3 2044 106 33 2 893 HARVARD UNIVERSITY LIBRARY OF THE GRAY HERBARIUM Received \?> fWvy'- ^ ^Jr Digitized by the Internet Archive in 2016 https://archive.org/details/revuehorticolejo3118unse ! REVUE HORTICOLE Troisième «érlo 1 bnpnmerie d’E. Dcv»RGKn/rue de Verneuil, 4. REVUE HORTICOLE RÉSUMÉ DE TOUT CE QUI PARAIT d’iNTÉRESSANT EN JARDINAGE, PLANTES NOUVELLES, NOUVEAUX PROCÉDÉS DE CULTURE, PERFECTIONNEMENTS DES ANCIENNES PRATIQUES, INVENTION DE NOUVEAUX OUTILS, DECOUVERTES, ANNONCES, ANALYSES ET EXTRAITS d’oUVRAGES d’hORTICULTURE FRANÇAIS ET ETRANGERS. PAR MU. POITKAU et TILMORIM, rédacteurs du Bon JardinUr^ RECAISME , professeur suppléant de culture , IVECMAMM , chef des serres , PEPI^, chef de TÉcole de Botanique, au Jardin des Plantes de Paris ; Membres de la Société royale d’horticulture, etc. Janvier-Décembre 1847 Troisième série. — Tome premier PARIS LIBRAIRIE AGRICOLE DE DUSACQ Eflltotir de la MaUioii Rustique et du Bon «fardlnier RUE JACOB , 26 ■5Ü ■'■' '•/¥?;■ fe-— ■ H J ^\Sl ►^1 L.I. ■• ^ k_* r>^ ^ P 'L. ,:v^ ,' 7;_. xW^j^>:ïft '"■ ^ajAviiüKAii; vi:i. rK7>,«:^H,.T^^' l'u r^f> iii'y a.ij , :i ,1 :T Kt « Kr*;>o;t:f kXias / JO0 * ‘"-.“'A .>> t / trji/.;5 &T a/It/V ri ;>/•..; /ji} ,i*lÀt.'y'r'si.- f^v ■^y.'9 -<‘ t '' r » ! , } ^‘yr^umjl%piiv.0frf^l ^ 0 i ^ iù i,M ‘jÿiîl - •; ■ i / n., I ■^^éîîiîA^j. *. ■ •-:^ ^î Mi S;{o:)!n;)A hwïahî ivo^ r.<5Kl:>i r ni Osbeckia canescens GraKm REVUE HORTICOLE Osbeckia canescens Graham (Osbeckia à feuilles blanchâtres). (Fig. 1.) Plante de la famille des Mélastomacées , à tiges sous- frutescentes ou mieux vivaces ; elles périssent ordinaire- ment après la floraison, et la plante repousse du pied, comme une plante vivace. Nous l’avons reçue au Muséum sous le nom de Trembkya canescens ; mais cette plante ne peut appartenir â ce genre à cause des écailles qui recou- vrent le calice et des petits appendices qui alternent avec ses divisions. Ses rameaux sont droits ; les feuilles opposées , ovales- cordiformes, obtuses, tuberculeuses sur les deux faces, et blanchâtres en dessous. Les fleurs sont de couleur lilas vio- lacé, accompagnées d’une petite bractée ovale , caduque, et disposées en panicules terminales ou axillaires. Calice ovale, couvert de petits tubercules blanchâtres, à 5 divisions deltoïdes , avec lesquelles alternent 5 petits ap- pendices filiformes; pétales glabres, obovales; étamines au nombre de ^0, toutes fertiles, % à connectif très long ; dans les 5 autres le connectif est presque nul. Nous avons cultivé pendant plusieurs années cette plante au Muséum sans en obtenir de bons résultats ; mais comme depuis deux ans nous avons trouvé le mode de cul- ture qui lui convient , lequel consiste â ne pas laisser sécher durant l’été, et lorsqu’elle est exposée à l’air libre, nous sommes parvenus à en obtenir en septembre une floraison 6 REVUE HORTICOLE. inagnifique. Je ne doute donc pas qu’en la cultivant eu pleine terre de brj^yère , a demi-ombre, l’on arrive encore de meilleurs résultats. VOsbeckia,'qm se multiplie facile- ment de boutures et de rejetons, deviendra une plante propre à orner un jour les salons. Neumann. Des différences que certains arbrisseaux présentent dans leur multiplication par boutures, marcottes, etc. Je me suis demandé depuis longtemps comment il se fait que telle plante ne peut reprendre de boutures ou de marcottes, tandis que telle autre, de la meme famille, du meme genre et même, presque toujours, les variétés d’une même espèce, reprennent souvent avec une extrême fa- cilité. Citons d’abord la Clemaiis viticella (C. bleue) a fleurs simples, où, de toutes les aisselles des feuilles, on voit naître immédiatement des racines peu do temps après le couchage ou marcottage. Tonies les branches de cette plante grim- pante, quand elles ne sont point soutenues et qu’elles viennent par conséquent a ramper sur terre .ou a la toucher à peine, produisent des racines k l’aisselle de toutes leurs feuilles ou, ce qui revient au même, a la base de chaque mérilhale, tandis que la même plante a fleurs doubles (variété obtenue par semis) ne peut, malgré toutes les pré- cautions possibles, s’enraciner qu’après deux ans. La C. blanche odorante ou C. flamula est dans le même cas; elle donne plus difficilement encore des racines que la C. double bleue. La C. blanche de Sibérie, la dioïqne, la C. vitalba et même la C montana dii Népaul reprennent avec une ex- trême facilité, soit de couchage, soit de marcottes et même de boutures. A l’égard des Mûriers, il en est de même : ainsi le blanc se multiplie promptement par couchage, marcottes et bou- tures. Le mullicaule et ses variétés prennent parfaitement, dans la même année,' sur boutures a un seul œil. Le noir (Morus nigra), au contraire, reste toujours deux ans avant de produire ses r.icincs. Enfin, le M. ruhra (rouge du Canada) n’a jamais repris, malgré les soins dont je l’ai en- touré. J’ai conservé en place des marcottes pendant quatre ans sans les voir donner une seule radicule, et cela malgré les REVUE nOUTlCOLE, ÎQcisions, torsions, lif^atures et autres moyens employés dans ce genre de multiplication. Les boutures sont dans le même cas et très récalcitrantes a la reprise. J’appelle en- core l’attention sur un fait fort singulier, c’est qu’il y a des plantes qui reprennent parfaitement de boutures dans le courant de la première année , tandis que par marcottes elles restent quelquefois deux ans avantde produire des ra- cines : tels sont le Spirœa ariœfolia^ le Garrya ellip- tieUf etc. Je dois faire observer, en terminant, que ces différences ne tiennent point à la dureté du bois, comme on serait disposé a le croire ; on sait, en effet, que le Buis, l’If, etc., à bois très dense, reprennent très facilement de boutures. Il y a donc dans les plantes que je viens de citer un phénomène spécial qui serait digne de fixer l’attention des physiolo- gistes, car sa solution pourrait avoir des conséquences im- portantes pour l’art horticole. Camüzet. chef des pépinières au Jardin des Plantes, Nouveaux essais de culture du Prangos. Il y a près de vingt-cinq ans, l’attention des agriculteurs de la Grande-Bretagne fut vivement excitée par l’annonce que fit un délégué anglais dans les montagnes de. la région septentrionale de l’Inde, M. Moorcroft, de la découverte qu’il venait de faire d’un fourrage de qualité supérieure qui, selon toutes les apparences, doit s’acclimater en Eu- rope et rendre a l’agriculture des services imporiants. Ce nouveau fourrage, désigné dans le pays sous le nom de Prangos^ fut reconnu par ce voyageur pour appartenir à la famille' des Ombellifères, et quelque temps après il fut décrit, sous le nom de Prangos pabularia, par le docteur Wallich, surintendant du jardin botanique de Calcutta, qui en reçut des graines de M. Moorcroft, et qui tenta vaine- ment de Fintroduire dans les cultures de la région chaude de l’Inde. Des graines en furent aussi envoyées en Angle- terre, au cap de Bonne-Espérance et en France, a M. Vil- morin ; mais il paraît que tous les essais d’acclimatation qui furent faits alors, au moins en Europe, restèrent sans résultat, puisque bientôt on n’en entendit plus parler. Aujourd’hui que l’on se préoccupe si vivement et avec tant de raison de l’avenir de l’agriculture, et que l’on re- REVUE HORTICOLE. $ connaît l’importance du rôle que les bestiaux doivent y jouer, il était impossible que l’on ne cherchât pas à tirer de l’oubli une plante fourragère dont on avait dit des mer- veilles. C’est à un habile agronome anglais, M. W. Taunton, que revient l’honneur de l’initiative; il a repris ces essais de culture en x\ngleterre, et, grâce à ses soins éclairés et persévérants, il est permis d’espérer aujourd’hui que cette plante utile trouvera un jour sa place dans les cultures eu- ropéennes. Les résultats de ses expériences sont consignés dans une lettre adressée à M. Vilmorin, et que nous met- trons tout a l’heure sous les yeux des lecteurs ; mais aupa- ravant nous rappellerons brièvement ce que disait du Pran- gos M. Moorcroft lui-même, dans une lettre du 15 août 1822, époque où il le découvrit, adressée de Wakka, sur la rivière Molbec , à M. Bayley, secrétaire de la Société d’agriculture de Calcutta. Voici en quels termes il s’ex« primait : « Désirant employer aussi utilement que possible le temps que je serai forcé d’attendre ici la réponse définitive des autorités chinoises d’Eela, au sujet de mon message, j’ai entrepris, il y a quelque temps, une excursion à Imbal ou Droz, pour y voir une plante qui croît dans les environs de cette ville et dont on me faisait des récits qui me sem- blaient toucher à l’exagération. Cette plante, nommée Prangos, est donnée comme fourrage d’hiver aux moutons, aux chèvres et souvent aussi aux chevaux ; mais sa graine, lorsqu’elle est mangée par ces derniers, leur occasionne , dit-on, une inflammation des yeux et une cécité passagère. « Ses qualités, comme fourrage, sont de produire l’engrais- sement dans un laps de temps extrêmement court et de faire périr les douves du foie des animaux (Fasciola hepa- tica)^ affection qui, en Angleterre, détruit tous les ans des milliers de moutons après un automne humide, et contre laquelle l’art possède peu de ressources. Si la plante, trans- portée en Europe, y conservait cette propriété, et il n’y a pas de raison pour qu’elle la perde, elle deviendrait pour les éleveurs de bestiaux une acquisition précieuse ; mais si l’on ajoute à cela son immense produit, la facilité de sa culture, sa durée qui peut dépasser quarante ans, et la fa- culté qu’elle a de prospérer sur les terres les plus maigres et les plus impropres aux travaux de l’agriculture, on ne lui trouvera point de rivale dans la liste des preduclions fourragères. Une fois établie dans un terrain, elle n’exige REVUE HORTICOLE. î) plus ni labours, ni sarclages, ni engrais ; les seules peines h prendre sont la fauchaison et le fanage. ** Voici des faits qui prouvent la longévité du Prangos. lî y a quarante ans, on en porta des graines sur la frontière orientale du Cachemire, a l’ouest de la ville d’Imbal, et on les y sema avec de la luzerne jaune ; elles prospérèrent, et on y voit encore aujourd’hui des plantes provenant de cet ancien semis et qui sont dans un état florissant. D’autres graines furent transportées a l’est et semées sur un terrain rocailleux, où on vit les plantes fleurir pendant une qua- rantaine d’années; mais, par suite d’une longue période de sécheresse durant laquelle il ne tomba presque ni pluie ni neige, elles périrent de même que la plupart des plantes de la localité. Ces faits, et beaucoup d’autres que j’ai re- cueillis, me portent à croire qu’avec le Prangos on pourra tirer un excellent parti des marécages et des landes incultes qui aujourd’hui encore déparent sur tant de points la belle agriculture de l’Angleterre. Je suis convaincu que les hau- teurs et les vallées qui jouissent d’une certaine profondeur de sol donneront un produit triple de celui qu’on en retire aujourd’hui, et qui sera surtout apprécié comme fourrage d’hiver. » On voit par ces paroles de M.Moorcroft que le Prangos de- vait exciter l’intérêt des agriculteurs; nous croyons que fa lettre dans laquelle M. Taunton fait part a M. Vilmorin de ses récentes expériences en Angleterre inspirera encore plus d’intérêt, comme donnant un plus haut degré de pro- babilité du succès dans la culture en grand de cette plante. « La fleur du Prangos, dit cet estimable agriculteur, est jaune, petite et presque dépourvue d’odeur; ses pistils sont couverts d’un liquide sirupeux et sucré; les feuilles ressemblent beaucoup a celles du Fenouil. La plus haute de mes plantes a atteint cette année une hauteur de 1*»,67, la plus longue des feuilles radicales avait presque 1 mètre; mais ces feuilles radicales sont peu nombreuses. M. Shepherd, directeur du jardin botanique de Liver- pool, m’en avait envoyé 25 graines au mois de mars *1840. Je venais, à cette époque, de changer de résidence et de prendre un nouveau jardin. Les embarras qui s’en- suivirent ne me permirent pas de donner a ces graines tous les soins que j’aurais voulu ; je me contentai donc de les semer sur un terrain simplement bêché et sans fu- mure. Je surveillai toute l’année la place où j’avais fait \0 REVUE HORTICOLE. mon semis, mais sans y voir rien paraître, et j'en désespé- rais (iéja, lorsque sur la (in de mars de l’année suivante, c’esl-'a- dire eu 1841 , j’aperçus deux jeunes plantes que je reconnus, a leurs grands cotylédons, pour être desPrangos. Vous pouvez croire que j’en pris tout le soin possible. L’hiver de d840 a 1841 a été rude, comme vous le savez; mais est ce le froid qui a tué le reste des graines, ou bien avaient-elles perdu leur faculté germinative en voyageant? c'est ce que je ne saurais dire ; je ne crois pas cependant qu’il faille ailribuer ce résultat aux gelées. « Ayant remarqué que la terre oîi se trouvaient mes deux jdanles était encore de bonne qualité a 1 mètre environ de profondeur, je voulus, lorsqu’elles furent âgées de deux ans, faciliter le développement de leurs racines dans cette bonne terre, en rameublissant tout autour jusqu'à la pro- jondeur que je viens d’indiquer. Pendant l’iiiver de 1845 a 1844, une des deux avait produit trois tiges distinctes. Je la transplantai sur une planche de terre calcaire et argi- leuse que j’avais remuée a une profondeur de 4 mètre, et où j’avais mis abondamment du fumier de ferme. Pour l’enlever, je creusai perpendiculairement autour du pied jusqu’à environ 0™,72 , sans atteindre l’extrémité de là racine que, par mégarde, je cassai a cette profondeur où elle était encore de la grosseur du petit doigt. J’avais aussi rompu beaucoup de racines latérales; je plantai ces fragments, mais aucun ne poussa. Je ferai remarquer en passant que les racines du Prangos sont remarquable- ment fragiles. A l’intérieur, elles ont quelque ressemblance avec celles des Pivoines, sans être aussi coriaces, mais elles ressemblent encore davantage a celles de la Bryone et ne présentent aucunes traces de matière ligneuse. Cependant, quoique tendres, elles avaient pénétré profondément dans une couche d’argile calcaire dure et compacte. Jugeant par là que si je facilitais la tendance qu’elles ont a s’enfoncer et à se ramifier dans le sol, j’obtiendrais des plantes plus fortes et mieux développées, je fis creuser a 4“,55 de pro- fondeur un morceau de terre de 10 perches de superficie (50 mètres en carré) que je fis fumer copieusement dans toute l’épaisseur de la terre qui avait été remuée avant de recevoir un semis de Prangos qui a eu lieu au commence- ment du mois d’aoùt (1840), convaincu que si les plantes doivent durer une quarantaine d’années, comme M. Moor- croft et d’autres l’assurent, la peine et les dépenses qu’elles IIEVÜE HORTICOLE. me couleraient seraient largement compensées par leur produit. C’est, an resic, ce que j’aurais fait pour un verger, et le hasard voulut précisément (]ue je rencontrasse dans une vallée un endroit où la terre végélale a été tellement accumulée par quelque ancien bouleversement, que je puis y creuser à I “,55 sans trouver le moindre changement dans le sol. « Mes deux Prangos ne se sont pas fait remarquer par la précocité de leur développement au printemps, et c’est en quoi ils diffèrent des plantes alpines et de celles de la Sibérie ou du Japon. Cette année (1846), après un hiver extrêmement doux, la plante la plus forte a développé son premier bourgeon le J 7 mars; l’autre, qui est celle que j’ai transplantée et qui , soit dit en passant, est a présent moins forte que l’autre, par suite de l’interruption que cette opération a mise dans sa croissance , stimulée sans doute par les engrais, a commencé a pousser quelques jours plus tôt. Les années précédentes, ce ne fut guère que vers le 4®'* avril qu’elles commencèrent à végéter, et, en 4 845, ce ne fut même que le 19 de ce mois. Les feuilles tombent et se dessèchent de très bonne heure; en 1844, par exem- ple , cela arriva à la fin de juillet. Cette année, au 7 du mois d’août, elles étaient encore vertes, et je présume qu’elles se conserveront jusqu’au commencement de sep- tembre, ce que j’attribue aux copieux arrosements que je leur ai donnés pendant les chaleurs. Le 6 mai 4 845, époque à laquelle les feuilles des Prangos avaient déjà 0^,45 environ de longueur, nous éprouvâmes ici une ge- lée si rude que les fleurs des frênes tombèrent et que les jeunes plants de haricots furent détruits; les feuilles des Prangos n’en furent nullement affectées. Cette année (1 846), leurs fleurs se sonfouvertes le 4 5 mai ; celles de la plante que j’ai changée de place m’ont paru avoir souffert de quelques légères gelées qui arrivèrent vers les premiers jours du mois, car un certain nombre d’entre elles se des- séchèrent au lieu de s’ouvrir. Je ne savais comment expli- quer cette sensibilité au froid dans une plante originaire des steppes centrales de la Tartarie ; ce n’est que tout ré- cemment que j’ai pu me rendre compte de ce phénomène, quand je lus dans le Cosmos de M. de Humboldt que la ligne des neiges éternelles était à plusieurs centaines de pieds plus bas sur le versant méridional de l’Hymalaya que sur le versant septentrional ; ce qui fait que les plantes du ]2 REVUE HORTICOLE. Thibet jouissent d’une température plus douce que je ne raurais supposé, eu égard à la latitude et a l’élévation, et que leurs fleurs peuvent être tuées par la gelée, quoique leurs feuilles y résistent très bien. La précocité de la chute des feuilles de mes Prangos me semble indiquer que le climat natal de ces plantes est plus frais et plus humide que celui de nos collines calcaires. Depuis que j’ai semé ces plantes, nous avons essuyé ici plusieurs hivers très ri- goureux; je n’ai cependant rien observé qui me fasse croire que le froid puisse nuire à la racine pendant son sommeil d’hiver, ni que les feuilles aient rien à redouter des gelées du printemps. Nous avons d’ailleurs beaucoup de plantes indigènes, des arbres forestiers, des arbres a fruits et autres dont les fleurs sont de temps à autre détruites par ces gelées tardives, ce qui semble annoncer que le Prangos est aussi rustique que ces végétaux. Après tout, je ne fais que consigner le résultat de mes observations, et, loin de chercher a vous faire adopter mon opinion, je dé- sire au contraire avoir la vôtre. Les. graines semées en avril restent dans la terre jusqu’au mois de mars de l’année sui- vante: pourtan t je ne désespère pas devoir lever avant l’hiver, comme cela arrive pour les Héracléums et beaucoup d’au- tres Ombellifères, celles que j’ai semées à la fin de juillet sur un sol préparé et fumé, bien qu’en ce moment (19 août) on n’en voie pas encore paraître. Si cela arrivait, il se pourrait que le jeune plant courût plus le risque de périr cet hiver que les hivers suivants. Pour parer a cette éven- tualité, j’ai semé une partie de mes graines dans des pots que je me propose de rentrer sous châssis pendant les ge- lées. Je dois ajouter que sur le pied qui n’a pas été trans- planté les fleurs n’ont nullement souffert du froid qui a fait périr une partie de celles de l’autre, et que presque toutes ont produit des graines parfaitement conformées. M. Moore, du jardin botanique de Dublin , m’écrit qu’un pied de Pran- gos venu de semences envoyées par le docteur Royle, en 1 840, a fleuri l’année dernière à Londonderry, en Irlande; mal- heureusement il ne me dit pas s’il a mûri ses graines. « J’ai demandé a l’officier qui avait vu le Prangos vivant dans son climat natal quelle pouvait être la nature du sol sur lequel il croissait. Il me répondit que c’était une espèce d’argile légère. Je ne me fais pas une idée bien exacte de ce qu’il entendait par l'a : je présume qu’il voulait dire une sorte de détritus de schiste argileux, terrain que je ne REVUE HORTICOLE. -I 5 puis, ni vous non plus probablement, fournir b ces piaules. «Les tiges et les feuilles du Prangos laissent exsuder à travers leurs pores une résine jaunâtre, d’une odeur forte et d’une saveur chaude et agréable, que quelques insectes paraissent rechercher. La consistance sèche et solide du feuillage semble parfaitement adaptée pour résister égale- ment à la gelée et a la sécheresse. >• Voila une expérience bien faite pour donner de légitimes espérances, et nous sommes peut-être encore plus intéressés que les Anglais a les voir se réaliser. Nul doute, si le Pran- gos réussit en Angleterre, qu’il ne puisse encore mieux s’ac- climater en France, et peut-être précisément la oii la cul- ture des fourrages ordinaires est difficile et peu productive, et où par conséquent on éprouve le manque de bestiaux, circonstance qui réagit de la manière la plus fâcheuse sur les autres branches de l’agriculture, par la pénurie des en- grais qui en est la suite. Qui sait même si on ne pourrait pas en tirer un parti avantageux pour l’Algérie? Cette sup- position acquiert un certain degré de probabilité, lors- qu’on réfléchit que la partie du Thibet où croît naturelle- ment le Prangos se trouve sous le 55® degré, c’est-a-dire précisément sous la même latitude que nos possessions en Afrique, où de nombreuses chaînes de montagnes amènent une température assez analogue a celle du Thibet. S’il est vrai, d’un autre côté, que le Prangos croisse aussi, comme Pinsinue Fauteur de la lettre qu’on vient de lire, dans les steppes de la Tartarie, où les chaleurs en été égalent celles de la zone torride, il est évident qu’il résistera a celles de l’Algérie. L’effet probable du climat de ce dernier pays se- rait de hâter l’époque de la maturité des plantes qu’il fau- drait peut-être faucher un mois ou deux plus tôt que dans nos climats tempérés. Ce serait donc une utile expérience a tenter, et il serait à désirer que le gouvernement ou au moins que quelques particuliers fissent faire des essais diri- gés de manière a résoudre une question aussi importante. Si quelques-uns de nos lecteurs se trouvaient disposés à considérer cette note comme du domaine de l’agriculture, nous leur ferions observer que toute culture procède de la culture des] jardins, et que c’est là que se sont produites toutes les plantes qui font aujourd’hui la richesse de l’agri- culture. Chacun de nos légumes, chacune de nos racines fourragères en est un exemple. N’a-t-on pas vu, en effet, l’introduction d’une espèce longtemps cultivée comme ob- jet de luxe, changer tout un système d’assolement en passant REVUE HORTICOLE. i I du jardin dans la ferme? Il importe donc que les horticul- teurs commencent sur une petite échelle les premiers es- sais de culture de la plante qui vient de nous occuper, de manière a guider l’agronome dans son exploitation en grand. Naudin. Culture des Melons en pleine terre. Sur la demande de M. Houlette, horticulteur a Stains, une commission a été chargée par la Société d’horticulture de visiter la culture de Melons de M. Houlette. Cette culture est faite en pleine terre, dans un ancien pré borné dans sa partie supérieure par une petite rivière où il puise l’eau pour les arrosements. Le loyer de ce terrain, de la conte- nance de 1 hectare, est de 525 fr. par an ; une partie est encore en pré; 60 a 65 ares ont été défrichés depuis trois ans et convertis en une melonnière, qui n’occupe, dit-il, que sa femme, lui, sa fille et parfois un homme de journée. L’espèce dite Cantaloup, fond gris, fond blanc et autres variétés, est celle que cultive M. Houlette. Il fait son pre- mier semis vers le 20 avril, pour mettre en place le 1 5 mai; le deuxième, vers la fin d’avril, pour mettre en place fin de mai ; le troisième est mis en place du ^ 5 au 20 juin, et le quatrième et dernier vers le 25 Juin. Les fruits de la première saison étaient mûrs et en pleine récolte au moment de notre visite, et aussi beaux que ceux provenant de couches. Ceux des deux saisons suivantes étaient beaux et arrivés "a leur grosseur; ceux de la quatrième étaient beaucoup moins avancés ; cependant tous étaient dans un parfait état de végétation. Il fait ses semis sur une couche de 0“^,20 a 0™,25 d’é- paisseur, faite en fumier ou avec des herbes; a 10 centi- mètres sur tous sens, il sème deux graines de Melon a 0“,02 l’une de l’autre ; plus tard, il les met en place à l’aide d’un déplantoir, sans leur avoir fait subir de repiquage, a \ mètre de distance sur la ligne et l*“,55 d’une tranchée a l’autre; a chaque pied, il met environ une fourchée de fumier; il les plante comme ils ont été semés, deux a deux, pour pa- rer, autant que possible, aux non-réussites, et les laisse se développer lorsqu’ils ont réussi tous les deux. Aussitôt la plantation, les pieds sont recouverts d’une feuille de papier huilée, déjà terne par l’usage qu’on en a REVUE HORTICOLE, fait l’année précédente, maintenue a ses encoignures par des pierres et supportée par une carcasse du modèle le plus simple. Environ dix jours après la plantation, les plants ont re- pris et pouvant alors supporter plus directement l’action du soleil ; on les recouvre de feuilles de papier nouvellement huilées; a la Saint-Jean, on les enlève, afin de s’en servir, l’année suivante, pour protéger les nouvelles plantations. La culture de M. Houlette est celle suivie a Lisieux et a Honfleur; elle diffère de la culture parisienne en ce qu’on n’y emploie pas de verre et presque pas de fumier. Comme on va le voir, elle a une certaine importance. La première saison se compose de 15 tranchées, conte- nant environ 225 pieds de Melon. La deuxième saison, de 16 tranchées, contenant 240 pieds. La troisième, de 41 tranchées, contenant 910 pieds. La quatrième, de 56 tranchées, contenant 648 pieds. Ce qui fait un total de 2,015 pieds qui, supposés a 2 fruits chaque, donnent 4,050 fruits. En résumé, la culture de M. Houlette a paru a la com- mission d’un grand intérêt, et son état florissant atteste l’ex- cellence des procédés suivis. On objectera avec raison qu’une température aussi sou- tenue et aussi chaude que celle de 4 846 est rare sous le climat de Paris, et qu’assurément un aussi beau succès ne peut être espéré chaque année ; cependant, il n’est pas moins vrai que, sur trois années, M. Houlette a eu deux années de réussite. L’année dernière (1845) n’a pas présenté de bons résultats ; mais, si on peut regarder 1846 comme ayant fa- vorisé d’une manière particulière la culture des Melons, on peut dire aussi que Tannée précédente était, dans un sens contraire, une année exceptionnelle sons le climat de Paris. La commission conclut de tout ceci que, si la culture en pleine terre n’est pas nouvelle en France, elle Test au moins dans les environs de Paris, où on n’a jamais osé tenter son application en grand; qu’ainsi, M. Houlette mérite de recevoir un encouragement de la Société. Jacquin aîné. REVUE HORTICOLE. ^0 Croissance extraordinaire d*un Pétunia violacea. M. Joseph Potard, jardinier a la Romainerie près Angers, cultive avec succès les plantes annuelles et les plantes vivaces, dont il récolte les graioes pour le commerce. Un Pétunia, qu'à cet effet il avait planté l’an dernier en pleine terre à l’angle de deux murs qui le garantissaient des vents du nord et de ceux de l’ouest, a passé l’hiver dehors en ne perdant que ses tiges, quoiqu’il ne fût pas couvert. Dès que les premières chaleurs du printemps se firent sentir, les yeux latents du collet se développèrent et prirent bientôt un accroissement considérable. Cette plante fut palissée avec soin et taillée plusieurs fois pour dégager une porte près de laquelle elle se trouvait. Malgré ces suppres- sions répétées, il mesurait a la fin d’août près de JO mètres de superficie. Les fleurs qu’il portait étaient au nombre de plus de 2,000 à la fois, et cette merveilleuse floraison a duré depuis le mois de juin jusqu’au mois de septembre. Peut-être pourrait-on, dans les hivers qui ne seraient pas trop rigoureux, conserver cette plante en pleine terre dans nos contrées en couvrant le pied avec de la litière, ou mieux encore avec du sable. Si cette expérience, qui est très simple et facile à faire, réussissait, elle aurait l’avantage de donner pour Tannée suivante de plus forts sujets, et par suite une floraison infiniment plus abondante et plus belle. Baptiste Desportes, Membre de la Sociéié industrielle d’Angers. Matière colorante de TEschscholtzia crocea. Les pétales de ïEschscholtzia crocea^ renferment une matière colorante d’un orangé brillant extrêmement pur et qui jouit de propriétés assez remarquables. Cette couleur se combine d’une manière très intime avec le fil, le coton et la soie, et leur communique uue nuance très pure et très solide en apparence, car elle n’est altérée ni par l’eau, ni par les alcalis, ni par les acides, à moins qu’ils ne soient à un degré de concentration capable d’agir sur les tissus; mais elle est tout a fait volatile, si bien qu’au bout d’un temps plus ou moins long les tissus qui en ont été teints redeviennent entièrement blancs. Ce temps varie d’un à deux (1) Var. de VEschschoîtzia californica. REVUE HORTICOLE. 17 niois, selon le plus ou moins de coiiceiUration de la solution qui a servi a teindre, et la température. Voici comment j’ai opéré pour obtenir la nuance assez pure pour qu’après sa disparition complète les tissus restent tout a fait blancs : On fait d’abord bouillir les pétales d'EschschoUaia dans l’eau ordinaire* pendant quinze a vingt minutes, puis on les retire, on les égoutte et on les fait de nouveau bouillir pen- dant un quart d’heure dans une lessive de carbonate de soude ; on les lave a grande eau, a froid, puis on les traite par l’acide sulfurique étendu de dix a douze fois son poids d’eau; on les lave de nouveau; on les égoutte et on les sèche. Ils se présentent alors sous forme d’une masse comme cornée d’un rouge orange foncé et qui forme a peine le dixième de leur volume primitif. Dans la vue de don- ner plus de pureté a la nuance, je faisais encore un dernier lavage a l’esprit de vin, mais je le crois à peu près inutile quand les lavages précédents ont été faits avec soin. La matière sèche est alors traitée par l’éther, qui lui enlève à l’instant le principe colorant. On peut, en fraction- nant les produits, obtenir une solution extrêmement con- centrée. C’est cette solution éthérée qui communique à l’instant, k froid, la couleur aux tissus qu’on y plonge ; et, contrairement à ce que j’aurais supposé, cette couleur se répand d’une manière tout k fait régulière et sans brin- geures. Cette manière d’opérer permet de faire subir l’opération de la teinture k des matières trop délicates pour la suppor- ter sans altération par les procédés ordinaires : ainsi j’ai pu teindre de cette façon des morceaux d’étoffes de soies brochées k grands dessins, sans que l’étoffe ait rien perdu de son apprêt et le dessin de sa netteté. Quoique constituant un corps gras volatil, ce qui lui donne quelque analogie avec les essences, cette matière colorante m’a paru être totalement inodore. Ses propriétés me paraissent être de nature k appeler sur elle l’attention des chimistes. Quant aux usages qu’elle peut avoir, je ne m’en rends pas bien compte, mais il me paraît impossible qu’une matière contenant une couleur aussi riche, et qui semble être tout k fait innocente, ne soit bientôt utilisée (t) Ils cèdent à Veau une couleur jaune pâle contenue aussi dan& tout le reste des parties vertes de la plante. Celte couleur est très lé- gère, analogue à celle que fournit la gaude, et très solide. REVUE HORTICOLE, dans quelques arts, par les couûseurs et les parfumeurs par exemple. J’ajouterai que la matière colorante des pétales du souci qui, comme on sait, est employé pour colorer le beurre en hiver, me paraît tout a fait analogue a celle-ci*. L. V. Note sur /'AUium ampeloprasum. Au printemps de J 845, j’ai reçu de M. Jamain, fleuriste- orangiste, rue des Fossés Saint-Marcel, plusieurs beaux Oignons d’une espèce d’Ail qui croît spontanément en Es- pagne et dont on fait dans ce pays une grande consomma- tion. Je les plantai au printemps dernier, afin de comparer cette espèce avec celles qu’on cultive a l’Ecole botanique du Jardin des Plantes; je reconnus dans le courant de cette année que cette plante était identique avec VAllium ampe^’ loprasum, Linn. C’est du reste une espèce très vigoureuse dans nos cultures; ses hampes s’élèvent souvent a ^ mètre; les Oignons sont gros, solides et ne se divisent pas comme dans l’Ail commun, ce qui fait que les caïeux en sont rares. Son odeur d’Ail est peu prononcée, mais U a le goût très fort de l’Oignon, ce qui me fait présumer que ce pourrait être l’es- pèce d’Ail doux si abondant dans le midi de la France et en Espagne où il est mangé corn me on mange ailleurs les Oignons blancs. Cette plante est, comme je l’ai dit, très rustique dans nos cultures et peut rester plusieurs années en terre sans être relevée et sans se détruire ; mais alors les Oignons, se trouvant plus serrés, prennent moins de développement. Je ne pense pas, du reste, que celtë espèce ait été culti- vée a Paris comme plante économique, et j’engagerais quel- ques-uns de nos jaidiniers a en essayer la culture, afin de savoir jusqu’à quel point elle pourrait intéresser l’horti- culture maraîchère; les produits d’ailleurs en sont très abondants, et ce serait une espèce de plus a ajouter à nos plantes économiques. Pépin. Développement eoclraordinaire de plusieurs fruits en 1846. Le 7 octobre dernier, il a été présenté 'a la Société d’horticulture de Paris, de la part (le M Lefébure, secré- taire de la Société d’agriculture de Lille, deux Pommes (l) Elles sont toutes deux très solubles dans les corps gras. REVUE HORTICOLE. ^9 Grand- Alexandre (ou Fin-D’Aii(onine) de forme et de gros- seur vraiment remarquables. Un de ces fruils mesurait 0*",57 de circonférence; sa forme, légèrement comprimée aux deux extrémités, l’était surtout du côté du pédoncule; sa peau d’un jaune clair, colorée du côté du soleil, mar- quée de stries rouge foncé , rappelait celle de la Pomme de châtaignier. Ces Pommes ont figuré a l’exposition qui a eu lieu cette année a Lille. — Celte belle variété paraît être assez répandue dans le nord de la France et dans les jardins de la Belgique où M. de Bavay a beaucoup contribué a la propager. M. Jamain , en admirant ces beaux fruits, assurait les avoir observés â Kœnisberg et en Russie, où ils semblent très communs. Cette variété, une des plus grosses qui nous soient connues, mûrit à l’automne. Dans la séance du 21 octobre, M. Jamain, de son côté, présenta une Poire Belle -Angevine ^ de de haut sur 0*”,40de circonférence etpesanH ,*'60 Cette Poire lui avait été adressée par M. le comte dePont-Gibaud, et récoltée par lui sur un arbre fourni par M. Jamain. Enûn le 4 no- vembre, M. Tournger, président du comice agricole de Chinon, fît offrir â la société une Poire Belle-Angevine^ du poids de 2 kilog. 62 grammes, de 0™,20 sur 0°*,48 de cir- conférence, mais de forme moins régulière que celle offerte par M. Jamain. Bibliothèque horticole. La Société royale d’horticulture de Londres vient de join- dre â son magnifique jardin une institution dont les avan- tages ne peuvent être contestés; c’est une bibliothèque formée exclusivement de livres à l’usage des jeunes gens qui se destinent a la profession de jardiniers. La salle est tapissée de planches d’histoire nalurelle, principalement de botanique et de physiologie végétale. Le docteur Lindley, dans une séance djinstallation, a développé devant un nom- breux auditoire l’utilité de l’instruction professionnelle pour chaque classe de la société, et en outre la nécessité, pour les jeunes gens de la génération actuelle, de posséder la plus grande somme possible d’instruction générale. « Le monde, a dit M. Lindley, sait fort bien faire la différence entre un jardinier ignorant et un jardinier instruit, même quand ils ont l’un et l’autre une égale habileté pratique dans leur profession. » Il a émis le vœu que la bibliothè- 20 REVUE HORTICOLE. que de la Société d’horticulture de Londres devînt le noyau d’une école d’horticulture complète, mettant a la portée des jeunes jardiniers un enseignement à la hauteur des be- soins intellectuels de notre époque. Une semblable école ne serait pas moins bien placée dans la plupart de nos grandes villes qu’à Londres. Influence de la lune sur la végétation en Colombie. Il y a longtemps qu’en France nous ne croyons plus à l’influence de la lune sur la végétation, ou si l’on y croit encore, ce n’est guère que dans les localités les plus reculées, la où les saines doctrines horticoles n’ont pas encore pénétré. Il paraîtrait cependant que cet astre n’est pas sans quelque action sur les plantes, au moins dans certains climats, et si l’observateur qui raconte le fait ne s’est pas fait illusion. « En Colombie, dit-il, pendant le premier quartier de la lune, la sève monte abondamment dans les plantes dont elle remplit les tissus, tandis qu’au contraire elle descend dans la période de décroissance de la lune. C’est un fait admis de tout le monde et parfaitement reconnu que le bois de construction qui a été abattu pendant le premier quartier ne peut être d’aucun usage, parce qu’il se pourrit presque immédiatement. J’ai vu moi-même, dans le Cawca, le grand Bambou nommé Guaduas, dont les entre-nœuds four- nissent en abondance une eau limpide pendant le premier quartier de la lune, cesser de produire du liquide passé cette époque. Peut-être, ajoute l’observateur, la nature a-t-elle voulu donner par là, tous les mois, un certain temps de repos à la végétation dans un pays où il n’y a point d’hiver. Gardeners* magazine. Exposition d'horticulture à Liège. La Société royale d’horticulture et d’agriculture de Liège (Belgique) a décidé, dans sa séance du octobre dernier, que son exposition d’hiver aurait lieu le dimanche 7 mars J 847. Les plantes de toutes espèces devront être déposées au local de l’exposition, le vendredi 5 mars, avant midi. Des médailles et des mentions honorables seront décernées dans rassemblée générale qui aura lieu le mercredi 1 0 mars suivant. L. l! on statu. ApKelandra fui g eus. Duc | REVUE HORTICOLE 21 Aphelandra fulgenSj üecaisne ((ig. 2). La plante nouvelle dont nous donnons ici la description est originaire du Mexique ; elle habite les lieux humides et tempérés de la province d’Oaxaca. Les pieds d’après les- quels nous en faisons la description ont été envoyés l’année dernière au Muséum par M. Ghieshreght. V Aphelandra fulgens est un arbuste de 1 mètre envi- ron de hauteur; les rameaux de trois a quatre ans, dressés et du volume d’une plume de cygne, sont recouverts d’une écorcelisse et cendrée; ceux de l’année sontvelus, et portent des feuilles de 0*",10 a 0“,20en longueur, ^mesurant a peu près 0”^,078 en largeur; elles sont opposées, elliptiques- oblongues ou obovales-oblongues , atténuées en pétiole a la base, acuminées au sommet ; leur surface supérieure, a l’exception de la nervure moyenne, est glabre, l’inférieure est au contraire pubescente et velue ; les fleurs qui termi- nent les rameaux sont sessiles et disposées en épis sur quatre rangs verticaux, accompagnées de bractées ovales, acuminées, dentées , fimbriées en leurs bords, velues exté- rieurement; le calice a cinq divisions profondes, iné- gales, lancéolées , aiguës, est accompagné de deux brac- téoles; la corolle, longue de 0”',05 à 0”\04, d’un rouge éclatant, rappelle celle du Salvia fulgens ; \ül partie du tube protégée par le calice est coriace et marquée de poils qui couvrent l’extérieur de toute la corolle, dont la lèvre inférieure s’enroule sur elle-même par dessous, tandis que la supérieure, composée de deux lobes aigus, reste dres- sée de manière a former une sorte de casque ; les Icbes latéraux sont a peine visibles ; les quatre étamines, d’égale longueur, s’insèrent à la base du tube et vers la portion glabre que nous venons de signaler; deux des filets sont munis d’une rangée de poils plus longs que ceux des deux autres ; les anthères sont uniloculaires, adnées, pointues aux deux bouts ; le connectif présente une rangée de poils analogues a ceux que l’on remarque à la base des filets ; l’ovaire, glabre, surmonté d’un style filiforme, contient quatre ovules. La floraison de Y Aphelandra fulgens a eu lieu en sep- tembre et octobre. Les soins que réclame cette belle plante sont les suivants : on la tient l’iiiver en serre tempérée, ! dans une terre riche en humus ; elle demande beaucoup I SÉRIE. Tome i. — 2. 45 Janvier \ 847. REVLE HORTICOLE. d’eau pendant la période de sa croissance qui a lieu du- rant Tété. Il est bon de mettre des tessons ou pierrailles au fond du pot, de manière a faciliter récoulement des eaux. Cette plante devra sans doute être traitée comme les autres especes auxquelles, après la floraison, on retranche les rameaux florifères de l’épi, de manière 'a faire développer de jeunes bourgeons et à empêcher la plante de s’élever outre mesure. Dirigée de cette façon, on en fera, j’en suis convaincu, de charmants arbustes qui se chargeront de nombreux et beaux épis de fleurs; elle se muliiplie par boutures, sous cloches et h chaud. Neümakn. Nouvelles variétés de Rosiers. Plusieurs horticulteurs de Lyon ont obtenu de belles va- riétés de Rosiers, dont M. Armand Étienne s^est rendu propriétaire. Parmi ces variétés , nous citerons les sui- vantes, qui nous ont paru dignes de fixer l’attention des amateurs : Gloire des Broileaux (Ile- Bourbon) , obtenue par M. Vouillemont; pédoncule court, à plusieurs boutons; fleurs très pleines; pétales bien imbriqués , d’un rose très frais, à reflet argenté. 2^ Princesse de Joinville (hybride d’IIe-Bourbon) , ob- tenue par M. Poncet; boulons gros, d’un beau rouge foncé: sépales foliacés, pétales arrondis, s’ouvrant lentement et conservant pendant plusieurs jours l’aspect d’une tulipe; h l’intérieur la couleur est d’un rose cramoisi, et a l’extérieur cette couleur ressemble a un corps poli qui réfléchit les rayons du soleil ; l’odeur est celle de la Rose cent-feuilles. 5^ Pauline Bonaparle (hybride d’Ile-Bourbon), obtenue par M. Nérard, horticulteur a Vaise; boutons abondants; fleurs moyennes, b pétales étalés, imbriqués et très arron- dis, d’un blanc pur; quand la fleur est entièrement épa- nouie , elle ressemble b une petite soucoupe de nacre au milieu de laquelle se joue une petite perle blanche. 4® Mathilde Jourdeuil (hybride), obtenue par M. La- oharme, horticulteur b laGuillotière. Le bouton qui termine le rameau est gros; les fleurs sont grandes, a pétales très ar- rondis, et d’une imbrication parfaite; leur couleur est d’un rose tendre satiné très frais. 50 Madame Louise Favre (hybride), obtenue par M. La- REVUE HORTICOLE. 23 charme; fleurs d’un rouge carminé nuancé de violet, ré- pandant une odeur prononcée et agréable. Celle variété est très florifère et remonte promptement. Toutes ces Roses sont annoncées comme nouvelles, et seront mises dans le commerce a l’automne de celte année. Pépin. Note sur la sève 'gui s'écoule des branches du Virgîiîia lutea pendant Vhiver, On sait qu’au printemps, au moment où se manifeste Pascension de la sève, plusieurs végétaux et surtout la vigne laissent échapper, soit par l’orifice des plaies pro- duites par la taille, soit quelquefois par accident, une assez grande quantité de liquide. Parmi les arbres qui eu produisent le plus, après la vigne, je puis citer aujourd’hui le Virgilia lutea^ dont le bois très dense et de couleur jaune sert a la teinture aux États-Unis. En avril ^858, j’eus occasion de couper une branche de cet arbre, qui avait de 0*",04 a O*", 05 de diamètre sur 4 mètres de long; après l’opération la plaie fut recouverte avec de l’onguent de Saint-Fiacre. Le jour de l’opération, le temps était assez froid et le ciel nuageux, mais le lende- main le temps fut magnifique et le soleil parut toute la journée , aussi quel ne fut pas mon étonnement, en voyant que l’onguent que j’avais mis la veille sur la plaie était tombé et qu’il avait été détaché par une telle abondance de liquide, échappé de la plaie, qu’en s’écoulant il avait creusé en terre un trou de plusieurs centimètres! Craignant que celte perte de liquide ne nuisit a l’arbre, je nettoyai de nouveau la plaie et remis un nouvel appareil, espérant qu’il n’y aurait plus d’écoulement. Le lendemain et le jour suivant, la température s’étant refroidie, je n’aperçus en effe^ aucune humidité sur la plaie, mais le Iroisième jour le temps s’étant remis au beau, les mêmes effets se mani- festèrent encore pendant les deux jours suivants. Cette <‘xsudation de liquide avait lieu de huit ou neuf heures du inatin jusqu’à trois et quatre heures du soir, mais plus abon- damment de dix 'a deux heures, puis tout cessait durant la nuit. J’estime la quantité de liquide écoulée à 3 ou 5 litres et demi. Cependant peu après le développement les bour- geons se développèrent et aucunécoulement ne se manifesta ; laplaie se sécha même de telle sorte qu’a l’automne elle éUui REVUE HORTICOLE. presque entièrement recouverte parle bourrelet. Ce pb 'no- mène est, comme on le voit, identique avec celui que M. Biot a constaté sur plusieurs autres arbres, et en parti- culier sur le Bouleau, les Erables, le Noyer noir, etc. On remarquera que, dans XeVirgilia^ l’écoulement de li- quide n’a eu lieu que pendant les jours chauds du premier printemps, et qu’aussitôt après l’apparition des premiers bourgeons développés il cessa tout à coup. La sève pas- sait au profit des feuilles des jeunes rameaux. Une autre branche de cet arbre fut coupée a l’automne de la même année (novembre), mais pendant toute la durée del’hiver la plante nelaissa échapper aucune goutte de sève, et ce ne fut qu’au printemps, au moment où les bourgeons de Tarbre commencèrent 'a gonfler et que la température se fut radoucie (fin d’avril), qu’il en sortit une quantité de liquide aussi considérable qu’au printemps précédent. Cette eau claire et limpide, de couleur jaunâtre, avait le goût d’une infusion de racine de Réglisse, et aussi pro- noncé que si ou y avait effectivement mis tremper des racines de cette plante. En -1842, on se trouva encore dans la nécessité de sup- primer deux autres branches de ce bel arbre. Cette fois j’at- tendis de préférence le moment où la sève se met en mou- vement, car j’avais remarqué que la branche coupée au printemps précédent s’était mieux cicatrisée et beaucoup plus tôt que celle qu’on avait supprimée l’automne. Cette opération réussit comme la première, et quelques mois après le bourrelet s’était déjà formé autour de la plaie, de manière a ne me laisser aucune inquiétude sur le résultat final. Le Virgilia sur lequel ces opérations ont été faites est un des plus anciens qui soient en Europe ; il a 1 2 mètres de hauteur ; son tronc, a la hauteur d’un mètre, mesure 1*",26 de circonférence; ses branches forment nne tête assez ré- gulière et se couvrent tous les deux ans d’une innombrable quantité de belles grappes pendantes de fleurs blanches. Le Virgilia n^est pas au reste le seul arbre qui produise une ‘abondante sève potable ; on sait en effet que les Bouleaux, les Erables, les Frênes, le célèbre arbre â la vache, produi- sent des sucs sucrés ou laiteux en quantité considérable; mais le bois de ces arbres est mou, d’un grain grossier, tandis que celui du Virgilia est très serré et analogue au Buis; c’est de plus, à ma connaissance, le seul arbre de la REVUE HORTICOLE. 25 tilïftîile des Légumineuses sur lequel oa ait reconnu un abon- dant écoulement de liquide séveax. Pépin. Note sur des Pins d* Europe. Depuis quelques années les grands propriétaires et ama- teurs d’arbres verts résineux cherchent a introduire dans leurs plantations quelques espèces exotiques, la plupart ori- ginaires du Mexique, de l’Hiinalaya et de la Californie, Parmi ces arbres, on compte d’une autre part plusieurs nouvelles espèces découvertes depuis peu d’années en Eu- rope par les botanistes et qui figurent parmi les Pins et Sapins de notre pays. Il y a 20 ans environ, M. Ténore, professeur de botanique a Naples, distingua une espèce de Pin auquel il donna le nom de Pinus Brutia, Cet arbre, qui ressemble beaucoup au Pinus Alepensis (Pin d’Alep), en diffère par ses cônes qui sont plus gros et plus allon- gés; il résiste aussi plus aux froids; je l’ai vu supporter la rigueur de plusieurs hivers, tandis que des pieds même assez forts de Pin d’Alep avaient péri ; il produit à Paris depuis plusieurs années des graines qui sont souvent fertiles. Ce Pinus Brutia est le véritable Pinus maritima. Il y a douze ans, M. Marcellin Véiillart^ rapporta des graines d’un Pin remarquable par sa hauteur, qu’il trouva aux environs de Corte (en Corse), ce qui lui fit donner le nom de Pin de Corte. Cette espèce acquiert une grande hauteur et diffère du Pinus Pmasler et du Pinus Lari-- cio, tant par ses feuilles que par ses cônes. M. Vilmorin en reçut des graines qu’il sema en ligne, comparativement avec des graines des espèces précitées ; le produit s’éloigne constamment jusqu’à ce jour de ces deux espèces, a moins toutefois, dit M. Vilmorin, quece ne soit le Pinus maritima major de Duhamel. Quoi qu’il en soit, c’est une espèce nouvelle pour nous, puisqu’elle n’était pas venue encore a notre connaissance. M. Boissier, botaniste aussi zélé que versé dans la connaissance des espèces, trouva en ^858, sur les montagnes du midi de l’Espagne, un nouveau Sa- pin dont il rapporta des graines et auquel il donna le mm Abies Pinsapo. Cet arbre, qui paraît s’élèvera une assez grande hauteur dans son pays, a jusqu’à présent parfaitement réussi dans nos plantations. (1 ■ Voir ]^e,me horticole^ 2® série, t. V, p. 92 (1®' juin 1846). : REVUE HORTICOLE. 26 MM. Audibert frères, de Tarascon (Bouches-du-Rhône), signaient un nouveau Pin, qu’ils cultivent déjà en grand dans leur pépinières et qui croît h l’état sauvage a Saint- Guilhe-le-Désert, département de l’Hérault, où il a été dé- couvert, il y a peu d’années seulement. Il est intermédiaire entre le Pin de Bordeaux (Pinus Pinaster) et le Pin d’Âlep (Pinus Alepensis); il a les feuilles du premier et l’écorce du dernier. Gomme c’est a M. Saltzmann qu’on en doit la découverte dans cette contrée, on lui donne le nom de Pi- nus Saltzmanniana ; mais cet arbre ayant été décrit et iîguré a la faculté des sciences de Montpellier sous le nom de Pinus monspeliensis^ je pense que ce nom est celui qui lui sera conservé. Ainsi, depuis vingt ans, on a découvert en Europe quatre espèces de Pin bien caractérisées, et peut-être, en trouvera- t-on encore un plus grand nombre. Ce sont du reste de beaux arbres qui méritent de prendre place dans les jar- dins ainsi que dans l’arboriculture forestière, surtout dans certaines localités de nos départements méridionaux. Pépin. On peut ajouter a cette liste de M. Pépin le Pinus Pal- lasiana de Lambert, le P. pyrenaica de Lapeyrouse et VAbies cephaloîiica. Le premier de ces arbres a été trouvé dans la Russie méridionale, puis dans diverses contrées voisines du Caucase ou de la mer Noire par des botanistes qui, ne l’ayant pas reconnu, l’ont décrit sous le nom de pin de Romanie et de Pin taurique. On sait aujourd’hui que ces trois prétendues espèces n’en font qu’une qui, selon toutes les probabilités, rentrera dans celle qui est plus généralement connue sous le nom de P. auslriaca. ie marquis de Cliambray, qui a fait une étude approfondie des arbres résineux, a semé, en 1857, de la graine de Pin d’Autriche et de Pin taurique provenant de la maison Vil- morin-Ândrieux, qui l’avait reçue directement de Grimée et d’Autriche. Ces deux semis, comparés l’un a l’autre, n’ont pas montré de différence appréciable. H y a quatre ans, M Michaux a fait une observation toute semblable dans le département de l’Eure. Dans quelques années, on sera fixé déünitivement sur ce sujet, par suite des essais com- paratifs auxquels se livre en ce moment M. Vilmorin. Quant au Pinus pyrenaica de Lapeyrouse, il existe bien réellement, quoique, par suite des doutes malheureuse- KEVUE HORTICOLE. 27 ment trop fondés qu’on a élevés sur la véracité de rauicor qui Ta découvert, on ait refusé d’y croire, 11 paraissait peu vraisemblable qu’un végétal aussi remarquable qu’un arbre de la famille des Conifères eût échappé aux investigations des botanistes sur la frontière espagnole. Il y a quelques années, cet arbre a été retrouvé aux lieux mêmes qu’avait indiqués Lapeyrouse par un naturaliste anglais, M. Cooli, qui l’a revu plus loin au centre de l’Espagne, sous le 39** degré de latitude, dans les montagnes de la Sierra Segura oii il croît jusqu’à la hauteur d’environ 1,000 mètres. 11 le désigne sous le nom de P. hispanica^ qui lui semble plus juste que le nom donné par Lapeyrouse. VAbies cephalonica a été trouvé, vers ^852, par un voyageur anglais dans quelques-unes des îles de la Grèce. D’après la description qu’il en donne, cet arbre doit être très voisin de VAbies Pinsapo de Boissier. il règne, comme l’on voit, une grande obscurité dans la détermination de nos Pins et Sapins d’Europe. Les auteurs, en outre, ne sont pas d’accord sur les qualifications d^es- pèces ou de variétés qu’il faut leur donner. Ainsi, par exemple, pour M. Vilmorin, le Pin de Corle ne serait qu’une variété du Pinus pinaster (P. de Bordeaux), et, d’après M. Brongniart, U est a présumer que le Pinus Sallmianniana ou monspeliensis n’est autre chose que le P. pyrenaica de Lapeyrouse. Ce qui contribue peut-être plus encore que la difficulté des déterminations a em- brouiller ce genre déjà si difûcile, c’est la manie qu’ont certains pépiniéristes ou amateurs de multiplier les noms pour les moindres variations de port ou de taille, ou de changer sans raison des noms déjà admis (et M. de Cham- bray est de ce nombre). Il serait à désirer qu’on s’entendît au plus tôt pour mettre de l’ordre dans la nomenclature des arbres résineux, car, pour peu que cet état de choses con- tinue, il deviendra complètement impossible de s’entendre. Naüdin. Observations climatologiques, M. Rautonnet nous communique de nouveau une inté- ressante note sur les froids qui ont régné à Hyères pendant une huitaine de jours, et sur les effets qu’ils ont produits sur les plantes exotiques cultivées en pleine terre. Voici ce qu’il écrit 2$ REVUE HORTICOLE. Hyères, 27 décembre 1846, « Aux chaleurs excessives qui ont régné jusqu’au com- mencement de ce mois ont succédé des froids que nous regardons ici comme des plus rigoureux. Ils ont commencé dans la nuit du 12 au ^5, par une température de 0°. Six jours après, pendant deux nuits, le thermomètre centigrade a marqué — 2° 5 à 6 h. du matin , et dans l’une de ces dernières — 5® dans la partie la plus froide de ma pé- pinière. La neige a séjourné deux jours sur le sol. Enfin le vent, tournant au sud , a amené une grande pluie et le dégel s’est établi. Aujourd’hui la température s’est sensi- blement élevée, et nous jouissons d’un très beau soleil. De- puis ^824 que j’habite la ville d’Hyères, je n’avais jamais vu un hiver aussi précoce. Dans les années ordinaires , les froids se font sentir seulement vers le mois de janvier ; le thermomètre descend à zéro, quelquefois à — on y voit des gelées blanches et très rarement de la neige ; aussi les hivers considérés comme très rigoureux sont ordinairement de 5® à — 6° «Par ces derniers froids, les artichauts qui approvi- sionnaient les marchés de Marseille et de Toulon ont tous péri, et les oranges qui se trouvaient encore sur les oran- gers ont été gelées ; les orangers et citronniers n’ont cepen- dant aucunement souffert. Quant aux plantes exotiques cul- tivées en pleine terre, je donne ici des tableaux qui feront connaître les effets que cette gelée a causés sur chacune d’elles. «Ces indications pourront guider mes confrères dans le choix des plantes qu’ils pourront cultiver avec plus ou moins de succès. Plantes qui ont péri, « Aloe vulgaris^fûciualis, et autres; Bégonia Dregii ; Buginvillea spectabilis; Cassia acuminata; Eupatorium adenophorum ; Ficus elastica, — rubiginosa; Goldfussia glo- merata; Heliotropium peruvianum ; Hibiscus rosa-sinensis; Iberis sempertlorens, les jeunes pieds seulement, les pieds forts n’ont point souffert; Podocarpus pungens ; Xenopoma obovata; Veronica speciosa, et tous les Cineraria et Pélar- gonium. (1) Dans ma note insérée au numéro du 15 décembre dernier, à la page 346, on a imprimé par erreur typographique 15 à 16 degrés; on doit lire — 5 à 6 degrés. REVUE HORTICOLE. 2i-jf Plantes qui ont beaucoup souffert, «Acer oblongum, les jeunes tiges et feuilles brûlées; Acacia lophantha; Abutilon slriatuiu; Acacia mollis ; Arrun- do Bambos; Bignouia capensis ; Buddleia madagascarien- sis; Cassia lævigata , presque mort, — tomentosa ; Ces- trum Parqui, Jeunes tiges et feuilles brûlées; Cliamærops excelsior ; Cordia scabra, jeunes tiges et feuilles brûlées; Co- bea scandens, presque mort; Cytisus racemosus, feuilles brû- lées; Celastrus edulis : Datura arborea, tiges et feuilles brû- lées; Erioceplialus africanus, presque mort; Globba nutans; fledycliium Gardnerianum ; Ipomæa Learii, jeunes tiges et feuilles brûlées quoique à bonne exposition ; Ligusirum ne- palense (les jeunes pieds morts) ; Polygala speciosa; Pteris arguta; Shepherdia argentea; Sida arborea, jeunes tiges et feuilles brûlées ; Solanum laurifoliura , — auriculatum , — etaberium ; ülmus sinensis ; Sipliocampylus bicolor; Yisnea mocanera, presque mort. Plantes qui ont peu souffert, « Achyrantlies porrigens ; Antholiza; Arduinia bispi- nosa ; Bonapartea juucea; Bentliamia fragifera ; Buddleia glaberrima , — Lindleyana; Clirysanthemum frutescens ; Cyclamen; Crinum; Erythrina crista-galli ; Ecliinocactus multiplex ; Hibiscus mutabilis; Ixia ; Gladiolus ; num grandiflorum; — nepalense ; Lachenalia; La unis iu* dica, — maderiensis; Melia sempervirens ; Meliantlius major; Murraya exotica; Osteospermummoniliferum; Oxa- ifs; Passiflora edulis; Plumbago capensis; Polygala myr- tifolia; Zanthoxylon trifoliatum; enfin le Coffea arabica, dans une serre non chauffée, a beaucoup souffert. Plantes qui nont rien souffert: M Acacia Julibrissin, — latifolia, — strumbulifera ; Agave americana, — variegata ; Andropogon squarrosus; Camellia japonica; Chamærops humilis; Callitris australis, — qua- drivalvis; Ceratonia siliqua; Coronilla glauca; Eriobotrya japonica; Evonymus japonicus, — variegatus; Fabiana im- bricata; Ficus muntia; Jasminumrevolutum; Lagerstrœmia indica; Ligustrum Japonicum; Lonicera canescens; Melia azedarach; Mandevilla suaveolens; Menispermum laurifo- lium; Melaleuca ericoides, — linearifolia ; Medeola aspa- ragoides; Nandina domestica; Nemopanthes Andersonî; REVUE HORTICOLE. EO Osteospermum piimatiliduni ; Phylioa ericoides; Phœiiix daclylifera; Piltosporuiii siiiense , — variegatum; Podo- carpiis elongala, — macrophyllus; Poinciaiia Gilleisii; Ster- culia platanifolia; Sideroxyloiî laurifoliuiii ; Schinus molle (les jeunes plants de 2 ans ont péri); Yiburniim si- îiense; Yucca, toutes les espèces. « RAiNTONiNET, ^ Horticulteur à Hyères (Var). » Pour compléter la note de M. Rantonnet, nous ajouterons qu’Hyères est bâtie sur la pente d’une colline, a 6 kilom. de la Méditerranée, à 5 kilomètres â Test de Toulon, et par 450 rjy 2’’ de latit. N. et 5*^ 47’ 4” de long. E. Son territoire est un des mieux situés sous le rapport climatologique ; c’est mie vaste vallée en amphithéâtre, s’élevant du bord de la mer dans une étendue de 6 kilomètres, et qui s’arrête au pied d’un cirque de montagnes servant d’abri contre les vents de l’est, de l’ouest et du nord; au sud, elle est protégée des vents desséchants du mistral [)ar les îles dHyères (Levant, Porte-Crox et Porquerolles). La tem- pérature moyenne de l’année est de ^ centigrades; la moyenne de l’hiver est de --[-9° 4, et celle de l’été de-j-22<>4. li’après M. Denis, la température ne s’élève guère au- dessus de -f 55®, le vent de la mer venant tem[>érer la cha- leur du jour. Le nombre de jours de pluie est en général de 40. De 1800 a 1855 la neige n’a couvert la terre que 8 fois; en 1829 elle est restée deux jours sur le sol; en 1850 une journée. D’après le tableau météorologique de M. Hippolyte de Beauregard, inséré dans les Promenades pittoresques et statistiques dans le département du F«r, par M. Alph. Denis, il y a eu depuis 1 81 0 : Un hiver où la température s’est maintenue a -j- 2^,12 (déc. 4817); un a -j- 2®,5 (déc. 1816); trois a 0°,6 (4825, 4 828, 4 855); cinq à 0® (4 815, 484 8, )82l, 4822, 4824); deux à — 0°,6 (4852i; deux â — 4®, 5 (4825, 4854); cinq a — 2®, 5 (4 84 2, 1810, 1820, 4 827, 4 855); un a — 4%4 (4844); trois â-- 5®,6 (4 814, 4 815, 4 829 à 4850); enfin un où le therm. est descendu a 14® 9 (4 4 janvier 4 820); dans ce fatal hiver, tous les Orangers fu- rent gelés, ainsi que la plupart des plantes exotiques culti- vées dans les jardins dont le plus remarquable est celui qu’on désigne sous le nom de Jardin Filhe, appartenant aujourd’hui â M. Rantonnet, eel habile horticulteur qui a REVUE IIOR'IICOLE. 51 l)ion voulu nous communiquer quelques noies inltTessanles sur le climat et les végétaux cultivés a Hyèies. D’après M. Martins, qui a visité ce magnitique musée de plantes yi- vaiiles, son étendue est d’environ 25 ares; il est protégé au nord par des bâtimenls, a l’est et a l’ouest par deux iiiurs, au sud il se conlond avec un bois d’Orangeis. Ayant toujours été consacré a la culture des plantes exoti- ques, on y rencontre un grand nombre d’arbres qui oiU supporté riiiver de ^819 a 1820. Les plus remarquables sont : Magnolia grandiflora, de plus de 10 mètres de haut sur I mètre de circonférence à la base ; Pütosporun% si- nense^ de 6 mètres environ ; Melahuca /inean/b/ia,deplus de ^0 mètres de haut; Phœnix dacHjlifera, ^0 mètres; Eriobotrya japonicaj 7 a 8 mètres de haut sur I mètre de circonférence; Olea europœa (on voit a la Grande-Bastide un de ces arbres dont la circonférenee est de 8 mètres ; Acacia Julibrissin; Ficus carica. Parmi ceux qui ont supporlé 5‘" de froid, on distingue : Cassuarina equiseiifolia \ Citrus aurantium ; Anona tri- loba, semé en 1829 par M. Rantonnet ; il a aujourd’hui 0 k 7 mètres de haut; Psidium aromaticurn] Metrosi- deros alba; Visnea mocanera ; Myrtus communis, flore oleno; Cassia corymbosa : Gnidia simplex, etc. F. Herincq. Cours de culture professé au Jardin des Plantes de Paris par M. Decaisim:. Il y a déjà quelques semaines que ce cours a été ouvert dans ramphithéâtre du Muséum. Nous avons dit% au com- mencement de l’année qui vient de s’écouler, quelle était la nouvelle direction de cet enseignement entre les mains du jeune savant appelé a suppléer M. de Miibel. Ce cours a pris cette année une telle importance que les lecteurs de la Revue nous sauront sans doute gré de leur en donner périodiquement une analyse succincte. Sans avoir la prétention de suivre le professeur dans tous les dévelop- pements des méthodes de culture en usage, il peut être utile d’indiquer au moins les principales, et de chercher k répandre parmi cette nombreuse classe d’hommes qui su (I) Voir Jimie horl\, 2® série, t. IV, p. 377, iP du 15 jauvicr 52 REVUE HORTICOLE. I vouent aujourd’hui aux travaux agricoles les véritables | principes sur lesquels repose tout l’art de la culture. ! Avec une dénomination aussi large que celle qui a été ! donnée a ce cours a l’époque de sa fondation, il fallait y j comprendre tous les genres de culture, comme celle des jardins, celle qui constitue l’agriculture proprement dite. M. Decaisne l’a compris, mais il a compris aussi qu’en faisant à cette dernière la plus large part, il répondait plus particulièrement aux intentions qui ont fait créer cet enseignement et aux besoins des personnes qui viennent de toutes les parties de la France chercher a Paris l’instruc- tion indispensable aujourd’hui pour cultiver la terre avec quelque succès. L’agriculture est de nos jours une science fort compli- quée et qui emprunte la plupart de ses éléments a presque toutes les autres. Outre les connaissances de physiologie végétale qu’elle réclame impérieusement de quiconque veut en faire une carrière, elle demande une appréciation exacte de la nature des différents sols, de la climatologie, des circonstances locales qui souvent influent avec tant de puissance sur les produits de la terre; il faut savoir quel rôle y jouent les engrais en général, quelle culture doit succéder a une autre, quelle espèce de bétail il faut élever de préférence ; en un mot, pour être bon agri- culteur, il faut être météorologiste , minéralogiste, chi- miste, physicien, économiste. Tels sont les éléments de toute bonne agriculture, et c’est sur ces graves et importantes questions que le professeur du Jardin des Plantes s’efforce d’appeler l’attention de ses auditeurs. Suivons-le dans l’application qu’il fait de ces principes k notre pays. La France, dit-il, est une des contrées de l’Europe qui se prête le mieux a la démonstration de ceik* grande vérité, que l’agriculture est un art complexe. Avec ses vastes plaines de formation tertiaire, ses massifs de montagnes granitiques, ses plages océaniennes à l’ouest, ses provinces orientales qui participent au climat conti- nental du centre de l’Europe, avec la nature minéralogique si variée de son sol, et surtout avec son nord et son midi, quelle variété dans ses productions et quel sujet d’études pour l’agronome et le philosophe I Dans nos départemenis septentrionaux, froids et brumeux, c’est la culture en grand des céréales, c’est le lin, le chanvre, le houblon; ce sont les graines oléagineuses et surtout les pâturages et l’élève REVUE HORTICOLE, 55 des bestiaux qui font, suivant les localités, la fortune des habitants; au sud, au contraire, sous les rayons d’un soleil qui approche de celui de l’Italie et de l’Espagne, c’est la vigne avec ses nombreux cépages, c’est l’olivier et le mûrier. Et voyez, comme le remarque de son côté et si judicieuse- ment le premier de nos géologues, quelles variétés ont pro- duites dans les mœurs, le- langage, les habitudes et jusque dans les types des habitants de cette vaste contrée, ces diffé- rences de climats, de sols, de produits et d’aiimentalion î Que de nations différentes, pour mieux dire, réunies dons les limites d’un meme royaume et assujetties aux memes lois! Mais avec le temps ces nuances encore si prononcées, quoi- que déjà affaiblies, tendront 'a s’effacer davantage a mesure que les voies de communication se multiplieront et de- viendront plus rapides. Au moyen des chemins de fer, une fusion plus intime s’opérera entre les diverses populations de la France; les échanges des produits du sol deviendront plus faciles entre le nord et le midi, entre l’est et l’ouest; et d’une alimentation plus uniforme naîtront plus d’unité dans les mœurs, plus de centralisation, et aussi plus de bien-être. La météorologie et l’étude des diverses climatures sont, comme nous l’avons dit plus haut, une des bases les plussoli- des de l’art de la culture. Avec la connaissance de la quantité de pluie qui tombe sur un point donné et celle de sa tempéra- ture pendant les diverses saisons, il est souvent possible de dire à l’avance quels végétaux peuvent y croître, quel genre de culture y donnera des produits avantageux. Personne ne mettra en doute que des différences notables dans la quan- tité de pluie qui tombe sur deux régions que l’on com- parerait, que quelques degrés de plus dans la température de Pune d’elles, qu’une différence analogue dans le nom- bre des jours sereins ou couverts ne suffisent pour donnera ces deux régions des cultures totalement différentes. La France, ainsi que nous l’avons déjà dit, nous en offre de nombreux exemples, et pour s’en convaincre il suffit de passer d’un bassin dans un autre, d’une plaine dans une localité élevée, d’un département maritime dans un dépar- tement éloigné de la mer. Sous le point de vue hydromé- trique, elle a été divisée en cinq climats caractérisés par des moyennes annuelles différentes dans la quantité de pluie qui y tombe, comme aussi par la répartition de la pluie suivant les saisons. Le tableau suivant indique ces REVUE HORTICOLE. dimais et l’ordre de distribution des pluies, eu conmieu- «;ant par les saisons où elles sont le plus abondantes : Moyenne annuelle Ordre des saisons des pluies. eu égard à la quantité de pluie. m. .. — Climat vosgien 0,669 Eté. Aut. Print. Hiver. Séquanien 0,548 Eté. Aut. Print. Hiver, Girondin (ess. marit.). 0,585 Aut. Hiver. Été. Print. Rhodanien 0,946 Aut. Print. Été. Hiver. Méditerranéen 0,651 Aut. Hiver. Été. Print. Si vous joignez à ces données les températures moyennes des localités comprises dans ces climats et quelques consi- dérations sur la nature des sols, vous aurez le secret de la différence de leurs cultures. Mais ces températures moyennes, si importantes à con- naître, ne se déduisent pas uniquement des latitudes. On sait déjà combien elles sont modifiées par le plus ou le moins d’élévation des lieux où on les observe. Ainsi, a pa- reille latitude, une région sera d’autant plus froide qu’elle sera plus élevée au-dessus du niveau de la mer. D’autres circonstances non moins généralement coimues, comme le voisinage de la mer ou la situation au centre d’un conti- nent, la position orientale ou occidentale, et probablement aussi d’autres causes encore ignorées, amènent entre les températures moyennes des divers pays des différences non moins caractérisées. Que l’on compare , sous ce point de vue, Halifax, situé a l’est du continent américain, et Bor- deaux a l’ouest de l’Europe ; Bologne, placée dans le voisi- nage de la Méditerranée, et Sébastopol en Crimée : ces qua- tre villes ont à peu près la meme latitude, et cependant les climats y sont fort différents, comme en fait foi le tableau suivant, dressé sur des observations de plusieurs années : Température moyenne Latitude. annuelle. de l’biver. de l’été. (le l’automu.. Halifax , . . . . 44®39 + 6«2 — 4«4 q-l7®2 + 6*9 Bordeaux. . , . 44,50 + 13,9 + 6,1 + 21,7 + 14,4 Bologne. . , 44,30 + 14,2 + 8,8 + 25,2 + 14, a Sébastopol. . . 44,36 + 11,5 + 1,8 + 21,7 + 12,6 Des différences considérables se font encore remarquer entre les températures moyennes des quatre villes suivantes, situées aussi a peu près sur une même latitude : REVUE HORTICOLE. rr: t-? Os> TeiHpéralure moyenne Latitude. aiiiiuelle. de l’hiver. du printemps. de l’élé. Baltimore. . . 39» 17 4- 1"17 — 0»8 + 1»17 + 2®20 Lisbonne . . . 38,42 + 16,4 + 11,3 + 15,2 + 21,7 Naples.. . . . 40,51 + 16,4 + 9,8 + 15,6 + 23,5 Pékin. . . . . 39,54 —3,2 + 19,5 + 28,1 La compar aison de Naples et de Pékin surtout fait res- sortir Feffet d’une situation orientale sur la terapéralore. Ainsi, tandis qu’a Naples les hivers sont fort doux, à Pékin le froid esta peu près aussi rigoureux qu’à Saint-Pétersbourg, mais en revanche les étés rivalisent avec ceux du Caire. A Iakoutsk (lat. 62® I’), le thermomètre descend a — 39® et s’élève en été pendant 44 jours a 25; malgré ces va- riations extrêmes, les céréales et d’autres plantes annuelles y sont cultivées avecproût; le Seigle rend quinze fois îa semence, quoique le sol reste gelé a I mètre au-dessous de la surface. D’une autre part, 'a Astrakan, sur les bords de la mer Caspienne (lat. 45® 57’), la température moyenne est de 10® 2’; en hiver, elle s’abaisse a — 25 et 50 ; mais la moyenne estivale est de -\~ 21 comme a Bordeaux ! La vigne est cultivée à Astrakan à la condition d’être enterrée durant l’iiiver, et nulle part, pas même aux Canaries, M. de Humboldt n’a vu mûrir d’aussi beaux raisins. Ces citations sufûsent pour faire voir combien il importe de tenir compte des températures estivales et combien on se tromperait si on voulait la préjuger d’avance seulement d’après les latitudes et l’élévation des lieux au-dessus du niveau de l’Océan. Ce n’est que par des observations exactes et répétées qu’on parvient a s’en faire une juste idée, et il est a regretter que cette partie de la météorologie soit en- core si peu avancée, car c’est de la somme de chaleur qu’un climat peut fournir que dépend la maturation de telle on telle récolte, et par conséquent le succès de la culture. Ce dernier fait pourrait être supposé d’après les limites (\ue nous voyons imposées à la culture des céréales, de la Vigne et de l’Olivier dans les différentes régions de l’Eu- rope ; mais une remarquable observation de M. Boussin- gault le démontre jusqu’à la dernière évidence. Il a re- connu que, sur quelque point du globe que l’on opérât une plante exigeait pour mûrir ses graines toujours à peu près la même somme de degrés de chaleur; en d’autres termes, que sa culture exigeait d’autant plus de temps que 36 REVUE HOllTICOEE. la température était moins élevée, et qu^en multipliant le nombre de jours que durait cette culture par le chiffre de la température moyenne, on obtenait les mêmes nombres de degrés. En voici un exemple tiré de la culture du Blé : En Alsace, par une température moyenne de ^5 degrés, de mars à juillet, la culture de cette céréale dure ^ 57 jours; A Paris, avec une moyenne de ^5», elle dure ^60 jours ; A Alais, elle en emploie ] 46, avec une moyenne de 1 4®, 2. Multipliant ces nombres de jours par la température moyenne, on trouve qu’il faut pour la maturation du Blé : Degrés. En Alsace 2055 A Paris 2161 A Alais 2092 Dix jours ajoutés a la saison d’été amèneraient a Bruxel- les une somme de chaleur suffisante pour faire mûrir le raisin ; dix jours de chaleur ajoutés a la saison chaude et avant les pluies d’automne, et le Coton réussirait en Pro- vence I Des calculs semblables, faits, sur divers points des deux Amériques, donnent des résultats analogues que nous cite- rions si l’espace ne nous manquait. Quant aux légères dif- férences qu’on observe entre les produits de ces multipli-' cations, elles tiennent évidemment, d’après M. Decaisne, à ce que les expériences se sont faites sur des variétés de Fro- ment différentes, plus hâtives les unes que les autres. Ce court aperçu suffit pour donner une idée de l’intérêt que le jeune et savant professeur du Jardin des Plantes sait donner a ses leçons ; nous continuerons a en donner une analyse dans les numéros suivants de la Revue. Naudin. Manuel général des plantes., arbres et arbustes^ classés selon la méthode de De Candolle, par MM. Jacques et Herincq. — 5 vol. petit iii-8\ à 2 col. — Prix : 50 fr. Le premier volume de ce manuel vient de paraître. Nos lecteurs se rappellent^ que nous leur avons déjà rendu compte du travail de MM. Jacques et Herincq, et que, tout en relevant de légères imperfections dans les premières li- (1) Voir Reme hort., 2® série, t. Y, p. 157, n® du 15 juillet 1846,. REVUE HORTICOLE. 57 vrai^ns, nous leur avons signalé les services que cel ou- vrage devait rendre a la grande comme a la petite culture. Les livraisons qui ont paru depuis cette époque conOr- ment le bien que nous en avons dit, et nous ne pouvons qu’encourager les auteurs a poursuivre courageusement la lâche diflicile qu’ils se sont imposée, et dont le succès aujourd’hui ne nous semble plus douteux. Plus de cent familles de plantes sont traitées dans ce pre- mier volume, la plupart sont d’un haut intéf ôt pour l’horti- culture. Dans ce nombre nous remarquons les suivantes : Renonculacées, Crucifères, Caryophyllées, Malvanées, Aurantiacées, Ampélidées, Géraniacées, Légumineuses^ Rosacées. Onagraires et Myrlacées. Quelques-unes de ces familles oKVaient de très grandes dillicultés, a raison du nombre considérable de leurs espèces cultivées et surtout des variétés, multipliées presque a rinflni, que ces espèces ont produites et produisent encore journellement entre les mains des jardiniers. Les Légumineuses, en y comprenant, comme Jussieu, les Papilionacées, les Mmosées et les Cœsalpinièes ^ forment une immense famille qui, a elle seule, occupe J 52 pages de l’ouvrage; et ce n’est pas trop, si Ton songe à la multitude de plantes utiles ou d’orne- ment qu’elle fournit à la culture. Mais c’est dans la famille des Rosacées, particulièrement, que les auteurs ont ren- contré des obstacles presque insurmontables. Sachons-leur gré de les avoir franchement abordés. On sait quelle confu- sion existe aujourd’hui dans les espèces du genre Rosa. Elle est telle, que les botanistes les plus patients ont du re- noncer a les décrire et â leur assigner des caractères ; et si on ajoute aux difficultés créées par la nature celles qui ré- sultent de la production artificielle de plus de 2,000 va- riétés, on aura une idée de ce chaos. L’habile praticien du domaine royal de Neuilly et son jeune collaborateur, en essayant de classer méthodiquement et en décrivant, autant que cela était possible, ces espèces et ces variétés, ont fait preuve d’une grande persévérance , et nous n’hésitons pas à dire qu’en ceci ils ont bien mérité des horticulteurs. hostPomacèes elles Amygdalées, familles dans lesquelles se trouvent les Pommiers, les Poiriers, les Pêchers et autres arbres â fruit, sont également bien traitées ; mais, par un oubli inconcevable et qui met les auteurs en contradiction avec le plan qu’ils ont généralement suivi, la vigne est a peine mentionnée, puisqu’ils se bornent à citer les noms 58 REVUE HORTICOLE. «l’une vingtaine de ses variétés. La Vigne est cependant une des plantes les plus importantes sous le point de vue agri- cole plus encore qu’en horticulture ; il en existe un nombre considérable de variétés parfaitement caractérisées, dont les propriétés sont totalement différentes et qu’il importe au plus haut degré de connaître. On ne conçoit pas cette la- cune dans un livre où abondent des détails, d’ailleurs pleins d’intérêt, au sujet de végétaux qui ne jouent dans la culture qu’un faible rôle, si on les compare a la Vigne. Qu’ils pren- nent note de nos observations et qu’ils réparent cet oubli dans les deux volumes qui leur restent encore a publier; leur livre ne pourra qu’y gagner. A l’époque où nous vi- vons, Vutile passe avant Vagréable, et un ouvrage de cul- ture intéressera d’autant plus les lecteurs qu’il tendra da- vantage a leur faire connaître les végétaux qui trouvent quelque application dans notre économie domestique. Naüdin. Destruction des taupes. — Pistolet souterrain. Décidément il n’y a plus de bonne foi ni sur terre ni sous terre. Où se réfugier désormais? où abriter sa vieil- lesse, ses infirmités ou ses remords ? Partout riiomme dresse des embûches a ses semblables ou aux autres animaux de la création. Pour celte œuvre de destruction, il ne craint pas d’em- ployer les moyens les plus infâmes, et il en vient a ne plus rien respecter, ni l’âge, ni le sexe, ni la faiblesse. Telles étaient dernièrement les réflexions lamentables d’une vieille taupe, à laquelle de longs travaux et des mœurs pures avaient valu le respect des habitants de toutes les buttes voisines. Privée d’yeux par la nature, elle pleurait, à la manière de sa race, son bien-aimé petit-fils qui venait d’être vic- time d’un affreux guet-apens; il avait été frappé par un instrument de destruction qu’un inventeur barbare avait placé au sein de sa paisible demeure. Au moment où il parcourait sans crainte ses galeries récemment creusées, l’infortuné mit la patte sur un morceau de métal : c’était une détente traîtresse ; le chien d’un pistolet s’abaissa, le coup partit, et le pauvre aveugle reçut le plomb en pleine' poitrine. Il était mort avant qu’on eût pu le secourir. Si le lecteur attendri demande de plus amples détails sur ce triste événement, je lui dirai qu’on vient d’inventer un REVUE HORTICOLE. pistolet soiiteiraiîi destine b donner la mort b ces petits mineurs noirs el velus, vulgairement nommés taupes. Ce pistolet est en cuivre et b piston ; le chien s’abaisse el se relève au moyen d’un simple ressort extérieur, que le moindre contact fait agir, lorsque le pistolet est armé. Ou le charge avec du gros plomb et on le place au milieu d’une de ces longues galeries que les taupes fréquentent: il y a beaucoup de chances pour que l’animal soit tué. Malheureusemeut le pistolet est formé d’un métal qui s’oxyde au contact de la moindre humidité; avant peu de jours, b coup sûr, le cuivre sera oxydé, avant peu d’heures la poudre humide et inoffensive, fût-elle meme de coton. Cette nouvelle, que je me hâtai de répandre, a causé une allégresse des plus vives au sein de toutes les taupinières. L’inventeur du pistolet souterrain estM. Desbrosse. Il de- meure b Peurs (Loire), et vend son arme 5 fr. Emile Beauvais. Exposition. La Société d’horticulture d’Orléans fera son exposition des produits de rhorticullure les 12, 15et mars pro- chain. Il y aura concours et distribution de prix. Tous les horticulteurs, sans exception, sont appelés b exposer et b concourir. Les personnes qui ont Fintention de prendre part b la lutte voudront bien en faire la déclaration par écrit au président de la Société, M. Félix Porcher, rue d’Enures, n® ^5, b Orléans, ou à M. Chévrier, secrétaire gé- néral, au couvent de Saint-Louppin b Orléans. Exposition des produits de Vhorticulture en Belgique. La Société d’horticulture et d’agriculture de Liège a fait son exposition d’automne le 8 novembre dernier. Elle se composait surtout de plantes utiles, exemple que nous de- vrions suivre en France, afin d’encourager nos habiles ma- raîchers a apprécier les espèces nouvelles, b connaître la nomenclature et les produits les plus avantageux de chaque localité, etc., etc. Les céréales y étaient dignement représentées. Les Pommes de terre, sur lesquelles se porte aujourd’hui, et b juste raison, l’intérêt géiiéral, étaient représentées par des collections où chacune des variétés était nommée. La collection réunie par M. Defays-Dumonceau, pré- revue horticole. ;o sident de la Société, se composait de 72 variétés nommées, .iceompagnées d’observations sur leur produit, leur qualité, l’époque de leur maturité, et des remarques importantes sur les variétés qui ont le moins souffert de la maladie; savoir : VArdenaise, Cihère , Chandernagor, ronde, grosse jaune, lisse, Gilbert, hâtive élevée, Jacob, longue rose, langue de bœuf, idem rose. Milord, plate française, Sauveur fils (semis), Sageret, Tournaisienne, id. longue- Plusieurs produits nouveaux obtenus de semis de Pom- mes de terre, faits en ^845 et 1846, ont été présentés par madame Lesoinne et M. François Marck. Un lot de M. Hen- rard renfermait un panier de Pommes de terre introduites d’Âusbacb, près de Francfort, et qui, suivant M.Henrard, se recommanderait par son grand produit et par sa qualité fé- culente. Ce même horticulteur exposait en outre six variétés de Froment rapportées d’Angleterre et d’Ecosse eu 1 844, où elles sont cultivées en grand a la ferme-modèle de Whilt- tield, dans le Gloucestersliire. On y voyait aussi des collec- tions de légumes secs. Les légumes verts de toutes espèces | et variétés composaient une immense collection où chacun des genres avait de nombreux représentants; les Choux et les Choufleurs se trouvaient nommés par collections. Parmi les fruits légumiers on remarquait des Melons anglais, Pas- tèques ou Melons d’eau, Courges de plusieurs variétés, Po- tiron d’Amérique qui, jusqu’à ce jour, n’avaient point été cultivés avec succès en Belgique. Au milieu de toutes ces lichesses on distinguait quelques légumes nouveaux, tels que les Quinoa rouge et blanc du Pérou (Chenopodium), VOocalis Deppeii, VOxalis crenata et la Morelle de Vile- de-France (Solanum). Des collections de fruits de toute es- pèce, au milieu desquelles on remarquait celle de M. de Bavay, qui se composait de 65 variétés de Poires, presque toutes d’hiver, 4 0 variétés de Pommes, etc. La Société avait admis les plantes fourragères qui fixent actuellement l’attention des agronomes : différents Trèfles, le Sarrasin vivace, la Spergule géante, la Vesce velue, la (Carotte à collet vert, etc. Parmi les plantes oléifères et in- dustrielles, on voyait figurer l’Arachide ou Pistache de terre, le Madia saliva, le Sésame d’Orient, le Chanvre du Pié- mont, la Garance, la Gaude, le Pastel. L’exposition de Liège, qui a déjà rendu de grands ser- vices a l’agriculture et a l’horticulture en excitant ie zèle des cultivateurs, offrait cette fois 4,080 articles. l’iiiiic.và'c.s l,ccü(| REVUE HORTICOLE 4i Primevères nouvelles (üg. 5). Cos Primevères proviennent d’un semis très considéra- ble que j’avais fait en et dont les fleurs se montrè- rent depuis le mois de novembre de cette meme année jus- qu’à la fin de mai 1846. Le semis était composé de 1,500 plantes, dont environ 200 furent rejetées : le reste n’offrait que de très belles variétés, parmi lesquelles on en distin- gue environ 150 hors ligne et tout aussi remarquables que celles qui sont figurées dans ce recueil. Il était impossi- ble de voir un plus beau coup d’œil que cette collec- tion entièrement fleurie dans le mois d’avril. Toutes les couleurs y étaient représentées, toutes les nuances imagi- nables existaient, et la grandeur des fleurs était aussi éton- nante que la variété de leur coloris. C’est par hybridation que j’avais obtenu ces plantes, et leur diversité était telle que sur ] ,500 il était presque im- possible d’en trouver deux ou trois identiquement sembla- bles. Ayant été assez heureux l’année précédente pour ob- tenir quelques pieds de Primevères à ombelles, entièrement blanches, je me suis servi de cette plante soit comme porte-graine, soit comme espèce fécondante, et j’ai pu de cette manière affaiblir les tons de toutes mes fleurs foncées et panacher plusieurs d’entre elles. Maintenant, en hybridant les uns par les autres les nombreux métis que j’ai formés, j’arrive 'a des variations infinies, dont je ne puis prévoir la fin et que l’ou n’aurait pas crées en quarante années de semis, sans le secours si puissant de la fécondation croisée, d’abord entre les Primevères des prés et celles à grandes fleurs, et ensuite entre les plantes provenant de ce croise- ment. Je ne connais aucune plante qui, pour le coloris, offre autant de variétés que la Primevère. On peut dire qu’elle va du blanc au noir, et il existe des fleurs bordées de blanc ou de jaune, avec des étoiles et des macules si régulières qu’on les croirait faites au pinceau *. (l) Nous ferons remarquer ici que ces étoiles sont loin d’èire des perfections aux yeux des amateurs qui recherchent actuellement au- tour de la gorge de la corolle des Primexères un cercle bien limité. Mais cette question est une affaire de mode et de pure convention, et les fleurs que la Revue reproduit ici ne doivent êire considérées que comme un résultat heureux et précis de modificalions ob'enues par M. Lecocq. 5"" SÉRIE. Tome i. — 5. J®*” Février J 847. 52 REVUE HORTICOLE. La floraison de cette plante est iin des beaux spectacles que nous présente la nature dans ces scènes vernales qui reviennent chaque année et où la Primevère s’annonce comme la messagère du printemps et l’indice d'^s beaux Jours. Lecoq, Professeur d’histoire naturelle à Clermonî. Plantes nouvelles ou peu connues introduites dans les jardins d'Europe, Parmi les plantes introduites depuis peu dans les cultu- res européennes et figurées dans les journaux d’horiicul- ture, il en est qui méritent plus ou moins l’attention des horti- culteurs. En première ligne nous citerons trois espèces A^Æschinanthus^ plantes épiphytes des îles de l’Archipel in- dien, croissant parfaitement en serre chaude dans des pa- niers remplis de mousse ou simplement sur de vieux iroiics d’arbre. L’espèce la plus remarquable est le Æ. Lobbia- nus (Bot. mag., 4260), dont lesfleursd’untrèsbeaurougesont disposées en corymbe terminal; le calice est ample , pour- pre foncé, couvert de poils noirs; la corolle une fois plus longue et pubescente. Sous le nom de Æ. pulcher (Bot. mag., 4264), M. Lobb a envoyé àM. Veitch de la pé[)inière d’Exeter une plante grimpante à fleurs disposées en corymbe terminal ; la corolle, d’un très beau rouge et glabre, est deux fois plus longue que le calice. L’Æ. pulcher D. C. différerait de cette plante par ses fleurs disposées seulement par deux au sommet de pédoncules solitaires; malgré celle diffé- rence, légère, il est vrai, ou rapporte la plante du jardin d’Exeter a l’espèce de Decandolle. — L’Æ. miniatus figuré dans le Bot. mag. est une très jolie espèce remarquable sur- tout par ses fleurs larges d’un beau rouge vermillon, mar- quées 'a la gorge de la corolle , d’une large étoile jaune. Ces trois plantes fleurissent en juin et juillet; elles ont figuré dans les expositiens de la société horticulturale de Chis- wick. Beux Scutellaria a fleurs rouges viennent aussi s’ajouter aux espèces anciennement connues et de pleine terre comme leurs aînées; l’une, la S. incarnata\Em. (Bot. mag., 4268), a été reçue par M. Veitch de M. le professeur Jameson de Quito, qui en récolta des graines sur le versant occidental des Andes. Les fleurs écarlates, très nombreuses, sont dis- posées en une longue grappe terminale, et chacune d’elles REVUE HORTICOLE. 45 est accompagnée d’une bradée plus longue que le pédi- celle. La S. Ventenatii (Bot. mag., 427^) est une espèce très voisine de Vincarnata que Ventenat avait confondue avec elle. Ses Heurs sont rouge écarlate, également dispo- sées en grappe terminale, mais elles sont dépourvues de bractées, et la lèvre supérieure du limbe est profondément partagée en 4 lobes, tandis que dans la S. incarnaia cette lèvre est presque entière ^ enfin , dans la première espèce, les feuilics sont lancéolées ovales ; dans celle-ci elles sont ovales-cordiformes. Le S. Ventenatii a été découvert sur les montagnes voisines de Sainte-Marthe par M. Purdie, qui en envoya des graines en ^84.5; les jeunes plants ont fleuri en juillet-août ^ 846. Jusqu’à présent ces deux espèces sont cultivées en orangerie; on les multiplie par boutures. C’est une belle acquisition pour la floriculture ; réunies en masse dans une plate-bande, elles produisent un admirable effet. Une plante qui doit faire époque dans le monde horti- cole est le Lischenaulda arcuata de Vriese (Bot. mag., 4265). Celte espèce, vraiment singulière, est la plus belle de toutes celles connues jusqu’à présent. Petit arbuste d’orangerie, ses branches étalées, réfléchies, sont divisées en un grand nombre de petits ramules terminés chacun par une large fleur rouge et jaune, assez semblables a celles de quelques Polygala de l’Afrique méridionale; elles s’é- panouissent au mois d’août. Cette plante a été envoyée en Ânglelerre par MM. Lacombe et Drummond. La Clematis tubulosa (Bot. mag., 4269) est une belle plante d’ornement. Ses tiges dressées, finement ramifiées et garnies de longues feuilles à trois segments larges et inégaux, lui donnent assez l’aspect tïune Actea. Les fleurs sont d’un beau bleu, disposées en corymbes axillaires et terîninaux. Elle est originaire de la Chine septentrionale, et s’accommode très bien de l’orangerie. Lne plante de la famille des Bruyères, connue déjà des boianistes, mais nouvelle pour l’horticulteur, est hLyonia jamaicensis^ Don (Bot. mag., 4275). Découverte dans les montagnes de la Jamaïque, d’abord par Swartz, qui lui d « {»ius certaines que la fin de Thiver ou les premiers jours du printemps. • Je n’indiquerai que pour mémoire une queslion qui ne saurait être sérieuse , celle de savoir s’il vaut mieux plan- ter des sauvageons pour les greffer en place que des arbies tout greffés. Il est évident qu’en donnant la préférence aux sauvageons, outre les chances de la greffe , le propriétaire retarde de plusieurs années ses jouissances. On a dit que le principal motif qui fait préférer les sauvageons aux arbres greffés provenant des établissements marchands, c’est la crainte d’être trompé dans les variétés de fruits demandés. J’éprouve une sorte d’embarras à répondre u cette objection , et on en comprendra la raison. Toutefois, je crois avoir le droit de déclarer hautement, tant en mou nom qu’en celui de mes confrères, que s’il est difficile, impossible même qu’il ne se glisse pas quelques erreurs dans les pépinières les mieux tenues, les mieux classées, il est injuste de penser que ces erreurs peuvent être volon- taires. Au reste, si la voix de la probité ne parlait pas assez haut pour écarter toute idée de semblables fraudes, celle de l’intérêt, qui sait toujours se faire entendre , proclame* rait assez la maladresse d’une telle façon d’agir, qui ferait bientôt déserter l’établissement le plus en renom Dans tous les temps il y a eu des fripons, jamais nul n’a été volontairement stupide. Les arbres plantés a demeure demandent des soins géné- raux , tels que l’échenillage , qui doit êfre répété plusieurs fois dans l’année, de fréquents binages exécutés avec la précaution de ne pas endommager les racines, etc. On crée souvent des vergers dans des prairies naturelles ou artificielles. Dans ce cas il est utile de faire bêcher tous les ans au printemps un espace circulaire de deux mètres au moins de diamètre au pied des arbres; les plantes four- ragères, croissant rapidement et munies de racines très abondantes, absorbent avec une grande voracité l’humus et les sels végétaux, surtout la luzerne, dont les racines pivotantes sont mortelles aux arbres qui les avoisinent, et qu’elles font littéralement périr de soif et de faim. Les ir- rigations qu’on donne pendant l’époque de la végétation aux prairies naturelles ont une heureuse influence sur la santé et la vigueur des arbres, pourvu toutefois que l’eau n’y devienne pas stagnante. Mais il faut se garder de les continuer pendant l’hiver. L’humidité qui stationnerait REVUE IlOilTiCOLE- 55 CoiistainraeiU autour des racines, n’éiaiit absorbée ni par les plantes fourragères ni par les arbres alors dépourvus de végétation, causerait bientôt la pourriture de ces organes. Dans les sols humides, et même a la suite d’un automne et d’un hiver pluvieux , dans les terres franches et légères, des lichens se développent sur la tige et les branches des arbres fruitiers. L’existence de ces cryptogames parasites s’observe aussi souvent, après une année très sèche, sur ceux qui croissent dans les terres maigres ou crayeuses. Dans tous les cas, c’est un symptôme de maladie organique dont la cause est dans les racines. On détruit ces lichens, qui ne tarderaient pas a entraîner la mort de l’arbre, en raclant , après une pluie, les parties attaquées avec le dos d’une serpette, ou mieux en les frottant fortement avec une poignée de paille mouillée, après quoi on recouvre au pinceau la tige et les branche^ principales d’un lait de chaux très clair. Mais il faut bien le dire , cette opération , quoique salutaire, n’est qu’un palliatif. L’essentiel est d’attaquer le mal dans sa source. Si elle se trouve dans l’humidité du sol, on peut y parvenir par des saignées pro- fondes et par l’emploi de terreaux légers , mélangés d’une faible quantité de chaux éteinte depuis longtemps. Si la maladie provient de l’appauvrissement du terrain, on la combat par l’emploi de puissants engrais bien consommés. Les chancres et autres maladies corticales, le plus sou- vent mortelles, proviennent presque toujours des mêmes causes. On les guérit quelquefois en coupant jusqu’au vif les parties ulcérées et en recouvrant la plaie de cire a greffer. Les arbres exigent encore des soins particuliers à chaque genre et au mode de croissance et d’existence auquel ou les a soumis; ils seront indiqués successivement dans les autres parties de cette notice, où chaque genre d’arbre et la culture qu’il réclame seront traités spécialement. Bravy. Moyen de réparer les dégâts occasionnés par la gelée, sur des arbres expédiés perndani rhiver. En général, on plante les arbres depuis le mois d’octobre jusqu’au premier printemps. Or, il arrive que les envois expédiés pendant les mois d’hiver sont souvent surpris par de fortes gelées, et que les racines se trouvent attaquées. 56 REVUE HORTICOLE. malgré le soin qu’on a mis a l’emballage. Voici à ce sujet le remède que conseille M. Dauvesse ; il consiste, lors de l’arrivée, a conserver les plantes dans le ballot et a les mettre à couvert en un lieu tempéré, soit dans une cave, soit dans un cellier, soit mieux encore, si cela est possible, dans la terre; on ouvre a cet effet une tranchée assez longue et assez profonde pour que les colis puissent y être cou- chés, on les recouvre ensuite avec la terre qu’on a tirée de la tranchée, et on les laisse ainsi jusqu’à ce que le dégel soit entièrement effectué; on retire alors les colis de la tranchée; on déballe les végétaux, qui ordinairement sont revenus a leur état normal, ce qui n’a pas lieu lorsqu’on lésa laissés au grand air. Les végétaux longlemps emballés peuvent paraître avoir souffert et offrir des rides sur l’écorce et les racines, surtout a l’automne, quand la sève, gorgeant encore le tissu des rameaux0 C’est sur cet ordre d’eUidcs que nous appelons spéciale- ment l’altenlion des observateurs. Elizée Lefèvre.  l’appui de la noie de M. Elizée Lefèvre, je dirai qu’en ^845 j’avais planté au commencement d’avril 50 touffes de pommes de terre Marjolin dont deux seulement produisi- rent des tiges, et quoique les autres n’aient donné aucun signe apparent de végétation extérieure, la récolte des 28 touffes qui ne produisirent pas de tiges fut aussi abondante que celle des deux autres Pépin. OEillets nouveaux à floraison perpétuelle. Le catalogue de MM. Etienne Armand, horticulteurs a Ecully-les-Lyon (Rhône), contient la liste des OEillets à flo- raison perpétuelle, obtenus par* échange de M. Lacènc. Ces Ol^illets remontants ont l’avantage de fleurir en hiver dans une serre froide, ce qui ne les empêche pas de mon- trer leurs jolies fleurs pendant les autres mois de l’année. Cette collection se compose de 50 variétés bien distinctes; Achille, écarlate clair. Atim, rose tendre fortement ru- bané rouge vif. Blanche de Castille, blanc délica- tement lavé rose frais. Duchesse d’Orléans, blanc strié et rubané violet, amaranthe. Jeanne d’Arc, blanc délicatement moucheté de violet lilacé. Atalante, rouge vermillonné, gra- nité de blanc rosé. Belle Zora, blanc fortement gra- nité et flamme pourpre carminé. Cui»idon, lose tendre nuancé. — rose foncé. Florian, saumon rubané et strié pourpre violet. La Bayadère, blanc pur maculé de rose vif. La Vierge, blanc pur. La Sirène, blanc lîammé et à ai- grette rose carmin. I/Èina, rose sombre strié rouge- grenat. Le Gange, jaune-chamois flammé de rouge pourpre. Le Zéphir, pourpre violet très riche. Madame Lacène, blanc de lait bi- garré de carmin vif. Ma Pensée, blanc flammé de rose lilacé. Minos, superbe écarlate feu. Rose - et - Blanche , blanc satiné nuancé rose. Titus, rouge-grenat foncé. Uranie, rouge clair. Le Chinois, jaune nankin mêlé de chrome, strié de rouge, de vio- let, de bronze, de pourpre et d’écarlate. Léonide. Le Suave, blanc rosé fortement flammé carmin. Madame Sayr, blanc légèrement strié lilas. Madame Péricot, blanc fortement rubané et strié pourpre violacé. Marquise de Belbœuf, blanc liseré* et strié pourpre. Mont-Blanc, blanc carné. Sultan Saladin, carné strié cra- moisi. Tom-Pouce (le général), rouge sombre strié pourpre violacé. J I l.'C-O NS TU' s Chii'ila sinensi.s^ zcylaiiica^ REVUE HORTICOLE. 0! ' Chirita sinensis. Lindley (fig. 4). Plante de la famille des Cyrtandraeées, dépourvue de lige ; feuilles oblongues, obtuses, crénelées, poilues, rétré- cies a leur base en un très court pétiole; pédoncule dressé, portant ordinairement deux ou quatre fleurs, accompagnées chacune d’une bractée; calice petit, 'a cinq divisions; corolle de couleur lilas, tubuleuse, renflée vers le sommet, bilabiée et divisée en cinq lobes arrondis, inégaux ; l’intérieur du tube marqué de quatre lamelles proéminentes, les supé- rieures linéaires, les deux inférieures plus larges et obtuses; cinq étamines, dont trois très petites, stériles, les deux fertiles a anthères glabres ; ovaire allongé ; style simple terminé par un stigmate à deux lobes oblongs ; capsule eu forme de silique, s’ouvrant en deux valves divisées elles- mêmes en deux parties. Cette espèce, envoyée de Chine au jardin de la société horliculturale de Londres par M. Fortune en 1 846, se cultive en serre tempérée et en terre de bruyère sablonneuse ; elle a fleuri au Muséum de Paris en septembre et octobre; on la multiplie de boutures de feuilles. Chirita zeylanica. Hookeiv (fig. 4 bis). Nous donnons la figure de cette espèce a cause de sa rareté. Elle produit des tiges herbacées, garnies de feuilles opposées, longuement pétiolées, dentelées, couvertes en dessus de poils soyeux d’un brun obscur ; les pédoncules axillaires et glabres se divisent plusieurs fois par trois pour former une sorte de panicule ; les fleurs sont d’un bleu violet, accompagnées de bractées ovales, qui prennent, ainsi que le calice, une légère teinte pourprée. Le calice est plus grand que dans l’espèce précédente ; les lamelles de l’intérieur du tube de la corolle sont poilues. Cette espèce, originaire de Ceylan, a été introduite en Angleterre par M. Henderson, et au jardin des plantes de Paris en 4 846, où on la cultive en serre chaude et en terre de bruyère. Cette plante paraît assez délicate ; elle a fleuri en octobre, et c’est d’après elle qu’a été exécuté le dessin qui accompagne cette notice. Neumann. 3»* SÉRIE. Tome ï. — 4 . 45 Février 4 S47.. 62 REVUE HORTICOLE, Plantes nouvellement introduites dans les jardins d'Europe, Le genre Statice n’a fourni jusqu’à ce jour que peu il’es- pèces pour l’ornementation des jardins, pourtant quelques- unes figureraient avantageusement dans nos parterres, entre autres la S. eximia que vient de publier le Bot. reg (janv. \ 847, no 2 ). C’est une plante vivace de plein air, atteignant de 0"“,50 à 0™,60 de hauteur lorsqu’elle est plantée dans un. mélange, en parties égales, de sable gras et de terre de bruyère. Les feuilles sont toutes radicales, vertes, mais bordées d’une étroite ligne blanche, et les fleurs, s’épa- nouissant de juin en juillet, sont disposées en petits bou- quets glomérulés à l’extrémité desramules. Selon MM. Fis- cher et Meyer, cette espèce diffère de la S. speciosa et alata par la forme de sa tige, qui est cylindrique et non triangu- laire et ailée. On la dit originaire de la frontière chinoise, dans le sud de la Dsoungarie, d’où elle a été envoyée par le docteur Schrenk, en 1844, à M. Fischer. D’après la note publiée sur les plantes de ce voyageur, par MM. Fis- cher et Meyer, la S. eximia croît dans les plaines voisines des montagnes de Karatan et Labassy. MM. Karelin etKiri- îow l’ont également trouvée dans les lieux découverts de l’Alatan, près la rivière Sarchan, et dans les déserts sablon- neux de la Dsoungarie, près la rivière Lepsa. On la multi- plie très facilement à l’automne ou au printemps, soit par la séparation des touffes, avant qu’elle entre en végétation, soit par graine, mais alors le plant ne fleurit que la deuxième année. Aux nombreuses Azalea de la Chine que nous possédons dans nos collections vient s’en ajouter une nouvelle, VA. squamata (Bot. reg., janvier ^847, n° 5), envoyée de Hong-Kong, par M. Fortune, à la Société horticullurale de Londres. Normalement les fleurs naissent avant les feuilles : elles sont solitaires au sommet des rameaux et entourées à leur base par de nombreuses écailles brunes, luisantes, qui leur forment une gaine; leur couleur est d’un blanc rosé ou rose clair, distinctement tacheté de points cramoisis en dedans ; elle diffère encore des espèces voisines par son ca-. lice réduit à une sorte de bourrelet à 5 dents et par son ovaire entièrement couvert de poils bruns. Cette espèce est connue depuis longtemps par des échantillons secs et par im REVUE HORTICOLE. 65 ilcï^siiî envoyé en Angleterre par M. Reeves, mais elle n’a- vait jamais été introduite vivante ; c’est une bonne acquisi- tion, soit pour l’ornement de l’orangerie, soit pour les bos- quets, car il est probable qu’elle lésistera en pleine terre chez nous, puisque la température du pays où elle a été trouvée descend 'a plus de — Comme pour ses congé- nères, on doit la cultiver dans un mélange de terre de !)ruyère et de terre franche ou de sable gras ; on la multi- plie par boutures faites avec les jeunes rameaux et traitées à la manière ordinaire. line petite plante dont la place n’est pas bien déterminée parmi les familles naturelles, vient augmenter le nombre des fleurs bleues qui ornent nos parterres pendant les mois d’août et de septembre, c'esi\e Cyananthuslobatus^ Wall. (Bot. reg., janvier^847, n® 6). Cette petite plante herbacée, qui ressemble assez a quelques espèces de Campanules, croît dans les hautes chaînes de l’Himalaya, où elle a été dé- couverte par le capitaine Munro qui en a envoyé des graines au jardin horticultural de Londres. Pour végéter vigoureu- sement, il lui faut un mélange de terre de bruyère et de terreau de feuilles; beaucoup d’eau pendant la période de végétation, et un milieu plutôt sec pendant le repos : on la multiplie très facilement par boutures. Le Mexique, si riche en plantes d’ornement, vient encore de nous fournir une nouvelle espèce de Cuphea, décrite par M . Bentham sous le nom de C. platycentra (Paxt. mag. , janvier 1847). Cette plante a été importée en Angleterre ac- cidentellement dans un envoi d’Orchidées*. Ses fleurs écar- lates, très abondantes et de longue durée, contribueront à rornementdes plates-bandes. On la multiplie de graines et de i)Outures. ()>n vient d’introduire une charmante variété de Chry- mnthemun^ sous le nom de Pâquerette de Chusan (Paxt. maï4., janvier ^847). C’est une plante naine qui croît avec vigueur en pleine terre ; elle se couvre de nombreux capitu- les, semblables a ceux de nos Pâquerettes, larges de jaunes au centre, a ligules nombreuses, d’un rose lilacé. La Société horticulturale de Londres a exposé au mois de décembre dernier un individu du Jasminum nodiflorum îRot. reg., ^846, n® 48). Ses rameaux sont grêles, dépourvus de feuilles au moment de la floraison, qui a lieu au mois de (1) On la trouve aussi à Paris chez M. ThÜKUtî. REV L E iiORïlCOLE. «iéceiiihre : ses Heurs sont jaunes. U est, dit-on, très rusti- que et sera une bonne acquisition pour le jardin d’orne- ment et l’orangerie. M. Hooker, dans le cahier de janvier 1847, n® 4275 à Î278 du Bot. mag., donne une belle et pompeuse histoire iJe la Victoria regia. Cette gigantesque Nymphéacée, dont les feuilles ont de 4"™, 50 a 6 mètres de circonférence, a des (leurs d’un blanc pur passant au rose et au carmin, exha- lent une agréable odeur, et ont un mèlre de circonfé- rence. Cette plante, cultivée en Angleterre au jardin de ke\y, a été obtenue des graines rapportées de Bolivie par M. Bridges; elle n’a pas encore fleuri, on désespérait même de la voir fleurir, car on la croyait annuelle; aujourd’hui, cdle est dans un état de végétation satisfaisant, et tout fait espérer que ses fleurs se montreront dans les serres du jardin de Kew. La figure du Bot. mag. est empruntée au bel ouvrage de M. Schomburgk. HERIxXCQ, Rhododendron Duchesse de Nemours. M. Dupuy-Jamain annonce ce nouvel arbuste comme gain de H 845; il est rustique, d’une belle vigueur; son feuillage est large et étoffé, d’un beau vert; fleurs très grandes, bien développées, de 0“,06 à 0”^,07 de diamètre; les cinq pétales qui les composent sont arrondis, de couleur carné-foncé, lavé de rose vif sur les bords, ce qui donne a ses corolles un reflet des plus agréables ; le pétale supé- rieur est marqué, vers sa base, de quelques points roux. Le riche coloris et la rusticilé de cette nouvelle variété lui feront tenir le premier rang parmi ses congénères ; elle a supporté tous les hivers depuis J 859, et la facilité qu’elle a de se porter a fleurs, même sur les jeunes branches en multiplication, lui donne un grand mérite. Elle vient d’être livrée au commerce pour la première fois. PÉPÎX. Haricot du Canada ou Haricot en buisson (Bush-Beans). Nous lisons dans le Bulletin du cercle d’horticulture et de botanique de la Seine-Inférieure, que M. Lecouteulx Je L.aumont a rapporté de l’Amérique, en 1844, des graines d’un Haricot qu’il a semées au mois d’avril ]845, et qui REVUE HORTICOLE. 65 produit en telle abondance que chaque pied a pu fournir à lui seul de quoi former un plat. Cette variété en effet se ramifie beaucoup et constitue un véritable buisson, d’où lui vient le nom anglais de Bush-Beans. Des échantillons de cette race nouvelle de Haricot, pro- venus de graines données par M. Lecouteulx, ont été pré- sentés dans la séance du 4 octobre ^846 au cercle d’horti- culture et de botanique de la Seine-Inférieure parM.Deboos, qui assure qu’elle mûrit assez tardivement aux environs de Rouen, mais qu’elle n’en doit pas moins élre recommandée a cause de l’abondance de son produit alimentaire; M. De- boos a vu un seul pied donner deux cents gousses. Pépin. I Emploi du guano en horticulture. Les importants travaux des chimistes agriculteurs nous ont appris que c’est surtout a l’azote que les engrais doivent leurs propriétés fertilisantes, et que leur valeur réelle est représentée par la quantité de cet élément qui, sous une forme ou sous une autre, mais surtout sous celle de car- bonate d’ammoniaque, peut être absorbée par la végéta- tion. C’est la un fait parfaitement établi, et sur lequel il n’est plus permis d’élever le moindre doute. A ce titre, il est une substance qui se place en première ligne, c’est îe guano^ cet engrais exotique qui, depuis quelques années, tient en éveil l’attention des agronomes, et que de nom- breux navires vont chercher à grands frais sur les côtes méridionales et occidentales de l’Afrique, de l’Amérique du Sud et de la Nouvelle-Hollande. On croit en Europe que le guano résulte uniquement de l’accumulation pendant des siècles des excréments d’innombrables oiseaux de mer qui peuplent ces parages. Sans nul doute ces matières y en- trent dans une proportion plus ou moins forte, suivant les localités et les espèces d’oiseaux ; mais on peut assurer aussi que, dans beaucoup de cas, elles n’en forment qu’une portion minime, et que la masse presque entière du guano est due a la décomposition des cadavres mêmes dés oiseaux et de quelques autres animaux marins, les phoques par- ticulièrement, dont les débris, entassés pendant une longue période d’années, finissent, en se mêlant plus ou moins à la terre, par former des couches, ou plutôt des amas qui sont REVUE MüRllCÜLE. (Mi quelquefois d’une grande épaisseur, puisqu’on en a cité qui excédaient 20 mètres. Trop d’expériences ont déjà fait ressortir l’efficacité de cet engrais lorsqu’on l’emploie avec discernement, pour qu’il soit utile d’en discuter ici la valeur. Rappelons-nous seulement que les plantes des jardins, aussi bien que celles des champs, ne prospèrent que dans un sol fumé ; nous di- rons même qu’elles exigent des fumures plus abondantes et plus multipliées, car, toute proportion gardée, on demande plus à un jardin qu’à un champ, et les cultures, toujours plus ou moins forcées, qui s’y succèdent sans interruption et à de courts intervalles, ont bientôt épuisé le sol des ma- tières organiques qui lui donnent de la fécondité. Cette simple réflexion suffit pour faire voir tout le parti que l'horticulture pourrait tirer d’une substance qui, sous un petit volume, renferme communément de 50 à 60 pour ^00 de matières azotées. Cependant, sous ce rapport, nous som- mes peu avancés, et, en agriculture même, le guano trouve encore des détracteurs. Il est vrai de dire que les applications que l’on en a faites en agriculture n’ont pas toujours été couronnées de suc- cès. Avec un peu d’attention, on découvrirait que la faute en est, non au guano, mais aux agriculteurs qui l’ont em- ployé à tort et à travers. Tel fermier qui juge du pouvoir fer- tilisant du guano par celui des engrais qui lui sont fami- liers, le répand sur ses terres à des doses quatre fois trop fortes; les plantes en souffrent, quelquefois même péris- sent, et il ne manque pas de s’écrier que le guano est une substance dangereuse à laquelle il faut se hâter de renon- cer ; tel autre l’emploie dans une saison défavorable et n’eu obtient aucun résultat; un troisième, qui a payé souvent fort cher un prétendu engrais qu’on lui a donné pour du guano, n’en est pas plus avancé, et tous concluent à ce qu’il soit banni de l'agriculture, sans se douter qu’ils sont eux,-mêraes la première cause des mécomptes qu’ils lui attribuent. Desi expériences suivies, qui ont été faites récemment aux Etats-Unis par un Allemand, M. Teschemacher, répon- dent victorieusement aux objections de ceux qui répu- gneraient à utiliser cet engrais dans la culture des jardins. Ce ne sont plus ici de vagues théories, mais des faits bien constatés, qui parlent plus haut que tous les raisonnements de la science, et qui démontrent d’une manière péreiup- REVUE HORTICOLE. :(»7 loîre que le guano peut elre d^iue application générale. Due qualité qui le rend surtout précieux pour riior- iiculture, c’est la concentration des principes fertilisants qui le constituent, et, ce qui est encore a considérer, son état de sécheresse et sa friabilité qui font disparaître dans- son emploi les nombreux inconvénients attachés a celui du fumier ordinaire dont l’aspect et les émanations sont tou- jours désagréables dans un jardin, et surtout dans un jar- din d’agrément. Un sac de guano, qui ferait a peine la charge d’un homme, contient plus de matière fertilisante qu’une charretée de fumier de ferme, et produira en con- séquence plus d’effet sur une même étendue de terrain. Le fumier ordinaire exerce bien, il est vrai, une action méca- nique utile sur le sol en le divisant et en favorisant sa per- méabilité, mais il est facile d’obtenir le même résultat avec le guano en y mélangeant de la paille hachée. Certaines personnes, dit le Gardeners' chronicle, au- quel nous empruntons les détails qu’on va lire, sont dis- posées a faire usage du guano, mais ne savent à quelles sortes de végétaux ils doivent l’appliquer. Faut-il le donner aux légumes, aux plantes d’ornement, aux arbres fruitiers? telles sont les questions qu’ils s’adressent. Nous leur dirons que le guano convient a toutes les plantes qui veulent de l’engrais ; ceci résulte des recherches de M. ïescbemacher. « Le point essentiel, c’est la manière de l’employer. Nous avons des raisons pour croire qu’en horticulture le mieux est de le faire infuser dans de l’urine de vache. On ob- tiendra ainsi un engrais liquide qui servira a arroser les plantes, et un résidu encore très riche en azote que l’on répandra dans le jardin potager; mais on pourra aussi em- ployer le guano a sec et sans préparation, en le mélangeant directement avec le sol. w Les doses d’engrais et les époques où on les donne jie sont pas une chose indifférente. Il convient de fumer une première fois légèrement au moment de la germination, davantage quand la végétation est plus avancée, abondam- ment lorsqu’elle est dans toute sa force. Les Péruviens, dit M, Teschemacher, l’emploient pour leur maïs de la ma- nière suivante : chaque culture reçoit d’ordinaire trois ap- plications de guano : la première, en petite quantité, au moment de la semaille; la seconde, plus forte, lorsque les plantes ont atteint la moitié de leur développement, et la troisièine quelque temps avant la maturation des grai- 68 REVUE HORTICOLE, Dcs. Immédiatement après chacune de ces fnranres, îa terre est irriguée, circonstance qui ramène Tapplication s. ... 20 28 22 18 Eie 23 29 37 38 Automne 31 28 23 30 On voit entre autres résultats exprimés dans ce tableau, que dans la région orientale de la France » en Allemagne , et plus encore a Saint-Pétersbourg, la répartition du maxi- mum et du minimum de pluie est précisément Pinverse de ce qu’elle est a Madère et à Lisbonne, c’est-a-dire que dans les trois premières localités Phiver est la saison la plus sèche, et Pété celle où les pluies sont le plus abondantes. Cette variabilité dans la distribution des pluies, cette différence dans la sécheresse ou Phuraidité des climats, donne à la végétation des diverses contrées de la terre des cachets particuliers, depuis longtemps signalés par les bo- tanistes. Comparez sous ce rapport les îles équatoriales de POcéan-Pacifîque, où Pimmense étendue de mer qui les environne entretient une humidité constante, et ces déserts sablonneux de l’Afrique , éternellement brûlés par les rayons du soleil. Ici les plantes ont pris un aspect inaccou- tumé. Ce sont des Mésembrionthèmes a tiges rampantes, des Stapelia, des Euphorbes* qui ont emprunté la forme des Cactus; des plantes charnues et succulentes qui sem- blent ne lutter contre les ardeurs d’un soleil dévorant qu’en accumulant et en retenant dans leurs tissus Peau que la nature leur distribue d’une main avare. La, au con- traire, croissent ces Palmiers a la tige élevée, ces Fougères arborescentes qui rivalisent avec eux , de majesté ou d’élé- gance , en un mot, une végétation remarquable par le luxe de son feuillage , dont l’active exhalation est sans danger dans une atmosphère sans cesse saturée des émanations de l’Océan. Une connaissance plus approfondie des conditions météorologiques des diverses régions du globe nous per- mettrait de dire a l’avance quelles plantes pourraient se naturaliser dans tel pays, auquel la nature les a refusées; c’est dire que nous pourrions nous épargner des expériences toujours lentes et coûteuses, et trop souvent sans résultat. Cependant, quelque incomplètes que soient nos connais- sances a cet égard, nous pouvons déjà faire quelques-unes de ces conjectures. Ainsi par exemple, bien que la Nouvelle- Zélande ne soit pas sous une latitude identique avec celle des eûtes septentrionales de la France , à raison de sa tem- 76 REVUE HORTICOLE. pérature moyenne et du degré d’humidité de son aimo- sphère, il est à croire que beaucoup de ses végétaux pour- raient être introduits dans les localités qui avoisinent la Manche et l’Océan. Cherbourg , en particulier, semble se | présenter dans des conditions favorables pour cette natu- ralisation. Ce serait donc une importante expérience à len- ! ter que l’introduction du Towaï ( Epicarpurus micro- phyllus), arbre majestueux, dont le bois est renommé pour sa dureté ; de ces Dammara , de ces Podocarpus^ de ces Dacrydium et autres Conifères, dont les dimensions gigan- tesques les placent bien au-dessus des arbres les plus volu- mineux de l’Europe, et dont les Anglais tirent déjà un si bon parti pour leurs constructions navales. La Tasmanie , située à une latitude analogue à celle de ITtalie ( 42®, 45 ), nous fournirait aussi des espèces d’une haute importance , entre autres un célèbre Dacrydium connu sous le nom de Pin HuoHj dont plus de 1 57,000 mètres cubes ont été transportés en Angleterre dans le courant de t845 , pour la construction des navires. Une simple comparaison des tables météorologiques dressées à Hobart-Town, capitale du pays, avec celles de quelques localités de nos côtes océa- niques, suffit pour faire voir quelles chances de succès nous aurions à tenter cette expérience. On trouve en effet, a Hobart-Town, les températures moyennes suivantes pour les quatre saisons de l’année : Hiver 4-5®2 Eté +22«S Printemps.. . . -fl 1,6 Automne. ... -fl2,l C’est à peine si à La Rochelle et à Cherbourg ces tempéra- tures en diffèrent; on y trouve en effet : Hiver. Printemps. Éié. Automne. A La Rochelle. . +4“7 +ll'‘l +21*9 +U*7 A Cherbourg. . . +5,2 +10,4 +16,5 +12,5 Et comme le voisinage de la mer y entretient un degré d’humidité que tout fait supposer à peu près égal à celui qui règne dans la Nouvelle-Zélande et la Tasmanie, il y a la plus grande probabilité que les magnifiques végétaux de ces deux pays n’auraient aucune peine a s’acclimater dans cette partie de la France. Croirait- on que depuis tant d’années que nous possédons la Guyane, aucune observation météorologique suivie n’y REVUE HORTICOLE. 