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HARVARD UNIVERSITY

LIBRARY

OF THE

GRAY HERBARIUM

Received

RsTîOund ?ebruary 1966

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REVUE

HORTICOLE

i^eeonfle série

V

Ittiprimerîe de E. Di vtRCBP, Fue Veeneuil, «*1

REVUE

HORTICOLE

RÉSUMÉ

DE TOUT CE QUI PARAIT d’iNTÉRESSANT EN JARDINAGE, PLANTES NOUVELLES,

NOUVEAUX PROCÉDÉS DE CULTURE, PERFECTIONNEMENTS DES ANCIENNES PRATIQUES, INVENTION DE NOUVEAUX OUTILS, DÉCOUVERTES, ANNONCES, ANALYSES ET EXTRAITS d’oUVRAGES d’hORTI CULTURE FRANÇAIS ET ETRANGERS.

PAR MM.

POITEAU et TllillOlilIV , rédacteurs du Bon Jardinier; DECAISME, professeur de culture;

MECMAMM , chef des serres; l'EPIM, chef de TÉcole de Botanique, au Jardin des Plantes; Membres de la Société royale d’horticulture, etc.

Avril-Décembre 1846

^^eeoiulc série. Terne einc|uième

PARIS

LIBRAIRIE AGRICOLE DE DÜSACQ

Edileiir «le la Hffaison Rustique et du Bon Jardinier

RUE JACOB, 26

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REVUE

HORTICOLE

Orpin à feuilles de joubarbe, Sedum sempervivoides, Ledeb. (fig. i).

Plante bisannuelle, originaire de Sibérie, décrite par Biebersten, introduite en Angleterre en 1825 et à Paris en ^855; son port est celui d’une joubarbe, ainsi que son nom spéciûque l’exprime. Dans la première année, elle présente près de terre des feuilles obovales, charnues, dont les plus longues ont environ 0’“,50, dispo- sées en rosette, d’un vert cendré, lavées de lignes et ma- cules pourpres. La seconde année, ces feuilles se flétrissent d’abord a la base, puis successivement jusqu’au centre, d’où s’élève une tige haute de 0”^, I6 a 0"\25, couverte de feuilles très rapprochées et a peu près semblables a celles qui formaient la première rosace, mais plus petites et poin- tues. Cette lige se termine par une panicule compacte et droite, de fleurs nombreuses, petites, mais d’un beau rouge vif foncé, d’une longue durée et produisant un grand effet ; elles ressemblent assez a celles du Rochea falcata, mais leur coloris est plus foncé. Celte plante donne ses graines et meurt aussitôt après.

Tous les pieds provenant de semis fleurissent ordinaire- ment la seconde année; mais j’ai remarqué que chez un grand nombre la floraison était retardée jusqu’à la troisième, ce qui paraît dépendre de la position qu’ils occupent et de leur développement.

Cette plante, qui résiste parfaitement en pleine terre,

Tome v, 2^ série. i . 1er Avril 1846.

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REVLE HORTICOLE.

peut etre employée a former de très jolies bordures sur les plales-bandes, si Ton a soin de repiquer entre chaque pied ou en seconde ligne de jeunes plants qui puissent succéder aux premiers.

La lloraison a eu lieu pour la première fois en juin et juillet 1855 et les années suivantes aux mêmes époques. En 1858, plusieurs pieds ont aussi fleuri pendant les mois de septembre et octobre, mais cette circonstance toute parti- culière est due au développement qu’ils avaient pris et a la douce température qui a régné à cette époque. J’ai, du reste, remarqué que c’est constamment du 10 au 20 juin que les liges développées se mettent a fleurs.

Cette plante croît à toute exposition, dans une terre douce et meuble, et demande peu d’arrosements; je ne l’ai jamais vue produire de bourgeons ni de son pied ni de sa lige; aussi, jusqu’à présent, on ne la multiplie que pur le semis de ses graines qui sont très fines et ont a peine besoin d’être couvertes de terre. En détachant des feuilles radicales de la rosace et les plantant convenablement comme boutures de feuilles, elles poussent des racines.

Pépin.

Concours et exposit ion de Ca nellias,

C’est une heureuse idée qui a inspiré les dames patro- liesses de l’horticulture lorsque, dans l’intérêt d’im art qui leur procure tant de douces jouissances et apporte aux praticiens qui rexercent avec habileté l’aisance et le bien-être, elles ont voulu fonder un concours annuel pour les camellias auxquels on a jugé a propos d’adjoin- dre comme auxiliaires les rhododemlrons et les azalées. Le premier de ces concours a eu lieu le 18 mars, dans la galerie sud du palais de la Chambre des pairs, et a été suivi d’une exposition qui s’est prolongée jus- qu’au 22. Malheureusement les horticulteurs ayant été avertis trop lard des intentions des dames patronesses, douze seulement ont pu y prendre part et contribuer à l’exposition. Malgré ce contre-temps, elle a été bril- lante : 401 plantes, toutes de premier choix et couvertes de fleurs, formaient un ensemble d’une grande magni- licence. La société royale et le cercle général d’horti- culture se sont empressés de favoriser l’exposition en nommant dans leur sein des commissaires chargés de l’ar-

REVUE HORTICOLE.

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rangement des plantes et un jury composé comme il suit pour Juger le concours :

MM. le duc Decazes, président d’honneur des deux sociétés; le vicomte Héricart de Thury, président de la Société royale d’horticulture ;

Chereau, président du Cercle général d’horticulture; l’abbé Berlèse;

Boismilon ;

Bravy;

Gels ;

.Iacqüin aîné;

Porcher ; le duc d’üzès.

Les prix ont été décernés dans l’ordre suivant :

Camellias.

Concours pour la collection en fleurs réunissant le plus grand nombre F de variétés nouvellement obtenues ou introduites en France.

Médaille d'or à M. Souchet, horticulteur, rue Beauveau, à Versailles.

Concours pour la collection la plus brillante en fleurs et offrant le plus de variétés remarquables.

Médaille d*or à M. Paillet, horticulteur, rue d’Austerlitz, 17;

/ à M. Souchet, déjà nommé ;

Mentions 12® à M. Courtois, horticulteur, rue de laMuette; honorables) à M. Gonthier , horticulteur, route d’Or- \ léans, 103, au Grand-Montrouge.

Rhocfloclencl tous .

Concours pour la collection la plus riche en variétés diverses remarquables par la beauté de leurs fleurs.

Médaille d'argent à M. Grïson, jardinier en chef de M. le baron Salomon Rothschild, à Surênes ;

Mention honorable à M. Guérin (Modeste), horticulteur, rue des Boulets, 7.

Akzalées.

Concours pour la collection la plus br illante et la plus riche en variétés.

Médaille d^argent à M. Margottin, horticulteur, rue du Mar- ché-a U X- Chevaux, 15 ;

Mentions j à M. Grïson, déjà nommé ; honorables\k M Durand, horticulteur, rue de Buffoiu

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REVUE HORTICOLE.

Cette exposition n’a pas été terminée par une séance pu- blique comme a l’ordinaire. Les lauréats ont reçu les prix des mains de M. le duc Decazes, président d’honneur des deux sociétés d’horticulture.

Il est certain que dans les trois genres de plantes expo- sées, il y en avait plusieurs d’un grand mérite par leur beauté ou leur rareté. Je les citerais volontiers s’il m’é- tait permis d’allonger cet article a volonté; mais, obligé de me restreindre, je me bornerai a dire quelques mots des deux camellias qui ont le plus fixé fattention des con- naisseurs.

J^’un, exposé par M. Paillet, est le Camellia preniland. Sa fleur, d’un blanc rosé, conserve, dans la première période de son épanouissement, la forme de notre rose cent-feuilles ; dans la dernière, elle s’étale comme les autres : c’est le seul camellia dont la fleur ressemble la plus belle des roses.

L’autre faisait partie de la collection de M. Souchet : c’é- tait un camellia sans nom dont les fleurs attiraient tous les regards. Une personne présente proposa de le nommer Du- chesse Decazes, nom qui fut adopté. C’est une plante d’une bonne tenue; le feuillage est étoffé, d’un beau vert luisant; la fleur grande, pleine, bombée; les pétales larges, imbriquées, carné tendre, marqués de lignes blan- ches longitudinales et bordés d’une ligne de la même couleur.

Les lignes ou stries blanches des pétales feront aisément reconnaître ce camellia entre ses mille congénères.

POITEAU.

Noie sur Plris acoroides, Spach, ou Iris Lechnavensis,

HORTÏiL.

En J85G, M. de Bure, amateur éclairé, qui s’est occupé Pun des premiers de la fécondation artificielle et des se- mis du beau genre Iris, me donna plusieurs variétés qu’il Rvait obtenues, ainsi qu’une autrevariété reçue de Belgique, sous le [nom d'iris Lechnavensis. Cette plante , par son feuillage vert et dressé, a beaucoup de ressemblance avec notre Iris des marais {Iris pseudo-acorus)^ ce qui lui a fait donner le nom d'Jris acoroides. Comme celle-ci, elle pa- raît aimer un terrain humide et marécageux ; ses fleurs sont grandes et d’un beau jaune. On peut la cultiver aussi dans toute terre; mais si l’on s’aperçoit, pendant l’été, que les

REVUE IIORTJCOLE.

feuilles inférieures se sèchent, alors il faut l’arroser pour obtenir une belle végétation; ainsi plantée près des ton- neaux, des bassins ou de tout autre endroit humide, elle pousse et fleurit à merveille. Elle pourra servir aussi comme plante aquatique pour rornement des bassins; j’en ai planté cette année, et d’après les observations que J’ai faites, je ne doute pas de la réussite. C’est du reste la plante qui a le plus de rapports avec notre Iris des ma- rais, qui jusqu’à ce jour était restée en quelque sorte iso- lée dans ce genre nombreux.

Pépin.

Sur la culture de quelques Amaryllidées»

Le 22 mars, je suis allé à Versailles visiter les cultures de M. Aimé Turlure, horticulteur, rue de la Paroisse. Le but principal de cette visite était surtout de voir sa cul- ture des AmarytUdées ; malgré le grand nombre qu’il en possède, il n’y en avait que bien peu en fleurs à cette époque de l’année, et ce ne sera guère que dans les premiers jours d’avril que ces plantes pourront se trouver en belle florai- son; car dans ce moment plusieurs centaines marquent fleurs; elles sont cultivées dans deux serres plutôt tempé- rées que chaudes; mais ce qui m’a particulièrement frappé, c’est la rusticité de quelques espèces, telles que celle qu’il iiomme tricolore, ainsi que ses hybrides avec l’espèce à fleurs vertes (viridiflora)^ et de celle-ci avec la trico- lore, ainsi que quelques autres dont les noms m’ont échappé.

^ M. Turlure cullive ses Amanjllis de la manière suivante : a l’automne, dans une des serres froides, il fait une petite couche de feuilles qui a environ huit décimètres de large sur trois d’épaisseur; il la recouvre d’environ un décimètre de sable gris; sur cette couche, qui n’a donné aucune cha- leur, il place plusieurs centaines d’oignons A' Amaryllis de plusieurs variétés, mais de celles qu’on cultive habituel- lement en serre chaude; ces oignons, obtenus de semis de deux ou trois ans, ont a peu près la grosseur d’une noix et s’enterrent dans le sable par-dessus le collet.

Une autre expérience plus concluante encore, rela- tivement à la rusticité do ces plantes, a été faite à la meme epoque ; un bout de planche du jardin a été creuse d’à peu près 0'", l.'j à 0%16, et ensuite rempli du

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REVUE HORTICOLE.

meme sable gris que celui mis sur la couche de la serre; des oignons du même âge et des mêmes variétés y furent plantés comme les premiers a la distance, en tous sens, de 0’“;0G a et toujours recouverts par-dessus le col-

let; a l’approche des premières gelées, la planche fut cou- verte d’une couche de feuilles, avec l’intention de l’aug- menter graduellement suivant l’intensité du froid , ce quir pourtant n’a pas été nécessaire cette année a cause de la douceur si remarquable de rhiver. C’est donc avec grande satisfaction que J’ai vu, après avoir visité beaucoup de ses oignons, qu’ils étaient aussi sains que ceux de la serre froide,, et que pas un n’avait une seule tache de pourriture.

Ces deux expériences me paraissent parfaitement con- cluantes; ainsi, grâce aux soins et à la persévérance de M. Aimé Turlure, plusieurs espèces et variétés de ces belles plantes pourront être élevées en plein air comme V Ama^ rijllis Belladone^ jusqu’à l’époque les oignons auront acquis assez de force pour fleurir et pourront être cultivés et placés dans les serres dont elles feront un des plus beaux ornements.

Jacques.

Note sur un haricot d* Espagne hybride ou protèe,

En 1845. notre collègue, M. Jacques, a trouvé dans un semis de haricots d’Espagne un pied hybridé par d’autres variétés de haricots qui avaient des caractères tout diffé- rents de l’espèce. Dans la séance du 17 avril J 844, M. Jac- ques déposa sur le bureau de la société royale d’horticul- ture environ deux douzaines de haricots récoltés sur cet hybride; il m’en donna quelques-uns, ainsi qu’à plusieurs membres de la société; ces grains avaient la forme et les zé- brures des haricots d’Espagne et de la variété bicolore’; la pellicule tenait par sa couleur le milieu entre ces deux va- riétés, les graines seulement étaient plus aplaties.

Au mois d’avril, ayant semé ces graines isolées de tonie culture de haricot, je fus très étonné de voir, lors de leur entier développement, que chaque graine avait produit des variétés différentes, soit pour le port, soit pour la couleur des fleurs et de la forme des gousses et des graines ; quelques plantes sont devenues plus ou moins grimpantes, ont at- teint la hauteur de D'',50 à 2 mètres et ont conservé le port et le feuillage da haricot d’Espagne. D’autres sont restées

REVUE HORTICOLE.

H

naines et avaient les feuilles plus étroites, 'a lobes pointus; quant aux fleurs, a l’exception des pieds volubiles dont les lleurs ressemblaient a celles de la variété bicolore du ha- ricot d’Espagne, elles différaient toutes entre elles; les unes étaient petites, mal conformées, d’autres grandes, leur couleur variant du blanc au rouge, au violet ou aux nuan- ces intermédiaires; un seul pied sur douze graines semées m’a donné des fleurs jaunes.

Parmi toutes ces variétés, il en est plusieurs dont les fruits ont avorté ou n’ont donné que quelques gousses ren- fermant de une a trois graines; mais ce qu’il y a d’intéres- sant dans cette transformation, c’est que le demi-litre en- viron de graines que j’ai récoltées, ne m’en ont donné que cinq semblables a celles que j’avais semées. Les au- tres avaient des formes et des couleurs variées; le plus grand nombre de ces haricots étaient allongés comme le haricot flageolet, par lequel ils paraissent avoir été fécon- dés, et près desquels ils avaient été récoltés. Quelques-uns avec cette forme étaient noirs, blancs, d’autres aplatis, res- semblant au haricot d’Espagne; enfin il yen avait de gris, de bruns, de violets, de fauves, etc. La couleur jaune manquait.

C’est, du reste, un fait très curieux et qui justifie l’as- sertion de M. Jacques, que le premier pied observé par lui était effectivement le résultat d’une hybridation naturelle. La rareté des gousses qui se forment et le peu de graines qu’elles renferment sont encore de nouvelles preuves a l’appui de cette pensée. Du reste, ces résultats sont les mêmes que ceux obtenus pendant l’automne J8J4.par notre collègue, M. Jacques; il en a été de même des pro- duits du semis fait la même année au jardin d’expériences de la société royale d’horticulture. Les résultats ont donc été les mêmes dans trois localités différentes.

Au printemps de 1845, M. Jacques choisit parmi ces ha- ricots quatre couleurs tranchées et les sema séparément, alin de voir quelle serait la couleur la plus constante. Ces cou- leurs étaient le blanc pur, le violet foncé ou noirâtre, le ventre de biche ou chocolat, bicolore ou varié. Le résultat de l’expérience a été que toutes les plantes ont beaucoup varié par les tiges, les fleurs et les graines, et que toutes quatre ont'a peu près présenté les mêmes variations. 11 en est peu qui aient reproduit le type de chaque variété. De mon côté, j’ai répété les mêmes expériences que j’avais faites en 1<S44; seulement, j’avais pris pour types les graines qui

REVUE HORTICOLE.

avaient le plus de rapport par la forme avec celles du ha- ricot d’Espagne; tous ces pieds ont varie au point d’être méconnaissables, c’est-a-dire que la pl upart restèrent nains ; les gousses étaient cylindriques et les graines avaient la forme du haricot Soissons et du haricot flageolet; elles étaient de couleurs et de zébrures différentes.

Je n’ai jamais remarqué de plante qui ait autant varié en si peu de temps au point d’être transformée entièrement, car on ne reconnaissait aucuns des caractères du type qui les avait produits. Cette métamorphose s’est accomplie en trois années.

Depuis que le haricot d’Espagne est introduit dans nos cultures, il n’avait produit qu’une variété a fleurs et a fruits blancs. Il y a dix ou douze ans, on reçut de M. Tenore, professeur au Jardin botanique de Naples, la variété dite bicolore; M. Jacques en obtint, il y a quatre ans, une sous- variété a fleurs violacées, et c’est encore a cet honorable horticulteur que l’on doit d’avoir pu observer les phéno- mènes de transformation que je reproduis ici.

Pépin.

Maiso7i rustique des Dames, par ;^Iillet-Robinet.

2 vol. grand in-8'’, avec gravures.

Il est déjà loin de nous le temps oîi l’éducation des femmes se bornait a la connaissance la plus élémentaire de la langue. Dans notre siècle de progrès, l’éducation des femmes ne pouvait rester en arrière du mouvement général, et c’est un spectacle remarquable que celui de la révo- lution intellectuelle qui s’est opérée en Europe, et sur- tout en France, depuis quarante ans. Eut on cru , dans le siècle si vanté de Louis XIV, qu’un jour viendrait oîi les femmes, qui ne semblentforméesque pour les douces émo- tions de la famille, oseraient aborder les études sérieuses réservées jusqu’alors a quelques hommes d’élite , et appor- teraient aussi a l’édifice de la science leur tribut de dé- couvertes ^ ? Sans doute ce sont la et ce doivent être des ex- ceptions; mais ce qui est général, c’est la multiplicité et l’étendue des connaissances qui font aujourd’hui partie de leur éducation , et si la critique que l’on en a faite a quel- quefois frappé juste, il faut reconnaître aussi qu’à aucune époque onn’avai tmieux senti combien il importait de leur donner une instruction solide.

(1) Boivin, Rivoire, Liber! , miss Halcliiiis, Fillon, etc.

REVLE HORTICOLE.

1S

Lorsque la révolution eut fait disparaître les inégalités sociales et que chacun en France put aspirer a toutes les dignités, on vit la foule se précipiter inconsidérément dans cette voie, qui ne tarda pas a être encombrée. L’agricul- ture fut négligée. Aujourd’hui cette effervescence s’est calmée pour faire place 'a des idées plus saines, on re- vient à l’agriculture, ce foyer de production et de ri- chesse. Les femmes, obligées de suivre leurs maris à la campagne, se trouvent souvent dans la nécessité de les sup- pléer. C’est surtout pour celles-là que le livre de ma- dame Millet-Robinet a été écrit. Et que l’on ne dise pas que leur coopération soit inutile ou qu’elles soienf impropres a îa direction des travaux agricoles. Nous avens vu, il y a quelques années, une nombreuse et respeetable famille abandonner Paris pour aller s’établir sur iii e vaste, mais improductive propriété. Le père, ancien diplomate, se voua tout entier a l’éducation des enfanls: la mère, sem- blable a la femme forte de l’Ecriture, se clrugea de l’exploi- tation des terres. Grâce â une intelligence rare, a une sage économie et un a travail persévérant, le sol, ingrat jusqu’a- lors et presque sans valeur, se couvrit d’abondantes ré- coltes, et cette fortune, jadis modeste, est comptée aujour- d’hui parmi les plus considérables du pays.

L’auteur a pris pour point de départ cette idée que dans le travail général des esprits, la femme a aussi sa tâche à remplir, tâche qu’elle ne saurait répudier sans faillira ses devoirs. Compagne de l’homme, elle lui doit son con- cours.

Vouée depuis un grand nombre d’années aux soins qu’exige une exploitation agricole importante, M"'® Millet a trouvé dans sa pratique les nombreux documents qu’elle y a consignés, tout en les appuyant de l’expérience des liommes dont l’opinion fait loi en matière d’économie do- mestique. Les occupations et les devoirs d’un ménage agri- cole sont nombreux. C’est la que les moindres détails ac- quièrent de l’importance. Combien de fortunes sont tom- bées faute d’en avoir tenu compte, soit par suite d’une fatale ignorance, soit par suite d’une négligence encore plus déplorable ! Mais aussi coaibien de familles qui, avec des ressources bornées, sont parvenues, â force d’intelligence , de travail et de patientes économies, a se créer une posi- tion aisée ou meme opulente! Et ceci ne s’applique pas seulement â celles qui se vouent aux travaux de l’agricul-

REVl’E HORTICOLE.

T5

(ure; dans toutes les positions sociales, les maîtresses de maison doivent être au courant de tous les besoins de fa vie; partout, même au sein des villes les plus populeuses, la direction du ménage réclame leur plus sérieuse attention. Celles-là, aussi bien que celles qui vont consacrer leurs soins aux exploitations rurales, trouveront dans Mai- son rustique des Dames. \es préceptes qui doivent leur ser- vir de règle.

On peut ranger sous quatre chefs principaux les occu- pations et les besoins d’un ménage agricole : la tenue de la maison , l’art de l’alimentation , la grande et la petite cul- ture, en y comprenant les soins a donner aux bestiaux, et enfin l’hygiène et la médecine domestique. Ce sont au- tant de divisions dans l’ouvrage de madame Millet.

Tout le monde comprend Timportance de la bonne tenue du ménage; c’est surtout qu’il y a des écono- mies à faire ; c’est par la aussi qu’arrive très souvent, faute d'ordre, la ruine des familles. Ce n’est pas une chose indifférente que de savoir de quelle manière on doit vivre à la campagne, traiter les domestiques, régler ses dépenses, distribuer son temps. L’auteur Iraile tous ces sujets en femme expérimentée; chez elle, point de vaines théories, mais des faits sairntionnés par une longue pratique.

Lorsqu’elle traite de l’art culinaire, on voit qu’elle en a fait une étude approfondie. Cette partie de Féconomie domestique est aujourd’hui presque une science. Son im- portance est extrême, puisque du choix et de la préparation des aliments dépend en grande partie la santé, ce bien que nous n’apprécions à sa juste valeur que lorsque nous l’avons perdu. Et puis, encore se mêlent des questions capitales d’économie. Si, dans un ménage pauvre, la cuisine estime opération des plus simples, dans une maison opulente., ou même seulement aisée, elle devient un art des plus com- pliqués. Il est bien rare de trouver, surtout à la campagne, des domestiques qui soient suffisamment au courant des bons procédés culinaires; il faut donc qu’une ménagère puisse leur venir en aide par ses conseils, et même ne doit- elle pas souvent , comme Ton dit, la main" à la

pâle? Que de mets délicats, que de friandises dont elle ne saurait confier qu’à elle-même la préparation ! Nous sommes convaincus que, sur ce chapitre, les lectrices sauront gré à l’auteur de les avoir initiées aux mille petits secrets d’un

REVUE HORTICOLE.

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;irt qui, il faut bien le dire, contribue puissaminent aux jouissances de la vie.

La partie de [son livre’ qui traite des travaux agricoles semblerait s’adresser spécialement aux maîtres de maison, et, dans le fait, ce doit être leur attribution ordinaire , mais , il faut le dire en passant, madame Millet-Robinet n’a pas eu l’intention d’écrire uniquement pour son sexe, et d’ailleurs qu’importe à qui s’adresse ce chapitre? Il suffit qu’il en résulte d’utiles instructions. IN’oublions pas toute- fois, comme» nous l’avons dit plus haut, que dans bien des circonstances les femmes sont appelées 'a seconder leurs maris dans les exploitations agricoles, que souvent meme elles doivent les remplacer entièrement; et comment le feraient-elles si elles étaient totalement étrangères a ce genre de travaux? D’ailleurs il est une partie de la culture qui relèvera toujours plus ou moins de leur autorité ; nous voulons parler du parterre, dont ne se privent jamais les femmes qui vont habiter la campagne ; car quelles sont celles qui n’aiment pas les fleurs? C’est pour elles spécia- lement que notre auteur décrit avec tant de soins les nom- breux procédés de l’horticullure.

Peut-être trouvera-t-on que l’élève des bestiaux et la connaissanee des soins que réclame cette branche de l’écc- nomie rurale n’est guère compatible avec les goûts d’une femme qui vient de s’arracher au monde pour embrasser la vie des champs. Cela est vrai; mais il est des cas les femmes ne sauraient, sans les plus graves inconvénients, rester étrangères 'a celte connaissance. Par exemple, lors- qu’elles sont seules chargées de gouverner leur domaine, ne faut il pas qu’elles puissent juger si les domestiques, chargés du soin des animaux, remplissent bien leur devoir? Et puis, répétons ce que nous disions tout à l’heure : Ce

livre , malgré son titre, convient aux maîtres comme aux maîtresses de maison , car leurs intérêts ne sont point sé- parés. « Du reste, si le soin du gros bétail revient plus spé- cialement au mari, on conviendra au moins que la basse- cour rentre complètement sous la juridiction de la ména- gère, et la encore elle aura bien des avis a empruntera l’auteur de la Maison rustique des Dames.

Mais c’est surtout la dernière partie de cet excellent ouvrage qui s’adresse a la femme, a la mère de famille. Lorsqu’il s’agit de l’hygiène, des soins a donner aux ma- lades, de l’éducation [)liysique et morale des enfants, qui

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REVUE HORTICOLE.

pourrait la remplacer, elle dont toute la vie est un immense sacrifice d’amour a la nature humaine? Oli ! c’est ici que vé- ritablement la femme est souveraine et que nul ne lui dis- putera son efficace intervention. Ange tutélaire de notre enfance, c’est a elle que nous demandons d’alléger les la- beurs de la vie ; c’est elle encore qui vient, par ses paroles consolantes etsessoinsles plus tendres, adoucirla rigueur de iiosderniersdnstants. En écrivant ce chapitre, l’auteur s’est montré riche des trésors du cœur autant que de ceux*de l’in- telligence, et assurément elle sera comprise des lectrices au cœur desquelles elle s'adresse. Ce n’est pas seulement aux malades de sa propre famille qu’une femme peut avoir dos soins à prodiguer, elle doit être aussi la providence de tous ceux qui souffrent dans son voisinage. Les gens de la cam- pagne, retenus par la pauvreté, se décident difficilement a recourir au médecin, et souvent même ils périront victimes d’une économie mal entendue en se refusant les remèdes qui leur seraient nécessaires. Quelles bénédictions n’attirera pas sur sa tête la femme généreuse qui prodiguera a ses sem- blables les conseils et les médicaments qui doivent les ren- dre a la santé? Quelle satisfaction n’éprouvera-t-elle pas lorsqu’elle se sera acquittée de ce pieux devoir?

J’ai essayé, autant que le permettait le cadre étroit qui m’était imposé, de donner un aperçu de l’excellent traité dont il vient d’être question ; mais je ne me dissimule pas qu’un coup d’œil aussi superficiel ne saurait en donner une idée exacte. Nous nous bornerons a dire que l’auteur, qui se recommande de plusieurs autres ouvrages justement ap- préciés du public, a condensé dans celui-ci tous les pré- ceptes qui constituent la science si compliquée de l’écono- mie domestique. Versée dans l’art d’écrire, elle y a ré- pandu les charmes d’un style toujours pur, facile et sou- vent élégant. De nombreuses gravures sur bois, répandues dans le texte, en facilitent encore l’intelligence. Nous n’hésitons pas a le dire, la Maison rustique des Dames est destinée à rendre d’importants services; elle deviendra le livre indispensable des ménages, et a ce titre madame Millet- Robinet a acquis des droits a la reconnaissance de toutes les femmes éclairées et des mères de famille qu’anime l’a- mour de leurs devoirs.

Ch. Naüdin.

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Multiplicaticn des roses irèmières par le procédé de la greffe en fente.

On est arrivé aujourd’hui à multiplier les végétaux li- gneux et herbacés par toutes sortes de procédés, et depuis seize ans surtout la greffe par placage, en fente et herba- cée a joué un grand rôle dans la reproduction des plantes.

M. Bacot, horticulteur distingué, a réuni , dans son éta- blissement près Paris, une belle et riche collection de roses trémières d’une grande variété de coloris; pour con- server la couleur et la forme de la plupart de ces plantes, qui ne pourraient pas toujours se reproduire par la voie du semis, M. Bacot les multiplie par la greffe en fente sur le collet des racines de roses trémières simples qu’il supprime dans les semis, et même sur des tronçons déracinés de gui- mauve; on fixe la greffe au moyen d’une ligature, et ces plantes sont mises ensuite sur couche tiède , soit en pots, soit en pleine terre, sous un châssis étouffé ou sous cloche, le tout ombré pendant les premiers jours de l’opération. Lorsque les greffes sont reprises, on leur donne de l’air gra- duellement; et lorsque l’on veut les livrer a la pleine terre, il ne faut pas hésiter 'a enterrer la greffe au-dessous du sol. C’est ainsi que l’on peut conserver les variétés de celte belle plante, attendu que les semis ne produisent pas toujours la même variété, et que la plante ne vit pas au delà de trois ou quatre ans; que souvent même elle se trouve détruite pendant l’hiver qui suit sa première floraison , laquelle, comme on le sait, est toujours la plus belle.

Pépin.

Remarques faites sur la végétation, dans les départements de VOrne et du Calvados, en mars i84(5.

Dans un petit voyage que je fis en Normandie, dans les premiers jours de mars, je remarquai partout une végé- tation très avancée; les poiriers a cidre avaient leurs bou- tons à fleurs développés ; les champs de colza étaient re- marquables par leur belle végétation, et la plupart com- mençaient a épanouir leurs fleurs; les luzernes et les trèfles étaient hauts de 0*^,^ 4 a 6. On voyait dans les prairies naturelles et dans les pâturages les chevaux et les bestiaux mis au vert, ce que l’on ne voit ordinairement

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REVUE JlOimCüLE.

qu’au mois de mai. Celle année est (rès remarquable par la précocité de la végétation.

Pépin.

Graines venant de la Chine,

M. l’abbé Tesson a reçu de M. l’abbé Renoü, mission- naire en Chine, un certain nombre de graines que M. Vii- morin a remis en son nom au Jardin des Plantes; mais ce sont surtout des graines de légumes et de céréales. Ainsi, sur une centaine d’espèces, il se trouve a peine une ving- taine de graines d’arbres. Du reste , ce sont toujours a peu près les memes graines que nous recevons de ce pays; les légumes que l’on mange en Chine sont, à peu d^exceptions près, ceux que nous cultivons en Europe. Enfin nous serons à même d’observer s’il se trouve quelques nouveautés dans cet envoi, et nous en rendrons compte s’il y a lien.

Pépin.

Note sur le champignon Æcidium cancellatum.

M. Libaud , horticulteur distingué qui habite depuis quarante ans Bourbon-Vendée, a remarqué, depuis trois ans seulement , une maladie des plus redoutables qui vient ravager une partie de ses poiriers. Ce qu’il y a de plus elTrayant dans celle maladie, c’est qu’elle scmîile vouloir s’étendre chaque année. Dans le principe , les espaliers avaient seuls a en soulTrir. Maintenant elle commence a gagner les pépinières et les arbres de divers propriétaires éloignés de 4 a 5 kilom. des jardins de M. LibaïuL

Le champignon qui la produit se développe sur les feuilles vers le mois de mai; a cette époque, l’on n’aperçoit encore <|u’une très petite tache, d’un jaune vif, qui en s’agran- (lissant finit par envahir toute la feuille et produit une sorte de tubérosité divisée au sommet en petites lanières; plus lard encore les fruits tombent à mesure qu’ils grossis- sent, et si quelques-uns d’entre eux résistent sur un espalier de première force, ils sont tellement noueux et rachitiques qu’ils n’ont aucune valeur.

Le champignon observé par M. Libaud est VÆcidium cancc/Zatum qui attaque de préférence les arbres de la famille des rosacées. On ne connaît, jusqu’à ce jour, d’autre re- mède pour le détruire que d’effeuiller les jeunes arbres sur lesquels il paraît. Lahérard.

revue horticole. 1'^

Noie sur le Cilrus,

i:u février ilernier, M. Uanloiinet, horticiiUeur a flyères (Var), nous a adressé un fruit, une branche et des feuilles d’iiii citronnier qui nous semble aussi nouveau que cu- rieux; mais les détails donnés par M. Rantonnet sont Irop incomplets pour que nous en publiions la ligure. Ce fruit, tombé de l’arbre en janvier avant sa maturité, a la forme de lapoire du commandeurs mais son écorce est beaucoup plus chagrinée; sa chair est blanche, spongieuse comme celle despompoîeum ; les logessont au nombre de 8, et beaucoup plus petites que dans aucun autre cilrus; elles contiennent de petites graines avortées, violacées, et une pulpe vésicu- leuse, jaunâtre, très peu juteuse. Le bois des rameaux est gros, sans épines, comprimé; les feuilles sont fort grandes, étoffées, lisses, ovales, arrondies, crénelées, portées sur de gros et très courts pétioles sans ailes ou appendices.

La chair spongieuse, non mangeable de ce fruit, en ferait un pompoleum si les pétioles non ailés de ses feuilles ne s’y opposaient. Malgré son écorce â chagrin, on pourrait en faire une seconde poire du commandeur, mais ses pétioles nus ne le permettent pas. C’est donc une variété nouvelle qui échappe à nos classifications. Le fruit appartient aux pom- poleum, et la feuille aux cédratiers. M. Rantonnet dit qu’il vient de Porto-Rico. Nous engageons cet horticulteur à le multiplier; il mérite d’étre recherché par les amateurs d'o- rangers. f

POITEAL.

Extrait des catalogues de printemps.

Le ealalogue des plantes delà culture des frères Gels, pour 1 846 , contient un grand nombre de nouveautés , parmi lesquelles on remarque particulièrement les plantes de la famille des orchidées; ces plantes, si curieuses et si inté- ressantes par l’élégance et la singulière structure de leurs fleurs, Y sont au nombre de 62 genres et de plus de 250 es- pèces. La famille des cactées y est aussi fort remarquable ; on en trouve 18 genres et près de 600 espèces et variétés. Les palmiers sont au nombre de 25 genres et 45 espèces, et les autres végétaux y ont de nombreux représentants.

On sait combien MM. Gels tiennent a réunir toutes les nouj^autés qui paraissent parmi les orchidées et les cactées, afin de comparer les espèces entre elles ; aussi l’on peut

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REVUE HORTICOLE.

ilire qu’il ii’existe guère de plus nombreuses collections la nomenclature ait été aussi bien observée.

Le catalogue de l’établissement horticole de M. Bellot- Défougère , a Moulins, se compose de diverses plantes de serre chaude, serre tempérée et de pleine terre, toutes propres a rornement des jardins. M. Bellot-Défougère an- nonce qu’ il se voit dafîs la nécessité de retarder jusqu’en octobre prochain la publication de la rose qu’il a obtenue, et à laquelle a été donné le nom de Souvenir d’un ami^ attendu que les demandes ont surpassé les multiplications qu’il en avait faites.

MM. Aug. et Napoléon Beaumann, pépiniéristes a Mul- house et Bollwiller llaut-Bliin), nous adressent un fort sup- plément a leur catalogue pour 1 846. Les genres azalea, rho- dodendrum, la famille des cactées, des orchidées et des fougères exotiques y flgurent en grand nombre, ainsi que des arbres de la famille des palmiers, cycadées et pandanées.

L’établissement horticole de M. Thibaut, situé rue Saint- Maur, 45, faubourgduTemple, a acquis une réputation méritée par le bon choix des plantes et la bonne culture de tous les genres recherchés aujourd’hui des amateurs Nous avons reçu son catalogue pour cette année et y avons remarqué comme toujours des nouveautés. Cet habile hor- ticulteur sait se procurer tout ce qui paraît de nouveau en plantes de mérite, soit comme espèce ou comme variété, de serre chaude, serre tempérée ou de pleine terre.

Pépin.

Vente de la collection de Camellias de M. l’abbé Berlèse.

Si nous annonçons avec satisfaction l’exposition spéciale de camellias et les progrès que la culture de cette plante a faite en France depuis plusieurs années, nous avons le re- gret d’annoncer en même temps qu’une des plus riches collections vient d’être vendue et se trouvera morcelée. M. l’abbé Berlèse , qui avait consacré plusieurs années à l’étude spéciale de ces plantes et auquel on doit une mo nographie sur ce beau genre , vient de vendre sa riche col- lection pour la somme de 50,000 fr. C’est une perte pour l’horticulture parisienne, car nous respectons trop le carac- tère de M. l’abbé Berlèse pour supposer qu’a l’exemple de plusieurs amateurs de coquilles, de livres ou d’autographes, il veuille s’appliquer de nouveau à former une collection pour la céder plus lard encore. J- D.

Ly^pinuu'hia /n/ brida

REVUE HORTICOLE.

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Lysimachie hybride. Lysimachia htjbrida, Micii. ( fig. 2).

Plante vivace, glabre dans toutes ses parties ; les racines sont fibreuses et se développent en forme d’anneaux sur des rhizomes, terminés par des bourgeons; les feuilles radicales, dans leur jeunesse , ressemblent un peu a celles 'des Plilox; elles sont oblongues , pointues, violacées, lé- gèrement velues sur les pétioles et entières; les cauli- naires, un peu ondulées, sont longues de 0"\08 a 0^10, opposées, pétiolées, lancéolées et linéaires, rétrécies a leurs deux extrémités, sessiles a la partie supérieure des tiges, qui s’élèvent a la hauteur de 0*-^20 a , lesquelles

sont anguleuses et terminées chacune par de petits anneaux opposés axillaires , près desquels se développent des pé- doncules simples, presque aussi longs que les feuilles, et terminés par une fleur penchée , de couleur jaune, à cinq pétales légèrement crénelés ; elles sont petites, mais nombreuses, ayant la forme et le port de celles du mouron, genre voisin des Lysimachies; le calice est a cinq divisions, court et persistant. L’ensemble des fleurs forme une sorte de thyrse qui se développe depuis juin jusqu’en août.

C’est une plante élégante de pleine terre, dont les tiges droites et régulières forment de jolies touffes qui la font apprécier des amateurs.

Lamarck etWilldenoxv ont donné aussi a cetle jolie petite l)lante le nom de Lysimachia angustifolia. Ce nom, sui- vant moi , lui serait plus convenable, par la raison que ses feuilles longues et étroites tranchent sur celles des autres espèces du genre. J’ai semé plusieurs fois des graines de cette plante qui ont reproduit identiquement l’espèce. Elle croît én Amérique, a la Caroline, oii elle fut découverte par Michaux. On la cultive a Paris depuis 18^0. Elle aime une terre légère, fraîche, des arrosements pendant l’été, et se multiplie facilement au printemps par éclats de ses bour- geons radicaux ; mais il faut au moins séparer ses touffes tous les deux ans, attendu que ses bourgeons cherchent à s’éloigner du centre, et que la partie intérieure finit par se décomposer. Pépin.

Polygonum orientale ou Persicarum du Levant^ cultivée comme plante aquatique.

M. Delorme, jardinier chez de Cambacérès, an

Tome v, 2e série. 2. \ 5 Avril 1 846.

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REVUE HORTICOLE.

clmteaii deMigneaiix , près Verrières, nous écrit qu’il a placé , avec un plein succès, des Persicaires du Levant au fond d’un bassin et que ces plantes, qui dépassaient peu le ni- veau de l’eau après y avoir été plongées, se sont développées avec une vigueur extrême et ont puissamment concouru a l’ornement de la pièce d’eau elles avaient été placées.

J. D.

Note sur de nouvelles variétés d’OEillet de poêle.

M. Duval fils, liorliculteur a Versailles , cultive depuis quelques années une riche collection de variétés d’œillet de poète, dont les couleurs franches et variées des fleurs prou- vent jusqu'il quel point l’on peut arriver, par les semis, a obtenir des variétés tranchées qui finissent meme par se perpétuer par cette vole. Les variétés d’œillet de poète de M. Duval forment un genre particulier ; ils tiennent le mi- lieu entre Vœillet de poêle ordinaire et une autre variété cultivée dans les jardins sous le nom d'œillet d' Espagne^ de sorte que ces variétés sont presque naines et produisent des corymbes de fleurs très brillantes et très développées. Le premier choix de ces œillets de poète se compose de variétés à fleurs de toutes couleurs, marquées autour des pétales d’une bordure blanche; les ombelles florales en sont très développées. Dans le deuxième choix il y a moins de fleurs de couleur blanche, mais tous les fleurons sont bordés d’une couleur opposée à l’autre par une nuance très claire.

Toutes les graines de ces belles variétés de plantes, cé- dées a M. Loise, marchand grainier a Paris, seront recher- chées dans les jardins d’agrément pour le riche coloris et le volume de leurs fleurs.

La reine-marguerite pyramidale obtenue par M. Malingre a élé aussi parfaitement épurée par M. Duval tils.

Pépin.

Podolepis chrysanîha, Endlich.

Le Podolepis, introduit depuis une douzaine d’an- nées dans nos cultures, est composé de plantes d’orne- ment, originaires de la Nouvelle-Hollande et appartenant à la famille des Composées ; elles ont quelque affinité par leur aspect avec les immortelles. Le premier introduit est le Podolepis gracilis, plante annuelle, a fleurs roses et qui

REVUE IJORÏICOLE.

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Jigiire dans nos jardins. Le P. papposa est un arbuste d’orangerie a fleurs jaunes ; la troisième espèce, le P, chrif- santha^ une des plus jolies, a été introduite dans nos cul- tures l’année dernière, par graines venant de la Nouvelle- Hollande. C’est une plante annuelle, haute de a

a feuilles engainantes, lancéolées et a tiges glabres, se ramifiant a leur extrémité ; chacun des petits rameaux est terminé par une fleur d’un jaune d’or ; les folioles de la calathide ou du calice commun sont blanches et sca- rieuses. Enfin elle est digne de figurer dans nos jardins comme plante annuelle d’ornement.

Pépin.

Culture des oignons en Russie.

Nous devons au baron Gustave de Foelkersam , membre de la Société impériale économique de Pétersboiirg et un des meilleurs agronomes de la Russie, quelques détails sur la méthode en usage pour la culture de l’oignon, dans un pays ce légume est une des principales ressources des habitants qui le cultivent en grand depuis une époque fort reculée. C’est cetle méthode que M. de Foelkersam fait pratiquer, depuis une trentaine d’années, dans ses proprié- tés situées en Courlande, et qui lui a toujours donné d’ex - cellentes récoltes.

H est important que les bulbes qu’on destine a la semence aient été tenus, durant l’hiver, a l’abri de la gelée et de l’hu- midité. Pour atteindre ce but on les met dans des filets ou bien 011 les attache, au moyen de ficelles, a des liens de paille que l’on suspend dans des appartements ils n’aient rien à craindre de ces deux causes d’altération. C’est dans les pre- miers jours du printemps, autant du moins que le sol le per- met, qu’il fautprocéder a la plantation. La terre doit avoir été bien travaillée et convenablement fumée l’automne précé- dent. Après l’avoir divisée en plates-bandes d’environ un mètre de large, on pratique sur chacune d’elles trois sillons légers l’on dépose, a des distances convenables, les bulbes qu’on recouvre légèrement de terre.

N’oublions pas de dire que ces bulbes sont préalablement divisés en quatre morceaux égaux , en faisant passer verti- calement la lame de l’instrument par le plateau dans deux sens qui se coupent a angle droit. On les fait tremper ensuite pendant vingt-quatre heures dans du jus de fumier

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avant de les confier a la terre. Les oignons trop petits pour cire partagés sont plantés entiers.

Dans ces climats septentrionanx les fioids se font queî- qiieLois sentir jusqu’au milieu du printemps. Pour en pré- server les semis autant que pour donner plus de puissance, au terrain, on a le soin de placer sur la terre des plates- bandes, et dans les points correspondants aux bulbes, une bonne poignée de fumier de cheval ayant passé son feu et bien divisé, de manière à en former de petits las de la largeur de la main et d’environ trois travers de doigt de hauteur. Les feuilles, qui ne tardent guère à se montrer, percent aisément ces légères couvertures en écartant les pailles qui restent cependant appliquées contre le pied des plantes.

Lorsque les pousses ont acquis de la vigueur et com- mencent a s’élever, on les retranche'et bientôt, suivant la qualité du sol, on voit cinq, six et meme jusqu’à huit nou- veaux bulbes pousser autour du pied principal. Il ne reste alors plus rien à faire qu’a laisser grossir tranquillement ces bulbes et purger les plates-bandes des mauvaises herbes. Un excellent moyen pour en empêcher la croissance con- siste a recouvrir toute la plate-bande d’une couche de sciure de bois de 0“\05 d’épaisseur.

C’est vers le milieu d’août, ou au plus tard vers la fin de ce mois , qu’il convient d’arrach,er. A celle époque de Tan- née, les jeunes bulbes ont encore leurs tuniques un peu vertes. On les dépouille de leurs feuilles et on les place par petits tas dans un endroit bien aéré, ou ils commencent a se dessécher lentement et passent petit a petit a une teinte jaunâtre. Au bout de quelques semaines, leurs tuniques étant bien colorées, on les transporte dans un local chaud, oh la dessiccation s’achève, après quoi on les met sur les lilets , ou bien on les attache â des liens de paille.pour les conserver Thiver. Dans beaucoup de localités on les sus- pend dans le voisinage des fours ou des poêles , dont cha- que maison est pourvue et ou la chaleur les fait assez sou- vent se rider, mais sans qu’il en résulte aucun déchet; on croit même avoir remarqué qu’ils poussent avec plus de vigueur. Les oignons cultivés de cette manière ne donnent jamais de graines, car on arrache pour la consommation journalière tous ceux qui se disposent â monter, a moins que, comme il a été dit plus haut, on ne retranche les feuilles pour favoriser la multiplication des bulbes. Si celle

REVUE HORTICOLE. 25

dernière opération était pratiquée trop tôt, elle nuirait à la récolte.

En suivant ce procédé, qiron a un peu varié selon le climat et les localités, le baron de Foelkersam a toujours récolté huit , dix et même douze fois la semence. Le bois- seau d’oignons se vend en Courlande, depuis un tlialer prussien (5 fr. 70 c.) jusqu’à deux florins (4 fr. 22 c.); mais dans l’intérieur de la Russie , le prix en est généralement moins élevé.

Il nous semble hors de doute qu’il y aurait de l’avantage à introduire cette méthode en Allemagne et en France, puisqu’elle est 'a peu près la seule usitée dans toutes les provinces de la Russie qui, a raison de l’immense étendue de son territoire, possède des climats très variés et les oignO'iis sont le premier de tous les condiments indigènes et entrent pour une large part dans l’alimentation du peuple.

Nous trouvons, du reste , bien singulier que le procédé que nous venons de décrire et que l’espèce d’oignon a la- quelle il s’applique soient jusqu’ici restés inconnus dans les divers Etats de l’Europe , malgré l’immense commerce qu’ils font avec la Russie.

Ch. Naüdin.

Moyen de préserver des insectes nuisibles les Ormes et les Pommiers.

Après m’être livré durant trois années consécutives a des recherches sur les causes qui font périr en si grancl^ nombre les Ormes, les Pommiers a cidre, etc., et après avoir traité, par un procédé opératoire qui m’est propre, plus de douze cents de ces arbres malades, de tout âge et de toute grosseur, je crois être arrivé aujourd’hui â des ré- sultats assez satisfaisants pour que l’Académie des sciences veuille bien me permettre, en attendant le mémoire étendu que j’ai entrepris sur ce sujet, de lui communiquer les ob- servations suivantes :

Les arbres en question doivent l’état déplorable dans lequel ils se trouvent si souvent a l’interception delaséve descendante par Faction des larves de Scolylus desirucîor, subarmatus eimuUistriatus, accompagnées du Cossus U- gniperda pour les Ormes, de celles du Scolylus pruni ac- compagnées du Callidium pour les pommiers à cidre, de celles de VHylesinus crenatus pour le frêne {Fraœinus

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REVUE HORTICOLE.

excelsior), etc., qui^, toutes, tendent a désorganiser com- plètement les couches profondes et vivantes de Técorce jus- qu’à ce que la mort de l’arbre ait lieu.

Les Scolytus desîructor, subarmatus^ etc., et le Cossus ligniperda^ attaquent aussi bien les Ormes qui se trouvent dans les grandes villes, l’on pourrait croire qu’ils sont d’abord prédisposés au mal qui les affecte par les nom- breux éléments de destruction qui les entourent, que dans les campagnes ils sont plantés dans les meilleures con- ditions pour végéter.

La mortalité qui frappe tant d’Orraes et menace de faire disparaître nos plantations dans un temps plus mi moins éloigné est due presque uniquement à la propaga- tion des larves de scolyte, laquelle a pris un si grand dé- veloppement depuis douze ou quinze ans, qu’il serait dif- ficile de trouver aujourd’hui dans l’enceinte de Paris et meme dans tout le département de la Seine un arbre qui n’en soit pas atteint. L’action des larves du cossus se porte principalement sur le corps ligneux qu’elles dégradent profondément, sans pour cela Irop compromettre la vie de l’arbre.

Le simple enlèvement par bandes longitudinales et pa- rallèles entre elles de la vieille écorce jusqu’à la jeune siège le mal (il ne faut pas aller jusqu’au liber qu’il importe de conserver), cet enlèvement pratiqué sur le tronc et les grosses branches des Ormes, des Pommiers , des Frênes, etc. depuis deux jusqu’à six, suivant la grosseur de l’arbre, a suffi pour les purger complètement des larves qui les in- festaient, en régénérant non-seulement le tissu cortical encore malade laissé au fond des tranchées, mais fécorce non atteinte par l’instrument tranchant et qui occupas! l’espace compris entre chacune d’elles.

L’expérience m’ayant prouvé que des arbres , notam - ment des Ormes, dépouillés entièrement de leur vieille écorce sur tout le tronc, pouvaient très bien supporter le grand froid et la sécheresse, sans qu’il fut nécessaire de recouvrir la plaie d’ongueut de Saint-Fiacre ou d’un en- duit quelconque, j’ai cru devoir aujourd’hui donner la préférence à ce mode d’opération comine étant plus ra- tionnel, plus simple, plus propre, aussi rapide et même plus économique à cause de la vieille écorce qui, par son abon- dance, ne laisse pas que d’avoir une certaine valeur sous le rapport du combustible, et qu’on pourrait peut être bien

REVUE HORTICOLE.

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associer avec avanlage a celle du Chêne pour tanner les cuirs. J’ai cependant réservé les incisions pour les gros- ses branches, sur lesquelles je les pratique le plus haut possible jusque vers les sources de la sève descendante.

Ces opérations et surtout la décortication ou l’abla- tion complète des vieilles couches corticales du (roue, abstraction faite de la présence des larves d’insectes, ont aussi la propriété d’augmenter d’une manière notable la production du bois chez des arbres stationnaires, rabou- gris, tels que des Ormes, des Chênes. Ainsi, en admetlant qu’a Paris les gros Ormes de soixante-dix à quatre-vingts ans, et les moyens de trente a quarante ans, produisissent annuellement, les uns une couche ligneuse de un à deux millimètres d’épaisseur, les autres de deux à cinq, le tronc d’arbres semblables, débarrassé entièrement de la vieille écorce qui étreint la jeune, et l’empêche surtout de participer aux fonctions d’absorption et d’exhalation des feuilles , a , dans le même espace de temps , présenté chez les premiers une couche ligneiise de quatre a cinq millimètres d’épaisseur, et chez les seconds de six a huit. Cet accroissement remarquable, qui, dans les bourrelets, est allé quelquefois a deux centimètres d’épaisseur, s’est maintenu, l’année suivante, dans lamfm:* proportion. Enfin la même opération paraît devoir également ramener la fé- condité dans les vieux arbres fruitiers.

E. Robert.

L’opération a laquelle M. Robert soumet les Ormes de nos promenades n’est point complètement nouvelle, mais il l’a heureusement étendue; elle a la sanction de l’expé- rience et se pratique depuis longtemps sur les arbres frui- tiers languissants, Knight, auquel on doit les premières re- marques au sujet de l’action salutaire de l’écorcement sur les arbres malades, avait remarqué que des Pommiers aux- quels il avait enlevé, ou mieux sur lesquels il avait raclé une partie de la vieille écorce, sans entamer la partie vi- vante de cet organe, avaient plus gagné en diamètre, dans l’espace de deux ans, que pendant les vingt années qui avaient précédé. l’opération. Ainsi le procédé de M. Robert a un double avantage, d’une part d’enlever un nombre con- sidérable de larves de scolytes nichées dans la portion ex- terne de l’écorce, de rautre de mettre la partie vivante de l’écorce en contact avec Tair. J. D.

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REVUE HORTICOLE.

Visite de la Reine au jardin d’hiver de M. Lemichez.

M. Lemichez, propriétaire du jardin d’hiver de la rue des Trois-Couronnes, a reçu dernièrement un honneur qui re- jaillit en partie sur Fliorticulture tout entière. La Reine et Madame la princesse Adélaïde se sont rendues à son jardin que, pendant une heure et demie, elles ont visité dans tous ses détails.

Ces deux nobles dames ont hautement témoigné a M. Le- michez la satisfaction qu’elles éprouvaient à la vue des richesses de son jardin. En effet, ses nombreuses et belles variétés de Camellia, d’azalées, de Rhododendron qui con- stituent en majeure partie la spécialité de ses cultures, et plus que tout cela peut-être ses magnifiques espaliers d’o- rangers couverts à la fois de fleurs et de fruits mûrs de la plus belle venue, étaient bien dignes de fixer les regards de ces royales visiteuses. Un superbe provenant des

semis de M. Fion, prédécesseur de M. Lemichez, fleurissait alors pour la première fois et se présentait comme une des plus belles variétés. On assure môme qu’avec des yeux un peu complaisants, on pouvait apercevoir au centre de sa fleur une rangée de pétales figurant assez bien une couronne. Il fallut lui donner un nom; d’un commun accord on pro- posa celui de Marie- Amélie ^ et la Reine, avec cette grâce qu’elle apporte a toutes ses actions, voulut bien en accepter la dédicace.

Nous applaudissons d’autant plus volontiers à la démarche de la Reine et de la princesse Adélaïde, que M. Lemichez. est, parmi nos horticulteurs, un de ceux qui, par leur ha- bileté et leur modestie, méritaient le plus cette distinction.

Sa Majesté, pour perpétuer le souvenir de sa visite, en même temps que pour témoigner â M. Lemichez combien elle était satisfaite de ses cultures , lui a envoyé une mé- daille d’or, portant d’un côté l’effigie du Roi et de la Reine, et de l’autre ces mois: La Reine à M •Lemichez, 7 mars^ 846.

Nous espérons que cette royale visite ne sera pas la der- nière et que ces nobles dames, qui ont pris l’florticulture sous leur protection, voudront bien honorer aussi de leur présence quelques autres établissements méritants ; ce sera pour les horticulteurs qui les dirigent une des plus douces récompenses qu’ils puissent ambitionner.

Naudl\.

REVUE HORTICOLE.

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Revue des I®**, et trimestres 1845 des Annales de la Société d’horticulture du département du Nord.

Nous trouvons dans celte revue plusieurs notices ou observations dignes d’intérêt. Ainsi, page 6, on lit un excel- lent article sur les Achimenes ^ par M. de Jonglie qui, après avoir cultivé longtemps en amateur éclairé, vient d’ouvrir 'a Bruxelles, rue des Yisitandines , 20, un riche établissement liorticultural et commercial. L’horticulture compté peu d’hommes aussi actifs et aussi instruits que M. de Jonghe.

Page 15, M. Scheidweiller fait' une dissertation sur les tentatives infructueuses entreprises jusqu’ici pour faire ger- mer les graines des orchidées dans les cultures horticoles ; il est porté a penser que les graines de ces plantes n'ont pas ou n’ont que très rarement un embryon. 11 serait possible en effet que les orchidées, cultivées en serre, ne pussent passe féconder naturellement, la vanille en offre une preuve ; mais peut-être aussi ii’a-t on pas tenté tous les moyens de faire germer leurs graines. Eu voici un bien simple et qui m’a parfaitement réussi quand je faisais de la botanique sous la zone torride : J’avais de l’eau dans une soucoupe, je mettais un morceau d’éponge dans cette eau, bientôt la partie de l’éponge qui ne baignait pas était imbibée, et je la saupoudrais de graines d’orchidées épipliytes, et en ayant soin que l’éponge ne manquât pas d’eau, ces graines germaient en moins de huit jours. Si ce moyen, employé dans une serre chaude, ne réussit pas, il sera permis de croire qu’en effet la fécondation ne se fait pas naturellement chez les orchidées épiphytes dans les serres.

Page 4 8. On retrouve ici , sans nom d’auteur, le fond d’un, bon article sur la culture du figuier a Argenteuil, publié en 4 844, par M. Boullay, et rapporté par extrait dans la Revue horticole, t. III, série, page 290. Pourquoi donc l’ano- nyme n’a-t-il pas dit il avait pris son article? Il est vrai qu’il dit plusieurs choses dont M. Boullay n’a pas parlé ; je proteste contre ce passage : « Le Bon Jardinier nous semble avoir dit, mal d propos, que cela fait tort d*une seule ré- colte, »> Je ne sais ce que le Bon Jardinier disait dans son origine, mais je soutiens que depuis 4 827 on ne trouve, dans aucune édition, l’erreur annoncée par l’anonyme. Voici un autre passage, page 24, dont je lui laisse la responsabilité :

50

REVUE HORTICOLE,

« Recensement fait avec soin et exactitude, i! existe actueî- lementsuf le territoire d’Argentoùil 1221 pieds de figuiers'*. La contenance de chaque pied est, approximativement, de quatre ares. »»

Page 51 se trouve le rapport d’une commission chargée de visiter les tulipes des environs de Lille. Le mauvais temps contraria, en 1845, la floraison de ces belles plantes. On sait que les tulipes sont très cultivées a Lille; que les tulipopliiles y sont nombreux , et qu’il en sort souvent des plantes extra ^ d’un prix d’autant plus élevé qu’elles sont plus avares de caïeux. Le rapport place au rang des vété- rans, dans cette culture spéciale, MM. Desinazieres et Tri- pier; viennent ensuite M. Tüinan , dont la collection vient d’être vendue plus de 7,000 fr. ; MM. Allard , Potier, Ma- thieu, Morvilliers, Desurinont, Dehau ; mesdames Derou- baix, Lefevre et plusieurs autres. Les gains de 1845 sonï VAnge déchu, la Prophétie, obtenus par M. Desmazières. Enfin les lauréats sont : MM. Tripier, Deroubaix, Desurmonr,. Potier et Leclercq. La commission a visité neuf coilecîionsi, et elle cite par leur nom environ 50 des plus belles plantes de chacune de ces collections.

Page 55, exposition d’été, 4®*' et 2 juin 1845. La Société n’a pas publié le catalogue des plantes qui ont figuré à celle exposition, mais le rapporteur en cite un assez grand nom- bre, auxquelles il accorde des éloges mérités, soit pour leur beauté, soit pour leur culture. Cependant ni le prix pour les plantes rares, ni celui pour les semis, n’oniété dt^- cernés. La médaille d’or, pour la plus belle collection, a été accordée à M. Dubus. Les prix du concours entre les jardr- iiiers ont été distribués ainsi : i®'' prix, a M. Schaîcler; prix, à M. Fondeur; 5*" prix, a M. Serlin, fils.

On trouve , page 62, un fort beau résultat d’un semis de fuchsia de M. Dubus ; ce cultivateur a, dit-on, obtenu panrà 4,000 pieds des physmiomies tout à fait exceptiormelles. Viennent ensuite, page 64 , les plantes de pleine terre de M. Hippolyte Jouffroy, parmi lesquelles on remarque une chelone americana , dont la tige, haute de 4*", 50, est gar- nie de fleurs de la couleur du vermillon le plus éclatant ; une lobelia gigantea , dont la tige florale a 5 mètres de hauteur et dont les fleurs, plus grandes que celles de ht lobelia fulgens, en ont le vif coloris.

On trouve, page 72, un bon article de M. .ïaequin aîné, sur les rempoinges, extrait des Annales de Flore et Pomone^

REVUE HORTICOLE. ô 1

juin 1844. Quoique tout ne soit pas encore dit sur les rcna- potages, cet article sera consulté avec fruit.

Yiennent ensuite les comptes rendus de quelques séances de la Société, et la brochure est terminée par une déclara- tion du conseil d’administration, qui fait connaître aux membres de la Société que des travaux de construction vont les priver de la jouissance de son jardin. On agite la question de savoir si on portera le jardin et les serres sur un autre emplacement; mais le chiffre de la dépense néces- saire pour une translation de ce genre a déterminé la So- ciété 'a renoncer, quant à présent, a la possession d’un jardin. Püiteaü.

Art de construire et de gouverner les serres^ par Neumaisiv^

jardinier en chef au Jardin des Plantes de Paris et chargé

de la direction des serres, I vol. iii'4, avec gravures.

Prix 7 fr.

Nous annonçons à nos lecteurs la deuxième édition d’un livre qui est déjà classique pour beaucoup d’entre eux, mais- qu’on ne saurait trop populariser aujourd’hui que le nom- bre immense de végétaux introduits dans les serres et qui tend a s’accroître sans cesse a fait] de rhorticullure un art des plus compliqués. La longue expérience de son auteur» sa réputation méritée, plus encore que l’emploi dont il eg; investi, expliquent aisément l’accueil que le public a fait à son livre et sont un sûr garant du succès qu’obtiendra cette- seconde édition qu’il a soigneusement retouchée et enrichie de plusieurs articles nouveaux. Praticien et expérimenta- teur, doué a un haut degré de l’esprit d’observation, le jar- dinier en chef des serres du Muséum n’a pas consigner dans un traité qu’il destinait a servir de base a l’instruction horticole de praticiens d’autres enseignements que ceux qui ont reçu la sanction de sa propre expérience et de celle des horticulteurs les plus éclairés. Longtemps avant de se renfermer dans l’élude de la direction des serres, il a étudié dans la nature et sous le climat des tropiques les végétaux qui sont ici l’objet de ses soins. L’instruction qu’il en a retirée et ses fréquentes relations avec les plus célèbres- praticiens de l’Angleterre, de la Belgique et de la Hollande le rendaient plus que tout autre capable de poser les prin- cipes de cette partie difficile de l’art liorticultural. Le suc- cès avec lequel il s’est acquitté de sa lâche a été complet

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et lui a mérité le prix fondé par la Société royale d’horli- cultiire.

Essayons , par une rapide esquisse , de donner une idée du contenu de cet ouvrage aux personnes qui ne le con- naissent pas encore.

Sous le nom de serres, les liorliculleurs désignent toutes sortes de bâtiments à toit vitré , destinés a abriter les végé- taux contre les excès de température de notre climat. Avec une définition aussi large, on conçoit qu’on pourra ranger sous cette dénomination toutes les formes cFabris usitées aujourd’hui en horticulture , depuis la simple cloche à me- lons jusqu’à la serre chaude. Chacune de ces modifications fait le sujet d’un article dans le livre que nous analysons. Après l’examen de ces questions importantes , qui ont trait â remplacement, a l’exposition etâ la forme â donner aux serres, l’auteur pose les principes qui doivent présider a leur distribution intérieure et a l’art d’y grouper les végé- taux. Le chauffage, la ventilation, la formation des com- posts, l’arrosement des plantes, les soins de propreté qu’elles réclament, en un mot toutes les particularités de cette branche de la culture viennent a la suite des questions pré- cédentes, dont elles sont en quelque sorte le corollaire.

Nous ne suivrons pas l’auteur dans les innombrables dé- tails relatifs aux bâches ou châssis ainsi (ju’â leurs modifi- cations ;'a l’orangerie, aux serres froide, tempérée et chaude, soit sèches, soit humides ; aux serres â forcer; à celles qui sont affectées â des cultures spéciales, comme celles aux orchidées, aux plantes grasses, aux pélargonium, etc. Bor- nons-nous â dire que dans un moment oii les jardins d’hiver se multiplient en Angleterre et en Belgique et oii ils com- mencent a se montrer chez nous , il ne pouvait les passer sous silence. Un long chapitre leur est consacré. Enfin il termine son ouvrage par la description des principales serres de TEurope et des jardins d’hiver les plus célèbres ; et de la encore résulte pour le lecteur plus d’un ensei- gnement utile.

Ainsi qu’on a pu le voir par ce rapide exposé, le livre de M. Neumann n’est pas uniquement consacré a décrire les procédés suivis dans la construction des diverses serres, c’est aussi un traité de la culture des plantes que l’on y renferme et un des plus parfaits que nous possédions. C’est à ce double titre qu’il se recommande a tous ceux qui, soit par délassement, soit par état, se livrent â cette branche de

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l’art horticole. Non-seulement il est le code de ceux qui commencent, mais les vieux praticiens eux*mêmes y puisent souvent des documents qui ont échappé 'a leur expérience. Nous ne saurions trop en recommander l’étude, surtout a cette jeune génération de jardiniers qui se forment dans nos grands établissements et qui doivent un jour exercer leur art dans les divers jardins botaniques ou chez les riches amateurs. Qu’ils n’oublient pas que c’est à l’école de M. Neu- mann que se sont formés tant de praticiens éclairés^ qui ont emprunté en grande partie a son expérience les prin- cipes de saine horticulture qu’ils suivent dans leur pratique et qu’ils cherchent a populariser par leurs écrits.

Ch. Naüdîx.

Manière de sécher les légumes.

Le commerce a trouvé les moyens propres a conserver, par la dessiccation, tontes sortes de produits végétaux, tels que le thé, la cannelle, lesalep, la racine de guimauve, les raisins, les prunes, etc.; il serait cependant utile de re- chercher si, par des moyens analogues, on ne pourrait pas s’assurer aussi la conservation des légumes verts, des choux, des navets, des betteraves, des pommes de ter- re, etc,., Certains légumes, tels que les haricots verts et les pois, par exemple, ne peuvent être mangés frais que pendant très peu de temps: le reste de l’année on les mange salés ou desséchés d’une manière qui leur fait perdre presque entièrement la saveur primitive, et même ne permet pas de les garder longtemps. Les pays du nord, dont l’été est fort court, ont déjà essayé de sécher quelques légumes; les Hollandais font même un commerce assez considérable en pois et en haricots verts destinés a la marine.

Avec un peu d’application et de soin, on mettrait à la portée de toutes les classes un bon procédé de sécher les légumes, pour en jouira bas prix, hiver comme été.

Je donnerai donc ici, dans l’intérêt général, avec l’es- poir d’être utile et d’éveiller l’attention sur un ol)jet qui peut devenir une branche de commerce, l’explication du procédé que j’ai expérimenté depuis quelques années pour réduire les légumes a un état de sécheresse qui per-

(1) MM. Hardy à Alger, Delaire à Orléans, Mélinon à Cayenne, Roiillet, sons-chef des serres au Muséum.

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mette de les conserver indéfiniment sans rien ôter a leur goût naturel.

Je commencerai par faire observer deux points essentiels dans cette préparation : d’abord, que la vie végétale doit être atténuée, par de l’eau chaude ou de la vapeur, dans les parties de la plante qu’on sépare du Ironc et du corps; ensuite que les végétaux en question, disposés par couches légères, exigent une chaleur de 50 à 60 degrés centigrades pour être séchés promptement. Si l’on n’observe pas la première de ces deux conditions, non-seulement les végé- taux ne sécheront pas bien, mais il s’opérera une décom- position provenant de ce que les cellules qui contiennent le fluide végétal se resserrent en séchant et ne laissent plus le passage libre a ce fluide; tandis que l’eau bouillante ou la vapeur brise les cellules dont la chaleur fait alors écouler librement l’humidité.

Placer les végétaux par couches dans un appareil a cel usage et Y introduire de la vapeur semble une chose toute simple et inutile a décrire; cependant tout dépend de la manière de s’y prendre.

Lorsque la vapeur s’échappe de l’appareil et qu’elle a atteint une chaleur de 1 00 degrés, on n’y laisse les légumes qu’une minute; on les met alors par couches sur des claies qu’on place dans une chambre disposée pour cet usage et chauffée, ainsi qu’il s’en trouve dans de grands établisse- ments pour des opérations analogues; les particuliers, les petits ménages, sauront y suppléer selon leur position, en réservant un endroit convenable dans la cuisine ou près d’un poêle.

1. Manière de sécher les haricots verts. On les cueillera verts, dans leur meilleur moment, et on les épluchera comme si on voulait les faire cuire; après les avoir placés par couches dans l’appareil, comme nous l’avons dit plus haut, on y fera pénétrer la vapeur pendant une minute au plus; les haricots doivent être alors déposés par couches sur les claies qu’on disposera dans le séchoir préparé a cet effet; au bout de vingt-quatre heures, ils seront si secs qu’on pourrait les réduire en poudre.

Cinq kilogr. de haricots verts se réduisent a \ kilogr. par la dessiccation; mais employés et cuits, ils se gonflent de ma- nière a reprendre a peu près leur premier poids.

Lorsqu’on veut les manger, on peut commencer parles laver à l’eau froide; une couple d’heures avant de les

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faire cuire , on les met dans une quantité d’eau froide égale a leur poids ; on ne les laisse pas cuire aussi long- temps que s’ils étaient frais ou crus.

Dans quelques maisons, on s’y prend de la manière sui- uante pour les faire sécher. On jette d’abord les haricots bien épluchés dans l’eau bouillante, en ayant soin que leur introduction n’interrompe pas l’ébullition; au bout de deux minutes on les retire avec l’écumoir et on les jelie dans une eau bien froide (procédé ordinaire qu’on appelle blanchir, en termes de cuisine); on les y laisse quelque temps avant de les mettre sécher sur les claies. On a cru remarquer que cette manière de procéder leur donnait un aspect plus frais et plus vert.

2. Les carottes préparées ainsi a la vapeur et séchées perdent neuf dixièmes de leurs poids;

5. Lespois verts perdent trois quarts;

4. Dix kilogr. de choux-raves se réduisent a un seul;

5. Dix kilorgr. de navets blancs a un kilogr. quatre dixièmes;

6. Le chou rouge perd un dixième ;

7. Pommes de terre. 11 y a deux manières de les sé- cher : ou bien on commence par les peler ou les couper en morceaux avant de leur faire subir l’opération indiquée plus haut, ou on les fait bouillir a la vapeur avec leur en- veloppe, après quoi on les pèle pour les râper grossière- ment et les étendre ainsi sur des linges dans l’endroit pré- paré pour le séchage, ce qui a lieu en fort peu de temps. Dix kilogr. de pommes de terre se réduisent 'a trois après cette opération.

Il va sans dire que les légumes, après avoir été ainsi pré- parés, doivent être gardés dans un endroit sec.

|)r PetteIVHOFER,

Pharmacien de la Cour de Bavière.

Observations sur V article ci-dessus.

Les communications du docteur Pettenhofer ne sont pas seulement du plus grand intérêt pour les •particuliers, mais surtout pour les agriculteurs. Bien que toutes les con- trées ne soient pas également riches en combustible né- cessaire a la préparation dont il s’agit, du moins pour l’é- tablir sur une grande échelle, il en est ces ma- tières sont a si bon marché que les spéculations de ce

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genre pourraient y offrir beaucoup d’avantages; et en voici un exemple :

La pomme de terre est, sans contredit, aujourd’hui le vé- gétal le plus important pour la nourriture de l’homme et la garantie la plus sûre contre la disette; car elle souffre peu des intempéries des saisons et produit en substance nutritive trois fois plus que le blé. Mais la difficulté de mettre ce tubercule en état de se conserver longtemps et de l’utiliser pour de longs transports l’a seule empêché de prendre, dans le commerce, une place aussi importante que les grains.

La pomme de terre contient un quart de substance so- lide contre trois quarts d’eau; elle est par cela meme plus sujette que tout autre végétal a geler en hiver et a se gâter au printemps ; on n’a donc pu arriver jusqivici, en ce qui la concerne, à aucune opération de commerce ou de trans- port lointain. Tandis que le froment se transporte avanta- geusement par mer ou par terre, la pomme de terre, qui ne coûte que le cinquième du prix du froment, ne peut guère se transporter avec avantage qu’a une distance de quelques kilomètres. Mais si l’on convertit la pomme de terre en une substance sèche , d’une conservation facile, pouvant se transporter sur terre comme sur mer et être donnée à moitié prix du froment, quels ne seraient pas les avan- tages qu’on pourrait en retirer !

On a essayé de plusieurs procédés pour réduire la pom- me de terre en farine. Je n’approuve pas celui qui consiste tout simplement à faire sécher la pomme de terre après l’avoir coupée par morceaux, parce que les sels qui y res- tent attirent encore l’humidité lorsqu’elle est mise en con- tact avec l’air qui produit bientôt la moisissure ou la fer- mentation. On a proposé, pour obvier a cet inconvé- nient, de laisser séjourner la pomme de terre, avant de la faire sécher, dans une eau légèrement aiguisée d’acide sulfurique; mais il y a une difficulté, c’est que l’influence des acides minéraux sur les végétaux est de nature a laisser toujours dans le goût des traces fâcheuses que n’efface- rait pas le Ravage a l’eau. Je me prononce d’autant plus contre tout essai de ce genre que les liqueurs acides ren- ferment fort souvent des matières dangereuses , même à de faibles doses.

Dans la préparation communiquée ici par M. le docteur Pettenhofer, les sels sont neutralisés par la vapeur en

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meme temps qiierâpreté de la solanine; alors la masse sè- che ou desséchée peut se garder ou se transporter sans en- combre, aussi bien que la farine sèche ou de munition qui sort des moulins de l’Amérique septentrionale. L’exécu- tion de ce procédé ne demande ni beaucoup de peines ni beaucoup d’apprêts. Il ne s’agit que de peler la pomme de torre, de la couper en morceaux, de la faire passer par la vapeur, et puis de la mettre sécber.

Le plus grand travail est de la peler, soit avant, soit après une courte cuisson; il est préférable de la peler avant, pour qu’elle n’ait pas le temps de se refroidir avant d’être mise dans les séchoirs. Peut être y aurait-il moyen de peler les pommes de terre par un autre procédé plus prompt; par exemple, en imaginant une machine dans laquelle ou les roulerait dans du sable pendant un certain temps; je crois qu’elles y laisseraient très-facilement leurs pellicules, et cela coûterait moins de temps et de travail.

Quant a la cuisson a la vapeur, elle a lieu dans des ap- pareils a vapeur semblables a ceux dont on se sert dans les fabriques d’eau-de-vie de pommes de terre

Docteur Zierl.

Procédés 'pour conserver les petits pois, les fèves et les haricots verts.

Il n’est point inutile de rappeler dans cette saison par quels moyens on peut conserver quelques légumes pota- gers, principalement les petits pois, les lèves et les haricots verts , qui sont d’un usage général. D’abord on expose les petits pois dans un bassin de cuivre, avec 255 gram- mes de sucre par litre de grains, à une douce chaleur, en les agitant continuellement jusqu’à ce que tout le sucre soit absorbé , puis on les place sur une feuille de papier posée sur un tamis renversé, sous lequel on entretient de la cen- dre chaude, ou bien sur des claies dans un four médiocre- ment chauffé; lorsqu’ils sont parfaitement desséchés, on les renverse dans des sacs de papier qu’on tient à l’abri de toute humidité. Un autre procédé consiste a les plonger dans l’eau bouillante, ensuite a les passera l’eau froide et à les faire sécher dans un tamis renversé et chauffé comme il a été dit plus haut ; on les renverse de la même manière.

0) La Réaction,

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Celte dernière méthode s’applique encore aux fèves et aux haricots; toutefois il faut observer que les haricots, avant d’élre plongés dans Teau bouillante, doivent être débar- rassés de leurs parties filamenteuses et cassés en deux.

Lorsqu’on veut faire usage de ces légumes ainsi prépa- rés, soit qu’on ait employé le premier ou le second pro- cédé , il faut les laisser tremper pendant quelques heures dans l’eau tiède.

Note sur la Pomme de terre Marjolin^ considérée comme plante de primeur.

La pomme de terre Marjolin est assez répandue aujour- d’hui dans les cultures pour que Fou ne doute plus de ses avantages sur les autres variétés , soit sous le rapport de sa qualité, soit sous celui de sa précocité; et quoiqu’elle ne soit pas la plus productive, cependant nos jardiniers pri- meuristes et maraîchers avaient reconnu, depuis quelques années, qu’il leur était facile d’obtenir de cette plante deux récoltes par an : la première s’obtenait en plantant les tu- bercules en janvier, sur couche et sous châssis, pour récol- ter en avril; et ccs mêmes tubercules, plantés en pleine terre en avril , étaient récoltés en août suivant.

Depuis deux ans, M. Noblet, l’un de nos plus intelligents maraîchers (rue de Sèvres, 1^8), a trouvé le moyen d’en obtenir jusqu’à trois récoltes par an , en plantant toujours les tubercules de la récolte précédente. Après celle d’août, il plante, du 1 5 au 20 du même mois, de nouveaux tubercules, en ayant soin de les disposer de manière a pouvoir être cou- verts de châssis; et la récolte de celte troisième saison a lieu au mois de janvier, époque a laquelle on ne faisait que la préparer pour primeur. C’est une plante qui présente beaucoup d’avantages pour la culture sous châssis, attendu que ses tiges s’élèvent peu et sont même peu nombreuses. J’en ai observé plusieurs fois qui ont donné des produits en tubercules sans avoir émis aucuns bourgeons hors de terre.

M. Nobleta présenté, le 21 janvier de celte année, au cer- cle horticole de Paris, une corbeille de ces nouveaux tuber- cules, dont la grosseur ne laissait rien â désirer. Il est donc bien constaté aujourd’hui qu’on peut avoir, par ce procédé de culture et par l’avantage de la précocité de ce précieux tubercule, des pommes de terre nouvelles pendant toute l’année. Pépln.

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r>î>

Greffe de jeunes orangers.

J’ai vu chez M. Martine, au mois de janvier dernier, plu- sieurs milliers de jeunes orangers greffes en fente au mois d’aout 18^5. Cette petite pépinière d’orangers était établie dans de grands pots et dans de petites’ caisses placés sous châssis. M. Martine a greffé les plus forts sujets avec des branches qui portaient cinq a six rameaux assez gros pour former une tête. Toutes ces greffes ont parfaitement repris et forment de belles têtes; quelques-unes monlrent déjà leurs boutons a fleurs, et l’on croirait que ces orangers da- tent de plusieurs années, tandis qu’ils n’ont que six mois d’existence, et les sujets deux ans de semis. Ces derniers se greffent souvent la même année; mais comme on y place aujourd’hui de plus fortes greffes, on préfère ne s’en servir pour sujet qu’au bout de dix-buit mois ou deux ans. Beau- coup de ces jeunes arbres seront livrés au commerce cette année avec des fleurs et des fruits.

Pépin.

Extrait des Catalogues de printemps.

M. Adolphe Weick, horticulteur 'a Strasbourg (Bas-Rhin), nous adresse son catalogue pour le printemps et l’été de 1846 On y remarque un choix de plantes de serre chaude et de serre froide , des arbustes et plantes de pleine terre , ainsi qu’un choix de Ver-

hena, Pétunia, Antirrhinum, Phlox, Chrysanthèmes, Pen- sées et Rosiers. Toutes les espèces et variétés qui composent ces genres de plantes sont choisies parmi les plus belles et les plus nouvellement obtenues de semis. On remarque aussi avec intérêt le Sida pœoniœflora, plusieurs nouvelles variétés de Gaillardia, de Primula sinensis macrantha et le Spirœa Douglasii, arbuste magnifique â fleurs en thyrses, rose cramoisi, figuré dans l’un des derniers numéros de la Flore de M. Yan-ïïoutte. M. Weick possède en outre une col- lection de pâquerettes {Bellis perennis) de vingt-quatre variétés, et offre un catalogue séparé pour les Dahlias et les graines de fleurs.

Nous recevons, sous le titre de Jardin floricultur al d^Ecouen, un catalogue de Dahlias, Pelargoniums , Ca- mellias et plantes de serre chaude pour 1846, des cul-

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tures de M. Jacob , sous la surveillance de M. Cliéreau. Un catalogue particulier paraîtra ultérieurementpour les genres Acacia, Amlea indica^ Cinerariüy Correa^ Erica, Fuchsia^ Rhododendrum arboreum, Verbena^ et un grand nombre de plantes de serre tempérée, ainsi que quelques beaux genres de pleine terre. Cet établissement , situé à Ecouen (Seine-et'Oise) , paraît prendre une grande extension. Ou fait des échanges avec MM. les horticulteurs , amateurs et commerçants.

M. Henri Demay, horticulteur a Arras, nous adresse sou catalogue de Dahlias, dont les envois se feront à partir du 20 avril et continueront les jours suivants. C’est une col- lection nombreuse , divisée en trois séries ; la première se compose de nouveautés qui n’ont pas encore paru, et sont vendues pourlapremièrefois; la seconde comprend lesmeil- leures nouveautées introduites en i 844 et 1 845 ; dans la troisième et dernière série se trouvent tous les beaux Dahlias des années antérieures, qui méritent encore quelque inté- rêt. Cette collection m’a paru une des plus nombreuses que l’on connaisse, d’après la nomenclature contenue dans la catalogue.

M. Frequel, horticulteur, barrière Ménilmontant, rue de la Mare, 52, a Paris, s’est attaché spécialement à la culture des pensées. H a fait des recherches tant en France qu’à l’étranger, aûn de se procurer toutes les variétés de cette plante qui lui ont paru dignes de figurer dans une collec- tion de choix

La nomenclature de son catalogue, tout à fait spécial pour ce genre de plantes , est disposée par lettres alphabétiques et se compose de 528 variétés.

]\I. Le lïuidoux, propriétaire à Saint-Brieuc, fait connaître aux amateurs les variétés de Dahlias qu’il a obtenues de ses semis de 1845, et qu’il livrera au commerce à l’automne prochain , après en avoir vu la seconde lloraison. Ces nou- veaux Dahlias sont au nombre de 88, et sont nommés en partie d’après la couleur des fleurs.

Le n'’ 42, qui porte le nom de duc et duchesse de Ne- mours^ a produit des fleurs d’un blanc pur rubané soufre, et d’autres fleurs jaune soufre rubané blanc, et quelquefois des fleurs unicolores , jaune soufre ou blanc pur ; ce qui serait un très grand défaut dans une autre couleur est ad- mirable dans celle-ci. Les fleurs et la tenue de ce Dahlia paraissent être de la plus grande perfection. Pépin.

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Tillandsia splendens, A. Brong., 'plante de la famille des Broméliacées [TiWàndsïe brillante), (fig, 5).

Tige courte, fixée par ses racines au tronc des arbres, feuilles de 0“^,08 a O"', 12, étalées, recourbées au sommet, oblongues, concaves à la base, largement canaliculées, pla- nes vers le sommet, brièvement mucronulées, longues de 0“,50 'a 0“,60 et larges d’environ 0“,06, comme parchemi- nées en raison de leur peu d’épaisseur et de leur rigidité, lisses sur leurs deux faces, très entières sur leurs bords, d’un beau vert en dessus, marquées transversalement de zones d’un pourpre noir, apparentes en dessus, scape sortant du milieu des feuilles, dressé, simple, plus long qu’elles, en- touré par ses écailles aiguës, étroitement appliquées, vertes et maculées de rougeâtre en tons sens ; épi simple, plus long que le scape, comprimé et gladiforme, d’un pourpre brillant; bractées lancéolées, carénées, obliquement imbri- quées, aiguës au sommet, lisses extérieurement, et d’un pourpre de feu éclatant; fleurs jaunes, sortant de l’aisselle des bractées, cachées en grande partie par elles et les dé- passant; calice libre, à sépales oblongs, lancéolés aigus, dont les postérieurs confluents ; pétales libres, oblongs, trois fois plus longs que le calice ; étamines au nombre de six, égales, dont trois alternent avec les pétales, et trois opposées fixées â leur base ; filaments un peu plus longs que les pétales; anthères linéaires s’ouvrant par une fente lon- gitudinale; ovaire libre, oblong, triloculaire ; ovules nom- breux ; style filiforme, égalant en hauteur les filaments; stigmate trilobé ; capsule trivalve ; graines nombreuses, aigrettées.

Cette belle broméliacée, si différente de la plupart des espèces cultivées par son long épi simple , distique, aplati, d’un rouge éclatant, a été envoyée au Muséum de Paris d’abord par M. Mélinon, puis par M. Leprieur. Elle croît sur le tronc des vieux arbres, dans la Guyane française : ses feuilles lisses, d’un beau vert, marquées de nombreuses zones brunes, très visibles en dessous, a cause du peu d’é- paisseur et de la transparence de la feuille, la rendent re- marquable, même lorsque la plante n’a pas encore déve- loppé son brillant épi de fleurs.

Je dois a l’obligeance de M. A. Brongniart cette note qu’il a bien voulu me communiquer. Cette plante n’est conmm

Tome v, 2e série. 5. Mai 1846.

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que depuis peu ; elle pousse avec une telle lenteur que je n’ai pu contribuer a la répandre autant que je l’aurais dé- siré ; mais ayant réussi a faire germer les graines qu’elle a données il y a deux ans, le Muséum commence a les envoyer en échange à ses correspondants.

La culture de cette belle plante, aussi remarquable par ses feuilles zonées que par le riche éclat de ses fleurs, est à peu près la meme que celle des autres espèces de Tilland- sia. La terre de bruyère la plus tourbeuse, une serre humide avec les orchidées paraissent surtout lui convenir; elle re- doute le soleil Peut être pourrait-elle être cultivée sur des bûches; mais il faudrait, dans ce cas, que la serre fût extrê- mement humide. Je tiens sous cloche pendant deux ou trois ans les jeunes plants que j’ai obtenus des graines ; ces plants doivent être repiqués deux et trois fois dans le courant de l’année.

Neumann.

Note sur le climat qu'habite le Cedrus deodora et sur sa végétation.

Le Cedrus deodora habite un climat plus sec que celui oïl croît le C. du Liban. La direction des principales chaî- nes des montagnes dénudées de l’Himalaya, jointe a l’en- caissement des vallées qui en sillonnent les pentes, con- tribue en effet a élever la température de l’air, tout en augmentant la sécheresse. Ainsi, sur la pente indienne de l’Himalaya, les Chênes, les Pins, le Deodar et d’autres co- nifères ne montent, suivant V. Jacquemont, dont la perte a été si généralement sentie, qu’à 2,600 mètres. La faible quantité de neige qui tombe chaque hiver est sans doute une des raisons pour lesquelles les cimes qui n’excèdent pas 0,000”^ s’en dégagent chaque année. L’excessive séche- resse de l’atmosphère dans toutes les saisons et l’impétuo- sité du vent desséchant qui ne cesse de souffler doivent con- tribuer aussi à l’évaporation et permettre aux cultures de s’élever, dans ces régions, jusqu’à 5,665 mètres, ce qui est la hauteur des Paramos dans la zone équino- xiale du nouveau continent, et excède de plus de 800 mè- ires les cultures de froment des plateaux de Quito. Dans le Kanawer, les récoltes d’orge sont encore abondantes à 5,184 mètres.

«Nonobstant Péléva tion absolue je me trouve (J ,550 mè-

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très), dit noire infortuné et célèbre compatriote au journal duquel j’emprunte les lignes suivantes, et la brise qui souf- lie, la chaleur est insupportable sous ma tente, exposée au soleil ; le thermomètre, a l’ombre et au vent, dépasse 50® (5 mai 1850). Je m’établis en plein air près d’une pagode, sous un vieux Cèdre dont le tronc desséché porte 'a peine quelques rameaux. Ils s’étalent magnifiquement comme ceux du C. du Liban ; leur feuillage est le même ; les natifs rap- pellent non Deodar {Deodwara) Diwar, exactement en anglais, son impossible à figurer en français. Il est très célèbre par ses dimensions gigantesques et l’élévation des sites Jusqu’oïl il végète; le feuillage est d’un vert clair, comme celui du mélèze dans les Alpes. A la limite inférieure de la forêt de Deodar que j’ai sous les yeux, et d’un carac- tère si alpin, si boréal, se trouve le type le plus étrange et le plus caractérisé de la végétation équinoxiale : c’est une euphorbe arborescente en forme de cierge qui couvre une zone étendue. ♦»

La présence d’une plante grasse {Euphorbia pentagona^ Royle) qui borde la limite inférieure du C. deodora est en effet un des caractères remarquables de cette partie de Pllimalaya indien et qui doit nous faire comprendre aussi le climat auquel s’adaptera en Europe la culture du C. deodora.

La forêt dont parle Jacquemont, si j’en juge par ses ma- nuscrits, doit être située a environ J, 550 mètres, limite inférieure à celle qu’habite le Rhododendron arboreum^ laquelle varie, suivant les diverses pentes de l’Himalaya, entre J ,460 et \ ,768 mètres. Les plus hautes cimes de cette partie montueuse des possessions anglaises ne dépassent guère 6,000 mètres de hauteur absolue ; c’est moins que la hauteur du Mont-Blanc au-dessus deChamouny. A 5,500"™, les forêts expirent en général, et sont réduites a quelques arbres rares et rabougris, et a des buissons de Rhododendron cam- panulatum. L’absence de forêt a cette hauteur est un des caractères de l’Himalaya. Ces massifs dénudés ne semblent souvent avoir de remarquable que la grandeur de leurs dimen- sions ; il n’y a ni prairies, ni pâturages, mais partout, ex- cepté sur les hautes cimes, une herbe inégale et grossière, trop courte pour faire une prairie, trop longue pour faire un pâturage. Il est des montagnes élevées qui, de leur base à leur sommet, ne sont revêtues que d’un mélange terne d’herbes et de rochers; le plus ordinairement, sur ce fond

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plat et monotone, des arbres sont dispersés; ce sont des Deodar plus ou moins rabougris auxquels viennent parfois se mêler le Pinus longifolia, qui affectionne cepemlant les parties les plus chaudes, et le P. Gcrardiana, qui forme au contraire les limites supérieures de celle zone de coni- fères qui, nulle part, ne se trouve arretée par les neiges sur les pentes méridionales.

Dans les expositions plus froides, entre 2,000 et 2,500 mè- tres, ce sont encore des chênes a feuilles persistantes (Q. dealbata) ainsi que des Rhododendrons qui constituent le fond de la végétation. Ni les uns ni les autres ne forment cependant d’épaisses forêts. Ce n’est qu’a la base de très hautes montagnes, ou dans leur voisinage (5,500 mètres), qu’il y a des forêts dignes de ce nom; mais dans la partie de l’Himalaya qu’habite surtout le Deodar, elles meurent d’elles-mêmes ; on est témoin de leurs derniers efforts con- tre le climat et de leurs misérables résultats. Dans nos Alpes, au contraire, c’est un rempart de glace qui arrête brusque- ment la végétation arborescente : le sol lui manque plutôt que le climat. C’est le contraire dans l’Inde. Sur les pentes septentrionales du Kedar-Kanta, une des cimes principales de l’Himalaya, et par 2,500 a 5 000 mètres d’altitude, les forêts se composent de Rhododendrons campanulatum, de groseilliers, d-e genévriers, d'érables, de tilleuls, d’aul- nes, etc., dont la végéiationva en s’amoindrissant. « J’ignore, dit Jacquemont au début de son voyage, ce que la nature peut déployer de beautés dans d’autres parties de l’IIima- laya ; mais j’assure que celui qui ferait le voyage sans lui demander d’autre intérêt que celui des paysages n’y trou- verait qu’un intérêt médiocre. »> En effet, l’influence de la latitude semble se faire sentir dans la végétation jusque près de la zone des neiges éternelles devant laquelle toute végé- tation s’arrête.

Les derniers lambeaux de forêts qu’on trouve en s’élevant dans nos Alpes sont composés ou de sapins ou de mélèzes; leur triste uniformité a quelque chose de funèbre qui est en harmonie avec la désolation des sites ils croissent; dans rilimalaya, au contraire, patrie du Deodar, quelques Amen- tacées, des Rhododendrons, des arbres a feuilles caduques se mêlent aux conifères jusqu’à la limite supérieure de la végétation, et en attestent nettement ainsi la diversité, si on la compare avec celle des Alpes indiennes et helvétiques.

J. Decaisjne.

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Note sur le Lonicera pallida, IIost.' ]

En 1858, le Muséum de Paris reçut du Jardin botanique de Vienne un envoi d’arbres et arbustes, parmi lesquels figurait un nouveau chèvrefeuille, sous le nom de Lonicera pallida. Cet arbrisseau, qui se plaît dans la plupart des terrains, est originaire de l’Autriche ; il a le port de nos chèvrefeuilles des jardins, Lonicera etrusca et Lonicera caprifolium, mais il en diffère par ses feuilles glauques, plus larges que dans les espèces précitées, par ses fleurs odorantes, plus longues, plus ouvertes et de couleur rose pâle.

Cette nouvelle espèce peut également concourir a l’ein- bellissemeiit de nos jardins; elle est volubile, rustique, et peut être employée a couvrir les murs, les berceaux, ainsi que la tige des arbres ; on la multiplie comme ses congé- nères, soit de boutures faites en automne, soit de marcottes qu’on pratique au printemps, soit enfin par ses graines, qu’il faut semer aussitôt la maturité. Celles que j’ai semées à plusieurs reprises ont reproduit identiquement l’espèce.

Pépin, j

Sur la culture de quelques arbres verts ' aux environs de Cherbourg.

M. Herpin nous écrit qu’au mois d’octobre 1844, il a planté en pleine terre un Araucaria imbricaia^ qui a subi l’influence de deux hivers, dont un, celui de 1844 à J 845 a été très rude, et que cet arbre n’a nullement souffert. Il a bien poussé Tété dernier et le bon état de son bourgeon terminal fait espérer qu’il va pousser bien en- core cette année. M. Herpin pense donc que sous le climat de Cherbourg cet Araucaria doit être considéré comme arbre de pleine terre, pourvu qu’on ait soin de le placer dans un lieu convenable. 11 est planté dans une espèce de petite savane , dans un bois paysager et â peu de distance d’un petit lac.

M. Herpin possède également un Pinus australis ; les hivers de Paris ne lui conviennent probablement pas; mais nous en possédons un au Muséum, qui est en pleine terre depuis dix ans au moins; il a bien 4 mètres de haut, fait chaque année des pousses de 0^1,45 a 0™,50, son feuillage est d’un vert foncé, et tout annonce en lui la vie et la santé.

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Un genevrier, qui a acquis des dimensions assez considé- rables en Afrique, sur les bords de la Malfrague et qui pour- rait bien être le Cïlrus dont s’est occupé M. Loiseleur Des- longchamps, est aussi en pleine terre depuis deux ans et ne paraît pas en souffrir.

Il est possible, dit M. Herpin, que la position favorable de ma propriété soit pour quelque chose dans mes suc- cès, mais pourtant je ne le pense pas. A 8 kilomètres de Cherbourg, cette terre est située dans un vallon ouvert au sud, des eaux de sources y coulent en a’eondance ; les na- tures de terrain y sont très variées, depuis le sol le plus fangeux jusqu’au plus aride, et depuis la bonne terre a blé jusqu’à la terre de bruyère, de sorte que je puis sans peine traiter chaque végétal selon les exigences de son tempéra- ment. G. Herpin de Fremont,

Capitaine de corvetie, aide-major de la marine à Cherbourg.

Floraison des Rhododendrum arboreum et des autres arbustes de terre de bruyère.

L’hiver que nous venons de passer a été avantageux a beaucoup d’arbres et plantes exotiques dans le midi et l’ouest de la France. Les camellias cultivés en pleine terre dans les établissements horticoles à Angers, ont eu cet hiver une floraison non interrompue, comme on le verra dans l’ar- ticlesuivant. Cesbelles fleurs, qui commençaientà se montrer dans les premiers jours de décembre, ont continué à se développer jusqu’à ce jour. Les rhododendrum arboreum sont dans le même cas ; nous espérons d’ici a peu d’années en voir de toutes les nuances dans les établissements de MM. Leroy (André) et Cachet, attendu les nombreux semis que ces deux horticulteurs ont faits de ces beaux arbustes qu’ils sont parvenus à substituer en pleine terre aux rho- dodendrum ponticum et maximum.

Plusieurs plantes de serre chaude ont persisté dans les jardins de Montpellier, Toulon et Ilyères, et parmi celles-ci la canne à sucre, le lalania sinensis ont résisté a l’hiver ; il ne faudrait pas croire cependant qu’ils y soient acclima- tés, tandis que les camellias cultivés à Angers paraissent au contraire être sous l’influence de la température sous la- quelle ils croissent au Japon, leur pays originaire.

Pépin.

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Floraison printanière de pleine terre dans les jardins d* Angers,

Les camellias de pleine terre , toujours beaux , toujours fleuris, n’ont cessé, depuis le mois de janvier, de faire Tor- uement des jardins par des milliers de fleurs de nuances diverses. Cette année, grâce au beau temps qui a continuel' lement régné pendant les mois de janvier, de février et une partie de mars, la floraison a été d’une beauté remar^ quable. Les fleurs, si nombreuses dans ces arbres, qu’elles se touchent presque toutes, ont atteint des dimensions qu’elles n’ont jamais dans les serres. Ainsi dans un espalier au levant, planté de ces beaux arbustes du Japon, dans les pépinières de M. André Leroy, des fleurs du camellia carné ont atteint de diamètre, et non-seulement elles sont

plus grandes, mais aussi mieux nourries et plus pleines, si je puis m’exprimer ainsi. Cette espèce est une de celles qui viennent le mieux en pleine terre et dont la floraison atteint le plus parfait développement.

Le C. pæoniflore qui fleurit peu ou assez mal en serre, a continuellement donné des fleurs depuis la fin de décembre Jusqu’à ce jour, et toutes ont pris un développement et des dimensions tout à fait inconnus en serre. 11 n’était pas rare d’en voir un certain nombre à la fois mesurant plus de 0“,J0 de diamètre. Dans cette position cette espèce est beaucoup plus vigoureuse que dans toute autre. Les blancs, espèce assez délicate , ont néanmoins bien fleuri cette année en pleine terre. Quelques unes de leurs fleurs , dont rien n’égale la blancheur et la beauté, avaient jusqu’à I de diamètre. L’arbre qui les supportait en était couvert et la fleuraison a duré deux mois.

Le C. myrtifolia, qui ne prospère pas très bien en serre, fleurit parfaitement en pleine terre et y réussit à merveille. Les fleurs qu’il donne ne sont pas reconnaissables; c’est ainsi qu’un sujet de cette espèce, planté dans le même espalier que les autres, y a développé des fleurs d’une di- mension tout à fait extraordinaire ; le coloris même ne ressemblaiten rien à ceux de même espèce que l’on cultive en serre. Les fleurs étaient partagées en trois sections de couleurs bien tranchées ; les trois rangs de pétales, les plus grands et les plus extérieurs, étaient du carmin le plus pur; ceux du milieu étaient d’un rose tendre admirable.

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et enfin ceux de l’intérieur étaient réunis en une espèce de gros bouton blanc. Ce cainellia, que Ton prendrait pour une espèce nouvelle, a particulièrement fixé l’atten- tion des amateurs qui ont visité ces belles cultures en pleine terre pendant leur floraison.

Beaucoup d’autres espèces, qu’il serait trop long d’énu- mérer ici , sont également remarquables , les unes par la quantité vraiment étonnante des fleurs qu’elles donnent, les autres par la durée de leur floraison , qui est de trois mois et plus ; d’autres enfin par leur coloris, leur vigueur, etc. , etc. ; mais la collection la plus complète en ce genre en pleine terre est assurément celle de M. Cachet. Cet horticulteur distingué qui, comme chacun le sait, s’est livré presque exclusivement à la culture du camellia, pos- sède dans son beau jardin une grande quantité de sujets qui n’ont probablement pas de rivaux en France sous le rap- port de la force. Parmi les plus beaux je citerai Voxoniensis^ chargé de ses grandes et belles fleurs roses, le pulcherrima, le preston rose, le woodsia^ l’ancîmomi et beaucoup d’autres dont les noms m’échappent; dans les striés, le de- îicatissima^ le swetii vera, le colvüii^ etc. , etc. Un donck- larii^ de plus de 2 mètres de hauteur, était chargé d’une quantité considérable de fleurs. Le triomphant, qui est très avare de ses fleurs en serre, en donne en quantité et de très belles en pleine terre.

Un C. myrlifolia^ entre autres, est très remarquable; cet arbuste a environ 2 mètres de diamètre et 1“, 50 de hauteur ; son feuillage est bien fourni et ses rameaux nombreux. Il a un aspect de santé et de vigueur que l’on rencontre assez rarement ; il portait à la fois 4 à 500 fleurs, toutes parfai- tement développées et bien fraîches.

Un C. imbricata,àe2^,ht) de hauteur, était couvert de ses jolies fleurs rouges, si régulières et si bien faites qu’elles placent cette espèce au rang des plus belles plantes du genre. Un eximia, de première grosseur et chargé de boutons, commençait à s’épanouir. Une marquise d’Exeter, espèce encore peu répandue et haute de 1"“,50, portait une dou- zaine de fleurs magnifiques. Un autre sujet de la même es- pèce, avait plus de 2 mètres de hauteur.

Beaucoup d’autres encore pourraient être citées pour leur mérite a divers litres, mais les deux plus remarquables par leur force sont : un pœoniflore et un pomponia ayant bicu 4 mètres de hauteur cl autant de diamètre. Ils por-

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laient chacun plus d’un millier de Heurs épanouies à la fois et faisaient de ces charmants arbrisseaux le plus beau bouquet de jardin qu’on put désirer.

Baptiste Desportes,

Membre de la Société industrielle d’Angers,

Noie sur la floraison du camellia Priestley’s queen Victoria.

A la dernière exposition quinquennale de Belgique, le camellia Priesiley's queen Victoria attirait surtout l’atten- tion des horticulteurs et des amateurs; c’était la perfection trouvée parmi les fleurs de ce beau genre. A celte époque, M. Verschaffelt, horticulteur à Gand, était seul posses seur de cette belle plante; mais pour faire connaître et ré- pandre cette nouveauté, il en fit une figure fidèle qui fut publiée dans plusieurs journaux et ouvrages horticoles, il s’est trouvé que cette plante, lors de la première flo raison des jeunes greffes, ne répondit pas toujours a la fi- gure qui en avait été donnée, et plusieurs personnes qui en avaient fait l’acquisition ne voyaient qu’un camellia rose au lieu d’une fleur dont chaque pétale était jnarqué au cen- tre d’une raie blanche, comme dans le type. Cette première floraison, qui s’était montrée chez quelquespersonnes, avait pendant quelque temps jeté de la défaveur sur ce camellia, au point que l’on croyait avoir été dupe d’une erreur.

Mais depuis cette époque, et cette année surtout, la plu- part des pieds provenant de cette plante montrèrent des fleurs très franches de couleur qui ressemblaient parfaite- ment au type annoncé.

La fleur est moyenne, pleine, souvent bombée au centre ; k pétales réguliers, réfléchis, d'un rose foncé ; chaque pé- tale est marqué au centre de la face supérieure d’une ligne blanche ou bande longitudinale assez large. Mais il faut con- venir que cette belle variété ne reproduit pas toujours ce caractère de couleur régulier sur chaque pétale ; lorsqu’elle est plantée en pleine terre de bruyère et qu’elle y pousse trop vigoureusement, la fleur perd son caractère: c’est ce qui arrive souvent aux panachures de toutes espèces, et journellement dans plusieurs variétés de fleurs de dahlia; aussi faut-il la cultiver en terre franche, elle paraît con- server sa panachure mieux que dans la terre de bruyère pure.

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REVUE liOimCOLE.

On a pu remarquer à l’exposUion fondée par les dames patronesses et qui a eu lieu cette année au mois de mars au palais du Luxembourg, que MM. Souchet ûls, Gels et Paillet en avaient de magnifiques, dont la forme et les cou- leurs bien tranchées ne laissaient rien à désirer.

Pépin.

Mariynia fragrans,

M. Rantonnet, horticulteur a Hyères et dont nous avons déjà eu occasion de citer le nom avec éloge , nous écrit qu’il s’est livré l’an dernier, avec un plein succès, a la culture d’une fort belle espèce de Marhjnia, le M. fra- gratis : «que vers le commencement de mai les plantes étaient couvertes de fleurs dont le parfum se répandait tout son jardin, dans qu’en novembre elles s’élevaient a la hauteur d’un mètre environ , et qu’elles étaient tellement couvertes de fruits qu’il peut aujourd’hui eu livrer aux amateurs, soit des graines, soit des milliers de jeunes plants bien enracinés.

y oie sur l'emploi du thermosiphon pour forcer les plantes.

Plusieurs horticulteurs emploient depuis quelques années le chauffage a l’eau chaude, ou thermosiphon, pour forcer en hiver, dans les bâches sous châssis, les rosiers, lilas et autres plantes de primeur, au lieu des couches et réchauds de fumier que l’on mettait autour des coffres.

Nous avons vu, l’année dernière et cette année, M. Du- rand, horticulteur, ruede Buffon, à Paris, traiter des rosiers du roi par ce procédé et obtenir ainsi trois saisons, c’est- a-dire que les rosiers qu’il avait préparés du 12 au 15 no- vembre pour cette culture ont fleuri â la fin de décembre ; les seconds, faits au commencement de décembre, ont fleuri du 12 au ^5 janvier; et les troisièmes, enfin, faits en jan- vier, ont fleuri en février. On sait qu’il faut compter six semaines pour obtenir artificiellement en hiver les fleurs de ces rosiers; ceux que nous avons vus chezM. Durand étaient magnifiques de fraîcheur, et leurs rameaux se terminaient par une grande quantité de boulons.

Ce procédé, employé aujourd’hui, paraît préférable aux couches et réchauds, qu’il fallait souvent renouveler pen- dant l’hiver ; les émanations, et surtout la vapeur que pro- duisaient les fumiers, engendraient des insectes et nuisaient

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souvent aux plantes. Cependant il ne faut pas croire qu’on doive supprimer les vieux fumiers ou terreaux placés au- tour des coffres ; ils servent au contraire d’abri aux parois extérieures.

