LIBRARY OF THE GRAY HERBARIUM Received Rebound February 1966 t ( Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/revuehorticolejo2118unse REVUE . HORTICOLE Seconde série I - g ^ A- •; . >■ gf fil*» Imprimerie de E. OrvEnniîR, rue dp Verneuil, n® 4> REVUE HORTICOLE RÉSUMÉ DE TOUT CE QUI PARAIT d’iNTÉRESSANT EN JARDINAGE, PLANTES NOUVELLES, ; NOUVEAUX PROCÉDÉS DE CULTURE, PERFECTIONNEMENTS DES ANCIENNES PRATIQUES, INVENTION DE NOUVEAUX OUTILS, DÉCOUVERTES, ANNONCES, ANALYSES ET EXTRAITS d’oUVRAGES d’hORTI CULTURE FRANÇAIS ET ETRANGERS. PAR MM. POITEAC et TlliMORinf , rédacteurs du Bon Jardinier;' DECAISME, professeur de culture; WEimAMM , chef des serres ; PEPIM, chef de TÉcole de Botanique, au Jardin des Plantes ; Membres de la Société royale d’horticulture, etc. AvriMSU— Mars 1843 Seconde série. — Tome premier. PARIS LIBRAIRIE AGRICOLE DE DUSACQ Editeur de la Maison Rustique et du Ron Jardinier RUE JACOB , 26 REVUE HORTICOLE Awrll 1941. PLANTES NOUVELLES. Pomme de terre jaune des Cordillières , couleur et goût du jaune d’œuf. MM. Vandendriesse et Panis, marchands grainiers du roi, à Bruxelles, ont reçu celte espèce en 1835 par le consul de Belgique à Valparaiso, comme pro - venant du Pérou. Ils en remirent au printemps de 1837 quelques tubercules à M. Poiteau, qui les plants, et remit à les examiner après la récolte, laquelle n’eut point lieu, faute de produit convenable. Ce fait est d’accord avec ce que me mandent MM. Vandendriesso et Panis, qui ont éprouvé quelques difficultés dans les commencements de leurs essais. « Cette excellente espèce de Pommes de terre, me disent-ils, vient de l’Amérique méridionale, où elle croît sur les Cordillières; nous sommes parvenus, à force de peine, à l’acclimater au sol de notre pays, mais nos efforts ont été couronnés de succès à tel point que depuis deux ans elle ne nous a pas demandé plus de soins que nos espèces les plus communes. « On la plante (à Bruxelles) de la fin d’avril au commencement de mai, en terre légère, sablonneuse. Une exposition élevée, au midi ou à l’est, est celle où elle nous a le mieux réussi. « On en fait la récolte dans le mois d’octobre, ou le plus tard possible, si la saison le permet, ayant soin, avant de se servir des tubercules, de les laisser reposer au moins un mois. Ils en seront alors meil- leurs. ** Dans un voyage que j’ai fait, dans les premiers jours de mars dernier, à Bruxelles, ces messieurs me remirent des tubercules pour faire connaître l’espèce en France. Il* SÉRIE. — I. 1 2 REi^üE HORTICOLE. L’intérieur est d’un jaune très prononcé, qui de- vient plus intense lorsque la Pomme de terre est cuite. Elle paraît alors extrêmement farineuse, et a un tel rapport avec le jaune d’œuf dur que des fragments arrondis trompèrent plusieurs personnes, non-seule- ment par la couleur et la consistance, mais par le goût. Il y a des tubercules dont la peau est rougeâtre, ce qui ne paraît pas influer sur son intérieur. J’ai été assez heureux pour pouvoir en distribuer aux membres de la Société d’Horticulture qui en ont désiré, et j’en ai fait parvenir à la maison Tripet- Leblanc, boulevard des Capucines, une petite quantité qui est disponible en ce moment. Paris, ce 7 avril 1841. Aüdot, P. s. MM. Vandendriesse ont ajouté à leur envoi un pelit paquet de blé avec la note suivante : Blé froment blanc ^ de mars, “ Beaux épis, ayant 3 centim. et même plus* de lon- gueur que les autres espèces d’été et d’hiver; plus haut de 35 centim. que les autres espèces de la même race; belle paille assez tendre. Comparé, pour le pro- duit, avec les meilleures espèces de Froment d’hiver de notre pays, il nous a donné un dixième en plus de récolte sur la même superficie. Cette nouvelle variété nous a été envoyée d’Angleterre l’an dernier, comme supérieure à toutes les autres variétés du pays. Nous l’avons reçue fort tard, et nous n’avons pu la semer que le 20 avril; cependant nous l’avons récoltée le 2 août suivant. »* J’ai déposé l’échantillon sur le bureau de la Société d’Horliculture dans sa séance de ce jour. Partie a été conservée pour le jardin, et le reste distribué. Æschinanthe rameuse. Æschinanthus ramosissima. C’est sous ce nom que M. Chauvière a rapporté d’An- gleterre une plante ligneuse, haute d’un tiers de mè- tre, rameuse, à feuilles opposées, lancéolées, épaisses, charnues, d’un vert foncé en dessus, pâle et ayant les REVUE HORTICOLE. 3 bords roulés eu dessous. L’automne et l’hiver, fleurs extra-axillaires groupées, sessiles, tubuleuses, cour- bées, d’uD rouge cocciné pourpre ; les divisions du limbe ont une ligne pourpre noir en dehors et une ta- che en cœur de la même couleur en dedans. Plante très curieuse et qui a remporté le prix à l’exposition de la Société d’Horticult. {Voy. le n° précédent.) Elle n’exige que la serre tempérée. Pivoine en Arbre, monstrueuse, rouge, la gloire des Belges. Dans le numéro de la Revue horticole^ mars 1839, nous avons dit un mot de cette magnifique Pi- voine que nous aurions voulu voir en fleurs dans un voyage que nous avons fait dernièrement à Gand. Le propriétaire est un amateur qui s’occupe de la mul- tiplier, et qui ne l’a pas encore livrée au commerce. Culture des OEillets, — Lettre de M. Tougard, de Rouen ^ à M. Poiteau. Rouen, le 17 novembre 1840. Monsieur, lorsque j’ai eu le plaisir de vous voir chez moi cet été, vous voulûtes bien me témoigner votre satisfaction sur ma collection d’Œillets ; vous me de- mandâtes des détails sur ma culture ; je vous les don nai de suite, en vous promettant de vous les trans- mettre plus tard par écrit : je tiens aujourd’hui ma promesse. Ces détails ont beaucoup de rapport avec ce que vous enseignez dans le Bon Jardinier, où l’on est toujours certain de trouver les bonnes méthodes de culture; cependant, comme je l’ai un peu modifiée, je vous transmets ma manière d’opérer : heureux si elle obtient votre approbation. Ma collection d’Œillets se compose de près de 400 variétés, toutes à pétales ronds, sans dentelures; je les tire de tous les pays où j’apprends qu’il en existe de beaux ; j’en possède aussi de mes semis. J’éprouve souvent bien des déceptions; car, quelquefois, ce qui m’est annoncé comme magnifique se trouve fort mau- vais et doit être écarté : ce sont là de ces événements qui se rencontrent fréquemment dans le commerce. 4 REVUE HORTICOLE. Ainsi ma collection se compose d’Œillets normands, belges^ flamands, anglais, bohémiens, etc., tous de couleurs franches et nettes, détachées, calice long et ne se fendant pas; je ne cultive point ce que vous nommez à Paris fantaisies, ni les gros OEillets à la carie . Au mois d’octobre, je sépare mes marcottes des vieux pieds; je plante ces marcottes dans des pots de 16 à 17 centimètres d’ouverture et autant de profon- deur. La terre que contiennent les pots est une terre franche, douce au toucher, onctueuse, en un mot une bonne terre à blé; je la fais venir exprès de la cam- pagne. Cette terre ne durcit pas trop lors des séche- resses; elle retient aussi l’humidité d’une manière convenable, et ne se décompose pas en cas de grande pluie. Chaque pot porte son étiquette où est inscrit le nom de l’Œillet; ces pots sont rangés devant un mur jusqu’au mois de décembre; alors il sont mis sous des abris pour éviter les pluies continuelles, les neiges et les frimas. Au mois de mars ou d’avril, se- lon la saison, quand les giboulées sont passées, les Œillets sont mis en planches ; je les y place à 40 cen- timètres de distance les uns des autres. Chaque plan- che porte quatre rangs ; les Œillets y sont placés, au- tant que possible, par rangs de taille, les plus hauts sur le derrière, les plus bas sur le devant, et alterna - tivement par couleur différente. Pour les planter dans j les planches, je fais un trou d’environ 16 à 17 cenlim. de largeur et de profondeur; je renverse le pot de la j main droite dans la main gauche, et je pRce ainsi la j marcotte, avec sa potée de terre, dans le trou ; ainsi i l’Œillet se trouve planté dans la terre franche. Lors- I que toutes les marcottes sont ainsi plantées, je re- ! couvre en entier la planche de 3 centim. environ d’un i mélange fait avec deux tiers de sable de ravine et un ! tiers de terre franche, le tout battu ensemble et passé à la claie, de sorte que le collet des marcottes en soit bien garni. Cette superficie, à raison de sa porosité, ne se durcit pas, comme pourrait le faire la terre franche pure, durant les grandes sécheresses de l’été; REVUE HORTICOLE. au-dessous, elle conserve la fraîcheur à la terre; elle n’est pas susceptible de fermentation : j’évite par là les chaucres et les autres maladies auxquelles sont su- jets les Œillets ; je crois encore écarter les limaces et autres insectes qui n’aiment pas le sable. Vous avez vu la multitude de fleurs et la force de mes Œillets, dont vous m’avez dit être vous-même étonné. Dans le mois d’août, je marcotte, et voici comme je procède. Je prépare un mélange composé de deux tiers de terre franche et d’un tiers de terreau extrêmement consommé pour que ce compost ne soit susceptible d’aucune fermentation ; il est bien battu, remué plu- sieurs fois, passée la claie et ensuite au tamis; il doit être un peu sec pour s’introduire facilement dans les interstices des marcottes, comme je le dirai tout à l’heure. Lorsque les pousses des Œillets sont situées rez de terre, je leur fais l’incision ordinaire à la se- conde articulation, avant la naissance des feuilles; alors je les couvre avec le compost ci -dessus mention- né, n’importe la quantité de marcottes qui se trou- vent sur la plante. Comme le compost est presque ré- duit en poussière, il s’introduit partout, les couvre et les garnit parfaitement. Cette opération terminée, pour fixer cette terre, j’arrose le tout avec un arro- soir percé de trous très fins et presque dans le genre des filtres à café; si les trous étaient plus grands, l’eau entraînerait cette terre fine et sèche. Quand les pousses des Œillets ne sont pas rez de terre, qu’elles sont trop élevées pour les marcotter sur le sol, et qu’on pour- rait craindre qu’en les couchant sur cette terre elles ne se trouvassent cassées ou détachées, alors j’ai des pots défoncés de toutes grandeurs et hauteurs, afin de s’adapter à toutes les plantes. Je fais passer la plante au travers de ce rond de pot, ce qui est facile, puisqu’il n’a pas de fond ; il doit être proportionné à la hau- teur d’où partent les pousses, et, pour la grandeur, à leur nombre. Alors je fais l’incision aux marcottes, j’enfonce ce tour de pot dans le sol; de cette ma- nière il entoure la plante. Je le remplis alors du com- post; j’y fais mes marcottes, qui se trouvent ex- REVUE HORTICOLE. 6 haussées et sont comme en pleine terre. Si un seul tour de pot ne sufût pas, j’en place deux ou un plus grand nombre les uns dans les autres. La terre se trouvant contenue dans ce tour de pot participe de la fraîcheur du sol, et les marcottes jouissent des avan- tages de la pleine terre. Je préfère celte manière aux petits godets en plomb ; elle demande moins d’arrosements, qui sont souvent ; funestes aux Œillets. Les godets en plomb ont aussi le désavantage de ne produire que des marcottes fai- bles, qui souvent ne donnent qu’un montant; souvent même, après la floraison, la tige sèche et la plante meurt : je parle d’après une expérience qui remonte à plus de 40 ans. Je ne replante point en planche les vieux pieds ; c’est le moyen d’avoir toujours de belles fleurs et d’empê- cher la dégénérescence, à moins que je n’aie pu obte- nir de marcottes ; dans ce cas, je suis bien forcé d’en | faire usage. Les marcottes une fois séparées des vieux I pieds, s’il y reste encore quelques tiges, je les plante : alors dans des pots et les rentre en serre. Ce sont ces ■ vieux pieds que je chauffe, et qui me produisent des Œillets pendant l’hiver pour bouquets, et pour les jar- dinières d’appartements. Je ne vous donne pas ce mode de culture comme le meilleur, mais comme celui dont je fais usage et qui me réussit parfaitement ; je l’ai indiqué en extrait dans mon catalogue. On trouvera peut-être ces soins un peu minutieux ; mais l’Œillet est une fleur si jolie, si variée, d’un par- fum si agréable, qu’en vérité elle mérite bien quel- ques soins. Est-il rien de plus admirable qu’une plan- che d'Œillets convenablement variés? Il faut un vaste champ pour cultiver les Dhalias; un petit espace suf- fit pour posséder une belle collection d’Œillets. Je désire que ces détails puissent vous être agréa- bles et soient utiles à l’horticulture. Communiquez, s’il vous plaît, cette lettre à M. Au- dot pour la Revue horticole. Agréez, etc. Toug\rd. REVUE HORTICOLE. 7 Lavandç Spic; Iris Germanique ; Nerprun des teintu- riers, Utilité de leur culture dans les terrains en pente, (Extrait d’une lettre adressée à M. Audot.) Pour atteindre un but aussi agricole qu’horticole, je pense que les terrains en pente, arides et escarpés, pourraient s’utiliser en les garnissant de Lavande, Lavandula spica^ dont la semence est d’une venue facile lorsque la plante est de l’année. Cette plante robuste, et supportant facilement les fortes gelées, puisqu’elle se rencontre presque à la cime du mont Ventoux, serait d’une ressource très grande pour le commerce qui expédie à l’étranger une quantité con- sidérable de son essence, et des masses sans limites de ses fleurs criblées pour la Barbarie et l’Égypte. Par l’expérience que j’ai acquise sur la qualité de l’essence de Lavande, qui est douce et suave relativement à la hauteur des montagnes où les plantes ont été cueillips, je suis convaincu que, sur les montagnes du centre et même du nord de la France, où la température est plus réglée et moins brûlante que dans ces contrées, la qualité de cette essence serait plus douce, plus agréa- ble, et bien plus appréciable par tous les parfumeurs de la f rance et de l’étranger, qui ne cessent de re- commander la plus grande suavité. Je citerai à l’appui de mon assertion l’Angleterre, où le peu de Lavande qu’on y trouve produit une essence beaucoup plus recherchée que toutes celles du midi de la France. Ce pays veut sans doute nous donner l’exemple de la cul- ture de cette plante, car cette année il a adressé une commande assez importante. Ne devons-nous pas nous hâter d’utiliser nos terrains déclives et abandonnés pour pouvoir bientôt présenter au commerce une qua- lité rivale de celle que présenterait sous peu la Grande- Bretagne? Dans nos contrées, un semis en automne réussit mieux qu’au printemps ; je pense que dans le nord de la France le printemps pourrait mieux lui convenir qu’ici. Je pourrais pour ce printemps four- nir des semences pour 25 hectares, et pour l’automne prochain en fournir pour plus de 100 hectares. 8 REVÜE HORTICOLE. Il serait aussi fort utile pour la France, tributaire de l’Italie pour l’Iris de Florence, de propager la cul- ture de riris commun, Iris Germanica, Je puis ga- rantir que les tubercules de cette espèce sont aussi odorants, aussi blancs et tout aussi nourris que ceux de Florence. J’en ai fait vendre cette année à Mar- seille, que j’avais cultivés sur un monticule d’agré- ment, pour contenir une pente rapide et aride; on les y a appréciés autant que ceux de Florence, et j’en ai obtenu 85 fr. les 50 kilogr. Planté à 33 centim. de distance, cet Iris acquiert à sa deuxième année une telle vigueur qu’il remplit le vide, et possède à cette époque toutes les qualités requises pour être cueilli et préparé ; il ne s’agit que de le ratisser et de le faire sécher. Il vient sur les rocailles et dans les cailloux, à toute exposition. Il serait aussi fort important, pour utiliser de deux manières, lucrative et agréable, les mêmes terrains dé- clives, d’en adoucir les pentes par des chaussées toutes plantées d’Irîs germanique, et, dans les banquettes qu’elles formeraient, y semer des graines de Nerprun [Rhamnus tinctorius), La graine jaune dite d’Avi- gnon, que produit cet arbuste dans nos contrées, est la plus appréciée de toutes celles que produit laFtance, et tient, après celle de Perse, le premier rang parmi les étrangères. Je pourrais fournir en Iris germanique la quantité nécessaire pour planter 25 hectares. Quant au Rham- nus tinctorius, cet arbuste ne venant que dans les cailloux, il serait difficile d’avoir des petits sujets; mais je pourrai fournir toute quantité nécessaire en graines nouvelles et de bonne germination. Je désire que les renseignements que je vous prie de soumettre à la Société d’Horticulture, si on les en juge dignes, soient utilisés. J’ai l’honneur de vous saluer. Fabre, Membre de la Société d’Horlicullure de Paris REVUE HORTICOLE. 9 Du puits artésien de Grenelle. (Suite, Toj. p. 464, mars 1841.) Les terrains qui constituent le sol de Paris et de ses environs, terrains qui renferment le gypse ou pierre à plâtre aussi bien que le calcaire marin ou pierre à bâtir, occupent le milieu d’un bassin autour duquel la craie se montre de toutes parts. De quelque côté qu’on se dirige pour sortir de ce bassin, vers la Cham- pagne ou vers la Normandie, vers la Flandre ou vers la Touraine, on rencontre à des distances variables le terrain de craie qui se montre en collines et en pla- teaux. En un mot, la craie forme un vaste entonnoir dans lequel se sont déposées ces couches sédimentai- res des environs de Paris, qu’on désigne sous le nom de terrains tertiaires ou de troisième formation , et qui embrassent d’ailleurs un bassin assez étendu. On comprend à présent que, si l’on veut découvrir des nappes souterraines à Paris ou dans les environs, il faut les chercher ou dans les couches perméables des terrains tertiaires supérieurs à la craie, ou dans les couches perméables qui peuvent exister sous la craie.. Si l’on en découvre dans les couches tertiaires, le puits artésien pourra réussir à d’assez faibles profondeurs, c’est-à-dire de 75 à 100 mètres, comme cela est arrivé à Saint-Ouen, à Saint-Denis, à Stains, à Epinay, etc. Si, au contraire, on traverse les terrains tertiaires sans rencontrer d’eaux ascendantes, il faut sonder jusqu’au- dessous du terrain de craie, et comme ce terrain de craie a une immense profondeur, on se trouve alors entraîné à faire pénétrer le forage jusqu’à 550 mètres, I ainsi que cela est arrivé au puits de Grenelle, qui a I touché une nappe aquifère jaillissante dans les couches I sableuses situées sous la craie et qui forment la tran- sition à un terrain plus ancien. Il n’y a pas lieu, d’après cela, de s’étonner de ce qu’on a pu pratiquer des puits artésiens de 75 ou 80 mètres seulement à une ou deux lieues au midi de Paris, tandis que sous Paris même on n’a pu trouver d’eaux jaillissantes qu’à 550 mètres. Les premiers 1. REVUE HORTICOLE. iO surgissent des terrains supérieurs, les seconds des terrains inférieurs à la craie. C’est ce banc de craie d’une épaisseur désespérante qui explique ce fait si étrange au premier abord. Cette différence dans la nature des couches provient d’ailleurs de ce que les terrains tertiaires, de formation plus moderne, ont été très tourmentés et présentent des accidents géolo- giques souvent très nombreux sur un espace assez restreint. Ainsi la craie a subi du côté de Paris un relèvement tel qu’elle se montre presque à découvert au bois de Boulogne, tandis qu’à Saint-Denis, par exemple, on ne la rencontrerait qu’à une profondeur de 100 ou 125 mètres. {La suite au prochain numéro,) Société royale d’ Horticulture , Parmi les objets d’industrie qui faisaient partie de l’exposition de mars, au Luxembourg, on doit placer au premier rang les bois colorés par le procédé de M. le docteur Boucherie. On en avait composé un lit et plusieurs autres meubles d’un aspect entièrement nouveau par les nuances variées et très tranchées des veines. On peut dire queM. Boucherie a créé de nou- velles espèces de bois, qui ne ressemblent à aucune de celles connues jusqu’à ce jour. M. Lebrun, rue Saint-Pierre, 37, à Saint-Germain- en-Laye, a exposé des treillages fabriqués à la méca^ nique. Nous avons remarqué avec intérêt les grillages à la mécanique en fil de fer^ apportés à l’exposition par MM. Tronchon frères, rue Montmartre, 112. « C’est une branche d’industrie qui, jusqu’à présent, n’avait pas reçu toute l’application dont elle était susceptible, d’abord par la difficulté et la longueur de temps qu’oc- casionnait pour son exécution un travail manuel, et ensuite parce qu’on n’avait pas cherché à l’approprier davantage à nos besoins usuels. Cette innovation mé- rite, par sa spécialité et la grande économie qu’elle offre, d’être classée dans la catégorie de celles qui appartiennent au progrès, résultat ingénieux obtenu’ BEVUE HOBTICOLE. îl par un procédé mécanique. Des grillages, de tissus obliques métalliques, à 3 tours, par rouleau de 2 mè- tres de large sur 300 de long, depuis la maille de 1 cent, carré jusqu’à celle de 35 et de toutes grosseurs, peuvent se couper sur tous sens sans rien perdre de leur tension, et donnent par là à cette industrie toute l’extension désirable par la facilité de son exportation. « MM. Tronchon remplacent aujourd’hui les haies en bois pour clôture de chemins de fer, de parcs de gibier, à 1 fr. le mètre carré, treillages et espaliers de jardin (de 50 à 75 c.), berceaux champêtres, volières, colombiers, faisanderies, grilles de séparation , grillages en bois, etc. Ils offrent de l’économie, de la régularité et de la solidité. « L’avantage que ces fils de fer (susceptibles d’être galvanisés) offrent encore, c’est qu’afin de les garantir de la rouille ils sont trempés dans une composition chimique qui leur donne une couleur durable et une durée infinie. Un dernier mot fera comprendre le progrès qu’a atteint cette industrie : c’est que le prix du fer ainsi combiné est au-dessous du prix du bois dont il remplace l’usage. Ils sont encore recomman- dables comme un des meilleurs matériaux pour les revêtements en plâtre, tels que cloisons, plafonds, en remplacement de latte, qui a l’inconvénient d’attirer toutes les parties nitreuses du plâtre et d’être un puissant aliment au progrès du feu en cas d’incendie. Pour témoignage assez concluant d’une sage prévision à ce sujet, il suffit de citer l’emploi qui en a été fait à plusieurs monuments publics, entre autres àlaChambre des Députés, à l’école des Beaux-Arts et aux principaux théâtres de Paris. Mais ces grillages, établis d’après l’ancienne méthode, ont coûté fort cher, tandis que, grâce au procédé mécanique, ils peuvent s’établir au prix ordinaire de la latte, et doivent par conséquent avoir sur celle-ci une juste préférence. MM. Tronchon fournissent non -seulement le grillage, mais ils se chargent aussi de la pose, ainsi que des travaux de serrurerie y relatifs, tels que faisanderies, berceaux, balustrades, châssis pour garantir de la grêle, etc. « 12 REVUE HORTICOLE. M. Leune, rue des Deux-Ponts, île Saint-Louis, à Paris, a présenté des verres percés pour marcottes. M. Poulet a exposé du plomb filc^ d’un bon usage, pour attacher les plantes aux tuteurs, applicable sur-^ tout aux plantes légères, telles que les œillets, soit dans les serres, soit même en pleine terre. Il y en a de plusieurs grosseurs. Celui de 2 fr. le demi-kilogr., que l’on peut appeler yo/?r, est convenable pour les œillets et contient dans ce poids 160 mètres de lon- gueur, pouvant faire 8,000 liens. Il y en a de plus gros qui peut servir à attacher les étiquettes de rosiers, comme il est indiqué flg. 12, pl. XXIX du volume de Figures pour l’Almanach du Bon Jardinier. Celui- là coûte 75 c. le demi-kilogr. Ce plomb filé peut être recommandé aux jardiniers comme aux amateurs, qui n’ont pas toujours du jonc sous la main ; il est d’un emploi facile et il est moins visible que le jonc. Nous en avons vu faire usage au Jardin des Plantes, et dans les belles et curieuses serres du célèbre horticulteur amateur M. Fion, rue des Trois-Couronnes. M. Forest, rue Neuve-des-Mathurins, 54, avait exposé une charrue a ratisser les allées d’un nouveau modèle, une échelle à palisser dont nous pourrons donner plus tard une figure, et une pompe que l’on met en jeu au moyen d’un long balancier à l’extrémité duquel il a eu l’idée d’adapter une balançoire avec un siège. Une chaudière pour le Thermosiphon^ présentée par M. Gervais, chaudronnier, rue des Fossés-S.-Jacques, n^ 3, offre une disposition nouvelle dans sa forme. Nous en parlerons plus tard quand nous serons plus éclairés sur son usage. Dans notre numéro précédent, nous avons omis de mentionner groseilles à grappes très bien conservées (15 mars), exposées par M. Souchet, amateur et cul- tivateur à Bagnolet, près Paris. REVUE nORTICOLE. 13 Mai 1^41. Note de M. Audotsurla culture des Ananas sans feu. J’ai vu pratiquer cette culture à Destelbergen, près de Gaod, chez M. le chevalier Heynderycx. La terre a été eulevée à 66 centimètres de profon- deur sur une largeur de 1 mètre et demi et une lon- gueur de 5 mètres 25 cent. Cette terre a été rempla- cée au fond par 33 cent, de hauteur de feuilles mortes, et ensuite par une semblable proportion de fumier neuf. Un coffre de bois a été placé sur cette sorte de couche. Il a 1 mètre 25 cent, sur le devant et 1 mètre 70 sur le derrière. Un demi-mètre d’épaisseur de ter- reau végétal a été placé dans le coffre sur la couche. Ce coffre, formant une bâche dans laquelle on ne peut entrer qu’en enlevant un châssis, est partagé en deux compartiments où sont plantés les Ananas à nu dans le terreau. Dans un compartiment sont les pieds de 1 à 2 ans, et dans Fautre ceux qui sont à fruit et qui mûrissent ainsi sans aucune chaleur, car on ne peut appeler chaleur celle du fumier placé sous le terreau végétal, puisque les Ananas à fruit ont dû y rester au moins deux ans sans rien déranger. Quand la récolte est faite dans un des compartiments ou carrés, le fond est re- nouvelé et replanté en jeunes pieds. Ces jeunes pieds sont des œilletons qui, après avoir été détachés, ont passé 10 à 12 mois en pots dans une autre bâche plus petite. Ainsi, il faut compter, pour le temps de la culture, un an d’œilletons en pots et 2 ans dans un des carrés de la grande bâche en plein terreau; en tout Sans, quelquefois 3 ans et demi. Dans les années favorables, M. le chevalier Heyn- derycx m’a dit avoir obtenu de très beaux fruits en 2 ans et demi. Le coffre est garanti à Fextérîeur par une espèce de mur d’un mètre d’épaisseur , formé seulement de feuilles REVUE HORTICOLE. Î4 sèches et de gazon entremêlés de manière à le rendre solide. J’ai la preuve de cette parfaite solidité puisque j’ai fait, après l’hiver, sur ce rempart, le tour de la bâche, sans que rien me démontrât qu’il n’y pût rester encore longtemps. Pendant les gelées, les châssis vitrés qui couvrent la bâche sont garnis d’un épais paillasson recouvert de planches bien jointes. Le mur de feuilles reste à dé- couvert et n’est pas pénétré par la pluie. Voilà ce que j’ai vu au 10 mars 1841. Un des carrés était rempli d’Ananas en plein ter- reau, et dont les fruits encore verts étaient très gros. Il n’y avait aucune trace d’appareil de chauffage, et il serait impossible d’y en faire usage, puisque tout le contour de la bâche est garni, sans aucun intervalle, d’un rempart de feuilles et de gazon, et que l’on ne peut y entrer qu’en enlevant un châssis, ce qui ne peut avoir lieu quand ils sont couverts, et ils le sont justemeut dans le temps où il faudrait chauffer, si l’on chauffait. Voilà donc une manière de cultiver les Ananas avec le moins de frais possible, puisque la plus forte dépense consiste dans la construction du coffre, des panneaux vitrés et du plancher qui doit recouvrir le tout en hi- ver; il faut encore noter que le climat delà Flandre est plus froid que le nôtre. M. le chevalier Heynderycx est un des amateurs les plus distingués de la Belgique. Son jardin, que l’on peut appeler un parc, planté sous ses ordres, il y a 30 ans, a été dessiné avec infiniment d’intelligence et de goût, et le pays plat de la Frandre n’a pas été un obstacle à la composition de scènes délicieuses en re- muant un peu de terrain et en profitant des points de vue agréables d’une campagne semée de maisons de plaisance. Quoique le sol soit un sable tellement mouvant que la voilure qui m’a emmené y soit restée comme en- gravée, les arbres, surtout les conifères de 30 ans, sont de la plus luxuriante venue. De charmantes fabriques ornent ce jardin, célèbre REVUE HORTICOLE. 15 dans le pays, et où l’on voit des serres en fer vastes et élevées. Lors de la dernière exposition horticole à Gand (6 mars), M. le chevalier Heynderycx a remporté le prix de la collection de 75 plantes en fleurs. 11 aurait pu remporter celui d’une collection de 150 plantes, tant ses belles serres étaient fleuries. Ouvrage nouveau. Traité complet de la culture des melons, ou velle méthode de cultiver ces plantes sous cloches, sur buttes et sur couches ; par Loisel, directeur des jardins de M. le marquis de Clermont-Tonnerre. 1 vol. in-12, 2® édit. Paris, Librairie Agricole, rue Jacob, 26. Après avoir cultivé longtemps ce genre si intéres- sant et si recherché de nos produits horticoles, M. Loi- sel fait part au public de sa longue expérience et de la méthode qui lui est particulière de cultiver les me- lons sur buttes ou cônes, de laquelle nous avons déjà entretenu nos lecteurs dans un article de M. Poiteau, qui a paru en janvier 1837 dans la Revue horticole. Plus que jamais M. Loisel insiste sur cette méthode, essentiellement facile et économique, et les prévisions de M. Poiteau se sont réalisées à ce sujet. Le traité de M. Loisel doit attirer l’atiention de tout amateur dé- sireux de bien connaître et cette méthode et tout ce qui se rapporte à la culture bien entendue du melon. Les marrons d'Inde aliment des moutons. M. Delorme, jardinier de M. Laffitte, à Verrières, nous transmet les notes suivantes : Lesfruitsdu marronnier d’Inde étantcoupés en deux parties sont donnés comme aliment aux moutons, qui les mangent avec avidité, et quittent tout autre four- rage pour cette nourriture. Les épinards garantis des courtilières. Après avoir semé les épinards en rayons, M. De- REVUE HORTICOLE. lu lorrne trace, avec une fourche, entre les lignes des se- mis, un sillon où l’eau des arrosements, coulant plus abondamment, attire, parcetteraison, lescourtilières, qui, dit-il, ne cherchent point à couper les racines. Cep de vigne d' une étendue remarquable. Dans le même jardin Laffitte on va voir, par curio- sité, un cep de vigne dont l’étendue des cordons nVst pas moindre de 136 mètres. Plantes potagères. Romaine (laitue) de la Madeleine. Cette salade, qui nous a été envoyée par M. Farbos, de Mont-de- Marsan, où elle est cultivée, a la feuille blonde, légè- rement lavée de rouge. Sa pomme est grosse, tendre ; elle se coiffe naturellement, peut, à la rigueur, se passer d’être liée, et se maintient longtemps sans monter. Vilmorin. Valériane d’Alger {Valerinnacornucopiœ). Cette jolie plante, que nous avons indiquée ces années der- nières comme une addition intéressante aux fleurs de pleine terre, peut aussi fournir une bonne salade. Nous l’avons goûtée et fait goûter, cet été, à plusieurs per- sonnes; toutes l’ont trouvée meilleure que la mâche, dont elle a la saveur. La feuille est plus large, plus tendre, et fournit davantage; elle repousse bien étant coupée. En la semant au printemps, puis en juin ou juillet, on en jouirait tout l’été jusqu’aux gelées; mais elle ne sera probablement pas d’hiver comme la mâ- che. Nous en avons fait un semis cet automne, pour réprouver. Vilmorin. Extrait des notes sur les jardins du sud de V Italie, recueillies pendant un voyage en 1839-40, et lues à la Société royale d’Horticulture de Paris, par M. Audot. Fenouil doux. J’ai à parler d’une plante potagère d’un usage général en Italie, et qui s’introduirait cer- tainement en France si l’on y renouvelait la graine de temps en temps; cette plante est le Fenouil doux d’I- REVUE HORTICOLE. 1 i talie, déjà recommandé par M. Vilmorin dans le Bom Jardinier^ mais auquel on n’a pas fait assez d’attention . A Naples, et surtout dans tous les Etats Romains, et plus loin encore, du côté de Venise, on fait un usage si général de Fenouil que l’on ne peut faire un pas dans les villes ni traverser un village sans en rencon- trer ; nulle table non plus sans qu’il en soit servie et j’ai vu cela depuis janvier jusqu’en juin. Le Fenouil doux d’Italie, Finocchio dolce^ a une racine peu volumineuse, d’où sortent des pétioles comme ceux du Céleri, mais qui forment immédiatement une agglomération plus arrondie, c’est-à-dire que la partie qui blanchit est plus courte ; cette partie est fort tendre, assez savoureuse, plus douce que celle du Cé- leri, dont elle diffère de manière à composer un mets nouveau pour ceux qui ne sont habitués qu’à ce der- nier : son plan, ou coupe horizontale, est un ovale de 10 à 13 centim. sur 5 à 8. Comme le Céleri, on le sert à la sauce blonde et en salade, ou bien encore dans une soupe, à la manière des choux ; mais l’usage le plus général est de le servir au dessert avec les fruits, où il décore la table, planté dans l’eau d’un bol de verre, et élevant, comme des panaches, son feuillage fin et élégant : on le mange ainsi sans aucun assaisonnement. Je n’ai pas manqué de commencer par rire de cet usage, qui me rappelait celui pratiqué en Angleterre, de servir les radis au dessert , et même d’en avoir dans sa poche pour manger à la promenade ; mais je n’ai pas tardé à m’habituer au Fenouil, dont la saveur douce et le goût agréable me plaisaient ; seulement je le préférais en hors- d’œuvre, comme les radis et les petits artichauts. Dans le Bon Jardinier, M. Vilmorin dit qu’on le mange aussi assaisonné comme les macaroni, ce qui me paraît très vraisemblable. J’ignore si l’on pourra le cultiver en France pour l’hiver, car je ne sais jusqu’à quel point il pourrait se conserver; d’ailleurs nous avons alors le Céleri, avec lequel il a des points de ressemblance, quoique l’un des deux ne puisse, sous tous les rapports, remplacer REVUE HORTICOLE. 18 l’autre ; mais une idée m’a été suggérée par M. le professeur Tenore, de Naples : c’est qu’il faut tâcher de cultiver le Fenouil en France pour l’usage en été, puisqu'alors le Céleri nous fait faute. Cette plante serait donc une bonne acquisition pour nos tables, et j’engage les amis de l’horticulture à l’essayer et à la faire connaître autant qu’il sera en leur pouvoir. En supposant qu’il devienne d’une saveur un peu trop forte dans le Nord, il pourrait vraisembla- blement être utile dans la moitié chaude de la France, car Olivier de Serres le mentionne comme une salade exquise. On en trouvera encore quelques paquets de graine, venant de Rome, chez l’éditeur de la Revue horticole (gratis). A Rome, on le sème en tout temps. Quand on sème en août, ce qui est le plus fréquent, on repique en oc- tobre, et il est bon à manger dès décembre et janvier ; on le chausse à mesure qu'il pousse. Il préfère une bonne terre et des arrosements, quoiqu’il se contente d'une terre maigre et sablonneuse, mais où il vient cependant moins gros. ^ Gobbo. J'ai vu aussi faire un usage tout particulier : des tiges de l’artichaut. On courbe la plante à angle i droit, en rassemblant les pétioles, et Von butte de I manière à faire blanchir ; il en résulte une bosse qui i donne son nom italien gobbo (bossu) à cette partie. Le gobbo se sert cru sur table et se mange avec du sel ; il est tendre, et nos cuisiniers en tireraient sans doute un bon parti. C’est en automne et en hiver que j’en ai vu ; ils remplaçaient avec avantage les radis, qui étaient absents. Extrait d'une lettre adressée à M. Audot par M. Charles Maupoil, horticulteur au DolOj près de Venise. « Les éloges que vous faites du Fenouil d'Italie^ qui est vraiment un agréable légume, me font prendre la liberté de vous en envoyer un paquet d’une qualité excellente et qui me semble améliorée. Celte plante veut un terrain léger et bien terreauté,des arrosements REVUE HORTICOLE. 19 abondants comme le Céleri ; autrement elle s’allonge et monte promptement à graine. J’y ai joint des semences de la courte dite ici santa^ d’une excellente qualité, extrêmement sucrée, et d’une autre espèce, courge grise, dont j’espère que vous serez satisfait, si elle vous réussit comme ici. Sa pulpe, sèche et farineuse, est très sucrée. Un terrain sec et sablonneux lui est nécessaire pour conserver sa I qualité. Cuite à la vapeur ou au four, on la mange I avec autant de plaisir que les marrons. La santa est bonne en friture. Il s’en fait une consommation consi- dérable à Venise. J’ai également joint de la semence de chicorée pa- nachée ou salade rouge d'hiver, vraiment précieuse, que j’ai améliorée en faisant choix, pour porte-graines, de celle à larges feuilles moins dentées. On la sème en été. Avant les gelées, on l’arrache en laissant à chaque pied un morceau de racine dont on enlève la peau ; on la met en petites bottes, que l’on place dans un endroit frais pour les conserver. A mesure du besoin, on les en retire, on fait un trou au milieu d’un tas de fumier chaud, on y dépose les bottes en pied, appli- quées les unes contre les autres, et l’on recouvre avec des planches. En 8 à 10 jours elles poussent un abon- dant feuillage panaché et extraordinairement tendre, sans avoir contracté aucun mauvais goût. Je pratique ici un mode de bouturage des pivoines en arbre qui est connu en France, mais qui n’est pas assez répandu, et qui me réussit très bien. Au mois d’avril, lorsque les pivoines ont poussé et que leurs jets herbacés sont arrivés à 20 ou 25 centi- mètres de longueur, on les détache des branches à leur insertion, ayant soin de couper net à la base. On les plante dans une bonne terre mélangée d’un peu de terre de bruyère, à l’exposition du nord, sous clo- ches ou châssis, ayant soin de ne les enfoncer en terre que de 1 ou 2 centimètres, et de ne les arroser que deux jours après, afin de laisser reposer la plaie qui, frop fraîche, ferait pourrir. Les arrosages doivent être très modérés. Les jets qui ont le bouton à fleurs RFVÜE HORTICOLE. 20 sont en général ceux préférables; ils forment bien plus promptement le bourrelet et les racines. Il est essen- tiel de pincer la cime du rameau, en supprimant meme quelques feuilles. Du reste, il faut donner de l’air de temps en temps, et, au bout d’un mois ou six semaines, soulever quelquefois les cloches pendant la nuit et les replacer le matin. Nota, Lesgraines des semences indiquées ci-dessus ont été distribuées aux membres de la Société royale d’Horticulture, dans sa séance du 21 avril. Il reste encore chez M. Audot, rue du Paon, 8, des graines de fenouil et de chicorée panachée, qui seront distri- buées gratis aux personnes qui en feront demander. Notice sur les degrés de gelée que peuvent supporter les Orangers et autres arbustes et plantes. Dans les premiers jours de novembre 1830, je ren- trai dans une serre nouvellement construite un cer- tain nombre d’orangers, grenadiers, lauriers-roses, myrtes, géranium, phormium tenax, etc. Au 15 dé- cembre, il n’y avait pas encore de porte; la baie avait 3 mètres 33 cent, de largeur, et autant de hauteur ; je l’avais fermée depuis plusieurs jours avec doubles paillassons; mais l’intensité du froid pénétra si fort à travers, et vers le 20 décembre la terre était telle- ment gelée, que je ne pouvais pas enfoncer la pointe d’un clou dans les caisses d’orangers, myrtes et/??7- tosporum Sinense^ qui formaient la devanture, malgré le feu continuel qui n’éteignait pas au calorifère. Enfin le thermomètre me fit connaître que je n’avais que 2 degrés de différence avec celui du dehors. Lorsque la température s’adoucit, je me donnai bien de garde d’ouvrir et de continuer le feu ; je laissai le tout dé- geler tel qu’il avait gelé; enfin, aujourd’hui je peux affirmer que les orangers, qui étaient couverts déjeu- nes pousses et de boutons, se portent parfaitement bien ; ils n’ont pas perdu une feuille, les boutons seu- lement sont tombés; les pittosporum ont perdu des feuilles ; plusieurs myrtes et lauriers sont gelés, ainsi que les géranium et phormium ^ enfin, je peux affir- REVUE HORTICOLE. 21 mer que les orangers ont éprouvé lO à 12 degrés de froid sans être altérés. Sieulle père. Arcueil, 13 avril 1841. Camellia Presley*s Victoria^ ouqueen Victoria (Vera), On vient de voir dans la magnifique Iconographie du genre Cemellia, par l’abbé Berlèze, une figure très bien faite de ce célèbre Camellia. Le pinceau délicat de M. Yung en a fait un dessin charmant, que l’on dit j cependant moins beau que la nature, s’il faut s’en i rapporter aux personnes qui l’ont vu fleurir à Gand. I D’après la description de M. l’abbé Berlèze, le Ca- || mellia Victoria, gagné à Browley, comté de Kent, en Angleterre, par M. Presley, est un arbrisseau très vi- goureux, qui tend à s’élever en pyramide, d’une crois- sance rapide, et garni d’un superbe feuillage. La fleur a près de 12 centimètres de diamètre, pleine, très ré- gulière et hémisphérique; coloris beau rouge cerise, finement nuancé du carmin le plus pur. Cette riche nuance est interrompue, à des distances presque éga- les, et sur chaque pétale, par de larges bandes d’un blanc pur, partant du centre à la circonférence, et donnant à la corolle une forme en quelque sorte étoi- lée. Cette fleur est, à noire connaissance, dit M. l’abbé Berlèze, supérieure en beauté à toutes celles que l’on a obtenues jusqu’à ce jour en Europe. L’unique possesseur est M. Alex. Verschaffelt, hor- ticulteur à Gand, qui l’a mise en souscription, en di- visant les exeniplaires en deux classes. — La première classe se compose de 110 numéros ou lots, chacun du prix de 125 fraircs, contenant chacun un individu de 25 à 30 centimètres de hauteur. — La deuxième classe est de 10 autres pieds de 45 centim. au moins de hau- teur, fortes plantes, du prix de 250 francs. — Le tirage des lots se fera du 10 au 15 juin prochain, à Gand, dans le salon du Casino. M. Verschaffelt s’engage à n’en vendre qu’un an révolu après le tirage. M. Verschaffelt a aussi ouvert une souscription, dont le tirage aura lieu à la même époque, pour 8 nouveaux Rhododendron arboreurn au prix de 100 fr. les huit. 22 BEVUE HORTICOLE. Variétés de Giroflée jauncy Reine-Marguerite y Balsa - miney etc. Voici le moment où les amateurs s'empressent de visiter le Jardin Tripet, avenue de Breteuil, 30, der- rière les Invalides. En allant dernièrement voir ses cent variétés de Ja- cinthe, on a pu aussi remarquer ses jolies variétés de Giroflée jaune. Autrefois on ne connaissait que trois couleurs, la jaune, la brune et la panachée; ici nous en avons vu plus de 20 nuances différentes, en bleuâ- tre, cendré, cramoisi, violacé, brun, carné, jaune de toutes nuances ; elles sont toutes simples, plus écla- tantes que des doubles. Nous avions remarqué Tan passé la belle collection d’AsTÈRES-BEiNE lVlARGUERiTE, classécs par grandeurs et couleurs, et dont les graines se vendent à l’établis- sement, dans le même ordre. La collection de Balsamines est aussi très bien choisie. Le catalogue qui vient de paraître offre un choix bien raisonné de ce qu’il y a de plus utile et de plus f agréable. En s’adressant au magasin de détail, boulevard des Capucines, 19, on recevra des billets pour aller voir les renoncules et les œillets, ainsi que les jacinthes et | les tulipes dans la saison. 1 Beaucoup de personnes font la visite du Jardin Tri- • pet en allant voir le tombeau de Napoléon et le puits artésien de Grenelle , au milieu desquels il est placé. Puits artésien de Grenelle, (Suite et fin.) Nous pouvons citer à l’appui de notre opinion les i puits artésiens qui ont été pratiqués à l’extrémité oc- | cidentale du bassin de craie, et qui ont rencontré, notamment à Rouen et à Tours, la même nappe aqui - fère qu’on vient d’atteindre à Grenelle. Leur origine est la même ; la seule différence, c’est que les puits de Rouen et de Tours ont moins de profondeur parce qu’ils ont été creusés sur les bords du bassin. Après REVUE HORTICOLE. 23 avoir assigné, suivant les inductions de la science, Torigine probable des eaux du puits jaillissant de Gre- nelle, il nous reste peu de chose à dire sur la cause de leur chaleur. De nombreuses observations avaient appris déjà que la température s’accroissait de 1 de- gré par 25 ou 30 mètres à mesure qu’on pénétrait dans l’intérieur du sol. La température du puits de Grenelle est un fait décisif qui vient s’ajouter à ces observations. Chacun peut en tirer les conséquences. Si la température s’accroît graduellement suivant la profondeur, il en résulte que notre globle se trouve en fusion à quelques lieues seulement sous nos pieds. Ainsi se vérifie Thypothèse du feu central qui avait été jadis posée par Buffon, et qui, détrônée un moment, a été remise en honneur par la géologie moderne, dont M. Elle de Beaumont est l’illustre chef. Si l’on a bien saisi les explications que nous venons de donner, on conçoit que la nappe d’eau souterraine rencontrée à Grenelle doit avoir une étendue assez considérable sur laquelle il sera possible d’établir de nombreux puits artésiens. On est à peu près certain de la rencontrer partout sous le bassin crayeux; tou- tefois, si l’on veut qu’elle jaillisse au-dessus du sol, il ne faudra pas pratiquer les sondages dans des en- droits trop élevés; au reste, quand le puits de Gre- nelle sera terminé (car l’on creuse en ce moment en- core à travers la couche sableuse pour recueillir les eaux contenues dans toute son épaisseur), on pourra constater le niveau supérieur auquel les eaux souter- raines peuvent remonter. Sans doute l’indication qu’on en tirera ne sera pas invariable; maison pourra se guider d’après elle pour se mettre dans de bonnes conditions de succès. La réussite du puits de Gre- nelle, surtout si l’eau est susceptible de s’élever jus- qu’au niveau des quartiers supérieurs ou du moins des quartiers moyens de la ville, résout la question de l’approvisionnement de Paris. Ce sera l’affaire de quelques puits artésiens convenablement placés. Le puits de Grenelle a coûté, non pas 160,000 francs, comme on l’a dit, mais 240,000 fr. En appliquant REVUE HORTICOLE. 24 le calcul à la quantité d’eau que ce puits déverse jus- qu’à présent, et qui va sans cesse en s’augmentant, on reconnaît qu’il est impossible d’obtenir par aucun moyen une eau qui revienneà aussi bon marché. Ajou- | tons que le système des puits artésiens permettrait de faire une économie considérable sur la dépense des 1 conduits. Enfin, cette eau, quoique chargée de sable i en ce moment, paraît saine et de bonne qualité. Le puits de Grenelle est le plus profond que l’on i connaisse; ceux qu’on citait avant lui n’avaient que ' 175 à 200 mètres, et présentaient par conséquent le phénomène sur une échelle beaucoup moins grande ; une eau venue souterrainement d’une dislance de 200 à 250 kilomètres au moins, jaillissant d’une pro- i fondeur de 550 mètres, marquant une température de 28 degrés, il y a là de quoi frapper l’imagination. Maintenant, après avoir établi que les eaux du puits de Grenelle surgissent des terrains inférieurs à la craie, il reste à chercher d’où elles proviennent, en quels I endroits elles pénètrent dans le sol et commencent leur cours souterrain. Sans doute, dans une formation aussi étendue que celle de la craie, dans cet im- i mense bassin, qui est recouvert au milieu par les ter- I rains tertiaires parisiens, et dont les deux grands dia- i mètres s’étendent de Châtellerault jusqu’en deçà de | Lille, et de Troyes jusqu’au Havre, on ne peut assi- i gner exactement la position des réservoirs extérieurs i qui alimentent ces vastes mers souterraines. Il est ce pendant logique de penser qu’ils doivent être placés dans la partie de la ligne terminale du bassin qui oc- cupe la situation la plus élevée sur le continent. Ainsi, ce serait sur la ligne de superposition du terrain crayeux au terrain arénacé qui longe toute la forma- ! tion jurassique de l’est de la France, c’est-à-dire du | côté delà Champagne, que se feraient ces immenses i infiltrations, qui, après avoir circulé sQuterrainemeni ' sous la craie, iraient ensuite reparaî^e au jour avec les terrains analogues dans l’ouest du la France, où elles donneraient jour à la Toucque, à l’Eure, à l’Orne, à la Mayenne, à la Sarihe, etc. BEVUE HORTICOLE. n iluln 1^41. PLANTE NOUVELLE. Fuchsie a fleurs en Corymbe. Fuchsia corymbi-- flora, R. et P. FL, Péruv. Ce SOUS arbrisseau a été iu- troduit en Angleterre par M. Stendish, pépiniériste, près de Londres, qui en a reçu les graines de Cuzco, auIPérou. On le dit aussi supérieur au que ce dernier Test au mlcrophylla ou à petites fleurs, tant par la hauteur de la plante que par la grandeur, le nonibre infini des fleurs et leur éclat. On dit qu’il ne s’élève pas à moins de 3 mètres, et nous ne serions pas surpris de ce fait en voyant les deux beaux exem- plaires de semis que M. Audot cultive et qui ont déjà atteint 80 centimètres de hauteur, sans montrer en- core de bouton. Une de ses qualités, c’est qu’il paraît devoir ramifier beaucoup sur le montant de la tige, et, par conséquent, former un large et riche buisson. M. Fion et M. Chauvière s’occupent de sa multipli- cation. Aussitôt la floraison, nous en entretiendrons de nouveau nos lecteurs avec plus de connaissance de cause. Echelle a palisser. Cette échelle a été présentée à l’exposition de mars dernier à la Société royale d’Horticulture, par M. Fo- rest, un de ses membres. Deux bras a entrent dans des mortaises b, où ils sont fixés chacun par une che- r O O O O o~ O O * o ° \> ville de fer qui leur permet de se hausser ou de se baisser, selon qu’il y a nécessité de les placer plus haut ou plus bas entre les branches et entre les mailles du treillage. Ce perfectionnement peut s’appliquer à REVUE HORTICOLE. ^9 26 toute échelle dont les montants offrent assez de force pour y pratiquer des mortaises. Tuteur h coulisse de prolongement. Les nombreux amateurs d’œillets qui con- naissent rétablissement Tripet savent que M. Leblanc, associé de cette maison, très zélé et très intelligent cultivateur, met tous ses soins à présenter les plantes de la manière qui convient le mieux pour faire ressortir leurs grâces et leurs richesses, en les plaçant sur des théâtres en menuiserie ou en gazon, et sous des tentes qui les préservent du soleil pendant leur floraison. Il avait déjà adopté l’usage, pour les œillets, de minces tuteurs en fer peints en vert. Voici un nouveau tuteur de son invention, et qui peut s’allonger à mesure que la plante prend de l’extension. Il se compose de 2 trin- gles de fer de 3 millimètres et demi de grosseur, et de 2 millimètres et demi. Deux petites coulisses doubles, I c rf, en fer blanc, dont l’une, d, est fixée à l’extrémité de la tringle «j, et l’autre au bas de la tringle servent à conduire la tringle h, comme on le voit dans la fig. 2, où l’on a fait glisser avec la main cette tringle ^jusqu’en haut. Quand elle est allongée au point nécessité par la longueur de la plante, on tourne avec les doigts les petites coulisses c, et ce Î mouvement suffît pour la faire tenir à cette élévation. La fig. 1^® représente le tuteur dans son état double, sans Fi ü Fier 1 prolongement. La tringle de fer a est 'fichée dans un petit porte-tuteur e, en bois, dont le diamètre plus fort aide à maintenir le tuteur dans la terre. On peut voir de ces tuteurs dans la maison Tripet, boulevard des Capucines, 19. Ils ne coûtent que 20 centimes chaque. REVUE HORTICOLE. 2Y FourrageSy cércaîeSy plantes économiques. CONSOUDE HÉRISSÉE. — Symphitum echinaturn. La grande utilité des fourrages verts du premier prin- temps nous a engagés à faire des essais dans cette vue sur quelques plantes. Parmi elles, en voici deux qui, indépendamment du pastel, nous ont paru offrir assez d’intérêt pour que nous devions en parler. La première est le symphitum echinatumy plante originaire de Russie. Ou se rappelle qu’il y a quel- ques années, une espèce du même genre, le symphi- tum asperrimum^ a été préconisée en Ecosse, peut-être avec exagération. Sa culture ne s’est pas répandue; cependant nous savons qu’elle n’a pas éié abandonnée. L’espèce que nous proposons la remplacerait proba- blement avec avantage. Depuis deux ans que nouscul- tivons l’une et l’autre comparativement, le symphitum echinaturn s>’est montré fort supérieur à son analogue sous le rapport de la précocité et de l’abondance du produit. Il nous a donné en 1840, à la vérité dans une bonne terre de jardin, trois coupes en fleur et une quatrième en feuilles. La masse des deux premières a été telle que jamais nous n’avons vu une pareille pro> duction. Quoique cet essai ait été fait seulement sur quelques raè'res, il nous a donné la conviction que pour la nourriture au vert, depuis la mi-avril jusqu’à la fin de l’été, aucune plante ne peut offrir des res- sources plus abondantes. Les vaches la mangent bien, malgré les aspérités dont ses feuilles sont couvertes, ce qui n’étonnera pas, si l’on se rappelle qu’elles s’ac- commodent également et de la consoude rude, et de notre grande consolide indigène, symphitum offici- nalcy qui ne sont pas moins rudes que celle dont nous parlons. Nous en recommandons l’essai aux amateurs d’ex- périences agricoles. La plante est vivace et seulement dans toute sa force la seconde année. Moutarde des Pyrénées. Sinapis pyrenaïca, La seconde espèce dont nous avons à parler est la mou- tarde des Pyrénées. C’est une plante bisannuelle, qui REVUE HORTICOLE. 28 forme des touffes très garnies de feuilles d’un vert vif, allongées, grandes à peu près comme celles de la chi- corée sauvage. Elle est moins abondante et ne repousse pas en été avec la même vigueur que la consoude hé- rissée, mais elle est encore plus précoce. C’est sous ce point de vue surtout qu’elle nous paraît iutéres- saute à étudier. Nous l’avons semée au printemps, mais nous pensons qu’elle pourrait l’être encore en août et septembre, et acquérir assez de développe- ment pour être de ressource après l’hiver. Louis Vilmorin. Trèfle de Bokhara. Les journaux agricoles anglais ont souvent parlé, depuis 1839, d’un trèfle gigantes- que de Bokhara, qui s’élève à deux et selon quelques- uns à deux mètres et demi. Ce paraît être le mélilot de Sibérie. M. le comte de Gourcy, qui vient de faire en Angleterre un voyage agronomique, dans lequel il a recueilli un grand nombre de renseignements pleins d’intérêt, a bien voulu me donner un échantillon de ce trèfle. C’est un mélilot à fleur blanche ; et quoiqu’un peu altéré par un accident, on peut y reconnaître presque certainement le mélilot de Sibérie; ou bien, ce serait une plante si voisine qu’elle n’en différerait i probablement pas par ses qualités. Louis Vilmorin. Avoine hâtive de Sibérie, Cette variété, qui paraît i fort intéressante, nous a été communiquée par M. P, Lawson d’Edimbourg. Elle est remarquable par la grosseur de ses tiges, ^extrême largeur de ses feuilles f et l’ampleur de ses panicules. Son grain blanc et renflé ] ressemble à celui de l’avoine patate, mais elle est plus i hâtive que celle-ci d’environ quinze jours. Elle nous i paraît très productive, d’après le premier essai que 1 nous en avons fait. Louis Vilmorin. j Blé de Marianapoli, L’année dernière, en rendant j compte de ce froment qui nous avait été donné par M. Reynier, nous avons annoncé que nous en faisions i l’ewssai comme blé d’hiver. Il a très bien résisté, ce quifj nous fait penser qu’il sera franchement hivernal, car la plupart de nos variétés demi-rustiques ont péri REVÜE HORTICOLE. 59 Comme blé de printemps, nous pouvons le recom- mander de nouveau, d’après l’épreuve de 1840 : semé le 16 avril, il a parfaitement mûri, et son grain, rou- I geâtre, peu gros, mais bien nourri, a été de très bonne Ij qualité. Louis Vilmorin. j Orge de Guimalaye, Nous avons reçu de M. Pépin, chef de l’école de botanique du Jardin du Roi, cette variété d’orge nue, qui s’annonce comme fort intéres- santé. Elle appartient, de même que la petite orge nue ou orge céleste, à Vhordeum vulgare^ mais c’est une I variété bien distincte. Son épi est moins blond que I celui de l’orge céleste et plus épais ; son grain plus gros, plus dur, de couleur nerdâtre. Enfin elle est plus ; hâtive d’environ huit jours. Sur pied, son port et sou épi ont exactement l’apparence de ceux de l’orge carrée i de printemps, dont on peut la considérer comme la sous-variété nue. L’orge de Guimalaye a elle-même une sous-variété à grain violet et qui, à cela près, n’en diffère point. Toutes deux sont vigoureuses et nous paraissent, d’après les premiers essais, plus productives que l’orge nue à deux rangs. M. Oitmann, de Strasbourg, vient de signaler, comme très intéressante, une orge nue qu’il a reçue d’Asie sous le nom à'orge de Namto ; les échantillons en épis et en grain que nous en avons vus ne nous laissent pas douter qu’elle ne soit la même que celle de Guimalaye. Louis Vilmorin. Apoo, uruca nwea. Nous avons, en 1839, énoncé, d’après les renseignements transmis au gouvernement par M. Hébert, que les Chinois fabriquaient de très belle toile avec les ûlaments de Yurtica nivea. Nous pouvons aujourd’hui contirmer ce fait d’une manière positive. LecapitaineGeoffroy,dequi nousavons parlé plus haut, nous a donné un coupon de toile d’Apoo qu’il a rapportée de la Chine ; elle a le lustre et le brillant d’une belle batiste, et a paru, en même temps, aux fabricants et aux connaisseurs qui l’ont vue, devoir être très bonne et très durable. La plante a, du reste, fort bien réussi ; M. Reynier l’a multipliée avec les BEVUE HORTICOLE. 30 graines de sa récolte, et, de notre côté, nous en avons élevé, grâce à lui et à un reste des graines de Chine, un certain nombre de plants qui sont fort bien venants. On sera donc bientôt à même de s’assurer par l’expé- rience si la culture de l’Apoo et l’emploi de ses filaments peuvent devenir, en France, l’objet d’une industrie profitable. Vilmorin. Sur la culture du pe-tsai dans le départ^ ment de \ la Sarthe, Un cultivateur du département de la Sarthe paraît I avoir obtenu des résultats très satisfaisants de la cul> I ture du pe-tsai. Ce chou qui, d’abord semé en automne et au printemps, avait refusé de pommer, a été semé de nouveau le 7 août ; tous les pieds, transplantés ou non, ont pommé ; le chou pe tsai a été trouvé supé- rieur, comme aliment, à tous les autres choux. Notre correspondant semble disposé à attribuer cette diffé- rence de résultat, avec la même graine, à ce qu’elle était plus ancienne d’un an, en 1839, qu’à l’époque des premiers semis, toutes les autres circonstances ayant été les mêmes. Nous engageons les horticulteurs à vérifier le fait en renouvelant l’expérience. Le pe-tsai I serait bientôt aussi commun que tous les autres choux, , s’il suffisait, pour le faire pommer, de ne semer que de la graine de deux ans. (^fourn. d'Agrir.prat.^ nM 1, 1841.) Semis du Peronla stricta. Red. Thalia dealbata. Lin. Par M. Rantonnet, pépiniériste à Hyères (Var). Cette plante, mentionnée dans le Bon Jardinier^ est aquatique, et doit être cultivée dans des bassins, en plein air dans le midi de la France, mais en pots plongés dans un baquet et recouverte de deux ou trois pouces d’eau, si c’est dans le nord, où elle doit être rentrée en serre tempérée. Elle perd ses feuilles en novembre et repousse avec vigueur en avril. — Les individus cultivés à Hyères par M. Rantonnet, qui s’occupe de la multiplication de cette plante, ayant BEVUE HORTICOLE. 31 j donné des graines, il les a semées dans des pots sans ouvertures, afin de conserver l’humidité, et à deux pouces de profondeur. Ces graines se récoltent au mois d’août, quelques jours avant la parfaite maturité, se sèment de suite et lèvent au printemps, après avoir été rentrées en serre tempérée ou orangerie. — Le peronia stricta est remarquable par son beau feuillage et par ses grappes de fleurs cramoisi sombre. De la Grise et des moyens à employer pour en préserver les végétaux, '\ La maladie que nous nous proposons de signaler et d’étudier nous amène nécessairement à parler des insectes qui la prod uisent. Ils appartiennent à la famille des Arachnides Holèîres, tribu des Acarides ; petits animaux presque microscopiques que l’on trouve par- I tout, sous les pierres, les écorces d’arbres, dans la ! terre, sur les animaux soit morts, soit vivants ; ils sont I ovipares et multiplient beaucoup. On les a longtemps I réunis sous les noms de Mites, Cirons, Tiques, etc. Mais Latreille, dans son Règne animal^ en a fait et proposé des divisions ou tribus qui ont été adoptées ; I celle des Acarides, ayant pour type le genre Acarus^ doit seule nous occuper ici. Personne n’ignore, les personnes du moins qui s’intéressent aux progrès des sciences et suivent les développements de l’esprit humain dans ses excursions aventureuses, qu’il est présentement bien constaté que dans les ulcères de la gale, soit chez l’homme, soit chez le cheval, il se trouve un petit animal vivant : c’est l’acarus ; mais cela ne veut pas dire qu’il produise l’ulcère ainsi que quelques naturalistes l’ont affirmé, puisque M. Raspail a récem- ment prouvé que les ulcères existent quelquefois sans cet insecte. On a encore accusé ces créations du dernier ordre d’être la cause première des épidémies et d’en- gendrer beaucoup d’autres maladies ; heureusement rien ne justifie ces accusations qui sont probablement erronées. Ce qu’il y a de certain, c’est que ces insectes se rencontrent fréquemment dans les substances ali- REVUE HORTICOLE. 32 mentaîres qui commencent à éprouver quelques dété- riorations ; les objets conservés dans les collections d’histoire naturelle sont attaqués par les acarus *, la farine, le fromage nourrissent celui que Fabricius a désigné sous le nom à' Acarus scabiei. Enfin, le célèbre botaniste Turpin, cet habile observateur dont les ! sciences naturelles déplorent la perte et auquel la ville I de Vire (Calvados) s’enorgueillit d’avoir donné le i jour, a remarqué que les petites gales corniculées que ) l’on voit sur les feuilles des tilleuls étaient produites par une espèce d’acarus remarquable par la forme allongée de son corps et par ses quatre pattes posté- rieures. Examinons maintenant la maladie des plantes, et i spécialement celle du pêcher, que nous savons être produite par un insecte de la famille de ceux dont nous venons de parler et qui a été décrit par Linnée sous le nom ^'Acarus telanus. Il vit en familles nom- breuses sur les arbres, les plantes économiques et d’agrément ; parmi ces dernières il semble préférer les beaux genre dahlia et rosier ; parmi les autres, les cücurbitacées et notamment le melon , les légumi- neuses et particulièrement le haricot. Quant aux arbres forestiers, ils ne sont pas plus exempts de ses ravages que les modestes plantes de nos potagers et de nos parterres ; il paraît même avoir pour leur cime élevée une certaine préférence ; nous avons vu un tilleul ordinaire sur lequel il était tellement multiplié qu’à une distance de quelques mètres l’observateur le plus érudit n’aurait pas reconnu dans cet être gangréné le Tiha platyphyllos de Ventenat. Mais c’est sur le pêcher qu’il exerce ses ravages les plus terribles et les plus déplorables ; non-seulement il ronge le parenchyme des feuilles, les fait tomber spontanément, mais il les couvre si uniformément qu’on pourrait croire qu’une poussière blanchâtre a été répandue dessus. Cette teinte poudreuse que prennent les feuilles est enlacée de filaments semblables à des fils d’araignées^ ce qui a fait désigner ainsi cette maladie par quelques jar- diniers ; mais elle est plus généralement connue sous RÊTUE HORTICOLE. 