s’accommo- dent très-bien de ce traitement et peuvent se conserver de huit à quinze jours. Quant aux Brugnons, ils peuvent également être entrecueillis; c’est toutefois moins impor- tant, car, au lieu de passer et de devenir farineux comme les Pêches, les Brugnons deviennent vineux et savoureux en mûris- sant et ne perdent rien pour être très-mous et même ridés. Cependant, en les cueillant un peu avant la maturité, on en prolonge la durée sans en altérer sensiblement la qualité. Moyen d’éloigner les insectes carpo- phages des arbres fruitiers. — Chaque année on se plaint avec raison des nom- breux dégâts occasionnés par les vers sur les différents fruits de nos vergers ; mais que fa’+- on, en réalité, pour remédier à ce mal ? A peu près rien autre que de donner des conseils, souvent même trop tardifs. En effet , s’il s’agit de larves quelconques on vous dit : (( Cherchez les vers et détrui- sez-les. Enlevez tous les fruits gâtés. » Si, au contraire, il s’agit de ces Cryptogames qui, depuis quelque temps, attaquent presque tous les végétaux, l’on vous dit : « Bamassez et brûlez les feuilles afin d’a- néantir les sporules. » Toutes ces précau- tions sont bonnes, assurément, mais il y aurait mieux à faire. A l’époque oû appa- raissent les insectes, il conviendrait d’as- perger les végétaux avec une substance qui les tue par sa corrosiveté ou au moins qui les éloigne par son odeur, telles que nico- tine, eau acidulée avec du vinaigre, acides phénique, sulfurique, etc., dilués plus ou moins suivant l’énergie corrosive des subs- tances employées. Des bassinages, comme il vient d’être dit, pratiqués lorsqu’apparais- sent les mouches-pondeuses (certains dip- tères) ou les papillons femelles (certains hy- ménoptères), empêcheraient le développe- ment des larves (chenilles, vers, etc.). La cause détruite, l’effet ne se produirait pas. Bose William Francis Bennett. — Cette variété américaine dont, on s’en sou- vient, l’édition fut achetée, en 1884, à M. Bennett par Evans, pour la modeste somme de 5,000 dollars (25,000 fr.), com- mence à fleurir en France, et nous trouvons dans le Journal des Roses des apprécia- tions sur ses qualités diverses. D’après M. Pernet-Ducher fils, rosiériste à Lyon, la Bose William Francis Bennett développe facilement des boutons à fleurs; mais, au point de vue de la duplicature, elle laisse un peu à désirer. Le chroniqueur du Journal des Roses partage l’avis de M. Per- net. Il ajoute qu’ayant planté plusieurs pieds de cette variété, il a obtenu quelques beaux boutons sur les sujets préalablement couverts par des cloches. Quant aux Bosiers laissés en plein air, ils n’ont donné aucun bouton convenable. La vigueur de la Bose William Francis Bennett ne serait pas non plus extraordi- naire , car des sujets plantés au commen- cement de 1885, dans d’excellentes condi- tions, sont loin, paraît-il, d’égaler les autres variétés de Thés, même les plus chétives, placées auprès d’eux. Espérons que cette variété, dont les fleurs ont des boutons énormes, d’un coloris car- min velouté du plus bel effet, n’aura pas donné partout des résultats aussi probléma- tiques. 364 CHRONIQUE HORTICOLE. Œillet-Souvenir de la Malmaison. — T.e concours (rCEillcts f[ui vient d’avoir lieu devant la Société nationale d’horticul- ture a mis de nouveau en relief le mérite exceptionnel de cette variété. Ses Heurs, très-g-randes, aux pétales larges et irrégu- lièrement retroussés, son coloris rose très- pâle relevé de rose vif, la font resseml)ler à une Rose Souvenir de la Mahnaison. La plante est touffue, liien garnie, et ses tiges s’élèvent à peine à 40 centimètres, ce ({ui est une qualité de premier ordre. Iris anglais à fleurs doubles. — On vient d’oldenir, en Hollande, toute une série d’iris anglais à fleurs doubles. Cette dupli- cature est formée par la répétition des pé- tales érigés, lialiituellement appelés éten- dards. Voici la description sommaire de quel- ques-unes de ces variétés, dont les couleurs sont bien marquées : Miss Wilding, bleu pâle, marqué de bleu foncé; Pénélope, blanc, marqué de lilas; Wilhelm, rouge pourpre; Emperor, blanc, marqué de lilas pâle ; Gertrude, blanc, marqué de lilas rougeâtre; Léon XIII, la- vande pâle, taché de lilas foncé; Jeannette, blanc, marqué de magenta. Floraison anormale d’un Rosier sau- vage. — A l’une des dernières séances de la Société d’Horticulture des Vosges, M. Colin, vice-président honoraire, a signalé le fait extraordinaire d’une Pvose fleurie sur un Rosier sauvage, sans avoir avec le type aucune resseml>lance, soit par le port, la forme, la nuance, soit par le feuillage. C’est la deuxième année que le fait se produit. Une commission a été nommée pour procé- der à un examen et faire un rapport. Il y a là un sport naturel, comme il s’en produit souvent spontanément. Il reste maintenant à décrire les caractères de la variété qui s’est produite, à la fixer par la greffe ou le bouturage et à la faire con- naître si elle a du mérite. École d’horticulture de Versailles. — A la suite des examens généraux de fin d’études qui viennent d’avoir lieu à l’Ecole nationale d’borticulture de Versailles, le di- plôme a été accordé aux élèves suivants : Martinet (Indre-et-Loire). — GLiilleminot (Côte-d’Or). — Duclohier (Ille-et-Vilaine). — Welker (Seine). — Bercy (Sartlie). — Courtois (Côte-d’Or). — Maciaszek (Autriche). — Goyon (Seine-et-Oise). — Clarac (Ariège). Un stage horticole d’une année a été, en outre, accordé à l’élève Martinet, sort: le premier. Nous rappelons que les cours de l’Ecole d’borticulture reprendront le octobre prochain. Nous engageons les jeunes gens qui seraient dans l’intention d’étre admis élèves à adresser, le plus tôt po.ssible, leur demande, sur ])apier timbré, au Préfet de leur département ou au Ministre de l’agri- culture. Emploi des Fougères comme engrais. — Hans certaines régions de la France, les terrains abandonnés, les dessous de bois, et même les champs cultivés, sont i)bis ou moins envahis par la grande Fougère-à- l’Aigle (Pteris arpiilina), dont les frondes constituent un excellent engrais, lorsque, après avoir servi de litière aux animaux, elles se trouvent converties en fumier. Ces frondes contiennent une grande pro- portion de potasse, dont les propriétés fer- tilisantes sont augmentées par l’addition de phosphate de chaux. D’après M. Heuzé, ces frondes doivent être coupées quand elles sont encore vertes, c’est-à-dire dans le courant de septembre ; on les laisse sécher ainsi sur le sol, après quoi on les met en tas ou meules jus- qu’au moment où elles seront employées pour la confection de litières. La naphtaline et les vers gris. — On sait quelle est l’importance des ravages que le « ver gris », larve de Noctuelle, exerce sur les végétaux, qu’il coupe générale- ment au collet , c’est-à-dire près de la surface du sol. M. Max. Cornu, professeur de culture au Muséum, a fait savoir, à une récente séance de la Société nationale d’bor- ticulture, qu’il obtenait de bons effets, contre cet insecte, de l’emploi de la naph- taline. Voici le mode d’emploi recommandé par M. Cornu : au moment de planter, mettre une pincée de naphtaline au fond du trou qui doit recevoir les plantes, que l’on repique comme d’habitude. Ce procédé est, on le voit, des plus simples, et il débarrasse complètement des vers gris. Ajoutons que la naphtaline est une substance qui devrait se vendre à très bon marché ; à Paris, son prix moyen est de 10 fr. les 100 kilos quand on l’achète par fortes quantités ; mais en détail, le prix est de 30 fr. Distillation de l’Ananas. — Notre savant collaborateur, M. Aug. Paillieux, CHRONIQUE HORTICOLE. 3C5 vient de faire à la Société d’Acclimatation un très-intéressantrapportsur l’Ananas, sa cul- ture dans les colonies, et son emploi pour la fabrication de vin et d’eau-de-vie. Ce rap- port, très-complet, a été motivé en g-rande partie par la lecture faite par M. Paillieux, du compte-rendu d’une séance de la Société de géographie, où il était dit qu’ « un des membres de la mission de l’Ouest-africain sous la direction de M. deBrazza, M. Mavas, a installé à Franceville une fabrique d’eau- de-vie d’Ananas, qui fournit, paraît-il, un alcool délicieux, rappelant le goût de la chartreuse verte ». Il y a donc là, pour notre nouvelle colo- nie, une culture et une industrie rémuné- ratrices à encourager et à guider. Nous extrayons de l’étude de M. Paillieux les chiffres suivants, qui donnent une idée de l’importance que peuvent atteindre les produits de l’Ananas cultivé en grand. Voici les résulats bruts, par hectare : En plaine (frais compensés par les cultures intermédiaires) : 12.000 kilogrammes de fruits ; 7,200 litres de jus; 720 litres d’eau-de-vie à 50 ou 52 degrés. En sol aride : 16.000 kilogrammes de fruits; 9,606 litres de jus ; 960 litres d’eau-de-vie à 50 ou 52 degrés. De plus, la feuille de l’Ananas peut-être utilisée, et donne un très-beau fil employé dans l’Inde pour fabriquer ces beaux tissus connus de tout le monde. Il ressort, du rapport de M. Paillieux, que la rusticité exceptionnelle de l’Ananas cul- tivé en grande culture est telle qu’on peut la pratiquer dans tous les terrains défrichés, même les plus arides. Ce qui lui est absolu- ment nécessaire, c’est le soleil ; à l’ombre, il ne produit pas ou ne donne que peu de fruits et encore de qualité inférieure. Faut-il laver les légumes? — Tel est le titre d’une note publiée par notre con- frère, M. J. Van Huile, dans le Bulletin d’ arboriculture de Gand. Les graines vertes (Pois, Fèves, Hari- cots, etc.), n’ont pas du tout besoin d’un la- vage, dit notre confrère ; ces mêmes graines, à l’état sec, ne devront être passées à l’eau que rapidement, juste au moment où on les mettra définitivement avec un peu d’eau dans la casse- role, ce qui peut et même doit se faire parfois plusieurs heures avant la cuisson. Tout ce qui est racine ou tubercule (Carottes, Radis et même Salsifis), doit rester en terre et n’être grossiè- rement débarassé de la terre adhérente qu’en le remettant à la cuisinière ({ui ne le nettoiera une seconde fois et rapidement qu’en le met- tant sur le feu. Quand il s’agit enfin de lé- gumes dont on ne consomme que les parties foliacées (Choux, Asperges, Laitues), ou les fruits (Artichauts, Fraises), gardons-nous bien de les laver, si on peut l’éviter. Examinons si ces produits ne sont pas assez propres d’eux- mêmes, ou s’il ne suffirait pas de les nettoyer avec une brosse sèche, par exemple. A la der- nière extrémité seulement, lavez-les rapide- ment, immédiatement avant de les faire bouillir ou étuver. Les plantations sur routes en France. — .Le Ministère des Travaux publics vient de publier un état des plantations sur les routes nationales, au juin 1885. Il ressort de ce document que, sur une longueur totale de 37.982 kilomètres, 14.657 sont actuellement plantés, 23.993 sont susceptibles de l’être, et 13.989 ne présentent pas les conditions nécessaires pour permettre de les border d’arbres. Le nombre total des arbres plantés s’élève à 2.871.384 et les essences sont, pour la majeure partie : l’Orme, le Frêne, le Peu- plier, le Sycomore et le Tilleul. En attribuant aux arbres existants une valeur même minime, on voit qu’ils repré- sentent une source importante de produits, en dehors des avantages qu’ils présentent et dont le principal est de donner, en été, de l’ombre aux voituriers et aux promeneurs. Il y a donc tout lieu d’espérer que ces plantations seront poursuivies sans relâche, et que des crédits suffisants leur seront attribués dans les budgets départemen- taux. Société de Botanique d’Indre-et- Loire. — Sous ce nom vient d’être fondée, à Tours, une Société de Botanique. Le bu- reau a pour président M. Tourlet, pharma- cien à Chinon. Expositions annoncées. — Nantes, du 18 au 23 septembre (Congrès pomologique). — Bordeaux, du 28 août au 5 septembre (Congrès viticole). — Montreuil (Seine), du 5 au 13 septembre. — LaoUy, du 11 au 13 septembre. — Corbeil, du 11 au 13 sep- tembre. — Senlis, du 11 au 14 septembre. — Toulouse, du 15 au 19 septembre. — Sceaux, du 25 au .30 septembre. — Gand, septembre, exposition spéciale de Chrysan- thèmes. E.-A. Carrière et Ed. André* 36G CERISE PRÉCOCE RIVERS. CERISE PRÉCOCE RIVERS ArLre Irès-vigoureux et très-fertile, attei- {^iiant promplement im grand développe- ment et une haute stature, qu’il soit greffé sur franc ou sur Malialeb. Les branches, grosses, assez nombreuses, l)ien espacées, gris-blond ou ferrugineuses, sont placées obliquement par rapport au tronc, un peu dégarnies à mesure qu’elles s’éloignent de celui-ci. Rameaux longs, gros, à surface ru- gueuse, striés et cannelés surtout à leur partie supérieure, vert blond, légèrement rosés du côté du soleil ; ils sont abondam- ment pourvus de lenticelles longues, rousses, proéminentes. Boutons à bois assez gros, coniques-arrondis, d’un gris roussâtre. Bou- tons à fruits gros, ovales-arrondis, lavés de brun marron. Les méri thalles, de longueur moyenne, sont assez égaux ; fleurs très-nom- breuses, de moyenne grandeur, d’un blanc un peu terne. Feuilles assez grandes, minces, ovales-élargies, presque planes, largement et profondément dentées ; pétioles gros, assez longs, fortement colorés de rouge brun ; glandes réniformes, très-appa- rentes, au nombre de deux à quatre, d’un rouge sanguin luisant ; stipules assez rares, en forme d’aiguillon, longues et caduques. Fruits assez gros ou gros, rarement soli- taires, généralement réunis par deux, trois et même quatre, arrondis, comprimés et parfois bossués; sillon peu prononcé ou à peine visible; point pistillaire à fleur du fruit ou peu saillant; pédoncule assez long, mince, légèrement renflé à ses extrémités. Peau d’abord d’un rouge vif passant au rouge pourpre luisant; chair un peu ferme, violacée, fondante et savoureuse. Eau abon- dante, noirâtre, douce et sucrée; noyau petit, à peu près ovale-arrondi, carène dor- sale peu prononcée. Maturité : première quinzaine de juin; chez nous, elle précède la Royale hâtive d’ Angleterre d’au moins huit jours. Obtenue, il y a une quinzaine d’années environ, par M. Bivers, pépiniériste à Saw- bridgeworth (Angleterre), d’un semis de la Guigne jjourpre hâtive, cette variété fut mise au commerce vers 1872, et nous la possédons depuis dix ans environ. A ce pro- pos, faisons remarquer que les semis de Guigniers dont provient la Précoce de Hi- vers étaient très-nombreux en sujets; l’au- teur rapporte à cette occasion qu’il a obtenu de ce semis })lusieurs centaines d’individus portant tous des fnuts semblables à ceux de la variété dont ils sont issus, c’est-à-dire de la Cerise Guigne j)ourprc hâtive; les autres difïéraient seulement les unes des autres pai' la forme du feuillage et le port; ils sont généralement dressés et non à ra- meaux pendants comme le type. Mais les fruits ne j)résentent dans la forme, la cou- leur, le goût, presque aucune différence. B n’est point question de l’époque de matu- rité, dit un journal horticole à cette occa- sion, et c’est cependant le point qu’il eût été le plus intéressant de reconnaître. D’autres objections très-sérieuses ont été faites par differents auteurs au sujet du mode employé par M. Bivers pour l’obten- tion de ses fruits nouveaux. On sait que cet arboriculteur, dans le but surtout d’avancer la mise à fruit de ses sujets, opérait dans des serres et sur des arbres plantés en pots. D’après ces auteurs, une fructification trop précoce annonce la débilité; car, disent-ils, plus un végétal est long à arriver au parfait développement organique qu’il atteint en devenant adulte, plus aussi son existence est limitée; on conçoit, d’après cela, com- bien est déplorable tout mode d’éducation tendant à pousser les arbres à une fructifi- cation précoce, et, tout en reconnaissant le mérite des variétés obtenues de la sorte par M. Bivers, ces auteurs prévoient « qu’au- cune de ces variétés ne dépassera la fin de ce siècle ». En ce qui concerne la variété qui nous occupe et quelques autres du même obten- teur, telles que les Early River s, Lord et Lady P aimer st on, Princesse de Galles, eic., on reconnaîtra que, jusqu’à présent, aucun symptôme n’est venu confirmer ces prévi- sions; ces arbres se sont montrés présent aussi sains et vigoureux qu’il est possible. Donc, bonne chance et longue vie à la Guigne Précoce Hivers; elle est vigou- reuse, fertile, hâtive et de bonne qualité, et mérite, par conséquent, d’être recomman- dée pour la culture. [Boisbunel* LES GLANDES DU PÉTIOLE. 3G7 LES GLANDES DU PÉTIOLE Parmi les nouveaux traités de taille des arbres fruitiers et ceux de pomologie pure, il en est peu qui, au chapitre Pécher, ne fassent mention des glandes que cet arbre porte sur le pétiole de sa feuille. Ce petit organe, resté si longtemps inaperçu, ou passé sous silence, a son historique : on donne la date de sa découverte et le nom de l’inventeur ; on en fait môme un des élé- ments de la détermination des variétés du Pécher ; il y a des glandes cordi formes, réniformes, sphéroïdales, etc., etc. (1). Que sont ces glandes ; quelle est leur importance scientifique ou technique ; d’où vient que les botanistes ne les ont point signalées ? Il me paraît facile de répondre à ces questions. Remarquons d’abord que les glandes ne sont pas spéciales au Pécher : on en ren- contre sur tous les arbres à noyau ; elles sont très-développées sur le pétiole du Meri- sier, se retrouvent sur beaucoup d’autres arbres, notamment sur le Peuplier, où elles’ atteignent parfois un volume relativement considérable. En second lieu, il n’est pas exact que la forme des glandes soit cons- tante : elles diffèrent sur le même arbre et souvent sur le même pétiole ; leur symétrie, leur nombre, rien n’est fixe ; rien d’elles, par conséquent, ne peut servir à différen- cier une variété d’une autre, ni un genre, ni même une famille. J’ai, avec attention, observé les glandes à la loupe dans les diverses phases de leur développement, et j’ai reconnu leur insigni- fiance sous tous les rapports. Leur vie est courte et inutile : elles se montrent d’abord sous la forme de petits appendices brillam- ment colorés ; celles de l’Abricotier surtout étalent des broderies de rubis et d’éme- raudes d’un éclat incomparable, mais bientôt elles se décolorent, se fanent et dispa- raissent. Ce qu’elles sont ? Je les définis : les résul- tats avortés des premières tentatives du pétiole pour se développer en limbe. On sait comment se forme le limbe : deux petits faisceaux symétriques de fibres se détachent du pétiole et se prolongent de part et (1) Nous laissons à fauteur fenlière responsabi- lité de son opinion, tant en ce qui a rapport aux glandes qu’en ce qui concerne la formation des feuilles, des phyllodes, etc. {Rédaction.) d’autres en une petite nervure secondaire qui, à son tour, en émettra de tertiaires, et ainsi de suite. La nervure .secondaire, qui est ordinairement très-courte, achève son évolution par degrés, ce qui fait qu’elle se termine en pointe et forme assez souvent une dent. Les nervures d’ordre tertiaire se comportent de même, de sorte que la dent est elle-même denticulée. Notons que chaque extrémité de toutes ces dente- lures , porte une petite glande caduque qui est le produit d’un reste de sève non utilisée. Mais le pétiole ne réussit pas tou- jours du premier coup à émettre ses deux nervures primaires ; dans les arbres que j’ai cités et probablement dans beaucoup d’autres, la première tentative avorte, soit complètement, soit après un commencement de pausse, et, dans le premier cas, le fais- ceau de fibres s’accroît en diamètre au lieu de s’allonger. Il en résulte une glande qui prend des formes diverses : celle d’un cham- pignon, d’une oreille, d’une sphère, etc., mais tout cela sans loi ni règle. Pourquoi, sur le même arbre, trouve-t- on, des pétioles dépourvus de glandes, d’autres qui en ont une seule, ou deux, ou trois, et quelquefois quatre ? C’est que la production des glandes est un accident. Il arrive, en effet, que l’im des côtés du pétiole émet un faisceau vigoureux qui se déve- loppe normalement, tandis que de l’autre, le faisceau s’étiole en glandes ; une seconde peut encore avoir le même sort, de sorte que l’un des côtés du limbe prendra nais- sance à quelque distance de l’autre. Ce cas est assez fréquent, et quand il se présente, le côté en retard porte une ou deux glandes. Ce qui confirme la petite théorie que je viens d’exposer, c’est qu’il existe des arbres dont le pétiole ne parvient jamais à s’épa- nouir en limbe. Les arbres qui présentent ce caractère, très-communs dans l’autre hémisphère, n’ont point de feuilles, mais seulement des sortes d’aiguilles ou d’étuis qu’en botanique on nomme phyllodes. D’autres encore commencent par ouvrir un peu leur pétiole et le referment presque aussitôt ; leur phyllode, alors, présente à sa base un renflement plus ou moins pro- noncé. Je dis donc que la glande est un produit anormal et, pour ainsi dire, morbide, sou- mis dès lors à tous les hasards. Elle est 368 UES FOUGÈRES INDIGÈNES. nulle, ou unique; quand il y en a deux, elles sont ou syniétri(|ues ou j)lacées du même côté ; ({uand elles sont (piatre, elles peuvent être syméiriques ou })lacées trois d’un côté et une de l’autre, tiret, ce sont des organes caducs, sans rôle actif, et qui n’ont jamais mérité l’attention des liotanistes. S’il se trouve, dans quelque traité, qu’on leui' accorde la moindre iuqiortance, le lec- teur peut délibérément sauter le feuillet. A. Messager. IIIÎS FOUGÈRES INDIGÈNES Mon l)ut n’est pas d’énumérer toutes les espèces ou variétés de Fougères qui pous- sent dans nos bois, mais seulement d’appe- ler l’attention sur les avantages que l’horti- culture pourrait en retirer, en citant seulement quelques-unes des espèces les plus communes et qui ont aussi l’avantage d’être des plus jolies. Aspidium acidcatum (fig. 99). — D’une souche cespiteuse, plus ou moins volumi- neuse suivant l’àge, partent de nombreuses feuilles qui atteignent jusqu’à i mètre de hauteur, très-élégamment pennées, àj^en- nules alternes, ohovale»-dentées-lobées, à dents terminées par une pointe subulée. Cette espèce,quiest très-vigoureuse, forme avec le temps d’énormes touflés d’un effet décoratif des plus jolis. Elle vient égale- ment très-bien dans les jardins d’hiver non chauffés. AtJiyritun Filix femina^ Roth. — Cette espèce qui a reçu les différents noms sui- vants : Aspidiu m Filix femina, Swartz ; Asplénium Filix femina, Bernh ; Cystop- tcHs Filix femina, Coss. et Germ.; Poly po- dium Filix femina. Lin., forme une souche robuste, gazonnante dont les feuilles bipin- natiséquées, qui atteignent de 50 centi- mètres à 1 mètre de hauteur, ont les pin- nules régulièrement crénelées-dentées. Leur face inférieure est presque toujours couverte d’organes reproducteurs. Athyrium Filix femina a produit un très-grand nombre de variétés, également très-jolies, dont l’une, des plus remarqua- bles, est VA. Fil. fem. L7ieo)*fhu(fig. 100). Vigoureuse, robuste et très-rustique, ses frondes, très-amples, sont garnies de pin- nules qui, vers leur extrémité, se ramifient en pinnules secondaires, disposées en éven- tail, ce qui donne à l’ensemble un carac- tère plumeux d’une élégance exceptionnelle, rappelant un peu les plumes d’autruche. Osmunda regalis, Lin. (fig. 98). — Cette espèce, dont le port et la végétation l’ont fait qualifier « de Fougère royale » et dont les fructifications disposées en longues panicules spiciformes lui ont en outre valu la quali- fication de (f Fougère fleurie » est une des plus remarqualiles de nos espèces indigènes. Elle forme d’énormes touffes composées de larges pétioles supportant des frondes qui s’élèvent jusqu’à 1'" 50 de hauteur ; les pin- nules, qui sont presque oppo.sées, sont com- posées de folioles oblongues, lancéolées. Quant aux fructifications, elles sont disposées en longues panicules qui s’élèvent au-dessus des plantes et donneni: à celles-ci un carac- tère d’originalité qui en augmente encore la beauté. Ces panicules rappellent assez les inflorescences de certaines espèces de Spi- rées. V Osynunda regalis a produit peu de va- vriétés, ce qui s’explique parla difficulté de faire lever les sporules. Polystichum Filix mas, R.oth(fig. 96). — Cette Fougère, que l’on désigne souvent par l’expression de (( Fougère mâle » (on ne sait trop pourquoi, puisqu’elle fructifie abon- damment), a pour synonymes: Aspidium Filix mas, Sweet ; Lastrea Filix mas, Presl. ; Nephrodium Filix mas, Stemp. ; Polypodium Filix mas, Lin. ; elle a une souche traçante d’où partent çà et là de nom- breuses frondes qui dépassent parfois 1 mètre de longueur, à pétioles recouverts d’écailles rousses ou brunâtres. Ces frondes, qui sont pinnatipartites, ont les divisions alternes et profondément lobées, à lobes dentés-cré- nelés. Les fructifications sont grosses, ar- rondies et disposées sur chaque lobe (fo- liole) en deux lignes rapprochées. Comme presque toutes les Fougères, celle-ci a produit un grand nombre de va- riétés différant par le port, l’aspect ou l’organisation ; l’une des plus remarquables est le P. Filix mas cristatum angusta- tum. Scolopendrium offtcinarum , Smith. — Le Scolopendrium est un des rares exemples de Fougères indigènes à feuilles simples. Les frondes, entières, on- dulées-cri.spées, ou plus ou moins lobées suivant les variétés, partent d’une souche cespiteuse ou gazonnante ; elles sont épaisses, coriaces, luisantes, persistantes. DES FOUGÈRES INDIGÈNES. 369 et portent en-dessous les organes de la fruc- tification qui sont rapprochés en séries divergentes à partir de la nervure médiane au bord de la feuille. Parmi les nombreuses variétés qu’a produites cette espèce et qui en ont toutes conservé les caractères géné- raux, il en est beaucoup de monstrueuses de diverses manières. L’une des plus remar- quables est le Scolopendrium officinarimi undulainm (fig. 07), dont les bords ondulés- crispés donnent à la plante un caractère des plus singuliers. Ctdlure. — Presque toutes les Fougères aiment les lieux plus ou moins ombragés ; rarement elles croissent au soleil, et encore, dans ce cas, toujours elles deviennent moins fortes II est même plusieurs espèces qui croissent dans des lieux où jamais le soleil Fig. *JG — Polyslichum FiVx mas. Fig. 97. — Scolopendrium, var. undulatum. Fig. 99. — Aspidium aculeatuyn. Fig. 100. — Athyrium Filix femina, var. Elworthii. n’a accès, ce qui pourtant ne les empêche pas au besoin de croître au soleil. Tels sont, par exemple, les Scolopendres. Toutes ou presque toutes aussi s’accommodent des terrains siliceux et frais ; c’est même dans ces con- ditions que ces plantes viennent le mieux ; néanmoins on en voit parfois croître dans des conditions très-différentes de celles-ci, par exemple entre des pierres, dans des fis- sures de rochers, là où la terre fait défaut. où les racines ne trouvent guère autre chose > que des sels de chaux provenant de la dé- composition des pierres ou des rochers. Midtiplication. — Elle se fait de deux manières : par semis et par la séparation des bourgeons ou par la division des pieds. On emploie le premier procédé lors- qu’on veut tenter la chance d’obtenir des variétés. Dans ce cas on sème les spores, préalablement détachées des frondes, à 370 LES HAIES D’aZEROLIER ERGOT-DE-COQ. rombre, sur im sol grossièrement con- cassé, siliceux et qu’on tient légèrement et constamment humide à l’aide de bassi- nages. Si l’on tient à garnir des murs éle- vés ou des parties de rochers plus ou moins inaccessibles, ce qu’il y a de mieux à faire^ c’est d’opérer comme nous l’avons dit dans ce recueil, de semer sur place d’une cer- taine manière, qui consiste à lavei* les Iron- des munies de sporules dans un liaquet où elles se détachent. Avec une seringue, on lance cette eau sur les murs que l’on veut garnir. Quant à la division et à la séparation des bourgeons, on les fait au printemps quand les plantes entrent en végétation ou dans l’été, avant que la végé- tation s’arrête, de façon à ce que les divi- sions puissent pousser un peu ou s’enra- ciner avant l’arrivée des froids. On plante ces bourgeons en terre de bruyère humide et en pots, qu’il est bon déplacer sous cloche ou sous châssis, où on les prive d’air et de soleil, en les bassinant fréquemment. Usages. — Les Fougères sont très- utiles pour garnir les rochers, les anfrac- tuosités ou les cascades toujours à l’ombre ou à demi-ombre. Elles conviennent aussi tout particulièrement pour les vallées om- bragées ou j)i‘ès des .sous-bois, où il est bon de leur composer un sol à l’aide de terre de bruyère tourbeuse ou siliceuse suivant les espèces ; constituera leur j)ied des sortes de rocailles leur convient beaucoup. Si l’on tient à les conserver en pots])Our s’en servir au besoin à oi-ner telle ou telle partie spéciale, on doit drainer fortement les vases et les remplir de terre de bruyère grossiè- rement concassée, à laquelle on peut mé- langer des détritus de gazon. Dans ce cas, comme toujours, il .sera lion d’entretenir les plantes humides par de fréquents bassi- nages. On se sert aussi avec avantage des feuilles de Fougères, soit pour l’ornemen- tation des desserts, soit pour la confection de bouquets, et sous ce rapport, on connaît le fréquent et bon usage qu’en savent faire les gens spéciaux et tout particulièrement les bouquetières de Paris. Il est même une espèce très-commune, le Pteris aguilina, dont la vente des frondes à la halle de Paris donne lieu à un commerce qui, chaque année, se chiffre par centaines de mille francs. E.-A. Carrière. LES HAIES D’AZEROLIER ERGOT-DE-COü Ce petit arbre de l’Amérique septentrio- nale, où il est assez commun, surtout dans la Virginie, est bien connu dans les parcs et les jardins, où sa vigueur, son beau feuil- lage luisant, ses nombreuses fleurs blan- ches en mai-juin, suivies de baies rouges comme celles de l’Aubépine, mais plus grosses, lui ont a.ssuré depuis longtemps une place choisie. Il fait partie de ces (( ba- liveaux d’ornement », si utiles pour les remplissages de massifs, en ce qu’ils for- ment un excellent intermédiaire entre les grands arbres et les arbustes. Sa synonymie est des plus compliquées. On le nomme généralement Cratægus Crus gain, Alisier ou Azerolier Eirgot de coq, appellation bien justifiée par ses longues, fortes et redoutables épines. Mais ce nom linnéen a donné lieu à de regrettables confu- sions, en ce qu’il a été appliqué à diverses espèces. Il convient donc de lui restituer son nom de C. lucida, de Miller (Diction.), ou Alisier luisant (1). Mais si cette espèce est précieuse comme (Ij Cratægus lucida, Mill. T)ict.; Wangenh., Beilr., 53, tab. 17 ; C. Crus galli, Lin,; C. Crus gain lucida, Reg.; C. Crus galli splendens. Ait.; arbrisseau d’ornement, elle l’est bien da- vantage pour la formation des baies défen- sives. Cet article a pour but de la recom- mander d’une manière toute spéciale. Depuis une dizaine d’années, nous l’avons fait planter dans maintes circonstances, dans des terrains divers, et partout les ré- sultats ont été des plus remarquables. C’est surtout en comparaison avec l’Aubépine or- dinaire que sa supériorité se montre d’une manière éclatante. En Touraine, ces deux espèces plantées en haie, côte à côte, ont donné les résultats suivants : Haie d’Aubépine, compacte, hauteur de l'“ 50 et largeur d’un mètre atteintes en sept ans; plantation sur deux rangs. Haie d’Alisier luisant (ou Ergot-de-coq), compacte, hauteur de 1"^ 50 et largeur d’un mètre atteintes en quatre ans ; plantation sur un rang. Dès la troisième année cette seconde baie était beaucoup plus défensive qu’une baie d’Aubépine de cinq à six ans. Les robustes épines de l’espèce en font très-rapidement C. lauri folia, Medic.; Mespilus Crus galli, Poir. (non Wats.); M. lucida, Ehrh.; Azarolus lucida, Hort. ACEP COLCIIICUM TRICOLOR. 371 une défense de premier ordre, un ol)st;icle pi'escfue infrancliissable. Le fenil lag’e est superl)e, il rappelle celui du Pj'unier, mais il est épais, vernissé, denté en scie, et ne redoute i>as les insectes. Il suppoide parfai- tement la taille d’hiver et la taille d’été. Si l’on désire conserver dans la liaie, de distance en distance, des ti^es comme arbres d’ornement, leurs beaux corymbes de fleurs blanches et leurs fruits de corail feront le meilleur effet, et cet eflet sera très- vite ob- tenu, étant donnée la vigueur avec laquelle se produisent les jets verticaux. On pourra aussi, sur ces tiges, gi’etïér toutes les esi)èces de Cratægus, qui se développeront avec une remarquable vigueur. La plantation d’une haie de Cratægus lucida est d’une grande simplicité. Il suffit de bien défoncer le sol, et de planter, comme on le fait pour les haies d’Aubépine, de jeunes plants repiqués, de deux ou trois ans, que l’on achète au mille, chez les hor- ticulteurs-semeurs de plants, à Orléans, dans le Calvados, etc. La difficulté est de se procurer ces plants en quantité, car ils n’ont guère été demandés encore pour de grandes plantations, et leurpiLx, ti’op élevé, baisse- rait J)eaucoup si la demande excitait les producteurs à semer des graines de cette es- pèce en plus grande abondance. On peut aussi semer des graines en pépinière, en les stratifiant comme pour l’Aubépine, pour élever ensuite les jeunes plants un an ou deux avant leur mise en place. La plantation se fait sur un seul rang, pendant l’hiver, par un temps doux ; on es- pace les plants de 10 centimètres, en ayant soin de ne pas les enterrer plus haut que le collet. Aussitôt après, on les rabat à 10 ou 12 centimètres au-dessus du sol. Il importe de tailler un peu court, les premières an- nées, pour forcer les plants à se ramifier dès la base. Les soins d’entretien se réduisent en- suite à une taille au ciseau à la fin de l’hi- ver, avant le départ de la sève, et à une autre à la fin de juin. Avec ce simple trai- tement, la haie aura un aspect de santé et de vigueur qui charmera les yeux, tout en donnant à rétléchir à ceux qui vou- draient franchir cet obstacle. Ed. André. ACER COLCIIICUM TRICOLOR Si nous disions c[ue VAcer Negundo pa- naché est surpassé en beauté par la plante dont nous parlons, VAcer colchicum trico- Jor, il est plus que probable que nous trou- verions beaucoup d’incrédules, même parmi les praticiens. Surpassé est peut-être beau- coup dire, car, en effet, ce Négundo est tellement méritant qu’il est difficile d’ima- giner mieux. Le seiü moyen de trancher la question, c’est, en écartant le mot supério- rité, de voir dans ces plantes deux beautés de premier ordre. Nous n’avons à nous oc- cuper ici que de VAcer colchicum tricolor, dont voici une description : Arbre vigoureux, compact. Jeunes ra- meaux à écorce glabre, luisante, d’un rouge intense. Feuilles rapprochées, profondément lobées, à lobes irréguliers, ouverts, aigus ; celles des l)ourgeons passant du rouge vif violacé chatoyant au rose carné, en s’atté- nuant çà et là irrégulièrement, de manière à représenter toutes les nuances à partir du rouge foncé ou cramoisi au blanc crémeux, et déterminant des contrastes charmants. Toutes ces couleurs changent continuelle- ment suivant l’état de la végétation, et il y a toujours des feuilles de diflerents âges à côté les unes des autres; il en résulte un mélange de couleurs qui détermine les contrastes les plus variés et les plus harmo- nieux. Comme VAcer colchicum tricolor, bien que vigoureux, ne s’élance ni ne se dégar- nit pas, et qu’il est facile de le réduire par la taille et les pincements à de très-faibles proportions, on pourra le cultiver dans les parterres, en le plaçant sur le milieu des massifs ou des plates-bandes, ainsi qu’on le fait de certains arbustes à fleurs ou même des Dahlias. Ainsi traitées, les plantes seront même plus jolies, car les parties les plus brillamment colorées étant toujours les plus jeunes, et le pincement ayant pour ré- sultat de faire développer continuellement de nouveaux bourgeons, plus les plantes seront pincées, plus elles seront belles. L’Acer colchicum tricolor provient d’un dichroïsme qui s’est produit, en 1882, dans l’établissement de M. Auguste Gouchault, pépiniériste, 19, rue Basse-Mouillère, à Or- léans, sur un pied d’Acer colchicum ru- hrum. Depuis lors, greffé en écusson sur le type {Acer colchicum), il n’a jamais varié et s’est reproduit avec tous ses carac- tères. Quelquefois, au début de la végéta- tion, dès le premier développement de l’é- 372 RAPHANUS ISATOIDES. ciisson, il se montre quelques feuilles qui ont un peu de vert, mais bientôt tout cliange et ces feuilles se panachent. C’est donc, sans contredit, une des plus belles panachures connues. Ajoutons en- core, en faveur de VAcer colcliicum trico- lor, qu’il ne bride pas au soleil. On le multiplie par la greffe en écusson sur VA. colchicum ou ses variétés; tous les essais tentés sur les Érables Sycomores, — GENISTA ANDREANA. Planes, etc., ont donné de mauvais résultats. P.st-il d’autres espèces de ce genre sur les- quelles il pourrait être gretfé? L’expérience seule pourrait le démontrer. L’Acer colcliicum tricolor .sera vendu à l’automne prochain, par son propriétaire, M. Auguste Gouchault, pépiniériste, 19, rue Basse-Mouillère, à Orléans. E.-A Carrière. RAriIANUS ISATOIDES Personne, mieux que le praticien, n’est à meme de constater les faits remarquables d’évolution ou de trans- formation ; ils sont par- fois d’une brutalité telle et tellement contraires aux idées admises, qu’on semble autorisé à les mettre en doute. Et pourtant c’est un tort. Ce qui arrive parfois, c’est de leur donner une mauvaise interprétation. Le moyen d’éviter cet écueil, c’est de les indi- quer sans commentaire, ce que nous allons faire pour le Raphanus isa- toides dont il s’agit, et que représente la fi- gure 101. Cette plante, qui est sortie d’un semis de Raphanodes, a par son feuillage l’aspect et le faciès général d’un Isatis tinctoria, d’où le qualificatif isatoides que nous lui avons donné : ses feuilles cauli- naires, longues et étroites, sont à peine sinuées, épaisses, glauques, luisantes ; ses fleurs sont jaunes, pe- tites, intermédiaires en- tre celles des Navets et des Choux. La racine est régulièrement fusi- forme-turbinée, à écorce rimeuse, d’un gris brun ; la saveur, à peine styp- tique, est trés-légère- ment sucrée, rappelant un peu celle des Navets ou plutôt intermédiaire entre ceux-ci et les Ra- dis; la chair blanche, cassante, à grains gros, est plutôt sèche que suc- culente ; bref nous avons affaire à un produit tout particulier. Doit-on le considérer comme une espèce, une race, une variété, un liybride? Nous ne décidons pas, laissant à l’avenir la solution du problème qu’ici nous nous bornons à énoncer. E.-A. Carrière. GENISTA ANDREANA Ce bel arbuste, nouveau et inédit, a été découvert dans notre voisinage, en Norman- die, au milieu d’un champ de Genêts en fleur. Il se distinguait à première vue de tout son entourage par l’éclat de ses fleurs dorées et cramoisies, et non uniformément jaunes comme celles du type dont il est sorti accidentellement. Planté dans notre jardin, il y fut remar- qué l’année dernière par M. Edouard André, qui l’admira beaucoup et en fit faire plu- sieurs greffes en approche, qui ont parfai- tement réussi. Nous sommes heureux de donner à cette nouveauté le nom de l’un des rédacteurs en chef de la Revue hortieole, et nous sommes certain que le Genista Andreana, dès qu’il sera mis au commerce, sera très-vite popularisé (1). (1 ) Nous laissons notre collaborateur, en le remer- ciant de son aimable dédicace, employer le nom de Genista Andreana. Pour être scientifiquement r Revue Horiicoie. C-cdoT-d . dei O'TorKcUÜv. G-.Se.üèray^?is Genista^jAndrewia NOTES DE VOYAGE D’UNE EXPLORATION HORTICOLE DANS LES ANDES. — DE LOJA A ZAMORA. 373 Voici la description que nous avons prise sur la plante mère : rameaux et feuilles d’un vert plus foncé que dans le type, dont ils ont d’ailleurs tous les caractères ; feuilles supé- rieures sessiles. Fleurs en grappes ladies, excessivement abondantes ; pédoncule et calyced’un rouge vineux; corolle fond jaune d’or brillant, à étendard marqué en dehors, à son sommet, d’une ligne pourpre foncé fondue aux bords, ainsi que sur les bords supérieurs de la carène ; pétales latéraux (ailes) d’un ronge cramoisi foncé, brillant et velouté, doré aux bords et à la base. Cette couleur pourpre est vraiment admirable, et quand la grosse touffe qui est plantée dans notre jardin est couverte, aux mois de mai-juin, de ses milliers de Heurs, il est difficile d’en exprimer la beauté. Quand on aura grefié le Genista An- dreana à haute tigesurCytiseFaux-Ébénier, on obtiendra dans les parcs et jardins des effets décoratifs de premier ordre, sans par- ler du rôle ornemental non moins considé- rable qu’il jouera, cultivé à basse tige, parmi les arbustes des massifs. Planté franc de pied dans les terrains sili- ceux, primitifs, de toute nature, il réussira à merveille, puisqu’il a le tempérament du type spécifique, et le Cytise Faux-Ébénier, comme sujet, le rendra également facile à obtenir dans les sols calcaires. A. Puissant. N0TI-:S DE V0YAG1-: D’UNE EXPLORATION HORTICOLE DANS LES ANDES DE LOJA A ZAMORA Ayant été chargé, en 1881, par M. Éd. André, d’une expédition dans l’Écuador (Amérique du Sud) dans le but de collec- tionner des végétaux secs et vivants, j’ai conservé des souvenirs ineffaçables de ce voyage. Voici quelques notes d’une des nombreuses tournées que je fis dans cette région qu’on a très-justement appelée « le jardin des Andes ». Si mes notes et mes croquis n’étaient en ce moment sous mes yeux, j’aurais peine à croire qu’il y ait des contrées au monde où la civilisation ait fait encore si peu de pro- grès et où l’intelligence de l’homme soit si peu développée, comme c’est le cas dans l’intérieur de la province de Loja (Répu- blique de l’Équateur). J’avais tout préparé depuis plusieurs jours pour entreprendre un voyage de Loja à Zamora, mais je n’avais pas tenu campie des vices et des inexactiiudes des Indiens du pays. Le matin du départ, les bœufs que j’avais loués à grand’peine et à grand prix n’arri- vaient pas à l’heure fixée. Uarriero (mule- tier), qui avait reçu une partie du salaire, était ivre, sa femme incapable d’aller at- traper les deux bœufs dans le potrero (grand clos où l’on enferme le bétail). correct, il faudrait nommer le nouveau Genêt Saro- thamnus scoparius var. Andreana, ce qui serait plus long, mais plus exact. Le genre Sarotham- nus, Wimm., est caractérisé, dans cette espèce, par le style allongé et très-recourbé. MM. Bentham et Hooker {Gen. pi, I, 384) n’en font qu’une section du genre Cytisus, qui lui-même se dis- tingue surtout des Genista par ses graines stro- phiolées et la forme dd calyce. Ed. André. Quelle patience ne faut-il pas, en de telles circonstances, à l’Européen habitué à l’exactitude et au confort des chemins de fer et des bateaux à vapeur! Enfin, vers midi, mon péon, que j’avais envoyé aider l’Indienne, arriva avéc une seule des deux hôtes de somme, l’autre était introuvable. Que faire? Je voulais partir, le temps était clair, il fallait prendre un parti ; le mieux fut de se partager la besogne et de diviser entre nous la charge du bœuf man- quant. Fusil au dos et machete (sabre d’abat- tis) au côté, nous ne tardâmes pas à nous mettre en route pour la Cordillère orientale. Quoique désireux de connaître ce pays lointain dont quelques Européens seulement ont foulé le sol jusqu’ici, tous les récits, toutes les recommandations qu’on m’avait faites me revenaient à l’esprit. J’allais pénétrer dans ces forêts vierges, voir l’Indien dans son état primitif, connaître ces richesses naturelles dont d’illustres voyageurs nous ont fait connaître les merveilles. Ce n’était pas sans émotion que je quittais la ville de Loja, capitale de la province du même nom. Pouvait-il en être autrement? Malgré moi, je me souvenais des récits d’anthropo- phagie, et je voyais déjà, dans mon imagi- nation, les Indiens exécuter leur danse ca- nibale autour d’un feu monstre, prêts à dévorer leurs ennemis rôtis. Rien de plus naturel que, en avançant, pensif et laissant libre cours à mon esprit, je revisse l’Europe, la mère-patrie, les pa- rents et amis que je laissais au loin, etc. « Vé, seîïor, esta plantita ! » 374 NOTES DE VOYAGE D’UNE EXPLORATION HORTICOLE DANS LES ANDES. — DE LOJA A ZAMORA. G’élaif la voix d’un de mes deux guides qui me rappelai! ainsi à la réalité. Il m’ap- portait un charmant exemplaire d’une pe- tite Orchidée délicate avec des Heurs larges à pétales veloutés, dont le centre représen- tait une mouche violette. C’était, comme je l’ai su plus tard, un Tcliporion que mon péon venait de cueillir sur la hranche des- séchée d’un arlire chétif. Il est à remarquer que cette Orchidée pousse de préférence sur (les arlires demi-morts, dans les endroits les plus humides et sous une température assez basse. Nous venions de passer près de la « Mine d’Or », vague souvenir des exploitations des Espagnols d’autrefois. C’est là un des plus jolis endroits des environs de Loja. Que de magnifiques Broméliacées, que d’Aroïdées rampant sur les troncs mous- sus des arbres, j’admirai en passant! Des Mélastomacées couvraient le sol de leurs pétales violets et pourpres; les Solanées se cachaient sous bois avec leurs haies rouge orangé et leur feuillage vert somlire. Les Fougères et les Sélagiiielles formaient un épais tapis. Çà et là, demi-cachés dans des crevasses, d’énormes blocs de quartz fai- saient le plus joli contraste avec le feuillage sombre (les Bomaréas, dont les sarments grêles, s’enroulant autour des arbres les plus élevés, laissaient retomber gracieuse- ment les larges ombelles de leurs fleurs écarlates et pourpres. L’ensemble produi- sait un paysage charmant que l’on ne pour- rait reproduire. Je longeai le Bio Zamora pendant quelque temps. Après l’avoir tra- versé sur un pont des plus primitifs, mais par contre très-pittoresque, je laissai pas- ser le temps sans m’en apercevoir, tout en remplissant ma lioîte à herboriser. Il se faisait tard, et comme nous arrivions à un endroit qui répondait aux trois conditions nécessaires pour un campement dans les Andes, savoir : le bois de chauffage, de l’eau et de l’herbe pour la bête de charge, nous mîmes les charges à bas, et, à la lueur du feu qui, bientôt, cuisait notre soupe au riz, je pus mettre en herbier la récolte du jour. La nuit se passa dans un paisible som- meil. Le lendemain, avant le jour, le bœuf fut chargé et nous commençâmes l’ascen- sion difficile des pentes rapides du Cerro de Zamora. Un sentier fait par le passage continuel des troupeaux de bétail, raviné par les eaux et interrompu de temps à autre par d’énormes blocs de rochers, était le chemin à suivre; la jiente en était le plus souvent à 45 degrés, et, dans les endroits moins ra- pides, le lit bouoiix d’un ruisseau le rem- plaçait. Petit à petit, la belle végétation disparut pour faire jilace à de petits arbres cbé tifs et rabougris couverts de Lichens ; même les jolis Oreocallis à fleurs bizarrement con- tournées, aux feuilles glauques à nervures roses, devenaient rares à cette altitudè d’en- viron 2,300 mètres. C’est à cette hauteur pourtant que deux arbres magnifiques, au milieu de nombreuses espèces précédemment connues, attirèrent mon attention. L’un était un Rhopala k grundefi feuilles polymorphes d’un brun doré, à épis de fleurs odorantes, d’un blanc terne, que je crois nouveau (i). L’aulre était V Oreopanax Andreanum, une des plus belles Araliacées que l’on puisse imaginer. Yu l’altitude à laquelle on le trouve, cet arbre, une fois naturalisé, serait un trésor pour le midi de la France ; ce serait un genre de végétation tout nouveau ; d’un port élégant avec ses grandes feuilles entières ou lobées, rigides, luisantes, chagrinées, vert noir en dessus, épaisses et d’un roux laineux en dessous, ses fleurs sont en longs épis roux doré et les fruits sont des baies violet noir agglomérées autour de la hampe. Plus nous montions par ce mauvais sen- tier, plus le chemin devenait difficile. Bien des fois nous fûmes obligés de l’élargir afin que le bœuf chargé y put passer, tant était grande la profondeur du chemin ra- viné. Bientôt la végétation s’appauvrit. De grands Carex ou des Graminées brûlées ou pourries, çà et là aplatis par les pas lourds d’un ours, quelques Mousses et Lichens et de rares Vacciniées des genres Agarista et GauUheria^ étaient les seuls végétaux de ces hauteurs. Au tournant d’un rocher j’admirai une dernière fois le magnifique panorama qu’of- frait la ville de Loja éclairée par un soleil brillant, au milieu de ce beau delta formé des deux rivières Zamora et Malacatos, avec un cirque de cbaînes de montagnes violet pâle, sur lesquelles se détachait parfois la note blanche d’une chute d’eau. La température baissait sensiblement à cette hauteur et bientôt un brouillard (pa- ramo) intense nous fit presser le pas. Ce brouillard est un sûr indice de pluie (1) Nous avons exposé à Paris, en 1882, cette Pro- téacée vivante, dédiée à son introducteur, sous le nom de Rhopala Poortmani, E. A. NOTES DE VOYAGE D’UNE EXPLORATION HORTICOLE DANS LES ANDES. — DE LOJA A ZAMORA. 375 prochaine sur le sommet des Andes. En elïet, à peine avions-nous atteint ce que mes péons appelaient une Lravesia, c’est-à- dire une suite de petites montées et des- centes formée par les sommets d’une chaîne de montag'nes continue, que la pluie se mit à tomber et avant d’atteindre la choza des cascarilleros (cabane des chercheurs de Quinquina), nous étions trempés jusqu’aux os. La cabane, dépourvue de toit, ne nous offrait pas un fameux abri. La tente fut donc dépliée et installée et nous nous mîmes à l’œuvre pour faire notre feu avec le peu de bois sec et les herbes que nous pûmes recueillir. Pendant ce temps-là, un de nous réunissait un peu d’eau trouvée dans les cavités faites par les pieds du bétail, pour la préparation d’une soupe de pava (Dinde sauvage ou Pénélope), que j’avais eu la chance de tuer le matin. Après nous être séchés tant bien que mal et avoir soupé sommairement, nous essayâmes de dor- mir. Dans les hivers d’Europe les plus rigou- reux, je ne me rappelle pas avoir eu froid comme sur ces hauteurs, sans abri contre les vents glacés. Aussi, le jour venu, nous ne tardâmes guère à nous mettre en route afin de nous réchauffer les membres par le mouvement. La végétation n’offrait encore rien de bien intéressant. J’aperçus un petit ours brun, mais son allure pacifique ne m’empêcha pas d’emplir ma boîte à herboriser, vers le soir, avec les magnifiques branches fleuries d’une variété nouvelle d’Oreocallis à fleurs carminées. Je récoltai beaucoup de graines de cette magnifique Protéacée. Bientôt mon attention fut appelée sur une petite et cu- rieuse Broméliacée du genre Tillandsia dont les feuilles ondulées et légèrement con- tournées en spirale étaient rougeâtres, tan- dis que l’inflorescence était d’un rouge écarlate avec des petites fleurs jaunes. En passant près d’une cavité ouverte dans le rocher, un de mes Indiens me dit : « Sehor, ici, il y a des diamants ! » Curieux de les voir, je creusai quelque peu la roche, mais je ne pus découvrir autre chose que des cristaux de quartz pur et transparents comme du cristal. Bientôt après nous rencontrions les os blanchis d’un Indien de la tribu des Jibar- ros, qui, voulant voir de près les « hommes habillés » et les « cases de pierre » de Loja, était parti de son pays natal ; les pluies gla- ciales ayant battu son corps nu, il mourut sur ces hauteurs avant même d’avoir aperçu le beau panorama du pays de ses désirs. Enfin commença la descente dite de Sa- vant lia. Sautant de roche en roche, tantôt nous trouvant dans un ravin si étroit et si profond (pie le jour y pénétrait à peine, tantôt enfoncés dans la boue jaune et fer- rugineuse d’un ruisseau, nous avancions très-lentement et péniblement. Plus de cent fois notre bête de somme tomba, se releva perdant sa charge ou restant les cornes prises dans l’enchevêtrement des lianes et des plantes grimpantes qui se trouvaient sur notre passage. Une dernière trace de l’être humain nous apparut dans une assez grande case ou hangar abandonné par les cascarilleros qui y avaient laissé plusieurs milliers de kilos d’écorce de Quinquina maintenant pourrie et sans valeur. La végé- tation reparaissait comme par enchante- ment; la chaleur augmentait et quelques centaines de mètres plus bas nous retrou- vions la végétation tropicale, au milieu d’un de ces paysages grandioses que M. Éd. André a si bien décrits dans la relation de son voyage publiée dans le Tour du Monde. Que de richesses, que de beautés accu- mulées ! Partout s’étalaient de magnifiques exemplaires d’Orchidées, surtout des Onci- dium et des Masdcvallia, des Gesnéria- cées bizarres, comme les Columnea au feuillage tacbé de sang. Les tiges sarmen- teuses et les feuilles vert foncé de plusieurs espèces de Bo^narea , des Tillandsia et Bromelia à profusion, les Solanées grandes et petites de toute espèce, les Malpighia- cées et les Mélastomacées sans nombre, jon- chaient le sol de leurs fleurs, hélas ! trop fugaces. Une richesse peu commune de Fougères arborescentes et herbacées, des Lichens et des Sélaginelles, montraient quel rôle ornemental peuvent aussi jouer les Cryptogames. Ici je trouvai, pour la première fois, le Gurania Andreana, étrange et superbe Gucurbitacée nouvelle à grandes feuilles polymorphes et poilues, accompagnée de gracieuses fleurs longuement pédonculées comme une houpe laineuse à fleurs rouge orangé (1). Les Palmiers, quoique en petit nombre, étaient représentés par quelques espèces. Je notai des Œnocarpus et Eu- terpe divers, avec leur centre (cogollo) co- mestible et le Palmier à cire {Ceroxylon andicola), paré de ses hauts stipes blanc (1) Décrite par M. E. Cogniaux dans le Bulletin de l'Académie royale de Belgique., sér. ii, v. 49, p. 191 ; et les Suites au Prodromiis, III, p. 684. 376 LE GIIÊNE GIGANTESQUE DE LA DALME, de Une antre espèce, qne je crois le Geonoma zamorensifi, se montra cou- verte (le ^^’aines ({iie je récoltai. Un peu (le tenips, ma collection s’enrichit, ma l)oîte fut remplie, puis vidée et remplie de nouveau. 11 était tard quand nous arri- vâmes au has de la pente terrible et ])ilto- resque à la fois où le torrent bouillant de Savanilla nous sépai-ait du ljut de notre voyag’e, c’est-à-dii-e le territoire de Zamora. Ilug-O PüüUTMAN. {A suivre.) Llî CHÊNE GIGANTESQUE DE LA DALME Un spectacle vraiment peu ordinaire est en ce moment offert aux Parisiens. Un arbre géant, transporté dans un l)ateau de fer spécialement constraiit pour lui, est ex- j)osé sur la Seine, au })ont de la Concorde, en attendant le moment du départ pour une tournée qu’il doit faire dans toute l’Europe; après quoi, il reviendra à Paris pour aug- menter, paraît-il, les collections du Mu- séum d’histoire naturelle. Cet arbre, ({ui a été récemment décou- vert dans le lit du Rb()ne, en amont du vil- lage de Yenne, à la Ifalme, près du fort de Pierre-Cbàtel (Ain), avait, à l’état vivant, des proportions surprenantes. Kn effet, voici les dimensions actuelles du tronc. Fig. 102. — Chêne gigantesque de la Balme. qu’un séjour difficile à évaluer dans les eaux torrentueuses du Rhône a dépouillé successivement de son épaisse écorce, de son aubier, et probalilement d’un certain nombre de couches ligneuses extérieures : Longueur, 31 mètres. Circonférence à la naissance des racines, 9 mètres. Circonférence au-dessus du niveau du sol, G mètres. Ajoutons que la cime de cet arbre a de- puis longtemps disparu, et qu’elle devait considérablement augmenter sa hauteur. Le poids actuel du tronc est de 55.000 kilo- grammes. Le Chêne de la Ralme a été découvert dans les circonstances suivantes : En 1874, par un temps de sécheresse qui avait abaissé le niveau du Rhône, un marinier aperçut une forte branche d’arbre qui dépassait un peu la surface de l’eau. S’en étant approché pour la prendre, il re- SUR LE PHILODENDRON MÂMEI. 377 connut qu’elle faisait partie d’un arbre enseveli (lans le sable et les cailloux formant le lit du fleuve, et des sondages lui démon- trèrent que cet arbre devait avoir des dimen- sions extraordinaires. 11 prévint aussitôt les gens du pays, mais les eaux du llliône ayant remonté, il fallut attendre le moment favorable, c’est-à-dire une sécheresse exceptionnelle, pour pouvoir le dégager du sol où il était enfoui. En 1883, enfin, l’abaissement suffisant des eaux du fleuve eut lieu, et toute une armée de travailleurs, guidés par les agents des Ponts et Gbaussées, se mit à l’œuvre. Cinq mois d’ellbrts ininterrompus per- mirent d’exbumer ce gigantesque cadavre, dont la base était, paraît-il, recouverte d’une épaisseur de 10 mètres de sable et de gravier. Le !25 mars 188L, on parvint, au moyen d’appareils puissants, à le hisser sur la berge, et l’on put constater ses dimensions surprenantes, ainsi que la beauté et la ré- gularité du tronc, qui mesure à peu près le même diamètre dans la plus grande partie de sa longueur, c’est-à-dire jusqu’à la nais- sance des premières branches. A quelle époque cet arbre a-t-il végété? Quel âge avait-il atteint lorsqu’un cata- clysme l’a déraciné et emporté dans une formidable tourmente ? La première de ces deux questions n’a pas encore, que nous sachions, du moins, été étudiée à fond. Les propriétaires actuels du Chêne de la Balme le présentent comme SUR LE PHILO] Décrit en 1883 (2), le Philodendron Ma- niei eut dès son arrivée beaucoup de vicissi- tudes ; il fut d’abord pris par nos voisins les Belges pour le Philodendron Sodiroi qui venait d’être mis au commerce; cette erreur fut vite reconnue; ensuite, et ceux-là, les plus difficiles à convaincre, furent ceux qui considérèrent la plante comme d’une cul- ture difficile, toujours attaquée par les in- sectes et ne présentant jamais qu’une appa- rence misérable. Il faut avouer que beaucoup de jardiniers et d’horticulteurs ont vite porté un juge- ment plus ou moins juste; pour peu qu’une plante reçue récemment ne pousse pas à (1) Dnjsphore a une étymologie grecque qui signifie : Porte-Chêne. (2) Voir Revue horticole^ 1883, pp. 104, 492, 508. antédiluvien, mais rien ne nous autorise à appuyer ou à contredire leur assertion. 11 y a tout lieu d’espérer que, pendant son séjour à Paris, cet arbre sera examiné par une Commission technique qui nous fera connaître de quelle période il est con- temporain. Son âge est plus facile à évaluer. M. Gui- gnard, membre de la Société de Botanique de Lyon, après avoir examiné une entaille pratiquée à quelques mètres au-dessus de la base du tronc, et compté les couches an- nuelles du bois, en a déduit qu’il avait dû vivre de 400 à 450 ans. Nous espérons être bientôt à même de renseigner exactement les lecteurs de la Revue horticole sur ces divers points, ainsi que sur l’endroit probable où ce Chêne s’est développé, l’espèce à laquelle il appar- tient, etc. Ajoutons que son long séjour sous l’eau a considérablement durci le bois, qui se trouve dans un état parfait de conser- vation. Le bateau couvert, le Dnjsphore (1), en fer, qui sert à transporter le Chêne de la Balme, et dont la forme se rapproche beau- coup de celle d’un écrin proportionné, a été construit en vue des voyages qu’il doit faire sur toutes les rivières et les canaux de l’Europe. Un mécanisme ingénieux permet de monter et d’abaisser à volonté en une seule pièce la toiture et les parois, pour passer sous les ponts les plus bas. Ch. Tiiays. ENDRON MAMEI l’endroit où on la met au début, on en conclut tout de suite qu’elle ne veut pas pousser, et si elle n’est pas complètement exclue de la collection, on la relègue dans un coin où elle ne tarde pas à périr. Ne vaudrait-il pas mieux essayer d’une autre manière : la changer de température, la rempoter dans un autre compost, la soi- gner, en un mot ? Je suis certain que, de cette façon, beaucoup de plantes qui passent pour rebelles à la ciüture seraient jugées différemment. Ces jours derniers, un jardinier après avoir admiré ou tout ou moins regardé quelques Orchidées, me disait : (( C’est égal, je n’aime pas ces plantes-là , j’en avais que j’ai jetées au fumier. » Lui en ayant demandé la raison, il me ré- pondit que l’on ne pouvait pas utiliser 378 SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. cela en garniture. J’avais justement un Caltleya Mossiæ avec une douzaine de belles Heurs, qui revenait des salons après y avoir passé quinze jours. Je^le lui fis voir et lui citai nombre de plantes que j’emploie de la meme manière, «.l’utilise, lui dis-je, les plus délicates comme fleurs coupées », et je le mis au défi de trouverjdes fleurs plus Jielles et durant plus longtemps. Il finit par avouer que les siennes ne fleurissaient pas, c’est pourquoi il n’aimait pas ces plantes-là: J’avais la clef de l’énigme. Au lieu de cher- cher par tous les moyens possibles à pro- duire une floraison régulière, il avait préféré rejeter les plantes. J’ai bien peur qu’il n’en ait été de même dans un grand nombre de cas pour le Phi- lodendron Mamci, car, jusqu’à ce jour, je n’ai encore vu aucune belle plante de cette espèce figurer aux expositions. Cependant, cette Aroïdée, ainsi que toutes les autres, SOCIÉTÉ NATIONALE D’Il SÉANCE DU 2 Voici les présentations qui ont été faites à cette réunion. Comité de floricultiire. — Par MM. Vilinorin- Andrieux et Ci®, un lot important et très-inté- ressant, composé : 1® de Pétunias simples, à grandes fleurs ondulées, mesurant jusqu’à 13 centimètres de diamètre, coloris vifs et va- riés ; 2« de Capucines naines, compactes et très-fleuries; de Phlox de Drummond à grandes fleurs, coloris nouveaux, parmi les- quels nous avons surtout remarqué une va- riété chamois rosé, d’une couleur charmante, très-éclairée ; 4» de Giroflées naines, a thyrses compacts de fleurs doubles, très- variées de couleurs ; 5® d’immortelles à grandes fleurs. — Par M. Rigault, jardinier chez M. Bertrand, un bouquet composé d’une vingtaine de fleurs d' Anthurium Scherzer ianum, toutes différentes entre elles par leurs spathes diversement pana- chées, ponctuées, lavées de rouge vermillon et de blanc. Toutes ces formes ont été obtenues par fécondation naturelle, c’est-à-dire par le simple voisinage des plantes, sans que le cultivateur soit intervenu d’aucune manière dans l’hybri- dation. M. Rigault avait également envoyé quelques pieds en fleurs de Disa grandiflora, cette jolie Orchidée de serre froide, dont les hampes érigées, hautes de 75 centimètres, se terminent par de larges fleurs aux pétales éta- lés, rose vif et rose pâle. — Par M. Leclerc, jardinier chez M. Finet, à Argent euil, un Aerides crassifolimn, fleuri, et un bel exem- plaire d'Oncidium crispum, avec une énorme grappe de larges fleurs marron et or. — Par M. Dallé, horticulteur, rue Pierre-Charron, est facilement cultivable, et, quant aux soins qu’elle réclame, ils sont si simples qu’il est à peine liesoin de les recommander. Les voici : un l)on drainage, de la terre de bruyère tour- beuse concassée grossièrement à la main et mélangée de charbon de liois, une tempéra- ture moyenne. Mais, contrairementà presque toutes les Aroïdées, il ne faut donner ({ue peu d’eau aux racines, tous les trois ou quatre jours un bon arrosage suffit pour une plante vigoureuse. Pour produire une belle touffe, on devra sectionner les rhizomes sur place, et, quand ils menacent de débor- der le pot, on peut les couper et les em- ployer différemment, c’est-à-dire à la pleine terre, en serre chaude, le long d’un mur ou dans tout autre coin; à garnir ou à alterner avec le Philodendron gloriosum, qui, lui aussi, est une bonne plante à cultiver. Ils formeront ensemble de magnifiques bor- dures. G. Maron. RTICULTÜRE DE FRANCE JUILLET 1886 à Paris, un Masdevallia Harrijana Denniso- niana^ un Phalænopsis violacea, un Anguloa uniflora et un Caitleya Mendeli, le tout en fleurs. — Par M. Millet, horticulteur à Bourg- la-Reine, des fleurs de Glaïeuls hâtifs. — Par M. Schwartz, jardinier chez M. Lemercier, à Bagneux (Seine), des Reines-Marguerites en fleurs. Comité depomologie. — ParM. Max. Cornu, professeur de culture au Muséum d’histoire naturelle, un fruit de Tornelia fragrans {Phi- lo dendrum pertusum, Monstera deliciosa). Ce fruit a une saveur très-agréable, qui tient à la fois de celle de l’Ananas et du Melon. M. Cornu a fait remarquer que les Aroïdées sont pour la plupart des poisons plus ou moins violents, et que le Tornelia flagrans seul Jusqu’ici, parmi elles, a montré des qualités comestibles dans son fruit. — Par M. Alexis Lepère, professeur d’arboriculture à Montreuil, des Pêches Early Béatrice, Early Rivers, Amsden jaune, Alexander, Cumber- land, Waterloo, toutes magnifiques et parfai- tement mûres. — Par M. Lardin, arboriculteur à Montreuil, 12 Pêches Amsden et 12 Alexan- der, superbes. — Par M. Margottin père, à Bourg-la-Reine, 23 variétés de Pêches toutes parfaitement mûres. Voici le procédé de cul- ture suivi par M. Margottin pour obtenir cette maturité à une époque aussi peu avancée. Les Pêchers, tous cultivés en pyramides en plein vent, sont garantis contre les gelées, jusqu’au 20 mai, par des châssis volants. A cette époque, on enlève les châssis, et les fruits mûrissent avec une avance considérable sur ceux des UNE VISITE A GOUVILLE. 379 Pêchers, même en espalier, qui ne sont pas protégés au printemps. Il paraît que la saveur des Pêches est plus agréable sur les arbres ainsi cultivés que sur ceux en espalier. Comité de culture maraîchère. — Par M. Chemin (Georges), cultivateur à Issy, bou- levard de Grenelle, 2, des Laitues Merveille des quatre saisons, Rouge d’été sanguine et Rouge du Trocadéro ; ces trois variétés sont très-recommandables, mais la troisième est la meilleure, car elle pomme plus facilement et est moins sujette à la mouclveture]; puis quel- ques beaux pieds, bien pommés, de Chicorée frisée, finement laciniée. — Par M. Millet, hor- ticulteur à Bourg-la-Reine, une corbeille de très-belles Fraises des quatre saisons amélio- rée, à fruits allongés, très-parfumés, et à chair ferme, qualité précieuse pour le transport. — Par M. Boullant, cultivateur à Villejuif, des Pommes de terre appartenant aux variétés suivantes, toutes plantées et récoltées dans les UNE VISITE Le magnifique domaine de Goiiville, où M. le comte A. de Germiny a réuni une col- lection de plantes diverses et d’Orchidées surtout, dont la réputation est établie en France autant qu’à l’étranger, présente, en ce moment, le plus charmant aspect. Les abords du château, garnis d’une quan- tité de spécimens des plus belles variétés de Rhododendrons entremêlés de fortes py- ramides et boules de Houx à feuilles pana- chées, forment un cadre sévère et gracieux aux serres, et bien en harmorîie avec le paysage superbe qui se déroule en avant des bâtiments sur toute la vallée. Le po- tager, situé à peu de distance, et créé il y a quelques années seulement, contient, outre les légumes variés, une quantité con- sidérable d’arbres fruitiers en espaliers et contre-espaliers, tous très-vigoureux et bien conduits. Les produits de ces arbres sont précédés, dès maintenant, par ceux des Vignes et des Pêchers garnissant les serres placées le long de l’un des murs de clôture. L’abondance des fruits et la belle végétation font grand honneur aux soins intelligents du jardinier. Ceci dit, arrivons aux serres, qui consti- tuent la plus grande attraction de la pro- priété, et dont les collections forment l’objet de prédilection de M. de Germiny. L’en- semble des constructions ayant été décrit dans la Revue horticole, il est inutile d’y revenir; je me bornerai donc à signaler les plantes les plus remarquables, et elles sont nombreuses. mêmes conditions et arrivées, en pleine terre, au même degré d’avancement : Windsor, Rus- tique de Villejuif, International Kidneg, Early White, Première et Quarantaine. — Par M. llédiard, place de la Madeleine, Paris, quelques fruits de Gombo Fevi, Malvacée qui réussit très-bien en Ih-ovence ; ces fruits s’ac- commodent de la môme manière que les Cor- nichons, dont ils ont à peu près la forme. Puis, quelques touffes delIa^Hcot Saint-Ciboire, va- riété très-vigoureuse, très-productive et sans parchemin. M. llédiard, introducteur de cette variété, recommande, lorsque l’on sème les graines, de n’en mettre que 1 ou 2 dans chaque trou. Au Comité d’arboriculture d’ornement. — Par M. M. Cornu, deux rameaux de Prunus Pissardi portant des fruits mûrs, dont la sa- veur ainsi que la forme indiquent bien, comme la Revue horticole l’a dit, que cet arbre est issu du P. Mirobolana. A GOUAILLE La serre d’entrée est garnie cVAnthu- rium Scherzerianum , portant de 80 à 100 fleurs, d’ Anthurium Andreanuyn, de fortes touffes de Olivia encore en fleurs, mais surtout de la collection de Galadiums, composée de 150 variétés placées sur un gradin peu élevé qui permet d’admirer leur beauté. Les plus riches variétés de M. Bleu, celles aux couleurs éclatantes comme celles aux couleurs transparentes, sont représen- tées par des échantillons comme on en ren- contre rarement. Pour se faire une idée du parti que l’on peut tirer de ce beau genre, il faut voir des spécimens comme Triomphe de V Exposition, avec 50 feuilles de 45 centimètres de long sur 30 centimètres de large, formant une touffe de 1™ 50 de diamètre; Flambeau, aux couleurs aussi vives que l’indique son nom, et de la même dimension que la variété précédente; V Au- tomne, au splendide feuillage couleur crème maculé violet, dont les feuilles trans- parentes mesurent 65 centimètres de lon- gueur. Citons encore les variétés Aurore, Gaze de Paris, Rubis de Gouville, Ibis rose, etc., dont les couleurs vives produisent le plus brillant effet. Le gradin et les tables sont bordées de Caladium arggrites que rien ne peut remplacer pour cet usage. A la suite de cette serre on traverse une galerie vitrée, remplie de très-beaux Gloxi- nia de semis, cultivés sous châssis par séries qui se succèdent de manière à en avoir toujours en fleurs pendant six ou huit mois de l’année. 380 UNE VISITE A GOUVILLE. A l’entrée de la grande serre, dans la- quelle on pénètre par un pavillon vitré garni de superbes exemplaires de Fougères, (Vlxora, de MasdevaUia, etc., on s’arrête pour admirer l’ensendile de cette construc- tion, non pour ses dimensions, mais pour le style tout particulier dans lequel sont disposés, avec un goût parfait, les plus rares et les plus forts si)écimens d’Orchidées lieu ries, placés, les uns sur des troncs d’arbres rustiques, les autres pendus à la toiture dans toutes les positions et mélan- geant leurs curieuses et brillantes fleurs au feuillage des AnUiurium Warrocquiea- num , TInbcmtianum , Andreanum. De magnifiques Nepenthes, portant une grande quantité d’urnes, pendent au-dessus de la petite rivière, qui coide au milieu d’un tapis de Sélaginelles, et l’ensemble forme certai- nement un coup d’œil aussi digne de l’ar- tiste que de l’amateur de plantes. On a imité la végétation tropicale en ne présen- tant au visiteur que ses produits les plus lieaux, et dans un état de végétation supé- rieur à ce que la nature, contrariée par les accidents de toutes sortes, produit sous les tropiques. Mais, pour l’iiorticulteur, l’attrait ne ré- side pas seulement dans l’ensemble, il faut examiner de près les plantes. Lors de notre visite, nous avons admiré à l’entrée un Caltleya Sanderiana sur bûche, avec une hampe remarquable portant cinq fleurs de 22 centimètres de large; AcWdcs Lohhii, avec trois hampes de 80 centimètres de longueur; un Saccolahium retusum, avec deux belles hampes; une forte toufle de Lælia avec 45 fleurs; Sac- colahium guitatum Turneri, avec deux hampes; Cattleya Mossiæ plu- sieurs Vanda suavis avec 4 et 6 hampes ; Vanda Parisliii et Batemani en fleurs ; Phalænopsis amahilis, Aerides Schrb- deri, Dendrohium crgstallinum et sua- vissimum, etc. On peut, par cette courte énumération, se faire une idée de cette bril- lante entrée de serre. En la parcourant, on remarque surtout les magnifiques spéci- mens de Vanda qui ont donné cette année, en avril, 130 hampes de fleurs. Ces diffé- rentes espèces de Vanda, cultivées dans d’immenses paniers, ont jusqu’à 2'" 50 de hauteur (un d’eux, le Vanda Batemani, atteint 3 mètres); et leurs longues racines pendent jusqu’au sol couvert de Sélagi- nelles et de Fittonia au milieu desquels elles trouvent une fraîcheur bienfaisante. De chaque coté, sur des tablettes à claire- voie, sont placés les Caltleya, Aerides, Angræcum, etc., en plus petits exemplaires. A l’extrémité de cette grande serre se trouve un second pavillon garni d’espèces d’Orchidées aux fleurs plus délicates, ou qui se tachent plus facilement par l’humidité. Ici de grosses potées de Sohralia xantholeuca, S. macranlha avec leurs fleurs violettes, un Aerides Dayanum, avec six grappes; les Cattleya Mossiæ, Mendelii, Warncrii, en variétés à larges fleurs; le très-rare Læ- lia anceps Williamsii, à fleurs blanches; les MasdevaUia llarryana, Veitchii, Clii- mæra, etc. Dominant un groupe V Odontoglossum Alexandræ, Pescatorei, vexillarium, dont plusieurs plantes de cette dernière espèce portent de 70 à 80 fleurs, nous remarquons un Oncidium divaricatum dont les quatre tiges à fleurs, de l‘“50, couronnent gra- cieusement l’ensemble. Plus loin, des Cy- pripedium, dont un, le C. Veitchii, avec 18 fleurs; les Epidendrum vitellinum et nemoralc , les Dendrohium Jamesianum et suavissimum ; les lliunia Marschallii et Bensonii, Calanthe veratrifolia, un bel échantillon du nue Epidendrum Wallisii; un fort Oncidium crispum avec ses fleurs cuivrées d’une dimension de 9 centimètres de diamètre, etc. Force nous est d’arrêter ici cette nomen- clature déjà longue et que nous pourrions continuer encore pendant longtemps s’il nous fallait citer toutes les plantes remar- quables de ce grand pavillon et des deux serres qui lui sont contiguës. Il nous est impossible cependant de passer sous silence les énormes Dendrohium Wardianum, dont l’un a produit cette année 230 fleurs ; des Cattleya Trianæ et Mossiæ, qui por- taient 30 à 40 fleurs, et un immense Den- drohium thyrsiflorum qui a donné 100 fleurs. Deux autres grandes constructions vitrées sont destinées, l’une aux Rosiers cultivés en pots, et dont les dimensions extraordi- naires sont aussi remarquables que leur floraison; l’autre était vide au moment de notre passage ; elle abrite, pendant la saison d’hiver, une collection de 150 Azalea in- dica des meilleures variétés en plantes de 1 mètre à 1'" 50 de diamètre. Dans les petites serres destinées spécia- lement à la culture, les Odontoglossum, Phalænopsis, se trouvent par centaines; on y cultive aussi les Anthurium, Amaryllis, Cyclamen, etc., destinés à l’ornementation des grandes serres à Orchidées. Dans une 381 NOTES SUR l’exposition DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’HORTICULTURE A LIVERPOOL. série de l)dches chaiifîées au termosiplion, sont, dans les unes, les légumes de pri- meur, dans d’autres, des semis iV Amaryl- lis, des Pancralium, des Eucharis ama- zonica, etc. Adossé au château, dans la serre donnant sur les appartements, nous avons revu avec plaisir le groupe de Todea superha, cul- tivés sans autre abri et végétant aussi bien que possible ; c’est un exemple de ce que peuvent produire les soins constants du jar- dinier, car ces plantes ne réussissent guère que placées sous un double vitrage dans la partie la plus froide et la plus ombrée des serres à Fougères. 11 résulte de cette promenade à Gouville que le jardinier, M. Pierre Vincent, fait preuve du plus grand mérite comme culti- vateur. Il réussit également dans les genres les plus différents : les Caladium comme les Rosiers, les Gloxinia comme les Aza- lea, et surtout les Orchidées, qui, sauf les Phalænopsis Schilleriana, qui ont un peu souffert d’un changement de serre, sont dans un état luxuriant. On peut trouver, en Angleterre, des col- lections plus nombreuses, on n’en rencon- trera pas certainement de mieux cultivées et de plus riches en forts échantillons de plantes rares. M. le comte de Germiny, l’heureux propriétaire de toutes ces ri- chesses, a donné un bel exemple de ce que peut réunir le goût aidé par la fortune. On ne peut que l’en féliciter au nom de l’hor- ticulture et le remercier de l’accueil tou- jours si liienveillant qu’il fait à ceux qui s’en occupent et qui vont à Gouville, tou- jours ouvert aux horticulteurs. A. Truffaut. NOTES SUR L’EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’HORTICULTURE A LIVERPOOL Sans avoir la prétention de donner ici une description de cette solennité, où la supériorité de l’Angleterre, dans cerlaines cultures, s’est affirmée une fois de plus, je crois qu’il peut être utile de signaler quel- ques-unes des plantes intéressantes qui ont été exposées à ces grandes assises provin- ciales de la Société royale d’horticulture de Londres. En effet, n’est- il pas d’un grand intérêt, pour nos cultivateurs, de savoir les noms des principales espèces et variétés parmi les- quelles les horticulteurs anglais choisissent ce qu’ils appellent des spécimens d’exposi- tions (Show plants). On indique ainsi à nos compatriotes les ' plantes qui se forcent, qui se forment et fleurissent le mieux, qui sont les plus propres à faire obtenir des prix à leurs présentateurs. Et puis, cela peut faire naître des réflexions utiles. Telle espèce et variété, qui ne vient pas bien chez nous, n’a peut-être donné de mauvais résultats que parce qu’elle ne recevait pas la culture appropriée. En la voyant si belle ailleurs, on peut être excité à la reprendre et obtenir cette fois des résultats satisfaisants. Voici donc le résumé des notes de mon carnet à l’occasion de la remarquable expo- sition de juin dernier à Liverpool. Dans le lot de plantes de serre de M. Gypher, horticulteur à Cheltenham, on remarquait, en énormes exemplaires supé- rieurement fleuris : Erica depressa, ferru- ginea, tricolor, Wilsoni, Parmcntieriana, ampidlacea ohlata. Puis, en dehors des Bruyères: Allamanda nohilis, Anthurium Scherzeriammi, Ixora coccinea, Draco- phylliim gracile. Parmi les beaux arbres de MM. Barron et fils, de Borrowash : Ulmus montana (Scotch), U. Dampieri aurea, Quercus pe- duncidata alho-purpurea, Q. p. atropur- purea. On remarquait, dans les meilleures varié- tés de Bégonias tubéreux de MM. J. Laing etG‘^: Lady Hulse, blanc double; Anny Adcock, Lady Falmouth, Prince of Wa- les, puis Star of Gold, très-beau jaune simple. Admirés aussi les spécimens sui- vants de Galadiums : candidum, ornatum, Léopold Robert. Lüddemanni, F. de Lesseps, Fritz Kœchlin. Un superbe Dendrobium devonianum de la Liverpool horticultural Company. On pourrait citer un bien plus grand nombre de plantes parmi celles qui étaient exposées à Liverpool, par exemple dans les Pivoines de M. .1. Dickson, les arbres frui- tiers en pots de M. Rivers, de Sawbrid- gewortb, les Roses de MM. Richard Smith, de Worcester ; Paul et fils, de Cheshunt, Granston, de Hereford, mais on n’y relève- rait rien que nous ne possédions déjà en France. 382 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. J’ai beaucoup apprécié l’ordre dans lerpiel étaient disposés ces concours. J.oin de demander aux exposants un nomlire considérable de variétés, soit en fleurs, soit en fruits, on avait ainsi opéré: choix des 6, 12, 20 ou 25 variétés suivant telles ou telles plantes, des meilleui’es ou des plus dis- tinctes soit par leur couleur, soit par leur feuillag'e. Je pense [que cela est une très- bonne chose, car souvent, devant un grand nomlire de variétés, l’amateur est souvent embarrassé de faire son choix. On a ansi le quintessence du beau, et cela aide beau- coup à faire progresser l’horticulture, en la maintenant dans ce qu’il y a de meilleur en tout genre, sans perdre un temps pré- cieux à cultiver et à exposer des vulgarités. L. Paillet fils. REYUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Nerine Mansellii, J. -G. Baker. — Amaryl- lidées {Gard. Cliron., 1886, vol. 1, p. 104). — Hybride obtenu tout récemment par le croise- ment du N. flexuosa et Fothergilli. Ombelle composée de 10 à 20 fleurs. Périanthe rose rouge brillant, long de 4 centimètres, à seg- ments lancéolés, larges de 6 millimètres, cris- pés. Cette jolie plante, aux feuilles larges, char- nues, aux fleurs rouge vif, élégamment irrégu- lières, est une précieuse acquisition pour l’hor- ticulture de pleine terre. Lælia anceps, var. Stella., Rchb. f. — Or- chidées (Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 136). — Belle variété du type bien connu. Elle a les pétales très-longs; les sépales, larges, d’un blanc éclatant, ont les bords laciniés et lavés de pourpre. Les nervures jaunes qui marquent la base des divisions médianes produisent un joli effet. Polgpodium {Phymatodes) macrourum , J. -G. Baker. — Fougères. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 136.) — Espèce se rapprochant comme aspect général du P oly podium Phyma- todes., mais remarquable par ses énormes queues terminales lancéolées et par ses sores petites, dispersées. Stipe court, raide, érigé ; Abondes longues de 70 centimètres à 1 mètre, larges de 15 à 30 centimètres, vert brillant, glabres sur les deux faces ; leur partie supé- rieure forme une sorte de queue simple, lan- céolée, quelquefois longue de 70 centimètres, sur 5 ou 10 centimètres de largeur ; le reste du limbe est profondément pinnatifide, à pin- nules lancéolées atteignant quelquefois 15 à 20 centimètres de longueur. Cypripediurn Leeanum var. superbum, H. -G. Rchb. f. — Orchidées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 168.) — Fort jolie variété à sépale dorsal excessivement grand, marqué de nombreuses lignes pourpres, rayonnantes. Primula Reedi., Duthie. — Primulacées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 168.) Espèce découverte dans les montagnes du Kumaon, à feuilles ovales lancéolées, pubescentes ; hampe érigée haute de 5 à 10 centimètres ; calyce large, blanc de neige à l’intérieur; corolle large de 25 millimètres, jaune crème. Cypripediurn Germinyanum, IL-G.Rchb.f. — Orchidées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 200.) — Variété obtenue, chez MM. Veitch, par l’hybridation des Cypripediurn villosum et hirsutissimum. Ses feuilles ligulées aiguës sont fortement réticulées ; les pédoncules et l’ovaire sont couverts de poils brun rouge ; les brac- tées, courtes, sont pointillées de pourpre foncé à la base ; sépale dorsal ondulé, d’un joli vert, orné d’un grand disque sépia luisant, sépales latéraux oblongs, étroits, vert clair, pétales ligulés, oblongs, étalés, verts, marqués de taches brunes à la base ; labelle jaune ver- dâtre, lavé au front de brun-sépia. Les caractères de cette variété sont franche- ment intermédiaires entre ceux de ses pa- rents. Adiantum elegans, Moore (hyb. nouv.?) — Fougères. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p.200.) — Cette plante, qui possède les qualités de légèreté aérienne de VA. cuneatum, a les frondes ovales, quadripennées, d’une déli- catesse extrême, et, ce qui augmente encore ses qualités décoratives, c’est que les frondes développées dans le dernier printemps et l’été, conservent une jolie teinte rosée très-caracté- ristique. Goniophlehium caudiceps, Moore. — Fou- gères. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 234.) — Elégante Fougère naine , importée de l’île Formose, à frondes simples, glabres, vert bril- lant. Elle se rapproche à première vue du Poly podium Griffithianum, de Hooker {Pleo- peltis Grifflthiana, Moore), mais elle en dif- fère distinctement par les nervures que porte la face supérieure de ses frondes, et qui sem- blent gravées avec un burin, et par les écailles de son rhizome qui sont plus nombreuses et hérissées, dressées, au lieu d’être apprimées comme dans l’espèce précitée. Lælia elegans, Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. I, p. 234). — Jolie espèce déjà décrite , à sépales et pétales pourpre foncé, d’une nuance toute particulière. Barkeria elegans, var. nohilior, Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. I, p. 234). — Issue d’un type bien connu, cette variété a les fleurs d’une grandeur surprenante, et se dis- CORRESPONDANCE. 383 tingue aussi des autres formes par la mouche- ture pour[)re noir que présente son labelle. Dendrobium (antennata) stratiotes , Ilchb. f. — Orchidées {Gard. Cliron., 1886, vol. I, p. 206). — Foi’t belle espèce, produisant une grappe de larges fleurs, surpassant celles du D. taiirinum, et dont la couleur semble être blanc et pourpre. Sépales ligulés, aigus et tor- dus ; pétales linéaires acuminés, tordus, dé- passant les sépales en longueur ; labelle tri- fide ; colonne avec un angle droit de chaque côté de la tête. Plante remarquable. Dendrobium {antennata) strebloceras, H. G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. I, p. 266). — Espèce nouvelle, originaire des Iles de la Sonde, à fleurs de môme dimen- sions que celles du Dendrobium antennatum. Pétales et sépales semblables à ceux du D. stratiotes, à menton plus étroit; division laté- rale presque carrée ; division antérieure à peu près ti'iangulaire. La partie centrale du labelle est marquée de cinq sillons. Le front de la base est accompagné de deux petites oreilles lamelli- formes. Colonne émoussée de chaque côté de l’anthère. Cattleya Trianæ formosa, var. Schroderia- na et Russelliana, Rchh. f. — Ces deux variétés, issues du superbe C. Trianæ formosa, ont l’une et l’autre le disque du labelle jaune orange. Le C. Schroderiana a les fleurs grandes, les pétales longs, tandis que le C. Russelliana, a les fleurs plus petites et mar- quées d’une tache pourpre, à la base de la co- lonne, qui est verte dans le Schroderiana. Plante à magnifique floraison. Lælia anceps var. Kienastiana, Ptchb. f. — Orchidées (Gare?. Chron., 1886, vol. I, p.298). Cette forme serait le L. anceps Dawsoni, ai ses larges pétales n’étaient nuancés d’une jolie couleur rose. Lælia anceps var. munda, Rchb. f. — Or- chidées {Gard. Chron., 1886, vol. I, p. 298.) Très-jolie variété qui serait presque semblable au L. anceps Schroderiana si, dans sa fleur, la couleur jaune n’était pas confinée aux trois sillons qui marquent la base de la division médiane. D’élégantes veines pourpres par- courent le fond blanc des laciniatures latérales. Pétales et sépales blancs ; colonne partielle- ment verte. Calanchoe carnea. N. E. Brown. Crassu- lacées — {Gard. Chron., 1886, vol. I, p.298.) — Cette espèce, dont les fleurs, d’un joli rose, odorantes, sont disposées en corymbes aplatis, est une des plus ornementales de ce genre déjà riche en plantes décoratives. Tiges glabres , quadrangulaires ; feuilles larges, elliptiques-ovales, arrondies et quelque- fois tronquées à la base, longues de 8 à 14 centimètres; cymes corymbiformes compactes, aplaties, mesurant de 5 à 8 centimètres de diamètre ; calyce glabre, à 4 segments lancéolés aigus, longs de 6 millimètres, verts. Corolle à tube quadrangulaire verdâtre, long de 12 milli- mètres, à 4 lobes elliptiques-ovales-aigus, éta- lés, roses, longs de 8 millimètres sur 5 de lar- geur. Cattleya Trianæ, var. Vanneriana, Rchb. f. — {Gard. Chron., 1886, vol. I, p. 331.) — Relie variété rose du C. Trianæ. Lobes latéi-aux du labelle rose clair, disque et apophyses anté- rieures oranges, extrémité supérieure du labelle pourpre. Chacun des sépales latéraux porte depuis la base jusque près de l’extrémité supé- rieure une large bande orange, qui* est la mai'que caractéristique de cette variété. Calanthesanguinaria. — Orchidées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 331.) — Superbe hy- bride obtenu par Sir Trevor Lawrence, l’ama- teur d’Orchidées bien connu. Ses fleurs sont de moyenne grandeur, à sépales et pédoncule très- velus ; pétales aigus, labelle trifide, éperon plus court que l’ovaire appendiculé. La partie extérieure de la fleur est d’un pourpre pâle, l’intérieur rouge sang éblouissant, sépales et labelle plus clair, éperon pourpre. Epidendrum arachnoglossum, Rchh. ,f. var. candidum. — Orchidées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 362.) — VE. arachnoglossum (1), découvert par M. Ed. André dans la Nouvelle- Grenade, a produit, dans son pays d’origine, la jolie variété dont il est question ici, égale- ment introduite en Europe par M. André, et qui ne diffère du type, rose vif, que par la couleur de ses fleurs, qui sont absolument blanches, sauf le callus latéral qui est orange. Cyp)rip)ediumconcolor, Parish, var. Regnieri. — Orchidées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 362.) — Belle variété naturelle du C. conco- lor, découverte au Cambodge par le regretté Auguste Régnier et introduite par M. Godefroy- Lebeuf, d’Argenteuil. Ses fleurs sont grandes et d’un joli jaune tout particulier, avec l’inté- rieur des sépales marqué d’une tache mauve pourpre ; le starninode, entièrement rhomboï- dal, porte deux dents émoussées latérales et sa couleur est jaune d’ocre, avec des taches pourpre foncé, et une bande blanche au front. Ses feuilles sont élégamment marbrées et larges de 5 centimètres. Ed. André. • CORRESPOxADANCE M. J. M. {Châlons-sur-Marne). — La meil- leure époque pour la création et la plantation d’une Cressonnière est le mois d’août, et, à la rigueur, les premiers jours de septembre. C’est donc maintenant que vous pourrez établir la vôtre. Le terrain dans lequel les fosses (1) Voir Ravue horticole, 1882, p. 554. 384 CORRESPONDANCE. (loivoDt être étaljlies sera de pi’élerence de na- ture arg'ilo-siliceuse. Les teri'es sableuses lais- sent })erdre les eaux ; les terrains calcaires ne conviennent j)as aux racines du Cresson; enfin les terres tourbeuses, troj) chaudes, occasion- nent l’été sur les feuilles une altération jiai'ti- culière connue sous le nom de bruLo’e. Votre fosse devra avoir une largeur de 2 à 3 mètres et 5ü centimèti-es de ju'ofondeur, sur laquelle environ lü centimètres seront occupés par l’eau. Si, une fois le déblai de votre fosse exécuté, le fond jirésente un sol favorable, (Laprès ce que nous avons dit ])lus haut, con- tentez-vous de le bien niveler, en conservant une faible pente dans le sens de la longueur, pour que les eaux ne séjournent jias, et, pour la plantation, faites-le seulement détremper par le passage préalable des eaux. Le rendement de voti'e source est bien suffi- sant pour alimenter une cressonnière de di- mensions moyennes; mais faites que ce rende- ment soit régulier, aussi bien l’iiiver que l’été. C’est une condition essentielle. Il est absolument nécessaire aussi que la cressonnière reçoive les eaux presque à la sor- tie de la source; si cette dernière était trop éloignée, les eaux s’échaufferaient en été et se refroidiraient en hiver, et, dans ce dernier cas, votre cressonnière pourrait geler. Au moment de la plantation, enlevez l’eau de la fosse, au moyen d’un canal de décharge, puis disposez dans le fond et en quinconces, en les distançant de 10 à 12 centimètres, de petites touffes de Cresson, en inclinant les tiges du côté du haut de la fosse, de manière que l’extrémité supérieure de cliaque touffe repose entre les racines des touffes de la rangée pré- cédente. L’enracinement aura bientôt lieu, et le Cresson se redressera vite. Dix jours environ après la plantation, vous déposerez sur le sol, entre les touffes, une couche de fumier de vaches, épaisse de 7 à 8 centimètres, que vous tasserez fortement afin de là faire adhérer au sol et ensuite vous laisserez })arvenir l’eau. Il ne vous restera plus qu’à récolter le Cres- son et à entretenir la cressonnière en bon état. Mme de la V, {Seine-et Marne). — Vous pouvez parfaitement cultiver l’Angélique et la préparer pour conserves aussi bien que le font les confiseurs. Semez les graines de cette plante {Angelica archangelica) en septembre, sur une plate-bande exposée au midi et par lignes distancées de 0^15 les unes des autres. Au printemps prochain, repiquez les jeunes plants en terre substantielle, fraîche, profonde, peu compacte et bien exposée, en les mettant à 75 centimètres les uns des autres. Binez et arrosez suivant le besoin. La récolte des tiges se fait au printemps de la seconde et aussi de la troisième année rie plantation. On les coupe au rez de terre et en biseau, à la fin de mai ou au commencement de juin. Voici comment l’on jiréjiare ces figes. Dès que la récolte en est faite, on les ajilatit et on les coujie })ai- fragments longs de 30 centimètres que l’on fait blanchir à l’eau bouillante. Quand elles sont devenues tendres, on les retii-e de la bassine, on enlève les fils ligneux et on les trempe dans l’eau fraîche pour les raffermir. On met ensuite les fragments dans un siroj) de sucre marquant 10 degrés et contenu dans une bassine placée sur le feu. On remue de temps à autre. Lorsque le sirop a jeté ])lusieurs bouil- lons, on retire l’Angélique et on la met dans une terrine où l’on vei se j)areillement le sii'op. Le lendemain, on retire à nouveau l’Angélique du sirop, et on fait recuire ce dernier, que l’on jette ensuite sur l’Angélique. Quelques jours api'ès, on sépare les fragments du sirop ; on fait cuire ce dernier jusqu’à ce qu’il marque 20 degrés environ et qu’il file un peu entre le pouce et l’index sans se rompre, et on le jette sur l’Angélique, où il restera plu- sieurs jours. Enfin, on l'enouvelle encore une fois la même 0]>ération en faisant cuire le sirop jusqu’à ce qu’il atteigne de 26 à 30 degrés, état que l’on reconnaît pratiquement lorsque le sirop file sans se rompre entre les doigts écar- tés l’un de l’autre autant qu’il est possible, et on y jette une ({uatrième fois l’Angélique, que l’on fait bouillir avec lui. Les fragments sont ensuite retirés du siro}) ; on les étend sur des ardoises polies ou des plaques de marbre; on les saupoudre abondamment de sucre et enfin on les fait sécher dans une étuve. La préparation de l’Angélique étant ainsi ter- minée, on la conserve dans des boîtes placées dans un endroit ni trop sec ni trop humide. No 3386 (Hérault). — Avant de répondre à votre demande de renseignements, nous avons voulu savoir si des plantations du genre de celles que vous désirez ont été faites dans des régions similaires. Il résulte de notre enquête qu’il faut renoncer à planter des Eucalyptus dans cette contrée, fût- ce même des espèces rustiques comme VE. amygdalina. Tant que les hivers seront doux, ces arbres pourront y vivre et même y prospérer, grâce à la grande chaleur estivale, mais un hiver à demi rigou- reux gèlerait tout jusqu’au pied. Contentez-vous donc de planter les abords de votre habitation de Peupliers blancs de Hol- lande, d’ Aulnes, de Cyprès et les massifs de Tamarix, de Pourpier de mer (Atriplex Hali- mus) et des quelques essences que vous aurez vues prospérer dans des situations analogues. Mieux vaut quelques es}>èces vulgaires venant bien que des raretés poussant mal. L’Administrateur- Gérant • L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 385 CHRONIQUE HORTICOLE La grêle aux environs de Paris. — Culture de la Ramie en France. — La prime d’honneur de l’Algérie en 1886. — L’agriculture algérienne. — Progrès du Phylloxéra dans l’Yonne et en Californie. — Prix Laisné. — Les Cynghalais au Jardin d’acclimatation. — Les reboisements dans le Puy-de-Dôme. — Rapidité de croissance des Wellingtonias. — Noyage des écussons. — Poirier Bergamote Esperen à feuilles panachées. — La Pêche Amsden au point de vue commercial. — Une Rose dont la répu- tation s’alfaiblit. — Phloæ Drmnmondi à fleurs pleines se reproduisant par semis. — Cueillette des Haricots verts. — Pois nouveaux primés en Angleterre. — Un Melon de pleine terre. — Conservation d’une feuille de Lierre pendant six années. — llluslrationes florœ insularum maris pacifici, — Expositions annoncées. La grêle aux environs de Paris. — Le 9 août dernier, plusieurs communes des environs de Paris : Nogent-sur-Marne, Le Ferreux, etc., étaient ravagées par la grêle. Quinze jours plus tard, le 24, également à l’est et au nord-est de Paris, les communes de Saint-Mandé, Vincennes, Montreuil, Ba- gnolet, Romainville étaient, à leur tour, frappées par le même fléau, mais alors avec une intensité infiniment plus grande : fruits, légumes, les arbres même ont été littérale- ment hachés. Les fleuristes n’ont pas été épargnés, et il en est dont les serres, au nombre de 15 à 20, n’ont pas conservé même un seul carreau ; il va sans dire que les plantes qu’elles renfermaient ont été perdues. Certains maraîchers ont eu plus de 4,000 cloches de cassées, bien que celles-ci fussent remisées, c’est-à-dire mises l’une dans l’autre par groupes de cinq, avec de la paille entre elles, le tout recouvert d’un paillasson. On pourra se faire une idée de l’intensité du fléau, par ce fait que des verres à glace, cannelés de 5 a 6 milli- mètres d’épaisseur, ont été brisés. Dans certains endroits, des claies placées sur les serres n’ont même pu les garantir. Toutefois, le mal n’est pas uniforme; certains cantons sont relativement peu frappés. En général, ce sont les couchants qui ont été le plus maltraités ; les levants, au contraire, ont été à peu près épargnés. Des commissions municipales sont insti- tuées pour aller visiter les propriétés et constater les dégâts; nous tiendrons nos lecteurs au courant des évaluations qui auront été faites, et des moyens proposés pour venir en aide à tous les sinistrés. Au sud de Paris, plusieurs communes : Bagneux, Vanves, Montrouge, ont été aussi ravagées par la grêle, et là aussi les dégâts ont été considérables. Culture de la Ramie en France. — M. Garcin, consul du royaume d’Hawaï, à Grenoble, vient de faire savoir à la Société nationale d’acclimatation que des essais de culture de la P».amie, faits récemment à Grenoble, ont donné de très-bons résultats: la deuxième année, les tiges ont atteint de 1“^ 50 à 2 métrés de longueur. M. Garcin signale, en outre, l’invention d’une machine à décortiquer la Ramie sèche, dont les pro- duits sont tout à fait satisfaisants : la filasse sort de la machine très-nette; il ne reste plus qu’à la peigner pour la filer. La Prime d’honneur de l’Algérie, en 1886. — Nous avons appris, avec une vive satisfaction, que cette prime a été décernée à M. L. Bastide, qui a mis en valeur, dans la banlieue de Sidi-Bel-Abbès, une exploi- tation fruitière modèle. Les cultures de M. Bastide, qui ont été créées par son père, occupent une surface de 26 hectares environ, entièrement entou- rés de murs, et irrigués dans une bonne partie. Cet immense clos est divisé par de belles avenues bordées d’Ormes, de Frênes, de Platanes, de Mûriers, d’Acacias, etc., sous lesquels des bordures de Buis et de Groseil- liers limitent les carrés. 44 hectares sont plantés en Oliviers , dis- tancés dans le principe de 8 mètres les uns des autres, puis de 10 mètres, ce dernier espacement ayant été reconnu préférable. Sur 10 de ces 14 hectares, des Vignes sont plantées en carrés entre les Oliviers, à 1™ 25 les unes des autres, dans une partie, et à 2 mètres dans le reste. Sur 4 hectares, les Oliviers en plein rapport ont été débar- rassés des plantations intercalaires de Vi- gnes, qui doivent seulement permettre au propriétaire d’attendre la complète produc- tion des Oliviers, et disparaître lorsque celle-ci est atteinte. Le reste du clos est presque totalement 17 1er Septembre 1886. 38G CHRONIQUE HORTICOLE. planté en Vignes, les unes pour la tahle, les antres poni- la cuve. Les résultats obtenus par M. Bastide sont des plus satisfaisants à tons les points de vue. Ils résnltent d’une culture intensive, basée principalement sur des fumures et amendements appropriés à la nature du sol, et méritent entièrement d’être donnés comme exemple aux cultivateurs algériens placés dans des conditions analogues. L’agriculture algérienne. — Le Co- mice agricole d’Alger informe cpi’un Con- cours est ouvert jus({u’au 15 juin 1887, pour un ouvrage traitant de l’agriculture algérienne en général. Un prix de 4,000 fr., ofl’ert par le Gouverneur général, sera dé- cerné au meilleur mémoire. Progrès du Phylloxéra dans l’Yonne et en Californie. — On vient de dé- couvrir à Migé, sur la route d’Auxerre à Courson, une tache pliylloxérique dont la superficie est de 25 ares environ. On sait que cette région comprend certains vignobles des plus estimés de la Bourgogne, ce qui aggrave encore l’importance de cette découverte. Il paraît que ce foyer pliylloxérique se développe lentement depuis environ six années et que c’est par suite de l’ignorance du propriétaire de la Vigne attaquée qu’il n’a pas été remarqué plus tôt. On signale également l’apparition du fléau dans les vignes de Chablis et les environs. Bappelons à ce sujet, qu’à la fin de la session dernière, M. le Ministre de l’Agri- culture a déposé, sur le bureau de la Chambre, un projet tendant à ce que les syndicats de défense puissent envoyer de droit des délégués dans les propriétés cul- tivées en Vignes, pour y faire les recherches nécessaires. Enfin, M. Louis Pas.sy vient de faire à la Société nationale d’ Agriculture de France une communication au sujet des ravages par le Pliylloxéra en Californie. Suivant le professeur W. Moorse, du col- lège d’agriculture de San-Francisco, ce Phylloxéra ne serait pas le même que celui que l’on retrouve dans les autres régions des États-Unis. Ses phases de développement sont jusqu’ici incomplètes. Il paraît que le traitement par les vapeurs mercurielles est celui qui réussit le mieux contre lui. Le prix Laisné. — On sait qu’un prix de 100 francs a été fondé par M. Laisné pour être décerné chaque année à l’un des élèves- jardiniers de l’Ecole des Piq)illes de la Seine, à Villepreux. A la suite de l’examen qui a récemment eu lieu, ce ])i’ix a été décerné à l’élève Antonio (Jean-Baptiste), né au Creu- zot en 186(); deux autres élèves, également interrogés, ont reçu chacun un prix de 50 francs. Tueurs noms sont : Plisson (Omer- Constant), né en 1808, et Bousseau (Louis- Jules), né en 1870. Les Cynghalais au Jardin d’acclima- tation. — Le Jai-din zoologique d’acclima- tation donne actuellement l’hospitalité à une caravane très-importante. Elle est composée de soixante-dix Gyn- ghalais (cinquante-sept hommes et treize femmes). Ces habitants de Ceylan arrivent assistés des prêtres de leur religion (la religion de Bouddha), de leurs médecins, jongleurs, danseurs et charmeurs de serpents. Douze éléphants, dont une femelle allai- tant son petit, quatorze zébus trotteurs attelés, et divers animaux du pays, com- plètent cette exhibition considérable. Ces éléphants, dressés au travail, sous la conduite de leurs mahouts, à cheval sur leur cou et armés de tridents, exécutent les travaux de force les plus curieux, trans- portant des troncs de bois énormes, des pierres pesantes, et les alignant avec adresse et précision. Cette exhibition ethnographique met sous les yeux des visiteurs du Jardin d’acclima- tation comme un coin de l’île de Ceylan. Elle ne manquera certainement pas d’attirer l’attention des .savants, aussi bien que du grand public. C’est la treizième fois que l’établissement zoologique du bois de Boulogne fait venir des points du monde les plus divers ces indigènes jusqu’alors connus seulement par les récits des voyageurs. Les habitants de la Nubie, les Esquimaux du pôle, les Fué- giens de l’Amérique antarctique, les Gau- chos des Pampas, les Araucans de l’Amé- rique occidentale, les Gai ibis des grands bois de la Guyane, les Kalmoucks des steppes caspiennes, les Peaux-Bouges des prairies du Missouri, les Lapons des régions glacées de l’Europe septentrionale, sont venus successivement déiîler devant le pu- blic parisien, qui a toujours pris le plus grand intérêt à ces exhibitions instructives. L’exhibition actuelle est peut-être la plus intéressante de toutes, car jamais le Jardin d’Acclimatation n’a présenté à ses visiteurs CHRONIQUE HORTICOLE. 387 une caravane aussi complète et aussi nom- ]) reuse. Nous pouvons ajouter qu’une collection ellmographicfue des plus importantes est mise sous les yeux du public; elle comprend les objets les plus divers provenant de la fabrication indigène. Les reboisements dans le Puy-de- Dôme. — A l’occasion du concours régio- nal de Clermont-Ferrand, M. Bertrand, inspecteur des forêts, a publié une brochure au sujet des reboisements effectués depuis quarante ans environ dans le Puy-de- Dôme ; il en ressort que ces reboisements sont en bonne voie d’accomplissement et qu’ils assureront un très-large revenu aux propriétaires qui les font exécuter. En effet, depuis 1843, 12,000 hectares ont été reboisés, dont 4/5^^^ environ par l’Ad- ministration forestière et le reste par des particuliers. Les reboisements sont surtout compris dans la zone qui s’étend entre 500 et 1,100 mètres d’altitude; plus haut, le vent s’oppose souvent à la réussite des arbres. Dans les essences résineuses, le Pin sylvestre est celui qui donne les meilleurs résultats. Le Chêne peut lui être adjoint, mais seulement jusqu’à une altitude de 800 mètres. Les frais de reboisement d’un hectare peuvent être évalués à 97 francs et les capi- taux consacrés à cette œuvre si utile au point de vue général rapportent annuel- lement un intérêt variant de 6 à 9 p. 100. Rapidité de croissance des Welling- tonias. — Le Wellingtonia {Séquoia gi- gantea) est peu employé dans la plus grande partie de la France à cause de l’incon- vénient grave qu’il présente de se dégarnir de la base. Nous l’avons souvent planté au milieu de massifs d’arbustes à feuilles per- sistantes, où sa flèche légère, s’élançant hardi- ment au-dessus de plantes basses, produisait un joli effet. Dans nos régions de l’Ouest et en Angleterre, les Wellingtonias ne se dégar- nissent pas et ils acquièrent une rapidité surprenante de végétation. A ce propos, voici les dimensions actuelles, citées par le Gardeners’ Chronicle, d’un Wellingtonia planté tout jeune, en 1864, à Wansfell (Angleterre). Cet arbre mesure 13 mètres de hauteur et ses branches forment à la base une masse de 10 mètres de diamètre. Noyage des écussons. — Par ce terme, les praticiens désignent l’avortement des écussons, qui, après être posés, se collent mais dont l’œil no se développe pas. Ce fait est dû à une trop grande quantité de sève qui afflue vers l’œil et qui en empêche le développement. Un moyen usité par les jar- diniers pour éviter cet inconvénient consiste à été ter le sujet ou à le tourmenter en lui en- levant quelques branches, lors de la greffe, de manière à produire une perturbation ou sorte de réaction dans la marche de la sève, suffisante pour modérer son action, mais pas assez pour l’entraver complètement. Poirier Bergamote Espéren à feuilles panachées. — Cette variété, des plus orne- mentales par l’élégance de sa panachure, a présenté deux sortes de phénomènes : la spontanéité d’apparition, puis la constance, c’est-à-dire la fixité aussitôt après cette apparition. Nous croyons dès aujourd’hui devoir faire remarquer que le phénomène de la spontanéité qui s’est manifesté dans cette circonstance est double. Bien que provenant d’un écusson normal, c’est-à-dire vert, il a produit un bourgeon vigoureux, à feuilles bordées d’un très-beau blanc, carac- tère qui jusqu’ici s’est maintenu sans au- cune variation. Mais, ce qui accroît la singu- larité du fait, c’est que les feuilles sont également différentes de celles de la Berga- mote Espéren type, dont provenait l’écus- son ; elles sont plus étroites et plus longues, et rappellent assez celles de certaines Asté- roïdées arborescentes du genre Euryhia; elles ont aussi quelque rapport avec cer- taines variétés panachées des Prunus lusi- tanica. La Pêche Amsden au point de vue commercial. — Lorsque, il y a une dizaine d’années, on introduisit en France la Pêche Amsden, on était certainement loin de pré- voir l’important rôle qu’elle était appelée à jouer; aujourd’hui même, heaucoup de personnes ignorent la part considérable que prend cette variété comme plante de com- merce, dans le Var, notamment. Ainsi, notre collaborateur, M. Charles Baltet, nous assure que deux établissements, à Hyères, en ont expédié, cette année, jusqu’à 2,000 kilogrammes par jour. Une Rose dont la réputation s’affai- blit. — C’est la fameuse Pœse aux 5,000 dol- lars, William- Erancis Bennett. Voici ce qu’en dit encore un organe autorisé, le Journal des Poses, dans un de ses derniers numéros : 388 CHRONIQUE HORTICOLE. Appréciations sur la Rose William-Francis Bennett. — Le 18 avi'il dernier, M. Pernef fils- Duclier, rosiériste à Lyon, présentait à la réu- nion de VAssociation horticole lyonnaise un Rosier en pot, en boutons, de la Rose Wil- liam-Francis Bennett. Le présentateur fit observer, avec raison, que l’obtenteur avait vendu cette Rose comme un Thé, alors que c’est un hybride de Tbé, et qu’au point de vue de sa duplicature, elle laisse un peu à désii-er. Sous verre, dit M. Pernet, cette variété semble bien boutonner. Nous partageons l’avjs de noti'e collègue, M. Pernet fils. Ayant planté plusieurs pieds de la Rose en question, nous avons obtenu, ce printemps, quelques rares mais beaux boutons sur les sujets préalablement couverts par des cloches. Quant aux Rosiers laissés en plein air, nous, n’avons pas môme eu un seul bouton convenable. La vigueur de la Rose William-Francis Bennett n’est pas non plus extraordinaire, car les sujets que nous avons plantés, voilà plus d’une année, dans d’excellentes conditions, sont loin d’égaler les autres variétés de Thés, môme les plus chétives, placées auprès d’eux. Si l’on réfléchit qu’il s’agit de faits rap- portés et appuyés par le témoignage de gens compétents, on sera liien forcé de re- connaître qu’il y a là de quoi refroidir l’en- thousiasme qui pendant longtemps a excité tout le monde horticole pour cette Rose. Peut-être aussi y a-t-il là une raison qui milite en faveur de la formation de la So- ciété des Rosiéristes français (i). Phlox Drummondi à fleurs pleines se reproduisant par semis. — De même qu’nn grand nombre d’autres plantes d’or- nement, les Phlox Drummondi ont succes- sivement présenté le phénomène de la for- mation de très-nombreuses variétés, qui se sont fixées et ont formé des races se repro- duisant invariablement par graines. Mais, outre ces variations, on en remarquait quel- ques autres qui se présentaient ça et là dans les cultures, souvent sur des points éloignés les uns des autres, parfois même dans des pays différents, soit en Allemagne, soit en Angleterre. Ce caractère, c’était la duplica- ture, qui est aujourd’hui un fait accompli, et que nous avons plusieurs fois constatée dans les cultures de MM. Vilmorin et Plusieurs variétés ou races sont aujourd’hui en voie de formation; quelques-unes sont tellement fixées que sur plusieurs cen- taines d’individus c’est à peine si l’on en trouve un qui s’écarte du type, tant par sa dn])licature que pour la reproduction des couleurs el même des nuances. Il y a donc là une double fixation : celle d^ la duplica- ture et celle de la variété. Cueillette des Haricots verts. — La manière de faire cette opération n’est pas indifférente, tant s’en faut; elle diffère, au contraire, suivant le Init que l’on se pro- pose. Si les plantes sont destinées à produire des « couteaux » ou « filets », il faut, lors de chaque cueillette, enlever tout ce qui est l)on à consommer, et n’en jamais laisser de plus avancés, par cette raison qu’ils sont (( trop gros })our être consommés de cette manière », car alors, ceux-ci s’emparant d’une grande partie de la sève, il ne s’en formerait plus de nouveaux. Il faut donc, au contraire, à chaque cueillette, enlever tous les Haricots lions à prendre, dùt-on les jeter s’ils étaient jugés un peu trop forts pour être mangés en (( couteaux ». En gé- néral, plus on cueille, plus la récolte se pro- longe. Pois nouveaux primés en Angleterre. — On sait que les cultivateurs anglais apportent un soin extrême au choix de leurs semences. Cette précaution bien justifiée n’est malheureusement pas toujours sui- vie en France, liien que ce soit le seul moyen d’arriver à la perfection des pro- duits. Voici, par exemple, le résultat d’un examen récemment fait à Chiswick par une commission spéciale, sur un grand nombre de Pois nouveaux. Famé (Eckford). — Pois ridé vert, à grande cosse liien pleine, vert foncé ; hau- teur 1”' 60. Empress (Eckford). — Pois ridé blanc, à cosse grande et large, bien remplie, végé- tation vigoureuse ; hauteur : 60. Semis n^ 16 (Wildsmith). — Pois ridé blanc, cosses très-longues, végétation vigou- reuse ; hauteur : l'“ 30. Président Garfield (Veitch). — Pois ridé lilanc, à grandes cosses bien pleines ; hauteur l'“15. Semis innommé (Sharpe et G‘^). — Pois bleu, ridé, nain. Un Melon dep leine terre. — Cette variété présente des qualités telles que nous considérons comme n;i devoir de la signaler dès aujourd’hui aux lecteurs de la Revue horticole. C’est le Melon Pagot, variété (1) Voir Revue horticole., 1886, p. 289. CHRONIQUE HORTICOLE. 