Les rosiers du roi et les lilas varins et saugé traités do celte manière ont été remarquables celte année pendant les mois de décembre et janvier.

M. Durand a essayé en outre, l’automne dernier, de chauf- fer par ce meme procédé, et comparativement avec le ro- sier du Roiy le rosier comte de Paris; cette expérience a été couronnée d’un plein succès. Ces rosiers étaient en fleurs à la fin de l’année et aussi beaux que s’ils eussent épanoui leurs fleurs en pleine saison.

Ce procédé de chauffage, appliqué aux plantes à fleurs par M. Durand, se pratique depuis longtemps déjà au pota- ger de Versailles, à Meudon, et dans plusieurs autres éta- blissements pour les cultures forcées de fruits et de légumes. Cette méthode commence a être mise en pratique par quel- ques-uns de nos maraîchers qui se livrent a la culture for- cée des asperges et des autres plantes de primeur Les serres a multiplication des horticulteurs qui propagent les plantes exotiques par bouture et par greffes sont également chauf*- fées parce procédé, et tous ces végétaux y réussissent mieux que lorsqu’on les traitait par l’ancienne méthode.

Pépin.

Manière de bouturer les arbustes de pleine terre à feuilles caduques.

M. de Chabran, de Bar-sur-Aube, nous adresse la note suivante relativement au mode de bouturage des végétaux a feuilles caduques :

« Avant l’ascension de la sève, je coupe des rameaux de à 0“\12, que je mets a part dans un endroit frais et à l’abri de la gelée. Lorsque j’ai fait ma couche a melons en plein air, je borde cette couche avec mes rameaux, en les fichant dans le terreau en sens inverse, c’est-à-dire que c’est la partie supérieure de la branche qui se trouve en terre ; il est rare qu’une seule bouture manque lorsque je la traite de cette manière, et la végétation et la croissance sont vrai- ment prodigieuses. A la fin de la saison, j’ai des planles faites, des buissons de 0«',50 à 0™,40 de hauteur ; j’ignore si d’autres horticulteurs ont eu comme moi l’idée de ren-

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verser ainsi leurs boutures; mais comme ce moyen, s’il est connu, n’est pas, que je sache, généralement usité à Paris, il serait, selon moi, très utile aux horticulteurs marchands, a qui vous rendriez service en le leur faisant connaître par la voie de la Revue horticole. »

Je m’empresse de répondre aux désirs de M. de Ghabran, afin de stimuler le zèle d’autres horticulteurs et de les en- gager à répéter cette expérience. 11 m’est arrivé d’avoir à faire de semblables boutures destinées aux leçons de physiologie, mais avec des osiers, qui comme tout le monde lésait, reprennentsi facilement lorsqu’on place en terre leurs extrémités supérieures.

Neumann.

Moyen de conserver longtemps le raisin sur les ceps.

En 1855, a la fin de septembre, j’avais environ -12'^ de mur oîi la vigne était encore bien garnie de raisin. J’ai trouvé moyen de conserver ce qui me restait en appuyant huit châssis contre le mur, en leur donnant une pente d’environ 0“^,60 parle bas, et les piaçantâ terre, le haut renversé contre le mur, ce qui formait une espèce de bâche vitrée. Par ce moyen, mon raisin se trouvait abrité de toutes les intempé- ries auxquelles nous sommes exposés dans cette saison ; de plus, il était a l’abri du ravage des moineaux, des guêpes et autres insectes nuisibles. Quand il survenait des brouil- lards ou des gelées, je couvrais mes châssis avec des pail- lassons que j’avais soin de retirer aussitôt que le temps était beau. J’avais soin de visiter ma treille tous les quatre â cinq jours pour voir si des grains ne pourrissaient pas, et si, par- fois, il s’en trouvait d’attaqués, j’avais soin de les ôter. S’il survient dans cette saison quelques jours durant lesquels le soleil soit très chaud, il faut avoir soin de mettre des pail- lassons devant les châssis. Je retirais les paillassons quand la grande chaleur était passée, et par ce moyen mon rai- sin était beau et l)ien frais. Je ferai observer qu’avant de mettre les châssis devant le raisin, il faut avoir soin de dé- garnir celui-ci d’au moins la moitié de ses feuilles; c’est après cette opération du défeuillage que le raisin prend une belle couleur jaune, ce qui fait toute sa beauté.

Encouragé par ce premier succès, je me promis de con- tinuer plus tard les mêmes travaux, tout en cherchant à les améliorer. J’avais planté, l’année précédente, le long des

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murs de mon établissement, une treille de vigne chasselas de Fontainebleau, de la contenance de ^50 mètres de lon- gueur de mur; cette jeune vigne était en plein rapport en -1842; en 1845, voyant ma treille abondamment chargée de raisin, je résolus de le conserver le plus longtemps possible. Cette fois je plaçai mes châssis d’une autre manière, en les mettant sur des râbes plates supportées par des pieux a 0“,60 de terre, ce qui favorisait mon raisin parmi courant d’air qui passait sous mes châssis.

Je plantai mes pieux de la manière suivante : j’achetai du bois 'a brûler, composé de rondins de la même gros- seur, d’environ 0i^, l8 de circonférence ; je les taillai en pointe par un bout, je les plantai à i™,55 les uns des au- tres et à 0^60 du mur. Quand tous mes pieux furent plan- tés, je posai mes râbes piales et je les fixai sur chaque pieu par un fort clou d’épingle, de manière que le tout fût assez solide pour pouvoir supporter les châssis sur cette espèce d’échafaudage. Quand ceci fut terminé, je pris mes châssis, je les posai sur les râbes, en les renversant contre le mur et les fixant par un grand clou à crochet planté dans le mur, qui tenait les châssis par le haut, pour que le vent ne pût les renverser. Je fis ce travail à la mi-septembre; parce moyen, j’ai conservé mon raisin jusqu’à la fin de décem- bre suivant, époque à laquelle on ne voyait plus sur nos marchés que des raisins apportés du midi de la France.

Moreau,

Jardinier-maraîcher à Paris.

Destruction de la pyrale,

M. Perrier-Jouet a publié dans le journal d’Epernay une note qui est de nature a intéresser les vignerons et tous les horticulteurs , car nous savons- tous combien il importe faire durer les tuteurs le plus longtemps possible.

M. Perrier-Jouet s’exprime ainsi: « Désirant parvenir a démontrer combien il était urgent de prendre des mesures promptes et efficaces pour la conservation des échalas et la destruction de la pyrale de la vigne, j’ai fait convoquer à Mailly un grand nombre de propriétaires de la montagne, et, en leur présence, nous avons fait plusieurs expériences qui ont donné toute satisfaction. La vapeur du soufre, dans l’espace de vingt minutes; a complètement desséché les

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vers renfermés dans les coques qui se trouvaient sur les échalas.

«Afin de parvenir a rendre l’application de ce moyen gé- nérale, j’ai écrit à M. le préfet pour réclamer son inter- vention. Il m’a répondu qu’il avait communiqué ma lettre a la société d’agriculture (il ne me dit pas laquelle). Il faut espérer que l’on s’en occupera tout de suite, et que l’on ne remettra pas à une autre année l’examen d’une question qui intéresse tout le vignoble. »

M. Perrier Jouet a fait exécuter un tonneau en sapin de la dimension de ce qu’on appelle vulgairement une moyère; ce tonneau n’a qu’un fond, dans lequel on pratique une ouverture ronde de correspondant au centre delà

moyère, qui doit être construite de manière a laisser un vide de 0“,1 5 environ.

C’est par l’ouverture du tonneau qu’on devra introduire le méchoir, garni de trois mèches bien soufrées, faites avec du vieux linge ou des bandes de papier de 0“,24 de long sur de large, et qu’on descend dans l’intérieur

de la moyère après les avoir allumées. Il faut avoir soin de garnir le bas du tonneau avec de la terre, afin d’empê- cher la déperdition, et de ne retirer le tonneau qu’après vingt ou vingt-cinq minutes de combustion.

Le procédé décrit par M. Perrier- Jouet n’est pas nou- veau , on le trouve décrit fort en détail dans V Histoire des Insectes nuisibles à la vigne, par Audouin.

Ce procédé consiste dans des fumigations d’acide sulfu- reux , administrées au moyen d’un appareil d’un emploi très simple et qu’on peut aisément transporter successive- ment auprès de chaque tas d’échalas.

Pour faire les fumigations par l’acide sulfureux, on place les échalas dans l’intérieur d’un cylindre en fer galvanisé , assez long pour les recevoir ; l’axe du cylindre étant disposé horizontalement, on ferme l’ouverture par laquelle ils ont été introduits, au moyen d’un obturateur à tabatière. A l’un des bouts du cylindre , et au-dessous de lui se trouve un petit foyer muni de son cendrier; il sert à brûler des mèches soufrées qu’on y introduit. L’acide sulfureux pro- duit monte dans le cylindre et s’y distribue, en passa'nt d’abord au-dessous d’une voûte percée de trous, qui le dirige et le divise uniformément ; trois ouvertures, ménagées sur les fonds du cylindre et a la partie supérieure , servent a expulser l’air.

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Quand on juge Popération assez avancée, on bouche les trois orifices qui donnaient issue a Pair et on laisse la combustion du soufre cesser d’elle- même. L’appareil ren- ferme 250 échalas; il consomme environ 250 grammes de soufre pour chaque opération, qui dure de ^ 0 a 1 5 minutes.

Voici le moyen le plus économique d’obtenir les mèches soufrées dont on se sert pour pratiquer ces fumigations dans le Maçonnais :

On prépare ces mèches en plongeant dans un bain de soufre fondu, de '112 à 125 degrés centigrades, des bandes de toile sur lesquelles le soufre se solidifie a Pair.

Le soufre le plus économique est celui que, dans l’épu- ration en grand, on retire du fond des chaudières après la décantation du soufre clair. Ce soufre commun , et mêlé de substances étrangères, suffit a cette application ; il coûte 10 ou 12fr. les 'l 00 kilogr., lorsque le soufre brut ordi- naire vaut de 24 a 26 fr.

Les bandes de toile les plus convenables se découpent surune largeur d’environ 0”',04 et une longueur de 0"’,40 ; dans les balles d’oîi Pon a retiré le salpêtre importé en France de Plnde, le peu d’azotate de potasse que ce tissu grossier recèle favorise la combustion. D’ailleurs aucune toile commerciale ne serait plus économique. On emploie , environ 250 grammes de mèches soufrées pour désinfecter I les échalas que peut contenir le cylindre.

I Nous ferons remarquer qu’aujourd’hui on est arrivé, dans le Beaujolais, a diminuer considérablement le nombre I des pyrales, sinon a les détruire complètement, a l’aide de lotions d’eau bouillante. Au moyen d’un appareil très sim- ple et très facile à transporter dans les vignobles, chaque cultivateur arrive a pouvoir brosser, avec de Peau bouil- . lante, chacun de ces ceps et a détruire ainsi Pinsecte qui naguère encore lui causait tant de dommage.

J. Decajsne.

Note sur la fruclificaiion du Thé,

il Dans la séance de la Société d’agriculture du 4 février, j M. Leroy,' d’Angers, a présenté des fruits de Thé récoltes I sur des arbrisseaux cultivés en plein air.

I D’une autre part, M. Denis, député d’Hyères, a fait une I communication à la Société royale d’horticulture, dans sa séance du -18 février, sur les pieds de Thé qui lui ont été

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envoyés par le Jardin des Plantes de Paris il y a cinq ans, et qu’il a vus fructifier en novembre 1845.

Ces deux faits d’une haute importance sont tout a fait nouveaux ; jusqu’à ce jour on ne connaissait en France que des fruits récoltés sur des pieds abrités. Ainsi, M. Jac- ques en a récolté, en 1808, a Versailles, et j’en ai vu ob- tenir sur un pied cultivé chez M. Gels, dans une serre hol- landaise.

Neumann.

Ventilation des serres.

La ventilation des serres et le renouvellement de Pair sont des opérations d’une haute importance dans la prati- que horticole; MM. Neumann et Delaire, dans les ouvrages qu’ils viennent de publier et dont nous avons dernièrement rendu compte, insistent beaucoup sur ce point, en indi- quant parquets moyens on pourra obtenir ce résultat.

L’importance du renouvellement de l’air, dans les cul- tures que nous abritons contre les influences atmosphéri- ques, est aujourd’hui un fait incontestable. Tous les jardi- niers considèrent cette opération comme aussi nécessaire à la santé des plantes qu’elle l’est a la santé de l’homme, mais ils sont loin de s’entendre sur la manière de l’exécuter, comme sur les effets qu’ils lui attribuent. Les uns préten- dent qu’elle agit en enlevant a l’atmosphère son excès d’hu- midité ; d’autres avancent qu’elle a pour action spéciale de favoriser la formation et le développement des fleurs; d’autres enfin soutiennent que c’est par elle que les fruits acquièrent la propriété de se conserver plus ou moins de temps.

Si l’opinion des jardiniers est erronée, il ne faut pas leur en faire un reproche, car, pour expliquer les divers phé- nomènes qu’ils ont cru devoir attribuer a la ventilation, ils ont eu recours aux physiologistes, qui ne leur ont presque rien appris. Ces derniers ont, il est vrai, bien reconnu que la circulalion de l’air favorise l’ascension de la sève en hâtant l’évaporation dont les feuilles sont le siège. Ils ad- mettent encore qu’elle balaie les émanations délétères et modifie la température; mais fa s’arrêtent les connaissances positives; passé ce point, il n’y a plus de place que pour les hypothèses.

Il nous semble toutefois qu’on pourrait trouver, au moins

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en partie, la solution du problème, en tenant un compte exact des phénomènes qui accompagnent la vie végétale. Nous savons, par exemple, qu’une certaine portion de l’acide carbonique que les végétaux décomposent pour en retenir le carbone est puisée dans l’atmosphère. Or, lors- qu’un grand nombre de végétaux se trouvent accumulés dans un étroit espace dont l’air ne se renouvelle pas ou ne se renouvelle qu’imparfaitement,il arrive un moment cet air est épuisé deson acide carbonique, et les plantes se trou- vent alors dans un cas analogue 'a celui seraient des ani- maux entassés dans un air qui ne contiendrait plus la dose d’oxygène nécessaire a leur respiration. Om pourrait meme pousser plus loin la comparaison. Si les animaux absorbent de l’oxygène, on sait que, d’un autre côté, ils exhalent de tout leur organisme des principes qui vicient l’air; et puis- qu’il est reconnu que certaines plantes sécrètent de leurs racines des produits qui, à la longue, rendent le sol impro- pre à leur culture, ne se pourrait-il pas qu’elles exhalas- sent de même par leurs parties aériennes des matières in- saisissables a nos moyens de recherches, mais qui exercent sur elles des effets funestes lorsqu’elles ne sont point en- traînées par des courants d’air?

Quoi qu’il en puisse être, et sans noîis préoccuper plus longtemps du mode d\action opéré par la ventilation, nous constaterons que le fait est généralement admis, et que sa- vants et jardiniers s’accordent à en reconnaître la bienfai- sante influence.

Il paraîtrait même qu’indépendamment de ces causes supposées, le mouvement de l’air autour des plantes favo- rise la circulation de la sève en agitant leurs divers organes. Une note communiquée, il y a plus de quarante ans, à la Société royale d’horticulture de Londres, démontre que déjà a cette époque cette action particulière avait été soup- çonnée, puisque des expériences furent faites pour la mettre en évidence.

a Je réussis, dit l’auteur de la communication, a me con- vaincre, par diverses expériences, que le mouvement im- primé par la circulation de l’air aux végétaux était un puis- i sant auxiliaire de la marche de la sève et de la formation du bois. Au commencement du printemps de 1801, je choisis un certain nombre de jeunes pommiers dont les tiges avaient environ 0‘^,05 de diamètre, sur 2 mètres a 2"\55 de hauteur. Ils étaient plantés a peu près a 2"^, 65

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de distance les uns des autres, de sorte que le vent pouvait circuler en toute liberté au milieu d’eux. Au moyen de pieux et de liens de paille qui n’étaient pas assez serrés autour des arbres pour empêcher la circulation des fluides, je parvins à empêcher les racines et le bas des tiges de plu- sieurs d’entre eux, Jusqu’à une hauteur de -1 mètre, de par* ticiper aux mouvements que le vent imprimait a leur partie supérieure. L’été suivant, je trouvai qu’il s’étaii formé beaucoup de nouveau bois dans toutes les parties qui avaient pu être agitées par le veni, tandis que les racines et le bas des tiges, qui étaient restées immobiles, ne s’é- taient accrues que d’une manière insignifiante. L’hiver d’après, je modifiai mon expérience sur un de mes arbres. En combinant d’une certaine manière les liens et les pi- quets, je parvins à l’empêcher, dans sa totalité, d’incliner vers l’est ou l’ouest, en lui laissant la faculté d’oscilier librement dans la direction du nord et du sud. L’automne suivant, en examinant la tige de ce pommier, je reconnus que dans le sens nord et sud, elle avait pu osciller sous l’effort du vent, son diamètre était plus considérable que dans l’autre sens, dans la proportion de 15 à 11 . »

Lorsqu’un arbre est complètement privé de mouvement, comme lorsqu’il est assujetti fixément à un mur, ou lors- qu’on l’a privé de toutes ses branches dans l’opération de la greffe, on y observe souvent des symptômes de faiblesse, et même il n’est pas rare qu’il périsse ; ce qu’on ne saurait attribuer qu’à la stagnation de la sève, dont la marche des- cendante , toujours difficile sous l’épaisse ceinture formée par l’écorce, n’est plus activée par l’action du vent.

Ces exemples, et d’autres que nous pourrions citer, suf- fisent pour démontrer la nécessité d’une bonne ventilation. La nature se charge d’en faire les frais pour celles de nos cultures qui sont, comme on dit, en plein vent, mais il n’en est plus de même pour nos orangeries et nos serres : il faut donc, dans leur construction, tenir compte de cette exigence. Mais ici nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer les lecteurs aux ouvrages spéciaux, notamment à celui de M. Neumann. Naudin.

Moyen de chauffer les serres d Vaide d'une lampe.

Un des abonnés de la Revue nous écrit que, durant les froids de l’année dernière, il a chauffé à l’aide d’une lampe

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une petite serre tempérée de trois mètres de longueur sur trois mètres de largeur. Voici son procédé :

« Aux approches du froid , je couvre les vitraux de la « serre de plusieurs paillassons, et je bouche hermétique- « ment toutes les ouvertures par le froid pourrait péné- « trer. Tant que le thermomètre n’est descendu qu’au des- •i sous de 9 a 10°, je n’avais rien à redouter de la gelée,

« car le thermomètre, a l’intérieur, marquait encore 1/2® «au-dessus de 0; mais lorsque je craignais, dans la nuit,

« que la gelée ne pénétrât dans la serre, a défaut de poêle «j’allumais une lampe qui brûlait pendant toute la nuit.

« Grâce à cette précaution, la gelée qui fut de 14 â 15® ne « s’est point fait sentir dans la serre, et le matin , le ther- « momèlre était âl° au-dessus de 0. Ainsi, avec 25 centimes «d’huile par nuit, ce qui ne m’est arrivé que cinq a six « fois, j’ai garanti ma serre des grands froids. Je pense donc « que pour une serre du double de grandeur de la mienne « (10 mètres), deux lampes pourraient maintenir une tem- « pérature convenable. »»

Il est a noter d’abord que la serre dont il est question est enterrée a un mètre environ, et que cette situation déjà est un excellent abri contre l’action du froid ; si l’on tient compte ensuite de l’exacte fermeture des vitres et des por- tes, de la forte couverture de paillassons, on ne sera pas surpris du résultat obtenu, car, un lit de feuilles placé au-dessus des paillassons, dispenserait même de chauffer à l’intérieur. Ainsi, tout en reconnaissant ce que ce pro- cédé peut avoir de bon, et tout en établissant sans ré- plique qu’avec une faible dépense on peut entretenir une serre tempérée, on nous permettra de faire observer que toutes les plantes ne se plieront pas â ce régime subordonné complètement aux circonstances qui peuvent se présenter dans le courant d’un hiver. Ainsi, en supposant que le thermomètre s’abaisse considérablement pendant plusieurs jours de suite, on ne peut alors retirer les paillassons, et si des plantes de nature herbacée et délicates se trouvent maintenues dans la serre, il est évident qu’elles souffri- ront de cette absence de lumière. Or si, pour retirer les paillassons pendant le jour, on se trouve dans l’obligation d’allumer la lampe, on augmentera peut-être la dépense du double: et si enfin on admet que la fumée dégagée par la lampe puisse se déposer sur les feuilles et nuire à leurs fonctions lorsqu’on maintient les végétaux dans une

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serre aussi complètement close que doit Têtre celle dont il est question, on nous permettra de douter de rexcellence et de Tefficacité du moyen proposé.

Des essais de cette nature ont, au reste, déjà été indiqués en Angleterre. En partant du principe sur lequel repose le procédé du transport des plantes d’après le système de Ward^ des amateurs ont eu Fidée de clore leurs serres avec un soin extrême à l’entrée de l’hiver, et de maintenir ainsi les plantes dans une atmosphère égale pendant toute la du- rée du froid. Ce procédé conserve les plantes ; mais en gé- néral le but qu’on se propose n’est pas seulement la con- servation des végétaux, on aime encore a en jouir. Or, se contenter d’admirer les plantes à travers les vitres ne satis- fait pas aux conditions pour lesquelles on construit une serre, et le moyen préconisé ne nous paraît bon qu’a l’é- gard des végétaux rustiques, tels que les Orangers, Lauriers- roses, etc.

Extrait des Catalogues de pritemps.

Nous recevons le catalogue des plantes cultivées chez M. J. -Ch. Schlacter, horticulteur à Loos, près de Lille. On y trouve des plantes de serre chaude, serre froide, arbustes et plantes de pleine terre, ainsi qu’une collection, avec noms, de cinquante variétés extra -belles d’œillets fla- mands.

Les frères Simon Louis, horticulteurs, rue d’Asfeld, 8, à Metz, nous adressent la cinquième partie de leur catalogue, composée de trois séries : la première se compose de 68 dah- lias nouveaux de premier ordre, qui seront mis pour la première fois dans le commerce; dans la seconde série, se trouve un choix de très beaux dahlias qui ont fleuri chez MM. Simon en 1845 ‘. leur nombre s’élève a 125 variétés ; la troisième série comprend un grand nombre de belles varié- tés anciennes, qui sont livrées en tubercules, avec noms. Les dahlias des deux premières séries seront livrés en bou- tures enracinées.

On trouve en outre, dans cette cinquième partie, un ex- trait du catalogue des plantes de serre chaude et de serre tempérée, ainsi que des fuchsias, pétunias, etc., plus une pensée a fleur double, au prix de 15 fr. G’est la première fois que nous voyons annoncer dans les catalogues la dupli- cation de cette belle fleur.

Pépin.

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Crusea violacea^ Ad. Broisg. (fig. A),

Cette plante, de la famille des Rubiacées (tribu des Eus- permacocées, D. C.) est munie d’une lige cylindrique, fistu- leuse, de feuilles lancéolées a trois nervures très obliques, que séparent, a la base, des stipules à cinq ou sept divisions filiformes, dressées; les fleurs, qui sont de couleur violette, caractérisent cette nouvelle espèce. Cette plante, originaire du Mexique, se rapproche beaucoup du Crusea rubra, DC. iSpermacoce rubra, Jacq. bort. Schœbr., t. lll, p. 256) des Antilles, qui en diffère par ses tiges quadrangulaires et ses fleurs rosées; les autres espèces du genre s’éloignent davan- tage encore de celle que nous faisons connaître ici. M. Ad. Brongniart lui a assigné les caraclères suivants :

i*C.caule iereii herbaceo fistuloso villoso, foliis ovato- lanceolatis acuminalis subsessilibus pilosis^ nervis utrin- que tribus margini subparallelis, siipulis vaginantibusb-1 seiosis erectis , floribus capitatis, foliis A involucraüs, calycis lobis linearibus , slaminibus styloqae corollœ lobos œquanlibus.

Depuis quatre ans on cultive au Muséum cette charmante plante qui fleurit a une éj)oque oii les serres sont en géné- ral assez dépourvues de lîems; c’est en janvier qu’elles ap- paraissent lorsqu’on la cultive en serre tempérée. Elle de- mande a être tenue en pot en terre mélangée, et se multiplie très facilement a chaud de boutures tenues sous cloches.

Neumann.

Plantes d'ornement nouvelles ou peu connues.

De tous les jardins de T Europe, ceux de la Belgique et de la Grande-Bretagne sont ceux qui s’enrichissent le plus de ces sortes d’acquisitions. Les unes sont des plantes en- tièrement inconnues dans rhorticullure que les naviga- teurs y rapportent de tous les coins du globe; les autres, et ce ne sont pas les moins intéressantes, naissent entre les mains des jardiniers qui a force de croisements ont meme tellement embrouillé certains genres, qu’il est a peu près impossible aujourd’hui d’en faire une in^jiographie satis- faisante. Au nombre de ces genres, if faut ranger les Bruyères, qui, même avant que les jardiniers s’en fussent mêlés, offraient aux botanistes descripteurs des (liflicullés Tome v, série. L 15 Mai 1846.

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presque insiiriuoiitables a raison de leur nombre et de leurs afûnités réciproques. Ces deux particularités sont du reste des qualités précieuses aux yeux des horticulteurs habiles qui savent en tirer parti, car lorsqu’on rencontre des genres riches en espèces et que celles-ci ont entre elles des affinités prononcées, il est à présumer qu’on en pourra obtenir de nombreuses hybrides sans compter les varia- tions presque infinies que la simple culture suffit pour amener dans chaque espèce.

Voici en fait de Bruyères deux hybrides que nous ne dirons pas absolument nouvelles, mais qui sont fort peu connues, quoique bien dignes d’attirer l’attention des hor- ticulteurs. Toutes deux sont a grandes fleurs. L’une se fait remarquer par l’abondance de ses corolles jaunes pressées en un gros épi d’une forme parfaite. Elle a reçu le nom à'Erica Cavendishiana en l’honneur du plus^ généreux protecteur de l’horticulture, et résulte du croisement de VE. depressa et de VE. Patersonii. On la regarde en An- gleterre comme une des plus magnifiques de tout le genre. L’autre, née de VE. aristata major et de VE. linnœoides^ a été nommée E. Neilli. Ses longues fleurs tubuleuses d’un rose foncé, disposées par groupes de quatre à cinq se déta- chant sur un feuillage d’un vert un peu vif, en font aussi une espèce des plus méritantes.

Parmi les plantes adressées par M. Fortune, ce voyageur naturaliste que la Société royale d’horticulture de Londres a envoyé en Chine, nous en remarquons une qui a fleuri tout récemment et qui mérite bien d’être signalée. C’est un superbe Buddleia Lindleyana^ sous-arbrisseau glabre et buissonnant à feuilles ovales et dont les rameaux se termi- nent par un épi de grandes fleurs pourpres qui rappelle jusqu’à un certain point les thyrses du lilas. Nous la re- commandons aux amateurs.

Une famille qui, si elle était mieux appréciée des col- lecteurs, fournirait a nos jardins une quantité de belles plantes, est celle des Mélastomacées. La plupart sont tro- picales, mais il en est beaucoup qui croissent sur les hautes montagnes du Pérou, presque a la limite des neiges éter- nelles. Celles la seraient probablement très rustiques et elles sont précisément du nombre de celles que leur beauté devrait le plus faire rechercher. Nous avons bien dans nos serres quelques représentants de cette nombreuse famille, mais ils sont généralement peu remarquables. M. Paxton

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uous apprend toutefois qu’une espèce intéressante des îles de la Sonde, le Melastoma sanguinea, fleurit de temps en temps dans les serres de quelques particuliers elle existe depuis bien des années. La fleur en est très grande et cou- leur de lilas. C’est une belle espèce,‘mais il paraît que sa floraison est peu abondante.

Les Gesneria sont toujours justement admirés. En voici une nouvelle espèce, ou variété qui été adressée directe- ment d’Amérique a M. Van Houlte, à Gand, qui la désigne sous le nom de G. Geralliana, et dans l’établissement duquel elle passe pour une hybride produite dans son climat natal par le veut ou les insectes. On en voit la preuve dans ses fleurs qui sont entièrement sem\^Iables à celles de la G. zebrina, quoique par ses feuilles elle en dif- fère totalement. Elle est, du reste, fort élégante, et comme elle est en fleurs pendant plusieurs mois, ce sera une bonne acquisition à faire.

Nous avons déjà un nombre considérable de Passiflores qui sont toutes des plantes précieuses pour l’ornementation des serres et même des berceaux dans les jardins, puisque quelques espèces sont de pleine terre dans le midi de la France. Il en est même que l’on cultive en Amérique comme plantes a fruits, entre autres la P. edulis que quelques amateurs de l’Angleterre élèvent aussi dans ce but. Le J5o- tanical Magazine nous en fait connaître une nouvelle es- pèce, le JP. actinia^ envoyé du Brésil par M. Lobb a ses patrons , MM. Veitch , qui l’ont vue fleurir l’année même de son arrivée. C’est sans contredit une des belles espèces du genre; son élégance et l’abondance de ses fleurs la re- commandent d’une manière toute spéciale. Elle a, en outre, l’avantage d’être très précoce et 'de ne pas s’élever à une grande hauteur.

Mais de toutes les nouveautés obtenues par les horticul- teurs que nous venons de nommer, la plus intéressante est, à notre avis, une Capucine bleue ^ originaire des montagnes du Chili, et qui vient d’être figurée dans la Flore des jar^ que publie M. Van Houtte. On sait que toutes les capu- cines cultivées jusqu’à ce jour appartiennent à la série xantique^ c’est-à-dire à celle qui est caractérisée par des fleurs jaunes, et d’où le bleu devrait être exclu, suivant une théorie généralement admise. Nous voyons dans ce fait une nouvelle preuve que nos théories physiologiques, quel- que bien fondées qu’elles paraissentd’abord, sont loin d’êti©

RETÜE HaRTlCOLE.

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toujours l’expression exacte de la vérité. Ce irest du reste pas la seule exception que l’on eonnoisse a une règle trop absolue. Quoi qu’il en soit, le Tropœolum azureum de MM. Veitch est une plante précieuse que chacun voudra se procurer. Melée aux grenadilles, aux liserons et au 1res es- pèces volubiles, elle produira l’effet le plus agréable.

N’oublions pas de mentionner V Evolvulus cœruleus, charmante petite Convolvulaeée suffrutiqueuse, que ses fleurs d’un bleu intense avec une étoile rose au centre doivent faire rechercher de tous ceux qui aiment les plantes gracieuses. Elle est originaire des parties les plus chaudes de la Jamaïque, et a ce titre elle est tout a fait de serre chaude; c’est la son seul défaut.

Une autre plante de serre chaude que nous ne pouvons passer sous silence est un mdiguiïlque Hibiscus Jerroldia- nus du Brésil, qui fleurit depuis trois ans dans les serres de Chatsworth. Il se fait remarquer entre tous ses congénères par la dimension peu ordinaire de sa fleur qui est d’un rouge cramoisi des plus beaux. C’est une plante purement herbacée qui s’élève de 1 à 5 mètres, au feuillage élégant, et dont la floraison est abondante et dure longtemps ; voilà de quoi la recommander aux horticulteurs.

Ajoutons enfin, pour le petit nombre de ceux qui s’occu- pent d’Orchidées, que plusieurs espèces nouvelles ont été introduites en Angleterre. Parmi elles nous remarquons un Saccolabium ampullaceum de l’Inde ; un Lœlia Perrinii^ plante dont la culture est facile et dont les fleurs bizarres ont près de deux décimètres de diamètre, et un Compa- retiia rosea du Mexique. Aucune description ne saurait donner une idée juste de la beauté de ces trois plantes qui occupent un rang distingué dans une famille qui, sous le point de vue de l’horticulture, est elle meme une des plus intéressantes de tout le règne végétal.

Naüdin.

Brachycome iberidifolia^ Benth.

Le genre Brachycome^ appartenant à la famille des Coin- posées ^ est représenté en ce moment dans les jardins par trois espèces. Il est voisin des Bellis (Pâquerettes), et les espèces dont.il est question sont annuelles et bisannuelles. Celle qui nous occupe ici, originaire de la Nouvelle-Hol- lande, a les tiges minces, les rameaux divariqués, formant

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de jolies petites touffes peu élevées, les feuilles linéaires finement découpées; les fleurs terminales sont nombreuses, radiées, d’un très beau bleu, a disque jaune clair.

J’ai vu pour la première fois, en J 845, des échantillons de cette jolie petite plante provenant des cultures de M. ïripet -Leblanc, qui en avait reçu les graines d’Angle- terre. Le Muséum en reçut par la meme voie en 1844 et 1845, et on en récolta assez de graines cette dernière année pour la cultiver plus en grand en 1846.

Cette plante demande a être semée en place au prin- temps, après les gelées, en terre meuble et légère. Elle ne réclame que peu d’arrosements en été. Elle craint la trans- plantation. Pour éviter cette opération, il convient* de se- mer les graines en pots placés sur couche et de séparer les pieds très jeunes par petites touffes, en ayant soin de conserver un peu de terre autour des racines. On peut en faire soit de jolies touffes sur les plates-bandes, soit des bordures. Elle fleurit depuis la fin de juin jusqu’en septembre. Il faut surveiller avec soin les graines qui s’en- volent lorsque le soleil la frappe. C’est enfin une plante d’amateur, qui produit de l’effet pendant sa floraison et qui mérite d’être cultivée pour rornement des jardins.

Pépin.

Floraison de plusieurs arbres de V Amérique septentrionale.

On voit en ce moment dans l’établissement horticole de M. Godefroy, à Ville-d’Âvray, près Paris , un magnifique Rosier-Banks à fleurs blanches de 4 0 mètres de hauteur, sur 7 à 8 de largeur, chargé de fleurs et de boutons ; il cou-' vre tout un pignon de maison et forme une tapisserie ma- gnifique. La variété du Rosier-Banks a fleurs jaunes est aussi en pleine floraison, et quoiqu’il ne soit pas a beau- coup près aussi fort que le précédent, il n’en est pas moins fort curieux.

M. Godefroy, un des plus anciens horticulteurs parisiens, possède aussi dans ses pépinières de très beaux exemplaires de Magnolias, dont la plupart sont en fleurs et produisent un magnifique coup d’œil; ce sont les Magnolia macro- phylla, auriculatüy glauca^ gracilis^ oxoniensis^ Thom- psonianuy pyramidala^ etc. Le tulipier à feuilles entièreSy

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HEVüE HORTICOLE.

les Halesia, Rhodora canadensis, Calycanthus et plu- sieurs Anones. Je ne parle pas des rbodendrons, azalées clethra, qui ont de tout temps été cultivés dans cet établis- sement. Pépin.

Cacalia atriplici folia ^ Lim,—Cacalia gigantea,

H. ViNDOB.

Plante vivace, glabre dans toutes ses parties; tige simple, haute de 2 a § mètres, cylindrique; feuilles péliolées, glauques en dessous, très fortement incisées; les inférieures sont grandes, dentelées, réniformes ou cordées à la base ; lorsque leur développement est complet elles sont souvent cucullées, et ont la forme de capuchon; les supérieures sont semi-orbiculées, à base tronquée; l’extrémité des tiges est terminée par de petits rameaux axillaires, qui forment, par leur réunion, un beau corymbe élargi, composé de pédi- celles terminés eux -mômes par des capitules formés de cinq fleurs d’un jaune clair; involiicre a cinq feuilles; écailles intérieures membraneuses.

Cette espèce de Cacalia habite les plaines de l’Amérique boréale. Importée d’abord au jardin botanique de Vienne, en Autriche, en 1840, elle est arrivée au Muséum sous le nom de Cacalia gigantea.

Cette plante vivace, une des plus élevées et des plus pit- toresques de son genre, peut rivaliser en hauteur avec les Vernonia prœalta, Sylphium laciniatum^ Helianlhus gi- ganteus et orgyaiis^ pour l’effet qu’elles produisent dans la décoration des grands jardins.

Elle se multiplie, au printemps ou a l’automne, de graines, et mieux encore par éclat de ses turions. Elle est rustique et s’accommode de tous les terrains meubles. Il suffit, pour l’avoir belle, de la replanter à neuf tous les cinq ou six ans. Pépin.

Nomenclature des Orchidées cultivées dans le jardin de M. QuesneL

M. Herment, jardinier de M. Quesnel, à Graville, près le Havre, nous envoie la liste de toutes les espèces d’Orchi- dées qui sont en fleurs en ce moment dans ses serres. On ne sera pas étonné de voir que la liste en est si nombreuse, car c’est la plus riche collection qui existe en France.

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Orchidées en fleurs.

OncidiumPapilio (4 variétés).

amplialum.

ampliatum majus (3 var.)

inlermedium.

luridum.

cartilagineuse.

bifolium, avec 5 tiges à

fleurs.

Dendrobium Wallichianum.

pulchellum.

nobile.

Gongora maculata fulgens. Epidendron macrochilum (2 var.),

avec 6 liges à fleurs. Shomburgkii.

crassifolium (2 var.).

elongalum.

longifolium. Mardevalia cupræa.

Trigonidium acuminalum, Jonopsis lenera.

Brassavola nodosa.

Cirthopodium Hendersonii.

grandiflorum. Cymbidium aloifolium.

Physurus pictus.

Liparis disticha.

Rletia patula (3 var.).

verecunda.

pulchella.

Stanliopea eburnea.

Keottia spec.

Orchidées en boulons,

Chrysis bractescens.

Sobralia macrantha.

Monacanthus sp.

Perisleria stapelioides.

Leptotes bicolor.

Pbajus Wallichii.

bicolor.

Lælia cinnabarina.

aurantiaca.

Maxillaria aromatica.

pumila.

Calanthe veratrifolia.

Cycnoches sp.

Cataselum iridentatum.

Brassia gutlata.

lanceana.

Orchidées qui ont fleuri depuis janvier, ^

Dendrobium fimbriatum.

Pierardii.

macrophyllum. Zygopelalum rosiralum.

intermedium.

Makoii.

Epidendron bicornutum.

hermentianum.

phœniceum.

phœniceum fragraris

(4 var.).

tesselatum.

alatum.

Gongora Rukeriana.

Oncidium sanguineum.

cebolctta.

pulvinatum.

incurvum.

Broughtonia sanguinea.

M. Herment dit que son Telopea speciosissima est en pleine fleurs; ce superbe arbuste, originaire de la côte occi- dentale de la Nouvelle- Hollande, fleurit rarement en France.

Neumann.

Note sur différents arbres résineux^ et en particulier sur le Taxodium sempervirens , le Cryptomeria japonica , Lambt., et le Cedrus Deodora.

Le Taxodium sempervirens, originaire de la Californie, envoyé au Muséum par M. Fischer, directeur des jardins impériaux à Saint-Pétersbourg, a été introduit la même année (1845) en Angleterre. L’individu du Muséum, pou-

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vait avoir a son arrivée, O”', 50 de lianleiir. Il réussit fa- cilement de boutures et de greffe sur le T. distichum. Après l’avoir ainsi multiplié, le pied principal a été mis en pleine terre, dans le labyrinthe, au mois d’avril ^844, et comme il végétait encore au mois de décembre, on le couvrit d’une cloche, de manière a le placer a l’abri des gelées; protégé de cette manière il a supporté les 10® que nous avons éprouvés pendant l’hiver de 1845. De ^845 à H 846, il n’a pas été couvert. Aujourd’hui 20 mars 1846, ce meme pied a atteint la hauteur de 4 mètres.

Parmi les arbres verts cultivés dans les memes circon- stances, nous n’en connaissons jusqu’à présent aucun qui ait poussé aussi rapidement, et tout peut faire espérer que cet arbre atteindra une dimension, sinon complètement égale, du moins comparable à celle qu’il atteint dans sa pa- trie. Voici, à ce sujet, ce que M. Fischer nous écrit le 4 jan- vier ^846 : «J’ai en ma possession un morceau de tronc de cet arbre qui a 4^,50 de diamètre et présente 1 ,008 cou- ches annuelles, et j’ai appris qu’il n’est pas rare d’en ren- contrer dans la colonie qui ont jusqu’à 5^^ de diamètre. »

Le r. sempervirens a le feuillage de VAbîes canadensis\ les feuilles sont glauques en dessous, et les rameaux ne sont pas pendants.

Le Muséum a déjà distribué un grand nombre de boutures du T. sempervirens J et M. Keetler, auquel il en avait été donné, en a déjà mis en vente. On peut donc espérer que ce bel arbre ne tardera pas à être répandu sur plusieurs points de la France. Le T. sempervirens n’a pas été le seul arbre résineux qu’on a tenté d’exposer en pleine terre.

Un Cryptomeria japonica {Cupressusjaponica^Linn.)^ d’environ 0®,50 de hauteur, a été également placé près du Taxodium, Ce premier a l’aspect de V Araucaria excelsa. J’en possède un dessin qui représente un rameau accompagné de fleurs, qui ont, ainsi que je viens de le dire, la plus grande ressemblance avec celles de V Araucaria excelsa ; le fruit n’a pas été figuré. Le Muséum doit ce beau végétal à M. Rauch, amateur éclairé, qui a bien voulu le faire venir d’Angleterre. Il a été introduit en France l’an dernier, et, sans être encore très répandu, des horticulteurs marchands le possè- dent déjà. Si ce beau végétal résiste à nos hivers, ce sera une des belles acquisitions que l’horticulture aura faite dans ces dernières années. Les premiers pieds de Taxodium sem- pervirens et de Cryptomeria japonica J hauts de 0“,50 en-

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viron, se sont vendus 500 fr. Ce dernier reprend très bien de boutures faites sous cloches a chaud. Je tiendrai les lec- teurs de la Revue au courant de la végétation de ces deux arbres, de manière a ce qu’on puisse tenter des essais avec chances de succès sur d’autres points de la France.

M. le duc d’Üzès possède dans son jardin, a Bonnelles, un Cedrus Deodora qui lui a été donné, en ^840, par le Muséum. L’individu cultivé au Jardin de Paris a aujourd’hui 4*», 75 de haut, et présente en circonférence, au-dessus du sol, O»', 18; ses rameaux couvrent une étendue de 4’".

Celui que cultive M. le duc d’Üzès a actuellement six ans; il avait 01^,50 de haut à l’époque il a été mis en pleine terre dans un sol composé de terre de bruyère et de bonne terre de potager; il a atteint aujourd’hui 4°^, 26 dehaut; son diamètre, qui, pris a 0“,36 au-dessus du sol, est de 0™,09, peut nous donner un exemple de sa belle végé- tation et doit engager les amateurs a tenter sa culture, soit dans des climats plus doux,. soit dans différents sols, quoi- que je ne suppose pas qu’il puisse supporter des froids plus rigoureux et plus prolongés que ceux qu’on éprouve sous le climat de Paris, ainsi que le démontrent les remar- ques de M. Decaisne sur le climat qu’habite le Deodora in- sérées dans notre dernier numéro, page 42.

Neumann.

Coup d*œil sur la culture au Japon.

I. Plantes potagères, plantes économiques.

Le grand empire du Japon , formé de plusieurs îles sur la côte la plus orientale de l’Asie, est situé entre le 29® et 47® degré de latitude boréale. La température y est très variable. D’après M. Siebold , les parties situées dans l’Asie orientale sont beaucoup plus froides que celles de l’Europe au même degré de latitude ; le mercure tombe en hiver jusqu’à et Réaumur, et les montagnes se couvrent quelquefois de neige qui reste plus de huit jours. Au 58® ou 40° de latitude , les rivières sont gelées de manière à les passer à pied, et à l’île de Jeso , entre le 58® et le 45®, le blé vient difficilement, il est chétif, rabougri, et les habi- tants sont obligés de se réfugier dans des cavernes; l’été, au contraire, la chaleur est excessive. Dans les parties du sud-est et est, protégées des vents de l’Asie par cette longue chaîne de montagne qui coupe le pays dans une direction

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parallèle au continent, la température est a peu près con- stante et élevée. Le sol est sec et stérile, dévasté souvent par les terribles ouragans, si fréquents dans ces parages. Les Japonais sont industrieux comme les Chinois ; ils ne partagent pas l’orgueil ridicule de leurs voisins, dédaignant toutes les connaissances qui ne sont pas nées chez eux; ils adoptent, au contraire, avec une sorte d’avidité tout ce qui peut les mettre sur la voie du progrès, soit dans les arts, soit dans les sciences, qu’ils affectionnent particulièrement. C’est ainsi qu’on les a vu traduire dans leur langue les ou- vrages de ïhunberg, etc.; mais s’ils sont avides des connais- sances européennes, il n’en est pas de même à l’égard de l’Européen. Leur pays lui est exactement fermé; et si les Hollandais sont admis, dans le port de Dézima seulement, ils paient ce privilège par toutes sortes de vexations. C’est en partie à M. Siebold , qui a parcouru le Japon, que nous devons la plupart des richesses végétales qui font depuis peu l’ornement de nos jardins.

Notre intention n’est pas de faire un traité complet de la culture au Japon; nous possédons trop peu de données sur l’état actuel de Fart agricole pour entreprendre ce travail. Nous nous bornerons à faire connaître, d’après Thunberg, Kæmpfer et M. Siebold , les ressources végétales du pays, et à montrer les rapports de culture qui existent entre ce pays et l’Europe , ainsi que la possibilité de cultiver en France plusieurs plantes économiques du Japon.

L’agriculture est le premier des arts chez les Japonais; ils s’y livrent avec tant d’activité et d’intelligence que partout le sol est labourable on voit s’établir les plus belles cultures. «Les champs sont sarclés avec tant de soin, dit Thunberg, que le botaniste le plus clairvoyant aurait beau- coup de peine a y découvrir une plante inutile. Tout cultiva- teur qui néglige une partie de son domaine en perd la propriété; on le donne a un autre. »» L’irrigation est très usitée dans le pays : la bêche et la charrue attelée d’un bœuf ou d’une vache, sont les deux instruments du culti- vateur. Dans les terrains plats et bas, la l’irrigation peut se faire naturellement, on laboure a la charrue; mais dans les terrains élevés , pour inonder on est obligé d’élever des travaux d’art pour retenir les eaux, le labourage à la charrue devient impossible , c’est alors qu’on emploie la bêche. Dans ces localités on recueille l’eau du ciel à l’aide de réservoirs placés dans les parties supérieures, pour

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la répandre ensuite sur les terrains inférieurs, ou bien on y fait mouler l’eau des étangs ou des rivières , au moyeu de petits moulins employés aujourd’hui en Hollande pour l’irrigation ou le dessèchement des marais. Comme en- grais, Turine est un des plus recherchés; on la recueille dans des vases placés en terre, et au printemps on en en prépare , avec l’eau et les fumiers, une sorte de bouillie que le paysan porte dans les champs avec des seaux. 11 verse de suite cette préparation au pied des plantes , et les racines en absorbent immédiatement la partie liquide , chargée de principes azotés. Cette opération se fait lors* que les plantes ont alteint à peu près leur développement. Le riz est, de toutes les céréales, celle qui est particulière- ment cultivée. Comme dans l’Asie, il est la base de la nour- riture de l’homme ; il remplace le Froment des Européens, le Maïs des Américains et le Doura {Andropogon Sorghum) de toute la race africaine. Le Blé, l’Orge et le Sarrasin n’en- trent dans la culture qu’en très faibles proportions, l’usage de la farine étant très borné dans le pays, puisque ce n’est qu’en pâtisserie qu’elle y est seulement employée.

Les rizières s’établissent préférablement dans les terrains bas et plats, l’irrigation est facile. Vers le mois d’avril, on laboure a la charrue , et on inonde immédiatement après. Lorsque l’eau est absorbée, on fait tremper le riz, qui est ensuite semé â la volée comme le blé et toutes nos céréales en général. H est alors soumis a l’irrigation , et c’est dans celte condition que le riz se développe, grandit et mûrit ses graines. Dans les localités élevées, l’irrigation se fait au moyen de réservoirs, on pratique autrement : le terrain est disposé en plates-bandes ou compartiments, puis il est innondé. Le riz est semé sur des sortes de couches en- tourées d’un petit parapet pour retenir l’eau; et ce n’est que lorsqu’il a atteint 0“‘,55 à qu’on le repique par

touffes dans le terrain préparé par l’irrigation. La récolte se fait en novembre : on le met en bottes, il achève de sécher; et pour en extraire le grain, on le bat sur un tonneau. Mais le plus difficile est de le débarrasser de son enveloppe qui adhère fortement a la graine. Dans ce but on se sert de mortiers a plusieurs pilons mus par la roue d’un moulin à eau ; cette opération est encore faite en le foulant aux pieds dans des auges destinées à cet usage.

L’orge et le froment se sèment au mois de novembre et décembre , en sillons séparés de 0™,50 les uns des autres.

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Lorsque les plants ont atteint une certaine hauteur (0^^,40 ou 0"\r>0 d’après Tliunberg) , on rechausse le pied avec la terre du sentier, afin de faire développer d’autres tiges et de produire par la une plus ample moisson. Ces plantes sont coupées au mois de juin et soumises aussitôt au bat- tage à la manière européenne ; on emploie pour cela un fléau a trois battants. A peine ces céréales sonbelles récol- tées, qu’on en sème d’autres entre les anciens sillons ou qu’on y plante des haricots ou autres légumes, dont nous parlons plus bas. De cette manière , avec une seule cul- ture, le cultivateur fait produire a son champ deux ré- coltes dans une année. D’autres plantes indigènes, céréales ou fourragères, sont aussi cultivées, pour la nourriture de l’homme et pour celle des animaux, ce sont: l’ava, Pani- cum verlicillaium ; le kibi, Andropogon sorghum ; le ka- kibi, Panicum crus corvi^ et le nambakivi, Eleusine co- racana.

Les plantes potagères sont en général celles que nous cul- tivons en Europe. Ce sont : la carotte, la betterave, la rave, le radis, le navet, le panais et quatre espèces indigènes au pays; la patate,-^ une igname Dioscorœa Japonica^ une plante de la famille des araliacées, Aralia edulis, dont les racines se mangent en hiver, a la manière des scorsonères et le Phyiolacca octandra qui est, d’après Kæmpfer, une excellente racine potagère; enfin l’oignon, la ciboule, l’a's- perge, la chicorée, la laitue, le persil, l’anis; des variétés de choux et de moutarde, etc. La culture de la pomme de terre a été tentée plusieurs fois, mais toujours sans succès.

Parmi les arbres fruitiers, beaucoup sont également eu- ropéens, ou du moins cultivés en Europe. Ce sont : le ceri- sier, le prunier, le pécher, l’abricotier, l’amandier, la vigne, plusieurs orangers, surtout une petite espèce {CitrusJapo- nica) dont le fruit se mange avec l’écorce, soit grillé, soit confit et que les confiseurs de Paris désignent sous le nom de chinois. Plusieurs figuiers : ficus erecta et pumila; le figuier d’Inde, Opuntia vulgaris^ le figuier-caques, Vios^^ pyros kaki; les poiriers, pommiers, un néflier, Erioboihrya Japonica^ le grenadier, le melon, potiron , concombre, le giraumon et VHovenia dulcis, dont on mange les pédon- cules, qui sont très charnus; le noisetier, le châtaignier et un chêne, Quercus cuspidaia, Sieb. ; le bananier est quelquefois cultivé, mais il y est stérile. Les légumineuses sont les haricots et leurs variétés, les pois, la fève et surtout

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le Dolichos soja, avec lequel on prépare les sauces , etc. Comrae condiments, on cultive la mélongène , Solanum melongena^ VAmomum Miega; le poivrier du Japon , Fa- gara piperita et les Capsicum sativwn et grossum. Le poivre noir, Piper nigrum, est aussi cultivé, mais seule- ment comme plante de collection. A ces quatre plantes viennent s’ajouter deux champignons qui ont acquis une certaine réputation en Europe ; la truffe et l’agaric comes- tible. Les plantes tinctoriales sont principalement les re- nouées ou persicaires, Polygonum iinctorium, barbatum et aviculare ; la Garance, rubia cordata, etc. Les autres plantes industrielles et indigènes sont : deux espèces d’or- ties, Vrtica Japonica et nivea^ desquelles on extrait de la filasse; le cotonnier, Gossijpium herbaceum ; les Brousso- netia papyrifera et Kœmpferi, avec lesquelles on prépare le papier, ainsi que deux autres plantes de la famille des thymélées appartenant aux genres Daphné et Stellera ; le Kadsura Japonica , duquel on retire, en faisant cuire les rameaux et les feuilles, une matière mucilagineuse qui sert à la fabrication du papier et que les dames japonaises emploient aussi pour enlever de leur chevelure la pom- made dont elles font un abondant usage; l’arbre a ver- nis , Rhus vernix et succedanea , qui fournissent l’un et l’autre , par la pression de leurs graines , une huile qu’on emploie à la fabrication de la chandelle , et par l’incision du tronc , une matière liquide connue dans le commerce sous le nom de vernis du Japon;\e Camellia, le Paulownia, \esDiandra cordata et oleifera, le Taxus baccata, le Bras- sica orientalis, etc., des graines duquel on extraitune huile propre aux assaisonnements et qui remplace la graisse et le beurre, inconnus duns ce pays; le camphrier, Laurus cam- phora et glauca. Nous placerons encore parmi les plantes économiques, plusieurs Conifères qui servent à border les grandes routes, et dont le bois est employé pour les construclions, ce sont principalement les Thuya dola- braia et Japonica , les Pinus Massoniana et Koraiensis, Sied. , et le Gincko biloba. suie qu’on obtient en brû- lant les racines résineuses du Pinus Massoniana mélangée et broyée avec l’huile de navette, sert, dit M. Siebold, à faire la fameuse encre de Chine , que l’on fabrique prin- cipalement dans les couvents de Nara, dans la province de Jamato. ♦» Enfin le thé , plante si intéressante sous bien des rapports, est une des branches les plus importantes de la

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culture et de l’industrie japonaise. Le tlié est un arbrisseau de 2 mètres environ , qui n’acquiert sa croissance qu’à six ou sept ans. Cependant on récolte ses feuilles dès l’âge de trois ans. Sa fleur est à peu près celle du camellia blanc, à fleurs simples. D’après ïhunberg , un homme un peu ac- coutumé à ce travail de récolte peut en recueillir dix ou douze livres par jour. La cueillette des feuilles a lieu trois fois par an : la première se fait a la fin de février, lorsque les feuilles commencent seulement à pousser ; elles sont alors gluantes et d’une qualité supérieure; on les conserve pour l’empereur et les grands dignitaires de l’empire. La seconde cueillette se fait un mois après; les feuilles sont plus développées , elles ont encore toute la saveur des feuilles de la première cueillette, ün'mois plus lard arrive la troisième et grande récolte; les feuilles ont acquis toute leur dimension, mais elles n’ont plus la saveur des feuilles des deux premières récoltes. La quantité s’obtient ainsi aux dépens de la qualité ; plus on attend, plus la récolte est forte, mais aussi plus elle est inférieure en qualité. Les feuilles les moins développées produisent toujours le meil- leur thé , de même que les feuilles des jeunes arbres don- nent un thé supérieur à celles^des vieux. Au fureta mesure que les feuilles sont cueillies, on les étend sur des plaques de fer minces , fortement chauffées , en les remuant très vite; on les roule ensuite sur des nattes pour les faire re- froidir. Cette opération se répète jusqu’à ce que les feuilles soient parfaitement sèches.

La manière de prendre le thé diffère sensiblement suivant le pays. En Europe on fait infuser seulement les feuilles, qui sont jetées après l’infusion. Au Japon, au contraire, toute la population fait usage du tlm , les feuilles sont réduites en poudre et délayées dans l’eau, à la manière du chocolat. Avant de prendre cette préparation le Japonais a soin de la remuer, afin que la poudre ne se dépose pas au fond du vase. Ainsi, ce que l’Européen rejette est précisé- ment ce qui est recherché dans ce pays. Tout Japonais a toujours avec lui sa théière et sa poudre. Le paysan l’em- porte dans ses champs pour se préparer la boisson qui doit le désaltérer. Quoiqu’il prenne cette boisson pour se ra- fraîchir, il la fait toujours chauffer. Peut-être est -ce à l’habitude de prendre ainsi cette préparation stimu- lante qui entretient continuellement une légère transpi- l'alion , que le cultivateur doit de n’être jamais atteint de

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ces fièvres inteiiriiüentes qui déciment toutes les popula- tions de nos contrées marécageuses. 11 est vrai que nos cultivateurs se livrent pour ainsi dire eux-mémes à ces dangereuses maladies. Nous le disons avec peine , mais en général ils se nourrissent 1res mal, sont malpropres, et de plus, ils ont la fâcheuse habitude de choisir toujouis une boisson très fraîche pour se désaltérer lorsqu’ils sont en état de transpiration. 11 serait à désirer qu’ils suivissent la coutume du Japonais, qui ne boit jamais froid , même le saliki (sorte de bière au riz), sa boisson de prédileclion.

Le paysan , au Japon , est aussi très amateur de fleurs , quoiqu’à proprement parler, il ne possède pas de jardin ; il les sème dans ses champs, au milieu des plantes qu’il cul- tive pour sa nourrilure ou son industrie. Toutes les cultures réunies ne font ainsi, de cet immense pays, qu’un vaste jardin orné des plantes les plus merveilleuses.

Dans un prochain numéro nous parlerons plus particu- lièrement de l’horliculture et de la prédilection des Japonais pour les plantes naines.

F. liERirsCQ.

Histoire de la maladie des pommes de terre, par M. J. De-

cAisNE, aide naturaliste au Jardin des Plantes (1).

Lorsque, sur la fin de l’année dernière, l’attenlion pu- blique était éveillée par la maladie des pommes de terre, une foule d’hommes voués par état aux recherches scienti- fiques se sont efforcés de découvrir la cause du mal , dans le but d’en atténuer les fâcheux effets et d’en prévenir le retour. Aujourd’hui les craintes, bien que calmées, sont loin d’avoir entièrement cessé, et les cultivateurs se deman- dent si l’on n’a pas a craindre de nouvelles invasions du fléau. Cette question, qui est intimement liée avec la cause productrice de la maladie, a été et est encore vivement controversée. Parmi les nombreux opuscules qui ont paru sur ce sujet, il en est un qui , à raison du talent de son au- teur et de la position particulièrement favorable il se trouvait placé, se recommande à l’attention spéciale de l’économiste et de l’agriculteur : nous voulons parler de celui qu’a publié M. Decaisne , aide-naturaliste et profes-

(1) 1 vol. in-8, prix: 2 fr, 50 c., à la Librairie agricole de Dusarq, rue Jacob, 2C.

RE\LE HORTICOLE.

seur-siippléant de ciilUire au Muséum , que ses relalioos avec plusieurs agronomes distingués de la France, de la Belgique et de la Hollande, ont mis a meme, plus qu’un autre peut-être , de jeter du jour sur cette importante questioïK l\oîis allons essayer, par une courte analyse, de donner aux lecteurs une idée du livre que nous annon- çons.

La première chose a faire était de constater la nature du mal et quels organes en étaient le siège. Fallait-il voir dans les tubercules avariés ce réseau de cryptogames, que quel- ques micrographes ont cru y reconnaître, ou seulement une sorte de pourriture due aux intempéries exceptionnelles de l’année, comme le voulaient d’autres savants? Partant de ce principe que nous ne jugeons que par comparaison, l’au- teur commence ses observations par l’examen comparatif des organes a l’état sain et a l’état malade ; il est arrivé ainsi a démontrer un des premiers (50 août) non-seulement l’absence complète de toutes cryptogames au début de la maladie, mais encore l’analogie, sinon l’identité parfaite de la matière brune qui enduit les cellules dans les pommes de terre altérées, avec Fulmine qui se produit dans la dé- composition des fruits et des parties herbacées sous l’in- fluence de Fhumidité.

On prévoit déjà que pour lui la principale et peut-être l’unique cause du mal réside dans les intempéries de l’été dernier, une température remarquablement basse pour la saison s’alliait à un temps presque constamment pluvieux ou couvert. Telle est aussi l’opinion d’un bon nombre d’agriculteurs, et les tables météorologiques, dressées dans diverses localités ravagées par la maladie, semblent per- mettre peu de doutes à cet égard. Disons cependant que cette opinion a trouvé des contradicteurs. Comment, par exemple, la faire concorder avec les observations faites en Suède , dans le midi de la France et au Cap de Bonne- Espérance, les tubercules de la pomme de terre parais- sent avoir été aussi plus ou moins atteints , malgré la chaleur et la sécheresse de l’élé dans ces contrées? Faut-il admettre, avec quelques agronomes , une maladie épidé- mique, une sorte de choléra, comme on dit en Irlande? Faut-il, avec d’autres, invoquer la dégénérescence de l’es- pèce pour rendre raison du mal? M. Decaisne répond à cette dernière hypothèse en citant des cultures régénérées de graines qui ont été presque complètement anéanties.

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tandis que dans leur voisinage de vieilles races ont a peine souffert. Quant a la première, c’est au temps a nous éclairer sur sa valeur, en admettant encore que, dans les pays oîi la température a été normale, l’altération qu’on y a observée était identique avec celle qui s’est manifestée avec tant de violence dans les parties septentrionales de la France, en Angleterre et en Belgique.

Du reste , ce n’est pas sans de puissantes raisons que l’auteur incline a attribuer la maladie aux influences mé- téoriques. Ainsi , il rappelle les relevés météorologiques faits a Bruxelles et a Paris, et desquels il résulte que nous n’avons eu que vingt-cinq a vingt-six jours de beau temps, h partir de la fin d’avril jusqu’à la fin de septembre, c’est- à-dire dans les cinq mois les plus chauds de l’année. D’un autre côté, a quelques journées brûlantes ont succédé des nuits extraordinairement froides. Or, qui ne sait aujour- d’hui que la santé des végétaux dépend surtout d’un par- fait équilibre entre l’absorption et l’exhalation des liquides, comme aussi dans la décomposition de l’acide carbonique sous l’influence de la lumière solaire? 11 est évident qu’un été sans soleil, une température moyenne inférieure de plusieurs degrés à la moyenne ordinaire et une atmosphère surchargée d’humidité , ont rompre cet équilibre. Les sucs qui gorgeaient les parties aériennes de la plante n’étant plus élaborés suffisamment, et leur exhalation étant entravée par l’état de l’atmosphère, ont réagi chimiquement sur| les tissus , et après avoir amené la mortification des fanes, ont étendu leurs effets délétères jusque sur les tuber- cules.

Il semblerait du resta que cette altération de la pomme de terre n’est pas nouvelle, et que déjà on l’a observée, mais a un moindre degré, dans plusieurs contrées. Ainsi , en 1 775, les Flandres auraient été envahies par une maladie présentant les memes caractères que celle de 1845. Elle se serait montrée aussi dans le Hanovre et les provinces mé- ridionales de la Prusse en 1770; enfin, quelques cultiva- teurs assurent l’avoir remarquée depuis une trentaine d’an- nées dans diverses provinces de la France, notamment en Alsace et dans l’Orléanais. Et, ce qu’il y a de remarquable, c’est que, dans ces deux dernières provinces, elle se serait montrée précisément sous des conditions atmosphériques analogues à celles de 1845, c’est-à-dire avec une tempéra- ture moyenne inférieure à la température ordinaire. Si ces

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observations sont exactes, elles rentrent complètement dans l’opinion de M. Decaisne et sont un puissant argument en faveur de son hypothèse.

Suivant leur manière de voir, les observateurs qui ont étudié cette maladie en ont admis ou repoussé la contagion. Les partisans du Botrytis ou de l’action d’un champignon ont soutenir, malgré les faits qui parlaient contre eux, qu’elle se transmettait de l’individu malade aux individus sains par l’inoculation de spores invisibles produites en nombre illimité. Les recherches les plus minutieuses n’ont pu faire découvrir ces Botrytis^ et l’hypotlièse de ce mode de contagion tombe d’elle même. Mais il s’agissait de sa- voir si la matière brune des tubercules avariés pouvait se transmettre par le contact immédiat , et le point était fort important a décider, puisqu’il intéressait directement la conservation de la récolte. Des expériences fort simples, répétées plusieurs fois , ont appris a M. Decaisne que la transmission du mal était a peu près nulle, et qu’avec des précautions faciles qu’il énumère on réussirait sans peine à conserver les tubercules.

Enfin, il examine la question de l’emploi que l’on en peut faire. On se rappelle les pertes occasionnées aux cul- tivateurs dans les premiers temps de l’invasion du mal par des ordonnances de police qu’avaient provoquées des terreurs exagérées. Les expériences tentées sur les animaux domestiques nourris exclusivement de pommes de terre avariées , l’usage qu’en ont fait une multitude de gens pauvres pour leur alimentation ont faire disparaître toutes les craintes. Loin donc de brûler ou de les jeter au fumier, comme on le conseillait, ces pommes de terre peu- vent être encore utilisées soit dans les féculeries, soit pour l’entretien du bétail.

Tel est en résumé le contenu du petit volume dont nous venons de rendre compte. Bien que nous ayons omis d’en mentionner plusieurs chapitres pour ne nous arrêter qu’aux points les plus saillants, on voit par ce peu de mots qu’il s’adresse aussi bien au physiologiste qu’à l’agronome. Nous sommes convaincu que tous liront ce livre avec intérêt et nous en avons pour garant l’accueil qui lui a été fait par plusieurs savants distingués. Ceux-là sur- tout qui s’occupent de la culture en grand de la pomme de terre le consulteront avec fruit et sauront gré à son auteur des efforts qu’il a faits pour les éclairer sur la nature du

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fléau qui a ruiné tant de récoltes et du succès avec lequel il a rempli la tache qu’il s’était imposée. Naudin.

Expositions de (leurs.

La Société d’horticulture du département de la Moselle nous adresse le programme de son exposition de printemps, qui aura lieu a Metz, le dimanche 7 juin et le lundi 8, dans la grande orangerie du jardin botanique de cette ville.

Les jardiniers et les amateurs des départements de la Moselle, de la Meurthe, de la Meuse, de la régence de Trêves, du grand-duché de Luxembourg et de la province d’Arlon, seront admis à concourir pour cette exposition; les plantes devront être envoyées le 6 au matin. Les horti- culteurs étrangers aux contrées ci-dessus ne pourront con- courir pour les prix proposés, mais la Société se réserve de leur accorder des distinctions spéciales.

Des médailles et des mentions seront décernées aux ex- posants dont les produits en seront jugés dignes et l’expo- sition sera close par la mise en loterie d’une partie des plantes exposées. Par suite d’une décision prise par la so- ciété, il pourra être distribué, en remplacement des mé- dailles, des ouvrages d’horticulture comme récompenses aux jardiniers en place.

La Société royale d’horticulture vient d’annoncer le programme de sa 18® exposition, qui aura lieu dans l’o- rangerie du palais du Luxembourg, du 6 au 9 août ^846. La séance publique dans laquelle seront délivrés les prix et médailles aura lieu le dimanche suivant, 4 0 août.

Pépin.

Moyen de préserver les Dahlias de Vatteinie des limaces.

M. Carlier fils, à Roye, nons annonce qu’il préserve com- plètement les jeunes pousses de dahlias de l’atteinte des limaçons en formant autour de ces plantes une couche de cendre noire de S [a ^0 millimètres d’épaisseur sur envi- ron 50 centimètres de diamètre.

Extrait des Catalogues de printemps.

M. Alphonse Dufoy, horticulteur, rue des Amandiers- Popincourt, 40, a Paris, nous adresse son catalogue de prin- temps, composé seulement de quatre genres de plantes qui sont les Dahlias, Géraniums {Pélargonium)^ Ver-

so

REVUE HORTICOLE.

benas et Phlox; cliacim de ces genres est nombreux en variétés de choix. Les expéditions ont commencé dans les premiers jours de mai.

M. de Jonghe, rue des Visitandines, a Bruxelles, vient de nous envoyer le catalogue des plantes cultivées dans son établissement. Nous y rempquons quelques nouveautés telles que Trichospermum javaniciim , Erhites guarani- iica, Abuiilon auraniiacum, Zamia debilis, Salpinga coccinea, Luheauniflora, Aphelandra aurantiaca, Vello- ziacandida, Pilocereus niger. Parmi les Orchidées, VAngu- loa Colwesiiy Trichoccentron marulatum, Burlingtonia granadinus, Cœhlia, Cyriopera Woodfordii^ Brassavola Ctausseniana, etc., ainsi qu’une collection de Mélastoma- cées, dont la culture n’est pas encore bien connue.

Nous recevons sous le 25 un nouveau supplément au catalogue des cultures de M. Van Iloutte, a Gand. Les nou- veautés et la richesse des végétaux cultivés dans cet établis- sement sont assez connus pour nous suffire de dire que la plupart de ces plantes sont nouvelles ou peu connues : ainsi Ton peut citer le Pilocereus niger ou milüaris, espèce de cierge très nouvelle dans nos cultures, qui se vend encore de 50 a 200 fr., lorsqu’elle a 0ï^\60 a 0“‘70.

Le supplément a la famille des Palmiers se compose de 20 genres et 26 espèces; le Zalacca assamiça est coté au prix de A a 50 fr. On y trouve encore trois es])èces de Cycadées: le Dion edule^ Ad. P>rong., envoyé sous le nom de Zamia friedcrici-guilielmi , très remarquable par son })ort. La famille des Fougères n’y présente que des esj)èces arhores- ccntes telles que : Alsophila armala , Cyailiea^ Trichop- teris , Hemiielia, de 0"‘,55 a 2 mètres de hauteur.

Le Cibatkim Billardieri (Dicksonia anlarctica), origi- naire de la Nouvelle-Hollande, magnifique espèce du prix de 1 ,000 fr.Dans les plantes de serre tempérée, figurent plu- sieurs ^ra/ia nouveaux, les Araucaria gracilis, Redwillii, un grand nombre de Banksia et autres belles plantes en- core peu répandues dans nos cultures.

Ce catalogue est terminé par une nomenclature de graines des montagnes du Tyrol, telles que Rhododendrons, Cha- mæcistus, Genliana, Ihimula, etc.

L’établissement de M. Louis Van Iloutte doit être cité comme un des premiers de l’Europe, pour sa richesse en plantes de toutes les parties du globe.

Pépin.

{rnincfi/lorum .

KEVÜE HORTICOLE.

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Eucharidium grand ifloî'um Fiscii. et Mey. (Ff(;. 5.)

Le genre Eucharidium, créé par MM. Fischer et Meyer ^ ne renferme jusqu’à ce Jour que deux espèces : ce sont de charmantes plantes annuelles de la Nouvelle-Californie, in- troduites en premier lieu dans le jardin botanique de Saint- Pétersbourg: la première, E. concinnum, en ^855; la se- conde, E. grandiflorum ^ en ^840. Le Muséum en reçut des graines en 1 842. Ces plantes sont très voisines du genre Clarkia; parle port et le feuillage, elles se rapprochent du Clarkia elegans, mais le calice longuement tubulé au- dessus de l’ovaire, les quatre pétales brièvement ongui- culés, le nombre des étamines qui est de quatre seulement et le stigmate simplement lobé, sont autant de caractères qui les en distinguent.

V Eucharidium ol grandes fleurs, dont nous donnons ici un dessin , est une plante annuelle à tiges pourpres, ra- meuses, diffuses, hautes de 0ï»,20 a 0“,25 ; ses feuilles al- ternes, quelquefois opposées à la base, sont ovales ou ovales- oblongues, entières et pétiolées, a nervures de la meme cou- leur que les tiges. Les fleurs sont d’un rose violacé, marquées de petites lignes blanches et de taches pourpres, plus gran- des que dans VE. concinnum et irrégulières; trois pétales dressés, rapprochés l’un de l’autre, un peu réfléchis au som- met, simulent la lèvre supérieure d’une corolle bilabiée; et le quatrième, au contraire, éloigné des trois supérieurs, abaissé sur le tube, en représente la lèvre inférieure. C’est cette disposition des pétales qui distingue cette espèce de VE- concinnum, chez lequel les pétales sont étalés, régu- lièrement distants, cruciformes et légèrement courbés. Cette dernière espèce ne sera guère cultivée que comme plante botanique.

Pour obtenir de belles touffes de VE. grandiflorum , il faut les repiquer lorsqu’elles sont jeunes, ou bien semer ses graines en octobre ou novembre, ou au plus tard au premier printemps. Elles n’ont pas besoin d’être semées sur couche , s’accommodent de tous les terrains et deman- dent peu d’arrosements. Semée ou repiquée par petites touffes ou en bordure, cette plante produit un bel effet par la couleur de ses fleurs, encore plus brillantes que celles des Clarkia, auxquelles elles ressemblent beaucoup. La floraison commence en juin et se continue jusqu’ en août.

Pépin.

4®^ Juin 1846.

Tome v, série. 5.

REVUE IlOllTICÜLE.

Acclimatation d'une nouvelle variété de Nelumbiuin (Colocase).

Le Nelumbium speciosum est une célèbre plante histo- lique qui a crû autrefois dans le Nil et qui a été retrouvée dans rinde avec tous les caractères qui lui ont été assignés dans Tantiquité.

Les plantes aquatiques réclament peu de culture ; l’an- Cienne Colocase ou Nelumbium s’est propagée en plein âir dans les bassins de Montpellier. Son acclimatation, sur ce point de la région méditerranéenne, est la réalisation de te que Virgile présageait autrefois pour Tltalie. La Colocase a été mise par Virgile en parallèle avec l’Acanthe ; Martial, dans ses Epigrammes , l’a considérée comme un mauvais légume. Virgile a célébré sa beauté comme plante d’orne- ment : elle a embelli l’architecture égyptienne, comme l’A- canthe a orné le chapiteau des colonnes en Grèce et en Ualie. Martial a critiqué la mode qui faisait rechercher la Colocase, parce qu’elle venait de loin, et quoiqu’elle fût très filandreuse. Cependant d’après Abel, médecin de l’am- bassade de lord Amlierst , cette racine est un mets national en Chine, quoique les graines seules soient bonnes. Ce sont ces graines qui ont été plus particulièrement applées fèves d’Egypte dans l’antiquité; mais lorsque la fève d’Egypte, ta Colocase des anciens, a disparu du Nil , le nom de Co- locase ne s’est point perdu : la langue arabe l’a transporté h une tout autre plante , VArum colocasia, ou Colocase des modernes , très bon aliment , gros tubercule farineux , qui n’a d’autre ressemblance avec la Colocase ancienne que d’offrir une racine comestible.

Plusieurs plantes des marécages de la Chine, Trapa bi- tornis Lin., Sagittaria macrophylla, sont comestibles, et on les voit figurées sur les porcelaines et les papiers peints, ainsi que plusieurs variétés de Nelumbium blanc ‘et rose, simple ou double.

J’ai cultivé le Nelumbium speciosum, sans me laisser arrêter par le préjugé qui fait croire que sa culture ne réussit que dans les contrées très chaudes. Il est vrai que certaines variétés réussissent a Java et au Malabar; mais il est une nouvelle variété venue des environs de Pékin, qui vlemande moins de chaleur que toute autre, et qui fructifie mieux. Elle est caractérisée par des aspérités qui rendent

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la feuille rude en dessus. Nous en avons reçu les graines, il y a quatre ans, de M. Fischer, de Pétersbourg; il leur ^ fallu ce temps pour arriver a fleurir. Cette plante complète la collection des Nelumbium qui ornent le jardin botani^ que de Montpellier. Raffeneau-Delile,

Note sur les rhimnes de Nelumbium speciosum.

Le Muséum vient de recevoir, de M. Delile, plusieurs rhizomes ou racines de Nelumbium speciosum; il en a été remis également a M. Richard, professeur a la Faculté de médecine. Cette belle piaule aqualique fleurit dans les bassins du jardin de Monipellier. M. Delile nous en a souvent apporté des fleurs, afin que les botanistes et les amateurs puissent en admirer la beauté, car malheureuse**» ment nous iPavons pu, jusqu’à ce jour, en obtenir au Muséum; depuis plusieurs années, nous en mettons dana nos bassins, mais la température de Paris, moins élevéo que celle de Montpellier, ne semble pas permettre à cette superbe plante de fleurir, et les racines se détruisent lors*? qu’en hiver Peau des bassins se trouve gelée a une cer-*. laine profondeur.

D’après M. Delile, rien ne multiplie autant que les Ne^. lumbium dans les bassins, de Montpellier; mais pour qu’ils puissent fleurir, il faut que les pieds aient vieilli et grossi, e^t qu’ils n’aient pas été dérangés depuis un aa et plus. Ce qui prouve que cette plante aime une tem»^. pérature chaude, c’est que l’année dernière ayant été gé- néralement froide, les rhizomes, quoiqu’il y ait eu des fleurs, ont été moins gros que de coutume. Cependant nous ne désespérons pas de voir réussir le Nelumbium sous le climat de Paris, à l’aide de quelques soins et en garantissant convenablement nos bassins de l’atteinte des gelées. Quant à son usage comestible, ce sont les sommets tendres des rhizomes qui ont le goût d’asperge ou d’arts, chaut, dont on fait un fréquent usage a Pékin et dans une grande partie de la Chine. Pépin,

Floraison des tulipes en 1846.

Dès le mai, les tulipes de M. Tripet-Leblanc étaieni en fleur, je les ai visitées le 5. Rien n’est plus ravissant que le premier coup d’œil jeté sur ce champ de douze

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mille tulipes fleuries, plantées avec beaucoup d’ordre et de goût dans rétablissement horticultural de la maison Tripet- Leblanc, rue Bizet, 47, près la pompe à feu de Cliaillot. Cette collection, déjà depuis longtemps la plus belle et la plus riche, est augmentée cette année de celle de Pirolle, amateur distingué, qui avait lui-méme obtenu de ses semis un certain nombre cVea^lra qu’ on voyait chez lui, mais dont il ne s’était jamais dessaisi.

Si d’abord on est frappé d’admiration à l’aspect du champ de tulipes de la maison Tripet-Leblanc, on éprouve des jouissances bien plus vives quand on entre dans les dé- tails de perfection que présente chacune de ces plantes, quand on en vient a examiner la tenue, la forme, la nuance et la vivacité des couleurs, leur disposition variée et tou- jours harmonieuse sur les pétales. 11 est vrai que pour être ravi en découvrant, en comptant toutes les perfections d’une tulipe accomplie, il faut posséder un certain goût, une certaine connaissance du beau et de l’harmonie, el tout le monde ne possède pas ces qualités; mais ceux qui les possèdent trouvent dans une tulipe sans défaut un sujet de délices inconnu aux profanes. Qu’on me permette ici une comparaison : quand un peintre a fait un tableau et qu’il croit l’avoir rendu digne de plaiie au plus grand nombre, i! y travaille souvent pendant longtemps en- core, dans le seul but d’obtenü* l’approbation de trois ou quatre personnes dont il sait que le goût et le jugement sont épurés et hors ligne. Il en est ainsi des tulipes; toutes plaisent au plus grand nombre ; mais il en est de privilégiées, dont les beautés, les perfections d’élite ne peuvent être distinguées, appréciées que par les connais- seurs.

POITEAÜ.

Floraison, culture et multiplication en pleine terre des Rhododendrons arboreum, à Angers.

Une des plus belles acquisitions que l’horticulture ait faites dans ces derniers temps est assurément celle du Rho- dodendron arboreum, ou plutôt de riiybride A" arboreum, car ces derniers sont aussi beaux , plus rustiques et plus fleurissants. Us ont encore un avantage très grand sur le type, c’est de supporter facilement en pleine terre la rigueur de nos hivers.

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Déjà un horlicnlleur distingué de cette ville, renommée par ses belles collections deCamellias, en avait planté sans abri dans une plate-bande au levant de son jardin, il y a six ou sept ans. Ils ont bravé, sans en souffrir sensible- ment, tous les hivers qnenous avons éprouvés depuis cette époque, bien que le thermomètre soit descendu quelque- fois a '15 degrés centigrades au-dessous de zéro, et que nous ayons eu presque tous les ans des neiges et des gelées pendant plusieurs jours de suite.

Ces Rhododendrons, ainsi exposés à l’air libre, ne s’é- tiolent pas comme ceux qu’on lient en serre; ils poussent plus vigoureusement et forment de gros buissons. Quelques- uns ont donné cette année plus de cent têtes de fleurs magnifiques. Ce même horticulteur, qui en possède une ri- che collection, en a essayé en plein air un certain nombre de variétés, et toutes ont bien réussi. Il en a même récolté des graines qui ont parfaitement levé et lui ont donné une grande quantité de plant.

Il y a dans ce semis des différences de feuillage assez marquées pour faire espérer qu’il pourra s’y trouver des variétés bien caractérisées.

Un autre horticulteur, dont les vastes pépinières of- frent des positions variées et favorables a chaque genre d’arbres, se livre 'a de nombreux essais sur racclimaîation en pleine terre de certains végétaux. Les Rhododendrons arboreum oni, dès leur apparition, fixé son attention. Un des premiers il en planta en terre de bruyère dans une plate-bande au nord ; ils y fleurirent admirablement bien et poussèrent vigoureusement. Encouragé par cet heureux résultat et désirant étendre cette culture sur une plus grande échelle, afin de pouvoir placer ces Rhododendrons avec les Camellias dans les parcs et les jardins anglais qu’il crée chaque année, il en a fait dans son superbe jardin un massif tout a fait en plein air et d’un are environ de super- ficie. Ils reçoivent dans toute sa force l’action des rayons du soleil et le vent du nord. Malgré ces conditions en apparence défavorables, ils sont bien portants; les sujets sont déjà forts, et quelques-uns, qui primitivement ont habité les serres, sont assez élevés. Ils sont nombreux et d’espèces bien va- riées. La floraison de cette année, favorisée par une heu- reuse température, a été 'a Angers d’une beauté unique jusqu’à ce jour.

Ainsi groupés en grande masse, ils produisent un effet

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difficile à décrire, tant leurs fleurs, qui varient du rouge vif au rose tendre, sont nombreuses et brillantes. Les pre- mières ont commencé a s’épanouir au mois de janvier, et en avril ces arbustes étaient encore dans toute leur beauté. Ainsi, pendant trois mois, à une époque il n’y a presque rien encore en fleur dans les jardins, excepté les Camellias ^ on peut former des massifs et des piales* bandes du plus bel effet avec ce que l’horticulture possède de plus riche.

Tous ces Rhododendrons sont en terre de bruyère et par précaution recouverts au pied, dès le commencement de l’hiver, d’un petit monticule de sable, pour les garantir des gelées a la même époque et dans le même but. Quelques, personnes en enveloppent la tige avec de la moussé.

Jusqu’à ce jour les forts pieds-mères de ces beaux ar- brisseaux ayant toujours été assez rares dans le commerce, presque tous les horticulteurs les ont multipliés au moyen de la greffe sur le R. poniicum, A l’aide de ce procédé, chaque œil sur la tige pouvant, pour ainsi dire, former une greffe, donne un sujet de l’espèce qu’on veut multiplier avec rapidité. Cette méthode, très bonne pour les espèces, nouvelles que l’on a toujours hâte de produire le plus vite possible, aün d’arriver le premier, ne convient pas égale-' ment bien pour former promptement des sujets forts et vi- goureux, principalement pour ceux qui sont destinés à l’air libre. Je crois que, francs de pied, ils résistent mieux aux atteintes de l’hiver. C’est convaincu de cette idée que ce pépiniériste, jaloux de voir se répandre promptement dans tous les jardins ces Rhododendrons^ en a fait faire de mar- cottes une quantité considérable pour être livrés a la. pleine terre ; bien qu’ainsi faits, ils se cultivent également en serre avec succès. Ces derniers ont encore l’avantage d’être ordinairement beaucoup plus garnis de branches vers la base et de ne pas se dégarnir autant que les individus greffés.

B APTi STE - Desportes , a Angers.

Sur la culture de quelques Mèlastomacées,

Il y a environ un quart de siècle, on remarquait déjà dans les serres des établissements botaniques et des ama- teurs d’horticulture les plus avancés un certain nombre

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ar

de plantes de la famille des Mèlasiomacées. On les y avait obtenues, par hasard, de graines qui s’étaient conservées, dans la terre ou dans l’écorce du bois attaché aux racines,, ainsi qu’aux bulbes des Orchidées ou d’autres pl&ntes inlio.- duites en Europe. Dans le principe on considéra la culture de ces plantes comme assez difficile, et le résultat fut loin de répondre toujours a l’attente des amateurs, dont la cu- riosité venait d’être singulièrement excitée parles ouvrages, célèbres de MM. de îlumboldt et Bonpland, Aug. de Saint- Hilaire et de Martius. En effet, ces botanistes, voyageurs intrépides, avaient tous, dans leurs écrits, parlé avec en- thousiasme de l’impression qu’ils avaient ressentie surtout dans les provinces du Brésil, de la Colombie, du Mexique, de Cuba, etc., à la vue de ces éclatants buissons de MélastOr macées. Ces plantes, la plupart décrites d’après les herbiers, s’élevaient a peine a 700; elles se sont tellement accrues dans les collections qu’elles s’élèvent aujourd’hui a près de 2000, et présentent dans leur ensemble des végétaux dont le feuillage rappelle par ses petites dimensions celui desPime- lea^ comme il représente par son ampleur celui d’un Asira- pea. Les fleurs, de couleur blanche, rose, pourpre, lilas e4 rouge, a pétales larges et arrondis, offrent souvent une lar- geur de 0‘“,05 à 0“^,^5. Ces fleurs se présentant avec abon- dance, dans plusieurs espèces, soit aux aisselles des feuilles, soit dans d’autres groupes aux extrémités des branches, sous, forme d’épi droit ou étalé, sont appelées k accroître l’in- térêt qu’inspire l’introduction d’une nouvelle famille parmi nos plantes de serre. Toutes les publications que nous ve- nons de citer devaient naturellement augmenter, parmi les. amateurs, le désir de posséder les espèces les plus remar- quables de Mélastomacées. Aussi fit-on venir d’abord a grands frais des pieds des plus jolis arbustes, et l’on dé- pensa souvent beaucoup d’argent pour les introduire dans, les cultures européennes; mais les plantes, après avoir beaucoup souffert des fatigues du voyage, conservèrent peu de vigueur et émirent avec peine des pousses étiolées, sur lesquelles on s’attendait a voir s’épanouir des bouquets, de fleurs. Ces premiers essais infructueux découragèrent les. amateurs ainsi que les horticulteurs les plus zélés, et dès lors la culture des Mélastomacées fut considérée, sinon comme impossible pour un grand nombre d’espèces, du moins comme très difficile.

Nous avons trouvé cette opinion formulée dans plusieurs^

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ouvrages et rcpaïuhie dans la plupart des esprits. Cependant dans ces dernières années, MM. Linden, Funck et plus par- ticulièrement M. Claussen, qui a habité pendant 20 ans le Brésil et qui en a parcouru les diverses provinces, ont eu recours à un autre moyen pour introduire en Europe et avec plus de succès la culture desMélastomacées. Dans leurs voyages, ils ont récolté, avec toutes les précautions néces- saires, des graines des plus belles espèces appartenant presque toutes aux légions élevées. Et grâce a des soins particuliers, favorisés en outre par un été pluvieux et poi- un hiver très doux, nous avons obtenu des résultats qui nous permettent d’espérer de voir la culture des macèes s’établir en Belgique, malgré les préjugés existants. En effet, ces voyageurs nous ont affirmé que, dans leur pays natal, les jeunes plantes des espèces appartenant à la tribu des Lavoisiérées n’y ont point une croissance plus vigoureuse et n’acquièrent pas un développement plus rapide que dans nos serres. Suivant ces naturalistes, la croissance de nos Rhexia, Lasiandra et Miconia est in- comparablement supérieure â celle des mêmes plantes dans les contrées elles croissent naturellement.

Pour obtenir ces résultats, voici a quel procédé nous avons eu recours : au commencement de l’été, lorsque les jeunes plantes, repiquées en terre légère (moitié de feuilles consommées et moitié de terre de bruyère) dans de pelils pots de 0™,05 â 0"‘,04 de diamètre, eurent commencé â tapisser de leurs racines les parois intérieures de ces pots, nous les avons fait placer sur des planches au grand air. De cette manière, le tissu des tiges s’est raffermi en peu de temps par Faction de l’air libre et du soleil. Les plantes y ont acquis une grande vigueur, sans exiger d’autres soins que ceux que réclament les plantes de serre tempérée. Pien- trés dans la serre au commencement du mois de septembre, ces jeunes semis, habitués au grand air, ont nécessaire- ment jouir de Faction de cet élément essentiel qui leur a été accordé au moyen d’une ventilation pendant les belles journées d’automne et aussi longtemps que le soleil a paru àl’hor izon. Ces soins ont été continués aux jeunes serais qui, en ce moment, nous promettent les plus heureux ré- sultats.

Dans un travail spécial, dont nous nous occupons depuis quelque temps, nous consignerons plus en détail les pro- cédés de culture que réclament encore les différentes es-

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pèees do Mélaslomacées pour être amenées a une parfaite floraison. Lorsque de nouvelles expériences seronl venues confirmer nos premiers essais, nous les communiquerons sans réserve.

En attendant la publication de ce travail, nous offrons aujourd’liui aux amateurs les nouveautés suivantes :

Cambessedesia^ Chœlogaslra, CHdemia^ Lavoisiera, Lasiandra, Marcetia^ Miconiay Trembleya^ Mirroli^ cia, etc. Chacun de ces genres est représenté par plu- sieurs espèces, dont les prix varient de 10 a 25 fr.

De Jonche.

Sur la culture des Sarracenia , Dionæa et Cephalolus.

Après avoir vainement cherché a cultiver les Sarracenia purpurea sans pouvoir y réussir, je crois enfin avoir trouvé le moyen de les conserver et de les faire fleurir. Cette an- née on a pu remarquer en floraison, dans une des serres du Muséum, le S Brumondii qui présente des feuilles veinées de pourpre vers le haut et une hampe de 0*",80 au moins, terminée par une fleur verte.

Le S, variolaris, espèce beaucoup moins grande que la précédente, nous a offert des feuilles tachées de blanc vers le haut et recouvertes d’une espèce de casque.

Le 5. flava^ le plus beau de tous, est muni de feuilles très étroites, longues d’environ 0“,75, d’une hampe de 0“,40 terminée par une fleur d’un blanc jaunâtre. Toutes ces charmantes espèces se cultivent en terre presque com- plètement composée de détritus végétal ; il convient de les renouveler souvent, de les tenir exposées h la lumière, a une température de 7 et 8” en hiver et dans une atmosphère presque constamment humide, et d’empecher le soleil de donner dessus.

Le Dionæa muscipula^ cette petite merveille du règne végétal, s’accommode fort bien également de cette culture, mais il réclame cependant plus d’humidité et plus de cha- leur que les Sarracenia. Je les cultive dans de petits pots remplis de mousse et plongés dans des terrines re- couvertes d’une petite cloche. Il en est encore de même du Cephalolus follicularis,

M. Decaisne, qui vient de visiter la Belgique, a observé le même mode de culture dans l’établissement de M. Yan-

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Hoiilte, il a remarqué un nombre considérable de Dio- nœa muscipulaeu pleine floraison.

Neumann.

Note sur quelques végétaux cultivés en pleine terre à Hyères

V Araucaria excelsa^ que je dois, ainsi que les espèces suivantes, au Muséum de Paris, a atteint aujourd’hui une hauteur de 9”^,25 ; il existe en pleine terre depuis 1858; pendant les premières années de sa plantation, il a végété faiblement, et il a perdu successivement ses feuilles et le chevelu de ses racines. Depuis trois ans seulement son ac- croissement est devenu rapide; dans le courant de ^845, vers le mois de juin, sept cônes se sont formés sur la troi- sième branche voisine de la flèche. L’hiver ayant été fort doux en Provence, l’arbre a continué à croître et les fruits à mûrir. La couleur verte des cônes, qui ressemblent assez exactement a des Ananas allongés , commence a chan- ger; elle devient jaune et prend une apparence ligneuse. J’espère que Pété prochain verra mûrir les cônes de V Arau- caria excelsa^ et que la semence confiée a la terre entrera promptement en germination. Ma conviction profonde est que le climat du département du Var, tout aussi bien que le sol, sont favorables à la culture d’un arbre qui, par ses puissantes dimensions et les qualités supérieures de son bois, peut être rangé au nombre de nos plus précieuses conquêtes.

V Araucaria Cunninghamii se présente dans la condi- tion d’une année de plantation en retard sur le précédent;, il était beaucoup moins élevé et beaucoup plus jeune; au- jourd’hui, malgré l’accident qui, à la suite d’un hiver ri~ goureux, l’avait privé de sa flèche, il est aussi haut et plus beau d’apparence que V Araucaria excelsa. Je n’ai plus qu’une crainte, c’est que ces deux magnifiques végétaux ne finissent par se nuire d’ici à peu de temps, car ils ont été par mégarde placés trop près l’un de l’autre. V Araucaria Cunninghamii n’indique pas encore qu’il veuille donner de fruits; mais je ne doute pas que, d’ici a deux ou trois ans tout au plus, il n’arrive a ce résultat.

(1) Voir hort,^ 1845, p. 393.

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VAbieslanceolaiadi déjà produit deux fois des cônes dans mon jardin, et cet arbre est plus jeune d’âge et plus faible d’apparence que mon Araucaria.

Le Pinus longifolia offre le spectacle d’une vérilablc cascade de verdure; il n’a guère plus de 4 mètres de hau- teur; mais quand il a été planté en 184t, en plein sol , il ne comptait pas de hauteur. Dans l’étude que

j’ai faite, cette année, de mes arbres résineux, un fait curieux et intéressant s’est révélé à moi; c’est que la flè- che de VAraucaria brasiliensis m’a paru toujours re- tardée dans les deux sujets que je possède en pleine terre, tandis qu’au contraire j’en cultive une centaine, venus en pots, dont la flèche monte très rapidement. VAraucaria brasiliensis présente donc la forme d’un verre à patte.

3’ai encore quelques mots à ajouter pour mettre les lee- leurs au courant de ce qui s’est passé, cette année, dans quelques jardins d’Hyères, dont la végétation a paru quel- quefois extraordinaire. Ainsi, au mois de décembre, je possédais un ou deux pieds d’Hortensia en fleurs ; le Cuno- niacapensis en était couvert. Le Clianihus punie ei f ou- vert de boutons, avait déjà vu éclore quelques-unes uc ses fleurs dès le 22 décembre. Le Passiflora quadrangularis a offert pendant plus de quatre mois, sans interruption, des guirlandes constamment couvertes de ces magnifiques fleurs que chacun connaît : j’ajouterai que plusieurs de ces plantes ont présenté un commencement de maturité dans leurs fruits; j’ignore encore s’ils parviendront a maturité parfaite.

Je voudrais parler aussi de la situation d’un Latanier de Bourbon qui, en pleine terre, mais parfaitement garanti par deux murs à l’angle desquels il est placé, végète avec beaucoup de vigueur; je dirai aussi un mot du Bambusa sinensis^ Bambou de la Chine, lequel pousse également a l’abri d’un mur qui le protège contre la violence du mistral.

Enfin, et pour terminer, je citerai quelques arbres sur la beauté desquels on avait conçu de grandes espérances qui ne se réaliseront peut-être que lorsqu’ils seront placés dans certaines conditions; je veux parler en premier lieu du Paulownia imperialis. Mon Paulownia imperialis est à sa quatrième année de plantation et a sa cinquième année d’âge, et déjà il présente un grand nombre de boutons a fleurs. Le Ficus rubiginosa, le Laurus indica.^ le Phyto^

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lacca dioica^ placés en pleine terre a bonne exposition, présentent toutes les apparences d’une vigoureuse végéta- tion. Le Fuchsia corymbosa se montrait en fleur et en bouton au 25 décembre. Les quelques plants de Thé que je possède, et qui sont constaniment protégés par l'ombrage des Orangers sous lesquels ils se trouvent, m’ont donné constamment des fleurs et des fruits dont j’ai extrait une trentaine de graines parfaitement mûres. Les Camcllias en pleine terre, et a l’ombre de mes plus hauts Orangers, sont en bon état, et ils m’ont donné chaque année, vers la fin du mois de décembre, des fleurs nombreuses; les Camellias simples m’ont laissé récolter quelques graines. De beaux Camellias mis en -pleine terre, sans qu’ils fussent proie- gés par de plus grands arbres, ont été cruellement maltrai- tés parle soleil du printemps; mais je n’en ai perdu qu’un seul : les autres ont commencé a reprendre, et j’espère qu’ils repousseront avec vigueur a l’aide de soins et grâce à un déplacement qui leur était bien nécessaire.

Je dois ajouter en terminant que mes Camellias et mes arbres à Thé ont été plantés en terre de bruyère prove- nant de la presqu’île de Giens ou de l’ilePorquerolles.

Denis,

Député du Yar.

Observations sur le Pin de Corte.

Il y a maintenant douze ans que M. Marcellin YetillaiT rapporta des environs de Corte (Corse) des graines d’une va- riété de pin maritime qui l’avait frappé par sa beauté et ses grandes dimensions. Il eut la bonté de les partager avec mon père qui les sema dans sa propriété des Ban es (Loiret). De- puis cette époque et surtout après que le développement des jeunes plants nous eut fait espérer qu’ils conserveraient leurs caractères particuliers, nous avions,â plusieurs reprises, cher- ché a en obtenir des graines de Corse, mais le défaut de ren- seignements assez positifs nous avait empéché d’y parvenir. Enfin, cette année, grâce encore cette fois à M. Vetillart qui a pu nous indiquer un correspondant dans le pays, nous avons reçu une petite provision de cônes dont j’ai présenté quelques-uns a la société d’agriculture dans la séance du ^ avril dernier. MM. Moll et de Gasparin assistaient a cette séance et ont donné sur cet arbre, qu’ils ont observé dans le pays, des détails intéressants et qui confirment entière-

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ment les observations de M. Vclillart. Ils ont énoncé, enlre autres, ce fait qui nous semble intéressant, que cet arl)re ne paraît pas habiter de préférence les rivages ou les portions maritimes du territoire, mais qu’on le trouve principale- ment dans les forets de l’intérieur de l’île, notamment dans celle de Yiisavone^ dans laquelle M. Moll en a remarqué qui égalent en grandeur les plus grands Laricio. J’ai, dans la même séance, cherché a donner a la société une idée des principaux caractères différentiels que nos jeunes arbres des Barres présentent comparativement avec notre Pin maritime ; mais, dans la crainte d’être mal servi par ma mémoire en reproduisant ici ce que j’ai pu dire de sou- venir, j’ai demandé à mon père sur ce sujet une note que je transcris textuellement :

« Les graines de Pin de Corle que M. Vetillart a bien voulu me donner a son retour de Corse ont été semées en avril 1854. Enlre les lignes j’en ai semé d’autres de Pin maritime ordinaire (Pinus Pinasier) pour rendre la com- paraison plus facile et plus sûre.

«A leur seconde et troisième année, les plants du Pin de Corle différaient assez sensiblement des autres par leurs feuilles d’un vert plus foncé, plus larges, plus raides, plus dressées contre la tige, et par leurs pousses plus nourries. Ces différences se sont presque toutes conservées ou meme prononcées davantage dans la suite. Voici la vérification que j’en ai faite et notée en ^ 840, les sujets ayant alors six ans et 2 mètres environ de hauteur.

« Le Pin de Corte se distingue au premier aspect du P. marirae ordinaire par le ton beaucoup plus foncé de sa ver- dure, par sa forme plus régulière, moins chargée a sa base, plus élancée et pyramidée. La tige est plus nourrie, plus vigoureuse, plus verticale; une partie des sujets vus de quelque distance ressemblent à des Laricio. La feuille est beaucoup plus large, plus ferme et plus droite que celle du P. maritime ordinaire; le bourgeon généralement d’un rouge brun plus intense; l’écorce sur le bois d’un et de deux ans d’un gris plus foncé.

« Au total il annonce un arbre beaucoup plus beau, plus vigoureux et dont la tige, d’après son apparence actuelle, paraît devoir s’élever plus haut et plus droit.

w En ^ 841 , j’ai fait détruire les lignes de P. maritime ordi- naire, parce que quelques-uns commençaient a lleiuir et que j’ai voulu éviter cette cause de dégénérescence. Les

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moyens de comparaison sont devenus dès lors moins fa^ ciles et moins précis; toutefois les arbres de la race de Corte ont continué de se montrer visiblement différents des P. ^maritimes ordinaires, dont j’ai ailleurs un bon nombre dans mes plantations. Malheureusement la plupart des pre- miers (et cela m’est arrivé pour presque tous les petits lots isolés de Pins) ont été fortement attaqués par le scolyte, ce qui a détruit la beauté et la régularité de leur tige toutes les fois que la flèche a été attaquée. Malgré cet accident, les caractères distinctifs que j’ai énoncés plus haut sont encore aujourd’hui bien évidents.

« Depuis ^ 845, les arbres ont donné quelques cônes. Dans le plus grand nombre de ceux-ci, de même que dans ceux que M. Vetillart a eu la bonté de m’envoyer, le sommet des écailles est extrêmement développé et forme une pyramide très saillante terminée par une pointe forte et quelquefois recourbée en crochet. C’est la un des caractères remarqua- bles du Pin de Corte ; toutefois de même que tous les ca- ractères de variétés, celui-là n’est pas constant ni absolu*. Un de mes sujets les plus beaux et les plus francs a tous autres égards a produit cette année quelques cônes donè les sommités des écailles spnt très peu saillantes. D’un autre côté, j’ai trouvé dans le nombre de mes Pins mari- times ordinaires des cônes dont les pyramides sont presque aussi développées et acérées que dans ceux de Corte. Mais la différence ici est que dans l’un ce développement con- sidérable est exceptionnel, tandis que dans l’autre il parait être le caractère habituel de la variété.

« Maintenant une question se présente : le pin de Corte est-il le P. manhmawiajor de Duhamel? On sait que ce cé- lèbre auteur a distingué dans le Pin maritime les deux va- riétés major et minor^ distinction qui a été adoptée après lui par la plupart des botanistes forestiers. J’ai souvent dé- siré vérifier cette différence sans pouvoir y parvenir. Selon Duhamel les deux variétés croissent ensemble dans les fo- rêts des Landes. Les demandes que j’ai faites à Bordeaux el ailleurs dans le pays n’ont pu me les faire obtenir distinctes . .Te possède des Pins de cette provenance, je n’y trouve au- cune différence avec ceux du Maine; dans les uns comme

(l) Dans les cônes reçus de Corse et qui, à en juger par leur ex- trême similitude, semblent provenir tous du môme arbre, la pyramide du sommet de l’écaille se rapproche tout à fait de la forme la plusor’- diuaire dans le pin maritime.

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dans les autres, les cônes varient beaucoup pour la gros- seur, les feuilles un peu (quoir|ue beaucoup moins) pour la longueur, mais les sujets u’offrent pas entre eux de diffé- rences tranchées, comme celles que présentent les Pins de Corte relativement aux P. maritimes soit des Landes, soit du Maine.

«En admettant toutefois que le premier soit réellement le Pinus mariiima majorée Duhamel, on pourrait le con- sidérer comme une acquisition en quelque sorte nouvelle, puisque Pon aurait en lui la race du grand Pin maritime pure et probablement du plus beau type possible.

« Si, au contraire, on le reconnaît dans la suite pour une variété différente du grand comme du petit Pin des Lan- des, il n’en aura que plus d’intérêt, et M. Vetillart aura rendu évidemment, par l’introduction de celte race, un service important à la science comme a la pratique fores- tière.»

L. V.

Exposition du cercle général d'horticulture.

Le cercle général "d’horticulture fondé, «il y a peu d’an- nées, sous le protectorat de M'"® la duchesse de Nemours, a tenu sa cinquième exposition du au 24 de ce mois dans l’orangerie du Louvre, le public a pu admirer les mer- veilles sorties des mains de nos horticulteurs. A une époque de l’année tant de belles plantes sont en fleurs, on devait compter sur une exposition brillante. L’attente générale n’a pas été trompée. Aucune description ne pourrait donner une idée exacte de la magnificence du coup d’œil qu’offraient ces milliers de fleurs de toutes les nuances, et ce serait en- treprendre un long catalogue que de vouloir citer toutes les espèces méritantes qui attiraient les regards. Dire que MM. Lemichez, Chauvière, Paillet, Souchet, etc. étaient au nombre des exposants, c’est dire que les plus splendides variétés d’Azalées, de Pélargonium, de Roses, de Bruyères, de Calcéolaires, y étaient représentées par des centaines d’échantillons, sans compter le nombre considérable de plantes de serre chaude rares et curieuses dont il serait superflu de donner la liste. Bornons-nous a dire que le s Orchidées, dont la culture est chez nous si peu avancée, y avaient une cinquantaine de brillants représentants dus

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presque tous a M. Morel et dont plus de la moitié étaient en fleurs.

Toutefois, pornii tant de végétaux splendides admis a cette solennité horticole, il s’en est glissé comme toujours un certain nombre pour lesquels le jury aurait pu sans in- convénient se montrer plus sévère. Sans parler des échan- tillons disgracieux et d’une mauvaise venue que leur rareté, leur nouveauté ou la difficulté de leur culture peu- vent jusqu’il un certain point faire excuser, il nous semble qu’on aurait pu fermer l’entrée du palais de Flore a toutes celles de nos plantes indigènes que la culture n’a pas encore remarquablement embellies, ainsi qu’ii celles qui, pour être étrangères, n’en sont ni plus remarquables ni moins com- munes dans les jardins de tous les amateurs. Pour mériter les honneurs d’une exposition, il ne suffit pas qu’une plante puisse entrer plus ou moins dans l’ornementation d’un jardin, il faut encore qu’elle se distingue par quel- que qualité particulière due à la culture ou même au hasard. L’admission a une exhibition est tout à la fois une récompense et un encouragement, et c’est méconnaître l’es- prit qui a présidé a sou institution que d’y recevoir des plantes aussi vulgaires que celles qui s’y montraient de loin en loin.

La culture maraîchère était faiblement représentée, mais les échantillons qu’elle a fournis étaient ponr la plupart bien choisis. C’étaient d'abord deux melons cantaloups d’une belle apparence présentés par M. Gros, jardinier li Charonne, qui en a déjà récolté plus de soixante sous ses châssis depuis le commencement de mars; puis des choux- fleurs de la variété dite Salomon, plusieurs bottes de ca- rottes, de très belles romaines blondes, des laitues valen- tines, des chicorées fines, dues les unes à M. Gros, les autres 'a M. Lenormand ; une corbeille de tubercules d’0.ra- lis crenala ^ d’un volume remarquable , présentée par M. Chambroux; une aulre de superbes bâtâtes violettes, de M. Guimard, qui avait envoyé aussi un potiron vert d’Espagne, datant de la récolte de 1844, lequel, malgré ce long intervalle, avait consèrvé toute sa fraîcheur; enfin, quatre variétés de pommes de terre obtenues de semis de la Descroisilles, par M. Briffault, jardinier a Sèvres.