33 celui de Grise» C’est particulièrement dans les années sèches que l’on déplore ses effets et qu’il faut lutter contre ses progrès envahissants. Nous l’avons étudiée à Caen pendant les années 1834-35 ; nous avons suivi nos observations dans cette ville et les environs jus- qu’au mois d’août de l’année dernière, que cette ma- ladie s’était développée dans certaines localités d’une manière effrayante. Un grand nombre de pêchers per- dirent la presque totalité de leurs feuilles, d’où il résulta une diminution très sensible dans le nombre des fruits ; ceux qui résistèrent au fléau furent petits et de mauvaise qualité ; les bourgeons mal développés, garnis d’yeux éteints, n’ont pas permis d’asseoir con- venablement la taille postérieure, et les arbres porteront pendant longtemps, toujours peut-être, les traces de ce grave accident. Ayant visité, au mois de septembre dernier, plu- sieurs localités des environs de Paris, et notamment le village de Montreuil si célèbre pour ses pêches, nous vîmes que l’acarus existait à Paris comme en Norman die. Nous remarquâmes aussi que les pêchers qui avaient pour voisins les plantes signalées plus haut, étaient préférablement affectés, ce qui ne vient pas à l’appui de l’opinion de ceux qui, dans une autre cir- constance, ont eu la bonhomie de conseiller de planter des fèves sous les pommiers, prétendant que le puceron abandonnerait ces derniers pour se jeter sur les pre- mières qu’il affectionne davantage. Quant à nous, nous savons par nos propres expériences que si l’on veut empoisonner une pépinière de pucerons lanigères, c’est d’y semer des fèves. Voulant prévenir ou arrêter les dégâts de l’acarus sur le pêcher, nous avons fait usage d’une foule de procédés, d’injections diverses, de fumigations, et nous avons reconnu que le plus simple, le seul infaillible, était un arrosement fait le soir et répété souvent avec une pompe à jet ou une seringue percée de trous multipliés, afin d’étendre les eaux en forme de pluie et de les pousser avec force sur le feuillage attaqué. La fraîcheur produite par cet arrosement éloigne et 2. REVUE HORTICOLE. 34 contrarie l’insecte, active la végétation , et préserve une récolte des dévastations auxquelles Texposerait une négligence blâmable ou une paresse insoucieuse. Dès 1835, dans le Journal de la ISorrnandie^ et l’an- née dernière encore dans X Indicateur de Bayeuxy à l’occasion d’une autre maladie produite par un parasite qui paraît affectionner le feuillage du poirier, nous avons signalé les bons effetsde l’arrosement des parties aériennes des arbres fruitiers ; nous le recommandons de nouveau et avec plus d’insistance à ceux sous les yeux desquels cette notice parviendra. Victor Paquet, de Tour^piès Bayeux. Conservation des haricots verts. Nous lisons dans un journal que l’on conserve pas- faitement les haricots verts avec toute leur qualité en les plaçant dans un tonneau défoncé, après les avoir | effilés, et les recouvrant d’eau que l’on change tous les | dix jours en la faisant écouler par un robinet. j Réparation des robinets qui laissent échapper Veau. Si OC a un robinet dont l’eau coule lorsqu’il est fermé, on enlève la clef, on trace avec une lime au-dessus et au dessous de l’ouverture carrée qui donne passage au liquide un sillon ou gorge de 3 à 6 millim. de largeur, selon la grandeur du robinet et la place disponible, et de 2 à 4 millim. de profondeur ; on remplit cette gorge de filasse ou de gomme élastique, que l’on change quand cela est nécessaire, et qui intercepte toute fuite de liquide. On aura soin de rendre très raboteux le fond de la gorge pour empêcher la filasse de tourner. I Huile de Hannetons. I Une expérience bien intéressante pour tous ceux qui s’occupent d’agriculture vient, dit le Journal de I V arrondissement du Havre à* èiVQXdïllèe Bréar, : maire d’Harfleur et propriétaire d’une fabrique d’huile | à Gonfreville-rOrcher. Ce fabricant a acheté à raison i REVUE HORTICOLE. 35 de 1 fr. l’heclolitre tous les hannetons que l’on a pu recueillir. Après en avoir reçu une certaine quantité, M. Bréar a opéré sur dix-sept hectolitres; il a obtenu : de très bonne huile à brûler, d’une belle couleur ; orange et donnant une belle flamme claire. Sociétés cVhorticultn re . Les membres de la Société royale d’horticulture DE Paris se proposent de faire, du 20 au 30 septembre prochain, une exposition de produits de nos jardins. La Société d’horticulture du département de LA Gironde a fait le 10 mars dernier à Bordeaux sa première exposition, composée principalement de ca- inellia. Le grand nombre de personnes qui se sont portées I pour jouir de cette exposition fait espérer dans ce pays i des progrès dans un art dont le goût se répand tous j les jours de plus en plus. Des récompenses ont été dis- tribuées, et nous remarquons parmi les lauréats MM. Nath, Johnston, Baignol, Gérandaîné,M. Guey- raud, L. Jarry, Baour, Verbois, R. Vignes, Bourgès, Alvarès, Tourès, Lagrange, Crespy père. La Société a fait distribuer le programme d’un prixde 500 fr. qu’elle propose pour être décerné en automne 1842 à un ma- nue.L cC horticulture appliqué au département de ta Gi- ronde, Elle ne pouvait donner une meilleure preuve de son zèle, mais il est difflcile de croire qu’un ou- vrage aussi important puisse être composé et impri- mé eu si peu de temps. Non moins zélée, la Société d’horticulture nan- taise a eu une exposition florale le 80 mai dernier. Celle ci n’est pointa son coup d’essai, et nous avons eu déjà l’occasion de signaler le nom de M. Ch. Me- linet, amateur distingué, qui a présenté de beaux pal- miers et d’autres plantes rares. La Société d’Horticulture de Versailles a eu aussi, le 28 mars, uneexposition peu nombreuse, mais assez brillante eu Camellia, Azaléa, Rhododendron et Amaryllis. 36 REVUE HORTICOLE. Établissements horticoles, M. Rantonnet, pépiniériste à Hyères, près Toulon (Var), a fait imprimer une nouvelle Notice de plantes de ses cultures. — On y remarque toujours cette mul- tiplication facile, et en nombre, des végétaux deserre qui abondent chez lui en pleine terre, tandis qu’ail- leurs on les produit souvent un à un ; aussi M. Ran- tonnet est il le fournisseur d’Alger et de Tltalie, comme il l’est d’une partie de la France, Juillet 1841, PLANTES NOUVELLES. Campanula grandis. Plante envoyée, il y a deux ans, de Saint-Pétersbourg au Jardin des Plantes de Paris, sans indiquer sa patrie. Herbacée, vivace; tiges de 6 à 10, droites, hautes de 1 mètre et plus, glabres; feuilles lancéolées pointues, légères, dentées, luisantes; fleurs nombreuses, largement campanulées, de 4 cen- timètres, 2 ou 3 ensemble, et couvrant la moitié ou les deux tiers de la tige. Si celte plante, dit M. Poi- reau, grène dans notre pays, elle deviendra l’un des plus beaux ornements de nos parterres en mai et juin. Il n’en existe encore qu’au Jardin des Plantes, et 2 pieds seulement. Fachsiay variétés hybrides. Avant i’introduction du Fuchsia fulgens (voy. Revue horticole^ tome IV, 123 et 205 ), on obtenait des variétés trop ressemblan • tes entre elles. Le F, fulgensyen fécondant ces varié- tés, en a produit de beaucoup plus belles, dont nous avons remarqué avec plaisir une collection assez nom- breuse à Versailles, chez M. Salter, avenue de Picar die. Nous citerons entre autres le Globosa superba, ressemblant beaucoup au fulgensy et tenant du co- rymbiflora par ses longues grappes de fleurs nom- breuses et éclatantes. Lq Floribunda innova) est cou- vert de fleurs de beaucoup d’effet. M. Salter a une REVUE HORTICOLE. 37 var. pyramidalis ^ plus petite, doQt les divisious du calice se relèvent d'une manière gracieuse et rappel- lent les ornements chinois. Mais celte forme sera-t- constante? Ipomea Learii, Ipomée de Lear. Cette plante vi- vace, grimpante, originaire de Ceylan, ressemble à y Ipomea ruhro-cœrulea^ très belle plante de serre chaude. Celle-ci est de serre tempérée, et même on croit qu’elle pourrait se conserver à la température d’une serre ou orangerie tenue Thiver toujours au moins au-dessus de zéro. Toutes les parties de VI. ruhro-cœrulea sont glabres, et les jeunes tiges de TL Learii sont couvertes de poils dressés; le premier a des feuilles entières, et celles du second sont souvent irrégulièrement divisées, les segments calicinaux plus longs, les fleurs disposées plus régulièrement. Les j fleurs de celui-ci sont plus grandes, et d’un bleu vio- lacé très éclatant, avec 5 larges raies carmin partant du centre jusqu’à l’extrémité de la corolle. Elles sont d’une telle abondance que la plante, introduite en Angleterre en 1839, donnait déjà en juillet 1840, chez M. Knight, àChelsea, 500 fleurs. M. Salter, horticul- teur-fleuriste, avenue de Picardie, à Versailles, chez qui nous l’avons vu en fleur, et en pleine multiplica- tion, nous a assuré qu’elle en avait donné depuis ce temps chez M. Knight l’immense quantité de 53,000. Qu’on juge de l’éclat d’une telle guirlande de fleurs campanulées de 8 à 10 centimètres de diamètre ! Nous l’avons vu aussi en multiplication chez M. Fion, rue des Trois-Couronnes, à Paris, à côté du magnifique camellia Presley's Victoria et du riche Fuchsia co- rymbiflora. La serre chaude humide la fera fleurir plus abondamment dans les mois d’été ; mais elle fleu- rira aussi dans une serre tempérée très éclairée, en pleine terre de bruyère, où elle aime à étendre ses racines sans qu’elles soient aucunement gênées. Il est vraisemblable que l’on obtiendra des graines en serre chaude. La multiplication, en attendant, a lieu par boutures prises sur les jeunes pousses et par les pousses surabondantes arrachées au pied. Chez M. Knight, les REVUE HORTICOLE. 38 liges ont déjà atteint 10 mètres et plus de longueur. Nous lisons dans un journal anglais [the FloncuUurai «qu'il est hors de doute que la plante attein- drait une grande perfection, placée au midi au pied d’un mur, en situation chaude et abritée, durant la dernière période de Tannée. » Chicorée panachée. Une erreur s’est glissée dans Tarticle Chicorée pa- nachée 19, mai 1841). Quand on veut la faire blanchir, on la met entière avec sa racine dans le fu- mier. La racine ne doit être coupée et pelée que lors- qu’on veut préparer la plante pour la cuisine. Thé indigène, M. ^îaffaret écrit à TAcadémie que dans la partie du Midi qu’il habite il a découvert dans les bois un arbre dont les feuilles prises en infusion lui ont donné une boisson aussi agréable que le thé et avec des pro- priétés analogues et même semblables. Encouragé par ce résultat, il en a en voyé quelques livres à des mar- chands de Paris, qui ont, dit-il, trouvé ce thé fort bon et lui en ont redemandé. Aujourd’hui il en adresse un paquet à l’Académie. M. de Jussieu, en examinant les feuilles, les a reconnues pour appartenir pla- nera crenata, genre de plante que Michaud a impor- tée de l’Amérique septentrionale sous le nom de pla^ nera ulmoïdes. Cet arbre, voisin des ormes, croît en pleine terre dans notre climat ; il y en a plusieurs pieds dans le jardin du Muséum. L’arbre, d’un beau vert, a Técorce très lisse; il se greffe très aisément sur Torme. On dit que le thé de la Chine a très bien réussi on Algérie, qu’il y a fleuri et donné de bonnes graines. Destruction de la pyrale. On trouve dans un arrêté de M. le préfet du Rhône Tindication suivante : « La pyrale dépose ses œufs du au 20 juillet en- KEVUE HORTICOLE. 39 viron, sauf les circonstances d’exposition des vignes et de température qui pourraient avancer de quelques jours ou retarder la ponte. C’est alors qu’il convient de procéder à un soigneux échenillage. Les œufs de la pyralesont placés sur la côte lisse de la feuille de vigne. On les reconnaît facilement à la couleur verdâtre du nid, qui ressemble à une goutte de cire irrégulière- ment arrondie, de la dimension de 25 millimètres. 14- faut, après avoir constaté la présence de ce nid, arra- cher la feuille sur laquelle il repose, et l’arracher avec soin, ou, cequi est beaucoup plus sûr, la brûler. Pour éviter que des chenilles déjà écloses tombent au mo- ment de la cueillette et échappent ainsi à la destruc- tion, on conseille de mettre la feuille dans des sacs de toile serrée dont on livre ensuite, hors de la vigne, tout le contenu à une combustion prompte et active. « L’intervalle entre la ponte et l’éclosion est de dix jours environ. Après ce temps, le nid prend une teinte grisâtre, puis se couvre d’une foule de petits points noirs; ces points sont les têtes des pyrales, qui dès lors se trouvent à l’état d’éclosion. Eu peu d’heures, à partir de ce moment, ces insectes se répandent sur la plante. Lne fois dispersés, il est trop tard pour les détruire, et l’échenillage devient superflu. 11 est donc de la plus haute importance de procéder à cette opé- ration sans interruption et avec ensemble. U La ponte et l’éclosion n’ayant pas lieu pour toutes les pyrales et pour tous les nids à la fois, on fera pru- demment de passer à plusieurs reprises dans la même vigne. Par la même raison, on ne devrait pas renon- cer à l’échenillage pour avoir trouvé dans une vigne des pontes écloses ou près d’éclore. A côté de quelques ceps déjà envahis par l’insecte, il s’en trouvera d’au- tres où les œufs seront encore entiers. Le travail ne serait abandonné comme inutile que si l’éclosion pa- raissait générale, ce que l’on reconnaîtrait à la couleur blanchâtre de tous les nids. Un autre moyen de dé- truire la pyrale consiste à disperser dans les vignes, ou aux alentours, de petits feux clairs entretenus ou par de nœnu bois, ou même simplement par la mèche REVÜB HORTICOLE. 40 des lampes à l’usage de la campagne. Le papillon de la pyrale se porte avec vivacité sur ces flammes, et s’y brûle ou tombe dans des vases garnis d’huile que l’on a soin de placer auprès des feux. Toutefois ce moyen n’est conseillé que très secondairement. Il n’a pas pour résultat une assez grande destruction d’insectes. D’ailleurs, pour être efficace, il faudrait qu’il fût em- ployé simultanément sur une très grande étendue de terrain ; autrement, le propriétaire qui l’emploie seul attire autant de papillons des vignes voisines qu’il en détruit sur la sienne propre. « Dans une autre saison, c’est-à-dire au commen- cement et à la fin de mai, on peut combattre la pyrale en l’écrasant sous les doigts, soit dans l’extrémité du jet de la vigne, soit dans la feuille qui, attaquée par l’insecte, se contracte, se roule et jaunit. En ce mo- ment, cet insecte dévastateur ne peut plus être pour- suivi avec avantage que dans son papillon et surtout dans ses œufs par les procédés qui sont indiqués plus haut. Delà ^rise du Pêcher, — |(^oy. p. 31 de ce volume.) Page 34, à la suite des moyens employés pour pré- venir les ravages de la ^rise^ un paragraphe ayant éîé oublié, la partie essentielle de l’article n’a pas été pu- bliée; nous la rétablissons ici : Disons cependant que si l’arrosement peut prévenir la maladie, il ne nous a pas toujours paru suffisant pour la faire disparaître lorsqu’elle était arrivée à son apogée. Dans ce cas nous avons fait usage, avec un plein succès, de suie fraîche, jetée après l’arrosement sur les parties les plus affectées de l’arbre, et de ma- nière à n’y former qu’une poussière épaisse dont la présence, et sans doute l’odeur, purge complètement le feuillage de la lèpre qui le rongeait. En 1835, un voisin à nous, brave artisan, qui possédait un petit jardin dans lequel il avait fait planter quelques pê- chers dont il suivait les progrès avec une véritable REVUE HORTICOLEé 4( admiration, remarqua, vers la mi-juillet, que ses ar- bres blanchissaient (ce fut son expression), que leur végétation s’altérait, en un mot qu’ils étaient souf- frants, sans toutefois en soupçonner la cause, mais non sans éprouver une vive inquiétude, tant il était attaché à ses chers pêchers. Il nous pria d’examiner ses arbres, sur lesquels nous constatâmes la présence d’une grise dans toute l’acception du mot. Nous lui conseillâmes de les arroser fréquemment, ce qu’il fil, à défaut de pompe, avec un arrosoir. Ses succès pa- raissaient fort incertains, lorsqu’un soir, assistant à son immersion, nous vîmes un tas de suie qui avait été déposé là le matin même; nous en répandîmes un peu sur les branches les plus malades; deux ou trois jours après, nous remarquâmes que la matière pulvé- rulente que nous sommes convenus d’appeler grise se levait par petites plaques assez semblables à ces naau- vaises peintures que le soleil et la sécheresse font écail- ler. La suie fut pendant 4 jours le complément in- dispensable de l’opération. Au bout de 10 ou 12 jours Yacarus telarius n’exisîait plus que sur un quatrième arbre (car il n’y en avait que quatre) qui avait été laissé à dessein, et qui guérit aussi promptement que les autres dès qu’il fut soumis au même traitement. VicT. Paquet. Sur les moyens de préserver les récoltes de la grêle. (Voy. Revue horticole^ tome IV, p. 229, août 1839.) Nous avons puisé la note suivante dans un article deM. le baron Crud, juin 1841 , du Journal d'AgricuU ture pratique : « Le moyen proposé par M. Arago pour préserver les récoltes de la grêle l’a été par le professeur Orioli de Bologne il y a 12 à 15 ans, mais en forme de doute. Il me paraîtrait difficile de faire usage de ce moyen ; les vents, qui d’ordinaire accompagnent les orages, chasseraient devant eux les aérostats que M. Arago propose d’employer. Je croirais bien plus sûrement avantageuses de hautes perches armées de conduc** REVUE HORTICOLE. 42 leurs raétalliques, placées, à de faibles distances, sur les hauteurs. J’ai eu recours à ce moyen sur une vaste étendue et, en apparence, avec succès ; mais mes per- ches s’étant pourries au pied et étant tombées, je ne leur en ai pas fait succéder d’autres : 1" parce que j’aurais trouvé difficilement à en acheter de mélèze, qui seules eussent résisté longtemps ; 2° parce que l’on me dérobait constamment les conducteurs, lesquels étaient en fil de cuivre; 3® parce que, alors, les phy- siciens semblaient se réunir pour soutenir l’inutilité de ce moyen ; et 4® parce que cette opinion semblait alors accréditée par le malheur de Padoue, qui, bien que couverte d’une infinité de pointes métalliques et de paratonnerres, fut sa(3cagée, et eut toutes ses tuiles brisées par une affreuse grêle. ♦» La Saint-Médard et les plaies de 1841. Un journal publie la note suivante, communiquée par un membre de l’Académie des Sciences : « La saison pluvieuse, dont nous éprouvons cette année les effets, fait le sujet de toutes les conversa- tions, dans lesquelles la Saint-Médard et ses 40 jours plus tard viennent souvent prendre leur place. Sans doute ce n’est pas à Saint-Médard que nous devons nous en prendre ; mais généralement on oublie trop sa coïncidence avec l’époque de l’année où le soleil est au plus haut point. Le 8 juin, jour de celte fête pa- tronale, le soleil se lève à 3 heures 59 minutes, et ne se couche qu’à 7 heures 58 minutes. Au 18 juillet, jour actuel, qui complète la série traditionnelle de 40 jours, le soleil se lève à 4 heures 17 minutes et se cou- che à 7 heures 54 minutes. « Il est d’observation constante que quand la tem- pérature est sèche vers la première de ces deux épo- ques, elle continue de l’être jusqu’à la canicule (23 juillet), et, au contraire, si la saison est pluvieuse vers le 8 juin^ elle continue de l’être jusque vers la fin de juillet, par la raison que les eaux de pluie à peine tombées sur la terresont vaporisées par l’action de la REVUE HORTICOLE. 43 chaleur solaire , remouteot dans l’atinosphère sous forme de nuages, retombent tout aussitôt en pluie, et continuent ce jeu, qui n’a rien de gai pour nous, jus- qu’à ce que le soleil commence à décliner, en d’autres termes, à se lever un peu moins tôt, et à se coucher un peu moins tard. Ceux qui font intervenir la Saint- Médard dans cette affaire n’ont donc pas tort autant qu’on l’imagine ^ il s’agit seulement de s’expliquer, chose qu’ils négligent communément, et pour cause î « Au surplus, la raison que nous venons de donner n’explique pas tout. Elle n’expiique pas la continuité accidenlelle des pluies à telle ou telle autre époque de l’année , non plus que la continuité accidentelle des vents du sud ou de l’ouest qui nous amènent, quand il leur plaît, des températures pluvieuses. La science ne peut admettre ces explications partielles, telles que celles basées sur les îles de glace détachées des mers polaires et apportant avec elles le froid et l’humidité jusqu’à une latitude où elles n’arrivent pas ordinai- rement; telles encore que celles qui résultent du re- dressement progressif de l’écliptique; la science, di- sons-nous, ne peut admettre ces explications partielles que pour leur quote-part dans l’accomplissement des grands phénomènes de la nature, »» Société d horticulture , — La Société royale d’horticulture de Paris pro- pose pour cette année une seconde exposition du 29 septembre au 3 octobre, dans l’orangerie du Luxem- bourg.— Le programme offre des différences avec celui des expositions précédentes, et nous engageons à le consulter les amateurs et horticulteurs qui dési- rent envoyer leurs produits. 11 se distribue chez M. Gas- sin, rue Taranne, 12. Une condition essentielle oblige à remettre au plus tard le 28 avant midi les plantes qui devront concourir, afin que le jury puisse les juger avant l’exposition ; il résultera de l’adoption de ce mode, usité en Belgique, l’exécution de l’article suivant, qui nous semble très important pour l’en- couragement qui doit en résulter. REVUE HORTICOLE. Art. 7. A mesure que le jury accordera un prix ou une mention honorable à une collection, les commis- saires placeront au milieu de celte collection une grande étiquette contenant les noms, qualité et de- meure de l’exposant, ainsi que le titre de la distinc- tion que sa collection aura obtenue. — La Société d’horticulture d’ÜRLÉANS , dont la création date de 4 années, a présenté, dans sa troi- sième exposition, du 6 au I 3 juin dernier, 600 plan- tes, parmi lesquelles on a vu figurer un grand nombre de Pélargonium^ des rosiers, des conifères des pépi- nières de MM. Levacher, Bruzeau et fils, et une suite intéressante de plantes nouvelles ou peu communes. Le nombre d’exposants était seulement de 17, ce qui prouve que presque partout, si le nombre des ama- teurs et des visiteurs est grand, il se réduit beaucoup quand il s’agit de s’occuper d’une exposition, de pré- parer des plantes et de les transporter. Aussi appre- nons-nous avec satisfaction que quelques sociétaires plus zélés stimulent activement, par leur exemple et par des encouragements, ceux qui peuvent être rete- nus par l’hésitation ou par la paresse. Néanmoins il est à remarquer que depuis la création de la société le nombre desamateurs aaugmenté, et l^on s’en aper- çoit par les nombreuses constructions de serres et par l’amélioration dans les procédés de la culture. — Des médailles ont été distribuées à MM. Edouard Desfossés, Desmadières-Miron, Porcher, Th. Grangé, Hénault père, et à madame veuve Levacher. — Nous recevons seulement à présent les rapports imprimés par la Société d’horticulture de Caen, don- nant le détail de ses expositions de 1840. Quarante membres ont donné preuve de leur goût pour l’hor- ticulture en formant cette société, parmi lesquels la moitié d’entre eux ont exposé plus de 1500 plantes, y compris de nombreuses variétés de Dahlia cultivés en pots ^ et sans compter une grande quantité de fleurs coupées. M. Gustave Thierry, horticulteur mar- chand, avait exposé à lui seul environ 400 plantes, parmi lesquelles une collection nombreuse de plantes REVUE HORTICOLE. 45 grasses. — Nous remarquons dans le règlement de la société l’article suivant, qui nous semble devoir être imité par les autres sociétés, et particulièrement par celle de Paris, qui donne toujours invariablement la mention honorable ou la médaille d’argent. Les horticulteurs qui auront obtenu la médaille d’argent et cinq rappels de cette médaille recevront une médaille d’or ; après le premier rappel de celle-ci, le lauréat sera de droit membre honoraire. — Ceux qui auront obtenu la médaille de bronze auront droit, après le cinquième rappel, à une médaille d’argent. Enfin, la médaille de bronze sera décernée à la sixième mention honorable. »> Nota, La Société fait observer que, par ces dispositions, le rappel de médaille donne au lauréat un titre plus élevé que la médaille même. La même Société a annoncé pour le 15 juillet der- nier une nouvelle exposition. La 65® exposition de la Société de Gand a eu lieu le 20 juin dernier. Son catalogue forme un véritable volume et contient 1979 plantes fournies par près de 300 exposants, au premier rang desquels on voit tou- jours, parmi les amateurs, M. le chevalier Heinde- rycx, et, dans le commerce des plantes , MM. Ver- leeuwen fils, M. van Geert père et la famille Verschaf- felt, au milieu de laquelle on distingue M. Alexandre Verschaffelt fils. — La liste des lauréats est la répéti- tion de ces noms auxquels il faut ajouter MM. Nooy et M. L. Lordez. — Il y a eu 1 médaille en or, 7 en argent, 5 en bronze et 10 mentions honorables. Nous donnons ici une liste des plantes remarquables nouvellement introduites (\\x\ ont concouru. Plantes envoyées par M, ^an Geert père. Introduite en. 1840. Zichya Iricolor. 1840. Poinciana regia. 1839. Cytisus filipes. 1839. Grevillea ferruginea. 1840, Epacris carnumbrata. 4i REVUE HORTICOLE. 1840. Rhododendron arboreum Roylii. 1840. Gloxinia rubra. 1839. Hibiscus muUifidus. 1840. Chcrozema macropetala. 1840. — spectabilis. 1840. — elegans. 1840. — rotuûdifolia. 1839. Glycine Backhousiana. 1840. Verbeiia Uendersonii, 1840. Salviu (ubifera. 1840, Ipomea Learii. 1840. — physiantlïifolia. 1840. — smbacifolia,^ 1840. Correa grandiflora. 1840. — Lindleyana. 1840, — rosea. 1839. Calceolaria Victoria. 1840. Epipyllum truncaîum piirpureum. 1840. Fuchsia corymbiflora. 1840. — Chandlerii. Plantes envoyées par M. Alex, Verschaffelt fils Iiitroduite en. 1840. Chorozema hncifolia. 1840. Kennedia pannosa Zichya. 1840. Cosinelia nobiliana. 1839. Podo'.obium trilobatum variegatum. 1840. Correa ampulacea. Anigozanihos Manglesii. 1841. Daviesia physoides. 1840. Fuchsia Standishii. 1840. Pirnelea speclabilis. 1841. Lomaîia splendens. 1840. Grevillea Tlielemannii. 1840. Pronaya elegans, sp. nova. 1840. Volkarneria rubra simplex. 1840. Fuchsia corymbiflora. 1840. Acacia patyplera. 1841. Epacris lævigala, 1839. Eriostemon myoporoides. 1841. Boronia aiiemonifolia. 1840. Lechenauliia biloba. 1841. Mirbelia floribimda. 1841. Ipomea ficifolia. Pliiliberîia gracilis. 1839. Diplolæna Dampieri. 1841. Xylübium obovalum. 1841. Ipomea Thyriamhina. REVUE HORTICOLE. 4T Plantes envoyées par M. A, 'van Geert fils* Celte collection a particulièrement attiré l’attention des membres du jury. Araucaria Brasiliana. — Cunninghamii. — excelsa. — imbricata. Pinus Brutea. — Gerardii. — — Fraserii. — — Morinda. — — nigra. — — picta. — — picea tortuosa. — insignis. — longifolia. — Lucombiana. Plantes envoyées par Ilex japonica latifolia. — crassifolia. — latifolia serrata. Pimelea nivea. Xanthosia rotundifolia. Grevillea Thelemannii. — Cunninghamii. Acacia citrophylla. Correa Cavendishii. — Grevillii Kennedia Slerlingii. Chorozema variiim. Amphicoma argnta. Pinus mitis. — pumilio. — palustris. — laurica. — uncinata. — Canariensis. — — spectabilis. — — Smithii. — cedrus deodora. — abies Canadensis. — — Clanbrasiliana. — — Douglasi. — — excelsa foliis va- rieg. M. P, Verleuwen fils, Scyphocamphylus spicata. Vibnrnum Awafiekii. Cosmelia species nov. Pimelea, white scarlet Broug» bam. Podolobium trilobalum. Urtica japonica. Erioslemon buxifolium. Kennedia Marryaltæ. — pannosa. Mimulus guttarianus. Cobæa slipularis. Slachys speciosa. — Le tirage des 120 exemplaires du célèbre Ca- mellia Freslefs Victoria * a eu lieu à Gand le 24 juin. Les souscripteurs étaient de toutes les parties de l’Eu- rope. Les amateurs de Paris qui , à notre connais- sance, en ont eu sont M. l’abbé Berlèse et M. Audot, et les horticulteurs MM. Fion, rue des Trois-Cou- ronnes, 14 ; Gels, Chaussée-du-Maine ; Rifkogel, rue de Vaugirard, 125; et Soulauge, à Ris. (1) Le plus beau de tous les Camellia, (Voyez la Bevue hor» jkole^ mai dernier, page 20.) 48 REVUE HORTICOLE. Août 1$41. PLANTES NOUVELLES. Pentsîemon Murrayanum^ HooK ; de San-Felipe, au Texas ; vivace, introduite en 1825 en Angleterre, tiges de 50 centim., feuilles caulinaires ovales lan- céolées, glauques; en juin. Un admirable épi de plus , de 100 fleurs, de 15 à 20 à chaque verticille, et de 5 à j 6 centim. de longueur grosses comme le doigt, rouge- , cocciné vif. De pleine terre légère, multiplication | difficile par la séparation des pieds. i Penistemon Cobœa^ Nutt; de l’intérieur du Texas; liges droites de 50 centim., feuilles de 12 à 15 centim , , épaisses, pointues, penchées vers la terre; en juin, j panicule de 80 fleurs terminales, grosses comme le , pouce et longues de 5 à 6 centim., couleur de chair, ^ striées de carmin. De pleine terre légère, multiplication de semences. ^ Paulownia imperialis ^ Sieboldt. Il y a sept ans, M. Neumann reçut deux graines inconnues, envoyées j du Japon ; une seule a levé. Cultivé pendant trois ans en serre chaude et tempérée, le jeune plant ne pro- ^ filait pas ; M. Neumann essaya de le mettre en pleine terre, à l’air libre, où il végète depuis quatre ans ! avec une vigueur extraordinaire. Ses feuilles sont les plus grandes de tous les arbres qui peuvent vivre sur f le sol de la France : il supporte parfaitement la ! rigueur de nos hivers et on le multiplie aisément par , ses racines. Ses fleurs sont disposées au sommet des rameaux à peu près comme celles du Catalpa ; mais, au lieu d’être blanches et ponctuées de rouge, elles sont mordorées. Sa hauteur présumée est de 13 à 14 mètres : sou bois paraît être de la nature de celui du Catalpa, Lohelia ignea, HoRT ; plante vivace, produisant ^ plusieurs tiges droites, simples, d’un brun noirâtre, ^ anguleuses, glabres, de 1 mètre 50 centim. à 2 mètres ; REVUE HORTICOLE. 49 fouilles radicales et caulinaires lancéolées linéaires, sessiles, à peine denticulées, acuminées, glabres, d’un vert foncé en dessus, d’un brun noirâtre comme la lige en dessous, longues de 16 centimètres, étalées et arquées en dessous. Fleurs en longue grappe unilalé- raie et terminale, alternes, portées sur des pédoncules érigés, de 3 à 5 centim., rouge-feu éclatant ; la lèvre inférieure trilobée, plane, large de 3 centim., et les deux divisions formant la lèvre supérieure lancéolées, relevées et droites; tube des étamines rouge comme la corolle, et anthères grises. Cette plante de pleine terre, encore toute nouvelle à Paris, a fleuri au Jar- din des Plantes pendant tout le mois d’août. C’est une magnifique acquisition. Clematis rnuntana Ham. 6*. anemnriœjlora^ Don., Wallich. Des monts Himalaya, à 2,000 mètres. Plante ligneuse, rameuse, grimpante, et qui paraît devoir s’élever à une grande hauteur ; liges et jeunes ra- meaux glabres; feuilles opposées, à folioles ternées caduques ; le pétiole se contourne pour s’accrocher aux corps voisins ; folioles de 6 centimètres, ovales en pointes et dentées; en mai, fleurs simples, nombreu- ses, sur les pousses de l’année et de l’année précé- dente, blanches, planes, de 75 centimètres de diamè- tre, à odeur agréable, et de l’aspect de celles de V Ané- mone syivestris. Elle n’a pas encore fructifié en France. Les Anglais la qualifient ^espèce de très haut orne- ment. Elle a fleuri abondamment en France , chez M. Prosl, au château d’Omiécourt, où elle a produit des fleurs nombreuses et un charmant effet. Elle ré- siste parfaitement aux hivers de France et d’Angle- terre. Il paraît que pour fleurir abondamment il faut que la plante soit un peu ancienne. Une terre légère ordinaire lui convient. Abutilon striatum.^ DicKS ; arbrisseau curieux du Brésil, introduit en Angleterre en 1837, glabre, ra- meux, diffus, vigoureux, fleurissmt sur ses jeunes pousses à mesure qu’elles se développent ; feuilles grandes, minces, lisses, presque en cœur à la base, à trois lobes, sur de longs pétioles menus; en mars fleurs II* SÉRIE. — I. 3 REVUE HORTICOLE. 50 axillaires, solitaires, en cloches, longues de 3 cent., jaune d’or relevé de grosses nervures pourpres d’un très bel effet. Serre tempérée. Les fleurs venant sur les jeunes pousses, il est possible que, en plantant l'arbre en pleine terre, et préservant les racines elle bas de la lige de la gelée, il pût rester à l’air où il de- viendrait bien plus splendide. £n multiplication chez M. Chauvière. Notice surle Pin des Marais, Pinus palustris, H. Kew, jP. jéuslralis, Mien.; Pinus Serotina, Hortül., par M. Augustin Miron. iV, B. Celte dernière dénomination ne paraît devoir con- venir au Pin précité, le P. serotina étant une autre espèce dont le feuillage diffère beaucoup du précédent. Le pin des marais est à trois feuilles dont les ai- guilles sont très longues et fortes; ses rameaux sont verticaux et assez abondants, lorsque le climat et la nature du terrain ne permettent pas à sa tige de s’é- lancer vivement. Ce pin peut, au moyen de quelques précautions, être cultivé sans danger en pleine terre, tant dans le centre que même dans le nord de la France. Voici comment j’y ai réussi. Dans une plaine sablonneuse et caillouteuse, à 15 mètres au-dessus des eaux flu- viales et à 9 kilomètres sud ouest d’Orléans, terraiu très perméable à toutes les influences des saisons, sans abri naturel, et dès lors exposé aux ravages des vents de quelque part qu’ils viennent, et se trouvant dans les conditions les plus défavorables à la végétation. Ce fut à la fin de l’automne 1836 que je fis mon es- sai sur un sujet élevé en pot , mais dont l’œil de la tige dépassait à peine le niveau de la motte qui garnissait ses racines. Je le fis placer dans un trou d’environ l mètre de diamètre, rempli de terre de bruyère, très pauvre d’humus; ensuite je le fis entourer d’un abri de 1 mètre 50 cent, de hauteur aux deux tiers circu- laire et ouvert à l’autre tiers au sud-ouest ; enfin, au mois de décembre, je le fis couvrir d’environ 40 cent, de hauteur en feuilles de chêne sèches. REVUE HORTICOLE. 51 J’eus la satisfaction de voir, par ce proche, mon pin soustrait aux effets désastreux de l’hiver et des gelées blanches du printemps ; mais aussi sa tige fut près de deux ans sans prendre aucun développement. Au reste, c’est ce qui arrive assez ordinairement aux arbres résineux lorsqu’on les transplante. Mais je fus bien dédommagé les années suivantes de cette boude- rie de végétation, car non seulement la tige prit une ascension portée au delà des prévisions des savants qui ont écrit sur ce sujet, puisqu’elle est maintenant et dès lors en trois ans, en retranchant les deux an- nées inertes, de 1 mèt. 70 c. au-dessus de terre. Il y a plus, il a poussé près de terre des branches laté- rales jusqu’au sommet du tronc ; mais successivement celles inférieures se sont desséchées, en sorte qu’il n’y a plus à préserver que celles qui accompagnent la cime et forment une tête de l’aspect le plus agréable. Tous les connaisseurs qui ont vu ce pin m’ont assuré n’en avoir jamais distingué d’aussi complètement beau. J’ai déjà dit que le sol sur lequel mon pin est im- planté est sec et aride, comme l’est celui qui n’est composé que de cailloux; aussi, pour entretenir la végétation pendant les temps de sécheresse, je fais piquer près du pied un vase plein d’eau qui distille l’eau sur les racines au furet à mesure que le terrain sèche. Ce n’est autre chose qu’une grande forme à sucre, dite bâtarde, d’où l’eau s’échappe en terre par le petit trou par lequel on fait écouler le sirop dans les raffineries de sucre. J’observerai qu’à la mi sep- tembre je retire le vase afin de ne pas pousser trop loin la végétation et de laisser endurcir l’arbre avant les gelées. Par un motif analogue, la forme n’est pas employée à la fin de mai ; mais cette année-ci la tem- pérature ayant été plus humide que sèche, je n’ai point fait usage de cesauxiliaires. Par surcroît de pré- caution, je fais placer pendant l’hiver au-dessus de mon pin un chapeau en paille en forme de ruche, sou- tenu par des perches, qui soustrait les pousses tendres au givre et à la gelée blanche. Je pense toutefois qu’on 62 REVUE HORTICOLE. pourra supprimer cet appareil lorsque l’arbre ayant plus d'âge sera moins sensible ; mais j’estime qu’on ne pourra jamais sans danger cesser de couvrir les ra- cines de feuilles sèches pendant l’hiver. Ce premier succès m’a porté à renouveler mes essais par les mêmes procédés sur deux autres P inus palus- trisy et cela il y a trente mois; ils étaient dans les mêmes conditions que le précédent lors de la planta- tion, et de ce printemps seulement la tige a poussé, et en ce moment elle a atteint 40 centimètres au- dessus de terre. J’en ai un en pot de la même épo- que dont la végétation n’a point été interrompue et dont cependant la tige n’est point aussi élevée que celles des deux en question qui pourtant ont boudé pendant deux ans, et ont supporté deux hivers ou printemps rigoureux, ce qui prouve que ce n’est qu’en pleine terre qu’on peut espérer du succès de ce vé- gétal. Je dois dire qu’un propriétaire, horticulteur distin- gué, distant de chez moi de 9 à 10 kilomètres, a fait l’essai sur trois pins de même espèce qu’il aurait plantés l’an dernier et perdus cet hiver; encore bien a-t-il assuré qu’il ait suivi mes procédés, chose que j’ignore, puisque je n’en ai rien vu, et que je n’ai pas été consulté par lui. Mais j’ai su par une tierce per- sonne qu’il avait planté ces pins dans un terrain ri- che en humus et humide. Ne devrait-on pas conclure de cette dernière circonstance que telle a été la cause du non-succès de son expérience? car si le terrain en question est favorable au pin austral dans le pays où il croît naturellement, il pourrait se faire qu’il en fût tout autrement dans notre climat. Et en effet nous ne devons pas chercher à activer la végétation des plan- tes australes sous une température aussi variable qu’est la nôtre. Si cette végétation existe encore aux approches de l’biver, ou précède le milieu du prin- temps, les gelées (]ui se manifestent dans ces deux saisons ainsi que les vents desséchants atteignent les bourgeons tendres et niême le corps de l’arbre et le font périr. Il vaut donc mieux, suivant moi, placer REVUE HORTICOLE. 53 ces végétaux dans un terrain moins riche, où la pousse étant moins vive, ils deviennent plus ligneux, et où la sève les abandonne de bonne heure et reprend très lard ; car quoique la sève existe continuellement dans les feuilles persistantes, elle est pourtant invisible dans les saisons dont je viens de parler, si on ne l’ac- tive pas par les moyens que j’ai signalés. Je me suis étendu sur les moyens que j’ai cru pro- pres à acclimater cet arbre dans nos contrées septen- trionales tant par l’intérêt qu’il présente en lui-même qu’à raison des sommes considérables sacrifiées par le gouvernement de la Restauration, pour l’introduction de graines propres à en multiplier les ensemence- ments en France. Malheureusement il a dû être trompé à cet égard par les introducteurs, car les graines qui m’ont été confiées à cette époque par M. le préfet du Loiret, pour en faire l’essai, n’ont produit que des pins Tœda, Notice sur le Pinus serotina par le meme. Ce pin, comme je l’ai dit à l’article Pinus palustris, a été indûment confondu par les jardiniers avec ce dernier. Et, en effet, le P. serotina a la lige un peu tourmentée. Il est bien, à la vérité, à trois feuilles comme le Palustris ; mais ses aiguilles sont longues de 12 à 15 cent., fines rondes et un peu tourmentées. D’ailleurs il est très branchu et ses rameaux s’éien - dent horizontalement. J’ignore l’origine de ce pin; aussi, dans celle in- certitude, l’ai-je tenu pendant plusieurs années l’hi- ver en serre. Mais voyant la réussite en pleine terre du palustris^ je me suis décidé, l’an dernier, à l’y confier également; il a parfaitement réussi en suivant les inêmes procédés, et j’ai tout lieu de croire que ce succès sera continu, puisqu’au début il a supporté sans aucun dommage la rigueur de l’hiver dernier. La tige de ce pin est un peu grêle relativement à l’étendue et à la multiplicité de ses rameaux; j’espère qu’en pleine terre il prendra du corps. 54 REVUE HORTICOLE. Procédé chinois pour le Marcotage, 11 coDsîste à coucher, en lui rognant le bout, une branche de l’arbre ou de l’arbuste qu’on veut propa- ger, ou même le jeune arbre tout entier, dans une petite fosse de 14 cenlim. de profondeur. On main tient les branches couchées et plaquées sur terre avec de petits crochets; on laisse le fossé ouvert. Cette opé- ration se faisant au premier printemps, bientôt les yeux poussent et donnent des jets verticaux; lorsqu’ils dépassent de 5 à 8 centim. la surface du sol, on rem- plit la petite fosse de terre ou même de terreau, on tient frais pendant la saison par quelques arrosements. A l’automne, ces bourgeons verticaux sont pourvus de racines qui ont poussé à leur insertion sur la bran- che principale, et on obtient ainsi, dès l’automne, de nombreux petits sujets tout enracinés, et beaucoup plus avancés, sans comparaison, que les sujets de mar- cottes ou de boutures faites à la même époque par les précédés ordinaires. Sur les hortensia bleus. Extrait d'une lettre de madame Aglaé Adanson. « J’ai de fort grosses touffes d’hortensia qui, depuis 15 ou 20 ans, occupent b s mêmes plans à différentes expositions et auxquels on ne donne d’autres soins que de les arroser et sarcler quand il est nécessaire. Pen- dant 12 ou 15 ans, leurs fleurs ont été constamment roses ; depuis 5 ans elles sont toutes bleues. Mais, cette année, à mon grand étonnement, deux énor- mes touffes se sont couvertes de corymbes, les uns bleus, les autres rouges, dont quelques-uns tiennent à la même lige, ce qui répondra à l’objection qu’on pourrait me faire que, peut-être, ces corymbes pro- viennent de plusieurs pieds distincts, quoique réunis en apparence ; cette variété de couleur ne tient pas, non plus, au déclin de la floraison, car ces fleurs sont écloses en même temps. » REVUE HORTICOLE. 55 Note de V éditeur. J’ai vu à Naples, chez M. le comte Dei CamaldoLi^ plus de 60 larges vases dans lesquels on avait planté, dans la terre telle quelle du jardin, des hortensia qui donnaient des fleurs bleues et des fleurs roses, et variées sur le même pied, et arrivant roses ou bleues selon l’année en alternant les couleurs sans que rien pût en expliquer la cause. — On sait qu’en Belgique un grand d? hortensia devien- nent bleus, et d’un bleu intense et éclatant, mais ils y sont fort capricieux, et tel vase qui a donné d’une couleur une année donne une autre couleur Pannée suivante. J’ai apporté trois fois des exemplaires bleus, qui, dans leur terre natale, m’ont donné des fleurs roses l’année suivante. Ceux de celte année ont corn- raencé par être d’un bleu plus ou moins prononcé, qui a offert ensuite un rose bien plus coloré que celui des autres plantes cultivées à côté. Quant aux substances ferrugineuses, j’en ai essayé pendant quinze ans sous toutes les formes, même des eaux ferrugineuses natu- relles de Passy, et je n’ai pas vu le plus petit chan- gement. A M. Audotj éditeur de la Revue hortic de. J’ai obtenu d’un semis de graines récoltées sur un pied de Cactus speciosissimus une variété qui a fleuri l’an dernier pour la première fois, et que deux florai- sons successives me font considérer comme un gain d’un mérite incontestable. La fleur est rouge vif, d’une couleur plus foncée et plus brillante que celle des Cac- tus Quillardet et hétérocaule. La dimension de la fleur est très grande, à peu près égale à celle de X Akermani. Celte variété se rapproche, pour la forme de la corolle, de X Hétérocaule ; mais elle en diffère cependant d’une manière sensible en ce qu’un assez grand nombre des pétales extérieurs se détachent en rayons du reste de la fleur, et lui donnent un aspect particulier. La plante, d’une végétation vigoureuse, porte des tiges plates et des tiges triangulaires toutes entièrement dépourvues d’épines. Je lui ai imposé nom de Cereus Josseli- nœus. 66 REVUE HORTICOLE. Ce cactus ne se trouve pas encore dans le com- merce : je l’offre, en échange d’autres plantes, aux jardiniers ou amateurs qui désireraient le cultiver ou le répandre. Si l’on m'écrit pour cet objet, je prie d’affranchir : D. Gaillard, à Josselin (Morbihan). Culture précoce des pois. Dans une lettre adressée à la Société royale d’hor- ticulture, M. Tamponet, cultivateur à Paris, fait part d’une culture particulière de pois qui lui a très bien réussi depuis quatre ans, M. Tamponet sème sous châs- sis ou sous cloche, et sur couche sourde, dans les pre- miers jours de janvier, des pois d’espèce précoce, pour replanter en février dans des places abritées, et quelquefois en plein air. Lettre de M. Bertin, horticulteur à Versailles^ adressée au rédacteur de la Société royale d horticulture ^ au sujet de la multiplication des Pivoines en arbre par bouture. (Voir la Revue horticole^ mai 1841.) Monsieur, c’est avec un vrai plaisir que je m’em- presse de vous adresser les renseignements que vous me demandez sur la propagation des pivoines ligneu- ses. Depuis 1822, je bouture ce genre de plante ; en 1822 j'ai fait des boutures en petit nombre, depuis avril jusqu’en août ^ mais j’ai remarqué que plus le bois arrivait à son état ligut-ux, plus la réussite était assurée : ainsi en avril il n’a repris que la dixième partie, en juin le quart, en juillet et août la moitié ; et, depuis cette époque, j’ai suivi cette multiplication par bouture, et j’ai reconnu la fin de juin et le courant de juillet comme étant l’époque où ce genre pouvait se multiplier avec plus de succès. Je suis arrivé, en les faisant à l’époque indiquée ci-dessus, à une réussite de 95 par tOO, et, malgré cela, il serait encore très possible qu’en Italie le mois d’avril fût le plus certain pour la réussite ; mais nous ne sommes pas en Italie, REVUE HORTICOLE, 57 nous sommes à Paris, et dans chaque pays Ton a trouvé des difficultés à vaincre. En voici une des plus remarquables. A Angers, les horticulteurs font les boutures de Camellia à Tair libre, le long des murs au nord dans leurs jardins ; à Paris, en quinze jours, les boutures faites de la même manière sont toutes mortes : pourquoi cela ? Deux asperges pour un plat. — Culture allemande des asperges. Nous trouvons répété dans beaucoup de journaux l’article suivant : — On introduit dans une bouteille étoilée ou fêlée la pousse d’une asperge qui commence à sortir de terre, et on l’assujettit au moyen de trois piquets ; l’asperge monte jusqu’au sommet où elle se replie, et finit par remplir entièrement la bouteille. Quand la croissance est arrêtée, on coupe la plante au pied, on casse la bouteille, et avec deux plantes ainsi conduites on peut, dit-on, composer un mets « tendre^ délicat et d'un goût exquis, »> — Il faut dire que ce procédé provient d’Allemagne, où l’on n’aime que les asperges blanchies par les procédés de la cul- ture. Elles deviennent ainsi plus tendres que les nôtres, mais moins savoureuses que celles qui viennent à l’air libre. Voici, au reste, le procédé allemand. Aussitôt que le turion commence à sortir de terre, on le couvre d’une sorte d’étui qui peut être formé d’un bout de roseau ou d’un cylindre de bois creusé intérieurement. Trois fils de fer plantés à son extré- mité inférieure le retiennent en terre. L’asperge devient, sous cet appareil, plus grosse, plus tendre et blanche. Depuis longtemps, nous avions vu employer ce procédé en Allemagne ; mais nous voyons pour la première fois indiqué le percement d’un certain nombre de trous dans la longueur de l’étui, ce qui peut donner de l’air à l’asperge et lui procurer plus de saveur. 3. èEVUÈ HORtiCOtE, Emploi des pétioles et feuilles de rhubarbe comme aliment. Les luêrues journaux qui se font écho les uns des autres, au sujet des asperges dont nous venons de parler» répètent aussi un procédé de blanchiment de la rhubarbe, que nous avons déjà indiqué dans la Revue horticole, tome II, page 129, octobre 1832. Il consiste à recouvrir les jeunes pousses de la plante d'un pot à fleur renversé. Si Ton veut avancer la plante, il faut la placer dans un pot, la recouvrir d’un autre pot du même diamètre, et la placer dans un lieu chaud. On peut, par ce procédé, récolter jusqu’à trois fois le produit de cette plante qui sert à com- poser de bonnes tartes. (Voir le Bon Jardinier, art. Bmübakbr,) Lettre sur le Fenouil d'^ Italie, adressée à M, Audot, par MM. Audihcrl frères, chefs de I établissement horticole et des riches pépinières de Tonnelle, près de Tarascon i^Bouches-du^Rhôné), Vous ave3{ considéré le Fenouil doux, Fhiochio dolce, i Jnethurn dulce , D. C., comme une plante dont i rintroduction en France pourrait devenir usuelle et i ajouter un mets de plus à nos jouissances culinaires, i Cette plante^ fort anciennement cultivée dans nos i environs et sur une étendue de plusieurs centaines | d'hectares, n’est d(*stinée qu’à fournir ses graines aux i épiciers et distillateurs : par sa douceur et son arôme ! elle a remplacé la Badiane ou Anis étoilé (iUicium anisaium) avec laquelle Marie Brizar fait son anisette de Bordeaux. Les marchands de graines de Nîmes surtout on achètent tous les ans des centaines de quintaux, qui leur sont fournis par des cultivateurs de Beaucaire, Tarascon, Montfrin, Meynes, et surtout Sernach i ' Gard). On a soin d’en faire la récolte pendant que i ]‘à graine est encore verte ; on la fait sécher à l’ombre, HEVUE HORTICOLE» 5S pour qu’elle conserve sa couleur et son arôme. Toutes les parties de la plante, feuilles, tiges, fruits, sont d’une saveur agréable, et je ne passe Jamais près d’un ehamp planté de cette ombellifère sans en couper un brin que je conserve longtemps à la bouche; mais je n'ai pu m’habituer à en manger à table, et j’y ai vai- nement encouragé les personnes auxquelles j’en ai offert de tout préparé, et blanchi à la manière des céleris. Cultivées dans les jardins, les plantes devien- nent fort belles, et je n’ai remarqué aucune dégéné> rescence. Le Finochio doice n’est pas encore du goût des Français; mais, attendu que ces derniers en ont déjà pris pour les macaronis et le parmesan , vous avez eu très certainement raison de signaler ce végétal à l’attention publique : ce sera un condiment de plus à ajouter à nos tables, car c’est un mets simple, léger, propre à parfumer très agréablement la bouche. Voyez d’ailleurs ce qu’en a dit M. de Candolle dans un voyage qu’il a fait et publié par ordre du ministre en 1807 ou 1809 (j’ai oublié la date), et où il est ques- tion de cette plante à laquelle il adonné, le premier, le nom Ü A nethum dulce. Toile {Vortie. Le savant et vénérable abbé Voisin, directeur des Missions étrangères, a donné, dans Journal d' Agri- culture pratique^ connaissance de divers procédés utiles des Chinois. Voici ce qui est relatif à l’emploi des filaments de l’ortie : « Je ne dirai rien de la soie ni du nankin, qui sont trop connus en France pour que je m’y arrête : je me contenterai de parler d’une toile très belle et très fraîche, que l’on fait avec l’ortie {nrtica nfuea). Cette toile dure longtemps, et a cela de particulier que, lors même qu’elle est très usée, elle ne laisse pas de duvet sur les vêtements, comme cela arrive pour la toile de lin ou de chanvre. Cette ortie est cultivée dans toute la Chine, et pourrait être tout aussi facilement cultivée en France, car elle ne demande aucun soin. 60 REVUE HORTICOLE. Un seul semis suffît pour plusieurs années. Quand ces orties ont atteint leur développement, on les coupe, et on en retire la partie filamenteuse sans les faire rouir. Je suis étonné qu’on n’ait pas encore cherché à tirer parti de cette ortie en France; ce que je sais, c’est que les Anglais achètent beaucoup de chanvre écru à Canton. Savent-ils qu’il vient de Vürtica ni- vca? Je Tignore; mais il est certain que, grâce à nos insiruments perfectionnés, nous en tirerions meilleur parti que les Chinois. Camellia de Fromont. Le catalogue de cet établissement qui vient d’être publié contient plus de 300 espèces disponibles. — On propose 100 variétés, au choixde l’établissement, pour 190 fr. — 100 au choix du demandeur pour 250 fr. — 50 au choix du demandeur pour 150 fr. et 25 pour 100 fr. — Les individus auront au moins un an de greffe pour la majorité. — Le C. splendidissima alba est en souscription pour être livré au 15 septembre prochain, au prix de 25 fr. Septembre 1841t Sociétés d' horticulture . La Société royale d’horticulture de Paris vient de terminer sa douzième exposition dans la belle oran- gerie du Luxembourg. Cette Société, fondée en 1827, n’a offert une pre- mière exposition qu’en 1831, parce que, alors seule- ment, elle a pu faire face à la dépense assez considé- rable qu’elle entraîne. Dans l’année actuelle elle a pro- duit deux expositions et fait dessacrifîces sur son pro- pre fonds, ce qui témoigne assez du zèle qui anime chacun de ses membres. Cette exposition, laseconde de l’année, a commencé le 29 septembre. Elle a été très remarquable par le nombre, la beauté des plantes et la rareté ou la nou- REVUE HORTICOLE. 61 veauté d’uD certaiu nombre; aussi nous l’avons vue constamment visitée par une société choisie et nom- breuse. La séance solennelle de distribution de prix a eu lieu le dimanche 3 octobre. Elle a été présidée par M. le vicomte Héricart de Thury, dont le zèle éclairé et rutile et fructueuse protection ont toujours valu à la Société sa prospérité et les moyens qu’elle a pu employer pour rendre service à l’horticulture. Le programme annonçait une amélioration néces- saire. On lisait dans l’article 6 : « La Société, désirant que tous les exposants puissent concourir et sachant que plusieurs amateurs n’auraient aucune chance de suc cès s’ils concouraient avec les horticulteurs commer- çants, décide que les amateurs pourront concourir entre eux ; à cet effet elle décernera deux prix, l’un à la plante la plus belle et la plus rare, l’autre à la plus riche collection de belles plantes en fleurs ou non fleuries, exposée par les amateurs. »» Un tel article, s’il se représente dans le programme des expositions à venir, aura sans doute une grande portée, en ce qu’il encouragera les amateurs, toujours restés en arrière jusqu’à présent par le peu de possi- bilité de lutter contre les marchands. Pourtant, ce but ne nous paraît nullement avoir été atteint. L’un des deux prix a été décerné à un cultivateur d’orangers qui élève de petites collections multiples pour les vendre, et qui en avait exposé une avec l’in- dication de cette vente et de la maison, rue du Fau- bourg du Temple, 39, où l’on peut les acheter. L’autre prix a été décerné à un jardinier de pro- fession, cultivant dans une maison particulière. Sont-ce bien là deux amateurs, et n’a-t-on pas tout à fait erré? Qu’est-ce qu’un amateur de l’horticul- ture? Nous ne trouvons d’autre solution que celle-ci : Une personne qui cultive pour elle et par elle-même^ ou qiCil dirige son jardinier de manière que c* est évi- demment sa propre science et son talent qui prcdui- 62 REVUE HORTICOLE. sent ce gu elle présente au concours, Autremeûl elle rentrerait, plus ou moins, dans la classe des horticul- teurs marchands. Peut-être serait-il bon encore que l’on établît un i prix pour les plantes de serre chaude et un pour les \ plantes moins exigeantes, car celles-là, par leur ma- gnificence, pourraient nuire à celles-ci. On pourrait distinguer les prix ainsi : ^ Prix aux horticulteurs marchands. — aux horticulteurs de profession, non commer- çants. — aux amateurs, cultivant par eux-mêmes ou di^ rigeant leurs cultures. Le choix de plusieurs lauréats a aussi élevé un grand nombre de réclamations plus ou moins fondées, et l’opinion publique qui s’est manifestée à ce sujet éclai- rera sans doute les prochains jurys, en les engageant à des examens plus approfondis et moins précipités. Ils sauront alors se faire porter tout le respect qui est dû à ce genre d’institution, où la conscience doit être éclairée par la connaissance antérieure de ce qui pré- cède le moment de l’exposition. Car, à notre avis, les nom et profession de l’expo- sant doivent être indiqués sur la collection à juger, de manière qu’aucune substitution ne puisse avoir lieu sans que quelque membre en soit instruit. i Il nous semble encore qu’à l’avenir il devrait être i donné, comme condition de rigueur, que les plantes i seront apportées la veille du jour destiné au concours, i et que, comme à Gand et ailleurs, le jury devrait com- mencer son examen dès le matin ; il aurait tout le temps d’examiner à loisir les nombreuses plantes que la salle renferme, et l’on aurait ensuite le temps de placer sur les gradins avec plus d’ordre et de soin. Le terme étant au contraire indiqué pour une heure fixe, I beaucoup attendent le dernier jour pour que leurs plantes soient plus fraîches, et il en résulte que des erreurs d’horloges, des ouvriers ou des voituriers i qui manquent de parole, occasionnent des retards et font rejeter du concours, pour quelques moments de ftEVUE HORTICOLE. 6S retard, des plantes qui ont exigé des dépenses et une année de soins. Le catalogue contenait 2226 plantes, sans compter celles qui sont arrivées trop tard pour y être insérées, et le nombre des exposants était de 83. L’exposition était, comme on peut bien le penser, brillante de dahlias, plus bel ornement de la saison. Ceux de M. Cbauvière et de M. Salter de Versailles brillaient au premier rang et nous nommons ceux- ci parce qu’ils sont les plus actifs à nous enrichir des espèces étrangères, pour lesquelles ils n’épargnent ni voyages, ni dépenses. M Soutif, celui auquel la pro- pagation du dahlia doit le plus, avait exposé aussi une riche collection, ainsi que MM. Roblin et Souchel de Bagnole t. Le genre rosier était beau et riche dans les collec- tions de MM. Victor Verdier, Paillet et Berger. — Les îdanles vivaces de pleine terre, dans celles de MM. Ma^ dale et Pelé. — Les plantes nouvelles de serre et de pleine terre, dans celles de MM. Tripet, Chauvière, Jacquin et Rifkogel. — Les plantes grasses les plus pré- cieuses étaient présentées par MM. Cels, et lesiV^^- rium par M. Mabire. Les plantes potagères offraient un grand intérêt, particulièrement la collection de la maison Vilmorin, celle qui est le plus au courant des nouveautés inté*, ressantes. Parmi ces dernières on remarquait la pomf me de terre des CordilUères, qui a la couleur et le! genre du jaune d’œuf cuit ; la betterave ronde de Bas- sario ou de Chiof^gia, aplatie comme un turnep, et dont la chair est la plus douce et la plus sucrée. — Les pommes de terre doigt de dame^ qui ne méritent pas ce nom donné par les Anglais, puisqu’elles sontgros- (1) Quelqwes-uns des échantillons de M. Saller a^'aiit été j;âles en roule, il en a manqué plusieurs au moment du con- cours qui indiquait un nombre de rigueur. M. Salter aurait pn combler ce déficit par des emprunts, auxquels sa loyauté ré- pugnait, et le jury n’a pas jugé devoir lui accorder la médaille que l’opinion publique, peu attentive au nombre, lui adjugeait d'avance. REVUE HORTICOLE. 64 ses, longues, et qu’elles offrent cette pariicuiarité de naître bizarrement soudées, en apparence, les unes aux autres. — Le chou palmier^ qui attirait les re- g irds par Télégance de son port, et qui pourrait figu- rer dans les jardins pittoresques. — Le chou côaique de Poméranie^ excellente espèce, remarquable par sa pomme dure et serrée, ayant la forme d’un pain de sucre. — Le chou-rave k feuilles d’artichaut, distin- gué par l’élégante découpure de ses feuilles. — Le cardon Puvis^ remarquable par le volume de sescôte^: et l’ampleur de son feuillage. — La poirée à cardi rouge, et la poirée à carde jaune, à très larges côtes dont la couleur vive tranche agréablement. — baselle de la Chine, à larges feuilles, race bien supé- rieure, pour l’ampleur de ses feuilles, à la baselle or- dinaire. — Le haricot nain sans parchemin, de M. du Corroy. Cette espèce paraît très productive; les ha sans parchemin, très cultivés dans plusieurs pro- vinces, ne sont peut-être pas assez recherchés sur la table des gourmets parisiens. — Le haricot d’Alger à gousse blanche, remarquable par sa cosse blanche, large, charnue et sans parchemin. — Le haricot soli- taire^ variété très productive du H. suisse rouge II suffît, dit-on, d’en semer un à la touffe, d’où lui vient son nom. — La betterave jaune d’Allemagne, variété rustique, à chair blanche, sortant en grande partie de terre comme la disette, réunissant peut-être, aux avantages de cette dernière, la supériorité nutritive que M. de Dombasle attribue à la betterave blanche. — Le céleri- rave nain frisé, remarquable par l’élé- gance de son feuillage. — La carotte sauvage blanche et lie de vin, où l’on retrouve le type des variétés cultivées. Chaque année M. Vilmorin fait faire des pro- grès à cette racine, dont il avait exposé de fort beaux échantillons. La faveur particulière de cette racine mérite de la faire rechercher par les amateurs. — V oignon de Nocera, rapporté d’Italie par M. Audot. Variété très remarquable par sa maturité précoce qui devance d'un mois celle de l’oignon blanc hâtif, et qut nos maraîchers feront bien d’essayer. — Vo gno/é REVUE HORTICOLE. 65 poire, globe et de James, très belles variétés qui se recommandent par leur volume et leur facile conser- vation. — Le radis blanc à feuille longue, à jolies ra- cines obrondes, dont les feuilles ne ressemblent en rien à ceux de nos radis, et portent, comme presque tout ce qui nous vient de la Chine, un caractère ori- ginal. Le radis rose d hiver, de Chine, très jolie race due aux obligeantes communications deM. l’abbé Voi- sin. — LQpe-isai^diV}\. Copounex, jardinier des Mis- sions étrangères. Ce jeune et zélé jardinier avait ex- posé de fort beaux échantillons de pe-tsai, devant les- quels s’arrêtaient nos jardiniers maraîchers. On a lieu d’espérer que cet excellent légume, cultivé avec in- telligence, pourra enfin acquérir, entre nos mains, le volume qu’il prend chez les Chinois. Sommes-nous moins habiles qu’eux? Non, sans doute, mais nous sommes moins persévérants. M. Davernes, horticulteur maraîcher à la Villetle, a apporté de ses cultures le melon de Naples, qui se conserve tout l’hiver et dont M. Audot a distribué des graines recueillies en avril. — M. Legros avait des potirons monstres de près de 150 kilogr. Des collections de fruits de la plus grande beauté attiraient les regards ; celles que l’on remarquait par- ticulièrement étaient exposées par MM. Félix Malot, de Montreuil-aux-Pêches ; Barbot pour les raisins de table d’espèces magnifiques et variées ; Souchet de Bagnolet, Delorme, Croux fils, Defresne de Vitry, Le- fèvre de Montreuil, Jamain et Jamin. — Des ananas par les deux cultivateurs célèbres de ce genre, MM. Ga- briel de Meudon et Gonthier de Paris. On a remarqué, parmi les objets de librairie, PIco- nographie du genre Camellia par M. l’abbé Berlèze, l’Herbier de l’amateur, l’ouvrage sur la taille du Pê- cher en forme carrée par M. Félix Malot, créateur de cette méthode. Parmi les objets d’industrie, deux calorifères pour le chauffage des serres étaient exposés, celui de M. Gervais, dont nous avons déjà parlé, et celui de M. Duvoir, dont nous nous proposons de rendre REVUE HORTICOLE. 