389 si robuste, que, dans le département des Vosges, ou nous l’avons trouvée, elle vient parfaitement en pleine terre sans aucun autre soin que de l’arroser au besoin. Ja- mais non plus on ne taille ce Melon; on se borne à couper les extrémités lorsqu’elles dépassent les limites qu’on lui a assignées. Sa production est prodigieuse. On pourra s’en faire une idée par ces chilfres ; 12 pieds ont donné, l’année dernière, 97 fruits pe- sant de 4 à 11 livres, et de qualité ex- quise. On peut, par cette courte mention du Melon Pagot, conclure que c’est une va- riété de premier mérite. Conservation d’une feuille de Lierre, pendant six années. — M. Emile Mer vient de faire connaître à la Société de bo- tanique de France le résultat d’une expé- rience à laquelle il a soumis, du mois d’oc- tobre 1870 au mois d’octobre 1882, une feuille de Lierre (var. Inbernica) détachée d’un rameau. Le pétiole de cette feuille fut, jusqu’au mois de mai 1877, plongé par sa partie in- férieure dans l’eau. Il se forma, à cette époque, un bourrelet qui se garnit bientôt de radicelles. La feuille fut alors empotée dans un godet rempli de terre, et les ra- cines, devenant nombreuses, l’y fixèrent solidement. Cette feuille vécut ainsi pendant six années, époque à laquelle l’expérience prit lin, et, pendant ce temps, aucun bour- geon ne se développa, contrairement à ce qui a lieu pour les Bégonia. Ainsi que l’a fait observer M. Mer, c’est l’absence de tout bourgeon qui a permis à cette feuille de vivre aussi longtemps; s’il s’en était développé, le bourgeon aurait pro- duit une plantule qui aurait épuisé à son profit les matières de réserve de la feuille- mère. Illustrationes floræ insularum ma- ris pacifici. — Le second fascicule du re- marquable ouvrage que M. E. Drake del Gas- tillo consacre, sous ce titre, à la flore des îles de l’Océan pacifique (1), vient de paraître. Il comprend la description, avec dessins d’en- semble et analytiques, de Optantes, dont trois (1) Voir Revue horticole., 1886, p. 207. espèces nouvelles : Weinmannia Vescoi, Uragoga Franchetiana et Pliyllostegia linearifolia. Les autres espèces, antérieu- rement décrites, sont : Bulineria ialii- tensis, Nauclea F or nier i, Uragoga spe- ciosa, U. irichoealyx, U. tahilensis, U. Lepiniana. Nous avons retrouvé, dans cette seconde partie, les mêmes qualités descriptives et critiques que nous avions constatées dans la première et nous louons M. E. Drake de sa persévérance à nous faire connaître, avec exactitude, la très-in- téressante flore de ces régions lointaines. Expositions annoncées. — Une expo- sition agricole et horticole aura lieu à Mont- morency du 11 au 2ü septembre prochain, et comprendra, outre des plantes, des olijets d’art et d’industrie se rattachant plus par- ticulièrement à l’horticulture. Les demandes pour exposer devront èlre adressées, avant le 27 août, à M. Louvet, secrétaire général de la Société d’horticulture de Montmorency. Le Jury se réunira au local de l’Exposi- tion, le samedi 11 septembre 1886, à dix heures du matin. — Du lundi 25 au dimanche 31 oc- tobre 1886, la Société d’horticulture de Seine-et-Oise fera à Versailles, dans le han- gar aux manœuvres de l’école d’artillerie, avenue de Paris, une exposition qui coïnci- dera avec le Congrès pornologique de l’ouest de la France, qui se réunira à Versailles à cette même époque. Vu la circonstance, cette exposition sera spéciale aux fruits de table et aux arbres fruitiers. Tous les horticulteurs, agriculteurs et amateurs français et étrangers seront admis à concourir. Les récompenses, consistant en médailles d’iionneur, en médailles d’or, de vermeil, etc. , seront décernées le dimanche 31 octobre. Les demandes pour exposer devront être adressées à M. le secrétaire général, à Ver- sailles. Le jury se réunira le mardi 26 octobre à neuf heures très-précises du matin. Des expositions d’horticulture auront éga- lement lieu à Alençon, le 6 octobre; à Tournai, le 12 septembre; et à Jodoigne, le 19 septembre. E.-A Carrière et En. André. 390 CONSEILS AUX AMATEURS 1)E PÈCHES. CONSEILS AUX AMATEURS J)E PÊCHES La restriction que nous semblons faire en disant : Conseils aux amateurs, doit être prise dans un sens relatif, car le conseil est bon pour tous, aussi bien pour les cultiva- teurs, les borticulleurs, que pour les ama- teurs et même pour tous les paysans. Cette détermination (( aux amateurs » sous-entend que l’amateur qui n’a souvent qu’un petit terrain à sa disposition n’en aime pas moins les Pêches, et par suite il ne serait pas fâché d’avoir beaucoup de va- riétés de Pêchers, afin d’en pouvoir manger les fruits pendant toute la saison, ce qu’il peut faire. Voici comment : Planté en espalier dans de bonnes condi- tions, le Pêcher, en général, exige beau- coup de développement, ce qui, du reste, est indispensable dans le cas où nous nous plaçons. Ceci entendu, nous disons : Planter une variété vigoureuse et qui puisse se défendre partout, même dans des conditions relative- ment mauvaises ; puis établir une char- pente solide qui alors sera l’équivalent d’un bon sol, c’est-à-dire propre à recevoir toutes les bonnes variétés de Pêches et de Bru- gnons. A ce point de vue, les qualités es- sentielles d’un Pêcher sont une grande vigueur et une forte robusticité ; quant à son emplacement, lorsqu’on aura le choix, on plantera au levant. En ce qui concerne l’extension, elle devra être en rapport avec la vigueur des arbres et l’étendue de mur dont on dispose. Ces conditions remplies et Varhre-sujet commençant à rapporter, on greffe par ordre de maturité ou plutôt de vigueur, les varié- tés robustes en bas, les plus délicates vers le sommet, où la sève se porte principa- lement. Disons toutefois que l’ordre de place- ment des variétés pourra et devra même au besoin être interverti, de manière que l’arbre-sujet conserve une vigueur à peu près uniforme dans toutes ses parties. D’autre part, cette disposition présentera un autre avantage : d’avoir des fruits mûrs à la fois sur les diverses parties de l’arbre, ce qui n’est pas indilférent. Faisons encore remarquer que, au point de vue de la production, le surgreftàge des Pêchers présente de sérieux avantages. D’abord les fruits deviennent plus gros et plus beaux que lorsque la même variété oc- cupe tout un arbre, et aussi, en général, que ces fruits paraissent mieux se conduire, c’est-à-dire qu’ils sont moins sujetsà tomber et que les fleurs nouent mieux. Il y a donc là quelque chose d’analogue à ce qui se passe sur les Poiriers, auxquels on applique la greffe de boutons à fruits. Arbres-sujets. — Bien qu’il n’y ait rien d’absolu, et que, suivant le climat ou le mi- lieu, on puisse choisir comme arbre porte- greffes telle ou telle variété bien appro- priée aux conditions dans lesquelles on se trouve , nous croyons néanmoins devoir appeler l’attention sur deux variétés qui, en général, nous paraissent réunir le mieux les conditions favorables : ce sont la Grosse Mignonne et la Superbe de Choisy ; cette dernière surtout est d’une vigueur extraor- dinaire. Pourtant elle a deux défauts : d’être sujette au blanc (Erisiphe persicæ), et aussi d’être peu fertile, ce qui, ici, n’est que secondaire, l’arbre ne devant presque servir que comme sujet. Entretien des variétés plaeées sur les arbres- sujets. — Ainsi qu’on doit le penser, les variétés n’étant jamais de tempéra- ment ni de vigueur semblables, il faut donc pour les conserver surveiller leur végétation, protéger les unes, modérer et affaiblir les autres, ce à quoi l’on arrive par les moyens connus de tous les cultivateurs. Néanmoins, et malgré tous ces soins, il est des variétés qui s’épuisent et disparaissent plus vite que d’autres ; il faut donc les remplacer en les greffant sur d’autres parties de l’arbre reconnues propres à cet usage. Faisons tou- tefois remarquer que, une fois planté, V arbre-sujet n’est pas le seul propre à rece- voir de nouveaux greffons, chacun de ceux qui y ont été successivement placés pouvant lui-même devenir sujet, de sorte qu’un arbre un peu fort est une sorte de colonie sur laquelle vit une foule d’individualités. Au cultivateur donc appartient la surveil- lance de celles-ci, de manière que toutes puissent vivre en bonne harmonie. Après avoir expliqué ce que l’on doit entendre par arbre-sujet et fait connaître les principales qualités qu’il doit possé- der, nous allons, comme exemple d’applica- tion pratique, indiquer un certain nombre de bonnes variétés de Pêches à l’aide des- quelles on pourra récolter des fruits pendant trois mois et même plus : ce sont celles que, LA. DÉCORATION FLORALE AU JARDIN DU LUXEMBOURG. en général, on cultive à Montreuil. Les voici par ordre approximatif de maturité : Amsden, Précoce Alexander, Mignonne hâtive, Mignonne ordinaire, Galande, Madeleine de Courson, Henry Pinaud, Mignonne tardive, Belle Beausse, Bonou- vrier. Bien qu’avec ces quelques variétés on puisse récolter des Pèches de juillet à octobre, on peut néanmoins en ajouter quel- ques autres intermédiaires, c’est-à-dire qui, par la maturité, viennent prendre place çàet là entre les autres, par exemple les Pèches Early Hivers, Alexis Lepère, Blondeau, Nivette veloutée. Belle Impé- riale, Baltet père. On peut aussi y joindre quelques Brugnons, par exemple. Violet hâtif, de Féligny, Pitmaston Orange, Bowden, Lord Napier surtout. B est bien entendu que cette liste n’est pas absolue, que les variétés indiquées ne sont pas les seules que l’on peut employer et que, suivant les conditions de sol ou de climat, l’on pourra ajouter, retrancher ou remplacer certaines variétés par d’autres mieux appropriées. Néanmoins on pourra en tenir un grand compte, ces variétés ayant été choisies parmi celles considérées comme les plus méritantes. B va également de soi que le nombre de greffes pourra varier suivant le besoin, c’est-à-dire que l’on pourra répéter telle ou telle plusieurs fois, tandis que telle autre ne figurera qu’en petit nombre. Ces choses ne relevant que de la pratique, c’est à chacun qu’il appartient de les régler sui- 391 vant ses besoins et le but qu’il cherche à atteindre. Une autre observation que nous croyons devoir faire est relative au sujet- type, c’est- à-dire à celui sur lequel V arbre-sujet devra être greffé. Devant être en contact direct avec le sol, il devra donc pouvoir s’accom- moder de celui-ci et s’y bien comporter, ce qui est une affaire toute pmtique dans laquelle, outre le sol, il faudra aussi tenir compte du climat. Ainsi dans telle localité le sujet-prime ou type devra être un Pru- nier de telle espèce, ailleurs d’une autre espèce, tandis que dans telle ou telle autre condition, on devra prendre soit un Aman- dier, soit même un Pêcher. Les avantages que présente le système que nous préconisons sont nombreux; nous allons les résumer : De récolter sur quelques arbres ou même sur un seul des Pêches pendant toute la saison, c’est-à-dire pendant trois mois et même plus ; 2» De n’avoir qu’un nombre limité et déterminé de chaque variété, suivant son mérite ou le besoin qu’on en a ; 3» De n’avoir qu’une petite quantité d’arbres à entretenir, ce qui permet de les mieux soigner. Somme toute, ce procédé permet de réunir et de concentrer dans un espace rela- tivement restreint tous les avantages, — toutes proportions gardées, bien entendu, — qui se trouvent dans les grandes cultures. E.-A. Carrière. LA DÉCORATION FLORALE AU JARDIN DU LUXEMEOURG Le Jardin du Luxembourg, dont la créa- tion remonte à l’année 1612, époque où les premiers dessins en furent faits par de Camp, « maistre jardinier », forme, avec celui des Tuileries, les seuls types de jardins français que possède la ville de Paris. Les Tuileries, si on en excepte les parterres, qui heureusement ont conservé leurs lignes de contours extérieurs ne présentent qu’une série de plantations d’alignement, composées d’arbres aujourd’hui assez mal venants pour la plupart. B en est tout autrement du Luxembourg, auquel un plan d’ensemble plus étudié, une ornementation architectu- rale d’une grande pureté de lignes et des arbres séculaires magnifiques de développe- ment et de vigueur donnent un intérêt de premier ordre. Quoi de plus beau que cette avenue de Platanes qui recouvrent la pelouse rectangulaire à l’extrémité de laquelle s’élève la Fontaine deMédicis! Quelle ma- jesté dans l’avenue qui fait pendant à cette dernière, de l’autre côté du Palais, près de l’Orangerie, et dont les arbres, qui n’ont jamais été élagués, laissent retomber pres- que jusqu’à terre leurs branches aux for- mes contournées ! Et cette avenue de Mar- ronniers de l’Observatoire qui, bien que sectionnée, conserve toujours sa gran- deur imposante! Tout cela est fort beau, assurément, et encadre d’une façon gran- diose les parterres, dont nous allons par- ler. Tout récemment, en visitant ce jardin, nous avons été frappé de l’heureux aspect des parterres et corbeilles, au point de vue du 392 LA DÉCORATION FLORALE AU JARDIN DU LUXEMBOURG. clioix des plantes, de leur végétation, et de la combinaison des couleurs. Grâce à M, Jolibois, l’habile jardinier-clief du Luxembourg, nous avons obtenu des notes (jui nous permettent aujourd’bui de donner la descri])tion détaillée de cette orne- mentation llorale si réussie. Les plates-bandes des grands parterres (pii font face au Palais, dans l’axe de l’Ave- nue de l’Observatoire, ont, on le sait, de })lace en jilace, de Ibrtes tou fiés de Lilas de Perse et d’Althéas, taillées régulièrement. Entre ces arbustes, et sur la môme ligne, 011 a planté de très-lbrtes tou (les de Pélar- goniums zonales type, d’une seule couleur, carmin foncé. On peut direijue ces Pélargc- niunis forment la principale décoration llorale du Luxembourg. Ce sont d’énormes toulfes, liantes de 2'^' 25 sur 4 mètres de circonférence’, littéralement couvertes de Heurs du liant en bas ; leur forme est ovoïde allongée, et, au nombre de cent environ, ils constituent dans les parterres une garniture éblouissante. Toujours sur la même ligne ont été répartis des Pvoses : trémières variées, Gaiira Lindheimcri^ Casinos bipinnatus, Dahlias variés, Plilox variés et Callio- jjsis. Ces plates-bandes ayant 2"^ 25 de lar- geur, trois rangées de plantes ont été disposées de chaipie c(jté de cette ligne centrale. Au total : sept lignes. La deuxième ligne a reeii : Tayetes i^atida, Ptarrnica vuhjaris porc plcno, Glaïeuls variés. As- ter 'maltiporus, Zinnias variés. La troi- sième ligne : A(jeratumcœlestinum, Phlox sijringæftora., Anthémis du Luxembourg, Tafjctes lucida. Enfin, la ligne de pourtour est uni({uenient composée de Pélargoniunis Tom Ponce, dont la couleur pourpre uni- torme limite d’une manière vigoureuse cet ensemble constellé de Heurs de toutes cou- leurs. Les iilates-bandes des parterres cpii ac- compagnent le Palais, à droite et à gauebe, ont seulement P‘‘ 50 de largeur. Elles n’ont reçu que trois lignes de plantes, ainsi choi- sies : Ligne du milieu, de 5 en 5 mètres, un Piosier à haute tige ; dans l’intervalle, une Pmse trémière ; puis : Fuchsia Daniel Lambert, Agératum cœlestinum, Aster midtijtorus, Glaïeuls variés. Cosmos hipin- natus, Gaiira Lindheimeri, Phlox variés, CaUiope lanceolata, Fuchsia Rose de Cas- tille. Bordure : Pélargoniunis Nosegag pour- pres, Lin vivace. Balsamines variées, Pélar- goniums Victor Hugo, Tagetes lucida, I Héliotropes variés, Pélargoniunis blancs. Anthémis du Luxembourg. Tels sont les éléments à l’aide de.squels M. Jolibois a formé cette année de ra- vissants [larterres. Nous savons que chaque année il change ses combinaisons; mais nous doutons (ju’il en trouve de jilus réus- sies ({lie celles que nous venons d’indi- quer. En parcourant les jardins de style paysa- ger, créés dans le Luxembourg il y a une vingtaine d’années, nous avons remarqué les corbeilles sei vantes : Grande corbeille ovale : fond VAchyran- tlics Verscha/felti, sur lequel sont des Erythrines Crête de Cog clairsemées. En bordure : premier rang : Agératum Cupi- don, nain ; deuxième rang : Bégonia Bruanti ; troisième rang: Pélargonium Gloire de Paris, remontant, rose vif. Cor- beille à mi-ombre: Pélargonium Paul- Juouis Courier, rouge sang; bordure: Madame Thibaut, rose, à Heurs doubles. Grande corbeille oblongue, longueur 15 mètres : Cyperus Papyrus et alterni- folius en mélange. Bordure : premier rang : Bégonia semper/lorens rosea ; deuxième rang : Achyranthes acuminata ; troisième rang : Bichardia albo-macidata. Grande corbeille ovale, longueur 12 mè- tres. Fond: Achyranthes acuminata, pibs duquel sont plantés, à P“ 50 les uns des autres, àesWigandia macrophylla. Bor- dure : premier rang : Bégonia sernperflo- rens alba ; deuxième rang: B. s. rosea; troisième rang : Cyrtanthera magnifica. Corbeille à l’ombre: Caladium odorum, entre lesquels : Iledyehium \Cardneria- num, Cyperus alternifolius variegatus. Bordure : Commelina zebrina. Nous avons remarijué d’autres corbeilles intéressantes ; mais nous ne pouvons les décrire toutes. Isolés ou groupés sur les pelouses , on remarque : de forts exemplaires de Fuchsia gracilis, livrés depuis plusieurs années à la pleine terre, et que l’on couvre seulement d’une couche de feuilles, à l’au- tomne, après les avoir rabattus rez-terre. Ils donnent, depuis mai jusqu’aux gelées, une profusion de ravissantes fleurs rouge sang ; des Rosiers Triomphe de la Guillot- tière, énormes touffes qu’on laisse pous- ser librement, en les taillant très-légère- ment, sans détruire leur forme naturelle, pour éviter que la grandeur des fleurs ne diminue, etc. Outre l’intérét général qu’elles présen- NOUVEAU MODE D’ORNEMENTATION. 393 tent, les listes que nous venons de donner ont encore celui de faire connaître les plantes qui supportent sans en soutïrir l’air vicié d’une ^u'aude ville. Toutes celles que nous avons citées ont fait leurs preuves, et on peut sans aucune crainte les employer dans de semblables conditions. Ed. André. NOUYEAU MODE D’ORNEMENTATION Dans le mode d’ornementation dont nous allons parler, tout est nouveau : sujets plante, traitement. L’inventeur est M. Pa- trie, jardinier en chef au Jardin d’acclima- tation du Bois de Boulogne. Voici dans quelles circons- tances il a été amené à appli- quer ce procédé. En septembre 1885, cet intelli- gent praticien eut l’idée d’utiliser des vieux troncs de Balantium antarcticum, morts depuis longtemps. Il les mouilla profon- dément d’abord, de manière à en attendrir toute la partie spongieu- se, dans laquelle, avec une lame de couteau, il fit de petites ou- vertures trans- versales où planta des extré- mités de phyl- lodes munies de boutons de VEpi- phyllum trun- catum, qui ne tardèrent pas à s’enraciner et même à fleurir comme elles l’au- raient fait si on ne les eût pas coupées, de sorte qu’elles produi- sirent l’effet dé- coratif dont la figure 103 peut donner une idée. Quant aux soins à donner à ces plantes, ils sont presque nuis, puisqu’ils consistent à tenir les souches plus ou moins humides en raison de la végétation. Les formes, la nature des plantes, de meme que celles du sujet, ainsi que sa dis- position, pourront varier suivant le but ou le goût. Ainsi, au lieu de mettre des plantes d’une même nuance, on pourra les varier de manière à avoir des contrastes à effets prévus. On peut aussi varier en employant d’autres espèces que des Cactées, pourvu qu’elles soient d’une re- prise aussi facile et d’une crois- sance aussi régu- lière que celles dont nous par- lons, mais avec une floraison dif- férente. Pour ce qui est de la forme et de la nature du sujet, c’est-à-dire du support ou sol improvisé, il n’y a rien d’absolu et l’on peut varier à l’infini. Ainsi, au lieu d’un tronc de Fougère, on pourrait employer des troncs ou des branches d’arhres que l’on entoure- rait d’une couche de Mousse dans laquelle ou pi- querait les plan- tes ou les boutu- res. Cette Mousse devrait être main- tenue autour des supports, soit avec des clous, soit avec des fils de plomb, qui, tou- tefois, devraient disparaître dans la Mousse. Suivant le besoin et l’importance des su- jets, on pourrait, aux plantes grasses, en ajouter d’un autre genre mais pouvant éga- Fig, 103, — Tronc de Fougère en arbre [Balantium antarcticum) garni ù." EpiplujUum truncatum, au 1/20. 394 RAISINS PRÉCOCES. lement s’accommoder de ces conditions par- ticulières de végétation, telles que Bromé- liacées, Aroïdées, etc., et meme des plantes grimpantes-tapissantes , par exemple des Ficus slipulata ou des espèces analogues. Le principe étant connu, on pourra l’appro- prier diversement afin que ses conséquences puissent correspondre aux besoins particu- liers qui pourraient se présenter. Pour ter- miner la colonne ornée, on peut mettre une tout autre espèce que celle dont est garnie cette colonne. Ce point, non plus, n’est soumis à aucune règle autre que celles de l’harmonie et des contrastes qui doivent exister dans tout ce qui concerne l’orne- mentation. E.-A. Carrière. RAISINS PRÉCOCES Raisins très-iiatifs. — La Made- leine royale est un Raisin de premier ordre les années où il ne pleut pas à l’époque de sa maturité; sa grappe est belle ; son grain, assez gros, est très -bon. Dans les années pluvieuses il pourrit faci- lement. Je ne l’ai jamais vu atteint de l’an- trachnose qui, du reste, sévit rarement en Provence ; le Muscat d’ Alexandrie ^ cepen- dant, en est quelquefois attaqué. V Agostonga (vert de Madère du comte Odard), vigoureux, sain, d’une fertilité très-grande, mûrit, sans être fatigué, une quantité de Raisins supérieure à celle que donnent les Chasselas ; il ne craint pas les pluies, mais sa grappe trop serrée, son grain peu coloré à peau trop fine, en font un mauvais Raisin de marché. Il donnerait d’abondantes récoltes là où l’on cultive pour la cuve le Fendant qu’il devance de douze à quinze jours. Il pourrait aussi être mélangé avec le Portugais bleu (Blaucr Portugieses) de même époque de maturité. Le Chasselas royal rose a la propriété d’être très-précoce aux expositions chaudes, où il mûrit dès le 1*’’’ août, et de retarder sa maturité jusqu’aux premiers jours de sep- tembre en plein vignoble. Ses grappes ne sont que moyennes, mais elles sont très- nombreuses. Son grain, moyen, est ex- cellent. Il a besoin de fumures fréquentes pour soutenir sa grande et constante fer- tilité. On augmente d’au moins un tiers la gros- seur des grappes et on en double la quan- tité en greffant sur Vignes américaines cette variété, comme tous les autres Ptaisins fer- tiles. C’est un fait que je puis démontrer aux détracteurs des Vignes américaines et que j’attribue à la greffe pour la fertilité et la précocité de rapport et à la puissance de végétation des Vignes américaines, pour l’augmentation de Amliime des grappes. Je puis nommer comme R.aisin précoce le Chasselas Jalabert, qui diflere du Chasselas doré par une maturité de huit à dix jours plus prompte, et par des grappes un peu moins fortes. Le Chasselas Vibert et la Madeleine Vibert sont de bons R.aisins, mais à grappes un peu courtes, trop serrées, de vigueur à peine moyenne. 2» Raisins de maturité moyenne. — Les Chasselas font la base des Piaisins de cette époque ; ils en sont certainement les plus avantageux et les meilleurs. Il y a vingt ans à peine on les dédaignait en Pro- vence, on les trouvait trop peu sucrés, mais actuellement les Chasselas blancs obtiennent les meilleurs prix et ont conquis la place qu’ils méritent. Ils s’accommodent de tous les terrains, de toutes les expositions et de toutes les formes ; leur fertilité est très-grande; ils demandent en conséquence une taille courte et craignent d’être trop chargés. Une récolte exagérée amène souvent la jaunisse et quelquefois le Cottis. Dans ce dernier cas, le meilleur re- mède est de rabattre la souche aussi bas que possible, de fumer largement et de refaire la charpente, en ménageant la production pendant deux ans. Le Chasselas doré, dit ici de Fontaine- bleau, n’a pas encore été dépassé. Il est vigou- reux, très-fertile, de bonne conservation sur la souche et dans le fruitier ; ses grappes sont belles ou très-belles, ses grains, assez gros, sont dorés et excellents. Le Chasselas Queen Victoria diffère si peu du C. doré qu’on peut les confondre ; il y a cependant de légères nuances qui permettent au col- lectionneur d’en faire deux variétés. Le Chasselas de Montauban à grains transparents (d’André Leroy) est une variété bien distincte et la plus belle du genre ; le grain est plus gros, la grappe un peu longue et moins ailée ; son grain, un peu plus gros et transparent, est excellent. Il mûrit quel- ques jours après le C. doré. Cette variété n’est donc pas le Chasselas Coulard qui mûrit huit jours avant, mais elle doit en 395 UN NOUVEAU PROGRÈS DANS I>’ART DU GREFFAGE. provenir parce que quelquefois elle coule légèrement. Le Chasselas de Flovenee, un peu plus précoce que le Chasselas doré, est très-bon, pèche ses grappes sont moins belles et il mais par la vigueur. Le Chasselas Dupont est le plus avanta- geux des Chasselas roses ou rouges de cette époque : il a toutes les qualités du Chasselas doré et n’en diffère que par sa couleur rose foncé très-agréable. Il a distancé le Chas- selas de Négrepont, de nuance moins jolie, à grappes trop serrées et moins vigoureux. Le Chasselas de Falloux est excellent, mais sa grappe est à peine moyenne. Le Chasselas violet lui est bien supérieur, c’e.st une excellente variété trop fertile, qui demande une taille extra-courte parce qu’il craint beaucoup le Cottis. Le Chasselas des Bouches-du-Rhône, de notre compatriote M. Besson, est un des meilleurs Raisins de table ; son grain rosé est agréablement parfumé, mais , comme presque toutes les variétés récentes, il est d’une vigueur exubérante et a besoin d’une forte « charpente » pour donner des fruits en quantité suffisante. Je me réserve de parler ultérieurement des Vignes de semis. Le Bellino est le meilleur des Raisins noirs de cette époque. Il est d’une bonne vi- gueur et d’une fertilité soutenue ; sa grappe, lâche et un peu trop claire pendant les années de coulure, est longue et ailée ; ses gros grains ovales, excellents, mûrissent dans la première quinzaine d’août. Le Bel- lino est d’origine italienne et est absolu- ment identique à V Impériale noire, variété mise au commerce par M. Robert-Moreau. M. le chevalier de Rosavenda s’en est bien assuré en visitant mes cultures. Du reste cette variété est trop distincte pour qu’il y puisse y avoir un doute. he Frankenthal\m succède et lui est infé- rieur comme qualité, mais sa production est plus abondante en grappes . courtes un peu trop serrées. C’est un Raisin très-avanta- geux pour le marché, oû il est recherché. Plusieurs Muscats mûrissent en août, mais je consacrerai un article spécial à ce groupe de Raisins. Paul Giraud. m NOUVEAU PROGRÈS DANS L’ART DU GREFFAGE L’art de greffer est complexe ; on peut le partager en deux parties : la première, qui comprend les faits, c’est la pratique; la deuxième, qui cherche à les expliquer, et par suite à en déduire des règles géné- rales, c’est la théorie. La pratique comprend, outre tous les modes de greffage, les différents procédés d’exécution ; on les a bien des fois, et nous n’avons pas à les indiquer, puisqu’ils sont connus de tous ceux qui s’occupent d’hor- ticulture. Nous nous bornerons donc à l’énoncé de quelques procédés, sinon tout à fait nouveaux, du moins peu connus même de la plupart des spécialistes, à qui, pourtant, ils pourraient rendre de grands services. Ils portent sur les Rosiers et no- tamment sur le Rosa polyantha, employé comme sujet. Notons d’abord, outre que cette espèce est vigoureuse et d’une éducation facile, qu’elle donne des sujets à nombreuses ra- cines contrairement à ceux qui proviennent de l’tiglantier commun, que l’on emploie fréquemment pour cet usage et dont les ra- cines ne se ramifient pas, ce qui rend diffi- cile la reprise des plantes à la transplanta- tion. Au contraire les Rosiers greffes sur Rosa polyantha, grâce à leur abondant chevelu, se relèvent facilement et se fa- tiguent peu, de sorte que les plantes dé- placées à l’automne, un peu avant la fin de la végétation, peuvent être levées en motte, mises en pots, et, si on les place dans une serre ou dans une bâche, elles fleurissent pendant tout l’hiver si ce sont des variétés remontantes. Nous en avons vu de nom- breux exemples l’année dernière sur des sujets envoyés par M. Alégatière, horticul- teur à Monplaisir-Lyon, qui pratique en grand ce genre de greffes. Relevés de la pleine terre, au 15 octobre 1885, et traités ainsi qu’il vient d’être dit, ces Rosiers ont conservé leurs feuilles et fleuri pendant tout l’hiver. Le Rosa polyantha a encore, sur l’Églan- tier, au point de vue de la multiplication, l’avantage que ses graines lèvent mieux et plus promptement. Semé à chaud, en mars, le plant peut être repiqué en pleine terre à la fin d’avril et greffé en août-sep- tembre de la même année. Du reste, voici, à ce sujet, ce qu’a écrit M. Alégatière, qui pratique avec succès ce mode de greffe dont il est très-satisfait : (( ... Voici la différence que j’ai pu cons- 39G REIIMANNIA GLUTINOSA. — PIIALÆNOPSIS SCIIILLERIANA SPLENDENS. tâter entre les Rosa pohjantha et les Rosa cüTiina; les g'raines des premiers, lors- qu’on les sème sur couche, lèvent au ])out de quinze à trente jours, et les plants peu- vent être gretfés la même année, tandis qu’il en est tout autrement des Rosa canina dont les graines germent difticilement la première année, et dont les sujets à ra- cines longues et peu ramifiées ont cet autre inconvénient de produire des jets ou drageons vigoureux ({ui atteignent ])artbis i mètre et plus de longueur et atïaihlissent le pied dont ils rendent aussi la reprise dif- licile quand on en fait la transplantation. » Le contraire a lieu lorsqu’on greffe sur Jl. polyantha. REHMANNIA Cette charmante plante vivace, originaire du nord de la Chine, à peu près introuvahle aujourd’hui, du moins en France, est pour- tant méritante et digne de figurer dans les collections de plantes ornementales. Découverte par des naturalistes russes, elle fut particulièrement signalée par Gært- ner, qui la prit pour une Digitale, ce qui, toutefois, n’a pas lieu de surprendre, quand on n’envisage que l’aspect général, c’est-à- dire le faciès des fleurs. Plus tard, M. Bunge en fit à tort une sorte de Gerardia, genre de Scrophularinées. Endlicher fit de même et la plaça près du genre Digitalis. M. de Candolle, conservant le genre Rehynannia, le fit entrer dans la famille des Cyrtandra- cées. On s’accorde aujourd’hui à le classer dans les Scrophularinées, près des Digita- lis. Voici une description sommaire du R. glutinosa : Plante vivace, gazonnante. Feuilles al- Nous ferons observer que dans les semis de R. 2^olganUtay de même que dans ceux de toute autre espèce, il sort parfois des individus chétifs et délicats qui, dans le cas qui nous occupe, doivent toujours être rejetés comme sujets, mais non comme variétés, parce que ces plantes délicates, souffreteuses ou très-naines, sont parfois celles qui donnent les plantes les plus méri- tantes comme variétés ornementales ; aussi doit-on les jilanter à part pour les suivre et en voir la floraison. On pourra se procurer des graines fraî- ches de Rosa jyolganlha chez M. Aléga- tière , horticulteur à Monplaisir-Lyon (Rhône). E.-A. Carrière. GLUTINOSA ternes, ohovales, inégalement et grossiè- rement dentées, velues-glutineuses , de même que toutes les parties de la plante, du reste. Inflorescence en panicule termi- nale sur une tige dressée, portant de 8 à 15 fleurs grandes, velues, d’un rouge pourpre fauve. Galyce campanulé à 5 divi- sions. Corolle tubuleuse, infundibuliforme ; limbe oblique à 5 divisions ; étamines 4, didynames, insérées à la hase de la corolle; fdet de l’étamine grêle ; anthères petites, hiloculaires ; ovaire ovoïde, uniloculaire ; style inclus ; capsule ovoïde, incomplète- ment hiloculaire. Le Rehmannia glutinosa, Lihosch, est rustique et pourrait supporter les hivers du centre et même du nord de la France. C’est une jolie plante d’ornement, que j’ai admirée jadis dans les magnifiques collec- tions de feu Louis Van Houtte, à Gand. CUILLON. PIIALÆNOPSIS SCIIILLERIANA SPLENDENS Cette variété, aussi remarquable que jolie, s’est trouvée dans un envoi d’Orchi- dées des Philippines; c’est une plante de premier mérite, dont le qualificatif splen- dens est parfaitement justifié. En effet, ses fleurs sont d’un rose vif brillant, tirant sur le rouge cerise. Quant à ses caractères gé- néraux, ils sont les mêmes que ceux du type. En voici une description : Feuilles elliptiques-ohlongiies, très-lon- guement atténuées à la hase, brusquement rétrécies au sommet, atteignant 25 centi- mètres, parfois plus, de longueur, sur 8- II centimètres de largeur, d’un rouge vineux en dessous, Aært glaucescent furfuracé et non luisantes en dessus, fortement macu- lées de brun sombre, surtout le long de la nervure médiane. Hampe robuste, brun ferrugineux, très-légèrement et finement lenticellée. Inflorescence en grappe ramifiée, longue et relativement compacte. Fleurs grandes, bien ouvertes, d’une bonne forme, à divisions externes longuement et étroi- R cime florticolô. Godccrd.del. üwi'iwljijüv. G-.Sw&r'eytvs . PkaJ/enopsis SdulUnanay spletulms TENTE-ABRI EN BOIS CONTRE LA GELÉE. 397 tement ovales, les deux internes très-large- ment obovales, bien aplaties, non tourmen- tées, toutes d’un très-beau rose vif nuancé. Labelle trifnrqué-hasté, pointillé jaune marron. Colonne horizontale rose vif; gy- nostème petit à fond jaune, très-finement pieté de rouge marron. Cette magnifique variété s’est trouvée dans un envoi que M. Rougier avait reçu des Philippines. La plante, qui a fleuri dans son établissement, 152, rue de la Roquette, où nous l’avons fait peindre, bien que faible encore, n’en avait pas moins une in- llorescence relativement très-grande (28 cen- timètres), ce qui fait supposer que de forfs sujets produii’ont des inflorescences beau- coup plus fortes. C’est donc une variété hors ligne. Du reste, la couleur très-foncée des Heurs, qui suffirait pour en faire une plante de premier mérite, a encore cet avantage de la difïerencier nettement des autres va- riétés. Comme toutes ses congénères, le P. ySchü- leriana splendens conserve ses fleurs fraîches pendant très-longtemps. Quant à sa culture et à sa multiplication, elles sont les mêmes que celles des autres espèces du genre. E.-A. Carrière. TENTE-ABRI EN BOIS CONTRE LA GELÉE Depuis de longues années, des expériences se poursuivent de tous côtés, dans le but d’arriver à trouver un moyen de garantir certains végétaux, la Vigne surtout, contre les gelées printanières. Toiles, paillassons, fumée de goudron, nuages artificiels, etc., ont été successive- ment essayés, puis aban- donnés à cause de leur inefficacité dans certains cas, ou de leur prix de revient trop élevé. Il est cependant un sys- tème qui a tenu bon, c{ui s’est répandu dans plu- sieurs régions de la Fran- ce, où il a donné des ré- sultats très-satisfaisants : c’est celui que nous dé- crivons aujourd’hui. Ainsi que le montre la figure 104, la Tente-abri consiste simplement en une sorte d’abat-jour large- ment ouvert d’un côté, et fabriqué au moyen d’une plaque très-mince et flexi- ble de bois de Pin ou de Sapin. Cet abat-jour, qui est maintenu par deux fils de fer, dont l’un, le supé- rieur, sert à fixer l’appareil sur un écha- las, mesure environ 35 centimètres de hau- teur. Au moment où la végétation commence, on recouvre le cep de Vigne (ou toute autre plante) au moyen de l’appareil, en faisant tra- verser l’orifice de ce dernier par un échalas ou un tuteur quelconque, et en ayant soin de tourner la partie ouverte du côté du sud ou du sud-ouest. Si l’échalas ou le tuteur n’étaient pas assez gros pour emplir complè- tement l’ouverture de l’abat-jour, on prati- querait sur eux, à la hauteur nécessaire, une entaille dans laquelle on ferait pénétrer le fil de fer de l’attache supérieure. En premier lieu, si la hauteur de la plante proté- gée le permet, on appuie la partie inférieure de l’ap- '■ pareil, c’est-à-dire sa plus large ouverture, sur le sol. Ensuite, au fur et à me- sure du développement des bourgeons, et jusqu’à l’é- poque ou toute crainte de gelée a disparu, on monte successivement l’appareil à la hauteur convenable. Il paraît que la nature résineuse du bois au moyen duquel on fabrique les tentes - abris leur donne une très-longue durée, c’est-à-dire qu’avec quel- ques précautions élémen- taires, elles peuvent four- nir douze années de ser- vice, et, point très-impor- tant, leur prix peu élevé (60 fr. le mille, croyons nous) les rend d’un facile emploi dans les grandes exploitations viticoles. Ces appareils se fabriquent à Baume-les- Dames (Doubs) et les commandes ou de- mandes de renseignements doivent être adressées à M. Fusenot, 77, rue de Rambu- teau, à Paris. Ed. André. 398 ARBRES ET ARBUSTES NOUVEAUX OU PEU CONNUS. AlimiES ET AR15USTES NOUVEAUX OU PEU CONNUS Les quelques variétés dont il va être question nous ont été envoyées par MM. Si- mon-Louis frères, de Metz, et proviennent, soit de leur établissement de Plantières-lès- Metz, soit de maisons étrangères horticoles avec lesquelles ils sont en relation. Ce sont des plantes peu connues, nouvelles, parfois même inédites. Nous allons en donner une description sommaire, indiquant leur ori- gine et les principales particularités qu’elles présentent. Acer dasycarpum foliis pulveralentis, Spiitli. — Feuilles profondément lobées, comme celles du type, les plus jeunes rouges, les autres piquetées, moucbetées ou flammées plus ou moins foncé, suivant l’état de végétation, parfois presque blanches et diversement nuancées et devenant tri- colores. En général, les panachures sont plus marquées à la face supérieure des feuilles. Acer dasycarpum foliis alho-varieya- tis, Spath. — Feuilles très-grandes, lo- bées, à lobes aigus, plus ou moins divisés, panachées ou flammées, parfois largement maculées jaune-roux fauve, s’atténuant quelquefois jusqu’à la nuance blanchâtre. — Panachiire d’un bel effet. Acer pseudo-Platanus purpurascens Prinz Handgery, Spath. — Écorce des jeunes bourgeons rouge brique. Feuilles tomenteuses ; les plus jeunes rougeâtre nuancé, les autres variant du rouge plus ou moins foncé au pourpre noir velouté, parfois même très-intense et constituant de larges macules sombres, veloutées, variant de nuance et d’intensité suivant le dévelop- pement et l’état des parties observées. Le plus clair de la panachure se trouve sur le dessus de la feuille. Acer pseudo-Platanus Simon- Louis frères, Deegen. — Pétiole et écorce des jeunes bourgeons légèrement rosés. Feuilles grandes, profondément lobées, sablées, pi- quetées, parfois très-largement et irrégu- lièrement maculées jaune-roux, fauve plus ou moins nuancé, flammé rose, toutes nuances qui se détachent sur les parties vertes et sur la glaucescence des feuilles, qui, en général, est bien marquée. Acer pseudo-Platanus, var. atropurpu- rea, Spath. — Variété de l’Érable Syco- more à feuilles pourpres. Les feuilles, beau- coup plus colorées, sont d’un rouge pourpre très-foncé en dessous; le dessus est d’un beau vert luisant. Acer pseudo-Platanus luteo-vircscens, Simon -Louis. — Variété très-ramifiée. Branches relativement courtes. Feuilles nombreuses, rapprochées, de grandeur moyenne, très-lobées, à lobes irréguliers, courtement acuminés, d’un vert foncé, très- glauques en dessous, toutes panachées, ma- culées, sablées, plus ou moins largement marquées de taches et de flammes de cou- leur citron qui déterminent de charmants contrastes avec les parties vertes. L’origine de cette variété présente une particularité qui nous paraît digne d’être rapportée. Elle est née spontanément par dimorphisme sur VAcer pseudo-Platanus type, sur lequel avait été greffée la variété eurocJdoa, qui a assez de rapport avec la plante en question, excepté toutefois par la panachure, qui n’existe pas dans cette dernière. Notons encore cette autre particu- larité que le greffon n’avait pas repris. Une question insoluble qui se trouve posée est celle-ci : Le fait de la spontanéité de la pa- nachure est-il dû à une modification déter- minée par l’action du greffon de la variété eurochloa de l’Érable Sycomore? Castanea vesca foliis aureo marginatis, Simon-Louis. — Feuilles élégamment bor- dées jaune beurre ou soufré, à limbe parfois légèrement flammé de la même nuance. Castanea vesca foliis albo marginatis, Simon-Louis. — Feuilles un peu plus étroites que dans la variété précédente, marginées de blanc très-légèrement soufré. Cratægus oxyacantha foliis tricolori- hus, Baudriller. — Feuilles et extrémités des bourgeons ainsi que leur écorce d’un rouge foncé. Jeunes feuilles bordées rouge nuancé , élégamment relevées de carmin à reflets irisés, à limbe plus ou moins largement maculé de même couleur, qui, parfois en s’affaiblissant, passe au rose pâle. Fraxinus alha foliis argenteo-margi- natis. Spath. — Folioles ovales arrondies, souvent légèrement évasées, élégamment bordées de jaune pâle, parfois rosées, par exemple dans les jeunes feuilles. Cette pa- nachure est très-constante. Vu à distance, l’arbre a quelque rapport, comme effet, avec le Negundo à feuilles panachées. Ligustrina pekinensis, Dieck. — Ar- SOCIÉTÉ NATIONALE d’HORTICULTURE DE FRANCE. 399 buste très-ramifié, buissonneux. Rameaux ténus ou grêles, à écorce rouge foncé, violacée, veloutée. Feuilles opposées, pé- tiolées, caduques, entières; pétiole d’en- viron 15 millimètres, d’un pourpre noir ainsi que la nervure médiane, à limbe atténué aux deux bouts, obtus, mince, mou, peu marqué, à nervures alternes, faible- ment et inégalement saillantes. Cet arbuste, que MM. Simon-Louis ont reçu de M. Dieck, est encore nouveau. On nous assure qu’il est originaire des fron- tières de la Russie, probablement de la partie qui confine à la Chine, la région de l’Amour, où déjà on a découvert une autre espèce du genre, le Ligustrum amurense, Maxim. Sorhus aucuparia foliis aureis, Rehnsch. — Folioles relativement épaisses, finement tomenteuses, fortement et régulièrement crénelées-dentées, très-sensiblement mar- quées de jaune d’or très-brillant. Cette co- loration s’accentue avec l’âge ; dans l’été elle devient très-intense. Samhucus racemosa plumosa, Spath. — Folioles très-rapprochées, largement et régulièrement ficiformes-pectinées, à pinna- tures étroites, profondes, aiguës, parfois plus ou moins surdentées, molles, glauces- centes en dessous. Samhucus racemosa serratifolia, Rsch. — Variété très-voisine de la précédente, à folioles un peu plus étroites et à pinnatures moins profondes. Ce sont des plantes très-curieuses "qui, toutes deux, sur le rachis, portent des ma- cules violettes à l’intersection des ramifica- tions foliaires. Dans leur ensemble, les SOCIÉTÉ NATIONALE D’IL SÉANCE DU A cette réunion ont été faites les présenta- tions suivantes : Par MM. Vilmorin, Andrieux et quai de la Mégisserie, à Paris, de fort beaux Glaïeuls, en fleurs coupées, variétés nouvelles obtenues par MM. Souillard et Brunelet, de Fontaine- bleau. Dans les hybrides de G. gandavensis, nous avons surtout remarqué les variétés sui- vantes : Pasteur, énorme épi de grandes fleurs aux lobes arrondis, rose foncé vif, légèrement saumoné, marqués de blanc dans le milieu; les pétales inférieurs sont maculés de pourpre ; V Aurore, épi très-gros de fleurs ayant un com- mencement de duplicature très-indiqué, blanc légèrement rosé, marqué de carmin; Magni- ficus, très-long épi, fleurs vermillon flammé feuilles de ces deux espèces rappellent assez celles du Chanvre. Poirier Bergamote Espéren Souvenir de Plantières. — Ramifications nombreuses, effilées. Rameaux ténus, dressés, à écorce très-rouge. Feuilles longues, relativement étroites, parfois légèrement roncinées, iné- galement dentées, rappelant un peu, par leur faciès général, le Prunus virginiana à feuilles panachées, très-élégamment bor- dées de blanc. La panachure, qui est très- constante, s’étend parfois plus ou moins dans l’intérieur du limbe, de sorte que l’ensemble de la plante forme un effet comparable, bien que d’un autre genre, à celui que produit le Negundo à feuilles panachées. C’est donc une plante éminemment ornementale. Voici comment elle s’est produite : Dans un carré de pépinière, où il se trouvait plusieurs rangées greffées en écusson de la Poire Bergamote Espéren, l’un des pieds, au lieu de produire le type, développa un bourgeon d’un aspect tout différent et à feuilles toutes très-régulière- ment panachées. Mais la plante n’était pas seulement différente par ses feuilles, elle l’était par son bois mince et par son écorce rouge. Quant aux feuilles, outre la forme, l’aspect général et la panachure, elles dif- fèrent encore par la nature et la consistance des tissus. Ainsi donc il y a eu, dans cette circons- tance, dimorphisme et dichroïsme. Quel sera le fruit? L’avenir le dira. Constatons toute- fois, pour le moment, qu’en outre de l’in- térêt morphologique, nous avons ici la pro- duction spontanée d’un arbuste de haut ornement. E.-A. Carrière. RTICULTURE DE FRANCE 2 AOUT -1886 de blanc ; Enchanteresse, rose marqué de car- min ; Panama, épi très-long, rose saumoné, marqué de vermillon ; Magicien, rouge sang, bord des pétales ondulés. Dans les hybrides de gandavensis et G. Lemoinei : Es23érance, fleurs roses, à larges macules violet vif sur le pétale inférieur; Contraste, rose violacé foncé, large macule blanche. Toutes ces variétés sont fort belles. — Par M. Jolibois, jardinier-chef du Jardin du Luxembourg : une forte touffe en pot du Selenipedium Pearcei caricinum, avec plusieurs fleurs verdâtres, élégantes, à lobes latéraux étroits, longs de 10 centimètres, con- tournés en vrille, violacés. — Par M. Terrier, jardinier chez M. Finet, à Argenteuil, un Odontoglossum Phalænopsis, forte touffe su- 400 PASSAGE SOUTERRAIN GARNI DE ROCHES. ])érieuroment cultivée, portant de nombreuses ileurs blanches inar([uées de rose ; un Sacco- lahium Blumei, et un S. B. major^ tous deux avec d’énormes épis de fleurs d’une perfection absolue; un Cattleya siiperha fleuri. — Par M. Dallé, horticulteur, rue Pierre-Charron, à Paris, un Stanhopea ehurnea^ un Cattleya Sanderiana en fleurs et un Vriesea helico- nioides, petite Broméliacée à épi très-charnu de fleurs vermillon et vert pfde. — Par M. Du- panloup, marchand grainier, ■14, quai de la Mégisserie, à Paris, un Phlox nain à fleurs blanches; plante atteignant environ 35 centi- mètres de hauteur, fleurs nombreuses en om- belles larges et com|)actes. — Par M. Emile Trifaux, horticulteur à Auxerre, un lot de Glaïeuls hybrides de Le^noinei, obtenus par lui de semis. Au Comité d' arboriculture d' ornement : V2iY M. Vauvel, une Rose de la variété américaine TF. G. Bennett, provenant d’un pied de Rosier cultivé dans les collections de l’École d’horti- culture Saint-Philippe, créée à Fleury-Meudon par M. le duc de Galliera. La Rose présentée, semi-double, rouge carmin, avec quelques pé- tales marqués de blanc dans leur milieu, à étamines nombreuses, jaune d’or, ne semblait pas mériter tous les éloges qu’on en a faits Jors de sa mise au commerce; nous atten- drons, pour nous prononcer définitivement, d’en avoir vu cueillir sur des pieds vigou- reux. Au Comité de culture 2^otagère: Par M. Ghe- min (Georges), maraîcher, 2, boulevard de Grenelle, à Issy, des tiges de Tomate Grosse- lisse. Ges tiges portaient cbacune jusqu’à 4 paquets de fruits énormes, certaines Tomates pesaient jusqu’à 700 grammes et mesu- raient 15 centimètres de diamètre; les pa- quets atteignaient 2 kil, 500 en moyenne cha- cun. — Par M. Glaude, jardinier chez ]\I. Frayard, 06, avenue Marigny, à Fontenay- sous-Bois, de grosses Fraises dites remon- tantes. — Par M. Cousin, directeur de cul- tures maraîchères à Gennevilliers, des Melons fond blanc, fond vert, Prescott, de forme irré- })rochahle ; des Carottes Courte demi-lonyue obtuse et Courte de Hollande. — Par M. Dy- bowski, maître de conférences d’horticulture à l’Ecole de Grignon, quelques pieds de Maceron {Smyrnium Olus atrurn, L.), légume cultivé autrefois en France, mais abandonné depuis longtemps. Ses racines, qui ressemblent un peu comme forme à celles du Salsifis, ont, paraît-il, un goût très-agréable, lorsqu’elles sont fi-ites après avoir subi une cuisson à l’eau bouillante qui les débarrasse de l’odeur désagréable qu’elles conserveraient sans cette précaution. Gette plante est d’une culture des plus faciles : on peut la semer en pleine terre, sans repiquage, pendant toute la belle saison. — Par M. Forgeot, marchand grai- nier, quai de la Mégisserie, à Paris, un cer- tain nombre de pieds en pots du Céleri nain pommé à forme de Scarole; c’est une très-bonne variété, naine, touffue, recommandable à tous les points de vue. — Par M. Vincent Gauchin, maraîcher à Montmagny (Seine-et-Oise), des Cornichons vert de Paris, nouvelle variété très-productive. En effet, les pieds présentés portaient trois et quatre fruits à chaque nœud. Au Comité de pomologie : Par M. Alexis Le- père fils, de Montreuil, deux Pêches de semis, superbes et reconnues bonnes dans une dégus- tation antérieure; des Grosse-Mignonne, Con- dor et Early Hivers, toutes fort belles. — Par MM. Baltet, pépiniéristes, à Troyes, des Poires hâtives : Marie-Marguerite, Précoce Tivoli, Précoce de Trévoux, Auguste Jurie et Docteur J. Guyot, toutes mûres et de qualité moyenne. — Par M. Margottin père, à Bourg-la-Reine, une collection de Pêches en 25 variétés, toutes mûres et superbes. Nous avons précédemment indiqué le procédé de culture employé par par M. Margottin, dont les arbres ne sont laissés à l’air libre que depuis le courant de mai. — Par M. Girardin, cultivateur, à Ar- genteuil , des Figues Rouge Dauphine et Blanche d’ Argenteuil. PASSAGE SOETERRAIN GARNI RE ROCHES L’aspect accidenté du sol est, dans les jar- dins comme dans la nature, l’élément pit- toresque par excellence. Dans la création d’un parc, la première préoccupation doit être, soit d’utiliser, en les augmentant quel- quefois, les accidents du sol, soit, si l’on opère sur un terrain plat, de lui donner un relief varié dans ses effets en conservant la simplicité et le naturel. Les vallonnements, plus ou moins accen- tués, que l’on a coutume de donner aux pelouses, le bombement des massifs, artifices agréables à la vue et qui, tout en dirigeant le regard du promeneur sur les points les plus attrayants et les plus reculés, aug- mentent fictivement les surfaces réelles, ne suffisent pas à donner à une propriété d’une certaine importance la diversité d’aspects qui en constitue le charme principal. R convient donc, même avant de penser aux eaux et aux plantations, d’examiner de quelle manière on peut, à l’aide de terras- sements, tirer le meilleur parti possible du terrain que l’on veut transformer, en mode- lant sa suiTace d’une manière pittoresque et naturelle. PASSAGE SOUTERRAIN GARNI DE ROCHES. 401 Les roches jouent ici un rôle de pre- mière importance, et leurs formes plus ou moins heurtées et variées donnent aux accidents du sol la fermeté de profils qu’ils n’auraient pas sans elles. Parmi les nombreux moyens que l’on a de distraire le promeneur par un aspect inattendu, la superposition de deux allées, non égales en largeur, est un des plus intéressants, car il permet de rassembler dans un espace relativement restreint des motifs très-variés de décoration paysgère. Prenons pour exemjde le passage cou- vert tiguré ci-contre (tig. 105) et qui fait partie du ])lan que nous avons récemment publié d’un parc très-accidenté (1). La masse principale de roches 1 If I ([informe tunnel, et, consolidée par des fermes en fer à double T, soutient l’allée carrossable G II, est accompagnée, en bordure de l’allée en- caissée EF, de roches de diverses grosseurs, émergeant à moitié du gazon etdes arbustes. Le dessous de la voi'ile du tunnel est à 3'" *25 au-dessus de l’allée inférieure, éga- Fig. 105. — Allées superposées dans un parc. Détail des plantations. lement carrossable, de manière que bon puisse y passer en voiture, sans que le cocher ait besoin d’incliner la tête. Un sentier sinueux JK met, au moyen de marches rustiques en pierre, les deux allées en communication directe. L’allée EF, longuement encaissée, forme un ravin, dont les bords escarpés sont gar- nis de roches éparses, accompagnées de plantes grimpantes et retombantes, d’où émerge çà et là la tige élancée d’une Coni- fère. Le tunnel et ses abords sont d’ailleurs encadrés dans un massif épais surtout du côté du midi, qui donne à l’ensemble l’ho- mogénéité, l’aspect naturel et les effets d’ombre qui augmentent encore ses qualités pittoresques. On a eu soin de faire tourner assez brus- quement l’allée inférieure avant et après le passage couvert, qui doit être vu seulement de près, et ne pas perdre presque totale- (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 175. 402 PASSAGE SOUTERRAIN GARNI DE ROCHES. ment l’intérêt qu’il présente, ainsi que cela aurait lieu si, après l’avoir aperçu de loin, on s’en approchait peu à peu sans cesser de le voir. Dans les parois des roches, et même sous le tunnel, des tissures, des poches garnies de terre, ont été ménagées, et on y a planté des Fougères, des Lierres et diverses autres plantes indiquées ci-dessous, (pii corrigent la sécheresse des lignes de la pierre. On s’est servi, pour la construction de ces roches, de pierre calcaire dure, extraite de déblais faits près de là, et le rocailleur s’est appliqué avec succès à conserver le caractère particulier de rochers naturels qui existent aux environs. Un badigeon fait avec un mélange de noir de fumée et d’ocre jaune et d’alun, le tout dilué dans l’eau et appliqué avec goût, a permis de donner immédiatement à ces rochers une teinte grisâtre qu’ils n’auraient acquise sans cela qu’en plusieurs années. Voici, maintenant, de quelle manière on a garni de plantes les talus du passage couvert et les massifs qui l’accompagnent. En 1, 1, 1, des Lierres en arbres, aux formes irrégulières, ont été plantés dans des poches préparées à l’avance ; les points 2, 2, 2, indiquent des Lierres variés, en nombre suffisant pour garnir les roches sans les recouvrir complètement ; 3, 3, Co- toneaster micro}jhylla, dont les rameaux rampants, garnis de fruits rouges à l’au- tomne,s’appliquent contre les anfractuosités des roches; 4, Elæagnus reflexa, s’élançant, sur la pente rapide, au-dessus des roches inférieures; 5, 6, Juniperus Sahina; 7, un seul Yucca gloriosa, dont la tige principale tronquée a produit plusieurs tiges latérales qui donnent à la plante un aspect pitto- resque qu’elle n’a pas quand elle est régu- lière ; 8, 8, Yucca flaccida en touffe ; 9, Pin Mugho [Pinus MughusJ, aux nombreuses tiges s’élevant à peine à 1 mètre au- dessus du sol ; lO, 10, Pavia macrosta- chga, dont les rameaux étalés, relevés à leur extrémité, fournissent au printemps une belle floraison ; 13, 13, Ruscus racemo- sus; 14, 14, Berheris stenophglla ; 15, 15, ülex europæus ; 17, 17, Mahonia japonica. De nombreux Mahonias à feuilles de Houx, des Fougères, des Evongmus ra- dicans, Hypcricum calycinum, quelques Vignes vierges, Akehia quinata et Chèvre- feuilles, complètent la garniture des roches et des talus; des Epimedium, d’espèces variées, sont placés dans les fentes des roches, et donnent, au premier printemps, leur charmante floraison. L’ern})lacenient du passage couvert se trouvant dans l’axe d’une vue qui, du châ- teau, très-rapproché, s’étend au loin sur la campagne, les massifs A, D, C, D, ont reçu principalement des arbres l)as dont les ra- meaux retombants complètent l’aspect tout spécial de cette petite scène. En 18 sont trois Goignassiers du .lapon ; 19, un Malus haccata ; 20, un Cytise des Alpes; 21, un Olivier de Bohême; 22, un Khus Colinus ; 23, un Caragana ar- horea 2)cndula ; Mby un Pavia macrosta- chya ; 25, un Alisier petit corail; 26, un Coignassier ombiliqué; 27, un Frêne doré pleureur ; 28, un Rohinia monophijlla un Alisier Ergot de Coq ; 30, un Pavia ma- crostachya ; 31, un Cratægus Lalandei ; 32, un Cytise des Alpes; 33, un Goignas- sier du Japon rouge ; 34, un Rhus Co- tinus ; 35, un Caragana arhorea pen- dula ; 36, un Prunopsis triloha ; 27, un Baguenaudier en arbre ; 38, un Cratægus lincaris; 39, im Berheris stenopluylla ; 40, un Coignassier du Japon; 41, un Cytise des Alpes; 42, un Ligustrum Quihoui; 43, un Tritoma uvaria ; 44, un Cratægus La- landei; 45, une Epine blanche double; 46, un Broussonetia papyrifera ; 47, un Tilleul argenté pleureur ; 48, un Berheris stenophylla ; 49, un Coignassier du Japon ; 50, un Cupressus Lawsoniana ; 51, un Tilia macrophylla ; 52, une Ronce à fleurs doubles. La silhouette principale des massifs étant ainsi composée, les dessous ont été garnis au moyen des arbustes ci -après désignés : Buplevum fruticosum, Alaternes à larges feuilles, Goronille des Jardins, Ligustrum sinense, L. lucidum, Kerria japonica, Weigelarosea, Lonicera nigra, Buxusmi- crophylla, Indigofera dosua, Berheris dul- cis, B. stenophylla, Rihes alp. stérile, Spi- ræa Reewesiana, Cornus sihirica. Forsy- thia susjjensa, F. viridissima, Evonymus pidchellus, Phlomis fruticosa, Hgpericum y)atiduni, Periploca græca, Calycanthus qjræcox. Ajoncs k üeur s doubles, Samhucus nigra, S. n. aurea, S.n. laciniata, Goignas- sier du Japon, etc., toutes plantes au port ir- régulier et peu compact, s’harmonisant avec les roches qu’elles accompagnent. Il est une autre circonstance dans laquelle l’entrée et la sortie d’un passage couvert pourraient être disposées et garnies de la manière qui vient d’être décrite; c’est lors qu’une propriété est, comme cela se pré- LES ARBRES FRUITIERS SE REPRODUISENT- sente assez souvent, coupée en deux par une route ou un chemin de fer passant à peu près à niveau. Un passage souterrain, si ses abords sont arrangés avec goût, au lieu •ILS PAR GRAINES? — DE LOJA A ZAMORA. 403 d’etre un endroit désagréable, deviendra, au contraire, un site intéressant. Ed. André. LES ARBRES FRUITIERS SE REPRODUISENT-ILS PAR GRAINES ? Une opinion généralement répandue est que les arbres fruitiers : Poiriers, 'Pom- miers, Pêchers, Pruniers, Cerisiers, Vi- gnes, etc., etc., ne se reproduisent pas par semis. Sur quoi est fondée cette opinion ? Sur des dires, non sur des faits bien constatés. Peu d’expériences sérieuses ont en effet été tentées à ce sujet, et même dans celles que l’on a entreprises, ce n’est que très-exceptionnellement que l’on a attendu jusqu’à épuisement du semis afin de juger du résultat définitif ; le plus souvent, pour ne pas dire toujours, on s’est borné à la fructification de quelques sujets, et c’est d’après ceux-ci, qui n’étaient parfois qu’une exception, que l’on a jugé du tout. Aussi peut-on dire que, au point de vue où nous nous plaçons, tout est à faire. Pourtant si l’on n’a pas de données assez étendues pour porter un jugement définitif et absolu, l’on peut, néanmoins, des quel- ques faits que l’on connaît, se former une opinion contraire à celle qu’on a émise : « que les arbres fruitiers ne se reproduisent pas par semis». Ainsi, comme exemple, nous pouvons citer des semis de Pruniers Reine- Claude, de Damas, de Mirabelle, des Pê- chers Reine des Vergers, Admirable jaune et Grosse mignonne, qui nous ont donné des sujets dont les caractères généraux étaient ceux des variétés que nous avions semées. Mais, lors même qu’il y aurait eu des DE LOJA A A cet endroit le sol est tellement humide, que des mesures de précaution sont indis- pensables si l’on ne veut pas se lever avec des fièvres après avoir couché à la belle étoile. Aussi, après avoir choisi l’endroit propice pour camper, j’ordonnai à mes Indiens de couper bon nombre de branches et de feuilles de Fougères pour nous servir de matelas. J’avais dressé la tente et allumé le feu quand mes péons revinrent avec quel- ques brassées de plantes et d’herbes. A mon grand étonnement je reconnus, (1) Voir Revm horticole, 1886, p* 373. écarts, on ne serait pas autorisé à conclure d’une manière affirmative et surtout abso- lue à la non reproduction des arbres frui- tiers par leurs graines. Car, pourquoi en serait-il autrement des arbres fruitiers que des autres végétaux ? Ne voit-on pas, dans n’importe quel genre, des sortes plus ou moins aptes à se reproduire de graines, et, même, dans un seul semis des sujets qui se reproduisent presque complètement tandis que d’autres paraissent « s’affoler » et n’avoir aucune disposition à se reproduire ? Toutefois ceci est l’exception, car tout carac- tère, une fois apparu, a une tendance à se reproduire; aussi ne saurions - nous trop engager tous ceux qui font des semis à prendre les graines sur les sujets les plus parfaits et dont ils ont intérêt à perpétuer les caractères tout en cherchant à les amé- liorer. Ce que nous ne saurions trop recom- mander, c’est non seulement de semer du beau et du bon, mais de tenir un grand compte des variétés semées de manière à pouvoir comparer et juger, et alors de voir les différences qui existent entre les parents et leurs enfants. Ce mode d’opérer a aussi cet autre avantage de donner un nouvel attrait à l’expérience, d’augmenter les jouis- sances de l’expérimentateur et de servir la science, qui se trouve ainsi unie à la pra- tique. E.-A. Carrière. ZAMORA c> dans ce tas de branchages et de fleurs de- vant servir de lit, une Composée magni- fique. C’étaient des beaux exemplaires d’un Senecio à fleurs jaunes, haut de 2^ 50, à grandes feuilles triangulaires blanchâtres dessous. Cette espèce a été introduite en 1880 par M. André, qui l’avait déjà rencontrée dans fÉcuador et chez qui je l’ai vue ciütivée. Elle a été perdue depuis, et sa réintroduc-' lion serait désirable, car c’est une plante à feuillage ornemental de premier ordre. Le lendemain j’en vis des milliers de pieds formant un épais massif contenu dans le 404 DE LOJA A ZAMORA. sable grossier ])rillant de mica de la plaine du torrent. La nuit allait tomljer ; des milliers d’in- sectes bonrdonnaient on sifllaient, ibrmant ensemble ce concert mélodieux de la foret vierge, qui finit par rendre rèvenr riiomme le pins insouciant. Le dîner fnt bientôt expédié. Et, tout en l’espirant les doux par- fnms de cette riclie végétation tropicale, le Jjrnit, le l)onillonnement rythmé dn torrent ne tarda pas à nous endormir après cette longue journée de fatigue. C’est an cri perçant des Cassiqnes (Cas- sicusj qne nous fumes réveillés le lende- main an point du jour. La veille an soir nous ne nous étions pas aperçus (pie nous étions an pied d’un Palmier très-élevé, dont chaque feuille était chargée d’un on plu- sieurs nids ])izarres de ces beaux oiseaux jaunes et noirs. L’aspect de cet arbre ainsi orné était des plus curieux, et, ne voulant })oint l’aliattre, mon Indien parvint après beaucoup de difticultés à descendre quel- ques-uns de ces nids, longs de plus d’un mètre. Je ne réussis malheureusement pas à les faire arriver en Europe, la caisse con- tenant ces nids, avec lion nombre d’autres curiosités de graines et de fruits, ayant été perdue durant la traversée de Guayaquil à Panama. En un clin d’œil notre tente fut pliée et descendue avec nos liagages au pied du torrent de Savanilla. Ce point de passage de la rivière est d’un effet indescriptible ; ce magnifique paysage restei’a longtemps gravé dans ma mémoire. D’énormes blocs de grès, de toutes formes, gros comme des maisons, se dressaient çà et là sur les bords ; plus bas des plages de sable brillant étaient ombragées d’une végé- tation splendide ; des arbres surplombaient le torrent, festonnés de guirlandes de plantes grimpantes et de lianes. Ici des Bromélia- cées à inflorescences pourpres, des Aroï- dées à grandes feuilles lisses noirâtres ; là un énorme bouquet d’Orchidées à longues tiges, à feuilles allongées-linéaires et striées, à fleurs comme celles d’un Cattleya roses ou blanches, appartenant au genre Sohra- lia ; d’autres plantes épiphytes en dessous, perchées sur un bloc de rocher à 15 mètres au-dessus de nos têtes ; plus loin des Heli- conia à fleurs pourpres et orangées, et à feuillage blanchâtre et se dressant dans l’obscurité du sous-bois. A cet endroit la rivière est étroite et comme coupée en deux par un immense rocher ; le courant y est d’une rapidité ver- tigineuse, couvert d’nne écume blanche comme la neige, bondissant de roche en ]‘oche avec une impétuosité à faire frisson- ner les pins hardis. Il fallait forcer ce passage dangereux. Voici comment cela fut fait : quelques arbres d’une dizaine de mètres de hauteur furent abattus et traînés jusqu’au bord de la ri- vière. Le premier fut soulevé à grand effort et, en retombant, alla rejoindre la roche située au milieu de l’eau. Aussitôt, un des Indiens, plus habile (j[ue les acrobates de nos cirques, traversa sur ce frôle ap[)ui, non sans danger; posté au milieu, en équilibre, il reçut et mit en place deux autres troncs que nous glissâmes sur le premier arbre lancé. Les trois troncs, placés côfe à côte, formèrent un pont solide sur lequel nous passâmes avec armes et bagages. Une fois sur l’île, au milieu du torrent, l’opération recommença pour nous permettre d’at- teindre le rivage opposé. Je restai le dernier, car il fallait passer la bête de charge, travail difficile et dangereux pour la pauvre bête. Un peu plus bas que le passage du pont rus- tique, j’attachai à son cou une corde d’une vingtaine de mètres et jetai l’autre extré- mité à mes compagnons déjà passés. Nous avions choisi un endroit où le courant, quoique fort, était moins tourbillonnant ; c’est là que je poussai le bœuf dans l’eau. Dès qu’il eut perdu pied, mes péons le tirèrent à eux et l’opération s’acheva dans de lionnes conditions. On rechargea bientôt et nous ne nous remîmes en marche qu’à deux heures de l’après-midi. Tout ce temps avait été employé au passage de la rivière. Pendant que j’admirais la richesse et la beauté de ce paysage, mes pauvres compa- gnons, hélas ! n’avaient guère d’yeux pour cela. Boire, manger et dormir, voilà leur existence, sans s’occuper à distinguer les splendeurs de la nature, sans apprécier cet ensemble majestueux. Que de formes nou- velles et de couleurs variées à finfini, dans la mi-ombre de ces arbres bizarres et gi- gantesques ! Un tapis de Sélaginelles et de Lycopodes s’étalait sous le feuillage des Marantas et des Fougères. Des ruisseaux bondissants, avec leur murmure sonore, allaient rejoindre et grossir le torrent pour former, par leur réunion, le plus beau et le plus grand fleuve du monde : l’Amazone, qui, à des milliers de kilomètres de là, va se jeter dans l’Atlantique. Tout à coup un tableau magnifique attira mon attention. Couvrant un arbre mort d’une très-grande hauteur, les milliers de DE LOJA A ZAMORA. 405 fleurs rouges et de feuilles poilues du Giiva- nia Andreana formaient un dôme brillant orné de longs festons de ^20 mètres de long qui retombaient gracieusejnent sur le sol. J’abattis immédiatement l’arbre pour me procurer les graines. Hélas ! il n’y en avait aucune, et je ne pus emporter qu’une partie de la souche (1). Il se faisait tard et l’obscurité était pres- que complète quand nous arrivâmes au vieux rancho que mon péon avait construit, me dit-il, huit ans auparavant. Le toit, formé de feuilles de Palmier, n’y était plus, mais les quatre pieux de soutènement nous indiquaient que c’était là qu’il fallait cam- per. A la lueur du feu nous fauchâmes l’herbe nécessaire pour notre lit, et, le sou- per fini, nous nous couchâmes fusil et ma- chete près de la main. Une quantité de mous- tiques m’empêchèrent de dormir et je dus allumer une cigarette après l’autre, sans répit, pour leur faire la chasse. Enfin, à force de regarder les étincelles des cucuyos (insecte donnant une vive clarté comme nos vers luisants), sautant et volant à travers des branches, je finis par m’endormir. A l’aube, nous étions sur pied, réveillés par les aboiements de notre gros chien, qui chassait de près quelque fauve. Je me lançai dans sa direction etje trouvais mon « Corne gente » (nom du chien) au pied d’un arbre, aboyant furieusement après un superbe ours noir, réfugié sur une grosse branche à une dizaine de mètres au-dessus du sol. A mon coup de fusil le terrible fauve perdit l’équi- libre et s’abattit lourdement à mes pieds; une seconde balle l’acheva. Mais dans ses dernières convulsions, il laboura d’un coup de griffe mon pauvre chien, qui en mourut quelques jours après. Notre récolte végétale fut ample le long de cet affluent du Rio Zamora ; c’est là que je récoltai la belle Aroïdée dédiée à M. Marne, de Tours {Philodendron Mamei), qui est maintenant répandue dans les serres. Plus loin, nous traversâmes un champ d’Eucha- ris ; un Palmier charmant, le Geononia zamorensis, fut dépouillé de ses graines. Puis je récoltai une quantité de llromé- liacées et d’Orchidées, entre autres un beau Cypripedium à hampe multiflore, trouvé autrefois par Wallis. Tout en herborisant, nous pénétrâmes dans l’intérieur de la forêt, par un sentier (1) Cette souche n’a pu arriver vivante en Eu- rope, et cette Liane, la plus belle peut-être des Cucurbitacées connues, est encore à introduire chez nous. (Ed. A.) qui eût été impraticable pour celui qui n’eût pas été initié aux procédés du genre (( Petit Poucet » des Indiens. Ces Indiens Jibaros, en guerre cons- tante avec les Lagronos et autres tribus voi- sines, dissimulent autant que possible leur passage, de crainte d’invasion. Leur moyen de se rappeler le chemin consiste à enlever au passage, le long du tronc des arbres, une partie de la mousse qui les recouvre en frottant légèrement la main contre ce tronc. Cette opération, comme je le reconnus plus tard , s’opère presque imperceptiblement, sans aucun arrêt dans la marche. Un ancien campement d’indiens , en ruines, dans une petite plaine au-dessus de la rivière, fut bientôt atteint, et comme mon intention était de rester quelques semaines dans ces parages, j’en fis mon quartier géné- ral et je finis la journée en m’occupant sé- rieusement de notre installation au milieu d’un paysage luxuriant de végétation, et sous l’ombrage des grands Céibas. Comme s’il eût été question d’un appartement au I)oulevard des Italiens, il fallait tout pré- voir. D’abord un nettoyage pour lequel les machétés rendirent de grands services ; on (( débroussailla » jusqu’à une dizaine de mètres autour du campement, de peur des reptiles. Comme écurie, une place fut réservée pour notre bête de somme, qui, près de nous la nuit, solidement attachée à un pi- quet, pouvait ruminer en toute sécurité. L’armoire pour les vivres et les bagages fut une claie (barhaeoa) formée de branches entrelacées, pendue à la charpente du toit par quatre lianes solides. Notre foyer et fourneau de cuisine consistaient en quelques pierres groupées ensemble, sur lesquelles on plaça la marmite (olla) et en dessous les tisons. Pour literie, nous étendîmes une couche de Fougères sur le sol, et comme défense, un grand feu, rallumé tous les soirs, devait tenir à l’écart les animaux mal intentionnés. J’étais resté seul, travaillant à mon her- bier, et mes deux compagnons dépouil- laient l’ours près de la rivière pour le repas du soir, quand tout à coup, en relevant la tête, j’aperçus devant moi un Indien dont la peau tigrée (maladie de ces contrées appelée Caraté) et les yeux perçants me firent saisir instinctivement mon poignard comme pour me défendre d’une bête fauve. Il se mit à rire et par signes me fit com- prendre qu’il était venu avec des intentions pacifiques ; il m’avait aperçu la veille en 406 DE LO.TA A 7AMORA. rôdant antonr do nous. Tl me dit aussi que, si je n’étais ])as venu pour apporter les ma- ladies des l)lancs ou emporter de l’or de la rivière, nous serions bons amis. Pendant qu’il me parlait par des silènes que je ne saisissais qu’a moitié, ses petits yeux noirs et vifs roulaient autour de moi. l^as un ol)jet ne lui écliappaii. Ma carabine lui causait quelque inquiétude, aussi ne quittait-il pas sa lance de bois dur faite d’un tronc de jeune Palmier et terminée par un morceau grossier de fer pointu, tro((ué sans doute pour quelque produit in- dien. T’appelai le péon pour me servir d’in- terprète, et l’eau-de-vie aidant, je fis com- prendre à l’Indien que je venais pour ex- plorer la flore de son pays et que je comptais sur sa connaissance de la forêt pour em- porter ])eaucoup de belles plantes. Je décli- nai sa proposition de venir vivre avec la tribu dont il était le chef, mais je lui offris quelques objets précieux en échange de ses services. Il accueillit à merveille mes avances en déclarant qu’il voulait venir le lendemain avec tout son monde pour me le présenter. J’acceptai, à condition que ses hommes cacheraient leurs lances à une grande dis- tance de mon campement avant d’y péné- trer. Quelques moments après, après de larges rasades, il partait en trébuchant. Le lendemain matin, une nuée d’indiens, hommes, femmes et enfants, parés des plus l)elles peintures sur leur peau nue et cui- vrée, venaient admirer l’homme à la peau Idanche et aux clieveux « teints » (ils étaient en effet surpris de voir mes cheveux hlonds, qui leur paraissaient teints). Ce ne fut pas sans émotion que je vis venir ce groupe étrange ; mon fusil soigneu- sement chargé entre mes genoux, je fis tout mon possible pour bien recevoir de pareils visiteurs. Au bout d’un quart d’heure, grâce à mon interprète et à l’eau-de-vie, tout allait bien ; je distribuai aux enfants quelques morceaux de sel qu’ils se passaient de liouche en bouche comme des bonbons déli- cieux. Un mouchoir rouge vif de deux sous fut otîert au vieux chef, homme de plus de cent ans à en juger par sa peau parchemi- née et ridée. A son fils je fis cadeau de deux hameçons, tandis que sa femme, avec un mètre de linge grossier, se fit, en un clin d’œil, une rohe élégante. Ma générosité s’arrêta là, car après les avoir éblouis par la richesse et l’éclat de mes présents, je comptais échanger mes objets de bazar contre ceux de falirication indienne et contre des plantes et des graines. C’est ainsi que je réunis de nombreuses espèces de Cappa- ridéos, Aroïdées, Palmiers, Orchidées. Je leur fis chercher des graines de ces grandes Comjiosées arborescentes ({ue M. André m’avait recommandé de recueillir: Bac- ckaris, Barnadesia, Cosmoplujllum, sans parler des Mélastomacées, des Solanées à beau feuillage, comme le Solcmum albi- dnm Poorlmani, aujourd’hui heureuse- ment introduit en Europe de graines que j’ai rapportées. On m’offrit ensuite des couronnes de plumes hri liantes, des colliers de dents de jaguar, des ornements de cheveux, des petits peignes de hois, des flèches empoi- sonnées, des fruits sculptés et autres objets très-curieux, qui furent troqués contre des hameçons, morceaux de sel ou mouchoirs de couleur, petits miroirs, etc. En outre, on m’avait apporté une quan- tité de fruits et de vivres, de quoi nourrir plusieurs ménages pendant des semaines. Rien ne me faisait prévoir alors qu’après une réception pareille je serais oI>ligé de fuir mes hôtes quelques semaines plus tard, pour échapper au danger d’être tué et mangé. Mais ce n’est point ici le lieu d’un récit d’aventures, et je me bornerai à une des- cription sommaire de ces Indiens de la tribu des Jibaros. Ces rares survivants des Incas du temps de l’invasion des Espagnols sont très-ro- bustes ; les membres sont courts, les mus- cles développés, les épaules carrées, le cou court soutenant une tête arrondie sans barbe ; les cheveux longs, d’un noir d’éhène, gros et peu ondulés, liés en faisceau par une corde grossière et ornés de plumes de perruches ou d’autres oiseaux brillants. L’œil est vif et noir, le nez assez gros, quel- quefois légèrement courbé, le front bas. La poitrine est large et développée. Sur la peau cuivrée et nue, ils peignent quelques points et raies rouges et noirs avec le jus de certains fruits, notamment sur les bras et la figure. Un court morceau d’étoffe grossière forme tout leur vêtement, roulé autour du ventre ; chez les femmes cette draperie est un peu plus longue. Jusqu’à un âge assez avancé, les enfants vont tout nus. Leur 'nourriture se compose de Yucas (Manihot utilissima) , de Bananes, des fruits des arbres et de tout ce que la chasse et la pêche peuvent leur procurer. Les hommes sont paresseux et ne se dé- rangent guère pour chasser ou pêcher que CORRESPONDANCE. 407 quand le besoin l’exige; les femmes cul- tivent à peine le sol, qui, sous ce climat, produit abondamment, sans aucune prépa- ration. Les guerres constantes entretenues de tribu à tribu feront rapidement dis- paraître ces derniers Indiens. Ils vénèrent un être suprême et se rendent ensemble quelques heures pendant la nuit, peints de leurs plus belles couleurs, dans un endroit sacré. C’est dans ces parages, au pied oriental des Andes, que la végétation équatoriale développe sa plus grande exubérance; tous les voyageurs botanistes l’ont déclaré avec enthousiasme. Indépendamment des espèces à ma portée, dont je pouvais recueillir les Heurs et les fruits, que dire des arbres immenses, couverts jusqu’au sommet de lianes fleuries, hors de toute atteinte! Les Palmiers Oreodoxa, Astrocaryum, Eu- terpc, Œnocarpus, Sj^agrus, Maurüia ; les Barringtonia, les Gédrèles, les Acajous, les grands Figuiers à caoutchouc, les Ana- cardiacées, les Gésalpiniées, que sais-je? formaient un dôme impénétrable au-dessus de ma tête, dans mes longues promenades à travers cette forêt enchantée. Mais tout a une fin. Les vivres commen- çaient à manquer et ma récolte étant com- plétée, je fus contraint de rentrer à Loja quelques semaines plus tard. Hugo POORTMAN. CORRESPONDANCE N<^ 3696 (Oise). — Vous pourrez envoyer les fruits dont vous désirez connaître les noms : à M. le président du comité d’arboriculture de la Société nationale d’horticulture de France, 84, rue de Grenelle, ou bien à MM. Baltet, horti- culteurs à Troyes, en accompagnant l’envoi d’une note faisant connaître les particularités, s’il en existe. Dans tous les cas, un échantillon de feuilles ne pourrait que faciliter les re- cherches. iVo 5480 (Suisse), — Les faits de transfor- mation,, semblables ou analogues cà ceux dont vous nous avez parlé, ne sont pas rares en ar- boriculture fruitière, et bien des fois déjà la Revue horticole en a cité et montré des exemples (1). Quant au fait de vos Pensées à grandes ma- cules (( qui ont donné du Viola arvensis », il est normal et conforme à la loi de retour ou Vatavisme dont on voit tous les jours des exemples ; les Pensées à grandes macules, étant des produits de la Pensée sauvage, y retournent parfois. Nous ne pouvons rien vous dire au sujet des fruits, parce que vous n’avez pas suffisamment précisé le renseignement que vous désiriez ; il aurait fallu indiquer l’ouvrage et la page où il en a été parlé. Nous ne pouvons rien vous dire non plus de la Pêche très-tardive que vous avez reçue sous le nom de Précoce Alexander, si ce n’est qu’elle n’a rien de commun avec celle-ci. Peut-être qu’en vous adressant au pépiniériste qui vous l’a vendue, et en lui indiquant les ca- ractères de la variété erronée, il pourrait vous renseigner à ce sujet. iV» 4223 (Seine-et-Oise). — Les productions (1) Voiî- Revue horticole, 1884, p. 301 ; 1885, p. 80. dont vous nous avez fait parvenir des exemples sont très-communes sur les Picea excelsa, mais surtout lorsque, ainsi que vous l’avez constaté vous-même, les sujets sont rachi- tiques et peu vigoureux. En général, ces défor- mations résultent des piqûres d’insectes qui ont déterminé ces agglomérations rappelant des cônes et presque toujours traversées par un bourgeon. Vous pourrez, d’ailleurs, vous en assurer en coupant longitudinalement ces productions, puis, en les examinant avec une loupe, vous y trouverez probablement des larves. iVo 4204 (Vosges). — Les feuilles de Vigne que vous nous avez adressées sont attaquées par VErineum vitis que, pendant longtemps, l’on a considéré comme un produit cryptoga- mique. Des études plus complètes semblent avoir démontré que ces gales qui recouvrent le dessous des feuilles de Vignes, et qui occa- sionnent des sortes de pustules à leur face supérieure, résultent de piqûres d’insectes (Phytocoptes epidermi ou Phytocoplus vitis). Jusqu’ici on ne s’en est guère préoccupé, con- sidérant cette affection, sinon comme tout à fait inoffensive, du moins comme n’entraînant pas de conséquences graves. Nous pensons que c’est à tort; si, jusqu’à ce jour, cette affection a paru à peu près inoffensive, c’est parce qu’elle était peu développée, mais, il en serait autrement, si elle prenait les proportions dont vous parlez ; et, dans ce cas, elle peut devenir un véritable fléau. Quel remède employer, dites-vous ? Tout d’abord, en ce qui concerne vos Vignes que vous dites « vieilles et épuisées », tâchez de leur donner de la vigueur, à l’aide d’engrais, et surtout d’engrais potassiques, puis rappro- chez ou rabattez les souches afin de leur faire , pousser du jeune bois. 408 CORRESPONDANCE. M. J. T). M. {Ardennes). — Pour la greffe en placage on doit poser le greffon sans cou- per la tête (lu sujet, ce (jui n’a lieu ({uelors([ue la greffe est bien rej)rise. Immédiatement après avoir greffé, on place les sujets sous cloches ou sous châssis, à froid, le long d’un mur au nord, les pots enterrés à demi. On donne de l’air lors([ue la reprise a eu lieu, et l’on veille à ce que la moisissure n’envahisse pas les plantes. 5084 (Nord). — fo Pour la bouture an- glaise on lève des écussons sur le bois wur de la Vigne, avec un large empritement à l’œil et un lambeau de vieux bois de 3 centimètres environ. Cette opération se fait avant le dé])art de la végétation. On pose ces écussons à plat, soit sur le sol, soit en les recouvrant d’un peu de terre, et on les place, ou directement dans des petits godets, ou dans des terrines, en serre chauffée ou sous châssis. Une bonne terre franche mélangée de terreau et de terre de bruyère convient bien pour compost; iio Veuillez vous adresser à M. Simard, treillageur à Bellevue (Seine-et-Oise), ou à M. Tricotel, rue d’Hauteville, à Paris; 3» Au lieu d’employer la tannée dans les serres directement au sortir des fosses, on peut la laisser exposée quelque temps au soleil, et la remuer plusieurs fois avant de s’en servir; M. M. (Tours). — Votre Rose est arrivée en trop mauvais état pour ({ue nous puissions étudier le cas tératologique dont vous nous avez entretenus. Si le même cas se présente, veuillez nous en avertir avant de nous expédier l’échantillon par la poste. A'o 3460 (Bouches-du-Rhône). — La greffe de la Vigne, quoi que l’on en dise, est souvent d’une reprise mal assurée, surtout lorsqu’on n’y est pas habitué et que l’on n’est pas « outillé » pour cette opération, qui, sans être difficile, exige cependant une certaine dextérité que seule la pratique donne. Aussi croyons- nous que vous aurez plus d’intérêt à vous adresser à une maison spéciale de confiance, et, comme telle, nous vous recommandons celle de M. Albert Gourdin, pépiniériste à Saint- Hippolyte-du-Fort (Gard). Nous croyons aussi qu’il vaut mieux que vous preniez des plants greffés. Du reste, sous ce rapport, l’expérience étant toujours le meilleur maître, peut-être fe- riez-vous bien d’essayer deux choses : plants greffés et producteurs directs, c’est-à-dire les mêmes espèces, mais franches de pied. No 5400 (Suisse). — Le bouturage des Pommiers est toujours difficile et générale- ment suivi d’insuccès; aussi, malgré les recom- mandations que l’on a faites parfois de ce pro- cédé, il reste à l’état de théorie. Toutefois, il n’est )>as impraticable, et, si vous voulez l’essayer, voici ce que nous vous conseillons : préparer un sol en l’ameublissant par un mélange de terreau et de terre franche légère, et en y ajoutant un peu de terre de bruyère, de façon à le rendre consistant et perméable, et alors y planter des scions auxquels vous aurez laissé un talon, c’est-à-dire un }>eu de vieux bois, ainsi qu’on le fait pour des boutures de Vigne. On peut planter à })artir de la fin de septembi'e jusqu’en février et même mars, — le plus t(>t est le meilleur pourtant, — ensuite on paille le sol et il n’y a j)lus qu’à entretenir celui-ci [)ropre et au be- soin à l’arroser afin de le maintenir humide, ce qui est essentiel. No 4043 (Seine). — Les faits de dichroïsme, du genre de celui dont vous nous parlez, sont communs en horticulture, ce qui n’enlève nul- lement au votre son intérêt. Bien qu’il y ait déjà des Agératum nains, blancs, le votre peut être différent et méritant. Nous vous engageons donc à le conserver et à le mul- tiplier. B y a pour cela deux moyens : l’un, qui est de beaucoup le plus certain, est de bou- turer la plante et de rentrer les multiplications dans une serre tempérée où ils passeront l’hiver, puis de les mettre en pleine terre au printemps; l’autre, c’est de récolter les graines sur les capitules dont les fleurs étaient blan- ches et de les semer à part au printemps. Vous pourriez donc employer les deux pro- cédés; si le premier a l’avantage de reproduire identiquement la plante, par le deuxième, qui pourra peut-être reproduire également la va- riété, vous aurez une autre chance à courir : celle d’obtenir de nouvelles variétés. No 3541 (Maine-et-Loire). — Voici la liste des parcs publics et privés, établissements bo- taniques et horticoles im])ortants, que nous vous conseillons de visiter, aux environs de Londres : les Jardins de Kew, South Ken- sington. Exposition coloniale, Windsor, palais de la Reine; dans Londres même: HydePark, Victoria Park, Battersea Park, Regents’ Park, Saint-James’ Park. Nous vous signalerons aussi : Hampton Court, Sydenham, Richmond, Clive- den, au duc de Westminster; Dropmore, où sont de superbes Conifères. Les établissements horticoles les plus impor- tants sont: MM. Veitch, Kings’ roaci, à Ghelsea (Londres), horticulture générale ; — W. Bull, Kings’ road, à Ghelsea, plantes de serre ; — Williams, à Upper Holloway, plantes de serre ; — Turner, à Slough, Rosiers, Œillets, Lilium ; — Jackman, à Woking, Clématites, Rosiers, etc.; — Loir, à Clapton, plantes de serre ; — Car- I mel et fils, à Swanley, plantes molles de mar- ché, cultures immenses ; — Phillip Ladds, à Bexley, forceries fruitières, plantes molles de marché. U Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 409 CHRONIQUE HORTICOLE Le temps. — Congrès viticole de Bordeaux. — Le Mildiou en Touraine et dans le Blésois. — Meeting horticole de Gand. — La bouillie bordelaise et le Peronospora. — Un nouveau fléau horticole. — Pomme de terre nouvelle. — Rhododendrons nouveaux. — Un hybride bigénérique. — Rosier multiflore Delalande. — Bananiers et Coléus. — Spirœa asiilboides. — Le Jardin d’acclimatation du bois de Boulogne. — La direction du jardin du Hofbourg, à Vienne. — Concours en Algérie. •*- Expositions annoncées. — Nécrologie : M. Adolphe Cachet. Le temps. — Après une série de beaux et de mauvais jours qui ont fait du prin- temps et d’une partie de l’été un ensemble sinon mauvais, du moins médiocre, nous avons depuis quelques jours une chaleur qui n’est pas ordinaire. Ainsi, à partir du jeudi, 26 août, la température, jour et nuit, a été très-élevée : de 28 à 33 degrés le jour, au nord et à l’ombre. Cet état de chose s’est maintenu jusqu’au 7 septembre. Congrès viticole de Bordeaux. — Dans sa séance du septembre, le Congrès a adopté les conclusions suivantes à l’imani- mité : Le phylloxéra ne paraît pas vouloir dé- sarmer et il continue, comme par le passé, sa marche envahissante ; 2« La question de l’œuf d’hiver n’est pas résolue et reste à l’étude ; 3® La Yigne européenne peut être efficace- ment défendue contre le phylloxéra au moyen des insecticides, suivant les milieux où elle est plantée ; 4» Les terrains où cette défense a déjà donné et devra continuer de donner de bons résultats par des applicatiens de sulfure de carbone sont les terrains suffisamment riches, profonds ou siliceux ; 5» Partout ailleurs, c’est-à-dire dans les ter- rains calcaires, argilo-calcaires et à sous-sols imperméables peu profonds , le sulfure de car- bone ne paraît pas permettre une défense effi- cace ; 6» Le sulfo-carbonate de potassium peut être employé avec succès dans toutes les na- tures de terrains, pourvu qu’il soit de bonne qualité et que son application soit faite dans des conditions qui en assurent le succès; 7» Les applications d’engrais énergiques doivent toujours être le complément des trai- tements au sulfure de carbone et presque tou- jours des traitements au sulfo-carbonate de potassium ; 8® Les façons culturales doivent être mieux soignées et plus fréquentes qu’autrefois pour obtenir une régénération prompte et fruc- tueuse; 00 La submersion esf, de tous les insecti- 16 Septembre 1886. cides, celui qui a donné les résultats les plus incontestables ; elle devra être pratiquée par- tout où elle est possible. Mais il y a lieu d’ctu- dier avec soin la nature des cépages qui s’ac- commodent le mieux de ce traitement ; IQo Cette opération demande l’apport d’en- grais complémentaires, quand elle n’est pas faite avec des eaux contenant des limons riches comme celles de la Garonne et de la Dordogne ; llo A moins de conditions exceptionnelle- ment favorables, il semble imprudent de sus- pendre les traitements de la submersion une année sur deux ; 12o Aucun dépérissement n’a été jusqu’ici remarqué sur les Vignes plantées dans cer- taines natures de sables. Le Mildiou en Touraine et dans le Blésois. — Les ravages du Mildiou ont été énormes cette année en Touraine et dans le Blésois, notamment dans les vallées du Cher et de l’Indre. A l’heure qu’il est, on se demande encore si la vendange aura lieu. En effet, malgré la bonne préparation des ceps, une grande abondance de « fourni- tures » (grappes), une floraison normale- ment effectuée, on ne voit actuellement que rameaux dénudés et raisins petits, durs, qui se dessèchent sans se colorer, ou restent stationnaires. Le cépage dit Cot est plus atteint que les Grollot, Gamais et le Tein- turier ou Gros noir. La vallée de la Loire est moins fortement atteinte. Dès le début de la maladie, au commen- cement de juin, un certain nombre de pro- priétaires voyant VErineum sur les feuilles, l’avaient pris pour le Mildiou : leur erreur a été vite reconnue. Ils ont donc traité en partie leurs Vignes, dès que le terrible Pe- ronospora a été dûment constaté. Le mé- lange de chaux et de sulfate de cuivre, dans les proportions indiquées , n’a produit aucun résultat, le sulfatage des échalas et des liens, pas davantage. Les seuls bons effets observés sont venus de l’emploi de la bouillie bordelaise. Dans le voisinage deBléré, d’Amboise, de Loches, 18 410 CHRONIQUE HORTICOLE. lin hon nombre de propriétaires que nous venons de visiter nous ont montré leurs expériences par rangs alternativement trai- tés et abandonnés; il n’y a pas de doute à entretenir sur l’efficacité du procédé. On voit tous les pampres verts sur les plantes qui ont été enduites de la fameuse bouillie; les autres sont restés comme du bois sec. Les appareils employés dans ces contrées sont surtoiil les pulvérisateurs Noël et La- mou roux, ainsi que divers autres soiifllets- bottes venus du Midi. A Montricliard (Loir- et-Cher), le maire, viticulteur très-intelli- gent, s’est mis à la tête du mouvement défensif. On organise déjà, pour l’année pro- chaine des expériences comparatives, seul moyen d’arriver à se former une opinion éclairée. Il résulte donc des observations qui pré- cèdent que, dans les vallées viticoles de la Touraine et du Blésois, le Mildiou a exercé cette année des ravages terribles et que les moyens curatifs préconisés dans le Borde- lais, où ils réussissent, ont été insuffisants sur les vignobles du Centre. La cause vient- elle des cépages, du sol, du climat ? Nous ne pouvons le dire, mais ces faits devaient être connus de tous ceux que la question intéresse. D’autre part, notre collaborateur, M. Ba- farin, nous avait donné sur cette invasion du Mildiou des renseignements qui mon- traient bien toute la gravité du fléau . Je viens de parcourir, nous écrivait-il de Montricliard, plus de 100 kilomètres, dans les Vignes de la vallée du Cher : de Romorantin à Tours, et près de 50 kilomètres de Tours à Loches. Je n’ai rencontré que Milclew : de très- grandes superficies de Vignes sont perdues, les feuilles sont déjà tombées et les Raisins ne grossiront ni ne mûriront. Les cépages à vin blanc et ceux à vin de qualité inférieure sont moins atteints que les autres. J’ai vu, chez M. Mécera, à Ghampflé, près de Monthou, des essais très-concluants ; cet intel- ligent propriétaire-cultivateur a laissé de dis- tance en distance deux rangs de Vignes sans les traiter. Ces deux rangs n’ont presque plus de feuilles, alors que les autres en sont encore bien garnis. Le mal est donc considérable : nous de- vons toutefois ajouter que, depuis un mois environ, de jeunes pousses ont commencé à se montrer au sommet des rameaux dépouil- lés. C’est une sève d'août qui peut aider à la maturation du sarment, peut-être à celle des fruits. C’est surtout dans les terrains à sous-sol profond et frais que s’est montrée cette recrudescence de végétation. Il est grandement à désirer qu’elle ait une heu- reuse influence, caries bois sur lesquels la taille prochaine devra être assise, n’ont pas atteint le degré de lignification désirable, ce qui est d’un mauvais augure pour la récolte de 1887. Meeting horticole de Gand. — Dans .sa réunion du 10 août, le Comité de la Chambre syndicale de Gand a décerné les récompenses suivantes : Certificats de Mérite. — M. Louis Van Houtte, pour le Cienkowskia Kirkii; M. Godefroy-Lebeuf, d’Argenteuil, pour le Bégonia Arthur Mallet; Compagnie continentale, pour le Pothos nigricans et le Labisia Malouana ; MM. Vervaet et C‘°, pour le Pescatorea Lehmanni. Certificats de belle culture. — M. B. de Spae, pour V Araucaria excelsa glauca robusta ; M. G. Vandermeulen, pour ses semis de Bégonia Bex ; Compagnie continentale, pour les Ne2Jenthes intermedia, Morganœ, Mastersi, Henryana, Hoo~ keriana pardina et le Dracœna regis. Mentions honorables. — MM. Jacob Makoy, pour le Caraguata Andreana; MM, Bœlens frères, pour le Miltonia Regnelli ; M. Arthur Desmet, pour le Bégonia tubéreux Le Flambeau ; M. Van Geert , pour le Cypripedium œnanthum, et MM. Vervaet et Ci®, pour le Cypripedium Ro- belini. La bouillie bordelaise et le Pero- nospora. — M. Prillieux vient de faire à la Société nationale d’agriculture un rapport du plus haut intérêt sur les effets obtenus cette année contre les Peronospora (Mildiou) par l’emploi de la bouillie borde- laise. On sait que le P. viticola attaque la Vigne, mais le P. infestans les Pommes de terre et les Tomates. Les expériences dont M. Prillieux a rendu compte ont porté sur ces divers végétaux, et voici le résumé des résultats qu’elles ont donnés : La bouillie bordelaise, pour la Vigne, a donné des résultats très-satisfaisants, .sur- tout quand elle a été répandue de bonne heure (dans les premiers jours de juillet), en traitement préventif et lorsqu’elle conte- nait 11 p. 100 de sulfate de cuivre. Pour les Pommes de terre et les Tomates, les effets obtenus ont été encore plus con- cluants, et des expériences contradictoires, faites sur de grandes surfaces, n’ont laissé aucun doute au sujet de la réussite de ce traitement. Un nouveau fléau horticole. — Nous avons reçu de M. Roulleaux, jardinier au CHRONIQUE HORTICOLE. 411 château de Pompignaii (Tarn-et-Garomie), la lettre suivante ; Je vous adresse quelques plantes qui sont at- teintes d’une maladie qui occasionne chez moi des dégâts considérables. C’est un véritable fléau. J’ai en ce moment plus de 3,000 Co- leus qui en sont atteints et cessent complète- ment de pousser. Plus de 1,500 Bégonias en diverses variétés, ainsi que 200 Héliotropes et une foule d’autres plantes sont déjà morts. Il en est de même dans les serres, où plusieurs variétés de Gycadées sont également atteintes et plusieurs genres sont dans le même cas. Je ne sais à quoi attribuer cette maladie, mais j’ai remarqué qu’elle se développe surtout sous l’influence de l’humidité et d’une température au-dessous de la moyenne. J’ai plusieurs Musa Ensete qui sont pris du même mal, et dont la végétation est tout à fait arrêtée. » Malgré l’examen minutieux auquel nous nous sommes livrés, nous n’avons pu dé- couvrir la cause du mal. Les échantillons même attaqués étaient plus ou moins al- térés, parfois décomposés. Spongioles, ra- cines et même les tubercules présentaient des couleurs qui variaient du roux au noir; c’était l’équivalent de ce qu’on appelle vuL gairement fonte ; mais nous n’avons re- marqué aucune trace d’insecte. A quoi est due cette maladie ? Nous l’ignorons et ne pouvons par conséquent indiquer le moyen de la combattre. Toutefois, on peut sans inconvénient, et avec quelques chances de succès, essayer l’emploi de substances susceptibles d’augmenter la vitalité des plantes et qui, en même temps, peuvent agir comme anti-septiques. Pomme de terre nouvelle. — M. Sacc vient d’envoyer à la Société nationale d’agri- culture de France une nouvelle forme de Pomme de terre, découverte par lui en Bo- livie. Elle est, paraît-il, très-productive, donne, en Bolivie, jusqu’à quatre récoltes par an, et ses tubercules pèsent de 100 à 250 grammes. L’analyse dé ces tubercules a donné 20 p. 100 de fécule et 72 p. 100 d’eau. Rhododendrons nouveaux. — MM. Veitch, de Londres, viennent d’obtenir la floraison d’un remarquable hybride de Rhododendron qui s’est produit dans leurs cultures. Cette variété, qu’ils ont nommée Rajah, et qui appartient à la section des. R. halsaminæflorum, se distingue surtout des autres formes connues en ce que ses pé- tales ou lobes extérieurs sont beaucoup plus grands que les autres, ronds et plats, tandis que les intérieurs sont petits et groupés ensemble. La couleur de la Heur est orange brillant, pointillé de rouge; les pétales du centre sont plus foncés. Deux espèces nouvelles de Rhododendrons ont été récemment découvertes dans les envi- rons de Batourn (A sie-Mineure), par le baron Ungern Sternberg. L’un, le R. Smirnowi, a les fleurs petites, carmin-pourpre, en om- belles terminales. L’autre, le R. üngerni, a de petites fleurs blanches, duveteuses. Ces deux espèces forment de petits arbustes compacts, couverts dans toutes leurs par- ties de poils laineux. Un hybride bigénérique. — Un fort curieux produit vient d’être obtenu par MM. Veitch, de Londres, dans les semis faits par M. Seden de graines issues d’un croisement entre le Sophronitis grandi- ftora et le Cattleija intermedia. Ce qui augmente encore l’intérêt de cette hybrida- tion, c’est que la nouvelle plante doit, par la disposition des différentes parties de sa fleur, être classée parmi les Lælia. Les sépales sont ligulés-aigus ; les pé- tales, d’un joli rose garance vif, à reflets mauve brillant; le labelle, trifide, à di- vision médiane rouge carminé, nuancé de mauve; les divisions latérales et le disque sont blanc bordé de mauve pourpré; co- lonne blanche avec quelques taches aux angles. Cette jolie Orchidée a reçu le nom de Lælia Batemaniana. Rosier multiflore Delalande. — Cette l)elle nouveauté, dont la Revue a donné ré- cemment la description (1), paraît disposée à remonter. Nous venons d’avoir un exemple de la végétation extraordinaire de cette plante, par un rameau qui s’est développé sur celui dont nous avons décrit les fleurs, et qui, d’un rouge pourpré et couvert de feuilles pourpres, est gros comme le doigt et se termine par un beau bouquet de boutons. Si ces qualités s’affirment, on aura là une acquisition de premier ordre pour garnir les murs, les tonnelles, les arbres, etc. Bananiers et Coleus. — Nous sommes arrivés à l’époque où la décoration florale des jardins produit son maximum d’effet, et où l’on peut se rendre compte des avantages et inconvénients de toutes les combinaisons imaginées par les cultivateurs. Une des plus (l) Voir Revue horticole, 1886, p. 319. 412 CHRONIQUE HORTICOLE. jolies corl)eilles que nous ayons vues cette année consiste simplement en dix pieds de Musa Ensete, de dimensions moyennes, distancés sur un fond ovale et bombé, entiè- rement planté de CoJeus Verschaffelti. Les Bananiers ont actuellement à peu prèsl"^ 75 de hauteur totale, et, plantés à environ 2 mètres les uns des autres, ils ont suffi- samment d’espace pour développer libre- ment leurs admirables feuilles ondulées, que le fond rouge somlire des CoJeus rend encore plus ornementales. Spiræa astilboides. — Dire que cette plante est une des plus jolies espèces du genre, c’est, en quelques mots, faire son éloge. Elle fait partie du groupe des Spi- rées Filipendules, est vivace et perd ses tiges chaque année. Quant à ses fleurs, elles sont petites, mais en quantité innombrable ; elles sont d’un blanc de lait, disposées en épis dressés et ramifiés. Les fleurs durent très-longtemps. Sa rusticité est complète ; la plante ne souffre jamais, même des plus grands froids. C’est certainement une des meilleures nouveautés de 1884. Le Jardin d’Acclimatation du bois de Boulogne. — Cet établissement n’est pas seulement l’objet d’une des plus agréables promenades que l’on puisse faire, c’est aussi l’une des plus utiles. L’horticulture y tient aussi une large place ; grâce à ses diverses succursales, et surtout à celle d’Hyères (Var), le Jardin d’Acclimatation est une double école : commerciale et ornementale. Sous ce double rapport, on peut dire que rien n’est mieux compris; non seulement les plantes sont artistement placées et réparties pour produire le plus possible d’effet orne- mental, mais encore le public peut en voir les noms et demander au commerce celles qui lui conviennent le mieux. Pour cela, dmis ime 2oJate-J?ande-écoIe, sont réu- nies toutes les espèces employées à la déco- ration du Jardin, accompagnées d’une étiquette indiquant leur nom. Si, dans son ensemble, ce Jardin est un modèle d’ornementation, il en est de même des | détails , soit comme massifs pleins, soit comme mosaïculture. Quant au point de vue commercial, l’entreprise n’est pas moins bien conçue, et on trouve là des échan- tillons variés et de forces diverses d’une culture et d’une tenue irréprochables. Comme promenade amusante, instructive, et comme utilité, le jardin dont nous par- lons est certainement un établissement de premier ordre, grâce à M. Geoffroy Saint- Hilaire, qui en est le directeur, et au jar- dinier en chef, M. Patrie, qui le seconde si bien. La direction du Jardin du Hofbourg, à Vienne. — Nous apprenons que ce poste, laissé vacant par la mort de M. Franz An- toine, vient d’étre confié à M. Franz Maly, le curateur de la Flora austriaca ou Ar- Jjoretum Ilostii. Cette collection, unique au monde, des plantes sèches représentant la flore autrichienne, est déposée au château du Belvédère, à Vienne. Concours en Algérie. — Nous devons rappeler que, par arrêté du Gouverneur gé- néral de l’Algérie, le Concours ouvert en 1884 et 1885, pour l’attribution d’un prix au meilleur procédé de destruction de l’Al- tise de la Vigne, reste ouvert jusqu’à la fin de l’année 1886. Le prix est de 5,000 francs et une médaille d’or. Expositions d’horticulture annon- cées. — A Luçon, du 25 au 29 septembre. — Coulommiers, du 18 au 20 septembre. — Sceaux, du 25 au 30 septembre. — Tou- louse, du 15 au 19 septembre. — Alençon, du 6 au 10 octobre. — Rennes, octobre. A Paris, du 23 au 26 octobre 1886, Ex- position de la Société nationale d’horticul- ture de France, dans le pavillon de la ville, aux Champs-Elysées. Cette Exposition com- prendra les fruits, les légumes les plantes fleuries, les bouquets. Le jury se réunira, le samedi 23 octobre, à 9 heures du matin. Les demandes pour exposer devront être adressées, avant le samedi 9 octobre, au Secrétariat général, 84, boulevard Saint- Germain. Nécrologie. — M. Adolphe Cachet. — Nous avons le vif regret d’annoncer à nos lecteurs la mort d’un des plus habiles hor- ticulteurs d’Angers, M. Adolphe Cachet. Il a succombé à l’âge de soixante-deux ans. C’était un cultivateur de premier ordre. Le Camellia, les Bruyères de serre, étaient l’objet de ses préférences ; ses Palmiers et Cycadées étaient remarquables. L’établis- sement ne sera pas fermé, et M™® Cachet, aidée de son gendre, M. Verrier-Cachet, conservera soigneusement les traditions du maître trop tôt enlevé à l’estime de ses confrères et à l’affection des siens. F. -A. Carrière et Ed. André. l’arbustum. 413 L’AllBUSTUM Je lie sais comment les nouveaux diction- naires latins (létinissent le mot Avbustum, mais je sais (|ue mon vieil exemplaire, sur le frontispice duquel est écrite, à la suite de mon nom, la date fatidique de 1832, n’est pas plus fait pour nous renseigner sur ce point, que la Bible sur le paradis terres- tre, ni que la fable sur le Jardin des Hes- pérides. D’un autre coté, les commenta- teiu‘s allemands et surtout les traducteurs français ({ui ont si excellemment rendu tout ce qui, dans les ouvrages des agronomes latins, est à côté de l’agronomie, non seule- ment ne nous sont d’aucun secours dès que nous voulons pénétrer dans les détails de la technique, mais trop souvent, les notions qu’ils nous apportent sont absolument er- ronées (1). Il était, du reste, impossible qu’il en fut autrement, car de même que le traducteur de Vitruve doit être un archi- tecte, et celui de Gelse un médecin, de même les livres de viticulture ne peuvent être traduits que par un vigneron, soit de profession, soit d’inclination ; or, Saboureux était un avocat. C’est dommage, car le monde vitic.ole y perd d’utiles enseignements. Jamais on ne mettra au service de la Vigne plus de pa- tientes investigations, plus de poursuite dans les détails, que ne l’ont fait les Do- mains du siècle d’Auguste et leurs ancêtres, les Gaulois. Tous, au reste, ou le sait bien, ne songeaient qu’au profit; leur but unique était d’approvisionner abondamment la table et le pressoir, mais il est arrivé qu’en recherchant pour leurs Vignes les- formes les plus avantageuses, ils en ont rencontré une d’une suprême élégance : c’est celle de la Vitis arhustiva, Vigne de Yarbustum. A ce titre, elle a droit à son chapitre ici, et si jamais l’on formait un Musée ré- trospectif de l’agriculture, elle en serait as- surément le plus bel ornement. Dans le lexique viticole que j’ai fait à mon usage, je définis ainsi le terme arbiis- tum : ((' Emplacement complanté en arbres ordonnés, c’est-à-dire par alignements droits, suivant Tordre quadrillé ou suivant (1) J’ai conscience de la gravité de cette critique qui s’attaque à des princes de l’érudition. Pour la justifier, j’aurais le choix entre plusieurs milliers d’exemples ; je choisis le plus court : Il s’agit de combattre l’action de la gelée en brûlant des tas de paille préparés à l’avance dans des Vignes. Le texte porte : « Cum frigus conLra ternporis consuc- Tordre quinconcial, et qui servent de tu- teurs à des ceps de Vigne. » Ce mot se dit par opposition à vinea, qui est un vignoble peuplé de ceps traînant à terre, ou s’ap- puyant sur des tuleiirs de liois mort. Bien de ce qui existe aujourd’hui ne peut nous donner une idée de ce que fut cette culture dans l’antiquité; les quelques spécimens qui se rencontrent encore clans le Midi ne sont nullement comparables, et quant à ceux du village d’Anvers, près Pa- ris, ils ne sont bons qu’à arrêter le paysa- giste en quête de pittoresque. Ce n’est donc qu’au moyen de Tétude attentive des textes que Ton peut essayer une reconstitution; la décadence est aujourd’hui complète. J’ai vu, dans un vignoble célèbre du Portugal, tail- ler un arbustum à coups de croissant ! Il n’y avait autrefois de vin réputé noble que celui de Y arbustum, et si le cépage était la merveilleuse variété que les anciens nommaient Aminée, on obtenait un de ces liquides dont la conservation était, pour ainsi dire, indélinie, et qui, parvenus à la consistance solide du miel, se vendaient au poids pour parfumer les vins inférieurs. Mon but étant de ne considérer Yarbus- tum que sous le rapport de la beauté de sa forme, je passe sur les avantages qu’il pré- sentait quant à la production. Il faut pour- tant que je touche, en passant, à Tune de ses propriétés. En accolant des ceps à un arbre d’essence choisie d’après la nature du terrain, on pouvait, à volonté, placer le Piaisin plus ou moins haut sur Tarbre, mais toujours plus haut que celui de la vinea. Les anciens regardaient comme un fait ac- quis en viticulture, que la grappe atteint son summum de qualité quand elle baigne dans la zone la idus chaude de l’atmosphère. « Plus le terrain est humide, écrivait Vai - ron, plus il faut élever les grappes ; le Raisin a surtout besoin du soleil, il sera temps de lui donner de Teau quand il sera dans nos coupes. » Et plus tard, Pallard : (( Quand on veut beaucoup de grappes, on multiplie les sarments sur les branches de Tarbre; quand on veut du meilleur vin, tudinem intellexeris. » On traduit : ce Si vous crai- gnez que le froid n’arrive plus tôt que de coutume. » Le latin, il est vrai, ne dit mplus tôt mplus tard, il dit contre l’ordinaire de la saison, mais le moins lettré des vignerons saura qu’il faut entendre plus tard, puisque ce ne sont que les gelées tardives du printemps qui sont à redouter. t L’ARliUSTUM. 