Disons aussi quelques mots des inventions industrielles appliquées à l’horticulture, dont quelques-unes nous sem- blent mériter d’être signalées. En première ligne, nous ci-

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lerons les châssis a vitres mobiles de l’invention de M. Par- mentier. Les vitres, d’un verre épais et assez semblables par leur forme aux planchettes d’une persienne, s’élèvent et s’abaissent comme ces dernières au moyen d’un mécanisme aussi simple que facile 'a manœuvrer. On peut ainsi fermer la bâche ou lui donner de l’air suivant le besoin, sans avoir h soulever des cadres quelquefois mal assujettis et fort pesants; mais le principal avantage est d’y laisser pénétrer plus de lumière qu’avec le système ordinaire, comme aussi de pouvoir remplacer plus aisément et a meilleur marché les vitres cassées. Malheureusement l’invention de M. Par- mentier a un incoïivénient grave, c’est d’être d’un prix élevé, et par conséquent peu accessible a la plupart des jardiniers.

Nous avons vu aussi des espèces de tentes en toile à claire-voie, destinées a abriter les arbres à fruit contre la grêle et les déprédations des oiseaux, ainsi que des sacs de la même étoffe imaginés pour défendre les raisins de la dent des rats. Nous ne savons trop si l’inventeur compte beaucoup sur l’efficacité de son procédé, mais ce que nous savons fort bien, c’est que les jardiniers, qui n’ont guère l’habitude de jeter leur argent a la rivière, n’iront pas ache- ter des objets d’un prix exorbitant dont le succès est plus que douteux, et se contenteront d’employer contre ces hôtes incommodes les moyens simples et à bon ma relié qu’ils emploient d’ordinaire et qui leur réussissent parfai- tement.

La poterie de jardinage et les ornements en terre cuite destinés aux jardins sont évidemment en progrès, comme l’attestent les beaux vases de M. Follet qui a déjà été bre- veté par la duchesse d’Orléans, et deux charmants groupes du même artiste représentant des oiseaux de basse- cour achetés, dit-on, par le plus riche patron de l’horti- culture parisienne. Les vases à reflets métalliques et les élé- gantes jardinières chargées d’ornements en relief de M. Ca- maret n’excitaient pas moins d’admiration.

Nous voudrions que l’espace nous permît de dire aussi quelques mots des instruments et outils de jardinage qui ont été présentés, et de l’application de certains arts â l’hor- ticulture; de citer, par exemple, les excellentes aquarelles de plusieurs peintres dont les Auricules, les Pensées, les Cactus sont d’une vérité frappante ; comme aussi de mention- ner les admirables fleurs arlificielles de madame de Lacre.

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Voici Tordre dans lequel les prix ont été décernés par le jury:

CONCOURS.

Pour une ou plusieurs plantes obtenues de semis par l’exposant. Prix unique : M. Modeste Guérin, pour ses Pivoines.

CONCOURS.

Pour une ou plusieurs plantes nouvellement introduites en France, et intéressantes sous le point de vue horticole.

Médaille d'or de madame la duchesse de Nemours,

ler prix^ MM. Gels frères;

Prix, M. SoucHET fils, horticulteur, à Versailles.

Ces deux horticulteurs ont présenté chacun une nombreuse collection de plantes exotiques d’un grand prix et dont une grande partie est tout à fait nouvelle 1.

CONCOURS.

Pour la plus riche collection de plantes de serre chaude, fleuries ou non fleuries.

Médaille d’or de M, le comte de Paris,

l®** Prix^ MM. Gels frères;

Prix, M. SoucHET fils, à Versailles;

Mention honorable, M. Rif-Kogel.

CONCOURS.

Pour la plus riche collection de plantes de serre tempérée en fleurs.

Prix unique, M. Jacquin aîné;

Mention honorable, M. Martine.

Les 5®, 6®, 7®, 8®, et 10® Goncours ont été supprimés.

(1) Ces plantes sont en trop grand nombre pour que nous puissions en donner la liste ici. On peut consulter là-dessus le catalogue des objets exposés, qui se trouve au ceicle d’horticulture, rue d’Anjoiv- Hauphine, 6, et à la Libraire agricole, me Jacob, 26.

REVLE HORTICOLE.

11® CONCOURS.

Pour l’ouvrage nouveau le plus intéressant, ayant trait à l’horticulture. Celui de M. Lepère, sur la taille des arbres, malgré le mérite que lui a reconnu la commission, n’a pu être admis, comme étant déjà à sa seconde édition.

Indépendamment de ces concours généraux, Tarticle 7 du programme en ouvrait d’autres a plusieurs spécialités auxquelles ont été décernés les médailles et les prix sui- vants :

Médaille d^or de M*”® Adélaïde^ à M. Lemichez, pour les Rhododendrons et Azalées.

Médaille d*or des dames patronesses^ destinée à la plus belle collection d’Ericas.— l®** Prix, M. Paillet. Prix. M. Des-

HAYES.

Médaille d'or des dames patronesses, pour les Orchidées, dé- cernée, à l’unanimité, à M. Ch. Morel.

Médaille d'or de M"'® la duchesse d’’ Aumale, pour les Pe- largoniums. 1®^ Prix, à M. Chauvière. Prix, à M. Tiii- RAüT. Mention honorable à M. Lapipe.

Médaille du Luxembourg , pour les Calcéolaires. l®^ Prix, à M. Bondoux. Prix, à M. Thibaut. Mention hono- rable, à M. SoucHET fils, à Fontainebleau.

Plantes bulbeuses en tout genre. Prix décerné, à l’unani- mité, à M. SoucHET fils, à Fontainebleau.

Plantes herbacées de pleine terre. Mention honorable, à M. Bertrand.

Roses. Prix unique, à l’unanimité, à M. Lévêque.

Cinéraires, Verueines, Fuchsia. Prix , à l’unanimité , à M. Chauvière.

Pensées, Prix unique, à M. Fréquel.

Concours pour la plus belle collection déplantés en fleurs. l*’® Mention honorable, à M. Jacques, jardinier en chef du do- maine royal de Neuilly. Mention honorable, M. Lucas DE Montïgny, amateur, dont le lot contenait un Opuntia remar- quable par sa taille de 5 mètres.

Giroflées. Mention honorab.’e, à M. Lenormand.

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Nériums. Prix unique, à M. Mabire.

Oi'angers et Oxalis, Mention honorable, à M. Chambroux.

Production maraîchère* Mention honorable, ex œquo^ à MM. Gros et Lenormand.

Fruits conservés, Mention honorable, àM. Jamain.

Industrie^ Poterie. Rappel de médaille d’or, à M. Follet. Prix, à M. Güenot.

NAUDIjV.

Sur une sonde appliquée au jardinage,

M. Buhler, architecte de jardin et pépiniériste, rue de Grenelle-Saint-Germain, ^ 69, a fait faire et présenté à la Société royale d’horticulture une sonde qui y a été accueil- lie très favorablement.

M. Buhler a eu l’idée d’employer cet outil pour son- der des massifs de Camellias et d’autres plantes qui sou- vent embarrassent les jardiniers lorsqu’ils veulent recon- naître et s’assurer si les plantes sont mouillées a fond. Pour atteindre ce but, on enfonce l’instrument en lui faisant faire deux ou trois tours; en retirant alors de la sonde la terre qui y reste retenue a l’inlérieur, on a une connaissance exacte de l’état des couches qu’elle a parcourues. Ce moyen de sondage peut s’appliquer également aux plantes cultivées en caisse, et surtout aux Camellias et aux Oran^- gers, pour lesquels on a besoin de savoir, pour ainsi dire, exactement l’état de sécheresse ou d’humidité qui environne les racines. L’instrument inventé par M. Buhler nous semble donc utile, et nous le recommandons a tout jardinier qui aura des Orangers a soigner.

Cet instrument, qui a la forme d’une vrille, est long d’en- viron un mètre et muni, par le haut, d’une poignée qui sert a l’enfoncer; la partie creuse peut avoir 0“,0 17 de largeur, assez mince, mais assez solide cependant pour résister a la terre et aux racines qu’elle peut rencontrer lorsqu’on l’enfonce; le bout en est terminé en sifflet. Cet instrument ressemble aux sondes employées à Paris par les commis de l’octroi.

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REVL'E HORTICOLE.

Spirœa Douglasii^. (ig. 0.

Cet arl>risseau, trop pen commun encore dans nos bos- quets, où il peut braver toutes les rigueurs de nos Idvcrs, a été introduit en Europe dans ces dernières années, au moyen de graines envoyées de TAraérique du nord à M. Murray, directeur du jardin botanique de Glascow, par le docteur Tolmie, qui les recueillit aux environs du fort Vancouver, On en doit toutefois la connaissance première au zélé et regrettable naturaliste James Douglas. M Hooker, dans son bel ouvrage sur les plantes de TAraérique du nord, la décrivit le premier et lui imposa le nom de cet infortuné voyageur. Il serait bien a désirer que toutes les dédicaces fussent aussi bien méritées I

Cette belle Spirée croît sur la côte nord- ouest de l’Amé- rique septentrionale, aux environs du détroit de Fuca dans un pays habité par une peuplade sauvage des plus féroces. Elle forme un buisson, haut de 1 ‘",50 environ, bien ra- miflé, touffu, et qui se couvre vers l’arrière-saison d’une multitude de panicules oblongues, agglomérées et compo- sées de milliers de Jolies petites fleurs roses extrêmement serrées du plus gracieux effet. Les rameaux en sont fine- ment tomenteux, blanchâtres pendant la jeunesse ainsi que les feuilles et les panicules. Les feuilles caduques, oblon- gues et elliptiques, dentées seulement vers le sommet et très inégalement, sont couvertes, principalement en dessus, d’un duvet blanchâtre. Les panicules sont très nombreuses, très ramifiées et composées de myriades de fleurs agglomé- rées d’un rose lilacé. Les lobes calycinaux sont subtriangu- laires, subréfléchis. La corolle subcampanulée est formée de cinq pétales arrondis, subégaux, étalés. Les étamines exertes, deux fois plus longues que les pétales. Un fruit formé de cinq carpelles lisses et glabres succède aux fleurs.

Ch. Le3iaire.

Culture, C’est une plante entièrement rustique, ne redoutant point les gelées, qu’elle brave du reste sous le î8® degré de latitude nord, et assez indifférente sur le choix du terrain, pourvu néanmoins qu’il soit exempt d’humi- dité. Je ferais injure à la sagacité du lecteur, si j’a-

(l) Nous cmprimlons celte nolice et la figure ci-joinle à la Flore des serres et des jardins, que publie M. Van Houtte, à Gaud.

Tome v, série. 6. 13 Jui.\ I8îf>.

f\EVLE HOETICOLE.

■! 02

joiîlais qu’elle préfère toulefois un (erraiu riche a un sol maigre et ingrat. Elle prospère àini-omhre, inélée par exem- ple, aux autres arbrisseaux d’un bosquet, dont elle relè- vera le feuillage jaunissant d’automne par ses riches et nombreuses panicules de fleurs roses.

Elle se multiplie facilement par l’éclat des rejetons du pied opéré en automne après la floraison, ou au premier printemps avant la foliation. On peut aussi en faire des bou- tures, coupées a la fin de juin sur le jeune bois et plantées a froid ou mieux sur couche tiède. On devra, la première année, rentrer les jeunes plantes en orangerie; car il y aurait 'a craindre que la gelée ne sévit contre leur bois, en- core trop tendre pour lui résister.

L. Van Houtte.

Rhododendron fasiuosumy flore pleno.

Le 20 mai M. Van Houtte, de Gand, a fait présen- ter a la Société royale d’horticulture de Paris un rameau d’un magnifique Rhododendron provenant d’une féconda- tion croisée entre les R ponticum et R. catawbiense. Cette magnifique variété supporte , sans en souffrir, les froids les plus rigoureux de la pleine terre. M. Van Houtte cl annoncé qu’il était seul possesseur de toute l’édition de cette intéressante variété, très propre a décorer les massifs de terre de bruyère, et que, dès cet automne, il sera en mesure d’en livrer au commerce de beaux exemplaires bien garnis de boutons. Ne doutant nullement que M. Van Houtte ne publie très prochainement la figure de cette ma- gnifique plante dans sa Flore des serres et des jardins de V Europe^ avec des détails que je ne puis connaître, je vais provisoirement dire quelques mots de l’échantillon qu’il a adressé a la Société royale d’horticulture.

Le rameau présenté offrait un vaste corymbe convexe de fleurs larges de 0“\08, à triple corolle d’un lilas vif reflété d’amarante ; les divisions supérieures opposées se trou- vaient enrichies d’une grande macule jaune ponctuée, ma- cule qui, au reste, se trouve plus ou moins dessinée chez d’aulres Rhododendrons. La corolle extérieure est très grande; elle entoure comme d’une collerette les deux co- rolles, intérieures qui sont moins grandes, et dont les divi- sions sont moins étalées, un peu tourmentées, et montrent ( kiireinent qu’elles sont le produit des dix filaments stami-

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naux métamorphosés en une double corolle, puisque cha- que division porte des deux côtés, vers le milieu de sa hau- teur, une loge de l’anthère au-dessus de laquelle le connec- tif s’est élargi en un limbe pélaloide. Le pistil s’est peu altéré dans cette transformation des étamines.

Les feuilles de l’échantillon (qui a été envoyé a la Société sont plus larges, plus épaisses que chez ses parents, et sem- blent présager une plante vigoureuse et robuste, ainsi que j’annonce M. Van Houtte.

A la vue de ce beau corymbe de fleurs, quelques mem- bres ont rappelé que depuis très longtemps l’établissement de MM. Gels avait mis dans le commerce un Rhododendron à fleurs doubles, mais plus petites et d’une autre couleur; on a cité aussi M. Pelvilain qui , dans ses semis, a obtenu un iî, à fleurs doubles plus grandes et d’une autre couleur que celui de MM. Gels; mais tous les membres présens a la séance sont convenus que le Rhododendron de M. Van Houtte avait les fleurs plus grandes et d’un plus brillant coloris que tous ceux de pleine terre connus jusqu’à ce jour.

POITEAÜ.

21 mai 1846.

Nota. M. Lindley, à qui M. Van Houtte a envoyé un échantillon de ce Rhododendron, a déjà écrit, dans le Gar- dener's chronicle du 23 mai j846, qu’on ne possédait rien de si beau en Angleterre : We hâve nothing so good in this country, dit-il.

Note sur une espèce nouvelle de Malpighiacée.

M\ Neumanniana Adr. Juss.

Cette espèce, qui est cultivée depuis plusieurs années dans les serres du Muséum sans qu’on connaisse son ori- gine, m’a été communiquée parM. Neumann, auquel j’ai cru devoir la dédier. Elle est voisine du Malpighia glabra^ étant comme elle entièrement glabre; fleurs rosées dispo- sées en ombelles de 4-5 aux aisselles des feuilles supérieu- res, dans lesquelles le calice présente à sa base six glandes d’un côté, et la corolle se compose de cinq pétales in- égaux ; celui qui est le plus intérieur dans le bouton est un peu plus grand que les quatre autres. Mais ces fleurs sont un peu moindres et ces pétales plus frangés que dans le

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M.gîahra ;*Jesfeinllesont une autre forme, elles sont presque lancéolées et quatre fois plus longues que larges, tandis que dans le glabra elles sont presque aussi larges que longues; de plus, la nervure médiane de celle-ci est verte; elle est rougeâtre, ainsi que le pétiole et meme le rebord du limbe dans le M. Neumanniana. Les autres espèces voisines qu’on pourrait confondre avec la nôtre présentent chacune quelques caractères que l’on distingue suffisamment. LeM. punicifolia a des feuilles obtuses et meme échancrées; le M. incana a des ombelles multiflores et des boutons rele- vés de cinq angles très saillants; le lucida a dix glan- des autour du calice. La forme des noyaux fournit de très bons caractères spécifiques dans ce genre ; il serait donc a désirer, pour bien fixer ceux de notre nouvelle espèce, qu’elle pût fructifier, et on pourrait en dire autant pour le glabra^ dont les fruits manquent encore dans toutes nos collections.

Le Malpighia Neumannianà est un petit arbrisseau qui, dans nos serres, a acquis la liauteur de 0>^,40, à laquelle il fleurit. Ses feuilles onl'a peu près 0™,06 â 0“\07 sur 0™,02 de large; les pédoncules communs 0«^,0I5, et les pédi- celles un peu moins. On pourra le définir par la phrase suivante : M, foliis oblongo-ovatis , apice et prœserlim basi acutalisU uirinque glabris ^ sublus paulo pallidio- ribus, nervomedio subrubesceniibus ^ umbellis^ 4-5 /îo- ris stipitatisj calyce 6-glanduloso, :

Adrien de Jussieu.

Ce joli petit arbuste, qui a fleuri la deuxième année de son semis, a d’abord été cultivé en terre de bruyère pure, et maintenant dans une terre plus substantielle, il réus- sit parfaitement bien a une température de 12 à J pen- dant l’hiver, et 20 a 25° pendant l’été, il fleurit. Je ne désespère pas de répondre un jour au désir de M. de Jus- sieu, en le faisant fructifier ainsi que le M. glabrata. Comme les autres espèces de ce genre. Comme les autres, il reprend de boutures faites sous cloche à chaud.

Neumann.

Brachycomea feuilles variables (Brachycome diversifolia, Fisch. et Meyer).

Plante vivace, a tiges droites, nombreuses, sortant du centre de la touffe, s’élevant de a 0^“,24, rameuses,

REVLE HOilTlCOLE.

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1 velues, un peu hérissées de poils blancs; les feuilles radi- ! cales sont étalées, h pétioles élargis, ailés, semi-amplexi- caules, le limbe pi nnalifide; elles sont diversement incisées j ou dentées, un peu épaisses, presque glabres, légèrement ciliées sur les bords, les supérieures entières, pointues; rameaux penchés avant la floraison ; fleurs solitaires au i sommet des tiges ; rayons d’un beau blanc, teintés de rouge en dessous, entiers au sommet ; disque jaune.

Cette plante, originaire de la Nouvelle-Hollande, a été cul- tivée au jardin botanique de Saint-Pétersbourg dès 1855, et à Paris depuis 1843 seulement ; on en rentra alors quelques pieds en orangerie, mais il en resta une forte touffe en pleine terre qui supporta très bien l’hiver sans couverture et qui fleurit au mois de mai 1844, Les graines qui se sont répan- dues autour de la touffe ont produit un grand nombre de jeunes pieds qui ont résisté aux hivers et qui sont mainte- nant en pleine floraison.

Cette espèce, malgré ses grandes fleurs, n’est pas aussi jolie que sa congénère (Br achycome iberidi folia) , qui a des fleurs plus petites, mais plus brillantes.

Nous commençons depuis quelques années a voir ces deux plantes dans nos jardins, mais pour les y obtenir eu belle végétation, il faut les semer à rautomne ou nu pre- mier printemps. Elles demandent peu d’arrosemenis en été.

PÉPIX.

Noie sur quelques variétés ou panachures du Sureau commun (Sam bu eus nigra)L

Sureau a feuilles de persil panaché (5. n. laciniata va- riegata). Cette sous-variété, encore peu répandue, doit trouver grâce, quand elle ne servirait qu’à conserver dans nos jardins une ancienne mais jolie et très constante va- riété. La panachure ne se montre que sur certaines feuilles; tantôt elle les jaunit en entier et occupe même le pétiole, tantôt elle les marbre de bandes inégales. La couleur jaune, plus décidée d’abord, blanchit dans l’arrière-saison et se mêle de quelques teintes violettes. Jusqu’ici, quoique irré- gulière, cette panachure se reproduit tous les ans en pro- portion à peu près pareille.

(1) La notice que M. David a bien voulu nous adresser commençait par une petite description de la variété du Sureau de Canada à fleurs doubles, dont il a été question dans ce recueil (voir hort.^ 1844, p. 250); nous avons du la retrancher afin d’éviter les redites.

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Sureau à feuilles sablées, jaune (S, n. foliis sparsim aureis). Il faudrait essayer de changer l’épilhète de pulve^ ruZenia, parce qu’elle est nécessaire dans son vrai sens pour désigner une poussière non infiltrée dans la substance de la feuille, et qu’il y a abus a l’appliquer a des taches ou des panachures qui forment une partie de la feuille même. On dirait ici que la couleur jaune est la véritable, et que les points verts qui se montrent irrégulièrement et n’occupent que la plus faible partie de la surface forment la panachure; malheureusement pour notre variété, la couleur jaune est peu décidée; on dirait qu’elle s’est salie en absorbant presque toute la verdure de la feuille ; la variété paraît de- voir se bien maintenir, mais l’effet général n’est pas bril- lant.

Sureau a feuilles sablées argentées (S. n. foliis sparsim argenteis). On cultive une vieille variété de sureau’dont les feuilles sont couvertes de petites lignes et de taches d’un blanc verdâtre; celle que nous signalons est beaucoup plus jolie; les lignes qui la marbrent tranchent bien sur le vert des feuilles, et elles sont d’un blanc d’argent qu’il est rare de trouver aussi pur dans les panachures. Les catalogues d’Orléans, en annonçant ce sureau, le font suivre de l’é- pithète de très beau, qu’il méritera s’il se maintient bien.

Sureau doré par moitié (S. n. dimidio aurea). Voici l’o- rigine de celte singulière variété que je possède depuis longtemps. Visitant, en 1851 ou 1852, les jardins de Fro- mont,M. Soulange-Bodin me montra une variété de sureau qu’un de ses employés avait trouvée l’année même dans un semis; elle différait de la variété ordinaire a feuilles pana- chées de jaune par des marbrures beaucoup plus larges; l’hiver suivant, quoiqu’il ne l’eut pas encore multipliée, il eut la bonté d’en ajouter une branche a un envoi qu’il me faisait. J’ignore le sort de l’arbre originaire, mais la bouture en a produit un dont la moitié est constamment d’un jaune brillant, tandis que l’autre demeure verte. D’un côté, tout est jaune, bois, écorce, pétiole, feuilles, sans la moindre tache ; de l’autre, tout est vert, sans aucun ves- tige de panachure; depuis 14 ans, je n’ai jamais vu les deux couleurs se mêler le moins du monde. Je croyais mon arbre unique, lorsqu’un pépiniériste m’a affirmé en avoir rencontré un semblable et très vieux dans un ancien parc ; il y subsiste depuis peut-êlre un siècle avec cette panachure hémisphérique, sans qu’on en prenne aucun soin, tandis

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que chez moi j’ai lieu de soupçonner que si l’on ne relran- chait pas de temps à autre quelques branches de la partie verte, elle finirait par étouffer l’autre, d’autant plus que l’extrémité des branches jaunes gèle assez souvent. Cette altération, qui se cantonne, ces deux manières d’être dans le même arbre, ces deux végétations qui ne se mêlent ja- mais, sont remarquables. On obtiendrait vraisemblablement quelques résultats analogues en bouturant de préférence les branches d’un arbre oii l’altération tend à se parquer sur une partie. Il y aurait à faire des expériences qui ne seraient pas sans quelque intérêt, en multipliant plusieurs fois les branches jaunes et les branches vertes d’un pareil arbre. Elles expliqueraient comment on vend souvent de bonne foi des arbres non panachés en ne choisissant pas avec soin les greffes ou les boutures sur les rameaux fran- chement panachés.

Sureau à grappes a feuilles maculées (S. racemosa foliis aureo maculatis).Ceüe variété est fort belle, quoique peu répandue encore. Une partie de ses feuilles se couvre de grandes taches d’un jaune foncé dont certaines rappellent, sauf la couleur, la peau d’un serpent. Depuis trois ou quatre ans que je la cultive, sa panachure se conserve bien et elle semble s’étendre a mesure que l’arbre prend de l’âge. Des- cendu des Pyrénées et des Alpes, le S. à grappes ne s’accom- mode pas tout a fait de l’atmosphère de nos jardins; on en rencontre rarement de vieux pieds vigoureux.

Sureau a feuilles bordées (5. foliis marginatis). Cette variété a été annoncée pour la première fois cette année, et s’il s’agissait d’autre chose que d’une panachure, je n’en parlerais pas sans la mieux connaître. La jeune bou- ture que j’en ai reçue d’Angers ce printemps a encore ses feuilles toutes vertes, comme cela arrive souvent lors de la transplantation des arbres panachés; une légère bordure se dessine à peine sur le contour de quelques-unes.

David, a Audi.

Une visite au jardin des Tuileries.

On lit dans un de nos recueils périodiques les plus spi- rituels, les Guêpes, de M. Alphonse Karr :

w En traversant l’autre jour le jardin des Tuileries, je fis le tour des carrés et je fus frappé d’une chose que j’avais déjà remarquée bien des fois. C’est que dans tout cc

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jardin, ou demeure le roi, si l’on en excepte les gros lilas, qui n’ont de valeur que par leur ancienuelé, il n’y a pas une plante qui vaille quinze sous :

« Les fleurs du jardin des Tuileries se composent de quelques pieds de corbeilles d’or, de la valeur de cinq sous, de quelques pieds de thlaspis blanc, que je ne paierais pas quatre sous, et de tournesois qu’on ferait une bonne affaire de donner avec quinze sous a ceux qui consentiraient a les emporter, il y a aussi du réséda semé par les oiseaux. C’est une chose honteuse.

Depuis un an on a renouvelé les gazons qui étaient hi- deux et qui sont assez bien aujourd’hui; mais on a alloué pour cela une indemnité à M. Colin, jardinier des Tuileries.

« Il y aurait un moyen bien simple et nullement coûteux d’avoir aux Tuileries les plates-bandes les plus riches et les plus belles, et ce moyen, le voici :

« Autrefois le père Tripet avait obtenu la permission de planter aux Tuileries un carré de ses tulipes; elles étaient assez mal placées, sous les marronniers autour d’Hippomène et Atalante; qu’on a transportées, je crois, devant le château.

« On a laissé mourir les tulipes et exclu le père Tripet.

Eh bien ! l’intendance de la liste civile n’aurait qu’a faire lithographier une lettre ainsi conçue :

« M

«Votre réputation bien établie pour la culture des... « a fixé sur vous le clioix de l’intendance de la liste « civile; vous êtes autorisé a planter des... dans un des « carrés des Tuileries, etâ les faire cultiver.

« L’autorisation qui vous est donnée sera publiée dans « les journaux. »»

« Il ne s’agirait plus que de s’informer et de remplir les blancs, en s’adressant, pour les tulipes, a la maison Tripet- Leblanc; pour les roses, a MM. Vibert, Desprez,

Hardy ; pour lesauricules, àM. Friès-Morel, etc., etc., ou a d’autres que l’opinion des gens compétents désignerait,

et, dès l’année prochaine, le jardin des Tuileries serait rempli des plus belles fleurs, et de toutes les nouvelles découvertes; tandis qu’aujourd’hui il iTy a pas un commis de barrière qui n’ait entre les pavés du boulevard extérieur de meilleures plantes que celles qu’on voit aux Tuileries;

il n’y a pas de jardin suspendu au sixième étage qui

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lie renferme dans une marmite quelques fleurs qui ont plus de valeur que celles qu’on cultive au jardin du palais du roi. »»

On ne peut, en lisant l’article de M. Alpli. Karr, mécon- naître les excellentes internions qui l’ont dicté; mais on a lieu de s’étonner qu’un homme d’esprit et de goût, tel que lui, n’ait pas mieux compris les conditions qui doivent ré- gler l’ordonnance d’un jardin français au public.

« Le roi y demeure, »> dit M. Karr; c’est-a-dire que les fe- nêtres de son château s’ouvrent sur le parterre ; mais il ne s’y promène pas souvent, et on conviendra que les véri- tables habitants du jardin des Tuileries sont ceux qui le parcourent dans tous les sens et â toutes les heures de la journée, soit pour leurs plaisirs, soit pour leurs affaires. Le jardin des Tuileries est donc avant tout un jardin public. Or, que faut-il 'a la population parisienne qui va y chercher de l’air et du soleil? Il lui faut les accessoires les plus sim- ples et les plus vulgaires, je dirais presque les \)\us natu- rels d’une atmosphère lumineuse et oxygénée ; il lui faut des arbres et du gazon. Sous ce rapport, et M. Karr le re- connaît lui-même, le jardin ne laisse rien â désirer. Les fleurs viennent en troisième ligne ; mais quelles espèces faut-il admettre? M. Karr dédaigne les Alyssum. les Iberis^ les Résédas., les Tournesols; il veut des Tulipes., des Au- ricules, et principalement des plantes nouvellement décou- vertes. Singulière préoccupation d’esprit, qui fait estimer la beauté des productions de la nature par leur rareté ou leur valeur pécuniaire ; si du moins ces plantes rares ne nécessitaient pas une culture et une exposition spéciales, si elles pouvaient braver impunément les vicissitudes at- mosphériques, si leur floraison n’était pas éphémère, leur prix élevé ne serait pas un obstacle â leur admission ; mais M. Karr n’ignore pas que les Tulipes et les Auricules fe- raient triste figure dans des plates-bandes exposées au soleil , ou que du moins leur apparition serait un luxe de bien courte durée. Il nous semble, â nous, que le véritable luxe d’un jardin public c’est l’abondance , et l’abondance des choses qu’on peut se procurer facilement. M. Karr se plaint de la vulgarité des Corbeilles Tor, «qui, dit-il, ne valent pas 5 sous^ » des Thlaspis « qiTî7 ne paierait pas 4 sous. »» Loin de dédaigner ces fleurs 'a cause de leur bas prix, nous avouerons qu’elles nous plairaient encore davan-

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tage si elles ne coûtaient rien du tout. L’illustre Lenôtre a créé les plus beaux jardins de PEurope avec des Ormes et des Tilleuls que l’on vend à quelques francs le mille : la ma- jesté sévère de ses quinconces veut des accessoires simples comme elle, c’est-'a-dire de larges tapis de gazon et des touffes de plantes rustiques^ massées avec 'profusion^ nuancées avec art, et avoisinées de manière a se succéder sans interruption , telles que les Iberis, les Alyssum^ les Pivoines, les Mufliers, ]es Pavots, les Roses trémières^ les Reines Marguerites^ les OEillets d'Inde, les Roses bengales,, les Iris, les Phlox,\es Campanules, les Chrysanthèmes, les Pélargonium (Géranium rouge), les Dahlias, etc. Des plates-bandes ainsi composées relèvent, par l’éclat de leur teinte, la verdure des dômes vénérables qui les entourent. Il serait bien difficile d’obtenir ce contraste a l’aide des Calcéolaires, des OEillets, des Pensées, des Oreilles d'ours, ainsi que le demande M. Karr. Ce sont précisément ces plantes délicates qui conviennent à la mansarde ou au jardin d’amateur, parce que les caisses et les pots qui les contien- nent sont des jardins portatifs que l’on soustrait facilement aux intempéries de l’air.

Mais ce qui nous a le plus surpris dans l’article de M. Karr, c’est l’étrange moyen qu’il propose pour avoir aux Tuileries les plates-bandes les plus riches et les plus belles : c’est a l’aide de circulaires adressées à toutes les spécialités de l’horticulture que le jardin des Tuileries va s’enrichir, comme par enchantement, de toutes les nouveautés. Mais M. Karr a oublié de porter en ligne de compte les tracasse- ries de toute espèce que l’exécution de son projet suscite- rait a l’intendance de la liste civile , les prétentions ab- surdes des horticulteurs préférés, et les réclamations hai- neuses de ceux qu’on aurait exclus. Cette exposition per- manente changerait le jardin des Tuileries en un bazar d’horticulture, et les artistes, les gens du monde, les pro- meneurs, qui viennent surtout y oublier les arides préoc- cupations des affaires, y trouveraient la boutique ins- tallée devant chaque fleur et entourant les massifs d’une enceinte continue de catalogues, prix courants, indications de domicile, etc. Les industriels privilégiés se regarderaient comme chez eux parce qu’on leur aurait permis de contri- buer a l’embellissement du jardin ; leurs concurrents sacri- fiés prendraient leur revanche dans les journaux et aux portes des Tuileries. Le lîiondc élégant fuirait peu a peu ce

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marché aux fleurs de nouvelle invention , et bientôt le jardin habite le Roi ne serait plus qu’un passage sablé conduisant de la rue de Rivoli au faubourg Saint-Germain.

J. Décaissé.

Utilité des Carabes dans les jardins.

Après tous les moyens plus ou moins efficaces que l’on a proposés pour débarrasser les jardins des insectes qui les ravagent, nous en indiquerons un autre qui, pour n’être pas absolument nouveau , est ignoré de la presque totalité des horticulteurs : c’est l’emploi des jolis insectes vert- dorés connus dans les environs de Paris sous la dénomina- tion vulgaire de Jardinières ^ et que dans d’autres pro- vinces, en Bourgogne particulièrement, on désigne sous le nom de Grillots ou de Cafards, mot dérivé sans doute de l’allemand Kafer, qui veut dire Coléoptère.

Cet insecte est le Carabe doré des entomologistes. Il abonde dans toutes nos provinces septentrionales et cen- trales, mais paraît manquer dans quelques localités res- treintes du Midi, autour de Montpellier, par exemple, il est remplacé par d’autres espèces dont les habitudes sont analogues. Les jardiniers, si souvent victimes des dépré- dations des insectes, ne manquent guère de l’écraser lors- qu’ils le rencontrent. On peut aisément les excuser d’agir ainsi et de mettre les Jardinières dans la même catégorie que les vers blancs, les chenilles, les limaces et autres in- sectes rongeurs dans la compagnie desquels ils les rencon- trent. 11 n’en est pas moins vrai, cependant, qu’en les dé- truisant ils se privent d’un auxiliaire des plus actifs et cer- tainement des moins dispendieux. Les Carabes ne sont pas herbivores, ils n’en veulent qu’aux autres insectes, et sur- tout aux grosses larves qui , à raison de leur taille et d’un appétit proportionné, occasionnent souvent des dégâts ir- réparables. En général ils se montrent peu pendant le jour, et se tiennent alors blottis sous les pierres , les mottes de terre, les pots, partout en un mot ils trouvent de l’ombre et de la fraîcheur, mais la nuit ils quittent leurs retraites pour se livrer a la poursuite des insectes, dont ils font alors une effrayante consommation. Il paraîtrait même qu’ils en tuent beaucoup plus qu’ils n’en peuvent dévorer, et qu’ils veulent tout simplement satisfaire leur goût pour le car- nage. car c’est un fait connu de tous les entomologistes.

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que ces insectes enfermés avec d’autres les mettent immé- diatement en pièces , surtout si on les tient dans un lieu obscur. Ce serait donc une chose utile que les jardiniers respectassent des animaux qui, loin de leur nuire , leur rendent a leur insu un important service. Nous dirons meme quelque chose de plus, c’est que ceux qui possèdent des jardins clos de murs feraient bien d’y metire tous les carabes qu’ils pourraient se procurer. On dirait que la nature les a destinés a cet usage, car en leur donnant des élytres brillantes elle leur a refusé des ailes et les a en même temps rendus inhabiles a gravir des murs perpendi- culaires, comme pour les obliger à rester dans les enclos on les aurait mis. Ces insectes ne sont pas rares : on en trouvera en cherchant sous les pierres , les mottes et sur- tout les vieilles souches d’arbres qui gisent ça et l'a dans les champs ; mais le meilleur moyen de s’en procurer, si on ne veut pas soi-même se donner la peine d’aller a leur recherche, c’est de s’adresser aux enfants de la campagne, qui , stimulés par l’espoir d’une petiîe gratification, ne de- manderont pas mieux que d’en faire le commerce.

Outre le Carabe doré, nous en avons plusieurs autres en France, qui ont les mêmes habitudes et dont on tirerait les mêmes services. Plusieurs d’entre eux sont revêtus des cou- leurs métalliques les plus brillantes et ne le cèdent ni en beauté ni en éclat aux coléoptères exotiques les plus re- cherchés dans les collections d’amateurs d’entomologie. Ce serait même un ornement d’un nouveau genre pour les jardins, et nous connaissons des horticulteurs qui seraient flattés de voir circuler au travers des fleurs de leurs plates- bandes les Carabus hispanus, rutilans, splendens de nos départements pyrénéens.

L’idée de porter des Carabes dans les jardins a déjà été mise à exécution et avec le plus grand succès. Un savant entomologiste dont la science regrette encore la perte pré- maturée , M. Audouin , nous a raconté, dans les leçons qu’il faisait au Muséum, l’expérience faite a Toulouse par M. Bois-Giraud, professeur à la Faculté des sciences de cette ville. M. Bois-Giraud, qui était aussi amateur de jardi- nage, voyait tous les ans son jardin potager et surtout ses arbres a fruits ruinés par les chenilles et par toutes sortes d’autres larves. About de moyens, il [s’adressa a M. Au- douin, qui lui donna le conseil d’y mettre des carabes. Ce conseil fut suivi : à un centime par tête, il s’en procura des

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centaines. Tous ces carabes travaillèrent si bien , que deux ans après il eût été difücile de trouver une seule chenilie ou larve dans un enclos naguère elles pullulaient et détruisaient presque toutes les récoltes. Cette expérience , tentée avec succès par des hommes aussi sérieux et aussi éclairés que MM. Aiidouin et Bois-Giraud, se recommande donc à Patlention des horticulteurs, et nous croyons, d’a- près nos propres observations, qu’ils trouveront de l’avan- tage à en faire l’application à leurs jardins toutes les fois qu’elle sera praticable.

Naudin.

Note sur les végétaux cultivés à Bossekop, Elvebakken, Kaa fiord et Talvig, en Laponie,

Ces trois villages sont situés autour du Fiord d’Allen, golfe long et étroit qui s’enfonce profondément dans les terres. Il est situé par lat. 70° 0' N., long. 21° -10' E. Le climat de ce pays est très rigoureux. La température moyenne de l’année ne dépasse pas 0°,50, c’est presque le point de congélation. Celle des quatre saisons l’hiver est représenté par décembre, janvier et février, se ré- partit de la manière suivante :

MOYENNES DES SAISONS METEOROLOGIQUES.

Hiver 7“33 | Été 10“ 13

Printemps 0,66 j Automne 0,33

Mais sous le point de vue botanique l’hiver est de sept mois, l’été est de trois mois, le printemps et l’automne d’un mois chacun.

En effet, c’est dans le mois de mai seulement que le thermomètre se tient habituellement au-dessus de zéro, quoiqu’il descende encore souvent au-dessous, puisque son minimum moyen est de 5<>,45. lien est de même du mois de septembre, qui, étant plus chaud (moy. 5\66) que celui de mai (moy. 4°, 81), achève la maturité de quelques fruits, et provoque l’épanouissement tardif d’un grand nombre de fleurs. La moyenne d’octobre ( 0°,28) est déjà au-dessous de zéro, et son minimum moyen ( 9^,95) tellement bas, que la végétation est complètement arrêtée au commencement ou dans le cours de ce mois.

Si l’on prend la moyenne de ces quatre saisons physio- logiques où l’hiver est représenté par octobre, novembre,

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décembre, janvier, février, mars et avril ; Pété par juin, juillet et août, le printemps par mai, Faulomne par septembre, ou obtient les nombres suivants :

MOYENNES DES SAISONS PHYSIOLOGIQUES.

Hiver 5®00 | Eté 10® 13^

Printemps.. ; . . 4,81 | Automne 5,66

Les plantes d’Alten accomplissent toutes, dans l’espace de cinq mois, les phases de leur végétation. Elles se réveil- lent en mai de leur sommeil hivernal ; mais ce n’est qu’en juin qu’elles peuvent croître d’une manière continue : alors seulement le thermomètre ne descend plus au-des- sous de zéro, et si la moyenne n’est encore qu’à au- dessus de zéro, le maximum moyen s’ élève déjà à 21® : c’est la température du mois d’avril à Paris.

Le mois de juillet est le mois le plus chaud de l’année, et cependant sa moyenne, n’est supérieure que de

0^,56 à celle du mois d’octobre à Paris. Le maximum moyen ne dépasse pas 24°. La moyenne du mois d’août, 1 0°,55, est supérieure de 0°,72 à celle de notre mois d’avril, et son maximum moyen ne s’élève qu’à 2i<>.

En résumé, la moyenne de l’été d’Alten étant inférieure de 0^,^7 à celle du Iprintemps à Paris, on se fera une idée exacte de ce climat si l’on considère son printemps et son automne, savoir, mai et septembre, comme correspondani au mois de mars à Paris., et son été comme équivalant à notre automne dont la moyenne est de Quant à

Phiver, on comprend que nous ne trouvions aucun terme de comparaison à Paris. Il est néanmoins très doux, eu égard à la latitude; car déjà en Suède, celui d’Hernoesand (lat. 62° 58'), et en Amérique, celui de Montréal par 45° 51 de latitude N., sont plus rigoureux que celui d’Alten, qui est sous le 70® parallèle.

Le village d’Elvebakken est dominé par des collines sèches et sablonneuses qui le protègent contre les vents glacés du sud-est. A leur pied sont les derniers champs cultivés de l’Europe. Nulle part les céréales ne sont aussi voisines du pôle boréal. C’est de l’orge carrée de printemps que le paysan finnois y récolte au milieu de septembre; mais le grain ne mûrit pas tous les ans, et même dans les meil- leures années on est obligé de faire sécher la paille dans des fours. On retrouve dans ces champs les plantes qui disputent le sol à nos céréales, ex. : Thlaspi bursa-pasto^

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ris, T. arvense^ Sinapis arvensis, Alsine media, Aspe- rugo procumbenSj Galeopsis telrahit, G. versicolor, Tri- îicum repens, etc.

La grande culture n’a pas d’autres représentants; mais il ne sera peut-être pas sans intérêt de jeter un coup d’œil dans les jardins qui se trouvent auprès des habitations principales.

Je m’occuperai d’abord des plantes potagères. C’ést dans les premiers jours de septembre J 859 que je me livrai a cet examen, et je fus frappé du développement énorme des parties herbacées que présentaient tous ces végétaux. Des pois de à 2 mètres de haut, portaient des

stipules de 0'“,06 a 0™,08 de long. Les feuilles avaient 0“,5 de long, mais la plupart de ces plantes ne fleuris- sent pas; un petit nombre seulement avaient noué leurs fruits. Les gousses vertes se mangent vers le 8 septem- bre, mais les graines avortent constamment. Les épinards. Je cresson alenois étaient en pleine floraison. Les choux frisés et pommés s’élevaient à 0«i,4 de haut, et le diamètre des choux-raves était de 0«^,06 au niveau du renflement. Les navets étaient en fleur. Les têtes de laitue atteignaient souvent un diamètre de 08 ; quelques-unes, montées en tige, avaient 0ï»,7 de haut. Les betteraves avaient des feuilles de 0“^,6 de longueur, et les pieds de moutarde blanche et de cerfeuil s’élevaient à au-dessus du

sol. Les carottes réussissent très bien ; elles ont une saveur douce et sucrée, on les sème en octobre : celles que j’ai vues avaient0™,20 de long sur 0“,02 de diamètre au collet. On cultive aussi les radis blancs, le raifort, la pomme de terre et le céleri. Les fraises étaient mûres, mais sans sa- veur, de même que le cassis. Les framboises n’avaient pas mûri, quoique l’année eût été favorable. On récoltait des groseilles rouges, qui croissent en abondance dans les bois, le long de l’Alten-elv; mais leurs baies étaient très âpres au goût, acides et imparfaitement mûres. Les fruits de cet arbrisseau ne mûrissent jamais complètement à Alten , quoiqu’il y soit évidemment indigène. J’ai fait la même observation sur les buissons de groseilliers que l’on trouve dans le passage de la Têle-Noire, au haut de la vallée de Chamounix, entre Yallorsine et Trient^. Ces arbustes y at- teignent jusqu’à deux mètres de haut, mais leurs fruits ne sont jamais mûrs. L’homme seul sait assigner à cet arbuste (1) A 1200 mè'res au-dessus du niveau de la mer.

KEVUE liOllTlCOLE,

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sa véritable patrie et améliorer ses produits par la culture.

Dans le jardin deThopital d’Âltengaardon cultivait encore quelques plantes aromatiques, parmi lesquelles les deux pre- mières seules paraissaient prospérer ; c’étaient : Achillœa miVefoliiim , Menlha piperita ^ Thymus vulgaris. Salvia officina is ^ Origanum marjorana ^ Salureia horlensis^ Arlemisia vulgaris et Fœniculum officinale.

M. Crowe 'a Kaaliord et M. Norberg à ïalvig possédaient des parterres ils s’efforçaient d’élever quelques plantes d’ornement. Voici celles qui étaient en fleursa l’époque je les visitai (51 août \Sù9) : Adonis autumnalis, Thaliclrum aquilegifolium, Papaver somniferum, Matihiola incana, Réséda odorala^ Calendula officinalis^ Tageies erecta^ Chrysanthemum coron arium^ Convolvulus tricolor^ Ipo- mœa purpurea, Clarckiapulchella^ Lupinus varias et La- vatera Irimeslris . Ou voi t que même sous ce rigoureux cl imat l’art du jardinier n’est pas réduit a l’impuissance, et je ne doute pas qu’une culture intelligente ne puisse y natura- liser un grand nombre de plantes d’ornement et composer des parterres moins brillants, mais plus curieux que les nôtres. Ainsi l’on y verrait toutes les plantes des hautes Alpes, les Gentianes, les Rhododendrons, les Pédiculaires, les Saxifrages, mêlées à celles de l’Amérique septentrionale et de la Sibérie. On y joindrait les végétaux annuels de zones tempérées dont la floraison exige peu de chaleur, et on composerait ainsi un parterre analogue à ceux qui or- nent les jardins des grands seigneurs de l’Ecosse.

Ch. Martins.

Noie sur quelques végétaux qui ont fleuri à Alger au printemps de 1846.

M. Neumann vient de recevoir d’Alger, à la date du 2 mai, la lettre suivante :

Nous avons eu un hiver bien doux , mais aussi bien sec; nous avons eu une chaleur atroce pendant février et mars, les grains mouraient sur pied en herbe; heureuse- ment depuis quelques jours nous avons de la pluie, qui a ramené un peu de végétation, mais c’était trop tard, toutes les récoltes et les cultures en souffriront.

«Notre Buginvillea speclabilis a été magnifique, il est impossible de voir une plus grande quantité fleurs ; j’avais résolu de l’enlever de la place il est, parce qu’il

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, n'a plus assez d’espace : il fallait alors le rapprocher ,’ce que je fis faire; mais en coupant des fleurs, d’après les rameauxque l’on supprimait, jemesuisapperçuqu’il yavait un grand nombre de graines qui paraissaient bien confor- I mées, heureusement il en reste encore quelques-unes, ce qui nous donne la certitude que cette plante pourra se : reproduire par la graine en Algérie.

«Nos bananiers, nains que le Muséum m’a envoyés de- puis trois ans montrent leurs fleurs. J'aurai de beaux régimes de fruits. J’en ai cinquante touffes maintenant. Je puis en faire, en enlevant les jeunes drageons, plus de deux cents.

«Le Stephanoiis floribunda va refleurir ces jours-ci. Le Combreium purpureumsdi nous donner une douzaine de grappes de fleurs: il est palissé le long d’un mur, à l’abri du vent.

« Le Teco)na schinifolia, que le Muséum m’a également envoyé, gros comme une plume de corbeau, il y a deux ans, a commencé à fleurir il y a deux mois: la fleur a la meme j forme que le Tecoma capensis , mais elle est couleur de I feu. Un bon nombre d’autres plantes ont fleuri, et d’autres non moins intéressantes prospèrent; vous en verrez le dé- j tail sur le catalogue descriptif que je vais faire paraître j prochainement. Enfin, on me fait faire des serres conve- nables et des abris qui me sont nécessaires pendant l’hi- ver pour élever les jeunes plantes, et des hangars les plantes sont à l’abri du vent et de la pluie froide et torren- tielle. Un grand nombre de plantes réputées délicates y passeront en sortant de la serre, pour aller ensuite, lors- qu’elles seront devenues ligneuses, prendre leur place eu pleine terre. »>

Maladie des Pommes de terre au Cap de Bonne-Espérance >

Nous reproduisons! , d’après le Gardeners Chronicle, l’extrait d’une lettre intéressante publiée le 51 Janvier dans la Gazette de Graham's Town. « Le 1 8 septem- bre J845, dit l’auteur de cette lettre, je plantai un bois seau de l’espèce de pommes de terre connues à Londres sous le nom de Shaws^ un boisseau de Précoces d^ Améri- que^ un boisseau de pommes de terre rouges, livrées au Cap sous le nom Rouges de Berwick^ et un boisseau de Kidneys a feuilles de frêne. Toutes ces variétés, à l’excep-

BEVUE HORTICOLE.

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tion des kidneys, arrivaient d’Angleterre. Elles furent plan- tées presque immédiatement dans un terrain préparé avec du fumier d’écurie. Jusqu’à la fin d’octobre, elles se mon- trèrent saines et vigoureuses. Tout à coup les feuilles des américaines commencèrent à jaunir, et en y regardant avec plus d’attention , je découvris que les tiges au niveau de la terre étaient toutes ridées. On aurait dit qu’elles avaient été fortement serrées entre l’index et le pouce. Pendant trois se- maines à peu près qu’elles restèrent dans cet état, elles offrirent un coup d’œil qui n’était rien moins qu’agréable. Enfin je me décidai à les arracher. Jugez de mon étonne- ment lorsque je trouvai un bon quart des tubercules bien développés entièrement pourris , et en outre au moins la moitié couverts de tachesd’un bleu noirâtre. Je les fis étendre sur la terre, un soleil d’Afrique les dessécha si bien, que le soir meme les parties malades s’écaillèrent et tombèrent en laissant a nu les parties saines qui étaient au-dessous. Depuis un mois elles sont restées en cet état. Je n’ai aucun doute que la maladie n’ait été apportée dans notre colonie par la semence , car nous n’avons eu ici aucune des causes auxquelles on l’a attribuée en Angleterre. En septembre, nous n’eûmes que deux jours de pluie après la plantation des pommes de terre, deux en octobre, et seulement un en novembre. Quant a la chaleur, elle était assez forte pour incommoder les Anglais nouvellement débarqués. On ne pourra pas davantage accuser l’électricité^d’avoir causé le mal ; en voici la preuve. Je fis circuler autour des pommes de terre rouges des fils métalliques communiquant avec des couples de zinc et de cuivre sans qu’elles en éprouvassent aucun effet sensible ; d’ailleurs , si l’électricité eût pu avoir la moindre action, elle l’eût bien manifesté , puis- que, au milieu d’une des lignes de shaws et a environ 7 mètres des pommes de terre d’Amérique, un pin fut frappé de la foudre et son écorce, enlevée d’un côté sur une longueur de 2 mètres, lancée à la distance de 50 ou 40 mètres. Toutes mes pommes de terre, à l’exception des américaines, restèrent parfaitement saines. Ces dernières sont une variété précoce, et il paraît qu’en Europe ce sont précisément ces sortes de variétés qui ont le plus souffert. Le sol j’ai fait les expériences qu’on vient de lire est sablonneux et léger ; la récoKe a été belle et a produit en- viron seize fois la semence, que j’avais eu soin deplanteren- tière. Je dirai encore que, dans ce pays, la pomme de terre

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végète pour ainsi dire sans jamais s’arrêter. Au bout de trois mois, il faut généralement arracher les tubercules, qui ont alors atteint leur complet développement, et qui ne tarderaient pas à pousser eux-mémes avant la mort de la mère pomme de terre. Du reste, nos saisons sont exacte- ment l’inverse de celles de l’Europe, comme chacun peut le préjuger d’après notre position géographique, n Naüdin.

Emploi du Bitume dans les jardins.

Lorsqu’on réfléchit a la durée de nos trottoirs de bitume qui sont journellement foulés par des milliers de personnes, k leur propreté et a leur commodité, on trouve singulier qu’on n’ait pas encore songé a utiliser cette matière pour recouvrir les allées des jardins. Le sable qu’on y emploie d’ordinaire n’empêche pas la croissance des mauvaises herbes, aussi faut-il de temps a autre faire ratisser, et il ne préserve de la boue et des vers de terre qu’a la condition d’être répandu en assez grande quantité, auquel cas il est fort incommode pour les promeneurs. Déjà , en 1 842 , les rédacteurs du Gardeners Chronicle recommandaient de le remplacer par l’asphalte. Un des correspondants de ce journal , qui avait vu les belles allées recouvertes de bi- tume k Margate, et qui a eu occasion de faire usage de cette substance, appelle de nouveau sur elle l’attention des hor- ticulteurs. Sans autre main-d’œuvre que celle de l’applica- tion du bitume, il a préservé ses allées de tous les incon- vénients que nous signalions tout k l’heure. En 1 859 , il fît couvrir l’aire de deux granges d’une couche d’asphalte d’un demi-pouce anglais (environ 15 millimètres) d’épais- seur. Ce procédé a parfaitement répondu k ses vues, et après sept ans d’usage, ces aires sont en aussi bon état qu’au premier jour. 11 conseille d’appliquer l’asphalte sur trois ou quatre couches minces qu’il faudrait saupoudrer de sable bien sec et de chaux vive pulvérisée tandis qu’il est encore fluide, afin de lui faire prendre corps. L’emploi de cette matière nécessiterait sans doute une plus forte dépense que celui du sable, mais si l’on songe qu’une fois appliquée, la couche de bitume peutdurer plusieurs années sansréparatiou que , d’un autre côté, ou économise le travail de l’ouvrier chargé de nettoyer les allées, et qu’enfin celles-ci sont tou- jours unies et qu’en tout temps on y a les pieds a l’abri de riîumidité , on concevra qu’il y aurait un avantage réel à ce que cet usage se répandît. L’auteur de la communication

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que nous venons de reproduire conseille encore aux agri- ( uUcurs d’employer l’asplialte pour garnir le sol de leurs granges, qui seront, dil-il , mises par-la complètement à l’abri dos rats et de l’humidité. Naedun.

Observ. Ce procédé ne semble pas offrir autant d’avan- tage pour les jardins. Il arrive fréquemment, en effet, sous le climat de Paris, que riiumidité et la gelée pénètrent sous les couches de bitume , et qu’en dilatant le sol elles soulè- vent la couche entière d’asphalte, la gercent en tous sens, de manière à nécessiter au printemps de fréquentes et dis- pendieuses réparations.

Fondation d'une Société d'horticulture à Strasbourg,

UneSociété d’horticulture vient de se constituer a Stras- bourg. Elle a pour but de réunir tous les horliculteurs du flaut-Rhin et du Bas-Rhin, et spécialement ceux de Stras- bourg, en un seul corps, afin de faciliter et de multiplier leurs relations extérieures, d’étendre leurs cultures, d’aug- menter leurs connaissances théoriques et pratiques, de créer entre eux et les amateurs des rapports plus intimes, de fonder deux grandes expositions horticulturales annuel- les, « d'effacer enfin de jalouses rivalités et de les rempla- cer par une louable émulation. » Nous applaudissons sans réserve à cette fondation, et nous faisons des vœux pour que la conduite des horticulteurs alsaciens trouve de nombreux imitateurs.

Hectification du nom de la Reine Marguerite-Malingre.

Nous avons publié dans cette Revue du octobre 1845, page 259, une note sur les belles variétés de Reine Margue- rite, connues dans le commerce souslenom de Reine Mar- guerite-Malingre.

M. Malingre nous apprend que ces belles variétés n’ont point été obtenues par lui, mais par M. Fontaine (Adolphe), jardinier de M"’® la maréchale Gouvion Saint-Cyr. M. Ma- lingre s’est borné à faire l’acquisition des graines ob- tenues par son confrère, et nous prie , par suite, de ren- dre justice a M. Fontaine, par les soins assidus duquel ces variétés si méritantes ont été introduites dans nos jardins.

A l’avenir, il conviendra donc de substituer au nom de M. Malingre, celui de son ami, et de désigner ces variétés sous le nom de Reine Marguerite-Fontaine. Pépin.

REVUE HORTICOLE.

Triieleia uniflora, Lindl. (fig. 7), famille des Liliacées; trib. des Scillées.

Plante biilbeiiseà feuilles linéaires, de môme longueur que la hampe, laquelle est terminée par une fleur, qui naît iVune spathe engainante, bifide, moitié moins longue que le pédoncule; le périantlie est bypocratériforme a cinq divisions profondes, un peu bleuâtres en dedans et ver- dâtres en dehors, marquées d’une ligne brune sur le mi- lieu; les six étamines, dont trois insérées à la base des di- visions internes et les trois autres alternant avec les pre- mières, sont insérées vers le milieu du tube; Tovaire est stipité, a trois loges polyspermes, surmonté d’un style trian- gulaire terminé par trois stigmates.

Cette jolie petite plante, introduite depuis deux ans au Jardin des Plantes, y fleurit en février dans une serre tem- pérée, où elle cause l’admiration des promeneurs. Elle est originaire du versant oriental de la Cordilière de Men- doza. On la multiplie par caïeux et elle se cultive dans un mélange égal de terre franche et de bruyère. Il convient de cesser les arrosements lorsque la plante perd ses feuilles et de la traiter a la manière des Ixias, Glayeuls, etc.

Neumann,

Pœonia regince^ His.

Depuis longtemps on sait que M. lïis, amateur distingué,

I est très heureux dans ses semis de Pivoines arborescentes ; il I en possède le plus fort pied qui soit probablement en France, il le tient de Pimpératrice Joséphine : le commerce lui doit plusieurs magnifiques variétés éditées par M. Modeste Guérin , sous les noms de Pœonia Josephinia imperatrix,

I Hissiana, Adriennœ, Horatiana^ Caroliana^ Fontenelle; il est encore possesseur des Pœonia Napoleoniana , lilH- putiana et Devonshire.

\ Le 2 mai , j’ai eu sous les yeux un nouveau gain de M. His, qu’il nomme Pœonia reginœ, provenant d’un semis fait avec des graines recueillies sur la P. rosea. Les feuilles lj de ce nouveau gain ressemblent, en effet, 'a celles de la Pi- voine rose; mais sa fleur est fort différente pour la forme, la duplicature et la couleur, et ne ressemble presque en rien aux Pivoines arborescentes connues. Elle est d’un pourpre pur

Tome v, série. 7. Juillet 1 840.

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qu’on n’avait encore jamais vu dans les Pivoines en arbre; elle est extraordinairement pleine, tous ses pétales sont fort larges, légèrement ondulés; ceux du centre, dans un désordre élégant, forment deux couronnes superposées et séparées par plusieurs rangs d’étamines, dont les anthères dorées se laissent a peine apercevoir. Cette belle fleur, si pleine qu’il ne reste plus trace de pistils, a de dia-

mètre à la base, et son centre s’élève en demi-sphère allon- gée, plus régulière que dans les autres Pivoines.

Les feuilles sont fort grandes et offrent aussi des carac- tères faciles a saisir; elles ont le pétiole commun pur- purin, ferme, glabre, portant neuf folioles étoffées, dont les latérales mesurent 0™,14 en longueur, 0"\6 en largeur, et les terminales, trilobées au sommet, comptent de

long et près de 0*", 1 0 de large : toutes ces folioles sont d’un beau vert en dessus, blanchâtres en dessous, glabres sur les deux faces; la couleur purpurine du pétiole s’étend sur les nervures principales et sur toute la marge de ces feuilles.

Il est a désirer que M. His confie aussi la multiplication de cette remarquable variété, qui enrichit les Pivoines ar- borescentes d’un nouvel et brillant coloris, à M. Modeste Guérin , afin qu’il la répande le plus promptement pos- sible.

POITEAÜ.

Marronnier à fleurs en panicules.

Dans la séance de la Société d’horticulture du 20 mai dernier, M. Jacques a présenté plusieurs échantillons d’un Marronnier a fleurs en panicules, qui paraît avoir été planté à l’époque de la formation de la célèbre école de botanique deTi ianon , formée sous Louis XV par Bernard de Jussieu. L’arbre dont il est question s’élève actuellement a 1 5 mètres environ; toutes ses branches florales, au lieu d’être soli- taires comme dans le marronnier commun , sont disposées par trois, et le rameau du centre se trouve constamment accompagné de deux rameaux opposés qui rappellent ainsi la position normale des feuilles.

Cette sorte de monstruosité n’a été remarquée à Trianon que depuis peu d’années; mais je pense que les pépinié- ristes ne tarderont pas a la multiplier et a la répandre.

PÉPUV.

REVUE HORTICOLE.

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Lilas des monts Emodi (Syriiiga Emodi, Wall.)

Lq gonve Syringa , géaeralenient connu sous le nom de Lilas , n’était composé, jusqu’à ces dernières années, que de deux espèces : le Lilas commun (Syringa vulgaris, in- troduit en Europe par Busbeck, ambassadeur des Pays-Bas à Constantinople, en ^562) , et le Lilas de Perse (Syringa Persica). Plusieurs horticulteurs en ont obtenu, de semis, plusieurs variétés méritantes, soit par la grandeur, soit par le coloris plus brillant des fleurs. L’une de ces variétés, connue sous le nom de Lilas Varin , a été obtenue , a Rouen , il y a plus d’un demi siècle , par M. Varin , jardi- nier en chef du jardin botanique de cette ville. Cette belle variété tient le milieu entre le Lilas commun et le Lilas de Perse. Le Lilas Saugé, obtenu il y a une vingtaine d’an- nées, par un horticulteur de ce nom, a beaucoup de rap- port avec le Lilas Varin, mais il en diffère cependant par ses fleurs, plus grandes encore et plus colorées. Le lilas de Perse a produit, de son côté, des variétés à feuilles laci- niées, et de ces dernières, il est résulté des semis opé- rés par MM. Jacques et Billiard, deux variétés, l’une naine, l’autre a feuilles pinnatifides. Jusqu’à ce jour, le lilas com- mun n’a point varié dans son feuillage , mais il a produit la variété a fleurs blanches et à fleurs plus grandes et plus foncées; elles sont répandues dans le commerce sous le nom de Lilas de Marly et Lilas Charles X.

Dans ces dernières années, le Muséum a reçu deM. Jac- quin, professeur de botanique a Vienne , une nouvelle es- pèce découverte dans les bois de la Transylvanie : c’est le Syringa Josikea; enfin l’horticulture vient de s’enrichir d’une quatrième espèce originaire de l’Himalaya. Cet ar- buste a été envoyé d’Angleterre il y a trois ans, sous le nom de Syringa Emodi^ Wall. , et j’en donne ici les ca- ractères : rjameaux verruqueux ; feuilles ovales-oblongues ou lancéolées, atténuées aux deux extrémités, quelquefois obtuses au sommet, glabres, blanchâtres en dessous; fleurs d’un blanc rosé, panicules terminales; limbe de la corolle étalé, à segments recourbés.

Cette espèce (figurée dans les illustrations de la Bot, des monts Himalaya, tabl. 65, fig. 2) existe déjà dans plusieurs collections du continent, et notamment chez MM. Pelé et Chauvière. M. Royle, ancien directeur du jardin de Saha-

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rampoor dans l’Inde, l’a envoyée a différentes époques en Angleterre, sous les noms de Syringa Emodi et S. Indica, Cette nouvelle espèce habite les montagnes de THimalaya, Je Kamaon, leSirmore et la chaîne du Suen, sur les bords du Cirée et de la Jumna , etc. ; elle est fort distincte des anciennes espèces, mais elle se rapproche du S, Josikea, J{lle a fleuri aux mois d’avril et mai, a l’air libre, dans rétablissement de M. Pelé; ses fleurs, d’un blanc rosé, ressemblent beaucoup à celles du Liguslrum vulgare (troène); elles n’ont pas autant de parfum que nos espèces communes, mais elles ont l’avantage, ainsi que le Syringa Josikea, de fleurir douze à quinze jours plus tard que les autres.

Le S. Emodi est un bel arbrisseau de deux mètres de haut, et qui se multiplie facilement de greffe sur le lilas commun , de boutures, de marcottes et de graines. Ce qui le rend encore remarquable , ce sont les verrues blanchâ- tres dont son écorce est parsemée. C’est non- seulement une très belle acquisition pour les parterres, mais c’est une plante qui permettra probablement encore des croisements fer- tiles avec les autres espèces, et qui produira ainsi de nou- velles variétés. Il supporte nos hivers en pleine terre.

Pépin.

Plantes nouvelles, cultivées dans V établissement de M. Chauvière.

L’établissement horticole de M. Chauvière a pris cette année un accroissement considérable , qui a permis 'a cel habile horticulteur d’augmenter l’étendue de ses serres et ses cultures de pleine terre. Parmi ces dernières , j’ai re- marqué une variété du groseiller-cassis m'ÿrwm).

"\î. Chauvière en a fait l’acquisition sous le nom de Ribes nigrum heterophyllum. Les feuilles sont, en effet, de forme variable ; j’en ai vu sur le même individu de très découpées eide laciniées. Lorsqu’on les froisse, elles répandent une odeur semblable à celle du cassis. On ne remarque aucune différence dans la forme et la couleur des fleurs, et il en sera probablement de même pour les fruits. Ainsi, ce n’est que le feuillage de cette nouvelle variété qui la rend inté- ressante comme arbuste de pleine terre. M. Chauvière va néanmoins s’empresser de la multiplier, afin de la répandre dans les jardins, elle sera recherchée a cause de l’étran- geté de ses feuilles.

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Le jardin de M. Cliauvière m’a égalemciU oiTorl un ma- gniüque exemplaire du Lonicera Fraserii^ espèce nou- velle qui se trouve plantée contre le montant d’une bâche de terre de bruyère, qu’elle tapisse de ses rameaux volu- biles, analogues a ceux des Lonicera sempervirens et îanceolata; les fleurs sont longues, a tube d’un rouge orangé. Cet arbuste se cultive en pleine terre.

Parmi les plantes nouvelles de serre, j’ai remarqué avec intérêt un Èlœodendron indicum , dont les feuilles lon- gues, ovales-lancéolées, ont la nervure médiane de couleur rouge orangé; mais cet arbuste sera recherché plutôt pour son beau feuillage que pour ses fleurs, qui, semblables à celles des autres espèces de ce genre, sont petites, blanches et de peu d’apparence.

Pépin.

De la greffe forcée du Rosier, II*.

A MM. les membres de la Société royale d’horticulture.

Messieurs, sur la demande de M. Jamain fils, horticul- teur a Paris, une commission a été nommée par vous afin de faire un rapport sur les greffes forcées du Rosier prati- quées dans son établissement. Ce rapport, confié à l’ho- norable M. Poiteau, vient de paraître, et je ne l’ai pas lu sans quelque surprise. Je n’opposerai pas ici à votre savant rapporteur, pour lequel je professe la plus profonde estime, la variation de ses opinions sur cette question; j’aime mieux croire à la sincérité de ses nouvelles convictions ; je ne re- lèverai pas même quelques erreurs de détail contenues dans son rapport, ne voulant combattre les conclusions de ce rapport que par des faits positifs et par des considéra- tions physiologiques. Placé dans une position délicate a laquelle je crois devoir devant vous sacrifier une partie de mes moyens de défense, tout en combattant une opinion que je crois erronée, je saurai m’abstenir de tout ce qui pourrait paraître trop personnel et je ne m’écarterai pas de mes habitudes de modération.

Et d’abord, un mot sur la cause première de votre rap- port : la greffe forcée du Rosier est en usage depuis plus de dix ans à Paris, et c’est après ce long laps de temps que

(1) Voir le premier article, t. IV, 2* série, p. 226 (l®** oct. 1845).

A2Ô

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l’on s’avise d’en faire constater tons les avantages. N’est-il pas évident que le but de cette demande a été tout simple- ment de chercher à se procurer une pièce a l’appui pour une mauvaise cause, et dont on essaiera de tirer parti dans un but d’intérêt particulier? Cette considération ne devait- elle pas porter votre commission a examiner les choses de plus près, et a peser avec une attention scrupuleuse les raisons exposées de part et d’autre?

Loin de moi l'idée de penser que les membres de votre commission ont obéi a des influences particulières*, leur honorable caractère, qui m’est bien connu, ne permet pas même le soupçon a cet égard Leur plus grand tort est d’a- voir, selon moi, accepté une mission impossible à remplir, et dont les éléments d’investigations étaient laissés a la disposition de la personne qui avait provoqué l’enquête, chose qu’il me sera facile de vous démontrer.

Deux points importants dominent la question des greffes forcées du Rosier et n’en peuvent être séparés : la question physiologique d’abord, et celle qui se rattache a cet arbuste comme objet de commerce. Je sais que quelques horti- culteurs n’aiment guère que je ramène la discussion sur ce terrain; c’est toutefois leur faute, car je suis bien forcé de leur répondre.

Votre commission n’a pas jugé a propos de s’occuper de la question physiologique. Qu’est-ce, cependant, que la greffe forcée du Rosier, si ce n’est une question de cette nature? On ne la résout pas en l’évinçant; il faut bien tôt ou tard compter avec elle. La nature ne se plie pas tou jours à nos cupides exigences : docile jusqu’à un certain point sous des mains intelligentes, elle proteste souvent, avec l’énergie du désespoir, contre nos traitements barbares.

Mais, en culture, il ne suffit pas de produire, il faut que la production réj)onde aux besoins du commerce, aux jus- tes espérances de l’acquéreur; que celui qui se procure des Rosiers pour en jouir ou les multiplier ne soit pas trompé dans ses espérances, afin d’éviter surtout ces réclamations continuelles qui ont déj'a tant nui aux progrès de l’horti- culture en France. Quel est le but des soins de toute nature que nous donnons à la culture? C’est évidemment, tout en secondant, sans la contraindre, la marche de la nature, de développer simultanément la production souterraine et aérienne. Que fait-on par les procédés de la culture for- cée? Absolument tout le contraire. Sans doute on peut

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graduer le mal suivant la nature de ropération, Pépoqiie de sa mise en pratique ou la robiisticité des végétaux, mais le mal n’en est pas moins réel; placés dans un état anor- mal, les Rosiers forcés, plus ou moins affectés dans leur organisation, ne parcourent jamais, a beaucoup près, la carrière que leur a assignée la nature, et succombent sou- vent dans le cours de l’année. Vainement dira-t-on qu’on a vu des Rosiers forcés portant des rameaux de -1 mètre: ce sont très souvent, au moins, des exceptions qui s’expli- quent par la grande vigueur de quelques sortes, et ce n’est qu’après la mort de ces plants qu’il est possible de porter sur eux un jugement impartial. Je ferai observer à cet égard une chose qui n’est pas assez remarquée en culture forcée du Rosier, c’est que la nature lui ayant assigné une durée de végétation active d’environ sept mois, aucun moyen quelconque ne peut sensiblement en prolonger le terme sans de graves dangers, ni s’opposer au repos de la sève, repos qui a été plus ou moins supprimé l’hiver. En effet, quelle que soit l’époque à laquelle on commence à forcer ses plantes, au bout d’un certain temps, suivant l’es- pèce, il y a stagnation anticipée de la végétation, puis aoûtement forcé des rameaux a contre-saison ; car on a dé- rangé pour ces jeunes plants, pendant plus de huit mois, l’ordre naturel des saisons, et cette stagnation intempestive est souvent mortelle pour les plus faibles greffes ou les variétés délicates.

Pour que cette enquête eût quelque portée, il eût fallu rétendre aux greffes des trois époques, car dans divers écrits on avoue deux coupes de rameaux.sur les premières multiplications, et que le résultat fût présenté en moyennes. Mais de ce que les greffes forcées ont été vues avec des ra- meaux de J mètre, s’ensuit -il de qu’elles seront livrées au commerce en cet état? C’est ce que votre commission n’oserait affirmer; pour moi, je peux dire en toute vérité n’en avoir jamais reçu de telles. Et voyez comme votre commission pouvait facilement se laisser induire en erreur, puisqu’elle n’avait à juger que ce qui était offert 'a ses yeux. Du reste, toute enquête de cette nature est impossi- ble et ne pourra jamais rien prouver, car il ne suffit pas de voir chez un horticulteur des greffes forcées dans un état apparent plus ou moins prospère, il faudrait pouvoir les suivre hors de ses mains jusqu’au terme de leur exi- stence, ce qui ne se peut.

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^28

L’hiver dernier a été singulièrement propice à l’opéra- lion de la greffe forcée , tellement que chez moi elles ont été faites dans des panneaux, a froid, sans aucune chaleur, et sous la protection de châssis vitrés. Les mêmes circon- stances atmosphériques ayant eu lieu à Paris, n’est-il pas juste de leur attribuer quelque part dans la réussite des greffes qui ont été examinées. Voici une observation plus sérieuse : on s’est borné à constater seulement le succès des premières greffes, mais il est probable que les plus faibles, les mortes et les mourantes n’ont pas paru à vos yeux; ensuite, pour obtenir des greffes forcées ayant des rameaux de plus de I mètre après quarante-cinq a cin- quante jours de greffe, il serait utile de savoir combien on en a obtenu de telles sur un cent, par exemple. On objecte des assertions, mais elles sont détruites par des assertions contraires produites par d’autres horticulteurs qui forcent également.

De tout ce que j’ai dit sur la greffe forcée du rosier, s’en- suit-il que je la proscrive d’une manière absolue? Nulle- ment, et je l’ai dit ailleurs. Pour les horticulteurs, surtout, cette greffe a des avantages, car elle met a leur disposition pendant Pété, pour les roses nouvelles, de plus grands moyens de multiplication. Mais voici est le mal : c’est que, en général , au moins jusqu’à présent, on a voulu en même temps tirer parti de ses rameaux et vendre ses su- jets. Qu’un horticulteur expédie des greffes forcées, même avec un seul rameau d’un mètre, la personne qui les a demandées doit s’estimer très heureuse de les recevoir telles, si toutefois c’est bien des greffes forcées portées sur sa demande, car la longueur du rameau prouve que les ra- cines doivent être en bon état. Mais ces greffes forcées pro- duisant en cinquante jours, comme le dit le rapport, des rameaux de plus d’un mètre, et provenant encore de sujets dont les premiers ont été coupés, sont fort rares ; les gref- fes qui, dans le même temps, n’atteignent que 0“,50 k forment la grande majorité, et n’en sont pas moins vendues : il est évident que c’est sur ces dernières que frappe la plus forte mortalité.

Combien, sur un nombre donné, périt-il de ces sortes de greffes dans le cours de Pannée? Sur ce point encore, comme sur tous les autres, votre commission s’est abste- nue ; elle se serait d’ailleurs trouvée assez embarrassée : il y aurait eu trop d’ingénuité a s’adresser a la partie intéres-

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sée. Mais ne pouvait-on pas recourir au moins à la noto- riété publique? Je connais une ville importante qui, depuis longtemps, a reçu un grand nombre de greffes forcées dont les horticulteurs ne le cèdent à ceux de Paris ni pour Pin- telligence, ni pour la capacité, et qui n’en possèdent pas dix sur toutes celles envoyées en J 845 : chez moi il n’en existe aucune.

Il ne m’en coûte rien de reconnaître qu’aujourd’hui les greffes forcées sont traitées un peu plus rationnellement que dans les dernières années, ce qui, toutefois, ne fait qu’af- faiblir les inconvénients inhérents a ce mode de multipli- cation ; accusez-moi, si vous voulez, d’un léger mouvement d’amour-propre, car je pense que je ne suis pas tout a fait étranger à cette petite amélioration.

> Voulez-vous maintenant connaître la statistique mortuaire des greffes forcées du Rosier livrées au commerce avant 1845? Prêtez-moi, je vous prie, messieurs, un peu d’atten- tion, car ceci est grave.

f; Sur cent sujets en greffes forcées, expédiés pendant [les mois de mai, juin et juillet, soixaute-seize ont péri dans le cours des douze mois qui ont suivi leur expédition.

' Sur les vingt-quatre survivants, douze ont encore péri dans le cours des seconds douze mois, et douze vivaient encore après les vingt-quatre mois; mais quelques-uns étaient restés faibles.

Les membres de votre commission seront sans doute in- crédules et m’accuseront peut-être d’exagération. Au besoin, voici ma réponse. Ce que je dis s’appuie sur des documents authentiques qui sont entre mes mains, ou qui m’ont été communiqués ; ils émanent de personnes honorables ."quî occupent dans le monde, pour la plupart, de hautes posi- tions sociales. Que messieurs les commissaires, dont je com- bats l’opinion après avoir mûrement réfléchi, veuillent bien me déclarer par écrit prendre sur eux la responsabilité de tous les inconvénients qui peuvent résulter, et pour les per- sonnes, et même pour les progrès de l’horticulture, de la production des documents dont je parle, et je prendrai l’engagement, quoique à regret, de me mettre en mesure de livrer à l’impression ces tables funéraires, avec les jus- tes et sévères réflexions des personnes qui ont dressé les actes des décès qui les composeront, laissant à leur muette, mais inexorable éloquence, le soin de prêter quelque auto- rité a ma faible parole.

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Comment vos commissaires n’ont-ils pas vu qu’en pre- nant sans débat, sans examen, sans observations quelcon- ques, des conclusions favorables a un mauvais procédé de cidlure qui a donné lieu à tant de justes réclamations, c’était, au moins indirectement, les déclarer non fondées, et soulever inutilement de légitimes susceptibilités? Les deux tiers a peu près des greffes forcées du rosier livrées à la circulation depuis dix ans, ont été acquises par une classe instruite de la société, qui a chèrement payé le droit d’ex- primer son opinion sur cette question. Croyez-vous que ce grand nombre de personnes, trompées dans leur attente ou lésées dans leur intérêt, ne vont pas réclamer contre votre rapport? Déjà l’exemple est donné, et un amateur estima- ble de Vannes vient de déclarer publiquement, dans un journal horticole, que, sur douze Rosiers forcés qu’il s’était procurés l’an dernier, neuf sont morts et les trois autres chétifs.

Permettez -moi encore une observation, en regrettant qu’elle me soit personnelle : j’ai publié sur la greffe forcée quelques observations; je ne suis pas infaillible, sans doute : mais, si je me suis trompé, il fallait combattre mes allégations par des raisons meilleures. J’ai formulé, après trente-six ans de pratique et d’expérience, sur un point de culture, une opinion établie sur des faits incontestables, basée sur les lois naturelles, appuyée sur des vérités avouées par la physiologie végétale, confirmées tous les jours par ce qui se passe sous nos yeux. Cette question n’était pas sans importance en horticulture ; car, outre l’intérêt qui s’y attache comme procédé de culture, elle touche encore a des intérêts privés longtemps compromis à cause d’elle. Il eût, je pense, mieux valu qu’une telle question restât toujours en dehors de votre appréciation ; mais, puisque vous l’a- doptiez, vous vous mettiez dans la nécessité d’en subir tou- tes les conséquences. Il ne suffisait pas d’être persuadé; il fallait encore porter la conviction dans l’esprit des autres, il fallait surtout démontrer que, conlrairement aux lois na- turelles qui régissent les végétaux ligneux, le Rosier était doué d’une flexibilité d’organisation telle, qu’il était possi- ble, sans danger pour lui, de changer l’ordre naturel des saisons ; et, remarquez-le bien, pour que le rapport de votre commission soit logique, il faut nécessairement admettre cette hypothèse.

Il m’en coûte d’avoir à soutenir une telle thèse devant

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vous; mais rautorité qui s’attache au nom de votre savant rapporteur, la liante intelligence que nous lui reconnaissons tous, m’ont fait un devoir de protester, dans la mesure de mes faibles moyens, contre une chose que je regarde comme un mauvais procédé de culture et une erreur physiologique, afin qu’une telle erreur ne puisse s’autoriser d’un nom si respectable.

En résumé, messieurs, vos commissaires, sans alléguer 'a l’appui de leur décision aucune raison quelconque, ap- prouvent, sans restriction, la greffe forcée du Rosier, malgré tous les inconvénients inséparables de ce mode vicieux de multiplication et malgré les plaintes nombreuses qui se sont élevées a cet égard. Persuadé que la grande majorité des membres de la Société ne pense pas qu’un procédé de cul- ture qui intervertit les lois naturelles, qui change et modifie les diverses phases de la végétation, modifications tellement graves qu’elles placent pendant huit ou neuf mois les jeu- nes greffes du rosier dans un état tout a fait anormal ; con- sidérant surtout qu’il ne s’agit, au fond, que d’une question de physiologie végétale peut-être en quelques points mal comprise de part et d’autre, mais qui appelle l’examen, je me crois fondé en équité en réclamant de votre impartialité l’insertion de cette note dans un de vos plus prochains nu- méros.

ViBERT.

Horlicuheur à Angers.

Réponse à M. Vibert.

Mon cher ami et collègue ,

J’avais résolu de rester étranger aux débats qui se sont élevés entre vous et M. Loiseleur-Deslongchamps ; mais, ayant été dernièrement mis en demeure de m’expliquer sur la greffe forcée du rosier, je l’ai fait selon ma con- science, en déclarant que vous aviez exagéré les inconvé- nients de cette greffe, et que M. Deslongchamps en avait exagéré les avantages.

Tous ceux qui ont foi en la théorie de Lahlre doivent condamner la greffe forcée du rosier comme vous l’enten- dez. Or, vous savez que je suis un chaud partisan de cette théorie; mais je la raisonne, je sais que, appliquée a un faible degré, ses inconvénients sont insensibles, mais que, appliquée comme vous l’entendez, elle lue. Voilà ma con-

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viçtion. Ainsi, je soutiens que si on ne coupe qu’une ou deux fois les rameaux d’une greffe forcée, le mal qui en ré- sultera sera peu appréciable; mais que si on les coupe 5, 4, 5 et 6 fois, le mal peut être irréparable.

D'après le raisonnement, toute suppression de rameau portant des yeux et des feuilles est nuisible aux racines d’une plante; mais dans la pratique ce mal ne s’aperçoit pas, si la suppression n’a pas été considérable, il se répare même aisément et promptement par de nouvelles branches munies d’yeux et de feuilles. Voila ma conviction; elle n’est pas nouvelle; je la crois bien fondée, quoique con- traire à la vôtre; vous vous trompez en disant, dans votre lettre , que la commission n'a pas jugé à propos de s'oc- cuper de physiologie ; au contraire, elle s’en est beaucoup occupée, et son rapporteur en particulier; si le rapport n’en parle pas, c’est qu’il ne devait pas en parler; la com- mission était chargée de vérifier le succès ou le non-succès de la greffe forcée : elle a trouvé le succès, et elle l’a dit. Je suis fâché que vous ayez supposé dans votre lettre que la commission pouvait facilement se laisser induire en er- reur, puisquelle n avait d juger que ce qui était offert à ses yeux. Comment, mon ami , pouvez-vous faire une pareille supposition, quand vous savez que je suis un vieux jardinier, que, par goût et par devoir, je suis presque toujours au mi- lieu de toutes les cultures de Paris, que tous les horticulteurs ont pour moi toutes sortes de bontés, qu’ils ne me cachent rien de leur heur et malheur, que quelques-uns même me font l’honneur de me demander mon avis! J’aurais pu même faire un rapport a la Société sur la greffe forcée de M. Jamain sans retourner dans son établissement pour y observer ses cultures, tant je me trouve au courant de son procédé, ainsi que de celui de M. Paillet.

La commission n’a pas, comme vous le dites, accepté une mission impossible ; le seul embarras pour elle a été de se trouver en opposition avec un honorable horticulteur dont elle ne peut partager les convictions. Vous parlez de faits, mais les faits sont ici contre tous vos raison- nements. Ce sont des faits positifs que la commission a vérifiés, et auxquels vos raisonnements ne sont pas applica- bles. Vos écrits ont éveillé la juste susceptibilité des hor- ticulteurs parisiens qui s’adonnent particulièrement à la multiplication du rosier par la greffe forcée; ils se sont trouvés blessés dans leur délicatesse , dans leur jugement;

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un seul vous a répondu d’une façon 1res inconvenante, et il le regrette sincèrement; tous en ont appelé aux deux so- ciétés d’horticulture de Paris, qui, étant a même de juger ex visu leur procédé , leur ont donné gain de cause contre vous : c’est actuellement une chose jugée. Malgré votre grande autorité en culture de rosiers, vous vous êtes trompé sur la manière dont on pratique aujourd’hui la greffe forcée a Paris; si vous ne vous étiez élevé que contre celui qui a dit qu’on pouvait obtenir 12,000 rosiers en un an au moyen d’une greffe forcée, tout le monde vous aurait applaudi; mais vous avez pris cette hyperbole au sérieux , vous l’avez appliquée a tous ceux qui pratiquent la greffe forcée k Paris, et il est résulté que vous vous êtes donné beau- coup de peine pour combattre un mal imaginaire. Que cette greffe ait donné de mauvais résultats h sou début et à l’époque vous la pratiquiez, cela est croyable; mais le temps a marché, les expériences se sont multipliées, les inconvénients ont été reconnus et on a appris a les éviter. Pour que vous ne conserviez plus aucun doute sur l’innocuité de cette greffe telle que les habiles praticiens la pratiquent aujourd’hui a Paris, je vais vous répéter les principales opérations usitées et qui assurent sa prospé- rité.

Au printemps on empote avec soin de jeunes rosiers quatre-saisons; on enterre les pots dans le jardin, on les couvre d’un paillis , et on les soigne convenablement pen- dant toute la campagne. Je sais bien que vous avez écrit que le rosier quatre-saisons était un très mauvais sujet pour recevoir la greffe; mais qu’y faire ? Ici on le trouve excel- lent pour recevoir la greffe forcée. Vous en connaissez la rai- son, ainsi il est inutile de nous y arrêter.

A la lin de décembre , les uns rempotent ces rosiers, les autres ne les rempotent pas, mais tous les placent dans une serre dont la température s’élève de à 20 degrés centigrades, ils ne tardent pas a entrer en végétation ; si la bâche de la serre est chauffée par un thermosiphon ou autrement, on pose les pots dessus; si elle n’est pas chauf- fée , on enterre les pots dans la terre , tan , terreau ou sable qu’elle contient , de sorte que jamais on ne chauffe les racines de ces rosiers; il suffit que leurs rameaux se trou- vent dans une température élevée pour qu’ils entrent en végétation.

Quand la végétation est établie , c’est-à-dire dans les

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premiers jours de janvier, on coupe ces rosiers-sujets a la hauteur voulue et on les greffe en fente, ainsi que vous le savez, en ménageant un œil d’appel a la hauteur de la greffe. Après cette opération, on couvre la greffe d’une cloche pour la mettre à l’abri de l’air et faciliter sa reprise ; mais quel- ques-uns négligent ce dernier moyen, parce qu’il n’y a pas ordinairement de courant d’air dans la serre l’on fait cette sorte de greffe.

8 a 12 jours après cette opération, les greffes com- mencent a pousser, le sujet développe lui-même ordinai- rement plusieurs pousses que l’on supprime soigneuse- ment, en ménageant l’œil d’appel que l’on pince seulement d’abord, et que l’on ne supprime à son tour que quand la sève a bien établi son cours du sujet dans la greffe.

5^ Environ 1 5 jours après, les greffes ont poussé chacune un ou deux rameaux longs jde 0“,10 a 0’^,20; alors on ôte les cloches pour que le bois mûrisse en continuant de s’allonger, et 12 ou 4 5 jours après on peut commencer a couper de ces jeunes rameaux pour faire d’autres greffes.

6* Une greffe a donc environ six semaines quand on com- mence a couper son rameau ; si elle en a poussé deux, on n’en coupe le plus ordinairement qu’un, et toujours à au moins trois yeux au-dessus de son origine, afin que la partie ménagée puisse repousser promptement.

En avril, les jeunes rameaux repoussés sont assez forts et assez mûrs pour être coupés a leur tour. Si le multipli- cateur a encore besoin de rosiers, il les coupe pour les greffer; mais jamais il ne fait plus de deux coupes sur une greffe forcée.

8^ Toutes ces greffes restent dans la serre jusqu’aux pre- miers jours de mai. Alors on les place au dehors dans un coffre sous châssis à froid, sans air pendant quelques jours : plus tard encore on soulève les panneaux graduel- lement; enfin on les ôte pour faire durcir ces jeunes plan- tes, et au 15 mai on les emballe pour les expédier à leur destination.

Voila, mon cher ami, â quelques légères variantes près, comment les habiles horticulteurs de Paris exécutent et conduisent leurs greffes forcées de rosiers; voilà le seul champ donné à l’examen, a la critique. Les huit opéra- tions que je viens de rapporter sont les seules employées dans la greffe forcée du rosier, et vous sentez bien que c’est déplacer la question que d’attaquer la greffe forcée en

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dehors de ces huit opérations. Pourraient-elles être mieux pratiquées, ponrrait-on leur en ajouter d^autres utilement? dites le, démontrez-le ; mais, au nom de l’amitié qui nous unit depuis quarante ans , cessez d’attribuer a cette greffe les graves défauts qu’elle a pu avoir dans son origine , mais qu’elle n’a plus, grâce aux progrès de l’horticulture et aux travaux des plus habiles et des plus consciencieux horti- culteurs parisiens. Vous dites avoir des preuves que beau- coup de greffes forcées meurent chez ceux qui les reçoi- vent; mais vous êtes trop habile horticulteur pour ignorer que ces jeunes greffes exigent quelques soins dans leur plantation en pleine terre, et que plusieurs jardiniers de maison soignent si mal les plantes nouvelles qu’on leur confie, que beaucoup de maîtresse dégoûtent d’acheter des nouveautés pour les voir périr entre les mains inha- biles ou indifférentes de leur prétendu jardinier.

POITEAÜ.

Rapport sur des poiriers élevés sous forme de fuseau , par M- Lhomme,

La Société royale d’horticulture avait nommé une com- mission pour aller visiter, dans le jardin botanique de f E- cole de médecine, des Poiriers élevés sous une forme peu connue, par M. Lliomme. Cette commission , composée de MM. Camuzet, Jamain, Pépin, Malot et Poiteau, s’est acquit- tée de cette mission. Voici le rapport présenté par M. Poi- teau â la dernière séance de la Société.

Il y a trente ans que M. Lhomme a commencé a planter et à former des Poiriers en fuseau dans le jardin du doyen de la Faculté de médecine, rue de l’Observance, attenant a l’ancien jardin botanique de l’Ecole. L’un de nous était alors jardinier en chef de la Faculté, et peut attester ce fait. M. Lhomme nous a assuré, en outre, que l’idée d’éle- ver des Poiriers en fuseau lui est venue tout d’abord, et qu’il n’a reçu aucune instruction , aucun conseil sur la manière de tailler ces arbres. H s’est formé un seul prin- cipe, c’est de tailler tous les rameaux a bois, à un ou deux yeux , excepté la flèche ou rameau terminal qu’il arrête à une longueur proportionnée â l’âge et â la vigueur de l’ar- bre; il n’ébourgeonne pas, ne pince pas, ne fait pas de crans pour faciliter le développement des yeux retarda-

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taires ou endormis, et cependant il obtient baaiicoup de fruits. C’est une vérité reconnue par nous depuis quelques années, et la commission tout entière en a été témoin eu avril dernier.

M. Jainiii nous a dit avoir vu élever des Poiriers par celte méthode chez M. Chopin, a Bar-le-Duc , et chez quel- ques autres amateurs, et il est avéré que la forme en fu- seau est pratiquée dans quelques endroits et qu’elle a des partisans.

Après ces explications, et en présence des Poiriers taillés en fuseau, suffisamment chargés de fruits, votre commis- sion s’est consultée et elle m’a chargé de vous présenter les considérations suivantes :

Tous les Poiriers ne se prêtent pas également bien a la forme pyramidale ni a celle de quenouille ; il y en a même quelques-uns qui ne s’y prêtent pas du tout. Les règles établies par les maîtres pour obtenir l’une ou l’autre de ces formes sont assez compliquées et très rarement bien com- prises par la plupart des jardiniers; de sorte qu’il est assez rare de voir dans les jardins des pyramides ou des que- nouilles irréprochables.

2oLes Poiriers rebelles a la forme pyramidale et en que- nouille le seront probablement aussi a la forme en fuseau. IV’ayant vu parmi les arbres en fuseau de M. Lhomme ni Bon-Chrétien, ni Crassane, ni Épargne, nous ne pouvons avoir d’opinion arrêtée à cet égard ; mais votre commission peut vous dire que les règles a suivre pour former un Poirier en fuseau sont très peu nombreuses, et d’une simplicité telle, que les jardiniers qui raisonnent le moins les apprendront facilement : d’ailleurs , pendant le temps nécessaire pour tailler une pyramide, on peut tailler deux ou trois fuseaux.

La circonférence d’une pyramide taillée peut atteindre 6 mètres et plus; elle exige beaucoup d’espace et ne per- met pas de culture près de son pied : le fuseau , lorsqu'il est taillé, ne mesure jamais ^ mètre de circonférence , et 011 peut sans inconvénient l’entourer de culture.

La pyramide , par son étendue , donne beaucoup de prise auvent; ses fruits peuvent être froissés, abattus: ceux de son intérieur peuvent être privés du soleil, d’air suffisant et manquer des qualités propres a leur espèce. Le fuseau, au contraire, par son petit diamètre, n’offre que peu de prise au vent; ses fruits, comme collés sur la tige, reçoivent toute l’influence du soleil , de la lumière et de

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]’air 5 et acquièrent toutes les qualités propres a leur es- pèce.

5o Les arbres fruitiers et autres produisant des racines dont la grosseur et la longueur sont en rapport avec la longueur et la grosseur de leurs branches , on pourrait craindre que les fuseaux, toujours privés de leurs branches a bois latérales, n’aient pas de racines assez puissantes pour les tenir debout et les faire résister au vent ; mais les fuseaux offrant peu de surface auvent, il doit avoir moins de prise sur eux.

Votre commission reconnaît, messieurs, qu’une ligne de belles pyramides dans un grand jardin a plus de grâce qu’une ligne de fuseaux qu’on peut comparer a des per- ches entourées d’une guirlande de feuilles et de fruits; mais dans les petits jardins, l’on ne peut placer que quelques quenouilles ou pyramides, ne produisant sou- vent aucun fruit, faute d’air et de soleil, on pourrait y planter un nombre triple ou quadruple de fuseaux, et ob- tenir ainsi dans un petit espace un nombre triple ou qua- druple de variétés de Poires. Sous ce rapport , votre com- mission, sans blâmer les pyramides et les quenouilles con- sacrées par l’usage , exprime le désir de voir élever des Poiriers en plus grand nombre sous la forme de fuseau.

POITEAÜ.

Moyen de détruire les Couriilières .

Je viens de trouver décrit, dans la Revue horticole du 15 juillet 1845, un Nouveau moyen de détruire les Cour- iilières, qui a quelque rapport avec celui que j’ai employé avec succès il y a quelques années. Celui qu’on indique dans la Revue, et pour lequel on fait usage d’huile, était employé avec peu de succès par mon père il y a cinquante ans. Voici celui que j’ai mis en pratique et que je préfère.

Quand j’ai labouré ou fait labourer deux carreaux, je place dans le sentier qui les sépare des petits pots à fleurs de 0“,J5 environ de hauteur, sur a 0™,12 de dia-

mètre. Je fais un petit creux dans la terre pour les y enfon- cer, de manière que le dessus du pot soit a environ 0“,08 plus bas que le niveau du sol (qui doit être bien uni) ; j’évase la terre au-dessus du pot, en forme d’entonnoir, et je la tasse avec les mains ou avec une truelle, de manière a la rendre aussi unie que possible , sans laisser déborder le

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pot, afin que les courtilières y glissent et puissent tomber au fond des vases, que j’ai soin de prendre bien lisses à l’inlérieur. Je couvre ces pots d’une planche posant sur les deux bords des carreaux voisins, et je les place 'a 0«\60 ou d“,90 de distance les uns des autres, dans les endroits je suppose que passeront les courtilières. Le lendemain, de grand matin , ainsi que les jours suivants, je vais faire l’inspection de mes vases, pour en retirer les insectes et ré- tablir les abords des pots , en cas de dérangement. Les journées chaudes doivent être choisies pour cette sorte de chasse, et il m’est arrivé alors d’en trouver souvent jusqu’à 6 dans certains pots; je suis parvenu aujourd’hui, avec un peu de persévérance , a débarrasser à peu près complète- ment de courtilières un jardin qui avait été négligé et que j’avais pris en location. Il m’est arrivé de prendre jusqu’à oO ou 40 courtilières par jour; de sorte que les dernières années que j’ai joui de ce jardin , les courtilières m’y causaient fort peu de dommage , en comparaison de celui qu’elles me faisaient éprouver pendant les deux premières années.

Genton ,

Instiluleur à Vevay.

Nouvelle variété de Pommes de terre.

La maladie qui a sévi l’automne dernier continue à oc- cuper les sociétés d’horticulture, qui ne tiennent guère de séances sans que cette question soit remise sur le tapis. Après d’interminables débats, l’opinion publique flotte tout aussi incertaine qu’au premier jour entre les causes très diverses qu’on a assignées à l’épidémie ^ En attendant que la lumière se fasse, il est utile de signaler les variétés de pommes de terre qui ont le mieux résisté aux influences funestes de l’année J 845. En voici une qui jouit, surtout depuis cette époque , d’une grande réputation dans certains cantons du nord de l’Angleterre et de l’Ecosse, on la nomme Merveille deDaly, et sur laquelle un agronome de mérite, feuM. Hope, de Porto-Bello, fondait de grandes es- pérances. Ce qui la distingue d’abord, c’est sa fécondité, qui l’emporterait, dit-on, sur celle de la pomme de terre de Hollande, et ensuite son excellence comme légume de table.

(1) Voir l’excellent travail de M. Decaisne, intitulé Histoire de la maladie des pommes de terre en 1845.

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Mais ce qui achève de la recommander, c’est sa robusticité, qui est telle qu’elle a résisté à peu près complètement a la maladie, tandis que partout aux alentours les autres variétés ont été profondément atteintes.

[Gardners* chronicle.)

Exposition d’horticulture à Cherbourg.

La Société d’horticulture de Cherbourg , fondée en ^ 844, a tenu sa seconde exposition de fleurs les ^5, ^6 et ^7 mai. On a remarqué, depuis la dernière exhibition, une heureuse tendance au progrès. Ainsi, non- seulement les exposants étaient plus nombreux, mais les produits étaient plus variés, plus abondants et d’un meilleur choix.

Toutefois, on a critiqué le grand nombre de produits de la même espèce provenant de la même exploitation. Au début d’une institution , la Société a pu être facile dans les admissions; mais, au fureta mesure que les horticulteurs répondent avec plus de zèle a son appel, elle doit se montrer plus sévère et prendre garde de faire d’une exhi- bition un simple marché aux fleurs.

Les honneurs de cette exposition ont été pour M. Clouard, jardinier de M. Fontenillat, au Vast, qui avait exposé des Amaryllis, des Orchidées, Camellias, etc., et des fleurs cou- pées qui ont été généralement admirées. Madame Quetel , de Caen, avait envoyé une belle collection de ses semis re- noncules qui lui ont fait une réputation parmi les vrais connaisseurs.

M. Conté-Nérat avait aussi exposé un assez grand nombre d’échantillons de sa poterie pour les jardiniers, aujourdTiiû justement recherchée.

Vente de Plantes exotiques à Monville, près Rouen , pour Ze 15 juillet prochain.

Les amis de l’horticulture apprendront avec peine las vente prochaine de la magnifique collection de plantes vi- vantes de M. de Monville, qui se fera aux enchères publiques, le 1 5 juillet. Cette collection, sans rivale en France, renferme près de 700 espèces de Cactées en individus de dimensions énormes, dont bon nombre d’espèces uniques; des Orchi- dées très rares , dont plusieurs encore indéterminées ; enfin

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^,600 plantes de serre chaude et tempérée, parmi les- quelles on remarque des espèces de la plus grande rareté et des individus de première force.

Toutes ces plantes, a l’exception de celles qui n’ont pas encore fleuri , sont déterminées botaniquement avec un très grand soin.

Il est à désirer, pour l’intérêt et le progrès de riiorticul- ture française , qu’un riche amateur puisse se rendre ac- quéreur de cette superbe collection formée avec intelli- gence, et qui a demandé de grands sacrifices de temps et d’argent de la part de M. de Monville.

Neumann.

Société d*horticuliure de Meaux,

L’exposition publique de la Société d’horticulture de Meaux a eu lieu a la fin de mai. Le zèle des horticulteurs et des amateurs de cette ville ne s’est pas ralenti, et, grâce aux efforts de M. Massiet, président de la Société, les belles collections de fleurs et de légumes n’ont pas fait défaut.

Des médailles d’argent ont été accordées à M. Baudinat, pour sa belle collection de plantes de serre chaude et cPo- rangerie en fleurs ; a M. Charles Lefèvre, pour sa collection de plantes vivaces de pleine terre en fleurs; M. Messager a eu un rappel de médailles pour sa collection de légumes, etM. Léon Rousselet, pour ses légumes et fruits forcés.

Des médailles de bronze ont été décernées à MM. Pinet et Baudinat, pour leurs belles collections de Pelargoniums ; une seconde a M. Pinet, pour ses Fuchsias, et une autre à M. Baudinat, pour les plantes nouvellement introduites dans l’arrondissement de Meaux.

Des mentions honorables ont été décernées a M. Pinet, pour sa collection de plantes de serre chaude et d’orange- rie ; a M. Darley, pour ses plantes vivaces de pleine terre ; à M. Baudinat, pour sa collection de Fuchsias. M. Pinet a obtenu une mention honorable pour ses belles pensées ; M. Savard, pour des plantes nouvellement introduites; M. Boitel, pour sa collection de légumes ; M. Victor Dehu, pour ses fruits forcés, et M. Darley, pour ses fruits con- servés.

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Glandiolus gadavensis (Hybridas) (fig. 8).

Cette plante est née [dans les jardins du duc d'Arem- berg, jardins si renommés en Europe pour les richesses végétales qu’ils renferment, d’une fécondation hybride opérée entre les Gladiolus cardinalis et natalensis (psit- tacinus) \ et, chose remarquable, elle dépasse de beaucoup ses parents en hauteur. Nous en avons mesuré cette année un individu, placé dans les meilleures conditions de sol et d’exposition, dont la hauteur surpassait 2 mètres. Les pre- mières fleurs s’étaient montrées à plus d’un mètre à peine au-dessus du sol. On peut juger par là, en jetant un coup d’œil sur la figure 8, du mérite réel de la plante dont nous entretenons en ce moment nos lecteurs.

Le Glandiolus gadavensis a le port et l’inflorescence du G. natalensis^ mais dans des proportions plus grandes; le coloris du G. cardinalis est plus riche et plus] varié. Il est extrêmement robuste, droit, élancé; ses longues feuilles dressées justifient parfaitement l’étymologie généri- que, sans le diminutif ; chacune d’eiles, en effet, semble un véritable glaive, et pour les dimensions et pour la ri- gidité. Un fort individu peut donner cinquante, soixante fleurs et plus, d’un minium éclatant a reflets rosés et ama- rantes; les pétales inférieurs, d’un jaune de chrome, sont lavés aux extrémités du vert pistache et des mêmes teintes rouges qui décorent les supérieurs. Tout ce riche coloris tranche avec le bleu violacé intense des étamines et le blanc des trois stigmates claviformes du style. Ces fleurs forment un épi serré, non interrompu et sont subsessiles dans une spathe bivalve, beaucoup plus courtes qu’elles. Les feuilles sont alternes, équitantes, lancéolées, linéaires, acu- minées, fortement plissées, subglaucescentes et se replient souvent sur elles-mêmes vers l’extrémité. Ch. L.

Une touffe de ce glayeul, plantée dans un parterre, en sera le plus bel ornement : c’est ce que peuvent affirmer tous ceux de nos lecteurs qui l’ont vu. Il est rustique, et sa culture est des plus faciles. Dans nos climats du Nord, on le traite 'a la façon des tulipes; c’est-à-dire qu’on en conserve les bulbes en lieu sec et à l’abri de la gelée, pour les planter en place au premier prinleraps et les relever lorsque les feuilles sont entièrement fanées, ou après la maturation des graines, quand on a l’avan-

Tome v, série. 8. Juillet J 846.

REVUE flORTlCOLE.

lage d’eu obtenir; mais dans le midi de l’Europe, eu France, en Italie, en Espagne, etc., et dans le centre même, à certaines expositions chaudes et abritées, on peutlo lais- ser plusieurs années en terre sans s’en occuper, et ne le re- lever que tous les trois ou quatre ans pour en séparer les cayeux, que ron traite aussitôt comme plantes-mères.

Il prospère surtout dans un sol mi-partie sable et terre franche. La, il atteindra une grande hauteur et dévelop- pera toute sa splendeur florale. A défaut d’un sol naturel, semblable à celui que je viens d’indiquer, on peut don- ner à ce glayeul le compost que j’ai recommandé pour les Tulipes et les Jacinthes. Je ne dois point omettre de re- commander de le planter un peu profondément; c’est-à- dire a 0^, J 5 ou 0“, 20. Par ce moyen, sa tige acquerra une plus grande consistance, plus de force, et pourra presque se passer de tuteur.

L. Yan Houtte.

Note sur le Dion et le Ceratozamia, deux Cycadées nou- velles, et sur le mode de multiplication de ces plantes.

On trouve actuellement dans les jardins d’Europe, deux plantes très intéressantes de la famille des Cycadées en- voyées en assez grande quantité du Mexique par d’infati- gables voyageurs belges, MM. Linden et Ghiesbreght. Ces deux plantes constituent deux genres nouveaux très diffé- rents de ceux qu’on connaissait antérieurement. L’un a été d’abord introduit en Angleterre par madame Lavater, et décrit par M. Lindley dans les Miscellanées de -1840, 11° 85, sous le nom de Dion edule. A peu près à la même époque, M. Zuccarini le décrivait en Allemagne sous le nom générique de Plaiizarhia. Cette magnifique plante est surtout remarquable par un cône presque globuleux de la grosseur d’une tête d’enfant, formé d’écailles très serrées, terminées par un appendice rhomboïdal assez mince, cou- vert extérieurement d’un coton très épais lorsque le fruit a atteint sa maturité : c’est sous cet appendice et de cha- que côté de l’axe de l’écaille que sont insérées deux graines, de la grosseur d’un œuf de pigeon.