66 compte. — Le grand assortiment d’outils de M. Ârn- heiler, la charrue à cheval pour ratisser les allées, de M. Quentin Durand. — Jamais M. Follet, fabricant de poteries, n’avait présenté une collection aussi va- riée de vases à fleurs dans toutes les formes, depuis les plus simples jusqu’aux plus riches. On nous a quelquefois demandé des adresses de fa- bricants de cloches à jardin montées en plomb ; nous pouvons indiquer un des exposants, M. Lenoir, rue du Faubourg-Saint- Antoine, 7. — Il y a à Rouen une fabrique spéciale de verreries pour le jardinage et les serres, et un dépôt, rue des Deux-Ponts, île Saint-Louis, chez M Leune, aussi l’un des exposants. Les jardinières et les bancs et chaises de jardin af- fectaient les formes les plus gracieuses. Nous avons donné plus de détails qu’à l’ordinaire sur cette exposition, parce qu’elle est peut-être la plus importante de toutes celles qui ont eu lieu jusqu’à présent. — Nous aurions voulu y ajouter, pour l’uti- lité des amateurs, les adresses des horticulteurs-mar- chands et fabricants que nous avons nommés; mais nous avons peu d’espace, et, d’ailleurs, on les trouvera dans le catalogué" de l’exposition qui se vend 50 cent, chez M. Cassin, rue Taranne, 12. — Nous avons reçu, en même temps, les catalogues des expositions de la Société de Flore de Bruxelles, de mars et Atàjuin derniers. On voit que, grâce à l’ac- tivité et au zèle peu communs de son secrétaire, M. Simon Brunelle, l’âme de cette Société, les expo- sitions sont utilement multipliées. Les plantes nou- velles remarquées dans ses expositions sont le cyno- chilum super buni^ superbe orchidée, florUy mimulus ParmentierL L’ex position des 7, 8 et 9 mars a offert 955 plantes, et celle des 13, 14 et 15 juin en avait 1,209. Le bulletin de laSociÉTÉ d’horticulture de Lille, exposition des 20, 21, 22 juin dernier, nous parvient seulement aujourd’hui pur la poste. Ce retard ne prouve pas le zèle de la personne chargée de faire les envois, mais celui de la Société se voit assez par sa REVUE HORTICOLE. 6T distribution des prix, consistant en médailles d’or et d’argent. M. Miellez, célèbre horticulteur àEsquermes, a remporté le prix de belle collection, consistant en une médaille d’or; et encore celui de plantes nou- velles pour un gloxinia ruhra maxima. Les autres plantes nouvelles étaient un lilium Browini^ gloxinia rubra^ et Priesleyana^ fuchsia multiflora et des cal- ceolaria, Naturalisation de V Araucaria imhricata. Parmi les arbres et arbrisseaux nouvellement intro- duits en France depuis quelques années et qui ont supporté la pleine terre, je citerai Y Araucaria im^ hricata, que j’ai planté en 1837 en terre de bruyère, ayant à peine une hauteur de 65 cenlira. ; il en a atteint une aujourd’hui de 1“,50 et plus. Pendant l’hiver de 1838 à 1839, j’ai abrité cet arbre avec une cloche de verre, et je présume l’avoir garanti par ce moyen contre 3 degrés au moins le jour où nous avions 14 degrés au thermomètre de Réaumur ; je ne parle point du pied, mieux garanti je pense par des feuilles, qui cependant n’ont pu abriter que contre 6 degrés au plus. Souvent il s’est trouvé sans aucun abri lorsqu’il gelait à 6, 7 et 8 degrés, et je ne me suis jamais aperçu qu’il en ait souffert un instant. Beaucoup de personnes qui croient à l’acclimatation pourraient affirmer que cette belle conifère est accli- matée maintenant ; mais puisqu’il faut rayer aujour- d’hui ce mot de notre dictionnaire d’horticulture et d’agriculture, je dirai seulement que je crois possible de pouvoir naturaliser maintenant en France ce bel arbre qui pourra rendre un jour de grands services, tant à l’économie domestique qu’aux arts industriels, puisqu’au Chili on vend ses fruits pour la nourriture comme ici les châtaignes. Je désirerais bien que l’on en essayât un pied au bois de Boulogne, tant pour savoir comment il se plairait dans ce terrain sablon- ux que pour confirmer ou détruire mon opinion BEVUE HORTICOLE. 68 On devrait, dans ce cas, le planter et le laisser sans aucun abri. Déjà plusieurs horticulteurs marchands possèdent ce précieux végétal, et je conseille aux expérimen- tateurs judicieux d’essayer de cette nouvelle espèce ù'araucaria^ qu’il ne faut pas confondre avec Varau- caria Brasiliana. Celui-ci est d’un vert bien plus pâle, tandis que celui dont je parle est d’un vert noir (comme le buis qui est exposé constamment à l’ombre) . C’est un arbre qui ne ressemble en rien à tout ce que l’on a cultivé en pleine terre jusqu’alors, et un des plus beaux dont on puisse orner les parcs et les jardins paysagers ; il peut s’élever à une hauteur immense ; on assure que dans son pays natal il n’est pas rare d’en voir de 50 mètres et plus de hauteur. Neumann, chef des cultures au Jardin des Plantes. On lit dans Loudon et Sweet [Hort. B rit.) que V arau- caria irnbricaia a été introduit en Europe en 1796, et V araucaria Brasiliana en 1816. Fruit noiWeau. PÉCHÉ Madale. Voici le jugement porté par M. Poi- leau sur cette pêche, née par hasard dans le jardin de M. Madale, rue Rousselet, à Paris, d’un noyau jeté de quelque fenêtre du voisinage. « Je vis un jeune arbre en plein vent , de belle apparence, chargé de près de 200 pêches mûres, plus grosses, plus belles, et surtout plus précoces que celles que l’on voit en plein-vent, aux environs de Paris. Je les dégustai, les trouvai excellentes, meilleures qu’aucune des pêches ordinairement cultivées pour les marchés, comparables, pour la finesse, le fondant et la saveur, à la pêche de Malte, la plus excellente de nos pêches, quoique la moins multipliée pour le commerce. Je pense donc que, quand une pêche vient aussi belle et mûrit aussitôt en plein vent, il y a tout lieu d’espérer que, cultivée en espalier, e'ie deviendra BEVUE HORTICOLE. 69 encore plus grosse, plus hâtive et meilleure. M. Madale l’a greffée et sera bientôt en état d’en fournir aux amateurs. Elle a fructifié pour la première fois celte année, 1841. »» Plantes nouvelles, Cleome rosea. Du Brésil, introduite en 1825. M. Leblanc Tripet en a présenté un bel exemplaire à la dernière exposition, venu de graines reçues par lui du Texas, Tige haute de plus d’un mètre, droite ; feuillesdel5 à 18 centim.,lancéolées, luisantes, veinées !i en dessus ; en août, fleurs roses en grappe magni- fique, de forme particulière à ce genre (voy. Herbier de V amateur^ 2® série, tome I, 12), durant plus de six I semaines. Quoique annuelle, elle pourrait se perpé- tuer de boutures conservées l’hiver en serre chaude. Semer sur couche chaude en mars et repiquer en pleine terre. Dahlia étoile de Meaux, obtenu des serres de M. Quêtier, horticulteur à Meaux. C’est, dit-on, une I superbe variété, coquelicot-feu, à pointes blanches, et I qui a reçu de la Société d’horticulture de Meaux une médaille d’argent. On le trouvera chez M. Quêtier et chez M. Chauvière, Pbloa; clarkioïdes. Ce phlox, très curieux, a été pré- senté à la Société royale d’horticulture par M. Cochet, pépiniériste à Suines, près Brie-Comte-Robert. Il a été pris d’abord pour un Clarkia, à cause de la ressem- blance de ses fleurs qui lui donnent un aspect tout à fait étranger aux phlox. Gladiolus Gandavensis\ M. Louis Van-Houtte, hor- ticulteur à Gand, vient d’acquérir la propriété de ce glaïeul, sauf deux oignons que possède un de ses con- frères. Tout Gand vient l’admirer encore au moment où il nous écrit. — Pour le port et pour le coloris, il I laisse loin de lui tout ce qu’on connaissait en glaïeuls. Ses dimensions dépassent celles du Gladiolus ramosus. Ses majestueuses corolles, au nombre de 17 à 20, sont du vermillon le plus éclatant ; leurs pétales infé- REVUE HORTICOLE. 70 rieurs, ornés de chrôme, d’amarante et de pistache, sont encore relevés par des anthères bleu de ciel qui décorent le centre de la fleur. «« La propriété de cette plante qui, dit M. Van-Houtte, m’a coûté beaucoup d’or, comme le savent tous mes confrères, me conduit à maintenir les prix suivants, qui sont invariables ; Bulbe de moyenne force, 25 fr. — Bulbe mère de force extraordinaire, 70 fr. ♦» Manière de conserver les asperges; par M. Jean KüRSSNER, yT/r/r/m/er chez M. JacqüIN aîné, à Cha- ronne. On récolte les asperges vers la Saint -Jean, au moment où Ton cesse ordinairement d’en couper. Pour cela il faut choisir un temps sec ; on les essuie avec beaucoup de précaution, avec un linge, de ma- nière à ce qu’il ne reste ni sable ni terre ; après quoi on prend de la farine bien sècbe, mêlée avec un sixième de sel également pur et sec ; avec ce mélange on saupoudre chaque asperge l’une après l’autre ; il faut surtout bien enduire la coupe. Après cela on les met par bottes de 40 à 50, suivant leur grosseur ; on lie le tout avec dé la natte ou de la ficelle, et on saupoudre une seconde fois la botte avec ce mélange. On entoure le tout avec une pâte composée de farine et d’eau, que l’on étend de l’épaisseur de deux lignes et avec laquelle on enveloppe les asperges. Ces bottes, ainsi entourées du haut en bas, ressemblent à de gros rou- leaux ; on les laisse sécher, mais il faut faire attention que la pâte ne se fende pas, afin de ne pas donner la facilité à l’air d’y pénétrer ; on les met dans un pot de grès, sur lequel on verse de la graisse fondue ; on ferme bien hermétiquement le pot avec une vessie ou du parchemin, et on le met dans un endroit frais. Chaque fois que l’on veut manger des asperges, on fjrend une botte, on la retire de son enveloppe et on la met tremper pendant deux heures dans de l’eau : après quoi on les app été suivant les goûts. Elles ne diffèrent aucunement en qualité, et ont la même saveur que celles que l’on cueille au printemps. REVUE HORTICOLE. 71 Ouvrage nouveau. Traité succinct de V éducation du pêcher en espalier^ SOUS LA FORME CARREE, exécutée pouF la première fois à MoDtreuil, de 1822 à 1830, par Félix Malot, culti- vateur à Montreuil, membre de la Société royale d’horticulture de Paris et de celle de Meaux, etc., et approuvée par la Société royale d’horticulture de Paris, en 1832 et 1841, avec planches gravées. Prix : 1 fr. 25 c., à la Librairie agricole, rue Jacob, 26, à Paris. D’après les récompenses accordées à l’auteur par h Société d’horticulture, il paraît suffisamment prouvé que cette méthode d’élever les pêchers ayant 14 mem- bres, 7 de chaque côté, et formant parfaitement le carré, est supérieure à celle suivie jusqu’ici à Mon- treuil. Aussi est- ce dans la vue d’en répandre l’usage que M. Malot a publié cei abrégé, dont l’impression a été ordonnée par la Société. La méthode en question consiste à obtenir de chaque branche mère, indépendamment de sa prolongation, d’abord 3 membres inférieurs et ensuite 3 supérieurs, régulièrement espacés à des distances telles qu’on puisse palisser sans gêne et sans confusion les branches à fruit, coursonnes et crochets auxquels les membres donnent successivement naissance. L’ouvrage est écrit avec clarté et concision , et toutes les opérations sont expliquées par des figures. Arbre merveilleux . Il est annoncé dans tous les journaux sous les noms de l’ORGÜElL DE LA CHINE et d’ARBRE saint : le premier nom parce qu’il vient de Canton, le second parce que son bois sert à faire des chapelets. Il vient de Canton par Natchez, petite ville du centre de l’Amé- rique, où nous croyons, sauf contradiction, qu’il y a peu de chrétiens catholiques se servant de chapelets, et guère plus peut être qu’à Canton. Comment sa REVUE HORTICOLE, U graine n’esl-elle venue à Paris que par cette petite ville peu civilisée? — Uorgueil de la Chine sert à faire des meubles de luxe, sa fleur exhale les plus suaves j parfums. Le planteur nalchez qui a apporté, comme i il dit, une collection de ses graines^ annonce qu’en peu d’années il parvient de 5 à 7 mètres, ce qui répond à la croissance de notre Robinier, de nos Peu- pliers, etc. ; que le climat de Natchez est semblable à celui de la France y et que son arbre résiste à plusieurs degrés de froid, — Nous lui ferons observer que la France supporte presque tous les hivers de 8 à 10 degrés Réaumur, et, de temps en temps, 12 à 15, ce qui ne peut s’appeler plusieurs degrés ; que ce n’est pas étonnant puisque la France, au lieu d’êîre sous le meme climat, est de 12 à 20 degrés plus au nord \ que Natchez et Canton, et qu’au lieu d’annoncer son | arbre à Paris, il faut qu’il aille l’annoncer en Perse \ et en Égypte, qui sont à la latitude de Canton et de i Natchez. Octobre 1^41. Exemple d'un magnolia grandiflora cultivé en pleine terre En 1834, M. Vilmorin fît planter à sa terre des i Barres, dans le Galinais, un certain nombre de très ! jeunes pieds de Magnolia grandiflora dans un terrain ) très lourd et très compacte, formé d’une argile sili- ceuse, où ils ont passé sans souffrir aucunement, sans abris ni couvertures, tous les hivers, et notamment i celui de 1837*38. Ils étaient fort serrés en pépinière, i et n’ont été replantés que l’an dernier. Un seul est resté en place, où il a donné cet été un bon nombre de fleurs bien développées, dont plusieurs ont con- servé leurs ovaires et paraissent devoir mûrir leurs graines. Cet exem[)le de culture du M, grandiflora en terre compacte démontre assez qu’il est moins difûcile qu’on ne le pense. Du reste, on n’aura pas à objecter que le Galinais esta un degré au sud de Paris, car, i REVUE HORTICOLE. 73 par l’effet de sa position, le pays est plus froid que les environs de Paris. Notice sur la culture des Pensées vivaces^ par M. Ra- GONOT- Godefroy {Ann, delà Soc. roy. dliort. de Paris) ^ 164® livr. Je sème, au 15 juillet environ, dans une terre composée par tiers de terre franche, de terreau et de terre provenant du sol. Je repique en automne ou an printemps, puis je coupe les premières fleurs, afin de laisser aux plantes le temps d’acquérir tout le déve- loppement dont elles sont susceptibles ; après quoi je me trouve à même de faire un choix plus judicieux. Je prépare ensuite une planche composée des mêmes élé- ments que pour les semis ; j’y transplante toutes mes fleurs de réserve, et je recouvre ma planche d’un paillis épais pour préserver les jeunes racines des rayons trop ardents du soleil, et, en même temps, pour aider au développement des fleurs. Tout moyen connu de multiplication convient à cette plante ; mais celui qui s’accorde le mieux avec sa manièred’être, c’est l’œilletonnage. En effet, comme beaucoup de plantes vivaces qui se régénèrent par une nouvelle radification, les Pensées s’épuisent, parce que les jeunes racines poussées au collet des vieilles plantes se dessèchent, faute d’avoir pu s’enraciner profondément. L’époque la plus favorable pour celte opération est le printemps. Les boutures doivent être faites à air libre et à la même époque que l’œilletonnage, ou bien à l’automne. La multiplication par les semis ne doit être consi- dérée que comme le moyen d’obtenir de nouvelles variétés; on ne doit donc pas l’employer pour perpé- tuer des combinaisons déjà obtenues : car le hasard seul pourrait reproduire les mêmes effets, tant cette plante reçoit facilement la fécondation des plantes voi- sines, et trompe en se jouant l’attente de la main qui l’a semée. Il* SÉRIE — T 4 74 REVUE HORTICOLE. Culture et préparations du thé ; par M. Belamare^ missionnaire apostolique (écrit de Sutchon, en Chine, 4 septembre 1840). Les efforts de quelques horticulteurs pour intro- duire sous le climat de la France la culture de l’arbre à thé semblent promettre un résnltat utile; mais ce qui ne doit faire aucun doute, c’est que cette culture réussirait en Algérie, surtout dans la province de Constantine. Malgré la grande culture et l’ancienneté de la pré- paration du thé en Chine, nous avons encore peu de détails précis sur sa culture et surtout sur les procédés de cueille et de préparation pour le livrer au com- merce. La lettre suivante, adressée par l’abbé Voisin à la Société d’horticulture, et publiée dans ses Jn- nales^ donne quelques détails que nous nous empres- sons de reproduire , en recommandant aux colons d’Alger cette nouvelle branche d’industrie agricole. L’arbre à thé parvient à la hauteur de nos pommiers de Normandie; celui à thé noir, même vieux, ne dé- passe guère 1 mètre 60 centimètres. Ici il ne s’agira que de cette espèce. Au commencement de septembre on recueille la graine pour la semer un mois après, de distance en distance, à intervalle d’au moins 63 centimètres ; on creuse de petites fosses de 9 centimètres environ de profondeur, on jette dans chacune dix graines, qu’on recouvre d’une poignée de fumier, soit la fiente de brehis, soit celle de cheval et de gros bétail mêlée avec de la cendre et réduite en poussière, puis on comble avec de la terre sans la fouler; si on semait sur couche pour transplanter ensuite, en plantant chaque élève, il faudrait avoir la précaution de fouler le terre autour des racines jusqu’à ce que la tige ait atteint hors de terre la hauteur de 16 à 18 centimètres. Il faut avoir soin de ne remuer aucunement la terre qui comble les fosses; on ne peut même sarcler les herbes qui croissent dessus, sous peine de faire mou- REVUE HORTICOLE. | *fS rir les plantes : aussi est-ce une bonne précaution que d’entrelacer de petites baguettes sur la fosse, soit pour reconnaître l’endroit, soit pour le défendre contre les pas des animaux ou des passants. Ce n’est guère que la troisième année, vers les pre- miers jours d’avril, qu’on peut cueillir les feuilles de thé ; on laisse sur l’arbre les feuilles des annéès pré- cédentes qui, étant vieilles, ne peuvent servir, pour ne cueillir que les nouvelles feuilles de Tannée ; avec la feuille on casse sousTongle uue partie de sa tigelle (queue) de la longueur de 1 centimètre ; de cette ma- nière, les branches poussent de nouveaux rejetons, et en nombre d’autant plus grand qu’on a arraché d’a- bord plus de tigelles. Il faut observer de ne cueillir toujours que les feuilles nouvelles. Ordinairement il y a trois cueilles la même année, de vingt jours en vingt jours environ, parce qu’après chaque cueille l’arbre pousse de nouveaux rejetons et de nouvelles feuilles; plus les cueilles sont rapprochées, ou, en d’autres termes, plus les feuilles sont cueillies tendres et nouvelles, plus le thé est estimé ; la première cueille printanière vaut mieux que les suivantes. Les feuilles ainsi cueillies avec leur queue, on les jette dans une poêle ou un chaudron bien chauffé et sous lequel on entretient un feu ardent; au moyen d’un instrument quelconque on les remue sans cesse dans le chaudron ; quand elles sont devenues humides, de manière à s’attacher aux doigts, on les retire du chaudron ; on use de ce procédé pour faire sortir le goût aux feuilles de thé. Aussitôt, sans aucun inter- valle, on doit manipuler la totalité des feuilles de la manière suivante, afln qu’elles se roulent sur elles- mêmes. Chacun en prend autant qu’il en peut enve- lopper avec les mains en les pressant et les roulant sousles deux mains réunies, en comprimant avec force les feuilles; il faut avoir soin de ne pas les frotter sur la superficie de la natte ou planche sur laquelle on les comprime, car alors beaucoup de feuilles s’endom- mageraient; pour éviter cet inconvénient, en tour- nant la boule de feuilles pour les faire changer de REVUE HORTICOLE. 7 6 position entre les mains, la main doit la soulever lé- gèrement ; on peut aussi mettre les feuilles dans un morceau de toile d’un tissu grossier et rare, et les passer ainsi enveloppées sous les deux mains ; sous i cette compression, il sort des feuilles uqe certaine : quantité d’eau, on n’en tient pas compte. Après avoir i ainsi pressé les feuilles sous la main pendant quelques ^ minutes, et qu’elles paraissent assez roulées sur elles* mêmes pour qu’on ne distingue plus la forme des j feuilles, on les développe avec soin, une à une, puis ^ on les comprime de nouveau comme la première fois, i pour les développer ensuite une seconde fois ; ainsi dé- ! veloppées, on se remet à les comprimer, puis on les i développe une troisième fois. Après cette opération, [ on les jette dans le chaudron moins échauffé que la pre- mière fois pour les faire sécher ; on a soin, avec quel- ques baguettes, de les remuer et de leur faire changer de position , afin qu’elles sèchent également et en même I temps. Quand précisément elles ne sont plus humides i et cependant assez sèches pour pouvoir se garder, on les retire du feu et on peut les envelopper et les livrer au commerce et à l’usage : elles sont préparées. Ce n’est guère qu’après trois ans de garde que le thé est bon et bienfaisant ; quant au lieu convenable i pour le conserver, il faut qu’il soit défendu contre l’humidité. PLANTE NOUVELLE. Rhododendron arboreum. Madame Bertin. Superbe variété qui a fleuri pour la première fois en 1841, obtenue d’un semis de R. arboreum^ à fleurs rouges, fait en 1834, par M. Berlin, à Versailles. Ses feuilles, grandes, coriaces, n’ont pas retenu en dessous le blanc satiné de l’espèce. Les fleurs, au nombre de 16 à 18 sur chaque tête, sont campanulées, larges de 5 centim., d’un rose violacé dans le fond, rose pourpre vif sur le limbe et sur tout le dehors. Plante d’un grand effet. REVÜE HORTICOLE. 77 Utilité du hérisson dans les jardins. {Journal d*agri- culture pratique sept. 1841,) Parmi les faits les plus remarquables de riiistoire naturelle du hérisson, le plus curieux est assurément Fimpuissance absolue des poisons animaux les plus violents sur ce mammifère. Ce fait, publié en 1831 par M. Lenz et confirmé récemment par M. le professeur Buckland, rend le hérisson fort utile dans les bois, où il semble appelé à détruire une grande quantité de reptiles et d’animaux nuisibles. J’avais chez moi, dit M. Lenz, un hérisson femelle, très docile et parfaitement apprivoisé ; je le tenais dans une grande caisse de bois. Je lui donnais souvent des serpents, qu’il attaquait avec ardeur sans s’effrayer des replis qu’ils formaient autour de son corps. Il les saisissait, tantôt par la queue, tantôt par la tête, ou par le milieu du corps. Un jour, je fis combattre mon hérisson contre une vipère. A peine s'en fut-il approché pour la flairer, car le sens de la vue paraît être très obtus chez le hérisson, qu’il la prit par la tête et la serra entre ses dents, sans toutefois lui faire beaucoup de mal. La vipère, furieuse et menaçante, se mit à siffler et le mordit cruellement ; mais le hérisson ne parut pas en ressentir une douleur bien vive, et les morsures ne le firent pas reculer. Enfin, la vipère étant épuisée par ses propres efforts, il la saisit de nouveau par la tête qu’il broya entre ses dents, ainsi que ses crochets et sa glande venimeuse, puis il dévora une partie du corps. J’ai souvent renouvelé cette lutte en présence de différentes personnes; le hérisson avait ordinairement huit ou dix morsures sur les oreilles, le museau et même sur la langue sans qu’il en soit jamais rien résulté. Il n’éprouvait ni enflure, ni aucun des autres symptômes que produit le venin de la vipère. Ni l’animal ni ses petits, qui tétaient à cette époque, ne parurent en souffrir en quoi que ce fût. Cette obser- vation s’accorde avec celle de Pallas, qui assure que REVUE HORTICOLE. 78 le hérisson peut manger une centaine de cantharides sans éprouver rien de ce que ressentirait en pareil cas l’homme, le chat ou le chien. Un médecin allemand, voulant dernièrement dissé- quer un hérisson, lui donna de l’acide prussique qui ne ût aucun effet ; une forte dose d’arsenic n’en pro- duisit pas davantage ; il lui fit avaler ensuite de Topium et enfin du sublimé corrosif, sans pouvoir venir à bout de l’empoisonner. Le hérisson n’a recours aux fruits de nos jardins qu’à défaut de nourriture animale ; ses aliments ordi- naires sont les limaces, les limaçons, les insectes, les grenouilles, les crapauds, et quelquefois aussi les souris et les rats. Sous ce point de vue, cet animal serait au nombre des plus précieux pour l’agriculture, et il faudrait s’abstenir de lui donner la chasse, comme on le fait généralement sans aucun motif raisonnable. {^Répertoria cVagricoltura,) Sur la conservation de la faculté germinative des graines de melon. (Annuaire de la Société royale d’horticulture, 167® livr.) Ai. Loiseleur-Deslongchamps dit que les graines de cette plante ont la propriété de conserver pendant très longtemps leur faculté germinative. L’Abrégé des transactions philosophiques de la Société royale de Londres en rapporte deux exemples remarquables. Dans l’un, des graines de melon, portant la date de 1710, levèrent en grande partie en 1743 ; et dans le second, 24 graines de la même espèce, conservées depuis 1700, donnèrent, en 1741, naissance à une vingtaine de plantes. ^ Nouvel enduit pour les bassins, citernes^ et tous lieux ^ destinés à la conservation des eaux, par M. POLON- ' CEAü, inspecteur des ponts et chaussées. * Cet enduit se compose d’une partie de chaux éteinte, ' de 20 parties d’argile délayées en bouillie claire et de REVUE HORTICOLE. 79 100 parties de sable ou de gravier. On commence par délayer l’argile, on y verse ensuite la chaux, égale- ment délayée à l’état de lait épais ; ce mélange devient gras et onctueux ; on verse ensuite cette pâte dans un bassin de sable ou de gravier, comme quand on fait du mortier, et on mêle progressivement les matières avec des griffes de fer ou des rabots en bois. Il est indispensable, pour assurer le succès, que le mélange soit bien complet, c’est-à-dire que la sub- stance grasse pénètre dans tous les interstices du sable et du gravier. Le gravier naturel, comme celui des environs de Paris, mélangé de sable fin et de cailloux de diverses grosseurs, est le meilleur ; c’est celui avec lequel j’ai fait mes principaux essais. Quand la localité ne fournit pas de gravier de ce genre, on peut y suppléer en mêlant avec du sable ordinaire, de mine ou de rivière, des cailloux, des petites pierres, ou des débris de briques, de tuiles, etc. En général, si l’enduit que l’on veut former n’est point exposé à l’action directe du mouvement des eaux et à la pénétration de corps durs, on peut se contenter du mélange de la glaise calcaire, délayée avec du sable pur ; mais quand on a à se prémunir contre ces actions diverses, si l’on n’a pas de gravier mélangé naturel, il faut alors mêler avec le sable de petites pierres ou cailloux, en proportion d’autant plus grande que l’enduit aura plus d’effort à éprouver, et dans ce cas il faut toujours recouvrir cet enduit frais d’une couche de pierrailles ou de cailloux, que l’on y fait pénétrer en pilonant avec force. Cet enduit est parfaitement imperméable ; il n’est susceptible d’aucun retrait et n’éprouve aucune fissure par la dessiccation ou la chaleur. On peut l’employer à une faible épaisseur, mais il est bon de lui donner ITcentîm. d’épaisseur pour les petits bassins et 33 pour les grandes surfaces. Il a assez de ténacité et de consistance pour se maintenir contre des parois de faible inclinaison, et il n’éprouve aucune altération par les successions de REVUE HORTICOLE. 80 la sécheresse et de Thumidité. On le voit alternati- vement sec et ferme, sans gerçures par la sécheresse, et redevenir doux et flexible quand l’humidité le pénètre. 11 est beaucoup moins dispendieux et plus facile à exécuter que les glaisages, les maçonneries et les béions ; il a sur tous ces derniers ouvrages l’avantage d’une flexibilité qui lui permet de céder sans se dés- unir et sans altération aux petits mouvements du ter- rain d’assiette qui peuvent être causés par les alter- natives de l’humidité et de la sécheresse, par la péné- tration des eaux inférieures, et par toutes les causes accidentelles qui modifient très souvent la résistance du sol. Il est, en conséquence, très propre à garnir les ca- naux, les bassins, les réservoirs, les étangs et même les mares, lorsqu’il est revêtu d’une bonne couche de petites pierres ou de cailloux pilonés. Il résiste parfaitement aux piétinements des hommes et des animaux, et même aux roulements des brouettes, et il peut encore être employé avec avantage pour les rigoles d’irrigations. Dans les petits ouvrages, où on lui donne peu d’épaisseur, il convient d’augmenter sa consistance en mettant moins de sable et plus de petites pierres ou de cailloux et d’augmenter la proportion de chaux, surtout à la couche inférieure, afin d’empêcher les vers de terre de le percer. Ce nouvel enduit, que j’ai soumis à diverses épreuves avec un entier succès, participant des propriétés des bétons avec lesquels il a beaucoup d’analogie, mais sur lesquels il a l’avantage de la flexibilité et d’une très grande économie, peut être appelé béton gras ou béton flexible. Son prix varie en raison de celui des matières em- ployées et de celui de la main-d’œuvre dans chaque localité. Celui que j’ai fait avec du gravier naturel de Saint-Ouen, transporté à environ 500 mètres de distance et employé sur 33 centim. d’épaisseur, revient à environ 1 fr. 50 cent, le mètre carré. BEVUE HORTICOLE. 8i Sociétés cVhorücu llu re. La Société d’horticulture do Caen a présenté, du 15 au 18 juillet, une brillante exposition où près de 1 ,200 plantes étaient fournies par 37 exposants. Des prix ont été remportés par MM. G. Thierry, Richard, Le Landais, Darchanchy, Adnot, Tirard, Huet, Lecar- pentier. Picard, horticulteurs à Caen, et Havard à Bayeux. Aucun prix ne paraît avoir été destiné aux amateurs. Nécrologie, Le célèbre botaniste de Candolle, né à Genève en février 1778, vient de mourir. Genève perd en lui Pun des citoyens qui ont fait le plus d’honneur à celte vieille cité, illustre berceau de tant de beaux génies M. de Candolle avait été, sous l’empire, doyen de l’Académie de Montpellier. En 1815 il retourna dans sa patrie, où il se livra tout entier à la science qui a fait sa réputation et à laquelle il a fait faire de si ma- gnifiques progrès. Il a publié, entre autres ouvrages, un catalogue des arbres fruitiers et des vignes du jar- din botanique de Genève, 1820. — Avec de Lamark, la Flore française, Paris, 1815. — Mémoire sur les différentes espèces, races et variétés de choux et de rai- forts cultivées en Europe, Paris, 1822. — Mémoiresur la famille des légumineuses, Paris, 1825. — Organo- graphie végétale, ou description raisonnée des orga- nes des plantes, Paris, 1827. Histoire des plantes grasses, de Redouté, Paris, 1799, ^ic.—Prodromus systematis naturalis regni vegetabilis. Paris, 1825, et continuation. — Regni vegetabilis systerna nataralt\ Paris, 1821. — Rapports sur les pommes de terre, produit, emploi, Genève et Paris, 1821-23. — Syno- psis plantarum in flora gallica descriptamm , ou abrège de la Flore française, Paris, 1806. — Théorie élémentaire de la botanique, Paris, 1819. — Liliacées de Redouté, les 4 premiers vol'., etc. 4. 82 REVUE HORTICOLE. M. Jacob Frédéric Lullin de Chateauvieüx, agro- nome et publiciste genevois, correspondant de l’Aca- démie des sciences deTrance (section d’agriculture), est mort à Genève dans sa soixante-huitième année. On doit à M. de Châleauvieux plusieurs écrits sur les sciences agricoles, dont le plus célèbre est intitulé : Lettres écrites d'Italie a M. Charles Pictet, Il laisse un travail important dans lequel il se proposait de fixer l’état où l’économie rurale est arrivée en France dans ces derniers temps. Etablissements horticoles. Publications de catalogues nouveaux. — Le nouveau catalogue de M. Louis Van Houtte, horticulteur à Gand, préparé pour l’automne 1841, présente un intérêt toujours croissant par le nombre de nouveautés intéressantes qu’il contient. Les notes instructives dont il les accompagne font de ce cata- logue un petit livre utile par les renseignements qu’il donne sur des plantes inconnues ou peu répandues en France. Nous regrettons que M. Van Houtte ne nous ait pas envoyé un certain nombre de ses catalo- gues, pour les distribuer aux amateurs. — La maison Jacquemet Bonnefond, à Annonay (Ardèche), est une des plus actives et des plus assor- ties. Nous la regardons comme centrale pour la partie de la France où elle est située, et susceptible de four- nir à une grande partie du Midi. — Nous remarquons dans son catalogue le Cèdre Déodora, greffé de deux ans, sur le Liban, au prix de 30 fr. les dix. Il est indi- qué comme espèce d’une végétation plus forte et plus rapide que le Liban. En général, le catalogue des plants^ est à prix très bas. — La maison est richement four- nie en Mûriers de toute espèce. ! — M. Oudin aîné, à Lisieux (Calvados), vient de | publier quatre catalogues, dont un, très nombreux, i d’arbres de tous usages, un de Rosiers, un de Camellia,|| Rhododendrum, Pœonia et plantes de serres, un de REVUE HORTÏCOLË. plantes vivaces. — Une note à part annonce un Dahlia, Madame Albert Wallner, trouvé au milieu d’un semis de vingt-cinq mille sujets. Le propriétaire en fait un très grand éloge. «Hauteur moyenne, forts pédon- cules, très belle tenue, pétales amples et larges parfai- tement arrondis, imbriqiîés et disposés avec grâce, couleur du rose le plus brillant. C’est, dit-il, l’incar- nat le plus tendre, relevé par le vif de la cochenille. Livrable en mai. Prix : 15 fr. « — L’établissement de MM. Lefèvre père et fils, à Mortefontaine, par La Chapelle-en Serval Oise), offre un assortiment choisi d’arbres et plantes d’utilité et d’agrément, de pleine terre et de serres. Nous y re- marquons aussi le Cèdre Déodora au même prix que chez M. Jacquemet, franc- de-pied^ et de 25 à 30 centimètres. Chacun, 3 fr. 60 c. M. Ad. SÉNÉCLAUZE, auteur Essai sur la taille et V entretien du mûrier pour les provinces du centre et du nord de la France^ vient de publier un supplément à son catalogue pour les plants et arbres à livrer à la saison prochaine. Les mûriers se divisent ainsi : mo- retti — blancs — roses — mrulticaules — multicaules hybrides, — de l’Inde, à faucher, — à fruit et d’orne- ment. On annonce, de plus, graines de mûriers et œufs ou graines de vers à soie. Ce catalogue comprend aussi une collection de conifères, d’autres arbres d’orne- ment, et de Camellia. — La rose Adeline de Beaulieu, obtenue de semis du Neumann^ est aussi jolie, s’épanouit très bien, et ne manque jamais sa floraison. Retenue, dit-on, par un amateur qui ne la communiquait pas, elle est à présent en vente chez M. Luce, horticulteur, faubourg Saint-Jean, à Cbâlons-sur-Marne, à 1 fr. 60 c. En nous priant de l’annoncer, on nous assure qu’elle mé- rite d’être connue. 84 ftErtE HORTICOLÈ. Ouvrage nouveau. Théorie de l’horticulture, essais descriptifs., se-- Ion les principes de la physiologie, des principales f opérations horticoles ; par John Lindley, Ph. D. J. R. S. Traduit de l’anglais par Ch. Lemaire. 1 vol. In 8" de 420 pages, fig. Prix : 9 fr., franc de port, à la librairie agricole, rue Jacob, 26. Cet ouvrage renferme des articles sur la germina*^ lion, la croissance par les racines et par la tige, les fonctions des feuilles et des fleurs, la maturation du fruit et les principes physiologiques dont dépendent les opérations horticoles. Le savant Lindley y a ren- fermé tout ce que l’état de la science, telle qu’elle est comprise en Angleterre, peut enseigner aux horticul- teurs qui veulent s’expliquer la théorie de ce qu’ils voient et pratiquent journellement. Tout homme qui veut connaître à fond les opéra- tions de la nature comprendra l’utilité d’un tel ou- vrage, enrichi de 36 figqres en bois destinées à expli- quer les fonctions vitales des plantes. !%ovomtore 184lo Sur le Pélargonium. Depuis quelques années les pélargonium sont cul- tivés avec une grande prédilection, surtout en Angle- terre, où des horticulteurs distingués, tels que Gain, Garih. Catleug, Forster, Stewart, Parson et autres ont obtenu, en semant les graines, des variétés nou- velles de beaucoup de mérite. Ces variétés envoyées sur le continent ont donné également des graines qui, récoltées et semées avec soin, ont produit des variétés nouvelles très méritantes. C’est ainsi qu’on a vu à Paris, à Boulogne, à Rouen, à Lille et dans plusieurs autres villes de France une foule de bons pelargo^ REVUE HORTICOLE. 85 nium. Il est certain qu’on pourrait obtenir des résul tats plus satisfaisants encore, mais il faudrait que les jardiniers et les amateurs missent un plus grand soin dans la fécondation artificielle des fleurs et qu’ils fus- sent plus rigoureux dans le choix des nouveautés. Ce serait peut-être le moyen le plus sûr de nous affran- chir du tribut que nous payons encore annuellement, sous ce rapport, à l’étranger. Ainsi, il faudrait, pour qu’un nouveau pélargonium fût admis comme variété nouvelle et méritante sous tous les rapports, qu’il eût toutes les qualités exigées par le bon goût. Les règles qui déterminent ces qua- lités sont formulées ainsi par les connaisseurs. Il faut une croissance forte, je dis roide et raccourcie, des pédoncules de fleurs aussi roides, des bouquets abon- dants (portant chacun au moins 5 fleurs et jusqu’à 8), des fleurs grandes, bien faites, et ayant surtout une bonne tenue. Les pétales doivent être arrondis, de manière à se toucher ; les couleurs doivent être vives, éclatantes, franches et marquées de nuances dé- licates. Arrière donc les fleurs roses, rouges, blanches, brunes ! Il faut maintenant du blanc pur mat de neige avec des macules grandes, compactes et produisant un grand effet; il faut du carmin pur, de l’écarlate et du carmin orangé, du vermillon et du blanc lavé de vermillon feu! il faut du blanc avec un rose mat transparent ! Un de nos correspondants de Bruxelles nous écrit qu’un amateur de cette ville, M. J. Dejonghe, qui pos- sède une collection choisie, a obtenu, de graines se- mées en 1840, des variétés nouvelles qui ne le cèdent sous aucun rapport aux plus beaux pélargonium an- glais. C’est ce que cet amateur a prouvé, à l’exposi- tion de juin dernier, où, en concourant contre une collection composée de pélargonium anglais les plus nouveaux, il a obtenu les suffrages du jury à l’una- nimité. Quelques unes de ces variétés ont reçu les honneurs REVUE HORTICOLE. 86 du baptême, et Tod nous annonce déjà celles qui sont recherchées par les amateurs. 1° Duc de Brabant, Cette variété a toutes les qua- lités mentionnées plus haut. Ses fleurs sont grandes et bien faites ; la couleur est d’un beau carmin orangé ; les macules sont noires. 2® Gloire de Bruxelles, Fleurs très grandes; fond d’un blanc mat; pétales supérieurs presque entière- ment couverts de macules brunâtres dont les stries ne se terminent que sur les bords des pétales. 3® Comte de Flandre, Obtenu de Gain’s King ; cette variété possède toutes les qualités requises. 4® Jenny Colm. Il est impossible de donner une description exacte de la beauté de ce pélargonium. Le fond, d’un blanc des plus délicats, est lavé d’une cou- leur que les Anglais appellent pure scarlet. C’est le plus haut degré de perfection dans les couleurs de cette nuance. On cite encore les variétés suivantes : Luister van Brabant. M. Gallait. Léonide. Treillet. Nathan. Pronkstuk. M. Gendebien. Brussel’s Maid. Marguerite de Parme. Rouppe. Emploi de la mousse et des os dans la culture des plantes en pots. Le procédé de mettre une légère couche de mousse I au fond des pois, procédé par lequel les plantes ac- ! quièrent une plus belle végétation, est depuis long- temps employé dans plusieurs localités, comme je m’en suis convaincu par moi même ; mais il n’y a que quel- ques années qu’il est devenu d’un usage général. Pour la culture des ananas, il y a longtemps que l’emploi de la mousse a été reconnu utile; et je crois que, dans la culture de cette plante, rien ne vaut mieux que la mousse mêlée de beaucoup de sable. Au moyen de ce mélange, et quand toutes les autres conditions ont été bien observées, les ananas prennent un plus grand développement dans un très court espace dei temps. Quant aux arbres à fruits forcés, ce procédé nej I ! REVLE HORTICOLE. 87 leur est guère applicable, parce que, pour ces plan- tes, la terre, quand elle est bien préparée , sert sur- tout à améliorer considérableraeut le goût du fruit. Pour la culture des ce procédé est ex- cellent^ leurs branches acquièrent parla une végétation plus vigoureuseet produisent denombreuses fleurs. Quant aux erica^ j’ai toujours trouvé qu’une cou- che de gros sable de rivière, ou mieux encore de sa- ble de carrière , placé au fond du pot, produit un meilleur résultat que la poussière de brique, qui ce- pendant a aussi son avantage. Mais j’ai obtenu mieux encore en mélangeant de la mousse avec ce gros sa- ble ; j’ai remarqué que ces plantes plongent avec avi- dité leurs racines dans ce mélange. Je crois qu’il existe fort peu de cas où la mousse ne j! puisse être utilement employée, soit comme couche ! inférieure, soit mélangée avec la terre. IJ’ai fait aussi des expériences avec des os réduits en poudre pour la culture des rosiers appartenant aux variétés du rosa odorala (thea) et variétés du rosa sempeiflorens. Je fais passer cette poussière d’os par i| un crible fin, et je la mélange avec la terre préparée ij pour les rosiers, de manière à en mettre une partie : dans huit parties de terre. Les fragments d’os qui I n’ont pas passé à travers le crible sont placés au fond ) du pot, et les racines viennent avidement s’y appli- ; quer. Cette couche de fragments d’os a une double j utilité; elle facilite l’écoulement de l’eau et sert en- !! core d’excellent engrais pour les plantes à fortes ra- \ cinés. Je suis convaincu qu’on peut en faire un fré- quent et utile emploi , comme je l’ai vu moi-même ij pour les scitaminées [globba^ curcurna ^ zingiber ^ ij hœmpieria^ amomum, etc.). Ces rosiers, ainsi traités, j! m’ont comblé de joie par la vigueur de leur végéta- tion et la plénitude de leurs fleurs, îj Dotzauer, I Jardinier royal à Greifwald (Prusse). I ISoia, Sans doute le procédé de placer de la mousse, Il mélangée de sable de rivière, au fond des pots, n’est REVUE HORTICOLE. 88 pas nouveau; mais comme nous sommes convaincu de son excellence, nous croyons devoir en rappeler et en recommander l’emploi à nos horticulteurs. Cette couche serait bien préférable, à tous égards, aux simples tessons, aux cailloux et aux gravois qu’ils pla cent ordinairement au-dessus des trous d’écoulement des pots. Nous nous en sommes parfaitement trouvé nous -même en l’appliquant à la culture des cactées. Dans cette culture toute spéciale, la mousse absor* bait l’humidité surabondante des arrosements, hu- midité, comme on sait, si nuisible à ces plantes, et leur chevelu venait s’y plonger avidement après avoir divisé la terre superposée. La poudre d’os est un engrais nouveau qui doit être, sous tous les rapports, d’une grande activité ; toute- fois, et à cause de son activité même, cette poudre doit être employée avec beaucoup de précautions. Sur la destruction des chenilles et des courtdièr es . L’hiver dernier, après avoir échenillé mes arbres fruitiers avec beaucoup de soins, je fus envahi, au mois de mai, par une quantité innombrable de che- nilles à bagues, dites processionnaires; je les détrui- sis de mon mieux, mais j’avançais peu la besogne par le renfort de celles qui descendaient des chenes et remoniaient après mes arbres fruitiers. Pour em- pêcher l’escalade, j’ai fait avec du suif un anneau de l’épaisseur d’un millimètre, sur un centimètre de lar- geur; sitôt qu’elles remontaient et sentaient le suif, ^•lles se laissaient tomber sans chercher à le franchir. Pour les détruire sans y toucher, on peut aussi prendre un vase quelconque, de la plus mauvaise huile, et les en barbouiller avec un petit pinceau; elles périssent sur-le-champ. Je vous rappellerai aussi, monsieur, le procédé que je vous ai communiqué et qui consiste à mettre dans un fusil la quantité de deux amorces de poudre sans borirre, afin de tirer sur les amas de chenilles qui «e trous ont hors de portée; à quelque hauteur qu’el- REVUE HORTICOLE. 89 les se trouvent dans l’arbre, elles sont asphyxiées par l’atmosphère de fumée et périssent sur-le-champ. Toutes les vieilles courtilières se retirent dans le terrain le plus ferme des carrés, principalement dans les sentiers, pour y déposer leurs œufs, ce qui a lieu du 15 au 30 juin; on les trouve en labourant à la profondeur de 40 à 50 centimètres ; elles font leur ponte dans des mottes de terre de la grosseur d’un œuf où on les trouve par milliers. A la même époque, lorsque les couches sont débarrassées, vous les démo- lissez et vous labourez le fond ainsi que les sentiers à la profondeur de 35 centimètres; par ce moyen vous vous débarrassez de cette taupetle qui ravage toutes vos semences et coupe vos jeunes plants. On sait qu’elles sont très friandes des jeunes plants d’artichauts, cardons, choux-fleurs, etc. Voici le pro- cédé que j’emploie : trois petits morceaux d’ardoise, de planchette ou de tuileau, que je dépose debout en triangle, préservent chaque jeune plant, principale- ment après avoir été arrosé. SiEULLE, fils aîné. Château de Toury (Loire). BELLES PLANTES NOUVELLES. Parmi les nouveautés les plus intéressantes, nous avons remarqué les suivantes dans les cultures de M. Chauvière, rue de la Roquette, 104. Plantes de serre tempérée. Abutilon strié, voy, la Revue horticole^ tome V, page 51. Philibertia grandiflora, IV, page 249. Iporaea Learii, page 38. Fuchsia coryrnhijlora^ page 25. florihunda magna. Fleurs d’un beau rouge foncé, ressemblant au globosa^ mais beau- coup plus grandes. stilosa. Rouge foncé, multiple. 90 REVUE HORTICOLE. Fuchsia Chandlerii. Rose tendre, bout des pétales vert. ! eximia nova. Rouge orange, multiple. Standischii, Rouge amarante , remarquable | par la quantité de fleurs; arbuste bien fait, i Lantana, espèce du Mexique. Orange nuancé. ! Rudbeckia Drummondi. Bon Jardinier,, 1842, p. 790. I Tweedia cœrulea. Plante grimpante, jolie; fleurs d’un | bleu pâle, très multiple. ' Campanula grandii. Fl. nombreuses, largement cam« f panulées, un des plus beaux ornements de nos parterres, quand elle sera multi> pliée. gracilis. Couverte de fleurs. Bon Jardi- nier, 1842, page 750. Brugrnansia fli>rihanda. Fl. orange; beau feuillage, uni, brillant. Mandevdlea suaveolens. Plante grimpante; fl. blanc pur, en panicule comme un nerium, d’un effet superbe. Plante de serre chaude, Æschinantlius rarnosissimus^ V, page 3. Gloxinia rubra. Fleur d’un beau rouge brillant. Rondeletia speciosa,, IV, page 358. Angelonia speciosa. Fleurs violettes, ponctuées au centre, fleurissant en rameaux. Gesneria Ytllowii, Fleurs grandes ; l’un des plus beaux du genre. molle. Fleurs écarlate cocciné, très mul- liflore. Hibiscus splendens,, ketmie éclatante. Bon Jardinier,^ 1842, page 875. Stephanotis Jloribunda, IV, page 126. Chrisanthemum indicum^ anthémis grandiflora. Nota, Nous avons donné dans le Bon Jardinier une liste de Chrysanthemum indicum^ d’après une classification publiée et adoptée, mais qui ne contient pas les nouveaux semis et la nomenclature complète du commerce. Voici un choix fait chez i un cultivateur de Paris, où nous avons trouvé une riche et nombreuse collection. REVUE HORTICOLE. 91 Collection de M, Pelé, rue de Lourcine^ 71, à Paris. Jaune Parcque. Fleur petite, jaune. Perspicuum, Grande, rose violacé, jaune brillant.^ Machanaud. Blanc teinté de rose. Pulcherrimum, Rose clair. Queen Grande, rose carné. Rosalie. Moyenne, blanc brillant. Ermne. Grande, rouge rose. Mirabile. Moyenne, rose carné. Tarquin. Très grande, blanc lilacé. Élégant. Moyenne, lilacé. Abd-el-Kader. Grande, jaune chamois cuivré. Lucidum, Moyenne, blanche. Grand Lilas. Grande, lilas rosé. Baronne de Staël. Petite, blanc teinté de rose. Grand Napoléon. Grande, lie de vin noire. Pygmalion. Petite, rouge. Rubicundum. Moyenne, rouge sombre. Dona Maria. Rose lilas. Maréchal Duroc. Grande, lilas rose. Marie Stuart. Lilas blanc carné. Duchesse de Montebello. Moyenne, rose tendre. Ytobal. Grande, cramoisi panaché blanc. Duc de Trévise. Moyenne, jaune serin. Casimir Périer. Moyenne, rouge foncé. Prince de Bénévent. Moyenne, lilas. Panaché. Moyenne, lie de vin panaché blanc. Madame Dorus. Moyenne, jaune panaché rouge. Gorgiania. Grande, lilas rose jauni. Général Damrémont. Grande, violet pourpre. La Fiancée ou Queen Victoria. Maria. Grande, rouge panaché brique. Madame de Genlis. Grande, brique rouge. Boigiraud. Moyenne, jaune et rouge. Prince d’Eckmul. Grande, blanc jauni. Elvire. Grande, blauc jaune nankin. Egedie. Grande, nankin rouge bordé d’or. Villie. Rose et blanc huppé. 92 REVUE HORTICOLE. Almaide. MoyenDe, blanc, panaché violet au bout des pétales. Lucie. Grande, beau rose clair. Jupiter. Grande, soumoné rouge. Mina. Petite, pompon rouge jauni. Isolier. Petite, carmin foncé. Berihe. Très grande, rose, centre blanc. Beau carmin. Grande, rouge vif. Alexandre le Grand. Moyenne, lilas bicolore. Lisette. Grande, lie de vin rose, centre jaune. Achmet-Bey. Très grande, rose, centre blanc. Alvine. Très grande, rouge sombre. Duc de Bordeaux. Très grande, blanche. Fleurs - racines. Tout le monde a pu admirer à la dernière exposi- tion des produits de l’horticulture, à Paris, une large et riche corbeille de fleurs, composée d’anémones, de renoncules, de roses et de boutons, etc.; et pourtant nous étions au 1er octobre, et la même corbeille peut se recomposer dans les mois les plus rudes de l’hiver, et sans employer aucun moyen de chauffage. — N’é- taient-ce donc point là des végétaux? dira-t-on. — Je vous demande bien pardon : cette corbeille ne se composait que de végétaux ; mais il n’y avait réelle- ment ni renoncules, ni roses, ni anémones; toutes ces fleurs étaient représentées par des carottes, des bette- raves, des navets, des radis! ! ! Avec un petit couteau et des racines, on produit un frais bouquet tiré d’un coin de la cave, où il était enfoui dans du sable. Voici une rose blanche très bien imitée avec un navet; une carotte jaune aurait produit une renon- cule ; une betterave rouge aurait joué le rôle d’une rose de Provins, et l’on aurait pu varier ainsi, selon REVUE HORTICOLE. 93 la diversité de couleurs des carottes et des betteraves. Voici trois autres fleurs non encore épanouies, et représentées par des radis roses, dont les nuances du dehors au dedans ont figuré des couleurs variées. La figure de droite représente une de fleurs- ra^- cines coupée par le milieu, de manière à faire com- prendre les incisions qui servent à imiter des pétales. La difficulté n’est pas grande, puisque, aussitôt l’in- cision faite, le pétale s’écarte naturellement, et un se- cond coup de couteau est nécessaire seulement dans les fleurs larges où l’écartement naturel ne serait pas suffisant. Ces fleurs étant taillées, on les fiche au bout de pe- tits rameaux de buis taillés et aiguisés, ou de tout autre branchage vert. Une telle corbeille est une surprise agréable, lors- qu’elle fait partie du service de table en hiver. On en doit l’heureuse idée à M. Melhout, rue Saint-Lazare, 123, à Paris, qui en fabrique beaucoup et se charge d’en fournir aux personnes qui désirent que leur table rappelle en nivôse les productions de floréal. POTS DE TERRE CARRÉS. Nous avons déjà dit que jamais M. Follet, fabri- cant de vases de jardins, n’avait exposé des produc- tions de son état aussi variées et aussi perfectionnées qu’à la dernière exhibition de la Société royale d’hor- ticulture. Tous les vases à fleurs sont exécutés avec soin, et la cuisson en est bonne. Mais nous ne pouvons REVUE HORTICOLE. 94 donner aussi bien une idée des formes riches et gra- cieuses des vases ornés, des lampes (vases en forme de lampes, suspendus par trois chaînes), et qui ornent si agréablement les serres par eux-mêmes et par les plantes légères que l’on y cultive aériennement. Le moyen âge, le gothique, l’oriental, tous les goûts ont été employés, et nous regrettons de ne pouvoir en donner ici quelques dessins. Nous avons remarqué, parmi les vases d’utilité, un petit pot carré destiné aux semis et aux boutures. Par leur forme carrée, on peut en assembler plusieurs en- semble, sans perdre l’espace qui se trouve entre les ronds; et comme l’espace est précieux sur couche, on comprendra leur utilité. M. Follet demeure rue des Charbonniers Saint-Marcel, 16, à Paris. Encore un mot sur V arbre saint. Il paraît que le célèbre ARBRE SAINT, arbor sancta^ annoncé à si grands frais dans tous les jour- naux et dont nous avons parlé dans la Revue horti^ cote (septembre dernier), est tout simplement le melia azedarach de Linnée, importé de la Syrie en 1655. Il était donc inutile de l’apporter de la Chine en 1841, ! en le faisant passer par un pays qui n’est rien moins qu’horticole, et de là à Paris où il est connu et où il i ne supporte pas le froid avec la même facilité que ceux que les Français ont plantés à Venise près de la place i Saint-Marc, et qui forment à présent un très beau i couvert. i. Catalogues d'établissements d'horticulture, : I M. John Salter à Versailles. Supplément. Conte- ii nant 160 variétés de Pélargonium,^ des plus nouvelles, I REVUE HORTICOLE. 95 parmi lesquelles on remarque Amythyst, Beauty, Bri- des-maid, Brides-groom, Countess ofCowper, Crepida, Duc de Richmond, Jupiter, King John, Life Guards- man, Litlle Wonder, Mary Guy, Miss Hewtrey, Nym- phe, Purpurea grandiflora, Tamburini. Toutes ces belles variétés sont à des prix élevés, mais le catalo- gue indique une forte remise pour les commandes importantes. — On a 30 variétés superbes et nouvelles pour 100 fr. — 50 très belles pour lOOfr. — 50 belles pour 50 fr. Le nombre des variétés de Fuchsia est de plus de 80. Douze variétés nouvelles prises ensemble sont cotées 24 fr. — Les Vcrhena du catalogue sont au nombre de 60 variétés. La collection de^ dahlia de M. Salter rivalise avec celle de M. Chauvière. — Il a une riche collection de Chrysanthemum et une de Pensées, Nous avonsdéjà plusieurs fois entretenu nos lecteurs des pépinières de madame veuve Leroy et fils (An- dré), à Angers, de leur heureuse situation ainsi que des avantages qu’elles présentent. Cette maison vient d’envoyer son catalogue nouveau, dans lequel nous recommanderons la collection éi arbres fruitiers nou- veaux ou peu répandus dans les cultures, Ou\>rages sur V horticulture et V agriculture , On vient de mettre en vente le Bon Jardinier pour 1842. Plus de sept cents articles ont été ajoutés ou modi- fiés, sans compter de nombreuses corrections. — L’ar- ticle Rosier a été revu, la plupart des descriptions complétées, le choix des variétés épuré et augmenté d’espèces méritantes et nouvelles. — Les articles Pe^ largonium et Dahlia mis au courant des nouveautés. — L’article Gazon refait entièrement d’après de nou- velles vues par M. Vilmorin, lequel a aussi augmenté de nouvelles acquisitions les articles des Plantes po- tagères^ fourragères^ céréales et employées dans les arts, — Le nombre des végétaux d’agrément a été ang- REVUE HORTICOLE, 96 mente de toutes les nouveautés. — Enfin cet ouvrage, rédigé par MM. Vilmorin et Poiteau, et toujours tenu i au niveau de la science, contient des principes gé- ' néraux de culture; l’indication, mois par mois, des j travaux à faire dans les jardins; la description, l’his- | toire et la culture particulière de toutes les plantes potagères économiques ou employées dans les arts ; de celles propres aux fourrages ; des arbres fruitiers ; des oignons et plantes à fleurs; des arbres et arbrisseaux utiles ou d’agrément, suivi d’un vocabulaire des ter- mes de jardinage et de botanique ; d’un Jardin des plantes médicinales ; d’un tableau des végétaux grou- pés d’après la place qu’ils doivent occuper dans les parterres, bosquets, etc. — 1 vol. in- 12 de 1200 pa- ges, 7 fr. et 9 fr. 25 c. par la poste. A Paris, à la li- brairie agricole, rue Jacob, 26. Il existe, pour l’agriculture, un ouvrage aussi utile et d’une pratique aussi certaine que le Bon Jardinier ; son titre : CALENDRIER DU BON CULTIVATEUR indique assez qu’il en est le compagnon inséparable. Le Bon Cultivateur, quoique parvenu à sa sixième édition, n’est pourtant pas répandu autant qu’il de- vrait l’être; aussi regardons-nous comme un devoir de donner ici un souvenir de son existence. La première ntoitié de l’ouvrage est remplie par un calendrier où les opérations de chaque mois sont dé- taillées avec une extrême clarté et une sûreté de prin- cipes et de méthode qui n’étonneront pas quand on se rappellera qu’ils sont dus aux leçons du vénérable Mathieu de Dombasle. le professeur et le créateur de la ferme-modèle de Roville à laquelle ragriculture i française doit de grands progrès. Dans les deux cents pages qui suivent, l’auteur a donné de précieuses leçons sur l’administration, les instruments, les irrigations, les engrais, les assole- ments, le bétail, etc. L’ouvrage est terminé par La Richesse du culti - VATEUR, OU Les Secrets de Jean-Nicolas Benoit^ épi- jBôde attachant, dans lequel, sous une ingénieuse fie- REVUE HORTICOLE. 97 tion, on trouve les plus simples et les plus sûrs moyens de tirer parti d’un bien médiocre pour arriver à une heureuse et raisonnable aisance. M. de Dombasie a donné à l’agriculture les soins éclairés de toute sa vie. Que l’on se figure entendre un agriculteur aussi instruit rappeler toutes ses ex- périences, raconter tout ce qu’il a vu, dire tout ce (ju’on lui a communiqué pendant un long espace de cette vie de travaux et d’encouragements, et Ton se fera une idée dé l’intérêt que peut présenter la b ctnre des ANNALES AGRICOLES DE ROVILLE, ou mé- langes d’agriculture, d’économie rurale et de législa- tion agricole! — Dans les neuf volumes de cette col- lection on trouve une foule de détails et d’enseigne- ments essentiellement praf!i que s l’on ne rencon- trerait pas dans toutes les compilations intitulées : Cours d'agriculture et Maison rustique; dans aucun autre ouvrage enfin. Prix du Bon Cnlthuiieni\^ 1 vol. in 12 de [ lus de 600 pages, avéc planches gravées, 4 fr. 50 c. et 6 fr. franco^ Prix des Annales n^ri cote s deRovülc^ 1823 à 1837, 9 vol. in-8, 61 fr. 50 c. Ces ouvrages, imprimés aux frais de l’auteur, sont en dépol chez lîéditeur du Bon Jardinier, rue Jacob . 26 K>éceml)re 1^41. Analyse chimique Engrais, leur force nu valeurs cowparces — (Extrait du cours de chimie organi- que professé au Conservatoire par M. Payen.) L’azote est un des principes constituants du corps des animaux, où il entre en quantité considérable. Ce fiuide est ptiissamment absorbé parles végétaux, sur- tout avec le concours de la lumière, ce qui fait que la végétation rend Pair plus pur en augmentant la quan- tité proportionnelle du gaz oxygène exhalé par les plantes. Il* SÉRIE. — I. 5 BEVUE HORTICOLE. L azotc De sert ni à la respiration ni à la combus- tion ; mais il est évident qu’il joue un rôle important dans l’acte de la végétation, où on le rencontre par- tout en plus ou moins grande quantité : c est le prin- cipe essentiellement organisateur. L’eau de pluie ren- ferme constamment de l’azote. Les eaux de pluie d ete, celles qui tombent surtout pendant les orages, en ren- ferment une plus grande proportion. On regarde donc l’azote comme valeur reelle et in- trinsèque des engrais, en tête desquels on doit citer le ianssec, dont le commerce en grand est établi de- puis quelques années ; il renferme les conditions es- sentielles d’un engrais de premier ordre. ^ En attachant à la matière azotée l’importance qu elle mérite, il ne faut pas cependant nier la part impor- Unte que prennent aussi les matières non azotees a l'acte L la végétation ; néanmoins la culture doit em - ployer de préférence^pour fumure, les matières qui, sous le plus petit volume, contiennent le plus d azote. Nous allons donner, d’après M. Payen, la quantité d’azote renfermée dans les principales substances em- ployées comme engrais. ^ Avant pris pour base le fumier de ferme qui contient 4 pour 1000 d’azote, dans cette proportion il faut lO 000 kilogrammes de ce fumier pour fumer un hec- tare, c’est-à-dire que 10,000 kilogr. de matière con- tenant 4 pour 1000 d’azote fument un hectare de terre, de telle sorte qu’il ne faudrait que 5000 kilogr. de matière contenant 8 pour 1000 d’azote pour obtenir les mêmes résultats, et ainsi de suite. Le fumier de ferme contient 4 millièmes d’azote, cest-à-dire 4 parties d’azote sur mille parties de fumier. centièmei millièmes. do millièmes. La paille de pois contient 17 — de millet ' — de sarrasin ^ — de lentilles — d’avoine ^ -r- d’orge ^ REVUE HORTICOLE. 93 La paille de seigle 1 — 7 — de froment 4 — 9 — partie inférieure de la même, 67 cenlimèlres de long. .4 — t — partie supérieure, 33 centi- mètres 13 — 3 Balles de froment 8 — 5 La paille des céréales, des légumineuses, etc., con- tient une forte proportion d’azote; cependant les ex- créments des animaux herbivores qui en ont con- sommé contiennent comparativement peu d’azote ; ceci s’explique parce que les animaux ne peuvent en- tretenir la vie qu’autant qu’ils fournissent aux or- ganes les éléments dont ils ont besoin pour leur pro- pre reproduction. La quantité de fourrage qu’il faut à l’animal dimi- nue dans le même rapport que cette nourriture est riche en principes azotés ; elle augmente, au contraire, dans le même rapport que cette nourriture en con- tient moins. Les pommes de terre contiennent fort peu d’azote; si l’on en nourrit un cheval, il ne gagnera ni en masse ni en force; sa vie ne sera qu’une inanition lente. — Le riz est la céréale la plus pauvre en azote. Les excréments de l’homme sont les plus azotés de tous ; pour lui, manger est un besoin et aussi une source de jouissances, de sorte qu’il consomme plus d’azote qu’il ne lui en faut. La véritable question pour le cultivateur est donc de savoir utiliser convenablement l’aliment azoté des plantes que produisent non-seulement les excréments de l’homme et des animaux par la putréfaction, mais encore les débris d’animaux et toutes les matières vé - gétales riches en azote; or, s’il ne l’apporte dans ses champs sous une forme convenable, cet aliment est perdu pour lui en grande partie. Lu tas de fumier mal employé lui deviendrait complètement inutile; au bout de quelques années il trouverait à sa place les débris carbonés des parties végétales pourries, et parmi eux il ne rencontrerait plus d’azote. REVUE HORTICOLE. 100 FMus les organes des végétaux sont jeunes, plus ils contiennent d’azote, ce qui explique pourquoi la partie supérieure de la paille est plus azotée que la partie inférieure d’une formation antérieure; c’est-à-dire que le tiers de la totalité de la tige contient 13,3 d’a- zote pour 1000 parties, tandis que la partie inférieure, à peu près deux fois aussi grande, en renferme seu- lement 4,1. Ce fait important, dû aux recherches de MM. Boussingault et Payen, démontre l’avantage qui résulterait de donner aux bestiaux la partie supé- rieure des pailles, tandis qu’on réserverait l’autre pour la litière. La paille ou tîges desséchées des légumineuses est beaucoup pins riche en azote que celle des graminées. Tous les produits des végétaux de cette famille sont dans ce cas. Les liges sèches de topinamlDOur cont. 3 — 7 Fanes de raadia 5 — 7 — de l)etleraves 5 — 0 — de pommes de terre 5 — 5 — de carottes. 8 — 5 Herbes de prairie 5 — 3 Tiges et feuilles de genêt 12 — 2 Feuilles d’automne de chêne 11 — 7 — de peuplier. ... 5 — 3 — de bruyère 17 — 4 Les feuilles d’arbres, et notamment celles d’au- tomne, renferment une quantité d’azote qui explique la bonté du terreau qui en provient. La feuille verte est moins azotée que la feuille d’automne, alors dans toute sa perfection. Fucus digitatus (algue) 8 — 6 — — ....... 9—6 — saccharînus sec 13 — 8 — — 5 — 4 Goémon brûlé 3 — 8 Les fucus (famille des algues) récoltés en quantitéi sur les côtes de la Bretagne et de la Normandie sous le nom de goémon^ et que l’on brûle pour obtenir dei REVUE HORTICOLE. 101 la soude uaturelle, forraeut un excellent engrais, sur- tout mélangés avec le fumier de ferme. Touraillons (radicelles de l’orge germee des brasseries). 45 — 1 Racines de trèfle l — 6 Graines de lupin 34 — 9 Les graines de lupin ^ employées comme engrais, forment en Toscane la base d’un commerce assez im- portant; pour leur faire perdre la faculté de germer, on détruit l’embryon en les torréfiant légèrement ou en les faisant bouillir à la vapeur. Ma/cs de raisin 13 — 3 Pulpe de betterave sèche 1 ! — 4 — pressée 3 ■ — 8 Ecume du jus de betterave 5 — 3 Ces écumes, provenant de la défécation du jus de betterave, sont employées comme engrais, ainsi que cela se pratique à Vigneux, près de Villeneuve-Saint- Georges. Tranche de belîerave épuisée .... 