414 il l'aiit les dii-ig'cr vei*s la cime. » Or, rox])é- jâeiico lui ayant démonlrc que cctie zone, la plus cliande,' s’élève en raison directe de riiiiniidité du sol, ils avaient })osé, comme consé({nence, les propositions suivantes: Sur un coteau bridé du soleil, la Vigne à terre, les llaisins re])osant directement sur le sol (Vigne en cliaintre). Sur un sol modérément chaud, la Vigne à tige, la hauteur de cette tige étant au minimum de i pied et demi (45 cenli- jnètres), et au maximum de la taille moyenne de riiomme. Sur un sol un peu trais, la Vigne mariée à rOrme. Sur un sol marécageux, la Vigne mariée au Peuplier. Et- l’on ne craignait pas de la faire des- cendre de ces coteaux i[u’elle aime pour la confiner dans un la hauteur à laquelle on la faisait grimper compensait le vice du terrain. C’est ainsi qu’à Piavenne, dont le territoire n’était encore, au temjis de Sidoine Apollinaire, qu’un vaste maré- cage, on récoltait un vin qui n’était pas sans mérite ; à Gécuhe, en pleins Marais- Pontins, la Vigne poussait, pour ainsi dire, dans l’eau {media judude) et ne cuisait pas moins ses P^aisins (Martial, xiii, 115). Parler des coctions à propos d’une Vigne paludéenne est sans doute une exagération de poète ; il n’en est pas moins vrai que, sous Auguste, le vin de Gécuhe se buvait encore couramment; il avait même été classé jadis au-dessus du Falerne, avant que l’incurie des vignerons eût ruiné ce petit vignoble. Dans de pareils terrains, c’était jusqu’en haut de l’arbre qu’il fallait monter pour tailler et vendanger, et tel était le péril que l’homme libre ou l’affranchi, avant de se hasarder sur ces cimes élevées, stipulait les frais éventuels de l’incinération de son corps. Gette opinion, qui fait dépendre la finesse du Raisin de sa situation par rapport au sol, s’est accréditée chez les modernes. Voici des exemples pris dans deux pays très-éloi- gnés l’un de l’autre. (( Un habile cultivateur qui habitait le district de Melun avait mis un cep de Vigne à la phqiart de ses plein-vent. Son meil- leur Chasselas venait au sommet d’un Pom- mier. » (François de Neüfchateau, apud 01. de Serres.) (( Les Vignes qu’on laisse grimper à leur fantaisie produisent un fruit excellent qu’elles ne donneraient }>as, cultivées à plat sur cette terre saturée d’humidité. » I (M"“^ Garla-Serena, Voyage en Min- g rélie.) On me pardonnera cette digression par laquelle j’ai voulu faire entendre que s’il fallait, pour notre malheur, renoncer à maintenir nos Vignes dans leurs sites pré- férés, il faudrait en essayer la culture dans les terres submersibles, et même submer- gées. .le reviens à mon sujet. L’établissement d’un arbuslum n’était pas l’œuvre d’un jour. 11 fallait élever en pépinière les deux futurs conjoints : la Vigne et l’Orme, VUl- mus Maritus , comme disaient les an- ciens, de façon à assortir leur âge en vue de l’union projetée. Golumelle consacre à l’éducation de l’Orme un long chapitre dont je ne rapporterai qu’un détail : il s’agit de refaire une tige à un jeune ormeau déca- pité. Pour cela, « on choisit un rameau dont l’écorce soit très-luisante, en conser- vant au-dessus de ce rameau une portion de la tige de neuf pouces de longueur contre laquelle il sera amené et fixé par des at- taches ; ainsi redressé, il remplacera la tige coupée. L’année suivante, l’onglet sera sup- primé et la plaie parée ». Cet ingénieux procédé est toujours en honneur, l’École du Luxembourg l’a même généralisé, et en fait une application nor- male, dans la taille annuelle, à toutes les branches des arbres fruitiers, dans le but d’obtenir un prolongement direct. Il va sans dire que l’on aveugle (c’est le terme de l’antiquité) les yeux qui se trouvent sur l’onglet-tuteur. (( Quand l’arbre a donné des rameaux déjà forts, on retranche ceux qui sont inu- tiles, ne gardant que ceux dont la posi- tion répond à l’arrangemen t que l’on a en vue. » Cet arrangement est celui auquel, en phyllotaxie, on donne le nom de ternation. L’auteur le décrit fort bien : (( Jusqu’à 8 pieds du sol dans une terre forte, jusqu’à 7 seulement dans une terre légère, on ne laisse aucune pousse sur le tronc. A la hauteur voulue, la circonférence de l’arbre est divisée en trois parties égales, et l’on choisit, pour former la première couronne (tahidatum), trois rameaux dont la direction correspond à ces trois divisions ; puis, à trois pieds plus haut, on en choisit trois autres, mais placés de telle sorte qu’ils ne soient pas dans le plan des inférieurs, et enfin on dressera tout l’arbre jusqu’au faîte suivant la même ordonnance. » Ainsi, toutes les couronnes de rang pair l’arbustum. 415 ont leurs Lranclies dans les memes plans verticaux, et celles de rang impair les ont dans les plans bissecteurs des premiers. Une tige de Lysimachia ou encore un rameau de Laurier-Rose donnera la repré- sentation très-rédiiite de l’Orme et du Peu- plier destinés à l’union de la Vigne. Aucune ramification dans les branches charpen- tières : en taillant la Vigne, on taillait très- court les pousses de l’arbre qui s’étaient dé- veloppées dans l’année. Une pareille structure, raide et compassée, n’était pas faite pour plaire aux yeux. L’arbre empruntait toute sa grâce à sa pa- rure de pampres. A chacune de ses bran- ches s’accolait en dessous un bras de Vigne pris sur l’un des ceps plantés à sa base, au nombre de trois au moins et de dix au plus, car un seul eût été impuissant à atteindre la cime s’il lui avait fallu garnir toutes les branches. La polygamie s’impo- sait. Quelques vignerons ne raccourcissaient jamais le brin qui devait s’élever le plus haut ; ce n’était peut-être pas le moyen de le faire monter vite. Chaque bras se terminait par un, deux et quelquefois quatre lo7igs bois avec autant de pouces à leur base, ou disposés comme on le verra tout à l’heure pour pourvoir à leur propre remplacement. Mais, avant d’aller plus loin, définissons ces termes. J’appelle long bois un sarment de l’année précédente que l’on conserve de toute sa longueur ou que l’on ébouquette un peu si son extrémité est trop faible. Pour désigner ce sarment, les Latins avaient de nombreux synonymes, ce qui a quelque peu troublé les traducteurs. La synonymie française est encore plus riche (haste, piqucmte, sautei'elle, viette et plus de vingt autres). J’appelle pouce (1) ce que les Latins nommaient pollex, 7'esex et plus souvent custos (2) la branche de réserve à laquelle on a laissé seulement deux ou trois yeux et qui fournira l’année suivante un ou deux long bois et un nouveau pouce de remplacement. Une puérilité des anciens était de rechercher la conformité du custos au pouce de l’homme au moyen d’une sec- tion oblique qui se détachait en blanc et figurait l’ongle (ungidis shnilis ixsectio), (1) M. le docteur J. Guyot, dans ses rapports au ministère de l'agriculture, écrit Pousse. Pour ma part, j’ai toujours entendu dire aux vieux vigne- rons un pouce, c’est-à-dire un sarment taillé à la longueur du pouce. La dérivation du latin Pollex est certaine. (2) On dit en Avignon ou mieux Vedetta; c’est l’exacte traduction de custos. Pour mieux assurer le remplacement, et dans la crainte que le pouce ne restât inerte, ce qui arrive quelquefois, on se mé- nageait une seconde branche de réserve que l’on nommait fm'07icle. TixïWcr en furoncle, c’est, pour les vignerons d’aujourd’hui, tailler sur le sous-œil ou bourrillo7i ; c’est, pour les jardiniers, tailler à l’épaisseur d’un écu. L’empâtement de la base avec la section blanche qui la surmontait ressem- blait à un abcès près d’aboutir, à peu près aussi bien que le custos ressemblait à un pouce. On s’apercevra aisément que cette taille en pouce et long bois est exactement celle du Pêcher en crochet et rameau porte- fruits. Une autre méthode, reconnaissable également dans le traitement actuel du Pêcher, consistait à se passer des branches de réserve et à obtenir du long bois son propre remplaçant au moyen du développe- ment des yeux de sa base. Pour cela on choisissait des sarments placés latéralement sur le bras ; on les tondait à une petite distance de leur origine, de façon à les rendre très-souples, et on les faisait passer par-dessus la branche de l’arbre, en les y serrant très-fortement, et en les c( préci- pitant » (præ caput, la tête en bas). Ainsi durement iiavré, le long bois ne fructifiait pas moins, mais l’excès de sève retenu à la base y faisait pousser du bois de rempla- cement. Maintenant, que l’on se représente un a7'bustu7)i d’une étendue de quelques ju- gères (3), peuplé soit d’Ormes, soit de peu- pliers, espacés entre eux de 20 pieds seule- ment (6 mètres). De chaque branche pendent, comme d’un Saule pleureur, des thyrses renversés qui se halancent au vent, ou, pour emprunter à Pline sa comparai- son, des (( chevelures ornées de grappes ». N’y avait-il pas là, malgré la régularité de l’ensemble, quelque chose de semblable à ces forêts de lianes dont parient les voya- geurs ? Plus gracieux devait être Vcü'bustu^n gal- licum, nommé aussi 7'U7npotinetu7n (du radical gaulois inmipus ou rumbus). L’arbre dont se servaient les Gaulois nous est in- connu : son nom latin est opidus. D’aucuns pensent qu’il faut lire g) ojyulus, mais le mot est trop souvent répété pour que cette opi- nion soit admissible. D’autres disent que c’est l’arbrisseau nommé Obier ou Boule-de-Neige, (3) 11 y en avait de très-vastes. « C’est à qui, dit Horace, étendra le plus loin les alignements de son arbustum. » PRUNIER HYBRIDE. 41 G mais je n’en crois rien ; il fallait un arbre capable de procurer à la Vigne un appui solide. On le tronquait à 15 ou iiO pieds ro- mains (5 à G mètres) et il ne devait jamais dépasser cette bauteur. Les longs liois ne pendaient pas, on les disjiosait en guir- landes d’un arbre à l’autre, de sorte que chaque arbre (sauf ceux de bordure) en- voyait ses longs bois à la rencontre de ceux de ses quatre voisins et ils s’entrelaçaient en guirlandes. La troncature de l’arbre, la limitation du nombre de .ses liranclies et la disposition des pampres en guirlandes au lieu de celle en chevelure pendantes, voilà ce qui distin- guait l’urbustuni gauloisde l’italien. « Tous deux, dit Colurnelle, étaient faits pour atti- rer les regards par leurs productions et par la beauté de leur aspect. » L’éloge pourra paraître modéré, mais il sort de la bouche d’un homme dont la de- vise, en viticulture, était : « L’utilité prime l’agrément » : Utilitas vincit vohiptatem. AL Messager. riiLAjm immiDE La plante type, dont nous allons donner une description et que reju'ésentent, à dif- férents états, les figures 107, 108, 109, est un hybride obtenu par nous entre le Prunus Fig. 106. — Prunus Japonica^ de grandeur naturelle. Fig. 107. — Prunus hybrida replans, rameau de grandeur naturelle. japonica et le P. Sus- quehana \ Hort. Notre but, en ten- tant - cette (l)Le Pru- 7UIS Suscjue- hana qui nous avait été envoyé d’Al- lemagne était très-voisin du P. purnila, Mich., dont il est probable- ment une forme. La Fig. 108. — Primus hybrida repla'ns, au 1,15 de grandeur naturelle. plante trace beaucoup et fructifie abondamment, ce qui n’est pas le cas pour le P. pianila ou Ragou- minier. — Voir Revue horticole, 1875, p. 99. toutefois sans modifier aussi caractères du P. japonica. hybrida- tion, était de modifier le P. japo- nica (figu- re 106), au moins dans son tempé- rament, et d’en aug- menter la vigueur qui laisse beau- coup à dé- sirer. Nous avons réus- si, mais non tous les autres Ainsi, au lieu IA VKGÉTATION POLAIRE. 417 d’un ar])usle ^rôle, presque suflVulescent, à hranclies et rameaux très-ténus, nous avons ol)tenu un arliiiste vigoureux, buis- sonneux, dressé, très-raminé, à branches relativement grosses, en un mot, quelque chose de très-di lièrent du P. japonica. En voici les caractères : Prunus hijhrida stricta (fig. 109). — Ar- l)uste vigoureux, non traçant, dressé, attei- gnant 1 mètre et plus de hauteur, compact, très-ramifié, rappelant un peu le Prunus sinensis par son aspect général. Branches grosses, bourgeons feuillés dès la hase, à écorce très-rouge, glabre ou à peine très-lé- gèrement villeuse. Feuilles très-courtement pétiolées, régulièrement ovales, atténuées aux deux extrémités, inégalement dentées, à dents aiguës, serrées, rougeâtres surtout en dessus, quand elles sont jeunes. Fleurs réu- nies par petits grou- pes de 2 à 3, nues, c’est-à-dire non ac- compagnées de feuil- les, dressées sur un pédoncule d’environ 15 millimètres, assez large (13 millimètres de diamètre). Boutons rose vif, puis carné pâle, finalement d’un rose vineux, d’une longue durée. Corolle bien ouverte et régu- lière, à 5 pétales lar- gement ohovales, très- courtement onguicu- lés. Étamines à filets très - ténus, blancs ; anthères jaunes, lar- gement ovales. Fleurit en avril-mai. A fleuri la seconde année du semis. Dans ce même semis, où se trouvaient diverses formes ou variétés, nous en avons choisi une très-distincte par sa végétation. La plante, à branches Irès-divariquées, longues, rampantes, se dénude assez pronq)tement à la base, se rapprochant beaucou}) du P. Susquehana. Fn voici les caractères : Prunus hybrida replans (fig. 108). — Arbuste très-vigoureux, à l)rancbes divail- quées, longuement et brusquement cou- chées sur le sol, sur lequel elles rampent, à écorce noire. Bourgeons élancés, nus à la base, à écorce blanc verdâtre. Feuilles obo- vales, entières ou très-légèrement denticu- lées, glabres, d’un vert glauque ou cendr-é en dessous. Fleurs (fig. 107) réunies par 2 ou par 3 de chaque côté des liourgeons, très- rarement nues, sur un pédoncule dressé d’environ 15 millimètres. Boutons petits, un peu allongés, obtus, lilanc pur ou légè- rement jaunâtre. Corolle à 5, plus rarement 4 pétales distants, re- lativement étroits , concaves, longuement acuminés. Étamines assez nomlireuses, à filets très-ténus, lilancs, terminés par des anthères subsphé- riques jaunes. Ra- cines rouges très- longuement et hori- zontalement rampan- tes. Fleurit dans le courant de mai. Comme la précédente, cette plante a fleuri la deuxième année du semis. On doit multiplier ces plantes de cou- chage, car, outre que les boutures s’enra- cinent difficilement, il arrive fréquemment qu’elles fondent lorsqu’on en opère la sépa- ration. E.-A. Carrière. Fig. 109. — Prunus hybrida slricta, au 1/12 de grandeur naturelle. LA VÉGÉTATION POLAIRE Peu de personnes, même parmi celles que des études spéciales ont mises au courant de la dispersion géographique des végétaux, se font une idée à peu près exacte de la flore septentrionale. On doit reconnaître que les documents relatifs à cette partie de la botanique sont extrêmement rares et que l’on a, jusqu’ici, été réduit à glaner de ci, de là, dans les relations de voyages au pôle, quel- ques indications très-vagues et très-som- maires. Certains voyageurs, ceux surtout qui ont soutenu l’hypothèse de la mer libre, à l’ex- trême nord, où la température serait telle que l’eau n’y gèlerait jamais et formerait un immense lac .servant de refuge, pendant les grands froids, aux oiseaux des contrées septentrionales, ont répandu l’idée que la végétation, de ces régions si peu hospita- 418 LA VÉGÉTATION POLAIRE. Hères était variée et vigoureuse. D’autres ont aftirmé aJisoliiment le conti*aire, et leur version seinlilait Jiien plus acceptaHle. Mais la vérité se trouve entre ces deux extrêmes, et, grâce surtout aux recherches (lu célèlire voyageur suédois Nordenskiold, on sait aujourd’lmi à cpioi s’en tenir sur ce point. M. T. -H. Kjellman, de Stockolm, vient de })ul)lier la partie relative à la hotani(pie du voyage de M. Nordenskiold, et les données suivantes, qui en proviennent, permettent de se faire une opinion sur ce sujet intéres- sant. Sans être fort nombreuses, les plantes que l’on rencontre dans les régions polaires, où le thermomètre descend plus bas que 46 degrés sous zéro, présentent un cer- tain intérêt. Elles se divisent en deux caté- gories : celles qui ne peuvent se développer que pendant la période de chaleur, période très-courte qui s’étend de la fin de juin à septembre, et celles qui continuent à croître après que les chaleurs sont passées, pour supporter, pendantes et ratatinées sur la terre nue, les terribles froids de ces régions. L’hiver polaire dure, on le sait, presque toute l’année, et les végétaux doivent, en deux mois, ou à peu près, accomplir toutes les phases de leur développement. Aussi la végétation y a-t-elle une énergie surpre- nante, inconnue sous nos climats, si ce n’est dans les serres chaudes. Un grand nombre d’expériences précises ont démontré qu’en quelques heures une plante pouvait doubler de grandeur et de poids. La température estivale s’y élève à un degré suffisamment élevé pour que l’on constate quelquefois -f- 23® à 10 centimè- tres de profondeur dans la terre. Les arbres ou arbrisseaux sont rares ; on rencontre seulement les Betula nana et glandidosa, Salix arctica, hogadinensis , reticidata, Spiræa hetuJæfolia. Certaines espèces choisissent de nouvelles conditions d’existence : le Ledum pcdustre qui, en Europe, ne réussit que dans les terrains marécageux, ne se trouve au pôle que dans les endroits secs et relativement chauds. Il en est de même pour les Saxifraga Hir- cidus, Pedicularis palustris, Mgrtillus nliginosiis, Empetrum nigrum. La llorai- son des plantes polaires a heu, pour la plu- part d’entre elles, vers la mi-juillet. A Pitlekay, le 10 juillet, les Saules ci- dessus indiqués étaient en heur, ainsi que les Cassiope tetragona, Diapensia Jappo- nicn, Hicrocldoa alpina^ Luzida arcuata, Cocid caria fenestrata, Ranunculus ni- v(dis et ])ygmæus, Nardosmia frigida, Saxifraga pmictcda, Ceraslium alpinum, PolentiUa parviflora; les Ledum pa- luslre, I^olggonum polgmorpkum, Erio- phorum vaginatmn et russcolum, étaient moins avancés. Le 12 juillet, lleurit le Ta- raxacum officimde ; le 14, le Claytonia acAdifoUa; le 17, les Catahrosa aJgidct, Helianlhus gyeploidcS; Saxifraga rivu- laris, Arctostaphylos alpina , Primida nivalis et horealis, Pedicidaris sudetica et lanaia. Ces végétaux ne se trouvent pas, liien entendu, répartis d’une façon régulière. Les conditions de terrain et d’exposition nécessaires à leur existence se rencontrent de place en place, et le voyageur se trouve subitement en face d’une sorte d’îlot de ver- dure, qui le repose des sites monotones qu’il vient de traverser. Dans certaines ré- gions du Nord de la Sibérie, on a trouvé, rassemblées au même endroit, jusqu’à 50 espèces de Phanérogames, appartenant à 30 genres et à 15 familles distinctes. Les Eritrichium vülosum, Saxifraga serpyllifolia et decipiens, Cardamine hel- lidi folia, Papaver 7iudicaide, Stellaria longipes, Oxyria digynct, Luzula arcuata, Draha alpina, croissent également dans les régions polaires, de même que VElymus mollis, le Papaver nudicaide, le Silcne tenuis, les Kœniga islandica, Artemisia mdgaris, Gentiana. glauca, Sagina ni- valis, Juncus higlimiis, etc. Certaines espèces, qui croissent dans des climats plus doux, subissent, dans l’extrême nord, des modifications notables : le Myr- tillus nligmosus, qui présente, en Suède, des feuilles de 20 millimètres de long, a des feuilles de 5 millimètres au [pôle; le Par- nassia pcdnstris, de 30 centimètres de haut, descend à 10 centimètres, etc, La base de certaines plantes porte quel- quefois des boutons particuliers qui doivent passer l’hiver. Ces boutons sont formés de feuilles modifiées, dont le parenchyme est bourré d’amidon. Malgré la brièveté de la période de végé- tation, les plantes ont le temps de fructifier et de mûrir leurs graines. Sur 150 espèces en fleur, collectées par la Véga dans son voyage au nord de la Sibérie, 85 avaient des fruits mûrs, ce qui détruit cette hypothèse souvent formulée que les végétaux des ré- gions polaires se renouvelaient par les graines que le vent et les oiseaux appor- taient des régions chaudes. DANGERS DE L’ABUS DE LA COCA. 419 Les Algues sont assez noml)reiises le long des côtes. On y voit V Erderomorpha mi- crococca, Rhodomela lycopodioides. Rho- dymenia pahnata, Halosaccion ramen- taceum. Leurs couleurs sont peu voyantes, les teintes foncées dominent. Leur développe- ment se fait d’une foçon régulière et con- tinue, aussi Lien en hiver cpi’en été, et cela à une température qui se maintient tout près du zéro du thermomètre centigrade. Quelques-unes de ces Algues atteignent, QUELQUES MOTS A PROPOS DE Sans tenir compte des procédés de con- servation usités, voici une observation importante à faire relativement à la cueil- lette des fruits. En général (on pourrait même dire d’une manière absolue et toutes circonstances égales d’ailleurs), les fruits se conservent d’autant mieux et surtout d’autant plus longtemps qu’ils ont été cueillis un peu à 8 pieds de haut et ressemblant à un Prunus spinosa. Les feuilles de VE. Coca sont minces, mais opaques, ovales et acuminées. La sur- face supérieure est vert foncé, l’inférieure plus pale, mais très-marquée de nervures. Les Heurs sont ])lancbes, petites et dis- posées en grappes. L’emploi de la Coca date, au Pérou, de la plus haute antiquité, et la plante y fut, dit- on, introduite par les Incas. Maintenant la Coca est généralement employée au Pérou, à Quito, à la Nouvelle-Grenade, et aussi sur les l)ords du Rio-Grande, où elle est connue sous le nom de Spadic. La Coca est un grand objet de commerce CAPENSIS. parmi les Indiens, et partout où ils vont ils en emportent un sac rempli avec des feuilles séchées avec soin et aussi une petite goui’de remplie de chaux réduite en poudre fine. Quelles que soient ses occupations, soit comme mineur, muletier ou domestique, l’Indien se conqdaît à mâcher de la Coca, quatre fois par jour, mélangeant les feuilles avec un peu de poudre de chaux ou de cen- dres de Quinoa. Quand la Coca est employée à petites doses, elle procure une action agréable sur l’imagination et roul)li de tous soucis. C’est aussi un stimulant très-puissant sur le système nerveux et sous son influence les Indiens portent, pendant de longues dis- tances, de très-lourds fardeaux. Mais, employée avec excès, elle produit un enivrement dans le genre de celui de l’Opium et les conséquences d’un emploi journalier et prolongé sont d’abréger la vie. On fabrique maintenant une préparation appelé Bœuf de Coca, tonique, très-vantée; mais que ceux qui en usent se souviennent que cela ne leur fera pas de vieux os. Peter Henderson. {Traduit par Jean Sisley.) I5URCIIELLIA CAI'ENSIS Etaljü par le botaniste Robert Rrown, ce genre, qui appartient à la famille des Rubiacées, a été dédié au voyageur anglais Rurcbell, qui a particulièrement exploré certaines parties de l’Afrique, notamment le Cap de Eonne-Espérance. C’est en 1818 que l’espèce figurée ci-contre a été intro- duite. On ne comprend guère qu’une plante aussi jolie, qui réunit presque tous les mé- rites que doit avoir une plante de haut or- nement et qui devrait se trouver partout, soit encore si rare qu’elle est à peine connue dans le commerce, et qu’on ne la trouve guère que dans les jardins liotaniques. Outre sa lieauté, des plus remarquables, le Bur- chellia capensis est relativement rustique, passe parfaitement dans une serre froide ou orangerie, où, chaque année, il se couvre de fleurs. Ses caractères généraux sont les suivants : Arlirisseau très-ramifié, compact, attei- gnant de 1 à 2 mètres de bauteur. Feuilles très-courtement pétiolées , subelliptiques, acuminées au sommet, coriaces, à limbe par- fois un peu tourmenté. Fleurs réunies en capitules au sommet des rameaux, accom- pagnées de liractées ténues, subsétacées. Co- rolle tubuleuse, atteignant environ 25 mil- limètres de longueur, d’un rouge fojJement orangé, très-brillant, s’épanouissant en serre froide en avril-mai, mais beaucoup plus tôt si les plantes sont placées dans une serre chaude, où elles fleurissent néanmoins très-l)ien. Le BurcheUia capensis, ' nous ne sau- rions trop le répéter, est méritant et pour- rait certainement faire une bonne plante de (( marché ». En effet, outre qu’il est rus- tique et qu’il se forme bien, il reprend fa- cilement de boutures, et est tellement Ho- ribond que des boutures à peine reprises se couvrent de fleurs. La plante n’est pas capricieuse, et, chaque année, sans soins particuliers, toutes les ramifications se ter- minent par un bouquet de fleurs. Elle a également l’avantage de se prêter au forçage avec la plus grande facilité, de sorte qu’on peut en avoir en fleurs pendant presque tout Reime HoriicoU Godccrd. dd. . Ovvrroolvüv. Q-.Stv&r&yns . Burckellia mpaisis major. I. É)> 'VÀ » ' c. ^v« Jfc»‘ - .V m ■y-, r. >^: 7%. .w. ■m %Â' « .H-jr m> /Mi >»> ^8' !•: r ^ L, M ■rv-i-Wi. . ’fT'Vri ■■ ' ' -?«»•*''- •ja".-'" "' ^ ^ S-" -. 1Ç^ ‘ vrl, *; ■ ■ tilt,. > - '-î-'*:-.^*^'} • ini 'I f'iii''v I •'Hi 'iiir' I ~ iif **'vi ' TOMATE EOISGELIN. — SOCIÉTÉ NATIONAI-E D’iIORTTCULTURE DE FRANCE. 421 l’hiver, en ayant diverses serres que l’on chanfle snccessivement. Ajoutons (jiie ses heurs sont résistantes, que la plante peut être employée à la décoration des apparte- ments et aussi qu’elle peut être cultivée en plein air dans le Midi, le Sud-Est et même dans certaines parties de l’Ouest de la France. En pleine terre, le Burckellia ca- pern^is conslitue des buissons d’une lieaufé dont il n’est guère possible de se faire une idée si on ne l’a pas vu. E.-A. Car i{ 1ÈRE. TOMATIÎ IIOISGELIN L’impossibilité où l’on est souvent de donner des qualificatifs aux variétés jardi- niques explique les noms propres qu’on leur donne dans un grand nombre de cas. Il y a même à cela un avantage, c’est que ce nom est presque toujours une sorte d’acte de naissance du nouveau venu ; de là le nom Comtesse de Boisgelin donné à la va- riété qui fait le sujet de cette note. Ajou- tons encore, en faveur de ce procédé, l’a- vantage de faire voir de suite qu’il s’agit d’une plante obtenue dans les cultures , et par conséquent n’occasionnant pas de con- fusion avec les plantes dies « sauvages », c’est-à-dire indigènes ou autochtones, quel que soit leur pays , toutes plantes qui, en général, constituent ce qu’on nomme la partie scientifique. D’autre part, à ceux qui douteraient encore de la formation constante de nou- velles espèces , nous pourrions citer , comme infirmant cette opinion, la Tomate dont le nom est inscrit en tête de cet article. En effet, cette variété, qui, pour les carac- tères généraux et les dimensions des fruits, rappelle la variété Président Garfield, provient, dit l’obtenteur, M. Hippolyte Des- champs, jardinier en chef chez M. le comte de Boisgelin, à Beaumont-le-Pmger (Eure), de la fécondation de la Tomate grosse hâ- tive avec la variété grosse lisse. Quoi qu’il en soit de cette fécondation, il est un fait — et c’est l’essentiel — qui démontre la formation d’une nouvelle race : c’est que la variété en question diffère des deux parents supposés et que jamais M. Deschamps n’a cultivé la Tomate Pré- sident Garfield. C’est donc un nouveau type dù à M. Deschamps, qui le cultive de- puis plusieurs années déjà. En voici les caractères généraux : Plante très-vigoureuse et productive, at- teignant 2 mètres et plus de hauteur. Tige raide, très-forte, à feuillage large et long, robuste comme toutes les autres parties de la plante. Fruit énorme, atteignant jusqu’à 20 centimètres de diamètre, et pesant 1 ki- logramme et plus lors de son complet déve- loppement, d’un rouge foncé. Chair pul- peuse-aqueuse, rose vif, de saveur agréa- ble, légèrement acidulée et sans âcreté. Graines plutôt petites que fortes, relative- ment peu nombreuses, disséminées dans la chair. La Tomate Comtesse de Boisgelin est très robuste et paraît relielle à la maladie qui sévit parfois si cruellement sur ce genre de plantes. Le seul reproche qu’on pourrait peut-être lui faire, c’est d’être un peu tar- dive, surtout là où le climat est déjà peu favoralile à cette culture. Toutefois, c’est là un défaut que l’on peut facilement combattre en semant un peu tôt, en plantant dans des conditions abritées et bien ensoleillées, en appliquant aux plantes un pincement raisonné, et en enlevant une partie plus ou moins grande des feuilles. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 26 AOUT 1886 Les Concours spéciaux qui, conformément au programme, avaient lieu ce même jour, don- naient à la séance une animation toute par- ticulière. Nous allons d’abord parler de ceux- ci, en commençant par les Glaïeuls, qui étaient représentés par trois lots : celui de MM. Souil- lard et Brunelet, de Fontainebleau, qui compre- nait une soixantaine de variétés, plus une quinzaine de ces memes plantes de semis iné- dites. Les unes comme les autres étaient ma- gnifiques comme choix des variétés et comme grandeur et perfection des heurs. — Dans ce même concours venait M. Torcy-Vanier, de Melun, avec une collection de 80 varié- tés. Cet apport était également très-intéres- sant. — Le troisième exposant était M. Tréfoux, 422 SOCIÉTÉ NATIONALE D’iIORTICULTURE DE FRANCE. liorticulteur à Auxerre, qui exposait un lot do Glaïeuls rustiques. — MM, Vilmorin et Cio exposaient des Zinnias en pots, qui formaient trois catégories distinctes, tant })Our les dimen- sions des plantes que pour la gi’andeur et la forme des fleurs : il y avait des Pompons et des grandes peurs de coloris divers, ainsi que des grandes, moyennes et petites plantes. Ces MM, exposaient, également en pots, des Browalia erecla à fleurs violettes, ainsi que des pieds de Reines-Marguerites pyramidales, panachées et roses, à fleurs gran- des et à fleurs pompons ; plus, de fortes })0- tées de Lohelia vivaces, hybrides très-beaux, tous d’une très-grande valeur ornementale. — M. Launay, jardinier à Sceaux, des Phlox de- eussata, en fleurs coupées. — M. Lecaron, marchand grainier, horticulteur, quai de la Mégisserie, Paris, exposait en fleurs coupées 62 variétés de Reines-Marguerites dont une dizaine à « fleurs couronnées », plus quelques variétés de Gaülardia Lorenzoi; cet apport était très-beau. — M. Pernelle, horticulteur à La Varenne-Saint-Hilaire (Seine), exposait des fleurs coupées de Zinnias de plusieurs variétés, toutes très-belles, bien variées, d’une grosseur et d’une forme peu communes. — MM, Miot père et fils, horticulteurs à Langres, des fleurs de Dahlias fort belles, et quelques Œillets de Chine. Exposition-Concours. — Trois présentateurs seulement : M. Battut, marchand fruitier, rue Quincampoix, 18 : 14 variétés de Pommes, Poires et une Pêche. Parmi tous ces fruits, qui venaient de l’Auvergne, se trouvaient plusieurs variétés locales ; nous avons remarqué une Pomme sans pépin d’Auvergne, très-longue, côtelée, souvent atténuée vers la queue. Gomme presque toutes les autres variétés présentées par M. Battut, celle-ci n’était pas mûre. Quant à la Pêche, qui était également un fruit local, et qui avait pour nom Pêche de Saint- Antoine, elle était très-grosse, légèi’ement atténuée au som- met ; la peau, très-courtement velue à fond blanc un peu jaunâtre, rappelait assez une Pêche Chevreuse, et était lavée et fouettée rouge sur les parties insolées. C’est une variété précieuse pour le commerce, à en juger par son aspect, — L’autre exposant, qui venait en concurrence avec M. Battut, était M. Bertrand, rue Saint- Jacques, Paris ; il avait apporté 20 variétés de Pommes et de Poires, de choix et de saison, c’est-à-dire mûres ou à peu près. Parmi les Pommes, nous avons noté Transparente de Zurich, Calville rouge d’été, Rambour d’été, Cr and- Alexandre ; parmi les Poires : Bon Chrétien d’été, Williams, Souvenir du Con- grès, etc. — Enfin le troisième exposant était M,. Chevalier (Gustave), de Montreuil, qui pré- sentait 8 espèces de Pêches : Madeleine rouge, Madeleine H arriot, Crawford Early, du Prado, Baron Dufour, Blanche d’Amérique, Crosse- Mignonne hâtive ; plus 5 variétés de Brugnons : Elruge, violet hâtif. Galopin, Hardwick seed- ling, et une variété à très-petit fruit dans le genre du Brugnon cerise, mais très-différente par sa forme allongée, légèrement conique. On la dit de première qualité. — M. Schwartz, jardinier chez M. Lemercier, à Bagneux (Seine), un panier de fruits ; Pêches, Raisins Fi anken- thal et Chasselas. Au comité de culture potagère: — Par M. Launay, jardinier à Sceaux, un petit Me- lon Cantaloup, d’environ 12 centimètres de diamètre, à fond jaune roux, uniforme, lisse, régulièrement côtelé, rapporté en 1881 de la Société d’horticulture de Genève sous le nom de Pompon de Malaga ; son écorce est mince ; la chair est d’un rose vineux ou roux pâle, très-fondante, sucrée et très-agréablement parfumée. Au comité de poriculture : — Par M. Ter- rier, jardinier chez M, Fournier, à Neuilly- Saint-James (Seine), deux superbes plantes de Nepenthes compacta et N. magnipca, qui nous ont paru très-voisines, mais bien vigoureuses, portant chacune 12 urnes ou ascidies. — Par M. Parizot, amateur à Fontenay-sous-Bois, des semis de Gloxinias. — ParM. Régnier, horticul- teur, avenue Marigny, également à Fontenay- sous-Bois, un pied fleuri de Cypripedium Gode- froyæ et un C. Pœgnieri, deux espèces très-naines et très-floribondes, nouvelles et rares. Avec ces deux plantes, M. Régnier présentait un fort beau pied de Ricin provenant de graines qu’il avait rapportées du Cambodge. Haute de 80 centimètres, la plante, bien qu’âgée seulement d’environ deux mois, a les tiges et les pétioles d’un beau noir luisant; quant aux feuilles, le limbe, très-régulièrement digité-pal- mé, est également d’un beau noir chatoyant, diversement nuancé suivant l’état du dévelop- pement. C’est, croyons-nous, une plante d’a- venir pour l’ornementation des grands jardins et qui, soit en groupe, soit isolément suivant la position ou l’emplacement, produira d’heureux contrastes. Au comité à’ arboriculture fruitière, ont été faits les apports suivants : — Par M. Berthault (Vincent), jardinier à Rungis (Seine), une cor- beille de Raisins Frankenthal et Chasselas, très-jolis, surtout le premier. — Par M. Alexis Lepère fils, des Pêches Alexis Lepère, variété de premier mérite que l’on ne saurait trop recommander. L’arbre est vigoureux et fertile ; les fruits, très-gros, d’une forme et de qualité supérieure, se colorent tout autant que la Ga- lande ou Noire de Montreuil; puis trois espèces de Pommes : Calville de Dantzig, Grawenstein, Pigeon anglais, qui sont toutes d’un haut mérite. Le Pigeon anglais, surtout, nous paraît mériter une mention spéciale; en effet, outre que la Pomme est assez grosse, bien faite, un peu allongée, légèrement côtelée, elle est d’un très-beau rouge violacé, recouvert partout d’une pruine qui, par suite de la transpa- rence, donne à l’ensemble une teinte brillante et douce rappelant cette nuance indicible. LA GRANDE PERVENCHE PANACHÉE. 423 irisée et chatoyante que l’on désigne par l’épithète gorge-de-pigeon. — Par M. Mainguet, président de la Société régionale d’horticulture de Vincenries , une Prune de semis d’un violet pâle, très -glauque, de moyenne grosseur, rappelant un peu un fort Damas. — Par Mlles Chrétien, de Bagneux (Seine), des Cerises que le Comité a cru être une variété de Morello des Charmeux. — Par M. Gorion, propriétaire à Épinay (Seine), deux Prunes de semis, l’une blanc jaunâtre, l’autre violacé, rappelant assez toutes deux, pour la forme et la grosseur, une sorte de Reine- Claude. — Enfin, par M. Haraca, de Pau (Basses-Pyrénées), deux Poires de semis rap- pelant, l’une une sorte de petite Crassane, à queue assez forte, raide, droite. Ce gain, dit « hybride ® du Soldat Laboureur par la variété japonaise Mikado, rappelle assez bien celle-ci, sauf des macules claires, assez régulières, qui donnent â la peau, qui ne se colore pas, l’aspect d’une sorte de damier sombre, d’un singulier ellet. L’autre gain de ce môme présentateur est un semis de la Poire Van Mons ; le fruit, longuement effilé â sa base, rappelle assez la forme, la grosseur et la couleur uni- formément gris erotté de la Poire Calebasse Bosc. — Par M. Oscar Goffrion, 19, rue des Fossés- Saint-Jacques, Paris, des extraits liquides de divers fruits ; Groseilles, Fraises, Framboises, Oranges, Citron, Cassis, etc., qui, disait le pré- sentateur, mis dans l’eau, en très-petite quan- tité, doivent communiquer à celle-ci la saveur des fruits dont ils proviennent. LA GRANDE PERYENCIIE PANACHÉE Cette variété, à feuilles panachées de jaune pâle, de la grande Pervenche {Vinca major, L.), est trop peu répandue; elle mé- rite cependant une recommandation toute particulière. Depuis de longues années, nous l’employons dans les situations les plus di- verses, et toujours avec le plus grand avan- tage. Sur les plates -handes et en bordure des grands massifs, elle peut faire des touffes dressées qui produisent abondamment leurs grandes fleurs bleues, si l’on a soin d’enle- ver les rejets stériles. La forme rampante rend les plus grands services aux jardiniers paysagers. On en peut faire des bordures qui, dans les sols frais et argileux, prennent un grand déve- loppement qu’il est toujours facile de ré- duire. La plante est d’autant plus belle et mieux panachée qu’elle est plus vigoureuse, contrairement à beaucoup d’espèces qui perdent leur ornement chlorotique et re- viennent au type sous l’influence d’une cul- ture plus riche. Pour garnir les rocailles, elle est incom- parable. Ses longues tiges prennent toutes les positions qu’on leur assigne ; elles couvrent très-bien le sol et les roches sans être envahissantes ni trop radicantes comme beaucoup de plantes saxatiles, et c’est avec la plus grande facilité qu’on la réduit à occuper juste l’emplacement qui lui est réservé. A l’ombre, sous bois, pourvu que le cou- vert ne soit pas trop épais et que les racines des arbres n’aient pas trop épuisé la terre végétale, la Pervenche panachée occupe à merveille le terrain ; mélangée au type et à la petite Pervenche (V. minor, L.), aux Primevères, au Millepertuis à grandes fleurs (Hypericumcalycinum), à quelques plantes bulbeuses, auxFragons (Ruscus aculeatus et R. racemosus), à l’Iris Gigot {Iris fœti- dissima), aux Cyclamens eiLro- pæum) , elle orne très-bien les parties dé- nudées, si désagréables à l’œil sous les mas- sifs très-ombragés des jardins et des parcs. A toutes les expositions, elle peut garnir les talus d’une épaisse et charmante végé- tation. Il suffit que le sol y soit bien pré- paré, suffisamment fertile pour qu’elle puisse s’y nourrir, car si la plante vigou- reuse est jolie, elle produit un fort vilain effet quand on la laisse souffrir. Lorsque ces talus ne peuvent s’arroser, il suffit de les garnir, çà et là, en alternant les emplace- ments, de pierres qui forment poches, ar- rêtent de temps en temps les eaux pluviales et conservent au sol une fraîcheur suffisante pour empêcher le dessèchement pendant un ou deux mois d’été. En résumé, c’est sur- tout contre la sécheresse qu’il faut protéger la grande Pervenche panachée. En suspensions, elle est la plante décora- tive par excellence. Si l’on en plante quel- ques toufles dans des jardinières ou des vases suspendus à des chaînettes, son port changera et prendra la forme la plus pitto- resque. Ses rameaux s’allongent, portant aux nœuds des feuilles qui se redressent, tan- dis que les entrenœuds, très-espacés, aug- menteront son élégance en lui prêtant une gracilité qu’elle n’a pas naturellement à ce degré. Nous l’employons sous cette forme avec le plus grand succès. Chaque année, au printemps, un peu avant le moment de 424 LE CENTENAIRE DE M. ClIEVREUL. l’installation à la campagne, nous faisons border, avec cette Pervenclie, de grandes jardinières entourant l’intérieur d’un esca- lier octogonal, à la hauteur du pi-emier étage, et qui sont garnies de plantes vertes accompagnées de queUjues arbustes tleuris- sants, des Hortensias, par exemple. En peu de semaines, les tiges des Pervenches s’allon- gent jusqu’à descendre au rez-de-chaussée, en jiendant gracieusement le long des murs. Si l’on ajoute à l’ensemble une suspension centrale, un peu grande, plantée en son mi- lieu d’une Proméliacée ou mieux d’une touffe Astelia Jkinksii qui ne demande aucun soin, et si on laisse pendre sur les l)ords de cette suspension les longues tiges sarmenteuses, radicantes et fleuris.santes du Saxifrarja sarmentosa et du Linaria Cynihalaria, on olitient un ornement peu coûteux, dont l’élégance ne saurait être surpassée. Ed, André. LE CEMEAAmE DE M. CIIEVREEL M. Clievreul, memlire de la Société na- tionale d’agriculture de France depuis 1832 et faisant partie de son bureau depuis 1849, atteignait sa centième année le 31 août dernier. La Société nationale se devait à elle- même et devait à son illustre doyen de mar- quer cette date par une solennité dont le sou- venir laissât des traces dans l’bistoire de la Compagnie. Elle a voulu être la première à lui adresser ses félicitations à l’occasion de ce glorieux centenaire; aussi, sans se préoccu- per de ce qui se préparait ailleurs, et qui était peut - être un peu trop mondain, a-t-elle célébré cette fête chez elle et en famille. La cérémonie n’en a pas moins eu tout l’éclat qu’elle pouvait avoir. De bonne heure la grande salle des séances avait été envahie par un public nombreux et choisi, parmi lequel beaucoup de dames. Outre le bureau et les membres de la Société nationale d’agriculture, un grand nombre de notabilités avaient tenu à assister à cette séance. Nous citerons quel- ques noms seulement ne pouvant les citer tous : MM. Timiriatzef, de Moscou ; le docteur Broch, de Giiristiana ; Richard, du Cantal ; Palacio, ambassadeur de Colombie à Berlin ; Triana, consul de Colombie à Paris, etc. Quand M. Clievreul est arrivé, à deux heures, à l’hôtel de la Société nationale d’agriculture, il a été acclamé par toute l’assistance qui s’est levée pour l’accueillir. Après avoir pris place au fauteuil, l’illustre vieillard donne lui-même la parole à M. Louis Passy, secrétaire perpétuel, qui prononce un grand discours dont nous extrayons les passages suivants : Très cher et très vénéré Président, La France a remporté la victoire du cente- naire ! Angers vous a vu naître le 31 août 1786. Paris vous retrouve dans toute la force de la vie le 31 août 1886. Nous saluons en votre per- sonne un siècle de labeur et de gloire... Vous avez été nommé, il y a cinquante- quatre ans, membre de la Société nationale d’agriculture, et, depuis trente-sept ans, vous présidez à ses travaux. Recevez l’hommage de notre vénération et de notre gratitude!... C’est avec une piété filiale que la Société nationale d’agriculture célèbre le jour de votre naissance, et l’émotion profonde qui nous domine ne disparaîtra pas dans l’éclat des solennités qui se préparent. Ici, tout est tou- chant, parce que tout est simple. On cherche à vous faire honneur, mais ôn cherche à vous faire plaisir, et cette séance est une fête de famille, qui a plutôt pour objet de satisfaire votre cœur que de célébrer votre gloire... Notre Vice-Président, au nom de la Société tout entière, vous priera d’accepter un souve- nir qui est l’image de votre pensée, poursui- vant la vérité sous l’inspiration de la sagesse. Des jeunes gens, auxquels je me suis associé, ont fait avec un succès éclatant appel à vos admirateurs, pour offrir au doyen des étu- diants la seule médaille qui fera passer à la postérité le portrait du plus illustre des cente- naires. Puis M. Louis Passy a raconté la vie et les travaux scientifiques de M. Clievreul ; parlant ensuite de ses recherches intéres- sant l’agriculture, l’orateur dit : Vous avez toujours soutenu que l’art de l’agriculture ne consistait pas à faire donner à la terre le maximum de produits, si Ton ne parvenait pas au minimum de dépenses. Le maximum de produits et le minimum de dé- penses ne peuvent être atteints que par une connaissance scientifique de la terre que cha- cun cultive. Voilà pourquoi vous avez dit : « Le but définitif de mes recherches est de connaître l’action et la réaction du sol, des engrais et de l’atmosphère, par des expériences méthodiques », et, en effet, vous avez toujours cédé au penchant qui vous portait naturelle- M. CHEVREUL SI ;rS ■■■ :M . 'f Dessin de A. Karl, d’après une pîiotogra})liie de Nadar CLÉMATITE LA FRANCE. 427 ment à étudier les rapports des clioses , les influences des phénomènes et des laits les uns sur les autres, l’association des couleurs et l’associntion des idées. L’agriculture ne com- portant jamais de résultats absolus et étant condamnée à progresser par des expériences successives que des faits nouveaux modifient sans cesse, vous trouviez dans cette étude le champ le plus vaste et le plus naturel pour y semer’ vos saines pensées avec vos sévères cal- culs et pour justifier la méthode qui domine votre vie scientifique tout entière, méthode que vous avez appliquée à toutes les connais- sances humaines. M. Lecoiiteiix, vice-Président de la So- ciétié et Président de droit pour l’année prochaine, a ensuite pris la parole pour offrir au nom de la Société un objet d’art comme hommage de celle-ci à son illustre doyen. Son discours a été à maintes reprises couvert par des applaudissements. Les plus anciens membres présents de chaque section ont alors présenté leurs félicitations et M. Brongniart a remis au vénérable cente- naire la médaille des étudiants. Après avoir reçu ces témoignages de bon souvenir, l’illustre savant a remercié en ces termes : Tout ce que je viens d’entendre, dit-il, me jette dans un grand embarras! Pourquoi? A cause de la vivacité des sentiments profonds, nombreux, que vous m’exprimez. Jamais je ne me serais attendu à l’honneur que me font mes camarades. — Vous me permettez cette expression? Elle n’est pas déplacée dans la bouche du doyen des étudiants. CLÉMATITE Cette Clématite, hybride entre les Cle- matis lanuginosa et C. Jackmani^ pré- sente des caractères intermédiaires entre ces deux plantes. En voici la description : Plante très-vigoureuse, excessivement flo- ribonde. Tige et rameaux velus, roux. Bourgeons à écorce très -duveteuse. Feuilles prenantes par le contournement des pétioles ou rachis, à folioles ovales-elliptiques, en- tières, très-luisantes à la face supérieure. Inflorescence longue, raide, droite. Ba- milles florales axillaires, opposées, sub- dressées, à écorce douce au toucher, cour- tement duveteuses. Boutons longuement ovales, acuminés en pointe au sommet, légèrement violacés. Fleurs dressées, attei- gnant jusqu’à 20 et même 22 centimètres de diamètre, ayant de 4 à 6 pétales épais, elliptiques-ovales, atténués à la base, brus- Après cette solennité, M. Cbevreul s’est rendu à l’Académie des sciences, où M. Blanchard Ta félicité au nom de l’Aca- démie. Le lendemain, jour anniversaire de la naissance de M. Cbevreul, a eu lieu une manifestation solennelle , organisée par tout le monde scientifique de la France et de l’étranger et par les pouvoirs constitués. Comme la plus grande partie de la vie de M. Cbevreul s’est passée au Muséum d’his- toire naturelle, auquel il appartient de- puis 1822, c’était dans cet établissement qu’avait été préparée la fête. Une statue de l’ancien directeur, due au ciseau de l’émi- nent sculpteur Guillaume, a été inau- gurée à cette occasion devant M. Cbevreul lui-même entrant ainsi vivant dans l’immor- talité et assistant à son triomphe. La veille au soir, à l’Opéra, avait eu lieu une soirée de gala, dans laquelle le cente- naire avait été acclamé par une foule im- mense, et le soir du 31, une retraite aux flambeaux a parcouru en son honneur les principaux boulevards de Paris. Enfin un immense banquet a réuni dans la salle Saint-Jean à l’Hôtel de ville tout ce que Paris compte d’illustrations scienti- fiques et politiques. De nombreux discours ont encore été prononcés pour célébrer la gloire de Cbevreul, et M. Goblet, ministre de l’instruction publique, en portant un toast à l’illustre centenaire, a « exigé )> que pour la première fois de sa vie il bût du vin de Champagne. François Bernard. LA FRANCE quement acuminés au sommet, blanc vio- lacé à l’extérieur qui est parcouru par trois nervures longitudinales saillantes ; l’inté- rieur est d’un très-beau violet foncé, nuancé chatoyant, brillant, à bords on- dulés - crispés , irrégulièrement crénelés ; étamines nombreuses, à filets staminaux blancs à la base, violacés dans la moitié su- périeure, ce qui produit un charmant con- traste et fait encore ressortir la couleur excessivement brillante de la fleur. La Clématite La France a été obtenue par M. Gégu, horticulteur, rue Fran- Idin, 95, à Angers. C’est une plante cjui, par son mérite, est véritablement hors ligne, et qui, une fois de plus, met hors de doute l’influence de la fécondation artifi- cielle et montre ce que l’on peut obtenir par ce moyen. En effet, la Clématite La France, 428 JŒVUE UES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PURLICATiONS ÉTRANGÈRES. ]iyl)ri(le des (^. laniujinosa et Jachmani, j)ossè(le les caractères ^^énéraiix de ces deii.x })lantes ; elle a [)ris la végétation de la C. lanuginosa, c’est-à-dire qu’elle fleurit continuellement comme cette der- nière et qu’elle en a conservé la villosité et l’aspect général ; quant aux fleurs, par leurs dimensions, leur forme, leur nature, elles rappellent celles des lanurjinosa, sont })li!s abondantes et ont pris la belle couleur violet foncé de la Clématite Jachmani. f^a rusticité est complète. I.a culture et la multiplication de la Clé- matite La France ne j)résentent rien de particulier. Une bonne terre franche, con- sistante et fraîche, lui convient surtout. Une SUllGllEFFÂGE exposition un peu ombragée sera préférable, non, toutefois, pour la végétation, mais pour la longue durée des llèiirs. La multi- plication se fait par bouture et par gretfes ; celles-ci se prali({uent sur racines, ainsi, tlu reste, ({ii’on le fait pour toutes les es- pèces du genre. Quant aux boutures, on les fait sous cloche, à froid, à i)artir du mois de juillet, en prenant des bourgeons-rameaux seiui-aoùtés (|u’on ])lante en terre de bruyère. Si les parties employées pour faire les i)out lires ont été coupées en serre, le succès, dans ce cas, sera beaucoup plus assuré. C’est meme le seul moyen qu’il convient d’employer. E.-A. Carrière. DES l'ÈEIlEKS Bien que l’expérience n’ait pas encore suffisamment démontré l’avantage du sur- greÜage des Pêchers, les quelques faits que l’on connaît et les résultats avantageux que donne cette opération pratiquée sur les Poi- riers, semblent être une garantie des bons effets que cette opération pourrait produire sur les Pêchers. Une première question qui, d’abord, se présente à l’esprit, est celle-ci : — Y a-t-il des variétés de Pêchers particulièrement propres à servir de sujets surgrejfons? Le fait n’est pas douteux, en principe; pour l’application, c’est une question pratique, que seule l’expérience peut résoudre, car il est hors de doute que cette question est subordonnée au climat, au sol et aussi aux variétés qui doivent vivre ensemble. Es- sayons de formuler quelques règles qui, bien qu’elles nous aient donné de bons résultats, ne devront être considérées que comme des suggestions. Nous avons cru remarquer que, chez nous, les variétés de Pêchers qui convenaient le mieux comme su Jets-surgreffons sont : Téton de Vénus, Grosse-Mignonne , Reine des Vergers, etc. Ailleurs, d’autres variétés pourront être préférées. Une chose indispen- sal)le, c’est que les surgreflbns reprennent, puis vivent bien avec le sujet qui, sui- vant les circonstances, pourra varier. Ce sujet pourra être du franc, c’est-à-dire le Pêcher (par exemple dans le midi) ; le Piu- nier dans le nord ou dans les terrains hu- mides ou froids; l’Amandier pour le centre et même iiour le nord de la France. Lorsqu’on emploie le Prunier comme su- jet, il n’est pas non plus indiflerent de prendre telle ou telle variété. Ainsi, tandis que le P. Mgroholan est un très-hon sujet en Belgique et en Hollande, il est tout à fait mauvais pour le midi et même pour le centre de la France. La pratique devra dé- cider du choix des sujets. Il en est de même pour l’arbre qui doit servir d’intermédiaire, bien que, en général, il doive être un Pê- cher. Mais quant à la variété à préférer, on devra prendre celle qui s’accommode le mieux des conditions dans lesquelles les arbres doivent vivre et avec les variétés qu’elles doivent recevoir, absolument comme on le fait lorsqu’il s’agit de Poiriers. E.-A. Carrière. REYLE DES DLAATES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Cypripedium Winnianum, nov. liyb. — Orchidées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 363.) — Nouvel hybride obtenu par MM. Veitch du croisement des C. villosum et Druryi. Pédon- cule garni de poils rouge foncé ; bractées mar- quées de taches pourpre foncé à leur base ; sépale supérieur oblong-aigu, jaune blanchâtre, avec le centre pourpre indien ; sépales latéraux plus courts que le labelle, d’un joli jaune d’ocre très-brillant ; pétales rouges à l’exté- rieur, avec une raie longue et assez large sur la neivure médiane et de nombreuses petites REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. taclies brunes à la base. Le labelle est, sem- blable à celui du C. villosum, ainsi que le sta- minode, qui est cependant un peu plus large que dans cette dernière espèce. Phajus tuhcrculosus, Bl. — Orchidées. {Gard. Chron., 1880, vol. 1, p. 302.) — Cette espèce, dont l’introduction remonte déjà à plu- sieurs années, a les lobes latéraux du labelle très-grands, d’un brun rouge, taché de petits points orange, épars ; le lobe central pré- sente des taches mauve sur ses bords. Le la- belle est orné de marques jaunes à la base, et de mauve pourpre dans le milieu. Dendrobium melanophtalmum., Rchb. f. — hyb. nat. Orchidées. {Gard. Ghron., 1880, vol. 1, p. 420.) — Cette forme, résultant du croisement naturel du D. Wardianum et cras- sinode, a les tiges presque semblables à celles de la première de ces deux espèces, à cela près qu’elle présente un peu plus de nœuds. Les fleurs sont celles du D. crassinode Barbe- rianum, mais avec deux taches foncées. Odontoglossum asjjersum, var. spiloglos- sum., Rchb. f. — Orchidées. {Gard. Chron., 1880, vol. 1, p. 450.) — Cette variété nou- velle possède les caractères de l’espèce type ; cependant, son labelle est lobé, comme dans rO. maculatum erosum, et il est maculé de taches brunes, ainsi que tous les O. macula- tum. Odontoglossum cordatum, var. Kienastia- num., Rchb. f. — Orchidées. {Gard. Chron., 1880, vol. 1, p. 450.) — Cette variété est re- marquable par les taches qui marquent les pétales et sépales ; celles qui se trouvent sur les sépales sont presque confluentes. Le labelle a la partie antérieure brun très-foncé. Lissochüus dilectus, Rchb. f. — Orchidées. {Gard. Chron., 1880, vol. 1, p. 450.) — Espèce originaire du Congo , des environs d’An- gola et du Malange. Les sujets récoltés au Congo ont les fleurs roses , avec un bec jaune à l’éperon qui est gibbeux et rayé de pourpre; la base du labelle est blanc in- tense. Ceux découverts à Angola, par le doc- teur Wehvitsch, sont, d’après ce dernier, à fleurs roses et à labelle pourpre. Cypripedium lo, Rchb. f. — Orchidées. {Gard. Chron., 1880, vol. 1, p. 488.) — Cet hybride a été tout nouvellement obtenu par le croisement des C. Lawrenceanum, comme père, et Argus comme porte-graines. Les feuilles sont celles du premier, les pédoncule et fleur ressemblent à ceux de la plante mère; le sépale dorsal est plutôt large et rappelle celui du G. Lawrenceanum ; mais les nombreuses nervures médianes sont vertes et les externes sont pourpres ; les sépales latéraux sont nervés de vert et plus courts que le labelle ; les pé- tales sont presque semblables à ceux du C. Ar- gus, et bruns aux extrémités. Le labelle est semblable à celui du C. Argus. Oncidium sarcodes discoidale, Rchb. f. — Orchidées. {Gard. C/iron., 1880, vol. l,p.488.) 429 — Cotte variété nouvelle serait le très-ancien O. sarcodes Rigbyanum, s’il avait, comme ce dernier, des taches sur la partie antérieure du labelle. Alpinia (?) pumila, J.-D. Ilooker. — Scita- minées Zingibéracées {Bot. Mag., tab. 0832). — Charmante plante, décorative pai‘ son feuil- lage et par ses fleurs. Originaire des montagnes de la Chine orientale, elle a été importée en 1883 en Europe, où elle a fleuri pour la pre- mière fois en 1885 à Kew. Feuilles réunies par deux ou trois sur chaque pied, radicales, éri- gées, à limbe long de 10 à 15 centimètres, elliptique lancéolé, vert, strié de blanc entre les nervures. Fleurs roses marquées de car- min, réunies en grappes courtement pédicel- lées, n’arrivant pas à la hauteur du limhe des feuilles. Anthurium Glaziovii, J.-D. Hooker. — Aroï- dées {Bot. Mag., tab. 0833). — Belle espèce originaire du Brésil, d’où elle a été récemment introduite par M. Glaziou, directeur des parcs publics de Rio-de- Janeiro ; feuilles au nombre de quatre ou cinq, sub-érigées, vert foncé ombré, oblongues- ovales, longues de 00 à 70 centimètres ; pétiole long de 20 centimètres. Spathe longue de 20 centimètres, large de 3, linéaire-oblongue, tordue, pourpre violacé en dessus, verte en dessous ; spadice érigé, long de 20 centimètres sur 1 centimètre et demi à la base, d’un joli rouge violacé, régulièrement marqué par les stigmates noirs. Plante très-or- nementale. PentstemonMenziesii, y B.r. Scouleri, A. Gray. — Scrophulariacées {Bot. Mag., tab. 0834). — Cette forme, découverte dans la région nord- occidentale des États-Unis, ne présente pas un grand intérêt au point de vue décoratif. Ses fleurs, réunies en grappes terminales, sont longues de 5 centimètres, d’un violet bleu pâle. Arctotis auréola, Ker. ; A. revoluta, Jacq. — Composées {Bot. Mag., tab. 0835). — Plantes suffrutescentes connues depuis fort longtemps, à larges capitules jaune vermillonné dans la première espèce, jaune doré dans la seconde. Didymospierma nanum, Wendl. — Palmiers. {Bot. Mag., tab. 0830.) — Palmier nain ne dé- passant guère 90 centimètres de hauteur, à feuilles pennées, introduit depuis longtemps de l’Assam. Primula Auricula, Linn. — Primulacées {Bot. Mag., tab. 0837). — Cette espèce, que l’on trouve en France, dans le Dauphiné et le Jura, puis en Suisse, en Lombardie, dans le Tyrol, la Hongrie et la Transylvanie, n’est inté- ressante qu’au point de vue botanique. C’est d’elle que sont sorties toutes les Auricules actuellement cultivées. Ses feuilles, obovales, sont glabres et pubescentes, farineuses sur les deux faces ; ses fleurs, réunies en ombelles, sont d’un jaune brillant. Chamædorea Arenbergiana , Wendl. — Palmiers {Bot. Mag., tab. 0838). — Ce joli Palmier, au port d’une grande élégance, a été 430 LEUCANTIIEMUM VULGARE. *- CORRESPONDANCE. introduit en -1879 du Guatemala. D’une taille peu élevée, son stipe est marqué de cicatrices annulaires, espacées de 5 centimètres et qui sont laissées par la chute des feuilles. Ces feuilles, longues de 2 mètres ou un peu plus, sont pennées avec dix à quinze paires de folioles oblongues lancéolées, à large base sessile, ré- trécies graduellement en longue j)oint à partir du milieu de leur longueur, plissées longitudi- nalement, d’un beau vert en dessus, un peu pfiles en dessous; le pétiole, arrondi, surmonte une très-longue gaine. Les inflorescences sortent d’une longue gaine formée par plusieurs spa- tlies tubuleuses, emboîtées l’une dans l’autre. Fuchsia ampliata^ Bentli. — Onagrariées {Bot. Mag., tab. C839). — Décrite depuis long- temps, cette belle espèce a été introduite pour la première fois en Europe en 1877. Originaire des Andes de l’Équateur et de la Nouvelle- Grenade, où nous l’avons bien souvent rencon- trée à l’état sauvage la haute altitude où elle croît spontanément, permet de supposer qu’elle sera rustique dans l’Ouest. Elle forme un Il y a pour chaque être deux sortes de valeurs de natures très-diverses : l’une intrin- sèque, c’est-à-dire réelle; l’autre conven- tionnelle, qui, pour ce fait, est sujette à de très-grandes variations et peut présenter de larges écarts. Dans cette dernière rentrent les plantes rares ou difficiles à cultiver, les plantes de collection ou d’amateur dont la mode constitue le principal mérite. Presque tout le monde admire les plantes de la première catégorie, mais cette admira- tion ne passionne pas, parce que, étant sous les yeux de tout le monde, ces plantes passent souvent inaperçues, c’est-à-dire sans exciter d’enthousiasme, surlout s’il s’agit d’espèces communes. Telle est, sans aucun doute, la grande Marguerite commune, le Leucanthemum vulgare, Lamk. (Chrijsanthenium Leu- canthcmimiy Lin.) EnelTet, que pourrait-on lui reprocher? Vivace, gazonnante, très- rustique et croissant à toutes les expositions comme dans tous les sols, cette plante fleurit très-ahondamment, quelles que soient les arbuste de lm50 à 2n»50 de hauteur. Ses feuilles, verticillées par trois, sont elliptiques oblongues, bordées et veinées de rouge. Ses fleurs, pen- dantes, pédonculées, viennent isolément ou par deux ou trois à l’aisselle des feuilles supé- rieures : elles sont longues de 5 à 7 centimètres et d’un beau rouge écarlate; les pétioles, un peu plus courts que les lobes du calyce, ne sont pas dépassés par les étamines. Ismene polyanthcs , Don. — Amaryllidées (Bot. Mag., tab. 0841). — Cette plante, origi- naire des Andes de l’Équateur, ressemble, par sa feuille et son port, à un Eucharis, tandis que sa fleur se rapproche beaucoup de celle d’un llippeastrum. Son principal caractère consiste en ce que ses étamines et le style, longs de 12 centimètres, ont trois fois la lon- gueur du périanthe. Ce périanthe, d’un beau jaune orangé, est infundibuliforme, et présente six segments oblancéolés. Les fleurs sont réu- nies par six ou huit en ombelles, au sommet d’une hampe haute d’environ 30 centimètres. Ed. André. JM VULGARE conditions dans lesquelles elle est placée. Ses fleurs sont très-grandes, blanches avec le centre d’un très-beau jaune d’or. Ajoutons que ses fleurs, longuement pédonculées, coupées et mises dans l’eau, se maintien- nent longtemps fraîches. Il y a donc là assez de qualités pour faire rechercher le L. vulgare, qui pourrait cependant encore être sensiblement amélioré si on le soumettait à une culture raisonnée, et, alors, donner des variétés de mérites diffé- rents, si on le multipliait par semis. Nul doute aussi qu’on pourrait l’employer avan- tageusement pour faire des hybridations, soit avec le Chrgsanthemum frutescens, dans le but de donner à celles-ci de la rusticité et d’en changer l’aspect général, soit avec des Pyrèthres (Chrysanthèmes japonais, chinois ou indiens), afin d’en modifier la couleur, ou bien pour leur communiquer la faculté de produire des plantes indéfiniment remontantes, comme le sont, par exemple, les Chrysanthèmes frutescents. E.-A. Carrière. CORRESPONDANCE M. C. E. s. {Wurtemberg) . — Les procédés récents les plus perfectionnés pour la conser- vation des fruits en France sont dus à M. Salomon, viticulteur à Thomery (Seine-et- Marne). Personne n’opère sur une plus grande échelle que lui. La Revue horticole a plu- sieurs fois parlé de ses procédés, qui portent non seulement sur la construction et l’aména- gement des fruitiers, mais aussi sur les tempé- ratures basses qu’il a su obtenir par d’ingénieux moyens artificiels. Il n’est pas à notre connaissance que des CORRESPONDANCE. 431 ouvrages spéciaux aient été publiés sur ce sujet, dans ces derniers temps. Le meilleur moyen de s’éclairer serait de faire une visite à rétablissement de M. Salomon. No 3493 (Loiret). — Parmi les meilleurs ouvrages sur les Vignes américaines, nous vous recommandons spécialement le livre de M. F. Sahut, La Vigne américaine, publié à Montpellier, chez l’auteur. M. Louis Bazille a publié, dans la meme ville, une monographie illustrée de tous les cépages américains. Enfin, M. Pulliat dirige depuis plusieurs années un très-utile journal, spécial à cette question et intitulé ; La Vigne américaine, où sont traitées toutes les questions de ce vaste sujet. M. H. L. (Côtes-du-Nord). — Nous avions demandé si l’emploi des Varechs, tannée, sable, arrosés de jus de fumier et placés au pied des Pommiers, surtout en septembre, avait de bons effets. Vous nous répondez affirmativement. Nous ne pouvons mieux faire que de donner à nos abonnés un extrait de votre réponse sur cet intéressant sujet : « Cet engrais est très-favorable. J’avais fait une plantation de Pommiers après un abattis de Hêtres, dans un terrain sec. Aussi, après les premières années, malgré un bon engrais, les Pommiers végétaient mal. Ce n’est que par le moyen des substances indiquées plus haut que j’ai pu sérieusement ramener mes arbres à la vie. Aujourd’hui leur peau est lisse et leurs pousses fortes. » Nous engageons tout naturellement nos confrères à suivre votre exemple. No 3358 (Gironde). — Dans la région du littoral méditerranéen, située entre le Rhône et Narbonne, très-malsaine en certains endroits et souvent dépourvue d’arbres, on ne saurait entretenir l’espoir de conserver longtemps des plantations d’Eucalyptes, quoi que vous en disiez. De nombreuses observations météorolo- giques, faites notamment avec le plus grand esprit de suite par M. Ch. Martins, ont dé- montré que le thermomètre a souvent atteint, dans la région qui entoure Montpellier, des minima de 12 degrés. Aucun Eucalyptus, même VE. amygdalina, ne résiste à ces abaissements de température, surtout lorsque l’humidité du sol s’y ajoute. Que l’on conseille de planter ces arbres à un point de vue ornemental, comme vous le faites avec succès dans le Bordelais, où ils ont résisté depuis plusieurs hivers, et où on les recèpe pour qu’ils repoussent sur le tronc gelé, rien de mieüx. Mais nous nous garderions bien d’inviter nos lecteurs à entreprendre de grandes plantations forestières de ces arbres, certains qu’ils se- raient de tout perdre après un hiver rigoureux. Il ne faut pas se hâter de prendre ses espé- rances pour des réalités, et en horticulture comme en toute autre cliose, n’oubliez pas que cc la prudence est la mère de la sûreté ». MM. D. et C'^o (Naples). — Nous vous re- mercions des utiles renseignements que vous voulez bien ajouter à ceux que nous avons donnés à notre abonné désireux d’avoir des adresses de jardins à visiter dans un voyage en Europe et en Orient. Nous faisons donc savoir que l’ancienne villa Rothschild, située sur la Chiaja, à Naples, et où nous avons jadis admiré les deux grands Araucaria excelsa, s’appelle aujourd’hui villa «. Monteleone, et nous ajoutons, d’après vous, les jardins suivants à visiter : Caserta, près de Naples, avec son beau jardin botanique (nommé Giardino inglese), et ses jardins français; Capodimonte, à Naples, avec ses jardins de style franco-paysager; Également à Naples : villa Maraval, au Pausilippe, et villa Charlesworth, à la Chiaja. L’établissement Damman (et non Denman, comme une erreur typographique l’a fait écrire), est situé à San-Giovanni a Teduccio, près de Naples ; il est très-digne d’être visité à cause de la variété et de l’importance de ses cul- tures. M. E. (Oise). — Les Pêches que vous nous avez adressées, et que nous avons étudiées avec attention, nous paraissent méritantes; elles sont relativement grosses et de bonne qualité ; la forme aussi en est très-jolie. Bref, c’est une variété digne d’être multipliée, et d’autant plus qu’elle est, dites-vous, très-productive. Toutefois, l’insuffisance de renseignements ne nous permet pas de la décrire. Ainsi, outre que vous ne dites rien de la couleur des fleurs, vous ne parlez ni des bourgeons, ni des feuilles, caractères indispensables dans la des- cription d’un Pêcher. Quant à la Prune que vous nous avez adres- sée, c’est bien celle que nous avons vue cul- tiver dans beaucoup de campagnes sous le nom de Domino, qui, dites-vous, est aussi appliqué chez vous à cette variété. No 3390 (Ille-et-Vilaine). — Les construc- teurs de serres en fer sont nombreux, et presque tous, aujourd’hui, font bien et à un prix relativement bas. — Nous ne vous recom- mandons pas de maison spéciale, parce que nous ne pourrions le faire sans injustice pour les autres. Consultez les annonces de la Revue, vous y trouverez les noms des princi- paux constructeurs. M. J. L. (Cuba). — Dans les semis que l’on fait du Lagerstroemia indica, qui est à peu près le seul que l’on cultive, nous avons fré- quemment vu des variétés à fleurs roses plus 432 CORRESPONDANCE. OU moins paies, mais jamais J)lanchcs : celle dont vous nous parlez nous })araît donc être une nouveauté. Nous vous engageons à la multiplier non seulement ]>ar graines, qui pourraient vous donner des variétés, mais par greffes, boutures ou marcottes, seuls moyens de l'eproduire identiquement cette variété. 308''/ (Nord). — C’est bien certainement par ei'reur ([ue l’on a indiqué le Viburnum comme ])ouvant servir de sujet pour grelfer les Clématites. Non seulement ces plantes appar- tiennent à des familles, mais à des classes dif- férentes. Mais au point de vue scientiliquej il n’y a entre elles aucune analogie. ♦ Les variétés de Charme doivent se greffer sur l’espèce commune {Carpinus betulus L.) ou sur le genre Ostrya, qui, du reste, en est très-voisin. Peut-être même pourrait-on l’es- sayer sur le Hêtre, qui appartient également à la famille des Cupulifères. Nous ne pouvons rien vous dire à propos de la soudure de la Prune Jumelle de Liégel, surtout en l’absence des fruits, que nous ne connaissons pas. Quant aux espèces d’arbres propres à foianer un rideau, pour dissimuler certains objets, le nombre en est considérable. Vous avez d’abord à choisir entre les sortes à feuilles persistantes ou à feuilles caduques, choix d’autant plus facile à faire, qu’il n’est pas nécessaire que les plantes dont vous avez besoin atteignent une grande hauteur. Dans le premier cas, c’est surtout dans les Conifères que vous pourriez trouver ce qu’il vous faut, par exemple dans les Biota, TJiuia, Taxas ou dans les Picea, si vous teniez à avoir de grands ai’bres. Dans le cas où vous désireriez planter des végétaux à feuilles caduques, vous n’auriez guère que l’embarras du choix, et celui-ci devrait se faire d’après la nature et la position de votre terrain, et un peu d’après vos préférences, eu égard à l’ornementation. Une chose importante serait de ne pas laisser les plantes s’élancer trop vite, car elles se dégarniraient du bas, ce qu’il faut surtout éviter. Dans ce cas, et quelles que soient les espèces que vous auriez adoptées, vous pourriez les arrêter du haut, ainsi que l’on fait d’une haie ou d’un rideau, qui nous paraît être ce que vous désirez obtenir. Outre les Conifères, vous pourriez, comme plantes à feuilles persistantes, choisir entre les genres ou espèces suivantes : Buis, Buisson ardent. Chênes verts. Troènes, Photinia, Lauroce- rasus, etc., en appropriant les plantes au sol et aux conditions où elles doivent vivre. iV" 425cS {Tarn-et- Garonne). — Vous pour- i‘cz utiliser vos Prunelliers j)Our greffer non seulement \a Prune d' Ente, mais mêrnetoutesles variétés du genre. Toutefois, comme ce sujet est peu vigoureux, il ne faudrait mettre dessus que des sortes d’une vigueur moyenne. Quant à la grefle à euq)loyer, celle en écusson est à ])eii près la seule qui vous donnera de bons résultats. Pour le Prunier Mahaleb, il n’y a guère que les Cerisiers qui pourraient être greffés dessus. 5502 (Roumanie). — Ne connaissant ni le climat de Bucharest ni les conditions par- ticulières dans lesquelles vous vous trouvez, nous ne pouvons vous donner d’indications précises. Toutefois, nous vous rappelons que la culture des Violettes de Parme a été décrite dans la Revue horticole (1884, p. 102), vous y trouverez d’utiles renseignements, et vous pourrez peut-être, en modifiant un peu les choses d’après le milieu où vous vous trouvez, arriver à un bon résultat. Quant à vos Musa Ensete, si vous voulez essayer de les conserver, supprimez d’abord les feuilles et les parties les plus tendres, enlevez ensuite les plantes avec une petite motte et placez-les dans un endroit sain où il ne gèle pas ; vous pourriez ainsi, en les relevant de pleine terre, les mettre dans des caisses que vous placeriez alors dans les conditions indiquées ci-dessus. M. C. (Cher). — L’insecte qui ravage les feuilles de vos Poiriers est la Tentrède-limace, que l’on désigne vulgairement sous le nom de Ver-limace, Sangsue-limace. Pour s’en débarrasser, il suffit de projeter un corps un peu caustique et finement pulvérisé, par exemple de la chaux vive, ce qui fait périr instantanément les insectes. M. le comte d'E. (Paris). — Le fait dont vous parlez d’os scellés dans les murs » était très-commun autrefois; il n’y a même pas très-longtemps que ce procédé était encore employé dans certains villages. Ces os destinés à servir de supports ou d’attaches pour rece- voir des treillages, ou soutenir directement les arbres, comme le font aujourd’hui les clous à crochets, étaient ordinairement des fémurs, tibias, cubitus, radius, etc., de bœufs, mou- tons ou chevaux. — Le Melon Pagot n’est pas encore au commerce. L’Administrateur-Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. 4.‘IIR0NIQUE HORTICOLE. 433 CIIROWÜUE HORTICOLE Congrès pomologique et exposition de fruits et d’arbres fruitiers à Versailles. — École d’horticulture de Versailles. — Loi organisant des syndicats en Algérie pour la défense contre le phylloxéra. — Concours ouverts par la Société nationale d’acclimatation. — Végétation anormale. — Les résultats de l’incision annulaire. — Particularités présentées par le Raisin Gros Colman. — Destruction des chenilles du Groseillier. — Procédé pour augmenter la grosseur des Pommes de terre. — Un superbe exemplaire de Rosier Aimée Vibert. — liosa jjlatyphylla. — Rosiers résistant aux froids. — Une plante qui combat la phthisie. — Deux nouveaux Cypripedium. — Papaver pavonium. — A propos d’un nouveau mode d’ornementation. — Eau-de-vie de fruits. — Opuscule sur les Conifères. — L’anhydro-ortho-sulfamen-benzoïque. — Les Raisins et le sulfate de cuivre. Congrès pomologique et Exposition de fruits et d’arbres fruitiers, à Ver- sailles. — Rappelons que le quatrième Congrès de l’Association pomologique de l’Ouest se tiendra, cette année, du 25 au 31 octobre, à Versailles. Voici le programme des cpiestions sou- mises à ce Congrès : 1 . Bouturage du Pommier. 2. Utilisation des marcs de Pommes. 3. De l’emploi des engrais industriels dans la culture du Pommier à cidre. 4. Du chauffage des cidres. 5. De l’élagage du Pommier, de son utilité et de ses inconvénients. G. De la congélation des cidres. 7. Des meilleurs modes d’entourage des Pommiers. 8. Du chancre du Pommier, de ses causes; moyens de le prévenir et de le guérir. 9. Le Pommier peut-il recouvrir les plaies qui lui sont faites sur les grosses branches ou sur le tronc ? 10. De la clarification des cidres. 11. Adaptation au sol et au climat des meil- leures variétés de fruits. 12. La greffe en fente et la greffe en pied réussissent-elles également bien sur toutes les variétés? 13. De la grosseur du fruit au point de vue de la qualité du cidre. 14. De la conservation en silo des Pommes entières ou écrasées. 15. De la meilleure époque pour la planta- tion du Pommier. 16. De l’influence de l’écusson ou de la greffe sur la production fruitière. En même temps que ce Congrès auront lieu : Une exposition générale de fruits de table et d’arbres fruitiers en pépinière, organisée par la Société d’horticulture de Seine-et-Oise ; 2« Un concours pomologique qui com- prendra les trois classes suivantes : (a) Pommes et Poires de pressoir, exposées 1er Octobre 1886. I par des propriétaires exploitant eux-mêmes ou par leurs fermiers ; collections exposées par des Sociétés, des Comices ou des amateurs. {h) Cidres et poirés en fûts et en bouteilles, cidres faits avec une seule variété de Pommes, poirés faits avec une seule variété de Poires, eaux-de-vie de cidre et de poiré. (c) Concasseurs, broyeurs, pressoirs, appa- reils de distillation pour le cidre, pompes, fûts, greffoirs, etc. Les déclarations des exposants devront être adressées à la mairie de Versailles, avant le 10 octobre. École d’horticulture de Versailles. — A la suite des examens généraux de fin d’études qui viennent d’avoir lieu à l’École nationale d’horticulture de Versailles, le diplôme a été accordé aux élèves sui- vants : Martinet (Indre-et-Loire). — Guilleminot (Côte-d’Or). — Duclohier (Ille-et-Vilaine). — Welker (Seine). — Bercy (Saillie). — Courtois (Côte-d’Or). — Maciaszek (Au- triche). — Goyon (Seine-et-Oise). — Clarac (Ariège). Un stage horticole d’une année a été en outre accordé à l’élève Martinet, sorti le premier. Les cours de l’École d’horticulture recom- menceront le Ici’ octobre prochain. Nous engageons les jeunes gens qui désireraient être admis comme élèves à adresser le plus tôt possible leur demande, sur papier timbré, au préfet de leur département ou au ministre de l’agriculture. Loi organisant des syndicats en Al- gérie pour la défense contre le phyl- loxéra. — Getteloi, récemment promulguée, comprend , avec d’autres dispositions moins importantes , les principaux paragraphes suivants : Le préfet fait visiter une fois par an, et plus 19 434 CHRONIQUE HORTICOLE, souvent, s’il est nécessaire, les Vignes de son département. Les agents sont investis du pouvoir de péné- trer dans les propriétés et d’y faire les recher- ches et travaux d’investigations jugés néces- saires. Les frais de visite du vignoble algérien, pré- cédemment mis à la charge des communes, seront désormais supportés par les proprié- taires de Vignes, au moyen d’une taxe dont le maximum sera de 5 fr. par hectare, les pro- priétaires possédant moins de vingt-cinq ares de Vignes n’y étant pas soumis... Si les propriétaires possédant plus de la moitié des surfaces complantées en Vignes dans un département en font la demande, ils seront autorisés à constituer un syndicat, qui com- prendra la totalité des propriétés viticoles de ce département... Ce syndicat est chargé, sous le contrôle de l’administration, de la surveillance des Vignes. Ses agents sont agréés par le préfet et asser- mentés... La culture, la multiplication de Vignes amé- ricaines par semis, greffes ou plantations, sont prohibées. Elles ne peuvent être autorisées que par des arrêtés du Gouverneur général pris en conseil du Gouvernement. Les propriétaires possédant des plants ou semis de cette nature seront tenus de faire la déclaration à la préfecture, dans le délai de deux mois, à partir de la promulgation de la pré- sente loi. Les plantations, semis et 'greffes de plants américains, non autorisés ou non décla- rés, seront détruits aussitôt qu’ils seront re- connus. Les infractions aux prescriptions qui précèdent seront punies de peines portées à l’article 13 de la loi du 2 août 1879. Puissent ces mesures être judicieuse- ment appliquées, et arrêter le fléau qui, actuellement, menace notre colonie ! Ajou- tons que la Société d’agriculture d’Alger réclame énergiquement la prohibition ab- solue des Vignes américaines et l’arrachage de quelques plantations existantes. Concours ouverts par la Société na- tionale d’Acclimatation. — Voici la liste ies prix extraordinaires que la Société nationale d’Acclimatation met au concours : 1“ Introduction de plantes (espèces) nou- velles. Primes de 200 à 500 francs. 2« Plantes de pleine terre, utiles et d’orne- ment, introduites en Eiu’ope dans les vingt- cinq dernières années. Prix : 500 francs. 3» Introduclion en France et mise en grande culture d’une plante nouvelle pouvant être uti- lisée pour la nourriture des bestiaux. 1er prix : 500 francs; 2^ prix : 300 francs. 4® Culture à l’air libre en Europe et en Al- gérie et récolte de fruits de VElæococca ver- nicia. Prix : 200 francs. 5» Utilisation industrielle du Lo-za {Rhamr nus utilis) qui produit le vert de Chine. Prix ; 500 francs. Introduction et culture en France du Noyer d’Amérique {Carya alha), connu aux États-Unis sous le nom de Hickory (bois em- ployé dans la construction des voitures lé- gères). Prix : 500 francs. 7» Introduction et culture pendant deux années successives d’une Igname (Dioscorea) joignant à sa qualité supérieure un arrachage facile. 1er prix : 000 francs; 2° prix, 400 fr. 8» Culture et exploitation industrielle du Bambou dans le centre et le nord de la France. Deux prix de 1,000 francs chacun. 9» Culture et exploitation industrielle de V Eucalyptus en Algérie. Prix : 1,000 francs. 10» Culture et exploitation industrielle de ï Eucalij2otus en France et particulièrement en Corse. Prix : 1,000 francs. 11 0 Guide théorique et pratique de la cul- ture de V Eucalyptus. Prix : 500 francs. 12° Culture du Jaborandi {Pilocarpus pin- natus)duns les colonies françaises. Prix: 500 fr. 13» Reboisement des terrains en pente par l’Ailante. Prix : 1,000 francs. 14» Utilisation, pour le reboisement de l’Al- gérie, d’essences étrangères à la colonie. Rî” prix : 600 francs; 2^ prix : 400 francs ; 3e prix : 200 francs. 15» Alimentation du bétail par le Téosinté {Reana luxurians) dans les colonies françaises. Prix : 300 francs. 16® Alimentation des animaux par le Soya. Prix : 300 francs. 17o .lardin fruitier exotique en Algérie ou sur le littoral méditerranéen français. Prix ; 500 francs. 18° Culture du Phaseolus racliatus. Prix : 300 francs. 19» Fabrication d’un vin ou cidre d’Oranges I douces, titrant, après fermentation, de 4 à 6 de- grés ou davantage, sans addition d’alcool, et , pouvant se conserver plusieurs années en fûts ou en bouteilles. Prime ou médaille d’une valeur de 300 francs. 20® Introduction et culture pendant plus de cinq années, dans le sud algérien ou tunisien, du Nara de la Cafrerie occidentale {Acantho- sycios horrida) sur une superficie importante. Prime ou médaille d’une valeur de 300 francs. Ces divers concours sont ouverts jusqu’au Rï' décemlire 1890 ; ils comportent, pour la plupart, diverses conditions secondaires qu’il est facile de connaître en s’adressant au siège de la Société d’Acclimatation, 41, rue de Lille, Paris. Végétation anormale. — Nous avons constaté, vers le 15 septembre, de nom- breux cas de végétation anormale parmi les Marronniers qui garnissent la place de l’Éltoile, à Paris. CHRONIQUE HORTICOLE. 435 En effet, au même moment, on pouvait voir, en proportions presque égales, des arbres, quoique bien portants, sans une seule feuille ; d’autres, avec un feuillage tout nouvellement développé, étaient en pleine floraison ; d’autres montraient le feuillage vert foncé du courant de juillet, tandis qu’un certain nombre avaient l’ap- parence normale pour la saison, c’est-à-dire le feuillage bronzé et les fruits mûrissants de la fin de l’été. Les quatre saisons de l’année étaient ainsi représentées à la fois, et il en résultait un spectacle tout à fait surprenant. Ces arbres, qui ont été plantés en 1800, sont de provenances très- diverses. Ceux de la bordure intérieure ont été trans- [)lantés déjà gros, âgés de quinze ans en- viron, et avaient été expédiés de Bourges. Ceux des lignes intérieures, plantés beau- coup plus jeunes, venaient des pépinières de la Ville de Paris et de chez plusieurs pépiniéristes de la région parisienne. Nous constatons aussi la floraison, en quantité considéralile, de la plupart de nos espèces d’arbres fruitiers : Poiriers, Pom- miers, Pruniers, Pêchers, Vignes, etc., ainsi que de quelques sortes ornementales : Lilas Varin, etc. Les résultats de l’incision annulaire. — En parcourant récemment les grandes et intéressantes collections de Vignes de M. Salomon à Thomery, nous avons pu, une fois de plus, apprécier l’immense avantage produit par l’incision annulaire qui, malgré les recommandations réitérées qu’on en a faites, est toujours fort peu pratiquée. Ces avantages sont de deux sortes : avancer de huit à quinze jours la maturité des Raisins; 2® assurer la fécondation en empêchant la coulure, qui, dans certaines années, est si préjudiciable à la récolte. Nous pourrions ajouter que les Vignes incisées donnent des Raisins beaucoup plus gros et plus lieaux que celles à qui l’on n’a pas fait subir cette opération. Quant au mode d’opérer, il a été décrit dans la Revue horticole (1886, p. 53) ; nous y renvoyons le lecteur. Particularités présentées par le Raisin Gros Golman. — Cette variété, qui de toutes est peut-être celle qui a les plus gros grains, est regardée comme très-tar- dive et ne mûrissant pas sous notre climat ; aussi est-elle presque toujours cultivée en serre. A-t-on raison et l’opinion que l’on a sur cette variété est-elle fondée? Chez M. Salomon, à Thomery, nous re- marquions récemment, dans une serre chanllée depuis le mois de mars, des pieds de Vigne Gros Golman chargés de fruits. Ceux-ci, qui deviennent d’un très -beau noir pruineux, n’étaient encore que d’un roux vineux verdâtre. Nous en prîmes quelques grains pour les comparer avec ceux des pieds plantés dans d’autres con- ditions : d’abord en espalier le long d’un mur à bonne exposition, puis en contre- espalier, au plein air. C’est alors que nous avons constaté les différences suivantes : tandis que le Raisin forcé en serre de})uis le mois de mars était encore vert, celui de l’espalier était un peu plus noir et légère- ment pruineux ; au contraire, celui en plein air et sans abri était d’un beau noir foncé. Ces faits, très exacts, démontrent que cer- taines variétés, notamment le Gros Golman, ont besoin du grand air pour mûrir leur fruit, et que, tout en étant tardifs, ce sont bien des Raisins de plein air. Destruction des chenilles du Gro- seillier. — D’après YlllusUàrte Garten Zeitung, de Vienne, on débarrasse aisé- ment les Groseilliers des chenilles qui les envahissent souvent, au moyen d’une solu- tion de 170 grammes de nitrate de soude (salpêtre du Chili) par litre d’eau. Il paraît que deux aspersions suffisent: Procédé pour augmenter la grosseur des Pommes de terre. — On remarquait, à l’Exposition de Blois, un superbe lot de Pommes de terre, qui a valu une médaille d’or à son exposant, M. Fleury, de Ver- neuil. Voici, d’après les indications de ce cultivateur, le procédé qu’il emploie pour augmenter la grosseur des tubercules : Lorsque les tiges nouvellement sorties du sol ont atteint environ 10 centimètres de hauteur, il supprime toutes celles qui sont à l’extérieur de la touffe, en ne laissant que les deux centrales les plus vigoureuses. Suivant M. Fleury, au moyen de cette précaution bien simple, les tubercules de- viennent beaucoup plus gros que par les procédés ordinaires. Il est facile d’expérimenter, comparative- ment avec d’autres, ce système de culture. Un superbe exemplaire de Rosier Aimée Vibert. — Le journal Lyon horti- cole donne la description d’un immense pied du Rosier-Noisette Aimée Vibert, qui garnit toute la façade de l’habitation de M. Duchet fils, rosiériste à Écully (Rhône). CHRONIQUE HORTICOLE. 43G Ce Rosier, grefTé sur racine d’Eglaniier, a été planté il y a neuf ans. A la sortie dn sol, il forme deux tronçons qui ont chacun 20 centimètres de circonférence, et se sub- divisent en nombreuses ramifications. La surface garnie par ce superbe exem- jilaire mesure 18 mètres de longueur sur 9 de hauteur. On voit que cette jolie variété, à floraison abondante et tardive, est d’une vigueur exceptionnelle, qui la rend particidièrement propre à garnir les treillages, murs, ton- nelles, etc., que l’on veut rapidement recou- vrir. Rosa platyphylla. — Depuis quelque temps, sous la signature T. Takasirna, le Journal des Roses publie des roses essen- tiellement japonaises Parmi les deux formes représentées dans l’un des derniers numéros, se trouve le Rosa platyphylla, Red., sur lequel nous croyons devoir appeler l’attention. A en juger parla planche coloriée, c’est une véritable miniature. Voici quelques extraits de la description qui accompagne la figure : (( Le Rosa platyphylla, désigné au Ja- pon sous le nom de Sakoura Ibara (litté- ralement Cerisier-Rosier), est un arbuste sarmenteux, s’élevant à environ 3 mètres. On ne le rencontre pas à l’état sauvage. « ... Il y en a qui ont des fleurs rosées, d’autres à fleurs franchement roses, enfin dont les fleurs, rosées à l’épanouissement, deviennent d’un rose franc au bout de deux ou trois jours. Les fleurs sont sans odeur. Il fleurit en juin. » Rosiers résistant aux froids. — Voici, d’après le Gartenflora, la liste des Pvosiers qui, en Russie, résistent aux hivers rigou- reux : Ptosiers centfeuilles, variété à fleurs dou- bles du Rosa galliea (Rose de Provins), R. alba, R. lutea (Rose Capucine), R. ru- yosa ; les variétés à fleurs doubles du R. Pimpinellifolia (Rosier Pimprenelle), R. cinnamomea (Rosier de Mai), R. alpina. Les seules espèces qui, parmi celles que nous venons d’énumérer, soutirent parfois des hivers très-vigoureux sont les R. centi- folia et galliea. Une plante qui combat la phthisie.— M. Sacc vient d’envoyer de Coebabamba (Bolivie) à la Société nationale d’Agricul- ture de France des graines de Chinchir- coma {Mutisia viciæfolia), dont les Heurs, préparées en infusion, sont employées, en Bolivie, contre la fièvre tierce. M. Sacc re- commande également l’emploi de cette plante contre la phthisie, car il en a constaté depuis plusieurs années les avantages dans le trai- tement de cette maladie. Il paraît que des expériences vont être faites à ce propos dans l’hôpital des phthi- siques de Londres. Le Chinchircoma, qui croît en plein .so- leil sur les collines sèches et pierreuses, forme un arbuste ligneux de 1 à 2 mètres de hauteur, à feuilles composées de dix à seize petites folioles, terminées par une longue vrille. Les fleurs, qui ressemblent à celles du Garthame, sont jaune-orangé et possèdent une légère odeur d’Orange. Les graines, très-nombreuses, sont gros.ses et munies d’une aigrette qui en favorise la dispersion par le vent. Deux nouveaux Cypripedium. — Ces plantes, décrites et figurées par M. Gode- froy-Lebeuf sous les noms de Cypripe- dium concolor var. Regneri et C. eoncolor var. Tonkinense, sont originaires de la Co- ebinebine et du Tonkin, où elles ont été découvertes par feu Régnier, jardinier en chef du jardin botanique, à Saigon. Ce sont deux plantes naines, remarquables et très- floribondes, à hampes pluriflores, à fleurs relativement grandes, et qui, bien qu’ayant quelques caractères communs, sont néan- moins très-distinctes. Y avait-il nécessité de les considérer comme des espèces distinctes ou d’en faire des variétés en les rapportant au Cypripe- dium concolor, ainsi que l’a fait M. Rei- cbenbacb ? C’est une question qu’examine M. Godefroy-Lebeuf, mais que nous ne vou- lons pas discuter ici. Elle est du reste bien secondaire pour les amateurs qui, dans une plante quelconque, nouvelle ou même ancienne, recberebent surtout le mérite. Papaver pavonium. — Cette espèce nouvelle, originaire du Turkestan, apporte une jolie forme de plus aux types que nous possédions déjà. Ses fleurs, d’un coloris très-brillant, sont d’un rouge orangé foncé, se rapprochant du rouge sang ; elles me- surent de 5 à 7 centimètres de diamètre et sont en forme de gobelet profond. Près de la base des pétales se trouve un cercle noir apparent à l’extérieur aussi bien qu’à l’in- térieur. Les boutons ont une singulière forme qui les fait ressembler à une pince de crabe, chaque sépale se terminant par une sorte de crochet. La plante atteint 40 centi- CHRONIQUE HORTICOLE. 437 mètres de hauteur, esttoiilTue et d’im port érigé. On verra liientot cette nouveauté dans les collections d’amateurs. A propos d’un nouveau mode d’orne- mentation. — Récemment, en publiant dans la Revue horticole un mode particu- lier d’ornementation à l’aide des Epiphyl- lum (1), on nous a fait observer que dans ce même journal, en 1884, p. 558, ce mode avait été indiqué comme se prati- quant en Angleterre depuis longtemps déjà. La chose est vraie, quant au fond ; pour- tant le procédé dilfère en ce que, en An- gleterre, on se sert pour garnir les troncs de Fougères de plantes enracinées, tandis que dans le procédé de M. Patrie on em- ploie les boutures, ce qui est plus expéditif et inbniment plus facile à exécuter. Eau-de-vie de fruits. — Nous disons (( de fruits », non de telle ou telle espèce de fruits : Pommes, Prunes, Poires, Cerises, Raisins, etc. En effet, ils’agitici d’un mélange de tout ce qui est susceptible de fermenter. La chose nous paraît d’autant plus actuelle que nous sommes à l’époque où presque tous les fruits mûrissent, et où,^ar suite des orages, beaucoup sont tombés ou ava- riés. Voici comment on procède : On prend soit un tonneau, soit une cuve, et on l’emplit de fruits qu’on écrase ou concasse ; ensuite on met de l’eau jusqu’à ce que les fruits liaignent complètement, puis on « fonce » le tonneau ou on le bouche de manière à intercepter l’air. La fermentation ne tarde pas à s’établir, parcourt toutes ses phases et s’arrête. On remplit au besoin de façon à ce qu’il n’y ait pas d’air, puis au bout d’un ou de plusieurs mois on distille et - l’on ob- tient un alcool supérieur (sui generis) des plus agréables. R va de soi qu’on le fait aussi concentré qu’on le veut: c’est une affaire de mouillage ou de rectification. L’eau-de-vie ou la liqueur faite avec cet alcool a des qualités particulières et un arôme spécial qu’il est difficile de dé- finir. Opuscule sur les Conifères. — Rien que peu volumineux, cet ouvrage n’en est pas moins intéressant. Il est composé de notes extraites du Journal de la Société linnéenne de Londres, où elles ont été pu- bliées par l’éminent rédacteur en chef du Gavdeners' Chronicle, le M. Masters. Ce sont des notes très-intéressantes relatives soit à des nouveautés, soit à des questions se rapportant à la spéciéité. L’auteur a ex- posé et discuté la valeur des espèces, avec une autorité incontestable et une loyauté qui n’a pas lieu de surprendre de la part du sa- vant botaniste. Outre les nombreux dessins appropriés aux détails organograpbiques, ce travail contient neuf planches doubles re- présentant les Ahies amabilis, grandis, nohilis, nohilis magnifica, religiosa, les Cephalotaxus pedunculata, Picea Omo- rika, Pseudolarix Kæmpferi (ce dernier' avec deux planches coloriées). C’est un travail indispensable à ceux qui s’occupent particulièrement de Conifères. Outre ces planches dont bous parlons, cet opuscule comprend plus de 70 figures relatives à des détails d’organograpbie, précisant certains caractères sur lesquels les opinions sont souvent en désaccord. L’anhydro-ortho -sulfamen - benzoï- que. — Ce nom rébarbatif désigne un produit récemment découvert à Leipzig et qui, paraît-il, est destiné à foire une sé- rieuse concurrence aux sucies de Canne et de Betterave. On extrait ce produit, appelé aussi saccharine et sulfinide ben- zoïque, des dérivés de la benzine, et son pouvoir sucrant est égal à 100 fois celui du saccharose. Il paraît que l’on construit actuellement en Allemagne une grande usine pour la fabrication de la saccharine, qui est brevetée dans tous les principaux pays. Les Raisins et le sulfate de cuivre. — M. Jean Sisley, de Lyon, nous commu- nique une nouvelle qui, si elle était fondée, serait d’une excessive gravité. Des symp- tômes d’empoisonnement auraient été cons- tatés chez des vendangeurs qui venaient de manger des Raisins cueillis dans des Vi- gnes traitées au sulfate de cuivre. D’autre part, on signale des faits ana- logues qui se seraient produits dans le Gard. Une grande panique règne dans le pays. Nous hésitons à croire aux empoisonne- ments dont on parle ; mais néanmoins il importe d’élucider au plus vite la question. Les Raisins sulfatés sont-ils ou ne sont-ils pas vénéneux? Il faut tout de suite être fixé là-dessus, et il appartient aux chimis- tes de répondre. (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 393. E.-A. Carrière et Ed. André. 438 DES FOUGERAIES. DES FOUGERAIES On wommQ F oufjer aie un endroit spécia- lement afïécté à la culture des Fougères. Le présent arlicle étant particulièrement consacré à rétablissement de ces Fougeraies, nous allons examiner successivement ces principaux points : V emplacement, la cons- truction, la forme, la disposition, les ma- tériaux à employer, les terres les plus convenables, enfin la culture, c’est-à-dire les soins d'entretien. Nous terminerons par une liste des plus belles espèces et variétés rustiques sous le climat de Paris. Ce programme est complexe, et s’il fallait entrer dans tous les détails qu’il comporte, c’est bien un livre qui serait nécessaire; aussi n’avons-nous pas la prétention de le traiter d’une manière complète. Cependant, tout en abrégeant, nous ferons en sorte de n’omettre aucune partie importante. Emqjïacement et orientation d'une fou- y craie. — Bien qu’il en soit des Fougères comme de toutes les autres plantes, qu’il y en ait de tempéraments divers et souvent même très-différents, on peut dire, d’une manière générale, qu’une position ombra- gée est favorable au plus grand nombre. Si l’on n’a pas naturellement à sa disposi- tion un endroit convenable, il faut y re- médier en plantant autour de l’emplace- ment choisi des végétaux qui, par leur feuillage, produiront l’ombrage et l’abri dont on a besoin. La nature des arbres pourra varier suivant les conditions dans lesquelles on se trouve placé. Quant à la répartition de ces arbres, elle devra être en rapport avec l’emplacement de la fougeraie, de manière à bien l’ombrager et, au besoin, à l’abriter. Pour ce qui est de l’orientation, il n’y a rien d’absolu; on a d’ailleurs rare- ment le choix, et l’on est souvent lié par remplacement et plus ou moins subor- donné à la forme qu’on donne à la fou- geraie. Du reste il est rare que toutes les orientations ne s’y trouvent pas. C’est donc un peu une question de plantatation et de placement, c’est-à-dire de disposition des plantes. Construction d'une fougeraie. — Trois choses sont à considérer : le choix des ma- tériaux, leur agencement et la forme qu’il convient de donner à la construction. Sur le premier point : choix des maté- riaux, on peut dire que, à part les pierres calcaires, surtout de nature tendre, toutes les aulres pourront être employées; à la rigueur, c’est-à-dire faute d’autres, on prendrait même celles-ci, en choisissant les plus dures, celles qui sont luisantes et comme glacées. Les meilleures pierres, dans ce cas, sont les meulières, les silex concré- tionnés et les roches siliceuses agglomérées (siliceuses en rognon). Ce qui est bon aussi, c’est que ces pierres soient irrégulières, de manière qu’une fois placées, elles présentent un caractère pitto- resque, un aspect brut qui, en général, du reste, convient assez aux Fougères. L’agen- cement est en rapport avec la forme que l’on veut donner à l’ensemble; une chose essentielle dans ce cas, c’est d’approcher les pierres et de les assembler à sec, de ma- nière que l’eau s’écoule facilement des po- tets formés par la disposition des pierres dans lesquelles sont placées les plantes. Forme des fougeraies. — La forme des fougeraies, en général, rappelle plus ou moins celle des rocailles et peut varier in- définiment : depuis une simple plate-banrle le long d’un mur, au nord, jusqu’à un rocher plus ou moins élevé, mais toujours construit avec des pierres sèches, brutes, disposées irrégulièrement de manière à former des cavités ou cuvettes dans les- quelles on plante chaque espèce. Lorsqu’on pourra le faire, on saura que des petits filets d’eau serpentant à travers une fougeraie, outre qu’ils sont favorables aux plantes, dont ils facilitent la végétation, donnent à l’ensemble un cachet d’originalité et de pittoresque qui en relève encore l’at- trait. Toutefois, il est bon que ces filets ne fassent que suinter et qu’ils puissent même être arrêtés complètement lorsque l’humidité est jugée suffisante. Non seulement la forme, les dimensions, l’orientation, etc., n’ont rien d’absolu, mais les pierres mêmes ne sont pas indispen- sables ; l’essentiel, comme pour toute autre culture, est que le sol soit bien approprié aux espèces qu’il doit recevoir. Ainsi nous avons vu souvent le long d’un mur au nord, à j^lcit, et sans aucune pierre, des plantations de Fougères magnifiques dans lesquelles ces plantes poussaient à merveille. Terre qui convient aux Fougères. — Bien qu’à l’état de nature, les Fougères croissent dans des sols très-divers, ainsi DES FOUGERAIES. 439 que dans des situations excessivement va- riées, on peut dire que, dans les cultures, toutes s’accommodent bien de la terre de l)ruyère g’rossièrement concassée et même disposée en ^Tosses mottes; seulement, dans ce dernier cas, lorsqu’on plante, il est par- fois 1)011 « d’amorcer » avec un peu de tei’re plus line. On peut aussi ajouter des feuilles ayant sul)i nn commencement de décom- position : celles d’une nature sèche et résis- tante, par exemple, les feuilles de Chêne ou de Chàtaig'nier, sont de beaucoup pré- férables ; des gazons siliceux bruts, c’est- à-dire contenant des rudiments de plan- tes, peuvent également être employés en mélange avec du terreau de feuilles, sur- tout s’il s’agit d’espèces robustes et vigou- reuses. Dans aucun cas, la terre pure- ment calcaire ne devra être employée, bien que, à l’état sauvage, certaines espèces pa- raissent pousser dans ces conditions; mais alors elles sont placées dans des situations de milieu tout autres que celles qu’elles trouvent généralement dans les cultures. Plantation des Fougères. — Autant que possible, les plantes doivent être en pots et bien reprises ; autrement elles « fatiguent » et poussent à peine la première année. Lors- qu’on a le choix, c’est au printemps, lors de la première évolution des pousses, que l’on doit procéder à la plantation des Fougères. La disposition et la nature des plantes, ainsi que la disposition de la fougeraie, sont subordonnées au climat et au goût indi- viduel. Mais, dans aucun cas, on ne devra mettre les petites espèces derrière des grandes, qui les étoufferaient ou au moins les cacheraient, à moins cependant qu’il s’agisse de plantes qui redoutent tout à fait le soleil ; encore, dans ce cas, -fVaudrait-il mieux les planter au nord et les mettre en avant, c’est-à-dire au premier rang. Les plus grandes espèces devront faire le fond des massifs ou le]milieu, si toutefois le massif se trouve isolé et vu de tous les côtés. Pour l’orientation, il faut tenir compte de la nature des plantes ; certaines espèces, par exemple, craignant le soleil ou le grand vent, il sera donc urgent de les placer à l’abri. Culture et entretien des Fougères. — La culture des Fougères pourrait se ré- sumer dans les soins d’entretien. Notons pourtant ce point important que les Fou- gères n’aiment pas à être tourmentées et que presque toutes craignent la déplanta- tion ; aussi, à moins que les plantes soient souffrantes ou mal placées, on devra les laisser tranquilles et se borner à des soins d’arrosages, de bassinages, nettoyages, etc. On devra de temps à antre, changer la terre de la superlicio, près du collet des })lantes, où les Fougères vivent et s’accrois- sent. Les arrosages pourront être abondants pendant l’époque de la forte végétation des plantes. Si le sol est élevé et perméable, l’excès ne sera j)as à craindre; il pourrait en être tout autrement dans des conditions contraires. Les bassinages doivent être fré- quents surtout pendant le fort développe- ment des plantes et l’époque des grandes chaleurs. Paillage des fouge raies. — Quoique les Fougères puissent croître dans les endroits arides et même dépourvus de végétation, c’est cependant l’exception. En général, elles poussent dans des endroits plus ou moins gazonnés ou dont le sol est recouvert soit par des détritus végétaux, soit même par quelques plantes grimpantes ou volu- biles qui lancent leurs rameaux feuillés entre les plantes, auxquelles elles donnent une sorte d’abri. On fera donc bien de mettre sur les Fougères un pa illis de mousse ou de feuilles. Toutefois, cette couverture ne devra pas être trop épaisse, afin de ne pas conserver d’humidité stagnante, nuisible à certaines espèces, surtout à celles qui sont peu vigoureuses ou très-jeunes; au con- traire, sur les vieilles plantes robustes et bien poussantes, un paillis de feuilles ne pourra qu’être avantageux. Ornementation d'une fougeraie. — Nous croyons que quelques plantes variées placées çà et là feraient un peu de diver- sion et enlèveraient un peu de la monoto- nie qui existe toujours quand l’uniformité est absolue; quelques arbustes rampants, à fleurs et à fruits colorés d’une longue durée, tels que : Vaccinium, Arhutus, Cotoneaster, Oxgcoccos , etc., et même quelques Bruyères, pourraient être ajoutés. Pourtant il ne faudrait pas abuser de ces plantes, qui enlèveraient aux fougeraies leur véritable caractère. On pourrait laisser çà et là, dans les fougeraies, des places libres où, pendant l’été, on ajouterait de belles espèces de Fou- gères exotiques à beau et grand feuillage, varié d’aspect et de forme, qu’on enlèverait à l’automne et qu’alors on pourrait même remplacer momentanément par des arbustes en pots, à feuilles persistantes. Diverses es- pèces de Sélaginelles jetées, çà et là, parmi les Fougères, s’harmonisent parfaitement avec ces dernières. Pour avoir une fougeraie toujours verte^ 440 CULTURE EN ARCS DE LA VIUXE EN ESPALIER. on pourra ne planter (pie des espèces à lenilles jiersisianles, dont le nondn-e est assez ^rand. Observations générales relatives à la création cVime fougeraie. — Quelque lielles et (pielipie variées ([ne soient les Fougères, une [ilantation tout à fait isolée de ces plaides, et qui ne se rattacherait jias à d’antres par des jilantalions sinon du même g’ronpe, dn moins analogues comme dis[)o- sition, n’aurait rien d’agréable ni d’harmo- nieux; au contraire, l’etlét sera bon si elles se rattachent à des massifs d’ai“hustes qui alors forment une sorte de transition. D’où nous concluons que lorsqu’on n’a pas d’em- placement convenable jiour étalilir une fou- geraie et qu’on est oldigé d’en construire une isolée, il faut l’accompagner d’arlmstes d’ornement dans lesquels sont placées çà et là quelques espèces fleurissantes et à feuillage varié qui forment une sorte d’oa- sis pittoresque. Fougères isolées. — Certaines espèces vigoureuses et robustes, acaules, subcaules- centes, telles que Struthiopteris germa- nica, Osrnunda regalis, etc., et même la grande Fougère de nos bois, le Pteris aqiii- lina, etc., produisent un charmant effet en se détachant par contraste sur tous les vé- gétaux. Toutefois, il est lion de les mettre sur un point légèrement culminant, en pla- çant autour quelques arbustes bas. On de- vra leur préparer un sol convenable, de manière à ce qu’elles poussent vigoureuse- ment. Un léger enfoncement ou bassin au- tour du pied et un bon paillis de feuilles sur le tout achèvera le travail. Pendant l’été, suivant le besoin, de copieux arro- sages assureront la réussite, c’est-à-dire une bonne végétation. Voici une liste de quelques espèces de Fougères rusdiques sous le climat de Paris, exotiques ou indigènes : CULTURE EN ARCS DE La culture de la Vigne en arcs demande, dans le traitement estival des jeunes pous- ses, autant de soins que pour la taille et le palissage d’automne et de printemps. Les observations suivantes vont démon- trer l’importance du pincement des bour- geons, en indiquant la direction qu’il con- vient de leur donner : 1» Par le traitement judicieux des jeunes pousses, on prépare, pour l’année suivante, le développement des yeux nécessaires pour la production des fruits. Adiantum magnificum, pedatum. Asplénium Adiantum nigrum. Athyrium Filix femina, rupicola., capita- tum, coronans, coronatum, corymbiferum, dif- fisso-multifidum,Fieldiæ,fissidens,gï‘andice2)s, laciniatum, multifidum, jdumosum, jmlcher- rimum, thyssanotum, todeoides, Victoriæ. Blechnum horeale (spicans), cristatum, im- bricatum. Lastræa æmula, dilatata, cristato-gracilis, grandiceps, polydactyla, Filix mas ahbrc- viata, cristata, Bollandiæ, crispa, polydac- tyla, Filix femina cristaia, angusta, furcans, Goldieana, grandiceps, intermedia, montaiia, marginalis. Loynaria alpina. Onoclea sensibilis. Osmunda cinnamomea, Claytoniana, gra- cilis, regalis, cristata. Polypodium alpestre, flexilis, Dryojyteris, vulgare cambricum, vulgare elegantissimum, vulgare semilacc7'um. Polystichiim acrostichoides, incisum, acu- leatiim, angulare, Bayliæ, cristatum, gran- diceps, lineare, proliferum, Crawfordianum, rotundatum. Pteris aquilina cristata. Scolop)endrium vulgare crispum, cristatum, cndiviæfolium , margmatum , multifidum, muricato-marginatum, ramo- sum (1). Struthiop)teris germanica, pensylvanica. La liste que nous donnons ici ne com- prend pas, tant s’en faut, toutes les Fou- gères rustiques sous le climat de Paris; mais ce sont au moins les principales, celles que l’on peut recommander d’une ma- nière générale, qui, outre leur robusticité, viennent à peu près partout, sont aussi les plus jolies et produisent le plus d’effet. C’est une liste de choix, si l’on peut dire. Quant aux espèces et variétés de petites di- mensions ou un peu délicates, celles qu’on peut appeler des plantes d’amateur, nous les avons omises à dessein. £.