D’après les données que nous ont fournies les individus cultivés dans les serres du Muséum, le Dion edule paraît être un végétal d’assez forte dimension. Son tronc recourbé et simple, cotonneux, de 0“a.24 de diamètre, porte au sommet

BEVUE HORTICOLE.

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des feuilles d^m mètre de longueur environ, composées de plus de 60 paires de folioles, très rapprochées, ensiforraes, entières, de 0™,09 a larges et décurrentesà la base,

s’amincissant insensiblement vers le sommet en une pointe dure et piquante, à nervures simples, parallèles; le pétiole est cylindrique, cotonneux dans la partie inférieure. Au rapport de madame Lavater, qui a résidé longtemps au Mexique, on prépare avec les graines du Dion une fécule très abondante, assez semblable à celle de V Arrow-root qu’on obtient des Marania indica et arundinacea,

La plante, généralement cultivée en Belgique sous le nom de Zamia muricaia , constitue le genre Cerato- zamia de M. Brongniart. Il diffère des vrais Zamia par les chatons mâles, qui sont cylindriques, très allongés, formés d’écailles nombreuses, cunéiformes, terminées par deux dents, et qui portent un grand nombre d’anthères irrégu- lièrement disséminées sur toute sa surface inférieure. Dans les Zamia ^ au contraire, les écailles, qui sont plus clavi- formes, portent, sur la face inférieure, des anthères nette- ment séparées en deux groupes parla partie médiane de récaille, parcourue par une nervure saillante et nue. Le cône femelle, de forme elliptique, se compose d’écailles plus grosses et plus épaisses que celles du chaton mâle; ces écailles déprimées au sommet présentent une sorte de dis- que hexagonal régulier, du milieu duquel partent deux pointes coniques très courtes et divergentes. Les deux graines s’insèrent sous cette partie épaisse et très grosse de l’écaille.

LeC. mexicana^ Ad. Brongn., que nous avons vu dans les serres du Muséum, a la tige très courte, courbée, épaisse ; les feuilles de '1“^,^5 de longueur environ; le pétiole, pres- que cylindrique, velu seulement dans la partie inférieure, garni de quelques aiguillons épars; les folioles, au nombre de 20 à 24 paires, très distantes, oblongues, lancéolées, de 0™,28 a O'", 55, un peu courbées, acuminées, entières, coriaces, très lisses, à nervures simples et parallèles. L’in- dividu mâle était en fleurs au mois de juin dernier.

Malgré les grandes différences que présentent ces deux plantes, on les trouve cependant assez souvent confondues dans les collections, quoique ces différences se remarquent non-seulement dans les organes de la reproduction, mais encore dans ceux de la végétation. Ainsi, le Dion edule a les feuilles composées de plus de 60 paires de folioles uniformes de 0“,09 â 0"^,i0 très rapprochées, presque im-

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briquées, fixées au pétiole par une large base qui est même décurrente, tandis que le Ceratozamiamèxicana porte des feuilles composées de 20 a 24 paires de folioles très distan- tes, oblongues, lancéolées, et de 0‘'\28 a 0'",55 de longueur.

Comme ces deux plantes remarquables méritent d’être répandues dans les jardins de botanique et dans la plupart des serres d’amateur, il ne me semble pas inutile de rap- peler ici le mode de multiplication qu’on emploie à l’é- gard d’autres végétaux de la meme famille, soit dans les îles de l’Afrique australe, soit dans celles de la Polynésie.

Le Ceratozamia et le Dion^ comme tous les arbres de la famille des Cycadées, semblent devoir se multiplier de boutures avec une extrême facilité. Ce mode de multipli- cation, indiqué depuis longlempspar Rumphius, Rheed.etc. , semblerait douteux, s’il n’était confirmé par des savants, tels que Dupetit-Thouars, Robert Brown, Gaudichaud,etc. Cependant on s’explique assez facilement cette propaga- tion, en se rappelant que les Cycadées offrent de larges rayons ou espaces cellulaires, aux dépens desquels s’orga- nisent les bourgeons adventifs, ainsi que l’ont fait observer les botanistes que je viens de citer, et en particulier M. Gaudichaud, dont je reproduis ici les observations :

Ce siwml {Voyage de V Uranie et la Physicienne pendant les années 1817 a l 820, publié en 1 826) rapporte que dans l’archipel des Mariannes les Cycas circinahs sont employés 'a former des clôtures de jardins. On apporte à cet effet, de la montagne, de grands individus qu’on coupe près de leur base, qu’on enfonce de 0»^,12 a 0^^,I5 en terre, ils produisent rapidement de nouvelles racines. «Ce ne fut pas sans le plus vif étonnement, dit M. Gaudichaud, que j’appris que non-seulement le tronc ou une partie du tronc de cet arbre chargé de feuilles, mais encore des ron- delles, de simples fragments, des copeaux de ce tronc, étaient susceptibles de végéter et de donner naissance a de nouveaux êtres. Il n’est même pas nécessaire, d’après D. Luis, l’indigène le plus instruit de l’archipel des Mariannes, d’enterrer ces boutures ; mille fois il les a vues simplement disséminées 'a la surface de la terre, produire le même phénomène, tant la force végétative de cette plante est surprenante, tant surtout l’influence de cet heureux cli- mat est favorable a la végétation.

Ces faits ayant été signalés a M. Neumann par une per- sonne qui avait exploré la patrie des Cycas qui appartient

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aux Cycadées et non aux Palmiers [Journal de la société agronomique pratique, 1850, p. 556), cet horticulteur ré- péta les expériences, et les résultats obtenus dans les serres du Muséum vinrent confirmer les indications décrites plus haut. On trouvera, du reste, dans les Notions sur Part de faire des boutures^ par M. Neumann (page 45), une figure qui indique la manière de diviser et de disposer les quar- tiers ou fragments de Cycas par le procédé que nous a fait connaître M. Gaudichaud en 1826.

Cependant ces moyens de multiplication des Cycadéesne seraient peut-être pas applicables dans nos cultures euro- péennes qui possèdent, a Taide des graines qu’on expédie facilement, des moyens de multiplication qui suffisent aux besoins du commerce. F. Herincq.

Note sur quelques variétés de Cereus.

Depuis 4 821, plusieurs amateurs et cultivateurs ont semé des Cactées, et notamment le Cereus speciosissimus^ un des plus beaux et des plus riches en couleur de cette famille. Ce qu’il y a de remarquable dans ces divers semis, du moins dans ceux que j’ai pu voir, c’est que, jusqu’ici, aucune semence n’a rendu identiquement son espèce; elles ont toutes produit des individus a tiges variables, soit apla- ties, soit triangulaires, et toujours à épines beaucoup moins longues ou presque inermes; dans trois ou quatre semis que j’ai été a même d’observer, il est quelques indivi- dus identiques avec une plante reçue d’Angleterre sous le nom de Cereus Smilhii Peiffer, C, Mallisoni Hortül., sans que les plantes eussent été fécondées par d’autres es- pèces; les fleurs de la plante venue d’Angleterre sont d’un rouge uniforme; un autre individu obtenu au domaine du Raincy, a présenté des fleurs plus roses, avec des reflets violets ou gorge de pigeon sur le bord des pétales ; enfin, M. Quillardet, jardinier-fleuriste, rue du Buisson-Saint- Louis, en a obtenu une variété dont nous allons donner une courte description, ainsi que de quelques autres qui sont également nées dans ses semis du C, speciosissimus.

Cierge de Smith à fleurs roses {Cereus Smithii, var. ro- seus). Tiges peu rameuses, d’un vert foncé, à quatre a cinq angles très saillants; fleurs a tube d’un blanc verdâtre, écailles extérieures du tube aiguës, laineuses a la base ; pé- tales assez nombreux, d’un beau rose uniforme; filets des

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étamines légèrement rosés, style de même couleur, un peu foncé au sommet; la longueur de la fleur est d’environ La première floraison de celte plante a eu lieu le 7 juin 1846. C’est une très jolie variété, que M. Quillardet ne pourra livrer au commerce que l’an prochain.

Cierge à tiges variables, var. superbe {Cereus hetero- cladus, var. superbus). Tiges dressées, presque toutes triangulaires, rarement aplaties, sans épines ; fleurs un peu plus petites que dans le C. speciosisshnus ^ de la même couleur, avec reflet violet intense très remarquable, bien ouvertes, arrondies, pétales larges, obtus et denticulés au sommet. Très belle plante par la forme et la couleur de ses fleurs. floraison en juin ^846. (N° 7 de M. Quillardet.)

Cierge à tiges variables^ var. brillante (Cereus hetero- cladus, var. splendens). Tiges assez semblables a celles de la précédente ; fleurs plus petites, d’un beau rouge, avec reflets gorge de pigeon, formant bien le godet; pétales larges et bien étoffés, denticulés au sommet; filets des étamines vio- lacés a la base, blancs au sommet; style violacé dans toute sa longueur; stigmate blanc. Jolie plante. Même floraison que la précédente. 5.)

Cierge à tiges variables, var. cerise foncé (Cereus hete- rocladus, var. erijlhrœus. Tiges dressées, a trois angles très saillants; fleurs d’un rouge foncé très brillant. Mêmes ori- gine et floraison que les précédentes. (N® 4.)

Cierge de Quillardet à fleurs roses (Cereus Quillardetii roseus). 11 a beaucoup de rapports avec le Cereus Quil- lardelii par son port et la forme de ses tiges, mais les fleurs sont roses, couleur encore presque unique dans les variétés ou hybrides obtenues jusqu’ici. (N° 4 .)

Cierge ailé, var. Maria-Quillardet (Cereus alatus). Cette variété a les tiges plus dressées, plus élevées que dans le C. alatus, sans aucune épine; fleurs longues d’environ 0”^,12, d’un rose foncé teinté d’aurore; filets des étamines légèrement rosés ; anthères blanches; style de même cou- leur que les filets, un peu plus long; stigmate blanc à sept divisions. Très jolie et élégante plante. (N® 5.)

M. Quillardet peut, dès ce moment, livrer les cinq der- nières variétés au commerce. Jacques.

Note sur VErythrina crista-galli, var. : VersicolorK

M. Bélangé, l’habile directeur des cultures deM. Porae-

(1) Hort, Unh.y série, tom. I.

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rel, à Charonne, s’occupe depuis longtemps de la culture et de la multiplication de l'Frÿlhrina crisla-galli. En 4 845, il récolta quelques graines, qu’il sema au printemps de 1 844. Parmi ces jeunes semis, un pied différait sensible- ment des autres par son feuillage, et fut du nombre de ceux qui fleurirent a Pautomne de la même année.

M. Bélangé donna tous les soins convenables à cette plante pour la faire fleurir, et il attendit l’année suivante pour s’assurer de la constance de cette première floraison, qui se renouvela, en effet, et présenta les mêmes caractères particuliers qiPelle avait montrés la première année ; elle a continué jusqu’à ce jour 'a reproduire une variété con- stante, qui ne s’était pas encore rencontrée dans les semis de VErythrina crista-galli.

Cette variété forme des arbustes vigoureux, hauts de 4 à 2 mètres, à rameaux alternes, verts et épineux; les feuil- les sont ovales arrondies, d’un vert glauque sur les deux faces, écliancrées profondément aux deux extrémités; fleurs grandes à étendard d’abord d’un blanc jaunâtre mêlé de rouge, liseré ou strié de carmin vif, et passant insensi- blement au carmin foncé; la carène est cunéiforme, d’un rouge pâle ; étamines verdâtres ; calice globuleux, safrané et scarieux sur le bord.

Cette belle variété, qui fleurit ordinairement en août, a Sonné des fleurs nombreuses en mars dernier; M. Bélangé m’a montré ces fleurs qui avaient été produites par de jeunes pieds provenant de boutures faites en août 4 845. 11 est probable maintenant que toutes les multiplications que l’on fera de cette plante dans cette saison produiront des fleurs au printemps prochain, lorsqu’elles seront cultivées en serre chaude. Il en est de même pour un grand nom- bre d’arbres qu’on multiplie par celte voie, et qui pro- duisent des fleurs aussitôt que les boutures sont enracinées.

Le Muséum a eu pendant plus de 60 ans deux forts Ery- thrina crista-galli^ plantés dans des caisses de 0'^\80 de diamètre ; leurs liges avaient de 5 à 4 mètres de haut sur un diamètre proportionné. Ils poussaient avec assez de vigueur pendant l’été, mais ils ne fleurissaient que dans les années chaudes, et encore les fleurs étaient-elles peu nom- breuses. Ces arbres avaient été élevés de semis, et se culti- vaient pendant l’hiver en serre chaude, d’oii on les sortait à la fin de mai pour les placer à bonne exposition au midi, puis on les rentrait à la fin de septembre. Ce ne fut qu’en

REVUE HORTICOLE.

US

^821 ou 1822 qu’on en remarqua, pour la première fois, de jolies touffes herbacées et en fleurs dans la galerie du beau jardin de M. Bourseault. C’est a dater de cette époque seulement que cet arbre magnifique est passé dans le do- maine de rhorlicullure, et qu’à l’aide de boutures de jeunes branches, on obtient l’année suivante une plante encore herbacée, donnant de belles fleurs d’un rouge cramoisi, dont les tiges coupées chaque année pendant l’hiver pro- duisent au printemps suivant de nouvelles branches pres- que toutes florales. Par ce procédé de culture, on en forme un arbre nain, qu’on arrache de la pleine terre avant l’hi- ver, et qu’on rentre, comme cela se fait pour les dahlias; seulement il est nécessaire, pour les conserver, de leur ac- corder un peu plus de chaleur que pour ces derniers ; il faut surtout préserver ces souches de l’humidité. Mais, pour en revenir à la variété Erythrina qui nous occupe, je crois devoir bien faire remarquer que c’est la première fois qu’on a observé dans les semis de cette plante une va- riété aussi tranchée sans le secours de l’art, c’est-à-dire sans fécondation artilicielle. La fécondation s’est opérée d’elle- même ici, au milieu de plantes homogènes, car on ne trouvait dans le jardin que le type de VEryihrina crista- galli. Pépin.

Sur la température exceptionnelle de Vhiver de 1846, et son influence sur la floraison desvégétaux^

L’intérêt qui s’attache aujourd’hui à toutes les branches de la physiologie végétale m’encourage à publier quelques remarques sur l’hiver exceptionnellement doux que nous venons de traverser. L’influence qu’il a exercée sur la vé- gétation de Paris et de ses environs a été des plus remar- quables, et il est, je crois, intéressant d’en conserver quel- ques traces comme point de comparaison futur avec les hivers analogues qui reparaîtront dans la suite à des inter- valles plus ou moins éloignés. En effet, le nombre des vé- gétaux fleuris à uue certaine époque de l’année est néces- sairement dans un rapport constant avec la température, la quantité de pluie et la sérénité du ciel pendant la période qui s’est écoulée depuis le premier réveil de la végétation. Il serait sans doute plus important encore de connaître la somme de chaleur nécessaire à cliaque plante pour amener l’épanouissement de ses fleurs; car nous ne possédons sur

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149

ce sujet que les précieuses indications dues a Adanson, Cotte, Linné, Réaumur, MM. Boussingault, Quetelet et de Gasparin. Mais on peut considérer ce problème sous un autre point de vue. On peut se demander quel rapport il y a entre la constitution météorologique de T hiver. Cette recherche deviendra très intéressante si on la renouvelle chaque an- née dans un lieu déterminé, tel que l’école de botanique du Jardin des Plantes de Paris. Elle jettera du jour sur plu- sieurs questions de météorologie historique, et en particu- lier sur celle des changements de climat. Tout ce que Ton a dit à ce sujet repose sur deux arguments : les variations constatées dans la limite latitudinale des cultures et celles qu’on a cru apercevoir dans l’époque moyenne de la flo- raison de certains végétaux. Un travail du genre de celui que je soumets a l’appréciation des botanistes est propre à élucider ces deux questions.

La moyenne générale des trois mois qui forment l’hiver météorologique (décembre, janvier et février) déduite de quarante années d’observations (1807 a 1846) faites a l’Ob- servatoire de Paris est de 5^,22. En 1846, elle a été de 5^,80. Ne nous hâtons pas toutefois d’affirmer, a Uexem- ple des gens du monde, que de mémoire d’homme on n’a eu d’hiver aussi chaud. Les chiffres nous donneraient immédiatement un démenti, car les températures moyennes des hivers de 1822, 4 828 et 1854 ont été de 5^ç99, 6o.00 et 60,50.

Si nous examinons les mois en particulier, nous trouvons que chacun d’eux a eu une moyenne plus élevée que la moyenne générale du mois de même nom; elles sont ré- sumées dans le petit tableau suivant."'

Température moi(enne des mois hiver à Paris,

MOIS.

MOYENNE

GÉNÉRALE.

MOYENNE

DE 1846.

DIFFÉRENCE,

Décembre ....

3M6

1°15

Janvier

1,97

5,2

3,23

Février

4,22

6,6

2,38

Celte distribution de la chaleur a clé extrêmement favo-

'ISO

REVUE HORTICOLE.

râble pour bâter le réveil de la végétation. C’est en décem- bre que la différence entre la température moyenne géné- rale et celle de 1845 est la plus faible ; en janvier 4 846, elle s’est élevée à 5°, 25. La sève a commencé a monter dans les tiges d’un grand nombre de végétaux printaniers. Si la température de février était redescendue a la moyenne ou au-dessous, ces plantes seraient retombées dans leur sommeil hivernal , mais elle s’est maintenue à 2°, 58 au- dessus de la moyenne générale , différence considérable, puisqu’elle porte sur un nombre qui résume la tempéra- ture d’un mois tout entier. Afin de montrer combien cette différence doit être efficace pour activer la végétation, nu exemple suffira. Paris a des hivers assez froids et une vé- gétation boréale ; Pau et Toulouse, des hivers fort doux et Hne végétation méridionale. Eh bien ! la différence enire la moyenne hivernale de Paris et de Toulouse est seule- ment de i'',5 : entre Paris et Pau, elle n’est que de 2°, 65. On voit donc que quelques degrés de différence dans les moyennes hivernales correspondent a des climats et à des Flores très dissemblables.

La connaissance de la moyenne ne suffit pas pour ap- précier convenablement l’influence d’une saison sur la végétation; il faut encore avoir une mesure exacte du froid et de la chaleur. Cette mesure nous est donnée par les et les mimma moyens, c’est-a-dire par la moyenne des plus hautes températures diurnes et celle des plus basses.

Les maxima et les minima moyens déduits de quarante années d’observations sont les suivants :

Tableau des maxima et des minima moyens déduits de 40 an^ nées d* observations ^ et de ceux de décembre 1845, janvier et février 1846.

1

i

j MOIS.

MAXIMUM

MINIMUM

différences

MOYEN

rlcduit de 40 ans

moyen

de

1846.

MOYEN

déduit de 40 ans.

MOYEN

de

1846.

des , maxima

des

minima.

Décembre . . .

5®38

7^*8

1“60

3°3

2“42

1®70

Janvier ....

3,95

7,3

-0,17

3,0

3,35

3,17

Février ....

6,96

9,6

1,37

3,6

2,64

2,23

Hiver

5,43

8,23

0,93

3,30

2,80

2,37

REVUE HORTICOLE.

Ce tableau montre que Télévationde la moyenne en 1846 dépend à la fois de ce que les chaleurs ont été pins fortes et les froids moins intenses qu’à l’ordinaire. Néanmoins les chaleurs, comme le montrent les différences consignées dans le tableau précédent, ont eu encore plus départ à l’élévation de cette moyenne que le moindre abaissement du thermomètre. Cette circonstance a favorisé singulière- ment la végétation, d’autant plus que le thermomètre ne s’est jamais abaissé beaucoup au-dessous de zéro. Dans l’hiver de \ 846 la somme du froid ne résulte pas d’un petit nombre de jours le thermomètre est descendu à 40 ou 15’ au-dessous du point de congélation, mais elle se trouve répartie sur un assez grand nombre de jours pen- dant lesquels le froid a été nul pendant le jour et modéré pendant la nuit. Ainsi, pendant vingt-quatre jours, le mer- cure est descendu au-dessous de zéro, mais il n’a jamais dépassé *.

Ces froids nocturnes ont eu un résultat utile en modé- rant l’élan de la végétation. Ils ont arrêté l’épanouissement des bourgeons prêts à s’entr’ouvrir, et sauvé un grand nom- bre de plantes des effets désastreux des gelées printa- nières qui ont succédé à ces périodes de chaleur trop hâ- tives.

Des pluies assez abondantes sont venues en aide à la chaleur, principalement dans le mois de janvier, il est tombé soixante-dix millimètres d’eau. Dans celui de fé- vrier la terre n’en a reçu que quinze millimètres, et celte sécheresse a favorisé la floraison d’un grand nombre de plantes.

On voit que tout conspirait pour que les végétaux prin- taniers se couvrissent de fleurs bien avant l’époque moyenne de leur floraison. Aussi, dès le 48 février je trou- vai dans le Jardin du Roi les végétaux suivants portant des fleurs bien épanouies ; c’étaient : Helleborus fœtidus, Kerria japonica^ Populus italica, Cornus mas^ et Daphné Mezereum. Cette numération est assurément incom- plète, car je me bornai à un examen rapide; mais elle donne une idée de la précocité de la végétation. A la

(1) Sous le point de vue du nombre des jours de gelée, dont la moyenne generale est de 36, il y a eu, depuis 1807 seulement, dix années ce nombre a été encore moins considérable que dans Thiver précédent. Ces années sont : 1807, 1809, 1815, 1817, 1822, 1824,, 1825, 1828, 1831 et 1834. ^

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^52

même date les Lilas avaient des boutons, et les' Rosiers, les Saules pleureurs et le Lijcium barbarum étaient cou- verts de jeunes feuilles. Le 25 février TOrme portait des fruits, l’Amandier et l’Abricotier en espalier étaient cou- verts de fleurs et les Lilas avaient des thyrses de deux centimètres accompagnés de feuilles d’un centimètre de longueur.

Le 28 février, le Marronnier [Æsculus Hippocasianum) des Tuileries, I connu sous le nom de Marronnier du 20 mars, parce que c’est flépoque à laquelle il ouvre ses bourgeons bien avant les autres marronniers du Jardin S portait a ses branches inférieures un grand nombre de bourgeons complètement épanouis, et dont les feuilles avaient jusqu’à cinq centimètres de largeur.

Au Jardin des Plantes, dans Pécole de botanique que M. Ad. Brongniart a si notablement étendue et enrichie depuis quelques années, je parcourus toutes les plates- bandes, et j’y trouvai en fleurs les végétaux suivants :

DICOTYLEDONES.

Ramnculus garganicus Ten., Anemone Hakelii Pohl., Ficaria ranunculoides Mœnch., Ilelleborus fœtidus L., Eepatica triloba DG., Mahonia aquifolium Nultal., Leon- tice odessana Fisch., Magnolia Yulan Desf., Cheiran- ihus scoparius C. Cheirih,^ Arahis alpina L.,

Alyssum saxaiile L., Cochlearia officinalis L., Aubrietia deltoidea DG., Brassica chinensis L., Fumaria fabacea Pers., Viola iricolor L., Acer platanoides L., Amxjgdalus communis \j., Cxjdonia japonica ?ers., Prunus spinosa L., P. myrobolana L., P. nigra Ait., P. nepalensis Wallich, Kerria japonica DG., Spirœa acutifolia Willd., Vlex europœusL.X^^'^'^'^^ L., Anthriscus sxjlvestris Hoffm., Hacquetia Epipactis DG., Saxifraga crassifolia L., Tussilago Petasites Hop., T. hybrida L., Bellis pe~ rennis L., Vinca miner Pulmonaria minor DG., P. anguslifolia L., Cynoglossum Omphalodes L., Primula verts L., P. villosa iiicq.y Soldanella alpina L., Lamium amplexicauleh., Veronica ceratocarpa Me]ev, V, Bux~ baumii Ten., Ihjosciamus Scopolia L., Daphné Mezereum

(l) Voir De Candolle, Physiologie œégélale, t. Il, p, 4SI, et Sou- venirs d'un inconnu, dans les Mémoires de Constant, t. Yî,p. 222.

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L.iEuphorbia Characias L., Andromeda crispall?,^ A, polifolia L., A. cahjculata L. , Erica herbacea Liniî., Rhododendron dauricum L,^Populus ontariensis H. P., P. candicans UK., Salix probcox Willd., S, Lambertiana Sm., S. Caprœa L., Alnus incana DC., A. ohcordaia Meyer, Taxus baccaia L.

MoNOCOT YL EDONES .

Narcissus pseudo-narcissus L,, N, minor h,, Crocus luieusVxeà.^ C, pusillusle\^,, C, 6i/?orws Red., C, versi- co/or Red., C. vernus k\\. Erythronium dens-canis Ornithogalum fimbriatitm Marsch., Scüla bifolia S. sibirica Andr., Muscari racemosum Mill.

Si l’on jette un coup d’œil sur celle liste, on remarque qu’elle se compose en majorité des plantes hâtives de nos climats qui sont moyennement en fleur à la fin de mars ou au commencement d’avril , puis on y trouve quelques plantes alpines, un petit nombre provenant de l’Amérique du Nord et du Japon, et enfin plusieurs espèces de la Crimée et de l’Europe orientale, plantes qui fleurissent très vite h la suite de l’hiver. On sait, en effet, que c’est au premier printemps que les steppes sont couvertes de fleurs hâtives dont la durée est fort courte. Le botaniste qui arrive en été ne trouve plus qu’un sol couvert de tiges flétries. M. Leveülé en a fait la cruelle expérience dans son voyage en Crimée.

Il eût été curieux de parcourir, à la fin de février, les environs de Paris et de dresser une petite liste des plantes fleuries à cette époque. Diverses circonstances m’empê- chèrent de réaliser ce projet; mais, le 20 mars, je me rendis â Fontainebleau.

La température moyenne, le maximum et le minimum moyen des vingt premiers jours du mois de mars J84G avaient été supérieure aux moyennes générales conclues de vingt et une années d’observations. Néanmoins, ces différences sont loin d’être aussi fortes que dans les mois de janvier et de février. Le minimum moyen en particu- lier a été de 0^,12 seulement plus élevé qu’il ne l’est habi- tuellement. Le thermomètre s’approcha souvent de zéro, et il en résulta un arrêt dans la végétation dont tout le monde fut frappé. Eu outre, le ciel fut ordinairement cou-

Î54

REVUE HORTICOLE.

vert, il tomba 55 millim. d’eau. Le tableau suivant ren- ferme les températures moyennes des vingt premiers jours de mars ^846, comparées à celles des vingt et une années qui Tout précédé.

Température moiienne des vingt premiers jours de mars.

DE

1826-1846.

DE 1846.

DIFFÉRENCE.

Moyennes. ....

6®19

7®9

1®71

Maxima moyens. .

. 9,67

11,6

1,93

Minima moyens. .

3,02

4,2

0,18

Fontainebleau est à 28 minutes latitudinales (62 kilo- mètres) au sud de l’Observatoire de Paris; mais cette dif- férence n’amène pas un changement notable dans la tem- pérature moyenne de l’hiver. En effet, la ville de Toulouse est a 4 4 au sud de Paris, et a peu près sous le même méridien que Fontainebleau et la capitale. La différence entre les moyennes de Phiver de Paris et de Toulouse est de 4®, 55*; par conséquent, la différence entre Paris et Fontainebleau sera de 0®,4 4 seulement : aussi, la végéta- tion plus méridionale de Fontaineblaeu^ est-elle due beau- coup plus a la nature du sol, uniquement formé de grès, de sable et de calcaire d’eau douce, au relief du terrain qui multiplie les abris et reflète la chaleur, qu’a sa lati- tude plus méridionale. Ajoutons que la plus grande éléva- tion des points culminants de la forêt au-dessus de la mer compense, et au delà, la distance latiludinale qui sépare Fontainebleau de Paris. J’ai herborisé autour de Fontaine- bleau dans les journées du 20, du 21 et du 22 mars. Les lieux que j’ai parcourus sont la gorge de Franchard, la vallée de la Sole, les rochers d’Avon, le Champ de ma- nomvre, la route de Melun et les bords de la Seine près de Valvins. Voici lalisle des plantes que j’ai trouvées en fleurs dans ces différentes localités. J’y ai compris toutes celles

(1) Yoiv Patrla ou la France ancienne et moderne^ Météorologie,, ]). 234 et 257.

(2) Voir ihïd.^ Gt'*ograpliie botanique, p. 432.

REVUE HORTICOLE. “155

dont la corolle était assez épanouie pour laisser voiries étamines, quel que fût le nombre des individus fleuris.

végétaux en fleur autour de Fontainebleau, du 20 au 22 mars 1846.

Anemone nemorosa L., Ranunculus bulbosus L., Fi- caria ranunculoides Mœnch., Helleborus fœtidus L., Draba verna L., Capsella bursa pastoris Mœnch., Chei- ranihus Cheiri L., Teesdalia nudicaulis R. Br., Alyssum calycinum L.,\Viola canina L., Polygala vulgaris L., Cerastium semidecandrum Sm. , Erodium cicutarinm L’Hérit., Sarothamnus scoparius\\mm.^ Prunus spinosa L., Potentilla verna L., Senecio vulgaris l,., Primula veris L., Veronica officinalis L., Linaria cymhalaria L., Palmonaria angustifolia L., Lamium album L., £. am- plexicaule L., Glechoma hederacea L., Euphorbia syU vatica, L., Mercurialis perennis L., Rumex Acciosella L., Beiula albaL.^ Salix Caprœa L., Juniperus corn- munis L., Lumla pilosa Willd,, Carex ghiuca Scop.^, Chamagrostis minima Borkh.

Ces espèces sont au nombre de vingt-deux, toutes prin- tanières; mais la plupart sont bien rarement en fleur au milieu de mars. Cependant peu à peu cet élan de la végé- tation s’est ralenti sous l’influence d’une température habituellement froide et pluvieuse. Aussi, au commence- ment de mai le nombre des plantes fleuries ne paraissait- il guère plus grand que dans les années ordinaires.

Ch. Martins,

Professeur agrégé à TÉcole de médecine >

Note sur la gelée qui a sévi sur les arbres fruitiers à noyaux.

Les petites gelées et les vents froids survenus à la fin d’a- vril ont nui considérablement a beaucoup de végétaux, et particulièrement aux arbres fruitiers à noyaux, tels que pruniers, pêchers, abricotiers. Les mois d’hiver ayant été très doux, la végétation s’en était ressentie, et la sève ascen- dante, en se portant dans toutes les parties de ces arbres, avait fait espérer une année très précoce, tandis que les changements de température leur ont porté au contraire un grand préjudice.

REVtE nOllTlCOLE.

^5G

Pendant le mois de mai, on voyait en «ffet, dans ions les jardins, les pruniers, qui jusque-là avaient offert une belle apparence, présenter des feuilles roulées et pour ainsi dire brûlées; les pêchers en plein vent étaient dans le meme état, et la plupart des espaliers se sont aussi trouvés atteints en deux jours dans beaucoup de localités : on aurait dit que le feu y avait passé. Les feuilles de ces arbres ont été ensuite couvertes d’insectes et de pucerons, et beaucoup sont tombées, malgré les soins qui leur ont été données ; ainsi les seringuages d’infusion de tabac, les fumiga- tions, etc., n’ont pu les préserver des insectes. Ces arbres ont perdu, par suite, un grand nombre de branches et de brindilles, au point de nécessiter le rabattage ou la taille sur les grosses branches pour obtenir de nouveaux rameaux. D’une récolte qui paraissait au premier abord si abon- dante, il ne reste aujourd’hui que très peu de fruits. Le mal estsiirtout considérable par l’épuisement oùse trouvent ces arbres.

Le joli espalier de pêchers palissés le long du mur qui borde le chemin de fer d’Orléans, depuis l’embarcadère de Paris jusqu’au boulevart de la Gare, si habilement dirigés par M. Alexis Lepère, n’a pu être soustrait à ces intempé- ries ; on connait l’art avec lequel ce praticien cultive cet arbre, et, malgré tous les soins qu’il leur a donnés, ils n’ont pu être préservés. C’est une année perdue, mais c’est sur- tout la perte des rameaux, si utiles à la conservation de la forme du pêcher, qu’on doit regretter; il faudra nécessaire- ment en tailler beaucoup sur les jeunes bourgeons qui vont se développer, et les plaies, trop multipliées dans cette saison, sont toujours nuisibles à la santé et a la direction du pêcher.

J’ai remarqué aussi que beaucoup d’arbres et arbustes, autres que les espèces précitées, avaient subi l’influence de ces alternatives de température, les Noyers cl* Amérique^ Juglans nigra, alba^ cinereà^ olivœformis ; Acer creti- cum, monspessulanum ^ Opalus^ neapolitanum^ macrc- phyllum; Prunus chicasaw^ pumila, chamœcerasus ; Be- tuia pumila^ nana^ ainsi que beaucoup d’autres, avaient perdu plus de la moitié de leurs branches après avoir déjà émis de jeunes bourgeons, que d’autres sont morts jus- qu’aux racines. Les grands coups de vent que nous avons eu dans la journée du lundi t8 mai ont été aussi fort nuisibles à une partie de ces arbres.

REVUE HORTICOLE.

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Parmi les arbres forestiers, il en est qui ont aussi cruel- lement souffert: ainsi, la plupart des elienes dans les bois des environs de Paris, et en particulier ceux de Vincennes, sont entièrement dépouillés de leurs feuilles, soit par les froids, soit surlout par les insectes qui sont venus compléter le dégât. Actuellement encore (10 juillet), les chênes des coteaux de Lardy, d’ïtteville, etc., sont, sans exception, et complètement dépourvus de feuilles, et présentent un aspect hivernal qui contraste singulièrement, d’après ce que nous dit M. Decaisne, avec la végétation vigoureuse des bouleaux et des châtaigniers qui les environnent. Pépin.

Manuel général des plantes,, arbres et arbrisseaux^ ou

Flore des jardins, par M. Jacques, jardinier en chef

du domaine royal de Neuilly,

Sous ce titre, viennent de paraître les cinq premières livraisons d’un ouvrage que son auteur destine à tous ceux qui s’occupent d’horticulture. Leur faire connaître les plantes, tant indigènes qu’exotiques, qui, a notre époque, trouvent place dans les jardins, les guider dans l’art de les cultiver, et leur signaler les avantages que ces plantes peu- vent offrir pour les jardins d’agrément ou la culture ma- raîchère, tel est le but que s’est proposé le praticien qui entreprend cette rude tâche.

L’idée de décrire les plantes des jardins sous le point de vue horticole n’est pas nouvelle. Sans parler du volumi- neux ouvrage de Miller, trop ancien pour être aujourd’hui d’une grande utilité, ou du Traité des arbres fruitiers de Duhamel, qui n’embrasse qu’une partie restreinte du jar- dinage, nous avons vu paraître sur la fin du siècle dernier le Dictionnaire encyclopédique publié sous la direction de Lamarck, qui aurait pu rendre de véritables services à l’horticulture, si malheureusement la forme de cet ouvrage n’était pas plutôt scientifique que pratique. On en était là, lorsqu’en 1 802 parut le Botaniste- Cultivateur, de Dumont de Courset, recueil fort étendu, se trouvent décrites, d’aprèsla méthode de Jussieu, plus de 12,000 plantes, c’est- à-dire à peu près toutes celles que l’on connaissait à cette époque.

Sept ans plus tard parut la Flore jardirnère, par Bastien, auteur d’une Maison rustique et d’un Calendrier du jar- dinier.

REVUE HORTICOLE.

^58

A une époque qui ne remonte guère a plus de vingt ans, nous eûmes le Manuel complet du jardinier^ par M. Noi- sette. Beaucoup déplantés nouvelles y étaient décrites avec soin ainsi que les principales améliorations introduites dans le jardinage.

Nous citerons encore VHisioire naturelle des végétaux phanérogames de M. Spach, ouvrage 'a la fois scientifique et pratique, rempli d’intérêt pour l’horticulteur. La publi- cation, commencée en 1854, vient de se terminer par le treizième volume. Vers le même temps, l’Angleterre voyait paraître l’immense ouvrage de Charles Loudon, un des plus savants traités de culture qui aient jamais été écrits.

Nous n’avions donc en France rien de plus complet que les ouvrages de Dumont de Courset et de Noisette. Il y avait l'a une lacune 'a remplir; elle le sera, nous l’espérons, grâce à l’habile jardinier de Neuilly, qui a eu le courage de l’en- treprendre, et 'a l’active coopération de M. Herincq, élève de MM. Ad. Brongniart et Decaisne, aide de botanique au Muséum de Paris.

Commençons par lui rendre justice pour les bonnes qua- lités qui distinguent son travail. Sans décider si la méthode de De Candolle, qu’il a adoptée, était la meilleure 'a suivre, nous le féliciterons de la marche générale de son livre, qui offre une grande clarté. Sa longue pratique du jardinage nous est un sûr garant de la bonté des principes de culture qu’il donne 'a la fin de chaque genre, et nous croyons que ceci, en particulier, contribuera pour beaucoup au succès de son Manuel.

Le Manuel général des plantes doit contenir, assure- t-on, au moins 15,000 espèces de plus que l’ouvrage de , Dumont de Courset. C’est beaucoup, surtout si on réfléchit que le Jardin des Plantes de Paris, en y joignant ses serres si riches, n’en cultive guère plus de 12 'a 1 5,000. Mais toutes ces espèces nouvelles sont-elles réellement bien intéres- santes au point de vue de l’horticulture? C’est ce dont il est permis de douter. L’auteur n’a, à coup sûr, pas eu la pré- tention de faire une Flore générale de toutes les espèces connues; il a voulu écrire pour les horticulteurs, et pour rester fidèle au titre de son livre, il aurait dû, je crois, se borner 'a décrire les espèces qui sont réellement cultivées dans les jardins, soit 'a titre de plan tes d’ornement, soit 'a titre de plantes utiles. Malheureusement il se laisse trop emporter à son désir de calquer l’ouvrage de De Candolle : aussi

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voyons-nous flgurer dans le sien une multitude de plantes de la dernière vulgarité. Il nous semble qu’en réduisant le nombre de ses espèces 'a celles qui entrent pour quelque chose dans rornemen talion des parterres, ou qui ont quelque but d’utilité, il eût pu, sans grossir le volume de son livre, donner plus de détails 'a d’autres espèces méritantes, comme aussi s’étendre davantage sur la caractéristique des fa- milles, qui laisse souvent a désirer.

Une critique aussi juste que bienveillante* a déjà relevé i des inexactitudes dans la nomenclature d’un petit nombre d’espèces: c’est la un défaut sans doute, mais un défauÉ bien pardonnable à qui entreprend un travail de botanique descriptive. Mais il est un autre reproche plus grave qu’oa lui a fait, et auquel nous nous associons pleinement : c’est le peu de détails, je dirai presque la négligence avec laquelle i ont été traités certains genres de plantes dont les nom- || breuses variétés forment cependant une des principales ri- [ chesses de l’horticulture moderne. Les OEillets et les Pen-

I sées, par exemple, sont dans ce cas. Au lieu de décrire un

II si grand nombre d’espèces dépourvues d’intérêt pour l’a- I maleur, n’eût-il pas mieux vahi insister davantage sur les

I nombreuses et si belles variétés de quelques-unes dont la i culture est devenue une spécialité pour plusieurs horticul- I leurs? Ce que nous disons ici s’applique a plus forte raison 1 aux Camellias que M. Jacques traite comme s’il parlait de j| plantes vulgaires, et dont il ne cite même pas les principales variétés, malgré leur extrême importance en horticulture.

Quoi qu’il en soit de ces imperfections, nous ne pouvons ! que regarder l’ouvrage de M. Jacques comme devant rendre il un véritable service à l’horticulture , l’engager à en hâter l’entière publication, et lui souhaiter tout le succès que mérite une entreprise qui demande tant de persévérance.

Naüdin.

Société d'horticulture de Valognes.

Nous recevons de M. Othon, vice-secrétaire de la société i horticole de Valognes, le résultat de l’exposition horticole de cette société, qui a eu lieu les 1 9, 20 et 21 juin dernier.

A peine cette Société fut-elle créée, qu’elle organisa sa première exposition au mois de septembre 1845, et qu’on

(1) Voir X Horticulteur universciy iédigé par M. Gérard, II® série,

t. r, 7.

REVUE ÎIORTICOLE.

i60

put y apprécier le zèle et rempresseineut des amis de Thor- liciilture du département. La seconde exposition, qui vient d’avoir lieu, assure l’avenir de la société. On a vu avec plai- sir plusieurs horticulteurs étrangers venir prendre part à ce concours; nous rappellerons seulement ici le nom des lauréats auxquels les médailles ont été distribuées.

Médaille d’argent, pour l’introduction de la plante la plus rare et la plus méritante, décernée a M. Dupoeris, de Port- Bail, pour un pied de Gunnera scabra^ plante très nouvelle dans les cultures.

Une médaille de bronze a été obtenue par M. Malherbes, de Bayeux, pour sa collection de plantes variées.

Malgré la saison déjà avancée, et par conséquent défa- vorable, une médaille de bronze a été décernée au docteur Paul de Yarennes, pour une collection de Roses qui, d’a- près le programme, ne pouvait être moindre de vingt variétés.

M. Vignon, horticulteur a Valognes, a exposé plus de cent variétés nouvelles de Fuchsia, quinze au moins devaient être présentées pour prendre part au concours. Une médaille d’argent a été décernée à M. Yignon.

Deux médailles de bronze ont été accordées, à M. Du- poeris pour sa belle série de Pelargoniums, a madame Le- ledy pour sa nombreuse et brillante collection de Pen- sées.

Médaille d’argent au plus beau choix de plantes en fleurs, appartenant à des espèces et genres différents. Le prix a été accordé a M. Dupoeris, pour les plantes exotiques offrant la plus belle végétation, et cultivées dans ses ma- gniûques serres.

Une médaille de bronze a été décernée a M. Louis Claude, horticulteur, pour ses belles cultures.

Une médaille de bronze a été décernée a un habile fa- bricant de Caen, pour une riche et nombreuse collection de produits de poterie. M. Poupet a reçu une médaille de bronze pour les objets d’art, dits rustiques. Enfin la so- ciété a accordé six mentions honorables.

Aucun concurrent ne s’est présenté pour prendre part au concours ouvert pour la conservation des fruits.

La société a regretté que les produits maraîchers aient été peu représentés ; elle n’a donc pas cru devoir décerner le prix réservé a cette utile spécialité.

Pepjn.

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Caraguata lingulaia. Liindl. (ûg. 9) Caraguala linguiforme.

Plante épipbyte de la famille des Broméliacées, mais que Ton réussit a faire pousser dans la terre de bruyère un peu tourbeuse; feuilles linguiformes, aiguës , souvent dilatées I et renflées a leur base; fleurs blanches peu apparentes, disposées en épis simples, accompagnées de bractées rouges qui dépassent les fleurs; le périanthe est libre, a six di vis- sions, dont trois externes ou calicinales, linéaires, aiguës, dressées, égales entre elles, soudées seulement a leur base^ et trois internes pétaloïdes soudées dans toute leur étendue et plus grandes que les extérieures ; les étamines, au nombre de six, sont réunies dans l’intérieur du tube par la plus grande partie de leur filet; les anthères sagittées, dressées ; ovaire libre a trois loges contenant plusieurs ovules ascen- dants, disposés sur deux rangs et fixés a Fangle interne de chaque loge;style filiforme terminé par trois stigmates, courts, obtus et dressés; fruit capsulaire cartilagineux , oblong , s’ouvrant en trois valves qui se dédoublent quelquefois. Les graines sont nombreuses, recouvertes de petits poils I papilleux. Cette plante, originaire de la Guiane a élé envoyée par MM. Leprieur et Melinon au Muséum elle a fleuri pour la première fois en février ^ 846. L’éclat des bractées qui constituent l’épi doit faire placer cette plante h côté des Æchmea fulgens^ Guzmannia iricoîor de la même famille.

Les pieds qui existent au Muséum proviennent de semis faits il y a trois ans; ils réclament des soins minutieux pour prospérer: il faut placer les jeunes plantes dans un endroit extrêmement chaud et saturé d’humidité que l’on obtient en recouvrant le pot avec une lame de verre; lors- que les jeunes plantes ont développé trois a quatre feuilles, on les repique dans une terre neuve un peu tourbeuse, en les recouvrant encore et en les préservant de la mousse qui tend à les envahir. Neumann.

Sut une collection (TOEillets de fantaisie remontants.

M. Lacène, amateur lyonnais fort distingué, possède une collection de 50 a 55 variétés d’OEillets de fantaisie, à flo- raison perpétuelle. La culture et la beauté des fleurs de ces

Tome t, série. 9. 4^^ Août 1846.

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OEillels ont aüiré raltention de la Société d’horticulture pratique du Rhône. Une commission, nommée pour aller les visiter, vient de publier le rapport suivant :

« Cette magniûque collection, dit M. Charpy, rappor- teur, dont la parole ne peut reproduire la forme et les nuances si délicates, nous a offert une réunion de sujets remarquables par leur force de végétation et par l’innom- brable quantité de tiges florales. Les fleurs sont principa- lement a fonds blancs, souvent striés et plus ou moins chargés de feu, de carmin, de rose ; tantôt les pétales sont arrondis ou se terminent par une fine dentelure ; il en est quelques-uns dont les larges pétales, nuancés de brun, de rouge, de jaune et de pourpre, dominent sur les autres variétés. »♦

Ces belles variétés d’OEillets dits de fantaisie ont été ob- tenues depuis cinq ans par M. Dalmais, jardinier de M. La- cène, sur des semis faits avec des graines d’OEillet de cette section, auxquels il a donné les soins les plus assidus. Elles sont très précieuses pour leur floraison continuelle.

Un grand nombre de visiteurs les admiraient à la fin de l’automne dernier, et le 20 mars de cette année elles pré- sentaient déjà les formes les plus riches et le plus brillant coloris.

Pépin.

Note sur les Giroflées dites Quarantaines, deM.Lenormand.

Nous avons eu au printemps de celte année, de magni- fiques giroflées dites quarantaines ; celles a fleurs rouges surtout, étaient remarquables par la grosseur de leurs fleurs et la longueur de leurs rameaux : elles abondaient sur les marchés aux fleurs de la capitale qui en sont alimentés parles maraîchers. Ils en ont souvent deux et trois cents panneaux de châssis, et ils ont tellement l’habitude de la culture des Giroflées quarantaines^ que lorsque les semis ont atteint leur quatrième feuille, ils savent reconnaître avec certitude les pieds a fleurs simples de ceux à fleurs doubles. Cette di- vination^ qui s’appelle essimplery se transmet de race en race chez les enfants des maraîchers de Paris; mais M.Lenor- mand la possède au plus haut degré de perfection ; elle a jusqu’à ce jour passé pour un secret, tandis que c’est tout simplement le résultat d’observations faites chaque année «n suivant le développement de ces semis. On a remarqué,

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m effet, que les jeunes pieds a fleurs simples ont en général les feuilles plus étroites, pétiolées et plus allongées, lln’est pas rare de voir sous les châssis de M. Lenormand cent à cent cinquante mille giroflées en pots ; mais après Flii- ver il ne faut compter que sur la vente d’un tiers, tant est grand le nombre des plantes qui ne sont pas livrables.

La Giroflée quarantaine est une plante que l’on aime a voir dans son jardin a cause de la belle couleur de ses fleurs et de la bonne odeur qu’elles répandent; aussi il en est fait chaque année en province des envois considérables.

Pépin,

Notice sur la culture du Camellia.

^^ous extrayons du de M. Paxton, quelques

indications sur la culture du Camellia, que les lecteurs nous sauront sans doute gré de reproduire, sans entrer toutefois dans tous les développements auxquels se livre l’auteur.

Ce magniflque arbrisseau, dit l’habile horticulteur que nous venons de nommer, est si généralement cultivé au- jourd’hui par les amateurs de plantes exotiques, que je pourrais avoir quelques scrupules a ajouter quelque chose a ce que l’on sait déjà à son sujet, si je n’étais persuadé qu’on accueillera toujours favorablement les conseils qui tendront 'a rendre plus certain le succès de sa culture. Ce qui m’a amené à en parler ici, c’est la visite que j’ai faite il y a quelque temps a une serre, dont les bâches étaient presque entièrement occupées par des Camellias alors cou- verts de fleurs. Depuis celte visite, il ne m’est plus arrivé de rencontrer une collection de ces plantes qui fût dans un état vraiment satisfaisant. Quelques mots au sujet des Camellias en question et des circonstances dans lesquelles ils vivaient m’aideront â faire comprendre les observa- tions que j’ai a faire sur la culture de ces végétaux. La serre on les élevait, était tournée a l’ouest et bâtie dans un style déjà antique. La charpente et tous ses ais étaient de bois, son toit élevé, ses vitres petites, et sans compter le mur de fond auquel elle était adossée, elle s’ap- puyait par une de ses extrémités au mur d’une maison ; toutes circonstances qui concouraient à affaiblir considé- rablement la lumière dans l’intérieur.

Les Camellias y étaient plantes en pleine terre, les uns

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contre le mur, les autres au milieu du local, dans des bà' elles dont la terre, retenue par des dalles de 0®,50 a 0'“,40 de hauteur, s’élevait aussi de quelques pou- ees au-dessus du niveau du sol environnant. On ne les avait soumis à aucune espèce de palissage si ce n’est que, pour ceux qui étaient près du mur, on y avait fixé leur tige principale et leurs plus grosses branches, les lais- sant croître du reste en pleine liberté dans (ouïes les direc- tions. Sans entrer dans de plus longs détails, je dirai tout de suite que ces Camellias étaient tous dans l’élat le plus florissant qu’il soit possible d’imaginer, et que le ton foncé <lu vert de leurs feuilles et la quantité de fleurs dont ils étaient couverts comme a profusion, en formaient des mas- sifs, que pour la magnificence aucun autre végétal ne sau- rait égaler.

Maintenant, ce que j’ai à cœur de faire comprendre aux lecteurs, c’est la supériorité du mode de culture que je viens de décrire, c’est-à-dire la mise en pleine terre du Camellia, sous le toit vitré d’une serre; mais je veux aussi attirer leur attention sur diverses particularités relatives a leur conduite en général, et auxquelles on fait peu d’atten- tion ou meme qu’on ignore absolument.

Je n’ai pas besoin d’insister longtemps sur le premier point. Tout le monde comprendra, s’il ne le sait d’avance, que le premieravantage que trouve une planteaêtre placée dans un milieu qui lui convient et elle peut librement développer ses racines et ses branches, c’est d’acquérir promptement une grande taille. Lorsque le Camellia en est la, on a tout lieu d’espérer une floraison abondante. Il est bien vrai qu’on obtient fréquemment de grands échantil- lons dans des pots ou des caisses, mais il est fort rare et pour ainsi dire exceptionnel de les trouver sains et vigou- reux. Leur feuillage rare et peu coloré, leurs rameaux grêles et courts, cl la petitesse de leurs fleurs sont autant de preuves des désavantages qui résultent pour cette plante de l’emploi des pots et des caisses, et l’on a remarqué gé- néralement qu’après un certain âge, on ne peut plus les amener, lorsqu’ils sont cultivés de celte manière, à présenter un aspect passable. C’est ce qui arrive invariablement on en élève des collections. Il existe du reste dans ces éta- blissements un défaut grave, c’est l’habitude de cultiver à la fois un Irop grand nombre d’échantillons relativement â l’espace dont on peut disposer. Il en résulte qu’aucune

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plante ne peut s’y développer convenablement. Ilien cepeyî- dant ne saurait juslitier cette méthode vicieuse, car quel- que grand que Ton ait voulu faire le nombre des variétés de Camellia, il n’en est pas moins vrai qu’entre la plupart de ces variétés les différences sont généralement peu marquées ; quant a vouloir produire de Feffet, on y réussira mieux avec un petit nombre de beaux échantillons bien choisis el d’une parfaite venue, qu’avec une multitude de petites plantes maladives qui s’étouffent mutuellement.

Ainsi que je l’ai dit plus haut, la culture du Camellia en pleine terre doit être abritée par une serre. Je sais bien que dans quelques localités les mieux exposées de notre pays, la culture en plein air a été pratiquée avec un grand succès. Mais if est certain qu’elle ne se généralisera pas, dut-on meme obtenir encore plus de succès qu’on ne Ta fait. En voici la raison : c’est que les Camellias, fleurissant de trè& bonne heure, sont extrêmement exposés, du moins en An- gleterre, à avoir leurs boutons détruits par la gelée, et puis, c’est qu’en raison des mauvais temps qui régnent h cette époque, on ne peut guère jouir de ces fleurs que comme fleurs coupées.

Pour peu que l’on possède une serre, il n’y a aucune dif- ficulté réelle à y ménager une place, oîi quelques Cameî- lias pourront croître en toute liberté, et certainement le bel effet que produiront leurs fleurs et leur feuillage tou- jours frais et vert, au milieu des autres plantes, méritent bien qu’on en fasse l’expérience. Si l’on s’y décide, il faut avoir soin, de les isoler autant que possible, pour laissera leurs racines et à leurs branches tout l’espace nécessaire a leur entier développement; mais ce à quoi il faut surtout veiller, c’est que leurs racines ne se trouvent jamais dans le voisinage des conduits de chaleur, qui les dessécheraient^ quel que soit d’ailleurs le mode de chauffage usité dans l’é- tablissement.

Le drainage est encore un autre point fort important dans cette culture en pjeine terre. Quoique le Camellia aime beaucoup l’humidité, rien ne lui est plus funeste que la stagnation de l’eau autour de ses racines. 11 ne faut. donc pas que le terrain soit trop compacte. Eue bonne terre ar- gileuse mêlée de fumier bien décomposé, qui la rendra perméable, ou bien un mélange de cette terre avec de la terre de bruyère, est ce qui lui convient le mieux après avoir pratiqué les opérations ordinaires du drainage. Les

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vieux pieds trouveront eu outre de l'avantage a être arro- ses avec de l’eau tenant en dissolution un engrais quelcon- que.

On ne sait pas encore assez généralement combien le Ca mellia demande a être ombragé, il n’y a donc pas d’in- convénient a répéter ici qu’il ne fleurit jamais mieux que lorsqu’il est abrité contre une lumière trop forte, dont l’ac- tion lui est toujours fatale, lorsqu’il y est longtemps exposé. C’est surtout au moment il développe ses pousses an- nuelles qu’il est indispensable de l’ombrager, quelle que soit la forme de la serre il se trouve.

Il serait d’un grand intérêt d’avoir des Camellias en fleurs, pendant six ou huit mois de l’année. Ce résultat est possible, mais pour cela il faut les cultiver en pois. La première condition est d’avoir des plantes vigoureuses, que l’on s’efforcera de maintenir en cet état, tout en les soumettant graduellement et avec toutes les précautions possibles a une culture forcée. Le point essentiel ensuite sera, après la floraison, de faire développer et mûrir leurs pousses, ce qui pourra paraître difficile dans les mois de décembre et de janvier. Il n’y a cependant aucun obstacle qu’on ne puisse vaincre ici a force de persévérance, et qu’on ne doive chercher a surmonter quand il s’agit de voir fleurir les Camellias depuis le mois d’août jusqu’au mois d avril.

Je dirai enfin, pour terminer cet article, que c’est une fâcheuse méthode que celle de laisser se développer sur les Camellias tous les boutons a fleurs. Il ne faut pas craindre d’en retrancher fréquemment avant l’approche de leur complète formation. L’avantage de ce procédé n’est encore que très imparfaitement compris, si même il n’est généra- lement ignoré.

Naüdin.

Noie sur VOxalis carnosa.

M. le docteur Saugerres nous écrit de Bordeaux, qu’il possède une oxalide fort curieuse qui n’a cessé de fleurir tout l’hiver dernier et le printemps de cette année. Cette espèce a été donnée il y a cinq ans, au jardin botanique de Bordeaux, sous le nom d^Oxalis fruticosa. M. Sau- gerres s’étant occupé de botanique et n’ayant pas trouvé dans, les ouvrages la description des caractères qui pou-

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vaient faire reconnaître cette plante, il lui donna provisoi- rement le nom (\^Oxalis crisiallina^ a cause du grand nombre de petits globules qui couvrent le dessous des feuilles. Il nous en a adressé dernièrement quelques feuilles, nous la reconnûmes pour VOxalis carnosa de Lindley, espèce originaire du Chili, qui nous a été envoyé de graines, a Paris, vers 1854, sans nom spécifique. Celte espèce, comme nous l’écrit M. Saugerres, a la forme d’uii petit arbre en miniature : elle forme avec le temps des tiges de 0"",25 à 0“,50, dépourvues de feuilles dans leur lon- gueur; mais présentant k la partie supérieure une touffe ou rosace de feuilles glauques et trifoliées, dont le dessous est couvert de petites glandes ou globules transparents, comme dans la plante nommée Glaciale, Ces feuilles sont portées par de longs pétioles entre lesquels se développent les pédoncules qui ressemblent a de petits rameaux, et qui sont aussi longs que les feuilles et meme les dépassent sou- vent. Ils sont terminés par des fleurs grandes, nombreuses, d^un beau jaune. La couleur des fleurs et du feuillage de cette plante la font remarquer parmi ses congénères, ainsi que ses tiges ligneuses et charnues, qui se rencontrent rare- ment dans les espèces de ce beau genre.

Cette espèce se multiplie de graines, de boutures et par éclat de jeunes tiges qui poussent souvent du pied. Il est probable que cette plante doit résister aux hivers de nos départements du midi; nous la cultivons en orangerie pen- dant l’hiver et sous châssis froids; elle demande une terre meuble, légère et peu d’arrosement.

Pépin.

Noie sur la transformation dHnvolucres en pétales dans V Anémone coronaria,

M. le docteur Saugerres a encore remarqué, au printemps de cette année , dans le jardin botanique de Bordeaux , une transformation dans la collerette de presque tous les Anemone coronaria ; elles se sont changées en folioles colo- rées entièrement semblables aux sépales de la corolle cor- respondante à ces involucres, et offraient absolument les mêmes nuances. Ces changements se manifestent quelque- fois, mais M. Saugerres n’avait jamais vu une transforma- tion aussi générale.

Pépin*

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Chênes de France nouveaux ou peu connus.

Chêne pédoncule fenesii (Quercus pedunculata fene- $ii). Je ne traduis pas le nom de ce cliêne, parce que dans les catalogues il commence à figurer, outre le nom que nous venons d’écrire en tête de cet article, les uns disent phennesii.^ les autres frenesii. Son seul aspect dénote une variété de notre chêne pédonculé. Sa feuille a éprouvé un resserrement qui l’a fait s’allonger et se tourmenter; quel- ques-uns de ses lobes s’effacent, elle est étranglée dans certaines parties et devient comme linéaire; quand elle garde assez de largeur, elle est presque toujours gaufrée. L’écorce, le bois ne présentent aucune différence; l’arbre vient bien et paraît devoir acquérir la taille de l’espèce. Jusqu’ici, ses feuilles gardent la bizarrerie de leurs formes; mais, comme pour tous les arbres destinés à prendre de grandes dimensions, il faut attendre pour juger de son effet définitif.

Chêne pédonculé à grandes feuilles cucullées {Quercus pedunculata cucullaia). C’est la même variété, je crois, qui ligure dans les catalogues allemands ou des pays voisins de l’Allemagne, sous le nom de Bullaia^ (\w\ lui conviendrait mieux parce que sa feuille se bombe et ne s’encapuchonne pas: je lui laisse le nom sous lequel elle s’est introduite chez nous. M. Dauvesse, qui annonçait ces dernières années en être le seul possesseur, faisait suivre son nom d’une note qui était un grand éloge; il faut en rabattre un peu. Cette variété appartient à l’espèce de notre chêne pédon- culé ou blanc d’Europe; mais à une race particulière qui, indépendamment de la couleur verte et non rougeâtre de ses rameaux de l’année, se distingue par ses feuilles d’une forme plus égale et dont les lobes lyrés sont remplacés par une dentelure presque régulière. Cette race, que nos fores- tiers connaissent, ressemble, par sa feuille seulement, au Zeen de l’Algérie; elle se rencontre fréquemment sur nos montagnes et dans le bassin sous-pyrénéen L On pourrait presqueen faire une espèce, parce qu’elle se cantonne dans certaines positions et s’y reproduit avec exactitude. Elle doit exister aussi dans le bassin supérieur de la Loire, car c’est 'a elle qu’il faut rapporter le beau chêne Loueiie^ dont

(l) Celte variété ne se trouve pas mentionnée dans la Flore du lasshi sous-pjréneen^ publiée par M. Noulet. Reb.

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les feuilles allongées reprennent en grandissant une partie de leurs dents. Du reste, si ma mémoire ne me trompe pas, j’ai vu, il y a longtemps, dans l’herbier de Lapeyrouse, entre un nombre de variétés très remarquables que ce bo- taniste avait recueillies dans les Pyrénées, un chêne assez: semblable a notre chêne Loueiie, Quoi qu’il en soit, celup dont nous nous occupons n’a pas ses feuilles plus grandes que beaucoup de chênes ; mais leurs bords se sont rétrécis, et elles offrent généralement un renflement qui est convexe sur leur surface supérieure. II est a désirer que l’on intro- duise dans les jardins beaucoup de variétés de nos chênes; ce serait le moyen d’amener les botanistes et les horticul- teurs à mieux connaître les différentes races de nos chênes sur lesquelles il règne encore tant d’obscurité.

Chêne noir crispé (Quercus sessiliflora crispa) .Voici une variété inédite, quoique naturelle, qui est plus remarqua- ble. Elle s’est créée spontanément dans nos contrées, l’o» ne rencontre que le chêne noir à glands sessiles. Les feuilles S3 sont retirées, et, comme dans le précédent, elles sont cucullées en sens inverse; mais l’altération a gagné l’arbre entier, les branches aussi se sont raccourcies et souvent recourbées, ce qui a forcé les feuilles de se presser lesunes sur les autres. L’aspect général est changé, on dirait un arbre qui se recoquille et se serre sur lui-même. Le chêne noir change encore plus que le chêne pédonculé ; il y en a dans nos bois des variétés très distinctes et presque innombrables; je cite celle-ci, parce qu’elle présente mieux cette étrangeté de formes qui le fait rechercher dans les jardins. Sa persistance est garantie d’avance; il est proba- ble qu’elle se reproduirait souvent par ses glands, car elfe se perpétue d’elle-même dans certaines localités. Si l’on veut un arbre pittoresque, on sera certain de l’obtenir en la mul- tipliant par semis. Nos quatre espèces de chênes indigènes a feuilles caduques, le pédonculé ou chêne blanc, le noir à glands sessiles qui est le vrai Robur^ le Tauzin et le Cerris sont mal distingués par nos plus renommés pépiniéristes. J’ai toujours vu quelque variété de chêne pédonculé figurer dans les éco/c5 à la place du chêne sessile. A Paris et dam> le nord, on ente le chêne noir sur le chêne blanc, ce qm est contre-indiqué par la manière d’être, par la nature du terrain et ne produit que des arbres moins vigoureux, d’une durée incertaine. Il n’y a qu’à ouvrir les catalogues de nos meilleurs établissements pour y trouver les Quercm

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aurea, aiijonrdMini de mode. \'Asplenii folia, sous le nom spéciüque de Sessiliflora, quoiqu'ils n[)j)arlienneut évidem- ment tous les deux au chêne pédoncule. Sans refuser de passer d’un terrain dans un autre, les races de nos chênes se cantonnent néanmoins et ne se mêlent que sur les limites de leurs stations. La confusion vient souvent de ce que l’on prend les variétés, to\ijours très fréquentes dans nos bois et qui ont des noms divers dans chaque contrée, pour les espèces dont on a entendu parler.

Chêne Cerris à feuilles rongées [Quercus Cerris fol. erosis). Il y a trente ans environ que M. Ferrières, alors jardinier en chef au jardin des plantes de Toulouse, me dit avoir rencontré dans les Basses-Pyrénées un chêne très singulier dont il avait rapporté quelques glands, et il me donna un des trois ou quatre sujets qu’il possédait. Ses jeunes feuilles ne différaient presque pas d’abord de celles de l’espèce ; mais en grandissant, la variété s’est fait rendre justice. Les feuilles en sont tellement rongées, qu’elles ne consistent, jusqu’à la fin, de juin, que dans la nervure prin- cipale; on dirait un arbre dépouillé par les chenilles; ses feuilles s’élargissent peu a peu; cependant, beaucoup ne prennent qu’une ligne étroite de verdure: celles qui ac- quièrent plus d’ampleur sont toujours irrégulières. Quand les dents se montrent d’un côté, elles restent effacées de l’autre, et, quoiqu’elles tendent toujours a s’accroître plus régulièrement, l’hiver les surprend encore dans un état très imparfait de développement. Mon arbre a aujourd’hui 15 mètres à peu près d’élévation ; on peut juger de son effet, qui devient toujours plus remarquable avec l’âge. Les branches de l’espèce sont un peu diffuses, celles de la variété affectent des formes pendantes et des contours encore plus étranges ; si celle-là a pu mériter le nom de chevelue, celle-ci est éche- velée. Le Quercus Cerris et tous les chênes qui, comme le Pseudo-Suber, doivent se grouper autour de lui à raison des stipules, se mettent tardivement à fruit lorsqu’on les trans- porte loin de leur sol natal, et quoique d’âge à fructifier, la variété que je cultive ne m’a pas encore donné de glands; je n’ai vu que que'ques cupules hérissées qui sont tombées sans mûrir leurs fruits. David.

Souvenirs horticoles d'Italie.

In proverbe de nos pères dit ; Qu'on ne saurait tirer d'un sac double mouture. Aux environs de Naples, la terre

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©8t si fertile, qu’on en retire double et meme triple ré- colte.

i’avouerai qu’au premier aspect elle me paraissait de qualité médiocre ; en comparant la nature des roches qui en font la base, sa couleur, sa consistance, sa légèreté avec les terres végétales que je connaissais, j’eus bientôt changé d’opinion.

Dans chaque pays , les engrais et le travail boniCent le sol; nous avons en France, dans quelques localités, des eaux abondantes qui facilitent l’arrosement : nos côtes méridionales jouissent d’une température assez élevée, qui, avec les brumes delà mer, favorisent la végétation. II y a, de plus, dans la campagne que le Vésuve domine, un mé- lange de laves décomposées, de cendres pleines de sels et une atmosphère volcanisée. que je regarde comme les causes les plus efficaces de la fécondité que j’ai remarquée : la colombine, la poudrette, l’engrais Jauffret , aucun de nos composts ne remplace celui-l'a.

Nous avons supprimé les jachères , excepté lorsqu’elles sont nécessaires pour le pacage de nos troupeaux; nous savons faire succéder les récoltes dans nos potagers; mais, en général, nous craignons de fatiguer la terre par des cul- tures multipliées. Nous nous gardons bien, par exemple, de semer les terrains ombragés par nos mûriers et nos ar- bres fruitiers; nos garances sont sarclées avec un soin ex- trême , tandis qu’entre Torre del Greco et Scafati , j’en ai observé des champs dont les fossés étaient plantés de choux, de tomates, de courges, etc.

Dans nos pays , lorsque nous avons passé à tranchée et bien fumé le terrain d’une jeune pépinière de mûriers, nous y plantons quelques courges qui serpentent entre les arbres et produisent des fruits énormes , mais la première année seulement , pour profiler du travail et du fumier ; plus tard, on craindrait que les racines des arbres n’en souf- frissent. Auprès de Naples, il y a de vastes champs couverts de courges; lorsqu’elles ont acquis un certain volume, on plante , dans tous les interstices de leurs tiges, des choux cabus, des choux-fleurs, des tomates, des salades et d’autres plantes potagères qui croissent et prospèrent ensemble.

On y cultive beaucoup de courges et de melons ; il s’en consomme énormément dans la saison, et je pourrais dire pendant la moitié de l’année. Les melons sont conservés l’hiver, suspendus à des brins de paille, sous l’avance des

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toits, autour des fenêtres des fermes, de toutes les maisons champêtres el de beaucoup de maisons des villes; pen- dant l’automne, on rencontre, dans les chemins et dans les rues, de petites charrettes ou des ânes chargés de melons, de pastèques, de diverses courges, surtout de l’espèce dite Zucca lunga ou di Spagna ( Cucurbila melopepo , var.. Lin.), verte en dehors, jaune-citron en dedans, très char- nue, aux trois quarts pleine , c’est-à-dire jusqu’à la panse, une étroite cavité renferme les semences.

Je ne devais pas décrire cette Cucurbitacée, non plus que les autres; il ne s’agit, dans cette notice, que des cul- tures simultanées de la province de Naples.

J’y ai vu de grandes terres de maïs dont chaque lige ser- vait à ramer des haricots semés en même temps. Lors de mon voyage, les épis et les feuilles de mais venaient d’être enlevés , les haricots achevaient de mûrir ; on devait les arracher bientôt pour les suspendre à des perches et les faire sécher à l’air avant de les battre.

J’ai remarqué des plantations de mûriers sur lesquels grimpaient des vignes qui les liaient de guirlandes de rai- sins, et le sol était couvert de cotonniers herbacés.

On recueille les gousses de ces Cotonniers lorsqu’elles s’en- tr’ouvrent : la majeure partie en août et au commencement de septembre; le 6 octobre, lorsque je passai, il en restait encore de diverses grosseurs , et quelques fleurs retardées paraissaient ça et l'a. Avant les pluies, on trie toutes les gousses qui renferment du colon, et on les fait sécher au soleil.

Les mûriers qui ombrageaient ces plantes et ceux que j’ai vus ailleurs, après avoir fourni à deux éducations de vers à soie, s’étaient couverts de feuilles une troisième fois et poussaient vigoureusement.

Le plus ordinairement ce sont des ormes, des érables ou des peupliers qui supportent les vignes : quelquefois on emploie de longues barres de 4 à 5 mètres ; mais toujours le sol ombragé sous ces arbres est en cultures maraichères, ou en coton, en prairies.

La petite ville de la Cava lire son nom d’une caverne dans laquelle s’était retiré Alliero Papa Carbone de Saierno.

.l’en ai comparé lesenvironsaun immense jardin paysager. Ainsi les massifs el les bosquets des jardins ordinaires sont remplacés par des forêts de plusieurs kilomètres d’étendue, de châtaigniers et de diverses essences forestières ; les mon-

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ticules, les rocailles, les ondulations de terrains sont ici des collines adossées à de hautes montagnes qui se rattachent elles-mêmes aux Apennins ; des ruisseaux et des rivières en descendent, serpentent dans les vallons qui les séparent et alimentent des canaux qui traversent la campagne, mettent en jeu des usines et servent à l’irrigation des terres culti- vées ou des prairies intermédiaires.

La vallée de la Gava , dirigée du nord au sud , a o kilo- mètres de longueur; il y en a 4 a vol d’oiseau entre les crêtes des deux chaînes qui la forment : ce seront , si l’on veut, les limites de ce jardin que je décris; en ayant égard aux pentes, il aura plus de ^00 kilomètres de surface.

Entre Santa Lucia et Sant Ajutore, on fait 2 kilomètres sans apercevoir d’habitations : la vallée est resserrée , îa route semble plonger vers un bois touffu ; mais il n’y a rien de sauvage dans cette solitude , on reconnaît la main de l’homme dans la culture et la (aille des arbres. La rouie se détourne à droite et suit les sinuosités des collines qui la bordent. Des vallons tapissés de verdure s’offrent dans diverses directions : les uns ombragés par de beaux arbres, les autres, quand les pentes sont plus escarpées, forment des coupures ou des percées dans la forêt , et laissent aper- cevoir sur les sommets des montagnes les ruines de quel- ques vieux châteaux. A travers les clairières on distingue de loin des bâtiments, la flèche d’un clocher s’élance au- dessus des arbres , le désert est habité : des tourelles blan- ches ressortent du bois de distance en distance; elles sont destinées, me dit-on, a la chasse des pigeons sauvages, qui passent en troupes à certaines époques de l’année.

Bientôt on arrive à la ville de la Gava, dont la grande route forme la principale rue, bordée de trottoirs couverts, comme à Bologne, à Padoue, etc. : au delà les chaînes de montagnes s’ouvrent, la vallée s’élargit , on rencontre des villages et de belles campagnes, et tout est très propre, parce qu’on loue , et qu’on loue bien , des chambres et des maisons h des Anglais et à d’autres étrangers qui se fixent plus ou moins longtemps dans ce beau pays. La plupart de ces habitations, badigeonnées de blanc et de rouge , aux contrevents verts , ont des terrasses garnies de fleurs, un parterre devant la porte avec des orangers et des citronniers qu’on n’a pas besoin d’enfermer Phiver; d’autres arbres d’agrément, des figuiers, des pêchers, des vignes entourent ces bâtiments, qui varient de grandeur, de formes, de po-

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sitioa, et n’en sont que plus pittoresques ; les environs sont cultivés et le fond du tableau est toujours un amphithéâtre* boisé Jusqu’au sommet.

Mais, si les propriétaires de cette contrée en tirent de belles rentes, on ne peut se défendre d’un sentiment de tristesse en voyant les rues couvertes de mendiants.

Achevons de décrire le jardin paysager de la Gava. Indé- pendamment de la grotte d’Alfiero dont j’ai fait mention, il y en a d’autres dans les montagnes, et quelques-unes se- raient intéressantes â visiter pour les naturalistes; mais il n’en existe point de celles dites à surprises, mystérieuses , fantastiques ; l’art n’a rien fait ici, je le répète, tandis que nous entassons tant de monuments dans les plus petits jar- dins. On ne trouve pas de kiosques ou de minarets sur les élévations, point de passerelles ornées dites rustiques, point de ponts chinois sur les ruisseaux , qui tantôt roulent avec rapidité dans un ravin, tantôt coulent paisiblement sur une pelouse. Quoique j’aime bien franchement les grandes scènes de la nature , j’avoue que je n’aurais pas trouvé dé- placées quelques fabriques de ce dernier genre, car j’ai été obligé de faire un long détour pour traverser quelques filets d’eau cachés entre des touffes de saule, j’avoue encore que certains objets d’art seraient ici d’un effet admirable : mais je ne voudrais pas de tombeaux, pas de pierres tumu- îaires dans les paisibles retraites de la Gava, ils y seraient inutiles pour exciter les douces rêveries de celui qui se promène ou se repose dans ces bois silencieux ; je n’y vou- drais pas non plus de temples, jamais on ne pourrait rien édifier que de mesquin aussi près de Pæstum.

Jle n’ai pas cité de points de vue remarquables. L’amaloui qui gravira sur le sommet Sant Angelo , ou sur les autres sommités de cette chaîne, y jouira d’un charmant panorama: au nord, sa vue ne s’arrêtera qu’aux montagnes dnPrinci- paio ultra; vers l’est-nord-est, il contemplera le Vésuve et Naples, et aura la mer au sud. Mais, sans prendre autant de peine, on a le plus magnifique coup d’œil en approchant du bourg de Vietri, qui termine la vallée. Les montagnes écartées laissent entre elles une plaine bien cultivée , et la mer sans bornes est en face ; des barques de pêcheurs vo- guent dans le golfe de Salerno; on voit quelquefois dans l’éloignement une frégate, voiles déployées, ou la fumée que laisse dans le ciel azuré la cheminée d’un bateau a va- peur. Si l’on arrive au coucher du soleil , ce ne sera pas

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ns

sans regrets que Ton quittera Yielri ; il le faut cependant si, comme moi, Ton va visiter Pæstum. Je donne ici l’itiné- raire de ce petit voyage.

De Naples à Nocera , il y a , tous les jours , cinq départs sur le chemin de fer ; la distance est de 55 kilomètres que l’on parcourt en une heure et un quart : on monte dans Pune des voilures qui attendent au débarcadère pour aller coucher a Salerno ; la distance est de 1 2 kilomètres , il faut une heure et demie. Dès qu’on est arrivé, il convient de s’assurer d’un vetturino pour le lendemain grand matin, et, afin d’éviter toutes difficultés, de régler d’avance ce qu’on devra payer pour le passage du fleuve Sele (8 carlins pour aller ou venir : nous avions promis au nôtre 4 piastres et demie pour la journée , et nous y ajoutâmes une demi- piastre de Mancia, 27 fr. 40 c. de France pour trois per- sonnes). Il y a 45 kilomètres de Salerno à Pæstum; on met quatre heures trois quarts pour les faire, a cause du bac de la Scafa ; il faut donc une bonne journée pour y aller, bien voir tout, faire un mauvais repas , et retourner coucher à Salerno. Le troisième jour, on revient a Naples; et,*si l’cn part vers six heures du malin, ou peut rester à la Gava de sept à quatre : le dernier convoi du chemin de fer part de Nocera a cinq heures.

Baron d’ITombrés-Firmas.

{Annales d’horticulture.)

Rose madame Varengoi (Ile-Bourbon).

Dans la séance du cercle général d’horticulture, du 5 août 1845, M. Yarengot, horticulteur à Melun (Seine-et-Marne ), demanda qu’une commission fût nommée pour aller visi- ter ses cullures. Les membres désignés furent MM. Yerdier, Roblin et Lévêque dit René , qui s’y rendirent le 45 du même mois. Après avoir remarqué une belle culture de ca- mellias, de rhododendrums, de fuschsias et de pétunias, ils visitèrent les rosiers, qui est la principale culture de M. Yarengot. MM. les commissaires, très compétents pour juger le mérite de ces plantes, ont remarqué un rosier que M. Yarengot leur a dit avoir obtenu de semis, et qui a été ainsi décrit sous le nom de madame Yarengot ( Ile- Bourbon ) : Rameaux vigoureux, d’un vert rougeâtre; ai- guillons rares, minces, presque droits, d’un rouge clair; feuilles à 5 larges folioles, presque rondes, à dentelure ré-

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gulière; pédoncule mince, légèrement incliné ; ovaire lisse, court et arrondi ; les sépales du calice mince et allongés. Fleur large de 0'”07 à 0“09, de forme globuleuse, bien faite, d’un beau rose vif.

Celte nouvelle rose sera mise en vente par M. Varengot, le I" novembre prochain.

MM. les commissaires avaient aussi mission d’observer une rose qui a été le sujet de discussions parmi plusieurs horticulteurs; elle a été introduite dans le commerce sous le nom de rose Mogador. Ils ont reconnu que ce rosier n’était qu’une 1res légère variété du rosier du Roi, a Heurs pourpres, qui s’était apparemment montrée plus constante chez M. Varengot, mais qui retourne à son type (le rosier du Roi) dans beaucoup de terrains.

Pépin.

Traité des arbres résineux conifères à grandes dimen- sions, que Von peut cultiver en futaies dans les climats tempérés, par le marquis de Chambray. I vol. in-4% aveé atlas. Prix : 12 fr.; figures col. : 25 fr.

La croissance rapide des arbres verts, leur propriété si remarquable de végéter dans des terrains toute autre culture serait ruineuse ou au moins peu proGtable, la na- ture de leur bois propre aux constructions, et les besoins impérieux d’une population et d’une industrie qui s’ac- croissent, doivent convaincre de leur utilité tous les es- prits attentifs et ami de leur pays. Des semis considérables d’arbres résineux ont été faits en France depuis trente ans ; mais c’est bien peu de chose en comparaison de ce qui reste a faire : des milliers d’hectares de landes et de bruyères pourraient, a peu de frais, se couvrir de forets d’arbres résineux et donner des produits d’une richesse incalculable , la destruction de nos forets de chênes et de hêtres trouverait ainsi une prompte compensation : nos montagnes dénudées verraient leurs pentes se couvrir de verdure, et des contrées aujourd’hui stériles, devenues fo- restières, s’enrichiraient d’une foule d’industries nouvelles.

Si quelques espèces d’arbres verts ou résineux réussis- sent assez facilement lorsqu’on les sème en pleine terre, il en est d’autres , au contraire, qui exigent des soins et des abris dans leur jeune âge. Plusieurs forestiers en Allema- gne, en France et en Angleterre, ont fait des traités sur

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celte culture ; mais aucun d’eux, du moins a notre con- naissance, ne Tavait jusqu’ici décrite avec le soin et l’é- tendue convenables, aucun ne l’avait étudiée dans toutes les circonstances, depuis le semis en pleine terre ou en pépinière et la transplantation, jusqu’à la lin de l’existence de ces arbres. 11 fallait donc clierclier des notions éparses dans beaucoup d’ouvrages, dont certaines parties étaient souvent erronées. M. de Chambray a entrepris de combler cette lacune; il a voulu faire un livre qui dispensât de recourir h d’autres livres, qui devint le manuel du pro- priétaire et du forestier, qui donnât à la fois des princi- pes clairs et complets sur la culture des arbres résineux les plus connus et les plus profitables en France, et des notions sur quelques autres espèces encore peu répandues, mais dont la culture présente cependant des chances de succès. Les écrivains accrédités de France, d’Angleterre et d’Allemagne, une correspondance suivie avec d’habiles forestiers, ont été mises à profit par l’auteur du Traité pratique des arbres résineux conifères à grandes diméri- sions, Ce livre se recommande surtout parce qu’il est le résumé fidèle des observations suivies pendant de longues années par M. de Chambray, dans un des plus beaux pareg de la Normandie, dont il est possesseur, et il cultive toutes les espèces d’arbres résineux. Nous croyons donc qu’il sera recherché par tous les amateurs de la sylvicul- ture et qu’il pourra contribuer a donner une grande im- pulsion à cette science en la mettant a la portée d’un plus grand nombre de personnes.

M. de Chambray, fidèle au titre de son ouvrage , s’est borné a décrire la culture de huit espèces d’arbres rési- neux, savoir : le sapin argenté et le sapin picéa, les pins sylvestres , maritimes , laricio et de lord AA eymouth, le mélèze d’Europe et le cèdre du Liban. Il a consacré un chapitre à chacune de ces huit espèces; puis il a classé les matières de chaque chapitre en dix articles, rien n’est oublié de ce qui concerne la culture de l’espèce, les résul- tats à en obtenir et les ennemis dont il faut la défendre. Persuadé d’ailleurs que son ouvrage ne pouvait se passer de dessins, auxquels leg meilleures descriptions ne sup- pléent pas, il a fait exécuter plusieurs planches qui re- présentent des graines, ainsi que des rameaux portant des fleurs et des cônes, pour sept des espèces les plus culti- vées sous le climat de Paris, et en outre les dessins des ou-

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m

tiU qui doivent servir a l’exploitation des futaies et a la culture des pépinières.

Trop prudent pour regarder comme acclimatées , ou comme devant donner avec certitude des produits utiles, certaines espèces d’arbres verts importées en France elles ne figurent encore que dans les jardins, M. de Cham* bray a cependant donné sur douze espèces a grandes di- mensions des notions assez étendues pour guider les ama- teurs qui voudraient en suivre la culture, comme il la suit lui-méine dans son parc; ce sont : le pin d’Autriche, qu’il croit identique avec les pins tauriques et de Caramanie, ©t auquel il consacre un assez long article, et le pin cem- bro, qui tous deux bravent des hivers rigoureux et réus- sissent, ce dernier dans les Alpes suisses, et l’autre en Al- lemagne, dans la Styrie, la Croatie et le Bannat; le sapin d’Espagne ou sapin pinsapo, originaire des montagnes de Ronda en Andalousie; le pin d’Espagne, arbre encore très peu connu; le cèdre de l’Inde, qui croît dans le nord de cette presqu’île, ainsi que le pin du Népaul ; le pin doux, le pin rouge, le pin de Lambert, le pin de Sabine, le pin de Goulter et le cyprès chauve ou distique, originaires tous six de l’Amérique septentrionale.

Un chapitre spécial est consacré aux semis, aux pépi- nières, a la plantation définitive des arbres; M. de Cham- bray entre dans tous les détails désirables pour bien gui- der les personnes sans expérience et leur éviter de nombreux mécomptes ; il s’élève avec raison contre le préjugé qui veut qu’mon ne plante les arbres résineux qu’au printemps, et demande que, dans la plupart des cas, on les plante a l’au- tomne , ce qui les avance d’un an , et les expose moins a fondre pendant l’été qui suit la plantation. On lira aussi avec intérêt la description de la greffe herbacée, si utile pour multiplier les espèces rares et précieuses par celles qui le sont moins; c’est ainsi que depuis 1822, plus de 1 00,000 laricio ont été greffés sur des pins sylvestres dans la forêt de Fontainebleau. Cette description est accom- pagnée d’une figure qui la fait mieux comprendre.

En lisant avec attention l’ouvrage dont nous rendons compte, on sera étonné des erreurs que M. de Chambray a relevées, erreurs quelquefois fort graves et qui prouvent combien il faut d’observations suivies avant de se pronon- cer sur le mode de culture de certaines plantes , le climat, le terrain et l’exposition qui leur conviennent : c’est ainsi

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qu’en parlant du mode généralement admis d’évaluer l’âge des arbres par celui de leurs cercles ou couches ligneuses concentriques, M. de Chambray examine s’il se forme réellement une couche ligneuse chaque année, et prouve par le raisonnement et l’expérience surtout qu’il ne peut toujours en être ainsi. Dans son chapitre du sapin argenté, il réfute M. de Sahune, conservateur des forêts de la cou- ronne, qui prétend que ce végétal est essentiellement arbre de montagne, et qu’il ne peut prospérer ailleurs, tandis qu’il est de fait qu’il prospère en Bretagne, en Normandie, dans les plaines de la Bavière et de l’Autriche. C’est encore ainsi qu’il relève l’erreur de L.-C. Richard , qui, dans son Mémoire sur les conifères et les cycadées, ouvrage d’ail- leurs estimable , prétend que la racine des conifères ne présente jamais de pivot.... que la force et la longueur des racines ne sont jamais en rapport avec l’élévation de la tige.... comme si des arbres dont quelques-uns parvien- nent a une hauteur considérable, pouvaient braver les vents sans qu’un long pivot et de fortes et longues racines leur donnassent la stabilité nécessaire.

Nous craindrions d’être trop diffus en citant d’autres er- reurs non moins graves; c’est le traité même qu’il faut lire pour les connaître et en voir la réfulation. Nous sommes bien loin d’ailleurs d’avoir tout dit sur cet important ou- vrage , plein d’ordre et de méthode, la théorie tient une faible place et cède presque entièrement le pas a l’expé- rience et aux faits. Disons, en terminant, que le livre de M. de Chambray peut prendre place à côté des plus beaux ouvrages de la typographie moderne; son format très grand in-8% son impression remarquable en font presque un ou- vrage de luxe; heureusement son mérite intrinsèque et son prix en feront un ouvrage populaire parmi les arboricul- teurs. Elysée Lefèvre.

Société d'horticulture du Havre.

A la suite d’une brillante exposition, des médailles d’ar- gent ont été décernées à M. Quesnel, amateur, pour sa rare et belle collection d’Orc/udées, à M. F. Grèverie, horticul- teur, pour ses Calcéolaires, â M. Ed. Larue, pour sa col- lection de Pelargoniums, et a mademoiselle Pinguet, pour la bonne tenue de ses plantes.

Médaille de bronze : A MM. Sandret et Grèverie, pour

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ISO

leurs Cinéraires; a M. L. Dumont, pour ses Fuchsias, et a M. Bernard -Dumesiiil , pour un maguitique Rhododendron à fleurs blanches.

La ville du Havre, qui compte dans son sein plusieurs amateurs distingués, possède de belles serres remplies de plantes rares dont la culture ne laisse rien a désirer.

Pépin.

Vente des plantes de M. de Monville.

Ainsi que nous l’avons annoncé dans notre avant dernier numéro, la vente des plantes appartenant a M. de Monville a eu lieu le 15 du mois de juillet. Un grand nombre d’a- mateurs et marchands s’étaient transportés sur les lieux dans le but de faire des acquisitions ; mais ils ont été trom- pés dans leur espoir: la collection avait été vendue au Jardin d’Hiver des Champs-Elysées , le matin même du jour de la vente. Cette collection, partagée en cinq lots, a été vendue, ^noiis assure t-on, aux prix suivants:

Cactées 25,000 fr.

Orchidées 6,000

Plantes de serre chaude 6,000

Plantes de serre tempérée 4,000

Bruyères et Epacridées 3,000

Total 44,000 '

Le désir que nous avions manifesté s’est donc en très grande partie réalisé; la superbe collection de M. de Monville ne se trouvera pas dispersée, et chacun pourra encore admirer dans son ensemble la belle collection de Cactées dont nous avons entretenu, h différentes reprises, les lecteurs de la Revue, et ces plantes fixeront certaine- ment l’attenlion du monde élégant qui visite le jardin des Champs-Elysées.

Qu’il nous soit permis d’émettre encore un vœu, c’est que la société puisse faire construire une serre spéciale et s’attacher maintenant un homme assez habile pour conser- ver ces plantes; car on sait qu’il faut pour les cultiver une longue expérience et des soins plus'grands qu’on ne l’admet en générai, soins fort différents de ceux que l’on accorde aux autres végétaux originaires du Mexique comme la plu- part des Cactées.

Neumann.

REVUE HORTICOLE.

Epacris impressa, var. fulgcns (fig. 10).

M. Letemplier, horticulteur a Angers, nous adresse le ilessin ainsi qu’un rameau d’une variété qu’il a obtenue d’un semis cVEpacris impressa fait en ] 8^o. Cette variété formeun petit arbrisseau a branchesdressées, couvertes d’un duvet blanchâtre. Les feuilles sessiles, alternes, horizontales ou réfléchies, glabres, sont ovales-lancéolées et terminées en une petite pointe redressée de manière â former une sorte de crochet, qui manque dans l’espèce. Les fleurs, insérées à l’aisselle des feuilles, forment, au sommet des rameaux, des sortes de grappes d’un bel effet. Les pédoncules^très courts sontvertsainsi queles divisionscalicinales. La corolle, d’une magnifique couleur rouge, présente un tube cylin- dracé d’un centimètre environ de largeur, et terminé par cinq lobes arrondis et munis d’une petite pointe ; les éta- mines et le style sont inclus. Cetlc jolie variété se distingue j de VEpacris impressa^ qui l’a produite, par ses feuilles terminées en crochet et surtout par la belle couleur rouge de ses fleurs. La brillante coloration de ïEpacris fulgens il la fera rechercher et préférer a l’espèce type par les ama- ; leurs. Aussi M. Letemplier nous écrit-il qu’il s’est hâté de il la multiplier et qu’il compte la livrer au commerce a la fin î de cette année. J. D.

; Rose thé ( souvenir d’un ami ).

I Nous venons de recevoir de M. Bélot-Défougère, horti- I cuUeur a Moulins, des échantillons de sa magnifique Rose I thé, souvenir d*un ami; c’est un gain remarquable par la I forme et la grosseur de sa fleur, par l’odeur qui est tout a I fait celle de la rose thé, et par sa couleur d’un beau rose [ tendre foncé. Je crois que c’est le plus beau thé qui ait été I mis dans le commerce, tant par sa floraison abondante que par sa longue durée ; il a été couronné â l’exposition d’hor- j ticulture de Clermont-Ferrant, en septembre I8t5.

I Cette rose, comme toutes celles de la section des thés, j montre ses fleurs beaucoup plus belles en septembre qu’a le première floraison qui a lieu en juin.

I Une autre variété nouvelle a été obtenue par le même horticulteur, dans la section des îles Bourbon, sous le nom de rose Nadine Faye, fleur bien faite; elle sera, ainsi que la précédente, livrée au commerce a la fin d’octobre.

Pépin.

J 5 Août 1846.

SÉRIE. Tome v, 10.

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Plagius grandiflorus, L’Her.

Balsamüa grandiflora , Desfont.

Plante vivace à feuilles radicales touffues, ovales spatu- lées, charnues, dentées sur les bords, nervées, à pétiole cannelé, un peu velu, longues de à 0,20. Les liges

sont droites, simples, hautes de 1”^,40 à 4 “^,50; striées dans leur longueur, garnies de petits poils blancs; feuilles caulinaires alternes et sessiles. Chaque lige est terminée par une large corymbe de fleurs sans rayons, d’un jaune d^or, terminale et solitaire, formant un disque un'peu con- vexe de 0«^,05 a 0“,08 de large, sphérique et aplatie; calice très ouvert, imbriqué; fleurs flosculeuses a o dents, 5 étamines a anthères petites, un style et deux stigmates; les graines sont petites, glabres, oblongues et striées; récep- tacle lisse et convexe.

Cette plante se trouve classée par Jussieu dans la fa- mille des flosculeuses, près des genres Myriogyne et Tana- cetum; elle fait partie de la tribu 6 des Sénécionidées, Âdolp. Brong. Elle a été découverte vers 1786, eu Algérie, par Desfontaines, dans des champs incultes. H en rapporta au Muséum des graines dont les pieds produisirent des fleurs-en 1791 et 1792; on la perdit quelques années après. En J 854, Bove en rapporta de son premier voyage en Al- gérie des échantillons, ainsi que des graines ; mais soit qu’elles ne fussent pas récoltées en maturité ou qu’elles fussent trop vieilles, elles ne levèrent pas. Nous en avons reçu d’autres en ^ 845, et M. Delile nous envoya, en i 844, du jardinde Montpellier, quelques pieds de cette plante qui fleurirent en ^ 845, depuis la fin de mai jusqu’en juillet.

Cette plante est remarquable par son large disque jaune, sans rayons; les auteurs la désignent comme étant bisan- nuelle ; mais depuis deux ans que je la cultive, je me suis aperçu qu’elle est vivace très vigoureuse et très feuillée; elle pousse constamment des bourgeons de sa touffe. J’en ai laissé un pied l’hiver dernier en pleine terre; il n’a pas souffert; il est vrai que l’hiver n’a pas été rigoureux. Mais il sera prudent d’en rentrer en orangerie ou sous châssis froids. Je l’ai multipliée jusqu’à ce jour par éclats de son pied, en avril et septembre, c’est-à-dire avant et après la floraison. Les pieds, séparés à ces deux époques et mis en pleine terre de jardin à la fin de mars, ont très bien fleuri

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celle année. Celte plante est assez vorace; il faut, pour eu obtenir de belles fleurs, la livrera la pleine terre; elle acquiert alors une vigueur bien plus grande que si elle avait été cultivée en pots. Les pieds ont été bien arrosés pendant les chaleurs et s’en sont bien trouvés; cultivée en pots, elle demande une terre meuble sans être trop légère et des arrosements fréquents.

Pépin.

Salix japonica^ Thunb.

Parmi les nombreux végétaux rapportés du Japon par le docteur Siebold, un saule figurait sous le nom de Salix japonica, espèce décrite dans la Flore du Japon^ par Thunberg, mais qui n’avait jusqu’à ce jour figuré ni dans nos collections ni dans nos jardins.

Ce saule, comme tous les autres arbustes rapportés du Japon, fut cultivé a son arrivée en Europe, soit en serre tempérée soit sous châssis froids, jusqu’au moment la multiplication permit d’en hasarder quelques pieds en pleine terre.

Au printemps de 4 845, on planta en pleine terre un jeune pied de ce sauie qui avait au plus a 0”^,50

de hauteur de tige; il poussa avec assez de vigueur, et avait atteint à l’automne la hauteur de 4 «^,50. Pendant Phiver, on enveloppa par précaution sa lige d’un paillas- son, et on couvrit le pied d’un peu de feuilles sèches. Au printemps ses tiges n’étaient point altérées, et depuis cette époque on le laissa sans couverture pendant la mauvaise saison, ainsi que d’autres pieds qui furent successivement livrés â la pleine terre, sans souffrir davantage des intem- péries de nos hivers. Cet essai a été fait dans les cultures du Jardin des plantes, et en même temps dans plusieurs établissements horticoles. Les résultats obtenus ont été les mêmes.

J’ajouterai qu’en juillet dernier, je l’ai vu cultivé en grand dans les pépinières de M. Armand Gontier, à Fonte- nay-aux-Roses, plusieurs centaines de pieds plantés en pépinière formaient un magnifique carré: ils avaient tous 2"i,50 a 5 mètres de tige sous branche, et avaient toutes les apparences de la plus belle vigueur; c’est aussi chez M. Gontier qu’au printemps dernier cet arbre a fleuri pour la première fois.

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Ses fleurs sont disposées en chatons mâles de couleur jaune pâle; elles ressemblent a celles de plusieurs espèces de nos saules d’Europe, mais ses jeunes rameaux d’un vert pourpre et ses larges et longues feuilles acuminées, poin- tues, ainsi que sa grande vigueur, le font distinguer au premier coup d’œil de nos espèces européennes.

Comme toutes les espèces du genre, il se muUiplie faci- lement de boutures et de plançons.

PÉPO.

Notice sur la 'production de fleurs bleues par les Hydrangéas.

' Il y a déjà longtemps que divers amateurs de floriculturc ont annoncé la possibilité de faire passerait bleu les fleurs roses des Hydrangéas, au moyen de fer que l’on mélangerait avec le sol, et nous avons lu, dans le bulletin d’une Société d’horticulture du nord de la France, qu’un horticulteur de cette région avait réussi parce procédé 'a faire bleuir quel- ques fleurs de ces plantes. On a conseillé, pour atteindre ce but, de mêler a de la terre de bruyère une forte pro- portion de limaille de fer, et, mieux encore, le résidu qui provient de l’usure des instruments tranchants sur la meule à repasser des rémouleurs, résidu dans lequel les particules ferrugineuses sont infiniment plus atténuées que celles de la limaille. Ces moyens, et beaucoup d’autres, ont été es- sayés en Angleterre et sans aucun résultat. Mais M. Paxton, à qui nous empruntons une partie de ces détails, a vu, dans ce même pays, quatre Hydrangéas plantés dans une terre argileuse naturellement imprégnée de fer, et arrosée pnrun filet d’eau très ferrugineuse qui découlait d’un banc de roche voisin, ne plus donner que des fleurs d’un bien pur, sans aucun mélange de rose ou de lilas, tandis que 4l’aulres pieds de la même plante, qui n’en étaient pas a 'iO mètres de distance, avaient entièrement conservé la teinte habituelle. On n’avait fait aucune tentative pour amener ce résultat, qui était entièrement à la nature. L’eau qui suintait du rocher était légèrement fauve et rap- pelait assez bien une faible infusion d’orge germé, telle (ju’on l’obtient dans les brasseries. C’était évidemment une dissolution de peroxide de fer dans un acide, très proba- blement l’acide sulfurique.

Celte nouvelle observation semblerait démontrer que

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c’est bien au fer qu’il faut atlribuer le cbangement en bleu «les fleurs de l’Hydrangéas, mais qu’il n’agit pas sous (outes les formes, et notamment lorsqu’on l’emploie a l’état mé- tallique. Il y a la probablement quelque utile expérience a tenter, et, si l’on parvenait a faire bleuir à volonté les fleurs des Hydrangéas, il ne faudrait pas désespérer d’ob- tenir le meme résultat sur des espèces plus intéressantes.

Naudin.

Noie sur des tubercules d'Oxalis crenata laissés en terre pendant Vhiver de 18^5 a 1846.

Depuis l’introduction de VOxalis crenata dans nos cul- tures, on a été a meme d’observer que les racines tuber- culeuses de cette plante ne commençaient a se former, sous notre climat, qu’au mois d’octobre, et qu’elles n’acqué- raient tout leur développement qu’en décembre. Pour ar- river à un résultat satisfaisant, il convient découvrir les liges encore très vigoureuses à cette époque, soit avec des feuilles, soitavec de la paille, soit même avec descliâssis, car les tiges et les feuilles de cette plante sont tellement déli- cates et si succulentes, que les premières gelées blanches automnales les détruisent en partie et arrêtent, par con- séquent, le développement des racines. Parle procédé que J’indique, on obtient une récolte abondante de tubercules, tandis qu’en arrachant les tubercules après la destruction des tiges gelées en novembre, on ne récolte tout au plus que la quantité de tubercules nécessaires pour la reproduction, et Je me suis vu parfois obligé, faute de tubercules, de met- tre en pots des branches enracinées afin de conserver l’es- pèce pendant l’hiver en la rentrant en serre.

Après avoir protégé ainsi cette plante des premières ge- lées, il importe d’arracher les tubercules à l’approche de l’hiver. En 1845, je n’ai relevé les tubercules qu’à la fin de décembre, et la récolte en était belle et abondante, et j’au- rais même pu les laisser jusqu’en janvier, sans qu’ils eus- sent à souffrir tant notre hiver a été exceptionnel. En effet, plusieurs petits tubercules se sont trouvés oubliés en terre, comme cela arrive pour les pommes de terre, et ces tubercules ont produit, a la surface du sol oîi ils avaient été cultivés, en mars et avril \ 846, des tiges vigou- reuses ; mais, je le fais observer, ce cas particulier doit être attribué d’ailleurs à la douce température que nous avons

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REM’E IlOlvnCOLE.

éprouvée cet hiver; car, ainsi que j’ai eu l’occasion de le remarquer, les luhercules de VOxalis crenata sont bien plus sensibles à la gelée que les pommes de terre a cause de la lénuilé de leur épiderme et de la délicalesse de leur tissu.

ijt résumé, ce légume, qui semble avoir de la peine à s’introduire chez nous, commence néanmoins a produire de très beaux tubercules qui nous font espérer un bon aliment, surtout dans rouest de la France on en a obtenu des ré- sultats très saiislaisauls. )’ai vu aussi, pendant ces dernières années, de magnifiques tubercules provenant des cultures de M. Baudry, propriétaire a Audresy, près Poissy (Seine- et-Oise), et il est certain qu’avec de la peisévérance, la cul- ture de l’oxalis finira par devenir avantageuse.

PÉPTN.

Noie sur V effet produit par la chaleur du mois de juin sur les feuilles c/'Azalea indica et autres végétaux.

Plusieurs horticulteurs m’ont fait voir des Azalea indica en pots et en caisses dont le bord des feuilles était dessé- ché et formait autour d'elles une zone large de 0“',005 à 0™,005. Ils pensaient que c’était une maladie causée par le développement d’un cryptogame (champignon); mais heureusement il n’y a rien de semblable a craindre pour ces belles plantes, car après les avoir observées, j’ai re- connu que le bord de leurs feuilles avait été brûlé en juin et juillet par la chaleur et les coups de soleil. Il est vrai que la fraîcheur de ces plantes a été détruite, et leur santé momentanément altérée ; en effet, il leur faudra quelque temps pour se soustraire à cette fâcheuse influence, et les feuilles persistant plusieurs années sur l’arbre, perdront de leur beauté et de leur valeur.

Le mal que ces chaleurs ont fait à la culture jardinière est immense : les semis de printemps qui étaient levés, pour la plupart, ont été, malgré les arrosements, brûlés par le soleil ou détruits par les pucerons; les jeunes plants repi- qués ont subi le même sort ; les plantes de serres, qui onl été mises a l’air en mai et juin, sans être suffisamment abritées, ont leurs feuilles et leurs jeunes bourgeons plus ou moins brûlés par le soleil. Les Gamellias restés dans les serres ont eu aussi leurs feuilles attaquées partout la lumière a pu les atteindre, en filtrant, soit entre les toiles

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qui les couvraient, soit entre les claies d’osier. Plusieurs arbres et arbustes en pleine végétation ont été desséchés, d’autres n’ont été frappés que sur quelques branches par tielles ; enfln, il est quelques genres de plantes, comme les roses, dont la chaleur a hâté la floraison et abrégé la durée ordinaire.

Pépin.

Note sur la fécondation naturelle et artificielle des végétaux.

Depuis quelques années les horticulteurs ont mis en pratique l’opération de la fécondation artificielle des plan- tes, afin d’obtenir par les semis résultant de celte fécon- dation des variétés plus belles. Ces croisements produisent chaque jour de nouvelles variétés ; mais il en résulte qu’il est fort difficile de conserver les véritables espèces et que la botanique devient un vrai chaos à cause du chan- gement de caractère que subissent les plantes. Ainsi, il y a trente ans, on connaissait à peu près 80 espèces du genre Pélargonium; aujourd’hui il y en a plus de la moitié qu’on ne retrouve nulle part dans les jardins et les collections : les Dahlias sont dans le même cas. Cependant, un des types {Dahlia coccinea) fui reiromé en ^840 dans des graines rapportées du Mexique. On avait perdu aussi le type pri- mitif du beau genre Chrysanlhemum^ dont le nombre des variétés s’accroît tous les jours. Nous l’avons retrouvé il y a quelques années dans un envoi de graines venant de la Chine. Les fuchsia, les calcéolaires, les alsiræmères, les iris, les pivoines ligneuses et herbacées, les giroflées jaunes, les quarantaines, ont aussi produit un nombre infini de variétés; les pensées et plusieurs autres genres ont aussi perdu leur pied-mère. Depuis quelques années, on ne trouve plus ni chez les jardiniers fleuristes ni dans les jar- dins de Paris, la belle grande pensée vivace (Viola grandi- flora)* Il paraît que ce type a disparu depuis longtemps ; car voici ce qu’écrivait à ce sujet, en ^777, Bernard de Jussieu, dans une lettre à M. Villars,quilui demandait quel était l’obstacle qui pouvait retarder la publication de ses œuvres. « L’obstacle, ce sont les fleuristes et les catalogues de jardins. Les plantes métamorphosées par l’art et par la culture, ont tellement changé de forme qu’on ne peut plus aujourd’hui distinguer la variété des espèces. La main des

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lioiimies, par la culture comme par la civilisation, défigure souvent les productions de la nature; nous avons oublié notre propre berceau, et l’origine du blé, notre principal aliment, nous est également inconnue. » Ainsi, il y a 69 ans, Bernard de Jussieu faisait déjà remarquer combien la cul- ture mélamorpliosait les plantes, et a cette époque on ne connaissait pas les moyens artificiels et si prompts que nous employons aujourd’hui!

Pépin.

Floraison d'un nouveau Fuchsia en Angleterre.

Les amateurs de Fuchsias il’apprendront pas sans iiî- lérêt qu’une magnifique espèce appartenant a ce genre si populaire a fleuri récemment dans l’établissement de MM. Veitch, a Exeter, lesquels Font reçu de leur zélé col- lecteur, M. Lobb, qui l’a découverte dans les montagnes du Pérou. Nous avons aujourd’hui un nombre très consi- dérable de Fuchsies, et bien plus encore d’hybrides et de variétés, très souvent à peine discernables les unes des autres, bien qu’on se soit plu à leur donner des noms dif- férents. Celle que nous annonçons au public se distingue au premier coup d’œil de toutes celles que nous possédons, bien qu’elle ait quelques affinités avec le Fuchsia fulgens et le F. corymbi/lora. Son caractère le plus saillant est la longueur vraiment démesurée de ses fleurs, dont le tube a quelquefois plus de 0’’^,12 de longueur, parti- cularité qui lui a valu le nom de F. macrantha. Ces tubes sont d’un beau rouge, tandis que le limbe du calice est nuancé de jaune, si toutefois la figure que nous avons sous les yeux est exacte. La plante est basse, bien fournie, d’un port élégant; les fleurs ne naissent pas isolées les unes des autres, mais groupées au nombre de six à dix en gerbes pendantes, qui produisent le plus bel effet en se détachant sur le vert animé du feuillage. C’est en somme une plante tout-'a-fait ornementale et qui conviendra par- faitement pour décorer les serres et les salons. Ou doit s’attendre a ce que la culture n’en soit pas plus difficile que celles des autres Fuchsias, qui sont pour la plupart du même pays.