77 a été faite, sous le point de vue de Tagriculture? C’est vraiment une honte pour un pays si fier de sa civilisation , que le peu de soin que nous apporlons a développer ta première de toutes les industries dans des contrées où hi terre enfanterait des prodiges. L’Algérie , située à nos por- tes, est un peu plus avancée ; les observations météorolo- giques qui y ont été faites pendant quelques années, par M. Bérard, et plus tard par un jeune professeur de physique qu’un accident malheureux vient d’enlever à la science*, permettent, tout incomplètes qu’elles sont, de prévoir les riches cultures qui s’établiront un jour dans cette contrée jadis si florissante, lorsqu’enfin le gouvernement y aura organisé les éléments de la colonisation. Naudin. Culture de V Amandier, Les végétaux dont nous allons parler sont des arbres ap- partenant a la famille des Rosacées^ ordre des ürupacées^ dont le caractère le plus saillant se trouve dans le fruit, qui se compose d’une ou rarement de deux amandes renferméesdans un noyau ligneux, lequel est recouvert d’une enveloppe plus ou moins charnue, à laquelle les botanistes ont donné le nom de Sarcocarpe. L’ovaire est simple, libre, surmonté d’un style ; les étamines en nombre indéterminé. Cinq genres de celte section offrent a l’homme des fruits comestibles qu’on désigne sous le nom de drupe \ ce sont l’amandier, l’abricotier, le pêcher, le prunier et le cerisier. Le genre Amandier renferme plusieurs espèces, toutes originaires de l’Asie, dont plusieurs sont employées pour l’ornement des jardins paysagers et des massifs de bos- quets. Ce sont de charmants arbustes à fleurs fraîches et gracieuses. L’Amandier nain , à fleurs doubles , est le plus joli de tous. Une seule espèce a produit les variétés cul- tivées pour leurs fruits, et qui sont au nombre de six : Amandier commun^ à petit fruit. Il paraît être le type de l’espèce. 2'' Amandier à gros fruit., à coque dure, — A. Prin* cesse. Malgré le développement qu’acquiert le fruit, l’a- mande n’offre pas plus de volume que celle de la variété suivante, mais elle est plus parfumée. (1) M. Aimé, mort il y a quelques mois des suites d’une chute quTI avait faite dans une excursion géologique entreprise dans te petit Atlas, 78 REVUE HORTICOLE. Amandier à gros fruits à coque tendre* — A, des ï Dames. — A. à la Reine. Cette variété est la plus généra- 1 lemenl cultivée et le mérite. Son fruit est aplati, peu al- \ longé; la coque se brise sous les doigts, l’amande est douce. ) Amandier à petit fruit , à coque tendre. — A. Sul- t tane. Fruit plus petit et meilleur que le précédent. ' Amandier pistache ^ fruit encore plus petit; coque ; tendre ; il a quelque rapport de goût avec la pistache. Cul- i livé assez abondamment dans le midi de la France. 6® Amandier à fruit amer. Cultivé pour son emploi fréquent dans l’art du confiseur. ^ous ne parlerons que pour mémoire d’une autre va- ; riélé, V Amande pêche ^ qu’on considère comme un produit < hybride de l’Amandier et du Pêcher. Son fruit ou drupe | prend un accroissement beaucoup plus considérable que i dans les autres variétés ; à l’époque de sa maturité elle a quelque ressemblanq^ avec la pêche, mais elle conserve un goût amer qui la fait rejeter. Son amande est douce. L’Amandier végète dans tous les sols, pourvu qu’ils ne i soient pas humides et tourbeux, et que ses racines pivo- ! tantes à une grande profondeur ne trouvent pas une cou- i che imprégnée d’eau stagnante. J’ai vu des Amandiers déjà vieux , poussant encore vigoureusement et se cou- vrant de fruits dans des terrains argileux ou argilo-cal- caires, extrêmement compactes. Dans les sols très légers et sablonneux ils fructifient abondamment, mais vivent peu de temps. Los lieux où j’ai vu constamment ces arbres le mieux portants et les plus fertiles , c’est dans les cours, au bord des rues et des chemins , dans les villages ; enfin, dans des endroits toujours piélinés et môme pavés. Du reste, cette singulière préférence leur est commune avec - plusieurs autres espèces d’arbres fruitiers (peut-être tous), i ainsi que j’aurai l’occasion de le faire observer plus tard. ! Tous les auteurs les plus recommandables conseillent l de placer l’Amandier a une exposition chaude et abritée, i Il se peut que sous le climat de Paris, et au nord de la f rance , cette précaution soit nécessaire pour que son Irnit acquière toute sa maturité^ Mais dans le contre de la France, on ne peut citer, [)endant un demi-siècle, que (l) Ce n’est pas pour assurer la malurilé des fruits, mais bien pour ♦ pioléger les fleurs contre les vents du nord et du nord-est qui détrui- sent en peu de jours les jeunes ovaires, surtout quand la floraison est preincUurée. (^Note de la direction de la Revue.) REVUE HORTICOLE. 79' l’année 1816 où les amandes n’aient pas mûri. Or, comme FAinandier entre souv^t en floraison dès le mois de février, et que des fortes gelées se font encore sentir au I moment de la fécondation, ne serait-il pas rationnel de retarder sa floraison par tous les moyens possibles; et le plus puissant comme le plus simple, ne serait-il pas de le placer à une exposition froide ? A cet égard, rexpérience vient à l’appui du raisonnement. Qui n’a été a même de voir , comme moi , des Amandiers plantés derrière des murs, des granges, des maisons, a l’exposition du nord, donner du fruit en abondance, tandis que leurs voisins, a l’exposition opposée, restaient stériles? Bosc a conseillé, pour retarder la végétation de l’Aman- dier, de le greffer sur Prunier. J’ignore si cette opération aurait le résultat qu’il indique ; je n’ai jamais été a portée de vérifier ce fait; mais j’incline vers l’opinion contraire, par suite d’une observation analogue. J’ai cultivé des Pê- chers greffés sur Amandiers et d’autres sur Pruniers, à côté les uns des autres, et je n’ai jamais remarqué une diffé- rence sensible dans l’époque de leur végétation et de leur floraison. L’Amandier se greffe le plus souvent et avec plus de suc- cès en écusson, à œil dormant, soit près de terre, soit à hauteur de tige. Lorsqu’on l’arrache de pépinière, déjà fort, pour le transplanter, il faut ménager les racines avec soin, parce qu’il est presque toujours dépourvu de chevelu. Cet arbre, une fois adulte, exige peu de soins ; il faut seule- ment le débarrasser du bois mort et des branches inutiles ou mal placées. Pendant sa jeunesse, il serait bien de rabalire un peu les pousses de l’année, pour l’empêcher de trop se dégarnir. Du reste, l’abus de la taille lui serait nuisible. Son plus grand ennemi est la gomme, dont il est difficile de prévenir et d’arrêter les ravages. Une incision longitudinale I de l’écorce sur les branches attaquées les guérit quelque- fois. C’est le moyen dont je me suis le mieux trouvé sur tous les arbres à noyaux. L’Amandier n’a pas perdu la mémoire du climat où la f nature l’a fait naître, malgré un exil de 2,000 ans. La ri- i' gueur de nos hivers lui est souvent funeste. Les 18 degrés centigrades de froid que nous avons éprouvés en décembre 1845 ont attaqué fortement les jeunes sujets d’un, deux ij et même trois ans. Il est à craindre que, dans plusieurs lo- calités, les pousses de l’année ne soient fortement compro- g.) REVUE HORTICOLE. iHibCb. Il faut dire aussi que ces arbres élaienl encore eu végétation cl n’avaient pas perdu complètement leurs feuilles lorsque ce froid anormal est venu fondre sur eux san^ transition. Heureusement ces aberrations de tempé- rature sont fort rares dans nos climats. C;el arbre est des plus fertiles et serait d^un excellent produit si sa fructiflcation n’était pas si douteuse; mais m ne peut guère compter en Auvergne que sur une ré- colte tous les trois ans. A l’époque de sa floraison, l’Aman- dier est un des plus beaux arbres d’ornement. Bravy. Noie sur des plantes cultivées en plein air à Cherbourg, M. Le Jolis, secrétaire de la société d’horticulture de Cherbourg, nous écrit, le février, que, malgré plusieurs gelées assez fortes pour le climat, il a conservé en fort bon état le Mandevillea suaveolens, tandis que cette plante, cultivée en serre, a perdu ses feuilles dès le commencement de riïiver. VAbutilo7i striatum a eu quelques feuilles et quelques petites pousses gelées, mais il n’est point mort. Fabiana imbricata est d’une fraîcheur parfaite, ainsi que le Solanum pseudo-capsicum ; les Myrtes, un Coro- nilla glauca de plus de 2 mètres de haut, sont couverts de fleurs depuis le 4 novembre ; le Gaillardia picta a perdu ses liges, ainsi que les Capucines, dès les premières gelées. Mais on sait que le climat de Cherbout’g permet aux Gre- nadiers d’y porter des fruits et que le thermomètre descend rarement au-dessous de — 5*^2. Le Jolis. i (oraison d'un Cactus grandifiorus jaewdanf le jour L M. Forkel, directeur des serres royales a Laeken, a trouvé le moyen de faire fleurir pendant le jour ce beau Cactus qui ne fleurit ordinairement que la nuit. Voici comment il y est parvenu : voyant que les fleurs étaient prêtes à s’ouvrir, il a fait placer le soir la plante dans une glacière. Le froid qui y règne a empêché les fleurs de s’épanouir la nuit. Le lendemain, la plante ayant été portée dans un salon, les fleurs se sont ouvertes et ont fleuri avec leur éclat ordinaire, sans que la plante eût reçu la moindre atteinte de son séjour dans la glacière. (t) Journal (V horticulture de Bruxelles, Il ose li'icolore de Flandre, L, CO N ST ANS UEVÜE HORTICOLE. Rose tricolore de Flandre {fig, 5). La rose dont nous donnons ici la figure se distingue par ses belles formes. Dès son apparition son triple et gracieux coloris a conquis tous les suffrages; la plante qui la porte fait un beau buisson bien étalé et d’un bel aspect. Elle ap- partient a la section des Provins; son bois est vert, ferme, à peine épineux ; ses feuilles sont petites, lisses, d’un beau vert. Les Heurs, de grandeur moyenne, sont bien portées, nombreuses, très pleines, légèrement bombées et formées de pétales presque égaux, arrondis, très serrés, recourbés. Le fond est d’un blanc pur, rayé de stries roses et carmin nombreuses et nettes, passant plus tard au rouge et au pour- pre foncé, et enfin au violet. De l’aveu de toutes les personnes compétentes qui Pont vue, c’est la plus belle et la plus nettement panachée des roses de la catégorie dite des Provins panachés. Aussi, sous ce rapport, est-elle en ce moment une des plus recherchées. Ch. Lemaire. Observations sur la culture des Rosiers, En général, les Rosiers exigent un bon sol, une terre franche, un peu d’humidité, et peuvent braver les intem- péries de nos climats 'a l’air libre. Par exemple, un peu d’engrais (le terreau de couches non passé) donné chaque année, les fait végéter avec vigueur et leur fait produire des fleurs plus belles et plus abondantes. On se contente d’enterrer ce terreau à l’entour de la souche, en ayant soin de ne point en endommager les racines, mais il faut arroser abondamment pendant les chaleurs. Un amateur soigneux devra visiter chaque jour ses Rosiers pour en extirper les chenilles et les autres larves d’insectes qui en attaquent les feuilles ou en dévorent les jeunes boutons. Tout bouton attaqué est une fleur morte- née. Aussi une chasse attentive est-elle ici de la plus grande importance. Toute feuille roulée doit être ouverte avec précaution; toute feuille collée ou chiffonnée, tout boulon penché et autour duquel les jeunes feuilles paraissent appli- quées doit être exploré ; on trouvera infailliblement Pin- secte destructeur, qu’on enlèvera soit avec les doigts, soit avec une petite pince pour l’écraser sans miséricorde. J’ai dit que les Rosiers pouvaient braver nos hivers; néan- SÉRIE. Tome i. — 3. 1®^ Mars 1847, 82 REVUE HORTICOLE, moins, dans les grands froids, certaines races demandent un léger abri ; ce sont les Banks, les MuUiflores, les Thés, quelques Bengales, les Muscates et plusieurs Noisettes. On se contente ordinairement, dans ce cas, d’envelopper de paille les têtes des Rosiers greffés et d’empailler com- plètement ceux qui sont francs de pied ; ce moyen est presque toujours suffisant dans nos contrées, 'a moins d’uii hiver extrêmement rigoureux ; mais dans les contrées au nord de la Belgique, et dans nos pays mêmes quand on a a craindre plus de 10'’ ou 12® au-dessous de 0, il sera préférable d’a- voir recours au moyen suivant, dont nous ne saurions trop recommander l’emploi aux horticulteurs et amateurs qui tiennent a la conservation de leurs Rosiers ; aussitôt que les froids commencent a sévir, on couche les Rosiers sur le sol et on les couvre de 0“, I8 à de terre. Pour cela, on abaisse avec précaution, afin de ne rien rompre ni rien faire éclater, les Rosiers greffés dont il suffit de couvrir la tête ; on relève ces Rosiers aussitôt que les fortes ge- lées ne sont plus à craindre. Les Rosiers grimpants, presque toujours francs de pied, palissés contre les murs, ne pouvant être préservés de la même manière, seront couverts de paillassons, qu’on dou- blera si le froid augmentait. Il sera bon aussi d’en butter le pied, ou de le couvrir de fumier long ; ceux de ces Rosiers qui couvrent les berceaux et les tonnelles, s’ils peuvent être détachés, seront réunis en hiisceau et enve- loppés de paille. On cultive les Rosiers soit francs de pied, c’est-à-dire non greffés et en buissons, soit greffés et en boule, à diffé- rentes hauteurs. Ce second mode est préférable pour l’or- nement d’un parterre, et surtout en ce qu’il oblige l’arbuste à donner un bien plus grand nombre de fleurs. Tenu en buisson longtemps avant que les bourgeons se développent, le Rosier demande à être rabattu chaque année afin de prendre une belle apparence et de donner plus de fleurs. On supprime toutes les branches mortes, inutiles ou disgracieuses ; on rabat les gourmandes, c’est à-dire les plus longues, jusque près de la base. On ne ne peut guère prescrire de règles pour la taille du Rosier en buisson, le goût et l’expérience deviennent bientôt d’excellents maîtres à cet égard. Il n’en est pas de même pour le Rosier greffé sur églan- tier et à tige plus ou moins élevée ; on ne doit pas craindre REVUE HORTICOLE. 85 de le rabattre de très près en taillant les branches de îa dernière pousse a un ou plusieurs yeux, suivant que la l’orme ronde, qu’on doit cherchera donnera la tête, l’exige; il est inutile d’ajouter qu’on doit le débarrasser de tout le bois mort, des branches mol placées ou d’une végétation languissante. En ne conservant que le bois sain et vigou- reux, il se développera toujours assez de pousses nouvelles qui produiront de belles et nombreuses fleurs. L’opération de la taille des Rosiers doit avoir lieu en lévrier ou en mars, par un temps doux ou pluvieux ; elle doit être différée pour les espèces qui craignent le froid jusqu’à ce que le retour de la gelée ne soit plus à craindre ; car, si on se hâtait trop, leurs jeunes pousses, dont le dé- veloppement aurait été activé par la taille, périraient infail- liblement sous les atteintes des gelées printanières. Certains Rosiers, les Banks, \esMulti flores, les Semper-^ virens et quelques autres, demandent à être abandonnés à eux-mêmes pour se couvrir d'une grande quantité de fleurs. Les soins à leur donner doivent donc se borner à les palisser et à les débarrasser des insectes et du bois mort. C’est dans les bois qu’on va chercher les églantiers qui doivent servir pour la greffe. Leur choix n’est pas indiffé- rent; ils doivent être vigoureux, bien droits, former enfin la canne. Les Basa canina, rubiginosa, sepium, gai- liea, etc,, servent principalement de sujets, et spéciale- ment la première espèce. On les enlève avec précaution pour ne pas blesser les racines qu’on doit rafraîchir en les plantant en bon sol ; avant ou après la plantation, on leur coupe la tête a la hauteur à laquelle on veut greffer, c’est- à-dire depuis 0^,15 jusqu’à 1™,50, 1"‘,60 ou 2 mètres. S’ils sont tortus, on les redresse au moyen d’un fort tuteur, et dans cet état on attend pour les utiliser qu’ils aient eu Je temps de végéter et de développer des rameaux vigoureux. Les Rosiers se multiplient facilement de boutures qui se font sur couche ou sous cloche ; on se procure par ce moyen en peu de temps une grande quantité de francs de pied propres à la culture en pots ou à former des buissons dans les plates-bandes et les massifs; mais il faut toujours avoir recours à la greffe quand on veut obtenir prompte- ment des Rosiers à tête, car si on voulait arriver au même résultat par les boutures, il faudrait attendre bien plus longtemps. REVUE HORTICOLE. iS-4 Deux sortes de greffages sont usités : le greffage en fente et le greffage en écusson. Dans les deux cas, le greffage se fait a l’air libre, et il est i dit naturel, ou bien il se fait en serre et on l’appelle alors i forcé. Cette question de la greffe forcée divise depuis quelque temps la presse horticole. Pour moi, tout à fait désintéressé dans la question, bien que je cultive les Rosiers sur une très grande échelle, je crois qu’on a exagéré de part et d’autre les inconvénients et les avantages de cette mé- thode, que les uns rejettent complètement en l’accusant de ne pouvoir produire aucun sujet viable, tandis que les autres la prônent outre mesure, en prétendant qu’on peut l’appliquer partout et sans cesse, sans avoir a craindre au- cun mécompte. Je pense qu’en en usant dans certaines limites, on peut l’employer utilement à multiplier les es- pèces nouvelles que les amateurs sont impatients de possé- der, mais qu’on peut se dispenser de multiplier par son moyen les variétés les plus anciennes pour lesquelles le greffage à Pair libre sera toujours préférable. En renfermant dans de justes bornes le greffage forcé, l’horticulteur y trouvera des ressources en maintes circonstances, soit pour réparer les pertes qu’un hiver rigoureux lui aurait fait éprouver, soit pour propager certaines especes que la vente aurait épuisées. Les bornes de cet article ne me permeltent pas de don- ner ici une description complète des différentes manières de greffer le Rosier, et je dois me contenter de dire que le procédé est le même pour le greffage en fente, soit qu’on le pratique en serre, soit qu’on le fasse à l’air libre. Dans le premier cas, on peut l’employer en serre chaude de janvier en avril ou en mai; le greffage 'a l’air libre doit s’exécu- ter en mars ou avril, quand la sève commence a se met- tre en mouvement. Le greffage en écusson peut se faire à œil poussant de mai en juillet, et à œil dormant de juillet en septembre. Par le' premier moyen, qu’on ne doit em- ployer que pour les Roses remontantes, on obtient très souvent des fleurs dans le cours de la même année; il faut dans ce cas, aussitôt la pose de l’écusson, rabattre à ' quelques lignes au-dessus de lui la tige ou la branche sur laquelle on l’a placée ; cette opération pour les écussons a œil dormant ne se fait qu’au printemps. !.. Yan Holtte. IIEVÜE HORTICOLE. 85 Spirœa pruni folia, flore pleno, Sieb. Cette plante, une des plus importantes, sous le rapport ornemental, qui aient été introduites dans nos jardins de- 80 REVUE IIOIITICOLE. année (ju’elie ne craignait iinilement les froids de nos climats. Ainsi, par exemple, a la fin de janvier dernier, bon nombre de jolis individus de O'^,5o a 0*”,70 de hauteur, littéralement couverts de boutons de bas en haut, loin prêts a s’ouvrir dès que la saison sera plus douce, étaiem EN PLEINE TERRE SANS COUVERTURE AUCUNE. CcS fleurS, dis- posées en bouquets par trois ou six ensemble, sont, comme on sait, très pleines, d’un blanc pur, et ressemblent bien a celles du Boulon d*argeni de nos jardins (Ranunculus aconitifolius fl. pl.). Dès le premier printemps, au moment où ces arbrisseaux commencent à verdir, leurs fleurs s’entr’ouvrent aussi, et Ton dirait à distance une neige abondante tombée parTflo- cons sur un léger fond de verdure. La ügure A représente cette Spirée, introduite tout récemment du Japon par M. Siebold, et dont M. Van Houttet a acquit toute l’édition. Celte plante a été représentée dans la Flore des serres et des jardins de V Europe^ t. 11, n® 155-134, octobre 1846. Ch. Lemaire. iVofe sur quelques plantes nouvelles ou peu connues^ ac- tuellement en fleurs dans les serres du Muséum. Carludovica. — Espèce nouvelle envoyée de la Guyane par M. Mélinon. Cette plante pourrait recevoir le nom spé- cifique àe distichadi cause de la disposition distique de ses feuilles; c’est la seule espèce qui présente ce caractère. Chœtogastra Naudiniana Dne. — Mélastomée dédiée par M. Decaisneà M. Naudin, qui a publié une monogra- phie générale de cette intéressante famille de plantes. C’est un petit arbrisseau grêle, à feuilles lancéolées couvertes sur les deux faces de poils un peu raides et appliqués ; les fleurs disposées par 4,5, sont de couleur lilas, et les pétales, de forme a peu près obovale, sont très finement fimbriés. Elle a été envoyée du Mexique par AI. Ghiesbreght qui l a récoltée à Zacualpan, province de Mexico. Chamœdorea aurantiaca Ad. Brong. — Petite espèce depalmier, envoyée du Mexique par Al. Ghiesbreght, remar- quable par ses grandes grappes de fleurs d’un jaune d'orl Eupalorium omphalifolium Hort. Berol. — Compo- sée sous -frutescente a lige simple, garnie au sommet de grandes feuilles lancéolées, entières, réfléchies, parfaite- ment lisses, un peu charnues, longues de 0"^,25 sur O’”, 07 REVUE HORTICOLE. 87 rie large. Les fleurs blanches, disposées en petits capitules, forment une élégante et magnifique panicule pyramidale, haute de 0”',27 sur 0"*,20 de large a sa base qui termine la lige. Salmea salicifolia Ad. Brong. — Grande composée frutescente a feuilles entières, lancéolées, assez semblables a celles des Tupa; ses fleurs sont blanches, et leur ensem- ble constitue un corymbe. Senecio crassicaulis Ad. Brong. — Cette espèce est li- gneuse, et ses fleurs jaunes assez grandes paraissent avant les feuilles qui sont pétiolées, arrondies, d’un vert clair luisant. Elle est originaire du Mexique d’où le Muséum l’a reçue de M. Ghiesbreght. Trixis Ehrenbergii Kunze. — Petite plante de la même famille que les précédentes, a fleurs jaunes, exhalant mie légère odeur, analogue à celle des Tagetes, GauUheria antipoda Forst. — Petit arbrisseau buis- sonneux de la Nouv. -Zélande, haut de 0”',20, a fleurs très petites, auxquelles succèdent des petits fruits rouges. Ruhus macropodus Hort. Berol. — Espèce grêle a feuilles longuement pétiolées, à trois segments dont les la- téraux très petits, et le terminal plus grand, se divisent quelquefois plus ou moins profondément en trois lobes ; les fleurs sontsolitaires, terminales, petites et d’un rose tendre, Lippia montevidensis. — Petit arbuste pouvant atlein- dre 0*”,40 environ, ayant quelques ressemblances avec le Lantana Sellowiana, Ses fleurs sont violet-lilacé, réunies par 15-20 en petits bouquets pédonculés, axillaires. Cetfe plante très-jolie mériterait d’être répandue davantage dans le commerce. Enfin il me reste a signaler la floraison d’une magnifique Composée envoyée au Muséum par le Jardin de Berlin, sous le nom de Stiftia insignis^ et qui doit être rapportée au 5. chrysantha Mikan, espèce connue des botanistes, mais tout a fait nouvelle pour l’horticulture - la Revue en donnera prochainement une figure et la desmpüon. Neumann. Une visite aux Chrysanthèmes de M. Plée. Dans les premiers jours du mois de décembre dernier, nous avons fait, en compagnie de M. Decaisne, une visite aux cultures de Chrysanthèmes de M. Pléc, qui étaient alors en pleine floraison. Malgré la renommée d’habileté REA UE HORTICOLE. U (le l\1. Plée, nous avons clé frappés, en entrant dans sa serre, d’un coup d'œil auquel nous ne nous attendions pas. Plusieurs centaines de Chrysanthèmes de toutes les va- riétés et du premier choix constituaient les gradins d’une serre spéciale et formaient un ensemble qui, par le luxe des fleurs, la vivacité des couleurs et l’air ôe santé des plantes, pouvait rivaliser avec tout ce que l’horticulture offre de plus recherché. Tout le monde ne sera sans doute pas de notre avis, mais nous trouvons que les Chrysan- thèmes partagent avec un petit nombre d’autres plantes le premier rang parmi les productions de la floriculture, et nous n’hésitons pas a les considérer comme supérieurs aux Dahlias, dont le port massif les rend plus propres h être vus de loin et a orner les compartiments d’un grand jardin plutôt que les étroites plates-bandes d’un parterre et surtout d’un salon ; aussi c’est avec un vif sentiment de plaisir que nous avons été témoin du degré de perfection auquel M. Plée a su porter la culture de ces végétaux. La Société d’horticulture a envoyé ses commissaires visiter la collection de M. Plée qui a été l’objet d’un rapport favo- rable. Nous n’avons pas la prétention d’y rien ajouter, mais nous avons voulu rendre aussi un hommage sincère, quoi- que tardif, a l’habileté de cet horticulteur. Naüdjn. Culture des arbres fruitiers, — III L Abricotier. Le nom botanique de l’Abricotier [Armeniaca) indique son origine, l’Arménie, d’où il a été transporté en Europe par les Romains; il paraît qu’on le trouve aussi à l’état sauvage dans d’autres contrées de la haute Asie et en Perse. On n’en connaît qu’un petit nombre d’espèces; deux ou trois sont cultivées comme arbres ou arbrisseaux d’agré- ment et produisent neu d’effet. Les nombreuses variétés cultivées dans nos jardins ont été produites par une seule espèce, l’Abricotier commun, A. vulgaris. Parmi elles, les plus recommandables sont dans l’ordre de leur maturité : Abricot hâtif, A. Saint-Jean, Abricotin. — Fruit petit, chair peu fondante, légèrement musquée, assez bon, à ex- position chaude. — Commencement de juillet. A. blanc hâtif. — Fruit d’une bonne grosseur, chair (I) Voir pages 51 cl 77. KEVLE nORlU.OJ.E. ferme, blaiicliàtre, un peu sèche, mais parluinée; mûrit peu de jours après le précédent. — 1/^4. blanc tardif n'en diffère que par l’époque de la malin i(é qui a lieu vingt à trente jours plus lard. — Ces deux variétés sont les meil- leures pour l’art de la eonüserie qui en fait en Auvergne une immense consommation. Tout le monde sait que les pâtes d’Auvergne sont les plus estimées de France. Celte supériorité tient évidemment â la qualité du fruit. A. Angmmois. — Fruit petit, chair très colorée et très pai fu méc . — M i- j u i 1 1 ( t . A, de Portugal. — Peiit, fondant, bon. — Mi-juillet. .4. gros précoce. — Fruit moyen, chair fine et fondante. — Mi-juillet. A. Pêche hâtif d'Oullins. — Très gros, même forme et qualité que 1’^. de Nancy, dont il est une sous-variété un peu plus précoce. — Fin juillet. A. royal hâtif. — Moins gros que le précédent, avec le- quel il a les plus grands rapports. — Même époque. il. d'Appuy. — Encore une sous-variété de l’^4. Pêche, fruit gros, excellent. — Fin juillet. il. commun. — Fruit moyen, bon. — Commencement d’août. A. Pêche ou de Nancy. — Tout le monde connaît ce beau et excellent fruit qui mûrit du au -15 août. A. de Vaucluse. — Sous ce nom, j’ai reçu une sous-va- riété de VA. Pêche, dont le fruit, que j’ai vu pour la pre- uiièrs fois en 1844, est le plus gros que je connaisse, eî dont la qualité est au moins égale, sinon supérieure au précédent. Je soupçonne que c’est un faux nom ; mais je le conserve, n’ayant pas vu encore un fruit analogue. Quoi qu’il en soit du nom, ce n’en est pas moins une superbe variété qui a été appréciée par un grand nombre d’ama- teurs.— Mi-août. A. Alherge de Monlgamet. — Fruit moyen, dont la peau colorée est parsemée d’aspérités. Chair fondante et très bonne. — Août. On peut citer encore les A. d’Alexandrie, Alsace, de Hollande, des Dames, Musch, de Noor, Alberge, etc.; mais ils sont inférieurs en qualité ou se confondent avec les précédents. Parmi les variétés d’Abricotier que je viens d’indiquer, une seule se propage par le serais sans modifications sen- sibles, c’est l’^i, Alberge. 00 REVUE HORTICOLE. VA. Pèche^ sans se reproduire avec idenüté, donne par ses semences des sujets dont les fruits sont généralement bons et d’une belle grosseur. C’est à cette faculté que nous devons le grand nombre de sous- variétés de VA, Pêche qui ont été mises dans le commerce depuis quelques années. Hors l’Alberge, on ne peut donc perpétuer franches et pures toutes les variétés d’Abricotier que par la greffe, qui s’opère sur l’x\bricotier franc, l’Amandier et les Pruniers de Saint'Julien, Cerisette et Damas. La greffe sur Abricotier provenant de semis fournil d’ex' ceîlents sujets. On en trouve peu dans les pépinières, parce que les tiges sont rarement droites et que ces arbres croissant beaucoup plus lentement que l’Amandier on le Prunier, les pépiniéristes seraient obligés de les vendre plus cher que les sujets greffés sur ces derniers pour se défrayer. La greffe sur Amandier se décolle facilement sous les efforts du vent, et pour cette raison elle est maintenant peu usitée. C’est sur Prunier que l’Abricglier se greffe le plus habi- tuellement; mais il faut indispensablement que les sujets proviennent de noyaux et non de drageons. Ces derniers, outre l’inconvénient des rejetons qui les épuisent, éprou- vent bien plus vivement les fâcheux effets de la gomme qui les fait périr en peu d’années. Quel que soit le sujet auquel on a donné la préférence, on greffe l’Abricotier en écusson à œil dormant près de terre, ou en tête pour les plein-vent. L’on peut employer aussi la greffe en fente, mais elle réussit assez mal et pousse d’abord moins vigoureusement que l’écusson. On élève l’Abricotier, soit en espalier, soit en plein vent. Comme ses fleurs se montrent dès les premiers beaux jours de mars, il arrive souvent qu’elles sont surprises parles gelées du printemps. La culture en espalier offre l’avan- tage de pouvoir les préserver au moyen d’abris, mais les fruits sont inférieurs à ceux des plein-vent. A l’exposition du midi, ils sont toujours trop mûrs dans la parlie frappée par le soleil,- et restent verts dans celle qui fait face au mur ; a l’est et à l’ouest, ce défaut se fait encore sentir, quoique d’une manière un peu moins sensible; au nord, l’Abricot acquiert une maturité plus uniforme : il devient également fondant dans toutes ses parties, mais il est moins coloré et peu parfumé. Toutefois, malgré cet inconvénient grave, c’est REVLE HORTICOLE. 9^ encore a celte eiposilion qu’il est moins mauvais ; mais ce n’est qu’en plein vent qu’il acquiert tonies ces qualités. La taille de l’Abricotier en espalier n’offre pas Je grandes difficultés ; mais dans cette notice, qui ne doit pré- senter que des considérations générales, je n’aborderai pas la théorie de la taille, qui, appliquée a tous les genres d’arbres fruitiers, exigerait a elle seule plus de développe- ments que n’en doit avoir l’ensemble de ces ol scrvations. On a la funeste habitude d’abandonner 'a la nature les Abricotiers en plein vent. A peine prend-on le soin de les debarrasser des branches mortes. Aussi commencent-ils a se dégarnir a la troisième ou quatrième année ; à la sixième, ils n’offrent plus que quelques bouquets de feuilles et un petit nombre de fruits avortés a l’exlrémité des branches qui ont acquis une longueui démesurée, aussi m eurent-ils a l’âge de dix ou douze ans, 'a moins qu’on ne les rabatte jusque près de rcnfourchement du tronc pour leur donner une nouvelle vie. L’Abricotier pousse avec une telle vigueur, et produit une si grande quantité de fruits, qu’il est bientôt épuisé si on ne lui vient en aide. Il faut donc, chaque année, quand les fortes gelées de l’hiver ne sont plus a craindre et toute- fois avant la floraison, le débarrasser des branches supei- tlues et qui font confusion, et rabattre, à moitié au moins de leur longueur, les branches à bois de l’année précédente. Avec cette précaution, qui demande si peu de temps et Je peine, on aura toujours des arbres bien formés, vigoureux jusque dans un âge avancé, et produisant des fruits volu- mineux et savoureux. Je ne saurais trop insister sur cet objet dans un pays où l’Abricot est à la fois une récolte productive et une branche importante d’industrie. L’Abricotier n’est pas délicat sur le choix du terrain ; mais il ne donne des fruits parfaits que dans les sols légers, sablonneux ou calcaires. Dans les terres humides et com- pactes, l’arbre est vivement attaqué, bientôt détruit par la gomme, ses fruits, enfin, sont fades et sans saveur. Les meil- leures expositions sont les terrains en pente, les versants des coteaux exposés â l’est. Comme il est très sensible aux gelées printanières, il est convenable d’en placer quel- ques pieds dans des lieux bien abrités. Les jeunes fruits, jusqu’au moment où ils ont acquis leur grosseur, sont très sensibles aux brouillards, qui les tachent et les font tom- ber. Il faut donc éloigner l’Abricotier du voisinage des ri- 92 REVUE HORTICOLE» vières, des marais, des eaux stagnantes, où ils restei aient I à peu près stériles. Ce que j’ai dit de l’Amandier relativement à son accli- matation s’applique également a l’Abricotier. Lui aussi > souffre quelquefois de nos rudes hivers au point de ne pou- voir en revenir. Par bonheur, il croît rapidement, fructifie ‘ jeune, et son remplaçant ne fait pas attendre longtemps ses . produits. Bravy. Du Pistachier L Vers la fin du mois de mars dernier, M. Passy, sous-secré- taire d’Etat au ministère de l’intérieur, m’ayant conduit à sa belle campagne située à Bezons, près Paris, j’admirai, parmi les plantes remarquables de son jardin, deux Pista- chiers mâle et femelle, palissés contre un mur en plein air. Ces deux arbrisseaux, très grands et très brandi us, âgés d’environ cinquante ans, ressemblent à deux forts Pêchers en espalier, et s’étendent sur une surface d’environ 8 mètres en longueur et 5“^, 50 en hauteur. Étonné de rencontrer des Pistachiers de celte taille, je questionnai le jardinier pour savoir de quelle manière il les soignait et quel parti il en tirait. J’appris qu’il y attachait peu d’importance; que ces arbres fleurissaient bien tous les ans, mais qu’ils fructi- fiaient d’une manière incomplète, et que souvent même beaucoup de fruits tombaient avant leur maturité. Dans l’espoir d’obtenir un résultatplus positif, je donnai quelques conseils au jardinier : je le priai de prendre ces arbres sous sa surveillance spéciale ; j’insistai pour qu’il leur procurât, avant la pousse, quelque abri, un avant-toit au sommet, des châssis mobiles sur le devant pour les défendre des gelées tardives, etc.. Le jardinier exécuta en partie mes conseils, et, au printemps, ces arbres poussèrent vigou- reusement, fleurirent en abondance, et, favorisés par les chaleurs de l’été, nouèrent une quantité de Pistaches, dont une grande partie se montra mûre avant la fin de la saison. La découverte de ces deux arbres sous le climat de Paris, et la possibilité d’en obtenir des bons fruits m’enga- gent a exciter le zèle des amateurs de plantes exotiques a ruiiet a les encourager a étendre la culture du Pistachier. (O Annales de la Sociélè rornle (Thorricnliuri / ■ / . aKVÜE HORTICOLE. 95 Le Pistachier est un peu plus délicat que le Pécher; mais il vient facilement et il fructifie de même, si sa cul- ture estTobjet de quelques soins. Je me rappelle que M. Dii- petil-Thouars nous parlait souvent de certains Pistachiers de son jardin qui rapportaient des fruits mûrs tous les ans. Au Luxembourg et au Muséum on en voyait autrefois qui fructifiaient parfaitement. M. Noisette montrait jadis dans son établissement des Pistachiers qui donnaient des fruits aussi délicats et aussi gros que;ceux du Midi. Quant à leur usage, tout le monde sait que l’amande est d’un goût agréable et que les confiseurs l’emploient eu dif- férentes manières, surtout dans les dragées, les bonbons, le nougat, les gâteaux : il n’y a donc pas de raisons pour négliger la culture de cet arbre. Cependant on ne le voit presque plus chez nous, ou, si on le cultive, c’est seulement dans les orangeries. Ou se trompe : le Pistachier peut venir sous le climat de Paris, et sa culture est facile. Pour réussir et pour le rendre utile, il faut le cultiver en grand et en espalier, selon les indica- tions suivantes. Lorsque les plants ont quatre ou cinq ans d’existence, ou doit les livrer à la pleine terre, à l’exposition la plus méri- dionale et la plus abritée des vents; les distancer de 5 ou 4 mètres les uns des autres et les palisser contre un mur. Le Pistachier étant un arbre dioïque, il est important d’entre- mêler les deux sexes, mais en proportions inégales, de manière que le sexe femelle se trouve en nombre au moins sextuple du sexe mâle. Pour n’avoir aucun arbre stérile, quelques horticulteurs conseillent de greffer par-ci par-la des rameaux de Pistachiers mâles sur les branches des femelles. Le Pistachier ne doit pas être soumis â la taille; il a be- soin d’être un peu protégé dans ses premières pousses, et, si la saison du printemps ou le commencement de l’été se montrent inconstants, il est prudent, au moment de la floraison, de lui accorder quelques abris mobiles et pas- sagers, afin de l’aider à nouer etâ mûrir ses fruits. Si on m’objecte que toutes ces précautions démontrent la délicatesse du Pistachier et, en conséquence, l’incertitude de sa réussite dans nos contrées, je répondrai qu’il y a encore un moyen de rendre le Pistachier plus rustique ; c’est de semer des Pistaches récoltées dans ce pays, de garder les plantulos en orangerie pendant leurs pre- 0^ REVUE HORTICOLE. mières années, ensuite de les greffer sur le Téiébenthiei , Pistacia Terebinthus. Selon ïliouin, les Pistachiers ainsi greffés, s’accommodent de tout terrain,supportenH 2 degrés de froid et donnent des fruits d’une plus grande dimension. Je ne finirai pas cet article, sans parler du commerce 4ju’on fait, en Asie, de la poussière fécondante de cette plante. Il y a, en Orient, des villages où l’on ne cultive que des Pistachiers mâles, et il y en a. d’autres plantés exclusivement de Pistachiers femelles. Les paysans, propriétaires des pre- miers, vont, au printemps, recueillir le pollen de leurs ar- bres, en remplissent des sacs et vont le vendre au marché, où les propriétaires des seconds l’achètent, le secouent sur les fleurs femelles a mesure qu’elles éclosent, et, en fécondant ainsi leurs Pistachiers, obtiennent des fruits abondants et parfaits. L'abbé Berlèse. Des plantes grasses, H fut un temps où la Tulipe et l’OEillet, dédaignés des amateurs, étaient en quelque sorte passés de mode, et languissaient en France dans l’oubli. H n’a fallu rien moins que la persévérante obstination des Belges pour réhabiliter chez nous ces deux beaux genres. L’un et l’autre ont été remis en vogue, et avec raison, depuis que les riches col- lections de nos horticulteurs français révélèrent, à l’œil étonné, la régularité des pétales, l’éclat des couleurs, l’élé- gance du port, la bizarrerie des paiiachures dans la Tulipe; les parfums les plus exquis, les nuances les plus variées, les fleurs aux formes les plus pures, enfin, le necplus ultra de la perfection dans l’OEillet. L’intéressante tribu des plantes grasses a subi pendant un temps le meme sort, et ce n’est même que dans l’esprit de quelques amateurs qu’elle commence à se relever de cet état d’abaissement dans lequel on les laisse par indifférence ; ceci tient 'a ce qu’on est habitué a ne les juger que par celles qui, pour ainsi dire, forment le fond de boutique de nos jardins, Ficoïdes, Crassules, Aloès et autres, qui, depuis longtemps, importunent nos yeux et ne sont dans le commerce d’au- cune valeur. Ce qu’il faut faire pour remettre en honneur, cette tribu, c’est de la cultiver en commençant précisément la où elle s’est arrêtée, c’est de donner ses soins aux Ce- reus^ Echinopsis^ Echinocactus ^ Mamillaria, que le REVUE HORTICOLE. 95 Mexiqueetie Brésil nous envoient annuellement; et d’aller visiter les collections des rares amateurs qui s’efforcent de les propager et qui les réservent a l’admiration des adeptes. Parcourez les catalogues de Van Houtte ou de Cels, vous y verrez combien de jouissances nouvelles vous pour- rez VOUS promettre ; ou mieux, en véritable horticulteur touriste qui ne faites point de la floriculture avec l’ombrelle en plein midi, ne craignez pas de vous transporter dans certains jardins; vous y verriez, sans parler des Echinopsis sulcatus^ floridus, tubiflorus, multiplex et Eyriesii que Pon commence a connaître et qui se recommandent de jour en jour parce qu’ils sont réellement beaux, VEchinocactus erinaceus a grande fleur paille, avec des reflets blancs et un double rang de pétales, dépassés par un long faisceau d’étamines. Le Mamillaria longimamma, dont la belle fleur for- mée de dix pétales bordés de blancs, s’ouvre régulière- ment à dix heures et se referme à trois pendant plusieurs jours. VEchinocactus concinnus^ dont la fleur a six centi- mètres de diamètre, dont la forme est celle d’un enton- noir, la couleur paille avec reflet serin luisant, et cinq rangs de pétales qui sont étagés autour du pistil et tour- nent en spirale, le calice couleur de brique avec une ligne rose a la surface extérieure. La fleur est, il est vrai, inodore, mais elle s’ouvre pendant cinq jours à neuf heures du ma- tin et se referme à six heures du soir. Le stigmate est très développé, de couleur rose-ponceau, haut de 0™,0t , ouvert en entonnoir profondément denté; les dents sont au nombre de seize, les étamines forment un entonnoir régu- lier et dépassent le stigmate; elles sont en très grand nombre : c’est une superbe fleur. Une autre, non moins belle encore, VesiV Echinocactus mammulosus : la fleur est couleur soufre luisant; elle a 0*”,07 de diamètre quand elle est ouverte ; les pétales sont sur cinq rangs légèrement étagés; elle est évasée en forme d’entonnoir; la fleur répand une odeur douce, s’ouvre a deux heures après midi et se referme à cinq heures du matin très régulièrement; elle dure huit jours. En étudiant bien ce genre de plantes on pourrait en former une nouvelle horloge de Flore ; il nous serait facile d’ajouter à cette nomenclature; nous la compléterons une autre fois, si la Revue, bienveillante protectrice des pro- REVUE HORTICOLE. ^0 grès horticoles, veut bien accorder quelques pages aux travaux de la section d’horticulture du comice agricole de Marseille. Hippolyle Topun, Membre du comice agricole de Marseille. Notice sur la Manne de V Australie heureuse ^ Dans une excursion de Melbourne, la capitale de l’Aus- tralie heureuse dans la partie sud-ouest de la Nouvelle- Hollande, nous parvînmes a une contrée boisée où les arbres fourmillaient d’essaims énormes d’une grande espèce de cicades ou cigales, dont les chants nous étour- dissaient. Les rameaux de ces arbres et la terre au-dessous étaient recouverts d’une subsiance blanche semblable à de petits flocons de neige et qui est nommée manne par les colons. On la regarde, mais 'a tort, comme le produit des cigales, car elle suinte en réalité de l’écorce des Eucalyptus, et quoique j’en aie trouvé aussi sous un autre arbre, c’est le vent qui doit l’y avoir apportée. Une autre sorte, d’une nuance jaune pâle, se trouve sur une autre espèce iVEu- ealyptus plus petite, qui croît dans les montagnes; cette sorte de manne est très recherchée des indigènes qui en re- cueillent, en une demi-heure, souvent plus d’un kilogramme d’un seul arbre. Son goût est délicieux, se rapprochant de celui des amandes, mais si doux qu’on ne peut pas en manger beaucoup. Par contre, on trouve dans le même ouvrage (vol. H, 482) une observation de M. Bynoe, qui a fait partie de l’expédi- tion en qualité de chirurgien, et réfute complètement la manière de voir du capitaine Stokes, sur l’origine de la manne. Voici comment il s’exprime : « Dans la Nouvelle-Hollande, notamment dans sa partie orientale, on pense généralement qu’une espèce particu- lière de manne, qui tombe à une certaine saison, suinte des arbres a gomme®. Beaucoup d’habitants soutiennent cette opinion, bien que, sur mon avis contraire, ils n’eussent rien à répondre, sinon que cette substance se trouve atta- chée à Pécorce des rameaux, et quelquefois recouvre la surface du sol en dessous. (1) Capitain Stokcs. Dlscoveries of Australia. Lond., 1843, ï, 285. (2) C’est le nom que portent plusieurs Eucalyptus. Red. REVUE nORlICüLE. 97 ♦♦ Eli décembre, c’est a-dire pendant Ja saison la plus chaude, dans une excursion entomologique'dans les forets, je trouvai de celle manne dans les circonstances précitées, sans qu’il me fût possible de trouver la moindre fente à travers laquelle la manne eût pu suinter. Partout où j’en trouvai, il y avait un grand nombre de cigales aux yeux rouges. Ma première pensée fut que ces insectes, en piquant Pécorce de l’arbre, pourraient bien occasionner un écou- lement de la sève; mais je n’ai jamais pu parvenir à dé- terminer cet écoulement de la sève sucrée par une incision ou piqûre artificielle. Nous étions dans la saison où les cigales se rassemblent en grand nombre aün de procéder à leur accouplement ; si le temps est tranquille et chaud, elles se placent à l’ombre sur les jeunes rameaux dont les feuilles sont remplies de sucs. C’est au-dessous d’un pareil arbre chargé de cigales, dont les mâles faisaient entendre un chant étourdissant, que j’allai me réfugier sous un vent chaud qui soufflait du côté du port. La superûcie du sol était, autour du tronc, saupoudrée de la substance sucrée, et après quelques minutes je m’aperçus qu’un liquide dé- gouttait de l’arbre, et se transformait aussitôt sur mes ha- bits en cette substance blanchâtre dont il est question. Je me levai alors avec précaution pour découvrir les traces de l’origine de ce liquide, sans effaroucher les insectes, et je vis clairement qu’il sortait de l’extrémité postérieure du corps des cigales sous la forme d’un liquide sirupeux qui, en coulant le long des feuilles et des pousses de Parbre , se solidifiait et formait cette substance blanchâtre. Pendant que l’insecte s’efforçait de faire sortir le liquide, il levait en Pair la partie inférieure de l’abdomen, et en faisait jaillir trois ou quatre petites gouttes. »» J’ai observé les insectes pendant plus d’une heure, et durant ce temps j’en ai vu plus de trente qui faisaient jaillir leur liquide. J’ai recueilli environ cent grammes de la substance blanche, et j’en possède encore un peu. Les indigènes recueillent cette manne dans de petits paniers de jonc et en sont très friands'. » (1) Celle dernière opinion esl conforme à ce que nous observons en Europe sur les luzernes, les saules, elc., qui, attaqués par des cicadelles, laissént en apparence suinter un liquide mousseux, sécrété en réalité par ces insectes. Il est probable qu’un phénomène identique se passe également sur le Cæsalpinia pluviosa cilé par De Candolie. Note du directeur. 08 REVUE HORTICOLE. Poire 'prolifère. Dans l’automne de -1844, un amateur d’horticulture, pro- priétaire en Normandie, nous fit voir une lambourde de Poirier sur laquelle s’étaient développées deux Poires accom- pagnées de 5 ou 6 feuilles; cet échantillon en assez mau- vais état, avait le bois noir et ridé , les feuilles et les fruits étaient dans le meme état. Mais ce qu’il y avait de curieux, c’est que du centre de chacun des yeux de ces Poires il était sorti un second fruit. Cette singulière ano- malie s’était déjà montrée l’année précédente sur ce même Poirier qui est conduit en espalier. Il nous a été impossible d’en reconnaître l’espèce, mais on a bien voulu, au prin- temps suivant, nous en faire parvenir deux greffes prises sur les branches qui avaient produit ces fruits; elles ont été greffées au printemps de -1845; nous attendons la flo- raison de cet arbre, afin de l’étudier, si toutefois la re- production de l’anomalie a lieu. Dans le bulletin de la Société d’horticulture de l’Au- vergne (livraison de juillet 1846) on trouve un article signé de M. Croizet, qui rapporte en ces termes un phénomène semblable : Le 45 juin 4846, j’ai remarqué dans le beau jardin de M. Teyras, juge de paix, à Saint-Amand, Roche-Savine, arrondissement d’Ambert, un Poirier en quenouille {Bè%i de Chaumontel), dont la végétation est vigoureuse et dont chaque fruit, de la grosseur d’une pelite noix, présente un phénomène qui paraît digne de fixer l’attention des physio- logistes. Le même bourgeon produit la fleur et le fruit, et de plus une seconde fleur qui sort de l’œil du fruit avec tous ses pétales. « J’ai porté quelques-unes de ces jeunes Poires a Nes- diers et les ai montrées à plusieurs personnes. Le canton de Saint-Amand est un des plus froids de notre départe- ment, mais la végétation y est forte et rapide, surtout lors- qu’à des jours d’une température élevée se joignent des pluies et des orages fréquents, ce qui a été observé à Saint- Amand pendant le mois de juin dernier. »> C’est à ces causes que M. Croizet paraît attribuer cette surabondance de végétation dans un terrain bien cultivé et* de très bonne nature. C’estdu reste un phénomènequi se ren- contre très rarement. Il aurait été à désirer que M. Croizet REVUE HORTICOLE. 9i> t'ti fil greffer aussi quelques arbres, aüii de savoir si Ton pourrait perpétuer cette monstruosité, qui est au moins aussi intéressante pour la physiologie végétale que le Pom- mier sans pétales de Saint-Valéri en Caux. Pépin. De la faculté germinative des graines du Baobab (Adansonia digitata). M. Loth, Tun des patriarches dePliorticulture parisienne, aux soins et a la persévérance duquel on doit Pintroduc- tion de plusieurs plantes exotiques, reçut du Sénégal, en 1821, une collection de fruits, parmi lesquels se trouva le Baobab (vulgairement appelé Pain de singé)^ arbre célèbre par Pimmense dimension de son tronc. M.Loth en sema plusieurs graines qui levèrent très bien. Mais comme, en 1828, il ne lui restait de ce premier semis que peu d’indi- vidus de Baobab ^\\ détacha du même fruit quelques graines qui ne tardèrent pas à germer ainsi que les premières. Enfin, en 1844, il en fit un troisième serais qui réussit aussi bien que les précédents. J’ai vu en 1846 dans la serre chaude de M. Loth plusieurs jeunes pieds de cet arbre en parfaite végétation, qui provenaient de ce dernier semis (J 844 ). Ainsi les graines du Baobab ont conservé leur faculté germi- naüve pendant 25 ans. 11 en reste encore quelques-unes fixées a l’intérieur du fruit, M. Loth espère pouvoir les se- mer dans quelques années, afin de suivre l’expérience qu’il a commencée et s’assurer jusqu’à quel point ces graines peuvent conserver leur vitalité. Pépin. Encore un mot sur PÉpine-Vinette {Berberis vul- garis^ Linn.). Le printemps humide et la température inconstante que nous avons eue au début de l’année 4 846 ont beaucoup nui au développement et a la formation des épis des cé- réales, telles que blé, seigle, orge, maïs, avoine, etc., qui ont été plus généralement cariés et charbonnés que dans les années ordinaires. En pratique, il est encore quelques cultivateurs qui ne sont pas assez persuadés que ces alté- rations sont dues à la présence de champignons parasites 100 revue horticole. qui se Jéveloppcut dans les épis et quil sévissent| avec d’autant plus d’intensité que le premier printemps est hu- mide et que la température des nuits se refroidit davan- tage ; ces causes atmosphériques concourent puissamment a la production de la rouille et des champignons particuliers à ces plantes. Il y a eu encore dans cette circonstance un grand nom- bre de cultivateurs qui attribuèrent cette maladie à la pré- sence de haies formées d' Epine-Vinette, placées près des champs de blé et autres céréales pour former des clôtures; mais il n’en est rien, c’est un fail expérimenté depuis long- temps ; les botanistes et les physiologistes ont parfaitement démontré que le champignon qui croît sur VEpine-Vi- nette ne vivrait pas sur le blé, et qu’enfîn ce n’est pas la même maladie. Il en est de même pour la sabine, a la pré- sence de laquelle on attribue les fâcheux effets de la mala- die des arbres fruitiers et surtout des Poiriers. Pour combattre cette idée, que V Epine-Vinette produit la rouille des blés, M. le premier président Séguier, cite comme preuve du contraire, qu’il a eu dans une de ses propriétés un champ de blé bordé par une haie d' Epine- Vinette d’environ 200^mètres de longueur, et que jamais le blé de ce champ n’a été atteint de la rouille, pendant qua- torze ans que la haie exista. Dans l’école royale d’Alfort, plusieurs expériences ont été faites en ^815 et^8l6, elles ont eu pour résultat de mettre hors de doute l’impossibilité de cette fâcheuse in- fluence. J’ai vu répéter plusieurs fois ces expériences dans de grands parcs où se trouvaient des massifs d" Epine- Vi- nette près desquels on cultivait du blé, et si parfois la ma- ladie se déclarait sur les céréales, elle était toujours indé- pendante de cet élégant arbuste, auquel il est 'a regretter que dans quelques contrées on attribue encore de si fâ- cheux effets. PÉPI^^ Cours gratuit de taille des arbres. — ]\1. Hardy, jardinier en chef du jardin du Luxembourg, commencera cette annee ses leçons pratiques et gratuites de taille et de greffe des arbres fruitiers, â la pépinière du Luxembourg, le mardi 2 mars a huit heures du matin, et les continuera les mardis et vendredis suivants à la même heure. l’niiif Pond s Seedliiig (le Pond . REVUE HORTICOLE. ^01 Prune Pond' s seedling (fig, 6). Cette Prune, nouvelleinent introduite en France, est jus- qu’à ce jour la plus grosse qui nous soit connue ; elle sur- passe en volume la Dame Aubert et se rapproche un peu de la Diaprée. Sa peau est rouge, garnie de petits points noirs; sa chair est fondante, sucrée, non adhérente au noyau. Elle mûrit dans la. première quinzaine de septembre. Son bois est brun, lisse, des plus vigoureux, les yeux sont éloignés, les feuilles de moyenne grandeur. D’après ce que nous ont assuré MM. Jamin et Durand, elle doit être rangée dans les Prunes de première qualité. C’est une variété pré- cieuse dont la figure 6 peut donner une idée et que la po- mologie enregistrera avec empressement. MM. Jamin et Durand, qui en sont les seuls possesseurs, l’ont multipliée et sont en mesure d’en livrer ^ des sujets au commerce, tant a haute qu’à basse tige. C’est par erreur que nous avons mentionné, dans notre numéro du janvier, le nom de M. Jamin dans l’article intitulé : Développement extraordinaire de plusieurs fruits en J 846. C’est à MM. Jamin et Durand que fut en- voyée, par M. le comte de Pontgibaud, la belle Poire Belle- Angevine dont il est question. Nous avons aussi à rectifier une erreur commise à pro- pos de la Prune Reine-Claude de Bavay. C’est à MM. Dau- vesse, à Orléans, qu’on en doit la première culture en France, et non à M. Jamin, comme nous Pavions an- noncé. Neumann. Culture des arbres fruitiers. — IV C Pêcher. — Persica. Originaire de Perse, d’où il a été transporté on Egypte suivant les \jns, en Grèce suivant les autres, longtemps avant la domination romaine, cet arbre s’est naturalisé dans toutes les contrées tempérées de l’Europe, où il est de- venu l’objet de soins particuliers et d’études spéciales, que méritent bien le parfum suave, le goût délicieux, la forme (!) Voir pages 51, 77 et 88. 5® SÉRIE. Tome i. — 6. 4 5 Mars 1847. REVLE HORTICOLE. 102 gracieuse, le coloris brillant de son fruit, le plus exquis de tous ceux cultivés dans nos climats. Le Pécher commun a produit, par ses semences, beau- coup de variétés. Duhamel en a décrit 45, Bosc 54. Sur ce nombre, je ne citerai que les plus recommandables, en in- diquant celles qui réussissent le mieux en espalier. Avant-Pêche-Rouge ^Petite-Mignonne^ Mignonne hâtive. — Fruit petit, presque rond, sillon peu apparent, peau très ] colorée du côté du soleil, vert jaunâtre du côté de Pombre; chair fondante, excellente ; noyau très petit. — Fin juillet en espalier au midi. Le fruit est très bon en plein vent et mûrit du ^5 au 20 août. — Duhamel et d’autres auteurs, d’après lui, indiquent sous le nom de Double de Troyes ou Petite Mignonne une Pêche plus grosse, aussi bonne et un peu moins hâtive que celle que je viens de décrire. Je no sais pas si elle existe dans quelques cultures, mais je l’ai demandée à plusieurs établissements, et j’ai toujours reçu PAvant-Pêche-Rouge. Madeleine blanche. — Fruit gros, arrondi ; sillon peu marqué au milieu, très apparent aux extrémités; peau d’un blanc jaunâtre peu ou point colorée de rouge; chair fine, fondante, blanche, sucrée et légèrement musquée. — Mi- août. — Arbre vigoureux, mais sensible aux gelées. — Es- palier au midi et au levant. Pourprée hâtive. — Fruit gros, sillonné profondément, 1res coloré de rouge vif foncé; chair très fine, fondante, Televée. Excellent fruit. — Mi-août. ■ — Espalier au midi et au levant, et plein vent. Grosse Mignonne. — L’une des plus belles et des meil- leures Pêches ; sa forme est presque sphérique, profondé- ment divisée par un sillon dont un des bords est souvent i plus élevé que l’autre; sa peau est très colorée du côté du i soleil, sa chair est très fondante, sucrée, relevée, excellente. — Du 4 5 au 50 août. — Espalier a toute exposition et l plein vent. ^ Madeleine rouge de Courson. — Fruit aussi gros et i aussi délicieux que le précédent ; forme sphérique, légère- ment aplatie dans la partie inférieure ; sillon*peu profond, , peau teinte d’un beau rouge pourpré, chair blanche, très i fondante, sans défauts. — Mûrit quelques jours plus tard. — Espalier a toute exposition^ et plein vent. (1) Quand je dis à toute exposition, l’on comprend que j’excepte' ■ celle du nord, où l’on ne peut obtenir de Pêches mangeables. REVUE riOllTICOLE. ^05 Pourprée vineuse. — Très beau fruit à peau colorée de rouge sombre au soleil et de rouge léger à l’ombre; chair très fine, très fondante, parfois trop relevée, presque tou- jours excellente. — Espalier a toute exposition et plein- vent. — Fin d’aout. Chevreuse hâtive. — Très gros fruit, peau colorée, chair fondante et sucrée, quelquefois un peu grossière. — Fin août. — Espalier au levant. De Malte, Belle de Paris. — Fruit assez gros, chair ex- cellente. — Fin d’août et septembre. — Espalier au levant et plein vent. Galande, Bellegarde.— Beau fruit, très coloré, exquis. — Commencement de septembre. — Espalier au levant. Belle Beausse. — Cette belle variété ne le cède en rien pour la grosseur et la qualité aux meilleures Pêches. — Commencement de septembre. — Espalier a toute expo - sition. Bourdine. — Fruit de première grosseur, peau colorée d’un rouge foncé du côté du soleil, et d’une teinte ambrée du côté de l’ombre ; sillon très prononcé dans toute sa lon- gueur; chair fondante, vineuse, très fine, excellente. — Du -10 au 4 5 septembre. — Espalier au midi et au levant. — Donne de très bons fruits en plein vent. — La variété culti- vée à Montreuil sous le nom de Bourdine n’est pas celle que je viens de décrire. Elle m’a paru être la Boyale de î)uliamel et des autres auteurs. Au moins sa forme, son co- loris et l’époque de sa maturité s’y rapportent parfaite- ment. Pavie Madeleine, Pavie blanc. — Fruit de moyenne grosseur, peau blanche lavée de rouge du côté du soleil; chair assez fondante, quoique ferme et adhérente au noyau. — Mi-septembre. — Espalier a toute exposition et plein vent. Violette grosse hâtive. — Fruit moyen, peau lisse, d’un violet sombre passant au vert jaunâtre du côté de Tombre; chair blanche, très fine, très fondante, relevée, excellente. Ce bon fruit mûrit vers le milieu de septembre. 11 n’atteint toute sa qualité que conservé quelques jours dans le frui- tier, et lorsque la peau commence â se rider. Plusieurs jardiniers lui donnent le nom de Brugnon violet, mais improprement, puisque sa chair n’adhère pas au noyau. Cette variété réussit en plein vent et en espalier b toule exposition ; mais son fruit n’est pai fail qnen espalier au levant REVUE HORTICOLE. Belle de Viir\j, Admirable. — Celle belle Péclie, rime ^les plus grosses et des meilleures connues, se distingue fa- cilement par la couleur de sa peau d’un jaune très paie, striée et légèrement panachée de rouge du côté exposé au soleil ; sa chair, la plus fine peut-être de toutes les Pêches, est très fondante et très relevée. Parfois pourtant elle con- serve une légère acidité. Cette variété, vigoureuse et pro- «luctive, est une des meilleures pour le plein vent; elle réussit en espalier a tous les aspects. — Mûrit du 15 au 20 septembre. Chevreuse tardive, Belle chevreuse. — Fruit très gros, peau blanche fortement fouettée de rouge vif; chair fine, fondante, excellente. — Mûrit fin septembre. — Espalier au midi et au levant, meilleur au premier aspect. — C’est une des variétés les plus vigoureuses et les plus fertiles. Brugnon musqué. — Fruit moyen, coloré sur toute sa surface d’un rouge plus ou moins violet ;* chair jaunâtre, demi-fondante, adhérente au noyau, médiocre sous notre latitude. — Fin septembre. — Espalier au midi. — Produit beaucoup en plein vent ; mais ses fruits y sont sans qualité. Royale, — Fruit gros, mameloné, peau verte, assez for- tement lavée de rouge plus ou moins vif, suivant la tempé- rature; chair fine, sucrée, bonne. — Commencement d’oc- tobre. — Espalier au midi. — Cette Pêche est peu répan- due dans nos jardins, et c’est b tort, car c’est la meilleure de la saison. On cultive généralement ici, sous le nom de Royale, une variété qui n’a aucun rapport avec elle, et qui m’a paru être la Galande ou la Belle de Paris, Admirable jaune, Abricotée. — Fruit très gros, peau Jaune, fortement colorée de rouge dans les années chaudes et a exposition méridionale; ce n’est que dans ces condi- tions qu’elle acquiert de la qualité et que sa chair, jaune intérieurement et rouge vif près du noyau, devient fon- dante, sucrée et parfumée; alors c’est un excellent fruit. L’arbre est productif et assez vigoureux. Quand il se charge trop, ses fruits restent petits et mauvais. — Mûrit au com- mencement d’octobre. — Elle se reproduit assez franche- ment de noyau. Teion de Vénus. — Une des plus grosses Pêches ; elle est surmontée d’un fort mamelon ; sa peau reste verte et sa chair grossière et acerbe dans les années froides et plu- vieuses. Il lui faut un automne sec et chaud et l’aspect du plein midi pour qu’elle se colore d’une teinte jaune paille REVUE HORTICOLE. ■105 i marbrée de rouge, et qu’elle devienne fondante et sucrée» Elle possède rarement ces qualités. — Mûrit du au 15 octobre, suivant la température. — J’ai quelquefois entendu conseiller cette variété et la précédente pour plein vent; elles y sont rarement mangeables. Pavie de Pompone. — La plus grosse Pêche connue ; chair ferme, dure, quelquefois juteuse et agréable, mais I seulement dans les années très chaudes. — Mûrit du J 5 au I 50 octobre. — On a livré au commerce depuis quelques années, sous le nom de Pavie monstrueux et de Pavie I royale deux variétés qui ne me paraissent différer en rien I du Pavie de Pompone. Les vingt variétés de Pêches que je viens d’indiquer comme les meilleures de chaque saison sont très ancienne- ment connues en France, puisque toutes ont été décrites par Duhamel, qui n’en donne aucune comme nouvelle de son temps. Quelques autres ont été découvertes depuis cette époque; mais, ou elles se rapprochent beaucoup de celles déjà connues, ou elles sont d’une qualité inférieure. Je dois néanmoins citer parmi les variétés nouvelles la P. Desse^ de moyenne grosseur, fort bonne pour l’époque de sa maturité qui a lieu au commenceinent d’août, et la P. Sieulle^ gros et bon fruit de la mi-septembre. J’ajou- terai toutefois que, quoique je cultive ces deux variétés depuis quatre ans, elles n’ont pas encore fructifié chez moi, et que je n’ai pu apprécier leurs fruits qu’a Paris, où j’en ai goûté l’automne dernier. Les Européens qui ont repeuplé le continent américain, après avoir anéanti ou refoulé dans les déserts les popula- tions indigènes, sentirent le besoin d’acclimater, de grou- per autour d’eux les productions de la mère-patrie. Dans cette colonisation, les arbres fruitiers ne purent être ou- bliés. Transportés dans un climat et dans un sol si diffé- rents, ces végétaux durent éprouver dans leurs générations successives des modifications considérables. Dans l’Amé- rique du nord surtout, les fruits de l’Europe, cultivés avec intelligence, ont produit des variétés qui diffèrent d’une manière sensible de leurs pères. Les Etats-Unis nous ont renvoyé quelques-unes de ces variétés qui sont générale- ment plus vigoureuses et plus robustes que les nôtres. Les Pêchers américains végètent avec une puissance telle que les fruits nouent difficilement pendant leur jeunesse. Depuis cinq ans, j’ai cultivé une vingtaine de ces arbres, REVLE HORTICOLE. •iOO et je n’ai pu encore juger le fruit que de quatre d’enlre eux, qui tous appartiennent a la section des Pavies, Sur ces quatre, deux sont de qualité inférieure; je n’en par- lerai pas. Le troisième, qui porte le nom de Caroline in* comparable, est un très gros fruit, d’un beau jaune fouetté de rouge vif, a chair ferme, vineuse, relevée, mais pas assez sucrée en plein vent. Je n’ai pas encore obtenu son fruit sur espalier, où je pense qu’il sera très bon. — Mûrit fin septembre. La quatrième variété, appelée Early purple (Pourpre précoce), m’a donné son fruit pour la première fois en ^844, également en plein vent. Ce fruit, d’une belle gros- seur, est d’un vert légèrement jaunâtre lavé de rose pour- pre; sa chair, adhérente au noyau, est aussi fine, aussi fondante, aussi délicieuse que celle de la meilleure Pêche. Sa peau s’enlève comme dans la grosse Mignonne. Ce fruit, qui mûrit au commencement de septembre, est âmon goût le meilleur des Pavies. Parmi les Pêchers introduits d’Amérique, on vante beau- coup le Pêcher White blossom {Blanche jfleur). Cet arbre est remarquable par la couleur de sa fleur qui est d’un blanc parfaitement pur, ainsi que son fruit que l’on dit très bon. Cette variété a fleuri chez moi le printemps der- nier, mais aucun fruit ne s’est noué. Terminons ici cette nomenclature, déjà trop longue, pour nous occuper de la culture spéciale qui convient à cet arbre précieux. Hors quelques Pavies et la Pêche admirable jaune, qui se reproduisent assez franchement de noyau, toutes les va- riétés de Pêchers doivent être greffées. L’Amandier, le Pru- nier, l’Abricotier et le Pêcher franc peuvent recevoir, avec plus ou moins de succès, la greffe du Pêcher. De ces divers sujets quel est le meilleur? c’est ce qu’il est assez difficile de décider d’une manière absolue. Duhamel conseille le Pêcher franc et l’Abricotier, et fait peu de cas du Prunier. Bosc est â peu près de son avis à l’égard des deux pre- mières espèces, au moins dans plusieurs cas. M. Poiteau, dans le Bon Jardinier, n’indique que l’Amandier et le Prunier. Madame Adanson n’admet que le Prunier, au moins pour les arbres destinés a former des espaliers. Pour mon compte, je n’ai aucune donnée sur la valeur de l’Abri- cotier 'a ce point de vue ; je n’en ai jamais observé servant de sujets a des greffes de Pêcher. Il est probable qu’il n’est ïlliVLE IJOilllCOLE. ^07 pas aussi propre à cet usage qu’on a pu le croire autrefois, puisqu’il n’y est pas employé. Quant au Péclier franc, je serai, par expérience, de l’avis de madame Adanson, corî- trairement a celui de Duhamel et de Bosc. J’ai possédé et dirigé quelques espaliers greffés sur franc, et j’en ai été pou satisfait. Outre leur tendance à se dégarnir, il ne se passait point d’année sans que chacun d’eux perdît au printemps quelques branches par la gomme et fût attaqué du blanc 'a la tin de l’été, tandis que leurs voisins, greffés sur Aman- diers, en étaient exempts. Restent donc l’Amandier et le Prunier, que je crois aussi propres l’un que l’autre a foui ' nir de bons Pêchers, chacun dans des circonstances diffé- rentes de terrain, circonstances indiquées par la nature et les habitudes de ces arbres. L’Amandier ne craint pas une terre sèche, et ses racines pivotantes l’exigent profonde, mais a la condition qu’elles ne trouveront pas une humi- dité stagnante. Le Prunier, dont les racines sont traçantes, végète vigoureusement dans les terres fortes, froides et même humides. Ces considérations suffisent pour détermi- ner le propriétaire dans le choix de ses sujets. Toutefois, je dois dire que, dans les sols qui ne seraient pas trop brû- lants, je donnerais la préférence au Prunier, parce qu’il pousse moins vigoureusement, qu’il n’a pas comme l’A- mandier de la propension a croître verticalement, et par conséquent de se dégarnir à ses rameaux inférieurs; enfin, parce qu’il çst moins sujet à la gomme, Quoi qu’il en soit du sujet, la greffe en écusson a œil dormant est la seule pratiquée et qui réussisse pour le Pê- cher. La greffe en fente, opérée avec soin, reprend assez bien ; mais il est rare qu’elle développe une pousse satis- faisante ou qu’elle ne soit pas étouffée par la gomme la première année. Pour obtenir des arbres vigoureux et qui vivent long- temps, et des fruits beaux et savoureux, il faut donner au Pêcher une terre franche, légère, quoique substantielle, qui ne soit ni brûlante ni humide. Dans les sols trop secs, les fruits restent petits, sans saveur, et tombent souvent avant leur maturité. 11 est vrai qu’on peut obvier jusqu’à un certain point k ce défaut du sol par des arrosements copieux et un bon paillis pendant l’été. Dans les terres hu- mides, les Pêchers poussent avec vigueur, mais les fruits sont acides, amers et sans parfum. Le Pêcher se cultive en plein vent, en espalier, et rare- REVUE HORTICOLE. ^08 ment et difficilement en quenouille ou pyramide. Sa végé- tation naturelle se prête peu à celte dernière forme. Il faut pour l’obtenir des soins constants et assidus, et ce n’est qu’a force de pincements réitérés qu’on y parvient. En Auvergne, un petit nombre de variétés donne eu plein vent des fruits savoureux. Cependant la Grosse-Mi- gnonne, les Pourprées hâtives, la Sourdine, la Belle de Yi- try et quelques autres que j’ai indiquées, sans offrir toutes les qualités d’une bonne Pêche d’espalier, sont encore d’ex- cellents fruits, cultivées dans un terrain convenable, à une exposition chaude et surtout abritée du nord-ouest. Yos coteaux vignobles sont semés de Pêchers venus naturelle- ment de noyaux que le hasard y a semés et qui s’y sont dé- veloppée sans recevoir aucun soin, ils ne doivent rien à l’art; aussi n’ont-ils pour la plupart d’autre mérite que d’orner la campagne, lors de leur fraîche et brillante floraison, et de faire dire aux voyageurs qui descendent dans nos plaines qu’au printemps la Limagne ressemble à une immense corbeille de fleurs. La comparaison ne serait pas moins vraie si a ces gracieuses corolles succédaient des fruits aussi brillants et plus utiles. Appelons de tous nos vœux, et, dès que nous le pourrons, hâtons par nos encou- ragements Pépoque où les cultivateurs comprendront que la terre ne s’épuise pas plus à nourrir un arbre productif qu’un arbre improductif; et, à cet égard, j’ajouterai une observation : j’ai dit que l’on ne pouvait perpétuer les bonnes variétés de Pêches que par la greffe. Le fait est vrai. Mais si l’on sème des noyaux des meilleures Pêches, l’on obtiendra tout naturellement des fruits qui, sans être identiques, seront pourtant encore excellents, et souvent même aussi bons que leur mère. Ces sujets, francs de pied, font d’excellents pleins-vents. Ce que j’ai dit (page 9^) sur la nécessité de la taille pour l’Abricotier en plein vent doit s’appliquer plus rigoureuse- ment encore au Pêcher. Si on néglige ce soin, cet arbre, le plus enclin de tous a se dégarnir, ne produit bientôt plus des feuilles et quelques fruits qu’a ses sommités. Il est donc, à mon sens, absolument indispensable de le tail- ler tous les ans, surtout dans sa jeunesse. La culture du Pêcher en espalier a été depuis long- temps, comme elle est encore aujourd’hui, l’objet d’ob- servations sérieuses et constantes de la part des plus habiles praticiens. Les jardiniers de Montreuil paraissent être les REVUE HORTICOLE. ÎOO premiers qui ont trouvé uue méthode rationnelle de diriger ces arbres de manière à en obtenir les meilleurs résultats. En Auvergne , il n’y avait, au commencement de ce siècle, qu’un très petit nombre de jardins oîi l’on vît des Pêchers en espalier. Aujourd’hui tous les murs en sont ornés; mais il faut bien le dire, on compte encore ceux où ils sont bien conduits. Je vais indiquer rapidement quelques principes généraux sur cette culture si intéressante , sans aborder la taille, qui , comme je l’ai déjà dit , exige de trop longs dé- veloppements pour entrer dans le cadre que je me suis prescrit. On ne doit planter, pour former des espaliers, que des sujets très jeunes et n’ayant qu’un an de greffe. Le sujet sera rabattu à trois ou quatre yeux , et la section recou- verte de cire à greffer. A la plantation on aura soin de tourner la greffe en dehors et d’enterrer l’arbre jusqu’à 0*”,05 ou au-dessous de celle-ci. Lorsque les bour- geons auront commencé a §e développer, on n’en conser- vera que deux , opposés l’un a l’autre et les plus près de la greffe, et l’on supprimera les autres en les faisant tomber avec le doigt. Ces deux bourgeons, destinés à former les branches-mères, seront surveillés avec soin. Dès qu’ils au- ront atteint 0“\50, on les attachera à deux tuteurs pour les préserver de tout accident, mais dans leur direction na- turelle et sans les incliner. Un peu plus tard , si l’on s’a- percevait que l’un d’eux poussât plus vigoureusement que l’autre , on courberait un peu le premier et l’on redresse- rait le second en le rapprochant de la direction verticale jusqu’au moment où l’équilibre serait rétabli ; alors on les ramènerait dans leur position première. Pendant l’été , on garantira la lige des coups de soleil en plaçant au devant une tuile ou deux planchettes, réunies a angle droit, ou mieux encore, suivant le conseil de madame Adanson , en les entourant d’une corde de paille qu’on y laisse tou- jours , et qui préserve des influences du soleil et de la gelée. Si l’été est sec, on arrose , mais largement, tous les huit jours. La seconde année , on taille les deux branches sur une longueur de O"', 50 a , suivant que la pousse a été plus ou moins vigoureuse , et toujours sur un œil en avant. A partir de cette époque , le jeune Pêcher exige, chaque année, une surveillance assidue pendant toute la durée de sa végétation. On ne doit pas perdre de vue que l’équilibre nepeul i\o revue horticole. être mnintemi entre les brandies qui se correspondent que par le pincement et la courl)ure pins ou moins forte im- posée aux memlires qui prennent trop d’accroissement. En principe, rébourgeonnement et le pincement doivent laisser peu a faire a la serpette. Il faut surveiller, avec la même sollicitude, le remplacement des branches a fruit, opéra- tion sans laquelle un espalier se dégarnit rapidement, quoi qu’on fasse. En résumé , les propriétaires qui n’ont pas un jardinier intelligent, qui puisse consacrer au moins une journée par semaine à la visite des espaliers, doivent s’oc- cuper eux-mêmes de leur direction, ou se résigner à les voir rapidement dépérir. Au reste , il serait difficile de trouver une occupation ou un délassement plus agréable. Il ne faut pas s’effrayer des difficultés. Il suffira , avec de l’observation et du goût, de deux ans de pratique, en s’ai- dant d’un bon ouvrage spécial sur la matière, tel que ceux de MM. Dalbret, Lepère, Malot, ou la Maison rustique du XIX^ siècle (tome V, page ^55). Le Pêcher pousse plus vigoureusement , et il est moins sujet aux maladies quand le sol est piétiné et durci que dans une terre meuble et cultivée. Je conseillerai donc de laisser le long du mur un sentier de 0*”,50 au moins, sans culture, mais dont on arrachera avec soin les mauvaises herbes. Il convient d’abriter les Pêchers avec des toiles ou des paillassons, placés a 0*”,20 ou en avant, non-seule- ment pendant la floraison , pour garantir les fruits de la gelée , mais aussi dans l’hiver , quand la température descend au dessous de JO a 12 degrés. Plusieurs maladies attaquent le Pêcher. Après la gomme, les plus redon tables sont la cloque ou le blanc. On arrête quelquefois les ravages de la première en coupant avec des ciseaux les feuilles ou les parties de feuilles attaquées, et en les emportant au loin. Pour l’espèce de moisissure, qu’on appelle le blanc, il n’y a d’autre remède que de cou- per toutes les parties atteintes. Je terminerai en adjurant les amateurs de s’occuper avec plus de zèle qu’on ne l’a fait jusqu’ici en Auvergne de cet arbre précieux. Nous serions impardonnables de lui refuser quelques soins, tandis que, dans les climats moins favorisés que le nôtre, en Angleterre, en Russie, ou lui consacre des serres. Brav y. Horticulteur à Clermont-Ferrand. , REVUE HORTICOLE. ^u Observations sir trois espèces de Bégonia et sur une variété de Clirysantliommn. Bégonia argyrocœlis, — La plante qu’on reçoit de Bel- gique sous ce nom a quelques rapports avec le B. papil- iosa d’où, probablement, elle tire son origine; elle est frutescente, haute d’un mètre environ, peu rameuse; ses feuilles sont ovales-irrégulières, courtementacuminées, iné- galement dentelées, longues de sur 0*",05 de large, quelquefois rouges en dessous et marquées de petites taches papilleuses blanchâtres en dessus; le pétiole est toujours rouge. Les fleurs sont assez grandes et de couleur rosée. Le Muséum a reçu cette espèce, il y a deux ans, de M, Van Hoiitte. Sous le nom de Bégonia erythrophylla^ on trouve de- puis deux ans dans le commei ce un hybride des B. rriani- cata et hydrocotyle folia, obtenu probablement en Alle- magne, d’où le Muséum l’a reçu du Jardin de Berlin avec l’épithète de ces deux noms réunis. Les" horticulteurs au- raient dû conserver le nom primitif qui rappelle l’origine de la plante ; ils auraient évité en même temps une syno- nymie qui peut causer une confusion fâcheuse. Cette plante est dépourvue de tige proprement dite; ses feuilles nais- sent d’un rhizome assez gros, elles ont h peu près la forme de celles de Yhydrocotylefolia, mais dans des proportions plus grandes; les fleurs, d’un rouge clair, sont plus petites, elles se rapprochent davantage de ceWes du manicaia ; comme dans cette dernière espèce, les bractées sont poilues. Une autre plante du même genre se trouve dans le même cas. M. Thibaut a reçu, il y a deux ou trois ans, de M. Wers- caffelt de Gand, sous le nom de Bégonia Warscewitzii, un arbrisseau qui s’élève à plus d’un mètre, et de son côté le Muséum l’a reçu, du Jardin de Berlin, avec l^pithète de manicata-dipetala^ comme étant né de ces deux espèces. Cette plante a en effet beaucoup de ressemblance avec le B, manicata. Ses feuilles sont ovales-irrégulières, longues de 0™,20 sur 0“,^^ de large, incisées, un peu ondulées, ciliées; le pétiole, long de à 0in,J2, est garni a son sommet d’une petite manchette fimbriée, comme dans la dernière espèce que nous venons de citer; les fleurs et les pédoncules sont rouges. REVUE HORTICOLE. 112 Une petite variété naine du genre Chrysanthemum^ dont nous avons déjà donné une courte description {Revue hor- ticole, 3® série, t. I, p. 65, n® du ^5 février ), sous le nom de Pâquerette de Chusan d’après Paxton (janvier ^ 847), est aujourd’hui livrée par quelques horticulteurs sous la déno- mination de Chrysanthemummatricarioides. Quoique très partisan de la nomenclature latine et universelle, nous croyons qu’il convient d’adopter [le nom de Pâquerette de Chusan^iplus ancien que Chrys. matricarioides qui ne date que du mois de février 1847, lorsque déjà le premier nom était répandu par le commerce anglais et^connu par l’hor- ticulteur qui a donné le second. On doit vraiment désirer une réforme dans la nomenclature des plantes, et, peut-être aussi, un peu plus de bonne foi de la part de certains hor- ticulteurs. Herincq. Note sur de nouvelles Passiflores, obtenues par fécondation croisée, M. Bonami fils, amateur distingué d’horticulture, à Tou- louse, nous écrit qu’il a obtenu, par fécondation croisée, une variété nouvelle de Passiflore, à l’aide du P, Loudonii fécondé par le P, alba, La plante obtenue de cette fécon- dation croisée est digne, dit-il, de figurer a côté des plus belles espèces du genre. Voici la description qu’il nous en donne : Les feuilles sont à trois lobes, un peu glauques, ainsi que les tiges; les fleurs, de moyenne grandeur, sont d’un violet clair; les divisions du calice violet, un peu plus foncées au sommet et blanchâtres a la base ; les filets du cen- tre de la couronne, blancs, a extrémités violacées, ceux de la circonférence bleu-violacé , maculés et a bouts blancs. Cette plfinte, très florifère, a élé obtenue d’un semis fait en avril 4 845 ; elle a fleuri abondamment pendant les mois de juillet, août et septembre 4 846; elle semble assez' ro- buste, car sa floraison a eu lieu en plein air le long d’un mur au levant. M. Bonami a semé des fruits de la même plante fécon- dés de nouveau avec le pollen du Passiflora cœrulea. Ces dernières paraissent plus robustes encore, et tiennent le REVUE HORTICOLE. ^Î3 milieu entre le'père et la mère, car les unes ont en effet les feuilles à trois lobes, les autres à quatre, plusieurs en ont de cinq à sept. Un seul individu de cet hybride a fleuri ; les fleurs sont grandes, d’un beau violet purpurin clair, les divisions du calice sont verdâtres; la couronne est d’un pourpre foncé, l’extrémité des plus longs filets est d’un bleu nuancé â bouts blancs. Nous espérons voir par nous-inême ces deux plantes, et a cette occasion nous aurons peut-être encore a revenir sur ces nouvelles acquisitions de rhorliculture. Neumann. Quelques mots sur la culture des Azalées et des autres arbrisseaux de terre de bruyère. On a cru jusqu’ici que pour réussir dans la culture des Rhododendrons et autres végétaux de même tempérament, il fallait de toute nécessité les planter dans de la terre de bruyère. Sans aucun doute, on doit donner la préférence a cette dernière quand on peut se la procurer ; mais a la rigueur on peut s’en passer, comme le prouve le fait qu’on va lire, pourvu toutefois qu’on mette les plantes a l’expo- sition qui leur convient ; cette condition est indispensable si on veut réussir. Un horticulteur anglais, correspondant du Gardenefs Chronicle, écrit au directeur de ce journal qu’en -1856 il a fait une plantation de Rhododrendrons dans une plate- bande formée d’une couche épaisse de bonne terre de bruyère, mais qui n’était point garantie des rayons du soleil. Quels qu’aient été ses soins pendant les années qui suivi- rent, ses arbrisseaux ne prirent aucun accroissement; bientôt même ils commencèrent pour la plupart a dépérir, et a la iin de ^856 ils semblaient â peu près totalement perdus. On les enleva, mais avant de les condamner au feu on voulut tenter une dernière épreuve, et on les planta entre des massifs d’arbrisseaux de toute espèce qui leur procu- rèrent de l’ombre. La terre ici était purement argileuse ; on n’y ajouta rien qu’un peu de fumier décomposé. Contre toute attente, les Rhododendrons reprirent, et dans le cou- rant de l’année dernière ils donnèrent des pousses de de long, sans fleurir toutefois, ce qui n’est pas étonnant chez des plantes qui ont souffert si longlemps. Tout porte à croire que dorénavant leur végétation sera satisfaisante et REVUE HORTICOLE. qu’ils fleuriront a peu près aussi bien que s’ils étaient dans S une véritable terre de bruyère. Ce fait nous semble démontrer ce que nous «avons dit tout a l’heure, que pour les plantes de la tribu des Éricacées. ce qu’il leur importe d’avoir, c’est moins un terrain choisi qu’une situation ombragée, et que même dans un sol peu approprié, ces plantes réussiront mieux, si elles ont de l’ombre, que dans la meilleure terre de bruyère où elles seraient exposées en plein aux rayons du soleil. Naüdiin. Floraison abondante du Lagerstrœmia indica pendant r automne de 1846. Les chaleurs excessives que nous avons eues en 4 846 ont contribué à faire fleurir certains végétaux beaucoup plus tôt et plus abondamment qu’a l’ordinaire. On remar- quait dans plusieurs jardins, et notamment au jardin des Plantes de Paris et dans celui du domaine privé du roi à Neuilly, de magnifiques Lagerstrœmia indica^ dont les nombreuses panicules de fleurs se sont fait admirer depuis le mois d’août jusqu’en octobre. Dans ce dernier jardin les exemplaires étaient magnifiques ; on remarquait surtout deux de ces arbustes plantés en caisses et formant de ma- gnifiques buissons de la hauteur de deux mètres environ, et dont chaque rameau se terminait par une panicule de belles fleurs roses à limbes frangés. M. Jacques nous a fait voir une variété de Lagerstrœmia h fleurs violettes nouvel- lement introduite en France. Ce bel arbuste, de la famille des Salicariées, mériterait d’être plus répandu dans les jardins, on aimerait à le voir à côté du grenadier ; il est rustique, se plaît dans nos oran- geries, et résiste souvent même en pleine terre durant nos hivers. J’en ai vu pendant plusieurs années dans la propriété de M. le baron de Pappenheim, à Combs-la-Ville ; ils étaient en pleine terre, palissés le long d’un mur, et fleurissaient aussi bien qu’au Jardin des Plantes de Paris ; cependant plusieurs pieds furent gelés pendant l’hiver rigoureux de 4829 à 4 850. Comme le Lagerstrœmia perd ses feuilles, il peut être facilement enlevé de la pleine terre à l’approche des gelées, et “conservé soit en caisse pendant la saison froide et ren- tré dans l’orangerie, soit simplement en pleine terre en ' REVUE HORTICOLE, ^^5 préservant parfaiteinent les racines de toute dessiccation. II conviendra de i^e pas Tarroser dans cette saison de l’année, et de le replanter en avril ou mai en pleine terre, en le taillant assez court pour faire développer de jeunes et vigoureux rameaux à fleurs ; on arrosera copieusement pendant Tété, car cette plante aime, comme disent les horticulteurs, à avoir le pied dans l’eau et la tête au soleil. On peut voir, par cette courte notice, que le régime du Lagerstrœmia est analogue à celui qu’on donne aux grena- diers, qui passent également nos hivers à Tair libre. Le Lagerstrœmia, quoique originaire de l’Inde, est cultivé en pleine terre dans le jardin botanique de Genève, où il fleurit abondamment chaque année. M. De Candolle m’a dit, en ^856, que tous les pieds plantés dans ce jardin en ^829 avaient supporté ^7°,5 de froid, circonstance due probablement à la position géographique du jardin. Nous n’avons jamais obtenu de graines de cet arbuste sous le climat de Paris, mais il en donne chaque année dans les jardins du midi de la France. On le multiplie du reste avec facilité de marcottes et de boutures sur couche tiède, en pots remplis de terre de bruyère. Pépin. Encore un mot sur VHortensia bleu, 11 a été déjà plus d’une fois question dans la Revue Horticole du moyen de faire produire des fleurs bleues à l’Hortensia. Voici à ce sujet de nouvelles observations que nous adresse M. Carlier fils, horticulteur a Roye, et qui nous semblent mériter d’être prises en considération. «11 existe, dit-il, à 12 kilomètres de cette ville, dans l’ancienne propriété du prince Maximilien de Bavière appartenant aujourd’hui à M. de Beaulieu, une couche peu épaisse de terre de bruyère qui jouit de la singulière propriété d’opérer cette transformation. Les. Hortensias qui y sont plantés, soit en pots, soit autrement, perdent quelquefois complète- ment la nuance lilas de leurs fleurs pour prendre une teinte d’un bleu aussi pur et aussi vif que celui des fleurs du Salvia patens. L’horticulteur qui nous communique cette note a été plusieurs fois témoin de ce changement de couleur, et il cite encore a l’appui ce qui existe dans un jardin de la localité qu’il habite, où Pon voit deux massifs d’Hortensias, l’un planté dans de la terre de Beaulieu et REVUE HORTICOLE, ÏIO TaiUre dans de la terre du pays. Ce dernier, bien que cultivé de la meme manière que l’autre et placé exactement dans les memes conditions, ne donne que des fleurs roses, tandis qu’elles sont toutes d’un bleu pur dans le premier. C’est donc à la nature seule de la terre qu’il faut attribuer ce cliangement. M. Carlier demande s’il ne serait pas utile pour l’horticulture que quelque chimiste fît l’analyse de la terre de Beaulieu; peut-être y découvrirait-on le principe qui lui donne la propriété qu’il a signalée, ce qui fournirait le moyen de fabriquer en tout pays des composts qui pro- duiraient le même effet. Et puis qui sait si l’on ne réussirait pas a faire bleuir par le même procédé ou par d’autres procédés analogues d’autres fleurs que celles des Hor- tensias? Il nous semble qu’il y aurait là effectivement une série d’expériences intéressantes a faire, et puisque M. Carlier est sur les lieux et plus à même que personne de se pro- curer de cette terre de Beaulieu, il ferait bien d’en faire analyser par un chimiste du pays ou de nous en envoyer une certaine quantité; nous nous empresserions d’en faire faire une analyse exacte dont tout le monde profiterait. On a signalé déjà plusieurs localités où s’est manifesté le phénomène du changement de couleur des fleurs de l’Hor- tensia. Nous avons cité entre autres la ville de Cherbourg, où, suivant M. Decaisne, tous ces végétaux fleurissent bleu; nous avons même vu de ces fleurs qu’il en avait rapportées, et qui, bien que desséchées depuis longtemps, conser- vaient encore la vivacité de leur nuance. Disons cepen- dant que ce n’était pas tout à fait la nuance du Salvia patens, ce qui laisserait croire que les Hortensias observés par l’horticulteur de Roye sont sous ce rapport les plus parfaits qu’on ait signalés. Le journal anglais intitulé : Paxions magasine faisait aussi mention, il y a quelque temps, d’un fait analogue, mais moins prononcé, et il l’attri- buait à la présence d’un sel de fer dissous naturellement dans l’eau d’une source qui imprégnait le sol. On a vaine- ment cherché à reproduire artificiellement le sol en mé- langeant de la limaille de fer à la terre dans laquelle l’on plantait des Hortensias ; soit que l’opération ait été mal faite, soit que le fer n’entre pour rien dans ce com- post naturel, toujours est-il qu’on n’a pas encore réussi à faire bleuir artificiellement les fleurs de ces plantes. M. Pépin, jardinier en chef à l’école de botanique du KEVLE IIORTiCOLE. ^ 17 Muséum, a qui nous avons cominuniqucja lellrc de M. Cai - Jier, nous a assuré qu’on possède depuis plus de vingt ans Je moyen d’oblenir des fleurs bleues de rilorlcnsia, non pas en cherchant a former des composts avec telle ou telle substance, mais en employant simplement la terre de bruyère des bois au-dessus de laquelle les bûcherons ont fait du charbon. 11 a même ajouté qu’on a vu, il y a quelques années, figurer à une de nos expositions d’horticulture un superbe Hertensia dont toutes les fleurs étaient bleues, et qui avait été obtenu au moyen de celte sorte de terre. Cest là une expérience facile à répéter, et si les horti- culteurs que cette question intéresse veulent la faire, nous saurons bientôt à quoi nous en tenir a cet égard ,^ce qui ne doit pas empêcher toutefois de faire l’analyse des autres terres oii on a observé le même phénomène. Naüdix. Note sur les serres dites jardins d'hiver. Les jardins d’hiver commencent à être appréciés par les personnes qui aiment les fleurs, aussi en voit-on créer tous les jours de nouveaux, soit en forme de galerie com- muniquant avec le salon , soit même comme second sa- lon. Rien n’est plus agréable, en effet, que de voir, pen- dant les mois les plus sombres et les plus tristes de l’hiver, un appartement vitré, transformé en un riant bosquet rem- pli des fleurs les plus brillantes, exhalant les parfums les plus suaves, orné de Camellia de toutes nuances, de déli- cates et jolies Bruyères, d’JE'pacm, à' Acacia^ de jolies plantes à feuillage frais et léger, d’admirer les plates-bandes garnies de Jacinthes, de Tulipes deThol, de Cyclamens, de Crçcus aux mille nuances, de Primevères de Chine, qui récréent la vue et nous font attendre plus patiemment le retour du printemps. C’est à MM. Noisette, Boursault et Fion que nous avons été redevables pendant longtemps des jouissances que nous procurent ces charmants jardins; ce sont eux qui les pre- miers en ont établi dans leurs propriétés. Aujourd’hui plu- sieurs horticulteurs de Paris ont fait construire des conser- vatoires au milieu desquels ils placent les plantes fleuries sur lesquelles ils désirent fixer l’attention des amateurs; mais dans ce cas les plantes sont en pots comme dans Fêta- REVUE HORTICOLE. iiS bHssementde M. Paillet, tandis que dans les jardins d’hiver elles sont ordinairement en pleine terre. Telles étaient les serres de M. Boiirsault. M. Mathieu vient de faire établir à l’extrémité de son nouveau jardin, rue du Marché-aux-Chevaux, un jardin d’hiver qui présente neuf faces; sa longueur est de 29 mètres sur 9 de large ou de profondeur. Les plantes s^y portent a merveille; elles sont cultivées soit en caisses, soit en pots, et groupées en huit massifs dont les allées sinueuses des- sinent un jardin anglais; chacune des colonnes intérieures soutenant les châssis sont entourées de lianes ou de plantes grimpantes de serre froide, telles que Bignonia capreo- lata,pandorea etjasminoides, Kennedya bimaculata, cor- daîa^ laüfolia, etc. Un grand nombre de beaux Camel- lia de toutes forces et de toutes variétés, de Rhododen- dron arhoreum^ àe^Magnolia^ Acacia, Epacris, Daphné, Diosma^ Bruyères, y étalent tout le luxe de leur végétation. Le fond de cette serre est occupé par un bassin dans lequel sont cultivées les Sagiitaria sinensis, des Cyperus, \esPontederiacordata,Thalia dealbata. Aponogeton, etc., autour desquels sont disposées quelques gracieuses fou- gères. Les murs du jardin servent d’appui à des serres chaudes et tempérées qui, en venant aboutira la serre d’hiver, permettent â l’amateur de parcourir tout l’établis- sement sans cesser d’être a l’abri. A l’exemple de M. Mathieu, M. Durand fils, rue de Buf- fon, vient de faire exécuter presque en même temps une serre du même genre, mais beaucoup plus petite; elle if offre que six faces et ne mesure que ^7“,50 sur 5“,50 de profondeur et sur une hauteur de 5“,50. Outre lesCa- mellia. Magnolia et Acacia, qui composent les massifs, M. Durand a le soin d’y ajouter des plants d’un port élé- gant; ainsi on y trouve constamment des plantes en pots et eu fleurs, telles que les Bruyères, et surtout les Erica hye^ malis et Vilmoreana, des Rhododendron, Azalea, Epa- cris, Phylica, Daphné, des Jacinthes, Tulipes, Réséda, de magnifiques Primevères de la Chine a fleurs semi-doubles provenant de ses semis. M. Durand a également fait éta- blir dans sa serre un petit bassin surmonté d’un rocher disposé en grotte dans laquelle on a placé une volière. Ces nouveaux conservatoires seront autant de modèles qui engageront, on peut l’espérer, les amateurs à en faire construire de semblables; les plantes que l’on y cultive sont REVUE HORTICOLE. robustes, toujours fraîches, et ne nécessitent, pour les en- tretenir en bon état, que des soins ordinaires; il suffit, pendant les gelées, de maintenir le thermomètre a quelques degrés au-dessus de zéro, de tenir les plantes dans un état parfait de propreté, et de ne les arroser que lorsque ht terre commence a se sécher a la superficie. Il est donc pro- bable que d’ici à quelques années la plupart de nos horti- culteurs parisiens auront construit des serres semblables. Elles conviennent parfaitement, en effet, par leur clarté, aux Camellia ainsi qu’aux autres végétaux. Ces sortes de serres chaudes ont encore l’avantage de se démonter pen- dant l’été; on enlève les panneaux vitrés ou châssis dans les premiers jours de mai pour ne les replacer qu’en oc- tobre, de sorte que les plantes se trouvent a l’air libre pen- dant la belle saison et dans des conditions identiques avec celles de pleine terre. Afin de guider les amateurs dans la construction de ces serres ou jardins d’hiver, je donne ici le prix de revient de chacune d’elles, et tel qu’il m’a été fourni par MM. Mathieu et Durand. La serre de M. Durand revient a 4,000 fr., en y comprenant le prix du mur d’appui; celle de M. Mathieu, dans les mêmes circonstances, a- nécessité une dépense do 6,000 fr. — Nous ferons observer que dans une foule de cas cette dépense considérable d’un mur d’appui sera évitée, et que par suite le prix seul d’une serre de ce genre ne s’élèvera pas au delà de 4,000 fr. au maximum. PÉPIxW Note sur un semis de Saule pleureur [Salix babylonica)^ « En ^844 je reçus de M. Poulain-Hecquet, d’Abbeville, un paquet de graines de Saule pleureur, dont on attribuait la fécondation à un Peuplier qui se trouvait planté sur les^ lieux et a peu de distance du Saule. Le fait, quoique fort douteux, méritait d’être observé par les semis, car la pré- sence d’un embryon dans la graine n’aurait pu décider complètement la question au point de vue de l’hybridité. Je dois rappeler cependant que les graines du Saule pleu- reur en sont constamment dépourvues. Cependant il me parut bon de semer ces graines et d’en suivre le développe- ment. En effet, en octobre de la même année, elles furent semées en pleine terre de bruyère et à mi-ombre, elles furent arrosées convenablement ; mais n’ayant aperçu au- 120 UEVÜ^ HORTICOLE. Cime germiualion en ^845, je les laissai jusqu'à ce jour (octobre 1846) sans en obtenir de meilleurs résultats. La Revue horticole a publié (en octobre ^ 844) une petite note sur les graines de ce Saule dont je me proposais de suivre la germination et le développement pour rendre compte des résultats que j’espérais obtenir, car quoique nous ne possédions pas en France l’individu mâle de ce Saule, l’individu femelle a souvent ses chatons fécondés par d’autres espèces de Saules d’Europe. C’est ce que nous disait notre collègue, M. Jacques : « Tous les chatons de Saule pleureur que j’ai récoltés et semés moi-même avaient été fécondés par des Saules indigènes voisins, et je n’ai jamais obtenu l’espèce sur laquelle je les récoltais; il s’est toujours trouvé dans les semis 4 a 6 espèces ou va- riétés de Saules de France. »> Il est a désirer que les amatëurs soigneux veuillent bien recueillir les graines de leurs Saules pleureurs, afin de com- parer les résultats de cette fécondation hybride. Pépin. Invention d'un nouveau s^jsième de pompe pour les jardins. Un jardinier de Toury (Eure-et-Loir), M. Maillard, nous écrit pour nous annoncer qu’il vient d’inventer une pompe qui, au moyen d’un mécanisme particulier, fonctionne toute seule sans qu’il soit nécessaire de la monter plus de deux ou trois fois dans les 24 heures. Si son appareil produit tout l’effet qu’il annonce et qu’il soit réellement en mesure de fournir une quantité d’eau suffisante pour les besoins d’un jardin^ tout en économisant aux jardiniers la dépense que leur occasionnent les moyens en usage dans l’état actuel des) choses, il leur aura rendu un important service. M.)Maillard assure que, quelle que soit la profondeur du puits, fut elle de 40 mètres, on pourra partout établir une de ses pompes avec une dépense faible relativement à celle que coûtent les appareils qu’on emploie aujourd’hui. Il se dispose à prendre un brevet d’invention et nous promet de faire figurer un petit modèle de sa pompe à la prochaine exposition d’horticulture. Nous attendrons ce moment pour juger de sa valeur et en rendre un compte détaillé aux lecteurs de la Revue horticole. Naudin. Belot KEVÜE HORTICOLE. \2\ a Passiflora alaio cœrulea (Passiflore de Belot) (fig. 1), La Passiflore dont nous allons donner la description a des rapports avec la P. alaia \ M. Belot-Defougère, horti- culteur à Moulins (Allier), Ta obtenue en fécondant une Passiflora alata par le P, ccerulea. Voici ses principaux caractères : liges assez grosses, feuilles inférieures entières, alternes, ressemblant beaucoup a celles de la P, alaia^ les supérieures quelquefois bilobées, celles plus rapprochées encore des fleurs généralement trilobées, et assez sembla- bles à celles du P. kermesina ; pétiole long, mince, légè- rement pourpré, garni de glandes assez longues, au nombre de 2, 5 et 4 ; fleurs grandes, portées sur un pédoncule assez gros, un peu recourbé, muni de 5 bractées marquées cha- cunes au centre d’une ligne blanche et de veinules pourpres à l’extérieur; calice a divisions profondes, blanches en de- dans, d'un beau vert en dehors, marqué de 5 nervures longi- tudinales, et pourvues d’une pointe a chacune de leurs extré- mités ; pétales de couleur lie de vin ou rosée, et de couleur plus prononcée a la face interne; couronne formée d’ap- pendices filil’ormes d’une jolie couleur violette, et présentant des taches blanches symétriquement rangées. Le diamètre des fleurs est de 0*",^ 2 à I ly ; leur odeur, très agréable, embaume la serre dans laquelle se cultive la plante et rap- pelle l’odeur de la Passiflora alata. Cette Passiflore végète avec vigueur en serre tempérée, avantage qu’elle a sur la P. alata qui est de serre cliaude. J’ai' cru devoir appeler cette jolie plante du nom de celui qui l’a obtenue. Les fruits qu’elle a portés étaient de la grosseur d’un œuf de poule. M. Guérin-Modeste, qui a bien voulu nous donner l’échantillon d’après lequel a été faite la ûgure 7, est possesseur de cette plante et peut la livrer au commerce, ainsi que M. Belot. Neumann. Plantes nouvelles ou peu connues^ figurées ou décrites dans les journaux d'horticulture. Bégonia fuchsioides (Bot. Mac., u® 4281), très belle espèce découverte par M. Purdie dans les montagnes de Ocana a la Nouvelle-Grenade. Elle s’élève à ^ mètre en- viron, et porte des feuilles petites mais abondantes, semi- ovales, obliques et arquées. Pendant raulomne , elle se SÉRIE. Tome i. — 7. Avril 1847. 122 REVUE HORTICOLE. couvre d’élégantes et nombreuses fleurs rouges pendantes ressemblant au premier aspect a celles des Fuchsia. Cette plante n’est pas seulement intéressante pour l’horticulteur, qui ne demande que de jolies fleurs, mais aussi pour les voya- geurs que dévore une soif brûlante. «Les muletiers du pays, dit M. Purdie, mangent ce Bégonia pour étancher leur soif. » Les boutons contiennent un liquide qui, avec l’aci- dité des fleurs, constitue un rafraîchissement très agréable et très recherché dans les régions sèches, là où il n’y a ni rivières ni sources. Celte espèce a fleuri l’automne dernier chez M. Veitch d’Exeter; comme toutes ses congénères, on la multiplie facilement par bouture. Le Niphœa albo-lineata (Bot. Mag., n° 4282) n’est pas certainement une plante d’horticulture ; cependant ses fleurs d’un blanc de neige, sur lequel contrastent les macules pourpres du calice, et les lignes blanches qui parcourent obliquement les feuilles, contribueront à faire de cette nouvelle Gesnériacée, sinon une belle plante, du moins une plante intéressante et curieuse. Elle a été trouvée par M. Pur- die sur les côtes humides de Laguneta (Nouvelle-Grenade). Le genre Smithia de la famille des Légumineuses-papil- lonacées se composait jusqu’à présent de cinq espèces de l’Inde et toutes à fleurs jaunes. M. Law a découvert dans ces derniers temps à Bombay une sixième espèce a fleurs pourpres avec l’étendard et les ailes marqués d’une tache blanche ; elle présente tous les caractères du genre Smithia, excepté cependant que les gousses contiennent plus de graines qu’il n’en est attribué à ce genre. M. Law en a en- voyé, au mois d’octobre^ 846, des graines en Angleterre, qui ont parfaitement germé, et les plants ont fleuri cette année. M. Hooker a donné à cette nouvelle espèce le nom de S.' purpurea, (Bot. Mag., n<> 4285.) La variété de V Hydrangea involucrata, figurée dans la Flore des serres et des jardins d'Europe, est un charmani arbrisseau, dont les fleurs stériles sont doubles comme une rose pompon, et d’un très beau rose; il s’élève à 4 mètre environ et forme un beau buisson. On le rencontre, d’après M. Siebold, sur les hautes montagnes des îles de Niphon et Sikok ; il fleurit pendant les mois de juillet et août. Les Annales de Gand (livraison de janvier) figurent huit nouvelles variétés à^Azaleas très remarquables par leur bril- lant coloris et leurs panachures. Ces variétés sont : 4° Oscar premier •jvose pourpre à divisions supérieures jaune brillant,, REVUE HORTICOLE. 42Ô bordé de pourpre foncé ; 2» Etendard, pourpre foncé k divisions couleur de chair ; Rosalie, rose tendre, ayant uu lobe blanc nu peu jaunâtre et bordé de rose; 4° Gloire de Verschaffeltyi^ourpre vif, marqué sur chaque division d’une bandelette rose; Spigegius, rose pâle, marqué de jaune avec un lobe entièrement jaune; 6'’ Rayon du matin^ jaune d’or, avec une division plus jaune ; 7® Perle du printemps, rose, ayant trois divisions jaunes bordées de rose ; 8® Sou ^ pir du crépuscule, jaune bordé de rouge brique avec une division d’un jaune plus foncé. Le Portefeuille des horticulteurs ügure une nouvelle va- riété de Fuchsia a fleurs blanches, hybride du F. macro- stemmaei nommée F. leucantha.Ceiie plante a été obtenue en Angleterre l’été dernier par M. Wright; elle est très vi- goureuse et son feuillage est assez semblable 'a celui du Fuchsia Napoléon (Miel lez). La fleur s’épanouit très facile- ment ; sa forme est gracieuse et parfaite. Une variété de V Heliolr opium peruvianum se trouve également figurée dans le Portefeuille \ elle a été obtenue de graines, il y a deux ans, par M. Lemaire, jardinier de Mme Ig Qsse Boigue, 3 Châtenay. Cette plante étant née dans le lieu que Voltaire rendit célèbre par sa naissance, on la lui a dédiée. V Heliotr opium peruvianum, var. Volteriana, se distingne par sa vigoureuse végétation, ses rameaux flori- fères amples, formant une panicule de 0™,20 a 0“%25 de dé- veloppement, et ses fleurs d’un bleu un peu plus intense que celui de la Violette de Parme. Il lui faut une terre douce mé- langée de terreau, etdesarrosements fréquents pendant l’été, Herincq. Camellia imbricaia rubra. Le Censeur de Lyon fait mention d’un phénomène étrange. Au moment où tous les semeurs de Camellias, de Rosiers, de Dahlias, etc., s’évertuent a chercher la couleur bleue que, jusqu’à présent, la nature a refusée a ces genres de plantes, le hasard vient de jeter dans l’orangerie de M. Lacène une nuance bleu d'azur sur les pétales de fleurs d’une branche d’un Camellia de la variété imbricata rubra. Les pétales inférieurs de la fleur sont d’un beau rouge ten- dre , les supérieurs sont blancs, et les uns et les autres sont marginés de bleu. Cette fleur réunit donc les trois couleurs nationales. Il reste à savoir maintenant si la cou- leur bleue se maintiendra dans les greffes coupées sur la REVUE HORTICOLE. \2\ branche phénoménale. Cette coulenr s’est fait remarquer plusieurs fois sur d’autres Camellias et ne s’y est jamais maintenue. La couleur bleu d*azur est si rare dans les végétaux, se trouve si souvent mêlée au rouge pour former des nuances lilas ou violacées, que nous attendons d’autres preuves pour accueillir sans réserve le fait qu’on rapporte. Le doute est permis. Peut-être le mot azwr est- il exagéré? peut-être y a-t-il en effet production d’une teinte bleue fugace, comme celle que nous offre parfois l’Hortensia. De quelques arbres à introduire dans le midi de la France. Cratœgus crenulata Roxbg. Mespilus crenulata Don. (Néflier à feuilles crénelées). Suivant un auteur anglais, cet arbuste est l’analogue de notre Buisson ardent; il lui ressemble, en effet, beaucoup par son port et par ses fruits d’un riche écarlate. Le Cratœgus crenulata ^ originaire du Népaul, a été in- troduit depuis longtemps au jardin botanique de Calcutta par le docteur Roxburgh ; il s’y est élevé a la hauteur de 2 mètres à 2^”, 50. L’odeur de ses fleurs est assez agréable, et s’il pouvait supporter à l’air libre les hivers du climat de Paris, il serait préféré au Mespilus pyr a cantha. Il exisie depuis plusieurs années en Angleterre, mais il n’a été introduit en France qu’en ^842, par MM. Cels. Le docteur Royle en avait envoyé du nord de l’Inde des graines au jardin delà Société horticulturale de Londres, où il a supporté les hivers, palissé contre un mur au midi, 11 fleurit abondamment en juin et donne ses jolies baies rouges en septembre. On le muUiplie aisément de graines récoltées et semées aussitôt après leur maturité, en octobre, ou de greffes entées en fente ou en écusson sur le Mespilus vulgaris (kuhépme)^ le M. coccinea, prunifolia^ et sur le Cydonia (Coignassier), et de boutures mises en pots remplis de terre de bruyère et placés sur couche tiède. Cet arbrisseau épineux a ses jeunes rameaux tomenteux, ses feuilles persistantes, étroites, oblongues, luisantes, cré- nelées-denlées, rétrécies en pétiole a la base ; fleurs petites, blanches ou 'a peine rosées, nombreuses ; calice glabre, à divisions subarrondies et 'a bords membraneux rouges; 5 styles, glabres; fruits globuleux. REVUE HORTICOLE. 42^ Olea lancea Lamr. (Olivier à feuilles lancéolées). Cette espèce a beaucoup de rapport avec TOlivier d’Eu- rope, mais elle s’en distingue par ses feuilles légèremeni jaunâtres et ferrugineuses en dessous, au lieu d’être blan- ches. Ses rameaux sont plus allongés, presque anguleux, recouverts d’une écorce légèrement farineuse et parsemée de petits points glanduleux. Les feuilles adultes sont pélio- lées , lancéolées, atténuées â leur base, pointues au sommet^ d’un vert brillant en dessus, ferrugineuses en dessous, tandis que les jeunes sont jaunâtres. Les fleurs forment des pani- cilles terminales et quelquefois axillaires. Le fruit est oblong, pointu, noir â la maturité, et du volume d’un gros pois. Ce petit arbre, originaire de l’Ile-de-France, habite les endroits escarpés et arides des hautes montagnes, au Pouce, au grand Bassin, ainsi que les gorges de la rivière Noire, Cet arbre a été introduit depuis longtemps en France. On le cultive en orangerie, où il fleurit abondamment pendant les mois de juin et juillet ; ses fruits mûrissent très bien. Cette espèce pourrait rendre quelques services dans l’ar- boriculture par sa végétation et sa rusticité; elle a l’avan- tage de s’élever beaucoup plus que l’Olivier commun. J’ai essayé à plusieurs reprises d’en livrer a la pleine terre, pour savoir jusqu’à quel point elle supporterait le froid de nos hivers ; plantée a l’air libre, ses tiges ainsi que ses ra- cines ont péri a 4 et 5 degrés continus. Lorsque l’hiver n’était pas trop rigoureux et que les racines se trouvaient protégées par des feuilles, elle repoussait au printemps Je regarde cependant cet Olivier comme aussi rustique que celui d’Europe que nous conservons quelquefois pen- dant plusieurs hivers, en le palissant contre un mur au midi. Cet arbre, encore peu connu, mériterait d’être introduit dans le midi de la France et en Algérie; son bois est très dur, et son feuillage, d’un vert intense, ne présente pas la teinte grisâtre de nos Oliviers. Pépin. Multiplication de VEcheveria gibbiflora. Nous recevons de M. le Aug. Miergues, d’Anduze (Gard)^ la note suivante que nous nous empressons d’insérer : « Les horticulteurs savent très bien que VEcheveria race- mosa se multiplie par les feuilles dont le pétiole contient le germe d’un bourgeon qui , en se développant, produit biep- ^26 REVUE HORTICOLE. tôt un jeune plant; il n’en est pas de même de VEcheveria gibbiflora^ dont le pétiole ne contient jamais de germe pro- lifique; cet organe, fixé sur la tige florale a Faisselle du pétiole , reste recouvert par l’épiderme de la tige, ce qui m’a conduit à employer le moyen de multiplication sui- vant : « Après la floraison de la plante , je divise la tige florale en tronçons de a 0™,20, que je place dans du bon terreau ; trois mois après, les bourgeons advenus sont assez développés pour fournir des éclats dont les feuilles ont de 0«',04 a 0‘«,05. Une seule tige florale peut produire ainsi la même année plus de 40 plants très vigoureux. »* Auguste Miergües. Culture des arbres fruitiers. — V ^ Cerisier. — Cerasus. Le genre Cerasus de Tournefort, réuni par Linné au genre Prunus^ et rétabli par De Candolle et les botanistes modernes, renferme plusieurs espèces indigènes, dont quel- ques-unes sont cultivées comme arbres ou arbrisseaux d’ornement. Les Cerisiers, dont les fruits servent a la nour- riture de riiomme, paraissent tous descendre de deux es- pèces : le Merisier des bois {Cerasus avium), qui croît na- turellement dans les forêts de FEurope centrale et septen- trionale, et le Cerisier griottier ou le Cerisier commun {Cerasus Ca'proniana (l^.—C. vulgaris, Mill.) qui paraît être originaire de l’Asie-Mineure et qui aurait été rapporté de Cérasonle (aujourd’hui Kerasoun) a Rome par Lucullus; Cérasonte lui aurait donné son nom, quoique De Candolle dise que le Cerisier est peut-être sauvage dans nos bois, sans affirmer toutefois qu’il Fy ail jamais rencontré. Au point de vue de la culture, cette différence d’origine expliquerait peut-être pourquoi les Bigarreautiers et les Guigniers qui proviennent du Merisier sont plus rustiques que les Griot- tiers ou Cerisiers proprement dits. En effet, les premiers supportent mieux le froid rigoureux des pays montagneux que la plupart des variétés deGriottiers. J’ai constaté, d’après les observations de plusieurs cultivateurs des environs du mont Dore, que les Griottiers vivent rarement plus de huit à dix ans dans les contrées où les hivers sont longs et rudes, (1) Voir pages 51, 77, 88 et 101. REVUE HORTICOLE. |27 taudis que les Bigarreauliers et les Guigniers y prennenl un grand développement et parviennent a un âge avancé. Quoi qu’il en soit de ces observations, dont je n’affirnîe pas l’exaclitude, mais que j'indique a l’examen des bota- nistes et des arboriculteurs, nous adopterons, dans la no- menclature qui va suivre, la division en trois tribus des variétés de Cerisiers cultivées : les Guignes^ \q% Bigar-^ reaux, les Griottes ou Cerises proprement dites. Les Guignes ont la chair molle et aqueuse, une saveur douce mais peu relevée. L’arbre a les rameaux disposés presque verticalement; les feuilles sont grandes, souvent pendantes et terminées en pointe. Je ne citerai qu’un petit nombre de variétés de cette division, qui offre les fruits les plus médiocres du genre : Guigne rose hâtive. — Fruit petit, blanc d’un côté, rose de l’autre ; chair ferme, peu parfumée, médiocre. — Fin de mai. C’est la Cerise connue a Clermont sous le nom de Cerise hâtive des martres. G. noire hâtive. — Fruit moyen, rouge foncé, préférable au précédent. — Mûrit de huit â dix jours plus tard. G. à gros fruits noirs. — Cette variété , assez bonne , mûrit a la mi-juin. G. à gros fruits noirs luisants. — Beau et bon fruit, mûr du 15 au 20 juin. G. Royale. — Fruit assez gros, d’un beau rouge; c’est la meilleure des Guignes. Mûrit comme la précédente. G. rouge tardive. — Grosse et bonne variété, mûre a la mi-juillet. Il né faut pas la confondre avec la G. à gros fruits rouges tardifs de Duhamel, qui mûrit en septembre et n’est pas mangeable. Les Bigarreaux sont généralement gros, allongés, divisés dans leur longueur par un sillon très apparent qui donne au fruit la forme de cœur. La chair est ferme, croquante, douce et agréable. Les Bigarreautiers sont les arbres les plus élevés du genre ; les rameaux sont dressés, mais moins que ceux des Guigniers; les feuilles sont grandes, pen- dantes, plus larges au sommet qu’a la base. Les Bigarreaux ont, comme les Guignes, l’inconvénient d’être attaqués par les vers. Voici les variétés les plus recommandables : Bigarreau de mai. — Fruit moyen , rose, bon, mûrit fin de mai. B. Napoléon. — Fruit gros, coloré, chair ferme et ju- teuse ; très bon fruit. — Commencement de juin. REVUE HORTICOLE, 128 B, Jaboulais, — Très belle et bonne variété, mûre a peu près à la meme époque que la précédente. Sa chair est moins ferme que celle des autres Bigarreaux ; c’est pour cela, sans doute, que quelques horticulteurs en font une Griotte, peut-être avec raison. B. à gros fruits rouges. — B, à gros fruits noirs. — B. à gros fruits blancs. — Ces trois variétés, qui mûrissent 'a la fin de juin, offrent de beaux fruits de bonne qualité, plus différents entre eux par la couleur que par la saveur. B. tardif. — Mûr fin juillet. Médiocre. Les Griottes renferment les meilleures Cerises. Les fruits sont sphériques, plus ou moins gros, selon les variétés; la couleur de la peau varie du rouge vif au brun foncé; la chair est fondante, très juteuse, toujours plus ou moins acide, et souvent très sucrée malgré cette acidité. Les ar- bres sont moins élevés; les rameaux disposés en tête arron- die, les feuilles moins grandes, non pendantes et’d’un vert plus foncé. On connaît un très grand nombre de variétés de Griottes parmi lesquelles on distingue les suivantes : G. Induite^ G. Nain précoce. — Greffé sur Cerisier Sainte-Lucie, il ne s’élève pas à plus de 2 ou 5 mètres. Fruit petit, rouge vif foncé, très acide. Son seul mérite est sa précocité. 11 mûrit du 8 au ^ 5 mai. G. Anglaise hâtive , Royale hâtive, May-Duke. — Fruit gros, rouge brun, l’une des meilleures cerises et des plus productives. Mûr en juin. G. Anglaise tardive. Royale tardive, Cherry-Duke. ~ i\e diffère de la précédente que par l’époqiie de sa matu- rité qui est un peu plus tardive. G. de Montmorency. — Fruit gros, rouge foncé, excel- lent, mais l’arbre est peu fertile. — ^Commencement de juillet. G. de la reine Hortense. — Très beau et excellent fruit, obtenu en ^858. — Commencement de juillet. Gros-Gobet. — L’arbre est assez productif; le fruit esl gros, d’un beau rouge vif, très bon. Le pédoncule esi court. — Mi-juillet. G. à courte queue. — Cette Cerise, l’une des plus belles et des meilleures qui existent, est très répandue en Au- vergne sous le nom de Cerise à eau de-vie. Elle esl grosse, d’un rouge brun presque noir a sa maturité, d’une saveur sucrée et légèrement acide. — Mi-juillet. L’arbre est assez fertile. REVUE HORTICOLE. f2(? G, Belle de Sceaux. — Excellente variété peu répandue en Auvergne. — Juillet. Ér. de Varennes. — Ce beau et bon fruit est presque in- connu dans nos cultures. On ne saurait trop le multiplier, — Fin de juillet. On in’diqiie plusieurs autres variétés de Cerises, la plu> part nouvelles. Les unes different a peine de celles que Je viens de citer ; d’autres sont inférieures en qualité, ou trop peu productives; d’autres enfin me sont trop peu connues pour que je puisse les juger. Je recommanderai cependant encore la C. du Nord, dont le fruit très gros, d’un rouge noir et fort bon à manger, ne mûrit qu’en septembre. La C. de la Toussaint, qui constitue une espèce dis- lincte, fleurit pendant tout l’été, et donne des fruits mûrs depuis août jusqu’en octobre; mais ils sont d’une acidité repoussante. Toutes les variétés du Cerisier se greffent en fente ou eu écusson h œil dormant, sur le Merisier et sur le Cerisier Mahaleb ou Sainte- Lucie. On emploie le premier pour les arbres à haute lige, auxquels on désire voir acquérir de grandes dimensions, et le second pour les sujets qu’on se propose d’élever en pyramide. Je pense qu’il serait possible d’obtenir des arbres plus nains en greffant sur le Griottier Indulle. J’ignore si celte opération a été tentée, je l’indique aux amateurs. Quelques auteurs, Bosc entre autres, on^ pensé que la greffe sur Sainte-Lucie communiquait au fruit un goût acerbe. Cette opinion n’est pas admise aujourd’hui. Il ne serait pas impossible, a mon avis, que le sujet exer- çàt une influence plus ou moins sensible sur les fruits aux quels il donne la nourriture et la vie. Je dois dire cepen- dant que je n^ai jamais trouvé de différence entre les Cerises greffées sur Mahaleb et celles greffées sur Merisier. Le Cerisier végète dans tous les sols qui ne sont ni trop arides ni trop humides. Sa végétation est plus rapide dans les terres légères ou franches et profondes. Ses fruits sont meilleurs dans les terrains calcaires ou même argilo-cal- caires, pourvu que le sous-sol ne retienne pas l’eau et per- mette à ses racines de s’enfoncer profondément. Ces arbres se cultivent généralement en plein vent, et c’est seulement ainsi qu’ils sont productifs. Us n’exigent pas d’autres soins que l’enlèvement des branches mortes ou inutiles. Cependant on en trouve disposés en espaliers dans quelques jardins. Dressé en pyramide, le Cerisier produil REVUE HOimCOrE. 