-A. Carrière. .A VIGNE EN ESPALIER 2® Cent pieds de Vignes mal cultivés rapportent l’année suivante peu ou point de Raisins, tandis que cinq ou six en arcs rapporteront de cent à cent trente grappes. 3® Mais de cela il ne faudrait pas con- clure que l’on peut surcharger une souche soit avec beaucoup de bois, soit avec beau- coup de Piaisins! Car ceux-ci mûriraient beaucoup plus tard ou pas du tout, et les (1) Il y a plusieurs variétés de S. ramosum ; elles forment un petit groupe très-curieux par leurs frondes plus ou moins ramifiées. CULTURE EN ARCS DE LA VIGNE EN ESPALIER. premiers ne rapporteraient l’année sui- vante, comme je l’ai déjà dit plus haut, que peu ou pas de fruits. 4° Il faut concentrer et diriger la force et la sève de la souche, pour que les Rai- sins et les jeunes pousses viennent à bien ; pour cela, on enlève les pousses faibles et inutiles, et l’on pince ou raccourcit à temps les meilleurs rameaux ainsi que leurs reje- tons. Les bourgeons se développent à l’ais- Fig. 111. — Arcure de la Vigne. Souche à quatre arcs, attachés au printemps. selle des feuilles des branches mères et à côté du jeune œil. Les Vignes fleurissent, et les Raisins croissent et mûrissent le mieux et de préférence à l’ombre des feuilles ; mais les rameaux de la souche qui doivent for- mer les arcs de l’année sui- vante doivent avoir de l’air, de la lumière et du soleil, pour pouvoir s’aoûter et sup- porter en hiver un froid de 25® centigrades ; tandis que des Vignes mal soi- gnées, allongées dans l’om- bre, et par conséquent en mauvais état de maturité, gèleront beaucoup plus fa- lement, sinon tout à fait. 6® Parmi les différents modes de culture en espalier, je donne assurément la préférence à la culture en arcs ; car, d’après cette méthode. 4;i à la taille et à l’atlacbage en automne et en hiver, on conserve au moins le Fig. 112. — Arcure de ia Vigne. Souche à quatre arcs, avant et après la taille. double et même davantage d’yeux à fruits qu’il n’est nécessaire , ce qui assure la conservation d’un nombre suffisant d’yeux, même dans le cas oû une bonne partie de ceux formés seraient détruits par des gelées tardives, par la grêle ou par les insectes. On pourrait ainsi avoir une bonne récolte avec les yeux épargnés ; mais si aucun de ces yeux n’avait été en- dommagé, cela n’en vaudrait que mieux : on conserve- rait alors les bourgeons né- cessaires ayant la meilleure apparence, et l’on retranche- rait les autres. Lorsque l’on voit ces différents avantages, il en faut conclure que la mé- thode de culture en arcs est la meil- leure. Fig. 113. — Arcure de la Vigne. Souche à quatre arcs, avec étage supplémentaire. 442 CULTURE EN ARCS RE LA VIGNE EN ESPALIER. Traitement et soins de la vigne et re SES ROURGEONS, DU PRINTEMPS A l’AU- TOMNE. É})our(fconnement fait avec les doigts. a) On retranche du vieux l)ois toutes les jeunes pousses aussitôt qu’elles ont atteint une longueur de 2 centimètres, en taisant attention de conserver celles qui doivent garnir les vides. b) Aux onglets (longs [de deux ou trois yeux), on conserve seulement la meilleure pousse; aux liranclies (longues de cinq à six yeux), on en conserve deux, rarement trois. c) On retranche aussi tôt que possible tous les rejetons qui n’ont pas ou qui ont trop peu d’apparence, aussi liien que ceux qui croissent au-dessus et derrière les murs ; mais il est à remarquer (fig. l it) que les rameaux cc, quoique ayant peu d’appa- rence, sont à conserver comme arcs futurs et doivent être palissés. d) Tous ces travaux doivent être termi- nés quinze jours avant la floraison, et l’on ne doit retourner à la souche que quinze jours environ après l’épanouissement des fleurs, afin que les fruits ne soient pas dérangés d’une manière quelconque. 2® Pincement des jeunes rameaux. e) Les pousses faibles et les bourgeons remplaçants sont pincés du milieu à la fin de juin, chacun d’après leur force, à quatre, cinq, six et même huit yeux. f) Tous les scions inutiles des Vignes en arcs sont pincés sur une ou deux feuilles, afin que l’espalier obtienne une sur- face également feuillée. Tous les gourmands doivent toujours être retranchés à temps. g) Les scions principaux cc (fig. 112) (par conséquent les arcs de l’année suivante) seront pincés vers la fin de juillet, et, d’après leur force, à douze, seize, dix-huit, vingt yeux, et palissés au fur et à mesure (1). h) Les gourmands doivent être pincés à un ou deux yeux, et seront enlevés tout à fait plus tard. ï) Il faut avoir soin de revenir à ses Vi- gnes au moins tous les quinze jours, afin de voir s’il y a quelque chose à palisser, pincer ou enlever. k) Les liens les plus commodes pour cet usage sont les filets de Fraisiers fanés ou de bons joncs que l’on a soin de lier par petites hottes et jeter dans l’eau 10 ou 15 mi- nutes avant l’opération. (1) Un pinçage à dix-huit ou vingt yeux suppose un sarment bien long ! Nous laissons à l’auteur toute la responsabilité de sa théorie. (E.-A. C.) Traitement de la vigne de l’automne AU printemps. La taille d’automne se fait le plus com- modément avec le sécateur, lorsque la Vi- gne n’a plus ni fruits, ni feuilles; elle n’est jamais trop à recommander; car, en la pratiquant au printemps et tardivement, on occasionne une grande jierte de sève. L’attachage ne se fait qu’au prin - temps. Les jeunes plants d’un an seront taillés au bas et des onglets (longs de deux ou trois yeux) ou des tire-sèves, seront laissés comme remplaçants et pour garnir les vides qui pourraient plus tard se former. Si une vieille souche occupait l’espace réservé à la nouvelle, on aurait soin d’en retrancher la partie gênante. Toutes les branches ayant été utilisées pour la taille en arc et âgées de deux ans seront également taillées sur le bon œil qui devra, l’année suivante, former l’arc. Toutes ces branches, ainsi que celles de remplacement, produites par les onglets et scions, seront taillées à une longueur de 50, ou sur douze, seize, dix-huit, vingt yeux, et délivrées de toutes les vrilles et gourmands aussi bien que des attaches su- périeures, et ne seront pas rattachées avant l’hiver, attendu qu’elles gèleront ainsi moins facilement. L’écorce extérieure brune doit être soi- gneusement enlevée, afin d’empêcher les insectes de s’y introduire. Ces difliérents soins font partie du travail d’automne. Le palissage des jeunes Vignes en arc (fig. 111) se fait au printemps, fin de fé- vrier ou commencement de mars, autant que possible après une pluie douce. Pour cela l’on prend soigneusement, à trois, quatre, cinq yeux, le bourgeon entre le pouce et l’index, et on le ploie de droite à gauche, suivant la forme de la courbe que l’on veut donner à la branche. Le sarment sera ployé à une hauteur de 1"^ 20 à 1"^ 30 du sol, et pourra ensuite être attaché verticalement au moyen de bons osiers. Les arcs restent à un éloignement réciproque de 35 à 45 cen- timètres (fig. 111, cc et hh). Les branches de remplacement seront attachées obliquement ; quand on a le choix on garde les meilleures pousses et l’on taille les faibles en ayant soin d’enduire la plaie de mastic à greffer. La figure 111 représente une souche à quatre arcs attachés au printemps. LÆLIA RATEMANIANA. L’espalier a une hauteur de 2"^ 25 à 2"“ 75 et une largeur de 50 à 1"' 75. Les arcs sont marqués en hh et ont un éloignement réciproque de 35 à 45 centi- mètres; en cc sont les yeux qui produiront l’arc pour l’année suivante ; r z sont des onglets de réserve. Figure 112. — C’est la même souche en automne, avant la taille, et après que les fruits et les feuilles sont tombés, dd marquant la place de la taille où les arcs, devenus inu- tiles, doivent être ensuite taillés à 4 cen- timètres au-dessus du nouvel arc. Les arcs h sont ainsi retranchés. Les jeunes arcs de l’année suivante sont à tailler sur une lon- gueur de l'“ 20 à 1“^ 50 ou douze, vingt yeux. On a soin de les délivrer des rempla- çants ainsi que de leurs attaches, en ayant soin de ne pas les rattacher avant l’hiver pour qu’ils ne gèlent pas si facilement. Remarques supplémentaires. Une pareille souche doit avoir à occuper, par conséquent, pour le premier étage (fl g. 111, 112), une surface de murs de 2«i 25 à 2'“ 75 de hauteur et de 1™ 50 à 1"^ 75 de largeur. Mais si, par exemple, le mur n’était pas si haut, l’espalier ne devrait avoir que la même hauteur pour que l’on puisse palisser les jeunes Vignes et les défendre contre les vents et les pluies. 2» Si la superficie est plus large, on tire peu à peu et à la même hauteur des arcs à droite et à gauche. 3® Lorsque la hauteur de l’espalier dé- passe 2“' 75, on peut en plus former un étage supplémentaire. Pour cela, l’on prend deux jeunes pousses vigoureuses des onglets de réserve, et on les ploie à environ 65 centi- mètres plus haut que le premier étage, comme on le voit sur la fig. 113. 4t3 4« Mais on doi); pincer jusqu’à la fin de juin les jeunes pousses ainsi attachées, aussi court que possible, et en retrancher les rejetons, afin que les quatre branches principales des quatre arcs du premier étage reçoivent autant de lumière que pos- sible, pour pouvoir mûrir convenablement. Si l’on veut utiliser ces pousses pour l’année suivante, il faut tailler très-court à l’automne tous les rameaux à deux ou trois yeux, et l’on doit au printemps et pendant l’été suivants ne conserver que la meilleure pousse, celle qui a la plus belle apparence, afin de l’empêcher (comme branche charpentière) de produire trop grand ombrage. 6» Si la hauteur du muret la vigueur du sujet le permettent, on peut, petit à petit, faire un deuxième et même un troi- sième étage, la hauteur nécessaire pour chacun étant de 2™ 25 et même de 2"^ 75. 7® Dans ce cas, il vaut mieux encore planter quelques sujets pour la formation du deuxième et du troisième étage; car, comme je l’ai dit plus haut, la Vigne, aussi bien que tout autre arbre fruitier, ne doit pas être surchargée. En se conformant aux indications qui précèdent, on obtiendra chaque année une abondante récolte. Je recommande en même temps les va- riétés suivantes comme les plus précoces et les meilleures : Madeleine royale ; 2® Précoee de Malingre (pourrissant un peu vite, la pulpe étant très-délicate) ; 3® Diamant (délicat à la floraison) ; 4® Préeoce de Leipzig (plante très-vi- goureuse) ; 5» Museat hâtif de Saumur ; Muscat noir d' Eisendat. W. Worster. (Traduit du larbuch fur Gartenhimde.) LÆLIA BATEMANIANA^i) L’apparition de cette plante est l’évène- ment horticole du jour. C’est un exemple remarquable d’hybride hi générique obtenu dans l’établissement de MM. Veitch, à Lon- dres, par leur célèbre semeur, M. Seden. La fécondation a été faite, il y a cinq ans, entre deux Orchidées bien connues, le So- phronitisgrandiflora, petite plante de serre tempérée, atteignant de 6 à 8 centimètres (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 411. de haut et produisant des fleurs d’un rouge écarlate, et le Cattleya intermedia, es- pèce très-vigoureuse, de 30 à 60 centi- mètres de hauteur. La plante issue de cette fécondation, et qui vient de fleurir, se trouve être un Lælia, qu’on a appelé le L. Bate- maniana. Voici comment M. H. -G. Reichenhach a décrit cette plante, d’après un dessin qui lui avait été envoyé : (( G’est un Lælia en miniature, avec les 444 CATTLEYA lUlLLIERI. pédoncules courts d’un Sophronilif^, que l’on peut comparer à ceux d’un Lælia ru- peslris ou à un !.. alhida à tïeur pourpre. Itulbe le plus long, 31 millimètres de lon- gueur, portant une ou deux feuilles, celles-ci ayant 38 millimètres de long sur 9 de large. Le l)ull)e à une feuille porte une tleur de LæUa à court pédoncule, dont les pétales sont presque rhomboïdes, comme ceux du Sophronitis grandiflom. Les sépales sont lancéolés-aigus, les latéraux légèrement re- courbés, elles pétales sont de couleur écarlate pourpré clair, avecunetrès-tineteinte mauve, ({ui paraît plus intense quand la tleur vieillit. Labelle tritide; divisions latérales longues, obtusangles ; division médiane oblongue- obtuse, irrégulièrement ondulée, d’un car- min cliaiid, avec une légère teinte mauve. C’est surtout dans cette couleur que réside la beauté du coloris de la tleur. Les divisions latérales et le disque sont blancs avec une légère ])ordure d’un mauve pourpré. Colonne trigone, comme celle des Lælia ^ avec la petite ligule dorsale recouvrant l’anthère ; elle est blanche avec quelques points pour- pres aux angles, quatre d’entre eux appa- raissant comme des yeux, deux de chaque côté de l’anthère. Huit pollinies, excessive- ment minces ; une paire beaucoup plus petite, presque nulle, ,1e doute que ces pol- linies soient fertiles. CATTLEYA Si le genre Cattleya est l’im des plus méritants au point de vue de la l)eauté des tleurs, il est aussi l’un de ceux qui fournis- sent le plus grand nombre de variétés. Quel que soit le groupe que l’on examine , on constate que chaque plante diffère des autres. En d’autres termes, on peut dire que, à moins que les plantes faites par divisions ne sortent d’un même pied, il n’existe pas deux individus semblaldes dans le genre Cattleya. De là l’obligation dans laquelle l’horticulteur se trouve de faire un choix et de s’arrêter aux sujets les plus méri- tants et de leur donner un nom. C’est ce qu’a fait M. Rougier-Chauvière pour la plante figurée ci-contre, qu’il a nommée Cattleya Bidlieri et dont nous allons donner une description. Originaire de la Nouvelle-Grenade, le C. Bullieri, forme une plante compacte, robuste, à pseudobulbes fusiformes, relati- vement gros, fortement cannelés, blan- « Cette plante a été lieaucoiip admirée par les connaisseurs ; elle ouvre un large ho- rizon au point de vue de la nomencla- ture. (( Si nous consultons les publications, même les plus récentes, nous ne voyons aucun caractère donné pour les Sophro- nitis, et ({uant au mode de végétation, il y en a trois différents dans ce genre. Le seul caractère sur lequel on pourrait s’ap- puyer est l’expansion du stigmate (à l’exclu- sion du Soplivonitis violacea), mais ce n’est pas suffisant. D’après cela, on doit transformer les Sophronitis en Lælia cer- nua, pterocarpuSf militaris, purpurea, cjvandijlora (1), pour ceux qui admettent ce changement ; on laisserait .seul le So- ^dironitis violaeea dans le genre Sophro- nitis d’autrefois. (c Cette charmante plante est dédiée par M. Harry Veitch à M. James Bateman, d’après la promesse qu’il lui a faite à l’Or- chid Conférence de Londres, qu’une belle Orchidée hybride porterait son nom, lors- que l’illustre vétéran déclara qu’il faisait définitivement la paix avec les hybrides (qu’il avait niés jusqu’alors). » Gomme on le voit, l’hybridation n’a pas dit son dernier mot. Bon courage aux se- meurs ! Em. BavoiRON. BULLIERT châtres-furfuracés. Feuilles bien étalées, épaisses, planes ou à peine creusées au centre, très-régulièrement elliptiques, brus- quement arrondies aux deux bouts, surtout au sommet qui est légèrement échancré au centre. Hampe légèrement roux ferrugi- neux, robuste, relativement courte. Pédon- cule ovarien d’environ 6 centimètres de longueur. Fleurs excessivement grandes, bien ouvertes et d’une belle forme, d’un très-beau rose magenta nuancé ; toutes les divisions sont bien étalées; les externes plus étroites, longuement lancéolées, les internes largement et régulièrement obovales, de même couleur que les externes, mais encore plus diaphanes et comme perlées, légère- ment et gracieusement ondulées. Labelle contourné, rose dans sa partie inferieure, puis un peu plus foncé, à base finement (l) Ces plantes étaient : Sophronitis cernua’ S. pterocarpus, S. militaris, S. purpurea, S. grandiflora. OiTOViXiUdv. CrStA>creÀ]Jis . Evouc l/oriicolc'. ( Bu il f Cf ‘U . 445 '■ \ 'J , ;- -7 ■ -■ " CULTURE HIVERNALE DES RADIS ROSES. frangée, d’im rouge cerise violacé très- l)rillant, encore rehaussé par une large macule crun lieau jaune orangé. La grandeur, la régularité et la couleur charmante des fleurs font du C. BulUeri une plante de premier mérite ; elle pré- — EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889. sente cet autre avantage d’etre rol)uste, vigoureuse et de constituer des touffes com- pactes, dressées et non divariquées, comme cela a lieu pour beaucoup de plantes de ce genre. E.-A. Carrière. CULTURE HIVERNALE IIIÎS RADIS ROSIÎS Quels que soient les efforts que l’on ait faits et l’outillage ainsi que les moyens dont on dispose, jamais on n’était parvenu jusqu’ici à se procurer, normalement et régulièrement, des Radis roses pendant cer- tains moments de l’hiver. Est-ce à dire que la chose n’est pas possible ? Non, certes, et cette preuve, je vais la donner. Pour arriver à ce résultat, c’est-à-dire olitenir de petits Radis roses pendant tout l’hiver, voici comment il faut procéder. Vers la fin de septembre, du ^20 au 30, par exemple, on sème en plein air, très-dru, des graines de Radis roses qui, grâce à la température fraîche et encore suffisamment élevée de cette époque, lèvent très-bien et ne sont pas mangées par les insectes. Mais, alors, en raison même de cette température, la végétation est très-lente, — ce qui, du reste, est important, ces Radis étant une sorte de pépinière où l’on doit puiser au fur et à mesure du besoin, — ce qui leur per- met de résister au froid. Pour obtenir des Radis roses très-beaux, bien faits et l)ien tendres, à partir du déceml)re, on fait une couche chaude et l’on y repique sous châssis ou sous cloche des Piadis qu’on en- lève de la pépinière, et qui, en huit jours, atteignent les dimensions suffisantes pour être consommés. Dans ces conditions ces Radis, dont la racine se renfle régulière- ment et qui prennent un développement relativement grand, développent peu d’or- ganes foliacés et ne forment qu’une très- petite rosette de feuilles que l’on peut même utiliser, soit en salade, soit comme accompagnement, ainsi qu’on le fait du Cresson. Dans le cas où l’on aurait à redouter que la neige ou les grands froids s’opposent à ce que l’on puisse prendre du plant pour opérer les repiquages, on pourrait abriter ceux-ci, mais, alors, en leur laissant autant que possible de l’air et de la lumière afin d’en éviter l’étiolement. Delabarrière. EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889 L’Exposition universelle de 1889 est en- trée dans la période d’exécution. L’Admi- nistration de la Guerre a cédé la place, c’est-à-dire le Champ-de-Mars, aux Direc- teurs généraux, chargés de la construction, de l’appropriation et de l’exploitation. Déjà les nivellements et tracés sont com- mencés et les études sont poussées avec acti- vité dans les différentes sections. La Direction générale des travaux est confiée à M. Alphand, inspecteur général des Ponts et Chaussées, Directeur des tra- vaux de la Ville de Paris, et cet heureux choix indique à l’avance avec quelle science et quelle énergie cette immense entreprise sera conduite. La période qui nous sépare de l’ouverture qui aura lieu, on le sait, le 5 mai 1889, n’est pas trop longue, et dès maintenant nos cultivateurs doivent se mettre à l’œuvre pour préparer leurs plantes, car nous savons de source certaine que la concurrence étrangère sera sérieuse. Outre le Champ-de-Mars, l’Exposition s’étendra sur l’Esplanade des Invalides, sur la chaussée et les berges du quai entre le Champ-de-Mars et l’Esplanade des Inva- lides, dans le Parc et le Palais du Troca- déro, le Palais de l’Industrie, et sur les terrains situés entre le Palais et la Seine. L’immense surface ainsi composée et déjà garnie en partie d’arbres et de massifs variés, formera un cadre excellent pour les expositions horticoles et sylvicoles. D’après la méthode de classification adop- tée, l’horticulture forme entièrement le Neuvième groupe, qui se subdivise ainsi : Classe 78. Serres et matériel de Viiorticul- ture. — Outils du jardinier, du pépiniériste et de l’horticulteur. — Appareils d’arrosement, d’entretien des gazons. Grandes serres et leurs accessoires. Petites serres d’appartement et de 446 EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889. fenêtre. — Aquariums pour plantes aquatiques. — Jets d’eaux et appareils pour l’ornement des jardins. Classe 79. Fleurs et plantes d'ornement. — Espèces de plantes et spécimens de produits de culture rappelant les types caractéristiques des jardins et des habitations de chaque con- trée. Classe 80. Plantes potagères. — Espèces de plantes et spécimens de cultures rappelant les types caractéristiques des jardins potagers de chaque contrée. Classe 81. Fruits et arbres fruitiers. — Es- pèces de plantes et spécimens de })roduits de culture rappelant les types caractéristiques des vergers de chaque contrée. Classe 82. Graines et plants d'essences forestières. — Espèces de plantes et spécimens de produits de culture rappelant les procédés de peuplement des forêts usités dans chaque pays. Classe 83. Plantes de serre. — Spécimens de culture usités dans divers pays, en vue de l’agrément ou de l’utilité. La culture potagère est comprise dans le septième groupe et ainsi divisée: Classe 71. — Tubercules: Pommes de terre, etc. — Légumes farineux secs : Haricots, Lentilles, etc. — Légumes verts à cuire : Choux, etc. — Légumes racines : Carottes, Na- vets, etc. — Légumes épices: Oignons, Ail, etc. — Salades, Cucurbitacées, Citrouilles, Me- lons, etc. — Légumes conservés par divers procédés. — Fruits à l’état frais ; fruits secs et préparés; Prunes, Figues, Raisins, etc. — Fruits conservés sans le secours du sucre. Dans le Huitième groupe est rangée la viticulture, avec la série des insectes utiles et nuisibles : Classe 75. Viticulture. — Types de bâti- ments d’exploitation pour la viticulture. — Ma- tériel de la culture de la Vigne. — Matériel des chais, caves et cuviers. Pressoirs. — Pro- cédés et méthodes pour combattre les maladies de la Vigne. — Collections de cépages. Classe 76. Insectes utiles et insectes nui- sibles. — Abeilles, vers à soie et Bombyx divers. — Cochenilles. — Matériel et procédés de la destruction des insectes nuisibles. La sylviculture est comprise dans le Cin- quième groupe: Classe 42. Produits des exploitations et des industries forestières. — Échantillons d’essences forestières. — Bois d’œuvre, de chauffage et de construction. — Bois ouvrés pour la marine, merrains, bois de fente. — Lièges : écorces textiles. — Matières tan- nantes, colorantes, odorantes, résineuses, etc. — Produits des industries forestières : bois torréfiés et charbons; potasses brutes ; objets fie boissellerie, de vannerie, de sparterie, ra- bots, etc. Enfin, dans divers groupes, nous relevons la réparlition des jiroduits ci-dessous indi- qués qui intéressent ITiorticulture géné- rale. Classe 27. — Appareils et 2^^'oeédés de chauffage par circulation d'eau chaude., de vajjeur et d'air chaud. Classe 44. Produits agricoles non alimen- taires. — Matières textiles : cotons bruts, lins et chanvres teillés et non teillés, fibres végé- tales textiles de toute nature. — Produits agri- coles divers employés dans l’industrie, dans la pharmacie et dans l’économie domestique : plantes oléagineuses, huiles, cires, résines. — Tabacs en feuilles ou fabriqués. Amadous. — Matières tannantes et tinctoriales, etc. Pour faciliter le placement et le groupe- ment des lots, il est de toute nécessité que les demandes d’admission soient faites le plus tôt possilde. Dès aujourd’hui elles peu- vent être envoyées dans les conditions sui- vantes : Celles de Paris et du département de la Seine devront être envoyées directement au Ministère du Commerce et de l’industrie, au Commissaire général, à Paris, quai d’Or- say, 25, ou au Directeur général de l’exploi- tation, rue de Varenne, 80. Celles des départements seront recueillies par les soins des Comités départementaux, en voie de formation, qui les feront par- venir aux mêmes adresses (1). PH maintenant, à l’œuvre ! Les dernières expositions horticoles ont montré que nos cultivateurs français ne se laissaient plus distancer, dans la perfection des cultures, par leurs concurrents étrangers. Il faut que celle de 1889 non seulement consacre ces résultats, mais encore prouve à nos amateurs et aux horticulteurs qu’il est inutile d’aller chercher à l’étranger les plantes rares ou nouvelles, les exemplaires d’élite, et les plantes dites marchandes qui forment la plus grosse partie du commerce horticole français. Ed. André. (1) Des formules imprimées de demandes d’ad- mission seront mises à la disposition du public : lo A Paris : au ministère du Commerce et de l’Industrie, quai d’Orsay, 25, et boulevard Saint- Germain; aux bâtiments d’administration de l’Ex- position (avenue de la Bourdonnaye et rue de Varenne, 80) ; au Tribunal et à la Chambre de Commerce ; 2" Dans les départements : aux Préfectures, Chambres et Tribunaux de Commerce et aux sièges des Comités départementaux. SCOLOPENDRIUM OFFICINALE VALLOISII. — LES POMMES PASSE-POMME ET ASTRAKAN ROUGE. 447 SCOLOPENDRIUM OFFICINALE VALLOISII Plante vigoureuse, cespiteuse, à bour- geons nombreux. Frondes dressées, pétio- lées, à rachis d’un noir d’ébène, cylin- drique, luisant, comme pluclieux, nu dans sa partie in- férieure, puis large- ment ailé, légèrement ondulé et très-élargi à sa partie supérieure , qui est gra- cieusement crispée, ra- mifiée , cà ramifica- tions con- tournées, comme ir- régulière- ment inci- sées, le tout aplati et for- mant de grosses ro- settes très- élégantes, rappelant un peu une crosse d’é- vêque mais ramifiées et courbées en différents sens. Fron- des persis- tantes,nom- breuses, compactes, rapprochées, atteignant 40 centimètres et plus de hauteur et formant des masses d’un vert foncé luisant. Fructifications nom- lireuses, disposées obliquement et parallè- lement comme le sont, du reste, celles du type Scolopendrium officincde. Celte variété (fig. FJ4) qui, sans contredit, est la plus jolie du genre, fut découverte, par M. Félix Val lois, sur une pente boisée, à Fréfossé-le- ïilleul (Seine -In - férieure), dans une localité où existaient en quantité considéra- ble le type {Scolopen- drium of- ficincde) ainsi que diverses au- tres variétés plus com- munes. La culture et la multiplica - tionduSco- lopen- drium of. Valloisii se font absolu- ment com- me celles du type ; on propage la plante parla division des pieds et par semis ; le premier moyen est préférable et c’est même le seul à employer lorsqu’on tient à con- server le type bien franc, le semis pouvant donner des variétés. E.-A. Carrière. Fig. 114. — Scolopendrium Valloisii, au 1/5 de grandeur naturelle. LES POMMES PASSE-POMME ET ASTRAKAN ROUGE Quiconque a visité les marchés de Rouen et des environs, aux mois de juillet et d’août, a pu remarquer des apports de Pommes moyennes, quelquefois assez gros- ses, assez jolies, colorées de rouge sanguin au soleil, avec une efflorescence blanche et blanc crème du coté de l’ombre. Ces Pommes, coquettement posées sur des (c bannettes » et entourées de feuilles de Vignes pour en faire ressortir la grosseur et le vif éclat, 448 LES POMMES PASSE-POMME ET ASTRAKAN ROUGE. trancJient agToal)lemeni avec les autres fruits : Poiius et Prunes, ({ui commencent à arriver. Si, pour’ savoir le nom de ces fruits, l’on interroge au sujet de ces Pommes les cultivateurs qui les apportent par centaines de paniers, ils répondent invariahlement : C’est la Passe-Pomme, ou Passe-Pomme J)ahamel ; c’est le nom qui a été donné dans l’origine à ce fruit depuis près d’un siècle qu’il est cultivé aux environs de Ptouen, dans un rayon de vingt à trente kilomètres de cette ville, mais surtout sur le littoral de la Seine en aval de Pmuen. C’est aussi le nom sous lequel cette variété est nudtipliée et vendue par les pépiniéristes de la localité et aussi par quelques autres du centre de la France, où nous les voyons ligurer sous cette appellation dans leurs ca- talogues. On ignore qui a pu surcharger d’un nom de plus la synonymie déjà nom- Ijreuse des Passe -Pommes qui compte déjà près de trente noms ; peut-être a-t- on voulu faire allusion à une variété de Passe-Pomme ou Calville d’été, citée par Duhamel il y a plus d’un siècle, et, d’après cet auteur, très-répandue en Normandie. Mais Duhamel déclare que ce fruit est rouge en dedans et au dehors, ce qui n’est pas le cas du fruit qui nous occupe. Du reste nous verrons plus loin que ce fruit doit être rap- porté à une autre variété alors inconnue en France du temps de Duhamel, et n’ayant en commun avec les Passe- Pommes et les Calvilles d’été qu’un certain rapport de coloris. Hâtons-nous de dire que ce fruit, si re- cherché sur nos marchés à cause de sa beauté, n’est pas moins recommandable par sa qualité ; sa chair est blanche, fine et ser- rée et d’un goût délicat ; il se conserve long- temps sans se détériorer. L’arbre a un beau port, est très-vigoureux dans sa jeunesse, d’une fertilité précoce et soutenue. Malgré ces qualités rares chez une variété hâtive, il ne paraît pas que cette variété soit beau- coup répandue ailleurs que chez nous ; à part quelques rares catalogues qui en font mention, elle est presque inconnue, du moins sous le nom qu’elle porte ici, par la généralité des liorticulteurs. En fait de des- cription, nous ne connaissons que celle très- succincte qui a été faite dans la liste des fruits à recommander dans la Seine-Inférieure (Bulletin de la Société de Rouen, an- née 1874), et qu’on peut résumer ainsi : (( Passe-Pomme Duhamel. Arbre assez vigoureux, fertile ; fruit moyen, bon et par- fumé, toutes formes. » Nous ne comptons pas, parmi les descriptions de ce fruit, celle donnée dans la Pomologie de la France, sous le nom de « Passe-Pomme rouge (Du- hamel) à chair tendre, légèremenl rosé sous la peau, de saveur sucrée et peu relevée, assez bon ». Cette description ne saurait s’appli(iuer au fruit dont nous parlons et qui est généralement reconnu de premier mérite. 11 est vrai que tout récemment la variété décrite dans la Pomologie de la France et d’abord admise par le Congrès a été, })ar décision de ce même Congrès, rayée de la collection. C’est sur la proposition de deux de nos concitoyens, délégués de la Société d’horti- culfure de Rouen au Congrès de 18G6, à Melun, que fut mi.se à l’étude et ensuite adoptée à Paris, en 1867, la variété dont nous nous occupons. Nous croyons qu’il y a là un fâcheux quiproquo, dù à la simili- tude des noms et à une étude trop peu approfondie de ces variétés de fruits. Dans le même temps, ou à peu près, que la va- riété dont nous venons de parler, s’implan- tait comme nous venons de le dire, sur les bords de la Seine, aux environs de Rouen, probablement amenée par quelques navires venant du nord de l’Europe s’amarrer aux quais de cette ville déjà si fréquentée, une variété similaire. La même selon nous, sous un autre nom, celui de Pomme éé Astrakan, se répandait également aux environs de Londres, sur les bords de la Tamise. Elle avait été introduite de Suède par le che- valier William Atkinson, et présentée pour la première fois à la Société d’horticulture de Londres, en 1820. (c Fort connue dans l’Europe septentrio- nale, dit M. André Leroy, on la rencontre notamment chez les Suédois, les Norvé- giens, les Polonais et les Allemands, etc., mais seulement depuis les premières années de ce siècle. Est-elle heaucoup plus ancienne? cela semble improbable, car un aussi bon fruit n’eùt pas manqué, ce qui n’a pas eu lieu, d’attirer l’attention de quelques-uns des pomologistes du XVIIF siècle ; pour moi je ne la multiplie que depuis 1867, et ne l’avais jusqu’alors jamais vue chez aucun de nos pépiniéristes. » (Dictionnaire de Pomologie, tome III, page 82.) Inutile, croyons-nous, de donner une des- cri})tion de la P. Astrakan rouge, que tout les jardiniers s’accordent à mettre au pre- mier rang des bons fruits d’été. Si, confor- mément à l’usage, le nom ancien était pré- féré, nous aurions de grandes chances de voir adopter celui sous lequel cette Pomme PENSÉE LORD BEA.CONSF1ELD. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 449 est ciiKivée dans nos conirées ; mais il est probable qu’il n’en sera pas ainsi, cette l\)inme étant connue et décrile par les au- teurs sous le nom de P. tV Astrakan rouge. Comment changer les babitudes contractées depuis tant d’années ? Gela n’est pas im- possible, mais c’est peu probable. Büisrunel, PENSÉE LOUD 15EAE0NSE1ELI) Voici une plante appelée, le fait n’est pas douteux, à un grand succès, d’autant plus que, outre la beauté, la grandeur et la perfection des fleurs, elle est vigoureuse, robuste, très-résistante. A ces divers points de vue, qui constituent le vrai mérite d’une plante ornementale, on ne pourrait guère ajouter mieux. En voici une description sommaire : Plante vigoureuse, se tenant bien et for- mant de fortes touffes qui se couvrent de fleurs pendant une grande partie de l’année. .Tiges grosses, de nature résistante, mu- nies d’un beau feuillage ample qui vient encore relever la beauté de l’ensemble. Fleurs très-grandes, régulières et parfaites de forme, se tenant bien à l’aide d’un pétiole raide , à pétales arrondis, gra- cieusement et régulièrement étalés, les in- ternes (inférieurs) d’un élégant velours moiré noir à bords légèrement marqués de lilas nuancé de violet à reflets roses, ayant à la })ase une macule triangulaire de la meme couleur, portant au centre de la fleur un petit point d’un beau jaune d’or qui se détache sur le velours noir, qu’il éclaire en faisant encore ressortir la richesse du ton ; les pétales externes, largement et régulière- ment bordés de blanc lavé de lilas clair, se fondant avec la partie plus foncée, viennent former un cadre gracieux qui donne au tout une beauté originale. La Pensée Lord Beaconsfield se repro- duit de graines dans une forte proportion, ce dont nous avons pu nous assurer dans les cultures de MM. Vilmorin et G*®, où nous avons admiré cette charmante nou- veauté. E.-A. Garrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SÉANCE DU 9 SEPTEMBRE 1886 Ont été faits les apports suivants : Au comité de floriculture : Par M. Tenter, jardinier chez M. Fournier, à Neuilly (Seine), deux pieds de Nepenthes, l’un de Wrighleyana, l’autre de Stewarti. Ces deux plantes, admi- rables de végétation, étaient chargées d’urnes (ascidies) à différents états. M. Terrier pré- sentait aussi, en fleurs, un magnifique pied AHymenoccülis speciosa. — Par M. Jolibois, jardinier en chef au Palais du Luxembourg, un pied fleuri AÆchmea fulgens dont la hampe, au lieu d’être sim})le, présentait quatre ramifi- cations partant de la base. Était-ce le résultat d’une atrophie de cette hampe? Pourrait-on la reproduire et en faire une opération pratique ? C’est à essayer. — Par M. Piégnier, horticul- teur à Fontenay-sous-Bois (Seine), un pied de Ricin du Cambodge, à tiges et feuilles noires, dont nous avons parlé dans la précédente chro- nique de la Bevue horticole. — Par M. Savoye, horticulteur à Bois-Colombes, un pied de Zygopetedum Gautieri cultivé en plein air, à l’ombre, sous des Marronniers, qui était en fleurs et magnifique comme développement. Ce n’était pas une exception; M. Savoye avait soumis à ce même traitement différentes es- pèces de Cyprqicdiiim, des Odontoglossmn Alexandræ qui, paraît -il, étaient aussi bien venants, ce qui semble démontrer que la cul- ture de ces plantes n’est pas aussi difficile qu’on le dit, et que, en général, dans les cul- tures, on leur donne trop de chaleur. Du reste, rappelons que cette démonstration a été faite sur une grande échelle, à Boulogne (Seine), par M. Lesueur, jardinier de feu M>«e la baronne douairière de Rothschild, pour un très-grand nombre d’espèces de plantes, dites de serre chaude, appartenant à des genres différents. — Par M. E. Latour, constructeur à Neuilly (Seine), un appareil pour vaporise]- la nico- tine. Au comité de culture potagère., peu de chose : quelques Tomates d’une nouvelle va- riété, par M. Duvillard ; — des Piments, dits carrés, par M. Chemin ; — des « Artichauts de Jérusalem » ; — des Radis noirs et des Ha- ricots-Sabre, par M'ie Chrétien, et c’était tout comme plantes légumières. — M. Curé avait apporté une sorte de Broussin souterrain dont les bourgeons, n’ayant pu se développer à cause d’un obstacle qui les recouvrait, s’étaient ra- mifiés au point de présenter quantité considé- rable de bourgeons secondaires, qui étaient l’a- nalogue de ces racines que l’on désigne sous le nom de « queues de renard », avec cette différence, toutefois, que dans l’échantillon pré- 450 LES PLANTATIONS DANS LES CIMETIÈRES. sente on avait réellement afl'aire à des Lour- geons, ce qui n’est pas le cas des queues de renard^ réellement formées de racines. Au comité (V arboriculture^ c’est surtout la série des Pèches qui dominait. Ainsi ont été faits les ap])orts suivants : — Par I\[. l.edoux, jardi- nier à Nogent (Seine), trois vaiâétés de Pêches de semis, pi’ovenant l’une de la Belle impériale^ l’autre de la Pêche du Lot; enfin, la troisième, qui provenait de la Pêche Alexis Lepère^ était de beaucoup la plus remar(|uahle. Uelativemeiit grosse, sa j)eau, pi’esque lisse, lui donnait l’aspect d’un fort Brugnon. — Par M. Alexis Lepère, aidjoriculteur à Montreuil, des Pêches Belle Beausse, Belle impériale, 'Pondu, Prin- eesse de Galles, Gala)ide de Bagnolet, et quelques Brugnons, parmi lesquels nous de- vons citer Elruge comme très-méritant. — Par ]\r. Bertaud, cultivateur à Rosny-sous-Bois, une magnifique corbeille de Pêches Blondeau qui étaient de toute beauté. — Par M. Lardin, cultivateur à Montreuil, un très-beau lot de Pêches Alexis Lepère. — Par M. Chevalier (Gustave), arboriculteur à Montreuil, les Pê- ches Alexis Lepère, Belle Beausse, Belle im- périale, Belle de Vitry. — Par M. Ilarraca, successeur de M. Tourasse, à Pau, des semis des Poires Beurré Luizet et de Beurré gris qui étaient fort beaux. — Enfin, par M. Jamet, cultivateur à Chambourcy (Seine-et-Oise), une corbeille des fruits suivants : Poires Fondante des bois, Beurré Hardy, Louise-Bonne d'A- vranehes , Doyenné Boussoeh , Williams , Pommes Grand- Alexandre, tous fruits gros et beaux. LES PLANTATtONS DANS LES CIMETIÈRES Si nous examinons Tétât actuel de nos cimetières ; il sera facile de nous convaincre qu’ils sont dans une situation déplorable, tant au point de vue de Tliygiène qu’à celui du respect dû aux morts. Dans les grandes villes, cette situation anormale provient d’une augmentation con- tinue de la population, qui, en reculant sans cesse les murs d’enceinte, a enclavé, dans les quartiers presque voisins du centre, les cimetières qui se trouvaient autrefois aux approches des faubourgs. Que résulte-t-il de ce fâcheux état de choses? L’accumulation, sur une surface beaucoup trop restreinte, d’un grand nom- bre de tombes, entraîne la nécessité de se servir à nouveau, au bout d’un petit nombre d’années, des endroits où les in- humations temporaires sont faites. Ajou- tons-y la création de foyers constants d’éma- nations malsaines, que le bouleversement périodique du sol augmente encore. Le peu d’espace réservé à chaque em- placement rend impossible la plantation de quelques arbustes, de quelques fleurs, qui permettraient de reconnaître la place où reposent ceux dont on chérit le souvenir. Qui n’a vu, lors des enterrements où des discours sont prononcés, les assistants, pour se rapproclier de l’orateur, marcher sur les tombes voisines, escalader les monuments funèbres et piétiner les Heurs qu’aucune profanation ne devrait atteindre ! Quoi de plus pénible aussi que la vue de Tun de ces défrichements, par carrés, que Ton est obligé de faire à époques fixes, dans les cimetières urbains, et à la suite desquels, en procédant de nouveau aux in- humations, on retrouve des cadavres à peine décomposés ! Examinons maintenant ce qui se fait ail- leurs qu’en France. En Angleterre, les cimetières sont créés et entretenus de telle manière qu’ils cons- tituent de véritables promenades conservant le caractère respectable que doit présenter la demeure des morts. En Amérique, et c’est là surtout qu’il faudrait prendre des inspirations, les cime- tières forment d’immenses parcs. Leur tracé d’ensemble, en attribuant la partie centrale à des pelouses ornées de pièces d’eau et de massifs, et sur lesquelles on édifie, dans des conditions pittoresques, les monuments élevés à la mémoire des grands hommes, a reporté dans les parties laté- rales les autres tombes, séparées entre elles par des plantations qui donnent à chacune le caractère d’isolement qui lui est néces- saire. Dans quelques-uns de ces parcs funé- raires, les avenues et allées, au lieu de porter des dénominations trop sèches et laconiques, telles que Avenue perpendiculaire, Chemin latéral, Allées n^^ 1, 3, 3, etc., sorte de classification bru- tale qui répartit les tombeaux dans un im- mense casier à compartiments numérotés, ont reçu des noms motivés par une planta- tion ou une décoration florale spéciales : Avenues des Peupliers, des Saules pleu- reurs, Allées des Scabieuses, des Myo- sotis, des Immortelles, etc. New-A'ork possède deux cimetières de ce genre : Cypress HUI et Woodlaivn, ayant ensemble une surface de près de 300 hec- LIMITES DES VARIÉTÉS EN HORTICULTURE. — tares ; Cincinnati a le Sj)ving Grave, avec une surface de 240 hectares; Brooklyn, Greenwood, 167 hectares, etc. (1). En France, il existe bien, dans les cam- pagnes, qiiehpies cimetières créés dans des conditions convenables ou à peu près, mais ils sont bien clairsemés. Iles plantations très-anciennes donnent à leur ensemble un caractère imposant. C’est là un exemple à imiter. Mais aussi, combien de fois n’avons-nous pas constaté, auprès de villes et bourgs d’une certaine importance, des cimetières en amphithéâtre, sans verdure, sans Heurs, placés par raison d’économie tout auprès d’une grande voie de communication, et ne présentant aux regards péniblement sur- LES CONGRÈS POMOLOGIQUES. 451 pris du passant qu’un amoncellement de tombes dénudées. Donc , aux cimetières , il faudrait de grands espaces, un tracé préalable artiste- ment étudié, beaucoup d’arbres, de gazons et de fleurs. Avec les moyens actuels de transport, les grandes villes n’ont plus aucun prétexte pour conserver l’état de choses existant. On doit éloigner les cimetières des centres de population, et les rendre facilement acces- sibles par des voies spéciales. Dans les cam- pagnes, la chose est beaucoup plus simple, et il ne manque pas d’espaces qui, à peu de frais, constitueraient pour l’avenir des ci- metières bien établis. Ch. Thays. LIMITES DES VARIÉTÉS EN HORTICULTURE LES CONGRÈS POMOLOGIQUES Il n’est pas rare, à propos du nombre con- sidérable de variétés fruitières admises par la pratic[ue, d’entendre dire ceci : « A quoi sert de cultiver de si grandes c{uantités d’arbres fruitiers. Il en est souvent un très- grand nombre qui se ressemblent, et même beaucoup ne présentent que des qualités inférieures. Au |lieuj de cela, ajoute-t-on, il vaudrait beaucoup mieux éliminer celles d’un faible mérite, et faire un choix d’un petit nombre de variétés possédant les qua- lités principales, essentielles, de manière à n’avoir que du très-bon et du très-beau. Ce langage, du reste, est à peu près celui que, de très-bonne foi, tiennent la plupart des gens qui visent surtout au profit, et qui, avant tout, font de la culture des arbres fruitiers une question d’argent. A ce raisonnement, assurément très- sensé, on peut pourtant faire un grand nombre d’objections importantes. Notre première observation porte sur la satisfaction personnelle du cultivateur, dont, en général, on tient trop peu de compte. Dans ce cas, on oublie presque toujours ce point important : à côté du spéculateur qui cbifire tout et ne voit dans la nature que des choses à escompter, il y a l’homme qui compare et jouit de ces infinies diversités qui constituent la jouissance morale. Si, pour rester dans notre sujet, nous prenons comme exemple les fruits, nous ferons (i) M. Ed. André a donné sur ce sujet des indi- cations plus complètes dans son Traité général de VArt des jardins, pp. 188 et 790. observer, que si bon que soit un fruit, le plaisir de le manger ne dure qu’un instant, tandis qu’il en est autrement de celui de l’étudier, de l’examiner, de cultiver et de soigner les arbres et de comparer les \^a- riétés, plaisir qui est d’une durée infini- ment plus longue ; on pourrait même dire qu’il est de tous les instants. Du reste, si en toutes choses, mais en culture surtout, on limitait la quantité d’objets à ceux qui sont indispensables ou même seulement nécessaires à la vie maté- rielle, on devrait en supprimer les trois quarts et même beaucoup plus. Voilà pour l’amateur, c’est-à-dire pour le collectionneur de fruits. Il en est autrement pour le spéculateur. Celui-ci, outre qu’il lui faut du beau, du très-beau même, a en- core à tenir compte des besoins commer- ciaux. Parfois même il doit faire abstraction de ses préférences, agir moins suivant son goiit que selon celui des autres, car, pour lui, il n’y a de bon que ce qui se vend bien ; suivant les demandes du commerce, il devra parfois cultiver telles ou telles variétés plutôt que telles autres qu’il aime cependant mieux. Pour le spéculateur, nous le répétons, pas d’autre apprécia- tion que celle qui repose sur l’intérêt pé- cuniaire. Ces quelques explications montrent déjà combien il est difficile de limiter les variétés à cultiver, quelle que soit la spécialité dont il s’agisse. En efiet, il en est absolument des plantes florales ou ornementales comme 452 LIMITES DES VARIÉTÉS EN IIORTICUL' il 011 est dos arlii-es fruitiers : le spéciilaleui' pourra ])arfois avoir avantage à ne culliver (ju’un ti'ès-petit nonilire d’espèces ou varié- tés, t)ien (jue, dans son esprit, elles soient moins méritantes (pie telles auti’es, par celte raison cpi’elles conviennent mieux an point de vue commercial. Nous pouvons néanmoins , poui* notre sujet, étalilir deux gi'andes divisions, Fune comjirenant les spéculateurs qni, ne doivent avoir qu’un seul objectil', l’intérêt pécu- niaire, l’autre, comjirenant les amateurs, à qui la diversité est indispensable. Faisons, de cette tliéorie, une application aux arbres fruitiers : Pommiers, Poiriers, Vignes, etc. Il n’y a jamais eu, il n’y a pas et qu’il n’y aura jamais non plus, deux variétés identiques, cpielles que puissent être les apparences ; il en est de même des qualités, qui toujours sont relatives, puisque ce qui est considéré comme mauvais ou au moins médiocre dans un endroit peut être pas- sable, bon, parfois même très-bon, dans un autre. Il ne faut pas oublier non \)\us que les variations jieuvent porter sur le tempéra- ment, la vigueur, la fertilité, la robusticité des arbres, la nature ou la conservation des fruits, leur liâtiveté ou leur tardivet(3 : ce qui les fera rejeter par les uns pourra les faire rechercher par les autres. De ces faits ou d’autres analogues, nous liourrions citer de nombreux exemples, mais comme la plupart sont connus de tous les praticiens, nous nous bornerons à deux qui portent particulièrement sur la qualité des fruits : ce sont les Poires Cuire et Duchesse d' Anrjoulème. La première, gé- néralement considérée comme médiocre, et même mauvaise, est pourtant non seule- ment bonne, mais même parfois très-bonne dans certaines localités. Il en est à peu près de même de la Poire Duchesse d’Angou- lôme. Ainsi en Espagne, dans des terrains irrigués où nous l’avons cultivée en même temps (pie beaucoup d’autres variétés, nous avons constaté que ses fruits, qui venaient extraordinairement gros et beaux, étaient complètement dépourvus de qualité. Ajou- tons que dans tous les pays cliauds, les fruits dits « d’hiver », à pépins : Poires ou Pommes — qui, du reste, n’en ont guère que le nom, puisque tous mûrissent avant riiiv’er, — sont en général mal venants et dépourvus de qualité. Ces quelques faits sont suffisants pour montrer l’impossibilité absolue où l’cn est m:. — LES CONGRÈS POMOLOGKJUES. (l’établi)' des règles fixes pour le choix des variétés les jilus méritaides, et combien pourront pai'fois être vaines toutes les re- commandations qne l’on pourrait faire à cet égard, soit dans les catalogues, soit dans les ouvi'ages sjiéciaux. Il est vrai de dire que ces recommandations, en général, portent peu, et (pie, malgré tous les Gongriùs po- mologiqiies qui, chaque année, ragent, ajoutent, supqrriment , recommandent , proscrivent telles ou telles variétés, les choses restent à peu près les mêmes. Puisque nous en sommes à parler des Congrès pomologiipies , faisons ressortir un des défauts de leur organisation : c’est la lenteur avec laquelle ces assem- blées rendent leurs décisions. Presque tou- jours les* fruits nouveaux ou proposés pour l’admission ne sont guère soumis au Congrès que plusieurs années après qu’ils ont été mis au commerce, lorsqu’ils ont déjà été ré- pandus sous un nom qui devra parfois être changé plus tard. De plus, il arrive fré- quemment que, faute de renseignements suffisants, le verdict se trouve ajourné, et qu’alors les fruits sont (( maintenus à l’étude » [un temps plus ou moins long, avant que l’aréopage de Pomone ait pro- noncé. Si d’autre part on veut bien exami- ner comment se passent les choses lorsqu’il s’agit d’identifier une variété ou d’en dres- ser la synonymie, on reconnaîtra que, de ce côté encore, les travaux d’un Congrès ne donnent parfois qu’une faible garantie. On a apporté des fruits de presque toutes les par- ties de la France pour servir aux discus- sions, et c’est après leur examen que l’on décide ; on en étudie d’abord les carac- tères extérieurs, c’est-à-dire les formes, les dimensions, le coloris, etc., puis on déguste ces fruits afin d’en apprécier la qualité, et alors on se prononce, ce qui n’est pas chose facile, du moins d’une manière équi- table, étant données les variations si con- sidérables que le climat et les conditions déterminent sur les fruits, cela même lorsqu’il s’agit d’une variété bien déter- minée. Est-ce à dire qne les Congrès pomolo- giques soient mauvais en eux, et que les re- commandations que l’on y fait soient dé- pourvues de valeur? Telle n’est pas notre pensée. Ce (|uenous soutenons, c’est que les recommandations, arrivant généralement trop tard, ne produisent pas les bons effets que l’on est en droit d’en attendre. En eflet, celles-ci ne seraient vraiment efficaces que REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 453 si, avant d’otre mis au commerce, les fruits sur lesquels les éludes et les observations doivent porter étaient soumis à un comité compétent qui, alors, donnerait son avis. Mais la chose n’est l’uère possible, car, dans ce cas encore, ou aurait à lutter contre l’intérét, l’amour-propre et les prétentions des obtenteurs, qui n’accepteraient guère les décisions du Congrès que dans les cas où elles leur étaient favorables. Il faudrait donc que les Congrès ne fissent pas attendre trop longtemps leurs décisions, en « maintenant à l’étude » des fruits parfois depuis longtemps connus et jugés. Ensuite, et surtout, il serait désirable que tous, propriétaires, amateurs, horticul- teurs, semeurs et obtenteurs, se confor- massent aux décisions rendues par le tri- bunal de Pomone : mais nous avons bien peur que cette seconde condition soit encore plus difficile à réaliser que la première. E.-A. Garuiére. REVUE UES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Phacelia Parriji, Torr. — Hydrophyllées {Bot. Mag., tab. 6842). — Plante annuelle, voisine du P. campanularia et originaire des régions méridionales de la Californie. Tiges de 35 à 70 centimètres de hauteur, feuilles longues de 3 à 12 centimètres, pétiolées, ovales ou ovales-oblongues, dentées. Fleurs violet foncé en cymes pluriflores terminales, dépassant de beaucoup le feuillage, et de 2 à 3 centimètres de diamètre. Nympliæa stellata var. Zanzibar ensis., Gasp. — Nymphéacées {Bot. Mag., tab. 6843), — Magnifique plante aquatique, se rapprochant un peu du N. gigantea, mais dont les fleurs, d’un bleu violet, sont beaucoup plus grandes que celles de cette dernière espèce, puisqu’elles mesurent jusqu’à 20 centimètres de diamètre. Ces fleurs, qui répandent une odeur délicieuse, s’ouvrent après midi et se ferment la nuit, pour se rouvrir le lendemain, et toujours ainsi pendant une quinzaine de jours, puis elles s’en- foncent dans l’eau pour mûrir leurs fruits. Les feuilles, orbiculaires, sinuées-crénelées sur les bords, mesurent de 25 à 30 centimètres de dia- mètre. Calantlie natalensis, Reiclib. f. —r. Orchidées {Bot. Mag., tab. 6844). — Cette espèce, qui croît, à l’état naturel, dans diverses régions de la côte orientale de l’Afrique méridionale, avait en premier lieu été décrite comme une variété du C. sylvatica^ des îles Bourbon et Maurice, dont elle est en effet très-voisine. Ses feuilles, au nombre de cinq à sept, sont radicales, ellip- tiques-lancéolées, longues de 20 à 30 centi- mètres, et canaliculées longitudinalement, a neuf nervures très-saillantes, vert pâle, trans- lucides. Fleurs mesurant de 25 à 38 millimètres de diamètre, réunies en grappe pyramidale, érigée, longue de 15 à 20 centimètres. Ces fleurs sont lilas pâle, à labelle rouge foncé ; quelque- fois les pétales et sépales sont blancs, et sim- plement bordés de lilas. Boronia heterop)hylla var. brevipes, J. D. Hooker. — Paitacées {Bot. Map., tab. 6845). — Cette variété australienne, importée en 1881, ne diffère de la plante type que par ses pédon- cules plus courts. Ses feuilles, très-variables, sont quelquefois simples, linéaires, longues de 12 à 15 millimètres ; quelque fois elles pré- sentent une ou deux paires de folioles linéaires, portées sur un pétiole très- élancé. Les fleurs, réunies par cinq ou six à faisselle des feuilles, sont subglobuleuses, écarlate brillant, et me- surent de 8 à 12 millimètres de diamètre. Anemone trifolia.^ Moris. — Renunculacées {Bot. Mag., tab. 6846). — Cette espèce, très- anciennement connue, est originaire de l’Eu- rope centrale et méridionale. Polygonum sphærostachyum., Meissner. — Polygonacées {Bot. Mag., tab. 6847). — Pro- venant des régions alpines et sub-alpines de l’Himalaya, cette plante produit une tige iso- lée, haute de 10 à 25 centimètres ; ses feuilles, longues de 7 à 12 centimètres, sont linéaires- oblongues ou lancéolées, à stipules tubuleux ; ses fleurs, d’un rouge de sang, longues de 8 millimètres, sont étroitement réunies en un épi globuleux ou cylindrique long de 25 à 38 millimètres. Aloe Bainesü, Th. Dyer. — Liliacées-Aloïnées {Bot. Mag., tab. 6848). — Cette espèce, bien certainement la plus belle du genre, forme, dans la Cafrerie et Natal, un arbre qui atteint de 12 à 18 mètres de hauteur. Ce tronc se bi- furque assez bas, et se divise ensuite en nom- breuses ramifications qui se terminent toutes par une rosette de feuilles étalées, ensiformes, longues de 60 à 90 centimètres, du centre de laquelle part une grosse inflorescence compo- sée de plusieurs grappes de fleurs dans les- quelles le périanthe rose rouge, long de 3 cen- timètres, ovoïde, n’est divisé que dans son quart supérieur en six petits lobes verdâtres. Baphithamnus cyanocarpus, Miers. — Verbénacées {Bot. Mag., tab. 6849). — Cette espèce, peu intéressante au point de vue déco- ratif, forme au Chili un arbre de 15à20 mètres de hauteur ; ses feuilles, largement ovales ou acuminées, très-nombreuses, ont de 15 à 35 mil- limètres de longueur ; ses fleurs, solitaires ou réunies par paires, sont longues de 12 milli- mètres, étroitement tubuleuses, bleu pâle. 454 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. Bhododenclron javanicum, var. tiibiflora, l>enn. — Ericacées {Bot. Mag..^ tab. G850). — Ce Rhododendron, originaire de Sumatra et de Java, d’où il a été introduit par MM. Yeitcli, de Londres, diffère du type R. javanicum, en ce que ses fleurs sont d’un ton rouge orange plus pale, que le tube de la corolle est plus long, enfin, par ses léuilles qui sont plus flas((ues, plus finement nervées et dont la nervure mé- diane est si apprimée à la face supérieure qu’elle est à peine visible. Pogonia 'pulchella, J. D. Ilooker. — Orchi- dées {Bot. Mag., tab. G851). — Charmante petite plante importée en 1878 de Hong-Kong en Europe. Tubercules blanchâtres, de la grosseur d’une noisette. Feuilles : 1 ou 2, longues de 5 à 7 centimètres, très-courtement pétiolées, orbiculaires-cordiformes à la base, sillonnées par douze nervures très-accentuées ; face supérieure vert-brunâtre foncé et pourpre, lace inférieure rose vif à nervures saillantes, garnies de poils blanchâtres. Hampe haute de 10 â 12 centimètres, biflore; fleurs retombantes, pédicellées, mesurant 4 centimètres de l’extré- mité du sépale dorsal â celle du labelle ; pé- tales et sépales semblables, linéaires- oblan- céolés acuminés, jaune brunâtre, avec trois nervures brunes ; labelle aussi long que les sépales, entièrement glabre, partie convolutée blanche, lobes rose et carmin. Crocus Korolkoivij Mauv. et Regel., et Cro- cus ae7'ius, Herb. — Iridées {Bot. Mag., tab. G852). — La première de ces deux espèces, qui a été découverte dans le Turkestan, se rapproche beaucoup du Crocus de Hollande jaune ; ses fleurs sont jaune d’or brillant, l’en- vers des sépales étant brun foncé. Le C. aerius, très-voisin du C. biftorus, provient de l’Asie - Mineure; ses fleurs ont le tube long de 5 cen- timètres, lilas pâle; les segments du limbe sont obovales ou oblongs- obtus, lilas brillant; les étamines jaune d’or, le style rouge orangé. Ixoï'a macrothyrsa, Teysm. et Binn. — Ru- biacées {Bot. Mag., tab. 6853). — Le genre Ixora compte aujourd’hui environ cent espèces, qui, toutes, sont surpassées en port, grandeur et coloris de la fleur, par cette nouvelle espèce, originaire de l’archipel malais. L’/. macro- tùî/rsa forme un arbuste entièrement glabre, aux rameaux raides ; les feuilles ont environ 35 cen- timètres de longueur sur 4 à 5 centimètres de de largeur, vert brillant en dessus, plus pâle en dessous; thyrse subsessile, globuleux, me- surant 20 centimètres de diamètre, et composé, d’innombrables fleurs écarlates, dont le tube mesure 4 centimètres de longueur, et les lobes, lancéolés-obtus, 12 millimètres dans le même sens. Plante superbe. Martinezia caryotæfolia, H. B. K. — Pal- miers {Bot. Mag., tab. 6854). — Espèce ori- ginaire de la Nouvelle-Grenade et introduite depuis longtemps dans les cultures. C’est un gracieux Palmier atteignant à peine 10 mètres de hauteur. Stipe cylindrique, érigé, garni dans toute sa hauteur d’épines noires, longues de 5 â 8 centimètres, et supporté par un fais- ceau de racines dépassant la surface du sol ; feuilles longues de l'"30â 1^ 50, â pétiole et rachis armés d’épines élancées, folioles au nombre de 8 ou 10 paires, longues de 25 à 30 centimètres, sur 10 ou 12 de largeur, tron- quées, plus ou moins trilobées à leur extré- mité, Muscari Szovitsianum, Ruprecht. — Lilia- cées {Bot. Mag., tab. 6855). — Espèce origi- naire de la Perse et du Caucase, intermédiaire entre les M. botryoides et raccmosum, et peu intéressante au point de vue de l’ornementa- tion. Ses fleurs, réunies en épis compacts, sont bleu brillant. Layia glandulosa, Hook. et Arn. — Compo- sées. — Héliantlioïdées {Bot. Mag., tab. 6856). — Plante annuelle, croissant dans les régions occidentales de rAméri(|ue du Nord et intro- duite depuis quelques années. Ses petites fleurs blanches, qui la font ressembler à un Pyretlu'mn ou â un Matricaria, présentent peu d’intérêt. Rosa pisoca^ya, A. Gray. — Rosacées. {Bot. Mag., tab. 6857). — Espèce originaire de la Colombie anglaise et de l’Orégon, et qui produit de petites fleurs â pétales orbiculaires, bifides, roses, et à anthères jaune pâle. Lissochilus Saiidci'soni, Reichb. f. — Or- chidées-Yandées [Bot. Mag., tab. 6858). — Cette fort belle espèce, introduite de Natal en 1879, ne doit pas être confondue avec le L. Sandersoni, Harvey, qui est une tout autre plante, et qui, dans le Généra Plantaimm, a été reportée au genre Cymbidiuyn, à cause de l’absence d’éperon dans sa fleur. Ses feuilles, longues de 1 mètre à lm50, ont de 7 à 10 cen- timètres de largeur; elles sont lancéolées-al- longées, plissées longitudinalement. La tige florale atteint 2 mètres de hauteur et supporte un épi long de 35 centimètres composé de grandes fleurs mesurant de 5 à 7 centimètres de diamètre; sépales vert rayé de brun; pé- tales blanc pur; labelle à lobes latéraux vert brillant et lobe médian violet vif; disque jaune verdâtre pâle, colonne blanche. Calotrojns procera, Brown. — Asclépiadées {Bot. Mag., tab. 6859). — Arbuste introduit il y a soixante-dix ans environ de la Perse, et que l’on trouve à l’état spontané dans les ré- gions centrales et occidentales de l’Inde. Il at- teint de 2 à 5 mètres de hauteur et développe des rameaux glabres, élancés ; feuilles subses- siles et amplexicaules, longues de 10 à 25 cen- timètres, glabres lorsqu’elles sont vieilles, oblongues ou obovales-oblongues ; fleurs de 12 à 18 centimètres de diamètre, en ombelles pa- niculées axillaires; sépales ovales, petits, verts; lobes de la corolle ovales, étalés et incurvés, blancs en dehors, pourpres à l’intérieur sur une surface plus ou moins grande, avec la base et les bords blancs. Cet arbuste est le fameux Mudar des méde- SUR LA POIRE CITRON DES CARMES. — CORRESPONDANCE. 455 cins orientaux. Il est, dans l’Asie centrale, fréquemment employé en pharmacie, comme émétique, diaphorétique, dans le traitement des dyssenteries, comme succédané de Vljpe- cacuanha, etc. Synthyris reniformis, Benth. — Scrophula- rinées {Bot. May.^ tab. G860). — Californie et Orégon. Plante à feuilles orbiculaires, cor- diformes, dentées; grappe érigée, longue de 15 centimètres, composée de (leurs violet pidc, longues de G millimètres, peu intéressantes. Ed. André. SUR LA rOIRE CITRON DES CARMES M. P. Giraud a publié dans le numéro du 16 juillet de la Revue horlicole un intéressant article sur « les fruits à obtenir » et il cite à ce sujet le passage suivant : « Le Doyenné de juillet est la première Poire mûre. On lui préfère le Citron des Carmes, appelé ici Madeleine, Anisette, Poire de la Saint- Jean, etc. » Le nom de Citron des Carmes ayant été définitivement adopté par le Congrès pomo- logique de France, je me suis souvent demandé pourquoi ce même Congrès avait attribué comme synonyme de Citron des Carmes les Poires de la Saint-Jean et Madeleine, ces trois fruits n’ayant rien de commun. Le nom synonymique de Saint-Jean, ou Poire de la Saint-Jean, s’applique à l’an- cienne Poire Amiré Johannet, de Claude Mollet. C’est, ici, la première Poire de l’année, puisqu’elle mûrit du 15 au 25 juin. L’arbre se fait bien en plein vent, charge beaucoup et il n’est désigné dans les jardins comme dans les champs autrement que sous le nom vulgaire de Poire Saint-Jean. Quant au synonyme de Madeleine, at- tribué aussi à la Poire Citron des Carmes, c’est encore un double emploi. La vraie Poire Madeleine, parfaitement décrite par André Leroy dans son Dictionnaire de po- mologie, mûrit ici du 25 juin au 5 juillet. PA si nous la désignons ici sous le nom populaire de Poire Saint-Pierre, c’est à cause de sa coïncidence de maturité avec l’époque de cette fête, qui a lieu le 29 juin. Comme VAmwé Johannet , la Poire Madeleine est un arbre de verger par excellence, se chargeant annuellement de fruits, et il n’est pas rare de rencontrer des arbres de ces deux variétés bien dis- tinctes, rapportant annuellement de 30 à 60 francs à leur propriétaire. La Poire Citron des Carmes, du Con- grès, vient comme maturité après ces deux variétés, soit du 5 au 15 juillet ; nous l’appelons vulgairement Poire de Passe- Friand et elle est très estimée sur nos marchés à cause du léger parfum anisé qui la caractérise. Les synonymes de Poire Saint-Jean et Madeleine attribués à la Poire Citron des Carmes font donc double emploi ; ils sont nuisibles à la culture extensive des arbres à fruits précoces pour la vente des marchés, puisque V Amiré Johannet, la Poire Made- leine et le Citron des Carmes sont trois variétés bien distinctes que l’on peut planter comme telles à coup sûr. Et si je viens après la lecture de l’article de M. P. Giraud signaler ces erreurs involontaires aux pomo- logues, c’est aussi dans l’intérêt des plan- teurs. Gagnaire. CORRESPONDANCE N° 3439 (Jura). — Il sera fait prochaine- ment dans la Revue horticole un article sur le Melon Payot, dans lequel seront indiqués le lieu et l’époque où cette variété sera mise au commerce. JVo 4577 (Eure). — Vous pourrez, pour avoir les Pruniers que vous désirez, vous adresser à Toulouse, à MM. Barthère, pépiniériste, 33, rue d’Auriol ; Bonnamy, horticulteur, G, rue Pont- Montaudran ; Vve Démouille, allée des De- moiselles. Quant au sol qui convient pour multiplier les arbres fruitiers, la terre de bruyère n’est pas nécessaire. Un sol consistant, argilo-sili- ceux, un peu humide, reposant sur un sous- sol perméable, est ce qu’il y a de mieux. Dans le cas où il s’agirait de cultures spéciales, plus ou moins délicates, la terre de bruyère pour- rait entrer pour une part plus ou moins grande, suivant la nature des plantes à multiplier. M. V. S. S. (Allemayne) et M. B. {Haute- Garonne). — Il vous sera très-facile de vous procurer des Burchellia capensis, en vous adressant à M. Rougier-Chauvière, horticul- teur, 152, rue de la Roquette, à Paris. M. J. V. {Roumanie). — L’opération de l’arrosage au sulfate de fer, pour augmenter la vigueur des arbres chlorotiques, doit se 45G CORRESPONDANCE. faire au commencement de la végétation prin- tanière, et être réitérée chaque semaine une fois jusqu’à la pleine végétation, c’est-à-dire la mi-juin. Pour les fruits, on peut commencer les bas- sinages dès qu’ils sont « noués » et continuer l’o[)ération ])endant tout le teni})s de leur grand développement, sans qu’on puisse indi- quer avec précision le nombre des applications du liquide. Yous trouverez des graines et des jeunes plants de l’Aubépine ordinaire partout, en France, chez les pépiniéristes dont la Revue horticole annonce les adresses, et particulière- ment l’Azérolier ergot de co(j chez MM. Jac- quemet-Bonnefond, à Annonay (Ardèche). M. E. A. (Seine-et-Marne) . — Le fait dont vous nous entretenez, de renvabissement de vos fruits i>ar des insectes carpophages, est très-complexe; et il est difficile de vous renseigner. Il est bien évident (jue la cause n’est pas due à votre sol, très-favorable à la croissance des arbres, ainsi que vous le cons- tatez. Le mal, sans aucun doute, est occasionné par les insectes parfaits ; papillons, mou- ches, etc., qui vont déposer leurs œufs dans les fruits ; mais à quelle époque ? La chose n’est pas connue, et malgré tout ce qu’on a dit et écrit à ce sujet, on ne sait encore rien de certain. On a conseillé des aspersions faites avec de l’eau additionnée de substances corro- sives ou insecticides, sur les arbres, au )no- ment de la floraison. Toutefois, il semble dou- teux que ce soit le moment favorable pour opérer; car, ainsi que vous l’avez remarqué voLis-môme, les insectes ailés (lépidoptères, hyménoptères, etc.) sont toujours très-rares à l’époque de la floraison des arbres fruitiers. Il conviendrait donc, à diverses phases de la vé- gétation des arbres, d’essayer les aspersions susdites. Dans ce cas, l’eau légèrement addi- tionnée soit de vinaigre, soit de tout autre acide plus ou moins dilué en raison de sa na- ture, peut être employée. Les substances qui, outre leurs propriétés corrosives , dégagent une odeur forte, plus ou moins nauséabonde, peuvent aussi être employées avec avantage; tel est, par exemple, l’insecticide Fichet. Quant au Mildiou, vous savez que cette an- née ses ravages ont été très-considérables. La bouillie bordelaise se prépare ainsi que vous l’avez fait; toutefois, si vous trouvez qu’elle' n’a pas suffisamment agi, vous pourriez aug- menter un peu la quantité de sulfate de cuivre. D’autre part, suivant l’intensité du mal, on est souvent obligé de répéter l’opération ; le mieux est de la faire au moins deux fois, et préventi- vement, si possible, ainsi (ju’on le fait contre l’oïdiujii. Certaines })crsonnes se sont bien trouvées de l’emploi du Protosulfure de cal- cium; elles le préfèrent même à cause de son innocuité. Toutefois, dans ce cas, il est bon d’o|)érer plusieurs fois : ce traitement ne peut être qu’avantageux pour la Vigne. iVo 8283 {Dordogne). — Vous avez affaire au Madura aurantiaca, vulgairement ap- ])clé Oranger des Osages, ou Bois d'arc, de ce que les Indiens, paraît-il, emploient fré- quemment son bois à la confection de leurs arcs. Quant au fruit, on le dit mangeable lors- qu’il est bien mûr. Les feuilles, lorsqu’elles sont jeunes, sont parfois employées pour la nourriture des vers à soie. En horticulture, le Maclura aurantiaca est parfois employé pour confectionner des haies, ce à quoi il est très-propre, à cause Me ses ra- meaux munis de fortes épines. 32i5 {Charente). — 1» Le Streptoso- len Jamesoni est une Scrophularinée intro- duite de l’Écuador par M. Ed. André, et formant de jolis arbustes qui se couvrent, géné- ralement au premier printemps, de charmantes fleurs jaunes ou rouge-capucine. La plante est surtout remarquable en pleine terre, sur le lit- toral méditerranéen. Sous le climat moyen de la France, elle pousse souvent de vigoureux rameaux sans fleurir. Il faut se garder de tailler ces rameaux, qui se termineront en avril, en serre, par de beaux bouquets bien épanouis. Serre froide ou tempérée, terreau fertile. 2» L’Hæmanthus pubescens est une plante bulbeuse originaire du Cap de Bonne- Espérance , et appartenant à la famille des Amaryllidées. Elle ne vaut pas, à beaucoup près, les H. multijlorus et H. coccineus, à grosses capitules écarlates, de la plus grande beauté. Vous pourrez vous procurer ces plantes chez divers horticulteurs, notamment chez M. A. Truffant, à Versailles. No 3531 {Maine-et-Loire). — Ce que nous pouvons vous affirmer, c’est que, dans la ré- gion du Loir-et-Cher et de l’Indre-et-Loire, où nous connaissons des Vignes en chaintres, nous n’avons encore vu aucune trace du phyl- loxéra, même au milieu des autres vignobles contaminés. Ce qui ne veut pas dire que l’in- secte ne puisse pas attaquer la Vigne sous cette forme. Nous disons ce que nous avons vu, sans pouvoir vous donner de conseil absolu dans une question aussi grave et aussi délicate. U Administrateur- Gérant : L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 457 CIlIlONiaUE IIOIITICOLE » Concours-expositions aux séances de la Société nationale d’horticulture de France. — Le Mildiou dans les Vosges. — UÆcidimn du Pin sylvestre. — Encore la grefîe des Robiniers en écusson. — Plantation des arbres. — Les premiers Lilas blancs. — Origine de la Fraise lléncart de Thurij. — Un Concombre monstrueux. — Utilisation des feuilles de Tritoma comme ligatures. — Dimorphismes du Dahlia Princesse Mathilde. — Rapprochage des Platanes. — Greffoir Rivière. — Cerise Toupie. — Cerasus acida pyramidalis. — Suspension économique. — Fabrication du Saké, boisson alcoolique japonaise. — Les bons points instructifs. Concours-Expositions aux séances de la Société nationale d’horticulture de France. — Conformément à mie décision dn Conseil d’administration, en date du 8 avril dernier, des Concours spéciaux de- vaient avoir lieu aux éiioques concordant avec la maturité des produits désignés. Sur les cinq Concours arrêtés, trois sont termi- nés. Des deux restants, l’im, qui comprend les Asters, les Fruits, les Choux-Pleurs, se tiendra le 21 octobre; l’autre, spécial aux Chrysanthèmes d’automne, s’ouvrira le 25 novembre. Cette Exposition, qui se tiendra dans la salle de la Société, rue de Grenelle, 84, et qui durera quatre jours, comprendra les deux sections suivantes. Section. — Plantes en pots. La plus belle collection déplantés en pots. Le plus beau lot formé des plus belles va- riétés les mieux cultivées. Les plus beaux spécimens en fortes plantes. 2<^ Section. — Fleurs coupées. Les variétés les plus méritantes obtenues de semis n’ayant pas été mises au com- merce. La plus belle collection en fleurs coupées avec rameau. J^égumes. Le 27 janvier 1887 aura lieu un Concours pour le Witloofoii Chicorée de Bruxelles, présenté en lots de 80 à 100 pieds avec ra- cines. Le Mildiou dans les Vosges. — Le Mildiou a pénétré dans les Vo.sges, où il a fait des ravages épouvantables. Ainsi notre collaborateur, M. Vaudrey-Evrard, horticul- teur-pépiniériste à Mirecourt (Vosges), dans une lettre qu’il nous écrivait le 29 septembre dernier, nous disait : « Les Vignes font peine à voir ; il y a déjà longtemps que les feuilles sont tombées, aussi les Raisins sont- 16 Octobre 1886. ils restés verts et ne mûriront probablement pas. C’est un véritable désastre. » L’Æcidium du Pin sylvestre. — Ce Cryptogame continue à faire dans les plan- tations de Pins des ravages désastreux. Pour en donner une idée, il suffira de dire qu’il a amené la destruction de près de 200 hec- tares de jeunes repeuplements dans la forêt j de Saint-Germain. Sa présence a été constatée dans la partie nord de la France, pour la première fois, en mai 1885, par M. Joubaire, alors conserva- teur des forêts, qui a étudié ce Champi- gnon, et a publié sur lui une notice qui fait connaître son mode de végétation, ses effets et le moyen de le combattre. U ypécidium (ou Peridermium) PHni, var. corticolum, est à peu près de la grosseur d’une lentille. Il s’attaque soit aux bran- ches, soit au tronc des jeunes Pins syl- vestres, et forme autour des parties en- vahies une sorte d’anneau de 6 à 12 centi- mètres de longueur. Dès la deuxième année de l’apparition du cryptogame, la partie attaquée, branche ou tige, meurt. Voici les moyens d’enrayer les effets de ce fléau (1) : vers le 15 avril, on coupe toutes les branches ou tiges contaminées et on les brûle immédiatement. Si cette opéra- tion était faite plus tard, en mai, par exem- ple, elle accroîtrait au contraire le mal ; car, en agitant les rameaux couverts à'Æci- dium, on favoriserait la dispersion des spores. Il paraît que, dans les plantations ravagées par ce Champignon, on constate presque toujours la présence d’un Coléoptère qui est également un ennemi des Pins. Encore la greffe des Robiniers en écusson.^ — A ce sujet et comme complé- (1) Dans son numéro du 16 mai 1886, p. 220, la Revue horticole a déjà fait connaître un autre procédé dont l’emploi pourra utilement s’ajouter à celui que nous indiquons aujourd’hui. 20 458 CHRONIQUE HORTICOLE. ment de ce qui a été dit dans ce journal (1), M. Gennadiüs, inspecleur de rAj'ricnlture en Grèce, et directeur du Jardin dendrolo- g-iifue de l’Etat, à Alliènes, nous a tait une Irès-intéressanle conimunicalion, d’où il ré- sulte que, dans ce pays, la g-refle des Uobi- niers en écusson réussit très-bien, à la con- dition toutefois qu’on la ])ratique tard, et (pie l’on ne raliatte le sujet qu’après que le j^reflbn a poussé, « parce que, dit M. Gen- nadius, la très-forte clialeur de l’été ferait dessécher le sujet jusqu’au point greflé, à moins pourtant (|u’on ait laissé au-dessus de l’écusson quelques ramifications pour amuser la sève. C’est surtout, dit encore M. Gennadiüs, la variété umbraculifera ou glohosa que nous multiplions de cette ma- nière. » 11 ajoute encore : « ... Le Rohinia umbraculifera, chez nous, veut une bonne terre franche et fraîche, et ne réussit pas comme arbre d’alignement dans les villes », ce qu’il a également remarqué à Gatane en Sicile, « où ces arbres plantés dans les rues, sont presque tous rabougris et por- tent au point de l’insertion de la greffe une énorme excroissance qui épuise le sujet et finit par le faire périr ». Cette exostose ou accumulation de sève existe presque toujours lorsqu’on greffe le Rohinia umbraculifera sur l’espèce commune, ce qui, du reste, s’explique faci- lement par les différences si considérables que présente la végétation de ces deux plantes. Plantation des arbres. — Au moment où vont commencer les plantations, nous croyons bon de rappeler que, à moins d’es- pèces qui pourraient souffrir de l’hiver, il y a toujours avantage à planter à l’automne; car, outre que les travaux moins nombreux de cette époque laissent du temps libre, la réussite est beaucoup plus assurée. Il est bien entendu que dans les terrains très- 'liumides et compactes, ou qui seraient susceptibles d’ètre inondés l’hiver, il fau- drait agir différemment : planter au prin- temps lorsque le sol est déjà échauffé. Les premiers Lilas blancs. — Tout le monde, aujourd’hui, à Paris, sait de quelle importance est la culture des fleurs de Lilas blancs. Mais très-peu de gens, relativement, savent que ces Lilas s’obtiennent avec des variétés à fleurs rouges qui se décolorent sous l’influence d’une culture spéciale, dont (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 338. la base est la chaleur unie à l’ohscurité. Le fait le plus singulier, peut-être, c’est que ces floraisons pourraient se succéder à peu piùs sans interriiplion s’il y avait avantage à le faire. En effet, il n’y a guère d’arrôt à la lirodiiction des fleurs que pendant environ six semaines, et encore par cette seule raison (pi’il n’y aurait pas d’avantage pécuniaire à faire ce travail. Ainsi, celte année encore, nous avons pu constater, chez M. Delaunay, horticulteur à Montreuil, l’un des plus forts cultivateurs de Lilas blancs en Erance, que les derniers Lilas fleurissaient dans le courant de juillet, tandis que les premiers épanouissaient leurs fleurs vers la fin de septembre. Produire à l’aide de plantes à fleurs rou- ges des fleurs complètement blanches, et cela avec la même espèce, est une opération que pratiquent couramment certains horticul- teurs de Paris ou de la hanlieue. Origine de la Fraise Héricart de Thury (2). — Cette Fraise, « qui a fait son chemin », est une débaptisée. Son obten- teur, M. Denis Graindorge, l’avait vendue sous le nom de Prince impérial. Ce nom, probablement, ne convenait pas à l’acqué- reur qui lui donna celui de Président Hé- ricart de Thury qui, par abréviation, fut ramené à Hérieart de Thury, sous lequel elle fut et est encore exploitée. Mais alors le nom ne tarda pas à être modifié, et, comme cela arrive fréquemment dans la pratique, ne fut pas seulement tronqué, mais dénaturé. C’est sous ceux de Rieard ou de la Rieard que l’on désigne cette Fraise qui, du reste, malgré cette substitution et son altération de nom, n’en reste pas moins dans les cultures, où elle est toujours très- appréciée. Un Concombre monstrueux. — On remarquait récemment chez M. Jacohs, de Covent-Garden, à Londres, un Concombre mesurant 1’" 60 de longueur. Ce fruit énorme était trois fois replié sur lui-même, par suite de la rencontre qu’il avait faite en se développant de certains obstacles, et il se terminait en pointe très-effilée. Utilisation des feuilles de Tritoma comme ligatures. — Plusieurs fois déjà, la Pievue horticole a appelé l’attention sur l’emploi des feuilles de Tritoma en horti- (2) Feu M. Héricart de Thury a été pendant de nombreuses années, président de la Société royale d’horticulture de France. CHRONIQUE HORTICOLE. 459 culiiire, soit pour ligaturer les grefîes, atta- cher les Vignes, soit pour tout autre usage analogue. Ces feuilles, coupées et séchées à l’ornbre et ensuite mises dans un local à l’ahri de toute humidité, conservent toute leur ténacité, qui, affaiblie par la dessicca- tion, revient complètement lorsqu’on sou- met les feuilles à l’humidité. Quand elles ont été ramollies, leur souplesse est telle qu’on peut les nouer comme une ficelle. Dans cet état, on peut môme les diviser longitudinalement, comme on le ferait du Sparganium, vulgairement Laîche. Toutes les espèces de Tritoma ne sont pas égale- ment bonnes ; les meilleures sont celles du groupe uvaria, particulièrement la variété glauca ou glaucescens, dont les feuilles, très-glauques et bleuâtres, sont nombreuses et très-longues. Dimorphismes du Dahlia Princesse Mathilde. — Peu de variétés de Dahlias sont plus connues et mieux caractérisées que celle-ci; outre qu’elle est très-naine, ses Heurs, courtement pédonculées ou sub- sessiles, sont dressées, cachées par le feuil- lage ou le dépassant à peine. Elle a produit spontanément, par dimorphisme, une forme complètement différente et dont les fleurs, également blanches, sont très-longuement pédonculées, semi-pleines, dirigées oblique- ment et presque pendantes. La plante de- vient très- grande; son feuillage aussi est plus clair et beaucoup moins abondant. Si on multipliait à part ce dimorphisme, on au- rait deux plantes complètement différentes, bien qu’elles soient issues du même pied. Voici, en outre, un nouveau fait, peut- être plus caractéristique : Au printemps dernier, ainsi que cela se fait habituellement depuis une trentaine d’années, on opéra la division des touffes afin de fournir aux plantations annuelles ; alors l’un des pieds, au lieu de rester nain et d’avoir des fleurs très-pleines portées sur de gros et courts pétioles, s’allongea du double, et, beaucoup plus élancé, montra des pétioles plus grêles et de beaucoup plus longs. Quant aux fleurs, elles étaient semi- pleines et le centre, au lieu de ligules ou demi-fleurons, ne portait que des fleurs très- courtes, tubulées, dont les organes sexuels, saillants, présentaient une couleur jaune contrastant avec la couleur blanche de la circonférence. Ce Dahlia, contrairement à la variété Princesse Mathilde dont il était issu, montrait un large (( cœur » et donnait des graines. Rapprochage des Platanes. — Au- jourd’hui, il n’y a plus d’hésitation possible sur les résultats du raccourcis.sernent des branches des Platanes; ils sont aussi bons qu’il est possible de l’imaginer. Ce n’est pas sur quelques sujets, mais sur des milliers, que l’ex])érience a été faite sur diflérents points de la Ville de Paris et sur des arbres déjà très-gros. Pas un seul n’a manqué ; toutes les branches coupées, à quelque dis- tance que ce soit du tronc, ont poussé de nombreux bourgeons portant de larges feuilles d’un très-beau vert, de sorte qu’au- jourd’bui, au lieu de branches longues, plus ou moins dénudées, portant des feuilles pe- tites et maigres, ces arbres sont garnis de branches jeunes, robustes, munies de très- larges feuilles d’un vert noir. On n’a donc plus à hésiter; toutes les fois qu’on aura des Platanes mal faits ou dégarnis, on de- vra, quel qu’en soit l’âge, les rabattre aussi court que l’on voudra, même sur le trè.s- vieux bois. Greffoir Rivière. — Plusieurs demandes nous ayant été adressées à propos de ce greffoir, relativement à son usage et à sa provenance, nous avons cru, au lieu de ré- pondre individuellement, qu’il valait mieux le faire par la Chronique de la Revue hor- ticole; de cette façon, non seulement les demandeurs seront renseignés, mais aussi toutes les personnes que cela pourrait inté- resser. Cet instrument est fabriqué par M. Aubry, coutelier, 131, rue Vieille-du- Temple, à Paris, qui fournira, sur le greffoir Rivière, tous les renseignements dont on pourrait avoir besoin. Disons, cependant, quelques mots de cet instrument : il est muni à son extrémité, qui est courbée, d’une gouge triangulaire ; vers son milieu, à côté d’une partie tran- chante formant lame, se trouve un appen- dice également triangulaire à l’aide duquel on donne au greflbn la forme que repré- sente la gouge, de sorte que ce greffon, lors- qu’il est préparé, entre dans l’entaille faite par cette dernière et qu’il remplit exacte- ment. Il n’y a plus qu’à ligaturer, comme s’il s’agissait d’une greffe en placage. Cerise Toupie. — Rien de plus curieux que cette variété, que nous n’avons jamais vue dans les collections fruitières françaises et dont nous connaissons seulement une figure coloriée dans la Flore des serres (1), (1) Volume VIII, p. 91. 4G0 CHRONIQUE HORTICOLE. (le M. Van-Houlte. Elle fui olitenue de semis [)ai‘ M. Denis Henrard, liorticullenr-d(3- monstraieur à l’Université de Ei(3|^e, et dé- ci‘ile dans les Annales (Vlioriieulture de Gand, par lén M. Morren, qui disait « n’avoir jamais rien vu de semblable dans les ou- vi'ai^ms de pomologie. I.a longueur du fruit, dil-il, est d(' milliuKjlr'es sur une lon- gueur de ‘20 millini(Mres. Il est oblicjue en liant, le bord de la Ibsselte est plus haut du c()té ext(3rieur de la tige ; de })lus la Cerise est légèrement aplatie, exactement cordi- forme, pointue intérieurement, et la fente lrès-visil)le d’un c(')té. Ti’épicarjie est liril- lant, d’un rouge vineux foncé, un peu dur ; la chair est rouge veinée ; le goût est lion, sucré. Le noyau est de 15 millimètres de longueur, très-pointu, allongé, cordiforme. » A cette description, M. Van-Houtte ajoute que la figure qu’il en donne a été faite (( d’après un exemplaire communiqué par M. Papeleu, pépiniériste à Wetteren, près Garni, qui possède aujourd’liui toute l’édi- tion de cette singulière variété. » Si nous sommes entré dans tous ces dé- tails, c’est pour appeler l’attention des pépi- niéristes et des amateurs de fruits sur cette variété et leur indiquer le moyen de cher- cher et ])eut-ètre de retrouver sa trace. Cerasus acida pyramidalis. — Cette forme, des })lus singulières, rappelle exac- tement le Peuplier d’Italie [Populus fasti- giata) ; ses branches nombreuses sont stric- tement dressées, de sorte que l’ensemble forme une élégante pyramide, bien garnie à partir de sa base; ses feuilles, qui rappel- lent un peu celles du Cerisier de Montmo- rency, dont cette variété est issue, sont cependant })his étroites et un peu plus larges. Quelles en seront les Heurs et quels fruits produira-t-elle? C’est ce qu’on ne peut prévoir, la plante, qui provient de graine, n’ayant pas encore friudilié. Mais ce que l’on peut affirmer dès maintenant, c’est ({ue ce sera un bel arbrisseau d’ornement. Suspension économique. — Un de nos abonnés nous indique le moyen suivant, d’une simplicité extrême, et qui permet d’avoir un peu de verdure, dans le plus petit espace, presque sans dépense et sans em- barras. On prend une grosse éponge, à grands trous; on la lave avec soin; on la traverse d’une ficelle qui permet de la sus- pendre à une fenêtre; puis, après l’avoir imbibée d’eau, on dépose dans les trous des graines de Graminées, de Lin, de Trèfle, etc., en variant autant que po.ssible les foianes et nuances de feuillage. Eu ])cu de jours, si on a soin d’entretenir une bumidité suffisante, les graines ger- ment, les jeunes jilantes se développent et on obtient un jardin suspendu minuscule d’mi charmant effet. Ce procédé n’est pas nouveau; nous le retrouvons dans d’an- ciennes puhlications horticoles; mais il est bon de le rappeler au souvenir de ceux qui l’auraient oublié. Fabrication du Saké, boisson al- coolique japonaise. — Cette boi.sson s’ob- tient par le mélange du Riz et du Mycélium d’un champignon microscopique, VAspcr- (jillus Oryzæ. Le Bulletin de la Société de Botanique de France relate, ainsi qu’il suit, la manière dont cette liqueur est pré- parée au Japon : Le procédé de fabrication du Saké em- ployé par les Japonais est très-intéressant à signaler, car il s’explique très simplement à l’aide des théories de la fermentation. Les grains de Riz sont mélangés à ce que l’on dé- signe au Japon sous le nom de Koji^ qui n’est autre qu’une agglomération de grains de Riz imprégnés du mycélium de l’Asperpi7/ws Oryzæ. Ce Koji est obtenu, en saupoudrant sur les grains de Riz une matière Jaune, appelée Tane- Koji, qui est entièrement constituée par les conidies du Champignon précité. Le Koji, mé- langé au Riz, produit une diastase qui trans- forme l’amidon du grain en dextrose, dextrine, et enfin en alcool. La plante se cultive très bien sur une solu- tion de sucre de Raisin et d’extrait de viande : elle y forme une sorte de peau, d’où M. Bueg- sen a pu extraire la diastase qui agit sur l’ami- don. Il est intéressant de remarquer que le mycélium de VA. Oryzæ, en végétant dans la liqueur précédente, est susceptible de bour- geonner absolument comme le Mucor race- 7nosus, lequel, comme l’a démontré M. Gayon, produit une sorte de levure quand on l’oblige à se développer dans le liquide nourricier. » En somme, le Champignon employé pour la préparation du Saké est une sorte de moisissure, et la divulgation du procédé qui permet de fabriquer cette liqueur ne mo- difie encore pas l’opinion que nous avons précédemment émise au sujet des aliments liquides et solides des Japonais. Plusieurs voyageurs ont cependant affir- mé que le Saké, avait un goût très agréable. Nous nous rappelons également avoir en- tendu dire à M. de Siéhold que les jardins (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 203. ORNEMENTATION TEMPORAIRE HIVERNALE. 461 OÙ le [)ublic se réunit, au Japon, pour lioire le Sakéy sont ornés de tonnelles ou berceaux couverts de Glycines (Wistaria sinensisj dont la lloraison provoque la mise en pra- ti({ue d’une coutume toute particulière : les jeunes gens marquent d’un ruban les plus beaux boutons, et ouvrent des })aris sur ceux qui développeront les gi-appes de Heurs les plus longues et les plus fournies. Les bons points instructifs. — On ne saurait trop applaudira l’heureuse idée qu’a eue M. Maurice Girard en créant, pour être distribués comme récompenses dans les écoles, des bons-points sur lesquels sont tigurés en chromo-litliograjdiie les insectes utiles et nuisibles, avec yne notice con- tenant la description de ces insectes, leurs qualités bonnes ou mauvaises, et entin, le moyen de les multiplier ou de les détruire. La généralisation de cette idée, en l’ap- pliquant à d’autres branches de la science qu’il est utile de faire connaître de lionne heure aux enfants, avancera rapidement leur instruction pratique, et dressera leur esprit à une observation de tous les mo- ments. E.-A. Carrière et Ed. André. ORNEMENTATION TEMPORAIRE HIVERNALE Bien comprise, l’ornementation des jar- dins consiste à tenir continuellement le sol garni de plantes, de manière que l’été et l’hiver ces jardins ne diffèrent guère que par la nature des végétaux. Or, riiiver, où la température s’oppose à la production et à l’épanouissement des Heurs, il faut donc faire intervenir les feuilles, qui tiendront lieu de Heurs. Mais, dans ce cas, il faut éviter la monotonie pro- venant de l’uniformité, ce qui est presque forcé dans le Nord de la France et même dans beaucoup de parties du Centre, là où les hivers sont très-rigoureux. Dans ces conditions, en effet, le choix n’est pas très-grand ; il ne peut guère porter que sur les Aucuha, Andromeda, Cotoneaster, Fusains du Japon, Laurier-Tin, Houx, Photinia, Lierres, Rusam, Rhododendrons, Malionia, Troènes, Skimmia, et souvent pas toutes les espèces et variétés d’un même genre, car il en est de très-dilïérentes soit comme mérite, soit comme rusticité, de sorte qu’il faut, dans chaque genre, les choisir sui- vant le hut que l’on se propose d’atteindre. C’est donc une affaire pratique, jusqu’à un certain point dépendante du climat et en rapport avec les moyens économiques dont on dispose. Toutefois nous allons essayer de montrer comment il faudrait agir et quels sont les procédés qu’il conviendrait d’em- ployer. Prenons pour exemple Paris, comme loca- lité, et, comme application d’une part, les jardins de la Ville, les Tuileries, le Palais- Royal, le Louvre, le Luxembourg et les squares, places ou promenades, etc., là enfin où il y a des parties de terrain destinées à l’ornementation; et, d’autre part, les jardins particuliers qui, pendant sept mois au moins, sont presque complètement nus, ce qui est d’autant i)lus regrettable que, à Paris, cette saison est précisément celle où les propriétaires habitent leur maison et qu’ils auraient besoin d’y trouver de la dis- traction en dehors des plaisirs de la soirée : bals, théâtres, etc., etc. Après ces considérations générales il ne nous reste plus guère qu’à parler de la partie matérielle qui comprend deux choses : le CHOIX et la prépaRxVtion des plantes, et leur DISPOSITION dans les massifs. En ce qui concerne le choix, faisons re- marquer qu’il est un peu soumis au goût des personnes et que, sous ce rapport, il est à peu près impossible de se prononcer d’une manière absolue. Toutefois, il est bon, quelles que soient les sortes, de choisir celles qui ont un port et un faciès différents et un feuillage aussi dissemblable que possible, de manière à faire diversion et à produire des contrastes agréables. Choix des e&pèccs. — S’il est en rapport avec les goûts et les besoins, il l’est aussi avec le climat et le milieu où l’on est placé, toutes choses tellement variables qu’il n’est guère possible de les indiquer, sinon d’une manière très - générale. Cependant, nous croyons devoir donner une liste des plantes qui pourraient être employées, mais en nous plaçant dans une situation déterminée le Centre et même une grande partie du Nord de la France. Azalea, Andromeda japonica, Arctosta- jjhylos Uva ursi, Aucuha japonica et va- riétés, Azarero ou Laurier de Portugal, Bambous divers rustiques, Cotoneaster huxifolia, microphylla, rotundi folia ^ etc. ; Chênes verts {Quercus Ilex, var.); Fusains du Japon variés. Fusain radicant, Danaida 462 ORNEMENTATION TEMPORAIRE HIVERNALE. racemosa (liuscus racemosus], Kricahcr- hacea alha, FAæaarti : d’avoir les Heurs très-visibles, contraire- ment à toutes les autres espèces dont les Heurs, pendantes, ne peuvent être vues qu’en surélevant les plantes. D’autre part, on n’a pas donné aux Fuchsias à Heurs dressées la forme qui leur convient pour en faire ressortir la beauté. Les formes en py- ramide, ou en boule, que l’on donne géné- saient en .moyenne 80 grammes. Sur les ai‘l)i*es où l’on enlève la moitié de la récolte ordinaire, d(3S que les fruils sont bien noués, les fiai ils laissés al teignent le poids moyen de loi) à 1 10 grammes. Au moment de la pleine récolte, cette année, c’est-à-diœ du *20 au 30 juin (la récolte était en retard de (piinze jours sur le littoral), les eu Hures de Dêchei's de M. Raymond Aurran, dans la vallée de Sourcehonne, à Hyères, exporhH’ent chaque jour j)lus de *2,000 kilog. de Pêches Ams- den’s Jane el Alexander. N’étaient les coûts du transport pour les fruits sur les voies ferrées, coûts si malheureusement et si illo- giquement exagérés au détriment des con- sommateurs, des producteurs et des compa- gnies de chemins de fer, nous pourrions du Midi envoyer des montagnes de ces Pêches précoces sur les marchés de Paris. Nard Y. FLEURS ÉRIGÉES râlement aux Fuchsias à Heurs dressées, ne permettent pas d’en bien apprécier la beauté, car, quel que soit le côté par lequel on examine la plante, on n’en voit jamais bien qu’une partie; parfois même la beauté est affaiblie par des contrastes choquants. Ce qu’il faut, au contraire, c’est, lorsqu’il s’agit de Fuchsias à Heurs érigées, les cul- tiver en forme de table ou de coupe pleine, c’est-à-dire donner aux plantes une forme qui, de la base, va en s’élargissant, en te- nant le centre très-légèrement convexe. De cette façon non seulement toutes les Heurs sont visibles, mais encore toutes leurs par- ties, de couleurs si tranchantes et si di- verses, se font des oppositions harmonieuses. D’où est sorti le premier Fuchsia à Heurs dressées? On ne sait guère que ceci : que le premier est apparu dans les cultures fran- çaises il y a une trentaine d’années, ve- nant d’Angleterre sous le nom de Novelty. Comment cette forme si remarquable s’est- elle développée? Provient-elle de graines ou est-elle le résultat d’un accident (dimor- phisme) inverse de ceux que l’on remarque parfois sur les arbres où, tout à coup, se développe une liranche pendante que l’on multiplie par greffes ou par boutures ? Ce qui paraît à peu près certain, en ce qui touebe le Fuchsia Novelty, c’est que cette variété a dû, jusqu’ici, être toujours multipliée par bouture, car on ne paraît AGAVE X VILLARUM. 4G5 avoir jamais vu (rautrc variété que celle ([ue l’on voit encore aujourd’hui et que re- présente la figure li5. ])ii reste, il n’est pas démontré que cette forme se reprodui- rait par graine; le contraire pouri’ait meme être regardé comme vrai, si l’on se basait sur une expé- rience faite par un habile cul- tivateur de Fuchsias, M. Aubin, horti- culteur à Ba- gnolet (Seine). Sur une cin- quantaine de semis prove- nant de grai nés du Fuchsia Novell y, non seulement il n’a obtenu que des plantes à mauvaises fleurs rougeâ- tres, mais au- cune n’avait Iqs fleurs éri- gées. Doit-on, de ce fait, con- clure que le Fuchsia erec- ta Novell y ne se reproduirait pas par grai- nes? Non, évi- demment, car, ainsi qu’on le sait, il n’y a pas deux graines identiques, ni un milieu quelconque n’est jamais non plus iden- tique avec un autre, de sorte que ce qui n’a pas lieu ici peut se montrer ailleurs, et vice versa. Outre sa beauté particulière, due à son mode d’inflorescence, le Fuchsia Novelly est surtout propre à la formation des cor- beilles ; la beauté de ses Heurs, qui se suc- cèdent sans interruption, leur disposition dressée permet de voir toutes les parties des fleurs et même leurs organes sexuels donne àTensembleun caractèred’ori- g i n a 1 i t é que l’on ne voit ja- mais ailleurs. Aussi croyons- nous qu’il ne faut pas s’ar- rêter à l’expé- rience dont nous venons de parler, et qu’au contraire il y a lieu de pour- suivre des ex- périences dans ce sens, en fai- sant intervenir la fécondation artificielle, et en variant les parents comme fecondaleur et fécondé, c’est- à-dire en chan- geant le rôle des parents, se servant du Fuchsia t // comme père, ou inverse- ment, en lepre liant comme porte -graines. Nous appelons tout particulièrement, sur ce sujet, l’attention (le nos hybridateurs, persuadé que nous sommes qu’il y a là des succès et même des surprises qui dédom- mageraient largement du temps et des peines. E.-A. Carrière. Fig. 115. — Fuchsia crecta Novell]), de grandeur naturelle. AGAVE X VILLARUM La liste des hybrides d’ Agaves est déjà bien longue, mais quand elle s’augmente d’une plante de premier choix, bien dis- tincte et de facile culture, il ne faut pas le regretter, au contraire. U Agave X Villarum est un hybride ré- cemment obtenu par MM. Villa frères, de Cornigliano (Italie), d’une fécondation opé- rée entre les A. fdifera et xylinacanlha. Cette dernière espèce était le porte-pollen. L’hybride tient des deux parents. Il a le feuillage totalement dépourvu d’aiguillons de VA. fdifera, mais beaucoup plus long, plus étalé et surtout moins dense. Ces feuilles, qui peuvent mesurer de 0»^ 50 à 0»'60 de longueur, sur 06 de large, sont 46G EXPOSITION d’horticulture a sceaux. ])ion étalées, piano-convexes snr l’nne (>t l’antre face, lirnsqnement dilatées à la hase en lin empâtement large et court, hi-iève- ment aenminées an sommet armé d’une pointe noire. Leurs liords entiers sont sou- lignés par une ligne obscure (|ui devient blanclie au fur et à mesure (pie les feuilles s’endurcissent. L’ensemble de la idante est du jiort le plus régulier et le plus élégant que les Agaves puissent présenter. On retrouve l’influence de V Agave xgH- nacaniha dans le petit nombre des feuilles, leur port étalé, détaché, mais il n’y a nulle trace des épines féroces, obliques et cro- chues, dont la Hgnosité a valu à cette espèce mexicaine le nom peu séduisant ({lie lui a imposé le prince de Salm Lyck . V Agave Villaruw.VA]. André, que nous avons ainsi nommé en l’bonneur des obten- teurs, a tleuri cette année à l’Exposition horticole de Rome, où il avait été envoyé. Nous avons eu le regret de ne pouvoir assis- ter à cette Fix position, où nous aurions pu com])léter la description qui précè'de. Cette floraison aura au moins eu pour bon résul- tat de faire drageonner la plante, qui n’était représentée jusqu’à jirésent que par l’exem- plaire unique dont nous avons décrit le port et le feuillage. On peut donc espé- rer la voir prochainement mise au com- merce, à la grande satisfaction des agavo- philes. Ed. André. EXPOSITION D’HORTICULTURE A SCEAUX Cette Exposition s’est tenue dans le parc de Sceaux du 26 au 30 septembre : le succès a dépassé tout ce qu’on pouvait espérer. En effet, à peu près toutes les parties de Fliorticulture étaient représentées ; il en est certaines, no- tamment l’arboriculture fruitière et les Coni- fères, qui étaient représentées comme presque jamais — à part quelques expositions uni- verselles — on ne les avait vues. Bien rare- ment, les collections avaient été aussi nom- breuses et surtout aussi belles. Les sujets, rela- tivement forts, étaient irréprocbables de forme, et le choix des espèces ne laissait rien à désirer. En arboriculture fruitière, les arbres et les fruits étaient aussi très-bien représentés, et à voir le nombre et la beauté des fruits, on ne se serait jamais douté que la récolte de cette année était bien au-dessous de la moyenne. En effet, on comptait près de 2,000 assiettes de fruits relativement très-beaux. Les légumes provenaient surtout de l’éta- blissement Saint-Nicolas d’Igny et de la maison Ailmorin, qui exposait aussi un ensemble très-méritant de plantes, le tout hors concours. Citons d'abord parmi les plantes diverses celles exposées par la maison d’Igny ; — les Palmiers et autres plantes présentées par M. Grondard, qui, en sa double qualité de Maire de Sceaux et de Vice-Président de la Société, exposait hors concours; — les Roses coupées de M. Moreau, de Fontenay-aux- Roses; — les magnifiques Bégonias de M. Malet et de M. Lequin ; — les collections de plantes à feuilles persistantes de MM. Croux, Bruneau et Joste, de Bourg-la-Reine, de M. Moreau, de Fontenay-aux-Roses, et sa collection de plantes grimpantes ; — la collection d’Œillets remontants (150 variétés) en fleurs de MM, Lévêque et fils, d’Ivry; — les Zinnias pompons et à grandes fleuï's, ainsi que les diverses races de Pétunias de MM. Vilmorin, etc. La mosaïculture était très-bien représentée, quoique par un seul exposant, M. Maxime Jo- bert, jardinier chez M. le duc de La Roche- foucault-Bisaccia, à Sceaux, qui avait fait une pièce dont la composition et le sujet étaient des mieux réussis. Ce dessin, qui occupait une su- perficie de 36 mètres carrés, comprenait plus de 3,000 plantes. Dans l’industrie, qui comptait 62 exposants, nous citerons surtout, outre les serres et les appareils élévatoires ou destinés à la distribu- tion des eaux, tels que moulins à vent, pompes, etc., M. Paul Lebœuf, qui exposait un appareil de chauffage des mieux compris, que nous pourrions nommer un poêle à tout faire. Cette sorte de poêle Cliouberski peut se dé- placer à volonté, s’adapter à différents usages, et cela facilement et économiquement. Nous croyons qu’il y a là une heureuse application des découvertes faites dans l’industrie des chauffages. L’intérêt du public était particulièrement éveillé par les alambics exposés par M. Deroy fils, 39, rue Rouelle, à Grenelle, et qui fonctionnaient magnifiquement. Outre ces ap- pareils, qui étaient de diverses forces, il y en avait un minuscule, véritable « bijou, » contenant un litre, et chauffé à l’aide d’une lampe. Placé sur la table, on peut, tout en dînant, surveiller l’appareil, distiller et préparer son eau-de-vie, très-vite et sans aucune difficulté, et ce qui a provoqué l’admiration des visiteurs. Les GRANDS Prix d’honneur et les Prix d’honneur ont été attribués comme suit : Grands prix d’honneur : à MM. Bruneau et Joste, pépiniéristes à Bourg-la-Reine ; — M. Moreau (Félix), pépiniériste, à Fontenay- aux-Roses ; — Croux et fils, horticulteurs-pépi- niéristes, vallée d’Aulnay, à Sceaux. Prix d’honneur : MM. les Frères de l’éta- blissement d’Igny ; — Maxime Jobert, jardinier LES PROPRIÉTÉS DE L’ARISTOTELIA. MÂQUI. 467 chez M. le duc de La Rocliefoucaiilt-Bisaccia ; — Malet, horticulteur, au Plessis-Piquet (Seine) ; — M. Loreille, horticulteur, rue Chardin, à Passy-Paris; — M. Lequin, horticulteur, à Clamart (Seine). M. Malet, horticulteur au Plessis-Piquet, l’un des doyens de l’horticulture française, a reçu. à cette occasion, la décoration du Mérite agricole. Nous espérons que ce n’est là qu’un acheminement à une distinction d’un ordre su- périeur, que mérite à tous égards M. Malet. C’était d’ailleurs le vœu unanime de la Com- mission de l’Exposition E.-A. Carrière. LES PROPRIÉTÉS DE L’ARISTOTELIA MAQUI L’administration des douanes recevait, tout dernièrement, un produit vraisembla- blement nouveau pour les agents du fisc, chargés de la perception des droits d’en- trée. La suspicion de ces fonctionnaires doit être d’autant plus grande que depuis un certain nombre d’années les essais d’in- troductions de matières étrangères en France sont plus que jamais pratiqués. Aussi, ce n’est pas sans un certain intérêt que les experts, auxquels l’administration veut bien faire appel en ces circonstances, mettent en jeu leur expérience pour élucider les ques- tions qui leur sont posées. On reçoit dans les ports marchands, chaque année, des denrées qui sortent de l’ordinaire et qui sont destinées à être es- sayées comme substitutifs, ou que les intro- ducteurs espèrent faire accepter dans la consommation à l’égal de produits déjà connus. Généralement ces tentatives subis- sent le sort dont l’axiome « il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus » donne bien la mesure. Aussi voit-on certaines matières faire une apparition inattendue, puis dispa- raître pour longtemps. Pour l’homme un peu versé dans la pra- tique des matières premières, les produits réputés nouveaux ne le sont presque jamais ; ceux-ci sont extraits la plupart -du temps des régions éloignées, là où souvent ces objets sont d’une consommation journalière. C’est le cas pour le produit qui nous oc- cupe et qui est fourni par une Tiliacée chi- lienne. La conséquence des fléaux qui frappent l’agriculture en Europe'détermine une « lutte pour l’existence » incessante, et un déploie- ment d’efforts qui n’eût pas été mis en œuvre sans l’apparition de ces calamités ; de là les nombreux emprunts qu’on fait maintenant aux pays étrangers. L’ Aristotelia Maqui est un arbuste du Chili qui a eu quelque succès lors de son introduction en Europe, mais qui bientôt fut délaissé, parce qu’il supporte difficilement nos hivers parisiens sans abri. Son feuil- lage persistant, d’un vert luisant et sombre, ne manque pas d’élégance. Le Maqui, ou (( Clou à Maqui » des Chiliens, atteint 3 ou 4 mètres de haut, et c’est dans les endroits frais et sombres des anfractuosités des col- lines qu’il se tient de préférence. La région qu’il habite est sensiblement celle de notre région méditerranéenne ; elle est même moins clémente. Ce végétal, à peine connu chez nous, a des propriétés nombreuses dans sa patrie. Les feuilles sont employées, sèches et pul- vérisées, pour hâter la guérison des bles- sures; fraîches, elles servent en gargarisme dans les maux de gorge. Il doit sans aucun doute ces vertus au tannin abondant qu’il contient, et l’usage qu’on en fait, pour teindre en noir au moyen des sels de fer, le prouve suffisamment. Enfin, on applique en topique les feuilles pour combattre les accès de fièvre. Le bois, léger et fragile, mais qui durcit promptement avec le temps, permet qu’on l’utilise pour faire des instruments de mu- sique, des ornements de meubles et d’ap- partements. L’écorce sert aussi, comme notre osier, à faire des liens. Enfin, les fruits, qui succèdent à des grappes de fleurs jaunâtres, sont, à l’état de maturité, rouge- brun. Ce sont eux qui, séchés, avaient été reçus par l’administration des douanes, et, prohablement pour être employés dans la coloration des vins comme on emploie les baies de Sureau. Au Chili, d’ailleurs, ces fruits acidulés servent à faire des confi- tures et à confectionner des glaces, et fina- lement on les associe au Pmisin lorsqu’on veut donner aux vins une couleur recher- chée aussi bien dans l’hémisphère sud que dans le nôtre. J. Poisson. 