Paxtori^s Magazine of Botany,

REVUE HORTICOLE.

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Arbres et arbustes nouvellement introduits en France.

M. Victor Verdier, si honorablement connu du monde horticole, par ses riches collections de roses et de pi- voines, a fait racquisition, cette année, de plusieurs arbres et arbustes nouveaux, venant de la Cochinchine et de la Californie. Parmi ces espèces se trouvent plusieurs Berbe- ris, des Mahonia, Coioneaster, Spirœa, Ilex, Clematis, Acer cochinchinensis. Planera japonica. J’ai reconnu ce dernier pour être VUlmus chinensis, Desf. C’est un arbre moyen, à rameaux grêles et flexibles; a feuilles luisantes, ovales et dentées régulièrement sur les bords. Tout le reste m’est inconnu. M. Verdier a déjà une grande partie de ces arbres en multiplication; il est probable que la plupart d’entre eux pourront êtrelivrés l’an prochain au commerce : ils orneront les jardins par leur port et surtout par leur beau et bizarre feuillage, qui est en général persistant. Je ne cite en ce moment que les genres, je reviendrai plus tard sur les espèces à mesure qu’elles se développeront.

Pépin.

18e exposition de la Société royale d*horliculture.

- La Société royale d’horticulture a fait, du 6 au 9 août, sais® exposition annuelle dans l’orangerie du Luxembourg. Nous regrettons de dire que, pour le coup d’œil, celte exhi- bition a été très inférieure à celle dont nous avons rendu compte dans noire numéro du l®r juin dernier. Cela tient, selon nous, a deux causes : d’abord à l’extrême sécheresse qui règne depuis deux mois, et qui a été on ne peut plus défavoraMe à la floraison des plantes ; et puis au mode adopté dans la disposition des objets. Il était impossible d’obtenir un effet heureux en plaçant les plantes sur des gra- dins tellement élevés qu’on ne peut les apercevoir que par dessous? Il faut croire qu’un jour on reconnaîtra l’incon- vénient de ce mode; mais ce ne sera probablement pas sans lutter longtemps contre une habitude invétérée. C’est Ta, au reste, le sort de toutes les améliorations, même les plus simples.

Nous concevons, après tout, que le coup d^œil ne soit ici qu’une considération secondaire; mais, ce qu’il ne faudrait pas oublier, c’est que le public doit pouvoir, lui aussi, ju-

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des progrès de rhorliciiUiire , et il ne le peut qii’autant que les plantes lui sont fuésentées sous leur véritable jour. Eu lui eu dérobant la moitié, on n’atteint quMinparfaitement le but qu’on s’est proposé en inslituantles expositions pu- bliques; il en apprendrait presque autant en allant se pro- mener au Marché-aux-Fleurs.

Avant d’en finir avec la criticjue, nous devons dire aussi que le Jury ne se montre pas assez sévère dans l’admission des échantillons qui sont soumis a son examen. C’est la nue opinion que nous avons entendu formuler par plusieurs personnes. Il faut convenir, en effet, qu’au nombre des plantes qui ont été admises, il s’en trouvait beaucoup que leur médiocrité aurait faire repousser, beaucoup aussi qui, pour être belles, ne valaient pas mieux que celles que nous voyons tous les jours a l’étalage des marchands de fleurs. On dira peut-être que tout|cela fait nombre, et qu’il fallait garnir la salle. Ce n’est pas une bonne rai- son , et il ne nous semble pas prouvé que l’exposition eût perdu a occuper un peu moins d’espace. Après tout, ne nous montrons pas trop exigeant: la saison a été peu favo- rable, et il y avait à l’exposition aussi beaucoup d’objets intéressants en faveur desquels il faut savoir passer sur bien des choses.

Nous allons essayer de faire connaître a ceux qui n’ont pas vu cette exposition quelques unes des plantes qui ont été le plus remarquées. Citons d’abord de magnifiques Or- chidées, comme on en voit encore trop peu chez nous. C’é- taient un Stanhopea tigrina , et surtout un Catileya crispa , a fleurs odorantes; puis des Brassia odorata, des Lycaste gigantea, un admirable Maxillaria Deppii^ un Phajus al- bus et beaucoup d’autres plantes de la même famille, toutes fort belles, appartenant, pour la plupart, a la riche collec- tion des frères Cels , qui avaient aussi exposé un Dichori- sandra ovata , espèce rare et nouvelle, mais qui ne mérite peut-être pas, comme plante d’ornement , tous les éloges qu’on lui a prodigués.

Plusieurs échantillons de Lilium lancœfolium, apparte- nant a divers horticulteurs, fixaient aussi, à juste titre, les regards des curieux. Nous avons remarqué, entre autres, les trois variétés de M. Thibaut , dont une, le rubrum , mouchetée de pourpre sur un fond blanc, est une des fleurs les plus gracieuses que nous possédions.

Comme plantes ornementales , les bruyères occuperont

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toujours un des premiers rangs dans la floricuUure , et quel- que soit le mérite de beaucoup de nouvelles acquisitions, il en est peu qui puissent rivaliser avec elles pour Pélégance des formes, la variété et la richesse des couleurs. Ces char- mants végétaux ne pouvaient être oubliés, et deux lots, qui en étaient uniquement composés, appartenant, l’un a M. Mi- chel, l’autre a M. Deshayes, de Vincennes, se faisaient re- marquer entre tous ceux qui avaient été admis a Fexposi- tion. Ces horticulteurs eu avaient environ 70 échantillons de variétés du meilleur choix, dont la fraîcheur, la bonne tenue et la santé leur faisaient honneur.

M. Salter, de Versailles, s’est fait une spécialité de la cul- ture des Fuchsia. Son lot en renfermait une trentaine, dontlespots, artistement arrangés dans delamousse, produi- saient l’effet d’un élégant petit parterre. Nous y avons par- ticulièrement remarqué les variétés Bianca, Empress^ Napoléon et Reine des Français ; mais nous ne pouvons dissimuler que la vue de celte collection nous a prouvé combien sont faibles souvent les caractères qui différen- cient les variétés horticoles. Pour les saisir tous, il faut né- cessairement avoir l’œil exercé de l’horticulteur intéressé à produire et a vendre le plus possible de ces variétés.

Que dire ici de la nombreuse collection de roses de M. Du- puy-Jamain, presque toutesou défleuries ou dansleplusmau- vais état? C’est a la saison qu’il faut s’en prendre, et non à M. Dupuy-Jamain dont l’habileté à cultiver îes roses est bien connue. Quelques-unes pourtant étaient encore très pré- sentables ; mais nous répétons ici ce que nous venons de dire à propos des Fuchsia, au risque de nous voir accuser de manquer de goût ou de n’avoir pas d’yeux. Beaucoup de ces variétés sont trop peu distinctes pour porter des noms différents et être livrées aux acheteurs comme nouvelles. Ce n’est pas seulement notre opinion personnelle que nous exprimons ici; plus d’un horticulteur a avoué, dans un moment d’abandon, qu’on pourrait, en fait de roses, sup- primer la moitié des noms et même des objets qu’ils ser- vent à désigner sans que l’horticulture y perdît rien. Après tout, il ne faut pas disputer des goûts, et dès que les amateurs acceptent ce qu’on leur donne comme des va- riétés parfaitement caractérisées , il n’y a plus rien à dire.

N’oublions pas de mentionner trois collections que le public a justement appréciées, et qu’il a pu d’autant mieux

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juger, qu’on avait eu le bon esprit de ne pas les percher a deux mètres de haut. Nous voulons parler des Reines-Mar- guerites, qui, malgré leur ancienneté dans nos jardins, se- ront toujours populaires, surtout quand elles auront les qualités de celles de MM. Malingre, Tripet-Leblanc et Fon- taine. Il y en avait par centaines de toutes les variétés de taille et de couleur. En voyant ces épais massifs de feuil- lage, et de (leurs si pleines et si régulières on pouvait aisé- ment juger des heureuses modifications que la culture leur a fait subir. Les Œillets sont dans le même cas, et il est à regretter que M. Dubos, qui en avait exposé quatre-vingt- dix variétés de fleurs coupées, n’ait pas apporté a l’exposi- tion ses plantes tout entières.

La végétation tropicale avait aussi de nombreux et beaux représentants dans les plantes de serre chaude de MM. Gels et Souchet, dont chacun a pu admirer les Palmiers, les Cycadées, les Cactus, nombre de Conifères exotiques du plus haut intérêt pour la science, et peut-être un jour pour l’industrie. Nous n’en finirions pas si nous voulions énu- mérer toutes ces richesses, dont la liste, après tout, ne dirait rien à ceux qui ne les connaissent pas. Avant de ter- miner cette revue, nous devons, toutefois, signaler encore une multitude de belles espèces et variétés de Penistemon et de exposés par M. Paquet; un Heteropteris chryso-

phylla, et un Calanihe veratrifolia appartenant a M. Poi- teau ; des Gladiolus gandavensis du plus bel effet dans le lot de M. Bertrand; et une soixantaine de très beaux dahlias dans celui de M. Mézard.

Cette fois, au moins, la culture maraîchère n’a pas été oubliée, quoiqu’elle n’occupe pas encore autant de place qu’on pourrait le désirer. Ou peut dire que presque tous les objets qu’elle a exposés ont vivement intéressé le pu- blic, dont l’empressement à les voir prouvait bien qu’il préfère toujours l’utile a l’agréable. Tous ces légumes, ces fruits magnifiques, artistement groupés au fond de la salle , au pied des vases de fleurs , étaient parfaite- ment bien placés pour être vus de près, et a coup sûr les habiles jardiniers qui les ont produits ne pouvaient qu’y gagner. On s’étonnait que des potirons pussent acquérir l’énorme dimension de ceux qui y figuraient; les Auber- gines, les Melons Cantalous venus en pleine terre n’étaient pas moins remarquables; mais ce qui fixait surtout les re- gards, c’étaient les corbeilles dépêchés de diverses variétés;^

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sortant des cultures de MM. Alexis Lepère etMalot. MM. Ja- main et Durand en avaient aussi exposé quelques-unes qui n’étaient pas moins belles, mais leur lot principal consistait en une vingtaine de variétés de poires d’été de la plus belle apparence. Leurs fruits conservés de Tannée dernière, parmi lesquels se trouvent les pommes Rambour d’Améri- que et Borowiski, ainsi que le Calville blanc de M. Lepère, étaient encore dans un état de fraîcheur remarquable.

Un grand nombre d’outils et d’instruments de jardinage étaient, comme d’habitude, exposés aux regards du public. Nous n’y avons rien vu de nouveau qui mérite d’étre cité : c’était, a peu de chose près, ce dont nous avons rendu compte lors de l’exposition du cercle. Nous avons pareillement signalé à cette époque les beaux vases de MM. Guénaut et Follet : nous n’en reparlerons donc pas ; mais nous ne pou- vons passer sous silence une magniflque collection de 70 variétés de poires et de pommes modelées en cire par M. Bricogne. Pour la forme et le coloris, il n’y a rien à dé- sirer. Sa pomme de terre malade représente peut-être moins exactement la nature.

Les peintres de fleurs ont donné de nouvelles preuves de leur habileté. Que peut-on faire de mieux, par exemple, que les Auricules, les Gladiolus, les Iris et les Cactus peints à Thuile par M. Constans? que les vases de fleurs à l’aqua- relle de madame de Ligny? Pour être juste, il faut encore nommer mesdames Bricogne et Lemire, et mesdemoiselles Mazot et Cornuel, qui ont aussi exposé des tableaux de fleurs qui annoncent un véritable talent.

Mais au milieu de toutes ces œuvres d’art, les plus re- marquables, a notre avis, sont les tableaux en relief dus au talent de l’infortuné docteur Thibert, qu’une mort cruelle vient d’enlever, dans la fleur de Page, a sa famille et à ses nombreux amis. Inventeur d’une composition qui acquiert la dureté de la pierre, et qui reçoit admirablement toutes les nuances qu’on veut lui donner, il avait trouvé le moyen de la modeler avec une rare perfection. Après avoir consa- cré sa découverte a la reproduction de pièces d’anatomie pathologique qui enrichissent aujourd’hui plusieurs Musées de l’Europe, il avait eu l’idée de la faire servir aux décors dessalions et 'a la représensation des produits de l’horti- culture. Ce n’était pas sans admiration qu’on considérait les cinq tableaux sortis de ses mains qui figuraient à l’oran- gerie du Luxembourg, et se trouvaient exécutés avec

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uii art inimitable tontes sortes de légumes et de fi uits, les uns entiers, les autres coupés, et qui, même vus de près, défient Fœil le plus exercé. Sans doute son procédé ne sera pas perdu, mais ce qui ne se retrouvera peut-être pas, c’esl une main habile qui sache le mettre en œuvre.

Nous terminons ce compte rendu par la liste des lau- réats et des prix qu’ils ont obtenus.

Premier concours. Pour la plus belle plante en fleur.

Première médaille à M. Ryfkogel, pour le \Dichorisandra ovata.

Deuxième médaille à MM. Gels frères, pour la même plante.

Troisième concours. Pour la plus belle collection déplantés fleuries.

Médaille d*or de Madam e la duchesse d’ Orléans, à M. Jacquin aîné.

Médaille d* argent k M. Chauvière.

Huitième concours. Pour une collection A s ter s -Reines- Marguerites,

Première médaille à M. Tripet-Leblanc, fleuriste et pépiniériste.

r, .1 •// Malingre./

Deuxiemes médaillés^ e.\. ^ Fontaine f

Dixième concours. Pour une collection de Fuchsia.

Médaille à M. John Salter, de Versailles.

Douzième concours. Pour une collection de Lobelia et de Pentstemon.

Mention honorable à M. Paquet.

Quatorzième concours. Pour beaux légumes.

Médaille à M. Am and Neffier.

Mention honorable à M. Crochot.

Quinzième concours. Pour beaux fruits de table.

Médaille à MM. J.-L. Jamin et Durand.

Récompenses en dehors des concours ouverts.

Pour collection de plantes rares, médaille d’or de Madame Adélaïde , à M. SoucHET fils.

Pour collection de plantes rares et nouvelles, grande médaille d’ar- gent à MM. Gels frères.

Pour grenadier blanc à fleurs doubles, médaille à M. Barbot.

Pour collection de Roses, médaille à M. Dupuy-Jamain.

Pour collection de Roses et Roses coupées, médaille à M. Verdier.

Pour collection d’Erica, médaille à M. Deshayes fils.

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Paur collection d’Erica^ médaille à M. Ch. MrcHEL.

Pour collection de plantes de pleine terre, médaille à M. Pelé,

Pour collection de plantes 'variées, médaille à M. Bertrand.

Pour peintures en relief, médaille à MM. Thibert et Lemercier.

Pour fleurs peintes, médaille à M. Constant.

Pour aquarelles de fleurs, médaille à mademoiselle Cornukl.

Pour fleurs imitées, mention lionorable à M. Meyer.

Pour aquarelles de fleurs, mention honorable à madame Deligny.

Pour machines horticoles, médaille à M. Quentin Durand.

Pour instruments horticoles, rappel de médaille à M. Arnheiter.

Pour 'Vases et poteries, médaille d’or des dames patronesses, à M. Follet. Médaille à M. Guénaut. Mention honorable à M. de Boissimon, fabricant à Langeais (Indre-et-Loire).

^ Naüdin.

Exposition de fleurs de Chiswich Garden, aux environs de Londres,

Mon fils m’écrit de Kew qu’il est allé visiter l’exposilion de fleurs de Chiswich, qu’il s’est extasié devant les nom- breuses plantes nouvelles qu’il y a vues. Les espèces sui- vantes ont surtout attiré son attention.

Phyllocladus asplenifolius, de d™,55 de hauteur, muni de larges feuilles, caractère que nous n’avons pas encore constaté sur ceux que nous cultivons;

Calystegia pubescens, liseron apporté de Chine par M. Fortune, assez semblable a notre C. Lepium^ mais à fleurs doubles et lavées de rose;

Lycopodium cæsium de Chine. Cette plante fort remar- quable, de la couleur de l’acier bruni, se trouve déjà en Belgique chez M. Van Houtte ;

Sollya linearis^ de ^"^,60 de hauteur sur d®,55 de circonférence;

Erica Aiionii, fleurs très larges;

Oncidium nebulosum^ une des plus jolies espèces du genre ;

Houlleiia, espèce nouvelle, mais moins belle que celle qui est figurée dans V Herbier général de l^amateur;

Miltonia spectabilis (en caisse), remarquable par son volume et le nombre de ses fleurs;

Des Stanhopea de toute beauté ;

Le Dendrobium formosum, l’un des plus beaux du genre, et aussi l’un des plus rares;

KEVUE HORTICOLE.

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Des Ærides odoraium, de 1^,55 de haïUeur, en pleine floraison.

Lœlia cinnaharina, en pleine floraison aussi;

Rhenanlhera coccinea^àevw pieds avec sept hampes de fleurs chacun;

Un Linanlhus RasseUanus^ d’une rare beauté, formant une touffe de 1 mèire de diamètre sur 0*t^,60 de hauteur;

Le Cuphœa Melvillii ;

De très beaux Statice mucronata ;

Un nouvel Achimenes païens^ dont mon fils me vante par dessus tout l’éclat des couleurs et la forme des fleurs, qui sont toutes crénelées, l’expression lui manque pour en peindre le brillant effet.

lochroma tubulosa, solanacée très rare. Le Jardin des plantes en possède un pied qui va fleurir en pleine terre ; il a près de 5 mètres de haut;

Grammatophyllum muliiflorum, d’une beauté rare;

Lobelia bellidiflora, Pélargonium ardens^ d’une cou- leur magnifique : les fleurs ont l’aspect du velours ;

Des Æschinanthus nouveaux ont fait les délices de tous les amateurs ;

Le Pulcher , le Boschianus surtout, d’une végétation tellementluxuriante,quelesfleurs, en retombant, cachaient le vase dans lequel la plante se trouvait placée ;

Clematis glandulosa^ Cuphœa cordata^ très belles plan- tes qui méritent d’être introduites sur le continent.

Parmi les Conifères, il a surtout remarqué les suivantes.

Taxodium mucronatum ;

Juniperus drupacea ;

Thuya aurea ;

Cupressus flagelliformis ;

Abies Brunoniana;

Juniperus recurva.

Mon fils me mande également qu’il a visité le jardin de lady Granville 'a Dropmore, il a remarqué des conifères d’une force peu commune ; il cite, entre autres, le Pinus monti- cola, de 5 à 4 mètres de hauteur ; Pinus grandis, de 2“^, 50; Pinus amabilis^ de 5 mètres de hauteur; Juniperus ex- celsa^ de 4 mètres. Il ne se rappelle pas que le Musée en possède un individu qui a près de 5 mètres ; Pinus cembra sibirica. magnifique pin, dit-il, de 5 mètres et plus de haut; Cedrus deodora, de 8 mètres de hauteur; Arauca- ria Cunninghammi, de 6 mètres de hauteur, ainsi qu’un

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Taxodium sempervirens, Pinus Ilarlwegii, Pinus cemhra^ pygniœa, Abies Douglasii^ de ^5 mètres de liaiiletir, sapin admirable, dont le Musée possède iin individu de 4 mètres de hauteur et (rime admirable végétation 11 me cite encore un pied magnifi(]iie de V Abies Webbiana, couvert de cônes. Tous ces pinson sapins sont couverts de branches étendues sur le sol, de manière h ce qu’on ne distingue jamais les pieds de ces beaux arbres. *

Il est inutile de faire observer que tous ces arbres rési- neux sont en pleine terre. La douceur des hivers en Angle- terre est telle, que les Araucaria excelsa résistent faci- lement aux gelées ordinaires de 6^ qui dépassent rare- ment 7°, et qu’on peut y cultiver avec succès VAbies Web- biana^ dont les branches se dépouillent a Paris par une température de 9"*, après quoi ils restent languissants.

Neumann.

Invention récente des Anglais.

L’Angleterre est décidément le pays des découvertes. Après avoir donné au monde la vaccine, le télégraphe élec- trique, les chemins de fer atmosphériques et cent autres inventions dont la naissance sur le sol anglais est plus ou moins contestable, nos voisins viennent de se surpasser en inventant le Parapetticoat. Or, quest-ce que le Parapet- lecteurs, je vous le laisse a deviner, ou plutôt, comme vous ne le devineriez pas pour peu que vous soyez étrangers aux beautés de la langue qui se parle sur les bords de la Tamise , je vais vous le dire : Parapetticoat veut dire parajupon ou parajupe, comme on voudra, PAcadémie n’ayant pas encore donné son avis. A ce nom peu galant, il nous semble voir tout le beau sexe se récrier, et, dans le fait, si on ne tenait compte que de sa barbare étymologie, on pourrait lui donner une interprétation quelque peu mal- veillante. Que nos dames pourtant se rassurent; malgré la métaphore, ce n’est en aucune façon pour nous abriter de leurs coups que ce pittoresque appareil a été imaginé, mais tout simplement pour faire la guerre aux pucerons qui dévorent nos rosiers. Si vous êtes curieux de fabriquer vous- même un parapetticoat, voici comme il faut vous y pren- dre : Procurez-vous un vieux parapluie de colon d’un tissu serré; d’une manière ou d’une autre allongez-en assez le manche pour que, fiché solidement dans la terre au pied

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des rosiers, ces arbustes y soient commodément abrités. Prenez ensuite un jupon tel quel, vieux ou neuf peu im- porte, en laine, en coton, en ce que vous voudrez; le plus imperméable sera la meilleur. Habillez-en votre parapluie, avec la précaution d’en coudre l’ouverture supérieure au pourtour de ce dernier, laissez le reste flotter librement au gré des vents. Dans cet état, votre machine de guerre res- semblera assez bien à une petite tente, qu’il ne vous reste plus qu’à placer sur votre rosier, et à assujettir solidement dans le sol par l'extrémité inférieure de son manche. Il est indispensable que le bas du jupon descende jusqu’à terre et qu’on l’y maintienne hermétiquement appliqué, soit avec de petites pierres, soit autrement. Ceci fait, armez-vous d’une pipe et envoyez force bouffées de tabac dans voire appareil. Si l’opération est bien conduite, au bout d’une heure vous pourrez l’enlever, et vous verrez alors le sol jonché de morts et de mourants. Votre rosier sera complè- tement débarrassé des pucerons; mais il sera indispen- sable de le bien laver, pour enlever les particules âcres du tabac que la fumée y aura déposées. Vous voyez qu’il n’y a rien de bien difûcile dans la construction du para- petticoat. Si le cœur vous en dit, et que vos rosiers ou vos groseilliers soient infectés de pucerons, essayez en sans crainte; l’auteur, qui n’a pas pris de brevet d’invention, vous offre généreusement sa découverte, et n’a aucune en- vie de vous intenter un procès en contrefaçon.

Naudin.

Nécrologie.

Soülange-Bodin, fondateur des jardins de Fromont.

M. Soulange Bodin, en 1774, fut élève au collège de Tours, et se distingua dès sa plus tendre jeunesse par un es- prit vif, pénétrant, et une grande aptitude pour l’étude. Ses parents le destinaient à la médecine ; mais les événements du temps le firent entrer dans la carrière diplomatique, et il sui- vit comme secrétaire d’ambassade a Constantinople le général Aubert-Dubayet. M. Soulange n’avait alors que vingt ans, et cependant son esprit et son jugement étaient tels qu’on lui confia plusieurs missions importantes. Sous l’empire il fut attaché au prince Eugène en qualité de chef de cabinet, il le suivit dans les campagnes d’Italie , d’Allemagne et

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de Russie, et reçut pour récompense de ses services la croix de la Légion d’IIonneur et des insignes de la Couronne de Fer.

Pendant tous ces voyages, la vue de la nature et des belles villas des pays parcourus développèrent en lui un goût prononcé pour les beaux arbres, les plantations, les points de vue pittoresque, et dès cette époque il accumu- lait déjà dans le parc de Fromont, et y faisait planter en groupes, en massifs ou isolément, les végétaux de choix qui, aujourd’hui, font de ce parc un lieu de délices.

A la chute de l’empire, M. Soulange renonça aux affaires politiques, se retira a Fromont qu’il a continué de planter et d’embellir de nouveaux végétaux et qu’il a enrichi par la découverte de nouvelles sources d’eau et par la construc- tion de nombreuses serres propres à la culture des plantes de tous les climats. En peu de temps, Fromont est devenu un établissement horticole de premier ordre, et M. Sou- lange le plus grand promoteur des progrès de l’horticul- ture. La variété de ses connaissances, son esprit, son ama- bilité lui avaient fait de nombreux amis. Dès sa fondation, en ^827, la Société royale d’horticulture de Paris le nomma son secrétaire général; plus tard, il fut membre de la So- ciété royale et centrale d’agriculture, et peu après il devint son secrétaire perpétuel.

En ^829, M. Soulange fonda a Fromont un institut hor- ticole que le roi Charles X visita , se plut à protéger, et auquel il donna le nom d'Inslitut royal d'horticulture de Fromont. Les vœux les plus chers de M. Soulange sem- blaient alors remplis, il se croyait en position de donner a l’horticulture l’impulsion qu’il rêvait depuis longtemps. Vaine espérance! ^850 arriva, et tous ses projets d’avenir furent renversés.

Depuis lors la force morale de M. Soulange le soutint pendant quelques années; mais les peines du cœur altérè- rent peu à peu sa santé; sa tête était toujours bonne, disait-il, mais son corps s’affaissait de plus en plus sous le poids des douleurs. Il ne pouvait plus visiter ses serres ni ses plantes qu’il aimait tant; il en était réduit a regarder de sa fenêtre les beaux massifs, les délicieux points de vue qu’il avait créés. Enfin, M. Soulange-Bodin a cessé de vivre le 2^ juillet 4846 , a l’âge de 72 ans, entouré de sa famille et de quelques vrais et anciens amis.

POITEAU.

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M. Audibert.

L’agriculture vient de faire une perte qui excitera des regrets unanimes. M. Urbain Audibert, pépiniériste a Ton- nelle, près Tarascon, chevalier de la Légion-d’Honneur, membre de plusieurs sociétés savantes, est mort a Taras- con, le 22 juillet, a Tâge de 55 ans, a la suite dTine lon- gue et douloureuse maladie.

L’établissement d’boriicullure fondé par M. Audibert, est sans contredit un des plus beaux en ce genre, il con- tient une quantité considérable d’arbres et d’arbustes, qui étaient inconnus en Europe avant que M. Audibert en eut opéré rintroduction et l’acclimatation en France. Des arbres à fruits de toute espèce et de premier choix, des arbres d’agréments de diverses essences, des arbustes des familles les plus rares, sortaient tous les ans des pépinières de M. Audibert et étaient expédiés dans toutes les parties du monde; il recevait souvent en échange des essences étrangères pour en tenter l’acclimatation par des procédés de culture appropriés à ces natures exotiques dont le savant agronome savait deviner les exigences.

C’est surtout a notre conquête d’Afrique que l’établisse- ment de Tonnelle est d’une grande utilité : chaque année des milliers d’arbres, extraits de cette immense pépinière, vont enrichir le sol de cette nouvelle France. Aucune grande plantation en France ne se fait sans que Tonnelle ne lui vienne en aide.

Habitué a une vie d’isolement, sans laquelle l’étude de la ature est impossible, M. Audibert avait cependant les qualités de l’homme du monde; il recevait avec une ur- banité parfaite les nombreux touristes et visiteurs attirés che? lui par le désir de connaître ses richesses horticoles. L’agriculture et l’horticulture perdent en lui un des hommes qui avaient le plus contribué à leurs progrès, Tarascon un des hommes qui l’honoraient le plus, et les pauvres un bienfaiteur dont ils bénissent la mémoire.

Une pensée consolante adoucit nos regrets : l’œuvre fondée par cet homme de bien ne périra pas avec lui : M. Audibert laisse un fils initié aux secrets de la science et un frère habitué depuis longtemps à le seconder dans la direction des travaux qui ont porté cetle belle création à ce haut degré de prospérité oîi nous la voyons aujourd’hui; prospérité qu’ils sauront maintenir en conservant au pays un établissement aussi ulile. Plaüghe.

Daddleia JditdL’ycma Forl de Lin die .

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Buddkia Lindleyanaj Bol. Reg. {fig.

Arbrisseau touffu a rameaux grêles, glabres, haut de 2^^ environ, a feuilles opposées, ovales, acuminées, dén- iées; il n’y a que les feuilles de la base des jeunes rameaux qui soient dentées; celles des extrémités le sont peu ou point et parfois subalternes.

Fleurs en épis rameux ou simples; le tube de chaque fleur et le calice sont couverts de petites glandes, visibles a la loupe; chacun des pédicelles des fleurs est accompagné d’une bractéole; les fleurs sont trois par trois, quelque- fois par quatre, par cinq et même par six , portées sur un pédoncule commun, qui lui-même est accompagné d’une bractée a sa base. Le calice est denté, la corolle est tubulée et courbée en dehors; les quatre divisions du limbe de la fleur sont obtuses, d’un pourpre violet intérieure- ment et d’une couleur lie de vin en dehors, ainsi que le tube de la fleur qui est de la même couleur dans toute sa longueur.

Ce nouvel arbuste a été introduit en 1845 en Angleterre par M. Fortune , qui l’a recueilli en Chine ; le pied d’après lequel a été faite la figure a produit des fleurs, à la fin de Juin 4 846 , dans un grand pot; il a été donné au Muséum parM. Chauvière. Auprintempsde4 845 il a été mis en pleine terre au soleil et relevé à l’automne: c’est 'a ces soins qu’il doit d’avoir atteint une aussi grande dimension. Si, comme je l’espère, il peut être cultivé en pleine terre, ce sera une belle acquisition pour l’ornement de nos plates-bandes; il se multiplie facilement de boutures; la terre ordinaire pa- raît lui convenir.

Neumann,

; Notice sur l'établissement horticole de M. Van Houtte.

Le jardin de M. Van Houtte est actuellement, pour la Bel- gique, ce qu’ont été, pour la France et l’Angleterre, les célèbres établissements de Loddiges, de Cels et de Noisette : créé depuis quelques années seulement, il a déjà acquis une immense renommée. Ce qui frappe d’abord en y en- trant , c’est le nombre et le vaste développement des serres ou des bâches, leur sage disposition, jointe a une exquise ei simple élégance.

2e SÉRIE. Tome v, 41 .

4^^ Septembre 4 846.

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Cet immense jardin occupe une superflcie de plus de 5 h. 60 ares, incessamment parcourus par de jeunes horticul leurs qui vaquent sérieusement à leur tâche ; chacun a sa spécia- lité^; la cloche les rassemble et les disperse; c’est une vie multiple de travail et d’étude , un mouvement perpétuel dont une main habile dirige les rouages compliqués avec autant de fermeté que d’intelligence.

A l’exception du coté Est, l’établissement est entouré de fossés remplis d’eau, de haies vives dont le peu de hauteur laisse errer en liberté la vue sur de vastes et riches cam- pagnes que parcourt l’Escaut. Au N. une plantation de peu- pliers d’Italie brise l’action des grands vents; à l’O. des haies vigoureuses, mais basses, permettent de jouir du beau panorama que la ville forme 'a l’horizon, tandis qu’au midi, sur une étendue considérable, des groupes d’habita- tions, occupées la plupart par les employés de l’établisse- ment, une triple rangée d’arbres bordent le jardin jusqu’à l’entrée; à l’E. enfin, un mur de plus de 400 pieds de lon- gueur clôt de ce côté les remises , ateliers de menuiserie , de peinture, d’emballage et de déballage, divers magasins, les immenses salles s’exécutent l’impression lithographi- que, ainsi que le coloriage de la Flore des Jardins^ dont M. Van Houtte s’est constitué l’éditeur.

L’exposition de ce jardin, situé a quelques minutes, et k l’Est de la ville (hors de la porte dite de Bruxelles), m’a semblé choisie avec une entente et une intelligence particulières. La, en effet, ne sauraient parvenir les noires effluves des vas- tes usines de l’une des principales villes manufacturières du continent , effluves qui souillent dans la plupart des Jardins situés a Gand , les plus riches cultures florales et menacent d’y détruire les belles et antiques planta- tions du jardin universitaire. Aussi , le riant spectacle de milliers de fleurs, dans toute la fraîcheur et l’éclat de leur coloris, frappe-t-il vivement l’étranger qui parcourt l’établis- sement de M. Van Houtte; ma visite a duré trois jours, après lesquels, je le reconnais, il me restait encore une foule de notes et d’observations a recueillir. G’estdonc a l’aide de celles que j’ai prises et des renseignements qui m’ont été fournis, soit par M. Van Houtte, soit par son premier chef de service, M. Louis , que je vais essayer de donner aux lecteurs de la Revue une idée exacte de la distribution du grand établis- sement que nous venons de voir k vol d’oiseau.

Une grille 'a claire - voie livre un large passage. A droite

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sont de magnifiques massifs de Rhododendron, A gauche Feutrée immédiate des jardins : devant vous s’élève la mai- son d’habitation, parfaitement distribuée, tenue avec l’ex- quise propreté flamande , et dont les différentes parties sont convenablement appropriées aux divers services que nécessite une exploitation conçue sur une aussi grande échelle. Ainsi, au rez-de-chaussée se trouvent les bureaux, et une petite bibliothèque composée des ouvrages les plus recommandables , soit en horticulture, soit en botanique ; au premier, le magasin de librairie pour la Flore; les combles sont convertis en galeries pour la conservation, le triage, le paquetage des graines de toutes espèces, dont l’établissement fait un grand commerce , comme semences potagères , tirées des meilleures maisons du continent ; graines de plantes exotiques, fraîchement arrivées des dif- férentes parties du globe, etc., etc. Un cabinet spécial est af- fecté a la collection des plantes sèches, des fruits de pal- miers nommés avec soin, et à l’aide desquels on détermine les plantes vivantes ou les graines qu’on adresse au jardin.

C’est en vérité un aspect curieux que l’ensemble de ces greniers, de ces milliers de cases, soigneusement étiquetées où, en quelques instants, la commande la plus étendue peut se remplir avec l’exactitude la plus scrupuleuse.

A droite de la maison se développe un parallélogramme d’une surface considérable et qui ne peut être évaluée à moins de ^855 mètres; ce sont les remises et les ateliers dont j’ai parlé. Les peintres, les menuisiers, les emballeurs y sont occupés pendant toute l’année ; d’un autre côté, mais à la suite de ces ateliers et dans une salle de A] mètres de long sur 5 de large, deux imprimeurs- lithographes, plus d’une centaine de jeunes garçons colo- ristes, organisés pour ainsi dire en enseignement mutuel , sous la direction de deux artistes-dessinateurs, sont occupés, dans le plus profond silence, au coloriage de la Flore, Plus d’un établissement français pourrait profiter de ces sages dispositions, copiées du reste sur celles de M. Seveyrins, aux soins duquel la botanique est incontestablement redevable du plus bel ouvrage colorié qui ait été publié jusqu’à ce jour *.

Comme l’aspect de ces ateliers, malgré toute leur ulilité, n’a rien d’horticole, de grands bosquets d’arbres verts et

(1) Rumphia, sive Commentalioiies bot., auct. C.-L. Blume. 3 vol. in-fol. Bruxelles, chez Rémy.

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d’arbustes d’ornement ont été habilement plantés, pour les isoler, en quelque sorte, des jardins proprement dits. De jolies clairières, semées en pelouses, y ont été ménagées et servent a recevoir provisoirement les plantes qu’on déballe et qui sont destinées a la pleine terre du jardin, et celles de même nature qui doivent être incessamment ex- pédiées.

Une riche et immense collection de Rhododendron hy- brides, composée des variétés les plus nouvelles et les plus méritantes en ce genre, groupées en amphithéâtre, borde ces bosquets du côté du jardin et doivent présenter, à l’époque de la floraison, un admirable coup d’œil.

Je dois avertir que le jardin de M. Vanlloutte peut être regardé comme partagé en deux parties, dont l’une spécia- lement affectée aux cultures de pleine terre, soit pépinière, soit jardin fleuriste, se trouve désignée par le nom de carré de pleine terre : l’autre par celui de carré des serres.

Au nord de la première de ces deux grandes divisions esi un terrain soigneusement entouré d’arbres de haute futaie et d’arbrisseaux toujours verts. Ces derniers n’ont pas été plantés dans un but de simple ornementation. C’est der- rière cet épais rideau que s’accomplit la transmutation de tous les résidus végétaux et animaux , en des terres riches et généreuses, les plantes, enfantées par milliers dans rétablissement, puisent leur luxuriante végétation. Là, gisent en effet des monceaux considérables de terreau el fumiers divers, des engrais végétaux et animaux, des sels ; les différentes terres normales, marneuse , franche, terreau de bruyère et de tourbe, etc. , etc. ; du guano amené d’I- chaboé et de divers ilôts des mers australes, et en partie destinés à la réexportation. Aux pieds de ces collines fac- tices on a creusé une citerne de J 00 mètres cubes, qui reçoit les engrais liquides destinés à lier et à fertiliser en même temps les mélanges à opérer. Je puis le dire, sans être taxé d’exagération , chaque genre de plante reçoit, pour ainsi dire, une sorte de compost spécial, et, si je ne me trompe, les Calcéolaires qui ont tant contribué à établir la réputation horticole de M. VanHoutte, n’ont leur luxe extraordinaire de végétation qu’a une addition de pou- drette mêlée à la terre dans laquelle on les cultivait. Eu général , l’emploi des engrais liquides provenant soit des vidanges, soit des urines de bétail, est très répandu en Bel- gique, même en horticulture. C’est, on le sait, une source de

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richesse pour l’agriculture du pays de Waes , oîi cet engrais est amené du Brabant , d’une grande partie de la Hollande meme, par les rivières nommées le Bas-Escaut et la Durme. Autour d’Alost, de Gand, etc. , comme dans le pays de Waes, les terres sont extrêmement légères*, les pro- duits des vidanges délayés s’emploient comme l’urine du bétail, en les répandant directement sur le sol au mo-^ ment on va l’ensemencer.

Mais revenons au jardin de M. Van Houtte et signalons encore en passant dans cet enclos des terres, et pour mon- trer la prévoyance du maître, des tas de noix de cocos, fendues et exposées a l’air, de manière b pouvoir se décom- poser lentement et b pouvoir servir par la suite a la culture des Orchidées épiphytes.

Douze serres , chacune de 35 mètres de longueur, mais de hauteur et de largeur variables ; douze coffres de 25 b 50 mètres de long, sur 2 mètres de large ; douze bâches en maçonnerie (briques) de ^ mètre de hauteur ou environ, de •55 mètres de long chacune, sur 1 mètre de large, occupent ensuite le vaste carré du premier jardin. Toutes ces serres sont enterrées d’environ 0®, 40 b0“,50 et chauffées b l’eau chaude. Je dois faire , a l’égard du chauffage , quelques ob- servations générales, c’est qu’il importe quela chaudière soit placée aussi bas que possible, et qu’elle ne puisse être vue dans la serre; que le récipient, d’où partent les tuyaux de conduite, soient placés en avant de la chaudière, et que les tuyaux doivent courir obliquement pour prendre leur ni- veau horizontal, sur lesquels se trouvent les tubes d’aérage. On sait qu’au moment l’on allume du feu sous une chau- dière, l’espace que l’eau ne remplit pas renferme de l’air atmosphérique. Cet air, mêlé b la vapeur, passe peu b peu

(1) Les parties de la Belgique qui avoisinent la mer du Nord sont, d’après M. Elie de Beaumont, des pays sablonneux, formés d’un saljle quarlzeux, légèrement argileux. Ces sables, très répandus dans l’Alle- magne septentrionale, portent le nom de geest^ qui, dans le langage vulgaire de ces contrées, désigne ce terrain qu’on trouve dans les pays de Liège, dans le Brabant, etc., formant le sol des bruyères : c’est le sol fondamental de ces contrées, qui partout arrive jusqu’au bord de la mer. Les collines, formées par le sable de geest, atteignent les bords de l’Escaut et ceux de la Zéelande. Le geest forme particulière- ment la partie méridionale de la Hollande; il se rattache aux sables de la Campine, et constitue actuellement, grâce aux soins intelligents et à la persévérance des cultivateurs, une des parties les plus riches de la Belgique.

2^6 RE\ ÜE HOimc ns.

<ians les tuyaux que la chaleur alimente, et ce n’est qu’a la longue qu’il est complètement expulsé. Afin d’en débar- rasser promptement ses tuyaux, M. Van Houtte a placé, de distance en distance , des tubes d’aérage , [par lesquels s’échappe cet air et qui permet ainsi à l’eau de circuler pltis rapidement. Ce système est des plus importants ; mais, pour qu’il puisse être complet, il est nécessaire que ces tubes dépassent le niveau du réservoir qui , lui-même, demande à être placé aussi haut que possible , de manière a augmenter la pression. Ce même perfectionnement, lié à l’emploi des tubes d’aérage , peut également s’appliquer a la soupape : il est essentiel que celle-ci agisse directement sur l’eau, et pour atteindre ce but on adapte a la partie supé- rieure du récipient un tube par lequel s’échappe l’air atmosphérique qu’il contient.

Les coffres servent a abriter une foule de plantes di- verses qui ne supporteraient pas les intempéries du cli- mat , bien qu’elles puissent s’y passer de chaleur en hi- ver. Trois d’entre eux sont remplis par une collection d' Alstrœmères du Chili d’une végétation admirable et supérieure, sans aucun doute, a celle qu’elles dévelop- pent dans leur pays natal. Au moment de ma visite elles montraient des milliers de gros boutons , qui annonçaient pour cette année une merveilleuse floraison. Deux autres bacs , nom par lequel on désigne généralement les coffres en Belgique (bâches en France), reçoivent en été une belle collection de Cactées, plantées a Fair libre , dont une partie issue de graines reçues directement d’Amérique, l’autre de beaux et nombreux individus, dont plusieurs sont remarquables par leur volume. Je citerai, parmi ceux- ci, \es Echinocactus helophorus (Dï^,50 de circonférence), macrodiscus (lw^,9 id.). piliferus (1 mèlre id.), triacan- ihus (0t«,70irf.), recurvus (0>^\66 id.), heocaedrophorus (0*^,58 id.), rhodacanthiis , araneifer^ etc., etc., etc. ; les Mamillaria Neumanniana , xanthotricha , cenlricir- rha, etc. , etc. , le Cereus gladiatus^ etc. , décrits pour la plupart par M. Lemaire, auquel la science doit d’utiles travaux sur cette curieuse famille de plantes.

Trois coffres étaient occupés en avril par des collections de ces ravissantes Sparaxis, Ixia^ Babiana^ Watsonia, Ornilhogalum^ plantes aujourd’hui pour ainsi dire pas- sées de mode, mais qui, je l’espère, grâce au zèle éclairé de

(l) Voir la Flore des serres et des jardins^ t. I.

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M. Van HouUe, seront de nouveau destinées h faire les délices des amateurs et'a ramener ratlentiou sur les Lilia- cées^ si magnifiquement illustrées par De Candolle et Re- douté. A l’entour de ces longues lignes de bacs peu élevés et souvent même au niveau du sol on a planté, pour les harmoniser avec le jardin, Rhododendrons^ des Maho- nias^ et d’autres arbustes, parmi lesquels je dois mention- ner deux belles pivoines arborescentes; le Triomphe de Malines, couvert d’énormes boutons à mon arrivée, était l’objet de toute la sollicitude du chef de l’établissement ainsi que le pied -mère d’un autre Triomphe^ le T, Van der Melen, dont les fleurs atteignent le volume de la tête d’un enfant; ces arbustes, au dire des connaisseurs les plus en- tendus et les plus difficiles, sont les deux plus belles pi- voines en arbres connues.

Trois des serres, dont il vient d’être question, sont diri- gées de l’ouest a l’est et font, par conséquent, fac jaumidi. L’une, la plus haute et la plus large, dite serre du Nord se trouve partagée dans sa largeur en deux parties inégales; la plus vaste, tournée vers le nord; contient une collection d’Azalées indiennes composée d’une cinquantaine de varié- tés choisies par le commerce, adoptées et considérées aujour- d’hui comme des perfections. Celles-ci portent surtout sur la régularité de la corolle dont le lobe supérieur doit être parfaitement central et par suite symétrique; la richesse eb la délicatesse de nuances viennent en seconde ligne : c’est un arrêt impérieusement dicté par la mode. Je renonce a décrire l’effet magique qu’ont produit sur moi ces masses de fleurs éblouissantes de grâce et de fraîcheur, groupées en amphithéâtre. Sur les tablettes de devant s’alignent de jeunes Camellias et d’innombrables semis d’Azalées. J’ai été frappé, ace sujet, en visitant les établissements horti- coles de la Belgique, de la manière dont s’opèrent les repi- quages. En général, on m’a paru les pratiquer beaucoup plus tôt qu’en France, et très peu de temps après la ger- mination. Ainsi j’ai vu chez M. de Jonghe des Mélasto- macées déjà repiquées lorsqu’il m’était, pour ainsi im- possible, de les voir a l’œil nu, et peu de jours après j’ai eu occasion de faire la même remarque chez M. Van Houtte k l’égard des Lisianthus, etc. On conçoit, en effet, que les graines transplantées au moment de la germination ne souf- frent aucunement de ce dérangement, tandis qu’au con- traire il n’en puisse être de même a une époque en soûle-

hevüe horticole.

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\antla jeune plante, on enlève nécessairement avec elle, an risque delà blesser ou de la rompre, une radicule qui atteint souvent plusieursmillimètresde longueur. Une partie de cette meme serre, partagée en compartiments, reçoit les plantes^ bulbeuses, les articles de Harlem, jacinthes, tulipes, couron- nesimpériales, etc., dont l’établissementsemble faireiiu com- merce considérable, grâce â ses relations suivies avec les meil- leures maisons hollandaises. J’ai remarqué dans une des divi- sions une manne remplie de tubercules d’un nouveau lé- gume, le Tropæolum iuberosum ; plusieurs milliers de ces magnifiques lis du Japon, dont l’horticulture belge a été redevable en J 850 au docteur von Siebold. Toutes ces plan- tes, posées par leur plateau sur un sable bien sec, passent ainsi l’hiver à l’abri de l’humidité et des gelées, et semblent conserver mieux leurs propriétés végétatives que lorsqu’on les place sur des étagères suivant la coutume hollandaise.

Cette serre a 5 mètres de hauteur au pignon. Les deux qui la suivent parallèlement sont dites serres de la Nou- velle-Hollande, Toutes deux sont de même largeur, mais de hauteur différentes, de manière a ne pas projeter d’ombre l’une sur l’autre et reçoivent principalement, ainsi que leur nom l’indique, les végétaux de l’Australasie. Je dois rappeler ici la manière gracieuse et pittoresque avec la- quelle ces plantes sont disposées : ainsi, au lieu d’être rangées suivant leur taille en gradins monotones et régu- liers, selon la coutume généralement admise, elles forment des sortes de bouquets disposés de distance en distance avec une ravissante coquetterie. Lors de ma visite, la plu- part de ces plantes étaient en pleine floraison, et l’extrême diversité de feuillage et de fleurs, leurs couleurs si variées, présentaient un coup d’œil quejeneme lassais pas d’admirer. J’ai remarqué parmi ces plantes une superbe série de Coni- fères, au nombre desquelles les Cephalotaxus tardiva et êinensis , Crypiomeria japonica , des Dammara alba et oncn^a/i5, issus de graines, des Phyllocladus^ dix espèces de Podocarpus, les Taxodium Horsfieldii,, pinnatum etc. Les groupes de fleurs, dont je viens de parler, m’ont offert des végétaux précieux et qu’on rencontre rarement dans les collections. Je citerai parmi celles-ci les Bemiclidia Hu- gelii^ Frenelia glaucescenSf Hugelii^ pendula; VEpacris

(1) D’après M, Donkelaer, c’est à l’aide du L, chalcedonicum, fé- condé par le L. lancifoUum^ qu’on a obtenu, en Belgique, cette mul- litude de variétés qu’on y observe.

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miniata, et surtout une variété du Cyclamen persicum flore albopleno, dont les fleurs, semblables a des roses pom- pon, remplissaient la serre de leur suave et puissant par- fum ; le Èlandfordia marginata, le Bonapariea gracilis, deux Agave filifera, dont l’un de plus 1“,75 de circonfé- rence; le Ropala elegans, \esStadmannia ausiralis et Fra- seri, le Xanthorrhœa hastilis aussi célèbre par l’étrangeté de son port que par les remarquables travaux d’anatomie auxquels la structure de son tronc a donné lieu; le Bon- vardia flava qu’on doit cultiver à l’air libre en été ; enfin de magnifiques pieds d'Anemone arborea que chacun de nous se rappelle avoir vu dans le jardin de Gels, d’où sont sortis le Néflier du Japon, le Bobinia viscosa, le Pinkneya^ cet excellent fébrifuge, que l’on estime pouvoir, en plu- sieurs cas, remplacer le Quinquina, Mais ces bienfaits de l’horticulture s’oublient vite, et personne ne s’inquiète au- jourd’hui desavoir qw^VAylante (J 751), le Sophora dv\ Japon (1747), les Foèima (Acacia) qui ornent nos prome- nades et qui fournissent un bois si utile à l’industrie sont issus du premier pied planté au Muséum, il existe en- core, par Jean Robin, sous le règne de Henri IV (vers 1 600), et que c’est a ce bel établissement que nous sommes rede- vables de la Reine-Marguerite (1750), des Chrysanthèmes (J789), des Dahlias (1790), de la Salvia splendens, en- voyée du Brésil par M. A. de Saint-Hilaire, etc.

J’allais oublier, dans le jardin Van Hoiitte, une charmante collection d’Fnca (Bruyères) tirées des établissements an- glais les plus riches en ce genre. Elles étaient en fleurs pour la plupart a la fin d’avril, et bien que je connusse la di- versité extrême des formes florales de ces gracieuses plan- tes, leur aspect et leur coloris si varié m’ont captivé long- temps. J’indiquerai surtout comme nouvelles et très mé- ritantes les E. Neillii, Cavendishiana.

Sur ces trois serres, sept autres, dirigées du nord au sud et de même largeur, appuient l^r axe longitudinal. Nous allons les passer rapidement en revue. La plus élevée est a deux pentes; elle a 4“,50 d’élévation au pignon et 8 mè- tres de largeur. C’est l’une des deux serres exclusivement consacrées aux CamelliasL D’une extrémité à l’autre règne un vaste gradin qui s’élève en amphithéâtre du sol jusqu’au

(1) Je tiens de l’habile jardinier de Tuniversilé, à Gand, M. Don- kelaer, un renseignement curieux à l’égard de l’origine de certains Camellias ; les (7. aecipiens, cancUdîssimay trlcolor, ocfiroleiica et Don^

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pignon ; il supporte une innombrable quantité de Camellias, dont la disposition pyramidale masquant les tablettes et tes vases semble former alors un immense espalier ou charmille dont l’œil se surprend a chercher le pied. Les coins de cette serre sont ornés cependant de grands végétaux, parmi les- quels j’ai observé avec un vif plaisir des individus du fa- meux Cibotium Billardieri, fougère en arbre, dont les troncs hauts de ^ , 2 et 5 mètres sont revêtus de celte abon- dante et riche toison d’or qui caractérise si nettement la plupart des espèces de ce genre. Je ne passerai pas sous si- lence, bien qu’elle soit cachée dans un coin, loin des re- gards trop indiscrets, une délicieuse petite Selaginella (S. caesia) , tout entière d’une couleur d’acier bronzé, et qui s’harmonisera parfaitement avec son aînée dans les jardins la S. brasiliensis^ cet ornement gracieux des vases et du sol de nos serres chaudes, a la surface desquels elle entretient une salutaire humidité.

La serre qui suit est une élégante construction cintrée, toute en fer laminé ; c’est la serre aux Palmiers, Elle a 4 mètres d’élévation , 5 mètres de largeur, et se trouve occupée nu centre par une bâche en maçonnerie au milieu de laquelle j’ai remarqué Asirocarijum A(%elii, Corypha miraguana, Zalacca assamica , Caryota Cummwgii , Baciris flavispina^ etc., plusieurs Pandanus^ des Cycas revoluta de 5 mètres de hauteur. A chaque extrémité de la bâche sont placées deux grands bassins, j’ai vu des Thalia dealbata^ dont les feuilles mesurent plus de 2’^™, et imitent danscetétat et par leur ampleur celles de jeunes ba- naniers ; les Nelumbium speciosum et luleum sur lesquels M. Delile a été le premier à fixer l’attention des horticul- teurs, des Nymphœa rubra, cœrulea, versicolor^ les Apo- nogeton distachyum et angustifolium et par dessus toutes le magnifique Papyrus giganteus de la Guiane.

Un large chemin permet an spectateur de circuler libre- ment autour de la bâche et de contempler â son aise au

kelaeriiy n’ont point été obtenus en Europe à l’aide de semis, ainsi qu’on l’a avancé. M. Donkelaer a reçu ces variétés en cadeau, d^un ar- mateur qui les lui avait rapportées directement du Japon ; elles étaient greffées en fente, et le mastic qui les unissait au sujet est aujourd’hui aussi dur que de la porcelaine.

(1) Le jardin botanique de Gand possède une série remarquable de Pandanées, dont quelques pieds atteignent déjà une hauteur consi- dérable ; malheureusement leur nomenclature est fort incertaine, sans qu’on en puisse cependant accuser les Directeurs du jardin.

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milieu de pittoresques rocailles une foule de Fougères, d’A- roïdes, d’Orcliidées, dont la luxuriance rappelle souvent, aux yeux de M. Van Iloulte, la végétation des tropiques qu’il a lui-même longtemps explorée.

C’est à l’entrée de cette serre, principalement au-dessus du premier bassin, que\e Thunbergia? fastuosa^ décrit dans VHortus Van Houtleanus, enlace de ses mille rameaux, couverts d'un ample et robuste feuillage, les supports qui lui sont offerts et il est permis d’espérer que ce bel ar- brisseau produira enfin des fleurs qui permettront de le dé- terminer définitivement.

A côté de cette serre en est une autre à deux pans; c’est serre aux Orchidées. Plus vaste que les deux autres, mais moins élevée, elle mesure 8 mètres de largeur sur 5 mètres de hauteur; et se trouve divisée en deux parties entiè- rement ombragées par une foule de végétaux volubiles, tels que Jasminum Sambac, muUiflorum; Echites splendens^ et atropurpurea^ des Ipomœa , des Bignonia , etc. , qui ne laissent pénétrer qu’un demi-jour favorable à la végétation des plantes épiphytes qu’ils protègent et envoient de la voûte leurs rameaux chargés de fleurs. Le milieu de cette serre est occupé par une large bâche en maçonnerie remplie de mâche fer pilé disposé en dos-d’âne, sur lequel sont grou- pés en amphithéâtre les vases qui portent les Orchidées. Celles-ci sont placées sur des fragments de bois pourris, ou sur des écales de cocos, dont je viens de parler, substance spongieuse dans laquelle les racines de plusieurs espèces puisent une salutaire humidité. Des morceaux de tourbe, des Mousses, des Lycopodes s’entremêlent à ces fragments de bois et permettent aux Orchidées de végéter a peu près avec la même vigueur que dans leur pays natal. Cependant afin de rompre la monotonie qui résulterait d’une réunion si nombreuse de plantes d’une même famille, quelques Palmiers, quelques élégantes Fougères, des Broméliacées, des Aroïdes, élancent çà et leur élégant feuillage et ajou- tent un charme infini 'a cette agglomération de feuilles et de fleurs si diverses, parmi lesquelles je me contenterai de citer les Chysis bractescens^ Caiasetum Claveringii^ secu- rigerum, cristatum.Stanhopeaeburnea., Ruckeri^insignisj tigrina , graveolens, etc. Le spectateur , à cette vue, et sous l’influence de la chaleur humide qui le pénètre, pour- rait un moment se croire transporté dans Fune de ces gorges étroites qu’on ne peut se lasser de contempler dans

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les montagnes des Orgues et d’où nous arrive sans cesse de nouvelles productions végétales. Je ne dois pas omettre de citer encore dans cette serre et parmi les Aroïdes, les Philo- dendron lacerum, cordifolium. Anthurium iripartitum, variabile et surtout une magnifique espèce, VA. macros^ padix sp. nov. dont les énormes feuilles acquièrent 2 mè- tres de longueur et dont le spadise seul, de plus d’un mè- tre de long, justifie le nom spécifique qui lui a été donné.

La culture des Orchidées et celle des Palmiers sont l’objet de soins particuliers qu’on s’explique en se rap- pelant que, jeune encore, M. Van Houtte a parcouru le Brésil pour doter son pays de richesses végétales qui onl tant contribué, plus tard, à la réputation du jardin bota- nique de Bruxelles; mais ce qui dénote surtout la pré- dilection qu’on porte ici aux Orchidées, ce sont les mille moyens qu’on emploie pour les garantir des insectes, tels que cloportes, perce-oreilles, limaces, etc., qui finissent souvent par pulluler, soit dans le mâche-fer, soit dans les anfractuosités des écorces sur lesquelles les plantes sont fixées. Comme j’admirais la netteté et l’intégrité de ces plantes et que je cherchais inutilement quelque remède apparenta ces engeances maudites, je m’en informai auprès de M. Van Houtte, qui se contenta de me désigner du doigt et en souriant un joli lézard qui chauffait ses écailles à un rayon de soleil introduit furtivement dans la serre, tandis qu’entre les pots trottaient agilement des carabes dorés, et rampaient plusieurs de ces innocents orvets auxquels nos paysans, dans leur ignorance, font une si déplorable guerre. J’eus dès lors le mot de l’énigme. Deux ou trois orvets, autant de lézards, quelques carabes, et, partant, plus de dégâts dans nos serres.

Les quatre serres qui suivent sont construites sur un plan parallèle et sont toutes de dimensions égales. Elles servent aux multiplications, à la réception provisoire d’une foule de plantes encore inconnues, et qu’on pousse à la floraison, afin de pouvoir les déterminer. Les tuyaux d’eau chaude qui circulent au milieu de la tannée qui rem- plit les bâches y entretiennent une chaleur extrême. Rien, aux yeux de M. Van Houtte, n’a pu, jusqu’à ce jour, rem- placer la tannée dans les bâches à multiplication : car la mousse, le sable humide sont loin de présenter l’avantage qu’on s’était flatté d’en obtenir dans ces derniers temps.

Une de ces serres se trouvait complètement occupée au

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mois d’avril par des milliers de pois contenant des rosiers nouvellement greffés, et sous lesquels la tannée était telle- ment chaude, que j’avais de la peine a y tenir la main, quoique cette pratique soit cependant contraire à celle que suivent les horticulteurs français.

C’est dans une serre ainsi chauffée et préparée qu’on dépose les caisses ou serres à la Ward, dans lesquelles sont contenus les végétaux vivants qu’on expédie des ré- gions des tropiques. On sait qu’il importe, au moment 011 ouvre ces caisses, de mettre, pour ainsi dire, les plantes à l’abri du contact de l’air, de manière a les amener graduel- lement a changer le régime auquel elles ont été soumises pendant le voyage. Ouvrir une caisse à la Ward, dans un lieu aéré et sec, c’est souvent anéantir d’un seul coup tous les trésors qu’elle renfermait.

Vient ensuite une serre très basse, exactement semblable aux serres que j’ai désignées ci-dessus comme servant aux multiplications et aux semis. Elle renferme une riche <3ollection à' Amaryllis, dont un certain nombre étaient encore en fleurs lors de ma visite, et purent me mettre à meme de juger de la beauté des autres espèces ou variétés. J’y ai remarqué principalement les il. calyptratay solan- drœflora, le Brunsvigia ciliaris, plus rare encore, divers Hœmanihus, etc.

Parallèlement a cette serre s’allongent les dix grandes bâches en maçonnerie dont j’ai parlé en commençant. Ce ne sont pas les constructions les moins utiles de l’éta- blissement. Elles sont en hiver le refuge d’une foule de plantes. Dans Tune sont conservés certains végétaux aqua- tiques : Nelumbium, Nymphœa, etc., lesquels, comme l’expérience l’a démontré, exigent pendant nos hivers un repos à peu près complet. Chacune est composée de 21 châssis de J *^,50 de large (soit 28 mètres de lon- gueur). Le mur de derrière a environ ^ mètre de hauteur. Elles se trouvent bornées au S. par une treizième bâche de construction et de dimensions semblables faisant face au midi. L’on y élève, entourées de petits compartiments en briques posées de champ, des plantes bulbeuses, rares ou délicates. J’y ai vu 1er Phœdranassa chloracra, plante aussi rare que singulière; les élégantes Rigidella immaculalay orihaniha^, flammea; des Calochortvs, des Cycloboihra, Coburgia, Callithauma, Phycella, Brodiœa, etc.; 20 es-

(1) Voir Flore des serres et des jardins, t. V.

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|)ùces OU races distiiicles d’Alstrœmères (autres que les iii- uombrables variétés dont j’ai parlé), VIsmene calalhina^ si beau en pleine terre ; 20 espèces Oxalis, etc.

Entre les deux grandes serres a Camellias dont J’ai parlé et les limites O. du premier jardin ont été ménagés 12 dé- licieux réduits formés d’arbrisseaux entrelacés, faux-ébé- uiers, malialebs, rosiers, frênes, peupliers, lilas, etc., haies vivantes hautes de 5 mètres environ, dont les fleurs produisent un bel effet, mais auxquelles il faut préférer sans contestation, et de l’aveu deM. Van Houtte lui-même, les brise-vents de thuyas adoptés en France. Ces réduits ou ces cabinets de verdure sont destinés à protéger contre les haies et les rayons brûlants du soleil, les végétaux des serres qu’on sort en été. Tous sont dirigés du N. E. au S. O., direction calculée de manière à ne laisser parvenir a ces plantes délicates que les rayons du soleil levant et couchant. Au S., a l’extrémité qui aboutit à la serre en fer du second jardin, est planté un épais bosquet d’arbres d’ornement au milieu duquel trônait l’énorme Gunnera scabra^ qui, sans perdre de sa puissance et de sa ma- jesté, a déjà rempli l’Europe de sa race. J’ai mesuré la base de quelques pétioles de cette magnifique plante qui portaient 0™,50 de circonférence. Au milieu d’un autre cabinet de verdure^ exposé cette fois en plein midi, afin d’oxygéner l’eau, est creusé un vaste bassin pour recevoir en hiver l’excédant des eaux pluviales, oîi s’alimente une grande pompe centrale mise en mouvement par un seul homme, et qui dessert à la fois tous les bassins des serres. Indépendamment des modes d’arrosement particuliers à chacune des serres, la prévoyance de M. Van Houtte a s’étendre aux moyens de les augmenter encore. Ainsi un réservoir, pouvant contenir 5 a 6,000 litres d’eau est con- struit a hauteur des combles de la maison. H reçoit direc- tement les eaux pluviales, dont une partie est employée à l’économie de la maison; l’autre, et c’est la plus grande masse, passe dans des tuyaux placés sous le sol, et va re- tomber, en raison des lois de l’équilibre, du bassin dans le réservoir placé au centre des serres et qu’alimenle la pompe dont je viens de parler. Ainsi, comme on le voit, les eaux destinées a l’arrosement ont déjà reçu, avant leur arrivée dans les serres, toutes les influences atmosphériques et recueilli les vapeurs ammoniacales répandues dans l’air et si nécessaires a la végétation. A ce double but d’utilité, ces

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eaux servent encore, dans les grandes occasions, a produire un effet tout ornemental : une belle gerbe s’élance dans Tair a plus de ^ 0 mètres pour retomber en léger brouillard. _ II me reste a parler d’une treizième serre, construction admirable, tout en fer laminé curviligne, longue en ce mo- ment de 83 mètres sur 5 de hauteur. En pénétrant dans ce sanctuaire de Flore , le spectateur peut se croire à l’en- trée d’une immense voûte de fleurs. En effet, grâce â un ex- cellent ombrage factice, dont je parlerai bientôt, grâce aux mille plantes grimpantes qui enlacent leurs rameaux autour des cintres, il règne, dans toute l’étendue de cette longue galerie, un demi-jour qui vous saisit tout à coup et ne vous laisse , pour ainsi dire , apercevoir de vive lumière qu’à l’extrémité opposée a celle par laquelle on pénètre. A droite en entrant est un énorme thermosiphon dont le vaste foyer, surmonté d’un bassin vaporitif, distribue une chaleur égale et humide dans toute l’étendue de cette belle serre. Un bouilloir de plus de ^ mètre de diamètre, précipite l’eau bouillante dans deux systèmes de tuyaux doubles, dont les uns circulent tout autour de la serre et près des vitres, et les autres plongent à l’intérieur des bâches. Cette serre fait l’orgueil de l’établissement. Elle est exclusivement con- sacrée à la culture des végétaux des tropiques. Je voudrais pouvoir citer toutes les plantes remarquables qui y ont attiré mon attention; mais forcé de faire un choix, je mentionnerai au moins parmi les espèces grimpantes VA- ristolochia ornithocephala ^ Passiflora myriadenia^ le

Distemma carinatum^ ces deux dernières décrites par M. Lemaire, le Convolvulus mexicanus^ VIpomœa Learii, portant plus de 200 fleurs, et d’un effet étourdissant. Dans les bâches V Achymenes argyro stigma^ le Bégonia argyroscelis ^ le plus beau peut-être, à mon sens, des Bégonias connus; les Æschynanthus Roxburghii, alropur- pureus^ espèce nouvelle, à feuilles pourpres en dessous et d’un fort bel effet; les Spathodea campanulata, speciosa et gigantea , le Saurauja macrophylla , Porphyrocoma lanceolala, Mussœnda A fzelii et macrophylla^ le superbe Tillandsia splendens , décrit par M. Brongniart, le Guz- mannia tricolor, Dichorizandra ovaia^ Chiriia sinensis et zeylanica. le Nepenthes distillatoria , Aralia cochleaia Æchmea discolor et spaihulata, etc. Toutes ces plantes sont groupées avec élégance et ne constituent pas de gradins continus, suivant l’usage adopté dans nos serres. Quelques-

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uns de cos groupes dissimulent meme des coffres placés eux-memes dans les bâches et couverts de châssis mobiles. La chaleur et l’Iuimidité extrêmes qu’ils maintiennent ainsi servent à raviver les Orchidées ou les plantes bulbeuses (Gesnériacées, Aroïdes, etc.) nouvellement arrivées des ré- gions équinoxiales.

Avant de quitter le chapitre des serres, je dirai quelques mots sur la manière dont on les ombrage en été, dont on les couvre en hiver. En été ou les revêt de sortes de jalousies ou de lattis faits a l’aide de tringles exactement sembla- bles b des règles carrées de sapin de 0"^,0I de diamètre sur une longueur variable et reliées les unes au-dessus des autres par deux nœuds de marine superposés. Ces sor- tes de nattes se fabriquent verticalement et sont accro- chées contre un mur. Les deux ouvriers qui les con- fectionnent font les nœuds ou mailles, l’un a droite, l’autre à gauche, de manière a maintenir les tringles dans une ho- rizontalité parfaite. Les liens employés sont les cordes à pail- lassons ordinaires, mais trempées dans de riiuile de colza ; l’huile de lin, trop siccative, nuirait à l’élasticité. Ces ja- lousies commencent a se bâtir d’abord sur un rouleau hexa- gone auquel on fixe les cordes; puis suivent les tringles; et le tout se termine de nouveau par un rouleau si l’appa- reil doit avoir une certaine longueur. Des nattes ainsi confectionnées, longues de 5^,50 sur 5“,70 de hauteur, peintes à 5 couches, ficelle , huile, et main-d’œuvre com- prises , reviennent a 25 ou 27 fr. J’ai vu de ces jalousies qui, après trois ans de service, étaient aussi propres et aussi intactes que si elles sortaient de l’atelier. Elles me parais- sent réunir tous les avantages : ombrage parfait, solidité et élégance. Je dis plus, quant b l’ombrage, car elles permet- tent de l’augmenter a tous les degrés. Ainsi, lorsque dans line des serres, une plante réclame moins de lumière que ses voisines, on glisse sous la jalousie, soit un papier huilé, soit un canevas, soit une planchette ou un carton qui s’op- pose a toute lumière. Or, ce double ombrage ne s’aperçoit pas du dehors, et se trouve placé a l’abri du vent, car ces jalousies ont l’avantage énorme de s’appliquer sur les serres courbes, de suivre tous les mouvements des toitures, de ne donner aucune prise aux vents, et par suite de ne pas ébran- ler les serres, de ne point se disloquer ainsi que les paillas- sons,et enfin de ne pas offrir aux yeux du promeneur ces igno- bles et misérables rapiécetages que présentent les toiles des-

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tiliées a protéger les plantes, comme au Muséum, par exem- ple. Elles remplacent avec avantage et élégance, a Tégard des vitres verticales, le blanchiment ou le badigeonnage, que je crois avoir été le premier à proposer.

En hiver, on applique sur les châssis des ais épais égale-^ ment en sapin, bien goudronnés, qui les protègent contre les gelées. Ces jalousies ou ces ais se rangent, soit en hiver, soit en été, dans un coin retiré du jardin sans qu'on ait à redouter les ravages des animaux rongeurs.

Maintenant, qu’un horticulteur français, par exemple, calcule ce que lui coûtent par an les toiles ou les paillassons dont il couvre ses serres, il verra tout aussitôt l’économie qui résultera pour lui de l’adoption de pareilles couvertures.

Je crois devoir également et avant de terminer appeler l’attenlion sur le mode d’étiquetage adopté en partie chez M. Yan Houtte. Dans un établissement oîi les moindres varié- tés secultivent par milliers, et la confusion peut aussi faci- lement s’introduire, il importe de reconnaître rapidement la plante qu’on a sous les yeux, afln d’éviter toute erreur. Chaque plante est donc accompagnée d’un numéro d’ordre corres- pondant 'a celui du registre d’inscription et répété sur une étiquette de couleur correspondant a l’année de son intro- duction dans rétablissement. Le bleu indiquera, par exem- ple, la plante introduite et obtenue en 1 844 ; le rouge, celle de J 845; le blanc, celle de 1846, etc. Il ne resterait plus, je crois, pour rendre ce moyen de recherche parfaitement certain, qu’a recouvrir chacun des catalogues d’une couver- ture de l’une de ces couleurs conventionnelles, de manière qu’en un instant, sans perte de temps et sans chance d’er- reur, on saurait a laquelle des mille variétés de Roses, de Camellias, de Calcéolaires, ou de Pensées correspondrait le chiffre qu’on aurait sous les yeux.

Un mot sur les plantes de pleine terre. Un grand carré environne la magniûque serre dont je viens de parler et forme un immense parterre diapré de fleurs de toutes nuances et de toutes formes; c’est d’abord une sorte de parc de plus de 4 00 mètres de longueur planté unique- ment de pivoines arborescentes ; ce sont ailleurs des lignes à perte de vue et multiples d’iris de toute hauteur, de toutes nuances, des Spirées, des Hydrangea^ Verbena^ des Pétunia^ dont les fleurs de quelques-unes mesurent jusqu’à O^jlO de diamètre. Comme pour les autres catégo- ries, je remplirais des pages entières des noms des belles

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plantes qui sont cultivées dans ces vastes carrés. Cependant je ne puis résister au désir de mentionner ici quelques-uns des noms que je liens inscrits dans mes notes. Ce sont les Anemone japonica^ Arisœma atropurpureum {Arum ne- brinum) , Lychnis Fortunei , Pœonia Wittmanniana à Heurs jaunes, Vodecatheon Meadia gigantea-striata, ad- mirable variété, Epimedium pinnaium^ Aquilegia Skin- neri, Lilium Brownei (Flore, tom. ^.), lancifolium^ et les mille variétés qui s’y rapportent; le ksiaceum^ aussi rus- tique que le lys blanc.

Une riche collection de ces admirables et monstrueuses Groseilles anglaises dites à maquereau, des Framboisiers connus sous le nom de Fastolff Raspberrys^ des Fraisiers, les cultures de Rosiers, etc., etc., etc.

Je m’arrête enûn pour ne pas grandir sans mesure une no- tice déjà trop longue. Il faudrait un volume pour traiter con- venablement chacune des parties que je n’ai fait qu’effleu- rer. Je terminerai par quelques considérations plusgénérales.

Il y a peu d’années encore (8 ou 1 0 ans), toutes ces terres, centre désormais d’une activité immense, couvertes au- jourd’hui de végétaux précieux n’étaient qu’une campagne nue, à laquelle le cultivateur arrachait a grand’peine quel- ques maigres moissons. Aujourd’hui, par sa seule volonté, par sa persévérance, par son zèle infatigable, un seul homme a opéré cette métamorphose, et dirige de chez lui pour l’A- mérique centrale, le Guatémala, la Guiane, le Chili, les Antilles, les Indes, les îles de la Sonde, l’Afrique occiden- tale, des voyageurs qui, a leur tour, contribueronta enrichir leur patrie. Six ou huit mille végétaux importés de toutes les contrées du globe sont cultivés actuellement pour l’or- nement des jardins et les progrès de la botanique dans rétablissement que je viens essayer de décrire. On conçoit d’abord que leur culture, exigeant des procédés variés, exer- cent nécessairement les soins assidus des employés et toute la perspicacité de leur chef, qui doit, à l’aide de ses connais- sances, trouver non-seulement les moyens de conserver, mais encore ceux de propager rapidement une multitude de plantes, qui souvent sont rebelles ou ne s’accommodent qu’avec peine de l’hospitalité qu’on leur offre. Le jardin de \I. Van Houtte est donc une vaste école d'instruction hor- ticole, b laquelle les fils des meilleures maisons du continent briguent l’honneur d’appartenir.

Mais a la création et a la direction d’une si gigantesque

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entreprise, aux immenses détails d’une machine si compli- quée et dont il dirige si habilement les flis, ne s’est pas bor- née la noble activité de M. Van Iloutte. Il a voulu doter en- core le monde horticole et botaniste d’un superbe ouvrage, traduit en diverses langues, sont fidèlement représen- tées et décrites les plantes les plus rares et les plus méritan- tes. Cet ouvrage, auquel M. Ad. Brongniarta bien voulu prêter l’appui de sa haute science, se publie depuis deux ans sous le nom de Flore des serres et des jardins de l’Europe.

Aucune pensée mercantile n’a présidé à cette entreprise, dont le seul, Tunique but est de faire quelque chose d’utile pour l’horticulture.f Le choix de la personne à laquelle la rédaction de ce recueil est en partie confiée dénote en- core la judicieuse appréciation queM. Van Houtte sait faire des choses et des hommes. M. Lemaire , chargé de la des- cription des espèces nouvelles de l’établissement, avait fait preuve, en effet, de connaissances positives en botanique dans ses diverses publications, et la Flore ne le cède sur ce point à aucun autre ouvrage du même genre.

Qu’on juge maintenant de tous les intérêts qui s’agitent dans ce petit coin du globe, et on accordera à celui auquel on doit l’établissement qui nous occupe un juste tribut d’éloges. Tous les amis sincères de Tart horticole, tous les cœurs dévoués à la science feront des vœux pour la prospé- rité croissante d’un jardin qui a déjà tant contribué à enri- chir nos établissements et nos horticulteurs français.

« L’éducation des végétaux, comme celle des hommes, exige une sorte de dévouement et de sollicitude, qu’une véritable passion peut seule inspirer ; et personne n’est mieux fait pour en sentir la nécessité que celui qui par une passion d’un autre genre a exposé mille fois sa vie pour procurer à son pays quelques plantes nouvelles. »»

(G. CüViER, Eloge de Jean- Martin Cels.)

J. Dec AISNE.

Destruction des courtilières.

M. Chauvin, horticulteur à Chatellerault, a essayé sans succès la plupart des moyens conseillés pour détruire les courtilières , et il nous prie de lui en indiquer un plus effi- cace. Nous répondrons à M. Chauvin que les procédés em- ployés sont bons, mais qu’il faut les suivre avec persévé- rance, car en horticulture on n’obtient rien sans peine ; s’il a sous les yeux le Bon Jardinier de ^1846 , page 16.^,

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il peut voir que deux ou trois gouttes d’iiuile versées sur l’eau qui emplit un trou suffisent en quelques minutes pour faire sortir la courtilière qui vient expirer sur le bord.

La Revue horticole^ n®® du 15 juillet 1845, et du 1*^* juil- let 1846, donne encore deux moyens de détruire les cour- tilières; mais ces moyens exigent aussi de la persévérance. Nous n’en connaissons aucun qui les détruise avec la promp- titude et la faciliié que les horticulteurs impatients parais- sent désirer. La chimie ne nous a pas encore donné ce se- cret , et nous serons probablement encore longtemps obli- gés d’employer les moyens que la pratique et l’expérience nous suggèrent pour combattre les courtilières et la plupart des autres insectes. Poiteau.

Destruction des Loirs.

Au moment nos fruits mûrissent et les loirs, en mangeant les meilleurs et les plus précoces, prélèvent sur nous le tribut annuel qu’ils nous imposent, je crois qu’on ne lira pas sans intérêt le moyen employé dans nos campagnes pour détruire ces animaux. Une longue expé- rience a prouvé l’efficacité de ce procédé :

On prend une poêle de cuisine, on y casse deux œufs, comme pour faire une omelette , mais sans y mettre ni sel ni poivre; on ajoute 4 5 grammes de noix vomique en poudre, on bat le tout de manière a bien étendre le poison dans toutes les parties des œufs, puis on fait cuire le mé- lange dans du beurre roux.

Il suffit de poser l’appât dans les endroits fréquentés par les loirs, au pied des pruniers, des vignes, des pêchers, etc. €es animaux ne tardent pas a venir manger les œufs, dont ils sont très friands et leur mort est presque instantanée.

Carlier, fils.

Moyen de garantir les fèves et les choux des insectes.

Nous avons dit qu’un jardinier de Montgobert (Oise) préservait ses choux des chenilles et des altises, en se- mant du chanvre dans ces cultures. Aujourd’hui un jour- nal annonce qu’aux environs de Munich on a remarqué que le chanvre a aussi la propriété d’éloigner ou détruire les pucerons qui presque toujours se trouvent en grand nombre au sommet des tiges de fève. 11 faut que le chan- vre soit arrivé à un certain développement pour que sou pdeur puisse agir sur les insectes. Poiteaü.

loritJii/rocojrta L((nrrola/a , a iciii/U’S la/l recelées .

KEVUE IIOUTICOLE.

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Porphyrocoma à feuilles lancéolées (Porpliyrocoma lan- ceolata,IIoRT.) {fig. ^2).

riante a feuilles presque sessiles., opposées, lancéolées, entières, insensiblement atténuées vers les deux extrémités; fleurs en épis ordinairement terminaux, d’un beau pourpre bleuâtre, accompagnées de trois grandes bractées, spatulées, et a peu près de même couleur, calice â cinq divisions pro- fondes, presque égales, subulées. Corolle beaucoup plus longue, tubuleuse, à deux lèvres presque égales, la supé- rieure étroite, dressée, bifide, rinférieure plus large, ré- fléchie , Iritide. Les deux étamines un peu plus courtes que les lèvres offrent des anthères a lobes divergents. Ovaire ovale, implanté dans un disque cupuliforme; style égalant à peine la longueur de la corolle , terminé par un stygmate obtus. Capsule oblongue, stipitée, a deux loges contenant chacune deux graines orbiculaires planes.

Comme Tindividu représenté fig. \ 2 est encore fort jeune et qu’il n’a pas plus de O"' 20 de hauteur, il nous est per- mis d’espérer de le voir plus tard se couvrir abondamment de fleurs; ce sera , nous n’en doutons pas, une plante très recherchée à cause de la brillante couleur de ses fleurs et des bractées qui les environnent.

Je ne sache pas que cette belle plante soit cultivée, en France, ailleurs qu’au Muséum,* mais J’espère que les hor- ticulteurs s'empresseront de la tirer, soit d’Angleterre, soit de Belgique.

La plupart des plantes de la famille des Acanlhacées, à la- quelle appartient \q Porphyrocoma.^ sont faciles a multiplier de boutures; toutefois, comme ces boutures se portent tout de suite à fleur, la plante ne produit que très peu de bourgeons, mais on parviendra à remédier à cette dispo- sition défavorable en coupant les rameaux à l’époque on verra apparaître les épis. En arrêtant ainsi la floraison on forcera le rameau a produire des bourgeons axillaires. Le Porphyrocoma se cultive jusqu’à présent en serre chaude et dans une terre mélangée de terreau de bruyère et de terre franche. J’en ai obtenu quelques bonnes graines qui ont germé. Il importe de bien en suivre la maturation , car lorsque la capsule est mûre elle s’ouvre avec élasticité et lance au loin les 2 ou 5 graines qu’elle contenait.

NeüxMAIVN.

J 5 Septembre J 846.

2e SÉRIE* Tomé v, J 2.

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Noies sur quelques plantes nouvelles.

Amandiers,

Dans le genre Amandier ( Amyqàalus ), y compris le pê- cher, on connaît aujoiircriiui plus de 25 espèces, sans compter les variétés cultivées dans les jardins; tous ces arbres croissent spontanément dans la Perse, la Hongrie, la Sibérie, l’Asie Mineure, la Syrie, etc. Sur ce nombre^ nous ne cultivons, à part le pêcher et l’amandier, que 5 espèces comme arbres d’ornement ou de collection bota- nique, savoir : Amygdalus nana., georgica, orientalis.

pedunculata et campestris. Ces deux derniers sont encore nouveaux dans les cultures; V Amy g dalus pedunculata est originaire de la Sibérie orientale et de la Dahourie; il nous a été envoyé de graines par M. Fischer, directeur du jardin botanique de Saint-Pétersbourg. C’est un arbre moyen de 5 mètres environ, à rameaux grisâtres et grêles, dont les fleurs roses se développent au premier printemps, sur toute la longueur des jeunes branches; ses feuilles sont courtes, raides, ovales, crénelées. Il produit de petits fruits oblongs, qui semés ou stratifiés aussitôt après leur maturité, ger- ment très bien et reproduisent leur espèce.

Le dernier, sous le nom à' Amygdalus campestris, croît en Volhynie et en Hongrie, il paraît s’élever moins haut que le précédent; ses feuilles sont lancéolées, étroites, res- semblant un peu par le port et le feuillage à VAmygdalus nana et georgica. Le Muséum en a reçu les graines du jardin botanique de Vienne en 1842 et 1845.

C’est un arbuste ^printanier à fleurs nombreuses, pe- tites, plus ou moins roses, qui forme, par l’ensemble de ses jeunes rameaux, un joli buisson fleuri.

Myrtus tenuifolia^ Smith.

On cullive depuis plusieurs années, dans quelques éta- blissements horticoles, un Myrte a feuilles étroites, origi- naire de la Nouvelle-Hollaiule ; ses rameaux sont le plus souvent pendants, minces, grisâtres, nombreux, formant des buissons hauts de 1 mètre b 2 mètres; ses feuilles sont presque sessiles et souvent étroites, pointues, purpurines, ainsi que les jeunes bourgeons. Ces rameaux se couvrent de boutons a fleurs d’un violet pourpre, qui s’é])anouissent à la fin de juillet etse succèdent jusqu’à la fin d’août; les

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pétales sont roses a rintérieiir et proclniscnt assez d’effet.

Cette espèce n’est pas très répandue a Paris, je l’ai vu cultivée en grand chez M. Leroy, a Angers. On le propage par la voie des boutures sous cloche, et par marcottes qui s’enracinent promptement. Ses racines fibreuses et sèches ont besoin d’une terre sableuse ou de bruyère et d’arrose^ ments. C’est la seule espèce de ce pays que nous cultivions maintenant dans les jardins; elle demande l’orangerie pen- dant l’hiver. On en possède de forts pieds au Jardin des Plantes.

Cette espèce, greffée sur les tiges du mxjrte commun^ ou ?>\\\' VEugenia austraîis^ produirait un joli effet, par ses rameaux gracieusement inclinés vers la terre.

Pœoma W'ittmanniana^ Harhviss.

Au moment oîi la collection de Pivoines de M. Victor Verdier, était en fleurs, on remarquait, parmi les richesses do diiplicature et de coloris de ces planles, une nouvelle pivoine a fleurs jaunes, fleurissant en France pour la pre- mière fois; elle fait partie des pivoines herbacées ; ses tiges, cylindriques et droites, s’élèvent a la hauteur de a

0,''\50; les pétioles sont gros; les feuilles triternées, en- tières, ovales, huilées, glabres en dessus, pubescentes en dessous; fleurs terminales, droites, s’élevant au-dessus des feuilles; la corolle à 5 pétales, ovales, dressés, d’un beau jaune clair; les filets des étamines sont pourpres a leur moitié inférieure, le reste jaunâtre jusqu’au sommet; les anthères d’un jaune plus foncé; stigmates pourpres.

Cette intéressante variété a été envoyée d’Abcharia, en 1842, par M. le comte de Worentzoff à M. Hartwiss, direc- teur du jardin botanique de Nikita (Crimée ) , et â Paris, en 4 844. Je l’ai vue cette année chez M. Verdier, réunie a sa collection, elle ne paraît pas moins vigoureuse et moins rustique que les autres variétés, même les plus com- munes; c’est une précieuse acquisition. On peut espérer, d’après les moyens de fécondation pratiqués aujourd’hui , pouvoir posséder bientôt des variétés a fleurs doubles et d’un jaune encore plus foncé, non-seulement dans les es- pèces herbacées, mais encore parmi les espèces ligneuses. On dit, en effet, qu’il en existe en Chine, et il y a lieu de croire que nous la posséderons plus vite par la voie de fécondation que par celle du commerce.

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Campanula punctata, Gmel.

La Campanule ponctuée est une plante vivace, originaire de Sibérie; elle est anciennement connue des botanistes, mais on ne la cultive a Paris, comme plante d’ornement, que depuis 1842; je l’ai remarquée dans les cultures de MM. Pelé et Verdier. Ses racines sont, charnues ; ses feuilles radicales pétiolées, ovales, pointues , velues, dentées en scie, blanchâtres en dessous: du centre de la touffe, s’élè- vent des tiges hautes de 0,“20 à 0,“55, rameuses, colorées souvent d’un rouge violacé, et hérissées de petits poils; feuilles caulinaires lancéolées, alternes, presque sessiles; les fleurs sont grandes, penchées, portées sur des pédon- cules courts; calice â divisions réfléchies; corolle d’un blanc jaunâtre, velue â l’intérieur et marquée de points pourpres. Elles fleurit en mai et continue souvent jusqu’en août.

On la cultive en pleine terre ordinaire, â mi-ombre ; elle aime une position fraîche et humide en été. Sa multipli- cation se fait par la séparation des bourgeons qui poussent de son pied, soit au printemps, soit â l’automne, avant ou après la floraison. Ses graines lèvent aussi très bien en pots ou terrines remplies de terre de bruyère en ne le recou- vrant que très peu ou meme pas du tout.

La grandeur et la couleur de ses fleurs la font remarquer parmi les espèces du genre.

Pépin.

Nouvelles observations sur Vébourgeonnement de la vigne.

Déjà vers 1850, M. David, alors jardinier chez M. Pour- sault, ébourgeonnait la vigne, immédiatement au-dessus de la grappe, et contre les idées reçues, cet habile horticulteur obtenait d’aussi beau raisin sur la treille ainsi ébourgeonnée, que sur celle il laissait deux, trois ou quatre feuilles au-dessus de la grappe. Depuis cinq ans, notre confrère M. Malot ébourgeonne une partie de sa belle treille immé- diatement au-dessus de la grappe, et l’autre partie â deux ou trois feuilles plus haut, et il obtient également de beaux raisins par les deux méthodes. Je suis allé visiter le mois der- nier à Arcueil une treille d’environ 160 mètres, établie par

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M. Sieiille, neveu du jardinier de Yaux-Praslin, qui, il y a 20 ans, s’était taitunegrande réputation pour la taille du pécher. Je me rendis donc à Arcueil avec M. Malot, et nous vîmes une treille fort belle , qui se distingue de toutes celles que nous connaissons, en ce qu’elle ne nécessite aucun palissage. M. Sieulle l’ébourgeonne d’un bout à l’autre im- médiatement au-dessus de la plus haute grappe dès qiPelle apparaît, et ne laissejamais rien repousser au-dessus d’elle, et cependant cette treille se garnit chaque année de raisin aussibeau, aussi gros que celui des vignes qu’on ébourgeonne trois ou quatre feuilles au-dessus de la grappe.

Comme on le voit, il résulte des observations que je viens de citer, que, soit qu’on ébourgeonne la vigne immédiate- ment au- dessus de la plus haute grappe, soit qu’on l’ébour- geonne à une, deux, trois ou quatre feuilles au-dessus de la grappe, cela n’influe pas d’une manière appréciable sur la grosseur et la qualité du raisin, et n’avance ni ne retarde l’époque de sa maturité. Ce fait ne s’accorde pas avec les raisonnements physiologiques, mais la science doit se taire devant les faits.

Autre observation. Presque tousles bourgeons de la treille de M. Sieulle sont réduits à la longueur de 0'^, 1 fl, G'^,24, 0*i\52, il n’en palisse aucun, et les grappes se trouvent souvent éloignées du mur, de0‘^,^fl à 0**^,52. Or, dans les années moins chaudes que celle-ci, ne semble t-il pas que le raisin aurait de la peine à mûrir? et que ce qu’on aurait gagné a ne pas palisser, serait plus que perdu parla moindre valeur du raisin ? Je soumets ces considérations au jugement des praticiens.

Il est une autre considération physiologique qui me semble importante, et qu’on ne doit pas oublier : c’est qu’en ébourgeonnant constamment la vigne immédiatement au- dessus de la grappe, on nuit, ce me semble, au développe- ment des racines, la végétation de la vigne doit s’affaiblir peu a peu, et son existence doit en être abrégée.

POITEAÜ.

Culture des Amaryllis,

Depuis dix ans je cultive presque exclusivement les Ama- ryllis; j’ai entrepris cette culture sans guide, et ce n’esfc qu’à force d’essais et de tâtonnements que j’ai obtenu quel- ques succès. Eclairé par l’expérience, j’ai cru devoir con-

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REVUE HORTICOLE.

signer ici le résultat de mes observations, et dire la réussite ou le non-succès des diverses épreuves que j’ai tentées. Je n’ai pas la prétention de poser des principes absolus, ni de dire qu’il faut faire comme moi ; j’ai pensé seulement qu’il était bon, et dans l’intérêt des amateurs de la culture des Amaryllis, d’exposer ce que j’ai fait, et de donner connais- sance du résultat de mes expériences.

Je serais heureux si ces réflexions pouvaient offrir quel- que intérêt, et encourager les amateurs a entreprendre la culture des Amaryllis, culture dans laquelle plusieurs ont été rébutés par suite du peu de succès qu’ils ont obtenu, quoi- que, en réalité, elle présente fort peu de difficulté.

§ P**. Soins à donner aux Amaryllis sous le rapport de la température.

On croit généralement que les Amaryllis doivent être cultivées en serre chaude ; l’expérience m’a démontré qu'on les cultive avec avantage en serre tempérée, et que ces plantes sont bien moins sensibles au froid qu’on ne le pense.

Quelques espèces sont plus délicates que d’autres [eques- iris ^ Broussonelii , reiiculata, reginæ, etc.); mais en prenant le soin de les placer dans la partie la plus chaude de la serre tempérée, elles auront une température suffi- sante, et prospéreront comme les autres.

Je trouve plusieurs avantages a cultiver les Amaryllis en serre tempérée ; d’abord la dépense du combustible est bien moins grande, et ensuite les plantes n’y sont point rongées par les insectes comme elles le seraient en serre chaude.

Elles entreront un peu plus tard sans doute en végétation, et la floraison n’est pas aussi hâtive, mais ce léger incon- vénient est amplement compensé par la beauté et la vigueur de la végétation.

J’ai , de plus, le grand avantage de pouvoir sortir les Amaryllis en même temps que les autres plantes d’orange- rie, et de les laisser dehors jusqu’à la fin du mois d’octobre.

Une épreuve que j’ai faite bien involontairement, m’a confirmé dans la pensée que les Amaryllis sont bien moins sensibles au froid qu’on ne le croit. A l’automne de 1844, l’administration de la liste civile ne nous avait concédé que fort tard la faculté de ramasser, dans les bois, les feuilles que nous employons à Versailles pour couvrir nos châssis. Une gelée de Réaumur survint tout d’un coup, et mes

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diàssis n’étaient garantis que par quelques mauvais pail- lassons; pour surcroît de malheur, mon appareil de chauf- fage était dérangé et fonctionnait mal ; de sorte que j’ai trouvé le matin 5"^ Réaumur au-dessous de zéro dans une serreoii étaient placées un grand nombre d’Amaryllis en pot sur des tablettes, avec quelques autres plantes comme Gar- dénia^ Héliotropes, Crassula et Camellia. Les Gardénia et Camellia ont beaucoup souffert, les autres plantes ont péri. Quant aux Amaryllis, celles qui avaient des feuilles les ont perdues, mais je ne me suis pas aperçu qu’un seul oignon ait souffert; ceux qui avaient perdu leurs feuilles ont fleuri comme a leur ordinaire, mais sans feuilles; et ceux qui n’avaient pas de feuilles encore, en ont poussé en même temps que la hampe florale.

Voyant que les Amaryllis avaient pu supporter presque sans inconvénient une t.empéialure aussi basse, j’ai voulu essayer si elles pouvaient passer l’hiver en pleine terre avec une couverture de feuilles, comme on le fait pour les Ama- ryllis Belladone.

J’ai fait une tranchée de 0™,25 de profondeur, dans la- quelle j’ai mis une couche de 0>^, i0 de feuilles, et par- dessus J/5 terre du sol, 1/5 sable gris, 1/5 terreau de feuilles, bien mélangés.

J’ai piaillé dans ce mélange J 25 oignons d’Amaryllis en 5 espèces, provenant de mes semis, au printemps de J 845. Quoique l’élé de 4 845 ait été froid et pluvieux, toutes ces plantes ont fort bien fait ; à l’automne je leur ai donné une couverture de feuilles, et voici le résultat de cette épreuve.

A la lin de février 1846, en présence de M. Jacques, jar- dinier du roi a Neuilly, j’ai découvert une partie des Ama- ryllis qui avaient ainsi passé l’hiver en pleine terre, et nous avons trouvé les oignons dans un parfait état de conserva- tion L

On me dira que cette épreuve n’est pas concluante, parce que, pendant eet hiver de 1 845 a 46, le froid n’est descendu qu’a 6 degrés Réaumur, et pendant quelques jours seule ment; mais par contre l’hiver a été fort humide, et je re- doutais bien plus pour les oignons i’inimidité que le froid.. On peut, au moyen d’une couverture plus ou moins épaisse, préserver les plantes de la gelée ; mais cette couverture ne peut les garantir de l’humidité, et je craignais surtout la pourriture des oignons; mais, comme je l’ai dit, ils u’en ont

(I) Voir la Revue hort., 18iG, p. 9.

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pas souffert, et les 125 oignons sont aujourd'hui en parfait état, et offrent une végétation plus vigoureuse que ceux du même âge et des mêmes espèces qui ont passé l’iiiver sous châssis ou en pot dans la serre froide ou tempérée. Ils fleu- rissent un peu plus tard sans doute, mais ceci importe peu, et Je crois même qu’il est plus avantageux qu’ils fleurissent fin d’avril que fin de mars.

Je dois ajouter que quand les Amaryllis s’apprêtent a fleurir, il faut leur épargner autant que possible les grandes variations de température, et surtout ne pas les passer d’une serre dans une autre a température plus basse. J’ai été conduit à faire cette observation, parce que je voulais retarder un certain nombre d’Amaryllis que je me propo- sais, en J 845 et 1845, de présenter â l’exposition de la So- ciété royale d’horticulture. Je passai donc les Amaryllis d’une serre tempérée dans une serre froide, et voici ce qui en est résulté : beaucoup de hampes florales se sont arrê- téesdans leur développement, quelques-unes ontmal fleuri, et d’autres ont même pourri sans fleurir.

On peut au contraire, sans inconvénient, passer l’Ama- ryllis d’une serre dans une autre plus chaude : la fleur se développera plus promptement ^

Mais le mieux, c’est de ne pas les changer de place, même dans la serre, c’est-a-dire de ne pas les mettre sur des rayons plus bas que ceux sur lesquels elles ont montré leur disposition à fleurir.

§ 2. Soins à donner aux Amaryllis sous le rapport de la terre et du rempotage,

A. De la terre.

J’ai fait de nombreux essais pour trouver la terre la plus convenable a la culture des Amaryllis; en voici le résultat : 4®*" Essai. 4/5 terre franche, 4/5 sable gris, 4/5 terre à oran-

(1) La méthode employée au Muséum vient à l’appui de ce que dit M. A. Turlure ; ainsi on fait passer l’hiver à ces mêmes espèces dans lin des tambours des serres, sur un gradin, sans leur donner une goutte d’eau. En février et mars, on les rentre dans la serre chaude, elles fleurissent à merveille ; on ne les retire de terre que pour les rempoter en décembre. Malgré l’absence complète d’arrosement , ces plantes fleurissent quelquefois en janvier et février; après la floraison, on les met dehors, à demi-ombre, jusqu’à la fin de septembre. Quelquefois QU couche les pots afin de garantir les oignons d’un excès d’humidité.

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gers, plus une légère porlion de sel maria. Mauvais ré- sultat.

2c 1/5 terre de bruyère, 1/5 terre franclie, pou-

drette, terre a orangers. Très mauvais résultat.

1/2 terre a orangers, 1/2 sable gris, un peu de

sel. Mauvais résultat.

4e Terre de bruyère pure. Bon résultat.

^ Terre de bruyère, avec addition d’un peu de sel; trois oignons sur quatre ont bien réussi, le quatrième a fondu.

Terre franche pure. Mauvais résultat.

7e Terre franche avec un peu de sel. Mauvais ré- sultat.

8e Sable gris pur. Résultat satisfaisant.

O*" Sable gris pur, avec addition d’un peu de sel.

Mauvais résultat.

4 ^/2 terreau de feuilles, 1/2 terre franche. Résul- tat médiocre.

44e 4/2 terre de bruyère, \/2 terre franche. Mauvais résultat.

^2® bruyère, 1/5 terreau de feuilles, 1/5

sable gris. Très bon résultat.

^Je me suis donc arrêté a cette dernière composition de terre que j’emploie pour la culture de tous mes oignons en pot, et j’ai lieu de me féliciter journellement du résultat que j’en obtiens.

Les éléments de ce mélange sont k la portée de tons les horticulteurs, et je dois conclure de mes diverses épreuves, que c’est celui qui offre le plus de chances de succès et le plus d’économie.

Pour les oignons plantés en terre, j’ai reconnu que 1/2 terreau de feuilles, sable gris, est le mélange le plus convenable.

On pourrait sans doute multiplier les épreuves et les pousser plus loin, mais outre que le résultat est toujours long à attendre, il faut, pour se livrer k ces expériences, avoir un grand nombre d’oignons disponibles, et ne pas craindre d’en sacrifier, comme je l’ai fait, une grande quantité, même pour faire des observations dont on n’es- père pas un bon résultat.

Comme on ne se procure pas facilement de la terre de bruyère dans certains pays, je dois encore prévenir les amateurs, que je me suis servi de sable gris pur (8® essai),

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pour empoter cent oignons; je les ai placés 1/5 sous châssis, ^/5 dans la serre tempérée, et 1/5 à Pair libre pendant la belle saison, et dans diverses parties du jardin.

Ceux placés sous châssis ont bien fait, la végétation en était belle; la mousse qui s’est bientôt développée sur le sable contribuait a le tenir frais, et les pots n’exigeaient pas de fréquents arrosements.

Ceux placés dans les serres ont presque aussi bien fait.

Ceux placés a l’air libre ont moins bien réussi; l’air et le soleil desséchaient le sable rapidement, ce qui nécessi- tait de fréquents arrosements, qui, quoique faits avec pré- caution, dégradaient l’oignon, et mettaient ses racines â nu.

D’oîi je conclus qu’a défaut de terre de bruyère et de terreau de feuilles, on peut cultiver l’Amaryllis en sable pur, prenant le soin de mettre sur le sable un lit de mousse, ou laissant venir la mousse naturellement. J’en ai eu un assez bon nombre qui a fleuri ainsi.

B. Du rempotage.

Les Amaryllis ont deux sèves; lorsqu’elles sont cultivées en serres tempérées, la première sève se fait de janvier a mai, la deuxième d’août en octobre et quelquefois même un peu plus tard.

Pendant le repos, elles perdent quelques-unes des feuilles des sèves précédentes, et c’est ce moment que je choisis pour les rempoter.

Si la motte est petite et qu’on n’ait qu’a la placer dans un pot plus grand, l’opération est facile, et je ne m’y arrê- terai pas.

Si, au contraire, après plusieurs rempotages l’oignon se trouve avoir une motte assez forte, et que je ne veuille pas lui donner un pot plus grand, voici comment j’opère :

Après la floraison et dans le courant de juin je démette entièrement les oignons; je coupe toutes leurs racines â la longueur de 0™,07 à 0'",08, et je rempote sans autre soin et sans autre précaution. J’ai remarqué, en examinant les racines quelque temps après le rempotage, que celles qui avaient été ainsi coupées s’étaient ramifiées a l’infini; l’oignon perd quelques-unes des feuilles, mais il ne tarde pas a en pousser de plus vigoureuses.

J’avais essayé d’abord de conserver les racines dans toute leur longueur ; mais cela ne m’a donné que de mauvais

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résultats; en effet, les racines se ramassent en paquets, beaucoup d’entre elles pourrissent et font pourrir les au- (res ; l’oignon en souffre beaucoup, et il a de la peine a se rcmetlre,de sorte que l’année suivante il fleurit lard et mal.

.l’ai laissé quelques oignons mères pendani deux ans sans rempolage ; mais leur végélaliou était moins belle que celle des oignons qui avaient été rempotés.

Quant aux jeunes oignons qui n’ont pas encore fleuri, je les rempote a la fin de septembre, prenant In précaution de ne pas les arroser après le rempotage; je ne les arrose que lorsqu’ils commencent a pousser, et avec ménagement.

Les pots que j’emploie pour les plus forts oignons sont de 0”‘,20; mais j’ai des ognons qui sont dans des pots beaucoup plus petits, et qui me donnent deux hampes per- lant quatre fleurs chacune.

Si ou pouvait mettre roignon eu pleine terre dans une seire tempérée ou sous châssis et l’y laisser, cefa vaudrait mieux que le meilleur rempotage; il est aisé de le corn- preuthe.

Néar.moins j’ai remarqué que les oignons cultivés en pot étaient plus précoces.

J’ai reconnu qu’il est avantageux de placer l’oignon sur la terre du pot sans l’enterrer aucunement; par ce moyen, il est moins exposé a la pourriture ; l’espace entier qu’offre la cavité du pot reste libre pour les racines; si l’on veut placer un tuteur on peut le faire sans blesser l’oignon, qui proüte d’ailleurs directement de la chaleur ambiante.

Un soin que je regarde comme fort imporlant, c’est de laisser autour de l’oignon les squames desséchées, qui le garantissent des coups de soleil et des influences extérieures quelconques.

U faut observer soigneusement de ne donner aux oignons cultivés en pot que la quantité d’eau qui leur est néces» saire, c’est-a-dire qu’on doit les arroser convenablement quand ils sont en sève et qu’ils s’apprêtent a fleurir, en ayant toujours soiu de remarquer si la terre s’égoutte bien ; mais quand au contraire les oignons sont en repos, il ne faut leur donner que très peu d’eau, juste ce qu’il faut pour empêcher que les racines ne se dessèchent, ce qui retar- derait l’oignon d’une sève, et peut-être d’une floraison.

Après avoir pris tous ces soins, si on voit un oignon ne pas pousser comme les autres, il ne faut pas hésiter à le dépoter; s’il arrive que ses racines ne soient pas bleu por-

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tantes et qu’il ait quelques parties menacées pourriture, on le nettoie bien, on le met sur la terre, et ou le laisse sécher; et lorsqu’on voit que de nouveaux mamelons de racines se développent, on le redresse, on le place sur la terre dans un petit pot, ayant soin de ne pas l’enterrer, on lui donne de temps en temps un léger bassinage; bientôt ses racines auront garni le pot, et l’oignon sera sauvé.

Si pourtant le cœur était pourri, le mal serait sans re- mède, mais les parties saines de l’ognon pourraient encore développer des cayeux. J’en ai fait l’épreuve sur des oignons venant de l’Amérique, qui se sont ainsi régénérés, quoi- qu’ils eussent beaucoup souffert dans le trajet.

Quant aux soins généraux à donner aux Amaryllis en pot, ils ne diffèrent pas de ceux à donner a toutes les au- tres plantes; mais on doit, je le répète, veiller assidûment à ce que l’eau des arrosements et de la pluie s’égoutte bien ; c’est le soin principal et auquel on doit s’attacher avec le plus d’attention.

§ 3. Multiplication,

L’Amaryllis donne peu de cayeux ; j’ai des oignons depuis dix ans qui ne m’en ont pas produit un seul.

Il faut donc avoir recours aux semis pour les multiplier.

L’Amaryllis, livrée à elle-même, donne rarement de la graine, et il devient nécessaire d’aider a sa fécondation na- turelle, ou meme d’avoir recours à une fécondation arti- ficielle de laquelle on puisse attendre les hybrides ou des variétés.

Je n’entrerai pas dans le détail de cette opération fort simple dans l’un et l’autre cas, et que l’on pratique sur l’Amaryllis comme sur les autres plantes.

Quand les graines sont mûres, la capsule qui les contient s’entr’ouvre ; on doit alors les laisser pendant quelques jours exposées à l’air pour les sécher un peu, et les semer aussitôt après.