5 50 un effet très agréable à l’œil, et donne assez de fruits, pourvu qu'on ne plante que des vuriélés fertiles. Il est bien peu de personnes qui n’aiment la Cerise; on attend toujours sa maturité avec impatience. Elle se consomme principalement 'a Fétat naturel, cependant dans plusieurs contrées on en fait sécher de grandes quantités qu’on retrouve avec plaisir pendant l’hiver. Les Griottes sont les meilleures pour cet usage. Elles se mangent aussi cuites, en compotes, en marmelades, ou se conservent dans l’eau- 5 des fours, soit pour litières. Ou évalue, dans ce ccts, 'a ^ 0 fr. par an le produit net d’un hectare de tiges de bruyères ar- rachées. Terrains diluviens ou de transport. — Comme leur nom l’indique, ce sont des terres qui ont été charriées par les eaux a des distances plus ou moins considérables de leur place primitive. On conçoit, d’après ceci, que leur nature minéralogique doit être variée à l’infini, puisqu’ils résultent de tous les débris des roches désagrégées sur lesquelles les eaux du diluvium ont pu exercer leur action. Leur étendue, leur épaisseur et leur aptitude à être mises en culture ne varient pas moins. C’est d’après l’étude particulière de ces divers sols qu’on jugera de l’espèce d’amendements qu’il faudra leur donner et du genre de culture qu’on pourra y établir avec avantage. Ce que nous aurions à en dire est trop étendu pour pouvoir trouver place ici; nous y revien- drons dans l’exposé des autres leçons. Dans un dernier article, nous traiterons des terrains d’attérissement, des tourbières et des dunes, qui sont deve- nues depuis quelques années particulièrement intéressantes pour l’agriculture et même pour la culture maraîchère, Naüdin. Exposition du cercle d^ horticulture de Paris, La saison qui s’ouvre vient d’être dignement inaugurée par la septième exposition du cercle d’horticulture ; le nom- bre des concurrents, l’abondance, la variété et la supério- rité des plantes exposées, autant que le bon goût qui a pré- sidé à leur arrangement dans la vasje serre du Luxem- bourg, tout a concouru à en faire une des plus brillantes exhibitions dont Paris ait été témoin depuis la fondation de ces solennités de l’horticulture. C’est que cette fois, il ne s’agissait plus seulement de donner un encouragement a une aimable industrie, et d'offrir aux riches et aux oisifs le spectacle des merveilles qui éclosent entre les mains de nos horticulteurs; une pensée charitable a guidé les ordonnateurs de cette fête ; on a voulu que les plaisirs du riche tournassent au pro- fit du pauvre, et on a eu l’heureuse idée de prélever sur cliaque visiteur une légère contribution d’un franc pour venir en aide aux nombreux indigents dont une année de disette aggrave si cruellement les souffrances. REVUE HORTICOLE. "1 55 Dii appel à la cliarilc est toujours entendu en France ; aussi nos horticulteurs ont ils rivalisé de zèle et d’habileté pour offrir au public une exposilion digne du double but qu’on se proposait; c’élait louable de leur part, et, ce qui ne Test pas moins, c’est le sacrifice volonlaire qu’ils ont fait de quelques-unes de leurs plus belles plantes pour fonder une loterie dont le produit est allé grossir la part du pauvre. C’est en vain que nous chercherions a donner aux per- sonnes étrangères a nos exhibitions horticoles une idée du magnifique panorama qui se déroulait aux yeux des visi- teurs, c’est en vain que nous nous efforcerions de peindre ces massifs artistement groupés de végétaux où la verdure du feuillage disparaissait sous la pourpre des fleurs. On sait que cette première exposition de l’année a été instituée spé- cialement pour les Camellias, les Rhododendrons et les Aza- lées, sans en exclure cependant les autres fleurs; c’est dire assez qu’elle doit l’emporter sur les solennités du même genre qui arrivent a des époques où ces splendides végé- taux ont passé pour la plupart l’époque de leur floraison. Ce serait une rude tâche que de citer parmi ces masses d’Azalées et de Camellias toutes les variétés qui occupent un rang distingué dans la floriculture. Presque toutes étaient du premier choix, beaucoup étaient rares ou nouvelles, et toutes ces plantes annonçaient par leur fraîcheur et leur belle tenue le goût et l’habileté de ceux qui les ont cultivées. Nous avons compté 450 Azalées ou Rhododendrons appartenant à MM. Paillet, Durand , Deshayes, Muriel et Lemichez. Les Camellias étaient plus nombreux encore ; on en comp- tait près de 900, au nombre desquels nous avons reconnu plusieurs des variétés les plus récentes et les plus estimées. M. Souchet fils, dont le lot contenait 500 échantillons, en avait une vingtaine de nouvelles. Après lui, venaient M. Mar- gottin, dont la collection renfermait 174 individus, M. Pail- let, qui en exposait 4t9, et M. l’abbé Berlèse, dont le lot moins considérable était du plus heureux choix. Les Roses étaient représentées par deux lots comprenant ensemble 4 57 échantillons: l’un, composé principalement de Rosiers thés, appartenait a M. Lévêque ; il ne nous a pas paru à la hauteur de la réputation bien méritée de cet horti- culteur. L’autre, entièrement formé de Rosiers a greffe forcée, sortait des serres de M. Jamin et répondait victorieusement, psir la fraîcheur et le bon état des individus qui le compo- saient, aux détracteurs de ce mode de multiplication. ^56 REVUE HORTICOLE. Les Bruyères el les Épacris étalaient leurs gracieux épis de fleurs roses , blanches, rouges ou jaunes ; quelques lots en étaient uniquement composés, entre autres celui de M. Charles Michel, qui en contenait 66. Il n'avait d’égal, pour la grâce et la fraîcheur, qu’une collection de Prime- vères de la Chine d’un blanc pur, appartenant à M. Lapipe. Mais parmi les fleurs qui étaient tout a fait de saison, nous devons surtout mentionner deux lots de Jacinthes de Hollande. Ces plantes étaient de véritables chefs-d’œuvre d’industrie horticole ; il est impossible d’obtenir de la na- ture rien de plus beau, de plus varié, de plus délicieuse- ment parfumé que les Jacinthes de MM. Ïripet-Leblanc et Chéreau. En voyant ces deux magnifiques collections, on concevait l’enthousiasme de ces anciens florimanes de la Hollande, qui ne craignaient pas de payer un oignon de Tulipe ou de Jacinthe au poids de l’or, et quelquefois au prix d’une partie considérable de leur fortune. Et puis que d’autres végétaux intéressants nous aurions a citer! Que d’espèces de serre chaude y eussent brillé du plus vif éclat si elles n’eussent été en compagnie de plantes plus classiques et plus recherchées, qui les éclipsaient! Noqs voudrions consacrer au moins quelques lignes a ces rares et belles conifères exotiques qui promettent d’être, dans un avenir peu éloigné, un des plus beaux ornements de nos parcs, si même elles ne deviennent une branche impor- tante de l’industrie forestière; nous aimerions 'a décrire ces vigoureux échantillons de Dacrydiums et de Podocar- pus de la Tasmanie et de la Nouvelle-Zélande présentés par M. Keteleer , ces beaux Dammara et ces Araucaria sortis des cultures de MM. Gels; mais ce sujet nous entraînerait bien loin au delà des bornes que comporte cette notice. Nous terminerons en disant quelques mots d’une plante récemment apportée du Japon, fort rare encore aujour- d’hui, mais connue au moins de nom de la plupart des ama- teurs. C’est le Spirœa prunifolia flore pleno^ plante d’or- nement, et dont on doit ^introduction dans nos jardins a M. Van Houtte. Ce que l’on en a dit n’a rien d’exagéré. C’est une petite plante frêle et délicate, littéralement cou- verte de fleurs parfaitement pleines et d’un blanc de neige, plus petites cependant que celles du Bouton d’argent (/fa- nunculus aconilifolius) auxquelles on les a comparées. Cette ravissante espèce, dont la Revue (p. 85) a déjà eu occasion de signaler les avantages comme plante de pleine REVUE HORTICOLE. >157 terre, a mérilé le prix a riinanimité. En effet, il y a longtemps que riiorticultnre lEavait fait une aussi précieuse acquisition, et il est probable que c’est 'a cet élégant ar- buste qu’il faut rapporter l’espèce décrite par Thunberg, sous le nom de S. chamandri folia qui, dit-on, est cultivée partout au Japon pour l’abondance de ses fleurs d’un blanc de neige. Colitur ubique oh copiam niveorum florum. « Nous voudrions n’avoir que des éloges à donnera l’ex- position du cercle; malheureusement elle prêtait un côté à la critique, précisément celui par lequel péchait déjà l’ex- position de l’année dernière. Nous voulons parler de la culture maraîchère qui n’y était pas représentée. Ne dirait-on pas vraiment que les légumes sont honteux de se montrer en compagnie des orgueilleuses productions de la floriculture? Pense-t-on que le public ne sache pas ap- précier les produits maraîchers à leur valeur ? Les châssis et les bâches â forcer de nos jardiniers maraîchers ne man- quent assurément pas de beaux légumes; leur offrir des primes et des mentions honorables à gagner n’eût été que justice; c’eût été de plus un encouragement pour la classe la- plus* laborieuse des horticulteurs et un enseignement Utile pour les nombreux amateurs de cette culture. Tout se réduisait à des Bâtâtes et des Pommes de terre, intéressantes, les premières, par leur volume, les secondes, en ce qu’elles étaient le produit de la cullure automnale. Ce dernier lot ap- partenait a M. Changarnier, inventeur d’un nouveau pro- cédé pour la culture des Pommes de terre. Ces tubercules, plantés le >1®^ août J 846, ont été récoltés le 25 décembre suivant, et semblent avoir acquis dans cet intervalle de temps toutes les qualités qu’on recherche dans ce produit. MM. Jamin , Dupuy-Jamiu et Durand, avaient exposé plu- sieurs corbeilles de très beaux fruits conservés de la der- nière récolte. On n’imaginerait jamais qu’on puisse faire sortir des Poiriers et des Pommiers de nos jardins des fruits aussi énormes que les Belle Angevine^ les Caiillac et les Pommes d'Eve qui remplissaient ces corbeilles. Comme de coutume, les produits de l’industrie appliquée a l’horticulture n’ont pas fait défaut. Nous y avons revu une multitude d’instruments et de machines que nous avions déjà appris à connaître aux précédentes expositions. Il y avait cependant, en fait de nouveautés, un petit modèle de bâche tournante sur pivot, qui aura peut-être quelque uti- lité dans la pratique. Une invention d’un autre genre, qui REVUE HORTICOLE. IÔ8 trouvera peut-être aussi son emploi, consistait en de petits modèles d’arbres en espalier et en plein vent, assez bien imités en fil de fer et destinés à donner une idée de la forme et de la direction des arbres fruitiers aux amateurs qui ne comprendraient pas les descriptions qu’en donnent les li- vres. Nous n’osons du reste porter aucun jugement sur ces deux inventions que le temps fera sans doute apprécier. Une industrie qui nous paraît avoir une toute autre portée, c’est la poterie de luxe appropriée au jardinage. Nous avons fait connaître l’an dernier l’élégance des vases présentés par MM. Follet et Guénaut qui jusqu’ici avaient eu la palme de la poterie. A notre avis, ils sont surpassés par la manufacture céramique de Billom (Puy-de-Dôme), dont les produits nous ont paru supérieurs a tout ce que nous avions vu en ce genre. A une parfaite élégance de formes ils joignent une excellente qualité dans la matière qui est plus fine, plus résistante et susceptible d’un plus beau poli que celle des vases sortis des manufactures pari- siennes. Les lots de plantes de toute espèce offerts par les jar- diniers et les amateurs pour composer la loterie en faveur des pauvres formaient a eux seuls toute une exposition. C’étaient tou tes des plantes de serre estimées, ou des plantes d’ornement des meilleures variétés. Nous ne pouvons entrer dans aucun détail à leur sujet; bornons-nous a dire que les lots étaient dans un état parfait et que nos horticulteurs, en faisant le sacrifice d’objets d’une valeur intrinsèque considérable, ont fait preuve d’un désintéressement qu’on ne saurait trop proposer pour modèle aux Sociétés d’horti- culture. Avant de terminer cet article, nous ne pouvons omettre de relever un oubli inqualifiable ou plutôt une véritable injustice commise envers M. Ïripet-Leblanc par le jury qui lui a accordé une mention honorable pour sa collection de Jacinthes. Voila ce que nous avons peine à comprendre d’horticulteurs distingués, pour qui l’impartialité devrait être le premier devoir. Nous avons parlé plus haut du lot de M. Tripet-Leblanc; nous pouvons, sans exagérer, répéter ici qu’il a été un des plus admirés de l’exposition ; cet hom- mage du public sera du moins pour cet honorable horticul- teur un dédommagement suffisant du déni de justice dont ou s’est rendu coupable à son égard en lui refusant la ré- compense qu’il avait si bien méritée. Naüdin. REVUE HORTICOLE, Voici la liste des lauréats : 3® CONCOURS — Pour la plante fleurie, la plus nouvellement introduite en Europe. Prix^ M. Van Houtte, à Gand, pour le Spirœa prunifolia 4® CONCOURS. — Pour la plante la plus remarquable par sa force, sa floraison et sa culture. 1*^ Prix^ M. SoüCHET ; 2® Prix^ M. Keteleer ; Mention honorable^ M. Durand fils. 7® CONCOURS. — Pour la plus riche collection de plantes de serre tempérée, fleuries, au nombre de trente, les plus variées en genres et espèces. Pas de 1®' Prix; 2® Prix^ M. Chauvière. 8® CONCOURS. — Pour la plus nombreuse collection de plan- tes fleuries de serre tempérée les plus variées. Pas de Prix; 2® Prix^ M. Jacquin aîné. 9® CONCOURS. — Pour un à six Camellias fleuris le plus nou- vellement introduits. Prix de la duchesse de Nemours, Médaille d’or^ M. Soüchet fils. 10® CONCOURS.— Pour les vingt-cinq plus beaux Camellias. !•' Prix^ M. Paillet; 2® Prix^ M. Lemichez. 11® CONCOURS. — Pour la plus riche et la plus nombreuse collection de Camellias. Prix de M, le comte de Paris. Médaille düor à M. Soüchet fils ; 1®^ Prix^ M. Margottin ; 2® Prix^ M. Paillet ; Mention honorable^ M. Muriel. 13® CONCOURS. — Pour la plus belle collection de Rhododen- drum arboreum fleuris en variétés distinctes. Médaille d!or de it/™* la duchesse d’Aumale, 1®' Prix^ M. Lemichez; 2® Prix, M. Mabire. 14® CONCOURS.— Pour les quinze variétés d’ Azalées de rinde, fleuries, les plus belles et les plus distinctes. Médaille du Luxembourg. 1®' Prix, M. Paillet; 2® Prix, M. Margottin; Mention, M. Muriel. 15® CONCOURS.— Pour la plus belle collection d’ Azalées de l’Inde, fleuries, en espèces variées. Médaille d'or de itf“® la duchesse de Montpensîer, 1®^ Prix, M. Lemichez ; 2® Prix {ex œquo), MM. Durand, Keteleer et Paillet. (1) Les 1®% 2®, 5®, 6®, 12®, 17®, 18®, 22®, 23®, 25®, 29®, 30®, 32®, 33® et 35® concours n’ont pas obtenu de prix. REVUE HORTICOLE. 16® CONCOURS. - Pour la plus riche collection de Rhododen- drons, Azalées et Kalmia fleuris de pleine terre. !«' Prix, M. Muriel; 2® Prix, M. Durand. 19® CONCOURS. — Pour les Erica et Epacris fleuris, au nom- bre de trente au moins. \er Prix, M. Ch. Michel; 2® Prix, M. Deshayes. 20® CONCOURS. — Pour les plus belles roses forcées en pots. Médaille d’or de mesdames les patronesses. M. Rkné-Léveque. — Pour 50 variétés de Roses nouvelles forcées. Prix, M. J AMIN (Hippolyte). 21® CONCOURS. — Pour les quarante espèces ou variétés de Cactées les plus belles et les plus nouvelles. Pas de 1®*' Prix; 2* Prix, M. Souchet fils. 24® CONCOURS. — Pour les plus belles variétés de Conifères. Médaille du Luxemhours. O 1®' P/ 'ix, M, Keteleer ; 2® Prix, M. Souchet fils ; Mention, MM. Cels. 26® CONCOURS. — Pour la plus belle collection de Prime- vères, Auricules et autres plantes vivaces, de pleine terre. Pas de Prix ; 2® Prix, pour sa colleclion de Pensées, M. Fréquel. 27® CONCOURS. — Pour la plus belle collection de Liliacées. Médaille d’or des dames patronesses à M. Aimé Türlure. 28® CONCOURS. — Pour la plus riche collection de Jacinthes. Pas de I*' ni de 2® Prix; Mention honorable, M. Tripet-Leblanc, 31® CONCOURS. — Pour la plus belle et la plus intéressante collection de fruits conservés à l’état naturel. 1®^ Prix, M. J.-L. Jamïn ; 2® Prix {ex œquo), MM. Ozannes et Dupüy-Jamin. 34® CONCOURS. — Pour l’introduction ou le perfectionnement, dans les environs de Paris, de la culture la plus belle, la plus intéressante et en même temps la plus productive. Prix de if®® Adélaïde. — Médaille d’or à M. Félix Malot, pour ses cuhures de raisin à la Tliomery. HORS CONCOURS. Pour collection de Primevères de la Chine, — Mention, M. Lapipe. Pour collection de Correa, — Mention, M. Guérin Modeste. Culture de Giroflées et Quarantaines . — Médaille à M. Lenormand. Culture de Melons en pleine terre, — Mention à M. Poulette de Slains. Poteries. — Rappel de médaille d’or à M. Follet; rappel de mé- daille d’argent à M. Guénaut ; 1*' Prix, M. Genillier, directeur de la manufacture de Billom (Puy-de-Dôme). Outils de jardinage, — Mention à M. Arneither. Plombs laminés et effilés, — Mention à M, Poulet. ■ ■■ ^ ^■'''^^'+^s> V- , ' ^ : ' ' «v' '’*’ ■:■•••.)- , ■ : '■'* .i- ' '^"^3 Ÿ , ?■.■•■. .:V‘ .'. ■'''^.t cfefr>.ai^ '"l '^fij ;■: ff ,• ' J ïi REVUE HORTICOLE, Ml Notice sur le Ftc(om regia et son introdudioa ca Angleterre ( fig. 8). U n^est probablement aucun de nos lecteurs un peu au courant des nouvelles horticoles qui n’ait entendu parler d’une magnifique Nymphéacée de l’Amérique méridionale, que rénormité de ses feuilles et la beauté de ses fleurs gi- gantesques ont fait unanimement proclamer la reine des plantes aquatiques. Les botanistes anglais ont donné a ce splendide végétal le nom de la reine Victoria. Rien de mieux assurément que de dédier les plus belles créations végétales aux souverains quand, comme la reine d’Angleterre, ils se sont déclarés les protecteurs de l’horti- culture ; mais pour la plante aquatique qui fait le sujet de cet article, cet hommage, c’est nous qui eussions dû le faire, car ce sont des botanistes français (MM. Bonpland et d’Orbigny) qui les premiers ont fait connaître cette plante 'a l’Europe et en ont envoyé des échantillons. Malheureusement ces échantillons arrivèrent dans un ^tel état d’altération qu’il fut impossible d’y reconnaître autre chose que la famille a laquelle ils appartenaient et d’indiquer l’arfinité de la plante qui les avait fournis, avec JesEuryale de l’Inde auxquels on crut pouvoir la réunir au moins provisoirement. Les Anglais ont été plus heureux ; un de leurs voyageurs, M. Robert Schomburgk, qui vient d’exécuter un voyage dans l’Amérique méridionale, a re- trouvéja plante de MM. Bonpland et d’Orbigny. Les fleurs et les fruits qu’il a adressés aux collections botaniques de Londres étant arrivés en bon état, le docteur Lindley a pu les comparer avec les fleurs et les fruits des Euryale^ et croyant pouvoir séparer la plante américaine de ce dernier genre, il l’a dédiée a la reine Victoria. Le Victoria regia (voir la ûgure 8) représente, dans les fleuves de l’Amérique méridionale, les Nymphéa de nos rivières , mais sur une échelle proportionnée aux immenses nappes d’eau du nouveau monde. Rien ne saurait donner une idée du spectacle grandiose de ces fleuves lorsque le Victoria étale a perte de vue sur leurs eaux tranquilles ses feuilles de 4 à 6 mètres de circonférence et qu’il en émaillé 4a surface de ses fleurs rouges et blanches, qui n’ont de rivales pour la grandeur que celles des monstrueux Rafflesia de l’Inde et des îles de la Sonde. Elles ont près ^‘,05 sur autant de diamètre au limbe; la corolle est campanulée-infondibuliforme. Cet arbrisseau deviendra peut-être un des plus riches ornements de nos parterres, si, comme on l’espère^ il peutbraver nos hivers. Dans son pays natal, il fleurit en avril, et cette flo- raison précoce doit exiger certainement chez nous des pré- cautions et un abri. H est donc prudent, en attendant que l’expérience décide, de rentrer la plante en serre froide. On la cultive en bonne terre mélangée, en lui donnant de co- pieux arrosements dans la belle saison. Sa multiplication se fait par boutures herbacées, à froid, ou mieux sur couche tiède. NOUVELLE PASSIFLORE. L’hvbi idation est un des plus puissants moyens employés par la nature pour créer des formes que notre ignorance nous fait souvent considérer comme espèce, et les hybrides obtenus artificiellement eu sont une preuve. Toutes les plantes ne se prêtent pas égale- ment 'a celte opération ; les Passiflores semblent y être re- belles. Cependant, depuis quelque temps, nous avons vu sortir de ce genre plusieurs hybrides qui méritent de prendre place dans nos collections. La Flore des serres figure, dans son cahier de mars, planche 7, un hybride, des jP. princeps et alata^ obtenu a Los-lès-Lille , par un habile horticulteur, M. Schlachter, et qui est certaine- REVUE IlOilTlCOLE. ^47 ment une des plus belles productions de ce genre; elle fleurit abondamment ; ses fleurs sont grandes , lëgèremeiU odorantes, dHin rouge écarlate intérieurement, [)lus vil que dans la P. alaia^ et sur lequel tranchent également les nombreux fllets blancs -violacés au sommet de la couronne. Cette plante est de serre chaude; on la multiplie par bou- ture.— M, Van Houtte en est seul, jusqu’à ce jour, l’heureux propriétaire. Herincq. Noie sur le Spiræa Humboldtii. En *1845, M. Ch. Vangeert , horticulteur à Anvers , intro- duisit dans le commerce, sous le nom de Spiræa Hum- boldliiy une plante que Ton considère actuellement comme l’individu femelle du S, Aruncus. En effet, cette plante est herbacée et dioïque. Sa hampe s’élève à la hauteur de a 0™,60 ; elle est glabre, arrondie, veinée de rouge ; ses feuilles, très découpées, beaucoup plus petites que celles du S. Aruncus , sont courtement pétiolées , dentées, d’un vert noir en dessus, un peu plus pâles en dessous; les fleurs, disposées en panicule diffuse, sont velues, a pédicelles très courts; pétales blanchâtres très petits; trois carpelles avor- tés glabres, verts, plus longs que les pétales , occupent le centre de la corolle. La patrie de cette plante est inconnue; elle résiste, dit-on, parfaitement en pleine terre en Belgi- que, mais le Muséum de Paris ne la possède pas encore. Neumann., Floraison du Camellia Kissi. Camellia Kissi, Wall., In act. soc. asiat. Calcula, vol. XIII, p. 428; C. caudata, Cat. herb. amp. procur. Brit. ind. or., n® 978; Camellia du Népaul, Quoique l’introduction de cette plante en Angleterre date de ^825, je ne crois pas qu’elle ait été flgurée dans aucun ouvrage iconographique; j’en conclus qu’elle n’a peut-être pas encore fleuri en Europe, ou que les auteurs des ouvrages que je viens de citer, ne trouvant point ses fleurs bien bel- les, les ont négligées, ce qui est à regretter, car le Camellia Kissi est un arbuste très remarquable comme espèce. Arbrisseau de I a 5 mètres, a rameaux dressés, les jeunes un peu velus ainsi que les pétioles. Feuilles lancéolées, at- ténuées aux deux bouts, carminées, a dentelures aiguës, KEVüE HORTICOLE. \ \S presque entières à la base ; fleurs ordinairement tenni-- nales, solitaires, ou réunies deux a (rois au sommet des rameaux, quelquefois axillaires, sessiies; calice formé de plusieurs écailles d’un brun marron, les extérieures plus petites, toutes fortement concaves; 4 a 6 pétales cunéifor- mes a la base, bilobés au sommet, diversement contournés,, d’un blanc un peu verdâtre, longs d’environ 0'^\02; 40 â :i0 étamines â filaments jaunâtres a peine réunis a la base, moitié moins longs que les pétales; anthères jaunes; 5 styles distincts ou soudés a la base, glabres au sommet, velus à la base ainsi que l’ovaire, a peu près de la longueur des étamines. Les fleurs on tune odeur douce assez agréable^ Cet arbrisseau, que nous cultivons au jardin du Roi, a iSeuilly, depuis 12 ou 15 ans, a montré ses fleurs pour la première fois en février et mars de cette année IS n. On peut le multiplier de boutures ou par la greffe sur le Camellia ordinaire. H est originaire des montagnes de l’fnde et du Népaul. Dans l’état actuel, ce n’est qu’un arbrisseau de collectioir de botanique, mais il pourrait devenir intéressant poiu les amateurs si, en fécondant ses fleurs avec du pollen de Oamellia ordinaire a fleurs presque doubles, on parvenait à en obtenir des fruits dont les graines donneraient peut- être par la suite quelques hybrides qui formeraient une nou-^ \elle série de ces admirables végétaux. Jacques, jardinier du domaine royal de NeiùUy*. Note sur la fructification des Cereus grandiflorus et nycticalus. Les Cereus grandiflorus et nycticalus fleuri chez moi le meme jour, pendant l’été de \ 846, je les ai fécondés l’un par l’autre, et j’ai obtenu des fruits sur ces deux beaux cierges. Le Cereus grandiflorus fécondé par le C. nycticalus a les fruits de la grosseur et de la forme d’un œuf de ca- nard. Leur couleur est le jaune verdâtre légèrement lavé de rose ; ils ont une odeur prononcée de fourmi; leur sa- veur est fade et très peu sucrée. Les fruits obtenus sur le Cereus nycticalus croisé avec le C. grandiflorus sont notablement plus gros; ils mesu- raient 0™,24 de circonférence ; ils sont d’une forme à peu REVUE HORTICOLE. «49 près sphérique, et leur couleur est le rose vif. Ils ont encore moins de saveur que ceux du C. grandiflorus, Pen ai re- cueilli une assez grande quantilé de graines; j’en offre aux amateurs et horticulteurs qui voudraient en faire un semis. D. Gaillard, a Josselin (Morbihan). ' Imtruction pratique sur la plantation des Asperges. I. — Caractères botaniques de l’Asperge, son origine, ses variétés, etc. Asperge, Asparagus.^ genre de Thexandrie monogynîe; qui a donné son nom a la famille des Asparaginées : on en connaît environ vingt espèces. Calice a six divisions, dont trois intérieures réfléchies au sommet; six étamines, un style, un stigmate trigone, une capsule en baie à trois loges, a une ou plusieurs graines. Asperge commune ou officinale, Asparagus officinalis. Tige de 0*”,60 à l”\20, à rameaux écartés; feuilles fascicu- lées, fines, subulées ; fleurs dioïques, verdâtres; pédoncules articulés; fruit rouge dans sa maturité. Originaire de la France; elle est vivace. On connaît plusieurs variétés ou sous-variétés de cette plante : l’Asperge commune, qui n’est guère cultivée que par les vignerons qui en vendent les racines aux droguistes et aux herboristes; 2^^ FAsperge blanche de Hollande ou gros bourdon ; 5® l’Asperge violette ou d’ülm qui est très grosse; 4° l’Asperge verte d’Ulm, un peu moins grosse que la précédente, mais pouvant être mangée presque tout en- tière; on connaît encore les Asperges blondes, celles de Bru- ges, de Gravelines, de Marchiennes, etc. Nous pensons que toutes ces variétés peuvent être réunies en une seule qui se trouve plus ou moins modifiée par la culture. L’Asperge est un J)on produit pour les jardiniers des en- virons de Paris. Pour la cultiver avec succès, il faut d’abord se procurer de bonnes graines et bien préparer le terrain qu’on leur destine. H.— Nature et préparation du sol, plantation en pleine terre. Les Asperges croissent spontanément et naturellement dans toutes les terres; nous en avons trouvé en herborisant dans les prés, dans les vignes, dans les bois, etc. Mais pour avoir de belles Asperges, il est nécessaire de les planter con- venablement et dans un terrain préparé à l’avance. R E U O KT 5 CO L E . La plaiilalioü des Asperges doit êüe faite du ^5 mars au avril. Deux modes de plantations sont usités pour établir des aspergeries : les uns plantent en plein carré, les autres dans des fosses ou planches. Plantation en plein carré. Lorsque remplacement est choisi, on enlève toute la couche superficielle du sol à la profondeur de 0”\25 a O^'joO, et on la remplace par une couche de terreau ou de fumier consommé, épaisse de 0^",12, et qu’on mélange par un labour avec la terre du sous-sol. Cette opération doit être faite par un beau temps, en aulorane, ou de bonne heure au printemps. On foule en- suite le terrain avec les pieds, mais au moment de la plan- tation seulement. Nous supposons ici que le sol est perméa- ble et que la couche végétale est de 0“,66 au moins, que la terre est franche ou sablonneuse, mais substantielle. Le carré ainsi préparé est divisé par lignes distantes entre elles de 0”^,50; la distance dans le rang doit varier de 0™,55 a 0™,50. Sous chaque plant d’Âsperges on réunit un petit monticule de terre, et on en écarte les racines de manière a représenter une main ouverte placée et appuyée sur un tampon ; on maintient ensuite la plante de la main gauche, tandis qu’avec la droite on prend dans un panier de la terre passée à la claie ou tamisée, et on en répand sur les racines de .manière à les couvrir d’un centimètre environ. Tout le carré est ensuite couvert d’une couche de 0”\08 a 0‘” J 0 de bon fumier de vache consommé, mélangé avec de la terre du champ. Le plant doit avoir deux ans et être choisi parmi les plus belles et les plus fortes griffes. Dans le courant de l’été, on doime quelques sarclages et binages; on arrose les plants dans les temps de sécheresse; à l’automne on couvre toute la plantation de fumier sor- tant de l’étable, et on le laisse passer l’hiver sur les Asper- ges. Au printemps suivant on répand sur celte même cou- che de fumier 0™, 02 a 0“,04 de terreau ou de bonne terre; cette opération peut être continuée tous les ans. Dans les années qui suivent la plantation, il est nécessaire d’enlever avec une binette 0™,05 a 0“,04 de terre avant de répandre le fumier et lorsque le carré est au niveau des autres par- ties du jardin. On donne en février un dernier labour, nommé vulgairement bèquillage, pour mélanger le fumier avec la terre; en octobre, on coupe les liges des Asperges. Plantation par planches ou fosses. Ce genre de planta- REVUE HORTICOLE. 45i lion ne dilïère en rien du précédent, si ce n’est qu’on ouvré des tranchées do la largeur de l”*,50 et de la profondeur de 0“,66 environ ; entre chaque fosse ou tranchée on laisse un mètre d’intervalle, quelquefois autant de largeur. Sur la moitié bordant un côté de la tranchée on place la terre provenant de la couche superficielle qui servira lors de la plantation; l’autre côté reçoit la terre du sous-sol. Dans les sols de nature glaiseuse, calcaire, crayeuse, etc., 011 jette au fond de la tranchée des gravas, des plâtras, des fagots d’épines et tous les immondices du jardin jus- qu’à la hauteur de 0™,50; sur cette couche, uniquement établie pour faciliter l’écoulement des eaux et pour donner de l’air aux racines en condensant le sol , on répand la même terre que nous indiquons pour la plantation en plein carré, ou celle provenant de la couche végétale. On plante trois rangs d’Asperges dans chaque planche, a 0“,50 les uns des autres et en conservant un espace de ()“,^5 sur le bord de la fosse; on prend les mêmes pré- cautions pour la plantation que celles déjà indiquées. Dans les terres argileuses ou trop compactes, on pourra planter sur les ados, au lieu de planter sur les fosses. III. — Cueillette des Asperges. Fait curieux. Quoiqu’on puisse commencera cueillir les Asperges a la troisième année, ce n’est qu’à la quatrième que nous con- seillons la récolte, et encore jusqu’au juin seulement. Les années suivantes on coupe jusqu’au ^ 5 juin et rarement jusqu’au 25; nous parlons du climat de Paris; mais il faut régler la cueillette suivant qu'on cultive dans les départe- ments du Midi, de l’Ouest, du Nord, etc. Tous les matins il faut parcourir" les fosses ou le carré d'Asperges, en ayant bien soin de marcher entre les rangs pour ne pas casser avec les pieds les plants qui doivent sortir de terre le lendemain; aussitôt qu’on aperçoit une Asperge qui dépasse le sol de 0“,06 à 0“,10, on introduit en terre le eouteau à Asperges, en suivant doucement la tige pour ne pas blesser celles qui seraient sur le point de naî- tre à la base. Lorsque le mois de mai est chaud, ou au com- mencement de juin, on cueille deux fois par jour. Un cultivateur de Bar-sur-Seine cultive, dit-on, se’s As- perges au milieu des autres légumes de son jardin, et en obtient des produits plus abondants et plus gros que lors- qu’il les cultivait en planches; il fait plus, il introduit les REVUE HORTICOLE. •152 liges Je jour même qu’elles se montrent, dans des bouteilles Jélées qu’il enfonce en terre le plus possible, et qu’il sou- tient droites; les liges s’élèvent jusqu’au fond de la bou- teille, redescendent, remontent et finissent par remplir le verre. Une de ces Asperges a pesé 450 grammes; elle avait le même goût et était aussi tendre que dans la primeur. IV. — Semis en place et en pépinière. Après avoir préparé le terrain, comme il est dit au § II, et l’avoir tamisé et passé au râteau pour en unir la surface, on ouvre la terre avec la main ou avec un instrument léger, à la profondeur de 0"^,02 à 0“,05, et on dépose dans clia* que trou deux ou trois graines, en ménageant les mêmes distances et recouvrant les graines avec du bon terreau. Nous ne conseillons pas cette culture ; le semis en pépi- nière est plus convenable et plus généralemenbadopté. On choisit une planche de terre sablonneuse et on y répand la graine pour enlever ensuite le plant et le mettre dans l’aspergerie. Les graines étant semées et recouvertes par un coup de râteau, on met dessus du fumier court; c’est en mars qu’on sème aux environs de Paris. Cette époque varie suivant les climats; les uns sèment a la volée, les autres préfèrent semer en rayon à 0"\ I2 de distance, et a 0”^,01 ou 0ïo,02de profondeur; cette dernière méthode faci- lite les binages et les sarclages. Quant au choix du terrain, les uns veulent une terre ordinaire où la graine ne puisse pas lever au milieu d’une nourriture très abondante, tandis que d’autres veulent une terre chargée d’humus. Quand les plants sont levés, et même avant, il faut conserver à la terre une fraîcheur ordinaire par quelques arrosements. Si les hâles du printemps se faisaient sentir et continuaient ainsi pendant les sécheresses, il faudrait arracher les mau- vaises herbes et faire la guerre aux limaces et aux criocères, A l’automne on coupe les jeunes liges, et pour nourrir le plant bien plus que pour les garantir du froid, on les couvre alors de ô'^,01 ou 0™,02 de terreau ou de fumier consommé; on le laisse dans cet élat jusqu’au printemps. C’est en mars et en avril qu’on arrache le jeune plant pour le mettre en place : on emploie des fourches a dents plates ou la houe fourchue. On est ainsi moins exposé à couper ou à rompre les racines qu’avec les bêches. On soulève le plant et on en détache la terre avec précaution, l’expérience ayant prouvé que l’extrémité des racines rompues moisit facilement. A RFV'UE HORTICOLE. mesure qu’ou arrache les jeunes plants, on les met par lit dans des paniers, et on place les têtes du même côté dans chaque lit. Celle attention devient inutile si on les plante promptement; mais si la plantation est retardée ou si on les expédie au loin, on met d’abord un peu de mousse au fond du panier, on y place un lit d’Asperges qu’on recou- vre d’un lit de mousse, et ainsi de suite. Jusqu’à ce qu’on ait rempli le panier. On trouve près de Saint-Denis des hectares semés en As- perges; on peut en retirer jusqu’à 500,000 plants et la moyenne est de ^ 40,000; nous conseillons de n’employer que du plant de deux ans pour toutes les plantations d’Asperges; le plan t d’un an est trop faible.celui de trois ans est trop vieux. V. — Cullure forcée en pleine terre. " Pour avoir des Asperges de primeur on emploie plu- sieurs moyens. On dispose des planches de 0”\50 de lar- geur en laissant entre elles un sentier de 0”^,60. On défonce et amende les planches avec le plus grand soin, on les garnit de quatre rangs de plants d’Asperges à 0*”,55 les uns des autres, et on soigne ce plant pendant quatre ans comme nous l’indiquons § 2. La quatrième année, lorsqu’on veut récolter les Asperges, il faut commencer 'a chauffer suivant le mois où l’on veut des produits. C’est ordinairement en octobre, novembre, décembre et janvier qu’on creuse et qu’on en- lève la terre des sentiers jusqu’à 0”‘,48 et 0”\50 de pro- fondeur ; on la remplace par du fumier bien chaud, bien foulé et préparé comme pour une couche à melon. En creusant les sentiers et avec la terre qui en provient on recharge les planches de 0™, I8 à 0”^,20, ce qui permet aux tiges d’avoir une belle longueur lorsqu’on les coupe. On place alors sur les planches des coffres qu’on remplit de fumier chaud, on met ensuite les panneaux sur le tout. Quelques jours après il faut avoir soin de couvrir les châssis de paillassons ou de litières, afin que la chaleur n’en sorte pas. On retire le fumier quinze jours après, au moment où l’Asperge commence à sortir de terre. Tous les soirs on cou- vre les châssis de paillassons que l’on double suivaïUle degré de froid. Ces Asperges se nomment Asperges blanches. Lorsque les froids continuent en février et mars, on en- tretient la chaleur en renouvelant les fumiers des réchauds. On cueille les Asperges tous les jours, en ne levant qu’un RE\ UE IIOUXiCOLE, 155 pamieau a la fois, afin que la chaleur ue se perde pas. Celte récolte peut durer deux mois. Lorsque le mois d’avril est arrivé et que la température s’adoucit, on enlève les châssis et les coffres, ainsi que le fumier des sentiers, qu’on remplace avec la terre qui eu avait été tirée et mise de côté. On laisse alors le plant se reposer pendant un an ou deux. Nous préférons ne chauffer que tous les deux ans pour conserver nos plants. VI. — Culture forcée sous châssis. Les Asperges nommées vertes sont obtenues d’une autre manière. Depuis novembre jusqu’en mars on établit des couches de 1"^,55 de largeur, 0”',60 de hauteur, et d’une longueur déterminée, suivant les coffres qu’on veut em- ployer. On charge la couche de 0“\10 à 0’",12 de terreau ou de terre douce, on place ensuite les Asperges debout et à côté les unes des autres, de manière a ce qu’elles se tou- chent et se soutiennent. Sous un panneau ordinaire on peut en mettre de 450 à 500, qui donnent en moyenne dix Asperges chacune. On glisse un peu de terreau entre les griffes sans couvrir l’œil. Les Asperges commencent a donner quelques jours après la plantation, et on coupe jusqu’à extinction de la patte, qui dure environ un mois, de sorte que pour avoir des Asperges vertes pendant l’hi- ver, il faut faire de nouvelles couches de mois en mois. On jette ensuite ces pattes, qui ne sont plus bonnes 'a rien,^ Les Asperges plantées de cette manière doivent être âgées de cinq, six, sept, et même huit ans; il faut les avoir plantées en place depuis le même temps avant de les chauf- fer. Ces Asperges sont tendres, mais ont peu de saveur. On peut encore avoir des Asperges de bonne heure, en côtières, en formant une planche contre un mur exposé au midi. Pendant l’hiver, ou couvre la planche de paillas- sons qu’on enlève lorsque le temps est beau. On finit la cueillette de ces planches en raison de leur précocité, c’est-à-dire quinze jours avant celles des fosses. VII. — choix des porte-graines. Le choix des porte-graines n’est pas une chose indiffé- rente, il faut ne récolter des graines que sur de belles As-, perges et ne pas cueillir sur celles qui sont destinées à la reproduction ; il faut les laisser a l’état naturel, en leur don- nant toutefois les soins indiqués. La petite baie ou fruit REVUE HORTICOLE. ^55 eoininence àroiif^ir en octol^re, mais ce n’est ^^oiere qn’ea novembre ou décembre (ju’elle est mûre et qu’on la récolte; 011 récrase dans de l’eau et on lave deux et même trois fois, pour enlever la partie pulpeuse; on la laisse égout- ter, puis on la fait sécher sans la passer au four. vin. — Durée d’une Aspergerie. — Animaux nuisibles. La durée ordinaire d’une bonne Aspergerie est de 20 à 25, parfois même de 50 ans; elle est de 15 à 20 ans dans les terres médiocres. Il faut avoir soin, en cultivant les Asperges, de les dé- barrasser de leurs ennemis. Le ver blanc ronge les racines; les courtilières les coupent; la limace, les criocères , les pucerons dévorent les feuilles et les liges. Pour les préser- ver du ver blanc, on plante dans les rangées quelques fraisiers, laitues, etc., que ces insectes préfèrent ; on les visite de temps a autre, et lorsqu’on les trouve flétries, c’est que lever blanc esta leur pied a 0*”,05 ou 0”’,06 de pro- fondeur; on le cherche pour le tuer. IX. — Soins à donner à l’Aspergerie. Pendant la durée de l’Aspergerie en plein carré, nous avons employé avec quelque succès un moyen de fumure qui consiste a dégager légèrement les Asperges de la terre qui les couvre ; a l’automne, un homme adroit et intelli- gent, armé d’une bêche, jette la terre entre les rangs et la remplace par du fumier de vache si le sol est léger, et par du fumier de cheval si le terrain est froid, argileux, etc. Au printemps suivant, on recouvre de terre le fumier qui a été déposé en octobre ou en novembre, et on continue ainsi tous les ans ou tous les deux ou trois ans aux mêmes époques, si le propriétaire ou le jardinier ont des engrais a discrétion et s’ils tiennent a récolter un beau produit. Par ce procédé, renouvelé chaque année, nous avons recueilli des Asperges qui avaient jusqira 0”^,I5 de circonférence. Pour les Asperges plantées dans des fosses, nous avons aussi adopté un système qui nous a toujours très bien réussi : le plant, mis en place avec les soins indiqués g II, est d’au- tant plus fumé qu’il devient plus fort. A la fin d’octobre nous faisons enlever avec précaution 0™,05 a 0”\06 de terre sur toute la surface de la fosse; un homme est muni d’une binette et découvre la moitié de la planche en al- lant, et revient en découvrant l’autre moitié; la terre REVUE HORTICOLE. qui provient de ce travail est déposée sur Fados dont nous avons parlé § H, et en février suivant elle est rem- placée par une bonne couche de fumier a moitié con- sommé. En labourant les ados, on donne un léger labour aux fosses pour amalgamer le fumier avec la terre et pour l’alléger de manière a rendre plus facile la sortie des As- perges, et pour que le soleil puisse pénétrer dans le sol et l’échauffer. L’opération peut être répétée tous les ans. Les ados nous ont souvent servi de côtières, et nous avons récolté de bonne heure des Pois, des Laitues, des Haricots, etc.; il ne faut pas planter sur les ados ou inter- valles des plantes potagères qui durent plusieurs années : ces Cultures feraient un tort considérable aux Asperges. Les soins à donner aux Asperges depuis le semis jus- qu’à la récolte des graines, et que nous indiquons ici, ne sont point exagérés, si l’on tient à recueillir de grosses et belles Asperges. Nous savons comme tout le monde qu’avec moins de précautions on établira une Aspergerie qui pro- duira des Asperges bonnes à manger; mais comme dans toutes les cultures on cherche à obtenir les plus beaux pro- duits, nous avons cru qu’il était nécessaire d’en indiquer les moyens, au risque d’être taxés d’exagération. Nous avons suivi l’adage qui conseille de demander beaucoup pour avoir peu. Malgré cette recommandation, nous sommes convaincu qu’on ne suivra pas toutes nos indications. Bossîn, Graiaier-pépi aiéri ste . Note sur les Orchidées épiphytes. La famille des Orchidées, plus que toute autre, peut don- ner une idée de l’extension qu’ont prise certaines cultu- res, au premier rang desquelles nous pouvons citer en- core les Cactées, les Grossulariées, les Conifères et les Cyca- dées, qui toutes sont de mode aujourd’hui a juste litre. Les^Orchidées épiphytes, actuellement si répandues dans les jardins, ont été considérées pendant longtemps comme aussi rebelles a la culture que nos Orchidées terrestres; il n’en est rien cependant, et aujourd’hui on peut assurer qu’elles se maintiennent mieux que les espèces indi- gènes qui, à leur tour, mériteront un jour de fixer toute la sollicitude des horticulteurs. Mais pour donner une idée REVIE HORTICOLE. i oT de rimportauce que la culiiire do ces plantes tropicales a prise en Europe, il me suffira de rappeler que Linné et Â.-L. de Jussieu ne mentionnaient que 8 ou 15 genres dans leur immortel Généra. Aujourd’hui la liste publiée par M. Lind- ley, auquel on doit les travaux les plus récents sur celle curieuse famille, comprend 595 genres renfermant prol»a- blement plus de 5,000 espèces qui laissent loin derrière elles les seules espèces citées par Linné : LimoJorum Tankervilliæ. Epidendruin coclilealum. — aloifolium, — elongalum. — sinense. Vanilla aromalica. >'eoUia eîala. " De 1820 à 1850, on voit leur nombre s’élever par riifi- troduction des : Calanthe veratrifolia, Prescolia plantaginifolia, Goodyerà discolor. Cymbidium peiidulum. — purpureum. .Dendrobium speciosum. — squalens. — Harrisoniæ. Pleurollialis ruscifolia. Le gmve Cypripedium (sabot de Vénus), qui ne se com- posait que du C. Calceolus, a été augmenté des C. spec- tabile, venustum, pubescens, humile^ insigne, iraj^a- num, barbaium, purpuratum et guttatum. C’est en Angleterre, où leur culture s’introduisit d’abord, tju’on se rendit bien compte du régime qu’elles réclamaient. Jusque-là on plantait les Orchidées à même le pot, comme on le fait pour toutes les plantes de serre ; on plaçait en- suite ces pots sur une couche de tannée; mais ce moyen, excellent pour beaucoup de plantes, ne convenait pas aux Orchidées. On s’aperçut en effet que dans plusieurs espèces les bourgeons, les grappes de fleurs se montraient à la base de la plante et souvent meme dans la portion enterrée, et qu’alorsces organes ne pouvaient se développer par le pro- cédé de culture appliqué à la plante elle-même qui, se trouvant par trop enterrée, se couvrait de bourgeons ou de fleurs qui, ne parvenant pas à se faire Jour, pourrissaient en terre. On chercha alors à imiter la nature; on donna à la plupart de ces plantes, qui croissent fixées sur les Oncidium Papilio. Rodriguezia seounda. Epidendrum bifidum, — ciliare.^ — umbellatuffi, Angræcum maculatum. Eulopbia streplopetala, Brassia maculata. REVUE HORTICOLE. \'oS arbres, des tiges et des branches sur lesquelles elles ap- puyèrent bientôt leurs nombreuses racines; à d’autres on accorda plus de nourriture en remplissant de petites mot- tes de terre de bruyère tourbeuse la capacité des vases, en excédant même les bords de manière a former des sortes de cônes. La plante, ainsi fixée sur ces petits monticules de terre, envoyait facilement ses racines a travers les petites mottes et les mettait ainsi en contact avec l’air humide. Enfin on se servit de petits paniers d’osier, de bois brut, de noix de cocos, de corbeilles en fil de fer, remplacé plus tard par du fil galvanisé, qu’on remplissait soit de mor- ceaux de terre, soit de mousse humide. Malgré ces progrès réels dans la culture des Orchidées épiphytes, on est cependant frappé de Funiformité du ré- gime auquel on les soumet encore , comme si ces belles plantes croissaient toutes réunies dans une même région tropicale humide et chaude. Aujourd’hui une serre a Orchi- dées est pour ainsi dire gouvernée comme une serre a Ana- nas, C’est la un vice capital, et les progrès à apporter dans la culture de ces belles plantes seront de les faire passer avec intelligence de la serre chaude où on les maintient dans les serres tempérées et même dans l’orangerie, suivant le cli- mat qu’elles habitent. Je conviens que toutes semblent se complaire dans l’atmosphère chaude et humide qu’on leur accorde, mais aussi combien périssent par ce régime exci- tant pour les unes, débilitant pour les autres I Trois mille espèces ne peuvent être soumises au même traitement, quand on les trouve disséminées a partir des vallées hu- mides du niveau de la mer jusque vers le sommet des plus hautes montagnes. Je terminerai cette notice par la cilation des naturalistes voyageurs qui ont le plus concouru à enrichir le Muséum par leurs envois d’Orchidées du Brésil : MM. Guillemin, Houllet, Pinel; du Mexique, MM. Llinden, Ghiesbreght; de la Guyane française, MM. Leprieur et Mélinon. Les établissements d’horticulture les plus riches en Or- chidées sont aujourd’hui, en Angleterre, ceux de M. Lod- diges qui en cultive près de 2000 ; les serres du duc de De- vonshire, confiées aux soins de M. Paxton ; celles du jardin de Kew, sous la direction de sir \Y. lïooker. En Belgique , nous citerons les établissements de M. Yan Houlte a Gand, dont le catalogue renferme plus de 500 genres et environ 700 espèces, puis celui de M. Jacob Makoy, a Liège. REVUE HORTICOLE. 1 :;9 La France est loin de pouvoir rivaliser, sous ce rapport, avec les pays étrangers; les collections du Muséum, celles de MM. Qiiesnel à Rouen et au Havre, de la faculté de médecine de Paris, des frères Gels et de M. Morel, sont les seules quiméritent réellement d’étre visitées et mentionnées. Pépin. Exposition des produits de Vhorticulture d'Orléans, La Société d’horticulture d’Orléans a fait, du ^2 au 4 5 mars dernier, sa douzième exposition. Ni les désastres causés aux horticulteurs par l’inondation, ni les rigueurs inaccoutumées de Phiver, n’ont paru un obstacle aux mem- bres de la société; mais la veille de l’exposition il fallut aux jardiniers un grand courage pour lutter contre un froid de 420. Malgré toutes les précautions prises, bien des plan- tes ont été endommagées par la bise dans leur trajet des serres à la salle de l’exposition. Cette exposition était annoncée depuis l’an dernier. Après les dégâts causés par l’inondation, on dut craindre que les horticulteurs ne fussent de longtemps hors d’état de produire en public les résultats de leur industrie ; mais grâce à un surcroît d’activité, leurs jardins sont aujourd’hui, au moins pour la plupart, aussi florissants que jamais. La Société d’horticulture du Rhône a donné à celle d’Or- léans une marque de sympathie que nous ne pouvons passer sous silence. A la nouvelle des désastres occasionnés par le débordement de la Loire, elle a ouvert une souscription au profit des horticulteurs qui en ont été les victimes, et of- fert un certain nombre de plantes rares pour remplacer celles qui ont été perdues par le jardin des plantes. Malgré les intempéries de la saison, l’exposition orléa- naise a été brillante. On y remarquait un grand nombre de plantes rares et de premier choix , et surtout trois collec- tions de Camellias qui, prises isolément, eussent paru di- gnes du prix. Le jury, 'a l’unanimité, à décerné le premier prix a celle de M. Porcher. Ce jugement a obtenu les suffrages du public, qui ne se lassait pas d’admirer dans cette collection un magnifique buisson du Camellia Duchesse d'Orléans^ portant deux fleurs épanouies et une vingtaine de boutons; un C, sacco vera,, ayant dix à douze fleurs ouvertes; des C, Palmefs perfection^ pictorum rosea, Hookerii, imbricata rubra^ REVUE HORTICOLE. ^(>0 et siirtoul un C. Derhijana^ dont les fleurs avaient de diamètre. M. Porcher a obtenu une médaille d’argent pour une autre collection composée de variétés nouvelles de Ca- mellias en fleurs, parmi lesquelles il faut citer les Ca- tnellias Princesse Bacchiochi^ Dunlop's imhricata^ Ro- berti, Princesse royale, Archinto, Mahomet, Apollo novissima, Decus italicum, Monstruosa de Low, Bar- ringtoni fosœa. Le second prix a été donné a M. Estival, jardinier de M. Demadières, et il était bien mérité; sa collection était irréprochable et renfermait, entre autres plantes magnifi- ques, le Lindbria, la Marquise d^Exeter et la Regiva d'Inghilterra. Un seul concurrent s’est présenté pour les Rhododen- drons, c’est M. Théophile Grangé, qui a exposé mie quin- zaine de variétés de Varboreum. Le jury lui a décerné une médaille de bronze, en regrettant que la gelée ait altéré quelques-unes de ses fleurs qui, sans cet accident, auraient probablement obtenu un prix plus élevé. MM. Van Acker et Robert se sont partagé le prix pour les Azalées Nous pouvons citer encore un lot d’Amaryllis apparte- nant à M. Vignat, des Ericas et des Epacris, et diverses plantes en fleurs a MM. Van Acker et Deshayes de Vincennes. Nous n’avons plus qu’un mot à dire, c’est au sujet du concours ouvert pour les produits maraîchers. Un seul hor- ticulteur s’est présenté, M. Louis Hénaiit, auquel on a décerné une médaille d’argent. H semble qu’à Orléans comme à Paris les jardiniers-maraîchers se soucient peu d’exhiber les résultats de leur industrie. On dirait vraiment qu’ils sont honteux de n’être qu’utiles, comme si ce titre n’était pas la première de toutes les recommandations. La Société d’horticulture d’Orléans n’a pourtant rien négligé pour les attirer au concours; outre les encouragements multipliés qu’elle ne cesse de donner à la culture maraî- chère, elle a obtenu du conseil municipal une médaille de vermeil pour récompenser le zèle de ceux qui se seront fait remarquer par la beauté de leurs produits. Espérons que cette récompense tentera enOn quelques-uns de ces modestes horticulteurs, et qu’on verra figurer bon nombre de légumes et de fruits à l’exposition qui doit avoir lieu Pautomne prochain. Naudin. ■4 , 1^% # w iV. ' T,.--'' ■;«■* :, > :»♦ §^‘r. ;.•••' ■" Vthrn*P.' •và'^ i-'^. • ' ■ ■>■ r~'4 H ■ . ,--4' )*•.■■ ' # , .• .V!.>‘ , ■ ■ REVUE HORTICOLE. Victoria regia. — lï. (fig. 9). Nous coiuplétons Tarticle sur la Victoria regia, publié dans notre dernière livraison, par la descriptiou de cejU^ magnifique plante. ^ Sépales caducs. Pétales très nombreux, pluriscriés, plus longs que le calice, les internes graduellement plus étroits, acuminés, devenant plus fermes, passant à Fétat d’étamines (comme dans le Nijmphœa) et soudés avec celles-ci en im anneau élevé, formant la prolongation du lorus. Etamines unies à la base en plusieurs séries ; les parties libres, subulées, charnues, fermes, portant des loges anthé- raies allongées, placées en dessous de la pointe acuminée et adnées avec les filaments. Les plus internes soudées en un corps monadelphe et stérile. Ovaire turbine, profondément excavé au sommet et muni -d’un processus central conique. A l’entour de la cavité sont placées très régulièrement 27 a 50 loges, immergées dans une substance pulpeuse et en partie sous la cavité, dont les parois soutiennent des funicules réticulés portant 10-12 ovules; sur le bord de cette cavité, dans un cercle, en dedans desétamines,sontsitnésdenombreuxeltrèsgrandsstigmates. Baie turbinée, tronquée, à bords plans, réguliers en de * hors, avec un disque profondément creusé; une colonne centrale persistante. w Nous ne saurions établir les caractères comparatifs de la structure des graines avec celles des autres genres de la famille, mais les caractères distinctifs exprimés ci-dessus suffisent certainement pour prouver la justesse des vues du docteur Lindley en établissant le genre Victoria, « Description. Plante aquatique. Rhizome vivace , gros, tubéreux, pourvu de nombreuses fibres radicales filifor- mes, cylindriques, abondant dans toute leur longueur en cellules aériennes. Il ressemble au rhizome épaissi de quel- que Aspidium\ sa couleurextérieureestbrune, l’intérieure blanche ; mais, lorsqu’on le coupe, lasubstanceinlerne qu’il renferme passe au pourpre (Schomb. in litt.). w Tige nulle. Pétioles longs, cylindriques, radicaux, couverts de nom- breux aiguillons. Ils prennent , lorsque l’eau est basse , une direction diagonale et se redressent perpendiculaire- ment quand elle est haute, de sorte qu’ils sont entièrement submergés, ainsi que les feuilles, pendant les grandes crues. 5^ SÉRIE. Tome i. — 9. Mai 1 8^7. REVUE HORTICOLE. 162 Feuilles orcliiiairement flottantes, d’une grandeur prodi- gieuse, de V^55 a 2™, 16 de diamètre (4 mètres a 6”\55 de circonférence), d'abord ovales, avec une étroite échan- crure ou sinus a Fune des extrémités, plus tard presque exactement orbiculaires, peltées, planes, mais à bords re- levés de 0'”,5, 0“,^0 ou 0™,4 2 de hauteur; la face supé- rieure de cette vaste feuille, d’un vert foncé, est marquée de nombreuses réticulations formant des aréoles quadran- gulaires ; l’inférieure d’un pourpre foncé, quelquefois verte, selon D’Orbigny, est couverte d’une courte pubescence, spon- gieuse et munie de nombreuses veines aplaties latérale- ment, très proéminentes, rayonnant du point d’insertion pétiolaire et s’étendant jusque sur les bords relevés de la feuille, mais diminuant de volume et disparaissant dans l’extrême bord; ces veines communiquent entre elles par des veinules qui les coupent à angle droit; toutes sont hérissées d’aiguillons, de longueur variable, subulés, c’est-a- dire renflés à la base, aigus, cornés, semblables par leur forme aux aiguillons de Fortie {siing of a nettle). « Pédoncule ou scape radical plus long que le pétiole, et s’élevant au-dessus de la surface de Feau quand il est en fleur, cylindrique, muni d’aiguillons, uniflore, de volume variable, parfois de 0“,40 d’épaisseur dans une plante fraî- che. Fleur odorante, de dimensions gigantesques, en rapport avec celles de la feuille, bouton pyriforme, mesurant, quand il est épanoui, 0“',55 de diamètre, ce qui donne une cir- conférence de mais il est prouvé que dans leurs rivières natales on en a mesuré qui avaient 0®,45 de diamètre, soit t*”, 50 de circonférence. Le calice est pro- fondément quadrifide ; le tube en est turbiné, d’un brun fauve, très épineux (un peu moins vers la base), soudé avec l’ovaire ; les segments en sont amples, ovales, concaves, ca- ducs, un peu plus courts que les pétales et d’un brun pour- pré.  l’intérieur, l’orifice du tube calicinal (a la base ex- trême des segments) s’étend en un torus annulaire portanl les pétales et les étamines. Les pétales sont très nombreux; les extérieurs étalés, plus longs que le calice, oblongs, concaves, obtus, blancs; les intérieurs deviennent graduellement plus étroits, très acuminés et passent insensiblement à l’état de fi- laments, en se colorant fortement depourpreou de rose foncé. Étamines (fertiles) presque bisériées, larges, subulées, char- nues, gracieusement recourbées en dessous; les autres dres- sées; logesanthéralesdoubles, linéaires, introrses, occupant la REVUE HORTICOLE. lace lütenie du filament, eu dessous du sommet. Lùi dedans des étamines fertiles est un autre cercle annulaire, poi tanl nue double série de filaments avortés, qui, a leur partie ia férieure, forment voûte au-dessus des stigmates, et se le- dressent à la supérieure. « Ovaire entièrement soudé avec le tube du calice et né- cessairement turbiné comme lui, ayant au sommet une proionde cavité radiée, du centre de laquelle s’élève une courte colonne pyramidale ; on peut donc le dire hypocra- lérimorphe, avec une base épaisse, charnue, muni de cel- lules aériennes ou cavités, s’étendant jusque dans le pédon- cule. A la partie supérieure de ce corps, formant pour ainsi dire le bord de la coupe, sont placées en un cercle, avec la plus grande régularité, environ 26 a 50 cellules comprimées, dont les parois portent plusieurs ovules attachés 'a des funi- cules réticulés. Du bord interne de la cavité, précisément sous la couronne interne que forment les étamines stériles et articulées, pour ainsi dire a leur base (ou a la base du torusj, s’élève, en nombre égal à celui des loges de l’ovaire, un cercle de stigmates grands, charnus, ovés-acuminés, la- téralement comprimés et comme géniculés au milieu, c’est- à-dire que la partie inférieure en est dressée, et la supé- rieure courbée horizontalement sur la cavité au sommet de l’ovaire et parallèlement avec la base des étamines stériles. La surface dorsale de ces stigmates est légèrement canali- culée et stigmatique. »» Nous regrettons beaucoup de ne pouvoir rien dire du fruit d’après nos propres observations ; mais 'a en juger d’a- près la figure qu’en a donnée Sir R. Schomburgk (pl. 205), c’est une grosse baie cyathi forme, tronquée, chai nue, verte, munie d’aiguillons, à bords lisses, renfermant un grand nombre de semences ovales, d’un brun noirâtre. W. Hooker. Note sur le Pogostemon Patchouly. iVf . Pelletfer-Sautelet, conservateur du jardin botanique d’Orléans, nous adresse une.notice^ sur la plante qui fournil les feuilles odorantes, à la mode depuis quelques années, ètdont les dames font usage pour parfumer leurs vêteinenls. Celte plante, que l’on rapportait au genre Plectranlhus ou ColeuSy doit, suivant M. Pelletier, faire partie desPoÿo^- (t) Description et ligure du Patchouly, t. V des Mémoires de la Société des sciences ^ etc. 0/léaus. *04 KEVCE HORTICOLE. lemon. Les feuilles do l’arbuste qui a fleuri h Orléans ue diffèrent absolument en rien de celles du Patchouly du coininerce. M. Pelletier n’a aucun doute sur Fidenlité spé- < iGque des deux plantes. Il n’en est pas de meme du Pas- calia glauca qu’on trouve chez quelques horticulteurs sous le nom de Patchouly, et qui présenle des feuilles linéaires, lancéolées, glabres, tandis que celles du s évïlMe Patchouly du commerce sont largement ovales, presque veloutées et dentées en leurs bords. L’odeur résineuse du Pascalia suL tirait d’ailleurs, si on venait a les introduire dans la par- fumerie, fussent-elles broyées, pour empêcher de les con- fondre avec celles du vrai Patchouly que M. Pelletier rapporte au genre Pogostemon de la famille des La- biées. Cette dernière plante n’avait pas encore fleuri en Eu- rope, et de plus on ignorait si elle était nouvelle ou non, car elle n’était pas de ces espèces, comme il y en a beau- coup dans les serres, qui sont bien connues quoiqu’elles Ji’y fleurissent jamais. M. Vignat Parelle, dans les serres duquel le Patchouly a fleuri b Orléans, aura donc rendu service aux botanistes ei à l’horticulture en parvenant a bien diriger et a faire fleu- rir cette plante dans une serre a Ananas où il la plaça en pleine terre apres en avoir vainement attendu pendanllrois ans la floraison lorsqu’il la cultivait en pots^. En effet, quatre mois après son nouveau régime, elle se ramifia tel- lement qu’on fut obligé de la rabattre à diverses époques ; une nouvelle pousse, aussi vigoureuse que les précédentes, ne tarda pas, malgré ces opérations, à sortir de la base et» atteindre plus de 2 mètres d’élévation. Au mois d’octobre, l’abaissement de la température extérieure nécessita du feir dans la serre, et, a partir de cette époque jusqu’en février, la plante, qui paraissait avide d’eau, en reçut tous les deux jours environ un arrosoir, dont moitié à peu près par as- persion. Ce fut vers le 4 4 février qu’on eut la^ satisfaction de la voir fleurir et d’êlre récompensé des soins qu’on lui avait prodigués. Par son feuillage et même par son port, le Pogostemon Patchouly, surtout quand il est cultivé en pot, se rapproche tellement de plusieurs Volkameria de l’ïnde, (1) Le Patchouly, originaire de la presqu’île de Malacca, n’avair. point fleuri dans le jardin de Calcutta où le D** Wallich le cultivait depuis plusieurs années. (Noie on the Drug called Pucha Pat, Trans^ med, and phys. Soc, of Calcutta, vol. 8.) REVUE HORTICOLE. i que plusieurs personnes le considéraient comme une Ver- beuacée avant sa floraison. M. Pelletier, qui Pa suivi avec beaucoup de soin et au- quel on en doit une excellente description, a été conduit par l’analyse des fleurs à placer le Patchouly parmi les Pogostemon au lieu de le classer dans les Plectranlhus ou les ColeuSf et c’est en effet ce que démontrent ses longues étamines saillantes à filets couverts de poils violacés. Il lui assigne les caractères suivants : Pogostemon Patchouly Pell. P. pubescent; tige suffni* tescente, couchée a la base; feuilles pétiolées, ovales- aigues, cunéiformes à la base munie de grosses dents sur les bords ; épis terminaux ou axillaires, longuement pédoti- culés, interrompus à la base; cimes à fleurs serrées, plus longues que les bractées; bractéoles de moitié plus courtes que le calice, dont les dents se rapprochent a l’époque de la maturité des graines; corolle glabre, blanchâtre, a tube dépas- santle calice, à lèvre supérieure maculée; étamines saillantes, dressées, à filets couverts depoilsflexueux, articulés, violacés. Le Patchouly est fort en usage dans l’Inde sous le nom de Pucha PaÜ ; il y est apporté dans les bazars par les marchands arabes ou mogols. Les femmes se servent de l’huile essentielle qu’on retire des feuilles pour se parfumer les cheveux, et emploient, ainsi que les hommes, ces mêmes feuilles entières pour communiquer à leurs vêtements l’o- deur particulière que nous estimons a notre tour anjourd’buf . J. D. Note sur quelques Bégonias nouveaux ou peu connus. Le nombre des Bégonias cultivés aujourd’hui s’accroît tellement que je crois utile d’appeler l’attention des ama- teurs sur les espèces qui méritent le plus de fixer leur atten- tion. Il en est des Bégonias comme de beaucoup d’autres plantes ; au milieu d’une foule d’espèces nouvelles, on en rencontre peu qui appellent l’attention et qui mérileot, ailleurs que dans les collections botaniques, tous les qu’on leur prodigue a leur arrivée dans nos serres. Bégonia argyrocœlis^ tige droite; feuilles velues, assez semblables à celle de l’Ortie ; pétiole d’un beau rouge ; (1) Le premier pied de Patchouly qu’on ait vu en Europe a été i*ap- porté de Bourbe” ee Trrd::'. dccr!:.;:tcô de Taris en tS24 pav IVÎ. ?>leu- mann. M. le docteur Wallich l’envoya plus tard au même établisse- ment sous le nom de Pucha Pat, REVUE HORTICOLE. \ G6 fleurs serrées, d’une couleur rose tendre. Celte espèce se cultive en serre chaude ombragée, dans une terre mélangée d’un tiers de terre franche et de deux tiers de terre de bruyère. Introduite au Muséum depuis deux ans, elle n’a encore produit que des fleurs mâles. Bégonia erythrophylla^ tige charnue, rampante; feuil- les très épaisses, glabres, luisantes, longuement pétiolées, d’un vert foncé; hampes couvertes ça et la de poils longs, hautes de 0™,40 à 0*”,60, chargées de fleurs très nombreuses, disposées en panicules et rangées sur le côté des hampes de manière à constituer une sorte de cime scorpioïde de cou- leur rose. Le sujet dont il est ici question ne possède que des fleurs femelles. (Même culture que la précédente.) Bégonia Warscewitzii. Tige droite, de ^ mètre de haut, d’un beau port; feuilles régulièrement alternes, glabres en dessus, ciliées sur les bords, offrant en dessous quelques poils sur les nervures; pétiole long de 0’",I0, rougeâtre à la naissance du limbe, et garni de poils blancs, ainsi que les deux grandes stipules qui l’accompagnent ordinairement, et les écailles qui protègent la base des hampes florales; fleurs en panicules étalées, légèrement inclinées, d’un rose beaucoup plus foncé que celles des deux autres espèces. — C’est une des espèces les plus élégantes qu’on cultive au- jourd’hui. (Même culture.) Bégonia eriocaulon, tige droite, couverte de poils dans son jeune âge; les feuilles, parla villosité blanche qui couvre leursdeux surfaces, ont un aspect laineux, et sont munies, sur leur bord . de poils roses; les panicules sont dichotomes, lon- gues de 0™,^5 à 0™,20, couvertes de poils semblables en tout a ceux des feuilles; les pédicelles sont d’un beau rose; les deux sépales extérieurs présentent des poils d’un rose pourpre; la couleur générale des fleurs est d’un jaune paille. Cette espèce, moins élégante que les précédentes par la couleur de ses fleurs, est loin cependant d’être sans mé- rite; son port général est des plus remarquables; ses fleurs pourront concourir, 'a l’aide de la fécondation croisée, à la production de plusieurs de ces types particuliers qu’on trouve déjà dans les serres, et dont il a déjà été question dans la livraison du 15 mars de la Revue horticole. Nous aurons soin de tenir les lecteurs au courant de la floraison des nombreuses et nouvelles espèces de Bégonia qui se cultivent dans les serres du Muséum. Neumann,. IIE\ LE llOUTlCOLt. U7 Floraison d’un Agave aiiiericaiia. V Agave aniericana^ quoique assez couimuuémeiU cul- tivé dans nos orangeries, n’y fleurit cependant que très ra- rement, et cette circonstance a donné lieu à un conte ridi- cule : cette plante, dit-on, ne fleurit que tous les siècles, et l’épanouissement de ses fleurs est accompagné d’une déto- nation analogue à celle d’un coup de pistolet. Quoi qu’il eu soit, on lit, dans le deuxième bulletin du Cercle pratique d’horticulture de la Seine-Inférieure, ^846, qu’un pied de cette plante, cultivé en caisse, a fleuri en 4 846, au château de Vaudreuil, dans les serres de M. le duc de Praslin, di- rigées par M. Brémont. D’après le rapport de M. Savoureux, cette plante aurait été cultivée dans cette propriété depuis plus d’un siècle. La hampe ou tige florale commença à se développer vers la fin|de juin ; à la fin de juillet elle mesu- rait 2“, 50 de hauteur, et le 4 5 août suivant elle avait atteint 5 mètres ; c’est à cette époque qu’elle a commencé à se ramifier ; vers la fin de septembre, après qu’elle eut atteint 8*”„50, elle présentait 50 ramifications portant fleurs. Le 45 octobre, quelques-unes d’entre elles se sont épanouies sur les rameaux inférieurs. Après sa rentrée dans l’orangerie, le 4®*“ novembre, plus de 4,800 boutons se sont ouverts spontanément. On sait que V Agave meurt ordinairement après la flo- raison , et qu’on retire de ses feuilles une sorte de filasse connue sous le nom de fil d'aloès^ avec lequel on confec- tionne des sacs et divers objets de fantaisie. Un fait très remarquable et qui mérite d’être cité, c’est que cette plante, a laquelle on avait coupé la hampe, a donné à sa base plusieurs œilletons, parmi lesquels on eu remarquait un qui du centre produisait une petite hampe munie de deux fleurs épanouies, accompagnées de plusieurs boutons. Ce fait n’avait point encore été signalé sur les Agave americana dont on avait eu occasion en France de suivre la floraison. Pépijx. Culture du Magnolia grandiflora. On sait qu’Angers est, pour ainsi dire, la patriejdes itfa- gnolia grandiflora, et que dans cette partie de la France , au milieu des Camellias, des arbres a thé, des Araucarias REVUE HORTICOLE. 168 et d’une infinité d’aulres arbres exotiques a feuilles per- sistantes, M. André Leroy les cultive par hectares, soit pour former de superbes avenues , soit pour composer des massifs dans les parcs elles jardins anglais, soit enfin pour les placer isolément au milieu des pelouses. Ce pépiniériste, plus ami de la science que marchand, et désirant avant tout assurer la reprise de ces beaux arbres,, a fait imprimer, sur la manière de les planter, une note dé- taillée qui accompagne ordinairement ses envois; nous croyons utile, dans l’intérêt des horticulteurs, de repro- duire ici cette instruction. ^ « Le Magnolia ayant des racines charnues et qui, par conséquent, pourrissent facilement, ne peut être planté avec succès qu’au moment où la végétation devient activc.. « L’expérience a démontré que l’époque la plus favorable à cette opération était le mois d’avril pour les terrains secs et légers, elle mois de mai pour les sols humides et froids. « Ce bel arbre n’est pas trop exigeant sur la nature du terrain, pourvu toutefois qu’on ne le plante pas dans un sot luffeux ou calcaire très aride; dans ce cas il faudrait faire de grandes fosses, qu’on remplirait de bonne terre végétale prise dans une prairie ou dans des carrés a légumes d’un bon potager. Il réussit parfaitement bien dans les terres re- connues de bonne nature et profondes, où les arbres frui- tiers poussent vigoureusement. ** On le plante de deux manières : soit en massifs, soit isolé dans les parterres ou les gazons. Dans ce dernier cas, il faut faire une fosse carrée de deux mètres de largeur en- viron sur un mètre de profondeur , et si le sol est.de mau- vaise qualité, la remplir de bonne terre, comme il est dit précédemment. « Une précaution importante a prendre, et qui est géné- ralement trop négligée, c’est de planter peu profondémenl,^ surtout dans les terrains froids, parce que ces terres fraî- chement remuées devront nécessairement subir un affaisse- ment assez considérable. La motte ou le panier devra être presque a moitié sorti de la fosse, bien qii’entièrement cou- vert par un petit monticule de terre, pour que les racines ne soient pas exposées a l’air. Sans celte précaution, il se- rait a craindre que l’arbre vînt à périr pour être planté trop profondément. « Si l’on plante par groupe, il faut alors défoncer le mas- sif dans son entier, également a un mètre de profondeur, REVUE HORTICOLE. ^ et avoir soin, en plaçant Parbre, de rapporter de bon^ic terre bien préparée entre les racines et à l’entour. « Dans tous les cas, il faut toujours mettre un fort tuteiü pour empêcher le balancement occasionné par le vent, puis presser fortement avec le pied la terre qui enveloppe les racines. « Lorsque la terre sera dressée a la surface, il sera né- cessaire de mettre dessus une couche de grand fumier, qui maintiendra la fraîcheur et le'guéret au pied des arbres, ci donner ensuite un copieux arrosement, qu’il faudra répéter une fois par semaine pendant les grandes sécheresses de l’été. En renouvelant ces soins pendant les trois ou quatre années qui suivent la plantation , on obtiendra une bien plus belle végétation et une jouissance beaucoup plus prompte. « Dans les pépinières, les Magnoliers sont élevés en pots, en paniers ou en pleine terre. Dans ce dernier cas, si l’arbre est d’une force moyenne, il est mis et expédié en panier, afin de maintenir la terre aux racines; il est nécessaire, pour en assurer la reprise, de le planter avec son panier. « Ceux qui sont élevés en pots ne demandent d’autres soins que d’être mis en terre comme tous les arbustes à feuilles persistantes, avec la précaution de ne pas briser hi motte. Si c’est un Magnolia déjà fort, il a été élevé en pa- nier; mais il a fallu en mettre un nouveau pour emballer h racine. Celui-ci doit être coupé en lanières lorsque l’arbre est placé dans la fosse. On arrange ensuite la terre avec soin autour des racines. Ces Magnolia, élevés en panier, ont l’avantage de ne pas souffrir a la transplantation et de nr perdre presque aucune feuille. Il n’en est pas de même pom ceux qui n’ont pas reçu ces soins eu pépinière. « Ceux qui ont été élevés en pot se plantent avec la mésm- précaution que les autres arbustes à feuilles persislanles, en ayant soin de ne pas briser la motte en les plantant. « Le compost qui convient le mieux aux racines de Ma- gnolia est composé de quatre sixièmes de bonne terre fran- che, un sixième de sable fin, un sixième de fumier consommé a l’état de terreau. Le tout doit être bien mêlé. « On peut remplacer avec avantage ce compost par do bonne terre de bruyère* « On évitera avec soin de mettre du fumier peu con- sommé en contact avec les racines. » Baptiste Desportes, Horticulteur à Angers. RE^LE HORTICOLE. Note sur une nouvelle maladie des Poiriers. On a parlé a plusieurs reprises d’une maladie des Poi- l iers, 'a laquelle on a donné le nom de rouille tubercu- leuse. Un envoi de branches, de feuilles et de racines de Poiriers ailaqués de cette maladie, causée par une plante parasife nommée Æcidium cancellaium , nous a été adressé, en 18^4 et en octobre 4 845, par M. Libaud (Fran- rois) , honiculteur a Bourbon -Vendée , où cette maladie s’est répandue d’une manière très rapide sur les Poiriers et jiienaçait de les détruire. Jusqu’à cette dernière époque, les branches et les feuilles avaient seules été attaquées par cette cryptogame ; cette fois les racines elles-mêmes étaient ^.uavement atteintes; elles n’offraient aucune trace de cham- j)ignon, mais des protubérances ou exostoses causées par suite de l’altération des feuilles ou des branches. M. Thillaye d’Heudreville , propriétaire à Lisieux, avait observé, en 4 859, les premiers symptômes de cette maladie qui se développa avec plus d’intensité les années suivantes, dans les mois de mai et juin. Vers le mois d’août les arbres étaient languissants, et plusieurs moururent après avoir perdu un grand nombre de branches. Les agriculteurs des environs de Glutigny, à un kilomètre de Lisieux, où cette épidémie s’était déclarée, attribuèrent son développement à un petit massif d’arbres verts parmi lesquels se trouvaient quelques pieds de Sabine; on détrui- sit ces arbustes, mais la maladie n’en continua pas moins son cours et envahit en peu de temps tousles jardins voisins. Ce fut en 4 845 que M. Thillaye d’Heudreville me mon- tra à Paris plusieurs échantillons de branches et de feuilles de Poiriers qu’il avait apportés, afin de faire connaître la maladie qui attaquait ses arbres et de chercher les moyens de les en préserver. Je lui fis voir que la maladie était due à une espèce de champignon qui se fixait sur les branches et sur les feuilles, je l’engageai à nettoyer ses arbres, en enlevant les vieilles écorces, les lichens et autres corps étrangers, a passer ensuite à l’eau de chaux les troncs et les branches, à déchausser le pied, à y apporter de la terre neuve , riche en humus , a arroser avec de l’eau de fu- mier et à retrancher avec soin toutes les feuilles viciées ou attaquées parla rouille. Tous ces conseils furent mis à exé- cution au printemps suivant, mais auparavant M. Thillaye REVUE HORTICOLE. avail déjà donné des arrosenienis de jus de fumier à ses arbres malades , et avait remplacé par de la terre neuve rapportée à leur pied la terre usée qu’on pouvait supposer renfermer quelques germes de la maladie. Les années suivantes tous les arbres qui avaient reçu les soins que je viens de décrire végétèrent avec une telle vigueur et produisirent une sigrande quantité de fruits, qu’on fut obli- gé d’en supprimer la moitié afin de ne pas épuiser les sujets. M. Tbillaye a constaté que le premier arbre attaqué de la maladie était un Poirier en espalier, placé en face d’un petit arbre vert, nommé Sabinier, auquel le vul- gaire attribue les plus étranges vertus; mais quant à moi, m’écrivait-il, je ne crois pas qu’il ait causé la rouille tuberculeuse qui attaqua tous les Poiriers en espaliers , pleinvent et quenouilles du voisinage qui ne produisirent que peu ou pas de fruits cette année-la. Les engrais, les lessivages, la suppression des feuilles attaquées et les arro- sements faits au printemps, et sans doute aussi l’épuise- ment naturel de la maladie, ramenèrent ces arbres à leur état normal, car, grâce à ces soins, sur cent pieds de Poi- riers on put à peine, l’année suivante, signaler cent taches de rouille tuberculeuse ; c’est ainsi que dans plusieurs can- tons de la Normandie le puceron lanigère qui infestait les Pommiers a tout à coup disparu entièrement, sans qu’il soit possible d’expliquer sa disparition. En mars ^846, M. le président de la société d’agriculture de Falaise adressait à la société centrale d’agriculture de Pa- ris une note concernant les observations faites sur la ma- ladie du Poirier, qu’il attribuait également au voisinage de la Sabine. Je ne sais quelle confiance on doit accorder à l’influence de cet arbrisseau, car des expériences ont prouvé que les champignons parasites remarqués parfois sur la Sa- bine ou le Sabinier ne se propagent pas par contagion sur des plantes de familles aussi différentes. 11 y a des années qui sont favorables au développement des champignons sur telle ou telle plante , et d’autres qui leur sont contraires : ainsi on a planté, il y a quelques années, des pieds de Sa- bine près de Poiriers sans que ces derniers aient jamais été atteints de VÆcidium, alors même que la Sabine était couverte de champignons appartenant à des genres complè- tement distincts de VÆcidlum, qui jamais n’a été observé sur les Conifères. Pendant longtemps aussi on a attribué des effets pemi- H2 REVUE HORTICOLE. cieux au voisinage de TÉpine -Vinette sur les céréales et les blés en particulier; l’expérience a démontré depuis que c’était une erreur. PÉPIK . Sur la Poire Belle Angevine. M. Galle père , a Brionne , nous fait part d’une observa- tion relative a la Poire Belle Angevine^ dont le volume ex- traordinaire a déjà occupé l’attention des horticulteurs. M. Galle a obtenu, sur un de ses arbres, une Poire qui, par sa dimension, rivalise avec toutes celles que nous avons citées; ce fruit pèse 1^,500, mesure plus de 0“i,40 de circon- férence sur 0“,25 de hauteur ; il a fallu plus de deux litres d’eau-de-vie pour .le submerger dans le vase où le con- serve M. Gallet PÉPÏN. Observations sur les Hortensias bleus A M. le rédacteur de la Remc horticole. Monsieur, Puisque la Revue horticole vient de réveiller la quetsiion des Hortensias bleus , vous pouvez , si vous le jugez à pro- pos, publier le fait suivant : En visitant, il y a trois ans, le château de Grossouvrc (Gher) , je vis dans la cour, exposée sans ombrage, au refiel de trois façades de l’édifice, une grande plate-bande d’Bor- tensias, parmi lesquels on en voyait de toutes les nuances de rose et de toutes les nuances de bleu. J’en remarquai surtout un du plus beau bleu que j’eusse jamais vu depuis Naples jusqu’en Belgique et en Angleterre^ et qui aurait pu être placé âcôlé du Salvia païens, sans trop de désavantage, quoique sa couleur fût pourtant un peu moins intense. J’obtins la permission d’emporter deux rejets enracinés de ce meme pied , et assez de la terre prise au milieu et au- tour de ses racines pour en faire deux potées j)onr mes deux élèves. J’en apportai aussi une tête que je mis dans un vase d'eau sur terre , a l’ombre et sous une cloche où je pus jouir de la vue de ses belles fleurs , sans altération , pendant deux (1) Voir n* du t5 janvier 1847, page 18. (2) Voirn° du 15 mars 1847, p. 115. REVUE HORTICOLE. 175 mois. (Avis aux amateurs qui voudraient prolonger la joius*- sance de certaines fleurs.) Mes deux rejetons d'une touffe d’Iïortensia , du bleu le plus intense qu’on puisse voir, dont toutes les letes étaient bleues, apportés a Paris, plantés en meme terre que le pied mère, bien soignés et placés Pun au soleil et l’autre a l’om- bre, ont donné, l’année suivante et l’année d’après (1845 et 1846), des fleurs d’un rose peu coloré. Ce fait, ajouté à ceux déjà connus, n’éclaircira nullement la question , car j’avais déjà reçu de Belgique des rejetons d’Hortensias bleus plantés, m’assurait-on , dans de la terre où on n’en avait jamais vu que de bleus et qui n’ont donné, dans mon jardin à Paris, que des fleurs roses. J’ajouterai à ces observations que , dix fois au moins, j’ai apporté dans mon jardin des Hortensias bleus qui, l’année suivante, sam avoir été changés de terre^ ont donné des fleurs roses. Je dirai encore que presque toutes les fois que j’ai vu des Hortensias bleus, il y en avait toujours de roses et de bleus à côté les uns des autres dans la meme terre. On m’a donné en Belgique la recette d’une composition liquide qui avait fait obtenir des Hortensias bleus; je l’ai mise en usage avec le plus grand soin et n’ai pas réussi. De toutes les expériences qui ont été faites jusqu’à pré- sent, rien ne guide dans la question de savoir s’il faut s’a- dresser à la physique ou à la chimie pour la solution, puis- qu’on trouve les deux couleurs dans la même terre et à la même exposition. Je ne sais si l’on a déjà pensé à expliquer la différence des couleurs par une altération de la sève dans les tiges, par l’effet d’une anomalie quelconque; mais il me semble qu’il faudrait aller chercher la la véritable cause de celte diffé- rence, et on serait autorisé à cette recherche par le fait déjà publié, si je ne me trompe, de touffes d’Hortensias qui ont donné à la fois des fleurs roses et des fleiirs bleues. Le fer, assure-t-on de tous côtés, joue un grand rôle dans la formation de ces couleurs. La terre de Grossouvre est émi- nemment ferrugineuse, et on en lire du fer en grenaille près qu’à fleur de terre. Mais alors pourquoi la plate-bande de Grossouvre est-elle mêlée de fleurs roses et de fleurs bleues, puisque cette terre est tellement ferrugineuse que dans toutes ses parties il y a certainement du fer en plus ou moins grande quantité? Aüdot. REVUE ilORllCOLE. 174 Le Bon Jardinier^, almanach pour 1847, par MM. Poi- TEAU, Vilmorin, Decaisne, Neumann et Pépin. — 48e édi- lion. — I vol. in- 12 de 1,400 pages. Ln ouvrage horticole qui compte près de cent années d'existence est certainement un bon ouvrage. Dans le temps où nous vivons, on ne traverse pas impunément tant d’an- nées: la critique est l'a pour exercer ses droits et pour ren- verser tout édifice qui manquerait de solidité. Résister au temps, c’est l’œuvre de la raison et du mérite. Tel est le sort du livre intitulé le Bon Jardinier, que la Société royale et centrale d’agriculture m’a chargé d’exa- miner. Le Bon Jardinier date de 1754; il y a, en conséquence, quatre-vingt-treize ans qu’il existe : il compte quarante-huit éditions. Aucun ouvrage horticole n’a obtenu , jusqu’à ce jour, l’honneur d’un si grand nombre d’éditions. En Asie comme en Afrique, eu Europe comme en Amérique , par- tout on trouve le Bon Jardinier. Traduit dans toutes les langues, il est, en Allemagne, en Italie, en Angleterre, en Russie, le manuel des horticulteurs. Le Bon Jardinier est un de ces livres classiques qui restera toujours; le temps l’a jugé, le temps le protège. Les innovations de celte année me paraissent mériter plus spécialement vos suffrages. Les nouveaux éditeurs du Bon Jardinier savaient mieux que tout autre ce qui était bon à conserver, à ajouter ou à réformer dans le Bon Jardinier. Leur premier soin fut de s’entendre avec les collaborateurs anciens, de s’en adjoindre de nouveaux, et de ne viser , avec ces hommes de talent et de pratique , qu’au bien de l’horticulture. Contribuer, parla publication du Bon Jardinier, à la mettre à la portée de tous, ce fut leur seul but, leur seule ambition. Convaincus tout d’abord que la division de ce livre for- mant deux parties distinctes , l’une concernant le jardin utile , l’autre le jardin d’agrément , était commode , natu- relle et depuis longtemps adoptée , les nouveaux éditeurs ont admis et respecté cette division ; mais, sachant que le Bon Jardinier est le guide indispensable de tous les ama- teurs du jardinage, même les moins instruits, ils ont pensé (t) Ce rapport a été lu à la Société royale et centrale d’agriculture, qui en a approuvé les conclusions. REVUE HORTICOLE. ^75 que, pour en rendre Tusage plus facile et plus général, il fallait intervertir Toi dre des matières, et, au lieu de laisser les végétaux classés par familles, il était rationnel de les ran- ger, comme jadis, par ordre alphabétique. Ce changement n’est autre chose qu’une simple modiûca- tion typographique qui n’altère en rien les principes de la science ; c’est déplacer les matières sans les changer. Une pareille réforme a été provoquée par des réclama- tions réitérées d’un grand nombre de personnes, lesquelles, ii’étant pas au fait de la botanique, trouvaient l’usage de la méthode scientifique embarrassant et incommode. Cette concession; de la part des éditeurs, me paraît bien justi- fiée et d’accord avec le but populaire de l’ouvrage. Si les hommes de la science se plaignent de ce changement , je tes renverrai à d’autres parties de l’ouvrage; ils y rencon- treront non-seulement un tableau complet où les carac- tères des familles sont disposés avec les détails les plus mi- nutîèüx, mais ils verront encore une table où les noms des famitles sont rangés selon les méthodes les plus usitées : nul doirte qu’avec ce double secours ils ne se trouvent pleine- ment satisfaits : les descriptions des familles sont remar- quables par leur clarté et leur exactitude. Dïiie autre amélioration doit être signalée dans les prin- cipes généraux de botanique et de physiologie végétale : cette partie est rédigée par M. Decaisne , professeur sup- pléant de culture au Muséum, tl a senti qu’il était temps de démontrer aux jardiniers studieux les théories de la botanique, et de les initier aux grands secrets de la nature poui leur faire apprécier les attraits et les avantages de la science. Ce travail, exposé par M. Decaisne avec une clarté et une concision très remarquables, est a lui seul un traité complet d’anatomie, d’organographie et de physiologie vé- gétale. Tiennent ensuite les nouveautés mécaniques , les appa- reils et les instruments d’horticulture. Les amateurs de jar- dins seront charmés de connaître un modèle de châssis à vitraux mobiles inventés par M. Parmentier, destinés â rem- placer les châssis ordinaires des couches et des serres, et applicables aux embrasures des fenêtres d’appartements. Plus loin on trouve l’effeuilloir, dont le but est d’attein- dre et de détacher les feuilles mortes des plantes placées dans les serres hors la portée de la main ; ensuite une pince de treillageur perfectionnée et un sécateur à lame mobile : REVUE HORTICOLE. 176 ces instruments sortent de la fabrique de M. Arnbeiter, Les coffres sans fin de M. Hornet sont recommandables par le peu d’espace qu’ils occupent lorsqu’ils sont démontés. Les bordai es en fonte, exécnlées par M. Boa , offrent le double avantage de la solidité et de l’élégance. Enfin un appareil pour la reprise des greffes : ce sont de petits châssis sous lesquels on pose les plantes greffées en pots ; ils remplacent les cloches , donnent plus d’espace a la culture, mettent les plantes plus à l’abri de l’humidité, et le jardinier peut voir a travers les vitraux et surveiller avec facilité les végétaux soumis à la greffe. Après les instruments sont classés les nouveautés potagè- res, fourragères, les céréales et les fruits. Un article sur la culture des primeurs, signé L. V., peut être consulté par les cultivateurs de précocités; un second article du même auteur sur la Seradela, Ornithopus per pu- sillus^^ plante fourragère qui pourra peut-être, par la suite? devenir utile à la grande culture ; une note sur un mode particulier dç cultiver le Maïs, pratiqué parM. Brunet; une notice sur une variété de Riz , le Riso berîone, de notre honorable collègue M. Bonafous; une vérification du véri- table Pin de Corte, sont des notions pleines d’intérêt. ^ Vient maintenant la description de dix-neuf Poires nou- velles ou peu connues, toutes méritantes par leur saveur, leur durée et leur volume ; Deux Pêches nouvelles, l’une appelée Princesse Marie ^ l’autre Pucelle de Malines, toutes deux a chair fine , fon- dante, vineuse, sucrée et relevée ; Les Vignes chasselas, Queen Victoria et le Muscat de la mi-août; Les Prunes KerlCs plums ^ la prune dite Monsieur^ à chair jaune, Reine-Claude de Van Mons, Tous ces fruits , soit améliorés par Part , soit obtenus de semis, viennent accroître les richesses de nos jardins et at- tester les progrès récents de notre culture fruitière. Dans la sixième section figure la floriculture. Les plantes remarquables, nouvelles ou peu connues, qui ' (1) Dans le cours de culture que j’ai professé celle année au Muséum , j’ai eu occasion de relever déjà l’erreur de nomenclature qui se rapporte au Seradilla ou Seradela : la plante cultivée sous ce nom, et provenant de graines aullieuliques , est X OrnÏLhopus sati^ Brot. — O, roseus Düf., et non pas l’ O. perpusillus, comme on la dit, J. D. RKVIJE ÜOUTICOLE. i 77 ont fixé rattonüoQ des liorlicuUeurs en et mêrifé d’être figurées soit dans les journaux anglais, soit dans la Flore des serres , soit dans nos recueils les plus estimés, sont nombreuses; voici les plusimportantcs. De serre chau - de : Gardénia Slanleyana, Gloxinia Gesnerioides.Gloxi- nia caulescens , Ixora odorata , Methonica Leopoldii , Schuberliagraveolens, Siphocampylus coccineuSyPorphy- rocoma lanceolata; de serre tempérée et d’orangerie : Camellia prœnitens (non preninand) , Camellia princesse Baciocchi, Camellia de la reine, Jacksonia mollissima, Veronica Lindleyana, Abutilon venosum, Erythrina ver- sicolor, Fuchsia Napoleonis, Abrotamnus elegans,Abro- tamnus corymbosus, Rhododendrum carneum elegantissi- mum, etc.; de pleine terre \Funkia grandiflora,Glaàiolus gandavensis, Martynia fragrans, Pœonia Wittmanniana, Rhododendrum fastuosum fl, pL, Spirœa Douglasii^ Sy- ringa Emodi, etc. Il n’est pas sans importance de faire connaître que les collaborateurs du Bon Jardinier sont MM. Poiteau, Vil- morin père et fils, Decaisne, Neumann et Pépin. A toutes ces améliorations j’en ajoute une dernière que vous apprécierez : cette année , plus que par le passé, on a vu disparaître de Tédition certaines fautes typographiques ou hérésies de culture qu’on réimprimait tous les ans. Avant de terminer ce rapport, permettez-moi de soumet- tre a la Société centrale un avis dont l’exécution me paraît être dans l’intérêt des éditeurs et du public. Le Bon /ardmicr augmente , tous les ans , de matières et de volume : sa forme actuelle devient de plus en plus incommode. Ses dimensions ne sont plus d’accord avec les proportions élégantes des livres modernes; il faut ou le restreindre , ou lui donner une autre forme. Je pense que si les éditeurs voulaient lui donner la forme d’un in-8o et augmenter le prix d’un huitième, ils rendraient service aux horticulteurs, et le débit de l’ouvrage ne pour- rait que s’accroître. Si les éditeurs tiennent a conserver l’ancienne forme , je les engagerai alors a réduire certaines descriptions trop dif- fuses, a en réformer d’autres répétées, et à en supprimer beaucoup qui regardent des plantes qui ne sont plus à la mode, ou qui n’ont qu’un intérêt bolanique; se bor- ner à nommer ces plantes, ce serait gagner beaucoup d’espace. , REVUE HORTICOLE. Voila ce que j’avais a dire sur la dernière édition du Bo7ï Jardinier. Le mérite universellement reconnu de ce livre, et les nom- breuses modifications récemment introduites par les nou- veaux éditeurs, me paraissent avantageux et importants. J’ai, en conséquence, l’honneur de proposer a la Société centrale d’agriculture de féliciter les éditeurs des soins et de.s réformes utiles qu’ils ont apportés dans l’édition du Bon Jardinier de cette année, de les encourager à continuer de même pour soutenir l’ancienne réputation de ce livre, et enfin de les assurer qu’en agissant ainsi ils obtiendront tou- jours votre approbation et votre patronage. L’abbé Berlèse. Champignon phénoménal. Voici une découverte qui va faire bondir de joie les partisans des cryptogames dans la maladie des pommes de terre. C’est un savant de Berlin qui l’a faite, sans avoir be- soin de loupe ou de microscope, ni peut-être même de lu- nettes, tant le cryptogame était apparent. Au commencement de septembre J 846, on lui apporta des pommes de terre malades de la variété connue a Berlin sous le nom de 'printanières bleues ; il les coupa par le milieu, et voici ce qu’il aperçut : 1° au centre un noyau blanc et brillant formé d’uue matière spongieuse et humide ; 2® une membrane blanché adhérente extérieurement à un corps compacte d’un vert obscur dans lequel pénétraient des fibres issues de la membrane blanche ; 5° une autre mem- brane qui formait la limite du corps verdâtre et qui n’était plus séparée de la peau violette de la pomme de terre que par une couche de substance gélatineuse et incolore. Il s’échappait de tout cela une odeur particulière peu agréable qu’il attribua tout naturellement aux ravages delà mala- die. Ces pommes de terre furent mises avec deux autres qu’on n’avait point ouvertes dans un grenier où elles restèrent jusqu’au lendemain. Pendant la nuit le crypto- game ne perdit point de temps ; il avait hâte sans doute d’échapper au fer du docteur, car quelle ne fut point la stupeur de ce dernier lorsque le matin, venant rendre visite â ses pommes de terre, il aperçut le cryptogame déjà long de 0”^,I7 et se dressant fièrement sur une de celles qui îravaient point été coupées ! Or, qu’était-ce que ce crypto-» REVUE HORTICOLE. no game? rien moins qu’un superbe Phallus dont le chapeau était parfaitement conformé. Les membranes aperçues la veille par le docteur n’étaient autre chose que le champi- gnon enveloppé de sa volva. Plusieurs autres tubercules présentèrent le même phénomène. Ajoutons, pour com- pléter l’histoire, qu’elle est datée de Sans^Souci^, (Gardener's chronicle.) Culture de VAU et de VEchaloite aux environs de Paris. L’Ail et l’Echalotte demandent la même culture; on les plante avec le poing, c’est a-dire qu’en tenant les plants entre le pouce, l’index et le doigt du milieu, on enfonce le poing en terre, puis écartant un peu le pouce et les doigts, on abandonne la plante dans le trou que le poing a fait. On voit donc qu’il convient que la terre ne soit pas hâlée et ait conservé une certaine fraîcheur, car sans cda le haie ou la sécheresse vous écorche les doigts et on ne peut pas procéder longtemps à ce travail. D’un autre côté il ne faut pas non plus qu’il survienne une pluie, car l’eau fait revenir la plante dans les doigts, parce qu’elle est humide et n’est plus soulevée par la terre labourée. Pour planter l’Ail et i’Echalotte on trace dans une terre meuble et légèrement humide des planches de 0™,7-5 de largeur et des sentiers de 0“,50 à 0*“,40, ce qui fait en tout à ^“,15 de largeur. La plantation opérée, ou donne un coup de râteau par-dessus pour reboucher les trous que le poing aura faits, et par ce moyen on évite les déprédations des corbeaux qui viennent souvent avec leur bec enlever dans les trous les gousses qui ont été plantées. Le râtelage d’ailleurs a un autre avantage encore, c’est que, pour serfouir ou biner, il est plus aisé d’extirper les mauvaises herbes lorsque les trous sont bouchés; car celles qui pousseraient dans les trous seraient plus difficiles à enlever que celles qui, se trouvant au niveau du sol, sont détruites par l’instrument serfouisseur. Le râtelage s’exécute aussitôt après la plantation; plus tard on serfouit ou bine, et l’on répète ces façons toutes les fois que cela paraît nécessaire, en ayant soin de ne jamais laisser croître les mauvaises herbes. Vers la fin de juin ou au commencement de juillet, on plante dans les planches d’Ail et d’Echalotte des choux dits (1) château de plaisance des rois de Prusse, bâti par Fi’édéric IL REVUE HORTICOLE. { 0 petits Milnn a une distance de 0“‘,52 'a 0'^\57, suivant celte à laquelle on aura planté les Aulx, ce qui fait deux rangs de choux par planche, puis on relève son Ail et son fichalotte à la fin de juillet, et on les emporte à la maison pour les faire sécher, en ayant bien soin de les visiter sou- vent pour que les fanes ne pourrissent pas. Quand les têtes sont bien sèches, on les met en bottes et on les rentre au grenier. Lorsque le thermomètre descend au-dessous de 6 degrés, il faut avoir soin de les couvrir de paille, car sans cette précaution on serait exposé à les perdre. En novembre on trie sa semence, et pour cela on choisit ies plus belles têtes et celles qui paraissent renfermer les plus belles gousses, et on ne les écale qu’au moment de planter, parce qu’elles sèchent vite lorsqu’elles sont écalées. Telle est, dans notre commune de Montreuil, la manière îa plus usitée de planter l’Ail et l’Echalotte; mais plusieurs cultivateurs ont adopté une nouvelle manière qui revient au même au fond, mais qui, -selon moi, est mieux com- binée. Je citerai en particulier à cet égard M. Jean-Denis Vassous, cultivateur soigneux et expérimenté, qui opère ses plantations de la manière bien simple que voici. Il plante sans tracé, et en prenant toujours devant lui trois rangs larges d’environ 0"*,50; tous les trois rangs il laisse un sentier de 0™,20 de large qui lui sert ensuite à planter les choux. De cette manière il n’altère pas les plantations, et son exemple a déjà été suivi par beaucoup de cultiva- teurs. On peut aussi semer des fèves de marais dans les sentiers à 0™,20 ou 0™,50 de distance. Denis Graindorge *. Exposition d horticulture à Tournai, La société royale d’agriculture et d’horticulture de Tour- nai a fait sa 57* exposition publique en mars. 7.59 plantes y figuraient. Cette exposition était toute spéciale pour les plantes en fleurs; un premier prix a été accordé pour la plante en fleurs la plus nouvellement introduite, à M. Van lîoutte de Gand, pour son Spirœa prunifolia flore pleno. Une nouvelle exposition de fleurs et de fruits aura lieu a Thôtel de ville de Tournai, les J2, J 5 et J 4 septembre pro- chain, premiers jours de la fêtç communale. Il y aura aussi un grand concours et des prix pour les Dahlias exposés par les sociétaires et les horticulteurs étrangers. ( I ) V agriculteur praticien . •l'Mety ■:"T ' -1^*. ... ..,;^ -, .4--.,-~--r...<-' , .,-■ ■ ... ^ ^ ”T» *• ; "'Wb^ ■ l Co ns A . Seutellciî'Lo iricamata B ^ Se Venlenalu . REVUE HORTICOLE. ^8! Scutellaria incarnataVentenatii et Cordi folia (üj;. \0), j Cette première espèce, originaire de la Nouvelle-Gre- nade, est une plante herbacée dont la tige dressée, grêle, se divise en rameaux opposés, garnis de feuilles minces, mol- les, courtement pétiolées, de forme ovale ou en fer de lance, terminées par une petite pointe aiguë, marquées de nervures parallèles, a bords grossièrement dentelés, de cou- leur pâle, et pubescentes sur la face inférieure. Les fleurs, insérées a Faisselle de petites bractées linéaires-lancéolées, de la longueur des pédicelles, forment au sommet des ra- meaux de belles et élégantes grappes. Le calice est à 2 lè- vres, la supérieure est munie dhin large appendice con- cave, plus long que le calice. La corolle, d’un beau rose pourpré et glabre, présente un long tube étroit légèrement arqué à la base, plus large vers le limbe qui se partage en 2 lèvres, dont la supérieure concave, à 5 lobes, forme une sorte de voûte dans laquelle se trouvent les 4 étamines di- dynames et un style terminé par le stigmate bifide. Le S. Venienatii Bot. mag., que Ventenat, auquel il est dédié, avait confondu avec le S. incarnata, est une es- pèce herbacée, dressée, couverte d’une fine pubescence et de quelques poils glanduleux. La tige se divise le plus sou- vent en rameaux â peu près arrondis, garnis de feuilles mu- nies d’un long pétiole, assez épaisses, d’un vert foncé, de forme ovale, mais écliancrées en cœur a la base, presque obtuses, bordées de grosses dents dirigées vers le sommet et pourvues de nervures pennées, un peu réticulées. Les fleurs, d’un rouge écarlate, sont solitaires a Faisselle de pe- tites bractées opposées, étroites, très caduques, et forment des grappes distiques, assez longues et d’un bel effet. Le ca- lice, très petit, est muni d’un appendice comme dans l’es- pèce précédente. La corolle glabre présente un tube très long, s’élargissant graduellement vers le limbe, partagé en 2 lèvres; la lèvre supérieure est concave et à 4 lobes, l’in- férieure plane, ovale et entière. Les étamines sont appli- quées et abritées sous la voûte que forme la lèvre supé- rieure. Le 5. cordi folia Benth. ou S, splendens Klotzsh., fi- guré dans le Bot. mag., n^ 4290, ressemble beaucoup à la S. Venienatii par la couleur écarlate de ses fleurs, mais leur disposition presque verticillée et la pubescence qui les 5® SÉRIE. Tome i. — ^ 0. ^ 5 Mai 1 847. REVUE HORTICOLE. 182 couvre le dislingnent facilement : ses feuilles sontniinces et molles, en forme de cœur arrondi, inégalement dentées, pubescentes-glanduleuses et parcourues de grosses nervu- res réticulées et rugueuses. Cette plante, originaire du Mexique, où elle fleurit de septembre a octobre, mérite, a plusieurs égards, de fixer l’attention des horticulteurs. Herincq. Note sur les Tropæolum. L’année dernière, on a reçu à Paris, sous le nom de Tro- pœolum tricolorum , une quantité très considérable de tu- bercules provenant du Chili; la plupart d’entre eux ont fleuri au mois de mars de cette année; mais ces prétendues capucines tricolores se sont trouvées tout simplement être le Trop, brachyceras, dont les fleurs jaunes sont loin de valoir celles du T. tricolorum. Comme un grand nombre d’horticulteurs ont livré de ces tubercules au commerce avant d’en voir les fleurs, on ne pourra leur en faire de re- proches ; car ils ont été eux-mêmes les victimes de cette er- reur. Quelques-uns d’entre eux ont cependant rencontré, au milieu de ces tubercules, quelques pieds du T, Jaratli. Ce sont les plus heureux ; car cette espèce est, a mon avis, aussi belle que le T. tricolorum. Puisque je me trouve conduit a parler des Capucines, je vais exposer aux lecteurs de la Revue la manière de les mul- tiplier : on la doit a M. Baumann, horticulteur b Gand, qui vient d’en envoyer sept espèces au Muséum, parmi lesquelles se trouvent, \ ^\qT. aaureum couvert de fleurs; cette plante est greffée sur un bulbe de T. tricolorum; 2° un autre pied sur le T. majus, greffé et bouturé en même temps; 5° un J. azureum et un Pentaphyllum greffés sur un tubercule de T. tuberosum; l’espèce connue sous le nom de T. ledule,^ greffée sur le T. tuberosum et bouturée en même temps ; 5® une variété du T. tricolorum greffée sur le J. ma- jus; 6® une espèce dont M. Baumann ne connaît pas le nom greffée sur le T. majus; 7° un T. tricolorum, variété gref- fée sur le T. majus; et enfin deux autres espèces greffees, le tricolorum et le brachycenas^ sur le T. tuberosum. Ces espèces, récemment greffées, ne sont cependant pas toutes en aussi bon état que le T. azureum (Rixea azurea). V\- gnore ce que deviendront toutes ces plantes à la fin de l’an- née, et si les greffes se réunissent aux tubercules, comme REVUE llOUTICOLE. '18^ dans les Pivoines arborescentes, sur tubercules de P. lier- bacées. L’opération de greffer ces tiges, dont le volume égale à peine un cheveu, mérite les éloges de tous les horticul- teurs. Cette greffe se pratique en enlaillant le tubercule et en posant la greffe un peu de biais, afin qu’elle ne tombe pas; car il n’y a moyen de mettre ni laine ni ligatures. Quant aux espèces greffées sur le T. majus, M. Baumann emploie du fil pour maintenir la greffe. Les horticulteurs belges lui ont rendu justice, en publiant ces faits dans les Annales de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand, année ^846. Je reproduis ici une partie de cette note relative au pro- cédé de M. Baumann, mais dans laquelle il n’est question que du T, azureum^ qui aujourd’hui porte le nom de Rixea cœrulea. S’il est un fait qui cette année a mérité et obtenu l’attention ainsi que les suffrages de tous ceux qui s’inté- ressent à la culture des fleurs, c’est assurément celle de la fameuse Capucine bleue. Peu de plantes offrent une élé- gance et une délicatesse de structure analogue à celle du Rixea\ rien n’est plus gracieux que ses rameaux en festons, ses feuilles en étoiles et ses fleurs bleu-clair et blanches. Une jeune plante de Capucine bleue^ de force à fleurir, coûtait encore, il y a quelques années, 40 fr.; beaucoup d’horticulteurs, tout en convenant du très grand mérite de la Capucine d'azur^ ne la cultivaient pas a cause des dif- ficultés de sa culture. Cependant un jeune jardinier alsacien établi récemment a Gand, M. J. Baumann, résolut de tenter des procédés particuliers pour rendre promptement et sû- rement l’acquisition du Rixea azurea accessible aux moin- dres fortunes, et de plus cet horticulteur a complètement réussi dans cette entreprise. Pour notre part nous avons vu les expériences de M. Baumann, et nous n’hésitons pas à déclarer qu’à nos yeux jamais médaille d’or, pour une cul- ture neuve et intéresante, n’aura été mieux accordée. Les premiers horticulteurs d’Angleterre, de Belgique, de France, et même d’Allemagne, avaient unanimement assuré que la culture du Rixea azurea était difficile et que la plante était rebelle à toute multiplication par bouture. Or, comme la plante ne donne qu’assez diffi- cilement des graines, il s’ensuivait qu’elle était toujours fort rare. M. J. Baumann vit pourtant celte plante annon-- KEVüE IIOTITICOLE. •184 (,'ée clans le catalogue de M. Al. Yerscliaffelt comme venant de bouture ; ce fut pour lui un trait de lumière, et il ar- riva bientôt au point de reproduire des milliers d’exem- plaires de cette plante; en quelques mois des individus de 0*",55 de haut ne se vendaient plus que 5 francs, au lieu de 40 francs. Pour arriver a ces résultats, voici ce que fit et ce que fait encore M. Baiiniann. On sait que le Èixea azurea a des liges grêles comme des crins, des pétioles légers comme des cheveux et des feuilles qui varient depuis 0,01 jus- qu’à 0,05 de diamètre. On a donc a agir sur des filaments si déliés que la main de l’homme peut a peine les saisir. M. Baumann connaît ces difficultés ; il a une grosse loupe comme celle dont se servent les horlogers, et, avec son gref- foir, il tranche net, de deux feuilles en deux feuilles, ces ra- meaux de l’épaisseur d’un cheveu; ses doigts les saisissent avec délicatesse, car une peau rude aurait bientôt réduit en un liquide vert ces petits individus a venir; il les plante dans des petits pots de 0™,04 de diamètre, 0“,04 de hauteur et 0"\02 4/2 de fond. Il en met jusqu’à 4 2 dans un pot rempli d’une terre passée au fin tamis; il répand un peu de sable à la surface de la terre, et place ces petits vases dans des espèces de bâches de 0*",50 de largeur sur autant de longueur, remplies de sable, dans lesquelles se trouvent alignés 64 de ces petits pots, de la valeur de 60 fr. chaque : les bâches renferment ainsi pour 5,840 fr. de plantes. Ces mêmes bâches sont exposées dans une serre basse près du jour, sur une tablette recouverte de sable, qu’il a soin d’entretenir humide; il recouvre ces jeunes plantes d’un verre ; à mesure qu’il y en a une d’enracinée, il la retire, afin qu’elle ne moisisse pas. On conçoit qu’il ne faut même pas arroser avec un arrosoir d’enfant : le sable qu’on entretient humide produit un brouillard qui humecte suffisamment la terre. Lorsque M. Baumann sépare ces plantes, il prend des pots de 0”™,09 de diamètre ; il fait sauter leur fond parce qu’il a remarqué que le tubercule grossit surtout pendant que le chevelu s’al- longe inférieurement. Chaque sujet est donc planté au milieu du pot , et ce pot placé dans un autre plus grand, de manière qu’ils sont éloignés à peu près de O’’*, 02 l’un de l’autre et d’une manière égale dans tout le pourtour. Le chevelu du pot intérieur pénètre dans le pot extérieur, qui est aussi rempli de bonne terre légère; REVUE HORTICOLE. '185 CO dernier est moins haut que le premier de 0’’^,04 a on peut mettre de la sorte trois et quatre pots les uns dans les autres, selon la force qu’on veut donnera la plante. Je ferai remarquer, à l’égard du passage que je viens de citer, que les tiges ne sont pas vivaces et que les Rixea, comme les autres plantes de la même famille, ont un temps de repos. Dès lors on pourrait, ce me semble, choisir ce moment pour renouveler la terre et n’avoir tou- jours de réunis que deux pots au lieu de trois ou quatre; caria première terre, totalement usée, ne sert qu’à soutenir la plante. Je suis persuadé que toutes les jeunes racines pé- rissent en même temps que les tiges. Je ne vois donc aucun inconvénient à cultiver cette plante dans deux ou trois pots au plus. En reproduisant l’article de M. Morren, j’ai l’es- pérance de voir un jour la méthode de M. Baumann s’é- tendre à d’autres végétaux aussi délicats que le TJ. azurea Neumann. Sur la panachure des fleurs du Camellia. La panachure est un accident provenant ou de maladie ou de faiblesse. Cet état d’altération se déclare avec plus ou moins d’intensité, selon les circonstances, c’est-a-dire selon la température, la puissance des engrais, la nature du sol, les localités, l’air, l’eau, et une foule de causes inconnues qui affectent la plante et lui font subir des modifications qui ne sont pas naturelles. Si ces accidents sont l’effet d’une cause sérieuse et permanente, les résultats sont plus appa- rents et quelquefois graves; si les circonstances sont légères et de peu de durée, les effets sont passagers. Nous voyons tous les jours des arbrisseaux se panacher dans leurs feuil- les à cause de l’épuisement de la terre dans laquelle ils se trouvent, et revenir a leur état primitif aussitôt qu’on leur donne une terre substantielle. L’influence de ces circonstances explique aussi la pana- cliure dans les fleurs du Camellia. Tout Camellia qui ne donne pas de fleurs a l’époque ordinaire et qui fleurit dans une autre saison soit avancée, soit retardée, est déterminé par une cause extérieure plus ou moins active, plus ou moins connue, plus ou moins salutaire. Si la floraison arrive plus tôt, c’est que le Camellia a été sous l’influence d’une chaleur artificielle, ou qu’il a éprouvé les bienfaits d’une nourriture très soignée, ou par REVUE HORTICOLE. ^86 quelque autre motif inconnu qui n’a altéré en l ien, il est vrai, sa végétation arborescente, mais qui, ayant déterminé sa sève a agir avec plus de violence et malgré elle sur son système organique et sans le secours d’une lumière suffi- sante, a développé la fleur précocement et avant qu’elle ait eu le temps de perfectionner ses couleurs. L’expérience peut prouver ce fait facilement. Ouvrez un bouton de Camellia variegata parvenu aux deux tiers de sa maturité; les pétales qu’il contient sont alors verdâtres; quelques jours plus tard ils sont jaunâtres, puis ils passent du jaunâtre au blanc et du blanc au rouge. Si ce changement s’opère par degrés, avec le temps, peu à peu et selon l’ordre de la nature, alors il y a perfection dans la fleuret dans ses couleurs. Si ce temps est hâté par la chaleur ou par quelque autre cause produisant les mê- mes effets que la chaleur et dans la saison d’hiver, il y a développement précoce et imparfait; il y a alors plus ou moins d’intensité dans les couleurs, plus ou moins de régularité dans la forme selon l’espace de temps qui manque a la plante pour compléter sa maturité naturelle. Cela est si vrai que plus les fleurs dont nous parlons sont précoces, plus elles sont panachées de blanc; plus elles se développent â un moment rapproché du printemps, plus elles sont d’un rouge uni. L’application de ces principes doit expliquer les effets qu’on remarque dans la floraison de cette année. La chaleur excessive de l’été dernier ayant exercé une action prolongée sur la plante du Camellia, elle a aussi contribué à grossir outre mesure les boulons, et en conséquence à modifier leur construction intérieure : de l'a il devait résulter altéra- tion dans les formes et augmentation de volume dans les fleurs. Quant aux couleurs, le développement s’étant opéré plus promptement que de coutume 'a cause de la température élevée de l’été, et la lumière nécessaire à la plante pour se perfectionner lui ayant manqué â cause de l’hiver qui a été sombre et long, il devait aussi résulter de là une altération dans les couleurs et un accroissement d’accidents; eu effet Je blanc n’étant pas encore totalement transformé en rouge, la panachure a été plus éclatante. Nous avons vu ces effets plusieurs années et nous avons toujours conclu que la panachure qui se rencontre en hiver dans certaines fleurs de Camellia est due 'a l’altération ac- RE\ LE [lOr.llCOLK. oideutelle ou artificielle de la sève, laquelle altération ne produit pas une maladie proprement dite, mais une inter- version de Tordre de la floraison dont les résultats sont : défaut de construction dans les boutons, imperfection des couleurs dans les pétales, irrégularité dans les formes et augmentation ou diminution de volume dans la corolle, selon les circonstances. L’abbé Berlèse, de la Société royale d’horticulture. Culture des arbres fruitiers. — VI ^ Fruits à pépins. Les arbres qui composent cette section font partie, comme les précédents, de la famille des Rosacées ; ils en forment, avec quelques autres végétaux également ligneux, mais k fruits non comestibles, une tribu considérable a laquelle les botanistes ont imposé le nom de Pomacèes. Les éta- mines en nombre indéterminé accompagnent plusieurs styles; Tovaire est adhérent au calice, lequel est persistant, et couronne le fruit d’un ombilic qui a reçu la dénomination d'œil. Ces arbres, originaires des climats tempérés de T Europe, sont d'un grand intérêt pour la France. Si leurs fruits sont d’un aspect moins séduisant que quelques-uns de ceux qui appartiennent à la section précédente, ils ne sont pas moins agréables au goût que les plus savoureux de ceux-ci, et la nature a donné a la plupart d’entre eux un immense avantage sur les fruits à noyaux (les amandes exceptées), celui d’une longue conservation. D’un autre côté, moins sensibles aux rigueurs de nos climats que ceux qui nous ont été fournis par des contrées plus chaudes, ces arbres rustiques sont doués d’une végétation vigoureuse qui assure leur longévité et leur fécondité. Cinq genres de cette tribu nous offrent des fruits comes- tibles : ce sont les genres Poirier, Coiginassier, Pommier, Néflier et Sorbier. Poirier. — Pyrus, Nommer le Poirier, c’est appeler l’attention sur le plus intéressant des arbres fruitiers, celui qui ne laisse en aucun temps nos desserts sans fruits, celui dont les innom- (I) Voir pages 51, 77, 88, 101 et 126. REVUE HORTICOLE. 188 brables variétés offrent les formes, les parfums, les saveurs les plus divers, celui qui sert d’alimentation saine ans enfants du pauvre, et leur fait accepter, sans autres mets plus friands ou plus substantiels, le petit morceau de pain noir qui leur est dévolu ; celui enfin qui, dans ses années de fertilité, offre une nourriture rafraîchissante et salutaire aux bestiaux. Le Poirier sauvage, Pyrus communis^ qui croît abondamment dans les bois montagneux de l’Eu- rope centrale, est de tous les arbres connus celui qui a produit le plus grand nombre de variétés. A l’époque oit Duhamel écrivait, il y a près de cent ans, on en connaissait déjà plus de 150 ; aujourd’hui, il me serait fort difflcile d’en préciser le nombre ; mais il ne s’élève pas à moins de 5 ou 600. Van Mons est celui qui, dans ce siècle, a décou- vert et répandu le plus grand nombre de variétés nou- velles. De nos jours, le major Espérin marche sur ses traces, et les gains recommandables qu’il a obtenus nous permettent d’espérer de nouvelles améliorations de ce fruit si précieux. Duhamel a avancé, comme un fait à peu près certain, qu’on pouvait distinguer deux races dans les variétés du Poirier cultivé : l’une provenant du Poirier sauvage, l’autre d’un croisement de celui-ci avec le Coignassier. Il pense même que cet arbre a pu s’hybrider avec différentes espèces de Néfliers, de Sorbiers, d’Azeroliers. Certes, ce n’est pas moi qui nierai la puissance de l’hybridation. Ses effets sont, de nos jours, si bien constatés pour tout le monde, si patents pour les moins clairvoyants, que leur négation est aussi impossible que celle de la lumière. Toutefois le fait posé par Duhamel est-il bien constant ? 11 y a certes de la témérité à combattre l’opinion d’un observateur aussi habile, aussi consciencieux ; mais les meilleurs esprits peuvent corn- mettre une erreur, et toute erreur doit être combattue, .l’ai observé bien des Poiriers, et je n’ai rencontré dans aucune variété, je ne dirai pas un seul des caractères du Coignassier, mais le moindre trait de la physionomie de cet arbre. Aucun Poirier ne m’a présenté ni les feuilles molles, ni la teinte de l’écorce , ni les fleurs solitaires, jii rien dans le fruit qui rappelle le parfum, la saveur et le duvet du coing. Je dirai plus, je ne crois pas l’alliance possible entre ces deux arbres éloignés par des différences caractéristiques si nombreuses, que, bien que Linné et Lamark les aient placés dans le même genre, plusieurs bota- REVUE HORTICOLE. ^S0 iiistes ont cru devoir les séparer, et je pense que c’est avec raison. Je n’insisleraipassur ces observations qui m’éloigneraient de mon sujet. Quelles que soient les causes qui nous ont dotés de toutes ces délicieuses variétés, conservons-les pré- cieusement, cultivons-les avec soin, et tâchons d’en obtenir de meilleures encore en leur faisant contracter des alliances entre elles, et non avec des étrangers. J’ai dit que 500 'a 600 variétés de Poires sont actuellement connues , j’aurais dû dire indiquées, car un très grand nombre d’entre elles n’ont pu être appréciées jusqu’à ce jour que par les producteurs et quelques personnes qui sont a même de se procurer les nouveautés sitôt qu’elles japparais- sent. D’un autre côté, parmi celles qui ont subi l’épreuve d’une culture plus générale, une grande partie ne présente que des fruits médiocres on insignifiants. Sur les variétés complètement jugées jusqu’à ce jour, nous n’en trouverons guère plus d’une centaine qui se recommandent par quelque qualité précieuse. Ce nombre est déjà bien considérable sans doute, il est probable qu’il s’accroîtra encore chaque année. J’indiquerai le plus rapidement possible les Poires de chaque saison qui méritent la préférence. Je les présen- terai suivant l’ordre de leur maturité. Poires d’été. AmiréJoannet, Petit Saint’ Jean, — Fruit petit, allongé, peu savoureux. — Mûrit fin juin. Muscat petit, Sept-en~Gueule, — Fruit a bouquet, très petit, presque rond, très musqué. — Fin juin. Gros Saint- Jean, Madeleine, Citron des Carmes, — Fruit moyen, jolie forme, peau vert-jaunâtre; chair blan- che, fine, fondante, bonne. — Commencement de juillet. — Fertile. Blanquette grosse et B, à longue queue. — Tout le mondo^ connaît ces deux fruits, petits mais agréables, mûrs au com- mencement de juillet. — Arbres très productifs. Beurré Gif fard, — Nouveau fruit, assez gros, très pré- conisé. — Fin juillet. Epargne, Beau-Présent, Mouille’ Bouche d'été, — Ex- cellent fruit, moyen, très allongé, très fondant, relevé. Dans quelques localités on le confond avec la P. Cuisse-Madame, qui mûrit a la même époque et lui est très inférieure. ~ Fin juillet. — Productif seulement en plein vent, . R£^L£ HORTICOLE. ^90 Archiduc d'élé, Ognonet. — Fruit moyen, arrondi, peati jaune d’un côté, rouge de l’autre; chair demi -cassante,* parrmn de rose. — Commencement d’août. Ah! mon Dieu! — Moyen, pyriforme; chair blanche, demi cassante, parfumée. — Août. ' Mal-connaître.