0 — 9 Tourteaux de lin 62 — 0 — de colza . 49 — 2 — ^ Arachy s kypogea 83 — 3 — d? madia 50 — 6 — d’épuration (sciure) 5 — 4 — — de graisses 35 — 4 — de croton 40 — 2 Les tourteaux, résidus de la fabrication des huiles obtenues par la pression, sont des engrais excellents ; plus ils sont épurés et débarrassés de matières hui- leuses, meilleurs ils sont, car l’huile est nuisible à la végétation. Plus ils sont divisés, plus ils ont d’action : aussi les emploie t on à l’état de poudre (sciure). Pulpe de pommes de terre 5 — 3 Suc de pommes de terre 3 — 8 Eaux des féculeries 0 — 6 105 REVUE HORTICOLE Dépôt des féculeries 3 — 6 Dépôt des féculeries, sec 15 — 4 Eaux de fumiers (lavage, pluies). . . O — 6 Bois d’acacia, sciure 2 — 9 Bois de chêne, sciure 5 — 4 Excréments solides de vache 3 — 2 — de cheval. ... 5 — 5 Urine de vache 4 — 4 — de cheval 2 — 6 Excréments mixtes de vache 4 — 1 — de cheval 7 — 4 — de porcs 6 — 3 — de moulons ... U — 1 — de chèvres. ... 21 — 6 V urine des herbivores est, comme on le voit, plus riche en azote que leurs excréments : aussi est-ir avan- tageux pour les cultivateurs de la recueillir avec soin. La quantité d’azote renfermée dans les excréments des moutons et des chèvres indique l’effet qu’on doit attendre de leur mélange avec ceux des vaches, des chevaux, etc., qui constituent les excréments mixtes. Guano normal 49 — 7 — extrait par tamisage 53 — 9 Le guano est un engrais qu’on exploite dans les îlots de la mer du Sud : il est déposé dans ce^ îlots par une foule immense d’oiseaux aquatiques qui les habitent pendant l’incubation; ce sont les excréments putré- fiés de ces oiseaux. Dans un terrain composé unique- ment de sable blanc et d'argile, il suffit d’ajouter une faible quantité de guano pour pouvoir y récolter les plus riches moissons de maïs. Cet engrais se vend en Angleterre jusqu’à 60 fr. les 100 kilogr. Colombine (fiente de pigeons). . . 83 — OO Litière des vers à soie 32 — 90 Chrysalides des vers à soie 19 — 14 Ces deux derniers engrais sont assez riches pour être considérés comme importants dans les magnaneries. REVUE HORTICOLE. lOS Poudrette de Belloiii 35 — — de Monlfaucon 15 — 6 Coquilles d’huîtres 3 — 2 Suie de houille 13 — 5 Suie de bois 11 — 5 La houille donne par sa distillation du carbonate d’ammoniaque, ce qui explique pourquoi la suie ve- nant de cette matière est plus riche en azote que la suie de bois. Merl 5 — i Le merl^ corruption d’un mot anglais signifiant marne ^ est une production animale qui ressemble tout à fait au sable ordinaire par ses propriétés physiques; il contient cependant plus d’azote que le fumier de ferme. Le merl est très estimé en Bretagne. Cendres de Picardie 6 — 5 Chair musculaire sèche 130 — 4 Morue salée 67 — 0 — lavée, pressée 168 — 6 Sang sec soluble 121 — 8 — liquide 27 — 1 — coagulé, pressé 45 — l — sec, insoluble 148-— 7 Plumes 153 — 4 Poils de bœuf 137 — 8 Chiffons de laine 179 — 8 Râpures de corne 143 — 6 Ces quatre dernières matières sont autant d’engrais très riches en azote, mais ils demandent en général cinq et six ans avant d’être entièrement décomposés ; on doit les employer de préférence pour fumer les pé- pinières, les plants de vigne, etc.; ils suivent lente- ment les progrès de la végétation. Hannetons 32 — I On devrait, dans les localités où les hannetons exer- cent de si grands ravages, encourager les femmes et les enfants à les recueillir ; on voit qu’ils donneraient un engrais qui couvrirait les frais de ce travail et di- minuerait la quantité des vers blancs. 104 REVUE HORTICOLE. Os séchés ii Tair (fondus) 70 — 2 Os dégraissés (liuinides) 63 — 1 Os gras 62 — J Les O.V, appliqués à la ferlilisalion des terres, n’agis- seul qu’en raison du tissu fibreux organique qu’ils renferment ; leur action varie suivant qu’ils sont fon- dus, humides ou gras. Résidus de colle d’os 5 — 2 Marcs de colle d’os 37 — 3 Paindecreton . 118 — 7 Le pair? de creton est formé de l’assemblage des membraues adipeuses provenant de l’extractioo des graisses; on voit que c’est une substance très riche en azote. Noir animal des raffineries 10 — 6 Noir animalisé 10 — 9 — des camps 12 — 4 Le noir animal des raffineries, employé à la déco- lation des sirops, contient t5 pour 100 de sang coa- gulé; c’est un des engrais les plus estimés. Le noir animalhè^^x obtenu par le mélange des ma- tières fécales avec une poudre terreuse carbonisée; c’est un excellent engrais. Il a été inventé en 1833 par M. Salmon, associé de M, Payen, dans la manufacture des produits chimiques de Grenelle. Nous nous sommes beaucoup servi pour faire l’ex- trait ci-dessus, outre nos notes particulières, de celles publiées par MM. Rossignon et Garnier sous le titre de ( 'ours do chimie organique appliquée aux arts in- duslriels et agricoles-^ professé par M. Payen^ publié par livraisons chez M. Béchet, rue de Sorbonne, 14 ; prix, 7 fr. 50. Nous avons fait usage aussi de l’ouvrage intitulé : Des engrais ^ Théorie actuelle de leur action .sur les plantes^ principaux moyens d^en obtenir le jdas d’effet utile, par M. Payen; dernièrement pu- blié par l’éditeur du Bon Jardinier; prix, 1 fr. ÏIEVUE HORTICOLE^ 105 Plantes potagères. Cardon Puvis. De tous les cardons que nous ayons ooniius jusqu’à présent, aucun n’a les côtes aussi larges que celui-ci, ni ne fait une plante aussi forte. Nous l’avons reçu du savant agronome dont nous lui avons donné le nom. D’après les renseignements qu’il nous a communiqués, ce cardon est cultivé à Bourg et à Lyon pour le marché, et quoique ses côtes ne soient pas très pleines, il est fort recherché des jar- diniers et des amateurs à raison de sa grande beauté. Sa feuille esta divisions fort larges, ressemblant plu- tôt à celle d’un artichaut très vigoureux qu’à celle d’un cardon. Quelques individus sont sans piquants, les autresfaiblement épineux. Le volumeénorme qu’ils acquièrent souvent rend cette variété remarquable entre toutes celles de son espèce. Vilmorin. Chou de Vaugirard ou Chou pommé d’hiver. On désigne sous ces deux noms, à la halle de Paris, un chou qui y paraît depuis assez longues années, et dont la culture commence à s’étendre dans quelques com- munes des environs. Il n’est remarquable ni par le volume ou la beauté de sa pomme, ni par rien d’ex- térieur; mais il possède le mérite d’arriver dans une saison où les choux cabus et les milans sont épuisés ou deviennent fort rares. Il remplit ainsi, si ce n’est toute, au moins une partie de la lacune qui existait autrefois, celle entre la fin de février et la lin d’avril, époque où paraissent les premiers choux d’York. Pour un marché tel que celui de Paris, ce mérite est fort grand; aussi a-t-on vu dans certaines années le chou de Vaugirard se vendre jusqu’à *22 fr. le quarteron (les 26 têtes). Cette époque particulière de son produit tient en partie à la rusticité de l’espèce, en partie ou mode de culture. On sème fin de juin et l’on replante en place du 8 au 15 août. Tout consiste ensuite à retarder la plante le plus possible, sans l’altérer, ce que l’on ob- tient surtout en ménageant les arrosements dans la 5, ftEVtîÊ HORTÏCOÉE. 106 belle saison. La pomme commence ordinairement à se former en décembre; plus lardon l’obtiendra et l’on pourra prolonger sa durée, plus les produits au- ront de valeur. Un moyen employé quelquefois dans cette vue est de faire une incision sur la tige, jusqu’à la moitié à peu près de son épaisseur, immédiatement au-dessous de la pomme. Cette opération se fait eu mars, et seulement sur les plus sains et les plus beaux; car dans une culture hi- vernale comme celle-là, tout ne réussit pas égale-^ ment. Quoique ce chou soit très dur, les jardiniers les abritent dans les grands froids avec de la longue litière. Cette variété, dont l’origine est peu connue, pro- vient peut-être du chou à grosse côte; ses caractères ne sont pas constants ni bien tranchés; les plus ordi- naires consistent dans l’épaisseur et la blancheur de la côte et des nervures, et dans le vert foncé des feuilles ; celles qui recouvrent la pomme sont souvent veinées de rouge. La pomme varie dans sa forme, tan- tôt ronde, quelquefois en cœur de bœuf, mais plus ordinairement aplatie; celle-ci est préférée. Les in- dividus qui tournent au blond et qui forment leur tête de bonne heure sont évités pour porte-graines comme moins solides à Thivernage que les vert foncé et tardifs. Vilmorîn. Fraise Reùu; Victoria (Queeii Victoria). Nous men- îiouDons cette espèce parce qu’elle nous a été envoyée d’Angleterre par un de nos meilleurs correspondants, ; comme extrêmement belle et plus grosse que la Wil- mot. Nous n’avons pas encore tu son fruit. Vilmorin. Laitle Romaine à feuille d'attlckaut. Cette belle espèce de salade m’a été communiquée par M. de Dombasle ; elle a du rapport, par la découpure de ses feuilles, avec la laitue épinard et la romaine à feuille I de chêne, mais chacune diffère par sa nuance plus foncée, un peu rougeâtre et surtout {larses qualités. ?.lle est robuste, fort grosse, se remplit parfaitement ftEVÜE HORTICOLE. 107 et est fort lente à monter. Je ne puis, au reste, la faire mieux connaître qu’en reproduisant ici les détails que M. de Dombasle m’a adressés à son sujet. Voici ce qu’il m’en écrivait à la fin de 1840 et qu’il m’a confirmé dans une lettre récente : Vilmorin. « Cette laitue n’est venue à ma connaissance que de l’été dernier ; elle n’est répandue que dans les jar- dins de quelques presbytères et seulement depuis peu d’années. Elle est connue sous le nom de laitue-arti- chaut, à cause de la forme de ses feuilles, longues, étroites, pointues, présentant de larges dentures la- térales, qui leur donnent l’apparence de feuilles d’ar- tichaut. Elles sont d’un vert foncé, douces et légè- rement amères; mais lorsqu’elles ont été blanchies par la ligature, l’amertume disparaît; elles sont très tendres et d’une saveur bien plus agréable que celle de toutes les autres laitues. « Cette espèce se distingue particulièrement par une propriété qui la rend très précieuse comme laitue d’été et d’automne: c’est sa lenteur à monter à graine. Lorsqu’elle a été semée en pleine terre à la fin de l’hiver, elle forme en juin une touffe volumineuse, non pas étalée en rosette, comme l’endive, mais en forme de faisceaux, parce que toutes les feuilles se dirigent en haut. Cette touffe augmente de volume jusqu’en septembre, et ne monte que fort lard; eu sorte que la semence n’est mûre que peu de temps avant les premières gelées. Les feuilles de l’intérieur blanchissent ainsi spontanément ; mais il vaut beau- coup mieux leur donner une ou deux ligatures. « En la semant; en juin et juillet, elle est excellente à manger jusque fort tard dans l’automne, tandis que toutes les romaines que je connais prennent une sa- veur âcre, et cessent d’être mangeables dès que la vé- gétation est interrompue par les premiers froids. M En rentrant la laitue-artichaut de même ijue les endives, à répoque des premières gelées, je l’ai en- core conservée dans un cellier pendant un mois avec toutes ses qualités; peut-être pourrait- on la conser- ver encore plus longtemps ; je n’en avais fait rentrer 108 RKVUE HORTICOLE. que fort peu, ce qui^ue m’a plus permis de pousser l’épreuve aussi loin qu’elle aurait pu l’être. »> Oignon de JSoceta, Très petit oignon blanc, extrê- mement précoce, dont M. Audot a rapporté les grai- nes d’Italie. Semée à côté de l’oignon blanc hâtif, cette variété l’a devancé de près d’un mois ; elle tourne presque avec la même promptitude qu’un radis et lorsque le plant n’a.encore que o ou 4 petites feuilles. Nous avons cru reconnaître en elle le véritable petit üignj)n blanc de Florence^ que nous avons eu autre- fois et perdu depuis longtemps;, c’est une très jolie variété, excellente pour confire et pour les ragoùis, mais malheureusement très difficile à maintenir fran- che en France. On en fait beaucoup usage à Naples, et sa culture unique pour ce pays est dans la petite ville de Nocera, près du Vésuve ; c’est de là que vimt la graine apportée par M. Audot. Vilmorin. Tef d’Abyssinie ; Poa Abysùnica. Le tef d’Abys- sinie est une des plantes de ce pays que les voyageurs aient mentionnées avec le plus d’éloges, et dont ils ont mis le plus d’intérêt à rapporter des graines. Ou Ta possédée depuis longtemps au Jardin des Plantes, et une ou deux fois nous en avons fait l’essai sans pouvoir nous rendre un compte exact de son méi ite. Cette année nous a fourni une nouvelle occasion de l’essayer ; dans la collection dont nous parlerons à l’occasion du Tsnda^ il se trouvait plusieurs lots de tef provenant de diverses parties du pays, et, d’un autre côté, M. le duc Decazes a bien voulu nous eu donner de la graine qu’il avait reçue d’un voyageur entreprenant, M. Rochet, qui, seul et à ses frais, a fait tout récemment le voyage d’Abyssinie. Ces graines, traitées de différentes manières, les unes sur couche et repiquées, les autres semées en place, ont produit des plantes telles que nous les avions vues précédem- meî)t, faibles, d’un vert pâle et d’un accroissement lent dans leur jeunesse, puis prenant à l’époque des chaleurs un développement assez vigoureux. Toutes ont développé leurs panicules qui sont composées de RKVUE HORTICOLE. 109 divisions très iioinbrcuses et déliées, et retombent d’un même coté en un long panache pleureur. La plupart ont amené des graines à bien, et il en a même été ainsi du lot provenant de M. le duc Decazes, qui n’avait été semé que le 28 mai. Ces graines sont extrê- mement petites, blanches, pesantes et farineuses ; on pourrait, sans doute, les employer en potage à l’instar de la semoule ; mais la plante ne nous paraît pas assez robuste pour V|ue l’on en pût faire l’objet d’une cul- ture profitable sous ce rapport, non plus que sous celui du fourrage, si bonne que puisse être sa qualité. Nous ne prétendons pas toutefois condamner absolu- ment le tef; peut-être sous le climat plus favorable de la Provence ou du Languedoc, offrirait-il des avantages plus prononcés. Aujourd’hui que l’éveil est donné sur lui et que ses graines sont devenues plus abondantes, il sera facile de multiplier les essais et d’arriver à des notions exactes sur ses défauts et ses qualités. Vilmorin. Plante nouvelle, VERVEINE ANAÏs. Cette verveine, gagnée de semis par M. Chauvière et dédiée à son épouse, comme lui horticulteur actif et intelligent, est une charmante variété hybride du teuerioïdes ^ dont elle diffère par des feuilles pétiolées, souvent lobées, par son port plus élancé, ses fleurs d’un rose vif, pâlissant lors du complet épanouissement- Elle se conserve, comme les autres, en serre tempérée ou en orangerie, et fleurit pendant deux mois, en pleine teire, dans la belle saison. Dcÿ i'henilles^ de V échenillage et des petits oiseaux. Nous donnons, d’après M. Mathieu de Dorabasle, l’extrait suivant d’un article qui se distingue par des observations neuves et utiles. A ce sujet nous croyons REVUE HORTICOLE. UO devoir conseiller à nos lecteurs d’étudier l’article Ichneumon du Dictionnaire d’histoire naturelle. « Nos campagnes, du moins dans nos départements de l’est du royaume, se trouvent enfin délivrées comme par enchantement du fléau des chenilles qui les dé- solait depuis plusieurs années, et qui encore au mois de mai dernier se montrait plus menaçant que jamais. En effet, les bourses de la chenille commune qui cou- vraient les arbres dans l’automne de Tannée dernière n’avaient jamais été aussi nombreuses, et il s’y joi- gnait une telle multitude d’œufs de l’espèce qui les dépose en forme de bagues autour des rameaux, qu’à aucune époque peut-être on n’avait rien observé de semblable. Toute cette progéniture avait parfaitement résisté aux rigueurs d’un hiver remarquable par son Intensité et sa longue durée. Au printemps, les arbres étaient couverts d’une multitude de petites chenilles qui semblaient ne devoir permettre à aucune feuille de se développer. A la fin de juin les chenilles avaient disparu et les arbres étaient revêtus de la plus riche verdure. “ Dans un article en quelque sorte prophétique publié par M. A. Puvis, l’auteur expose des recherches intéressantes sur la disparition instantanée, à diverses époques dont on a conservé le souvenir, soit des che- nilles, soit des alucites , au moment même où ces insectes s’étaient multipliés au plus haut degré. Il ex- plique, ainsi que le font tous les naturalistes, comment la destruction des chenilles est opérée par l’action d’autres insectes ailés, auxquels on a donné le nom ichneutnons et dont la multiplication est un effet de celle des chenilles elles- mêmes, puisque le corps vivant de ces dernières peut seul servir de pâture au ver ou larve de Tichneumon. La femelle de la moucht qui naît de la transformation de cette larve, perçan la peau d’une chenille, dépose un ou plusieurs œuf dans l’intérieur de son corps, puis volant à d’autre: chenilles les dévoue ainsi à la mort ; car ces œuf donoenl naissance à des vers qui vivent de la sub «tance même de la chenille. Ils sortent bientôt à Téta REVUE HORTICOLE. tu de larves, se iransfurmem en chrysalides, puis en mouches qui renouvellent leur ravage parmi les che- nilles subsistant encore, et une destruction presque générale eu est le résultat. M. Puvis, dans Tarticle cité, annonça d’une manière assez positive que la destruction des chenilles par les ichneumons devait arriver cette année, s’il est vrai, comme l’expérience l’a montré jusqu’à ce jour, que l’époque marquée pour celte destruction est celle de la plus grande mul- tiplication des chenilles. Jamais prédiction ne s’est réalisée plus complètement ; presque toutes les che- nilles ont péri avant d’arriver au terme de leur exis- tence, et parmi le petit nombre qui ont pu se trans- former en chrysalides, la plupart périssent dans cer état par l’effet de l’ichneumon trouvé dans leur corps ou que l’on en voit sortir à l’état de larve. “ C’est pendant le cours d’une invasion de chenilles semblable à celle dont nous venons de parler qu’est éclose ia loi de l’an IV encore en vigueur aujourd’hui. Tous h s hommes sages reconnaissent aujourd’hui que les mesures prescrites par celte loi sont entièrement iuefflcaces, et qu’elles ne peuvent ni prévenir une invasion de ces insectes, ni en diminuer sensiblement les ravages. La vérité est que les chenilles n’oni jamais causé, du moins dans les jardins, de dommages réels qu’aux négligents. L’échenillage que prescrit la loi ne peut s’appliquer qu’à l’espèce de chenilles dont les œufs éclosent en automne, et qui, encore très petites, se renferment, pour passer l’hiver, dans des bourses composées d’un tissu qu’elles filent elles- mêmes. Quant aux autres espèces et spécialement à celles dont les œufs sont déposés en bague autour des i rameaux et n’éclosent qu’au printemps, l’échenillage ' que prescrit la loi est entièrement impuissant. Il est t un moyen bien plus simple et bien plus facile de se ^ débarrasser eu quelques instants de toutes les che- s niiles qui se trouvent sur les arbres ; c’est le moyen ([u’emploient tous le^ jardiniers soigneux ; il consiste à détruire les chenilles au moment où elles se réu~ iii Dissent en paquets, semblables à des essaims d’abeilles*. revue HORTK.OÎ.E. à l’eufourciieaient des grosses branches de l’arbre, comme ne manquent jamais de le faire au printemps les chenilles de toutes les espèces, chaque soir, pour «garantir de la rosée de la nuit, et à toutes les heures du°iour lorsque le temps est pluvieux. Un homme, armé d’un gant de toile grossière, en écrase alors des milliers cl en purge complètement un arbre en quel- ques instants. U est vrai que lorsque les chenilles ont fUtièreraent dévoré les feuilles d’un arbre, elles se norteni parfois sur d’autres ; mais ces cas sont rares et ces chenilles y causeront peu de dommage, attendu (lu’elles sont alors bien près du terme de leur exis- tence. Il est certain que toutes les fois qu’un arbre est dépouillé de ses feuilles, c’est par le fait des chenilles (lui sont nées sur l’arbre même. <. C’est donc un échenillage de ce genre que I on devrait prescrire pour que la loi fût efûcace, au lieu de forcer les propriétaires à mutiler leurs arbres en cassant des rameaux qui portent des bourses souvent très multipliées sur chaque branche. Quelque absolus et illimités que soient les termes de la loi, on ne peut même songer à appliquer un échenillage quelconque aux forêts ou aux plantations étendues ; tout se borne donc à opérer dans un cercle bien étroit autour des habitations : elles papillons produits pair les chenilles qui ont vécu sur les arbres places à quelque distance, ■se répandent et couvrent d’œufs les arbres qui ont ete le plus soigneusement échenillés. . -n » A l’époque de la dernière invasion des chenilles, on s’est imaginé qu’on devait l’attribuer a la des- truction des petits oiseaux. Cette idée s’est accréditée à tel point que des arrêtés ont été pris pour defenUre toute espèce de chasse aux oiseaux dans les bois appartenant à l’état. Les oiseaux se nourrissent, il est vrai, d’insectes de tout genre ainsi que de grains, et les clienilies figurent dans le nombre de leurs aliments sans aucun doute ; mais les faits prouvent que la cou- soramation qu’ils en font est enfièreraent insignitiante. D’ailleurs, pourquoi est -on toujours reste dans le vague de cette désignation générale de petits oiseaux.- REVUE HORTICOLE. 115 A ^-OD craiDf d’appeler l’iDtérêl sur l’espèce des moi-- neaux^ ces pillards audacieux qui se multiplient en si grand nombre dans le voisinage des habitations de l’homme et qui dévastent souvent des récoltes en- tières ? Cependant lestmoineaux sout bien les destruc- teurs des chenilles par excellence parmi les oiseaux ; ils en consomment à eux seuls, dans les jardins et les vergers, cent fois plus que les autres oiseaux ensemble, « On aurait dû songer aussi que si les oiseaux dé- truisent des chenilles, ils détruisent également les ichueumons et même en beaucoup plus grand nombre, parce que cet insecte, étant plus petit, peut servir de pâture aux oiseaux à bec fin et délié, qui ne peuvent manger de chenilles que lorsqu’elles sont encore fort petites. Les hirondelles ne se nourrissent pas de che- nilles, ni des espèces de papillons qui dfbnnent nais- sance aux chenilles qui dévorent les feuilles des arbres, car ces pafdllons sont beaucoup trop gros pour que les hirondelles puissent les saisir. Mais en revanche, les hirondelles font une grande consommation des ichueumons à l’état de mouches, lorsque ces der- nières voltigent autour des arbres pour y chercher des chenilles. Les autres espèces d’oiseaux à bec fin, en particulier la gentille mésange, consomment pendant tout le printemps une grande quantité d’ichneumons, sous la forme de mouches ou sous celle de larves. Et lorsqu’on sait que les ichueumons forment rèelle- raen le seul moyen naturel efficace de destruction des cheniles, on est disposé à croire que si les oiseaux de ces diverses espèces exercent une influence quel- conque sur la multiplication ou la destruction de ces dernières, cette influence a pour effet plus la multi- plication des chenilles que leur destruction. Les alouettes n’ont jamais mangé de chenilles, car elles ne perchent pas sur les arbres. N’importe, la proscription de la chasse aux petits oiseaux est formulée en termes I généraux. » H4 REVUE HORTICOLE. Du genre Planera en général^ du Planera crenata en particulier^ et de son utilité dans les arts et Vëcn^ nomie domestique , « Nous devons à l’Amérique des produits végétaux remarquables. Les savanes nous ont procuré la pomme de terre, la tomate, le topinambour ; ses vastes forêts vierges, qui font de la zone torride un climat frais et humide, nous ont donné des arbres forestiers très précieux : ce sont des chênes, des platanes, des pins, des peupliers, des ormes, etc., dont l’introduction chez nous a procuré aux arts des bois précieux qui peuvent rivaliser avec nos meilleurs bois de construction, quelquefois même les remplacer avec avantage. Tout voisin de ces derniers, avec lesquels on l’a même quelquefois confondu, nous trouvons un genre encore peu connu et sur lequel on ne saurait trop appeler Tattention du public. Ce genre, c’est le Planera^ dont on compte plusieurs espèces. Deux, celle à feuilles d’orme et celle à feuilles crénelées, sont les mieux connues. Cette dernière surtout, la plus importante et celle qui va nous occuper plus particulièrement, a été décrite dans l’Encyclopédie sous le nom A'IJlmus polygarna, Michaux Ta dédiée à Richard sous le nom de Planera Richardl^ et Pal las l’a fait entrer dans le genre Nerprun sous le nom de Rkarnnus carpinifolius. C’est un bel arbre qui nous a été rapporté de l'Amé- rique septentrionale et que Michaux père dit avoir observé dans le nord de l’Asie, sur les bords de la ra(‘r Caspienne, où il porte le nom d’orme de Sibérie et où son bois est très estimé à cause de sa force et de son élasticité. Cet arbre est très voisin des charmes, des micocouliers et des ormes ; c’est peut-être ce qui lui a valu le nom vulgaire d’orme polygame sous lequel plusieurs auteurs, et entre autres M. de Jussieu, en ont parlé. Sans nous arrêter à cette absurbe synonymie, fruit d’uue sotte et basse adulation qui ne tend qu’à jeter de la confusion dans l’étude des plantes déjà si hérissée REVUE HORTICOLE. 11^ d’expressions néologiques, lâchons de faire apprécier Tutilité du Planera crenaia^ arbre, comme nous le disions tout à Theure, très voisin de l’orme, mais qui lui paraît préférable sous le rapport économique par les qualités supérieures de son bois, et sous celui de l’agrément par le poli de son écorce, ses belles feuilles et la brillante livrée de ses beaux fruits. Ses fleurs, comme celles de l’orme, paraissent de très bonne heure au printemps et avant le développement des feuilles ; elles sont peu apparentes et donnent nais- sance à des fruits qui sont des espèces de petites cap- sules ovales, renflées, d’environ 45 millim. de longueur, dentées dans leurs contours et terminées en pointe ; elles sont d’un vert gai et ont bien quelque ressem- blance avec celles de l’orme dont elles diffèrent ce- pendant par une forme plus globuleuse, l’absence de l’aile membraneuse qui est remplacée par une forte nervure saillante. Les graines sont très fines. Avoir dit que le bois du Planera est préférable et supérieur à celui de notre orme commun, dont per- sonne n'ignore les usages et les propriétés, c’est avoir suffisamment fait ressortir l’importance de sa culture sous le rapport forestier. Sous celui de l’économié domestique, le Planera paraît avoir acquis de nou- veaux droits à notre estime, si toutefois la découverte qui a récemment été faite en France vient à se con- firmer. Sans nous jeter en aveugle sur cette décou- verte qui nous paraît avoir besoin de la sanction du temps et de l’expérience, nous la considérons comme très importante, et nous rappelons aux lecteurs de la Revue horticole qu’elle a été publiée dans le nu- méro de juillet, page 39, et qu’elle consiste à faire des feuilles du Planera le même usage que de celles du thé. Pour faire du Planera crenata un arbre forestier d’une haute importance, on conçoit qu’il faut trouver le moyen de le multiplier par la voie des semis, pe qui n’est pas plus difficile que par celle de la greffe sur l’orme qui a été jusqu’à ce jour à peu près le seul moyen de propagation adopté par les pépiniéristes. RfcVÜE HORTICOLE. 116 parce que ses graines mûrissent difficilement sous le climat de Paris ; mais il est plus que probable que cet arbre précieux une fois moins négligé, planté dans un lieu découvert où ses parties aériennes jouissent de toute la plénitude de Pair, tandis que ses racines diffuses et constamment horizontales s’approprieront les sucs d’un sol dans lequel des arbres pivotants n’au- raient Jamais prospéré, alors, disons-nous, ses graines arriveront à une maturité parfaite. Les personnes qui ont l’occasion de visiter le Jardin des Plantes de Paris peuvent voir un beau Planera crenata qui se trouve en face du carré ou bosquet d’automne, dans un faux rang d’arbres qui suit parallèlement l’une des allées de tilleuls. Sa tige a plus d’un mètre de circonférence. Nous en avons vu d’aussi beaux en Normandie, dans une propriété près de Caen. Dans l’École de botanique de ce même établissement de Paris, on remarque encore le Planera ulmifolia^ que l’on a quelquefois, mais à tort, confondu avec le précédent. C’est celui que Michaux, dans sa Flore britannique, a désigné sous le nom de P. Gmelini ; c’est le Planer tree des Anglais. C’est un arbre de moyenne grandeur. Les états méridionaux, ceux duKentucky et duTennessée, et les rives du Mississipi sont les seules parties des Etats-Unis où Michaux père et fils ont trouvé cette espèce, qui avait encore alors peu attiré l’atteniion des botanistes. Depuis elle a été particulièrement observée sur les bords de la rivière Savannah, en Géorgie, où elle croît parmi les autres arbres qui couvrent les grands marais dont celte rivière est bordée. Ces deux espèces sont annoncées sur presque tous les catalogues des pépiniéristes français qui peuvent les livrer au commerce. Nous ne saurions trop les recommander à ceux de nos lecteurs qui se préoc- cupent de tout ce qui peut améliorer notre agriculture foi-estière, à laquelle la marine, les travaux publics et les ans demandent le rétablissement de nos forêts et i ia conservation de celles qui existent encore. ’ Victor Paquet, REVUE HORTICOLE. 117 Des OEillets, — Extrait cViin rapport sur la culture des OEillets à Paris et dans les environs y fait à la Société royale d'horticulture par M. Poiteau. Voire commission reconnaît que la culture dej: Œillets a pris une grande extension depuis quelquej années, et qu’elle continue de faire journellement de: progrès, grâce à rintelligence des horticulteurs e amateurs qui affectionnent ces belles plantes. Le com merce, les échanges avec la Belgique, l’Allemagne e? l’Angleterre, introduisent incessamment chez nous c( que ces pays possèdent de plus parfait ; nos nombreux semis nous fournissent aussi des beautés indigène? recherchées par nos voisins, même par les Améri cains. Parmi les collections que nous avons visitées, noir devons citer les suivantes : Celle de M. Tripet-Leblanc. Cette collection ren- ferme des beautés admirables dans les fantaisies, les flamands et les ardoisés. Quoi qu’il n’y ait pas trè? longtemps que M. Tripet-Leblanc s’occupe des œillets, il les cultive avec une intelligence telle que nous ne craignons pas de le placer au rang des plus habiles. H n’a rien négligé dans ses voyages pour recueillir les meilleures méthodes, les meilleurs procédés de culture, et il les a mis en pratique avec un tel dis- cernement que ses œillets résistent parfaitement à no hivers, tandis qu’ils sont souvent moissonnés dan d’autres collections. Il sème aussi lui-même et obtien de nouvelles beautés. Cette année encore il vient d parcourir la Belgique, la Hollande et l’Angleterre, e il y a lieu d’espérer de voir l’an prochain, sur se gradins, de nouvelles merveilles. La collection de M. Simon Dubos, à Pierrefltte, es très considérable. Cet honorable horticulteur, un de vétérans dans la culture des œillets, nous avait fai connaître qu’il possédait plus de 3,000 œillets en pots Nous sommes encore dans l’admiration de tout ce qu nous avons vu chez lui ; il y a des œillets partout REVUE HORTICOLE. 118 partout ils sont l’objet de ses soins minutieux. Son gradin offre un coup d’œil enchanteur par l’éclat et la variété des couleurs. Les fantaisies, les flamands et ies ardoisés se disputent la palme. Plus de 10,000 marcottes sont faites et déjà retenues par les nom- breux amateurs dont il mérite la confiance. Collection de M. Duval, à Montmorency. Cet hor- ticulteur est cité comme l’un des plus heureux dans l’obtention de très belleifvariétés d’œillets par semis; l’an passé on a pu voir des choses admirables dans sa collection. Dans celle de M. Ragonot- Godefroy , avenue de Marbœuf, aux Champs-Élysées, nous avons vu un mode de classification dont il vous a précédemment entretenus, et qu’il s’occupait de perfectionner pour le rendre digne d’être présenté aux amateurs. M. Barbot, rue des Bourguignons, fait des semis considérables chaque année, et c’est par ce seul moyen qu’il augmente progressivement sa collection de choix dans laquelle nous avons remarqué quelques avran- ches, quelques flamands et quelques fantaisies dignes défigurer dans les collections les plus splendides. La collection du jeune horticulteur, M. Pelé, rue de Lourcine, n’est pas nombreuse, mais elle est de bon goût, et provient en grande partie de ses propres semis. M. Pelé est d’ailleurs un horticulteur très in- telligent, très actif, aimant les plantes pour elles- mêmes, et qui en cultive un assez grand nombre qu’on aurait de la peine à trouver ailleurs. i I Daubentonia Tripetiana, ! ! Le pied, planté en pleine terre par M. Leblanc, ( était en octobre dernier haut de 2 mètres et chargé ^ de beaucoup de fruits qui paraissent devoir mûrir; il s Ta protégé contre le froid de l’hiver avec une cage en e verre sous laquelle la plante se trouve très bien. Les o autres individus tenus en serre tempérée, et destinés n à être livrés aux souscripteurs en juin 1842, sontéga- ü lement en très bonne santé. t REVUE HORTICOLE. 119 Couleur rouge extraite du Dahlja. Le docteur Haller a envoyé à la Société d’agricul- ture de Paris une note sur le principe colorant des Dahlias, \ Il a trouvé que ce principe est toujours rouge, quelle que soit la couleur des fleurs, et il est analogue au principe colorant de la cochenille. Il est fixe, et d’autant plus abondant que la couleur des fleurs est plus foncée. L’auteur pense que le dahlia mérite, sous ce rapport, d’être cultivé, et que la couleur qu’on en extrait pourra être très utilement appliquée. De V utilité de changer les melonnières de place ^ extrait d’un article de M, Soulange-Bodin, On introduit continuellement dans l’enceinte des- tinée à recevoir la melonnière des fumiers neufs ; ils se consomment en remplissant leur destination \ ils en sortent sous la forme de paillis ou terreau qui est propre à d’autres usages ; mais ces amas de fumier, quelquefois considérables, ne retiennent pas dans leur propre masse toutes leurs vertus. Ce que le jardinier leur demande surtout, c’est la chaleur que leur fer- mentation produit. Les autres principes utiles qu’ils contiennent et qui constituent l’engrais proprement dit, incessamment lavés et délayés par les eaux de l’arrosoir ou du ciel, pénètrent le sein de la terre aussi profondément que le souffre la perméabilité du sol, s’y accumulent et y restent pour toujours déposés en pure perte ; c’est véritablement un trésor enfoui. J’ai été dans le cas, lors de l’établissement de mes serres dans le jardin de Froment, de détruire une an- cienne melonnière, dont le fonds de terre se trou- vait aussi fortement saturé par une sorte de lessive stercorale, à plus d’un mètre de profondeur, et servait en outre de repaire à des essaims de courtilières dont on ne pouvait pas se débarrasser; cette observation m’a donné l’idée de ne plus replacer les couches dans un endroit fixe et déterminé, mais de les porter suc- cessivement dans tous les carrés du potager, avec les REVUE HORTICOLE. 120 seules précautions d’entourer ces carrés de simples abris ou brise-vent, au moins pour les côtés exposés aux mauvaises influences atmosphériques. J'ai recueilli de cet essai les avantages les plus mar- (jués et les plus prompts, et ils seront suivis par tout cultivateur. J’ai parqué une melonnière comme le laboureur parque son troupeau; et mes couches, pour achever la comparaison, ont déposé sur le sol leur fiente eî leur urine comme les brebis du laboureur. Quand j’ai changé de place cette raeionnière, le carré qu’elle avait quitté a reçu un labour profond; il a donné sans aucun autre engrais des légumes su- perbes; il a conservé pour longtemps une fertilité que ne lui eussent point donnée les procédés ordinaires : j’ai retrouvé le trésor enfoui. Ce système est suscepti- ble d’être beaucoup perfectionné. J’ai laissé mes me- lonnières trois ans à la même [dace ; si mes brise- vent avaient été plus solidement faits, j’aurais essayé de les y laisser un peu plus longtemps ; cés abris peu- vent se faire, suivant les ressources du pays, avec la paille de seigle, le blé de Turquie, les roseaux com- muns, le bel et utiieûrw/2a'o^/o/zaar,depetitesbrancIies de saule, d’osier, d’aune ou autre bois un peu flexible ; afin de pouvoir les transporter où l’on veut et les ré- I parer au besoin, il est bon de les faire exécuter par | panneaux que l’on fait au moyen de pieux. | Des clôtures bien faites n’ôtent rien à la propreté ; ' leur aspect inaccoutumé, dans nos jardins, procure ce sentiment de satisfaction qu’excitent toujours en nous les efforts et les recherches de l’industrie. On peut les orner ayëc un cordon de vignes et des plantes I potagères qui ont besoin d’appui, telles que la capu- ; cine, les tomates, y palisser même des pêchers tout j formés pour tirer immédiatement du fruit; l’établis- i sement, l’entretien et le renouvellement de ces brise- j veut ne me paraissent pas devoir coûter autant que la ' construction des murs d’une melonnière ordinaire, j J’ai obtenu un autre avantage sur lequel je ne comp- ' tais pas, les courtilières ont entièrement disparu. REVUE HORTICOLE. 121 Moyen de faire sortir les lombrics de la terre des vases à fleurs. Ce moyen est fondé sur ce que le ver est obligé de venir à la surface respirer ou faire ses déjections au moins une fois toutes les 24 heures. Il faut ôter mo- mentanément les morceaux de tessons qui bouchent les trous, couvrir le dessus de la terre avec de larges feuilles, telles que celles de tabac, de noyer, etc., en assujétîssant ces feuilles avec du gravier, afin de pré- senter un obstacle insurmontable à l’insecte. Cela fait» on placera le pot sur un lit de terreau, qui, au bout de trois jours au plus, aura servi de refuge aux lom- brics, forcés de quitter la terre du pot. Établissement horticole, M. Chauvière (rue de la Roquette, 104], a publié, pour 1842, le catalogue le plus complet qui ait encore paru chez lui. C’est aussi le plus riche en nouveautés qui puisse être consulté par les amateurs. — Nous profitons de cette annonce pour dire un mot d’une belle variété Pélargonium de ses semis. Pélargonium Anaïs (Ch.), fleurs maculées do car- min vif satiné, avec une teinte gorge de pigeon sur les deux pétales supérieurs, remplaçant la macule qui se trouve ordinairement sur les autres Pélargo- nium; le centre et le tour de la corolle sont blancs; plante basse et très multiflore, coloris nouveau. — Cette superbe variété sera livrée aux amateurs aussi- tôt que 80 souscriptions auront été couvertes, au prix de 20 francs. Société royale d' horticulture de Paris, Une exposition florale de cette Société aura lieu du 14 au 17 avril prochain, au palais du Luxembourg. I — Le prospectus se distribue au siège de la Société, ;| rue Taranne, 10. I II® SÉRIE, — I. 6 122 REVÜE HORTICOLE. Février Couvertures et pavage des chemins en Caoutchouc. Un entrepreneur anglais a pris une patente pour Tapplication du caoutchouc au pavage des routes et des chemins, et aussi à la couverture du sommet des murs. On sait que par le broiement le caoutchouc peut être réduit en une pâte assez agrégée à laquelle se mêle, par le fait même de l’opération, unesortede poudre. Cette masse est alors mise dans un moule dans lequel a été versée préalablement une certaine . quantité de sable, de telle sorte que, soumis à une forte pression, il s’incorpore au caoutchouc et puisse résister à cette autre pression qui s’exerce sur les routes. L’inventeur de ce nouveau système fait pour les grandes routes des blocs de 30 centimètres carrés sur 8 d’épaisseur; les dalles devant recouvrir les trot- i toirs ou I tout passage destiné seulement aux piétons : n’ont que 25 ^millimètres d’épaisseur; pour couvrir les murs, le format des briques (ou des tuiles sans doute) convient. Nous ne connaissons pas encore (dit un journal anglais d’horticulture) le prix de ce mode ’ de pavage, mais nous avons lieu de penser qu’il sera bien convenable pour les allées de jardins, où l’on manque de matériaux pour affermir le sol trop friable. Sur le Fuchsia et sa greffe. On ne pense pas assez à greffer le Fuchsia, ou à rélever de manière à lui former une tête ; cependant rien n’a plus de magnificence quele Fuchsia fulgens^ et même le globosa, élevés sur une tige de 1 mètre de hauteur, et laissant tomber ses fleurs élégantes qui | paraissent d’autant plus gracieuses quand elles sont , vues par-dessous. Sa greffe en approche a très bien réussi en Angleterre. REVUE HORTICOLE. 123 Moyen infaillible pour détruire les petits insectes verts sur les pêchers» A peine le pêcher cesse t- il de fleurir que Ton re- marque, sur le revers de ses feuilles, de petits in- sectes qui se multiplient et s’amassent avec une rapi- dité étonnante. Les feuilles se recourbent et se tor- tillent par le contact de cette vermine qui attaque aussi les fruits naissants et les fait tomber. Suivant quelques horticulteurs estimés, ces insectes proviendraient de certains vents du midi qui les ap- porteraient de contrées lointaines; d’autres ont sou- tenu qu’ils sont occasionnés par les variations subites qu’éprouve l’atmosphère au printemps; d’autres en- core attribuent l’existence de ces insectes à diverses autres causes plus ou moins invraisemblables. Ne pouvant admettre ces opinions dont aucune n'est suffisamment justifiée, j’en ai recherché les causes dans des faits moins éloignés et plus immédiatement saisis- sables. J’avais remarqué que ces insectes ne se mon- trent pas sur les arbres palissés contre un mur en- duit d’une couche de mortier, telle que les interstices et les fissures entre les briques et dans celles ci soient complètement fermés, tandis que des pêchers palissés contre une muraille où l’on voyait un grand nombre de fissures étaient vivement attaqués par cette ver- mine. J’ai cru devoir en conclure que ces fissures servent de réceptacles aux araignées et à des chenilles qui, à la fin de l’été, viennent y déposer leurs œufs, et que c’est à la présence de ces œufs, qui s’éclosent au soleil du printemps, que l’on doit attribuer la pré- sence des insectes. Alimentés par la matière résineuse qui se trouve dans les fleurs et sur les feuilles, ces insectes grandissent, se multiplient rapidement et do- minent, en peu de jours, l’arbre tout entier, au point même d’en altérer la végétation et de l’empêcher de conserver ses fruits. On comprend l’urgente nécessité de détruire ces insectes aussitôt qu’ils se montrent. Voici le remède REVUE HORTICOLE. 124 efficace que j’ai employé pour arriver à ce résultat ; depuis ciuq ans J’eu 'fais usage, et, chaque année, ce remède a produit un effet aussi prompt que complet. Le mur contre lequel je cultive mes pêchers a une longueur de 18 mètres et une hauteur de 6 mètres. Il s’y trouve onze pêchers de différentes hauteurs ; leur | exposition est sud-sud- est. | Vers la fin de la pleine floraison, je fais placer au i pied des arbres un baquet contenant trois seaux d’eau j de pluie ; j’y mets un kilogramme de tabac en poudre I de la plus mauvaise qualité ^ Aussitôt que les feuilles i de l’un ou de l’autre arbre paraissent affectées de la , maladie, je les arrose avec l’eau de tabac, et j’emploie pour cet arrosement l’ardo-pompe à jets continus in- ventée par i\l. Fetit^ de Paris. Cette pompe permet de diriger avec force les jets d’eau, et de laver ainsi le revers des feuilles attaquées. Lancée avec impétuosité, l’eau pénètre, en même temps, les fissures de la muraille, où elle détruit les œufs qui ne seraient point encore éclos. Le moment le plus favorable pour effectuer les arrosements, c’est l’après-midi, quand le soleil cesse de luire sur les arbres, ou bien le matin, une heure environ avant que le soleil frappe les arbres de ses rayons. Il est prudent de continuer ces arrosements pendant deux ou trois jours de suite, afin de parvenir à la destruction complète de tous les insectes et chenilles. Lorsque celte opération aura été bien faite, on verra les fruits ; naissants se développer rapidement et l’arbre se cou- ^ vrir d’une belle verdure. Un abonné, Bruxelles, le 8 février 1842. Brome des prés, Bromus pratensis, employé à faire des gazons dans les terrains peu substantiels. Pour que le ray-grass ou gazon anglais réussisse et ^ se maintienne en état plusieurs années, il faut que le | . . î ( I) En Belgique, c’esl une dépense très minime. REVUE HORTICOLE. 125 terraia soit de bonne qualité, consistant, et, pour le mieux, un peu frais. De toutes les graminées que nous connaissons, celle que nous regardons comme convenant le mieux en pareil cas est le brome des prés {Bromus praiensis). Il réussit non-seulement dans les sables, mais encore sur les terres calcaires les plus arides, et y maintient bien sa verdure pendant l’été. Elle n’a pas, à la vé- rité, toute la fraîcheur et l’agrément de celle du ray- grass, mais encore est-ce de la verdure, tandis que celui-ci se dessécherait et laisserait le terrain à nu dès la première ou la seconde année. Le brome, au contraire, a l’avantage d’une durée très longue; nous avons des pièces de 15 à 18 ans, presque sur la ro- che, qui sont encore bien garnies et assez vives. Le ray-grass, même dans des conditions favorables, ne reste guère dans toute sa beauté que pendant 3 ou 4 ans; après quoi il se dégarnit. On peut toutefois prolonger sa durée en^ le couvrant, en hiver, de ter- reau ou, beaucoup mieux encore, de terre franche et douce prise dans un champ de bonne qualité, ou bien encore de celle provenant de la curure des fossés, après l’avoir laissé mûrir suffisamment. En Angleterre, on emploie aujourd'hui assez fré- quemment, pour les pelouses de peu d’étendue, un mélange composé d’herbes à feuilles plus fines que le ray-grass, dont les principales sont : le paturin des prés [poa pratensis)^ la fétuque traçante {festuca ru^ hra L.) et la cretelle {cynosurus cristatus). Ces serais coûtent plus cher que ceux de ray-grass, mais don- nent des gazons plus durables. Vilmorin. Multiplication de !a Primevère de la Chine à fleurs doubles. On sait que M. Tripet Leblanc a introduit la Pri- mevère DE LA Chine, Primula sinensis^ à fleurs dou- bles, que nous avons citée dans le numéro de la Re- vue horticole^ février 1840. Voici comment M. Hen- REVUE HORTICOLE. 126 derson, qui Ta obtenue de serais par une fécondation artificielle, a procédé à sa multiplication. — Vers la fin de février, dit-il, je mis de la terre autour des ti- ges, les en garnissant jusqu’aux feuilles, afin d’exci- ler à pousser des racines. Je les laissai ainsi durant un mois. Au bout de ce temps j’aperçus que les plantes se séparaient au pied de la tige, chaque plante for- mant 2 ou 3 têtes. Je les dépotai, je séparai les têtes avec un couteau pour couper chaque tige, ayant soin de conserver quelques racines à chacune d’elles, puis je les mis dans de petits pots que je plaçai dans une serre chaude sous une cloche et ne leur donnai que fort peu d’eau. Au bout de six semaines elles bouton- nèrent; alors je tirai les cloches, gardant pourtant les plantes dans la serre chaude; quand les boutons commencèrent à s’épanouir je les coupai, les traitant de la même manière que la mère plante. Je répétai toujours la même opération sans avoir égard aux sai- sons, et par ce moyen j’ai séparé 3 ou 4 fois mes plantes dans une année. Destruction des fourmis^ En Angleterre, un jardinier a trouvé moyen de chasser les fournis en semant de camphre la terre des pots qui en étaient infectés, et l’arrosant souvent en- suite. Analyse d' un ouvrage de M. Malot (Félix), cultivateur à Montreuil, ayant pour titre : Traité succinct de Céducation du pêcher en espalier sous la forme carrée^ avec figures ; approuvé par la Société royale d’Horliculture de Paris, brochure de 2 feuilles, in- 8°; se trouve à la Librairie agricole, rue Jacob, n° 26. Ce traité est en même temps succinct et substan- tiel ; rien d’important n’y est omis et rien de superflu ne s y trouve. C’est l’ouvrage d’un praticien con- sommé, d’un bon observateur qui, à l’aide de figures REVUE HORTICOLE, 127 très simples, indique la manière d’obtenir des pêchers carrés, pleins, exempts des vides qu’on reproche à la plupart des autres méthodes. Quoiqu’il soit difficile d’analyser un ouvrage aussi concis, nous allons pour- tant tâcher d’en donner une idée. Cet ouvrage n’a ni chapitres ni sections; c’est une suite de 45 articles classés très naturellement, qui comprennent depuis l’érection des murs jusqu’à la cueillette des pêches. Nous ne dirons rien des 8 pre- miers articles, où l’auteur parle de l’érection des murs, de la terre, des outils, des engrais, des expositions, parce que toutes ces choses sont particulières à l’usage établi à Montreuil, et qu’on peut faire autrement ail- leurs sans s’écarter de la perfection. Il est cependant bon de répéter qu’à Montreuil seulement on plante des pêchers à toutes les expositions, et qu’ils se con- servent souvent mieux et plus longtemps au nord qu’au midi. Le 9e article traite de la plantation des jeunes pê- chers en espalier, et les préceptes que donne l’auteur sont bons à suivre partout. On trouve dans le 10® ar- ticle la définition de la taille, son utilité, sa nécessité même pour la conservation du pêcher. Viennent en- suite toutes les opérations nécessaires à la formation, à la croissance, à la fertilité et à la beauté d’un ar- bre, telles que la taille d’été, l’ébourgeonnement, le pincement, les branches de remplacement, les bran- ches mères, les branches à fruit; enfin toutes les opé- rations qu’il faut faire sur un pêcher pendant sa vie pour l’entretenir toujours beau et productif. Tous ces détails indispensables sont présentés avec ordre, clarté, précision, et forment une partie des plus intéressantes de l’ouvrage, puisqu’ils sont la marche à suivre pour arriver à la forme carrée qui est le but où est arrivé l’auteur avec tout le succès désirable. Tous ces déve- loppements nous conduisent jusqu’au 31® chapitre de l’ouvrage. Après avoir exposé toutes ces connaissan- ces préliminaires, l’auteur se sert de figures pour ex- pliquer la formation de la charpente d’un pêcher carré, qui est la forme la plus avantageuse que l’on REVUE HORTICOLE. 128 puisse donner à cet arbre. Nous allons tâcher dVn donner une idée en nous servant de petites flgures d’après celles que l’auteur a employées dans son ou- vrage, et qu’il a bien voulu nous permettre de copier. Fig, 1. La figure représente un jeune pêcher planté il y a un an, auquel on avait, selon l’usage, coupé la lige à environ deux décimètres de la greffe, pour le forcer à pousser plusieurs branches dans le bas, des- quelles on a choisi les deux plus belles, une de cha- que côté, en supprimant les autres dès leur premier développement, afin qu’elles ne dépensassent pas la sève en pure perte. Les deux branches conservées prennent le nom de branches mères et sont destinées a supporter toute la charpente de l’arbre. Au prin- temps on les taille sur les petites lignes obliques mar- quées sur leur longueur. Fig, 2. L’année suivante l’arbre a pris la forme de la fi- gure 2; les deux branches mères se sont allongées, et on a su leur faire pousser en dehors à chacune une autre branche destinée à former les deux pre- miers membres inférieurs. Au printemps suivant les deux branches mères et les deux membres sont taillés sur les petites lignes transversales, et on attend la végétation de l’été. Pendant cette saison les branches à fruit ont commencé à se former; on a favorisé ou affaibli leur croissance pour conserver l’harmonie par tous les moyens indiqués dans le corps de l’ouvrage, REVUE HORTICOLE. 120 el on a eu grand soin d’obtenir une seconde paire de membres à la distance voulue au dessus des deui. précédemment obtenus, de manière qu’à la fin de l’automne la charpente de Tarbre se présente sous la forme de la figure 3. Fig. C. Au printemps on taille cet arbre aux petites lignes obliques indiquées, on surveille sa végétation,, ses branches à fruit que nous n’avons pas marquées sus’ nos petites figures pour éviter la confusion; on di- rige convenablement l’élongation des membres et des branches mères ; on obtient une troisième paire de membres à la distance convenable au-dessus des deux premières paires, et, à l’automne, si on a pris tous les soins indiqués par l’auteur, la charpente de l’arr bre sera comme le représente la figure 4 : Alors les six membres inférieurs ou extérieurs sooi formés; les quatre plus bas seront garnis de branches à fruit ; les deux branches mères en auront aussi io- térieurement et extérieurement, et l’arbre sera déjà en bon rapport. Nous ne parlerons plus des petites lignes obliques, sur lesquelles on doit tailler les bran- ches mères et tes membres : le lecteur les verra aisé- ment sur toutes les figures. A présent il est question d’obtenir successivement six membres intérieurs ou supérieurs, comme on en 6. REVUE HORTICOLE ♦ 130 a obtenu six inférieurs, et cela est d’autant plus facile que le pêcher, ainsi que tous les arbres, est plus dis- posé à pousser des branches en dessus qu’en dessous; et s’il faut employer les ressources de l’art pour faire développer vigoureusement les membres inférieurs, il faut aussi employer d’autres ressources de l’art pour faire en sorte que les membres supérieurs ne se dé- veloppent pas avec trop de vigueur et n’affament pas les inférieurs. Tous ces procédés sont parfaitement indiqués dans l’ouvrage de M. Malot, et en les suivant de point en point, on est sûr de conserver l’équilibre entre les membres supérieurs et les membres infé- rieurs d’un pêcher. Pour y parvenir, il faut se sou- venir que les membres supérieurs doivent s’alterner avec les membres inférieurs, et que les deux premiers membres supérieurs doivent prendre leur origine plus bas que les deux premiers membres inférieurs, l a figure 5 représente un pêcher à la cinquième taille, avec ses deux premiers membres supérieurs. On tire ces deux membres de quelques branches à fruit les mieux pla- cées, que l’on convertit en branches à bois, et que l’on sait modérer dans leur croissance, par un palis- sage précoce, par le pincement réitéré, etc. Cet arbre, taillé au printemps et bien conduit pen- REVUE HORTICOLE. ÎSÎ dant rété, présentera à l’automne quatre raembreR supérieurs, comme l’indique la figure 6. Taillé encore au printemps et toujours bien conduit pendant l’été, il offrira, à l’automne, six membres su- périeurs, six membres inférieurs, et les extrémités des deux branches mères lui formeront en tout quatorze membres, dont douze seront garnis sur les côtés de branches à fruit qui donneront une récolte abondante. A la huitième année, les deux derniers membres infé- rieurs seront aussi en rapport, et l’arbre, tel que le représente la figure 8, sera parfait. En effet, si par la pensée on ajoute des branches à fruit sur les deux côtés de ses membres pour remplir tous les vides qui sont entre eux, et que nous n’avons pu figurer à cause de la petitesse de no- tre échelle, on aura le pêcher le plus plein et le plus carré qu’il soit possible de désirer. On nous dira peut-être que les branches à fruit du pêcher devant être supprimées quand elles ont donné du fruit une seule fois, il doit être difficile que les membres en soient toujours bien garnis : à cela nous répondrons que M. Malot pratique l’art du remplace- ment^ c’est-à-dire l’art d’obtenir une nouvelle bran- che pour en remplacer une vieille, avec une perfec- REVUE HORTICOLE. 15$ lion peu commune, et qu’on ne voit jamais sur ses pêchers de places vides comme on en voit sur beau- coup d’autres. M. Malot a passé en revue et expliqué très claire- ment et très simplement toutes les opérations à faire sur un pêcher pour l’amener à la forme carrée, qui est la plus parfaite, puisqu’elle ne laisse aucun vide. Nous n’avons ni prétendu ni voulu, dans cet aperçu, développer, ni rapporter toutes ces opérations; mais nous en avons assez dit pour qu’on se fasse une idée de sa méthode, et donner l’envie aux praticiens et aux amateurs amis de la perfection de consulter l’ouvrage même de M. Malot, aûn de pouvoir l’imiter dans la conduite de leurs pêchers. Ils apprendront, dans ce petit livre, à leur grand étonnement peut-être, que pour conserver ou rétablir Téquilibre, la santé dans toutes les parties d’un pêcher en espalier, il faut le visiter une fois par semaine depuis la mi-avril jus qu’en septembre, pour modérer les parties qui pous- sent trop et favoriser celles qui ne poussent pas as- sez. Cette nécessité est loin de l’usage de ceux qui n’appellent un jardinier que deux fois par an ; l’une au printemps pour tailler leurs pêchers, l’autre en juin pour les palisser. Pendant ces intervalles il se produit des désordres que ni la taille ni le palissage ne peuvent réparer. Catalogue d’établissements d’horticulture^ M. UïERHART, à Farcy-les-Lys, près Melun (Seine- et-Marne), a publié ses catalogues où l’on remarque particulièrement les Rosiers^ et autres arbres et ar- bustes cultivés en pots prêts à livrer. Cet établisse- ment possède aussi une bonne collection de Camellia. M. Pelé, rue de Lourcine, 71, à Paris, est un cul- tivateur qui s’occupe exclusivement des plantes vi- vaces de pleine terre. Sa collection est considérable et l’on remarque en particulier, dans son catalogue, les genres althea, aster, campanule, dianthus, iris, ly- chnis, pivoine, phlox, auricule, et surtout le chry- REVUE HORTICOLE. 133 saothemum indicum comme très nombreux et très intéressants. Son établissement rivalise avec celui de M. Madale, rue Rousselet, qui consacre aussi ses soins à la culture des plantes vivaces. Nous avons déjà recommandé le jeune établisse- ment de M. Thibaut, rue Saint-Maur, 45, faubourg du Temple, à Paris, destiné à la culture des nou- veautés intéressantes en tous genres. Son catalogue annonce un grand nombre de plantes et arbrisseaux d’ornement. La seconde partie du catalogue de M. Salter, ave- nue de Picardie, 32, à Versailles, désirée et deman- dée cet automne par les amateurs, vient de/ paraître. Celle-ci contient les Dahlia^ les Chrysanhemum et plantes diverses. La première partie contenait les Pélargonium^ les nombreuses et nouvelles espèces et variétés de Fuchsia et Verbena, On sait que M. Salter reçoit les plus nouvelles plantes d’Angleterre, aussitôt quVlles y ont paru. Mars 184^. Ejffety sur les plantes^ des rayons solaires isolés par des verres de couleur, (Extrait d’un rapport fait par M. Hunt, de l’Institution royale Polytechnique de Cornwall.) On sait que chaque faisceau de lumière, jeté dans l’espace par le soleil, est une réunion de rayons diver- sement colorés, à l’absorption ou à la réflexion desquels nous devons cette diversité infinie de couleurs et de nuances qui font le charme de la création. Chacun de ces rayons possède une faculté qui lui est propre ; ainsi le violet et le bleu ont été nommés rayons chi- miques, le vert et le jaune rayons lumineux, et le rouge rayon calorifique. Ces distinctions ne sont peut- être pas en parfait accord avec la vérité, mais elles le sont assez cependant pour ce que je veux expliquer. Si on présente des verres colorés d’une étendue rai- REVUE HORTICOLE. Î34 sonnable à l'action des rayons solaires, le rayon seul qui correspond à la couleur du verre le traverse ; ainsi le verre bleu admet le rayon bleu ou chimique à l’exclusion de presque tous les autres ; le verre jaune i admet seulement le rayon lumineux ; tandis que le I verre rouge isole complètement à son profit le rayon i calorifique. Ce fait donnerait une méthode aisée, ap- plicable à la végétation des plantes influencées par i tel ou tel rayon. Le fait sur lequel j’appelle particulièrement l’at- tention est que les rayons jaune et rouge détruisent la germination, tandis que sous l’influence des rayons ; violet, indigo ou bleu, les progrès de la végétation sont hâtés de la manière la plus extraordinaire. On peut en faire l’expérience en couvrant de verres de couleur une boîte ou un grand pot où on aurait semé quelques graines. Il est également facile de vérifier qu’à telle période que ce soit de la vie d’une plante, sa végétation se trouve arrêtée si on l’expose à l’in- fluence des rayons solaires rouge ou jaune. Or, il faut de ceci déduire ce fait extraordinaire, que cette por- tion de lumière solaire ayant une impression si sen- sible sur les organes de la vue et répandant une chaleur vivifiante à travers la création, est justement celle qui détruit la première action végétative des plantes. Il faut conclure des expériences faites à ce sujet, qu’en étudiant avec soin l’effet de chacun des rayons solaires, soit qu’on les prenne isolés ou qu’on les combine, on peut trouver les moyens (Vimiter l’atmosphère de tel climat qui plaît le mieux à une plante. Plantations tardives. (Annales de la Société royale d’horticulture, 171® livr.) La théorie est d’accord avec la pratique pour ex- pliquer le succès assez satisfaisant d’une plantation tardive. Entendons-nous : il ne suffirait pas, pour réussir, d’aller chez un pépiniériste faire une levée d’arbres en mai pour les replanter de suite dans son ftEVÜE HORTICOLE. 133 jardin ; le plus souvent cela ne suffirait pas ; mais on j peut faire sa provision de novembre à février et mettre les arbres en jauge, en terre légère et sèche. Si on ne peut pas les planter en mars, on les relève, on les remet en jauge de suite, et on répète cette opération tous les quinze jours au plus tard, jusqu’à ce qu’on puisse les planter à demeure, ce qui peut, à la rigueur, se reculer jusqu’à la fin de mai. Moyen de faire végéter les arbres nouvellement plantés. On a conseillé, pour tenir propres les fraisiers, dé recouvrir leur terre de tuiles, en ne laissant passer au dessus que les plantes. Ce moyen préservait aussi la terre de la sécheresse, tenait les plantes fraîches et empêchait les herbes inutiles de végéter. Le même j moyen est conseillé pour les jeunes arbres qui viennent j d’être plantés, et dont on recouvrira la terre de diffé- rentes sortes de matériaux, tels que pierres plates, bouts de planches, quartiers d’ardoise grossière, tuiles, briques, etc., même de la mousse ou des copeaux, j Dans les terres trop humides, où il est nécessaire au I contraire d’absorber le trop d’humidité, on pourra employer des substances sèches, telles que la craie, la marne, etc. Note sur Vutilité des dissolutions salines composées pour faciliter le réchauffement des couches des ma- raîchers^ par M. Turrel. {Journ, des Conn, usuelles^ n» 179.) M. Dardenne de Nanterre s’est servi de mes indi- cations pour réchauffer des couches à melons sans changer le fumier, et M. Dardenne a récolté des melons un mois plus tôt par l’emploi de ce procédé, outre ' l’économie de main-d’œuvre et d’engrais. Mais depuis 1 j’ai perfectionné ce système, d’autant plus avantageux r que souvent les plantes s’enrhument ou se déchaussent e pendant qu’on change le fumier, et périssent ou res- tt tent malades. REVUE HORTICOLE. 