Or, voici comment, après plusieurs essais, j’ai reconnu qu’il convient d’opérer :

Dès que la graine bien mûre est suffisamment sèche, je la place sur la terre de Bruyère dans une terrine ou un pot bien évasé; je la couvre d’un demi-centimètre de même terre, et je donne un bon bassinage avec une pomme d’ar- rosoir bien fine. Je place ensuite les terrines sous un châssis.

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Je répète le bassinage chaque jour, plus ou moins abon- damment suivant le besoin, afin d’entretenir la terre humide et empêcher la superficie de s’encroûter.

On s’aperçoit que les graines germent lorsque l’on voit la superficie de la terre se bomber.

Il est alors nécessaire de venir au secours des jeunes plantes, surtout si les arrosements ont formé une croûte sur la surface de la terre, ce qui arrive très-ordinairement.

A cet effet, on doit briser la croûte qui se trouve soule- vée, tout autour de chaque graine, avec un morceau de bois un peu aiguisé, mais pas trop pointu.

Cependant, afin d’éviter de blesser les jeunes plantes, et quand la terre ainsi brisée est retombée sur les graines, on donne une mouillure pour la fixer.

Je recommande ces soins comme indispensables pour arriver a un bon résultat.

Quand le semis est sorti de terre, je le place sous châssis le plus près possible du verre, je donne de l’air, et j’ombre chaque jour.

A l’automne, je place les terrines dans l’endroit le plus froid d’une serre froide, afin d’arrêter la végétation, et je n’arrose que fort peu, et seulement afin que les feuilles des jeunes plantes ne se dessèchent pas toutes. Ces précautions sont nécessaires, car sans cela les jeunes plantes fondraient en grande partie a force de pousser.

Au printemps suivant, c’est-à-dire vers la fin de mars, je mets les jeunes oignons en pleine terre, sans supprimer au- cune racine dans un mélange de J /2 terreau de feuilles, et ^ /2 sable'gris; je les espace a 0“\04 et par lignes, et je remets le châssis dessus, jusqu’à ce que les gelées ne soient plus à craindre.

Les oignons passent ainsi l’été et l’hiver suivant, et enfin au printemps de leur troisième année, je les mets en pots, ou en pleine terre, mais sur des lignes plus espacées, sui- vant leur force ; dès lors, je les traite comme des plantes faites, et je remarque que moyennement ils fleurissent dans leur quatrième année.

On a extrait du genre amaryllis le genre Hippeastrum. Je ne m’arrêterai pas à donner les différences qui existent entre les deux genres et qui les ont fait séparer. Mais voici quelques observations que j’ai faites sur leur manière res- pective de végéter :

Les racines des Hippeastrum rampent toujours à la su-

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perficie de la terre du pot ils sont cultivés, et elles ten- dent même a eu sortir.

Les oignons, encore plus que ceux des Amaryllis, de- mandent absolument à ne pas être enterrés, on doit seule- ment poser leur couronne sur la terre.

J’ai fait plusieurs essais, à cet égard, et les oignons que j’avais enterrés complètement après avoir langui pendant quelque temps ont fini par pourrir.

V Hippeastrum est bien plus précoce que l’Amaryllis, et dès le mois de novembre, la première sève est en activité ; il n’est pas rare de le voir fleurir en décembre, et ordinai- rement il fleurit en Janvier.

A part ces légères différences, je traite V Hippeastrum comme l’Amaryllis, pour ce qui regarde les soins de toute sorte.

Aimé ïürlüre.

{Cercle dliorticultaré).

Mode particulier de culture de quelques plantes.

Un de nos abonnés, M. Micheli, de Genève, nous de- mande des renseignements sur la culture de différentes plantes. Nous nous empressons de lui répondre.

Campanula grandiflora (Platycodon grandiflorum).

’M. Micheli possède depuis longtemps cette jolie plante, mais malgré tous ses soins il a toujours eu beaucoup de peine a l’obtenir dans son état normal. Cette plante, quoi- que rustique, ne se plaît pas dans tous les terrains, et pour jouir delà beauté de ses grandes fleurs blenes, il faut la livrera la pleine terre, car ses racines blanches et charnues, longues souvent de 0"\20 a 0“,25 ne réussissent pas aussi bien dans des terres fortes, calcaires, ou composées de carbonate de chaux; elle réussit même assez mal en pot. Elle demande, pour acquérir toute sa vigueur, a être cul- ' tivée en terre légère, sablonneuse et fraîche, mélangée de terreau, ou bien en terre de bruyère pure ; elle aime aussi une position demi-ombragée ou tout 'a fait a l’ombre, pour- vu toutefois qu’elle ait de l’air. Il lui faut aussi, pendant tout le temps de sa végétation, des arrosements assez fré- quents pour que la terre ne soit jamais sèche. ,

Ccntaurea americana. M. Micheli nous demande aussi | par quel moyen on pourrait préserver cette plante des in- j sectes noirs qui déposent leurs oeufs dans ses panicules de |

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Heurs. Nous n’avons jamais remarqué ces insectes sur les boutons de cette plante qu’on cultive avec succès au Mu- séum; il serait nécessaire desavoir si ce sont des scolytes ou tout simplement des pucerons. Dans tous les cas, il faudrait employer les fumigations de tabac, au moyen d’un petit tube; ou iniroduire dans la fleur un peu de soufre en poudre.

VOocyura chrysanihemoides plantée au soleil se dégar- nit souvent de feuilles à sa base lorsque les premières chaleurs de mai et juin se font sentir, mais lorsque celle plante est cultivée 'a mi-ombre, elle se conserve fraîche bien plus longtemps. Pour obtenir celte jolie petite plante an- nuelle dans toute sa beauté il faut la semer en automne, car j’ai souvent observé que, lorsqu’elle est semée au prin- temps, elle ne produit que de faibles tiges terminées par quelques petites fleurs dont la plupart ne fécondaient pas leurs graines.

Les Schyzanthus retusus^ Rudbeckia Brummondi ^ Ipomopsis elegans^ Rodanihe Manglesii^ etc. sont des plantes généralement délicates qui meurent ou se fanent non-seulement dans leur jeunesse, mais encore a toute heure de la journée et au moment oîi elles sont prêtes k fleurir. Cependant cette mortalité a une cause, elle est sou- vent produite par le soleil et par les courants d’air, aussi n’est-il pas rare d’en perdre beaucoup dans les temps de pluie. H faut, pour conserver ces plantes, les arroser très modérément et a plusieurs reprises dans la journée, de ma- nière à ne jamais les laisser manquer d’eau, les abriter des courants d’air et du soleil en les tenant a mi-ombre sous notre climat. En Angleterre, la température est plus égale qu’en France, le soleil moins brûlant et l’almosphère moins sèche, toutes ces plantes sont cultivées sur les plaies- bandes et massifs de fleurs, comme nous cultivons ici nos giroflées et nos œillets d’Inde. Les marchands eux-mêmes, malgré tous les soins qu’ils leur donnent, en perdent plus de la moitié avant d’arriver a les voir fleurir et souvent un tiers meurt encore pendant cette période.

V Ipomopsis elegans est une plante bisannuelle qu’on doit tenir en orangerie pendant les premiers mois, et cul- tiver en terre légère et assez bien égouttée.

Le Thysanolhus proliferus^ plante de la famille des Liliacées, dont les jolies petites fleurs bleues font l’admi- ration des amateurs, est encore une plante rare dans nos col- lections. On nepeut la multiplier que lorsqu’il se développe

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de son pied des œilletons et que ces œilletons ont déjà dé- veloppé quelques racines; mais quand on a l’avantage d’obtenir des graines, la multiplication , par cette voie, est bien plus rapide et plus assurée. Pépin.

Exposüion florale à Marseille.

Le Comice agricole de Marseille a, depuis le commen- cement de cette année, formé dans son sein une section d’horticulture. Dès que cette disposition a été connue, un grand nombre d’amateurs de jardins sont venus se faire inscrire sur la liste de cette section, et augmenter ainsi de plus de cent membres celte association agricole déjà fort nombreuse. Ce fait s’explique tout naturellement par la grande division du terroir qui entoure Marseille, et dans toute rétendue duquel on serait fort embarrassé de trou- ver une seule charrue en mouvement. Chaque petite pro- priété depuis un hectare jusqu’à dix, qu’on appelle bastide en langage du pays, peut être considérée comme un jardin, pour lequel les propriétaires ont une véritable passion, qui les rend fort indifférents pour les progrès de la grande culture, dont les développements sont dus à l’introduction des assolements et à remploi des instruments aratoires per- fectionnés, toutes choses qui ne peuvent convenir à la faible étendue de la bastide, dont la culture spéciale est assez bien appropriée à la nature du sol de Marseille et a sa position, puisqu'elle s’est conservée intacte de temps im- mémorial. Cette culture se fait a la bêche et ne saurait se plier aux exigences des nouvelles méthodes, à rapplicatioii desquelles s’opposent d’ailleurs la complantation du sol en vignes par bandes de terre plus ou moins grandes appelées oulières, dans lesquelles la vigne, l’olivier, le pêcher, crois- sant a côté l’un de l’autre, se disputent le terrain et re- çoivent, dans les intervalles qui les séparent, les céréales et les légumineuses alternant continuellement entre elles, par une rotation biennale qui est à peu près toujours la même. Pour se dédommager du faible produit net qu’ils retirent des bastides, leurs riches propriétaires s’adonnent à cette branche de l’iiorticulture, toute d’agrément, qui se compose de la culture intéressante des arbustes rares et des fleurs les plus recherchées. Il existe dans le terroir de Marseille des serres construites avec une élégance extrême, très richement garnies et offrant des raretés que ne dédai- gneraient point les lions de l’horticulture parisienne.

REVUE HORTICOLE.

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Les esprits sont tellement préocupés des affaires, dans cette ville essentiellement commerçante, que les richesses horticoles qu’elle renferme, connues seulement de quelques amateurs privilégiés, étaient entièrement ignorées du pu- blic. La grande affluence de souscripteurs comme membres du Comice, qui s’est présentée pour la sectioh d’horticul- ture dès qu’elle a été formée, a révélé le goût prononcé des Marseillais pour la culture des fleurs, et fait pressentir les richesses ignorées que contenaient nos jardins. Les premières explorations ont fait connaître au Comice que ces richesses étaient telles, qu’on pouvait tenter une expo- sition publique, en faisant un appel aux amateurs et aux jardiniers-fleuristes de profession. D’ailleurs cette première épreuve dût- elle ne pas répondre entièrement aux es- pérances qu’on avait conçues, elle servirait du moi ns de pierre de touche pour connaître d’une manière exacte la situation du présent, et deviendrait un encouragement pour l’avenir. C’est dans cette vue que, dès le commencement de cette année, le Comice arrêta qu’une exposition florale aurait lieu au mois de mai, et qu’il fit en même temps annoncer que des primes et des médailles seraient décernées aux exposants qui se distingueraient le plus par la rareté et la beauté de leurs productions; et pour éviter une lutte trop inégale entre le riche amateur, qui peut faire de grands sacriflees pour orner sa collection, et le jardinier de profession, qui n’a que des ressources pécuniaires très- limitées, il fut décidé qu’il y aurait deux concours distincts, l’un pour les amateurs, l’autre pour les jardiniers.

L’exposition projetée par le Comice a eu lieu les 1 9, 20 et 21 du mois dernier. Le local gratuitement offert par le pro- priétaire de l’hôtel d'Orient, bien que trop petit, se prêtait néanmoins à merveille a un spectacle de ce genre, en rai- son de sa disposition, de son élégance et de la bonne tenue du petit jardin entouré de galeries couvertes dans lesquelles avaient été disposés les gradins destinés a recevoir les vases contenant les arbustes et les fleurs exposés. Cette première épreuve a dépassé toutes les espérances, et l’on ireût point dit, en voyant les galeries de la cour de l’hôtel d’Orient,' si bien et si richement garnies, que le Comice en était à son coup d’essai. Aussi le public n’a pas manqué au rendez- vous: pendant trois jours les galeries consacrées à l’expo- sition ont été constamment remplies de visiteurs de tous les rangs.

REVUE HORTICOLE.

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Parmi les jardiniers-fleuristes un prix a été décerné a MM. Boulanger et Desponds pour leurs Pélargoniums et leurs Roses de semis.

Un prix à M. Louis Dagnan, jardinier chez M. AUaras, pour la plus belle plante en fleurs, qui était une Strelitzia Reginœ,

Un prix a M. Pierre Allègre, pour une collection de 50 Fuchsias des plus belles variétés.

Un prix à M. Joseph Rougier pour sa belle collection de plantes grasses.

Des mentions honorables ont été accordées a MM. Monnet, Paran, Pierre Jetté, Cauvin fils, Saccouman, Affre et Cals.

Le prix des plantes grasses a été décerné a M. Félix Daniel. Le prix des plantes fleuries à M. Achille Daniel, qui avait exposé un superbe Reginœ, un Crinum la-

tifolium^ un Cactus speciosus et un Ficus elastica.

Le prix des Roses a M. Tardif.

Le prix de la plus belle collection de fleurs à M. A. Van- derhoeven, jardinier de M. Albert Pascal.

Des mentions honorables ont été accordées a M. Ferrari, pour ses plantes grasses; a M. Laurent Michel, pour ses Pensées; à M. Honoré fils, pour un Hortensia colossal.

En résumé, cette première exposition a dépassé toutes les espérances. Plaughe.

Société royale linnéenne de Belgique.

Cette Société ouvrira, le 4 octobre J 846, un concours et une exposition des produits agricoles et horticoles.

Voici le programme du concours horticole :

Pour les horticulteurs belges.

Médaille en vermeil a la plus belle et la plus nom- breuse collection de poires nommées;

Médaille en vermeil à la plus belle et la plus nom- breuse collection de pommes nommées;

Médaille en vermeil a la plus belle collection de lé- gumes nommés;

Au plus bel envoi composé de 30 plantes en fleurs ou davantage appartenant à de genres différents, médaille en vermeil; médaille en argent pour accessit.

Pour ce concours, il sera décerné une médaille aux hor- ticulteurs patentés et une aux amateurs.

REVUE HORTICOLE.

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A la plus belle collection de plantes en fleurs appar- tenant a un meme genre, présentant et comprenant au moins 12 espèces ou variétés méritantes, médaille en ver- meil; médaille en argent pour accessit.

6^ A la plante fleurie la plus rare, médaille en argent;

A la plante la plus méritante provenant de semis ob- tenus en Belgique, médaille en argent;

8^^ A la plante la mieux cultivée, médaille en vermeil;

90 A la collection la plus variée, la plus belle et la mieux cultivée de 50 espèces ou variétés de plantes vivaces de pleine terre en fleurs, médaille en argent.

Pour les horticulteurs étrangers.

A la plus belle collection de plantes en fleurs , médaille en vermeil.

Nous félicitons la Société linnéenne d^avoir fait preuve d’un bon jugement en plaçant les fruits et légumes en tête de son programme, et de n’avoir fait figurer les fleurs qu’en seconde ligne. A l’encontre de ce qui se pratique dans pres- que toutes les sociétés horticoles , elle a suivi l’axiome du poète latin ; elle a mis l’utile avant l’agréable : Utile dulci. Espérons que cet exemple trouvera des imitateurs.

POITEAU.

Exposition de la Société d* Horticulture d* Orléans.

Cette exposition a eu lieu en juin, dans le jardin de l’hôtel de ville d’Orléans, sous une tente d’environ 50 mè- tres de large sur autant de profondeur; l’intérieur était garni de gradins, sur lesquels étaient placés \ ,200 plantes, sans compter les fleurs coupées. On y remarquait avec peine, comme dans la plupart des expositions précédentes, et malgré les efforts des membres de la Société, que les produits maraîchers étaient en très petit nombre. Aucun con- current n’ayant été jugé digne de la grande médaille d’ar- gent, votée par ia ville d’Orléans, ce prix a été prorogé jusqu’à la prochaine exposition.

Médailles d’ai’gent.

M. Chartier, fleuriste a Paris, pour ses collections de Verveines, Pétunias et Pensées coupées;

M. Défossé (Edouard), horiiculteur a Orléans, pour sa belle collection de roses coo] ées;

REVUE HORTICOLE.

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M. Delaire, jardinier en chef du jardin botanique d’Or- léans, pour la plus belle collection de plantes ;

M. Demadière-Muron, pour la plus belle collection de Fuchsia.

Médailles de bronze.

M. Briolet (Eugène), horticulteur à Orléans, pour sa belle collection de plantes vivaces, de pleine terre ;

M. Orangé (Brunet), horticulteur a Orléans, pour une collection de Pélargonium et leur bonne culture;

M. Grillon Masson, d’Orléans, pour ses modèles de Serre en fonte, Vases, Etiquettes de fer, etc. ,

M. Platon-Moulin, treillageur a Orléans, pour ses modèles de treillage propre a orner les jardins ;

M. Leconte (Victor), jardinier de M. Perrault , pour sa collection de Pélargonium;

M. Quetel , de Caen, pour l’envoi d’une belle et nom- breuse collection de Renoncules.

Mentions honorables.

M. Bouzi , jardinier de M. Chambei t-Pean , a Blois , pour ses superbes Fraises de semis;

M. Briolet, pour sa collection de Roses coupées ;

M. Fréquet, horticulteur, rue de la Marre a Belleville, près Paris, pour une collection de 500 Pensées ;

M. Bricogue, de Paris, pour 21 Poires modelées en cire ;

M. Janvier, chef des cultures du Lièvre d’or à Orléans, pour une collection de Roses en pots et Roses coupées.

Pépin.

Prix proposés pour un Dahlia à fleurs bleues.

La Société d’horticulture d’Edimbourg offre, pour prix d’un Dahlia a fleurs bleues, i ,000 livres sterling (25,000 fr.). ciété de Dublin vient de doubler ce prix, et offre 2,000 li- vres sterling (50,000 fr.).

Nous avons toujours été du nombre des plus zélés pro- moteurs du progrès de l’horticulture; mais nous renonçons 'a exprimer ici les sentiments qu’ont fait naître en nous la lecture de ce programme. Proposer cinquante mille francs pour un Dahlia , en Irlande, dans ce malheureux pays‘où la famine est devenue une maladie endémique, c’est insulter à la misère publique I

innn/i U\vcosiuN , /tff l(S(/ffrf/.r.

REVUE HORTICOLE.

2 fl

Linum viscosum. Linn. (fig. 15).

Plante vivace, sous-ligncnse, a liges simples a la base, cylindriques, dressées, velues, haute de 0«i,55 à 0"\45, se ramifiant ensuite a leur sommet oii elles se garnissent de leuilles alternes, sessiles, obcordées, pointues, à 5 ou 5 ner- vures principales saillantes, velues, et ressemblant beau- coup a celles de VEypericum hirsutum. A Pextrémité des tiges se développent de petits rameaux dichotomes chargés de pédicelles dont l’ensemble constitue une sorte de pani- cnle.

Les fleurs, d’un rose violacé, veinées de pourpre, grandes, presque sessiles, alternes, sont situées le long des rameaux; les pétales, entiers, arrondis à la partie supé- rieure, sont munis d’un onglet d’un bleu clair au sommet et jaune a sa base. Ces fleurs ressemblent beaucoup , en un mot, par leur forme générale et l’agencement de leur couleur, aux corolles de la Belle de jour (Convolvulus tri- color)^ à l’exception que la couleur rose du Lin remplace la teinte bleue du Convolvulus.

La floraison de cette belle plante a commencé vers la lin d’avril et s’est prolongée sans interruption jusqu’au 25 juillet, époque a laquelle les grandes chaleurs ont fatigué la plante; les fleurs s’ouvraient a neuf heures du matin et se fermaient à cinq heures du soir, pour ne se rouvrir que le lendemain. Les graines ont mûri dès la fin de juin; quel- ques-unes ont été semées en juillet, et dans ce moment plusieurs d’entre elles commencent à germer.

Cette jolie plante n’est point nouvelle; elle avait déjà été cultivée a Paris en 1806, puis elle avait disparu; le Muséum l’a reçue, en 1844, de graines envoyées par le jar- din botanique de Carlsruhe; elles furent semées en pots et mises en pleine terre au mois d’août ^1845 ; les premières fleurs se sont épanouies a la fin d’avril 4 846.

On cultive déjà avec succès pour l’ornement des jar- dins plusieurs espèces de Lin à fleurs bleues, blanches et jaunes; parmi ces dernières on peut mentionner les Linum suffruticosum, campanulatum , trigynum, africanum marilimum, quadri folium^ à fleurs plus ou moins gran- des; le Linum hologonum a fleurs blanches, le L, mexi- canum et hirsutum à grandes fleurs bleues ; mais celui qui fait le sujet de cet article surpasse toutes les espèces pré-

2e SÉRIE. Tome v, 4 o. 4 Octobre 4 846.

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cédentes par Tabondaiice de ses fleurs et la richesse de leur coloris.

Le Linum viscosum demande, comme la plupart des espèces vivaces du meme genre, une terre calcaire plutôt srclie qii’luimide et peu d’arrosement; on le multiplie de graines et de boutures. Comme cette espèce est originaire de l’An triche et de la Hongrie, il sera nécessaire d'en ren- trer riiiver quelques jeunes pieds en orangerie ou d’en placer sous châssis froids, en ayant soin, dans ce cas, de ménager les arrosements et de remplir le fond des pois de résidus calcaires.

Pépin.

Noie sur quelques plantes nouvelles.

Floraison de /'Amaryllis giganlea.

L’un des doyens de nos horticulteurs, M. Godefroy, de Ville-d’Avray, cultive depuis plus de quarante ans VAma' rijllis giganlea^ appelée aussi A. Josephinœ . Plusieurs gros oignons de cette magniûque Liliacée portent fleurs en ce moment. On en remarque un surtout, qui a 0i»,55 de circonférence : de son centre s’élève une hampe de 0’^,66 de haut, terminée par une masse de fleurs, formant une sorte de sphère d’un mètre de diamètre; les fleurs sont rouges, striées, au nombre de 90 a 100.

C’est une des plantes les plus curieuses de ce genre; la hampe se développe comme dans beaucoup d’Amaryllis, avant les feuilles ; mais, pour en obtenir des fleurs, il faut que Poignon ait acquis un certain volume.

Aljsse de JVierzbick (Alyssum Wierzbickii, Reich.)

Plante vivace, sous-ligneuse, à rameaux dressés ; liges cylindriques, brunes, se ramifiant au sommet, au moment de la floraison, couverles de petits poils blancs étoilés, hautes de 5 'a 0*", 20; feuilles éparses, lancéolées, velues, garnissant presque toute la longueur des tiges. Les fleurs sont disposées en grappe terminale à l’extrémité des tiges principales et des rameaux qui se développent au sommet; elles sont très serrées et forment une sorte de corymbe qui s’allonge graduellement et figure une grappe; chacun des pédicelles, nu a la base, ensuite hérissé de poils blancs, est deux fois plus long que le calice; celui-ci est a quatre

REVUE HORTICOLE.

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divisions, droites, munies de poils; corolle de qualrc pé- tales d’un beau jaune d’or; silicule lenticulaire, pubéru- lente, marginée, terminée par le style. Celte nouvelle es- pèce fleurit depuis le mois de mai jusqu’à la fin de juin.

Cette plante, originaire de Hongrie, fut envoyée de graines du jardin botanique de Vienne au Jardin des Plantes de Paris, en J 845. Ces graines, semées en pots et mises en pleine terre en J844, passèrent très bien l’iiiver de 4 844 à 4 845 et fleurirent abondamment au mois de mai 4 845. Les graines, assez nombreuses, mûrissent à la fin do juin et au commencement de juillet; elles doivent être se^ mées en planche, à Pautomne ou au printemps; on re- pique le plant soit en place, soit en pépinière, avant qu’il ait pris trop de force, comme on le pratique pour la Corbeille d’or. Une terre douce et meuble lui convient; elle ne craint pas les sécheresses.

Cette plante, encore peu connue, mérite d etre intro- duite dans les jardins fleuristes, à cause des belles touffes qu’elle forme et la succession de ses fleurs. H est nécessaire de la tailler après sa floraison, afin de la faire ramifier efc de préparer sesjeunes rameaux à une floraison suivante. J’ai semé de ses graines en août 1845; elles ont très bien levé et n’ont pas souffert de l’humidité de l’hiver; le jeune plant, dont la racine est pivotante comme celle de la Corbeille d’or, a été repiqué au printemps de cette année.

Statice rjtidophilla, Hook. Statîce Dickensonîanaj Horlul.

En 4 842, MM. Cels frères reçurent de Nantes une nou- velle espèce de Statice qui leur fut livrée sous le nom de S. Dickensoniana . Depuis cette époque, elle s’est répandue dans d’autres établissements horticoles sous le nom de S. purpurea^ à cause de la couleur de ses belles fleurs. 11 avait fallu donner un nom à cette plante pour attirer l’attention des amateurs, mais la description manquait; c’est cette année seulement qu’elle a été figurée et décrite dans l’ouvrage anglais, par M. Hooker, sous le nom de Statice ryiidophilla.

J’ai pensé qu’il était nécessaire de fixer le public sur le véritable nom scientifique de cette plante, afin que les hor- ticulteurs et amateurs puissent être fixés sur sa synonymie.

C’est une espèce ligneuse, de 0*“,50 à 4 mèire. a feuilles distiques, originaire du cap de Bonne-Espérance. Les ra-

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REVUE HORTICOLE.

iticaiix se terminent de juin en septembre par de larges pani- cules couvertes d’une grande quantité de petites fleurs d’un rouge pourpre; on la cultive en pot pendant l’iiiver, en orangerie ou sous bâche en pleine terre.

IXous nous proposons de donner cette année la figure de cette belle Statice.

Pépin,

Malmviscus pleurogonus, Flor. Mexiq. ined., pl. 81.

Cette plante, obtenue en 4 859 de graines envoyées du Mexique au jardin des plantes de Lyon, se trouve décriie par M. De Candolle, Prodr. 4, p. 446. Elle porte au Mexi- que le nom de Monosillo blanco. Sa tige ligneuse, haute de 2 a 5 mètres, produit des feuilles assez semblables à celles d’une petite feuille de vigne; les fleurs solitaires ou rarement géminées, pédonculées, axillaires ou terminales, à peu près campanulées, longues de 0™, 08 a0'*^,09, d’abord jaunâtres, puis blanches, â pétales un peu ondulés sur les bords; les styles et les étamines forment un pompon qui se déjette sur le côté de la corolle dont il égale la lon- gueur. Lorsque celle-ci se détache, il découle en abon- dance de la petite plaie un suc mucilagiiieux très sucré et fort agréable.

Ces lignes sontextraites de la description imprimée, ac- compagnée d’une figure, que m’ a communiquées M. Ar- mand Etienne, horticulteur a Lyon. On ne donne aucun détail de culture à la suite de cette description, de sorte qu’on ne sait si la plante exige la serre chaude, la serre tempérée, ou la pleine terre. Ces notions sont néanmoins indispensables, car on sait que le climat du Mexique pré- sente presque toutes les températures, depuis celle du tro- pique, propre aux plaines basses, jusqu’aux régions a! - pines ou [)laleaux élevés et neigeux des montagnes. Enfin, si le Malvaviscus pleurogonus ne mûrit pas ses graines à Lyon, on le multiplie donc autrement que par semis? C’est aussi ce qu’il fallait nous faire connaître.

Au reste le Malvaviscus pleurogonus qui existe au Jai din des plantes il n’a pu être reconnu, n’ayant pas encma' donné de fleurs, sera mis dans le commerce au printemps prochain par M. Armand Etienne, qui nous indiquera sans doute alors le moyen de multii)licaliou qu’il emploie.

POITEAÜ.

REVUE HORTICOLE.

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Eric a en pleine terre à Angers.

La position géographique et la nature du terrain des jar- dins, 'a Angers, permettent de cultiver en pleine terre un grand nombre d’arbustes et de plantes exotiques qu’on est obligé, dans beaucoup d’autres localités, de tenir en oran- gerie et en serre tempérée. Outre les Camellias, les Thés, les Magnolias et autres arbres qu’on y trouve cultivés par grands carrés, un grand nombre de bruyères ( Ærica) exo- tiques y réussissent aussi 'a merveille. Les Erica arbo- rea.^ scoparia, mediterranea, etc., y sont cultivés depuis longtemps, mais, depuis peu d’années, on y a introduit plusieurs espèces originaires du Cap de Bonne-Espérance, qui supportent très bien les hivers. Ainsi on voit, dans rétablissement de M. André Leroy, une collection de 55 es- pèces de bruyères cultivées en pleine terre, et il est pro- bable qu’un grand nombre d’autres espèces y réussiraient également si on voulait en faire l’expérience.

Pépin.

Floraison du Daubentonia Tripetiana en pleine terre*

Le Dau&en/oma Tripetiana, lors de son introduction dans les cultures, il y a quelques années, parM. Tripet-Lebianc, eut le sort de beaucoup d’autres nouveautés de nos jours. Bon nombre de cultivateurs et d’amateurs, sur la foi des journaux d’horticulture, qui en avaient fait le plus grand éloge, s’empressèrent de se procurer, à un prix assez élevé, un arbrisseau auquel on faisait une si brillante réputation. La plupart ne reçurent que de très faibles sujets, qui ne donnèrent en pot que quelques grappes de fleurs assez mai- gres. Ne le trouvant pas alors, a beaucoup près, en har- monie avec tout ce qu’on en avait dit, et déçus dans leur espérance, ils en dirent autant de mal que les pre- miers en avaient dit de bien. Quelques-uns même aban- donnèrent cette belle plante, sans s’être donné la peine d’étudier son mode de végétation et de culture. Des deux côtés, je crois, on tomba dans l’exagération. Celte plante, convenablement traitée, mérite assurément une grande partie des éloges qu’on lui a prodigués lors de son appa- rition.

M. André Leroy, désirant ardemment l’ajouter îi sa nom-

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REVUE HORTICOLE.

breuse collection d’arbustes que la température du climat d’Angers lui permet de cultiver en pleine terre, en essaya deux pieds l’an dernier en terre de bruyère en plein air. Bien qu’ils n’eussent reçu aucun abri, ils ont résisté a rhiver, a l’exception des jeunes rameaux et de l’extrémité de la tige, laquelle a péri jusqu’à la hauteur d’environ du sol. Dès que les clialeurs du mois de mai se sont fait sentir, les yeux de la partie inférieure de cette tige se sont développés avec vigueur, et aujourd’hui (l*"*’ septembre) ifs ont plus de deux mètres de hauteur, quoiqu’ils aient éîé pinces plusieurs fois. Ils sont de forme pyramidale, garnis depuis le pied jusqu’à l’extrémité des branches, qui elles- mêmes sont raini liées à l’in fini. De l’aisselle de chaque feuille, il sort des grappes, dont quelques unes ont de 50 à 40 fleurs, beaucoup plus larges que celles que produisent les sujets élevés en pot. Plus de deux cents grappes de ces jolies fleurs jaune-orange, épanouies a la fois, sans compter une plus grande quantité en boutons, en font la plus charmante plante qu’on puisse placer, pour la floraison d’automne, sur le devant des massifs ou des pelouses des jardins d’agrément.

Pour peu que la chaleur continue encore quelques jours, ils donneront chacun une grande quantité de giaines.

Je crois qu’il nous sera toujours possible à Angers de conserver en pleine terre le Daubenionia. sinon comme arbrisseau, au moins comme plante vivace, en employant pour le conserver le procédé usité pour les Camellias, les Fuchsias, etc., lequel consiste a en recouvrir le pied a l’aide d’un petit monticule de sable. On sera complètement dédommagé de ce léger travail par la belle floraison d’au- lomne.

Baptiste Desportes, Membre de la Société industrielle, à Angers,

Oignons et bulbes à fleurs,

M. Jacquin aîné publie chaque année, vers l’époque de la plantation de la plupart des oignons et bulbes a flems. un catalogue de ces plantes, cultivées en grande parlin dans son jardin de Charonne. M. Jacquin ayant appris p.vr la pratique que certains oignons peuvent rester hors de terre plusieurs mois sans souffrir, et que d’autres ne jouis- sent pas d’une aussi grande force vitale, a divisé ces piaules

REVUE HORTICOLE.

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en cinq sections. Dans la première, il place celles qui peu- vent séjourner quatre mois et plus hors de terre, et dans lo seconde celles qui ne peuvent rester longtemps hors de ton e sans que leur floraison soit altérée et même leur cons(u - vation compromise. La troisième renferme les oignons ou bulbes qui réclament la protection de la serre tempérée, de Forangerie ou du châssis; la quatrième, celles qui ont besoin de la serre chaude; enfin la cinquième section con- tient les jacinthes de Hollande, avec désignation de couleur propre à chaque variété. Le catalogue se termine par im avis qui n’est pas a dédaigner. C'est la liste d’un certain nombre de fleurs qu’il vaut mieux semer a l’automne qu’au printemps, puis l’annonce d’un Prunier de Monsieur à fruit jaune, obtenu d’un semis par M. Jacquin en 1844.

POITEAU.

' Note mr les Fuchsia Napoléon (Miellez) et Fuchsia | Napoléon (Salter).

Depuis quelques années les Fuchsia jouent un grand roîo dans la décoration des jardins; leurs belles et nombreuses fleurs d’un si beau coloris les font rechercher des ama- teurs. La plupart de leurs variétés ont été obtenues de semis. Un haîjile horticulteur, M. Miellez, a trouvé der- nièrement dans les siens une variété a grosses et longues fleurs d’un blanc presque pur, à pétales intérieurs légère- ment rosés, à laquelle il a donné le nom de F. Napoléon. J’ai vu cette plante chez M. Chauvière, qui en est devenu acquéreur, et qui ne tardera pas à la livrer au commerce.

M, Salter, de Versailles, qui s’occupe aussi de la multi- plication de ce beau genre, a, de son côté, obtenu de semis une belle variété a longues fleurs d’un rouge violacé, à laquelle il a donné également le nom de F, Napoléon^ sans savoir que ce nom élait déjà attaché a une nouvelle plante. Pour éviter toute confusion, la première variété est désignée dans le commerce sous le nom de Fuchsia Napoléon (Miellez) et la seconde sous celui de Fuchsia Napoléon (Salter).

Ces deux magniliques gains, obtenus l’un en France, l’au- tre en Belgique, sont déjà appréciés et ne tarderont pas a se répandre dans les collections, attendu que leur multiplica- tion n’est pas plus difficile que celle desvariétés déjà connues»

Pépin.

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REVUE HORTICOLE.

Note sur des Araucaria imbricata plantés en pleine terre.

Les Araucaria imbricata résistent aux hivers dans plu- sieurs départements de la France, ils sont recherchés comme arbres verts résineux, pour la plantation et la dé- coration des grands jardins. Ceux dont il est ici question et au sujet desquels je dois les renseignements suivants à M. Philippe, jardinier botaniste du Jardin de la Marine, a Brest, ont été semés par M. Kersauson, sur sa propriété de Plourin, près Brest; ils sont au nombre de six, dont qua- tre très remarquables par leur beauté et leur vigueur. La tige du plus fort a, du niveau du sol 'a Pextrémilé de sa cime, 6“,50, et 0“,44 de circonférence; les verticilles sont au nombre de quinze, parfaitement distancés et imi- tant très bien par leur disposition une magnifique pyra- mide; la tige, les branches et leurs rameaux sont en outre complètement garnis de feuilles d’un beau vert foncé ; les feuilles caulinaires sont très régulières et symétriquement disposées; elles sont surtout remarquables par leurs extré- mités qui se recourbent en dehors et simulent ainsi la forme des anciennes girandoles.

Les trois autres Araucaria sont moins beaux.

Celui de deuxième force a 4^,15 de haut, et de

circonférence.

Celui de troisième force a 4 mètres de haut, et 0”^,28 de circonférence.

Celui de quatrième force a 5'^,70 de haut, et 0^“,25 de circonférence.

Les verticilles du deuxième sont distancés entre eux de 0'“,10, et ceux du troisième de 0”^,08.

Vingt graines de ces belles Conifères ont été rapportées du Chili et semées en pleine terre dans un verger, en 1 827, par le père de M. de Kersauson, elles n’ont eu pour abri qu’un petit bois de sapins et quelques autres arbres. Sur ces vingt graines, six ont levé et ont été transplantées dans ce meme verger en 4 850, a une distance de 4 mètres l’une de l’autre, de chaque côté d’une allée de sortie du jardin, dont le mur, au nord-est, est à 6 mètres du premier de ces arbres et les abrite des vents d’ouest.

Ces Araucaria sont d’ailleurs complètement isolés, et n’ont pour abri, au nord-est, que le petit bois de sapins et quelques autres arbres a distance de 70 a 80 mètres. Il est

Il i: VUE nüiiiicoLE. 249

à remarquer que ce sont les plus rapprochés du mur de la maison d’iiabilalion qui sont les plus beaux.

Le terrain ils sont plantés, composé d’argile et de sable granitique, est très pauvre en humus, peu profond, et n’a depuis longtemps reçu aucune culture, ce qui n’em- pêche pas ces arbres, surtout le premier, d’être peut-être les plus beaux qui existent en France, en pleine terre.

Enfin, je dois faire observer qu’ils ont essuyé, sans le moindre abri artificiel, le rigoureux hiver de ^829-50.

Pépin.

Culture du Cedrus Deoàom^ dans le nord de VEcosse,

Ce bel arbre, qui promet de réussir parfaitement sous le climat de Paris, semble devoir prospérer également sous celui de l’Ecosse, malgré son humidité et sa basse tempé- rature. Nous lisons dans le Gardener's chronicle qu’il en existe un très beau pied sur un des points les plus septen- trionaux de ce pays, il passe parfaitement bien l’hiver. Il s’élève aujourd’hui a 4 mètres, a partir du bas de la tige jusqu’à son sommet ; ses branches inférieures couvrent un espace de 3“,55 de diamètre, et le tronc, au niveau du sol, mesure 0iï^,60 de circonférence. Sa forme est co- nique, et, au total, c’est un arbre des plus élégants. Il y a quelques années, on a greffé plusieurs branches sur des cèdres du Liban de 2 à 5 mètres de hauteur, et toutes ont repris parfaitement.

Le cèdre du Liban lui-même réussit on ne peut mieux dans la même localité. Il en existe des échantillons dont les troncs, à leur base, n’ont pas moins de 2 mètres de circonférence, et fourniraient par l’équarrissage des pièces de 0™,50 de côté. Leurs branches étendues horizonta- lement couvrent une aire dont le diamètre est de 20 mè- tres environ. Malgré la tendance de ces arbres à s’étendre dans le sens horizontal plutôt qu’à monter, quelques-uns atteignent une hauteur de ^9 mètres, quoique leurs troncs n’aient guère que ^*“,55 de tour. On n’apprendra pas sans intérêt que tous ces arbres ont été semés par une dame qui vit encore, et ceci pourra donner une idée de la rapidité de leur croissance. Dans leur voisinage existent aussi les restes d’un Pinus Douglasii, qui promettait jadis une belle venue. Lorsqu’on le planta, il y a douze ans, il n’avait que

(1) Fo//’ les numéros de hüeÿue des 1®‘’ et 15 mai dern., p. 42 et 67,

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REVUE HORTICOLE.

de haut, et s’est élevé dans cet espace de temps a 9 mètres, ce qui indique une croissance de près de 0“\82 par an. Aujourd’hui, beaucoup de ses branches sont mortes et on prévoit sa fin prochaine. Peut être faut-il attribuer ce résultat au sous-sol maigre et sablou- neux dans lequel ses racines ont probablement pénétré; mais on sait qu’il est assez ordinaire de voir périr cette es- pèce de Pin au bout d’un petit nombre d’années, sans qu’on puisse dire précisément quelle en est la cause.

Naüdin.

Sur une prétendue Manne tombée du ciel.

Dans une des dernières séances de l’Académie des scien- ces, M. Tizenhauz a annoncé avoir observé le 5 avril der- nier, dans le district de Jenischehir , gouvernement de Wilna, et sur son habitation, une sorte de pluie de Manne d’un blanc grisâtre, assez dure, irrégulière, inodore et insipide, qui forma sur le sol une couche de 0»", 1 2 a i d d’épaisseur. Ce phénomène n’est point nouveau. Il est pro- duit par un Lichen {Lecanora esculenta) que les tempêtes transportent souvent à de grandes distances. Pallas^ l’a observé vers la fin du siècle dernier dans les parties mon* tueuses, arides et calcaires du grand désert de Tatarie; M. Eversraann^ Pa récolté dans la steppe des Kirghiz, au nord de la Caspienne, il porte le nom de Semljenoi- chleb; M. Ledebour^ l’a signalé dans les mêmes contrées, mais surtout vers celles qui avoisinent l’Altaï ; Parrot^ et Aucher-E!oi^ l’ont recueilli en Perse; il a été envoyé dans ces derniers temps de Constantinople par un archi- tecte nommé Bilezikdji, qui l’avait observé en Anatolie eu 1845; M. le docteur Léveillé^ l’a reconnu et récolté eu Crimée; tout récemment enfin, M. le Guyon vient de le signaler en Algérie, et il est probable qu’on le ren- contrera dans le midi de l’Europe en Espagne, lorsqu’on le cherchera avec attention.

(1) Pallas, Voyage, vol. III, p. 760, n" 1 38, t. I, fig. 4.

(2) Kvei siïiann, Act. acad, nat, c«r., vol. XV, p. 350.

(3) Jet. acad., vol. cit., p. 361.

(4) Parrot, Voyages ; mde Eversmann, 1. c.

(5) Aucher-Éloi, Relat. d*iui ^oy. en Orient, vol. Il, p. 399.

(0) Léveillé, Voyage du comte Jnat. de Demidoff \ dans la Russie mérid., II, p. 139.

REVUE HORTICOLE.

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Tous les voyageurs qui ont eu occasion de voir ce Li- chen sur les lieux n’ont jamais rencontré un échantillon qui fût attaché à un support quelconque; il est libre cl roule sur le sol. Il se présente, dit M. Léveillé, sous la forme de corps irréguliers qui varient du volume d’une léte d’épingle à celle d’un pois ou d’une petite noix. Il rappelle par son aspect général les déjections des lombrics. Panot, Eversmann, Auclier-Eloi expliquent sa chute par des trom- bes ou de violentes tempêtes qui le détachent de la surface des rochers pour le transporter a de grandes distances et le jeter sur le sol il continue a végéter. Cette opinion est partagée par M. Léveillé, habile observateur qui a rencon- tré, en effet, des débris de plusieurs autres espèces de Li- chens mêlés au Lecanora, sur lequel il a pu constater sou- vent aussi une sorte de cicatricule ou point d’attache. L’idée de Parrot, etc., s’accorde en outre avec la plupart des récits.

En Perse, on a vu ce Lichen former des couches de 0“‘,i2 a0'“,'l5 d’épaisseur. Aucher-Eloi a joint a ses échantillons la note suivante : « En 1829, pendant la guerre entre les Per- sans et les Russes, la disette était très grande à Ourmia (S. O. de la Caspienne). Un jour, pendant un vent violent, le pays se trouva couvert d’un Lichen qui tombait du ciel; les brebis se jetèrent dessus et le dévorèrent avec avidité , ce qui donna l’idée aux habitants de le réduire en farine et d’en faire du pain, qu’ils trouvèrent assez bon et très nour- rissant. Les Persans crièrent au miracle et ne manquèrent pas de l’attribuer à Ali. Les gens du pays assurent n’avoir vu ce Lichen ni avant, ni après cette époque; il estpro bable qu’il a été enlevé des hautes montagnes et précipité dans la plaine par une tempête. »

Un fait identique s’est reproduit dans ces dernières an- nées. A l’époque du siège d’Hérat, les journaux ont men- tionné une grêle de manne qui, tombée sur la ville, servit de nourriture aux habitants. Or, Hérat est situé a environ 876“^ (458^) au‘dessus du niveau de la mer.

Mais quels sont les lieux se développe cette singulière plante? Voici à ce sujet la traduction de ce qui sert d’avant- propos au mémoire d’Éversmann : « Il est évident que la nature créatrice commence son œuvre par des ébauches et marche graduellement vers des productions supérieures ; je vais exposer brièvement un exemple singulier de cette yé- rité,observéparmoi dans les vastes solitudes qui s’étendent à l’orient de la mer Caspienne. Les déserts desKirghiz,

REV CE MOUTICÜLE.

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qui appartiennent aux terrains les plus récents de notre globe et dont le jeune âge est prouvé par des fornialions de pierres qui durent encore, produisent déjà une généra- tion de Lichen, et en font les premiers fondemeiils d’une végétation future plus fertile. En effet, partout le sol ne consiste pas en sable pur, mais contient un mélange de sable et de boue salée, aussi la surface de la terre est couverte de iic/im qui, par sa destruction, produit un terreau neuf, prêt à nourrir des plantes plus par- faites. ♦>

Malgré son extrême blancheur et son apparence amyla- cée, la substance du Lecanora esculenta ne bleuit point par Eaction de l’iode et n’offre aucun des caractères de la fécule. Du reste, ce Lichen n’est pas le seul dont on puisse se nourrir; celui d’Islande (Cetraria Islandica) se mange journellement dans ce pays% etM. Gaimard l’a vu employer comme gruau en le concassant et en le faisant bouillir soit dans du lait, soit même simplement dans de l’eau

L’analyse chimique a donné pour cent parties de Leca- nora :

i ,75 de résine molle, d’un goût amer, soluble dans l’éllîer, et renfermant de la chlorophylle (matière verte des feuilles) d’un vert jaunâtre.

1 ,75 de résine molle, insipide, inodore, soluble dans ralcooL

1,00 d’une substance amère soluble dans l’eau et l’alcool.

2,50 d’inuline.

23,00 de gélatine.

2,25 de débris de lichen.

65,91 d’oxalate de chaux.

99,61

Puisqu’il vient d’être question d’unesorle de manne tom- bée du ciel, et que plusieurs personnes ont été tentées de rapporter le phénomène qui nous occupe à celui dont parle l’Écriture, je ne crois pas hors de propos de rappeler ici l’observation récente de MM. Ehrenberg et Bové. Aux

(1) Renard, Hist. nat. du lichen d'Islande, p. t à.

(2) M. Mérat {Dict. mat, méd,, supp. 1846, p. 428), énonce une opinion diaméiralemcnt différente ; il dit que le Cetraria islandica \\^ croît pas en Islande. Les habitants désignent cependant celle plante par le nom de Fjallagros (que l’on proiîonce Fiallagreus), cl le Mu- séum en possède de nombreux échantillons recueillis par les natura- listes de l’expédition de la Recherche.

REVUE IIOKTJCOLE.

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yeux de ces voyageurs, la Manne des Hébreux est le produit d’un Tamarix [T. mannifera) très voisin de Vindica. Cet arbre, fort répandu dans toute l’Arabie pétrée, se rencontre sur le Sinaï jusqu’à 500»^ au-dessus du niveau de la mer; la le Dattier n’est plus qu’un buisson, il produit une exsudation sucrée fort abondante et dont s’accommodent les Arabes. «L’Ouadi-el-Cheick, dit Bové^, est presque entiè- rement occupé par le Tamarix à la manne.,. J’ai vu des femmes et des enfants occupés a ramasser cette substance qui s’écoulait des branches de ces arbres... Les Arabes cla- rifient cette Manne en la dissolvant dans l’eau chaude et en écumant cette espèce de sirop dont le goût est comparable à celui du meilleur miel, w

Pendant longtemps on avait attribué à tort la produc- tion de la Manne des Hébreux a une plante herbacée de la famille des Légumineuses, VAlhagi Maurorum. M. Lind- ley- a signalé récemment un chêne (Quercus mannifera) dont les feuilles laissent égoutter de même une substance sucrée qui semble avoir été mentionnée sous le nom deChel- ber par Olivier. Ce nom, appliqué par les hordes du Ko- rassan et de la petite Tatarie a une substance alimentaire et sucrée qui tombe sur le sol, se rapproche beaucoup , comme on le voit, de celui de Semljenoi^Chleb par lequel les Kirghiz désignent le Lecanora esculenta qne le ciel leur envoie de temps a autre d’une façon si miraculeuse.

J. Degaisine.

Effets de la sève d'août.

Les chaleurs tropicales de l’été de cette année ont rendu sensibles, dans quelques localités et sur certains arbres, les phénomènes physiologiques connus sous le nom de sève d'août. 11 y a une quinzaine de jours j’ai vu a Fontaine- bleau des vignes couvertes de raisins mûrs et qui, par quel- ques-unes de leurs branches les grappes ne faisaient que commencer a fleurir , semblaient être encore au prin- temps. Mais le fait le mieux caractérisé que j’aie observé est celui de Marronniers d’Inde qui, après avoir perdu toutes leurs feuilles comme pendant un hiver rigoureux, ont re- commencé à pousser et sont en ce moment couverts pour

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REVUE HORTICOLE.

la seconde fois de feuilles et de fleurs. Un prunier m’a of- fert un phénomène semblable.

Je me rappelle avoir vu il y a quelques années, dans les environs de la ville de Cette, après un été très sec et Ires chaud, un fait tout semblable sur les ormes. Les feuilles étaient tombées depuis longtemps lorsque, vers le milieu du mois d’août, ces arbres se mirent a reverdir comme ils l’avaient fait au mois de mars et d’avril. C’est sans doute quelque chose d’analogue a ce que de nombreux voyageurs nous disent avoir observé dans les savanes brûlées de l’A- mérique du sud où, pendant les six mois de sécheresse, les arbres sont aussi nus que le sont les nôtres au cœur de l’hiver, mais se parent d’un nouveau feuillage dès que la saison des pluies est revenue.

Naudin.

Phosphorescence des feuilles sèches.

J’ai été témoin ces jours derniers d'un phénomène que je ne sache pas encore avoir remarqué des botanistes. Me promenant par une soirée très sombre, avec M. le vicomte de Noé, dans un petit bois qui fait partie de sa propriélé du Bréau, près Âlbis, nous fûmes fort surpris tous les deux de voir en certains endroits la terre jonchée de points lu- mineux que nous prîmes d’abord pour des vers luisants. Quel ne fut pas notre étonnement lorsque, voulant en sai- sir quelques-uns, nous reconnûmes que c’était des feuil- les sèches qui produisaient cette phosphorescence! La lu- mière en était vive surtout du côté qui regardait la terre, et beaucoup de feuilles qui semblaient en être privées bril- laient d’un vif éclat lorsqu’on les retournait. Désirant recon- naître a quelle espèce d’arbre appartenaient ces feuilles, nous en emportâmes une poignée â la maison, nous trou- vâmes que c’était des feuilles de chêne ordinaires {Quercus Robur, de Linné). Ce qui nous frappa et ce qu’il importe de remarquer, c’est que la phosphorescence n’avait lieu que sur certaines parties plus blanches que le reste de la feuille et pellucides. Armé d’une forte loupe, je reconnus que la demi-transparence des parties lumineuses était due a la dis- parition de la matière brune qui ailleurs remplissait les cellules et qui résultait de la chromucle altérée; car on voyait très nettement les cellules vides sur tontes ces parties, tan- dis que celles qui n’étaient pas phosphorescentes avaient

REVUE HORTICOLE.

2^33

conservé leur opacité primitive et la couleur fauve ordinaire des feuilles sèches.

J’ai vu plusieurs fois du bois pourri donner des liiems d’un blanc un peu verdàlre, et c’est un fait connu de tous les botanistes. Il est fort probable que la phospliorescenc(î que j’ai observée sur la feuille du chêne lient à un état de décomposition analogue du réseau fibreux de la feuille.

Naudin.

Plantes rares qui fleurissent dans les jardins de Bruxelles^,

Dans les serres royales, à Laeken, fleurissent en ce mo- ment la Stanhopea tigrina var. atroviolacea ^ dont les fleurs d’un pourpre foncé, bordées d’un blanc jaunâtre, ont environ 0“,25 a 0”^,50 de diamètre ; le Maxillaria vitcU lina;VOncidiumsciurus,m\Cycnoches chlorochilus, dont la hampe, garnie de 17 fleurs, atteste l’habileté du direc- teur des serres dans la culture des Orchidées tropicales, car, à en juger d’après les indicalions des voyageurs , celte plante ne porte guère dans sa patrie au delà de neuf ou dix fleurs sur une tige ; V Epidendron umbellatum à fleurs éclatantes; VEp, odoralum, qui cependant ne semble pas trop mériter ce nom, attendu qu’il y en a d’autres de ce genre qui ont l’odeur plus forte et plus agréable ; enfin VÆrides cornutum , Roxb. , ou odoratum, Lour. , qui dans nos serres ne semble pas produire cette odeur puis- sante qui la fait rechercher par les Chinois, pour en par- fumer leurs appartements.

Dans les serres du duc d’Aremberg, serres si riches en plantes dignes d’êlre citées, nous avons remarqué le TüTe Acianlhera punctata, Nob. , à feuilles ovées, ellip- liques bleuâtres , picotées de brun foncé; c’est peut êire l’unique exemplaire en Europe ; V Acanihoyhippium bico- lor; les Cirrhea squalens ^ trüiis et viridi-purpurea; les Decripta Baueri et glaucescens\ VÆrides odorata ; les Epidendron puchianthum^ spec. nova odorata^ oncA- dioides^ cinnabarinum , sphœrobulbon ; le Gongora ma- culata-sanguinea; le Govenia Gardneri \ le Liparis pli- cata \ la Masdevallia tricuspidata , Nob. ; les Maxülarm

(1) Journal d'horticulture de Bruxelles,

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REVUE nORTÎCOLE.

arot/uiiica^ D ’Pjni^ squaicns, varlabilis, alroruhens; les Oncidiurn monoceras , cuneatum , Nob. ; Harrissonii , pumilum , ornaium , bi folium , pulvinatum , fleœuosum^ sciurus; le superbe Phajus bicolor ] la magnilique So6ra- lia macraniha ^ portant cinq ou six tiges; plusieurs Sian- hopea ; la Vanda Roxburghii ^ rune des plus belles es- pèces du genre; le Cymbidium aloifolium; le Pleurothal- lis punctaia, et une nouvelle Brassia du Mexique.

Dans le jardin de plein air il y a deux Cheirostemon pla- ianoides^ élevés de graines, de 6'ii,75 de hauteur, qui pro- mettent de fleurir dans quelques années.

SCHEIDWEILER,

Du choix des espèces de poiriers pour un jardin fruitier; taille à préférer ; manière de les planter et transplanter.

Nous devrions laisser à nos habiles et savants confrères le soin d’accomplir une tâche dont ils s’acquitteraient mieux que nous, mais le Poirier nous sourit, et ils nous permet- tront bien de cueillir un fruit dans leurs vastes domaines.

Si l’horticulture de fantaisie et la floriculture peuvent dif- ficilement prendre place dans le jardin d’une ferme, il n’en est pas de même assurément de la culture des arbres fruitiers qui, par ses allures sévères, le peu de temps qu’elle exige, ne dérange en rien réconomie de la maison ; et cependant, nous devons le dire, même les produits des arbres fruitiers répondent à un besoin général et mériteraient les honneurs d’une culture spéciale, leur entretien est abandonné au ha- sard, représenté par quelque manouvrier qu’on décore du nom de jardinier parce qu’il laboure avec une bêche. Livré à de pareilles mains, l’arbre fruitier s’épuise à lutter contre la destruction et meurt le plus souvent sans avoir produit autre chose que de l’ombre. C’est parce que nous déplorons un pareil état de choses que nous faisons accueil à tous les Traités qui, par la simplicité de leur forme et la vérité pra- tique de leurs doctrines, permettent aux cultivateurs de s’ini- tier facilement aux principes d’un art dont toutes les diffi- cultés s’aplanissent devant une étude quelque peu sérieuse sous la direction d’un maître expérimenté.

Le travail de M. de Chambray ne saurait passer pour un Traité complet de la culture du Poirier : l’auteur n’a pas eu la prétention d’accomplir une pareille œuvre, il a seub*ment voulu faire connaître au public agricole les espccos de Poi-

KEVCE HORTICOLE.

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Tiers qui lui ont le luieiix réussi, la manière de les tailler, de les planter et de les transplanter ; et encore M. de Cham- bray, en praticien habile, ne généralise-t-il pas ses observa- tions et les circonscrit-il dans le rayon de la localité qu’il habite, c’est-à-dire en Normandie, dans la vallée de TEton, et sur les coteaux qui bordent cette vallée , à l’exposition du nord.

Un des principaux embarras que l’on rencontre dans le choix des meilleures espèces de Poiriers résulte de ce qu’il règne un grand désordre dans la nomenclature et dans la synonymie de ces espèces, et de ce qu’on n’est pas tou- jours fixé sur leur qualité et sur l’époque de leur maturité, qui varient d’ailleurs selon le climat, le terrain et l’exposi- tion. De nombreuses recherches, un travail dans le genre de celui que M. le comte Odart a entrepris avec tant de succès pour la vigne, pourrait seul remédier au désordre dont se plaint M. de Chambray ; mais c’est une œuvre de patience dévouée qu’il est plus facile de louer que d’exécuter. Dans l’impossibilité d’entreprendre un pareil travail, M. de Cham- bray a du moins voulu donner la liste des espèces de Poiriers qu’il cultive chez lui, avec l’époque de leur maturité. Les cultivateurs normands trouveront d’utiles renseignements, qui pourront les guider dans les recherches du rapport nu- mérique dans lequel il faut cultiver les espèces de Poiriers de chaque saison.

L’auteur décrit succinctement trois manières de cultiver les Poiriers: l^en greffant les espèces sur franc, s r haute tige, pour en faire des arbres en plein vent ; 2‘" en greffant sur basses tiges, le plus souvent sur coignassier, les Poiriers destinés à être placés dans les carrés d’un jardin ; enfin en greffant sur basse tige, sur demi-tige ou sur haute tige, les arbres qu’on veut placer ensuite en espalier. Après quelques détails sur la formation des espaliers, viennent des considé- rations sur le meilleur mode de palissage , et enfin la bro- chure termine par d’excellents conseils sur le meilleur mode de plantation.

Homme de pratique , M. de Chambray n’avance aucun fait qui ne lui soit acquis par expérience ; c’est à ce titre que nous recommandons son travail à l’attention de nos lec- teurs.

Eugène Marie.

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REVUE HORTICOLE.

Destruction des forficules ou perce-oreilles K

Dans les terres légères, le premier fléau du Dahlia est le forficule ou perce-oreille; cet insecte se multiplie par my- riades et se montre très friand , non des tubercules, mais des jeunes pousses et des corolles du Daiilia. En vain j’ai fait usage de la fleur de soufre, du tabac 'a priser, de la suie, etc.; chaque matin les forficules environnaient les pousses nouvelles, et en un instant tout était dévoré. J’ima- ginai alors de faire fabriquer des colliers de fer-blanc (l’emploi du zinc serait moins dispendieux) de a

7 d’ouverture ou de diamètre, sur i 5 de hauteur. Je fis enfoncer ces colliers en terre , autour des Dahlias, a la profondeur de 0>^,05 (on sait que le forficule ne pé- nètre pas fort avant sous le sol) ; puis je fis enduire, avec un vieux linge , toute la surface extérieure des colliers de dépôt ou déchet d’huile a brûler. Ce moyen a parfailemcnt réussi : le lendemain et les jours suivants, je vis des forfl- cules arrêtés sur le collier oii f huile, dont ils s’étaieiU gorgés, les avait pour ainsi dire cloués, et je fus délivré de ces insectes voraces. Sans doute, plus tard , les forlicules trouvèrent le moyen d’arriver jusqu’aux fleurs ; mais alors la plante était forte et il était plus facile de la conserver.

Exposition de la Société d'horticulture de Béthune.

La Société centrale d’agriculture et d’horticulture de l’arrondissement de Béthune (Pas-de-Calais) fera son expo- sition de fleurs de Dahlias coupés, les dimanche et lundi, 4 et 5 octobre prochain.

Les horticulteurs domiciliés dans l’arrondissement ou hors de l’arrondissement y seront admis. Les plantes de- vront être étiquetées ou porteront un numéro correspon- dant à une liste indicative de leurs noms. Il y aura deux concours, le premier entre les jardiniers, et le second entre les amateurs.

Une médaille d’argent, grand module, sera décernée entre les horticulteurs pour vingt-cinq fleurs variées les plus belles et les plus nouvelles. Une idern^ pour lapins belle collection^ ou celle composée des fleurs les plus va- riées et les mieux cultivées. Une médaille d’argent, prix

(1) ie Rovlllien.

UKVüE HORTICOLE. 259

unique, poui les fleurs nouvelles de semis fait par Vex- posant.

Une médaille d’argent, grand module, entre les ama- teurs, qui seront tenus d’exposer douze fleurs variées les plus belles et les plus nouvelles. Une médaille d’argent, pour la plus belle colleclion ou celle composée des fleurs les plus variées et les mieux cultivées.

Une médaille de bronze, prix unique, pour les fleurs nouvelles de semis.

Le jugement aura lieu au scrutin, entre tous les expo- sants présents et les membres du jury de l’exposition.

Des vases pour recevoir les fleurs seront disposés dans le local, par les soins des commissaires. On est invité d’écrire au secrétaire de la société, rue Saint-Yaast, et d’indiquer approximativement le nombre de fleurs que Ton désire exposer.

Reproduction Marica Northiana (/ridées) ^

Outre le mode de reproduction commun à toutes les iridées, celle-ci se propage encore par un œilleton qui pousse immédiatement au-dessous de l’insertion des fleurs. La hampe, d’a peu près 0*'^,80, est aplatie; le bas de la tige, plus faible que la partie supérieure, permet à cette dernière, lorsqu’elle lUest plus attachée a un tuteur, de se replier sur la terre, afin que l’œilleton puisse y pren- dre racine.

Les autres espèces de Marica ne semblent pas se multi- plier de la meme manière ; du moins le M, cœrulea con- serve toujours sa hampe droite et ferme.

Vallet aîné.

Extraits des catalogues d'automne.

Plantes bulbeuses. M. Van Iloiite, de Gand, nous envoie le catalogue des bulbes, griffes et tubercules a fleurs culiivés dans son établissement, et qu’il offre au public pour l’automne de ^1846 et le printemps de ^847. Ces plantes sont divisées en deux séries : dans la première sont comprises les plantes bulbeuses de serre, composées de 94 genres, dont plusieurs sont nouveaux et ont été figurés dans la Flore des serres et desjm dîns de V Europe.

(1) Cercle dliorticulture de Rouen.

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REVUE HORTICOLE.

La seconde section comprend les plantes bulbeuses de pleine terre; on y compte 46 genres, plus les Achimenes^ Gesnerias^ Gloxinias, Alslrœmères^ Anémones, Renon- cules^ Crocus, Fritillaria, Gladiolus, Hyacinihus] les Iris anglica et hispanica au nombre de 50 variétés cha- cune ; \es Ixias, Sparaxis, Narcissus, Tulipa, Lilium. Ce beau genre, si recherché aujourd’hui, présente 55 espè- ces et 12 variétés. On y voit aussi figuré le i. Broimii et le L. testaceum, deux magnifiques espèces e'ncore rares dans les collections.

Les Tropœolum tricolorum, brachyceras et azureum, sont en mélange de bulbes reçues du Chili.

MM. Graaff et fils, a Lisse, près Haarlem (Hollande), viennent de publier le catalogue de leur culture spéciale d’oignons ou bulbes pour fautonine de i 846 et le prin- temps de 1847. On y trouve les genres Narcisse, Crocus, Renoncule, Anémone, Gladiolus, Fritillaria , Lilium, Amaryllis, ainsi que les Jacinthes, dont le nombre des variétés s’élève a près de 400 et y sont classées par grou- pes, d’après leur couleur.

Avis aux amateurs de Dahlias.

M. Duluc-Robin , jardinier à Espalais, près Port- Sainte-Marie (Lot-et-Garonne), nous adresse son cata- logue de Dahlias, pour 1847. Sa collection qui , en 1845, n’était composée que de 200 variétés, on présente aujour- d’hui 590. quoiqu’il en ait supprimé 70, qu’il avait re- connus inférieurs.

M. Duluc - Robin recommande toujours le procédé qu’il met en pratique pour garantir les jeunes pousses de Dahlias des limaces et des limaçons. 11 saupoudre les jeunes tiges, à plusieurs reprises, avec du plâtre recuit, surtout après une pluie. 11 fait remarquer, cependant, que si ce procédé garantit des limaces les tiges et les feuilles de Dahlias, il en retarde un peu la végétation, mais sans nuire au développe- ment de cette belle plante.

Les amateurs verront de nouveau avec intérêt, à cette

époque, les belles cultures de Dalhias de MM. Vasseur et Capsal, a Versailles, rue de Montreuil, 37. La Revue a déjà eu occasion d’appeler l’attention de ses lecteurs sur ces riches collections qui, cette année, se sont encore considé- rablement accrues. Pépin.

l

( '(fin . h iitcessi' T^aciocc/ii

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Camellia (Japoiiica) Princesse Baciocchi (flg. 14).

Cette variété a été obtenue de graines 'a Desio, par M. Jo- seph Bofti; ce beau Camellia est depuis peu dans le commerce et rare encore dans les collections des amateurs, parmi les- (juels la régularité et la singulière disposition de ses pétales en étoile, rayés chacun uniformément d^une bande blan- che, lui conquerront bien des sympathies.

C’est un arbrisseau en apparence délicat et grêle, mais bien ramifié, garni de feuilles ovales, brièvement pétiolées, a peine acuminées au sommet, très finement dentées au bord et même comme crénelées, d’un vert tendre, a ner- vures bien marquées.

Les boutons sont nombreux, bien attachés, couverts de squames calycinales d’un vert tendre, s’ouvrant facilement. Les fleurs (de quatre pouces au moins de diamètre) sont bien étalées, très pleines et très régulières. Les pétales, disposés en cinq ou six séries uniformes, rayonnant du centre à la circonférence, s’imbriquent entre eux, à la manière des tuiles d’un toit et sont bien arrondis, convexes, à bords très entiers ou obsolètement échancrés au sommet. Leur coloris est d’un rouge vif particulier, à reflets métalliques; les bandes blanches qui les traversent, dans le sens longitudi- nal, font, en raison de la disposition d’iceux, une étoile ré- gulière et d’un très bel effet.

Culture.

La culture des Camellias est tellement répandue, telle- ment a la mode, qu’il ne sera pas oiseux d’entrer, à leur égard, en faveur des amateurs novices, dans quelques dé- tails pour la leur rendre facile et agréable, détails dont ils me sauront gré, je l’espère, et que j’étendrai autant que me le permet le cadre nécessairement rétréci de ce^ecueiL

Le sol qui leur convient est un terreau de bruyère sableux, passé simplement à la claie et dont on n’aura retiré que les grosses racines des arbustes qui y ont crû auparavant.

En général, le Camellia aime l’humidité et, par un con- traste dont beaucoup d’autres plantes au reste présentent des exemples, il exige beaucoup d’air et une lumière un peu diffuse. Il est donc autant que possible opportun d’en pla- cer dans la serre les vases ou les caisses à nu sur le sol plutôt que sur des tablettes ; dans le premier cas, en effet,

2e SÉRIE. Tome v, J 4. 45 Octobre 4846.

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riimnicrilé et la fiidciieiir ordiiïaires de la terre lui profi- tent; tandis que dans le second, il se trouve dans un mi- lieu sec et aride, auquel il faut remédier par de plus fré- quents arrosements : fait souvent plus nuisible qu’utile. Ajoutez ensuite que, dans une serre a Camellias, leur arran- gement par groupes et en allées sinueuses fait un effet plus agréablement pittoresque que leur alignement sur des ta- blettes, dont la monotonie fatigue l’œil.

Une autre question importante a occupé avec raison les meilleurs praticiens : celle de savoir laquelle était préféra- ble, la culture en pots ou la culture en caisses. Les caisses ont quelque chose de plus agréable a l’œil, mais elles iso- lent les racines du sol sur lequel elles aimeraient a reposer; ensuite leur entretien et leur changement sont fort coû- teux, double inconvénient qui disparaît en se servant de pots, dont la forme, au reste, peut, au goût de l’amateur, être plus ou moins élégante et variée. La culture en pots doit donc l’emporter.

Le Camellia aime assez a être logé un peu à l’étroit ; ordinairement un rempotage annuel lui suffit, et ce rem- potage doit avoir lieu a la fin de la périade végétative, quand les pousses nouvelles se sont aoûtées, quand les bou- tons, espoir légitime de la floraison prochaine, se sont complètement formés. Cette époque se présente ordinaire- ment dans nos climats vers la fin d’août ou de septembre, c’est-à-dire quelque temps avant la rentrée.

La serre l’on rentre les Camellias doit rester ouverte, par toutes ses ouvertures, chaque fois que la gelée ne menace pas. En cas de gelée, toute la serre doit être her- métiquement close, tous les interstices bouchés, de ma- nière à n’y pas laisser pénétrer le moindre souffle de l’air du dehors. On couvrira de paillassons et de litière qu’on épaissira selon l’intensité du froid, et on n’aura décidé- ment recours au fourneau que si la température de la serre menaçait cTe descendre au-dessous de zéro, etc. On ne de- vra jamais perdre de vue que la chaleur du foyer, en hiver, est préjudiciable à la santé des Camellias.

Rentrés en serre avant le commencement des pluies d’au- tomne, et conduits alors comme je viens de le recomman- der, ils devront, au printemps, être de nouveau exposés à toutes les influences atmosphériques de nos climats. L’épo- que la plus favorable pour leur sortie aura lieu lorsque la flo- raison en sera complètement terminée que les jeunes pous-

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ses se seront suffisamment allongées, et les boutons bien for- més; ce qui se remarque vers la fin de juin. On profitera pour cela d^iu temps pluvieux. A Fair libre, on les placera en groupes ou en rangs derrière des haies végétales vivantes (des lignes de Thuyas, de Cyprès, etc.^) qui puissent les abriter des rayons brûlants du soleil de midi, tout en per- mettant a Pair de circuler librement a travers leurs ramilles et de profiter aux pousses nouvelles des Garnellias. Les vases devront poser sur le sol ; mais pour éviter que les lombrics ne pénètrent par le trou destiné a récoulement des eaux, oii posera une tuile ou une ardoise sous les pots, de manière à empêcher les vers de s’y introduire. Pendant toute la du- rée des chaleurs, les arrosements et les seringuages devront être fréquents et diminuer peu a peu, au fur et a mesure que diminuera elle-même la chaleur solaire. Dans cette place, la haie vivante, qui les abrite des vents et du soleil du midi, suffira pour les protéger contre cet astre ; mais dans la serre, au printemps et en automne, il est utile de les ombrager au moyen de stores ou d’une toile a mailles lâches qu’on relève ou qiCon abaisse au besoin. On a encore dans ce but imaginé de barbouiller extérieurement les vi- tres avec un lait de chaux* qu’on fixe au moyen d’une dis- solution très étendue d’alun. ou d’alcool.

La multiplication des Garnellias a lieu soit parle greffage, soit par le bouturage, soit par le semis de leurs graines. Je terminerai par quelques mots sur ces trois modes de pro- pagation.

Le greffage se pratique par la greffe en fente, ou eu ap- proche, ou en placage. Toutes trois ont lieu en toute sai- son, mais principalement au printemps. Je ne les décrirai pas; le lecteur peut, sur ce sujet, consulter avec fruit les traités d’horticulture; je ferai seulement observer que le greffage en fente ou en approche est le plus expéditif et le plus suivi. Ainsi, par exemple, un Gamellia greffé en fente peut être sevré au bout de quinze ou vingt jours et li- vré au commerce. Greffé en approche, il ne saurait être libéré avant deux et même trois mois. L’opération de la greffe doit avoir lieu â l’ombre et à couvert, et les individus opérés demandent la chaleur d’une couche et l’abri d’une cloche, jusqu’à parfaite reprise. On choisira pour sujets des

(1) Mais non de vignes, de lilas, de peupliers, etc., dont la vigou- reuse respiration enlèverait aux Caaiellias une grande partie de prin- cipes vivifiants de ralmosphère.

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individus sains et vigoureux, et autant que possible con- formes, par rétat de la végétation et la grosseur des tiges, aux greffes qu’on devra enter sur eux. On se gardera bien d’employer des sujets de Thé, arbrisseau d"une végétation lente, peu robuste, et dont les caractères botaniques^sont d’ailleurs différents.

Le bouturage, en raison de la nature ligneuse des pous- ses, demande quelques soins. Il peut avoir lieu a deux épo- ques différentes, mais toujours pendant le repos de la plante, c’est-a-dire de mars en mai, et de septembre en no- vembre. On choisira pour la première époque les pousses les plus herbacées, et pour la seconde celles qui se seront le mieux aoûtées pendant la belle saison. On les fera a la manière accoutumée, sur couche tiède et sous cloche.

Le semis des graines doit avoir lieu aussitôt leur ma- turité. On n’attendra pas pour les recueillir que les cap- sules qui les contiennent se sojent ouvertes d^elles-mêmes, sans quoi elles se dissémineraient spontanément sur le sol, et on courrait risque de ne plus les retrouver. Il faut sur- veiller l’instant les capsules sont prêtes a s’entr’ouvrir et se hâter de les cueillir pour semer aussitôt : les graines des Camellias ne conservent pas longtemps leurs facultés germi- natricesen raison de l’huile abondante qu’elles contiennent

On sèmera en terrines bien* drainées, dans un terreau de bruyères très sablonneux et sur une couche tiède. A la troi- sième feuille, le jeune plant pourra être séparé et planté isolément. Vers la troisième année, les individus les plus vigoureux, dont on ne voudra pas attendre la floraison, qui ne saurait avoir lieu que la cinquième ou la sixième, quel- quefois même la dixième et au delà, pourront servir de su- jets et recevoir des variétés précieuses.

Ce qui précède, mis en pratique par un amateur intelli- gent et soigneux, peut suffire pour l’élève et la conduite d’une collection de Camellias, quelque considérable qu’elle soit. A une prochaine occasion, je traiterai de la féconda- tion artificielle et de l’hybridation, puissant et double moyen d’obtenir des graines dans nos climats, et par consé- quent des variétés nouvelles. L. VU

Diplacus puniceus, Nuttal (/>. ponceau).

' Charmant arbuste de serre tempérée, ayant beaucoup d’affinités par son port avec le Diplacus glutinosus (Mi-

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mulus glutinosus)^ que certains botanistes considèrent seu- lement comme variélés.

Il s’élève a la hauteur de 0«^,50 a 1 mètre; ses rameaux sont également visqueux, plus minces, scs feuilles lancéo- lées; il fleurit pendant une grande partie de raniiée.

On le multiplie facilement de boutures et de marcottes; il aime une terre légère, sableuse ou de bruyère, et des arrosements fréquents, surtout pendant l’été. Il paraît que dans les localités on le trouve, il croît près des petits ruisseaux; on peut le livrer à la pleine terre pendant l’été, dans les plates-bandes de terre de bruyère, et le relever avant les grandes gelées; il demande une position demi- ombragée.

Cet arbuste a été trouvé aux environs de San-Diego, en Californie, et envoyé en ^856 à Philadelphie, à M. Buist; en ^858 il fut introduit en Angleterre, a Chapton, chez M. Lowe, et a Paris en ^840.

Le D. puniceus se reproduit parfaitement de semis; no- tre collègue, M. Jacques, en a un très grand nombre qui sont de toute beauté ; aucun n’a varié par cette voie de multiplication , ce qui établit l’identité de cette espèce.

Pépin.

Roses nouvelles obtenues à Angers.

La Gloire-d’Angers et Eugénie-Gainoiseau.

Angers, depuis le commencement de notre siècle, est devenu un centre de culture tous les genres sont traités par des hommes spéciaux, bien que quelques-uns les réunissent à peu près tous dans leurs vastes établissements. Le genre Rosier avait dès le principe attiré l’attention de plusieurs cultivateurs distingués auxquels l’horticulture est redevable aujourd’hui de plusieurs Roses remarquables. Plusieurs d’entre elles n’ont pas encore disparu des collec- tions, malgré le grand nombre de nouveautés qui paraissent chaque année.

Parmi les Roses les plus méritantes, nées à Angers, je ci- terai en première ligne l’Acidalie, Thé Baugeri, Thé Moiret, puis le Thé Maréchal, qu’a grand tort on a débaptisé pour l’appeler Noisette Lamarque, et Chromalella, enfant de cette dernière, mise dans le commerce il y a quatre ans par M. Vibert, dont les cultures de Rosiers sont renommées

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dans tout le monde horticole. Ce fut pour Angers une bonne fortune que l’importation dans cette ville de ces riches cultures que tous les étrangers, amateurs de cette reine des fleurs, viennent visiter. Mais je m’aperçois qu’au mi- lieu de ces jolies Roses je me laisse entraîner facilement, et que j’oublie celle qui (ait le sujet de cette note, la Gloire^ d'Angers, due a M. Bayau qui succéda, il y a sept ans, U M. Guérin, l’un des premiers et des plus heureux cultiva- teurs qui se soient occupés a Angers des semis de Rosier.

M. Bayau ne fut pas moins heureux que son prédéces- seur, et bientôt il se fit connaiire par plusieurs belles Roses qu’il mit dans le commerce. Les plus remarquables sont : Minerva, Marquis d’Osseray, Joséphine, Malton; puis Solfatare, jaune safran et ébène, rouge-violet très foncé.. Ces deux dernières sont d’un coloris encore assez rare.

Aujourd’hui AI. Bayau nous offre une nouvelle variété de ses semis, sous le nom de Gloire d Angers. Elle sera livrée au commerce par souscription le l^r novembre, au prix de fr. la pièce. Cette Rose, que nous avons été a meme d^admirer plusieurs fois dans ses belles cultures pendant, la floraison, est une hybride remontante, à fond rose vif, à pétales régulièrement imbriqués, de 0"^,8 de diamètre, de forme parfaite, extrêmement remontante, s’épanouissant facilement, quoique très double; elle est d’un beau port et donne a la fois un assez grand nombre de fleurs.

Celte Rose, au dire des plus grands connaisseurs, est appelée a prendre place à côté de Aladame Lafay, La Reine, la Baronne Provost et autres gains les plus célèbres de nos. jours. M. Bayau possède encore une autre variété remar- quable et qui ne le cède en rien a celle-ci, mais qui ne sera disponible que l’an prochain.

Un autre cultivateur de Rosiers a Angers, non moins heu- reux que M. Bayau, vient d’obtenir de semis une variété qui mériti de fixer l’attention des amateurs. Il l’appelle Eu- génie Guinoiseau. C’est une île Bourbon, rose-incarnat;, pleine, de O*",!) de diamètre, imbriquée à l’extérieur, ane- monée au centre, et d’une forme et d’une tenue parfaites. Elle est vigoureuse et surtout florifère. Il lui arrive souvenfi de donner de 25 à 50 fleurs a la fois.

Elle est en vente, aux memes conditions que la première^, chez les principaux horticulteurs d’Angers.

Baptiste Desportes, Membre de la Société industrielle, à Angers.

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Noie sur deux nouvelles variétés de Verbena.

Le genre Verhena (Verveine) renferme, comme on le sait, plusieurs especes fort répandues dans les jardins. Lne de ces espèces, la Verbena Melindres^ fut bientôt recher- chée de tous les amateurs pour le nombre et Téclatant coloris de ses fleurs. Sa facile multiplication, au moyen de semis, procura peu de temps après à l’horticulture une variété a fleurs plus grandes et d’un coloris encore plus brillant que le type, et qui nous fiitimporléed’Angleterresoiis lenom do F. Tweediana. On continua 'a propager ces plantes et Ton arriva bientôt à des résultats d’un très grand intérêt par le nombre des variétés que tes horticulteurs française! étrar- gers trouvèrent dans les semis. M. Chauvière est un des premiersà Paris qui se soient occupés de la multiplication des Verveines par semis; il fut couronné plusieurs fois dans les expositions, et bientôt d’autres confrères suivirent son exeiL- ple, et portèrent leur attention sur des plantes qui concou- rent actuellement a l’ornement de nos jardins.

Nous venons de recevoir de M. Ad. Richalet aîné, horti- culteur à Bar-le-Duc, la description de deux nouvelles va- riétés de Verveine qu’il a obtenues de semis.

•1° Verbena striata , plânte vigoureuse a feuilles larges, bien étoffées; fleurs nombreuses, grandes, odorantes, de couleur lilas, striéesiet rubanées de rose, ayant souvent sur les pétales de petites macules amarante vif, qui donnent a ces fleurs un aspect très gracieux.

20 Verveine éclatante, tige droite à feuilles bien déve- loppées; fleurs grandes d’un rouge cramoisi, velouté très intense et des plus vifs; disque plus foncé, d’un rouge éblouissant et d’un grand effet ; floraison très abondante. Ces deux plantes seront livrées au commerce en novembre prochain, par M. Richalet aîné.

Pépin.

Note sur la végétation en pleine terre du Glianthus piiniceus.

Le Clianthus puniceus est un ari>uste magnifique de la famille des Légumineuses, ayant des rapports avec le Colutea dont il est voisin. Son léger feuillage et ses nom- breuses fleurs rouges le font rechercher des amateurs. On

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REVUE HORTICOLE.

doit le tenir en pot afin de le rentrer fliiver en serre tem- pérée, où il est sujet a être attaqué par de nombreux in- sectes qui couvrent toute la surface des tiges, finissent par dévorer le parenchyme et même les nervures des feuilles, et par l’altérer au point qu’il ne développe plus que quelques chétives feuilles. Pour éviter cet inconvénient , il importe de le placer en pleine terre; il forme de nouveaux et vi- goureux rameaux exempts de cette espèce de petite co- chenille.

En mai '1845, j’ai mis en pleine terre le long d’un treil- lage deux pieds de cette plante dont les rameaux, couverts d’insectes, s’en étaient complètement débarrassés a la fin de l’été et surtout a l’automne; abandonnés pendant cet hiver, ces Clianîhus se sont montrés aussi beaux au mois de mai 1846 qu’ils le sont ordinairement a l’automne, et toutes les extrémités des branches étaient couvertes de bou- tons a fleurs, grâce a la douce température de la saison. Plusieurs fois j’ai essayé de leur faire passer l’hiver en pleine terre, avec couverture, mais les rameaux et souvent les pieds ont gelé jusqu’aux racines. Un CUanthus, planté le long d’un mur, couvre en ce moment une surface de 2 mètres de haut sur autant de large; il est en pleine vigueur; nous verrons ce qu’il en adviendra l’hiver prochain.

M. André Leroy, à Angers, a obtenu une belle végéta- tion de cette plante en la greffant en fente, sur le Colu- tea arborescens (Baguenaudier).

PÉPIX.

Seconde floraison du Marronnier d’Inde.

On voit ordinairement dans les étés secs un grand nom- bre d’arbres et arbustes, plantés dans les terrains calcaires ou siliceux, perdre leurs feuilles vers le mois d’août et repousser a l’automne (octobre) des rameaux feuillus et souvent même des fleurs. Les Marronniers plantés au Luxembourg, avenue de l’Observatoire, en fournissent sou- vent des exemples. Cette année surtout plusieurs de ces arbres avaient déjà développé un grand nombre de fleurs du -15 au 25 septembre. Un Marronnier a fleurs rouges a donné aussi une seconde floraison pour la première fois dans le jardin de l’Archevêché, 'a Paris. C’est ordi- nairement en octobre, après quelques pluies tombées sur le sol, que l’on remarque ce phénomène de végétation.

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Cependant il est digne de remarque que, malgré la cha- leur, les arbres ont en général conservé plus longtemps leurs feuilles cette année que dans celles cette seconde végétation s’est fait remarquer non seulement sur les Mar- ronniers, mais aussi sur les Lilas de Perse, Faux-Ébé- niers, etc.

Pépin.

Note sur un Rosier changeant.

Nous recevons la communication suivante de M. Guidon (Nicolas), jardinier a Jouy-aux-Arches, canton de Gorze, ar- rondissement de Metz (Moselle).

M. Guidon cultive en pleine terre dans son établissement plusieurs Rosiers qui portaient, le ^5 mai, des fleurs blan- ches doubles ; 4 5 jours après, un de ces Rosiers s’est couvert de fleurs rouges qui se sont succédé jusqu’aux premiers jours d’août. Malheureusement M. Guidon ne nous dit pas quelle est cette variété de Rose et si elle est remontante ou non. Nous espérions, d’après le désir que nousavions ma- nifesté, voir flgurer un de ces Rosiers a la dernière exposition de la Société royale d’horticulture; mais il paraît qu’ils n’^ont pu être envoyés a cette époque. M. Guidon nous adresse comme preuve de ce qu’il a avancé un certificat de plusieurs personnes honorables de l’endroit et légalisé par M. Gobert, adjoint au maire de Jouy , ces personnes ayant vu et observé les Rosiers de M. Guidon.

Quoiqu’il ne nous soit pas permis de meiîre en doute l’authenticité du fait,, nous attendrons pour plus ample dé- tail l’envoi des Rosiers de M. Guidon, afin d’en observer les caractères et savoir a quelle section ils appartiennent. Nous entretiendrons nos lecteurs des observations que nous pour- rons recueillir sur le phénomène signalé par M Gobert.

Pépin.

Cercle général d'horticulture. Concours. Exposition.

D’après une décision du T avril ^846, le Cercle général d’horticulture a ouvert, le 24 septembre dernier, neuf con- cours pour Dahlias, Roses.^ Fruits et Légumes. L’exposi- tion a eu lieu les 25, 26, 27 du meme mois, dans une des galeries du Luxembourg.

REVUE HORTICOLE.

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Cette fois, le Cercle s’est montré moins anglomane ; il est revenu à nos vieilles coutumes françaises, et nous devons l’en féliciter. Au lieu de suivre la méthode anglaise, qui consiste à faire payer partout et pour tout, les portes ont été généreusement ouvertes au public.

En entrant dans la salle, l’œil était agréablement frappé par les couleurs si variées de milliers de fleurs. Le Dahlia^ menacé par le soleil brûlant de cette année qui a détruit toutes nos plantes de printemps et de l’été, s’est montré, malgré cette circonstance défavorable, dans tout son éclat, dans toute sa fraîcheur. Les fleurs coupées étaient placées dans des caisses remplies de mousse disposées de chaque côté de la salle. Au centre, dans un hémicycle, on avait élevé une sorte d’autel orné du buste de S. M., entouré d’une riche variété de produits horticoles dignes de fixer l’attention. C’était d’abord dix magnifiques Ananas d’une grosseur ex- traordinaire, provenant des cultures de M. Gontier; une corbeille remplie d’un magnifique chasselas de M. Berger, A ces fruits étaient entremêlés quelques beaux Dahlias en pots, des Fuchsia^ des Clerodendron et d’autres belles plantes rares mises a la disposition de la Société par M. Ba- cot, dont chacun connaît le zèle pour l’horticulture. On pou- vait aussi admirer, parmi ces plantes, deux belles et nou- velles variétés de Reines-Marguerites, l’une a fleurs blan- ches tuyautées, et l’autre de couleur bleu violacé, marqué de lignes blanches; elles appartenaient toutes deux a M. De- laforge. Enfin, sur les derniers gradins de l’estrade, était disposée, sur deux rangs, une belle collection de Dahlias coupés, faisant partie du lot de M. Mézard, dans laquelle nous avons remarqué les Dahlias Empereur Napoléon- Duc de Nemours Duchesse de Nemours Duchesse de Richelieu^ etc. Sur le piédestal, au-dessous du buste du roi, était fixé un des plus ravissants bouquets de Camellias Blancs, provenant des belles cultures de M. Toussaint, hor- ticulteur à Montrouge. L’exposition d’un beau bouquet de Camelliash. la fin de septembre nous semble annoncer une ère nouvelle pour l’horticulture.

Le programme annonçait pour les Dahlias trois concours : le premier pour la plus belle et la plus nombreuse collec- tion; mais le jury, usant de son pouvoir discrétionnaire , l’a divisé en deux : l’un pour la plus belle, et l’autre pour la plus nombreuse. Nous comprenions ce premier con- cours tel qu’il était annoncé au programme. Mais qu’on

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nous permette de demander ce que le jury entend mainte- nant par le concours : pour la plus nombreuse collection de Dahlias? Ce serait très bien s’il s’agissait de plantes ra- res appartenant à dès especes et à des genres différents, mais pour des Dahlias, si sujets a varier, on nous permettra de dire que ce concours ne signifiait exactement rien. Suffi- sait-il, en effet, d’apporter tout simplement le plus grand nombre de fleurs, sans tenir compte de la beauté?

Quoi qu’il en soit, voici l’ordre dans lequel les prix ont été décernés :

ISahlias.

1®** Concours. Pour la plus belle collection.

prix. M. Soutif (dePassy) pour sa'collection aussi remarquablement belle, par le brillant coloris, et ensuite que par la forme et la régularité des fleurs presque toutes globuleuses. Ce qu’il y a d’assez singulier , c’est que des va- riétésidentiques,hémispliériquesdansd’autres collections, se trouvaient tout à fait sphériques dans la sienne. Cet habile horticulteur possède probablement un secret sur Fart de cultiver les Dahlias. Il serait à désirer, pour les amateurs de ce beau genre, que M. Soutif en fît connaître les pre- miers mots; le reste pourrait peut-être se deviner. Nous signalerons parmi les nombreuses variétés de sa collection le Comte de Rambuteau Beauiy of Hauts Child Harold et la Reine Isabelle, nouveau Dahlia de cette année qui est certainement un des plus jolis ; sa fleur est petite, glo- buleuse et d’un rose tendre.

Prix. M. Chauvière. Entre cette collection et la pré- cédente, il y avait certainement une grande différence; mais, nous devons le dire, M. Chauvière cultive les Dahlias comme tout le monde. Ce n’est par conséquent qu’au choix de ses variétés que M. Chauvière doit sa magnifique collec- tion. Les plus belles que nous avons remarquées sont,: Jaune de Paris, un des plus beaux de cette couleur; Ville de Beaune Mimosa Ambrosia, etc.

Mention honorable. M. Félix Pampin (de Chaillot). En disant que dans sa collection nous avons vu V Arlequin (Batteur) Rose d' Amour Mademoiselle Caria Are- ihusa, c’est assez dire qu’elle était remarquable et par la nouveauté et par la beauté.

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REVUE HORTICOLE.

Concours. Pour la collection contenant le plus grand nombre de belles et nouvelles variétés,

^er Prix, M. John Salter (de Versailles), pour son ad- mirable collection dans laquelle figuraient Madame Zeh- ler Bouquet de Brueil Muliicaula adjnirabilis Baron Hügel.

Prix, M. Dufoy, pour ses soixante-douze variétés nouvelles, toutes fort belles de forme et de couleur, parmi lesquelles nous avons remarqué : Triomphe de Laloi— Mê- lante Adam Madame Bikeis Duchesse d'Aumale Alphonse Karr Adrienne de Cardoville Néron.

Mention honorable. M. Souchet père. En véritable amateur, M. Souchet ne cultive que des variétés de choix; aussi sa collection, quoique renfermée dans un très petit cadre, attirait-elle l’attention des connaisseurs. On y voyait Osyris Rose unique (Whdiïe)— Stella (Sarom) Schneerose,

Concours. Pour les plus belles variétés obtenues de setnis et non encore dans le commerce.

Prix. M. Roblin, dont tout le monde admirait la riche et nombreuse collection ; les amateurs s’arrêtaient surtout devant une variété dédiée '^Madame Dresser, char- mant petit Dahlia rosé et bordé de rose foncé; Madame Roblin Boiëldieu Reine des Français.

Prix. M. Desprez. La collection de M. Desprez, qui était très nombreuse, n’offrait rien de remarquable.— Si un cœur vert assez large, au centre de fleurs mal faites, con- stitue la beauté d’un Dahlia, on en trouvait beaucoup dans cette collection.

Mention honorable, M. Salter, déjà nommé. Si M. Desprez méritait le deuxième prix, M. John Salter devait avoir certainement le premier. 11 n’avait, il est vrai, que neuf magnifiques variétés, et M. Desprez en exposait de cinquante à soixante ; mais aussi quelle différence! Dans ce concours, M. John Salter nous a donné une nouvelle preuve de sa loyauté. Chaque variété était représentée par trois fleurs placées a la suite l’une de l’autre et portant le meme numéro. Le jury d’abord, et le public ensuite, pouvaient au moins juger de la forme des fleurs et de la constance des couleurs. Voila coque nous appellerons concourir de franc jeu; il serait à désirer, dans l’intérêt même de riiorticul-

REVUE HORTICOLE. 275

ture, que cette règle fût adoptée clans tous les autres con- cours de ce genre.

Concours. Pour lapins nombreuse collection.

Ce concours, qui devait être consacré aux Roses, n’a pas eu lieu. MM. Varangot et Fontaine, seuls concurrents, étant arrivés trop tard. Il a été remplacé par le démembre- ment du premier concours : Pour la plus nombreuse col- lection :

-1®^ Prix. MM. Vasseur et Chaptal (de Versailles), qui ont exposé 10 caisses contenant chacune une trentaine de fleurs, parmi lesquelles on distinguait : Belle blonde Zeir~ gert Paul de Kock— Madame Derongé.

2^ Prix. M. Tolîard, pour sa collection remarquable également par la belle forme et les couleurs variées des fleurs.

Un prix spécial ( lot d’amateur), créé par les jurés, a été décerné a M. Guiard, jardinier de M. le duc de Mont- morency.

Nous signalerons encore les belles collections de MM. Ba- cot, Jacquin, Tollet, qui méritaient de figurer à côté de celles de MM. Chauvière et Pvoblin; ces horticulteurs se sont tenus en dehors du concours.

FriiUs.

Les collections de Fruits, malheureusement peu nom- breuses, étaient non moins remarquables que les collections de Dahlias. Les Poires, Pommes, Raisins et Ananas surtout, étaient bien faits pour aiguiser la friandise.

On nous permettra encore ici deux observations. Ft d’abord noos dirons que le jury ne s’est pas montré assez sévère : il aurait user davantage du droit que lui donnait l’article 2 du programme, et établir sans réplique la pro- priété des fruits mis au concours par les exposants. Sans parler de magnifiques paniers de Pommes, Nèfles, Pru- nes, etc., achetés tout simplement chez les premiers frui- tiers de la capitale, nous dirons qu’un horticulteur ex- posant serait très embarrassé de justifier de la propriété d’une Poire Catillac que tout le monde admirait pour sa grosseur. Cette Poire, récoltée chez un des employés de la manufacture royale des Gobelins, avait été confiée a l’expo- sant, qui, sans scrupule, s’en est servi pour relever son lot. C’est vraiment abuser de la confiance du jury que d’exposer ainsi des fruits étrangers aux cultures de ceux

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qui se les approprient dans un sordide intérêt. Si de som- blables mystifications se renouvelaient, le jury serait dou- blement blâmable, et l’exposition des produits horlicoles cesserait bientôt d’être une vérité.

Notre seconde observation porte sur l’exposition de la belle et nombreuse collection de Raisins des pépinières du Luxembourg. Nous admettons que M. Hardy, jardinier en chef de ces pépinières, ait voulu exposer cette collection; rien de plus naturel, chacun est fier de montrer son œuvre; mais nous aurions aimé voir M. Hardy se tenir en dehors du concours; avec les moyens dont il dispose, la lutte est inégale. L’énorme collection exposée par lui écrasait celles de 1\1M. î3arbot et Gontier, aussi remarquables cependant par la beauté que par la qualité. Ces deux habiles horticulteurs ont montré ce qu’ils pouvaient faire pour riiorticulture pa- risienne; c’est dire qu’entre leurs mains et avec les res sources accordées a M. Hardy, ils seraient hommes îi laisser loin derrière eux les pépinières du Luxembourg.

Nous arrivons maintenant aux trois concours établis pour différents fruits.

Concours. Pour le plus beau lot de chacun des fruits ci-après^

Ananas. Prix. M. Gontier pour les dix magni- fiques Ananas dont nous avons parlé plus haut.

Poires Prix. M. Dupuy-Jamin. Prix. MM. Jamin (J.-L.) et Durand. Que pourrions-nous dire de ces deux collections? ce qu’ont déjà dit tant de fois nos devanciers, qu’elles sont belles, riches, nombreuses, etc.

Raisins. 3®’’ Prix. M. Hardy, jardinier en chef des pépinières du Luxembourg. Nous avons remarqué ini Malaga rose le Raisin-Prune le Kischmisch le Panaché (des Bouches du-Rhône) le Corinthe blanc, ce charmant petit raisin sans pépins le Clairette, excellent raisin rose et blanc, se conservant mieux et plus longtemps que les autres, ce qui le fait préférablement cultiver dans le midi, etc. Prix. M. Barbot, dont la collection, moins nombreuse seulement que la précédente, se faisait remarquer par ses beaux surtout celui du Maroc

le Gromier du Cantal rose le Petit Gromier le Trous- seau noir le Cornichon blanc, de forme si singulière, et beaucoup d’autres belles variétés. Mention honorable. M. Berger, pour son beau Chasselas de Verrières.

REVUE HORTICOLE.

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Concours. Pour le plus beau lot de fruits en espèces variées.

Prix. MM. Jamin (J.-L.) et Durand.

Concours. Pour les fruits intéressants nouvellement ga-

gnés par V exposant ou introduits de V étranger dans les cul- tures françaises.

Prix. MM. Jamin (J.-L.) et Durand. Parmi ces nou- velles variétés, nous mentionnerons les poires Van Mons (Léon Leclerc) Dalbret Vraie Amberg Belle alliance Colmar d*Aremberg. MM. Jamin et Durand possédaient encore 2.5 à 50 autres nouveautés, dont quelques-unes de première qualité.

Iiég;umes.

et Concours. Annulés.

Cependant le jury a accordé, comme encouragement, une médaille en bronze àM. Flantin fils pour ses Asperges forcées en bâche.

Nous n’avons vu rien d’extraordinaire clans cette culture, qui, aujourd’hui, est pratiquée par presque tous les jardi- niers; les Asperges étaient petites, grêles, et ne devaient pas fournir beaucoup aux consommateurs.

Nous avons parlé des Roses; nous en dirons quelques mots. MM. Varangot et Fontaine sont les seuls qui en aient exposé. Parmi elles, une seule nous avait paru fort belle, d’après un dessin exposé, c’est Madame Varangot^ dont la Revue a déjà eu occasion d’entretenir ses lecteurs. Nous étions très bien disposés en sa faveur, d’après ce dessin; mais, par malheur, M. Varangot eut l’imprudence de mettre à côté un échantillon, sans étiquette il est vrai; alors nous n’avons vu qu’un dessin trompeur et une Rose qui rentrait naturellement dans la catégorie des plus méritantes expo- sées par lui. Tout le charme avait disparu. Peut-être nous trompons-nous ; nous le désirons sincèrement pour les deux exposants. F. Hertncq.

Société d'horticulture de V Auvergne.

(6® exposition).

La Société d’horticulture de l’Auvergne a tenu les 17, i S et 19 septembre sa exposition. Le nombre, la beauté, la diversité des produits qui y ont été présentés indiquent

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les immenses progrès que celte Société, qui ne compte pars encore trois ans (rexistence, a fait faire a l’horticulture dans cette contrée. Naguère encore le riche sol de la Limagne, ce magLiiüque jardin paysager, n’offrait dans ses potagers que des légumes communs et peu variés, dans ses vergers que des fruits anciennement connus. Ces produits étaient beaux et savoureux sans doute , grâce à Tinfluence du sol et du climat; mais la diversité manquait généralement. Les efforts de la Société ont porté surtout sa sollicitude et ses encouragements sur les productions utiles. Au- jourd’hui, l’Auvergne n’a rien a envier aux contrées les plus avancées dans ces deux branches de l’horticulture, et les marchés de Clermont offrent tous les fruits, tous les légumes que l’on trouve â Paris. Ainsi , on n’apprendra pas sans quelque élonnement qu’a cette exposition un seul ma- raîcher, M. Délusse fils, auquel une médaille d’or a été dé- cernée, a présenté ] 55 espèces ou variétés de Légumes, tous remarquables par leur beau développement qui indiquait la bonne culture qu’ils avaient reçue de leur producteur. Douze ou quinze autres jardiniers avaient enrichi cette ex- position d’une grande quantité de belles productions de meme nature ; plusieurs d’entre eux ont reçu des médailles d’argent et de bronze.

Vingt exposants ont présenté des collections de fruits parmi lesquelles on a remarqué surtout celles de MM. Bra- vy, horticulteur, et Feint- Fouilhoux , pépiniériste à Cler- mont. Ces collections se recommandaient parle nombre de variétés nouvelles et méritantes. Citons aussi les collections de MM. Delustre fils, Jaloustre-Morin, Lecourt, et Speiser père et fils.

Les végétaux d’ornement, soit de serre chaude , soit de serre tempérée, comme ceux de pleine terre, étaient digne- ment représentés par les brillantes collections de MM. Bra- vy, Speiser, Morlet, Martial de Chamflour, Lecourt, etc. L’ensemble des plantes fleuries s’élevait â près de ^ ,200 , dont plusieurs encore rares. Parmi les nouveautés non fleuries, on distinguait surtout cinq lots, au milieu de celui de M. Bravy, auquel le jury a donné le premier rang, quoique sa collection fût cependant moins nombreuse en plantes fleuries que quelques - uns de ceux de ses concurrents. L’on a admiré aussi la belle collection de Cac- tées de M. Carlier.

Un concours avait été ouvert pour les plantes nouvelles

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provenues de semis et non encore dans le commerce. Les Dalilias, provenant de graines obtenues par madame Bravy, ont mérité le premier prix; les Calcéolaires de M. Faure et les Cinéraires de M. Papiot ont été honorablement mention- nées.

Il nous reste a parler d’un genre de produits qui a excité à un haut degré l’admiration de tous les visiteurs. C’était une immense table couverte de magnifiques vases ornés provenant de la manufacture céramique de Billom. Rien de plus riche et de plus élégant a la fois que ces belles urnes, ces culs-de-lampe gothiques, ces étrusques aux formes élan cées, les uns en terre rouge (Kaolin rose), d’autres en terre blanche avec des ornements roses , quelques-uns en ma- tières de couleurs mélangées et simulant les marbres veinés dont elles ont le poli et l’éclat, tous couverts de branches , fleurs et fruits de vigne et autres ornements d’une délica- tesse et d’un fini admirables. Cette industrie, toute nouvelle en Auvergne, est certainement appelée à un brillant avenir.

Un mot sur la disposition générale de l’exposition. La Société de Clermont a toujours proscrit les gradins. L’im- mense salle du Manège était ornée au centre d’un jet d’eau autour duquel s’épanouissait un triple rang d' Achimenes ^ Gloxinias,Gesnerias,ei^u-dessusdnqne\ sebalançaienî des Orchidées fleuries. Entre les portes d’entrée et le jet d’eau étaient disposées les tables, chacune de 8 a tO mètres de long, dont deux étaient couvertes de Fruits, deux de Légu- mes et deux des produits de l’industrie. En face du jet d’eau et des deux côtés se trouvaient d’autres tables pour les plantes nouvelles, les Cactées et les Fleurs coupées; au delà deux pans inclinés pour recevoir les tableaux de Dahlias, Reines-Marguerites, etc. Dans la partie située au delà du jet d’eau, les plantes exposées étaient groupées par massifs qui produisaient l’effet le plus gracieux.

La Société avait demandé des délégués aux autres Sociétés de France pour la formation du jury d’exposition. Quelques- unes ont répondu 'a cet appel , notamment celles d’Orléans et de Lyon.

Nous rappellerons en terminant qu’une disposilion des statuts de la Société interdit aux membres titulaires le droit de concourir et d’obtenir ainsi des médailles et des récom- penses : c’est Fa un sentiment de délicatesse qui peut pa- raître exagéré, mais qui n’en est que plus honorable.

Ch. Laherard.

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Expositions de diverses Sociétés d'^horticulture.

La Société d’horticulture de Cherbourg a arrêté, dans sa séance du 5 juillet dernier, que l’exposition des produits et des perfectionnements apportés a l’horticulture dans cet arrondissement aurait lieu les 16, 17 et 18 avril 1847.

Des médailles d’argent et de bronze seront accordées aux spécialités horticoles.

Une commission permanente est chargée de visiler les pépinières et la conduite des arbres fruitiers dans l’arron- dissement, afin de récompenser les personnes qui mettront en pratique les nouvelles méthodes appliquées a ces cul- tures; des médailles d’argent seront décernées a cet effet en 1848, et une médaille d’or en 1850.

L’exposition d’horticulture de Nancy a eu lieu le 4 oc- tobre. Cette exposition, qui ne pouvait briller par le grand nombre des espèces de fruits à cause de la température de l’année, offrait cependant plusieurs variétés très remarqua- blés en qualité et en grosseur; elle se distinguait surtout par ses légumes ainsi que par un choix remarquable de fruits légumiers.

La Société d’horticulture du Cantal a tenu, dimanche 27 septembre, sa séance solennelle sous la présidence de M. Grognier, maire d’Aurillac.

A trois heures et demie, la salle électorale était remplie par de nombreux spectateurs. La séance a été ouverte par un excellent discours de M. Marthion ; cette séance a été terminée par la distribution des médailles offertes en prix aux exposants. Le prix du département, une médaille de 40 francs, a été obtenu par M. Vincent Morion, pépiniériste à Mauriac. Pépin.

Extrait des catalogues d^ automne.

Nous venons de recevoir le catalogue des Camellias cul- tivés en grande partie en pleine terre chez M. Cachet, horticulteur renommé pour la culture de ce beau genre, el dont l’établissement est situé a Angers (Maine-et-Loire). Ces Camellias sont disponibles pour l’automne 4 846 et le printemps 1847.

Ce catalogue est divisé en six sections, d’après la couleur

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des variétés. La première est composée de Camellias blancs unis ou légèrement carnés, dont le nombre est de variétés. La seconde comprend les Camellias roses et cerise clair, de ^ 02 variétés. La troisième, les Camellias rouges et orange foncé, 90 variétés. La quatrième se compose de Camellias blancs ou roses, striés, ponctués, panachés de rose ou de carmin, 57 variétés. La cinquième, de ceux rouges ou roses, striés, ponctués ou maculés de blanc, 55 variétés. Enfin, la sixième et dernière comprend les Camellias nouveaux, dont les couleurs ne sont pas encore classées ; le nombre en est de ^44. M. Cachet peut livrer au commerce des Ca- mellias en forts sujets de ^ a 5 mètres, dans les variétés encore rares, bien garnis de branches et de boutons.