— Fruit moyen ou petit, peau brune; CAcell^iU IVuit. — Août. Chair à Dame, Grosse Madeleine, — Fruit gros ou moyen, peau vert-jaunâtre, tiquetée de points bruns; chair line, beurrée, fort bonne. — Mi- août. Doyenné d'été, — Petit, mais excellent fruit fondant, relevé, parfumé. — Août. — Fertile. Fil d'or, Gros fin or, — Moyen, demi-fondant, très re- levé. — Fin d’août. Blanc pancé, — Fruit assez gros, allongé, vert-jaunâtre uni; chair fine, parfumée. — Fin d’août. Bruxelles d'été. — Fruit gros, pyriforme; chair beurrée, bonne. — Fin d’août et septembre. — Fertile. Rousselet de Reims. — Petit fruit à peau verte et rouge- brun, à chair demi - cassante , sucrée et très parfumée. — Fin d^aout et septembre. — Très productif. Crassane d'été, — Cette excellente petite Poire fondante a toutes les qualités de la Crassane, sans l’acidité qu’on lui trouve quelquefois. — Commencement de septembre. Bcrgamotte d'été. — Gros fruit turbiné; chair demi- fondante, très relevée, quelquefois un peu acerbe. — Com- mencement de septembre. Salviati. — Fruit moyen, presque rond, jaune-clair teinté de rouge léger, presque fondant, relevé. — Com- mencement de septembre. — Greffé sur franc. Bon-Chrétien d'été, Florence d'été. — ¥n\\i gros, al- longé, souvent difforme et crevassé; peau jaune et rouge vif; chair demi-fondante, très sucrée, parfumée. — Cette variété, très bonne dans les années chaudes et pas trop sè- ches, fait d’excellentes Poires tapées. — Mûrit au commen- cement de septembre. — Greffé sur franc. Epine d'été., Fondante musquée. — Moyen, presque pe- tit, allongé ; chair très fondante et musquée, bon fruit. — Septembre. — Productif. Bergamotte de Nice. — Fruit petit ou moyen, jaune- clair lavé de rouge, fondant, parfumé. — Septembre. Bergamotte d' Angleterre. — Gros, d’un vert-jaunâtre, fondant, parfumé, relevé, — Septembre. — Greffé sur franc. REVUE HORTICOLE. Poire (TAvelle. — Beau fniil, pyriloime; chair üne, roüdaïUe, relevée. — Septembre. — Très fertile. Belle de Bruxelles. — Très gros et bon fruit, a chair tine et beurrée ; mûr au ^5 septembre. Beine Caroline. — Nous ue connaissons pas ce fruit que plusieurs personnes signalent comme un des meilleurs de îa saison mi-septembre. Beurré Romain. — Fruit gros, turbiné, jaune-clair lé- gèrement lavé de rouge ; chair fondante, très bonne. — Mi -septembre. Beurré d'Angleterre, — Poire moyenne, demi-fondante, bonne ou médiocre, suivant le sol ou la saison. — Fin sep- tembre.— Arbre vigoureux et fertile. Beurré d'Amanlis. — Beau et bon fruit ; mûr du 4 5 au 50 septembre. Beurré docteur Hudelet. — Excellente variété; mûr fin septembre. Doyenné turc. — Fruit moyen, fondant, très bon. — Fin septembre. Doyenné blanc, D. doré. — Gros, arrondi, jaune-clair; chair très beurrée, fine, sucrée et parfumée. — Fin sep- tembre.— Les Doyennés sont tous fertiles. Bon-Chrétien musqué d'automne. — Fruit moyen, fon- dant, parfumé, bon. — Fin septembre. Bonne-Louise d'Avranches. — Cette poire, très allongée, d’un beau vert- foncé lavé de rouge brun du côté du soleil, k chair fine, très fondante, relevée et parfumée, est a mes yeux une des meilleures connues. Elle mûrit à la fin de septembre et se conserve jusqu’au ^5 octobre. — Elle me semble identique avec la Louise-Bonne de Jersey; mais elle iTa pas le moindre rapport avec notre ancienne Louise^ Bonne. Bravy, Horticulteur à Clermont-Ferraiid. Cours de culture de M, Decaisne. — IV. Etude des sols. Dans notre dernier compte-rendu du cours de M. De- caisne (N® du avril, page ^50), nous avons traité des terrains formés sur place aux époques géologiques et en particulier de Vhumus qui leur donne la fertilité ; il nous reste, pour compléter Tétude des terres, a parler des allu- mons ou terrains d’attérissement, de la tourbe et des dunes ^ 192 REVUE HORTICOLE. formations relativement récentes et qui, bien que secon- ilaires pour l’agriculture, ne laissent pas que d’y jouer un certain rôle a raison de leur étendue ou même à cause des obstacles qu’elles opposent trop souvent a cette industrie. On nomme aUuvions ou atlérissements ces plages basses formées a l’embouchure des fleuves par les masses de limon qu’y déposent sans cesse les eaux courantes. Ces dé- pôts limoneux affectent ordinairement la forme triangu- laire, ce qui leur a valu le nom de deltas; tel est l’im- mense delta du Nil, si célèbre par sa fertilité depuis les temps les plus anciens ; tel est aussi en France celui du Rhône, bonnu sous le nom de Camargue et qui paraît devoir acquérir un jour une certaine importance agricole. Les deltas sont en général proportionnés aux cours d’eau qui les produisent; mais il est des circonstances qui in- fluent puissamment sur leur formation et leur développe- ment. Un grand nombre de fleuves en sont complètement dépourvus : ce sont ceux qui se jettent dans l’Océan sur des points où les marées ont une grande intensité. Dans ce cas, l’embouchure du fleuve s’élargit, elle forme ce qu’on nomme un estuaire^ mais elle ne se partage pas en branches nombreuses et divergentes séparées par des dépôts de limon : telles sont les embouchures de la Seine, de la Loire, de la Gironde. Les deltas caractérisent au con- traire les fleuves qui versent leurs eaux dans les mers mé- diterranées, où, comme chacun le sait, les marées sont insensibles, ou bien encore ceux qui débouchent dans l’Océan sur des côtes orientées de telle manière que ces grandes oscillations y sont peu marquées. Une autre circonstance qui influe sur le développement des alluvions, c’est la nature des terrains que parcourent les fleuves, leur élévation au-dessus du niveau de la mer, et plus encore peut-être le degré de boisement des pentes sur lesquelles les cours d’eau prennent leur source. A éga- lité de puissance dans les cours d’eau, le terrain le plus sa- blonneux, le plus léger et le plus friable, sera le plus pro- fondément et le plus rapidement entamé; et de deux sols d’égale ténacité, celui-là résistera le mieux, qui sera (e moins incliné, et où par conséquent les eaux seront moins torrentueuses. C’est donc aux dépens des continents que se forment les deltas des fleuves, et même toutes les terres entraînées ne vont pas se déposer b leur embouchure. Loin que ces terres KEVüE HORTICOLE. ^l)5 soient ainsi complètement restituées à ragiiculture, ü n’est que trop certain que la plus grande partie est encore tenue assez longtemps en suspension pour s’avancer au loin dans les mers. C’est alors seulement qu’elles se pré- cipitent, et qiCelles sont par conséquent perdues a jamais. C’est la un des plus tristes effets de l’imprévoyance de l’homme. Ces terres couvraient jadis les sommets de nos montagnes et y entretenaient une puissante végétation fo- restière qui, outre les bois de construction et de chauffage qu’elle procurait a nos ancêtres, jouait le rôle plus impor- tant encore de régulatrice des saisons. En fixant les nuages sur ces hautes sommités, les forêts soutiraient l’Æu du ciel et l’incorporaient lentement à la terre. Une épaisse cou- verture d’herbes entrelacées et de détritus de toutes sortes contribuait encore à la retenir sur le sol; peu a peu elle s’y infiltrait et bientôt elle suintait aux flancs des monta- gnes sous la forme de sources et de ruisseaux qui allaient porter la fertilité dans les plaines. Mais une aveugle cupi- dité a fait disparaître cet état de choses. Nos antiques fo- rêts sont tombées sous la hache des spéculateurs ; la char- rue s’est promenée jusque sur ces crêtes qui n’avaient point été faites pour elle; et bientôt les terres, ameublies et dépouillées de la végétation qui les protégeait, furent en- levées par des torrents dont rien n’arrêtait plus le cours dévastateur. Des roches pelées, d’immenses espaces voués à la stérilité, le fléau des inondations a l’époque des grandes pluies, celui d’une sécheresse absolue dans le cours de l’été, et par suite la disette, tels sont les résultats de celte funeste erreur. Nous avons trop rudement expié la faute de nos pères pour n’être pas amenés a réfléchir sur la cause de tant de désastres. Le croirait-on cependant? Il existe encore des hommes assez peu clairvoyants pour conseiller de pour- suivre ces défrichements malencontreux sur les flancs de nos montagnes. On dirait qu’ils ont hâte d’achever l’œuvre de destruction si bien commencée depuis deux siècles. Pour prévenir le retour d’une année de disette comme celle qui vient de s’écouler, on ne parle de rien moins que de mettre en culture les 7 ou 8 millions d’hectares qui, dit-on, restent encore en friche sur le sol de la France, et l’on ne songe pas que ces terres, délaissées de tout temps par l’a- griculture, ne sont propres pour la plupart qu’à la prodim- lion forestière dont une administration cupide les a dé- REVUE HORTICOLE. 494 ]»ouillées. Et puis, où ira-t-on cherclier l’engrais indis- pensable pour fertiliser ces 7 ou 8 millions d’hectares de mauvaises terres, lorsque déjà nous manquons de celui qu’il faudrait aux terres en culture? Non, ce ne sont pas des défrichements nouveaux qu’il faut 'a la France; ce qifd importe de réaliser, c’est le reboisement de nos inonlagnes pour rétablir une bonne répartition des eaux pluviales, c’est une plus grande extension des cultures fourragères et de l’élève des bestiaux, véritable base d’une bonne agriculture. Tourbières, — Les terrains tourbeux ont, sous le point de vue de leur formation, des liens intimes avec les terres de bruyère ; mais, au point de vue agricole, ils ont une bien autre importance. La tourbe caractérise spécialement les pays du nord. Presque inconnue dans le midi de l’Eu- rope, a peu près nulle sur le vaste continent de l’Afrique, elle forme, a partir du 50® degré, une large zone qui s’é- tend sur toutes les contrées septentrionales de l’Europe et de l’Asie. On la retrouve aux îles Malouines, en Islande et dans tout le nord de l’Amérique, et presque partout elle entretient une active végétation, bien que dans les régions les plus froides de la Laponie et de la Sibérie elle repose sur un sous-sol constamment gelé à un mètre de profon- deur. On a classé les tourbières en deux catégories, relative- ment a leur mode de formation. Les unes, occupant le fond des vallées, ont reçu le nom de tourbières subn^r- gées. Ce sont les plus anciennes et aussi celles qui présen- tent le plus d’épaisseur. L’étude attentive des détritus qui les composent et leur superposition relative font voir qu’elles ont pris naissance dans un marais. Les premiers végétaux qui s’y montrèrent furent des Conferves et des Sphaignes, auxquelles s’adjoignirent bientôt les Chara ; puis vinrent les Hydrocharis, les Utriculaires, les Myrio- phyllum dont les tiges entrelacées, se décomposant gra- duellement, préparaient un point d’appui a une végétation moins aquatique. Les Typhacées, les Cypéracées, quelques Graminées leur succédèrent; enfin, quand les débris accu- mulés de toutes ces plantes eurent formé après des siècles un sol d’une certaine consistance, apparurent les bouleaux nains, les saules et quelques autres végétaux ligneux, pre- mières ébauches d’une végétation arborescente que cou- ronnèrent ces ifs majestueux dont on retrouve encore les REVUE HOUTICOEE. -195 tiges a demi décomposées dans la couche superficielle des tourbières. Les tourbières émergées n’oiit jamais été cachées sous l’eau. Formées sur les pentes des collines dont la terre était détrempée par les sources qui surgissaient de leur sein, elles résultent des détritus accumulés pendant une longue suite de générations par une végétation herbacée moins aquatique que celle des tourbières submergées. Ce furent d’abord des Mousses, telles que les Sphagnum cym- bifoliumei compactum^ VHypnum cuspidatmnei quelques autres, puis des Fougères appartenant aux genres Osmunda et Blechnum, enfin des Graminées et des Joncées auxquelles s’associèrent de petits arbrisseaux de la famille des Erica- cées. Les tourbes de cette seconde catégorie n’atteignirent jamais le grand développement des premières. En caractère particulier à toutes les tourbes, mais qui se montre surtout dans celles où les Mousses entrent pour la plus large part, c’est la faculté d’absorber l’eau dans une forte proportion, et, une fois qu’elles en sont bien péné- trées, de ne la laisser échapper qu’avec une extrême len- teur. Ce fait s’explique par la nature spongieuse des ma- tières végétales qui entrent dans leur composition. Trente grammes de tourbe de Sp/iaÿwum parfaitement sèche ont ab- sorbé en quelques heures jusqu’à 240 grammes d’eau. Cette propriété hygrométrique est importante à mettre en ligne de compte, puisqu’elle indique déjà a l’avance quel genre de culture les terrains tourbeux sont le plus aptes à re- cevoir. Une autre donnée qui ne doit pas être négligée non plus, c’est l’épaisseur de la couche de tourbe et la nature du sol sous-jacent. On sait que la Hollande est une vaste tour- bière; des sondages multipliés ont fait voir que ces deux éléments y varient notablement d’une localité a une autre, et que, par suite, il faut modifier les procédés de culture et les assolements. Partout où une certaine proportion de sable siliceux s’est trouvée mêlée à la tourbe, soit naturel- lement, soit par l’effet des labours qui l’ont ramené a la surface lorsqu’il existait a une petite profondeur, la végé- tation s’est activement développée, et les récoltes ont lar- gement payé les travaux du cultivateur. Il y a de grands bénéfices a réaliser dans l’exploitation d’une tourbière, mais il faut pour cela qu’elle soit habile- ment administrée. Or, pour les tourbières comme pour REVUE HORTICOLE. ^96 toutes les terres qui sont du domaine de l’agriculture, il est des circonstances économiques dont il faut savoir tenir compte. Qu’ une tourbière soit voisine d’un grand centre de population, qu’elle soit à portée d’une bonne route ou d’un canal qui puissent faciliter l’exportation de ses produits, la plus simple réflexion fait voir qu’il y aura un avantage considérable a la transformer en jardin-maraîcher. En effet, nulle part le jardinage ne réussit mieux. On connaît la réputation des cultures jardinières de la Hollande et celle des jardins-maraîchers d’Amiens, tous établis sur la tourbe. Mais si la tourbière est loin des villes ou si les communi- cations sont difflciles et coûteuses, on se borne à la con- vertir en prairie ou en chènevière, et c’est ce a quoi on ar- rive en l’égouttant au point convenable par des canaux de dérivation. On Tutilise quelquefois aussi en la convertissant en cressonnière ou en oseraie. Enfin si la tourbe était d’ex- cellente qualité et qu’il y eût quelque usine dans le voisi- nage, on pourrait encore en tirer un parti avantageux en l’exploitant comme combustible. Il est un autre emploi des terrains tourbeux auquel on ne paraît pas avoir suffisamment songé jusqu’à ce jour, c’est leur plantation en arbres de certaines essences qui fourniraient des bois à l’industrie et même aux construc- tions navales. L’Aune, le Peuplier de nos climats y sont déjà cultivés; pourquoi ne pas leur adjoindre l’If qui y croissait jadis? Il y a surtout un arbre Conifère qui devrait y trouver sa place, aujourd’hui qu’il est si difficile à la marine de se procurer des mâts; c’est le Pinus Strobus^ si justement estimé pour cet usage et qu’on va chercher jusqu’au Canada. Or, ce Pin croît précisément dans les tourbières, au milieu des Sphagnums et, malgré les froids de 20 à 25 degrés qu’il éprouve tous les hivers dans son pays natal, on l’y voit parvenir aux dimensions remarqua- bles de 40 et 50 mètres de hauteur. Dans le cas où l’on veut convertir une tourbière en prairie, on doit avoir soin de choisir les espèces fourragè- res qu’on veut y multiplier; ces espèces se trouvent or- dinairement déjà sur place; on n’a que la peine d’en ré- colter les graines. Ce sont, entre autres graminées, le Phleum pratense^ VAgrostis alba, les Holcus lanatus et mollis^ V Anthoxanlhum^ V Alopecurus praiemis. Une Lé- gumineuse surtout devrait y être multipliée, c’est le La- thyms pratensis ou Gesse des prés, qu’Arthur Young a REVUE HORTICOLE. '197 vainement recommandée aux agriculteurs français de son temps, mais qui a été mieux appréciée en Angleterre. Sur le sol tourbeux, cette plante prend un accroissement extra- ordinaire. Elle y forme quelquefois un fourrage d’un mètre de hauteur, qui, pour la qualité, ne le cède à aucun autre. On s’est demandé si les tourbières qu’on a exploitées pour avoir du combustible pouvaient se reproduire. L’ob- servation démontre qu’elles se reproduisent, même assez rapidement, pourvu qu’en les exploitant ou ne les ait pas desséchées. On estime que dans la Somme il faut un siècle pour qu’il se forme dans les marais une couche de tourbe d’un mètre d’épaisseur. Il paraît qu’en Hollande 70 a SO ans suffisent, et que même dans le Hanovre il ne faut que 40 a 50 ans pour produire cette quantité de combustible. Dunes, — On nomme ainsi ces monticules de sables mouvants qui se forment le long des côtes sur les plages basses et qui occupent ordinairement une zone assez étroite. Il n’en est cependant pas toujours ainsi, et sur certains points de notre littoral, au sud de Bordeaux, par exemple, le terrain des dunes s’étend k plusieurs kilom. dans l’inté- rieur du pays. Rarement ces monticules s’élèvent a plus de b mètres de hauteur, mais ce qui les rend redoutables pour l’agriculture, c’est la propriété dont ils jouissent d’être poussés insensiblement par les vents sur les terres cultivées qu’ils finissent par ensevelir. Bien que leur marche soit en général bornée k quelques mètres par siècle, on les a vus dans certaines années franchir des distances considérables en quelques jours, ainsi qu’on l’a observé en 1822 sur di- vers points des côtes de Bretagne, oîi ils se sont avancés tout d’un coup d’une vingtaine de mètres et ont anéanti de vastes cultures. C’est k Brémontier qu’on doit d’avoir résolu le problème de la fixation des dunes par des plantations de Pins mari- times. Pour l’effectuer, on sème les Pins sur la plage et oo protège le semis au moyen de brindilles fichées solidement dans le sable et inclinées du côté des dunes afin d’offrir plus de résistance au vent et aux vagues. Au bout de quel- ques années, les jeunes Pins sont assez bien enracinés pour se maintenir d’eux-mêmes. On leur associe, dans le dépar- tement de la Somme, d’autres essences essentiellement ma- ritimes, comme lesTamarix et les Hippophaés, végétaux ro- bustes que la nature semble avoir créés tout exprès pour venir en aide k l’industrie humaine. REVUE HORTICOLE. La végétation arborescente n’est pas la seule qui puisse é:re employée pour fixer les dunes. Suivant les climats, on peut utiliser diverses Graminées et Cypéracées 'a racines traçantes, telles que le Poa littoralis, VArundo arenaria, le Carex arenaria^ le Lygeum^ les Elymus; mieux vaudrait encore recourir k des plantes qui, en remplissant les mêmes conditions, pourraient être utilisées pour les bestiaux; ce serait, par exemple, pour les bords de la Méditerranée, le Clernatis flammula^ qui fournit un bon fourrage sec, et le Medicago marina ou luzerne maritime, qui pourrait être employée également en sec et en vert. A force de soins, on a pu établir sur le terrain des dunes des cultures maraîchères profitables. Les jardins de Roscoff, en Bretagne, et de Cherbourg, prouvent quel parti on en pour- rait tirer sous ce rapport. Ces terrains sont faciles a travail- ler dans toutes les saisons; par suite de leur capillarité, ils sont presque toujours imprégnés d’humidité a une petite profondeur, et la faible proportion de sel qu’ils contiennent est très favorable à la végétation; mais ils ont l’inconvénient de laisser échapper facilement les engrais que le vent dis- perse sur ces sols sans consistance. On a déjà beaucoup fait pour utiliser cette immense étendue de sables qui ceint la moitié de la France, mais il reste encore beaucoup a faire. C’est au gouvernement qu’il appartient d’encourager leur culture ; mais, nous le répétons, c’est surtout en les couvrant d’une puissante vé- gétation arborescente qu’on les rendra productives, tout en sauvant les terres a céréales de leurs envahissements. Nous terminerons ici ce résumé du cours de M. Decaisne, non sans regretter que le cadre étroit de la Revue et sa tendance tout horticole ne nous permettent pas de lui donner plus de développement, persuadé qu’on ne saurait trop répandre parmi les hommes qui s’occupent de l’ex- ploitation du sol les excellents principes que le jeune et sa- vant académicien a puisés dans ses propres observations, comme aussi dans l’expérience des agriculteurs. les plus ha- biles dont s’honore la France. Naudin. Sur le chanvre de Chine. En avril ^ 846, le Muséum a reçu de la Chine des graines de deux espèces de plantes textiles. Toutes ont été semées en pots et mises sur couche chaude le 24 avril. La première de ces plantes, adressée sous le nom de REVUE HORTICOLE. 199 ïsing-ma, n’a point germé; d’après la structure des grai- nes, elle a semblé appartenir au genre Corchorus Lin. La seconde, portant le nom de Lo^ma ou Chanvre de Chine, a parfaitement réussi et a produit un chanvre donll les tiges ont atteint, a la fin de novembre, la hauteur de 5 à  mètres; partout où on Ta cultivé on a remarqué que ses feuilles sont plus longues et plus étroites que celles du chanvre d’Europe. Elle n’appartient cependant pas à la variété de chanvre du Piémont, qui s’élève également! à une grande hauteur, et dont les tiges, très grosses, produi- sent une filasse inférieure a celle du chanvre de Chine, dont les tiges, eu égard à leur hauteur, sont assez grêles, et doivent, par conséquent, produire des fibres plus délicates. La ma- turation des graines n’a eu lieu qu’en novembre , nous n’en avons récolté qu’une petite quantité qui ont été se- mées en avril et sont en ce moment très développées. Pépin. Note sur des variétés de Reines-Marguerites. Au mois de septembre 4 846, M. Duval fils, fleuriste à Versailles, a exposé une collection de Reines-Marguerites qui obtint une médaille. Elle contenait : 4® Reine-Marguerite pyramidale double, a pétales rubanés, panachés, de 0*",50 a 0"^,55 de hauteur; 2® Reine-Margue- rite naine pyramidale, très diffuse; c’est une miniature vé- gétale de O”', 4 0 à O”', 4 5 de hauteur, dont la couleur des fleurs est très variée ; 5° Reine-Marguerite dite anglaise, très branchue, de toutes couleurs; fleurs de forme parfaite, de 0“,20a 0"^525 de hauteur, panachées; 4® Reine-Marguerite naine, panachée, dite petite hollandaise ; fleurs a pétales très variés, de 0’^,4 0 à 0“',4 5 de hauteur; 5° Reine-Marguerite pyramidale double, variée, 'a fleur hémisphérique, dite à fleur de Pivoine, de 0"',50 à de hauteur; 6^ Reine- Marguerite hollandaise, à fleur d’Anémone, naine, ruba- née, rose, plante charmante, de 0*",20 à 0"\25; Reine- Marguerite hollandaise tardive, nuancée sur deux couleurs opposées dans la même fleur, de 0*“,25 a 0”',50 de hauteur. Exposition d'horticulture à Versailles. La Société d’horticulture de Versailles a fait une bril- lante exposition dans les salles de l’Hôtel-de-Ville, du 4 4 REVUE HORTICOLE. 200 au 18 avril. On y voyait figurer en fleurs un grand nom- bre de Camellias, Rliododendrums, Azaléas, trois magnifi- ques exemplaires en fleurs du Spiraea prunifolia, ar- buste nouveau, de pleine terre. Les primeurs ou plantes forcées se composaient de quatre variétés d’Ananas, trois de Fraises, de Raisins en parfaite maturité, de Framboises, de Concombres blancs et verts, Pommes de terre, Haricots verts et à écosser, Chicorée fine d’Italie, Chou hâtif à pomme jaune. Les Melons cantaloups, Petit Prescolt, etc., de M. le comte de Lambertye; les Melons cantaloups fond noir et les Concombres blancs de M. Têtard ; les Ananas, Raisins, Fraises, Asperges et Choufleurs de M. Piel s’y fai- saient admirer. On y remarquait aussi une nombreuse col- lection de Cactées de M. John Salter; le magnifique lot de plantes variées de M. Aimé Turlure, où brillaient surtout ses belles Amaryllis, dont dix-huit étaient des gains de ses semis, et une belle corbeille de fruits très bien con- servés, exposée par M. Legéas. Le jury était composé de quatre membres de la Société d’horticulture de Versailles et de cinq membres étrangers. La séance publique a eu lieu le dimance J8 ; elle a été présidée par M. Aubernon, préfet de Seine-et-Oise, qui a distribué les récompenses votées par le jury. La médaille d’or de la ville de Versailles a été décernée à M. Truffaut fils, pour ses cultures forcées. Une médaille de bronze à M. Renaud (Joseph), pour fleurs forcées de culture marchande. Une médaille d’argent à M. Duval père, pour ses beaux Azaléas de l’Inde. Une médaille d’argent a M. Aimé Turlure, pour plantes bulbeuses de serres (Amaryllis). Trois prix ont été accordés pour le concours de la plus belle collection de plantes de serres en fleurs, de culture inarchande : J® médaille en argent à M. Souchet fils; 2° médaille en bronze a M. Bertin; 5® mention a M. Duval. Une médaille d’argent a été décernée à M. Duval père et une en bronze a M. John Salter, pour des variétés de plantes remarquables provenant de leurs semis. Il y avait aussi un concours pour les plantes ligneuses nouvelles et de nature à favoriser le commerce horticole de Versailles; une médaille d’argent a été décernée a M. Ber- lin, et une de bronze à M, Souchet fils. Pépin. Imp.Iemm ïerà Piij\ l. Ca /if ta ns er:oe?.ppus .Uninim [18TT11 1 jM REALE HORTICOLE. 201 Sienocarpus Cunninghami (fig. I I). Plante formant un petit arbre de 5 a 6 mètres de liau- teiir, a tronc élancé , ramifié et portant, au sommet des branches, des feuilles toujours vertes, luisantes, alternes, oboyées-lancéolées, obtuses, pétiolées, entières, ou sinuées. lobées et pinnatifides, penniverves, de O™, 30 a 0'”,60 de longueur; à segments oblongs, obtus, glabres et entiers'. Fleurs en ombelles composées, pédonculées, latérales sur les vieu.K rameaux ou quelquefois terminales. Ombelles (dans l’individu décrit) consistant en cinq rayons {om- helluhs) , dont quatre verticillés, horizontaux (par rap- port a l’axe); le cinquième central et vertical, cylindrique, couvert d’un duvet doré, articulé sur le pédoncule et caduc; à extrémité courbée vers le bas et dont l’extrême sommet se dilate en un disque plat et anguleux , des bords duquel sortent treize ou quatorze rayons partiels ou pédicelles de l’ombellule, disposés comme les rayons d’une roue, et avec la plus parfaite régularité; tous se courbant un peu vers le haut et portant chacun une seule fleur tomenteuse, s’étalant presque tout à fait horizontalement, et toutes sur le même plan. Avant l’expansion, le périanlhe est claviforme, brun Uavony) ou d’un vert doré; la massue (partie extérieure et inférieure du sommet) est d’un Jaune verdâtre. Le mode d’épanouissement des cinq sépales linéaires clavifor- mesesl très curieux et ajoute beaucoup â la beauté de la Heur, lorsqu’ils sont tous étalés à la fois. Leur couleur in- terne est d’un très brillant écarlate orangé , ainsi que celle du pistil , et les sommets dilatés en massue (ou subspatu- lés) des sépales, sont , ainsi que les larges stigmates seule- ment , d’un jaune d’or. En premier lieu les trois segments externes de chaque fleur sont réfléchis et pendent en cercle autour de l’axe : disposition qui, à distance, les ferait pren- dre pour les rayons de quelque splendide Composée. En même temps que les pistils, brusquement arqués au milieu (géniculés), se dressent, que leurs slipes se tiennent droits, leur disposition totale en un cercle, du plus riche co- loris, forme une couronne sur l’ombelle. Dans l’intérieur de cette couronne, les quatrièmes sépales, qui se séparent les derniers du stigmate, forment ainsi collectivement une se- (0 Dans les individus que nous avons sous les yeu.x, et dont nous représentons une feuille ci-contre, ces seginenls sont pluiilobcs. ô' SÉRIE, Tome i. — 1 1 . ^ ( g ^ y REVUE HORTICOLE. 202 coiule couronne interne. Bientôt ils se flétrissent et tombent; inais les brillants pistils subsistent encore, comme le sque- lette ou la charpente de quelque belle corbeille. Leur moitié inférieure est verticale; la moitié supérieure sMncline eu dehors presque horizontalement. La première est formée par les stipes, qui portent a la base une longue écaille adnée d’une couleur de sang foncée. L’arcuation ou géniculation du pistil a lieu sur l’ovaire, qui est petit, soyeux et contient plusieurs ovules. Le style ressemble exactement à son stipe. Le stigmate est un disque obliquement comprimé, latérale- ment dilaté, d’un jaune d’or. Le fruit est une capsule fol- liculaire presque cylindrique, aussi grosse que le petit doigt, apiculée, ligneuse, d’un brun de chocolat, s’ouvrant longi- tudinalement par un des côtés. D’après quelques vestiges des graines, il paraît qu’elles sont ailées. Hooker. Culture. — On devra tenir cette plante en serre froide bien éclairée et dans la terre de bruyère, et arroser fréquemment pendant toute la belle saison. On la laissera s’élancer a une certaine hauteur, avant de la pincer pour la faire ramifier. On pourra plus tard répéter ce pincement, lorsque, par exemple, la plante aura atteint 2”^ a 2“,50 de hauteur, afin de lui faire former une tête. On en tiendra le feuillage net au moyen de fréquents seringuages. Cette plante était déjà certainement, par ses amples et belles feuilles laciniées, l’un des plus beaux ornements de nos serres froides, et la connaissance qu’on a maintenant de sa magnifique inflo- rescence ajoutera beaucoup encore a l’attrait qu’elle pré- sentait. C’est désormais une plante dont la place est mar- quée dans toute collection de choix. Louis Van Houtte. Note sur un nouveau Camellia. M. Verschaffelt, de Gand, m’a transmis une branche portant une fleur de Camellia nouveau, qui m’est parvenue aujourd’hui, 25 avril, dans toute sa fraîcheur. Ce Camellia appartient à la classe des variétés renoncu- liformes, et s’appelle C. Verschaffeltii. Voici sa description : Les feuilles sont diversiformes, ovales, amples, épaisses, nervées fortement à la surface supérieure, coriaces, hori- REVUE riORTICOLE. 205 zoülalemeni placées , rapprochées, nombreuses, peu acu- minées, dentées a distance et d’un vert très foncé. Le calice montre des sépales verdâtres; la corolle est de de diamètre, parfaitement régulière, très étoffée, composée de dix rangs de pétales superposés les uns sur les autres avec la plus grande symétrie et très rapprochés dans leur imbrication. La couleur de la fleur est rose tendre, nuancé de rose intense, veiné finement de rouge foncé et croisé de lignes blanches. Les pétales sont de moyenne dimension, arrondis, min- ces. transparents, très nombreux, échancrés, légèrement gaufrés au bord, partagés verticalement par une ligne blanche centrale qui fait la gouttière, tous imbriqués avec line régularité extrême, et formant par leur réunion symé- trique la surface supérieure d’une bulle séparée en deux borizontalement. Cette belle variété provient d’un semis de M. AI. Ver- schaffelt. C’est, selon mon avis, un des plus beaux gains obtenus en Europe. La forme de la fleur, sa tenue, sa di- mension et les accidents de son coloris la distinguent des autres variétés connues et la classent en première ligne parmi celles du premier ordre. Le C, Verschaffeltii est en souscription chez M. Verschaf- felt, àGand. La souscription se compose de deux catégo- ries : la première comprend les plantes de 0*”,20 a O’’™, 50, la seconde comprend celles de 0*”,50 a 0™,60, avec bran- ches. Ces plantes seront livrées aux souscripteurs dans le courant de juillet prochain. L’abbé Berlèse, de la Sociélé royale d’horticulture. Plantes nouvelles ou peu connues figurées ou décrites dans les journaux d'horticulture. En parcourant les différents recueils horticoles, il sem- blerait que l’art a remplacé la nature dans l’impénétrable invstère de la création. Partout on ne voit que variétés ob- tenues par l’homme, soit par des semis, soit par des fécon- dations croisées et habilement pratiquées. Le floriculteur a t il donc épuisé, pour satisfaire a ses douces passions, tout ce que le Créateur a répandu a la surface de notre globe ? ou n’est-ce qu’un simple effet du hasard qui a réuni dans nos Journaux d'horticulture ces brillantes créations REVUE HORTICOLE. 20 5 ♦ine nous y liouvons figurées? Quoi qu’il en soit, il faut convenir que la plupart des variétés de plantes si commu- nément répandues dans nos jardins, et dont quelques-unes meme sont indigènes à noire pays, méritent tout autant de figurer dans ces recueils horticoles que certaines espèces qui nous arrivent de toutes les parties du monde et dont le mé- l ife ne consiste souvent que dans la nouveauté ou la rareté. BALSAMINES. — Après un sommeil léthargique de près trune année, V Horticulteur universel vient de faire sa rentrée dans le mpnde horticole, illustré de quatre magni- fiques variétés de Balsamines dont la source nous est aussi complètement inconnue que probablement a son nouveau rédacteur qui reste muet sur ce sujet ; c’est un grand lort, suivant nous, car ce silence pourrait faire supposer nue ces variétés sont du nombre de celles qu’on invente chaque jour, nous ne dirons pas pourquoi, mais pour les- quelles le public commence a ne plus avoir grande con- fiance. Les variétés figurées dans V Horticulteur universel^ réelles ou imaginaires, donnent parfaitement, du reste, l’idée de ce qu’est aujourd’hui la Balsamine. Les premiers individus cultivés dans les jardins vers 1 596 étaient tous a fleurs simples, trè^ petites et assez insignifiantes. Au com- mencement du dix-huitième siècle, on obtint quelques va- riétés a fleurs panachées ; mais ce n’est que vers ^ 760 qu’on vit apparaître les variétés a fleurs .doubles. Depuis cette heureuse époque, les Balsamines n’ont fait qu’embellir. Aujourd’hui nous en voyons dont les fleurs mesurent de 0”‘,05 à 0*^\06 de diamètre, d’une dupücature parfaite et ornées des couleurs les plus brillantes et les plus variées. Mais, comme pour toutes les plantes annuelles, jusqu’à pré- sent, nous avons vu paraître et disparaître nos plus belles variétés sans pouvoir les fixer; aujourd’hui nous devons avoir quelque espoir. D’après M. Martin de Lamotte, pseu- donyme du nouveau rédacteur de Y Horticulteur, on peut perpétuer ces variétés en les mult’pliant par boutures cou- pées au-dessous et au dessus des nœuds, et placées dans de petits pots recouverts d’une cloche en verre dépoli; lorsque les boutures ont fait des racines, alors on leur donne graduellement de l’air et de la lumière. Avis aux amateurs de Balsamines, IXIA ET SPARAXIS. — Il y a un siècle environ que ces plantes ont pris position dans nos cultures, et dans ce laps REVUE HORTICOLE. (le temps elles ont éprouvé de notables transformations. Ou en c()inpte aujourd’Iiiii plus de ^,000 variétés de toutes les couleurs et de toutes les nuances, depuis le blanc le plus pur jusqu’aux jaune, vert, bleu et rouge les plus foncés. Le recueil que nous venons de citer contient un charmant bouquet composé de huit nouvelles variétés, déjà figurées par M. Van lloutteSet dont six appartiennent diUxSparaxis^ ce sont : alba bimaculata, cœrulea bimaculata, airosan- guinea-alba^ aurantiaca-nigra. variegata et lilacina- maculata ; les deux variétés d'Ixia sont : maculata viri- dis et fulgens. Ces nouvelles variétés peuvent figurer avec avantage parmi les plus belles qui nous soient connues. FUCHSIA. — Bien que rintroduction de la première espèce de ce genre date de la fin du dix-huitième siècle, ce n’est que depuis très peu d’années qu’on a vu le nombre de ses variétés prendre quelques développements. V Horticulteur en figure quatre belles variétés, dont quelques-unes ne sont peut-être pas ce qu’il y a de plus nouveau, mais qui méri- tent par leur beauté d’être signalées aux amateurs. Ce sont ; Reine des Français^ dont la fleur a de 0”^,09 à 0“,10 de long, le calice est d’un rose tendre et la corolle d’un beau rouge vermillon ; Géant de Versailles^ à fleurs de 0™,I0 à 0“^^ de long, le calice grêle d’un rose vif et la corolle pourpre ; Napoléon (Salter), a fleurs courtes et d’un beau rouge vif; enfin Rose d'amour^ à fleurs de 0"^,05 a 0“,04, à calice rose et a corolle plus foncée. Ces variétés ont toutes pris naissance à Versailles, dans les serres de M. Salter. CHRYSÂNTHEMUiVl. — Dans la livraison du \ mars der- nier, la Revue a entretenu ses lecteurs de la belle collection de Chrysanthèmes de M. Plée. Le Portefeuille , dans son numéro d’avril, figure et mentionne quelques nouvelles variétés de cette plante qui laissent bien loin derrière elles le Chrysanthemum de 1764. Les deux variétés figurées sont la Silène et V Etoile polaire. Les fleurs, ou pour parler plus rationnellement, les capitules de la Silène sont très pleins et mesurent de diamètre, le disque, d’un blanc fort pur, est entouré par un cercle d’un très beau rose formé par les fleurs de la circonférence ; V Etoile polaire a ses fleurs d’un jaune soufre, longues, réunies en larges capitules de 5 de diamètre. Parmi les autres variétés nouvelles pour (I) Flore des juillet 18i6. 20(5 REVUE HORTICOLE. \ 846 et i 847 décrites dans le même recueil, nous citerons : Vulcain, 'a fleurs cramoisi velouté, de 0“,4 5 à 8 de dia- mètre; ProserpinCy de couleur amarante teintée d’orange et de de diamètre ; Folette, à fleurs jaune très pâle passant au blanc pur et d’environ ; Nini Pompon^ d’un rose vineux pâle, de ; Junon, de 0™,4 2 de dia* mètre, forme anémone et de couleur chamois légèrement lavé de carmin ; Pierrette ^ d’un blanc de crème légèrement rosé sur les bords ; la Camargo^ â fleurs blanches a la base et striées de violet foncé; la Calebasse, de 5, amarante violacé, pointé de blanc; Emilie Tessier, a cœur rentré, formant un pompon rouge au centre ; et enfin Henriette Modesta^ de belle forme, blanche, à ligules violacées en dessous et au sommet. ROSES. — En voyant la Rose cent-feuilles dédaignée, re- poussée des collections d’amateurs, on se pose assez volon- tiers cette question : Qu’est-ce qu’une belle Rose? Nous laisserons aux rosamanes le soin de l’apprendre aux lec- teurs, et nous nous contenterons seulement de leur annon- cer la naissance de trois nouvelles variétés obtenues par M. Souchet père et que décrit le Portefeuille; c’est: Césarine-Souchet, d’une odeur suave, et dont les fleurs sont très pleines, très régulières, de a 0*^,4 0 de dia- mètre, d’un rose tendre et bordées de rose vif; 2® Beauté de Versailles, à odeur suave et prononcée ; le calice, al- longé et pointu, porte une large corolle très pleine de 0”“,08 de diamètre, à pétales arrondis, d’un rouge carmin vif; Margat jeune, rosier remontant dont les fleurs, rassem- blées au sommet de chaque rameau, sont très pleines, très ouvertes, bien faites, larges de 0*”,08, de couleur amarante, exhalant, avec toutes ces perfections, une odeur très suave. MUFLIERS. — Parmi nos plantes indigènes, il en est peu Ce caractère se montre en effet accidentellemeni sur quelques rameaux des individus cultivés au Muséum. Quant aux fleurs, elles me paraissent identiques avec celles des arbres observés et décrits par Kaempfer, qui les com- pare également à celles de la Digitale et du Muflier, flos tubulosus et Antirrhini vel Digitalis flori similis, ex cœ- ruleo obsolète purpureus odoris exigui dulciculi, biun- eialis longiiudinis, etc... » Rien ne justifie donc, jusqu’à ce jour, l’opinion émise d’abord par M. Blume et par quel- ques botanistes à l’égard du premier Paulownia cultivé en Europe, et dans lequel ces savants sont disposés a recon- naître une espèce distincte. M. de Siebold, qui avait reçu, en ^844, quelques jeunes individus de Paulownia, m’as- surait qu’ils se rapportaient exactement à la plante de Kaempfer. Mais, comme a l’époque où je me trouvais à Leyde, ces individus étaient dépourvus de feuilles, je n’en pus rien conclure. Il sera donc sage d’attendre la lloraison des nouvelles plantes introduites par M. de Sie- bold, afin de s’assurer si, comme je le crois, la pubescence des feuilles est le seul caractère qui puisse distinguer les deux plantes. De cette manière on évitera de jeter le trouble dans la synonymie d’une plante aussi répandue que \o Paulownia. Pivoine en arbre. — Triomphe Van der Maelen. Dans la notice quej’ai publiée sur l’établissement horticole de M. Van Iloutte, je faisais mention d’une Pivoine en arbre, le Triomphe Van der Maelen, qui, d’après l’habile horticul- teur gantois, devait surpasser en beauté toutes les autres va- riétés connues ; mais comme la plante n’était point en fleur à l’époque où je visitais le jardin de M. Van Houtte, je me suis abstenu de tout éloge. Aujourd’hui, un de mes amis, grand amateur de Pivoines, et qui, sur ma recommandation, s’était procuré chezM. Van Houtte un pied de cette fameuse Pivoine, m’écrit a ce sujet: « Rien ne peut égaler la .1) Amœnït, exotic,, lab. et pag. 859-861. Sub nom. Kiri» REVUE HORTICOLE. 209 magnificence de la Pivoine dont vous m’aviez parlé. Le Triomphe Van der Maelen est le pliœnix de ma collection; je ne vous le dissimule pas, je tremblais d’être encore déçu, malgré le dire et l’affirmation de M. Van Houtte, qui est le parrain et le père nourricier de la Pivoine en question. Ma jeune plante me gratifie actuellement de trois fleurs grosses comme la tête. Je n’exagère pas. Je mesure exactement : 0”\25 de large à la base (soit donc 0*",75 de circonfé- rence), de hauteur. Ces magnifiques fleurs sont parfaitement pleines et d’un rose carmin des plus purs jusqu'à l'onglet,., Pour vous donner une idée de l’am- pleur des pétales, je vous dirai qu’en eu prenant un au hasard, je lui ai trouvé de longueur sur O"', 10 de largeur. L’odeur en est des plus douces, sans sur- passer cependant celle de la rose. Les qualités du Triomphe Van der Maelen sont assez éminentes, comme vous le voyez, sans qu’il soit nécessaire a un amateur très impar- tial de les grandir encore. J’espère donc, d’ici a peu d’an- nées, voir pâlir devant les miens les superbes buissons de Pivoines en arbre du Muséum dont vous semblez être si fier. M J. D. Nécessité d'aérer les Fraisiers de primeur. Dans une tournée que j’ai faite, il y a quelque temps, dans rétablissement de M. Gonlhier, au Grand-Montrouge, je me suis aperçu qu’il ouvrait alternativement par le haut et par le bas chacun des châssis sous lesquels il cultivait ses Fraisiers de primeur. Je lui en^demandai la raison, et il me répondit que sans cette précaution la fécondation ne s’o- pérait qn’imparfaitement, car il n’y avait guère alors que les abeilles qui venaient en aide a l’opération, et que, d’une autre part, comme les abeilles ne sortaient point par les temps froids, c’était a peine si quelques fruits parvenaient â nouer. C’est alors que M. Gonthier a imaginé d’établir un courant d’air dans ses coffres, en ouvrant alternative- ment les châssis parla partie supérieure et par la partie infé- rieure, de manière a ce que le moindre vent, en agitant ks étamines, concourait a la fécondation. Quoi qu’il en soit do l’explication du phénomène , je dois déclarer n’avoir vu nulle part des Fraisiers chargés d’autant de fruits que sur les variétés cultivées par M. Gonthier : le Comte de Paris et Princesse iîoî/a/e, obtenues de semis par M. Pclvilaiih REVUE HORTICOLE. 2^0 M. Gonthier, comme on le sait, se livre a d’autres cultu- res de primeurs, et pour donner une idée de son élablisse- ment, je dirai qu’il emploie cinq chaudières au chauffage de ses serres, et douze a celui de ses châssis; le fumier est uni- quement réservé aux réchauds; tout est chauffé au thermo- siphon conslrnit par M. Gervais; M. Gonlhier le préfère surtout pour les serres a Bananiers et â Ananas. Deux de ces chaudières sont munies de 64 mètres de tuyaux ronds et 64 mètres de tuyaux en forme de gouttière, qui rempla- cent avantageusement le fumier. Sous les planchers, trois chaudières, dont les tuyaux parcourent une longueur de 504 mètres, échauffent les bâches â primeurs. M. Gonthier possède en outre, comme je viens de le dire, douze chau- dières destinées au chauffage de ses châssis, mais ces chau- dières sont établies sur d’anciens modèles; il est moins satisfait de ces machines que de celles imaginées par M. Gervais. Ces douze chaudières présentent un parcours de tuyaux de 5^0 mètres, ce qui fait un total de 878 mè- tres pour dix-sept chaudières, sans y comprendre les gout- tières. On peut facilement se rendre compte de la quantité de fumier que nécessitait l’entretien d’un semblable établis- sement avant l’emploi du thermosiphon. Les appareils con- struits par j\r Gervais peuvent également s’appliquer au chauffage des grandes serres, en multipliant les tuyaux, qui tous sont en cuivre. Les primeurs que j’ai vues chez M. Gonlhier sont de toute beauté, et consistent en Raisins dont les grappes sont telle- ment fournies qu’on est obligé de les éclaircir en enlevant une partie des grains ; M. Gonthier croit devoir aitribuer ce luxe de végétation a un aérage rationnel de ses serres sur le- quel on ne saurait, en effet, assez appeler l’altention des horticulteurs. NelmaiMS. Nouveaux sujets pour rerevoir les greffes d'arbres fruiiiers. On admet que les Poniîniers paradis transforment en arbres nains nos Pommiers a hautes tiges lorsqu’ils en re- çoivent la greffe. AL le Bretonneau, de Tours, qui se li- vre depuis longtemps à la recherche des arbres nains, afin de s’en servir comme sujets pour recevoir les greffes d’ar- bres plus élevés, multiplie dans ce but et par boutures un arbuste d’un mètre, le Prunus pumila (Linn.), vulgaire- RENUE nOIlTlCOLE. 211 ment appelé Uagoumier, pour greffer les Pruniers et les Pêdi«rs. Ces arbres ont produit l’effet qu’il eu attendait ; plusieurs jeunes exemplaires qu’il a envoyés l’an dernier au Muséum m’ont paru offrir des rameaux moins dévelop- pés que ceux des Pêchers greffés sur Amandier ou sur Pru- nier, les yeux m’ont semblé plus rapprochés, et participer ainsi de la nature du Ragoumier, comme l’avait annoncé M. Bretonneau qui, d’après plusieurs expériences, s’est as- suré que ces arbres ne s’élèvent pas au delà de ^ à 2 mè- tres au plus. C’est aussi à cet amateur distingué qu’on est redeva- ble de la greffe des Pruniers de Reine-Claude sur le Pru- nellier des haies {Prunus spinosa. Linn.). Les Pruniers de Reine-Claude forment alors des arbres nains, et les fruits nouent beaucoup plus tôt que les mêmes espèces greffées sur Prunier Saint-Julien et autres. Nous avons vu chez M. Battereau d’Anet, près de Meaux, des exemples de ces arbres greffés d’après ce procédé. En ce moment, M. Bretonneau fait des essais du même genre sur le Prunier à feuilles blanchâtres {Prunus incana). l’Amandier de Géorgie {Amygdalus Georgica) et l’Aman- dier nain {Amygdalus nana)^ tous arbrisseaux de petite dimension. Dans les premiers jours de janvier, M. Breton- neau a apporté à Paris plusieurs paquets d’arbres ainsi greffés et des boutures de Prunier nain faites au printemps dernier; elles étaient d’une belle vigueur et bien enraci- nées ; on aurait pu certainement s’en servir à l’automne de la même année pour recevoir des greffes. Il en a remis plu- sieurs à M. Jamin, en lui recommandant la multiplicatioîi de celte espèce pour obtenir des Pêchers nains. M. Bretonneau, tout en s’occupant des sujets propres à recevoir les greffes d’arbres à fruits à noyaux pour en ob- tenir des arbres nains, expérimente aussi sur un grand nombre d’arbustes de la famille des Pomacées. L’Amelan- chier (Cratœgus Amelanchier)^ arbuste qu’à l’état sauvage on trouve sur plusieurs points de la France, sert depuis longtemps et avec succès à cet habile expérimentateur comme sujet pour recevoir les greffes des Poiriers. Depuis peu d’années il emploie avec avantage et au même usage im nouvel arbuste, le Cotoneasier affinis, originaire du Né- paul. M. Bretonneau m’a assuré qu’il le préférait au Coi- guassier pour greffer les Poiriers, mais qu’il n’en obtenait pas cependant des Poiriers nains. Cette espèce, encore rare REVUE HORTICOLE. 212 ilans les pépinières , lui donne des graines qu’il sème chaque année immédiatement après leur maturité. Il le multiplie aussi de boutures et de marcottes, et engage les pépiniéristes à se procurer cet arbuste pour s’en servir comme sujet propre au Poirier, car ses racines se compo- sent d’une grande quantité de chevelu, et il s’accommode des terrains les plus secs. M. Bretonneau essaie en ce moment de greffer des Poi- riers sur les Cotoneaster buxifolia et microphylla, origi- naires du Népaul, tous deux a feuilles persistantes; mais jdgnore les résultats qu’il a obtenus. On sait que plusieurs Poiriers se développent davantage lorsqu’on les greffe sur Aubépine que sur Poirier sauvage ; qu’ils y vivent plus longtemps et qu’ils donnent beaucoup de fruits ; et comme les Cotoneaster sont des arbrisseaux la plupart originaires des pays froids et tempérés, je crois que plusieurs d’entre eux pourront servir avec grand avantage de sujets pour recevoir des variétés délicates qui ne sup- portent que difficilement la rigueur de nos saisons. PÉPliV. Cultures d'Angers, — Serre de M. Cachet, — Floraison de ses Camellias en mars 1847. Chaque année le printemps nous amène, avec les pre- miers jours de beau temps, le retour de la floraison des Camellias. Ce charmant arbrisseau, qu’on dirait avoir été créé par la nature pour nous dédommager de ses ri- gueurs pendant les longs mois d’hiver, où les serres, malgré le talent des grands maîtres en horticulture, ont peine a nous offrir çà et la quelques jolies fleurs, développe en ce inoment, sous mille formes diverses, tout le luxe de son brillant coloris. L’horticulture parisienne, voulant réjouir le public par la vue des merveilles qu’offre ce beau genre, vient d’étaler toutes ses richesses dans une exposition splendide, où, pendant trois jours, amateurs et curieux ont pu les aller admirer; puis chaque plante a repris le chemin de la serre qui l’avait préservée des atteintes de l’hiver, et tout a été dispersé. Je regrette qu’Angers, comme Paris, n’ait pas a sa disposition d’immenses fortunes pour sub- venir aux frais d’une exposition, car elle aussi possède dans plusieurs genres, tels que le Camellia, par exemple, des richesses horticoles qui pourraient disputer le prix aux col- REVUE HORTICOLE. 215 leclions les plus renommées de Paris. M. Cachet, qui depuis vingt ans a consacré presque tous ses soins à ce beau genre, en a réuni une collection justement appréciée et qu’on s’accorde à placer au premier rang parmi les plus riches de France. Pour les loger convenablement elles disposer de manière à en faire ressortir tout l’éclat qu’il était possible d’en tirer, il a fait construire, il y a sept ans, une serre en fer de plus de 55 mètres de longueur sur de largeur et 5”\50 de hau- teur. Elle est cintrée et vitrée sur toutes ses faces, excepté du côté nord, tourné vers le Mail, la plus jolie promenade d’Angers. Cette façade, de belle architecture, présente de larges ouvertures, lesquelles permettent aux nombreux vi- siteurs qui fréquentent cette promenade de jouir du magni- fique coup d’œil qu’offre la réunion de tant de belles plantes en fleurs a la fois. Si l’on pénètre a l’intérieur, l’admiration augmente à la vue de tant d’arbres chargés de milliers de fleurs de formes variées a l’infini, de couleurs et de nuances si diverses et si bizarres. Tout d’abord l’œil du visiteur se repose avec dé- lices sur l’admirable élégance d’un Acacia dèalbata planté en pleine terre dans cette serre. Quoi de plus gracieux en effet que cet arbre aux rameaux d’un vert glauque, an feuillage de même couleur et si finement découpé, à ces myriades de fleurs jaunes, soyeuses, plus légères que le duvet, et qui forme comme un nuage léger doré par les premiers rayons de l’aurore î Aucune description ne peut rendre fidèlement toute la légèreté, l’élégance et la grâce de cet arbre. Planté il y a quatre ans, lorsqu’il avait a peine I mètre de hauteur, il a atteint en deux ans le faite de la serre. Deux fois déjà il a été rabattu, et malgré ces mutilations il occupe au sommet de celte serre un espace de plus de ^6 mètres carrés. Les branches retombent mol- lement balancées et accablées sous le poids de ces fleurs légères. Combien ne doit on pas regretter, â la vue d’un arbre si beau et si vigoureux, qu’il ne soit pas de pleine terre et ne puisse être employé a la décoration des parcs et des jardins anglais? Plusieurs fois M. André Leroy l’a essayé a Angers à bonne exposition; il a bien supporté 7 degrés centigrades, mais il a gelé lorsque le thermoraèlre est descendu au-des- sous de ce chiffre. Comme pendant a V Acacia dealbaia , on trouve im 2!4 REVUE HORTICOLE. auUe arbrisseau cUi meme genre, V Acacia vestita dit de Sainle-llélèiie, s’appuyant à une colonne en fonte qui i>oulienl la charpente de la serre, et du sommet de laquelle il jette en forme de saule pleureur une gerbe d’élégantes fleurs jaunes. Puis a d’autres colonnes, d’autres Acacias, des Kennedyas, des Glycines, des Bignonias, etc. Pour que rien ne manquât à ce superbe palais de Flore, des Daphnés, des Violettes de Parme par milliers, les plus belles Hyacin- thes de la Hollande y répandent une odeur suave. Si maintenant nous passons aux Camellias dont celte serre est remplie, nous nous trouvons fort embarrassé, tant le nombre en est grand. Nous regrettons-de ne pouvoir pas^ ser ici en revue cette énorme quantité de Camellias que vien- nent augmenter les gains les plus rares et les plus précieux de toutes les villes horticoles de l’Europe et de PAmérique. En entrant dans cette serre, le premier qui frappe la vue est un Camellia imbricata alba, de 2*”, 50 de hauteur et de ^ mètre au moins de diamètre. Il est couvert de plus de 200 jolies fleurs pleines, fortes, et qui font de ce Camellia un buisson d’un brillant aspect. Vinsubria, rouge saumoné, marqué de stries blanches, parfaitement imbriqué, esFune très jolie plante qui pro« duit un admirable effet dans une serre. Le Crimson perfection^ de 2”“,50 de hauteur, est couvert de boutons en grand nombre, commençant à ouvrir ses jolies fleurs rouge cerise, imbriquées et de forme parfaite. Cette espèce, bien que n’étant plus une nouveauté, est en- core très recherchée. P aimeras perfection, de même hauteur que le Crimson, est surtout remarquable par sa force et l’abondance de ses fleurs régulières et imbriquées. C’est encore une de ces es- pèces privilégiées qui ne vieillissent point et qu’on ren- contre dans toutes les collections de choix. Squammosa, de même force que les précédents, couvert d’une énorme quantité de jolies fleurs rouges, d’une imbri- cation parfaite, marquées de nombreuses stries blanches se détachant fortement sur le bord extérieur des pétales, et lui donnant un aspect singulier qui le distingue facilement des autres espèces. Vimbricaia rubra , l’un des plus beaux parmi les Camellias rouges, est remarquable surtout par la régu- larité de ses fleurs, et l’un des mieux imbriqués connus. Cette année, à Angers du moins, les fleurs étaient toutes REVUE HORTICOLE. 215 marquées de larges macules blaiiclies se dessinant bien sur le rouge des pétales et ajoutant encore a leur beauté. L’ar- bre qui les portait élait de forme pyramidale et couvert de plus de ^00 fleurs a la fois. C’était un de ceux devant les- quels aucun amateur ne passait sans s’arrêter saisi d’admi- ration. Vadmirabilis, baptisé dernièrement du nom de Maria Luisa, a 2 mètres de hauteur, bien garni de branches ; ses fleurs rouge foncé, fortement maculées de blanc, sont larges et belles. 0 Le pulcherrima^ de 2*", 50 de hauteur, couvert de fleurs en si grand nombre qu’elles se touchaient toutes; quelques- unes mesuraient de diamètre. Ce Camellia, par l’a- bondance et la dimension de ses fleurs, du plus beau rose qu’on puisse désirer, était peut-être celui qui produisait le plus d’effet dans cette serre majestueuse où tout était beau. Que dirai-je d’un alba plena de près de 5 mètres de hauteur et ^“,50 de largeur, formant un énorme buisson et portant plus de 500 fleurs à la fois; d’un colvilii striata de 2™, 50 de haut, aux jolies fleurs blanches striées et ma- culées de rose; d’un délie atissima et d’un oxoniensis^ chacun de 2 mètres de haut, couverts de plus de 500 bou- lons à fleurs dont quelques-uns commençaient à s’épa- nouir ; de plusieurs Henry Favre, de 2 à 5 mètres de hau- teur, aux jolies et nombreuses flems roses; d’un nassi- niana^ d’un eximia, d’un formosa^ d’un pratti^ d’un heteropetala rubra, tous très grands et portant des fleurs en nombre considérable? Il faudrait un volume entier pour décrire tous ceux qui mériteraient une description, soit par l’élégance de leurs fleurs, soit par leur coloris, leur forme, leur force, etc. Cependant je ne terminerai pas sans passer en revue les nouveautés du jour, dont un certain nombre fleurissent pour la première fois, et qui ont attiré a Angers, pendant la floraison de cet arbrisseau , un nombre considérable d’horticulteurs et d’amateurs de ce beau genre. Cette caté- gorie comprend non seulement les espèces rares, mais en- core plusieurs qui ne sont décrites dans aucun ouvrage français. Quelques-unes égalent ou même surpassent en beauté toutes les espèces qui ont paru jusqu’à ce jour, et prouvent jusqu’à quel degré l’homme peut, par la culture, améliorer et presque changer la forme primitive des fleurs REVUE HORTICOLE. 2IG qne la nature a semées sur ses pas pour rendre son séjour sur la terre plus agréable. Parmi celles qui nous ont paru mériter le plus d’iniérét^ nous avons remarqué : Madoni, variété introduite récemment d’Italie, a fleurs blanc carné, ponctuées, striées de carmin , à imbrication très régulière; feuillage large, d’un beau vert foncé; sujet vi- goureux. Grossii, Le feuillage a quelque analogie avec celui du Donkelœri; ^ fleur est warratiforme, en gobelet, d’un beau rouge vif velouté. Paride, Feuilles ondulées, lancéolées; fleurs rosæ- formes, semi-régulières, larges de pétales extérieurs presque arrondis, d’un rouge saumoné, maculés de blanc. Lelte fleur, par ses dimensions, produit un bel effet. Kiloingioniana, la merveille du jour. Feuilles de 0®5^4 de longueur, de largeur: un des plus vigoureux qui existent. Planté en pleine terre , il devra y atteindre eu peu d’années de grandes dimensions. Fleurs anémo- nées, de à de diamètre; pétales extérieurs larges, quelquefois écliancrés, arrondis, couleur primitive rouge vif, mais marqués de macules qui prennent les trois quarts de la largeur et quelquefois même les pétales tout entiers; il ne reste le plus souvent de rouge qu’autour des pétales ou une tâche seulement au milieu de ceux-ci. Le coloris a quelque analogie avec icelui du Donkelari^ mais le blanc domine davantage et se détache mieux sur le fond rouge. La fleur est aussi plus double et plus grande ; les pétales de l’intérieur sont fasciculés. C’est assurément une des plus remarquables et des plus belles conquêtes que l’horticulture ait faites en ce genre; elle est appelée, par sa vigueur, la dimension de ses fleurs et le brillant de sot» coloris, a occuper la première place dans les cultures, soit en serre, soit en pleine terre. Le pied que nous avons vu fleurissait pour la première fois et portait une seule fleur sur un rameau faible, ce qui fait espérer que lorsque les fleurs seront portées sur des rameaux plus forts, elles at- teindront des dimensions beaucoup plus considérables. Ce pied était tout petit lorsque M. Cachet l’a reçu d’Amé- rique; aujourd’hui il atteint près de ^*",50 de hauteur. Wallichii. Fleur anémonée au centre, imbriquée exté- rieurement, rose carmin, marquée de macules blanches dans la longueur des pétales, qui sont légèrement écliancrés REVUE HORTICOLE, 2{7 au îuilieii. C’csl une belle fleur. Les feuilles soûl presque arrondies, vert noir. Alba Casoretti. Fleurs de 0"\ I2 de diaraèire ; les sepl rangs de pclales extérieurs sont parfaitement imbriqués, ceux du centre sont chiffonnes ; les feuilles sont vert foncé, luisantes, presque rondes. C’est une fort jolie plante qui fleurit pour la première fois et qui ne tardera pas à se ré- pandre dans le commerce. M. Cachet la considère comme une de ses nouveautés du plus grand mérite. Henry Clay fleurit pour la première fois, comme Valba Casoreiii. Les fleurs sont rouges, larges de a bien imbriquées extérieurement, anémonées a l’intérieur, quelques légères stries blanches traversent les pétales; c’est encore une des plus belles nouveautés de la saison. Apollo novissima^ fort jolie variété a fleur rose ; pétales régulièrement imbriqués et traversés de lignes blanches. Borgia, feuilles larges, quelquefois ondulées, vert foncé: arbre vigoureux ; fleurs rose tendre, avec quelques lignes légèrement marquées de blanc sur le milieu des pétales ; forme imbriquée dite perfection. Princesse Baciocchi^ figurée dans la Revue horticole du ^5 octobre dernier, et décrite par M. Van Houtte. Nous avons compare avec la gravure de H Revue les fleurs obtenues par M. Cachet, et nous sommes resté convaincu que le peintre n’avait rien exagéré; il est même resté au-des- sous de la vérité pour le coloris. il y avait bien encore d’autres nouveautés en grand nombre, et qui mériteraient des descriptions ; mais je m’ar- rête, de peur de fatiguer le lecteur. Toutefois, je ne puis me dispenser de dire ici quelques mots d’un gain qu’a fait M. Cachet, et auquel il a donné le nom de son fils, Adol- phe Cachet, En voici la description : feuilles lancéolées et acuminées, presque entières, nombreuses; la plante forme un joli buisson d’un beau port bien garni; fleurs d’un rouge foncé; pétales traversés longitudinalement de nom- breuses stries blanc carné, lesquelles se détachent bien sur le bord extérieur des pétales qui sont dentés, échancrés et imbriqués. Le sujet (type), qui fleurit pour la première fois, est couvert de boulons en grand nombre, quoique jeune et peu élevé. Baptiste Desportes, pépiniériste. REVUE HORTICOLE. 2\H Tifjcs de Pliylolacca decandra considéré comme plante culinaire. On a pu remarquer pendant les mois de février et mars, chez plusieurs marchands de comestibles de Paris, des liges blanchies du Phytolacca decandra. Ces tiges, assez sem- blal>les à des asperges, se vendent en grande quantité sur les marchés des Etats-Unis, où cette plante est regardée depuis longtemps comme plante alimentaire. M. Lakanal, qui résida pendant plus de vingt ans au Kentucky, etc., m’a assuré qu’elle y était estimée comme un excellent légume ^ Plusieurs personnes a Paris en ont fait l’expérience et n’ont pas trouvé ce mets de leur goût; mais il paraît que cet avis iPest pas général, puisque \e Phytolacca est devenu, mo- meiUanéinent du moins, une plante culinaire chez nos pri nci pa ux restaurateurs. Pépin. Espoir d'une bonne récolte de fruits en ^847. Depuis longtemps les arbres fruitiers n’ont eu dans tous les jardins une aussi belle apparence que cette année. Les Poiriers, les Cerisiers, les Pommiers sont couverls de fruits; les Abricotiers en sont moins pourvus, mais il en reste en- core ; les Pruniers sont dans le même cas ; mais la vigne est partout dans la position la plus normale, on voit à tous les bourgeons deux ou quatre grappes qui donnent les plus bel- les espérances. Cetie observation s’étend non-seulement aux Kaisins communs et aux Chasselas, mais encore aux Franken- tal, au gros Ribier et en général a toutes les variétés de Vi- gnes. J’attribue cette abondance de fruits à la préparation des bois, que les chaleurs de l’année dernière ont eu le temps de bien mûrir et de bien aoûter. Pépin. Cordes métalliques. M. Masson, fabricant cordier, montée de la Grande-Côte, à Lyon, vient d’inventer des cordes métalliques imperméables qui se composent d’une réunion de brins de chanvre dans le centre desquels se trouve un fil de fer souple filé et tordu (I ; Nutlall, The geuera of Norlli Amer, pl., t. I, p. 293. « The joung shouls wheii hoiled form an arlicle of diet. » REVUE HORTICOLE. 2 i 1) dans loule sa longueur, lequel esl soumis a une préparation faite avec un corps gras pour le préserver de l’oxydation ; enûn la corde est enduite, dans son entier, d’une double couche de couleur a l’huile qui la garanlit de toute humi- dité. L’avantage de cette corde est d’étre moitié moins grosse que celle faite seulement avec le chanvre, et de pré- senter plus de solidité et de durée. Elle peut être employée avantageusement en horticulture a l’usage des paillassons, et paraît être très estimée dans plusieurs usines et fabriques Pour la pépinière la plus riche en arbustes d'ornement et de pleine terre, une mention honorable a M. Forfert. REVL'E HORTICOLE. Celte Société travaille en ce moment à la foiulatiou d’uu jardin d’expérimentation où les cultures, dirigées habile- ment d’après des méthodes perfectionnées, seront un nou- veau et puissant moyen de progrès pour le pays. Exposition d'horticulture à Caen. L’exposition annuelle de cette Société a eu lieu du 15 au ^8 avril, et a été très remarquable pour les véritables ama- teurs, et intéressante pour tout le monde. Pendant les quatre journées qu’elle a duré, cette exposition n’a cessé d’attirer la foule, et on a pu constater l’utile influence que la société exerce sur les cultures du département. La distribution des prix et le tirage de la loterie ont eu lieu le dimanche ^8, après une courte et piquante allocu- tion du président, M. Duméril, et un rapport plein d’intérêt du secrétaire, M. deBonnechose, sur les travaux de l’année. Le prix des dames palronesses (médaille d’or), décerné pour la plus belle plante en fleur, a été obtenu par M. Le- landais (de Caen), pour un magniûque Rhododendron ar- boreum purpureum superbum chargé de fleurs, et la mé- daille de vermeil, parM. Tirard, pour un Camellia d’une remarquable beauté. Les collections de Jacinthes, de Rhododendrons, d’Àza- léas étaient fort belles. La plupart des lauréats sont des horticulteurs de profession ou amateurs déjà honorable- ment connus : M"'® Quetel, MM. Lelandais, Tirard, Darcan- ehy, Gallet, Gaugain, Oger (de Caen), Duméril (de Marce- lel), Oudin (de Lisieux), Châtel (de Vire), Froment. Les prix pour légumes et primeurs maraîchères et prix en dehors des concours ont été décernés à MM. Froment (d’Harcourt), Mathon (a Grentheville, chez M. Fourneaux), Lecois, Huet, Lecornu, Langlois, Corbel. Une médaille de bronze a été remise à M. Lemanicier aîné, à Caen, pour des serpettes d’excellente qualité et un échenilloir de son invention. ün banquet tout cordial a réuni après le concours tous les membres de la société, et cette partie de la fête a été consacrée par une offrande libérale faite aux indigents. Les Sociétés de Rouen, Valognes et Meulan avaient de> • représentants a celle fête. Inipdt.iens [)kdypeLa!a REVUE HORTICOLE. 221 Impatiens platypetala (fig. ^2). Celte channnnte plante, ainsi que la qualifie avec raison M. Lindley, qui le premier nous l’a fait connaître, a clé im- portée tout récemment de Java, par M. Lobb, collecteur dont nous avons souvent cité avec éloge le zèle intelli- gent. Présentée en fleurs, l’été dernier (I81G) , a l’ex- position de la Société d’horticulture de Londres, elle a été gratifiée d’une médaille d’argent. Voisine par son port de VL latifolia de Wallich (non L.), elle en diffère par sa gla- briété, l’absence de glandes sur les pétioles et la longueur de son éperon. Selon M. Lindley, elle est vivace au moyen d’un rhizome tuberculeux. Dans les individus que nous avons examinés avec soin dans le jardin de M. Van Houtle, aucun ne nous a offert de tubercules radicaux, mais simplement des fibres radicales d’oîi s’élevait une tige robuste articulée (articula- tions assez fortement renflées a la base), pourprée ou très finement ponctuée de pourpre. Elle est entièrement glabre et porte des feuilles verticillées par trois ou par quatre (ou plus?), brièvement péliolées (les inférieures longuement), oblongues-lancéolées, aiguës, très glabres, bordées de dents aiguës et séri ées, a nervure médiane et a pétioles pourpres. Les pédoncules sont uniflores, axillaires, dressés, disposés par un ou par deux dans chaque aisselle foliaire, plus courts que les feuilles et munis, chacun à la base, de deux très petites bractées subulées, colorées. Entre chaque pétiole sont une ou deux glandules aciculaires, pourpres. Les fleurs sont grandes, planes, d^in rose vif, relevé de cramoisi; avant leur épanouissement, elles simulent paifaitement cer- tains casques du moyen âge, pourvus de pointes. Le calice est composé de A folioles étroites, ovales, aiguës, dont l'infé- rieure, un peu plus ample que les latérales et colorée, se prolonge en un éperon falciforme aussi long ou presque aussi long que les pédoncules. La supérieure est renflée, bossue, fortement carénée et intimement soudée avec le pé- tale correspondant. Les pétales, au nombre de 5, sontobeor- dés, échancrés, mucronés; les deux latéraux et intérieurs sont les plus étroits ; les postérieurs sont creusés d’une fossette vers la base, et la finement mouchetés de cramoisi. Les étamines, au nombre de 5, d’abord intimement soudées au sommet entre elles et avec le style, sont très courtes, 3® SÉRIE. Tome i. — f 2. f 5 Juir^ 1 8 î7. REVUE HORTICOLE. 222 onguiculées, en forme de bosse, couvertes de petites tubé- rosités, visibles seulement a la loupe, puis bientôt cadu- ques ; l’inférieure est extrêmement courte, abortive; tou- tes d’un beau rose violacé, s’ouvrent au sommet par une fente et émettent un pollen d’un rose pâle ; l’ovaire oblong, arrondi-anguleux, de couleur verte, se termine par un stigmate sessile. Il contient un petit nombre d’ovules ovales, superposés et fixés dans l’angle central des loges. Capsule... Ch. Lemaire. Culture. — La culture de cette espèce est extrêmement facile. Elle se bouture avec promptitude de ramules coupés aux articulations, et tenus sur couche tiède et sous cloche pendant quelques jours. En outre, comme elle semble de- voir donner des graines abondantes, la propagation de l’es- pèce en est désormais assurée dans nos jardins. En calculant graduellement la succession du bouturage ou du semis des graines, on peut, pendant toute l’année, jouir de ses belles et brillantes fleurs. C’est ainsi que, pen- dant toute l’année dernière, cet hiver, et en ce moment même (avril), j’en ai encore des individus en pleine florai- son. On devra, chaque année, préférer ainsi de jeunes et vigoureuses plantes â la conservation en serre chaude des vieux individus. Comme les espèces congénères, elle de- mande un sol riche et des arrosements abondants pendant la belle saison. Van Hoütte. Plantes nouvelles ou peu connues figurées ou décrites dans les journaux d'horticulture. Les journaux horticoles anglais sont incontestablement plus riches en nouveautés que les journaux français, il faut bien le reconnaître ; c’est une honte pour l’horticulture française d’être obligée d’emprunter aussi souvent, à nos voisins d’outre Manche, des images souvent mal reprodui- tes pour orner ou pour compléter ses recueils périodiques. ÎSoiis ne manquons pas cependant de plantes nouvelles chez nos horticulteurs ; il est vrai qu’il faut se don- ner la peine de les chercher. Celte fois, pourtant, nous n’avons pas trop à regretter cette pénurie ou cette négli- gence. Le Portefeuille des horticulteurs^ dans son numéro REVUE IlOllTICOLE, 225 de juin, donne trois planches originales, l’une est le Slifftia chrtjsantha, dont la Revue horticole a déjà parlé dans le numéro du mars. Les deux antres sont consacrées, Tune au Slatice imbricata de M. Webb, l’autre à deux fraises déjà mentionnées et décrites dans la Revue ; la Prin- cesse royale et le Comte de Paris. Le Slatice imbricata ressemble beaucoup au S. sinuata.^ mais il est plus grand. Sa tige, ailée sur les angles, s’élève de 0“,40à 0*“,50, et se divise au sommet en rameaux latéraux qui se terminent par de petits bouquets de fleurs d’un très beau bleu , dont l’ensemble constitue de larges et élégants corymbes. Cette nouvelle espèce se trouve chez M. Keleléer, qui, l’année dernière, en a fait l’acquisition deM. Bourgeau, à son retour d’un voyage botanique aux îles Canaries. La culture de cette plante est assez facile : elle végète vigou- reusement en terre de bruyère pure ou mélangée avec de la terre franche, si on a le soin delà rempoter souvent; elle doit être rentrée en hiver dans une serre tempérée oîi la température ne descendra pas au-dessous de 4 à 5^. Au nombre des plantes curieuses qui fleurissent en ce mo- ment, nous pouvons citer deux espèces de Phormium con- fondues jusqu’à ce jour comme variétés, malgré les indica- tions précises de Cook à leur égard : l’une de ces plantes a les fleurs d’un jaune-orange (abricot), c’est le P. tenax, actuellement en fleur au Muséum; l’autre, introduit à Cher- rbourg il y a quelques années seulement, par M. Doucet, ca- pitaine au long cours, et dont on vient d’envoyer des échan- tillons à M. Decaisne, a les divisions extérieures des fleurs d’un rouge-noir et les intérieures vertes. Cette espèce doit se rapporter au P. Collensoi ou au Forsterianum. Elle se distingue en outre du jP. tenax par ses feuilles plus étroites et moins longues, qui ne présentent pas sur leur face infé- rieure cette couleur glauque qu’on observe sur celle de l’ancien Phormium. Peut-être ces deux espèces se trouvent-elles confondues depuis longtemps dans les collections ; il serait important de les distinguer à l’avenir. Le Funkia grandiflora de M. Siebold, dont M. Van Houtte est Pheureux acquéreur, a fleuri pour la pre- mière fois en juillet 4 846 dans le jardin de la société royale d’horticulture des Pays-Bas. Sa tige est dressée, garnie de grandes feuilles ovales, sessiies, à l’aisselle des- quelles naissent de belles et grandes fleurs Manches, 225 REVUE HORTICOLE. très o:]v)iaiilcs , constituant au sommet de la lige une élé- iizanlc et majestueuse grappe allongée. D’après M. Van Hontle, cette belle espèce n’est pas plus délicate ni plus «lifficile sur le lerrain que ses congénères; seulement elle craint l’humidité stagnante et les grands froids; il faudra donc la rentrer en automne dans une orangerie et remplir le fond des pots d’un lit assez épais de cailloux ou de plairas. Les Orchidées sont toujours en honneur chez les Anglais ; nous n’en parlerons pas cette fois, nous leur consacrerons un article spécial dans une prochaine livraison. Les espèces les plus remarquables figurées dans le Bo- tanical regisler, et appartenant a d’autres familles, sont les suivantes : Echiies Franciscea Alph. DC , de la famille des Apocy- nées. Celle plante, originaire du Brésil , croît sur les bords de la rivière Saint-François, d’où elle a été envoyée en An- glelerre par M. Claussen. C’est une plante grimpante dont les fleurs rouges, odorantes, sont disposées en grappes axil- laires; elle fleurit en septembre. Micromtria exserta Don. Très 'belle Borraginée vivace envoyée du Mexique par M. HarUveg. En août et octobre, elle se couvre de longues fleurs jaunes, a étamines très sail- lantes. C’est une bonne acquisition pour l’ornement des ser- res tempérées. Akebia quinata Dcne. Celte plante curieuse a d’abord été décrite sous le nom de Rajania quinata par Tliunberg; mais la singulière organisation de ses fleurs rouges, qui sont de deux formes et de deux grandeurs sur la meme grappe, a déterminé M. Decaisne, qui le premier nous l’a fait con- naître, a en former un genre nouveau dans un groupe fort éloigné de celui où l’avait classé ïhunberg. Celle plante, cultivée dans les jardins du Japon sous le nom de Fagi- kadaura-akebi , vient d’etre envoyée a la Société liorlicul- tiirale de Londres, par M. Fortune, qui l’a récoltée a Chu- San. D’après la station de V Akebia, tout porte a penser qu’il pourra servir à l’ornement des treillages en plein air ; il lui faut un lerrain qui laisse facilement écouler les eaux. On peut le multiplier par boutures de liges ou de racines. Le Chœnostoma polyanthum Benth. est une charmante Scrophularinée herbacée originaire du Cap, et qui rappelle le port des Manulea et des Verveines. En juillet et sep- tembre, elle se couvre de nombreuses et élégantes fleurs lilacées qui la rendent très propre a orner une serre lera- REVUE HORTICOLE. 225 pérée. Elle demande la terre de bruyère ; ou la multiplie par graines ou par boutures. Collomia dulcis de Lindley , ou Alstrœmeria dulcis de Hooker. Plante grimpante a tiges grêles, flexueuses, qui se terminent en août et décembre par une ou quatre fleurs pendantes, cylindriques, a divisions externes pourpres. Cette espèce, originaire du Pérou, est un assez joli ornement pour la serre-chaude. Aquilegia jucunda Fjsch. Cultivée dans un mélange de sable et de terreau de feuilles, cette .espèce atteint de 0™,50 a 0™,40 de hauteur; ses fleurs sont d’un beau bleu porce- laine nuancé, avec les éperons courts roulés en crosse et de même couleur que les sépales. Les étamines sont d’un beau jaune d’or. Cette jolie plante, intermédiaire entre l’,4. glandulosa et VA» alpina^ est vivace, robuste, très propre a la décoration des rocailles ; il lui faut de nombreux arro- sements lorsqu’elle est sur le point de fleurir, ce qui a lieu de juin a août ; lorsqu’elle ne végète plus , il faut au con- traire la garantir de l’humidité. Hérincq. Stranvœsia glaucescens Bot. mag. ; = Craiœgus glauca Wallich. Le genre Stranvœsia a été établi par M. Lindley sur un arbre du Népal, introduit en Europe par M. Wallich sous le nom de Craiœgus glauca^ et dont le port rappelle le Photinia. Le Stranvœsia est un arbre moyen, toujours vert, a ra - meaux purpurins, glabres, et a ramilles tomenteuses ; feuilles ovales-lancéolées , atténuées aux deux extrémités, dentées, coriaces, glauques, lisses, a nervures , ainsi que le pétiole, velues en dessous; arrivées a leur état adulte, elles ne conservent leur teinte glauque que sur la face in- férieure. Le Stranvœsia est un arbre d’un beau port; il n’a poiiH encore fleuri sous notre climat, mais d’après les échantil- lons reçus du Népal , les fleurs forment un corymbe miil- tiflore, velu et floconneux; la corolle blanche, de la grandeur de celle de l’épine blanche; les fruits, d’un rouge orangé, égalent le volume d’un pois. — Cette espèce a été introduite d’Angleterre a Paris en ^858 ; on la multiplie de greffe en fente sur Coignassier, comme pour \q Phoiinia glabra 226 REVUE HORTICOLE. (Cratægus glabra) ; les frreffes réussissent parfaitement et poussent avec vigueur. 11 n'en est pas de même à Tégard des boutures. Cet arbre, dont le port est très beau, paraît craindre encore plus la gelée que le Pholinia; on n’a pas réussi a le cultiver en pleine terre à Paris; essayé plusieurs fois, les gelées de 4® à 6° le font périr. Nous sommes obli- gés de le cultiver soit en pots, soit en caisses, et de le ren- trer en hiver dans l’orangerie. On pourra cependant le cul- tiver facilement en plein air dans le midi et l’ouest de la France ; j’en ai vu, en effet, de 5 ou 4 mètres de hauteur dans les pépinières de M. André Leroy, 'a Angers. On sait que la plupart des arbres du Népal réussissent très bien a Montpellier, et que V Acer oblongum^ le Ligustrum nepa- lense^ etc., plantés au jardin botanique de cette ville, y fleurissent et donnent des graines fertiles à l’aide desquelles ou les reproduit. Nous espérons qu’il en sera de même a l’é- gard du Stranvæsia, Pépin. Note sur la construction des nouvelles serres du Jardin Impérial de Botanique de Saint-Pétersbourg , La disposition des serres doit varier, comme on le sait, suivant la nature des végétaux dont on veut protéger l’exis- tence. La construction de celles du jardin de Saint Péters- bonrg va nous en fournir un exemple remarquable. Dans le centre de l’Europe, on est dans l’habitude de les partager en trois groupes : l’orangerie, la serre tempérée et la serre chaude. La première se maintient habituellement a la température moyenne de 5®; la seconde, destinée aux végétaux plus délicats, se maintient entre 8 ou 10® ; la troisième enfin conserve en général + ^2 a 18®, elle est destinée aux plantes des pays situés sous les tropiques. En s’avançant graduellement du climat de Paris vers la région méditerranéenne, on voit successivement disparaître l’oran- gerie et la serre tempérée. Le contraire se remarque quand on s’avance vers les climats septentrionaux ; au lieu de trouver trois sortes de serres on en observe quatre. En effet, les végétaux de l’Europe centrale ont besoin de trouver à saint Pétersbonrg, par exemple, un abri différent de celui auquel nous donnons indifféremment le nom de serre froide ou d’orangerie. La serre froide diffère complètement de l’orangerie avec laquelle on la confond. A Saint Pétersbourg, cette serre est REVUE liOllTlCOLE. 227 destinée a recevoir les véiiélaux a feuilles caduques, tels que Genets, Châtaigniers, Peupliers d’Italie, Erables, etc., pour la conservation desquels la température devra des- cendre en hiver au-dessous du point de congélation ; sans cette précaution, on le conçoit, les arbres de notre climat resteraient plus ou moins complètement en végétation et ne tarderaient pas a dépérir : il leur arriverait ce qui arrive à certaines plantes des tropiques, que des horticulteurs peu intelligents entretiennent constamment en végétation et font ainsi dépérir. Les serres froides de Saint-Pétersbourg sembleront présenter encore une anomalie si on les com- pare à nos orangeries ; elles pourront en effet rester plongées durant une partie de l’hiver dans une obscurité complète, car on le comprend, la lumière, cet agent nécessaire a toutes les serres, pourra n’être point rigoureusement utile dans un lieu destiné à conserver des végétaux a feuilles caduques qu’on soustrait seulement aux 25° de froid qu’on éprouve souvent à Saint-Pétersbourg. Ainsi dans cette ville, située par 59° 56’ l. n., les murs des serres, quoique ex- posés au nord, servent cependant d'appui a de véritables serres froides^ si on les compare à nos orangeries dont la température se maintient au-dessus du point de congé- lation. Cette remarque m’a paru nécessaire pour P intelligence du plan et de la description des serres du jardin impérial de Saint-Pétersbourg. En effet, ces serres forment un vaste parallélogramme divisé en deux parties égales dans sa lon- gueur ; l’une, exposée au midi, comprend l’orangerie, la serre tempérée et la serre chaude ; l’autre, tournée vers le nord, constitue une icnmense serre froide destinée a pro- téger nos végétaux indigènes contre les froids rigoureux d’une latitude élevée. La fondation du jardin botanique impérial de Saint- Pétersbourg date du règne de Pierre-le- Grand ; un oukase du tt février 1714 ordonna la création d’un jardin pour la culture des plantes médicinales. Depuis celte époque jus- qu’en 1822 l’établissement ne reçut, pour ainsi dire, aucun accroissement; mais en 1825 l’empereur Alexandre ordonna la construction de vastes serres, qui devaient former trois corps de bâtiments parallèles d’environ 700 pieds anglais chacun, réunis a leur extrémité par d’autres serres de communication de plus de 500 pieds. L’ensemble for- mait un parallélogramme rectangle. Deux ans suffirent *228 REVUE HORTICOLE. pour terminer ces conslniclions cl porter an décuple le nombre des plantes que le jardin possédait. Dans ces dernières années, et sous le règne actuel de Nicolas r’^, l’accroissement progressif du nombre de plantes nécessita la construction d’une quatrième ligne de serres de G50 pieds de longueur ; aujourd’hui leur étendue totale est de 5,750 pieds environ, dont 400 ont été recons- truits à neuf en 4845 d’après une méthode entièrement nouvelle. La construction de cette serre, destinée à la culture des Palmiers, présentait de grandes difficultés. Il s’agissait d'élever une nouvelle serre en conservant les fondements du mur méridional de l’ancienne, de n’abattre celle-ci que lorsque la nouvelle aurait été élevée, de terminer enfin le travail dans l’espace de quatre mois, seul temps pendant lequel on peut, sans graves inconvénients, laisser les plantes des tropiques exposées a l’influence directe de l’air sous le climat de Saint Pétersbourg. La direction des travaux fut confiécaM. Fischer Ouralsky. I.a nouvelle serre devait avoir, en hauteur ainsi qu’en pro- fondeur, le double de la serre actuelle, et offrir au point de vue architectonique un caractère de grandeur que ne pré- sentaient point les premières. L’architecte n’ignorait pas qu’une des conditions les plus importantes dans la construction d’une serre, c’est l’ad- juission la plus complète possible de lumière. Pour atteindre ce but, il a donné au profil de sa serre a peu près la cour- bure d’un arc de cercle ; d’une autre part, afin d’éviter une perle considérable de calorique, il- revêtit de bois chacun èles chevrons de fonte, de manière a isoler ainsi tout le métal, et a prévenir l’introduction du froid extérieur et l'absorption de la chaleur interne ; double inconvénient qui se fait sentir dans toutes les constructions métalliques. Les travaux commencèrent au mois de mai 1845. H s’agissait, comme on le voit, de revêtir une serre im- mense d’une serre plus grande encore, de placer (qu’on me passe la comparaison) une serre d’une immense longueur sous une cloche de 260 pieds sur 67 pieds de hauteur. Pour asseoir solidement la charpente métallique sur l’an- cien fondement servant de mur d’appui , il fallait le forti- fier; a cet effet, on appuya la surface vitrée (de 260 pieds de longueur) sur des soutiens temporaires, cl, pratiquant dans le fondement vingt ouvertures a 4 2 pieds et demi de dis REVUE HORTICOLE. 229 tance l’une de l’autre, on y déposa des blocs de granit éqiiai - ris, sur lesquels on assit les premières phalanges des che- vrons de la charpente métallique. Les extrémités supérieures des phalanges furent affermies a 50 pieds au-dessus du sol par des solives horizontales qui les unirent entre elles et des barres de fer qui, traversant les colonnes placées à la hau- teur moyenne du mur du fond de l’ancienne serre, les fixè- rent au niveau du mur extérieur élevé a une certaine dis- tance de l’ancien mur septentrional, savoir : au milieu a oO pieds, et des deux côtés h 22 pieds plus au nord. La mise en place des dix -huit colonnes en fonte offrait des difficultés non moins grandes. La partie supérieure de l’ancien mur du fond ne pouvant être enlevée sans laisser les plantes a découvert, il fallut appliquer, à la face sep- tentrionale de ce mur, des voûtes de 1 4 pieds au-dessus du sol ; cela fait, on plaça chaque colonne de manière à en as- seoir une moitié sur une nouvelle voûte et a enclaver l’au- tre dans un sillon pratiqué dans le mur. Les murs principaux et toute la charpente métallique étaient achevés le novembre. Il me reste à donner une idée de la distribution des cul- tures à l’intérieur de cette immense serre. Un parterre de pleine terre, situé dans la partie méridio- nale , sera consacré aux Palmiers de haute taille et a quel- ques grands arbres des tropiques. Deux escaliers, placés aux extrémités de la partie moyenne de la serre, conduiront à une terrasse destinée aux plantes équinoxiales de dimen- sions trop basses pour être placées avec les Palmiers. Cette terrasse, qui occupera toute la largeur et le fond de la serre, aura 21 pieds de largeur et se trouvera placée à 14 pieds au-dessus du sol ; elle reposera sur des voûtes a jour qui , a partir du mur du fond, aboutiront à celles qui servent de support aux colonnes. Elle sera éclairée par en haut et chauf- fée en dessous par l’excédant d’une machine a vapeur qub fera en même temps l’office d’une couche de tannée et en évi tera les inconvénients ordinaires. Deux escaliers, aux extrémités decette terrasse, condui- ront à des galeries, attenant aux colonnes des parties laté- rales de la serre et élevées a 28 pieds au-dessus du sol ; ces galeries, en fer battu, réuniront des corbeilles suspendues par des cordes métalliques aux chapiteaux de ces colonnes. De belles lianes des pays tropicaux, cultivées dans ces cor- beilles, grimpant le long des cordes, orneront de leurs gra- cieux festons la partie supérieure de la serre. 250 REVUE HORTICOLE. Un troisième escalier, an cenîre de la serre, conduira de la terrasse a «ne galerie placée sur les chapiteaux memes des colonnes du milieu, oîi serout cultivées les plantes qui exigent la plus haute température; de cette galerie on pourra observer et soigner les arbres dont les cimes s’élèveront au sommet de la serre. Cet escalier aura un double but : il servira a isoler un tuyau de cheminée provenant de la ma- chine à vapeur placée dans la partie septentrionale de la serre et acculé au fond. Afin de neutraliser la sécheresse de l’air, on établira des jets d’eau dérivant d’un réservoir géné- ral ; l’eau de ces fontaines, parcourant les différentes hau- teurs de la serre, en prendra successivement la température et, s’écoulant par des conduits souterrains, sera constam- ment renouvelée et propre à l’entretien des plantes aquati- ques, en même temps qu’elle communiquera a l’air l’hu- midité indispensable à la plupart des végétaux des zones tro- picales. La nouvelle et immense serre de Saint-Pétersbourg pré- sentera donc dans sa hauteur différentes zones de végétation. La grande chaleur qui régnera autour de la galerie supé- rieure pourrait présenter quelques dangers en hiver, s’il n’était a présumer que la vaste étendue de vitrage, dont la surface sera constamment exposée a l’air extérieur, pendant les froids, ne laisse perdre une grande quantité de la cha- leur intérieure et ne maintienne , dans la partie la plus élevée de la serre, que le degré nécessaire de tempéra- ture pour les cultures qu’on y aura établies. Antérieurement, les trois serres à Palmiers du Jardin im- périal étaient chauffées a l’aide de dix-huit poêles; aujour- d’hui elles le sont par deux thermosiphons a tuyaux en cui- vre qui ont démontré, par des froids de 24 a 28'' R. leur su- périorité de chauffage sur l’ancien système. Cependant deux poêles de réserve ont été établis pour les cas extraordinaires de réparation durant l’hiver. Decaisne. Floraison singulière d%ne branche de Bignonia Catalpa. On a vu, il y a quelques semaines ( i^*'mai 1847), au jar- din de l’Ecole de médecine, un fait assez singulier. M. Bap- tiste Lhomme ayant coupé de fortes branches de Catalpa avec l’intention d’y attacher des Orchidées, les laissa se dessécher durant plusieurs mois , et les plaça ensuite dans REVUE HORTICOLE. 2oi la laniiéeavec des Orchidées qu’il y avait üxées ; mais la végétation de ces tronçons, qui n’était pas tout a fait éteinte, se ranima bientôt par la chaleur humide de la tannée et de la «erre, et donna lieu à la production de nombreux bour- geons qui sortirent sur la surface des branches les plus rapprochées de Textrémito supérieure; ceux de ces bour- geons qui se développèrent le mieux donnèrent naissance à des panicules de fleurs parfaitement conformées. Un autre tronçon, suspendu par des fils de fer, au milieu de la serre, a produit également le même phénomène. Peut-être le Pau- lownia imperialis^ a cause de son bois mou et spon- gieux comme celui du Catalpa^ donnerait-il des résultats analogues, s’il était traité de la même manière. Neumann. Culture des arbres fruitiers, — VII. — Poiriers^. Poires d’aulomne. Beau Saint-Bernard. — Fruit moyen ou gros ,Uurbiné, jaune clair, demi- fondant, bon. — Fin septembre. Beurré gris. — Un des meilleurs fruits connus et des plus répandus. — Fin de septembre et octobre. Napoléon, Beurré Napoléon. — Fruit moyen ou gros, peau jaune clair; chair presque fondante, douce, sucrée, relevée, fort bonne. — Mûrit de la fin de septembre au 15 novembre. Beurré d' Ardempont. — Fruit gros, allongé, jaune tendre ; chair fondante, parfumée, délicieuse. — Mûr au commencement d’octobre. Beurré spence. — Moyen ou gros, fondant, très bon. — Mûr en octobre. Verte longue d'automne. — Fruit moyen , peau verte , unie; chair très fine, très fondante, peu relevée. — Mur en octobre. — Très fertile. Verte longue panachée, Culotte de Suisse. — Variété de la précédente, a fruits plus petits, mais excellents. Belle Héloïse. — Fruit moyen; chair très fondante et très bonne. — Mûr en octobre. Poive Adam, Beurré Adam. — Une des plus grosses poires connues, bien faite, un peu turbiiiée ; peau jaune (l)jVoir pages 51, 77, 88, 101, 126 et 187. REVUE HORTICOLE. 252 clair tiquetée de points bruns, et lavée de rouge du côté du soleil; chair presque cassante, eau assez abondante, mais un peu acerbe. — Mûrit en octobre et novembre. — .l’indique ce fruit, que j’ai reçu sous le nom de Beurré Adam^ et qui n’a rien de commun avec les beurrés, uni- quement a cause de sa beauté et de son volume, car il est peu recommandable crû ; il sera probablement meilleur cuit. Messire-Jean, — Moyen, arrondi, vert brun ou rous- sàlre; chair cassante, sucrée et parfumée. — Octobre. Beurré Capiomont. — Fruit moyen, peau vert-gris, lé- gèrement lavé de rouge; chair fondante, exquise. — Octo- bre-novembre. Très différent du B. Aurore ^ avec lequel on l’a confondu ; celui-ci est une petite Poire assez bonne, très colorée, mûre en septembre. Beurré Diel. — Fruit moyen, excellent. — Octobre- novembre. Beurré magnifique, Beurré incomparable, — Sous ces deux noms, on cultive la même variété de Poire. C’est un fruit gros, pyriforme, allongé, dont la peau est d’un vert légèrement tiqueté de brun, et dont la chair fondante, par- fumée, relevée, est délicieuse. Cet excellent fruit mûrit en octobre et novembre. — Arbre fertile. Doyenné gris, Beurré doré, — Moins gros, mais encore meilleur que le Doyenné blanc, auquel il ressemble peu. — Octobre et novembre. Grosse Grise. — Sous ce nom, on m’a communiqué un très gros fruit, a peau d’un vert-gris, a chair fine, fondante, très-bonne. — Mûrit d’octobre a la fin de novembre. Duchesse d'Angoulême. — La plus belle et l’une des meilleures Poires 'a couteau. Fruit très gros, peau vert foncé; chair fine, fondante, sans défauts. Je ne saurais trop recommander cette magniûque variété, qui mûrit d’octobre a la fin de novembre, et se conserve quelque- fois jusqu’au 15 décembre. Sucré vert, — Moyen, fondant, peau verte. — Fin d’oc- tobre. Ferdinand de Munster, — Fruit gros ou moyen, fon- dant, d’excellente qualité. — Octobre et novembre. Bergamotle d‘ Automne, — Gros fruit, presque rond, à chair beurrée, fine et parfumée. — Fin d’octobre. Bergamotle panachée; Grosse culotte de Suisse, — Fruit gros, arrondi, peau verte rayée de jaune, inférieur REVUE HORTICOLE. 255 en qualité an précédent ; même époque de maturité. Poire Sieulle ; Doyenné Sieulle, — Fruit moyen, bien fait, turbiné; peau jaune verdâtre, lavée très légèrement de rouge; cliair fine, presque fondante, relevée ; ce bon fruit, mûr au commencement de novembre, a quelquefois un peu d'âpreté. — L’arbre est fertile. Beurré Beauchamp ; Beurré Durai ; Beurré Picque- ry ; Beurré Thouin. — Ces quatre bonnes variétés de beurré, â fruits assez gros (le B. Picquery est le plus petit), à chair fondante et sans défauts, mûrissent du commence- ment de novembre au 15 décembre. Beurré (TArembert. — Le plus gros des Beurrés et la meilleure peut-être de toutes les poires ; mûrit en novem- bre et décembre. — Très productif. Joséphine, — Beau fruit a chair fondante et relevée. — Novembre et décembre. Marie-Louise, — L’on vante beaucoup cette Poire, que l’on dit assez grosse et de bonne qualité. Elle mûrit en novembre. Colmar Souverain, — Fruit moyen, très-estime. — Novembre. Bezy Vachette. — Cette bonne Poire fondante, d'une belle grosseur, mûrit en novembre et décembre. Délices d'Ardempont, — Fruit d’un volume médiocre, mais excellent ; sa chair est très fondante. — Novembre et décembre. Duchesse de Mars. — Petite et délicieuse Poire. — No- vembre-décembre. Bergamotte Sylvange. — Fruit moyen, arrondi, vert uni, fondant, relevé, excellent. — Novembre et décembre. Melo7i de Knops. Archiduc Charles, Je ne connais que de réputation ces deux Poires qui mûrissent a la fin de novembre, et sont, dit-on, très bonnes. Poires d’automne et d’hiver. Louise-Bonne. — Fruit assez gros, allongé, vert clair, demi fondant, rarement parfumé. — Mûr de novembre a la fin de décembre. — Arbre très fécond. Marquise d'hiver, — Gros, pyriforme, peau jaune ; chair presque fondante, douce, relevée, bonne. — Même époque de maturité. REVLjE HOllTiCULE. 234 Passe- Colmar gris et Passe-Colmar vineux, — Ces deux bonnes Poires, de grosseur moyenne, mûrissent en novembre et décembre. Poire Couriin. — Beau fruit, très allongé, d’un jaune pâle; chair fondante relevée, fort bonne. — Novembre, décembre et janvier. Epine d'hiver. — Fruit moyen, allongé, vert jaunâtre; chair fine, fondante, parfumée, agréable. — Novembre, janvier. Virgouleuse. — Fruit gros, ovale, jaune pâle, tiqueté de quelques points roux, quelquefois lavé de rouge clair, fondant, parfumé, relevé, excellent dans les sols qui lui conviennent. — Mûr de la fin de novembre en février. Bezy de Chaumontel. — Fruit gros, de forme variable, peau rouge-brun ou gris-roux; chair beurrée, relevée, ex- cellente, quelquefois cependant un peu âpre. — De no- vembre en février. Bezy de Caissoy, — Petite Poire fondante et très bonne. — De novembre en février. Saint-Germain vert. — Fruit gros, à peau vert clair, 'a chair fondante, mais souvent un peu insapide. Cette Poire a beaucoup de rapport avec la Louise-Bonne et ne vaut pas la suivante. — Très fertile. Saint Germain jaune. — Fruit gros, peau jaune clair, légèrement tiquetée; chair fondante, parfumée, très rele- vée, un peu pierreuse, mais meilleure dans les terrains secs. Cette excellente Poire commence à mûrir en novem- bre et se conserve jusqu’en mars. — Fertile. Bonne de Matines; Beurré de Malines. — Petit fruit fondant, excellent. — Novembre -janvier. Ambrette. — Fruit moyen, rond; chair fine, fondante, peu relevée. — Novembre-janvier. — Très-productif. Belle de Berry; Poire de Curé. — Fruit très gros, demi-fondant, médiocre en qualité. — Décembre. Crassane. — Fruit moyen, arrondi, fondant, très re- levé, excellent. — Fin novembre a février. — Très-fertile. Poires d’hiver. Beurré Ardernpont de printemps. — Fruit moyen, bon. — Décembre-janvier. Léon-Leclerc. — Beau fruit à chair beurrée, demi-fon- dante. — Mûr en décembre et janvier. REVUE HORTICOLE. 255 Passe- Colmar, — <îros ou moyen, fondant, sucré, très bon. — Décembre- lévrier. Royale d'hiver, — Fruit gros ou moyen, peau jaune la- vée de rouge; chair très fine, beurrée, sucrée et relevée; excellente dans les années chaudes. — Décembre-février. — Arbre vigoureux et fertile. Doijenné d'hiver nouveau, — Fruit moyen, fondant, très bon. — Décembre-mars. Angélique de Bordeaux. — Fruit gros, un peu aplati, jaune très clair, demi-fondant, bon. — Janvier-février. Colmar, — Fruit gros, allongé, pyramidal, vert-jaunâ- tre, tiqueté de brun, légèrement lavé de rouge clair; chair fondante, très beurrée, sucrée, relevée. — Janvier-mars. — Fertile. Colmar doré; C. épineux; C, Reul; C. Charnay. — Variétés du Colmar qui mûrissent un peu plus tôt ou un peu plus tard, et toutes recommandables. Beurré gris d'hiver nouveau, — Je n’ai pu encore vé- rifier cette Poire que Pou vante beaucoup, et que Pon dit d’une belle grosseur, très fondante et sans défaut. — On fixe sa maturité de janvier a mars. Bergamote de la Pentecôte. — Très beau et excellent fruit, ayant les qualités du Doyenné sans ses défauts. — Mûrit de janvier â mars et même avril. Echassery. — Fruit petit ou moyen, ovale, jaune-ci- tron et rouge vif, fondant, sucré, exquis. — Janvier-mars. Fortunée. — Fruit moyen ou gros, chair demi-fon- dante, parfumée. — Janvier-mars. Bon-Chrétien d'hiver. — Fruit très gros, en callebasse ; chair cassante, sucrée. — Janvier-mars. — Les Bon-Chré- tien d'Auch, turc, de Vernois sont des variétés perfec- tionnées sous le rapport de la qualité ou du volume. Elles mûrissent a la même époque. Caiillac. — Très grosse Poire bonne â cuire de janvier en avril; à celte dernière époque, elle est mangeable crue. Beurré de Flandre ou de Noirchain, — Cette belle et excellente Poire fondante mûrit en janvier et se conserve jusqu’en avril. Beurré bronzé. — Fruit moyen, demi-fondant, bon. — Février- mars. Impériale à feuilles de chêne. — Fruit moyen, allongé; peau verte, jaunissant à la maturité; chair fine, fondante, sucrée, très l3onne quand la Poire est bien mûre. — Mars- mai ; j'en ai mangé jusqu’à la fin de juin. REVUE HORTICOLE. 230 Bergamote d'Auslrasie et Bergamote de Hollande. — Ces deux Poires, de grosseur moyenne et de qualité mé- diocre, sont recherchées pour Pépoque de leur maturité, qui s’accomplit a la fin de Phiver et au printemps. Bravy , Horticulteur à Clermont-Ferrand. Note sur la culture des Jacinthes. C’est en ^837 que j’ai commencé a cultiver les Jacinthes de Hollande. J’ai acheté 'a cetle époque quelques Bouquets tendres et, en J 838 et J 859, plusieurs espèces dont j’ai conservé les noms. En 1 859, tous mes oignons se (rouvaient en bon état de végétation. Je lescultivais tous comme je cul- tive les Jacinthes parisiennes, et je m’en trouvais très bien. Pourtant, ajoutant foi aux assertions de plusieurs personnes qui me disaient que les Hollandais faisaient des composts de terre, j’en ai fait en 1859, et j’ai planté mes Jacinthes dans cette terre. Mais vers le courant d’octobre de la même année, M. Bossin,'a qui je fis part du mélange que j’avais fait, et dans lequel j’avais planté mes oignons, m’assura que j’avais tort; puisque j’étais satisfait de ma culture, que je ne devais pas la changer et écouter les conseils de certaines personnes qui ne possèdent que la théorie. Il alla jusqu’à m’engager a les déplanter. Je ne l’ai point écouté, et ce- pendant il parlait juste. J’ai donc laissé mes oignons dans ce compost, et en J 840 ils n’étaient plus les mêmes, tous étaient en mauvais état, et je reconnus alors l’exactitude des conseils de M. Bossin. Ce fut alors qu’il me conseilla d’essayer les semis. Je laissai donc différentes bonnes es- pèces pour graine, toutes provenant de la Hollande, et sur lesquelles j’en récoltai environ 200 que j’ai semées la même année J 840, fin septembre. En 1841 , j’en ai récolté approchant 400 ; en 4 842, 600 ; en \ 845, 2,000 ; en 4 844, 2,000; en 4 845, 4 0,000; toujours en semant a la fin de septembre. En 4 845, trois de mes semis ont fleuri ; une de ces Ja- cinthes ressemblait a la Charlotte-Marianne et les autres au Blanc de montagne. En 1844, il m’en est fleuri 42, 5 simples, de couleur bleue, et les autres plus ou moins ro- sées. En 4 845, il y en avait plus de 250 en fleurs. Voici du reste comme je les cultive chaque aimée : je REVUE HORTICOLE. 257 sème des Pommes de terre au mois de mai dans l’empla- cement que je destine a la planlation de mes Jacinthes ; je les arrache au mois de seplemhre et place Imes Jacinthes quelques jours après, par rangs, a 0”\20 de distance; j’en- Jonce mes oignons aO"\IO ou 0'",Î2 de profondeur et je les éloigne de 0*", i 2 dans les rangs ; une fois plantés, je ne fais rien autre chose que de les sarcler. Il arrive souvent que les taupes et meme les mulots font un ravage épou- vantable dans notre culture, mais ce sont toujours les taupes qui occasionnent le dégât le plus considérable, car ce sont elles qui forment les galeries souterraines dans les- quelles se promènent les mulots. Toutefois, ayant observé que les taupes ne descendaient presque jamais dans nos terrains à plus de 0*",50 de profondeur, j’ai entouré à celte profondeur, en planches, tout le tour de mes plates- bandes, et, pour le moment, j’ai garanti mes oignons des taupes et des mulots. Je fais la même chose à l’égard de mes semis , mais je sème à 0*“,05 ou â 0’”,04 de profon- deur ; je retire les herbes, quand il y en a, et au bout de trois ans je relève mon jeune plant pour le traiter comme les oignons de Hollande. Denis Graindorge, Jardinier à Monlreuil. Conservation des fruits et légumes. Manière de conserver les Asperges. — Cette méthode, employée en Angleterre ainsi qu’en Prusse, consiste à placer alternalivement dans un tonneau goudronné à l’extérieur, afin que Pair n’y puisse pénétrer, une couche de farine ou de son séché au feu, mêlé d’une certaine quantité de sel également séché, et une couche d’asperges disposées de ma- nière a ce qu’elles ne se touchent pas ; on recouvre la tota- lité d’une couche de suif fondu ou de toute autre graisse. Les Asperges doivent être coupées vers le milieu de la saison et essuyées avec soin ; elles peuvent être con- servées jusqu’au printemps suivant par cette méthode, préférable, dit-on, k l’usage du vinaigre qui altère leur goût. La farine ou le son peuvent être ensuite donnés aux bestiaux. Moyen de conserver les raisins. — On indique comme moyen de conserver longtemps le Raisin sur la Vigne le REVUE HORTICOLE. 258 procédé suivant usité a Naples. Il consisle a couper Tex- îrémité des branches chargées de Raisin (sans les détacher de la Vigne) et a introduire ^extrémité de ces rameaux dans une petite bouteille remplie d’eau. Tous les quinze jours, on reuouvelle cette eau et on rafraîchit la section faite a l’extrémité de la branche, en en coupant chaque fois quelques millimètres. Ce procédé est a conseiller surtout aux personnes qui ont des serres, car dans notre climat, à l’air libre, le Raisin ne peut être conservé sur l’arbre que jusqu’à l’époque des gelées. Moyen de nettoyer les légumes. On délaie du sel dans un vase rempli d’eau , et on y jette les légumes, la salade, etc., qu’on veut nettoyer. Quel- ques minutes suffisent pour écarter les vers, chenilles, co- limaçons, etc. Exposition d'horticulture à Clermont-Ferrand, La septième exposition de la Société d’horticulture de l’Auvergne a eu lieu 'a Clermont-Ferrand les 14, 15 et 16 mai. L’époque était peu favorable, par suite de l’hiver pro- longé qui s’est fait sentir en Auvergne ainsi qu’a Paris. Les Roses, les Pélargonium, les Fuchsia n’étaient pas encore en fleurs; les Camellias étaient passés, et il avait fallu de grands soins pour retarder quelques fleurs de Rhododen- drons et d’Azalées de serres. Cependant, grâce aux efforts de plusieurs membres de la Société, cette fête florale ne s’est pas trop ressentie des funestes influences de la saison. Le lot envoyé par l’établissement horticole deM. G.Bravy présentait un très beau massif composé de 500 plantes fleu- ries, parmi lesquelles se distinguaient quelques beaux sujets de Rhododendrum arboreum et d^Azalea indica. Leurs congénères de pleine terre s’y montraient plus nombreux, mais moins éclatants; enfin, plus de 60 variétés de Pelar- go7iium mariaient leurs chatoyantes corolles aux élégantes guirlandes des Erica et des Epacris. Le magnifique lot de M.A.Lecourt, étalait plus d’une centaine de végétaux, tous admirables de santé, de vi- gueur et d’éclat; quelques forts Camellias encore fleuris, de belles Cinéraires , d’élégantes Calcéolaires , d’im- menses Pimélées, d’éclatantes Azalées, parmi lesquelles un REVUE HORTICOLE. 259 splendide sujet à'Az, variegatUt attiraient Pattention des visiteurs. On remarquait encore quelques belles collections, telles que les admirables Cactées de M Carlier, qui n’ont guère de rivales en France, les cbarmanles Cinéraires de M. Gi- raud, les Calcéolaires de M. Gencillaux d’issoire, les Bruyè- res de MM. Boizet et Levadoux de Riom, et surtout les ma- gnifiques Auricules de M. II. Lecoq, produits tout nou- veaux de l’hybridation, si habilement et si fructueusement pratiquée par le savant professeur. L’horticulture maraîchère, que la Société d’horticulture de l’Auvergne cherche surlout 'a encourager, était très con- venablement représentée à cette exhibition par un assez grand nombre d’exposants. Un seul d’entre eux, M. Délusse père, a présenté plus de 50 variétés de légumes soit forcés, soit de la saison; aussi une médaille d’argent, premier prix de ce concours, lui a-t-elle été unanimement décernée. Plusieurs autres récompenses, pour cette intéressante partie du jardinage, ont été accordées a MM. Beaugé, Aubert- Favart, Redon, tous cultivateurs maraîchers, et à M. Cuel, amateur. La Société d’horticulture de l’Auvergne doit se féliciter chaque jour de la puissante impulsion qu’elle est parvenue à donner en peu de temps à la culture maraîchère dans cette belle et fertile contrée ; chaque exposition vient con- stater des progrès rapides et soutenus qui placeront inces- samment la Limagne au premier rang de nos provinces horticoles. Exposition d'horticulture à Rennes. Le 25 mai dernier, la Société d’horticulture de Rennes a distribué les prix pour l’exposition florale qu’elle avait or- ganisée. Voici les catégories de ces prix et les noms des personnes qui les ont obtenus : catégorie : A la plante la plus rare ou la plus nou- velle introduite dans la culture nantaise. — Le prix a été décerné à M. Prosper Nerrière, spécialement pour un Chryptomeriajaponica. L’exposition deM. Nerrière offrait en outre de nombreuses plantes remarquables par leur rareté. 2® catégorie : Au plus beau gain dans un genre quelcon- que.— Mention honorable à M. Lelièvre père qui, par dés REVUE HORTICOLE. 2Î0 liybridalions conduites avec intelligence, est parvenu a créer des variétés d’ Anémones et de Renoncules d’une rare beauté. 5« catégorie : A la plus belle collection de plantes inté- ressantes et encore peu répandues dans le commerce. — prix, M. Nerrière ; 2® prix, M. Diard. 4® catégorie : A la collection de Rhododendrons et d’^- %alées la plus belle et la plus nombreuse. — Prix, M. Ner- rière. 5® catégorie : A l’exposition de plantes la plus nom- breuse et dans le plus bel état de floraison. — prix ex wquo^ M’"® Leduc-Vrignaud et M. Ménereau père; 2® prix, M. Baliuaud-Litou ; 5® prix, M. Diard aîné. 6® catégorie : Aux plantes les mieux étiquetées. — 4®' prix, M. Nerrière; 2® prix, M. Diard ; mention honora- ble, M. Caille aîné; mention d’encouragement, MM. Méiie- reau fils et Minié fils. 7* catégorie : Aux plus beaux fruits de primeur. — Le prix a été décerné ex œquo a MM. Josse, pour ses fraises, et Gisquieau, jardinier de M. Segerend, pour son melon cantaloup. 8® catégorie : Aux plus beaux légumes. — 4®*^ prix, M. Brunelière; 2® prix, M. Barel. Deux horticulteurs ayant obtenu les premiers a Nantes la floraison du Paulownia imperialis^ la Société d’horti- culture leur a décerné ex œquo un prix spécial en dehors du concours annoncé: ce sont MM. Caille jeune et Sau- vaget. Parmi les industries qui se rattachent a l’horticulture, on a spécialement remarqué les vases de M. Verrier-Nau, les instruments de jardinage exposés par M. Pacherie, et les inscriptions de plantes de l’invention de M. Lévesque. MM. les amateurs ont bien voulu contribuer 'a l’embel- lissement de la fête par l’exposition de plantes rares d’une grande beauté. Nous citerons en particulier le magnifique Araucaria exceha et divers Cactus de M. RobertDeman- geau;les beaux variés deM. Dumoulier de la Brosse; les Serpentines aériennes de M. Herbelin ; la belle collec- tion de Calcéolaires et de Bruyères, etc., de M. Ducoudray- Bourgault; les Rhododendrons et plusieurs autres plantes charmantes, de M. Favre-Convel; les Azalées et les Roses^ de M. Decomble. La Société d’horticulture leur a exprimé sa vive reconnaissance. REVUE HORTICOLE. 241 Sliflia chrysantha (ûg. 15), Le Stiftia chrysantha est un arbuste rameux dont la lige s’élève a 5 ou 5 mètres; son port rappelle celui de nos Lilas; ses feuilles alternes, oblongues, très entières, acuminées au sommet, aiguës a la base, sont glabres et luisantes, persistantes, longues de 0”\10, sur 0*^,07 à 0*”,09 de large. Les capitules solitaires, terminaux, sont portés sur des pédoncules cylindriques munis d’écailles ou de bractées obtuses, coriaces, qui vont se fondre avec celles de l’involucre. Les fleurs, d’une belle couleur oran- gée et longues de 0'",06, se divisent au sommet en cinq la- nières enroulées sur elles-mêmes avec lesquelles alternent cinq longs filaments capillaires; le tube staminal forme au milieu une petite baguette coriace, raide et jaunâtre. A l’époque de la maturité des graines, les aigrettes, comme du reste dans beaucoup de Composées, s’étalent et forment ainsi après la cluite des fleurs une sorte d’aigrette qui ne manque pas d’élégance. Le genre Stiftia^ qui appartient a la tribu des Mulisiées, offre un caractère qui ne se présente ni jdans l’immense groupe desjComposées, ni dans aucune autre famille. Ce ca- ractère , quoique très saillant, a échappé aux botanistes éminents qui ont eu à s’occuper du Sliflia L On sait que le tube de presque tous les fleurons régu- liers des Composées offre cinq nervures qui aboutissent à réchancrure ou au sinus de ces divisions, qu’elles s’y bi- furquent pour constituer une sorte d’ourlet sur le bord des lobes, au lieu de constituer une nervure médiane, comme on le remarque au centre de tous les pétales ou de toutes les divisions des fleurs. Les corolles du beau genre Stiftia présentent ce caractère commun â toutes les Com- posées; mais les nervures, au lieu de rester simples et de se porter du tube sur les bords du limbe, se dédoublent et se détachent à l’origine des sinus pour former ainsi a chacun d’eux une sorte de vrille fort longue, qui s’enlace (1) Mikan, Delect. Flor. et Faim. Brasil. Viiidob., 1820, — Z). Don, Descrip. on the new gen. and sp. of the class. composit. Linn. trans., vol. XVI, p. 291. — Cassîni, Dict., vol. XLVII, p. 511, et vol. LI, p. 9. — Lessîng, Linnæa, 1830, t. IV, p. 263, fig. 92. - — De Candollc, Prodr., vol. VII, p. 26. — Portefeuille des horticult., n. 6, juin 1847. 5e SÉRIE. Tome i. — 4 5. î"r Juillet 4 847. REVUE HORTICOLE. 242 autour du tube slaïuinal. La corolle des Stiftia chrysanlha ei parviflora présente donc, lorsqu’on l’ouvre, dix divi- sions, dont cinq exlréinemenl étroites, capillaires, en forme de vrille, alternant avec les cinq lobes de la corolle en- roulés sur eux-mêmes. L’exemple unique d’une corolle munie de tels appendices mérite d’autant plus d’être si- gnalé, que ce caractère, particulier aux deux Stiftia con- nus, servira à les faire connaître, pour ainsi dire, à la pre- mière vue. Il me reste quelques mots à dire de la culture de cet élégant arbuste; elle est assez facile : le Stiftia, qui croît en assez grande abondance sur les flancs du Peynera et du Corcovado, aux environs de Rio-de Janeiro, s’accommode très bien d’une température de + ^ 2 a ^ 5® c. ; il demande de fréquents rempotages et des arrosements multipliés du- rant la belle saison. On le propage de boutures étouffées sur couche chaude. L’individu d’après lequel a été exécuté le dessin ci-contre nous promet des graines a l’aide des- quelles on parviendra à le multiplier plus sûrement encore. Decaisne. Plantes nouvelles ou peu connues figurées ou décrites dans les journaux d'horticulture. Le jardin de Kew a reçu l’année dernière du Mexique, par M. Rooper, un fruit du Martynia fragrans dont les graines ont parfaitement germé. Le Bot. mag., n® 4292, donne une figure de cette plante qui excite autant l’ad- miration par ses larges fleurs d’un très beau violet que par l’odeur délicieuse qu’elles répandent. Cetie plante, si on en juge par la région qu’elle habite, supportera en pleine terre la température de nos étés, et contribuera ainsi 'a l’ornement des jardins ; le fruit, en se débarras- sant en partie de son enveloppe charnue, laisse voir deux longues cornes arquées qui peuvent mériter également de fixer les regards des amateurs, comme nous avons déjà eu occasion de le faire remarquer dans ce recueil (tom. 2, p. 529, et tom. 5, p. 50). La famille des Acanthacées attire depuis quelque temps rattenlion des horticulteurs ; il est à désirer qu’elle se sou- tienne . car la plupart des arbrisseaux de ce groupe méri- tent de figurer dans nos serres comme plantes d’ornement, tn effet, le Ruellia Purdiana (Bot. mag., 4292), envoyé REVUE HORTICOLE. 245^ de la Nouvelle-Grenade en Angleterre par M. Purdie, a quelque ressemblance avec le Ruellia bracieaia R. Rk., ori^nuaire de la Nouvelle Hollande; mais il en diffère par sa tige et ses feuilles glabres, et par la forme de la corolle. C’est un sous-arbrisseau de 0’",ô0 a 0^",50, dont les fleurs, disposées par deux au sommet des rameaux, sont accompa- gjiées (le grandes bractées vertes de même forme que les feuilles. La corolle est d’un lilas cramoisi, à tube allongé cl courbé. Nous mentionnerons, sous le nom de Rueîliavillos a ^ une autre espèce du même genre, que nous avons vue chez M. Cliauvière, et qui mérite d’être répandue dans le com- merce; c’est un magnifique sous>arbrisseau a fleurs d’un jaune citron, accompagnées de grandes bractées, et réunies au sommet de la tige en un bel épi allongé. M. Purdie a de plus enrichi l’horticulture d’une nou- velle Asclépiadée grimpante figurée au Bot. mag., no 4299, sous le nom de Marsdenia maculata ; cette plante est re- marquable par ses grandes feuilles molles, marquées de ta- ches jaunes assez grandes, très inégales, et semblables à celles que nous offrent les feuilles de V Aucuba japonica. Les fleurs paraissent vers le mois de juin a l’aisselle des feuilles oîi elles sont groupées en ombelles serrées et ses- siles; la corolle, d’un pourpre foncé, rappelle, par sa con- sistance, celle des Hoya. Elle se cultive en serre chaude comme ces derniers. Le genre Calceolaria a fait, on lésait, d’immenses pro- grès depuis quelques années. Aujourd’hui, sur la même fleur, on trouve souvent réunies toutes les couleurs du prisme qui forment des dessins aussi élégants que bizarres. Les espèces types sont donc bien en arrière des variétés que les horticulteurs obtiennent de nos jours. CependantM. Hart- weg vient d’introduire en kn^\eierre\e Calceolaria amplexi- caulis (Bot. mag., 4500), qui, par l’abondance de ses fleurs, mérite tous les soins des horticulteurs; par l’hybridation, on en obtiendra certainement quelques belles variétés. De leur côté, \es Annales de Flore et Pomone figurent (juin 4 847) un bouquet de différentes variétés de ces plantes obtenues par M. Bondoux. Nous en avons vu aussi d’ad- mirables chez MM. Bertrand et Chauvière. Mais M. Van Houtte est sans contredit l’horticulteur qui en possède en- core la plus riche et la plus brillante collection. Nous croyons, d’après ce que nous en avons vu, qu’on ne peut IIEVÜE HORTICOLE. 2 H trop persévérer Jans la culture de ce genre aussi remar- quable par la forme que par le brillant coloris de sa co- rolle. Le Thibaudia pulcherrima (Bot. mag., 4505) est un bel arbrisseau de l’Inde, appartenant a la famille des Bruyères, de la tribu des Yacciniées. Cet arbuste, remarquable par ses fleurs pendantes, très nombreuses, rassemblées en pe- tites ombelles sessiles sur les vieilles branches dégarnies de feuilles, offre une certaine ressemblance avec la florai- son de l’Arbre de Judée (Cercis siliquastrum), La co- rolle, en forme de clochette allongée, cylindrique, d’un jaune orange, nuancée et marquée de lignes transver- sales coupées par des stries d’un beau rouge très foncé, 1 Mir donne un peu Baspect de petites fleurs du Fritillaria Mel^agris, Pour bien jouir de la beauté de cette plante, il faut lui donner un mélange de terreau de bruyère, de tnre grasse et de sable, des arrosements copieux pendant Tété, srriout au moment de la végétation, et avoir la pré- CJution de permettre uu libre et facile écoulement a Peau des arrosements. La plante acquiert ainsi une extrême vi- gueur et déploie alors un grand luxe de fleurs qui vont en se succédant pendant un très longtemps. «Tout porte à croire, dit M. Pince, que ce bel arbrisseau pourra se cul- tiver en orangerie. V Acacia celaslrifolia (Bot. mag., 2506) est un arbris- seau de 2 mètres, qui se recommande à l’attention des ama- teurs par sa forme gracieuse, la couleur glauque de ses feuilles, sur laquelle se détachent de belles et larges pani- cules de fleurs jaunes qui terminent les rameaux, et surtout par l’agréable odeur qu’elles répandent. Cette espèce, origi- naire de la Nouvelle-Hollande, est cultivée à Exeter en oran- gerie, comme ses congénères. Un nouveau Gardénia se trouve figuré dans le Bot. mag,^ 4507, avec l’épithète de malleiftra. C’est uu bel ar- brisseau de la Sénégainbie, a fleurs solitaires, terminales, odorantes, de la grandeur de celles du 6r. Slanleyana, mais d’un blanc sale , et remarquable par un énorme stigmate, dont le volume égale la grosseur du petit doigt, et que sup- porte un style très long et grêle. Une plante qui d’abord était passée inaperçue, mais qui cependant méritait d’être signalée, se trouve actuel- lement assez répandue dans le commerce : c’est le Torenia asiatica (Bot. mag.). Nous Pavons vue, dans les serres du REVUE HORTICOLE. 