136 La chaleur des fumiers de couches s’arrête souveot^ non parce que les éléments de l’engrais sont décom- posés, mais parce que l’oxygène de Tair nécessaire à la fermentation s’est converti en acide carbonique en s’alliant au carbone du fumier, et aussi parce que l’humidité, autre principe nécessaire à toute fermen- tation, s’est dissipée. Il s’agit donc de rétablir la fermentation dans la couche par l’introduction de l’humidité. Jauffrel se contentait de faire arroser la couche avec un enton- noir par une riche lessive ; mais il n’avait pas songé à introduire de l’air. Voici ce que j’ai fait, dans le but d’atteindre le double résultat : non-seulemtiit j’arrose comme lui avec une riche lessive, soit par son procédé^ soit à l’aide du levain dissous dans de l’eau : mais j’ai eu soin d’avance de mettre au milieu de la couche de fumier d’étable ou de fumier de Jauffret des corps herbacés et ligneux, non fermentés et à l’état vert, et j’ai posé en dessous de ces végétaux verts quelques branchages attachés les uns aux autres et j qui sortent sur les bords. Lorsque la couche tend à se i refroidir, j’arrose avec l’entonnoir et je retire de suite partie des branchages. Le lendemain la fermentation reparaît, car j’ai introduit de l’air et de l’humidité. Quinze jours après, je fais la même opération, et la chaleur recommence jusqu’à complète décomposition des éléments de l’engrais. Tel est le procédé qui enri- 1 chirait un maraîcher s’il était bien compris de lui et \ dont l’horticulture peut tirer un très grand parti, j Avec un peu d’étude et d’expérience, chacun arrivera I à maintenir le degré de chaleur convenable, sans ' interruption ni variations, Scolymus maculaius , Dans le numéro d’octobre 1839 de \diRevue horticole^ i nous avons fait connaître une plante introduite dans i nos cultures sous le nom de Scolymus hispanicus^ I — M. Poiteau, après avoir étudié cette plante avec» soin, a reconnu qu’elle n’était pas la véritable espèce * RtVÜE HORIICOLE. 137 Uispanicus et qu’elle devait être recoonue sous celui de Maculutus, — Mais, ajoute cet auteur, elle est annuelle et ne peut, par conséquent, remplacer la scorsonère. — Le vrai S, hispanicus a sa racine tris- annuelle ou vivace et peut être essayé dans la culture potagère, et l’on verra alors s’il peut lutter contre la scorsonère. Arbre nomellement introduit. Sureau noir. Yar. à feuilles variables, ou à feuilles de chanvre. Sambucus nigra^ var. Heterophylla ou Cannabinœfolia : introduit en France par M. Tran- çon-Gombault. M. Pépin , qui l’a étudié et décrit , nous dit que « le port et tout l’ensemble de cet ar- buste sont fort curieux ; son feuillage , surtout , est tellement singulier que , si ce n’était son épiderme rugueux et son bois plus grêle que celui du type de l’espèce , et qui sont ceux du genre , il serait difficile de le reconnaître pour un sureau. Les découpures des feuilles sont si variables , si filiformes et si longues , que j’en ai mesuré qui n’avaient pas moins de 25 cen- timètres de longueur. »» Cet arbuste, qui paraît s’éle- ver moins haut que ses congénères , sera recherché par les amateurs curieux des transformations qui s’o- pèrent dans le règne végétal. Il n’a encore été multi- plié qu’en Belgique , à Orléans par M. Trançon- Gombault, pépiniériste, et au Jardin des Plantes à Paris. Rosiers nouveaux, annoncés par M. Laffay, horticul- teur à Bellevue, près de Paris. Duc d’Aumale, fl. rouge-pourpre foncé, éclatante, pleine, large, en forme de coupe, feuillage vert pour- pré, 20 fr. Duchesse de Nemours, fl. rose très tendre, légère- ment safranée en ouvrant , large, aplatie ; feuillage vert pomme, 25 fr. Mistriss Elliot, fl. lilas changeant, pleine, large, en forme de coupe; feuillage glauque, 15 fr. REVUE HORTICOLE. Î38 Perpétuelle Rivers , fl. rose carminé, nuancé de lilas clair et de cramoisi , pleine, très large, aplatie ; feuillage vert foncé, 25 fr. Ces quatre perpétuelles^ greffées sur églantiers, se- ront fournies aux souscripteurs lorsque leur nombre sera de cent par chaque variété. Conservation du raisin sur treille. Le 5 janvier dernier, M. Doverne , jardinier hor- ticulteur, rue de La Chapelle, à la Vilette, près Paris, présentait à la Société royale d’Hortrculture du chas- selas conservé sur treille et qui était de la plus grande fraîcheur. Voici le moyen employé pour cette conser- vation : on plante à deux pieds du mur des piquets dont l’extrémité est fourchue. Des tringles sont po- sées transversalement sur ces fourches, et soutiennent des châssis de couches ou de plus grands, si on en a, dont le bord supérieur est adossé au mur. La treille se trouve ainsi comme dans une serre , le raisin se conserve plus sain, meilleur, et continue à se colorer. xMais il est absolument nécessaire d’y conserver l’air abondamment par-dessous les panneaux qui sont à un ou deux pieds de terre. Cependant , dans les mo- ments de gelée, capable de faire souffrir le raisin, on devra fermer le tout par des paillassons et des amas de feuilles sèches. Le raisin ainsi conservé s’est vendu quatre et cinq fois le prix ordinaire. Datura arborea gigantesque en pleine terre dans une serre. Un amateur anglais possède un pied de Brugmansia (Datura arborea) qu’il se contentait seulement de le tailler modérément au lieu de le tailler très bas , i ainsi que cela se pratique souvent pour le porter à la fleur. Il y a déjà quelques années il le plaça en pleine terre en orangerie (conservatory) ; les racines s’y sont étendues. Il ne l’arrosait en hiver que juste le néces- saire avec de l’eau à la température de l’air de l’oran - REVUE HORÏICÜLE. 139 gerie. En novembre dernier la plante avait atteint les dimensions suivantes : 11 mètres 5Û centimètres de haut, circonférence de la tige 26 centimètres, celle des branches 12 mètres; il était en fleurs depuis mai et portait alors (novembre) une centaine de fleurs de 22 centimètres de long. Nota. Nous craignons qu’il n’y ait erreur sur l’indi- cation de la hauteur, qui, en tout cas, pouvait être considérable. Floraison de /’Agave americana. VJga\>e americana (grande plante que beaucoup de personnes appellent Aloès) fleurit très rarement en France et dans les pays voisins au nord , et ce n’est pas parce que cette plante est retenue dans des vases ou des caisses, car nous eu avons vu fleurir à Rome, renfermés dans des vases de marbre de petite dimen- sion et abandonnés à toutes les intempéries de l’hiver et d’une extrême sécheresse. Voici pourtant un exem- ple extraordinaire de floraison de cette plante dans le Nord. De deux énormes pieds presque séculaires exis- tant au jardin botanique de Louvain, l’un fleurit pour la première fois en 1839 , et périt l’hiver suivant ; l’autre fleurit dans l’été de 1840 , mais loin de périr, il se disposa dès le printemps dernier à fleurir de nou- veau, et non-seulement il a donné, comme l’année précédente , une tige unique , mais cinq faibles tiges chargées d’une innombrable quantité de fleurs. Ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est qu’une vingtaine de rejetons de un à trois ans , qui , avec deux à trois cents autres, entourent le pied de la plante, sont eux- mêmes munis de petites tiges chargées de boutons à fleurs. Dans leur pays natal les aga\>e ne fleurissent guère que tous les quinze ans. Progrès de la chimie organique. La chimie orgniquc appliquée à l’horticulture cl à l’agriculture appelle aujourd’hui l’attention des sa- ktVUE HOKTICOLE. 140 vaots de tous les pays, et c’est aux chimistes français qu’appartient surtout l’honneur d’avoir commencé cette investigation : MM. Dumas, Boussingault, Payen y ont le plus contribué. En Angleterre, les Sociétés d’horticulture et d’agriculture de Londres font en ce moment des expériences d’où ressortiront, sans doute, quelques enseignements scientifiques et pratiques uti- les. Des sommes ont été déposées pour aider à cet important progrès, surtout en ce qui concerne Pin- fluence du sol et des terres composées sur la végétation . En Allemagne, M. Liebig se place en première li- gne, et son Traité de chimie organique contient des idées nouvelles qui nous paraissent corroborer et con- firmer tout ce que les savants français ont émis sur les relations de la chimie avec la physiologie végétale. Voici l’indication de trois ouvrages récents sur cette matière importante, que nous devons recommander aux amateurs de l’horticulture et aux agriculteurs : Leçons sur la statique chimique des êtres orga- nisés , professées à l’École de Médecine , 2® édition , augmentée de documents ; in 8% 2 fr. 50 c. 2° Chimie organique appliquée à la physiologie vé- gétale et à l’agriculture, par Justus Liebig, traduction faite sur les manuscrits de l’auteur par Charles Ger- hardt, ancien élève de l’auteur, 1 vol. in-8. Cet ouvrage est divisé ainsi : Principes élémentai- res des plantes — assimilation du carbone— -origine et mode d’action de l’humus — assimilation de l’hydro- gène— assimilation de l’azote — principes inorgani- ques des végétaux, culture des végétaux — métamor- phoses des substances organiques — phénomènes de fermentation — phénomènes de pourriture ou de com- bustion lente — considérations générales sur la fer- mentation du moût de vin et du moût de bière — pourriture sèche des végétaux — pourriture humide des végétaux. 3® Des engrais. Théorie actuelle de leur action sur les plantes; principaux moyens d’en obtenir le plus d’effet utile, 1 vol. in-12, 1 fr., chez l’éditeur de la Revue horticole, rue Jacob, 26. REVUE HORTICOLE. 141 Sociétés d' horticulture en Angleterre , leur sollicitude pour les jardins des fermiers. Les Sociétés d’horticulture de l’Angleterre portent toute leur attentive philanthropie sur le bien-être des fermiers (cottagers) et sur la bonne tenue de leur cot- tage. La Société des highlanders d’Écosse a offert des prix aux habitants dont les cottages et le jardin se- raient entretenus avec le soin ayant pour but l’utilité jointe au confortable. Établissements horticoles, M. Modesté-Guérin, rue des Trois-Couronnes, 24, près la chaussée de Ménilmontant, a augmenté les ar- ticles de ses collections d’un grand nombre de variétés nouvelles de Rhododendron arboreum , de Fuchsia , de pivoines, de phlox, de calcéolaires, de verveines , de cinéraires, de pentstemon, éélpomœa^ le tout pro- venant d’un voyage fait par cet horticulteur intelli- gent et actif, déjà cité plusieurs fois dans la Revue horticole pour ses semis et collections de pivoines her- bacées. M. Victor Rantonnet, dont nous avons souvent fait connaître le zèle et les connaissances, vient de faire imprimer un catalogue de graines, riche de tout ce que le Midi et le Nord peuvent produire de plus usuel ou de plus intéressant, a Hyères, près Toulon. M. François Delache, fleuriste à Saint-Omer (Pas- de-Calais), a donné un catalogue de ses cultures, où nous remarquons un assortiment nombreux de plantes de culture facile , de pleine terre et d’orangerie. Dans le nouveau catalogue que viennent de publier MM. Cels frères, ils annoncent le Pawlonia impe- rialis , en multiplication, à 40 fr. C’est la première annonce qui en est faite. Nous le savons cependant aussi en multiplication chez M. Victor Verdier , boulevard de la Gare, rue des Trois-Ormes, à Paris. Nous recevons l’immense catalogue de M. Loyis REVUE HORTICOLE. 142 Van Houtte , horticulteur , fournisseur du roi , à Gand. C’est le plus complet qui existe, et M. Van Houtte a trouvé le moyen difficile de faire lire un ca- talogue de plantes. Cet établissement présente , à la fois, un choix de plantes anciennes intéressantes, et tout ce qu’il y a d’intéressant en nouveautés, graines, plantes et arbres. — Voici la liste des Dahlia qu’il an- nonce comme les plus renommés pour 1842. Hauteur en pieiU. Fr 4 Arethusa, Union’s. Fond blanc, veinules amarante pur • 6 3 à 4 Anna Mineiya, Girling’s. Rose vif 10 4 Woodmansey’s. Cramoisi marron. 4 Waller’s. Cramoisi noir 12 4 à 5 Attila^ Whale’s. Lilas ombré de rose. . ..... 13 4 Admirai Stopford^ Trenlfield’s. Marron et rouge. . 12 5 Alba purpurea superba, Bate’s. Pensée, bordé et à bouts blancs .....10 3 1/2 Bridai Ring {the), Turville’s. Couleur très tendre, bouts pourpres 6 Bicolor, Aldebert’s. Orange écarlate, bouts blancs. . 8 Aldeberl’s. Rose cramoisi, bouts blancs. . . 6 British Queeiiy Back’s. Rubis bronzé 6 4 à 5 Beautj of Wakefield^ Barrat's. Blanc à réseau pourpre 12 4 Beds JVing, Hedley's. Crème rosée, bords jaunes et carmin .12 4 Bedford Surprise^ Sbeppard’s. Rouge carminé. . . 12 4 Bianca Wildman’s. Blanc 25 5 Cosaque^ B. Boddart’s. Fond jaune, flammes écar- lates 6 3 1/2 Neville’s. Cramoisi brillant, bordé feu. . 0 Coronation^ Smitli’s. Laque brillant 12 Cerrito, Busine. Rose lilacé 8 3 Gaines’s. Pourpre. . 12 4 Candidate, Silverlock’s. Prune de Damas 12 4 à 5 Whale’s. Cramoisi éclatant 12 4 Conqueror of the Plain, Sparry’s. Cramoisi nuancé. 12 4 Captivator^ Girling’s. Rose ombré de cramoisi.. . 10 4 Coronation, Harrisson’s. Cramoisi velouté î 2 4 Stubb’s. Rubis écarlate 12 4 Dreadnoiiglit, Proctor’s. Pourpre fonce .10 ô Edward’s. Rose et jaune. . . . 12 3 Duke of Cornwall^ Lovv’s. Rose 12 3 Emperor, Gaines’s, Rose cramoisi. ....... 12 REVUE HORTICOLE. 143 Hauteur en pieds. Fr. 4 Frederick the Great, AUweH’s. Rose brillant. . . . lü 3 Favorite^ Girling’s. Chamois 10 Glorieux (/e), Gaiaen’s. Jaunes, bords amarantes. . 6 Ge/w, Smifli’s. Blanc pur moucheté de carmin. . . 6 3 G'ipsey Maid^ Girling’s. Pourpre ombré et moucheté 4 Great Western, Bragg’s. Lilas pourpre, ombré de cramoisi .12 5 Hope Triumphant, Wildman’s. Rose pur 6 4 1/2 King of the Brave, Marron velouté. . . 6 3 à 4 Lœlia, Wildman’s. Blanc nuancé lilas 6 3 Loiiisa, Girling’s. Nankin foncé. 10 4 à 5 Liberty, Girling’s. Lilas brillant lu 4 Lady Harland, Jeffries’s. Lilas brillant 12 4 Lady Ann Murray, CatleugVs. Bleu marbré de pourpre . 12 4 Lady Charlotte, Thompson’s. Lilas rosé 10 5 Lady J ulia Langslon, Bate’s. Blanc. 12 4 Madame de Rhodes, Bauduin’s. Cramoisi pourpre foncé, bouts blancs 6 Miss Abbott, Smith’s. Rose nuancé lilas 6 4 Miss Chester, Stein’s, Blanche of Henden, Blanc pur 10 3 à 4 Madame Adert Wallner,Onàï\i' s, y\î, . 12 3 Miracle, Miellez. Rouge écarlate sang 10 4 Mary Jane, Edward’s. Blanc à bouts pourpres.. . 12 4 à 6 Marchioness of Aylesbury, Whale’s. Blanc pur, bords écarlates {fin mai) 12 4 Marquis of Camden, Garrett’s. Cramoisi foncé. . . 12 4 Maid of Langollen, Cooper’s. Rose très vif. ... 1 0 4 Marquis of Lansdowne, Brovvne’s. Orange. ... 12 4 à 5 JSorth Star, Thompson’s. Rose tendre pourpré. . . 6 4 Northern Beauty, Robinson’s. Blanc pur, bords ce- rise 12 3 à 4 Nanette, Girling’s. Chamois ombré de rose. ... 10 4 à 5 iVc^ro Hedley’s. Noir 12 5 Peo/’/, Attwell’s. Crème 10 4 Orange Perfection, 12 4 Oxford Champion, Bates’s. Amarante foncé ombré de pourpre. 12 3 Phœnix, B. Boddarl’s. 1*=' prix de semis à Ledeberg ; j’en ai acquis la propriété : forme modèle, violet, finement ligné de feu ,6 P rince s s Royal, Corck’s. Marron 6 Princess Royal, Thompson’s. Orange nuancé rouge . 6 3 Picciola, Oudin’s. Chrome 10 4 Girling’s. Rose pourpre B REVUE HORTICOLE. 144 Hauteur en pied». Fr- 3 Prince of Tf^ales, Girling’s. Pourpre foncé . , . . 10 4 Princess Royal, Hudson’s. Jaune, bords roses. . . 12 4 Princess Royal, Horwood’s. Paille ....... 1 2 5 Premier, Edward’s. Saumon bronzé. 12 4 Adam’s. Brun foncé 12 Princess Royal, Sharp’s. Lilas foncé ,12 3 4 à 5 4 4 4 3 È'rincess oiiarp s. ijiiu» luucc , i z i Prince of Wales, Dodd’s. Jaune brillant 12 Phœnix, Hedley’s. Ecarlate foncé. 12 1 Princess Royal, Keynes’s. Incarnat, bords pourpres. 12 Queen of Lilacs, Appleby’s. Lilas 12 Rose unique, AxïsqWs. Rose pur.. ....... 6 Rosalie, Bell’s. Rose 10 Sir Frederick Johnston, Hillier’s. Rose pourpre. . . 6 Satirist, Smith’s. Lilas pourpre 6 Sir R, Throckmorton, Sadler’s. Chocolat 12 Saint-George, Fawcett’s. Rose 12 Samho, Girling’s. Noir reflété de cramoisi 12 Sir J, Barker Mill, Taylor’s. Pourpre amarante . . 12 I Twyford Perfection, Young’s. Puce, bordé de cra- moisi. 12 ra/zergû?, Wildman’s. Rose vermillon 6 The bride, Fawcett’s. Incarnat veiné de rose. ... 12 Westbury Rival, Hall’s. Puce velouté 12 White Défiance, Langelier’s. Blanc 35 3 1/2 Zadkîel, ünknown. Marron, pétales roulés. Imprimerie d’E. Düverger, rue de Verneuil, 4. I REVÜE HORTICOLE m-m OOP rrm ' ■ /, Avril JH13 Des résultats de la propagation de la pomme de terre au moyen de gros ou de petits tubercules. Source de richesse, plante à la portée de toutes les classes de la société, s’accommodant de tous les ter- rains , bien qu’ayant des qualités supérieures dans quelques-uns, la pomme de terre a vivement excité la curiosité publique et le zèle éclairé des philanthro- pes qui se sont occupés du bien-être des peuples de- puis près d’un demi-siècle. Après tout ce qui a été écrit sur cette solanée, les expériences réitérées aux- quelles sa culture et sa propagation ont été soumises, on se demande comment il est possible que le pro- blème des gros ou des petits tubercules, dans l’œuvre de la reproduction, soit encore si diversement inter- prété, et qu’il y ait autant de divergence à ce sujet parmi les écrivains et les praticiens. Les premiers veulent qu’un petit tubercule mis en terre en pro- duise en aussi grande quantité et à volume égal qu’un gros ; les seconds soutiennent le contraire, et nous nous rangeons de leur côté, parce que nous sommes praticien aussi et que nous savons qu’ils ont raison, ainsi que nous allons le prouver ; car à ce sujet nous avons fait de nombreuses et réitérées expériences, dont quelques-unes ont été livrées à la publicité dans plusieurs journaux de la Normandie, et dans la France Agricole , le Propagateur du Cantal, qui a cessé de paraître depuis que son savant ré- dacteur, M. Richard, a été appelé à la chaire d’analo- niiecomp.irée de l’École royale du Haras du Pin, dans le département de l’Orne; enfin dans plusieurs au- tres recueils qui les reproduisirent. Fatigué des aberrations de ces agronomes du coin lie SEEIE.— 1. 13 REVUE HORTICOLE, 146 du feu qui cultivent, la pelle et les pincettes en main, nous proposâmes, il y a deux ans, aux amateurs du vrai et du positif en fait de culture, de planter 100 tu- bercules du poids de 500 grammes l’un; 100 tuber- cules de celui de 200 grammes; 100 tubercules de celui de 100 grammes, et enfin 100 tubercules de celui de 50 grammes. Nous affirmions que la diffé- rence du rendement en nombre et en poids serait très-sensible dans ces quatre catégories. Nous n’au- rions pas admis comme certaine une expérience faite sur un nombre au-dessous de cent, parce qu en géné- rai il faut se tenir en garde contre ces essais faits sur une petite échelle ; on n’a pas oublié f histoire de cet éducateur de vers à soie qui prétendait réussir mieux que personne, et qui soutenait que chaque once de graine lui fournissait plus d’un quintal et demi de cocons ; on sut bientôt qu’effectivement il avait élevé deux douzaines de vers auxquels il choisissait la meil- leure feuille, la coupait avec des ciseaux, enlevait les queues, les nervures, donnait des repas abondants et fréquents, et qu’ayant pesé les cocons, multiplié leur nombre pjar mille, il était arrivé, au moyen d’une règle de trois, à se persuader, et à vouloir le persua- der aux autres, qu’il obtenait des résultats merveil- leux. Tout nous porte à croire que l’histoire de cet individu est en tout applicable aux préconisateurs des petits tubercules dans la multiplication de la pomme de terre. Nous espérons le prouver par les tableaux suivants : Expériences faites avec V espèce appelée Schaw, Très -petits tubercules.) 100 tubercules pesant ensemble 1 kilog. 844 grammes en ont produit 1209, pesant ensemble 68 kilog. B. [Tubercules moyens.) 100 tubercules pesant en- semble 5 kilog. 906 gr. en produisent 1,706 qui pèsent 91 kilog. 625 gr. G. [Gros tubercules,') 100 tubercules pesant ensem- ble 13 kilogr. en produisent 2,090 qui pèsent 115 kil. 500 grammes. REVUE HORTICOLE. U7 D. [Très-gros tubercules.) 100 tubercules pesant en- semble 21 kilogr. en produisent 2,691 pesant 202 kilog. Expériences faites avec V espèce appelée gros yeux, A. 100 tubercules pesant 51 kilog. 686 gram., plan- tés le 8 mars, en ont produit 3,027 pesant 286 kil. 781 grammes. B. 25 tubercules semblables aux précédenis, pesant ensemble 12 kilogr. 656 gramm. (100 tubercules auraient pesé 50 kilogr. 625 gramm., ce qui fait une différence insensible sur le poids des 100 pré- cédents). Ces 25 tubercules ont été divisés chacun en quatre morceaux, ils ont occupé le même es- pace de terrain que 100 tubercules non divisés ; le produit de ces 100 morceaux a été de 1,445 tuber- cules pesant 123 kilog. 500 grammes. Ces expériences sont concluantes, positives : elles ont été faites dans un vaste jardin près Caen, en Nor- mandie, et la plantation eut lieu à la bêche ; les tu- bercules furent distancés de plus de 60 centimètres afin de pouvoir arracher chaque pied individuelle- ment. Veut-on une expérience en grand, c’est-à-dire à la charrue? en voici une tout aussi concluante. Dans un morceau de terre contenant environ un hectare et demi, divisé en huit grandes planches ou sillons,nousfîmesplanterdespommes de terre moyen- nes, c’est-à-dire celles qui tenaient le milieu entre les grosses, triées pour être vendues sur les marchés de la localité, et les très-petites, destinées à la nour- riture des bestiaux. Sept des huit sillons furent plan- tés en moyens tubercules ; 1# huitième le fut eh pe- tits. Pendant la belle saison il eût été difficile de re- connaître celui-ci ; la végétation paraissait aussi vi- goureuse , la teinte des feuilles était la même que dans les autres parties du champ; mais à l’automne, à cette époque où les arbres et les plantes ont atteint le terme de leur croissance annuelle et où le beau 148 REVUE HORTICOLE. vert du feuillage devient jaune, brun, pourpre, par l’effet du ralentissement de la sève, le sillon ense- mencé en petits tubercules conserva toute sa vi- gueur, sa fraîcheur et sa luxuriante végétation des beaux jours de l’été, ce qui nous détermina à faire arracher les autres et à l’épargner pour quelques se- maines encore. Cependant les gelées arrivèrent et détruisirent le chaume; on se mit en demeure d’opé- rer Tarrachage ; mais tandis que les autres sillons avaient rendu 3 hectolitres et demi par are de très- beaux tubercules, celui-ci ne nous en donna que 2 hectolitres un quart à peine, de très-petits, et n’ayant aucune des qualités alimentaires des autres, ce qui te- nait à une végétation qui n’avait pas accompli toutes ses phases. Quant au buttage, contre lequel on a aussi beau- coup écrit, prétendant qu’il était tout à fait inutile, nous voulûmes également constater ses effets. Dans un vaste champ, contenant plus de 70 hectares, nous en fîmes laisser un quart sans butter; ce quart rendit un cinquième de moins que les trois autres. La main- d’œuvre exigea pour l’extraire du sol 60 centimes par are au lieu de 45 que l’on paie ordinairement; car en Normandie la charrue est rarement employée à l’arrachage des pommes de terre, parce que l’usage et la pratique ont appris qu’avec elle il restait une partie des tubercules en terre et que ceux-ci nui- saient beaucoup aux récoltes ultérieures. Nous venons de prouver qu’il est faux qu’une pe- tite pomme de terre offre les avantages d’une grosse dans l’acte si important de la multiplication. Citons à l’appui de ce que nous avons dit les résultats ob- tenus par un savant dont personne ne contestera la compétence en pareille matière. M. de Morel-Vindé, dans un rapport fait à la So- ciété d’encouragement sur la variété dite de Rohan, vient, sans s’en douter, confirmer nos observations. Dans une série de 12 tableaux, il fait connaître le mode le plus avantageux de cultiver cette plante en battant, échalassant, etc. Son expérience avait exigé RBVtJE HORTICOLE. 140 20 boisseaux (I) de pommes de terre qui furent cou- pées jusqu’à concurrence de 2,080 morceaux ayant chaeun deux ygux. Les 10 tableaux ayant été plantés avec des morceaux munis de deux yeux ont pro- duit, terme moyen, 57 boisseaux par tableau. Par un singulier hasard, les deux derniers tableaux furent ensemencés avec des morceaux dont plusieurs n’a- vaient qu’un œil et conséquemment étaient plus pe- tits ; nous trouvons que ces deux tableaux donnent, Tun 47 boisseaux, l’autre 49, terme moyen 48. M. de Vindé est une autorité bien puissante, aussi nous nous empressons de faire valoir ses expériences qui ont été faites dans un autre but que les nôtres, mais qui viennent néanmoins les appuyer. Relativement au buttage, les numéros qui ne l’a- vaient pas été sont positivement aussi ceux qui ont donné les plus faibles produits. Maintenant résumons-nous, et voyons un peu si, parmi les causes qui ont le plus puissamment contri- bué à faire naître cette division d’opinions sur un su- jet aussi important d’économie rurale et d’agricul- ture pratique, il ne faut pas citer en première ligne tous ces essais mal faits, toutes ces expériences in- complètes et tronquées, que le charlatanisme et la mauvaise foi de quelques hommes ambitieux et égoïs- tes jettent comme une vaine pâture à la curiosité, non pas des vrais cultivateurs, aux yeux desquels elles n’auraient aucun crédit, mais à celle de tous ces hom- mes qui se disent et se croient horticulteurs parce qu’ils font partie de la société ou du commerce agri- cole de leur canton. En vérité. Messieurs, c’est être un peu présomptueux, et permettez à un humble pra- ticien de vous rappeler qu’il est impossible de bien servir plusieurs maîtres. Or, vous voulez être élec- teurs, jurés, membres de conseils généraux, députés, pairs de France, cumuler enfin tous les emplois et toutes les dignités de la hiérarchie politique, et de ' Je ne convertis point ces boisseaux, atteudu que c’est une mesure locale dont j’ignore la valeur métrique. i50 REVUE HORTICOLE. plus être agriculteurs. En vérité, c’est trop et beau- coup trop ; faites trêve avec ce premier des arts, car il ne vous sied pas du tout, parce qu’en général il ne rapporte, en retour du zèle et de la persévérance de ceux qui s’y livrent, qu’une gloire et des faveurs si modestes qu’elles ne conviennent qu’à l’homme sim- ple et laborieux, dont l’agriculteur, qui vit éloigné des bruyants plaisirs et des populations turbulentes des grandes cités, peut seul se contenter. Voilà sans doute des reproches et des accusations très-graves qui ne conviendront peut-être pas à tout le monde, car il y a parmi nos grands hommes de petits esprits qui ne pardonnent pas qu’on puisse penser, créer, inventer, découvrir, observer, écrire ce qu’ils ne savent pas, ce qu’ils ne veulent pas ou ne peuvent pas savoir ; mais nous osons nous flatter que quiconque lira avec un esprit libre de préjugés les détails ci-dessus, dans lesquels nous avons pré- senté le tableau de divers essais sur la culture de la pomme de terre, y verra que ce n’est pas la séduction ni l’engouement de nos propres principes qui nous font attaquer et combattre les opinions de tous ces agronomes de cabinet dont Paris regorge, mais seule- ment l’expérience ac([uise par de nombreux essais de culture en tout genre, lorsqu’à la tête d’une grande exploitation agricole, en qualité de régisseur, nous avons pu nous livrer à des essais comparatifs qui ne nous ont laissé aucun doute sur la meilleure manière de remuer le sol et de tirer parti des végé- taux qu’on lui confie. Vict. Paquet, De Tour, près Bayeux, (Calvados.) Plantes potagères et jour rages» Pomme de terre haricot. Celle-ci est une véritable curiosité. Ses tubercules extrêmement petits, jaunes, lisses et de forme allongée, ont Pavantage de pouvoir être employés entiers dans les ragoûts ; c’est là son principal, si ce n’est même son seul mérite. Nous la mentionnons toutefois, parce que la variété plaît et que, par sa singularité, cette petite pomme de terre REVUE HORTICOLE. 151 a acquis, depuis quelque temps, une sorte de vogue. ViLMoraN. ScARioLE DE Sicile. Cichorium emlivia [Sili^estris?) Dans un voyage agronomique en Sicile, en 1840, M. le comte de Gasparin a trouvé cultivée, comme fourrage vert, une espèce de chicorée dont on lui a van- té le mérite. Les Siciliens la nomment Scariola. Il en a rapporté de la graine, et a bien voulu m’en don- ner une partie que j’ai employée à des essais, dont voici les résultats : LTn premier semis, fait à la fin de l’été de 1840, a produit des plantes fort semblables, d’abord, à la chi- corée sauvage semée à côté comparativement; leurs feuilles, aussi grandes et aussi vives, étaient seule- ment d’un vert plus tendre et d’une consistance un peu plus molle. Sur la fin d’octobre, la scariole a mon- té, seule des deux; elle a ensuite péri en hiver; ceci m’a fait voir que c’était une plante annuelle fort dif- férente de la chicorée sauvage. Un second semis, fait le 26 mars suivant, était à la mi-juin pleinement mon- té, haut de 70 cent, à 1 mètre; il aurait pu fournir alors une belle coupe de fourrage. En juillet, les tiges avaient atteint 1 mètre 50 c. et plus de hauteur; elles ont fleuri (à fleurs blanches), ont mûri leurs graines, et les plantes ont péri à la fin de l’été. Le 5 octobre dernier, j’ai vérifié un troisième se- mis fait le 18 juillet; il avait 80 cent, à 1 mètre de haut et présentait une masse de feuilles et de tiges ‘ extrêmement fournies, fourrageuses et tendres. I On peut conclure de ces essais, avec beaucoup de ! probabilité, que la scariole sera un très-bon four- ; rage auxiliaire propre à concourir avec le maïs, la moutarde blanche, et les autres plantes intercalaires à la nourriture au vert du bétail pendant les mois d’été et d’automne. Elle produit beaucoup, etl’excel- I lente qualité des chicoracées comme fourrage, est re- connue de tous les cultivateurs; celle-ci me paraît I donc mériter d’être soumise à des essais méthodiques et variés : ainsi on pourrait l’essayer sur les chaumes j retournés, à l’instar de la moutarde blanche, ou la 152 REVUE HORTICOLE. semer après une récolte précoce, telle que le trèfle in-^ carnat, vcsce d’hiver, etc.; ou bien enfin avant un blé, comme récolte jachère. J’ai dit que la scariole de Sicile était annuelle ; j’a- jouterai que, par ses caractères, aussi bien que par son nom, elle appartient évidemment à notre scarole jardinière : seulement c’est la scarole avec des feuil- les vertes, longues, ne faisant point de cœur, enfin à l’état ou avec l’aspect sauvage. A la vérité, ses fleurs sont blanches, tandis que cel- les de la nôtre sont bleues ; mais on sait avec quelle facilité, dans cette famille comme dans beaucoup d’autres, l’une de ces couleurs passe à l’autre ; au reste, on a aujourd’hui à Paris une scarole à fleur blanche, fort bonne, dont nous avons parlé ces an- nées dernières. Je suis porté à conclure de ceci, que l’endive ou chicorée franche (cichorium endivia), à laquelle appartient la scarole, pourrait bien n’être pas originaire de l’Inde, comme le veut la tradition, mais que son type sauvage existerait en Sicile, et se- rait cette même scariole dont il s’agit ici. Vilmorin. Trefle élégant. Trijolium elegansy Savi. A l’oc- casion des articles que j’avais publiés en 1838 et subséquemment sur le trèfle hybride, M. de Dom- basîe me communiqua l^an dernier des observations très-intéressantes sur u.n trèfle qu’il essayait alors à Roville, et qu’il présumait être le même que celui dont j’avais parlé. Il lui avait été envoyé par un de ses anciens élèves, M. Galliot, qui l’ayant trouvé fort abondant et vigoureux sur les terres cju’il exploite dans le département de la Nièvre, avait pensé qu’on pourrait l’utiliser en culture et commençait même à l’essayer dans cette vue. La ressemblance étroite en- tre les caractères de ce trèfle et la description que j’avais donnée de celui de Suède, fit penser à M. de Dombasle, ,que probablement les deux plantes n’en faisaient qu’une; ce fut aussi l’opinion de M. Bard, professeur d’agriculture à Roville, qui avait reconnu dans l’espèce de M. Galliot le Trifolium elegans de REVUE HORTICOLE. 153 Savi. Datis tous les cas , les observations de M. de Dombasle offraient un tel intérêt, qu’avec son autori- sation je les fis insérer dans les principaux journaux agricoles et dans le Constitutionnel , Maintenant, j’ai à rendre compte de la suite de ces faits. Aux renseignements qu’il m’avait transmis, M. de Dombasle avait bien voulu joindre des graines de son trèfle pour que je pusse le comparer avec le mien. Elles étaient, comme dans celui-ci, petites et brunes, un peu menues, du reste leur ressemblant assez pour rendre l’identité très-probable ; aussi en les semant comparativement le printemps dernier, m’attendais -je à en voir sortir des plantes sembla- bles, mais il en a été autrement. Dès leur début, les deux trèfles se sont montrés différents, et il en a été; de même pendant tout le cours de leur végétation, j'entends pendant les sept à huit mois d’existence qu’ils ont aujourd’hui. Celui de Suède est sans aucun doute pour moi le Trifolium hybridum de Linnée, et j’adopte avec M. Bard le nom de Trifolium elegans pour celui de Roville. Les botanistes ne sont pas d’accord sur l’application de ces deux noms, et les descriptions qui s’y rapportent dans les divers au- teurs ne sont pas conformes entre elles ; aussi ceci pourrait facilement devenir un sujet de discussion. S’il en survient une, j’y prendrai part sans peine ; mais cx)mme elle serait inutile aujourd’hui, je me borne- rai à établir les principales différences que les deux plantes ont présentées. Lorsqu’on les voit ensemble sur le terrain, quel- ques-unes de ces différences frappent au premier coup d’œil, et d’abord celles de leurs dimensions: le trèfle hybride est beaucoup plus grand, plus fort dans toutes ses parties ; ses tiges et ses têtes de fleurs sont une fois plus grosses. La couleur des fleurs n’est pas non plus la même : dans l’hybride elle est d’un rose plus franc et plus frais, nuancé de blanc surtout au centre ; dans le trèfle élégant, les têtes sont d’un rose rougeâtre un peu terne , et d’une nuance uni- forme dans toute l’ombelle. Si on les voit avant d’être 13. REVUE HORTICOLE. loi montés, le ton de leur verdure n’est pas moins tran- ché ; il est vif et foncé dans le trèfle hybride, un peu pâle et inégal dans Tautre. Cela tient surtout à ce (}ue les folioles dans celui-ci sont marquées, comme dans le trèfle rouge et le blanc, d’un chevron quelque- fois brunâtre, plus ordinairement d’un vert pâle; cette marque manque absolument dans le trèfle hy- bride. Un autre caractère de celui-ci est qu’en été, lorsqu’il commence à défleurir, et ensuite pendant lout l’automne, le pied reverdit et se regarnit de ma- nière à présenter une rosette très-vive et bien fournie qui tapisse le sol. Dans le trèfle élégant, le pied reste peu garni comparativement; il offre cependant aussi une masse de verdure, mais c’est surtout au moyen de ses tiges inférieuresqui restent couchées sur le sol. En- fin le trèfle hybride fleurit environ quinze jours avant l’autre qui, en revanche, refleurit plus longtemps et se ramifie davantage. Au total, le premier est plus étoffé, plus élevé, plus beau, plus prompt dans son développement ; mais lorsque le trèfle élégant est à son point, ses tiges plus nombreuses, plus ramifiées et moins creuses donneraient p<}ut*étre sous la faux un produit au moins égal. Ces épreuves comparati- ves restent à faire, de meme que celle de l’emploi en pâturage des deux espèces. Malgré toute ma bonne volonté, je n’ai pu y arriver jusqu’ici, n’ayant eu le trèfle élégant que du printemps dernier; et quant à l’autre, la nécessité de partager avec le public ce que j’ai pu obtenir de graine ne m’ayant pas permis d’en faire encore de grands semis, comme il le fau- drait pour ces expériences. D’autres points essentiels seront également à con- stater, notamment la durée définitive des deux espè- ces et les terrains qui conviennent le mieux à cha- cune. Sur la durée du trèfle hybride, les faits de cette année ne modifient pas sensiblement ce que j’en ai dit dans le Bon Jardinier; quant à celle du trèfle élégant, on n’en saurait juger encore à présent; il fliut attendre quelques années. Les données sur la question des terrains convena- REVUE HORTICOLE. 155 bles à chaque esj3èce sont au contraire assez préci- ses : ceux sur lesquels M. Galliot a trouvé chez lui le trèfle élégant eu abondance, sont argilo-siliceux, quelquefois très-pauvres et à sous-sol ferrugineux ; c’est également sur un sol à peu près de cette nature queM. de Dombasle Ta obtenu épais et vigoureux ; enfin, mon fils aîné a trouvé, Tété dernier, cette es- pèce fort abondante entre Toucy et Auxerre, et c’é- tait aussi sur des sables argileux extrêmement ferru- gineux. On ne la rencontrait pas, d’après M. Galliot et M. de Dombasle, dans les terrains calcaires; à l’é- gard du trèfle hybride, c’est principalement dans les terrains compactes et humides , argileux , tourbeux ou même calcaires, selon M. Wahlberg, qu’il croît na- turellement et qu’on le cultive avec succès. Tous deux sont-ils indigènes ? je l’ignore à l’égard à\x trèfle hybride: on trouve dans toutes les flores françaises une espèce décrite sous ce nom, mais est-ce la même que celle de Suède ? je n’ai pu m’en assurer jusqu’ici. Quant au trèfle élégant, non-seulement il est indigène, comme on vient de le voir, mais encore ce doit être une espèce très-répandue en France ; in- dépendamment de la Nièvre et de l’Yonne citées plus haut , il a été trouvé spontané autour de Rovilie, et j’en ai moi -même rencontré plusieurs pieds sauvages sur ma propriété, située dans l’arrondissement de Montargis. Je me suis étendu assez longuement sur ces deux plantes, parce qu’il importait d’abord de reconnaître leur identité ou leur différence , puis parce que leur étude présente un intérêt fort grand. Il est très- vrai- semblable que l’une et l’autre sont appelées à fournir de nouvelles ressources à notre économie rurale, et seront un jour admises dans la culture. Deux fourra- ges de plus, susceptibles de réussir dans des terrains impropres ou très-peu appropriés au trèfle, à la lu- zerne et au sainfoin, sont un sujet de recherches et d’expériences bien digne d’être présenté aux amis de l’agriculture. Vilmorin. Tsada d’Agossa , Coracan ; Elcmine coracana. 156 REVUE HORTICOLËi Lam. Le coracan est une graminée annuelle d’Afrique que l’on cultive dans les jardins botaniques d’Europe, uniquement dans la vue de la science et des collec- tions; mais il paraît que dans les contrées où la na- ture l’a placée, elle a quelques emplois économiques. Dans une collection fort étendue et intéressante, re- cueillie en Abyssinie par une commission scienti- lique envoyée par le Muséum d’histoire naturelle, se trouvaient parmi de nombreuses variétés de céréales quatre paquets étiquetés de leurs noms locaux, Tsada, Tsalim, etc., ayant quelque ressemblance avec de petits millets et paraissant par leurs graines de cou- leurs différentes être autant de variétés d’une même espèce. L’administration du Muséum ayant bien voulu confier à nos soins une part de cette série de plantes économiques, les produits de ces paquets se sont trouvés appartenir à Tespèce éleusine coracana^ un seul des quatre lots a mûri des graines. Bien qu’elles soient farineuses, nous ne pensons pas qu’elles puis- sent devenir d’une certaine utilité; ces petites céréa- les africaines conviennent, en général, très-peu à notre économie agricole et alimen taire j mais ce qui a été remarquable dans ces plantes, et qui appelle sur elles un véritable intérêt, c’est la quantité de four- rage qu’elles produisent. Chaque touffe est un fais- ceau ou plutôt une masse de tiges, hautes de 1 mètre à 1 mètre 50 cent., garnies de feuilles jusqu’en haut, et d’un tel volume, que nous ne connaissons rien de comparable parmi les graminées annuelles ou viva- ces. Ce n’est qu’un fourrage annuel, à la vérité, mais l’agriculture en utilise plusieurs ; ils lui sont même indispensables, et plus elle fera de progrès, plus cet emploi s’étendra. Celui-ci, à raison de son produit considérable, mérite donc qu’on lui donne attention. Il conviendra, du reste, plutôt au midi qu’au nord (’e la France, à raison de la maturation difficile de sa graine; aussi est-ce aux agriculteurs méridionaux que nous le recommandons surtout. Nous pensons qu’il ne pourra être semé avec suc- cès dans les champs qu’à l’époque où l’on peut semer REVUE HORTICÔLE. 15*? le maïs, le sorgho et les autres graminées des con-^ trées chaudes. Vilmorin. Mat 1^4^. Sociétés d' Horticulture* La Société Royale d’Horticültüre de Paris a of- fert au palais du Luxembourg une belle et intéres- sante exposition et a distribué des prix le 17 avril dernier. Un très-nombreux et distingué concours d’a- mateurs a contribué encore à l’ornement de cette ga- lerie, riche de tant de végétaux, dans le plus bel état de santé et de floraison. Elle aurait encore été plus intéressante si elle n’eût pas ressemblé à peu près entièrement à celle de l’an dernier, faite seulement un mois plus tôt, et que la sai- son favorable avait donné moyen de parer à la fois ! des fleurs de mars et d’avril. — 11 est inconcevable, I que la majorité de la société ait voté pour une époque I presque semblable à celle de l’année précédente, au j lieu de prendre, chaque année, un mois opposé. I Un des plus beaux ornements de la galerie était I une magnifique collection de Rkododendrurn en arbre ^ i présentée par M. Modeste Guérin, dont les soins vont II bientôt nous mettre à meme de recueillir chez lui de jeunes pieds qui ne tarderont pas à passer dans nos serres. — Nous en donnons la liste parce qu’elle com- pose un agréable choix pour un amateur qui a une I serre assez grande. Arboreum antiquum — amabile. — atrosanguineum. — alta-clarense triumpb. — — speciosum, — Billiamim — coronarium, — Cousinum superbiim. — duchesse de Wurtem- berg. — eleclmn. — formosum. — formosissimu m . — glabrum. — Lord Brougham* — Lady Warander. — pulchrum. — princeps. — phœniceum. — Russeliauum. — superbissimum. — Sniilhii elegans. 158 REVUE HORTICOLE. Arboreum speciosiim. — striclum. Hybridum ponticum. — atrovirens maculatum. < — ■ Caucasicum album. — Kamtschalicum, — Lowelii album. Hybidrum muUimaculatum. — puuctatum roseum. — rubescens flore pleno, — wliile muUimacula- tum. — azaleoide. — — odoratum . M. Uterhart ornait l’exposition par ses choix d’É- rica, Epacris, Camellia, Rhododendron, Polygala. M. Martine, qui cultive avec succès les espèces les plus faciles à conserver du genre Érica, en avait ap- porté de charmants individus. M. Paillet avait aussi quelques individus de sa col- lection de Camellia, Rhododendron, Azalea, Épacris. M. Labbé Rerlèse, de précieux Camellia M. Tripet- Leblanc, de belles Jacinthes, Tulipes, Oreilles d’ours et Pensées ; la collection de ses Giro- flées jaunes, nouvelles, dont nous avons déjà parlé dans la Revue horticole de mai 1841. Les Roses étaient représentées par la collection de MM» Roblin et Berger. Les plantes vivaces de pleine terre étaient fournies par M. Madale et par M. Pelé. Ce sont celles qui con- viennent au plus grand nombre d’amateurs, et les jar- dinsde ces deux cultiva teurs sont intéressants à visiter. M. Souchet, riîorticulteur-amateur de Bagnolet, a exposé ( 14 avril) un Dahlia en fleur, espèce de fleur simple ou qui n’a donné qu’une fleur simple. Les plantes potagères étaient là comme en pleine saison, cultivées par MM, Gontier, Daverne, Moreau et Lenormant. — M. Guénot avait recueilli 75 varié- tés de Haricots. Voici pour leur qualité, les principales poires de table que nous avons vues parmi celles de M. Jamain Jean-Laurent. (Nous rappelons que c’est au 14 avril.) beurré gris d’hiver, nouveau. Triomphe de Louvain, de Noirchain. Tarquin des Pyrénées. Doyenné gris d’hiver. Vau Mons Léon Leclerc. Bergamotte de Parlhenay. Ne plus Meuris. Trois pommes; Belle de Douai, Reinette franche à côte, Saint-Sauveur. REVUE HORTICOLE. 159 On regrettait de ne pas voir à rexposition les jo- lies cinéraires nouvelles et le Fuchsia corynihijlora qui étaient alors en fleurs chez M. Salter, à Versailles. Les prix ont été remportés par MM. Vivet, Ratier, Souchet, Halligon , üterhart , Paillet , Guérin , Ro- blin, Berger, Chauvière, Martine, Marre fils,Tripet- Leblanc, Gérard et Courtois, Félix Malot, Jamain ( J.-L. ), Gontier, Daverne, Moreau, Lenormant. — Un prix d’amateur à M. Halligon et un autre à M. WudLVt^ fleuriste , dit le programme. Pourquoi, en- core celte fois, à un fleuriste , le prix destiné à un amateur? Tous les visiteurs ont pu faire Vessni de sièges de jardins en fer, de toutes formes, et garnis de tout ce que le confortable peut faire désirer. Le détail serait ; trop long et nous renverrons au prospectus de leur auteur, M. Guerrier, rue de la Cliaussée-d’Antin , et rue Saint-Lazare, 144, à Paris. j Les fils de plomb , exposés par I\I. Poulet , rue Fon- taine-au-Roi, 16, sont d’un usage commode, pour attacher les plantes , et qui prend beaucoup parmi les amateurs. LL. AA. RR. M. Le duc et Madame la duchesse d’Orléans, la princesse Clémentine et la duchesse de Nemours ont favorisé cette exposition de leur auguste visite. M. le duc et Madame la duchesse d’Orléans ont fait à la Société l’honneur de se faire inscrire parmi ses membres, et ont donné une preuve de leur zèle pour l’horticulture , en accordant un prix de 200 fr. à dé- cerner par la Société. La Soc, royale de Flore de Bruxelles a fait, le 27 fé- vrier dernier, une exposition d’hiver. M. H. Lubbers, jardinier fleuriste à Yxelles, près Bruxelles, avait ap- porté une collection qui ne contenait pas moins de 14 \ plantes trèi -distinguées et de la plus riche floraison, (pli lui a valu une médaille en vermeil. Deux autres envois, faits par des amateurs, M. Corbisier et M. le baron de Van Weerde , ont aussi remporté des médail- les pour de belles et nombreuses collections. La plante 160 RÈVUE HORTICOLE. couronnée pour sa nouveauté était un Cyrtoch^i us sp. nov. , orchidée du Mexique, présentée par M. H. Lubbers. — Une Amaryllis^ honneur de Gand, en- voyée par M. le duc d’Aremberg, était surmontée de deux ombelles, chacune de 7 fleurs. — Une collec- tion de 56 plantes forcées , par M. le baron Ch.-V.-L. d’Hooghvorst , offrant tout ce que la belle saison seule peut faire espérer, a remporté le prix. — La Société royale de Flore promet une nouvelle exposition le 19 juin prochain. Première floraison du Paulownia imperialis en Europe. Nous avons annoncé dans le numéro d'août 1841 le Paulownia imperialis ^ l’arbre d’ornement le plus in- téressant qui ait été, depuis longtemps, introduit en France. Depuis huit ans il est cultivé au Jardin des Plantes où il vient de fleurir pour la première fois. Voici en quels termes M. Poiteau a rendu compte de cette floraison à la Société d’Horticulture. « Le Paulownia imperialis a montré ses premiers boutons à fleurs dans les premiers jours de septembre 1841 , et l’on espérait alors qu’il fleurirait avaut l’hi- ver. 11 n’en a pas été ainsi : à l’entrée de l’hiver les feuil- les sont tombées et les grappes en boutons sont restées nues sur l’arbre. Mais, au lieu de périr par le froid, les pédoncules communs , les pédicelles et boutons restèrent pleins de vie, phénomène qu’on n’avait ja- mais vu sur aucun arbre à l’air libre dans nos climats. Cette force vitale, particulière au Paulownia, autori- sait à penser que ses boutons à fleurs résisteraient à rhiver. M. Neumann et moi les avons examinés tous les mois jusqu’à la fin de mars, et toujours nous les avons trouvés pleins de vie. Vers le 22 avril 1842, l’arbre a commencé à gonfler ses boutons à feuilles, et nous avons vu que les boutons à fleurs grossissaient aussi. De jour en jour les feuilles se manifestaient da- vantage, et les boutons à fleur suivaient le progrès; enfin, le 27 avril, la première fleur a paru dans tout son développement , et d’autres se sont développées REVUE HORTICOLE. l6l Successivement. Ses fleurs sont bleues, légèrement pubescentes en dehors; elles ont le tube gros, long de 6 centim. , et le limbe , très-ouvert , à 5 divisions , a la même mesure ; les 4 étamines sont didynames , plus courtes que le tube de la corolle , ainsi que le style. Ces fleurs, d’un assez gros volume, et fort belles, répandent une douce odeur de seringat. » Malheureusement toutes les fleurs n’épanouissent pas à la fois sur la grappe comme sur le Bignonia ca- talpa ; elles ne se»développent que successivement. Cet arbre se multiplie avec une grande facilité de boutures de racines faites en mars seulement, car cel- les qui ont été mises en terre plus tôt ou plus tard ont manqué. Il est en multiplication chez MM. Cels, Tri- pet-Leblanc , Modeste Guérin, Victor Verdier, etc., et sera bientôt répandu. Le Paulownia imperialis a été décrit par Sieboldt au Japon où il Ta vu , et dédié à la princesse hérédi- taire, à présent reine de Hollande , fille de Tempereur de Russie. M. Loudon, sans doute d’après Sieboldt, n’indique pour couleur de la fleur que (clair). On doit réformer dans l’article Bon Jardinier l’indication d’une couleur mordorée donnée à cette fleur d’après des renseignements erronés, et avant qu’on ait vu la floraison à Paris. Cultures de primeur. M. Neumànn a fait les observations suivantes sur les cultures de primeur de M. Grison , jardinier en chef de M. Rotschild , à Surénes. « J’admirais dans les belles serres de Surénes, des cerisiers portant beaucoup de fruits, quand M. Grison me dit qu’il devait cette réussite à la mousse avec la- quelle il enveloppe les tiges de ses arbres dans toute leur longueur, mousse souvent humectée par la serin- gue, ce qui entretient l’écorce dans l’etat de dilatation qu’elle éprouve lors des premiers jours du printemps, pendant lequel les arbres fleurissent naturellement. A ces soins il ajoute encore la suppression des bour- geons qui se développent depuis l’époque où les bou- REVUE HORTICOLE. 162 tons fleurissent jusqu’à celle où les fruits nouent. — Il est probable qu’ayant réussi sur ce genre d’arbres , il continuera ses essais sur d’autres qui probablement lui donneront les mêmes résultats. » M. Neumann a vu aussi M. Grison faire servir à deux bâches à forcer, placées dos à dos (nord et sud), un seul réchaud de fumier. Il en obtient l’avantage d’avoir une chaleur de plus longue durée , et deux saisons à un mois de distance de celle du nord à celle du sud. — Le fumier des réchauds tient ainsi plus so- lidement et ne s’éboule pas en faisant le service, com- me il arrive autrement. Moyen dt obtenir des arlicliaiits hdtîfs. Voici la méthode indiquée par M. Lanos, jardinier à Champlan. Une certaine quantité des pieds du plant d’avril ou de mai ne montent pas encore à l’automne suivant, surtout s’ils sont en terre forte et froide. Si la terre est sèche et légère, on arrosera pour que le plant se fortifie et puisse montrer sa tête quand les gelées seront sur le point d’arriver. Enfin, le jardinier, soit par l’effet de son terrain , soit par une plantation plus tardive, fera en sorte d’avoir, quand les gelées arriveront, des pieds prêts à montrer leur pomme. Alors il faudra raccourcir les feuilles selon l’usage , butter sans enterrer le cœur de la plante où se trouve le petit artichaut, poser une cloche sur cette butte pour abriter sans priver de lumière, et couvrir de li- 1 tière ou de feuilles. Ciîaque fois que le soleil |)araîtra, ç si la gelée n’est pas trop forte, on écartera la litière y de dessus les cloches, sans les déranger, afin que l’in- e térieur s’échauffe et donne la vie aux plantes. En ou- v tre , on aura soin de retourner la litière ou les feuilles h pour éviter rhumidité qui fait plus de tort aux pieds i que la gelée , et même on les changera , s’ils sont trop f humides. Ainsi préservé, le plant, qui eût [éri dans l’hiver, croîtra; les jeunes artichauts grossiront et Ij}] seront bons à couper, pour la plupart, en mars et |jlj avril. Ili REVUE HORTICOLE. 1C3 Instrument d'horticulture. L’instrument dont la figure est ci- jointe est employé chez M. Daviet, hor- ticulteur à Etterheck, près Bruxelles. Il est en fer battu et sert à faire des trous en terre pour enfoncer les tuteurs et perches sans offenser les racines des arbres et des plantes. Manière d' élever V aubergine par M. Flantin, horti- culteur maraîcher. A la fin de décembre, il faut faire une couche de 81 cent, d’épaisseur sur 1“, 62 de largeur, mettre dessus un coffre ou caisse; dans cette caisse on répand sur le fumier 10 cent, de terreau et on place les pan- neaux; on attend 4 jours pour que la chaleur du fu- mier monte dans le terreau; ensuite, dans les jours de janvier, on sème la graine et on la couvre de 5 cent, de terreau; on tient la couche chaude à 20 degrés R. Il faut laisser le plant encore un mois sur la couche; ensuite on le repique sur une autre cou- che à la température de 15 degrés; on y laisse le plant encore un mois; ensuite on le relève pour le planter sur une 3® couche chaude de 10 degrés, à une distance telle qu’il y ait 4 plantes par panneau. 164 REVUE HORTICOLEi Quand les plantes seront reprises, on leur donnera 5 cent, d’air, et ensuite davantage, au fur et à me- sure que la chaleur de l’atmosphère augmentera. Pyrale de la vigne. La Société d’agriculture de Mâcon vient d’accueillir avec faveur un procédé proposé par M. Raclet, pour * détruire la pirale de la vigne. « M. Raclet, dit le rap- porteur, se sert d’un vase en fer-blanc et d’un litre de capacité , entièrement recouvert de lisière ou de drap, avec un bec d’un centimètre environ d’ouver- ture. Après l’avoir rempli d’eau bouillante, il en ar- rose toute la superficie du cep, moins les plus jeunes pousses et leurs bourgeons, en commençant par le haut, de près et promptement, pour ne pas laisser refroidir l’eau. On conçoit que c’est une condition essentielle, car si elle n’était pas aussi chaude que possible, on manquerait le but, et le drap épais ou autre étoffe dont on enveloppe le vase n’est que pour empêcher le refroidissement. L’échaudage des ceps a encore l’avantage de détruire , en même temps que la pyrale, une multitude d’insectes qui y vivent. Guérison du chancre des arbres par la cautérisation. Les Chinois avaient imaginé depuis des siècles, à ce qu’il paraît, de traiter par le feu les mûriers affec- tés de chancres, de plaies et de pourriture sèche ; l’usage fréquent et heureux de cette méthode sur l’espèce animale aurait dû susciter chez nous des es- sais de la même nature sur les végétaux; il ne paraît pas que l’on s’en soit occupé avant ces derniers temps : aujourd’hui des expériences très-nombreuses per- mettent d’affirmer que le procédé chinois mérite d’ê- tre introduit partout où l’on tient à la conservation des arbres. M. Camille Beauvais l’a mis en usage dans ses plantations des Bergeries avec un succès qui - ne s’est jamais démenti, non-seulement sur les mû- ^ riers, mais sur les arbres de toute essence. Cette opé- ration ne présente aucune difficulté. Il s’agit tout simplement de chauffer à blanc un fer ronge , et de l’appliquer sur la partie malade, à plusieurs reprises s’il le faut, jusqu’à ce que la caulc i -ation soit com- • REVUE HORTICOLE. 165 piété, c’est-à-dire jusqu’à ce que toutes les parties malades aient été entièrement dévorées par le feu. M. Beauvais attache une telle importance à la cauté- risation, qu’il a fait construire un petit appareil com- posé d’un fourneau portatif et d’une collection de fers Ide différentes formes , à l’imitation des fers de l’art vétérinaire , et qu’après la taille des mûriers, tous les arbres sont de nouveau visités par un jardinier por- tant le fourneau à cautères pour leur appliquer im- médiatement le feu, en cas de nécessité. Il y a cepen- dant encore une circonstance à éclaircir dans cette méthode, c’est que l’on ne sait point à quelle époque de l’année, ni à quel moment de la végétation il est plus utile de l’employer. Des expériences ultérieures décideront sans doute la question. On ne peut dire non plus , jusqu’à quel point cette opération pourra être pratiquée sur les autres genres d’arbres. Terrines a boutures^ nouvelle disposition. Dans la séance du 4 mai, M. Neumann a présenté à la Société d’Horticulture des terrines à boutures , au milieu desquelles il avait placé, sous la terre, des godets, ou petits pots renversés, comme on le voit en a de la figure ci-jointe. Cette disposition évite toute humidité dans la ter- rine , et M. Neumann a reconnu que la douce chaleur de la couche arrivant par le trou qui se trouve au mi- lieu de cette terrine et au-dessous du godet, contribue à activer la végétation des boutures. Un pareil moyen est aussi employé en Belgique, où l’on se sert de godets renversés beaucoup plus larges et même de petites terrines moitié moins grandes que la terrine qui renferme le tout* IGG REVUE HORTICOLE. Charrue h ratisser les allées. Sur la planche XXXVIII des Figures four t Alma- nach du Bon Jardinier^ nous avons représenté un ins trument de ce genre, le meilleur qui existât alors. M. Bonne Boytard, jardinier primeuriste et fleuriste à Orléans, vient de nous communiquer une charrue à ratisser qu’il a perfectionnée et qui remplace la pre- w mière avec avantage. Elle a beaucoup de rapport avec celle de la planche XXIX, mais elle est exécutée dans ; des proportions raisonnées que nous allons indiquer. REVUE HORTICOLE. 167 Les deux barres de bois principales a ont l in. 20 c. de longueur; la barre en a 55, et la barrée 65; chacune a de force 6 cent, sur 1 Le col de cygne en fer D a 33 cent, de longueur et 15 dans sa plus grande largeur. On voit cjue les barres e, sont re- tenues aux barres a par des boulons et des écrous, et que le col de cygne D joue sur le boulon i où il est arreté par un écrou au point nécessaire, afin de don- ner plus ou moins de fer pour entamer plus ou moins le terrain, La roue, faite de planches minces, a 42 centim. sur 2 d’epaisseur, et est renforcée, sur la tranche, d’un cercle de tôle. La traverse où sont les poignées a 45 cent, et les poignées 15. La lame a 55 cent, de longueur et 7 à 9 de largeur. Le clef K sert à faire tourner les écrous pour monter et démonter. On peut la remplacer par des tenailles. Cette charrue emploie moins de bois que celle de la planche XXXVIII; elle est, en conséquence, plus légère et plus économique. Cependant nous attirerons l’attention sur le sarcloir-charrue de la planche XXIX où bon a évité le col de cygne , au moyen d’une barre courbe c. Si on emploie une lame plus courte , telle que 25 à 30 cent. , cet instrument deviendra un sarcloir pour travailler entre les cultures. Collection nouvelle et précieuse de cinéraires. Parmi les cultures déplantés nouvelles qni abon- dent chez M. John Salter, avenue de Picardie, 32, à Versailles, on a remarqué, cet hiver et ce printemps, une collection de Cinéraires charmantes , la plupart nouvelles et très-différentes de tout ce qu’on a vu jus- qu’à présent. Nous en joignons ici la liste avec les prix, mais nous ne savons lesquelles recommander comme les plus belles, car elles le sont toutes, et il n’y a que le goût de chacun qui pourra décider la priorité. Cineraria carminé 5 « — Davis Seed- — Cissa 2 60 ling 6 « 168 REVUE HORTICOLE. Cineraria Madiüdî 5 h Cineraria Impérial — Dudiess of Blue 5 » Gloster 5 » — Iveriana 5 )> — Prince Al- — King(Green) 5 » bert 5 » Cineraria Rival King 5 » l — Qiieen Victo- — Royal Blue 5 ( « ■ ria 5 » — Rosea ElegansS » — Regina 5 » — Splendens 5 » —, Éclipse 5 )) — Surprize 5 » — Grandis 2 50 — Waterhousia- — Grandissima 5 » na 1 jt La collection de Faschia nouveaux de M. Sal ter s’est encore enrichie de plusieurs espèces qui, tous les jours, ajoutent au nombre et à la variété de ce joli genre. Il a reçu aussi des Chrysanthemum Indicum nou- veaux. Sa collection de Pensées et celle de Verveines sont les plus nombreuses , comme les plus belles et les plus nouvelles. Avis aux amateurs de pivoines en arbres. Les amateurs connaissent la collection de Pivoines de M. Mathieu, à Belleville. M. Mathieu, s’étant retiré des affaires, a cédé cette intéressante collection à M.Chauvière, rue de la Roquette, 104, et elle ne peut que gagner en de telles mains .—On en remarque entre autres belles espèces, une blanche à centre rose, qui est très-recherchée. ^utn , La nouvelle serre de Chauvière^ ses pélargoniums, ses calcéolaires. Ce n’était pas assez pour M. Chauvière d’enrichir chaque année sa collection de péiargoniums, il a vou- lu encore les placer de manière à faire jouir les ama- teurs d’une vue générale de tant de beautés en les plaçant sur un théâtre convenable. Il a fait construire une serre dont les proportions sont si heureusement combinée^ que^ d’un seul coup d’œil, on peut aperce- REVUE HORTICOLE. 169 voir à la fois le nombre infini de fleurs que peuvent produire des milliers de vases placés tous sur un même plan. Il n’y a pas de description en prose ou en vers qui puisse donner une idée de celte magnificence, et nous engageons les amateurs parisiens une pas laisser pas- ser la saison de ces jolies plantes sans aller visiter le charmant théâtre où elles brillent d’un éclat vraiment éblouissant. Nous y avons remarqué, parmi les plus nouvelles variétés obtenues, soit des semis de M. Chauvière, soit de ses introductions, quelques espèces que nous al- lons nommer. — Anais Chauvière est certainement la conquête la plus importante que M. Chauvière ait faite, et ce pélargonium ne sera pas oublié comme beaucoup d’autres. Son aspect est gracieux, et ses couleurs tendres et variées sont très-gaies. C’était une justice de le dédier à une épouse qui le seconde si bien et contribue par ses soins et son intelligence à la prospérité de son riche établissement. — Sir John Brouston, Grenadier, Troubadour, Victor, Enchan- teresse, Duchesse de Nemours, Mazeppa, sontdechar- raantes nouveautés. De moins nouvelles plantes, telles que le Prince de Joinville, etc., ne mériteraient pas moins, par leur originalité ou leur grâce, d’être citées, si nous pouvions toutciter. Les nouvelles variétés que nous venons de nommer sont encore cette année au prix de 10 à 15 fr.; et seront cotées moins haut dans le prochain catalogue. La belle serre àe?» pélargoniumsdiàonïiè place aussi au joli genre Calcéolaire, que M. Chauvière a com- plété de tout ce qu’il a trouvé de mieux en Angle- terre et dans ses proprés semis. Ce genre contient des plantes fort curieuses et qui commencent à par- tager les hommages publics concurremment avec les genres pélargonium, verveine, etc. On fait avec tout cela de charmantes corbeilles au milieu des gazons. Il« SÉRIE.— 1. 14 170 REVUE HORTICULE. Floraison des pivoines chez M. Modeste Guériny rue ■ des Couronnes, près la barrière de Ménilmontant. Cette floraison a été splendide, et la beauté des nouvelles pivoines de M. Modeste Guérin fait désirer de les voir devenir communes dans les cultures d’a- mateurs. Voici la liste et une courte description des principales espèces. Comte de Paris; fleurs très-pleines, pétales exté- rieurs d’un beau rose vif, centre bombé entremêlé de rose et de jaune tendre, odeur très-agréable, se- mis de la P. edidis ; prix 100 fr. huteola alba; semis de la P, sinensis y fleurs très- amples, pétales extérieurs rose tendre, au centre pétales d’un jaune très-tendre, d’abord ligulés, puis larges et passant au blanc ; 30 fr. Reine des Français ; fleur très-ample, pétales exté- rieurs d’un beau rose, centre très-plein, très-large , finement denticulé au sommet d’un beau blanc, à peine lutescenle à la base, odorante, semis de la P. cdalis ; 80 fr. Hericartiana ; fleurs très-pleines, pétales exté- rieurs rose très-vif, centre blanc mêlé de rose, les petits pétales ligulés chamois ; odorante ; 30 fr. Chiysanthemifiora; pétales extérieurs rose pâle, larges, centre pétalé, ligulé , jaune et mêlé de blanc en s’élargissant, passe au blanc jaunâtre ; 100 fr. Reine Hortense; pétales extérieurs rose satiné, intérieurs très-pleins, bombés, carrés , mêlés et sau- . monnés ; odorante ; 50 fr. Les six suivantes ont été vendues en souscription i l’année dernière et ne seront disponibles qu’en oc- tobre prochain. — En prenant les six ensemble on ; ne les paiera que 150 fr. Speciosa striata ; pétales extérieurs beau rose vif ; très-large, pleine; intérieur rose tendre rayé de blanc, odorante ; 40 fr. Anemoneflora striana; pétales extérieurs rose liliacé, : centre blanc mêlé de rose, pétales très-serrés et im . briqués ; odorante ; 40 fr. ^ REVUE HORTICOLE. 