Nous avons visité dernièrement l’établissement de M. Ca- chet, et nous pouvons assurer qu’il ne laisse rien a désirer, tant sous le rapport de la culture des Camellias que sous celle des Rhododendron arboreum et des A%alea Indica-

M. Trillon , propriétaire du jardin de la Mariette, à Lès- le-]\Ians (Sarthe), mettra dans le commerce, a partir du 20 septembre jusqu’au novembre prochain : un grand nombre des Camellias les plus méritants et les plus variés, élevés en pyramides ou a tiges, de la hauteur d’un a quatre mètres; 2^ plusieurs milliers de jeunes Camellias de pre- mier choix, de deux a quatre ans de greffe*, 4 5,000 jeunes sujets de deux a quatre ans, propres à recevoir la greffe. Les cultures de M. Trillon se composent en outre de plantes de serres, arbres verts, forestiers, fruitiers et d’ornement.

L’établissement deM. Adrien Sénéclauze, horticulteur- pépiniériste, à Bourg -Argentai (Loire), est constitué sur une grande échelle. Les cultures et les espèces y sont très variées. Son catalogue pour rautomne 1846 et le printemps 4 847 renferme près de 600 genres, en 8 divisions.

Les arbres fruitiers de toutes espèces et variétés, y compris celles nouvellement introduites;

Les arbres et arbrisseaux d’ornement et forestiers;

Les arbres verts résineux, parmi lesquels plusieurs es- pèces nouvelles ;

Les Rosiers; choix des plus belles Roses remontantes;

Les Rhododendrons^ A%aU a . Magnolia et autres ar- bres et arbustes de terre de bruyère ;

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Les Camellias et les plantes de serre chaude et tempérée ;

70 Les Pivoines herbacées, Phlox^ Chrysanthèmes^ et collection de plantes vivaces de pleine terre ;

Jeunes plants de semis d’arbres verts résineux et d’arbres de toutes espèces, propres au reboisement des montagnes, multipliés soit par boutures, soit par marcottes. On trouve aussi dans cet établissement un grand assorti- ment de graines.

Le supplément au catalogue des plantes cultivées chez J. Cli. Schlacter, horticulteur a Loos, près Lille, offre une grande variété de plantes de serre chaude, de serre tem- pérée et de pleine terre ; on remarque au nombre de ces derniers les ÔEillets mignardises anglais; une collection de 50 variétés d’ OEillets flamands extra, avec noms.

Le Phlox Schlacterii, nouvelle variété obtenue par cet habile horticulteur, dans un semis fait Tannée dernière, se distingue par ses grandes fleurs d’un violet cramoisi foncé ; il sera livré au commerce le avril J 847.

Ce catalogue contient, en outre, le Lobelia comte de Pariff^ nouvelle variété, d’un charmant effet, à tiges et feuilles pourpres, et qui s’élève 'a la hauteur de 0”^,75 ; les fleurs sont grandes, d’un carmin orangé, serrées les unes contre les autres. La vente en sera faite à la même époque que le Phlox Schlacterii,

Nous recevons le supplément au catalogue de M. Joseph- Baumann, horticulteur a Gand (Belgique). On y trouve plu- sieurs nouveautés en plantes de serre chaude et serre tem- pérée ; le Bixea azurea.Uovv. (Tropœolum azureum)^ plante qui fait l’admiration des amateurs, par sa floraison qui se succède toute Tannée; cinq variétés de Lilium speciosum; Calcéolaires de choix; Rhododendron arbo- reum^ hybridum^ etc.

Nous avons annoncé, dans le premier numéro d’oc- tobre de cette Revue, la vente de Therbier de feu M. de Lens ; une partie de cette collection vient d’être acquise par M. le Puel, auteur d’un catalogue, la Flore du Lot; l’autre partie a été offerte au Musée de la ville d’Angers.

Pepijv.

L. CoTi.stans

Sjmplo c O s

coccinea.

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Symplocos coccinea (Symplocosa fleurs roses) (fig. ^4).

Cet arbre qui, d’apres Humboldt et Bonpland, paraît at- teindre une assez grande élévation et présenter une forte lige, a cependant fleuri, n’ayant que la taille d’un mètre, étant conservé en pot. Un pied cultivé en pleine terre dans le pavillon du Muséum a déjà atteint plus de 5 mètres et n’a pas fleuri ; si, comme on ne peut pas en douter, cette plante arrive par une culture appropriée a fleurir abondam- ment, ce sera une des plus précieuses acquisitions pour la serre tempérée. Ses jolies fleurs, d’un rose pur, 'a corolle naturellement double et assez grande, sont d’une forme toute particulière et répandent une odeur des plus suaves. Les pieds cultivés au Muséum proviennent de graines rapportées du Mexique par M. Deschamps, il y a déjà plusieurs années. Les échantillons du Symplocos coccinea conservés dans l’herbier de Humboldt et Bonpland ne diffèrent de notre plante que par leurs bractées beaucoup plus velues et par leurs fleurs un peu moins grandes; mais ces différences sont si légères que nous ne doutons pas de l’identité spécifique de ces plantes.

Ad. Brovgmart.

Culture.

Cet intéressant arbrisseau appartient a la série des plantes de serre tempérée. On voit par ce qui précède qu’il est préférable de le tenir en pot pour le faire fleurir. On lui ménagera les arrosements, mais non les seringuages de pro- preté. Son bois étant d’une consistance assez ferme deman- dera pour le bouturage de la surveillance et des précautions «contre Thumidité. Du reste, on opérera, comme à l’ordi- naire, sous cloche et a chaud, en choisissant toujours l’ex- Irémité des ramules bien aoûtés. L. vu.

Fmkia grandi flora.

Cette belle plante, tout nouvellement arrivée du Japon nu jardin de M. Van Houtte par l’entremise du docteur Siebold, a qui l’horticulture doit tant de végétaux intéres- sants, est un démembrement de l’ancien genre Hemero- callis.

Le nouveau FunkiaQO question est une plante très voi-

2 SÉRIE. Tome v. ~ \ î}. \oyembre 1810.

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sine de VHemerocallis corrfa/a, qui depuis ^ 790 jouit dans nos parterres d’une réputation méritée par ses belles feuil- les radicales en cœur agréablement nervées, et surtout par l’odeur suave que répandent ses grandes fleurs blanches. Celui-ci a les feuilles radicales également cordiformes à la base, nervées, acuminées, et les caulinaires plus amples que dans l’autre espèce; les fleurs sont blanches, latérales sur la tige, plus grandes et non moins odorantes que celles de V Hemerocallis cordata qui, maintenant, fait également partie du genre Funkia.

POITEAÜ.

Plantes récemment introduites dans V horticulture ou peu connues.

L’Angleterre est de tous les pays du globe celui qui fait les plus fréquentes acquisitions de plantes, et c’est par elle que nous arrivent la plupart de celles qui entrent dans nos serres et nos jardins d'agrément. Les journaux horticoles anglais nous en annoncent quelques-unes que nous croyons intéressant de faire connaître aux lecteurs de cette Revue. Nous nous bornerons a signaler les suivantes :

Fortunea chinensis'. On a dédié sous ce nom à M. For- tune, qui l’a rapporté de Chusan et de Ningpo, un arbre de la famille des noyers, dont les Chinois emploient le fruit pour teindre les étoffes en noir. Au premier abord, ce fruit ressemble tellement à un cône de pin, que depuis plusieurs années on croyait, d’après un échantillon dépourvu de graines envoyé en Angleterre, que l’arbre qui le produit appartenait a la famille des Conifères. M. Fortune, qui l’a découvert pour la seconde fois , en a envoyé a Londres de nouveaux échantillons en bon état, qui ne laissent plus de doute sur la place que cet arbre doit occuper dans la série végétale. Par son feuillage, il rappelle le Rhus toœicoden- dron, et on se fera une idée de son fruit si on se figure des noix aplaties, réduites aux dimensions d’une graine d’aune et enchâssées aux aisselles de bractées dures, cas- santes et aiguës, rapprochées de manière à former un cône. Les fleurs mâles sont disposées en chatons qui ont beau- coup d’analogie pour la forme avec ceux des saules.

On ne sait pas encore si c’est un arbre ou simplement

(1) Le genre Fortunea nous paraît synonyme du Platycarya, Sieb. et Zucc. J. D.

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uu arbrisseau, ni s’il pourra supporler nos hivers en plein air. En attendant , on en a semé les graines en serre tem- pérée ; cependant, comme il est originaire des montagnes de Chusan et de Ning-po, qui sont assez froides en hiver, on a quelques raisons d’espérer qu’il pourra être de pleine terre au moins dans les parties méridionales de l’Angle- terre.

Campanula nobilis. Malgré le grand nombre de campa- nules que nous possédons, en voici une qui sera bien reçue. De même que la plante précédente, elle a été rapportée de Chusan par M. Fortune, qui la considère comme devant être de pleine terre. Sa corolle, peut-être la plus grande parmi celles des Campanulacées, n’a pas moins de 5 pouces anglais de long (environ 7 a 8 centimètres) sur un et demi de diamètre. Elle est d’un pourpre clair extérieurement , plus pâle â l’intérieur, mouchetée au fond de petites taches vio- lettes. Malgré sa rusticité probable, on l’a tenue jusqu’ici eu serre tempérée, elle se multiplie aisément par éclats du pied.

Primula involucrata. Très jolie petite plante des mon- tagnes du Népaul, que sa rusticité et le parfum de ses fleurs doivent faire admettre dans nos parterres. Ses hampes s’élè- vent a -l 5 ou ^ 8 centimètres, et ses fleurs pourpres rappellent celles du Primula sibirica, plante avec laquelle elle a en- core d’autres points de ressemblance. Les graines en ont été envoyées l’année dernière, de l’Inde, au jardin de la Société d’horticulture de Londres elles ont parfaitement réussi. On la multiplie aisément soit de graines, soit de pousses du pied , mais en sa qualité de plante alpine elle veut être abritée du soleil pendant l’été et lenue constam- ment dans une terre humide, si ce n’est pendant l’époque sa végétation cesse. Elle fleurit de mars en mai et quel- quefois elle a une seconde floraison en automne.

Bouvardia flava. Ce petit sous-arbrisseau de serre tem- pérée a été introduit dans l’horticulture par M. Van Houtte, de Gand, qui oublie de faire connaître d’où il l’a reçu. On peut supposer qu’elle est, comme d’autres Bouvardia^ originaire du Mexique. Toutes les plantes de ce genre sont fort élégantes, mais celle-ci, â raison de sa nouveauté et de la couleur de ses fleurs, offre un intérêt particulier. Elle se multiplie de boutures avec la plus grande facilité et fleurit abondamment soit en pot, soit en pleine terre. Pour l’obte- nir dans toute sa perfection, dit l’habile jardinier de Gand,

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il faut la retirer de la serre des les premiers jours de prin- temps pour la mettre en lieu bien aéré, a une bonne expo- sition, et plutôt en pleine terre qu’en pot. Il est important tic ne pas la forcer en aucune manière; on ferait par la avorter les (leurs. Bien conduite, elle s’élèvera a près d’im mètre et donnera des fleurs avec profusion.

Eriostemon scabrum. A vrai dire, celte Rutacée n’est pas nouvelle : il y a déjà quelques années que les graines en ont été rapportées de la nouvelle Galles du Sud , mais elle est a peu près inconnue chez nous malgré l’élégance de ses (leurs et la facilité de sa culture. VErioslemon scabrum est un petit sous-arbrisseau toujours vert, branchu, a feuil- les étroites et rappelant assez bien par son port, comme par ses nombreuses petites fleurs roses , certaines bruyères. II demande la serre tempérée pendant riiiver et se multiplie aisément de boutures.

Ctjrtopodium punciatum. De toutes les plantes que nous mentionnons ici, voila sans contredit la plus remarquable. C’est une Orchidée géante dont les liges nombreuses et réii« nies en touffes forment des massifs de verdure et de fleurs de près de deux mètres de haut sur un diamètre égal. Cette disposition, jointe a la longueur des feuilles disposées sur les tiges à peu près comme les divisions d’une feuille de dattier sur le rachis, donnent a cette plante une certaine ressemblance avec la tête de ce palmier. Un superbe échan- tillon de cette espèce, qui a paru a la première exposition deChiswick, près de Londres, a excité l’admiration gé- nérale. Un noble visiteur, frappé de l’aspect imposant de cette superbe plante, la qualitia, dit M. Paxton, a qui nous empruntons ces lignes, de Palmier à fleurs d'orchidées.

L’échantillon dont nous parlons appartient à sir Georges Stannton, qui l’acliela, il y a cinq ans, b l’établissement de JM. Loddiges. Ce n’était alors qu’une toute petite plante, mais l’habile jardinier a qui elle fut confiée parvint à en faire l’objet le plus remarquable de l’exposition. Elle fut plantée dans une terre légère un peu tourbeuse, mêlée de détritus de sphagnums et tenue constamment dans l’atmos- phère humide d’une serre chaude dont la température mon- tait, en été, de 26 a 52 degrés centigrades, et de lo à 18 en hiver.

Le Cyrtopodium punctatum est originaire du Brésil, et son introduction en Europe ne remonte qu’a quelques an- nées. Naüdin.

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OEillels remontants.

Depuis quelques années on voit dans plusieurs établisse- ments horticoles de Test et du midi de la France des hor- ticulteurs qui se livrent à la cultu-re des OEillets dits rc- montants. M. Villevielle jeune, horticulteur à Manosque (Basses-Alpes), s’est occupé de la culture de ces OEillels par semis; il en possède en ce moment plus de 50 variétés dont les couleurs sont très variées; on remarque surtout des OEillets fond blanc, des OEillets de nuances diverses, rouge, feu, rose, etc. C’est une branche de culture que M. Villevielle a ajoutée à d’autres qu’il pratique depuis longtemps, telles que végétaux exotiques de serre, collec- tions d’arbres et arbustes d’ornement, arbres fruitiers, etc. Jusqu’à ce jour la culture des OEillets était fort limitée; on ne l’entendait bien que dans le nord de la France, en Belgi- que, en Hollande. Cependant plusieurs rapports qui nous sont parvenus nous apprennent que celte culture commence à s’étendre et à prospérer dans d’autres localités. Nous men- tionnerons parmi les cçllections celles de MM. Lacène et Commarmot, et de M. Étienne Armand, de Lyon. Ces horti- culteurs nous font espérer qu’ils pourront rivaliser bientôt avec les amateurs d’OEillets de la Belgique, etc.

PÉpm.

Spirèe à feuilles de prunier, à fleurs pleines (Spiræa prunifolia, flore pleno, Sieb.).

Cette Spirée est sans contredit la plus belle conquête horticole qu’ait faite M. Siebold, au zèle et à la persévé- rance duquel nos jardins sont redevables d’un si grand nom- bre de plantes qu’il a introduites du Japon. Qu’on s’imagine un buisson touffu, haut de 2 ou 5 mètres, à feuillage léger, d’un vert gai luisant, à rameaux élancés, se couvrant de toutes parts de fleurs d’un blanc pur, et assez semblables par la forme aux boutons d’argent de nos parterres. Ces fleurs seront vivement recherchées pour compléter l’ordon- nance des bouquets de choix, et nos fabricants de fleurs artificielles les auront bientôt imitées pour en orner leurs plus gracieuses compositions. Dans nos bosquets, les lon- gues grappes de fleurs d’un blanc de neige formeront au printemps un heureux contraste avec la pourpre des lilas,

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avec lesquels elles rivaliseront de grâce et de beauté.

Ajoutons â toutes ces qualités que le Spirœa prunifolïa bravera paiTaitement a l’air libre nos intempéries hiver- nales, et que sons peu on pourra avoir une juste idée du mérite de Tarbrissean que nous annonçons.

C’est à Leyde que M. Van Houtte a fait Pacquisition de ce brillant arbuste qui vient sans contredit se placer au pre- mier rang parmi tous les végétaux récemment introduits, du Japon ou de la Chine, dans nos jardins d’Europe.

Buddleia LindleyanaK

Cette belle plante a passé l’hiver dernier a l’air libre dans les jardins de M. Van Houtte, â Gand, sans aucune espèce d’abri. La douceur de cet hiver a été exceptionnelle sans doute, mais il est probable qu’avec quelques précau- tions il en serait de meme dans des hivers plus rigoureux.

Nous prenons texte de ce fait pour engager les horticul- teurs a essayer, sur une plus grande échelle, la culture en France et à l’air libre, d’une foule de plantes du Né- paul, de la Chine, de la ïartarie, de l’Amérique du sud et des Terres Magellaniques, de la Nouvelle-Zélande, etc., qu’on tient encore en serre tempérée ou en orangerie.

Il serait oiseux, pour appuyer notre conseil, de nommer ici toutes les plantes qui vivent maintenant a l’air libre dans le nord de l’Europe, et qui cependant sont originaires de climats qu’on est babil à considérer comme plus doux. Pour n’en citer qu’un exemple, nous dirons que les Habroihamnus fasciculatus et tomentosus du Mexique, les plus belles peut-être du genre, ont également passé le dernier hiver sans couverture dans le jardin Van Houtte; Gand cependant est situé par 51*^ 5’ lat. N. Le Spirœa Lindleyana^ gros buisson a feuilles pennées, â longs ra- meaux do fleurs blanches originaire de l’Hiraalaya, brave impunément l’intempérie de nos climats.

L’essentiel, pour obtenir cet heureux résultat dans le nord de l’Europe, est moins de protéger les plantes contre la gelée que d’empêcher l’humidité de séjourner à leur pied. Un drainage adroitement pratiqué sur le sous-sol suffît pour atteindre ce but.

(1) Voir la Rcme horticole, du 1®*^ sept, 1846, page 201.

(2) Voir la Flore des serres et des jardins de V Europe,

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Noie sur une culture en pleine terre d'un Fuchsia Riccarton.

A environ 120 inyriamèires de Londres il existe, adossé contre la boutique d’un charpentier, un Fuchsia qui ii’a peut-être pas d’égal en beauté. Il a 5 mètres de haut et à peu près aulant de large; pendant sa floraison, il est chargé d’autant de fleurs que ses branches peuvent en por^ ter. Ce bel arbuste appartient a la variété nommée Riccar- ton, Il y a trois ans qu’il occupe la place dans laquelle on l’admire aujourd’hui. Pendant l’hiver on lui fait un abri avec des planches et de la paille, et l’on garantit ses racines du froid en entassant sur le sol des cendres de houille. En ^844 il fut gelé jusqu’au niveau du sol, mais il n’a plus souffert depuis cette époque. Voici, d’après le Gardener's Chronicle a qui nous empruntons ce fait, parquet procédé on a réussi a obtenir un si beau résultat. Au pied du mur contre lequel on a adossé l’arbuste, on a creusé un trou de ^“,55 en tous sens, dont le fond atteignait une couche de gros gravier. Dans ce trou l’on a jeté des fragments de bri- que et de poterie, de manière à le remplir a moitié. Sur cette première assise on a placé de la tourbe grossière. Par dessus le toutou a jeté des restes et débris de rempotages, mêlés d’une petite quantité de fumier d’étable bien con- sommé. C’est dans ce sol si favorablement disposé pour éviter l’excès d’humidité, qu’on a planté au printemps un jeune pied de Fuchsia; après quoi l’on a recouvert la sur- face du sol d’une couche de fumier frais de vache et de mouton épaisse d’environ 0n“,02.

J. D.

Moyen d'utiliser le bourgeon terminal des rameaux sur lesquels on a enlevé les bourgeons axillaires dans la greffe en écusson.

Tous les pépiniéristes savent que lorsqu’on a enlevé les yeux ou bourgeons latéraux sur un rameau a feuilles alter- nes ou opposées, dans l’opération de la greffe en écusson, il reste nécessairement au sommet du tronçon un bourgeon terminal qu’on rejette avec d’autant plus de regret qu’il offre, en général, une belle apparence. Cependant il est reconnu jusqu’à ce jour qu’on ne peut l’employer pour

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écussonner, et souvent, il faut ravoiier, la perte est réelle lorsqu’on agit avec des variétés ou des espèces précieuses. C’est donc pour éviter ce dommage que je me suis appliqué à trouver un moyen a l’aide duquel on puisse utiliser faci- lement ce bourgeon. Ce moyen, aussi simple que facile, ne m’a jamais fait défaut ; il consiste à greffer ce bourgeon terminal en fente et rez terre sur un sujet approprié; après quoi on ligature fortement ou on lute la greffe soit avec de la cire molle ou à greffe, soit avec de l’ongaent de Saint- Fiacre ; puis on recouvre la greffe d’une cloche, d’un bocal ou d’un verre qu’on ombre s’il est nécessaire, en pratiquant ainsi une greffe étouffée, comme on le fait à l’égard des boutures.

Si, contre toute probabilité, on n’a pas a sa disposition de sujet nain ou bas, et qu’on soit obligé de placer la greffe sur un sujet d’une certaine élévation, on la surmonte et protège, après l’avoir ligaturée avec soin, soit d’un bocal, soit mieux encore d’un verre à quinquet qu’on fixe solide- ment au sujet au moyen d’un tuteur et dont on ferme les deux ouvertures avec de la mousse, du coton ou de l’étou- pe ; on protège ensuite cette sorte d’appareil avec un papier^ des feuilles, etc., si le temps l’exige.

Ce procédé fort simple, comme on le voit, a l’avantage considérable de procurer un rameau vigoureux, d’utiliser un bourgeon qu’on regardait comme inutile, et de donner au pépiniériste un moyen assuré de multiplication; enfin Je dois rappeler que M. Aimé Turlure a employé de son côté le bourgeon terminal pour remplacer une branche sur les arbres fruitiers. (Yoy. Rev. hort. d’avril 1858, p. 7.)

Camüzet,

chef des pépinières au Muséiuii.

Triomphe de Jodoigne.

Belle, grosse, excellente Poire, obtenue de semis il y u trois ans par M. Bouvier à Jodoigne (Belgique), et que i\li\I. Jamin et Durand, ont multipliée abondamment dans leur établissement. On dit que cette Poire atteint la grosseur de la Belle-Duchesse; mais l’échantillon qui m’a été remis le 9 octobre dernier était moins gros; il avait un peu plus de de hauteur sur 0“^,08 de

diamètre a l’endroit le plus renflé. Selon mon habitude, et

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comme il me paraissait mûr, je l’ai dessiné et dégusté de suite, et me suis aperçu que sa maturité avancée était due a la présence d’un ver. Le Triomphe de Jodoigne est un gros fruit dont la peau jaunâtre dans l’ombre est piquetée de gros points roux, qui font taches dans quelques endroits, et le coté du soleil lavé de rouge sur lequel les gros points se dessinent en gris cendré. La chair est d’un blanc jaunâ- tre, fine, fondante, avec la légère âpreté de la Crassane; l’eau est abondante et très bonne.

M. Bouvier, auquel on doit cette belle et bonne Poire, en fixe la maturité en novembre. Elle mérite d’étre recher- chée avec empressement en France.

POITEAÜ.

Note sur deux nouvelles variétés de Prunes,

Le Journal d" Horticulture pratique belge décrit deux nouvelles variétés de Prunes, obtenues de semis parM. Gal- lopin, horticulteur a Liège.

La première, qu’il a nommée Prune violette^ appartient à la section des Damas allongés; eWe est de la grosseur d’une Reine-Claude ordinaire, plutôt ovale que ronde, haute de 0“,04, sur 0“,05 de large. La peau est d’un violet foncé, presque noir, du côté du soleil,jmince et se détachant faci- lement, pointillée de petites taches bronzées, et couverte d’une poussière bleuâtre. La chair, qui adhère au noyau, est jaune d’or, un peu fibreuse, remplie d’un jus sucré, abon- dant et agréable; le noyau est allongé, rugueux; il a de chaque côté une crête proéminente qui s’étend de la base à la moitié de chaque valve; le pédoncule, long de 0ïû,02, courbé, se cache dans une fossette assez profonde.

La seconde variété, que l’auteur appelle /{cm eBlanche^ appartient à la section des véritables Prunes de Damas et a la sous-division à fruits jaunes. Elle a la forme globuleuse, 0”\05 de hauteur et autant de largeur; le pédoncule est un peu enfoncé ; la peau est mince, jaune clair, tirant un peu sur le vert, se détachant facilement; la chair jaune d’or, opaque, fondante, adhérente au noyau, remplie d’un jus sucré très agréable.

Cette dernière paraît ressembler beaucoup à la Prune dorée ou 'a la Double Mirabelle, dont elle tire probablement son origine. Il serait à désirer que tous ces nouveaux fruits pussent être figurés sous les auspices des Sociétés d’horti-

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culture, aPin de pouvoir les comparer avec d’autres iiou- veaulésqni se produisent ailleurs; une description, quel- que exacte qu’elle puisse être, ne sufüt pas toujours pour faire reconnaître les fruits nouveaux.

Ces deux variétés de Pruniers seront disponibles cette an- née, chez M. Gallopin, horticulteur a Liège.

PÉPIIV.

Note sur la culture du Cerisier,

Voici quelques remarques que j’oi faites dans ma prati- que sur la culture du Cerisier, et (]ue j’ai eu l’honneur de communiquer a la Société royale et centrale d’horticulture; ces remarques m’ont déterminé a modifier sensiblement les procédés usités dans les pépinières de Vitry, etc., etc.

Dans les pépinières , on grelTe en général les différentes variétés de Cerise sur Merisier ou sur Sainte-Lucie, et jamais sur franc; je ne sais ce qui a engagé les pépinié- ristes a en agir ainsi; mais persuadé qu’il y a plus d’ana- logie entre un Cerisier et un Cerisier, qu’entre un Cerisier et un Merisier ou un Sainte-Lucie, j’ai greffé nos bonnes Cerises, telles que Angleterre, Hollande, Mont-

morency, Courle-Queue, sur drageon de Cerisier de pied, et j’ai lieu de m’en féliciter depuis longtemps. On ap- pelle Cerisier de pied un petit Cerisier commun qui ne se greffe pas et que l’on ne sème pas, que l’on multiplie de drageons et que l’on cultive assez abondamment aux envi- rons de Paris : il y en a quelques variétés a fruit plus ou moins gros, plus ou moins acide et plus ou moins hâtif, et â feuilles plus ou moins étroites. Ce Cerisier a l’avantage de croître dans toute sorte de terre; il devient plus fort dans les bonnes, mais pousse assez bien dans les mauvaises, comme on peut s’en convaincre en voyant les cultures de la plaine du Point-du-Jour, du côté de Sèvres et de Bou- logne, ou celles de Vincennes et de Charonne.

C’est donc sur drageon de Cerisier de pied que je greffe mes Cerisiers depuis plusieurs années , et je m’eu trouve bien. Mes arbres ont Pavantage de pouvoir être plantés dans toute sorte de terre, en plein vent et en espalier; on peut en planter a la place de vieux Pêchers sans en chan- ger la terre : ils ne jaunissent pas en terre froide, humide , même pourrissante, tandis que ceux greffés sur Sainte-Lucie périssent promptement dans ces sortes de terre. J’ai remar-

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que, dans un terrain appelé le Bassin^ appartenant à M. Bonouvrier, a Monlrenil , des Cerisiers de Hollande, d’z\n"leterre déjà grands : l’eau a séjourne dans ce bassin pendant deux mois. Eli bien, Ions les Cerisiers greffés sur Sainte-Lucie en sont morts, tandis que ceux greffés sur dra- geons de Cerisier de pied n’en ont nullement souffert et sont toujours bien portants.

Je greffe mes drageons de cerisier de pied en écusson vers le 15 juillet, et les arbres que j’en obtiens ont .les fruits plus nombreux, plus gros, plus succulents et plus colorés que sur Sainte-Lucie et sur Merisier. Je choisis mes rameaux sur un arbre bien sain, ni trop jeune ni trop vieux, et dont la qualité du fruit me soit bien connue; je ne prends que les yeux du milieu de ces rameaux, les mieux formés, sachant par expérience que ceux du bas et du haut ne produisent que des arbres dégénérés.

11 y a des variétés dans le Cerisier de pied, et toutes ne sont pas également bonnes pour recevoir la greffe des Ce- rises de choix; on les reconnaît a la vue, mais il n’est pas aisé de les décrire. Je crois avoir fait aussi quelques re- marques utiles sur la taille des Cerisiers, sur les insectes qui les attaquent, sur les maladies auxquelles ils sont su- jets, sur la terre qui leur convient le mieux, etc., et dont je donnerai plus tard communication.

Papier.

Moyen de préparer à V avance les arbres fruitiers pour les plantations neuves, soit en espalier ou en plein vent.

En 1845, j’ai visité le parc et les beaux jardins du riche domaine de Chantilly, si bien dirigés par M. Masson, jar- dinier aussi habile qu’instruit, auquel on doit les additions et plantations faites dans cette propriété depuis plus de vingt ans. Dans tous ces travaux, k cause des dilficultés qu’of- fraient la position et la mauvaise nature du sol, M. Masson a fait preuve de savoir et d’expérience, comme le dénote la vigueur et la belle tenue des arbres.

M. Masson m’a fait voir la construction des nouveaux murs destinés k recevoir les espaliers. Ln de ces murs est déjà tapissé en Pêchers et Poiriers ; les arbres destinés k former les autres espaliers sont choisis d’avance par M Masson et placés en pleine terre dans une plate-bande dressée k cet effet. Voici le moyen employé par ce praticien pour assurer

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la reprise de ces arbres ; ce procédé intéresse les personnes qui ont a faire des plantations du meme genre. Lorsque M. Masson eut connaissance des projets de construction des murs nouveaux, il se procura, à Tautomne de 1845, les meilleurs espèces de Pecliers, Poiriers, Pommiers, Ceri- siers, Pruniers, Abricotiers, Vignes, etc., dont il avait besoin pour ces plantations; il en prépara les racines et planta chacun de ces arbres dans un panier ou mannequin d’osier rempli de terre meuble et riche en humus, et les disposa dans des plates-bandes en les réunissant par espèces, les uns à côté des autres, a la distance de 0”',45 à 0“,d0 Ces arbres, arrosés au besoin et en masse, c’est-à-dire sur toute la superficie de la plate-bande, poussèrent avec vigueur la même année, de manière que l’année suivante et à l’au- tomne de 1845 il planta la partie de mur terminée avec ces arbres relevés aussi facilement en motte que des plantes cultivées en pots ; car les paniers étaient remplis de jeunes chevelus. Ces arbres furent mis en place avec le panier, et l’année suivante on ne s’apercevait pas de la trans- plantation.

Ce moyen, usité pour les vignes marcottées en paniers: procure de grands avantages. En effet, les pieds de chasselas plantés par ce procédé poussent avec vigueur et fructifient souvent la même année.

J’ai vu avec intérêt le procédé employé par M. Masson et j’engage les personnes à suivre sa méthode. On peut objecter le peu de durée des paniers dans la terre ; mais je ferai remarquer que le jeune chevelu des racines s’y trouve tellement multiplié et enveloppé de terre qu’il forme, pour ainsi dire, une masse solide qu’on peut soulever et trans- porter avec la plus grande facilité.

Pépin.

Multiplication du Mélè%e par boutures.

Nous reproduisons ici une méthode de multiplication par boutures du Mélèze, en en laissant à son auteur toute la responsabilité.

En juin on coupe aux jeunes Mélèzes récemment trans- plantés les pousses terminales, à l’endroit celles-ci sont sorties du bourgeon; on ôte en même temps toutes les feuilles de la partie inférieure. Cela fait, on plonge les pousses, qui ont une longueur d’environ 0™,08 à 0™,4 0, dans

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l’eau, on les saupoudre de plâtre, puis on les enfonce obli- quement jusqu’aux trois quarts de leur longueur dans le sol; on apprinie la terre; le lendemain, après une rosée abondante ou après une pluie, on les saupoudre une seconde fois de plâtre.

Relativement a l’exposition du parterre, il faut avoir soin qu’il jouisse du soleil seulement l’avant-midi, de 8 à 10 heures, aOn que la rosée ne soit pas trop promptement essuyée et pour que le sol ne se dessèche pas.

Au bout de deux mois, la cicatrice commence a se fermer et il se forme un bourrelet d’oîi naissent encore, pendant la meme année ou l’année suivante, des racines qui, à la troisième année, sont si fortes qu’on ne peut pas distinguer ces boutures d’un arbre provenu de semis.

Commecesbouturesemploient pendant les deux premières années toutes leurs forces à la formation des racines, leur végétation est peu apparente, et seulement à la troisième année leurs premières pousses atteignent 0”^,05 a 0“,04 de longueur; d’où naissent a la quatrième des jets latéraux ; c’est alors qu’on peut les transplanter convenablement.

Les seuls dangers qu’il y ait à redouter pour les boutures pendant la première année, ce sont les fortes gelées qui surviennent subitement après une pluie.

Benj. IIlubek.

{Journal d'horticulture de Bruxelles,)

Sur le choix des graines de la Reine-Marguerite.

Un des abonnés à la Revue ayant vu, d’une part, que le Bon Jardinier recommandait, d’après l’expérience, de re- cueillir les graines de la Reine-Marguerite sur les petits capitules qui se trouvent au bas de la tige, et d’une autre part que feu Pirolle conseillait de son côté de choisir la graine sur les gros capitules centraux de la même plante, nous demande à laquelle des deux opinions contradictoires il doit donner la préférence. Nous lui répondons que si on désire obtenir des plantes d’une forte dimension, il faut recueillir les graines sur les plus forts capitules du centre de la plante; que si, au contraire, on veut obtenir des fleurs plus doubles que celles de la plante porte-graine, il importo de récolter la semence sur les petits capitules latéraux et tar- difs placés au bas de la plante porte-graine, par la raison que les petits capitules que je viens de signaler sont tou-

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2^ 5

jours composés de fleurs plus doubles que ceux qui se dé- veloppent les premiers. Dans la pratique, on néglige tou- jours les petits capitules, parce qu’ils donnent, lelativemenl aux gros, très peu de graines bien nourries à cause des pluies fréquentes qui viennent laver les anthères et annuler ainsi la fécondation. Mais si on a la patience de recher- cher le peu de graines que renferment ces petites têtes (ou capitules), et qu’on les sème a côté de celles qu’on a re- cueillies sur une grosse tête de la même plante, on verra que les premières donneront plus promptement des fleurs doubles que les secondes.

PoiTEAU.

Effets du Guano liquide.

n y a quelques jours qu’on a rapporté les expériences faites en Amérique par M. Teschemacher sur l’emploi du guano dans les jardins. Voici qui vient à l’appui des ex- périences de cet horticulteur. Un des correspondants du Gàrdenefs chronicky qui emploie pour arroser ses plants d’oranger l’extrait de guano d’Ischaboe, délayé dans une certaine quantité d’eau, annonce a ce journal qu’un de ses Pélargoniums, appartenant a la variété nommée Perfection de Lownde, planté dans un pot de 8 pouces, forme aujour- d’hui un buisson de 5 pieds de diamètre, et que, dans le courant du mois d’avril dernier, il y compta 55 corymbes de fleurs épanouies, et 174 qui ne l’étaient pas encore, c’est-à- dire en tout 227 à la fois sur un même pied. Des Fuchsias, auxquels il administre une fois par semaine la valeur d’une cuiller à soupe d’extrait de guano délayé dans 4 litres et demi d’eau, poussent aussi avec une vigueur inusitée. D’uii autre côté, le professeur Johnston, d’Edimbourg, assure avoir observé que les pommes de terre qui avaient été fu- mées au guano avaient beaucoup moins souffert de la ma- ladie que celles qui l’avaient été avec le fumier de ferme ordinaire. Il prend occasion de la pour en recommander l’usage aux agriculteurs qui pourraient craindre une nou- velle invasion de la maladie. Tous ces faits doivent’ enga- ger nos horticulteurs à employer uu engrais dont l’utilité est incontestable.

On reconnaît généralement aujourd’hui, que les engrais liquides possèdent à un haut degré le pouvoir de fertiliser la terre, pourvu qu’on ne les emploie qu’après les avoir

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étendus d’eau. Chaque horliculteur devrait avoir sa provision toujours prête. L’eau de suie est douée d’une grande éner- gie, et si on la mélangeait avec une dissolution de guano, il est probable qu’on en obtiendrait les effets les plus mar- qués. Mais ce qui ne saurait êire trop recommandé, ce serait de ne jamais l’employer que parfaitemenlckîft* et peu concentrée. Trop forte, elle paralyserait Indubitablement l’action des racines au lieu de leur donner de la force; trouble, elle laisserait dans la terre un dépôt qui ne tarde- rait pas a obstruer le passage de l’air et l’empêcherait d’ar- river aux racines; ce sont la deux inconvénients qu’il sera facile d’éviter.

Naüdin.

Panneaux de caisses en ardoises.

Voici ce que nous écrit un de nos correspondants au sujet de caisses d’une nouvelle confection qu’il emploie dans ses cultures. « Depuis deux ans, dit-il, je fais l’essai de caisses en ardoises pour la culture des Camellias et des plantes de la famille des Rosages. Je trouve qu’elles réu- nissent tout ce qu’on peut désirer pour le prix^ et la durée, car elles ont l’avantage très grand de pouvoir être exposées à une humidité considérable et de séjourner soit dans la terre, soit dans une couche, sans s’altérer. Les quatre montants sont en chêne pour soutenir les ardoises ; ils sont peints ou enduits, pour leur conservation, d’une couche de matière composée comme suit : un quart de goudron, un quart de brai et un demi de résine. Les ardoises sont fixées sur les montants par des vis a tête fraisée et posées assez librement pour qu’on puisse au besoin les retirer facilement, afin de visiter les racines et s’assurer dans quel état se trouvent la terre et les arrosements. »»

PÉPIIN .

Pratique raisonnée de la taille du pêcher^ par M. Al. Lepère.

Il Y a quelques mois a paru la deuxième édition de ce traité qui est éminemment l’œuvre d’un praticien et dont il n’y a que du bien a dire. à Montreuil et fils d’un culli-

(I) L'auleur a oublié de le donner ainsi que la grandeur des caisses.

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valeur de pêchers, Tautcur a été dès son enfance initié a la culture de cet arbre qui a été l’objet des études de toute sa vie. Le témoignage de ses collègues et de tous les hommes compétents, l’accueil fait par le public a la première édi- tion de son ouvrage, et plus que tout cela les succès qu’il obtient dans sa pratique, sont de sûrs garants de la bonté des principes qu’il émet dans ce livre, dont nous allons essayer de donner une idée a ceux qui ne le connaîtraient pas encore.

La manière de tailler un pêcher et la forme a lui donner sont les opérations les plus difficiles dans la culture de cet arbre, ce sont celles aussi sur lesquelles les opinions sont le plus partagées; aussi M. Lepère en a-t-il fait la partie la plus importante de son ouvrage, quoiqu’il traite aussi de la plantation, de la multiplication et de la greffe, afin de le rendre aussi complet que possible.

Sans entrer dans la description de ses procédés, disons seulement que M. Lepère propose la taille en espalier carré comme étant de toutes la plus productive. Dans ce système l’espalier s’établit sur deux branches-mères qui, comme dans la forme en éventail, remplacent la tige principale, et pour que sa charpente soit complète, il faut que chacune d’elles soit garnie en dessous de trois branches secondaires et de trois autres en dessus. Par on utilise l’espace autant que possible et on distribue la sève également en dessus et en dessous des branches-mères, ce qui est important pour la régularité de l’arbre. Du reste, la formation d’un espalier n’est jamais une chose très aisée et qui puisse se faire rapi- dement. Dans le système de la forme carrée, il ne faut pas moins de neuf ans pour que f arbre soit parfait, en suppo- sant dans celui qui le dirige toutes les connaissances re- quises.

Le village de Montreuil- sous-Bois est renommé pour la beauté, l’abondance et l’excellence de ses pêches, dont une grande partie s’exporte au loin, même à l’étranger, pour figurer sur la table des riches particuliers et des souverains. La culture du pêcher y a atteint une grande perfection, et cependant le mode de taille que l’on y suit n’est pas celui que recommande M. Lepère, mais il en diffère peu, et c’est même de lui qu’est née la forme carrée pratiquée pour la première fois à Montreuil et adoptée déjà par plusieurs cultivateurs de cette localité, quoique la forme en éventail soit encore la plus usitée.

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207

Cette forme est du reste ellc-meme trop perTeclionnée, elle produit de trop beaux résultats pour que M. Lepère ne la recommande pas puissamment, tout en maintenant la supé- riorité a l’espalier carré. 11 entre à son sujet dans de grands détails et en montre lesavantagesct Icsinconvénients. Outre ces deux formes, il en décrit encore deux autres, celle eu palmette a cordons horizontaux et celle en candélabre qui sont moins usitées, mais qui ont aussi leurs avantages par- ticuliers ; il s’attache en un mot à démontrer que le pécher n’est rebelle qu’entre des mains inhabiles.

Nous ne le suivrons pas dans les détails pratiques de ces quatre systèmes de taille, qu’il a réduits h toute leur sim- plicité et qui nous ont paru si clairement exposés qu’im cultivateur novice pourrait, a notre avis, se passer de tout autre guide. Il termine enfin son ouvrage par deux chapi- tres, dont l’un a rapport aux maladies des pêchers et l’autre renferme l’indication des meilleures variétés de pêches tant précoces que tardives, afin qu’on puisse les combiner dans les cultures de manière a faire durer la ré- colte aussi longtemps que possible.

Cette courte analyse suffira, nous l’espérons, pour donner un aperçu du petit ouvrage de M. Lepère. Cette seconde édition a subi quelques corrections et augmentations; Fau- teur, en un mot, s’est efforcé de se rendre plus digne des suffrages dont le public l’a honoré à l’apparition de la pre- mière. Eu cherchant a vulgariser les meilleurs principes de la taille et de la direction d’un arbre aujourd’hui si justement estimé, il a rendu un véritable service aux nom- breux amateurs de cette culture.

Naüdin.

Exposition de fleurs^ fruits, légumes, etc., de la Société d:' horticulture du Rhône ^ les 2.j, 26 et 27 septem- bre 1846.

Nous trouvons dans le feuilleton du Censeur du 4 octo- bre un extrait, malheureusement fort incomplet, de cette exposition. Cependant le nom illustre qui s’y trouve associé ne nous permet pas de le passer sous silence. Ce n’est pas, on se le rappelle, la première fois qu’on voit M. de Lamar- tine quitter les hautes régions plane son génie pour reporter ses regards sur l’horticulture, et rappeler, avec

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son éloquence, les immenses bienfaits qifelle a déjà pro- curés aux nations civilisées.

Nous reproduisons donc ici d’après le Censeur la partie du discours prononcé par l'illustre député de Mâcon â l’ou- verture de la séance publique, sur laquelle il nous revien- dra, nous l’espérons, quelques détails spéciaux.

« Les expositions, dit M. de Lamartine, sont a l’agricul- ture ce que les musées sont â la peinture et a la statuaire : c’est la publicité. Or, la publicité, c’est l’exemple, l’ému- lation, la lumière; c’est quelquefois la gloire. Créer des expositions d’horticulture, c’est donner à cette science gracieuse et utile le bénéfice et le grand principe de la mutualité et de l’association ; c’est ouvrir au pays une nou- velle voie de progrès, de jouissance. Les fleurs ne forment que des congrès pacihques.

M L’horticulture, déjà si précieuse au point de vue ma- tériel, n’est pas moins proûlable au philosophe, au contem- plateur pieux de la nature. Elle développe le sentiment religieux par lequel on reconnaît le Créateur à la perfection de ses œuvres. Les hommes du métier eux-mêmes pour- raient-ils cultiver le sol, féconder la terre, assister aux mystères souterrains de la germination, diriger, régénérer, discipliner les plantes presque intelligentes, sans frémir d’admiration et de reconnaissance devant la puissance de Dieu? La stupidité seule pourrait demeurer froide en face d’un tel spectacle. L’antiquité avait bien compris ce profond sentiment; aussi sous chaque fleur, sous chaque fruit, avait-elle en quelque sorte caché une divinité; elle les ap- pelait Flore, Vertumne, Pomone, Cérès. Plus heureux, mieux inspirés , les modernes ont tout exprimé par ce grand mot de Providence qui porte avec soi l’idée de tout bienfait.

^ Les expositions d’horliculinre ont encore un autre avantage ; elles rappellent l’homme à l’idée de sa vocation et de sa fin. Les poètes anciens et modernes, pour peindre l’image de la pure félicité, se sont bien gardés de la placer sur un trône, dans un palais ; ils ont pris un sage vieillard, désabusé des vaines splendeurs du monde, et l’ont placé dans un jardin modeste, entouré de haies et arrosé par un ruisseau. C’est ainsi qu’Homèrea représenté Alcinoüs. ♦*

POITEAÜ.

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Agence horticole en Angleterre.

Il vient (le s’établir a Londres une compagnie sous le nom iV Agence horticole (llorlicullnral agcncy). IJn aperçu de ses opérations peut donner une idée de ce que sont dans la Grande Bretagne les transactions relatives a l’horticulture.

VAgence horticole a été fondée en vue de faciliter la vente et l’achat de tous les objets relatifs a l’horticulture, de garantir les acheteurs contre les fraudes des marchands, et de fournir aux amateurs du jardinage, excessivement nombreux en Angleterre, des renseignements précis, des plans de jardins et de constructions propres aux jardins, toutes sortes d’instruments ou d’appareils utiles en horti- culture, en même temps que les arbres, arbustes, plantes et graines de toutes sortes de végétaux d’utilité et d’agrément.

VAgence entreprend les constructions de serres et d’o- rangeries, les conduites et jets d’eau, les fontaines et autres ornements de sculpture ou d’architecture pour la dé- coration des jardins; elle fournit des jardiniers dentelle répond ; elle fait faire les plantations et répond des arbres plantés ; elle abonne a toutes les publications horticoles; elle donne gratis tousles renseignements qu’on lui demande par lettres affranchies, sur des ouvrages d’horticulture, des plantes récemment introduites, ou des procédés nouveaux de culture pour les jardins.

Nous pensons qu’en France et en Belgique une agence,^ adoptant le même plan pour l’agriculture et l’horticulture, aurait de grandes chances de succès et rendrait de grands services au pays en propageant les innovations utiles et évitant aux acheteurs les mécomptes, les déplacements et les embarras qui sont autant d’entraves au progrès.

(Sentinelle des campagnes.)

Extrait des catalogues d'automne.

Le catalogue des plantes cultivées dans l’établissement de M. Henri Demay, a Arras (Pas de-Calais,) se compose de quatre spécialités remarquables. Ce sont les genres Pélar- gonium , Camellia , Pétunia et Fuchsia. On trouve dans ce d<î5rnier genre l’énumération de cent douze variétés, sui- vies chacnne, comme dans les autres genres, d’une courte description indiquant la grandeur et la couleur des fleurs.

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Dans ces quatre genres de plantes on remarque un très grand nombre de belles et nouvelles variétés; ainsi, parmi les Pélargonium on peut citer : P. acupicium, inguinatum et Napoléon^ les plus distinctes qui aient paru dans ce genre.

M. Henri Demay possède aussi une belle collection de Rkodendrum arboreum bien garnis de boulons, et des Dahlias J dont il publie un catalogue spécial.

Nous recevons un supplément au catalogue pour Pan- née -184G de M. Adolphe Weick, horticulteur 'a Strasbourg (Bas-Rhin). Ce supplément renferme surtout les espèces introduites dans son établissement depuis la publication de son dernier catalogue. Parmi les plantes de serre tempérée, on remarque le Brugmansia Wexjmannii à fleurs doubles ou triples, violettes et blanches, le Cestrum aurantiacum^ Chirita zeylanica, Distemma aurantiaca^ Ruellia macu- lata y Siphocampilus coccineuSyTacsonia mollissima. Vîivmi les plantes de serre froide et d’orangerie, ce sont les Cuphœa miniatay Hydrolea spinosuy Lobelia coronatay variété à grandes fleurs écarlate vif, maculées de blanc. Plus, une collection de plantes vivaces de pleine terre, Camellias, oignons a fleurs et bulbes de Hollande.

L’établissement horticole de M. Rantonnet, 'a Hyères (Var), est avantageusement situé pour la fructification et la culture en pleine terre d’une foule de végétaux exotiques. j

C‘est dansson catalogue, qu’il vient de nous adresser, que | nous avons remarqué les espèces suivantes dont les graines, ! parfaitement mûres, seront livrées au commerce en 1846 et au printemps de 1 847. Acacia Julibrisin (ou de Constan- tinople), plusieurs Acacia de la Nouvelle-Hollande^ le Mi- mosa pudica (Sensitive), des Cassia^ VEphedra allissimay les Hibiscus paluslris, militaris et speciosus, plantes vi- vaces magnifiques par leurs grandes fleurs, Mandevillea suaveolens, Poinciana GilliesU, Daubentonia, Pinus ca^ , nariensiSy Mespilus japonica, Diospyros Kakiy les Cistes^ plusieurs Spartium et Genista des îles Canaries, et autres plantes qui ne fructifient pas dans le nord de la France.

M. Rantonnet cultive en pleine terre toutes ces plantes, comme on cultive dans les pépinières du nord les Chamœ- eerasus, les Cytises et autres arbres et arbustes d’ornement.

PÉPLV.

tloxinu Caulescens TeucKlerii.

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Ghxinia càulescens Teurhlerii (G. à tige, de reuclilcr). {fig, IC).

Ce Gloxiniay dont nous donnons la figure, a été obtenu en Bohême par fécondation artiücielle, chez M. Teiicider, au moyen du G. rubra, fécondé par le pollen du G. caules- cens, dont Thybride a le port et les feuilles du G. rubra,

La culture du G Teuchlerii est semblable 'a celle de toutes les autres espèces du inérae genre, c’est-a-dire repos des tubercules après la floraison; peu ou point d’arrose- ments pendant Tliiver, rempotage de bonne heure, en fé- vrier; quand les bourgeons commencent à se montrer, on reprend les arrosements, qu’on augmente selon les progrès de la végétation ; on fera bien à celte époque d’abriter les plantes a l’abri du soleil, et de les placer dans l’atmosphère humide d’une serre.

On pourra multiplier le G. Teuchlerii de boutures par fragments de feuilles, en suivant la méthode généralement usitée. NEüMAîkfN.

Dahlias nouveaux. Baron deRochefort, Spiridion, etc.

MM. Rochefort, horticulteur à Avallon (Yonne), et Numa Renoud, 'a ïlieil (Orne), adressent a la Revue un choix des nouveautés qu’ils ont obtenues de leurs semis de l’an der- nier. Les quatre variétés de M. Renoud sont la ReweMab, Fanny Lemaire, la Fille du Peuple et Spiridion. Chacune de ces plantes réunit toutes les conditions nécessaires pour la faire admettre dans les collections les plus distinguées ; elles ont la richesse de teintes et la forme globuleuse, jointe a la régularité des cornets qu’on recherche anjourd’lnii.

Le Spiridion a particulièrement fixé notre attention, car il diffère a peine du Raron de Rochefort, qui nous a été envoyé par l’horticulteur d’Avallon. Ce Dahlia est globu- leux, 'a fleurons régulièrement disposés en cornets obtus, arrondis, courts, évasés, assez épais, 'a couleur nankin en dehors, striés, de couleur rouge- vermillon en dedans. Les fleurons du centre sont très petits, cachés sous les écailles vertes, luisantes, peu nombreuses, mais serrées, qui pro- tègent quelques fleurons munis d’étamines. En vieillissant, les cornets paraissent striés à cause des nervures qui se

2^ SÉRIE. Tome v. ^ 6. -15 Novembre 1810.

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manifestent plus nettement ; ce caractère qui, dans la plu- part des variétés, es-t sans importance, donne a celle qui nous occupe un aspect particulier qui doit la faire recher- cher.— 11 est a regretter que le nombre limité des gravures que publie la Revue nous permette pas de reproduire aussi souvent que nous le désirons les nouveautés que d’ha- biles horticulteurs nous envoient, et dans ce cas le Dahlia spiridion^ ou Baron de Rochefort^ aurait mérité cet hon- neur. Cette belle variété sera en vente au printemps de ^847, chez M. Rochefort, a \vallon.

Je ne saurais non plus terminer cette petite notice sans engager les horticulteurs soigneux a tenir note de la cou- leur des variétés dont ils sèment les graines ; par ce moyen, fait avec suite et précision, ils pourraient éclairer la phy- siologie sur l’origine des variétés et leurs modifications, et ils arriveraient peut-être un jour a connaître avec certitude les nuances de couleurs qu’ils auraient à rechercher de préférence pour obtenir certains résultats. Aujourd’hui tout est laissé au hasard. Ainsi il aurait été intéressant de con- naître l’origine des deux plantes obtenues en même temps en Bourgogne et en Normandie, J. D.

Nerium muUiflorum phœniceum.

M. Grisard du Saulget, horticulteuràLigny (Meuse), connu depuis longtemps pour son zèle à propager les Nerium (Laurier rose) par semis, a obtenu par ce procédé plusieurs variétés intéressantes pour l’horticulture; une d’elles est connue aujourd’hui sous le nom de Nerium du Saulget.

En janvier J 844, cet horticulteur nous a adressé une notice insérée dans cette Revue (t. 11, p. 495), et relative à une nouvelle variété qu’il avait obtenue, et a laquelle il avait donné le nom de Nerium muUiflorum phœni- ceum. En septembre dernier nous avons reçu de nou- veau de M. du Saulget des fleurs de cette même plante, dont il désirait pouvoir suivre plusieurs floraisons, afin de s’assurer delà constance des caractères qu’elle lui avait offerts en 1844. Les fleurs qui nous sont parvenues nous ont paru mériter les éloges qu’on en a faits. Ces échantillons, malgré la précaution qu’oii avait eue de les envelopper d’une éponge humide, nous sont parvenus un peu flétris, mais il était cependant encore facile de remarquer le nom- bre considérable de fleurs que portaient les pédoncules très

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ramifiés, et de reconnnître le velouté et la brillante cou- leur pourpre des corolles.

M. du Saulget se propose de mettre cette plante en sous- cription, et de ne la livrer que lorsqu’il aura réuni vingt souscripteurs. Pépin.

Rose duchesse de Rohan.

M. Levêque, dit René, horticulteur a Paris, nous annonce une nouvelle Rose perpétuelle de la section des Portlands, à laquelle il a donné le nom de Duchesse de Rohan.

Cette nouvelle variété a les rameaux gros et vigoureux, les aiguillons petits, assez nombreux, d’un brun jaunâtre, recourbés vers leur base; feuilles â cinq folioles moyennes, régulièrement ciselées, d’un vert blond, souvent bullées; pédoncule fort et droit; fleurs en panicule de trois â cinq boutons foliacés; ovaire moyen presque sans étranglement au collet, légèrement turbiné; fleurs de 0“,08 a 0“,^0 de diamètre, très pleines, bombées, d’un beau rouge vif, nuancé de lilas foncé. Les premiers rangs des pétales d’un rose plus pâle, produisant l’effet de nos belles Roses de Provins. Elle sera livrée au commerce à l’automne de cette année. Le catalogue de M. Levêque mentionne, en outre, un grand choix de Rosiers francs de pied et greffés sur églantier; les francs de pied sont cultivés en pot. Pépin.

Rose du docteur Hardouin (île Bourbon).

La Société d’horticulture de Caen a nommé dernièrement une commission pour aller visiter les semis de Rosiers de M. A. Oger, horticulteur, rue aux Lisses, 4, à Caen. Parmi les serais de cet horticulteur, la commission remarqua deux très belles Roses de la section des îles Bourbon. La première, sous le nom de Docteur Hardouin, forme un buisson vigoureux, a rameaux droits, courts, produisant des fleurs nombreuses, pleines, en forme de coupes, de 0”^,07 a 0°^,08 de diamètre; elle fleurit en forme de bou- quet terminal ; sa couleur est d’un rose tendre, passant successivement au blanc. C’est une plante franchement re- montante. Elle a obtenu une médaille de bronze a l’exposi- tion qui a eu lieu a Caen du 17 au 20 septembre dernier. Celte nouvelle Rose est livrée au commerce depuis le l^*" no- vembre.

La seconde, sous le nom de Duchesse de Normandie,

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paraît l'Ire du premier mérite ; son coloris est blanc, a reflet lilas. Oger ne pourra la livrer au commerce que l’an prochain; nous espérons avoir d’ici a celte époque de plus amples renseignements sur cette intéressante nouveauté; nous en ferons part a nos lecteurs. Pépin.

Moyen d'accélérer la croissance de Tllybiscus syriacus.

Sous ce titre, M. le comte de Tristan indique la manière de donner a cet arbrisseau, qui fait rornement de nos par- lerres et de nos bosquets, une tige haute de quelques mè- tres. L’auteur fait remarquer d’abord que cet Hybiscus croît lentement ; ensuite que les yeux latéraux et inférieurs de ses bourgeons sont ceux qui, au printemps, se dévelop- pent le plus facilement en bourgeons vigoureux, tandis que tes yeux supérieurs ne donnent le plus souvent que des tleurs. Il propose donc de supprimer, au moment du dé- veloppement, ces bourgeons inférieurs, afin de forcer la sève a monter dans les yeux ou boutons supérieurs et de les obliger ainsi a s^ développer en rameaux. En répétant celle opération pendant quelques années, on obtient des tiges iV Hybiscus de 2 mètres de hauteur, maximum auquel M. de Tristan suppose que cet arbrisseau puisse atteindre.

Rien n’est plus aisé ni plus simple que de pratiquer pour r Hybiscus syriacus l’opération à laquelle on soumet beau- coup d’aulres arbrisseaux, tels que les Coloneasier micro- phylla^ qu’on élève aujourd’hui non sur une tige nue, mais garnie de feuilles et de fruits du plus gracieux effet. On cite aussi des Résédas élevés sur tige d’un à deux mètres ; les Fuchsias surtout, élevés sur tige, y gagnent peut-être a cause de leurs fleurs pendantes; mais voila bientôt trois siècles que V Hybiscus ligure en buisson dans nos parterres et nos bosquets, et nous ne croyons pas, jusqu’à preuve du contraire, qu’il gagne beaucoup 'a se présenter dans nos jar- dins paysagers sous une autre forme. Peu de végétaux ga- gnent à prendre une forme qui ne leur est pas naturelle.

POITEAU.

Cèdre de Vlnde (Cedrus deodora).

Cet arbre, originaire de l’Asie, croît en abondance dans les montagnes de l’Himalaya, où, si l’on en croit le récit des voyageurs, il atteint des dimensions colossales, extraordi- naires même pour nous. Européens, qui ne sommes pas

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accoutumés à voir les géants de végétation dont nous en- iretiennent quelques naturalistes. On nous cite bien eh ci la des Châtaigniers et des Chênes qui ont acquis des pro* portions étonnantes; mais ce ne sont que des faits isolés qui n’indiquent pas, a beaucoup près, les dimensions ordi- naires de cet arbre, tandis qu’on nous rapporte qu’il n’est pas rare de rencontrer dans ces montagnes des Cèdres de cette espèce dont le tronc ait 10 mètres de diamètre et une hautenr proportionnée à la grosseur. L’espace couvert par ees arbres doit être considérable, car les branches aussi prennent un très grand développement.

Introduit dans les cultures d’Angers, en 1856, par AI. André Leroy qui l’apporta d’Angleterre, ce Cèdre fut d’abord traité avec beaucoup déménagement et rentré en serre pendant l’hiver. Le premier pied servit de mère qu’on multiplia d’abord de marcottes. Dans cet état, il était horriblement mutilé tous les ans et ne faisait guère présager le parti qu’on en pourrait tirer plus tard. Ce ne fut qu’en que M. André Leroy en planta un jeune sujet dans sa riche collection de Conifères de pleine terre. Cet arbre, qui n’avait, il y a cinq ans seulement, que quelques centimètres, a maintenant 4 mètres de hauteur, bien que sa tête ait été deux fois brisée. De nombreuses branches laté- rales, de 2 mètres de longueur et espacées les unes des autres de à 0«^,20 environ rayonnent dans tous les

sens, et offrent h leur partie supérieure une surface con- vexe dont les ramifications, en grande quantité, forment ei) tombant une espèce de draperie découpée en festons du plus gracieux effet. Il y a dans son port quelque chose de moelleux, de léger, qui, joint a la couleur glauque presque bleue de ses feuilles, en fait sans contredit l’arbre le plus élégant de nos cultures. Aucun autre, en effet, ne pourra rivaliser avec lui pour la grandeur, la vigueur et l’élégance : il réunit tous les avantages. Pour avoir une idée exacte de sa croissance, on peut établir qu’elle est à celle du Cèdre du Liban dans la proportion de 5 a ^ .

L’introduction de ce bel arbre dans les cultures est assu- rément la plus belle conquête que l’horticulture ait faite depuis plus de quinze ans. Aussi les pépiniéristes l’eurent- ils bientôt appréciée à sa valeur, et, avec l’habileté qu’on leur connaît,!! ne tardera pas être multiplié en grande quan> tité. Déjà ceux d’Angers en possèdent des carrés entiers en pleine terre comme des Cèdres du Liban.

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Jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour donner des graines l’ertiles, ou en sera réduit a le multiplier de marcottes, de boutures ou de greffes, moyens qui, du reste, lui réussissent 1res bien.

Baptiste Despoktes,

Membre de la Société industrielle d*Angers.

Culture de /'Abricotier par «mw.

M. Amable Phelut, arboriculteur 'a Clermont-Ferrand, cultive avec succès les Abricotiers de semis; une commis- sion composée de plusieurs membres de la Société d’horti- culture de l’Auvergne a visité ses cultures. D’après sa lon- gue expérience, M. Plielut a démontré devant les membres de la commission que l’Abricotier greffé est, en général, très impressionnable et peu capable de résister aux intem- péries du climat de l’Auvergne et surtout aux gelées du printemps. Celui, au contraire, qui est franc et qui n’a pas subi l’influence de la greffe, est infiniment plus rustique et conserve presque tous les ans ses fruits. D’après les obser- vations faites par M. Phelut sur les Abricotiers de semis, il prétend que les bonnes espèces d’Abricot ne dégénèrent presque pas et qu’elles sont extrêmement avantageuses sous le rapport du produit. Pour donner plus de poids a cette assertion, M. Phelut dit qu’il a passé un traité, pour une période assez longue, avec un des confiseurs de Clermont, moyennant une somme annuelle de 600 fr., aux risques et périls du preneur, et celui-ci n’a eu qu’a se féliciter de son marché. Il est arrivé plusieurs fois que les arbres de M. Phe- lut étaient couverts de fort beaux fruits et en abondance, tandis qu’il y avait disette chez ses voisins. Ces arbres, mul- tipliés de noyaux semés en place, produisent des fruits au bout de quatre et cinq ans.

J’ai été a même de faire des observations sur le procédé qu’emploie M. Phelut pour la multiplication de l’Abricotier par semis; j’approuve son mode de culture; les Abricotiers de semis sont plus rustiques et résistent mieux aux intem- péries que les sujets greffés, et ne sont pas aussi sujets a la gomme et aux maladies qu’on remarque souvent autour de la greffe ou à son insertion II est reconnu aussi que les bonnes variétés d’Abricot reproduisent presque toujours leur type, et que les fruits sont souvent abondants et très savoureux. Pépin.

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Observations sur l'emploi du sulfate de fer contre la chlorose végétale.

M. Eusèbe Gris a mis sons les yeux de FAcadémic des sciences le résultat de quelques expériences qu’il poursuit sur l’application des sels de fer à la véf^étation, et spécia- Jement au traitement de la chlorose véf2;étale.

Les expériences de M. Gris ont eu lieu au Muséum ; tan- tôt il provoque l’absorption de ces sels par les racines, tan- tôt il la provoque par Fëpiderme des feuilles. Ce sont les résultats obtenus par cette dernière méthode que M. Gris a présentés a FAcadémie, à Feffet de démontrer Faclion incontestable des ferrugineux solubles sur la chromule ou matière verte des feuilles.

M. Gris a opéré sur des plantes appartenant à plusieurs familles naturelles; ses expériences les plus concluantes ont porté sur des chênes de l’Amérique du nord, dont quel- ques-uns se trouvaient dans un état complet de chlorose. Quelques-uns de ces rameaux, immergés un instant dans une faible dissolution de chlorure ou de sulfate de fer, ont manifesté quelques jours après un changement complet dans la couleur des feuilles; la couleur verte normale oc- cupait l’étendue du limbe, ou, parfois, la revivification de la chromule s’annonçait d’abord par des macules vertes plus ou moins larges, que de nouvelles immersions finissaient par rendre confluentes. En général, le rameau expérimenté prend peu à peu un aspect particulier et une vigueur de végétation qui contraste d’une manière frappante avec celle des rameaux voisins, qui restent jaunes et chlorosés.

L’animation de la chromule paraît d’autant plus prompte que la température est plus élevée et que la feuille est plus molle et plus celluleuse ; parfois apparente au bout de deux jours, elle se fait souvent attendre huit, quinze et vingt jours, très rarement au delà. Au-dessous de 10 degrés, les effets sont nuis, ou presque insensibles.

Il est a peine nécessaire d’ajouter que, d’après les très nombreuses expériences comparatives entreprises par M. Gris, tous les sels autres que les sels de fer sont impuis- sants pour produire sur la chromule des effets analogues à ceux qu’il a signalés. L’action de ces mêmes sels est égale- ment impuissante contre les panachures; des Aucuba sou- mis a l’expérience sont restés panachés. Des Betteraves rouges ont conservé leur couleur purpurine, etc.

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M. Adolphe Broiigniart, qui a répété ces cxpérioiîces et a suivi toutes celles qui ont été exécutées par M. Gris depuis deux ans, ajoute qu’il a ainsi eu occasion de contaster l’exactitude de tous les faits annoncés par M. Gris.

Depuis la publication des expériences de M. Gris, nous avons eu nous-méine occasion d’étudier les effets produits par l’action du sulfate de fer sur plusieurs arbres de la fa- mille de Ainentacées et des Cupulifères, tels que Chênes, Aunes, Bouleaux, Saules, etc., et nous avons été a même de constater les remarquables résultats signalés par M. Eu- sèbe Gris. Chez un jeune individu du Quercus Mirbekii en particulier, complètement chlorosé et couvert de feuilles jaunes que le soleil ou l’ardente chaleur de cette année grillait presque complètement, l’emploi du sulfate de fer a été parfaitement satisfaisant : les feuilles non-seulement ont repris leur coloration normale verte, mais les bourgeons situés à leur aisselle se sont développés et ont produit des feuilles vigoureuses d’abord colorées en rouge, puis en vert foncé. Il en a été de même sur quelques rameaux de l’JU- nus. Les branches soumises a l’expérience contrastaient par leur belle végétation a côté de celles sur lesquelles l’emploi du sulfate de fer n’avait point été tenté.

Il restait à soumettre ces feuilles ainsi reverdies à l’exa- men microscopique, afin de se rendre compte de leur changement de coloration et de comparer l’état chlorosé avec l’état normal. Dans les feuilles cldorosées, la matière olorante verte, presque complètement décolorée, se trouve noyée dans un liquide jaunâtre transparent fort abondant, au lieu d’adhérer aux parois. Dans l’état normal, au con- traire, on ne remarque point de liquide jaune, et les gra- nules verts (chlorophylle), plus volumineux et plus nom- breux. remplissent l’iitricule et adhèrent aux parois. Ccl état anormal se manifeste par l’emploi du sulfate de fer; le retour a la coloration verte semble marcher progressive- juent de dehors en dedans, puisqu’il m’a été possible de voir les vésicules voisines de l’épiderme se remplir de gra- nules verts à mesure que l’action du sel de fer se faisait sentir, sans néanmoins que les parois ulriculaires ne ma- nifestassent de coloration spéciale.

M. Gris a remarqué que les feuilles coriaces recevaient moins facilement l’influence du sulfate de fer que les feuilles d’uii tissu mou. Ces observations s’accordent avec ce qu’on a reconnu a l’égard de la slruclure anatomique de

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ôOt)

ces memes feuilles; elles sont également d’accord dans le plus grand nombre des points avec celles qui avaient eu particulièrement pour objet leur mode de respiration, a savoir, que les feuilles coriaces manquent de stomates sur la face supérieure, d’oîi il résulte que l’absorption des sels de fer ne peut avoir lieu par ce eôté de la feuille, tandis qu’elle s’opère facilement par la face inférieure. Il sera donc important, dans le cas les horticulteurs auront a opérer sur des arbrisseaux a feuilles coriaces vernissées, tels que Camellia, etc., de mettre le liquide en contact avec la face inférieure de sa feuille, et de renouveler plusieurs fois Fo- péralion; il n’en sera pas de même avec des feuilles d’un tissu plus mou; une seule immersion pourra suffire, ainsi «jue nous nous en sommes assuré, pour rendre a des feuilles jaunes toute l’apparence de la santé et de la vi- gueur. La dose du sulfate de fer doit être de 2 grammes par litre d’eau pour les feuilles et de 1 0 à 1 2 grammes pour les arrosements sur racines.

Nous pensons que l’exactitude des résultats obtenus par M. Eusèbe Gris, l’importance et la nouveauté de plusieurs d’entre eux, méritent au plus haut degré de fixer l’attention des horticulteurs, et les engageront a mettre à profit la dé- couverte de ce savant. J. Decaisne.

Nouvelles tentatives 'pour faire bleuir les fleurs des Hydrangéas.

Fai annoncé, dans le numéro du 15 août de Revue horticole, les tentatives faites par divers horticulteurs d’An- gleterre et de France pour faire passer au bleu les fleurs roses des Hydrangéas ; on sait qu’ils ont quelquefois réussi, et qu’ils attribuent ce résultat a quelque dissolution ferm gineuse dont le sol est imprégné artificiellement ou natu- rellement. Un floriculteur de Plaiu-Palais près Genève m’é- crit que depuis plusieurs années il se livre à des essais de ce genre, et qu’il a réussi, par un procédé qu’il ne fait pas connaître, a produire un effet semblable. Comme il offre de faire part de son secret aux amateurs, on ne peut que l’engager à le communiquer à quelqu’un de nos collabo- rateurs qui, après vérification, s’empressera de le porter k la connaissance du public. C’est un sujet plein d’intérêt qui exerce depuis longtemps l’attention des horticulteurs.

Naudix.

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Apparition de la maladie des Pommes de terre sur le Solanum laciniatiun.

Un des correspondants du Gardeners^ chronicle^ M. W. Masters, jardinier 'a Canterbury, adresse a ce journal une observation fort intéressante qtdil a faite dans son jardin et qui pourra jeter du jour sur la cause si controversée de la maladi(' des Pommes de terre. Le journal anglais, auquel nous empruntons ce qui va suivre, avait déjà signalé Pap- parition du mal sur les Tomates et les Aubergines. Dans le cas dont il s’agit ici, c’est une quatrième Solanée qui en présente tous les symptômes, et on va voirqu’ici au moins les paiasites Cryptogames jouent un grand rôle, ce qui du reste concorde parfaitement avec les observations qui ont été faites par une commission scientiûque et agricole de Copenhague, chargée par le gouvernement d’étudier cette maladie.

«J’avais en plei ne terre dans mon jardin , dit M. W. Masters, un superbe pied de Solanum laciniatum qui poussait avec une vigueur remarquable. Le dimanche 26 juillet, mes fils et moi nous nous arrêtions devant cette plante pour l’admirer, et nous déclarions que le meilleur moyen de la produire dans toute sa beauté était de l’élever, comme nous l’avions fait, de graine et en pleine terre, ce qui est le contraire de ce qu’on fait ordinairement pour cette Solanée. Le lendemain, entre dix et onze heures du matin, passant a côté de mon Solanum, je m’aperçus qu’il n’avait plus le même aspect que la veille, tout le côté qui était tourné vers le sud-ouest paraissait se flétrir. En y regardant de plus près, je vis que les branches et les feuilles de ce côté étaient toutes parse- mées de taches d’un pourpre obscur, et en en soulevant l’épiderme, je trouvai le tissu sous-jacent désorganisé et décoloré, les parois des cellules déchirées,, et le liquide qu’elles contenaient extravasé, mais sans rien voir encore qui annonçât la moisissure. Cependant le même jour, à deux heures du soir, presque toute la partie malade se trouvait couverte d’une immense quantité de petits champignons blancs, filamenteux, qui avaient percé l’épiderme, et dont les radicules s’enfonçaient de tous côtés dans le tissu malade. Peu de jours après, la maladie fut tout a fait caractérisée ; les parties atteintes brunirent, tombèrent, et, comme con- séquence de cet état, les champignons disparurent^ Il n’y a

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pas l’ombre d’im doute que cette maladie ne fût identique avec celle des Pommes de terre ; mais d’où est-elle venue? Je n’avais point de Pommes de terre dans mon jardin, et la partie de ma plante qui a été malade était précisément celle qui était exposée aux vents du sud-ouest qui dominaient pendant l’été. Les spores auraient-elles été apportées de quelque jardin éloigné, ou bien faut-il attribuer l’infection à l’influence mystérieuse d’un principe contenu dans l’at- mosphère, inlection dont les champignons auraient été le résultat et non leprincipe ? Pour ma part, j’incline à adopter la première de ces opinions, bien que je croie la question encore loin d’être tranchée. 11 y a toutefois deux points que mon Solarium laciniatum me paraît mettre hors de doute; le premier est que les semis ne préservent pas les plantes de la maladie, puisque, comme je l’ai dit plus haut, ma plante provenait de graines ; le second, c’est que le principe de la maladie n’est pas dans les tubercules, puisque chez \e Solarium il s’agit ici, les racines sont toutes fibreuses, sans que rien y rappelle ces rameaux souterrains gorgés de fécule que produit la Pomme de terre. D’un autre côté, la seule moitié de ma plante qui fût exposée au vent fut atteinte et périt, taudis que le reste se conserva parfaitement sain et mûrit bien ses graines. J’ai suivi dans la tige les vaisseaux qui allaient des parties malades ou mortes aux racines, et j’ai vu que dans le commencement ces vaisseaux ne diffé- raient en rien, ni pour la couleur ni pour la consistance, de ceux des parties voisines correspondant a la moitié saine de la planle. Les racines étaient Imites aussi fraîches et aussi vivantes les unes que les autres. Mais cet état de choses dura peu ; au bout de quelques jours le mal gagna de proche en proche, et les racines du côté malade prirent une teinte brune et moururent. De tout ceci il est résulté évidemment pour moi que le dépérissement commence par les parties supérieures de la plante, qu’elle s’étend ensuite de haut en bas, et que la racine est la dernière partie qui en soit at- teinte. »» Naüdin.

Nouvelle forme de la maladie des Pommes de terre.

Un des correspondants du Gardeners chronicle lui écrit du comté d’Essex qu’il a observé dans ce pays une nouvelle forme de l’altération des Pommes de terre, qui diffère notablement de Paltération ordinaire. Ces Pommes

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de terre semblent a rcxtérieur parfaitement saines, mais si on regarde le jour au Iravers, ou mieux, si on les place de- vant la flamme d’une bougie, elles sont transparentes, ce qui annonce un profond changement dans leur tissu.

En effet, la coupe de ces tubercules ne laisse pa^ le plus léger doute a ce sujet. Tandis que la partie la plus voisine de répiderme est restée saine et contient a peu près la pro- portion de fécule ordinaire, toute la partie centrale se montre diaphane et aqueuse, et tranche nettement avec la mince enveloppe non altérée qui l’entoure de tous côtés; ce qui coniribue encore a rendre plus visible cette sépara- tion, ce sont de nombreux points bruns dont celte ligne est parsemée.

Lorsqu’on fait bouillir ces Pommes de terre, la zone ex- térieure est farineuse comme a l’ordinaire, mais le centre, au lieu de s’attendrir, durcit davantage. En mangeant cette partie, on lui trouve a peu près le goût et la consistance de la tige du Brocoli a moitié cuite. Des tranches minces de ces Pommes de terre, soumises au microscope, font voir que la zone extérieure contient de la fécule, mais qu’il n’en existe plus dans les cellules du centre, qui sont a la place gorgées d’un liquide incolore.

On pourrait croire que si la fécule leur manque, cela tient 'a ce qu’elles auraient germé dans la terre; mais il est facile de s’assurer du contraire, car la germination n’aurait pas soutiré d’abord la fécule du centre ; elle aurait com- mencé par un point de la surface; et d’ailleurs, on sait que les Pommes de terre germées ont un tout autre aspect que celles dont je parle.

Dépourvues de fécule ou au moins fort appauvries, il est douteux qu’elles puissent servir a l’alimentation. Ce qu’il y a de cerlain, c’est que toute la partie transparente aqueuse ne devient jamais farineuse par la cuisson comme les Pommes de terre saines. Je suis disposé à attribuer à des substances albumineuses qui rempliraient les cellules la dureté qu’elles acquièrent par l’ébullition dans Peau. Du reste, celte nouvelle altération mériterait d’être étudiée, et j’engage les personnes auxquelles elle pourrait se préscnlcr a en faire le sujet d’une observation suivie.

Ce même mode d’altération a été aussi observé ici par VI. Vilmorin, sur des tubercules de Pommes de terre achetés a la halle et appartenant a la variélé nommée Hollande rouge, Naüdin>

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Notice sur le Tussac, espèce de graminée^ Fesluca flabeilala. Lam.

Depuis quelque temps les journaux (riiorliculturo s’oc- cupent beaucoup de cette graminée , que plusieurs agro- nomes considèrent comme une bonne plante fourragère ^ propre a être cultivée sous noire climat.

Celte graminée croît dans les îles Falkland, et notam- ment dans les plus petites, dont le sol sablonneux et tour- beux ne produit pas autre chose et en est littéralement couvert, partout le terrain est assez bas et assez uni pour ne se dessécher jamais, ou lorsqu’il est de temps a autre couvert par les flots de la mer. C’est sans doute un don inestimable que la nature a fait à ces îles. Les feuilles procurent au bétail, et particulièrement aux chevaux et aux bêles a cornes, une nourriture abondante et proûtable; les porcs recherchent avec avidité les racines et les souches souterraines de cette graminée, que les hommes même trouvent assez savoureuse et dont ils préparent une nour- riture agréable. Crue , celte production a le goût des amandes douces. La plante forme des touffes épaisses, ou plutôt des gerbes vertes dressées, de 2 mètres de hauteur et souvent d’autant de grosseur. Les feuilles ont 2 mètres de longueur, sont larges, distiques ou disposées en deux rangs opposés, semblables a celles des Iris; ainsi, en suppo- sant que les espérances qu’on fonde sur l’introduction de cette herbe ne se réalisassent pas, elle serait une excellente acquisition pour nos jardins, comme plante d’ornement.

Le climat des îles Falkland est généralement humide, la température ne s’élève jamais au-dessus de 15 degrés centigrades, et ne s’abaisse que rarement au-dessous de zéro. La neige se fond aussitôt qu’elle est tombée.

L’association horticole de Prusse doit ces renseignements au consul général de Prusse a Londres, M. Ilebeler; ils sont du reste contenus dans VAgriculiural Gazette ^ 22 juin.

Le gouverneur des îles Falkland, dans une lettre adressée à M. Éooker , fait mention de quelques essais qui proment que des graines du Tussac, semées dans une terre ordi- naire de jardin sèche, cl située a une distance considé-

(1) Jcurnüi d'horficulture de Brtfx-eiks,

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SI 4

ral)!e de la mer, ont bien levé, et que les jeunes plantes ont bien supporté la transplantation dans différentes espèces de terres engraissées et non engraissées, et y prospèrent par- faitement.

SCHEIDWEILER.

Almanach du Jardinier pour ^847, par M. Bixio.

I vol. in H 6, de 200 pages, avec gravures.

La quatrième année de V Almanach du Jardinier vient de paraître. La plupart de nos lecteurs connaissent sans doute les volumes des trois autres années de ce traité d’hor- ticulture populaire. Dans ces trois premiers volumes, le cercle entier de l’horticulture a été parcouru mais, comme on le pense bien, il restait et il restera longtemps encore beaucoup à dire sur un sujet presque inépuisable et qui s’étend chaque année. L’Almanach pour 1847 embrasse les trois branches de l’horticulture, c’est-à-dire la culture inaraîclière, celle des arbres fruitiers et celle des fleurs ; mais comme on suppose que les Almanachs des années pré- cédentes se trouvent déjà entre les mains de la plupart des personnes qui pourront lire celui de t847, on a jugé, avec raison, qu’il convenait de ne point répéter ce qui a été déjà dit dans les Almanachs de t844, 4 845 et 4 846, et qu’en traitant des sujets nouveaux on serait agréable aux lecteurs, qui pourront, en recevant chaque année cet Almanach, se faire une encyclopédie complète de l’horticulture.

Celui qui le premier imagina d’écrire un livre à l’usage du peuple, réalisa un progrès social d’une immense portée. OU sent aujourd’hui que l’instruction n’est pas faite seule- ment pour ceux que la fortune favorise, mais que tout le monde a le droit d’y prétendre, aussi bien l’ouvrier des villes que le paysan des campagnes. Contribuer à éclairer les masses de travailleurs, répandre parmi elles des con- naissances propres à les moraliser ou à leur donner plus de bien être, c’est rendre un plus grand service au pays que si on écrivait des volumes sur les sciences transcendantes, que comprendraient seuls un petit nombre de savants.

Au nombre des connaissances les plus utiles à la classe populaire, il faut mettre au ;premier rang l’art de cultiver la terre, art qui est la base la plus solide et nous dirions volontiers l’unique base de la société, en France surtout

REVUE HORTICOLE.

les deux tiers de la population sont voués à Tagriculture. Or, de tous les modes de publication, le plus assuré pour aller au but qu’on se propose et faire pénétrer quelques lumières jusque sous le toit de l’habitant des campagnes les plus reculées, c’est la forme almanach. L’almanach est le journal du pauvre, journal qu’il reçoit tous les ans et qu’il se procure pour une somme minime. Il en est bien peu qui puissent s’en passer, et il est telle maison de paysan LAlmanach compose a lui seul toute la bibliothèque delà famille. C’est donc une bonne pensée, une pensée philan- thropique, que celle d’employer l’Almanach pour faire par- venir quelque bon conseil, quelque vérité utile à une classe intéressante d’hommes, qui semble déshéritée au milieu du progrès général des lumières.

V Almanach du Jardinier s’adresse à tous ceux qui, par goût ou par devoir, s’occupentd’horticulture. Bien entendu que nous ne le proposons pas à ces jardiniers habiles qui auraient plutôt des conseils 'a donner qu’à recevoir. Il est spécialement destiné à ceux qui ne sont pas encore initiés à cet art, soit qu’ils veuillent, comme le paysan, cultiver quelques légumes ou quelques fleurs autour de leurmaison, soit, comme beaucoup de petits propriétaires, qu’ils veuil- lent se délasser du tracas des affaires en s’adonnant à la culture d’un verger ou d’un parterre. Lahérard.

Enseignement horticole.

On lit dans la Normandie agricole :

« M. Daniel, recteur de l’académie de Caen, a institué, comme accessoire de l’enseignement donné aux élèves-maî- tres de l’école normale primaire du Calvados, un coui*s d’horticulture théorique et pratique. Celte partie de l’en- seignement est confiée à M. Manoury, qui, avec un zèle et un dévouement dignes d’éloges, a rendu, dans sa spécialité, des services réels à notre pays.

«En créant ce cours d’horticulture à l’école normale, notre recteur a eu en vue de répandre, par le canal des instiiiUeurs, d’utiles connaissances dans les communes ru- rales du département. On conçoit en effet l’influence que doivent avoir, pour réformer les méthodes vicieuses et pour introduire des améliorations dans la culture des jardins, dans les soins à donner aux pépinières, etc., de jeunes hommes intelligents qui, par leur savoir et leur conduite,

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iiispirani la plupart de Testime et de la confiance a leurs concitoyens, sont tous les jours a même de joindre le pré- cepte a l’exemple.

M Pour les encourager a mettre a proOt les connaissances acquises a l’école, notre recteur voudrait avoir quelques ré- compenses a distribuer aux plus dévoués d’entre eux, à ceux qui mettent le plus de zèle à faire protiter de leur savoir le pays qu’ils habitent. A cet effet, l’abbé Daniel a demandé au conseil général une petite somme destinée à exciter une émulation dont on ne peut attendre que des résultats avantageux.

« M. Daniel renouvellera sans doute sa demande, et nous espérons que le conseil général, dont les bonnes intentions pour tout ce qui se rattache anx intérêts vrais du département sont bien connues, voudra le seconder dans son œuvre de progrès. »»

Dix-septième exposition des produits horticoles et agri- coles de la Société d'agriculture de Saint-Omer.

La Société d’agriculture de Saint-Omer, dans son expo- sition d’automne, a couronné les produits exposés par toutes les branches qui sont du domaine de l’agriculture et de l’horticulture. Nous ne parlerons ici que de ce qui concerne l’horticulture.

Fruits.

Pour les plus belles collections de fruits variés, trois médailles d’argent ont été décernées par le jury a MM. Cons- tant Legrand, Adolphe Verger et Fropo.

Pour Viniroduclion d'un Raisin dit Catoubé, prove- nant d'un cep envoyé de la Haute-Egypte^ une médaille de bronze a M. de Folard, aîné.

Pour les fruits les plus beaux et les plus variés, quatre primes d’encouragement ont été accordées à MM. Joachim Carnel, Louis Rolland, André Gentilhomme, Pierre Carbon- nier; et neuf mentions honorables a MM. Louis Méqui- gnon, Charles Leleu,L.-C. Duhamel, Danglure,Thil loy-Lecou- tre, Auguste Terrier, Louis Delforge, Alexandre Vanheegher, Tible et Mesdemoiselles Delbourg et Catherine Basche.

Plantes potagères.

Pour avoir introduit a Saint-Omer en 1845, et propagé avec succès en 1846 la culture de la Batate (un des tuber-

r.EVL'E liORTlCOLK. 5tT

Cilles exposes pesait 8 hectogrammes), une médaille d’ar- gent a etc décernée a M. Duhamel.

Pour avoir répondu a l’invitation de la Société, en opér.^nt un semis de pommes de terre avec des graines exposées au concours automnal de 1845, dont les résultats ont été très satisfaisants, une médaille d’argent a madame Lefèvre.

Pour un même semis exécuté à la fin de mars 1840, une médaille de bronze a M. Vanheegher.

Pour sa belle culture de Potiron^ une médaille de ]>ronze à M. P. -F. Del rue.

Culture maraîchère, Pour les produits de légumes variés i quatorze mentions honorables ont été distribuées.

Cette section était peu représentée.

Pour sa superbe collection de Dahlias, dont plusieurs nouvellement introduits, un rappel de la grande médaille d’argent a étéjait à M. Delahaye, propriétaire à Saint-Omer.

Plant eis lüeuricj^.

Six mentions honorables :

Pour une jolie collection de Dahlias variés, a M. Fropo.

Pour plantes de serre chaude, notamment pour les Achimenes picta et pedunculata, récemment introduites a Saint-Omer, à M. Joachim CarneL

Pour leurs contingents de plantes variées^ a MM. P. Char- bonnier, L. Méquignon, Ch. Leleu et Constant Legrand.

Les autres produits exposés se composaient de plantes céréales, textiles, économiques, domestiques et instruments aratoires, ayant rapport a l’agriculture.

Extrait des catalogues d'automne.

M. André Leroy, d’Angers (Maine-et-Loire), a habile- ment protité de sa position géographique, qui lui ^permet de cultiver en pleine terre un grand nombre d’arbres ei d’arbustes dont la culture avait été tentée sans succès jus- qu’à ce jour sur d’autres points de la France. Son nouveau catalogue est un:ouvrage raisonné qui nous fait voir toutes les ressources qu’on peut tirer des arbres cultivés dans ses pépinières. La vigne et tous les genres et variétés d’arbres fruitiers ont de nombreux représentants ; une description précède chaque genre : elle indique le terrain, la position et la forme qu’on doit donner aux arbres pour en obtenir de bons fruits. Chaque genre présente plusieurs variétés

REVUE HORTICOLE.

nouvelles. Les arbres forestiers et d’agrément, les arbres k feuilles persistantes et les arbres résineux y sont aussi en grand nombre. Je ne parlerai pas des Thés^ des Camellia et des Rhododendrum arboreum hybridum qui y sont cultivés par milliers et qui y passent les hivers en pleine terre ; mais je dirai un mot des arbres résineux nouveaux qui y réussissent également : ce sont les Araucaria, les Pins et Sapins de la Californie et de l’Himalaya, les Cy- près et les Genévriers nouveaux, les Calliirix, Taxus, Taxodium, Podocarpus et autres espèces résineuses. Ce catalogue contient aussi la nomenclature d’une riche col- lection de Roses, de plantes vivaces de pleine terre et de plantes de serre tempérée.

M. Joseph Potard tient aux Banchais, route de Paris a Angers, une culture spéciale de 500 espèces et variétés de fleurs vivaces et annuelles pour l’ornement des jardins ; un dépôt de graines de ces plantes se trouve chez M. André Leroy et chez tous les horticulteurs d’Angers.

M. Bréon fils, horticulteur, marchand grainier, quai de la Mégisserie, 70, possède un des plus riches assorti- ments d’oignons à fleurs, comme Jacinthes, Tulipes, Ané- mones, Renoncules, Glayeuls, Crocus, Lys, Narcisses, etc., et en outre plusieurs autres genres fa racines charnues et tuberculeuses, tels que les Achimenes, Alsirœmeria, Ges- neria, Gloxinia, Ixia du Cap et autres plantes, d’orne- ment. Dans son catalogue, chaque genre est précédé d’une notice sur la culture et la conservation des plantes qui en font partie.

MM. Lefèvre, horticulteurs à Mortefontaine, près La Cliapelle-en-Serval (Oise), sont connus depuis longtemps par- leurs nombreux semis faits en terre de bruyère, et leurs plants d’arbres de toutes espèces et surtout d’espèces exo- tiques. Nous trouvons dans leur catalogue 54 variétés du genre llex (Houx). Les Chênes d* Amérique, les Magnolias, les Azalea indica, Rhododendrum arboreum et hybridum , le R. ponticum et ses variétés, les Camellia, les arbres verts a feuilles persistantes et les arbres verts résineux y ont de nombreux représentants, soit en plants, en pots et en mottes pour les grandes plantations.

M. Vibert, d’Angers (Maine-et-Loire), le doyen et l’un dos plus distingués de nos cultivateurs de Roses, nous

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adresse le catalogue de sa nombreuse collection de Roses, la liste dçs Raisins de table qu’il cultive et d’autres belles variétés que nous devons à sa persévérance. Le Muscat de la mi août, noir, le plus hâtil de tous les Raisins, est recommandé particulièrement par M. Vibert, qui l’a ob- tenu, il y a quelques années, d’im semis de Frankantal. Cette nouvelle variété, unique jusqu’à présent par les ca- ractères qui lui sont propres, est naine ; ses plus longs ra- meaux ne dépassent pas 0>^,25, et cependant elle produit autant que les autres variétés. Malgré sa précocité remar- quable, surtout pour un Muscat, elle ne fleurit pas avant les autres,

Le Raisin noir Amella a les grains gros et ovales ; il pro- vient de pépins envoyés il y a quinze ans de la Perse a Pa- ris ; c’est une acquisition d’une haute importance comme Raisin de table, et le plus précoce des raisins noirs a gros fruits. Sa maturité arrive dix k quinze jours après celle dii Chasselas commun, et précède d’un pareil nombre de jours le Frankantal. Le grain est ovoïde, peu serré, d’une saveur agréable et particulière; il mûrit vers le i 5 septembre.

A propos de sa collection de vignes américaines, M. Vi- bert dit que c’est k tort que nous donnons en France le nom d'Isabelle üi la vigne dont le grain moyen, ovale et noir, a le goût de Cassis. C’est V Alexander des Etats-Unis ; elle a même été reçue sous ce nom. Vlsabelle est une espèce bien caractérisée dont V Alexander est une hybride.

On possède aux Etats-Unis plus de quatre-vingts hybri- des de ces vignes; M. Vibert en cultive une grande partie ainsi que beaucoup de variétés provenues de ses semis, dont plusieurs présentent des feuillages singulièrement re- marquables. J’ai eu l’occasion de voir cette collection dont malheureusement aucune variété n’a encore porté fruit, bien que plusieurs aient douze ans de semis.

PÉPIiN.

Châssis- Jalousies à l'usage des serres et des châssis, ^

M. Parmentier (Louis), peintre-vitrier, rue d’Anjou-Dau^ pbine, 6, k Paris, a présenté k la Société royale d’horti- culture des châssis en fer couverts de lames mobiles en verre de la largeur du châssis (I mètre ou J *^^,50), et hautes de 0“,J0 k qui se lèvent ou s’abaissent k volonté,

comme les lames des jalousies. Ce procédé ingénieux peut

IIEVÜE IIORTICOLE.

:>2i)

èire employé , soit pour châssis droits, soit pour châssis verticaux, car à l’aide d’un ressort ou d’une crémaillère,

qu'on pousse pour redresser, ou quon relire pour abaisser, ou peut ouvrir ou fermer les châssis et renouveler l’air de la serre, en donnant aux lames de verre la position hori- /ovîtaîe ou oblique. PÉrix.

Souscriptions pour les Inondés de la Loire.

bu Société centrale d’agriculture, dans sa séance de ren- trée du 4 de ce mois, a voté une somme de 4,000 fr. pour les inondés de la Loire. Le meme jour, la Société royale <riiorticxïUurc a volé dans le meme but une somme de r>00 (r.

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Prune Heine- Claude de Bavay (Hg. 17).

Quoique cette Prune soit déjà liguroe dans plusieurs ou- vrages d’horticulture, il nous a paru intéressant d’éclairer les amateurs a son sujet, ce que nous pouvons nous permet- tre de faire, après avoir vu les fruits produits par un sujet que nous devons a l’obligeance de MM. Jainin et Durand. Cette Prune est plutôt ovoïde que ronde, elle est longitudi- nalement marquée de petites veinules de couleur violacée sur un fond jaunâtre, quelquefois accompagnée de petites taches de même couleur et recouverte d’un enduit ci- reux ou fleur peu apparent ; sa chair adhère légèrement au noyau. Le port de l’arbre est celui de la Reine-Claude ; le bois est un peu grisâtre, les rameaux vigoureux ; les feuilles larges et d’un beau vert.

Cette Prune, quoique très bonne, ne peut cependant riva- liser avec nos Reines-Claudes, mais ce qui doit la faire re- chercher, c’est la saison oîi elle arrive â maturité. Cette année, malgré les fortes chaleurs que nous avons éprouvées, la maturation n’a eu lieu que le 29 septembre, époque à laquelle on ne trouve plus aucune Prune de Reine-Claude bonne à manger.

C’est \\M. le major Espérin, qui habite la Relgique, qu’on doit cetfé^ acquisition précieuse obtenue dans un semis de noyaux de Prunes de Reine-Claude; il l’a dédiée à M. de Bavay, hoi ticnltcur distingué, a Yilvorde, près Bruxelles.

La Prune Reine-Claude de Bavay a été cultivée d’abord en France par MM. Jamin, puis ensuite par MM. Trançon et Dauvesse, d’Orléans. Neumanjv.

Poires nouvelles obtenues à Angers,

La ville d’Angers, toutes les idées sont portées vers l’horticulture, vient d’enrichir nos jardins fruitiers de plu- sieurs nouvelles espèces de Poires que Comice horticole de cette ville a classées au premier rang parmi les bons fruits. Trois de ces nouveautés sont dues aux soins persé- vérants et éclairés de M. Goubault, jardinier à Angers. Le Comice horticole, voulant récompenser un aussi beau résultat, a décerné â l’auteur une médaille en vermeil, en séance publique. M. Goubault d’ailleurs ne s’arrête pas en si beau chemin ; il nous promet encore pour l’an prochain

SÉRIE. Tome v. M, Décembre 1846.

522

UEVÜi: llOKTiCULE.

deux antres nouvelles espèces, dont le mérite, selon lui, égale celui de ses conquêtes de celle année.

C’est en lécompensani les hommes laborieux et persévé- rants, ainsi que l’a fait le Comice horticole, qu’on encou- ragera les cultivateurs a tenter, sur les semis, des essais dont les résultats profitent a la société tout entière.

Dcscrip'.ioii des trois espèces de Poires obtenues par M. Goubault.

Beurré GoubouU, de la grosseurdela Bellede Bruxelles; peau d’un vert jaunâtre, marquée de point, œil ouvert, peu enfoncé, queue assez mince, longue de 0’“,06 a 0“\07, chair fine, beurrée, parfumée, légèrement granuleuse vers le centre, très bonne; mûrit dans la première quinzaine de septembre.

Doyenné Goubault^ plus gros qu’un Doyenné dliiver^ fondant, parfumé, d’un goût exquis et liés tin, couleur jaune, avec des points gris; commence â mûrir en novembre et se conserve jusqu’en avril. C’est un très excellent fruit de première qualité, qui est destiné à prendre place dans tous les jardins fruitiers.^

Beurré super fin y fruit un peu allongé, haut de 0'",I0 sur 0”*,08'de diamètre dans sa plus grande épaisseur, et plus ou moins tourmenté dans sa périphérie , surtout vers la queue, qui est épaisse, renflée â sa base et longue de 0™,05; peau d’un gris verdâtre, jaunissant a l’époque de la maturité, plus ou moins recouverte de points et de traits roux entrelacés et comme disposés en réseau Le côté ex- posé au soleil est marqué de quelques taches rouges. Chair fine , beurrée, eau abondante , très parfumée et ex- cellente; mûrit vers la fin de sejjtembi e. C’est, comme les deux premiers, un fiuit de piemière qualité.

Biîptisle Dkspoutes,

Membre de la Société iadusti ielle d’Angers.

Fraise Liégeoise.

On lit dans le Journal d Agriculiure pratique de Bruxelles que M. H yacinlhe Haquin, horliculteurâ Liège, aob* tenu eu 1844, dans un semis de Fraisiers (sans eu^ indiquer

(1) si celte Poire est réellemenl fondante et qu’elle conserve toutes ses qualités de novendne en avril, ce sera la plus précieuse des variétés que riiorlicullure ait encore possédées. {Note de la rédaction.)

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la race), une mnîininqiie variété a laquelle il a donné le nom de Fraise Liégeoise. Celle Fraise a la forme <rnne calebasse; elle a, a sa pai lie supérieure, de loiir, et de la base a

l’exlrémilé 0‘“,04. Sa couleur est d’un bel écarlate foncé, ses grains sont d’un jaune d’or,. et sa cbair à l’intérieur est rouge assez foncé; mais ce qui en fait le mérite priiîcipal, c’est l’excellence de sa saveuiM'ineuse , qui u’esi surpassée par aucune des nouvelles variétés anglaises. M. Haqniu assure que sa Fi’aise est plus printanière de huit jours au moins que les plus précoces du marché de la Belgiijue.

M. Haquiu se propose de livi‘er très prochainement celte Fraise au commerce.

Pépin.

Rhododendron arboremn (hybride).

La Revue horticole ( t, V, numéro du juin IS46) a inséré un petit arlicle que nous avait adressé M. Baptiste Desportes, sur la rusticité des Rhododendron arboreum (hybride). Voici une note publiée dans le numéro de juin 1846 du Bulletin de la Société d’hm liculture de l’Au - vergne; elle est due à M. G. Bravy, et vient encore confirmer ce fait.

« Dans un voyage que j’ai fait en Beluique en avril et mai 1 8-45, 'a la suile du désastreux hiver qui avait causé la mort d’un si grand nombre de Rosiers et meme de végétaux ré- putés rustiques, je remarquai que les Rhododendron pon- ticum et maximum avaient liorriblement souffert des atteintes du froid, que le plus grand nombre était complè- tement mort, et que ceux qui avaient survécu étaient entièrement dépouillés|de feuilles. Les Rh, Catawhiense avaient beaucoup mieux résisté; leur feuillage était vert et brillant, quelques boulons a fleurs seulement étaient dé- truits.

«♦Plusieurs horticulteurs de Gand se livrent depuis long- temps aux semis de Rh, arboreum, et obtiennent chaque année des masses de jeunes plants qui offrent des caractères d’hybridité entre leurs mères et les espèces rustiques aux- quelles elles s’allient. Ces hybrides d' arboreum, dont j’ob- servai de très vastes planches de différents âges et qui avaient passé l’hiver sans le moindre abri, témoignaient, par leur feuillage brillant et Pétai de conservation de leurs boutonsâ fleurs, qu’ils avaient bravé sans souffrir les rudes alteinteg

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REVUE HORTICOLE.

(le l’hiver. Et ce n’est pas dans un (établissement seul que j’ai constaté ce fait, mais dans tous ceux que j’ai pu visiter dans ce pays, ils sont si nombreux. De fa l’on est en droit de déduire celte conclusion étrange, mais logique, que quelques hybrides du Rh. arboreum sont plus rustiques que \es Rh. ponticum et maximum^ et aU' tant que le Catawbiense et ses variétés.

<‘.l’ai rapporté une centaine d’assez forts sujets de ces arbrisseaux, qui ont passé ici l’hiver dernier en pleine terre sans souffrir aucunement, ce qui, a la vérité, ne prouve rien cette année. Mais si, comme je n’en doute pas, leur rusticité ne se dément pas, on conçoit quels avantages on retirera, pour l’ornement des jardins, de la culture en pleine terre de ces magnifiques végétaux, dont les fleurs grandes et nombreuses, colorées du rouge brillant au blanc pur en passant par toutes les nuances du rose, sont bien supérieures a celles des Rh. ponticum^ dont les teintes ne varient que du lilas au blanc, et sont loin des dimensions et de l’éclat de leurs nouvelles rivales.

G. Bravy,

Origine du Dahlia Spiridion.

Xous insérons avec plaisir l’intéressante lettre que M. ^b^na Renoud a bien voulu nous adresser au sujet de l’origine de quelques Dahlias qu’il a obtenus de semis et qui se trouvent actuellement en vente chez M. Tortevoie, horticulteur, a La Ferté-Bernard (Sarthe).

« Je m’empresse de satisfaire au désir exprimé par l’auteur du bienveillant article publié dans le dernier nu- méro de la Revue horticole, a propos de mes Dahlias.

« Voici leur origine :

wLa Reine Mah et F anny- Lemaire sont issues de miss Funnel.

« La Fille du peuple provient de Favorite (GirlingV).

« Enfin Spiridion a pour auteur Grenadier (J ickson’sj.

«Ce dernier ayant particulièrement excité ratlention, voici a son &ujet quelques renseignements qui pourront présenter de l’intérêt.

w En 1844, les Dahlias Grenadier et Ruby superh (Gir- ling’s) se trouvèrent renversés l’un sur l’autre par le vent. Dans cette position, leurs fleurs mélangées produisaient un

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effet très agréable ; je les y laissai ; tons deux donnèrent des graines en abondance; je semai, en ^ 845, celles de Grena- dier^ et j’en obtins six variélés a fond jaune, nankin ou orange, trois h fond rose, de nuances différentes, une du même coloris que Ruhy superb^ une semi-double d’un beau rose tendre rubané jaune, et enfin une variété a fond lilas bleuâtre nuancé de rose. Tontes ces variétés, la dernière exceptée, sont, dans ma conviction, le résultat de l’hybrida- tion de Grenadier par Ruhy superh, car la forme de Spi- ndio/i affecte, avec plus de perfection, celle de son père, au- quel il a sans doute aussi emprunté la nuance rose vermil- lonnée qui ombre son foiid orange. »>

NumaRENouD.

Nous sommes persuadés qu’en suscitant, comme nous Pavons fait, certaines questions, nos habiles horticulteurs français pourront contribuer à rendre de grands services h l’étude raisonnée de la physiologie. Déjà ils lui ont fourni d’utiles documents et des exemples propres à corroborer ou à renverser certains principes trop exclusivement admis. Les savants, de leur côté, ont largement concouru a préciser un grand nombre de pratiques vagues et incertaines ac- ceptées par les horticulteurs. Chacun, comme on le voit, doit s’entre-aider. Les horticulteurs peuvent rendre d’émi- nenls services a la physiologie et éclairer en même lempsleur propre science, en dirigeant leurs travaux d’après des prin- cipes rigoureux dans l’observation des faits. La queslion des hybrides qui occupe actuellement riiorticuKure est de ce nombre. Ainsi nous nous contenterons aujourd'hui d’une première remarque. C’est que tant qu’un genre n’est re- présenté dans nos cultures que par une seule espèce, celte espèce, bien que soumise a des conditions fort (lirférentes de culture, et cela depuis des siècles, ne varie point; par exemple, le Yiolier (Cheiranlhus Cheiri), a l’élat sauvage, présente des fleurs dont les teintes varient du jaune pur au jaune mêlé de violet. Ici la culture n’a fait qu’élendie rune de ces nuances, et je ne sache pas que les jardiniers aient rencontré de Violier â fleurs blanches ou roses. Mais k côté du Cheiranlhus, représenté par une seule espèce, nous avons la Quarantaine {Maiihiola incana), qui fait partie d’un genre dans lequel on trouve des espèces spon- tanées a fleurs blanches, roses et brunes. Eh bien ! les semis de la Quarantaine ordinaire ont produit des variétés a

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fl(Mirs bl.inches. roses ei. brunes, empruntées, pour ainsi (lire, nux espèces S!Hiv;i'j:es.

Il eu a clé de même a ré?;nrd du Fuchsia; les va- riétés se sont mu lli pliées du moment oii d’autres es- pèci's se sont jointes dans nos cultures a rancienne espèce, je Fuchsia roccihca. Il y a la, comme on le voit, toute une série de recirerclies a emrepiendre. et les borticult<’urs soiiiuenx (‘I intelliüieuts penvnmt contribuer a éclairer ces qmslions encore bu t obscures d(^ l’origine des races ou des variétés que l’on confond souvent avec les véritables hy- brides, J. D.

Culture des Ananas,

Lorsque les œilletons d’Ananas sont détachés, il faut les planter 'a nu dans des [)ots de 0"\1I, d’afirès leur force, et les placer près du verre, sur une couche dont la chaleur ne soit pas moindre de 57 degrés. Ils seront soignés comme les bontun's jus({u’à la reprise, laquelle faite, on pourra commencer a leur donner de l’air, suivant le temps. On évitera les coups de soleil en ombrant. Les œil- letons bien repris et ayant poussé seront r(‘mpolés, suivant leur «irossenr, successivement dans des pots de ü“,2l, 0‘“,*24 et 0'^,27, dans lescpiels ils devront donner leurs fruits: la chaleur de la couche pour les recevoir après le rempotage sera comme pour les œilletons, et on placera trois plantes par panneau det“‘,28 juscju’a leur entier dévelop()ement ; alors seubunenl (ui n’eu mettra plus que deux par pamieau. Quant a leur distance des vitraux, il fatit se conformer a la coustnicîion des serres, ce qui, du reste, n’influe en rien sur la réussite des fruits; car j’ai obtenu les memes résultats près et loin du verre.