2VÔ. Muséum et chez M. Chauvière, toute couverle de belles fleurs d’un bleu pâle, marquée sur trois lobes d’une large tache d’un bleu pourpré du plus riche effet; le tube est plu- tôt pourpré que bleu. Originaire de l’Inde, cette espèce se cultive en serre chaude et doit être plantée en terre de bruyère pure. Sa multiplication par boutures est des plus faciles. IIerincq. Collection d’ Orchidées ({e. MM. Pescatorê et Qüesnel. M. Herment, jardinier de M. Quesnel, au Havre, nous an- nonce que les serres qu’il dirige présentent aujourd’hui plusieurs superbes échantillons des Orchidées suivantes : Cœlogyne iestacea^Vanda Roxburgii, Aerides affme, A. odoratum, Saccolabium guttatum^ un Broughlonia nou- veau, ainsi qu’un Telopea speciosissima de toute beauté. Le nombre des Orchidées cultivées dans les serres de M. Quesnel s’élève a huit cents espèces ou variétés, toutes parfaitement nommées Quesnel, qui suit avec une grande sollicitude l’accroissement de ses collections et qui fait de très grandes dépenses pour leur entretien, peint elle-même, avec la scrupuleuse attention d’un botaniste, sans sacriûer néanmoins l’effet artistique, chacune des es- pèces a mesure qu’elle fleurit, de manière a conserver ainsi un souvenir Adèle de chacune des espèces qu’elle possède. Je dois citer, après les serres de M. Quesnel, celles d’un amateur distingué d’Orchidées, M. Pescatore, dont la collec- tion ne tardera pas à être placée en première ligne. L’année dernière, M. Pescatore, qui habite la Selle-Saint-Cloud, près Paris, a fait en Angleterre de très riches emplettes d’Orchi- dées, et aujourd’hui il fait construire une nouvelle serre ; car celles qu’il possède ne peuvent sufflre à contenir ses richesses. M. Pescatore cherche surtout à se procurer de vieux individus de ses Orchidées, de manière à les voir parfaitement fleurir ; c’est ainsi qu’on a pu admirer, ces jours derniers , dans ses serres, un magniflque individu de Saccolabium chargé de trois longues grappes de fleurs. INEU3IANN. Noie sur la floraison de divers Magnolia. On voyait, il y a peu de jours, dans la pépinière de M. Godefroy, a Ville-d’Avray , un Magnolia macrophylla 2î(i REVÜE HORTUX)LE. qui présentait plus de deux cents boutons a fleurs. Cet arbre, le plus beau qu’on puisse observer aux environs de Paris, a ^0“^ de hauteur et offre une cime de 5™ de diamètre; son large feuillage et ses grandes fleurs blanches d^une odeur suave en font chaque année un objet d’admiration. On remarque encore dans ce jardin d’autres Magnolias de première force, et qui fleurissent chaque année; ce sont les Magnolia auriculata, glauca, gracilis, grandi- flora (de plusieurs variétés) , Oxoniensis , pgramidata et Thompsoniana ^ auxquels se mêlent une foule d’arbres et arbustes de l’Amérique septentrionale, tels que des Anones, des Tulipiers à feuilles entières, des Rhododendrum variés, VHalesia tetraptera, de magnifiques Azalea, Kalmict^ Calycanthus, Clethra^ Rhodora, etc. Enfin, on ne visite pas le jardin de M. Godefroy sans admirer le beau Rosier Banks qui couvre de ses vigoureux rameaux, et orne de ses milliers de fleurs, dans le courant de mai et de juin, un pi- gnon de ^0 mètres de hauteur sur une largeur de 8 mètres Pépin. Culture des arbres fruitiers. — VIÎI. — Poirier C Poires à compote. Outre le Catillac et les Bon-Chrétien ^ j’indiquerai, comme les meilleures et les plus grosses Poires à cuire, la Belle -Angevine, la Gilogille, la Poire d* Angora, la Poire Saint Lèzain et le Rateau gris ou Poire de livre. Bien d’autres variétés de Poires sont recommandées par divers catalogues et même par quelques auteurs; les unes me paraissent très inférieures en qualité à celles que je viens d’indiquer; les autres ne me sont connues que de nom, et je ne pourrais affirmer l’exactitude des renseigne- ments, assez vagues d’ailleurs, que j’ai reçus a leur égard. Je n’étendrai donc pas cette longue nomenclature, et je vais passer 'a quelques observations sur la culture du Poi- rier. Non-seulement aucune des variétés connues de cet arbre ne se reproduit franchement par ses graines, mais les su- jets provenant des semis, même des meilleures Poires, ten- dent toujours à retournera l’état sauvage, et ce n’est que rarement et sur un très petit nombre de sujets qu’on (1) Voir pages 51, 77, 88, 101,;,126 187 et 231. REVUE HORTICOLE. 247 peut espérer de trouver mi truit passable. Ce n’est donc que par la greffe qu’on perpétue les variétés acquises. Le Poirier se greffe en fente, et plus souvent en écusson a œil dormant près de terre, sur sauvageon, sur franc et sur Coignassier. De ces trois sujets , lequel est préférable? Cette question a longtemps préoccupé les hommes qui ont écrit sur ce sujet, et elle est restée sans solution parce qu’en ef- fet elle ne pouvait en recevoir une absolue, chacun d’eux présentant des avantages et des inconvénients complète- ment opposés. Le sauvageon, ou sujet provenant des graines du Poirier sauvage, est le plus robuste, le plus rustique, prend de très grandes dimensions, est doué d’une grande longévité; il donne énormément de fruits. Ce sont la, cer- tes, de brillantes qualités; mais voyons ses défauts. Il croît plus lentement que le franc, se met à fruit très tardive- ment (quelquefois après vingt ans de plantation), donne des fruits inférieurs en qualité et en volume, ne fructifie que tous les deux ans, quelques sujets même tous les trois ans. Le franc, produit par les semences des arbres cultivés, quoique moins robuste que le sauvageon, pousse avec plus de rapidité, vit assez longtemps, se met a fruit plus jeune, quoique plus souvent il faille bien l’attendre six, huit ou dix ans ; enfin il produit des fruits plus gros et plus savou- reux. Le Coignassier a le défaut de fournir des sujets qui prennent peu d’accroissement et ne vivent pas longtemps; mais aussi il donne, dès la seconde année de sa plantation, des fruits d’une finesse exquise et d’un volume comparative- ment plus considérable. Il a de plus l’avantage de réussir dans les sols humides, mortels au Poirier franc, et dans ceux qui n’offrent pas assez de profondeur aux racines pivotantes de celui-ci. En résumé, nous ne confinerons le sauvageon que dans les grands vergers, si nous ne l’abandonnons pas entièrement, et, dans aucun cas, nous ne le placerons dans les jardins ; aux personnes pressées de jouir et a celles qui n’ont que des terrains humides ou peu profonds, nous conseillerons le Coignassier, que nous préférerons toujours pour les espaliers en éventail, excepté dans les sols trop secs où il végéterait mal ; dans tous les autres cas, nous engagerons les amateurs a donner la préférence aux Poi- riers greffés sur franc, soit pour plein vent, soit pour pyra- mide, soit même pour espaliers en palmette. Il faut ajouter cependant que certaines variétés de Poires réussissent mieux sur franc que sur Coignassier, et réciproquement ; mais un REVUE HORTICOLE, 248 très petit nombre manifeste ces préférences ; la plupart végètent et fructifient également bien sur Tun et sur l’autre sujet. Au reste, ou peut toujours obtenir sur Coignassier les Poiriers dont la sève trop faible ne s’allie pas bien avec celle de cet arbre : il ne faut pour cela que greffer ces va- riétés sur d’autres plus vigoureuses déjà greffées sur Coi- gnassier. M. Jamin, habile pépiniériste à Paris, indique, comme les meilleures pour cet usage, les suivantes : Cras- sane, Virgouleuse, Louise-Bonne, Sucri v$rt, Messire- Jean, etc. J’ai déjà fait pressentir qu’il faut au Poirier un sol qui ait une assez grande épaisseur de terre végétale , ou du moins qui fournisse un sous-sol sain et pénétrable à ses longues racines pivotantes. Si elles rencontrent a une pro- fondeur de \ mètre, et même plus, une couche d’argile pure ou de l’eau stagnante, on voit l’arbre jaunir et mourir au bout de peu de temps. C’est à cette cause qu’il faut sou- vent attribuer le dépérissement subit de Poiriers qui d’a- bord avaient poussé d’une manière très satisfaisante. Les terres froides, compactes, constamment humides, ne lui conviennent nullement ; a peine y végète-t-il fort mal deux ou trois ans, après lesquels il périt infailliblement. 11 peut vivre dans les terrains maigres et très secs ; son fruit y est excellent, mais il y devient rabougri, et ses produits y sont à peu près nuis. Les bonnes terres franches et un peu fraî- ches, les terres d’alluvion et même les terres fortes et sub- stantielles, sont celles où le Poirier réussit le mieux et pro- duit les meilleurs fruits, qu’il soit greffé sur franc ou sur Coignassier. Si l’exposition générale paraît peu Importante pour la végétation de ces arbres, elle n’est pas indifférente pour la qualité du fruit. La moins bonne est celle du nord pour le plus grand nombre des variétés, et la meilleure celle de l’est. Le Poirier est un arbre qui se prête parfaitement à la taille et à la direction qu’on veut lui donner. On a abusé autrefois de cette docilité, en lui imposant des formes bi- zarres ou capricieuses, que le bon goût réprouvait non moins que la nature, et qu’on a eu raison d’abandonne^r. Aujourd’hui, on ne cultive guère plus le Toirier qu’en plein vent, en pyramide et en espalier. Élevé en plein vent, il demande peu de soins. On devra, les premières années, rabattre quelque peu ses jeunes REVUE HORTICOLE. 249 branches, pour les forcer a se ramifier, surtout clans les variétés vigoureuses ; plus lard, on se bornera à supprimer le bois mort et les branches diffuses, etk débarrasser l’arbre des lichens et autres plantes parasites quivivent aux dépens de sa sève. La forme en pyramide, quand elle est bien conduite, est très gracieuse et assez productive. Elle tient, dans un jardin, moins de place et donne moins d’ombre que les contre- espaliers ; elle est plus agréable a l’œil, fournit plus de fruits ; en un mot, elle me paraît préférable sous tous les rapports. Sa taille et sa direction sont généralement très faciles ; je dis généralement, parce qu’un très petit nombre de variétés s’y prête peu, et même pas du tout ; telles sont le Bon-Chrétien d’été, l’Epargne et quelques autres. Le défautle plus fréquent que j’aie remarqué dans les pyramides qui ornent les jardins de nos contrées, c’est une trop grande quantité de rameaux qui se croisent confusément et pro- duisent un désordre aussi désagréable a l’œil que contraire a la santé et a la fertilité de l’arbre. C’est un écueil très facile à éviter, et contre lequel il est bon de prémunir quel- ques-uns de nos jardiniers. On cultivait autrefois beaucoup de Poiriers en contre- espalier, par lesquels on encadrait les carrés d’un jardin potager ; cette forme, peu usitée de nos jours et que je suis complètement d’avis de proscrire tout a fait, avait l’incori- vénient d’occuper beaucoup de place, de jeter une ombre continue, funeste aux végétaux appelés a y croître, d’exiger pendant longues années beaucoup de soins de palissage et de donner fort peu de fruits. Mais on continue avec raison d’élever des Poiriers en espalier pour tirer parti des murs à l’exposition du couchant, peu convenable aux Pêchers, et où presque toutes les variétés de Poires réussissent fort bien, et du nord, où quelques-unes se comportent assez convenablement. D’ailleurs, dans plusieurs contrées mon- tagneuses, où la température ne permet pas la culture du Pêcher et où les Poires d’hiver mûriraient difficilement en plein vent, au moins certaines années, il sera bien de les placer en espalier au midi et au levant, expositions dans lesquelles ces fruits acquerront toutes leurs qualités. L’éducation du Poirier en espalier n’offre pas, a beau- coup près, les mêmes difficultés que le Pêcher. C’est au contraire l’arbre le plus facile a diriger : ayant la faculté de produire des rameaux sur le vieux bois, il est toujours REVirt HORTICOLE. 250 possible de remplacer une branche qu’un accident a fait périr, et ses branches a fniit vivant plusieurs années, il n’est pas nécessaire de s’occuper du remplacement comme dans le Pêcher. On donne ordinairement au Poirier la meme direction qu’au Pêcher, c’est-à-dire qu’on l’élève sur deux branches principales, ouvertes a angle droit les pre- mières années, mais que plus tard on descend un peu plus. €es mêmes branches se subdivisent ensuite et fournissent les branches secondaires, etc. On n’éprouve pas de grandes, difficultés a maintenir l’équilfbre entre les diverses parties de cet arbre. Cependant, il faut souvent employer le pince- ment, l’arcure et les autres moyens indiqués pour le Pêcher. Le Poirier s’élève aussi parfaitement en palmette ; c’est même sous cette forme que cet arbre, soumis au palissage, est le plus gracieux et donne la plus grande quantité de fruits. Je dois signaler ici une pratique vicieuse adoptée par beaucoup de personnes, et même de jardiniers. Je veux parler de la taille d’août qui consiste à enlever, en pleine sève, les pousses gourmandes et les branches mal placées, qu’un éboiirgeonnement aurait dû faire disparaître au prin- temps, et à rabattre les pointes des jeunes rameaux. Cette opération ne peut avoir que des résultats funestes sans aucune utilité. En refoulant la sève, elle arrête immédia- tement le développement des racines, et provoque très sou- vent la pousse intempestive de bourgeons qui ne devaient se développer qu’au printemps suivant. Je crois devoir rappeler ici une observation que j’ai déjà faite, parce qu’elle est importante : c’est que les planteurs ont le tort de rechercher, surtout pour les Poiriers en pyramides, des sujets trop forts, ou plutôt trop vieux. J’ai vu des propriétaires préférer, parce qu’ils étaient gros, des arbres de huit ans de greffes, rabougris et mauvais de tous points, à de jeunes et vigoureux sujets de deux ans, natu- rellement plus faibles. Agir ainsi, c’est perdre absolument son temps et son argent. Les amateurs éclairés, les jardiniers intelligents, choisiront toujours des sujets de deiu^ ans, de trois ans au plus, à éc()rce lisse et unie, exempte de chancres et de rugosités ; ils savent très bien qu’on ne gagne pas du temps, comme le croient (juelques personnes, en plantant des sujets très forts (jui reprennent difficilement, se^^dégar- nissent toujours de leurs rameaux, poussent fort "peu pen- dant deux ou trois ans, et hnissent souvent par périr avant d’avoir donné du fruit. REVUE HORTICOLE. 254 Pour les espaliers, je ne saurais trop recommander de ne planter que des greffes d’un an, bien vigoureux, dont les bourgeons inférieurs soient très apparents. Ces sujets donneront dans l’année des pousses de 0"\50 et plus; tandis que les greffes de deux ou trois ans, obligés de développer à travers leur vieille écorce des yeux latents, pousseront de maigres rameaux qui atteindront à peine quelques centi- mètres. Br AV Y, Horticulteur à Clermont-Ferrand . Note sur les végétaux en fleur dans V Ecole de botanique du Muséum de Paris, le 28 février 4 847. Dans une note sur la température exceptionnelle de l'hiver de 4 846 et son influence sur la végétation^, j’ai essayé d’attirer l’attention des botanistes sur la floraison hâtive des végétaux printaniers a la suite d’un hiver dont la douceur avait été tout a fait exceptionnelle. Je disais que dans un lieu donné , l’Ecole de botanique du Muséum par exemple, le nombre des végétaux fleuris a une certaine époque de l’année est nécessairement dans un rapport constant avec la température, la quantité de pluie et la sérénité du ciel pendant la période qui s’est écoulée depuis le premier réveil de la végétation. Le 28 février, dernier jour de l’hiver si doux de 4 846, j’avais compté 72 végé- taux en fleur dans l’École de botanique. Cette année-ci, le même jour, je n’en ai trouvé que 4 6 dont les fleurs fussent complètement épanouies. Leurs noms sont consignés dans la liste suivante. Végétaux eu fleur dans l’Ecole de botanique du Muséum, le 28 février 1847. Eranthis hyemalis SaWsh., Helleborus odorus WM,, H. niger L., H, purpurescens AVald., H, atrorubens Wald., H. fœtidus L., Cornus mas L., Potentilla parvi- flora H. P., Corylus rostrata H. K., C. byzantina Lam., C, americana Michx , Taxusbaccata L., Crocus biflorus Mill., C. reiiculatus Stev., Galanthus nivalis L., G, pli- * catus B. R. Comparons entre eux les hivers de 4 846 et 4 847, et voyons si nous trouverons dans les différences de tempé- rature une explication satisfaisante de cette énorme dis- ; proportion dans le nombre des végétaux fleuris. (t) Annales des sciences naturelles, 3® série, t. V, p. 225 (avril 1845). REVUE HORTICOLE. 2o2 A Paris, la moyenne générale de Pbiver météorologique (décembre, janvier et février), déduite de quarante années d’observations (1807-^846), est de 5®, 22. Celle de Phiver de 4 846 s’était élevée a o°,80 ; au contraire, la moyenne de l’hiver de 4 847 est descendue a 4°, 75. Ainsi donc l’hi- ver de 4 846 était bien au-dessus de la moyenne générale, celui de 4 847 est au-dessous. Toutefois, le premier était plus remarquable par sa douceur que celui-ci par sa basse température. Le tableau suivant met en regard les moyennes générales de chaque mois, celles de 4 846 et celles de 4 847, Température moyenne des mois d'hiver à Paris, MOIS. MOYENNE GÉNÉRALE. MOYENNE DE 1846. MOYENNE DE 1847. DIFFÉR. Décembre .... 3<>46 5®6 — 0'3 5*9 Janvier 1,97 5,2 2,4 2,8 Février. ..... 4,22 6,6 3,1 3,5 j Hiver. , . . 3,22 5,80 1,75 4,15 Ce tableau seul sufûrait à la rigueur pour nous rendre compte de l’état arriéré de la végétation de cette année, puisque les moyennes des deux hivers diffèrent de plus de 4 degrés. Mais comme la connaissance de la moyenne ne sufût pas pour faire apprécier convenablement l’influence de la température sur la végétation, nous y joindrons celle des minima et des maxima moyens qui sont, a propre- ment parler, la mesure du froid qui arrête la végétation, et celle de la chaleur qui la favorise. Tableau des maxima et des minima moyens , et de ceux de 1846 et 1847. MOIS. MAXIMUM MINIMUM i MOTÏJÏ déduit de AO ans. motets de 1846. MOTETS de 18A7. MOTETS déduit de AO ans. MOTEK de UAô. MOTFJ» de ISA". Décembre . . . 5®38 7“8 1®4 1®60 3»3 -2«i 1 Janvier .... 3,93 7,3 4,3 -0,17 3,0 0,6 j Février .... 6,96 9,6 5,4 1,37 3,6 0,8 ; ! Hiver 5,43 8,23 3,70 0,93 3,30 -0,23 RETÜE HORTICOLE, 255 En discutant ces chiffres, on voit que le maximum et le minimum de cette année ont été tous deux au-dessous de la moyenne générale. Néanmoins Thiver a été plus remarquable encore par Tabsence de chaleur que par la rigueur du froid. Or, Fabsence de chaleur est évidemment une des conditions les plus défavorables a la végétation. En effet, il existe pour chaque plante un degré thermomé- trique au dessus duquel elle devient sensible à la tempé- rature, tandis qu’elle reste en léthargie tant que le ther- momètre ne dépasse pas ce degré. H est même indifférent pour la plante que le thermomètre se tienne habituelle- ment peu ou beaucoup au-dessous de ce point que j’appel- lerai le zéro du végétal. Supposons une plante dont le zéro soit à tO®, toutes les températures inférieures a 10° seront sur elle sans influence : que le thermomètre soit a 2® ou a 8®, ses bourgeons resteront complètement insensibles à cette différence. Si donc au mois de février, par exem- ple ; où la température moyenne commence a s’éle- ver, le maximum est toujours inférieur au maximum moyen du mois, une foule de plantes, habituellement en végétation à cette époque, seront complètement indiffé- rentes au faible accroissement de température qui se ma- nifestera depuis la fin de janvier, tandis que quelques cha- leurs entremêlées de froid eussent provoqué l’ascension de la sève et favorisé le développement des bourgeons. Dans ces dernières conditions, la végétation, toutes choses égales * d’ailleurs, sera donc plus avancée que dans les premières, à moins toutefois que le froid soit assez vif pour geler les bourgeons. Si nous comparons maintenant les végétaux qui fleuris- saient le 28 février 1847 a ceux du même jour de l’année 4846, ce parallèle nous fournira quelques données qui ne me paraissent pas dépourvues d’intérêt. En comparant les deux listes*, nous trouvons qu’elles n’ont que quatre plantes communes, savoir : Helleborus fœiidus, Cornus m«5, Taxus baccaiaei Crocus biflorus. Les autres plantes en fleur cette année étaient déjà passées de fleurs l’année dernière. Le phénomène inverse est encore plus évident. Ainsi un grand nombre de végétaux de la liste de 4 846 étaient en boutons plus ou moins avancés en 4 847. En voici l’énumération. J’ai placé en tête les plantes dont les (1) V. Annales des sciences naturelles, 3® série, t. V, p. 230. REV^ÜE HORTICOLE. 2ï4 fleurs ctaienl le plus rapprochées du moment de l’épa- iiouissement. Crocus pusillus Ten., Anemone Hack Pohl. , Saxi- fraga ligulata Wall., Salix caprœa (mas) L. , Belula po- pulifolia H. K., B. alba^ Magnolia Yulan Desf., Ahius latifolia H. P., Cydonia japonica H. K., Daphné meze- • reum L. Ainsi, dans ces deux années excessives, le 28 février a vu fleurir des végétaux fort différents, n’ayant de commun entre eux que la propriété d’épanouir leurs fleurs après avoir reçu une somme de chaleur qui n’a pas même pro- voqué l’ascension de la sève dans l’immense majorité des plantes qui peuplent le jardin. Quoique deux années d’observation soient évidemment insuffisantes pour résoudre les problèmes compliqués que soulève l’étude de la floraison des végétaux et des causes qui la déterminent, on peut néanmoins déjà prévoir quel- ques résultats partiels. Il est évident que la floraison des végétaux printaniers se fait par groupes qui représentent chacun des sommes de chaleur probablement peu diffé- rentes, mais parfaitement déterminées; ainsi la liste de cette année ne se compose pas, comme on pourrait le sup- poser à priori^ d’une fraction des végétaux dont l’hiver exceptionnellement doux de l’année dernière a provoqué la floraison. Elle se compose pour les trois quarts de plan- tes différentes, mais dont les fleurs étaient déjà passées à la fin de février ^846. Les quatre plantes communes aux deux listes n’infirment pas la règle, car tous les botanistes sa- vent qu’elles sont du nombre de ces plantes qui restent en fleur pendant longtemps et empiètent par conséquent sur deux périodes successives de floraison. On reconnaît aussi que le nombre des plantes qui composent ces cohortes de végétaux fleuris s’accroît très rapidement a mesure que la température s’élève et dans une proportion beaucoup plus forte que celle de la température elle-même. Bornons- nous, par exemple, à considérer le dernier mois de l’hiver. En 4 847, la moyenne de février a été de 5°, 4; en 4 846, elle s’était élevée à 6°, 6, c’est-à-dire à plus du double. Cependant le nombre des végétaux fleuris a été plus que doublé, il a été quadruplé. A mesure que la chaleur aug- mente, le rapport devient encore plus grand; ce qui ne saurait nous étonner, car la température, à mesure qu’elle s’élève, dépasse le zéro d’un plus grand nombre de végé- REVUE HORTICOLE. 255 taux ; alors aussi les cohortes successives de végétaux ten- dent a se confondre au lieu de former des groupes séparés comme au premier printemps. Enfin, dans le mois de juin, le nombre considérable des végétaux qui fleurissent nous apprend que la culture s’est élevée au-dessus du zéro de la plupart des plantes indigènes ou cultivées qui entrent en floraison h des intervalles si rapprochés, qu’il est impos- sible de distinguer les groupes qui se succèdent pour ainsi dire de jour en jour. Martins, Professeur agrégé à l’Ecole de ûiédecine. Moyens d'activer la croissance des jeunes arbres et de les protéger contre les insectes. La saison est revenue oii l’on s’occupe le plus d’arbori- culture, et nous ne croyons pouvoir choisir une meilleure époque pour communiquer quelques-uns des procédés en usage et des expériences nouvelles faites sur ces matières dans les contrées riveraines du Rhin, localités dont le cli- mat est analogue a celui de Paris et de tout le centre de la France. Nous extrayons la plupart de ces renseignements de la Pfaehische Gartenzeitung ^ espérant que les horti- culteurs français pourront en tirer parti. I. — Moyen de rendre la sève à de jeunes arbres desséchés. On peut rendre la sève a de jeunes arbres dont l’écorce et les racines sont desséchées par un séjour prolongé hors terre par le moyen suivant. On creuse un fossé assez long et profoiîd pour pouvoir y placer l’arbre en entier. On le couche dans ce fossé, on le recouvre d’environ 0™,^5 de terre, et on le laisse ainsi pendant plusieurs jours. Si la saison est très sèche, on arrose la terre de temps a autre, puis on le transplante par les procédés ordinaires. II. — Manière de traiter les jeunes arbres lors de la transplantation.^ Le procédé suivant, qui nous semble encore peu connu, n’est pas exclusivement appliqué aux jeunes plants dessé- chés par un long séjour hors de terre ; il peut au contraire être usité avec autant d’utilité en toute autre occasion. I On commence, s’il est possible, par creuser les trous en automne; une largeur de 0‘^^75 a 0^,80 sur une profon- deur de i mètre a 1"\50 serait la grandeur la plus conve- REVUE HORTICOLE, 256 nable ; on a soin de mettre la bonne terre (la couche supé- rieure) d’un coté et la mauvaise (la couche inférieure) de l’autre. Les trous restent ouverts pendant l’hiver. Au printemps, dès que la saison le permet, on trans- plante le jeune arbre ; pour qu’il ne soit pas enfoncé trop profondément, faute qui est assez générale, on dispose d’abord au fond une partie de la bonne terre, puis on pose l’arbre et on recouvre, mais en partie seulement, les racines avec le reste de la bonne terre, en en ajoutant d’autre qu’on aura tenue en réserve pour le cas d’insufûsance. On s’ar- rête quand l’arbre peut se tenir debout à lui seul, sans pourtant que ses racines soient tout a fait cachées, et on distribue alors sur ces racines deux bonnes poignées d’orge qu’on recouvre ensuite, ainsi que les racines, de 0^^,20 à 0“,25 de terre, sans la plomber trop fortement. De cette manière, l’orge étouffe et pourrit, les racines ab- sorbent avidement ce jus mucilagineux, et cet aliment fait avancer l’arbre avec une rapidité incroyable. Les arbres traités d’après cette méthode ont toujours porté des fruits avant ceux plantés d’après un autre procédé^. III. — Moyen simple d’activer la croissance des jeunes arbres. Quel que soit le mode de plantation d’un jeune arbre, voici le moyen d’en activer la croissance. On frotte l’écorce de la tige et des principales branches avec une brosse mouillée, jusqu’à ce qu’il n’y reste ni mousse ni écorce morte. On répète cette opération de temps à autre, mais surtout en avril et novembre. On favorise ainsi l’évaporation de l’arbre et on rend l’écorce plus pro- pre a absorber l’humidité, et la plante devient plus sen- sible à l’influence bienfaisante du soleil et de la lumière. C’est surtout aux arbres fruitiers que cette propreté fera du bien. Comme les arbres absorbent l’humidité par toutes les parties de leur surface, c’est principalement dans une sai- son chaude et sèche qu’il faut les mettre à même, par ce nettoiement, de profiter de la plus petite pluie, même de la rosée. On a aussi observé que les insectes attaquaient moins les arbres dont l’écorce avait été débarrassée des par- ties mortes. Quand la brosse ne suffit pas pour les enlever on se sert d’un couteau en bois dur dont le maniement exige, (1) Plusieurs jardiniers recommandent aussi de mettre simplement quelques chiffons mouillés sous les racines, B. REVUE HORTICOLE. 257 (lu reste, quelques précauiions pour ne pas blesser la jeune écorce indispensable à la végétation. On Frotte ensuite avec nue brosse d’une raideur moyenne. Pour se convaincre de Pulilité de ce procédé, on n’a qu’a comparer la rapidité de la croissance d’un arbre ainsi trailé avec celle de ses voisins. IV. — Moyen de garantir les arbres fruitiers de la mousse et des insecles. Nous venons de voir le bon effet de la propreté sur les arbres. Voici une autre manière de les nettoyer dont on a remarqué l’effet préservatif contre les insectes. On mélange de la terre glaise et de la cendre de bois en quantités égales avec le quart de fiente de vache, et on y ajoute Peau néces- saire pour en faire une pâte. On étend celte matière à l’aide d’une brosse sur la tige de l’arbre qu’on frotte ensuite avec une seconde brosse, jusqu’à ce que ni mousse ni aucun corps étranger n’y restent adhérents. Enfin, on se sert d’une troisième brosse, ou d’un chiffon fréquemment imbibé d’eau, pour rendre l’arbre tout à fait propre. Cette opéra- tion se fait deux fois l’an, soit en avril et août, soit en mai et septembre. La plupart des insectes n’attaquant que les arbres atteints de quelque mal visible ou caché, tout ce qui peut contri- buer à maintenir les arbres en bonne santé est donc un pré- servatif contre les insectes. V. — Recettes diverses. Voici maintenant quelques recettes éprouvées. ^ . Le meilleur engrais pour les arbres est le sel; on le ré- pand sur le sol autour do l’arbre, aussi loin que le premier est couvert par les branches du dernier. Le sel doit être distribué assez dru pour être visible. Ceux qui ont es- sayé ce moyen ne trouvent pas assez d’expressions pour en vanter les effets sur les fruits qui en deviennent plus grands, plus doux, plus aromatiques, en général d’un meil- leur goût qu’après toute autre espèce d’engrais. Nous crai- gnons seulement que le sel ne soit trop cher en France pour qu’on s’en serve sitôt de cette manière. 2. Des essais comparatifs ont classé de la manière sui- vante l’effet sur les arbres des engrais ci-après désignés : Le compost, posé égal. . I Le fumier animal vaut plus du double, ou. . . 2 3/5 Les urines, surtout humaines, fermentées ... 3 3/5 REVUE HORTICOLE. 2:>R Oes dernières ne sont employées qu’au bout de trois mois, et mélangées par moitié avec de l’eau. 5. On a remarqué que les vents modérés qui soufflent, lors de la floraison des arbres, favorisent beaucoup la fé- condation. On prétend même qu’il y aura peu de fruits quand la fécondation s’est passée par un temps calme. Des jardiniers allemands recommandent dans ce cas de secouer les arbres, afin de mettre en mouvement, par ce vent arti- flciel, les anthères qui auraient besoin de ce stimulant. M. Block. Culture^ à Montreuil^ de la Chicorée sauvage destinée à faire la salade dite Barbe-de-capucin. La Chicorée qu’on destine a faire la Barbe-de-capuein se sème au mois de mars ou d’avril, dans une terre bien la- bourée à Favance. On trace des raies de 0“,05 a 0“',06 de profondeur, distantes entre elles de O"™, 20, et on recouvre la graine en râtelant la terre et en unissant bien les plan- ches. Cela fait, on n’a plus d’autres soins adonner que des sarclages. Au mois d’octobre ou de novembre suivant, on arrache cette Chicorée sauvage pour en faire de la Barbe-de-capu- cin, et a cet effet on l’enlève par rangs a Faide de fortes four- ches, n'.ais sans mettre les pieds sur les plants, attendu que si on les blessait avec les souliers ou les sabots, on provo- querait le développement de la pourriture dans les caves. î)u reste, rien n’est plus facile que d’observer cette règle eu ayant soin, lorsqu’on relève les rangs, d’avoir le dos tou- jours tourné vers les plants qui ont été déjà extraits. La Chicorée étant ainsi relevée, on en forme de grosses bottes qu’on épluche ensuite le soir ou bien avant de les mettre en cave. Pour éplucher les racines, on retire toutes les petites feuilles jusqu’au cœur, et quand elles sont ainsi nettoyées, on en forme de grosses bottes de 1 mètre a 1 “^,50 de circonférence qu’on porte à la cave pour les faire pous- ser. Lorsqu’on veut vendre la Barbe-de-capucin, on eu forme de petites bottes; ce sont celles qu’on voit sur les marchés. Pour faire pousser aux Chicorées ces feuilles longues, pâ- les et étiolées qui constituent la Barbe-de-capucin^ on fait choix d’une cave ou mieux d’un caveau bien clos et dans lequel l’air ni la lumière ne peuvent pénétrer. Dans ce ca- REVUE HORTICOLE. 259 veau, 011 dépose environ O"', 50 de bon fumier de cheval, et sur ce fumier, on range les bottes de Chicorée bien serrées les unes contre les autres, et posées verticalement, les raci- nes en bas et les pousses en haut; en meme temps, on a soin de les arroser pour qu’elles ne s’éciiauffent pas trop, et au bout de quinze jours a trois semaines, la Chicorée est bonne à manger. Enfin, l’on continue a user des mêmes précau- tions et des mêmes soins pour avoir une succession de pro- duits agréables dans la saison où on les récolte. Denis Graindorge, Cultivateur à Montreuil. Manufacture céramique de Billom, La manufacture céramique de Billom, dont les produits ont obtenu une médaille 4 8). L’origine et l’introduction de cette espèce sont inconnues. Elle a fleuri en septembre dernier chez M. Blandy, en Angleterre; ses Heurs, d’un jaune nuancé d’orange, sont disposées en grap- pes au sommet d’une hampe radicale. Odonioglossum Warneri, var. pur pur eum [Bot. reg., n^ 20). Cette variété a^été obtenue du Mexique par M. Loddiges; elle peut avoir O*”, 20 â 0^,25 de hauteur. Les pseudo-bulbes sont ovales comprimés, a deux tran- chants, terminés par deux feuilles linéaires lancéolées. Les fleurs, a labellum jaune et à divisions externes blanches striées de pourpre, sont disposées en grappes courtes, qui naissent de la base des pseudo-bulbes. Cœlogyne speciosa (Bot. reg. ,4 847, n<> 25). Cette es- pèce est pourvue de pseudo-bulbes ovales-oblongs, termi- nés par une seule feuille oblongue-lancéolée, à 5-7 nervu- res; les fleurs, a divisions externes de couleur café, et a la- bellum brun foncé avec les deux lobes blancs, sont solitaires au sommet d’une hampe qui naît de la base des pseudo- bulbes qu’elle dépasse un peu. Ce Cœlogyne est originaire de Java, d’où il a été envoyé par M. Thomas Lobb; il a fleuri en octobre dernier chez M. Weitch d’Exeler. Brassia brachiata (Bot. reg., 4 847, n° 29). Originaire du Guatemala, cette espèce présente des pseudo-bulbes oblongs, étroits, comprimés, du sommet desquels naissent deux feuilles obtuses. Les fleurs sont très remarquables par cinq de leurs divisions, qui sont d’une longueur démesu- rée, très étroites, d’un vert clair, sur lequel se détachent quelques verrues d’un vert plus foncé, que présentent ces divisions. Epidendron plicatum (Bot. reg., 4 847, n® 55). Cette espèce, introduite de Cuba, chez M. Loddiges, a montré ses remarquables fleurs au mois de janvier. Les pseudo- bulbes sont ovales-oblongs, arrondis, terminés par deux feuilles coriaces, en forme de poignard, du centre des- quelles naît une grappe de fleurs à divisions externes d’un jaune verdâtre avec l’extrémité pourpre; le labellum, d’un très beau pourpre, offre quelques taches jaunes. i IIÉRIINCO. REVUE HORTICOLE. Rhododendron grandiflorum flore pleno. Depuis que l’horticulture est devenue, entre les mains d’habiles praticiens, non plus un art routinier, mais bien une science raisonnée, ayant ses lois et ses principes, cha- que année voit éclore des nouveautés horticoles d’un vrai mérite. Angers, oîi deux Sociétés savantes encouragent et récom- pensent tous les genres de culture, n’est pas resté en ar- rière dans ce mouvement général de progrès qui nous en- traîne ; Angers aussi lui paie son tribut, et, celte fois, c’est le Rhododendron qui nous fournit cette nouveauté remar- quable. M. Dalibon, horticulteur a Angers, a fait, il y a quelques années, un semis de Rhododendron ponticum; l’un d’eux fleurit pour la première fois en 1 845, et donna des grandes et belles fleurs doubles, qui le flrent facilement remarquer. AI. Dalibon le présenta au Comice horticole, qui en in- séra la description dans ses annales, et lui donna le nom de R. grandiflorum plénum. Les fleurs ont de 0”*,08 a 0™,09 de diamètre et de 0”‘,04 à 0™,05 de profondeur ; il est de couleur violacée, a fond bleu foncé, à macules jaunes avec quelques points sail- lants; la corolle est fortement veinée de lignes violettes; les étamines se sont transformées en partie en pétales ; quelques unes sont encore attachées aux bords de ceux de l’intérieur. Ces pétales forment deux et quelquefois trois rangs superposés les uns aux autres. Le sujet que nous avons vu portait dix-sept fleurs parfai- tement disposées et réunies en tête; il est du plus bel effet. Les feuilles sont d’un vert noir, luisantes, presque pla- nes, lancéolées et assez serrées contre les rameaux. L’ensemble du sujet forme un bel arbuste qui ne tardera pas, une fois connu , a prendre place dans les plus riches collections. Il a les fleurs plus grandes, plus pleines, et il est de beau- coup plus beau que celui qui se vend sous le nom de R. a fleurs doubles dans le commerce. Baptiste Desportes, pépiniériste à Angers. 2o(> REVUE HORTICOLE. De V action^ des] gelées tardives sur quelques végétaux à feuilles persistantes. L’hiver qui vient de s’écouler peut être compté a Paris au nombre des hivers doux. L’Hellébore d’hiver (Eranthis épanouissait ses fleurs d’un jaune doré le ]2 fé- vrier. Mais le printemps fut marqué au début par des pluies froides, des vents d’est desséchants auxquels succédèrent (juelques jours de chaleur suivis eux-mêmes de pluies et d’un brusque abaissement dans la température. Le ther- momètre s’abaissa, en effet, \eM mars à — par un beau temps, et le 1 2 a — 7^4 par un temps neigeux. Ce froid a exercé une action des plus remarquables sur quelques végétaux à feuilles persistantes. Les Phoiinia glabra ^ Garrya ellip- tlca, Eriobotrya japonica (Mespilus Japonica), Mahonia. Elœagnus reflexa, Cedrus Deodora, qui n’avaient cessé de végéter, et dont les feuilles vigoureuses avaient conser- vé leur couleur normale durant Thiver, changèrent subi- tement d’aspect et revêtirent, la plupart en une nuit, les teintes automnales. La floraison de V Eriobotrya , commen- cée au mois d’octobre 1846, s’était même continuée du- rant l’hiver, et celle des Mahonia et du Garrya elliptica s’annonçait comme devant être des plus belles. Les effets de la gelée ont été des plus remarquables a l’é- gard de V Eriobotrya. — Ses branches, très diffuses, donnent naissance en général, comme on le sait, a des rameaux qui eux-mêmes se partagent en trois parties ; dans l’individu qui fait l’objet de cette remarque, la plupart de ces divisions por- taient une panicule de fleurs, mais quelquefois cependant deux rameaux chargés de feuilles accompagnaient un seul ramule florifère. Dans ce cas, toute l’action du froid s’est portée sur les rameaux fleuris, en épargnant compléiement les deux rameaux voisins; mais lorsqu’au contraire les mères- branches se terminaient par trois panicules, elles se sont trouvées complètement gelées jusqu’au point où ces mêmes branches donnaient naissance 'a un rameau moins avancé et seulement couvert de feuilles. — La gelée a, comme on le voit, exercé son action en rétrogradant du sommet des ra- ni^anx fleuris vers le tronc, en épargnant dans sa marche les branches les moins vigoureuses et dépourvues de fleurs. 11 sera donc intéressant, d’après cette remarque, de s’as- surer si, eu retranchant, à la fin de l’été, les panicules qui REVUE IIORTIUÜUE. 207 se mollirent a l’exlrémilé de chacun des rameaux, on par- viendra 'a conserver toutes les hranches d’un Eriobolrya qui se trouverait exposé à l’influence d’une gelée rigou- reuse ; le feuillage de cet arbre est assez beau, en effet, pour en motiver seul la culture. L’observation que j’ai faite sur V Eriobolrya ne sem- ble pas s’accorder avec l’opinion qui regarde les effets du froid comme déterminés par un état de langueur de l’arbre. Le contraire me paraît ici plus probable. En général, les individus dont la végétation vigoureuse se maintient en au- tomne m’ont paru souffrir davantage d’un abaissement de température , toutes choses égales d’ailleurs, que ceux d’une constitution plus faible. L’influence d’un terrain aride, sec et perméable agit en effet d’une manière notable sur plusieurs plantes, en ralentissant leur végétation. Ainsi, malgré la température plus élevée qu’on éprouve au Mu- séum, si on la compare a celle des campagnes environnan- tes, on voit résister dans les terrains d’alluvion et caillou- teux du bois de Boulogne le Cistus symphitifolius^ qui gèle constamment dans le sol plus riche et plus compacte oui! se trouve exposé a Paris. Un sol sec, très perméable et les coteaux maigres me semblent particulièrement propres à faire passer la rude saison aux plantes d’un climat plus mé- ridional que le nôtre ; plus l’humidité abandonnera promp- tement les racines, mieux elles se porteront. Des briques pilées, des cailloux roulés, de la meulière concassée, me paraissent les meilleurs matériaux à employer pour former un sous-sol perméable. J’ai eu, par exemple, souvent occa- sion de remarquer que de jeunes Cistes ou Helianthèmes, nouvellement rempotés et placés dans la terre avec leurs pots a moitié remplis de tessons, résistaient à l’action d’une gelée qui faisait périr invariablement les mêmes plantes repiquées a côté des autres, dans un sol compacte. L’action du froid a été moins intense a l’égard du Pho- tinia glabra ; les feuilles de l’année \ 846 se sont détachées du rameau après avoir pris les teintes rouges des feuilles d’automne; les bourgeons, entièrement épargnés, ont complètement épanoui leurs fleurs au commencement de l’été, comme on le remarque depuis plusieurs années. L’effet de l’abaissement de température a donc été ici de « (1) Cet arbuste forme de magnifiques buissons dans les pépinières d’essai établies au bois de Boulogne sous la direction de M. de Salume, conservateur des forêts de la couronne. REVUE HORTICOLE. 268 déterminer la désarticulation des feuilles, en arrêtant les fonctions d’exhalaison de ces organes, sans porter le trouble ni dans les parties ligneuses, ni dans la floraison, quoique ces deux plantes soient, dit-on, originaires du même pays. Un des effets les plus ordinaires du froid sur les feuilles caduques, c’est de déterminer, avant leur chute, leur chan- gement de couleur verte en jaune et en ronge; celles des Vignes, des Sumacs, des Erables, etc., offrent 'a cet égard un phénomène connu de tout le monde; mais ce phénomène de coloration se présente à l’égard de certains arbres à feuilles persistantes, sans néanmoins que ce changement de couleur, du vert au rouge , soit un signe de mort pro- chaine. Chacun aura pu, en effet, l’observer à l’égard de la Bruyère, dont les feuilles, d’un violet brun, communiquent; au paysage ces tons chauds et vigoureux qu’on leur voit souvent prendre à l’automne. Cette coloration temporaire s’est manifestée a un très haut degré sur les feuilles des3/a- honia ; elle occupait les parties supérieures et inférieures du parenchyme, exactement comme dans les feuilles des Bruyères, comme dans celles que portent au printemps et à l’automne les rameaux du Chêne et du Coudrier; aujour- d’hui ces mêmes feuilles des Mahonia^ après avoir passé du vert au rouge, ont repris leur première coloration, et lien ne semble indiquera leur égard l’action du froid. Des phénomènes analogues se sont manifestés avec plus ou moins d’intensité sur des Elœagnus reflexa, des Garryœ elliplica^ un Cedrus Deodora; les feuilles de ces arbres, après avoir perdu leur couleur verte, se sont complètement desséclîées, ainsi que les rameaux qui se trouvaient placés dans un sol profond; aujourd’hui plusieurs d’entre eux j sont rabattus, et le plus bel individu du Deodora que pos- \ sédait le Muséum ne présente qu’un squelette couvert de ) quelques rares bourgeons d’un vert jaunâtre, qu’un soleil 1 ardent peut faire bientôt disparaître. On devait s’y atten- dre. Un arbre dont la zone de végétation est inférieure à i celle du Rhododendron arboreum, un arbre dont la consti- • tulion exige une extrême sécheresse et qui habite un climat | où le thermomètre s’élève, durant le mois de mai, a + 50% | ne pouvait, ainsi que je l’ai fait remarquer*, supporter, sans i de graves dommages, dans un sol riche et compacte^ ni > les hivers, ni les printemps humides, froids et variantes du i 'î) Bci’ue horticole, 1846, p. 42. REVUE HORTICOLE. 2iii> climat de Paris. 11 conviendra donc, selon moi, pour élever le Deodora^ de placer ce bel arbre dans un sol aride et perméa- ble, de manière a diminuer à Pautomne sa végétation trop active; il importera surtout de l’exposer a la sécheresse, afin de se rapprocher de la nature du climat de PHima- laya, oîi domine cet arbre majestueux. Decaisne, De l’Académie des sciences. Note sur le Melonde Morèe^de Candie^ de Malle d'hiver K Le I I Janvier dernier, M. Deboos présenta au Cercle d’horticulture de Rouen un Melon qui fut dégusté. Ou le trouva excellent; les graines en furent distribuées aux membres qui en réclamèrent pour en essayer la culture. Ce fruit est connu plus spécialement sous le nom de Melon de Malte d'hiver j de la variété à écorce lisse, chair verdâtre, fondante et sucrée. Cueilli en septembre et ren- tré dans le fruitier ou dans tout autre bâtiment, à l’abri du froid et de l’humidité, il mûrit en décembre et janvier, et se conserve meme jusqu’en février; on peut, pour le con- server, le suspendre au plancher dans un filet. Employé en I 8, a diriger les jardins et serres de M. le duc de La Force, à Montauban (Tarn-et-Garonne), je re- çus de Malte des graines de ce Melon , les unes de la variété a fruit long, les autres de celle à fruit rond. Celui que M. Deboos nous a présenté m’a paru tenir de ces deux variétés, car celles que j’ai cultivées conservaient bien la forme des qoms sous lesquels je les avais reçues. Je semai ces graines sur place, dans une partie bien ex- posée du potager, et, après avoir pratiqué des trous d’en- viron 0”\40 de profondeur sur 0*", 70 environ de largeur, je les remplis de fumier jusqu’à 0“,20 au-dessus du sol^ Ces couches sourdes furent recouvertes de O”', 12 a d’une bonne terre composée par moitié de terreau et de terre ordinaire prise dans le potager. Un bon paillage ne fut pas épargné pour couvrir ces buttes que j’arrosai copieu- sement pendant tout l’élé. Une seule taille, ainsi qu’un premier pincement furent pratiqués, puis j’abandonnai les plantes à elles-mêmes. (1) Bulletin du Cercle d’horticulture de Rouen. 270 REVUE HORTICOLE. Cos plantes prirent iin rapide accroissement, et me don- nèrent tontes deux une abondante récolte. Cn janvier 1819, j’expédiai plusieurs de ces Melons à M. le duc de La Force, alors a Paris ; il les trouva d’un goût si exquis, qir il m’en fit faire un second envoi qui fut offert au roi Louis XV 111 et servi sur sa table. Pendant les deux années suivantes que je restai à Mon- lauban, je continuai de cultiver ces Melons. La chaleur (juelquefois excessive de cette province méridionale m’a dispensé par la suite de les placer sur des buttes; je me contentais de faire des trous de moyenne grandeur que je remplissais de quelques centimètres de fumier à moitié consommé et que je recouvrais d’un bon mélange de terre plutôt forte que légère. Je ferai remarquer, a cet égard, qu’en général les terres sur lesquelles on plante les Melons sont presque toujours légères, ce qui nécessite beaucoup d’arrosements dans les mois chauds de l’année et énerve les plantes après l’accroissement trop rapide et de peu de durée que leur font prendre les terreaux employés souvent sans mélange. Quoique n’ayant pas eu l’occasion de m’occuper de la culture de ce Melon a Rouen, je la recommande néanmoins ; elle mérite de fixer l’attention des maraîchers et des amateurs. Il faut donner a cette plante une bonne terre, plutôt forte que légère, et la couvrir d’un bon paillis. Cette recomman- dation s’applique 'a toutes les espèces ou variétés de cette Cucurbitacée : on facilite ainsi le développement des ra- cines et on empêche le plombeinent des terres. Une reco nmandation non moins essentielle à mon avis, c’est d’éloigner a une assez grande distance l’une de l’autre les cultures des diverses sortes de Melons ; car si on place des couches de l’espèce qui nous occupe, et qui est très tardive, près d’autres couches couvertes d'espèces a fruits d’une maturité plus hâtive, la fécondation de ces espèces l’une par l’autre les ferait dégénérer. Je n’ose espérer en Normandie des résulats aussi satisfai- sants que ceux que j’ai obtenus sous le climat plus chaud de Montauban, et lorsque les graines étaient pures et récol- tées sur un sol avantageux à cette culture; mais on réussira aussi, je l’espère, a obtenir avec des soins de bons melons de Malte, et alors on publiera les succès qu’on aura obte- nus et les différents modes de culture que chacun aura cru devoir adopter. Savoureux, jardinier. REVUE HORTICOLE. 21 \ Trois années de voyage dans les provinces sepienirio- nales d^ Vempire chinois, par Robert Fortune. ïn-8®, Murray, ^847. Tel est le titre d’un ouvrage récemment publié en Angle- terre parle célèbre voyageur, M. Fortune, que la Société liorticulturale de Londres a envoyé en Chine afin de rap- porter de nouveaux végétaux pour son jardin de Chiswick. Ce livre, écrit par un homme consciencieux autant que bon observateur, soulève une partie du voile qui depuis tant de siècles cache à l’Europe les mœurs du peuple singulier de ce vaste empire; mais c’est pour faire tomber la plupart des illusions que nous nous sommes faites sur leur hor- ticulture, par suite des exagérations des voyageurs, que nous publions cet article. Rien de plus commun en Europe^que d’entendre vanter l’administration paternelle du céleste empire, la science de ses lettrés, et surtout la perfection de son agriculture et rindustrie de ses populalions; mais combien est différent le tableau que M. Fortune trace. Au lieu d’une nation civi- lisée au plus haut degré, riche des produits d’un sol dont la fertilité est proverbiale, et puissante en proportion de son innombrable population, il nous monlre des cités tom- bant en ruines, des temples qui s’écroulent, une administra- tion vénale, un peuple lâche et un gouvernement sans éner- gie, qui font pressentir qu’un jour viendra, jour qui n’est pas éloigné peut-être, où ce grand corps tombera en disso- lution. iST l’imfustrie des Chinois, ni même leur agricul- ture ne méritent les éloges extravagants dont elles ont été l’objet chez nous. Ce qui semblerait avoir causé notre erreur à I égard de ce peuple, c’est qu’a l’époque où l’Europe commença à le connaître, elle était encore plongée dans les ténèbres de la barbarie, et que la civilisation de la Chine offrait a l’œil du voyageur un contraste frappant avec ce qu’il avait vu en Europe. Mais, depuis lors, la Chine a rétrogradé en même temps que l’Europe a marché à pas de géant vers la civilisation ; aussi les rôles sont-ils aujour- d’hui complètement changés. Cependant, si nous ne pouvons assigner au peuple chinois une place éminente dans l’échelle de la civilisation, nous ne pouvons pas non plus le reléguer au dernier rang. Ce peuple est ingénieux, témoin ces curieux objets d’art dont 272 REVUE HORTICOLE. 51 décore les palais et les plus modestes habitations ; il est industrieux, témoin ses pénibles travaux agricoles, sa pa~ tience dans les opérations du jardinage, les manipulations minutieuses qu’il fait subir au Thé, a la Soie et au Coton; il est libéral et hospitalier, notre auteur l’a éprouvé dans tout le cours de son voyage; enfin, il pratique jusqu’à la perfec- tion quelques-unes de ces vertus que nous admirons dans les anciens patriarches. Ainsi, les Chinois sont humains à l’égard de leurs serviteurs, affectionnés à leurs amis et pleins de respect pour leurs parents. M. Fortune avait reçu de la Société horticulturale de Londres la mission spéciale de chercher à se procurer des plantes nouvelles, intéressantes, soit comme plantes d’or- nement, soit à cause de leur utilité ; il lui avait été particu- lièrement recommandé de donner toute son attention h l’agriculture et à l’horticulture chinoise; aussi son livre renferme- t-il une multitude de faits relatifs aces deux branches d’industrie, qui le rendent particulièrement inté- ressant pour les horticulteurs, car, a vrai dire, l’agriculture chinoise n’est autre chose que du^ardinage. Entre autres particularités, l’auteur a complètement mis en lumière tout ce qui a rapporta la fabrication du Thé de la Chine, le long séjour qu’il a fait dans les districts qui produisent et où se prépare cet important objet de consommation lui ayant fourni tous les moyens de bien observer les arbres à •Thé et la manière dont on travaille leurs feuilles. Il nous apprend par exemple que les Thés verts et les Thés noirs sont produits par les mêmes arbrisseaux, savoir : dans le nord de l’empire par le Theaviridis, et dans le sud, par le Thea bohea^ et que c’est à la manière seule de préparer les feuilles qu’est due la différence qu’on observe dans leur coloration et leurs propriétés. Pour fabriquer le Thé vert, on sèche les feuilles aussi rapidement que possible, sans recourir à la chaleur artificielle; pour obtenir le Thé noir, on procède avec plus de lenteur et on laisse les feuil- les subir un commencement de fermentation. Les dé- tails qu’il donne sur la cueillette des feuilles sont rem- plis d’intérêt, mais ils sont si multipliés*, que nous nous voyons forcé de renvoyer les lecteurs au livre même du voyageur. Chiisan, d’où sont originaires une multitude denos plus belles plantes d’ornement, et entre autres notre Wlsleria {GlyQuwsinensiSj semble être un véritable paradis terrestre. REVUE HORTICOLE. Laissons ici parlerM. Fortune : «La flore de Chusan, dit-il, et celle de toute la partie continentale de la province de ChekiangjSont très différentes de celle du sud. Presque toutes les espèces de formes tropicales ont entièrement disparu pour faire place a d’autres végétaux plus analogues à ceux qu’on rencontre dans les climats tempérés. C’est là que pour la première fois, depuis mon arrivée en Chine, j’ai rencontré lemagniûque Wisteria (Glycine) mensfs croissant sauvage sur les montagnes où il grimpe sur les haies et les arbres, laissant pendre de tous côtés ses belles grappes le long des étroits sentiers qui conduisent sur les montagnes. Le Ficus nitida^ si commun autour des maisons et des temples dans la partie méridionale de l’empire, a complètement disparu ici, tandis que beaucoup de genres de plantes qui, dans le sud, ne se montrent qu’au sommet de montagnes élevées, se rencontrent ici à des hauteurs beaucoup moindres et quelquefois même dans la plaine. Je fais principalement al- lusion aux Azalées qui abondent sur les flancs de toutes les collines de l’île. Beaucoup de personnes ont admiré les ma- gnifiques végétaux de ce' genre que les horticulteurs ap- portent aux expositions de Chiswick, et qui en tant qu’in- dividus surpassent, par la fraîcheur de leur feuillage et l’éclat de leurs fleurs, ceux qui croissent spontanément sur les montagnes dont je parle; mais pris en masse et revêtant d’immenses espaces d’un épais manteau de verdure et de fleurs, ils présentent a l’œil un spectacle d’une beauté im- posante que rien n’égale et dont on se ferait difficilement une idée. Et ce ne sont pas seulement les Azalées qui ici réclament notre admiration, ce sont encore des Clématites, des Roses, des Chèvrefeuilles, la Glycine dont je parlais tout a l’heure, et cent autres espèces estimées de nos hor- ticulteurs, qui, sur les montagnes de Chusan, entremêlent leurs fleurs à celles des Azalées et nous forcent à avouer que la Chine est par excellence le pays des fleurs. »> On connaît le goût des Chinois pour les végétaux nains ; quoique plusieurs voyageurs aient donné quelques rensei- gnements sur le procédé qu’ils emploient pour rabougrir les plantes, on conservait des doutes à ce sujel, doutes (rop justifiés, du reste, par les inexactitudes et les invraisem- blances qui perçaient ça et l'a dans les récits de ces voya- geurs. M. Fortune nous donne sur ce genre d’industrie des détails curieux qui méritent toute la confiance des horti- culteurs. Voici un passage de son livre qui prouve 'a quel REVUE HORTICOLE. 274 point \a la passion de ce peuple bizarre pour les plantes lendues naines artificielleinent, passion qui existe au même degré dans tous les rangs de la société : Lorsque je voyageais dans les montagnes de Hong- kong, dit M. Fortune, peu de jours après mon arrivée en Chine, le hasard me fit rencontrer un curieux petit Lyco- podium, que j’arrachai pour le porter au jardin de M. Dent, où j’avais déposé mes autres plantes. En l’apercevant, le vieux jardinier ne put retenir un cri d’admiration ; les em- ployés chinois de l’établissement se le passèrent de main en main, déclarant tous d’un commun accord que c’était une des plus grandes merveilles qu’ils eussent jamais vues, et le plaisir qu’ils montraient à considérer cette miniature Meme sembla pas moindre que celui qu’ils avaient éprouvé quelques jours auparavant, lorsque je leur présentai un Cactus senilis que j’avais rapporté d’Angleterre et dont je fis cadeau à un jardinier chinois de Canton. Je leur de- mandai pourquoi ils prisaient si fort mon Lycopodium : Oh, dirent-ils dans leur langage moitié anglais, moitié chinois, cest que c'est trop beau ; cela ne pousse que petit d petit , et quand on conserverait cette plante pendant cent ans, elle aurait à peine grandi d'un pouce . »» Les Anglais qui ont résidé à Canton ont beaucoup vanté les jardins de Fa-ti, près de cette ville; voici ce qu’en dit M, Fortune :« J’ai vu a Fa-ti un échantillon de ce système de jardinage chinois dont on a parlé avec tant d’éloges, et dont tant de voyageurs nous ont donné des descriptions plus ou moins exactes Je vais en parler avec quelque détail. Dans tous ces jardins, les plantes, presque toutes en pots, sont disposées en lignes, de chaque côté d’allées étroites, qui aboutissent toutes a l’habitation des jardiniers, qu’il faut traverser pour y arriver. On compte une douzaine de ces jardins a Fa-ti ; leur étendue varie selon la fortune des propriétaires ou leur goût pour l’horticulture, mais ils sont tous plus petits que les moindres de nos jardins fleu- ristes de Londres. A ces jardins sont rattachés des morceaux de terrains plantés de diverses espèces de végétaux, et où se pratiquent les premières opérations ayant pour but le ra- bougrissement de leurs arbres. On y voit de nombreuses collections d’Azalées, de Camellias, d’Orangers, de Rosiers et de beaucoup d’autres plantes que les Chinois achètent lorsqu’elles sonien fleurs. La plante la plus curieuse en au- tomne et en hiver est la singulière espèce de Citronnier à KEVUE IIOKTICÜLE. 275 Iruils digitos, que les Cliiiiois cultivent avec profusion pour rornementation de leurs demeures et de leurs temples ; on le reoiierclie surtout a cause de son faciès bizarre et de Tex- cellence du parfum qu’il répand. L’Oranger mandarin est aussi fort en honneur a Fa-ti, où on le tient a l’état de nain, et où il fleurit abondamment, et donne quantité de gros fruits aplatis et a écorce d’ui] rouge foncé. LesGliinois cultivent en outre un grand nombre de variétés et d’espèces dans la tribu des Orangers; mais une entre autres qui est fort remarquable, c’est celle qu’ils nomment le Cum-quat^ dont le fruit, petit et ovale, leur sert à faire d’excellentes confltnres. Parmi les autres genres de plantes, j’ai surtout remarqué \e Murraya exotica, V Aglaiaodorala, des Ixo- ra et des Lagerstrœmia y qui sont un des plus beaux or- nements de ces parterres pendant l’automne. ** Mais c’est naturellement au printemps que les jardins de Fa-ti déploient tous leurs agréments; ils sont alors rem- plis de Pivoines en arbre, d’x\zalées, de Camellias, de Roses et autres plantes ornementales couvertes de fleurs. Les Aza- lées Y sont magnifiques, et m’ont plus d’une fois remis en mémoire ces belles exhibitions de Ghiswick, avec cette dif- férence que celles de Fa-ti sont sur une bien plus grande échelle. Chaque jardin forme alors un massif de fleurs, dont les teintes rouges, blanches, pourpres et entremêlées pro- duisent l’effet le plus imposant. Les principales espèces d’Azalées cultivées dans ces jardins sont : Vindica, Vindica- alba, le phœniceay le lateriliay le variegala et le sinensis à fleurs jaunes. Je dois dire en passant, à propos de ce der- nier, que je l’ai retrouvé sauvage sur les montagnes de Ning po, aussi n’ai-je plus de doute aujourd’hui que ce ne soit bien une véritable espèce indigène de la Chine. En cette saison, l’air est embaumé autour de Fa-ti des suaves exha- laisons des fleurs de VOlea fragrans et du Magnolia fus- catUy qui sont tous deux abondamment cultivés dans ces jardins. Gomme il est facile de le supposer, les arbres nains y occupent la place la plus distinguée ; on les assujettit aux formes les plus bizarres. Les plantes qui viennent immédia- tement après pour l’importance, au moins dans les idées des horticulteurs chinois, sont les Chrysanthèmes, qu’ils cultivent admirablement bien, mieux peut-être qu’aucune autre plante. Ces végétaux jouissent tellement de la faveur des jardiniers, que ceux-ci les cultivent avec profusion par- tout, même contre, le gré des propriétaires, et on m’en a cité REVUE HORTICOLE. 276 plusieurs qui ont mieux aimé perdre leur place que de re^ noncer 'a la culture de leurs fleurs favorites. Un riche ama- teur anglais, qui habitait naguère Canton, m’a dit qu’il n’élevait des Chrysanthèmes dans son jardin que pour céder au caprice de son jardinier, n’ayant lui-même aucun goût pour ce genre de plantes. « Les Pivoines en arbre ne sont pas indigènes du midi de la Chine ; on les apporte tous les ans, au mois de janvier, en quantité immense des provinces du nord. Elles sont promptement achetées par les Chinois, qui s’en servent pour orner leurs maisons; elles fleurissent peu de jours après leur arrivée, après quoi on les jette, parce que le climat trop chaud de Macao et de Canton les fait dépérir, et ne les laisse pas fleurir une seconde fois. On les achète plus ou moins cher, suivant le nombre de boutons qu’elles ont à leur arrivée , et quelquefois elles atteignent des prix assez élevés. » Nous arrêterons ici nos exiraits du livre de M. Fortune, auquel ceux qui s’intéressent a l’agriculture et au jar- dinage feront bien de recourir directement. L’auteur y a joint quelques bonnes gravures et lithographies, pour aider à l’intelligence des faits qu’il rapporte, et qui ont été en majeure partie recueillis dans les provinces septentrionales de l’empire, c’est-à-dire dans les plus riches, les plus in- dustrieuses et les plus civilisées du céleste empire. (Extrait du Gardner's Chronicle,) Moyen simple pour connaître les graines de Giroflées prédisposées à produire des plantes à fleurs doubles^. On discute depuis longtemps sur les moyens d^obtenir des Giroflées à fleurs muUiples ou pleines; autrefois on con- seillait, a cette fin, des opérations préparatoires plus ou moins absurdes, qui ne devaient produire et ne produi- saient, en effet, aucun résultat satisfaisant. Voici un moyen facile, non de faire doubler les fleurs de Giroflées, mais de connaître les graines qui doivent pro- duire des plantes a fleurs multiples ou pleines, de semer pour ainsi dire à coup sûr ces dernières et de pouvoir re- jeter celles qui donneraient des individus à fleurs simples. Ayant expérimenté ce moyen, je le communique avec (1) Bulletin du Cercle dhorticulture de Rouen. REVUE HORTICOLE. 277 confiance, dans la persuasion qu’il est nouveau pour beau- coup d’horticulteurs et qu’il pourra leur être utile. Le choix a faire dans les graines de Giroflées consiste il prendre les siliques qui sont fixées sur la tige, a la même hauteur, c’est-a-dire opposées, ou placées en face rime de l’autre , ou bien verticillées par trois a quatre. Les graines que contiennent ces siliques opposées pro- duiront des plantes a fleurs doubles, tandis que celles pla- cées alternativement l’une au-dessus de l’autre, et dans leur disposition naturelle, contiennent ordinairement des em- bryons de plantes a fleurs simples. J’invite les cultivateurs de Giroflées 'a faire des essais comparatifs pour se convaincre de l’efficacité de ce pro- cédé, et a publier les résultats qu’ils auront obtenus. Louis Mullot, d’Elbeuf. Des espèces fruitières cultivées dans les campagnes de l'ouest et du sud-ouest de la France, Nos jardins fruitiers et nos vergers s’enrichissent chaque année de conquêtes nouvelles, depuis surtout que les pé- piniéristes et les amateurs d’horticulture font davantage attention aux variétés interéssantes que les semis produi- sent quelquefois. Pour l’horticulteur vraiment digne de ce nom, la décou- verte d’une variété nouvelle, à caractère bien tranché, est une jouissance que peu d’autres égalent, et qu’il ne croit pas payée trop cher par les expériences ou les recherches qui l’ont amenée. C’est dans les contrées éloignées des grands centras du commerce horticole qu’on a le plus de chance de trouver des variétés nouvelles. La, les jardiniers et surtout les cultivateurs plantent moins souvent les espèces connues ; aux sujets tout greffés achetés chez les pépiniéristes en renom, ils préfèrent parfois les sujets rustiques qui leur tombent sous la main, sauf à les greffer ensuite des espèces qu’ils ont reconnues bonnes, en les jugeant par eux- mêmes, sans s’inquiéter du nom qu’elles portent dans le commerce, si toutefois elles en ont un. C’est ce que nous avons reconnu dans quelques départe- ments de l’ouest et du sud-ouest, où sont cultivées plu- sieurs variétés et espèces fruitières sans nom dans le com- merce, qui ne les connaît pas. Nous nous proposons de 278 REVUE HORTICOLE. décrire les plus intéressants de ces arbres, mais nous de- vons d'abord signaler quelques erreurs trop généralement accréditées; mises en avant, on ne sait comment, et ré- |>étées sur la foi de leurs auteurs , par des hommes in- sliuits, qui n’y prennent pas garde, ou par d’autres - qui n'avaient pas les connaissances suffisantes pour discerner et combattre ce qu’elles ont de faux. Fruits à noyau. .le vais parler d’abord des quatre genres de fruits k noyau le plus cultivés dans la France centrale, et qui tous appartiennent a la famille naturelle des Rosacées^ et au même groupe, celui des Drupacés, et peut-être au même genre (qu’on pourrait appeler jPrwmes ou Amygda- lus), car bien qu’on ait divisé ce groupe , d’abord en deux genres, puis en trois, quatre, cinq, etc., quelques espèces semblent intermédiaires entre deux genres ^ et servent de lien entre les espèces attribuées par les botanistes k chacun d'eux. Enfin, l’hybridisme est possible et est aujourd'hui constaté entre des espèces différentes, placées presque aux deux extrémités du groupe, et ceci me ramène à mon sujet. De- puis mon enfance, je me rappelais avoir ouï dire a plusieurs jardiniers saintongeois que des arbres, provenant de cer- tains Abricots etsemés, donnaient des espècesde Prunes; que \e Brugnon blanc des vignes (Pêche lisse non adhérente au noyau) élait un métis de Cerises et de Pêches, que le Ragouminides{Cerasus pumila) était aussi un hybride, etc. — De tout cela, je ne voulais rien croire, et dix années d’ex- périences et de tentatives infructueuses avaient justifié cette iiicrédulilé, lorsque plus tard des tentatives plus judicieuses, ou tout bonnement plus heureuses, ont amené des résultats inespérés; un petitPavie rouge très précoce venu de semis, fécondé (du moins on le pense) par des Cerises tardives, a donnénaissance k un Pêcher a feuilles courtes, a petits fruits lisses et k chair n’adhérant pas an noyau, bien que le fruit semé ait les qualités contraires. Déjà, quelques années au- paravant, un Pavie né de variété semblable avait donné naissance k une Pêche duveteuse, a chair aussi fine que celle des Pavies, mais plus fondante, et sans adhérence au (t) Le genre Abricotier nolammenl est le lien intermédiaire entre tontes les espèces du groupe placé par Linné dans le genre Prunus ;i\ est, suivant moi, beaucoup plus voisin du genre Amygdaliis, surtout par ses cotylédons. REVUE ÏIORTICOLE. 27 r) noyau. Ce premier fait bien reconnu a suffi pour neulraliser le découragement que produit parfois rinsuccès et faire continuer les expériences sur Thybridisme. Au point de vue borlicole, qui nous occupe principalement ici, ce pre- , mier résultat était d’ailleurs des plus encourageants, puis- que le nouveau fruit obtenu réunissait les qualités des meil- leures pâteSo Le second résultat n’offre pas les mêmes avan- tages et ne peut vraiment intéresser que la physiologie végétale ou la botanique. Il en est de même du Cerisier nain, analogue au Ragouminer oh\m\\ de fruits du Ceri- sier pleureur, dont les fleurs, après avoir subi la castration de leurs anthères, ont été mises en contact avec des fleurs du même Pavie précoce, dont la floraison avait été retar- dée a cet effet. Greffe des fruits à noyau. Pour la greffe des fruits a noyau, le choix des sujets est une chose importante qui attend bien des améliorations. La pratique la plus habile peut encore recevoir d’utiles conseils de la théorie éclairée et judicieuse. Ainsi, l’on re- cherche surtout les sujets les moins sujets a la gomme, c’est-à-dire à la déperdition de sève, aux plaies et aux au- tres inconvénients qui en sont la suite. Pour cela, les meil- leurs praticiens ont dit : Ne greffez que sur des Pruniers venus de semis, et jamais sur des drageons ou rejetons, ce qui voulait dire, au point de vue physiologique : Ne prenez pas de sujets qui ont déjà eu des plaies, des tronçonnements, des contusions à leurs racines, parce qu’il s’y forme des cautères, et que si la; terre amoncelée autour d’eux ou toute autre cause, vient ensuite à les fer- mer ; d’autres cautères tendront à se former sur le tronc ou sur les rameaux, et que chez les plantes comme chez les animaux, les cautères appauvrissent le sang ou la sève et diminuent les facultés fructifères. Après avoir ainsi posé la question, on n’aurait pas persisié à choisir pour sujets des Pruniers venus de semis, car tous les Pruniers dont on par- lait (ceux à bon fruit en provenant) ont leurs racines tra- çantes, et c’est là un inconvénient irrémédiable, puisque dans les labours, si intelligents qu’ils soient, il est presque impossible que des racines traçantes ne soient pas heur- tées, froissées, coupées, etc., et qu’il ne se forme pas à chaque blessure le maudit exutoire qu’il était si impor- tant d’éviter. REVUE HORTICOLE. 2S0 U fallait (lire : Pour tous les arbres sujels à la gomme^ choisissons des sujels a racines pivotantes, ne poussant ja- mais de drageon et n’ayant pas la chance d’etresi fréquem- ment heurtés par les instruments de labour; ne tenons aucun compte d’une erreur qu’est venue combattre et dé- truire la théorie qui nous conseille, savoir : que les fruits sont plus ou moins bons, suivant que l’arbre est greffé sur tel ou ie\ sujet. Rien n’est plus faux, dit la théorie, car les fruits d’une même variété ne diffèrent point en mérite, toutes les fois que les sujets, quoique différents d’espèce ou même de genre, suffisent également bien a la végétation de l’arbre greffé. Toute la question consiste donc a avoir des sujets sur lesquels l’arbre greffé prend et vit aussi bien que sur eux-mêmes; ainsi, les Poiriers greffés sur Aubépine (fruit a osselets ou a noyau) sont suffisamment vigoureux , ce qui n’est pas rare, leurs fruits sont bien supérieurs à ceux du Poirier greffé sur Pommier (fruit a pépins comme la Poire), parce que, dans ce dernier cas, le Poirier végète fort mal et languit pour mourir bientôt. En résumé, je dirai : Greffez vos Cerisiers sur Maha- leb (Sainte- Lucie), vos Pruniers sur Mirobolan, comme le font aujourd’hui les jardiniers du sud-ouest; pour vos Abricotiers et vos Pêchers, si vous voulez de grands arbres, ne prenez point pour sujet PAmandier qui trace un peu et a le bois trop délicat; choisissez l’Abricotier d’il/zgfOwmoLÇ ^ venude semis, arbre magnifique, trop peu employé comme sujet, quoiqu’il soit supérieur à tous les autres, et, pour des arbres moyens ou à basse lige, choisissez les variétés ou espèces d’Abricotiers qui ont cette taille, ou même celles qu’on ne trouve que dans les jardins d’agrément, car pour tous les arbres a noyau de ce groupe, l’Abricotier de semis est le meilleur sujet, notamment a cause de la du- reté de son bois. Vous pourrez aussi prendre pour sujets quelques Pavies plus vigoureux que les autres Pêchers ; nous en parlerons en décrivant les espèces ou variétés de l’ouest de la France qui nous paraissent mériter d’être men- tionnées. H. DE Bourgneuf, Membre de la Société linnéenne. (l) C’est ainsi qu’on doit dire, et non pas Abricot angoiimois, comme on le voit dans les livres modernes. L’Abricotier d’Angoumois est aussi un excellent sujet pour greffer l’Amandier. REVUE HORTICOLE. 28^ Description du Galpliimia hirsiita Cav. (fg. ^5). Il y a longicmps que ce joli petit arbuste fait partie de nos collections, mais il y a toujours été négligé a cause de la difficulté qu’offrait sa culture. Cependant, en le culti- vant dans une serre tempérée, dans un lieu bien éclairé, en lui donnant de la terre de bruyère mélangée d’un tiers de terre franche et d’un tiers de terreau de fumier, en ayant la précaution de faciliter l’écoulement de l’eau d’arro- sage a Taide de nombreux tessons, en ne lui accordant même de l’eau qu’en petite quantité pendant l’iiiver et modérément durant l’été, en le plaçant au printemps a mi-ombre, on le voit se couvrir de fleurs en juillet, et on se trouve bien payé des précautions qu’on a prises. Si enfin on le rempote a l’automne, il fleurit abondamment en décembre dans la serre, ce qui le rend d’autant plus inté- ressant qu’a celte époque elles sont presque dépourvues de fleurs. Le Galphimia se multiplie très facilement de bou- tures sous cloche a chaud. En pinçant les jeunes plantes, on parvient a obtenir de jolis sujets bien ramifiés et d’un effet agréable. Comme Cavanilles, qui le premier a décrit cet arbuste, n’a donné que trois ou quatre lignes de description, j’ai pensé qu’on me saurait gré d’y ajouter quelques détails nouveaux. Arbrisseau de f a 2 mèlres, grêle, à rameaux un peu éta- lés, grisâtres, glabres en vieillissant, mais dans la jeunesse parsemés d’un duvet court, lomenteux et couleur de rouille. Feuilles opposées, a limbe ovale lancéolé aux deux extrémités, long de 0’",20 a 0™,40, large de 0*",010 à 0*",0I5, entier sur les bords ou légèrement ondulé, par- semé dans les jeunes pousses de poils roux courts, en forme de V ou de T, plus ras et disparaissant de bonne heure sur la face supérieure, persistant sur l’inférieure qui est d’un vert beaucoup plus pâle que l’autre, ainsi que sur les bords, d’une consistance molle et membraneuse. Pé- tioles longs de 0‘",005 a 0*",0I0, très grêles et pourtant un peu raides, velus de la même manière que les autres parties, munis au-dessus de leur milieu de deux petites glandes, à la base de deux courtes stipules sétacées et ve- ines. Fleurs disposées en grappes simples et terminales qui sont longues de 0*”,06 a 0*",08 ; le pédoncule commun et 5e SÉRIE. Tome i. — 4 5. Août 1817. REVUE HORTICOLE. 282 les pédicclles sont couverts de poils de la forme et de la couleur déjà décriles; les pédicelles, longs de O”', 01 ou même un peu davantage, très grêles, articulés vers le tiers inférieur, et présentant trois bractées sétacées, Tune eu dehors à leur base, les deux autres à des hauteurs inégales et au-dessous de l’articulation. Calice vert a cinq divisions profondes, ovales, longues de 0"',002; pétales alternant avec ces divisions, longs de réunis à leur base en un onglet plus long que le calice, a limbe en cœur ou ovale, parcouru par une nervure médiane très saillante sur le dos; les cinq d’une même fleur un peu inégaux et dis- semblables entre eux, d’un jaune soufré qui, en vieillis- sant, se nuance irrégulièrement de pourpre; dix étamines plus courtes que les pétales, a filets amincis de la base au sommet, glabres, a anthères linéaires-ovales ; pistil sur- monté de trois styles plus longs que les étamines, grêles, flexueux, aigus au sommet ; ovaire glabre, partagé par trois sillons et trois lobes qui répondent à autant de loges. — Originaire du Mexique. Neumann. Plantes nouvelles ou peu connues y figurées ou décrites dans les journaux d'horticulture. M. Lindley, en i858 (Bot. reg., Miscell., n<> ^28), créa, sous le nom d'Hydroiœnia, un genre nouveau dans la fa- mille des Iridées, pour une petite plante du Mexique, dont les fleurs imitent assez bien celles du Fritillaria Melea- gris. Ce genre se reconnaît facilement aux 5 divisions in- ternes du périanthe qui présentent, au-dessus de l’onglet et intérieurement, une sorte de zone triangulaire, nectarifère et d’apparence cristalline; les étamines monadelphes, oppo- sées a ces 5 divisions, portent des anthères sessiles, légère- ment mucronées; l’ovaire, conique, est surmonté d’un style filiforme partagé en 5 lanières, subdivisées chacune en 2 stigmates spatulées, à bords relevés et papilleux su- périeurement. Le Muséum a reçu de M. Ghiesbreght une plante origi- naire du même pays, et qui ressemble beaucoup à l’flydro- tœnia Meleagris, décrit par M. Lindley, mais qui cepen- dant en diffère spécifiquement. VH. Meleagris a les di- visions externes du périanthe d’un violet plus ou moins foncé, et l’intérieur d’un blanc violacé, taché de rouge- REVUE IIOIITICOLE. 285 lilas, tandis que chez la plante qui nous occupe, les fleurs sont d’un jaune pale teinté de lilas tendre et marquées de taches violettes : les 5 divisions intérieures présentent ex- térieurement, et sur le dos, une bande triangulaire bleue , qui, dans VH. Meleagris, est de couleur brune. De plus, dans celte nouvelle espèce, les anthères sont obtuses; les stigmates filiforme s, aigus y glabres, et non spatulées.M. De- caisne propose, pour cette espèce, le nom d’£f. pulchella. Le genre Rhododendron voit tous les jours augmenter le nombre de ses variétés. Le Portefeuille des horticulteurs, dans son cahier de juillet, figure la Coquette de Paris, qui a fleuri celte année chez un de nos plus habiles horticul- teurs, M. Paillet. Cesi une magnifique plante qui sera re- cherchée avec empressement par les amateurs. Sa forme est élégante; ses feuilles longues, lancéolées, d’un vert vif en dessus, sont légèrement ferrugineuses en dessous; ses fleurs, groupées avec élégance, offrent une corolle dont le fond, d’un blanc très légèrement teinté de lilas, se trouve re- haussé par la couleur violette qui en borde les divisions. — M. Paxton (juin 1847) donne la flgure d’une autre variété de R. arhoreum, découverte dans l’Inde par M. John Gibson, collecteur au service du duc de Devonshire. Cetteplante, re- marquable par ses larges fleurs d’un brillant cramoisi, dis- posées en gros corymbes, a été dédiée a l’auteur du Maga- zine of Botany. Le Portefeuille donne aussi la figure de 6 nouvelles va- riétés de Cinéraires, et la description de 27 autres, qui toutes n’ont rien a envier aux variétés aujourd’hui en vo- gue chez nos voisins. Les Cinéraires, pour obtenir les suffrages des amateurs, doivent présenter des tiges trapues, rameuses, garnies de larges feuilles, des capitules (improprement appelés fleurs) larges, courtement pédonculés, a rayons étoffés, arrondis, très rapprochés; le disque doit être proportionné a la di- mension des rayons; pour le coloris, des nuances délicates doivent ornerles rayons de tonsdégradéset opposésentreeux. Les 6 variétés figurées dans \e Portefeuille sonües suivantes: Phénix (Simon), plante basse, garnie de feuilles à lo- bes aigus, entiers; corymbes denses, composés de capitu- les larges de 0“,05, à rayons étroits de couleur amarante vif; 2^ La /îeine (Chauvière), feuilles entières ; capitules de 0*”,05 environ, a rayons longuement pédonculés, très larges, tridentés, marqués de 5 sillons profonds; leur REVUE HORTICOLE. 285 oxtromilé, de couleur bleue, passe au violet lilacé, et se dé- grade de (on jusque vers le milieu ; la moitié inférieure est d’un blanc très pur : le disque d’un beau violet ; 5® jPer/ec- (Chauvière), plante bien faite, formant buisson; feuille a lobes denticnlés; capitules de 0“‘,02, a rayons larges^ courls, écliancrés au sommet, d’un violet bleuâtre, et d’un carminé tendre sur l’onglet : le disque est violet foncé; Indispensable (Dufay), plante élégante, a feuilles lobées et denticulées; capitules de 0"\25, à rayons arrondis, vio- let-amarante, teinté de bleuâtre, â onglets d’un blanc très pur : le disque est violâtre; 5° Impératrice Joséphine (Du- fiy), buisson touffu; feuilles lobées et denticulées ; capitu- les de 0‘“,02,a rayons arrondis, larges, bleu violacé, â on- glet rougeâtre; disque violet foncé; Vicomte d'Avène (Cliauvière), feuilles larges, a lobes sinueux, entiers; capi- tules de 0“\02, â rayons étroits, arrondis, d’un bel amarante, violacé vif; disque blanc, cotonneux, parsemé de points jaunes. Ces variétés ne présentent pas toutes les qualités ri- goureusement requises; les horticulteurs anglais dédaigne- raient certainement la /feiwe a cause de la longueur des pédoncules et des rayons tridentés, mais nous croyons (|u’il ne faut pas pousser trop loin le rigorisme; souvent un défaut est compensé par une perfection; ainsi l’am- pleur des capitules et le riche coloris de la deuxième va- riété rachètent bien la longueur de ses pédoncules : il en est de meme â l’égard du Phénix qui a les rayons aigus. Le Camellia Pizzo (Portefeuille des hort.) est une belle variété obtenue en Italie il y a trois ans environ : la fleur est large de 0“,I2; pétales extérieurs arrondis, irréguliè- rement frangés : ceux du centre dressés, quelquefois aigus oi déchiquetés, de couleur blanc de lait, quelquefois lavé de rose tendre et strié de rose sur le milieu. Au moment de son épanouissement la fleur forme la cloche, mais elle s’é- panouit avec l’âge et prend alors une forme qui rappelle celle de la Pivoine de Chine. La belle collection de Cactées de MM. Cels vient encore de s’enrichir de trois espèces nouvelles d' Echinocactus du Chili, décrites dans le Portefeuille. V Echinocactus Mis- leyi présente une tige sphéroïde, déprimée au sommet, re- levée de côtes aiguës, portant des aréoles enfoncées, ovales, garnies d’un duvet court et fauve, et ornées de 9 a 55 épi- nes longues de 0”‘,05, très recourbées : 7 de ces épines s’appliquent ordinairement sur la plante et sont dis- REVUE HORTICOLE. 28 :> posées eu rayons. Le centre de raréole est occupé pat- une ou deux épines recourbées vers le sommet de la tige. La deuxième espèce, Echinoc. Huotii^ a la tige obloiigue, relevée de 9 a ^0 côtes verticales, renflées près des aréoles : celles-ci sont oblongues, garnies d’abord d’un duvet fauve qui passe ensuite au gris cendré, et ornées de 9 a épines plus ou moins rougeâtres; celles qui for- ment le rayon sont au nombre de 10. Les fleurs de ces deux espèces sont inconnues. — Nous croyons qu’on s’est trop empressé de considérer ces deux plantes comme nouvelles. 11 est évident que, puisqu’elles n’ont pas encore fleuri, il est difûcile de leur assigner des caractères précis. On sait que les Cactées présentent en général des caractères très différents, si on compare un individu jeune et un indi- vidu adulte d’une meme espèce. La troisième a été rap- portée avec doute a VE. Cumingii Salm. Sa tige est hémisphérique, a côtes tuberculeuses, peu distinctes, for- mées de tubercules imbriqués, irrégulières au-dessous des aréoles, garnies d’un duvet très court, d’un gris blan- châtre, et ornées de nombreuses épines divergentes, d’un jaune carné, disposées en brosse. Les fleurs, de couleur orangée, ont O”', 05 ; les pétales sont nombreux et étroits. — Un nouvel hybride de Cereus vient de naître en An- gleterre, dans les serres de M. le vicomte Maynard, auquel elle a été dédiée par son jardinier, M. Henry Kenny. Elle provient d’une fécondation croisée entre le Cereus spe- ciosissimus et le C. grandiflorus. Les fleurs, qui varient du rouge vif au cramoisi, ont de 0”^,25 â 0“,27 de diamè- tre sur 0"S'I9 a 0“,25 de longueur. Cette plante, qui compte à peine une année d’existence, a déjà reçu deux noms. M. Paxton le premier la baptisa C. grandiflorus Maynardi. M. Lemaire, trouvant de son côté que ces deux noms n’étaient point assez significatifs, donna au nouveau né celui, plus euphonique sans doute, de C. grandifloro- speciosissimus Maynardi. M. Lemaire aurait pu ajouter : ariificiosè fecundalus ab Henrico Kenny; toute l’histoire de la plante serait ainsi retracée. On commence â rendre justice au genre Bignonia. Long- temps on a cru que ces belles plantes ne pouvaient fleurir dans nos serres : l’absence de fleurs était évidemment le ré- sultat de mauvaises cultures. Aujourd’hui qu’elle est mieux connue, on admire plusieurs belles espèces dans les serres. C’est ainsi que la Flore de M. Van Houtte flgure le Bign. 286 REVUE HORTICOLE. Chamherlaynii de Sims, confondu souvent avec le Bign, œquinooctialis de Linné, dont les corolles sont d’un rouge pale; celles de l’espèce nouvelle sont au contraire d’un beau jaune d’or. Comme tous les Bignonia, celle espèce est grimpante ; ses feuilles sont composées de 2 ou 5 folio- les ovale^ acuminées ; ses fleurs, très grandes, sont dispo- sées par 6 ou 8, en belles grappes axillaires et pendantes. — M. Chauvière possède de son côté le B. speciosa (Hook, Bot mag., t. 5,888), désigné a tort par les jardiniers sous le nom de B, picta. Cette espèce n’est pas précisément nou- velle, puisque son introduction en Europe remonte a l’an- née 1859 ; mais, comme ses congénères, elle a été fortné- gliüée, et ce n’est que récemment qu’elle a été appréciée a sa juste valeur. Son port rappelle celui du Bignonia (Tecoma) capreolata , mais ses fleurs lilas, géminées au sommet des rameaux, l’en séparent nettement. La culture des Bignonia présente dans nos serres un double avantage; eu même temps qu’ils les ornent par leurs corolles brillantes, dont il sont chargés, leurs ra- meaux flexueux et garnis de feuilles protègent de leur om- brage les plantes voisines. 11 faut planter les Bignonia en pleine terre dans un coin de la serre, et les laisser hier en liberté le long des chevrons. Il convient de leur donner de fréquents arrosements pendant l’été, et de tenir les feuilles très propres au moyen de nombreux seringages. Leur multiplication est en général assez difficile. M. Van îloutle conseille de choisir des rameaux demi-aoutés, de les couper dan;s l’articulation et d’en retrancher le sommet herbacé. Si les feuilles que portent les boutures sont très grandes, on devra avoir le soin de les couper par moitié, afin de placer facilement les boutures sous cloche ; chaque tronçon doit être isolé dans de petits pots remplis de sable pur, et placés sur couche chaude. — Une Capucine a fleurs blanches! s’écrie M. Lemaire {Flore des serres, juin 1847, pl. 9). C’est Ta une de ces nouveautés deslinées a faire sensation dans le monde hor- ticole 1 îNous partageons aussi la surprise et l’admiration de M. Lemaire : une capucine a fleurs blanches mérite, en effet, d’attirer l’attention des amateurs. Mais ce que nous admirons moins, c’est son habitude de vouloir im- poser un nom nouveau a des plantes qui déjà en portent un. — M. Van Houtte a reçu du jardin botanique de Bruxelles une plante étiquetée Tropœolum Popelari; il était con- REVLE IIÜKTICOLE. 287 venable de la mellre dans le commerce sous celle désigua- lion, mais M. Lemaire en a jugé autrement; il n’a pas trouvé le nom assez grammatical, et, de son autorité, il lui impose celui de T. albiflorum, sous prétexte « que cette plante étant appelé^ 'a jouir d’une certaine renommée dans nos jardins, un tout autre nom ne la recommanderait pas aussi convenablement aux amateurs, et que, du reste, celui de Popelari n’étant probablement qu’un nom vernaculaire ou dédicatoire^ ne devait pas être conservé. » C’est avec peine que nous croyons devoir faire observer a M. Le- maire qu’il s’abuse ; un nomspéciûque, lorsqu’il est appli- qué à une espèce vraiment nouvelle, doit toujours être re- ligieusement conservé. Nous ne comprenons pas pourquoi M Lemaire s’arrête, et pourquoi il ne change pas tous les noms qui ne lui conviennent pas. Que le nom de T. Pope- lari soit ou non dèdicatoire ou vernaculaire (pour nous servir des expressions de M. Lemaire), ce premier nom doit être conservé, puisqu’il a l’antériorité. « Tout nom qui n’implique pas contradiction avec la plante, et sur- tout qui n’appartient à aucune autre espèce du même genre, est sufüsamment bon pour être conservé » — Qu’il nous soit encore permis d’engager M. Lemaire, M. M..., rédacteur du journal d’horticulture deGand, d’être à l’ave- nir plus avares de néologismes et d’employer de préférence, dans leurs descriptions, des noms français admis par le vul- gaire. La langue de Pascal et de Voltaire nous semble assez riche et assez précise pour nous dispenser de revenir k celle de Rabelais : feuilles subsagittiformes, fleurs à pédi- cellules nutants^ lacinies d'icelle déçues, quinquéplissées, cosiées; d'un jaune obsolète, capsule baccacée, etc., etc., sont, on en conviendra, des mots inintelligibles a la plupart des lecteurs, et de plus parfaitement ridicules aujourd’hui. Que M. Lemaire daigne jeter les yeux sur les lignes qui ac- compagnent ses descriptions ; il trouvera ordinairement, dans les notes de M. Van Houtte, ce langage simple et clair qui s’adapte à toutes les intelligences. Nous pourrions dire, en terminant, avec Martine dans les Femmes savantes : Quand on se fait entendre, on parle toujours bien. Mon Dieu 1 je n’avons pas étugué comme vous. Et je parlons tout droit comme on parle dieux nous. Herincq. (1) De Candolle, Théorie élément, de la botanique , p. 246 (tôt 3)» 288 REVUE HORTICOLE. Poirier Vauquelin, M. Pellier a piéseiUc au Cercle pratique d’horticulture de la Seine-Inférieure, le 18 octobre 1845, des fruits d’un poirier franc de pied , âgé de 28 à 50 ans, semé par Vau- qiielin , dans le jardin de la maison qu’il habitait a Roueiu rue Bihorel : l’un de ces fruits, assez mûr pour être dégusté en octobre, fût trouvé fondant, acidulé, sucré et d’une sa- veur agréable. Ce poirier se fait remarquer par son écorce lisse et ses branches très nombreuses ; les fruits qu’il donne en abon- dance depuis 4 0 ou 42 ans sont généralement gros, de forme ovale, renflés vers le milieu ou turbinés-oblçngs, ordinairement obtus ; leur chair, demi-fine, moins pier- reuse que celle du Saint- Germain , est abondante en eau , très acidulée, sucrée et parfumée; ces fruits mûrissent ordinairement en novembre et se conservent Jusqu’en mars. Cette variété a reçu le nom de notre illustre chimiste Vauquelin. M. Auzou , qui en est le propriétaire actuel ^ on a mis généreusement des greffes à la disposition du Cercle, afin de le répandre dans le commerce et d’en gra- îifier les horticulteurs. Pépin. . Noie sur les phénomènes périodiques que présentent les végétaux. Dans le numéro du l'*'' juillet, la Revue a publié un article intéressant de M. Martins, sur la floraison de quelques végé- taux durant le mois de février 4 847. Ces remarques sont ilestiuées a un système d’observations entreprises par M. Quetelet, directeur de l’observatoire royal de Bruxelles, sous le nom de phénomènes périodiques des plantes. M. Quetelet a fait observer dans plusieurs mémoires suc- cessifs que les états relatifs de végétation changent à cha- que inslant de l’année, dans deux pays situés a quelque riistance l’un de l’autre ; que l’avance et le retard sont des* qualités essentiellement variables, et qu’on a tort de dire qu’une ville a sa floraison plus tôt qu’une autre, de dix à vingt jours par exemple. Cette différence peut être exacte pour une époque de l’année, et tout à fait fautive pour une autre. Cependant les différences dans les époques de la REVUE HORTICOLE. 280 lloraison ne seul pas tellement variables qu’on ne puisse , en les résumant avec sagacité, leur assigner des valeurs très utiles a consulter dans la pratique, et qu’on ne puisse établir certaines lois a l’aide desquelles on arrivera a in- diquer des époques ou saisons de végétations pour une foule d'espèces. Mais, pour atteindre ce but, il est néces- saire d’entreprendre et de réunir un nombre immense d’observations. Cette tâche, le directeur de l’observatoire de Bruxelles se l’est imposée. Il partage les divers phénomè- nes périodiques en quatre groupes qu’il nomme : le réveil^ la floraison^ Ve f feuillaison et la fruciificaiion des plantes. M. Quetelet fait remarquer d’abord a ce sujet, avec M. Boussingault, que le réveil des plantes, celui où la sève commence de nouveau a circuler dans le végétal, est amené par la cessation des gelées, et qu’il suffit, pour les diffé- rents pays , de consblter les tableaux de température pour reconnaître l’époque moyenne où plusieurs plantes vont montrer leurs feuilles ou leurs fleurs. Ces premiers indices, qu’il est bon de recueillir , ne déterminent cepen Jant pas encore le mou veinent général de la végétation, qui peut être plus ou moins lente a se manifester; ils sont donnés par la floraison ^uGalanihus nivalis, du Crocus vernus^ par l’ap- parition des chatons du Corylus Avellana , des feuilles du Ribes Grossularia, du Sambucus nigra^ du Chèvre- feuille et de quelques Spirées. Vef feuillaison est également déterminée par l’effet des températures; elle s’opère en général, dans nos climats, à la suite des premières gelées. Cette époque et celle du réveil des plantes arrivent en quelque sorte aux deux limites de l’hiver ; le sommeil hivernal est de trois a quatre mois dans nos climats; il est bien moins long dans les ré- gions méridionales; on peut même, d’après les remarques de M. Quetelet, concevoir une ligne 'a la surface du globe, pour laquelle il devient nul a l’égard de la généralité des plantes. Chaque espèce, comme nous l’avons déjà fait remarquer ailleurs dans ce recueil, a son thermomètre, dont le zéro correspond au maximum de température où sa végétation est encore possible. Ainsi, le grand mouvement de la végé- tation commence en Belgique au milieu de mars pour finir dans les derniers jours d’avril ; M. Queletet nomme cette période celle de la feuillaison^ parce que dans cet intervalle les différentes plantes se couvrent en effet de leur 290 REVUE HORTICOLE. verrhiro, et quelques unes donnent leurs premières fleurs. Ln seconde période est celle de la floraison, qui, dans nos climats, comprendrait les mois de mai et de juin et la première moitié de juillet. La troisième période viendrait ensuite ; ce serait celle'de la frucliftcalion, qui, pour Bruxelles, s’étend du juillet jusqu’à Veffeuillaison ^ dernière limite du cycle dans la végétation. ries quaire grandes périodes devront sans doute être sub- divisées à leur tour; car il est à présumer qu’on trouvera encore, dans ces groupes principaux , 'a constituer des groupes partiels qui aujourd’hui se confondent à nos yeux. Cependant cette classification en quatre périodes a permis à M. Quetelet de faire entrer dans un tableau général les observations qui ont été recueillies sur différents points ])lacés en dehors du système d’observations comparatives qu’on a cherché b établir d’après le programme tracé par l’habile astronome de Bruxelles. D’après l’inspection des tableaux qui accompagnent les observations de M. Quetelet, on reconnaît combien est variable l’avance d’une localité sur une autre pendant les différentes saisons de l’année ; cette avance même se change quelquefois en retard ; les lignes isanihèsiques on d'égale floraison sont . par conséquent , loin de conserver le paral- lélisme. On conclut de là que les longitudes et les lati- tudes ne sont pas les seuls et principaux éléments régula- teurs des phénomèes qui nous occupent; il en est de même des altitudes. C’est donc à tort qu’on les prendrait pour bases du calcul qui doit fixer les époques des phénomènes naturels. M. Quetelet a cherché si les températures fourniraient des données plus satisfaisantes , mais les lacunes nom- breuses que présentent encore ses lableaux ne lui ont pas permis de constater rigoureusement l’époque de réveil pour les localités où l’hiver est très rigoureux, telles qu’en Laponie, en Suède, aux Etats-Unis. Néanmoins on voit que le retard est d’une vingtaine de jours pour les lieux où la température moyenne tombe immédiatement au dessous de zéro, si on la compare à celle de la Belgique. La tem- pérature moyenne de l’hiver de Bruxelles est de 2^^ .L’avance du réveil des plantes à Polperro (Angleterre^) est de 41 jours. (I) Près de Plyniouth (Cornouailles). REVUE HORTICOLE. 291 Polperro, pour la feuillaison, conserve une avance de dix jours; la température de mars y est, en effet, bien supérieure à celle de Bruxelles, et celle d’avril lui esta peu près égale. Cet avantage se perd dans les mois suivants, et c’est Bruxel- les qui alors , pour la floraison , avance sur Polperro , de même que sur les autres villes de l’Angleterre. L^avance de Bruxelles sur quelques villes de Hollande et de l’Allemagne (Vuchkt, Munich, etc.) est de ^8a 20 jours pour la feuillaison; elle diminue pour la floraison, surtout à l’égard' de Prague , dont la température , en avril, mai et juin , devient un peu supérieure a celle de Bruxelles. V ef feuillaison semble moins dépendre, dans certains cas, des températures de Pannée que des effets des premiers froids. Aussi la chute des feuilles se fait-elle plus tôt dans le nord que dans le midi, à moins qu’elle ne s’opère, dans ces derniers climats , a la suite de la sécheresse ou de chaleurs excessives, ainsi qu’on le remarque dans nos promenades publiques à Paris. On voit par ce qui précède tous les avantages que Part horticole peut attendre des données que M. Quetelet s’ef- force de réunir. En comparant la température des mois à Genève, à Lausanne, avec celles de Bruxelles, on remarque que les hivers sont un peu plus froids en Suisse , et que la végétation s’y trouve en retard de quelques jours ; mais vers l’époque de la fructification ce retard se change en avance; et M Quetelet se demande si cet avantage n’est pas dû à ce que Lausanne et Genève , dans des positions plus élevées, ont un air plus pur et un rayonnement solaire plus actif: éléments que le thermomètre exposé a l’ombre ne peut accuser, mais qui doivent, on le comprend, avoir une immense action. Eu adoptant la manière de compter généralement suivie, on pourrait dire que la différence des latitudes, entre les deux stations suisses et Bruxelles, se trouve compensée par la différence des altitudes; Genève et Lausanne sont plus au midi que Bruxelles de 4°50', et leur élévation est moyen- nement plus grande que 420 mètres; ce qui montrerait que, 4®en latitude plusau nord forme a peuprèsPéquivalentde^OO mètres en hauteur. Munich et Groningue voient fleurir les mêmes plantes à peu près simultanément, mais leurs lati- tudes et leurs altitudes sont bien différentes : Munich est plus au sud de 5°4' , mais se trouve plus élevé de 524 mè- tres; c’est encore, comme on le voit, un degré de latitude 292 REVUE HORTICOLE. australe qui compense ici à peu près exactement 100 mè- tres d’élévation. Les memes remarques peuvent s’appliquer aux phéno- mènes de végétation, si on les compare a Bruxelles et à Carls- rulie. Ces deux villes ont à peu près la même température annuelle. L’hiver et le commencement du printemps sont un peu plus froids dans la première de ces villes que dans la seconde; la végétation , en conséquence, y est un peu moins hâtive ; mais les mois d’avril et de mai y sont plus chauds; aussi y voyons- nous la végétation changer son re- tard en une avance. Carlsruhe est plus au sud que Bruxelles de 2° envi- ron ; la végétation devrait y être de huit jours en avance, comme pour Paris; mais, d’une autre part, son altitude surpasse celle de Bruxelles de plus de 500 mètres, et le retard, par suite, devrait être de plus de douze jours. En combinant les effets des deux causes mentionnées par M. Quetelet, il resterait pour Carlsruhe un retard de plus de quatre jours; c’est ce que l’expérience donne en effet pour la première partie de l’année ; mais, dans la seconde, nous voyons le retard se changer eu une avance de 1 5 jours. On peut croire que, sur des plateaux élevés où le rayonne- ment est plus grand , de même que dans des lieux où les variations annuelles sont très sensibles, la végétation, toutes choses égales d’ailleurs, a une activité plus prononcée. Cette activité se trouve renforcée encore si le lieu d’observation se rapproche des régions polaires où la lumière peut agir d’une manière à peu près continue , lorsque déjà le réveil des plantes s’est manifesté. Ces quelques lignes serviront a faire apprécier la direc- tion et l’importance des recherches entreprises en Belgique. « En effet, si depuis dix années seulement, dit M. Mar- tins S laFrance avait été couverte d’un réseau météorologique auquel se rattacheraient des observations semblables â celles que provoque énergiquement en Belgique M. Quetelet, on aurait aujourd’hui les données les plus précieuses sur la cli- matologie française, et toutes celles qui intéressent la géo- graphie botanique, l’horticulture et l’agriculture seraient ac- quises a la science, w u De toutes les contrées de l’Europe, dit Arthur Young, il n’y en a peut-être pas une qui prouve l importance du climat mieux que la France. Dans les avan- (1) ch. Mari ins in Pairia^ page 178. REVUE HORTICOLE. 295 lages naturels d’un pays, le climat est aussi essentiel que le sol, et il est impossible de se former une idée nette die ses propriétés et de ses ressources , à moins de connaître clairement les avantages et les inconvénienls de ses diffé- rents territoires et de savoir les distinguer des effets acci- dentels de rindiistiie^ «En effet, la meme nature de terre qui, en Norwége, produit quelques sapins, porte d’abon- dantes récoltes de blé en Allemagne, se couvre de ri- ches vignobles en France , et sous le tropique devient le siège de ces belles cultures de végétaux précieux qui don- nent le sucre et les épices. Qu’a -t- il fallu pour amener des effets si différents? Des modifications dans la chaleur, la lumière, riiumidité qui tiennent elles-mêmes a d’innom- brables diversités dans la situation respective des terres ei des mers, la hauteur où se trouvent situées nos grandes ci- tés, etc. 2»» La science qui traite de ces modifications est la météorologie ; nous venons de voir les avantages dont son étude peut doter l’horticulture lorsque les documents qui lui servent de base se trouvent groupés et résumés par un esprit ingénieux. {Tm suite à une prochaine livraison.) Décaissé. Nouvelle note au sujet de THortensia bleu. Nous avons annonce a nos lecteurs (voir la Revue du jù mars 1847) la découverte faite par M. Carlier fils, horticub teur à Roye, d’une espèce particulière de terre de bruyère qui jouit de la propriété de faire passer à un bleu intense les fleurs des Hortensias. M. Carlier, qui s’intéresse avec raison a ce curieux phénomène, a eu l’obligeance, sur notre demande, de nous faire passer une caisse de la terre de Beaulieu, pour la faire analyser par un chimiste, afin d’y saisir, s’il est possible, le principe inconnu auquel celte terre doit sa propriété. C’est ce dont nous ferons part a nos lecteurs lorsque les opérations seront terminées. Pour com- pléter les renseignements qu’il nous a déjà donnés au sujet des Hortensias bleus, M. Carlier vient de nous en envoyer un pied magnifique en pleine floraison. Les fleurs sont d’un bleu de ciel bien décidé, et cependant M. Carlier affirme que leur nuance est sensiblemeut moins pure et moins intense (1) A. Young, Voyages en France, vol. 2, page 188. 21M REVUE HORTICOLE. que sur les écliantillous qui , au lieu d’être venus en pots comme le sien, ont été plantés en pleine terre a Beaulieu même. Voici, au reste, comment il s'exprime dans une lettre qu’il nous fait parvenir a cette occasion : « L’Hortensia que j’ai l’honneur de vous adresser a été mis dans la terre de Beaulieu vers les premiers jours de mars. 11 a été planté en pot, et, pour en assurer la reprise, j’ai laissé autour de ses racines une petite motte de la terre dans laquelle il avait vécu jusqu’alors. Sans doute, à cause de celte circonstance, ses premières fleurs tirèrent plus sur le rose que sur le bleu ; mais au bout de quelques jours la transformation a été complète, comme vous pourrez en ju- ger vous-même ; et je crois pouvoir expliquer ce résultat en disant que les racines, au moment où commença la flo- raison, ne faisaient que de sortir de la motte de vieille , terre, et qu’à mesure qu’elles pénétrèrent plus avant dans celle de Beaulieu, les sucs qu’elles y puisèrent tous les jours plus abondamment amenèrent un changement de plus eu plus prononcé dans la couleur des fleurs. Ce qui vient à l’appui de cette explication, c’est que tous les Hortensias bleus que j’ai vus cultiver ici en pots dans la terre de Beau- lieu ont fini par retourner au rose au bout d’un certain temps, c’est à-dire lorsque cette terre avait été épuisée du principe qui lui donne sa singulière propriété, et qu’on ne peut rendre la métamorphose durable qu’en renouvelant de temps en temps la terre des pots. Du reste, les fleurs des Hortensias cultivés en pots ne sont jamais d’un bleu aussi pur et aussi foncé que lorsqu’ils sont cultivés en pleine terre, comme vous vous en assurerez par vos propres yeux, par l’échantillon coupé que je me propose de vous envoyer prochainement. « Nous ne pouvons que remercier M. Carlier de son envoi et l’engager à continuer les expériences qu’il a si bien com- mencées. Puisqu’il est à même de se procurer abondam- ment celte terre de Beaulieu , il pourrait s’assurer s’il n’existe pas quelques autres végétaux, dans le nombre im- mense de ceux qu’on cultive, sur lesquels cette terre au- rait quelque influence modificatrice. Qui sait si ce fait, présenté par le hasard, de la transformation de la couleur des fleurs de niorteusia par certains agents, n’est pas le -germe de quelque importante découverte horticole? Il y a là assurément de quoi exciter tout l’intérêt des horti- culteurs. Naüdijv. REVUE HORTICOLE. 295 Notice sur Urbain Audibert. La Société centrale d’agriculture de Paris vient de perdre un de ses correspondants les plus zélés et les plus instruits, M. Audibert de Tonnelle. C’est à un homme du Midi, de cette contrée à laquelle il a rendu de si grands services, à dire ici ia perte qu’elle a faite; c’est à celui qui pouvait se dire son ami à faire partager ses regrets à tous les amis du progrès agricole. M. Audibert fut un botaniste instruit, un agriculteur habile, un pépiniériste justement célèbre par la variété et l’étendue de ses cultures et par ses travaux de naturalisation d’une foule de végétaux utiles. A tous ces titres, je sollicite, pour les détails que je vais donner, l’at- tention et la sympathie. Urbain Audibert naquit à Tarascon (Bouches du -Rhône), le 27 février 1789. Son père, qui dirigeait, dans sa pro- priété de Tonnelle, une pépinière déjà célèbre dans le pays, avait compris , par ses relations fréquentes avec ses clients les plus instruits et les étrangers qui visitaient son établisse- ment, qu’une forte instruction botanique était devenue une condition de succès; aussi, quand son fils eut terminé ses pre- mières études, il l’envoya à Montpellier*, où il suivit assi- dûment les cours professés par Broussonet, Gouan, et, bien- tôt après, par De Candolle. Ce dernier ne se bornait pas à enseigner la botanique; il la faisait aimer. Cette étude, qui avait langui sous l’en- seignement technique de ses prédécesseurs, cessant d’être un accessoire des éludes médicales, un arsenal pharmaceu- tique, s’anima à la voix et à l’action de De Candolle. Un grand nombre de jeunes gens suivirent ses cours avec pas- sion, l’accompagnèrent dans ses longues herborisations ; plu- sieurs d’entre eux devinrent ses amis, et lui rassemblèrent plus tard les éléments du supplément à la Flore française. De ce nombre furent MM. Dunal, Requien et Audibert, qui ont fourni tant de matériaux à l’œuvre de leur ancien pro- fesseur et ont été les plus ardents promoteurs du progrès de la culture et de l’esprit scientifique dans notre Midi, en inspirant autour d’eux le goût de l’étude et de la nature. De retour chez son père, Audibert, sortant d’une telle (1) C’esl à Montpellier qu’il fit la conuaissance de M. Esprit iRe- quien, et que se forma cette liaison intime et scieutiTique que la mort seule a pu interrompît. REVUE HORTICOLE. 296 école, sentit combien son établissement était en retard, et, surmontant la répugnance que la prudence de son père op posait à son ardeur juvénile, il se laissa entraîner dans une voie de développement et de progrès qui devait faire la fortune et la gloire de sa famille. C’est à celte époque que je le vis pour la premièree fois à Tonnelle. En parcourant ces cultures encore dans Tenfance, mais où se faisait déjà recon- naître la vive impulsion du jeune botaniste, le père me parlait du chagrin que lui inspirait cette marche trop rapide et trop hardie, et des craintes qu’il avait que des dépenses faites pour propager en grand des végétaux peu connus et peu usités dans le pays fussent infructueuses, faute d’ache- teurs. Il ne savait pas que son fiîs avait reçu deux dons de la nature, celui du botaniste-cultivateur et celui de l’apôtre con- vaincu, qui sait inspirer autour de lui ses goûts et ses con- victions. A mesure que le jeune Audibert introduisait de nouveaux végétaux dans ses cultures, il créait, par ses pa- roles et ses démarches, l’acheteur qui venait les lui deman- der. Bientôt la mort de son père le rendit, à vingt ans, le chef de cet établissement, le protecteur et le guide d’une famille plus jeune encore. Audibert mesura du premier coup d’œil la tâche qu’il avait à remplir; il comprit que, placé au milieu de po- pulations qui aiment la campagne par instinct, mais qui ignorent l’art de s’y procurer les jouissances de la vie, il fal- lait qu’il fît comprendre, qu’il fît admettre comme un besoin l’alliance du beau et de l’utile, ce cachet que la civi- lisation imprime à ses œuvres et qui est le signe le plus cer- tain de ses succès. On ne peut se faire une idée de la pauvreté des pépiniè- res au dernier siècle : nous possédons un catalogue d’un de ces établissements situé auprès de Lyon; on y trouve une partie des arbres fruitiers connus; mais, quant aux arbres forestiers, on n’y trouve que l’Orme, le Tilleul, le Marron- nier et l’Acacia, et, pour les arbrisseaux d’ornement, le Lilas, le Seringat, l’Azédarac et le Julibrisin. En 1807, à l’époque où Urbain Audibert vint partager les travaux de son père, le catalogue de ses pépinières comprenait : Espères ou variclês. En arbres et arbrisseaux 506 En arbres fruitiers 240 En plantes de serre et d’orangerie. . . 150 Total, 896 REVUE HORTICOLE. 297 En 1845, ce catalogue comprenait, Arbres et arbrisseaux de pleine terre et d’orangerie 7,034 Plantes et fleurs pour l’ornement des jardins 500 Céréales 60 Racines nourrissantes 350 Plants de jardin potager 520 liantes aromatiques 40 — oléifères 25 — textiles 30 — tinctoriales 40 — fourragères 80 — propres à différents arts. ... 20 Arbres fruitiers 1 ,905 Total 10,604 Ainsi M. Audibert était parvenu à mettre plus de dix mille espèces ou variétés à la disposition du public; il les avait répandues à profusion dans toutes les contrées qui Ten- touraient; il en propageait le goût par une collection bien entendue, une école complète d’arbres forestiers, de vignes, de céréales, de plantes fourragères, et par la disposition in- telligente des arbustes d’agrément dans les différentes par- ties de son domaine. Ses formes aimables, sa gracieuse hos~ pitalité attiraient sans cesse les voyageurs à Tonnelle ; ils y trouvaient une conversation instructive, des promenades charmantes, l’avantage de pouvoir choisir les végétaux, non sur la foi d’un catalogue, mais sur l’échantillon offert par la nature. M. Audibert mettait à la disposition des naturalistes scs herbiers, scs plantes vivantes, et plus d’une collection s’est complétée dans ses jardins. Au courant du progrès de la botanique et de l’agriculture, il livrait, sans réserve, ses observations à ses visiteurs. Tonnelle était devenu un point remarquable, une station obligée de tous les savants qui parcouraient le Midi, et les propriétaires intelligents de la contrée ne manquaient guère de se trouver à ce rendez-vous, surtout à l’époque où la foire de Beaucaire les appelait en grand nombre dans les environs. M. Audibert avait une méthode particulière pour entre- tenir le goût des amateurs pour les plantes; c’était de joindre à chacun de ses envois, et en forme de cadeaux, u» certain nombre de jolies espèces qui ne lui avaient pas été demandées, mais qu’il voulait faire connaître. C’est ce qui fait qu’on trouve souvent, dans des jardins éloignés, des vé- REVUE HORTICOLE. 2Ü8 gétaux rares qui s’y sont conservés et développés, et dont l’origine serait inexplicable si Ton ne savait que le proprié- taire allait se fournir chez notre infatigable propagateur. En 1822, il eut le bonheur d’acquérir un collaborateur: son jeune frère vint s’associer à ses travaux. C’était la même science, la même bonté; mais c’élait aussi un sentiment de modestie toujours prêt à reconnaître son frère comme supé- rieur, et à se sacrifier à ses volontés. M. Audiberl jeune se chargea de la direction des cultures, et dès lors son frère put vaquer en toute liberté à ses études théoriques, à ses voyages botaniques, à ses correspondances si étendues. L’établisse- ment de Tonnelle prit un grand développement et entra en rapport avec toutes les parties du monde. Deux fois par an, d’immenses cargaisons de plantes et d’arbres partaient pour l’Espagne, T Angleterre, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne, la Suisse, Tltaiie, la Grèce, l’Egypte, l’Algérie, l’Amérique et l’Asie. M. Audiberl répondait à toutes les lettres, soit qu’elles lui adressass{‘iit des commandes ou des questions scientifi- ques; il tenait les comptes de sa maison, présidait aux envois, recevait les visiteurs et les accompagnait partout, tandis que son frère dirigeait tous les détails du choix, des arrachages, des emballages, et, quand ce coup de feu était passé, avait à surveiller l’ordre des pépinières, les semis, les plantations, les étiquetages, les greffes, les cultures. Tant d’activité et tant de zèle dans les deux frères unis dans un même sentiment sup- pléaient au nombreux personnel qui aurait été nécessaire à d’autres, et rendaient tous les rapports avec l’extérieur fa- ciles et avantageux. Dans les loisirs que lui laissaient les soins de son com- merce, M. Audiberl entreprenait, avec ses amis MM. Requien et Dunal, des voyages botaniques pour compléter la Flore du Midi, qui doit tant à leurs recherches [»ersévérantes. Us visi- tèrent ainsi les Pyrénées, les Alpes, lesCévennes, les cotes de la Méditerranée, les îles Baléares, la Corse, etc., et bien peu d’espèces échappèrent à leurs investigations. Le supplément à la Flore française de De Candolle et la Flora Gallica portent, à chaque page, les traces de ces voyages, renouvelés chaque année. L’agriculture ne profitait pas moins que la botanique de ces laborieux loisirs. C’est dans ces moments que M. Au- dibert recherchait et recueillait de toutes parts ces variétés nombreuses de plantes cultivées, qu’il établissait ces belles collections de céréales, de maïs, de mûriers, de vignes, de fi- REVUE HORTICOLE. 290 guîers, d’oliviers, qui ont rendu Tonnelle si intéressant pour les agriculteurs; c’est alors qu’il créait, par l’hybridation, cette belle variété de mûrier multicaule à laquelle quelques personnes avaient donné le nom de mon frère, qui le leur avait transmis, mais qui est dû à M. Audibert. On sait tous les avantages que présente le mûrier mul- ticaule, par sa facilité de propagation au moyen de boutu- res, parla vigueur et la rapidité de son accroissement et la disposition de ses feuilles à se conserver fraîches longtemps après avoir été cueillif s. Mais à coté de ces qualités si précieuses se trouvaient plusieurs inconvénients graves : ces feuilles, par leur grandeur et la finesse de leur tissu, ne résistaient pas au vent qui les déchirait et les froissait, et l’arbre, beaucoup plus sensible à la gelée que les autres variétés, ne pouvait être planté sans risque dans les pays où le thermomètre descend au-dessous de — 14 degrés; aussi les propriétaires qui avaient éprouvé des pertes par l’effet des gelées, et les pépiniéristes que la facilité de la multiplication privait d’une branche importante de leur commerce, s’accordèrent- ils pour déprécier et condamner le mûrier multicaule. Ceux qui avaient cultivé la variété hybiide de M. Audibert avaient trouvé qu'elle devait à la fermeté des feuilles la faculté de résister à de plus grands froids sans rien perdre de ses qualités. La Société d’encou- ragement lui accorda, en 1832, une médaille pour la part qu’il avait prise à la propagation du mûrier multicaule. Occupé comme il l’était, on conçoit que M. Audibert ait peu écrit, et cependant il n’a jamais refusé son concours à une entreprise scientifique. Il a pris une part considérable à la rédaction de la partie agricole de la Statistique des Bouches-du-Rhône, au Nouveau Duhamel, au Cours d*agriculture de Rougier-Labergerie, aux Annales de la Société d* horticulture. Tous ces travaux sont marqués au coin de l’observation intelligente. Connu et apprécié de tous les botanistes et des agricul- teurs, M. Audibert, modestement renfermé dans ses occu- pations pratiques, ne rechercha jamais les honneurs, ils vinrent toujours le chercher. Un grand nombre de sociétés savantes l’avaient admis dans leur sein , et quand, en 1840, je proposai à la Société centrale de le nommer son corres- pondant, je fus accueilli par un sentiment général de sur- prise; on soutint que, depuis longtemps, M. Audibert lui était associé, et il fallut la vériücation de la liste pour REVUE HORTICOLE. oOO convaincre l’assemblée que cette nomination était encore à faire. Ainsi cette nomination n’avait été retardée pour lui que parce qu’on l’en jugeait si digne qu’il ne pouvait man- quer de l’avoir reçue. Ce sentiment honore à la fois la So- ciété qui réprouvait et M. Audibert qui en était Tobjet. Dès lors sa correspondance avec la Société devint fréquente, et les Bulletins font foi de ce zélé concours qui nous fit souvent regretter de ne l’avoir pas provoqué plus tôt. M. Audibert ne borna pas le cercle de ses devoirs à ceux que lui imposaient ses affaires et ses études; il prit une part active et bien utile à l’administration de la ville de Taras- con. Peu mêlé aux luttes de la politique générale, il repré- sentait ces hommes des anciennes communes qui mettaient leur gloire à les rendre fortes, riches et éclairées. 11 y entre- tenait le feu sacré du patriotisme local, et, par Téclat qu’il avait donné à ses fêtes antiques comme à ses comices agri- coles, dont ses produits variés, ses fleurs, ses fruits faisaient la décoration et dont il étaitTâme, il avait transformé sa ville natale, auparavant assez peu soucieuse d’être initiée aux pro- grès du siècle, en un foyer où toute la contrée venait se ré- chauffer aux rayons de la science moderne. Le comice de Tarascon était devenu celui du département entier, qui y était représenté par ses agriculteurs les plus habiles. Les services rendus par M. Audibert avaient attiré sur lui des honneurs mérités ; la décoration de la Légion-d’Honneur vint le cher- cher dans sa retraite. G. Bentham, un des botanistes les plus habiles de l’An- gleterre, lui dédia un genre de plante de la famille des La- biées, orignaire de la Californie. La Société royale d’hor- ticulture lui décerna une médaille d’or en 1846. Attaqué d’une maladie cruelle qui le retint un an entier sur un lit de douleur, M. Audibert mourut le 22 juillet 1846, à l’âge de 57 ans. La ville de Tarascon a pleuré cet homme éminent, et les regrets ont été profonds et unanimes ; mais elle ne sera pas déshéritée du fruit de cette vie si bien rem- plie; son frère, que sa modestie retenait au second rang, reste à la tête de ses établissements, avec son fils, instruit par de si bons exemples. Tonnelle conservera sa réputation sous celte direction habile, et, en allant le visiter, ceux qui connaissaient et aimaient le frère aîné s’apercevront seuls de CO qui lui manque désormais. C® de Gasparin, Pair de France, membre de riiisliluf. i ' V • i F I ■ împ LeTnercier a Pans Abelia floribunàa Dne REVUE HORTICOLE. 