4G8 POTIIOS AUREA. — lÆSCIIENAULTIA JiAXTERI MAJOR. POTIIOS La question de milieu est cerfainement une (les plus importantes au point de vue de la végétation ; l’observation en fournit tous les jours de nomljreux et remarquables exemples. Ainsi l’on voit fréquemment, meme cbez les plus habiles liorticulteurs, que, rnalg'ré les soins les plus assidus et les mieux entendus, telle plante se refusera de pousser, qui, dans un autre endroit, se comportera merveilleusement. Comme exemple nous citerons le Pathos aurea qui, dans le jardin de M. Secrétan, à Chatou, garnit toute une serre. Cette Aroïdée grimpante végète. vigoureusement, grâce aux longues et nombreuses racines adventives qui se développent à chaque nœud ; ses feuilles pétiolées sont largement cordiformes, d’un vert sombre, irrégulière- ment maculées de jaune d’or. Cbez la plupart des amateurs où on la rencontre, on cons- tate que, malgré les soins qu’on lui donne, elle constitue des plantes dont les feuilles dépassent rarement 10 centimètres de lar- geur sur 12-15 centimètres de longueur. Aussi quel n’est pas l’étonnement des visi- teurs quand M. Ozanne, l’habile chef de culture de M. Secrétan, leur montre une plante dont certaines feuilles mesurent 35 centimètres de large sur 50 de long. Et pourtant les soins qu’on lui accorde ne sont pas extraordinaires, ainsi qu’on va en juger. Cette plante, encore jeune, fut rempotée dans un godet, puis plongée dans une bâche pleine, à la base d’une colonne; elle sortit LESCIIENAULTIA Établi par Robert Brown, en l’honneur du voyageur français Leschenault, ce genre ne renferme guère que de petits arbustes ori- ginaires de la Nouvelle-Hollande, tous très- floribonds et présentant un aspect plus ou moins éricolde. Ce sont des plantes qui, sous le climat de Paris, exigent la serre tempérée, qu’elles ornent admirablement pendant tout l’hiver. Très-cultivés autrefois, les Leschenaultia tendent à disparaître des cultures, ce qui est regrettal)le ; car ce sont des plantes excessivement floribondes, pouvant servir pendant tout l’biver à la décoration. L’es- AMEA bien vite de son vase, lança de nombreuses tiges qui courent aujourd’hui sous toutes les fermes de la serre, en laissant flotter dans l’espace des racines aériennes longues de plusieurs mètres et souvent réunies en faisceaux. Lorsqu’elle al feignit le mur d’adosse- ment, long d’une dizaine de mètres, et que l’action bienfaisante de la paroi humide se fit sentir, sa vigueur s’accrut encore. Alors elle le couvrit d’un réseau inextricable de ramifications dont quelques-unes mesurent jusqu’à 4 centimètres de diamètre, ce qui est loin des exemplaires que l’on rencontre habituellement. A quoi est du un semblable dévelop- pement ? Sans aucun doute à l’action du milieu, qui lui est particulièrement favo- rable. Ainsi, outre le développement si considérable que nous venons d’indiquer, on remarque que les feuilles tendent à de- venir lobées. Ce changement dans la forme des feuilles, chez les Aroïdées, est du reste assez fréquent, et la Revue hortieole en a parfois cité de remarquables exemples, -notamment celui d’un Maregvaviaparadoxa qui, au Muséum d’histoire naturelle de Paris, avait quitté sa forme primitive pour devenir une plante toute autre qu’on a alors appelée Sein- dapsus anomalus (1). Pour être d’une autre nature, le fait que nous citons du Pathos aurea n’en est pas moins remar- quable ; aussi nous avons cru devoir le signaler. Johanni Sallier, BAXTERI MAJOR pèce qui fait le sujet de cette note, le L. Baxteri major ^ présente les caractères suivants : Petit arbuste suffrutescent, très-floribond, excessivement ramifié, à rameaux et ra- milles ténus, couverts d’une écorce rou- geâtre. Feuilles éparses, persistantes, très- rapprocbées, linéaires, d’environ 18 milli- mètres de longueur. Fleurs nombreuses, d’un rouge orange très-foncé, surtout à l’intérieur, solitaires, pendantes, sur un pédoncule d’environ 2 centimètres. Galyce (1) Voir Revue horticole, 1884, p. 537. Revue //ortieole \.7oacu-a^, ad-. Lcsc/ienaa/fia /Ruieri /Jia/or LE VELPERWEG A ARNIIEM. 4G9 à cinq divisions ténues, écartées, vertes. Corolle tubuleuse, l)ilubiée, à divisions iné- g’ales, étalées au sommet qui, souvent, est un peu écliancré au centre, de sorte que chaque pétale est comme l)ilol)é. Culture et multiplication, — J.es Les- chcnaultia, sous notre climat, exigent de la terre de bruyère neuve, plutôt tibreuse et légère que sableuse et compacte. Les arrosements ne doivent pas être négligés, surtout pendant l’époque où les plantes sont en tleurs. On doit les tenir dans des pots relativement petits, et ral)attre assez sou- vent les plantes, de manière à avoir tou- jours une charpente jeune et robuste. Le mieux, même, est de renouveler souvent les plantes. Pour l’hiver, on les place en serre tempérée et le plus près du verre possiljle, et il tant éviter avec soin l’humidilé qui ferait moisir les (leurs et même pourrir les petites ramilles lierbacées. La multiplication se fait par l)outures. Pour cela, on se sert de parties lendres ou à peine serni-aoùtées, non à fleurs; on en prend l’extrémité que l’on plante en terre de l)ruyère, sous cloches, où elles s’enraci- nent assez facilement; une fois reprises, on les empote et les soigne, ainsi qu’on le fait de toutes les plantes de serre. Toutefois, nous rappellerons que les plantes doivent être tenues plutôt un peu à l’étroit que très- larges, et plutôt un peu sèches que trop hu- mides. E.-A. Carrière. LE VELPERWEG A ARNIIEM La province de Gueldre, située à l’ouest des Pays-Bas, est la plus belle et la plus variée de la Hollande. Si elle ne présente pas la population dense de la côte occiden- tale et les trésors artistiques qui sont sa gloire, elle offre au touriste un autre genre d’attraction, rare en ce pays : le pitto- resque. En effet, lorsqu’on se rend en Gueldre par Anvers, après avoir passé des sables marécageux et des Pins de la Gam- pine aux admirables prairies de Bois-le- Duc, deNimègue, etc., arrosées par laWaha, le Bhin et l’Yssel, on arrive à une région coupée par de hautes collines couvertes de bois, émaillée de nombreuses et riches villas. C’est Arnhem et ses alentours, dont l’as- pect est celui d’un immense jardin. D’Amsterdam, de La Haye, de Botter- dam, de toutes les villes littorales, viennent en foule les négociants fortunés, l’aristo- cratie hollandaise, prendre possession, pen- dant la belle saison, de cette villégiature élé- gante. B y faut ajouter les habitants de la contrée, qui montrent leur amour pour leur charmant pays par l’arrangement et le soin apportés à leurs résidences. Arnhem était autrefois une des villes anséatiques. Elle a subi des fortunes di- verses, et son histoire est très-mouvementée. Nous n’avons ici à nous en occuper qu’au point de vue horticole. Ses promenades publiques se composent principalement d’une ceinture de jardins créés sur l’emplacement des anciennes for- tifications, et dont la qualification générale est Buiten Singel. Une partie en a été dis- traite pour recevoir, sous de beaux om- brages, un établissement pour fêtes et concerts, avec le titre mythologique : Musis sacrum (Sanctuaire des Muses). Quelques méandres du Louvers Gracht, pièce d’eau qui n’est qu’un ancien emprunt du Bhin, à bords rendus sinueux, occupent la partie basse. Le reste a été transformé, non sans talent, il y a quelques années. Dans la por- tion supérieure du terrain, qu’on appelle les Allées de Saint-Jean {St. Jans Buiten Singel), le Nieuwe Plein et le Velper Plein, se trouvent des pelouses, des massifs, des corbeilles de fleurs d’un entretien soigné, entremêlés de bassins et de jets d’eau. Une flore arborescente, bien plus variée qu’on ne le croirait possible dans ces pays du Nord, produit de jolis effets paysagers, en dépit de la plantation un peu confuse des arbres et des arbustes. Mais le triomphe horticole d’Arnhem, c’est le Velperweg (chemin de Velp.) Parallèlement au chemin de fer d’Ar- nhem à Zutphen et vers le nord, court cette route délicieuse, s’embranchant sur le parc public, près du Musis Sacrum, serpentant à travers un faubourg de la ville, et prolon- geant jusqu’au village de Velp et au delà ses bordures de jardins, comme à travers un parc ininterrompu. Chaque propriétaire ri- valise de luxe et d’élégance avec son voisin. C’est, pendant les beaux jours, une exposi- tion d’horticulture permanente. La ligne de tramway, qui dessert toutes ces villas, fait passer sous les yeux du voyageur comme un kaléidoscope de verdure et de fleurs du milieu desquelles émergent, à chaque pas. 470 LE VELPERWEG A ARNHEM. les silhouettes animées des lial)itants pre- nant le thé sons leurs vérandahs enguirlan- dées. Kn sortant de la ville, à gauche, le pre- mier jardinet nous a présenté, en plein mois de septembre, le spectacle assez inat- tendu de grosses toufïcs de Goignassiers du .lapon (Chænomeles jcvponica) couvertes de Heurs empourprées. Cette seconde tlo- raison insolite se montrait à l’extrémité des rameaux provenant de la taille du prin- temps. Plus loin, à droite, on trouve le joli parc de Molenbeke, avec ses pentes accidentées et dehelles eaux ; puis un joli ruisselet qui forme la l)ordure et la défense naturelle des pro- priétés, sans que personne songe à francliir même à pieds joints, cette barrière enfantine. Toutes les serres se sont vidées pour exhi- Ijer leur contenu sur les pelouses entre ce petit cours d’eau et la façade principale des villas dont les angles, les pilastres et les balcons disparaissent sous les plantes grimpantes, sarmenteuses et fleuries. Sili- ces petites surfaces sont dispersés ou groupés des caisses, des bacs de Dracæna ausiralis, de Phormium tenax verts et panachés, d’A- gaves, Agapanthes, Gléthras en arbre. Lau- riers d’Apollon, Mélaleucas, Nérions, Aucu- bas en fruits. Orangers, Erythrines, Aloès, Yuccas de choix. Lauriers tins, Littéas, Fuchsias à haute tige et en caisses, couverts de leurs milliers de clochettes de corail et de lapis. Ges Fuchsias sont l’objet d’une culture particulière, bien simple et d’un effet vraiment splendide, digne d’ètre imitée dans les cultures françaises. Sans atteindre au degré de perfection des parterres, corbeilles et plates-bandes d’Angleterre, de France et de Belgique, les garnitures florales des résidences du Vel- perweg sont l’objet de soins particuliers. Elles dénotent, dans leur recherche parfois excessive, une véritable passion pour les fleurs, digne des plus grands éloges. La mosaïculture y joue encore un rôle prédo- minant, et il faut convenir que, dans ces proportions restreintes, elle produit des effets très-ornementaux. Nous en avons re- levé un certain nombre de spécimens qui formeront la matière de dessins et d’articles spéciaux pour la Revue horticole. Le fond de ces décorations est formé en grande partie par les espèces et variétés suivantes : Gnaphalium lanatum. Achyranthes Verschaffelti. — acuminata. Sedum Fàbarium. Sedum acre. — carneum. — dasyphyllum. — Vcrscha/felli. Coleus variés. C en tau rea candides ima . — gymnocarpa. Bégonias bulbeux variés. Evonymus pulchellus. — radicans, fol. variegatis. AUernanthera amabilis. — paronychioides. — amcmia. rélargoniums variés. Bégonia semperllorens. — castaneæ folia. Pyrethrum Parlhium aureum. Echeveria secunda. — rosacea. — metallica. Tradescaniia zebrina. Lobelia Eriniis. Cuphea pjlatycentra. Calceolaria rugosa. En suivant la route, à droite, sous de belles rangées de Hêtres, on arrive au Jar- din d’Acclimatation d’Arnhem (Vogel en I Plantentuin) ; c’est un lieu de fêtes et de promenades pour la société urbaine du pays. Le jardin, ou mieux le parc, tracé et planté à^grands frais il y a quelques années, est orné d’un vaste lac sinueux, animé de nombreux oiseaux aquatiques, de kiosques de musique, restaurants, rochers, volières, qui en feront un centre d’attrac- tion charmant lorsque le temps aura épaissi les ombrages et donné de la hauteur aux plantations encore trop jeunes. Un Ga- sino monumental en occupe le point culmi- nant et ses salles spacieuses peuvent conte- nir des milliers de spectateurs, ce qui nous paraît bien un peu hors de proportion avec la population arnhemoise. On y remarque un champ de « sports » très-bien aménagé. Autour du grand espace découvert qui est consacré aux jeux de cricket ^ de lawn tennis, aux courses à pied, on a ménagé deux avenues d’arbres au milieu desquelles se développent les divers appareils de gym- nastique populaire : escarpolettes, mâts tournants, mâts de beaupré, chevaux de bois, tremplins, passe-rivière, etc. Le tout est fort bien compris et mériterait d’être donné en modèle à bien des villes. Mais reprenons notre promenade sur le Velperweg. Nous voici devant un établisse- ment hospitalier des plus intéressants. G’est l’hospice des invalides de l’armée des Indes Néerlandaises; il se nomme Bronbeck. Tout y est l’œuvre des pensionnaires, qui entre- LE VELPERWEG A ARNHEM. 471 tiennent les jardins, le parc, les prairies, soignent les bestiaux destinés à fournir une partie de leur sul)sistance, etc. Le site est riant, vert, d’une irréprochable tenue, et fait le plus grand honneur aux administra- teurs et aux administrés. Les villas importantes se succèdent, va- riées à l’infini. C’est Velper Oord, avec ses serres et ses parterres compliqués ; Daal- buizen avec ses grands ombrages, son beau lac sillonné par les barques et animé par les cygnes, son île fleurie du plus curieux effet; Irenion au jardin très-soigné, etc. Les maisons qui bordent la route se rap- prochent et annoncent bientôt un centre plus peuplé. Nous sommes à Velp. Près des portes d’entrée, toujours accompagnées de plantes grimpantes et de balcons fleuris, l’imagination hollandaise a varié l’orne- mentation végétale, sous forme de grands paniers fixes, en bois rustique, garnis du pied au sommet par des fleurs artisternent groupées: Fuchsias, Pélargonium s ’à fleurs et à feuillage coloré, Galcéolaires, Pétunias retombants, Lobélias bleus, Delairéas (Se- necio mikanioides)^ Tradescantias zébrés, Coléus, Mimulus jaunes. L’effet en est très- joli et très-recommandable. Des (( jardins de Thé », évidemment ins- pirés par ceux du Japon, permettent de dé- jeûner en plein air, à l’ombre de beaux arbres, ou de souper, aux sons d’un or- chestre caché sous les feuilles, pendant les belles soirées d’été. Velp est une station de chemin de fer, par où l’on peut rentrer à Arnbem en quel- ques minutes. Si l’on veut explorer plus à fond les environs de ce charmant village, Rozendaal est tout près avec son parc aux ombrages anciens, Kasteel Billoen avec ses vastes pièces d’eau, et les collines d’alentour sont couronnées par de belles forêts invi- tant aux longues promenades, d’où la vue s’étend, par échappées, sur les rives ver- doyantes de l’Yssel. Une grande boucle de cette rivière, près de la station de Steeg, rappelle beaucoup, par sa configuration, ce qu’on appelle le « Tour de Marne », à Joinville-le-Pont et à Saint-Maur, près Paris. C’est tout près de là que s’élève le beau castel antique de Middagten, qui appartient à la comtesse douairière de Bentinck, et dont la célébrité est grande dans toute la Hollande, pour la splendeur de ses avenues de Hêtres plu- sieurs fois séculaires. Nous avons parcouru avec ravissement ces avenues, longues de plusieurs kilomètres. Les troncs majestueux de ces arbres se rejoignent à cent pieds de bauteur, comme les nervures d’une cathé- drale gothique, et l’obscurité y est si grande en plein midi, qu’elle nous a rappelé les plus sombres forêts de Qaerciis Ilumholdti ([ue nous ayons rencontrées dans la Nou- velle-Grenade. Middagten est aussi réputé par la beauté des eaux qui entourent le vieux château de toutes parts, par son beau parc, les vestiges de ses jardins réguliers du XVIB siècle, et les curiosités artistiques de premier ordre qu’il renferme. Nous pou- vons ajouter que l’hospitalité des habitants de cette belle résidence est à la hauteur des autres attractions. Plus loin, le château de Dieren est un autre centre d’intérêt paysager et horticole. Son parc a été remanié il y a quelques an- nées, par un architecte-paysagiste allemand, M. Petzold, dont le nom a été lié aux im- menses travaux autrefois entrepris à Mus- kau, par le Prince Pückler. Le châtelain de Dieren, le baron de Heekeren, est un ama- teur très-distingué d’horticulture, et sa mère, il y a un demi-siècle, avait vu son goût pour les Roses consacré par la dédicace de l’une des plus belles variétés du temps. Quelles ressources la dendrologie d’orne- ment ne fournit-elle pas au planteur, dans cette contrée septentrionale? C’est là une, question que nous pourrions nous faire, il semble avec bien des réserves . Cependant c’est le contraire qui a lieu. A part certaines es- pèces à feuilles persistantes que l’on ne trouve pas en plein air dans les jardins, comme les Fusains du Japon, les Aucubas, les Berhe- ris Darwini, Yuccas, Magnolia grandiflo- ra, Elæagmis reflexa, Lauriers-Tins, etc., presque toutes celles que nous cultivons tra- versent impunément les hivers de cette par- tie de la Hollande. Si les Lauriers-Amande y gèlent parfois, on les recèpe et ils repous- sent franchement du pied. Parmi les arbres d’ornement, nous avons noté les espèces suivantes, qui constituent le fond des massifs : Acer eriocarpum. — circinatum. — rubrum. — pseudo-platanus et variétés. — plate noides et variétés. Quercus Cerris. — pedunculata. — ruhra. — coccinea. — palustris. Robinia pseudoacacia (toutes les variétés). Platanus occidentalis (médiocres). GREFFE DU ROSIER SUR RACINE. /i72 Fr ax inus (tous). — Ornus. Ginyko hilohci. Ulmus (tous). G ledit sch ia Triacan l h os . TÂriodendron tu lipifera . SopJiora japonica. Populus variés. Magnolia (à feuilles caeu ouvertes. Fruit subs- pliérique, d’une l)onne grosseur, très-ré- gulièrement sillonné, à sillon assez profond, surtout sur run des côtés, de sorte que le fruit présente deux joues (comme tlisent certains praticiens), égales et bien mar- quées. Cavité pédonculaire étroite, profonde. Point pistillaire nul ou à peine marqué dans le centre du sillon, qui, là, est étroit. Peau courtement duveteuse, se détachant bien de la chair, rouge foncé, même hrunâtre, sur les parties fortement insolées, à fond jaune- roux, piqueté ou sablé rougeâtre sur les au- tres parties. Chair non adhérente au noyau, hlanc jaunâtre, rouge vif autour du noyau ; eau légèrement acidulée, sucrée et agréa- hlernent parfumée. Noyau roux foncé, presque hrun, courtement ohovale, à peine mucronulé, rerillé sur les faces, qui sont largement et ])rofondément sillonnées. Voici, sur l’origine de cette variété, ce que nous écrit l’ohtenteur, M. Pinfert, jar- dinier à Liancourt-sous-Clerrnont (Oise). ... L’arbre est en plein vent, âgé d’environ douze ans, et végète parfaitement dans notre sol, qui est froid et argileux, et où la plupart des Pêchers sur Amandier meurent jeunes, tués par la gomme qui s’y développe; celui-ci, au contraire, est indemme de maladie, très- fertile et ne manque jamais, chaque année, et depuis longtemps, de rapporter u,ne grande quantité de beaux, gros et bons fruits. La Pêche Barthélemy paraît donc devoir être, pour notre pays, une variété précieuse. E.-A. Carrière. LES NÂYRÛRES Ce mot navrûre, déjà ancien dans la langue, ne s’est conservé avec son sens propre que chez les ouvriers du hois ; la tradition s’en est perdue chez les jardiniers, mais, comme il est le seul qui convienne à l’opération dont je veux parler, je demande qu’on y revienne. N’est-il pas désirable, en eÜêt, qu’entre gens de la même profession ou ayant (le l’inclination pour les mêmes choses, tous parlent la même langue et n’aient qu’un seul vocabulaire ? N’est-ce pas, par exemple, une chose fâcheuse qu’en écrivant le mot Bourgeon, je sois obligé de dire si je l’entends au sens des botanistes ou au sens des jardiniers; ou bien qu’en nommant une Poire Beurré cVArenherg, il me faille expliquer si c’est un nom français ou un nom belge ? Au lieu de navrûre, les uns disent en- taille, d’autres éclat. Je ne vois aucune raison de substituer l’un ou l’autre de ces noms à celui que l’usage a, depuis long- temps, conservé ; entaille est insuffisant parce qu’il ne désigne qu’une partie de l’opération; éclat est absolument impropre. On lit dans le dictionnaire que l’abbé Roger a publié en 1767 : « navrûre, du verbe navrer. Employé dans sa signification propre au jardinage ; il est aussi terme de treillageur et de tonnelier. Navrer une branche, c’est donner un coup de serpette ou d’un outil tranchant, pour ensuite, en appuyant dessus, ouvrir Ventaille, après quoi l’on rapproche les parties divisées et on les rattache avec une ligature en y met- tant l’onguent de saint Fiacre. Ce moyen est efficace pour empêcher, par exemple, qu’une branche ne prenne trop de subs- tance dans un arbre trop fort d’un côté et maigre de l’autre. Elle a lieu en quantité de rencontres. Nous dirons en quelle occasion nous avons introduit une telle opération dans le jardinage. » Je n’ai rien trouvé, antérieurement à l’abbé Roger Schabol, qui autorise à lui contester la priorité de la découverte. Je le considère donc comme l’inventeur de la navrûre, mais seulement jusqu’à plus ample informé, car notre homme est sujet à caution sous ce rapport, et, si on l’en croyait, le jardinage, tout entier, ne date- rait que de lui. Au reste, la façon si timide dont il parle de son opération, le soin qu’il prend de rajuster les parties divisées par ce travail, de les enduire d’onguent, et de les maintenir avec des éclisses, tout indique LES NAVRURES. 475 un manque d’expérience et la nouveauté (les essais. Dans son livre posthume, intitulé La pratique du jardinage, il revient sur la navrûre avec plus de détails et il ne man(j[ue pas de faire la réserve habituelle, à savoir que, « utile aux arbres à fruits à i>é- pins, elle a rarement lieu pour les arbres gommeux. — Ce sont, ajoute-t-il, des re- mèdes violents qui doivent être réservés pour les cas d’une extrême nécessité. Mais il est un moyen sûr de n’y jamais recourir; c’est de donner plus d’essor aux arbres, sans les épuiser par des tailles courtes qui ne les font pousser qu’en bois ». Jamais inventeur n’a parlé de son inven- tion avec tant de réserve et ne l’a moins pnniée. 11 y a loin de ces timides dé- buts aux opérations hardies de M. Cheval- lier, de Montreuil. C’est une remarque que, plusieurs fois déjà, j’ai eu l’occasion de faire, que toutes les fois qu’un procédé nouveau s’est an- noncé dans le traitement des arbres, ce fut toujours le Poirier qui servit de sujet aux premières expériences. Ce n’était qu’après beaucoup d’hésitation qu’on se décidait à en faire l’essai sur les arbres à noyaux, tant on redoutait la gomme. Il est vrai que, même après les études de M. Trécul sur la maladie de la gomme, la cause qui la pro- duit reste encore assez obscure, mais au moins sait-on maintenant qu’elle n’est pas nécessairement et uniquement occasionnée par la rupture des tissus, et qu’elle résul- terait plutôt d’un défaut de souplesse de l’écorce. La navrûre proprement dite (il y a des variantes dont je parlerai tout à l’heure) consiste donc à donner sur un rameau, une branche ou une tige un coup de serpette ou un trait de scie qui peut aller jusqu’à moitié bois, puis à ouvrir cette entaille ’en fendant le bois en remontant sur une longueur qui est à apprécier (1). Loin de réunir les parties, comme le fai- sait l’abbé Pmger, on laisse la navrûre béante ; on peut même, si l’on veut, y intro- duire un petit coin de bois pour prévenir leur rapprochement. En fait de blessures de ce genre, ce que peut endurer un Poi- rier greffé sur franc est chose presque in- croyable et j’hésiterais à dire ce qui est arrivé chez moi si l’arbre n’était là pour montrer ses cicatrices. (1) Je sais par expérience que quand on agit sur un axe un peu fort, branche ou tronc, on n’est pas du tout maître de la direction de la fente et qu’on l'est très-peu de sa longueur. J’avais, depuis huit ans, un Poirier franc en espalier, placé par erreur parmi d’auti’es grefiés sur Cognassier: comme il était dressé en candélabre à cin({ brandies, ses pousses annuelles, longues quelquefois de deux mètres, dépassaient les murs, ce qui m’obligeait à les couper. Lien entendu, il n’avait jamais rapporté de fruits. J’allais l’arracher lorsque, à la suite d’une entrevue pendant laquelle M. Chevallier, sous les auspices de M. Carrière, voulut bien m’ini- tier à sa méthode, je pris un autre parti : on arracha les arbres voisins alin de (i don- ner l’essor » au réfractaire ; on le dépa- hssa, et sur son tronc, à 40 centimètres du sol, on donna un trait de scie jus({u’à la moelle, puis on l’aliaissa presque jusqu’à toucher terre ; il se fit une longue déchi- rure que l’on maintint ouverte avec un coin. Pour convertir ce candélabre en une sorte de palmette, on prit comme tige la branche du milieu qui fut encore navrée à 30 centi- mètres au-dessous du chaperon, sans quoi on n’aurait pu l’incliner. Quant aux bran- ches latérales, on en fit ce que fait un treil- lageur d’un échalas tors, on les navra pour les abaisser ; l’une d’elles subit quatre na- vrûres. A la fin de l’été toutes ces plaies étaient cicatrisées, et le coin, recouvert par l’écorce de nouvelle formation, est encore encastré dans l’arbre. Plus tard, avec le se- cours des gourmands, la palmette fut com- plétée. Ce n’est pas, il est vrai, un modèle de symétrie, mais la symétrie est ce qui, en fait d’arboriculture, me préoccupe le moins. Depuis lors, la récolte est cons- tante, ce qui est l’essentiel. C’est bien là, ce me semble, l’application du procédé tel que l’entendait l’abbé Roger Schabol. Un peu plus tard, un autre abbé. Le Berryais, imagina un autre système de navrûre, moins violent, d’une pratique normale et usuelle, et spécial aux rameaux du Poirier, à ceux surtout que l’on juge devoir être infertiles et qui sont le plus sou- vent les voisins de l’axe de prolongement. On les nomme communément rameaux à bois par opposition au a chiffonnage » ou « bran- chettes » qui sont des pousses présentant quelque signe d’avortement soit dans leur longueur, soit dans leur diamètre, soit dans leurs deux dimensions à la fois {ehif- fonnes, brindeUes ou brindilles, dards, lambourdes^ éperons, etc.). Notons, toute- fois, que certains Poiriers émettent parfois de longs et vigoureux rameaux qui fructi- fient sur toute leur longueur, dès la seconde année. t 47G LES NAVnURES. .le cite, à ce sujet, le passade de Le Ler- ryais : « Aux prati(pies de casser et de tordre les bourgeons su|)ornus d’un arbre trop abondant en bois, l’expérience me fait j)rétérer (surtout })oni‘ les bourgeons torts) (te les tailler ou de les casser longs, et en- suite les rompre au-dessous de tout œil ap- parent, de façon (pi’ils ne demeurent atta- cbés (|ue pai* une très-petite ])artie de bois et d’écorce. Ne tirant (|ue peu de sève, tous leurs yeux se tournent à fruit; il ne perce rien, ou il ne perce que des brandies à fruit de leur base, au lieu que de celle des forts et moyens liourgeons cassés, ils sont (|uelquefois des bourgeons forts, et souvent de celle des l)ourgeons tors, parce qu’il est difficile de faire la torsion assez près de leur insertion. » Ces lignes, qu’ont religieusement repro- duites les anciennes Maisons rustiques, ont besoin d’étre relues pour être com- prises. On ne dirait jamais qu’un pareil amphigouri est tombé de la même plume qui a remis La Bretonnerie à sa place en si beau style, avec tant d’esprit et de mordant. Le mot rompre, dans cette circonstance, est particulièrement impropre, puisqu’il implique séparation complète, c!est-à-dire division en deux fragments. L’auteur ne dit pas à quelle époque il pratique la na- vrùre, mais rem})loi du mot bourgeon laisse supposer que c’est au printemps et sur les jeunes pousses de l’année. C’est ainsi, du reste, que l’a entendu Noisette. On casse ou on pince l’extrémité du bourgeon, et on le navre, soit avec le fer, soit, ce qui vaut mieux, }>ar la pression des doigts, le plus près possible de son point d’insertion. Ce bourgeon navré tire assez de sève (pour employer un mot démodé qui brûlerait les lèvres de nos jeunes bota- nistes), assez de sève, dis-je, pour ne pas mourir, et pas assez pour conserver sa vi- gueur première. Il prend dès lors le carac- tère et la propriété de la branche avortée, c’est-à-dire de la branche à fruit. La navrnre Le Berryais a été remise en honneur il y a quelque quarante ans par un auteur dont le nom m’échappe et dont je ne puis retrouver le livre. On aura ou- blié de me le rendre (I). Autant que je puis me le rappeler, c’est à la taille d’hiver sur des rameaux endurcis que le procédé devait se faire, et c’est à cette époque que, pour ma part, je le mets en pratique, dans les (1) Lecteur, tel est le sort de tout livre prêté : Souvent il est perdu, toujours il est gâté. cas assez rares où je crois devoir y recou- i-ir. .le presse avec le {)ouce les rameaux moyens conlr-e la branche ; ils i-estent érigés; et quant aux rameaux vigoureux, je les navre en dehors en les écartant de la branche de sorte qu’ils deviennent inclinés, lœs rameaux pendants ne font pas très-belle figure sur l’arbre, mais ils se mettent à fruit, ce qui est à considérer. Voici d’autres navrûi’es ({ui sont de l’invention d’un respectable travailleur trè.s- épris de son art,et qui, depuis 1815, a tou- jours vécu })armi les arbres et les fleurs, plantant, taillant, greffant, expérimentant et professant partout où il passait. C’est de Philibert Baron que je parle, un des bons praticiens, qui fut très-apprécié de Noi- sette et de Thouïn et obtint au Comice de Seine-et-Oise une médaille d’or, à l’époque lointaine où l’on médaillait très-sobrement. Son livre est intéressant, mais les axiomes ne sont souvent que des hérésies. Qu’on en juge : (( Ces Messieurs (les professeurs) vous apprennent à placer la lame du sécateur en dessous et le crochet en dessus ; je vous in- vite, au contraire, à mettre la lame en dessus et le crochet en dessous. (( La coupe de la serpette ne se recouvre pas mieux que celle du sécateur. (( Plus on coupe près des yeux, sans ce- pendant atteindre les fd)res, plus ces yeux poussent forts et droits. « Le Pêcher peut se greÙèr sur l’Aubé- pine, l’Épine noire, l’arbre de Sainte-Lucie et l’Aulne. (( Le Poirier se greffe sur franc, sur Coi- gnassier, sur Aubépine, sur Épine noire. » Quelques-uns de ces écarts, assurément regrettables, ont leur contre-partie : Phili- bert Baron s’est surtout ingénié à faire fructifier les arbres rebelles à fruits par le moyen des navrùres ; ses procédés sont in- génieux, mais sa confiance en lui fait que parfois il s’avance beaucoup. « J’entends dire par des praticiens, et même par des professeurs, qu’il faut trois années pour avoir des boutons à fruit sur le Poirier. Moi, je dis que l’on peut obtenir des bou- tons à fruit dans l’espace de six mois, c’est- à-dire pendant le cours de la saison de la sève. » Il obtiendrait donc artificiellement du Poirier ce que le Pêcher donne par nature, c’est-à-dire, pour mieux préciser, qu’un rameau ayant poussé dans l’année il le forcerait de fleurir dans l’année suivante. Il n’est pas rare de voir ce fait se pro- LES NAYRURES. 477 (luire spontanément ; il est meme assez fréquent sur certaines variétés qui donnent, dès la seconde année, de longs rameaux lleuris qui se chargent de beaux fruits, mais j’ai rarement réussi à le faire se pro- duire à ma volonté. C’est, au reste, sur des branchettes à fruit aussi bien que sur des rameaux que notre auteur opère. « Je place, dit-il, la lame de la serpette à 7 ou 8 centimètres de l’empaternent du dard, et à partir de ce point, je l’incise par le milieu jusqu’à la base ; je lui fais subir ensuite une légère cassure, et, après ces deux choses, je le re- mets en place comme si rien ne lui avait été fait. » Et plus loin : « A la fin de juillet ou au commencement d’août, alors que les ra- meaux sont ce qu’on appelle aoûtés, on pratique une levée (encore un nouveau nom) à chaque œil que l’on veut faire tourner à fruit. Cette levée consiste à placer une lame tranchante au-dessus de l’œil et à l’enfon- cer comme si l’on voulait faire un écusson. On fait faire à cette lame un léger mouve- ment de va-et-vient, et on referme cette incision de manière à ce qu’elle ne soit pas apparente, en appuyant le pouce dessus. Par cette simple opération, on est sûr d’ob- tenir une réussite infaillible et une avance de trois années, les boutons à fruits se pro- duisant à la fin de la saison. » Cette navrüre-écusson diffère des précé- dentes en ce qu’elle s’attaque directement à des yeux que l’on choisit à son gré sur le rameau, au lieu d’agir sur le rameau entier. Si elle ne fait pas fleurir l’œil lui-même dès l’année suivante, elle le fait du moins se développer en une branchette anticipée qui, naturellement, n’aurait poussé que l’année suivante. Elle s’applique surtout avec avantage à des bourgeons dormants que l’on voudrait éveiller. Je la crois préfé- rable au cran^ qui a le tort de blesser les branches charpentières de l’arbre. Jusqu’à présent il n’a été question que des arbres à fruits à pépins; nous voici à l’époque très-récente oû le procédé de la navrûre a été pratiqué sur les arbres à noyaux. Je ne crois pas que la chose re- monte plus haut qu’une trentaine d’années : c’est dans le Traité de la taille des arbres fruitiers de J. -A. Hardy, Paris, 1853, qu’en est faite la première mention, à ma con- naissance (page 131). Il s’agit de faire pro- duire un œil à la base d’une coursonne trop longue. — On peut y parvenir « en courbant la coursonne très-fortement, et même en lui faisant subir la rupture de quelques fibres, indiquée par un léger cra- quement ». C’est bien là une navrûre, mais il s’en faut que ce soit le dernier mot de la méthode. M. Chevallier en a donné la formule dé- finitive : une branche de l’année précédente, navrée à une petite distance de son point d’insertion sur le rameau, ne fnictifie pas moins que si elle était demeurée intacte ; les partisans décidés de la méthode préten- dent même que les fruits sont plus hâtifs et plus gros, sur quoi je ne saurais me pro- noncer avec certitude ; mais ce qui est ac- quis, et ce qui est à mes yeux le principal, c’est que la navrûre provoque l’émission de nouvelles branches, non seulement à la. base de celle de l’année, mais aussi sur le vieux bois de la coursonne. Or, assurer un remplacement rapproché de la charpente et, quand on le peut, supprimer la coursonne, c’est l’idéal de la taille du pêcher. Il est clair qu’on ne doit pas compter sur un ré- sultat infaillible : navré ou non, le pêcher conserve le naturel de sa variété, laquelle est plus ou moins rebelle au remplacement. On n’obtiendra pas, par exemple, de la Reine des Vergers ce qu’on obtient presque à coup sûr des variétés qui repercent plus volontiers sur le vieux bois. On rencontre souvent sur le Pêcher une branche mince et peu allongée que l’on nomme chiffonne, bien qu’elle soit diffé- rente de la chiffonne de La Quintinye et de Daubenton. Sa nature est de ne porter que des boutons à fleurs, sauf celui de l’extré- mité, qui est à bois. Elle ne se prête donc que très-difficilement au remplacement, et la place qu’elle occupe sur la charpente peut être considérée comme vouée à une dénudation prochaine. Il en est de même d’une autre encore plus courte qu’à Mon- treuil on nommait autrefois Bouquet (c’est le nom que lui donne de Combles) et que maintenant on appelle Cochonnet. Une lé- gère navrûre, qui se réduit à peu près au simple enlèvement de l’écorce, peut, dit-on, amener la naissance d’une branche de remplacement à la base de l’une et de l’autre. Enfin, quand on est en face d’un Pêcher vigoureux dont les pointes s’allongent beau- coup, on peut, au moyen de la navrûre, s’assurer un supplément de récolte : on taille d’abord ces pointes à 3 ou 4 yeux plus loin qu’on ne le ferait dans le traite- ment habituel, et on fait une navrûre au point juste qu’on aurait choisi pour la 478 SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. iaiilo. Ti’œi] qui est en deçà de la navrure se dével(){)po avec aulani de torce ({iic s’il ii’avait rien a])i“ès lui, et la partie navrée esl snp|)riinée après la cueillelle des l'niits. Tout cela est fort ingénieux et je crois ([lie la rnétliodc lait son cliemin. On dira, ou ré[)étera ({ue, sans tant d’artiliccs, les grands maîtres de Montreuil ont su assurer le remplacement des branches et maintenir les coursonnes. D’accord ; mais si on nous ap[)orte le moyen de le taire avec plus de certitude et de sinijilicaté, ne devons-nous ]ias nous empresser d’en faire au moins l’essai ? Quant à la manière d’ojiércr adroitement, quant au c tour d(‘ main » et à la gravité des blessures qu’il tant faire suliir aux lirancbes dans toutes les sortes de navru res, ce sont choses (jiii ne s’a[)[)rennent ni dans les bibliothè(jues ni dans les amphithéâtres. C’est là, sur les lieux, «, au pied du mur ;), que le maçon se révèle. Al. Messager. SOCfÉTIî NATIONALE D’IlORTIClJiaTJm- DE I HANCE SÉANCE DU 23 SEPTEMBRE 1880 Outre les travaux ordinaires des divers co- mités, une Exposition-Concours avait lieu ce jour à l’hôtel de la Société ; elle était spéciale à trois sortes de produits : Fruits divers, Bégo- nias, Dahlias. Voici d’abord pour les fruits, par ordre de mérite : M. Lepère (Alexis), arboriculteur à Mon- treuil, exposait les Pèches Grosse Mignonne tardive, Impératrice, Bonouvrier, Brugnon Bowden, Poire Doyenné doré. M. Chevalier (Gustave), également arbori- culteur à Montreuil, les Pèches Belle-Beausse, Belle Imp)ériale, Tardive du Lot, Ad^nirahle Jaune, Albatros, Princesse de Galles. M. Bertaut, cultivateur à Rosny, les variétés Blondeau, Bonouvrier, etc., qui étaient égale- ment de toute beauté. M. Ledoux, jardinier à Nogent (Seine) ; Chevreuse, Belle Impériale, Bonouvrier. Enfin la Tardive du Lot, qui, outre de très-fortes di- mensions, présentait cette particularité d’avoir la peau d’un noir glaucescent assez pro- noncé. M. Battut, rue Quincampoix, à Paris, expo- sait 9 variétés de Poires et 18 de Pommes. Fleurs. — Deux nombreuses collections de Bégonias tubéreux étaient présentées. Tune, aussi remarquable par le nombre que par la beauté des plantes, était exposée par M. Robert, horticulteur au Vésinet. Outre les dimensions et la perfection des heurs, on remarquait là, depuis le blanc jusqu’au rouge sang en passant par toutes les nuances inter- médiaires ; la série jaune était très -large- ment représentée. Dans les variétés à fleurs pleines, on remarquait aussi tout particulière- ment les variétés Madame Bohert et Clémence Benusart. M. Émile Couturier, horticulteur à Chatou, exposait également des Bégonias tubéreux en pots ; ses plantes étaient fortes, mais à heurs simples et moins variées que les précédentes comme coloris. Concours de Dahlias. — Six concurrents étaient en présence. En voici les noms par ordre de mérite : MM. Dubois, amateur, à Ar- genteuil; Falaise, horticulteur à Nanterre; Torcy-Vannier, horticulteur à Melun ; Mézard fils, à Rueil. Comme semeurs de Dahlias, il y avait M. Miot, horticulteur à Langres, qui présen- tait 80 variétés, plus une à feuilles franche- ment panachées. Énfm M. Chardine, qui expo- sait une dizaine de variétés de semis dont plusieurs (jui ont été remarquées comme méri- tantes, notamment une à heurs violettes à reflets rosés qu’il a nommée Léon Say. Présentations aux Comités. — Au Comité de culture potagère ont été faits les apports suivants : par M. Bertaut, cultivateur, à Rosny (Seine), des Fenouils d’Italie, du Cerfeuil tubéreux et des grappes de Maïs ; — [>ar MMiies Chrétien, de Bagneux, des Piments ; — par M. Ilédiard, une toufle de Haricots Saint- Ciboire; — enfin, par M. Lecomte-Delphin, d’Argenteuil, une sorte de Melon Cantaloup qu’il cultive tout particulièrement et dont il est très-satisfait. Au Comité qV arboriculture fruitière ont été présentés : par M. Alexis Lepère, arboricul- teur, à Montreuil, trois variétés de Pêches, une de Brugnon Boivden, le plus gros du genre, et une de Poire Doyenné doré; — par MM. Croux et fils, horticulteurs à Aulnay-les- Sceaux, des Couetsche Lhéricourt à fruits gros, très-allongés, jaunâtres, recouverts d’une abondante pruine glau([ue bleuâtre. Ces mêmes horticulteurs présentaient aussi :1» des bran- ches chargées de fruits du Juglans mands- churica, espèce qui rentre dans le groupe des Noyers américains, et dont les fruits, complè- tement sphériques, sessiles, sont disposés en longues grap|)es ; des rameaux heuris du Sopliora violacea, Cari'., espèche chinoise re- marquable par ses ramifications courtes, sa grande facilité à fleurir et ses heurs extrême- ment abondantes en panicules énormes et lé- gèrement violacées. C’est une espèce très-inté- ressante et méritante au point de vue de la décoration des grands jardins. Au Comité de floricuUure, deux exposants seulement : M. Lecomte-Delphin, d’Argenteuil, LES ORANGERS ÉCONOMIQUES. 479 qui présentait des Phlox de semis, et M. Lange, fleuriste, 39, rue de Bourgogne, Paris, qui })résentait deux forts pieds de Microlepia pla- tiphylla^ qu’il recommande tout particulière- ment comme étant l’iine des meilleures Fougères pour la décoration des appartements où elle })eut, dit-il, rester presque indéfiniment. C’est une plante vigoureuse d’un vert glau- cescent, ayant l’aspect général de Pteris ser- riilata, qui se tient très-bien et forme d’énormes touffes qui atteignent jusqu’à i'«50 et meme plus de hauteur. Originaire des Alpes italiennes, le Microlepia plaliphylla a besoin, sous notre climat, d’étre abrité l’iiiver : une serre tempérée froide lui suffit. LES ORANGERS ÉCONOMIQUES On se plaint souvent, dans nos climats septentrionaux, de la longue période d’an- nées nécessaire à l’élevage des Orangers en caisse, pour la décoration des terrasses, jardins réguliers, façades de châteaux, etc. Tenus à l’étroit dans leur prison de Bois, les pauvres arbres, avec leur tète en boule ou en cylindre, leur port raide et métallique, ne rappellent guère les beaux arbres du jardin des Hespérides à Cannes, et surtout le port gracieux des Orangers cultivés en plein air sous les tropiques. En revanche, ils vivent longtemps, et résistent à l’éter- nel martyre qui leur est imposé. C’est une de nos fiertés horticoles que de mon- trer, à Versailles, de vieux Orangers, con- temporains du Roi-Soleil, un peu estropiés, il est vrai, mais encore présentables. Malgré toutes les critiques dont ils sont l’objet, les Orangers en caisse sont donc restés entourés d’un certain respect, et il faut convenir qu’on les remplace difficile- ment pour l’ornementation des jardins dits (( à la française ». On a bien imaginé, dans le Nord de la France, en Belgique, en Hol- lande, en Angleterre et ailleurs, de leur substituer d’autres espèces, notamment les Lauriers d’Apollon {Laurus nohilis), dont nos voisins les Belges font un grand objet de commerce. Mais ces végétaux, eux- mêmes , sont rares et chers ; les beaux exemplaires en pyramide, par couples bien appareillés atteignent des prix élevés. Ajou- tons que leur raideur est bien plus ac- centuée encore que chez l’Oranger, et que beaucoup d’amateurs de jardins détestent leur port guindé et leur feuillage de zinc. Or, il est facile de remplacer, avec avan- tage, ces arbres élevés en caisse et de se pro- curer des « Orangers économiques ». Le sujet à choisir pour cela, c’est le Ce- risier de Virginie (Padus Yirginiana). Employé souvent dans les parcs et les jar- dins, où il forme un petit arbre rameux, que son port élégant, ses feuilles luisantes, lancéolées-dentées, et ses jolies grappes de fleurs blanches en mai, rendent précieux parmi tous ses congénères d’ornement, le Cerisier de Virginie forme un sujet pré- cieux pour l’élevage à tige et la taille en boule. Il suffit de l’élever ainsi : en pépi- nière, quand le jeune plant a deux ans de marcotte (procédé de multiplication plus rapide que le semis), on le « rabat » au ras du sol pour obtenir un scion très-vigoureux, qui sera bientôt étêté à la hauteur exacte que l’on veut donner à la tige, soit de 1 mètre à 1"* 50. L’année suivante, plusieurs rameaux commencent la forme sphérique; on les pince en juin pour les faire ramifier. En deux ou trois ans, on obtient ainsi une tète touffue que l’on taille chaque année très- court, à deux yeux de la taille précédente. Les rameaux annuels ne sont plus jamais pincés; on se contente d’une seule taille en sec. Laissés ainsi dans toute leur lon- gueur chaque année, ces rameaux se gar- nissent régulièrement de leur feuillage d’un beau vert brillant, et en s’effilant ils donnent à la tête arrondie de l’arbrisseau une légè- reté qui n’exclut pas une régularité harmo- nieuse. Ces feuilles ont une contexture ferme, qui ferait croire qu’elles sont persistantes. A n’importe quel âge, on peut relever les sujets, l’hiver, de la pleine terre où ils ont été formés, et les mettre dans les vases où ils devront constituer les arbres en caisse destinés à l’ornementation. Ainsi traités, ces végétaux, mis en place et vus à distance, tromperaient un œil exercé, tout en satisfaisant les critiques les plus difficiles sur la forme d’un arbre élevé encaisse. La belle saison étant finie, au lieu de ren- trer les plantes en orangerie, — ce dont elles n’ont nul besoin, — on les taille court et on les relègue dans quelque coin oublié, d’où elles ne seront retirées qu’au printemps suivant, au moment où les jeunes rameaux ont pris assez de consistance pour que l’on songe à une nouvelle mise en place. On peut même, au besoin, les décaisser, secouer la terre des racines, dont on fait alors la toilette, mettre les sujets en jauge dans le jardin, et les caisses sous le hangar, au sec. On réencaisse lorsque le printemps gonfle 480 CORRESPONDANCE. les yeux, l)ient(VI. prêts à s’épanouir, et l’on continue le traitement précédemment décrit . Kn élevant ces arl)res sur petites tig-es, avec têtes, suivant la méthode que nous ve- nons d’indi(]uer, et les laissant en })lace, en situation convenahle, dans les jardins symé- tri((ues, on peut oljteiiir aussi d’excellents résultats, surtout si on relie chacjue tronc à son voisin éloigné de (piehpies mètres, par des {^J'uirlandes de ])lantes ^^'l'impantes, à Heurs ou à leu i liage d’ornement. I.es etléts décoratits qui peuvent dériver de renr,.loi du CeidsieP de Virginie ainsi traité seraient plus variés encore si on le voulait. Nous n’hésitons ]ias à le recom- mander sous ce rapjiort d’une rnanièr-e toute spéciale. On peut employer- aux mêmes usages, et peut-êti-e même avec plus d’avantage, quel- (pies esjièces voisines, comme les C. sero- iina, Lois., C. cornu ta^ AVall., le })r-ernier de l’Améi-ique du Noi’d, l’aiiti-e de l’ilima- laya, tous deux rustiques sous nos climats. Ld. André. COmiESPOMlAXCE M. E. F. (Seinc-et-Oise). — Merci de voti'e conimimication, dont nous tiendrons un grand compte, et qui, à l’occasion, donnera lieu à des observations dont nous ferons pi’otiter les lec- teui's de la Revue horticole. M. P. B. (Nord). — L’une ou l’autre des essences suivantes poun-ait convenir pour l’em- ploi que vous désirez en foire ; Alaterne, Chêne vert, Photinia glaln^a, Laurocerasus vulgaris ou ses variétés. Toutes sont à feuilles pei’sistantes et relativement rustiques. Si au lieu d’une espèce nous vous en indi- quons plusieurs, c’est afin de vous laisser le choix d’api-ès vos goûts ou d’après les condi- tions dans lesquelles se trouve l’emplacement que vous désirez masquer. Il va sans dire qu’un treillage après lequel vous pourriez faire grimper du Lierre pourrait également remplir le but auquel vous visez. M. C. G. (Ardennes) . — Nous avons déjà dit qu’aussitot que la chose serait possible, nous publierions sur le Melon Pagot un article qui indiquera, outre ses caractères, la personne chez laquelle on pourra se procurer des graines. M. M. — Oui, vous pouvez })lanter tout de suite, et vous auriez même pu le faire plus tôt, c’est-à-dire dès la fin d’août, eussiez-vous dû couper les feuilles des arbi-es avant de les re- planter afin de faciliter la reprise en diminuant l’évaporation de la sève. Dans tous les terrains secs c’est même une nécessité de planter à l’automne, parce qu’alors pendant tout l’hiver les plantes « travaillent », de sorte que lors- qu’arrivent les hàles du printemps, les arbres, ayant émis des racines, peuvent supporter les sécheresses. Il n’y a d’exceptions — toutes cir- constances étant égales d’ailleurs — que poul- ies espèces à racines charnues, telles que Ma- gnoliers. Tulipiers, etc., ou bien les espèces à feuilles persistantes et même caduques qui se- raient susceptibles de souffrir pendant l’hiver. M. D. (Marne). — Vous n’ignorez pas les difficultés qu’il y a presque toujours à déter- miner des fruits loin des arbres dont ils pro- viennent. Pour beaucoup de gens, la chose est même impossible. Cependant, à for-ce de re- cherches et de comparaisons, nous avons pu déterminer — autant du moins qu’on pouvait le faire — les queh[ues variétés dont vous nous aviez adressé des échantillons. Le n» 1 est, sans aucun doute, le Saint-Michel- Archange ; le n<» ‘2, Tavernier de Boulogne; le no 3 pai-aît êtr-e la Bergamoite llertrich; quant au no 4, nous n’osons pas confirmer votre supposition que c’est un Président Mas. Si, dans nos futures recherches, nous arrivons à un degré complet de certitude, nous vous le ferons savoir. Ao 3547 (Maine-et-Loire). — La Pêche Bonouvrier., non Bon ouvrier, ainsi que vous l’écrivez, est en elfet l’une des dernières bon- Ties Pêches de commerce, à Montreuil. Elle mûrit, suivant l’exposition, du 8 septembre à la fin du mois, rarement en octobre. A cette époque, îl arrive parfois qu’il y a encore des P. Belle Beausse, bien que ce soit une excep- tion. En môme temps ({ue la Bonouvrier mûris- sent les Pêches suivantes : Belle impériale, Su- perbe de Choisy, Ballet, Tardive Lepcre (mal- gré que celle-ci soit souvent de quelques jours plus tardive). Parmi les Pêches à chair jaune de cette saison, il y a celles-ci : Admirable jaune et la P. Salway, qui est la dernière, avec la Belle de Saint-Geslin, et va souvent jusqu’au 15 octobre, parfois même au-delà. Vous faites erreur en disant (jue la Pêche Belle Beausse « a tous les caractèi es de la Bonou- vrier » : cette dernière est à fleurs campanu- lacées, petites, tandis qu’elles sont très-grandes chez la Belle Beausse. M. F. A. (Seine). — L’échantillon de Bé- gonia que vous nous adressez nous est arrivé beaucoup trop tardivement alors qu’il était complètement détérioré, de sorte que nous ne pouvons vous rien dire de sa valeur. Si vous tenèz à avoir notre opinion, vous devrez nous envoyer d’autres échantillons; si à ceux-ci vous pouviez ajouter quehfues détails sur la végéta- tion de votre Bégonia, sur ses caractères géné- raux, cela pourrait nous éclairer et faciliter notre jugement. U Administrateur -Gérant ■ L. Bourguignon. lmp. Georgea Jacob , — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 481 CHRONIQUE HORTICOLE Souscription pour les sinistrés des environs de Paris. — Congrès horticole à Paris en 1887. — Exposition horticole de Lyon. — Abies Doiiglasii. — Encore un Chêne préhistorique. — Anthurium Scherze- rianum lacteum. — Olcaria macrodonta. — Bananiers rustiques à Londres. — Alocasia grandis. — Un beau Cattleya Mossiœ. — Sur deux Oléacées nouvelles du Yunnam. — Capucine « Lustrous ». — Angræcum Schotlianiun. — Un nouveau type de Dahlias. — Pois de Sainte-Catherine. — Zinnias pompons. — Concours de plans de parcs à Liverpool. — Prétendue origine de l'Orange sanguine. — Lagerstrœmia à Heurs blanches. — Exposition automnale d’horticulture à Troyes. Souscription pour les sinistrés des environs de Paris. — A la suite des ter- ribles ravages que les horticulteurs de la banlieue parisienne : Montreuil, Bagno- let, etc., ont éprouvés par suite de la grêle des 10 et 23 août, une souscription avait été ouverte par la Société Nationale d’Hor- ticulture de France. Voici la nouvelle circulaire que la Société vient d’adresser à ses membres. Elle est datée du 12 octobre, mais nous ne l’avons reçue que le 16. Elle n’arrivera pas à temps à nos lecteurs, la tombola devant être tirée le 29 octobre. Mais les souscriptions en retard pourront encore être adressées à la Société après cette date. Le Conseil d’Administration de la Société nationale d’Horticulture, réuni extraordinai- rement le 4 octobre courant, désireux de venir en aide le plus efficacement possible aux hor- ticulteurs des environs de Paris, vic- times de la grêle des 10 et 23 août, a décidé qu’indépendamment de la souscription ouverte sous son patronage, une Tombola, dont le tirage aura lieu le 29 octobre 1886, sera orga- nisée à leur profit, au Pavillon de la Ville, en même temps que l’Exposition qu’elle doit tenir du 23 au 26 octobre. Persuadée que vous ne voudrez pas laisser échapper cette occasion de venir en aide à nos malheureux confrères si brusquement et si cruellement éprouvés, la Société fait appel à votre générosité et vous prie de contribuer à cette œuvre de secours, par le don de plantes, fruits , instruments d’horticulture, objets d’art, etc., pour constituer des lots qui seront exposés et remis en votre nom. Les dons en espèces seront affectés à l’achat de lots divers. Le Secrétaire général., A. Bleu. Les membres de la Commission sont MM. Vitry fils, Ghaiiré, Truffant (Albert), DyboNvski, Bergman (Ernest). Les souscriptions peuvent être adressées au Président de la Société nationale d’Hor- ticulture de France, rue de Grenelle Saint- Germain, 84, à Paris. lei' Novembre 1886. Congrès horticole à Paris en 1887. — Dans une de ses récentes séances, le Con- seil d’administration de la Société nationale d’horticulture de France a décidé qu’un Congrès analogue à celui de 1886 aurait lieu en 1887, en même temps que l’Expo- sition d’horticulture de printemps, et que la même Commission qui a organisé et pré- paré celui de 1886 conservera ses pouvoirs pour 1887. (( Elle espère, cette fois encore, pouvoir obtenir des grandes compagnies des chemins de fer, une réduction de prix pour le voyage à Paris des membres de la So- ciété habitant les départements qui vien- dront prendre part aux travaux du Congrès de 1887. » Exposition horticole de Lyon. — Cette exposition a eu le plus brillant succès. Elle comptait 170 exposants qui avaient apporté 370' lots. On a bien un peu regretté l’ab- sence de quelques grands établissements de la capitale lyonnaise, mais ces horticulteurs ont gracieusement donné pour excuse qu’ils voulaient cette fois laisser le champ libre aux jeunes. Ceux-ci ne se le sont pas fait dire deux fois. On a pu le constater sur la magnifique exposition de M. F. Morel, de Lyon-Vaise, qui contenait des fruits, arbres et arbustes nouveaux, arbustes de semis. Conifères, plantes alpines. Glaïeuls, et que le prix d’honneur a dignement récompensée. Des collections de légumes ne contenant pas moins de 230 variétés diverses, ont valu à M. Verne une grande médaille d’or. On a re- marqués particulièrement : les fruits de MM. Poissard, horticulteurs à Anse; de M. Boutin, à Fontaine-sur-Saône ; les Bai- sinsde M. Magat, à Ghazay-d’Azergues ; les Cannas de semis de M. Crozy, horticulteur à Lyon ; les plantes de serre de M. Devert fils, à Monplaisir-Lyon ; les plantes à feuil- lage ornemental de M. Bélisse, à Lyon- Vaise; les Fougères et les Bégonias de M. Coiisançat, à Cuire-lès-Lyon ; les Fuch- sias de M. Gindre, amateur à Lyon ; les plantes de marché de M. Grillet, de Mon- 21 482 CHRONIQUE HORTICOLE. plaisir-Lyon^ et les 50 plantes variées de M. Beurrier, de la même localité ; les plantes de belle culture de M. Devert fils ; les Œillets remontants de M. Carie, de Lyon-Monplaisir ; les Roses de MM. Pernet fils, F. Dubreuil, Duché jeune, Don- na ire, etc. On voit que l’Association horticole lyon- naise, dont M. Dutailly est président, et notre confrère, M. Viviand-Morel, secrétaire général, obtient de véritables triomphes et affirme chaque jour davantage la puissance horticole de cette riche région de la France. Abies Douglasii. — Cette admirable es- pèce est aujourd’hui représentée en Europe par de grands exemplaires, mais aucun n’égale celui du célèbre parc de Dropmore, près de Londres. Il fut produit de graines semées, en 1827, par M. Frost, le vétéran jardinier, à qui lord Grenville, le proprié- taire d’alors, les avait remises. Ces graines avaient été reçues de Douglas lui-même, par la Société royale d’horticulture de Londres, qui en distribua une certaine quantité à ses membres, dont lord Grenville faisait partie. UAhies Douglasii de Dropmore, qui a été mis en 1830 à la place qu’il occupe aujourd’hui, mesure 124 pieds anglais de hauteur ; ses branches basses traînent sur le sol de la manière la plus pittoresque, et l’ensemble offre le plus noble et le plus gracieux aspect. Les dimensions de quelques autres Coni- fères de ce parc sont : Araucaria imbricata, planté en 1830, 63 pieds. Pinus insignis, planté en 1839, 75 pieds. Cedrus lihani, planté en 1792, 100 pieds. Cedrus atlantica, planté en 1847, 80 pieds. Cedrus Deodara, 70 pieds. Séquoia gigantea, planté en 1862, 70 pieds. S. sempervirens, 30 pieds. Abies grandis, planté en 1861, 70 pieds. Pinus Bentliamiana, 70 pieds. Nous ne parlerons pas d’une quantité d’autres beaux arbres, des Araucarias, de l’avenue de Cèdres Déodara, des bois entiers de Rhododendrons, etc., que nous avons admirés il y a quelques années, et qui nous ont fait emporter de Dropmore un souvenir impérissable. Encore un Chêne préhistorique. — Tout récemment, \di Revue /lortêco^e (1886, p. 376) parlait du fameux Chêne de la Balrne, trouvé dans le Rhône où il séjour- nait depuis un temps qu’on ne peut évaluer, même approximativement. Depuis, on en a découvert un autre analogue, mais dans des conditions complètement différentes. C’est dans la Haute-Savoie, sur le hord de la route d’Archamps à Bléchin, qu’on l’a dé- couvert en déblayant le sol pour établir ce chemin. Ce Chêne, dit M. Léon Bussard (1), ingé- nieur agronome, témoin oculaire, gît au milieu des argiles glaciaires qui constituent les terres de la région, à une profondeur d’environ deux mètres au-dessous de la surface naturelle du sol. S’est-il trouvé enseveli sous unéboulement du mont Salève comme quelques-uns le pré- tendent, ou sont-ce des dépôts sédimentaires provenant des vallées supérieures qui le re- couvrent? Cette dernière opinion me paraît être la bonne. Toujours est-il qu’il semble avoir subi l’action de l’eau à une époque recu- lée — car, de mémoire d’homme, aucune ri- vière n’a coulé en ces parages — et avoir été soumis postérieurement à une pression éner- gique. Le bois en est d’une très-grande dureté, à tel point que les clous que l’on a voulu y faire pénétrer se sont courbés et que la hache n’a pu y pratiquer que des entailles insignifiantes. Il présente la teinte brunâtre caractéristique du vieux Chêne. Le cœur a disparu, laissant une cavité assez étendue... Le diamètre moyen de l’arbre est de 1 mètre. La tête en a été complètement détruite, je ne puis trop m’expliquer de quelle façon. On voit encore les traces d’une brisure qui a dû né- cessiter une force considérable. Les branches sont également absentes. Pour ce qui est des racines, de prochaines fouilles nous diront si elles ont résisté à l’action du temps... Anthurium Scherzerianum lacteum. — C’est une très-belle variété du type, à fleurs blanc pur, sur lequel se détache ad- mirahlement le jaune d’or du spadice, et qui vient d’être obtenue de semis par notre collaborateur, M. A. de la Devansaye. Bonne nouveauté à ajouter au Devansaya- num, à Vandegavense, déjà répandus (trop peu, malheureusement). Ces beaux gains placent notre ami au premier rang parmi les semeurs de la magnifique espèce découverte par Scherzer et introduite en Europe par Wendland. Mais pourquoi plusieurs de nos confrères s’obstinent-ils à écrire Sehertzerianum au lieu de Scherzerianum? Il n’y a jamais eu de t dans le nom du botaniste allemand. (1) Journal d’agriculture pratique, Juillet 1886, p. 493. CHRONIQUE Olearia macrodonta. — C’est un très- bel arbuste de la famille des Composées qui porte ce nom, justifié par les <( grosses dents » qui bordent ses feuilles persistantes. Rustique dans le sud et l’ouest de l’Angle- terre et même à Londres, cette belle espèce néo-zélandaise le sera chez nous sur les côtes de l’Océan dans la région bretonne et normande. Espérons même qu’elle pourra l’être sous le climat de Paris, où son congé- nère, V Olearia Hastii, se comporte bien. Notre correspondant, M. W. E. Gumbleton, vient d’avoir l’O. macrodonta en üeiirs dans sa charmante résidence de Cork (Ir- lande). Il déclare que, lorsque cet arbuste est couvert de ses grandes ombelles à fleurs blanches, c’est un objet « excessivement ornemental ». Avis à nos pépiniéristes, qui pourront se le procurer chez MM. Veitch, horticulteurs à Chelsea (Londres). Bananiers rustiques à Londres. — Si notre confrère du Gardeners' Chronicle ne l’affirmait pas avec gravité, nous oserions à peine croire que l’on puisse constater, à Comhe Wood, près de Londres, la présence de Bananiers (Musa) qui aient supporté trois hivers en plein air sans périr. Cette espèce rustique serait une forme rapportée du Japon par M. Maries, l’habile et heureux collecteur de plantes. Il serait utile de sa- voir ce qui adviendra de cette végétation anormale. Nous connaissions des Musa Ensete, M. paradisiaca et autres] se main- tenant et même fructifiant dehors à l’air libre, à Cannes, à Nice et sur d’autres points du littoral méditerranéen, mais, dans la région qui avoisine la Manche, cela ne s’était pas encore vu! D’après ce que nous savons de cette même espèce, nous doutons qu’elle puisse résister à nos hivers. Un pied ayant été planté chez MM. Thibaut et Ke- teleer, au Plessis-Piquet, en 1885, a péri dès l’arrivée des premiers froids. C’est donc une expérience à refaire. Alocasia grandis. — M. N.-E. Brown, des jardins de Kew (Londres), vient de dé- crire cette admirable Aroïdée que M. W. Bull, horticulteur à Londres, a importée des îles de l’Archipel indien. C’est une es- pèce à très-grand feuillage ovale, sagitté- cuspidé, aussi belle que VA. Thihautii, et plus remarquable par son inflorescence, dont les grandes et jolies spathes blanches contrastent avec le ton presque noir du pé- tiole, le vert brillant du limbe et les ner- vures rouges, saillantes en dessous. HORTICOLE. 483 Cette nouveauté fera sensation dans les prochaines expositions. Un beau Cattleya Mossiæ. — M. E.-A . Leathan, grand amateur d’Orchidées à Mi- sarden Park, Cirencester (Angleterre), pos- sède un jardinier émérite, M. F. Exell, qui a obtenu cette année une merveilleuse flo- raison du Cattleya Mossiæ. L’exemplaire en question portait trente-six hampes, et en tout QUATRE- VINGT-DIX FLEURS, dont chacune mesurait huit pouces de diamètre (20 centimètres), avec les sépales et pétales roses, et le lahelle cramoisi frangé à centre jaune. Traitement presque à froid, beaucoup d’air, tel est le système que recommande M. Exell et qui lui donne de si admirables résultats. Sur deux Oléacées nouvelles du Yunnan. — A propos de ces deux espèces, découvertes par M. Delavay, et qui appar- tiennent aux genres Syringa et Osman- thus, M. le docteur Bâillon, dans le Bulletin de la Société Linnéenne de Paris, fait de curieuses remarques que nous croyons de- voir rapporter, et qui montrent comI)ien parfois se trouvent de diversités de carac- tères dans des mêmes groupes de végétaux. Ce Syringa appelle tout d’abord l’attention par ses feuilles coriaces et persistantes., parti- cularité qui, jusqu’ici, n’a pas encore été signa- lée parmi les Lilas, et ensuite par la nature drupacée de ses fruits, déhiscents avec une loge constamment atrophiée, ainsi, du reste, qu’on le voit quelquefois dans les autres Sy- ringa, mais de plus entourés d’une pulpe noi- râtre qui les rend, avant la déhiscence, sem- blables à ceux des Troènes. Les fleurs sont d’ailleurs construites comme celles de toutes les autres espèces du genre. Le nouvel Osmanthus est très-remarquable par le développement du tube de sa corolle, qui atteint, dans certaines fleurs, jusqu’à 15 mil- limètres de longueur, en s’évasant un peu vers le sommet. M. King a déjà trouvé, dans le Sik- kim, et Griffith avait observé avant lui dans le Bhootan, un Osinanthus à fleurs tubuleuses (O. suavis, King, in herb. Cale.), que M. G. -B. Clarke, semble n’avoir fait rentrer qu’à regret dans le genre. Cet O. suavis est d’ailleurs sen- siblement différent de celui de Yunnan par la forme allongée de ses feuilles et par la brièveté du tube de la corolle, qui ne dépasse guère 5 millimètres. On pourra remarquer combien les deux formes nouvelles signalées ici témoignent en faveur d’un parallélisme de variation dans beaucoup de genres de plantes. Ainsi, d’une part, on trouve des Syringa présentant la vé- 484 CHRONIQUE HORTICOLE. gétation et les feuilles persistantes des Osman- tlius, passant, d’autre part, aux Troènes, tan- tôt par le raccourcissement du tube de la corolle (Ligustrina), tantôt par la nature dru- pacée de leurs fruits. D’autre }>art, les Osman- thus font une évolution vers les Lilas (et vers quelques Troènes) par la forme tubuleuse de leur corolle, ne différant plus alors des premiers que par leurs fruits indéhiscents, de tous les deux par la prélloraison imbriquée de la co- rolle. Le fait que nous devons signaler, parce qu’il intéresse tout particulièrement l’hor- ticulture, c’est cette nouvelle espèce de Lilas à feuilles coriaces persistantes, qui appor- tera un élément décoratif de plus dans un genre qui, à ce point de vue, en renferme déjà tant. Capucine « Lustrons ». — Cette nouvelle variété, que nous avons admirée dans les cultures de MM. Vilmorin, rue de Reuilly, est remarquable par sa taille excessivement réduite. De son feuillage pourpre noir sor- tent en quantité considérable des fleurs d’un très-beau rouge cocciné foncé, qui produi- sent un charmant effet. On avait bien des variétés naines, mais aucune n’était com- parable à celle-ci, dont les fleurs d’un rouge chaud sortent bien du feuillage, ce qui n’avait pas lieu pour les anciennes variétés. Angræcum Schottianum. — Cette es- pèce, tout récemment introduite par M. Hum- blot, vient de fleurir dans les serres du Muséum. C’est une plante très-rare, naine, délicate, à feuilles jonciformes. Les divi- sions pétaloïdes sont d’un blanc pur, un peu diaphanes. L’appendice caudal est ténu, droit, pendant, d’environ 10 à 12 cen- timètres de longueur. Il n’est pas dou- teux que comme toutes ses congénères V Angræcum Schottianum présentera des variétés, fait qui, du reste, se manifeste déjà ; ainsi, de deux pieds que possède le Muséum et qui viennent de fleurir, l’un a les fleurs et même l’éperon légèrement co- lorés,tandis que ces organes sont d’un blanc pur chez l’autre. Un nouveau type de Dahlias. — Ce type, d’origine allemande, assure-t-on, est remarquable par son aspect moussu fran- gé; les fleurs, qui sont pleines, bien faites, ont les ligules (fleurs) enroulées, tuyautées en pointe, ce qui donne à l’ensemble un as- pect particulier à la fois joli et original. Nous l’avons vu étiqueté dans les collec- tions sous le nom de Germania nova. Pois de Sainte-Catherine. — On nomme ainsi, quelle qu’en soit la variété, les Pois que l’on plante le 25 novembre, jour de la sainte Catherine. Il y a des gens qui n’y manqueraient jamais et qui bien longtemps à l’avance tiennent leur terrain toutiprôt à planter pour l’emblaver ce jour-là. Y a-t-il un avantage particulier à planter plutôt ce jour que font autre ? Nullement. Aucune règle, scientifique ni môme pra- tique, ne peut être invoquée, au contraire, car il est bien évident que pendant trois mois, au moins, ces Pois .seront exposés à la pourriture ou à devenir la proie des ron- geurs qui, précisément pendant cette sai- son, ont souvent maigre pitance. C’est donc pour eux une bonne aubaine, une sorte de manne que la crédulité publique met à leur portée. Ce qu’il faut, c’est agir suivant les conditions où l’on est placé et le but que l’on recherche. Par exemple, en Algérie et dans le Midi de la France, là où il n’y a presque pas d’hiver, on pourra semer des Pois dès le mois de septembre, tandis que dans le Nord de la France il y aura souvent avantage à attendre jus- qu’au moment où le soleil vient réchauffer le sol. Ce que l’on pourrait faire, c’est de semer sous cloche à froid et d’aérer un peu le plant afin de le fortifier, de manière que dès les premiers beaux jours on puisse les repiquer, le long d’un mur, au midi, et au besoin même les abriter longue- ment. Zinnias Pompons. — Peu de plantes sont plus, on pourrait dire sont aussi orne- mentales que les Zinnias. Il en est également peu qui, dans un temps relativement court, aient autant varié soit par la dimension des plantes, soit par le volume et même par la forme des fleurs ainsi que par leur gran- deur. Comme dimension et forme des fleurs, on peut citer les Pompons, qui sont aux grandes fleurs ce que les Dahlias Lilli- put sont aux grandes formes de Dahlias. De même que les Dahlias, les Zinnias ont, par le semis, donné naissance à trois catégories de plantes : naines, grandes, à petites et à grandes fleurs variant à l’in- fini dans les deux cas, et que l’on peut aussi partager en deux sections de Lilli- puts : une par la taille des plantes, l’autre par les dimensions des fleurs. Toutefois, nous donnons la préférence aux Lilliputs- , floraux, car, outre la taille naine des plantes, qui permet de les cultiver dans de petits jardins, ils viennent tout aussi beaux et CHRONIQUE HORTICOLE. 485 sont aussi variés que ceux à grandes fleurs, et ces fleurs, chez les Pompons, qui sont toujours très-coquettes, peuvent être très- avantageusement employées pour la confec- tion des bouquets. Parmi les * plantes ornementales , les Zinnias, aujourd’hui, sont assurément des plus jolies. Elles ont cet immense avantage qu’elles sont à la portée de tout le monde, viennent presque partout et ne cessent de fleurir que lorsqu’arrivent les gelées. Concours de plans de parcs à Liver- pool. — Nos confrères de Belgique ont relaté le succès remporté par M. A. -G. Jackman à la dernière grande exposition régionale tenue à Liverpool par la Société royale d’horticulture de Londres. Il est fils de M. G. Jackman, de Woking (Angleterre), le semeur de Clématites connu de tous les horticulteurs, et dont la belle variété Jack- mani porte le nom. M. A. -G. Jackman a remporté le premier prix du concours de dessin pour un parc public de 100 acres (environ 40 hectares). A son tour, le Gardeners' Chronicle (4), en publiant une bonne réduction de ce plan, vient d’en donner une description élogieuse et détaillée. M. A. G. Jackman a passé quelque temps comme élève dessinateur de parcs et jardins, d’abord à Manchester, chez M. Shaw, puis chez M. E. Pynaert, à Gand, et a fait en dernier lieu un assez long séjour chez M. Ed. André, à Paris. Nous sommes heu- reux d’applaudir au succès de M. Jackman, et d’enregistrer la haute récompense qui vient de lui être décernée. Prétendue origine de l’Orange san- guine. — La question des greffes hétéro- gènes restera toujours ouverte, malgré les réfutations constantes d’opinions fausses ou hasardées. En voici un nouvel exemple : Un rédacteur du Tropical Agriculturist vient de raconter, le plus sérieusement du monde, comment il entend établir l’origine des Oranges à chair rouge. Choisissant parmi les diverses opinions en cours, il prend pour règle celle de M. Rose, directeur du « New-York Fruit Exchange », et de M. Amoroso, « l’un des plus expérimentés cultivateurs d’Orangers en Sicile ». Il af- firme, d’après ces « autorités », que l’Orange sanguine est le résultat de l’hybridation de l’Oranger par le Grenadier. Seulement, il (1) 1886, IP vol., p. 396, fig. 78. faut faire attention à pratiquer convena- blement l’opération. « On greffe d’abord l’Oranger sur le Grenadier, et deux ans après on regreffe le Grenadier sur l’Oran- ger, pour assurer un afflux régulier de (( sang », qui, autrement, disparaîtrait vite, le Grenadier vivant peu longtemps. » Ces assertions « indiscutables », comme dit son auteur, nous semblent au contraire constituer une pleine matière à discussion. Ou plutôt, qui admettra la possibilité de l’union de deux genres si dissemblables, le Grenadier appartenant à la famille des Granatées (Lythrariées anormales, suivant Bentham et Hooker) et l’Oranger aux Au- rantiacées (Paitacées, B. et H.), familles si éloignées l’une de l’autre dans la classi- fication naturelle des végétaux ? Lagerstrœmia à fleurs blanches. — Jusqu’ici, que nous sachions du moins, l’on ne possédait pas de variétés à fleurs blan- ches du Lagerstrœmia indica ; toutes celles obtenus variaient, pour la couleur, du rouge foncé ou vineux au rose clair. Aujourd’hui il n’en est plus ainsi, et notre collaborateur, M. Jules Lachaume, nous in- forme que dans l’île de Cuba l’on vient de découvrir une variété à fleurs complètement blanches et tout aussi larges, belles et abon- dantes que celles du L. elegans. Il y a là non seulement un gain pour la décoration, mais une nouvelle voie ouverte pour les semeurs-hybrideurs, qui, en com- binant ces deux couleurs, obtiendront sans doute toute une série d’intermédiaires. Exposition automnale d’horticulture de Troyes. — Du 12 au 16 novembre 1886, la Société horticole, vigneronne et fores- tière de l’Aube, fera, à l’Hôtel-de-Ville de Troyes, une exposition de Chrysanthèmes et d' Œillets remontants. Cette Exposition, dont la séance de distribution des ré- compenses sera présidée par le Préfet de l’Aube, est faite au profit des victimes de la grêle. Le 14, à la séance de cette Société, en même temps et à propos de cette exposition, une conférence sera faite par un jeune stagiaire du Ministère de l’Agriculture, M. J. -B. Cayen, élève diplômé de l’École d’horticulture de Versailles. La conférence portera sur ces deux genres de plantes : Chrysanthèmes et Œil- lets remontants. E.-A. Carrière et En. André. 48G LES ARBRES FRUITIERS FRANCS DE PIED. LES AUBUES I RUITIEBS EBANCS DE PIED Pour n’êire pas nouvelle, la question des arlires Iruitiers francs de pied (1) n’en est pas moins très intéressante. Bien que sur ce fait les opinions soient partagées, nous devons reconnaître que ce n’est pas par parties égales, et que les non-partisans sont Leaucoup plus nomlireux que les partisans. Est-ce à dire que les premiers ont raison? L’expérience semble répondre affirmative- ment. Faisons toutefois remarquer que la ques- tion n’a jamais été examinée d’une ma- nière générale et sérieuse ; au contraire, elle a presque toujours été restreinte à deux genres d’arbres. Poiriers et Pommiers, et toujours aussi sur une très petite échelle; d’autre part, en ce qui concerne l’obten- tion, l’on n’a jamais guère envisagé qu’un mode de multiplication, le bouturage, ce qui nous paraît insuffisant pour résoudre la question. Il est un point sur lequel on ne s’entend guère et qui pourtant a bien son impor- tance : Qu’entend-on par francs de pied? Pour nous, il n’y a qu’un mode, qui est ce- lui où la greffe et le semis sont exclus, où par conséquent l’arbre vit sur son propre fonds, soit qu’il provienne de bouture, soit au contraire qu’il ait été obtenu par cou- chage. Faisons aussi observer qu’il ne s’agit que des sortes fruitières qu’on est dans l’habi- tude de multiplier par la greffe ou par le semis, modes qui, ici, nous le répétons, doivent être- exclus, tels par exemple que Poiriers, Pommiers, Cerisiers, Abricotiers, Pruniers, etc., et non des Vignes, des Goi- gnassiers ou des Figuiers, qui se multi- plient presque toujours par ce moyen. Faisons également remarquer que beau- coup de gens appellent francs de pied des sujets qui en réalité n’en sont pas, par exemple des sortes qui, ayant été greffées sur racines, puis plantées, ont elles-mêmes émis des racines. Ces plantes, que l’on dit franches de pied, sont en réalité des in- termédiaires ou mixtes et, comme telles, doivent posséder des propriétés particu- lières que ne peuvent avoir les francs de pied issus de boutures ou de couchage. Dans le commerce, le fait de ces derniers (1) Il s’agit ici des sortes qu’on est dans l’habi- tude de multiplier par la greffe : Poiriers, Pom- miers, Pêchers, etc. est très commun. En voici un exemple; il nous est fourni par une correspondance de Pensylvanie, qui émane d’un grand éta- blissement d’horticulture de l’Amérique du Nord. Voici cette communication, que nous devons à l’obligeance de notre collaborateur M. Jean Sisley : Depuis très longtemps nous semons des graines d’arbres fruitiers. Quand, dans le nombre des semis, nous trouvons des plants qui, soit par leur port ou leur feuillage, paraissent différer du type, nous les transplantons dans une pépinière spéciale, dans l’espoir d’obtenir de nouvelles variétés méritantes. Les autres plants, qui ont environ 2/3 de centimètre de grosseur, sont pris pour en couper les racines destinées à la greffe. Chaque plant fournit généralement trois tronçons de racines, qui ont environ 12 à 15 centimètres de longueur. Sur ces tronçons nous greffons en fente des rameaux d’environ 15 à 20 centi- mètres de longueur. Les greffons sont liés aux tronçons de racines avec des liens cirés. Ces sujets greffés sont mis dans des boîtes qui en contiennent de un à deux mille. Ces boîtes sont remplies, soit de tannée en poudre, soit de sciure de bois un peu humide lors de l’emballage. Cette opération se fait habituellement en février et les sujets sont conservés dans les boîtes jusqu’à ce que le sol soit prêt pour la plantation, qui a lieu ordinairement en avril, quand les gelées ne sont plus à craindre, et ils végètent bientôt après si la saison est favorable ; la plupart même font de jolis arbres de 6 à 7 pieds de haut en trois ans, et le greffon qui a été enterré jusqu’à la moitié de sa longueur a émis des racines et est affranchi. On le voit, ce que l’on nomme ici franc de pied ne l’est pas, puisque ces plantes sont alimentées de deux côtés : d’une part par le sujet-racine, de l’autre, par les ra- cines qu’a développées le greffon. Dans ce cas, l’on comprend que le résultat soit autre que si l’on avait afhiire à un véritable franc de pied, c’est-à-dire à une plante obtenue par bouture ou par couchage. Ces faits précisent la question et mon- trent combien peuvent être différentes des choses que, presque toujours à tort, l’on considère comme identiques. Des principes si différents devant pro- duire des conséquences dissemblables, nous croyons donc bon d’établir des distinctions et de former des catégories auxquelles, sui- LES ARBRES FRUITIERS FRANCS DE PIED. 487 vaut les circonstances, on pourra recourir. Ainsi nous aurons trois sections de francs de pied : les francs de pied de semis, les francs de pied de bouture, les francs de pied de couchage, plus une section de mixtes ou intermédiaires, qui participent des francs de pied vrais et des grefles. Quelques mots maintenant sur chacune de ces catégories. Francs de pied de semis. — On nomme ainsi tous les sujets qu’on obtient de grai- nes, quelle que soit l’espèce. Ici l’usage ne peut être précisé, puisque, suivant le cas ou le besoin, ces francs peuvent servir de sujets ou être employés directement pour la production. Mais dans ce dernier cas on n’a aucune certitude du résultat, car suivant les espèces, on remarque parfois d’énormes écarts ; on trouve du médiocre, du bon, même du très-bon, mais parfois aussi du mauvais ; pourtant il est des essences que dans certaines localités l’on cultive presque toujours franches de pied ; tels sont les Pê- chers, en Espagne, et même dans le Midi de la France. Francs de pied de bouture. — Cette catégorie est très-rarement employée, bien qu’elle puisse présenter quelques avantages. Plusieurs fois on a recommandé et même essayé ce procédé, mais toujours les ré- sultats ont été mauvais, du moins en tant que réussite; nous-même n’avons pas été heureux dans les expériences que nous avons faites. Y a-t-il . un moyen à l’aide duquel on pourrait couramment multiplier les arbres fruitiers par boutures ainsi qu’on le fait pour la plupart des plantes d’orne- ment, et, si oui, y aurait- il avantage à le pratiquer ? La chose nous paraît douteuse, mais il faut encore essayer. Deux mots à ce sujet, pour indiquer en même temps ce qu’il faut entendre par le bouturage des arbres fruitiers et comment il faudrait le pratiquer : Prendre des bour- geons semi -aoûtés avec feuilles et les bou- turer sous cloche, sans chaleur de fond ; ou bien plus tard, à partir de septembre, cou- per des rameaux et les planter dans un sol approprié, c’est-à-dire ameubli et modifié par l’addition de composts spéciaux (terreau, terre de bruyère, sable, etc.) et y repiquer les boutures. Pour augmenter les chances de réussite, on pourrait laisser au bas du ra- meau-bouture un peu de vieux bois, de manière à avoir l’équivalent d’une crossette de Vigne. Dans ce dernier cas, on pour- rait également, au lieu de planter droit, coucher les boutures dans des sortes de ri- goles, en faisant seulement sortir l’extré- mité supérieure des boutures, qu’alors on tiendrait verticales à l’aide d’un tuteur. Quant aux soins, ils consistent en un paillis et des arrosages au besoin. Francs de pied par couchage. — La première chose à faire dans ce cas, c’est d’avoir des mères. Pour se procurer celles- ci, on pourrait greffer très-bas et même en- terrer un peu la greflè, de manière que les rameaux à coucher partent tout près du sol, ainsi du reste que cela se fait pour les mères en général. Quant à l’époque et au mode d’opérer, on pourrait, suivant l’espèce ou les conditions dans lesquelles on se trouve, coucher en herbacé ou en sec, avec ou sans incision, laisser les parties couchées un ou deux ans sans les relever, etc. C’est à chacun, suivant les conditions de sol ou de climat où il se trouve, ainsi que les espèces ou variétés qu’il veut multiplier, à prendre telles dispositions qu’il juge conve- nables. Les résultats varieront, et des soins semblables ou analogues pourront donner des résultats différents suivant l’espèce, la nature des parties employées et surtout les conditions de milieu ou de climat où l’on opère. Les sortes différentes pourront donner des résultats dissemblables, car cer- taines variétés pourront s’enraciner facile- ment, tandis qu’il en sera tout autrement de certaines autres. Francs de pied mixtes ou intermé- diaires. — Ceux-ci forment une section différente des précédentes et ne sont pas des francs de pied, dans le sens exact du mot, puisqu’ils tirent leur nourriture de deux sources : d’eux-mêmes, c’est-à-dire des racines qu’ils ont développées, et du sujet-racine sur lequel les greffons ont été placés. Ce procédé, très -fréquemment employé dans la pratique, donne des résultats assu- rés, comme réussite du moins. Il consiste à greffer les arbres ainsi qu’on le fait ordi- nairement, mais alors en prenant comme sujets des tronçons de racine sur lesquels on implante un greffon qu’on ligature et cire comme d’habitude. On plante soit au plantoir, soit à la houe, de manière que le sujet et la base du greffon se trouvent enterrés, et que ce dernier développe des racines, ce qui fait dire qu’il s’est af- franchi. Mais, si dans ce cas, le résultat est assuré en tant qu’opération, il est per- mis de douter qu’au point de vue physiolo- gique les résultats soient les mêmes. Pour résumer la question, nous rappel- 488 ABELIA RUPESTRIS GRANDIELORA. — PLANTATION DES OGNONS A FLEURS. lerons d’abord que par le mot franc de pied, appli([iié aux arbres fruitiers, nous comprenons ceux qu’on a faits par l)ou- tures ou par coiichag-e, et en général dans le but d’ol)tenir faire des arbres nains. A quoi ces arbres seraient-ils propres? Quelles seraient leurs propriétés ? Nous croyons (fu’ils seraient productifs, donneraient de lieaux et bons fruits et surtout qu’ils seraient propres à être cultivés en pots ou en caisses, à cause de la ténuité de leurs racines. Peut- être en serait-il de même pour la catégorie des arbres mixtes; toutefois pour ceux-ci peut-être conviendrait-il, avant la mise en pots, de leur faire [subir un remaniement, opération qui consiste dans l’enlèvement du sol et la replantation des arbres après en avoir coupé les grosses racines, ce qui mo- dère et modifie la végétation. E.-A. Carrière. AliEUA RUPESTRIS GRANDIFLORA Jj^Ahelia rupestris, Lindl., est un joli arbuste japonais, de la famille des Gaprifo- liacées, que l’on est peu habitué à rencon- trer sous le climat de Paris parce qu’il y est un peu délicat, qu’il gèle dans les hivers rigoureux. Une variété à fleurs blanches, mise au commerce par MM. Veitch sous le nom d’A. rupestris grandiflova alha, est moins répandue encore. Trois autres espèces, les A. unifiera, triflora et chinensis, sont rustiques dans la France moyenne. Mais nous voulons surtout parler ici d’une nouvelle forme de VA. rupestris, plus belle que toutes les autres, et que nous avons remarquée cet été dans les pépinières de MM. Rovelli frères, à Pallanza (Lac Ma- jeur). Obtenu de semis il y a quelques années, cet arbuste, que MM. Rovelli ont nommé A. rupestris grandiflora, se distingue par une vigueur plus grande que le type, des feuilles plus persis- tantes, ovales, dentées, d’un vert très- brillant, et de grandes fleurs tubuleuses en tube ouvert, odorantes, d’un blanc rosé, se succédant pendant toute la belle saison, en plein soleil. Nous avons vu des carrés entiers de ce liel arbuste, qui doit rendre les plus grands services pour l’ornementation des jardins et des parcs. On nous affirme qu’il est éga- lement plus rustique que l’espèce dont il est issu. Si ce fait se confirme, ce serait une acqui- sition de premier ordre. L’expérience est facile, et nous engageons nos lecteurs à la tenter, la plante étant déjà multipliée par les obtenteurs de manière à être livrée à très -bon marché. En supposant même que VA. rupestris grandiflora ne puisse supporter que les hivers de la région située au sud de la Loire et celles des côtes de Rretagne et de Normandie que baigne le Gulf Stream, ce serait encore une introduction digne d’être faite dans tous les jardins de cette zône. A Paris et plus au nord, il suffirait probablement de couvrir légèrement cet ar- buste aA’ec des feuilles au pied, et, s’il venait à geler, de le recéper au premier prin- temps. Sa culture est des plus simples ; tout ter- rain, surtout frais et profond, convient à cette variété, dont les rameaux, forts et nombreux, n’ont pas la gracilité de ceux du type. La multiplication se fait par boutures en sec ou même par semis, les graines étant fournies en abondance chaque année par les sujets. Dans ce dernier cas, on a chance d’obtenir de nouvelles formes, plus perfec- tionnées encore que la plante dont nous par- lons, dans le sens de la coloration plus rose des fleurs. Ed. André. PLANTATION DES OGNONS A FLEURS Voici l’époque où, en général, il convient de planter les Ognons à fleurs, quel que soit le mode de culture adopté, et même, à part peu d’exceptions, quelle que soit aussi l’espèce dont il s’agisse. Lors même qu’il est encore temps de planter au printemps, mais que l’on peut faire l’opération avant l’hiver, il y a toujours avantage à la faire, car pendant tout ce temps, les Ognons lais- sés à l’air s’affaiblissent, leurs tissus de- viennent mous et la floraison est toujours bien moins belle, si elle n’est pas com- promise. Plantation en ptleine terre. — On doit la faire dans un sol bien meuble, profond (excepté pour les Crocus, qui peuvent être PLANTATION DES OGNONS A FLEURS. 489 plantés presque à fleur du sol), consistant, bien labouré, et, autant que possible, fumé de vieille date, afin que le fumier, complè- tement disparu, soit parfaitement assimilé au sol. On plante les Ôgnons en ligne, à en- viron 20 centimètres les uns des autres. Autant qu’on le peut, aussi, il faut choisir ces ognons à peu près de même force, afin d’avoir une floraison régulière, sinon uni- forme. Quant au mode de placement des espèces et variétés, il est facultatif et doit être en rapport avec l’endroit ainsi qu’avec le goût, et surtout avec le résultat que l’on veut obtenir. Plantation pour le forçage. — On la fait en pots-godets, plutôt petits que grands. Une fois la plantation terminée, les pots se- ront enjaugés près à près, très-profondé- ment, de manière que les Ognons ne pous- sent pas, mais se gonflent et se nourrissent seulement, tout en développant des racines, mais non des feuilles. C’est là, dans cette sorte de pépinière souterraine, qu’on les prend au fur et à mesure du besoin, pour Fig. 118. — Vase pour Ognons à fleurs. les soumettre au forçage. Du reste, ce traite- ment ne se pratique guère que pour les Jacinthes qui, alors, restent relativement naines et trapues, tout en donnant une belle floraison. Plantation en vases. — Sous ce titre, nous comprenons deux catégories : les ca- rafes et les globes creux percés de trous (fig. 118 et 119). C’est généralement d’eau qu’on emplit les carafes, dans laquelle baigne la base de l’Ognon, lequel développe ses racines dans le liquide. Pour les vases, au contraire, on prend une bonne terre et l’on en met un lit sur lequel on place les Ognons dont le sommet correspond aux ouvertures par lesquelles sortent les tiges, puis on met de la terre et des Ognons jusqu’à ce que le vase soit complètement rempli. On fait arriver un ou plusieurs ognons à chaque ouverture en variant les espèces et variétés, de telle manière que l’on veut, afin d’obtenir le résultat cherché. Comme ces vases (carafes ou globes creux) sont toujours placés dans les appar- tements et en vue, il est nécessaire qu’ils soient, autant que possible, placés à la lu- mière, afin que les plantes ne s’étiolent pas, qu’elles fleurissent bien et que leurs coloris soient francs et vifs. On doit aussi veiller à Fig. 119. — Le même planté en Crocus, portant une Jacinthe au sommet. ce que la direction des plantes soit bonne et régulière, ce que l’on obtient en tournant les vases de temps à autre, afin que toutes les parties soient successivement exposées à l’action de la lumière. Dans les carafes ou vases remplis d’eau, on devra remplacer celle-ci au fur et à mesure de son absorp- tion. Contrairement à une opinion assez généralement admise, il n’est pas néces- saire de renouveler l’eau, il suffit de remplir les vases. Tous les Ognons plantés en pots pour y fleurir naturellement, c’est-à-dire sans être forcés, seront plantés dans un sol riche et consistant et arrosés de manière que, sans 490 LE BAMBUSA GRACILIS DES HORTICULTEURS. être trop humide, la terre ne soit jamais sèclie. Autant qu’on le pourra, il faudra faire en sorte que les plantes soient le plus possible rapprochées du jour. Dans le cas où l’on voudrait en avancer la floraison, on pourrait y parvenir en soumettant les plantes à une température plus élevée, et alors les arrosages devraient être en rapport avec celle-ci. Dans ce cas, les pots ou vases de- vraient être tournés de temps à autre afin que la végétation s’exerce régulièrement. Il y a des formes de vases différentes et de grandeurs diverses pour mettre les Ognons à fleurs. On en trouve maintenant chez les principaux marchands d’Ognons à fleurs et chez quelques faïenciers. E.-A. Carrière. LE 1ÎAMI5USA GRACILIS DES IIORTICLLTEURS De toutes les espèces de Bambou cultivées à la pleine terre pour l’ornementation des jardins paysagers, le Bamhusa gracilis est certainement une de celles dont le port et l’élégance offrent le plus d’attraits ; lorsque ses longs et flexibles chaumes se déve- loppent, ils forment d’abord une immense gerbe de simples baguettes à peine feuillées, se couvrant l’année suivante d’un élégant et léger feuillage qui les oblige à s’incliner gracieusement vers le sol ; la moindre brise le fait balancer dans tous les sens et lui donne l’aspect pittoresque qui le fait re- chercher des amateurs de plantes à grand effet pour la décoration des pelouses, et sur- tout des environs des bassins et du bord des cours d’eau. Jusqu’à présent, cette plante, qui n’avait pas encore montré ses fleurs dans nos cli- mats, n’était que très-imparfaitement con- nue et a toujours été considérée comme une espèce appartenant au genre Bambou ; mais sa floraison, qui vient d’avoir lieu cette année sur plusieurs points de la France, nous a permis d’étudier ses caractères et de constater qu’elle appartient à un genre voisin de celui dans lequel elle avait été placée primitivement, c’est-à-dire au genre Arundinaria, qui n’est représenté dans nos cultures de pleine terre que par V Arun- dinaria falcata, Nees. Le port et le fades de ces deux espèces ont bien l’aspect des véritables Bambous, dont ils ne diffèrent botaniquement que par le nombre des étamines, qui sont de trois et courtes dans le genre Arundina- ria, tandis qu’elles sont au nombre de six et longues dans le genre Bamhusa. Au point de vue horticole, ces différences sont à peu près insignifiantes ; mais comme elles n’ont jamais été bien définies, que nous sachions du moins, nous profitons de cette circonstance pour mettre l’espèce qui nous occupe à sa véritable place. Voici la description que nous en avons faite : Inflorescence divariquée, composée d’é- pi llets portés par les ramilles fasciculées, partant des nodosités du chaume. Pédicelle placé à l’aisselle d’une ou de plusieurs bractées membraneuses, striées longitudi- nalement, aiguës au sommet. Épillets com- primés, hi ou plus rarement triflores. Fleurs distiques et écartées, composées de glumes petites, membraneuses, concaves, coriaces, lancéolées, la supérieure plus petite et plus courte que l’inférieure. Glumelles presque égales, multinervées , violacées, concaves, mutiques. Glumellules au nombre de 3, très-petites, arrondies, scarieuses, légèrement ciliées au sommet. Étamines 3, hypogynes, libres, à fdets filiformes, pen- dants. Anthères biloculaires, s’ouvrant au sommet. Ovaire libre, sessile, glabre, uni- locidaire, surmonté de 2 stigmates plumeux. Caryopse ovoïde, oblong, terminé en pointe au sommet, un peu convexe sur le dos, muni d’un étroit sillon à la face interne et enveloppé par les glumelles. Les caractères que nous A'enons d’énu- mérer sont ceux décrits par les différents auteurs et qui s’appliquent parfaitement au Bamhusa gracilis, en le plaçant toutefois dans le genre Arundinaria, dont les carac- tères spécifiques sont les suivants : Plante à souche épaisse, cespiteuse, don- nant naissance à des chaumes buisson- nants, ligneux, grêles, fistideux, lisses, noueux, atteignant 3 à 4 mètres de hauteur, d’un vert glaucescent, portant à l’un des côtés de chaque nœud un faisceau de petites ramilles inégales en longueur, également noueuses et flexueuses. Feuilles caulinaires réduites à une simple gaine membraneuse, appliquée, velue, caduque, aphylle dans la partie inférieure du chaume, munie d’un limbe sessile, étroit, linéaire, mollement contourné sur lui-même et devenant plus grand à mesure qu’il approche du sommet, tombant avant la gaine. Feuilles raméales alternes, distiques, engainantes à la base, à limbe brièA'ement pétiolulé, linéaires, lan- céolées, aiguës. Ligule appliquée, membra- neuse, très-courte, tronquée. Graines mû- rissant plus tard que celles de XA. falcata. LE BAMBUSA. GRACILIS DES HORTICULTEURS. 491 Cette description nous montre que le B. (jracilis a heaucoup plus de rapports avec le genre Ariindinaria qu’avec le genre Bam- busa; sa souche cespiteuse, ses feuilles, ses fleurs et son port en général le rap- prochent heaucoup de VA. falcata, dont il n’est peut-être qu’une variété qui en diffère par ses chaumes plus grêles,- plus flexueux, et par leur couleur glaucescente, ainsi que par ses ramilles beaucoup plus allongées et moins raides, par ses gaines inférieures plus allongées et son feuillage d’un vert moins clair, enfin par son fruit muni d’un sillon heaucoup moins profond. Sous notre climat, le Bamhusa gracilis, Hort., Arundinaria graciUs, Noh., perd aussi ses feuilles et le sommet de ses chaumes en hiver. Il présente aussi à peu près le même phénomène de synchronisme dans son mode de floraison , car tous les sujets que nous possédons aux environs de Brest ont montré des fleurs cette année et le même phénomène s’est reproduit à Lan- derneau, Quimper, à Vertou, près Nantes, à Luçon, à Gatras, près Bordeaux, et au jardin botanique de cette ville, à Hyères et au Golfe- Juan, ce qui peut faire supposer que tous ces exemplaires proviennent d’un même sujet. Beste à savoir s’ils péri- ront tous comme VA. falcata l’a fait en 1876 ; mais là n’est pas la question ; cer- taines espèces d’un même genre peuvent fructifier et périr ensuite, tandis que d’au- tres peuvent fructifier et continuer à vivre ainsi que le fait le Bamhusa Metake. Geci est une affaire de durée ; ce que nous cher- chons ici, c’est la place que scientifique- ment doit occuper le Bamhusa gracilis, qui, selon nous, appartient au genre Arun- dinaria. Nous avons cependant vu dernièrement, dans le jardin de M. Ghatélier, à Nantes, deux B. gracilis qui ne montraient aucune apparence de floraison. Leur propriétaire n’a pu nous en dire l’origine ; mais s’ils proviennent de la même source que tous ceux que nous citons, il est évident que cette plante n’est pas monocarpienne, ce qui prouverait que ce n’est pas une variété de V Arundinaria falcata, mais bien une es- pèce particulière, ou bien encore que ces deux exemplaires viennent d’un autre sujet, introduit en même temps que le sujet qui a produit tous ceux qui ont fleuri cette année dans l’ouest et le midi de la France. IV Arundinaria gracilis est originaire de la Ghine, d’où il fut apporté au Jardin d’acclimatation vers 1865, par M. J. Gloquet, ce qui indique qu’il lui faut un climat à la fois doux et humide, comme ceux de nos départements de l’ouest et du midi de la F rance. Il prospère très-bien dans les terrains granitiques, dont le sol est léger, sablonneux et profond. Pour jouir de toute sa splendeur, il faut le planter iso- lément, soit sur une pelouse, ou dans les environs d’un bassin, d’une grotte, sur le bord d’une rivière, etc., dans un terrain bien défoncé et préparé à l’avance par l’ap- port de gazon, terreau et vieille terre de bruyère si la terre du sol était trop com- pacte. Dans le centre et l’est de la France, il faudra le planter à mi-ombre dans l’en- droit le plus frais du jardin, couvrir le pied de litière ou de feuilles sèches pendant les froids, et avoir soin d’entourer ses chaumes d’un paillasson pour le préserver des givres et verglas qui lui sont funestes. Lorsque les gelées ne sont plus à craindre, on retire l’abri, on nettoie la plante et l’on ne coupe le sommet des chaumes gelés que lorsque les nouveaux bourgeons commencent à pa- raître, après quoi il ne demande que de copieux arrosements pendant les grandes sécheresses. On peut aussi et même très- avantageusement le cultiver pour la décora- tion des jardins d’hiver, où il conserve ses feuilles toute l’année. Jusqu’ici sa multiplication ne s’est faite que par la division des touffes, qu’on cultive comme la plante-mère. Mais maintenant qu’il a montré des fleurs, peut-être don- nera-t-il des graines, qu’on aura soin de pré- server des oiseaux, qui en sont très-avides. Alors, on pourra le multiplier par semis qui devra se faire comme ceux de l’A. falcata, en terrines ou en pots bien drainés, dans de la terre de bruyère tenue modéré- ment humide et qu’on placera en serre tempérée ou sous châssis. Ges graines, qui doivent être semées aussitôt la maturité, commencent à lever au printemps suivant ; dès que les plants ont atteint 4 à 5 centi- mètres de hauteur, on les repique en godets qu’on replace sous châssis pour faciliter la reprise ; on les rempote dès que les racines tapissent le godet et on les met à l’air libre, en ayant soin d’enterrer les pots. L’hiver suivant, on les rentre en serre pour les préserver du froid, et, la deuxième année, on les livre à la pleine terre. Le semis sera peut-être un moyen d’ob- tenir des plantes plus vigoureuses et plus rustiques que celles obtenues par la division des toufies, ce qui est possible et serait très-avantageux. Blanchard. 492 PIOCHE HÂTIVE LEPÈRE. — SOPHRONITIS GRANDIFLORA AURANTIACA. PÊCHE HÂTIVE LEPÈRE Arbre très-vigoureux et excessivement productif. Rameaux relativement faibles, par conséquent très-propres à la fructifica- tion. Feuilles de grandeur moyenne ou même petites, non glanduleuses, brusque- ment atténuées à la base, à limbe ordinai- rement plissé-bullé le long de la nervure médiane. Fleurs rosacées, très-grandes, rappelant celles de la Grosse-Mignonne. Fruit sphérique, un peu déprimé, non mu- croné, légèrement aplati, arrondi au som- met, dépourvu de mamelon, parfois un peu inéquilatéral et alors le sillon étant un peu plus prononcé et plus large, mais ja- mais profond. Parfois aussi, au lieu d’être uni, le fruit est légèrement bosselé. Cavité pédonculaire peu profonde, arrondie. Peau très-courtement duveteuse, se détachant bien de la chair, rouge sombre, noirâtre sur les parties fortement insolées, d’un rose doux nuancé, et comme sablé pointillé de rose vineux sur toutes les autres parties. Chair fondante, non adhérente, blanche, rouge autour du noyau ; eau abondante, su- crée, finement et agréablement parfumée. Noyau petit, oblong, roux très-foncé, atté- nué vers la base, qui est largement tronquée, très-courtement et finement mucronulé, à surface largement sillonnée. Maturité à partir de la première quinzaine d’août. Le Pêcher Hâtive Lepëre a été obtenu par M. Alexis Lepère fils, arboriculteur, à Montreuil, d’un noyau de Grosse-Mignonne hâtive, dont cette variété a tous les carac- tères généraux : fertilité et vigueur de l’arbre, qualité et beauté des fruits. Comme cette dernière variété aussi, le Pêcher Hâtive Lepère a l’avantage de prolonger long- temps la maturité des fruits, de sorte qu’un seul arbre peut donner des fruits murs pen- dant un mois. Toutefois il présente cet avan- tage sur la Grosse-Migno7ine hâtive de com- mencer à miirir un peu plus tôt et de venir combler une lacune qui existe entre les Pêches hâtives proprement dites et les Pêches (( de saison », désignées dans la pra- tique par la qualification générale Pêches de Montreuil. Cette variété sera mise au commerce à l’automne prochain par M. Georges Bou- cher, horticulteur-pépiniériste, 164, avenue d’Italie, à Paris. E.-A. Carrière. SOPHRONITIS GRANDIFLORA AURANTIACA ODONTOGLOSSUM ROSSII MAJUS Les deux plantes figurées ci-contre sont ravissantes, et si la vigueur semble leur avoir été refusée, en revanche elles possèdent la grâce et la beauté qui, lorsqu’il s’agit d’ornementation, passent avant toute autre considération. Le genre Sophro7iitis a été établi par Lindley, pour des plantes brésiliennes, très- naines, presque couchées, qui vivent à l’état d’épiphytes soit sur les arbres, soit sur des rochers. Si ces plantes sont petites et peu apparentes par leur stature qui sem- ble les dérober aux regards, il n’en est pas de même de la grandeur et de l’éclat de leurs fleurs, qui, au contraire, en décèlent la présence et les font remarquer du voya- geur. Bien que ce genre renferme plusieurs es- pèces, toutes ces plantes ont un aspect ana- logue et ont des fleurs de couleurs plus ou moins foncées qui varient du rose pâle au rouge sang ou même violacé, ce qui leur a fait donner des qualificatifs différents. La variété am^antiaca, représentée ci- contre, s’est trouvée dans un lot d’impor- tation acheté par M. Truffaut, horticul- teur à Versailles. En voici une description sommaire : Pseudobulbes ovoïdes, très-comprimés, parfois légèrement cylindriques, plus ou moins tronqués au sommet, qui est unifolié. Feuilles ovales, plus ou moins allongées. Fleurs relativement très-grandes, planes, bien ouvertes, d’un très-beau rouge orange foncé. Cette variété est relativement vigou- reuse. Odo7itoglossum Rossii majus, var. — Nous sommes loin du temps où l’on croyait aux types absolus, surtout en ce qui con- cerne certains genres d’Orchidées. Au point de vue de la variation, il n’en est probable- ment aucun qui varie plus que le genre Odontoglossum. Dans ce genre on pourrait presque affirmer qu’il n’y a pas deux pieds absolument identiques, à moins qu’ils pro- viennent d’éclats des mêmes souches. Aussi Rctnic Jlorhcole . » .cliâi,. G. SecGreÿïu / 0(/onlo(jlossuni /loss/i j/ui^us 2. Sop/u'Ofulis (ira/K/i^Jo/'d auf‘(ni(i((C(i QUAND FAUT-IL TAILLER LES ARBRES FRUITIERS? 493 n’y a-t-il guère que les plantes que l’on a vues fleurir dont on puisse garantir les ca- ractères. La variété que nous reproduisons ci-contre fournit encore une preuve de ce que nous venons de dire en ce qui concerne la variabilité. En voici les caractères géné- raux : Plante relativement vigoureuse, à port, faciès et végétation analogues à ceux du type. Pseudobulbes très -comprimés, unifo- liés. Inflorescence uni, bi, ou triflore, par- tant de la base et sur le côté du pseudo- bulbe. Fleurs relativement très-grandes, à divisions externes fortement maculées de roux marron, acuminées -aiguës, les internes plus larges d’un rose doux magenta beaucoup plus foncé et comme velouté, diversement nuancé. De l’ensemble de ces couleurs, qui se font une liarmonique opposition tout en se confondant, résultent les plus heureux contrastes. Comme le Sophronitis aurantiaca, VO- dontoglossum Uossii majus, var., repré- senté ci -contre, est également une im- portation directe faite par M. Truffault, et comme presque toutes leurs congénères, ces deux plantes restent en fleurs pendant très-longtemps. E.-A. Carrière. QUAND FAUT-IL TAILLER LES ARBRES FRUITIERS? Quelle est l’époque où il convient de tailler les arbres fruitiers ? Cette question est complexe : elle est relati\'e à l’espèce d’arbres dont il s’agit, à la vigueur des sujets et surtout au climat sous lequel on est placé. Afin de la simplifier et de préciser je ferai d’abord observer qu’il s’agit ici d’arbres fruitiers acclimatés : Poiriers, Pommiers, Vignes, etc., et, comme climat, de celui du centre de la France, bien que, au point de vue de la taille des arbres, toutes les parties de la France puissent être considérées comme à peu près identiques. Je vais donc commencer par réfuter cette idée assez généralement admise, que « les arbres taillés avant l’hiver sont suscep- tibles de geler », idée qui est fausse. On avait cru — et certains auteurs le répètent encore — que sinon toute la coursonne, du moins l’œil qui la termine est, par suite de sa posi- tion, souvent détruit par la gelée si l’on taille avant l’hiver ; de là la recommandation de (( faire la coupe à une certaine distance de l’œil ». Eh bien, non, cela n’a pas lieu même chez la Vigne, dont, pourtant, le bois est spongieux. A la rigueur, cependant, on peut sur les bois tendres, mous, ou impar- faitement lignifiés, laisser une petite por- tion du bourgeon au-dessus de l’œil qu’il dépasse, lequel alors devient terminal et est souvent appelé œil combiné par cette raison qu’il a été choisi — il y a donc eu combinai- son — pour remplir un rôle d’avance. Je dois aussi, afin d’éviter tout malentendu, préciser la nature des arbres et dire que ceux auxquels on peut appliquer le traite- ment dont je parle sont ceux que comportent nos vergers : Pommiers, Poiriers, Cerisiers, Pruniers, Vignes. Puisque les rameaux ne gèlent pas plus lorsqu’ils sont taillés que lorsqu’ils sont entiers, il n’y a donc pas d’inconvénient à tailler avant l’hiver; c’est le contraire qui est vrai et je vais en indiquer les raisons. La principale, qui seule serait suffisante pour que l’on opérât avant l’hiver ou au moins pendant le cours de celui- ci est que, à ces moments de l’année, l’on est peu pressé, que l’on n’a pas beaucoup à faire et encore que les travaux peuvent généralement être ajournés, tandis que c’est le contraire au printemps où, comme l’on dit, on ne sait souvent de quel côté donner de la tête. Cependant et bien que l’on ne puisse fixer l’époque où il convient de commencer à tailler, on peut néanmoins poser comme règle générale que le plus tôt est le meilleur, et que sans inconvénient l’on peut tailler aussitôt après la chute des feuilles. Toutefois il y a bien quelques exceptions, par exemple lorsqu’on a affaire à des espèces ou variétés très-vigoureuses, rebelles à la fructification, que, par conséquent, l’on veut affaiblir par la taille ; dans ce cas on opère inverse- ment, c’est-à-dire que l’on taille très-tard, lorsque la végétation est « partie », afin de perdre beaucoup de sève. De plus, on choisit pour asseoir la taille des parties faibles qui, alors, ne prennent presque plus de développement cette même année et qui généralement changent de nature et se transforment en productions fruitières. Autrefois aussi, et pour des raisons con- traires à celles qui viennent d’être indiquées, on recommandait de tailler tardivement les sujets faibles ; aujourd’hui, tout en mainte- nant le principe, on ne taille pas ou l’on ne 494 LES BOUQUETS D’IIIVER. taille que très-peu ces arbres faibles et on leur enlève surtout les parties disposées à fructifier en laissant, au contraire, entières celles dites « à bois », qui, destinées à pro- duire des feuilles, exciteront la végétation au lieu de Tatlaiblir. On pourra aussi, pour augmenter la vigueur et favoriser le déve- loppement d’organes foliacés, supprimer les fruits aussitôt la floraison terminée, sup- pression qui déterminera une réaction dont le résultat sera la production de bourgeons. Carrelet. LES BOUQUETS D’HIVER Sous ce titre, les Bouquets d’hiver, nous comprenons rornementation interne des habitations pendant la saison d’hiver, autre qu’avec des végétaux vivants, c’est-à-dire l’ornementation faite à l’aide de branchages feuillés ou de plantes traitées ou conservées pour cet usage. Considéré dans son ensemble, ce mode comprend deux séries : Les plantes sèches, qui sont généralement des Grami- nées; 2® les branches d’arbres ou d’arbustes à feuilles persistantes, telles que Fusains du Japon (variétés à feuilles vertes ou pana- chées), Buis, Alaternes, Chênes verts, Maho- nias. Buisson ardent (avec ou sans fruit), Houx divers. Petit Houx fragon, etc., etc. Quant aux Graminées , les plus géné- ralement employées sont les Gynérium, Eidalia, Panieum, Aira, Briza , Bro- mus, etc.; on peut même y faire entrer diverses céréales : Blé, Orge, Seigle, Avoine, etc., surtout s’il s’agit de Bouquets volumi- neux ou agrestes. Ajoutons encore, parmi les plantes sèches autres que les Graminées, les quelques genres dont les fleurs, d’une nature sèche et papyracée, conservent leur couleur; telles sont les Immortelles {Heli- chrysum), Rhodantbes, etc., ou les espèces voisines de ce même groupe. Outre que les Graminées, on peut aussi employer les tiges de Lunaria annua munies de leurs fruits, mais dont on a enlevé les enveloppes ex- ternes, de manière à ne conserver que la partie interne, qui est des plus brillantes, et qui, alors, conserve un aspect métallique. Il va de soi que les espèces que nous venons d’énumérer ne sont pas les seules que l’on peut faire servir à la confection des Bouquets d’hiver : toutes celles dont le feuil- lage est léger ou élégant ou qui présentent des particularités originales, de même que celles à rameaux nombreux et ténus qui conservent la couleur verte, telles que les Genêts, par exemple, pourront toujours trouver place dans la composition des Bou- quets d’hiver. Les Conifères, aussi, surtout les Picéas, avec ou sans cônes, pourront également y être associés, parfois même avec avantage. Lorsqu’il sera possible d’avoir des branches chargées de fruits, avec ou sans feuilles, telles que celles de Houx, de Buscus, de Buisson ardent, etc., la chose n’en vaudra que mieux. Des rameaux longs et pleureurs, d’es- pèces à feuilles persistantes, telles que les Lierres et surtout les Smilax, pourront aussi être employés avec avantage en donnant aux Bouquets un caractère d’originalité qui atténue un peu la dureté et la raideur que conservent toujours cette sorte de Bouquets. Des feuilles de certaines espèces de Fou- gères, vertes ou conservées, pourront aussi être employées pour relever l’ensemble des Bouquets et leur donner de la légèreté, ce qui est de la plus haute importance dans les Bouquets, en général, mais surtout dans ceux confectionnés en grande partie par des branchages. Ces Bouquets doivent être lâches et comme présentant un certain ca- chet d’abandon qui est un des principaux attributs de l’originalité. Quelques fleurs, placées çà et là, pourront aussi contribuer à la beauté du tout, mais il en faudra peu et placées de manière à ne pas effacer le cachet général que doivent présenter ces sortes de Bouquets. Mais ce qu’il faut éviter avec soin, ce sont les fleurs artificielles ou les plantes teintes (panaches de Gynérium ou d’autres Grami- nées) ; car, outre que c’est toujours « criard » et de mauvais goût, cela fait disparaître l’o- riginalité et surtout l’aspect pittoresque et naturel que doivent toujours présenter ces sortes d’ornementation. Quant à l’arrangement des plantes ainsi qu’à la forme à donner aux Bouquets, il n’y a rien d’absolu ; ce sont des choses rela- tives, en rapport avec le goût et les circons- tances que l’on ne peut prévoir, qui, par conséquent, relèvent absolument de la pra- tique. E.