Les Ananas s’arrosent comme les plantes de serre chaude qui sont sur couches; on [>eul les bassiner souvent dans les chaleurs

augmentera ou on diminuera l’air suivanl le temps : la chaleur intérieure sera celle des serres chaudes, plutôt plus (pie moins. Sous le climat de Paris, les Ananas m(‘llent régulien'ment de diuix ans 'a trente mois pour donner leurs fruits; il est très probable que, dans le midi de la France, ce temps sera abrégé de six mois, eu égard a la chaleur, qui y est de plus l(»ngue durée.

J’ajoute que la grosseur des Ananas provient unique-

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ment de riiiimidilé et de la chaleur, ce qui est en opposi- tion avec raucienne méthode, il fallait à peine do riiuinidilé; c’est en y pensant un peu sérieusement que je me suis dit : Mais, dans la famille des Broméliacées ter- restres, je n’en connais aucune qui craiîme l’humidité; ceci peut enhardir quelques cultivateurs d’Ananas qui craignent souvent de jeter une goutte d’eau dans le cœur de ieui*s plantes. En hiver, lorsqu’il n’y a point d’absorption, l’hu- midité est souvent dangereuse; mais en été, il n’y a aucun danger. Gabriel Pelvilaiiv.

Quelques mois au sujet de la Vigne Isabelle.

Depuis un petit nombre d’années, quelques horticulteurs s’adonnent à la culture des vignes exoticpies dont plusieurs sont d’origine américaine. Parmi ces dernières, il en est une qui semble devoir fixer particulièrement l’attention, tout à la fois comme plante a fruits et comme plante d’or- nement; c’est celle qu’on désigne communément cliez nous sous le nom (\GVigne Isabelle^ en Allemagne sous le nom de Raisin d' Ischia. D’après M. Vibert, d’Angers, ce serait a tort qu’on lui aurait donné le nom de Vigne Isabelle; elle n’en serait qu’une hybride désignée par les Américains^ sous le nom d' Alexander ^ et dont la véritable Isabelle se- rait fort distincte.

Quoi qu’il en soit du nom qu’il faut donner a la plante, toujours est-il qu’on en pourrait tirer un grand parti pour les jardins, et il paraît qu’en Allemagne elle commence à être justement appréciée. C’est M. Otto, directeur du Jar- din botanique de Berlin, qui en a entretenu le premier le public horticole en Prusse. 11 la représente comme une liane bien supérieure aux Aristoloches et autres plantes grimpantes, tant a cause de la beauté de son feuillage et de la facilité avec laquelle elle se prête a recouvrir les murs, les treillis et les berceaux de verdure qu’à cause de la rapidité extraordinaire avec laquelle elle croît. Pour en donner une idée exacte, nous extrairons quelques pas- sages d’un journal d’horticulture publié à Zurich* sous la direction d’un professeur de bolanique de cette ville,

« Les sarments de la Vigne Isabelle, dit ce journal, altoi- gnenl ordinairement dans l’année une longueur de 5 a

(1) Schweilzerische Zeitschrift fit r Gartenhau,

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6 mètres, et les feuilles bien développées ont 0*^\50 de long et une largeur encore plus considérable. Elles sont dHiii beau vert a la face supérieure et couvertes eu dessous d’un feutre blanc de poils tins qui ajoute singulièrement k Teffet qu’elles produisent dans les massifs, surtout lors- qu’elles sont agitées par le vent.

« Aucune plante ne convient mieux que celle-ci pour les décorations de parterre, pour grimper aux arbres, re- couvrir des tonnelles ou des murs dont la nudité déparerait un jardin, et ce but est bientôt atteint a raison de la ra- pidité de son développement et de la grandeur de ses feuilles.

« Mais ce n’est pas seulement comme plante d’ornement que la Vigne Isabelle promet de rendre des services, c’est aussi comme arbre fruitier, et peut-être meme un jour tirera- t-on parti, pour la préparation du vin, du raisin qu’elle produit en quantité vraiment extraordinaire. Sans doute ce raisin-, employé seul, ne donnerait pas un vin assez al- coolique ni propre à se conserver longtemps, mais on pour- rait, en le mêlant en proportion convenable au raisin or- dinaire, s’en servir pour communiquer au vin l’arôme particulier dont il est doué. 11 pourrait aussi servir avan- tageusement k la coloration de cette boisson, car il est beaucoup plus riche en matières colorantes que les diver- ses variétés de raisins noirs employés dans ce but, et de plus il a l’avantage d’être complètement dépourvu de l’aci- dité qui trop souvent existe dans ces derniers.

Enfin ce raisin peut très bien être servi comme fruit de table ; sa saveur douce est relevée d’un goût épicé particu- lier que beaucoup de personnes trouvent agréable, quoiqu’il ne plaise pas k tout le monde. C’est un fruit qui fait un bon effet sur une table par la belle teinte de ses grains d’un bleu noir couverts d’une fine poussière blanche qui en adou- cit la nuance. Ces grains sont d’une bonne grosseur quand ils ont été produits par une vieille vigne ; mais ils n’ont qu’une grosseur moyenne quand ils ont été fournis par de jeunes pieds. Enfin ce qui achève de recommander ce raisin, c’est sa facile conservation, qui permet d’en garder jusqu’au mois de mars.

Voici un exemple qui donnera une idée de la prodi- gieuse activité de sa végétation. En i845, M. Frœbel, de Zurich, en planta une marcotte, munie d’un seul œil, au pied d’un mur. L’année dernière sa vigne couvrait complé-

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tementune surface de 5”',50 de long sur 2»\50 do liauteur, et portait 46 grappes; les extrémités de scs rainiücalions s’élevaient de l“,50 a 2^ au-dessus du mur. Il espère que lorsqu’il aura arreté cette producliors exubérante de bois, il récoltera des centaines de grappes sur ce seul pied.

« Les jardiniers et les botanistes, ajoute le meme jour- nal, ne s’accordent pas sur la patrie de cette vigne. Les pieds qui en existent dans ce pays proviennent de celui que feu M. Sclîulthesz a reçu d’Italie, U y a déjà bien des années, sous le nom de Vigne d’Ischia. M. Frœbel s’eiî est aussi procuré des cultures de Bolwiüer, en Alsace, elle est désignée sous le nom de Vigne Isabelle. Aujourd’iuii on en possède a Zurich et aux environs des miiîiers de pieds.

M. Otto, de Berlin, fait remarquer que les échantillons qu’on cultive dans le Jardin botanique de cette ville proviennent de semences envoyées du Jardin de Ne^Y-York , et il lui paraît incertain si cette plante est une espèce indi- gène du nord de l’Amérique ou seulement une race d’Es- {)agne transportée au Mexique, d’où elle aurait passé aux États-Unis pour revenir en Europe. Ce qui semblerait militer en faveur de la première opinion, c’est que les Normands qui, entre le et le XIV® siècle, découvrirent la côte qui, aujourd’hui, fait partie des Etats-Unis, probablement dans la région la ville de Boston a été bâtie quelques siècles plus tard, nommèrent ce pays Wieland, qui, dans l’an- cienne langue des Danois, a la meme signilicatiou que le mot allemand Weinland (piivs du vin), et cela, dit une vieille tradition, parce qu’ils y trouvèrent beaucoup de raisins '. Naüdün.

Des différentes manières de cultiver les Asperges,

Nous publions cette notice, non pour éclairer les horti- culteurs français, mais pour leur apprendre comment nos voisins les Allemands cultivent l’Asperge; c’est en connais- sant les avantages et les inconvénients des pratiques hor- ticoles en usage dans d’autres pays qu’un horticulteur intelligent arrive souvent â perfectionner les sieiuîcs.

I.a Revue horticole du Palatinat (Pfaelzische Garteu-

(1) Il y a vingt ans environ que la vigne en queslion est an ivé à Pa- ris, où elle a reçu le nom de Raisin^casslsj à cause de la ressemblance entre le goût de ce Raisin et celui de noire cassis ; et comme ce goût plait à ])cu de pers^^nnes , !a culture de celle vigne n’a pris aucune extension à Pairs. [Na/c de la rédaction.)

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zei(iin^) conlient la description de plnsienrs méthodes pouv cultiver les Asperges; nous en retrancherons tous les détails inutiles on trop connus.

La bonne qualité des semences étant une condition essen* tielle pour produire de bonnes plantes, on choisit des graines d’Asperges provenant d’une belle variété et pro- duites par des plants âgés d'au moins quatre ans. Après les avoir nettoyées, on prépare le terrain pour les recevoir, on trace ensuite au cordeau des lignes distantes les unes des autres de 0'",25, et on enfouit, dans chacune de ces lignes, de quinze en quinze centimètres et à la profondeur du doigt, deux graines. Cela se fait an printemps. Remarque- t-on en été que les deux graines ont germé, on arrache le plus faible des deux plants, aûn que l’autre puisse prendre plus de développement Le plant ainsi isolé reste à sa place dans la pépinière jusqu’au printemps suivant, il est transplanté dans la planche destinée a la culture des As- perges. Lors de cette transplantation il faut prendre garde de ne pas blesser les racines, et dans ce but on les soulève avec une fourche ou une bêche â trois dents. On trie les griffes et on ne fait usage que des meilleures.

Voici comment on prépare les planches qui doivent rece- voir ces plants âgés d’un an. L’automne d’avant on les dé- fonce dans toute leur longmmr, quelle qu’elle soit, sur une largeur de 1“, 55 et une profondeur de 0“,6(>; le terreau supérieur est déposé a côté de la planche, et la terre infé- rieure, qui est mauvaise, est transportée ailleurs. Le fond de cette fosse est ameubli et la terre elle-même reste ouverte pendant tout Thiver. Au printemps, dès que le froid est passé et la terre ressuyée, on divise la planche ainsi creusée dans le sens seront plantées les Asperges. Dans ce but on trace au cordeau trois lignes dans la direction de la longueur de la planche, dont les deux lignes extérieures sont éloignées d’environ 0™, I6 a 0“,I8 des bords de îa planche qui a 1™,55 de largeur. On plante ensuite des pi- quets en échiquier sur ces lignes, à la distance de 0'",80, pour indiquer les endroits seront mises les racines. Les places ainsi man|uées,on commence par jeter de la bonne terre dans le fossé, dont on couvre le fond a une hauteur de à 0™,I7, en ayant soin de former une petite

éminence autour de chaque piquet. On retire les piquets elon dispose les racines de telle sorte que le cœur soit posé sur le centre de l’éminence et les doigi$ étendus en rayons

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tout autour. Après avoir achevé ce travail avec tout le soin possible, on couvre les racines en coiublanl le fossé jusqu’à 0“*,55 au-dessous du niveau du sol. La superficie de fa plancliedoitétre aplanie et ensuite arrosée avec abondance, tant pour favoriser la reprise des plants que pour faire tasser la terre. Le travail de l’été consiste seulement à dé- truire les mauvaises herbes qui pourraient pousser.

L’automne suivant on recouvre la planche d’une nou- velle couche de a 0*«,I8 de terre légère, mélée

avec du fumier, et on répète cette opérati< n l’automne de Tannée suivante, de sorte que le fossé est comblé à la fm de la troisième année a compter de Tensemencement. On fait bien d’attendre encore une année avant de cueillir les Asperges pour la consommation; ces plantes n’en acquer- ront que plus de vigueur et pourront être exploitées pon- dant plus de vingt ans.

Fn Allemagne, Ton préfère les Asperges toutes blan- ches, on les coupe dès que la pointe perce le sol; on se sert pour cela d’un couteau à longue lame que Ton en- fonce à 0™,2.5 sans crainte de blesser les griffes qui sont enterrées 'a une profondeur de 0™,55 environ. Cependant dans les premières années, pour ne pas épuiser trop tôt la souche, on laisse venir à jour une ou deux tiges par plante * les pousses qui ont porté des graines sont coupées en au- tomne, et la planche couverte de 0™,05 à de fu-

mier.

felle est la méthode la plus usitée pour cultiver les A*^- pergesen Allemagne; voici les modificalions les plus impor- tantes qu’on apporte à cette culture. En Angleterre depuis quelque temps on ne cultive plus les Asperges en plan- ches, mais en lignes espacées de ^™,^5'a l"',55. L’avantage de cette méthode consiste a pouvoir rapprocher le fumier des racines, en creusant entre les lignes, et d’éviter, dii- on, la gangrène qui attaque quelquefois les Asperges cul- tivées par la méthode que nous venons de décrire plus haut. Par le même motif, on exécute la plantation en juillet au lieu de la faire au printemps.

Une autre méthode, adoptée à Tégard des planches, con- siste à défoncer le sol moins profondément, à déposer le fu- mier plus près des racines, et enfin à entourer les rayons de voliges pour en exhausser le niveau jusqiTa ce que les griffes soient recouvertes d’une couche de terre de 0™,55. On préviendrait par ce moyen la pourriture des racines.

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général, plus le sol sera ameubli, profond et fertile, "plus on espacera les plantes, plus la récolte des Asperges seia abondante et durable.

Comme les plants d’Âsperges occupent beaucoup de place, on peut suivre aussi le procédé suivant. On plante des griffes isolées au milieu des planches ou carreaux des- tinés a produire toutes sortes de légumes, sauf les pois, ha- ricots et antres plantes hautes et encombrantes. Le terrain est préparé à peu près de la manière indicpiée précédem- ment, et l’endroit de la plantation marqué par un petit pi- quet. On cultive tout a l’entour, et plus il sera possible de fumer, mieux cela vaudra, pourvu qu^)n fume au moins une fois tous les deux ans. De cette manière, les Asperges ne prendront pour ainsi dire point de place et pourront être cultivées même par ceux qui n’auraient pas pu laisser une parcelle de leur jardin sans produit pendant trois ou quatre ans. Block.

Traité complet de la culture naturelle et artificielle de

V Asperge^ par M. Loisel, jardinier. Prix : \ fr. 50.

Nous annoncions dernièrement aux lecteurs de la Revue horticole la seconde édition du Traité de la taille du Pê- cher, de M. Lepère, comme étant essentiellement l’œuvre d’un praticien; voici encore un tout petit livre qui se re- commande au même titre. L’auteur, M. Loisel, est un de ces modestes et laborieux jardiniers comme il s’en trouve ça et chez les riches propriétaires, et qui, pour devoir pres- que toute leur science horticole b leurs propres observa- tions, n’en sont ni moins habiles ni moins apîes a donnœr d’utiles conseils a ceux qui débutent dans la carrière.

Parmi nos cultures potagères, celle de l’Asperge occupe sans contredit un des premiers rangs. Il est bien peu de jardins qui n’en contiennent quelques planches, et, dans plusieurs de nos départements septentrionaux, la produc- tion de ce légume est l’objet d’une spécialité importante. Quand on voit les beaux résultats de cette culture dans nos environs, et surtout les remarquables résultats qu’obtien- nent les maraîchers de Paris dans la culture forcée de cette plante, on pourrait douter qu’il fût possible de perfection- ner les procédés en usage. D’après M. Loisel, toutefois, il y aurait encore bien des améliorations b y faire, et ce qui semblerait le prouver, si du moins il n’y a pas un peu

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d^exagération dans ce qu’il rapporte, c’est la grosseur ex- traordinaire de ce qu’il appelle ses Asperges monstres^ qui mesureraient de 0™,08 à 0*»,10 de circonférence. Nous avons vu souvent de belles Asperges sur les marchés de Paris; il ne nous est jamais arrivé d’en renconlrer d’aussi volumineuses.

On conçoit bien, du reste, que des Asperges de cette di- mension sont un produit tout à fait artificiel ; aussi, pour les obtenir, M. Loisel a-t-il recours aux précautions les plus minutieuses. Il n’abandonne rien au hasard, et il fait voir dans son Traité comment, pour avoir négligé des dé- tails qui semblaient sans importance , on arrive a ne ré- colter que des produits ordinaires. Ces précautions de dé- tail commencent dès le début de la culture. Ainsi, selon lui, il y a un choix a faire dans les graines qu’on destine au semis; il y a une manière de les préparer, a plus forte raison de les semer. Dans le semis lui- même, tout n’est pas également bon : l’Age auquel le jeune plant doit être mis en place, la préparation du terrain qui doit le recevoir, tous les soins ultérieurs a lui donner, sont des considéra- tions trop capitales pour que notre auteur n’entre pas a leur sujet dans des explications minutieusement détaillées.

Entre autres questions qu’il se pose, en voici une sur laquelle il appelle l’attention spéciale du lecteur : faut-il semer l’Asperge en place et a demeure, ou bien doit-on la semer sur couche pour la transplanter plus tard? Malgré l’autorité de nombre de jardiniers qui sèment en place, M. Loisel adopte la méthode opposée. La principale raison qu’il en donne, c’est qu’il est important de choisir les griffes dont on veut former les planches ; et, pour cela, il faut les arracher, afin juger de leur développement. €’est la, sans contredit, une excellente méliiode qu’on de- vrait employer toutes les fois qu’elle est praticable, c’est- à-dire lorsqu’on opère dans un jardin proprement dit et sur des planches d’une étendue moyenne ; mais il est évi- dent qu’un pareil triage deviendrait fort long et fort dis- pendieux si l’on avait à planter de vastes surfaces, comme on le fait dans beaucoup d’endroils oii on se conlenle, sans inconvénient, d’Asperges d’une grosseur ordinaire, qui, après tout, sont aussi bonnes qîie les Asperges monstres de notre auteur.

Le Traité que nous analysons ne pouvait faire autrement que de parler do la culture forcée de l’Asperge, si usitée et

ùôA

REVUE HORTICOLE.

si bien pratiquée par nos maraîchers, aujourd’hui quV'ii fait de jardinage on veut, a tout prix, intervertir Tordre de la nature et livrer aux consommateurs, au mois de janvier, des produits qui ne devaient mûrir qu’eu juin ou juillet. Celle partie de son livre ne nous semble rien avancer de nouveau ; ce sont simplement les procédés connus de tous ceux qui s’occupent de celle sorte de culture. Pour être juste, nous devons dire que l’auteur avoue ici ne pas écrire pour les vieux praticiens qui peuvent, ajoute-t-il, en savoir autant que lui sur ce chapitre; il n’en parle que f>our que son Traité soit complet, et pour que celui qui voudra s’ini- tier à la culture de l’Asperge y trouve tout ce qu’il pourrait désirer savoir.

Il termine son opuscule par quelques considérations ac- cessoires qui ne sont pas sans utilité, comme, par exemple, l’achat des griffes d’Asperges, quand on ne peut pas faire soi-même les semis; leur emballage, leur transport. Le mieux sans doute serait de ne recourir à personne, mais cela n’est pas toujours possible, et il est bon alors d’être renseigné sur les qualités de la <lenrée que l’on achète. Si on était en état d’en juger, on ne serait pas trompé aussi souvent.

Nous avons dit au commencement de cet article que le livre de i\I. Loisel était fort court : il ne renferme en effet guère plus d’une centaine de pages. Toutefois son auteur aurait pu l’abréger encore, et Touvrage n’y aurait rien perdu. Il insiste trop sur des détails d’une utilité contes- table et s’abandonne trop aisément à des répétitions qui allongent le texte sans rien apprendre de nouveau. On sent que l’auteur s’est exagéré les difticullés d’une culture qu’il possède sans doute parfaitement, mais que d’autres prati- quent aussi avec le plus grand succès. Malgré ces petits défauts, nous croyons que ce livre sera lu avec fruit, sur- tout par les jardiniers peu au fait de la culture de l’As- perge. Il y a du reste toujours a apprendre avec un homme qui compte trente ans de pratique. Il serait a désirer que tous ceux qui, comme M. Loisel, se livrent depuis plu- sieurs années a une spécialité, voulussent bien faire part au public du fruit de leur expérience ; mais qu’ils le fassent aussi brièvement que possible et dans la mesure de l’im- portance de leur sujet : le public leur en aura une double obligation.

Naudin.

REVUE HORTICOLE.

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Du degré de" chaleur que peut prendre la tannée dam les serres.

Au mois (le novembre dernier, je levai mes Ananas de pleine terre, et, les divisant ei] deux parlies, j’en mis la moitié sur une eoiicbe de tannée placée snr des planches etchaiiffée , par ini thermosiphon avec ^onltière, sons les planches; je plaçai Tanlre moitié snr une couche en fumier, et l’inléiienr de la serre fut chauffé avec la fumée passant , dans des tuyaux en terre , snr le devant de la couche, d’après le système de chauffage ordinaire.

Les premiers ne tardèrent pas a produire des racines et a se mettre en végétation, tandis que ceux plantés sur la couche en fumier furent le double de temps ; le 7 jan- vier suivant, les premiers avaient augmenté d’un tiers de grosseur, tandis que les antres étaient encore, ou a peu de chose près, ce qu’ils étaient quand je les ai arrachés.

Dans le numéro d’août, des Annales de la Société d' Horticulture , IVf. Delair, jardinier en chef du jardin botanique d’Orléans, assurait qu’on ne pouvait faire monter la chaleur dans la tannée, avec le thermosipbon, à plus de pendant que la superficie resterait

froide. Je puis assurer par expérience que, dans une épais- seur de tannée de 0™. I68, sur un plancher de sapin , la totalité s’est échauffée a deux degrés de différence près. Je donne très facilement, dans la tannée, 56 degrés cent. La bâche a 7“', 50 c. de longnenrsnr 2 mètres de largetir ; l’intérieur de la serre, qui a 5"\50 de large, est chauffé par la fumée du fourneau de la cbandière, qui a été utilisée au moyen d’une clef fermant le tuyau droit qui est sur le fourneau et laisse, à volonté, passer la fumée dans un tuyau en terre placé, sur la couche, le long du mur dedevanl.

J’avais craint, en employant ce système de chauffage, que la vapeur de l’eau chaude cpii circule sous le plancher ne donnât de l'humidité à la tannée ; l’expérience, à mon grand étonnement, m’a prouvé le contraire ; car je n’ai pas remarqué que la tannée fût plus humide que celle chauffée par le fumier.

Je suis fâché d’être en contradiction avec un homme aussi habile que M. Delair ; mais, bien convaincu, par mon expérience, (les avantages du chauffage par le ihermosi- phon à gouttière au lieu de fumier, j’ai cru devoir rendre compte des résultats que j’ai obtenus. L. Froment.

REVLE riOHTICOLE.

Sur lOxalis crenata,

r^a Revue horticole a déjà entretenu ses lecteurs de VOxa- lis crenata ^ et des avantages que présente ce nouvel aliment; sans admettre, on le comprend, tous ceux que signale notre correspondant, nous croyons cependant utile de fixer de nou- veau l’attention sur cette plante intéressante et sur les ressour- ces qu’elle semble pouvoir offrir un jour a l’agriculture. Les essais de culture de cette plante ont surtout chance de réus- sir dans les terres douces et fraîches et les climats fau- tomne est humide et prolongé ; ces essais acquièrent un intérêt nouveau, aujourd’hui que la maladie des pommes de terre ramène l’attention sur les plantes qui peuvent fournir des produits amilacés.

Voici ce que nous écrit M. de Bellemaia :

«Depuis dix ans je me suis occupé de la culture de VOxalis crenata^ et me suis appliqué à la recherche de toutes les propriétés de cette plante précieuse.

« J’ai reconnu :

«Que toute la plante est salutaire, rafraîchissante et anti- fébrile, sous quelque forme culinaire qu’on l’emploie ;

«Quelacultureen peut être pratiquée dans toutes 'es ré- gions de la France , a toutes les expositions, dans tous les sols, excepté les terrains argileux , compactes , imperméa- bles et pierreux ;

«‘Que la plante herbacée, tiges et feuilles, arrivée a son degré de maturité, donne un suc abondant (400 hectolitres à l’hectare) qui , préparé , procure une boisson agréable remplaçant le cidre et la bière, et se conservant indéfini- ment et sans altération, dans les barriques;

« Que ce suc , dans sa pureté , conserve les viandes fraî- ches dans les chaleurs de l’été pendant des mois entiers ;

«Qu’on en retire un extrait qui remplace le jus de citron pour les limonades et boissons analogues ;

« Que le tubercule de VOxalis crenata se prête admira- blement a la panification en mélange par moitié avec les farines de céréales, et donne un pain léger d’un goût agréa- ble, de facile digestion, et nourrissant à l’égal du froment ;

«Qu’a terrain égal l’Oxalis produit le double du rroment en substances nutritives ;

(1) Voir la Revue horticole^ t. V, p. 135 (u* du 15 août 1846).

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nr>7

“Que les tiges de cette plante sont annucilcs et qu’elle n’est sujette à aucune des chances désastreuses qui frappent si souvent les autres cultures, qu’elle supporte également l’excès d’humidité et l’excès de sécheresse, et donne tou- jours des produits abondants;

« Que la production moYenne est de cinquante kilogram- mes de tubercules panifiables et de quatre cents litres de boisson par are;

« Enûn, que le mode de culture, les procédés de mani- pulation et de fabrication des produits sont simples et fa- ciles, et à la portée de toutes les intelligences agricoles.

«En présence de tels avantages, en présence de la mala- die des pommes de terre qui laisse un grand vide dans la masse des subsistances, il serait utile, urgent meme pour combler ce vide, de préconiser la culture de VOxalis cre- nata , et de propager rapidement l’espèce sur tous les points de la France, et plus particulièrement autour des grands centres de population.

«A cet effet, il faudrait créer une Société pour l’exploita- tion d’une propriété affectée principalement a la culture de VOxalis crenata et a l’application des procédés de ma- nipulation, afin de répandre partout cette heureuse dé- couverte, dont je ferais connaître tous les détails aux so- ciétaires bailleurs de fonds.

«J’estime qu’un capital de50,000 francs, divisé en cent actions de 500 francs chacune , suffirait pour une exploi- tation d’un domaine de quarante hectares, , imiépen- damment de VOxalis^ toutes les autres branches d’agri- culture seraient pratiquées et feraient partie de l’assole- ment avec d’autant plus de succès qu’aucune plante ne prépare mieux la terre destinée aux céréales.

«Veuillez, monsieur, publier ces détails; ce sera une œu- vre méritoire, car il est du devoir de tous les honnêtes gens de concourir à ce qui peut être utile a la société, et particu- lièrement aux classes pauvres dont les privations diminue- raient a mesure que cette culture s’étendrait. »»

De Bellemain.

Destruction êes Fourmis.

Depuis* quelques années, la Société d’agriculture de Pa- ris encourage avec beaucoup de persévérance l’étude des insectes nuisibles; elle a décerné dernièrement une ré-

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compense a M. Blisson, qni vient de découvrir un procédé très simple pour la deslniclion des fourmis. Si ces liymé- noptères sont peu redoutables a rajiricullure, ils sont assu- rément (rès fâeluMix lorsqu’ils pénètrent dans les apparte- ments, et deviennent le désespoir des horticulteurs cheîr lesquels ils font éleciiou de domicile; on a beau les tour- ment<u* de mille manières, détruire leurs galeries, les inonder, les incendier, rien ne fait déguerpir ces hôtes obstinés; ils s(> glissmit dans les pots végètent des plantes précieuses, et les inlVclent d’un acide mortel ; ils escaladent les espaliers, les treilles, les plein-vent, pour entamer et salir les pins beaux fruits; ils minent le sol au pied des fleurs et des arbustes de pleine terre, et les font périr; ils envahissent h‘S couches, les bâches, les serres, sans que Ton puisse les en chasser. M lintenant on le pourra, si l’on veut suivre le procédé indiqué par M. Blisson.

Les fourmis les plus dangereuses, et surtout les fourmis noires, se logent habituellement dans la terre; elles arri- vent a leur habitation par des chemins couverts et bien entretenus, ii l’épreuve de la pluie et du pied de Thomme. Au fond de leur retraite sont déposés les œufs et b‘s larves destinés a entretenir et meme 'a accroître la population de la colonie. Elles choisissent ordinairement des positions chaudes et sèches : lorsqu’elles ont le bonheur de rencon- trer une planche, une pierre, un pot renversé, elles vien- nent aussitôt placer leur nid sous cet abri. C’est le suprême degré du confortable pour une fourmilière. Par les beaui jours de l’été, de midi à trois heures, les mâles et les fe- melles viennent prendre leurs ébals voluptueux sous ce toit protecteur, et les ouvrières y transportent les larves pour les faire jouir du bienfait de la chaleur conceiPrée, Rien ne manque à la prospérité de la famille; son bonheur est assuré : voyez comme cette bande est joyeuse ! quelle activité au travail cl a la re[)roduction ! Mais ce qui fait leur sécurité doit les perdre aussitôt qu’un observateur intelligent passera par la. C’est ce que M. Blisson a parfai- tement démontré.

Veut-on se défaire d’une fourmilière importune? il faut se hâter de lui procurer un abri ; une cloche en terre, par exemple, ou tout simplement un pot a fleurs : les fourmis s’y installeront, certainement. Lorsque le soleil darde ses rayons dans toute leur force, alors que les larves, tirées du fond des galeries, sont montées par les ouvrières à la partie

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SLipcrioarecie l’iiabilation, on soulève siibilement la cloche; cFun seul coup (Je pelle on rassemble tout h la lois les mâ- les, les remelleset les larves (pie l’oiu'crase sans piiié,on que Fon noie (ce qui est plus sûr) dans un seau d’ean bouillante, d’où pas un ne peut échapper. Si l’expédition est conduite avec un peu de sauji froid et beaucoup de preslesse, l’exis- teuce de la fourmilière est déjà bien compromise. Cepen- dant on replace la cloche, et les incorrigibles fourmis re- commencent leur manège avec confiance; deux ou trois jours de repos suffisent pour que l’on puisse tenter avec fruit une nouvelle razzia ; et Fou continue jusqu’à ce que la guerre cesse faute d’ennemis.

«11 m’est arrivé plusieurs fois, dit Fauteur du procédé, de faire sorlir consécutivement d’une meme founnilière établie dans une allée et indiquée seulenumt par quelques trous, un si grand nombre de fourmis, que l’iniéricur de la cloche en était tout noir, et, en meme temps, une si grande quantité de nymphes, que le fond d’une assiette en eût été couvert sur plus de 0*’^,004 d’épaisseur. Il est impossible, je crois, d obtenir un imulleur et un plus facile résultat, puisque Fon détruit en même temps la génération présente et la génération future. »♦

Quant â la fourmi qui s’introduit dans les maisons, dans les boiseries, dans les meubles, et qui fait sou- vent son nid dans les murs décré[)its ou dans les vieux troncs d’arbres, M. Biisson conseille de placer auprès de son logement un tronçon de boisa moitié pourri, creux dans l’intérieur ou couvert d’écorce a moitié détachée. Les fourmis, alléchées par du miel ou du sucre, transpor- teront leurs pénates dans ce domicile trompeur, et, lors- qu’elles y serout établies, le feu ou l’eau bouillante en fera justice. Élizée Lefèvre.

Extrait des catalogues d'automne.

M. Victor Verdier, si connu poui* sa belle culture de Rosiers, située a la gare d’Ivry, près Paris, nous adresse son catalogue pour 4 846 et 1847. Cette culture est la j)rincipale de l’établissement; on y voit toutes les no ivelies variétés que nous avons décrites dans cette Revue ^ mais on y trouve aussi de belles collections de l^ivoines en arbres et herba- cées, des plantes vivaces, cl idusieurs arbres et arbustes nouveaux.

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o\0

^'ous avons reçu de l’établissement horticole d’Anno- nay (Ardèche) les catalogues de tous les végétaux cultivés par les soins de MM. Jacqueniet-Bonnefont, père et fils. Ces catalogues sont spéciaux pour chaque genre de culture ei accompagnés d’annotations intéressantes. On y trouve une collection de graines de toutes espèces pour la grai^do et la petite culture, les arbres et arbustes d’ornement, arbres fruitiers, forestiers; collection de mûriers, ainsi que de riches collections de plantes de serre chaude, tempérée, d'orangerie et de pleine terre.

M. Cartier fils, horticulteur à Roye (Somme), connu par sa spécialité pour la culture des Fuchsia , nous envoie son catalogue des espèces et variétés de ce beau genre, dont la nomenclature est de cent cinquante variétés. M. Cartier nous annonce aussi qu’il a trouvé dans un jardin, aux environs de sou établissement, une variété de grosse Girofiéc (Matthiola incana] , remarquable par les di- mensions de ses fleurs. Il a trouvé parmi les pieds à fleurs doubles deux individus a fleurs simples : il se propose d’en envoyer un paquet de cinquante graines aux personnes qui lui en feront la demande par lettres affranchies.

M. Ch. Iluber, horticulteur a Hyères (Var), nous écrit qu’il a rapporté du Jardin des Plantes de Heidelberg des graines d'Alyssum WierzbickU qui ont par ses soins très bien levé. Il cultive dans son établissement des plantes dont les giaines ne mûrissent que difficilement ailleurs, telles que les Pervenches rose et blanche, la Sensitive, Co- bœa, Jpomopsis, Jpomœa^ Dauhenlonîa, Poinciana^ et l)eaucoup d’autres qui sont pour les horticulteuri du nord et du centre de la France d’une grande ressource, attendu qu’il serait difficile de se les procurer ailleurs.

M. Mathieu Veillas, dont l’établissement est situé à la Croix-d’Arcueil , route d’Orléans , 2 , a Arcueil , près Pa- ris, nous adresse le catalogue de sa culture spéciale de Rosiers d’élite. Cet horticulteur a obtenu dans ses semis quatre nouvelles variétés qu’il ne mettra dans le commerce que l’an prochain : ce sont :

Abbé üelaunay (Ile Bourbon); Abbé Joliclerc , idem; Albertini de Béthune (hybride remontante); Comte d'Imè- court , idem.

PÉPJN.

L

Bigarreaux: MouslrueuK de Mézel.

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Cerisier Bigarreau monstrueux de Mezel (fig. 4 8),

Celte magnifique variété a été découverte a Mezel, vil- lage de la Limagne, situé h peu de distance de Clermont- Ferrand (Puy-de-Dôme). L’historique et la description de ce nouveau fruit ont été présentés le 5 juillet à la Société d’horticulture de l’Auvergne dans un rapport de M. H. Le- coq, vice-président de cette Société; nous en transcrivons ici la partie qui concerne cet arbre :

« Notre honorable collègue, M. Ligier de la Prade, nous avait entretenus quelquefois d’une Cerise nouvelle qu’il avait remarquée dans sa propriété de Mezel. Voulant, cette année, être fixé sur les qualités de ce fruit et sur son ori- gine, M Ligier pria la Société de lui envoyer une commis- sion, et MM. Carlier, Bravy et Martial de Champflour furent délégués pour aller sur les lieux constater le mérite de cette nouveauté. Un avis de M. Ligier annonça la maturité pour le 4 8 juin, et la commission s’empressa de répondre à son appel. Une dame de la Société d’horticulture voulu! bien s’adjoindre a nous pour goûter et apprécier le nou- veau fruit dont elle vous offrira le portrait tidèle, fînemenJ et richement colorié. A dix heures du matin, nous étions, les uns dessous, les autres dessus le Cerisier situé dans une vigne peu éloignée de l’élégant château que fait construire

M. Ligier.

« Les fruits étaient nombreux, et, comme cela arrive souvent dans la section des Bigarreaux, leur époque de ma- turité était inégale, en sorte que l’arbre portait des Cerises d’un brun foncé, d’autres d’un brun vermillon carminé, plusieurs rouges d’un côté seulement, et quelques-unes dont la nuance rosée se prononçait a peine. L’arbre était élevé, âgé de trente ans au moins, greffé au bas de la tige.

« Les Cerises étaient abondantes, et leur poids faisait fléchir de la manière la plus élégante une partie des bran- ches supérieures?"^

« Le volume de ce fruit est remarquable. Quelques Ce- rises pesaient dix g,râ|^es, et, ça^ioyenne, onze de ces fruits, pesés avec les instruments de précision dont notre collègue, M. Carlier, était muni, complétaient un hecto- gramme, ce qui donne cent dix fruits pour le kilogramme, volume énorme, si on le compare à celui des autres Ce- rises connues.

SÉRIE. Tome v. 48.

45 Décembre 4 846,

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HEV L E ÎIOETICOLE.

lîn de ces Bijiarrennx nous a donne 0«^,085 de circon- férence en largeur, el 0‘ï'.090 de circonférence dniis le sens de la liantenr^. Si l’on ajoute qne raiinée n’ciail pas favo- rable et qne les fruits, atteints par une espèce de broutl- lard qui s’est montré plusietirs fois dans la Limagne pen- dant leur nccroissentent, ne devaient pas avoir acquis toute la grosseur qu’une très bonne année peut leur donner, on appréciera mieux encore la beauté du fruit que nous étions appelés a juger.

«♦ Sa forme est un ovale légèrement aplati sur deux côtés, un peu reitflé a la base, mollement bosselé sur toute la sur- face, concave au point d'insertion du pédoncule qui est mince el de moyenne longueur.

U La peau est d’un beau rouge vermillon mélangé de carmin, pointillée et comme recouverte d’un vernis d’une grande pureté.

«« La chair est rose, ferme quoique fondante, sucrée el très bonne. Le noyau est petit.

** L’arbre est très vigoureu.x, car nous avons mesuré des feuilles, prises a la vérité sur une jeune gn ffe, dont la longueur était de 0™,I9 et la largeur de 0™,1I, énorme feuillage (jui donnait h l’arbre un aspect étranger.

•4 Quelques autres arbres appartenant a la mémo espèce existent «mcore à Mezel ; tous ont un certain Age et sont greffés. Toutefois fa Cerise de M. Ligier nous paraît nou- velle, et nous n’hésitons pas à la considérer c»»mme le plus beau et le meilleur Bigarreau qu’on ait vu juscju’à ce jour. Nous le croyons inconnu partout ailleurs qu’ii Mezel, sans doute il sera de parents ignoiés; (|uelques greffes auront été recueillies par des personnes frappj'oN de la beauté de ce fruit, et il aura échappe ainsi a la d<‘siructiori et a l’oubli. Nous [troposous do le nommer Bigarreau monstrueux de Mezel »»

Cet arbre sera disponible cet automne a rélablissement lioilicole de MM. Bravy et C'% 'a Clermont rei rand.

Lecoq.

Noie sur /’Oxalis sensitiva.

Depuis deux ans on cultive au Muséum une petite plante qti’oii y a envoyée de graines et ()ui ressemble au premier coup d'œil à un Mimosa, a cause de la ilispositiou adéo de

(I) Les (iimeiisions îles iVmi.s re|uéseiiics dans le dessin sont infé- rieures à celles conslalées dans le rapport.

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ses feuilles qui rnppelleni celles <)u Mimosa pudica^ et sont presijue aussi sensibles (jue ces dei nières. Ce n’<^sl que vers le luilieu de Télé et apiès que eelte piaule eul fleuii, que nous l’avous recouuiie poui éire O r alis sensiliraileLinuéef nommée depuis Biophtj umsensilirum par De Candolle. Les fleurs eu soûl très peu appareilles. Jusqu’à préseul ou avait trouvé exiraordiuaire de Noir <les Oxalis arhoresceuls ; mais encore avaieul-ils Irois bmilles comme les espèces li(*rbacées. Une espèce a lijie ligueuse avec des l'euillesde Mlmo.<a est nu fait bien plus exiraordiuaire que nous nous empressons de signaler auxamalerrs; elle u’a que0"‘.50de bauleur, et déjà elle donne des graines qui germent d’elles-mémes sur les pots; elle ne sera donc pas longtemps rare. Aujourd’hui meme nous la trouvons aunoiée 'a la douzaine dans le sup- plément au catalogue de M. Mielléz, a Esquermes lez-Lille (Nord). Neumann.

VOxalis sensiiiva a élé envoyée de Chine il y a environ trois ans par M. Foi tune qui i’a répandue dans plusieurs serres de l’Angleterre elle s’est facilement multipliée. Celle piaule est connue des botanisies depuis plus d’un siècle que Rumphius l’a découverte à Amboine elle est fortcoinmuue ; mais il paraît qu’elle n’élait pas encore ar- rivée vivaiile en Europe avani l’envoi de M. Forlune. Le nombre des plantes smsiiivfs étant 1res limité, l’acquisi- tion d’une nouvelle espèce est un fait intéressant pour l’horticulture et pour les amateurs qui possèdent uue bonne serre.

Disons eu passant qu’elle n’est pas la seule espèce du genre Oxalis qui ait des feuilles pennées analogues a celles des MirnosaA M. Zuccarini, qui a publié une monogra- phie de ce genre, eu signale plusieurs aulres. On sait aussi qu’il eu est quelques-unes chez lesquelles les folioles avorlent et qui ne prèsenlent plus <|ue des pétioles dilalés. Il y a l'a une ressemblance frafqianie avec ce qui arrive dans les Mimosées l’on trouve, comme dans ce groupe <l’Oxa- lis. des espèces a feuilles pennées, des espèces à phyllodes ou à petiole dilaté, et enüii des espèces sensitives.

NaudiNo

Sur la coloration des fleurs de /'Hortensia.

M. E. Gris, dont on connaît les remarquables recherches pour combattre la chlorose, ou jaunisse végétale, à l’aide

544 REVUE HORTICOLE.

des sels de fer (voir t. V, p. 507), nous adresse la leüre

suivante que nous nous empressons de publier :

«La livraison du ^5 novembre de h Revue horticole contient une note intéressante de M. Naudin sur les nou- velles expériences tentées pour faire passer au bleu les Heurs des Hortensias, « On sait, dit en commençant M. Naudin, que divers horticulteurs ont quelquefois réussi, et qu’ils attribuent ce résultat a quelque dissolution de fer dont le sol est imprégné naturellement ou artificiellement. «

« L’emploi des sels de fer amène-t-il parfois ce change- ment de coloration ? C’est ce que je n’oserais pas nier ab- solument : mais leur effet serait, dans ce cas, bien peu constant. Depuis ^840, j’ai soumis ou soumettre à l’ac- tion du sulfate ou du chlorure de fer une quantité considé- rable di Hortensias,, soit pour combattre la chlorose, soit pour activer la végétation de ces plantes. Dans ces circon- stances j’ai obtenu constamment les plus heureux résul- tats; en même temps que les feuilles se développent et s’ani- ment, les fleurs passent bientôt à un rose plus vif, mais pas un seul individu expérimenté n’a présenté des fleurs bleues sous l’influence de ce traitement continué a dessein pendant plusieurs mois et à doses aussi élevées que possible.

«Si ces quelques lignes peuvent trouver place dans votre excellent recueil, je vous en serai reconnaissant.

«Veuillez agréer, etc. Eusèbe Gris. »

De la température et de ïètat de la végétation à Hyères,

De tout temps les sociétés d’horticulture ont appelé l’at- tention des horticulteurs des différents points de l’Europe, sur l’avantage qu’il y aurait de connaître exactement la nature du climat des pays qu’ils habitent. On pourrait, en effet, avec ces données, établir des tableaux comparatifs sur la végétation de la France avec celle des plusieurs points du globe placés sous des latitudes différentes, ce qui permettrait de pouvoir assurer d’avance la réussite de certaines plantes, dans telle ou telle partie d’une contrée. Déjà quelques-uns ont répondu a cet appel. Aujourd’hui nous recevons de M. Rantonnet, horticulteur a Hyères, des observations très intéressantes sur la température et l’etat de la végétation de cette ville.

Voici ce qu’il écrit a la date du 5 décembre :

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«Aujourd’hui le thermomètre centigrade, placé b l’om- bre, marquait, à midi, M degrés au-dessus de zéro. On voit encore en plein air, comme dans le mois d’octobre, les plantes suivantes : Orangers; Bégonia Dregel couvert de fleurs, incarnaia, manicata ; Buginvillea spec- iabilis ; Caladium odoratissimum, sagittatum ; Épi- phyllum truncaium en fleurs ; Columnea Schiedeana de Linden; Coffe a arabica tout couvert de fruits; Crinum amabile ; Cypripedium insigne en fleurs ; Dracœna ferrea^ Draco] Echeveria grandiflora, lurida, Scherii, secunda; Euphorbia aphylla^ Breonien pleine florai- son,-*-Gesneria zebrina \ Hibiscus rosa-sinen- sis et ses variétés, toutes en fleurs ; Juslicia nasuta en fleurs; Kœmpferia longa: Pancratium amœnum \ Pan- danus utilis ; Plumiera rubra, alba ; Mamillaria co- ronaria ; Myrtus pimenta ; Pothos crassivervia, scoîo- pendroides ; l’Arbre du voyageur, Bacenala madagasca* riensis ; Tillandsia amæna ; Tradescantia discolor, Zebrina, et beaucoup d’autres plantes de serre chaude et tempérée. Les Pervenches roses, encore en planche, sont vigoureuses comme dans Pété, et couvertes de fleurs et de fruits qui mûrissent parfaitement. La température n’a pas toujours été aussi élevée depuis le commencement de l’au- tomne. Au mois de novembre, le malin à sept heures, le thermomètre ne marquait que 6 degrés de chaleur; malgré cet abaissement de température, toutes les plantes que je viens d’indiquer étaient aussi belles, aussi fraîches que par une chaleur de 4 8 degrés. Le 4 0 de ce mois, je rentrerai toutes ces plantes en serre tempérée, afin de prévenir les gelées qui arrivent quelquefois au mois de janvier, dans les hivers rigoureux.

« Je joins a cette note quelques observations sur d’autres plantes nouvelles ou peu connues, cultivées dans notre localité.

« Cleome arborea, Charmant arbuste toujours en fleurs. Cultivé en pleine terre, il croît avec une extrême ra- pidité; des semis, faits en mai dernier, avaient atteint, an mois de juillet, plus d’un mètre de hauteur, et les jeunes plantes étaient couvertes de fleurs; les graines ont mûri parfaitement. Je ne sais pas s’il craint beaucoup le froid: c'est . Ici première année que nous le cultivons. Au mois d’octobre, j’ai fait des boutures sous cloches, qui, dans ce moment,

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sont tontes fltnirios. Pincée <l;ms les serres près de la lu» poère jolie plante penl en laiie rornement pomlaitt

Io n rii!v<T ; po ir les parleires, il faut semer de bonne r >.Mr ron<*iie.

♦* jiherdm argeniea. Depuis qnaire ans je cnlMve C''* il pleine lerr^v (e lle année, an mois d’oeto-

bi(*. « Ile ( la.i eouveile de Heurs blanches (jiii répandaieni niH‘ O l(*m déliriense dans loni b\jai<lin. Malheni eusenieni ell fxnd n e p iriie <le ses lij^es à 4 de^u’és centigrades aii- de sons I.’ zéro : mais elle repousse, an printemps, avec une

i«i n* ^ i J lenr. On la multiplie 1res facilement de iMoiiures, (;et<s'‘ tn >is (roelobre et tenues sous cloche. Le Shrpher- (ha » fl,' X I. (]ui vient en pleine terre dans h' nord, pousse ii*. une véuétatiou éhmnanle; il fleurit a la meme

ép une le 5 rgen'ea et répatid la meme odeur.

\.' phalus afriranus, cultivé ici en pleine terre,

est en ce moment en pleine floraison. C’est un fort joli at buste par sou port, son feuillage très odorant, et par la gr:nid(^ qtiantité de ses fleurs blanches. Les hivers rigoureux de 15 it K) degrés de Iroid le fout périr; mais ces hivers sont lr('s rares h llyères.

^^Ipomœa lub rosa, Plante herbacée, grimpante, a ra- ciii(‘ vivace, en forme de navet. Les tiges périssent tons les liivers; elles repoussent très vilenies le mois d’avril, et se couvrent de fleurs depuis juin jusqu’à octobre. Ses graines mûrissent très bien et servent à la multiplier.

** Sida arborea. En pleine terre, comme il est ici, c’est un magnili(|ue arbrisseau qui se couvre de belles fleurs lilnnches une partie de l’année, mais l’époque i\o. sa plus grande floraison est l’hiver. Les froids rigoureux <léiruisent ses tiges, mais elles repoussent du pied; on multiplie très facilement par boutures.

w Rantonnet,

« Horticulteur à Hyei es (Var). »

Les horlicnlteurs inslniils comprendront toute Eimpor- lance delà note de M Rantonnet. Si ces observations ther- mométri(|ues étaient suivies j mr par jour, en tenant compte exac‘enient de Pétai du ciel, de la dii (‘clion des vents et de la quantité de pluie tombée, ou seulement <lu nombre des jours pluvieux dans chaque saison, ou pourrait établir dos la* bleanx climatologiques, qui permeltraienl d’arriver à la connaissance du grand problème qu’on s’est proposé de ré-

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547

soiulre. Nous ne pouvons qu’enj^nî^er M. Rantonnet à conti nuer ses ol>servaiions; la Revue horticole insérera loujours avec empressement les communications qn’on voudra bien nous adresser sur ce sujet. Nous rappelons de nouveau h tous les horticulteurs, habitant des points différents de TEu- rope et qui voudraient participer au progrès de riiorlicul- ture, qu’en faisant de semblables observations ils peuvent rendre d’utiles services à l’étude raisonnée de la climatologie de l’Europe.

M. Rantonnet nous adresse aussi une liste de ses princi- pales variétés de Chrysanlhèmes dans laquelle nous re* marquons: Orlando, Lady Hunioke, Endymion, Bride, Doria, l’Ange Gardien, Satyre, Général Marceau, Duchesse d’Au- male, etc. Parmi les OEillets mignardise anglaise, se trou- vent : Benjamin, Lonisa, Miss Jane, Lord Byron, Lady Basset, Docteur Coke, Queen Victoria, Républicain, etc. ; variétés qui toutes font l’admiration des amateurs de ces deux beaux genres de plantes. F. Herincq.

Etablissement horticole de M. Gontier, à Montrouge,, route d'Orléans^ près Paris,

Depuis longtemps je m’étais proposé d’entretenir lei& lecteurs de la Revue d’un horticulteur aussi intelligent que modeste; j’accomplis aujourd'hui ce que je regarde comme un devoir a l’égard d’un élève d’Edi, auquel on doit d’avoir su faire revivre en France Fart des primeurs, complètement perdu après notre crise révolutionnaire de 89. M. Gonlier, qui a puisé a l’école de cet homme habile les connaissances qu’il a mises longtemps en pratique chezM. le prince d’Ess- ling, vient aujourd’hui d’étendre la propriété qu’il possé- dait depuis plusieurs années et d’augmenter ses cultures. Al’exemple deplusieursjardiuierssortisdu potager de Ver- sailles, et qui se sont formés sous les ordres d’Edi, M. Gonlier a été lui-même son architecte; toutes ses serres ont été éle- vées d’après ses plans, ses thermosiphons construits et placés suivant ses principes, et l’examen de ce système de chauffage établi chez IVI. Gontier indique assez le parti qu’on en peut tirer. Le jardin de M. Gontier, comme on le voit, est une école précieuse pour les jeunes jardiniers-primeuristes qui désirent apprendre ce que vaut le temps et ce que rapporte une sage économie dans les divers modes de culture. Celle des Ananas, à l’étude de laquelle M. Gontier apporte tous

$48

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ses soins, celle des Raisins, des Melons, des Fraises, elc., sont au-dessus de tout éloge et ne laissent rien a désirer. Je le répète en terminant, aujourd’hui que le goût de Fliorti- culture pénètre dans toutes les classes de la société, qiFon commence a apprécier a leur juste valeur les jardiniers instruits, qu’on préfère un homme habile à un manœuvre, qu’on s’aperçoit enfin qu’il y a tout avantage a s’attacher un homme qui , tout à la fois, sait couvrir une table des fruits les plus savoureux et orner un salon des fleurs les plus brillantes, je ne saurais assez engager les jeunes horticul- teurs à se faire admettre chez M. Confier ou 'a étudier au moins ses méthodes de culture. Poiteau.

Catalogue général des pépinières de Vilvorde~le%-Bruxelles dirigées par ü/. de Bavay,

M. de Bavay, auquel on doit la création des vastes pépi- nières de Yilvorde, vient de nous adresser le catalogue des végétaux ligneux cultivés dans un établissement qui, de l’aveu des personnes capables de le bien apprécier, est supérieur a tout ce que présente la Belgique sous le rapport de la bonne tenue et des soins qu’on y apporte aux différentes pratiques horticoles. Les arbres, arbustes et ar- brisseaux d’ornement occupent le second rang dans les pépinières de Vilvorde, mais ces plantes d’un 'a trois ans y sont cultivées de façon à pouvoir être revendues au cent ou au mille aux autres horticulteurs; les arbres fruitiers occupent le premier rang dans l’établissement. Le catalogue de ces arbres nous a frappé sous plusieurs rapports par le nombre et la variété des espèces qu’il contient, par la mé- thode qui a présidé au groupement des variétés, par la netteté des phases à l’aide desquelles les amateurs peuvent reconnaître sans hésitation la nature des fruits dont ils voient pour la première fois le nom. Sous ce dernier rap- port, le catalogue publié par M. de Bavay m’a paru un mo- dèle, et je crois qu’on ne saurait assez le recommander aux autres pépiniéristes.

L’établissement de Vilvorve embrasse également la cul- ture de quelques arbustes d’orangerie, tels que Camellia, Rhododendron, Azaléa, Pélargonium, Verveines, plantes vi- vaces, etc. Mais ce sont, je le repète, les arbres fruitiers qui forment le fond et l’objet essentiel des belles pépinières de M. de Bavay. B. Camuzet,

Chef des pépinières au Jardin des Plantes,

TABLE ANALYTIQUE DU TOME V

A

Âbies Brimoniana, 196. Douçitasii^ 19T. —lanceolaia, 91. Webbiana,

197.

Abricotier (culture de T) par semis, 506.

AbulHon auraniiacimi, 80.

Acacia gulibcmn, 300.

Acacia de la Nouvelle-Hollande, 300.

Acanthophippiurn bicolor^ 255.

AcIiHlœa Millefolium, 116.

Achymenes argyrostigmUy 215. pa- ïens, 196.

Acianlhera punctata, 255.

Adonis autumnaliSj 116.

Æchmea discolor, 215. spathulata^ 215.

Ærides corniUum, 255. odoratum, 196, 255.

Æschymnthiis atropurpureiis, 215. Roxburghii, 215.

Agave füifera, 209.

Agence horticole en Angleterre, 299.

Alsine media, 115.

Alsophila armala, 80.

Àlyssum Vierzbickii, 242 340.

Amaryllis Belladone, 10. Broussone- tu, ^^26, CMlyplrala, 212. -eques- tris, ^2Q.— gigantea, <2i<2.—regince, 226. reticulaia, 226. solandrœ- flora, 212. tricolor, 9. viridi- fiora, 9.

Amaryllis (culture des), 9, 225.

Amomum miega, 73.

Arnygdalus campestris, 222.— geor- gica, 222.— nann, 222. orienialis, ‘222.—pcdunadala, 222.

Ananas (culture des), 326.

Andropognn sorghum, 72.

Anemone arborea, 209. coronaria (tran.'^formation d’involucres en pé- tales dans T), iGl.— jap onica, 218.

Anguloa Colwesii, 80.

Anthurium macrospadix, 212. tri’- pCLYtiium, ^\2.—variabïle, 212.

Aphelandra auranliaca, 80.

Aponogeion distachyum, 210.— ti folium, 210.

Aquitegia Schinnerii, 218.

Aralia cochleata, <2i^.—edulis, 72.

Arau aria brasUiensis, 91. Cunnin- gliarnii, 90, i9ô,~brasiUensis, 90.— gracilis, 80. imbricala, 45. 2 ï6. Bedwilhi, 80.

Arbres fruitiers à noyaux (efret de la gelée sur les , 155.— moyen de les préparer pour les pîania‘iions neu- ves, soit en espalier, soit en plein vent, 291.

Aristolochia ornithocephala, 215.

Arisœma atropurpurenm, 218.

Ariemisia vulgaris, 116.

Arum Colocasia, 82.

Asperges f différentes manières de cultiver les), 329.

Asperugo procumbens, 1 15.

Asirocaryum Afzelii, 210.

Azolea indica {eftét de la chaleur du mois de juin sur les feuilles d’), 186.

B

Bactris flavispina, 210.

Balsamiia gramliflora, 182.

Bambusa sinensis, 91.

Bégonia argyrecelis, 215.

Bixea aziirea, 280.

Blandfordia marginota, 209.

Bletia pjtulüj 67. pulch lla, 67. verecunda, 67.

Bonaparlea gracilis, 209.

Boutures, manière de bouturer les arbustes de pleine terre à feuilles caduques, 51.

Bouvardia flava, 209, 283.

Brachycome diversifoha, 104.— iberi- di folia, 64, 105.

Brassavola Clans seniana,%G. nodo- sa, 67.

Brassia gullata,Gl— lauceana,Gl.^ odoraia, 190.

Brassica orien'alis, 73.

Broughtonia sangninea, 67.

Broussonelia papyf ra, 73. Kœmp’- feri, 73.

Brugmansia Veymannii à fleurs dou- bles violettes, 300.

Brunswigia ciliaris, 213.

Buddleia Lindleijana, 62, 201, 286.

Buyinvillca speclabilis, 116.

Burlingtonia granadinus, 80.

C

Cacalia airîplici folia, 66.

Cactus speciosus, 238.

Cœhlia, 80.

Colanfhe veratrifdia, 67, 192.

Calendula officinalis, 116.

Calijstegia pubescens, 195.

Cambessedia, 89.

Camellia (culture du), 163. floraison printanière de pleine terre à An- gers , 47. vente de la collection de M. l’abbé Berlèse, 20.

Camellia Andersonii, 48.— delicatîssi- ma, AS.— Colvilii, 48.— Donkelaerii, 48 —duchesse Decazes., 8. mbri- cala, 4S.— Marie-Amélie, 28,— mar-

TABLE

550

quisp ExPtrr, AS.—myrtifolin, 47.— o.r'wiens>s, 4S. Prt'si n rose. iS. preHiland, 8. priesilnfs queeti Vidornty sa llora:soii, 49. prm- cesso lîacior li , 2<*l. pol herrhna, 48.^ pœwfî ii'üf 47. U ioiupliant, 48. IVOOdSKi^ 4S.

Catnpawila grandiflora ( cnlture de la .254 nobiliSy^Hô. ^puuciataf 2-2 L

Capdcum sativiim, 75.— grossum, 75.

Cajuiciiif bleuie, (>5.

Carabes, leur uiiliié dans les jardins,

i\{

Cartiguaia Imgulala^ IGI.

Carolies, manière de les sécher, 55.

Carijnta Cioum'mgii, 210.

Caldseiwn (iavjringd, 211. crisla- lutn , 211. securigerurriy ^n. tridentnium, 67.

Caiilega crispa, lyo.

Cedrus Deod .ra, son climat et sa vé- eéiaiion, 42. Dcodora, 67, 196, 2 ‘9, '04.

Ceuhmrea americana (culture de la), 251

Cephidnius (culture dui, 89.— foWcii- l tris, 89.

Ceplii loWaus tardiva, 208.

C r a tozarnui mcj iunia, 145.

Ceicl général d’horiicuiture. Expo- silion, ! 5, 269.

Ceieus aUdiiSy 146 gladialus,^0^. heieroi ladus-eryifiraus,lia. he- ter -spie idetis, 146.— heier. -super - bus, 1 16. QuUlardelii roseus, 146 —SmiVi'n, 1 15 \peciosissirnus, 145.

Ceri-ier (culture dm, 290.— Bigarreau monstrueux de lM(*zel, 541.

Ceslrum auranlinturny 500.

Cftœingasira, n9.

Champignon Æcidium CMncellatum,iS.

Cliàssis-jalousie^s à l usage des sen es et cliâ'sis, 319.

Cliène |)éd<)!:(‘ulc Fenessii, 169. à grandes feuilles cuculées, 169. noir crispe, 169. cerris à feuilles rongé(‘s, 170.

Chirila sineiisiSy 215.— zeiy/cmica, 215, 500.

Choux, manière de les sécher, 35. moyen de les garantir des insectes, 220.

Chlorose \égéia!e (emploi du sulfate de fer contre la), 507.

Chrysanihemiirn corouuriumy 116.

Chysis Uraclescens, 67, 211.

Ciii us nouveau, \i).—japouica, 72.

Ciboiium Billnrdieriy 80, 210.

Cirrliea squuleuSy 255. tristis, 255. —viridi pui purea, 255.

Clarckia pulchella, 116.

Clemaiis glmdulosay 196.

Cliamliuspaniceus, 91.— sa végétation en pleine terre, 267.

Clidemfa, 89.

Cieouie arborcüy 347.

Cokx as.vp, 82.

C mbretum purpureum, 1 17.

('nmpnrt tfia roseri, 64.

Convolvulus luejcicanus. 215. frico*

lnr. 1 16.

Cnrypha niiraguon y, 210

Conriiiiêres (moyen de détruire les)^ 157, 219.

Crïuwu Inti folium

Crypi mer a japouU a, 68,208. '

Cucurbita Melo~pepo,l~^.

Cunonia cap nsis. 91.

Cupliœa rordaia, 196. Melvilii, 196. miuiala, 50o.

Cupressiis flagelliformis, 196.

Cyuihf Qy 80

Cyras circinal s, \Ai.—revrhda,^\0.

Cyrlornen persii um flore albo pleno, 209.

Cycnorhes sp., 67.

Cymbidium o loi folium y 256, 67.

c'y r toper a Woodfordii, 80.

Cynbopodinm groud florum, 67. Henüersontiy (îl.—pwicMiumy 284.

D

Dahlia; prix offerts pour un dahlia bleu^ 210.— moyen dcî les préserver de l’ai teinte deslimaci s, 79.

Dahlia ambioisie, 27 1. Alphonse Carr, 272.— >lrc///wsrt,272.— Adrien- ne de Cardoviile, 272. Arlequin, 272.— B ïeîdieu, 272. beauty of hauts, 212. belle blonde, 2' 5. baron (fe Bucheforl, 501 Child- Harold,271 -comte de Bam uieau, 271. due do Ni inours, 270 du* chesse de Nemoiir.‘<, 40, 270. —du- chesse de Bichel eu, 2T0 duchesse d’Aumale, 272. < nipereur Napo- léon, 270— Faimy l.emaiiv, 501.— Fille du peuple, 50i. jaune de Paris, 271. madame Rœs.'^er, 272. —madame Boblin, 272. mimosa,

271. mademoiselle Caria, 272 Mélanie Adam, 272. madame Ri- kets, 272 madame Deronge, 273. —Néron, 272. Os-ris, 272. Paul de Koek, 275.— reine des Français,

272. — reine Isabelle, 2" i.— rose d’a- mour, 272. rose unique, 272. reine Mab, 50i. Stella, 272. Schneerose, 272.— .''pii idion. 301.— son origine, 524. triomphe de la

loi, 272. ville de Beaune, 271. Zurgert, 273,

Dammara alba, 208.— orientalis, 208

Daubentonia iripeüana; sa floraison en pleine terre, 245.

Dendrobium fimbriatum, 67. forma- sum, 195. Wac/ophytlumy 67.

* nobile, 07. IHerardây 67. pul-

ANALYTIQUE.

cftellitm\ G7. Wallirliiauum f G7.

DuUorisandra ovata, lyu, ^215.

Dion èdiih*, m>. 142.

Vionœu umsripula (ciillure du), 89.

Dhs orœu jciponU'ü^ 72.

Dwspijros huki, 72, 500.

Dipla us piniireus, 2ü4.

Distemma awaniiaca, 300. carina- tum, 215.

Dodecatheon meadia gigantea striata, 218.

l)oli< lias Soja^ 73.

Dnjandnt cordata, i7t,^oleifera, 73.

Dipripia Bauerii, 253. •— glaucescens, '2.55,

E

Echitrs atropurpurea, 2!1.— guara- nitica, HU.—splendcns, 2tl.

Ecliinncuctus Ih tophorus^ 20G. ma- crodisciis, 20G. -- pUiferuSy 20G. iriacnmhns, 20G. recurvus, 2(,G. hca œdrophorus, 20G. rhouacan- ilms. 2' G —oruueifn’y 20G.

Elœodjudron ii dinim^ 123.

ELeusire CorocauUy "ri.

Einpiwi du bitume dans les jardina,

119.

Ensri^noniont hortieole, 315.

Epa' ris impressay i^\.— mmiata, 209.

Ephedra < ï iss/rna, 300.

Epinwdihm pinnatumy 218.

Epideudron alaium, (>7.— bicornutum, 67. —crass fi hurny g7. elongutu , 67.— he mcniiw urn, 67. ùmgito- lium, iji.— macrtn fl lum^ bl. ado- ra wn, iViiî —p’iœnU eimfy 67.— pZ/o? niaum fragranSy (>7. puchiun- tfiuni, 2 5. Bhi moiirgkiiy 67. tessclaiwuy ai .—umbeilàium, 255.

Erica (culiivé en pleine lerre à An- gers). 245 Aitonii \9ti. Caven- d/sfiiana.ai.—N('iUti, 62, 209.

Erioicplidus a fric anus, 347.

Ericsiemort scubrum, 284.

Erioboifmjn japnnica, 72.

Enjttirmn crista-goll> versirolory 146.

Eùchar.dimn coùcmnumy 81. gran- di florum, 81.

Evüh tUus ( œruleus, 84.

Ex po.su i(»ns d’hordcullure, 6, 79, 95,

120, 139, I4i>, 159,179,189, 195,256, 2' 8, 239, 258, 269, 275, 278, 297,316.

F

Fœniculum officinale, 116.

Eugara pipcriia, 73.

Eccondaiion naturelle et artificielle dos végétaux, 187.

Eesiuca jlabellaia, 313.

Fouilles sèches ( phosphorescence des), 2.3?.

Fèves, procédés pour les conserver,

55^

37.— moyen de les garantir des in’ s(‘(9es. 2:M>.

Fi lis rubiginosa,9\ elastica^ 238* —ertcia, lû.—pumilay 72.

Fi.ui mis (dosiruction des), 337.

Eoriiinea cltinensis, 282.

Fl aise liégeoise, “2 *.

Franihoisiei Fasin/ff liaspberrys, 218-

Frenelia glauttsccns, 208. Hvgeliit, 208.— peiidula, 208.

Fuchsia biania^Wii.—corynbosa, 92, im pr essa ,191 grandi fior a ,281, macranilia, 188 Napoléon

(Mieilez), 247. Napoléon (Salier), 247. Napoléon, I9i. reine de» Frai.çais, 191. - Riccarton^ cultivé en pleine lerre, 287.

G

GaleopsisTetrahit, 115. versicolor^

115.

(Usneria Geroldiana, 63.

Ginkgn biloba, 73.

Giiollces quaranlaines, 1f2.

Glndioliis gandavensiSy 141, 192. Glojinia glane cscens. 3i 1.

Gongora mandata fidgens, 67, S55.— linkoiana, 67.

Gcssypiiim herbaceum, 73.

Govium Gardneriy ibb.

Graines envoyées de la Chine, 18. Grammatopfiyllum multifiorum, 196. Gref't^ en eeussun ; moyen d’utiliser le bourgeon terminal des rameaux sur l(‘.s(iuels on a enlevé les bour- geons axillaires.

Gi oseilles anglaises à maquereau, 218. Guano licjuide, son efl’et,294.

Gi nneru scabra, 160, 214.

Guzmannia trkolor, 215.

H

Haricots verts, manière de les faiié sécher, 34. procédés pour les Conserver, 37.

Ilarieoi (l E pagne hybride, 10.

tiemiclidiu Hugelii, 208.

Hemitelia, 80.

Heteropieris chrysophijUa,i92.

Hortensia (coloration des fleurs de F), 343.

Houllelia, 195.

Uovenia dulcis, !^.

Hibiscus syriacus; moyen d’accélérer sa cj oissance, ZQ^t.—palustriSy 300. miliiaris, 500. —speciosus, 300.— jerroUlianus, 64.

Hydraiigeas (tentatives pour faire fleurir les fleurs d’), 309. moyen de faire passer au bleu ses fleur» roso';, 184.

Hydrolea spinosa, 300.

552

TABLE

I

Insectes nuisibles, moyen d’en pré- server les ormes et les pommiers, 25.

lochroma tubulosa, 196. louopsis teneraj 67.

Ipornœa purpurea, 116. Learii^ 215. tuberosa, 548.

Ipomopsis elegans (culture de l’j, 235. Iris acoroides, 8.

Ismene calalliinaj 214.

J

Jasrninum SambaCf 21 1 .—mulUflorumy

211.

Juniperus drupacea, 196. recurva, 196. excelsüy 19G.

K

Kadmrajaponica, 73.

L

Lœlia Perrinii^ 64.— aurantiacdy 196, 67.

Lasiandya, 89.

Laurus in iica^ 91.— camphora, 13.— glauca, 73.

Lavüisiera, 89.

Lavalera irimestriSy 116.

Légumes; manière de les sécher, 33.

Leptoles bicolor, 67.

Lilas (V. Syringa)t 123.

Liliiim Browneif 218. lancifoliunif 190, ^[S.—teslaceurn, 218.

Linum africanum, campamda-

lum, 241. hirsidum, 241. holo- gonurriy 2 il. maritimumy 241. mexicanum, 241. quadri folium, 241. sufirulicosumy 241. Irigy- nam, ^n.—viscusumy 241.

Liparis plicnta, ^b6.—distychay 67.

Lisiamtim Riisselianus, 196.

Lobelia bellidiftora, 196. comte de Paris, 280 —coronata, 300.

Loirs (destruction des), 220.

Lonicera Capri folium, 45. eiruscay 4^.— Fraseriiyi'i^.—paUida, 45.

Lufiea wiiftora, 80.

Lupinus variuSy 116.

Ly caste giganteOy 190.

Lychnis Forlunei, 218.

Lycopodium cce.s?Mm, 195.

Lysimachia hybridUy 21.

miolia (Variétés de), 65. alviQfna ^feumanniana, 103. pu- nicifoliay lOi. *- incana m. - tucida, 104. glabrala, 104. alvaviscus peurogoms, 244.

Mamillaria cenlricirrha, 206. ^eu- manntana, 206. xanthotncha, 206.

Mandevillea suaveolens^ôOO,

Manne tombée du ciel, 250.

Marcetia, 89.

Mardevalia cuprœa, 67.

Marica Northiana (Reproduction du), 259.

Marronnier à fleurs en panicules, 122. d’Inde, seconde floraison, 268.

Mariynia fragrans, 50.

Masdevallia tricuspidata. 255.

Maiihiola incana, 116.

MaxiUarià aromatica , 67 , 25G. atrorubens, 256. Deppii, 190, 256. pumila, 67. squalens, 256. variabiliSy 256. vitellinay ' 255.

Melastoma sanguineum, 65.

Melasiomacees (Culture de quelques plantes de cette famille), 80.

Mélèze, multiplicalioh par boutures, 292.

Menliiap peritay 116.

^Uspilus Japonica, 300. (V. Eryobry- tria)

Miconiay 89.

Microlicia,89.

Miltonia spectabillSy 195.

Mimosa pudica, 500.

Monacanilius 5p., 67.

Miissœnda Afzelih 215. macro- phyllay 215.

Myrtus tenu foUOy 222.

N.

Netumbiiim (Rhizomes do),( <ô.—specio-

i sum (Acclimatation d’un nou velle

^ variété de,, 82, 210.— luteum, 210.

Neotlia spec., 67.

Nepentlies distUlatoria, 215.

Nerium Saulgei , 502 nmlliflonim phœniceum, 502.

Nympliœa cœruleUy 210.— n/^ra,î210. versicolovy 210.

O

CEllets remontants (collection d’j, 1 62, 285.— de poêle (variétés d’), 22.

Oignons et bulbes à fleurs, 246. leur culture en Russie, 23.

On 'idium SchiruSy 255. rnonoceras, 256.— cuneaium, 256.— nebulosumy i9B. awpliatumy 67. ampliatum majiiSy 67.— bi folium, 67, 256. car- thagineme, 67.— intermedium, 67. luridum, ai.—Papilio, Ql.^san- guineum, 67. cebolella, 67. pul- vinaium, 67, 250 —inciirvumy 67.— harrissoniiy 256. pumilum,<îi^Q.^ ornalum, 256. flexuosiimy 256.

ANALYTIQUE. 555

Opuntia vulgaris, Irl.

Origanum majoranaf 1 16.

Orangers (greffe d’), 39.

Orpii) à feuilles de joubarbe, 5.

Oxalis carnosa, \m.'- crenaia (luber- cules il’) laissés en terre, 185.— rre- nata^ 96, 336. sensiliva {Biophy- lurn sensiiwum)y 3i2.

Oxijwa chrysanthemoides (culture de r), 235.

P.

Pœonia regina^., 121. WiUmanuia- na, 223. à fleurs jaunes, 218. Paniciim verücillaiumy 72. crus corvif 72.

Panneau de caisses en ardoises, 295. Papaver sorimiferum, 116.

Papyrus giganieus, 210.

Passiflora eduliSy 63. actiniay 63.

quadrangulariSy 91. rnyria- dénia, 215.

Paulownia imperialis, 91. Pélargonium ardens, 196. Pcrcê-oreilles (Deslruciion des), 258. Perisleria stapdioides, 67.

Persicaire du Levant, 21.

Peiils pois (procédés pour les con- server), 37.

Phœdranassa chloracra, 213.

Pliajus albus, 190. Wallichii, 67.

bicolor, 67, 256.

Philodendron lacerum, 212.

Phlox Sclilaclerii, 280.

Physurus pictus, 67.

Phyllocladiis asplenifolius, 195. Phylolaccadioica, 92. oclandra, 72. Pitocereus niger, 80.

Pinkneya, 209.

Pinus arnabilis, 196.' ausiralis, 45. CanariensiSy 500. Cembra si- birica, Cembra pijgmœa, l91.

grandis, 196. Hariwegii, 197.

koraiensiSy 73. longi folia, 91. Massoniana, 73. moniicola, 196.

Pin de Corte (Observations sur le), 92. Piper nigruni, 73.

Plagias grandiflorus, 182. Pleuroifiallis punciala, 256.

Podolepis chrysantha, 22. graci- lis, 22. papposa, 23.

Poinciana GiUiesii, 300. î Poire Belle-Alliance, 275.- Beurré Goubault, 322. Beurré superfin, 322. Colmar d’Aremberg, |275. Dalbrei, 275. Doyenné Gou- bault, 322. Triomphe de Jodoi- gne, 288. Van Mons, 275. Vraie Amberg,275.

Poiriers élevés sous forme de fuseau, 135.

Pois verts, manière de les sécher, 33. Polygonum aviculare, 73. barba-

tum, 73. orientale, 21. Une- torium.l’S.

Pommes de terre (Nouvelle forme de la maladie des), 3 il. (liCur ma- ladie au cap de Bonne- Espérance), 117. (Manière de les sécher), 35. Merveille de Daly, 138. Mar- jolin, (sa précocité), 38.

Po pliyrocorna lanceolata, 215, 221.

Primùln involacrata, 283.

Prune Reine-Claude de Bavay, 321. violette, 289. Reine-Blanche, 2S9.

Pyrale (Destruction de la), 53.

Q.

Quercus cuspldata, 72. peduncu- lata Fenesii , 168. pedunculata cucuUuta, 168. sessilipora crispa, 169. Cerris foliis erosis, 170.

R.

P.aisin (moyen de le conserver long- temps sur les ceps), 52. —Clairette, 274. Corinthe blanc, 274.— Kisch- nisch, 274.— Panaché, 274.— Malaga rose, 274. Prune, 274. Muscat de la mi-août, 319. noir Amella, 319.

Reine-Marguerite Malingre (Rectifica- tion du nom de la), 120.— (Choix des graines de), 293. pyramidale, 22.

lieseda odorata, 116.

Ribes nigrum heierophyllum, 124.

nigidella irnmaciUata, 215. orihan- iha, 213. pammea, 213.

Rhenantliera coccinea, 196.

Rhododendron arboreum , sa florai- son, 46. ( et sa multi|>lication en pleine terre à Angers, 84. (hybri- de), 523. fasluosum. Pore pleno, 102.

Rhus vernix, 73. succedanea, 73.

Robinia viscosa, 209.

Rodanilie Manglesii (Cu Iture du) , 235.

Ropala elegans, 209.

Rose abbé Delaunay, 540. Alber- tini de Bethune, 540. Comte d’Imecourt, 340. Duchesse de Rohan, 503. Duchesse de Nor- mandie, 503. du docteur Har- douin, 303. Eugénie Guinoiseau, 265. Gloire d’Angers, 265 Joliclerc, 340. Madame Varen- gOt, 175, 275.

Rose thé, souvenir d’un ami, 181. Nadine Paye, 181.

Roses trémières (leur multiplication par la greffe en fente), 17.

Rosiers (Moyen pour les débarrasser des pucerons) , 197. (Greffe forcée du), 125.

Rosier-Banks, et sa variété, 65. changeant, 269.

355 TABLE ANALYTIQUE.

Ruhia rnrdaln. 17,.

Rudoechia Dvwnmondi ( Culture de l:»'. 2ôr,.

Ruellia maculala, 300.

S.

Saccolahkim ampiiUnreum, 64.

Sagiilaria marropliijllaf 62.

Satix japonira. 183.

Salp'wga cnccinea, 80.

Saluia ojfwinaliSf ilG.

Sarrarenia (Culinre du), 89. pur- puretty >*9. ^Dt ummnvdiy 89. va- ri< loris. S9. ilava, 89.

Salureia h ^riensU. 1 16.

Saw'cmja macrnpludlay 21S.

Sedum scmpt rviioideSy 5.

Scliiizaiitlms rtiustis ^Culture du) , 233.

Selaginella cæsia 210.

Serre- (moyeu de les chaufler à l’aide d’une laûipe), 58. (Veiitilalion 56.

Séve d’août (Effet de la), 253

SUcpiicrdia argenieUy 547. reflexüy 547.

S da arboreoy 348

Sinapis arct nsUy 1 15.

Siphocampiliis roccineuSy 500.

Société d’Iioriiculture de l’Auvergne, 275. de la Belgique, 258. de Béthune, 258. dit Cantal, 278. -- de Chi'rbourg, 159,278 deChis- W’ich-Gai di'ii, 195. du Havre, 470. de Marseille*, 256. de Meaux, 140. de M^ lz, 79. de Nan(w,278. d’Orléans, *139. de Paris, 79, 189.— (dames patro- nesses, 6. du Idiône. 297. de Saint-Omer, 5l(». de Strasbourg, 120 de Valugnes, 159.

Solmilia marrauihOy 67, 236.

Solanurn Mrlowfeuay 75.

Sohmwu laciuiatum (Apj)arilion delà maladie des pommes de terre sur le;, 510.

Solda lineariSy 195.

Sonde appliquée au jardinage, 100.

Souscripiioii pour les inondés de la Loire, 320.

Spirœa Uooglas'ây 39, 101.

Spirée à feu 1 es de prunier, à fleurs pleines, 283.

Spat’iodea catnpanulntay 213. spe- ciosa, 213. giganleOy 215..

Siadmannia ausirults, 209. Graseriy 2U9.

Stanliopea ehwneay 211. Rucher i y 211. insigntSy 67, 211. Pgri- UQy 190, 211, 255. gravevleriSy

211.

Siaiice mucronatay 196. rijtido- pfiilla, 245.

SltpUanolis ftoribunda, 117.

Sirel tzia reghm, 258.

Mircau rommun (Variélés de), 105

feuilles d*‘ persil panaclié, 106.

à feuihes sablées jaunes, 106. à f«*uilles sable s argcn’ées, 106. doré par moitié, 106 à grappe> à feuilles maculées, 107. à feuil- les bordées, 107

Syrnplocos foccaiea, 281.

Syriiiga l'.rmdiy 125. vulgaris, 423. Persira. 125. Varin, 123. ~ Saugé, W. Josikeay 123.

T.

Tacsonia motUssîmny 300.

Tag< les erecia. 116.

Tannée (du degr é de chaleur qu’elle p(‘ui pKMidre dan- les serres), 355.

Taxodium Horsfieldiiy 208. mucro- naiuniy 196 pnnatumy WS.

sempervirens, 67, 197.

Ta J Us barcnlay 73.

Tec'ma srliini folia, 117. '

Tclopra specKhSissiniOy 67.

1 hermosiohoii, -on emploi pour force» les piaules, ;>o

Tdlandsia splendens, 4l,2lo.

ThaPa deaU'ula, 2io.

Th lie U um aquilegif liumy 116.

Thé lEruciilicaiirm du), 55.

Thlaspi bursa-pasloriSy 114. ar- vense, 113.

Thunbergia fosluosay 211.

Thuya dôlabrala, 73. JaponiCdy 7.5

uurea. 196

Thymus viilgaris. 1 16.

Thysanolhus proliféras (Culture du),

255.

Trnpn bicornis, 82.

Trernbleya, 89

Triclioreniron maculatumj 80.

Trichopieris, 80.

Tri( huspermmn Javanvumy 80.

TrigonidUm acuminutumy b7.<

Triomphe de Matines, 207. Van d*i Meulen,207.

Trileleia umflora, 121.

Triticum repens, 1 15.

Tropœ >lum azureum (Rixea), 64, tuberosumj 208.

Tulipes, leur floraison en 1846, 83v

Tussac (V. FeslucdflabeUata)y’Siù>

ü.

Vlmus chinensiSy 189.

Vrüca Japonicay 73. Nivea,

V.

Vanda Roxbuvghiiy 256.

Végétation (Précocité de la) en 484r6- 17.

HORTICULTEURS CITES.

555

Vépélnnx (’nflii^nre de In tontpera- tiiri* <l(* riiiv< r (l<‘ lS4(j sui lesi, 148. Vell'izia nm iùht, 8(».

Verbeua yielmarrsy lU»?. Tirerclia- na, -2(17. .siriiita, 2ü7. éclalanlf, 2()7.

Vigne (Khom seonnement de la), 22i —Isabelle, 327*

X.

Xauihorrhœa hasiiUs^ 209.

Z.

%'ilnrra ossamif a, 80, 2<0.

/tnnht (tel) J ,v. 80

lijgoi)el( l nu im rmeclhim^ 67. Ma- kun, (»7. rosirulurnf 67,

Biblioj^r^phic.

Àtmmmrh du Jardinier pour 1847, i pr/r M. Bixk). 3i 4. ]

Àmn.le.s ilr la S >ri-t d’horticid'nre du Siird Ib vue «les i»r, ni u i- nn slrcs isi'i, t>î).

Art de coîhs'rtiire < l ae gouverner les serres, ptn’ Niumann, -.i“ .31

Choix des espèces de p iriers pour un jardin fiuHer, par M. le mar- quis DK CHAMI'.IîAY, 236.

Histoire de la maladie des pommes de terre, par M. J. Dkcaisnk, 73.

I Mann l général des plantes, par I jACerJ S ‘l IlKIUNCO, 117.

Maison rusigue des Pâmes, par M.-idnim- ftliLU.T Rorixi T, 12. f'r l g e rais nné de la taille du for, par I iPERK, 2n5.

Traité des arbres, résim ux ecnifèrrs^ P r I<- n aupii.s de ( ha.mbuay, 176. Ira V' complet (te la luiu e naturelle et nriificielie de C Asperge, par Loi- sel, 332.

Horliculteurs cités.

Allègre (Pierre), 238.

Armaiid (Rp< niie;, 28S,

Bacoi, 17, 273.

Barbet, 104, 274.

Baumnnii Joseph', 280. Belol-Defou^èies, 20, 181.

Berger, 274.

Bt rti aiid, !)9, 192, 193.

Bondoux, 90.

Boulanger ei Desponds, 238.

Bouvier, 2xx.

Bravy, 2'6,34l, 348.

Bréon fils, 318.

BrioUîi, 2 U).

Cacliei, 4(î, 48, 278.

Carli(îr, 79, 276, 3i0, 341.

Cels h ères, I9, 30, 36, 98, 103,190, 192, 19Î, 2.3

Chambroux, 100.

Cliai l er, 239

Chauvière, 99, 123, 194, 271, Chauvin, 2I9.

Claude- (L), 160.

Courloi', 7.

Croehor, 94.

Daniel, 2.38 De fossé Ed.!, 239.

Delns e fi!-^. 276 .

Demay Jlc»n i , 40, 299. Dcniaoièie-Miron. 240. Deshayes, I9i. 19 4. Desporu's Bapiisle), 323. Dubos, l'^2.

Dnfoy lAlph ), 79, 272. Duluc-Robiii, 260.

Dumonl. ïsO.

Dupiiv-Jainain, 191,191, 274. Durand, 7, ,So.

De.-pi oz, 272. V. . --4 Faui c, 277.

Fo!ud-F<iiiilhonx, 276, 7^

Fl nlin lil<, 273.

Follei, 100.

Fn qiirtl, 40, 99, 240. '

Gall<*pii!, 289.

Codifia y. ()3, 212.

Gonii< r, 7, 185. 274,347.

G' a;dT, 260.

Grange-Bnmel, 240. ,

G'èvnrie, I79.

Grillon-iviasson, 240.

GriN.ard du Saulget, 502,

GiH'iioi, K O.

Guérin Modeste), 7, 98, 121. 1

IlaiMy, 274.

Haqn n (Hynrinlhe), 322.1 Ilnber Gl» , 34o.

Jîu querr.et-Bonnofond, 340. jac(|inn aine. 98, 273. .lalonslro-Morin, 276.

J.tmain, K 0

JainiiH'l Durand, 271, 288, 321.

Joiighe, so.

Lai êiK’, 2>o.

Lapip<% 99 Lan <• (Ed.). 179.

Lecoorl, 276 Lon Jehez, 28,99.

L»iiO; ma lui, 99, 163.

I.e| èn* A 0\i-), 193,318.

Leroy (André), 46, 4’, 55, 243, 26$,, 30.3, 317.

Letnniplinr, |K1.

Li'Véqiu* 99, 303.

Li >aud, 18 Louis <S mon), 60.’

,Mabii(‘, 100.

!Wal.*f, iu3. j

Margi Uiii. 7. - Martine, 59, 98. ) .

HORTICULTEURS CITES.

556

Mézard, 192.

Michel, 193.

Morel (Ch.), 99, 276.

Nelfier (Amand), 194. Noblet, 38.

O^er, 303.

Paillet, 7, 50, 99.

Pampin, 27.

Papiot 277.

Pelé, 123, 195.

Pelvilain, 103.

Phelul, 306 Pinguet (Mlle), 179.

Potard (Joseph), 318. Quetel (de Caen), 240. Rantonnet, 19, 50, 300, 346. Renoud (Nnma), 301. Rif-Kogel,98, 194.

Roblin, 272.

Rochefort, 301 .

Rougier, 238.

Salier, 191, 194, 272. Sandret, 179.

Schlacter, 60,280.

Senedanre (Adrien), 279.

S>'Udiet, 7, 50, 98, 194, 272.

Somif, 271.

Speiscr père et fils, 276.

Tardif, 258.

Thibaut, 20, 9y, 190.

ToIIard,273.

Tollet, 275.

Trillon, 279.

Tripet-Leblanc, 65, 83, 194.

Turlure (Aimé), 9 288.

van lIOLUte, 80, 103, 201,259. 286.

Varangot, 175, 273.

vasseur et Ghapsal, 260, 273.

veillas (M.\340.

Verdier, 189, 194,359.

Verschaffelt, 49.

Viberl, 318.

Vignoii, IGO.

Villevieille jeune, 285. Vincent-Morion, 278.

Weick (Adolphe), 39, 300.

«les usures contenues dans le tome V, serâe.

l/Sedum sempervivoides 5,

(yl.ysirnachia hybrida. 21.

^Tillandsia splendens 41

Crusea violacea. * 61

hicharidium grandiflorum. . . 81

Spir ra Douglasii lOl

Tnieleia uhiflora 121

Cladiolus gandavensis. . . . . 141

Caragmialingulata 161

Epacris impressa 181

Buddleia Lindleyana 201

Porphyrocoma lanceolata. . . . 221..,„j.

Camellia Princesse Baciocclii. . 261 y

Symplocos cnccinea 281 L

(îloxlnia caulescens 301 y

Prune Reine-Claude de Bavay. 521 ^

Cerisier Bigarreau monstrueux * /

de Mezel ' 541 ^

Outils, Instruments et Ustensiles.

Châssis-jalousies à l’usage des serres 1 Panneaux de caisses en ardoises, 295. et des châssis, 319. 1 Sonde .appliquée au jardinage, 100,

TABLE

DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME V, II® SÉRIE.

1er Avril 1846.

MM. Pages.

PÉPIN. Orpin à feuilles de jou- barbe. 5

PoiTKAu. Concours et exposi- tion de Camellias. 6

Pépin Note sur l’Ir/s acoroides. 8

Jacques.— Sur la culture de quel- ques Amaryllidées. 9

Pépin. Note sur un haricot d’Es- pagne hybride ou protée. 10

Naudin. Maison rustique des dames. 12

Pépin. Multiplication des roses trémières par le procédé de la greffe en f<une. 17

MM. Pages.

Pépin. Remarques faites sur la végétation en mars 1^46. id\

Pépin. Graines venant de Chine. 18 Pépin. Note sur le clKim{)ignon Æcidium cancellatum id,

PoiTEAU. Note sur le CAlrm. 19 Pepin. Extraits des Catalogues de printemps. id,

J. D. Vente de la collection de Camellias deM. fabbe Berlèse. 20

15 Avril.

Pépin. Lysîmachia hybrida. 21 J. I), _ pDiygnnum orientale. id.

TABLE DES MATIÈRES. o57

MM‘ Pages.

Pépin.— Note sur de nouvelles va- riétés d’œillet de poêle. 2-2

Pépin. Poctolepis chrysanlha. id.

Naudin. Culture des oignons en Russie. 23

Robert. Moyen de préserver des insectes nuisibles les ormes et les pommiers 25

J. D. Observations relatives au procédé db m. e. Robert. 27

Naudin. Visite de la reine au jardin d’hiver de M. Lemichez. 28

PoiTEAU. Annales de la Société d’horticulture du Nord. 29

Naudin.— Art de construire et de gouverner les serres. 3 !

Docteur Pettenhofei;. I\lanière de sécher les légumes. 33

Docteur Zierl. Observations sur l’ai llcle précédent. 35

Docteur Zierl. Procédés pour conserver les petits pois, les fèves et les haricots verts. 37

Pépin. Note sur la pomme de terre Marjolin considérée com- me plante de primeur. 38

Pépin. Greffe de jeunes oran- gers. 59

Pépin. Extrait des catalogues de printemps. , id.

Mai.

Neumann. —JUlandsia splendens. 41

Decaisne. Note sur le climat qu’habite le Cedrus üeodora. 42

Pépin. Note sur le Lonicera pallida. 45

Herpin de Fré.\iont.— Culture des arbres verts aux environs de Cherbourg. id^

Pépin. Floraison des Rhodo- dendnirn arboreum et des autres arbustes de terre de bruyère 46

Baptiste Desportes. Floraison printanière de pleine terre dans les jardins d’Angers. 47 Pépin. Floiaison du Camellia Pneslley’s Queen Victoria. 49 Rantonnet.— fragrans. 50 Pépin. Emploi du thermosi- lihoü |)our forcer les plantes, id. De Cihbran Manière de bou- turer les arbustes de pleine terre à feuilles caduques. 51 Moreau. Moyen de conserver longtemps Je raisin sur les ceps. 52

Decaisne. Destruction de la pyrale. 53

Neumann. Note sur la fructi- fication du thé. 55

Naudin. ;Venli!ation des serres. 56

MM. Pages.

Naudin. Moyen de chauffer les serres à l’aide d’une lampe. 58

Pépin. Extrait des catalogues de printemps. id.

15 Mai.

Neumann. Cntsea vi iacea- 61

Naudin. Plantes d’ornement nouvelles ou peu connues. id.

VÉPi^.—:Bracliy corne iberidi folia. 64 PÉPIN. Floraison de plusieurs arbres d’Amérique. 65

Pépin. Cacalia air iplici folia.

—Cacalia gigautea. 66

Neumann. Orchidées cultivées dans le jardin de M. Quesnel. id.

Neumann.— Note sur le Taxodium sempervirens, etc. 67

Herincq —Coup d’œil sur la cul- ture au Japon. I. 69

Naudin, Histoire de la maladie des pommes de terre, par J. De- caisne. 75

Pépin Exposition de fleurs. 79

Carlier. Moyen de préserver les Dahlias des atteintes des limaces. id.

Pépin. Extrait des catalogues de printemps. id.

1er Juin.

Pépin. Eucharidium grandi- floriim. 81

Raffeneau-Delile. Acclimata- tion d’une nouvelle variété de Nelumbiwn. 82

1’ép:n Note sur les rhizomes de ISelumbiurn speciosum. 83

Poitkau. Floraison des tulipes en 1846. id.

Baptiste Desportes. Floraison, culture et multiplication en pleine terre des Rhododen- drons arboreum à Angers. 84

De Jonche hur la culiui e de quelques Mélastomacées. 86

Neumann. Sur la cubure des Sarracenia, Dioncea cl Cepha- lolus. 89

Denis. Végétaux cultivés en pleine terre à Hyères. 90

L. V. Pin (le Corie. 92

Naudin. Exposition du cercle général d’horiiculture. 95

Nelmann. Sur une sonde ap- pliquée au jardinage 100

15 Juin.

Cti. Lemaire. Spirœa DouglasiL 101 P01TEAU. Rhododendron fas~ tiiosum. 102

TABLE

358

âlM. Papes.

Ad DF, .irssiEiT. Malpig'iia Neii~ manu'} i:a 10“>

PÊPi.N lira 'tnjr orne iUvcrsifo- 104

David '.n i k'- ii pDii.irlmirs

lir> du siircDii (••»ii»niim i0.‘>

J. I)h:\«sm:. L'iic visite aujnr- <lin mcs T"iU » i. s. 1ÜT

Naidin O.iMé (les carabes «innv I .. j-,,d !J<. 111

Cil !W \KTiA>. i\«»le sur î(-‘s vc-

ffciniiv « ullivé's Cl» l.npoiiie. 1I5

A. Xoie >111- MiK UpKîs vé'g(îlau\

(1 îi oi.i (1 iiri à Alg«*r. 1 10

Nai dp . M liadie d(^s pommes de 1 I I c au ( ap de Buiiiie-E-pc- ruer. 117

Naud N. rri)j»loi du bitume dans

les j.-irdiiis. ipj

B. l'oiidDiion (l’une société «l’hort nilinre à Sti a^bourg. 120

PÉp.N.— I‘.e< I fi ,'iiion du nom de Ja Aiargu(!rit(‘-Alalingre.,: id,

r ' .lUlLLET.

Nfpmann. Triteleia uuipnra. 121

PoiTKAi; Vœonia reqiuæ id.

Pépin. Marioniiier à fleurs en (»;mi uliîs. 122

PÉPi.N. Lila'^ des monts Emodi. 125

Pepin Plant' s n- uv(‘lit^s cul- tivcîi's cli<‘z ftl. Cliaiivière. 124

ViBi RT.-* De la greife forcée du rosier. 12fî

PoiTFAiT. p,é|)onse à M. Vihert. 131 PoiTKAU flappori sur des poi- riers élevés sous forme de fu- seau. 135

Genton. Aloyen de deti uire les coui li ièivs. 137

Carduers' < hronide. Nouvelle vai i('ié de pommes de lerre. 138

Exposition d’Iioiiiculi. à Cher- bourg. 150

Neumann. VenlP de plantes exo- liipies a Momille, p ès to-nen. id.

Pep N.— Société u’iiorliculiiire de Weaux. 140

15 .lüILl.ET.

Cii. L. C.ladtul s Gcwdaveusis. 14i F. llLuiN'Q N le sur le Dion et ht (^enilüiatuia. 142

Jacoues. Noie ui’ quelques va- I iei» s de Cereus, 145

PÉj'iN. Note sur l'Erylhrina crifila-gallL 14(>

Ch. iMaut ns. Sur la lempéra- tiire except oimelle de l'hiver de IS40 118

Pépin. Noie sur la geU*e qui a sevi >ur les armes fruitiers à noyaux. 155

Page»^

.\AuniN. Manuel général des P'anie.s. ... 157

Plp'N. Société d’iiorliculture ue Yalognes. i5t>

l*^»* Août.

Nf.i mann. Caraguata Imgui^ forme. 161

Pépin. Colleclion d’Œillets de lanlaisi(? renionlanls. id.

l’ÉpiN. Noi(^ sur les Giroflées (hiot^ Qunrnu laines. 16S

N.udin. Notice sur la culture du Camellia. 163

PÉ-PiN. Note sur YOxalis car- U'i.sa. 16G

Pépin. Noie sur la transforma- tion d’iiiv- lucres eu pelales dans V.iuemnne mronnria. 167

David. Cliêne de France nou- veaux ou peu eoimus. 16S

D’i o.MBREs Fibmas. Souvenii's horticoles d’ii a lie. 170

Pépin. in>s(' Madame Varen- got (Üe-Boui bon). 175

Élysée Li.févhe. Traité des ar- br('S resiiK iix conifère^. 176

Pépin. Société d’horlicullure du Havre. 179

Neumann. Vente de la collec- tion de M. de Monville. 180

15 Août.

.1. n. Epnrris impressa. I8I

Pépin. Rose The (souvenir d’un ami). id.

PÉPIN. Plagius grandiflorus. 18i Pépin Sal/a j pnuua. 183

Nai d'N N< tic<‘ -nr la produc- ii"U (les fleurs bleues par les Uîjdruugcas 184

Pépin Note sur les tubercules d'o.calis crcuata. 185»

Pépin Note sur l’eff'*! produit par la chal' ur du mois de juin sur les feuilles d'Azidea indica ( t antres végéiaux. 186

PÉiMN Note sur la léci ndalion nai III elle et ai tilicielhi des vé- gmaux. 187

Vüximis Magazme of Bniami. Floraison (l’un nouveau Eiuh- sia en .xiiglelei re 188

Pépin —Arbres ( l arbustes nou- llemn.taiirodoitsen Franc»*. 189 Naudin. i^e expo>iiion de la Société royah? d’Iioriimli ni e. id. Nei MA.NN Exposition de fleurs (Je Chisvvieh (iarden. 195

Nai DiN. Invention récente des Andais. 197

PoiTEAi'. Nécrologie. Sou- laiJgC-Büdin. 198

DES MATIERES

MM- Papes.

pLAUCiir,. Kêcrclogie, Audi- bert. 200

1er SePTFMBRE.

lA£\mKm.—hui(ilehi Liudleijwm. 201 J. Decaisnk AO ic(* sur l’rla- blissrmriu lioriicoîe de M. Van Ho- lie. id.

PoiTEAu.— neslruciion descoiir- lilières. 219

Oarlier fils. Deslruclion des lots. 220

PoiTEAU. Moyen de p^araniir les lèves ef les choux des insec ics. 220

15 Septembre.

Nei mann. Porpliijroroma lan~ icauna. 221

Pépin. Noies snr quelques plaines nooveh-s i.vm intl <*rs, niyrli slennifnlin. Pœ'it'id Win- tnamiHiua , OwipaiaUa pmc- taitth 222

PoiTEAiT Observa lions sur rébom geoimeii'CMil tlela vi'-MP*. 221 A. Ti’rujRe. Ciiburc des/imn- rylits.

Pépin - Morin parlimlier do cuMm ede (|iiel(|iies piaules. Plauche E\po iliuii Ibnalo à MarMâlIc. 2Ô(»

Poteau,— S *eié!ê ntyale lin- nceiine de Ui iîrit|iic. 25ï^

Pépin lApo-iliimrlela Soeiêlc d’hoi I mil lire d'Orléans Prix pi opo és pour nu Dablia à fleuis b.’enes.

1er Octobre.

Pépin. 1 im n viser sum.

Pépin. Noies sur «inelqoes p‘anl«-s n< .iiM lli s fi rai'on d<r VAim rijll s (fuinfiteii , Sinhre ryful P njllt . Di heusonnnui , Aljy.Mun \Vi >htrl ti,. ro:Ti.AU. Mi leuvisdi'i plmro- gin.U'i 2i4

Pépin Erka en pleine lerrc à Angers.

B. 1)1 ‘PORTES. Fier d on do !h ubenl nia Tripdima en pleiKî lorie

Po teau. uisnons cl bulbes à n< nrs. 2ii

Pépin. .\ole snr les Vuehsia

217

PÉP .N \i»ie snr des Armie ir a hnhiUulu plan és en plciie- lei re. 248

Naüüin. Cuiiurc du Cedrus

. 559

M .M. Paget.

Dee.dora dans !e nord de l’E- eos.^ie. 249

bi:cMSNB.--Snr une prélendue Manne lonibée do i iel. 250

Naudin. Ellcis de la sève

>ru 253

Naudin Plio-pliorescence des rcoilles sêelies. 254

Scm iDWEiLER. Piaules rares qui tleiiiisseiil à Bru\ell s 25»

E. Marie. Du ( boix des espèces (le piirieis pour un jardin Iniiiier. 256

Le lUduUien. De iructînn des forfi; nies on peree-or< i Us. «58

PÉiMN Expo'>ition do la Société h •rlic'Ie de néllnine. id.

Vallet amé Ueproduclion du Mûrira m>rlhia}ui. 259

Pépin. Pixirail des catalogues (l’aoP niiKL id.

Avis aux amateurs de Daîilias. 2ü0

15 Octobre.

E. Van IIoutte Carncllia Vrin^ e.we Bnno' ilii. 251

Pépin. D,pLiciis punireus. 254

>. desportes Uu.-.es iiuuvel'cs O OciiiKs à An gers. 20»

PÉPIN. NoKî SOI (*0'ix nouvel- 1< s vaiii ies d(î Veihoin 207

Pépin Non* sur la \(‘gélnlioii (Ml p“( iiie len e du Ct>a. ihus pnintu us. 207

PEPIN. >(*(•! nde floraison du ;\lai roimier d’Imle. 208

Pépin. Noie sur un rosier diaii- g(*anl. 2G9

240 F. lliRiNCQ Corele général d’iioi lien lure. Expo^ilion.

Coiuviors. 209

Ch Laiii r\rd. S leiclé d’iior- 211 lir-i.ilinre de l'AMVTîi iîUe. 275

r.piN. Expnsiii »iis (le diverses So iéics (l’iioi tieiillure 278

ep'N. Evlra.i des calalogucs daulomiic. 278

l'^r Novembre.

An Brongniart. Symplocos à fleurs roses. 281

POTEru. l'imkia grcrndiflora. id. Naid n Piailles leK'innient ii- I rodiiiles dans l’Iioi ntailliire. 283

Pi PIN. ÜEiliels remoiilaiils. 28»

.1.1) Spii (N‘ à fie tilles de pru- nier, à lleor pleines. id.

.! I) Uu'AdU’in Lin('d‘yann. 280

i. 1). ( ai lin (*n pleine lerre (l’i II Eu lisia lUrrori' H. 28Î

Ca.muzet. .M'>y<‘ii d’uiiliser le nouioCOii t terminal des ra-

TABLE DES l^fATIEPxES

500

mi. Pages.

mo.Tux sur lesquels on a en- levé les bourgeons axillaires dans la grdfeen écusson. 287

PoiTEAu. Triomphe de Jo- doigne. 288

Pépin. Note sur deux nouvel- les variétés de prunes. 289

Papier. Noie sur la culture du Cerisier. 290

Pépin. -- Moyen de préparer à l’avance les arbres fruitiers pour les plantations neuves en espalier ou en plein vent. 291

B. IlLLT»EK. Multiplication du Mélèze par boutures. 292

POiTEAU. Sur le choix des grai- nes de la P»eine-Margueriie. 293 Naudin. Effets du guano li- quide. 294

Pépin. Panneaux et caisses en ardoises. 295

Naudin. Pratique raisonnée de la taille du Pêcher. id.

PoiTEAu. Exposition de la So-* ciélé d’horticulture du Rhône. 297 Seniintlle des Campagnes. Agence horticole en Angle- terre. 299

Pépin. Extrait des catalogues d’automne. id.

15 Novembre.

Neumann. Gloxinia caulescens Teuchlerii. 301

J. D. Dahlias nouveaux (Baron de Rochefort, Spiridion, etc.) id. Pépin. ISerium mulüfloruni phænicewn. 302

Pépin. Rose duchesse de Piohan. 303

Pépin. Rose du docteur Har- douin (ile Bourbon). id.

Poiteau. Moyen d’accélérer la croissance de ÏHybiscus syria- eus. cOi

B. Desportes. Cèdre de l’Inde, id. Pépin. Culture de l’Abricotier par semis. 306

J. D. Observations sur l’em- ploi du sulfate de fer contre la clilorose végétale. 307

Naudin. Nouvelles tentatives pour faire bleuir les fleurs des Hydrangéas. 309

Naudin. Apparition de la ma- ladie des pommes de terre Aur le Solanum laciniaium. 310

Naudin. Ncnvelle forme de la maladie des pommes de terre. 311

Pages.

SCTiEiDAVEiLER . Nolicc sur le Tussac (graminée nouvelle). 313

Laiiérard. Almanach du jar- dinier pour 1847. 314

Enseignement horticole dans les écoles rurales. 315

Pépin. - 17e Exposition de la Société d’horticulture de Saint- Omer. 316

Pépin. Extrait des catalogues d’automne. 317

Pépin. Châssis-jalousies. 319

Souscriptions pour les inondés de la Loire. 320

1er Décembre.

Neumann. Prune Reine-Claude de Bavay. 321

B. Desportes. •— Poires nouvelles obtenues à Angers. id.

Pépin. Fraise liégeoise. 322

Brayy. Rhododendron arbo^ reum (hybride). 323

N. Renoud. Origine du Dahlia Spiridion. 324

G. PELV1LAIN. Culture des Ananas. 326

Naudin. Quelques mots au sujet de la Vigne Isabelle. 327

Block. Des différentes maniè- res de cultiver les Asperges, 329 Naudin. Traité complet de la culture des Asperges. . 332

Froment. Du degré de chaleur que peut prendre la tannée dans les serres. 335

De Bellemain. Sur VOxalis crenata. 336

E. Lefèvre. Destruction des fourmis. 337

Pépin. Extrait des catalogues d’automne. 339

15 Décembre.

LECOQ. Cerisier Bigarreau mons- trueux de Mezel. 341

Neumann. Note sur \'Oxalis sensi- tiva. 342

Eusèbe Gris. Sur la coloration des fleurs de ['Hortensia. 343

Rantonnet. Note sur la tempéra- ture et l’état de la végétation à llyères. 346

Poiteau. Etablissement horticole de M. Gontier. 347

Camuzet. Catalogue de M. de Ba- vay, 348.

FIN DE LA TABLE DES MATIERES.

I