4 cf^o. B.ii REVUE ZOOLOGiaUË, PAR LA SOCIÉTÉ CUVIEKIENNE, Année 18&8. m '%¥ J'AHIS. - IMPRIMÉ PAR E. THUNOT tT f. H«e H«cine, 88. prè» de l'OtJéo»; Hi:vui: ZOOLOGIQUË , PAR LA SOCIÉTÉ CUVIERIENNE; ASSOCIATION U1IIIVERSEI.X.E POl'R L'AVA?«iCEMENI DE LA ZOOLOGIE , DE L'ANATOMIK COMPARÉE ET DE LA PAL^EONTOLOGIE ; Journal mensuel. PtIBLlK SOL'S LA DIRKGTION BB M. F.-E. GUÉRIN.MÉNEVILI.B, PARIS, ALI nUJŒAU l>E LA REVUE ZOOLOGIQUE, Rue des Beaux-Arts , 4. 18/iH. i^i^a-ftikititl^» ■i}^- / m ONZIÈME ANNÉE. — JANVIER I84â. I. TRAVAUX IlVÉniTS. Sur un Phoque de l'Amérique du Nord ; par M. R. P. Lessou. La distinction spécifique des Phoques sera, pendant longtemps èhcore, la difficulté la plus grande que puisse éprouver le zoologiste. Il est surtout certaines espèces de la tribu du Phoque commun qu'on ne sait comment distingner. L'âge, le sexe, les variétés de localité semblent se multiplier à l'infini, et cepen- dant il doit y avoir parmi ces animaux des espèces tranchées qu'on ne peut encore caractériser par le manque d'objets de comparaison assez multipliés dans les collections publiques. J'ai sous ies yeux un Phoque qu'un chirurgien de la marine vient de déposer au cabinet de l'École de médecine de Roche- fort, et que je ne sais à quelle espèce rapporter. Tenant dé près au Phoque commun {Phoca vitulina) , il s'en éloigne ce- pendant par la coloration de son pelage , l'allongement de son cou, la brièveté de ses moustaches et les ongles très-petits des membres postérieurs. Il se distingue également du Phoque puant (Phoca fœtida) de Mûller. Les auteurs américains que j'ai consultés ne m'ont fourni au- cuns détails sur ce phoque , dont voici la description exacte. Il a de longueur totale, du bout du museau au bout de la queue, un mètre trente-cinq centimètres. Sa tête est suppor- tée par un cou grêle et effilé, et la tête elle même est oblongue et fort étroite. Les dents sont au nombre de 34. En haut, six incisives, deux canines et dix molaires, et en bas , quatre incisives , deux canines et dix molaires , c'est-à-dire cinq de chaque côté. Les incisives supérieures sont les quatre moyennes plus petites, les deux latérales plus fortes et toutes coniques et en- tières. Celles d'en bas sont tuberculeuses , petites et comme réduites à deux par la soudure de leur base , et séparées en deux cônes à leur sommet. Les canines sont plus fortes, robustes, aiguës et saillantes. Tome Xr. Année 1848. i 2 REVDE zooLOGiQUE. {Janvier 1848.) Les molaires d'en haut , comme celles d'en bas , sont en dehors, hérissées de trois à quatre dents saillantes. Celle du milieu la plus forte , et les deux dentelures de l'arrière plus petites. Les soies sont peu longues, comprimées, sinueuses, fines et d'un blanc transparent. Deux petites soies surmontent la région oculaire ; la conque auriculaire réduite à un simple trou ar- rondi. Les membres antérieurs sont très-courts . très-étroits , à pal- mure très-brève , large de neuf centimètres. Les cinq ongles dépassent la membrane de moitié ; ils sont sillonnés en dessous, convexes en dessus , légèrement infléchis et noirs, et diminuent de grandeur à partir du premier. Les membres postérieurs ont vingt-cinq centimètres de lar- geur totale. La membrane interdigitale déborde les ongles et se divise en festons , peu marqués à l'extrémité des doigts. Les cinq ongles sont cornés , moins forts que ceux de devant , et ne dépas- sent pas le rebord de la membrane. La queue est courte, co- nique , aplatie et longue