171 Elegnns ; pétales extérieurs blanc rosé, intérieur blanc soufré au centre, pétales plus blancs lisérés de rouge; 30 fr. Victoire Modeste; pétales extérieurs rose carmin; l;rès-large, très-ample, centre rose tendre et nuancé de blanc , odorante; 40 fr. Pulcherrirna ; pétales extérieurs beau rose, inté- rieur pétales ligulés, serrés, chamois, mêlés de larges pétales rose nuancé de blanc ; odorante; 30 fr. Lutea varicgata ; pétales extérieurs blanc rosé, in- térieur petits pétales ligulés, jaunes, mêlés de larges I pétales blanc rosé ; très-multiflore, forme parfaite; j 25 fr. Pélargoniitms de M. Lemon. M. Lemon, à Belleville, n"a pas négligé ses semis du beau genre pélargonium^ et il a offert cette année aux amateurs un certain nombre de jolies variétés parmi lesquelles nous citerons: — Danaé, à fleurs blanches maculées de rouge vif, prix 10 fr. ; — Ma- ria Léonida, à fleurs blanches maculées de violet noir, 15 fr. ; — Mazeppa, à pétales sup. brun pourpre et les inf. blancs, 10 fr. — Mirabeau, sup. lilas et inf. blanc teint de lilas, 5 fr, , — Triom phant, rose tendret brun et rouge, 15 fr. — Marie Stuart est une plante remarquable par ses pétales sup. rose carminé avec grandes macules de brun velouté et les inf. beau rose tendre. Nous donnons ici les prix de l’automne de 1841. /ris nouvelles de M. Lemon. Depuis un temps immémorial on voit tous les ans avec plaisir se renouveler les grandes et brillantes fleurs de l’Iris germanique, dont la facilité de multi- plication par les racines est si commode, que le désir d’obtenir des variétés nouvelles pouvait seul engager à semer. Après M. Debure, amateur, deux horticul- teurs se sont, en même temps, occupés d’augmente notre avoir en ce genre. M. Jacques, jardinier en chef du roi à Neuilly, a obtenu une collection nom- REVUE HORTICOLE. 172 breuse v.t brillante, que les amateurs ont été heureux d’aller admirer. M. Lemon, horticulteur commerçant, en a obtenu une autre, qui est par conséquent plus susceptible de se répandre dans nos parterres. Elle contient des plantes dont les formes sont belles et dont les cou^er.rs, empruntées à l’azur du ciel et à toutes les nuances de l’arc-en-ciel , sont des plus agréables. Voici la liste de celles dont on peut for- mer une collection et que nous avons choisies dans les 100 qui forment le résultat des semis de M. Lemon et de quelques variétés déjà introduites. Adonis, jaune citron, pétales extérieurs blanc veiné de roux brun et bordés de jaune. 5 Agate, bleu pourpré tendre, pél. ext. blancs à la base, bleu foncé au sommet, réticulés de brun. 3 Amanda, jaune terne, pét. ext. blançs au centre, striés de brun et bordés de jaune. 2 Apollon, jaune, pét. ext. rouge foncé velouté, ponctué de jaune au sommet. 4 Arlequin malinais, blanc, panaché de violet, pét. ext. blancs à la base, bleu foncé velouté au sommet. 3 Bergiana, jaune, pét. ext. jaunes, striés à la base, brun velouté au sommet et bordés de jaune. 2 Bigotini, jaune pur, pét. ext. blancs au centre, pourpre au sommet. 1 Cerbère, jaune pur, pét. ext. blancs, veinés de bleu. 4 Conqueror, jaune d’or, pét. ext. marron noir velouté. 6 Diomède, bleu clair, pét. ext. blanc rayé et bleu foncé au sommet. 2 Honorabile, jaune d’or, pét. ext. jaunes, striés à la base, rouges au sommet et bordés de jaune. 4 Idion, jaune, pét. ext. rouges au sommet et bordés de jaune. .. 3 Incomparable, blanc pur, pét. ext. blanc, striés à la base, bleu foncé au sommet. 6 Jacquesiana, bronze saumoné, pét. ext. pourpre brun velouté. 3 Julia Grisi, blanc pur, pét. ext. blancs, striés à la base, bleu foncé au sommet et bordés de blanc. 2 Multicolor, jaune d’or, pét. ext. jaunes, striés à la base, blanc veiné de brun au centre, brun velouté au som- met, et bordés de jaune. 5 » REVUE HORTICOLE. 173 Muuico, jaune d’or, pél. ext. striés de brun à la base, roux brun au sommet, liséré jaune. 4 » National, bleu foncé, pél. ext. violet foncé velouté. 3 « Pagauini, blanc, pét. ext. striés de bleu foncé au som- met. 2 » Pallida, unicolore, bleu clair. » 25 Rebecca, jaune, pét. ext. brun velouté, maculés de blanc au centre. 5 » Reticulata alba, blanc, pét. ext. bleu clair, bordés de blanc. 2 » Reticulata superba, bleu clair, pét. ext. bleu foncé, bor- dés de bleu tendre. 2 » Reticulata purpurea, bleu clair, pét. ext. bleus, striés à laJ)a^, violet velouté au sommet. 2 » Sambucina major, lilas terne, pét. ext. lilas pourpré. 1 50 Spectabiiis, jaune superbe, pét. ext. jaunes veinés de brun à la base, blancs au centre, pourpre brun ve- louté au sommet, avec un liséré jaune. 5 » Thyphée, bleu azuré, pét. ext. blancs, striés à la base, gros bleu velouté au sommet. 3 « Unique, blanc pur, pét. ext. blancs, veinés à la base, bleu pourpré au sommet, bordés de blanc. 3 » On peut avoir au choix 25 variétés pour. 50 » ^0 — pour " ^ » La collection entière de 100 — four ^ lOO Les livraisons se font en tubercules de force à fleurir. Etablissement de M, Fan Houtte, En visitant par nous-mêmes les jardins et les serres de M. Louis Van Houtte, à Gand, nous avons pressenti que la science et l’activité de ce jeune hor- ticulteur feraient de son établissement un des plus importants de la Belgique; nous ne nous étions pas trompés. Ses terres sont devenues d’une immense étendue; elles contiennent tout ce qu’il est possible de réunir de plus convenable pour contenter les dé- sirs des amateurs de tous genres, et elles renferment enfin les nouveautés les plus intéressantes. Et non- seulement M. Van Houtte sait cultiver supérieure- mant tout cela , mais il sait aussi faire connaître que cela existe et où on peut se le procurer, talent qui manque à beaucoup de ses concurrents. — Nous j74 REVUE HORTICOLE. 3.vons déjà dit (|U0 son catalogue, très— complet pouf le nombre des espèces anciennes et nouvelles, était i un livre instructif par les notions utiles qu’il donne sur des cultures particulières ou sur des espèces nou- i velles. . J ' i» M. Van Houtte a enfin imaginé depuis peu de ré- pandre souvent des suppléments à son catalogue où il mentionne les nouveautés qu’il a pu recueillir et mettre en vente. — Voici ce que nous reniarquons dans les derniers, portant 15 avril et 15 mai : Pleine terre, Preonici IMoutan papaveracen plenis-- sima, prix : 50 fr. Très-double, lilas franc, 200 fr. — T^ersicoloVif 50 fr. ■ — Prunus pcidus vcii ie^utus fiP. ■ Pentstemon ^entianoicles roseum^ 10 fr. Phlox alba K emiesinci ^ 3 fr. •— Serre temp^ Phodoclenciron hycL— ointhijloi'um pleno,^ 1 fr. — Le même, en boutons, 15 fr. R, medico-pictum citrinum^ 20 à 60 fr., feuil- lage large, d’un beau vert très-foncé ; le centre est orné de larges taches jaunes citron extrêmement vif, coloris et aspect tout nouveau. Ruchsia victrix aîba^ 25 fr. ^ Serre chaude. Collection de vingt-six especes de Passijlora, — Stanopea tigrina varietas, 20 fr. — Stephanotis floribunda, 5 fr. ^ Superbes calcéolaires nouvelles que j’offre, dit M. Van Houtte, au commerce aux prix suivants : 1 2 très-belles variétés pour 30 fr. — 25 Idem pour 50 fr. . , « Toutes sont de mes semis, obtenues au moyen de fécondations artificielles et croisées de.graines re- cueillies surplus de 600 plantes qui, l’an dernier, for- niaient l’élite des nouveautés anglaises. . •) Les plantes sont très-fortes et en pleine floraison, , qui se prolonge, comme on sait, pendant tout 1 été et jusque bien avant dans l’hiver. L’expédition se fait en caisses légères : je garantis l’arrivée, en brillant état, de ces deux plantes à deux et trois cents lieues ^ de distance. » . j < Les serres de M. Van Houtte sont éblouissantes de ^ beauté en ce moment; ses calcéolaires sont admirées REVtJE HORTICOLE. 175 par tous les amateurs du pays, qui applaudissent à ses succès. Graines de quelques arbres et arbrisseaux. Belle graine de Magnolia Iripetala. demi-once, 3 '» — de Cèdre de Yirginie \juniperus'vîrginiaita)^ de- mi~kilog^ 4 » — — — — denii’Once, » 30 — de Rhododendrons {des plus belles variétés de pleine terre'), un paquet 2 • d’Azalée de pleine. terre {mélange des plus belles variétés.) — 2 « de Cèdre du Liban. le cône, )) 50 — d’ Acacia, le hlog. 3 >/ Prix proposés pdr la Société d' encouragement. Desprix de 300 et de 500 fr. seront décernés à ceux qui auront planté ou semé dans la plus grandeétendue de lorrain inculte ou de mauvaise qualité les pins Sil- vestre et Laricio, le mélèze, le sapin de Normandie, répicéa et le cèdre du Liban, les uns dans un espace de 5 hectares et les autres dans un es|)ace de 10 et de 15 hectares. — La Société proroge encore les prix qu’elle a proposés pour la plantation des terrains en pente. — Voir le programme qui se distribue gratis, rue du Bac, n. 42, à Paris. Degrés de froid dont la neige garantit la terre, M. Boussingault a adressé à l’Académie des sciences le résultat de quelques expériences qu’il a faites pour établir la propriété isolante de la neige répandue à la surface de la terre en couche menue très-épaisse; il a constaté, à l’aide de thermomètres, que pendant les plus grands froids, les parties recouvertes par la neige ne se mettaient pas en équilibre de température avec l’air extérieur. Il donne un grand nombre d’ob- servations qui toutes confirment cette opinion déjà professée par M. Arago. Parmi les faits qu’il cite dans son mémoire, nous remarquons le suivant : Pen- dant une nuit d’hiver, un thermomètre placé au-des- 17(5 REVÜE HORtlCOLE, SUS de terre marquait 12 degrés centigrades au-des- sous de zéro, tandis qu’un autre thermomètre, appli- qué immédiatement sur la terre au-dessous d’une lé- gère couche de neige , ne marquait que 3 degrés. Cette remarquable différence de 9 degrés montre évi- demment l’action protectrice de la neige. Nouvelle classification des OEillets, Il vient de paraître un traité sur la culture des millets, qui doit exciter la curiosité et l’intérêt des amateurs par une foule de faits, fruits d’un espritob- servateur et d’une longue expérience. Ce qui lui donne encore un caractère particulier, c’est que M. Ragoiiot-Godefroy, son auteur, l’a com- plété par une nouvelle classification extrémementin- génieuse appliquée toujours àsa spécialité, les œillets. Considérant avec peine la défectuosité de nos catalo- gues, qui ne représentent que des noms imaginés par le caprice, sans aucun rapport avec l’objet qu’ils doivent rappeler, M. Ragonot a cherché à rétablir l’ordre dans ce chaos; il a présenté à la Société royale d’horticulture sa nouvelle classification qui a été jusr tement appréciée. Cette méthode peut s’appliquer également à toutes lesplantes nombreuses en variétés, elle est rationnelle et flatte l’imagination. Premièrement, il divise les ^ œillets en quatre groupes et deux tribus, d’après leurs couleurs dominantes. Chacun des groupes et des tribus a sa source de noms qui lui est consacrée, ce qui permet que, d’après l’énonciation du nom, on puisse connaître immédiatement la couleur domi- nante d’un œillet. Par exemple, le groupe des rouges a l’Ancien Testament; le groupe des jaunes a les noms géographiques; la tribu des chamois est consacrée a l’histoire naturelle; les fonds blancs, les noms dictés par le caprice; les flamands empruntent leurs nomsà l’histoire, et enfin, les ardoisés à la m^'thologie. Comme dit M. Ragonot -Godefroy, les noms ambi- | tieux donnés jusqu’à présent à telle ou telle fleur ne sauraient indiquer son origine, son caractère ni sa BEVUE HORTICOLE. 177 couleur. Parce que ces noms sont brillants, ils sont choisis de préférence par chaque collecteur, et peuvent être donnés à la fois à cinquante variétés de diverses espèces de plantes, sources intarissables d’erreurs préjudiciables au commerce. D’après cette méthode, chaque plante a, comme nous bavons vu, un nom invariable qui indique à quel groupe elle appartient, et par conséquent sa couleur et sa forme. Cette idée ingénieuse préviendra les er- reurs. L’amateur n’aura plus à craindre de déception. La plante de son choix n’a qu’un nom de famille qui la fera toujours reconnaître. M. Ragonot a trop bien apprécié les sentiments ^ui consacrent une fleur à un ami ou à un person- nage illustre pour les sacrifier en cette occasion. Le nom de dédicace pourra faire estimer la fleur qui le porte ; il pourra suivre immédiatement le nom comme surnom. IN’avons-nous point un nom de famille etun nom de bapiême? les plantes espèces n’ont-elles pas deux noms? Ce second nom, loin d’éîre un sujet d’embarras, aide souvent à faire souvenir du nom in- variable. Par exemple, pourquoi le nom méthodique de charmant ne serait-il pas suivi de celui de Rossini; celui de Josué s-ûvi de celui du général Foy? Si les catalogues ont des dénominations arbitraires, les descriptions laissent aussi beaucoup à désirer, observe M. Ragonot, surtout celles qui ont rapport aux œillets qui sont désignés très-imparfaitement par les expressions vagues de strié, liséré, rayé, mordoré, etc. Cependant ce sont ces dispositions de lignes et de couleurs qui forment les caractères distinctifs entre les variétés. M. Ragonot a observé quatorze carac- tères, mais il était difficile de les faire comprendre sans représenter leur image : aussi les a-t-il fait des- siner et gi aver d’après nature dans son ouvrage. 14. EXEMPLE DE LA ÏN’OUVELLE CLASSIFICATION, ou Modèle d'un Catalogue d’après cette méthode. iso REVUE HORTICOLE. Société (f horticu Iturc, La 7O® exposition de la Société Royale (V Agricul- ture et de botanique de Gand a eu lieu le 5 mars dernier. — Nous n’y remarquons pas de prix pour les plantes nouvellement introduites; les récom- penses ont été accordées aux mêmes amateurs et hor- ticulteurs habiles et zélés, que nous sommes habi- tués à nommer dans les comptes que nous rendons des, belles et nombreuses expositions de cette ville chérie de Flore. Greffe Dammara, — Greffe Neumann, M. Neumann, directeur des serres au Jardin des Plantes de Paris, vient de modifier d’une manière très- satisfaisante la greffe en placage décrite et figu- rée dans les figures du Bon Jardinier, pl, XVI ter, — Il fait l’incision jusqu’auprès de la moelle, comme il est indiqué en F ; mais au lieu de couper et enlever le copeau, il le laisse et place dans cette fente la greffe taillée en biseau des deux côtés, et qui se trouve ainsi recouverte de l’écorce du sujet. Il en résulte, dit ]\î. Neumann, deux chances de succès au lieu d’une, ])uisque la greffe se trouve recouverte sur double face, et que, si elle ne réussit pas, elle ne fait pas plus de mal au sujet qu’un écusson manqué. Elle est de la plus grande facilité, peut s’appliquer à tout végétal ligneux, et son habile auteur ne doute pas qu’elle ne soit bientôt généralement adoptée et (|ue l’on ne soit é onné de ne l’avoir pas plus tôt employée. — M. Neu- mann a commencé par l’appliquer au Dammara, arbre très-rare, et qui jusqu’ici s’était refusé à tons moyens de multiplication ; elle a réussi complètement en prenant pour sujets de jeunes pieds à" Araucaria imbricata. Elle a encore très-bien réussi au cèdre Deodala sur \(^Pinus Sahineana, Mais, puisqu’elle est applicable généralement, nous proposons de l’appeler greffe Neumann, — La greffe s’assujettit avec du fil REVUE HORTICOLE. 18f (le laine et l’on recouvre de cire à greffer. On gref- fera en mars et avril sur des sujets que l’on aura pla- { és en serre chaude jmur les mettre en sève avant d’opérer, s’ils sont à feuilles persistantes, et on recou- vrira d’une cloche. Si Ton opérait sur des végétaux à feuilles caduques, il serait mieux d’attendre la mon- tée de la sève. Marteau de jardinier. On a représenté dans le volume de Figures pour r Almanach du Bon Jardinier^ pl. XXXVII et LX, des marteaux de jardinier, tels qu’on s’en est tou- jours servi pour le palissage à la loque. M. Bonne- Bovtard, d’Orléans, jardinier intelligent, et qui cher- cliè toujours le progrès, a modifié cet instrument d’une manière très-heureuse. La masse du marteau ordinaire est droite comme dans tous les autres mar- teaux, et tout l’effort que l’on fait pour arracher un clou avec la fente, qui est à l’extrémité, porte sur le manche au risque de le faire casser. M, Bonne a ima - giné de prolonger cette masse en la courbant beau- coup, comme on le voit dansla fig. ; la fente com- mence sur la courbe comme dans la fig. 2®, et l’effort, par une combinaison naturelle de la force du levier, porte des trois quarts moins suivie manche, l’arrachage du clou se fait plus vite et plus faci- lement. Nous avons été liès- satisfaits de son usage et nous le recommandons aux fg» 1. Jig. 2. fabricants. Arrosoir h anse. L’horticulture doit encore à M. Bonne-Boytard le perfectionnement de cet instrument, déjà connu de- REVUE HORTICOLE. iS2 puis deux ans, mais que nous n’avons ni annoncé ni fait figurer plus tôt parce que nous n’y trouvions pas tout l’avantage désirable. Quand le jardinier porte son arrosoir tout plein, il le tient perpendiculairement par la poignée placée près ou au dessus de l’ouverture par où l’eau s’in- troduit, et il est obligé de le poser ou de le reprendre pour arroser et ensuite pour le remplir. Au moyen de la grande anse sondée à celui dont la figure est ci-joiiite, et dont l’étendue permet de la faire glisser ni se servir des deux mains pour un seul arrosoir. Le perfectionnement apporté par M. Bonne-Boy- îard| consiste dans la forme ovale de son plan que nous représentons ici par un trait, et qui donne une raison physique de solidité à l’ustensile. En effet, les arrosoirs à anse que l’on avait fabriqués jusqu’ici étaient carrés dans leur plan, et présentaient quatre REVUE HORTICOLE. 183 surfaces plates, opposant aux chocs bien moins de résistance que les surfaces arrondies du plan ovale. Au surplus, on sent de quel avantage est un arro- soir de forme allongée, soit ovale, soit même carré long dans son plan, sur les anciens arrosoirs ronds dont la convexité saillante est en frottement conti- nuel avec les jambes du jardinier, et nous croyons que cette forme ronde ne tardera pas à être abandon- née. Mode d'arroser souterraincment. Dans un rapport fait à la section d’agriculture de la société académique de Nantes, on a rendu compte d’essais faits sur un arrosoir dit arrosoir nantais^ des- tiné à conduire l’eau sous terre, sur les racines mêmes des plantes et des arbres. Voici les raisons principales qui ont engagé M. Philippe de Beaulieux (proprié- taire à Sautron, près Nantes) à imaginer et produire cet instrument. « L’arrosement avec l’arrosoir à gerbe emploie une grande quantité d’eau qui rafraîchit ordinairement la superficie du sol sans pouvoir pénétrer aux racines, et dont l’effet est souvent d’être plus nuisible qu’u- tile, surtout quand la chaleur trop âcre du soleil vient à dessécher tout à coup ce terrain humide. De là ré- sulte la brûlure, vulgairement nommée coup de so- leil, accident qui produit assez souvent la mort des végétaux. • Un arrosoir qui conduirait l’eau sous terre n’emploierait que le dixième d’eau qu’emploie un ar- rosoir ordinaire ; et en conséquence grande économie .de temps et de bras. M Dès lors, les arrosements composés, soit avec les matières animales, minérales et végétales, arrose- ments si utiles, mais si négligés, parce qu’ils sont tou- jours dispendieux avec l’arrosoir à gerbe, devien- dront plus faciles et produiront de grands avantages au printemps et dans l’été, où ils seront employés avec succès non-seulement comme aliments, mais en- core comme stimulants pour ranimer les arbres lan- 184 REVUE HORTICOLE. guissants auxquels ils pourront redonner, en peu de jours, la vigueur de la végétation. L’arrosement sous terre, pratiqué dans nos provinces méridionales, et surtout dans nos colonies, en Afrique ét au-delà de rOcéan, où l’évaporation est plus considérable, devra produire les effets les plus énergiques. » L’arrosoir nantais semblerait au premier examen devoir remplir son but. Un manche est fixé dans la douille <2, il sert à tenir rinstrument et à l’enfoncer en terre perpendicu- lairement ; sa partie postérieuriî d est plate et a la figure d’un fer de lance sur lequel on aurait soudé un entonnoir semi-circulaire dans le- quel on introduit l’eau qui s’écoule par le goulot en c\ mais comme en enfonçant l’instrument dans le sol ce goulot se trouverait bouché par la terre, un petit boulon de fer mobile en c remonte et le ferme. Ce boulon est fixé à une tringle terminée en b par un anneau retenu par un piton, et que l’on doit ensuite faire redes- cendre pour déboucher le goulot. Cet instrument est conçu ingé- nieusement, mais il ne donne encore qu’une idée première, car l’eau ne s’écoule pas assez vite, et beaucoup de temps serait perdu. — Nous ne pouvons donc l’indiquer que pour mettre sur la voie; U doit se perfectionner, et nous lui désirons plus de succès qu’au couteau à asperges et au plantoir indiqués dans le Volume des Figures du Bon Jardinier, pages 50 et 53. M. Andot a longtemps travaillé et mis tous ses soins à la composition de ces deux utiles instruments. D’une part, il a cherché le moyen d’éviter la ruine de plusieurs as|)crges quand ou en coupe une, et, de l’autre, il a voulu éviter de comprimer la terre en plantant. Il a publié des essais à ce sujet et jirovoqué 183 KEVCE HORTrCOLE. cl ^autres essais de la part des hort*iculteurs ; mais per- sonne, jusqu’à présent, n’a paru répondre à son ap-^ pel. Nettoyage des végétaux, M. Forest a conseillé, dans une séance de la So« ciété royale d’horticulture, de se servir de pattes de lièvres pour laver les feuilles des arbres et plantes dans les serres, après en avoir extrait les ergots. On réussit mieux qu’avec une éponge, et la forme allon- gée et les poils permettent d’atteindre les aisselles des feuilles sans craindre de fatiguer les plantes. Conseils sur le meilleur moyen de tirer encore a^^anta- geusement parti des terres dont les récoltes auraient été^ en totalité ou en partie^ compromises par la sécheresse de 1842, La trop longue sécheresse qui s’est généralement fait sentir sur tous les points du royaume, a porté la désolation dans les campagnes chez la plupart des laboureurs, qui fondent, chaque année, leur unique Il espoir sur la récolte de leurs terres. Le soleil trop brûlant, dont nous avons à déplorer le malheureux effet pendant plus de trois mois, a détruit en partie les fourragés clans les prairies naturelles un peu éle- vées, et anéanti la presque-totalité des semences qui ont été confiées à la terre dans les mois de mars, d’a- vril et de mai, en s’opposant à la germination ou en faisant disparaître du sol les jeunes embryons dans une proportion notable. Pour remédier autant que possible à ces pertes im- menses et inappréciables qui ont porté de graves at- teintes aux intérêts et à la prospérité des agricul- teurs, nous croyons devoir faire connaître, et nous nous empressons de donner une nomenclature des plantes qui pourront être semées avec succès dans cette saison, ou un peu plus tard, et offrir pendant l’automne et l’hiver d’assez grands avantages comme fourrages artificiels; ce sont : Carotte courte, hâtive. Chicorée sauvagç. 186 REVUE HORTICOLE. Maïs à fourrage, grand. Moha de Hongrie. Moutarde blanche. Pommes de terre Segonzac. Raifort champêtre. Ray-grass d’ilalie. Rutabaga. Sarrasin. Seigle multicaule. Spergiile géante (nouvelle es- » » noire. Navet long blanc. noire. » rond lurneps. Navette d’été. Orge et blé mélangés. Panais ronds hâtifs. Pastel des teinturiers* Pe-tsai, chou chinois. Pois gris. »* Jarat. Pommes de terre Schaw. pèce). Trèfle blanc. Trèfle incarnat. Yesce d’été. • hybride (nouvelle espè- ce). Bossin, Grainier-pépiniériste, 5, quai aux Fleurs. Paris, 25 juin 1842. Zea mays siibprœcox ; nouvelle espèce de maïs. M. Bonafoiis, agriculteur très-distingué de Turin, vient de faire connaître une nouvelle espèce de maïs trouvée près d'une rivière au Pérou. Aussi précoce et plus productif que le quarantain, ce maïs, qui se per- pétue sans variation toutes les fois qu’on le sème iso- lément, mérite en même temps l’attention des bota- nistes et des cultivateurs. M. Guillery en a présenté et distribué en novembre dernier à la Société royale d’Horticulture, comme le voyant paraître depuis plu- sieurs années sur les marchés de Paris. Il se distin- gue par la forme de son grain, terminé en pointe re- courbée comme un bec d’oiseau. Siphocampylus riigosus. Cette nouvelle espèce est en multiplication chez M. Thibaut, rue Saint-Maur- du-Temple, chez M. Cels et chez M. Martine. Elle est remarquable par ses fleurs belles et nombreuses, vio- lacé plus ou moins pale, en corymbes terminaux, et se distingue des autres espèces par l’étranglement de la corolle et par les dix côtes du calice, La plante est sous-ligneuse, à tige cylindrique tortueuse en spi- PLAINTES NOUVELLES. REVUE HORTICOLE. 187 raie : feuilles alternes, lancéolées en cœur, acumi- nées, rugueuses, vert gai en dessus et tomenteux en dessous. Quoique cultivée jusqu’ici en serre chaude, il est vraisemblable que l’on pourra la cultiver en serre tempérée et même la sortir pendant la belle saison, en essayant alors de la pleine terre légère ou de bruyère, et en la réunissant en pot et terre de bruyère pour passer l’hiver en serre tempérée. Nous avons décrit le S. hfcolor, t. IV, p. 248, sept. 1839, Achimenes rosea, Fam. des gesnériacées. Plante vivace par ses racines, herbacée, feuilles opposées, pétiolées, dentées; pendant la belle saison, fleurs moyennes, tubulées, lobées à limbe plan, roses et nombreuses; très-jolie plante du Pérou, les tiges pé- rissant après la floraison. Conserver les racines bien sèchement l’hiver et jusqu’à la première apparition des pousses; alors les diviser, s’il y a lieu, pour les multiplier et les rempoter; les placer près des jours dans la serre, ou mieux sur couche et sous châssis; toute bonne terre lui convient. La multiplication a lieu en outre par les espèces de bulbilles qu’elle émet de ses racines et de ses tiges. Achimenes longijlora. Celle-ci a le port de la pré- cédente, mais des dimensions beaucoup plus grandes dans toutes ses parties, surtout dans les fleurs qui sont quatre fois plus grandes, bleu violacé, à tube rosâtre recourbé. Elle est déjà en multiplication chez M. Chauvière; nous n’avons pas encore vu la pre- mière à Paris; leur culture est la même. .Ce genre avait précédemment reçu les noms de Cyrilla par l’Hérilier, et de Triveriana par Wildenow. Brown lui a donné celui Achimenes adopté par De- candolle. Tout le monde connaît le joli genre Leschenaidtia^ dont les fleurs rouges éclatantes ornent longtemps les serres et les gradins. On en annonce une espèce, Leschenaiiltia hiloba^ dont les fleurs seraient plus grandes et d’un beau bleu de ciel. Si cette espèce est aussi florissante que l’autre, ce sera une acquisition agréable; on la trouve chez M. Chauvière. i88 REVtJE HOîltiCOLË. Nouveau lilas varia, M. Jacques, jardinier du roi, à Neuilly, a obtenu de semis un lilas qui lient le milieu entre le lilas va- rin et le lilas sauge, qui est plus rouge que l’ancien varin. 11 ne diffère en rien pour le feuillage, mais sa fleur est plus rosée et l’odeur plus sensible. Sociétés d* horticulture , La Société royale de Botanique de Gand a offert en juin une exposition brillante et nombreuse, où Ton a remarqué des nouveautés intéressantes qui ne sont pas encore parvenues à Paris, telles qu’une Ara- lia crassifolia et un Sobralia macrantha^ qui ont valu des médailles à MM. Van Geert père et Donckelaer fils. Les noms des Verschaffelt, Van Geert et Spae, ont été aussi proclamés plusieurs fois, ainsi que ce- lui de M. Heynderycx, grand amateur. M. Van Houtte a remporté à lui seul cinq prix destinés à 50 pelar^ gonium^ 30 calcéolaires, 50 pensées, rosiers de pleine terre et 33 verveines. — Cette société, qui avait déjà exposé en mars, offrira encore une exposition les 17, 18 et 19 septembre prochain, destinée au genre Dahlia, ce qui en fera trois dans Tannée. L’exposition de la Société de Flore de Bruxelles a, comme celle de Gand, été remarquable par les plantes nouvelles. Les prix de plantes nouvelles ont été décernés à MM. L. Van Ilalewyck et Van Tilborg pour un Achinenes Ghisbrechtianum (ce genre nous est inconnu; peut-être est-ce un Achimenes)^ un Ani^ gosanthus coccinea et un Lophos per muni Hendersonii, et Ton a mentionné honorablement : Momordes par^ dina, Tweedia cœrulea grandijlora y Lohelia hetero-^ phylla majory Gloxinia rubray Coluninca Schiediana, Un superbe envoi de cinquante pélargonium , par M. de Jonghe, a enlevé tous les suffrages, collection remarquable par sa belle floraison. On remarquait une nouvelle variété de ses semis qu’il a nommée Jenny Colon. MM, Van Houtte, Alex. Verschaffelt et REYUE HORTICOLE. 189 Van Geerr, de Gand, ainsi que M. Van Tilbor^% de Bruxelles, se sont montrés avec honneur. En nous envoyant le prospectus de l’exposition qu’elle annonce dès à présent pour le mois de juin de 1843, la Société d’Horticulture de Cakn y joint le compte-rendu de son exposition de mai dernier. Cette exposition, et plusieurs discours prononcés dans une séance solennelle, font foi des progrès de rhorticulture dans le département, et qui sont dus au zèle de la Société, présidée par M. Magneville. Les noms des horticulteurs et amateurs qui ont remporté des prix et mentions honorables, sont ceux de MM, Le Changeur, Havard, Rioux, G. Thierry, Darchangy, Le Landais, Tirard, Portet, Fouquet, M*"* Quétel. Deux jardiniers, MM. Faisant et P. Oger, ont rem- porté des prix pour le zèle et l’habileté qu’ils ont ap- portés dans le service. — Un grand nombre de pro- duits heureux de semis d’anémones et de renoncules ont été exposés. Ces deux plantes, très-aimées des amateurs de Caen, ont tenu un rang distingué à l’expo- sition; elles marchands horticulteurs de Caen, parmi lesquels on remarque M™® Quétel et MM. Le Lan- dais, Rioux, etc., en sont fournis d’espèces de choix. Procédé pour donner aux vases^ statues et ornements de jardins en plâtre, la solidité et V apparence du marbre. Ce procédé consiste à préparer une solution de sul- fate d’alumine en prenant six îtectogrammes d’alun et trois litres d’eau ; on plonge les objets en plâtre qui ont été séchés dans le liquide encore chaud et on les y laisse séjourner quinze à trente minutes; on les fait ensuite égoutter, puis on verse sur l’objet, lors- qu’il est refroidi, la solution d’alun, de manière à ce que cet objet soit recouvert d’une couche cristalli- sée ; on laisse sécher de nouveau, on polit avec du papier sablé et on finit le poli à l’aide d’un linge lé- gèrement mouillé. 190 REVUE HORTICOLE. Nouvelle faux mécanique par M, Ripert, (Le Cülti- TivATEUR, Annales des Progrès agricoles, avril.) La coupe des foins et des blés est de tous les tra- vaux agricoles le plus pénible à l’homme. La saison dans laquelle l’une et l’autre ont lieu, les contrariétés que le temps souvent y apporte, et quelquefois leur simultanéité, concourent à les rendre dispendieuses et écrasantes de fatigue. Il arrive meme que faute de bras on ne peut les surmonter, alors que pas un in- stant n’est à perdre dans üne bonne exploitation. Ces réflexions nous ont amené à l’idée de rempla- cer la faucille et la faux par une machine qui, mise en mouvement par un cheval, ferait plus de travail en une heure que plusieurs hommes en un jour. Qu’on se figure un petit char à quatre roues, avec le siège du cocher en avant. Entre les roues d’avant et d’arrière, jointes par le brancard, est placé un vo- lant horizontal armé de faulx, qui, soumis à un mou- vement circulaire continu par une des grandes roues du char, faucherait en tournant sur lui-méme, au delà du sillon tracé par les roues, une bande de foin ou de blé pareille en largeur à la longueur des faulx. Ce volant, tendant à la fois à régulariser Faction des faulx et à remplacer l’effort alternatif que fait le faucheur, rendrait l’action continue au moyen de se diverses lames, et agirait tant à droite qu’à gauche, suivant la position de l’objet à couper. Un râteau en fer, maintenu horizontal par trois roulettes, est placé derrière le char ; un mouvement alternatif vertical lui est transmis, afin que, quand il a ramassé une gerbe, il la quitte pour en recommen- cer une autre. Pour la fenaison, on place un râteau circulaire qui tend à diviser l’herbe et l’expose ainsi aux rayons du soleil. Un disque en tôle forte, fixé à une grande cheville ouvrière, sert de support au volant qui s’y appuie vers la circonférence, pour en diminuer le frotte- ment, au moyen de quatre poulies en fonte qui sont fixées à ce dernier. Celui-ci, mobile autour de la che- REVUE HORTICOLL. 191 ville, est formé par la réunion de deux antres disques dont 1 intervalle forme le fourreau des faulx: elles sont vissees à des crémaillères, qui, à l’exemple de celles du cric, sortent et se renferment dans le vo- lant, de manière que le conducteur, de dessus son siege, peut, à laide d’une manivelle placée à droite faire rentrer ou sortir les lames, suivant que le tra- vail ouïes accidents l’exigent. Les faulx, arrivées à leur maximum de sortie, sont retenues par nne espèce de collier de force, fonction- nant simultanément au moyen d’une deuxième ma- nivelle a la portée du conducteur. En outre des précautions ci-dessus, afln d’éviter les obstacles et les inégalités du terrain, comme pour aller et revenir des champs, un grand levier serait dispose, a 1 aide d’un tour, pour relever de plusieurs decimetres tout l’appareil. Cette opération, comme la rentrée et la sortie des faux, de même que leur fixité, aurait heu de dessus le siège du conducteur. La mise en jeu de l’appareil s’opère au moyen de eux poulies fixées, l’une sur une des grandes roues du char, et 1 autre à une roue d’angle, destinée à s’en- grener avec sa pareille, fixée au volant ; à cette der- nmre poulie en est adaptée une semblable mobile, afin que le conducteur, par un excès de précaution, puisse encore arrêter ou mettre en jeu le volant en changeant de place la courroie sans fin. Cette machine, traînée, comme nous l’avons dit, p?r un cheval marchant d’un pas ordinaire, c’est-à- dire parcourant soixante mètres par minute, le sillon fauche d environ un mètre, donnerait soixante mètres carres par minute ou soit trente-six ares par heure. Le travail moyen étant de dix heures par jour, un cheval conduit par un homme faucherait ou mois- sonnerait trois cent soixante ares. Nota. Nous avons souvent demandé à des mécani- ciens de faire des essais sur la construction d’une taux mécanique, applicable aux grandes pelouses et prairies des grands jardins paysagers. L’idée de 1. nipert, à la description de laquelle il est à regret- REVUE HORTICOLE. 192 ter que Ton n’ait pas joint une figure, pourrait peut- être se modifier et devenir exécutable en petit aux mains des jardiniers. Nous engageons le; amateurs à faire des essais. Août Congrès de vignerons et de producteurs de cidre, La Société industrielle d’Angers et du département de Maine-et-Loire, instruite des heureux résultats pro- duits en Allemagne par les Congrès de vignerons, aujourd’hui à leur quatrième année d’existence, a compris l’avantage que pourrait retirer notre patrie d’une semblable institution. Elle fait aujourd’hui un appel à tous ceux qui ont un intérêt quelconque à la' voir créer. Il est à désirer qu’on imite en France ce qui se fait en Allemagne, que, chaque année, nos vignerons se réunissent en Congrès, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, et que dans ce Congrès chaque dé- partement soit représenté par des échantillons de ses divers produits vinicoles. Les coteaux de la Champagne, de la Bourgogne, de la Gascogne, de la Guyenne, du Languedoc, de la Provence, du Roussillon, de l’Anjou, de l’Orléanais; de l’Aunis, de la vSaintonge et de la Corse sonts cou- verts d’une multitude d’espèces de ceps dont la no- menclature bizarre est un véritable chaos. Non-seu- lement on est bien loin de connaître toutes les espèces et toutes les variétés qui se cultivent sur les divers points de la France; mais on ignore les modifications; que la même espèce subit, selon qu’on la cultive eiij Bourgogne ou en Languedoc, en Provence ou en Champagne, dans le Nord ou dans le Midi. Télles ra- ces qui, depuis des siècles, ne produisent que du vin médiocre,'^ en produiraient peut-être d’excellent, tran- sportées dans une localité différente; d’autres, dont^ la culture s’est répandue successivement dans plu-] sieurs provinces, dans plusieurs contrées, portent dansi REVUE HORTICOLE. Î93 chacune d‘elles un nom particulier. Comment se re- connaître au milieu de celte confusion? Le progrès :st-il possible là où règne l’anarcliie ? On ne doit pas tspérer de parvenir à améliorer les espèces de ceps lar la transplantation ou le mélange des terres, tant ju’on n’en connaîtra pas la nature et l’origine, tant jii’on ne pourra pas examiner comparativement les raisins cpii produisent au moins nos vins les plus re- nommés. Le ])remier Congrès de vignerons et de produc- teurs de cidre français s’ouvrira à Angers le 1 2 octobre prochain. — La souscription est fixée à 5 francs par chaque adhérent. — Appel spécial est fait à toutes les personnes qui portent intérêt au progrès de l’œ- nologie et de rœnomélologie françaises, pour qu’elles veuillent bien s’associer aux travaux du Congrès. — La durée de la session sera de 5 jours au moins. — Les travaux du Congrès seront réparlis en 4 sections : — L’une relative aux travaux applicables aux vigno- bles; l’autre à la fabrication, l’amélioration et la conservation des vins; — La troisième à la culture des pommiers et à la fabrication des cidres; — La quatrième à l’exposition des produits' divers de ces deux cultures et de cette double industrie. Des excursions scientifiques pourront avoir lieu pendant et après la durée du congrès. Les personnes qui ne pourraient pas se rendre au Congrès sont invitées à adresser au secrétaire général les communications qu’elles auraient préparées à cet effet. Les souscripteurs recevront le volume qui renfer- mera les travaux de la session, et qui sera publié ulté- rieurement par les soins du secrétaire général, du secrétaire du bureau et des secrétaires de chaque session. Afin de compléter le cadre des travaux du Congrès et d’en faciliter l’exécution, une exposition compre- nant des échantillons de diverses espèces ou variétés de vignes ou d’arbres à cidre cultivés en France sera ll« SEBIE. — 1. 1 5 j94 REVUE HORTICOLE. ouverte à la même époque et pour le même temps. Chaque échantillon, formé d’un rameau couvert de ses feuilles et de ses fruits, devra porter le nom vul- ‘^aire, et, autant que possiblele, nom scientifique sous ^ îequel il’est connu, ainsi que Tindication de ses prin- j cipaux caractères botaniques, économiques, et de ses j qualités pour la fabrication. j Les vins et les cidres seront admis avec les noms des exposants, et, toutes les fois que faire se pourra, avec un échantillon des fruits de même espèce que ceux dont on les aura extraits. Tous renseignements adressés au Congrès sur le climat, la nature et 1 expo- sition des terres, de, chaque vignoble ou de chaque pommeraie, le mode de fabrication et les soins d en- tretien de la liqueur qui en proviendra, seront ac- ueillis avec empressement. Il en sera de même des instruments et appareils nouveaux ou perfectionnes, employés à la culture^ de J a vigne ou du pommier, a la fabrication des vins, e ou d'autres végétaux ; sucrés. Article extrait du Journal des Connaissant \ ces usuelles^ La fa])ricalion de Falcool de betterave, a donné Fi- : dée de faire du vin avec la betterave et autres végé- ; taux sucrés, tels que la citrouille, etc. Lorsque l’on ^ a épuré le jus de b( tterave, c’est-à-dire que Fon a i obtenu une solution pure de sucre et d’eau, il ne s’a- ; git que de l’évaporer convenablement pour obtenir ; la densité des moûts de bons vins ; après quoi on procède à la fermentation en ajoutant de la crème ' de tartre; et on lui donne le bouquet que Fon dé- sire au moyen de plantes aromatiques On obtient par ce moyen un vin d’un goût et d’une limpidité qui REVUE HOîITîCOLE. 201 ne laissent rien à désirer ^ et aussi sain que celui du raisin. Le vin de betterave, à cause des éléments qui le composent, est d’une délicatesse exquise et d’une suavité parfaite ; il est de plus propre à produire des vins de toute espèce en diversiliant son arôme, îi’en ayant pas de [)articulier ; il se pi\ke aussi merveilleu- sement à la fabrication du vin de Champagne. Arrosoir hanse. Rectification ii l’article de la p âge 182. Juillet 1842. Il s’est glissé une erreur dans le dessin de cet arro- soir. L’ouverture par laquelle l’eau doit entrer pour le remplir a été placée à droite c’est-à-dire au devant de l’arrosoir, au lieu de l’être à gauche. Le fabricant, travaillant, même d’après la ligure, n’aurail certiine* ment pas ïnanqué de rectifier l’erreur du graveur. La partie carrée de l’anse peut être arrondie. Tuyaux économiques. M. de Gasparin a donné lecture à la Société d’encou- ragement d’un mémoire de son frère, député et maire de la ville d’Orange, sur un nouveau procédé de son invention, pour faire, à peu de frais , des conduits d’eau. Il l’a mis en pratique avec succès dauh une cii - constance où la dépense aurait du être si considérable qu’on a été forcé de renoncer aux tuyaux en fonte. Voici en quoi consiste ce procédé. On fait un tuyau en toile serrée et épaisse, d’un diamètre convenable à l’objet qu’on a en vue ; on le ferme à un bout, et on y verse de l’eau qu’on force , par la charge , à remplir et gonfler cette espèce de vase, de manière à former une sorte de boudin d’une longueur de plusieurs mé- tré ; on le ferme ensuite à l’autre bout. On pratique une tranchée dans le sol , d’une largeur et d’une pro- fondeur suffisantes, dont le fond forme un plan à pente régulière, allant de la source au réservoir qu’on veut alimenter. On établit un fond de béton, sur lequel on pose le tuyau de toile, et à Laide d’une truelle, 15. 2i)â REVUE HORT!COLÉ. on le recouvre de sable. Puis on verse du béton de manière à combler la tranchée, et on retire le tuyau pour le porter plus loin, et recommencer une opéra- tion semblable, et ainsi sur toute la longueur. Lors- que toute la conduite est achevée , et le béton bien solidifié, on laisse courir l’eau, qui, délayant le sable et l’entraînant , achève la conduite qui est toute en béton. Mise en vente du Daubentonia Tripetiana. La maison Tripet et Leblanc vient de mettre en vente son Daubentonia Tripetiana, décrit dans notre nnméro d’octobre 1840. Toutes les plantes sont de force à fleurir en août prochain, elles sont de semis; le prix est de lOÔ francs pièce. Cette superbe nouveauté a obtenu deux médailles: l’une des horticulteurs praticiens réunis en automne 1840 ; l’autre de la Société royale d’horticulture de Paris en octobre 1841. Une serre tempérée lui con- vient pour l’hiver. On en a livré un pied en pleine terre à l’exposition du midi, et soigneusement abrité pendant l’hiver, il est en ce moment en pleine végé- tation ; il s’est couvert déplus de400 grajipes de fleurs d’un rouge cocciné et pourpré du plus agréable effet. Sociétés d* horticulture. La Société d’horticulture de Rouen publie un bulletin où nous avons vu figurer dans les n»® 8 du tome et 3 du tome II, un rapport de M. Prévost sur les fruits cultivés dans le département et qui ont été présentés à la Société; ce rapport donne la des- cription savante et détaillée de chaque espèce et sa figure lithographiée. Il en résulte, jusqu’à présent, de bonnes descriptions et 5o figures de poires. Le Cercle des conférences horticoles, de Paris, a publié le programme d’une exposition qui aura lieu, du 20 au 25 septembre , dans l’orangerie du Louvre. D’après le programme, la société déclare qu’elle por- era ses^^soins surl’origine des plantes exposées, afin REVUE HORTICOLE. 203 que les véritables producteurs soient récompensés. Dix-neuf prix sont annoncés, sans compter les men- tions honorables, quatre autres prix pour les cas im- prévus, et de plus encore, dit le programme, les jar- diniers et amateurs concourir entre eux. Il nous semblait que l’exposition n’était faite que par des jardiniers et des amateurs , et nous ne pouvons ex- pliquer cette dernière condition. Non-seulement la Société d’horticulture d’ORL^Axs offre des expositions intéressantes, mais ainsique le font celles de Rouen et de Caen , elle tient des séances i mensuelles, toujours instructives pour les horticul- teurs, et utiles à l’horticulture. Elle est en progrès, et son exposition , du 29 mai au 3 juin dernier, bril lait par une foule de nouveautés, présentées par 23 exposants qui avaient offert 1031 plantes. Ainsi que dans d’autres villes, on reproche aux maraîchers de ne pas apporter le fruit de leurs travaux, et à Orléans, par exemple , on regrette de voir la ville tributaire de Paris pour les melons et les primeurs. — On a remar- qué à cette exposition la belh; collection de 50 rosiers en pots exposée par madame Renard- Gourtin, qui a obtenu une médaille d’argent, et aussi celle de ma- dame Levaclier-Bruzeau , pour laquelle une médaille de bronze a été décernée, et qui a exposé une pa- reille collection. La médaille d’argent pour la plus belle collection de plantes fleuries a été décernée à Demadières-Miron , et celle pour le genre pélar- gonium à M. Gh. Quentin. * La Société d’horticulture de Versailles a fait une exposition du 20 au 25 avril dernier. Elle a été sa- tisfaisante. La liste des prix distribués ne nous est pas encore parvenue. A Meaux, la Société d’horticulture a offert, le 30 mai, 800 plantes, apportées seulement par 8 zélés horticulteurs. Quelques prix ont été distribués. M. lacques-Lefèvre a remporté celui de la plus riche col- 'ection de plantes fleuries. REVUE HORTICOLE. 204 La ville de Tours a aussi , dans sa Société d’agri- culture, une division horticole. 1260 plantes ont été présentées par une vingtaine d’exposants. On ne nous a donné que les noms des lauréats sans nous indiquer le motif des récompenses.. Nous lisons, pour les mé- dailles de vermeil et d'argent, ceux de MM. Vausseur, Proust-Brulon, Porcher fils, Bruère, Madame veuve Barillet , Messire Bedouet. On ne dit pas quelle est l’attribution de ce titre de Messire. Nancy a une Société d’agriculture qui prouve son zèle pour rhorticulture par des expositions qui se ré- pètent deux fois dans une meme année. Celle du prin- temps, sans être très-nombreuse, a été intéressante par de beaux Rhododendron des AzaUa^ et par des plantes utiles et agréables bien cultivées. Le 8 mai, on remarquait déjà toutes les plantes potagères de primeurs. Des prix ont été distribués , parmi lesquels M. Glo- riot, jardinier-commerçant, a été nommé neuf fois. Sociétés d' horticulture. Une société de jardiniers s’est formée, à Paris, sous le titre de Cercle des conférences horticoles du dé- partement de la Seine, avec rintention de se réunir, de traiter de la partie commerciale de l’horticulture et de faire ses efforls pour augmenter le nombre des expositions publiques, si utiles au commerce des plan- tes. ^ Le but proposé a été atteint, et Texhibition qui a eu lieu, du 20 au 24 sejUembfe, à l’orangerie du Louvre a présenté un grand Rombre de plantes. Cette exposition, néanmoins, se ressentait du déclin de la saison qui n’est pas celle des fleurs. Mais on peut dire qu’elle était belle pour un mois de sep- tembre après un été désastreux. Les fruits attiraient principalement les regards par leur beauté comme REVUE HORTICOLE. 205 par le choix des espèces prises j^ariiii les nouvelles acquisitions les plus dignes. Sous ce raj)port, l’exposition présentait un intérêt d’autant plus grand qu’elle avait lieu au moment où les amateurs font leur choix pour les plantations; aussi les expositions d’automne de la Société royale d’horticulture ont-elles toujours été d’une utilité in- contestable en mettant en évidence les produits et les producteurs. Les exposants pour les arbres fruitiers étaient au nombre de onze: — MM. Thevenot, à Vitry ; Armand Gontier, à Fontenay-aux-Roses 5 Croux fils, à Vitry (prix); Jamin père, boulevart de Courcelles; Du- j)uy, barrière F’ontainebleau ; Félix Malot, à Mon- treuil, créateur de la méthode de tailler les pêchers sous la forme carrée; Alexis Lepère, propagateur de la même méthode; Souchet, à Bagnolet (mention honorable); Jamain Jean* Laurent, rue de Buffon (prix de la plus belle collection); Houdé Hilaire, à Vitry. M. Barbot avait exposé quelques échantillons de sa collection de raisins de table et de curiosité. Nous citerons parmi les collections de plantes d’ornement celles de MM. Gels frères, plantes grasses (}ui auraient mérité un prix. On sait que c’est une des spécialités de cette maison et qu’elle cultive tou- tes les plus belles et les plus curieuses espèces. M. Thibaut, rue Saint-Maur-du-Temple , 45 , plantes nouvelles. MM. Jacquin, plantes les mieux cultivées (mention honorable); M. Chauvière, plantes les plus nouvellement introduites (prix pour nu Rhodo- dendnun spfcndensy espèce grimpante non encore en fleur) ; M. Tripet-Leblanc, le Daabcntonia Tripeüana et autres plantes nouvelles; M. Pelé, plantes vivaces de pleine terre; M. Mabire, iVcrâ/?? , collection en fleurs (prix); M. Gontier, ananas, patates et plantes de serre (prix); M. Barbot, œillet.^î en fleur (prix); M. Büblin, Dahlia; M. Salter de Versailles, Dahlia et plantes nouvelles parmi lesquelles on remarquait les Acidmehes longiüora et rosca ; M. Soutif, Dah^ 206 RÉVUE HORTICOLE. lia ^ culture spéciale; M. Guérin Modeste, plantes nouvelles et rosiers; M. Lhornme, jardinier en chef de rÉcole de Médecine, et M. Jacques, du domaine royal de Neuilly, avaient rempli une partie notable de la salle avec de nombreuses plantes de serre chaude (prix pour ces deux collections). Les rosiers ont été représentés par MM. Victor Ver- dier, le premier établissement spécial pour ce genre (prix); Paillet, Lévéque (prix); Margottin , Roblin , Chanet, Guérin Modeste, Gauthier. Un monument, composé de végétaux, était élevé à la mémoire de S. A. R. monseigneur le duc d'Orlé- ans, et plusieurs groupes déplantés étaient consacrés à la Société royale d’horticulture et aux autres Socié- tés de France. Les objets d’art et d’industrie étaient une partie de ceux qui avaient paru à l’exposition de la Société royale. M. Lecoq a exposé un appareil en terre cuite couvert d’une cloche de Verre pour faire des boutu- res au moyen de la chaleur produite par une veil- leuse. Nous aurions complété ce compte rendu si, chose inexplicable , quelques membres du cercle n’aVaient pas fermé, à leurs collègues, la porte de la galerie d’exposition, le matin de la distribution des prix, jour où nous sommes dans l’usage de faire un der- nier examen lors des expositions de la Société royale. Serres à orchidées. TJn horticulteur anglais conseille de couvrir les serres à orchidées avec des verres teints de violet, afin d’obtenir une lumière plus douce, en raison du bleu que contient cette couleur. Il pense que le violet favoriserait la végétation sans nuire à la délicatesse de ces plantes. REVUE HORTICOLE. 20*? Sur le choix des gros ou petits tubercules employés pour plantation de pommes de terre. Voici le résultat d’une expérience faite par un amateur et inséré dans la Reme agricole de la Somme, septembre 1842. Quantité de Produit semence de employée. la récolte. Tubercules de la grosseur d’une noisette.. 10 lit, 263 lit. — de la grosseur d’une noix. , . 20 263 — de la grosseur d’un œuf de poule. 33 333 — de la grosseur d’un œuf de poule, et coupés en deux morceaux. 17 170 Très-gros tubercules coupés en plusieurs morceaux 33 200 Germes détachés des tubercules. ...» 37 Ce fait confirme les expériences de M. V. Paquet notées dans notre numéro d’avril dernier. Semis de plantes exotiques, M. Gordon, directeur des Jardins de la Société d’horticulture de Londres, a fait publier dernièrement la note suivante. Les conseils qu’il y donne sur les époques les plus convenables pour divers ensemence- ments sont d’autant plus dignes d’étre suivis, qu’ils sont le fruit de sa haute expérience. — « Toutes les plantes de l’Amérique du nord, dit M. Gordon, et celles de la Californie, doivent être semées en au- tomne, aussitôt que leurs graines sont mures. Diffé- rer cet ensemencement est une pratique qui, dans tous les cas, ne peut être que désavantageuse, ex- cepté dans celui où il s’agit de plantes annuelles. — Les semences provenant du Mexique et du Chili , réussissent au contraire mieux quand on les sème au printemps. — Quant aux arbres et arbrisseaux de l’Europe, de la Chine et du nord de l’Inde, il faut les semer vers l’automne; les plantes herbacées an- nuelles et vivaces, au printemps. — Toutes les semen- ces, de quelque nature qu’elles soient, doivent être REVUE HORTiCOLE. É08 semées en terre presque sèche, et ne seront arrosées que lorsqu’elles auront commencé à végéter. — Dans le cas de semences vieilles ou en mauvais état, les arroser au moment où elles viennent d’être semées , c’est en assurer la destruction par la pourriture. — 11 faut préférer les abris à l’arrosage, et une des meilleures constructions à cet égard est une bâche à double châssis, telle qu\)ii en voit dans les jardins de la Société d’horticulture de Londres, — Enfin, il est convenable de mettre en pot ou de transplanter tou- tes les jeunes j)lantes, provenant de semences, aussi proniptement que possible, excepté toutes les plan- tes bulbeuses. » Culture récréative de V ananas dans Veau pure. Dans la séance de la Société royale d’horticulture du 17 novembre dernier, M. Neumann a présrnté un ananas en fruit cultivé dans l’eau pure avec le soin seulement de changer l’eau de temps en temps. Ce fruit s’est trouvé parfumé comme s’il était venu par les moyens ordinaires. — • « Lorsque l’on a une cou- ronne d’ananas, dit M. Neumann, il faut la mettre sé- cher pour que la plante ne pourrisse pas, ensuite on la met dans un vase où il y ait un peu d’eau, mais on a soin qu’elle n’y touche pas encore : ce n’est que lorsqu’on s’aperçoit que les racines, que l’on peut dire amphibies, commencent à s’allonger que l’on doit augmenter l’eau alin que les racines trempent dedans. — Les racines ne pourrissent pas dans l’eau , et pourtant elles pourrissent dans la terre si l’on ar- rose trop w. M. Neumann continue ses essais et voici les nou- veaux conseils qu’il donne ; Les racines, nécessitant un certain espace pour leur développement, il faut employer un bocal d’au moins 12 cent, de diamètre. On changera Veau souvent quand la plante sera jeune, et beaucoup moins souvent à mesure qu’elle deviendra plus forte, et (pie l’eau, par son odeur, n'indiquera plus de fermentation. Cette REVUE HORTICOLE- 200 culture, astreinte d’ailleurs à ce qui est indi([ué dans le Bon Jaixlinier, \iOuv la culture en terre, peut ce- pendant se faire pour la récréation dans toute salle éclairée, bien et égaieineiit chauffée pendant la mau- vaise saison. Couche de .son. Un Écossais a, nous dit-on, obtenu une couche à une haute température pendant 6 mois en la con- struisant avec du son d’avoine, au lieu de fumier ou de tan. — Nous recommanderons jK)urle même objet la sciure de bois, et surtout celle de bois tendre. Plantes trop peu connues ou trop négligées, La Deutaria peunata. En horticî]llure, comme en beaucoiq) d’autres cho ses de la vie, le plus grand défaut de notre époque c’est de nous passionner pour tout ce qui vient de loin, pour tout ce (pii porte un nom burlescpie on ri- dicule, c(ui ne représente rien à l’esprit et qui s’éloigne le plus des usages reçus et des choses connues et sanc- tionnées par le temps et l’expérience. J, -J. Rousseau avait déjà signalé et reproché aux botanistes et aux horticulteurs cet amour frénétique dont ils donnaierit et donnent encore des preuves si évidentes en faveur des plantes exotiques, et leur indifférence marquée pour des milliers qu’ils foulent aux j)ieds sans daignci’ en observer les caractères et en étudier les propriétés. Nous avons fait cette réflexion en voyant au Jai- din des Plantes de Paris une jolie petite fleur qui fai- sait l’admiration de toutes les personnes qui ont visité cet établissement pendant les derniers jours d’avril. Cette planteest la Det^tairr pennee, Dentaria peunata^ que l’on ne trouve même pas dans le Bon Jardinier, ce vade mecum de tous ceux qui s’occupent de culture. Nous allons donc la signaler à l’attention des horti- culteurs qui s’intéressent aux bonnes plantes vivaces et qui veulent encourager leur cidture. Le genre Dentaria a été établi par Tournefort; il REVUE HORTICOLE. 210 appartient à la famille des crucifères et à la tétrady- ' naniie siliqiiease de Linnée. Son nom lui vient de la j forme de ses racines , espèces de souches tubercu- j leuses couvertes d’écailles , qui ressemblent un peu i plus ou un peu moins à des dents. | La Dentaria pennata, très-commune au mont d’Or, ce qui lui donne à nos yeux un intérêt tout patrioti- que qui la recommande aux horticulteurs français, se distingue par une tige roide , ferme et cylindrique , haute de 25 à 30 centimètres au plus , garnie au som- met de trois feuilles alternes ailées , à cinq ou sept folioles lancéolées, dentées en scie, assez rappro- chées pour former une ombelle gracieuse, du milieu de laquelle paraît une panicule de fleurs blanches , imitant la julienne des jardins, hesperis matronalis , et s’unissant parfaitement à l’élégance et à la légèreté j du feuillage. Cette plante est cultivée au nord dans une plate- i bande de terre de bruyère , où elle développe un luxe de végétation qu’il serait peut-être inutile d’es- i pérer dans un sol aride et à une exposition brûlante; mais dans une bonne terre franche , plutôt légère que forte, on obtiendra des résultats non moins satis- faisants qui feront apprécier cette jolie crucifère à sa juste valeur, surtout h cause de l’époque de sa flo- raison qui coïncide avec celle où les fleurs sem-i blent alors plus fraîches et plus suaves, parce: que la nature, plongée dans un engourdissement lé-» thargique, s’éveille enfin de son long sommeil d’hiver; ce qui rend plus précieux encore le petit nombre des» espèces qui cèdent aux premières influences du soleil printanier. Vigt. Paquet. Quelques mots sur le genre Calceolaria , traduits de\ V anglais par M. Adolphe Weick , jardinier de\ M. D. Koechlin à Mulhouse. En 1820 on ne connaissait que six espèces de cette i charmante plante dans ce pays-ci, dont la plus bellel REVUE HORTICOLE. était celle nommée C, corynihosa^ ayant les fleurs jaunes. Depuis celte épo(pie juscpi’en 1830, plu- sieurs autres espèces furent introduites du Chili , dont deux à fleurs pourpre C. purpurea et C. arach- noidea. Aussitôt que ces plantes furent dans rétablis- sement de M. Young d’Epsom , feu M. Jenny, alors premier garçon dans cet établissement, eut l’idéu d’entreprendre une fécondation entre elles; cet essai eut un succès au delà de ce qu’on pouvait en atten- dre , et un bon nombre de belles variétés furent pro- duites et bientôt offertes au public par M. Young, Ces succès encouragèrent beaucoup de cultivateurs à entreprendre l’obtention de variétés nouvelles, et annuellement, depuis cette époque , le nombre des belles variétés a été augmenté : ces produits venaient dans toutes les nuances possibles de jaune, orange, bronze, pourpre, cramoisi, rose , écarlate, etc.-; sou- vent agréablement maculées ou supérieurement nuancées, et dans quelques variétés les fleurs sont comme saupoudrées d’une légère poussière. Culture* On propage aisément les espèces herbacées en détachant de jeunes rejetons en octobre , en h s empotant dans de petits pots et en les mettant sous un châssis froid, où ils ne tarderont pas à émettre une quantité de jeunes racines. L^s espèces sous-li- I gneuses se multiplient par boutures, eu coupant des branches un peu aoûtées , dans le courant de Télé; ou bien encore en mettant à la fin de septembre les plantes à multiplier dans une situation froide et hu- mide , il ne tardera pas à y pousser de petites racines aériennes, les boutures étant alors coupées et empo- tées séparément sous un châssis sur couche tiède pen- dant un mois pour les rétablir. On les arrose souvent, mais on évite de mouiller les feuilles; à la fin de no- vembre leâ plantes seront placées dans une serre tem- pérée , sur des tablettes près du verre. Elles y pous- seront bien, et aussitôt que les pots seront remplis de racines, il faut les rempoter dans de plus grands; si on négligeait ce soin , le manque de nourriture ferait 212 REVUE HORTICOLE. pousser des tiges floréales malades au préjudice de la iloraison naturelle. Il ne faut pas omettre de garnir de tessons le fond des pots à chacjne rempotement : lors(|ue les tiges sont fanées on choisit les plantes que l’oii veut conserver pour Tannée d’ensuite, et on les rempote dans des pots moitié moins grands que ceux où elles étaient; on les place sous un châssis pendant Il n mois, en les ombrageant dans la journée ; alors on les expose en plein air à mi-soleil jusqu’à la mi- octobre, puis on les remet dans la serre comme Tan- née précédente. Il vaut mieux cependant faire des boutures chaque année que d'avoir une quantité de vieux pieds. Par ce mode de culture on a des plantes de deux à quatre pieds de hauteur garnies de branches de tou- tes parts et f[ui forment, dans la floraison, une énor- me tête de fleurs. L’expérience nous a fait connaître que cette plante craint également Thumidité et la sécheresse; il faut aussi lui épargner les coups de soleil ardent. On de- vra bassiner leur feuillage pendant les grandes cha- leurs et on les arrosera très-modérément lors de la rentrée. Cette rentrée doit avoir lieu dans le même temps que les pélargonium , et les mêmes soins con- tre Thumidité et la moisissure doivent être donnés dans la même serre, où ils seront également éclairés et soignés contre les pucerons. Ou peut aussi multi- plier par semis dont il huit à peine recouvrir la grai- ne, ou même point. Les calcéolaires iTaiment pas à être dépotés sans nécessité, et il sera préférable de ne [>as les rempoter dans Thiver, mais seulement au prin- temps. On évitera de briser le chevelu et Ton se ser- vira, pour les retranchements nécessaires, d’une lame bien affilée. La terre de bruyere est préférable, ou un terrain végétal bien consommé, mêle d’un peu de terre franche. C’est à juste titre que les calcéolaires méritent d’ê- tre cultivés pour la beauté de leurs fleurs, les varié- tés infinies qui en existent, et la facilité de leur UEME HORTICOLE. 