-A. Carrière. ORNEMENTATION FLORALE : LES PÉLARGONIUMS ZONALES ET LES BÉGONIAS TUBÉREUX. ^.95 ORNEMENTATION ELORALE LES PÉLARGONIUMS ZONALES ET LES BÉGONIAS TUBÉREUX DANS LA DÉCORATION DES JARDINS Lorsqu’il s’agit d’orner un jardin de ma- nière qu’il soit bien fleuri pendant toute la belle saison, et que les corbeilles, diverse- ment nuancées, charment la vue, les Pélar- goniums zonales sont, dans ce cas, les plantes qui, assurément, doivent jouer le principal rôle; aucun autre genre de plante ne peut les remplacer du mois de juin au mois d’août, et il est incontestable que, pour cette saison, il n’en est pas qui puisse surpasser les Pélargoniums Victor Hugo, Paul-Louis Courier, P. Victor Millot, Madame Thibaut^ Comtesse des Cars, Bijou, Mac-Mahon, Mistress Pollock, etc. Toutes ces variétés qui, avec raison, sont aujourd’hui très-recherchées, peuvent ser- vir, suivant leur emploi, à des effets et des contrastes divers, mais tous incontestable- ment beaux. Faisons toutefois remarquer que les Pé- largoniums, qui aiment la chaleur et le soleil, redoutent la pluie et l’humidité ; aussi arrive-t-il souvent qu’ils perdent leur mérite et leur beauté dès le 15 août, si la saison devient pluvieuse, ce qui est encore arrivé cette année. Alors, les fleurs pour- rissent et s’annulent, les feuillages, dans les endroits un peu ombragés ou humides, se tachent, et si, après avoir coupé les bou- tures qui doivent servir à la multiplication, on nettoye tout ce qui est avarié, ces plantes, qui formaient le fond principal de la déco- ration des jardins, n’offrent plus aucun attrait pour le reste de la saison. Chacun sait donc que, à partir du sep- tembre, il n’y a plus à compter sur la florai- son des Pélargoniums zonales, et cependant que dans certaines années, à moins de ge- lées précoces, on peut jouir encore, jusqu’au 15 octobre, de la décoration des jardins. C’est effectivement à cette époque que toutes les plantes à feuillages sont dans tout leur éclat, que les massifs à mosaïculture, les Musas, lesCaladiums,les Cannas, les Coléus, les Achyranthes, les Alternantheras, etc., atteignent le maximum de leur développe- ment ou la vivacité de leur coloris. C’est également à ce moment, oû la floraison des Bégonias sous-ligneux et tubéreux a ac- quis leur plus ravissante fraîcheur et sont dans toute leur beauté que, seuls, les Pé- largoniums, qui en étaient le bel ornement dans les mois précédents font alors tache sur ce charmant ensemble; aussi engageons- nous les amateurs à ne pas hésiter de les supprimer dès le 15 août pour les rempla- cer par des Bégonias tubéreux. C’est ce que nous faisons avec un grand succès depuis quelques années. Aujourd’hui que des améliorations con- sidérables ont été faites dans les diverses races de ces Bégonias, en les hybridant entre elles, contrairement aux types primitifs, dont les fleurs retombantes se cachaient parmi les feuillages, tels que les B. boli- viensis, B. intermedia, que l’on en a ob- tenu et qui se tiennent bien, dont les fleurs érigées et parfaites de forme atteignent jus- qu’à 16 et même 18 centimètres de dia- mètre, à pédoncules gros et raides, et dont les coloris varient du blanc au rouge foncé, en passant par tous les intermédiaires, pour obtenir tous les contrastes, combiner et créer toutes les oppositions dont on a besoin, on n’a réellement que l’embarras du choix des variétés. Pour obtenir ce résultat, c’est-à-dire pour avoir un jardin dont la décoration reste belle et fraîche jusqu’aux premières gelées, il s’agit tout simplement de réserver quel- ques planches de terrain dans un endroit quelconque du jardin. Ces plantes, du reste, ne sont pas bien encombrantes, et il suffit d’un écartement de 15 à 20 centimètres pour que les plantes acquièrent la force né- cessaire. Ces Bégonias demandent une terre légère et sablonneuse, et nous conseillons à ceux qui n’ont qu’un sol calcaire ou argi- leux de faire quelques améliorations indis- pensables pour assurer le succès de cette culture. Grâce à nos types perfectionnés, on ob- tient, par les graines épurées, des plantes dont les couleurs varient peu, de sorte que même avant la floraison, on peut disposer les nuances d’après les effets que l’on dé- sire. Pour conserver les formes et les couleurs, on rentre les porte-graines en serre, en ayant soin de féconder chaque plante par elle-même, de façon à bien fixer les nuances. Nous semons les graines vers la fin du 496 OLEARIA. IIASTII. mois de janvier OU la première quinzaine de février, soit en terrines qu(^nous plaçons riiiver sur les tablettes d’une serre chaude dont la température varie entre 15 à 20 de- grés centigrades, soit sous des châssis chauds en pleine terre de bruyère mélangée d’un tiers de terre siliceuse. Dès que les plants ont une feuille au-dessus des cotylédons, on les repique en terrines, pour les remettre plus tard sous châssis en pépinière, où ils restent jusqu’au commencement du mois de juin, époque où on les met en planches, en ayant soin de les omljrer avec des toiles pendant quelque temps pour aider à la re- prise. La dernière des deux méthodes que nous indiquons pour faire les semences réussit parfaitement et offre un avantage réel aux horticulteurs qui ne possèdent pas de serre chaude. Eug. V aller and. OLEARIA IIASTII Bien que plusieurs fois déjà la Revue horticole ait parlé àeV Olearia Ilastii, cette espèce est si peu connue et peut rendre de si grands services à l’horticulture que nous croyons devoir en donner une descrip- tion. Originaire de la Nouvelle-Zélande, l’O- learia Hastii, Masters, a été — et est même encore par beaucoup de gens — con- sidéré comme une plante de serre, ce qui est un tort. En effet, cette espèce est rustique, même sous le climat de la Belgique, ainsi que le démontre le passage suivant d’une lettre que nous adressait notre collabora- teur M. Delaharrière, jardinier en chef au château de Laeken, près Bruxelles. J’ai vu dans le numéro du 16 août de la Revue horticole, nous écrivait M. Delabar- rière, que, dans les présentations qui ont été faites à la séance du 23 juillet dernier à la Société nationale et centrale d’horticulture, M. Delaville, marchand grainier à Paris, avait présenté quatre pieds en pots , bien fleuris, de VOlearia Hastii. Beaucoup de pieds de cet arbuste ont été plantés par moi dans les massifs du parc public de Laeken (Belgique), à l’automne 1879 et au printemps 1880. Cet arbuste a donc supporté les hivers 1879-1880 et 1880-81, dont le dernier a été presque aussi rigoureux, en Belgique, que le premier. VOlearia Hastii m’a été fourni par M. Van Geert, horticulteur à Anvers, et provenant de sa pépinière d’expérience située à Calmpthout, dans la Gampine Anverscise, près de la fron- tière hollandaise, et sur le sommet des deux versants de l’Escaut et de la Meuse, qui sont les endroits les plus froids de cette province. Désirant vous faire constater de visu un spé- cimen de cette plante, je vous en adresse une branche, prise dans ledit parc public de Laeken. J’ajoute que cette branche, qui a été coupée à plus de 30 centimètres de terre, est à peine le huitième du pied dont elle provient, lequel est planté dans un massif, à même le sol, et sans qu’il ait subi aucune préparation, ce qui fait supposer que plantée dans de bonnes con- ditions, cette espèce pourrait atteindre de plus grandes proportions.... On le voit, VOlearia Hastii est bien rus- tique ; il peut et doit être planté dans les mas- sifs comme arbuste d’ornement, où, par son feuillage persistant et surtout par ses innom- brables fleurs blanches qui se succèdent pendant plus de deux mois (de juin à sep- tembre), il produira un très-bel effet. Voici quels sont ses principaux caractères : Arbrisseau buissonneux, compact, très- rameux. Rameaux dressés alternes, à écorce d’abord glauque blanchâtre, comme velue, bientôt gris - rugueux, fendillée. Feuilles persistantes, très-rapprochées, petites, ellip- tiques, buxiformes, épaisses, coriaces, très- entières, d’un vert gris en dessus, glauques argentées et brillantes en dessous. Fleurs très - nombreuses réunies en panicules courtes ou sortes d’ombelles à l’extrémité des rameaux s’épanouissant de juillet à sep- tembre. V Olearia Hastii est une Composée-Asté- roïdée, très-voisine des Eurijhia ou « Asters en arbre ». On le multiplie par semis, bou- tures, couchages et par greffes. Les semis se font soit au printemps, soit à l’automne, aussitôt que les graines sont récoltées. Quant aux boutures, on les fait sous cloche avec du jeune bois semi-aoûté, en terre de bruyère, soit en pots ou en terrines, soit en pleine terre. Si les plantes ont poussé en serre, on prend des bourgeons herbacés que l’on place sous cloche dans la serre à boutures. E.-A. Carrière. BIBLIOGRAPHIE. 497 mBLlOGMl'IlIE Les mois aux champs^ par M. G. de Cher- ville, Paris, librairie du Temps. — Un pareil livre ne s’analyse pas ; il faut le lire. C’est l’œuvre du « gentilhomme campagnard » par excellence, doublé d’un écrivain de race. La plupart de nos lecteurs connaissent le mar- quis de Cherville , parce que son nom est populaire, et aussi parce que nous avons eu parfois la bonne fortune de le compter parmi nos collaborateurs de passage ; mais beaucoup ignorent que cet amant de la nature, ce chas- seur émérite, est aussi un agriculteur de bon conseil et un horticulteur passionné. Personne mieux que lui ne peut donc parler des choses de la campagne, qu’il connaît si bien et qu’il peint en maître. Les Mois aux champs., c’est-à-dire l’année entière qui se déroule sous nos yeux, avec sa physionomie gaie ou sévère, son renouveau et son déclin, jamais indifférente cependant pour l’observateur! Des brouillards de janvier aux neiges nouvelles de décembre, des roses du printemps à la veillée de Noël, que de ta- bleaux variés cet enchanteur fait passer sous nos yeux, dressant pour chaque saison le ca- lendrier du fermier et celui du chasseur, et n’oubliant pas l’anecdote joyeuse qui avive le récit! Pâques fleuries, la lune rousse, la fenai- son, la moisson, la lessive, le premier feu, les vendanges, la décoloration du feuillage, les derniers beaux jours, la cueillette du bois mort, le froid, la neige, le coin du feu, et pour chaque mois les préceptes de chasse et de pêche, tels sont les principaux sujets que ce livre traite avec une parfaite bonne humeur au service d’une compétence éprouvée. C’est le meilleur éloge que nous en puissions faire. L’adaptation au sol des Vignes améri- caines. — Notre collaborateur, M. Félix Sahut, dont nous avons autrefois analysé, dans ce re- cueil, le bon livre sur les Vignes américaines, vient de publier, sous le titre qui précède, une très-intéressante brochure. C’est le compte- rendu d’une conférence faite par lui au dernier- congrès viticole, à Bordeaux. L’auteur connaît à fond le sujet qu’il vient de traiter. Ses conclusions sont que, pour évi- ter des déboires dans la plantation des Vignes américaines, il faut étudier avec soin les varié- tés qui conviennent à tel ou tel terrain. Ainsi les Vignes Clinton et Concord., qui réussissent très-bien sur la côte est des États-Unis, ont dû être presque toutes arrachées du midi de la France, où elles ne valaient rien. Le Vitis ri- paria est parfois excellent, partout même il est le meilleur des porte-greffes, mais il lui faut, pour prospérer et durer, comme à la plu- part des cépages américains, un sol profond, perméable, siliceux et chargé d’oxyde de fer. Ces cépages finissent par dépérir dans les sols fortement argileux ou calcaires et pas assez ferrugineux. Dans ces terrains, il vaudra mieux essayer avec les Taylor, York’s Madeira et Jacquez. Le Solonis ira dans les terrains sa- lés, le rupestris dans les terrains secs et pier- reux, etc. Faites donc des expériences en vous basant sur ces données, tel est l’excellent conseil final donné par M. Sahut, qui est une grande auto- rité dans cette importante question. La jaunisse ou chlorose des Vignes. — Le même auteur s’est également occupé de la jau- nisse qui se produit avec persistance dans le Midi sur les cépages américains. Il a très-bien observé les causes de cette maladie et con- seille, pour la guérir ou l’atténuer, d’employer des moyens combinés qui se résument en ceci : arroser sur les feuilles avec une solution de sulfate de fer, et, au pied, avec une solution plus concentrée ; fumer énergiquement ; aug- menter le développement de la charpente de la souche ; greffer de bonne heure ; tuteurer le greffon et l’accompagner de quelques bour- geons d’appel pris sur le sujet. Pour les plan- tations nouvelles, planter dans les sols siliceux, ferrugineux, profonds et perméables ; éviter les terres marneuses, blanches, maigres ou imper- méables ; dans les sols de ce dernier genre, au besoin planter le Jacquez comme porte-greffe ; réserver les producteurs directs, comme les Othello, Canada, Brandt, Senasqua, Triumph pour les terrains riches et bien fumés ; préfé- rer, pour la plantation, les plants enracinés et greffés en pépinière. Nous recommandons les conclusions de M. Sahut aux méditations des viticulteurs. Les Cistinées de Portugal, par M. J. Da- veau. — Nous avons reçu de notre collabora- teur, M. J. Daveau, une brochure de 68 pages avec une carte des régions botaniques du Por- tugal, le tout constituant une importante addi- tion à la géographie botanique et à la déter- mination des espèces de la famille des Cistinées dans ce pays. On en compte aujourd’hui 44 es- pèces, dont 11 Cistus, 9 Halimium, 6 Tube- raria, 14 Helianthemum et 4 Fumana. Le travail de M. Daveau ajoute 10 espèces aux Cistinées jusque-là connues en Portugal: c’est une augmentation considérable. Indépendamment de l’intérêt purement bota- nique de cette étude, un autre point de vue, horticole celui-là, nous attache davantage. C’est celui qui se rapporte aux hybrides natu- rels du genre Cistus. Les expériences de MM. Thuret et Bornet, à Antibes, dont nous avons pu constater naguère les curieux résul- tats, avaient déjà montré ce que l’on pouvait attendre de ce genre. M. Daveau a observé, de son côté, une douzaine environ de ces hybrides à l’état spontané. La flore ornementale des jar- dins du Midi est appelée à bénéficier de ce nouveau contingent botanico-horticole. Ed. André. 498 MONTREUIL-AUX-PÊCIIES . MONTl{J:UIL-AUX-rËCIIES Il n’est assurément personne (jni, pour peu qu’il s’occupe de jardinage, ne connaisse cette commune qui, à cause de l’importance de la culture de Pêchers (pie l’on y fait, a été nommée Montreuil-aux- Pêches. C’est sur cette commune, dont la répu- tation est universelle, que nous nous pro- posons aujourd’hui d’appeler l’attention des lecteurs de la Revue horticole. Malgré tous les efforts que nous avons faits, nous avons dû renoncer à l’idée que nous avions eue d’abord, de donner un plan complet du « vieux Montreuil », ce qui eût permis de comparer le passé avec le pré- sent, peut-être d’arriver à découvrir l’ori- gine de la culture des Pêchers et, alors, de décider à qui, de Montreuil ou de Bagnolet, revient la priorité de cette culture. Mais, après bien des recherches, nous avons reconnu que, sur toutes ces questions, l’on ne pouvait guère arriver à des données certaines, et que le plus souvent même il fallait s’en tenir à des probabilités, surtout en ce qui concerne le point de départ, c’est- à-dire le commencement de la culture des Pêchers, le cultivateur à qui l’idée première en est venue. Sur aucun de ces points on ne peut ré- pondre affirmativement, excepté pourtant pour le lieu d’origine, sur lequel la certitude paraît complète. En effet, c’est évidemment à Montreuil que la culture des Pêchers a commencé, et même on est à peu près sûr, d’après des est celle des Pépin. Mais, à quelle éjioque ont ap])aru les premiers Pépin? Combien et témoignages traditionnels, que la première famille qui à ce point de vue vient en nom quels étaient-ils? Quelle est la maison qu’ils ont primitivement habitée? Voilà ce que MONTREUIL-AUX-PÊCHES 499 riiistoire ne dit pas et qui paraît devoir res- ter une énigme. Malgré toutes ces difficultés, nous allons, à l’aide de quelques documents, tenter une espèce de reconstitution du vieux Mon- treuil. Comme point d’appui, nous avons d’abord, comme document écrit, la Pratique du jar- dinage, publiée en 1772, par l’abbé Roger Schabol, qui était un « curieux » de l’é- poque, et qui, outre les choses du jardinage dont il s’occupait particulièrement, était contemporain des principaux cultivateurs de Montreuil, notamment de quelques mem- lires des familles Pépin, Beausse et même des Girardot, dont au reste le nom est resté célèbre dans la culture des Pêchers, non toutefois à Montreuil, mais à Bagnolet. Mal- heureusement, nous n’avons guère, pour Montreuil, que deuxdessins que nous avons copiés aux Archives Nationales, à Paris, dont l’un représente la partie la plus ancienne du vieux Montreuil et que l’on peut aussi considérer comme ayant été le point initial. le quartier général, pourrait-on dire, des Pêchers, c’est-à-dire celui où ont du être établies les premières cultures de ces arbres. C’est, dit-on, à partir de la Croix-du-Bois (figure 120, lettre G), jusqu’en remon- tant par la rue aux Ours, en passant par derrière l’église (B, fig. 120) pour gagner la rue du Cimetière (actuellement rue Pé- pin), que les premières cultures de Pêchers auraient été établies. Le qualificatif Pépin fut donné à cette rue en souvenir de la fa- mille qui, sous ce nom, a fourni à Montreuil les premiers cultivateurs de Pêchers. A quelle époque? C’est ce qu’il n’est pas pos- sible de dire, et malgré toutes nos recher- ches, nous n’avons trouvé qu’un seul clos ayant appartenu aux Pépin et qui en avait conservé le nom : c’est celui qui sur la fi- gure 121, n^ 4, porte le nom de clos Pépin. Ce clos Pépin ou « de M. Pépin », comme on l’appelait aussi, était-il le premier où avait été établi la culture des Pêchers dite « à la Montreuil » ? Ce qui paraît à peu près certain , c’est qu’à cette époque la culture des Pêchers ne s’étendait pas, de ce côté, au delà de ce clos Pépin, puisque 500 SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. de tous les terrains que représente la fi- gure 121 et qui comprenaient TAbliaye de Saint- Antoine, il n’y avait guère d’autres constructions que celles représentées par les n°® 2 et 3 (ligure 121). Tous les autres terrains, à l’exception du jardin de la ferme, n® 1, étaient en cultures diverses et plus ou moins morcelés. Il en est tout autrement aujourd’hui ; non seulement les divisions se sont accrues, mais presque toutes ont été transformées en jardins coupés de murs en tous sens, et qui forment un véritable damier. C’est à l’extrémité du cheminde Saint-Antoine, au n® G de la figure 121, que se trouvait la grande avenue qui conduisait au château de Montereau. C’est dans celte avenue achetée en 1850, par feu .Alexis Lepère, ainsi que dans un terrain qu’il possédait et qui lui était con- tigu, que cet intelligent arboriculteur avait établi les cultures si remarquables que l’on sait, et qui ont si largement contribué à la réputation de Montreuil. Depuis lors, toutes ces choses ont bien changé ; cette partie du territoire, qui va du cimetière de Montreuil à la route straté- gique longeant le fort de Rosny et l’ancien domaine de Montereau, est aujourd’hui la plus étendue et la plus riche de Montreuil, et c’est dans cette localité que sont établies les principales cultures de Pêchers. De ce qui précède, on peut voir combien le Montreuil d’autrefois était différent de celui de nos jours, de ce Montreuil qui est aujourd’hui une ville de près de 24,000 ha- bitants, et, alors, juger de l’énorme con- traste que ferait ce dernier, si on le com- parait au modeste village dont parle Roger SOCIÉTÉ NATIONALE D’IL SÉANCE DU 14 A cette séance ont été faits les apports sui- vants : Au comité de culture potagère : Par M. Beur- deley, rue des Plantes, 68, à Montrouge (Seine), un lot de Céleri- S car oie, qui vient justifier la bonne opinion que l’on s’était faite sur les avantages que présente cette si singu- lière variété, qui, comme l’indique son nom, rappelle, par son aspect, une véritable Scarole. Chaque pied, d’un diamètre de 30' à 40 cen- timètres, sur une hauteur d’environ 15, formait une masse compacte dont le centre était d’un beau jaune, absolument comme cela se voit dans les diverses salades qu’on est dans l’habitude de lier. C’est une plante d’avenir; — Par Mme veuve Guilbert, fondatrice et Schabol dans la Pratique du jardinage. Il dit : «... Montreuil est un village, à deux lieues de Paris, où la culture des arbres fruitiers est portée à la perfection... De huit cents ménages, il y en a six cents qui gouver- nent le Pêcher et qui cultivent également les autres denrées... » Quant à la question de priorité, c’est-à- dire à savoir quelle e.st de ces deux com- munes celle qui a commencé la culture des Pêchers, il paraît tout à fait hors de doute que cette priorité revient à Montreuil. Quant à Girardot, loin d’avoir été l’in- venteur de la culture des Pêchers, il n’en a été, comme nous en avons recueilli des preuves certaines, qu’un intelligent vul- garisateur, ce à quoi, du reste, n’a pas peu contribué son titre de « Mousque- taire du Roi )) et qu’a bien fait connaître un écrivain contemporain de Girardot, le même Roger Schabol, dans sa Pratique du jardinage, publiée en 1772. Voici ce qu’il écrit : « ...Girardot, si renommé par le com- merce des Pêches, à Ragnolet, n’en fut pas V inventeur. Une noble émulation le porta à enchérir sur les pratiques de Montreuil... Il est certain qu’il travaillait peu p)ar lui- même à ses arbres et qu’il les faisait fa- çonner par des hommes de journée et des garçons jardiniers ... » Quant à la fortune de Girardot, qui à n’en pas douter devait être grande, pour cette époque, « elle fut plutôt le résultat de la spéculation qu’il fit de terrains dont il était propriétaire que de la vente de ses Pêches. » E.-A. Garrière. RTICULTURE DE ERANCE OCTOBRE 1886 directrice de l’Orphelinat de Mézières (Seine- et-Oise), des Artichauts et des Tomates de toute beauté, qui montraient la perfection de la culture qui leur avait été donnée. Ces produits étaient gros, vigoureux et d’une beauté peu commune, grâce, paraît-il, à l’emploi fait, de temps à autre, du régénérateur dont Mme Guilbert est l’inventeur, ce qui, en mon- trant l’heureuse influence de ce produit, suf- firait pour faire son éloge. Au comité (ï arhoricidture fruitière ont été présentés ; Par M. Jourdain, arboriculteur, à Maurecourt (Seine-et-Oise), une corbeille de Chasselas de Fontainebleau qui était de toute beauté, ainsi qu’un lot de Poiriers de Duchesse d'Angoulême qui, pour la grosseur, la forme ANCIENNES VARIÉTÉS et l’aspect général^ ne laissait rien à désirer ; — Par M. Bertlioule, à Besse (Puy-de-Dôme), un bel apport compi'enant deux variétés de Pêches : Belle-Mousseuse et Marguerite ; puis les Poires Beurré d’Amanlis, B. Hardy, B. de r Assomption, Louise-bonne d’Avranches, Fré- déric de Wurtemberg , Williams, B. Gou- bault, ainsi que les Pommes Borovntshi et Bei- nette du Canada; — Par Emilie Guilbert, trois corbeilles des fruits suivants : Beurré d'Arenberg, B, Diel, Chaumontel; — enfin MM.Baltet frères, horticulteurs, à Troyes, pré- sentaient un des lots les plus importants et des plus instructifs, composé qu’il était de fruits nouveaux on peu connus. Ges fruits étaient accompagnés de la note suivante que nous avons copiée : Beurré Alexandre Lucas. — Bonne nou- veauté que l’on avait annoncée d’hiver. B. de Saint-Amand. — Arbre pyramidal, fruit mûrissant sans blettir. Céleste de Guasco. — Arbre délicat sur Co- gnassier. Calebasse Abbé Fétel. — Beau fruit dont la Revue horticole a parlé. Délices Everard. — Bonne variété de la « Pomone Tournaisienne ». Délices de Huy. — Très-bonne. De Torpes. — Fruit local de Saône-et- Loire. Duchesse Hélène d'Orléans. — Excellent fruit assez résistant. DE POIRES PRÉCOCES. 501 Favorite Morel. — Très-fertile, beau fruit allongé. s Goodale. — Américaine, chair sucrée. Madame Chaudy. — Très-beau fruit ayant la forme d’un Colmar d'Arenberg. Monsieur Herbelin. — Saveur acidulée. Prémices d'Ecully. — Admise par le Con- grès. Souvenir de Leroux-Durand. — Grande fertilité, très-bonne qualité. Souvenir Favre. — Chair fine et sucrée. Enfin, à ce remarquable lot, MM. Baltet avaient ‘ajouté trois variétés inédites : Semis Tourasse (no 907), et, sous les nos 12O8 et 1219, deux magnifiques fruits. Ges fruits de- vront, lorsqu’ils seront murs, être dégustés par le Comité, qui aura à émettre son opinion sur leur qualité. Au comité de ^loriculture, un seul présenta- teur : M. Terrier, jardinier chez M. le docteur Fournier, à Neuilly (Seine), avait apporté un Saccolabium Blumei d’une beauté peu com- mune. Le pied portait quatre grappes de fleurs dont une mesurait 40 centimètres. Ce qui ajoutait encore à l’intérêt de cette présenta- tion, c’est que, depuis huit mois, ce pied, laissé COMPLÈTEMENT A NU, était suspendu dans une serre chaude où ses longues et nombreuses racines « nageaient » dans l’air, fait qui semble démontrer que cette espèce peut vivre sinon 'de « l’air du temps », du moins de celui d’une serre chaude. ANCIENNES VARIÉTÉS DE POIRES PRÉCOCES La synonymie des fruits — tous les pomo- logues le savent et en conviennent — est remplie de difficultés. J’en trouve une nou- velle preuve dans l’intéressante communi- cation qu’a faite dans le numéro du oc- tobre de la Revue horticole M. Gagnaire, dont les lecteurs connaissent la grande com- pétence. Relativement à cette communica- tion, dans laquelle je suis très-bienveillam- ment cité, je dois dire que j’avais indiqué la Poire hâtive la plus cultivée dans nos cam- pagnes sous les noms de Citron des Carmes, Madeleine, Poire de Saint-Jean, Ami- rette et non Anisette, comme on me l’a fait écrire. M. Gagnaire nous dit que ces noms s’ap- pliquent à trois variétés : W Amiré Johannet, mûrissant du 15 au 25 juin ; La Madeleine, mûrissant du 25 juin au 5 juillet ; Le Citron des Carmes, mûrissant du 5 au 15 juillet. Le nom à' Amirette, que porte à Marseille la Poire en question, m’avait fait supposer que son nom était bien Amiré Johannet, mais en consultant les meilleurs ouvrages de pomologie, je me suis assuré que notre Amirette est bien la Madeleine. M. O. Thomas, dans son Guide pratique de Vamateur des fruits, classe comme la Poire la plus précoce, dans la « deuxième série de mérite », notre Amirette sous le nom de Madeleine, et lui donne comme synonymes : Citron des Carmes, Gros Saint- Jean, Poire de la Magdeleine, Sainte -Madeleine. Il la décrit comme un fruit petit ou moyen, venant en bouquet, turbiné-ovoïde, vert jaunâtre, à chair ju- teuse, 'sucrée-acidulée, rafraîchissante, mû- rissant dans la première quinzaine de juil- let. V Amiré Johannet, la plus précoce des Poires, est placée par ce pomologue dans la (( troisième série de mérite » ; elle est jaune citron doré, à chair mi-cassante, lé- gèrement musquée. André Leroy, dans son Dictionnaire de pomologie, indique la Madeleine comme synonyme de Citron des Carmes, et dit que le premier nom donné à cette Poire fut 502 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PURLICATIONS ÉTRANGÈRES. Poire de la Magdeleme. Il la décrit comme (le grosseur au-dessous de la moyenne ou petite, de forme ovoïde arrondie, irrégulière, parfois mais exceptionnellement sphérique, plate aux extrémités (ce que j’ai aussi observé); peau légèrement rugueuse, épaisse, vert clair, jaunâtre, semée du côté de l’ombre de points gris peu nombreux, cou- verte du côté du soleil de quelques mar- brures et de petites taches fauves, et por- tant autour du pédoncule une large macule frangée de même couleur. Chair blanche, demi-fine et demi -cassante, aqueuse ; eau abondante, acidulée, sucrée, faiblement parfumée, quoique assez délicate. Maturité commencement de juillet. Fruit de deuxième qualité. Enfin, notre compatriote Larguier, agri- culteur de grand mérite, décrit ces deux variétés dans le troisième volume de son ouvrage publié à Marseille en 1820, sous le titre d’ Essai sur les moyens de régénérer V agricidture en France, et plus particu- lièrement dans les départements du Midi. Il indique comme la plus précoce VAmiré Johannet, « petite Poire longuette, jaune ci- tron, tendre et fade, estimée seulement pour sa précocité ». Elle est suivie par la Made- leine, synonyme Citron des Carmes, Troumpo-Cossaire, aux environs de Toulon, Amirette à Mar.seille. « Poire plus longue que ronde, verte, à longue queue, tendre, d’une assez bonne eau lorsqu’elle n’est pas trop mûre et que l’arbre est placé dans un terrain qui n’est pas trop humide ; greffé sur franc ou sur Cognassier, cet arbre cliarge beaucoup. » C’est donc le nom de Madeleine que doit porter notre Poire verte plutôt que celui de Citron des Carmes, qui semble indiquer un fruit à peau jaune. La Poire Passe-Friand que signale M. Gagnaire est la Jansemine, dite aussi Canette de Bourouge, Jeannette, Mouille- Bouche de Bordeaux. Elle est placée, par O. Thomas, dans « la troisième série de mérite ». Il la décrit comme un fruit petit, turbiné arrondi, vert herbacé, ponctué de gris roux, à chair mi-cassante, très-sucrée, mûrissant dans la seconde quinzaine de juillet. L’arbre est prodigieusement fertile. La description d’André Leroy est identique, et les synonymes sont aussi les mêmes. Il me paraît donc convenable d’appeler les trois Poires précoces signalées par M. Ga- gnaire : La plus hâtive, Amiré Joliannet ; celle qui la suit, Madeleine ; enfin la moins hâ- tive, Jansemine. Paul Giraud. REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Odontoglossinn retusum, Lindl. ■— Orchi- dées {Gard. Cliron., 1886, vol. I, p. 522). Équa- teur. — Cette espèce, connue et importée de- puis plusieurs années, a les pétales et sépales d’un vermillon éblouissant avec une légère teinte mauve dans leur partie médiane. La- belle vermillon. Cypripedium Sanderianum, H. G., Rchb. f. — Orchidées (Gard. Chron. , 1886, vol. 1 , p. 554). Archipel Malais. — Espèce nouvelle fort jolie. Pédoncules pluriflores ; sépales très-concaves, triangulo-lancéolés, à nervures rouge pourpre ; pétales linéaires, presque trois fois aussi longs que les sépales, pourpre clair, marqués de jaune au front, et pointillés de pourpre foncé; le labelle, brunâtre, a à peu près la forme du C. Stonei, c’est-à-dire qu’il ressemble plus à une pantoufle légère qu’à un sabot. Les feuilles sont larges, d’un beau vert brillant. Cattleya labiata Lüddemanniana Schrôde- riana, H. -G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1885, vol. 1, p. 554). — Hybride nou- veau à grandes fleurs blanc de neige. Une ligne orange parcourt le milieu de la partie inférieure basilaire, et un trait orange marque chaque côté, près de l’angle latéral. Panachures obliques mauve pourpré des deux côtés de la ligne médiane, et partie inférieure du limbe du labelle entièrement garnie de lignes inter- rompues mauve pourpré. Base de la colonne verte. Mais quel nom, grand Dieu ! Thrixspermum indusiatum, H. -G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 585). Archipel Malais. — Espèce nouvelle, à fleurs n’apparaissant qu’à de longs inter- valles, petites, blanches à l’extérieur, jaunâtres à l’intérieur qui est marqué de taches rouges ; labelle blanc; ovaire brun. L’éperon, cylin- drique, porte, à son extrémité, une sorte de petit seau, ce qui a fait donner à la plante le nom qu’elle porte. Cymbidium eburneum, Lindl., var. Philbric- kianum, H. -G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 585). — Variété nou_ 503 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. voile à fleurs entièrement blanches ; pétales et sépales un peu étroits ; division du labello anguleuse, ondulée. Callus plus étroit que dans l’espèce mère avec le sillon central plus obscur. Cattleya Lawrenceana, var. concolor, IL-G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron.., 1886, vol. 1, p. 585). — Jolie variété, récemment importée en Europe, à fleur entièrement nuancée de pourpre clair, sans que la partie inférieure du labelle soit plus foncée. Adiantum Birkenheadii^ T. Moore. — Fou- gères {Gard. Chron.., 1886, vol. 1, p. 648). — Espèce nouvelle, dont l’aspect est absolument différent de celui des autres Adiantum. Ses frondes sont triangulaires, tripennées, mem- branacées herbacées, glabres, à segments al- ternes, distants, bipennés dans la partie infé- rieure des frondes, simplement pennés dans la partie supérieure ; la pinnule terminale est petite, triangulaire lobée, à base cunéiforme. Le port touffu de cette espèce, et ses ramifica- tions bien ouvertes en font une plante remar- quable, au feuillage vert foncé brillant. Son principal caractère distinctif réside dans le dé- veloppement dilaté-lobé des sommets des plus grandes pinnules. Narcissus funcifolio-muticus, J. -G. Baker. — Amaryllidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 648). — Hybride naturel entre les N. jun- cifolius et N. Pseudo-Narcissus var. muticus. Elle donne une ombelle composée de trois fleurs d’un jaune orange brillant, les deux su- périeures érigées, la troisième horizontale, très- odorantes. Epidendrum fraudulentum, H. -G. Rchb. f. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 648). — Espèce nouvelle, dont le port est absolument celui d’un Epidendrum à feuilles étroites, tandis que les fleurs se rapprochent beaucoup de celles du Schistochila carinata. Ces fleurs sont rose clair; la colonne et la partie inférieure de l’ovaire sont pourpres; curêne et callus jaunes. Maxillaria Endresii, H.-G. Rchb. f. — Or- chidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 680). Costa-Rica. — Cette espèce, introduite vers 1870, et qui avait disparu des cultures, vient, tout récemment, d’être réintroduite à nouveau. Elle appartient au groupe des M. setigera, Bindley. Les sépales et pétales sont jaune d’ocre brillant, triangulaires ligulés, acuminés, terminés par une espèce de soie. Les lobes la- téraux des pétales sont semi-oblongs, angu- leux à leur extrémité, veinés bordés de pourpre ; la division centrale est oblongue acuminée; ovaire non denté, jaune d’ocre avec un disque jaune; callus triangulaire très-déprimé entre les divisions latérales. Le caractère particulier de cette espèce réside surtout dans la forme recourbée de ses pétales et sépales. Cypripedium Hyeanum, Lind. et Rodi- gas. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 680). — Cette nouveauté, qui doit être re- gardée comme une variété du C. Lawrencea- num, a les fleurs i)âlee dans toutes leurs parties, sans aucune teinte de pourpre ; le sépale dorsal porte quelques veines de couleur verte. Fritillaria contorta, J. -G. Baker. — Lilia- cées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 681). — Forme nouvelle, à fleurs blanches gamopé- tales, longues de 4 à 5 centimètres; tube oblong, à base obconique teintée de vert, me- surant 12 millimètres de diamètre, et accom- pagné de six nectaires longues de 12 milli- mètres, insérées un peu au-dessus de la base, en face de chaque segment. Adiantum ColUsii, T. Moore. — Orchidées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 681). — Hybride nouveau, se rapprochant de certaines formes à petites pinnules de VA. tenerum. Cette nouveauté est surtout caractérisée par la grande largeur de ses frondes et leur caractère sur décomposé ainsi que par la petitesse et l’inégalité des pinnules, qui sont de formes va- riées et irrégulières. Karatas {Eunidularium) amazonica, Baker. — Broméliacées {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 814). Cette espèce, introduite dans les cul- tures depuis une quinzaine d’années, est ori- ginaire de la vallée de l’Amazone. Désignée quelquefois sous les noms de Bromelia ama- zonica et de Æchrnea amazonica, elle n’avait pas, jusqu’ici, été décrite scientifiquement. Ses feuilles, au nombre de vingt, sont longues de 30 à 45 centimètres, larges de 5 à 8 centi- mètres dans leur milieu, brun verdâtre à la face supérieure, brun clair brillant uniforme à la face supérieure. Les fleurs, nombreuses, réunies en une tête sessile au centre de la rosette de feuilles, et dans les aisselles des feuilles intérieures, ont la corolle formée d’un tube cylindrique trigone, long de 2 à 3 centi- mètres, et le limbe blanc, à segments oblongs obtus, longs de 12 à 13 millimètres. Aerides Godefroyanum, Rchb. f. — Orchi- dées. {Gard. Chron., 1886, vol. 1, p. 814.) Jolie espèce nouvelle, originaire de la Cochin- chine, et dont les fleurs ont une couleur de fond blanc rosé. Le sépale dorsal et les pétales sont marqués de nombreuses raies ; les sépales latéraux le sont également, mais moins abon- damment, et ont, en outre, des points d’une jolie couleur améthyste. Labelle obtus, trian- gulaire, garni d’une dent aiguë, retrorse, sou- vent à onglet solide, et ,d’un tout petit éperon. Ce labelle est d’un joli blanc rosé éclairé; le disque du limbe est entièrement d’une chaude couleur améthyste. Feuilles recourbées, larges, à bords relevés verticalement, ce qui les rend canaliculées. Ed. André. 504 CORRESPONDANCE. COKUESPONDANCE N° 3793 [Orne). — Le Raisin dont vous nous avez adressé un échantillon est le Chas- selas à feuilles lacmices, variété productive, mais un j)eu sujette à la coulure, à })eau rela- tivement tendre et qui, en général, reste beau- coup plus verte que celle du véritable Chas- selas de Fontainebleau^ qu’elle ne vaut pas. Ce Raisin porte aussi les noms vulgaires de dota, doutât, Percillade, Raisin d’Au- triche, etc. A 2 58 (Tarn-et-Garonne). — Pas plus sur les Cerisiers ordinaires que sur les Cerisiers Mahaleh, vous ne pourriez greffer avec succès que des espèces de ces mêmes genres. En supposant que, par suite d’expériences diverses et à l’aide de soins particuliers, vous arriviez à quelques réussites, ce ne serait jamais que de rares exceptions. Nous avons quelquefois vu des Pêcbhrs vivre par- faitement étant greffés sur Sainte-Lucie, mais ce n’était jamais qu’une exception, et encore, pour arriver à ce mince résultat, fallait-il greffer un nombre relativement très-grand de sujets. — Dans ce cas, de même que dans toutes les tentatives de ce genre, il faut em- ployer la greffe en écusson. No 3225 {Charente-Inférieure). — R est à peu près impossible de dire quel est l’âge d’un Cycas par le nombre des anneaux de son écorce, sinon très-relativement car outre que la végétation est souvent très-inégale suivant les conditions dans lesquelles croissent les plantes, il arrive parfois que, dans des années très-sèches, un Cycas peut ne pas donner de couronnes de feuilles, par conséquent, pas d’anneaux. On en a de nombreux exemples dans les cultures, où l’on voit souvent des Cycas rester plusieurs années sans pro- duire de feuilles. Aussi est-il tout à fait impos- sible d’évaluer d’une façon à peu près exacte l’âge de vos Cycas. No 3590 (Marne). — Plusieurs sortes d’in- sectes acariens peuvent déterminer ce qu’on nomme la grise, dont vous vous plaignez. Cet état résulte de la succion opérée par les in- sectes, succion qui a fait disparaître le paren- chyme des feuilles ; alors celles-ci ne fonctionnent plus ou fonctionnent mal, et l’arbre ainsi at- taqué souffre et peut même perdre ses feuilles. On a conseillé comme remède l’emploi de li- quides corrosifs, plus ou moins dilués en rai- son de leur nature, et projetés avec force sur toutes les parties de l’arbre, à l’aide d’une seringue puissante ou d’un instrument pro- pulseur particulier, par exemple une hy- dronette. La nicotine et surtout l’insecticide Fichet concentré peuvent être employés avec avantage. Toutefois, pour les uns comme pour les autres, il est bon d’agir préventivement ou du moins aussitôt que l’on aperçoit quelque trace d’insecte, car une fois développés en grande quantité, non seulement il est difficile d’at- teindre ces insectes, mais les feuilles sont déjà fortement endommagées, et le mal fait est irré- parable. Ce que vous pourriez aussi faire avec avan- tage ce serait, pendant l’hiver, de badigeonner vos arbres avec l’un ou l’autre des insecticides recommandés, mais alors faire la préparation plus forte, les arbres étant dépourvus de feuilles. Au lieu d’insecticides, vous pourriez aussi faire un lait de chaux un peu consistant dans lequel vous ajouteriez de la fleur de soufre et un peu de nicotine, et en enduire tous Yos arbres. No 3966 (Seine-et-Oisé) . — De tous les fu- miers propres à la Vigne celui de ferme, lors- qu’il est bon, est toujours l’un des meilleurs, parce qu’il est le plus complet. Oui, les plâtras sont toujours très-bons pour la Vigne dans les terres siliceuses et inême argilo-siliceuses qui, en général, contiennent peu de potasse, subs- tance que recherche la Vigne et qui lui est même indispensable. Aussi, tous les engrais qui contiennent de la potasse sont-ils par- ticulièrement favorables à 'la culture de la Vigne. Quant au procédé qu’il convient d’employer pour teindre les panaches de Gynérium ou autres plantes analogues, voir la Revue horti- cole, 1883. p. 111, où il a été décrit. Mme B. (Aude). — On appelle arbre sur- greffé en tête celui qui, greffé d’abord près du sol, donne un beau scion qui, plus tard, sera greffé â son tour assez haut pour faire un arbre tige. Ce premier greffon doit toujours appartenir à une espèce très-vigoureuse, qui donne un jet vigoureux et droit, lequel sera greffé en tête avec l’espèce que l’on tient à propager. De là les termes surgreffe, surgref- fage, c’est-à-dire greffer sur. L’avantage du surgreffage, qui est très-em- ployé en horticulture, est de fournir des tiges vigoureuses et uniformes, ensuite de per- mettre de récolter de beaux 'et de bons fruits dans un sol qui n’est pas propre à l’espèce que l’on désire; il suffit, dans ce cas, de gref- fer, sur le sujet en contact avec le sol, une variété qui s’accommode de ce sujet; plus tard, on greffe la variété que l’on désire, et qui, elle, ne se serait pas accommodée du sujet. U Administrateur-Gérant • L. Bourguignon. lmp. Q-eorges Jacob , — Cb’léanB. CHRONIQUE HORTICOLE. 505 CIIROmaUE HORTICOLE Le temps. — Société nationale anglaise des Chrysanthèmes. — Les horticulteurs belges et la tombola française. — Meeting de Gand. — École d’horticulture de Versailles. — Simplification du traitement du mildiou par le sulfate de cuivre. — Cedrela sinensis et Ptérocaryas comme arbres d’alignement. Vitalité des graines. — Reines-Marguerites jaune pâle. — Cattleya calum^nala. — Pêche J\Jadame Pynaert. — Une Pèche de 31 centimètres de circonférence. — Le Yucca gloriosa à Cuba, — Procédé pour faire fleurir abondammejat le Robinia hispida ou Acacia rose. — Nouvelle culture des Saccolabmm. — Céleri-Scarole. — Production du vin en 1886. — Nouvelle chaire d’arboriculture ornementale. Le temps. — La fin de l’automne 1886 aura présenté une physionomie tout à fait inusitée dans la France moyenne. C’est la première fois, depuis de longues années, qu’on aura dépassé le jour de la Toussaint sans une seule gelée blanche. Les jardins, dans l’Orléanais, le Blésois, la Touraine, l’Anjou, sont fleuris et verts comme au commencement d’octobre. Pas une feuille de Haricot, de Coleus, d’Héliotrope ni de Patate qui gèlent, suivant un dicton de nos campagnes, « la veille de la gelée », c’est-à- dire (( de peur », n’a montré, jusqu’à la date où nous écrivons (10 novembre), le moindre liseré noir indiquant la rupture des cellules et la trace d’un abaissement de température voisin de zéro. Sous cette influence, la défeuillaison des arbres se fait lentement : les forêts sont en- core verdoyantes, à peine colorées par l’or des Trembles et la pourpre des Alisiers. Dans les jardins, les nuances sont plus ac- cusées, et le roux mordoré des Marronniers blancs, contrastant avec le jaune vif des Tu- lipiers et des Erables planes, l’écarlate des Sumacs et des Chênes rouges, offre au re- gard ébloui les plus riches teintes de la palette automnale. Mais, c’est dans la floraison des Chrysan- thèmes en plein air qu’il faut voir le ré- sultat de cette douceur de température. Les pluies ayant amolli les hampes et chargé d’eau les boutons et les fleurs, on les voit un peu trop penchés en quelques endroits ; ils sont dans leur beauté surtout dans les situa- tions chaudes et découvertes. Là, une florai- son splendide égale presque celle qu’on ol)- tient en serre, avec une profusion de capitules beaucoup plus grande. C’est vraiment une admirable série que celle des variétés que possèdent aujourd’hui nos cultures. Nulle mode n’est mieux justifiée que celle-ci. En Erance, nous étions restés, pour cette spé- cialité, très en arrière de l’Angleterre, où ces plantes sont en si grand honneur que des Sociétés spéciales se sont rangées sous 16 Novembre 1886. leur bannière fleurie {Chrysanthcmum Societies). Mais nous marchons rapidement sur ces traces, et il faut ajouter, à notre honneur, que la plupart des variétés culti- vées et primées chez nos voisins d’Outre- Manche sont des semis français qui ont passé le détroit, d’où ils nous reviennent sou- vent avec une allure anglaise d’emprunt. Que cette belle et longue saison douce de l’automne 1886 nous invite donc à cultiver davantage encore ces belles fleurs ! C’est un résultat que la Revue horticole encou- ragera de tous ses efforts. Société nationale anglaise des Chry- santhèmes. — Pour donner une idée de l’intérêt que nos voisins attachent au per- fectionnement de ces plantes, citons un ex- trait de la dernière séance de la Société dont nous donnons le titre : National Chry- santhemum Society. Le 11 octobre dernier, sous la présidence de M. Sanderson, la réunion était très-nom- breuse. On a rendu compte de la première exposition, qui a eu lieu le 10 septembre, pour les variétés précoces, et dans laquelle on a distribué 1,707 fr. de primes. Le total des membres de cette Société atteint aujourd’hui 360; il était seulement de 100 il y a trois ans. La grande exposition annuelle pour 1886 a été fixée au 10 novembre. Le fonds de réserve de la Société dépasse aujourd’hui 2,000 francs. On annonce de nouvelles libéralités applicables aux prix à décerner cette année. Ces progrès doivent nous donner à réflé- chir. Si nous n’en sommes pas encore, en France, à créer une « Société des amateurs de Chrysanthèmes », au moins pourrait-on songer à en faire une spécialité plus accen- tuée de nos cultures nationales, puisque la plupart des variétés cultivées sont nées chez nous. Les horticulteurs belges et la tom- bola française. — Dans son précédent nu- méro, la Revue horticole informait ses 22 506 CIIRONIOIIE HORTICOLE. leciloiirs que dans nn Ont, do fraternité qn’on ne saurait trop rappeler ni approuver, les horticnllenrs lielges s’élaient entendus pour envoyer à leurs collègues de France, au j)i*o- lit de la tombola organisée au profit des victimesde la grele, des [liantes diverses. Ce n’est pas un, niais liien diMix wagons liondés (]ui sont arrivés -et qui ont permis d’ang- inenter considéralilernent le nombre des lots. Au nom de l’horliculture IVancaise, nous remercions les horticulteurs lielges de leur frcdernel et généreux concours. Meeting de Gand. — Au dernier mee- ting de la Cliamlire syndicale des liorticul- teurs de Gand, les réconqienses suivantes ont été décernées : Certificats de première classe. — A MM. Ver- vaet et C'*^, poyir Odontoglossum crispiim, var. de Pacho, et à MM. Desbois et C‘®, pour Calla œUiio- pica foHis variegatis. Certificats de culture. — AM. Dallière, pour Nepenthes Maslemii superba ; à MM. Vervaet et C'®, pour Odontoglossuiti adspian, et à M. Hye- Leysen, pour Cgprip)edium Ashburtoniœ. École d’horticulture de Versailles. — La rentrée des élèves à l’École nationale d’horticulture de Versailles a eu lieu, comme nous l’avions annoncé, le 1®*’ octobre der- nier. Les élèves admis en première année ont subi, à leur arrivée, un examen de clas- sement dont voici le résultat : 1. Riffault, de Nargis (Loiret). 2. Boidin, de Mouchy-Breton (Pas-de-Calais). 3. llarraka, d’Argelès (Hautes-Pyrénées). 4. Piégnier, de Brusseval (Haute-Marne). 5. Vallée, de Blandy (Seine-et-Marne). 6. Robinet, de Toulouse (Haute-Garonne). 7. Carton, de Coyolles (Aisne). 8. Liard, de Poissy (Seine-et-Oise). 9. Laclieny, de Montargis (Loiret). 10. Jobart, de Saint-Gyr (Seine-et-Oise). 11. Montarlot, d’Auxerre (Yonne). 12. Péton, de Triel (Seine-et-Oise). 13. Matliieu, de Vincelles (Yonne). 14. Bouché, de Saint-Waast (Manche). 15. Burkart, de Dijon (Côte-d’Or). 16. Jaussan, de Béziers (Hérault). 17. Lelache, de Marcoussis (Seine-et-Oise). 18. Baretta, de Paris. 19. Laniaz, de Kiew (Russie). 20. Deverson, de Paris. 21. Grandidier, de Mattaincourt (Vosges). 22. Mardi, de Paris. 23. Lochot, de Dijon (Côte-d’Or). 24. Wales, de Mogues (Ardennes). 25. Moisson, de Versailles (Seine-et-Oise). 26. Bessey, de Vosne-Ronianée (Côte-d’Or). 27. Pasquier, de Luçon (Vendée). 28. Grandsard, de Versailles (Seine-et-Oise). 29. Bréhier, de Paris. 30. Fortin, de l^aris, 31. Dargent, de Boutencourt (Somme). 32. Gelot, de Nanterre (Seine-et-Oise). 33. Sagnard, de Coubon (Haute-Loire). 31. Salar, de Paris. 35. Cherlier, du Havi'c (Seine-Inférieure). Hors claHsement. — Lange, de Paris. — Gay, d’Anneyron (Drôme). Traitement du 3ftildiou par le sul- fate de cuivre. — Des expériences faites sur (liftérents points par des hommes com- pétents, semblent démontrer que dans les divers traitements employés pour combattre le Mildiou, le sulfate de cuivre seul agit; les substances qu’on y ajoute ne feraient que compliquer l’opération, sans rien ajou- ter à son eflicacité L’addition de chaux qui constitue la houillie èordc/uise, outre qu’elle augmente le travail, a môme deux graves inconvénients : celui de salir les feuilles ou les Raisins et celui de désorganiser les ins- truments propulseurs, soit dans le cuivre, soit dans les tuyaux en caoutchouc qui y sont adaptés. La quantité de sulfate de cuivre à employer reconnue la meilleure varie de 300 à 400 grammes par hectolitre d’eau. Pour hâter la dissolution du sel, on peut le pulvériser ; plus il est réduit, plus la fusion est prompte. Cedrela sinensis et Pterocaryas comme arbres d’alignement. — H n’y a plus de doute que ces espèces puissent être employées pour planter les avenues, les boulevards , etc. L’expérience est faite : c’est rue du Jourdain, à Belleville, que la plantation de ces essences a été faite sur une échelle suffisamment grande pour pou- voir asseoir une opinion. Tous les Gédrèles ont parfaitement repris, bien poussé et sont d’un très-beau vert. Quant aux Ptéro- caryas, l’une des deux espèces essayées, le P. caucasica, a jauni sur beaucoup de points, ce qui est dû, sans aucun doute, à la nature très-variée des remblais qui cons- tituent un sol hétérogène ; aussi peut-on, par la beauté et l’aspect de quelques-uns, conclure que, placée dans des conditions convenables, cette espèce donnera de bons résultats. La seconde espèce est le Ptero- carga japoniea ; celle-ci, dont le feuillage est des plus élégants, est très-vigoureuse et parfaitement appropriée aux plantations, de la ville de Paris. Ces derniers essais ont été faits à l’insti- gation de M. Rafarin, l’un des jardiniers principaux de la ville de Paris, particulière- CHRONIQUE HORTICOLE. 507 ment chargé de la surveillance de cette partie nord-est des plantations. Nous avons nous- mêmes expérimenté, dans de nombreux parcs et jardins, la plan- tation en grand, soit en lignes, soit en massifs, des Cédrèles de Chine et de Ptéro- caryas, et nous ne saurions trop recom- mander ces beaux arbres. Vitalité des graines. — De nombreux botanistes se sont occupés de la durée de la faculté germinative dans les graines. Der- nièrement encore, au Congrès de Botanique et d’Horticulture de Paris, M. H. Vilmorin présentait le résultat de ses expériences sur cette intéressante question. Sa principale conclusion, comme on devait s’y attendre, a été que les graines germaient d’autant mieux qu’elles étaient plus nouvelles. Mais nous n’avions pas entendu dire jus- qu’à présent que l’on eût fait des essais comparatifs sur la durée de la vitalité des graines de plantes européennes sous les tro- piques, comparée à celle qu’elles atteignent sous nos climats. C’est là ce qui rend inté- ressantes les observations que vient de faire M. Thierry, directeur du Jardin botanique de la Martinique. D’après lui, les graines de Choux, dans les Antilles, ne sont bonnes que pendant huit mois au lieu de huit ou dix ans comme en Europe ; les Artichauts, trois mois au lieu de cinq ans ; les Laitues, de trois à cinq mois au lieu de plusieurs années ; les Pois, quatre mois au lieu de quatre ans, etc. Il resterait à compléter ces expériences, et aussi à se livrer à l’épreuve contraire, c’est-à-dire à connaître la différence de la durée végétative des graines de plantes tro- picales dans leurs régions natales, com- parée au laps de temps pendant lequel elles peuvent germer chez nous. Les Reines-Marguerites jaune pâle. — Allons-nous bientôt posséder une nou- velle série de Pveines-Marguerites, celles à fleurs jaunes ? Le fait serait d’autant moins surprenant que déjà on possède des variétés dont la couleur soufre est assez prononcée. Ce sont celles que MM. Vilmorin et C*® cul- tivent sous le nom de Reines-Marguerites jaune pâle. Déjà ils en cultivent deux va- riétés appartenant à la forme pyramidale, qui difterent par les dimensions des plantes et celle des fleurs. Si le jaune n’est pas encore bien prononcé, on y arrivera très- probablement. Le premier pas est fait. Cattleya calummata. — Les orcbido- pbiles et orchidograpbes anglais, depuis quelque temps, ont noirci beaucoup de pa- pier en dissertant sur la signification du qualificatif de cette plante, sortie des semis de M. A. Bleu, et que nous avons figurée et décrite dans la Revue horticole (1). On a écrit ealumnata, qui ne signifie rien du tout, et même calumniata, comme si on avait voulu venger la plante d’être ainsi vilipendée. La vérité est que le nom vient du grec (capuchon), le labelle rap- pelant, dans sa partie supérieure, d’après l’observation de M. Bleu lui-même, la forme d’une capeline ou d’un bonnet de Cauchoise. Peut-être faudrait-il même mieux dire Cattleya Calumma X, en substantivant le qualificatif ; mais prolonger une telle dis- cussion serait puéril et oiseux, surtouten pré- sence des erreurs terminologiques dont four- mille la nomenclature botanico-borticole et dont les maîtres de la science, même les plus puristes, sont loin d’être exempts. Nous préférons ajouter que le Cattleya calummata (ou Calumma) de notre com- patriote M. Bleu est une jolie plante, dont il a vendu l’édition à MM. Sander, de Saint- Alban’s, qui l’ont mise au commerce en 1884, et que cet hybride a tenu toutes les promesses que nous avons faites pour lui dans la Revue horticole. Il est sorti, on se le rappelle, d’une fécondation croisée entre les C. Acklandiæ et amethystina. Pêche Madame Ed. Pynaert. — D’après le Rulletin d’arboriculture et de floricul- ture de Relgique, ce nouveau gain, obtenu par M. Gaujard, le pépiniériste gantois bien connu, présente les caractères généraux suivants : — C’est un arbre vigoureux, à feuilles munies de glands réniformes, à gros fruit très-coloré dont la chair, rouge auprès du noyau, se détache très-bien de celui-ci, mûrissant dans la deuxième quin- zaine d’août. Une Pêche de 10 centimètres de dia- mètre. — A la récente Exposition de la Société nationale d’horticulture de France, M. Vitry fds, arboriculteur à Montreuil, avait exposé, hors concours, une corbeille de magnifiques Pêches de la variété Salway. Une surtout attirait tout particulièrement les regards, c’est celle indiquée dans notre titre et qui, très-bien faite, mesurait 31 centi- mètres de circonférence, soit 10 centimètres (1) 1883, p. 564. 508 CHRONIQUE HORTICOLE. de diamètre. Malheureusement cette Pèche est à chair jaune et de qualité inférieure. Le Yucca gloriosa à Cuba. — Notre collaliorateur M. J. Lacliaume, jardinier en chef au Jardin d’Acclimatation de la Havane, nous informe que dans l’île de Cuba le Yucca gloriosa sert à de nombreux usages comme plante économique et industrielle. D’aliord, les habitants l’emploient « pour faire des clôtures qui deviennent impéné- trables même par les animaux » ; les créoles, nous écrit-il, le nomment « hagon- nelte espagnole ». Des feuilles on retire des fibres très-fortes qui sont employées à diverses industries. Avec les tiges, qui attei- gnent de 4 à 5 mètres de hauteur et de 15 à 20 centimètres de diamètre, on prépare une pâte pour faire du papier. Les Anglais l’exploitent pour cet usage dans leurs vastes plaines du Texas et de la Californie. « Ici, dit-il encore, les ménagères emploient les fleurs de Yucca comme on le fait de certains légumes, des Choux-Fleurs, par exemple; elles les passent à l’eau bouillante, puis les accommodent en salade, au blanc, au gratin, ou les font frire, etc. » Procédé pour faire fleurir abondam- ment le Robinia hispida ou Acacia rose. — Voici, sur ce sujet, ce que recom- mande l’un de nos meilleurs amateurs pra- ticiens, M. Boisselot, de Nantes. — « Ra- battre, aussitôt qu’elles sont défleuries et environ à la moitié, toutes les branches qui ont porté des fleurs ; alors les jeunes pousses, qui ne tardent pas à partir, se couvrent bientôt de fleurs à leur tour. Si l’on pra- tique successivement la même opération sur des sujets vigoureux, on obtient une florai- son à peu près continue. » Nouvelle culture des Saccolabium. — • L’expression n’est pas exacte, et il serait peut-être plus juste de dire suppression de la culture des Saccolabium . Qu’on en juge : M. Terrier, jardinier chez M. le docteur Fournier, à Neuilly (Seine), eut l’idée, après avoir complètement secoué la terre des ra- cines d’un pied de Saccolabium Blumei, de le suspendre, muni de toutes ses grandes racines, dans une serre chaude affectée par- ticulièrement aux Yandas. Au bout de huit mois de ce traitement, la plante, très-bien portante, portait quatre fortes inflorescences dont une de 40 centimètres de longueur. Ce fait, qui démontre la nature tout parti- culièrement aérienne des Saccolabium^ est- il suffisant pour conclure que ces plantes pourraient être cultivées de cette manière ? Nous ne sommes pas éloigné de le croire, surtout si l’on enveloppait de Mousse ou de Sphagnum les grandes racines aérien- nes. Nous engageons M. Terrier à en faire l’essai. Céleri-Scarole. — Ce Céleri, dont la Revue horticole a donné une description et une figure (1), n’est pas seulement des plus remarquables au point de vue scientifique, il l’est tout autant au point de vue de l’éco- nomie domestique. En effet, avec lui, on n’a plus à s’occuper de l’enjaugeage pour le faire blanchir. Après l’avoir repiqué, comme l’on fait des Scaroles ou des Chico- rées, il n’y a plus, qvand il est développé, qu’à le lier et le maintenir ainsi pendant quelques jours, pourobtenir une masse d’un blanc-jaunâtre et excellente à manger. Production du vin'en 1886. — Si d’une manière générale on peut dire que l’année 1886 a eu une production de vin au-des- sous de la 'moyenne, il y a pourtant à cela quelques exceptions. Elles sont surtout four- nies par le Midi. M. V. Pulliat, professeur de viticulture à l’Institut national agrono- mique de France, écrit dans la Vigne amé- ricaine : c .... Le Midi a été exceptionnellement favo- risé. A peu près épargnée par le Mildiou, la récolte de l’Hérault, du Gard, de l’Aude, des Pyrénées-Orientales, des Bouches-du-Rhône, sera également abondante et de bonne qua- lité. » Ajoutons à cela l’Algérie qui, paraît-il, a fait une excellente récolte comme quantité et comme qualité. Nouvelle chaire d’arboriculture or- nementale. — Créée par laYille de Paris, cette chaire est exclusivement consacrée à l’enseignement de la plantation et de la dé- coration des avenues, places publiques et squares de la ville de Paris. Nous appre- nons qu’à la suite du concours spécial ou- vert pour l’emploi de professeur de ce cours municipal, notre collaborateur, M. A. Char- gueraud, jardinier en chef à l’Ecole natio- nale vétérinaire d’Alfort, vient d’être nom- mé titulaire de cette chaire. E.-A. Carrière et Ed. André. (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 18. EXPOSITION AUTOMNALE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE. 50 EXPOSITION AUTOMNALE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE Cette Exposition, qui s’est tenue du 23 au 26 octobre, dans le Pavillon do la Ville de Paris, aux Champs-Élysées, était spécialement consacrée aux fruits et aux légumes. Les contre- temps et surtout la grêle, qui, quelques se- maines auparavant, avaient si cruellement frappé la région parisienne , semblaient devoir compromettre sa réussite ; il n’en a rien été, au contraire, et cette Exposition a été certai- nement l’une des plus jolies que l’on ait eues jusqu’à ce jour à cette saison. Les fruits : Poires, Pommes, Raisins, ainsi que les plantes potagères, étaient réunis en beaux et nombreux exemplaires, et formaient, dans chaque genre, des collections très-com- plètes. Les plantes de serres et les plantes fleuries de plein air, qui, à cette époque, sont toujours plus rares, étaient encore nombreuses et très- belles. Les fruits étaient généralement très-beaux. Les plus belles et les plus nombreuses collec- tions de Poires et de Pommes étaient présen- tées par MM. Croux, Bruneau et Jost, J. Bou- cher, rétablissement de Saint-Nicolas d’Igny. Les plus belles variétés de Poires d’automne et d’hiver, parmi celles dont le mérite est bien établi, sont encore : les Beurré Clair g eau, B. Diel, B. Hardy, B. d’Arenherg, Duchesse d’Angoulême, Doyenné du Comice, Passe- Crassane, Doyenné dliiver, etc. Les Pommes Belle-Duhois, Grand-Alexan- dre, Cœur-de-Bœuf, sont toujours celles qui atteignent le plus gros volume. Les Pommes à cidre étaient aussi bien re- présentées. Les collections très-complètes de Raisins de table et de Raisins de cuve, de MM. Salomon (Louis) et Lhérault, méritent une mention toute particulière, tant à cause de la beauté des produits que par l’intérêt tout spécial qu’ils présentent pour la viticulture française. Il y avait de très-belles corbeilles formées des va- riétés Parc de Versailles, Blanc de Calabre, Frankenthal. Les Chasselas dorés de M. Cra- potte étaient véritablement dans un état parfait. MM. Vitry fils. Chevalier (Gustave), présen- taient chacun une très-belle corbeille de Pêches de la variété Salway. L’une de ces Pêches, présentée par M. Vitry, mesurait 31 centimètres de circonférence. MM. Baltet frères avaient exposé une tren- taine de Poires nouvelles provenant de leurs semis ou des semis de M. Tourasse. Dans ces semis se trouvaient quelques Poires provenant d’hybridations entre Poiriers français et Poi- riers japonais. Après les fruits, il convient de citer les ar- bres fruitiers dressés, particulièrement ceux de MM. Bruneau et Jost, Croux et Paillet. Les collections de légumes étaient nom- breuses. Parmi les nouveautés de ce genre, il faut citer, dans une présentation faite par M. Iloibian, une variété de Céleri à feuilles pa nachées, puis une autre variété nommée Céleri à feuilles de Fenouil, qui, paraît-il, est très- rustique et sera par conséquent très-avanta- geuse à cultiver comme Céleri d’hiver. Dans le très-remarquable lot de légumes de M. E. Jacquart, il y avait, sous le nom de Laitue Martial, une variété très-recomman- dable et qui est déjà très-cultivée aux environs d’Angers. De très-beaux Haricots, très-productifs, étaient présentés par M. Forgeot. Les Pommes de terre étaient nombreuses et belles; il y avait, parmi celles exposées par M. J. Rigault, plusieurs variétés nouvelles pa- raissant très-méritantes, telles que : fo Souvenir de Parmentier, demi-hâtive, à chair jaune. 2o Pasteur, hâtive, très-productive. 3o F. de Lesseps, violette, hâtive. 4« Chevreul, moins hâtive, mais très-produc- tive. Des Potirons pesant plus de 100 kilogr. étaient exposés par M. Raignard. Deux très-beaux lots d’Ananas étaient pré- sentés par MM. Crémont aîné et Crémont jeune. Les Bégonias tubéreux à fleurs dressées n’a- vaient jamais, jusqu’ici, été ni aussi beaux ni aussi nombreux. M. Vallerand jeune et M. A. Robert présentaient chacun un ensemble de variétés à coloris divers, blanc, rose, rouge, jaune, bien nettes et dans un état parfait de végétation. Un petit lot de ce même genre de Bégonias, mais à fleurs doubles, présenté par M. Robert, était également très-remarquable. On y voyait quelques spécimens ayant des fleurs dont les pétales réguliers et bien imbriqués donnaient à ces fleurs l’aspect de certaines variétés de Ca- mellias. Une vaste corbeille de fleurs, qui a fait la surprise et l’admiration de tous les visiteurs, était formée par une splendide collection d’Œü- lets remontants (dits à tige de fer), exposés par M. Lévêque, Les Dahlias à grandes fleurs et les Dahlias Lilliput étaient admirablement représentés. Un lot de Dahlias â fleurs simples, exposés par M. Léonard Lille, de Lyon, présentait des variations très-remarquables dans le coloris des fleurs qui, de nuances diverses, sont striées, rayées, pointillées. 510 LES PÉLAHGONIUMS A HAUTE TIGE. Les Roses étaient encore de la fête, et un beau lot formé des plus jolies variétés était pi‘ésenté, en fleurs coupées, par M. Rotliberg. Les plantes de serres avaient pris aussi une pai‘t ini|)ortante à cette Exposition, Avec les grands Palmiers, les Cycadées, on remanjuait des Aroïdées, des Rroméliacées, (juelques Or- chidées, particulièrement des Cupripedium, •parmi lesquels la belle variété Chantini, de beaux Ncpentlies en parfaite végétation. Ces plantes étaient exposées i)ai- M. Dallé et M. Goppe. Dans un petit lot de plantes nouvelles exjio- sées par M. Godefroy-Lebeuf, on remarquait un l)el Alocasia Pucciani^ vaiâétc qui provient d’un croisement entre ï Alocasia Tlvihauli et VA. Putzeysi. Enfin le Puya Weberi, plante introduite di- rectement en France par M. le docteur Weber, Cette Rroméliacée présente des qualités or- nementales toutes iiarticulières par les cou- leurs vives des bractées persistantes qui ac- compagnent les nombreuses fleuj-s placées sur une longue hampe. Cette plante présente, d’après le récit des voyageurs, ce double intérêt : d’etre très-ornementale et d’ôtre ali- mentaire ; la base renflée de la tige est, dit- on, mangée par les indigènes de la République Argentine comme nous mangeons ici les Arti- chauts. Un petit groupe formé de Ricins à feuilles et à tiges pourpre foncé était exposé par M. Régnier, qui a rapporté de la Cochinchine les graines de cette plante. Liste des principaux lauréats Grande médaille d’or: MM. Croux et fds (collection de fruits la plus complète et la plus remarquable par la beauté et la qualité des échantillons), Étienne Salomon (Vignes), Rru- neau et Jost (arbres fruitiers dressés). Médailles d’or : MM. Louis Lhérault (Vignes), Crémont aîné et Crérnont jeune (Ananas), Croux et fils (arbres frnitiers dressés), J. Iloi- bian et Elle Jac([uard (collection de légume.s), Louis Dallé et E. Cappe (plantes à feuillage de serre), Vallerand jeune (Régonias en fleurs), A. Poiiâer (collection de Pélargoniurns), Mézard fils (Dahlias), Lévêque et fils (Q'hllets remon- tants). Gravides médailles de vermeil : Mi\L Pru- neau et Jost (collection de fruits). Etablisse- ment Saint-Nicolas, llippolyte Jamet (collection de Poires); Crapotte (16e concours). Ch. gneau, Etablissement de Saint-Nicolas (collec- tion de légumes); Joseph Rigault (Pommes de terre), Alex. Robert (Dégonias en fleurs), Al- fred Falaise (Dahlias), Lévéque et fds (Chrysan- thèmes), Godefroy-Lebeuf {Alocasia Piic- ciani). Médailles de vermeil: MM. Jourdain (collec- tion de fruits), IL Laurent, F. Battut et M. Bertrand (Poires); Ch. Leroux (2Qe con- coui’s), Croux et fils (arbres et fruits à cidre), Torcy-Vannier (légumes) , Forgeot et C‘° (Pommes de terre), Léonard Lille et Beney, Alex. Robert (plantes de serre, d’orangerie ou de plein air, obtenues de semis et non livrées au commerce); L. Paillet (Dahlias). Le jury a en outre adressé ses félicitations à MM. Baltet frères pour leur apport de fruits non encore au commerce et obtenus de semis. M. Vitry (Désiré) pour son lot très-remar- quable de Pêches Salway ; M. Dallé, pour son apport de plantes de serres à feuillage; et à MM. Pruneau et Jost, Croux et fils et Paillet (Louis) pour leurs Conifères et plantes à feuilles persistantes, ayant contribué à l’orne- mentation de l’entrée de l’Exposition. Des remercîments ont été votés à MM. Vil- morin et C'e pour leur apport de plantes fleu- ries. A. ClIARGUERAÜL). LES l'ÉIARGONIUMS A HAUTE TIGE Pendant tout Tété et rantoinne derniers, la belle propriété de M. Alfred Marne, aux Touches (Indre-et-Loire), a lirillé du plus vif éclat. La lloriculture de plein air y a pris un développement considérable, dans tous les genres : fleurs, feuillages d’ornement, mosaïculture, etc. On évalue à cent quatre MILLE le nombre des plantes qui ont été employées en 188G à cette décoration hors ligne. Au milieu de cette profusion de richesses florales, un arrangement spécial nous a frappé. 11 consistait en corbeilles de Pélar- goniums zonales à haute tige. C’est une idée de M. Pacreau, le jardinier-chef, qu’il a mise à exécution avec un plein succès. Non (pie l’élevage des Pélargoniurns sous cette forme soit absolument une innova- tion ; nous avons pu voir souvent, soit dans les expositions, soit dans les serres, de forts buissons ainsi dressés et du plus bel effet par leur développement et leur riche florai- son. Mais M. Pacreau groupe ses plantes dehors, par corbeilles disposées en am- phithéâtre, comme on le fait des Hibiscus llosa sinensis dans les squares de Paris, ou encore comme les Rosiers à haute tige. Il leur ajoute un tapis, un sous-bois de Tradescantia zebrina ou d’autres e.spèces basses sur lesquelles les pyramides des Pélar- goniums se détachent admirablement. Ainsi traitées, la floraison de ces plantes devient plus abondante, plus régulière et plus pro- longée. Chacun sait que les Pélargoniurns ORCHIDÉES DE SERRE FROIDE. 511 zonales fleurissent d’autant moins qu’ils ont plus au frais et que leur feuillage prend plus d’accroissement. On est souvent frappé de voir les vieux pieds, relevés de la pleine terre l’année précédente, revêtir une végéta- tion moindre, mais en revanche fleurir avec une extrême abondance. Cela est surtout marqué dans les variétés à fleurs doubles ou semi-doubles. Or, les Pélargoniums élevés à haute tige sont dans ce cas. Leur tête, formée avec soin, ne prend qu’un développe- ment modéré, et leurs fleurs, se succédant sans interruption, acquièrent tout leur éclat et produisent bientôt leur maximum d’eflbt. La culture et l’élevage des Pélargoniums à liante tige n’offrent aucune difficulté. La première année, après avoir planté les bou- tures dans une planche en pépinière, à l’air libre, au lieu de laisser les jeunes plantes se ramifier comme à l’ordinaire, on leur con- serve une seule tige que l’on appuie" d’un fort tuteur, et que l’on fait s’allonger à vo- lonté, en enlevant toutes les pousses laté- rales secondaires. Vers le mois de sep- tembre, on met les plantes en pot, on les laisse reprendre et on les rentre en serre froide ou tempérée à la fin de la saison, un peu avant les premières gelées blanches. On les rogne à une hauteur calculée, de manière à pouvoir former, avec la quantité des plantes que l’on a préparées, une ou plu- sieurs corbeilles de plein air, en amphi- théâtre, pour l’année suivante. Dès que les premières pousses se montrent au sommet de la tige, quand le printemps est venu, on les pince pour les faire ramifier, et l’on donne à la plante une forme soit pyramidale, soit sphérique. ORCHIDÉES DE Rien de plus vague que cette dénomina- tion générale : Orchidées de serre froide. Et comme elle est mal définie, il est égale- ment rare qu’elle ne soit pas faussement interprétée. Si les véritables orchidophiles sont bien au courant du terme « Orchidées de serre froide », il en est tout autrement de beau- coup de jardiniers « en place », qui pour suivre la mode, veulent aussi avoir des Orchidées. Rien ne leur paraît plus facile. Après tout , n’ont-ils pas, eux aussi, au moins une serre froide ! Ils achètent donc une collection d’Orchidées qu’ils mettent dans une serre en compagnie des Pélargo- niums et d’autres plantes de serre froide. Le moment de la mise en place étant ar- rivé, soit du 10 mai au juin, suivant le climat, on plante les Pélargoniums à haute tige dehors, bien tuteurés, en les es[)açant de manière à ce que leur ensemhle présente de tous les côtés une corbeille hémisphéri(|ue, l’air circulant bien entre les plantes et les variétés étant harmonisées ou contrastées au gofitdu planteur. On garnit alors le sous- sol avec des }>1 antes basses : Tradescanlia zebrina, Lobelia Erinus, Allernaniliera ou autres espèces, et l’on borde avec une ou plusieurs lignes de P yrethrum Parlhe- niiim aureuyn. Les soins d’entretien en été sont presque nuis : ils se réduisent aux arrosages ordi- naires, à l’enlèvement des fleurs passées, à la régularisation de la tête, si la végétation s’emporte trop. Quand l’automne touche à sa fin, on ren- tre de nouveau les Pélargoniums à haute tige, comme l’année précédente ; ils s’hi- vernent avec la plus grande facilité. On peut soumettre à ce traitement bien d’autres plantes : Héliotropes , Lanfanas, Fuchsias, etc. On y trouve l’avantage d’ob- tenir ainsi un ornement nouveau dans les parcs et les jardins, et surtout de donner aux corbeilles de fleurs ce qui leur manque le plus souvent, des effets en hauteur, plus légers, jTlus aériens pour ainsi dire, au lieu de l’aspect un peu trop uniforme du groupement par masses compactes. Nous serions heureux d’espérer que ce système de corbeilles à haute tige piit se ré- pandre et devenir à la mode d’ici à peu de temps. Ed. André. SERRE EROIDE Nous avons même vu des Orchidées de serre froide placées sur des caisses d’Oran- gers. Le jardinier les avait placées « sur le devant », où elles avaient du jour et même du soleil, ce qu’il s’empressa de nous faire remarquer. Inutile de dire que ces plantes faisaient triste mine. A vrai dire, il n’y a pas d’Orchidées véritablement de serre froide ; toutes ont même besoin d’une température relative- ment élevée à une certaine époque de leur développement. Ce qu’il faut à beaucoup, sinon à presque toutes les Orchidées, c’est un repos presque absolu, une sorte d’hiver- nage qu’il est, du reste, facile de leur don- ner, même en serre chaude. 11 suffit alors 512 CULTURE DU GRENADIER DE LEGRELLE. de les arroser très-légèrement, seulement pour les maintenir en végétation, de ma- nière à déterminer cet état de malaise qui paraît nécessaire à la formation des fleurs. Si, en môme temps que l’on fait subir aux plantes l’état de repos dont nous parlons, on peut les aérer fortement, alors tout est pour le mieux, et plus tard la végétation reprendra avec force lorsqu’on les arrosera; les sujets se développeront vigoureusement et leur floraison sera aussi abondante que jolie. Nous connaissons un horticulteur qui, au point de vue de la spéculation, et pour en vendre les fleurs, se livre tout particulière- ment à la culture des Odontoglossum, genre de plantes dites de « serre froide », et qui obtient les plus beaux et les meilleurs résultats qu’il soit possible de voir. Pen- dant l’époque de repos, ses plantes, qui sont placées dans une serre basse et à peine arro- sées, sont constamment aérées ainsi que l’on ferait s’il s’agissait de végétaux vérita- blement de serre froide : Gamellias, Aza- lées, etc. Tous les autres soins, rempotages, net- toyages, bassinages, etc., devront être don- nés de manière à les maintenir dans un parfait état et dans de bonnes conditions de végétation, ce qui du reste est la base de toute culture. Les serres à Orchidées, dites « froides », sont des locaux spéciaux dont le minimum de température ne doit pas être inférieur à 6 ou 8 degrés au-dessous de zéro, et que l’on doit aérer fortement pendant l’époque du repos des plantes. Il faut, autant que possible, mettre dans une même serre des espèces dont le tempérament et le mode de végétation sont analogues, et qui réclament des soins généraux à peu près semblables. Voilà la vérité sur les Orchidées dites « de serre froide ». E.-A. Carrière. CULTURE DU GRENADIER DE LEGRELLE Lorsqu’on réfléchit à la beauté, à la gros- seur, à la forme et à la plénitude des fleurs du Grenadier de Legrelle, on est surpris de voir que cette variété soit si peu cultivée, et l’on se demande quelle peut-être la cause d’un semblable abandon. Pour moi je n’en vois aucune, à moins qu’ou ne la trouve dans la réputation qu’on a faite à cette plante « d’être peu florifère ». Eh bien! je n’hésite pas à le dire, cette raison serait insuffisante puisqu’elle est fausse. En effet, si dans sa jeunesse le Punica Legrellei fleurit peu, — ce qui, du reste, est le propre de tous les arbres — il en est tout autrement lorsqu’il est vieux, surtout si on le greffe sur le Grenadier commun, car, alors, il est d’une extrême floribondité. Du reste, même lorsque, franc de pied il est très-vigoureux, on peut, à l’aide d’un trai- tement particulier, le faire fleurir abon- damment. G’est ce traitement que je vais faire connaître. Dès que le sujet est suffisamment déve- loppé, et que l’on est arrivé vers la fin de juin, on pince par la moitié environ toutes les pousses nouvelles dont les feuilles sont éparses et distantes, c’est-à-dire non dispo- sées en rosette. Ces parties sont celles qui fleurissent l’année suivante. Sur les bran- ches qui, ayant des rosettes foliaires, émet- tent cependant, à leur extrémité, de nou- velles pousses sans bouton, on devra couper ras ces nouvelles productions. Au contraire il faudra laisser intactes toutes les petites ramilles et surtout celles qui sont couron- nées par des rosettes de feuilles. De cette façon on obtiendra chaque année, depuis août jusqu’à la fin de septembre et même plus tard, une abondante floraison, d’une beauté dont il est difficile de se faire une idée. J’ajoute que le Grenadier de Legrelle est un arbuste très-vigoureux, que son feuillage très-abondant est lui-même ornemental, et, aussi que cette variété est relativement très- rustique, qu’elle passe facilement l’hiver là où l’espèce commune souffre plus ou moins. Quant à sa multiplication, on la fait géné- ralement par couchages, qu’ensuite on re- lève et plante en pleine terre, ainsi qu’on le fait de beaucoup d’arbustes d’ornement de pépinière. J’ajoute encore que cette espèce n’est pas difficile sur le terrain et qu’elle vient à peu près dans tous. Parfois aussi on le multiplie par la greffe sur l’espèce com- mune ; dans ce cas les plantes s’allongent moins et fleurissent davantage. Auguste Boisselot. BAMBUSA CASTILLONI. 513 BAMBUSA CASTILLONI Nous avons reçu ce Bambou du Japon sous le vocable de Kin-mei (Kin signifie or en japonais). C’est assurément le plus remarquable des Bambous rustiques de haute futaie importés jusqu’à ce jour. Son faciès général se rapproche considérable- ment de celui du Bamhusa Quilioi dont il semble dévoir acquérir le développement; il est par conséquent susceptible de s’élever dans le midi de la France à 10 ou 12 mètres. Il est toutefois bien supérieur à son intéres- sant compa- triote par la beauté de ses chaumes, qui, au sortir de leurs graines, se colorent de jaune clair et portent alter- nativement sur la cannelure de chaque méri- thalle une ban- de vert foncé; les ramilles bi- furquées pré- sentent la même particu- larité. Le feuil- lage de cette ravissante ra- mure est riche- ment panaché de blanc et d’une façon constante, car sa panachure, à l’encontre de celle de tant d’autres végétaux qui ne la conservent qu’à l’ombre, se maintient à toutes les exposi- tions. Pour donner à ce Bambou un nom digne de son mérite, celui de Castïlloni s’est spontanément présenté à notre pensée, et M. le comte de Gastillon est trop enthou- siaste de ce beau genre, sur lequel il pré- pare une savante monographie, pour ne pas agréer le Kin-Mei comme filleul. Nous avons indiscrètement soulevé le voile de ce travail et plus indiscrètement encore nous révélons qu’il sera d’un haut intérêt. L’auteur, sans s’inquiéter des classifica- tions antérieures, qui sont presque toujours hypothétiques, puisque l’inflorescence de la plupart de ces plantes, sur laquelle les bota- nistes basent la spéciéité, nous est souvent inconnue, s’est appliqué à faire une classi- fication purement horticole basée sur le caractère très- appréciable des souches, qu’il distingue ainsi : Bambous cespiteux, à tiges cylindri- ques ; 2® Bambous à rhizomes tra- çants : à tiges canaliculées, à tiges] cylindri- ques (ou car- rées). Le B. Cas- tüloni rentre donc dans la catégorie des Bambous à rhizomes tra- çants et à tiges canaliculées, en compagnie des Henoni , mitis, nigra, Quilioi, sul- phurea, etc. Cette méthode nous semble d’autant plus exacte et lo- gique qu’elle groupe à merveille tous les Bambous doués du même tempérament et ayant une végétation identique. En attendant que M. le comte de Gastillon nous entretienne dans son ouvrage de son élégant filleul, nous en conseillons la culture à tous les amateurs. Latour Marliac. Le bel échantillon de Bamhusa Castil- loni que nous a adressé M. Latour-Marliac et que nous avons étudié nous a pai-u rentrer dans le groupe des « Bambous carrés », 514 QUELQUES OSEILLES ORNEMENTALES. et etre voisin de l’une des espèces dont a [)arlé M. le comte (le Castillon (1), et (pie représente la figure 122. Quant aux earactèi*es, voici ceux (lue nous avons constatés : Tige jaune d’ivoire brillant, excepté sur la partie aplatie, ({ui est vert foncé, concave et légèrement cannelée, parfois bandelettéo. Ra- milles très -ramifiées, portant à la base une bractée papyracée ({ui passe promptement au lirun noir:\tre, ordinairement persistante, cylindri(iue vers l’extrémité et devenant de plus en })lus anguleuse-triangulaire à mesure ({u’elle se rapproche de son point d’insertion qui, beaucoup plus fort, présente comme (JUELQUES OSEILL Les Oseilles dont il s’agit appartiennent au groupe Lajjathum {Rumex Patientia, hydrolapatlinm^ palustris, aquaticus, etc). Quand elles sont bien cultivées et placées dans de bonnes conditions, elles simulent assez Inen, à une certaine époque de leur développement, diverses Aroïdées exotiques du groupe des Pothos. Mais un peu plus tard les choses changent d’aspect : une tige se développe qui atteint jusqu’à 2 mètres, parfois plus, de hauteur, et qui, par ses ra- mifications et surtout par ses fruits, devient un ornement d’un genre tout particulier. En effet, à de petites fleurs verdâtres succè- dent en quantité considérable des fruits assez gros et anguleux, qui passent succes- sivement du vert roux au brun plus ou moins foncé , et comme , d’autre part , outre la grande tige il se développe dans chaque axe des feuilles un très-long épi ana- logue à la tige principale, et qui, comme celle-ci, se couvre de fleurs et de fruits, il en résulte une sorte de pyramide d’un aspect particulièrement original. Voici, faite sur la vif, une description sommaire de rOseille-Épinard, qui, du reste, est l’une des plus grandes du genre. Plan le vivace, très-rustique, s’élevant à 2 mètres et plus de hauteur. Feuilles radi- cales longuement pétiolées, à limbe régu- lièrement acuminé, atteignant jusqu’à 60 centimètres de long sur 20 et même plus de largeur. Tige cannelée, à sillons nom- breux, rapprochés, d’un vert roux, feuillée. Ramilles axillaires simples, atteignant par- fois 1 mètre de longueur, également feuillées, terminées comme la tige par des inflores- cences spiciformes dressées. Fleurs petites, verdâtres, sur un pédoncule grêle, variant en longueur de 6 à 20 millimètres. Fruits triangulaires, ailés, pendants, passant du (1) Voir Revue horlicole 1876, p. 32. la fige une facette verte sur l’une des parties aplaties (tout le reste est jaune) ; limbe plan, petit, courtement rétréci à sa base, longuement et régulièrement atténué au sommet en une pointe sétiforme niguë, d’un beau vert luisant, très élégamment et diversement ligné de blanc, d’un vert glaucescenl à la face inférieure, où l’on voit également apparaître les stries blanches quoique moins prononcées. Si, comme le dit M. Latour Marliac, cette espèce est vigoureuse et rustique, ce sera certainement l’une des plus jolies du genre Bambou. I E.-A. Carrière. •S ORNEMENTALES vert roux à la couleur brune plus ou moins intense. Culture. — Bien que ces plantes ou mieux toutes les Oseilles soient rustiques, viennent partout et à toutes les expositions, néanmoins un terre profonde, humide, con- sistante, leur convient tout particuliè- rement. C’est dans ces conditions, et surtout si le terrain est fortement humeux, qu’elles atteignent de grandes dimensions et sont réellement ornementales. Toutes, aussi, sont semi ou même complètement aquati- ques si on les plante peu profondément de manière qu’il n’y ait qu’environ 6 à 10 cen- timètres d’eau au-dessus du collet des plantes. Dans ces conditions on obtient des sujets d’une grande beauté et certai- nement capables de rivaliser avec une foule de plantes exotiques qui n’ont parfois d’autre mérite que le nom, ou de venir de loin, et qui sont assurément d’un mérite bien au-dessous de celui de beaucoup d’es- pèces qui croissent à nos portes et n’offrent d’autre difficulté que celle de s’en emparer. Usages. — Ils sont de deux sortes : orne- mentaux, d’abord, ainsi qu’il vient d’étre dit, puis économiques. Dans le premier cas, outre l’usage que l’on peut en faire comme plantes décoratives pour les jardins, on peut en faire servir les inflorescences à la confection des bouquets d’hiver ; il suffit pour cela de les couper avant leur complète maturité et de les faire sécher à l’ombre. Au point de vue de l’économie domestique, les feuilles de presque toutes les espèces peuvent être employées comme plantes culinaires, soit comme Oseille, soit comme Épinard. Ajoutons que presque toutes sont d’excellents dépuratifs. Combien de plantes exotiques qui ne présentent pas autant d’avantages ! E.-A. Carrière. ORIGINE DES CYCLAMENS A FLEURS DOUBLES. — ORTHOSIPIION STAMINEES. 515 ORIGINE DES CYCLAMENS .A EIÆURS DOUBLES En signalant, il y a quelque temps (1), l’apparition d’une série de Cyclamens de Perse à fleurs doubles, qui nous avaient été communiqués par M. Bruant, horticulteur à Poitiers, nous ajoutions que des faits analogues venaient de nous être signalés de divers points. Ces nouveautés avaient été olitenues à Angouléme d’un semeur de qui M. Bruant les avait acquises. Peu de temps après, à l’ime des séances de la Société nationale d’horticulture de France, M. Trutfaut, de Versailles, annon- çait qudl connaissait également des Cycla- mens à fleurs doubles. En Angleterre, M. Clarke, de Twicken- ham, a obtenu des fleurs dont chaque pétale porte une sorte d’aigrette dentelée, produite par la proéminence singulière des veines qui parcourent ces organes. B y a là une forme de duplicature bien différente de la première, qui est produite, comme nous l’avons établi (/. c.), par la pétalisation du filet des étamines. Mais ce qui va jeter un nouveau jour sur la question, et servira à fixer un point de l’histoire de la floriculture d’ornement, c’est que l’origine de ces Cyclamens à fleurs doubles est plus ancienne qu’on ne le croyait. B y a plus de trente ans, il existait un pied de Cyclamen de Perse à fleurs doubles chez M. L. Van Houtte, à Gand. Ce pied, que plusieurs horticulteurs aujourd’hui exis- tants se rappellent avoir vu, périt sans laisser de trace. Mais en 1880, M. Frédéric Bardet, horticulteur à Varsovie, fit connaître à quel- ques fleuristes une race nouvelle qu’il avait obtenue et fixée par semis. La première plante semi-double s’était montrée dès 1875. Elle était issue d’un semis fait en 1874, et donna elle-même de bonnes graines, qui furent semées en 1875. A l’au- tomne 1876, six plantes de ce semis pro- duisirent des fleurs tout à fait doubles. Depuis cette époque, M. Bardet s’occupa avec persévérance de fixer cette nouvelle race. B trouva que la duplicature n’avait atrophié ni les pistils ni les étamines, et il entreprit une série de fécondations au moyen des plus belles variétés simples à fleurs foncées. Une dizaine de belles formes dou- bles furent acquises en quelques années. On y remarquait surtout : un lilanc pur, un rouge-sang, un rose, un lilanc pur maculé cerise. Les mêmes nuances se retrouvèrent dans d’autres formes à pétalisation plus multipliée encore, et qu’on pouvait vrai- ment dire « à fleurs pleines ». Trois varié- tés avaient les fleurs en rosette, c’est-à-dire à divisions étalées (2). Enfin, quatre autres présentaient des fleurs doubles et des fleurs pleines, à pétales laciniés. Toutes ces formes se sont successivement produites de 1877 à 1885. La proportion des fleurs doubles, dans les semis de graines récoltées chaque année par M. Bardet, graines qu’il met au com- merce, est de 50 à 75 p. 100. On peut donc dire qu’il y a là une race à peu près fixée comme celle de nos Giroflées quarantaines, et dont l’industrie horticole pourra désormais user très-largement. Jusqu’à présent, l’aspect « chiffonné » de ces fleurs doubles de Cyclamens ne rappelle pas absolument la gracieuse forme de ces Ijelles variétés à fleurs simples qui ont été grandement perfectionnées depuis quelques années. B faudra que d’autres semis, que des épurations habiles, peut- être de nouveaux croisements avec d’autres espèces du genre, conduisent à une perfec- tion qui n’est pas encore atteinte. Espérons que cela ne sera pas long, puisque ces plan- tes sont mises en vente sur divers points de l’Europe, et que le grand commerce de la floriculture va pouvoir s’en emparer. Nous suivrons avec grand intérêt le pro- grès des Cyclamens à fleurs doubles, dont le point de départ se trouve ainsi fixé avec exactitude. Ed. André. ORTHOSIPHON STAMINEES Cette espèce, dont il a déjà été question dans ce journal à propos de ses propriétés médicales, n’est pas seulement intéressante (1) ^o\T Revue horticole, 1886, p. 250. (2) Il faut se rappeler que les pétales de tous les à ce point de vue ; elle l’est aussi comme plante d’ornement. Sous ce rapport, jus- Cyclamens sont en réalité renversés ou dé fléchis, et qu’ils ne paraissent érigés que par la brusque décurvation du pédoncule à son sommet. E. A. 5dG AZALEA TRINCESSE MAUD ET DEUTSCHE PERLE. .qii’ici, nous ne pouvions rien affirmer, car n’ayant pas vu la plante vivante, nous ne pouvions en parler que d’après des descrip- tions, qui ne donnent jamais des choses que des idées approximatives. Mais aujour- d’hui nous pouvons mieux, grâce aux soins de M. Jules Vallerand, horticulteur à Bois- Colomhes (Seine), qui en possède de très- beaux sujets élevés de graines. Voici, faite de visu, une description de cette espèce : Plante suffrutescente, très-ramifiée, à ra- mifications rapprochées, étalées-assurgentes. Tiges quadrangulaires violacées, glabres. Feuilles glabres, rapprochées-opposées-dé- cussées, ovales-elliptiques, courtement atté- nuées, largement et peu profondément den- tées-serrées, régulièrement rétrécies vers le sommet, qui est largement arrondi-obtus. Pétiole court, violacé ; nervures saillantes, surtout la médiane qui, violacée, se confond avec le pétiole large. Inflorescence termi- nale en sorte de grande panicule régulière- ment et très-largement écartée à sa base. Fleurs blanches, passant promptement au lilas violacé, très-longuement dépassées par les étamines, ce qui fait de l’inflorescence un panache très-élégant. Ce qui ajoute encore au mérite de la plante, c’est la propriété qu’elle possède de guérir la pierre, fait, paraît-il, démontré expérimentalement. Voici à ce sujet, ce qu’a écrit un témoin oculaire, M. Panel, à Tangerang (Ile de Java): ...M. Jacob, le précédent gouverneur des Indes Néerlandaises, souffrait d’une maladie contre laquelle on ne connaît guère d’autre remède qu’une opération chirurgicale, la litlio- tritie : j’ai nommé la pierre. Son état était tel qu’il se trouvait dans l’impossibilité d’exécuter AZALEA PRINCESSE NA Bien qu’appartenant à des sections tout à fait différentes, ces deux plantes n’en sont pas moins de premier mérite, chacune dans son genre. La première, qui est, dit-on, un hybride, est relativement rustique et peut, suivant les circonstances, être considérée comme une plante de pleine terre ou une plante de serre froide. C’est une variété naine, trapue, très-compacte, formant un buisson qui, tout naturellement, prend la forme sphérique ; ses branches, très-nom- breuses, ténues, sont garnies de feuilles ovales ou obovales, persistantes, légèrement velues; elles sont glabres, non luisantes. un voyage d’inspection, que pourtant il était obligé de faire dans l’intérieur des possessions néerlandaises. A])rès avoir constaté l’ineffica- cité de la pharmacopée européenne, son mé- decin eut l’heureuse idée d’avoir recours à la flore javanaise, qui, si elle est riche en poisons de toutes sortes, ne l’est pas moins en prin- cipes bienfaisants. 11 fit prendre à son illustre client des décoctions d’une plante indigène, V Orthosiphon stamineiis, et en une semaine, le gouverneur, tout à fait guéri, put faire son voyage... Cidture et midtiplication. — Jusqu’ici M. Vallerand a considéré cette plante comme étant de serre tempérée, bien qu’elle puisse probablement passer en serre froide, ce qui paraît même probable à en juger d’après la vigueur et la rusticité des plantes, qui se conduisent parfaitement en plein air sans aucun abri, où les plantes ont admirablement fleuri. Quant à la multiplication, on la fait par graines et par boutures. On sème les premières en terrines, en terre de bruyère ; on repique, empote et rempote au besoin, comme cela se fait pour toutes les plantes en général. Pour les boutures, on les fait avec du jeune bois semi-aoûté ; on les plante en terre de bruyère, et on les place sous cloche, où elles s’enracinent facilement. Ajoutons encore qu’au point de vue de l’économie domestique, V Orthosiphon sta- mineus peut rendre de grands services. Prises en infusion comme du Thé, elles faci- litent la digestion, outre qu’elles constituent une boisson aussi agréable que bienfai- sante. On peut se procurer V Orthosiphon sta- mineus chez M. Jules Vallerand, horticul- teur à Bois-Colombes (Seine). E.-A. Carrière. D ET DEUTSCHE PERLE Les fleurs sont grandes pour l’espèce, d’une bonne forme, s’ouvrant bien, d’un très- beau rouge brillant ; les étamines sont in- cluses, à filets rosés, le style légèrement saillant. UAzalea amœna Princesse Maud est une plante à grand effet, très-floribonde, hâtive à fleurir et très-propre au forçage. A. Deutsche Perle. — Plante vigou- reuse, à rameaux nombreux et bien nourris. Feuilles grandes, d’un vert foncé. Fleurs très-nombreuses, d’un blanc de lait, très- larges, bien faites, semi-pleines, à pétales légèrement et gracieusement enroulés. Rcime Hordvolc. CULTURE DES ROSIERS EN PAYS FROIDS. 517 L’yl. Deutsche Perle est une excellente plante de commerce; elle est non seulement très-jolie par le nombre, la beauté et la grandeur de ses fleurs, mais elle pousse et se forme très-bien, est hâtive à fleurir et très-propre au forçage. Quant à la culture et à la multiplication, elles ne présentent rien de particulier, et sous ce rapport les soins sont les memes que ceux que l’on accorde à tout le groupe des Azalées dites « indiennes ». E.-A. Carrière. CULTURE DES ROSIERS EN PAYS FROIDS En général, dans la pratique, abstraction faite des classifications botaniques, on se contente de diviser les Rosiers en deux grandes sections : les Rosiers qui gèlent et les Rosiers qui ne gèlent pas. Dans la première division, se trouvent les Rosiers Thés ou Indiens, les Noisettes, quelques variétés chinoises comme les Banks et quelques autres qui ne supportent guère une température inférieure à quelques degrés au-dessous de zéro. Viennent ensuite les Bengales et les lle- Bourhon, un peu plus résistants, qui sup- portent facilement de 5 à 7 degrés au-dessous de zéro. Au sommet de cette échelle sont classés, comme d’une rusticité à toute épreuve, les Rosiers dits hybrides remon- tants, race assez mal définie, dont le degré de rusticité est peu connu, eu égard aux différentes variétés qui ont servi à l’hybri- dation. On pourrait dire que chaque variété possède une force de résistance au froid plus ou moins variable en raison même de la nature et de la résistance de ses parents. En effet, nous voyons fréquemment des va- riétés supporter, dans de certaines circons- tances et sans en souffrir, des tempéra- tures de 18, 20 et même 29®, 5 au-dessous de zéro, ce qui a été observé à Mirecourt pendant le néfaste hiver de 1879-1880, tan- dis que d’autres sortes meurent vers 10 à 15® et même quelquefois moins. Généralement le degré de résistance est plus faible, suivant que la terre est plus compacte ou plus humide, avec une atmos- phère moins chaude et moins sèche, surtout en automne, ce qui empêche le hois de s’aoû- ter. Dans de pareilles conditions, les Ro- siers gorgés d’humidité se trouvent saturés outre mesure, la partie aqueuse étant trop abondante, le bois ou le ligneux ne pouvant se former complètement, ni atteindre le degré de résistance utile et offrant, par sa mauvaise organisation, un élément facile de désagrégation, sous l’effort physique de la gelée, se trouve détruit par les premiers froids un peu violents; témoin, de ce que j’avance, la grande mortalité des Rosiers que nous avons éprouvée dans la partie des Vosges « dite de la Plaine », et qui comprend les arrondissements de Mirecourt et de Neufchâteau, où non seulement les Rosiers hybrides ont presque tous été dé- truits, mais les Églantiers eux-mêmes sont morts en grande partie. Ce fait brutal est malheureusement fré- quent dans nos contrées; il arrive en moyenne tous les cinq ou six ans. Pendant le dernier hiver, le fait suivant a été la cause de ce désastre : le 12 dé- cembre, il faisait relativement chaud; la température était d’environ 15 degrés; il a plu. Dans la soirée, le vent est tourné au nord-est; la pluie s’est transformée en neige et le 13 au matin, il gelait à 15 degrés, soit 30 degrés de différence en dix-huit heures. Il est facile de comprendre quel a été le ré- sultat : presque tous, les sujets non enterrés sont morts, et ceux dont la tête seule était cachée n’ont pas mieux résisté ; le pied et la tête étaient bien vivants , mais la tige était détruite par l’action du froid; au moment de la végétation, ces Pmsiers ont bien donné quelques feuilles, mais elles ont séché insensiblement jusqu’à épuisement des liquides conservés dans les rameaux de la tête, et, aussitôt l’absorption terminée, le tout est mort. Pour les sujets francs de pied, voici ce qui se passe généralement : les Rengales et les Ile-Rourbon se comportent fort bien et résistent aux plus gros hiver, avec un simple buttage ; quant aux Thés et aux Noi- settes, ils meurent presque tous et même en très-peu de temps, et cela malgré un apport suffisant de terreau pour les mettre à l’abri de la gelée ; tandis que les mêmes races greflees à basses tiges ou sur collet d’Églantier sont bien vigoureuses, bien ré- sistantes et fleurissent abondamment. J’ai fait également cette remarque : que les Rosiers dits hybrides remontants poussent moins en bois lorsqu’ils sont greffés que s’ils sont de boutures et surtout qu’ils fleurissent beaucoup mieux. Les Noisettes sont dans le même cas. Les Thés fleurissent bien 518 FRUCTIFICATION DU COCOS AUSTRALIS. mieux de grefles que de boutures; leurs fleurs sont plus grandes, mieux faites et les plantes ont plus d’avenir. Je conseillerai donc d’opérer de la ma- nière suivante : Pour passer la saison hivernale, tous les Rosiers greffés sur tiges seront inclinés vers la terre et maintenus le plus horizonta- lement possible; la tete devra toucher le sol et môme être enterrée à moitié; le reste sera recouvert de terre et la tige recevra dans toute sa longueur une couche peu épaisse de grand fumier qui aura perdu sa chaleur. Il faudra pourtant que cette couche de fumier, tout en étant assez mince, soit suf- fisante pour soustraire l’Églantier à l’action directe de l’air. Quant aux Rosiers basses tiges, à part les Rengales, les Ile-Bourbon, les Pro- vins et quelques autres races qui se com- portent bien franc de pied, tous les autres seront greffés le plus près possible du sol, plutôt au-dessous de son niveau que trop au-dessus, et tous, indistinctement, quelle que soit la race, seront buttés sur une hau- teur de 15 à 25 centimètres, par des apports de terre et mieux de terreau, si c’est pos- sible. En faisant cette opération assez de bonne heure, par exemple dans le com- mencement de novembre, on aura toute certitude de conserver intactes des collec- tions qui, sans cela, seraient détruites. Les Rosiers ainsi traités passeront faci- lement l’hiver le plus dur à l’ahri de toute crainte, exempts de pourriture, parce que FRUCTIFICATION DI Un des plus jolis Palmiers cultivés en Provence, mais non des plus communs, le Cocos australis, du Paraguay, vient de fructifier pour la première fois dans le jar- din de la Villa Thuret, à Antibes, et, pour son coup d’essai, il a produit plus de mille fruits, distribués en grappes serrées sur les rameaux de trois grands spadices longs d’un mètre. A les voir, sans y regarder de près, on les prendrait pour de belles Aze- roles, dont ils ont à peu près la forme, la grosseur et la couleur, étant comme elles d’un jaune légèrement orangé, tournant au rouge sur la moitié inférieure du fruit, qui est précisément la moins éclairée par le soleil. Ce sont de véritables drupes, à chair molle et succulente, acidule-sucrée, rigou- reusement mangeable si on n’est pas trop difficile. Peut-être cette drupe serait-elle plus les têtes ne seront pas trop enterrées, re- couvertes suffisamment pour les préserver de la gelée et les tiges d’Èglantier seront in- demnes des brûlures du verglas et d’un froid trop vif. Au printemps, il ne faut pas trop se hâter de sortir les Rosiers de terre, car il y a généralement en mars une période très- froide, qui, souvent, se prolonge jus({ue vers le 20; c’est seulement après cette période que le fumier qui garnit les tiges sera enlevé, avec la précaution de ne pas meurtrir les écorces; les têtes seront soulevées avec soin, en laissant une partie de la terre qui s’y trouvera adhérente ; ce n’est que quelques jours après, et autant que possible par un temps calme et humide, qu’il faudra faire le nettoyage et que l’on devra enlever les par- ties mortes ou mutilées. Chaque variété sera alors taillée plus ou moins long, sui- vant son tempérament, et les sujets atta- chés à leur tuteur. Les Rosiers à basse tige seront à la même époque débarrassés de leur couverture de terre ou de terreau, qui sera étendu sur le sol, et devront recevoir les mêmes soins que ceux qui ont été indiqués pour les tiges. En traitant les R.osiers comme je viens de le dire, j’ai la conviction que, même dans les terrains et sous les climats les plus défa- vorables aux Rosiers, on obtiendra à peu près toujours et presque partout de très- bons résultats. J. Vaudrey-Eward, Horticulteur à Mirecourt (Vosges). 1 COCOS AUSTRALIS sucrée et moins acide à un degré plus avancé de maturité. Le noyau du fruit est ovoïde, à coque un peu dure, portant trois sillons longitudi- naux qui la divisent en trois comparti- ments, sur le milieu desquels se montre une petite tache noire, indice de l’ouverture par laquelle l’eiuhryoïi germant émettra sa radicule. On sait que c’est là le caractère général et distinctif des Cocoïnées. Ce noyau, véritable Coco en miniature, est à trois loges, contenant chacune une amande emhryonnée, dont la majeure partie se com- pose d’un périsperme demi-charnu, demi- corné et huileux. Le sujet qui fructifie chez nous est âgé de vingt ans. Son stipe, quoique gros, con- serve encore toutes ses feuilles et ne s’élève pas à plus de 35 ou 40 centimètres du sol. BRUGNON IIÉTÉROGARPE. 519 mais tout annonce qn’il s’allongera doréna- vant beaucoup plus vite. Quand il aura ({uelques mètres de hauteur, la couronne de frondes glauques et gracieusement re- courbées de sa tète en fera un des Palmiers les plus remarquables de notre région. T.e Cocos australis, ainsi que je l’ai dit plus haut, n’est pas encore commun en Provence; on en voit cependant quelques échantillons dans les jai'dins de Cannes, de Nice et du Golfe-.Tuan, qui ont aussi com- mencé à fleurir et à fructilier. .le le crois aussi rustique que le Juhæa, et même que le Palmier nain vulgaire. Si cette présomp- tion se confirme, la facilité d’en trouver do- rénavant des graines dans le pays ne man- quera pas d’en faire, d’ici à peu, un des Palmiers favoris de l’horticulture d’agré- ment dans toute l’Europe méridionale. Cil. Naudin. BRUGNON IIÉTÉROGARPE Rien de plus curieux que la variété de Brugnon dont nous allons parler et que représente la figure 123 et qui, du reste, justifie pleinement son qualificatif hétéro- carpe (fruits de formes diverses). En effet, tandis que normalement les fruits attei- gnent de 5 à 6 centimètres de diamètre, il s’en montre parfois, exceptionnellement il est vrai, qui dépassent à peine 2 centimètres, cela sur une même branche,ainsi que le démontre la figurel23. Mais ce qui est surtout remarquable, c’est que ces petits fruits sont d’une tout autre cou- leur que les gros : tandis que ceux-ci sont d’un vert foncé, et ne prennent jamais d’autre couleur, les petits sont, au con- traire, d’un très-beau rouge brillant. Ce n’est pas tout encore ; tandis que les gros fruits ont la chair libre, les petits ont la chair fortement adhé- rente au noyau. Ajou- tons que les qualités sont également diffé- rentes chez les deux formes: la chair est beaucoup plus fine et plus parfumée dans le petit fruit que dans le gros. Il y a donc là, on le voit, sur une même variété, presque tous les caractères que l’on rencontre dans le groupe et qui servent à différencier les variétés. Piechercher la cause qui a produit ces diversités nous paraît inutile, puisque nous ne pourrions émettre que des hypothèses. Pourtant, sans disserter sur les « pourquoi » ni les (( comment », nous pourrions, sans compliquer le sujet ni nous éloigner des probabilités, assimiler ce fait à celui qui se voit fréquemment sur les fleurs. En effet, n’en voit-on pas très-fréquemment, sur une même plante, de tout à fait différentes comme forme et surtout comme couleur? Du reste, le fait n’est pas sans exemple pour les fruits; nous pou- vons, comme tel, citer un Pommier qui, sur presque toutes ses branches, donnait, à côté les uns des au- tres, des fruits moyens et même relativement gros et aussi de très- petits, des véritables microcarpes. Toute- fois, ceci n’enlève en rien l’intérêt du Brug- nonnier hétérocarpe dont nous allons don- ner une description. Arbre vigoureux ; scions à écorce ver- dâtre. Feuilles gran- des, arquées, souvent plissées le long de la nervure médiane, très- courtement dentées. Glandes réniformes ou mixtes, placées sur le pétiole, très-rarement sur le limbe. Fleurs campanulacées, très-petites, à pétales dis- tants, d’un rose clair. Fruits (grosse forme) sphériques, d’environ 6 centimètres de dia- mètre, marqués sur l’un des côtés d’un sillon qui, presque toujours, se fend à la maturité du fruit; cavité pédonculaire ar- rondie, peu profonde ; peau vert jaunâtre, rugueuse par une sorte d’épiderme grisâtre Fig. 123. — Brugnon hétérocarpe, fruits de moitié grandeur naturelle. 520 GYNERIUM JUBATUM. — LES GESNÉRIACÉES DANS LES SERRES FROIDES. fendillé ; chair non adhérente, peu épaisse, hlanc verdâtre, légèrement violacée près du noyau ; eau assez abondante, sucrée, très- sensihlement aigrelette pourtant ; noyau gros, très-fortement ohovale, longuement atténué à la hase, qui est très-amincie, renflé sur les faces, qui sont largement et profon- dément sillonnées. Les petits fruits présentent les caractères suivants : Fruits d’environ 2 centimètres de diamètre sur 22 millimètres de hauteur, marqués sur l’un des côtés d’un large sillon peu profond ; cavité pédonculaire très-petite, presque à Heur du fruit ; peau lisse, lui- sante et comme vernie, rouge très-foncé, presque noire sur les parties fortement in- solées ; pédoncule de 7 millimètres de lon- gueur ; chair adhérente au noyau ; eau ahondantc, très-sucrée, relevée d’une sa- veur fine très-agréable; noyau long d’un centimètre, oblong, arrondi au sommet, at- ténué à la hase, à surface sensiblement sil- lonnée. Maturité commencement d’aout. E.