de sept centimètres. Le pelage de ce Phoque est court , ras , épais sur toutes les parties supérieures, et généralement d'une teinte uniforme, chamois et brune, par taches parfaitement égales , de manière que tout le dessus du corps est moucheté de chamois et de brun, tandis que les parties inférieures et le dedans des membres sont d'un chamois uniforme et assez intense , sans maculatures. Le dessus des membres est également marbré. L'individu ou la variété que nous venons de décrire, a été tué proche Salem, sur la côte septentrionale des États-Unis. Description de quelques oiseaux nouveaux de Caracas ( province de Venezuela) et de Bogota ; par M. F. de Lafresnaïe. Merula oUvatra. — M. capite , nucha, collo antico pectoreque atris, alis caudaque fusco-nigris ; collo laterali , dorso toto et uropygio, tectricibus totis alœ etremigibus secundariis brunneo- olivaceis; subtus a pectore ejusdem coloris sed pallidius et ru- fescente lavatus, mento attamen grisescente ; rostro, palpebris pedibusque totis flavidis. Longit. tota in exuvia ave 23 cent.; caudœ 9 cent. Habit. Caracas, in Venezuela. TRAVAUX INEDITS. 3 Cette nouvelle espèce du nord de la (^olombic a la tête en entier, la nuque, le devant du cou et de la poitrine d'un noir profond, mais non luisant, et s'arrondissant en forme de plastron sur cette dernière partie; le menton est j^risatre; les ailes et la queue sont d'un noir terne; tout le dessus depuis îa nuque est d'un olive rembruni; les tectrices alaires et les rémiges secon- daires ayant toutes leurs barbes externes, et les rémiges pri- maires leurs bords externes de la même couleur ; tout le dessous depuis la poitrine est de la même couleur, mais beaucoup plus claire et légèrement lavée de roussâtre ; le bec et le bord des paupières paraissent avoir été d'un jaune vif et les pattes d'un jaune livide. Il vient de Caracas, dans le Venezuela. Merula atro-sericea. — M. sericeo-aterrima , rostro flavo , elongato , supra fere recto , parum adunco , oculorum ambitu ciliare rubro, pedibus fuscis, ungulis pallidis; alae brèves, ob- tusae, remigibus primariis ultra secundarias breviter extensis ; cauda longa, apice rotundata (mas adulta). Supra brunnescente olivacea, remigibus primariis, rectrici- busque extus rufo-olivaceo relucentibus ; subtus pallidior, gula sordide et pallide grisescente, abdoraine medio et ano griseo- shistaceis , peclore, hypochondriis et subcaudalibus olivaceis; rostro pedibusque lividis. Habitat Caracas, in Venezuela. Statura et magnitudo eadem ac in Merula nostra vulgari , sed cauda longiori, alis brevioribus et obtusioribus, rostro fortiori et rec- tiore diversa, et aliis. En ne comparant que le mâl« adulte de cette nouvelle espèce avec celui de notre merle commun , on est tenté de les regarder au premier abord comme de la même espèce ; mais après une comparaison attentive de leurs diverses parties , on y reconnaît bientôt des différences de proportions notables qui ne per- mettent plus de les confondre en une seule. Ainsi la nouvelle espèce, quoique de la taille de la nôtre, a la queue plus longue et les ailes plus courtes , plus obtuses surtout; les primaires ne dépassant guère les secondaires dans l'aile ployée que de 7 à 8 lignes, tandis qu'elles les dépassent de J2 à 14 chez le merle commun. Chez le premier, la première rémige est longue de 14 à 15 lignes; la seconde la dépasse de 1 7 et est dépassée défi par la troisième , qui Test de deux seulement par la quatrième égale à la cinquième