50 i Abelia florihunda Dne (fig. 16). La figure publiée dans la Flore des serres, etc., ne ressemble pas complètement à la plante que nous avons vue fleurir an Muséum au mois de mai dernier, et, quoi- que notre planche ait été exécutée d’après un individu envoyé par M. Van Houtte,elle m’a paru s’éloigner assez de la sienne pour en dire quelques mots et appeler, sur ces différences, l’attention de l’horticulteur zélé auquel on la doit. Voici les points de dissemblance : Notre plante a les divisions calicinales oblongues, a peu près égales, réticulées, celles de la corolle presque égales, obtuses, et marquées d’une pointe blanche de manière a former au milieu de la fleur une sorte d’étoile qui s’éteint a l’entrée du tube. Dans la figure, de la Flore des serres, l’entrée du tube de la corolle est rose et les lobes sont marqués de points rouges qui maibquent complètement ici. Il est vrai qu’on voit a la pllïfe ftéfrétoile 5 lignes blanches qui, peut-être, en tiennent lieu, car la description porte « limbe blanc moucheté de rouge. »» La grandeur des co- rolles est enfin plus *^€onsidérable dans la plante du Mu- séum. En définitive, les additions qui me paraissent devoir être faites a la description de M. Lemaire sont : — calice ré- tréci au-dessus de l’ovaire en un col étroit, cylindrique, brusquement partagé en 5 divisions oblongues presque égales. Corolles de couleur rose, ornées à l’entrée delà gorge d’une étoile blanche à 5 branches qui correspon- dent au centre de chacune des divisions. — J’ignore si ces différences sont spécifiques ou individuelles, si elles tien- nent a de légères nuances d’expressions employées dans la description, ou si M. Van Houtte n’a pas reçu en même temps du Mexique deux espèces qui se seraient confondues, sous une même dénomination, dans son vaste établissement. V Abelia, dont nous donnons ici la figure, est un char- mant arbrisseau à rameaux très flexibles, originaire des montagnes du Mexique. M. Neumann, aux soins duquel il a été confié au Muséum, en disposant ses branches au- tour d’un treillage, en avait fait au printemps un des plus gracieux ornements d’une serre froide; ses feuilles sont persistantes. Sa culture, comme Ta annoncé M. Van Houtte, est des plus faciles ; il passe parfaitenient en orangerie, en terre i 5e SÉRIE. Tome i. — J 6. J 5 Août \ 817. REVUE HORTICOLE. T)02 (1(‘ bruyère, lorsqu’on ménage les arrosements ; rindividu (jue possède le Muséum forme aujourd’hui un buisson nés rameux qui sera, nous n’en doutons pas, des plus brillants le printemps prochain. Cette plante, comme je l’ai fait remarquer ailleurs, ne peut être séparée des Abelia; c’est aussi l’opinion de U. Lindley qui, sans avoir eu connaissance de mes remar- ques, a cru reconnaître l’identité générique du Vesalia avec les Ahelia (Bot. reg., ^846, n<> 8), car, bien que la corolle des Abelia de l’ancien continent soit beaucoup plus courte que celle des deux espèces mexicaines, ce seul ca- ractère, ainsi que l’admet également sir W. Hooker {Bot. mag.^ iio 4516), ne peut être pris en considération dans une famille de plantes monopétales, chez lesquelles le tube de la corolle présente de grandes dissemblances, ainsi qu’on peut s’en convaincre en examinant les fleurs des Caprifo- liacées auxquelles appartient la plante qui nous occupe. J. Decaisne. Plantes nouvelles ou récemment introduites dans les jardins. On possède dans les collections une magnifique plante de la famille des Broméliacées, haute de 2 mètres environ, a fleurs d’un blanc jaunâtre , disposées en épi et accompa- gnées de grandes bractées rouges, d’un effet des plus bril- lants. Cette Broméliacée, répandue par le commerce sous le nom de Pitcairnia undulatifolia , doit porter aujour- d’hui le nom de Puya Altensteinii^ d’après le Botanical magazme. L’épithète ôepulchella, donnée a un Ipomœa, en indique assez la qualité. En effet, le Bot. mag.., n® 4505, figure une jolie Convolvulacée reçue de Ceylan, en 1 845, par M. Sher- bourne de Prescott. Celte espèce herbacée, vivace, a des feuilles composées de 5 segments et munies d’un court pétiole , les fleurs solitaires ou réunies par 5 sur des pé- doncules tortueux, et les corolles plus grandes que celles de VI. purpurea. Nous recommandons cette belle plante grimpante â l’atteniion des amateurs. Sous le nom générique de Rigidella^ on a réuni quelques plantes du Mexique assez voisines des Tigridia. Leurs fleurs plus petites, sans être moins élégantes, ont les 5 divisions internes du périanthe dressées, linéaires; et ces différences REVUE HORTICOLE. 505 sont en effet les seuls caractères qui les clistingueut des Tigri- dia. Les trois espèces cultivées eu Europe et figurées dans les journaux anglais sont : \e B. flammea {Bot. regist.., ^845., «O 68); le R. immacwZata (même recueil, 1 840, ^ 6), et le /{. orfftan^fta Paxton (juillet 1847). Dans cette dernière espèce, les trois divisions externes des fleurs, plus grandes que dans les autres, sont d’un magnifique écarlate , tandis que les trois divisions internes sont jaunes à la base et d’un jaune orangé au sommet. — Les Rigidella se culliveiU en terre de bruyère sableuse, dans des pots remplis en partie de tessons, de manière a permettre le facile écoule- ment de Peau. On les place l’iiiver sous châssis froid. Asystasia Coromandeliana est le nom d’une jolie Acan- thacéede l’Inde. Introduite en Europe en 1844, elle a fleuri pour la première fois, en 1845, en Angleterre chez M. Han- derson. Les fleurs, (;ui se succèdent depuis mai jusqu’en novembre, sont disposées en grappes simples au sommet des rameaux ; les corolles sont d’un violet très foncé, ainsi que les anthères , le tube est jaune â l’intérieur. Pour bien jouir de la floraison de cette plante, il faut empêcher les eaux d’arrosage de séjourner au fond des pots et la tenir en hiver en serre tempérée. Une autre Acanthacée, également recommandable par ses élégantes fleurs pourpres, longues de 0”\04, et disposées en grappes terminales de 0‘^,55 à 0”^,60 de longueur, se trouve figurée et décrite dans la Flore des serres, etc., de M. Van Houtte , sous le nom Eranihemum coccincum ; mais ce nom n’estmalheureusement pas le seul qu’elle porte. Ainsi a Paris on la désigne sous celui de Salpingmiiha coc~ cinea; on la trouve sur quelques catalogues belges sous la désignation vague A^Aphelandra nova species; d’autres hor- ticulteurs la possèdent avec les noms à'Aphelandra longis- capa , Aph. longiracemosa et enfin de Justitia longirace- mosa. Voici donc une plante qu’on trouve dans le com- merce avec six noms, et qui par conséquent peut coûter a un amateur cinq fois sa valeur, s’il se laisse guider dans ses acquisitions par les noms que portent les catalogues. Je ferai remarquer en passant que ces noms ont pris naissance dans les catalogues et nullement dans les ouvrages scien- tifiques, comme on serait dispose à le croire; les coupables, cette fois, sont les marchands En 4 846, M. Lindley(j5oU reÿ., n^ 65) a figuré une Cam- panule envoyée de Chine par M. Fortune, et 'a laquelle il 504 REVUE FIORTÎCOLE. donna la juste épitbote de nobilis. M. Van Iloiilte donne aujourd’hui (Flore desserres^ juillet 1847, pl. 5) une fi- gure nouvelle de cette plante, qui laisse bien loin derrière elle le dessin primitif publié par M. Lindley. Les fleurs beaucoup plus grandes, le coloris plus vif, Tapparence de vigueur de cette plante, doivent être attribués aux intel- ligents procédés de culture en usage dans l’établissement de l’habile horticulteur gantois. Le Campanula nobilis rappelle par son port la Campanule des jardins, mais ses fleurs sont plus grandes encore. Le dessin publié dans le £oL register leur attribue une couleur rouge vineux et mar- qué de points plus foncés. Dans la figure de M. Van Houtte, faite chez lui, d’après des individus vivants, les corolles sont vivement colorées de violet pourpré sans taches, et a limbe bordé de blanc extérieurement. Pour obtenir une belle floraison, il faut, d’après M. Van Houtte, planter cette Campanule a l’air libre et à l’ombre, dans un sol généreux, et lui donner d’abondants arrosages pendant l’été. On la multiplie soit de graines, soit d’éclats en automne ou au printemps. En voyant la merveilleuse planche des Calcéolaires dans la Flore des serres, eic,^ nous ne pouvons résister au désir de rendre encore un éclatant hommage a M. Van Houtte. Rien en effet de plus brillant, de plus riche à la fois et de plus coquettement diapré que les belles plantes dont il est le père. On croyait avoir atteint, à leur égard, le plus haut de- gré de perfection , cependant M. Van Houtte s’est encore surpassé : les formes parfaitement arrondies, le coloris le plus éclatant, les dessins les plus bizarres, sont des qualités qui distinguent les Calcéolaires dont cet habile praticien a enrichi riiorliculture et sa Flore. Des rivaux moins heureux attaqueront encore sans doute l’exactitude des dessins pu- bliés par M. Van Houtte; mais qu’on veuille bien se rappe- ler alors les injustes dénégations qu’on a publiées au sujet de son Phlox, qui aujourd’hui cependant fait la fortune de nos marchés. Honneur donc à M. Louis Van Houtte qui. Jeune encore, a su placer son nom a côté des noms les plus distingués de l’horticulture et se montrer l’égal des Cels, des Noisette, des Loddiges, des Soulange, etc. Au Niphœa albodineata, annoncé il y a quelque temps, nous pouvons ajouter le iV. rubida (Flore des serres, etc., juiL, pl. 9), dont les fleurs très nombreuses et grandes, d’un blanc de neige a fond jaune d’or, contribueront à REVUE HORTICOLE. 505 l’ornement de nos serres. Cette espèce, envoyée d’Angle- lerre en ^ 846 a quelques jardins belges, était en fleurs dans rétablissement Yan Iloutte pendant le mois de mai dernier. Les amateurs de Roses apprendront avec plaisir Fappa- rition de plusieurs nouvelles variétés chez trois de nos plus habiles horticulteurs, MM. Margottin, Partencer et Thomas, et publiées dans les Annales de Flore et Pomone, La première de ces Roses a été dédiée à M"'® la Duchesse de Montpensier, Des fleurs, très pleines, exhalant une odeur délicieuse, le tube du calice lisse , sans étranglement au sommet , des sépales souvent foliacés (et non foliacées comme on le trouve constamment écrit dans les Annales de Flore et Pomone), des pétales de la circonférence, dTm rose tendre, blanchissant sur les bords, et presque blancs en dessous, imbriqués , ceux du centre, d’un beau rose vif et plus étroits, formant au contraire cinq ou six faisceaux, sont autant de caractères propres à cette variété qui appar- tient au groupe des Hybrides remontants. Les autres nouveautés de la même section obtenues par M. Partencer sont les suivantes : Reine des fleurs. Fleurs très odorantes de 0'”,08à 0*", i 0, très pleines ; tube du calice légèrement glanduleux, sans étranglement au sommet ; pétales du centre réunis en 5 ou 6 faisceaux, d’un beau rose chair vif, plus pâles en dessous, encadrés par les pétales de la circonférence plus larges, imbriqués et de couleur plus pâle. Duchesse de Galliera, Fleurs très odorantes, très pleines, larges de 0*'^,07 a 0“ï,08, souvent disposées par trois ou quatre ; tube du calice légèrement glanduleux ; pétales de Sa circonférence larges, imbriqués, réticulés, ceux du centre réunis en plusieurs faisceaux, d’un beau rose vif nuancé de rose chair. Comte d'Egmont, Dans cette variété, les fleurs, au nombre de '10 ou 45, larges de O”', 4 0, très odorantes, sont disposées en panicule ; les pétales, échancrés au sommet, sont régulièrement imbriqués, d’un pourpre très frais, plus foncé au centre. VAlphonse Karr est une charmante petite rose de 0“,05 à 0«ï,06 de diamètre, très pleine, à pétales du centre en- tiers, disposés en faisceaux, d’un rose chair vif sur Fonglet et plus pâles vers les bords ; ceux de la circonférence plus larges et échancrés. Comtesse de Ramhuteau. Cette belle variété , obtenue REVUE HORTICOLE. 506 par M. Thomas, a ses fleurs pleines, roses, larges de à 0"M0, de belle forme, disposées par 4*8 en panicules terminales ; les pétales vont en diminuant de largeur de la circonférence au centre. La famille des Trémandrées se compose de charmants arbustes originaires, sans exception, de laNouvelle-Hollande. M. Guérin-Modeste en possède actuellement un, le Tre- mandra Bugelii, publié par le Boianical regisier (année 1844, if 67) sous le nom de Tetraiheca hirsuta. Un recueil français, qui vient à son tour d’en donner une « gracieuse figure faite d’après la plante vivante, »» lui donne pour patrie, Sivan- River (Etats-Unis) ! Nous aurions pu croire cette fois à une erreur typographique sans la parenthèse qu’on a cru sans doute devoir ajouter pour éclaircissement; mais Swan-River, et non Sivan-River» est tout simplement la traduction anglaise du nom fran- çais, donné au commencement de ce siècle à une rivière (Rivière des Cygnes) de la Nouvelle-Hollande par le chef de la célèbre expédition aux Terres-Australes, le capitaine Baudin. Cette rivière est séparée desÉtats-Unis par l’Océan pacifique; le même horticulteur, peu géographe, trompé sans doute par le nom, avait déjà placé sous les tropiques la froide contrée que Magellan, en f520 , a nommée Terre de Feu. Cette fois l’erreur est moins grossière, nous en conve- nons, mais elle mérite cependant d’être relevée, ne serait- ce que pour guider nos confrères dans la culture de la plante qui nous occupe. En effet, tout horticulteur prati- cien conviendra qu’il est bon de ne pas confondre la pa- trie des Aster et des Magnolia i\\ec celle des Banksia,des Epacris, des Lescheyiauliia^ au milieu desquels végètent toutes les Trémandrées. Hérincq. Des influences atmosphériques sur quelques végétaux pendant Vhiverde ^846-47. Comme l’a fort judicieusement fait remarquer M. De- caisne ^ les gelées printanières, survenues inopinément après plusieurs semaines de temps chauds, ont porté dans quelques localités surtout de graves perturbations dans la végétation. Plusieurs espèces ont été frappées mortellement. (1) Re me horticole^ 15 juillet 1847, p. 266. REVUE HORTICOLE. 507 C’est donc aux changements subits de la température que nous avons attribué la mort de quelques plantes intéressan- tes, dans le jardin de Noisy-le-Roi , près Versailles, jardin que nous pouvons citer comme l’im des plus beaux, des plus riches, des environs de Paris. Son propriétaire, M. De- lafontaine, ne néglige rien, il faut le dire, pour le tenir constamment a la hauteur des progrès horticoles. On remar- que à Noisy, non-seulement d’admirables collections de Dahlias, de Rosiers, Géraniums, Fuchsias, OEillels, etc., etc., mais encore tout ce que Pomone nous offre annuellement de meilleur et de plus nouveau en fruits à noyau et à pé- pins. Toutes ces variétés sont méthodiquement enregistrées par M. Delafontaine dans des catalogues spéciaux. Enfin, la section des arbres et arbustes d’agrément est l’objet de soins particuliers. Il en est de même pour les légumes rares. Rien en effet n’est plus gracieux et plus joli que les plates- bandes du jardin de Noisy, sans cesse garnies de plantes exo- tiques et indigènes, dont la floraison se succède depuis le mois de mars jusqu’au dernier beau jour, en répandant dans l’atmosphère de ce lieu ravissant leurs délicieux parfums. Mais je me laisse détourner de mon sujet. Le jardin de Noisy-le-Roi, dont le sol, profondément siliceux, est entièrement découvert, offre cependant des points de vue magnifiques. Aucun abri ne protège les vé- gétaux contre les intempéries ; conséquemment, les plantes et arbres précieux qu’il contient sont exposés chaque sai- son'a toutes les influences atmosphériques. Les arbres et arbustes qui ont été atteints des froids de l’hiver dernier sont: V Arbousier, quia perdu toutes ses feuilles et l’extrémité de quelques jeunes rameaux; sur deux forts Paulownia imperialis, Y>\diViiés depuis 4 ans, l’un est mort entièrement, l’autre a perdu sa tige. Deux Vernis du Japon, de ^5 mètres d’élévation , et dont le tronc, à \ mètre de hauteur, mesurait ^ mètre de circonférence, ont également été tués. A côté de ces arbres les Hydrangea japonica^le^ Hortensias , Mahonia, Cedrus Deodora, Ma- gnolias, ont été respectés. Les Rhododendrum arboreum ont cruellement souffert. Mis en pleine terre a l’automne dernier, et couverts de gros boutons très vigoureux, ces végétaux étaient totalement dé- pouillés de leurs feuilles et dépourvus de leurs boutons à fleurs au printemps. Nous allons donner, dans l’intérêt des amateurs d’horti- 508 REVUE HORTICOLE. culture qui auraient un jardin placé dans des conditions semblables a celles de Noisy, la nomenclature des Rhodo- dendrum arboreum qui ont souffert. Ce sont : Le Rhododendrum triumphans, — altaclarens elegans, — Chelsonii. — Madame Berlin» Yung Darck, — Smithii. — Cunninghami grandiflora. Il ne faudrait pas conclure des observations qui ptécè- dent, que la culture du Rhododendrum arboreum est im- possible en pleine terre sous le climat de Paris; nous pour- rions donner la preuve du contraire, et citer plusieurs ama- teurs qui jouissent complètement, chaque printemps, de la floraison de ces magnifiques plantes. Mais nous engageons les propriétaires à disposer leur terrain de façon à ralentir, autant qu’ils le pourront, la végétation de leurs espèces dé- licates, afin de donner moins de prise aux gelées tardives qui, toujours au printemps, sévissent avec force sur les parties herbacées des végétaux, Bossin. Notes sur les dommages causés par Vinondation et les gelées tardives du mois de mars, dans les pépinières du Val aux environs d*Orléans. En visitant, a la fin d’octobre, les désastres causés par rinondation dans lespépinières d’Orléans, nous avons remar- qué, MM. Desse, Dauvesse et moi, qu’un grand nombre d’ar- bres à feuilles persistantes qui se trouvaient encore recou- verts d’une épaisse couche de vase avaient leurs branches et leurs feuilles complètement ridées. Plus tard, M. Desse me fit parvenir d’autres exemples de cette altération sur des espèces à feuilles caduques, telles que Pêchers, etc. La couche de limon en recouvrant ces arbres peu de temps avant la chute de leurs feuilles, et à une époque où ils étaient encore en sève, semble les avoir ainsi asphyxiés et détruits. Le 14 mars dernier, les gelées qui causèrent tant de dommages dans les jardins de Paris, en ont causé de plus grands encore a Orléans. Le thermomètre s’y abaissa a en- viron— 14*^®. Cette gelée, fit périr presque tous les arbres qui avaient déjà souffert de l’inondation et qui occupaient REVCE HORTICOLE. 509 un sol imprégné (riiumidité. M. Desse m’écrivait a la Ou de mars que les Ormes, Pêchers, Abricotiers, Poiriers, Pommiers , la Vigne, étaient perdus sans ressources. De magnifiques espaliers de Pêchers que nous avions ad- mirés, ont été détruits jusqu’aux racines, et leur proprié- taire s’est vu, au mois d’avril, dans la nécessité de regarnir complètement ses murs. £n effet, quoique le thermomètre ne soit descendu a Paris qu’à — 9®, et que la gelée n’ait duré qu’un seul jour elle a détruit dans les pépinières une immense quan- tité d’arbres et d’arbustes ; la plupart des Eglantiers taillés ont été tués instantanément, ainsi qu’une foule de plantes vivaces. Les Alisiers de la Chine, les Jasmins blancs, Ma- honia, Aucuba, Leycesteria, ont éprouvé le même sort ou ont été pour le moins excessivement endommagés dans toutes les localités où l’inondation s’est fait sentir aux en- virons d’Orléans. Il en a été de même dans plusieurs au- tres jardins du Val, et partout où les arbres se sont trou- vés soumis à cette double influence de l’humidité et du froid, ainsi que M. Decaisne l’a fait observer dans un pré- cédent article. Pépin. Semis et culture de VAuricule (Primula Auricula) en pleine terre. Les hommes ont besoin de faire diversion à leurs travaux habituels; l’horticulture est la distraction la plus générale- ment adoptée. Elle offre de nombreuses et pures jouissances aux personnes qui s’en occupent. Parmi les plantes d’agrément que l’on cultive, il en est toujours quelques-unes auxquelles on donne la préférence ; Rousseau avait un faible pour la Pervenche , Colin d’Har- leville soignait les Lilas , et l’OEillet était la fleur favo- rite du grand Condé. Quoique ces hommes, par leur génie supérieur, se trouvent placés en dehors de la ligne com- mune, les mêmes goûts se retrouvent chez les individus les plus ordinaires, et chacun cultive avec prédilection telle plante plutôt que telle autre. La mode aussi exerce son empire tyrannique sur les fleurs; l’Hortensia est délaissé : le superbe Dahlia jouit en- core delà faveur; la brillante Pensée, après avoir été long- temps négligée, trône de nouveau , aujourd’hui , compté- REVUE HORTICOLE. 510 tement transformée, dans tous les jardins d^amateurs. La mo- deste et suave Anricule, descendue de nos gradins dentelle faisaitTornement, n’occupe plus qu’un petit coin du parterre qu’elle partage avec quelques-unes de ses sœurs qui, comme elle, ont aussi joui de quelques instants de vogue. L’Auricule cependant demande peu de soins, elle reste longtemps fleu- rie a l’ombre et exhale une odeur aussi douce qu’agréable. Tous les traités de jardinage indiquant convenablement la manière de cultiver et de faire en terrines les semis d’O- reille-d’Ours, je n’en parlerai pas ; je veux uniquement ren- dre compte des procédés simples que j’emploie depuis de longues années pour la culture et pour le semis en pleine terre de cette plante. La Primevère-Auricule est munie d’un calice divisé en 5 lobes, d’une corolle tabulée, présentant de 5 à 7 lobes et quelquefois plus, autant d’étamines opposées à ces divi- sions, un style et un fruit uniloculaire a graines nombreuses. I. — choix du terrain. Le sol le plus favorable a la réussite d’un semis d’Auri- cules doit se composer d’une terre légère, sableuse, mé- langée au besoin de fins graviers de rivière. Dans les loca- lités où l’on ne trouve pas un sol assez léger, il faut avant de semer, labourer, unir et bien émietter la terre, la couvrir ensuite d’une couche de I a 0™, 02 d’épaisseur de gros sable, ou de gravier de rivière, ou de gros terreau bien di- visé, composé uniquement de débris végétaux, niveler cette couche et semer sans recouvrir la graine ; mais il faut tasser le sol après l’ensemencement. J’ai remarqué que les graines qui tombaient sur le gra- vier des chemins de mon jardin levaient avant celles qui sont semées sur la plate-bande préparée, et que les jeunes plantes s’y développaient plus promptement. J’ai dû tirer parti de cette leçon qui m’était donnée par le hasard, et je m’en suis bien trouvé. îl faut, avant de disposer le terrain que l’on destine'aun semis d’Auricules, détruire les vers et limaces qui peuvent s’y trouver ^ II. — Exposition. L’ombre est indispensable 'a un semis d’Auricules. Ces (l) Voir le procédé à employer, Journal d* agriculture pratique^ livraison de septembre 1839, r® série, t. III, p. 128. REVUE HORTICOLE. 5 H plantes restent longtemps frôles. Trois mois après Tensemen- cement, elles ont quatre, six et huit feuilles; dans cet état^ elles n’ont qu’un filet de racines qui tient à peine au sol. Quel- ques heures de soleil, quand cet astre est élevé au-dessus de l’horizon, pourraient y faire beaucoup de tort. Quoique cette plante supporte bien la sécheresse, elle aime l’humidité. La meilleure exposition est celle du nord, où le soleil ne paraît en été que quelques heures le malin et le soir. Les aspects du levant et du couchant sont également favorables dans les étés humides ; mais quand les années sont sèches, les semis seront perdus si on n’a pas la précaution d’abriter pour donner de l’ombre. III. — Soins à donner au semis. Quand le terrain est préparé d’une manière convenable, on sème après que les fortes gelées de l’hiver sont passées, c’est-'a dire vers la fin de février. On tasse ensuite réguliè- rement la surface du sol, avec un bout de planche emman- ché perpendiculairement à sa plus large surface. Si le temps est sec, on pourra recouvrir le semis d’une faible couche de 0^,005 de terreau très menu passé à un fin crible en fil de fer. Le terreau que j’emploie provient de la décompo- sition des herbes, des feuilles et des tentures des arbres du jardin. Si la saison est favorable, les graines lèvent vingt a vingt- cinq jours après qu’elles ont été confiées à la terre. Tl faut alors saupoudrer les jeunes plantes de suie de cheminée finement tamisée. Cette suie active la végétation et empêche les limaces et les vers, qui voyagent par les temps humides, de nuire au jeune semis. Le sarclage demande quelques précautions. Dès que des plantes étrangères paraissent, il faut, a l’aide de petits ci- seaux pointus, les couper au dessous du collet et les enlever. On ne peut se permettre de les arracher dans la crainte d’extraire en même temps le jeune plant qui tient à peine au sol. Pendant les trois premiers mois de végétation, il faut avoir soin de faire usage de la suie tamisée, pour en sau- poudrer légèrement les plantes au moins tous les quinze jours, et plus souvent si la saison est pluvieuse. On doit choisir le matin, avant que la rosée soit disparue, ou immédiatement après la pluie. Les racines des jeunes Auricules poussent à fleur de terre REVUE HORTICOLE. 5J2 et souvent sur le sol. Quand les plantes ont pris une cer- taine forme, c’est-a-dire après les trois premiers mois de végétation, il faut alternativement les saupoudrer de suie et de fin terreau, pour recouvrir les racines exposées a l'air. Ces petits soins, qui demandent peu de temps, doivent être continués jusque vers la fin de décembre, époque à laquelle commencent ordinairement les fortes gelées. 11 arrive fréquemment, vu la ténuité de la graine, que le plant est trop dru ; il faut l’éclaircir de telle sorte que les plantes restantes soient espacées entre elles de 0™, 05. Cette opération d’écîaircie doit se faire dans la première quin- zaine de septembre. On peut alors repiquer a l’exposition du levant ou du couchant; mais il est indispensable de re- garnir de terreau le jeune semis qui réste en place et qui vient d’être éclairci. Les gels et dégels de l’hiver soulèvent les plantes, et les pluies découvrent les racines ; pour parer a cet inconvé- nient, on doit, vers le commencement du mois de mars, les recouvrir convenablement avec du terreau. Si l’on re- marque des traces de limaces ou d’insectes plus ou moins nuisibles, on peut continuer de saupoudrer les Auricules avec de la suie durant le mois de mars et partie du mois d’avril, c’est-a-dire jusqu’au moment de la floraison. IV. — Fleur. L’époque ordinaire de la floraison est le mois de mai; ce- pendant les plantes d’un semis d’un an commencent à mon- trer leurs fleurs depuis le ^5 avril jusqu’au 15 juin. A mesure qu’elles s’épanouissent on choisit celles qu’on veut conserver, on arrache tout de suite avec précaution les plantes de choix, on les place en pépinière dans un ter- rain disposé à cet effet et exposé au levant autant que pos- sible, on abrite de manière a ne recevoir que le soleil du matin pendant deux ou trois heures. Les plantes dont les fleurs ne conviennent pas sont extirpées et disparaissent pour former du terreau. Si le jeune plant a bien réussi, en- viron moitié fleurira a cette époque, un quart ne donnera sa fleur que de septembre a décembre, et le reste ne fleurira qu’au printemps suivant. A la fin de novembre, les plantes qui n’ont pas fleuri se Irouven t disséminées inégalement sur toute la surface du ter- rain; il faut les arracher et les transplanter dans un terrain préparé pour les recevoir. RE\ LE HORTICOLE. 5 Le goût des amateurs d’Auricules diffère beaucoup, et il est difficile de déterminer d’une manière positive celles que chacun préfère; j’ai quelquefois permis de choisir dans mes semis, on a souvent pris celles que je voulais réformer. J’ai accordé la même permission dans ma nombreuse col- lection, et les fleurs que je ne conservais que pour leur bi- zarrerie ont obtenu la préférence. Il y a cependant des ca- ractères qui sont généralement reconnus indispensables pour constituer une belle fleur : une hampe forte soutenant une large ombelle avec bractée, corolle grande, veloutée, cou- leurs vives, limbe à liséré, gorge ronde et bien développée. Le stigmate ne doit pas excéder les anthères, et celles-ci doivent arriver 'a la hauteur de la gorge de la corolle. La gorge est blanche ou jaune, mais les corolles se nuancent de toutes les couleurs. Les doubles n’ont généralement qu’une seule teinte, et par cette raison elles sont moins estimées que les simples. J’ai croisé l’Auricule avec la Primevère (Primula veris) et réciproquement; j’ai obtenu des Primevères de toute beauté ; la variété de leurs couleurs et le velouté des fleurs ne perdaient rien près de l’Oreille-d’Ours; mais je n’ai pas été aussi heureux pour cetle dernière plante. La fleur de la Primevère a seule éprouvé une légère modification ; les autres parties de la plante sont restées ce qu’elles étaient. V. — Graine. Quand on possède une belle collection d’Auricules, ou peut récolter la graine sur tous les pieds. On choisit sur chacun d’eux, pour porte graine, la hampe la plus forte et rombelle la mieux développée; on supprime les autres fleurs. Une collection fleurit ordinairement en mai; ou peut récolter les graines fin de juin et au commencement de juillet. Il existe un signe certain de maturité des graines; c’est la couleur brune que prend la partie supérieure de la capsule avant de s’ouvrir pour laisser échapper les graines qu’elle renferme; il faut donc les cueillir quand elles sont dans cet état, pour prévenir la perte des graines. Toutes les fleurs d’une même ombelle ne s’épanouissent pas simultanément ; il en résulte que les fruits mûrissent à quelques jours d’intervalle; malgré cela, quand les cap- sules les plus avancées sont d’une teinte brune tirant sur le marron, on peut en faire la récolte. Il faut attendre que la rosée soit évaporée, et choisir, s’il est possible, l’après- 5U REVUE HORTICOLE. midi. On coupe avec des ciseaux les hampes près de Fom- belle, on dépose les graines dans un vase non troué, dans la crainte que des capsules ne soient déjà ouvertes ou ne s’ouvrent pendant la cueillette. Cette récolte se fait en plusieurs fois a huit jours d’intervalle; le produit en est déposé aFombre sur des feuilles de papier gris, dans une pièce aérée. La dessiccation s’opère lentement et la graine s’en trouve bien. On peut la serrer dans un lieu sec, un ou deux mois après la récolte. Ce n’est qu’au moment de s’en servir que l’on sépare la graine de son enveloppe. Par ce moyen elle conserve très bien ses facultés germinatives pen- dant deux ou trois ans, mais la graine lève beaucoup plus vite quand elle n’a qu’un an. VI. — Soins à donner à une planche d’Auricules. Cette plante demande peu de soins : une terre meuble sans herbes, deux terreautages de 0“,05 à 0*”,04 d’é- paisseur, dans le courant du mois de février et vers la fin de septembre, une culture qui ne consiste qu’en simples binages et peu d’arrosements ; d’ailleurs la couche de ter- reau qui recouvre le sol entretient Fhumidilé. Une planche traitée de la sorte peut se conserver pendant trois ou quatre ans. Après ce laps de temps, il est nécessaire de renouveler la planche pour diminuer de volume les plantes qui doivent être alors trop touffues. On y procède après la récolte des graines. Cette plante présente l’avantage de pouvoir être transplantée dans toutes les saisons de l’année sans qu’elle en souffre, fût-elle même en pleine fleur. C’est dans ce moment-Fa que la première planche doit être créée, afin de nuancer convenablement les couleurs. Pour renouveler une planche d’Auricules, on arrache les touffes , on secoue toute la terre qui reste aux racines , afin de pouvoir détruire les larves d’insectes qui s’y trou- veraient, et surtout celles du hanneton, qui ont déjà à cette époque une longueur de 0™,01. On visite avec soin les racines pour enlever les parties malsaines ou pourries, on éclate les pieds qui seraient trop touffus, puis on recom- pose une planche nouvelle. Après la plantation, on ter- reaute et on arrose. Les pieds doivent être espacés entre eux de 0>^,25. Les feuilles qui jaunissent doivent être en- levées, ne fût-ce que pour le coup d’œil. La feuille épaisse de l’Oreille-d’Ours se dessèche difficilement; elle pourrit dans la saison humide, et cette pourriture serait susceptible REVUE HORTICOLE. 5^5 peut-être de se communiquer a la plante, quoique je u’aie jamais fait cette remarque; mais la propreté exige Tenlè- vement des feuilles mortes. A. Bouvart. Culture des arbres fruitiers. — VIII. — Prunier Deux espèces botaniques, établies par Linné , le P, do- mestica et le P. insiiiiia, ont donné naissance a toutes les variétés de Prunes cultivées. La première paraît être origi- naire de PAsie et de diverses contrées de PEurope ; la deuxième, dont les botanistes modernes ne font qu’une va- riété, se trouve dans nos bois. Les meilleures Prunes culti- vées sont les suivantes : P. Royale de Tours. — Fruit gros, peau violet clair; chair fine, sucrée ; bonne. Mûrit au commencement d’août. P. Abricoiée- Rouge. — Moyenne grosseur, peau jaune rosé du côté de l’ombre, rouge foncé du côté du soleil ; chair fine, sucrée., léger p^irfum d’abricot. — Très bon fruit, mûr au ^5 août. P. Monsieur. — Fruit moyen’, arrondi, assez bon. — Mûrit au ^5 août. — Les P. Monsieur Hâtive^ Monsieur Tardive , et Surpasse Monsieur sont des sous-variétés d’un faible mérite. P. Damas de Monigeron. — Fruit gros, violet clair; chair ferme, sucrée ; bonne. — Mi-août. — L’on cultive aussi les P. Damas Blanc, Damas Violet, Damas de Septembre et autres. Ces variétés sont peu recommanda- bles. — Le Damas de Tours est un assez bon fruit. P. Mirabelle Grosse Petite. — Ces deux variétés, k peau d’un beau jaune , k chair ferme et sucrée , sont très estimées comme fruits de table, et surtout pour les excel- lentes confitures qu’elles produisent. On préfère générale- ment ici la petite k la grosse, et je crois que c’est k tort. — Elles mûrissent l’une et l’autre à la fin d’août. P. Perdrigon Blanc et Violet. — Beaux et bons fruits^ mûrs k la fin d’août. P. Reine-Claude. — Sous ce nom, on confond géné- ralement dans les cultures plusieurs variétés de grosseur et de qualité très différentes. La Reine-Claude, proprement dite, ou Petite Reine - Claude, est un fruit de grosseur (I) Voir pages 51, 77, 88, 101, 126 187 et 231. REVUE HORTICOLE. 5 i G moyenne. Sa peau est d’un vert clair, sa ciuiir est d’im blanc verdâtre, ferme, pleine d’eau plus ou moins sucrée, suivant le sol , l’exposition et la température. Cette Prune est fort bonne, mais fort inférieure a la suivante. P. Dauphine^ Grosse Reine-Claude. — Fruit gros, peau verte, lavée ou lacbée de rouge du coté du soleil; chair fondante très juteuse, très sucrée et parfumée, rson- seulement cette prune est la meilleure connue, mais elle est un des fruits les plus agréables de nos contrées. — Mûrit fin d’août. P. Reine-Claude Violette. — Dimensions et qualités semblables a celles de la précédente; peau d’un violet clair ; plus tardive de huit a quinze jours. L’on a obtenu, dans ces dernières années, quelques variétés de Reine-Claude, que l’on a beaucoup préconisées, entre autres VAbricotine-Sageret, \îi Mamelonée Sageret, la prune Goutte d*or {Golden Drop)^ et la Reine-Claude de Bavais. Plusieurs personnes ont récolté l’an dernier des fruits de la Prune Goutte d’or : ils ont été jugés diver- sement. Il paraît néanmoins constant que ce sera une très bonne acquisition , tant pour la qualité que pour la gros- seur du fruit. Sa maturité se succède pendant tout le mois de septembre. — Tons les recueils horticoles ont donné la description, et plusieurs ont publié la figure de la Reine- Claude de Bavais, ils en ont fait le plus grand éloge. Nous serons bientôt a meme d’apprécier ce beau fruit. P. Sainte -Catherine. — Fruit d’une belle grosseur, allongé ; peau d’un jaune très clair ; chair fondante, sucrée ; bonae crue, l’une des meilleures en pruneaux. — Mi-sep- teinbre. — Plusieurs catalogues en indiquent une sous- variélé sous le nom de Grosse Sainte- Catherine; je ne la connais pas. Plusieurs autres Prunes sont cultivées, soit pour la grosseur du fruit , soit pour l’époque hâtive ou tardive de leur maturité. Parmi les premières, on peut citer les Impé- riales Blanche et Violette , les Dame Aubert Rouge et Blanche ; la P. de Jérusalem , etc. ; parmi les secondes, P. Bifère , Saint-Martin , Bricette , Impératrice Vio- lette. etc. Je ne les mentionne que pour mémoire, attendu qu’elles sont généralement mauvaises ou du moins très médiocres dans notre climat, ainsi que beaucoup d’autres que, par cette raison, je m’abstiens d’indiquer. Cependant je ne puis passer sous silence quelques variétés qui, quoi- REVUE HORTICOLE. 5 i 7 que peu recommandables comme fruits de labié, fournis- sent d’excellents pruneaux, et, sous ce rapport, méritent d’étre cultivées. Je signalerai donc les variétés suivantes: P. Couetsche ou Koëtche. — Deux variétés , celle d’Al- lemagne et celle d’Italie; la première, de moyenne gros- seur, la seconde plus grosse. L’une et l’autre ont la peau violette, la chair ferme et peu sucrée, mais excellente sèche. — Celle d’Allemagne mûrit au milieu de septembre, celle d’Italie a la fin du même mois. P. de BrignolleSs — Assez grosse; peau blanc jaunâtre; chair jaune, ferme, sucrée. — C’est a cette variété que l’on doit les pruneaux de Brignolles. P. d'Agen ou Rohe-de-Sergent. — Cette Prune est la meilleure a faire sécher. Son fruit, d’une belle dimension, est d’une couleur violacée ; sa chair est jaune très foncé, bon cru, délicieux en pruneaux. Cette variété est la seule qui réussisse mieux franche de pieds et de drageons que greffée. Tout le monde connaît ces excellents pruneaux d’Agen, qui font, pour cette contrée, un objet de com- merce très important. Je ne saurais trop recommander la culture de cette Prune en Auvergne, où il est probable qu’elle réussirait à merveille et serait d’un produit consi- dérable. Je n’entrerai pas dans de grands détails sur la culture du Prunier, parce que, de tous nos arbres fruitiers , c’est celui qui demande le moins de soins particuliers. Il se contente de presque tous les terrains, excepté ceux qui sont arides et brûlants ou constamment chargés d’une hu- midité stagnante. Ils croissent même très bien dans des sols gras et humides, où les autres arbres fruitiers ne pourraient réussir. Les variétés de cet arbre se propagent par la greffe en écusson et par celle en fente, soit près de^erre, soit a une hauteur de l”^,60 a 2 mètres pour les sujets destinés à former des pleins vents. Ces greffes s’opèrent sur des jeunes sujets de Pruniers SainUJulien et Ceriselie^ provenant de noyaux. On cultive peu de Pruniers en espalier dans nos con- trées, parce que leur fruit est aussi bon, peut-être même meilleur en plein vent, et que l’on réserve les murs à pa- lissades pour des arbres plus précieux ou plus délicats. Toutefois on peut utiliser les expositions du nord, où les Pêchers ne réussissent pas , par des espaliers de Pruniers, ol8 REVUE HORTICOLE. qui y donneront encore d’assez bons fruits. Ils prospèrent très bien à l’est et a l’ouest ; mais en plein midi Je fruit se dessèche souvent et acquiert peu de qualité. On peut dresser le Prunier en pyramide ; il est facile à diriger, et ses fruits deviennent plus volumineux et meil- leurs. En plein vent, cet arbre est fort peu exigeant. Il suffit de le débarrasser chaque année du bois mort et des branches gourmandes ou inutiles. Cependant, il sera bien de rabattre les jeunes branches a moitié de leur longueur pendant les deux ou trois années qui suivront la transplantation. Comme il est sujet a drageonner, surtout lorsqu’il ne pro- vient pas de semis, il est indispensable d’arracher tous ses rejetons le plus profondément possible. Cette opération doit se faire a l’automne, ou mieux encore au moment où les drageons paraissent. Le Prunier est un des arbres les plus répandus en Au- vergne; il encombre les jardins et les basses-cours des cultivateurs de la plaine et de la montagne ; mais, comme ils ne se donnent pas la peine de le greffer, il n’est pour eux d’aucun avantage et ne produit que des fruits acerbes, à peu près immangeables. Il en coûterait si peu pour trans- former ces arbres d’un produit complètement nul en variétés bonnes a manger et à conserver sèches. C’est sous ce dernier rapport qu’on ne saurait trop encourager la culture en grand du Prunier et surtout de la Prune d’Agen. Les bons pruneaux peuvent se conserver deux ans avec quelques précautions. Ils sont recherchés par toutes les classes de la population, à l’époque où les fruits man- quent, et se maintiennent toujours a un prix assez élevé. C’est une industrie qu’il conviendrait de créer dans notre Auvergne, déjà renommée par l’excellence de ses pâtes et de ses confiture^ de fruits. Br AV Y, Horticulteur à Clermont-Ferrand, Floraison d^un Agave americana dans VHérault. On nous écrit de Clermont- de - l’Hérault : II n’est bruit dans notre pays que d’un phénomène horticole des plus curieux. Un propriétaire de Montagnac, petite ville de l’Hérault, planta il y a une vingtaine d’années, dans son modeste jardin , un Agave americana , qu’il s’élait REVUE HORTICOLE. 5^9 procuré je ne sais comment. Aujourd’hui, a la grande sur- prise de son maître qui en ignorait même le nom, la plante grasse se trouve avoir acquis un tel développement, qu’on ac- court de 40 kilom. a la ronde pour la contempler. Comme je ne suis pas un des moins curieux , surtout lorsqu’il s’agit d’une beauté végétale, je n’ai pas manqué de faire le voyage. «Je partis donc le dimanche, 27 juin, en compagnie de deux amis, et nous nous trouvâmes en présence delà plante deM. Farges, heureux d’en admirer les proportions en vrais amateurs d’horticulture. Une immense touffe de feuilles longues de 2,80, nombreuses, glauques, très charnues et bordées d’aiguillons, occupe un espace de plus de 4 0 mètres et donne naissance au centre a une hampe de 0™,80 de circonférence a la base , et de près de 8 mètres de hau- teur, se ramifiant au sommet de manière à former un élé- gant candélabre garni de fleurs : c’est en un mot une végé- tation toute tropicale a laquelle nous ne sommes nullement accoutumés dans l’Hérault. » Émile ViLLARET. Chicorée de Meaux à fleur blanche. Il y a une|dizaiue d’années environ, M. Marin jeune, hor- ticulteur à Villeneuve-Saint-Georges, a doté notre hor- ticulture d’une nouvelle espèce de Scarolle, celle dite S. à fleur blanche; excellente espèce qui diffère de notre ancienne Scarolle ronde, par ses feuilles encore moins al- longées, et sa grande facilité à pommer; qualité qui l’a fait cultiver en grand aux environs de Paris. Aujourd’hui le fils de M. Marin, maraîcher dans la vallée de Fécamp (entre Bercy et Saint-Mandé, près Paris), vient de décou- vrir dans un de ses carrés de Chicorée de Meaux, deux plantes très robustes dès l’origine, et qui maintenant dif- fèrent de leurs congénères par leurs fleurs d’un blanc rosé, tournant au blanc pur. — Jusqu’à ce jour on ne peut rien décider encore à leur égard, et il sera bon d’attendre afin de s’assurer si cette nouvelle race se maintient a fleur blanche, et si sa culture offre de l’avantage sur celle de notre ancienne Chicorée de Meaux a fleur bleue. Nous avons engagé M. Marin fils a cultiver ces deux plantes, afin de pouvoir suivre les phases de leur végétation, et re- connaître en quoi elles différeront de notre ancienne va- riété. J. Daübignard. 520 REVUE HORTICOLE. Moyens de détruire les Fourmis et les Altises. La Rerue horticole a annoncé dans sa livraison diU5 oc- tobre 1845, t. IV, 2e série, p. 250, que j’avais trouvé le moyen d’éloigner les fourmis, a l’aide d’une dissolution de sulfure de potasse, dans la proportion de 2 grammes par litre d’eau. Cette expérience, souvent renouvelée par moi, m’a tou- jours réussi ; dernièrement encore j’employai mon procédé, pour éloigner des fourmis qui s’étaient introduites sous un châssis contenant une collection de Quarantaines d’Er- furth ; immédiatement après l’arrosement je laissai péné- trer l’air sous le châssis, et un quart d’heure après je trou- vai une assez grande quantité de fourmis restées mortes surplace; depuis cette époque aucun de ces insectes n’a reparu. On peut, sans rien craindre pour les plantes, employer le sulfure de potasse a la dose indiquée; mais je dois faire observer en passant qu’il faut, autant que possible, se ser- vir d’un arrosoir en zinc, sur lequel le sulfure n’a aucune action; il n’en est pas de même des arrosoirs en cuivre qu’il altère plus ou moins. Tout horticulteur connaît VAltise bleue (tiquet, puceron noir, etc.), qui attaque les Crucifères et qui détruit sou- vent complètement les semis de choux, etc. — Voici, pour la détruire, un moyen très simple, peu coûteux, fa- cile à mettre en pratique : Dans le lieu occupé par les jeu- nes choux on place, de distance en distance, des cloches de verre sous lesquelles on laisse seulement un peu d’air; le soir, les mangeurs de choux viennent chercher un abri sous ces cloches, et, dès qu’ils y sont, on peut les comp- ter pour morts. — Pour opérer leur destruction il faut, dès le matin, s’armer d’un vase rempli d’eau à laquelle on aura ajouté un peu d’huile; on retourne lestement la cloche, et les insectes, ne pouvant prendre de point d’appui sur le verre, sont accumulés au fond de la cloche; c’est alors qu’on y verse le liquide, et, à la grande satisfaction du jar- dinier, la mort de toutes les Attises est immédiate. Ce procédé, que je n’emploie que depuis pende temps, m’a tellement bien réussi , que je le recommande avec con- fiance à mes confrères. Philippe, Jardinier de M. Le Borgne, à Brunoy-sur-Seine, V REVUE HORTICOLE* 521- Primevères Ranionnei (Gg. M). M. Ranlonnet nous envoie le dessin, exécute sur les lieux, d’une fort belle variété de Primevère qu’il a obtenue il y a quelques années, et qui, depuis cette époque, a con- servé sans altération ses principaux caractères. La figure -17 pourra donner une idée de la grandeur et de la disposition des fleurs de cette belle plante. Le même horticulteur a également obtenu par semis, en 1841, une variété du Ribes sanguineum (R, lilacina- carma). Cette variété, jointe a celles dont l’horticulture s’est enrichie et qu’elle a puisée a la même source, contri- buera encore a l’ornement de nos parterres. M. Rantonnet la livrera au commerce en 1848. Plantes nouvelles ou récemment introduites dans les jardins. Grâce au zèle de M. Fortune, nous voyons chaque jour augmenter le nombre des plantes nouvelles, et la Chine nous fournit aujourd’hui, comme le Japon au retour de M. Sie~ bold en 1829, un nombre considé/able de types nouveaux. Le Botanical register (juillet et août 1847) en figure trois. Le premier, Spirœa pubescens, joli arbuste originaire de Chusan , haut de 0-",70, rappelle, par ses feuilles et ses fleurs blanches odorantes disposées en corymbes hémisphé- riques, le Spirœa opulifolia, La patrie et l’apparence d.e vigueur de cette espèce font espérer sa naturalisation pro- chaine ; elle demande une bonne terre de jardin. Le Forsythia viridissima, de la famille des Oléacées, est un arbrisseau buissonneux du nord de la Chine. Cultivé dans tous les jardins des mandarins pour ses élégantes et longues grappes de Geurs jaunes qui se développent avant les feuilles et sur le bois de l’année précédente, comme dans le Chimo- nanthus grandiflorus, il fera, en le mariant au Wisteria (glycine) smensis, un effet des plus agréables. On le multi- plie facilement par boutures on par drageons. Enfin le Viburnum macro cephalum, joli arbrisseau de 6 à 7 mètres, également originaire de file Chusan, est re- marquable par ses larges cymes presque pyramidales de fleurs rosées, et par ses fruits de la grosseur d’une cerise d’un bleu très foncé et semblables à ceux du Vib, Tinus, 5e SÉRIE. Tome i. — 4 7. 4®^ Septembre 4 847. REVUE HORTICOLE. 522 « CeUe espèce, dit M. Fortune, est cultivée dans tous les jardins du nord de la Chine ; il est plus que probable qu’elle pourra croître librement dans les jardins de la Grande- Bretagne. Cultivée en pot, elle forme des petits buissons ana- logues ^xx\Hydrangea. On la cultive aujourd’hui dans un mélange de terre de bruyère et de sable tourbeux. Le même recueil figure une charmante Légumineuse, le Gasirolobium villosum, arbrisseau de la rivière des Cygnes (cote N. -O. delà Nouvt Ile-Hollande), introduit en Angle- terre par MM. Lowe. C’est vers le mois de mai que cette es- pèce montre, à l’extrémité de ses rameaux, ses jolies fleurs orange, disposées en grappes paniculées. Sa culture est celle des Chorouma; on la multiplie par boutures ou par graines. Les Correa pourraient faire concurrence aux Fuchsia, si les horticulteurs s’en occupaient davantage. Paxton (août 1847) en figure 8 variétés : 1° brillant, fleurs cylindriques, longues, d’un très beau carmin vif; 2® rubra, fleurs cylin- driques, longues, rouges à la base et brunes au sommet; curiosa diffère de la précédente par l’interversion des couleurs ; rosea alba, corolles parfaitement cylindriques, d’mi blanc rosé; 5^ pulchella, les corolles, d’un rouge orange, s’élargissent graduellement vers le sommet; les di- visions droites et non redressées; enfin les fleurs, assez lon- guement pédicellées, en font un arbuste d’un effet très élé- gant; 6^ magni^ca, corolles cylindriques, longues, d’un blanc sale; T*' delicata, les corolles d’un beau rose, un peu élargies au-dessus du calice ; tube court ; divisions profon- des et redressées; 8° viridiflora alba diffère de la 6^ en ce que les fleurs sont moins grosses et d’un blanc verdâtre. Les Correa sont, comme on le voit, aussi variés de nuances et de formes que les Fuchsia, Le Portefeuille des horticulteurs donne une figure d’une Proléacée, le Telopea speciosissima, arbrisseau de la Kou- velle-Hollande, à fleurs disposées en thyrses ovoïdes, s’éle- vant du centre d’un involucre composé de 14 grandes brac- tées d’un rouge amarante foncé : la couleur des fleurs varie du rose chair au pourpre foncé. Pour obtenir une belle flo- raison, on commence à faire végéter la plante dans une serre tempérée, et on la sort vers le 20 juillet, après l’avoir rem- potée. C’est à ce mode de culture que M. Herment, de Gra- viile, directeur des cultures de M. Quesnel, attribue la flo- raison de cet élégant arbuste. REVUE HORTICOLE. 525 Nous avons vu oos jours derniers, dans une maison de Pa- ris, les plantes suivantes qui, malgré leur ancienneté, inté- resseront les lecteurs de la Revue, Ces variétés, d’une am- pleur remarquable, appartiennent au Celosia cristata (Crète de coq), et sont : amarante^ chamois, violette, Pivoine rouge, rose, rouge pourpre, à feuilles rouges, la crête-de- cette variété est d’un magnifique vermillon; jaune d'or, jaune pâle, et enfin amarante naine. Nous n’avions jamais vu de plus beaux individus. 11 est vrai de dire que ces plan- tes sont livrées en plein air, sur couche sourde, et qu'avant d’être mises en place, elles sont repiquées jusqu’à 3 et 4 fois. La variété qui nous a le plus frappé est la jaune d’or. La plupart des crêtes ou fasciations de ces diverses variétés mesurent plus de 0™,30 de largeur. Cleome arborea. Cette esp&e sous-ligneuse à grandes fleurs rouges, déjà répandue, mais jusqu’à présent cultivée en pots et en serre chaude, réussit assez bien en plein air où elle acquiert un beau développement, sans qu’on puisse néanmoins l’admettre comme plante de parterre; elle a, comme ses congénères, l’inconvénient de fondre facilement lorsqu’elle est soumise, au printemps, à l’action des froids humides. M. Vilmorin, qui la cultive en pleine terre comme plante annuelle, la fait semer sur couche, repiquer en pots lorsque le plant est très jeune, pour la livrer à la pleine terre à la fin de mai ; au commencement de juillet, les pieds ayant atteint plus d’un mètre d’élévation, se couvrent alors au sommet des rameaux d’une longue grappe de fleurs d'une grande élégance. Le Gaillardia picta, cultivé comme plante annuelle, prend aussi un très grand développement et fleurit abon- damment. Pour atteindre ce résultat, on le sème en mars, et la floraison a lieu de juin à septembre. Les graines ont toujours reproduit jusqu’à ce jour leur type dans sa plus grande pureté. Le Thumbergia alata a fourni plusieurs variétés remar- quables qui sont : Frieri, corolles jaune orange, intérieur du tube de même couleur; fragrans ou alata alba, corolles blanches à tube violet très foncé intérieurement; une autre variété à corolles jaune orange à tube violet foncé à l’inté- rieur. Toutes ces variétés paraissent destinées à se joindre, dans un avenir prochain, aux Capucines, Ipomœa, etc,, pour rornement des tonnelles. Phlox Drummondii Leopoldina, petite plante annuelle, 524 REVUE HORTICOLE.' à corolles roses marquées d’une sorte d’étoile d’un blanc violacé à la gorge. On peut semer en place au mois de mai, comme le P, Drummondii, mais il est préférable de semer en septembre ; la plante prend alors plus de force et fleurit plus abondamment. Siphanthus degans est une Loasée grimpante, annuelle, haute de plus de 1 mètre, à fleurs jaunes marquées de six points rouges aux extrémités des écailles appendiculaires. Elle croît très bien en plein air le long d’un mur à mi-soleil. Enfin deux charmantes variétés de Rose d'Inde naine îiaîive, l’une à fleurs jaune foncé, et l’autre à fleurs jaune pâle, sont les plantes qui nous ont paru les plus intéressan- tes à mentionner. Hériincq. Note sur Z’impatiens platypetala et TErythrina crista-galli. V Impatiens platypetala, envoyée l’automne dernier au Muséum par le jardin deKewet mise en pleine terre au prin- temps, n’a cessé de donner des fleurs; mais je me suis aperçu, un peu tard il est vrai, que la plante souffrait de son ex- position au soleil , et qu’elle semblait exiger une expo- sition semblable â celle des Impatiens fulva, Roylei, etc., qui croissent à l’ombre et sur le bord des ruisseaux. Dès ce moment je fis tendre une toile au-dessus du pied dont la culture m’était confiée, et depuis ce temps VImpatiens platypetala se couvre de fleurs plus foncées en couleur, et dont la grandeur est égale a celle de quelques Thunbergïa; ce résultat nous procure ainsi une véritable plante d’orne- ment. Le pied qu’on possède au Muséum n’atteint pas la hauteur des espèces ordinaires ; ses fleurs, au lieu de naître sur toute la longueur des tiges, sont portées sur de longs pé- doncules disposés en verticilles, étagés sur toute la plante qui atteint de 0"™,45 a 0™,50. Jusqu’à ce jour je n’ai point observé de capsules, et je crains qu’il soit nécessaire, pour conserver cette plante, de la multiplier de boutures, qui k la vérité s’enracinent facilement. Dans une plantation assez nombreuse Erythrina crista- galli faite au Muséum, j’ai observé quelques individus qui montraient une tendance à se coucher sur le sol, incon- vénient notable pour des plantes dont les rameaux se ter- minent par de grandes panicules de fleurs. Pour obvier a cet inconvénient, je fis attacher et redresser avec précaution REVUE HORTICOLE. 525 chaque rameau 'a des luteurs ; mais après huit jours et k la suite d’une pluie ahoiidaiite survenue le 26 juillet, tou- tes les fleurs se détachèrent, et aujourd’hui, A août, on ne voit ni fleurs ni fruits sur les rameaux. En présence de ce fait, je me suis demandé si , malgré nos précautions, on n’aurait pas forcé les branches en les redressant, et si on n’aurait pas courbé les vaisseaux et supprimé ainsi la nourriture aux fleurs ? Ou bien si la po- sition verticale ne déterminait pas une circulation plus ac- tive de sève comme on le remarque sur les espaliers? En at- tendant , je dois faire remarquer que les individus sur les- quels l’opération n’a point été pratiquée n’ont perdu aucune de leurs fleurs. Si mes soupçons se vérifient, il conviendrait de redresser les rameaux dans leur très jeune âge. Le fait observé sur les Erythrinas se reproduit- il sur d’autres plantes ? On sait que beaucoup de fleuristes n’attachent leurs plantes que la veille de leur transport aux marchés. Ont-ils remarqué, de leur côté, que les rameaux qui se trou- vent redressés perdent leurs fleurs plus tôt que les rameaux horizontaux ou étalés? Je ne saurais le décider aujourd’hui, et ce sont des questions qui restent encore a résoudre. Neumann. Espèces ou variétés nouvelles de plantes de plein air, 1 . — Aqiiilcgia glandulosa, M. Robinet, a la Roncière, près Bruyère le-Châtel, nous a montré, le 23 mai dernier, plusieurs belles variétés û'Aqui- legia glandulosa obtenues de semis. I! est arrivé pour cette plante â un degré parfait de perfection, soit de forme, soit de coloris. On revient, depuis peu d’années, â la cul- ture spéciale de ces plantes, et MM. Pelé et Jacquin en ont obtenu de leur côté des variétés remarquables. 2,-— Potentilla hœmatochrus Lehm, Le genre Potentilla^ composé il y a vingt ans d’espèces à fleurs jaunes ou blanches, s’est augmenté, en 1825, de plusieurs espèces à fleurs rouges [P. nepalensis, atrosan- guinea, etc.), originaires des moniagnes de l’Inde. Peu d’années après, on reçut d’Angleterre, sous le nom de P, Hoppwodiana^ une variété intermédiaire par son faciès entre ces deux espèces ; les fleurs étaient grandes, 326 REVUE HORTICOLE. 2) Fi^, 2. peut être construit au moyen de grands roseaux et de quatre tringles en bois G, deux de chaque côté, qu’on attache REVUE HORTICOLE. 558 avec (lu fil de fer H, puis on fixe le paillasson derrière le treillage sur les trois cerceaux. Le deuxième I {fig, 4) est destiné à entourer l’arbre; il est soutenu par un grand cerceau J {fig. 5) placé en avant du treillage, mais un peu plus petit afin que les égouts tombent en avant. Ce paillasson a 0™,50; il doit être tissé au moyen de deux cordes K. Le tout revient à 6 fr., et dure longtemps ; M. Pesnel pense qu’on pourrait se servir de petits cerceaux en fer galvanisé qui seraient bien plus solides et ne coûte- raient pas beaucoup plus que ceux en bois. Le roi Louis-Philippe et le jardinier de Monceaux. On dit que le roi va vendre son jardin de Monceaux et qu’on y bâtira un nouveau quartier ; — des maisons vont remplacer les arbres séculaires, et des rues pavées, les belles pelouses du jardin dirigé par Schœne; — je ne sais pour- quoi cela m’attriste; — j’y suis allé plusieurs fois dans ma première jeunesse, — en mon avril, — comme disaient les vieux poètes, — et je me rappelle les pensées et les rêves que j’ai portés dans les silencieuses allées de ce pauvre jardin; — il me semble que ces souvenirs, ces rêveries, ces mé- ditations vont être, avec les chênes et les acacias, dé- bités en rondins et en fagots, et vendus au stère et a la voie. J’ai prononcé le nom de Schœne, — je vais vous parler REVUE HORTICOLE. 559 un p«ii (le lui : — c’est un caractère remarquable, — un philosophe pratique, — un homme simple, bon et fier, — vous le connaîtrez mieux par deux ou trois petites anec- doctes que par des phrases que je pourrais vous faire. Schœne revêt le matin une veste de la plus gros- sière étoffe qui n’a pas changé de mode depuis vingt ans, — et allume sa pipe; — -cette pipe ne s’éteint que le soir lorsque Schœne s’endort. Il travaille avec ses garçons jardiniers, et réserve pour lui les travaux ies plus durs, et ceux que l’on donne d’or- dinaire au plus ignorant de ses ouvriers. Un jour, le roi, visitant Monceaux, lui dit : — Ah ç'a , Schœne, quel diable de tabac fumez-vous? les serres en sont infectées, c’est ce qui fait que la reine n’ose pas y en- trer.— C’est vrai, sire, répondit Schœne, mais cela ne peut pas être autrement, — tout le monde sait que les plantes de serre sont exposées a un ennemi dangereux, qui est le puceron vert ; — le seul moyen de les écarter est la fumée du tabac : — or, comme j’aime que mes plantes soient pro- pres et non pas mangées parles pucerons, — je dois faire, dans les serres, des fumigations de tabac; — comme d’au- tre part j’aime beaucoup a fumer, je fais passer cette fu- mée par ma bouche, — les plantes ne s’en trouvent pas plus mal , et moi je m’en trouve mieux ; — si cependant Votre Majesté ne veut pas que je fume dans son domaine de Monceaux, j’irai tous ies jours fumer dehors, — mais cela doujilera ma dépense en tabac. Le roi lui dit : Fumez oii vous voudrez. Un autre jour, un chien, ordinairement d’assez mauvais caractère, brisa sa chaîne et vint auprès de la reine dont il lécha les souliers. — Le roi dit à Schœne : Votre chien est bien doux pour la reine. — Oui, sire, répondit le jardi- nier, qui est allemand, et parle assez difficilement français, (3U!, il a des dispositions a la servilitude. Le roi donna l’ordre de construire un énorme manège ; l’architecte choisit pour cette construction, précisément la partie du jardin où Schœne mettait sa magnifique collec- tion d’OEillets allemands et ses plantes de terre de bruyère * sesPihododendrum, ses Magnolia, Kalmia, Azalea. On vint dire a Schœne, — de la part du roi, — d’arracher toutes ses plantes de terre de bruyère, de les placer ailleurs et d’en avoir le plus grand soin. — Dites de ma part au roi, répondit Schœue indigné, que les soins que je pren- REVUE HORTICOLE. 560 drai ne me fatigueront pas; — j’arracherai tout, — et je f tout par-dessus le mur, dans la rue. — Dites encore au roi — que je veux partir et qu’il me fasse mon compte. Depuis ce temps on n’a jamais revu à Monceaux d’OEil- lets ni de plantes de terre de bruyère ; — c’est une singu- larité que bien des promeneurs ont sans doute remarquée sans en déviner la raison. Je ne sais si on rendit bien fidèlement au roi la réponse de Schœne. Toujours est-il qu’à quelque temps de là le roi alla voir le manège qu’il avait fait faire. Schœne, qui n’était pas consolé du sort de ses plantes, aperçut le roi et se sauva d’un autre côté ; le roi s’en aperçut et l’appela ; mais Schœne feignit d’être fort occupé et ne ré- pondit pas; — le roi appela une seconde fois sans plus de succès; à la troisième il appela si fort qu’il n’y avait pas moyen de ne pas entendre. — D’ailleurs Schœne était at- tendri de cette persévérance. — Il se retourna et dit brus- quement : Qu’est ce que vous me voulez, sire? Le roi, qui n’ignorait pas la cause de sa mauvaise hu- meur, -- voulut essayer de l’adoucir et lui dit : Ah çà î qu’est'Ce qu’ils m’ont fait là? on dirait une église du temps de Louis XIII ; — ce n’est pas ce que j’avais demandé. — Si vous ne l’aviez pas ordonné, dit Schœne, on ne l’aurait pas fait. — Votre Majesté a perdu Monceaux avec cette affreuse baraque; — elle en est bien le maître, (Que dirait donc Schœne, bon Dieu! s’il voyait la galerie de bois pendue et accrochée comme un garde-manger de bonne femme contre la galerie du Louvre!) Cette fois cependant on causa et on se raccommoda. Lors- que Louis -Philippe était encore duc d’Orléans, longtemps avant les anecdotes que je viens de vous raconter, — on avait beaucoup tourmenté Schœne pour qu’il portât la livrée du prince; — il refusa positivement. — Quand le duc d’Or- léans fut roi de France, — un jour qu’il se promenait à Monceaux, il dit à Schœne: — Schœne, vous n’avez pas voulu porter la livrée du duc d’Orléans, porterez-vous celle du roi des Français? — Pas davantage, sire, je ne suis pas domestique, je suis jardinier; — vous seriez empereur ^ que ce serait la même chose ;— j’aime mieux m’en aller. Le roi rend justice à Schœne et l’aime beaucoup; — il a défendu qu’on lui fît jamais aucune plainte contre son favori. Alphonse Karr (Zes Guêpes). Pentarhaphia Cul;)ensi^ Pne revue horticole. 561 dans leiPar^ «/ro^«*7e. 0“^5hoÆrr“® lie Gesnériée s’élève à la I.aiKeur de v,.;»! r “8® rameuse, cylindrique recou- verte d’une ecorce cendrée à la partie inférieure -err^Z longitudinalement et parsemée de petites verrues • ’ les ri meaux nombreux, alternes, nus, dans leur Sr’tie iufl" desTe.dncs quelques ramules à- l’aisselle Celles-Ci, presque opposées et quelquefois rapp ochees par trois, sont étaléesT munies d’un couJ P tiole assez épais ; leur limbe coriace est obovale nresoiip '®® eaulinaires, de o’"\03 sï? les rameales, parfaitement entier dans la moitié inféri^eure garni, dans tout le reste de sa longueur, de grosses dente’ lures; leur surface supérieure est lisse, d’uCrt "oTcé ' P.u® P®'®’ glauque ou rosâtre, est réticulée • ans leur 1res jeune âge, elles sont, ainsi que les ramnlee’ recouvertes d’une pubescence rougeâtre Les fleiiPQ crvc’ taires à Paisselle îles feuilles et ^ft es sur «if pSceÏe* DéSnp pTi la base se confond avede pedicelle, est de couleur ferrugineuse ou jaunâtre parsemé de poils roux peu visibles ; son tube est court, h cinq ancles "" ®gal de divisions dress^ées’ pointues subulees, presque égales. — La corolle, longue dZ ; legerement rétréci vers la base coinnrimé vers le milieu, se divise en cinq lobes arrondis lrcs^Ié'’è ^ manière a lormer deux lèvres. — Les éta- au ^b^Hp ‘I® q''al'’e, adhèrent par leur base un nipf r ‘^'nqu'ème, avortée, est réduite à un filet legerement renflé au sommet • les miaii-P fprV:u K^"au^ 1 ''lolàl'-es, soudées 'deux à deux. — Le style, qui dépassé un peu les anthères, est rouge à l’extré mite supérieure et jaune dans la moitié inférieure ainsi que ment mtobe. — L’oyaire, soude avec le calice et surnim.ié un disque annulaire qui se coupe, après la chute de h «. couvert de po.l, eoorls. - Le c.p,„ie. d„,„ „ oe SERIE. Tome i. _ j a. jer Octobre i 847 REVUE HORTICOLE. 562 dépasse le tube calicinal auquel elle reste adhérente dans la moitié inférieure, s’ouvre en deux valves. — Les graines sont scobiformes. Le Pentarhaphia Cubensis^ originaire des parties mon- tueuses et tempérées de l’île de Cuba, comme l'indique son nom, nous a été rapporté par M. Linden. Cette plante, qui se cultive en serre tempérée bien éclairée et en terreau de bruyère, est appelée à occuper une place distinguée sur nos marchés. Son port ramassé , ses fleurs nombreuses qui se succèdent pendant plusieurs semaines, la rendent, comme on en peut juger, un arbuste d^ornement qui offre toutes les qualités requises pour en faire une plante de commerce, ainsi que le disent les horticulteurs. Le genre Pentarhaphia, établi par M. Lindley, ne con- tenait primitivement qu’une seule espèce à laquelle ce sa- vant avait donné le nom de P, ventricosa. Le nombre de celles qui le composent aujourd’hui s’élève à ^5; elles se par- tagent en trois groupes, suivant la disposition et la longueur des fleurs; les unes, à corolles campanulées, sont disposées en bouquets à l’extrémité de longs pédoncules ; les autres, à corolles tubuleuses, naissent solitaires, soit a l’aisselle des feuilles, comme dans le P, Cubensis, soit groupées à lextré- mité de longs pédoncules. — Les plantes de ce genre se recon- naissent a la première vue à leur calice muni de divisions aigues; toutes sont originaires des Antilles, ainsi que les Bytidophyllum, auxquels M. Lemaire a cru, à tort, pouvoir rapporter une plante qu’il a décrite et figurée sous le nom Ae R, floribundum dans la Flore des serres. Cette plante doit, ce me semble, rentrer dans le genre Conradia, dont les caractères ont été, à la vérité, assez inexactement tracés, ainsi que je lai déjà fait remarquer ailleurs^, et venir prendre place, je le crois également, à côté des Conradia humilis et cuneifolia, cités par M. De Candolle^. Aujourd’hui que les Gesnériées jouissent d’une certaine vogue, j’ai pensé rendre service aux horticulteurs en pu- bliant une phrase caractéristique pour quelques espèces récemment déterminées au Muséum par M. Ad. Brongniart, et en réunissant, a la fin de celte notice, celles qui se trou- vent éparses dans les recueils étrangers et qui m’ont parù les plus dignes de remarque. Ces espèces sont les suivantes : (1) Ann, scienc, août 1846, p. 96. (2) De Candolle, Prodrome 7, p. 626. REVUE HORTICOLE. 565 -I. Gesneria Clausseniana^KD. Broivg. Planle herbacée, îiaute de'I^^SO environ, tiges simples cylindriques, cou- vertes de longs poils raides et rougeâtres, privées de feuilles dans la partie supérieure, — Feuilles opposées, presque ses- siles, oblongues, obtuses, bordées de dents arrondies, cliar- gées de poils blancs, longues de 0'^,I0 à sur 0”\05 U 0”\06 de largeur, â bords et â sommet réfléchis, d’un vert foncé en dessus, pâle en dessous. — Fleurs disposées en grappes terminales, lâches, longues de 0*^,50 environ, soli- taires a Faisselle de petites bractées lancéolées, poilues. — Calice couvert de poils rouges, a 5 divisions lancéolées, acuminées, à 5 nervures. — Corolle pendante, formant un angle avec le calice, poilue, a tube d’un rouge orange, cylindrique, renflé vers le milieu, â base oblique ; limbe â 5 divisions régulières, étalées, arrondies, d’un rouge car- miné.— Cette espèce, originaire du Brésil, a été introduite par M. Clausen. 2. Gesneria Lindeniana, Ad. Brong. Plante herbacée, haute de 0’”,89a 1 mètre. — Tiges rameuses, couvertes d’un duvet très court. — Feuilles opposées, quelquefois verti- cilléespar 5, à peine pétiolées, oblongues-elliptiques, cré- nelées, à sinus aigus, un peu raides et vert foncé en dessus, pubescentes-tomenteuses et d’un vert pâle en dessous. — Fleurs groupées a l’aisselle de bractées lancéolées, poi- lues, formant au sommet des tiges une grappe très élégante de 0”\25 à 0“^,50. — Calice a 5 divisions lancéolées, aiguës, tomenteuses, à une seule nervure. — Corolle rouge vif, a tube s’élargissant graduellement vers le sommet, plus ren- flée en dessus, à limbe oblique divisé en 5 lobes, dont le supérieur plus grand, droit, arrondi. — Cette espèce, dédiée à ÀI. Linden, a été découverte par lui aux environs de Mé- rida, et envoyée au Muséum. 5. Gesneria meliUifolia.kD. Brong. Tiges herbacées, hau- tes de 0“, 70 â O”', 80, cylindriques, peu rameuses, poilues. — Feuilles verticillées par 5, courtement pétiolées, ovales, obtuses, crénelées, à sinus aigus, longues de 0™,08 a 0™,t 0, sur 0*”, 05 a 0*”, 06, couvertes de poils rudes en dessus, plus longs et plus mous en dessous, principalement sur les nervures. — Fleurs longuement pédicellées, groupées â Faisselle de petites feuilles florales et constituant au som- met de la tige une inflorescence composée de 4 à 5 verli- oilles distants. — Calice hérissé, 'a 5 petils lobes. — Corolle rouge clair, 'a tube s’élargissant graduellement vers le som- REVUE HORTICOLE. 564 met, à limbe presque régulier, a 5 lobes arrondis. — En- voyée (lu Mexique au Muséum par M. Gbiesbreght. 4. Gloxinia fimhriatay k\). Broing. Tiges grêles, allon- gées, presque simples, bailles de 0'",50 à G’^,70, glabres, marquées de petites taches linéaires rouges. — Feuilles ovales-' lancéolées, acuminées, dentelées, bordées ordinairement d’un petit liseré rouge, assez épaisses, rudes au toucher eu dessus, plus pâles en dessous. — Fleurs portées sur des pé- ri icelles épais, marqués de taches rouges, courts et soli- taires à Faisselle des feuilles. — Calice 'a tube anguleux, a limbe partagé en 5-6 divisions lancéolées, ciliées, plus longues que le tube. — Corolle en forme d’entonnoir, blan- die, tachée de jaune à l’intérieur, â limbe oblique, large,, divisé en 5 lobes arrondis, légèrement ondulés et frangés- ciliés; le lobe inférieur, plus grand, présente une échan- crure dans son milieu. — Cette élégante espèce croît au jMexique entre les rochers et dans les ravins ombragés des élats du Mechoacan ; elle y fleurit en septembre et octobre. C’est â M. Gbiesbreght que l’horticulture en est redevable. 5. Columnea aureo-nitens^ IlooK. {Bot, magr., 4594.) Plante très vigoureuse, remarquable par les longs poils d’un beau jaune orange qui recouvrent toules ses parties; ses fleurs, groupées â Faisselle de grandes feuilles alternes,^ obovales, sont munies d’un calice à 5 divisions laciniées et d’une corolle tubuleuse, courbée, jaune, à limbe oblique, partagé en 5 lobes droits et égaux. — Cette espèce, origi- naire de la Colombie, a fleuri en octobre dans le jardin de Kew. 6. Hypocyrta scabrida, Lmre. B, glabra. Hort. (Van-Iloutte, Flore des serres,, juin ^847. pl. 6.) C’est a M. Claussen qu’est due l’introduction de cette plante bré- silienne. Elle est voisine de VH. sirigillosa, mais elle en diffère par la forme de ses feuilles et par le renflement que présente le tube de la corolle. Les fleurs, légèrement: pubescentes, comme toute la plante, sont d’un vermillon très vif. 7. Hypocyrta leucostoma, Hook. {Bot, mag., 4510.) Plante envoyée de la Nouvelle-Grenade parM. Purdie. Ses^ grandes feuilles rugueuses, lancéolées, ses corolles d’un rouge orange, a peine renflées, la distinguent de ses congé- nères; elle fleurit en avril. V Achimenes cupreata^ ITook. (Bot. mag.^4ô\2) est re- marquable par ses larges feuilles elliptiques, ses corolles REVUE HORTICOLE. 50 J poilues d’un riche écarlate, cl à lobes élégamment frangés et ciliés. — Originaire de la Nouvelle Grenade. Les graines en ont été envoyées en Angleterre par M. Purdie en sep- tembre ^ 845; les fleurs se sont montrées au mois d’avril 1847. Achimenesignescens,h\mi£,{Sdi\\ Houtte, Flore desser- res, }u\\\Gi \SA1). Cette jolie plante a été introduite en 4 846, du Guatimaladans Pétablissement deM. Van Houtte. Elle diffère des autres espèces cultivées jusqu’à ce jour par sa corolle a tube droit d’un beau jaune d’or au dedans, et par son limbe horizontalement étalé, d’un rouge de feu très brillant et partagé en 5 lobes égaux bordés de dents très fines. 9. Achimenes païens, Bentii. (Van Houtte, Flore des serres, juillet, 1847, pl. 5.) Voisine des A. grandiflora et longiflora. Cette nouvelle espèce, découverte au Mexique, dans les endroits ombragés, aux environs deZitacuaro, est facile à distinguer de ses congénères, par son éperon qui dépasse de beaucoup le calice, par les crénelures et le co- loris violet pourpré très foncé de sa corolle, enfin par la largeur du limbe qui mesure de 0”^,025 à 0^,040 de dia- mètre. J. Decaisne. Crassula coccinea, var. flore albo. J’ai remarqué au milieu de plusieurs plantes rares que cultive M. Duponchcl, amateur distingué d’horticulture, plusieurs pieds du Crassula coccinea a fleurs blanches. Les fleurs de celle variété, d’un blanc pur et disposées en larges corymbes, sont plus nombreuses, mais plus petites que dans le type qui l’a produite. Ces moindres dimensions m’ont paru s’étendre également aux tiges ainsi qu’aux feuilles. Cette variété nouvelle mérite d’élre répandue dans les cultures ; ses fleurs s’épanouissent a l’air libre de juin en août. On la soumet facilement a la taille, de sorte qu’on peut en rabattre les branches a toutes les hauteurs comme cela se pratique pour les C. coccinea, et on la force soit en serre, soit sous châssis. Les Crassula coccinea et versicolor, dont les fleurs sont plus brillantes, ne sont cependant pas aussi nombreuses que dans la variété à fleurs blanches que je viens de signaler. On pourra donc la faire entrer avec avantage parmi les plantes qui se vendent sur nos marchés. Elle se multiplie 566 REVUE HORTICOLE. facilement de boutures, comme ses congénères, en (erre douce et légère ou simplement en terreau. On arrosera modérément. Pépin. Rose Marguerite d'Anjou. En donnant Pan dernier, dans le numéro du ^5 octobre de! ce journal, la description de la Rose Gloire d'Angers^ obtenue par M. Boyau, horticulteur, je disais quMl nous réservait pour cette année une autre variété non moins remarquable. Cette opinion, en effet, a été conflrmée par tous les amateurs d’horticulture qui ont vu la Rose Mar- guerite d'Anjou; elle est sœur de la Gloire d'Angers, et enfant de Edouard Gesse. De trois sujets qui levèrent de semis, deux donnèrent des Roses de premier mérite. Cette nouvelle Rose est une hybride remontante, mais qui semble néanmoins avoir quelque analogie avec les Iles de Bourbon. Elle est Irès odorante, d’une bonne tenue et bien pleine, et une des mieux imbriquées. Elle a 0^i®,06 à de diamètre. Son coloris est brillant, d’un beau rose satiné; les pétales extérieurs passent au gris de lin sur leur face externe, et au blanc vers l’onglet. Les sépales sont légè- rement bordés d’aiguillons et quelquefois foliacés; l’ovaire est conique vers sa base et peu renflé. Les rameaux, d’une assez grande vigueur, sont presque dépourvus d’aiguillons; les feuilles abondantes, d’un vert luisant. L’ensemble du sujet forme un beau buisson d’un aspect agréable. Elle est très florifère, remontante, et produit un grand nombre de fleurs disposées par trois et cinq sur le même rameau. Elle sera mise dans le commerce chez l’auteur le no- vembre prochain, en greffe non forcée. Baptiste Desportes, pépiniériste à Angers. Sur la culture des Jacinthes. Dans un précédent article* j’ai fait remarquer que le mode de culture à suivre a l’égard des Jacinthes devait différer essentiellement en France et en Hollande. C’est une erreur h mes yeux de cultivera Paris comme à Harlem. Après avoir tâtonné pendant plusieurs années, je crois être arrivé au (t) Juin 1847, p. 236. REVUE HORTICOLE. 567 meilleur moyen d’entretenir en santé mes oignons de Jacin- the et les préserver de la pourriture qui les attaque souvent. Ce moyen est fort simple, il consiste a planter les oignons dans un terrain privé d’engrais ; les bulbes m’ont paru ainsi plus fermes et mieux faits. C’est, comme on le voit, les rapprocher davantage de leur état naturel. Les Hollandais, je le sais, fument leur terrain avec du fumier de vache ; mais le sol de Harlem est léger, il est exempt de calcaire, il est pris sur les dunes, conditions fort éloignées de celles que je rencontre dans le sol que je travaille. C’est après plusieurs années d’étude et après m’être bien assuré que je faisais fausse route en suivant les procédés hollandais, que j’ai adopté un mode spécial de culture. Depuis dix ans je cultive et je conserve des oignons de Hollande qui ont gardé toutes leurs qualités. Ce seul fait répondra ans ob- jections qu’on adresse sans cesse à ce genre de culture en France. A mon sens, il est démontré qu’elle y peut prospérer, mais a la condition de lui appliquer des soins différents de ceux qu’on lui accorde en Hollande. Denis Graindorge, Cultivateur à Baguolet. Epinards de la Nouvelle-Zélande (Tetragonia expansa). On a préconisé déjà depuis un demi-siècle une sorte d’Epinard originaire de la Nouvelle-Zélande. On a pu en apprécier la finesse de goût, on connaît la rapidité de sa vé- gétation, qualité qu’aucune autre plante potagère ne possède au même degré, et la facilité de sa récolte , puisqu’un seul pied fournit tous les huit jours en été (époque de sa plus vi«» goureuse végétation) un légume délicieux en quantité suffi- sante pour quatre personnes. Malgré tous ces avantages, la culture de cette plante ne s’est point répandue dans la mesure de son utilité, ce que nous attribuons à l’ignorance où l’on est encore assez généralement de son mode der culture. Nous nous proposons de remplir cette lacune en communiquant le procédé de M. Dochnahl, à Neustadt (Bavière) *. D’après l’ancien procédé, on semait les graines le plus tôt possible, dès le mois de mars, par exemple, dans des pots placés sur des couches chaudes. Quand les jeunes plants {!) Pfaelzische Gartenzeîtung, o68 REVUE HORTICOLE. avaient atteint environ 0'^,05,on les transplantait en pleine^ terre. Ceci était une opération aussi délicate que chanceuse. Les jeunes plants exigeaient une terre très riche, souvent le temps n’était pas favorable aux plants nouvellement repU qués, et partant très sensibles aux influences atmospliéri- ques, de sorte qu’ils languissaient au point qu’aucuns soins^ ultérieurs ne pouvaient leur rendre la vigueur nécessaire pour fournir une bonne récolte. Ces inconvénients provenaient de ce que cette méthode rendait les plants trop délicats et exigeait un repiquage. It s’agissait donc au contraire d’avoir au printemps, dans le mois d’avril, des plants d Épinards assez forts et assez rus- tiques pour les voir reprendre avec facilité, produire une récolte dès le commencement de juin, récolte qui se conti- nuerait jusqu’au mois d’octobre. Tel était le problème que s’était posé M. Dochnahl, pré- sident de la Société d’agriculture et d’horticulture pra- tique de la Bavière rhénane, et, afin de trouver un procédé qui offrit toute la sûreté de réussite désirable, il fit entre- prendre une série d’expériences qui ont produit, comme résultat définitif, la méthode de culture suivante. Au lieu de semer les graines au printemps, on ne les- confie a la terre et en pots que vers la fin du mois d’août.. On arrache les plants qui paraissent les premiers, en ne ré- servant que deux ou trois pieds, qu’on traite jusqu’au moi^ d’octobre comme toute autre plante cultivée en pots, puis on les place dans une orangerie. Si ces plants sont préservés de riuimidité et tant soit peu soignés durant l’hiver, ils le passeront facilement et d’autant mieux qu’on les aura laissés atteindre une certaine hauteur. Néanmoins, il ne faut paS' les laisser dépasser 0*”,^ 5 a 0"\I6; on coupe leur cime^ on les oblige ainsi a s’étaler, ce qui les rend plus vigou- reux, plus serrés et plus aptes a se conserver. Si on a préparé ainsi une douzaine de pots, on peut en garnir au printemps dans le jardin une plate-bande qui suffira pour fournir deux mets par semaine à une nombreuse famille et a produire encore des feuilles de reste pour la vente. Les plants élevés au printemps sur couches chaudes languissent et souffrent de la sécheresse, tandis que ceux qui ont passé l’hiver sont vigoureux, reprennent bientôt en pleine terre et ne sont pas affectés par le mauvais temps. Si celte dernière méthode, ainsi éprouvée, se propage, on trouvera bientôt les Epi- nards de la NouYelle-Zclande dans tous les jardins, et dès REVUE HORTICOLE. 569 les premiers jours d’été, a une époque a laquelle on n’aiira pas encore d’autres légumes ou lorsqu’ils seront en petite quantité et d’un prix élevé, on aura, a l’aide de ce légume, un mets des plus agréables. M. Block. La méthode indiquée par M. Docbnahl ne doit s’appliquer, on le comprend, qu’a nos départements du nord et de l’est. Je suis convaincu que dans l’ouest, au contraire, ainsi que dans toute la zone maritime, le Teiragonia résistera a l’hiver, qu’il fournira un légume abondant et qu’il se repro- duira avec une extrême facilité dans les jardins ; on sait en effet que la plupart de nos légumes se sont répandus à la Nouvelle-Zélande, où ils croissent aujourd’hui spontané- ment. J. D. Expositions d'horticulture. C’est un lieu commun fort usé depuis longtemps de faire des phrases pompeuses sur l’horticulture; aussi nous gar- derons-nous bien d’en faire ici, nous ne répéterons pas même ce que tant d’autres ont dit avant nous, que l’horti- culture est la plus aimable des sciences ; mais nous ferons remarquer que l’art de cultiver est aujourd’hui fort a la mode. Singularité vraiment remarquable, cardiez tous les peuples anciens et chez les Romains en particulier, c’est à ces époques simples et grossières, alors que les arts, le luxe et les richesses corruptrices n’avaient pas encore pénétré chez, eux, que la culture de la terre était principalement en honneur. Chez nous, il semble que nos goûts et nos penchants aient suivi une marche inverse à celle qu’on a observée chez les Romains. Ce n’est point, en effet, chez nos ancê- tres simples et même un peu grossiers, alors que la France était privée de tous les avantages et de toutes les ressources du luxe, des arts et de la civilisation, que la culture du sol y fut plus estimée ; au contraire, les fiers seigneurs s’oc- cupaient peu de l’amélioration du sol, de l’introduction de ! nouvelles espèces économiques, etc. ; ils laissaient ce soin a leurs serfs, qu’ils considéraient fort peu. La civilisation n’apporta presque aucun changement a cet état de choses; elle ne détruisit point ce fatal préjugé féodal contre les cultivateurs en général. Aujourd’hui, après avoir passé 570 REVUE HORTICOLE. par ces divers états, lorsque tous les avantages de la civi- lisation , lorsque tous les effets du luxe , et peut-être môme de la corruption , qui en est souvent la suite, ont détruit chez nous cette simplicité de nos ancêtres, nos goûts deviennent champêtres et pastoraux; nos salons re- tentissent des travaux de culture, nous nous faisons tous cultivateurs. Les grands propriétaires exploitent eux- mêmes leurs terres: ils font partie des sociétés agrono- miques où ils apportent les conseils de leur expérience; eu retour on leur offre les expériences des autres, et les nou- velles découvertes dont ils font leur profit. Heureux échange, heureuse communication de lumière qui con- court singulièrement au progrès de la science, a la prospé- rité du pays et au bien-être de la population. Dans cette tâche , les sociétés d’horticulture ont un noble rôle à remplir. C’est par elles, en effet, que nous pouvons espé- rer l’introduction dans nos cultures des espèces de meil- leure qualité, soit pour la nourriture de l’homine et des animaux , soit sous le rapport des arts , de la méde- cine, etc. On a compris toute l’importance de ces associa- tions horticoles, et aujourd’hui nous voyons dans presque toutes les principales villes de France des Sociétés d’hor- ticulture se former sous le patronage d’hommes illustres, et sous celui de nobles dames qui veulent aussi concourir au progrès de la science, en distribuant des médailles d’en- couragement aux horticulteurs qui se sont distingués soit par leurs travaux, soit par l’introduction de nouvelles plantes d’ornement ou d’utilité. Exposition du Château des Fleurs. Un établissement particulier de création récente vient d’i- miter ce noble exemple en provoquant des expositions de fleurs et de fruits, a la suite desquelles des médailles sont dé- cernées, par un jury d’horticulteurs distingués, a ceux des exposants qui ont la plus belle et la plus riche collection de plantes ou de fruits. C’est ainsi que vient d’avoir lieu, du 8 au ^5 septembre, une exposition de plantes au Château des Fleurs, où la Reine-Marguerite et le Dahlia se disputaient la palme, autant par la beauté que par le nombre des variétés. C’est l'a, en effet, où plus de 2,000 pots de Reine-Marguerite étaient réunis en massifs, qu’on a pu juger du mérite de cette plante, que Joui le monde admirait pour la variété REVUE FIORTICOLE. 57^ du coloris, ia forme et la grandeur des capitules. A ces deux magnifiques plantes se joignaient de belles collections de Bruyères, Fuchsia^ Pensées et autres plantes rares de serres. Le jury qui a prononcé sur le mérite de ces collections était composé de MM. Hardy, du Luxembourg; Scliœne, du domaine de Monceaux ; Tripet-Leblanc , Lemichez , Ma- thieu , Bincas etEustache. Les médailles ont été décernées de la manière suivante : i®** concours. — Pour la plante la plus nouvellement introduite en France, Prix. — Médaille d’or grand module, à M. Bertrand, pour le Bégonia fuchsioides. Nous avons aussi remarqué dans sa collection plusieurs autres nouvelles plantes : un très gros pied de Cuphea platy centra, Achimenes païens, Torrenia asiatica, Lilium lancifolium-album, Juanuloa auraniiaca, etc. 2® concours. — Pour la plus belle collection de plantes de serres, fleuries et non fleuries. Prix. — Médaille d’or grand module, à M. Mathieu fils, pour Achimenes païens , Achmœa fulgens, Lager-^ strœmia indica a fleurs violettes , Areca ruhra, Dracœna discolor et brasiliensis , Musa Cavendiskii, etc. Nous avons regretté que M. Mathieu fils n’ait pas pu ex- poser le magnifique Nymphœa cœrulea qui orne si admi- rablement le bassin de sa serre; l’odeur délicieuse que répand cette espèce eût parfumé toute la tente ou se tenait l’exposition. 3® concours. — Pour lapins belle collection de Dahlias. Prix. — Médaille d’argent très grand module, a M. SouTiF dont la collection est toujours la plus belle et la plus riche. 2"" Prix. — Médaille d’argent [ex œquo), a MM. Pampin et Mézard. Parmi la collection de ce dernier, nous avons admiré quelques variétés de Roses trémières blanches de forme très élégante, et une autre à fleurs plus petites et d’un jaune clair. Mentions honorables, à MM. Alexis Lepère et Tollet. 572 REVUE HORTICOLE. 4® concours. — Pour la plus belle collection de Reines-Marguerite. Prix. — Médaille d’argent très grand module [ex œquo), a MM. Victor Güyard et Malingre. Rien de plus beau que ces deux collections qui rivalisaient par le nombre, la beauté et le coloris des variétés. 2® Prix. — Médaille d’argent {ex œquo), a MM. Pampin et Pechereaü, dont les collections étaient très belles. Mentions honorables^ à MM. Delaforge et Tollet. 5® concours — Pour la plus belle collection de plantes fleuries ' de pleine terre. Prix. — Médaille d’argent, à M. Bacot. Dans sa collection figurait un Gesneria laieritia^ Veronica Lindleyana^ etc. 6® concours. — Pour la plus belle collection de Bruyères d'^été bien cultivées et fleuries. Prix. — Médaille d’argent, a M. Deshayes fils. L’établissement du Château des Fleurs ayant mis à la disposition du jury d’autres médailles pour des collections en dehors du concours et qui mériteraient d’être récom- pensées, — une médaille d’argent a été décernée a M. Hip- polyte Jamain pour sa belle collection de Roses, dans laquelle on remarquait : Duchesse de Tourville, Devoniensis, Ma- dame Angelina, Ophirie, Souvenir de la Malmaison, Gé- néral Bugeaudj la magnifique Rose de la Reine^ etc. Des mentions honorables ont été également accordées par le jury â M. Fréquel pour sa collection de Pensées, et â M. Michel Pichereaü pour sa collection de Fuchsia. Par ces généreux encouragements, l’administration du Château des Fleurs et M. Bohain, l’un de ses fondateurs et directeurs, ont acquis des droits à la reconnaissance de l’horticulture française. Autant le Château des Fleurs a mis de largesse dans ses récompenses, autant la Société royale a été mesquine. Pas une seule médaille d’or n’a été décernée par elle, et pour- tant, en ajoutant une ou deux de ces médailles a celles du conseil général de la Seine pour encourager la culture ma- raîchère qui rend de si grands services a la population des villes, la Société n’aurait pas été embarrassée pour trou- ver des cultivateurs dignes de cette distinction. Le concours pour les 'plantes les plus nouvellement introduites dans le royaume mérite bien, suivant nous, une médaille d’or. Le REVUE HORTICOLE. 37 8® concours se trouvait dans ce cas. Ce n’est assurément pas encourager rintroduclion des nouvelles espèces, en considérant moins ce concours que celui des Roses qui a eu la seule grande médaille d’argent. Mais la Société d’horticulture tient plus, à ce qu’il paraît, a conserver sa caisse garnie ; elle va même jusqu’à refuser deux ou trois hommes de peine indispensables au commissaire organisa- teur pour disposer et arranger les collections du concours. Aussi qu’arrive-t il ? c’est que la disposition est toujours détestable et que la moitié des plantes passe inaperçue ; que les lots d’un même concours sont dispersés, ce qui rend la comparaison impossible. Heureux encore l’exposant qui ne voit pas sa collection divisée en deux et séparée par une partie de la salle. A cette dernière exposition, nous avons entendu tous les horticulteurs se récrier de la manière dont les collections se trouvaient disposées. Et, en effet, le plus souvent on ne voyait que des pots et la toile qui recouvrait les gradins ; les plantes étaient trop élevées pour être distinguées. Si, au lieu de ces hauts gradins, on laissait les collections telles qu’on les dispose pour le jury, on pourrait au moins voir l’effet de chaque collection et juger de leur mérite; ce ne serait plus une vaste salle mal ornée de fleurs; ce serait un charmant parterre abrité. Du reste, à part ce défaut d’organisation, l’exposition a été assez remarquable. Les Reines-Marguerite ont été appelées à concourir pour la première fois. Lafloriculture a été assez Lien représentée. Les cultures maraîchère et potagère ont fourni de très beaux produits. L’industrie et les arts avaient aussi leurs représentants; des magnifiques vases de jardin, des suspensions ou lustres de serre et d’été, des instruments de jardinage ; des tableaux de fleurs a l’huile et a l’aquarelle, et jusqu’aux uo/- caniques qui ont fait irruption cette année dans cette ex- position consacrée aux produits horticoles. C’est honteux vraiment pour la commission d’avoir admis, au milieu d’honnêtes borticulteurs , un marcband de bouts de bois trempés dans la résine, débitant sa marchandise et arrêtant les visiteurs, comme s’il eut été sur une place publique. L’année prochaine nous ne désespérons pas de voir con- courir des marchands d’allumettes chimiques allemandes ; après tout, c’est aussi horticole que les fagots, et nous ne voyons pas pourquoi on leur fermerait les portes du temple de Flore. 574 REVUE HORTICOLE. Exposition de la Société royale d* horticulture. Le 19, à midi, a eu lieu la grande séance annuelle et la distribution des médailles. Dans un éloquent discours d’ouverture, M. Héricart deThury, président, rappelant la détresse et la pauvreté des récoltes de 1846, avivement engagé les cultivateurs à se tenir en garde contre les terri- bles fléaux qui ont frappé l’agriculture ces dernières an- nées, en cherchant a introduire dans leur culture quelques nouvelles races, afin de pouvoir remplacer celles qui sem- blent vouloirfaire défaut, telles que la Pomme de terre. En signalant de nouveau l’apparition de la maladie sur celte plante dans quelques contrées de la France, M. le président a fait observer que cette funeste maladie n’avait pas atta- qué les Pommes de terre hâtives, cultivées généralement dans les terres sablonneuses et sèches, mais seulement quelques-unes des espèces tardives ou d’automne, plantées dans les terres humides. D’après cette judicieuse observa- tion, il est donc préférable de ne planter que des Pommes de terre hâtives, chez lesquelles la maladie n’a pas encore été observée, ou de ne planter que dans les sols légers et parfaitement exempts d’humidité stagnante. En terminant, M. le président a annoncé que les dames patronnesses d’hor- ticulture, quelques membres de la famille royale et la chambre des pairs, avaient remis â la société des médail- les d'or, pour être décernées aux horticulteurs qui auraient mérité cette récompense. Le conseil général de la Seine, voulant aussi récompenser les horticulteurs maraîchers, a chargé la Société de disposer en faveur des plus laborieux de ces horticulteurs de 4 médailles en or. Le ministre de l’agriculture et du commerce a mis également â la disposi- tion de la Société une médaille d’or pour être décernée k l’ouvrage d’horticulture le plus propre a enseigner la science horticole et a former de jeunes jardiniers. M. Bailly de Merlieux, secrétaire général, prend la pa- role pour le compte rendu des travaux de la Société. M. Payen, vice-président, lit un rapport sur l’emploi du sulfate de fer pour la guérison des plantes chlorosées. A la suite de ce rapport, une médaille d'argent est décernée k M. Eusèbe Gris, jeune et savant chimiste, qui a consacré plusieurs années d’études a cet important sujet. M. Poiteau, qu’une indisposition retenait au lit, n’ayant pu lire son rapport sur des Chryranthèmes de semis de REVUE HORTICOLE. 575 ï M. Lebois, M. Bailly de Merlieux en fait lecture , et une médaille d'argent est décernée 'a M. Lebois. — Sur les rapports de MM. Neumann, Boussière et Pépin, des mé- dailles d'argent sont décernées a M. Fuéqüel, pour sa belle collection de Pensées; — à M. Dubos aîné, pour ses cultures d’OEillets, et a M. Guérin (Modeste), pour des Pivoines de serais; — MM. Poulet, marchand de fils en plomb pour le palissage ; Parmentier, inventeur des serres et châssis à lames mobiles; Gervais, fabricant de chau- dières propres au chauffage des serres, reçoivent chacun une médaille d’argent. D’après le rapport de M. Pépin sur les belles cultures de MM. Lemichez frères, une médaille d'or de mesdames les patronnesses de V horticulture est accordée h ces deux jeunes et habiles horticulteurs. Dans son rapport sur les ouvrages d’horticulture et d’ar- boriculture présentés à la Société, M. le président donne lecture d’une partie du discours du doyen de l’horticulture française, M. Poiteau, prononcé a l’institut de Fromont, et dans lequel il fait voir la cause du dédain qu’on a pour les horticulteurs; il recommande aux jeunes jardiniers d’élm| dier pour acquérir des connaissances qui les feraient re- chercher et considérer de la société. « La Société royale d’horticulture, dit M. le président, voulant exciter l’é- mulation parmi ces jeunes praticiens jardiniers, s’occupe de l’orgamsation d’un plan de concours et d’examens k la suite desquels il sera délivré des diplômes de capacité aux élèves jardiniers qui auraient bien répondu aux questions du programme.»» Nous appelons de tous nos vœux l’établis- sement d’une semblable institution; ce serait faciliter le pla' cernent des jardiniers vraiment instruits. M. Camuzet avait proposé cette organisation au cercle général d’horticulture ; mais les membres ont rejeté sa proposition, prétextant que le cercle n’était pas un bureau de placement. Que la So- ciété royale ne s’arrête pas k d’aussi vaines considérations, le diplôme peut seul changer la position de l’horticulteur et lui donner la considération qu’il mérite. Après avoir signalé les principaux livres d’horticulture, M. Héricart de Thury a mentionné les divers ouvrages qui ont valu k M. Laterrade, professeur et directeur du Jardin des Plan- tes de Bordeaux, la médaille d'or du ministre du commerce et de l’agriculture. En citant le Bon Jardinier comme un des meilleurs livres d’horticulture, M. le rapporteur a nommé aussi ses rédacteurs, k l’exception cependant d’un 576 REVUE HORTICOLE. seul, M. Decaisne, dont le nom est déjà bien connu dans la science horticole. Si nous relevons cet oubli, que nous aimons a croire involontaire, c’est que les lieureuses cor- rections et additions que M. Héricart de Tliury a signalées de Ja dernière édition de cet ouvrage sont dues précisé- ment au jeune et savant académicien qu’il a oublié de citer : à chacun ses œuvres, c’est une chose assez naturelle. M. le vicomte Débonnaire de Gif, vice-président, donne lecture du rapport de la commission chargée de décerner les quatre médailles d'or du conseil général de la Seine : MM. JossEAUME père, Piver (Étienne), Legomtê (Michel) et Lecaillon (Georges) sont les quatre jardiniers maraîchers que la commission a désignés comme ayant mérité cette distinction. En l’absence de M. Poiteau, avant de faire Pappel no« minai des exposants auxquels le jury a décerné des prix, le secrétaire général signale quelques horticulteurs dont les collections, quoique remarquables, n’ont cependant pas réuni aux yeux du jury tous les mérites nécessaires pour gagner un des prix ; ces horticulteurs sont les suivants : M. Courtois (Henri), qui a exposé une belle collection de Camellias^ chargés de beaux fruits. M. CoQüiLLARD, jardinier de M. James Rothschild, dontle lot se faisait remarquer par trois Fraisiers greffés sur Ro- siers : le Queen-Vicioria^ greffé par approche sur un Églan- tier de 2 mètres de hauteur, et les deux autres sur Rosiers des quatre saisons. M. Gallois, jardinier de la reine Marie-Christine, pour un fruit du Passiflora quadrangularis , pesant 2,500 grammes. M. Auger, de Caen, qui a envoyé une magnifique Rose obtenue de semis par lui, et qu’il nomme Guillaume-le- Conquérant. Celte Rose étant arrivée en mauvais état iPa pu être exposée. M. Rifkogel, qui, suivant nous, méritait mieux que cette espèce d’accessit, exposait les Aralia longifolia et pinnata, le Sienocarpus Cunninghamii, etc. MM. Cousin et C'® (Jardin d’Hiver), dans la collection des- quels on voyait l’arbre au Cacao (Theobroma cacao), le Gé- roflier, un très beau Nepenthes dislillatoria, une Orchidée très remarquable qui ressemble, avec beaucoup de bonne volonté, 'a un Cygne, le Cycnoches chlorochilon. MM. Cels qui n’ont exposé que deux plantes ; une belle REVUE HORTICOLE. 577 et élégante Orcludéc, le Catlleya crispa^ et le Dichori- sandra ovata. M. PEDiAi\i\A pour des Résédas odorants en arbre pouvant avoir de 0"‘,50 a 0"',70 de hauteur. M. Dufoy, outre sa collection de Dahlias, avait exposé plusieurs belles variétés de Verveines. MM. Rossin-Louesse et C'® avaient exposé une nombreuse collection de Balsamines coupées très belles par la grandeur et le coloris. M. LachaUxAie pour des bouquets et couronnes en fleurs naturelles. — Nous devons avouer que les bouquets de M. Lachaume ne nous ont pas paru mériter même cette mention ; il paraîtrait plus probable que M. le sécretaire général a voulu mentionner M. Debrie jeune, dont les bou- quets et les couronnes en fleurs naturelles étaient faits avec un goût et une délicatesse qui ne laissaient rien 'a désirer. Nous n’avons pas entendu prononcer non plus le nom de M. Chantin, dont la collection était riche en plantes rares, telles que Arlocarpus iniegri folia, Barringtonia speciosa^ Pintaraphia Cubensis, Phytelephas macrocarpa^ etc.® Le jardin botanique de Montpellier avait envoyé de très beaux fruits de Nelumbium speciosum. IM. Barbot a été mentionné pour ses beaux Raisins. M. Vilmorin pour ses Patates et Pommes de terre, ainsi que pour une jolie collection de Reines-Marguerite. M. Noaillon pour ses beaux Champignons. MM. Kœnig et Ohl pour le Haricot glaive-géant, dont le& siliques atteignent une longueur de 0"^,85. Enfin, M. Düpüy-Jamain dont la collection est toujours aussi belle et aussi riche en espèces et qui, étant arrivé trop tard, n’a pu concourir. Les médailles et menlions honorables ont été décernées dans l’ordre suivant : 1®*’ concours. — Pour les plus beaux légumes. Médaille d'argent, a MM. Gontier et Josseaume fils. Une médaille d*argeni (prix d’amateur) a été accordée a M. IIouÈBRE, officier d’administration au Val-de-Grâce, qui a exposé une collection de Pommes de terre très remar- quable ; et une mention honorable a M. Houlette pour ses beaux Melons provenant de sa culture en pleine terre. 2® concours. — Pour les plus beaux fruits de table. Médaille d'or de S. A. R. madame la princesse Adélaïde^ 578 REVUE HORTICOLE. a Mi\f. Jamin et Dürakd. La Pomme baccifère a gros fruit jaune, les Beurré cPAlbret, Espérine et Spence ; les Prunes Mirabelle violette, Washington, Netclie, Impératrice ou Diadème, etc., sont les nouveautés qui distinguaient la col- lection de ces deux horticulteurs. Mention honorable, a M. Corby. Concours d'amateurs. Médaille, a M. de Villeneuve pour sa nombreuse col- lection de fruits de Cédratier, Limonier, Lumier, Limettier, Bigaradier, Oranger, etc., au nombre de 40 variétés. Médaille, à M. René Lottin, et mention honorable, a M. Duflot pour leurs beaux fruits de table. Nous voudrions n’avoir que des éloges a donner au jury,* mais la manière dont il a décerné les prix de ce concours nous fait un devoir de lui reprocher Pinjustice commise envers M. Duflot, qui n’a eu qu’une mention honorable. Sa collection se composait de 106 variétés de Poires prove- nant toutes de quenouilles et de 44 variétés de Pommes; celle de M. Lottin, qui a eu le prix, ne comptait que 68 va- riétés de Poires, 50 de Pommes, 5 ou 4 Pêches, 2 Melons et 2 Raisins. Quant à la qualité, nous ferons observer que ce sont a peu près les mêmes variétés dans les deux col- lections. Pour nous, M. Duflot méritait le prix. Si le jury se trouvait embarrassé, il eût mieux fait d’accorder deux médailles; il se mettait ainsi à l’abri de toute critique. M. le président a cherché du reste à dédommager M. Du- flot de cet acte de partialité par quelques paroles flatteu- ses qu’il a adressées a l’assemblée. M. Duflot, a-t-il dit; est comme M. Laterrade, un homme entièrement dévoué à l’horticulture ; c’est a lui que la ville d’Amiens doit la ma- gnifique et riche collection de son Jardin des Plantes. »> Nous signalons ce fait afin que cet hommage du président soit au moins un dédommagement pour cet horticulteur zélé. 6® concours. — Pour la plus belle collection de planteslfleurîes. Médaille d*or de mesdames les patronnesses de Vhorti- culture, a M. Chauvière. Nous voudrions pouvoir citer toutes les belles et rares plantes de cette collection, mais l’espace nous manque; nous dirons seulement qu’elle était digue de la récompense. Médaille d'argent, a M. Jacquin. Mention honorable, a M. Bertrand. REVUE HORTICOLE. 570 7® concours*— Pour une ou plusieurs plantes nouvellement introduites dans le royaume. Médaille d*argent^ a M. Bertrand, pour le Calistegia pubescens^ sorte de Convolviiliis a fleurs doubles. Cette plante a été introduite dans le jardin de la Société horti- cullurale de Londres, au mois de juin 1844. — Voila la nouveauté. Mention honorable, a ]\1M. Kétéleer et Thibault pour un Statice imbricata obtenu de graines, provenant du voyage de M. Bourgeaud aux îles Canaries, et qui n’est dans le commerce que de cette année. — C’est encore une injus- tice, non-seulement envers ces deux habiles cultivateurs, mais même envers l’horticulture du pays, car cette plante a été directement introduite en France. 10® concours. — Pour la plus belle collection de roses en pots et coupées. Médaille d'or de madame la duchesse d'Orléans^ h M. Guérin (Modeste) pour sa belle collection de Rosiers en pots. Grande médaille d'argent^ à M. Berger (Etienne) pour ses Roses coupées. Médaille d'argent^ à M. Jamain (Hippolyte). Rappel de médaille^ a M. Verdier. Mentions honorables, a MM. Lévéque dit Réné, Fon- taine (François), Margottin et Marest. 12® concours.— Pour collection d' Asters-Reines -Marguerite. Médailles d'argent, a MM. Fontaine, jardinier de M» Gouvion Saint-Cyr, et Malingre, horticulteur. Mention honorable, a M. Cide. 14® concours.— Pour la plus belle collection de Fuchsias. Médaille d'argent, a M. Achille Bigard. Récompenses en dehors des concours ouverts. Médailles d'argent, a MM. Deshayes et Michel (Charles) pour leurs belles collections d'Erica, le jury n’ayant trouvé aucune différence entre elles. Mentions honorables^ a MM. Lierval pour des plantes vivaces de pleine terre, et CROuxpour ses arbres fruitiers. S80 REVUE HORTICOLE. Objets (Tart et d*indusirie. Rappel de médaille d'or, a M. Follet pour ses admira- lîles poteries en kaolin blanc, rose et de diverses nuances. Parmi les objets exposés, nous avons remarqué une belle Jardinière pouvant servir de jet d’eau, et qui avait plus de de hauteur, a quatre vasques ou tablettes creuses, dont Finférieiir avait 1 mètre de diamètre, etc. Médaille d*argent, a M. Constans (Léon). Ce jeune ar- tiste, qui se livre a la peinture des fleurs pour les recueils horticoles et botaniques, avait exposé plusieurs tableaux de plantes dont quelques-unes ont déjà paru dans des jour- naux d’horticulture : des Chrysanthèmes de M. Pelée; une collection d’Ancolies; de charmantes peintures à l’huile du Saccollabium gultaium,Vdi^%\ï[ovo de Bellot, etc. Rappel de médaille^ a madame Palm (née Emilie Cor- jsüel) pour tableaux de fleurs représentant 45 variétés d’A- zaléas qui nous ont paru très bien dessinées. On rappelle également la médaille accordée à madame DE Laère pour ses fleurs artificielles admirablement imitées. Des mentions honorables sont accordées a mademoiselle Adrienne Edmond pour aquarelles; madame Delïgnv pour tableaux de fleurs ; madame Levasseur pour sa collection de fleurs d’Haïti ; tous ces tableaux sont peints d’après na- ture ; et enfin à M. Fessard pour ses fruits modelés en cire. Les collections pour les 5®, 4% 5®, ^ |e et 15® concours n’ont pas été reconnues dignes de récompense. La séance est terminée a 5 heures. Hérincq. Conservation des Dahlias. , L’humidité comme le froid fait perdre souvent, pendant l’hiver, les tubercules de Dahlias, qui gèlent ou pourris- sent. Pour les personnes qui n’ont pas a leur disposition une cave sous terre, bien sèche et d’une température égale , voici un moyen facile et infaillible de conserver les tubercules de Dahlias. On les met, selon la quantité que l’on a a conserver, soit dans des pots, soit dans une caisse ou baril défoncé, et on les garnit et recouvre de terre bien sèche. En cet ^lat , on peut les déposer dans un local quelconque, avec la certitude de les retrouver en parfait état au printemps. lmp Lemercisr a Pans Azalea indica ( Striata formosissima.) REVUE HORTICOLE. 581 'Aialea (indica) striata formosissima (fig. 20). Cette variété a été obtenue, dans ces dernières années, par M. Van Geersdaele, amateur à Gand, a qui Ton devait déjà les A. indica Duc de Brabant, Prince Camille de Rohan, etc. La corolle est complètement mi-partie ama- rante et blanche. A la partie supérieure de la gorge est une tache presque indistincte, d’un vert très pâle, légèrement ponctuée de plus foncé. Les cinq étamines sont légèrement saillantes : le style est plus long qu’elles. Le calice, inégale- ment fendu, est revêtu de longs poils soyeux. On sait combien toutes les fleurs j^aiiar/iérssontdisposées^, non-seulement à varier chaque année sur elles-mêmes les taches qui les décorent, mais encore sujettes h en être plus ou moins complètement privées. Les formes mêmes subissent quelquefois celte désolante inconstance. C’est ainsi que, par une culture prolongée, on n’a plus revu cette charmante frange denticiilée qui faisait, dans le principe, rornement des fleurs de VAzalea indica fimbriata. L’élégante variété que nous figurons n’échappe pas non plus entièrement à cette loi d’une nature fantasque; elle semble toutefois se montrer un peu plus constante que ses sœurs en panachures, du moins si nous en jugeons par trois ou quatre années d’observations. — La remarque que nous faisons au sujet de plantes à fleurs ou même d feuilles panachées est le fruit non-seulement de notre expérience propre, mais encore de celle de tous les praticiens, et nous ne la consignons ici que pour mettre en garde un amateur de prononcer d priori sur une plante panachée, avant d’en posséder pendant deux ou trois ans au moins un indi- vidu normal, vigoureux, bien cultivé. C’est seulement alors qu’il pourra émettre un jugement exact et définitif sur la plante qu’on lui a livrée. CULTURE. Les Azalées, considérées comme planles d’ornement, comme les Rhododendrum, comme les Camellias, comme les Roses même, acquièrent la plus haute importance hor- ticole. Aussi je pense que les amateurs me sauront gré d’entrer dans quelques détails relatifs au mode de culture qu’il est préférable de leur accorder. oc SÉRIE. Tome i. — 20. 15 Octobre \ 847. 382 REVUE HORTICOLE. § Conservation et élève des Azalées, Sol. — On les piaille dans un compost léger, mais liche en humus, formé d’un mélange, par parties égales, de ter- reau de feuilles bien consommées et de terre de bruyère sablonneuse, compost qu’on renouvelle aussi souvent que la vigueur des plantes semble le demander. Empâtement . — En général, on les plante dans des pots étroits et suffisamment drainés pour éviter la stagna- tion des eaux de pluie ou d’arrosement, qui sont fu- nestes a la santé des Azalées. Des vases étroits présentent un obstacle naturel a cette stagnation ; les délicates racines des Azalées y sont assez a l’aise, y craignent moins l’humidité, et, d’un autre côté, on change ces vases dès que les racines commencent a en tapisser le fond. (Voir au paragraphe Taille.) Exposition. — La serre où on les élève peut faire face au levant ou au midi, mais de préférence au nord, et doit être parfaitement aérée. Sortie. — Au commencement de juin, c’est-a-dire après la pousse totale du printemps, on sort les Azalées qu’on place par gradins derrière des haies vivantes faisant face de préférence au soleil levant. On enterre les pots, en pla- çant au-dessous une tuile ou une ardoise pour empêcher les lombrics {vers de terre) d’y pénétrer par le trou d’é- gouttement. La, on les arrose abondamment le soir au pied et sur la tête pendant les chaleurs et pendant tout le temps que dure leur végétation. On diminue les arrosements dès qu’on voit que celle-ci commence 'a cesser, et pendant cette période on n’entretient la terre que très légère- ment humide; on cesse même de mouiller, si le temps le permet et quand approche l’époque de la rentrée. La situation où on les placera en été sera aussi chaude et éclairée que possible, sans les exposer toutefois aux ardeurs directes du midi. Trop ombragées, en effet, elles s’empor- tent en herbe et forment très peu ou même point de bou- tons. Le point essentiel est donc un juste milieu entre l’ombre et la lumière solaire. Rentrée. — Dans le courant de septembre, ou au plus tard dans les premiers jours d’octobre, suivant le temps qui se manifeste, les Azalées demandent à être rentrées, surtout si les nuits sont fraîches et les gelées blanches imminentes. Pendant la belle saison, on a dû les lail- REVUE HORTICOLE. 5S5 îer, les disposer convenablement en buissons; elles ont eu le temps d’aoûter leurs nouvelles pousses et de former leurs boutons. On les enlève donc de terre; on en lave les pots (une propreté rigoureuse est la principale décoration des serres) pour les arranger de la façon la plus agréable sur les gradins de la serre. Chauffage. — Le meilleur mode est le tliermosipbon ; mais on n’en allume le foyer que lorsque le thermomètre menace de descendre au-dessous de 0 (R.). Les Azalées ne redoutent même pas nu froid de — 2”; mais elles redou- tent pendant la mauvaise saison une chaleur relative qui en mettrait la sève en mouvement et les ferait pousser chétives et étiolées. On ne chaurfera donc que dans des cas extrêmes, soit pour chasser un excès d’humidité, ré- sultat de l’atmosphère extérieure (brouillards persistants, longues pluies); soit pour combattre une gelée quelque peu intense, et en évitant soigneusement que la température interne dépasse 4 ou 6® R. Plus de chaleur serait préju- diciable. Enfin, chaque fois que la température extérieure le per- mettra, on ouvrira béants les châssis et les portes, surtout dès que se montrera un gai rayon de soleil, conjoncture si rare et si précieuse dans nos contrées pendant l’hiver, sur- tout quand elle n’est pas accompagnée d’une gelée. Taille, — Dès que la floraison est achevée, on rabat les Azalées, tant pour les former en buissons que pour leur donner un aspect agréable et leur faire produire plus de fleurs. Ce sont les rameaux floraux surtout qu’on retranche, en les amputant jusque sur le vieux bois. C’est 'a cette époque aussi qu’on pratique de préférence un rempote- ment général. Alors, en effet, un rafraîchissement rai- sonné et modéré des racines, l’application d’un sol géné- reux et neuf, sollicite vivement les parties radiculaires, et bientôt la plante repousse avec vigueur, se couvre d’une profusion de feuilles et bientôt de boutons, récompense lé- gitime des soins qu’on leur donne. Quelques Azalées restent naturellement naines et peuvent à peu près se passer de la taille; telles sont, par exemple, les A. ind, lateritia, variegala, Giedstanesii, qui, en outre, réclament un peu plus de chaleur que leurs autres congénères. On pourrait donc, par celte raison, les tenir dans une bonne serre tempérée, ou au moins leur donner les meilleures places dans la serre froide. REVUE HORTICOLE. 584 Maladies des Azalées. — Les végétaux ne connaissent guère d'autres maladies que la carie {pourriture des ra- cines)^ la chlorose (jaunisse) et la langueur ^ qui précè- dent la mort. La première et la seconde, surtout, sont dues à un excès d'arrosement, soit artificiel, soit pluvial. On remédie faci- lement au mal, quand il n'est pas invétéré, par la cessation de la cause qui fa amené et par un rempotement partiel et total, en séquestrant pour quelque temps la plante a f ombre et sous châssis. La troisième provient de Texcès contraire, et est plus facile a guérir. Il faut alors, non farroser, ce qui la tuerait, si fétat sec s’est longtemps prolongé, mais la remporter en terre fraîche, la rabattre légèrement, et la soustraire de même, pendant quelque temps, aux influences atmosphériques externes. Tenue trop chaudement, l’Azalée est attaquée par l’araignée rouge (Acarus) qui bientôt y pullule de manière a tuer la plante en fépuisant de sucs, si on ne s’empresse d’en laver les feuilles avec soin et à di- verses reprises, et de les seringuer ensuite fréquemment, opération indispensable qu’on applique également aux plantes en bonne santé. Dans les appartements. — On ne saurait s’étonner que des plantes d’une floraison aussi splendide et aussi brillante aientconquis l’accès des salonsetdes palais. Mais ces lambris dorés leur sont funestes, si l’œil du maître ne vient conti- nuer, par sa vigilance, les soins habiles du jardinier! Les salons seront donc aérés, autant que possible, pendant le jour; au moinsles Azalées seront placées près des vitres et arrosées sans excès, mais de manière a maintenir fraîches et leur verdure et leurs fleurs. Dès que le maîlre s’aperçoit d’un peu de langueur dans les Azalées qui décorent ses sa- lons, avant même que la floraison en soit entièrement achevée, il doit, dans l’intérêt même de la conservation de^ ses plantes, les renvoyer a leur médecin ordinaire, c’est-a^ dire à son jardinier. Tels sont, grosso modo, les soins généraux que réclament en général la conservation et l’élève des Azalées. L’exposi- tion des lieux, la différence relative des climats, apportent nécessairement aux prescriptions qui précèdent des modi- fications sensibles, mais cependant basées sur les données que m’ont suggérées ma propre expérience et celle des pra- ticiens les plus expérimentés. Ces modifications appartien- nent naturellement à la perspicacité, a la vigilance des ama^ REVUE HORTICOLE. Ô85 leurs placés dans des situations climatériques différentes de celles de la Belgique et du nord de la France. § 2. — Multiplication des Azalées. L^instruction que j’ai prétendu donner au sujet des Aza- lées de rinde, en faveur des amateurs novices (et seulement de ceux-ci, je le confesse humblement, car je n’ai jamais prétendu dicter des principes à des praticiens consommés), ne serait pas complète si je ne traitais aussi des modes de multiplication ou de propagation, comme on voudra, qui conviennent à ces plantes. Je vais le faire aussi brièvement que me le permettra la nécessité d’étre suffisamment intel- ligible. I. — Greffage. Les modes les plus usités de greffage pour les Azalées sont les greffes en ramille, dites à cheval^ celle en fente et celle en placage. On greffe encore, mais plus rarement, en approche o\\ par copulation^ plus souvent enherbe^. On peut opérer en toute saison; mais les époques les plus favo- rables sont la fin de mai ou le commencement de juin. On attend que les jeunes pousses aient atteint une certaine ma- turité, circonstance qui dépend entièrement de la tempéra- ture soit froide, soit cliaude,qu’on a donnée pendant l’hiver, et qui a nécessairement avancé ou retardé la végétation. Les plantes greffées seront placées en serre ou sous châssis, ce qui est préférable, et sous cloche sur une couche un peu chaude, oii on les laissera étouffées jusqu’à la parfaite sou- dure des parties rapprochées; on ne commencera à leur donner de l’air que lorsqu’on les verra entrer en pleine vé- gétation. (1) On a donné aussi à celte greffe le nom d'anglaise. Mais, n’en déplaise à nos voisins, la propagation des végétaux par le greffage a été bien autrement perfectionnée sur le continent (ju’en Angleterre ; et nous aurions peu de peine à prouver que l’invention de la greffe par copulation est née en deçà du détroit. Il en est de même des serres à deux pans dites serres hollandaises. Toutes les personnes qui con- naissent la Hollande savent que ce n’est que dans ces derniers temps que les Hollandais ont commencé à se servir de telles serres , et qu’en Belgique, déjà du temps de l’Empire, les horticulteurs possédaient des serres à deux pans, qui plus tard ^n’ont eu de liollandais à l’c- Iranger que le nom. (2) On entend greffe en herbe les pousses encore herbacées que l’on fait servir de greffes. 586 REVUE HORTICOLE. Les sujets qu’on emploie pour recevoir les greffes de va- riétés plus précieuses sont, de préférence à d'autres va- riétés, YAzalea indica phœnicea ou des sauvageons d’Aza- lées de l’Inde quelconques, et, a leur défaut, le Rhodo- dendrum ponticum. Voici en quelques mots la description des greffes en usage. J’ai à peine besoin de dire que le greffoir (couteau à greffer) dont on se sert doit être parfai- tement net et aiguisé. Greffe à cheval^. — La greffe'est évidée à sa base en un angle aigu prolongé; le sujet, dont on tranche la tête, reçoit ce même angle en sens opposé, c’est-à-dire a angle aigu sortant. Greffe en fente, — La greffe est amincie des deux côtés on un atïgle aigu, ou lamelle prolongée ; le sujet, dont on coupe la tête, est simplement entaillé verticalement (avec dextérité et très légèrement) pour recevoir la lamelle de la greffe. Greffe en placage. — On entaille verticalement et carré- ment la greffe et le sujet, qui tous deux reçoivent des en- coches égales pour permettre un rapprochement complet. C’est celle que l’on doit préférer. Greffe par copulation. — On coupe l’extrémité du sujet en biseau dans un sens, celle de la greffe de l’autre, bien également et de manière à ce que les deux parties se re- couvrent parfaitement l’une l’autre. Greffe en approche. — On pratique sur le sujet une en- taille verticale, plus ou moins profonde, avec une encoche enfoncée; on lui coupe une partie de la tête, afin de faire porter la sève dans la greffe. Celle-ci est entaillée de même et aussi profondément, mais en lui laissant l’encoche sail- lante de manière à ce que les deux parties puissent s’appli- quer bien étroitement Tune sur l’autre. Ce mode est peu en usage en raison de son incommodité, car il exige que les deux plantes restent constamment placées l’une près de l’autre, jusqu’à parfaite reprise, après laquelle on les sé- pare délinitivement en retranchant tout à fait le sujet. Tels sont en peu de mots les différents modes de propa- ger les Azalées par le greffage. J’ajouterai que le sujet peut être" plus gros sans inconvénient, et c’est le cas le plus or» dinaire; que les diverses entailles doivent être faites avec un soin minutieux, d’une manière nette, sans éraillures, à surfaces bien égales pour qu’elles s’appliquent exactement (t) G. Ferrari et G. Dumont, Thoüin moîwgr.