-A. Carrière. GYNERIUM JUBATUM Un horticulteur anglais des plus distin- gués, M. Charles Noble, se plaignait der- nièrement d’avoir acheté sous ce nom un Gynérium qui lui avait été vendu comme une belle nouveauté, et de n’avoir trouvé, à la floraison, qu’une maigre et laide forme du G. argenteum. A quoi notre correspondant, M. Gum- hleton, répondit, dans le Gardeners’ Chro- nicle, qu’il cultivait depuis plusieurs années cette plante dans son jardin de Cork (Ir- lande) et qu’elle y produisait de grandes panicules très-distinctes des autres Gyné- riums et de toute beauté. La plante a été rapportée du Chimho- razo par M. B. Rœzl, et vendue sous le nom de G. juhatum, par M. V. Lemoine, horticulteur à Nancy, si nos souvenirs sont exacts. Nous pouvons ajouter à ce qui précède quelques renseignements personnels, qui expliqueront les divergences d’opinion de MM. Noble et Gumhleton. En 1876, nous avons rencontré le G. juhatum en pleine floraison, à l’état sauvage, sur les hauts plateaux de l’Écuador. Il abondait, entre 2,800 et 3,400 mètres au-dessus du niveau de la mer, dans les régions de l’Imbabura, du Guaillahamha, du Cotopaxi, du Corazon et du Chimborazo. Dans la plupart des cas, UES GESNÉRIACÉES DAI Il n’est pas de jardin d’amateur de quel- que importance, qui ne compte parmi ses divers abris vitrés une ou plusieurs serres froides; tous en possèdent, et leur nombre est en raison directe de l’étendue de la par- tie du domaine consacrée à l’agrément, car leur destination première est d’abriter pen- dant la mauvaise saison une multitude de il formait des touffes peu compactes, portant des hampes fleuries de 2 à 4 mètres de hau- teur, avec des panicules relativement assez grêles et d’un gris rougeâtre. Mais dans d’autres endroits, il prenait une forme touffue, une haute stature, des panicules fournies et d’un bel aspect, très-différent de celui du G. argenteum. Ges variétés spontanées ont-elles été importées simulta- nément et le commerce possède-t-il plu- sieurs formes dont les unes sont belles et les autres inférieures ? Cela est possible, et nous avons souvent constaté des faits ana- logues. On se souvient, par exemple, que lorsque nous avons introduit le Philoden- dron gloriosum, l’envoi que nous avions fait contenait des plantes à nervures mé- dianes et secondaires d’un beau blanc pur, tandis que d’autres les avaient beaucoup moins nettes. Ces deux formes sont actuel- lement dans les collections : l’une d’elles ést seule bonne. Et dans les Orchidées ? Autant d’importations des mêmes espèces, autant de variétés de A'aleur diftbrente. La conclusion à tirer de ceci, c’est qu’il conviendrait de s’assurer, en achetant le Gynérium juhatum, que l’on a bien affaire à la belle forme cultivée par M. Gumhleton, et qu’il est désirable de voir répandue dans les jardins. Ed. André. ) UES SERRES FROIDES végétaux qui doivent concourir à l’ornemen- tation des parterres pendant la période esti- vale. Mais, quel que soit leur nombre, qu’il nous suffise de constater leur existence. Alors qu’avec les beaux jours, Pélargo- niums. Sauges, Cytises, Métrosidéros et cent autres genres retournent au plein air occuper la station qui leur est ménagée, LES GESNÉRIACÉES DANS LES SERRES FROIDES. 521 quel emploi fait-on des serres froides de mai à octobre ? Le plus souvent elles restent vides et c’est à tort, car l’amateur qui agit ainsi oublie tout l’agrément que peut lui procurer la vue de ces serres parées de Bégonias ou d’autres plantes analogues, qui les décorent si richement pendant les quel- ques mois de la belle saison. Il y a quel- ques années seulement, les Coléus, aux co- loris si variés, faisaient le principal orne- ment des serres froides pendant l’été, mais aujourd’hui cette charmante Labiée com- mence à être délaissée, car elle a dû, comme bon nombre de plantes, subir l’influence de la mode, qui n’épargne rien, puisque les vé- gétaux eux-mêmes suivent ses fantaisies. Parmi les plantes propres à cet usage, la famille des Gesnériacées en renferme un certain nombre, dont la culture prend de jour en jour des proportions plus considé- rables, et qui sont de la part de certains spécialistes l’objet d’une attention toute particulière. MM. Vallerand, de Bois-Co- lombes, et la maison L. Van Houtte, de Gand, ont beaucoup contribué à l’embellis- sement des genres Tydæa, Plectopoma, Rosanovia, Eucodonia, Nægelia, Gesne- via, Achimenes, qui ont subi des amélio- rations considérables, tant dans le port général des plantes que dans la forme et la couleur des fleurs. Les Gloxinias n’ont pas échappé à cette transformation, car la fécondation artificielle a complètement révo- lutionné ce beau genre, dont les deux types, G. hybrida et G. crassifolia, ont produit des variétés bien différentes des formes anciennement cultivées. Les Gesnériacées sont particulièrement recommandables pour la garniture des serres froides, non seulement à cause de leurs feuilles et de leurs fleurs, qui sont du plus bel effet, mais aussi parce qu’elles ne réclament, pendant l’hiver, d’autre soin que celui d’être conservées dans un lieu sain, contrairement à la majeure partie des plantes employées aux mêmes usages, qui demandent à être hivernées en serre chaude. Sous le rapport du traitement à leur appli- quer pendant la période végétative, elles ne sont pas plus exigentes, ce que nous allons exposer d’une manière très-sommaire. Dans les espèces tuberculeuses et rhizo- mateuses, qui seules nous occupent ici, la végétation se ranime dans le courant de mars : il faut alors procéder à l’empotage. On le fait avec des pots de 14 à 16 centi- mètres de diamètre, suivant la force des tubercules ou la quantité des rhizomes que l’on désire mettre dans chaque pot. Notons en passant qu’il n’y a pas avantage à faire de trop fortes potées de ces derniers. Dans ces pots bien drainés et remplis d’un mé- lange de terre, de feuilles et de fumier bien décomposé, que l’on aura eu soin de pré- parer un peu à l’avance et d’additionner d’une faible quantité de terre franche, on enterre les tubercules en prenant la précau- tion de maintenir les jeunes pousses à la surface du sol ; les rhizomes seront recou- verts d’une couche de terre variant de 20 à 35 millimètres, suivant leur volume. L’opération terminée, tous ces pots peuvent être placés ou sur couche et sous châssis fermés, ou sur les tablettes d’une serre chaude. Au début, les arrosages devront être très-modérés, et l’on fera bien d’at- tendre pour les commencer que la végéta- tion se soit bien accusée, c’est-à-dire une dizaine de jours environ après l’empotage; lorsque les feuilles se seront développées, on devra arroser plus fréquemment, ombrer légèrement et aérer chaque fois que la tem- pérature extérieure le permettra. Vers la fin de mai, époque à laquelle les terres froides sont généralement libres, les Gesnériacées pourront y être transportées et disposées avec goût sur les tabletles, en les distançant suffisamment, de façon qu’elles puissent atteindre tout le développement qu’elles sont capables d’acquérir. Contrairement à l’opinion généralement admise, ces plantes demandent beaucoup d’air et ne redoutent nullement le soleil ; tou- tefois, il est bon de les soustraire à l’ardeur de ses plus forts rayons, soit à l’aide d’un léger badigeonnage au lait de chaux donné sur le vitrage, soit avec une toile très- claire, ce qui est préférable au point de vue de la propreté et du bien-être des plantes, car la lumière se trouve ainsi mieux ta- misée. Pendant les mois de juin et de juillet, oû la végétation est dans toute son acti- vité, il faut donner de copieux arrosages ; ce travail devra être fait le soir de préfé- rence atout autre moment, car avec la fraî- cheur de la nuit, les plantes se raffermis- sent et sont mieux disposées à supporter la chaleur du lendemain. Le tuteurage des tiges ne doit jamais être négligé pour les espèces et variétés qui l’exigent, mais il faut toujours le faire avec soin et éviter de rompre les feuilles, qui sont très-cassantes. Dans le courant de septembre, la floraison se ralentit ; on doit diminuer les arrosages, 522 NES GRSNÉRIACKES DANS LES SERRES FROIDES. puis les supprimer couiplètemeiii dans les prejiiiers jours d’octobre, épofjue à laquelle les Gesnériacées ont à peu près parcouru le cycle de leur végétal ion, et qui coïncide avec celle de la rentrée des plantes de serre froide. Les pots contenant les tubercules et les rhizomes seront alors déposés sous les tablettes d’une serre tempérée, ou dans tout autre lieu sain, exempt d’iiumidité et à l’al)ri de la gelée. Pour ce genre de culture, il n’y a pas avantage à ce que les plantes reprennent leu !• vie active avant la lin de mars; il ne faudra donc pas les placer dans un milieu trop chaud, car la période de repos est d’au- tant plus courte que la température est })lus élevée. Les tubercules et les rhizomes peuvent être conservés en pots jusqu’au moment de leur mise en végétation, on dépotés dès que celle-ci est terminée ; dans ce dernier cas, on ne doit les débarrasser ni de leur terre, ni de leurs racines, avant que leur maturité se soit parachevée, sans quoi ils se rident, se dessèchent, et la végétation suivante s’en ressent considérahîement. Multiplication. — Le semis est, pour les Gesnériacées, le mode de multiplication par excellence, car non seulement il permet d’obtenir des variétés nouvelles, mais il fournit très-rapidement une quantité consi- dérable d’individus qui sont quasi adultes à la fin de la première année. On le pratique en janvier dans des ter- rines bien drainées que l’on remplit de terre de feuilles finement criblée et addi- tionnée d’un peu de sable blanc, dont le seul rôle est d’augmenter la légèreté du compost; on doit tenir la surface sensible- ment bombée afin de soustraire les jeunes plantes à un surcroît d’humidité, qui est pour elles un agent de destruction des plus redoutables. Il faut Ôsemer d’une manière uniforme, et ne pas recouvrir les graines, qui sont très-fines ; on se contente de les appuyer avec le revers de la main. Après avoir bassiné légèrement la surface des ter- rines, ou en avoir trempé la terre par capil- larité, on les place dans une serre de 16 à 20 degrés centigrades, et le plus près pos- sible du vitrage. On doit faire an semis des visites quotidiennes, et maintenir le sol dans un état convenable d’humidité, c’est- à-dire qu’il ne doit être ni trop sec ni trop humide. Le premier repiquage ne doit pas se faire attendre ; on y procède dès que l’opération est possible, en se servant d’une petite four- chette en bois et en prenant bien .soin de ne pas frois.ser les jeunes plantes. On le fait en terrines dans la même terre que celle qui a servi à faire le .semis, et ces terrines sont également placées dans les mêmes con- ditions de chaleur et d’humidité. Lor.sque les plantes se touchent, un deuxième repi- ({uage en terrines est nécessaire, et en mai l’on fait une dernière transplantation en pots et isolément, ou sur couche et sous châssis, ce qui est de lieaucoup préférable, en dis- tançant les plantes de façon qu’elles puis- sent se développer librement. Il est indis- pensable de les ombrer et de les priver d’air pendant quelques jours, mais lorsque la reprise est faite, on peut diminuer l’om- brage et aérer chaque fois que la tempéra- ture est suffisamment élevée. Les arrosages doivent être suivis surtout pendant les mois de juillet et août, modérés en septembre, et supprimés complètement à la fin de ce mois. Dix ou quinze jours après que la vé- gétation est complètement terminée, il faut alors procéder à l’arrachage et hiverner les tubercules et les rhizomes comme il a été dit plus haut. En outre des semis, le bouturage des tigesjet des feuilles, le sectionnement des tubercules et des rhizomes, sont deux pro- cédés de multiplication que l’on peut appli- quer avantageusement aux Gesnériacées. Le bouturage des tiges doit être fait de bonne heure, afin que les tubercules et les rhizomes puissent se former pendant le cours de la végétation ; on le fait ordinaire- ment à partir des premiers jours de mai jusqu’à la fin de juin. Ces boutures se font en serre à multiplication ; on les empote séparément dans de petits godets remplis de terreau de feuilles, et lorsque la re- prise est faite, on leur fait subir un rem- potage en se servant d’un compost un peu plus substantiel. Pour les espèces à rameaux grêles comme les DolicJwderia, les Acliime- nes, etc., le repiquage des boutures se fait dans des godets de 8 à 9 centimètres de diamètre dans lesquels on les réunit par huit ou dix, de façon à former immédiate- ment des potées, car toutes les boutures de tiges fleurissent la même année ; on peut donc s’en servir vers la fin de l’été pour soutenir la floraison dans les serres froides, en les intercalant entre les plantes adultes lorsque celles-ci commencent à être épui- sées. Les Gloxinias de semis qui prennent la même année un grand développement, surtout lorsqu’ils sont cultivés en pleine terre, peuvent aussi servir au même usage ; SOCIÉTÉ NATIONALE d’HORTIGULTURE DE pour cela il faut empoter les plus forts lors- qu’ils commencent à lleurir, et les placer pendant queUpies jours sous des châssis fermés et ombrés, alin que la reprise se fasse sans cpie les plantes soutirent de la dé{)lantation. Jlien que toutes les Gesnériacées puissent être multipliées par le bouturage des feuilles, ce mode n’est généralement appliqué qu’aux Gloxinias. Ici encore, on doit opérer de bonne heure, et ne se servir que de feuilles adultes que l’on plante par le pétiole dans FRANCE. — DEUX NOUVEAUX LÉGUMES. 523 (le petits godets, en ayant soin de les en- terrer jusqu’à la naissance du limbe. Quant au sectionnement des tubercules et des rhizomes, on le fait avant la mise en végétation et assez tôt, de façon (jue les plaies aieiil le temps de sécher avant la mise en terre; cette précaution est indispen- sable surtout pour les tubercules. 11 est bien entendu que pour ces derniers, chaque por- tion doit être munie d’un liourgeon au moins. L. Saint-Léger, Stagiaire de l’École Nationale d’horticulture de Versailles. SOCIÉTÉ NATIONALE IT HORTICULTURE DE ERANCE SÉANCE DU 28 OCTOBRE 1886 A cette séance, ont été faits les apports sui- vants : Au Comité de Culture potagère. — Par M. Duvillard, maraîcher à Arcueil : deux sortes de Céleri, la magnifique variété Chemin, que nos lecteurs connaissent, et une autre variété, également panachée, le Céleri White Plum, nouveauté qui est mise au commerce par MM. Vilmorin. Cette variété vigoureuse, dra- geonnant peu, est élégamment panachée de hlanc; l’intérieur devient d’un très-beau jaune d’or. Elle se tient très-bien; ses côtes, rappro- chées et fortes, sont bien pleines. — Par M. Hédiard, marchand de fruits et comestibles exotiques : de très-beaux Piments doux, ex- cellente variété, trop peu connue; ses fruits, gros, tronqués (Piment carré), sont d’un très- beau rouge. — Par M. Dethou, amateur : des fleurs de Sechium edule, cette singulière Cu- curbitacée. Dans son jardin, à Cannes, non seulement le Sechium eclule passe l’hiver en pleine terre, mais la plante y fructifie. — Par M. Taberna, jardinier chez M"^*^ la duchesse de Galbera, à Clamart : de très-belles et grosses Patates blanches. Ce qui donnait plus d’impor- tance à cet apport, c’est que ces Patates, si re- marquablement belles, avaient été cultivées en pleine terre par la méthode dont il est l’inven- teur, et qui consiste à planter dans une couche de terreau de 25 centimètres d’épaisseur, repo- sant sur un sol très-dur. Dans ces conditions, non seulement les Patates viennent parfaite- ment, mais elles deviennent moins longues et plus régulières. Au Comité èC Arboriculture. — Par MM. Bal- tet frères, horticulteurs à Troyes : un lot très- important de Poires. Ce lot comprenait trois séries : 1° des semis Tourasse et autres, des présentateurs ; 2» des fruits récemment mis au commerce, mais encore peu connus, et une troisième série comprenant des variétés hy- brides , résultant de fécondations entre nos bonnes variétés et les variétés japonaises (Mi- kado et autres). — Par M. Chino, amateur à Chatou : des Pommes Grand- Alexandre. — Par MM. Bruneau et Jost, pépiniéristes à Bourg-la- Reine : deux Poires de la variété Prince-Najw- léon, fruits assez gros, et que l’on dit être de bonne qualité. — Par M. Dethou, à Bléneau (Yonne) : des fruits d'Arhutus Unedo, d' Opuntia et d’une variété d’Oranger Mandarine à petits fruits, plante vigoureuse et excessivement pro- ductive, paraît-il. Ce qui ajoutait au mérite de cet apport, c’est que tous les produits dont il se composait avaient été récoltés en pleine terre dans le département de l’Yonne, recouverts pendant l’hiver avec des châssis. Au Comité de Floricultiire, deux présenta- teurs seulement : M. Dethou, qui avait apporté des rameaux fleuris d" Hedijchium flavum, et M. Terrier, jardinier chez M. le docteur Four- nier, à Neuilly-Saint-.Tames (Seine), qui présen- tait un très-beau pied de Cattleya aurea, por- tant deux inflorescences avec de magnifiques fleurs. DEUX NOUVEAUX LÉGUMES Tous deux très-méritants, à diflerents titres, ces légumes sont le Pois parchemin fondant de Saint-Désir at, N \\m. (fig. 124) et le Chou Express, Vibn. (fig. 125). Le pre- mier, qui vient se placer entre les variétés Pois Corne de bélier, auquel il est bien su- périeur tant par la beauté des cosses que par le volume, est le Pois Géant sans par- chemin, mais dont il n’a pas l’àcreté, est d’un très-grand rendement. La plante est vigoureuse, robuste; ses cosses, belles, bien faites, et qu’il donne en très-grande quan- 524 LES FRUITS A OBTENIR. iilé, sont d’un lieau blanc meme avant la maturité. Elles sont long-ues de 12 à 15 cen- timètres, larges de 3 à 4, droites et bien régulières, 4rès-cliarnues et absolument dé- même que pour la grande culture. Nous le recommandons surtout aux maraîchers et jardiniers du Centre et du Midi, qui, cer- tainement, en seront satisfaits sous tous les rapports. Quant au Chou Express, il est, sans aucun doute, appelé à un grand avenir, car il réunit toutes les qualités que doit avoir ce qu’on nomme une bonne plante : vigueur, robusticité et surtout une extrême liàtiveté, ce qui lui assure la supériorité sur toutes les variétés du groupe auquel il ap- partient. Sa forme, son port et son aspect général le rapprochent, mais en plus petit, du Chou cV Étampes, qu’il égale comme qualité, mais qu’il dépasse en hâtiveté d’au moins huit à dix jours, ce qui, commercia- lement, est un grand avantage. C’est donc un vrai Chou de primeur dans toute l’ac- Fig. 125, — Choux Express, réduit. LES FRUITS A OBTENIR En écrivant un premier article sur les fruits à obtenir (1), je m’adressais surtout (1) Voir Revus )iorticole, 1886, p. 330. aux jeunes arboriculteurs qui ont devant eux de longues années, et je les ai crus assez versés dans les semis et les hybridations pour ne pas entrer dans des détails que Fig. 12i. — Pois sans parchemin fondant de Saint-Désirat, réduit; la cosse, de grandeur naturelle. pourvues de parchemin. Chaque cosse con- tient de 7 à 8 grains, blancs, gros, bien faits et d’un très-bel aspect. C’est une ex- cellente variété pour maison bourgeoise, de ception du mot. Ce qui ajoute encore à son mérite, c’est qu’il donne peu de feuilles exté- rieures et que toutes les autres se replient tout de suite, de façon que toutes forment pomme. Le Chou Express (fig. 125) est de toutes les variétés du groupe le plus hâtif; c’est, pourrait-on dire, l’analogue des Laitues (( Pommes en terre », à peine repiqués les plants tendent à se « coiffer » . C’est donc une variété des plus recommandables, ex- cessivement productive par suite de ses petites dimensions qui permettent de les rapprocher, de les planter presque « à touche touche ». Ces deux nouveautés, que nous avons décrites dans les cultures de MM. Vilmo- rin, sont actuellement en vente. E.-A. Carrière. LES FRUITS A OBTENIR. 525 M. Ernest Baltet leur a donnés avec tant d’autorité dans sa brochure Sur les semis d’arhres fruitiers pour la recherche des variétés nouvelles. Trois forces concourent à l’obtention des fruits : Vhér édité, V individualité et V ata- visme. Si l’hérédité agissait seule, il suffirait d’allier deux variétés remplissant les qua- lités cherchées pour obtenir d’une première fécondation le fruit demandé, mais il y a cette autre force si puissante de l’individu qui rend plus ou moins dissemblables les produits d’un même semis. Il y a aussi, mais à un bien moindre degré, V atavisme, qui, ramenant le produit en arrière, dé- range quelquefois les hybridations les mieux raisonnées. C’est donc une œuvre de pa- tience et de temps qu’entreprend celui qui cherche à obtenir un fruit déterminé. Je suis cependant convaincu qu’en choisissant judicieusement les parents, le succès plus ou moins rapproché est certain, mais il faut, pour y arriver, de la persévérance, de l’or- dre, de l’habileté. Alors même que le résultat ne serait pas atteint aux premières générations, il n’y aurait pas lieu de se décourager, et l’on pour- rait souvent employer utilement pour un des facteurs le gain qui se rapprocherait le plus du but cherché. En attendant on serait récompensé des efforts faits par l’obtention de fruits de mérite. L’étude des variétés nouvelles doit en- courager les semeurs : la Clapp’s Favorite, cette Poire de si grand mérite, sort certai- nement de la Fondante des bois, le Beurré Hardy et le Beurré superfin du Beurré gris. Rivers a obtenu de la Poire de Pom- ponne y Orfraie et le Prince de Galles; un noyau déFarly Silver lui a donné le Sea- Eagle. C’est de la Clairette que sont sortis le Muscat Talahot et la Clairette Mazel, les meilleurs gains de M. Besson. Il est indispensable que le semeur em- ploie l’hybridation régulière ; le rapproche- ment des branches lors de la floraison n’est pas suffisant. J’en ai eu de fréquentes et nombreuses preuves par les produits très- distincts que m’ont donnés les pépins d’une même grappe : les Vignes obtenues con- servent dans leur bois et leurs feuilles les principaux caractères de leur mère, mais les dissemblances dans le grain sont trop grandes pour que la fécondation ait pu être faite par le même père. Une Vigne, que notre compatriote M. De- leuil vient d’obtenir en fécondant artificiel- lement et avec les précautions voulues le Raisin De Candolle par un Muscat noir, reproduit avec fidélité la grosseur et la na- ture des fruits de la mère, le goût musqué et la couleur du père. Il est très-regrettable que cet habile hybridateur n’ait pas ap- pliqué son remarquable talent à la Vigne américaine, car ceux qui ont pu admirer ses beaux Bégonias tubéreux, ses Agaves, ses splendides Glaïeuls et autres plantes re- marquables, sont convaincus qu’il aurait obtenu un meilleur producteur direct résis- tant et peut-être même un porte-greffe moins exigeant sur la nature du terrain que ceux que nous connaissons. Les méthodes que la Bevue horticole a décrites pour amener une prompte fructifi- cation pourront être employées si l’on veut arriver promptement au but, mais il est certain que cette précocité obtenue par une végétation anormale sera aux dépens de la vigueur (1). Ce sera d’une importance moindre pour l’arbre fruitier que pour la Vigne à vin, qui doit se défendre contre tant d’ennemis. La vigueur n’exclut pas la fertilité ; le cultiva- teur habile sait obtenir un produit plus considérable de l’arbre vigoureux que du faible en lui donnant un plus grand déve- loppement. Il faut éviter de prendre pour un des gé- nérateurs la fleur ou le pollen d’un arbre très-âgé, car l’on n’obtiendrait de cette union que des variétés arrivant rapidement à la décrépitude. Il en est de même lors- qu’on insère un greffon d’un vieil arbre sur un sujet vigoureux. Ce ne sont pas seulement les individus qui vieillissent, ce sont aussi les variétés. Ceux qui le nient n’ont sans doute pas observé combien les variétés anciennes ont perdu de leur robusticité. Ils supposent qu’en renouvelant l’arbre par le semis du porte-grefte, l’individu que contient l’œil greffé sera un être nouveau. Il est évident que cette opération prolonge l’existence des variétés, qu’elle en retarde la caducité, mais ce qui est certain, indiscutable même, c’est que toutes obéissent à la loi commune, qu’elles ont leur enfance, leur jeunesse, l’âge mur, et qu’elles arriveront à la vieil- lesse, puis à la mort. Ce sont surtout les Poiriers sur lesquels les atteintes du temps se font le plus sentir. On sait que plusieurs variétés qui prospé- (1) L’opinion émise ici n’est qu’une hypothèse qui, dans beaucoup de cas, a les faits contre elle. E.-A. C. 520 IMPATIENS REPENS. raient en plein vent dans le centre et le nord de la France ont maintenant besoin d(; l’espalier pour fructitîer. ,1’en ai cité d’aii- ii*es qui laissent tomber leurs Iruits, lesquels îiulrelbis étaient très-solides. Nos anciennes variétés, par exemple la Cramoisine, la l\0]faic d’hiver, le J)oj/enné blanc (Beurré hlune], soutirent Jieaucou P plus que les fruits nouveaux des froids tardifs et des })luies pendant la tloraison ; leurs fruits sont très- souvent tavelés alors que ceux des jeunes variétés sont intacts et très-sains. On a attribué à la prise des greffons sur des Poiriers gretfés sur Cognassier la ca- ducité des anciennes variétés; cette cause de faiblesse a bien quelque importance, mais ici les arbres de grande culture sont le plus souvent greffés sur franc. Afin de me rendre compte de la valeur de cette objection, j’ai fait venir de son pays d’origine, de la Toscane, où le Cognassier est très- peu employé comme sujet, quatre arbres de la Spina di Carpi (notre Royale d’hi- ver). Ces arbres, très-beaux, plantés dans un excellent sol, en espalier, à l’abri de toutes blessures, ont pris un grand développe- ment, mais ils n’ont pas tardé à se couvrir IMPATIEN Rappeler les plantes méritantes, vieilles ou nouvelles, qui ont passé inaperçues ou qui n’ont pas suffisamment été appréciées est, ce nous semble, servir à la fois la science et la pratique. L’Impatiens repens fait surtout partie des plantes dont nous parlons et, pour cette raison, mérite tout particulièrement l’attention. Elle fut trouvée dans l’île de Ceylan, au lieu dit Four Korles, d’abord par M. Moon, plus tard par la générale Walker, et enfin par M. Gardener, qui la découvrit à Algagala, à 1,200 mètres au-dessus du ni- veau de la mer, et qui l’introduisit vivante en Europe. Au lieu de former des touffes dressées, raides comme la plupart des autres espèces de Balsamine, celle-ci, au contraire, constitue des touffes étalées sur le sol, où elles s’enracinent avec la plus grande faci- lité. M. Hooker, qui l’a figurée dans le Bo- tanical Magazine (t. 4,404), en donne la description suivante : Plante d’apparence annuelle, mais se con- servant très-facilement au moyen du boutu- rage, à rameaux très-nombreux, divariqués, radicants partout où ils touchent le sol. Pia- meaux charnus striés. Feuilles alternes. de chancres comme ceux provenant de nos pépinières. Ce n’est ])as à la taille et au sé- cateur que ce mal est dû, car je n’ai em- ployé pour eux ({ue la serpette, et cela seu- lement jxmdant les deux premières années, et je les ai ensuite fùssé jioiisser sans taille, afin que l’ex])érience fût complète. 11 y a dans celte décrépitude certaine, dans cette diminution de rohusticité, une des principales l'aisons de pratiquer des se- mis, mais il faudrait qu’on ne mît au com- merce que les fruits de premier ordre, valant au moins ceux qu’ils doivent remplacer. Cette sévérité, je le sais, est hien difficile à obtenir du semeur, toujours enclin à l’in- dulgence pour ses gains. Mais alors c’est aux Sociétés d’horticulture qu’incornhe le devoir d’étudier avec soin les fruits produits dans leur localité et de les recommander seulement alors qu’ils auraient été reconnus liien méritants. J’ai été amené, par des questions qui m’ont été adressées, à donner un peu lon- guement quelques conseils sur les semis, ce qui rn’ohlige à renvoyer à un nouvel article une note sur les autres fruits que je crois utile d’obtenir. Paul Giraud. I REPENS petites, cordiformes, presque réniformes, glabres, aiguës, obscurément dentées, et portées par des pétioles à peine plus longs qu’elles-mêmes. Pédoncules axillaires, soli- taires, uniflores, plus longs que les fleurs grandes et jaunes. Galyce légèrement velu. Sépales latéraux petits, ovales-lancéolés, verts ; les deux supérieurs amples, arrondis, formant le casque; l’inférieur très-dé veloppé, cucullé, terminé en un court éperon courbe, claviforme à la pointe. Pétales latéraux bilo- bés, très-inégaux, les supérieurs arrondis. Filets staminaux blancs, claviformes, ciliés. Ovaire velu. Ainsi qu’on peut le voir, V Impatiens repens forme un type à part n’ayant même pas d’analogue dans ce genre. On pourra la cultiver en pots, en serre chaude ou tem- pérée ainsi qu’on le fait des Impatiens platypetala, Jerdoniæ, Hookeriana, Sul- tani, etc. ; la multiplication s’opère aussi de la même manière que pour ces dernières. Les boutures pourraient aussi être plantées dehors, en plein air, dans des conditions appropriées où elles fleuriraient pendant tout l’été. Dans ces conditions, il est même certain que, par sa végétation continue et DEUX GLYCINES A RECOMMANDER. 527 couchée, VImpatiens repens serait suscep- tible de garnir de grands espaces qui pré- senteraient alors un aspect tout pariiculier. Outre le parti que l’on })ourrait tirer directemenl, de cette espèce pour l’orne- mentation, c’est surtout au point de vue des hybridations que l’on pourrait en faire avec toutes les autres, grandes ou petites, an- nuelles ou vivaces, qu’elle est digne d’inté- rêt. Aussi est-ce tout particulièrement à ce DEUX GLYCINES Ces deux plantes, qui sont certainement du premier mérite ornemental, sont la Gly- cine de la Chine à fleurs blanches, simples, et la Glycine à fleurs violettes, pleines, dont nous allons dire quelques mots : Glycine de la Chine à fleurs blanches. — Tous ses caractères généraux, c’est-à-dire végétation, vigueur, aspect, etc., sont abso- lument semblables à ceux du type, la vieille mais toujours belle Glycine de la Chine [Wistaria sinensisj. On la distingue ce- pendant assez facilement de cette dernière à son aspect général et surtout à la couleur des feuilles, qui est d’un vert clair beaucoup plus pâle. Les grappes de la Glycine à fleurs blanches sont aussi généralement plus lon- gues et plus lâches. Quant aux fleurs pro- prement dites, qui sont blanches, belles et très-grandes, elles sont également odorantes. Un fait qui très-probablement a contribué à faire abandonner cette variété, c’est que, à son début, l’on a vendu, sous le nom de Glycine de la Chine à fleurs blanches, des plantes qui étaient étrangères à cette va- riété, et aussi une autre qui, bien qu’à fleurs blanches, était très-peu florifère. 2® Glycine de la Chine à fleurs pleines. — Plante très-vigoureuse et très-feuillue, constituant des masses compactes de ver- dure de couleur très-foncée. Feuilles de moyenne grandeur, à folioles ordinairement plus courtes et plus rapprochées que dans les espèces dont nous venons de parler, glabres et comme légèrement rimeuses clo- quées. Grappes de fleurs très-fortes, longues, compactes; boutons très-gros, subsphé- riques. Fleurs très-pleines, d’un violet foncé qui s’atténue en vieillissant et passe presque au lilas cendré. Mais comme ces changements sont successifs et gradués, il s’ensuit que, sur une grappe, il y a toujours diverses nuances qui se font opposition. C’est donc, à tous les points de vue, une plante méritante. Faisons toutefois remarquer que la Gly- point (le vue que nous signalons VImpa- tiens repens aux bybridateurs, les Lemoine, les Crousse, les Deleuil, etc. Pour obtenir cette espèce, nous pensons que le mieux serait de s’adresser en Angleterre, soit aux établissemenls publics, à Kew, par exemple, soit à certains établissements pri- vés, MM. Veitch ou William Pull, de Londres, qui trouveraient le moyen de se la procurer. K -A. Carrière. L RECOMMANDER cine à fleurs pleines violettes paraît peu flo- riboncle lorscju’elle est jeune et que c’est peut-être là la principale raison qui a été cause de son abandon et lui a fait une renommée de pauciflorité, qu’en effet elle semblait mériter. En admettant ce défaut, serait-il possible de l’atténuer, et, dans l’affirmative, com- ment? Oui, la chose est possible, et le moyen est d’une application facile. Il con- siste dans un raisonnement judicieux du mode de multiplication, qui d’abord doit être la greffe et non les couchages. Pour sujets on emploie soit des pieds enracinés, soit des tronçons de racines de Glycine de la Chine que l’on greffe en fente ainsi qu’on le fait lorsqu’il s’agit d’autres plantes, par exemple de Pivoines en arbre. Le point important, dans cette circons- tance, consiste dans le choix des greffons. Il faut, autant que possible, prendre ceux-ci sur des parties qui aient déjà fleuri ; ces ra- meaux doivent être courts, bien nourris, ayant des yeux bien marqués et très-rap- procbés. Ces greffons produiront des plantes très-floribondes, qui laisseront peut-être à désirer pour la vigueur, défaut qu’elles ra- chèteront largement par une abondante floraison. Si, au contraire, on prenait pour greffons de ces scions longs, gros et dont les yeux, peu saillants, sont très-distants, on obtiendrait des plantes à bois gros et lon- guement sarmenteuses, qui donneraient des sujets d’une extrême vigueur, mais peu de fleurs. Dans ce cas, il serait même possible que les différences que nous avons particulière- ment signalées ci-dessus, à propos de la Glycine à fleurs blanches, soient le résultat de mauvais greflbns dont on se serait servi pour opérer la multiplication. On ne saurait donc jamais prendre trop de précaution lorsqu’on coupe des parties devant servir à la multiplication des végé- taux ligneux. May. 528 CORRESPONDANCE. GLYPTOSTROBUS COLUMNARIS Le genre Glyptostrohus peut être consi- déré comme un démeml)rement du genre Taxodium. La plante dont nous allons parler a quelques rapports avec le Glyplos- trohus pendulus et tout particulièrement avec le Taxodium intermcdinm, Garr. En voici les caractères : Arbre pyramidal, formant une colonne compacte, très-étroite. Branches nom- breuses, siil)dressées, longuement terminées par des ramilles foliaires, courles, caduques, excessivement rapprochées et cachant en- tièrement les rameaux, longues d’environ 10 à 16 centimètres, simples ou ramifiées, à ramifications très ténues, élégamment plumeuses et comme cordelées. Feuilles aciculaires, linéaires-filiformes, parfois sub- écailleuses, de longueur et d’aspect variables. Cette forme, des plus ornementales, pré- sente un aspect tout particulier qui la dis- tingue de suite de tous ses congénères ; elle constitue des colonnes étroites, largement ar- rondies au sommet. Les ramilles foliaires sont tellement nombreuses et fournies qu’elles ca- chent entièremement les branches et que le tout constitue une masse des plus élégantes. Le plus fort sujet de Glyptostrohus co- lumnaris que nous connaissions est planté dans les pépinières de la Ville de Paris, à Auteuil, où il excite l’admiration des visi- teurs. 11 forme une pyramide étroite, de 11 mètres environ de hauteur sur 4"" 30 de largeur à la hase, diminuant graduellement jusqu’au sommet, qui est légèrement co- nique; sa tige, qui mesure environ 50 centi- mètres de diamètre à la base, est recouverte d’une écorce gris roux, très-fendillée. Multiplication. — On multiplie les Glyptostrohus par la greffe sur le Taxo- dium distichum ; celle qu’on emploie est la greffe en fente, que l’on pratique au prin- temps. Une foisgreflés, les sujets sont placés sous cloche, où on les traite comme toutes les autres espèce de Conifères auxquelles on applique ce mode de multiplication. E.-A. Carrière. CORRESPONDANCE M. R. (Saône-et-Loire). — Le fait d’inégale répartition des sexes dont vous nous parlez est très-fréquent dans les Bégonias, en général. Sous ce rapport, on constate à peu près toutes les variations. Quant à l’appendice pétaloïde que vous avez remarqué, on en rencontre très-souvent aussi d’analogues et même de beaucoup plus complexes en ce genre. Pour ce qui est de la stérilité que vous signalez aussi, nous ne pouvons vous en dire la cause ; quelle qu’elle soit, elle est certainement due à l’imperfection de l’un, peut-être même des deux organes sexuels. M. A. G. (Loir-et-Cher). — Non, le mot Chrysanthème n’est pas féminin, mais bien masculin. On doit dire un beau Chrysanthème, malgré la tendance générale à dire une belle, une grande Chrysanthème. Le mot vient du latin Chrysanthemum, qui est neutre, et qui lui-même a été formé des deux mots grecs XpxxToç or, et av0ep.ov fleur, le genre ayant été fondé sur une espèce à fleurs jaunes. A® 5480 (Suisse). — L’échantillon de Poire que vous nous avez adressé est un nouvel et frappant exemple que la partie charnue qui constitue les Poires est due à une transforma- tion de la sève. En effet, il y a dans cet échan- tillon, outre un emboîtement ou une super- position et une prolification de fruits, une production d’organes foliacées (feuilles, brac- tées, etc.), qui montrent nettement toutes les phases intermédiaires entre les rameaux, les feuilles et les fruits, par conséquent les fleurs qui en forment le premier développement. Ces exemples de modifications physiologiques sont toujours très- bons à constater, aussi nous tâ- cherons d’en faire exécuter un dessin qui, alors, paraîtra avec un article, ce qui permettra d’entrer dans des détails très-circonstanciés. A® 4238 (Tam-et- Garonne). — Il nous est complètement impossible de vous dire le nom de l’insecte dont vous avez tant à vous plaindre. Les petits vers ou sortes de vibrions que vous nous adressez ne sont évidemment que des formes transitoires, mais de quoi? Et lors même qu’on arriverait à connaître le nom du déprédateur, cela avancerait peu ; l’essentiel, en la circonstance, serait d’arriver à pouvoir le détruire. En dehors de la chasse directe qui, lorsqu’elle est possible, est toujours la meil- leure, il y a l’usage des substances corrosives : pétrole, insecticide Fichet, mais surtout le sul- fure de carbone qui, très-probablement, serait efficace. Dans quelles proportions et quelle serait aussi l’époque la plus convenable pour opérer le traitement? Sur ces deux points, en- core, nous ne pouvons rien affirmer; ce sont des questions que, seule, l’expérience peut ré- soudre. L’ Administrateur-Gérant ; L. Bourguignon. lmp. Georges Jacob, — Orléans. CHRONIQUE HORTICOLE. 529 CHRONIQUE HORTICOLE Exposition universelle de 1889. — Professorat de viticulture à Montpellier. — Nouveau mode de multiplication du Ficus clastica. — Anthémis d’Arabie à fleurs pourpres. — Pêche hâtive Leprre. — Un énorme Bovista vulgaris. — Melon Fagot Jumelle. — Une deuxième saison de Pèches. — Conservation des graines. — Alcool de Haricots. — M. Hooïbrenk et la poste aux pigeons. — Préservation des outils contre la rouille. — Deux nouveaux genres de plantes. — Un baptême de Roses- — Le Garteuflora. — Nécrologie : M. F. Latny de la Chapelle. — M. Maurice Girard. — M. Dognin' Exposition universelle de 1889. — Les grandes lignes de ces assises du génie hu- main sont aujourd’hui tirées et l’on sait que, en principe du moins, l’horticulture, qui cette fois sera tout à fait à part, se tiendra spécialement au Trocadéro. Quant à l’industrie horticole, elle sera placée dans la partie du palais qui fait suite à celle qni est consacrée à l’Exposition rétrospective. Il va sans dire que, si parmi les divers objets concernant cette dernière partie il s’en trouvait qui, par leur nature ou des raisons quelconques, dussent être placés à l’air libre, ils trouveraient une place appro- priée en rapport avec les circonstances. Du reste ce sont là, on le comprend, des déci- sions générales qui pourront être modifiées. La Revue horticole tiendra ses lecteurs au courant de tout ce qui pourrait les intéresser à ce sujet. Quant à l’agriculture, cette sœur aînée de l’horticulture, à laquelle elle est étroitement liée, elle se tiendra sur le quai d’Orsay, entre le Champ-de-Mars et la place des Invalides et, au besoin même, dit-on, occu- pera une partie de celle-ci. On doit com- prendre, du reste, qu’une section aussi vaste et aussi importante que l’est l’agriculture ne peut, quant à l’emplacement des objets, être fixée d’une manière absolue, aussi longtemps à l’avance, et que suivant les cir- constances, certaines parties pourront être modifiées. Professorat de viticulture à Mont- pellier. — M. P. Viala vient d’être nommé professeur de viticulture à l’École d’agricul- ture de Montpellier. M. Foex, son prédé- cesseur, conserve la direction de l’École. Nouveau mode de multiplication du Ficus elastica. — Voici, sur ce procédé, ce que son inventeur, M. Crozy fils aîné, ♦ horticulteur, grande rue de la Guillotière, à Lyon, nous écrit : (( En mars dernier, en rempotant quel- ques vieux pieds de Ficus elastica, l’idée 1er Décembre 1886. me vint d’essayer quelques greflés de cette espèce sur des tronçons de racine de 7 à 8 centimètres de longueur. Je greffai en fente à un œil et plaçai les plantes tout simplement sous un châssis froid, c’est-à- dire sans aucune chaleur de fond, dans une serre chaude. Quinze jours après, et sans aucun soin particulier, ces greffes étaient parfaitement reprises, et aujourd’hui elles constituent de bonnes plantes marchandes. » Nous remercions M. Crozy de son in- téressante communication, dont, certaine- ment, profiteront beaucoup de nos lecteurs. Anthémis d’Arabie à fleurs pourpres. — La plupart de nos lecteurs connaissent l’Anthémis d’Arabie, type employé couram- ment à l’ornementation des jardins. Bien que cultivée depuis un temps presque im- mémorial et cela en très-grande quantité, cette plante, jusqu’ici, n’avait jamais donné de variétés, quand, récemment, elle pro- duisit spontanément une variété à fleurs complètement pourpres, qui, de plus, se reproduit franchement par graines. Cette nouveauté étant appelée à jouer un certain rôle dans l’horticulture, nous lui consacre- rons un article spécial de manière à en bien indiquer les caractères et à faire ressortir les avantages particuliers que l’on pourra en retirer. Néanmoins, à cause de son im- portance, nous avons cru devoir la signaler, et dès aujourd’hui appeler sur elle l’atten- tion des praticiens. Pêche hâtive Lepère. — Cette excel- lente variété, dont la Revue horticole a donné récemment (1886, p. 492) une des- cription, nous a valu, d’un de nos abonnés, la demande du renseignement suivant : — « A quelle époque cette variété sera- t-elle mise en vente? » Elle l’est actuelle- ment chez M. Georges Boucher, horticulteur, 464, avenue d’Italie, à Paris. Un énorme Bovista vulgaris. — Dans le jardin de M. Gamhray, rue de Paris, 23 530 CHRONIQUE HORTICOLE. 55, à Montreuil, il se développe, à peu près tous les ans,, dans le courant de l’été, et particulièrement dans le jiied des bor- dures de buis, des Lycoperdon Bovisla {Boviiita vidyaris). Cette année, nous en avons oliservé trois dont nous avons suivi le dévelo])[)ement : run d’eux est devenu énorme; sa forme, assez sing-ulière et comme siiiuée-lobée, rappelait un peu celle de l’estomac d’un ruminant; son dévelop- pement s’est effectué dans l’intervalle de quinze jours, pendant lesi^uels il a atteint environ 50 centimètres sur 30. Des deux autres exemplaires de ce cryptogame, l’im s’était développé au milieu du jardin, là où il n’y avait aucune plante. Maintenant, de ces faits découlent di- verses questions auxquelles il nous paraît difficile de répondre, notamment celle-ci : Comment se fait-il que presque tous les ans il se développe, dans ce jardin, plusieurs de ces Champignons, quand, dans les jardins contigus, l’on n’en a jamais remarqué? Pourquoi ne se développent-ils jamais au même endroit où ils ont poussé précédem- ment, bien que presque toujours on les laisse pourrir sur place ? Enfin, comment se fait- il qu’il ne se développe chaque année qu’un, deux ou trois de ces Champignons, qui, d’après certains cryptogamistes, renferment des centaines de mille de sporules, qui sont l’équivalent des graines ? Melon Pagot Jumelle. — On nomme Jumelles, en horticulture, les fruits qui, d’une façon ou d’une autre, se soudent par deux. Dans certaines espèces, le fait est relativement commun, tandis qu’il est très- rare dans d’autres, notamment dans les Cu- curbitacées. Cette année, seulement, nous avons eu l’occasion d’en voir un exemple produit par le Melon Pagot. Ce fruit double, soudé par le côté dans toute sa longueur, était très-régulier, pas déformé du tout ; la chair, également rouge et très-bonne, était abondante ; l’intérieur était légèrement mo- difié, mais non monstrueux. 11 y avait deux cavités ovariennes contenant un grand nombre de graines de forme tout à fait normale. Celles-ci reproduiront-elles le phé- nomène ? C’est ce que l’expérience démon- trera. Une deuxième saison de Pêches. — S’il est impossible d’indiquer la cause qui, cette année, à Montreuil et dans quel- ques localités voisines, a provoqué dans la plupart des arbres fruitiers : Poiriers, Pom- miers, Pruniers, Cerisiers, Néfliers, Pê- chers, une seconde floraison, souvent très- importante, nous n’en croyons pas moins devoir signaler et constater le fait. En effet, il n’était pas rare, en sejitendire dernier, de voir beaucoup de ces arlires (( couverts de fleurs ». Deaucoup de cultivateurs ont attribué ce fait à la forte grêle survenue fin d’aoùt, et qui, ayant arrêté brusquement fa végétation, aurait déterminé une réac- tion ayant amené cette floraison tardive. Sans nous prononcer sur ce fait d’une manière absolue, nous croyons cependant qu’il est dù à d’autres cau.ses, par exemple aux alternatives d’extrêmes chaleurs succé- dant brusquement à des jours relativement froids, et surtout aux chaleurs presque ca- niculaires qui se sont fait sentir vers la fin d’aoùt, et qui ont déterminé les terribles orages que l’on sait. Que la grêle ait en effet contribué à la production du phénomène en question, le fait est possible ; mais il n’est certainement pas le seul, puisque ce phé- nomène s’est montré dans beaucoup d’en- droits où il n’a nullement grêlé, soit que le sinistre n’ait pas eu lieu, soit que les arbres aient été garantis, par exemple, sur des Pêchers placés au levant. Mais, quelle qu’en soit la cause, nous avons cru bon de signaler l’effet. La plupart de ces fleurs n’ont pas noué, mais pourtant il en est qui ont donné des fruits qui ont conti- nué à grossir jusqu’à l’arrivée des froids, par exemple, des Pêches qui, le 10 no- vembre, étaient déjà grosses comme des chevrotines. La récolte prochaine de ces arbres est-elle compromise? Le fait est pro- bable, sinon complètement, au moins par- tiellement. Conservation des graines. — Au point de vue général et en ne tenant pas seule- ment compte de leurs propriétés physiques, on peut jiartager les graines en deux grandes sections : les graines sèches, qui sont renfer- mées soit dans des capsules membraneuses ou autres, non charnues, à parois minces, et les graines à testa charnu ou cartila- gineux, qui, renfermées dans des fruits pul- peux, sont pour ainsi dire baignées par une substance amniotique : Grenades, Pépins de Raisins, de Pommes, de Poires, etc., ou autres graines analogues, du moins quant à la nature physique. Ces fruits sont recouverts d’une matière grasse, qui s’at- tache au testa des graines, sur lequel elle forme une sorte d’enduit qui tend à en conserver les facultés germinatives. Aussi CHRONIQUE HORTICOLE. 531 convient-il de ne pas l’enlever lorsque les graines doivent être conservées longtemps, et de ne les laver que peu de temps avant de les semer. Outre que cette opération net- toie les graines et en ramollit le testa, elle en facilite la germination. Alcool de Haricots. — Bien que les Haricots soient employés à un tout autre usage qu’à faire de l’alcool, il peut être bon de savoir que, à l’occasion, ce légume peut servir à en préparer. L’auteur de cette découverte parait être un industriel anglais. Voici ce que nous avons lu à ce sujet : ((Un boisseau de ce légume peut donner deux pintes d’alcool. On opère ainsi : on met tremper les Haricots dans de l’eau jusqu’à ce qu’ils germent, puis on les pile dans un mortier ou un vase quelconque, et on les met à fermenter. Au bout de trois mois, on distille, et la liqueur en est aussi forte que la plus forte eau-de- vie. » Qu’y a-t-il de vrai dans tout ceci ? N’y a- t-il pas exagération ? Le fait est possible ; l’expérience seule peut répondre à la ques- tion d’une manière absolue. Toutefois, comme dans ce fait il n’y a rien qui soit en contradiction avec la science, au con- traire, nous avons cru bon de faire con- naître ce procédé, qui peut rendre quelques services et qui, dans tous les cas, ajoute aux connaissances de l’économie domestique, ce qui est toujours utile. M. Hooïbrenk et la poste aux pi- geons. — Nombre de nos lecteurs doivent se souvenir de M. Daniel Hooïbrenk, de ses essais en France de culture de la Vigne par le système de l’inclinaison au-dessous de l’horizontale, de ses démêlés retentis- sants avec le docteur Guyot, etc. Actuelle- ment, M. D. Hooïbrenk dirige un établis- sement prospère d’horticulture à Hietzing, près devienne. Son esprit inventif vient de lui suggérer un ingénieux système de correspondance rapide. Chaque matin on transporte des pigeons depuis l’établisse- ment jusqu’au magasin de vente, dans la ville de Vienne. Survient-il une demande de fleurs coupées, de garniture pressante, de décoration florale, de bouquets, de rendez- vous de clients, aussitôt un pigeon est lâché : il porte la dépêche presque aussi vite que le télégraphe ou le téléphone. Le procédé est économique, pratique, judi- cieux; il mérite d’être relaté, encouragé et imité. Préservation des outils contre la rouille. — Lesjardiniers sdfgneux mettent, on le sait, un certain amour-propre à con- server toujours leurs outils de fer ou d’acier, leurs bêches surtout, en parfait état de propreté. Mais l’humidité bien fréquente des endroits où ces instruments de travail sont rangés produit rapidement la rouille en temps de repos. La Hernie de Vhorlicul- lure belge recommande le procédé suivant, qui défend fort longtemps le fer contre l’oxydation et qui sera apprécié de nos lecteurs praticiens. Il suffit d’enduire les outils d’un mélange de saindoux et de mine de plomb ainsi préparé : On fait fondre du saindoux, et, après en avoir enlevé l’écume, on y ajoute un peu de mine de plomb. Avant de se servir des outils ainsi enduits, on doit les laisser sécher au moins vingt-quatre heures. Ce procédé est d’ailleurs employé par les quincailliers ; il les dispense du nettoyage fréquent des instruments qu’ils ont en ma- gasin. Deux nouveaux genres de plantes. — Ces genres, qui appartiennent à la flore du Congo, sont décrits dans le Bulletin men- suel de la Soeiété Linnéenne de Paris. L’un d’eux est le Brazzæa eongoensis dé- dié au chef de l’expédition d’exploration du Congo, M. Savorgnan de Brazza. (( C’est un bel arbuste, haut de 4 mètres, à feuilles alternes, à fleurs régulières et hermaphro- dites, à étamines nombreuses, libres, à ovaire généralement quadriloculaire, sur- monté d’un style long et grêle à extré- mité stigmatifère capitée... » En l’absence de certains caractères qui empêchent de préciser, M. Bâillon incline à croire que cette plante rentrera dans la famille des Tiliacées. L’autre genre est le Makokoa congolana, dédié au roi du Congo, allié de la France. Cette espèce, qui (( établit un lien curieux entre des familles dont quelques-unes sont actuellement placées loin les unes des autres, forme un arbre de 7 à 8 mètres de haut, très-joli, à fleurs blanches, petites, soli- taires ou plus ordinairement disposées en courtes cymes pauciflores dans l’aisselle des feuilles... » La bizarre ambiguïté des caractères que présente cette plante ne permet pas à M. Bâillon de lui assigner une place dans la classification botanique, et il termine sur elle par ces mots : (( ...En suspendant donc pour le moment 532 CHRONIQUE HORTICOLE. notre jiig'ement sur ];i place exacte à donner à ce genre, songeons qu’il serait anormal dans tons ceux des groupes naturels aux- quels on pourrait l’attriliuer, et attendons que son truil et sa graine soient connus, pour asseoir une opinion qui sera peut-être délinitive. » Un baptême de Roses. — Le 18 no- vembre dernier, à jiropos de trois nouvelles Roses obtenues par M. E. Verdier, liorti- culteur, 37, rue Glisson, et dont on trou- vera plus loin la description, étaient réunis : d’abord l’olitenteur, M. Eugène Verdier, puis les trois personnes à qui ces Roses avaient été dédiées : MM. Olivier Metra, le grand compositeur parisien ; Jules Barigny, vice-président de la Société d’hor- ticulture de Meaux, et Édouard Lefort, secrétaire général de cette même Société. A cette fête avaient été invités bon nom- bre d’horticulteurs et amateurs d’horticul- ture, ainsi que des artistes lyriques. Cette réunion a présenté un aspect tout parti- culier de franchise sympathique; on y a vivement félicité l’obtenteur et souhaité longue vie aux trois nouveau-nés, dont voici la description, — nous allions dire l’acte de baptême : Olivier Metra (Eug. Verdier fils aîné), ar- buste vigoureux à rameaux droits, vert tendre; aiguillons peu nombreux, très- longs et très- recourbés, roses; feuilles composées de 5 fo- lioles, larges, elliptiques, vert foncé, à dente- lures irrégulières très-profondes ; fleurs grandes, bien pleines, de très-belle forme globuleuse, de coloris rouge cerise vif brillant. Jules Barigny (Eug. Verdier fils aîné), ar- buste très-vigoureux, à rameaux érigés, vert clair; aiguillons rares, droits, larges, roses; feuilles composées de 3 à 5 folioles, larges, ovales arrondies, vert sombre, à dentelures ir- régulières, assez profondes; fleurs grandes, très-pleines, de belle forme bombée et d’une tenue très-ferme, coloris rouge carminé à re- vers des pétales plus pâles, très-odorantes; très-belle variété. Édouard Lefort (Eug. Verdier fils aîné), ar- buste vigoureux, à rameaux courts, fermes, vert foncé ; aiguillons nombreux, inégaux, droits, brun jaunâtre ; feuilles composées de 3 à 5 folioles, arrondies, vert foncé, â dentelures irrégulières, profondes; fleurs grandes, très- pleines, bien faites, se tenant bien, coloris cra- moisi écarlate velouté très-vif, nuancé et ma- culé de rouge feu pourpré; très-belle variété. Le Gartenflora. — Ce journal botanico- horticole, qui avait eu si longtemps pour rédacteur en chef le docteur Regel, actuelle- ment directeur du jardin botanique de Saint-Pétersbourg, et qui avait passé ré- cemment aux mains de MM. Engler et Stein, va disparaître. Il fusionnera, dit-on, avec le Deutsche Garlen Zeitung, dirigé par le docteur Witlrnack. MM. Regel et Engler en resteront cependant les collaborateurs. Nécrologie : M. E. Lamy de la Cha- pelle. — Nous avons appris avec de vifs re- grets la mort de M. Edouard Lamy de la Cha- pelle, l’érudit botaniste qui a surtout consa- cré ses travaux à la tlore de la Haute-Vienne. Tout le monde connaît les remarquables études qu’il a publiées sur les Phanéroga- mes et les Cryptogames de ce département, qu’il a parcouru dans tous les sens, sans qu’aucun végétal, pourrait-on dire, ait échappé à ses recherches. Les Mousses et les Lichens ont particu- lièrement attiré son attention et les nombreux mémoires qu’il leur a consacrés ont fait faire un grand pas à la botanique cryptogamique. M. Maurice Girard. — Encore une perte des plus sensibles pour l’horticulture: M. Maurice Girard, l’entomologiste qui a rendu de si grands services par ses études sur les insectes utiles ou nuisibles, en in- diquant les moyens de multiplier ceux-là et de détruire ceux-ci, vient de mourir. On peut dire que jusqu’au dernier moment il est resté sur la brèche, car il y a quelques semaines à peine, nous l’avons entendu, aux séances de la Société nationale d’horticul- ture, poursuivre ses intéressantes communi- cations sur le sujet qu’il connaissait si bien. Sa perte sera douloureusement ressentie par tous les horticulteurs. M. C. Dognin. — Possesseur d’un des plus beaux jardins de l’Europe, de cette ra- vissante résidence de la villa Valetta, à Cannes, dont nous avons si souvent décrit les merveilles végétales, M. Camille Dognin vient de succomber, dans cette ville, à l’âge de soixante-seize ans. C’était un amateur passionné de l’horticulture. Il avait réuni, dans ses deux propriétés contiguës, Valetta et Camille-Amélie, tout ce que cet Eden pouvait contenir de belles et rares plantes résistant au climat méditerranéen. Il les choyait avec des soins jaloux, et en faisait lui-même les honneurs avec une grande affa- bilité aux visiteurs admis à les contempler. Dans cette tâche séduisante, M. Dognin était habilement secondé par son jardinier- chef, M. Riffault, qui n’a pas peu contribué à de tels succès horticoles et artistiques. E.-A Carrière et Ed. André. ENCORE LE CITRUS TRIPTERA. 533 JÎNCORE LE CITRUS TRIPTERA Si une chose pouvait étonner ceux qui connaissent cette espèce, ce serait certaine- ment de ne pas la rencontrer dans tous les jardins. En efîèt, le Citrus triptera (fig. 126) a presque tous les mérites ; le seul reproche qu’on pourrait lui faire, et qu’il justifie as- surément, c’est d’ètre formidablement épi- neux, mais ici encore c’est un avantage, et ce qui, chez certaines espèces, pourrait être regardé comme un défaut, est, chez celle-ci, une très-grande qua- lité, ainsi que je vais essayer de le faire ressortir. C’est la rai- son pour laquelle je crois devoir insister et revenir sur cette espèce dont la Re- vue a déjà plusieurs fois parlé (1). Remarquons d’a- bord ce fait rare et tout à fait excep- tionnel : une auran- TiACÉE appartenant même à un groupe délicat, au Citron- nier, qui supporte nos hivers sans souf- frir du froid. La plante fleurit abondamment, par- fois même plusieurs fois par an ; ses feuil- les, en partie persis- tantes, et ses ra- meaux et même ses épines, dont l’écorce est toujours verte, contribuent encore à sa beauté et à son mérite. Le Citrus triptera a encore cette qualité de pouvoir former des haies non seulement défensives, mais impénétrables^ ce qui est dû d’abord à la nature extrême- ment buissonneuse de la plante, qui ne se dénude jamais, et aussi à ce qu’elle est garnie de très-grosses épines ramifiées. J’ajoute encore , en faveur du Citrus triptera, qu’il ne « s’emporte » pas, bien qu’il soit assez vigoureux, et qu’il est très-facile de le maintenir et d’en faire des (1) Voir Revue horticole, 1869, p. 14; 1885, p. 516. haies; il suffit de couper l’extrémité des ra- meaux trop vigoureux quand ils dépassent les limites dans lesquelles on veut l’en- fermer. Avec toutes ces qualités, le C. trijjtera a encore celle-ci, qui est de premier ordre : de croître presque dans tous les sols, plus ou moins bien toutefois, en raison de la qualité de ceux-ci. Il préfère les sols chauds, plutôt un peu secs que trop humides, surtout si le climat est froid et que le sol n’ait pas d’écoulement; au- trement, s’il est en pente ou à sons-sol sec et perméable, l’humidité n’est pas à craindre. Cette espèce pour- rait-elle être em- ployée comme sujet pour greffer les Oran- gers, et, dans l’affir- mative, leur com- muniquerait-elle un peu de sa rusticité? Sur ce dernier point l’on ne peut rien dire, l’expérience seule peut répondre. Midtiplication. — Au point de vue pra- tique, le semis seul peut être employé. On sème les graines, aussitôt ou peu de temps après qu’on les a retirées des fruits, en pots ou en terrines remplis de terre de bruyère ou même d’autre terre de bonne qualité, allégée ou modifiée au besoin, de manière à la rendre favorable à la germi- nation; celle-ci est assez prompte, surtout si les vases ont été placés dans une serre ou sous des châssis, ce qui est toujours pré- férable, bien que non indispensable, puisque l’on peut semer en pleine terre comme on le ferait d’autres graines d’arbres ou de plantes quelconques. Quant aux plants, il sera bon de les repi- quer en pépinière pour leur faire produire du chevelu et en assurer la reprise lors- Fig. 126. — Citrus triptera. 534 LA. CULTURE M.\R.\ÎGIIÈRE AU TO.XKIX. qu’on en fera la transplantation, absolument encore comme s’il s’agissait de plantes vul- gaires, même des Epines. Le Citrus iriptcra friictilie abondam- ment dans le Midi, le sud-ouest de la France, et môme dans cerlaines [)arties du Centre. On peut laisser les fruits sur l’aiLre jusqu’au printemps, époque où, en gé- iiéi'al, 011 devra faire les semis de cette espèce. On pourra se procurer des graines de Citrus triplera : à Paris, chez MM. Vilmo- rin et C‘G ; à Montpellier, chez M. F. Sabut, horticulteur ; à Pallanza (lac Majeur), Italie, chez MM. Rovelli, horticulteurs. E.-A. Carrière. LA CULTURE MARAÎCHÈRE AU TONMN .Dcqiuis que le drapeau français tlotte au 3'onkin (1873), nos soldats et marins, gui- dés par les principes d’hygiène que leur donnent les médecins de la marine, ont cherché à améliorer leur nourriture par la création de jardins potagers, afin de se pro- curer des légumes frais. L’alimentation végétale, lorsqu’on n’en . abuse pas, est excellente dans les pays tro- picaux ; mais que de soins ne faut-il pas, sous certaines latitudes, pour arriver à ré- colter quelques légumes rabougris ? L’Européen, sous les climats de la Guyane, des Antilles, du Gabon, de la Go- chinchine, ne peut songer à travailler lui- même sans exposer sa vie ; il est obligé d’avoir recours à la main-d’œuvre indigène, et, le plus souvent, malgré des soins mul- tiples, abris contre le soleil, arrosages, etc., il ne parvient à obtenir qu’une petite quan- tité de feuilles vertes, décorées pompeuse- ment du nom de Salade, que l’on est encore heureux de savourer. Au Tonkin, les saisons sont nettement tranchées ; si, pendant l’été, du mois de mai au 15 octobre, la chaleur est torride, peut-être même plus accablante qu’en Co- ctiincliine, en revanche, pendant la saison fraîche, du 15 octobre à fin avril, le climat est très-supportable pour l’Européen, qui peut travailler la terre sans danger, le ma- tin jusqu’à neuf heures, et, le soir, à partir de trois heures, en ayant soin, si le soleil paraît, de se garantir la tête à l’aide d’un large casque en moelle d’Aloès. La tempé- rature, dans les mois de janvier et février, s’ahaisse jusqu’à -}- 7 degrés, et l’on éprouve le besoin de faire du feu ; dans les régions montagneuses, le thermomètre descend jus- qu’à -f- 1 et 2 degrés. Dans tout le Delta tonkinois, oui le sol est formé d’alluvions, la terre végétale est d’une fertilité extrême ; elle atteint, dans plusieurs endroits, jusqu’à 2 mètres d’épaisseur ; aussi les légumes d’Europe y poussent-ils avec vigueur et rapidité, à la condition, toutefois, que le terrain ait été rendu bien meuble et qu’il puisse êlre ai-rosé deux fois par jour. Jusqu’à ces derniers temps, les jardins maraîchers étaient insuffisants et n’exis- taient que dans les citadelles ou autour des concessions que nos troupes occupaient. A Haïphong, ville qui s’est construite par nécessité commerciale, au conll lient d’un arroyo, le Song-ton-Dai, et d’une branche du Thaï-Binh, le Cua-Cam, la superficie des cultures sera toujours très-restreinte; au- tour de la ville, il n’y a que des mares ou des rizières, et l’eau est saumâtre. Il n’en est pas de même à Hanoï et dans les autres villes. Les missionnaires espagnols établis de- puis plus d’un siècle au Tonkin se sont fort peu intéressés à l’introduction des plantes potagères ; à part des Oignons, je n’ai jamais vu, dans leurs missions, que de petits semis de Blé qu’ils cultivent en vue de la confection des hosties ; au contraire, les missionnaires français, dirigés par un homme de haute valeur, M^^’ l’évêque Pu- ginier, ont fait des essais fort importants à Ké-so, centre de leurs missions; non-seule- ment ils essayent la culture des légumes et des heurs, mais aussi celle des arhres frui- tiers d’Europe. C’est notre collègue et ami, M. le docteur Hamon, médecin de la marine, qui, le pre- mier, a créé, à Hanoï, un jardin potager pour les troupes d’infanterie de marine. En 188-4, ce jardin, qui produisait d’excellentes Fraises en abondance, a été détruit, et sur son emplacement, on a construit des bara- quements pour les troupes de renfort ve- nues de France. Dans l’intérieur de l’immense citadelle d’Hanoï, les soldats entourèrent rapidement tous leurs campements de jardins, et la lutte ne tarda pas à se faire entre les diffé- rents corps pour savoir lequel obtiendrait les plus beaux résultats. A Nam-Dinh, à Sontay, à Haï-Dzuoiig, les terres se sont de LA CULTURE MARAÎCHÈRE AU TONKIX. 535 même dérricliécs peu à peu; à Ti-(‘aii j’ai [)ii, pendant la saison fraîche de '.1885-1880, faire mettre en culture près de 7 liectares de terrain, et fournir des légumes aux ma- lades, au personnel de l’amljidance, ainsi ({u’aux garnisons de Dap-Gau et de Bac- Ninli. Les Tonkinois, qui s’assimilent avec faci- lité nos goûts et nos coutumes, se sont ra- pidement initiés à nos méthodes de culture maraîchère, sous la conduite de nos soldats, et même déjà plusieurs cultivent pour leur propre compte. Autour d’Hanoi, il y a maintenant des champs de petits Pois, en plein rapport aux mois de février et mars, et aussi agréables au goût que ceux de France. A Nam-Dinh, la culture des Choux pommés a pris une extension considérable. En mars et avril, ces Choux se vendent à Hanoï de 10 à 15 centimes la pièce; on les payait autrefois 2 fr. ; c’est d’ailleurs encore leur prix lors- qu’ils proviennent, comme primeur, de Hong-Kong ou de Shanghaï. Il est cependant certaines précautions à prendre pour bien réussir, et toutes les plantes maraîchères ne poussent pas avec une égale vigueur : quels que soient les soins que l’on prend, certaines ne peuvent s’acclimater. Il importe donc de bien choisir le moment de faire les semis. Sous l’in- lïuence de l’humidité excessive du pays, les graines ne tardent pas à perdre leurs facul- tés germinatives, aussi faut-il toujours les conserver dans des boîtes de fer blanc fer- mant hermétiquement. Vers le milieu d’octobre, si la tempéra- ture ambiante commence à s’abaisser, et si les pluies ne sont pas trop abondantes, il est nécessaire de commencer à préparer le terrain. Que le sol ait été déjà cultivé ou non, il est toujours couvert d’herbes dont la végétation est des plus actives pendant la saison chaude et pluvieuse. Ces herbes sont arrachées, séchées et brûlées ; les cendres servent à amender la terre. Celle-ci est en- suite profondément labourée et fumée avec du fumier de buffles, de bœufs, de mulets ou de chevaux ; elle est une deuxième fois travaillée, puis divisée en planches rectan- gulaires. Autant que possible, il faut mé- nager une pente dans les allées pour per- mettre l’écoulement des pluies torrentielles qui tombent quelquefois. A la fin d’octobre on peut semer des Ra- dis roses et noirs. Les Radis roses ronds réussissent mieux que la variété longue, qui ne donne le plus souvent que des feuilles. En dix à douze jours, ces Radis sont assez gros })our être mangés ; si, pendant la joui’iiée, le soleil est trop ardent, il faut leur construire un abri à 50 centimètres au-dessus du sol à l’aide de Bambous et de nattes que l’on peut arroser pour maintenir de. la fraîcheur et empêcher la dessication du sol. Selon moi, et contrairement à la pratique de nos jardiniers, il est préférable, dans les pays tropicaux, de repiquer les Radis vers le huitième jour; par ce procédé, j’ai toujours obtenu des produits plus gros, et résistant mieux à la chaleur. A partir du 15 novembre, en semant des Radis tous les huit jours, on peut en récolter jusqu’aux derniers jours d’avril. En général, les graines que l’on recueille sur les pieds qu’on laisse monter et lleurir ne germent pas. Les Radis noirs se sèment en même temps ; il ne faut pas qu’ils soient trop ser- rés; rei)iqués, ils grossissent davantage. La Scarole est la salade qui soutire le moins de la chaleur; aussi est-ce celle que l’on doit semer et repiquer la première ; après viennent la Chicorée amère et la Chi- corée frisée, le Ghicon ; les Laitues frisées, pommées d’hiver, la Romaine, ne se sèment qu’à fin novembre ; en un mois elles sont en état d’être cueillies. Dès qu’elles pom- ment, il faut se hâter de les arracher, car elles montent rapidement et se gorgent de latex, plus abondant et plus amer que dans les pays d’Europe. Pour blanchir la Scarole et la Chicorée, il est préférable de couvrir les plants avec des nattes; lorsqu’ils sont liés, ils pourris- sent tout de suite. Les Choux frisés, de Milan, Cœur-de- Bœuf, Choux-Fleurs, Choux-Raves, se sè- ment dans le courant de novembre, et au bout de quinze jours ils sont en état d’être repiqués. En deux mois les Choux-Fleurs donnent des têtes rondes superbes ; mais si leur végétation est par trop active, les inflorescences, au lieu de se grouper en tête, s’allongent et ne fournissent rien comme aliment. De tous les Choux, le Chou Cœur-de-Bœuf est jusqu’à présent celui qui devient le plus gros. Je n’ai jamais vu les Choux de Bruxelles rendre comme en France ; souvent les bourgeons axillaires, au lieu de se pommer, se développent en branches feuillues, et, à cet état, cessent d’être comestibles. Les Tomates donnent des fruits qui pè- sent jusqu’à 300 grammes, et les graines récoltées au Tankin reproduisent franche- 536 LETTRE DE NICE. ment les variélés. La culture fie la Tomate peut se faire toute l’année, en exposant les pieds au Nord et contre un mur. Il exisle dans le pays une Tomate sauvage, à fruit sans cotes, lisse, de la grosseur d’une Prune, très-prisée des Annamites et d’un goût assez agréai J le. L’Oseille, l’Epinard, le Cerfeuil, pro- duisent des feuilles rapidement à la condi- tion de recevoir heaucoup d’eau et peu de soleil. Le Persil, cultivé à l’ombre, pousse toute l’année. Les Carottes sont longues à pousser et ne sont jamais très-grosses; il en est de même des Navets, cpii donnent trop de feuilles. Toutes les variétés de Haricots et de Pois donnent un rendement abondant. Les Melons, que l’on cultive sur couches, ne produisent qu’un fruit dégénéré, à forme allongée, aqueux et peu savoureux; j’ai déjà constaté le même fait en Nouvelle-Ca- lédonie. Les Salsifis, ainsi que les Asperges, res- tent filiformes. Les Artichauts ne rapportent qu’au bout de douze à quatorze mois, et supportent difficilement les chaleurs de l’été; de plus, les bractées de leur invo- lucre floral ne se resserrent point, et les fleurs s’épanouissent trop tôt. Les Betteraves ne sont bonnes que jeunes ; si on les laisse grossir, elles durcissent et deviennent ligneuses. Dans les régions du Nord, oïl la température est moins élevée que dans le Delta, je crois que la culture de la Betterave pourrait être essayée en grand. Les Pommes de terre, objet de première nécessité pour l’Européen, sont très-appré- ciées par les Annamites; celles que l’on achète proviennent de Hong-Kong, de Sbangaï et du .lajion. D’ici à peu d’années, je suis certain (pie le Tonkin en produira suflisamment pour sa consommation et même pour l’exportation en Annarn et en Cocliincbine, car celte précieuse Solanée peut donner deux et même trois récoltes par an. Cette culture doit se faire dans des terres légères, sur les pentes sablonneuses des collines des bassins du Song-Cau et du Song-Tliuong, à Sontay, Hong-Hoa, etc. En quarante-huit jours, j’ai olitenu, à Ti-cau, 7 piciils de tubercules (420 kilogr. environ) pour 1 picul (()() kilogr.) (pie j’avais fait planter; et quoique celte culture n’ait pu se faire que fort tard, en janvier 1886, et dans un terrain défriché pour la première fois, j’ai eu une deuxième récolte à la fin d’avril. Si le sol avait été bien préparé, une autre récolte était possible à la fin de 1886. Ce rapide exposé montre qu’avec du tra- vail la culture maraîchère est possible au Tonkin, et cela à bon marché, si l’on em- ploie la main-d’œuvre indigène. C’est une grande ressource pour les troupes et les Européens qui se sont établis dans notre nouvelle conquête, de faire ren- trer dans leur alimentation des végétaux frais, et je suis convaincu que, dans très- peu de temps, grâce à leur patience et à leur esprit ingénieux, les Tonkinois, peuple essentiellement agriculteur ,, parviendront , même en été, à approvisionner de légumes les marchés de toutes les villes du Protec- torat. Ed. Brousmiciie, Pliarmacien de la Marine, attaché aux ambulances du Corps expéditionnaire au Tonkin. LETTRE DE NICE Depuis de longues années, le littoral n’a- vait vu tomber une aussi grande quantité d’eau. Le mois d’octobre avait été très-plu- vieux, mais ce n’était rien en comparaison de ce que nous avons eu depuis une se- maine. Les étrangers qui ont assisté à la dernière tempête en garderont longtemps le souvenir. A la suite d’une pluie diluvienne de quarante-huit heures, les vagues de la mer, poussées par un épouvantable vent du sud-ouest, sont montées jusque sur la Pro- menade des Anglais, détruisant les ar- bustes, et des gros Dattiers, qui sont tordus ou renversés. L’eau a envahi une partie du Jardin public; les dégâts matériels sont considérables. Tout le monde s’est immé- diatement mis à l’œuvre pour réparer le désastre dans la mesure du possible. Comme il est rare qu’un mal ne soit pas compensé par un bien, les propriétaires d’Oliviers se réjouissent de voir tomber autant d’eau. « Année de pluie, année de récolte, » disent-ils. Il n’en est pas de même des cultivateurs.de fleurs et de légumes, dans les plaines longeant le Var; ils voient leurs cultures sous l’eau et en partie compromises. Dans les terrains élevés, c’est le contraire : la végétation est superbe et tout annonce une bonne floraison. La température, malgré le mauvais temps, est toujours restée élevée; le thermomètre centigrade marquait le iO novembre au-dessus de zéro. LIGUSTRUM JAPONIGUM ALIVONI. 537 Contrairement à la région du Nord, nous entrons dans la bonne saison pour nos jar- dins. La toilette pour l’iiiver se termine; les gazons nouvellement semés commencent à poindre, la plantation des massifs est faite. Primevères de la Chine, Cinéraires, Œillets remontants, Echeveria rctiisa, Gi- roflées, Anthémis, Cyclamens, montrent leurs fleurs; les Rosiers Safrano, Comte Bohrinski, Souvenir de la Malmaison, Isabelle Nabonnand, sont en pleine flo- raison. Quelques variétés hybrides, taillées en août, nous donnent également quelques fleurs ; telles sont : La Reine, Paul Neyron, Général Jacqueminot, Baronne de Roths- child, Baronne Prévost, AiiJia de Dies- bach et quelques autres variétés. Les Maréchal Niel, Chromatella, Gloire de Dijon, Madame Sachet, Thé Lamarque, garnissent nos murs de leurs festons fleuris. La saison hivernale est commencée sur le littoral. Les étrangers arrivent. Le roi et la reine de Wurtemberg sont revenus prendre ici leurs quartiers d’hiver, et Nice leur a montré, pour la troisième fois, qu’elle était justement nommée la ville des fleurs, par la quantité de bouquets et corbeilles qui leur ont été offerts à leur arrivée. L’une de ces corbeilles, très-artistiquement arrangée, était composée d’Œillets Alégatière, Roses variées, fleurs d’Orchidées diverses : Cy- pripedium Harrissonianum, G. insigne, Lælia Perrini, Oncidium ornithorhyn- chum, O. Papilio majus. Cette corbeille, que l’on a beaucoup ad- mirée, provenait des serres de la Société florale de Nice. La vente des fleurs pour l’expédition, pendant le mois d’octobre, a été nulle ; il y a toutefois reprise en ce moment. Les prix sont bas ; ils n’atteignent que de 10 à 20 cen- times la douzaine de fleurs pour les beaux Safrano ; les Œillets valent le même prix. Pour mieux dire, il n’y a pas encore de cours établis pour les fleurs coupées, qui sont l’objet, comme chacun sait, d’un com- merce immense à Nice et sur tout le littoral. Dans ma prochaine lettre, je pourrai fixer les prix que le commerce a adoptés pour le commencement de la saison. Ce sont des documents qui peuvent intéresser les horti- culteurs des autres régions. T. Fissant. LIGUSTRUM JAPONIGUM ALIVONI M. Alivon fils, pépiniériste à Aix (Rou- ches-du-Rhône), vient d’obtenir une nou- velle variété du Troène du Japon (Ligus- trum japonicum) à laquelle nous croyons devoir donner son nom. Cette variété s’est montrée dans un semis provenant de grai- nes récoltées dans la région marseillaise. Elle forme un superbe arbuste,’^'très-vigou- reux, rappelant les caractères généraux du type et différant principalement par le feuillage. Ses feuilles sont ovales, lancéo- lées, longuement acuminées acutiuscules, l)lus ou moins atténuées à la base, entières, inégalement ondulées sur leurs bords, brièvement pétiolées (10 à 15 millimètres) ; leur limbe atteint 18 centimètres et plus de longueur sur 6 ou 7 de largeur. Sur un fond vert foncé luisant, plus pâle à la page infé- rieure, couvert de panachures jaune pâle, de cette forme très-irrégulière qu’on a pit- toresquement nommée « géographique » (1) et qui couvre presque toute la surface des feuilles supérieures, les plus petites surtout. (1) Par exemple dans un Lichen très commun sur les roches des terrains primitifs : le Lecanora geographica. Cette panachure paraît produite par une altération ou une résorption du paren- chyme. Elle s’efface parfois sur les feuilles adultes, bien qu’elle persiste sur un bon nombre d’entre elles, au dire de l’obten- teur. De toutes celles que nous avons vues, les petites feuilles, les plus jeunes, étaient les plus marquées par cette panachure, et leur surface supérieure en était toute ver- mi culée. Le Ligustrum japonicum Alivoni, qui sera probablement mis bientôt au com- merce, sera surtout précieux dans la ré- gion méridionale, où le type japonais de- vient un véritable petit arbre, couvert au printemps d’innombrables panicules denses de fleurs blanches, et à l’automne de ses jolis fruits d’un bleu noir, le tout avec des proportions que l’arbuste ne nous laisserait pas soupçonner sous le climat de Paris, où d’ailleurs il gèle quelquefois. La variété obtenue par M. Alivon a sup- porté l’année dernière jusqu’à 9 degrés centigrades de froid sans [en souffrir. On peut donc bien augurer de sa rusticité. Ed. André. L38 EFFET DU SUI FATE DE FER SUR EA VÉGÉTATION. LE PliÉTJîNDU THIE Nous avons été fort siirpiâs, en arrivant sur la place du Tertre, à Remiremont (Vosges), de trouver un Orme et non un Tilleul, ainsi qu’on le disait à peu près partout. D’où venait celte erreur ? (^ue des touristes ou des gens étran- gers à la connaissance des végétaux, aient pris cet arbre pour un Tilleul, le fait n’a rien d’étonnant, mais il en est autre- ment des gens du métier. Ici la chose n’est pas permise. Cela est d’autant plus singulier ({ue cette place, située à l’ex- trémité de la ville et au centre de la- quelle s’élève un kiosque où, lorsqu’il y a concert, se placent les musiciens, est plantée d’arbres qui, à l’exception d’un seul, sont des Tilleuls. L’exception, ici, porte précisément sur le prétendu « gros Tilleul de Remiremont » qui n’est pas un Tilleul, mais fort bien un Orme. Cette idée, que cet arbre est un Tilleul, existe même chez des gens compétents, chez des horti- cidteurs vosgiens. Tous ces Tilleuls, d’àge et de grosseur divers, appartiennent au type sauvage à pe- tites feuilles, au Tilia sylvestris, Desf. {T. microphylla, Vent., T. parvifolia, Ehrh., T. europæa, L.), tandis que ceux que l’on plante actuellement, soit comme rempla- çants, soit pour garnir davantage la place, sont des Tilleuls argentés. Le plus gros de ces Tilleuls mesure 50 de circonférence à 1 mètre du sol ; un peu plus haut, il est fortement renflé, et c’est alors que naissent ses premières branches, qui, ensuite, s’élèvent et s’étendent pour former une large tète arrondie. Voilà pour les Tilleuls. Quant au gros Orme (le faux « gros Til- leul »), il nous a paru appartenir à l’espèce EFION FAGOT. 543 le repiquage des Radis donne de irès- l)eaux résultats. En serait-il de môme des Carottes et des Navets ? ,1e le crois, sans pourtant oser ratliianer. Mais, pourquoi non, après tout ? D’autre part, il est toute une série de légumes pour lesquels le repiquage produit de bons résultats ; ce sont les Haricots et les Pois, qui, du reste, s’accommo- dent très-bien de ce traitement. Voici , pour les Pois, comment on pratique : au lieu de semer à l’automne, ainsi qu’on le fait généralement, les Pois dits de la Sainte- Catherine (“25 novembre) et de les exposer, pendant trois mois, soit à la pourriture, soit à être dévorés par les rongeurs, on peut semer sous cloches ou sous châssis en MELON Un Melon bon, très-bon même, vigou- reux, peu délicat et très-productif, donnant des fruits qui mûrissent successivement à partir d’août jusqu’en octobre, alors qu’on n’en voit plus nulle part, est certainement une chose rare ; telle est pourtant la variété dont nous parlons et que nous dédions à M. Pagot, Président de la Société d’horticul- ture de Mirecourt (Vosges). Cette variété, tout à fait locale et inédite, paraît être le fruit d’une sélection, probable- ment même d’une hybridation faite par feu M. Mast, amateur, mort à Mirecourt à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, et qui en avait donné des graines à son voisin, M. Pagot. Si l’on en jugeait par ses caractères, on pourrait supposer qu’il est issu d’un Canta- loup Noir des Carmes, fécondé par un Me- lon brodé ou inversement. Quoi qu’il en soit voici une description du Melon Pagot. Plante très-robuste, vigoureuse,. très-pro- ductive. Tiges nombreuses, très-ramifiées. Feuilles très-rapprochées, à pétiole rugueux comme les tiges. Fruits un peu variables de forme, laquelle, suivant la saison et le mi- lieu, va du Cantaloup fond blanc à l’ancien Melon maraîcher. Quelle que soit sa forme générale, elle est régulière, assez unifor- mément mais peu profondément côtelée ; écorce très-mince, fond noir luisant, mar- quée de nombreuses marbrures grises, saillantes (broderies). Chair rouge , très- fondante et très-douce, excessivement su- crée, finement et délicieusement parfumée. Cette description, faite le 4 octobre 1886, a été confirmée le 25, sur d’autres fruits récoltés à Mirecourt. janvier, février et même mars, et rejiiquer aussitôt que la température le permet, eu prenant les précautions en rapport avec la saison et les conditions dans lesquelles on se trouve placé. On peut opérer de même pour les Haricots, et alors on gagne du temps, tout en avançant la production, et cela en- core en assurant le résultat. Mais ce qui reste démonti-é, et cela de la manière la plus formelle, c’est l’utilité du repiquage appliqué à toutes les plantes; ce n’est donc plus qu’une question écono- mique, liée au but que l’on recherche et aux moyens dont on dispose, et que, par conséquent, l’expérience seule peut ré- soudre. May. PAGOT Ctdture. — On sème sur couche tiède en avril-mai, on repique sous cloche, deux par cloche pour n’en laisser qu’un, le plus beau. On a dû, avant de planter, faire un petit trou qu’on emplit de fumier, de crottin ou simplement de terreau ; on donne de l’air autant que le temps le permet, puis on en- lève les cloches. Sous un ciel clément, il suffit de faire un petit monticule avec de la terre meuble, consistante et bien fumée, que l’on couvre d’une cloche, et d’y planter les Melons, ou même d’y semer des graines, pour faire une abondante récolte. Les clo- ches enlevées, il n’y a plus qu’à arroser au besoin ; aucune taille n’est nécessaire et il suffit de couper l’extrémité des tiges quand elles ont atteint l’emplacement qui leur est assigné. C’est, on le voit, à peu près la cul- ture que l’on donne aux Melons « à rames ». Le Melon Pagot, qui est excessivement productif et dont un seul pied peut donner de six à huit fruits pesant 'chacun de trois à dix livres et même plus, présente souvent cette particularité, qui pourrait bien être le fait de sa nature hybride, de porter sur un même pied des fruits de formes et d’aspects différents. Il y en a de presque ronds, rap- pelant la belle forme des Cantaloups purs, et d’autres qui sont oblongs ou ovales. En général les premiers fruits formés sont bro- dés et à fond noir; les derniers, au con- traire, ont l’écorce verte et lisse. Le Melon Pagot sera mis au commerce par M. Vaudrey-Évrard , horticulteur à Mirecourt (Vosges). E.-A. Carrière. 5:4 CORBEILLE KLEVÉE CORliKlLLE ÉLEVÉE L;i mode d’employer les ])lanles orne- mentales pour gai-nir les corheilles n’est point nouvelle J cejx'iidanl, d(*pnis (jiie nos collections se sont enricliies de cespland's, qui ne snpporlent notre climat qn’(>ri été, le systcme de la coiTiposilion d('s coi heilles llor.des a notahh'meni chani(é. Les piailles ipi’on emploie vu li^ai rement Fig. F27. — Corbeille élevée, à l’entrée du Mestsky’ Sad, à Prague. pour garnir une corLeille n’atteignent que très-rarement la valeur de la plante du mi- lieu, ce qui fait dire que la composition de cette corbeille devrait être toujours subor- donnée à la plante centrale. Pour faire mieux valoir la plante dont nous venons de parler et pour obtenir un- ensemble harmonieux, on pourra élever une certaine partie de la corbeille de manière à ’ former un feston vers le centre. Cette dis- ^ position nous semble assez nouvelle ou I du moins peu usitée. On lient trouver 545 un exemple assez frappant dans la l)eille qui a orné, cette année, l’entrée du (( Meslshi/’Sad » à Prague (tig. A^l). Un l)eau Palmier (Chaniærops Immilis) (ftfig. 28), Ibrmait le centre de cette corbeille, dont voici la composition : Poui‘ cacher le bac du Palmier on s’est servi de Clirysantîienmm Comtesse de C II a m b O r d (tig. 128, h) entouré de Pé- largonium zo- nale Madame Thibaut (c). Pour bien arrondir ce groupe , qui dépassait les autres plantes, en hauteur, de 40 centimètres environ, on avait employé le Santolina Chamæeypa - rissias (d) maintenu par la taille à une hauteur cons- tante pendant l’été. Cette partie centrale se dé- tachait sur un feston élevé de 20 centimètres au-dessus de la partie restante, plantée en Alternanthera amœna (e). La forme de ce feston était en rosette, découpée Echeveria rosacea {h). Chaque rayon était arrondi vers son ex- trémité, qui était décorée d’une forte touffe de Festuca glauea {g), dont la couleur argentée se détachait très-harmonieusement sur les Alternanthera amœna. Le Festuca glauea se trouvait enclavé dans une bor- dure pale de Mesembrianlhemum eordifo- lium (f). Toute cette Rose à festons se déta- chait sur un gazon blanc d'Antennaria dioica (i). Après ce gazon, la corbeille était en- tourée d’une bordure, élevée vers le milieu, d' Alternan- thera parong- chioides (j), bordée à l’in- térieur de Mentha gi- braltariea (/v), doublée d’//er- niaria glabra d’un vert plus foncé, et à l’ex- térieur d'F- cheveria se- cunda (n). La partie la plus élevée de cette bordure (m) portait de petits ronds de Mesembrian- themum cor- difolium. Quant aux proportions de la corbeille, elle mesurait 6'^^ 50 de diamètre. La diffé- rence de hauteur entre n et a était de 80 centimètres et l’ensemble avait été dis- posé sur une pointe de gazon un peu élevée au-dessus des pelouses voisines. P. Thomayer, Jardinier en chef de la Ville de Prague. SOCIÉTÉ rOMOLOGIQUE DE FRANCE. cor- Fig. 128. — Pian de la corbeille élevée. SOCIÉTÉ POMOLOGiaUE DE FRANCE 28« session, tenue le 20 septembre 1886, sous les aupices de la Société nantaise d’horticulture. La 28e session pomologique s’est ouverte le 20 septembre 1886, à l’hôtel des Beaux-Arts, à Nantes. La délégation lyonnaise se composait de MM. Bonnamour, Défarges, Joanon, Liabaud, Treyve et Gusin. M. Reverchon, retenu par son grand âge, M. Luizet, retenu par une indisposition, s’étaient fait excuser. Le président de la Société nantaise, M. Mo- reau, ayant à ses côtés M. le Préfet de la Loire-Inférieure, M. l’Intendant de la division militaire et M. le Receveur général du dépar- tement, a souhaité la bienvenue aux délé- gués. Après son discours et celui de M. le Préfet, l’assemblée s’est constituée, en nommant le bu- reau de la session. Ont été nommés : Présidents d'honneur : M. Moreau, président de la Société nantaise d’horticulture ; M. de La Bastie, vice-président de la Société pomolo- gique de France. Président titulaire: M. Jamin (Ferdinand), de Paris. Vice-présidents : M. Rouxel, vice-président 51G ARlîRES ET ARRUSTES .NOUVEAUX OU PEU CONNUS. (!e la Sociôlc nantaise (riiüi licultnre ; M. Daii- i-el, président de la Société d’horticulture de la Cironde; M. Ilortolès, de Montpellier; M. Le- lièvi’e oncle, de Nantes, Trésorier : y[. Varenne, directeur des jar- dins publics de Roiieji. Secrélairc général : M. Cusin (Louis), secré- taire; général de la Société d’horticulture du Rhône, Secrétaires : M. Micludin, de Paiâs ; M. Gordé, secrétaii'e général de la Société nantaise d’hor- ticulture; M. Marmy, de Nantes; M. Crouau (Ernest), de Nantes. Aj)rès le dépouillement de la correspondance et un hommage rendu cà la mémoire des col- lègues décédés et particulièrement à celle de M. Édouard Réveil, ([ui fut le Président de l’Association dès sa création, en 1856, l’assem- blée a procédé à ses travaux inscrits au pro- gramme. La Société nantaise, qui avait inauguré une grande et belle Exposition pomologique sur le cours Saint-André, a mis toutes ses collections à la disposition du Congrès, qui a trouvé là de nombreux sujets d’étude; ils feront l’objet d’examens attentifs dans les sessions qui sui- vront. Pour les fruits, qui devaient être l’objet de discussions prévues, la plupart ont été ajournés, c’est-à-dire maintenus à l’étude jusqu’à expé- rimentation plus complète. Des décisions définitives ont été prises seu- lement à l’égard des variétés suivantes : Pour la radiation : L’Abricot Du Chancelier. Les Pêches : Albatros, Docteur Hogg et Walburton Admirable. Pour l’adoption : La Eigue de San Pietro, qui était inscrite- sous le nom de la Dalmatie. Les Poires : La France et Louise-Bonne Sannier. La Pomme Dean Scodlin. De nouvelles variétés ont été désignées pour l’étude. Ce sont ; La Pêche Arkansas. Les Poires : Baronne Leroy, Courte-queue d’hiver, Doyenné Boisselot, Duhamel-du- Monceau, Louise Cottineau, Lucie Quinquan- don, Bcné Dunau, Madame Chervet. ARBRES ET ARRUSTES N' Les plantes dont il va être question sont la continuation de la série dont nous avons précédemment parlé (1). Elles sont peu connues et rares : il en est même parmi elles (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 398. Les Pommes : Ananas et Bcinelle de Bi- horel. Les llaisins : Canada, Eüccelsior et Colden- Gem. Suivant l’usage qui guide le Congrès chaque année;, l’Assemblée désigne un lauréat pour la médaille d’or du Congrès; souvent elle en a désigné deux, lorsque deux médailles ont été mises à sa dis})Osition. Cette année, la Société nantaise proposait au Congrès de faire les frais de deux médailles d’or, auxquelles devait s’ad- joindre celle gracieusement donnée par M. Re- verebon. L’Assemblée n’a cru devoir désigner que deux lauréats pour la médaille frappée au coin de la Société pomologique de France, l^es élus ont été : M. Ilortolès, de Montpellier, et M. Remède, de Bordeaux. Néanmoins, l’As- semblée a désigné le frère Louis, directeur de l’École départementale des sourds-muets de la Loire-Inférieure, qui a reçu une médaille d’or frappée au coin de la Société nantaise. Le conseil d’administration de la Société po- mologique de France a été complété par la no- mination du tiers des membres qui étaient sortants et par celle de deux membres en rem- placement de MM. Réveil et Barret, décédés. Les membres sortants étaient MM. Senélar, Reverchon, H. Simon et Cusin; ils ont été réélus. Les nouveaux membres désignés sont MM. Brun et Guillot (Laurent). D’après les statuts du Congrès, c’est au con- seil d’administration qu’il appartiendra de re- constituer son bureau en désignant le prési- dent, le trésorier et le secrétaire général. Avant de se séparer, le Congrès a recom- mandé à l’administration de la Société pomolo- gique la publication plus fréquente des Bulle- tins, et l’achèvement rapide du nouveau Catalogue deserqAif. C’est aussi à l’administration qu’il a renvoyé le soin de fixer le lieu et la date de la session de 1887. Il me reste à signaler un fait important. Jus- qu’à ce jour, les Compagnies de chemins de fer s’étaient refusées à accorder aux délégués de nos Congrès des réductions sur le prix des places. Cette année, les démarches tentées par la Société nantaise ont obtenu un résultat complet auprès des Compagnies de l’État, d’Orléans et du Nord. Ces Compagnies ont bien voulu accorder la réduction de moitié. C’est un pi'écédent qui fait bien présager de l’avenir. L. Cusin. UYEAUX OU PEU CONNUS d’inédites ou à peu près telles. Ces piaules proviennent des collections de MM. Simon- Louis, à Plantières-lès-Metz. Acer Van Volxemi (Hort. Perck.). Voici ce qii’en dit rHorticiilteur vendeur : — (( Magnifique espèce à larges feuilles SOCIÉTÉ NATIONALE Ij’lIORTICULTURE DE FRANCE. 547 vert clair, clécouverlc dans le Caucase et introduite par l’étalilissement. — Atteint une taille gigantesque. » Cette plante n’est antre qu’une forme de l’Érable Sycomore. Ses feuilles, épaisses, d’un vert clair, luisantes en dessus, très- glauques en dessous, sont plus ou moins lobées; le lobe du milieu est très-allongé en pointe. Le bois jeune, qui est pointillé, ainsi que l’aspect général des feuilles, sur- tout leur fort pétiole rouge, en un mot, tout, chez nos échantillons, rappelle l’Érable Sycomore. Ptelca trifoliata aurea (Hort. Belmch.). ■ — (( Ce magnifique Ptelca a les feuilles très-grandes, d’un jaune d’or luisant, l.a coloration jaune des feuilles se maintient toute l’année et est aussi belle que celle du Coryliis av. aurca. Comme grand arbuste, c’est, sans contredit, une très-bonne intro- duction. » D’après nos échantillons, la plante est vi- goureuse; ses folioles, grandes, sont d’un jaune pâle uniforme, plus foncé à la face supérieure. La panachure paraît être très- constante. Ptelca trifoliata foliis variegatis, Hort., Van Houtte. — Bois gros. Bourgeons légè- rement anguleux. Pétioles robustes, d’un vert blond. Folioles relativement petites, d’un jaune d’or très-intense surtout en des- sus, ayant çà et là dans le limbe, principa- lement vers les nervures, des points ou ma- cules vertes qui produisent de charmants contrastes. La panachure, qui est très- éclatante, rappelle un peu celle du Loni- cera reticidata (L. hrachypoda aurea, Hort.). — Plante à grand effet ornemental. Syringa Emodi aurca (Hort. Behnch.). — Cette variété, qui, par tous ses carac- tères, rappelle le type, n’en diffère ' guère que par la couleur de ses feuilles, qui est d’un jaune pâle. Elle s’est aussi produite par dichroïsme sur le Syringa Emodi fo- liis varicgatis chez MM. Simon-Louis frères, à Plantières-lès-Metz. Syringa Emodi foliis varicgatis (Hoid. Simon-Louis). — Ne diffère non plus du Syringa Emodi que par la panachiii-e de ses feuilles, qui est disséminée diversement dans l’intérieur du limhe sous forme de ma r 1 ) ru ivs j a u i lât res . Ulmus campestris Louis Van Ilouttc (Hort., Deegen). — Plante vigoureuse. Feuilles fortement panachées-llammées de jaune d’or, souvent handeleté verdâtre. — Bonne variété, constante dans sa pana- chure. Cytisus fin fer. — Sous ce nom tout à fait impropre, M. Prudent Besson, horti- culteur à Turin a vendu un Genista qui nous a paru être une forme ou une variété du G. sibirica. C’est une plante très-flori- bonde, à tleiirs nombreuses d’un beau jaune d’or. Ccanothus flore albo jdcno, Hort., Si- mon-Louis. — Obtenue dans l’établisse- ment de MM. Simon-Louis frères, à Plan- tières-lès-Metz, cette variété, qui appartient au groupe americanus, est vigoureuse, quelquefois un peu monstrueuse dans la disposition de ses feuilles, qui sont large- ment et courtement ovales, très-finement dentées. Ses fleurs, d’un lilanc légèrement carné, sont plus ou moins pleines. — A été mise au commerce en 1884 par les obten- teurs. Chamæccrasus Alberti (Hort. Spath. )- — Arbuste très-élégant, à rameaux effilés, ténus. Feuilles linéaires, rappelant un peu celles du Romarin, longues de 3 à 5 centi- mètres sur 6-8 millimètres de largeur, ses- siles ou à peine pétiolées, atténuées aux deux bouts, très-courtement rétrécies au sommet, qui est obtus, molles, d’un vert cendré, glauques en dessous, où il existe une nervure médiane étroite saillante. — (( Plante nouvelle, très-élégante, à feuillage très-fin, à fleurs roses. » Cette espèce, dont nous ignorons l’ori- gine, est des plus distinctes; la forme de ses feuilles lui donne, à première vue, quelque ressemblance avec le Kalmia an- gustifolia ou encore avec certains Andro- rneda du groupe poliifolia. E.-A. Carrière. SOCIETE NATIONALE D’HORTICULTURE DE FRANCE SEANCE DU 11 Cette réunion était peu animée et surtout pauvre en présentations. Ont été faits les ap- ports suivants : Au comité de culture potagère^ deux pré- sentateurs seulement : M. Ilédiard, négociant NOVEMBRE 1886 en comestibles végétaux exotiques, qui avait ap- porté de forts tubercules de Colocasia escu- lenta, reçus de la Martinique, et M. Girardin, cultivateur d’Asperges, à Argenteuil, qui avait apporté des racines-tubercules de Dioscorea 548 CONSEILS d’un vieux SEMEUR. Batatas de differents âges et à différents états : des bulbilles de semis, des racines d’un an; enfin un tubercule de trois ans, qui mesurait 20 de longueur, et pesait 2 kilogr. 700. Les tiges de la plante, dit le présentateur, s’éle- vaient sur un arbre à 5 mètres de hauteur. Au comité à' arboriculture, aucun apport, ce qui, au point de vue du travail, était plutôt un bien qu’un mal, le comité ayant à examiner une grande quantité de fruits nouveaux iné- dits ou peu connus, présentés par MM. Baltet frères, et sur lesquels la Revue horticole re- viendra lorsque le comité se sera définitive- ment prononcé à leur égard. Au comité de jtoricutture, ont été présentés les objets suivants : — Par M. Laplace, jardi- nier chez M. Glaudon, rue de Fontenay, à Ghâtillon (Seine), un fort bouquet de Ghrysan* thèmes composé de 42 variétés méritantes, parmi lesquelles se trouvaient des nouveautés; — Par M, Fichot, jardinier au château de Breteuil, une botte de fleurs de Ghrysanthèmes qui ont excité l’admiration générale. En effet, toutes étaient grandes, très-pleines d’une belle forme régulière, qui rappelaient ces magni- fiques Reines- Marguerites- Pivoines de feu M. Truffaut, de Versailles. Indépendamment de la beauté et de la grandeur des fleurs, on remarquait quelques coloris tout à fait nou- veaux. Le 'comité a beaucoup regretté que le présentateur n’iiit pas mis les noms à ses (liantes, ce qui a emjièché de citer les plus in- téressantes, celles qui avaient particulièrement fi-ap|)é l’attention; — Par Mf»e Emilie Guilbert, de trè.s-forfs pieds (V Agératum cœruleum de semis, remarquables par un développement inusité, indice d’une bonne culture. Parmi ces plantes se trouvaient des variétés qui diffé- raient surtout par leur précocité à fleurir; — Mais l’apport de beaucoup le plus beau et le plus intéressant était celui fait par M. Léon Duval, horticulteur, rue de l’Ermitage, à Ver- sailles, qui n’était pas seulement nombreux, mais composé de plantes très-méritantes, quel- ques-unes mêmes tout à fait nouvelles. En voici une énumération : les Cgpripedium Chan- tini, llarrissonianum , Spicerianiim, Sedeni, calurum, Veitchii, Swanianum, rossianum, Vriesea Krameri, V. Duvaliana ; Lælia mar- ginata, L. Perrini, Cœlogyne ocellata; On- cidium tigrinum, O. Papilio majus; Ondo- tonglossum Atexandræ, O. hictoniense. Ge qui ajoutait encore au mérite de cet envoi, c’étaient les détails donnés par le présentateur, tant sur l’origine de certaines espèces et leurs caractères distinctifs que sur les particularités qu’elles offraient. CONSEILS D’UN VIEUX SEMEUR Plus que jamais aujourd’hui, non sans raison, on parle de la fécondation artifi- cielle, de l’intérêt qu’il y a à pratiquer cette opération, et des moyens qu’il convient d’employer pour en obtenir de bons résul- tats. Malgré toutes les recommandations qu’on a faites, le succès n’est pas ce que l’on croit, et, très-souvent même, il est plutôt le fait du hasard ou de circonstances favo- rables non déterminées, qui se passent en dehors de nos combinaisons, que le résultat de nos opérations. Est-ce à dire que celles- ci ne servent à rien ? Telle n’est pas mon opinion, au contraire. Mais comme la dé- monstration n’est pas nettement établie, il faut faire en sorte de disposer les choses de la manière la plus favorable, pour que, en dehors de nos combinaisons, elles se trouvent dans les meilleures conditions pour que nos prévisions ou plutôt nos désirs puissent se réaliser. D’autre part, puisqu’il est hors de doute que l’influence des espèces ou variétés ana- logues voisines peut entrer pour une grande part dans la fécondation, et par suite jouer un très-grand rôle dans les résultats, il faut faire en sorte que les plantes destinées sur- tout à servir de porte-graines soient en- tourées de bonnes espèces, de manière que leur influence puisse s’exercer d’une ma- nière favorable sur celles-là. Les mé- comptes que l’on éprouve dans les semis que l’on fait, malgré tous les soins qu’on a pris pour pratiquer l’opération, sont sou- vent dus à l’influence de mauvaises espèces qui avoisinaient les sujets porte-graines. Mais le sujet dont je parle, et dont je n’in- dique guère ici que les grandes lignes, est tellement vaste, que malgré que je n’en doive considérer que les principes géné- raux, je dois me limiter au Poirier. Du reste les principes étant à peu près les mêmes pour tous les végétaux, ce que je vais dire du Poirier pourrait s’appliquer aux autres arbres. (Quelques personnes, qui visent à obtenir de bonnes graines par la fécondation artifi- cielle, croient qu’il suffit, après avoir fé- condé une fleur avec le pollen d’une autre, de la recouvrir d’une gaze de manière à la garantir de la visite des insectes, de façon à assurer le succès de l’opération. A mon avis, ce procédé est douteux quant aux résultats. D’abord il me paraît difficile d’ar- river juste au moment favorable pour assurer REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 549 la fécondation ; ensuite, y arrivat-on, que la Heur fécondée, trop privée d’air, aurait de nomlireuses chances de ne pas donner son fruit. Voici un mode plus simple et qui me paraît bien plus avantageux,: Écussonner des boutons à fleurs (greffe Luizet) de bonnes variétés de Poirier sur d’autres variétés également bonnes, et alors au printemps suivant, avant l’épanouissement des fleurs, envelopper d’une gaze fine et claire, mais à mailles serrées, soit tout le sujet s’il n’est pas très-fort, soit, dans le cas contraire, seu- lement les parties greflées, de manière que les insectes ne puissent pas aller butiner, et que la fécondation ne puisse s’opérer qu’entre les deux espèces ou variétés qui ont été choisies. En opérant ainsi, c’est-à-dire en choisis- sant et rapprochant l’une de l’aulre deux bonnes variétés dont la floraison est à peu près simultanée, on a de très- grandes chances que les combinaisons s’ef- fectuent, et d’obtenir des semis dont les qualités tiendront de celles des deux parents. Tout ceci, du reste, n’empêche pas d’es- sayer en même temps la fécondation artifi- cielle. C’est ajouter une chance de plus. Boisselot. TRICHOSANTHES COLUBRINA Pour n’être pas nouvelle, cette espèce n’en est pas moins très-intéressante et mé- rite d’être plus et surtout mieux connue. C’est une plante grimpante très-vigoureuse qui, à un beau feuillage, joint de grandes fleurs blanches élégamment frangées; elle a, de plus, des fruits singuliers qui si- mulent assez exactement des couleuvres et justifient son qualificatif coluhrina. C’est l’analogue, pour ses fruits, du Melon ser- pent (Cucumis flexuosus). Aux qualités que nous venons d’énumérer s’en ajoute une autre, celle de ses fruits, qui peuvent être consommés comme des Cornichons. Mais c’est surtout pour la singularité de sa forme que le Trichosanthes est vraiment curieux, ainsi qu’on le verra plus loin. Originaire de l’Amérique du Sud, les premières graines, dit-on, auraient été im- portées de Puerto-Cabello (Vénézuéla) par sir John Hay Williams, de Bodelwiddan, vers 1840. Voici ses caractères Plante annuelle , grimpante , pouvant atteindre 3 mètres et plus de hauteur, s’attachant aux corps qu’elle rencontre à l’aide de longues et fortes vrilles bifides. Feuilles alternes-cordiformes-lobées, à 3 ou 5 lobes sinués, dentées. Fleurs mâles en sorte de panicules cymoïdes, longuement pédoncu- lées. Calyce campanulé, à divisions petites, réfléchies. Corolle blanche tubuleuse, étalée au sommet, à cinq divisions très-longue- ment et élégamment frangées- ciliées, à cinq étamines dont trois soudées et deux libres. Fleurs femelles solitaires, sessiles, de même forme que les mâles. Ovaire tri- loculaire, surmonté d’un style trifide. Fruit pédonculé-cylindrique, atteignant de 5 à 8 centimètres de diamètre sur 1*" à 60 de longueur, toujours plus ou moins con- tourné, et rappelant les différentes posi- tions ou formes des serpents, aspect encore augmenté par la partie terminale régu- lièrement effilée. Des marbrures ou lignes longitudinales argentées, qui se trouvent sur l’écorce, contribuent aussi à augmenter l’analogie. Lorsque les pieds sont plantés près d’un mur le long d’un treillage, les fruits se trouvent en grande partie cachés par les feuilles, de sorte qu’en écartant celles-ci il est rare que l’on n’éprouve pas une sensation désagréable à la vue de ces fruits, quelque habitué que l’on soit à cette singulière plante. Le Trichosanthes coluhrina doit être planté de bonne heure et à bonne exposi- tion; on élève les jeunes plantes sur couches et sous châssis et on les met en pleine terre dès les premiers beaux jours ; même si le climat est un peu froid, on se trouvera bien de les planter sur une couche sourde. Les fruits que l’on voudrait confire ou manger, farcis ou autrement, devront être cueillis lorsqu’ils sont tendres, c’est-à-dire à l’état herbacé. E.-A. Carrière. REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES Gunnera manicata, J. -G. Baker. Gunnéracées {Gard. Chron., 1886, vol. 2, p. 8.) — Espèce introduite depuis un certain nombre d’années du Brésil méridional. Feuilles entièrement glabres, à limbe cordiforme orbiculaire, me- surant itn 30 de diamètre (et quelquefois jus- 550 REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUDLICATIONS ÉTRANGÈRES qu’à 5 Piètres de circonférence suivant LiLon, quia découvei't la plante), à sinus basilaii'e pro- fond de 35 à 45 centimètres, palmati lobées à une profondeur de '15 centimètres; })étiole long de 1 mètre, épais de 5 centimètres, ar-mé de nombreuses épines. Pédoncule long de 15 cen- timètres, supportant une panicule ovoïde, longue de 60 centimètres, de fleurs apétales, hermaphrodites, accompagnées de bractées vertes, longues de 4 à 5 centimètres. Albuca {EucUhuca) corymhosa, Baker. — Liliacées {Gard. Chron.., 1886, vol. p. 38). Cette es})èce nouvelle, originaire de Port-Elisa- beth (Gaj) de Bonne-Es})érance), développe un bulbe globuleux, de i25 millimètres de dia- mètre. Feuilles 6 à 8, glabi-es, longues de 35 centimètres, larges de 5 millimètres, con- vexes sur les deux faces, s’amincissant vers l’extrémité. Pédoncule long de 15 centimètres; corymbe peu compact, comjiosé de 5 à 6 fleurs dont le périanthe, long de 25 millimètres, est jaune rayé de vert. Tritonia (Monthretia) Wilsoni, Baker. — Liliacées. (Gard. Chron , 1886, vol. 2, p. 38.) Port-Élizabeth (Gap de Bonne-Espérance). Bulbe globuleux, de 18 millimètres de diamètre. Tige élancée, longue de 70 centimètres au-dessous de l’inflorescence; feuilles 5 à 6, étroitement linéaires, larges de 2 millimètres, longues de 30 à 45 centimètres; épi simple ou bifurqué, portant de 4 à 7 fleurs au périanthe blanc 'teinté de pourpre ; tube long de 10 millimètres ; segments obovales-cuspidés, longs de 20 cen- timètres. Sagenia mamillosa, T. Mooi-e. Fougères. {Gard. Chron., 1886, vol. 2, p. 38.) Gette es- pèce, récemment introduite des Iles Moluques, se rapproche beaucoup du S. decurrens; elle en diffère cependant en ce que les paires infé- rieures des segments ne sont pas fourchues, et aussi par les nombreux mamelons qui gar- nissent les frondes. Gelles-ci, d’abord entières, puis montrant une paire et enfin jusqu’à six paires de lobes à la base, atteignent 65 centi- mètres de longueur ; elles sont d’une texture membraneuse, ferme, et surtout caractérisées par les sores, qui forment, à la page supérieure, une grande quantité de petites bosses réguliè- rement disposées. Mormodes luxatum, Bindley, var. purpu- ratum, Rchb. f. — Orchidées. (Gard. Chron., 1886, vol. 2, p. 39.) Variété nouvelle à fleurs mauve-pourpré ; les pétales et sépales portent intérieurement des lignes composées de nom- breuses petites taches de la meme couleur, plus foncée. Les divisions latérales du la- belle sont plus foncées que la partie centrale. Dendrobium perenanthum, Rchb. f. — Or- chidées {Gard. Chron., 1886, vol. 2, p. 70). Gette espèce nouvelle forme le type d’un nou- veau groupe, parce que son labelle ressemble exactement à celui d’un Epidendrum glaucum, caractère qui ne s’était montré, jusqu’ici, dans aucun Dendrodium. Ses nombreuses grappes portent des fleurs aussi grandes que celles du D. macros lachyum. Vanda Lindeni, Rcbb. f. — Orchidées. {Gard. Chron., 1886, vol. 2, p. 70.) Gette es- pèce, découverte dans les îles de la Sonde, se rapjirocbe de très-près du Vanda haslifera. Ses fleurs, disposées en longues grappes, sont aussi grandes (fue celles du V. iricolor ; son caractère distinctif principal réside dans la dis- position très-ondulée de ses sépales et pétales cunéiformes-oblongs, aigus-émoussés, jaune brillant, marqués d(‘ rouge sur le disijue et à l’extérieur; les divisions latérales du labelle sont presque carrées, jaune blanchâtre, avec quelques taches pourpre noir sur le bord su- périeur; la division médiane triangulaire, jaune blanchâtre, charnue, niai’quée de quatre lignes ])Ourpres sur le disque, présente deux sortes de petites tumeurs à son extrémité; éperon conique, brun de Sienne, colonne jaune. Rhijnchanthus longiflorus, Ilook. f. — Sci- taminées-Zingibéracées {Bot. Mag., tab. 6861). — Gette plante, pour laquelle un genre nou- veau a dû être créé, a été récemment intro- duite du Burmah. Elle produit, d’une racine tubéreuse ovoïde, une tige haute de 45 centi- mètres portant, réparties dans sa longueur, de dix à douze feuilles longues de 15 à 20 centi- mètres, oblongues-lancéolées-acuminées. Les fleurs, jaune-verdâtre, rassemblées en un épi terminal, presque cylindriques, ont 10 centi- mètres de longueur. Calotropis gigantea, Br. — Asclépiadées {Bot. Mag., tab. 6862). — Gette plante qui, paraît-il, était cultivée, en Angleterre, il y a deux cents ans, vient d’être réintroduite en Eurojie, au moyen de graines expédiées de l’Inde, son pays natal. Elle forme un grand arbuste ou petit arbre à feuilles longues de 10 à 15 centimètres, opposées, obovales ou cunéi- formes-oblongues, subsessiles. Les fleurs, dis- posées en ombelles simples ou subcorym- biformes, ont de 25 à 40 millimètres de dia- mètre, et leur couleur est blanche, rose pâle, lilaSj suivant les parties; les pétales sont large- ment ovales, réfléchis et tordus ; la colonne staminale est très-forte, mesurant 12 à 16 mil- limètres de longueur et de largeur. Aloe heteracantha, J. -G. Baker, - Liliacées {Bot. Mag., tab. 6863). — Espèce dont la patrie est inconnue. Tige courte et simple, por- tant une touffe de feuilles lancéolées, souvent mais non toujours pourvues de petites épines marginales et marquées de taches blanches. Les fleurs, très-nombreuses, sont cylindriques, rouges et réunies en panicules terminales. Colensoa physaloides, Hook. — Gampanu- lacées {Bot. Mag., tab. 6864). — Plante her- bacée originaire de la Nouvelle-Zélande, et qui atteint environ 1 mètre de hauteur. Ramifi- cations fortes ; feuilles alternes, longuement pétiolées, elliptiques-ovales, acuminées, den- tées ; grappes érigées de fleurs verdâtres, sem- blables, comme forme, à celles de Lobélias. REVUE DES PLANTES DÉCRITES OU FIGURÉES DANS LES PUBLICATIONS ÉTRANGÈRES. 