et à la sixième ; la septième seule com- * RKVUE zooi.oGiQDK. [Jauvier 1848.) mence à décroître de 2 lignes. Chez le merle commun la pre- mière rémige est d'une brièveté etd^lneétroitesse remarquables, n'ayant que 9 lignes de long ; la seconde la dépasse de 2 pouces 3 à 4 lignes , est dépassée par la troisième de 5 lignes ; celle-ci Pest par la quatrième de 1 ligne seulement , la cinquième égale la quatrième ; mais la sixième est plus courte de 2 lignes que la précédente. On voit par là que chez ces deux espèces, presque semblables de coloration, la forme de l'aile est tout à fait diffé- rente, étant beaucoup plus obtuse chez notre Merula atro- sericea, dont les quatre premières pennes, de proportions toutes différentes , sont beaucoup plus régulièrement étagées. 11 a en outre le bec un peu plus fort, moins arqué en dessus ; les tarses un peu plus longs, mais les ongles plus courts, moins effilés, plus arqués et de couleur jaunâtre. Ils sont noirs chez le merle commun. Chez les femelles des deux espèces, outre ces diffé- rences de forme, la coloration en offre encore de très-marquées. Chez celle de Vatro-sericea tout le dessus est d'un olive foncé à reflets roux olive sur les bords des rémiges et des rectrices ; le dessous d'un gris clair sali sur la gorge , d'un gris plus fonce sur l'abdomen et l'anus avec la poitrine , les flancs et les sous- caudales olivâtres ; le bec est couleur de corne claire et les pattes d'un jaunâtre livide. Chez l'autre les parties supérieures sont d'un noirâtre enfumé unicolore ; le dessous est blanchâtre sur la gorge avec flammettes brunes, roussâtre sur la poitrine avec quelques maculatures plus foncées, grisâtre sur l'abdomen, avec les flancs et les sub-alaires plus foncés ; le bec est corné et les pattes brunâtres ; sa coloration inférieure est en tout moins uniforme que chez la nouvelle espèce. Turdus nudigenis. — T. supra totus griseo-olivaceus , alis caudaque obscurioribus , subtus dorsi concolor sed pallidius, mento et gutture , abdomine medio , ano et tectricibus caudae inferis albis, gutture fusco longitudinaliter strigilato ; oculorum circuitu late e plumis denudato, flavo-aurantio ; rostro viride- flavo, basi nigro ; pedibus plumbeis. Longit. tota 22 cent.; caudsc 9 cent, in exuvia ave Habitat Caracas. Cette grive, de la taille à peu près de notre grive mauvis, mais à coloration uniforme comme la plupart des grives de l'Amérique méridionale, est surtout remarquable par le large espace de peau nue et jaune orange qui entoure ses yeux THAVAUX lîNEbITS. 5 comme chez certaines espèces de pigeons ; elle est en dessus d'un olive grisâtre avec les ailes et la queue noirâtres à l'inté- rieur ; la poitrine et les flancs sont de la couleur du dos , mais plus pâles avec la partie médiane du ventre et les sous-cau- dales d'un blanc pur ; le menton et la gorge sont de la même couleur, mais avec des stries allongées de la nuance du dos ; le bec est d'un jaune olive à base noirâtre ; les pattes sont couleur de plomb. Turdus minimus. — T. supra obscure olivaceo-fumigatus unicolor, subtus albus, gutlure colle antico et laterali pec- toreque maculis late triangularibus nigro-fuscis obtectis, hypo- chondriisgrisescentibus ; ventre anoque mediis et subcaudalibus niveis; rostro parvo, nigricante, subtus basi albicante pedibus elongatis lividis. Longit. tota 5 cent.; caudœ 6 cent.; tarsi 2 cent. 3/4. Habitat ad Bogotam, in Nova-Granada. Cette espèce, très-remarquable par sa petite taille , puisqu'elle atteint à peine 6 pouces anglais, tandis que la plus petite de toutes celles de l'Amérique septentrionale , décrite par Audu- bon sous le nom de Turdus nanus (Aud.) , a, selon cet auteur, 6 pouces anglais 9 lignes 1/2 de longueur, ne l'est pas moins par sa coloration supérieure d'un gris-olive obscur ou enfumé , et ne présentant aucune nuance de roux ou brun roux comme le Turdus nanus, entre autres, soit sur le croupion, les suscaudales et la queue, soit sur les parties inférieures. C'est avec le Seiurus aqualicus (Turdus aquaticus Wilson, V , pi. 23) qu'elle offre une analogie véritable de coloration supérieure ; mais le des- sous, la forme de ses pattes et de son bec en font un véritable Turdus^ voisin de ces petites espèces de l'Amérique du Nord, T. mustelinus, fFilsoni, solitarius , minor , sileu s (Swarnson) et nanus (Audubon) avec lesquelles ou avec les descriptions desquelles nous l'avons minutieusement comparée, sans trouver qu'elle pût convenir à aucune d'elles. (De la Nouvelle-Grenade.) Scaphorhynchus chrysocephalus Tschudi , Fauna Peruana , Ois. , pi. 8, f. 1 (1). — Sca. supra griseo-olivaceus, collo magis grisescente, pileo olivaceo-fusco intus flavo-aureo ; vitta lata a naribus ad coUum protensa oculosque includente nigro fusca ; (1) La Fauna Peruana de Tschudi étaot encore peu répandue et la figure de cet oiseau n'y étant pas accompagnée de la description , nous croyons être agréable à no^ lecteurs en la donnant ici d'après l'oiseau que nous possédons. 6 HhvuE zouLOGi(,)CE. [Janvier 1848.) seconda angustiore mystacali, grisescente, tertiaque sub-oculai i intermedia sordide albescente, praeteiia quarta lata superciliare albida ; alis fusco-nigris ; tectricibus mediis et majoribus remi- gibusque totis rufo vivide limbatis, remigum autem tertiariarum duabus dorso proximis sulphurescente-albo latius marginatis ; caudcC rectricibus œque intus et extus rufo limbatis ; subtus vivide flavus , pectore et hypochondriis grisescente-olivaceo flammulatis ; mento albo; gutture colloque antico pallide ochra ceis ; alarum flexura tectricibusque aise inferis flavis , remigibus subtus et intus ochraceis, rostro uti in génère Scaphorhyncho conformato , sed pro mole breviore et angustiore , nigro , basi subtus albescente ; pedibus nigris , brevissimis. Longit. tota in exuvia ave, 21 cent.; caudœ, 7 cent. 3/4 ; rostri a rictu, 3 cent.; a fronte, 2 cent. 3 mil,; tarsi, 1 cent. 1/2. — Habitat Caracas et in Peruvia. Cette nouvelle espèce de Tyran, décrite pour la première foi» parTschudi depuis i845 seulement, fait partie de ce petit groupe générique désigné, par le prince de Neuwied , sous le nom de Scaphorhynchus et par Swainson sous le nom de Megastoma , ayant pour type le Tyran à bec en cuiller ou Bentaveo , Buff.., enl. 212, et ne renfermant encore que deux ou trois espèces. Elle est d'autant plus intéressante qu'on peut la regarder comme espèce de transition de ces tyrans bec en cuiller aux grandes espèces du genre Tyr annula de Swainson : son bec, quoique avec de moindres proportions, ses pattes, ses ailes et le fonds de sa coloration sont entièrement semblables à ceux des Sca- phorhynchus ; tandis que les franges rousses de ses rémiges et de ses rectrices rappellent le Muscicapa cnmfa de l'Amérique du Nord et surtout le Tyrannus audax, enl. 453, f. 2 , dont le bec offre à peu de chose près les dimensions du sien. 11 est en dessus d'un olivâtre cendré , passant au cendré sur le cou , au gris noirâtre sur le dessus de la tête , sur la large bande qui couvre les lorum , enveloppe les yeux et s'étend latéralement jusqu'au col ; une seconde bande plus étroite et d'un gris moins foncé part du dessous de la mandibule inférieure, et se prolonge parallèlement à la première; une troisième d'un blanc roussâtre les sépare, et une quatrième enfin d'un blanc sale surmonte les yeux en forme de large sourcil ; les plumes du vertexsont ù leur base d'un beau jaune jonquille; le menton est blanchâtre; la TRAVAUX INÉDITS. 