^ p. 41, 1. 1, 2® sect. REVUE HORTICOLE. 7)87 les unes sur les autres, et que le bois et le liber des deux parties, enfin, soient en contact parfait. II. — Bouturage. Avant que la végétation soit complètement terminée, c’est-a-dire vers la tin de juin, on coupe les extrémités en- core herbacées des Azalées sur une longueur de 0*",09 en- viron, extrémités bien portantes et bien garnies de leurs feuilles, pour en faire des boutures. On aura préalablement préparé des terrines garnies au fond de gros gravier et rem- plies par-dessus de terre de bruyère sablonneuse finement tamisée. On tranche net la base de chaque bouture dans un nœud foliaire, et on plante en quinconce, en les enfonçant au moyen d’un petit plantoir, sur une longueur de 0”™,02 environ ; on presse légèrement la terre a l’entour d’elle avec le bout du doigt pour l’affermir. Ainsi plantées, on place la terrine sur une couche tiède, en serre tempérée, ou mieux sous châssis chaud, en îa recouvrant d’une cloche. Je me sers avec avantage, pour le bouturage de mes Azalées, de petites caisses de 0"’,70 de long sur 0”\55 de large et O"', J 4 de profondeur (O»', J 7 en comptant la planche du fond) percées de trous pour laisser écouler l’eau. J’en fais garnir le fond de 0™,02 d’épaisseur de cailloutis pour drainage, et recouvrir de de terre de bruyère bien tamisée. Je plante alors mes boutures, et je recouvre le tout de lames de vitres. Ce mode, que j’ai lieu de croire né dans mon établissement, me semble préférable à Venclochage^ en raison de ce que les gouttelettes d’eau, résultat de la transpiration des plantes, se fixant sur la vitre, en retombent perpendiculairement entraînées par leur pro- pre poids, mouillent également la terre, sans y former, comme sous la cloche, des rigoles qui bientôt décomposen t la terre en une sorte de boue. 11 suffit d’essuyer les feuilles des vitres une fois par jour, le matin surtout, pour éviter d’ailleurs l’excès d’humidité produit par la chute de ces gouttes d’eau. Repiquage, — Aussitôt que les boutures se sont bien en- racinées, ce que l’on reconnaît aux signes de végétation qu’elles donnent, il faut se disposer au repiquage. Chaque bouture alors est plantée séparément dans un petit godet en bonne terre de bruyère simplement passée. On les re- place encore sur couche tiède, sous châssis vitré de préfé- rence aux cloches, jusqu’à ce qu’elles se soient un peu plus REVUE HORTICOLE. 388 développées; on commence alors à les accoutumer peu a peu a Pair extérieur, et bientôt on les rempote dans des pots un peu plus grands; on leur donne de Tair en abon« dance, et six ou huit mois après on les traite tout a fait m plantes-mères, III. — Marcottage et couchage. Je ne dois point non plus omettre ces deux modes de mul- tiplication, qui sont fort connus du reste, mais dont on fait peu d’usage pour propager les Azalées. Toutefois, comme il peut être agréable à Un amateur de les employer, voici com- ment il doit s’y prendre : Marcottage, — Ou élève a la hauteur des rameaux que l’on veut marcotter de petits pots fendus d’un côté (pour faciliter Tintroduction desdits rameaux) ; on en bouche îa fente avec une petite lame de verre, taillée ad hoc; on rem* plit les vases de terre de bruyère, et on les fixe solidement, au moyen de tuteurs auxquels on les attache avec du fil de fer. Au préalable, on aura enlevé au rameau un petit anneau d’écorce, vers la partie la plus inférieure, un peu au-dessus du point où il pénètre dans le godet. On opère ainsi, soit en plein air, soit dans la serre froide,- en ayant soin de tenir la terre des pots légèrement humide. Trois mois suffisent ordinairement pour l’enracinement des marcottes. Couchage, — On plante en pleine terre, sous châssis om- bragé ou meme découvert à l’air libre, les Azalées, en in- clinant leur tige vers le sol. On en ploie légèrement, les branchesà angles presque aigus sans brusque secousse, pour ne pas les rompre. Alors, à la partie qu’on doit ficher en terre, on pratique une double petite section, horizontale, puis verlicale, qui lui permet de plier. On la fixe en terre au moyen d’un petit tuteur fourchu, et on a soin de couvrir le sol d’un léger lit de mousse, pour y entretenir une douce humidité. Ce mode est un peu plus expéditif que le pré- cédent. IV. — Multiplication par semis. Au commencement de l’automne, les graines des Azalées^ ont acquis toute leur maturité. On les recueille pour les^ semer aussitôt, ou seulement (et c’est mieux) en janvier oa février. On remplit de petites terrines (sufflsamment drainées) de REVUE HORTICOLE. 580 terre de bruyère passée au tamis fin et légèrement foulée à la surface; on répand a la volée les graines fines des Aza- lées, sans les recouvrir autrement qu’en les saupoudrant a peine de quelques pincées de sable fin. Ainsi disposées, les terrines, couvertes d’une vilre pour y enlrctenir une légère et constante humidité, sont placées sur une couche tiède, sous châssis, ou tout simplement dans une serre froide ou tempérée, le plus près des vitres possible et à l’ombre. Les graines lèvent promptement. Aussitôt que le jeune plant a développé une ou deux feuilles (outre ses cotylé- dons), on le repique dans d’autres terrines, en laissant en- tre chaque pied assez d’espace pour leur permettre de se développer sans gène. On leur donne alors un peu de cha- leur, pour hâter et fortifier leurs pousses; puis, lorsqu’ils ont atteint 0«^,12 ou de hauteur, on les repique iso- lément dans des pots proportionnés a leur taille. On le& laisse encore quelque temps a la chaleur, en leur donnant de l’air peu à peu, afin de ne pas les y exposer ensuite trop brusquement, et bientôt on les traite absolument en plantes-mères. § 3. ~ Fécondation artificielle (ou hybridation). Par le bouturage, le greffage et les deux derniers procédés de multiplication que je viens de décrire, on propage pu- rement et simplement les variétés ou les espèces qu’on pos sède. Mais cette belle spécialité resterait stationnaire, et bientôt sa monotonie rebuterait l’amateur le plus zélé, si deux autres procédés ne venaient apporter, par leurs im- menses résultats, un nouvel et puissant aliment au goût que l’on se sent naturellement pour d’aussi belles plantes. Ce sont le semis et surtout la fécondation artificidle , dite aussi hybride. J’ai déjà décrit le premier ; je dois dire quelques mots du second. La fécondation artificielle ou hybride ne doit s’exercer qu’entre de belles variétés (ou espèces) bien opposées de coloris et de forme, afin d’en obtenir une progéniture in- termédiaire ou quelquefois diamétralement opposée. Elle demande donc de la perspicacité, du calcul, une connais- sance assez approfondie du sujet afin de ne pas échouer, ou en d’autres termes afin de ne pas obtenir des variétés infé- rieures a leurs père et mère. Ainsi, on croisera volontiers les variétés a fleurs blanches, par exemple, avec celles â REVL'E HORTICOLE. 590 fleurs rouges, des panachées avec des unicolores, etc, On sait que la fécondation artiûcielle consiste dans Tap- plicalion du pollen de ieWe variété sur le pistil de telle autre. Il faut choisir Tinstant précis de l’ouverture des an- thères, couper alors la fleur entière ou seulement ses an- thères, et venir en frotter légèrement le sommet du pistil (stigmate) de celle qu’on a coupée, de manière qu’elle soit parfaitement recouverte de poussière anthérale. Avant cette opération , une autre préparation a dû avoir lieu. Elle consiste, au moment de l’épanouissement de la fleur qui doit être fécondée, a en retrancher les étamines avant l’ouverture des anthères. On conçoit que sans cela la fé- condation artificielle échouerait, ou ne serait qu’imparfaite, en raison du mélange des pollen. C’est en mélangeant ainsi les Azalées de l’Inde proprement dites soit entre elles, soit avec les Rhododendrum^ qu’on parvient a gagner les belles variétés qui font aujourd’hui toute notre admiration et, au printemps, l’ornement prin- cipal des serres froides. L. Van Houtte. Primevère de la Chine et Calcéolaires hybrides obtenus de semis. M. Bravy a présenté à la séance du avril dernier à la Société d’horticulture de l’Auvergne un hybride fort étrange de la Primevère de la Chine. En ^845, un des em- ployés de son établissement, M. J. Espinasse, féconda une fleur de ce Primula avec le pollen d’un Primula elatior à fleurs très foncées. Des graines provenues de cette hybrida- tion sont nées trois plantes qui ont fleuri ce printemps; deux n’ont point varié et ont reproduit exactement le type du P. sinensis. La troisième ne présente dans son feuillage et son port aucune différence avec sa mère, mais elle a produit des fleurs très bizarres, dont le tube, beaucoup plus gros que dans la P. de la Chine, présente un gonflement considérable dans la partie insérée au calice; une corolle d’une couleur verte mélangée de brun obscur, des étamines métamorphosées en une seconde corolle qui, dans quelques fleurs, se divise en quatre ou cinq lobes; d’autres enfin qui offrent l’aspect d’un petit sac terminé par le style. Cette corolle intérieure est d’un brun fon^r aucune teinte de vert. REVUE HORTICOLE. 59^ On connaît iin duplicatiire analogue a celle obtenue par M. Bravy sur la Primevère des jardins (Primula veris et P. elatior). On voit en effet sur ces plantes plusieurs calices et plusieurs corolles emboîtés et sortir chacun d’un même iube. Les Calcéolaires, ces plantes à corolles si curieuses et si riches de coloris, et sur lesquelles se sont exercés les horticulteurs belges , ont également occupé en France MM. Chauvière et Thibaut qui, de leur côté, sont arrivés à obtenir des fleurs de la plus remarquable beauté. En Au- vergne,M. François Faure, Jardinier de M. Lecourt, a obtenu également, a ce que nous lisons, un beau succès. En effet, M. Bravy, rapporteur d’une commission spéciale, en consi- dérant les Calcéolaires obtenues par M. Faure comme égales à celles qu’on vient d’obtenir en Belgique, en fait ainsi le plus bel éloge. Pépin. Culture delà Tubéreuse (Polyanthes tuberosa). 3’ai appris que plusieurs lecteurs de votre journal* dé- sirent des renseignements sur la culture de la Tubéreuse, et ayant obtenu moi-même beaucoup de succès dans cette culture, je vous adresse la note suivante, qui, je l’espère, satisfera a l’attente générale. Les bulbes de la Tubéreuse sont annuellement impor- tées d’Italie, où l’on cultive cette plante pour l’exportation, comme en Hollande on cultive l’Hyacinthe pour le com- merce. Comme elles sont livrées à bon compte, j’en achète tous les automnes, d’autant plus qu’il m’a été impossible de bien faire fleurir les bulbes qui avaient donné des fleurs l’année précédente. Compost (engrais). — Parties égales de bouse de vache consommée, de marne légèrement sableuse et de tourbe, non criblées, mais grossièrement cassées, afin de permettre l’écoulement facile de l’eau. Empoiement. — Je les plante au commencement de no- vembre, une par une, dans de petits pots, en enfonçant les bulbes aux deux tiers dans la terre. Traitement, — Après avoir été empotées, on les place dans la partie la plus tempérée de la serre, et, vers le com- mencement de février, on les met dans une serre tempérée vers sa partie élevée. Je les laisse en cet endroit jusqu’à ce (!) Article communiqué au Floricult. cabinet. REVUE HORTICOLE. 592 (ju’elles aient poussé des tiges de 6 a 8 pouces de hauteur. A mesure qu’elles commencent à grandir, je leur donne plus d’air , afin d’en prévenir raffaiblissement. Lorsque le pot se remplit de racines avant que la tige ait acquis îa Jiauteur voulue, je rempote la plante dans un pot plus large. A l’époque de croissance que je mentionne, je les place dans un lieu plus frais, soit sous châssis, soit dans une serre tempérée, puis je les rempote dans des pots de 6 pouces de diamètre, ayant soin de les arroser et de leur donner des tuteurs. Par cette méthode j’obtiens des exemplaires de 4 a 5 pieds de hauteur garnis de nombreuses et grandes fleurs. A l’occasion, je leur donne de l’engrais liquide, ce qui con- tribue beaucoup à la grandeur des fleurs. Afin d’étre heureux dans cette culture, j’appuie sur la nécessité de hâterleur croissance par la chaleur d’une serre chaude. — Comme les bulbes sont empotées en novembre, les racines ont tout le temps de se fortifier avant le rempo- tage, ce quifait quelestigespeuvents’élanger plusvigoureu- sement que si les bulbes étaient plantées en février ou plus lard encore, et placées de suite dans une terre chaude. Culture en plein air t — Je procède comme ci-dessus, et, lorsque la plante est arrivée a la hauteur désirée, je la re- tire du pot et la plante en pleine terre, dans une plate- bande dont le sol est composé comme je l’ai indiqué pré- cédemment étayant un pied de profondeur. J’ai dans mon jardin, tout auprès de mon salon, une position très abritée et chaude, donnant au plein midi, où les Tubéreuses fleu- rissent parfaitement bien etrépandentl’odeur la plus agréa- ble, qui remplit toute celle place lorsqu’on en ouvre les fenêtres. Toute position au sud, près d’un mur ou devant une serre, est également convenable. J’ai reconnu qu’en pleine terre il faut arroser beaucoup cette plante. J’ai ordinairement quelques-unes de mes Tubéreuses mêlées parmi les autres plantes des plates-bandes, là où les allées sont le plus fréquentées; le parfum des fleursembaume les environs, et partout on en est agréablement suivi. Expositions d'horticulture. Exposition du Château des Fleurs, Les expositions des produits de l’horticulture sont des institutions d’une utilité incontestable; elles servent de REVUE HORTICOLE. oOûi stimulants et donnent la publicilé, et la publicité c’est la lumière; elles contribuent puissamment, en outre, h éten- dre le goût des plantes qui nous ouvrent une nouvelle voie de progrès et de jouissances. Nous applaudirons donc tou- jours, a la création de nouvelles expositions : cependawÉ nous avonsentendu jeter du blâme sur les horticulteurs qui avaient exposé et reçu des médailles au Châleau des Fleurs* — Nousne comprenons pas ce blâme. — L’administration du Château des Fleurs peut, ce nous semble, récompenser aussi noblement les horticulteurs qui se distinguent par leurs produits, qu’une Société dlxorliculture. En effet, il y a 'a nos yeux autant d’honneur a recevoir une médaille des mains d’un employé d’administration que de celle d’un président, d’un préfet ou d’un ministre; dans l’un et l’autre cas, le jugement est porté par un jury composé d’horti- culteurs distingués, dont l’impartialité doit être une loi. Mais, dit-on, le Château des Fleurs est une spéculation. — Nous n’avons jamais dit le contraire. Mais si en servant ses intérêts l’entreprise contribue au progrès de l’horti- culture, qui osera la blâmer? Voudrait-on nous persua- der que les membres des sociétés d’horticulture en font partie dans l’unique but de faire progresser la science ou de faire participer leurs collègues â leurs découvertes et'Je public aux fruits de leurs travaux ? — Ne faisons pas les hommes meilleurs qu’ils ne sont : si les horticulteurs s’in- corporent aux sociétés, c’est qu’ils savent très bien que des commissions d’examen pourront entretenir le public de leurs belles cultures, et que les bulletins servent souvent d’adresse. — Lisez les comptes rendus de ces sociétés : ja- mais on ne rencontre de mémoire sérieux; MM. les horti- culteurs ont soin de réserver pour eux leurs procédés de cul- ture, etsegardent bien de communiquera leurs confrères les remarques intéressantes qu’ils auraient faites. Mais, en re- vanche, on trouve dans les bulletins des rapports verbeux sur le jardin de M. Pierre, sur les cultures de M. Paul, sur les instruments de M. Jean, etc., toutes réclames très propres a procurer de beaux bénéfices â la personne qui est l’objet du rapport. — Et on voudrait donner plus de va- leur aux récompenses de ces sociétés qu’à celles d’un éta- blissement particulier! — Que nos confrères se rassurent : pour les gens sensés et de bonne foi, la médaille du Châ- teau des Fleurs aura autant de valeur que celle de la So- ciété royale; le jury qui la leur a accordée au Château des REVUE HORTICOLE. Fleurs était composé, comme on le verra plus bas, cHiom- mes aussi habiles, aussi impartiaux que MM. les membres (lu bureau de la Société royale. Voici, au reste, le résultat de cette deuxième exposition : 1^^' concours. — Pour la plus belle et la plus nouvelle collection de Dahlias en plantes coupées. Médaille d’or (grand module), à M. Soutif; 2° Médaille d'^argent (très grand module) ex œqiio , à MM. Chauvière et John Salter; 3° Médaille d*argent (grand module), à M. Robert; 4*^ Médailles de bronze, à MM. Fabry et Lepère fils. 2® concours. — Pour le plus beau Dahlia de semis non encore dans le commerce. Le jury a déclaré qu’il n’y avait pas lieu à décerner de prix (médaille d’or) ; le 2® prix (médaille d’argent très grand module) a été décerné à M. Laloy ; le prix (grand module), à MM. Roblin, Bourgault et John Salter. 3® concours. — Pour collection de Dahlias en pots. Médaille de bronze, à M. Dufoy. 4® concours. — Pour collection de Roses, Médaille d'argent (grand module), à MM. Marest, Lévêque, Berger, Fontaine et Dupuy-Jamain. 5® concours. — Pour collection de fruits. Médaille d^argent (très grand module), à M. Dupuy-Jamain. Médaille d'argent (grand module), à MM. Barbeau et Bacot. Des médailles de bronze ont été décernées à MM. Debrie fils aîné et cadet, et Billard, pour leurs fleurs en bouquets admira- blement arrangés. Le jury qui a prononcé sur le mérite de ces collections se composait de MM. Hardy du Luxembourg, Schœne, Tripet- Leblanc, Souchet père, Rouillard, Guyard, Mathieu, Paillet, Lenormand et Eustache. Exposition de la Société d’horticulture de Meaux. Cette exposition a eu lieu dans l’orangerie de madame veuve Dassy-Desmarchais , le 5 de ce mois. Tout horticul- teur était invité a apporter a cette exposition les pro- duits de sa culture et à concourir pour les prix que la Société a décernés. La Société de Meaux s’est montrée en cela moins égoïste que celle de Marseille , qui excluait du concours les personnes étrangères à la Société. «Cela sent la fiscalité d’une lieue à la ronde, comme le font REVUE HORTICOLE. 595 remarquer les Annales provençales ; cela se réduit à celte conclusion : soyez membre de notre Sociélé an moyen d’une cotisation de 10 francs, et vous serez admis au nom- bre des concurrents, w — Ce fait vient a l’appui de ce que nous venons de dire, que la plupart des sociétés d’hor- ticulture sont malheureusement instituées, non pour la science , mais pour l’intérét des membres. — Nous n’avons pas a adresser ce reproche à la Société de Meaux, qui s’est montrée équitable envers tout le monde; elle a compris le but de son institution ; aussi, sociétaire ou non, tout jar- dinier et amateur demen rantdansl’arrondissement de Meaux a pu participer h la distribution des prix. — Nous avons vu une très jolie collection de Dahlias et de Roses, de MM. Pinet et Carriat, plusieursvariétésde Verveines et Antirrhiniim de M. Charles Lefèvre; iin très joli OEillet d'Inde^ provenant de l’hybridation de la rose d’Inde et de l’œillet d’Inde, ob- tenu par M. David. — A côté de cette nouvelle création, nous avons vu des Pélargonium retardataires, surchargés de fleurs. La collection de M. Baudinat nous a paru la plus remar- quable, sous le rapport du nombre des espèces. Nous y avons remarqué le Torrenia concolor^ deux très beaux pieds de Veronica Lindleyana, un plusieurs variétés de Fuchsia ^ quelques Gesneria,\e Cuphea mi- niata, une très belle variété de Pétunia a fleurs rose-pâle, nommée Beauté de Meaux, enfin une collection de plantes grasses assez remarquable. Mademoiselle Maciet avait exposé une collection de Rei- nes-Marguerite qui, pour la beauté, aurait pu rivaliser avec les collections exposées a la Société royale de Paris, par MM. Malingres et Fontaines. L’exposition des fruits réunissait la qualité à la quantité ; on voyait dans presque tous les lots : Beurré doré. Duchesse d’Angouleme, Louise-Bonne d’Avranche, Bon-Chrétien Napo- léon , Beurré Spence, Belle de Bruxelles, Beurré d’Ardem- pont, Poire de curé, Présent de Naples, Fondants des bois. Beurré bronzé, Belle Angevine. — Parmi les Pommes on re- marquait: Belle du bois, Pomme Pigeon, Cœur de bœuf. Reinette dorée. Pomme blanche d’E'^pagne. — Les horticul- teurs qui ont exposé ces fruits sont : MM. Victor Peiit . Cliverne, Léon Rousselet, Gondar, Ducroq, Coulon, Advent, Robeis, etc. — Dans le lot de M. Ducroq quelque chose nous a frappé peu agréablement ; c’est le dessin d’une greffe âgée 396 REVUE HORTICOLE. d’un an et portant quatre énormes poires, avec cerlifical du maire attestant rauthenlicilé du fait. Sans chercher a le contester, nous dirons seulement qu’en pareille matière, une autorité municipale est pour nous de nulle valeur. On pourra montrer a un maire une greffe de quatre ou cinq ans, chargée de fruits, et lui dire que la greffe est d’une année; s’il n’est pas parfaitement au fait de l’opéra- tion il croira, et certifiera de suite, — quoi? — ce qu’on lui aura dit. — Puisque la Société de Meaux envoie des commis- sions chargées de visiter les cultures de quiconque le de- mande, il était naturel de solliciter une de ces visites. Alors la commission auraitstatué sur la vérité du fait, et nous au- rions cru, sans la moindre observation ; tandis qif il nous est permis de douter des connaissance horticoles de M. lemaire. Le jury semble au reste avoir agi avec réserve à l’égard de M. Ducroq, car malgré son Melon de Campo-Mayor et deux Poiriers dont les noms sont également d’origine plus ou moins portugaise, nous n’avons pas entendu mentionner le nom de cet horticulteur. MM. Pinard (Félix), Giverne, Mavré, avaient exposé de très beaux et nombreux légumes. M. Gondar avait deux Melons Coulommiers de grosseur extraordinaire, de 0^^,60 a de longueur sur 0*”,35 à de diamètre. Nous n’oublierons pas M. Petit pour ses beaux Raisins Alexandre, Gromier, Madeleine blanche de Bordeaux à gros grain, Ribier de Maroc violet, Frankantal et Chasselas. On avait aussi exposé l’appareil destiné à conserver les Raisins, et dont quelques journaux ont fait grand bruit. Cet appareil consiste en une bouteille a large goulot fermé d’un bouchon traversé par les branches chargées de Raisin et par un tube en verre qui a pour effet, sans doute, d’aérer le liquide contenu dans l’appareil ; nous n’avons pu savoir si ce liquide était de l’eau pure. Ce serait se montrer trop sévère que de vouloir exiger de l’exposition de Meaux des produits aussi beaux, aussi variés qu’aux expositions de Paris. Néanmoins nous dirons que les fruits et les légumes étaient relativement plus nombreux qu’a la dernière exposition de la Société royale d’horticul- ture, et que sous ce rapport on trouvait la confirmation d’une opinion depuis longtemps émise par A. Young, que le sol des environs de Meaux est un des plus fertiles de la France. REVUE HORTICOLE. 5î)7 Le 3 a midi les prix ont été distribués dans l’ordre s\n- vant, sous la présidence de M. Maciet : 1®** concours. —  la plus belle et plus nombreuse collection de plantes en fleurs soit de serre et d'orangerie, soit d'arbres et arbustes de pleine terre, soit déplantés annuelles, bisannuelles ou vivaces, en pots ou en fleurs coupées. 1®** prix (médaille d’argent), à M. Baudinat. — 2® prix (mé-^ daille de bronze), à M. Pinet. — Mention honorable, à Mlle Vir- ginie Maciet, notamment pour sa belle collection de Reines- Marguerites en pots. 2® concours. — A la plus belle et la plus nombreuse collection de fruits de table, 1®** prix (médaille d’argent), à M. Coulon.— 2® pnæ (médaille de bronze), à M. Victor Mention honorable, ii^i.GÏNQvne. 3® concours. — A la plus belle et la plus nombreuse collection de légumes, i®^ prix (médaille d’argent), à M. Pinart.— 2® prix (médaille de bronze), à M. Giverne.— il/en^ion honorable, à M. Mavré. 4® concours. — A trois plantes au moins, d’^ especes différentes^ dont la floraison sera la plus éloignée de leur époque na^- turelle, \ Une mention honorable à M- David. 5® concours. — A la plus belle collection de plantes de semis d'un genre particulier, 1®^ prix (médaille d’argent), à M. Garriat, pour ses semis de Dahlias. — Deux mentions honorables, (ex œquo) à MM. Bau- dinat et Charles Lefèvre. B® concours. — A l'horticulteur dont les titres et témérité, appré- ciés par le jury et fondés sur la bonne conduite, la capacité, le travail, la persévérance et les résultats d'une utilité générale obtenue, le feront juger digne de cette distinction. Une médaille d'argent et le diplôme de membre correspon- dant, à M. Lefèvre, jardinier-pépiniériste à Darley-Mullot. 7® concours. — Dans le cas où quelque objet exposé présenterait un intérêt extraordinaire sous le rapport de l’utilité, de la beauté ou de la nouveauté, ; Médaille de bronze, à M. Lepère, de Montreuil. Revues horticoles, 1^® médaille (bronze), à MM. Lepère et Garnier de Lisy. — 1**® mention honorable, à M. Vaissère. — 2« mention honorable, à M. Giverne. REVUE HORTICOLE. 13= exposition de la Société d’horticulture d’Orléans. Après les désastres occasionnés, en octobre 1846, par l’i- nondation delà Loire, et le 12 mars dernier par une gelée de 4 4 degrés centigrades, on devait éprouver quelques appré- hensions pour le succès de cette exposition. Ces craintes ne se sont pas réalisées, et nous sommes heureux de pouvoir annoncer que c’est une des plus jolies expositions autom- nales qui aient eu lieu a Orléans. Cette exposition a eu lieu les 24, 25 et 26 septembre, dans l’une des salles de l’école de l’enseignement mutuel; cette salle avait été élé- gamment décorée parles soins des membres de la commis- sion. Des faisceaux de drapeaux, des tapisseries pour dé- guiser la nudité des murailles, des vases en terre cuite de grande dimension, des culs-de-lampe, se mélangeaient aux plantes et formaient un ensemble fort gracieux. — Âu fond de la salle s’élevait un gradin où trônaient d’ad- mirables plantes, dont il serait difficile de rencontrer de plus beaux exemplaires: c’était un Aralia crassifolia, de plus de 5 mètres de hauteur; un Aralia diversifolia d’une force à peu près égale; un Dammara orientalis^ formant un volumineux buisson ; un bel Æchmea dùcolor en fleur ; un Flindersia australis, remarquable par son développement : toutes ces plantes provenaient des cultures de M. Mallet de Chilly. A côté, les regards se reposaient sur un Mahonia tenuifolia^ de l“,50 de hauteur, couvert de fleurs et de boutons (c’est, nous le pensons, le plus hel exemplaire de cet arbuste en France), et sur un Te- coma jasminoides à tige, de 2 mètres, portant fleurs et graines, exposés l’un et l’autre par M. Yan Acker. A droite de ce magnifique groupe, on voyait une jolie eollection de Reines-Marguerites provenant de la Ferté- Saiiît-Aubin, puis le lot exposé par le président de la So- ciété, où se trouvaient, avec de belles nouveautés de Fuchsia^ (\eAix vigoureuses pyramides des Camellïa coral- Una et Curvatheœfolia ^ portant quelques beaux fruits. Du côté opposé, M. Victor Lecomte offrait une collection de 40 variétés de Fuchsia et quelques plantes de serre tem- pérée, parmi lesquelles se distinguait un très beau sujet de Veronica Lindleyana couvert de grappes fleuries et en boutons. Fn face, et au centre d’un autre gradin, un Bananier de la Chine, enlevé des serres de M. Chénier et transplanté REVUE HORTICOLE. 590 dans une caisse, présentait sur un régime ^99 Bananes. Autour était rangée la collection du jardin des plantes, oîi se distinguaient un Gaslonia palmata^ arbuste d’un beau port; un parfaitement fleuri ; un Pronaya elegans^ etc., etc., etc. Sur un autre gradin se trouvaient l’élégante collection de serre tempérée de M. Brunet-Granget , les plantes vivaces de M. Eugène Briolet et les Pétunia de semis, au nombre de 125, exposés par M.Léon Bernieau, parmi les- quels se distinguait le P. honneur de Bernieau^ de large dimension, d’unblanc violacé, alimbe plus foncé. Au centre de la salle, deux grandes tables étaient cou-- vertes de Dahlias, de Roses, de très beaux Raisins, de Poires, de Pommes en petit nombre, et d’une intéressante col- lection de 50 variétés de Pommes de terre, provenant du jardin des plantes; enfin, de quatre belles collections de Légumes. Les jardiniers maraîchers, si longtemps sourds a l’appel qui leur était fait, ont enfin compris que ce n’était pas seulement une question d’amour-propre, mais qu’il s’agis- sait en réalité pour eux d’un véritable intérêt. L’un d’eux est apparu dans la lice d’une manière brillante, et le jury lui a décerné la grande médaille en vermeil donnée par la ville à la Société. Les trois autres collections provenaient de cultures particulières, elles étaient toutes fort belles et ont pu faire naître quelque hésitation dans l’esprit du jury. Le concours de Dahlias a été très brillant; six exposants y ont pris part. Pour vainqueur, le jury a proclamé M. Mo- rée, jardinier de M. Gorrant, mais, nous devons le dire, le public n’a pas ratifié cette décision. Généralement, il a été reconnu que la collection de M. Van Acker était supérieure. Cette erreur de la part des juges a pu provenir de ce que plusieurs Dahlias de ce dernier lot, contrairement aux rè- gles du concours, étaient en double, et qu’il devenait plus difficile, en faisant abstraction de ces plantes, d’apprécier le mérite de celles qui pouvaient seulement concourir. En résumé, vingt-trois exposants pour les fleurs , fruils et légumes, et cinq pour les objets d’art, ont pris part à cette exposition, où l’on comptait, plus de \ ,500 articles. Cette exposition témoigne hautement du zèle des horti- culteurs Orléanais et de la lutte qu’ils ont soutenue avec persévérance contre l’inclémence du ciel et les affreux désastres qui ont désolé la belle contrée qu’ils habitent. ^<00 REVUE HORTICOLE. Voici le tableau des concours et des prix décernés : lef concours.— Powr les plus beaux fruits de table. Médailles de bronze : 1° h M. Louis Hénault, jardinier de M. Cliévrier, a Saint-Loup; 2o k M. A. Berge, jardinier au château de la Fontaine. 2® concours. — Pour la plus belle collection de raisins. Médaille d^argent^ a M. Coesme, jardinier de M. le prince Masséna, a la Ferté-Saint-Aubin. Médaille de bronze, k M. Gauguin-Godillon, pépinié- riste. faubourg Saint-Marceau. 3® concours. — Pour la collection des légumes les plus remarquables. Médaille de vermeil de la ville d^Orlèans^ k M. Breton- Breton, jardinier-maraîcher k Orléans. Médailles de bronze: i°kM. Pierre Leuret, jardinier de madame la baronne de Morogues, k la Source; 2°kM. Coes- me, déjà nommé. concours. — Pour la meilleure culture potagère d'un carré spécial de 3 ares, contenant 12 genres differents de légumes. Médaille de vermeil de la ville d*Orléans, à M. Pierre Leuret, déjà nommé, Mention honorable, kM. Louis Hénault, déjà nommé. 5® concours. — Pour la plus belle collection de 40 Dahlias, Médaille d'argent, k M. Morée, jardinier de M. Gorrant. Médailles de bronze: 1° k M. Van Acker, déjà nommé; 2® k M. Victor Lecomte, jardinier de madame Perrault. ^ Mentions honorables : 1°k M. Édouard Desfossé, fleu- riste et pépiniériste, route d’Olivet; 2® k M. Bourdon fils, jardinier, faubourg Madeleine. 6® concours.— Pour une collection de 40 jetantes de pleine terre. Mention honorable, a M. Eugène Briolet, fleuriste, avenue de la Mouillère, Hors concours. Le jury a décerné une médaille de bronze k M. Léon Bernieau, jardinier-fleuriste, rue du Coq, pour sa collection de 125 Pétunia de semis. Les collections pour les 6® et 8*" concours n'ont pas été reconnues dignes de récompense. Herinco. MW* V ■ ' - ■ Géranium Ibei.’icuTn Cav REVUE HORTICOLE* 40! Géranium Ibericum Cav. (Gg. 21). j Cette plante n’est point nouvelle, mais elle mérite d’être icpandue dans les jardins a cause de la grandeur, de l’a- bondance et du coloris de ses fleurs; elle s’élève a environ 0”\50 ; sa racine est vivace. Sa tige est droite, cylindrique, pubescente, d’un vert tendre, ainsi que le feuillage, divisée dès sa base en rameaux nombreux qui se couronnent de fleurs. — Les feuilles sont opposées, longuement pétiolées dans la partie inférieure, sessiles au contraire dans la partie supérieure des rameaux ; elles sont accompagnées de stipules scarieuses, libres ; leur limbe se partage en 5 ou 7 lobes plus ou moins profondément subdivisés eux-mêmes ; les nervures dessinent a la face inférieure un réseau assez proéminent ; elles sont pubescentes. — Les fleurs sont dis- posées en bouquet et posées sur un pédoncule dressé qui part de l’aisselle de chacune des feuilles qui terminent les rameaux ; les bouquets de fleurs sont souvent géminés. — Le calice est a 5 folioles ovales, aristées , pubescentes ; les pétales, qui mesurent 0*”,02, varient de formes; ils sont ou simplement échancrés’ou munis d’une petite pointe (acumi- nés) au milieu de l’échancrure; leur couleur passe du vio- let au bleu d’azur des plus purs, les filets des étamines sont de couleur bleue et dilatés a la base ; les anthères blan- châtres après l’épanouissement des fleurs. Cette espèce, originaire de la région du Caucase, supporte parfaitement les hivers du climat de Paris ; elle demande une terre meuble, perméable, peu de soleil. Son port dressé et ses larges fleurs la distinguent du G, Nepalense; ses stipules libres et scs feuilles 5-7 lobées l’éloignent du G, Wallichianum y avec lequel elle a des points de ressemblance, ainsi qu’avec une autre espèce ori- ginaire des montagnes de la province de Talûsch, voisine de la mer Caspienne, le G. plaiypetalum Fisch., dont les feuilles et les calices sont couverts de poils glanduleux. Dec AISNE. Nouvelle Bose remontante. Celte variété a été obtenue par M. Aubert, amateur a Piouen . qui l’a nommée Noémi. SÉRIE. Tome i. — 21 .] Novembre 1847. REVUE HORTICOLE. 502 Ce Rosier est doué d’une grande vigueur, et fleurit avec facilité ; des écussons, posés en juillet dernier, ont poussé immédiatement sans aucune excitation ; ils ont aujourd’hui (5 octobre) un développement considérable et sont en grande partie couverts de fleurs ; ils appartiennent à la section qui comprend les hybrides remontants ayant de V affinité avec les Rosiers de Portland, Ses rameaux sont dressés, chargés de soies glanduleuses et de nombreux aiguillons inégaux, la plupart grands et fort rouges ; les plus longs sont ordinairement un peu incli- nés.— Folioles 5, parfois 7, moyennes, distantes,ovales, poin- tues ou obtuses, ou bien ovales-lancéolées , aigues , légère- ment velues en dessous , au moins sur les nervures ; leurs bords sont parfois ondulés; leur serrature est grande, très aiguë, glanduleuse. — Pédoncule gros, dressé, hispide-glan- duleux. — Calice fusiforme, glanduleux , quelquefois par- tiellement glabre au sommet; il se confond par sa base avec le sommet épaissi du pédoncule. — Sépales glanduleux, longuement foliacés; trois sont bordés de grands appendi- ces. — Bouton ovale, rose, marbré, rouge. — Fleur (corolle) pleine , régulière , très odorante , large de O”', 08 à 0“, l0, rose -clair très frais et vif. — Pétales nombreux, concaves, obovales, larges et arrondis au sommet, régulièrement dis- posés; quelques-unes ont parfois une échancrure peu pro- fonde. Celte jolie Rose ne se confond avec aucune de celles qu’on trouve dansle commerce. — La livraison commencera après le 1®*“ novembre prochain, lorsqu’il y aura cent sou- scripteurs. Prévost. vice-président de la Société centrale d’horticult. de Rouen. Plantes nouvellement introduites dans les jardins. Presque toujours , lorsqu’il s’agit de constater les nou- velles acquisitions de la floriculture , c’est aux journaux horticoles de la Grande-Bretagne qu’il faut recourir. Le goût si généralement développé dans ce pays pour tout ce qui touche au jardinage d’agrément, les relations si multipliées entre la métropole et les points les plus reculés du globe, et plus encore peut-être ce génie commercial qui pousse les Anglais a faire de tout un objet de spéculation, font sans cesse affluer chez les horticnlleurs de Londres des plantes REVUE IIÜRTICULE. AOo rares ou inconnues au reste de l'Europe, dont ces laborieux industriels se font les pourvoyeurs. Aucun pays, assurément, ne pourra se vanter d’avoir contribué autant que l’Angle- terre a disséminer sur la surface du globe les espèces végé- ! des ; plus des dix-neuf vingtièmes de nos plantes de luxe nous sont arrivées par leur intermédiaire, comme c’est aux i^spagnols que des colonies éloignées de l’Europe de plusieurs milliers de lieues doivent de cultiver aujourd’hui les végétaux indigènes de notre pays ou ceux que depuis les temps les plus anciens nous avons empruntés aux contrées les plus chaudes de l’Orient. Cen’estjamaissansintérét que nous parcourons les divers recueils publiés chez nos voisins pour i'aiie connaître au public les nouvelles acquisitions de l’hor- ticullure. Beaucoup de ces plantes sans doute n’ont guère de valeur qu’aux yeux du botaniste, mais il en est toujours dans le nombre dont la beauté ou la singularité intéresse le simple amateur; ce sont celles-là que nous allons signa- ler a nos lecteurs, en passant en revue quelques-unes des juiblications anglaises qui viennent de nous arriver. Et d’abord , regrettons que les cultivateurs d’Orchidées soient si rares en France. Si ces magnifiques végétaux étaient chez nous l’objet d’un culte plus général, nous aurions a dé- rouler une longue liste de splendides espèces fraîchement introduites en Europe; mais il y a chez nous si peu d’ama- teurs qui aient osé aborder la culture prétendue difficile de ces plantes, que nous nous voyons dans la nécessité de pas- ser sous silence ces curieuses et rares Orchidées, dont les noms seraient une lettre morte pour la plupart de nos lec- teurs. A tout hasard pourtant nous en citerons deux des plus nouvelles que nous trouvons figurées dans lePaxlon's magazine ofbotany. Ce sont VAcineta Barkeri^ originaire du Mexique et remarquable par de volumineux épis de bel- les fleurs jaunes, et VAerides virens à fleurs blanches mou- chetées de lilas et de pourpre. Cette dernière a été rappor- tée il y a peu d’années de Java par MM. Loddiges, proprié- taires de la célèbre serre à Orchidées d’Hackney, près de Londres; c’est incontestablement une des belles espèces de cette famille. Mais passons à des plantes qui soient par leur prix et les exigences de leur culture plus abordables à nos modestes toi tunes, et citons seulement pour mémoire, car nous y re- viendrons encore plus tard, le Dicentra spectatilis^ su- |)erbe plante de plein air et dont la B.evue publiera pro* REVUE HORTICOLE. ciiainement la figure; le Forsythia viridissima, arbuste de la Chine, 'a longues grappes, de fleurs d’un jaune d’or ; le uiaguifique Vihurnum macrocephalum ; le PensUmon Gordoni aux corolles d’un bleu azuré, etc., etc. Citons encore un superbe Ilahrolhamnus fasciculatus a fleurs rouges tellement abondantes qu’il reste sur ses bran- ches a peine assez de place pour les feuilles. C’est, selon le botaniste Harlweg, une des plus brillantes productions vé- géî.des du Mexique. Introduite d’abord a Gand, chezM.Yan- iîoutte, cette plante se répandit de là en Angleterre où elle commence à se multiplier; il est probable qu’il en sera bien- tôt de meme chez nous. Comme pendant a VFIabrothamnus fasciculatus, nous pouvons citer Æschinanlhus speciosiis de Java, dont les grandes corolles tubuleuses jaunes et orangées forment à l’exlrémité des rameaux de larges corymbes du plus bel effet; malheureusement la culture en est un peu difficile et exige la serre chaude, comme du reste celle des Orchidées qui précèdent; aussi recommanderons-nous d’une manière plus spéciale aux nombreux horticulteurs auxquels leurs moyens ne permettent pas le luxe d’une serre chaude VE^ ra?Uhemurn strictum, charmante Acanthacée du IVépauî ^ dont les fleurs, de la grandeur de celle d’un Phlox et d’un bleu vif (nous avons un faible pour les fleurs bleues), sont disposées en une longue grappe qui, pour l’élégance, peut rivaliser avec les productions les plus gracieuses du règne végétal. Quoique, en sa qualité de plante quasi hindoue, elle se plaise encore dans la serre chaude, elle peut très bien aussi prospérer dans une simple orangerie, et probable- ment meme réussira-t-elle à l’air libre dans le midi de la l'rance, pourvu qu’on ait la précaution de l’abriter en hiver. Une autre piaule qui ne sera pas moins bien accueillie de ceux de nos amateurs qui craignent la dépense, c’est une Capucine de la Patagonie qui , à raison de la basse tempé- rature de son climat natal, pourra braver nos hivers les plus rigoureux. Généralement les productions des pays froids ne brillent pas par l’élégance ou la vivacité des couleurs; i! y a cependant des exceptions, et notre Capucine en esî une. C’est une des plus belles du genre, et peut-être même la plus belle de la section des Capucines à fleurs cramoi- sies, ce qui lui a valu le nom de Tropœolum speciosum. Par son feuillage lobé, elle rappelle le T. pentaphyUum ^ REVUE HORTICOLE. -Î0:i mais les fleurs eu sont du double plus grandes, et comme avec un faible développement de la tige et des feuilles elle fleurit abondamment, on est en droit de la considérer comme une des espèces les plus convenables du genre. Toutes les nouveautés intéressantes ne viennent pas d’au delà de l’Océan, et rindustrie des jardiniers lutte quelque- fois avec bonheur contre la nature, en créant des races qui surpassent en beauté les variétés sauvages les plus préten- tieuses. La diversité des operations de la culture, l’hybrida- tion, et plus souvent encore des circonstances imprévues et inexplicables, contribuent a produire ces résultats, dont les jardiniers, a tort ou a raison, s’atlribuent presque tou- jours l’honneur. Peu importe d’ailleurs de quelle manière se créent ces races artificielles; nous en jouissons, et c’est l’essentiel. En fait de nouveautés de ce genre, nous aurons a annoncer, d’après M. Paxton, un Camellia qui, a en juger par la figure qu’il en donne, n’aurait pas son pareil parmi les deux ou trois mille variétés connues dans cette espèce ; mais nous savons par expérience combien il faut se défier des figures coloriées qui donnent du relief a presque toutes les publications horticoles de l’Angleterre. L’auteur, du reste, se borne a dire que cette nouvelle variété, qu’il nomme miniata, est peut-être une des plus belles qui aient paru depuis plusieurs années. Ce jugement d’un homme aussi respectable et aussi versé en horticulture que M. Paxton suffit amplement pour la recommander aux amateurs. Un autre produit de l’industrie des jardiniers, et qui nous semble avoir encore du mérite après \c Camellia miniata, c’est le Pentsîemon M'Ewani, ckarmanle variété hybride a fleurs rouges, due 'a M. Mac Ewan, et devenue aujour- d’hui la propriété de MM. Young, a Epsom. Elle fleurit fa- cilement et abondamment, ce qui, joint a une taille presque naine pour le genre auquel elle appartient, en fait une des plantes les plus convenables pour garnir les plates-bandes d’un petit parterre. Nous n’avons cité jusqu’à ce moment que des acquisitions obtenues par des horticulteurs étrangers; disons aussi que les succès de ce genre ne manquent pas aux nôtres. Nous pourrions en citer de nombreux exemples; nous nous bor- nerons a rappeler aux lecteurs la magnifique, la précieuse Passiflora Kermesina Lemicheziana^ découverte, comme son nom l’indique, par M. Lemichez, a Paris. Cette remar- quable hybride est une des plus ornementales, et elle est, REVUE HORTICOLE. m pour cotte raison, fort estimée de nos voisins qui, bon con- naisseurs en fait de plantes, commencent à donner à sa culture une grande extension. Nous ne saurions trop, du reste, recommander la culture des Passiflores. On sait combien il en existe d’espèces, avec quelle facilité elles se croisent et combien leurs fleurs sont élégantes. Quelques-unes joignent à ces qualités un parfum délicieux et des fruits fort recherchés. Pour engager les hor- ticulteurs a s’occuper un peu plus qu’ils ne le font de ces utiles végétaux, nous leur donnerons, d’après M. Paxton , une liste des espèces qui méritent le plus d’être cultivées pour leurs fruits ; ce sont surtout les suivantes : P. alata^ introduite des Antilles en Europe dès 1772; c’est une des plus répandues ; la culture en est très facile et die fructifie abondamment dans les serres. P. Bonapartea^ espèce beaucoup moins connue qu’elle îie mériterait de l’être. Les fleurs sont d’un rouge foncé, avec la couronne marquetée de pourpre et de blanc. Elle répand une odeur délicieuse et donne de gros fruits pyri- formes de couleur orangée et contenant une pulpe fondante d un très bon goût; mais elle ne réussit bien que dans le cas oïl ses racines trouvent une certaine chaleur dans la terre du fond et quand elle a suffisamment d’espace pour s’étendre. P. coccmea^ de la Guyane, apportée en Europe vers -1820. Ses fleurs sont écarlates; il leur succède un fruit de la grosseur d’une petite pomme et d’un goût fort agréable. P. edulis, espèce trop connue pour qu’il soit nécessaire de la décrire. En Angleterre, elle est déjà assez rustique pour pouvoir vivre dans l’orangerie, quoiqu’elle ne puisse mûrir son fruit qu’en serre chaude. Il est vraisemblable qu’elle réussira parfaitement a l’air libre en Algérie. Le fruit est pourpre, acide, avec une saveur particulière qui le fait rechercher; on en fait d’excellentes confitures. P. incarnala, plante d’orangerie, introduite en Europe dès ^629, mais toujours rare dans les collections. 11 arrive assez fréquemment qu’en automne les tiges périssent jus- qu’au collet, pour renaître l’année suivante, ce qui l’a fait considérer quelquefois comme une plante herbacée. La fleur eu est rouge et très odorante, et le fruit acquiert a peu près lü taille et la forme d’une Orange dont il a aussi la couleur. P. lauri folia et P. phœnicea^ espèces d’Amérique ou des Antilles, dont les fruits ont le volume d’un œuf de poule. REVUE HORTICOLE. /|07 P. maliformis^ iiomincc aussi Calebasse douce y piaule introduite dès ^ 751 et cependant peu répandue. Les fleurs en sont magnifiques, rouges, avec des rayons bleus, et d’une odeur délicieuse ; le fruit est jaune et acquiert le volume d'une grosse pomme. P, quadrangularis^ espèce plus connue et dont les fruits sont estimés. P. serratislipula , du Mexique; les fleurs en sont peu remarquables, mais le fruit en est excellent. Enfin la P. tiliœ folia, originaire du Pérou, à belles fleurs rouges et k fruit aussi bon et plus beau que celui de l’espèce précédente. A Pexception de la P. incarnata, toutes ces espèces sont tropicales et demandent a être chauffées artificiellement. Elles se plaisent dans une atmosphère humide et veulent être arrosées abondamment a l’époque de leur végétation. Elles mangent beaucoup, comme on dit, et il leur faut, pour prospérer, une terre riche mêlée d’un quart de fumier dé- composé. Nous rappellerons, en terminant, que la P. edulis est la seule qui puisse fructifier spontanément; toutes les autres veulent être fécondées artificiellement soit avec leur propre pollen, soit avec celui d’espèces voisines, et aucune ne semble mieux conformée pour fournir ce pollen que les P. edulis et P. cœrulea. Cette dernière n’est cultivée que pour ses fleurs. Naudiin. Culture des arbres fruitiers,— Fruits en haies.— W, Les végétaux ligneux, dont les fruits mous ont reçu le nom collectif de Baie, appartiennent k diverses familles naturelles. Nous ne nous occuperons que des genres sui- vants : Groseillier, Framboisier, Figuier, Mûrier et Vi- G>E. Nous nous arrêterons peu sur les quatre premiers genres ; le peu d’importance de leurs produits et la facilité de leur culture n’exigent pas de grands développements. Groseillier. Ribes, Ce genre, qui a donné son nom k une famille (les Gros- salariées ou Ribésiacées) , est composé de petits arbustes (t; Voir pages 51, 77, 88, 101, 126, 187, 231, 245, 315, 327 et 349. m REVUE HOP.TICOLE. s’élevant rarement au-dessus d’un mètre. Les espèces bota- niques en sont nombreuses ; plusieurs sont cultivées pour i’ornemeut des jardins. Il ne peut cire ici question que de trois d^enlre elles : le Groseillier épineux^ le G. à grappes et le G. Cassis, Le G. épineux {Ribes uva-crispa), dont les fruits sont généralement connus sous le nom de Groseilles a maque- reau, a produit, par des semis successifs, un grand nombre de variétés. L’Angleterre, dans ces derniers temps, en a fourni plusieurs qui donnent des fruits monstrueux, diver- sement colorés de vert, de jaune, de blanc, de rose, de violet, les uns a peau lisse, d’autres hérissés de poils longs et rudes, et auxquelles il convient de donner la préférence, car leur grosseur ne nuit en rien a leur qualité. Les principales variétés du Groseillier a grappes (Ribc$ rubrum) sont : Le Gr. commun à fruits rouges ; Le Gr, commun à fruits blancs ; Le Gr. commun à fruits couleur de chair ; ' Le Gr, de Hollande a fruits rouges et a fruits blancs, plus g *os que les précédents ; Le Gr, Gondouin, dont les grappes rouges acquièrent un très beau volume ; Le Gr, Cerise, aussi a fruits rouges, encore plus gros que le Gondouin, mais à jus plus acide ; Enfin, le Gr. Reine Victoria , dont on vante beaucoup la grosseur et la qualité du fruit, que je n’ai pas encore observé. Le Gr. Cassis (Ribes nigrum] n’a produit, à ma connais- sance, qu’une seule variété toute nouvelle, dont le fruit est d’une couleur carnée lilacée pâle, et qu’on a appelée Cassis à fruits blancs. Les Groseilliers végètent et fructifient à toutes les expo- sitions et dans tous les sols ; mais leurs fruits ne sont beaux et bons que dans une terre substantielle et fraîche^ On plante ordinairement les Groseilliers au nord ; à cette exposition, ils produisent beaucoup, mais de mauvais fruits. Si on peut les placer au bord d’une eau courante et au so- leil, ils seront dans les meilleures conditions. Pour obtenir de très gros fruits, il faut élever ces arbusle?^ sur une seule tige, les tailler rigoureusement chaque année,, et ne pas laisser un seul rejeton au pied. Tous les Groseilliers se multiplient par boutures. REVUE HORTICOLE. m) Framboisier. — Rubiis fdœus. Au Framboisier commun et à sa variété à fruits blancs on préfère le Fr. des Alpes ou de tous les mois, dont les frulfs se succèdent jusqu’aux gelées, si de trop fortes cha- leurs ou une sécheresse trop prolongée ne vient pas arrêter sa végétation ou s’opposera la fécondation des fleurs. Le Fr, du Chili à gros fruits jaunes est aussi une très belle et très bonne variété. Enfin, l’Angleterre nous a envoyé, il y a deux ans, sous le nom de Fr. de Falstolf^ une variété a très gros fruits, disait-on, mais qui ne m’a pas paru jusqu’ici mériter tous les éloges qu’on lui a donnés. Les observations que nous venons de présenter sur la culture du Groseillier, en ce qui touche la nature du sol et l’exposition, s’appliquent parfaitement au Framboisier, Les tiges de ce dernier n’étant que bisannuelles et périssant après avoir donné leur fruit, il faut les enlever chaque année en février. Le Framboisier se plante en ligne ; chaque plant doit être espacé de 0™,60 au moins. Il est utile de palisser les tiges, après les avoir taillées a 4™, 50 environ de hauteur. Cet arbuste est vorace et demande une bonne fumure tous les deux ans. Malgré cette précaution, il épuise promptement le sol. On doit le changer de place tous les quatre ou cinq ans. — On le multiplie de drageons. Figuier. — Ficus, Originaire des contrées chaudes, le Figuier semble don- ner à regret dans le nord et le centre de la France ses fruits si délicieux dans le midi et si souvent imparfaits chez nous. Cependant, palissé contre un mur au midi, les Figues acquièrent, dans les années a température moyenne, une saveur sucrée et parfumée. Les hivers où la tempé- rature s’abaisse au-dessous de 10 degrés sont funestes à cet arbre qui, dans ces cas trop fréquents, perd ses rameaux et ses tiges. 11 est vrai qu’il repousse du pied ; mais on manque de fruit pendant deux ans. Il est donc important de prendre des précautions pour le garantir de ces accidents. La meilleure et la plus simple consiste a coucher les bran- ches dans des fosses pratiquées au pied de l’arbre, et de les recouvrir de 0"^,5 ou 0"^,4 de terre. On butte ensuite le pied de l’arbre avec de la feuille sèche, de la mousse, etc. Lorsque les tiges sont trop fortes pour subir le couchage, REVUE HORTICOLE. I 0 on ronnit les rameaux, oii les lie ensomhlo, on les enloure oiir s'effectue dans le courant de mai, l’autre au mois de juillet; si la moitié du plant réussit, on en a assez pour regar- nir de provins ; je prétends même que c’est le moyen le plus prompt pour en faire l’élève. A trois ans on peut faire des provins. Voici comment on procède : on fait des fosses de 0”^,55 de largeur sur 0®,58 de profondeur ; si on faitdeuxou trois provins, on s’arrange de manière a ce que les fosses conservent par leur longueur la distance de la plantation. La fosse creusée , on y couche le cep qu’on couvre légèrement de terre. L’année suivante 011 retire la terre et les racines se coupent jusqu’à \di partie coudée dans le fond de la fosse, puis on l’emplit de nouveau et a moitié de fumier et de terre qu’on va prendre à l’extré- mité inférieure de la pièce dans une place qu’on a eu soin de réserver à cet effet en même temps qu’on entretenait un endos vers l’extrémité supérieure de la pièce , de façon à ce que les derniers ceps ne se trouvent pas trop altérés. Après cinq ans de plantation, on revient encore au pied des provins qu’on a fumés. Eu \ 841 j’avais une vigne qui pouvait avoir trente ans et que je tenais a améliorer. J’ai creusé a peu près de 0“,^8 à0,20de profondeur, et j’ai trouvé vers la partie supérieure de la terre végétale une couronne de racines que je suppri- mai. L’année suivante ma Vigne avait plus de sève, et cette opération me fit croire que mou procédé était bon ; depuis cette époque je la continue tous les trois ans àlamêmeplace, et je vois qu’à l’aide de ce moyen on peut conduire à peu de frais et sans grand entretien une vigne à un grand âge. Revenons maintenant à notre plant de cinq ans. A six et à sept ans la plante doit être totalement garnie, et a huit ans elle doit être en plein rapport par le moyen que j’indique, celui de couper les racines ; on peu t compter sur un bon plant et de longue durée. Cette opération est doublement utile, en ce que les racines ne se développent pas aux dépens du cep et en ce qu’on peut faire des provins à un âge plus avancé. Si, en effet, on a laissé croître les racines dans la ter^e végétale, elles ont pris de la force, et, pour coucher le cep du provin, on est obligé alors de supprimer des racines d’un certain volume. La végétation des provins s’en ressent, elle reste très faible; la plante, à peine en rapport, ne reprend, qu’à dix et onze ans, et les ceps sont d’une faible complexion, parce que nos terres ne peuvent se passer de fumier : le sol est trop sec. REVLE HORTICOLE. Joutes ces opérations se pratiquent de décembre a la fin de mars, et, si on les fait en décembre ou janvier, on aura la précaution de recouvrir la partie nouvellement décou- verte, pour éviter le danger qu’elle court quelquefois d’etre fatiguée par la gelée dans les hivers rigoureux. Nous avons deux espèces de gelée à craindre : la première, où le thermomètre descend à — 1 7^, nous laisse tout a crain- dre ; car le jeune bois sur lequel on taille est parfois com- plètement gelé. Si cet accident arrive, il n’y a pas de fruit a espérer pour l’année. La seconde survient quelquefois im- médiatement après de grandes gelées ; elle arrive comme un faux dégel; il pleut, et l’air encore glacé convertit cette pluie en verglas qui s’attache au bois, imbibe les yeux et les détruit. Cette gelée a le grave inconvénient, en détruisant ces bourgeons , de rendre l’opération printanière de la taille fort difficile. Porcheron-De«is. Sur quelques variations dans les fruits diiRibes palmatum, Phaseolus, etc. M. Salter, dont le nom est bien connu en horticulture, m’a présenté, le iO août, quatre variétés bien distinctes de fruits qu’il a oi)tenus sur des individus provenant de grai- nes du Ribes palmatum semées en 1842. Ces variétés sont les suivantes : fruits jaunes, semblables au type, quant à la couleur , mais plus volumineux ; 2° fruits de même grosseur et de même goût, mais de couleur orangée; 50 fruits de couleur noire bronzée, doux et sucrés, rappe- lant le Cassis, mais trois fois plus gros ; 40 fruits très gros, noirs, intermédiaires, pour le goût, entre la Groseille à Ijrappe et le Cassis; 5^ variété remarquable par ses gros fruits de couleur cendrée. — Toutes ces Groseilles sont ar- rivées a maturité, de la fin de juillet au 15 août; les ar- bustes qui les ont produites ont conservé leurs feuilles lisses et palmées, et leurs fleurs jaunes et odorantes comme dans le type. Les fruits ont seuls offert des phénomènes de déve- loppement et de couleur extraordinaires ; on peut espérer, d’après les changements de saveur qu’ils ont présentés, qu’ils entreront b leur tour dans nos cultures comme fruits comestibles, et qu’ils offr iront par la suite, comme les Gro- seilliers épineux ou a grappes, ces développements remar- quables qui, depuis vingt ans, ont donné a ces espèces REVUE HORTICOLE. 516 anciennes une valeur toute nouvelle. — M. Jacques m’a assuré de son côté avoir déjà observé dans le domaine de Neuilly quelques variétés analogues a celles qui ont été ac- quises par les soins de M. Saller. J’avais remarqué depuis une vingtaine d’années qu’un nombre considérable d’arbres et d’arbustes de la famille des Rosacées (Ronces à fleurs doubles, Rosiers, Spiræa, etc,) se marcottaient et s’enracinaient beaucoup plus facilement en été qu’au printemps, lorsqu’on employait les rameaux de l’année précédente. Aujourd’iiui les pépiniéristes soumet- tent au marcottage toutes les espèces ligneuses en faisant usage des rameaux de l’année ; il suffit qu’ils soient aoûtés. Cette opération se pratique depuis la fin de mai jusqu’en septembre. On ne laisse sortir de terre que l’extrémité des rameaux qui produisent a l’automne, dans la portion en- terrée, des individus plus beaux que ceux qu’on obtient en marcottant en mars et avril sur le bois de l’année anté- rieure.Les Groseilliers en général, et le R.sanguineum sur- tout, réussissent parfaitement parce procédé. M. André Leroy ne commence aujourd’hui l’opération du marcottage dans ses pépinières qu’aux époques que je viens d’indiquer; les Pivoines arborescentes, les arbres à bois très dur ne manquent jamais de s’enraciner avant l’automne ; il en est de même à l’égard des Robinia inermis, spectabilis, des Acacias (Mimosa) de serre tempérée, etc. Phaseolus. — On a pu remarquer, dans beaucoup de Jardins, que les semis de Haricot d’Espagne et de ses varié- tés faits en avril ont fleuri cette année dans le courant de mai et juin à la base de leurs rameaux seulement et presque au niveau du sol ; à cette époque, ils étaient couverts de fleurs et semblaient appartenir a une variété nouvelle de Haricot nain. Après être restés ainsi pendant plus d’un mois, ils ont fini par développer leurs tiges volubiles, qui se sont couvertes de fleurs dans toute leur longueur. Cette plante, par suite de cet état stationnaire anormal, s’est trouvée char- gée à sa partie inférieure d’une assez grande quantité de gousses déjà très avancées, de manière à otfrir, pour ainsi dire, deux variétés sur le même pied, l’une inférieure,, naine et hâtive, l’autre supérieure, grimpante et tardive. Cette différence de végétation peut s’expliquer du reste par l’action du froid, la sécheresse et le hâle qui se sont fait sentir peu de temps après les semailles, et auxquels ont succédé des pluies accompagnées de chaleur. Pépin. REVUE HORTICOLE. -H7 Note sur un nouvel appareil destiné à détruire les Insectes sur les Rosiers, etc. J’ai lu dans la Revue horticole du 15 août 1846 un ar- ticle de M. Naudiu iiUitulé Invention récente des Anglais : le sujet de cet article est le Parapetticoatimenié pour la destruction des pucerons qui dévorent nos Rosiers. En lisant rarticlc en question, je fus peu émerveillé de la découverte; il me semble que l’emploi du parapetticoat n’est rien moins que commode : dans un massif de Rosiers, par exemple, comment se démêler avec ce gracieux et léger appareil ? Pénétrée des nombreux inconvénients de l’emploi du pa- rapelticoat, inconvénients inhérents à sa construction, mon imagination s’est laissée entraîner jusqu’à rêver un perfec- tionnement, enfin jusqu’à opposer une invention française 'a une invention anglaise ! Cette dernière est si belle par sa simplicité, on pourrait peut-être dire si primitive, qu’il est sans doute bien présomptueux de vouloir y changer quelque chose. Aussi ai-je hésité longtemps à vous faire part de ma découverte. Et d’abord, changeant de matière première pour la con- struction, j’ai dû changer radicalement le nom (pourtant bien caractéristique) de parapetticoat, et puisqu’il faut h toute chose un nom, nous appellerons celui-ci néofumiga- teur. Chacun en prendra ce qu’il voudra. Description de l’appareil. Le corps principal de l’appareil est une tringle rigide AA d’environ 2™, 80 de longueur totale en fer rond creux, de 0“\018 à O”', 020 de diamètre; en réduisant la longueur de 0”^,50 environ, on pourrait faire cette tringle en bois ar- rondi de 0*^\025 à 0'^\050 de diamètre; la pointe Z serait alors formée par un fer pointu pour l’enfoncer dans le sol d’environ 0™,50 et l’y fixer. — Cette tringle supporte le bâtis mobile DCBE composé comme suit : -1° Deux disques en bois DD’ percés à leur centre d’un trou égal au diamètre de la tringle rigide AA formant axe vertical; 2^ Sur le plan supérieur du disque D’ et dessous le plan inférieur du disque D est emmanchée la pièce de bois €C parallèlement à la tringle A ; REVUE HORTICOLE O'» A la circonférence du disque D est emmanchée la triii- gk' horizontale BB’; celte tringle est en bois, ronde, creuse Fi^. 15. rhilérieur et garnie de cuivre mince a l’extérieur; en un REVUE HORTICOLE. mot, cette tringle est en tout semblable a celles qu’on em- ploie journellement pour grands rideaux de fenetres ; Le lien EE eu bois est pour relier et consolider fe bâtis mobile, en meme lemps pour maintenir les pièces CC et BB’ dans leurs plans respectifs ; 5° La vis en fer F est pour fixer le bâtis mobile a la hau- teur nécessaire en meme lemps que pour maintenir la pièce BB’ dans la direction convenable. En KLM sont placées de très petites poulies en cuivre; une ganse sans fin en coton J s’enroule dessus, et en un point de cette ganse est attaché, par un nœud, un anneau en fer G; cet anneau a un prolongement inférieur, une chape en fer pour recevoir la petite poulie H en bois. Sur la poulie H passe la corde II dont l’un des bouts est retenu par le crochet renversé Q ; â l’autre bout est fixé le récipient NOO’, lequel est formé des cinq bouts d’osier ou de fil de fer NRSTÜ qui sont indiqués par des lignes ponc- tuées et qui par leur assemblage forment, comme la figure l’indique, une demi-sphère ou calolte sphérique qui doit être recouverte de papier végétal (semblable à l’échantil- lon). Du même papier végétal on forme le prolongement OOO’O’, lequel étant déployé doit figurer un cylindre ou fourreau; le bord inférieur étant retroussé et collé a une certaine distance laisse un vide dans lequel on passe uii ruban Ppour former coulisse; c’est avec ce ruban, qu’on tire et noue, qu’on donne la forraedeballon indiquée dansla figure. Jeu de l’appareil. Pour faire bien comprendre le jeu de cet appareil, je supposerai qu’il est question de faire des fumigations a un massif de Rosiers qui contient cinq rangs de différente hari- teur; pour cela on placera l’appareilâ la troisième ligne, c’est-a-dire au centre du massif; la tringle étant enfoncée dans le sol a peu près verticalement, on fera monter ou des- cendre le châssis mobile DCBE proportionnellement â la hauteur du sujet, on donnera la direction convenable à la tringle B’ pour qu’elle soit à peu près a plomb de l’arbuste; alors le bas du récipient O’O’ étant nécessairement déployé et au-dessus de l’arbuste comme il vient d’être dit, au moyen de la ganse J on éloignera ou rapprochera l’anneau G, de telle sorte que ledit récipient ou ballon soit parfaite- ment au-dessus du Rosier à soumettre a l’action de la fu- mée ; cela fait, on lâche la corde II, et on le laisse descendre à la hauteur convenable; on tire la coulisse, on ferme au 420 REVUE HORTICOLE. A/o le balloîî, on introduit la fumée par Toiiverture Y, puis après on ferme bien et on laisse le temps voulu. Quand l’opération est terminée, on dénoue le ruban P, on ouvre le fourreau par le bas, et au moyen de la corde I et de la poulie H on enlève le récipient. On peut, sans changer la grande tringle de place, opérer ainsi au moins six ou huit Rosiers dans un massif; il ne faut, pour cela, que desserrer la vis F, faire tourner le bâtis mobile sur lui-même et le diriger sur un autre sujet; suivant que ce dernier sera plus ou moins haut, on élèvera ou abaissera le châssis, puis après on serrera la vis; alors il ne reste plus qu’à faire jouer Pan- neau G si cela est nécessaire pour présenter bien verticale- ment le récipient qu’on fait descendre de nouveau au moyen de la corde I ; lorsque tous les Rosiers que Pappareil peut atteindre sont opérés, on le change de place, pour recom- mencer la même manœuvre. Avantages du néofumigateur. Evidemment il offre de grandes ressources dans son jeu, puisqu’il peut opérer sur tous les sujets placés dans un es- pace de 2”*, 20 de diamètre et sur les plants voisins, et cela sans changer de place la grande tringle. De plus, il peut opérer aussi sur des sujets bien différents en hauteur depuis 0™,50 au moins jusqu’à 2 mètres au plus ; à l’aide de trin- gles plus longues que celle figurée en A, on en pourrait opérer de plus grands encore. D’un autre côté, il faudrait avoir bien peu d’adresse pour endommager les plantes avec im appareil semblable; il présente, en outre, une grande économie de temps ou de main-d’œuvre, car on peut opérer le changement d’un sujet à un autre avec la plus grande fa- cilité; économie de tabac pour la production de la fumée, puisqu’ici il n’y a de volume que le strict nécessaire. L’opé- ration bien conduite offre toute sécurité. L’appareil est sim- ple et de peu de valeur, eu égard aux avantages qu’il pré- sente ; et, pour en tirer tout le parti convenable, il faudrait avoir des récipients ou ballons de différentes volumes. — La matière qui les forme est d’une valeur bien minime et peut être mise en œuvre par la première personne venue; un rouleau de papier végétal de 9 mètres de longueur sur ^“,50 de largeur coûte o fr.; il y a bien des ballons dans une pareille surface. Je préfère le papier à toute autre sub- stance, car il a l’avantage de moins absorber et condenser la fumée que toute autre étoffe. Baron fils, Mécanicien à Pontoise, * A i Sobralia bletioides Ad.Broii^^L REVUE HORTICOLE. 421 Sohralia hletioides (flg. 22). L’Orchidée terrestre que nous ligurons ici doit probable- ment constituer, d’après M. Ad. Brongniart, un genre nou- veau dans la tribu des Aréthusées et venir se placer près du Cleiesies L. G. Ricli. — On la cultive aujourd’hui sous le nom de Sobralia hletioides^ qui rappelle le nom de Bletia purpurea^ sous lequel cette plante avait été dans le prin- cipe introduite au Muséum. — Les feuilles sont insérées à diverses hauteurs sur la tige et ne naissent point de la base du bulbe; celui-ci , verdâtre, renflé à l’origine de la tige florifère, rampe a la surface du sol, à la manière des rhizo- mes ; les feuilles sont linéaires-lancéolées, plissées longitudi- nalement et de nature coriace. La hampe florifère prend naissance au milieu des feuilles ; les fleurs, disposées en grappes, présentent un périanthe étalé dont une des trois divisions extérieures, la moyenne, est un peu plus courte que les deux autres, qui sont linéaires-lancéolées; les di- visions intérieures sont linéaires-spatulées, étalées-réflé- chies, un peu plus longues que la division moyenne du rang externe. Le labellum oblong-trilobé, plus long que la co- lonne dont il embrasse la base, est libre cependant dans toute son étendue; les lobes latéraux sont dentés, oblongs; le moyen ovale-arrondi, échancré, crénelé en ses bords, présente sur son milieu plusieurs séries de crêtes ondulées d’un effet très élégant. La colonne demi-cylindrique est lé- gèrement ailée sur les bords et tridentée au sommet ; l’an- thère operculaire se trouve fixée 'a un connectif conique, charnu. Le pollen mou , granuleux, lâchement agrégé en deux masses oblongues libres, se sépare en granules qua- ternés ; le stigmate dessine transversalement à la surface extérieure de la colonne, et vers son sommet, une sorte de demi-lune. La plante que nous venons de signaler n’exige pour ainsi dire aucun soin particulier a l’égard de sa culture; on la maintient en pots sous châssis froid eton la rentre en oran- gerie durant l’hiver, époque a laquelle on diminue les arrosements; elle fleurit en juillet; les individus que nous avons sous les yeux sont hauts de 0“,55 à 0*”,40, et ter- minés par une longue grappe de fleurs d’un beau pour- pre violacé. J. D. 5e SÉRIE. Tome i. — 22. ^1 5 NotExMbre ^ 847, 422 REVUE HORTICOLE. Plantes nouvellement introduites en horticulture. Les Botanical register et magazine figurent dans leurs derniers cahiers plusieurs plantes très intéressantes. Ce sont d’abord quatre Gesnériacées : leLiebigia speciosaDC. {Bot. mag.j n® 4515), envoyé de Java à MM. Veitch d’Exeter, par M. Thom. Lobb. — Le Liebigia est un arbrisseau de 0*”,70 environ, dont les tiges, garnies de larges feuilles en février, produisent a leurs aisselles d^élégantes et nombreuses fleurs pendantes dont les corolles, d^un blanc sale ou jaune pâle, sont marquées d’une large tache pourpre à la base du tube; deux Æschinanthus, le speciosus , mentionné dans le pré- cédent numéro de ce recueil, et le longiflorus Blume {Bot. 4528), qui a fleuri dans les serres d’Exeter au mois d’août dernier. — C’est encore à M. Lobb que l’on doit l’in- troduction de cette dernière espèce a rameaux pendants, terminés par un joli bouquet de fleurs redressées, longues de 0^^,09, à corolle d’un violet brun, uniforme extérieure- ment/jaune a la gorge et marquée d’une ligne noire sur chacun des lobes ; elle est également originaire de Java. La dernière espèce de cette famille est le Columnea crassifolia {Bot. mag. , n® 4550), livré sous ce nom dans le commerce par M. Makoy. On lui donne avec doute le Mexique pour patrie. Ses larges fleurs, dressées, d’un magnifique écarlate, lui assignent une place distinguée parmi les plantes d’orne- ment de serre chaude. M. Purdie a envoyé, en 1845, de Santa-Fé de Bogota, au Jardin de Kew, une nouvelle espèce de Siphocampylus, que sir W. Hooker vient de nommer glandulosa [Bot. mag. , îî^ 4551 )i â cause des petites glandes noires qui terminent les dents des feuilles. Les fleurs nombreuses, axillaires, et d’un très beau rose, se succèdent pendant toute l’année. La culture est celle des autres espèces de serre tempérée. Le Ckirita Walkeriœ {Bot. mag., n® 4527), dédié au général Walker, qui en envoya des échantillons en 1850, est un sous- arbrisseau rameux de Ceylan, très remarquable par ses fleurs pendantes, d’un pourpre foncé dans la partie supérieure de la corolle, plus pâle sur le tube, et disposées par 2 ou 5 sur de longs pédoncules axillaires. Cette espèce, dont les fleurs se développent pendant l’été , est de serre chaude et doit se cultiver en terre de bruyère. la province de la Rivière des Cygnes (Swan-River) pro- REVUE HORTICOLE. 4-25' Juit une nouvelle Malvacée, V Hibiscus grassulariœfoUus ^Bot, mag.^ n° 4829J, qui se recommande aux amateurs par rabondance et la longue durée de sa floraison, et la ri- che couleur bleu pourpré de ses fleurs. Les graines en ont été envoyées par M. Drummond. — VEcheveriaretusa {Bot. mag.^ 1 847, n® 57) est une plante de serre chaude que le jar- din de la société horticulturale a obtenue de graines prove- nant du Mexique, et que lui avait remises M. Hartweg en 1 846. Tarses feuilles disposées en rosettes et bordées de pour- pre, par ses grandes fleurs d’un beau rouge vermillon exté- rieurement, jaune orange en dedans, cette nouvelle espèce sera un riche ornement pour les serres, où elle fleurit depuis novembre jusqu’à avril. — Une autre plante du même pays, le Salvialeucantha {Bot. mag., n^ 45i8), est très curieuse par ses fleurs nombreuses, disposées en un long épi ter- minal, dont le calice, d’un violet très foncé, tranche agréa- blement sur le blanc presque pur de la corolle. Java est un pays qui fournit depuis quelque temps à l’horticulture une foule de fort belles plantes. M. Veitch d’Exeter a reçu de ce pays, par M. Lobb, une charmante As- clépiadée, VHoya campanulata {Bot. reg., n^ 54), dont les fleurs , très grandes et disposées en une large ombelle , pré- sentent une corolle campanulée, jaune, à 5 dents de 0'”,02 de diamètre. Cette espèce demande le même traitement que VHoya carnosa. — Le Medinilla speciosa Bh. {Bot-mag.^ n® 452t), Mélostomacée de Java, a figuré pour la première fois à la fête horticole de Chiswisk, en juillet 4847. Son large feuillage, ses élégantes grappes de fleurs rosées, re- commandent cette nouvelle espèce aux amateurs de plantes de serre chaude. — VEdgeworthia chrysaniha Lindl. {Bot. reg..^ 4 847, n° 48) , ou Daphné papyrifera de Siebold , est un arbrisseau à fleurs jaunes, disposées en ombelles ; il a été rapporté du Ghusan, où les fibres de son écorce servent à fa- briquer, ainsi qu’ en Chine, les beaux papiers blancs sati- nés. On le cultive en orangerie en terre de bruyère mélan- gée. Le même voyageur a rapporté du Céleste-Empire le Fi- burnum plicatum, qui rappelle notre F. Opulus par la disposition de ses grandes fleurs stériles, blanches, dispo- sées en boules; c’est un des plus beaux arbrisseaux qu’on cultive au Japon; il atteint souvent* plus de 5 mètres de hauteur; ce sera aussi une heureuse acquisition pour l’or- nement des bosquets. VIxora Grifftlhii {Bot. mag..^ ip 4525), découvert par 424 REVUE HORTICOLE. feu W. Griffith dans le Merglii, a été retrouvé un peu plus tard, par M. Low, aux environs de Singapour, d’où il l’en- voya vivant en Angleterre. A la dernière exposition d’horti- culture de Londres, il a remporté le premier prix comme la plus belle plante nouvellement importée. C’est un arbrisseau dressé, rameiix, à feuilles très amples, mesu- rant de O”', 20 a 0’^,55 de longueur, sur 0”\07 a 0”^,i0 de largeur. Ses Heurs, d’abord jaune orange, puis rouges, sont très nombreuses et disposées en cymes très' larges et terminales. La culture de cette espèce est exactement la même que celle du même genre qui appartient à la serre chaude. — La Flore de M. Van Houtte a reproduit une charmante figure de cet Ixoray ainsi que celles des Tro- pœolum speciosum et Camellia miniata y mmiionnés dans le précédent numéro de cette Revue. Le même recueil fi- gure une Liliacée très intéressante sous le rapport économi- que, le Camassia esculenla Lindl. ; cette plante, qui a été rapportée successivement aux genres Scilla, Phalangium et Anihericum, croît dans une grande partie de l’Amérique du Nord, où les indigènes en mangenl les bulbes qui attei- gnent de 0”^,050 a 0™,050 de diamètre. Ses grandes fleurs bleu pourpré, formant une assez longue grappe terminale, le recommandent aux amateurs de belles plantes. — Nous espérons, ainsi qneM. Van Houtte, qu’à l’aide de quelques légères précautions contre l’humidité cette plante alimen- taire résistera a nos hivers. Sous le nom de Lilium lancifoliuniy nous avons vu dans toutes les collections un Lis admirable que la Flore des serres de M.Van Houtte a figuré dans la livraison d’octobre dernier, pl. 4 et 5, avec l’épithète de L. speciosum^ appli- quée par Thunberg. On doit l’introduction de cette magni- fique espèce à M. Siebold, médecin de l’ambassade hol- landaise, qui la rapporta en d850. Elle fleurit pour la première fois, en d852, au jardin botanique de Gand, et c’est alors que le jardinier en chef, M. Miissche, ne pou- vant lui attribuer son véritable nom, lui aurait donné à tort celui de Z. lanci folium. Aujourd’hui on en connaît trois variétés qui ont produit elles-mêmes plusieurs sous-varié- tés; ce sont : V le LU. speciosum rubrum; 2° le L. sp.' album; et le L. sp. punctatum. Parmi les sous-variétés les plus remarquables, la Flore des serres cite le L. sp. roseum marmoratum , le L. sp. rubrum 7narmoraium^ observées dans rélablissemeiU Van Houtte, et une troisième, KEVCE HORTICOLE. # 42î> le L. sp. album hruneo-maculatum, qui a été gagné celte année par M. Delaclie, de Sainl-Onicr. Cette dernière sous- variété se dislingue, suivant !M. Van Houtte, par des ma- cules brunes sur un fond blanc. IIeriisco. Kote sur la substance nommée Gulta percha. Cette substance, qui joint à quelques-unes des propriétés du caoutchouc d’aulres qualités qui lui donnent aujour- d’hui en France une grande importance, a été récemment introduite des îles Malaises en Angleterre ; elle fut commu- niquée a la Société des arts pendant rautomne de ^845. — L’histoire de sa découverte est ainsi racontée par le doc- teur Monigomcrie : « Lorsque, a Singapore, en 1842, j’eus l’occasion d’ob- server dans les mains d’un forestier malayan une poignée d’un parang faite d’une substance qui me pai ut tout à fait nouvelle, ma curiosité fut piquée. Après quelques infor- mations, je découvris qu’elle était de Gutia percha et que cette substance pouvait être moulée sous toutes les formes après avoir été trempée dans l’eau bouillante jusqu’à ce qu’elle soit échautfée dans toutes ses parties ; alors elle devient plastique comme de l’argile, mais en refroidissant elle reprend sa dureté et sa rigidité première. Voulant pos- séder immédiatement cette substance, je recommandai à cet homme de m’en aller chercher le plus qu’il en pourrait obtenir. Après quelques expériences, je reconnus que s’il était possible de se la procurer en grande quantité, elle deviendrait d’une très grande utilité. »> La découverte fut communiquée à la Société médicale de Calcutta, et plus tard à la Société des arts de Londres. Sir W.-J, Hooker a reconnu que l’arbre qui produit le Gutta perefta appartient à la famille des Sapoieœ ; cet ar bre se trouve en abondance dans l’île de Singapore et dans quelques forêts épaisses de Johore, à l’extrémité de la pé- ninsule malaise. M. Brooke dit que cet arbre est appelé Niato par le peuple Savawak, mais que ce peuple ne connaît point les propriétés de son suc. Cet arbre atteint une gran- deur considérable, et son tronc offre souvent 2 mètres de diamètre ; il est abondant en Savawak et très probablement dans toute File de Bornéo. C’est un des plus grands arbres des forêts dans lesquelles on le rencontre. Son bois a trop peu de densité pour être employé dans les constructions, 426 REVLE HORTICOLE. mais son fruit conlienl une iuiile concrète qui est usitée comme alimentaire. Le Gutia percha est contenu dans le suc propre ou laiteux qui se coagule promptement lorsqu’on l’expose à l’air ; chaque arbre en peut produire de 20 à 50 litres. Pour re- cueillir ce suc, les arbres sont abattus et écorcés, puis abandonnés comme inutiles après avoir été épuisés. Les demandes de Guita sont si considérables que l’intro- duction de cette substance s’élève déjà annuellement, en An- gleterre, à plusieurs centaines de tonnes. C’est pourquoi les forêts seront bientôt dépourvues de ces arbres si une ex- ploitation régulière et modérée, à l’aide d’incisions faites dans l’écorce comme on le pratique pour le caoutchouc, n’est substituée à celle qui est en usage. Le Gulia nous arrive en lames ou en rouleaux de ces lames. On le prive d’abord de ses impuretés en le malaxant dans l’eau chaude ; alors il est mou, plastique et d’une couleur gris blanchâtre. Ainsi préparé, le Gutta possède plusieurs propriétés pré- cieuses. Au-dessous de 50° il acquiert la dureté du bois, mais il peut être rayé par Tongle. Placé dans l’eau chaude, il peut aisément être coupé et moulé ; il reviendra a sa rigidité primitive en se refroidissant, et il possède, comme le caoutchouc, un peu d’élasticité, mais il a une ténacité telle qu’une bande d’un huitième de pouce de cette sub- stance peut soutenir un poids de 42 livres et qu’elle se rompt seulement a une pression de 50 livres. Lorsqu’elle a été soumise a la traction, elle ne se contracte pas. En solution, le Gutta percha est employé a la préparation des toiles imperméables a l’eau. Il a, dans un grand nombre de cas, les mêmes usages que le cuir. On peut l’employer aussi comme mastic, comme ciment, etc. 11 promet enfin de devenir un objet de commerce aussi important que le caoutchouc lui-même. Son nom est tout à fait malayan, gutta signifiant la gomme ou suc concret d’une plante, et percha Parbre qui produit cette substance. Le ch n’est pas prononcé dans l’articulation comme un fc, mais comme ch dans le nom anglais du poisson pearche^. Riedel. (1) On distingue aujourd’hui trois variétés de cette substance, le gutta gireh^ le gutta tuban et le gutta percha. La connaissance bota- nique de l’arbre qui fournit cette matière remarquable est due à M. Lobb dont nous venons de citer plus haut le nom avec éloge. Ce REVUE HORTICOLE. 4:27 Note sur la multiplication des plantes bulbeuses Ayant appris, il y a quelques mois, qu’un habile horli-' euUeur anglais avait fait développer des bourgeons sur des feuillets isolés d’une bulbe de jacinthe, cela nous rappela un cas très analogue que nous avions déjà observé sur des écailles du Lilium candidum, brisées et disséminées sur la terre d’un jardin. Voulant vérifier ce fait d’organogénie, nous nous procu- râmes des bulbes de lis, et le 25 ou le 26 juillet dernier, nous en détachâmes toutes les écailles, et les étendîmes sur une main de papier gris, qui fut ensuite placée dans une chambre, sur le marbre d’un meuble. Le 15 août, de très petits mamelons globuleux commen- cèrent a se montrer sous l’épiderme des écailles; et, vers la fin du même mois, plusieurs bourgeons, caïeux ou bol- billes, se constituèrent, pour ainsi dire, sous nos yeux. Ces bourgeons naissent tous isolément, ou, plus ra- rement, deux a deux, 'a la base extrême des écailles, et sur les bords amincis de la marge supérieure. Dès qu’ils sont arrivés à un certain degré de développement, ils émet- tent des racines filiformes, qui sortent indifféremment par l’une ou par l’autre des surfaces des écailles. Quelques- unes de ces racines restent assez longtemps dans le paren- chyme de ces écailles, et grandissent en se dirigeant vers leur sommet. Maintenantj ces bourgeons oubulbilles naissent-ils dans le voisinage d’une nervure de ces écailles? C’est ce qu’on ne peut révoquer en doute, puisque dans celles-ci il y a im collecteur zélé le découvrit pendant son séjour à Singapour, et en en- voya de nombreux échantillons fleuris en Europe. Sir W. Hooker qui les reçut les rapporta alors au genre Bassia; mais des échantillon^ en fruit qu’il reçut du D*" Oxley lui permirent d’en faire une étude plus complète d’après laquelle il rapporte le Gutta percha au genre lsonandra'SS\^\^ sous lequel il le publie Si\i]0\jiYCC\mï^ Isojiandra gutta l La découverte récente d’un produit végétal de la plus haute valeur pour l’industrie et la possibilité d’introduire dans nos colonies l’arbre qui le fournit me paraissent propres à faire sentir de nouveau combien il serait digne d’une grande nation de chercher à augmenter, à l’aide d’une foule de végétaux utiles, les ressources des colonies qu’elle pes» sède, et combien acquerrait de droits à la reconnaissance publique l’administration qui saurait aujourd’hui en assurer la culture. J. D. (1) M. Gaudichaud, Recherches sur la physiologie et l’orgaDOgénie des végétaux, Comptes rendus^ 27 juin 1842, ^28 REVUE HORTICOLE. assez grand nombre de nervures. Mais ces nervures envoient- elles des ramifications vasculaires dans les bourgeons? Voilà la grande question, question qui a été résolue affirmative- ment par quelques savants anatomistes, mais négativement parlions. — Pour nous, en effet, et c’est l’expérience qui nous l’a démontré , un bourgeon quelconque engendre tous ses tissus vasculaires et cellulaires, et ne peut se relier ou se greffer au corps vasculaire ou ligneux du sujet qui l’a produit que par les filets descendants de son système radiculaire. S’il en était autrement, il faudrait supposer que, tandis que d’un côté le bourgeon re- çoit les filets vasculaires ascendants de l’écaille mère, d’un autre côté il en émet de descendants, qui marchent vers cette écaille, et en définitive vers les racines. — Si pourtant les bourgeons se formaient au centre ou vers le sommet des écailles, on pourrait , jusqu’à un certain point, guidé par l’analogie des développements, les consi- dérer comme de simples expansions ou ramifications paren- chymateuses et vasculaires ascendantes de ces écailles. Mais comment admettre que des vaisseaux puissent descendre de l’intérieur des écailles pour monter ensuite dans les bourgeons qui sont situés à leur base extrême? Autant vau- drait, selon nous, supposer que tous les filets ligneux qui apparaissent successivement dans ces bourgeons, dans les bulbes entières, dans les feuilles, dans les tiges, .dans les fleurs et dans les fruits, ont uniquement la même origine. Or chacun sait maintenant que cela est tout à fait impossible, et que les vaisseaux ne montent pas plus dans ces jeunes bourgeons que les tissus cellulaires qui les composent, que la fécule qui les remplit. Redisons donc que, selon nous, tout se prédispose , se sécrète et s’organise dans les cellules et dans les bourgeons qu’elles engendrent : le système cellulaire d’abord, le sys- tème ascendant ensuite, et le système descendant après; systèmes que nous avons assez longuement, et du moins, nous le pensons, assez complètement expliqués pour qu’il ne soit plus besoin d’y revenir. Ce qui nous reste à dire, c’est que tout le parenchyme des écailles du lis est complètement rempli de fécule uni- formément répartie, comme dans la pomme de terre, sur tous les points ; que les très jeunes bourgeons dans lesquels il n’existe pas encore de traces vasculaires sont également pleins de cette fécule; et que, pour peu qu’on soit obser- REVUE HORTICOLE. 429 valeur, la cellule qui engendre le ])Ourgeon, très facile à isoler, peut fort bien être étudiée dans les caïeux que nous avons eu riionneur de mettre sous les yeux de TAcadémie. En publiant aujourd’hui cette note, notre but principal est d’engager nos habiles horticulteurs, qui connaissent déjà très bien le mode de publication des plantes dicotylédo- nes par les feuilles, a rechercher avec nous quelles sont les conditions météoriques essentielles de chaleur, de lumière et d’humidité qui conviennent le plus au développement de ces sortes de bourgeons. Nous leur rappellerons donc que, pour multiplier ou pour conserver certaines plantes bulbeuses rares et précieuses, il n’est pas indispensable d’avoir des bulbes entières, des caïeux ou des bulbilles axillaires; mais que, dès qu’ils auront trouvé des procédés certains, basés sur la physiologie et la météorologie, il leur suffira, ainsi que nous l’avons précédemment dit dans nos principes d’organogénie, d’une écaille, ou du plus petit lambeau d’écaille encore vivant, pour arriver a cette fin. Ch. Gaudichaud. De la possibilité de cultiver à Vair libre^ sous le climat de Cherbourg, un certain nombre de végétaux exo-^ tiques. Au moment de livrer ces notes a l’impression, j’ai eu connaissance de l’article inséré par M. Rantonnet dans la Revue horticole du 1 5 décembre ^ 846, sur la température et l’état de la végétation à Hyères (Var). La longue énuméra- tion qu’il présente des plantes de serre chaude et de serre tempérée, encore couvertes de fleurs a l’air libre le 3 dé- cembre, m’a découragé un instant : j’ai hésité a faire con- naître des résultats incomparablement plus humbles et sur lesquels pourtant jusqu’alors j’avais jugé utile d’appeler l’attention. Cependant la réflexion m’a engagé à persévérer. Le climat exceptionnel d’Hyères est commun tout au plus en France a quelques localités peu nombreuses et très res- treintes, baignées au sud par la Méditerranée, et garanties du mistral et des autres vents glacés du nord par la chaîne des Alpes provençales, qui limite au midi le bassin de la Durance. La température de Cherbourg, au contraire, est commune a la plus grande partie des côtes de la Bretagne. Les résultats obtenus dans notre arrondissement, si mo- destes qu’ils soient, seront donc plus féconds que les résul- tats signalés par M. Rantonnet, puisqu’on les pourrait éga- 450 REVUE HORTICOLE. lemeut obtenir dans le plus grand nombre des départements du nord-ouest de la France, auxquels le voisinage de la mer et diverses autres circonstances semblent assurer des hivers humides mais tempérés. D’ailleurs, en quelques jours, les choses ont bien changé pour nos départements des bords de la Méditerranée : la lettre de M. Rantonnet était datée du 5 décembre; l’inva- sion du froid l’a suivie de près et s’est même fait sentir d’une manière assez intense, si l’on admet le témoignage des journaux de Marseille qui publient la note suivante, sous la date du 1 9 du même mois : « La température glaciale qui a marqué les deux der- nières semaines n’a épargné aucune contrée voisine, même la partie la plus chaude de notre littoral : on nous écrit de Cannes, à la date du 48: «Depuis plusieurs jours nous éprouvons un froid extrême ; nous sommes à 5® au-dessous de zéro; aussi nos orangers et autres arbres à fleurs ont été gelés. » Une seconde lettre de M. Rantonnet, datée du 27 décem- bre, confirme a peu près la nouvelle de ces désastres : un froid de 5® au-dessous de zéro a fait périr une partie de ses plantes exotiques; d’autres, en nombre considérable, ont plus ou moins souffert; quelques-unes enfin avaient sup- porté jusqu’à la fin de décembre, sans donner signe d’au- cune altération, les rigueurs inaccoutumées de cet hiver. A Cherbourg, à la date de cette dernière lettre de M. Ran- tonnet, la plupart des plantes exotiques que nous cultivons à l’air libre n’avaient aucunement souffert du froid, bien que nous eussions déjà éprouvé des gelées qui avaient fait descendre le thermomètre à 5° et 4° au-dessous de zéro ; un grand nombre de vieux pieds de Cinéraires, de Pétunias, de Pelargoniums, de Calcéolaires et de Verveines, abandon- nés aux hasards de la pleine terre, n’étaient pas encore ter- nis; les Lauriers-Tin, les Coronilles, le Tritoma media^ la Sauge cardinale surtout, étaient couverts de fleurs; les Clianlhus enfin, qui ont déjà épanoui quelques fleurs hâ- tives, sont littéralement chargés de grappes. Les documents fournis par M. Rantonnet à la Revue hor- ticole donnent lieu à une observation importante, bien qu’elle ne soit pas nouvelle : parmi les végélaux qui ont succombé dans ses jardins à 5^" de froid, plusieurs n’ont aucunement souffert chez nous d’une température qui s’est un moment abaissée à 6° au-dessous de zéro ; d’autres qui. REVUE HORTICOLE. sans avoir entièrement péri à Ilyères, ont clé cepcnJant plus ou moins rigoureusement traités par les gelées, à tel point que M. Rantonnet en indique (juelques-uns comme presque morts, ne présentent, dans plusieurs jardins de Cherbourg, aucune trace d’altération ^ et, sans nul doute, ce résultat serait plus frappant encore, si nos expériences avaient pu porter sur tous les genres que l’habile jardinier d’Hyères cultive a l’air libre. 11 semble résulter de ce fait, ainsi que de beaucoup d’autres que les plantes acquièrent une rus- ticité plus grande a mesure qu’elles vivent sous un climat plus septentrional ; et l’on conçoit en effet parfaitement que l’action constante d’une température moins élevée, ralen- tissant de bonne heure le mouvement ascensionnel de la sève, et diminuant par conséquent d’une manière sensible la masse des sucs aqueux en circulation dans les tissus, rende ces derniers plus aptes a supporter au besoin des froids assez rigoureux. Les plantes qui ont succombé chez M. Rantonnet à une gelée de 5° étaient encore en pleine végétation. Chez nous, les memes plantes ont résisté à un froid de 6°; mais, pour la plupart d’entre elles, la végéta- tion était déjà depuis quelque temps, sinon entièrement suspendue, au moins considérablement ralentie. Après tout, il ne s’agit pas de comparer le climat de Cherbourg avec le climat d’Hyères, mais simplement de dire ce qu’est le premier; car la Revue horticole a raison : il est temps que l’horticulture, si directement intéressée au progrès des connaissances relatives à la météorologie et à la climatologie, apporte aussi son contingent de documents aux hommes studieux qui plus tard viendront les coordon- ner et dresser enfin ces tables climatologiques dont tout le monde peut à l’avance apprécier l’utilité. Pour rendre compte d’une manière exacte du climat de Cherbourg, je ne puis invoquer que les tables dressées avec beaucoup de soin par M. Lamarche, capitaine de vaisseau, pendant une période de cinq ans (1858-59 40-4^-42). Il résulte des observations de M. Lamarche, comparées par M. Arago avec celles qu’on avait faites à l’Observatoire de Paris pendant le cours des memes années : 1° que la tem- pérature moyenne minima est plus élevée a Cherbourg qu’a Paris de 2°1 , et la température maxima plus basse de l®5; — 2® que la période barométrique de 9 heures du matin a 5 heures après midi lŸesi àCherbourg que la moitié de celle de Paris, tandis que la période du soir, ou de 5 heures 452 REVUE HORTICOLE. à 9 heures, ne diffère pas sensiblement dans les deux en- droits, résultat dès longtemps prévu par M. Arago ; c’est-à- dire que la période barométrique est plus faible sur les ’ cotes que dans rintérieur des continents; — 5® enün, qu’il tombe la moitié plus de pluie à Cherbourg qu’a Paris. Mais on conçoit que les observations de M. Lamarche, sur l’exactitude desquelles on ne peut élever un douto , portent sur un nombre d’années trop peu considérable pour qu’on en puisse déduire une conclusion incontestable. J’ajouterai que, pendant le rigoureux hiver de ^ 844 à 1 845, le thermomètre Réaumur ne descendit pas à Cherbourg au-dessous de 5^ de froid (20 et 21 janvier 1845), et que, tout récemment, tandis qu’a Paris l’instrument de l’ingé- nieur Chevalier indiquait 12^80 centigr. au-dessous de zéro, le même jour nos thermomètres s’abaissaient à peine à — 5®, et cela une fois, et pendant quelques heures seu- lement. Je suis donc convaincu qu’une série d’observations, combinées avec exactitude pendant une longue suite d’an- nées. conduirait a ce résultat, qu’il existe entre le climat de Clierbourg et celui de Paris une différence beaucoup plus notable que celle que constatent les observations de M. Lamarche, surtout si l’on se bornait a comparer pour ces deux localités les froids extrêmes et les extrêmes cha- leurs L (1) Voici un extrait des tables de M. Lamarche, où il n’est tenu compte que des indications thermométriques, et seulement pour les trois mois les plus chauds et les trois mois les plus froids des cinq an- nées sur lesquelles ont porté ses observations : 1 AinrÉES. TEMPÉRATURE MOYENNE (maxima). TEMPÉRATURE MOYENNE {miiiima). JUIN. AOÛT. JANVIER. FÉVKIEB. DÉCEMBRE. 1838.... 19,51 21,81 21,61 0,38 2,73 3,89 1839 20,49 20,42 21,21 4,44 3,72 4,25 ! 1840 21,52 19,97 22,97 3,40 2,85 0,80 1 1841.... 21,03 19,70 20,42 0,11 1,15 4,92 ’ 1842 20,91 20,78 22,98 0,24 4,31 5,39 La température moyenne, calculée pour les mois les plus chauds de ces cinq années, n’a donc pas dépassé 22,98 centigr., et la moyenne du froid n’esl pas descendue au-dessous de 0, il.j REVUE HORTICOLE. 455 Ainsi, quoique située à près de 1 250 lieues de Téquateur, entre le 49® et le 50® de lalüude nord, la partie la plus septentrionale du département de la Manche doit a diver- ses circonstances, et sans doute surtout au voisinage de la mer, une température moyenne d’une douceur remarqua- ble. Les gelées y sont rares, peu rigoureuses et surtout peu durables; les neiges séjournent peu sur la terre, et dans ces derniers jours, pendant qu’elles faisaient périr en les écrasant sous leur poids une partie des Pins maritimes et des Chênes-liége du département des Landes; pendant qu’au nord et au sud de Cherbourg, en Angleterre, dans le centre de la France et en Espagne même, elles retardaient ou sus- pendaient le service des voitures publiques, a Cherbourg on en avait a peine connaissance. La lisière des frimas s’ar- rêtait a quelques kilomètres de nous; au delà des coteaux qui nous séparent de l’intérieur du département, la terre était couverte d’une couche de neige de plusieurs centi- mètres ; les côtes et tous les versants qui regardent la mer en offraient a peine quelques traces; et cette exception n’est pas accidentelle , elle s’est produite maintes fois : l’humble Divetle coule librement a travers toute la partie centrale de notre arrondissement; ses bords sont a peine frangés d’une étroite et légère croûte de glace, quand la Seine et la Loire sont gelées a porter charrette. Parmi les arbres qui ornent tous nos vieux jardins et dont la vigueur et les belles proportions, sous une latitude aussi septentrionale que celle de Cherbourg, sont toujours pour les étrangers un sujet d’admiration, nous citerons en première ligne nos Lauriers {Laurtis nèbilis), nos Figuiers, nos Myrtes de diverses espèces , nos Arbousiers {Arbutus JJnedo)y Viburnum Tinus. Les Lauriers particulièrement et les Figuiers atteignent ici un développement remarquable ; il est extrêmement rare que l’hiver en détruise la tige, comme cela arrive si souvent dans l’intérieur et le midi même de la France : dans ce cas, la rigueur du froid ne s’exerce guère que sur les arbres qui ont subi de graves mutilations par la suppres- sion de membres considérables et dont les plaies n’ont pu se recouvrir, ou bien encore c’est un verglas épais et pro- longé qui les tue. Malgré les désastres causés par quelques hivers très rigoureux, j’ai remarqué, pour sa taille et la beauté parfaite de sa forme, un Laurier qui se trouve dans le jardin de M. Hennequin, membre correspondant de notre REVUE HORTICOLE. 454 société. Cet arbre ii’a pas moins de 9 mètres de hauteur; son tronc, parfaitement droit et lisse, mesure 0™,95 de circonférence; il ne se ramifie qu’a 4 mètres au-dessus du sol, et supporte une cime d’une élégance parfaite. Jamais l’hiver ne lui a fait subir aucune mutilation. J’en ai ren- contré de plus forts et plus âgés, mais celui-ci m’a particu- lièrement frappé par sa beauté. Les Figuiers acquièrent un développement au moins égal a celui des plus forts Pommiers de nos champs, qu’ils sur- passent même par leur élévation et par la force de leurs membres. Toutefois leur nombre a diminué depuis quel- ques années : durant l’hiver de 1840, un verglas prolongé en fit périr plusieurs déjà usés par l’âge et par des mutila- tions antérieures; d’autres ont disparu pour faire place à des constructions, et bientôt, sans doute, bannis de nos jardins devenus trop étroits, ils seront relégués dans les campagnes. Parmi ceux qui subsistent encore, je citerai celui qui se trouve dans le jardin de M. Vignot, à Equeur- dreville ; sa hauteur est de 7*^, 50 ; la tige présente au sortir de terre 4 *“,50 de circonférence, et 1*“,50 à la naissance des premières ramifications, c’est-à-dire à 2 mètres au- dessus du sol. Les Myrtes font l’ornement de presque tous nos jardins : ; il n’est pas rare d’en rencontrer des buissons de 2 'a 5 mètres ! de hauteur, offrant une circonférence proportionnée. Ils ! fleurissent généralement bien, et en 4 846, pour la plu- part, ils ont eu une fructification abondante. L’Arbousier commun (Arbutus Unedo) , réussit également à merveille et se couvre tous les ans de fleurs et de fruits. Dans les forêts des Landes, où je l’ai vu pour la première fois à l’état sauvage, je n’en ai pas rencontré de plus beaux que ceux qui dernièrement encore encombraient le jardin de M. Labouchère, membre résidant de la société. L’un de ces deux arbres, mesuré à 0*“,55 du sol, présente 0*^,72 de circonférence; la hauteur de la tige, au-dessous des pre- mières ramifications, est de 4*“,85; la circonférence de la branche la plus forte, prise à son point d’insertion sur le tronc, 0*“,57. On assure qu’il existe dans le jardin de M. Cadran, directeur des douanes, un Arbousier d’un dé-* veloppement plus considérable encore que ceux dont je viens de parler. La Viorne Laurier-Tin {ViburnumTinus), prend, sans être l’objet d’aucune précaution contre le froid, tout l’ac- REVUE HORTICOLE. 455 eroissement qu’on vont bien lui permeüre d’acquérir, soit qu’on la laisse croître en toute liberté et a l’action de tous les venis, soit qu’on la taille en boule, en pyramide, ou qu’on la dresse en charmille serrée, pour déguiser la nu- dité d’un mur. Je ne pense pas que dans le midi de la France, où j’ai pu l’observer aussi, elle atteigne des pro- portions plus considérables qu’a Cherbourg , ni qu’elle y fleurisse plus abondamment qu’elle ne fait chez nous, de- puis la fin d’octobre jusqu’au printemps. Presque toujours elle conduit ses graines a une maturité parfaite. L’introduction de l’Hortensia [Hydrangea Hortensia)^ dans nos cultures, remonte a l’époque même où cette belle plante fut apportée en France. Je ne crois pas que nulle part ailleurs elle ait prospéré d’une manière plus remar- quable : l’Hortensia orne tous nos jardins, dans les campa- gnes encore plus qu’à la ville. On peut citer comme une des plus belles plantations en ce genre celle qui orne la cour d’honneur du château de M. le comte de Sesmaisons, à Flamanville. Les deux variétés rose et bleue sont à peu près également communes dans nos jardins, où elles se re- produisent de la manière la plus capricieuse. Plusieurs fois on a essayé de les faire alterner symétriquement entre elles; mais cette tentative a été suivie de fréquentes déceptions : la transplantation a souvent ramené a la nuance rose la plante dont les fleurs offraient d’abord la nuance bleuâtre; et d’un autre côté, en changeant de terrain, les plantes à fleurs roses ont parfois changé de couleur, ou bien enfin le même pied présente 'a la fois les deux variétés réunies. Quant au Phormium tenax (Lin de la Nouvelle-Zélande), il forme dans beaucoup de jardins, et particulièrement chez M. Forfert, des touffes d’une grande beauté. Ce pépinié- riste plein de zèle l’a tellement propagé, qu’il décore au- jourd’hui les parterres de tout notre arrondissement et brave le froid et les vents jusque sur les plateaux les plus reculés et les plus arides de la Hague. Parmi les végétaux cultivés dans le plus grand nombre de nos jardins et qui subissent sans aucun abri les froids et les pluies de l’hiver, il faut citer encore V Amaryllis Belladona, qui est pour le commerce horticole de Cher- bourg une branche d’exportation d’une certaine impor- tance; le Gladiolus cardinalis, dont nous formons des corbeilles considérables; les Triioma uvaria et media ^ Funkia cœrulea ou ovata^ Agapanthus umbelUferm^ 45G REVÜE HORTICOLE. Amaryllis undulala^ Tigridia ou Ferraria pavonia^ Gla- diolus psit tac inus ^ Cistus ladaniferus et purpureus, Co- ronilla glauca^ etc. Il est d’autres plantes dont la culture , également an- cienne dans notre pays, se trouve toutefois moins généra- lement répandue : de ce nombre sont les Pancratium ma^ ritimum et illyricum, Jasminum azoricum et odoraiissi- mum , Solanum pseudo - capsicum , Lippia ou Aloysia ciiriodora , Melianthus major, Correa alba , Daphné pontica, Gnidium,indica et collina. Le Funkia cordaîa supporte a merveille le froid et T humidité de l’iiiver, mais la floraison en est rare et se fait mal ; il en est de même de V Hibiscus speciosus. Quoique la culture des Amandiers ne soit pas aussi ré- pandue qu’elle pourrait l’être, on en citerait cependant quelques-uns qui, par leur développement et leur fructifi- cation abondante, répondent suffisamment aux objections qu’on pourrait être tenté d’opposer a l’introduction de cet arbre dans nos collections. Il en existe de belles planta- tions dans le domaine du Rosel, véritable oasis au milieu des déserts de la Hague. 11 existe chez M. Bignon un Grenadier très vieux. L’Olivier est aussi représenté dans nos jardins; il s’en trouve un individu, jeune encore et très vigoureux, dans la précieuse collection formée autrefois par les soins de M. Fréret, et qui appartient aujourd’hui a M. Nicolas, mem- bre résidant de notre société. On trouve aussi quelques Lauriers-Roses (Nerium Olean- der) cultivés en pleine terre et sans le moindre abri. On en voit chez M. Quentin un pied très fort et très beau qui n’a aucunement souffert des dernières gelées, bien que le ther- momètre soit descendu a 6® au-dessous de zéro; son feuil- lage offre même incomparablement plus de fraîcheur que celui des arbrisseaux de même espèce qu’on tient renfermés dans l’orangerie. Enfin, parmi les végétaux de l’Europe méridionale dont la présence dans nos cultures atteste depuis longues années la clémence habituelle de nos hivers, je citerai en dernier lieu le Chêne-Liège (Çwcrcws suber), qui, par la rugosité de* son tronc et l’aridité de ses feuilles, contraste d’une ma- nière si pittoresque avec les belles plantations dont ma- dame Lambert a entouré son château de Gonneville. Cet arbre est très vieux et très fort. Madame Lambert a eu l’o- REVUE riORTICOLE. 457 bligeance d’en détacher, pour noire dernière exposition, im rameau accompagné d’une plaque d’écorce (liège) de d’épaisseur. Je devrais, pour être complet, parler aussi de nos cul- tures maraîchères qui, depuis quelque temps surtout, ont acquis une telle importance, et qui promettent de devenir pour notre pays une source d’exportations considérables; elles profitent habilement du climat qui les favorise pour obtenir a peu de frais et sans beaucoup d’efforts des pro- duits d’hiver et des primeurs printanières qui déjà sont ap- préciés sur les marchés du Havre et de Paris. J’indiquerai seulement, en passant, nos Choufleurs , qui sont en rap- port dès le mois de janvier, et les Asperges hâtives des ter- rains sablonneux de nos mielles. Nos Artichauts, dont la production est si abondante et presque continue, ne récla- ment pas plus d’abri contre le froid que ces deux espèces de légumes, tandis que dans l’Anjou , cette terre promise du jardinage, je les ai toujours vus protégés par une épaisse couverture de litière, et que dans la Provence, d’après le témoignage de M. Rantonnet, ceux d’Hyères ont tous péri par suite des premières gelées de décembre 1 846. Ici, toutes nos plantations d’Artichants sont encore de la plus grande fraîcheur; leur robuste feuillage n’a pas reçu la moindre atteinte. Enûn, le mois de janvier 1847 a vu fleurir a l’air libre des petits Pois, dans le jardin exploité par MM. Paul Raynel et Jacques Leveel, et probablement dans plusieurs autres. Jusqu’à présent je n’ai généralement énuméré que des végétaux cultivés a Cherbourg depuis des siècles : il me reste a parler maintenant de plantes d’une introduction plus récente; toutefois, je n’en citerai aucune qui n’ait subi l’épreuve de plusieurs hivers, et particulièrement de l’hiver rigoureux de i 844 a J 845. — Plusieurs de ces plantes sont à mes yeux une conquête précieuse, soit parce que ce ré- sultat était moins espéré, soit parce qu’elles offrent de plus puissantes ressources pour l’ornement des jardins. Je citerai d’abord la Fabiana imbricata, qui supporte parfaitement depuis quatre ans la température de nos hi- vers. Non-seulement le froid et les pluies ne font perdre à ce bel arbuste aucune partie de ses rameaux , mais il se couvre tous les printemps d’une floraison abondante. VAtragene bicolor de Siebold, le Ribes speciosum ou fuchsioides , et V Escallonia rubra sont aussi traités dans REVUE HORTICOLE. i38 nos jardins en plantes tout à fait rustiques. \\ en est de même du Cassia tomeniosa et du C. sfipulacea. Cette der- nière se trouve aujourd’hui propagée dans tout notre ar- rondissement. Elle a atteint des proportions considérables; tous les ans elle se couvre d’une profusion de fleurs d’un beau jaune safrané et produit en abondance des graines i parfaitement fertiles. Le feuillage de la Cassia tomeniosa a I un peu souffert des gelées de cet hiver. ' Le genre Salvia est un de ceux qui depuis quelques an- nées ont le plus contribué a l’ornement de nos parterres : les S. splendens, eardinalis, païens^ Grahami^ involu- crala ou concolor, sont cultivées dans un grand nombre de jardins. A la fin de décembre, la Salvia cardinalis était encore couverte de fleurs en dépit des gelées. Plusieurs espèces et variétés de Fuchsia bravent aussi le froid depuis plusieurs années, et ont atteint sans le secours d’aucun abri des proportions considérables. Si parfois les rameaux périssent, le vieux tronc en produit au printemps en abondance, et bientôt toute trace des légères mutilations opérées par l’hiver a disparu sous une végétation luxurian- te. — Parmi les plus beaux Fuchsia que je connaisse à Cherbourg, j’en indiquerai seulement deux qui décorent les jardins de M. Dumesnil et de M. Desmares. Le développe- ment excessif du premier a nécessité l’amputation de plu- sieurs branches dont chacune eût passé ailleurs pour un arbrisseau remarquable. Il atteint aujourd’hui 5"^, 10 de hauteur; mesurée a 0“,35 du sol, sa tige présente 0™,18 de circonférence, et 0“,15 a 1«^,55. Adossé à un mur ex- posé au levant, cet arbre offre un aspect ravissant lorsque, pendant l’été, il jette autour de lui et jusque sur l’allée voisine un dôme de feuillage et de fleurs. Celui de M. Des- mares est abandonné à l’action de tous les vents, dans un vaste jardin. Comme il présente dès sa base plusieurs tiges d’une grosseur remarquable, il forme un énorme buisson de 2*^ d’élévation et de 5°^ de circonférence. — Ces deux échantillons d’une végétation si riche sont loin d’être uniques à Cherbourg: il n’est guère de jardin où l’on ne rencontre quelques pieds de Fuchsia d’une force plus ou moins considérable. Les belles variétés récemment ob-r tenues sont successivement confiées à la pleine terre et di- rigées de manière à former plus tard des arbres aussi re- marquables, par leur forme et leurs proportions, que ceux de M. Dumesnil et Desmares. — On a dit que le Fuchsia REVUE HORTICOLE. 459 lleurissait moins abondammeiU en pleine terre qu’en pot. Ce résultat n’est pas constant: il est impossible d’imagi- ner une plus splendide floraison que celle des arbres de Desmares et Diimesnil. On admire encore dans ce meme jardin un énorme buis- son du Metrosideros crassifolia, qui depuis six ou sept ails se développe, fleurit et fructiûe abondamment en pleine terre ; il couvre, sur le sol où il est marcotté par couchage., un espace de 6”^, 55 de circonférence. V Erythrina crista galli nous a fourni également des résultats dont nous avons lieu de nous applaudir. Il n’y a que trois ans encore que je l’ai confiée a la pleine terre sans la relever à l’automne; mais elle a subi, pour com- mencer, répreuve de l’hiver de 1844 à 1845, si désastreux pour les plantes délicates. Cette année, elle a donné une floraison d’une richesse admirable, suivie d’une fructifi- cation qu’on n’obtient pas toujours, même dans les serres : j’ai vu se développer a la suite d’une fécondation artificielle six gousses bien conformées qui ont atteint une longueur de 0*”,06, et que les premiers froids ont fait tomber. Un autre arbre de cette riche famille des Papillonacées, le Clianthus puniceusy n’a pas moins généreusement ré- pondu aux espérances qu’il nous avait fait concevoir. Je puis en citer un individu qui, malgré toutes les mutilations qu’il a subies, offre une circonférence d’environ 4^^,80 ; une tige de 0“ï,4 4 a 0“,55 au-dessus du sol. Un second Clianthus, adossé a un mur au levant, a mon- tré plus d’emportement encore dans sa végétation. Obligé d’en restreindre les proportions, j’en ai détaché cette année, au moyen du marcottage, 54 jeunes plantes, dont chacune, au moment du sevrage, n’avait pas moins de 0"^,66 de hauteur. Ce second pied, que j’ai été contraint d’arrêter à une hauteur d’environ 2 mètres, a 0*^,1 2 de circonférence à 0“i,55 au-dessus du sol, et forme une palmette de 4 75 d’ouverture. — La culture du Clianthus en pleine terre offrirait donc aux établissements marchands de précieux avantages pour la multiplication. La naturalisation des Araucaria occupe beaucoup les journaux horticoles. Ces arbres magnifiques ne sont encore, cultivés à l’air libre, dans notre arrondissement, que chez M. Bignon, au Rosel, qui depuis cinq ans a confié à la pleine terre un beau pied de V Araucaria Cunninghami, Cependant plusieurs membres de la société possèdent des REVUE HORTICOLE. *540 échantillons de diverses espèces à' Araucaria, mais ils les ont tenus jusqu’à présent en orangerie ou même en serre. Le succès de M. Bignon, et celui qu’a obtenu M. Herpin de Frémont, pour V Araucaria imbricata, devraienUeur inspirer plus de confiance. — Le Mandevilla suaveolens paraît pouvoir aussi supporter nos hivers sans souffrir. M. Aug. Le Jolis, en confia à la pleine terre, au printemps de 4 845, un individu dont la végétation fut rapide pen- dant Fhiver qui suivit, il ne parut pas souffrir, et ne perdit même pas ses feuilles. En 4 846, il s’est considérable- ment développé ; la tige s’est aoûtée et a pris un aspect li- gneux. Je ne doute donc pas que M. Le Jolis ne la conserve sans plus de précautions que l’an dernier; et si la floraison de cette belle Âpocynée se fait aussi bien que sa végé- tation, il aura doté nos jardins d’un nouvel et précieux ornement. Il est difficile de comprendre qu’en présence de ces résul- tats on ait hésité a tenter pour le Camellia et le Rhododen- drum arboreum la culture à l’air libre. L’essai pourtant est commencé : on admire quelques beaux échantillons de Rhododendrum de l’Inde au milieu des massifs de Rhodo- dendrum et Azalées pontiques qui décorent les jar- dins de M""® Lambert, à Gonneville. Quant aux Camellias, quelques-uns ont été confiés a la pleine terre par M. Che- vrel, secrétaire de la société. Un séjour de sept ans (4 855 à 4 844) m’a mis à même d’apprécier le climat de l’Anjou et de la Touraine : le printemps, l’été et l’automne y sont très beaux, mais l’hi- ver y est plus rigoureux qu’a Cherbourg. J’avouerai donc qu’en présence des beaux résultats obtenus dans les jar- dins d’Angers pour la culture du Càmellia, du Thé et de tant d’autres plantes exotiques, j’ai toujours éprouvé moins d’admiration pour ce qu’on est convenu d’appeler le climat privilégié de l’Anjou que pour le génie entre- prenant et persévérant de MM. Cachet et Leroy. J’ai accompli tant bien que mal une tâche difficile; sans me préoccuper de l’ennui qui pouvait en résulter pour nos lecteurs, j’ai poursuivi jusqu’au bout la fastidieuse revue des plantes cultivées chez nous à l’air libre. Je suis certain de n’avoir avancé légèrement aucun fait ; je le suis moins de n’en avoir omis aucun. Jules Düprey, Président de la Société d’horticulture de Cherbourg^ REVUE HORTICOLE. ^51 Dahlia Pauline Hermann. Cette variété, qui nous a été communiquée par M. Chau- vière, a la tige haute de de couleur verte; elle se ramifiie et forme presque h la même hauteur un beau buisson fleuri ; les feuilles caulinaires, étoffées, sont d’un vert foncé, peu divisées, à folioles larges de 0“,08 h de diamètre ; pédoncule long de 0™,20 à 0”*,55, droit ; fleur a pédoncule droit, bien faite, à surface bombée, fond blanc, nuancé et pointé de lilas foncé. Cette belle variété n’est pas la seule que nous ayons ob- servée chezM. Chauvière. Je signalerai encore les suivantes: Dahlia miss Vyse. — Tiges hautes de J mètre à long pédoncule droit; fleur bien faite, blanche, pointillée de lilas clair, bonne tenue, extra beau. D. Vésuve. — Tiges hautes de J mètre, fleur moyenne, bombée, d’un rouge cerise foncé. David d* Angers. — Tiges hautes de a l'^,50; fleur extra grosse, écarlate vermillon, bombée et très étoffée. Tiges hautes de 50; fleur moyenne à pétales bordés de carmin. Coquette Desprez. — Tiges hautes de J™, 50 ; fleur rose à reflet argenté. Pfarrer. — Tiges hautes de ^ mètre, à pédoncule droit ; fleur violet pourpré, bonne tenue. Triomphe VanMagdebourg. — Tiges hautes de J ”^,50 à J"*,50; pédoncule droit; fleur écarlate pointé de blanc. Beauty Taylor — Tiges hautes de J mètre ; pédoncule droit, long; fleur blanche bordée de lilas, belle forme et tenue parfaite. Joseph Rallamo. — Tiges de J“,50 'a J“,50; pédon- cule pourpre, droit ; fleur parsemée de points dorés, bonne forme, très curieux. Rosetta. — Tiges de J mètre à J 50 au plus; pédon- cule court; feuillage vert foncé; fleurs d’un beau rose for- mant un beau buisson, tenue parfaite. Marguerite Pâris. — Tiges hautes de ^ mètre, vert pâle ; feuilles amples ; fleur blanc teinté de lilas ; bonne tenue. Box. — Tiges de J "^,60, pourpres ; fleurs grandes, rouge vermillon, extra beau. 5e SÉRIE. Tome i. — 25. Décembre J 847, REVUE HORTICOLE. 