213 culture luxuriante lorsqu’ils sont plantés dans de bonnes conditions. Malgré les sensibles améliorations que Ton a obte- nues, soit dans la forme et la couleur des fleurs, soit dans leur volume, il reste cependant beaucoup à faire pour qu’elles méritent le titre de fleur parfaite; dans de certains cas ces fleurs possèdent la régularité des lignes et des contours, mais la surface de la co- rolle est trop plate dans d’autres variétés; les fleurs ont bien la convexité de surface voulue, mais elles sont de petites dimensions. Ce que nous appellerons la perfection dans les calcéolaires sera un contour pur dans sa forme sans crénelures ni découpures, une surface convexe, une belle couleur veloutée bien nette; et si ces fleurs sont panachées, que les cou- leurs en soient bien tranchées , jointes à une bonne proportion de forme. Beaucoup de personnes ont été découragées dans la culture de celte plante par le peu de succès qu’el- les ont eu en cherchant à conserver les pieds qui avaient déjà fleuri? moyen qui n’est pas sans difficulté. Le seul pour conserver les espèces et avoir toujours des plantes belles et fraîches c’est de bouturer tous les ans et de ne conserver que les jeunes pieds pro- duits par les boutures. M. Salter, avenue de Picardie, à Versailles, et M. Chauvière, rue de lu Roquette, 104, à Paris, sont les cultivateurs qui ont le plus contribué à ré- pandre cette plante et à la multiplier par semis. On a vu chez eux cet été de charmantes collections. Destruction des pucerons par la cocinelle, M. Stéhélin, de Bordeaux, nous confirme le fait de la destruction de pucerons par la larve de la co- cinelle. Depuis 15 ans, cet amateur emploie ce moyen et quand une plante est nettoyée il reporte I les larves sur d’autres plantes. Il paraît que l’insecte même , à son état parfait, se nourrit encore de pu- cerons. ^214 REVUE HORTICOLE. Moyen de reconnaître les bons champignons d'avec les mauvais. \ On prend la moitié d’un oignon blanc ordinaire , rlépouillé de sa membrane externe, et on le met mire avec les champignons :'*si la couleur de l’oignon s’altère et qu’elle demeure bleuâtre, ou brune tirant sur le noir, c’est un signe évident que, parmi les champignons, il y en a de vénéneux ; si, après l’ébuli- tion , l’oignon conserve sa couleur blanche, il n’y a rien à craindre. Prix proposé par la Société d'horticulture de Rouen, En 1850, pour la meilleure espèce de poire ob- Jenue d'un semis fait dans le département, prix 500 francs. — En 1845, pour la meilleure espèce 16 revue horticole. vivaces, arbres et arbrisseaux grimpants, pensées anglaises, fougères. Serre froide (orangerie) plantes grimpantes, plantes à suspendre, fougères. Serre "chaude, bulbes et tubercules, pl. grimpantes, pl. à suspendre ; palmiers , orchidées , fougères. — ■ Rhodo- dencron, azalea, géranium, calcéolaire, plantes aquatic|ues, gloxinia, arbres fruitiers de Hollande, camellia, fuchsia, rosiers, dahlia, ananas, frai- siers. — Chacune des nombreuses espèces annoncées porte sa synonymie, son prix, et souvent, des notes instructives. Nous recevons pour la première fois une annonce de la maison Martin Burdin et compagnie, à Vaise (Lyon) et à Chambéry (Savoie). Cet établissement possède de grandes cultures de mûriers, arbres frui- tiers , vignes 150 espèces, arbres et plantes d’orne- ment, rosiers, dahlia, camellia, rhododendron , mag- nolia , azaléa, pélargonium , mismosa , pœonia, etc. Octobre « Serre ou jardin d* hiver du roi de Prusse, \ Le goût des jardins d’hiver se répand dans toute l’Europe, au point qu’à Breslau, en Silésie, le roi de Prusse en a vu un qui a donné à S. M. l’idée de se donner cette jouissance d’une manière digne d’un mo- narque. Il existe à Berlin, près la porte de Brande- bourg, un mauvais sable fort aride, mais qui n’en sera pas moins excellent pour supporter les terres de rapport où l’on cultivera les plus riches végétaux exotiques. Le jardin ou serre, aura 800 pieds de lon- gueur sur 600 de largeur, et celui du duc de Devons- hire n’est qu’un enfant en comparaison, quoiqu’il fç soit grand comme le marché aux Fleurs de Paris, ce t qui est déjà assez raisonnable pour une serre (1) , Des t * Le jarJin d'hiver du duc de Devonsbire n’a que 400 pieds revue horticole. 217 colonnes de granit soutiendront le toit de verre traus Ijarent, et le soir le jardin brillera de tout ce que lut donneront d’eclat des milliers d’étoiles de gaz La dépense preventive est de trois millions, et les tra- vaiix seront exécutés sons la direction de M. Jacques Kroil, jardinier de Dresde, qui a établi le jardin d’hi- ver de Breslau. S. toutes les sociétés d’horticulture de Europe ne votent pas chacune une médaille d’or au roi de Prusse, elles n’auront pas rempli leur de- voir. ^ PLANTES NOUVELLES. Calebasse gigantesque. Les visiteurs ont ini admi- rer, cette année, au Jardin des Plantes, dans les cul- tures dirigées par M. Dalbret, une courge calebasse gigantesque fort curieuse et qui vient d’être présentée a la Société d horticulture dans sa séance du 2 no- vembre uermer. Sa hauteur n’est pas moindre de 5S centimètres et son diamètre de 42 cent. Une calebas se ordinaire, ayant de 15 à 16. cent, sur 12 à 13 on peut juger de la monstruosité de celle-ci. Ancienne- ment cultivée en France, par le père de M. Dalbret elle avait été perdue; la graine vient d’être envoyée de nouveau d’Alger, où elle est commune , par M. de INivoy Les Arabes s’en servent pour porter de l’eau sur la tête , et elle n’en contient pas moins d’un seau G est une espece que M. Dalbret désigne sous le nom moy. ou gr. pl, bien faite , carné tendre. — Mélanie Valdor, gr. pl. bien faite, blanc pur. — Néron, moy, pleine, cramoisi violet, ponctué rouge. Hybrides incertaines. Duchesse de Kent, gr. pl. bien faite, rose clair. — Rose Devigne, gr. tr. pl. bien faite , carné. Hybrides de Bengale ( non remontants ). Amiral de Rigny, moy.pl. lilas clair. — Charles-Louis, gr. tr. pl. bien faite bombé, cerise vif à bords pâle. — Com- tesse de Lacépède, gr. pL bien faite, carné. — Deuil du maréchal Mortier, moy. pl. velours pourpre à centre clair. — Docteur Billiard, moy. pl. bombé, rouge très-vif. — Général Dauménil, moy. ou gr. pl. pourpre violet à centre clair. — Général Kléber, moy. pl. bien faite, pourpre vif passant au violet. — Hor- tense Leroy, moy. pl. bien faite, lilacé rose. — La- dy Stuart, gr. tr. pl. rég. carné tendre. — Lord Nel- son , moy. pl. pourpre brun velouté. — Miralba, moy. pl. bien faite, violet nuancé. — Othello, ou le Maure de Venise, gr. pl. violet ardoisé à bords clairs. — Paul Ferras, gr. pl. bien faite, beau rose. — Plantier, moy. pr. pl. rouge violacé. — Richelieu ( Duval ), gr^ pr. pl. creusé bien faite beau rose. — Richelieu (Verdier ), moy. tr* pl. bien faitej rose, corymbyfère. — Triomphe de Laqueue, gr, tr. pl. bien faite, rouge lilacé nuancé pourpre. REVUE HORTICOLE. 223 Hybrides de Noisette {non remontants), Adalillar, nioy. presq, pl. carné. — Madame Plantier^ moy. pl. blanc puFo — Madelince ou Emmeline à fleurs plei- nes, inoy. tr. pl. blanc carné, bien faite. — Ursule Deveaux, moy. pl. rose tendre passant au blanc. Hybrides d'Ile de Bourbon { non remontants), Char- les Duval, tr. gr. pl. rouge clair, belle forme. — Dombrowki, moy. plus ou moins mult. écarlate foncé. — Edouard Delair, moy. pl. rouge vif passant au rouge clair. — La Dauphine , gr. pl. carné tendre. — Lord John Russel, gr. pl. rose brillant. Multijlores, Graulhié (g), moy. pl. blanches. — Laure Davoust, petite tr. pl. carné vif. Hybride de Mycrophilla et du Monophylla, Hardii, moy. simple jaune à onglet pourpre. ÎPhé ou indica, Adam, tr. grande, pl. rose clair. — Archiduchesse Thérèse-Isabelle, gr. pl. fond jau- nâtre.— Barbot, moy. ou gr. pl. jaunâtre, bords la- vés de rose. — Berquemann, gr. tr. pl. rose tendre, ouvre diflicilement. — Boiigère, tr, gr. tr. pl. rose hortensia. — Boutrand, gr. pl. rose clair. — Caroline, moy. ou gr. pl. carné vif. — Charles Reybaud , gr. pl. rose tendre. — Clara Sylvain, moy. ou gr. pl. blanc pur. — Comte de Paris (Luxembourg), tr. gr. pl. rose clair. — Duc d’Orléans, gr. tr. pl. bomb. rouge clair nuancé. — Duchesse de Meklembourg , gr. pl. glob. jaunâtre. — Duchesse d’Orléans, moy. ou gr. tr. pl. blanc carné, centre lavé de rose. — Élisa Sau- vage, moy. pl. jaunâtre. — Eugénie Desgâches , gr. pl, rose. — Fleur de Cypris , moy. ou gr. presq. pl. I carné. — Gama, gr. pl. carné. — Gonbault, gr. mult- i moy. pl. rouge clair, centre aurore très-odorant. — Jules Desmont, moy pl. bomb. rose très-clair passant ' ^u blanc. — La Renommée, moy. ou gr. pl. bien fai- ; te, blanc , centre légèrement jaunâtre. — Lady Wa- render, moy. ou gr. pl. blanc pur. — Louis-Philippe ( Cels ), gr. pl. rose clair. — Madame Dupuis, gr. pl, plate, blanc, centre lavé rose et jaunâtre. — Magnus 224 REVUE HORTICOLE. Laclulas , S'-- pl- rose clair nuancé. — Mansais, gr. tr. pl. blanc jaunâtre cpielquefois rosé. — Merlet de Laboullay (g) , moy, blanc jaunâtre à bord rose. — Moiré, gr. pl. carné jaunâtre. — Niphetos, tr. gr. tr. mult, grands pétales blanc pur. — Prince d’Esterhazy, gr. presq. pl. globuleuse rose. — Princesse Hélène ( Luxembourg ), pleine blanc fond jaunâtre — Prin- cesse Marie, gr. tr. pl. carné rose fond jaunâtre. — ■ Reine desRelges, gr. tr. pl. blanc. Safrano, moy. mult. ou tr. mult. jaune clair. — Silène, gr. pl. rose passant au rouge vif très-odorant. — Thémistocle, moy. ou gr. pl. blanc centre carné. — Triomphe du Luxem- bourg, tr. gr. pl. ronge à fond aurore. Bengales. Abbé Mioland , moy. ou gr. pl. globu- leuses pourpre souvent rayé blanc. — Adeline Corne , moy. pl. blanc. — Alcine, gr. mult. ou tr. mult. rou- ge vif. — Antheros, gr. pl. creusé blanc à centre carné jaunâtre.— Arance de Navaro, moy. pl. bombé rouge clair odeur de thé. — Archiduc Charles , gr. pl. rose passant au cramoisi. — Assuérus, gr. tr. mult. pour- pre foncé vif. — Annette Gysels, moy. pl. jaunâtre passant au blanc. — Baronne Delâage, moy. ou gr. pl. rouge. — Beau Carmin (Luxembourg), moy. pl. pourpre foncé velouté. — Caméléon ( Desprez ), gr. pl. rouge clair passant au pourpre. — - Carmin d’Yé- bles , moy. tr. mult. arrondies bien faite, carmin vif. — Ceîs Multiflore. gr. pl. carné très-florifère. — Cra- moisi supérieur, moy. pl. cramoisi vif. — Eugène Hardy, moy. pl. bien faite, blanc légèrement carné. — Fanny Duval , gr. pl, blanc, centre carné. — Géné- ral Lavroestine, moy. pl. rouge foncé vif. — Jeune Arcole, gr. pl. rose lilacé. — Joseph Deschiens, moy. pl. pourpre violacé. — Le Pactole, moy. ou gr. tr. ou pl. jaune passant. — Louis-Philippe ( d’Angers ) ,, moy. pl. cramoisi. — - Madame Bréon, gr. pleine, beau rose, pédoncule droit. — Madame Desprez, gr. pleine blanc odorant. — Marjolin ( du Luxembourg ] , gr. tr. pl. rouge foncé. — Miranda , gr. presq. pl. globu- REVUE HORTICOLE. 225 leuse blanc à centre rose. — Paillet^ moy. pl. foncé. — Pépin, moy. pleine rouge vif. — Prince Eugène ( Luxembourg), moy. tr. pl. bien faite pourpre cra- moisi. — Triomphe de Gand , gr. pl, rouge. — Vic- toire d’Aunay, moy. prescj. pl. carmin. — Virginale ou ITnlîdèle, moy. pl. bien faite, blanc carné. Noisettes. Desprez, gr. pl. rose et jaunâtre. — Du Luxembourg, gr. pl. rose vif. — Euphrosine, moy. ou gr. mult. ou pl. rose et jaunâtre, odorante. — Fleur du jeune âge, gr. pl. blanc jaunâtre. — Lamar- que, gr. tr. pl, blanc jaunâtre. Variétés à rameaux courts formant de petits buis- sons. Chloris, mov. pl. bomb. rouge clair plus vif au centre. — Clara Wendel, moy. ou gr. pl. jaune au- rore passant au blanc. — Comtesse de Tolosan, gr. tr. mult. ou pl. blanc légèrement carné. — Duc de Nemours, petite ou moy. tr. pl. carné. — Ducreiix, moy. presq. pl. rouge violacé vif. —Eugénie Du- bourg, moy. pl.. bien faite, carné clair. — Jules Deschiens, moy. pl. blanc carné. — La Victorieuse, gr. tr. mult. blanc légèrement carné. — Vitellina, moy. pl. blanc à centre rose jaunâtre. Ile Bourbon, Henry, moy. pl. carné clair. — Julie Deloyne, moy. tr. pl. blanche. — Acidalie, moy. ou gr. pl. blanc légèrement rosé. — Bouquet de Flore, moy. presq. pl. rouge très-frais passant au violacé. ■— Cardinal Fescii, moy.tr. pl. rouge violet. — Desgâ^ ches, moy. pl. creusé, bien faite, rose clair, en pani- cule — Docteur Roques, moy. pl. bomb. bien faite, rouge violacé. — Duc d’Aumale, gr. pl. rose. — Emile Courtier, moy. pl. bien faite, rouge clair nuancé. — Hennequin, moy. pl. pourpre clair. — Henry Plantier, moy. ou gr. tr. pl. rose. — Hermosa, moy. pL bien faite, carné vif. — Ida Percot, moy. pl. rose clair, très-florifère. — lia reine des Iles Bourbon, moy. ou gr. pl. carné très-frais. — Le Phé- nix, gr. pl. rouge vif. — Lélia, moy. ou gr. tr. mult. ou pl. carné. — Madame Aude, moy. pl. lilas clair. 16.. 226 REVUE HORTICOLE. — Madame Nérard, moy. pi. carné tendre. — Ninon de l'Enclos, moy. pl. glob. rouge passant au violacé, — Parquin, moy, pl. violacé. — Theresita, moy. pl. rose très-frais. — Triomphe de Plantier, moy. pl. rouge clair changeant. — Gérés, moy. ou gr. pleine, peu bombé, pétales imbriqués, beau rose. — Mistriss Bosanquet, moy. presq pl. globuleuse carné tendre. — Proserpine, moy. ou gr. tr. pl. bien faite, peu boni b- cramoisi foncé. Hybrides remontants. Bréon, gr. pl. carmin vif onglet blanc. — Clémentine Duval, moy. pl. bomb. rose un peu lilacé. — Coquette de Montmorency, moy. pl. bien faite rouge violacé. — Grand Capitaine, moy. tr. mult. ou pl. creusé carmin vif. — Perpétuelle de Neuilly, moy. ou gr. rouge carminé ( 1835). Roblin, gr. pl. bomb. rouge carminé. Variétés ayant des rapports aux Hybrides de Ben^ gale et aux Portlands, Aubernon, moy, ou gr. pl. rose vif. — Augustine Mouchelet, moy. tr. pl. bien faite rose violacé carminé au centre. — Comte de Paris, grande, pleine, rouge violacé souvent strié. — Du- chesse de Sutterland, moy. ou gr. tr. mult. carné. — Fulgorie, moy. ou gr. pl. rouge vif. — Lady Fordwich, moy. pl. rouge. — • Madame Laffay, gr. pl. rouge clair. — Mélanie Cornu, moy. ou gr. tr. pl. rouge vif. — Pauline Plantier, moy. ou gr. pleine rose clair. — Prince Albert, moy. ou gi*. tr. pl. cou- leur variable du rose au violet foncé. — Princesse Hélène , gr. tr. mult* ou pl. rouge pourpre clair. — Reine de la Guillotière, moy. tr. pl. vif à bords plus clair. Reine Victoria, moy. ou gr. presq. pl. rouge clair. — Sisley, moy. ou gr. pl. cerise violacé vif. Hybrides de Noisette, Prudence Rœser, moy. mul- iple ou tr. mult. rose. Rose nouvelle. 'En parcourant rétablissement horticole de M, Lé-> REVUE HORTICOLE. 227 ifequ€y dit René ^ boulevard de THopital , à Paris , j’ai remarqué {>armi sa nombreuse et riche collection de rosiers francs de pied, un Ile Bourbon désigné sous le nom de Paul-Joseph ^ d’une beauté remarcjuable. Son bois est droit et non sarmenleux, ses aiguillons courts et rosés, son feuillage oblong, assez serré , denté en scie et d’un vert foncé ; ses fleurs sont très- pleines et nombreuses, portées sur un pédoncule ferme, les présentant bien en dehors du feuillage. Pétales gracieusement tourbiUonnés en plusieurs beaux compartiments autour du centre; pétales de la circonférence découpés en coupes très- élégantes et séparément empilées; coloris pourpre ombré, à nuances mêlées et changeantes violet et ponceau. Odeur très-prononcée et des plus suaves; ensemble du meilleur effet et constituant une des meilleures et des plus nouvelles roses du commerce. M. Lévêcpie, jeune et zélé horticulteur, a fait l’acquisition de cette belle plante qui sera livrée cet automne aux amateurs. Les Pensées, les Camellia et généralement toutes les bonnes plantes .sont admirablement cultivées dans cet établissement Vict. Paqüït. Farine de pommes de terre» Voici un moyen qui paraît digne d’être mis en pratique, et qui pourrait sans doute faciliter la pani- fication de la pomme de terre, opération tentée tant de fois et qui a obtenu jusqu’ici si peu de succès. D’a- I près M. Liebig, il faut laver les pommes de terre, en- I lever la pelure, les couper en tranches de 5 à 6 milli- I mètres d’épaisseur, puis on les jette dans une cuve en bois, où on les couvre d’eau à laquelle on a ajouté 2 à 3 pour 100 d’acide sulfurique concentré. On les laisse dans ce mélange pendant 24 à 36 heures; on soutire ensuite et on verse dessus de l’eau pure, qui doit être plusieurs fois renouvelée pour entraîner complètement l’acide. Les pommes de terre, parfai- 228 REVUE HORTICOLE. temoiil rincées, sont séchées à l’air sur des claies. I.enr dessiccation s’opère rapidement : elles restent d’un blanc éclatant, et elles peuvent être converties en line fine farine, qui, dans beaucoup de cas, rem- j)lace la farine de blé. Sans l’emploi de l’acide sulfu- rique, les pommes ont l’apparence d’une substance cornée, elles sont difliciles à sécher et noircissent facilement. Si les pommes de terre qui ont subi cette préparation sont cuites à la vapeur et mises en fer- mentation parles procédés ordinaires, elles donnent à la distillation une eau-de-vie entièrement exempte de goût d’huile empyreumatique. Conservation des fruits. Les fruits sont placés au grenier et couverts, pour les préserver de la gelée, d’une couche assez forte de paille d’orge, recouverte elle-même d’une couche de paille de seigle bien rangée, puis on étend sur le tout un cendrier mouillé qui absorbe rhumiciité et préserve les fruits de la gelée, car, au premier froid, ce cendrier se gèle subitement et forme une enveloppe compacte et épaisse qui rend inaccessible à toute ge- lée extérieure le tas qu’il abrite. Les beaux fruits que l’on mange après Pâques sortent tous de ces greniers. — Cet article, publié sous le nom de M.Ponsort, qui a vu pratiquer ce moyen dans un village de Cham- pagne, n’explique nullement comment un cendrier | mouillé absorber r humidité , ni ce que c’est qu’un cendrier mouillé. Conservation des cerises^ des groseilles, des prunes ^ etc. ! (Extrait du Cultivateur, journal des progrès agri- ; rôles, septembre 1842.) Prenez un vase degrés ou de verre, garnissez-en le fond et les parois de feuilles de vigne, et déposez-y avec soin les fruits que vous voulez conserver, quelle (]ue soit leur espèce, prunes^ cerises , groseilles, pe- il REVUE HORTICOLE. 229 i'hes , abricots , etc.; mettez par dessus une couche de feuilles de vigne, et recouvrez le vase d’une vessie ou d’un fort parchemin que vous aurez soin de serrer fortement avec une ficelle huilée , ou mieux encore avec un fil de fer. Faites ensuite dans la terre un trou assez profond pour que le pot que vous y déposez soit recouvert environ de 32 cent. ; tassez la terreau- tour et au-dessus du pot, et surtout autour de la par- tie inférieure du parchemin qui n’est pas comprimée parla ficelle, de manière qu’elle soit exactement ap- pliquée contre le vase. Au bout d’un an on retrouve les fruits aussi frais, aussi colorés et d’aussi bon goût que si l’on venait de les cueillir; seulement il ne faut les déterrer que peu d’instants avant de les consom- mer : car ils s’altèrent très-promptement au contact de l’air extérieur. Les fruits que l’on conserve ainsi doivent être sains et avoir été cueillis par un temps bien sec. IVovemlire No^e sur la culture des Pélargonium . Par M. de Jonghe, amateur de Bruxelles. Après les fortes gelées, vers la fin de février, on dépote les Pélargonium. Voici comment on s’y prend : on dépouille les racines de la terre dans laquelle elles se trouvent, et l’on conserve celles-ci intactes, en dé- coupant seulement le chevelu. On replante les sujets dans des pots d’une grandeur proportionnée au dé- veloppement qu’ont pris les racines. La terre dans laquelle on les replante est composée : 1° de 3^4 de terreau pur (le meilleur est celui qui provient du fumier de cheval entièrement décomposé et qui a servi pour la culture des primeurs obtenues dans les couches; il est entendu que ce fumier a été mélangé de ly3 de terre franche); 2° de 1/8 de terre de buiil- les, et 3° de 1/8 de sable blanc. Les sujets ainsi rem- 230 REVUE HORTICOLE. potés sant. placés dans une serre tempérée, à l’endroit le plus rapproché des vitres. On arrose la terre lors- qu’elle sèche, et les feuilles de la plante, quand les rayons solaires dardent avec trop de force. On laisse, dans cet état, les plantes en serre jusqu’à la mi-avril^ mais on a soin de leur donner de l’air, et cela vers le milieu du jour, dès que le thermomètre de Réaumur marque plus de huit degrés de chaleur. Les plantes qui, à cette épo(]u-e, ont formé les pousses les plus vi- goureuses, sont mises en plein air et exposées au so- leil; les autres le sont successivement. C’est le moyen le plus efficace pour arrêter la croissance des plantes, pour fortifier et épaissir les pousses, et pour faire produire par ces dernières des bouquets de fleurs. Lorsque ces bouquets apparaissent avec abondance sur les extrémités des pousses, ce qui a lieu dans la première quinzaine de mai, on rentre les Pélargonium dans une serre exposée à mi-soleil : elle doit être aérée, autant que possible, la nuit comme le jour, surtout quand le vent est au midi. Aussitôt que les plantes sont rentrées en grande partie, on a soin de brûler du tabac pour détruire les pucerons. Dès ce moment, les bouquets de fleurs se développent rapide- ment, et l’on voit apparaître les fleurs dans tout leur éclat. Si l’on veut conserver la vivacité du coloris, il est indispensable de couvrir les vitres d’en haut, à l’in- térieur de la serre, d’une couche mince de craie dé- layée dans l’eau de pluie. On continue de donner beaucoup d’air aux plantes qui fleurissent pendant les mois de juin et de juillet. Après la floraison, on recueille les graines et l’on taille les plantes. Dès que de nouvelles pousses se montrent, on les met de nouveau en plein air, où on les laisse jusqu’à la fin d’octobre. S’il survenait une petite gelée de nuit qui pût affecter les feuilles des plantes, on en détruirait l’effet en jetant le matin de l’eau dessus par la pomme de l’arrosoir. Rentrées dans REVUE HORTICOLE. ‘231 la serre, les plantes doivent être [)lacées le plus près des vitraux. On ne les arrosera, pendant Thiver, qu’a- vec la plus grande précaution^ et alors seulement que la terre des pots sera tout à fait sèche ; on continuera d’agir ainsi jusqu’au moment du rempotage. iV. B, Un traité assez étendu sur la culture du genre Pélargo* nium paraîtra incessamment à Bruxelles, en français et en fla- mand. Note de ü Éditeur, — En opposition avec la com- position de la terre ci-dessus, nous donnerons celle employée par M. Alex. Chauvière. Terre de bruyère sableuse. 30 parties Terre franche normale. 30 Terreau de feuilles bien consommé, à son défaut, terreau de bouche au même point, mais n’ayant pas servi. 30 PoLidrette, fiente de pigeon, urate, cendre végétale. 10 100 parties. ; On prépare cette terre un an d’avance, on l’amon- celle dans un coin, et on la remue de temps à autre. Nous avons toujours vu les Pélargonium traités ^ avec plus de succès par les engrais végétaux. j| Cependant nous connaissons M. de Jonghe pour 1 un amateur qui raisonne bien la culture, et dont l’ex- ! périence doit engager à prendre quelque confiance jen sa méthode. Le même amateur a fait beaucoup de semis et ob- tenu des succès. Il offre de céder ses multiplications, dont il a fait imprimer un catalogue que l’on peut se procurer chez lui, boulevard de Waterloo, 70, à j Bruxelles. i Observations sur la germination des conifères, ! Au mois de mai 1842, nous avons semé des grai- Ines du Pinus Lambertiana qui avaient été envoyées au 232 REVUE HORTICOLE. Jardin des Plantes par le docteur Loughlin qui les adressait ou les avait reçues de l’Inde. Comme on supposait que ces graines, qui paraissaient très-vieil- les, avaient perdu leurs facultés germinatrices, j’en semai, sur l’observation qui me fut faite, quatre ter- rines, l’une sous châssis chaud, la deuxième sous châssis tiède, la troisième sous châssis froid. Les grai- nes des trois premières terrines furent préalablement mondées, c’est-à-dire que l’enveloppe cartilagineuse lut ôtée, soit au moyen d’un marteau, soit avec la pointe d’un couteau. Peu de jours après le semis, les terrines se couvrirent d’une moisissure blanche très- épaisse; l’ayant enlevée plusieurs fois, elle reparais- sait constamment, ce qui m’engagea à regarder les graines que je trouvai dans un état complet de dé- composition : toute espérance de germination était détruite. La quatrième terrine, que j’avais placée sous châs- sis froid sans avoir mondé les graines, n’avait pas produit de moisissure; l’ayant examinée, j’y trouvai les graines très-gonflées, fermes et pesantes; je dé- chirai alors sans trop de peine, avec l’ongle, l’enve- loppe de plusieurs dont l’embryon se disposait à sor- tir ; j)eut -être même luttait-il déjà contre les obstacles qui s’y opposaient. Je replantai précieusement toutes celles que je venais de monder, et bientôt il en sortit un nouvel individu. Le 14 juillet, après avoir repiqué les jeunes pins dans des pots à séparage, je trouvai encore quelques graines qui s’étaient égarées dans la terrine; les ayant traitées comme les premières, elles germèrent promp- tement, mais j’ai acquis la certitude qu’elles n’au- raient jamais brisé l’enveloppe qui les emprisonne sans avoir été aidées. Ce fait se trouve en contradiction avec les idées généralement reçues, de concasser les graines avant de les semer pour en assurer la germination ; mieux vaudrait, je crois, les faire gonfler pendant quelques REVUE HORTICOLE. 233 jours dans une terre humide, les monder et les semer ensuite; la réussite est plus certaine et l’opération plus en rapport avec ce que la physiologie végétale nous enseigne. Vict. Paquet. Sur le Guano ^ engrais exotique. Au mois de novembre 1841, un navire de la so- ciété maritime d’Anvers, revenant des Antilles ou des côtes du Mexique, avait apporté comme charge de retour une quantité de 400,000 kilogrammes de guano. Ce guano est un engrais déposé sur les îles inhabitées des côtes du Pérou et du Mexique, par les oiseaux de mer qui viennent s’y reposer pendant les temps d’orage et y passer les nuits. On dit que dans quelques-unes de ces îles, les tas de ces dépôts ont plusieurs pieds d’élévation, et qu’il faut les détacher par la pioche pour les enlever et charger les vaisseaux de cet engrais. En brisant les couches superposées l’on y re- marque des coquilles et autres produits de mer plus ou moins décomposés. Ces tas se brisent facilement et se réduisent en poussière qui a une couleur gri- sâtre. Il n’y a pas de meilleur engrais que le guano pour féconder l’eau dont on se sert, pendant l’été, pour arroser les Camellia et autres plantes vivaces que l’on a l’habitude de placer dans une terre dont les éléments fécondants se trouvent bientôt absorbés^ si l’on ne parvient pas à la féconder par de bons arrosements. Voici comment l’on s’y prend ; A la fin du mois de mai, lorsque l’on sort les plan- tes des serres, on place à l’air un tonneau contenant trois cents litres d’eau de pluie; on y met un litre seu- lement de guano; on a soin de mêler le tout en- semble; trois ou quatre jours après avoir fait ce mélange, on verra que cette eau, en la versant, pé- tillera et moussera. REVUE HORTICOLE. 234 L’arrosement par cette eau ne produit jamais de vers dans les pots, et je crois même que les œufs des insectes ne viennent point à maturité. Je me suis servi de cette eau pendant tout l’été pour féconder non-seulement la terre de ces Ca- mellia, Azalea, Roses du Bengale, Pensées, Pentste- mon, Lis, Glayeul, Fuchsia, mais encore les Dahlias en pots, les Pélargonium, et j’ai remarqué que tou- tes ces plantes en éprouvaient un grand bien. L’année prochaine , je vais continuer d’en agir ainsi. Un sac de guano contenant cinquante kilogram- mes ne coule, à Bruxelles, que 21 francs. On dit que c’est un excellent engrais pour les jar- dins légumiers et pour les prairies artificielles. P , S. J’oublie de dire que de mes 50 kilogr. de guaiio, il me reste encore un quart à peu près. J, DE JONGHE. Bruxelles, 11 novembre 1842. Diverses méthodes de conservation des châtaignes , (Extrait d’un article de M. Lezeret de Lamaurnie). Une humidité modérée est utile à la bonne conser- vation de ce fruit, mais une trop forte et trop cons- tante humidité leur ferait d’abord prendre un mau- vais goût, et les ferait ensuite pourrir ou germer. L’air, qui est le principe de la vie, est aussi celui de la décomposition des corps, tandis que rien ne peut fermenter et pourrir de ce qui est privé de son contact. C’est surtout l’air humide et chaud qui est le plus favorable à la putréfaction. Si donc on met les châtaignes dans des vases ou des tonneaux exactement fermés et placés dans un endroit froid et non humide, elles devront se conser- ver très-longtemps. Je les mets dans des cruches bien bouchées, et j’en ai conservé ainsi jusqu’en juin. Pour en conserver de plus grandes quantités on de- vra choisir un tonneau neuf et bien joint; mettre au REVUE HORTICOLE. 235 fond un lit de son de froment desséché au four ou sur des cendres tiédes ou du sable, puis y déposer un lit de châtaignes ramassées par un temps sec, ensuite un lit de son, et toujours ainsi, jusqu’à ce que le ton- neau soit plein. Le son peut être remplacé par des feuilles de châtaignier, ramassées, avec les châtaignes, le plus tard possible. Autre procédé. On creuse dans un terrain en pente, au midi, et sans humidité, une tranchée de 1 mètre 60 cent, de profondeur, sur 1 mètre de lar- geur et d’une longueur proportionnée à la quantité à conserver. On laisse sécher ce silo quinze jours, et, quand on reconnaît qu’il est sec, on couvre le fond d’une couche de paille de 15 à 18 cent., on tapisse de même les côtés, et l’on remplit de châ- taignes bien saines et bien sèches. On place en des- sus une couverture de paille et on recouvre le tout de terre bien tassée et en pyramide. Les Chinois les placent dans une barrique bien fermée qu’ils logent dans une plus grande, et ils versent de l’eau entre deux. On creuse un trou de 2 mètres au-dessous du sol, on y fait du feu avec du petit bois, on pose sur le sol des claies sur lesquelles on étend des châtaignes j elles sèchent ainsi à la fumée et sont meilleures qu’au four. Quand elles sont dures et cassantes, elles se conservent longtemps et peuvent se moudre. On les conserve encore dans un endroit frais sans être humide et par lits , au milieu de sable sec, de cendres, de fougères, ou bien en les mettant tremper dans l’eau et sécher au soleil. Sur la conser^aiion des fruits en hiver ^ par une cou- verture placée, A M. LE RÉDACTEUR DE LA ReVUE HoRTICOLE. L’article sur la conservation des fruits, publié dans le dernier numéro de la Reme Horticole^ sous 236 REVUE HORTICOLE. le nom de M. de Ponsort, n’est pas nouveau, mais il ne s’en recommande pas moins à l’attention du pu- blic. M. le marquis de Ponsort appartient à la Basse- Normandie qu’il a habitée pendant longtemps ; c’est probablement dans cette province qu’il a vu prati- quer le procédé qu’il a fait connaître. Le cendrier dont il parle et dont vous demandez l’explication, est un gros drap que les Idanchisseuses chargent de cendres et qu’elles mettent par dessus la cuve pour faire la lessive. Une toile^ un linge, une étoffe quel- conque remplissent le même but. Dans la Normandie, où il n’y a pas un seul ouvrier qui n’ait, sous le nom de migaux^ une petite provision de pommes pour l’hiver; ils la préservent de la gelée d’après le pro- cédé décrit par M. de Ponsort. Le fruitier est sou- vent dans le grenier où on étend une botte de paille sur laquelle on met les fruits Le froid se fait sentir, la neige qui couvre la terre le fait pénétrer dans l’in- térieur, l’ouvrier normand prend de la paille de van (balle d’avoine, de froment, etc.), il en couvre ses fruits, jette quelquefois une litière de paille, de foin, de feuilles ou de mousse par dessus, enveloppe le tout d’un drap ou d’un linge quelconque, qu'il a préalablement trempé dans Veau, Cette couverture devient dure comme du bois; elle est impénétrable à la gelée, et sous cette espèce de carapace les fruits se conservent admirablement. On peut étendre, et on étend souvent l’opération à des provisions plus considérables. Des las de pom- mes de terre, de racines légumineuses, de fruits à cidre, etc., peuvent être préservés de la gelée de la même manière; mais si leur volume présente une surface trop considérable pour être recouverte par des toiles, on peut se contenter d’une couche de li- tière sèche par-dessus laquelle on en met une autre légèrement mouillée ; je garantis l’efficacité de ce procédé. Les bons résultats des chemises en toile sont géné- REVUE HORTICOLE. 237 râlement trop peu connus ou mal appréciés pour la couservation des plantes. Avez-vous un végétal quel- conque à garantir de la gelée? Rapprochez ses bran- ches avec des liens, fichez quelques pieux autour, garnissez le pied de feuilles ou de paille, trempez dans l’eau une toile faite en forme de sac ou de che- mise, passez-la par-dessus la plante et les pieux; ceux-ci garantiront le tout contre les vents et le poids des neiges ; vous serez tout étonné de trouver au printemps, parfaitement conservé, un arbuste que vous aviez considéré jusqu’alors comme plante d’o- rangerie, et traité en conséquence. Vict. Paquet. De Tour, près Bayeux (Calvados). Note de VEditeur. — Il est généralement connu que la neige garantit la terre et les plantes des effets extérieurs de la gelée. C'est pourquoi nous sommes obligés de mettre en serres des plantes de la Sibérie, pays bien plus froid que la France. Mais dans la Si- bérie, elles sont couvertes de bonne heure, et pour longtemps, dhme épaisse couverture de neige qui les tient à une température égale , laquelle ne dépasse guère zéro. — C’est encore pour profiter du même effet, que les habitants sauvages de l’extrême Nord se logent l’hiver dans des cahutes couvertes de neige. Nous avons parlé de l’effet isolant de la neige dans notre numéro de juin dernier, page 175. — Une couche de neige, de même qu’une couche de glace ont leur degré acquis de froid et ne se laissent plus pénétrer par un froid plus intense, quand ils sont, comme ici, en contact avec de mauvais conducteurs du calorique, tels que l’air et la paille. — On a parlé de couvrir les serres de deux et trois épaisseurs de paillassons ; mais nous pensons qu’il vaudrait mieux, sur un paillasson à sec, placer une couverture quel- conque mouillée, et dont la gelée ferait immédiate- ment un corps de glace isolant. Il faudrait seulement 238 REVUE HORTICOLE. avoir grand soin de l’enlever avant que le change- ment de température la fît dégeler, afin de conserver ses paillassons secs. Liens faits avec le maïs, M. Bonrgoing, amateur distingué de Port-sur- Saône Haute-Saône, nous fait part du moyen qu’il a imaginé de faire des liens pour les plantes délicates avec l’enveloppe de l’épi de blé maïs. En la divisant en lanières et tordant un peu, cette ligature douce ne j)eut blesser les plantes, et elle peut se nouer comme du fil ou se tordre comme l’osier. Les enveloppes les plus rapprochées de l’épi sont les meilleures. On doit les humecter quand elles sont trop sèches. Remarques sur le traitement de quelques plantes en hiver, (Extrait d’un journal anglais.) Dans la culture des plantes, telles que les Gesneria, Gloxinia, etc., il est un soin généralement recom- mandé pour donner à leurs racines le degré de séche- resse convenable durant la saison du repos, c’est-à- dire pendant les mois de l’hiver, et en même temps il arrive que les pots contenant ces plantes sont sou- mis à une température plus basse. Ce mode de traite- j ment semble avoir été suggéré par l’opinion générale- î ment reçue, que les plantes, et principalement celles |: des tropiques, demandent deux sortes de traitement ' pour déployer toutes leurs beautés naturelles, dont î’un est celui du repos, que l’on change ensuite gra- i] duellement pour arriver à cet état d’excitation qu’ap- p pelle la belle saison. r Quelque rationnel que puisse sembler ce mode de î traitement, on a trouvé cependant que c’était au dé- ' p triment de la vigueur et de la santé des plantes du- rant l’époque de la floraison. — Plusieurs personnes, J en séchant ainsi les racines, les réduisent à un état complet de dessiccation. — C’est cet état de sèche- REVUE HORTICOLE. 239 iTSse qui, je n’hésite J3as à le dire, nuit puissamment a la constitution des plantes. Je vais dire par expé- rience, comment je pense que l’on peut suppléer à cette méthode erronée. En principe d’abord le repos doit être acquis aux plantes. — Lorsque le feuillage et l’inflorescence sont arrivés à leur degré de matu- rité, l’élément qui anime les plantes doit être gra- duellement amené au repos, jusqu’à ce que celles-ci aient atteint le degré de tranquillité qui est le som- meil ; mais on doit apporter tous ses soins à ce que les plantes ne laissent évaporer la sève intérieure qui les soutient même durant la saison de repos. — Pour arriver à ce résultat, les bulbes devront être enterrées dans un terrain sableux, qui préviendra au- tant que possible l’évaporation causée par l’action de 1 atmosphère sur la surface^ ainsi le sol, ou quelle que soit la matière que l’on emploie à cet usage, devra être assez sec pour prévenir toute moisissure^ qui pourrait résulter d’un état contraire. — Il ne devra non plus être réduit à un état de sécheresse telle que ce sol absorberait plus ou moins la partie nutritive ou conservatrice de la plante, qui circule incessamment dans ses fibres. Or, quel que soit le genre de sol que l’on choisisse pour y conserver les plantes, il devra donc être dans un état de séche- resse comparative bien entretenu. — Par ce moyen, les bulbes sont dans un état de repos parfait, quoi- que conservant néanmoins ce. suc précieux, qui sera bientôt appelé par la nature à l’acte de la végétation. Dans cet état de choses on reconnaîtra que la pousse des plantes sera plus parfaite et plus luxu- riante, que si on réduit leurs racines à une séche- resse telle qu’elles soient obligées d’acquérir de nou- veau la sève, qui doit porter le bienfait dans toute 1 a plante. Donner aux plantes une atmosphère plus froide durant la saison du repos, est selon moi encore u ne erreur. — Une température sèche, mais conserva nt IIEVÜE HORTICOLE. 240 un degré de chaleur convenable, leur sera beaucoup plus favorable; l’humidité étant exclue, la plante ne sera pas forcée et se maintiendra à l’état de repos. ^Aucune plante ne peut réussir sous l’influence d’excitation la portant à être dans un état continuel de végétation ; ce repos est nécessaire aux végétaux comme aux hommes. La pratique généralement adoptée de lever les bulbes et de les conserver à la surface du sol, afin que le collet de la plante ne pousse pas mal à pro- pos, est sans doute bonne ; mais en pareil cas les plantes n’atteignent pas cette vigueur que l’on doit remarquer dans le feuillage et la fleur, en raison de ce que les bulbes ont prolilé davantage; on pourrait de deux années l’une, agir comme l’usage en est reçu, et l’autre année les laisser en terre, en observant que le collet ou la couronne de la bulbe soit placé à la surface du sol, en les arrosant fort peu. — Par cette méthode on obtiendra de beaux résultats. Le Doyen des Poiriers en espalier, îNous lisons dans le bulletin de la Société d’horti- culture de Rouen, tome II, n® 4, qu’il existe dans le jardin de M. Meugnot, au Follet, hors la ville de Dieppe, un poirier en espalier,, le plus vieux, le plus gros et le plus étendu qui se trouve vraisemblable- ment en Europe. Cet arbre est un poirier de cueil- lette greffé sur franc; il est planté à mi-côte, contre un mur de 8 mètres de hauteur et dans un sol argi- leux. La grosseur du tronc est d’un mètre. Chaque branche latérale porte 70 centimètres de diamètre; il présente 30 mètres d’étendue sur une hauteur de plus de 6 mètres exposée au midi, sa végétation est vigoureuse, et il rapporte, année commune, de 3 à 4 mille poires. Sa plantation, inscrite sur une pierre placée dans le mur, remonte à 1580 , règne de Hen- ri III. La propriété où il se trouve planté était autrefois REVUE HORTICOLE, 241 MI) hospice. Cet arbre vénérable est entouré des soins des propriétaires, ce qui lui assure encore une longue existence. ® Société d’horticulture. — La Société d’iiorlicultui'e de Rouen annonce une exposition publique du 27 aiî 30 avril 1843. Sa dernière exposition est des et 2 octobre der- niei-, où trente-cinq jardiniers et amateurs ont ap- porté le fruit de leurs travaux. La distribution des prix a été remise, vu la sécheresse de l’été et les ré- sultats peu avantageux qui en sont résultés. — Nous regrettons beaucoup d’avoir omis de men- tionner une exposition des produits agricoles et hor- ticoles de la Haute-Saône, qui a eu lieu à Vesoul à la fin de juin dernier. Près de 400 plantes ont orné cette exposition outre les objets d’industrie. Des prix ont été distribués pour l’horticulture à MM. Aug. La- I, chaume. Ch. Nedey, Bourgoing et Jules Lachaume. La plus belle plante en fleur, et qui a été honorée Il d’une médaille, était un Nérium très-double fond blanc, bordé de rose, exposé par M. Aug. Lachaume jardinier fleuriste. Les plantes qui ornaient î’exposi- Uon étaient bien portantes, malgré une sécheresse de « quatre mois qui a privé les zélés amateurs de Vesoul I d’en apporter un plus grand nombre. I Décembre l44;9. \ Froments anglais nouveaux. Article extrait du Bon I Jardinier de 1843. On a, depuis quelques années, introduit successive- I ment un assez grand nombre de variétés de froments : renommés en Angleterre. Elles annoncent, en géné- 1 ral, une certaine supériorité sur nos blés ordinaires I lançais, tant sous le rapport du produit et de la ! lie SÉRIE. — i, 2V2 retle horticole. qualité du grain que sous celui de la hauteur et de la fermeté de la paille; mais, ainsi que toutes les races perfectionnées, la plupart de celles-ci ne peuvent at- teindre leur entier développement et devenir avan- tageuses que dans des terres possédant un assez haut degré de fertilité. Parmi les nombreuses variétés que nous avons es- sayées, voici celles qui jusqu’à présent nous parais- sent offrir le plus d’intérét. >'ous les réunissons par analogies. Blés Blood rbd; Red marigold; Clover wheat. Ces trois variétés sont extrêmement voisines, si meme elles ne se confondent : ce sont de gros et beaux blés rouges à grain jaune doré. Toutes trois som origi- naires d’Angleterre et y sont fort estiraees. On les y annelle Cloi>er wheals ( blés de trèfles), parce (]u on a reconnu que ces races à paille très-forte, quoique creuse, sont plus convenables pour succéder au trè- fle que la plupart des blés blancs, qui sont sujets, dans cette condition, à s’emporter en paille et ne donner qu’un grain mal nourri. Le blé Blood red est cultivé avec succès, depuis quelques années, a 1 Ins- titut agronomique de Grignon. M. Morin de Sainte- Colombe, membre de la Société d agriculture, nous a aussi donné sous le nom de blé rouge d Ecosse, sous lequel il est cultivé aux environs de Saint-Valery en ^*Blés Red chaff Dastzick ( Dantzick à balle rouge), Striped chaff (à balle rayée). -Ces deux variétés sont aussi des blés rouges, à paille peu elevee; mais leur grain est moins gros et supérieur en qualité a celui des précédents. Nous devons le premier a 1 o- bligeance du Rev. W. L. Rham, secrétaire de la So- ciété .l’agriculture d’Angleterre. L autre existe de- Duis 1836 dans notre collection, nous 1 avions reçu de M. Loudon ; il nous a paru un peu plus sensible a la celée que les variétés cultivées aux environs de Paris mais il conviendra probablement très-bien aux REVUE HORTICOLE. 243 provinces de l’oiiest de la France, étant très-hâtif par conséquent peu sujet à la rouille et aux autres al- terations causées par un climat humide. Blés DE Huntkr, Priory, Mungoswell. Nous avons déjà mentionné en 1840 le blé de Hunier, originaire d Ecosse, d ou il nous avait été envoyé comme la va- riété qui résiste le mieux aux hivers prolongés de ce pays. Cette qualité n’a pu être constatée dans les se- mis que nous en avons faits depuis trois ans, aucun des hivers qu’il a eu à supporter n’ayant été bien ri- goureux; mais nous lui avons reconnu, ainsi qu’aux deux précédents, un autre avantage qui consiste dans leur précocité. En effet, semés à la lin de février, ils ont mûri parfaitement et ont donné un grain aussi nourri que les blés d’automne. Nous ne connaissions, jusqu à présent, de froments hâtifs parmi les blés blancs que les touzelles qui, malheureusement, con- viennent mal au centre et au nord de la France. Il est probable que ces trois variétés originaires de l'É- cosse, leur seront au contraire bien appropriées. La pemière nous est venue de M. Lawson en 1838; nous devons les deux autres à M. le comte de Gourcy. Blé talavera de Bellevüe. L’essai de cette variété nous offrait un grand intérêt, parce qu’elle a été mise en première ligue par le colonel Lecouteur de Jersey; nous en avons donc fait des semis un peu étendus d’automne et de printemps. Les résultats en ont été peu favorables : ce blé nous a paru ne pas convenir à notre climat, du moins a-t-il assez mal résisté aux hivers derniers, qui ont cependant été assez doux. Comme blé de mars il est tardif; enfin, eu 1842, il a été fortement attaqué du charbon. Malgré ces résul- tats peu avantageux, nous sommes loin de condam- ner absolument le Talavera de Bellevüe; le mérite que lui a reconnu le colonel Lecouteur, est incontestable pour nous, et nous concevons parfaitement qu’un blé puisse réussir mal dans le centre de la France, et être cependant excellent à Jersey. C’est donc sous un cli- 244 REVUE HORTICOLE. mat plus analogue à celui de cette île, par exemple en INormandie ou en Bretagne, qu^il faudrait essayer celui-ci. Nous devons ajouter que son grain est de très- belle qualité, et nous venons tout récemment de re- cueillir un autre indice en sa faveur. Un nouveau et très-beau blé de mars a été multiplié depuis quel- ques années dans les environs d’Arras, sous le nom de Blé dû Espagne, M. Pinta fils, agriculteur distingué de ce pays, ayant bien voulu nous en donner du grain et des épis, nous avons cru y reconnaître le Ta- lacera de Bellevae, Comme blé de mars, celui-ci exige d’être semé de bonne heure; dans un essai fait le 14 avril, il n’a pas monté du tout. Nous avions déjà mentionné , les années dernières , plusieurs froments anglais remarquables par leurs qualités, tels que le hickling, le whittington , etc. (Voir p. 410 et suiv.) Outre ces espèces et celles dont nous venons de parler, il en a été introduit un assez grand nombre d’autres, et comme elles occupent de plus en plus l’attention du public, nous croyons utile de joindre ici la liste de celles que nous avons en élude dans ce moment, et dont nous ne pouvons encore parler d’une manière positive, faute de données suf- fisantes. Blé blanc écossais ( whiie scotch, — Uxbridge. — blanc d’Essex ( white Es^ s ex), — de Batewell. Batte well Sulfolk), — Lord Western, — Oxford prize (blanc). — Hardy white, — Chiddam. — blanc de Foak ( Foak's white), — blanc à paille rouge ( red Blé Chittem, — blanc de Kent ( white Kent), — Pearl white, — Shu'eff, — Slher drop, — géant de Whittingham ( Whit tingh am giga ntic) , — blanc de Fireler (Fireted& white, — Syra, — rouge du Devonshire. — Jersey Dantzick, — Chiddam prize. REVUE HORTICOLE. 245 straw wliite). Rlé rouge de Brodie {Brodies red seed), — Salmon. — Album densum, Lee. — ' Club, r — Thickset, — Brown Chevalier, - — de Poméranie. — rouge de Langley. — Golden drop (blanc). — Talavera de printemps. — rouge pâle du Gap [pale red Cape), Blé du Cap, à large l^uille {Broad leaf Cape), — rouge anglais {Red Britan- nia), — rouge de Kent. — Golden drop, — rouge d’Oxford ( Hobl/s Oxord red prîze). — rouge à paille courte {short straw red). rouge de Syers ( Syers red) , Louis Vilmorin. Maïs a bec ; Zea rostrata, Bonaf. Cette espèce ou variété remarquable de maïs a été présentée, il y a quelques années, à la Société royale et centrale d’A- griculture par M. Bonafous , auteur, entre beaucoup d’œuvres agronomiques importantes, d’un magnifi- que ouvrage sur les espèces et variétés de cette cé - réale (' ). Il n’y avait pas compris celle-ci , ne l’ayant eue que depuis cette publication. Le nom de maïs à bec qu’il lui a donné, vient de la forme de son grain terminé en une pointe recourbée. D’après les obser- vations de M. Bonafous, confirmées paries essais faits aux environs de Paris, c’est une excellente va- riété, aussi hâtive et plus productive que le maïs quarantin et qui sera, dès lors, particulièrement in- téressante pour le nord de la France-, où les races tardives ne conviennent [las. Nous venons de parler d’essais faits aux environs de Paris : en effet, M. Guillery a présenté , en 1841 , à la Société d’hor- ticulture d’excellents épis de ce maïs, en annonçant qu’il paraissait depuis quelque temps sur les halles ^ Histoire naturelle agricole et économique du Maïs, l vol grand in folio avec 19 planches en couleur, 100 fr. à la Ijbrai rie de Madame veuve Bouchard-Huzard, rue de l’Eperon. 246 REVUE HORTICOLE. et marchés, et qu’on le disait plus hâtif que la plupart des aunes vjiriétés. M. Poiteau, en rendant compte de ce fait, proposait pour celle-ci le nom de maïs mucroné,Ze<2 mucronata ^ le nom trivial de maïs à bec, que lui a donné M. Bonafous, sera sans doute adopté de préférence par les cultivateurs. Vilmorin. Moyen de détruire eer'tains imectes nuisibles^ par M. Boisgiraud. ( Journal d' Agriculture pratique Décembre. ) On a mis en pratique bien des moyens pour dé- truire les insectes , on a tenté bien des essais , et mal- heureusement on n’est pas encore arrivé à des résul- tats satisfaisants. Chaque année, on signale de nouveaux ravages, et il ne se passe pas de printemps que. nous n’ayons quelque désastre de ce genre à déplorer. Il faut moins s’étonner de la multiplication de quelques insectes, quand on voit détruire inconsidérément des animaux que la nature avait créés insectivores; pres- que toujours l’antidote est auprès du poison, le re- mède est voisin du mal, et le plus souvent nous dé- truisons l’antidote et le remède, pour laisser pulluler à leur aise le poison et le mal. Une foule d’oiseaux, qui rendent de grands ser- vices à l’agriculture, en faisant leur proie des insectes ennemis de nos moissons, de nos vergers, etc., de- viennent victimes d’une aveugle barbarie. Les mé-> sanges les fauvettes ^ les rossignols , dont le chant mélodieux charme nos forets, détruisent un grand nombre d’insectes ; rignorant |)aysan fait cependant une guerre acharnée à ces paisibles hôtes des bois en dénichant leurs nids. Les hirondelles doivent d’étie épargnées, à ce(pi’elles ne j)euvent vivre en captivité , à ce que leur chair est mauvaise. Les oiseaux (]ue nous venons de citer devraient partager le meme sort. Le pasteur Brehim recommande ex})ressément d’épargner REVUE HORTICOLE. '247 ies coucous, les mésanges , les pies , et même four- mis rouges, qui peuvent devenir pour nous, dans bien des circonstances, des auxiliaires extrêmement précieux. Cette idée de détruire les insectes malfaisants par d’autres insectes qui les dévorent, se trouve con- sigée avec détail dans un mémoire inédit de M. Bois- giraud, lu à PAcadémie des sciences de Toulouse. « Il est, dit M. Boisgiraud, une famille nombreuse composée d’espèces carnassières , la plupart robustes et très-voraces, qui peut être multipliée impunément et sans crainte dans nos jardins. Ils ne sauraient ^ en effet , se nourrir des plantes qu’ils sont appelés à pro- téger ; eux et leurs larves font , au contraire , un grand carnage des insectes herbivores , et même des limaces et des hélices ou escargots. Ce sont les carnassiers ter- restres ou carabiques. Eh bien î qui le croirait ! la plupart des culivateurs écrasent avec une sorte d’em- pressement ces puissants auxiliaires, tandis que le pa- pillon , qui donne naissance aux nombreuses chenilles qui dévorent plus tard leurs plantes, est l’objet de leur protection. »....Une multitude d’insectes nuisibles, après avoir exercé pendant plusieurs années leurs ravages sur nos propriétés, disparaissent tout à coup sans (jue nous sachions pounjuoi. En y regardant de plus [)rès, on pourra s’assurer que, dans la plupart des cas, un ennemi de l’insecte (|ui a disparu a produit cet heu- reux résultat. Je puis fournir quelques preuves à l’ap- pui de cette opinion. V L’épais feuillage d’une belle allée de peupliers, ma promenade habituelle, fut tout à cou[) attaqué par une immense (juanlité de chenilles appartenant au bom- byx dispar. Je m’avisai de leur donner pour compa- gnie le calosoma sycophauta , qui passe sa vie sur les arbres, et fait sa nourriture des chenilles qu’il ren- contre, qui pond même dans leur nid , afin de procu- rer une nourriture plus abondante à sa progéniture vorace. Eh bien! cet insecte se multiplia avec une ra- 248 REVÜE HORTICOLE, ))idité vraiment étonnante, et les chenilles disparurent sans que les personnes qui furent témoins de cette destruction se doutassent le moins du monde des cau- ses qui la produisirent. »... Je suis convaincu que si le voisinage de la ville de Toulouse est si |)eu désolé par le hanneton vul- gaire qui fait le désespoir des cultivateurs de presque tout le reste de la France , c’est au moins en partie, au très-grand nombre de carabes dorés dont fourmil- lent nos champs, nos prairies et nos jardins, que nous en sommes redevables. On sait, en effet, que ce carabe est habile à saisir la femelle du hanneton quand elle vieïit déposer ses œufs dans la terre, et de toutes les parties du hanneton, les œufs forment sa nourriture de prédilection. On se tromperait beaucoup si on croyait qu’il est toujours facile de tirer un parti avantageux du moyen de destruction des insectes par d’autres insectes. Une étude approfondie des mœurs des insectes est souvent indispensable pour arriver au but qu’on se propose. En voici quelques preuves : » Le plus robuste des carabes de nos contrées , le procuste chagriné , m’avait servi admirablement dans le centre de la France pour détruire, dans les jardins, les petits insectes qui attaquent les plantes. Sa larve , (]ue j’ai eu l’occasion d’élever, détruit aussi une multi- tude de limaces et éC hélices. Dans le midi, cet insecte ne détruit plus les memes espèces, et, quoique assez commun, il n’est point connu ; on ne le rencontre pres- (jue jamais. C’est que dans le centre, l’ouest et pro- bablement le nord de la France, ce procuste est diurne : il exige seulement des lieux frais et ombragés. Chez nous, au contraire , il est essentiellement nocturne, il ne détruit que les insectes qui sont nocturnes comme lui , ou qui restent à sa portée pendant l’obscurité des nuits. 11 est facile de s’assurer , pendant Tété, de la grande quantité de procustes chagrinés qui peuplent nos haies et nos prairies. Obligés de se retirer, pour REVUE HORTICOLE. 249 tuir le soleil qui les fatigue, sous les tas de foin accu- mulés dans les prés qu’on vient de faucher, on les y rencontre en quantité innombrable quand on enlève ces foins. » En transportant dans un jardin une vingtaine dç carabes dorés, j’avais cru détruire en bien peu de temj)sles essaims de foiTicules qui l’avaient choisi j)our le théâtre de leurs ravages. A mon grand étonnement, ces carabes dorés sont morts de faim , ou se sont éloi- gnés, tandis que les forficules , que les carabes dévo- rent cependant, ainsi que je m’en suis plusieurs fois assuré, continuaient leurs dévastations. C’est que les forficules sont essentiellement nocturnes, et se reti- rent le jour sous des fentes étroites où les carabes ne sauraient les atteindre, et que d’ailleurs ces derniers n’ont d’activité que pendant le jour et l’ardeur du so- leil. Le staphilin odorant , au contraire, remplit tou- tes les conditions convenables pour détruire les for- fi cille s. M Culture du Cresson. Extrait du Rapport d'une coin- mission spéciale , rédigé par M, Poiteau et lu à la So(\ 7Tjf. d’horticulture de Paris le 19 octobre 184i M. Faussier, natif de Senlis, propriétaire de la cres- sonnière de Saint-Gratien , a exercé l’état de jardinier dans sa jeunesse. Doué d’une activité entreprenante, et croyant reconnaître qu’il était possible d’apporter de grands perfectionnements dans la culture artiliciel- le du cresson, il établit une cressonnière à Saint-Fir- min , non loin de Senlis. Ce fut là qu’il trouva une variété de cresson plus vigoureuse , à feuilles plus lar- ges, et qui a le précieux avantage, pour la culture, de ne fleurir que très-difficilement, tandis que l’espèce généralejnent cultivée alors se couvre, dès le mois de mai, d’une grande ejuantité de fleurs ([ui diminue la récolte et nuit à la vente. Il substitua donc cette va- riété à l’ancienne espèce et il s’en trouva très-bien.. 17. KEVUE HORTICOLE. 25 0 Plus tard il acheta à Saiut-Gratien , vers la queue de l’étang, 5 hectares et demi d’un terrain d’une seule pièce, qui lui parut propre à rétahiissemeut d’une cressonnière (ju’il composa d 3 l fosses, larges cha- cune de 3 mètres, et longues de 87 mètres. Lessourcesnaturelles n’alimentant pas suffisamment 9 de ces fosses, M. Faussier fit forer, en 1824, 9 puits où l’eau s’est trouvée ascendante à la profondeur de 14 à 25 mètres et s’élevant toujours à environ 16 cent, au-dessous de la surface du sol, élévation suffisante pour une cressonnière creusée d’environ 40 cent, car le cresson , en état de culture, n’a besoin d’étre baigné (]ue par 10 à 13 cent, d’eau, et quelquefois moins. La température de cette eau, à la profondeur de 8 à 11 cent, dans l’orifice meme d’un puits foré, donnait 13 degrés centig., tandis que l’air atmosphérique était , à l’ombre , à la température de 15^"; et comme la tem- pérature de cette eau ne doit varier en aucune saison ; qu’en sortant du puits elle s’étend dans toute la lar- geur et la longueur de la fosse , et va s’écouler au bout opposé à celui où elle est entrée, il s’ensuit qu’elle y entretient une température plus fraîche que l’air at- mosphérique en été , et plus chaude en hiver, ce qui est très- favorable à la croissance du cresson. Cepen- dant quand la chaleur de l’été est excessive, la frai- cheur de l’eau du puits artésien ne rafraîchit pas suf- fisamment le cresson éloigné du puits, et il souffre. Dans l’hiver, au contraire, quand il gèle fort, la cha- leur de l’eau du puits ne peut pas protéger tout le cresson d’une fosse longue de 87 mètres, et celui qui est le plus éloigné du puits peut geler quelquefois. Dans ce dernier danger on presse, on fait descendre le cresson, on le submergeait moyen d’un instrument «ippelé Schüel ; mais si la gelée dure longtemps, il en résulte toujours un grand dommage; car il ne suffit pas que du cresson soit bon, il lant aussi qu’il soit beau pour être bien vendu. Dans les longues sécheres- ses de l’été, le volume de cette eau diminue un peu ; elie REVUE HORTICOLE. 251 est très'liinpide, bonne à boire, cuit bien les légumes et dissout parfaitement le savon. M. Faussier fait les fosses plus ou moins profondes, en raison de la profondeur des sources, et de manière à obtenir toujours 10 à 13 cent, d’eau dans le fond. Ces fosses ont de 40 à 48 cent, de profondeur, parce que cette profondeur est nécessaire pour obtenir i’épais- seur d’eau voulue dans son terrain. S’agit-il de planter une fosse, on en rend le fond bien uni; surtout on lui donne la légère pente nécessaire pour qu’il sorte au- tant d’eau par un bout de la fosse qu’il en entre par l’autre. Si ce fond ne paraît pas assez humide, ce qui est très-rare, on y laisse couler un peu d’eau pour l’humecter. Ensuite on prend du cresson avec sa racine dans une fosse que l’on projette de renouveler ; on le divise par pincées que l’on jette dans le fond de la fosse préparée, en tâchant que chaque pincée tombe à 10 ou 16 cent, au plus l’une de l’autre; le cresson s’attache aisément à la terre humide; en 3 ou 4 jours ses tiges se redressent, les pincées se touchent et il commence à faire tapis; 5 à 6 jours après on répand sur ce jeune plant un peu de fumier de vache très- consommé , ensuite on le presse contre la terre au moyen du schüel , qui est une planche assez lourde à laquelle est emmanché obliquement un long manche; puis enfin on y met l’eau à la hauteur de 8 à 13 cent, et jamais plus. Le mois d’août est considéré comme la saison la plus favorable pour faire cette opération appelée plantation. Chaque fosse de la cressonnière se replante ainsi tous les ans et donne douze récoltes en une année. Dans l’été, on cueille le cresson tous les 15 jours ou 3 sern. et moins souvent en hiver. Pour cueillir, ou plutôt couper le cresson, on jette une planche en tra- vers sur la fosse, soutenue par ses deux bouts sur les deux rives. Un homme ayant les genoux garnis d’é- paisses genouillères, se met à genoux sur celte plan- REVLE HORTICOLE. dic; de la main gauche ü saisit une jDoignée de cres- son , la soulève hors de l’eau, et de la main droite, avec une serpette, coupe en sciant les tiges à la lon- gueur de 13 à 16 cent. : il coupe une autre poignée puis une autre, avec une prestesse et une adresse que la pratique seule peut donner, et quand il a coupé de quoi faire une botte, il la lie de suite avec un brin d’o- sier dont il est toujours pourvu, jette cette botte dans Teau à l’ombre de la berge, recommence à couper, et ne se relève que pour changer sa planche de place. Une botte de cresson a 24 centimètres de tour. Dans une fosse large de 3 mètres et longue de 87 mètres, on l’ait, ainsi que nous l’avons dit, douze coupes en un an , et chaque coupe produit, en raison des saisons, 40, 60 et 100 douzaines de bottes de cresson. Quant au })rix du cresson , on sent bien qu’il doit varier aus- si, en raison des saisons; mais M. Faussier estime (pie, terme moyen, le cresson se vend 5 centimes li botte. Quand on coupe le cresson d’une fosse, on ne le coupe pas à blanc; le coupeur eu néglige environ un tiers avec iîitention, afin de ne pas affaiblir le pied , (*t pour que la coupe suivante ne se fasse pas trop at- tendre. Dès qu’une fosse est coupée, on répand sur les sou- ches du cresson , un [leu de fumier de vache consom- mé , dans la proportion de deux très-grandes brouet- tées pour une fosse large de 3 mètres et longue de 87 mètres, ensuite on refoule le cresson de toute la fosse avec le schüel. Pareille fumure, pareil refoulement se pratiquent toutes les fois cpi’on coupe le cresson , ce qui ne consomme pas plus de quarante voitures de fumier par an. Quand une fosse a |>roduit du cresson pendant un an, c’est-à-dire qu’elle a été coupée douze fois, fu- mée douze fois , les racines du cresson , les débris du fumier forment une épaisseur assez considérable au ft)nd de la fosse, et qui tend à elever son niveau ; il REVUE HORTICOLE. ^53 l'aut donc, pour conserver ce niveau toujours le même, ainsi que celui de l’eau, retirer chaque année tous ces débris et les jetter sur les plates-bandes qui séparent les fosses les unes des autres. Ces plates-bandes sont cultivées en artichauts , choux et choux-fleurs qui deviennent magnifiques. Une cressonnière marchande doit toujours être établie loin des grands arbres, afin que les feuilles que le vent emporte ne puissent venir tomber sur le cresson , ce qui d’abord lui nuirait, et ensuite donnerait beaucoup de peine })our l’en pur- Dans une cressonnière bien tenue, comme celle de M. Faussier, on ne voit jamais de véronique becca- bunga , ni de véronique scutellaire, ni de berle , qui abondent dans celles qui sont mal soignées, dans celles surtout où l’on néglige de replanter le cresson tous les ans. Mais il est deux espèces de plantes que tous les soins ne peuvent empêcher de naître dans les cresson- nières les mieux tenues ; ce sont les Lemna ou lentilles d’eau, et une espèce de zanichellie, ZanichelUa j.a- lustris^ désignée par les cressonniers sous le nom de mouron d'caii. Ces deux petites plantes se multiplie- raient plus vite que le cresson, si on ne les détruisait pas soigneusement , et lui donneraient un air de mal- propreté nuisible «a la vente. On détruit la zanichellie en l’arrachant soigneusement, et la lemna en augmen- tant l’eau pour la faire surnager, et en l’enlevant avec un balai. Nous avons déjà dit que l’homme qui coupait le cresson, le liait au fur et à mesure par bottes, et le jet- fait dans l’eau à l’ombre. Il ne reste pas là longtemps; une autre j)ersonne vient le ramasser, le porte à la maison , où cluupie botte reçoit une toilette plus soi- gnée et une longueur uniforme; ensuite les bottes sont placées circulairernent dans de hautes mannes, la ({ueue appuyée contre la paroi de la manne, la tête en dedans pour (pi’elle ne soit pas froissée, et i! reste un grand vide au centre de la manne , afin que le cres- 254 REVUE HORTICOLE. son ait de l’air et ne s’échauffe pas; le tout est main- tenu solidement avec des osiers cjni ne s’aperçoivent pas. Chaque manne contient vingt-cinq douzaines de bottes de cresson , et la charrette, qui amène à la hal- le de Paris, contient huit mannes ou 2,400 bottes de cresson par charretée. La principale raison qui a déterminé M. Faussier à chercher un terrain propre à rétablissement d’une cressonnière le plus près possible de Paris, c’est qu’il avait appris par l’expérience que, pendant les gran- des chaleurs, il est très-difliciie de faire arriver le cresson de 4 à 6 myriamètres à Paris, sans qu’il soit altéré et même devenu quelquefois invendable. Aussi plusieurs cressonniers éloignés cessent-ils d’en en- voyer à la halle à l’époque des grandes chaleurs. Pépinière à Alger, — Le jardin d’essai d’Alger ou pépinière du Gou- vernement, est dans un état de prospérité croissante. Cette pépinière peut livrer annuellement 40,000 mû- riers, et pourrait, dit-on, en produire ‘200,000. On y cultive également des peupliers, des frênes, des or- mes, etc. Le bananier, la patate et l’indigotier y vien- nent parfaitement, il a été fait aussi d’heureux essais du nopal à cochenille. Société royale d'horticulture. La Société royale d’horticulture de Paris a décidé qu’une exposition aurait lieu vers le milieu de mai prochain. Aoiit Articles nouveaux de plantes potagères, par M. Vil- morin, extraits du .]