551 Jasminum angulare, Valil. — Oléacées {Bot. Mag., tab. G865). — Jolie espèce tout ré- cemment introduite de l’Afrique méridionale, à feuilles largement trilbliolées, op})osées, vert foncé, coriaces ; Heurs réunies d’abord par trois, puis en panicules terminales, blanc pur, très-odorantes, corolle à tube long’ de 3 à 4 cen- timètres ; segments de 5 à 7 centimètres, lan- céolés, subaigus. Solarium trilobatum, Linn, — Solanées {Bot. Mag., tab. C86G). — Introduite depuis environ cent trente années', cette espèce est originaire des parties occidentales de l’Inde, de Ceylan et des régions chaudes de la Chine. Elle forme un arbuste grimpant, épineux, à feuilles oblongues, sinuées, longuement pé- tiolées ; fleurs ressemblant à celles de Pommes de terre, grandes, violet vif, auxquelles succè- dent des baies rouges, rondes, de la grosseur d’une petite Cerise. Echinocactus Joaclii, J.-D. Hook. — Cactées {Bot. Mag., tab. 6867). — Jolie petite espèce, dont la patrie est inconnue. De forme subglo- buleuse, sa tige mesure environ 12 centimètres de diamètre horizontal, et compte vingt côtes verticales, qui sont garnies d’épines réunies par paquets de quinze à vingt-cinq et garnies de poils blanchâtres à la base ; fleurs jaunes en entonnoir, longues de 5 centimètres sur envi- ron 6 de diamètre. Echium candicam, Linn. — Borraginées {Bot. Mag., tab. 6868). — Cette magnifique espèce arbustive, décrite et introduite en Eu- rope il y a environ un siècle, est originaire de l’île de Madère. Elle atteint deux mètres de hauteur et produit, au printemps, d’énormes épis érigés de fleurs bleues et roses. Iris B artonii, F orsier. — Iridées(BoL Mag., tab. 6869). Découverte dans l’Afghanistan, cette jolie espèce appartient à la section des Iris florentins. Ses grandes fleurs, réunies en bouquets de deux ou trois, sont d’un blanc de crème verdâtre. Coccinia glauca., Savi. — Borraginées {Bot. Mag., tab., 6870). — Élégante plante vivace, native de la Perse et de l’Afghanistan, et dont les tiges, hautes de 30 centimètres à 1 mètre, se terminent par d’élégantes grappes de fleurs blanc, bleu et rouge. Les feuilles sont cour- tement pétiolées; les supérieures, sessiles, ont de 10 à 20 centimètres de longueur ; elles sont elliptiques-oblongues, arrondies à l’ex- trémité supérieure, vert pâle. Eomecon chionantha.^ Hance. — Papavéra- cées {Bot. Mag., tab. 6871). — Jolie petite plante herbacée vivace, découverte dans la Chine méridionale. Elle a une souche courte, dressée, d’où s’élancent de nombreuses feuilles longuement pétiolées, cordiformes, ovales ou arrondies, longues de 7 à 15 centimètres. Ses fleurs, en cymes lâches, érigées, ont 5 centi- mètres de diamètre et montrent quatre pétales blanc pur rayonnant autour d’un paquet d’éta- mines jaune d’or. Vaccinium Mortinia, Benth. — Vacciniées (Bot. Mag., tab. 6872). — Petit arbuste des Andes de l’E({uateur, et qui atteint de 75 centi- mètres à 1 mètre (le hauteur. Il se rapproche beaucoup des Pernettya et porte en grande abondance des pa([uets de petites fleurs char- nues, retombantes, en forme d’urnes, rose vif ; ses feuilles, longues de 12 â 18 millimètres, sont oblongues-ovales, acuminées, coriaces. Tric/iosanthes palmala, Boxb. — Cucurbi- tacées {Bot. Mag., tab. 6873). — Cucurbitacée indienne, à grandes fleurs blanches, dont les segments, longs de 35 millimètres, se subdi- visent ensuite en nombreux filaments retom- bants, ondulés, longs de 3â 4 centimètres; les feuilles, membranacées, sont longues et larges de 10 â 20 centimètres, avec cinq ou sept an- gles ; les fruits, globuleux, ont environ 5 cen- timètres de diamètre et sont écarlates, avec dix raies oranges. Gentiana Bigelovü, A. Gray. — Gentianées {Bot. Mag., tab. 6874). — Plante vivace, ori- ginaire des Montagnes Rocheuses, entre le Colorado et le Nouveau-Mexique. Ses tiges, hautes de 35 à 70 centimèRes, portent des feuilles sessiles, linéaires-oblongues, longues de 3 à 5 centimètres, et leur extrémité supé- rieure est garnie de fleurs bleues, longues de 2 à 3 centimètres, insérées à l’aisselle des feuilles. Hæmanthus Baurii, J. -G. Baker. — Ama- ryllidées {Bot. Mag., tab. 6875). — Très-sin- gulière plante bulbeuse, originaire de la Gafrerie et qui produit en même temps que les fleurs deux feuilles, opposées, charnues, éta- lées, suborbiculaires, longues de 15 centimè- tres sur 18 à 20 de largeur. Entre les bases de ces deux feuilles se développe une ombelle érigée très-courtement pédonculée, à fleurs mesurant 5 centimètres de diamètre, à périanthe blanc pur, long de 25 centimètres, à segments oblancéolés; le tube est subcylindrique, plus court que les segments. Bulbe oblong, long de 7 â 10 centimètres. Cypripedium Godefroyæ, Godefroy-Lebeuf. — - Orchidées {Bot. Mag., tab. 6876). La Revue horticole a donné la description (1) de cette jolie espèce originaire de Siam et dont les fleurs, blanches, sont marquées de petites taches très-nombreuses, brun-chocolat. Hoya Griffithii, Hook. f. — Asclépiadées {Bot. Mag., tab. 6877). — Fort jolie espèce découverte dans les régions montagneuses du Bengale oriental. C’est une plante grimpante aux feuilles très-courtement pétiolées, ellip- tiques ou oblongues lancéolées ; fleurs mesu- rant de 25 à 40 millimètres de diamètre, nom- breuses, réunies en ombelles, à corolle entiè- rement glabre, rouge vif à l’extérieur, rose et jaune pâle, par bandes longitudinales, à l’inté- rieur. Anthurium splendidum, Hort. Bull. — (1) Voir Revue horticole, 1884, p. 73. 552 CORRESPONDANCE. Aroïdées (Bot. Mag., tal). 0878). — La Beviie horticole a donné la descri{)tion de cette belle espèce (1), introduite de la Nouvelle-Oienade, et dont les feuilles, longues de 30 à 35 centi- mètres, lar-gement ovales-cordiformes, à sinus profond, sont gaufrées-bullées sur toute leur surface, vert métallique en dessus, plus pâle en dessous ; la sj)athe, longue de 15 centi- mètres, lancéolée, est d’abord blanche bordée de rouge, puis rose ; le spadice, érigé, long de 15 à 22 centimètres, est d’abord vert, puis jaune et enfin ronge brique. Grcvillea Hookeriana, Meissn. — Protéacées (Bot. Mi-tg-y tab. 0879). — Arbuste provenant de l’Australie occidentale, à feuilles pennées longues de 10 à 15 centimètres ; fleurs en grap- pes longues de 5 à 8 centimètres, érigées, com- pactes ; fleurs courternent pédicellées ; pé- rianthe long de 8 millimètres, jaune pâle ; style long de 25 millimètres, rouge brillant. Sojjhronüis violacea, Lindl. — Orchidées (Bot. Mag., tab 0880). — Charmante petite es- pèce épiphyte, originaire du Brésil, à pseudo- bulbes ovoïdes, feuilles solitaires, longues de 5 â 8 centimètres, linéaires-acuminées; hampes plus courtes que les feuilles, et })or- tant chacune une ou deux fleurs, moyennes, l’Ose vif. Kd. Andrf^. CORRESPONDANCE No 414.9 (Paris). — Le Cupressus Mac- Nabiana, Murr., originaire de la Californie septentrionale, est très-rustique. Il est extrê- mement ramifié et forme des buissons compacts de 4 â 8 mètres de hauteur, qui fructifient promptement et en quantité excessive, ce qui ne contribue pas peu à la beauté de cette es- pèce, au contraire, car ses cônes persistent très- longtemps sur les arbres. Ce Cyprès n’est nul- lement délicat; il pousse à toutes les expositions et dans presque tous les sols, surtout s’ils sont un peu chauds et légers. M.P. A. (Maine-et-Loire). — L’insecte qui ravage vos feuilles de Latania est le Coccus Lataniæ, Boisd. Par une propriété particulière qui, en effet, a pu vous surprendre, cet in- secte, d’abord vert clair bordé de blanc pur, devient ensuite noir de jais, puis roux clair, en conservant toujours sa forme hémisphé- rique et une bordure de cils blancs. Ces coche- nilles ne se développent que dans la tempé- rature d’une serre chaude ; si la saison le per- mettait, vous pourriez les faire disparaître en mettant pendant quelques jours vos Lataniers au grand air. Si cela vous est impossible, vous arriverez au même résultat en nettoyant les feuilles avec une brosse douce ou en appli- quant sur celle-ci, â l’aide d’un pinceau, de l’alcool à 35 degrés qui détruira les insectes sans fatiguer aucunement vos Palmiers. M. de la V. (Vendée). — Il nous est impossible de répondre d’une manière absolue à la ques- tion que vous nous adressez au sujet du val- lonnement des pelouses; les profils qu’il convient de suivre en ce cas sont trop variables, suivant la nature du pays où l’on se trouve, la dimension des pelouses travaillées et l’effet que l’on cherche à obtenir. C’est une grande erreur que de répéter partout, et dans les conditions les plus diverses, les mêmes ondulations du sol. (1) Voir Revue horticole, 1883, p. 292. Quant au moyen pratique d’arriver sans tâtonnements à donner â chacune de vos pe- louses le vallonnement qui lui conviendra, voici la seule manière d’opérer : Prenez, sur une ligne tracée dans le grand axe de chaque pelouse, de 5 en 5 ou de 10 en 10 mètres, le niveau de ce point que vous indi- querez sur place par un piquet numéroté. Vous obtiendrez, au moyen des cotes obte- nues, le profil en long de votre pelouse. De distance en distance, sur cette ligne, tracez au moyen de jalons, à droite ou à gauche, des perpendiculaires sur lesquelles, également de 5 en 5 ou de 10 en 10 mètres, vous prendrez les niveaux, toujours en laissant un piquet nu- méroté aux points mesurés. Ceci vous donnera les p>rofils en travers. Transportez graphi- quement ces profils sur le papier, en adoptant par exemple l’échelle de 2 millièmes pour les longueurs et de 1 centième pour les hauteurs. Cette différence, dans les deux échelles adop- tées, facilite l’étude des profils. Si une échelle unique était employée, ou bien les différences de hauteur seraient peu appréciables, ou bien on aurait des dessins d’une trop grande lon- gueur. L’état actuel du sol vous étant ainsi indiqué, en coupe, il vous sera facile de dessiner sui- vant la même ligne le profil que vous voudrez obtenir. Vous verrez alors, au passage de chaque point dont le niveau aura été pris, quelle est la hauteur du déblai ou du remblai nécessaires. Vous inscrirez cette hauteur, sur place, en tête du piquet numéroté correspondant, et il ne vous restem plus, comme travail préparatoire, qu’à exécuter ces profils, sur une largeur de 1 mètre à 1^50 en suivant les lignes. Ceci fait, si aucune modification ne vous semble néces- saire, exécutez vos terrassements en reliant les uns aux autres vos profils en long et en travers. M. G. (Landes). — Le Bambusa Cas- tilloni n’est pas encore au commerce, du moins à ce que nous croyons. UAdministrateur-Gérani ■ L. Boui’guignon. lmp. Georges Jucob , — OrléaDii. CHRONIQUE HORTICOLE. 553 CHRONIQUE HORTICOLE Le temps. — Distinctions à l’horticulture. — Cocos australis. — Poiriers greffés sur Aubépine. — Poires Bergamotes Espéren énormes. — Un arbre fruitier exotique. — Fraise The Jewell. — Coreopsis tinctoria flore pleno. — Variétés de Pommes de terre à cultiver. — Conservation des graines par la glycérine. — Conservation des pieds d’ Artichauts. — Pots en papier. — Anthurium andegavense. — Nécrologie : MM. Jacquernet-Bonnefond, Auguste Van Geert et Lichtenstein. Le temps. — L’hiver se montre tardi- vement. Jusqu’au 2 décembre, le temps était très-pluvieux et sombre, mais aucune gelée ne s’était encore fait sentir; aussi les jardins étaient-ils relativement verts ; même les plantes diverses de serre, qui étaient restées en pleine terre, continuaient à pous- ser, lorsque le 3 décembre, au matin, à Paris, il y avait de la neige et presque 2 degrés au-dessous de zéro; le lendemain, il y avait 4 degrés de gelée; et, le soir, il tomba de la neige qui couvrit la terre d’une couche de 4 à 6 centimètres d’épaisseur; le dégel est bientôt arrivé, puis des bour- rasques avec pluies intermittentes ont suc- cédé au dégel. Distinctions à l’horticulture. — A l’occasion du concours pomologique qui vient d’avoir lieu à Versailles, la croix du Mérite agricole a été décernée, par M. le Ministre de l’Agriculture, à M. Lechartier, professeur à la Faculté des sciences de Rennes, directeur de la Station agrono- mique, président de l’Association pomolo- gique de l’Ouest, ainsi qu’à M. David Dieusy, horticulteur-pépiniériste à Ver- sailles. Cocos australis. — A propos dè cette espèce, sur laquelle M. Naudin a publié ré- cemment un article (1), MM. Rovelli, hor- ticulteurs à Pallanza, Lac-Majeur (Ralie), nous ont écrit une lettre dont nous ex- trayons le passage suivant : De tous les Palmiers, le Cocos australis est certainement l’un des plus rustiques. Même ici, à Pallanza, où pourtant nous avons des hivers relativement rigoureux, il les supporte parfaitement. Ainsi, dans notre établissement, nous en avons quelques forts sujets qui, sans souffrir, ont passé, en plein air, le terrible hiver 1879-80, sans autre abri qu’un simple capuchon de paille. Ce Palmier est bien cer- tainement plus rustique que le Chamærops humüis, et que les Dracæna indivisa qui, dans ce même hiver de 1879, ont gelé ici bien (1) Voir Revue horticole, 1886, p. 518. 16 Décembre 1886. que placés dans les mêmes conditions que celles où se trouvaient le Cocos australis, qui nous paraît tout aussi rustique que les Juhæa spectabilis et le Chamærops excelsa. Ces détails, que nous donnent nos collè- gues et dont nous les remercions, parais- sent surabondamment mettre hors de doute la rusticité du Cocos australis. Néanmoins, dans l’appréciation du jugement, on doit tenir un grand compte de l’influence du climat et ne pas oublier que celui de Pal- lanza est tout autre que, à température égale, pourrait être celui des environs de Paris, où, pourtant, le Chamærops excelsa supporte assez bien l’hiver. Toutefois, il pa- raît démontré que cette espèce peut très-bien supporter quelques degrés au-dessous de zéro, et qu’il suffit pour la conserver de la rentrer l’hiver dans une serre froide. D’où nous concluons que, au lieu d’élever les Cocos australis en serre chaude comme cer- tains cultivateurs ont encore l’habitude de le faire, il faut les tenir sous châssis en leur donnant beaucoup d’air de manière à avoir des plantes trapues et bien constituées. Poiriers greffés sur Aubépine. — Un des abonnés de la Revue horticole, M. Dé- siré Charruault, nous informe qu’il a « vu, dans un jardin de la Saintonge, des greffes de Poiriers sur Aubépine qui poussaient avec une vigueur extraordinaire. Gela est vraiment une excellente chose, car dans cet endroit où, dit-il, le sous-sol est composé de pierres calcaires, le Poirier ni le Goignassier ne résistent à la sécheresse extraordinaire qu’il fait pendant tout l’été, sécheresse dont l’Aubépine s’accommode très-bien ». Nous remercions M. Désiré Charruault de son intéressante communication, dont nos lecteurs feront certainement leur profit. Ces sortes de communications sont le meilleur moyen de répandre le progrès. Faire con- naître les procédés employés et les résultats qu’ils ont fournis est une sorte d’enseigne- ment mutuel, que nous serons toujours heureux de voir mettre en pratique par nos abonnés. 24 554 CHRONIQUE HORTICOLE. Poires Bergamotes Espéren énormes. — Ce qualificatif ii’a rien d’exag-éré, au contraire; aussi peut-on affiriner que, ces fruits étant détacliés des arbres, il n’est au- cun pépiniériste qui les eût reconnus. Ils avaient quelque rapport avec de gros Catil- lac, ou mieux avec la Icelle de BruxeUes ou Poire Sans-pépin. Très-régulières de forme, su bspliériques et portées par un long pédoncule, ces Poires mesuraient de 9 à 11 centimètres de diamètre. Le moyen d’obtenir de si beaux fruits est des plus simples et à la portée de tout le monde. Il consiste, lorsque les fleurs sont bien nouées, d’en choisir, par chaque hou- quet, deux ou trois des mieux conformées et d’enlever les autres ; huit ou quinze jours après cette première sélection, on en enlève une, puis une autre, de manière à ne con- server que la plus belle, qui, alors, prend d’énormes proportions. Ce procédé a encore cet autre avantage de moins épuiser les arhres et de provoquer la production de fruits plus sains et rare- ment véreux, ce qui s’explique par ce fait, qu’étant plus aérés, plus distancés et ne subissant pas le contact d’autres fruits ou de feuilles, les insectes, ne trouvant pas d’a- bris, ne se fixent pas sur ces fruits isolés. Un arbre fruitier exotique. — Cet arbre, qui vient de fructifier au Fleuriste de la Ville de Paris, est le CaroUnea macro- carpa, Schlect., originaire du Mexique. Le fruit est meloniforme, gros, déhiscent, à 4 valves ; il contient de grosses graines, très-bonnes à manger, qui rappellent un peu la saveur de la Noisette. Cette espèce n’est pas délicate et s’accommode parfai- tement de la serre tempérée, où elle fruc- tifie abondamment. Aussi, vu l’important rôle qu’elle pourra jouer dans nos cultures, la Revue horticole en donnera prochaine- ment une figure coloriée. Fraise a the Jewell ». — Les journaux étrangers font en ce moment grand bruit autour de cette variété, qui, paraît-il, est non seulement de qualité supérieure, mais d’un rendement sans exemple jusqu’ici, ce qu’attestent de nombreux certificats éma- nant de sources dignes de foi. A en ju- ger par une peinture, ses fruits rappellent ceux du Fraisier Docteur Morère pour la forme et la grosseur, mais ils sont d’une très - belle couleur rouge vermillon brillant, ce qui ajoute encore à ses qualités. Nous apprenons que, grâce à M. Paillet, horticulteur à Chatenay-les-Sceaiix , qui s’est rendu acquéreur d’un bon stock de la Fraise Jewcl, nous serons bientôt à môme de la juger. Coreopsis tinctoria flore pleno. — A])rès avoir varié considérablement par la taille, ce qui a permis de créer trois races : naines, moifcnnes, (jrandcs, une autre, par la couleur, d’où les C. elcçjans, purpurea, marmorata, on a aujourd’hui, dans cette meme espèce, des variétés à tleurs pleines. Celles-ci, qui pour tous les autres caractères varieront pour chacune des races, auront cet autre avantage de durer en fleurs beaucoup plus longtemps que les tleurs simples. Variétés de Pommes de terre à cul- tiver. — De même que les années précé- dentes, l’Institut agricole de Beauvais a poursuivi, en 1886, ses études sur les diffé- rentes variétés de Pommes de terre. Voici, d’après le résultat de ces expé- riences, qui ont été faites dans des terres limoneuses, à sous-sol crayeux et caillou- teux, avec une fumure moyenne de 60,000 kilog. par hectare, quels ont été les rendements les plus avantageux : Pommes de terre hâtives. — Earlij Rose, 26,000 k. ; Brésée j^rolific^ 25,000 k. Viennent ensuite : Joseph Rigault, Shaiv, Jaune plate de Roscoff. Demi-hatives. — Semis de Vlnstitut, 34.800 kilog. ; Eléphant, 27,500 kilog. Puis : Séguin, BurhanEs seedling, Adi- rondack. Magnum honum. Tardives. — Red skinned (Jour hall, 29.800 kilog ; puis Lorraine, Idaho. Conservation des graines par la Glycérine. — On a recommandé, pour conserver les facultés germinatives des graines, l’emploi de la Glycérine qui, dit- on, a aussi cette autre propriété de faciliter la germination lorsque les facultés germi- natives ont été affaiblies par l’âge. Voici ce que nous lisons à ce sujet : Un très-liabile cultivateur de plantes tropi- cales a annoncé que cette substance (la Glycé- rine) exerce sur les graines une action des plus remarquables. Différentes espèces de plantes exotiques ont germé avec une grande rapidité après avoir été immergées pendant dix jours dans de la Glycérine, tandis que d’autres du meme envoi, semées aussitôt après leur arrivée, n’ont pas levé, non plus que celles qu’on avait fait ramollir dans l’eau. Nous ne savons si des essais ont été CHRONIQUE tentés pour vérifier cette assertion. Comme le fait ne manque pas d’importance et que l’opération n’entraîne à aucune dépense, nous engageons nos lecteurs à répéter l’ex- périence alin de s’assurer si ces dires sont fondés. Conservation des pieds d’Artichauts. — M. Dominé, membre de la Société d’hor- ticulture d’Éipernay, recommande, pour con- server l’hiver les pieds d’Artichauts, le pro- cédé suivant, déjà connu, mais excellent : Réunir les feuilles d’Artichauts à l’au- tomne, et les entourer de paille de seigle bien serrée et suffisamment épaisse, pour que ces feuilles n’aient aucun contact avec l’air. Par un léger déchaussement, la base de cette paille doit pénétrer en terre ; on approche ensuite la terre écartée et on la tasse autour de la partie inférieure de l’enveloppe de paille. > M. Dominé a constaté que les Artichauts ainsi garantis jusqu’au printemps avaient beaucoup plus de vigueur que ceux hiver- nés d’une autre façon quelconque. Pots en papier. — On nous signale de Hollande l’idée pratique qu’a eue un horti- culteur étranger de hibriquer des pots à fleurs en papier. Nous pensons que ce pro- cédé pourrait rendre de grands services, tant pour les expéditions lointaines que pour le transport à courte distance des plantes molles, semées en pleine terre, que l’on a coutume d’envoyer par bourriches sur nos marchés aux fleurs. Nous signalons cette invention aux culti- vateurs et aux fabricants de matériel horti- cole. Voici d’ailleurs de quelle manière on peut procéder pour fabriquer les pots écono- miques : prendre du papier d’emballage un peu fort, et en couper des portions ayant la forme du pot développé, plus le recouvre- ment. On trempe chaque portion dans de la colle forte peu épaisse, chaude ; on donne la forme désirée, on ajoute un fond et on laisse refroidir. Anthurium andegavense. — On nous a demandé, de plusieurs côtés, si cette belle Aroïdée, provenant des semis de M. A. de la Devansaye, était au commerce, et où il serait possible de se la procurer. L’obtenteur, que nous avons consulté, nous fait savoir que VA. andegavense n’est pas encore sorti de ses serres, et qu’il ne HORTICOLE. 555 peut encore fixer le moment où il sera livré au public amateur d’horticulture. Nécrologie. — M. Jacguemet- Bonne- fond. — M. Marius Jacquernet-Ronnefond, depuis plus de quarante ans, était à la tête d’un des plus grands étaldissements d’horti- culture de France, qui s’étendait sur plu- sieurs départements et dont le siège prin- cipal était à Annonay (Ardèche). R est décédé dans cette ville, le 28 octobre 1886, à l’âge de soixante-quatre ans. M. Jacquemet-Ron- nefond exerçait une grande influence horti- cole dans la région qu’il habitait. Dans ces dernières années, il s’était occupé avec ar- deur de la question du Phylloxéra dans ses rapports avec la loi de protection, en ce qui concerne les transports de plantes, et il avait pris place parmi les champions con- vaincus de la liberté absolue de la circu- lation des végétaux. M. Auguste Yan Geert. — Nous avons appris avec un vif chagrin la mort de l’un des fondateurs de l’industrie horticole gan- toise, de M. A. Van Geert père, décédé le 23 novembre, à l’âge de soixante-huit ans. Après avoir commencé son éducation hor- ticole en Angleterre, où l’avait envoyé son père, Jean Van Geert., A. Van Geert revint à Gand, et ses connaissances étendues, sa grande activité, sa loyauté commerciale le mirent à même de contribuer largement au développem.ent que le commerce horticole a pris dans cette ville. Retiré des affaires depuis quelques années, M. A. Van Geert avait alors con- sacré ses soins à la création d’une très-in- téressante collection d’Orchidées. La mort de M. A. Van Geert sera dou- loureusement ressentie par tous les horti- culteurs ; mais il est mort avec la conso- lation de savoir que la tradition qu’il a laissée sera vaillamment continuée par son fils, M. A. Van Geert, qui lui avait succédé depuis longtemps déjà. M. Lichtenstein. — Nous avons aussi le regret d’annoncer la mort de M. Lichtens- tein, le savant professeur d’entomologie de Montpellier, qui, par ses études spéciales, avait si bien fait connaître l’organisation et les caractères du phylloxéra. M. Lichtenstein était âgé de soixante-huit ans. E.-A. Carrière et Ed. André. 556 PÊCHE MONTIGNY. — PLANTES NOUVELLES D’ORNEMENT. PÊCHE MONTIGNY De meme que la plupart des autres fruits, les Pêches varient de forme; mais on est quelquefois étonné en voyant jusqu’où peut aller cette variation, ce qui nous engage à représenter et à décrire la Pèche Mon- tigmj (fig. 129), qui, du reste, est peut-être un des types les plus intéressants parmi les Pêches connues. Des noyaux de cette Pêche, originaire de la Chine, fu- rent envoyés de Shang-Haï, en 1854, par M. le comte de Monti- gny, alors consul général de France en Chine. Cet envoi ayant été fait au Muséum , c’est là qu’en furent opérés les premiers semis, qui fructifièrent en 1860, aux pépiniè- res de cet établis- sement, où, alors, nous étions chef de cette partie des cul- tures. C’est une forme très-intéres- sante et dont voici les principaux ca- ractères : Arbre de vigueur moyenne, excessi- vement fertile. Scions à écorce colorée. Feuilles plutôt courtes que grandes, très- courtement dentées. Glandes réniformes. Fruits ordinairement inéquilatéraux (à faces de grosseur inégale) , ventrus-ar- rondis vers la base, atténués vers le sommet, où se trouve un petit mamelon brun, aigu - spinescent. Cavité pédoncu- laire peu profonde, régulièrement arron- die, toujours plus ou moins tachée de violet. Peau courtement et fortement duve- teuse-feutrée , se colorant très - fortement en rouge intense vermillonné sur toutes les parties insolées. Chair un peu adhé- rente, très -blanche excepté autour du noyau , où souvent elle est légèrement violacé rosé; eau assez abondante, su- crée, peu relevée, fadasse. Noyau allongé, un peu arqué, rétréci à la base, atténué vers le sommet, qui est terminé par un long mucron aigu -spinescent, à surface comme per- forée, parfois légè- rement sillonnée transversalement. — Maturité août- septembre. Le Pêcher Mon- tigny est parfois appelé amygdali- forme à cause de la forme de ses fruits, qui rappel- lent assez exacte- ment celle d’une amande, mais alors plus grosse ; il est par ceux-ci abso- lument distinct de tout ce qui est connu en ce genre. Y aurait- il avan- tage à le cultiver et à le féconder avec nos Pêches, soit en le prenant comme père, soit inversement ? Le fait n’est point douteux au point de vue scientifique ; mais en serait-il de même au point de vue commercial? Ici, seule, l’expérience peut répondre. E.-A. Carrière. PLANTES NOUVELLES D’ORNEMENT Parmi les plantes d’ornement nouvelles qui viennent d’être mises au commerce et que la Revue horticole signalera successi- vement à ses lecteurs, nous allons aujour- d’hui en citer deux : une variété de Clarkia pulchella mauve, et le Matricaria eximia pyramidalis. La première, Clarkia pulchella mauve, figure 130, est remarquable par son coloris tout à fait nouveau dans le genre Clarkia STREPTOCARPUS DUNNII. 557 pourtant déjà si riche en variétés. D’un lilas irais et tendre, ce coloris vient s’ajouter aux tons si variés que présente ce genre et ajouter aux nuances qui permettent, dans l’ornementation des plates-bandes, de faire des oppositions de couleur des plus harmo- niques. Cette variété, relativement naine, se tient très-bien et üeurit [très-abondamment. Les fleurs, à quatre divisions pétaloïdes, ar- rondies au sommet, qui est gracieusement trilobé, sont des plus élégantes. Plantée çà et là, dans les plates-bandes, cette plante augmente la beauté de l’ensemble tant par la légèreté de son feuillage que par le coloris tout particulier des fleurs, et enlève ce qu’il pourrait y avoir de lourd dans la masse ou ce qui pourrait y avoir de dur ou de criard dans les coloris. Quant au Matricaria eximia pyrami- dalis^ figure 131, c’est une variété dont le port et l’aspect général suffiraient au point de vue décoratif. En effet la plante, qui atteint environ 50 centimètres de hauteur, forme de très-jolies colonnes qui se ter- minent par des quantités considérables de fleurs blanches, très-pleines, bombées, dont les ligules extérieures, qui sont planes, for- ment autour une sorte de collerette qui allège le tout. Quant au feuillage, qui est très-abondant, il est très-élégamment dé- coupé. Cette Matricaire est très-rustique et très- robuste, ce qui permet de la planter dans des conditions regardées comme mauvaises, où, par conséquent, beaucoup d’autres es- pèces ne pousseraient pas. On peut aussi en faire de charmantes bordures. Suivant le besoin, on peut aussi la cultiver comme plante vivace ou comme plante annuelle. Dans ce dernier cas, il est surtout avanta- geux de la semer à l’automne ; on a alors de très-bonne heure de jolies plantes qui fleurissent une grande partie de l’année. E.-A. Carrière. Fig. 130. — Clarkia pulcheUa mauve. Fig. 131. — Matricaria eximia, var. pyramidalis. STREPTOCARPUS DUNNII Voici une plante nouvelle à sensation. Elle nous arrive des jardins royaux de Kew (Angleterre), et c’est de la plume de Sir Joseph Hooker que nous tenons tout récemmentsa description et son bistoire(l). C’est avec une agréable surprise que nous venons d’ouvrir le dernier numéro de la belle publication botanico-horticole où le savant botaniste anglais publie les portraits (1) Botanical Magazine, t. 6903. des plantes les plus remarquables, lorsque nous y avons trouvé une planche double représentant un Streptocarpus à fleurs roses innombrables, et à feuilles longues de 1 mètre. Un mètre, et même plus, car ces singulières feuilles continuent encore à croître. Il n’y en a qu’une seule par plante, ce qui ajoute à l’étrangeté, bien que ce ne soit pas la seule espèce du genre qui pré- sente ce caractère. 558 TAILLE DES GROSEILLIERS. Oïl sait (railleurs, depuis ])cu, que la feuille unique des Streptocarpus n’est que le développement continu de Fun des coty- lédons de la jeune plantule. Dans le >S'. Dunnii, cotte feuille, au lieu d’atteindre un ou deux décimètres comme dans les autres espèces, (troît liorizouta- lement, sur le sol, développant un limlie long' d’un mètre et })lus, ovale-oblong, sessile, l)ullé comme une feuille de Chou de Milan, et d’un beau vei't gai. Près de l’insertion de cette feuille extraordinaire s’élève ver- ticalement une panicule très-rameuse de fleurs d’un rose un peu foncé, tubuleuses recourbées, longues de 3 centimètres, à gorge ouverte en entonnoir, avec les lobes arrondis. La plante, qui est originaire des monta- gnes du Transwaal (Afrique australe), a été découverte et introduite par M. Dunn, dont elle a reçu le nom ajuste titre. Les graines envoyées par lui, en Angleterre, ont parfai- tement germé, et les visiteurs de Kew ont pu voir cette année, dans la serre aux Cac- tées, une rangée de S. Dunnii ({ui présen- taient l’aspect le plus singulier et le plus décoratif. Comme ses congénères, cette espèce sera d’une facile culture. L’indication qui pré- cède fait prévoir qu’il lui faudra une atmos- phère plutôt sèche qu’humide, et proba- blement une période de repos hivernal. Ses fleurs, extrêmement nombreuses, sont d’une nuance peut-être un peu terne, mais il sera facile de les hybrider avec d’autres espèces et d’en atténuer par conséquent les imper- fections. Nous ne doutons pas que le S. Dunnii, qui sera sans doute prochai- nement au commerce, soit une source fé- conde d’expériences heureuses pour les semeurs, qui vont le (( travailler » dès qu’ils l’auront reçu. A bientôt donc des nouvelles de visu de la plante et de sa des- cendance. Ed. André. TAILLE DES GROSEILLIERS Il est rare, même dans les ouvrages spé- ciaux, c’est-à-dire qui tivaitentde la conduite des arbres fruitiers, qu’il soit question de Groseilliers, si ce n’est parfois en quelques mots pour dire qu’on les taille en buisson, sans indiquer les principes de l’opération. Ce silence, assurément regrettable, est dii à cette idée, généralement admise, que les Groseilliers ne doivent pas être taillés, ce qui est une erreur. Si, en effet, ces arbustes peuvent fructilier sans être soumis à aucun traitement, il n’est pas moins vrai qu’une certaine direction donnée aux branches faci- lite et augmente la production, qui en devient même plus belle. Théoriquement la taille des Groseilliers peut être ramenée à celle de la Vigne, mais alors simplifiée : des branches charpentières qu’on allonge plus ou moins en raison de la vigueur des plantes de manière à ce qu’elles soient toujours garnies de coursonnes qui, du reste, se développent facilement et per- sistent un grand nombre d’années, quelles que soient les espèces dont il s’agisse. Le genre Groseillier comprend deux groupes bien distincts : les Groseilliers à grappes et les Groseilliers à maquereau. Les premiers présentent une espèce qui, bien que distincte par la couleur et la na- ture des fruits, le Cassis, est identique par son mode de végétation ; aussi le traitement à leur donner doit-il être le même. La forme en buisson-gobelet, c’est-à-dire un peu évasée du haut, est celle à laquelle on sou- met les Groseilliers à grappes, qu’ils soient à fruits rouges, blancs ou noirs (cassis). Pour obtenir cette forme, voici com- ment on procède : Les jeunes pieds étant plantés et bien enracinés, on les rabat à 15 ou 20 centimètres environ du sol, afin d’ob- tenir trois à quatre ramifications qui cons- titueront les premières branches charpen- tières. L’année suivante, lors de la taille, on rognera celles-ci suivant leur force et sui- A^ant qu’elles seront plus ou moins garnies. Pendant l’été on pincera court les hour- geons qui se dévelop}>eront sur ces liran- ches charpentières, de manière à ce qu’elles soient munies dans toute leur longueur de coursonnes qui, chaque année, devront fleurir et donner des fruits. Mais comme en raison de leur écartement successif les bran- ches charpentières tendront à s’éloigner constamment les unes des autres, il faudra de temps à autre, lorsqu’il y aura nécessité, tailler à crochet, c’est-à-dire laisser se dé- velopper un bourgeon qui, à son tour, de- viendra branche fruitière et remplira l’em- placement devenu plus large par l’éloi- gnement continuel des premières branches charpentières qui augmentera avec l’àge et la force des plantes. Quant aux soins d’en- tretien : ébourgeonnage, pinçage, etc., ils devront être faits de manière à maintenir la SOCIÉTÉ NATIONALE D’IIORTICULTURE DE FRANCE. 559 rop^iilarité de l’ensemble, ainsi qu’nn écar- tement convenable des branches, afin ({ne celles-ci soient bien garnies de bourgeons courts qui sont des équivalents que l’on ren- contre sur certains arbres à fruits à noyau, et que l’on pourrait comparer à des bou- quets « cochonnets » d’une nature particu- lière. Dans le cas où une irrégularité vien- drait à se produire, soit par la mort d’une branche, soit par tout autre cause, on re- médierait au mal par la création de branches de remplacement obtenues par la taille ou par un bourgeon qu’on aurait laissé pous- ser pour cette destination. Quant aux Groseilliers à maquereau , en principe le traitement à appliquer est le même que celui auquel on soumet les Gro- seilliers à grappes ; il y a pourtant cette différence que les branches charpentières devront être plus écartées, parce que les ramilles fruitières sont plus compactes et plus feuillues, surtout à cause des nom- breuses épines qui garnissent les branches charpentières et qui gênent la cueillette des fruits. On devra, pour cette même raison, avoir soin d’éclaircir les ramilles fructi- fères, de manière à obtenir un peu plus d’espace pour passer les mains et pratiquer la cueillette des Groseilles. Une autre raison pour tenir les branches des Groseilliers à maquereau un peu plus écartées que celles des Groseilliers à grappes, c’est que les fruits étant plus aérés se co- lorent mieux, sont plus fermes et plus croquants, ce qui en augmente la valeur commerciale. Dans le Groseillier à grappes, au contraire, les fraiits peuvent se conser- ver longtemps (j)arfois même plusieurs mois après la maturit(3) et la conservation est d’autant plus facile que les plantes sont plus feuillues et plus compactes. Pour la conservation des Groseilles à grappes, rappelons qu’un bon moyen, fré- quemment employé dans les campagnes, consiste à envelopper, après la chute des feuilles, les Groseilliers avec de la grande paille et à serrer légèrement le tout afin de rapprocher les branches. Ainsi traités, les fruits se conservent parfois jusqu’à l’ap- proche des 'gelées. Toutefois, il est prudent de ne pas trop serrer afin de ne pas écraser les fruits. Il est même lion, de temps en temps, d’examiner un peu l’intérieur des plantes et d’éclairer les parties trop com- pactes et surtout d’enlever celles qui sont moisies, ou qui, ayant été un peu muti- lées, sont susceptibles de déterminer la pourriture. Quant aux Cassis, bien que les mêmes procédés de conservation puissent leur être appliqués, la durée des fruits est infiniment moins longue; ils fermentent, pourrissent, sèchent ou se détachent beaucoup plus vite que ceux des Groseilliers, et comme les fruits se rident et diminuent de volume sans acquérir de la qualité, il n’y a donc pas intérêt à les conserver au delà de leur complète maturité, au contraire. E.-A. Carrière. SOCIÉTÉ NATIONALE D’HORTICULTURE DE ERANCE SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 1886 Cette séance présentait un triple intérêt, qui expliquait son mouvement et son animation inaccoutumés. Aux travaux habituels des Co- mités et à fexamen des apports se joignaient une Exposition de Chrysantbèmes, la distri- bution des médailles accordées à la suite de FExposition dernière de la Société, ainsi que de celles attribuées par les divers Comités, soit directement, soit à la suite des rapports de commissions spéciales. Exposition des Chrysanthèmes. — Jamais peut-être, à Paris, une Exposition de ce genre n’avait été ni aussi nombreuse, ni aussi belle. La raison en est double : d’une part l’absence complète de gelées qui avait permis à toutes les variétés, même tardives, d’épanouir leurs fleurs, et la conservation en bon état des va- riétés qui, plus hâtives, eussent été complè- tement passées si, ainsi que cela arrive fré- quemment, il fût survenu des gelées autom- nales ; d’autre part le goût de plus en plus prononcé pour ces admirables fleurs qui, d’une manière si brillante, terminent Tannée florale de plein air. Nous n’avons pas, ici, à faire ressortir la beauté et le mérite ornemental de ces plantes, bien connues, du reste, et dont nous avons parlé tant de fois ; nous nous bornerons donc à dire que seize concurrents étaient en pré- sence. Presque tous avaient des variétés nou- velles ou méritantes; aussi d’une manière géné- rale peut-on dire c{ue toutes les collections avaient droit à l’admiration. Nous allons, très-brièvement, faire l’énumé- ration des apports en indiquant les récom penses obtenues par les exposants ; MM. Lévêque et fils, horticulteurs, 69, rue du Liégat, à Ivry (Seine), plus de 400 variétés 5G0 SOCIÉTÉ NATIONALE d’HORTICULTURE DE FRANCE. de ClirysanÜiènies en pots et on Heurs coui)ées. Médaille d’or. Édouard üarlu, au château de Grand- Vaux, par Savigny-sur-Orge (Seine-et-üise), 150 vai iétés de Chrysantlièmes en pots. Grande Médaille de vermeil. M. Margottin, père, horticulteur à Bourg-la- Reine (Seine), ‘250 variétés en Heurs coupées. Médaille de vermeil. M. Forgeot et C>®, marchand grainier, horti- culteur, 8, quai de la Mégisserie, Paris : ‘200 variétés. Médaille de vermeil. M. Dupanloup et Gîe, marchand grainier, 14, quai de la Mégisserie, Paris. Médaille de ver- meil. M. Lemoine, 6, rue Croix-des-Teinturiers, à Châlons-sur-Marne (Marne). Grande Médaille d’argent. M. Ghantrier, jardinier, chez M. Rocher, à Bayonne (Basses-Pyrénées), 390 variétés. Grande Médaille d’argent. M. Delaville, marchand grainier, horticul- teur, quai de la Mégisserie, Paris, 200 varié- tés en Heurs coupées. Grande Médaille d’ar- gent. M. Hoibian, marchand grainier, 16, quai de la Mégisserie, Paris, 300 variétés en Heurs cou- pées. Médaille d’argent. MM. Mercier, père et fils, à Châlon-sur- Saône (Saône-et-Loire), pour Heurs coupées. Médaille d’argent. M. de Reydellet, à Valence (Drôme), ‘200 va- riétés de Chrysanthèmes du commerce, et 80 variétés de semis. Médaille d’argent. M. Degressy, à Chalon-sur-Saône (Saône- et-Loire), plus de 400 variétés en fleurs cou- pées. Médaille d’argent. M, Vallet, horticulteur, 42, rue de Picpus, Paris, 60 variétés en pots. Médaille d’ar- gent. M. Deschamps, amateur à Boulogne (Seine), un magnifique et fort bouquet, en variétés de choix. Médaille de bronze. M. Dubois, à Argenteuil. Remerciements. M. Hamelin (Auguste), horticulteur à Vil- leneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Remercie- ments. Ajoutons que si les apports de Chrysan- thèmes étaient nombreux et beaux, la bonne disposition qu’on leur avait donnée venait en- core rehausser l’éclat de l’ensemble. — Partout des plantes ; à l’entrée, dans la cour, étaient des fleurs en pots, puis, à l’intérieur, dans une sorte de vestibule-boudoir, étaient placées des collections qui conduisaient à la grande salle par des chemins bordés de fleurs. De cette grande salle, à part le fond où était placé le bureau, et, en opposition directe, un hémicycle où se tenait l’orchestre, tout le pourtour était transformé en un immense gradin fleuri qui encadrait la salle où était assis le public. C’est au talent de M. Charles Joly qu’étai^ duo cette heureuse disposition. Voilà donc poui- ce qui concerne l’Exposition des Chrysanthèmes. Quant aux ajiports faits aux divers comités, ils étaient jieu nombreux, exce})té pourtant au Comité des plantes d’orne- ment, où l’on admirait les apports suivants, faits: — Par M. Eberlé, horticulteur, avimue de Saint-Oucn, un lot de Cyclamens de semis, comprenant des coloris et des formes diverses ainsi que jilusieurs variétés à Heurs pleines; — Par M. Schwartz, jardinier, chez M. Lemer- cier, à Bagneux, des lUhnes-Marguerites naines, de plusieurs couleurs, fleuries et en boutons; — Par M. Nilson, trois Orchidées dont voici les noms : Cypripedimn Chantini, les Lælia elegcms alha et L. elegans Stelzneri; — Enfin M. Terrier, jardinier de M. le docteur Fournier à Neuilly-Saint-James (Seine), pré- sentait: un pied de De^idrohium thyrsiflo- rum portant deux magnifiques grappes de fleurs mesurant chacune 33 centimètres de longueur sur 12 de largeur ; les fleurs sont d’un blanc pur, à l’exception du labelle, qui est d’un beau jaune d’or foncé ; 2» un fort pied de Sophro- nitis militaris, portant douze fleurs très-bien épanouies, d’un rouge orangé clair ; 3» un On- cidium Papilio Eckhartii, à fleur intermé- diaire entre les variétés Oncidium Papilio ma- jus et Krameri ; 4“ deux forts sujets de Cypri- pedium Spicerianum, portant chacun deux hampes pluriflores. Les sujets sont vigou- reux et robustes et paraissent constituer une variété ou forme particulière de cette char- mante espèce. Ce qui semble justifier cette hypothèse, c’est ce fait que le phénomène de pluriflorité dont nous parlons paraît s’affirmer et se fixer. Ainsi, il y a deux ans, ces mêmes sujets avaient une hampe avec deux fleurs et une avec une fleur seulement; l’année suivante ainsi que cette année, elles portaient chacune deux hampes terminées par deux fleurs ma- gnifiques comme forme et comme dévelop- pement. Au comité (ï arboriculture : continuation de l’examen des nouveaux fruits de MM. Baltet frères, de Troyes, et, comme présentations nouvelles, les suivantes : — Par M«ie Émilie Guilbert, des plants de Vignes enracinés et une botte de sarments qui annonçaient un développe- ment extraordinaire; — Par M. Ledoux, de Nogent-sur-Marne (Seine) , deux magnifiques corbeilles de Poires de Beurré d’ Arenherg ; — Par M. Boisselot, de Nantes, des fruits de semis. Le comité de culture piotagère figurait à peine pour mémoire. En effet, seul, son pré- sident, M. Hédiard, avait apporté quelques fruits de Chayotte {Sechium edule). Enfin, cette séance s’est terminée par la dis- tribution des récompenses. LES PAI.MIERS CULTIVÉS. 561 LES PALMIERS CULTIYÉSarties tropicales de l’Amérique méridionale, et demandent par suite la serre chaude et une grande humidité aérienne et soutei-raine. Ils ne sont vigoureux que lorsqu’ils sont largement remj)otés ou livrés à la pleine terre. Dans cer- tains ouvrages, ces Palmiers sont placés dans le genre Aiphanes. M. Aiphanes^ Kl. {Aiphanes acideata^y\'\\\Ci.) — Caracas. M. caryotæfolia, II. B. K. — Nouvelle- Grenade. Bot. May., tah. 6854. M. disticha, Dort. (M. leucophæa, Ilort. ?) — Patrie? M. erosa, Hort. — Indes occidentales.' M. Lindeniana, Wendl. — Nouvelle Gre- nade. Ed. André. (D’après le Gardeners’ Chronicle.) SWAINSONIA ¥ Plante vivace, très-ramifiée, atteignant 30 à 50 centimètres de hauteur. Feuilles composées, imparipennées, rappelant celles du Clianthus puniceus ou du Sainfoin, mais beaucoup plus petites, à folioles très- nomlireuses, elliptiques, largement arron- dies au sommet, glabres ainsi que toutes les parties de la plante. Fleurs en grappes axillaires, dressées, s’épanouissant succes- sivement, ce qui prolonge beaucoup la flo- raison. Pédoncule court, arqué. Boutons blancs -jaunâtres. Corolle d’un blanc de neige, à étendard largement ouvert. Carène petite ; ailes très-réduites, blanches comme tout le reste de la üeur. Plante à grand effet ornemental, que l’on ne saurait trop recommander, même pour la culture en pot, et comme plante de marché. Sa multiplication a lieu par graines et par boutures ; celles-ci se font avec de jeunes Iiourgeons que l’on plante en terre de liruyère et que l’on fait enraciner sous clo- che dans la serre à multiplication. Si Ton a fait pousser les plantes à la chaleur, l’enra- cinement des boutures est plus assuré et s’effectue beaucoup plus promptement. Dans tous les cas il ne faut jamais prendre pour multiplication du « bois à fleurs ». Le semis se fait au printemps, en pots ou en terrines, soit en terre de bruyère soit dans un compost léger et substantiel, on DESTRUCTION DES PUCE Bien que le procédé ci-dessous indiqué soit connu, il est peut-être bon de le rap- peler et aussi de l’indiquer tel qu’on le pra- tique journellement en Angleterre. En France, il n’est pas permis aux parti- ERRANDI AURA repique les plants dans des conditions à peu près semblables, dans des petits pots que l’on place sous châssis pour en faciliter et activer la reprise. Une fois repris, on donne de l’air graduellement, de manière h ce qu’ils se renforcent pour êtro livrés tout à fait au dehors. Pour l’hiver on les rentre en serre tempérée ou même froide, si les plantes sont suffisamment fortes. Si les plantes doivent être cultivées en pots, et qu’il y ait nécessité de le faire, on leur donne un rempotage ; dans le cas con- traire, on les laisse telles jusqu’au prin- temps, et alors on les met en pleine terre dans un sol préparé et surtout bien insolé. Si ces plantes doivent être livrées à la pleine terre, on devra les aérer le plus possible afin d’éviter l’étiolement. Du reste, et quelle que soit leur destination on se trouvera bien de les placer sous des châssis, où il sera alors facile de les aérer à volonté suivant le besoin et de prévenir l’étiolement en distançant les pots suivant que cela est nécessaire. Traitées ainsi qu’il vient d’être dit, on obtiendra des plantes buissonneuses, bien ramifiées, qui se couvriront de fleurs pen- dant une partie de l’année, surtout si l’on a soin d’enlever au fur et à mesure celles qui sont passées. Ces fleurs, agréablement odo- rantes, sont très-propres à la confection des bouquets. E.-A. Carrière. IONS DANS LES SERRES culiers de cultiver le Tabac, mais nous pouvons nous procurer assez facilement la nicotine, plus vulgairement appelée « jus de tabac ». Pour détruire les insectes qui se posent BIBLIOGRAPHIE. 563 sur les feuilles et les fleurs, nous coupons l’eau avec la nicotine, à une dose plus ou moins forte, et nous bassinons les plantes ou nous les lavons avec ce mélange. En Angleterre, rien de pareil n’est pra- tiqué ; on (( enfume » les serres une ou deux fois par semaine ou plus, s’il est besoin, avec • une composition que l’on se procure toute prête à être employée, mais qui est si simple, qu’il est possible à tout le monde de la préparer. On peut procéder ainsi pour cette tabrication : On prend des feuilles de papier, longues de 30 centimètres et larges de 20, gros pa- pier gris, assez spongieux, et vulgairement employé pour les emballages; on laisse imbiber les feuilles de papier dans une préparation d’eau et de nicotine (environ 80 p. 100 de nicotine). Le papier, ayant séjourné un jour ou deux dans cette préparation, est devenu noirâtre; on le retire alors et on le laisse sécher. Toutefois, après ce séchage, il ne sera pas sans conserver une légère humidité. Telle est la composition dont on se sert. Voici comment on l’emploie : Dans la serre que l’on veut enfumer, on a eu soin de ne pas donner le bassinage de l’après-midi, afin que les feuilles et les fleurs soient bien sèches. Le soir venu, on ferme hermétique- ment toute ouverture ; puis, sur un léger brasier de charbon de bois ou autre, on place quelques feuilles de ce papier. Au bout de quelque temps, une fumée blanchâtre, qui devient de plus en plus épaisse, emplit ' toute la serre. Bien que la respiration pour un homme debout soit à peine possible, il peut, s’il reste accroupi, surveiller la combustion du papier et activer le brasier si besoin est. Il n’y a aucun danger à rester dans la serre; ayant souvent moi-même voulu y séjourner pour juger de l’opération, la fumée se portait de préférence dans le haut de la serre, et je n’ai, pour ainsi dire, été nulle- ment incommodé. J’ai vu journellement les hommes chargés de cette opération (et qui ne sont nullement des spécialistes) rester tout le temps que dure la combustion, n’ayant à souffrir légèrement que d’un picotement aux yeux. En tout cas, on peut sortir et venir de temps en temps, pour voir si le brasier n’est pas éteint. Lorsqu’il juge que la serre est assez pleine de fumée, l’opérateur sort et éteint le brasier, puis il referme avec soin toutes les ouvertures, La nuit passée ainsi, le lendemain matin on peut constater le bon résultat obtenu : en regardant les feuilles, on peut y voir tous les petits insectes, et particulièrement ceux qu’on appelle ici « green flies », et que nous ne possédons que trop aussi chez nous, attachés à la feuille, mais as- phyxiés. Si les insectes étaient par trop nombreux, on peut enfumer la serre deux ou trois fois de suite; au bout de ce temps, les puce- rons ont presque entièrement disparu. En opérant ainsi de temps en temps, on par- vient à n’avoir que très -peu ou pas d’in- sectes, si nuisibles aux plantes de serres. On ne doit pas fumiguer dans une serre où il y aurait des fleurs ou des jeunes pousses trop tendres. Dans une serre de forçage de Lilas blancs, l’effet serait égale- ment désastreux. Pour protéger quelques plantes délicates dans une serre à fumiger, on peut les envelopper de journaux, qui empêcheront le contact de la fumée sur les plantes. L. Paillet fils, à Borrowash (Angleterre). BIBLIOGRAPHIE Le traité de Culture potagère^ bourgeoise et commerciale que vient de publier (1) M. E. Burvenich père, professeur de culture pota- gère et d’arboriculture à l’École d’horticulture de Gand, est un ouvrage appelé à rendre de très-grands services à toutes les personnes qui s’occupent de la culture des légumes. A la lecture de ce livre, on voit immédiate- ment que l’homme qui l’a écrit est un pro- (1) En vente chez l’auteur, M. Burvenich, à Gentbrugge-lez-Gand, Belgique. — Prix ; 3 fr. 50. fesseur enseignant avec clarté et un praticien d’un grand mérite. M. Burvenich, pendant sa longue carrière, a déjà enrichi la Bibliothèque horticole de nombreux et précieux ouvrages, tels que : Grande culture des arbres fruitiers dans les vergers et les champjs , Les pignons pey'dus, Traité élémentaire de culture maraîchère^ à l’usage des écoliers ; Arbres fruitiers en buis-- son obtenus sans taille, etc. La Culture ijotagère, qui vient de paraître, se divise en deux grandes parties ; la première 5G4 LES EPIPIIYLLUM. traite de la culture naturelle des légumes, et la deuxième de leur culture forcée. Les deux gi'andes nouveautés de l’ouvrage sont les cha- pitres où sont étudiées la culture forcée et la culture en grand au point de vue commercial. Tout horticulteur, tout amateur intelligent doit faire de cet ouvrage son compagnon insé- parable. J. Nanot. LES EPIPIIYLLUM Un habile horticulteur de Tours, M. Que- neau-Poirier, dont l’établissement est situé aux Maisons-Blanches, près Saint-Gyr-sur- Loire (Indre-et-Loire), sème, depuis long- temps déjà, des Epiphyllum tvuncatum. Les progrès successifs qu’il a réalisés sont considérables et toujours croissants. Nous avons choisi pour la Revue horti- cole, parmi ses dernières nouveautés, cinq plantes charmantes dont M. Queneau - Poirier vient de nous envoyer les noms, et auxquelles nous pouvons appliquer les des- criptions suivantes : 1. — Monsieur Belle. C’est une plante à tiges nombreuses, courtes, ra- meuses, subdressées, vert pâle, légèrement rougeâtres sur les bords. Les fleurs sont rouge minium, à centre rose clair. La plante est très - florifère , et ses corolles s’épa- nouissent de décembre à janvier. 2. — Madame Ed. André. Cette va- riété a les tiges nombreuses, subdressées, d’un vert uniforme. Ses fleurs ont les pé- tales parfaitement étalés ; elles sont rose lavé de violet à la partie inférieure. La floraison, qui a lieu de décembre à janvier, est extrêmement abondante. N° 3. — Monsieur Ed. André. Ses tiges nombreuses portent des feuilles un peu étroites et allongées; elles sont sub- dressées, d’un vert foncé. Ses fleurs sont violet foncé, d’une teinte presque uni- forme. La floraison, très-abondante, a lieu de décembre à janvier. 4. — Monsieur Ghatenay. Ses tiges sont courtes, larges, vert rougeâtre sur les bords ; ses feuilles, longuement mucronées, sont nombreuses, presque dressées. Ses fleurs sont rose vif légèrement violacé à la base, et leurs pétales sont bordés d’un liseré violacé. Elles s’épanouissent en décembre, janvier et février, et sont très-abondantes. 5. — La dernière variété porte des tiges longues, subdressées, d’un vert clair; les fleurs sont fortes, rouges, légèrement violacées à la base, et s’ouvrent en dé- cembre et janvier. Cette variété a reçu le nom de Monsieur E. Madelain, le sym- pathique directeur des cultures du jardin botanique et des jardins publics de la ville de Tours. Ces cinq variétés, que M. Queneau-Poi- rier met actuellement au commerce, ont été choisies parmi un très-grand nombre de celles qui fleurissent le mieux et se forcent le plus facilement. Elles sont toutes très-vi- goureuses et se forment très-bien à la cul- ture. L’obtenteur a fait des Epiphyllum une spécialité brillante; il est bien connu comme grand producteur sur les marchés de Tours et de Paris. Mais cette supériorité a besoin de s’affirmer d’une manière plus générale dans le grand public horticole , car ces char- mantes plantes à floraison hivernale ne se- ront jamais assez répandues. Le genre Epiphyllum, c|ui s’éloigne peu du genre Phylloeactus par ses caractères généraux, ne possède guère que deux ou trois espèces bien déterminées, et origi- naires du Brésil. Toutes les variétés aujour- d’hui cultivées sortent de VE. tvuncatum, et peut-être de VE. Russellianum, qui en est assez distinct au point de vue horticole. Chacun connaît ces jolies fleurs en forme de Cactus, solitaires et généralement pen- dantes à l’extrémité des rameaux aplatis en forme de feuilles tronquées ; chacun a ad- miré la structure un peu courbée du tube garni de lobes acuminés révolutés, qui font paraître la corolle ringente et invaginée. La culture de ces plantes a fait de grands progrès depuis quelques années, soit à Paris, soit à Tours, comme je viens de le dire, soit en Angleterre, où elles sont fort répandues. Autrefois, on déplorait leur lenteur à se former en beaux exemplaires, mais aujourd’hui on est arrivé à les faire croître très - rapidement ; un an ou dix- huit mois suffisent à produire des plantes qui dépassent 50 centimètres de diamètre, et atteignent un mètre l’année suivante. Les rameaux des Epipbyllums bouturés étant insuffisants pour soutenir les plantes droites sans tuteurs et leur croissance restant lente par ce procédé de multiplication, on les greffe sur le sommet de la tige des Pe- reskia, autre genre de Cactées sud-améri- Revue //of‘Ueo/c üirovwlith G-.Seoerw^ , GoiiA^'d-, d Plantes naturellement jaunes 251 Poire Citron des Carmes 455 Poireau perpétuel 111 Pois sans parchemin fondant de Saint- Désirat 523 Polymorphisme des végétaux 208 Polypodium Picoti 20() Primevères de la Chine 300 Prunier hybride 416 Prunus Simonii 56 — tomentosa 9 Baphanus isatoides 372 Reinette Abry 212 Bosa Godefroyœ 261 Science et pratique 322 Scolopendrmm officinale Valloisii 447 Scolyme d’Espagne 61 Sécateur Aubry 130 Sedum purpurascens 566 Sélection (De la) 234 Semis. — Du greffage en vue de hâter leur fructification 173 Sophronitis grandi/lora aurantiaca. ..... 492 Spéculation (La) horticole à Paris 179 Swainsonia Ferrandi alba 562 T âge tes gigantea 107 — /u67t/a, succédané de l’Estragon. . 90 Tilleul (Le prétendu) de Remiremont 538 Tomates |g0 — Boisgelin 421 Trichosanthes colubrima. 549 Tritoma comosa 512 Variétés. — Leur limite en horticulture. Congrès pomologiques 451 Vignes, les semis 30 Vitis japonica crassi folia 81 Welwitschia mirabilis 296 Carrière et Ed. André. — Chronique horticole. {Dans tous les numéros.) CiiARGUERAUD. — Concours de Chrysanthèmes à Paris, 15. — Mode particulier de culture du Dah- lia, 226. — - Culture retardée des Chrysanthèmes de l’Inde, 354. — Exposition automnale de la So- ciété nationale d’horticulture de France, 509. CheVxVllier (Ch.). — Observations sur la surgreffe des arbres fruitiers, 128. — Le ver des fruits, 2^2. — Observations sur le Congrès pomolo- gique, 301. R (P-)* — Congrès d’horticulture à Paris, Courtois (J.). — Le Boulot, 231. CusiN (L.). — Société pomologique de France, 545. Daveau (J.). — Fractiûcdilionàu. Jubœa spectabilis, ol9. Delabarrière. — Culture hivernale des Radis roses, 445. Devansaye (A. de la). — Philodendron Andrea- nu?n, 36. Dormoy. — Les industries horticoles à l’Exposition d’horticulture de Paris, .325. Dubois (G.). — l^Oxycoccus palustris au point de vue commercial, 155. Dubois (J.) — Les Champignons en Russie, 310. Durand (B.). — Le centenaire de Parmentier, 254. Fissant. — Lettre de Nice, 536. Giraud (P.). — Les Pêches à Marseille, 21. — Les Raisins de table dans le midi de la France, 102, 294. — Les fruits à obtenir, 330, 524. — Raisins précoces, 394. — Anciennes variétés de Poires précoces, 501. Guyon. — Behmannia glulinosa., 390. Hardy et Carrière. — Avancement de la mise à fruits des Vignes de semis, 342. Haueter (Jacques). — Conférences sur les Pri- mevères à Londres, 306. — Décoration florale des tables, 345. Hugo Poortman. — Notes de voyage d’une ex- ploration horticole dans les Andes : de Loja à Zarnora, 373, 403. Joly (Çh.). — Deux arbres fruitiers remarquables aux États-Unis, 343. Koncrewski (J. de). — Les fruits en Pologne, 33. Labelle (J.). — Exposition internationale de Chrysanthèmes à Toulouse, 37. — Variétés nou- velles de Chrysanthèmes, 58. Lambin (E.'l. — Légumes nouveaux de 1885, 82. Latour-Marliac. — Bambusa Castilloni, 513. Laurent (Emile). — Exposition de la Société royale de Flore à Bruxelles, 229. Lebas. — Belle de nuit à feuillage panaché, 181. — Quelques Oseilles ornementales, 204. — Ex- position des Azalées du Fleuriste de Paris, 238. Lesne(A,). — Antoine-Augustin Parmentier, 256. — Erineum et Peronospora, 279. Lionnet (L ). — Culture des Bertolonias, 93. Lionnet (Z.). — De la Tubéreuse, 40. — Exposi- tion printanière au Palais de Cristal, 179. Maron (C.). — Philodendron Mamei, 377. May. — De la taille, 65. — Trois Bégonias recom- mandables, 106. — Dendrobium macrophyllum giganteum.) 348. — Deux Glycines à recomman- der, 527. — Repiquage des légumes, 542. Messager (A ). — Les glandes du pétiole, 367. — WArbustum, 413. — Les nâvrures, 474. Moreau (Paul). — Le blanc des racines, 321. Nanot (J.). — Effet du sulfate de fer sur la végé- tation, 5.38. — Bibliographie, 563. Naudin (Ch.). — Un nouveau légume, 16. — Fruc- tification du Cocos australis^ 518. Nardy. — Introduction en France des Pêches Amsden et Alexander, 463. Paillet (L.). — Notes sur l’Exposition royale d’hor- ticulture à Liverpool, 381. — Destruction des Pu- cerons dans les serres, 562. Paillieux. — Coleus luberosus, 13. Poisson (J.). — Les propriétés de V Aristotelia Maqui, 467. PoLACK. — Les fruits en Pologne, 277. Puissant (A.). — Genista Andreana, 372. PuLLiAT (V.). — Raisins de table à cultiver dans le nord et le centre de la France, 10. Rémy père. — Poire Vital, 116. Rigault (H.). — Les collections de Pommes de terre, 260. Rijk (F. DE). — Orlhosiphon stamineus, Oo. — Moyen de forcer les arbres rebelles à la fructifi- cation, 211. Rivoire et Carrière. — Nouvelle culture des Tu- lipes, 230. Rivoiron (Em.). — Le pétrole comme insecticide, 64. — Les expositions de Chrysanthèmes en An- gleterre, 77. — Ombrage desserres à Orchidées, 283. — Lœlia Baternaniana, 443. Romanet du Caillaud. — Les Vignes américaines aux XVI etXVlP siècles, 131. Rue (G. de la). — Des Pétunias, 85. S. M. — Note additionnelle au Congrès de Chis- vvick, 118. 5G9 TA15LE ALPHABÉTIQUE DES PLANCHES Sacc (Dr). — Bégonia de Cochabamba, 347. Saint-Léger (L.). — Les Gesnériacées dans les serres froides, 520. Sallier (J-). — Nyinphéacées et Nélombonées. 35. — Les Nœgélias en décembre, 110. — Polhos aurea, 408. Sisley (J.). — Origine et culture des Œillets re- montants, 112. — Les Cannas, 153. — Bouturage des Pommiers, 309. — Dangers de l’abus de "la Coca, 419. Tiiays. — Bibliographie, 69. — Exposition de la Société nationale d’horticulture de France, 246. — Les fruits forcés en France et en Belgique, 278. — Le Chêne gigantesque de la Balme, 376. — Les plantations dans les cimetières, 450. — Greffe du Rosier sur racine, 472. Thomayer (F.). — Corbeille élevée, 544. TABLE ALPHABÉTIQUE I ^ Aloe Dyckiana, roseo-cincla et plicatilis, 540. '^Anthurium mortfontanense, 156. ’^Azalea Priiicess Maud et A. Deutsche Perle, 516. • Bégonia hybride Arthur Mallet, 252. ■Burchellia capensis, 420. ^Caraguata Andreana, TIQ. 'fCattleya BulUeri, 414. vCalcéolaires hybrides, 12. Calcéolaire Madame Leîïiailre, 204. '^Epiphyllum, variétés nouvelles, 564. '^Gardénia citriodora, 348. ^Genista AndreavM, 372. vGirollées Bavenelles à Heurs pleines, 132. TABLE ALPHABÉTIQUE COLORIÉES ET DES FIGURES NOIRES. Truffaut (.\,). — Une visite à Gouville, 379. Vallerand fEug.). — Quelques bonnes variétés de Poires d hiver. Culture en plein air; en espa- lier ; construction économique de murs d’espa- lier, 126. — Pêcher Reine-des-Vergers en plein vent, 326. — Ornementation llorale : les Pélar- goniurns zonalesetles Bégonias tubéreux dans la décoration des jardins, 495. Vaudrey-Eward (J.). — Culture des Rosiers en pays froids, 517. Veitch. — L’hybridation des Orchidées, 158, 183. Weber. —- Les Anguillules et leurs dégâts dans les cultures, 87. — Collier pour attacher les ar- bres, 329. WoRSTER. — Culture en arcs de la Vigne en espa- liers, 440. ES PLANCHES COLORIÉES Lœlia superbiens, 324. Lèse henaul lia Baxteri major, 468. Muguet Fortin, 84. '/Neumannia arcuata, 108. Odontoglossum Bossii majus, 492. vPhalœnopsis Schilleriana splendens, 396, '^Philodendron Andreamim, 36. 'Œrimevères de la Chine, 300. yPrune Reine Claude d'A Ithann, 228. vSophromtis grandiflora aurantiaca, 492. -^Tillandsia umhellala, 60. /Tomates (Variétés de), 180. DES FIGURES NOIRES Anemone japonica var. Honorine Jobert, 20. Anguillules (Tubercule de Bégonia tubéreux en- vahi par les), 88. Arbres. — Collier en cuir pour les attacher aux tuteurs, 329. Arcure de la Vigne, 441. Aspidium aculealum, 369. Aster. — Greffe sur Topinambour, 125. Athyrium Filix femina var. Flworthii, 369. Bambou carré, 513. Bégonia (Tubercule de) tubéreux envahi par les anguillules, 88. Brassica sinensis, 135. Broussin souterrain développé sur une racine d’ Ai- lante, 67. Brugnon hétérocarpe, 519. Bûche à Orchidées, 328. Canne passe-montagne avec Cueilleuse fermée et ouverte, 355. Cattleya. — Graines grossies, semis à différents âges, 161. Céleri à cœur plein forme de Scarole, 18. Chêne gigantesque de la Balme, 376. Ghevreul, son portrait, 425. ' Chou Express, 524. Chrysanthèmes à haute tige George Glenny, 77. Cineravia cruenta hybrida, 41. Cineraria hybrida, var. flore pleno, 41. Citrus triplera, 533. Clarkia pulchella mauve, 557. Collier en cuir pour attacher les arbres aux tu- teurs, 329. Corbeilles. — Exemples de compositions florales, 32. — Corbeille montée placée sur pelouse, 281, 514. — Corbeille élevée à l’entrée du parc du Mestsky’ Sad, à Prague, 544. — Plan de cette corbeille, 545. Cuciimis flexuosus, 353. Cyckunen à Heurs doubles, Heur, 250. Cypripedium. — Graines, 184. Décoration Horale, corbeille montée placée sur pe- louse, 281, 514. Décoi'ation de ta’ole à manger, 345. Dendrobium. — Graines grossies, semis à diffé- rents âges, 160. Epiphyllum truncatum garnissant un tronc de Fougère en arbre, 393. Exoascus Pruni, fruits du Prunier de Sainte-Ca- therine envahis et déformés, 17. Fougère en arbre, tronc garni A Epiphyllum trun- catum, 393. Fuchsia erecta Novelty, 465. Gelée. — Abri contre la gelée des Vignes, 397. Greffe A Aster formosus sur Topinambour, 125. Greffe du Rosier sur racine, 472. Gui ayant circonscrit une branche, réduit, 272. — Gui pleureur, réduit, 273. Hotte à Orchidées, 328. Jardin fruitier de M. Ausseur-Sertier, plan et profil, 304. Jubæa spectabilis, ramille de TinHorescence por- tant des Heurs mâles et des Heurs femelles; ra- mille florale montrant la disposition et les di- mensions des Heurs, 320. Montreuil-aux-Pèches. — Plans du vieux Montreuil et de l’abbaye de Saint-Antoine, 498, 499, Matricaria eximia pyramidalis, 557. Neumannia arcuoda, 108. Ombrelle cueilleuse à moitié fermée maintenant une Rose, 355. Orchidées (Vase, bûche, panier et hotte à), 328. Osmnnda regalis, 369. Panier à Orchidées, 328. Parcs. — Allées superposées, détail des plantations, 401. — Arrangement partiel d’un parc très-acci- denté, 175. Pèche Montigny, 556. Parmentier. — Sa statue, 256. Pe-tsai amélioré, 135. Pe-tsai type. — Brassica simnsis, 135. P/taZœnop.sis.— Graines, semis à différents âges, 185. Phygelius capensis, 473. Plan du vieux Montreuil, 498. — Plan de l’abbaye Saint-Antoine, 499. Poire Beurré de Naghin, 201. Poire Colmar Duras, 201. Poireau perpétuel âgé de quatre mois, 111. Poirée-Betterave, 224. Poirée blonde commune ; Poirée à carde blanche de Lyon ; Poirée à carde blanche frisée de Lyon, 225. 570 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Pois sans parchemin ou Fondant de Saint-Dcsi- rat, 524. J ^obipodiiim Picoti, 206. J^olystichum Filix mas, 369. Pommiers (Vieux) dans le Connecticut et dans le Massachusets^ 34t. Prune Eugénie Simon, 56. Prunier (Fruits du) de Sainte-Cal herine envahis et déformés par VExoascus Priini, 17. Prunus japonica, P. hybrida reptans, 416. — P. hybrida reptans stricta, 417. Prunus tomentosa,rAm\\\eàQ grandeur naturelle, 9. liaphanus isatoides, fleur isolée, 372. Rosarium. — Plan en losanges, coupe du terrain, 253. Rosier. — Greffe sur racine, 472. Seolopendrium undulatum, 369. Scolopendrium Valloisii, 447. Sécateur Aubry, 130. Selenipedium. — Graines, semis à différents âges, 184. Solanum albidum Poortmani, 232. Table à manger, décoration, 345. Tagetes lucida, 90. — gigantea, 107. Taxas baccata hibernica, 105. Taxas baxcata variegata aurea, T. fructu luteo, T. Dovastoni, T. adpressa, 104. Topinambour (Greffe à' Aster formosus sur), 125. Tuteurs. — Collier en cuir pour les attacher aux arbres, 329. Tuteurs Yvert appliqués à un cep de Vigne, aux Fraisiers, pour cordons horizontaux, 149. Vases pour ognons a fleurs, 489. Vase pour ognons à fleurs planté en Crocus, por- tant une Jacinthe au sommet, 489. Vase à Orchidées, 328. Vigne. — Abri contre la gelée, 397. — Arcure, souche à quatre arcs attachés au printemps, avant et après la taille, avec étage supplémentaire, 441. Welwitschia tnirabilis, cône de grandeur natu- relle, 296. — Fleur grossie, 296. — Port réduit au 1 /5e, 296. Yucca Whipplei dans le midi de la France, 63. TABLE ALPllABETiaUE DES MATIERES .1 Abies Douglasii, 482. Abeilles (Les) et la fécondation des arbres fruitiers, 122. Abelia rupestris grandillora, 488. Abricots. — La cueillette, 339. Abricot Pagerey, 66. Acacia. — Le doyen des Acacias en Europe, 291. Acacia rose. — Son emploi, 267. — (Voir Robinia hispida.) Académie des sciences. — Nomination de M. Bor- net, 265. Acer colchicum tricolor, 311. — A. dasycarpum foliis pulverulentis ; A. foliis albo variegatis ; A. Pseudo-Platanus purpurascens Prinz Hand- gery ; A. Simon-Louis frères; A. Pseudo-Pla- tanus, var. atropurpurea ; A. luteo-virescens, 398. — A . Van Volxemi, 546. Acide phénique. — Son emploi contre les oiseaux et les insectes, 244. Acide salicylique pour la conservation des fruits, 52. Adiantum BirkenJieadii ; A. Coliisii, 503. — A. elegans, 382 Æcidium du Pin sylvestre, 457. Aerides Godefroyanum, 503. Agave x Villarum, 465. Allante. — Broussin souterrain d’ Allante, 67. A Ibuca corymbosa, 550. Alcool de Haricots, 531. Alfa. — Concours pour le meilleur traité sur l’exploitation en Algérie, 148. Allium giganteurn, 335. — A. macranthum, 214. Alocasia. — Culture, 249. — A. grandis, 483. Aloe Bainesii, 453. — A. Dyckiana roseo-cincta et pilicatilis, 540. — A. heteracantha, 550. A Ipinia pumila, 429. Altise. — Destruction, 71, 336. Alun. — Son emploi contre les chenilles du Gro- seillier, 98. Amandier. — Une nouvelle maladie, 266. Amaryllis. — Semis, 24. Amélaiftchiers, 216. Ananas. — Distillation, 364. Andes. — Une exploration horticole, 373, 403. An dromeda japonica, 2\Q. Anémones du Japon, 20. — Anemone trifolia, 453. Angélique cultivée pour conserves, préparation, 384. Angrœcum Leonis. — Semis et germination de graines à Paris, 194. — A. Schotlianum, 484. Anguillules. — Leurs dégâts dans les cultures, 87. Anhydro-ortho-sulfamen benzoïque, 437. Anthémis d’Arabie à fleurs pourpres, 529. Anthericum Echeandioides, 333. Anthuriums nouveaux de MM. Chantrier, 50. — A. andegavense, 555. — A. Andreanum, dimen- sions d’une fleur, 241. — A. Glaziovii, 429. — A. mortfontanense, 156. — A. Scherzeriamim lacteum, 482. — A. Schcrzerïanum, var. De- vansayanum, 147. — A. splendidum, 551. Antrachnose. — Le badigeonnage, 97. — Précau- cautions préventives, 362. Aquariums d’appartement et leur aménagement, 349. Arbres. — Nettoyage et insecticidation, 6. — Le badigeonnage, 146. — Collier pour les attacher, 329. — La plantation, 169, 458. — Protection contre les chenilles, 339. — Tuteurage, 240. — Les fourmis, 243. — Plantes à placer au pied des grands arbres, 263. — Arbres â cidre; engrais qui leur conviennent, 314. — Arbres en fuseau, conditions nécessaires pour la fructification, 46. — Arbres gelés, précautions à prendre, 47. — Arbres et arbustes résistant aux vents de mer, 47. — Arbres pleureurs, 269. — Arbres sur routes, 51. Arbres fruitiers. — Le palissage, 47. — De la taille, 65 — Fécondation par les abeilles, 122. — Observations sur la surgreffe, 128. — Le tu- teurage, 1(9. — Fécondation, 153. — Moyen de forcer les arbres rebelles, 211. — Collier pour arbres fruitiers, 242. — Le plomb, 267. — Les insectes carpophages, 363, 456. — Se repro- duisent-ils par graines? 403. — Arbres fruitiers francs de pied, 486. — La taille, époques, 493. — Conseils d’un vieux semeur, 548. Arbustum, 413. Arctotis auréola, 429. Aristotelia Maqai. — Ses propriétés, 467. Aroyiias, 216. Artichauds. — Conservation des pieds, 555. Asa Gray. — Témoignage sympathique de ses compatriotes, 5. Association horticole commerciale, 121. Aster. — Grefle sur Topinambour, 125. Athyrium Filix femina, 368. Auxiliaires du jardinier dans l’Amérique centrale, 148. Azalca mollis, 115. — A. occidentalis , 315. — A. Princesse Maud et Deutsche Perle, 516. Azalées de l’Inde, 264. — Conservation, 191. — Exposition du Fleuriste de Paris, 2-38. — Hybrides à'Azalea mollis et de Rhododendrons, 298. — La taille, 311. Azerolier Ergot -de -Coq pour la formation des haies, 370. SS Badigeonnage des arbres, 146. Balanin des Noisettes, 167. Balanlium antarcticum. — Utilisation des vieux troncs pour l’ornementation, 393. Barnbusa Castilloni, 513. — B. gracilis, floraison à Hyères, 288. — B. gracilis des horticulteurs, 490. Bananiers et Coleus, 411. Bananiers rustiques à Londres, 483. Barkeria elegans, 382. Bauhinia variegata, 334. 571 TAP.LE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Bégonia hybride Arthur Mallet, 252. — B. Bed- domei, 95. — B. de Cocliabamba, 347. — B. dis- color Bex comme plante estivale, 42. — B. hybrides de M. Lionnet, 123. — B. Louis d’or, 1Ü7. — B. Lucie Clozon, 170. — B. Maron, 107. B. Martiana racemifiora, 202. — B. Noémie Mallet, 51. — B. Octavie Mallet, lOG. — Multi- plication des Bégonia Rex et formes analogues, 219. — Bégonias tubéreux dans la décoration des jardins, 495. Belles-de-Nuit à feuillage panaché, 181. Berberis congestifolia, var. hakeoides, 95. Bertolonias. — Leur culture, 93. Beschorneria Decosteriana, 95. Bette et Betterave, 223. Bibliographie. — Vade-mecum horticole, 7. — Le puceron lanigère dans les plantations d’aligne- ment, 68. — Guide de l’Ingénieur, par J. Na- not, 69. — Le Jardinage pour tous, 69. — Covent Garden Gazette, 76. — lllustrationcs floral in- sularum maris pacifici, 207, 389. — Traité de la Vigne et de ses produits, 208. — Note sur l’enseignement agricole en France et à l’étran- ger, 208. — Opuscule sur les Conifères, 437. — Bons points instructifs, 461. — Les mois aux champs; l’adaptation au sol des Vignes améri- caines; la jaunisse ou chlorose des Vignes; les Cistinées de Portugal, 497. — Le Garten/lora, 532. — Traité de culture potagère, bourgeoise et commerciale, 563, Bibliothèque. — Vente de livres, 29. Bifrenaria aurantiaca, 'S‘21. Billbergia X andegavensis, 309. Biota pyramidalis compacta, 94. Blanc du Fraisier, 336. Blanc des racines, 321. Blanc des Rosiers. — Destruction, 316. Borocera Bibmdandy, Boronia elatior et polygalœ folia, 138. — B. hete- rophylla, var. brevipes, 453. Bouquets. — Plantes à cultiver pour la préparatioji des bouquets, 168. — Bouquets sous l’eau, 195. — Bouquets d’hiver, 494. Bouturage des Pommiers, 309, 408. Boutures. — Choix, 150. — Déplantation, 219. — Bouture anglaise, 312, 408. Bovista vulgaris, 529. Brazzea congoensis, 531. Broussin (Un énorme) d’Épicéa, 51. — B. souter- rain d’Ailante, 67. Brugnons. — La cueillette, 339, — B. hétérocarpe, 519. — Brugnons et Pêches, communication de M. Gagnaire, 6. Burchellia capensis, 420. C ' Caladium &uZ5o6'wm.— Unremarquablehybride,12. Calanchoe carnea, 383. Calanthe natalensis, 453. — G. sanguinaria, 383. Calcéolaires. — Nouveaux hybrides, 12. — C. hybrides vivaces, 318. — C. Madame Lemaître, 204. Calotropis gigantea, 550. — G. procera, 455. Galycanthus floridus, 311. Camellias. — Le dépérissement, remède, 287.. Cannas, 153. Capucine Lustrons, 484. Garaguata Andreana, 276. — G. sanguinea, 94. Garolinea macrocarpa, 554. Carottes. — Protection des semis, 123. Garyopteris Mastacanthus, 262. Gastanea vesca foliis aureo marginatis ;foliis albo marginatis, 398. Gatasetum macrocarpum, var. bellum, 336. Gattleya Bullieri, 444. — G. calurnmata, 507. — G. labiata Lüddemanniana Schrœderiana, 502. — G. Lawrenceana, 220. — G. Laivrenceana var. concolor, 503. — G. Mossiæ. Un bel exem- plaire, 483. - G. Trianœ fortnosa,\3LV. S'chrœde- riana Russelliana, 383. — G. Trianœ var. Varneriana, 383. — Gattleya et Lælia, 315. Geanolhus flore albo pleno, 547. Gedrela sinensis comme arbre d’alignement, 506. Céleri à cœur plein forme de Scarole, 18. — C, nain rose plein, 74. — C. Scarole, 508. Centenaire de Parmentier, 197, 254. Gerasus acida pyramidalis, 460. Gereus pausispinus, 166. Cerise Précoce Rivers, 366. — C. Toupie, 459. Ghamœcerasus Alberti, 547. G hamœdorea Arenbergiana, 429. Champignons en Russie, 310. Champs d’expériences et de démonstration, 49. Chancre des Melons, guérison, 51. Chasselas JJupont, Ï22. — Cl. Gros-Guillaume, 74. Chayotte. — Un nouveau légume, 16. Chemins de fer. — Réductions de tarifs, 49. Chênes gigantesques, 341, 376, 482. Chenilles. — L’échenillage, 73. — C. du Groseillier, l’alun comme remède, 98. — Destruction des chenilles coureuses, 243. — Protection des ar- bres, 339. Chevreul. — Son centenaire, 424. Chicorée frisée d’hiver, 82. Ghinchircoma, plante combattant la phthisie, 436. Chlorose des arbres. — Arrosages au sulfate de fer, 455. Ghœnoineles, 182. Chou Express, 523. — C. non pareil, 82. — C. fri- sés qui pomment, 316. — C. panachés, 74. — C. rouge conique, 82. Ghorisia speciosa. — Sa rusticité, 291. Chromolithographies sur catalogues et sacs de graines, 124. Chrysanthèmes. — Concours de Paris, 15. — Les Chrysanthèmes en France, 29. — Exposi- tion internationale de Toulouse, 37, 58. — C. pa- nachés, 74. — Les expositions en Angleterre, 77. — Le pinçage, 242, 259. — C. de l’Inde, cul- ture retardée, 354. — G hrysanthemum cinera- riœ folium, 166. Ghrysophyllum imperialé, 334. GJnisquea abietifolia, 333. Cidres. — Production en France, 49. Cimetières. — Les plantations dans les cimetières, 450. Cinéraires hybrides, 41. Girrhopetalum picturatum, 262. Gistus incanus, 216. Citrons. — Emploi médicinal, 218. — G. triplera, 533. Gitrus medica, var. Riversii, 333. Glarkia pulchella mauve, 556. Glematis stans, 333. — G. tubulosa, var. Hookeri, 262. — Clématite La France, 427. Cloportes. — Destruction, 147, 268. Glivia. — Semis, 168. Goca. — Dangers de son abus, 419. Goccinia glauca, 551. Goccus Lataniœ, 552. Cochenille. — Destruction dans les serres, 46. — Cochenilles et Nopals au Guatémala, 197. Gocos australis, 553. — Fructification, 518. Gœlogyne stellaris, 335. Colchique. — Le vin de Colchique, 293. Golensoa phisaloidcs, 550. Coléus. — Un nouveau üéau, 410. ~ C. tuberosus, 13. — Coléus et Bananiers, 411. Collections du professeur Morren, 269. Collier pour arbres fruitiers, 242, 329. Compositions florales, 32. Concombre monstrueux, 458. Concours. — C. d’appareils propres à combattre les ennemis de la Vigne, à Dijon, 172. — C. de Chrysanthèmes à Paris, 15. — C. du Comité cen- tral agricole de la Sologne, 171. — C. général agricole de Paris. L’horticulture représentée à ce concours, 139. — C. international d’appareils anti-cryptogamiques et insecticides en Italie, 29. — C. international de Conegliano, 196. — C. d’instruments propres à combattre le mildiou, 172. — G. de plans de parcs à Liverpool, 485. — — C. pour une chaire de viticulture à l’Ecole d’agriculture de Montpellier, 293. — C. pour le meilleur Traité de culiure algérienne, 386.^ — C. ouvert en Algérie pour le meilleur procédé de destruction de l’allise, 412. — C. régionaux. Les primes d’honneur, 337, 361. — C. régional de Dijon, les récompenses, 290. — C. ouverts par la Société des agriculteurs de France, 217. 572 TAlilÆ ALI'IIAnÉTIQUE DES MATIÈRES. — C. ouverts par la Société nationale d’acclirnata- tion, 434. — C. ouverts par la Société nationale d’encouragement pour l’industrie nationale, 2ü5. — C. spéciaux de la Société nationale d'horticul- ture de France, 205. Congrès. — C. de Chisvvick. Note additionnelle, 118. — C. horticole français en 1886, 8, 20, 145, 257. — C. horticole à Paris en 1887, 481. — G. national et Exposition viticole de Bordeaux, 317, 4Ü1). — C. pomologique de Versailles, 244, 301, 433, 451. Conifères. — Epoque de transplantation, 102. Conservation des fruits par l’acide salicylique^ 52. Contre-espaliers et cordons, 304. — Le palissage, Corbeille élevée, 544. Cordons et contre-espaliers, 304. Coreopsis Linctona flore pleno^ 554. Conjanthes maculala imnclata. — Floraison, 148. Corydalis pallida, 335. Conjlopsis himalayana, 106. Coslus igneiis, 334. Courtilières. — Capsules Etienbled pour leur des- truction, 71. Cratœgus oxyacanthaifoliis Iricolorihus , 398. Cressonnière, 383. Crinum leucophyllum, 167. Crocus Korolkowi et C. aerius^ 454. Cryptogames des Pins, 220. Gueilleuse Dubois. — Nouvelles applications, 355. Cultures à contre-saison, 291, 339. Culture maraîchère au Tonkin, 534. ('Aipressus Mac-Nabiana, 553. Cycas revolula. — Fructification au Muséum, 123. Cyclamen. — Le semis, 108. — C. de Perse à fleurs doubles, 250; origine, 515. Cymbidium eburneum, 502. Cynghalais au jardin d’acclimatation, 386, Cyprip>ed'>um Barteti, 84. — C. concolor, var. Re- gnieri, 383. — C. concolor, var. JHegneri et C. concolor var. tonkinense , 436. — C. Germinya- 7ium, 382. — C. Godefroyœ, 551. — C. Ilyeanmn, 503. ~ C. lo, 429. — C. Leeanum, var. super- bum, 382. — C. rustiques, 295. — C. Sande- rianum, 502. — C. Thibautianmn, 330. — C. Winnianum, 428. Cytisus fUifer, 547. — C. hirsutus, 334. D Dahlia. — Mode particulier de culture, 226. — Destruction des pucerons, 360. — Un nouveau type, 484. — Dahlias et Roses trémières, 146. — D. Princesse Mathilde. Dimorphismes, 459. Décorations à l’horticulture, 21, 101, 124, 169, 198, 289, 337, 361, 553. Delphiniuyn cashmirianum, 335. Dendrobium aduncum, 167, — D. macrophyl- lum giganteum, 348. — D. mclanophthalmum, 429. — D. percnanthum, 550. — D. Phalæ- nopsis, 334. — D. stratiotes, 383. — D. stre- hloceras, 383. Dentaria polyphylla, 214. Dichotrichmn ternateum, 214. Didymosperma nayium, 429. Dioscorea crinata, 263. Dracœna Bartetii, 178. Dracontium fœcundmn, 333. Dryynonia ynarynorata, 48. E Eau-de-vie de fruits, 437, Echenillage des arbres, 73. Echinocactus Joaclii, 551. Echium candicayis, 551. Ecussons. — Le noyage des écussons, 387. Edelweiss en Amérique, 242. Egouts de Paris, 293. Encre pour écrire sur le zinc, 71. Enseignement horticole : cours d’arboriculture de la ville de Paris, 8. — Cours publics et gratuits d’arboriculture, 101. — Concours pour un emploi de professeur d’arboriculture à Paris, 123. — Nouvelle chaire d’arboriculture ornementale, 508. — L’enseignement horticole dans les écoles, 317. — Ecole algérienne d’agriculture, 193. — Ecole des hautes études, 100. — Ecole d’horti- culture de l’Etat, à Gand, 270. — Ecole d’horti- culture de Versailles, examens, 364, 433, 506. — Professorat de viticulture à Montpellier, 529. Eomecon chionanlha, 551. Epicéa. — Un énorme broussin d’Epicéa, 51. — L’élagage, 361. E2)idendrum arachnoglossurn . candidum ,3S3. — E. fraudulenlum, 503. Epimède à fleurs pourpres, 239 Epiphyllum. — Nouveau mode d’ornementation, 437. — E. Russeliianum Ga:rtneri, 283, 317. — Variétés nouvelles, 564. Erables japonais, — Les semis, 100. — Erable à sucre, 284. Eretnurus, 222. Erineum. — Traitement, 407. — Erineum et Pe- ronosjwra, 279, Etiolage et étiolât, 227. Etiquetage des arbres, 73. Eucalyptus (Le ver à soie de F), 170. — Climats qui leur conviennent, 431. — E. arnygdalina vera, 197. ■— E. géants de l’Australie, 28. Eucotnis bicolor, 334. — E. zambesiaca, 335. Eulalias, 7. Exacum affine, 334. Exoascus Pruni. — Déformations de fruits, 17, 270. Expositions et concours, 171, Expositions des Sociétés d’horticulture : Montmorency, 389. Nantes, 172. Orléans, 124. Sceaux, 466. Troyes, 485. Versailles, 221, 389. Amiens, 221. Ardennes, 172. Bordeaux, 101. Corbeil, 172, Coulommiers, 341. Evreux, 101. Lyon, 293, 481. Expositions diverses : E. d’horticulture, 213. — Les rendez-vous d'amateurs, 244. — E. internationale de Chrysanthèmes, à Toulouse, 37. — E. de la Société d’horticulture du nord de la France, 76. — E. internationale d’œnologie à Rome, 76. — E. de Chrysanthèmes en Angleterre, 77. — E. printanière au palais de Cristal, 179. — E. de la Société nationale d’horticulture de France, 221, 246, 325, 509. — E. de la Société royale de Flore à Bruxelles, 229. — E. de géographie botanique, 321. — E. horticole populaire à Londres, 341. — E. de la Société royale d’horticulture à Liverpool, 381. — E. de Pommes de terre à Montdidier, 8. — E. de Tunis, 270. — E. universelle de 1889, 445, 529. F Fécondation des arbres fruitiers, 153. — F. à grandes distances des plantes dio'iques, 291. Feuilles. — Résistance au dessèchement, 51. Ferme-école de Berthonval, 52. Ficus elastica, nouveau mode de multiplica- tion, 529. Ficus repens panaché, 148. Flora de Cologne, 18. Flore du (îiongo, 244. Forêts de la Kroumirie, 198. Fougeraies, 70, 438. Fougères comme engrais, 364. — Fougères indi- gènes, 368. Fourmis (Les) et les arbres, 243. Fraise lléricart de Thury. — Son origine, 458. Fraisiers. — Le blanc, 336. — F. Kmg of Earlies, 336. — F. des Quatre-Saisons, origine, 164, 221, — F. the Jeivelf 554. Fraxinus alba foliis argenteo-marginatis, 398. Fritillaria contorta, 503. Fruits. — Les fruits en Pologne, 33, 277, — Emploi de l’acide salicylique pour leur conservation, 52. — La (( fleur » sur les fruits, 99. — Accroisse- ment jjjurnalier, 123. — La prochaine récolte, 217, 265. — Conservation, 243, 419, 430. — Le sulfatage pour en augmenter le volume, 267, 316. — Fruits forcés en France et en Belgique, 278. — Le ver, 282. — Le nettoyage, 299. — Les fruits en Californie, 317. — Fruits à obtenir, 330, 524. - La cueillette, 362. 573 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Fuchsia ampliata, 430. — F. triphylla, 214. — Fuchsias à fleurs érigées, 464. Fusains du Japon pour massifs, 119. G Gardénia citriodora, 348. Garnitures d’hiver. — Préparation pour corbeilles et plates-bandes, 199. Gartenflora, 532. Gazons. — Engazonnement des pentes rapides, 192. — Pour leur donner de la vigueur, 239. Gelée. — Tente-abri en bois, 397. Genévrier en Crimée, 303. Genista Andreana, 372. Gentiana Bigelovii, 551. Gesnériacées (Les) dans les serres froides, 520. Giroflées Ravenelles à fleurs pleines, 132. — G. Ravenelle ]di\me hâtive, 220. — Dichroïsme d’une Giroflée jaune à fleurs pleines, dite Rameau d’or, 241. Glaïeuls. — Plantation, 191. — Culture dans l’eau, 242. Glandes du pétiole, 367. Gloxinia fifiana, 539. Glycine. — Deux Glycines à recommander, 527. Glyptostrobus columnaris^ 528. Goniophlebium caudiceps, 382. Gourmands, 131. Gouville (Une visite à), 379. Graines. — Les microbes et la germination, 146. — Leur vitalité, 507. — Conservation par la gly- cérine, 554. Greffe, greffage. — Greffe automnale en fente des Poiriers, 220. — Un nouveau progrès dans l’art du greffage, 395. — Greffage en vue de hâter la fructification des semis, 173. — Greffage des Vignes, 73. — Greffe en écusson, préparation des sujets, 362. — Le noyage des écussons, 387. — Greffe en placage, 408. — Greffes disgénères: Néflier sur Poirier, 7; Aster sur Topinambour, 125. — Greffe du Rosier sur racines d’Eglantier, Greffoir Rivière, 459. Greffons. — Conservation, 28. — Quand il faut les couper, soins à leur donner, 72. — Choix et cueille, 97, 150. Grêle. — La grêle aux environs de Paris, 385. — Souscription pour les sinistrés, 481. — Les hor- ticulteurs belges et la tombola française, 505. Grenadier de Legrelle. — Culture, 512. Grenouilles. — Les grenouilles dans l’île de Cuba, 196. Grevillea Hookeriana, 552. Grise. — Destruction, 503. Groseilliers. — G. épineux, greffage, 72. — Les dissolutions d’alun contre les chenilles, 98. — Destruction des chenilles, 435. — La taille, 558. Guis, 271. Gunnera manicata, 549. Guzmania Rulliana, 324. Gynérium jubatum, 520. Hœmanthus Raurii, 551. — H. Katherinœ, 166. — H. pubescens, 456. Haies. — Des haies, 190. — Haies d’Azerolier Er~ got-de-Coq^ 370. Haricots verts. — La cueillette, 388. — Alcool de Haricots, 531. Héliotrope d’hiver, 101. Herbier de plantes alpines, 124. Herborisations, 263. Hooïbrenk et la poste aux pigeons, 531. Hortensias. — Terres à employer pour leur planta- tion, 24. Howea, 90. Hoya Griffithii, 551. Hyacinthus azureus, 334. Hybridation des Orchidées, 158, 183. Hydrangea petiolaris, 213. Hypericum empetrifolium, 48. I Idesia polycarpa^ 214. If commun. — Ses variétés, 103. Immortelles. — Culture dans le Midi, 218. Impatiens Hawkeri, 291. — I. repens, 526. Incision annulaire, 53, 119, 435. Insectes. — Destruction par le pétrole, 28, 64. — Emploi de l’acide phénique, 244. — Insectes car- popha^es des arbres fruitiers, moyen de les éloi- gner, 363. — Insecticidation des arbres, 6. Instruction agricole des femmes, 198. Iris anglais à fleurs doubles, 364. — I. Rartoniij 551. — I. hexagona, 213. — I. tingilana, 166. Ismene polyanthes, 430. Ixora macrothyrsa, 454. J Jardins. — Décoration estivale, 280. — J. d’accli- matation du Bois de Boulogne, 412. — J. d’accli- matation de Tananarive, 196. — J. botanique de Saint-Louis du Missouri, 75. — J. de Herren- hausen à Hanovre, 113. — J. du Hofbourg, 412. — J. de Kew, 8, 221. — J. du Luxembourg, sa décoration florale, 391. Japon. — Plantes alimentaires de ce pays, 202. Jasminum angulare^ 551. Juania, 133. Jubœa, 133. — spectabilis, première fructifi- cation, 171, 319. K Kakis. — Quand doit-on les manger? 75. Karatas amazonica, 503. Kentia, 133. Kentiopsis, 134. Kermèsj — Destruction, 360. L Lœlia anceps, 382. — L. anceps, var. Kienastiana et munda, 383. — L. Batemaniana, 411, 443. — L. eUgans, 382. — L. porphyritis, 335. — L. superbiens., 324. — Lœlia et Cattleya, 315. Lagerstrœmia à fleurs blanches, 485. Lasiandra mocrantha, 74. Latania. — Le Coccus Lataniæ, insecte nui- sible, 552. Lauriers. — ^ Désinfection des cuvelles ou baquets à Lauriers, 293. Lauriers-Roses. — Inconvénient de les rentrer dans un local dont l’air est vicié, 168. Latania, 131. Layia glandulosa, 454. Légumes. — Conservation, 243. — Faut-il les laver ? 365. — Légumes foliacés blancs, 163. — Le repiquage, 542. Leschenaultia Baxteri major, 468. Leucanthemum vulgare, 430. Lierre. — Conservation d’une feuille pendant six années, 389. — L. à feuilles digitées et Lierre à feuilles en cœur, 146. Ligustrina pekinensis, 398. Ligustrum japonicum Alivoni, 537. Lilas. — Soins à leur donner, 72. — Les premiers Lilas blancs, 458. Lilium auratum, 75, 170. Limaces. — Destruction, 168. — Moyen d’en pré- server les semis, 195. Limaçons de la Vigne. — Destruction, 268. Lin. — Culture en France, 317. Lissochilus dilectus, 429. — L. Sandersoni, 454. M Madura aurantiaca, 456. Macroscepis obovata, 334. Magnolia Campbelli, 214. Makokoa congolana, 531. Martinezia Cary otæ. folia, 454, Matricaria eximia pyramidalis, 557. Maxillaria Endresii, 503. Meeting horticole de Gand, 171, 269, 290, 341, 410, 506. Melon. — Guérison du chancre, 51 — Contre la maladie, 288. — M. Pagot, 388, 543. — M. Pagot jumelle, 530. — M. Serpent, 353. Mères. — Des mères, 346. Mexique. — Les plantations dans ce pays. 100. Microbes et germination des graines, 146. 574 TAULE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. Microslylis bella, 335. Mildiou. — Communication de M. J. Ricaud, 5 — La lutte, 140. — Traitement par le sulfate de cuivre et la chaux, 80, 204, 288, 456, 500. — Ses effets sur la qualité du vin, 313. — Le mildiou en Touraine et dans le Blésois, 401) ; dans les Vosges, 457. — Les Baisins et le sulfate de cuivre, 437. Montreuil-aux-Péches, 498. — Surface approxima- tive des espaliers, 52. Moiilles. — La culture en est-elle possible? 27, 75 Mormodes luxaliitn, 550. Muguet Fortin, 8L Murs. — Plantes vivaces à employer pour en ca- dier la base, 24. Murs d’espalier. — Construction économique, 127. Murs temporaires déplaçables à volonté, 43. Muscari Szonilsianum, 454. Musées cantonaux, 244. Muséum d’histoire naturelle. — Nouvelles serres, 123. Myosolidiiim nohile, 234. Nœçielia. — Les Nægelia en décembre, 110. Naphtaline. — Son emploi contre les vers gris, 364. Narcüsufi funcifoliomuticus, 503. — N. jiachy- holbus, 335. Navrùres, 474. Nécrologie. — MM. E. Aramburu, 221; Aiidus- son Hiron, 198; Bertrand, 245; Bouchardat, 198; Adolphe Cachet^ 412; Citerne, 245, C. Dognin, 532; J.-E. Duby, 101 ; Antoine Franz, 172; Auguste van Geert, 555; Maurice Girard , 532; Jacquemet-Bonnefond , 555; E. Lamy de La Ghapelle, 532; Lichtenstein, 555; Ed. Morren, 124, 151 ; Petot,i\)S; Pierre-Victor Quétier, 172; Tidasne, 101; Ambroise Vers- chaffelt, 245. Néflier greflé sur Poirier, 7. Nélornbonées et Nymphéacées, 35. Nerine Mansellii, 382. Neviusa alabamensis, 333. Neumanyiia arcuata, 108. Noix de Coco (Fibres de), 216. Nopal. — Plantations au Guatémala, 197. Nymphœa stellata, var. zanzibarensis, 453. Nymphéacées et nélornbonées, 35. Odontoglossum aspersum, var. spiloglossum, 429. — O. cordatum, var. Kienastiannm. , 429. — O. Edwardi, 95. — O. Œrstedü, 334. — O. Pes- catorei jaune, 221 ~ O. retusum, 502. — O. Bossii majus, 492. Œillets remontants, 58. — Origine et culture, 112. — Œ. Flon nouveau, 266. — Œ Souvenir de la Malmaison, 364. Ognons à fleurs. — Plantation, 488. Ognon jaune dur de Bussie acclimaté et amé- lioré, 82. Oiseaux. — Emploi de l’acide phénique, 244. Oléacées nouvelles du Yunnan, 483. Olearia Hastii, 496. — O. macrodonta, 483. Oncidium sarcodes discoidale, 429. Onopordons, 311. Ophiopogon japonicus, 50. Orangers (Les) à Valence, 171. — Orange san- guine, prétendue origine, 485. — Emploi mé- dicinal, 218. — O. économiques, 479. Orchidées. — Société anglaise d’amateurs d’Or- chidées, 76. — O. de Madagascar, 99. — L’hybri- dation, 158, 183. — Un nouvel hybride, IIO. — Prix de quelques Orchidées, 269, — L’ombrage des serres, 283. — L’enlèvement des fleurs, 286. — Suspensions pour Orchidées, 328, 360. — O. à fleurs rouge orangé, 330. — O. de serre froide, 511. Ornementations temporaires hivernales, 461. Orthosiphon stamineus, 65, 515. Oseilles ornementales, 204, 514. Osmunda regalis, 368. Oliorynchus sidcatus (L’) et la taupe, 142. Outils. — Préservation contre la rouille, 531. Oxyococcus palustris au point de vue commercial, Ï55. P Palmiers cultives, 90, 133, 357, 561. l^anax Murray i, 262. J'^apaver pavonium, 436. Parcs. — Arrangement d’un parc très accidenté, 174. — Le nouveau parc national australien, 195. — Exécution de travaux, 239. Parmentier. — Son centenaire, 254. — Sa vie, 256. Passage souterrain garni de roches, 400. Pèches; Pêchers. — Pèches et Brugnons, commu- nication de M. Gagnaire,f6. — Les Pêches à Mar- seille, 21. — La cueillette, 339. — Conseils aux amateurs de Pêches, 390. — L’entrecueillage, 363. — Une Pêche de 10 centimètres de diamètre, 507. — P. Amsden, 340. — P. Amsden au point de vue commercial, 387. — P. Amsden et Alexander, leur introduction en France, 463. — P. Barthélemy, 474. — P. hâtive Lepcre, 492, 529. — P. Madame Ed. Pipiaert, 507. — P. Montigny, 556. — P. Beine des Vergers en plein vent, 326. — P. Waterloo, 313. — Le greffage en ente, 96. — Les premières fleurs à Montreuil, 146. — Culture aux États-Unis, 194. — F. pyra- midal, 235. — Age qu’ils peuvent atteindre, 292, 338. — Le surgreffage, 428. — Une deuxième saison de Pêches, 53Ô. Pélargonium zonale anglais Mistress Strang, 188. — P. zonales dans les décorations de jar- dins, 495. — P. à haute tige, 510. Pelouses. — Le semis, 168. — Le vallonnement, 552. Pensée Lord Beaconsfield, 449. P en tapterygi um serpens , 166. Pentstemon Menziesii, var. Scouleri, 429. Perce-Oreilles. — Destruction, 316. Pernettya angustifolia, 219. Peronospora et Erineum, 279. — Précautions à prendre contre cette affection, 290. — La lutte contre cette maladie, 362. — La bouillie borde- laise, 410. Pervenche de Madagascar, 37. — Grande per- venche panachée, 423. Pétiole. — Les glandes du pétiole, 367. Pétrole comme insecticide, 64. Pe-tsai. — Sa rusticité, 100. — Pe-tsai amélioré, 135. Pétunias, 85. Phacelia Parryi, 453. Phajus tuberculosus, 429. Phalœnopsis Schilleriana splendens, 396. Philodendron Andreanum, 36, 73. — P. Gla- ziovi, 334. — P. Mamei, 377. — P. Selloum, 165. Phlox Drummondi à fleurs pleines se reprodui- sant par semis, 388. Phygelius cc^pensis, 473. Phyllirea Vilmoriniana, 262, 292. Phylloxéra, 121. — Le prix de 300,000 fr., 169. — Le Phylloxéra au cap de Bonne - Espérance , 197. — Son extension, 290, 313, 362, 386. — Loi organisant des syndicats de défense en Al- gérie, 433. Phytolacca electrica ou plante torpille, 52. Pigeons. — M. Hooïbrenk et la poste aux pi- geons, 531. Pinguicula hirtifolia, 167. Pins. — Cryptogames qui ravagent les plantations, 220. Pissenlits, 142. — P. amélioré mousse, 82. Plantations. — P. d’arbres et arbustes, distances à observer, 215. — P. sur routes en France, 365. — Epoque selon les terrains, 480. Plantes alpines. — Les semis, 167. — Protection, 242. Plantes aquatiques dans les pièces d’eau, 215. Plantes australiennes résistant à la sécheresse, 268. Plantes bulbeuses. — Nouveau mode d’ornemen- tation, 194. Plantes exotiques. — La taxe sur leur récolte, 195. Plantes naturellement jaunes, 251. Plantes d’origine étrangère. — Réduction des frais de douane, 100. Plante torpille, 52. Plantes vertes d’appartement. — Entretien, 360. TARLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 575 Platanes. — Le rapprochage, 459. Plectranthus fœtidus, 214. Plomb des arbres fruitiers, 267. Pogonia pulchellus, 454, Poireau perpétuel, 111. Poirée-betterave, 194. Poire, Poirier. — La Poire au pot, 148. — Poires d’hiver: quelques variétés; culture en plein air, en espalier, 126. — P. Abbé Fetel, 236. — P. Bergamote Espéren à feuilles panachées, 387. — P. Bergamote Espéren Souvenir de Planticres^ 399. — P. Beurré de Naghin, 200. — P, Citron des Carmes^ 455, — P. François Mutin, 235. — P. Madame Caroline d’Airoles, 235. — P. Souvenir du vénérable de la Salle, 236. — P. Vital, 116. — P. Doyenné d’hiver très-rustique, 155. — Origine du Beurré Clair- geau, 219. — Greffe automnale en fente, 220. — Poirier remarquable aux États-Unis, 343. — Anciennes variétés de Poires précoces, 501. — Poirier greffé sur Aubépine, 553. — P. Berga- mote Espéren énormes, 554. Pois nouveaux primés en Angleterre, 388. — P. Express, 82. — P. Emeraude, 82. — P. Mi- nimum de Laxton, 83 — P. de Sainte-Cathe- rine, 484. — P. sans parchemin fondant de Saint- Désirât, 523. Potygonum sphœrostachyum , 453. Polymorphisme des végétaux, 209. Polypodium macrurum, 382. — P. Picoti, 206. Polystichum Filix mas, 368. Pommiers. — Le bouturage, 309, 408. — P. remar- quable dans le Massachusetts, 344, — Engrais qui leur conviennent, 431. — Le Boidot, 231. — P. Passe-Pomme et Astrakan rouge, 447. — P, Beinette Abry, 212. — P. Beinetie d'Angle- terre et Boy ale d’Angleterre, 157. Pomme de terre Adirondack, 84. — P. Anderson, 83. — P. Belle de Vincennes, 83. — P. Institut de Beauvais, 83. — P. Joseph Bigault, 83. — P. Rosejaune, 83. — P. Standard jaune ronde, 84. — Exposition de Montdidier, 8. - P. ge- lées, leur utilisation, 98. — Les collections, 260. — Précautions à prendre contre le Peronospora, 290. — Pommes de terre nouvelles, 411. — Pro- cédé pour augmenter leur grosseur, 435. — Va- riétés à cultiver, 554. Pothos aurea, 468. Pots en papier, 555. Prime d’honneur de l’Algérie en 1886, 385. — Primes d’honneur de l’horticulture et de l’arbo- riculture, 5, 337, 361. Primevères. — Conférences de Londres, 306. — P. de Chine, 300. Primula. — Le groupe des Primula indigènes, 274. — P. Aurictda, 429. — P. Beedi, 382. Pritchardia Wuylstekeana et P. Washingtonia filamentosa, 268. Prix Laisné, 386. Procès horticole, 193. Prune Reine Claude d’Althann, 228. Prunes à l’eau-de-vie, 312. Prunier. — Fruits déformés par VExoascus Pruni, 17. — P. hybride, 416. Prunus Simonii, 56. — P. tomentosa, 9. Ptelea trifoliala aurea, 547. — P. trifoliata fo- liis variegatis, 547. Pterocarya comme arbres d’alignement, 506. Pucerons. — P. du Dahlia, destruction, 360. — P. des Légumes, 339. — P. Lanigère, destruction, 71. — Destruction dans les serres, 562. Pyrus Maulei, 166. Q Quinquina (Le) à Ceylan, 148. R Radis. — Culture hivernale des Radis roses, 445. Raisins de table à cultiver dans le centre et le nord delà France, 10; dans le midi de la France, 102. — Les Raisins en Belgique, 148. — R. BoiS' selot, 29. — R. Fendant, Blanchette et Ermi- tage blanc, 50. Ramie. — Culture en France, 385. Raphanus isatoides, 372. Raphia. — Usages, 311. Raphithamnus cyanocarpus, 453. Rats. — Destruction, 192. Ravenea llildebrandi, 166. Reboisement de la^ologne, 340. — R. dans le Puy- de-Dôme, 387. Rehmannia glutinosa, 396. Reines-Marguerites. — Culture à contre-saison, 340. — Reines-Marguerites jaune pâle, 507, Rhododendrons. — Hybrides d'Azalea mollis et de Rhododendrons, 298. — Un nouvel hybride, 315. — R. nouveaux, 411. — R. javanicum, var. tubiflora, 454. — R. mullicolor, 95. — R. ni- veum, 335. Rhyncanthus longiflorus, 550, Rideaux. — Arbres convenant à cet emploi, 432. Riz de montagne, 292, 340. Robinia Decaisneana, 7. — R. hispida, procédé pour le faire fleurir abondamment, 508. Robiniers. — Greffes en écusson, 338, 457. Rochers. — Plantes en garniture, 71. Rosarium pour jardins de dimensions restreintes, 253. Roses, Rosiers, — Rosier Aimée Vibert, superbe exemplaire, 435. - R. La France, 314. — R. Gloire de Dijon, dimorphisme, 292. — Rosa Godefroy œ, 261. — R Jules Barigny, 532. — R. Edouard Lefort, 532. — R. Maréchal Niel, 266, — R. Miniature, 99. — R, multiflore Delalande, 319, 411. — R. La Neige, 74. — R. Paul Neyron, 314. — R. Olivier Métra, 532. — Rosa pisocarpa, 454. — R. platifphylla, 436. — R. William Francis Bennett, 363, 387. — Les Roses dans les régions tropicales, 171. — R. grimpants nouveaux, 122. — R. grimpants remontants à fleurs rouges, 46. — R. Banks à l’état sauvage, 218. — La suie comme engrais, 267. — Destruction du blanc par le sel de cui- sine, 316. — Floraison anormale d’un Rosier sauvage, 364. — R. résistant aux froids, 436. — Greffe sur racines d’Eglantier, 98. — Greffe sur racine, 472. — Culture en pays froids, 517. Roses trémières et Dahlias, 146. Rouille des outils, 531. S Sable. — Son emploi dans les repiquages et les plantations, 242. Saccolabium. — Nouvelle culture, 508. Sagenia mamillosa, 550. Sagittaria Montevidensis, 47. Saké. — Fabrication de cette boisson japonaise, 460. Salvia discolor, 165. — S. Greigii, 333. — S. pa- niculata, 214. Sambucus racemosa plumosa ; S. serratifolia, 399. Saxifrages pour l’ornementation d’hiver, 147. Schomburghia Chionodora, 335. Science et pratique, 322. Scolopendrium officinale Valloisii,^'Fl . — S. offi- cinarum, 368. Scolyme d’Espagne, 61. Sécateur Aubry, 130, Sechium edule, nouveau légume, 16. Sedum purpurascens, 565. Sélection, 234, Semis. — Du greffage en vue de hâter la fructifi- cation, 173. — Semis de Vignes, 30. Sericographis Mohintli, 205. Serres. — Serres plates et serres à pente rapide, 192. — Serres à Orchidées, l’ombrage, 283. — Serres chaudes, liste de plantes grimpantes, 69. Sisyrinchium filifolium, 335. Sociétés des agriculteurs de France, — Vœux formulés, 241. Société de botanique d’Indre-et-Loire, 365. Société nationale d’acclimatation. — Récompenses accordées, 361. Société nationale d’agriculture. — Récompenses décernées, 338. Société nationale anglaise des Chrysanthèmes, 505. Société nationale d’horticulture de France. — Com- position du bureau pour 1886, 26. — Les con- 57C TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. cours expositions, 457. — Comptes-rendus des séances. (Dans tous les numéros.) Société pomologique de France, 545. Société régionale d’horticulture du nord de la France, 52. Société des rosiéristes français, 289. Société royale d’agriculture et de botanique de Gand, 245. Société vigneronne et forestière de l’Aube. — Election de M. Ch. Baltet comme président, 76. Solanum albidum Poortmani, 232. — S. Jame- sii, 95. — S. Maglia, 48. Solanum trilohatum, 551. Sophronitis cjrandiflora aurantiaca, 492. — violacea., 552. Sorhus aucuparia foliis aureis., 399. Spathoglottis Augustorum, 335. Spirœa astilboides., 412. — S. Lindleyana^ plan- tation en groupes sur pelouse, 71. Streptocarpus catilescens, 334. — S. Dunnii, 557. — S. Kir ldi., 167. Slreptosolen Ja^nesoni, 456. Suie comme engrais dès Rosiers, 267. Sulfatage des fruits pour en augmenter le volume, 267, 316. Sulfate de fer. — Son emploi pour donner de la verdeur à certains végétaux, 144. — Ses effets sur la végétation, 538. Suspension économique, 460. Suspensions pour Orchidées, 328, 360. Surgreffe des arbres fruitiers, 128. — Surgreffage des Pêchers, 428. Swainsoyiia Ferrandi alba, 562. Syndicat des horticulteurs de la région lyonnaise, 29, 52. Synthyris reniformis, 455. Syringa Emodi aurea, 547. — S. Emodi foliis variegatis, 547. T Tables. — Décoration florale, 345. Tagetes gigo.ntea, 107. — T. lucida^ succédané de l’Estragon, 90. Taille des arbres fruitiers, 65, 493. Talus. — Consolidation provisoire, 269. Taupe et Otiorhynchus sulcatus, 141. Température. — L’hiver à Nice et aux environs, 97. — Son état à diverses époques, 26, 121, 145, 289, 409, 505, 553. — Végétation anormale, 434. — Le froid dans la Floride, 171. — Nouvelles de la Haute-Garonne, 313. — Lettre de Nice, 536. Tente-abri en bois contre la gelée, 397. Thannatophore, 124. Thé. — Fleurs servant à le parfumer, 123. Thrixspermum indusiatum, 502. Tigre du Poirier. — Destruction, 71. Tillandsia umbellata., 60. — T. streptophylla, 48. — T. Zahni magnifica, 147. Tilleul. — Foliaison anormale, 8. — Tilleuls ar- gentés de semis, 315. — Le prétendu Tilleul de Remiremont, 538. Toile. — La toile chez les maraîchers, 195. — Un remède, 270. — Destruction par le sel de cui- sine, 316. Tomates. — Diverses variétés, 180. — Contre la maladie, 339. — Tomate Boisgelin., 421. Tonkin. — La culture maraîchère, 534. Torenia concoloi\ 214. Toxicophlea spectabilis, 221. Trichosanthes colubrma, 549. — T. palmata., 551. Tritoma. — Emploi des feuilles pour ligatures, 98, 458. — T. caulescens., sa rusticité; floraison en plein air, 315. — Tritoma comosa, 542. Tritonia Wilsoni, 550, Tubéreuse, 40. Tulipes. — Nouvelle culture, 230. — T. de Greig à fleurs panachées, 220. — Tulipa primula, 167. Tuteurage des arbres, 149, 240, Tuteurs pour Rosiers et Poiriers, 46. — Tuteurs Yvert, 216. Tydœa. — Ebranlement du genre, 74. — Le bou- turage, 170. U Ulmus campestris Louis Van Iloulte, .547. Union commerciale des horticulteurs et marchands grainiers de France, 193. Université de Liège. — Nomination de M. le docteur Gravis comme professeur de botanique, 293. \ Vaccinium Mortinia, 551. Vanda Lindeni, 550. Vanille. — Le tuteurage végétal, 218. Vanillier. — La patrie'de la Vanille, 75. Vaporisateurs, 316. Variétés. — Limites des variétés en horticulture ; les Congrès pomologiques, 451. Végétation polaire, 417. Velperweg à Arnhem, 469. Vendanges en Italie, 171. Ver à soie de l’Eucalyptus, 170. Vers. — Destruction, 168. Ver-limace. — Destruction, 432. Ver gris. — Destruction par la naphtaline, 364. Ver des fruits, 282. Veronica carnosula, 52. Vignes. — Les meilleurs engrais, 24. — Les semis, 30. — Le greffage, 73. — Le badigeonnage contre l’antrachnose, 97. — Taille des Vignes peu fertiles, 174. — Culture en Perse, 217. — Des- truction des limaçons, 268. — Un changement de cépage, 269. — Les Raisins de table à cultiver dans le midi de la France, 294 — Avancement de la mise à fruit des Vignes de semis, 342. — Précautions contre l'antrachnose, 362. — Rai- sins précoces, 394, — Culture en arcs de la Vigne en espalier, 440. — Raisin Gros Colman, particularités qu’il présente, 435. Vignes américaines (Les) aux X VP et XVIP siè- cles, 131; en Algérie, 145; en France, 266. Vignes de la Chine, 197. Vignes en serre. — Fructification, 216. Vitis japonica crassifolia, 81. — Vüis ptero- phora., 262. Vins. — Production en France, 49, 508. Violettes, 122. Visite à Gouville^ 379. W Wellinglonias. — Ils reforment une tête, quand elle a été détruite, 7. — Piapidité de leur crois- sance, 387, Welwiischia (Un) vivant à Paris, 170. — W. mi- rabilis, 296. Y Yucca gloriosa. — Énorme floraison, 292. — Le Yucca gloriosa à Cuba, 508. — Y. V/hipplei, 62. Z Zinnias Pompons, 484. FIN DE LA TABLE DU VOLUME DE 1886.