442 Superlatif, --Tiges de ^ *”,50 à 60; fleur bombée, d’un beau jaune ; extra beau. Matcheless, — Tiges de i mètre; fleur blanc rosé, bom- bée, de la plus grande perfection* Baron Frètot, — Tiges hautes de \ mètre ; fleurs moyen - * nés saumonées, pointées de blanc. Comtesse de Curial, — Tiges de I mètre, fleurs moyennes, rouge saumoné, bombée ; très floribonde. Goldfinder. — Tiges pourpres, hautes de \ mètre au plus ; feuilles d’un vert foncé, huilées, ressemblant à celles du sureau ; fleur jaune d’or, bombée, très belle et tenue parfaite. Marchîoness of Lorm. — Tiges hautes de i”*,50 ; pé- doncule droit; fleurs grandes, blanches, d’un bel effet; bonne tenue. Princesse de Lacques. — Tiges hautes de 4 mètre, gros- ses, vertes, légèrement pourprées du côté du soleil ; feuil- les a 5 et 5 folioles courtes, huilées, charnues, légèrement dentées sur les bords ; fleurs roses, disposées régulièrement en tête au-dessus des feuilles et portées par des pédoncules droits de a 0*”,20 de haut, se bifurquant par 5 ou 5 rameaux égaux. Avant l’épanouissement des fleurs, les ]>outons sont jaunâtres, lavés de rose. Plante extra belle, obtenue de semis en ^846, par M. Perrigot, président de la Cour royale de Poitiers. Cette belle variété ne pourra être livrée au commerce qu’en 1848. Pépin. Du Camellia. Ce n’est pas l’effet d’un pur caprice, d’une mode passa- gère que la faveur dont le Camellia est devenu l’objet ; elle est due aux éminentes qualités de ce bel arbuste. Culture facile, beauté du feuillage, floraison de longue durée, di- versité de forme et de coloris dans les fleurs, sont de rares qualités que présentent peu de plantes et justifient assez cette prédilection générale. Nous ne sommes point exclusifs, et si nous comprenons volontiers l’amour de certains amateurs pour ces belles plantes tropicales, alors que, avec une sorte de splendeur, elles étalent dans de vastes serres tempérées leur luxuriante végétation, et si encore nous rendons justice au mérite de ces élégants arbustes de la Nouvelle-Hollande cultivés en REVUE HORTICOLE. serre tempérée, de notre côté nous réclamons un peu d’indulgence pour notre enthousiasme en laveur du Ca- mellia. Entremêlée de Rhododendrum arhoreum et Azalca indica^ une belle collection de Camellias offre à l’amateur un coup d’œil des plus splendides et une continuité de jouissances pendant plus de quatre mois de l’année. Ene critique exagérée a représenté ensuite cet amateur réduit pendant le surplus du temps à contempler les pousses de ses Camellias ; comme si les soins a leur donner, tels que rempotage, greffe, taille, bouturage et semis, u’étaieot pas pour lui une occupation incessante; comme si, dans le jardin attenant à sa serre, il ne pouvait pas, ainsi que nous le pratiquons, se livrer a la culture de quelques plantes de pleine terre, ou même consacrer une partie de sa serre a un autre genre de plantes, le Fuchsia par exemple, dont îa floraison se continue pendant toute la belle saison. Ce n’est pas sans étonnement qu’on voit certains horticul- teurs ou botanistes, qui préfèrent aux collections spéciales la réunion de plusieurs genres, élever la singulière prétention, d’être seuls gens de goût et traiter d'absurdement exclusifs^ les amateurs qui collectionnent. Ces personnes ne devraient pas perdre de vue que l’hor- ticulteur collecteur rend d’éminents services à riiorli- culture, et que c’est à lui principalement que sont dus les progrès qui s’opèrent dans une culture spéciale. Concen- trés sur un point, les études, les essais, les nouvelles expériences produisent de plus prompts et de plus com- plets résultats. N’est-ce pas encore le collecteur qui con- tribue le plus activement a la production de ces belles variétés, nées de la fécondation artificielle? au milieu de ses richesses florales, il peut mieux que tout autre opérer ces unions mystérieuses qui donnent naissance a ces hybrides remarquables. Ne contestons donc a personne son mérite particulier; laissons à chacun, dans la sphère de ses goûts particuliers, le soin de contribuer au progrès de l’horli- culture. Que les nombreux amateurs du Camellia se rassurent, qu’ils ne se préoccupent point de ces critiques exagérées, et que sans contrainte ils se livrent a la culture de ce beau genre. C’est dans le but de faciliter leur goût et de leur venir en aide dans le choix des nombreuses variétés que chaque REVUE HORTICOLE. jour le commerce fait apparaître, que nous avons pris la plume. De nombreux écrits ont été publiés sur le Camellia; en premier ordre se présente la belle iconographie publiée par M. l’abbé Berlèze, dont le nom fait autorité sur toutes les questions relatives au Camellia. Mais cet ouvrage, terminé en ^844, est déjà loin de la situation actuelle, et l’on n’y rencontre pas les dessins ou les descriptions d’un grand nombre de nouveautés. Cependant il ne fut jamais plus besoin d’un guide pur et désintéressé pour fixer le choix des amateurs et les garantir contre le charlatanisme et contre la tendance déplorable à créer de nouvelles variétés. Par des prospectus mensongers ou par des gravures infidèles, on exalte outre mesure le mérite de certaines nouveautés, qui, si l’on en croit les producteurs, laisseraient loin der- rière elles toutes celles déjà connues. Puis quand arrive la floraison, après plusieurs années d’attente, que de déceptions l’on éprouve !... Aussi nous pensons que ce serait un éminent service rendu à l’horticulture, que d’enregistrer dans les journaux horticoles les observations consciencieuses faites chaque année, par ceux qui se livrent a cette culture, sur la floraison des nouvelles variétés. Ces observations désintéressées auraient l’avantage de pouvoir faire apprécier le mérite des Camellias nouveaux, dont on indiquerait la forme et le coloris des fleurs, et la faci- lité de leur épanouissement; par la aussi on pourrait recon- naître les erreurs involontaires commises par le commerce dans les livraisons, et qui malheureusement sont trop fré- quentes. Les expositions d’horticulture conduisent, il est vrai, à ce résultat ; mais elles ne sont pas encore assez générales et assez fréquentes pour qu’il ne soit pas nécessaire de recourir au moyen que nous proposons. En donnant l’exemple aux amateurs, nous les convions à recueillir des observations sur la floraison de leurs collec- tions, et, après les avoir soumises à l’appréciation de leurs sociétés respectives, à les livrer ensuite à la publicité. Ces observations n’ont pas besoin d’être rédigées en termes scientifiques; il suffit qu’elles soient nettes et précises, et qu’on y rencontre des indications sur la forme, la dimension et le coloris des fleurs, et sur le feuillage pour le cas où il présenterait quelque caractère particulier. REVLE nOHTlCOLE. 445 Observations générales sur la floraison de 1847. La floraison des Camellias, en ^847, a été romanjiiable- ment belle. A la suite des chaleurs excessives de l’été et d’une longue sécheresse, les Camellias, placés dans des conditions normales, se sont couverts de boutons, dont la croissance a été favorisée par un automne humide. Le caractère dominant de cette floraison a été la pana- chure des fleurs, même de celles qui ordinairement sont unicolores. Ainsi, dans notre collection, de forts pieds de Chandleri I elegans et à'imhricata rubra ont offert un grand nombre de fleurs panachées, et chez M. Duclos, 'a Blois, nous avons vu un superbe pied de C. Carswelliana portant quinze a vingt fleurs, toutes largement maculées de blanc. M. Fabbé Berlèze, dans une note insérée dans le numéro de mars des Annales de la Société royale d'horticulture de Paris, attribue ces panachures à des accidents purement de maladie ou de faiblesse, ou a des altérations que la sève * aurait éprouvées. Le savant auteur de cette note pense que le développement du bouton s’étant opéré plus rapidement que la nature ne le veut, à cause de la température élevée I de l’été, et la lumière suffisante pour se perfectionner leur ayant manqué à cause de l’hiver qui a été sombre et de longue durée, il devait survenir des altérations dans les couleurs. A la séance du 4 1 avril dernier de la Société d’horti- culture d’Orléans*, une discussion s’est élevée sur ce point, etM. Petit, un de nos plus habiles chimistes, a fait observer i que la sève des plantes n’est jamais pure, qu’elle tient en I dissolution diverses substances nutritives, des sels miné- j raux, des gaz, etc., etc., et que dans de certaines conditions I il se forme des acides qui altèrent les couleurs. On se rappelle qu’à Lyon, au mois de décembre 4846, un phénomène analogue a été remarqué, dans les serres de M. Lacène, sur un C. imbricata rubra. Une fleur, en outre de taches blanches, présentait des macules bleuâtres. Dans le premier moment d’un enthousiasme irréfléchi, I on a cru avoir obtenu une variété nouvelle, et la Flore lyonnaise s’est empressée de donner une mauvaise gravure du prétendu C. tricolore national. (1) BuUciîn de la Société d' horticulture dé Orléans, t. II, U® 8, p. 222 et 223. REVLE HORTICOLE. ^UO Il est cependant probable, nous pourrions même dire certain, que l’apparition anormale de cette couleur bleue doit être attribuée à la décomposition en bien du rouge végétal du CÀmbricaia rubra par l’effet d’alcalis et qu’elle ne sera pas permanente. Ce phénomène, comme nous l’avons dit a la séance de notre société orléanaise, n’est point unique ; il se rencontre fréquemment dans les fleurs des C. perfection de Palmer et rosa nova species de la Chine, lesquelles prennent en vieillissant une teinte bleuâtre ; et nous pouvons ajouter qne nous avons également constaté cet accident sur une fleur dHmbricata rubra de notre collection, laquelle, en outse de nombreuses marbrures blanches, avait le bord de quel- ques pétales bleuâtre et présentait en outre quelques taches de la même nuance sur plusieurs autres pétales. Avec no peu de bonne volonté, nous aurions pu nous croire aussi en possession du C, tricolore national. Disons-le, les panachures des fleurs de Camellia ne sau- raient déterminer une variété, si elles apparaissent régu- lièrement dans quelques variétés; du moins pour la plupart elles sont purement accidentelles et ne sont que le résultat d’une altération dans la sève. Après ces réflexions générales, passons aux observations particulières concernant quelques variétés encore peu ré- pandues. Nous regrettons que ces notes ne comportent pas plus d’étendue, et de n’avoir pu y comprendre un grand nombre de nouveautés qui se sont épanouies cette année dans des serres que nous n’avons pu visiter. Si ce travail paraît mériter quelque intérêt, nous prenons volontiers l’engagement de le continuer lors de la prochaine floraison. Noies particulières sur la floraison de quelques Caniellias. •1. C. Apollo novissima. — Feuillage étroit, allongé et d’un vert foncé. Fleurs d’une jolie nuance rose, plus vive que le C.sacco vera. Les pétales minces, étroits, sont régu- lièrement imbriqués sur 7 a 8 rangs ; ceux du centre sont d’un rose plus pâle qu’à la circonférence. Très belle variété. 2. C. ardens nova. — C’est le même que le C. Dalhiœ- flora ignea^ variété à fleurs rosiformes, peu pleines, dont le seul mérite est d’avoir un coloris que l’épithète qualifie convenablement. 5. C. Baltimorea. — Cette variété nous vient d’Améri- que. Les fleurs sont grandes, mais peu fournies, à fond REVUE HORTICOLE. 4-17 blanc avec quelques lignes rouge cerise; les pétales sont larges, disposes sur 2 ou 5 rangs ; au centre quelques é(a- mines entremêlées de pétales. Assez belle variété. 4. C. Baronne de Kall (Boll).— Ce Camellia a la même origine que le précédent. Ses fleurs, d’un coloris rouüo orangé, d’une nuance analogue au C, archinto, sont larges de ; les pétales sont grands et disposés sur 6 rangs ; au centre se trouve un groupe de pétales plus petits. Vu en fleurs chez M. Duclos, à Blois. 5. 6\ Barrmgtoni rosœa. — La fleur est d’un rose tendre; elle se compose de 6 à 7 rangs de pétales divisés par une ligne blanche; sa forme, un peu aplatie, permet d’autant moins de le classer avantageusement que parmi les nou- veautés on en rencontre du même coloris, dont la forme est bien supérieure. 6. C. Bazzoni. — Fleur d’un rouge orangé brûla ni, rosiforme, concave, peu fournie, se composant de pétales larges à la circonférence et de plus petits au centre, en nombre peu considérable. 7. C. Billotti. — Fleurs pleines, renonculiformes, d’tni rouge orangé mêlé de carmin, quelquefois unicolores, ou d’autres fois marquées de lignes blanches; les pétales sont disposés sur 8 à 9 rangs, imbriqués avec symétrie. C’est une très belle variété. 8. C. Bristoniana, — Sous ce nom, nous avons vu chez M. Duclos, à Blois, un Camellia qui nous a semblé être le même que VOocriglomana, superbe variété, comme on le sait, et qui se rapproche beaucoup du Swettii vera, 9. C. Brianiana. — Variété à fleurs blanches, très or- dinaire. 10. C. Catherine Longhi, — Fleur bien imbriquée, d’un rouge cerise carminé. Superbe variété. -H. C. Coletli, — Fleurs de moyenne grandeur, d’une couleur éclatante rouge sang ; pétales largement maculés de blanc; au centre de deux rangs extérieurs de pétales, pom- pon régulier formé de petits pétales flagellés de blanc et entremêlés d’étamines. Superbe variété. 12. C. Colombo. — Variété médiocre à fleurs d’un rouge cerise, de 0*”,11 de diamètre; pétales de la circonférence très allongés; ceux du centre sont de diverses grandem’s, et ils affectent une forme diffuse. -15. C. Commensa. — Ce Camellia a été mis dans le com- merce par Jacob Makoy, de Liège. Scs fleurs sont d’un ronge REVUE HORTICOLE. 448 orangé peu éclatant; leur forme est plate ; elles ont 7 à 8 rangs de pétales, étroits, allongés, imbriqués régulièrement. Cette belle variété offre quelque analogie avec la Reine des Fleurs, ce qu’explique leur origine commune ; rune et l’autre proviennent de graines d\x Donkelari. 4 4. C. Comte Carracioli? — Fleurs peu fournies, d’un rouge clair, ayant à la circonférence deux rangs de grands pétales, et au centre d’autres pétales plus petits et entre- mêlés d’étamines. Variété médiocre. Nous avons vu un autre Comte Carracioli, fond blanc strié de rose, qui nous a paru avoir plus de mérite. 4 5. C. Conspicua de Éeck. — Cette variété est ancienne, mais comme elle est peu répandue, il nous semble utile de la mentionner ici. Arbrisseau très vigoureux; feuillage large, fortement denté; fleurs d’un rose vif, quelquefois panachées de blanc, à pétales larges, charnus, disposés sur deux rangs a la cir- conférence ; ceux du centre, peu nombreux, se contournent avec grâce et sont entremêlés d’étamines, de manière à former pour ainsi dire deux fleurs. Cette variété est élé- gante et ses fleurs prennent souvent de grandes propor- tions; nous en avons mesuré plusieurs portant 0n^,4 4 de diamètre. Sous ce rapport, elle n’est pas indigne de figurer dans une collection de choix. 4 6. C. Crimson perfection. — C’est le même que Elata Rollissoni. Belle variété. 47. C. Curvatheœfolia. — Ancienne, mais bonne variété, peu connue. Fleur d’un blanc pur, rosiforme ; pétales dis- posés sur cinq à six rangs, minces et transparents ; le cen- tre est concave. 4 8. C. Decus italicum,vel Gloria italica, — Fleurs d’un blanc pur, s’ouvrant d’abord en coupe, puis s’étalant gra- cieusement. Les pétales sont rangés sur huit k neuf rangs et parfaitement imbriqués ; au centre quelques pétales sont entremêlés avec grâce. 4 9. C. Derbiana. — Nous ne mentionnons cette admi- rable variété, d’ailleurs si connue, que pour constater que sur une pyramide portant plus de cinquante fleurs, la plupart mesuraient 0“,4 4. A l’exposition d’Orléans, faite, en mars dernier, chacun a pu vérifier ce fait, qui a été constaté dans le bulletin de la Société. 20. C. Diademiflora. — La fleur, d’un rouge orangé très foncé, se compose de quatre rangs de grands pétales. REVUE HORTICOLE. 449 au milieu desquels se trouve uu groupe de pétales eu nom- bre très restreint. CeCamellia nous a semblé médiocre. 2\. C. Eslheri. — Ce Camellia est d’origine américaine. La fleur est a fond blanc strié de rose ; ses boutons prennent de telles dimensions qu’il est rare d’obtenir une belle flo- raison. Ce grave inconvénient le fera proscrire des collec- tions d'élite. 22. C. Exaltata. — Arbuste vigoureux, a feuilles forte- ment dentées; fleurs rosiformes, de 0^^,09 de diamètre, à fond blanc strié de rose ; pétales larges, imbriqués a la cir- conférence; au centre, pétales tourmentés et recoquillés. Assez belle variété. 23. C. Général Washington (Boll). — Les feuilles sont d’un vert foncé, luisantes, a dents obtuses, peu marquées ; la fleur, renonculiforme, est blanche et présente sept a huit rangs de pétales ronds, moyens, qui sont divisés par une ligne jaunâtre, dont la teinte se perd dans le blanc et sur lesquels apparaissent de rares stries carminées très étroi- tes. On assure que quelquefois les fleurs sont moitié blan- ches, moitié roses, t Mais c’est une erreur de dire, comme on l’a imprimé dans un journal d’horticulture, qu’une bande carminée divise par le milieu chacun des pétales de la corolle. Cette variété est remarquable par l’élégance de sa forme et la fraîcheur de son coloris ; elle nous vient d’Amérique. 24. C. Halfida. — C’est le même que le Sacco vera ou nova^ lequel est un de nos plus beaux Camellias. 25. C. Guthriana (Lo^), — Fleurs renonculiformes, de 0“,09 a d’un rouge orangé tirant sur le ponceau ; elles se composent de 6 à 7 rangs de pétales bien imbri- qués au centre desquels se trouvent quelques pétales entre- mêlés d’étamines. Très belle variété. 26. C.Hookeri, — Fleurspéonœformes, d’une bellenuance rouge orangé ; au centre d’un seul rang de larges pétales, existe un pompon gros et serré. Cette variété, que nous possédons depuis plusieurs années, est vigoureuse et s’em- porte facilement ; c’est la première fois qu’elle fleurit, et elle ne nous semble pas très florifère. 27. C, Jamma vera, — La fleur de ce joli Camellia est rosiforme, d’une belle couleur rouge cerise foncée, macu- lée de blanc. Il n’offre aucune ressemblance avec le PiC' torum rosea^ ni par la forme de la fleur, ni par le coloris, ni par le feuillage, et c’est par erreur que M. Van Iloutte 450 REVUE HORTICOLE. prétend que ces deux Caïuellias ne formenl qu'une seule et même variété. 28. C. imbricaia de Dunlop. — Belle variété, provenant d’Amérique. Sa fleur est d’une jolie nuance rose , de moyenne grandeur, d’une forme convexe, à huit ou neuf rangs de pétales très bien imbriqués et veinés. Elle s’ouvre facilement. 29. C. LEsperia. — La forme et le coloris de cette va- riété présentent beaucoup d’analogie avec le Picturaia> Peut-être les fleurs ont-elles une teinte carnée plus jau- nâtre. 50. C. VOnore di Bibbiani. — Deux fleurs épanouies sur un faible sujet, vu par nous dans les serres de M.Duclos, à Blois, n’ont pu nous donner sans doute qu’une faible idée du mérite de cette variété, dont le nom pompeux semblait promettre une merveille florale. Voici toutefois le résultat de notre examen : fleur renonculiforme, d’un blanc carné légèrement parsemé de points roses peu apparents, avec des stries rares et peu foncées. 5^. C. Malhœni, — Fleur rouge, pomponiforme; le pompon est d’une facture très régulière, gros et serré; floraison de longue durée. Variété méritante pour ceux qui aiment les fleurs de cette forme. 52. C. Maria Luigia^velAdmirabilis, — Cette variété a les fleurs rouge oiangé; elle se compose de deux rangs de pétales amples a l’extérieur et d’un certain nombre de plus petits disposés au centre d’une manière irrégulière; l’en- semble est peu gracieux, et alors qu’elle est unicolore, ce qui arrive fréquemment, elle est médiocre. Ce n’est que- par ses larges panacliures blanches, qui ressortent sur le fond rouge orangé des pétales, que cette variété peut offrir quelque attrait. 55. C. Marie Amélie. — Superbe nouveauté obtenue par M. Lemichez, que nous avons vue en fleur dans son bel établissement, en mars 1846, mais dont nous n’avons pas pris la description; elle a été dédiée a la reine des Français. 54. C. Marguerite- Gouillon. — Ce beau Camellia a été obtenu il y a quelques années par M. Drouard-Gouillon, de Nantes. Son coloris est rose tendre, strié de carmin, d’une nuance plus pâle que le Swettii vera. La fleur a 0*”,09 de diamètre; souvent elle est totalement imbriquée; d’au- tres fois les quatre premiers rangs sont seulement imbri- qués, et le centre est disposé irrégulièrement. REVUE HORTICOLE. 55. C. Monarch (Halley). — Fleur rosiforinc, coloris rouge corail brillant; au centre d’un double rang de grands pétales, on voit quelques pétales entremêlés d’élamines. 56. C. Montironi. — Rien de plus élégant et de plus gracieux que ce Cainellia, que tous les amateurs admi- raient a la splendide exposition faite par le cercle généraîlr d’horticulture au mois de mars dernier. 57. C. Mutabilis violacea (Boll.). Ce Camellia nous vient. d’Amérique ; ses fleurs, d’un rouge cerise très éclatant, sont sept rangs de pétales bien imbriqués, et le centre concave. Cette variété estbelle, mais n’offre rien de remarquable. 58. C, Myrtifolia alba, vel Albicans. — Ce Camellia a été obtenu de graines par le révérend Herbert, auquel on doit Vlmbricata albaet autres beaux Camellias. Jusqira présent nous n’avions pas encore été a même de bien ap- précier le Myrtifolia alba, et ce n’est que cet hiver, en présence d’une tige surmontée d’une trentaine de fleurs, que nous n’avons pu méconnaître le mérite réel de celle variété. Les fleurs renonculiformes, a fond blanc avec de rares stries roses, sont bombées, très pleines et bien faites. 59. C. Prattii (Buist). — C’est une superbe variété, h fleurs imbriquées sur huit rangs de pétales de h de diamètre, d’une jolie nuance rouge cerise, sou- vent divisés par une ligne blanche peu apparente. 40. C. Princesse Bacciochi. — La fleur est pleine, renoo- culiforme, d’un rouge orangé très brillant; elle a enviroï> 0™,^0 de diamètre. Les pétales imbriqués sur huit a neuf rangs, avec une régularité parfaite, diminuent successive- ment de'grandeur et forment au centre une sorte d’étoile. Par son coloris, par la perfection de sa forme et par sa flo- raison facile, ce Camellia doit être rangé parmi les variétés les plus belles du genre. (Voir Revue horticole^ n^^ du ^5 octobre 'l 846.) Princesse royale. — Fleur rosiforme, pétales larges , disposés par cinq rangs ; au centre, pétales étroits peu nom- breux, d’un rose vif. La fleur s’épanouit dans le genre du Florida^ mais^en conservant la forme en coupe pendant presque toute la durée de la fleur. Dans les catalogues belges, on dit que ce Camellia a la forme du Triumphans, Le nôtre est-il le véritable? nous ne pouvons l’affirmer. 42. Cn Prince Albert. — Celle variété anglaise est re- REVUE HORTICOLE. 452 marquablement belle, elle se différencie par son coloris de ia plupart des variétés connues. Plante d'une végétation vigoureuse, a feuillage large et fortement denté. Les fleurs sont à fond rose, rubanées et striées de rose carminé de O”', 09 à de diamètre; pétales extérieurs des premiers rangs larges et imbriqués, les autres disposés d’une manière irrégulière. Cette année, une greffe de deux ans nous a donné des fleurs toutes roses. 45. C. Reine des Fleurs (UdikoY)- — Cette superbe variété, comme nous l’avons dit plushaut, présente une grande ana- logie avec le C. Commensa^ pour le coloris et la forme. 44. C. Ristori, — Nous sommes loin de partager les éloges exagérés qui ont été donnés a cette variété. La fleur est rose, a pétales divisés par une ligne blanche, mais sa forme est trop plate. 45. C. Roberii. — Les fleurs sont d’une rare perfection de forme, de 0*^,09 a de diamètre, très bombées, se composant de dix rangs de pétales parfaitement imbriqués et disposés en étoile au centre. Leur coloris est d’un rose velouté, intermédiaire entre celui duSacco et deP/m- bricata de Runlop, C’est à notre avis un admirable Ca- meliia^ Toutefois, il est à craindre que les boutons ne s’ouvrent pas facilement, si nous en jugeons, non par la floraison de notre sujet qui s’est opérée très facilement, mais par celle du pied mère. Peut-être n’est-ce que le résultat d’un accident. 46. C. Spir aliter imbricata. — Le coloris des fleurs est rose cerise ; elles sont imbriquées sur sept à huit rangs. Bien qu’elles ne soient pas assez bombées et pas très four- nies, cependant elles ne manquent pas d’élégance, et cette variété nous semble digne d’être admise dans une collec- tion d’élite. 47. C. Teutonia. — Ce Camellia,si vanté dans son origine et dont le mérite tout particulier devait être de porter sur la même branche des fleurs roses et des fleurs blanches, n’a point encore offert, du moins à notre connaissance, cette anomalie si délicieuse. Quant à nous, il ne nous a en- core été donné de voir que des fleurs blanches et roses, sur des pieds isolés. Ces fleurs sont bien imbriquées, très plei- nes, d’une bonne facture, ayant de neuf à dix rangs de pé- (I) Ce Camellia nous vient de chez M. Duclos-Chauveau, horticul* teur à Blois, qui l’a reçu directement d’Italie, il y a deux ans. REVUE HORTICOLE. 455 laies. Attendons encore avec patience, et sur des sujets d’une certaine force peut-être verrons -nous ce jeu de la nature se réaliser, dont on a eu d’ailleurs de nombreux exemples sur le Pomponia, 48. C. Villageoise. — Que de prospectus, que de catalo- gues ont répété à l’envi que ce Camellia était l’un des plus beaux striés; il n’est pas sans mérite aucun, mais que sa fleur est loin de ces éloges trompeurs... elle est d’un rose tendre, strié de rouge cerise, péonæforme, ayant à la cir- conférence deux rangs de pétales, et au centre un pompon peu fourni, dont les pétales sont entremêlés d’étamines. F. Porcher, Président de la Société d’horticulture d’Orléans. De la culture des Rhubarbes. Nous croyons faire quelque chose d’utile aux lecteurs de la Revue ^ en extrayant de la Pfaelmche Gartenaeitung quelques détails au sujet dé la culture des Rhubarbes, qui entrent, en Angleterre ainsi qu’en Allemagne, dans la com- position de tous les potagers bien dirigés. On connaît l’u- sage fréquent de cette plante dans la cuisine anglaise. Les diverses espèces de Rhubarbes, originaires de l’Asie occidentale, aiment un sol légèrement sec et une exposition chaude *. La culture en est simple et peut se résumer dans îe court exposé suivant : On peut multiplier les Rhubarbes soit au moyen de grai- nes, soit au moyen des œilletons ou des bourgeons qui en- tourent le collet. Dans le premier cas, on repique les plants obtenus des graines semées, soit en pleine terre, soit sur des couches abritées, dès qu’ils ont atteint la hauteur du doigt, en les espaçant de 5 à 0™,20. En attendant, on prépare îe terrain ou les plants seront transplantés pour la seconde fois et oïl ils doivent définitivement rester. On défonce ce terrain a la profondeur de 0“,66 à ^ mètre, et on le fume, parce que les racines pénètrent profondément dans la terre et souffrent de l’humidité. (1) Lorsque, dans la recherche^de la véritable Rhubarbe, Sievers parvint, à la fin de juillet 1793, au sommet du Sarasau, il ne vit de hautes montagnes couvertes de neige que vers le N. et le N. E. Mais ces neiges, d’après l’analogie des Alpes de Korgon et le Kholson, n’in- diquent en effet, d’a’^rcs M. de Humbold!, que des élévations de 2,000 à 2,400 mètres. L D. 554 REVUE HORTICOLE. Les plants sont placés en ligne, à f mètre au moins Turi de Tautre. Si Pon veut en avoir plusieurs lignes, il faut un intervalle de 'i“,55 entre elles. En automne, on couvre de paille ou de fumier sec les plates-bandes ou le carré où se trouvent les plants de Rhubarbes, et au printemps suivant on enterre cet engrais dès le premier dégel. Cette fumure, ce labour et la destruction des mauvaises herbes composent presque tous les soins qu’il faut donner à la plante. Quand les feuilles ont atteint toute leur grandeur, on les coupe avec les pétioles pour en faire les confitures L L’espèce de Rhubarbe dont on fait le plus grand emploi culinaire est \eRheum rhaponticum ; mais le Rheum hybri^ dum est préféré pour cet usage, et c’est Lespèce cultivée maintenant presque exclusivement dans cette intention dans le Palatinat; le B. Ribes, préconisé anciennement, et, en effet, le plus estimé en Perse , résiste moins 'a notre climat et se trouve pour ainsi dire abandonné. Pour produire \e Rheum hybridum^ M. Dochnahl, a Neu- stadt (Bavière), adopte le procédé suivant : avant d’effec- tuer la dernière transplantation, il défonce le sol à la pro- fondeur d’environ 0“\50 a 0”\60 ; il le fume avec de l’en- grais bien décomposé ; il plante ensuite les Rhubarbes a une distance de 4 mètre l’une de l’autre. En général, une seule rangée lui suffit; mais si une consommation plus forte nécessitait plusieurs lignes, il faudrait les espacer convena- blement, car les feuilles s’étendent quelquefois à 0”^,66 de tous côtés ; on ferait meme bien de placer les Rhubarbes à des intervalles plus grands encore. Outre la culture natu- relle, le Rheum hybridum peut être soumis avec succès a la culture forcée, On cultive de préférence pour l’usage médical \e Rheum palmatum, ou Rhubarbe palmée, ainsi nommée a cause de la forme de ses feuilles. Plusieurs essais faits sur cette es- pèce n’ont pas encore produit de succès assez satisfaisant en Allemagne. On y attribue ce mauvais résultat a la courte durée du temps pendant lequel on laisse les racines en (1) Suivant le rapport de Jacquemont (vol. IIÎ, p. 227), les mon- tagnards indiens mangent les feuilles du Rheum Emondi comme les Dauphinois celle du Rumex alpinus, A Ispahan, on fait blanchir les* feuilles en buttant la plante comme nous le faisons pour le Cardon et le Chou marin; mais on peut remplacer le buttage en plaçant sur chaque pied une barrique défoncée ou un grand pot à fleur qu’on re- couvre de prJlle. J. D. îlKVrE HORTICOLE. 455 lerre, el (jiii ne leur pcnnek pas d’aUeindic leur conipiele maturité. Un amateur de Francfort sur Mein, (jui s’occupe exclusivement de la culture du Rheum palmalum^ a pro- posé de laisser cette espèce pendant quinze ans dans la terre, au lieu de la récolter au bout de cinq a six ans. 11 voudrait qu’on destinât quinze carrés a celte plante et qu’on en plantât un-tous les ans. Au bout de quinze ans, on dé- terrerait la première et on la remplacerait, de sorte qn’oo en enlèverait une tous les ans. Des Rhubarbes laissées ainsi- quinze ans dans la terre ont atteint toute leur maturité et ne le cèdent en rien a celles de la Chine. Le procédé que je viens d’indiquer est le même, soit qu’on multiplie la plante a l’aide d’œilletons, soit qu’on emploie des bourgeons de racines. Cependant la longueur de la période de croissance de la Rhubarbe, le peu d’usage de cette racine en France, empêchera les jardiniers d’en ciilti-* ver ; néanmoins ceux qui habitent la province ou qui se trouvent éloignés des grandes villes, les propriétaires de vastes domaines pourraient se livrer 'a cette branche de culture qui serait, je crois, lucrative pour les uns, el qui donnerait aux autres une de ces plantes an feuillage large et vïgoureux qu’on aime à rencontrer dans les parcs ou les Jardins anglais. M. Block. Mesure de quelques Conifères de la Nouvelle-Zélande et de Vile Norfolk'^. L’exrait d’une lettre adressée par M. le capilaino E. Home à M. R. Brown, dans laquelle se trouve consignée la mesure de quelques-uns des plus grands Conifères de la Nouvelle-Zélande et de l’île Norfolk, nous a paru devoir offrir un intérêt réel aux lecteurs de la Revue ^ et noos a engagé à le reproduire. M. E. Home renvoie, pour plus de détails, au journal de M. Saddler, lequel, commandant le Buffaloe Store^ship, fut envoyé a la Nouvelle-Zélande en 4 855-4 854, pour appro- visionner de poutres les établissements maritimes de l’An- gleterre. L’arbre qu’il a décrit était situé dans une forés voisine de Wangaroa^ à quelques milles de la Baie des^ lies. M. Saddler dit : « Le 4 6 mai 4 854, j’allai examiner tny (1) Extrait des actes de la Société linnéennc. REVUE HORTICOLE. m Kauri {Dammara australis Lamb.), que M. Betts, le pour- voyeur avait découvert peu de jours auparavant, dans ses recherches à travers la forêt. Cet arbre est situé à environ deux railles de la rivière, sur le bord escarpé d’une ravine. Il paraissait parfaitement sain et entier, et avait -io mè- tres de circonférence et 20 mètres de bille. A cette hau- teur, sa tête se divise en quarante et une branches princi- pales, dont quelques-unes avaient 1™,50 de diamètre. Sa dimension est de plus du double de celle de quelques arbres que j’avais remarqués auparavant dans ces contrées. »» M. E. Home ajoute que le plus grand arbre de cette espèce qu’il ait vu avait seulement 6"^, 20 de circonférence, mais qu’il a mesuré dans l’île de Norfolk le plus grand arbre (Araucaria excelsa Sol.) que Ton connaisse dansl’île, et lui a trouvé 62 mètres de haut et ^8 mètres de circonfé- rence au-dessus du sol, et 17 mètres a une hauteur de 7 mètres. Cet arbre, quoique creux à 5 mètres au-dessus du sol, est cependant en bonne santé. Les observations de M. E. Home me rappellent des faits analogues qui se trouvent consignés dans le Journal de Botanique publié par sir W. Hooker, relativement au Pi- nus ponder osa, On a mesuré quelques individus de celte espèce qui ont donné de 50 a 60 mètres de hauteur sur L”"%50 a 5*”, 50 de diamètre. Cet arbre constitue la presque totalité des forêts dans le Haut-Orégon son bois est très du- rable et pesant. Il doit cette qualité a la grande abondance de résine qu’il contient, d’où lui-est venu le nom d' Arbre de gomme que lui donnent les voyageurs canadiens. Malgré l’iraniense développement que prend le Pinus ponderosa^ le Thuya gigantea le dépasse encore. M, Geyer a mesuré un de ses arbres qui avait 16 mètres de circonférence; il n’est pas rare d’en rencontrer de 65 mètres de hauteur, dont le tronc mesure 5*”, 50 à 4 mètres de diamètre. Ces arbres croissent très serrés et répandent une obscurité complète dans les défilés de Green -Mountains, Ils sont très droits et forment des pyramides élancées. Les billes sont rarement creuses. Le bois, bien que plus léger que celui du Cèdre, est cependant aussi durable, lorsqu’il a été exposé a l’air. Les Indiens Skisaoe se servent de l’écorce de ces arbres pour couvrir leurs huttes, pour construire des canots, con- fectionner des sacs dans lesquels ils transportent leurs ali- ments, et enfin divers engins de pêche. Riedel. REVUE HORTICOLE. r>7 Le Marché aux Fleurs à Paris. Dans chaque capitale on trouve de grandes promenades a allées droites ou des parcs à vertes pelouses ; nulle part on n’admire un vaste jardin comme celui du Muséum de Paris, où les végétaux des contrées les plus éloignées ombragent les quadrupèdes et les oiseaux de leurs pays. Toutefois l’étonne- ment qu’excite ce merveilleux ensemble est empoisonné par un regret : ces plantes, ces fleurs appartenant a tous, ne sont la propriété de personne. On peut toujours les contempler de loin , et même les examiner de près à certaines heures, mais jamais les emporler pour les partager avec sa famille, en jouir en commun et en faire l’ornement du foyer domes- tique. Il y a plus : cette classification des végétaux, ce rap- prochement des espèces semblables, ce groupement de plan- tes dont la physionomie est la même, satisfait le botaniste, car c’est une image de l’ordre qui règne dans la nature; mais elle répugne aux yeux de l’artiste qui aime les contrastes et les harmonies que l’on trouve dans le désordre apparent de la végétation livrée à elle-même. Aussi le Marché aux Fleurs me semble t-il plus beau, plus pittoresque; dans cette vaste corbeille de fleurs qui se renouvellent deux fois chaque se- maine, les groupes les plus variés se forment naturellement. Chaque jardinier apporte les fleurs nouvellement écloses dans ses jardins, ses bâches et ses serres chaudes. Les végé- taux les plus différents s’échelonnent les uns derrière les autres de manière à séduire l’acheteur par la variété de leur feuillage et la vivacité de leurs couleurs. Chaque saison ap- porte son tribut, qui se compose des fleurs de toutes les parties du monde mêlées à celles de nos champs et de nos jardins. Au printemps, ce sont les Calcéolaires du Chili, les Cactus de l’Amérique tropicale, les Diosma, les Ixia^ le Pélargonium et les Bruyères du Cap de, Bonne-Espérance ; le Rhododendron de la Tauride {Rhododendron ponticum) et les Azalea de l’Amérique septentrionale, mêlés aux Pri- mevères, aux Violettes et aux Anémones de nos parterres. En été, lorsque les jeunes filles parent de fleurs les au- tels de la Vierge, c’est là qu’elles viennent chercher leurs plus beaux ornements. Alors les Myrtes, les Grenadiers, les Lauriers roses, les Jasmins, les Orangers, les Amarantes, les Dahlias, la Tubéreuse, tous enfants des pays chauds, suppléent à l’indigence des jardins où les chaleurs de juil- REVUE HORTICOLE. 45S let ont flétri nos fleurs européennes, amies fle l’ombre el de riiumidité. Dans l’arrière-saison , quand de toutes parts les arbres et les arbrisseaux sont couverts de fruits, lorsque le Jardin des Plantes lui-méme présente les teintes mélancoliques de l’automne, la corbeille du Marché aux Fleurs est encore belle comme au printemps; c’est avec admiration qu’un des horticulteurs les plus distingués de l’Angleterre, M. Lou- don, parlait du coup d’œil qu’il offre vers le milieu de septembre. Les Jasmins d’Espagne , les Myrtes, les Roses, les Magnolia a grandes fleurs, la Ketmie des jardins {Hibis- cus Syriacus)^ brillent a côté des fleurs d’automne de nos Jardins, les Asters, les Plilox, les Dahlias et les Balsamines. En meme temps des Vignes, des Pommiers nains et des Fraisiers chargés de fruits rappellent la saison avancée que cette abondance de fleurs aurait pu faire oublier. Cependant l’hiver arrive , la terre est détrempée par la pluie ou couverte de neige. Nul végétal ne résiste aux vents glacés du nord : les arbres se dépouillent de leurs feuilles; les plantes herbacées périssent; mais à l’abri des vitres de ses bâches et de ses serres, l’industrieux jardinier prolonge, pour ses plantes, la douce température de l’été. Par d’in-* génieiix artifices, il les force à fleurir à l’époque où il n’y a point de fleurs sous le ciel, et, aux fêtes du nouvel an, il offre a l’ami delà nature l’innombrable variété de Camel- lias, les Roses du Bengale, le Résédas, les Jacinthes, le Tus- silage odorant, des Jasmins et des Metrosideros. En décem- bre ou janvier le Marché présente un aspect unique; ces pauvres fleurs, arrachées a leur chaude demeure, transies de froid ou courbées sous le poids de la neige, semblent implorer l’acheteur incertain et lui demander un asile. Alors la pitié entre dans son cœur; il emporte chez lui la fleur à demi morte, la ranime à la douce chaleur de son foyer, et la fleur reconnaissante se relève, ses feuilles flé- tries reverdissent, et elle semble remercier son bienfaiteur en lui prodiguant ses parfums ou en réjouissant ses yeux par l’éclat de ses couleurs. Le Marché aux Fleurs n’est point un entrepôt de mar- chandises destinées seulement à satisfaire les caprices des riches ; c’est une institution morale qui fait pénétrer jusque dans la demeure de l’homme pauvre , condamné à perpé- tuité au séjour de la ville, quelque chose de l’aspect et du parfum de la campagne. En vivant avec les fleurs, le sens, RE^UE HORTICOLE. 459 du beau sc développe en lui ; cominent n’en serait-il pas ainsi, s’il a constamment sous les yeux les plus parfaits mo- dèles de la grâce des formes et de la vivacité des couleurs? Je vais plus loin ; je crois que le dessinateur d’étoffes ou de décors, l’orfévre, le ciseleur, la modiste , la brodeuse pui- seront dans cette contemplation ce goût et ce sentiment de la forme qui peuvent élever leur profession au niveau de l’art. Qui sait si le goût dont Paris est le centre, la grâce tant vantée des ajustements de ses femmes, ne tiennent pas à l’a- mour des fleurs plus général chez nous que partout ailleurs? Qu’on n’imagine pas que j’invente ou que j’exagère. Voici un fait dont j’ai été témoin. Dans la belle bibliothèque bo- tanique dont iM. Benjamin Delessert accordait avec tant de libéralité la jouissance à tous ceux qui veulent étudier la science des végétaux, j’ai vu une fleuriste faire copier ces admirables plantes que l’on trouve figurées dans les œuvres de luxe où les Anglais représentent les productions les plus remarquables des quatre parties du monde. Au lieu d’in- venter ces monstruosités connues sous le nom de fleurs de fantaisie, elle reproduisait les œuvres de la nature, tou- jours belles, toujours harmonieuses; et le goût des femmes ne s’y trompait pas, car les fleurs inconnues de l’Inde et de l’Amérique obtenaient toujours la préférence sur ces compositions disgracieuses. Sous le point de vue commercial , le Marché aux Fleurs est aussi d’une grande importance. Dans une visite faite au milieu d’août, M. l’abbé Berlèse, l’un de nos horticul- teurs les plus habiles, estimait â 50,000 le nombre de pots exposés en vente, et a 45,000 fr. le produit des achats de la journée. Pour le botaniste, le Marché aux Fleurs est une source d’instructions; c’est la qu’il étudie les progrès des natura- lisations, c’est la qu’il s’aperçoit qu’une plante n’est plus confinée dans les jardins botaniques, et qu’il peut se ré- jouir des nouvelles conquêtes de l’horticulture. Quand on songe que le Cobea, qui embellit d’une guirlande de ver- dure la fenêtre de la mansarde, est une plante du Mexique ; que le Réséda, qui la remplit de ses parfums, est originaire d’Égypte; que toutes les plantes d’ornement sont , a peu d’exceptions près, des végétaux exotiques naturalisés che74 nous, on ne peut s’empêcher de dire que l’horticulteur qui popularise une belle fleur en facilitant sa culture est au- dessus de celui qui n’a fait que l’importer dans les serres -560 REVUE HORTICOLE. des riches amateurs. Le Marché aux Fleurs tend à ce résul- tat, et on peut prévoir le temps oii les végétaux, que leur prix rend encore inaccessibles aux pauvres, orneront sa de- meure et lui donneront des jouissances toujours plus vives que celles du riche, qui regarde a peine la corbeille que son jardinier entretient sans qu’il s’en mêle, et renouvelle sou- vent sans qu’il s’en aperçoive. X. Maladie du Pêcher. La Cloque. — Lorsqu’au printemps, par l’effet du re* froidissement de l’atmosphère , la végétation s’est trouvée arrêtée, s’il survient subitement un changement sensible de température, la sève surabondante circule avec une telle activité que les canaux destinés a la contenir et à la con- duire jusqu’à l’extrémité des feuilles sont insuffisants et s’obstruent. Alors se déclare dans certains arbres et plantes une maladie désignée sous le nom de cloque ou recoquille- ment des feuilles; bientôt après, le puceron se développe dans le feuillage , et souvent le fruit s’atrophie et tombe. Le Pêcher et l’Abricotier sont les arbres de nos jardins les plus sujets a cette affection. Dernièrementun horticulteurnous a indiqué contre la clo- que un moyen qu’il a eu plusieurs fois l’occasion d’expéri- menter et qui lui a toujours réussi. Il consiste à jeter quel- ques poignées de cendres de bois sur le feuillage malade. L’ac- tion du remède est plus prompte et plus complète si le feuillage est légèrement humide. Quelques jours après cette opération fort simple, on voit, nous est-il assuré, le feuil- lage reprendre son état normal et sa fraîcheur, et l’arbre retrouver toute sa vigueur. Ce remède est employé de temps immémorial dans les jardins de l’hospice de Fécamp, qui le tenait, selon toute probabilité, des moines de l’abbaye de cette ville, grands et habiles arboriculteurs. Nous ne savons si l’emploi de la cendre contre la cloque est pratiqué ailleurs; dans tous les cas , comme le procédé n’est pas généralement connu, nous croyons utile de le signaler aux horticulteurs. X. ■ ■ DicenLm .speclabilis HEU;Î!: iCULK. 4^1 Dieentra specîabilis (fig. 24)« Cette plante est, sans confcstatioii la plus belle de îouté la famille des Fumariacées. Elle ne paraît pas avoir été lu- troduite vivante en Europe avant que M. Fortune, qui la trouva^ dans les jardins chinois, Peut rapportée de son voyage. En bonne santé, la planté s’élève à 0*”,50 de haut et donne 5 ou 4 grappes de belles fleurs; chaque grappe a 0™,'l2 ou 8 de long. Les fleurs ont 0™,05 de lon- gueur sur 0”\02 de large, avec 2 pétales en forme de poches d’un rose délicat; les autres, projetés en dehors, sont blancs, avec un point pourpre. (Liindl., Journ, Hort. Soc, l. 255.) Les botanistes européens Font d’abord connue par un échantillon envoyé par le Piusso-Sibérien De Karamyschew, qui, étudiant à Upsal, le communiqua à Linné. Depuis, la plante a fleuri pour la première fois en Angleterre dans le jardin de la Société d’horticulture, à Chiswick, où a été exécutée la figure ci-contre, « C’est, dit M. Fortune, l’une de ces plantes dont les man- darins chinois sont si passionnés qu’ils la cultivent avec une extrême vanité dans leurs petits jardins féeriques, le la trouvai dans \e Jardin delà Grotte (lie de Chiisan), crois- sant parmi les roches artiflcielles, près du beau Weigelia rosea. Son nom chinois est Hong-pak-MoutaU'Wha ou fleur de Moutan rouge et blanche. Les botanistes chinois ne tirent pas les caractères *de leurs genres d’après les fleurs, comme nous le faisons, mais bien d’après Vhabitus des plantes. Dans celle dont il s’agit, les feuilles sont assez semblables à celle de la Pivoine Moutan; les fleurs sont rouges et blanches : de là l’appellation chinoise. « En Chine, la Dieentra (ou Dielyira^ comme on voudra) spectabilis s’élève à 0"\50 ou 0*",60 de hauteur et produit de belles grappes de belles fleurs roses, bien représenlées dans la figure ci-contre. Elle est certainement la plus belle et du genre et de la famille. « La plante est encore trop rare pour la risquer à Pair libre, et on n’a point de preuves qu’elle puisse supporter nos hivers sans abri. Je pense toutefois qu’elle sera sans doute aussi rustique qu’aucune autre de son genre. Je ne l’ai jamais rencontrée dans les parties méridionales de la Chine, et, d’après l’autorité ci-dessus citée, elle paraît s’a- 5^ SKBÏE. Tome ï. — 24, J. 5 Décembre J 847, ^62 REVUE [ÏORTICOÎÆ. vancor jusque sur les frontières de la Sibérie. Comme plante propre à orner les appartemenis, elle est extrême- ment gracieuse et reste longtemps en fleurs. J’en ai con- servé un pied sur ma table à Cliusan pendant trois semai- nes, après l’avoir arrachée dans le jardin; elle se maintint fraîche et belle pendant tout ce temps. Elle ressemble assez bien à notre ancienne Dielyira (Di- centra) formosa^ si commune dans tous les jardins fleu- ristes. Les tiges périssent en automne, et les racines restent à l’état dormant jusqu’au printemps suivant, où la planl<* reparaît hors du sol et fleurit en mai ou en juin. Les Chi nois la multiplient promptement et en divisant les racines au printemps, avant que la plante commence à végéter. En Europe, on la multipliera aisément de la même manière, ainsi qu’en en bouturant les jeunes rameaux pendant l’été. Tout sol lui est bon, et elle se plaira dans les endroits abrités des grands vents. Cette plante est une jolie acquisition pour nos parterres à Lair libre, où elle ne peut tarder à se montrer aussi rus- tique que ses congénères. En attendant que l’expérience en décide, il est prudent d’en rentrer un pied en serre froide ou sous châssis. L’article de M. Fortune me dispense d’en- trer dans d’autres détails de culture. L. Van Hoütte. Excursion botanique et horticole en Algérie, S’il fut jamais une question controversée parmi nos hommes politiques, c’est incontestablement celle de l’Al gérie. Que d’éloquence et d’esprit n’a-t-on point dépensés dans nos Chambres 'a son sujet; quels ingénieux systèmes n’a-t-on pas tour a tour proposés pour sa colonisation î Avec les brochures, les livres, les pamphlets, les publica- tions de toute nature dont on nous a inondés a propos de l’Algérie, il y aurait de quoi former une immense biblio- thèque, et à ne considérer les choses que de loin, on serait tenté de croire que la conquête de cette vaste contrée iCa été faite que dans le but d’exercer la faconde du peuple fran- <;aiset de donner un aliment à son imagination inventive. Et cependant, chose triste à dire et peu faite pour flaüer notre amour-propre national, c’est à peine si, avec toutes ces discussions et ces systèmes contradictoires, on com- mence à se faire en France une juste idée du pays au sujet duquel ou a tant discouru. C’est qu’il est plus facile de 1\EV(JE HORTICOLE. discourir que (robserver, et s’il est un pays au monde où l’on parle de tout supeitlciellement et où l’espril tasse absoudre la légèreté, assurément c’est le nôtre. Heureiisemeiit que TAluérie n’était point a lu merci des faiseurs de systèmes et que taudis que nos journaux s’escri- maient à faire et a défaire des plans de colonisation, les affairesy étaient vigoureusement conduites par un homme d’une expérience consommée. Longtemps on a méconnu les services de M. le maréchal Bugeaud, aujourd’hui meme tout le monde ne lui rend pas justice, mais en Afrique on apprécie mieux ses efforts, parce que la au moins on a sous les yeux les résultats de sa politique aussi habile que per- sévérante. De vastes défrichements, des villages qui s’élè- vent comme par enchantement, des routes ouvertes dans loutes les directions, des travaux d’art dont plusieurs rappellent ceux dont les Romains avaient autrefois doté ce pays; plus que tout cela, la pacification complète des in- digènes et une sécurité qui permet au voyageur de pénétrer jusque sur les points les plus reculés de ce vaste territoire, lois sont les fruits d’une administration de six années dont la colonie gardera longtemps le souvenir. Ce serait sortir de notre modeste rôle de narrateur hor- ticole que d’insister plus longtemps sur des faits qui sont du domaine de l’histoire politique, mais nous attachons un si grand prix à notre nouvelle possession d’Afrique, nous y voyons un si bel avenir pour notre agriculture et le déve- loppement de nos relations commerciales, qu’on nous par- donnera de vouloir faire passer dans l’esprit de nos lec- teurs une partie de l’espoir qui nous anime. Nous avons foi dans l’avenir de l’Algérie ; cette conviction s’est formée au contact des hommes les plus compétents à juger les desti- nées du pays, et, nous osons le dire, un peu aussi à l’exa- men, sur les lieux, des nouvelles conditions dans lesquelles est entrée la colonie. Alais revenons à notre spécialité, et laissant à de plus habiles le soin de traiter les questions d’économie politi- que, essayons de donner a nos lecteurs une idée des pro- ductions végétales de notre Afrique, et de leur faire entre*- voir le rôle magnifique que l’agriculture est appelée à y jouer dans un prochain avenir. C’est seulement au mois d’août dernier que de trop nombreuses occupations, en nous laissant quelque trêve, nous permirent d’exécuter un voyage médité depuis long- m KÉVUi: flOKX'iCOi^. temps. £mbarose une résistance opiniâtre; çà et là des Vignes aux propor- tions colossales, des Caroubiers au feuillage épais et du vert le plus vif, des Oliviers sauvages qui pour les dimen- sions rivaliseraient avec les Chênes de nos forêts; des Oran- gers, des Grenadiers, des Lauriers roses, des Myrtes et tout un peuple d’arbrisseaux des contrées méridionales, vien- dront tour à tour fixer ses regards ; mais que ses jouissances seront plus vives encore lorsqu’il entreprendra une herbo- risation eu règle, et que, muni des ustensiles indispensa* blés en pareille circonstance, il gravira les monts, par- courra les vallées, s’enfoncera dans ces épais fourrés de verdure, oii presque tout ce qui se présentera à ses yeux HKVDE HOKIU.OLK. 465 sera nouveau pour lui, ou bien aura, pai l’influence du climat, revêtu des formes inusitées! Ainsi qu’on doit s’y attendre, la végétation indigène de l’Algérie est extrêmement variée, et cela a raison de la dif- férence des latitudes, des expositions et surtout des hau- teurs, nécessairement très diverses dans une contrée par- courue par plusieurs chaînes de montagnes. Si les plaines présentent partout les productions d’un climat chaud, les montagnes en revanche se revêtent d’une végétation plus analogue à celle que nous sommes habitués à trouver dans nos provinces septentrionales. A mesure qu’on s’élève on voit les plantes devenir de plus en plus françaises, qu’on nous passe ce terme, et lorsque nous herborisions sur ces plateaux de l’Atlas où s’élève la ville de Médéah, nous nous sommes crus un instant transportés au centre de la France, tant la végétation était analogue a celle de notre pays. C’étaient toutes nos espèces les plus vulgaires, telles qu’elles se présentent partout autour de nos villes et dans nos champs. Les produits de la culture eux-mêmes ne dé- mentaient point cette analogie du climat; c’étaient des Vignes, des Figuiers, des Pêchers en plein vent, comme c’étaient, le long des chemins, nos Ronces, nos Eglantiers et nos Aubépines ; plus de Palmiers nains, plus de Cactus ni d’Agaves ; nous nous trouvions dans une des plus belles parties de la France, mais éclairée par le brillant soleil de l’Afrique. Les arbres sont malheureusement peu communs dans notre colonie. La végétation arborescente, livrée depuis des siècles au barbare système agricole des Arabes qui l’incen- dient périodiquement, ou a la dent mortelle des bestiaux qui, ainsi que dans le midi de la France, la broutent toute l’année, a rarement pu s’élever au -delà de quelques mè- tres. Elle se compose principalement d’OIiviers, de Carou- biers, de Lentisques, de quelques espèces de Chênes, parmi lesquels on cite le Liège, le Vélani, le Chêne à glands doux {Quercus ballota Desf.) et une nouvelle espèce a feuilles assez analogues a celles du Châtaignier, décrite récemment sous le nom de Quercus Mirbeckii'^, On sait déjà que de (1) Celte nouvelle espèce de Chêne est propi e aux montagnes de la province d’Alger et de celle de Constanline. Les glands en sont doux, quoique moins agréables que ceux du Quercus Ballota qui provient de riniérieur sous le nom arabe àe Bellout ; les indigènes s’en nour- rissent aussi bien que de ces derniers. Le gouvernement en a fait 466 REVUE HORTICOLE. petites forêts de Cèdres du Liban ont été découvertes dans TAtlas. Joignez à cela le Thuya articulata que nous avons trouvé abondamment dans la vallée de la Chiffa,le Jujubier domestique, PArbousier, quelques Cyprès et quelques Peu- pliers rabougris ; on aura une idée assez exacte des produc- tions vraiment arborescentes de l’Algérie. Ceci indique assez combien il y aurait à faire pour repeupler d’arbres le pays, et iPapprovisionner de bois, matière qui devient de plus eu plus rare, et qui menace d’atteindre un jour, par suiîe des besoins toujours croissants, une valeur exorbitante. Il n’en est pas de même do la végétation frutescente et herbacée. Le nombre d’arbustes et de sous-arbrisseaux in- digènes est prodigieux ; on marche des journées entières au milieu des Palmiers nains, des Myrtes, des Jujubiers sau- vages (Zizyphus lotus), des touffes Asparagus albus^ plante à écorce blanche, hérissée d’aiguillons et dont les rameaux, entrelacés de mille manières à d’autres plantes épineuses, forment des fourrés inabordables; le Laurier rose {Nerium Oleander) encombre le fond de toutes les vallées arrosées par un cours d’eau ; divers Passerina, des Osyris, des Coriaria, revêtent le flanc des montagnes ; d’énormes Chardons aux fleurs purpurines élèvent partout leurs têtes liérissées de pointes, comme pour porter un déli au voyageur égaré dans ces épaisses broussailles; de hautes Graminées, des Cistes, des Légumineuses, des Ombellifères, des Composées et des Labiées qui, en Algérie comme dans le midi de l’Europe, pullulent en espèces, achèvent de remplir les intervalles étroits que laissent ça et la ces vé- gétaux ligneux. C’est un assez triste coup d’œil que celui que présentent au mois d’août les vastes plaines incultes et les collines basses du nord de l’Afrique, alors que tout est brûlé par un soleil vraiment tropical. La verdure perpétuelle des Cha- mærops, la seule presque qui se maintienne pendant les ardeurs de l’été, loin d’égayer ces solitudes, ajoute encore a leur monotonie, en ne présentant partout que des massifs bas que l’on prendrait plutôt pour des touffes de Graminées semer dans différents établissements d’arboriculture où ces arbres ont réussi jusqu’à un certain point. Les grandes gelées de l’iiiver dernier ont tué presque tous ceux que cultivait M. Vilmorin père, dans son domaine des Barres. En somme, le climat du nord de la France semble un peu trop froid pour le Quercus Mirbeckii^ mais il n’esl pas douteux qu’il ne puisse réussir parfaitement dans presque tout le midi. REVUE HOIITICOLE. 467 coriaces que pour un Palmier. La point d’ombrage pour le voyageur ; partout des herbes desséchées qui se brisent sous st>s pas ou enfoncent dans ses vêtements leurs épines acé- rées ^ la terre, brûlée b 4 mètre de profondeur, se convertit c;i une poussière épaisse que soulève sur tous les sentiers le passage des hommes et des animaux. A la vue de ces immenses déserts nus et arides, un sentiment pénible s’empare de Pâme : on se prend à douter du succès de la iüUc que l’homme a entreprise contre cette terre, et on se demande s’il n’eût pas mieux valu pour la France rester dans son repos que de venir en faire la conquête au prix de son or et du sang de ses soldats. Mais non, cette ingratitude du sol n’est qu’apparente, et uii homme superficiel seul peut s’y laisser tromper. L’Al- gérie est au contraire d’une admirable fécondité. Au lieu de la visiter pendant son sommeil estival, parcourez-la en iîiver et au printemps, quand les pluies l’ont ravivée. C’est alors que cette terre vierge depuis tant de siècles vous révélera sa force. Est-ce que cette puissante végétation d’herbes qui s’élèvent souvent à plusieurs mètres dans l’espace de quelques mois ne vous indique pas assez ce <]u’une culture même ordinaire pourrait en tirer? est-ce <|ue ces Oliviers sauvages que personne ne songe a greffer et dont on ne ramasse même pas les fruits, est-ce que ces énormes quantités de fourrages naturels qu’on n’a que la peine de récolter, est-ce que surtout la culture misérable ( t cependant productive des Arabes ne vous indique pas (juels trésors sont enfermés dans ce sol et combien il fau- drait peu d’efforts pour les en tirer? Qu’on cesse donc ces déclainaiions absurdes que nous voyons se renouveler tous les ans a propos du chapitre des fonds affectés à l’Algérie : elles ne sont propres qu’a décourager les faibles, mallieu- leiisement toujours nombreux^ à entraver la marche de la colonisation, grossir par conséquent les dépenses de la mé- tropole; elles sont enfin antinationales en même temps (ju’elles déconsidèrent leurs auteurs, en mettant a nu leur ignorance des choses de l’Algérie. Dans l’état actuel de la colonisation, le jardinage est, en fait do culture, ce qu’il y a de plus avancé, mais, sous ce rapport même, il y a immensément à faire. Il existe autour des villes un grand nombre de jardins en apparence assez bien tenus, la plupart cultivés par des Espagnols et des Mahonnais. A l’époque de noire voyage, les fruits et les légumes aboii- 468 REVUE HCIRUCOLE. daieiit sur tous les luarehés, mais la plupart sont très infé- rieurs a ceux qu’on récolte en France. Croirait-on que dans un pays éminemment propre a la culture de la Vigne, les Raisins ne valent pas ceux de la Provence et du Lan- guedoc et sont en meme temps trois fois plus chers? Les Giclons arrivent par charretées dans les villes, mais il est rare d’en trouver qui vaillent les plus médiocres de nos Cantaloups de Paris. Les Figues sont en général assez bonnes, moins cependant qu’elles ne devraient l’être ; les Pêches y sont décidément mauvaises. On vante beaucoup les Oranges du pays, mais il y en a si peu qu’on est obligé de recourir a l’Espagne et a la Sicile pour sufflre a la con- sommation. Quelques antres fruits débités sur les marchés d’Alger n’ont pas leurs représentants en France ; ce sont surtout des Bananes et des Figues de Barbarie (fruit du Cactus Opuntia), Les premières sont fort bonnes; les Ba- naniers réussissent parfaitement aux environs d’Alger, mais nous doutons, malgré ce qu’on en a dit, que leur produc- tion puisse être assez lucrative pour que la culture doive eu être recommandée sur une grande échelle, du moins dans le nord de l’Algérie. Le climat n’y est pas tout à fait assez chaud, et c’est dans le midi seulement, et particuliè- rement dans la province d’Oran, que ces tentatives nous semblent devoir être réellement profitables. Quant aux Cactus, ils croissent pour ainsi dire sans culture le long des chemins où ils sont souvent employés à faire des clôtures; leurs fruits, doux et sucrés, forment en août et septembre une partie notable de l’alimentation des indigènes, mais ils sont en général peu estimés des per- sonnes liabituées a nos excellents fruits d’Europe. i.e jardinage est donc dans l’enfance en Algérie ; c’est uniquement au vice de la culture et a l’ignorance des jar- diniers, qui ne songent pas à se procurer les bonnes va- riétés de fruits et de légumes, qu’il faut attribuer la qualité inférieure de ceux qu’on y récolte. Ceci lie saurait être douteux aujourd’hui que le Jardin d’essai créé aux frais du gouvernement, à une lieue d’Alger, a mis cette vérité dans tout son jour. M. Hardy, qui dirige cet établissement mo- dèle, récolte tous les ans des fruits qui ne laissent rien à désirer ; telles sont, par exemple, les Poires et les Pommes, dont plusieurs bonnes variétés y sont cultivées avec succès. Cm sait généralement que l’intention du gouvernement. fwn fondant ce jardin, a eu pour but de fom nir ahoodam- ittKVlK HüUTUOl.K* nient aux colons les arbres qu’il leur est reeo ni mande de planter sur leurs concessions. On peut dire, sans flatterie, que le directeur du Jardin d’essai s’acquitte bien du devoir qu’il s’est imposé. Les vastes pépinières qu’il a créées ont déjà fourni des centaines de milliers d’arbres a la colonie, et elles s’augmentent tous les jours. Ce serait toute une étude pour un botaniste que celle des plantes exotiques et même tropicales qui peuplent aujourd’hui ce magnilique jardin. Citer les Bananiers, les Cactus de la Cochenille, les Cannes à sucre, les Figuiers élastiques, l’Arrow-Root (Ma- rania arundinacea) et cent autres végétaux intéressants pour l’industrie ou même comme plantes d’ornement, ce serait rappeler à la plupart de nos lecteurs ce qu’ils ont appris déjà par les notes qu’a publiées à diverses reprises M. Hardy lui-même et qui ont été insérées dans ce journal. Les expériences qu’il continue promettent d'enrichir en- core notre colonie d’un .grand nombre d’autres plantes précieuses. Le Journal d' agriculture pratique et de jar- dinage a publié dans son numéro du mois de juillet der- nier, sous le titre de Notes climatologiques sur V Algérie au point de vue agricole, un article du plus haut intérêt où se trouve l’indication de plantes nouvellement acclima- tées et pouvant être considérées comme définitivement ac- quises au pays. Cette citation étant trop longue pour pou- voir être rapportée ici, nous renverrons les lecteurs au Journal d’agriculture pratique. Ajoutons encore un mot au sujet d’un arbre que nous regrettons de voir à peu près complètement oublié par les colons de l’Algérie; c’est le Dattier, ce Palmier magnifique qui fournit tout a la fois des fruits, de l’ombre et un des plus beaux objets d’ornement pour les jardins. On dit et on répète que les Dattes ne mûrissent pas i)ien à Alger et que ce serait peine perdue que d’y cultiver le Dattier. Nous avons peine à croire à une pareille assertion; les Dalles mûrissent très bien en Espagne, même quelquefois à Nier, c’est-à-dire à plus de six degrés^au nord d’Alger; à une soixantaine de lieues au sud de l’Atlas, elles forment la base de la nourriture des Arabes ; tout semble démontrer qu’elles réussiraient parfaitement dans toutes les parties chaudes de l’Algérie, mais il faudrait prendre la peine de féconder les fleurs des arbres femelles ; c’est, à n’en pas douter, à la négligence de ce soin que les Dattes récoltées sur le pelit nombre d’arbres qui existent au voisinage de ’a REVUE HORTICOLE. 470 côte doivent de mal se développer et de ne mûrir qu’im- parfaitement. Le Dattier devrait, ce nous semble, être sur- tout multiplié dans la province d’Oran, où la température est sensiblement plus élevée que dans le voisinage d’Alger, La plaine du Sig, si chaude et si fertile, serait magnifique avec des plantations de Dattiers. Espérons que le gouverne- ment prendra des mesures pour multiplier dans notre co- lonie un arbre qui, 'a quelques lieues plus loin, est une Providence pour les indigènes, et qui deviendrait aussi pour nous une ressource des plus précieuses. Naudin. Modifications apportées à la disposition de la vigne en cordons superposés, pour la rendre applicable à un espalier d'une étendue très restreinte. Les nombreux avantages qui résultent de la disposition donnée a la Vigne par les cultivateurs de Thomery^ sont si généralement connus et appréciés qu’il suffira de dire quelques mots pour que nos lecteurs se la rappellent. Cha- que pied de Vigne présente une tige surmontée de deux bras ou cordons horizontaux, chargés de coursons qui donnent naissance a des sarments sur lesquels se produisent-les feuil- les et les grappes ; le mur est couvert, de la base au sommet, de cordons superposés, de même longueur, également dis- tants les uns des autres , et fournis par des tiges également espacées. On ne peut prétendre que cette disposition, à laquelle les cultivateurs de Thomery doivent des résultats que tout !c monde leur envie, ne saurait convenir au nord de la France, puisqu’en favorisant l’égale répartition de la sève dans toutes les parties de l’arbre elle semble au contraire devoir combattre la fâcheuse influence de notre climat, et hâter la maturité du fruit, presque toujours trop tardive chez nous pour être parfaite. Au reste, elle a pour elle, dans l’arron- dissement même de Cherbourg, la sanction de l’expérience. Au milieu de l’automne de '1845, k la suite d’un été froid et pluvieux, la commission chargée de la surveillance des cultures d’utilité se transporta dans le jardin de M. Ques- nel, aujourd’hui membre résidant de notre Société. Parmi les nombreux essais que lui avait inspirés un goût passionné (O village situé à 4 kilomètres de Fontainebleau, et d’où provieul le célèbre Raisin connu sous le nom de chasselas de Fontainebleau. REVUE HORTICOLE, 471 pour la eiilUiie des arbres fruitiers, la coiuniissiou lo- raarqua deux espaliers de Vignes conduites d'après le sys- tème suivi àThomery, et dont chacun présentail sept cor- dons superposés, bientôt parvenus à leur complet dévelop- pement. Or, tandis que dans tous les autres jardins nous n’avions rencontré que du raisin d’une maturité imparfaite, celui de M. Quesnel ne laissait rien à désirer, ni pour la grosseur des grappes, ni pour la transparence et la sa- veur exquise du fruit. La commission remarqua de plus , ( omme un résultat évident de l’égale répartition de la sève dans toutes les parties des arbres, la vigueur des sarments, ainsi que l’aspect étoffé, si l’on veut bien admettre le mot, et la largeurdes feuilles, dont plusieurs atteignaient un dia- mètre de 0“,55 bien que la Vigne appartînt à l’espèce communément cultivée dans le pays. La maturité du Raisin, quoique tardive, était encore de la précocité pour notre pays et pour une année oii ce fruit ne put généralement mûrir complètement. Voici par quelle heureuse modification du système suivi a Thomery, M. Quesnel est parvenu a obtenir des résultats aussi satisfaisants, en Normandie. Ce moyen est bien simple, et je l’avais même figuré sur le papier; mais je ne l’ai vu réalisé que dans le jardin de M. Quesnel, où il m’a d’autant plus frappé que cette question m’avait préoccupé davantage. 11 ne s’agit que d’établir sur une même ligne verticale AB {fig, 16), pour tous les étages de cordons, le point de dé- part des deux bras de chaque Vigne. Pour cela, on donne à la tige une inclinaison telle que la partie supérieure vienne s’appliquer exactement au-dessus du point d’insertion des deux cordons de la tige centrale, ainsi que j’ai essayé de le figurer dans la planche ci-jointe. On a objecté que cette inclinaison devait gêner les mouvements de la sève, et nuire par conséquent à la santé de l’arbre; lesVignes de M. Ques- nel, avec leurs feuilles de 0^,55 de large et leurs fruits succulents, ont réduit cette objection a sa juste valeur. La plantation figurée dans la planche est appliquée sur un mur de 5 mètres d’élévation, elle se compose de cinq Vignes plantées a 0"^,50 l’une de l’autre, et produisant cha- cune deux bras ou cordons de i*",66 de développement. La tige centrale À peut ne se bifurquer qu’à 0"^*,50 du sol, de façon que les grappes ne soient point salies par le sable et la terre que font rejaillir les pluies; chacun des autres étages de cordons est 'a la distance de O'”, 50, entre lesquels REVUE HORTICOLE. 472 on maintient, a Taide de la taille et du pinceincat, les sar ments produits par les coursons qu’on ne laisse se dévelop- per qu’a la partie supérieure des cordons, et qu’on espace entre eux de environ. On n’a figuré ces sarments, B qui sont les branches fructifères, que pour le cordon supé* rieur; pour les autres étages, on s’est borné à représenter les coursons. Un espalier disposé de cette manière n’occupe qu’un es» pace très restreint et remplit a peine la place d’un Poirier de médiocre étendue, puisqu’il n’a que de largeur. Cependant ses productions peuvent suffire a la table la plus exigeante. Pour prouver ce que j’avance je reproduis le calcul appliqué par le Bo7i Jardinier (U® partie, p. 249, édit, de 1846) à un espalier composé de cinq cordons ayant seulement chacun 1"™,50 dejdéveioppement ; « Sur une surface de on aura 80 coursons, dis- tants l’un de l’autre de 0“^,i0 h qui, taillés h deux yeux, donneront chacun 2 branches qui produiront cha-^ cune ivd moins 2 grappes d’excellent raisin, ce qui fera 520 gripp^^^s sur une surface de 2™, 50 cai rés. « Jules Düpreî, Frésideiu de la écciête d’hoi limii. a Cherbourg. REVUE HORTICOLE. 475 Cytisus Adami d fleurs doubles. Le Cytisus Adami présente, on le sait, depuis dix a douze ans, un grand nombre d’anomalies; ainsi on lui voit pro- duire souvent a la fois sur la même branche les espèces qui lui ont donné naissance : le Cytisus purpureus^ aux ra- meaux minces, réfléchis, et couverts de fleurs pourpres, sessiles et géminées ; et le Cytisus laburnum , avec ses longues grappes de fleurs jaunes. Le C. Adami nous donne ainsi le singulier phénomène d’une plante hybride sur la- quelle les types très distincts des deux parents qui l’ont produite se séparent pour se manifester dans toute leur pureté. Le ^ 5 juin dernier, M. Jacques me remit des échantillons d’une nouvelle anomalie observée sur cet arbre : les éta- mines , en se transformant en pétales, avaient formé des grappes de fleurs parfaitement doubles. Ainsi, sur un seul et même individu de C. Adami, la nature nous montre quatre anomalies : le C. laburnum., le C. purpureus., parents de V Adami, le C. Adami lui-même, puis enfin des fleurs doubles de ce dernier. PÉPIJV;, Culture du Melon^ On sait que depuis longues années les environs de Hom fleur cultivent le Melon en pleine terre, et que cette loca- lité est en possession d’en fournir au loin les marchés. Ce sont surtout les marchés de Londres que les melonnières de Honfleur approvisionnent de Melons brodés. Sur d’autres points du département du Calvados, la cul- ture du Melon en plein champ est également pratiquée, no- tamment dans l’arrondissement de Lisieux et dans celui de Falaise, d’après les conseils et l’exemple de l’abbé Noget, desservant d’Âubigny, qui a publié sur cette culture, en 1852 et en 1 857, une notice que nous avons sous les yeux. Par la méthode de culture de M. Noget, on peut obtenir, sans couches ni cloches, toute espèce de Melons, le Canta- loup aussi bien que le Melon brodé. La société académique de Falaise, qui a plusieurs fois fait visiter par des commis sions les melonnières de M. Noget et de differents proprié taires qui Pont imité, a constaté le mérite de la méthode REVÜE HORTICOLE. 474 et Ta recomraaiïdée en plusieurs circonstances, comme très économique et lucrative. M. Noget, au surplus, ne se donne pas comme inventeur du mode de culture qu’il conseille ; il n’a fait que l’impor- ter de l’arrondissement de Lisieux, qu’il a habité, dans celui de Falaise où ses fonctions sacerdotales l’ont appelé. Depuis plus d’un demi-siècle, cette culture était déjà pratiquée dans la vallée d’Orbec. Voici, en résumé, les conseils que contient la notice de M. Noget : choisir un site bien exposé au soleil, sans aucun ombrage ; adopter un terrain sec et léger, sinon donner au terrain cette double qualité, au moyen de fumier long et de chaux ; faire plusieurs labours ; semer les graines sur cou- che, pour reporter le plant, quand il a pris le développe- ment convenable, sur l’emplacement où il doit rester. Cet emplacement exige les préparations suivantes : a PS50 environ l’une de l’autre, on pratique en ligne des fosses larges de 0’",60 à 0*^,70 et profondes de 0'^,25 a 0"*,50. On les emplit de fumier chaud en quantité suffi- sante pour qu’avec le terreau (ou fumier consommé mêlé de terre) dont on le recouvre à une épaisseur de 0“, I2 a 0”*, I5, le terrain, destiné à recevoir la plante, forme une espèce de tombe ou de cône aplati. Quand le Melon y est planté, on fixe en terre, par les deux bouts et en croix, deux baguettes formant une arcade au- dessus de la plante; on les recouvre d’une feuille de fort papier enduit d’huile de lin, que l’on maintient contre le vent au moyen de pierres placées sur les coins. Il est bon de travailler à la bêche, en y mettant du fu- mier, le terrain qui sépare les cônes, lorsque les racines de la plante s’étendent jusque là. Lorsque la plante a pris de la force, que les fruits sont assurés et les nuits tièdes, on peut sans inconvénient enle- ver le papier huilé. CJn morceau de toile ou ardoise, placé sous chaque Melon, aide au développement et à la matura- tion du fruit. H est entendu qu’avec ce mode de culture on doit don- ner aux plantes les soins de taille, d’aération, d’arrosement qui leur sont nécessaires. La couche où l’on sème les graines peut se couvrir avec du papier huilé en guise de cloche en verre. Un horticulteur des environs de Paris, M. Houlette, à Stains, a introduit depuis deux ans la culture du Melon REVUE HOKllCOLE. 575 cantaloup en plein champ, d’après la métliodo que nous venons d’indiquer, et même en la simpliliant, car il ne donne qu’une fourcliée de fumier au pied de chaque Melon, mais il donne aux plantes de copieux arrosements, La melonnière de M. Houlette renferme plus de 2,000 pieds qui, ainsi que l’a constaté la société royale d’horti- culture, donnent une grande quantité de fort bons Melons; plusieurs fois même ces produits ont figuré avec distinction dans les expositions d’horticulture. Note sur un légume nouveau. Dans les semis de graines chinoises que j’ai exécutés cette année, il s’est trouvé une plante qui mérite, je crois, de fixer l’attention des cultivateurs. Ce végétal appartient a la famille des légumineuses, c’est le Cajanus flavus; il croît, pour ainsi dire, spontanément dans toute la région tropicale de l’ancien continent; il forme un arbrisseau rameu’»^ de 2 a 5 mètres de hauteur; ses gous- ses, très nombreuses, contiennent une graine ronde, légère- ment aplatie, de la grosseur d’un petit pois ou plutôt d’une grosse lentille. Les colons le considèrent comme un des meil- leurs légumes du pays; les marins l’estiment beaucoup; il est connu sous le nom de Malgache d*Ambrovade. L’extré- mité de ses rameaux, garnie de fleurs et de fruits, constitue, pour la race chevaline, un fourrage de première qualité. Aux Antilles, le Cajan se nomme vulgairement Pois d'Angol. M. Poiteau l’a observé dans ses voyages en Amérique; les habitants lui donnaient le nom de Pois Congo. Dans tous les pays, il est reconnu par ses excellentes qualités comestibles, j’ai fait," dans le jardin d’expérience de la société d’hor- ticulture de Paris, deux semis de ce légume, tous les deux en pleine terre, en rayon et sans abri d’aucune espèce. Le premier semis a eu lieu au mois d’avril, le second au mois de mai. C’est ce dernier qui a produit des fruits parfaitement développés. Le premier semis, quoiqu’il ait végété avec autant de vigueur que le dernier, n’a donné que des gous- ses d’un développement trop peu avancé pour servir a l’a- limentation. Je signale ce fait, quoique je n’en connaisse pas la cause; mes deux semis se trouvaient dans les mêmes conditions de culture, de terre, d’engrais et d’exposition. Ce végétal est remarquablement productif ; j’ajouterai qu’il est d’une grande rusticilé : il a supporté les chaleur^ REVUE HORTIUOLE. exlraordimiiies de ^ 846 sans aucun soin spécial, aucune autre légumineuse de nos cultures habituelles n'a montré autant de vigueur sous ce rapport. Si \q Pois Congo setrou- vaitaussi bien constitué pour braver le froid que la chaleur, si son existence pouvait se prolonger plusieursannées, comme semble l’indiquer son tissu solide et ligneux, nous aurions fait une nouvelle conquête assez importante pour nos jar- dins potagers ; mais nous ne savons pas encore ce que nous devons espérer à cet égard. Je vais laisser en place les sujets ([lie j’ai cultivés cette année ; je les garantirai des rigueurs deriiiver par les moyens les plus simples, et, dans quelques mois, nous connaîtrons quelle est l’influence du climat de Paris sur le Cajanus flavus. C’est surtout en Algérie que le Cajan doit rencontrer tou- tes les conditions nécessaires à sa pleine réussite. Si les bran- (dies de cet arbrisseau ne pouvaient supporter les rigueurs bien légères de la mauvaise saison dans notre colonie afri- caine, le collet et la racine conserveraient probablement assez de vitalité pour repousser au printemps. Il se culti- verait alors a la manière des plantes vivaces. En supposant même que la racine du Cajan ne puisse passer l’hiver en Algérie, sans abri, sa culture, comme plante annuelle, pré- senterait encore des avantages assez remarquables pour que les colons lui donnassent tous leurs soins. On ne peut dé- tfaigner, en effet, un végétal qui donne d’excellents légu- mes, verts ou secs, un bon fourrage et, en dernier lieu, des ramilles très convenables pour chauffer le four, et peut- être même capables de fournir une filasse d’une certaine va- îoor. E. Masson, jardinier de la Société royale d’horticulture de Paris. Note sur des Asperges de Hollande. Dans la séance du 5 mai, M. Desjardins fils , maraîcher à Saint-Mandé, a présenté a la Société d’horticultuie cinq Asperges violettes de Hollande, pesant 565 grammes ; la plus grosse pesait J 90 grammes et mesurait 0“','10 de cir- conférence, sur 0‘’^,40 de hauteur ; les quatre autres avaient en moyenne 0“,08 de circonférence, sur O*”, 50 a 0"^, 55 de hauteur. Ces magnifiques échantillons ont fait l’admira- tion des membres présents a la Société et peuvent être comparés aux Asperges d’Ulm , dont le volume égale sou- vent celui du poignet, tout en conservant la délicatesse des Asperges blondes de Gand , Pep/n, kivdi; iiomicoLF. Ml Exposition de la Société d'horticulture de Grenoble, La Société d’horticulture de firenoble vient de faire son exposition automnale ; la culture maraîchère y était bril- lamment représentée par onze exposants. Les fruits y hgu- raient aussi en grand nombre. Parmi les fleurs on remar- quait, dans le lot de M. Folliet, des Gloxinia, Habrolham- nus y Passiflora kermesina, Tecoma jasminoides,, des l'uchsia. Hortensia bleu, des Phlox les plus nouveaux et la Veronica Lindleyana, M. Demarchi avait exposé des Arhimenes et le Russelia juncea et une jolie collection de Reines-Marguerite ; M. Badon une collection de beaux Bahlias et de Verveines; M. Ribaud, une collection de 104 variétés de Roses et une de Dahlias; M. Giroud, un beau choix de Dahlias provenant de ses semis; M. Perroud, un liclie lot de plantes nouvelles; on remarquait, parmi les plantes en fleurs, un beau Dichorizandra ovata, un Pri- muta sinensis flore albo pleno, un Acacia speciosa, un pied d'Anemone japonica et deux espèces de Justicia^ line collection de Verveines et une de 100 beaux Dahlias. Les premières primes étaient destinées aux jardins ma- raîchers qui approvisionnent Grenoble et qui se font re- marquer par la supériorité, l’étendue ou la variété de leurs cultures; elles ont été décernées à MM. Berthoin, Louis Rey, Lambert, et à madame Oilivier. Les légumes exposés ont valu des prix a MM. Bonnet de Vizille et Louis Rey; les fruits, a MM. Ferrier, Defontaine et Perroud. Les prix pour les fleurs coupées en vases ont été décernés dans l’ordre suivant : r à M. Perroud, 2° à M. Ribaud, 5° a M. Folliet, î'' à M. Badon, 5° a M. Demarchi. PÉPIIV. Discours prononcé par M. de Lamartine à la Société d'horticulture de Mâcon, Lorsqu’un homme de la valeur de M. de Lamartine dé- tourne un moment ses regards du fracas des réunions po- litiques pour laisser tomber, au milieu d’une paisible réu-- nion, d’éloquentes et douces paroles en faveur de i’Horti culture, il est du devoir de la Revue de les enregistrer,, f’est de plus une heureuse occasion pour elle de clore ce 47$ REVUE HORTICOLE. volume par quelques phrases pleines de poésie, extraites du discours de M. de Lamartine, et qui respirent une profonde admiration pour Tart horticole. C’est ainsi, c’est dans des livres élémentaires, c’est dans des congrès horticoles de la nature de celui que vous fondez ici, que l’Horticulture s’est propagée, éclairée, étendue. C’est ainsi que depuis Pline faisant le catalogue de toutes les j)lantes de l’empire romain dans son temps, depuis Charle- magne désignant lui-même dans ses Capitulaires {qui étaient sa charte a lui) le nom et le nombre des légumes qu’il or- donnait de cultiver dans ses jardins; depuis Caton, le plus rigide des hommes d’Etat imposant a chaque citoyen ro- main, quelque pauvre qu’il fût, l’obligation de cultiver des fleurs dans son enclos, pour que cette culture et cette élé- gance donnassent quelque culture aussi et quelque élé- gance aux mœurs du peuple, jusqu’à ces expéditions ma- ritimes et horticoles des croisés, des Hollandais, des An- glais, pour aller recueillir sur toute la terre un de ces légumes ou une de ces fleurs dont vos potagers actuels et vos plates-bandes sont aujourd’hui émaillées, le jardinage ébauché d’abord par les Romains, universalisé et perfec- tionné jusqu’au prodige en Chine, élargi en x\ngleterre aux proportions d’un luxe aristocratique, rapetissé et tourmenté en Hollande jusqu’à l’adoration de la tulipe, élevé en Italie à la dignité d’un art splendide, associé à la statuaire, à la sculpture, ’à l’architecture, utilisé en France par son al- liance avec la haute agriculture, dont il est l’éclaireur, arrive enfin, grâce à vos efforts, dans plusieurs parties de l’Europe, à l’état d’industrie employant des milliers de bras, et important et exportant pour des millions de fruits et de fleurs ! Ainsi, remarquez-le , pour la première fois, messieurs, le jardinage, qui n’était jusqu’ici qu’un délassement, un luxe domestique, une parure du sol, va devenir et devient un nouveau et magnifique objet de commerce ! Dans un temps où le travail manque à l’homme plus que l’homme au travail, dans un temps où inventer une industrie c’est inventer une richesse, c’est inventer une occupation, c’est inventer un salaire, c’est inventer la vie pour des millions d’ouvriers , n’est-ce pas là une considération faite pour frap- [)er les hommes d’Etat et j)our toucher un ministre intelli- gent de l’agriculture et du commerce? Et ne croyez pas HEVUE HORTICOLE. 479 que ce soit la une exagération, messieurs. J^arrive du midi : je viens de voir, sur le littoral de la Méditerranée, un ca- botage considérable de fleurs. La Toscane et l’État de Gênes cultivent et exportent pour plusieurs millions de produits de leurs plates-bandes ! Mais un art en a fait naître un autre. Après Part de les cultiver est venu l’art de les cueillir, d’as- sortir les fleurs, les couleurs, les nuances, les odeurs. Cet art fait de tels progrès à Gênes, par exemple , on y a telle- ment étudié, combiné, entrelacé, tressé, tissé les Roses , les OEülets, les Dahlias^ les Tulipes^ les Renoncules, que les bouquets destinés aux tables les jours de festin , et qui ont souvent plus d’un mètre de circonférence, ressem- blent a des tapis de Smyrne, a des étoffes végétales, a des velours odorants, à des mosaïques de végétation! Il y a l'a de véritables tisserands qui lissent ces toiles parfumées. Les bouquetières, comme celles d’Athènes, y forment une professionîde plus. Les bouquets que vous admirez, que vous respirez dans les fêtes de Toulon, de Marseille, de Bordeaux, de Paris même, ont été lissés a Gênes ou à Flo- rence. Ainsi le jardinage de luxe devient de plus en plus une industrie. Perfectionnez encore, et il deviendra un art nouveau, une peinture dont la palette sera un jardin. Mais quel que soit le mérite de ce jardinage industriel aux yeux de l’économiste, soyons francs et allons au fait. Messieurs, ce n’est pas l'a le principal et éternel attrait des jardins. Non, ce qui a fasciné de tout temps les hommes pour ce bel art, et surtout les hommes les plus sensibles, les hommes d’étude, les hommes lettrés, les poètes, les sa- ges, les écrivains, les philosophes, même les hommes d’État et les hommes de guerre, c’est la cohabitation plus rap- prochée avec la nature, c’est le charme attaché 'a l’étude de ces phénomènes-, c’est cette contemplation pieuse de la vé- gétation, ce sont ces extases qui se renouvellent sans fin a l’aspect de cette vie universelle, de cette sourde intelligence, répandues et visibles dans les végétaux ; ce sont ces limites indécises entre le règne végétal et le règne animal, qui sem- blent réunir tous les éléments organisés dans une mysté- rieuse unité 'a travers leurs diversités et leurs séparations apparentes. C’est cette conviction de la divinité de la na- ture qui m’a fait souvent accuser moi-même de panthéiste. Je ne suis pas panthéiste, messieurs ! Non , je ne suis pas semblable à l’enfant qui, en voyant une figure répercutée dans une glace, croit que la figure et le miroir ne sont 480 REV L) 11: HORTICOLE, qn’uiî, et tend la main pour y saisir l’image! La nature u.’est, a mes yeux comme aux vôtres, que la glace immense, iîitinie, lumineuse, où se réfléchit son Créateur, Mais je la sens si vivante, si intelligente et si divine, que je comprends et que j’excuse sans peine ceux qui m’accusent de la con- londre avec son Dieu. Oui, ce sont là les séductions qui ont, dans tous les âges, a Haché l’âme des hommes de pensée au spectacle de la ger- mination, de la floraison, de la fructification dans les jar- dins. Vous citerai-je Pythagore, qui imposait à ses disci- ples, comme un précepte de la sagesse, d’aller adorer l’écho dans des lieux agrestes? Scipion à Linternes? Dioclétien, renonçant à l’empire du monde pour aller cultiver ses lai- tues dans les jardins de Salone? Horace àTibur? Cicéron à Tnsculum ou sous ses orangers de Gaëte ? Pline décri- vant pour la postérité le plan de ses allées encadrées de huis et donnant le catalogue de ses arbres lâillés en sta- tues végétales? Le vieil Homère se rappelant sans doute son propre enclos paternel dans I4 description du petit en- clos de Laërte, ombragé et enrichi de ses treize poiriers? Pétrarque, à Vaucluse, ou sur sa colline d’Ârqiià? Théo- cri te, sous ses châtaigniers de Sicile? Gesuer, sous ses sa- pins de Zurich? Madame de Sévigué, dans sou jardin des llochers ou dans son parc de Livry, immortalisant son jar- dinier dans ce mot touchant d’une de ses lettres, qui vaut à lui seul un mausolée ; « Maître Paul , mon jardinier, est mort : mes arbres en sont tout tristes. »» Et, plus près de nous , Montesquieu , dans les larges allées de son château de Labrède, évoquant les ombres des empires et l’esprit des législations, comme Machiavel avant lui, et plus grand que lui, dans son rustique ermitage de Sau-Miuiato, sur les collines de Toscane? Voltaire, tour a t.our aux Délices ou à Ferney, encadrant le lac Léman et les Alpes d’Italie dausl’horizon de ses jardins? Buffon, aMontbard, sachant, comme Pline à Home , jouir dans les magnifiques musées vivants de son parc des magnificences de la nature qu’il décrivait? Rousseau enfin, que j’allais oublier, lui qui a voulu que sa cendre reposât sous un peuplier, dans une île, au mi- lieu d’un dernier jardin! Ah! cet homme, né dans une condition laborieuse, et presque élevé dans une condition servile, sentait sans doute de plus près qu’un autre les recueil lemenis et les consolations de la solitude ! Combien de fois, d uis ma première Jeunesse, dans la première ferveur de H KM K ÜOUilCOfJ:;. 48^ 1 imaginatioü et de Tâme {jour les grands noms el les génies sensibles, combien de fois ne suis-je pas allé visiter seul, ou dans la compagnie d^in ami (|ue j’ai perdu eu route, ses chères Charmettes^ celte ])ctite maison, cel élroit jardin, cachés dans un ravin plutôt (]ue dans une vallée des collines de Chambéry, mais a l’ombre de beaux châ- taigniers de Savoie! Combien d’heures, combien de jour- nées entières n’ai je pas passées sous la petite tonnelle des pampres qu’il affectionnait, a rêvera lui, a revivre de sa vie, a regarder les rayons du soir filtrer à travers les feuilles de vignes jaunies par l’automne, comme pour y chercher encore le plus éloquent contemplateur de la nature, de la végétation et de Dieu !... Je ne m’arrêterais pas, messieurs, si je voulais vous citer tous les hommes illustres qui ont laissé leur souvenir dans les jardins. En vérité, on referait l’histoire de tous les grands esprits par celle des retraites rurales qu’ils ont habitées, aimées ou illustrées par leurs pas ! Tant l’homme est mêlé 'a la terre, soit au berceau, soit pendant la vie, soit au tombeau de son possesseur ! Et tant la nature reprend sa place dans les existences mêmes qiii paraissent le plus loin d’elle et le plus étrangères aux sim- ples et pures jouissances du soleil et du cultivateur î Et ne croyez pas, messieurs, que ces jouissances soient réservées aux grands de la terre, aux riches possesseurs de parcs, ou a ces jardins célèbres, comme Versailles ou les Tuileries, dont les gouvernements ont fait de tout temps cadeau aux peuples pour éveiller en eux le sentiment de leur puissance et pour leur faire admirer leur luxe, en ré- duisant les eaux, les arbres, les fleurs, à se ranger comme d’orgueilleux courtisans aux portes de leur palais ! rson, il n’est pas besoin de richesse, de magniflcence, de grands espaces, pour jouir de tout ce que Dieu a caché de bonheur dans la culture ou dans le spectacle de sa végétation. Il y a des plaisirs qu’il n’est pas donné a la fortune de s’appro- prier, de monopoliser pour elle seule. La nature n’est jamais aristocratique, en ce sens du moins qu’elle n’a pas donné d’autre sens pour jouir des plaisirs naturels aux riches qu’aux pauvres, aux oisifs qu’aux hommes de travail; quelle que soit la grandeur ou la petitesse de l’espace que l’homme consacre à ces jouissances, il n’entre par ses sens dans son âme que la même dose de sensations et de vo- luptés. L’âme humaine est ainsi faite, parce qu’elle est infinie ; ;82 KEVIIK HORTICOLE. oui. rûmo huniainf‘ es-i doîjée d’une telle puissance de com- pression , elle es! douée d’une telle élasticité , d’une telle l'acuité de se resserrer on de s’étendre , qu’elle peut débor- der de runivers trop étroit pour elle, et s’écrier comme Alexandre: « Donnez-moi d’autres univers! celui-ci est trop étroit pour moi! »» ou qu’elle peut se concentrer, se replier, se résumer tout entière dans un point imperceptible de l’espace, et s’écrier comme le sage de Tibur, du fond de son demi-arpent semé de mauves et arrosé d’un filet d’eau : Ce petit coin de terre vaut pour moi tous les mondes! »» Soyez sûrs qu’il y avait autant de plaisir, autant d’intensité de jouissance, de sensibilité, de contemplation, d’atten- drissement, dans l’âme de Rousseau regardant coucher le soleil derrière le cep de vigne du petit enclos des Char- mettes, que dans l’ame de Buffon regardant éclater le jour au-dessus des cèdres de son parc de Montbard! Soyez sûrs que le possesseur de milliers d’arpents plantés, roulés, irri- gués en jardins sur les collines de l’Angleterre, de l’Ecosse ou des environs de Paris, n’a pas un sentiment plus déli- cieux, plus débordant, plus pieux envers la nature, que vous quand vous vous reposez le dimanche dans votre petit enclos d’aubépine ou de pisay, au pied de quelques arbres en fleurs que vous avez greffés , auprès de vos deux ou trois ruches qui bourdonnent au soleil, au bord du carré oit vous avez couché la bêche que vous reprendrez demain ! Et qui peut mieux l’éprouver que moi ? car, si vous saviez le latin aussi bien que vous savez la langue universelle de la végétation, je pourrais m’écrier au milieu de vous, comme le berger de Virgile : « Et in Arcadiâ ego! » c’est-<à-dire : « Et mm aussi fai été jardinier ! Oui ; et moi aussi, j’ai eu pour premier berceau un petit et agreste jardin entouré d’un mur de pierres sèches, sur une de ces collines arides et sombres que vous apercevez d’ici, à l’extrémité de votre horizon ; il n’y avait l'a (la médiocrité plus que modeste de la fortune de mon père ne le permettait pas), ni vaste éten- due, ni ombrage majestueux, ni eaux jaillissantes, ni fleurs rares, ni fruits précoces, ni plantes de luxe; c’étaient quel- ques allées étroites, parquetées de sable rouge, encadrées d’œillets sauvages, de violettes et de primevères, et bor- dant des carrés de légumes pour la nourrilure de la fa- mille. Eh bien! c’est là, et non pas dans les jardins d’Italie ou des grands propriétaires de parcs de France, d’Alle- magne, d’Angleterre, que j’ai éprouvé les premières et les KEVLE HORTICOLE. plus poi'inanies jonissanct^s qicil soir donné a la nature de faire j^onler a une fune, ii uiio imagination d'enfant oir de jeune imnimo ! J’hahile !)iaiîdenant dos jardins plus vastes et plus artistement plantés. Mais j’ai conserve jna prédilec- tion pour celui l'a ! Je le garde précieusement dans|son an- cienne pauvreté d’ombre, d’eau, de fleurs, de fruits! El, quand j’ai quelques rares heures de liberté et de solitude arrachées aux affaires publiques ou aux travaux d’esprit 'a donner a ces vagues entretiens avec moi-méme, c’est dans ce jardin que je vais les passer. Oui, pardonnez-moi ces détails intimes, ces retours sur la vie domestique. Ils ne sont pas déplacés ici; nous sommes tous concitoyens, tous amis, tous de la meme fibre et de la même chair! N’ayons un moment qu’une âme ensemble comme nous n’avons qu’une patrie ! Oui, c’est dans cette pauvre enceinte depuis longtemps déserte, vidée par la mort; c’est dans ces allées envahies par les herbes, par la mousse et par les œillets des bordures; c’est sous ces vieux troncs épuisés de sève, mais non de souvenirs ; c’est sur ce sable mal ratissé que je cherche encore du regard les pas de ma mère, de mes sœurs, des anciens amis, des vieux serviteurs de famille, et que je vais m’asseoir contre la clôture, en face de la maison qui s’ensevelit d’année en année davan- tage sous le lierre, aux rayons du soleil couchant, au bour- donnement des insectes, au bruit des lézards de la vieille muraille que je crois reconnaître comme d’anciens hôtes du jardin, et avec lesquels il me semble que je pourrais du moins encore m’entretenir d’autrefois! Eh bien ! messieurs , ce sont ces premières joies de l’homme entrant dans la vie, ces premières habitudes, ces premiers enthousiasmes de la contemplation, ces premiers attendrissements de la vie dans le lieu agreste et solitaire, dans ce foyer de la famille aujourd’hui froid et éteint, qui m’ont donné de bonne heure pour les jardins et pour les hom- mes simples et intelligents qui les cultivent cette prédilection qui me ramène si naturellement et si délicieusement a ces entretiens annuels au milieu de vous. La bêche, la serpe, le rateau, l’arrosoir, le pot de fleurs seulement sur la fenêtre du pauvre ouvrier, sont inséparables dans mon cœur des ressouvenirs de ma jeune existence a la campagne, au milieu des travaux et des occupations d’une maison rustique et d’un modeste jardin ! Excusez«moi donc de vous en avoir parlé en ignorant. Vous êtes horticulteurs parla main, par HKVtiE ÜORTÏCUI.K. 484 la science, par l’étude, par la pratique. Je ne le suis que pai sensibilité et par attendrissement ! Et maintenant messieurs! allons-nons-en, chacun à noue métier! Allez, vous î encouragés par ce concours affectueux de vos concitoyens, par cet intérêt touchant, unanime, qu’atteste la foule qui comble ce théâtre plus qu’a aucune représentation d’un art futile, par cette part de cœur que les femmes même prennent par leur présence à votre institu - tion; allez cultiver ces fleurs, ces fruits, ces légumes, ces merveilles de la culture savante dans vos couches, dans vos serres, dans vos laboratoires en plein soleil ! Je retourne, moi, cultiver dans ce vieux et inculte jardin de mon père, dont je vous parlais tout â l’heure, ce que nous cultivons, nous, pauvres ouvriers de l’esprit, et souvent aussi fatigués que vous!... L’étude, les lettres, les livres, la philosophie, l’histoire, la politique, l’art de gouverner les hommes, d’a= méliorer les sociétés, d’adoucir la condition du peuple, de faire porter â la civilisation et a la liberté des fruits plus mûrs et plus parfaits! Mais je retourne y cultiver surtout ces images des choses et des personnes aimées et perdues! ces mémoires des tendresses évanouies, ces traces vivantes, saignantes souvent, d’iine vie déjà â moitié écoulée !. .. J’hésite, messieurs! j’hésite ; irai-je plus loin ? Non; je n’en dirai pas davantage ; il y a des pudeurs sur tous les sentiments profonds ; il ne faut pas arracher les derniers voiles de l’ânie humaine ; il y a des larmes qui ne doivent tomber que dans le silence et dans le secret du cœur!... Je vais donc, vous disais-je, retrouver dans cet asile de mon enfance des charmes plus puissants pour moi, pour nous tous, que les plus riches et les plus odorantes floraisons de vos expositions : le parfum des souvenirs, l’odeur du passé I les voluptés mêmes de cette mélancolie qui est la fleur d’automne de la vie humaine ! toutes choses, messieurs, qui sont poi\r nous comme des émanations de la terre, comme une senteur lointaine, comme un avant- goût de ces Elysèes, de ces Edens^ de ces jardins éternels où nous espérons tous retrouver dans le bonheur ceux que nousavons aimés et quittés dans les larmes I... toutes choses qui font désirer à l’homme de la nature, à quelque distance, dans quelque abîme ou à quelque hauteur que la fortune l’ait jeté, de revenir achever ses jours sur la terre qui l’a vu naître, et d’avoir au moins sa lombe dans le jardin où il eut son berceau! A. de Lamautixe. TABLE ÂNALYTIOUE Dlî TOME Vi A Àbelia fioribundOy 501. Abies PinsapOy 25. — cephalonica, 20. Abricolicr •cuîluie de 1'}, 88. — (va- riétés de l’ , 88. AbutUon sirianirriy 80. Acacia celasiüfoliay 241. — clealbaiüf 215. — veslita, 214. Achimenes cupreatay ôGA.—ignescenSy 565. — païens, 5(>.5. Acinela Barkeri, 405. Acroslickum Stemaria, 512. Adansonia digital a, Æcidhan cancdlatimif 170. .Eschinanihus Lcbbianns ^ 42. ~ lon- giflornSf 422. — pulcher, 42. — mi- nia lus, 42. — speciosiiSy 40 L — speciosissinms, 422. Aerides afjînej 245. — odoratun , 245. — l'ireus, 405. Agapanlhus umbellatus , 455. Aglaia odorala, 275. Agave Qmericana{îioTa\s,Qn dTin), 167, 518. Ail, sa culture aux environ? de Paris, 479. Akebia guinaia, 224. A Ilium A mpehgn'asum ,18. ilnus latijolia, 254. Aloysia cilriodora, 456. Alstroemère du Chili (semis d’J, 545. Al lises. Moyeu de les détruire, 520. vmandjer (culture de 1’), 77. Amandier ordinaire, 552.-~rôche, 5.52. Amaryllis BeUadona, 455. — widu- lata y 456. Amygdaliis Georgîca, 24.— î?anrt,211. Anënione Hackei ii, 254. . Angraecum funaley^2d^2, Apndandra fulgensy 21. ÀguHegia glandutosUy o2^.—secunda, 225. Araucaria imbricala, 47, 4î0. — ca- celsOt 47, 4iiC}. Cwmingfiami y 47, 459. ~ BrasilieusiSy 47. Arbi es fruitiers (nouveaux si^ets pour recevoir la greffe d’j. 210. Arbres (cours gratuits de taille des). par M. Hardy. 100. Arbres fruitiers (éducation, transplan- tation, direction et conduite des), par Draw, 51, 77, 88, lOl, 126, 187, 251, 245, 315, 527, 349. Arbres expédiés pendant Thiver (moyen de réparer les dégâts occa- sionné.s par la gelée sur des), 55. Arbres (eflets du guano sur les), 69. Arbrucin, 258. Bégonia argyrocœlis y iM , 105. — criocautony 166. — erythrop!ïyllü„ 111, 106. — fuchsioides, 121. — /oy- drocotylaefolia, 111.— rnanicatUy 111. — dipetaltty 111. — papillosoy 111.— WarscewHziiy IH, 166. Berberis vidgariSy 99. Betula popiilifoliay 254. — alba, 254. Bignonki Chamberlaynü, 286.— spccm- süy 286. Bibliothèque horticole de la Société d’horticulture de Londres, 19. Bigarreau, 127. Bignonia Catalpa (floraison singulière d’une branche de), 230 Boutures (différences que présenlent certains arbrisseaux dans leur mul~ ti|)iication par), 6. Brassia brachiaia, 264, C Cactus gYandiflorus (floraison pendant le jour d’un), 80. Cajanus fîaviSy Al'). Calautfie curculigoideSy2C)ô. Calceolaria amplexicaidiSy 24S. Calcéolaires hybrides ubieims de se- mis, 390. Camassia esculentay 424. Campanula nobüiSy 504. Capucines (multiplicaUun des), 182.— (variétés de), 182. Carludovica distichOy 80. 2:> TABLE 48G Cassia lomnitof^a^ 4ô8. — sîipulacea, 458. CameUia admirabilis, 215. — > Adolphe Cachet, 216. — alba Casoretti, 216. — ple?ia , 215. — Apollo novis- sima, 216. — Borgia, 216. — Colvilii striata, 215. — Crimson perfection, 2U.— delicaüssima, 215.— eximia, 215. — formosa, 215.— Grossit, 216. — Henry Favre, 215.— Henry Clay, 216. — Iieteropetala rubra^ 2 15 iw- bricata-nibra, 125. — insubria^ 214. — hilomgtoniana,^iQ.—Madoniy\\Q, — nasümanay 215. — oxoniensiSy 215. — Paride, 216. — Pizzo, 284. — Prattiy 215. — pidcherrimay 215. — princesse Bacciocchi, 216. — squa- mosa, 214.— varieqata, \^^.—Ver^ schaffellii, 202. — Wallichii, 216. Camellia (Culture du), 442. — (florai- son en mars de) , 212. — (floraison du), 147. — (panachure des fleurs du), 185. — (variétés de), 159, 446. Cedrus deudora, 47, 226. Celosia crisiaia (variétés de), 525. Cercis siliquaslrum, 244. Cerisier (culture du), 126. — (variétés de), 127. Cereus grandiflorus et nycticalus (fruc- tification des;, 148. — glandiflorus Maynardi, 285. Chœnoslorna polyanthum, 224. , Cliœiogasira Navdiniam, 86. Chamœdora aurantiaca, 86. Champignon phénoménal, 178. Chanvre de Chine, 198. Château des Fleurs, 340. Chéue-liége, 456. Chicorée de Meaux à fleur blanche, 519. Chicorée sauvage (culture de la), 258. Cfiimonanilius grandifîorvs, 321. Chiriia Walkeriœ, 422. — sinensis, 61. — Zeylanica, 61. Chrysanihemum matricarioïdes. 112. — Pâquerette de Chusan , 63. — (variétés de), 205. Chrysanthèmes (visite aux), de M. Pelé, 87. Cinéraires (variétés de), 285. Cislus Ladaniferus, 436. — purpureus, 436. — sympliiü folius, 267. Glématis dioïque, G.-^fîammula ,6. — montanay 6. — punicea, 439. — de Sibérie, 6.— tubulosOy éo,-—Vitalbay G. — Viticellay 6. Cleome arboreüy 323. Cloque, moyen de la guérir, 460. Cœlogynespeciosa,^Qi.-~testaceay2ifi. CoUomia dulcis, 225. Columnea aureo-nitenSy 364. — crassi- folia, 422. Combrelum purpureuniy 46, Conifères de la Nouvelle-Zélande (di- mension de), 455. Coîu oii’ulus Jaiappa, 144. Cordes métalliques, 218. Cordia mixta,A6, Cornus mas, 'loi, Coronilla glauca, 80, 436. ' Correa alba, 456. — (variétés de), 322. Corylus Avellanay 289. — americanay 251. — Byzantindy 251. — rostrata, 251. Cotoneaster af finis, 211. — buxifolia, 212. ■— microphylla, 212. Cours de culture professé au Jardin des Plantes de Paris, par M. De- caisne, 31, 73, 130. Crassula coccinea flore albo, 365. — coccinea versicolor, 365. Cratœgus amelanchier, 211. — crenu- lata, 1 lA.—gUibra,[116.’-glauca,13l^, Crocus piisHlus, 254. Crocus biflorus, 251 . — reticulatus, 251 . — vernus, 289. Cultures forcées (effets du guano sur les), 72. Cuphea platycentra, 63. Cijanantlius lobatus, 63. Cydonia Japonica, 254. Cypripedium (variétés du genre), 157. Cylisus Adami à fleurs doubles, 473. D Dahlias (conservation des) , 580. — • Pauline Hermann, 441. — (variétés de), 441. Dammara aiistralis, 456. Daphné Forlunei, iAb. ^ mezereum, 554. — papyrifera, 423. — pontica, 436. — gnidium indica, 436. — col- lina, 436. Dendrobium tr'mdemurh, 263. Dicentraspectabîlis, 403, 461.1 E Echaloile, sa culture aux environs de Paris, 179. Echeveria gibbiflora (multiplication de 1’), un.— retusa, 423. Echinocactus concinnus , 25. — Cu- mîngii, 285. — erinaceus, 95. — Éryesii, 72. — Huotii, 285. — mam mùlosus, 95. — Misleyi, 284. — 0/- lonis, 72. Echites Franciscea, 224. Edgeworthia chrysantha, 423- Elœagnus reflexa, 266. Epidendron plicatum, 204. Epinards delà Nouvelle-Zélande, 36:, Epine-vinette, 99. Eranthemum coccineum, 305. Eranthemum striclum, 404. j Eranihis hyemalis, 251,266. Eriobotrya Japonica, 266. Eriopsis biloba, 264. Frythrina crista-gallUl^lit 439, j AWALVIIQUE- Escalloma oyganensis foliis augustio-- ribuSyli^. — rubra, 437. Escholizia crocea (matière colorante de 1’), 16. Eupatorium omphaLifoliiim, 86. Excursion botanique et horticole en Algérie, 462. Exogonium purga, 143. Exposition des produits de l’horticul- ture de Liège, 39. — du Cei ele d’horticulture de Paris, 134.— d’hor- ticulture d’Orléans, 159. — à Tour- nay, 180. — à Versailles, 199. — à Cherbourg, 219. — à Caen, 220. — à Clermont, 238.— à Rennes, 239.— du Château des Fleurs, 570, 592. — de la Société royale d’horticulture, 574. — de la Société d’horticulture de Meaux, 594.— 15« Exposition de la Société d’horticulture d’Orléans, 389.— de Grenoble, 477. ^ F Fabiana imbricata, 80, 457. Ficus, 409. — nitidat 275. Figuier, 409. Forsythia viridissima, 321, 404. Fourmis, moyens de les détruire, 320 Fruits ( développement extraordi- naire de plusieurs sortes de), en 1846, 18.— (abondance des) en 1847. Fruits à noyaux, 278, — (greffe des), 279. Fraise Alice Smoot, 44. -Angélique Jamin, 44. — comte de Paris, 223. — Deptfort pîne, 44. — Emilie, 44. — Prince Albert, 44. — princesse royale, 223 — Swinstone Seedling, 44.— (Effets du guano sur les), 72. Fraisiers de primeur (nécessité d’aé- rer les), 209. Framboisier, 409. Fritïllaria Meleagris, 244. Funkia cœrulea, 455. — cordata, 436. — grandiftora, 223. Fuchsia Géant de Versailles, 205. — leucantha, 123. — Napoléon, 203.— Reine des Français, 205. — rose d’amour, 205. G Gaîllardia picta, 80, 325. Galanthus nivalis, 251, 289. -plica- 251. Galphimia hirsuta^ 281. Gardénia malleifera , 244. — Stan- leyana, 244. Garrya elliptica, 7, 266.? GastroLobiiirn villosum, 322. Gauliheria aniipoda, 87. Gazons (effet du guano sur les), 68. Gelées tardives, leur effet sur les vé- gétaux, 266. ^87 Géranium ibericum\i0l. — nepalense, 401.— Wallüchiannmy 401. — plaly- petalum, 401. Gesneria Clausseniana, 363. — Lin- den ianct; â6'5. — rneliiiifolia, 363. Giroflées, moyen de reconnaitre les graines à fleurs doubles, 276. Gladiolus cardinaliSj 435. — psiltaci- nus, 436. GLoxinia fimbriata, 364. Gongora Bufonia, 263. Griottes, 128. Guano, son< emploi en hoi liailtm c, 65. Gutta percha (découverte dm, iiS. H Habrothamnus fasciculalus , 401. Halesia tetr optera, 246. Haricot du Canada, 64. Heliotropium per uvianmn Volleria- num, 123. Helleborus odoruSf 251. — 7iiger, 2:>s, — purpurescens, 251.— atrorubens, 251. — fœtidus, 251. Hibiscus grossulariœfolîus , 425. — speciosuSy 436. Hortensia bleu, 115, 172, 205. — (co- loration des), 338. Horticulture (Discours de M. de La- martine sur 1’), 477. Hoya campanulaia, 423. Hydrangea Hortensia ^ 435. — iiivu- lucraia, 122. Hyclrotænia Meleagris, 282. Hypocyrta scabriüa, 364. — glabra, 364. — leucostoma, 364. — sirUju- losOt 364. I î Igname, 345. Impatiens platypetala, 221, 524. Ipomœa pulchella, 302. — purpiirea, 302. — purgOf 145.J Ixia, 204. Ixora Griffînii, 423. J Jalap, 144. Jardin d’hiver, 117. Jacinthes (culture des), 236, 366. Jasminum azoricum^ 436. — nodiflo- rum, Q'5.^ odoratissimum, 436. L tœlia cinnabarina, 263. Lagerstrœmia indica (floraison abon- dante du) en automne 1846, 114. J.antana Sellowiana. 87. Légumes, moyen de les nettoyer, 258. Lesclienaultia arcuata, 45. tabll; 488 îAebigia i^peciusà, Lilium BrotvncÂ, oie». — loncifoliurn^ A'U. — specioswri, 424. — album, 424. — brtineo-rnaculalum, 424. — puiirialum, 424. — roseum marmo- raium, in^.— rubrum marmoraliim, 424. lippin Monievldemis, 87. Lijunia JamaicensiSf4'ô. M Magnolia auriculala, 246. — fuscala, 27o. —’glauca, 246.— grucflis, 246. — f;m«(///Zora (culture du), 107.— màcyopbylla, 246. — oxonieusiSy 167. —pyramidataJ&l.—Tliompsoniana, 167. — Yulan, 264. * Marmilaria longirnamma, 96. Mandevillea suaveolens, 80, 440. Manne de l’Australie heureuse. 96. Manufacture céramique de Billom , 269. Mai aida arundinacea, 469. Mai thé aux fleurs, 467. Mcü sdcnia maculaia, 245. Marlijma fragrans, 242. Med in fil a speciosa, 425. Meliantfius major, 456. Melons, h*ur culture en pleine terre, 14, 475.— cantaloup, 14.— de Malte d’h'ver,269. MespUus crenulata, 124. Metrosideros crassifolia,\4:7i9. Micromeria exserta, 224. Moins, 410. Mufliers, 206. Mûrier, 410. — blanc, 6.— multicauie, 6. — noir, 6. — rouge, 6. Murraija exolica, •îiTS, N ^êfiier, 550. IS'erium Oleauder, 456, 460, ISipfiœa albo-lineata, 122, 304. — ru- bida, 504 Notice sur Urbain Audibert, 296. O Observations climatologiques à Hyè- res, 27. Odontoglossum Warneri, 264. CEillets nouveaux à floraison perpé- tuelle, 60 Oignons, leur culture en Russie, 66. Olealmcca, 126. — fragrans, Olivier à feuilles lancéolées, 126. Orchidées épiphytes, 156. Orme tortilIard,*561. Osbeckia â feuilles blanchâtres, 6. «ixalis Deppü, lasiamlj^a , employé e^mme aliment, 537. P Pancraliiim mariiimvm, 436. — ÎUy- ricum, 456. Passiflore nouvelle hybride, 14G. — obtenues par fécondation croisée. 112. Passiflora alata , 406. — tiliœfeiia , ülaio-cœruLea , 112, 121. — ,liüiia- parlea, 406.— coccinea, 406.— edu- Us, 406. — serraiisüpula , 407. — incarnala, 4ü6. — Kermesina Lemi- clieziuna , 406. — tnurifolia, 400. — Loudonn, 46.— maliformts, 406. — palrnata , 46. — phœnicea , 406. — qaadrangularis , 406. Paulownia (floraison du), 46, 207. Pécher (culture du], 101. — (variétés de), 102, 562, — (maladie du), 460. Peniarhaphia Cuhensis, 361. — ven- iricosa, 362. Pensées, 541 . Peustemon Gordonii, 404.— M’Ewani, 406. Pétunia violacea (Croissance extraor- dinaire d’un), 16. Phülœnopsis amabilis, 262. Pliaseolus, 416. Plitox Drummondii Leopoldina, 523. Phlox (Variétés de), 526. Phormium tenax, 225 456,. Pliolinia glabra, 266. P/ujiotacca decandra, emploi de ses liges, 218. — dioica, 46. Pins d’Europe (Note sur les), 26. Pin de Corie, 25. — de Remanie, 2.6. — taurique,20. Pinus alepensis, 26.— Brutia, 25. — Canariensis, Al. —Hispanica, 27. — Laricio, 26. — rnarilima, 26. — ma- ritima major ^ 26,— MonspeUensis, 26. — Pallasiana, 26. — Pyrenaica, 26. — Pinasier, 26. — ponderosa, 466. — Saltzmanniana, 26. Pistachier (du), 92. Piicairnia undulaiifolia, 302. Pivoine de M. Modeste Guérin (Rap- port de la commission chargée d’examiner la culture des), 539.— comtesse de Chambord, 261. — triomphe Van der Maelen, 208. Plantes bulbeuses (multiplication des), 427. Pœonia offtcinalis , 539. — sinensis, 559. Pogo.slemon Patchouly, 163. Poirier fculture du), 187. — (nouvelle maladie des), 170. — Bezi de Chau- me n tel, 99. — Vauquelin , 288. Poire belle angevine, 19, 172. — Bon chrétien de Vernois, 45 — Beurré Bretonneau, 46. — prolifère, 98. Pois (Effets du guano sur les), 7! Pommiers ( Collection complète de «m» un «eu! sujet, 346. ANALYTKJÜK. m f'onmic Grand Alexandrt*, U‘. Pommes de terrefüéveloppeineul sou- lerraîn des), 57. Pompelmouses (Fruits de), 47. Polyanthes luberosa, 591. PotanlUla hœmatochrus, wociiana, 5*i5. — parviflora, 251. Prangos paUularia (Essai de culture duj, 7. Primevère de la Chine, hybride ob- tenue de semis, 390. — nouvelles, 41. —Uanlonnet, 321. Primitla elaiior, 390. — Sinensis^ 390. Prune Pond’s Secdling, 101. — Keine- Glaude de Davay, 101. Prunus pumUa, 211. — spmosa, 211. — incunay 211. Puya Altemleinüy 302. Q Qvtrcus Ballota, Mirüecktiy 465. R. Raisins (conservation des), 237. üajania quinaiüy 224. Reines-Marguerites (culture des). — (sur des variétés de), 199. Pilicurn rliaponticum, 4hi.—hijbridumy 45 t. — palrnaium, 454. Rhododendron Cüciuelte de Paris, 283. — duchesse de Nemours, 64. rhododendron grandifîorum flore ple~ noy 265. Rhubarbes (culture des), 455. RiüeSy 407. Ribes speciosum, 437. — fuchsioideSy 457. — Grossularitty 289.— pahuaiunty variations de ses fruits, 415.— guineumy 321. Rigidella flammea, oOTi.'-immacutala, fl5. — orlhanifiay 505. tiiiydophyllum floribundum, 3G2. Rixea cærideay 185. — azurea, 183. — Manière de les multiplier, 184 . Uobinia inermiSy 416. Roses (variétés nouvelles), 206, 305. Rose Marguerite d’Anjou, 366.— gloire d’Angers, 366.—Ë(louard (;essè, 566. — Gloire des BroUcaux, 22.— prin- cesse de Joinville, 22.— i’aullne Bo- naparte, 22. — Mathilde JoLirdeuil, 22. — madame Louise Favre, 22. — d’Inde naine native, 324 — Noémi, 401.— tricolore de Flandre, 81. Rosier Baucks, 246. Rosiers isur la culture des), 81.— (ap- pareil pour détruire les insectes sur les), 417. Rouille tuberculeuse, 170. Ptubuü idœus , 4o9. — rlicicropodus . 87. Ruellla PurdiaiMy Sî'g. — brcH teatay S. Saccotiibium guitatumy 245. Salix Rabylonicay 1 19. — coprœUf i5i . Salinea salicifolitty 87. Salpingantha coccmcciy 505. Satvia cardinalis, 458. — Grahamiy 438.— involucrata. inS.—leucanilia, 425. — païens, i’ùS.—splendcnSy 438. Satnbucus nigra, 289. Saule pleureur (semis de), 119. Saxifraga ligulala, 254. Scutellaria incarnalayVentenatii, 181. — cordifolia, 181. — mcarnata, 42. — Ventenatiiy 45. Sdogine speciosa, 264. Senècio crassicaulis, 87. Serres du jardin botanique de Saint- Pétersbourg, 226. Siphanthus elegans, 324. S/phocampyliis glandulosa, 422. Smitliia purpurea, 122. Sobralia bleimdeSyA2i, Société d’horticulture de Liège, 20.- d’Orléans, 39. Solanurn pseudo-capsicumy 80, 436. Sorbier, 550. Sparaxîs, 204. Spirœa Uumboldtii , 1 47. — il runcus , Uil . prunifolia flore plenoy 136, 180. — chamaedrifoUa, 137. — pru- ni folia, 85. — pubesceus, 521.— opu- Il folia, 321. — ariœfolia, 7. Staiice exirnia, 62. — speciosa, 62. — alata,&2.—imbricata, 22o.—sinuata , 223. Stenocarpus Cunninghamiy 201. Stifüa msignis, 87. — ciirysaniha, 87, 223, 241. Stranwœsia glancescens, 225. Sirelilzia reginœ, 46. T. Taupes, leur destruction. — Pietolet souterrain, 58. 7axus baccata, 251. Telopea speciosissima, 245, 322. Tetragonia expansa, 367. Thibaudia pulcherrima, 244. Thunbergia alata (variétés de), 323. Thuya arliculalaj \RQ.—gigauiea, 456.. Tigridia pavonia, 436. Torevia Asialica, 244. Treillage et mur arlilk iel avec chape- ron, pour alu iier les abricotiers en contre-espalier, 556. Trembleya canescensy 5. Tremandra Uugeliiy 306. Tritoma U varia, 435. — media. î53. Trixis Éhrenbtrgii, 87. Tropœolum iricolorumyiS2.—brachy~ ceras, 182 — speciosum, AOi.— pcv- taplîîjllum. 404.— ülbïflOYWV, — Popdci) K 286. Tubéreu-e rtiluiic delà), "9L. TABLE AiAALïTK^tlE. Ulmus modiolhia, ô^l. V. Vimda cristala, 2G3. — violacea, 263. —Roxburgii, 245. Véïétaiiori en Colombie (influence , Pelé, 87. Poiiietie, lio. Raniomiet, 31,521,437. Ronaiid, 200. Rilkogel, 376. Robert, 160, 394. r.oblln, 394. Sa! ter, 200, 394. Souchet lÔD, 200, 394. Soulif, 371, 592. Tclarcl, 200. Thibault, 579, 391. 'Follet, 371 . Tripet Leblanc, 47, 156, 594. Truff.uit. 200. Turlure (aîné;, 140, 200. van Acker, 160, 398. Vangoert, 147. Van Houlte,139, 326. Verdier, 379. Verschafelt, 202. liisic des fig;ui‘cs contenues flans le tome I, 3** série. \^Osbeckia canescens Graham.. . 5.^ Ÿà-pfielandra fulgens 21 if^rimevère nouvelle 41 \^hirita sinensis 61 y'Rose tricolore de Flandre. , . 8l l/Prune Pond’s Seedling 101 (/^assiflora alato-cœrulea 121 ^Aicloria regia 141 t^^iaLÜon de la Victoriaregia. . . 161 ^ $cutellaria incarnaia et Vente- t natü . . . 181 0tenocarpus Cmninghamu . . 201 ^''Impatiens plaiypetata 221 Stifiia chrysantlia. . . .... .U y Pivoine comtesse de Cham- bord 261 Galphimia hirsula. 281 K. Abelia floribunda 301 U Primevères Rantonnet 3'H ponsées. r-- Venlarfiaphia Cubensis Azalea striata formosissima, . . 381 ^ Géranium ibericurn 40i Sobralia bletioïdes . m JO Dahlia Pauline Hermann 441 r Décentra spectabüis 461 Outils, Instruments et tistensiles. Nouveau système de compas pour les jardins, 120. Cordes métalliques, 218. Modèle de treillage et de mur artifi- ciel avec chaperon peur abriter les abricotiers en contre espalier, 356. Appareil pour délruiré les insectes sur les Rosiers, 417. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME 1, IIl^ SERIE. 1"*^ Janvier 1847. MM- Pa Neumann. -- Osbcckia canescens Graharn. Camuzet. — Des différences que certains arbrisseaux présen- tent dans leur multiplication par boutures , marcottes, etc. Naudin. — Nouveaux essais de (culture du Prangos. Jacquin aîné. — Culture des me- lons en pleine terre. R. Desportes.— Croissance ex- ti'aord. d’un Pelimia violacea. L. \. — Matière colorante de V Escholizia crocea. Pépin. — Note sur VAllimn om- pelopra.sum. Développement extraordinaire de plusieurs fruits en 184Ü. Ribliollièipie horticole. Jnnuence de la lune sur la végé- tation en Colombie. Exposition d’hoiTicultureà Liège. 6 7 i2 16 kl. (8 id. 19 20 id. 15 Janvier. Neumann. — Apfielandra fulgens. 21 Pépin. — Nouvelles variétés de Rosiers. 22 Pépin. — Note sur la sève qui s’é- coule des branches du Virgilia luiea pendant l’biver. 23 Pépin et Naudin. — Note sur des Pins d’Europe. 23 Rantonnet etllÉRiNCQ. — Obser- vations climatologiques. 27 Nauüin. — Cours de cultlire pro- fessé au Jardin des Piaules, par M. Decaisne. — I. 31 Naudin. — Manuel général des planh'S, arbres el arbustes. 56 E. Beauvais. — Destruction des taupes. — I»isloiet soulen ain. 38 Ex|)Osiiion d’horlicuiture à Or- léans. 39 Exposition d’horticulture à Liège. 40 Février. Lucoo — Prïmeveips nouvelles, il MM. Pages, HÉRiNCQ. — Plantes nouvelles in- troduites dans les jardins d’Eu- rope. 42 Lâhérard. — Fraisiers nouveaux cultivés chez Jamiu et Durand. 44 Pépin. — Poires nouvelles. 43 Neumann. — Floraison de quel- ques plantes remarquables en Algérie. id. PoiTEAU. — Culture des Reines- Marguerites. 47 Bravy. — Observations sur l’édu- cation, la transplantation, la direction et la conduite des arbres. — I. 5! Pépin. — Moyen de réparer les dégâts occasionnés par la ge- Jee sur les arbres expédies pendant l’hiver. li'ô Annales de Saini-Péiersbourg. — Notice sur la culture des oi- gnons en Russie. 56 E. Lefèvre. — Observations sur le développement souterrain des pomuKîs de terre. 57 ARMAND. — Œ'ilets nouveaux à lloraison perpétuelle. 15 Février. Neumann. — ChiŸila sinensis. Gi Neumann. — Chiriia zeylanica. ki. Hlrincq. — Piaules nouvelles in- troduites dans les jardins d’Eu- rope. 62 Pépin.— Rhododendron Duchesse de Nemours. 64 Pépin. — Haricot du Canada ou ii.'iricot en buisson. l(t. Naudin. — Emploi du guano en horliciilture. 65 Naudin — Cours de culture de iM. DecaiMie.— IL 75 Bravy. — Culture de l’Amandier. 77 LeUmus. — Note sur de.^ piaules cultivées cil plein air à Cher- b urg. 80 J. d'horticulture de Bruxelles — Floraison d’un Cnciuh grandi- pendant le jour. id T ABI K BËS MM, LKMvmi:. — iiose tricolore de l-'landi'e. 81 Va.n noLTTK.— Observations sur la nilliire des rosici s. id. Llmaiiu-:. — Spirœa prunifoUa , pore pleno Sieb. 85 Neumann. — Notes sur quelques plaines nouvelles ou peu con- nues, acinellement en fleurs dans (es serres du Muséum. Naudin. — Une visite aux Chry- santhèmes de M. Pelé. 87 Bbavy. — Culture des arbres fruitiers. — III. — .\brit*olier. 88 t/;ibl)é fjKRi,ÊSE.— Du Pistachier. 9“2 TOPiN — Dos plantes grasses. 94 Capitaine Stores. — Notice sur la Manne de l’Australie heu- i‘en>o. 96 PtpiN. — poire prolifère. 98 Pépin. -- De la faculté germina- tive du Baobab. 99 Pépin. — Encore un mot sur l’e- pine-vinetie. id. 15 Mars. Neumann. — Prune Pond/s sced- ling. 101 Bravy. “ Culture des arbres fruitiers. — 1V.~ Pécher. id. Herincq — Observations sur trois espèces de Bégonia. Ml Neumann. — Note sur de nou- velles Passipores. 1 12 Naudin. — Culture des Azalées. 115 Pépin “ Fioiaison du Lagers- trœmia Indica. 114 Naudin. ~ Encore un mot sur l’Hortensia bleu. 115 Pépin. — Note sur les serres dites Jardins d’hiver. 117 Pépin. — Note sur un semis de Saule pleureur. 119 Naudin. — Nouveau système de pompe pour les jardins. 120 l«r Avril. Neumann. — Passipom aLato-cœ- ndea. 121 liEiuNCQ, — Plantes nouvelles dé- crites dans les journaux hor- ticoles. id. Lacénk. — Came/^/a imbricata ru- ina. 123 Pépin. — De quelques arbres à iniroduire dans. le midi de la France. 121 ’'Dekgues — Multiplication de VEs- rhæverUi gibbipora. ' 125 Pr îUs. — Koie sur un nouveî appareil desliué à détruire les insectes sur les Rosiers, etc. M7 15 Novembre. Dfxaisne. — Sohralia blelioides. 421 MêuiNCO. — Plantes nouvellement introduites en horticuUure. 422 RiEDEL.— Note sur une substance destinée à remplacer le caout- chouc et nommée Guita percha 42Ü Ch. Gacdiciial’d. — Note sur la multiplicalion des plantes bul- beuses. 427 1. Düpaey. — De la possibilité de cultiver à Pair libre, sous le cli- mat de Cherbourg, un certain ïîouîljre de végétaux exotiques. 429 1er décembre. PÉPiis’.— Dahlia Pauline îlermanu. 4iî E. l‘ORCî5ËR. — bu Cainellia. 442 M. Blocs.— De la ruliure des rdm- barf’Ç>;. 453 M.vnr.Kfc,s. MM. Riedel.— Mesure de quelques Co nifères de la Nouvelle' Zélande, de i’ile de Norfolk, etc, 45.^ X.—Le Marché aux Fleurs à Paris. 4S7 X -Maladie du Pécher. 4C0 15 Décembre. Van Hûutte. — Dicentra apecia^ bilis. 40! Nacdin. — Excursion botanique et horticole en Algérie. 462 J. DuPREY.—Modiüca lions appor- tées à la disposition de la Vi- gne en cordons superposés, pour la rendre applicable à un espa’ier d’une étendue très res- treinte. 470 Pépin.— Cijtisus Adami. 473 Culture du Melon. ici. E. Masson.— Note sur un légume nouveau. 475 Pépin. — Note sur des Asperges do lloHande. 47(i Pépin.-— Exposition de la Société d’horticulture de Grenoble. 477 A. DE Lamartine.— Discours pro- noncé par M. de Lamartine S ociété d'horticulture de Mâ- con. id. FIN DE LA Table des matières. Imprinjerie d’E, DL VisGSR^ rue de Vnaeuü, 4.