üvà\mvv pour 1843. Aubergine blvnchr longue, de Chine. Dans le REVUE HORTICOLE. 255 compte que nous avons rendu, en 1841, d’une col* lection de graines potagères apportées de la Chine par le capitaine Geoffroy, nous avons parlé de plu- sieurs lots cT Aubergine qui n’avaient pu être jugés la première année, leurs fruits n’étant pas venus à ipa- turité. Une partie des mêmes graines ressemées en 1842, chez M. Reynier, directeur de la pépinière de Vaucluse, et chez MM. Audibert, de Tarascon, ont amené leurs produits à bien, et un des lots a offert une variété nouvelle. Elle est à fruit blanc, cylindri* que et très-allongé. MM. Audibert, en nous envoyant des échantillons provenant de leur culture, nous di* sent que cette nouvelle Aubergine est excellente , que la pulpe en est plus fondante et moins filandreuse que celle des autres variétés de cette solanée. Ce sera donc probablement une acquisition intéressante pour les amateurs de ce genre de fruits et particulièrement pour nos provinces dti Midi, où l’Aubergine est l’ob* jet (l’une fort grande consommation. Quoiqu’elle ait manqué dans notre premier essai, la variété dont nous venons de parler ne paraît pas plus délicate que les au- tres ; elle nous a donné cette année , à Paris , des fruits qui ont acquis tout leur développement. Ils sont entièrement semblables par leurs caractères à ceux I obtenus par MM. Audibert et Reynier. Cerfeuil bulbeux, Chœrophyllum biilbosum, L. M. Lissa a présenté, en 1842, à la Société d’horti- culture, des bulbes et des graines de cette plante, cultivée, a-t*il dit, en Allemagne, comme légume. Il en avait précédemment répandu des graines dans le I commerce à Paris. Nous en avons fait l’essai et avons j reconnu que la plante produisait à son pied un petit nombre de tubercules de la grosseur d’une noix et au-dessous. C’est, jusqu’à présent, tout ce que nous I en pouvons dire de certain. Nous pensons, avec M. le i Réciacteur des Annales d Horticulture^ qu’attendu la à qualité vénéneuse d’un assez grand nombre d’om- I bellifères, il sera prudent, jusqu’à plus ample infor- 256 REVUE HORTICOLE. mation, de ne faire usage de celle-ci comme aliment (ju’avec circonspection. Fraise Reine Victoria, Nous ne pouvons encore donner, cette année, que des renseignements incom- plets sur cette nouvelle fraise. Les plants que nous en avons fait venir d’Angleterre se sont montrés fort dé- licats : un seul fruit a noué et nous a donné une idée imj)aiTaile de l’espèce , car il était manqué d’un côté. Il est, néanmoins, devenu fort gros et nous a paru se rapprocher de la Wilmot, Patate courte de M. Sageret. Nous avons souvent parlé, ces années dernières, des semis de patates de | i\L Sageret et des espérances que l’on pouvait fonder , sur eux. Elles ont commencé à se réaliser, et la per- sévérance de ce savant respectable a été récompen- sée. Il a obtenu, l’année dernière, une variété sen- siblement plus courte que toutes celles que nous possédions , et qui , replantée cette année à Avignon, chez M. Pieynier, a produit des tubercules de forme presque sphérique ; cette amélioration dans la forme est déjà un très-grand pas fait, et il en promet d’au- tres. On peut aujourd’hui y compter d’autant plus sûrement, que, ])armi les produits très- variés obtenus de graine par M. Sageret, (]uelques-uns ont une extrême disposition à fleurir et à grainer; les se- mis, dès lors, pouvant être multipliés beaucoup j)lus qu’autrefois, la chance devient aussi beaucoup plus grande d’obtenir des variétés hâtives et appro- priées à notre climat. Articles nouveaux de plantes céréales, par M. Louis Vilmorin fils, extraits du Bon Jardinier pour 1843. ' Orge bulbeuse. Hordeiini bulbosum , L. Dans un | mémoire publié en 1837, dans le Journal d’Agricul- ( ture de la Côte-d’Or, M, Fleurot^ directeur du Jardin t Botanique de Dijon , a signalécette plante, originaire ( de Barbarie et des côtes de la Pi ovence, comme pou- , | vant servir à former des prairies artificielles. D’après 1 1 REVUE HORTICOLE. ^57 ses observations elle présente les avantages suivants : a De croître dans toute espèce de terrain, même » les plus mauvais ; » De taller comme le blé et de couvrir le sol d’une » herbe abondante ; » De se ressemer de manière à pouvoir former une » prairie artificielle permanente; » D’entrer en végétation à une époque où les autres » [liantes fourragères doivent encore se faire attendre; » Enfin , de résister parfaitement à nos hivers les w plus froids. » M. Descolombiers, président delà Société d’Agri- culture de l’Ailier, a aussi obtenu de cette plante des résultats satisfaisants. C’est à son obligeance que nous devons les premières graines que nous en ayons eues. Nos essais de l’année dernière confirment en plu- sieurs points les résultats obtenus par M. Fleurât. Semée en avril , l’orge bulbeuse a produit, dans le courant de l’été, de très-fortes touffes d’un feuillage épais, qui ont monté vigoureusement au printemps suivant. Les tiges , très-nombreuses , atteignaient le 4 niai la hauteur d’un mètre; à toute leur croissance , vers le 10 juin, elles se sont élevées à 1*" 60. L’épi a ! l’apparence de celui du seigle lors de son premier dé- veloppement, et la plante elle-même pourrait être comparée à une très-forte touffe de seigle , si ce n’est qu’elle n’est pas glauque et qu’elle est beaucoup plus feuillée. L’orge bulbeuse aura donc le mérite de donner une grande abondance d’un fourrage, sans aucun doute, excellent; mais la petite cjuantité de graines fertiles que contiennent les épis, leur maturité successive, la facilité avec laquelle elles se détachent sur pied, ces diverses causes pourront rendre difficile sa mul- tiplication en grand. Nous la regardons, toutefois, comme une plante qui mérite d’être suivie avec le plus grand intérêt, La possibilité de la multiplier par la séparation des touffes permettrait, dès à présent, de 258 REVUE HORTICOLE. l’utiliser clans la petite, et même dans la moyenne culture. Il se pourrait, même, que les petites bulbes cjue la souche produit en très-grand nombre offris- sent, dans la suite, un moyen facile et peu coûteux de la multiplier en grand. Nous aurons à rendre compte, l’an prochain, de quelques essais de ce mode de multiplication. Ceux dont nous venons de parler ont été faits dans une très-bonne terre douce. Dans des terrains moins bons, l’orge bulbeuse n’a pas eu, à beaucoup près , une végétation aussi vigoureuse. Nos observations ne se trouveraient donc pas d’ac- cord en ce point avec celles de M. Fleurot. Nous re- viendrons sur ce sujet quand nos expériences seront plus avancées. Orges d’ABYSsixiE. Dans la collection de plantes économiques d’Abyssinie, qui nous a été confiée par l’administration du Muséum d’histoire naturelle, et dont nous avons déjà parlé l’année dernière à l’occa- sion àyx ç,oï diCdiU fEleusi ne coracana J y se trouvait un nombre assez considérable de variétés d’orges dont nous suivons l’essai. Les plus remarquables parmi el- les, et que nous pouvons mentionner dès cette année, sont les suivantes. Orgb îtoir a épi dressé. Plante très-vigoureuse ap- partenant à VHordeum distichiim. Epi noir, demi- élargi, dressé; paille élevée. Cette variété a résisté, celte année, d’une manière remarquable à la séche- resse. Orge ardoisée. C’est aussi une orge noire distique, mais à épi plus long et retombant. Elle est presque aussi vigoureuse que la précédente et de quelques jours plus hâtive. Orge rameuse d’Abyssixie. Celle-ci qui appartient à VHordeum vid^are ^ est surtout remarquable par ses épis souvent rameux ou digités par le bas; elle est assez vigoureuse et élevée , mais d’une maturité un peu tardive. La même collection contient plusieurs variétés d’or- REVÜÊ HORTICOLE. 259 ges nues, dont quelques-unes nous paraissent fort intéressantes; mais nous ne serons en état d’en rendre compte que l’année prochaine. Avoines ANGLAISES. L’Angleterre possède un grand nombre de variétés d’avoines, plus ou moins dilTéren- tes des nôtres, et qui ont, pour la plupart, de la répu- tation dans ce pays. Nous avons essayé beaucoup d’entre elles et avons mentionné l’iine des plus remar- quables, M avoine hâtive de Sibérie , dans le Bon Jar- dinier 1841. A régard des autres, nos essais sont encore trop récents pour que nous puissions nous prononcer sur leurs qualités; nous nous bornerons donc à donner ici leur nomenclature , en notant leurs ressemblances et différences avec des espèces déjà connues et y ajoutant les premières obervations qu’el- les nous ont fournies. Variétés se rapportant à l’avoine patate. Avoine de Hopetoun. Ressemble extrêmement à V Avoine patate; grain un peu plus coloré. Toutes deux sont hautes de paille et un peu tardives. Avoine de Flandre [flemish oat ) et Av. blanche HOLLANDAISE ( white dutcli). Très- voisines des précé-^ dentes ; paille plus haute; plus tardives de quelques jours. Av. DE Barbaclan. Diffère peu aussi des précédeir tes. Elle a été fortement attaquée du charbon. Av. DORÉE { golden oat ). Tardive ; grain jaunâtre , gros, mais à écorce épaisse. Sandy oat; Hâtive; paille menue, haute, légèrement rosée; grain petit, mais assez pesant. Cette avoine est très-estimée en Ecosse, à cause de son aptitude à réussir dans les terrains élevés et de mauvaise qua- lité. Av. HATIVE DE Dyok ET HATIVE d’Angüs. Malgré leur nom, ces deux variétés se sont montrées tardives; jleur paille est peu élevée ; leur grain blanc pâle s’est 260 REVUE HORTICOLE. trouvé médiocre. D’après M . Lawson elles sont pro^ d actives, mais un peu sujettes à s'égrener. ( Ces trois dernières variétés pourraient former un groupe distinct. Variétés se rapportant à l’avoine de Géorgie. Nous avons déjàT signalé , l’an passé, le rapport très- grand qui existe entre V Av, hâtive de Sibérie et celle de Géorgie, Une variété qui nous est venue sous le nom de Lancashire whitchers, nous a paru identi- que à la première. — Celle dite Hâtive du Cumber- land, s’en rapproche aussi beaucoup; mais elle est un peu moins forte. Elle est Irés-hâtive, de même que les précédentes. La Barley oat ou Bcrlies oat se rapporterait à cet- te série par son grain gros, court, à écorce épaisse; mais elle est tardive. , Les deux noms Diin winter oat et Black Tartarian oat désignent, le premier, notre avoine d'hiver, et le | second, V avoine noire de Hongrie, Plantes d! ornement très-nouvelles. ' ( Briigniansia floribiinda , Hort. de rAmérique du ( Sud. Petit arbrisseau toujours vert, de 1 à 2 pieds, c jetant ses rameaux comme ses congénères et portant une profusion de longues fleurs de couleur orangée, t Terre de bruyère, serre chaude, multiplicat. par bon- tares. u Nemathantas Guilleminii, Brongniart, de Bio-Ja- li neiro. Tige grimpante; feuilles elliptiques, fleurs so- d litaires, pendantes; introduite au Jardin des Plantes par MM. Guillemin et IJoulet. Serre chaude. ci Ceslruni roseum. Feuillage persistant; en février, ^ fleurs roses. Serre tempérée. Tussilago Japonica,¥ emWes rondes, épaisses, gras- ses, d’un beau vert, d’une dimension extraordinaire qui le rend très-pittoresque. pr le REVUE HORTICOLE. 261 Brunsfebia mutahilis , Franciscea, Feuillage persis- tant; fleurs abondantes, violettes, passant au bleu, de manière qu’on a à la fois sur le même pied des fleurs blanches et des fleur violettes. Serre chaude. Ipomea carnea. Serre chaude. Abutilon Bedfordianum, Feuillage de grande dimen- sion ; fleurs jaune pâle fortement striées et le double plus grandes que celles du striata. Serre tempérée. Toutes ces plantes, hormis le Nemathantus , sont nouvellement introduites d’Angleterre, n’ont pas en- core fleuri en France et sont en multiplication chez M. Alex. Chanviére , rue de la Roquette, 104. Daubentonia Tripetiana. Cette précieuse nouveauté que M. Tripet-Leblanc , horticulteur à Paris , a su faire apprécier par toute l’Europe, et pour laquelle il a obtenu deux médailles, existe en pleine terre, à Toulon , dans le jardin de M. Duplessis-Ollivault où elle a supporté, en janvier 184*2, cinq degrés et demi de froid. Cet arbre ravissant qui, depuis le mois de mai jusqu’à la fin d^octobre , ne cesse -de se couvrir de grappes éclatantes dTin rouge cocciné, mêlées au feuillage le plus élégant, produit dans un jardin un effet admirable. A tous ces avantages il réunit l’inappréciable quali- té de n’exiger que la culture la plus simple, dans tou- te espèce de terre et à toute exposition. Néanmoins un terrain frais et léger, assez ombragé, est celui qui lui convient le mieux. Il fleurit dès la seconde année de semis. On sait que la maison Tripet, boulevart des Capu- cines, qui l’a introduite, l’a multipliée la première et en a toujours des exemplaires à la disposition des amateurs. M. Rantonnet, d’Hyères , près Toulon, en a aussi pratiqué la multiplication dont il offre les produits aux horticulteurs du midi. 262 REVUE HORTICOLE. Sur la culture des Gladiolus à Vair libre, '(Floricultural magazine ). Le Gladiolus, ainsi que plusieurs plantes bulbeuses du Cap, trop peu cultivées dans les jardins, est pour- tant d’un bel effet, et sa culture n’est pas entourée de difficultés telles, qu’elles ne puissent être facilement surmontées. Comme bien d’autres plantes destinées à l’ornement des jardins, les Gladiolus se cultivent de diverses manières: mis en pots durant février et mars, on les laisse en orangerie jusqu’à ce que la végétation ait pris son cours; si alors on les place sous châssis tem- péré jusqu’aux premiers jours de mai, ils donneront des fleurs de bonne heure en été; les genres les plus dé- licats, tels que le G, caràinalis et ses Hybrides, peuvent être traités ainsi pour les avancer assez pour les faire fleurir; on traitera aussi de même lesespèces plus robus- tes pour les forcer plus tôt à la fleur; si ces derniers sont plantés en pleine terre, vers le milieu d’avril, dans un sol préparé exprès, ils produiront de belles et nombreuses fleurs de juillet à septembre. La préparation du sol est importante; cette opéra-^ tion devra être faite dans les'premiers mois d’hiver, afin que la terre puisse recevoir le bienfait du froid. Si le sol est trop léger, on y mêlera une portion de terre forte ; si, au contraire il est compacte et d’une nature froide, on en ôtera une partie pour la rem- placer par un mélange de sable ordinaire et de terre de bruyère bien confondu avec le sol naturel. Dans Tun et l’autre cas, le sol sera défoncé à 50 centimè- tres de profondeur. Sur un lit préparé à dessein et bien nivelé, on tra- cera à 30 centimètres de distance Tim de l’autre des sillons profonds d’environ 12 centimètres, au fond desquels on répandra un peu de sable fin; on y pla- ( era ensuite les bulbes à 30 centimètres l’une de l’au- tre, et on les entourera de sable. Détruire les mauvai- ses herbes est ensuite la seule précaution à prendre, REYUE HORTICOLE. 26^ surtout jusqu’à ce que les tiges des fleurs aient atteint une certaine hauteur. Lorsque la fleur comiTience à se montrer et si le temps devient secj on les arrosera un peu le soir. L’eau séjournant dans les aisselles des feuilles pouvant leur être nuisible, il faut prendre soin de n’arroser que la terre. Quand les feuilles sont entièrement desséchées et conséquemment la végétation arretée, les bulbes se- ront déterrées, nettoyées et séchées au soleil, puis transportées à une température sèclie et à Tabri du froid, jusqu’à la saison nouvelle. Les bulbes seront divisées et plantées séparément. On met les espèces délicates en pot au commence- ment de mars et on les conserve en serre tempérée jusqu’au moment de les exposer à l’air libre. Lorsqu’on veut les élever de graines, on sèmera en • mars en pots dans un mélange de terre de bruyère, de terreau végétal et de terre sableuse forte; on les couvrira de terre d’environ 12 à 15 millimètres.—^ Ces semis demandent peu d’eau, il faut seulement prendre soin d’éloigner les limaces. Au moment de les transplanter, on choisira une exposition tant soit peu fraîche et sèche. Effets de la courbure forcée des branches de certai- nes plantes, ( Article extrait de /’Horticulteur Universel.) Dans une séance de la Société botanique d’Edim- bourg, M. James M’Nab a donné lecture d’une note sur les résultats obtenus par lui en courbant vers le sol les branches de certaines plantes de serre chaude et de serre tempérée. — M. J. M’JNab rappelle d’abord la pratique usitée dans la culture du poirier et de quelques autres arbres à fruit ; pratique consistant à maintenir les branches de ces arbres dans une situa- tion pendante, afin d’obtenir les fruits à une période moins avancée de leur développement. La première REVUE HORTICOLE. 1>64 expérience de ce genre , appliquée à la production des fleurs sur les végétaux exotiques, a eu pour ob- jet une classe de plantes qui produisent beaucoup de rameaux et comparativement peu de fleurs. Le Di~ placus puni c eus , Nutt. , Scropluilariée suffrutiqueuse de l’Amérique septentrionale, qui a été choisi dans ce but, tend naturellement à produire un grand nombre de jeunes pousses latérales sur les principaux ra- meaux; mais ces pousses font peu ou point de pro- grès, tandis que les branches mères se développent sans paraître en souffrir. Si Fon pince ces dernières, un petit nombre seulement des pousses latérales les plus vigoureuses font quelques progrès. Cette mé- thode si simple produit des plantes bien préférables à celles qu’on laisse dans leur état naturel. La plante dont il s’agit eût toutes ses maîtresses branches ainsi défléchies au moyen de fils attachés à des petits cro- chets de bois plantés dans le pot, en février 1840. Peu après, l’extrémité des branches mères se redressa et elles continuèrent à se développer comme aupara- vant; toutes les ramifications latérales qui garnis- saient les branches courbées prirent aussitôt une di- rection verticale et commencèrent à fleurir avant d’avoir atteint cinq pouces de hauteur. Par ce traite- mentla plante avait, dès le mois de mai, l’aspect le plus brillant, et elle continua à fleurir abondamment jus- qu’à la fin de juillet. Pendant cet te période, les extrémi- tés des branches qui avaient été courbées en premier lieu s’étaient redressées jusqu’à un pied en saillie du ballon que formait la plante ; elles furent alors recour- bées et attachées une seconde fois, et on laissa leurs jeunes ramifications s’élever et fleurir à leur tour. Par ce traitement la plante fut maintenue abondamment en fleurs depuis le commencement de mai jusqu’à la fin de novembre, et elle ne dépassa pas deux pieds et demie de hauteur au lieu de cinq ou six qu’elle at- teint ordinairement. La circonférence était de 4 pieds. KEVUE HOUTICOLE. 265 Importance de V échenillage * Pour apprécier l’importance extrême de Péchenil- lage, et juger combien il est nécessaire que cettte opération soit pratiquée en temps opportun et d’une manière intelligente, il est bon de citer les travaux auxquels se livre dans le département de la Charente- inférieure M. Chasseriau, lieutenant de vaisseau en retraite. M. Chasseriau a fait pratiquer l’échenillage vers le 25 septembre sur les palisses, buissons et haies. Il a recueilli les nids apparents de la chenille , provenant du bombyx papillon, la chrisorée dite commune. En trois semaines à peu près , il a ramassé de la sorte de (jiioi remplir seize grands sacs contenant chacun 1,500 poches de chenilles. M. Chasseriau a eu la patience de dépecer ces nids où le papillon femelle dépose ses œufs, et voici le résultat auquel il est arrivé : 1® Une poche prise sur le chêne , dépouillée avec précaution, a donné 490 chenilles. 2® Une id., prise sur l’orme, a donné 310 3® Une id., prise sur l’aubépine, a donné 295 4®Uneid.,prisesur la ronce, a donné 100 Soit, terme moyen, 300 œufs par poche. En mul- tipliant les 1,500 poches de chaque sac par 300, on a 450,000 œufs; or, il y avait seize sacs, ce qui produit un total de 7,200,000 œufs de chenille détruits en trois semaines, M. Chasseriau estime qu’il vaut mieux pratiquer l’échenillage aussitôt après la chute des feuilles que de renvoyer cette opération au mois de février, ainsi que le prescrit la loi. Il* SEEIE. 1. 18 266 REVUE HORTICOLE. Étiquette suspendue* Étiquette en plomb mince et de grandeur naturelle, on frappe dessous un n®. Elle s’attache aux arbrisseaux avec un fil de plomb. Ces étiquettes sont fabriquées au prix de 2 fr. le cent par M. Poulet, fournisseur des jardins royaux, rue Fontaine-au-Roi , 16,, et fa- bricant des fils de plomb qui ont été adoptés par beaucoup d’amateurs , pour attacher les arbustes et les plantes, les œillets, etc. Il rempla- ce l’osier, est plus agréable à voir et peut servir plu- sieurs fois. On s’en trouve très-bien pour attacher les étiquettes des dahlias quand on les met l’hiver en réserve ou dans la terre. Le prix est de 75 cent, le demi-kil. du plus gros , bon pour les dahlias, et de 3 fr. le plus fin pour les plantes à tiges fines, grimpan- tes, etc. Celui de 2 fr. contient 170 mètres et peut former 8,000 liens. FéTrier 1843« Plantes nomelles* Capucines a fleurs bleues. Ttopœolum azureum. Cette variété a beaucoup de rapports avec la capucine tubéreuse, et sa culture est la même. Elle vient de Valparaiso, d’où elle est arrivée en Angleterre en fé- vrier 1842. Ses fleurs sont d’un bleu un peu violacé, si nous nous en rapportons à la gravure anglaise que nous avons sous les yeux. Nous ne la connaissons en- core en multiplication que chez M. Salter. Lonicera Ledebourii D, S. — Originaire de la Ca- lifornie, cet arbrisseau, rameux dès sa base, s’élève à peu près à 1 mètre 50 cent. Ses rameaux cylindri- 1\EVT3E HOETiCCLE, 267 ques sont di'essés, d’nn vert pale ou lavés de brun, feuillés dés leur origine. L’ensemble de ce bel arbuste rappelle celui du Lonicera cœrulea. Les feuilles sont opposées, courtemenl pétiolées, lancéolées, très-entières. Les fleurs sont géminées, portées sur un pédoncule axillaire, avec deux paires de bractées cordiformes , d’un beau rouge de laque. Les fleurs, d’une belle couleur orangée, sont pubescentes, inodores, longues de 1 à 2 cent. L’o- vaire, divisé intérieurement en quatre loges disper- mes, acquiert à la maturité la grosseur et la couleur d’une merise. Cet arbrisseau a été envoyé du jardin impérial de St-Pétersbourg au Muséum, par M. Fis- cher. Cultivé en plein air, dans la terre ordinaire, il résiste parflnteinent au climat de Paris sans aucun abri, et se multiplie parfaitement de marcottes, de boutures en herbe et de graines , qu’il ne donne pas encore abondamment. C’est une jolie acquisition pour l’ornement de nos jardins, et qui ne manquera pas d’être recherchée par les amateurs. Neumann. Cereus Hansii, Ce cierge est une production hy- bride due à une fécondation artificielle du Cereus spe- ciosissimus par le C, Ackermani. C’est une magnifique variété obtenue par MM. Baumann, horticulteurs à Mulhouse et à Bolviller ( Haut-Rhin ) , et qui l’em- porte par la grandeur et l’éclat du coloris de ses fleurs sur toutes les variétés obtenues jusqu’à ce jour. Ce beau Cereus a été dédié par ces Messieurs à M. Hans , jeune horticulteur employé dans leur établis- sement. Il est mis en souscription au prix de 20 fr. l’exemplaire; les pesonnes qui en prendraient quatre en obtiendraient un cinquième gratis. Quelques obsermtions sur la taille du pécher sous la forme carrée^ En étudiant les deux Traités sur la taille du pécher 268 REYÜE HORTICOLE, publiés depuis [)> u par deux célèbres cultivateurs de .. Montreuil , MM. Malot et Lepère, et surtout en visi- tant, à Montreuil même, les magnifiques pêchers for- més par ces Messieurs, on hésite à faire une observa- tion, à donner un conseil à des praticiens aussi éclairés. Il y a cependant dans la fornle carrée de leurs arbres un point important qui nous paraît digne de fixer leur attention et celle des personnes qui adopteront leur méthode. Les lecteurs de cette Revue connaissent la disposition des branches d^un pêcher sous forme car- rée; ils savent comment on les obtient et comment on les dirige, puisque cette taille a été Tobjet d’un sé- rieux examen dans le n® de février 1842. Nous passe- rons donc ces détails sous silence pour nous renfermer exclusivement dans les observations que nous nous sommes proposé de consigner ici, et que voici : MM. Malot et Lepère font naître leurs premières branches supérieures au-dessous des premières infé- rieures, de manière que la deuxième branche supé- rieure se trouve placée sur la mère entre les deux inférieures. Il peut, et il doit résulter de cette disposi- tion un inconvénient très-grave, consistant dans la tendance qu’a la sève à se porter de préférence dans les voies qui lui sont ouvertes verticalement. Or, les branches mères de Tarbre de MM. Malot et Lepère, affectant la forme d’un V , il en résulte que les bran- ches secondaires inférieures sont horizontales et les supérieures verticales ; ne doit-on pas craindre que ces dernières, qui se trouvent insérées alternative- ment en avant des branches inférieures qui leur cor- respondent, n’absorbent, aux dépens de celles-ci, une sève qui ne manquera pas d’affaiblir les unes, pour f aire des autres des gourmands; que l’emploi raisonné de l’ébourgeonnage, du pincement et du palissage ne suffira plus pour rétablir l’équilibre? Nous livrons ces réflexions au jugement des hommes qui ont étudié les lois de la physiologie végétale, en les priant de comparer la disposition des branches dans les arbres REVUE HORTICOLE. 269 figurés par MM. Malot et Lepère, et sur le modèle que nous joignons à cet article. En proposant d’adopter les modifications de cette figure , nous ne le faisons pas pour le plaisir d’être en opposition, ou de critiquer l’œuvre de deux esti- mables praticiens devant le talent desquels nous nous inclinons ; mais déjà nous savons que la mise en ap- plication de leur système de taille dans des terres plus substantielles que celles de Montreuil , dans la Nor- mandie par exemple , où les arbres poussent avec une vigueur étonnante, leur système, disons-nous, a mérité le reproche que nous lui adressons aujour- d’hui. En engageant les jardiniers à le modifier, c’est assez dire que la méthode de MM. Malot et Lepère est la seule que nous considérions comme digne d’une attention sérieuse, ainsi que le Bon Jardinier de 1843 vient de le proclamer, en l’adoptant et en donnant une magnifique figure qui contribuera beaucoup, nous n’en doutons pas, à vulgariser cette ingénieuse disposition des branches d’un arbre en espalier.  la simple inspection de ce croquis que nous don- nons comme étant le plus en rapport avec ce que nous connaissons sur la circulation de la sève dans les plantes, on verra que les deux premières branches inférieures AA sont insérées avant les supérieures BB , 270 REVUE HORTICOLE. et qu’elles auront nécessairement sur celles-ci un avantage qui compensera celui de la direction verti- cale, qu’il n’est pas plus possible de leur donner que de la supprimer aux autres. Vicr. Pacqüet. Procédé pour rétablir les vieux Camellia, Dans une visite aux serres de M. Bunney , pépinié- riste à King’s land, près Londres, on a réservé de vieux individus déformés de Camellia, portant des pa- quets de mousse humide sur différents points de leur tige. Cette pratique a pour but de faire développer des bourgeons aux endroits occupés par la mousse; après quoi Ton coupe les branches supérieur,es, et une nou- velle tète se trouve ainsi formée. On place la mousse en automne et on la laisse jusqu’au printemps. Culture du Paulownia imperiulisy par M, Neumann. Le Paulownia impertalis ^ dont il a été question déjà plusieurs fois dans la Revue horticole , n’est pas resté improductif entre les mains des culîvateurs à qui j’en ai donné des racines. Aujourd’hui il se trou- ve par centaines dans plusieurs établissements. L’époque de bouturer les racines du Paulownia est vers la fin de mars. On prend ces racines depuis la grosseur d’une plume ordinaire jusqu’à celle du dia- mètre d’une pièce de 5 centimes ; toutes reprennent avec autant de facilité les unes que les autres. On peut en mettre beaucoup dans un pot dit à amarante. Lorsque les bourgeons qui sortent de ces racines ont atteint trois centimètres, on les coupe et l’on en fait des boutures qui prennent avec une facilité étonnante. Ces mêmes boutures, lorsqu’elles sont reprises et se sont un peu allongées, peuvent être elles-mêmes cou- pées pour refaire d’autres boutures. Il arrive quelque- fois que les grosses racines se détruisent \ mais cela est assez rare dans cette saison. Je n’ai jamais pu réussir à faire reprendre des bou- tures levées sur les pieds qui sont en plein air. Avec REVUE HORTICOLE. 271 «ne racine longue d'environ 10 cent., on peut faire dans une serre chaude à multiplication 50 pieds de Paulownia, sans se gêner, dans le courant de l’été. Le bout de la partie qui doit rester à l’air doit être à 4 millimètres au plus au-dessus de la terre du pot dans lequel les boutures sont plantées; on les enfonce perpendiculairement. Espérons que les graines que produira désormais ce bel arbre nous dispenseront, pour le multiplier, d’avoir recours à la bouture. Celui du jardin du Mu- séum a déjà donné plusieurs fruits gros comme des œufs de pigeon ; il est probable que dans le midi de la France il donnera bientôt des fruits en abondance. Une terre profonde et légère paraît lui convenir. On fera bien de le faire monter sur une tige avant de le laisser brancher ; car, s’il se ramifiait trop bas, les^ branches, par leur propre poids, iraient bientôt tou- cher la terre, ce qui cependamt, sur une pelouse de gazon , n’est pas sans agrément. Je donne le conseil contraire aux personnes qui voudraient le dresser pour pouvoir se mettre à l’ombre dessous, ce qu’elles peuvent faire en toute sûreté, parce que son feuillage est très-propre et a été jusqu’ici respecté par les in- sectes. Je pense qu’il sera fort recherché pour cet usa- ge, tant en raison de l’ampleur considérable de ses feuilles et du bel et frais ombrage qu’elles doivent nécessairement produire , que pour la beauté et l’o- deur de ses fleurs. La graine qui a produit ce bel arbre au Jardin des Plantes, la seule qui ait levé sur deux que j’ai reçues, faisait partie d’un présent offert au jardin par M. le vicomte de Cussy , ancien officier supérieur. D’autres graines y étaient jointes , et chaque sorte était ren- fermée dans un petit pot de porcelaine portant une inscription en japonais. J’ai encore les pots et les inscriptions, mais le seul Paulownia a levé. 272 REVUE HORTICOLE, Note sur la taille en quenouille pratiquée sur des orangers y par M. Pépin. L^oranger est un des arbres qui , sans subir trop d’altération, supportent le mieux la taille. Il n’est pas sans exemple, dans les grands jardins, de le tailler et de le pincer une ou deux fois par an, afin de main- tenir sa tête dans la forme sphérique qu’on lui donne ordinairement. Il souffre aussi très-bien le rappro- chement , opération qui consiste à le tailler sur les grosses branches à peu de distance du tronc, pour en faire sortir avec plus de vigueur de jeunes rameaux, quand le besoin l’exige. Dans plusieurs jardins , on les dispose quelquefois en espaliers sur les murs du fond des serres, ou bien l’on en fait une culture spéciale le long d’un mur en le couvrant, pendant l’hiver, de panneaux mobiles vitrés, que l’on retire au mois de mai. — Je citerai pour exemple le joli espalier que M. Fion a lui-même établi dans une de ses serres tempérées. Tous les ama- teurs d’horticulture connaissent le goût et le dévoue- ment de ce jardinier distingué, et l’on reste en admi- ration en voyant dans sa serre une semblable tapisserie de verdure, relevée de fruits verts et jaunes plus ou moins avancés. M. Uiinet, ancien jardinier chez un propriétaire aux Prés-Sainl-Gervais, en cultivait également ainsi , et l’on a remarqué de même ceux que cet horticulteur zélé dirigeait il y a peu d’années dans les serres de M. Foiild, à Rocquencourt, près de Versailles. Cet es- palier se faisait admirer par sa bonne tenue et par la vigueur des arbres, où plusieurs centaines de fruits ressortaient avec avantage sur un large et beau feuil- lage. M. le baron de Mongenêt en cultive aussi dans sa belle propriété de Vandeuil, près de Reims, et les lais- se à l’air pendant l’été. ÎIEVÜE HORTICOLE. 273 Depuis peu de temps M. Huard, jardinier-fleuriste, rue de rOursine, 1 14, à Paris, a imaginé une nou- velle manière de tailler cet arbre intéressant, afin de le disposer en quenouille, comme on le fait pour les arbres fruitiers de nos jardins. On voit avec plaisir dans rétablissement de M. Huard, six orangers en caisse hauts de 1 mètre 50 cent, à 2 mètres; ce sont Bigarades^ Poires du Commandeur yOranger^-myrte^ etc., dont plusieurs sont couverts de fruits mûrs. M. Huard est fils du cultivateur de ce nom qui le premier greffa, il y a environ 70 ans, les orangers par la greffe dite à la Pontoise ou à la Huard. Cette greffe est celle que nos fleuristes pratiquent aujourd’hui sur des sau- vageons de graines semées en janvier, et qui, par ce procédé, produisent des fleurs et des fruits dès le mois de septembre de la même année. Cet horticulteur suivit habilement la méthode de son père dans cette culture spéciale en greffant l’o- ranger pour le commerce, comme on le fait aujour- d’hui dans plusieurs établissements pour le beau gen- re Camellia. Pour activer et avancer de plusieurs années la hauteur des quenouilles , M. Huard greffe dans la longueur et sur les côtés du sujet qui forme la tige principale de petites branches avec feuilles, dont la partie inférieure est amincie d’un côté, et introduite dans une incision faite à l’écorce en forme de T, com- me on le pratique pour un écusson ; ou bien encore par placage, comme on le fait aujourd’hui pour la multiplication des Camell\^ , des Rhododendrum et des Azalea* Ce procédé, qui avance beaucoup le développe- ment et la forme que l’on veut donner à l’arbre, exige que les sujets greffés soient placés pendant quelque temps sous un châssis chaud et privé d’air ; mais , dans d’autres circonstances, on peut employer la gref- fe en écusson ordinaire. Ces moyens ont l’avantage de former plus promptement les arbres , et, de plus , de leur faire donner des branches dans les parties où 18. . REVUE HORTICOLE. 274 les yeux ne se développeraient pas, ou se détruiraient après s’être développés. Cette taille de Toranger en quenouille est nouvelle et peut être employée avantageusement à cause de la direction verticale que l’on donne à l’arbre. Par ce moyen les orangers occupent moins de place pendant l’hiver, la circulation de l’air se fait plus librement dans toutes les parties de l’orangerie, et les vases ou caisses dans lesquels ils sont plantés peuvent se lou- cher dans la serre sans que cela nuise en rien aux autres végétaux. Lettre adressée au Rédacteur de la Revue horticole. Saint-Quentin, le 26 janvier 1843. Votre utile recueil m’a conduit à divers essais dont j’ai à cœur de vous rendre compte : 1® Ze Seigle mnlticaule m’a offert les résultats an- noncés par M. Bossin; je l’ai cultivé sur plusieurs planches , d’une contenance totale d’environ 20 ares, ensemencés à des époques et dans des conditions dif- férentes. Sauf la quantité nécessaire à mes besoin«î, le grain que j’ai obtenu a été partagé entre 12 ou 15 propriétaires de l’arrondissement, lesquels vont con- tinuer les essais. Moi-même, en le faisant pâturer par mes vaches et sans le laisser jamais monter, j’ai l’es- poir de le conserver plusieurs années à l’état de prai- rie, et d’avoir ainsi du fourrage vert pour presque toutes les saisons. 2® Le Madia saliva^ akin produit considérable, m’a paru exiger pour la récolte des soins qui dimi- nuent ses avantages; je vais, cette année, renouveler mes essais sur une plus grande échelle. 3® Le Blé de Marianapoli m’a donné, semé en mars, d’assez faibles résultats. — J’en ai semé au commen- cement d’octobre; jVn sèmerai de nouveau en mars et avril , et la récolte prochaine me fixera. 4® Ü Avoine hétive de Sibérie ne laissorienà désirer REVUE HORTICOLE. 275 sous le double rapport de l’abondance de la paille et du grain. — La paille, quoique grosse, est Irès-goûtée par les vaches. — Le poids du grain est remarquable. 5° L'Orge de Gui malaye sera aussi recherchée que l’avoine de Sibérie; elle présente plus d’avantage par le grain que par la paille, et je ne doute pas que, mal- gré le peu d’abondance de paille, elle ne soit bientôt cultivée en grand pour l’engraissement des bestiaux , à cause de la quantité de farine qu’elle contient. 6® U Ipv aie d* Italie y si diversement jugée, m’a don- né, dans un terrain bas, mais non marécageux, d’abon- dantes coupes lorsque je l’ai semée au printemps; se- mée à l’automne, les résultats ont été bien inférieurs, je dirai presque décourageants; je lui ai reconnu le précieux avantage de détruire les herbes parasites, avantage que je n’ai pas encore vu signalé. — On ne peut espérer de cette culture que les 2 ou 3 coupes du premier été, et on ne doit la considérer que comme plante annuelle. 7® VOgnon de Nocera mérite tous les éloges que lui prodigue la Repue horticole, 8® Le Chou de Poméranie est incontestablement le meilleur de tous les choux; il donne des produits abondants. 9® Le Chou palmier , remarquable par son port majestueux, peut aussi être cultivé avec avantage concurremment avec le chou à vaches ; un semis d’au- tomne vient de me donner plusieurs variétés d’un bel effet; elles seront l’objet de grands soins. 10® Z/2 pomme de terre des Cordillièreswi 2l assez bien réussi cette année; mais je pense qu’elle n’offrira ja- mais beaucoup d’avantages dans le nord de la France. ll®Za Pomme de terre vierge y d’une excellente qualité, donne des produits considérables; elle doit être propagée avec le plus grand empressement. 12® La Tétragone est préférable aux épinards; elle est encore peu cultivée dans le département de l’Ais- ne. REVUE HORTICOLE. 276 13® UOxalis crenata réussit mal quant aux tuber- cules; mais on peut tirer un bon parti des feuilles et des jeunes pousses, qui ont toute l’acidité de l’oseille sans arrêté. 14® Le ChervîSy presque inconnu ici, peut rempla- cer le salsifis et la scorsonère ; sa saveur légèrement sucrée doit lui faire obtenir la préférence pour les fritures d’entremets. 15® Le Haricot d* Alger m’a paru de tout point semblable à celui que tout le monde cultive dans les environs de Mirecourt (Vosges) ; il n’en est pas moins digne de soins comme haricot mange-tout. 16® Chicorée panachécy que je dois à votre bon- té, me fournit depuis le commencement de l’hiver de charmantes salades; des semis considérables me don- neront, j’espère, de nombreuses variétés qui seront recueillies avec un grand soin. \1° Le Fenouil douce y que je tiens également de vous, ne m’a donné que quelques pieds destinés à de- venir porte-graines; abrité pendant l’hiver, il me pa- raît susceptible de bien réussir dans notre arrondis- sement. 18® Le Crambéoxx Chou marin n’est encore cultivé que par un fort petit nombre d’amateurs; je vais tâ- cher de le propager en l’offrant, comme tout ce que j’ai, à mes amis. 19® Valériane d* Alger vaut infiniment mieux que sa cousine la mâche doucette; elle est moins dure et d’une saveur moins prononcée. Le terrain sur lequel je me livre à des essais con- sciencieux et désintéressés, contient environ dix hec- tares différents en sol et en sous-sol. Je puis y cultiver toutes les plantes susceptibles de réussite dans le nord de la France. Par une lettre écrite il y a plusieurs mois à M. de M., j’ai mis et mon terrain et mes soins personnels à sa disposition, pour les essais qu’il jugerait utiles à la science; je n’ai pas été assez heureux pour obtenir REVUE HORTICOLE. 277 Une réponse; mais je me plais à croire que ma lettre, quoique affranchie, ne lui est point parvenue, car je me recommandais de personnes haut placées dans le monde parisien. L’offre que j’ai faite à M. de M., je vous la fais aussi, Monsieur, et je serai heureux toutes les fois que vous voudrez bien me confier une expérience dont je vous rendrai exactement compte. Veuillez agréer, Monsieur, mes civilités empressées. Salmon fils ainé. Sur le Daubentonia Tripetii, Il résulte d’une note lue à la Société d’horticulture, que le Daubentonia y annoncé dans notre précédent numéro comme étant en culture à Toulon et à Hyères, ne serait pas le même arbrisseau que celui qui a été introduit par M. Tripet. Celui-ci était en pleine vé- gétation à Paris en 1840, puisque un rapport a été fait à son sujet à la Société d’horticulture au mois d’août, tandis que celui de Toulon n’a pu y arriver que dans l’été de 1841 et seulement la graine. — Celui d’Hyères est annoncé comme un arbre, et celui-ci est un arbrisseau. — ^11 supporte 5 degrés 1/2 R., tandis que celui de Paris a péri à 3 degrés R. — Enfin, le D. Tripetii OiewTii l’année du semis, tandis que l’autre ne fleurit que la deuxième année. Une abondante récolte de graine, faite cette année, permet à la maison Tripet de baisser beaucoup le prix du Daubentonia. Mars 1843. Le Paulownia n'est pas nouveau h Paris, Tandis que M. de Cussy donnait à M. Neumann la graine de cet arbre magnifique; tandis que M. Neu- mann le cultivait avec le plus grand soin et qu’il était, REVUE HORTICOLE. 278 lui et tous les botanistes et les amateurs, émerveillé de sa beauté, une cour d’une des maisons du centre de Paris en renfermait deux que personne n’avait remarqués, pas meme leur propriétaire. Comment étaient-ils venus là ? on ne le sait pas encore. — Mais ce qu’une personne digne de foi nous a assuré, parce qu'elle les a vus, c’est que M. Noisette, qui les a dé- couverts, a acheté le plus jeune. — Ils ont au moins 15 ans. Observations sur le Paulownia impérial is, par M. Ou^ clin aîné y pépiniériste à Lisieux (Calvados). Le dernier numéro de la Revue Horticole contient un article sur la culture et la multiplication du Pau- Jownia imperialis ; je suis heureux de pouvoir ajou- ter aux observations de mon honorable collègue , celles que j’ai faites moi- même sur le bel arbre japo- nais. Tout le monde horticulteur sait maintenant que les tiges du Paulownia croissent avec la même vigueur que celles du dahlia; que cet arbre ne craint point le froid ; que ses feuilles sont d’une grandeur considéra- ble et unique, et enfin, que ses belles fleurs bleues, qui se montrent au printemps, exhalent une odeur très-suave. Mais chacun ne sait point encore qu’il joint à ces avantages, celui non moins précieux de s’accommoder des plus mauvais terrains. L’année dernière, vers la fin de jliin, je plantai des boutures de Paulownia^ dans un terrain bien pré- paré. Pendant un mois , je ne pus apercevoir le moindre changement dans la végétation de mes jeu- nes plantes ; mais enfin, j’eus le plaisir de les voir pousser. Je les visitais chaque jour, et je remarquai bientôt les progrès vraiment étonnants de leur végé- tation. Dans le court espace de 70 jours, les tiges de quelques-unes avaient dépassé la hauteur de deux mètres, mais malheureusement les gelées du com- REVUE HORTICOLE. 279 mencement d*octobre vinrent mettre un terme (pro- visoire) aux espérances que j’avais formées. Quelques semaines plus tard, je remarquai, en les arrachant, que les fortes racines (quelques-unes dé- passaient la longueur des tiges) s’étaient enfoncées dans la couche d’argile pierreuse qui formait le sous- sol du terrain où elles étaient plantées. Alors je for- mai le projet de les placer à l’avenir dans la même terre que les arhres forestiers, et j’ai tout lieu de croire que cette année-ci prouvera la justesse des re- marques que j’ai faites. Les soins que j’ai donnés à ce hel arhre ne sont point restés infructueux; j’en possède environ douze cents pieds, et j’espère encore en augmenter le nom- bre. Celte multiplication me permet de l’offrir au commerce à des prix modérés, à la portée de toutes les bourses ; chaque propriétaire pourra le faire al- terner en nombre, parmi ses plantations , et l’amant de Flore qui n’est point favorisé de la fortune, pourra désormais se procurer, sans faire de grands sacrifices, le végétal qui servit d’emblème au héros Taïkasama, et auquel on a donné le nom d’une princesse qui ho- nore l’horticulture. Les boutures que je livrerai au commerce jusqu’au mois de mai, pourront atteindre la hauteur de deux à quatre mètres, dans le courant de la belle saison ; enfin, je suis satisfait de pouvoir répéter, que la grande quantité que je possède de ces beaiix arbres, me permet de les offrir au prix extrêmement modéré de 3 fr. chacun, ou 200 fr. les cent pieds. PauloiK^nia imperialis : rectification* En faisant un extrait d’une lettre de M. Neumann, pour ajouter à l’article inséré dans notre numéro de février dernier, et qui concerne le Paulownia impe* rialis, nous avons fait une erreur et lé dernier para-»- graphe doit être rectifié ainsi qu’il suit : 280 REVUE HORTICOLE. t La graine qui a produit ce bel arbre au Jardin des Plantes, la seule qui ait levé sur celles de son genre, faisait partie d’un présent offert au jardin, par M. le vicomte de Cussy, ancien officier supérieur. Des grai- nes d’autres genres y étaient jointes, et chacune était renfermée dans un petit pot de porcelaine portant une inscription en japonais. J’ai rendu à M. de Cussy les pots et les inscriptions dont j’ai gardé copie. Des six sortes de graines le seul Paulownia a levé. » Sur la fécondation des plantes avec du pollen envoyé par la poste. Sur le remplacement de la terre de bruyère par la tourbe. Sur un envoi de plantes emballées dans un panier et arrivées en bon état du Mexique à Paris. Dans un ouvrage toujours intéressant et bien di- rigé, le Journal d agriculture pratique^ publié par M. Bixio, nous lisons sous le titre : Chronique horti- colcy des faits et des réflexions que leur auteur, non moins recommandable comme savant agronome que comme horticulteur, voudra bien nous excuser de lui emprunter dans l’intérêt de Thorticulture. Fécondation. •Un fait, d’une portée incalculable, a été récemment constaté en Angleterre : le pollen d’un cactus a été employé à la fécondation d’une fleur d’épiphyle, plus de 15 jours après avoir été re- cueilli sur les étamines du cactus. Le pollen d’un rhododendron arboreum, envoyé à une grande dis- tance, enveloppé tout simplement dans du papier, sans autre précaution, a été employé à féconder des espèces différentes du meme genre. Dans Tun et l’au- tre cas, la fécondation a réussi ; des hybrides ont été créés. » Tourbe. « Dans une séance de la Société royale d’horticulture, M. Prost a présenté un rhododen- dron et un camellia végétant bien, depuis 2 ans, dans de la tourbe concassée, prise dans la provision des- REVUE HORTICOLE. 281 tinée au chauffage de ses serres. Cette application de la tourbe a inspiré à M. Abeauzy (pseudonyme de l’auteur que nous venons de citer) les réflexions sui- vantes : Ce serait là, dit M. Abeauzy, une découverte qui ferait palpiter d’aise bien des amateurs placés hors de la portée de la terre de bruyère dans des pays oii la tourbe est abondante. Toutefois, hâtons-nous de le reconnaître, ce n’est encore qu’une simple espérance : un rhododendron et un camellia ont végété dans des fragments de tourbe ; mais il y a des tourbes de bien des natures différentes; on ne connaît pas encore le caractère de celle que M. Prost a trouvée sous sa main, — Nous engageons les amateurs placés dans le voisinage d’une tourbière à répéter celte expérience. » La tourbe et la terre de bruyère n’ont de carac- tère commun que leur acidité et l’insolubilité des principes^ élémentaires qu’elles contiennent. La terre de bruyère est pour les plantes délicates une nourri- ture légère qui ne cède que peu à peu ses principes nutritifs, à mesure que l’action réunie de l’eau , de l’air et de la chaleur, les fait passer de l’état acide in- soluble à l’état alcalin soluble; dans un milieu plus substantiel, la plupart des plantes qui veulent la terre de bruyère mourraient d’indigestioii. Les éléments nutritifs contenus dans la tourbe, du moins dans la plupart des qualités de tourbe employées comme combustible, sont, à volume égal, 10, 15 et souvent 30 fois plus abondants que dans la terre de bruyère ; seulement ils y sont dans un état d’acidité (et par con- séquent d’insolubilité) tel que la tourbe pure est d’une stérilité absolue. Les céréales, semées dans la tourbe pure légèrement humide, germent et lèvent; leur végétation ne va pas au delà. Mais, que par un mélange avec des substances alcalines (chaux, soude, potasse, ammoniaque), on parvienne à faire passer à l’état soluble les parties nutritives de la tourbe, elle devient alors le plus puissant des engrais. Ces faits ne 282 REVUE HORTICOLE. sont pas de simples inductions de la science, ce sont les résultats d’expériences faites en grand, à Alençon, par M. le supérieur des trappistes. M. le comte L. de Villeneuve a vérifié les mêmes faits pour les tourbes et les lignites du midi de la France. Nous reviendrons sur ce sujet important. » Foyage de plantes, « M. C. Beauvais, à qui rien de ce qui touche aux progrès de l’agriculture et de l’hor- ticulture n’est indifférent, ayant de fréquentes rela- tions avec la partie la moins connue de l’intérieur du Mexique, pria un de ses correspondants de lui en* voyer une ample collection de plantes du pays. Le départ du navire qui devait emporter ces richesses horticoles fut inopinément hâté ; le correspondant de M. C. Beauvais, pris à l’improviste , n’avait devant lui que quelques heures pour préparer son envoi; il dépêche en toute hâte, dans la forêt voisine de son habitation, un naturel du pays, brave Atzèque, le moins naturaliste possible; celui-ci ramasse au ha- sard les plantes qu’il croit se rappeler comme remar- quables par leur floraison; l’on emplit du tout, sans choix ni indications aucunes, un simple panier à claire voie à demi bourré de grosse mousse, et bon voyage. Le voyage fut parfait. Nous avons déballé, nous-même, des rhizomes en parfait état de conser- vation; plusieurs plantes nous ont paru entièrement nouvelles. MM. Neumann et Lhomme, tous deux juges compétents en cette matière, sont du même avis. Ces plantes, contre l’usage ordinaire, ont eu de Vair pendant la traversée; elles n’étaient ni en boutons, ni même dans un état avancé de végétation au mo- ment du départ ; les circonstances étaient les plus fa- vorables possible; elles expliquent la bonne conser- vation des orchidées que l’horticulture devra à M. Camille Beauvais. D’autres envois sont attendus. » Abeauzy« REVUE HORTICOLE. £83 Des plaies des arbres et des engluements ou onguents propres a accélérer leur guérison* (Article extrait des Annales forestières^ décembre 1842.) Les plaies des arbres sont des lésions désorganisa- trices, suites de blessures plus ou moins profondes, causées par des accidents de toute espèce et dont les plus graves proviennent de la foudre, de violents coups de soleil, des ouragans, en lin des grandes ge- lées qui surviennent subitement après des temps chauds et humides. Après ces causes premières ou principales que nous ne pouvons empêcher ou éviter, puiqu’elles ont leur origine dans la nature elle-même, il en est d’au- tres qui bien souvent ne sont pas moins préjudicia- bles aux arbres, et sur lesquelles les jardiniers , les pépiniéristes et les planteurs ne sauraient trop porter leur attention, à raison de leurs funestes effets; tels sont : 1® les chocs de voiture ; 2° les atteintes des ani- maux; la chute des arbres; 4® les meurtrissures; 5® l’écorçage; 6® le martelage trop profond; 7® l’éla- gage mal fait ou en temps inopportun ; 8® enfin, l’ap- proche de l’homme qui, par sa malveillance, ses ca- prices, sa maladresse, son inexpérience et son insou- ciance, porte souvent à lui seul, aux arbres de nos grandes routes, de nos promenades, de nos jardins, vergers, bois et forêts, plus de dommage et de préju- dice que toutes les autres causes et que tous les acci- dents qu’ils peuvent éprouver. Les plaies des arbres, quelle qu’en soit d’ailleurs la cause, ne sont pas également dangereuses; il faut, à cet égard, bien distinguer celles qui n’attaquent que l’écorce, d’avec celles qui portent sur le bois et qui atteignent plus ou moins profondément le cœur de l'arbre. Les premières, celles qui n’attaquent que l’écorce, se ferment et se guérissent promptement, à moins REVUE HORTICOLE. 284 cependant qu’elles ne proviennent de fortes meur- trissures ou qu’elles n’aient une grande étendue. Mais les secondes, celles qui atteignent le bois au vif et qui pénètrent quelquefois jusqu'au cœur de l’ar- bre, guérissent difficilement. Sans être toujours mor- telles, elles causent souvent des blessures profon- des, et obligent à sacrifier et à abattre des arbres quelquefois précieux. On doit examiner avec attention les meurtrissu- sures, qui permettent rarement, au premier coup d’œil, de juger l’étendue du mal qu'elles ont fait, et qui bien souvent déterminent des plaies dangereuses, le liber, le cambium , l’aubier et même le bois ayant quelquefois été fortement froissés, sans que cepen- dant l’écorce ait été enlevée. Sous ce rapport, l’écor- çage et l'enlèvement de l’écorce sont bien moins dangereux que la meurtrissure, lorsque les couches corticales sont seules entamées. Quant aux blessuVes qui atteignent le bois, elles sont très-difficiles à guérir, le plus souvent même elles sont incurables; et souvent, quoique la plaie se soit entièrement fermée, soit naturellement , soit par suite de pansement, on remarque, lorsqu’on abat un arbre qui a été blessé dans sa jeunesse, qu’il existe intérieurement une séparation ou solution de conti- nuité entre le bois frappé ou atteint lors de la bles- sure, et celui qui s’est depuis formé et a recouvert la plaie. Les conséquences, les suites ordinaires des plaies des arbres sont : 1® l’extravasion de la sève ; 2® le dessèchement trop prompt du bois; 3° l’inlroduction des eaux pluviales dans le corps de l’arbre, causes ordinaires et trop communes des maladies, du dépé- rissement et souvent de la mort. En effet, un arbre dont les vaisseaux sont meur- tris, déchirés ou coupés, dont la sève, arrêtée dans sa marche, s’épanche dans une plaie ouverte au grand soleil, dont le liber et le cambium écrasés et en fer- REVUE HORTICOLE. 285 menlation exhalent une odeur sirupeuse qui attire de nombreuses phalanges de mouches et d’insectes de toute espèce (car il est à remarquer que jamais aucun arbre sain , vigoureux et bien portant, n’est intérieurement attaqué par les insectes, et qu’il n’y a que les arbres blessés, souffrants et languissants qui le soient), un tel arbre est dangereusement malade et bientôt mortellement frappé, si on ne se hâte d’arrê- ter les progrès du mal désorganisateur. D’après ce que nous venons de dire des effets des plaies des arbres, on voit que la première de toutes les conditions pour favoriser leur guérison, est de priver la plaie du contact de l’air et de l’action du soleil, afin d’empêcher l’extravasion et l’évaporation de la sève. Le meilleur de tous les moyens pour arri- ver à ce but est, aussitôt qu’une plaie est faite à un arbre, de la couvrir d’un engluement qui en empêche le dessèchement. En langage de jardinier, de pépiniériste et de fo- restier, on appelle engluement les onguents ou em- plâtres dont on couvre les plaies des arbres. On dis- tingue deux sortes dVngluements, savoir : 1® Les en- gluements huileux dans la composition desquels il entre de l’huile, de la térébenthine, de la résine, de la poix, de la cire, de la graisse, etc., etc.; et 2° les engluements terreux essentiellement composés de terre glaise ou argile et de bouse de vache, mais dans lesquels on fait quelquefois entrer des cendres ou charrées, du plâtre, etc. En général, tout engluement doit être simple, très- simple, facile à faire et même, autant que possible, fait de matières qu’on ait toujours sous la main, afin de pouvoir panser immédiatement les plaies des ar- bres aussitôt qu’on les découvre. En cela, les englue- ments terreux sont préférables aux huileux qui exi- gent l’action du feu pour bien opérer la mixtion de leurs éléments et leur fusion ou leur ramollissement, mais dont la chaleur, si on les emploie trop promp- 2S6 REVUE HORTICOLE. fenient, exerce souvent une funeste influence sur les plaies des arbres. Le meilleur de tous les engluements est incontesta- blement Tonguent de Saint-Fiacre, composé seule- ment de terre glaise ou argile et de bouse de vache par parties égales 5 mais il a l’inconvénient de se ger- cer, de se fendre en se desséchant, et celui d’être dé- layé et entraîné par l’eau; aussi, faut-il le couvrir avec un vieux linge ou de la paille qu’on assujettit avec un un brin d’osier ou une ficelle. Le fameux engluement qui valut à Forsyth, jardi- nier du roi d’Angleterre, une récompense de trois mille livres sterling (75,000 fr.), et qui a cependant les mêmes inconvénients que l’onguent de Saint- Fiacre, était composé de moitié de bouse de vache, d’un quart de vieux plâtras, d’un huitième de cendre de bois et d’un huitième de sable fin, le tout bien trituré, tamisé, réduit en mortier ou mieux à l’état de bouillie avec de l’eau de lessive ou de l’eau de savon, ou enfin avec de l’urine pour éloigner les in- sectes que l’extravasion de la sève attire toujours lorsque les bords de la plaie ne sont pas bien recou- verts. Les engluements, comme nous l’avons dit, étant destinés à empêcher : 1° l’extravasion de la sève, 2® le dessèchement trop prompt du bois, 3° l’introduction des eaux pluviales dans les fentes du bois, nous avons cherché à en composer un qui n’eût ni les inconvé- nients terreux, ni ceux des engluements huileux (in- convénients dont les principaux sont, savoir : 1® de se dessécher, de se gercer, de se fendre et d’être en- traînés par l’eau ; et 2® de se durcir et d’exiger l’ac- tion du feu pour se fondre ou s’amollir), mais qui fût toujours à consistance de pâte, qui pût s’étaler avec une spatule, qui s’appliquât parfaitement sur la plaie, de manière à empêcher toute extravasion de sève, enfin qui par son odeur éloignât les insectes- Cet engluement se compose ; HEVUE HORTICOIÆ. 287 1® de fond de«ruched’huile. 335 grammes. 2® de cire jaune 335 3® de suif ou de graisse. . . 165 Et 4® de goudron 165 Le tout fondu ensemble et épaissi à consistance de mortier avec quelques poignées de suie de tuyaux de poêle, bien écrasée et tamisée. Cet engluement ne durcit pas; il n’a pas besoin de chaleur pour être ramolli lorsqu’on veut s’en servir ; il reste toujours à l’état de pâte molle ou de mastic doux et ductile qui ne se gerce point et s’étale par- faitement avec une spatule ou un mauvais pinceau; enfin son odeur de suie et de goudron éloigne les in- sectes. Sous ces divers rapports nous le préférons, pour couvrir les plaies des grands arbres lors de leur élagage, à l’onguent de Saint-Fiacre dont nous faisons cependant le plus grand usage pour panser toutes les plaies des arbres, quand nous avons le malheur d’en découvrir dans nos jardins, nos vergers ou nos ave- nues. La première précaution que nous prenons lorsque nous avons un pansement à faire, est de nettoyer la plaie au vif pour n’y laisser aucun insecte, aucun corps étranger, enfin rien qui puisse y pourrir et s’opposer à la régénérescence de l’écorce et à la prompte guérison de la plaie. On enlève toutes les parties mortes et déchirées de l’écorce, en coupant les bords de la plaie, de ma- nière à l’amincir et à bien en aplanir la surface; et pour en accélérer le recouvrement, on fend par de légères incisions l’écorc.e tout autour, afin de faciliter l’expansion de son tissu cellulaire, et, par suite , celle du cambium. Alors on étend l’engluement sur la plaie avec une spatule. Si l’on se sert d’engluement ter- reux, comme les grandes pluies peuvent le détrem- per, il est convenable de le recouvrir de mousse, d’herbe, de paille ou d’un vieux linge assujetti avec un brin d’osier ou un bout de ficelle. Quelques planteurs, avant d’apposer l’engluement 288 REVUE HORTICOLE, sur la plaie, la couvrent d’un parchemin ou d’une vessie mouillée pour empêcher le contact immédiat de la terre avec les parties de la plaie, incisées au mo- ment du pansement. Nous nous sommes très-bien trou- vé de ce moyen, mais nous ne le conseillons que pour des arbres précieux et d’un beau rapport, tels que ceux d’un parc ou d’un jardin. Sur les routes et dans les avenues, nous nous bornons au procédé ci-dessus. Notre engluement n’a pas besoin d’être recouvert comme l’engluement terreux, dont les passants, les charretiers, les mendiants, etc., se plaisent souvent à défaire la ligature, de manière que l’emplâtre est bientôt gercé, détrempé ou arraché. L’auteur, après avoir cité de nombreux et impor- tants exemples de guérisons d’arbres dangereuse- ment blessés, ajoute : Mais nous pensons que les exemples que nous venons de faire connaître suffi- ront pour prouver que, quelque profonde que soit la blessure d’un arbre, il ne faut jamais en désespérer ni se presser de l’abattre; qu’on doit toujours com- mencer par bien examiner, sonder et nettoyer la plaie, puis la panser avec tel ou tel engluement qu’on jugera plus convenable pour la guérir. C’est ce qu’on doit faire, surtout lorsqu’il s’agit de quelque arbre rare ou précieux, dont plusieurs années de belle croissance font déjà sentir le prix et méritent qu’on s’intéresse plus vivement à sa conservation ; car tout propriétaire, père de famille, ne devrait jamais oublier cette douce et consolante pensée du bon Lafontaine ; Mes arrière-neveux me devront cet ombrage. Un vieux propriétaire^ planteur (1). ^ Ne serait-il pas possible de soulever par quelque coin le voile sous lequel l’auteur de cet article dérobe son nom à nos lecteurs? Aux connaissances si variées qu’il nous montre, au- tant qu’à son voisinage de la forêt de Villers-Cotterels, ne pour- rait-on pas reconnaître dans le vieux propriétaire planteur riiistoriendu chêne des quatorze frères , le propriétaire du no- ble manoir de Thury? \Note du Rédacteur^) I I ' vi î'”’