7 gorge et le devant du col sont d'un ocracë pâle qui passe in- sensiblement sur la poitrine au jaune serin qui couvre le reste des parties inférieures, et qui sur la poitrine et les flancs est parsemé de flammettes olivâtres ; les ailes sont noires , mais toutes leurs couvertures moyennes et grandes , ainsi que leurs rémiges sont bordées de roux vif, excepté les deux rémiges ter- tiaires les plus voisines du dos qui le sont d'un blanc un peu teinté de souffre ; les rectrices noirâtres sont également entière- ment bordées du même roux; le pli de l'aile et ses couvertures inférieures sont jaune-serin , tandis que le bord interne des ré- miges est d'un chamois ou couleur d'ocre pâle ; le bec, quoique moins large et surtout moins long que celui du Tyran bec en cuiller, en a néanmoins la forme générale; il est noir avec la base de la mandibule inférieure blanchâtre; les pattes sont noires ; les tarses sont très-courts ainsi que les doigts , les pre- miers n'ayant que 1 cent. 1/2 de long. Il vient comme les espèces précédentes de Caracas, en Venezuela. Tschudi l'a figuré dans sa Faune du Pérou. Tyr annula cinchoneti Nob . — Tyrannus chynchoneti Tschudi , Fauna Peruana , Ois., pi. 8, f. 2, 1845. — Id. Consp. avium Wiegm., arch., 1844. — Tyrannula icterophrys INob. Rev. Zool., 1845, p. 341. Lorsque nous avons publié cet oiseau sous ce dernier nom, dans la Revue 1845 ,nous ne possédions pas encore le numéro de la Faune de Tschudi, où il est figuré sous un autre nom et où il n'a paru toutefois que la même année 1845. — Mais il paraît qu'il avait déjà été indiqué l'année précédente dans le Con- spectus avium du même auteur que nous n'avons encore pu nous procurer; nous renonçons donc à notre nom dVctero- phrys et adoptons celui de Tschudi comme antérieur. Nous ob- serverons seulement que nous n'adoptons pas pour cette espèce le nom générique de Tyrannus donné par Tschudi , et que pour* nous ce n'est qu'un Tyrannula, d'après les caractères qui ont servi aux auteurs à faire cette distinction. L'espèce paraît se trouvera la Nouvelle-Grenade, comme au Pérou. Tyrannula cineracea. — Tyr. cristata, supra tota obscure cineracea, crista pileoque toto olis et cauda nigricantibus : loris ciliisque pallide cinereis ; alœ tectricibus remigibusque secunda-' riis griseo-obscuro fimbriatis ; his apice extimo tribusque doisr 8 RKVUE zooLOGiijDE. (J auiHcr 1848.) proxiniis totis cinereo-albido limbatis; rectricibus totis aprt-e tenuissiiïie ultiiiiaque laterali exstus albidis ; subtus paulo palli- dior, gutture albido-cinerascente medio abdomine et subcau- dalibus albescentiblis ; rostrum latum, depressum, maxilla nigra, inandîbula pallida, apice cornea ; pedes débiles brevis- simiet tenuissimi, cumunguibusnigris.Longit. totainexuvia ave 15 cent. 1/2; caudee, 7 cent,; tarsi, 1 cent. 1/2. — Habit. Cara- cas, in Venezuela. Cette nouvelle espèce de Tyrannule à nuances cendrées est voisine de notre Tyrannula ardosiaca (Rev. Zool., 1844, p. 80) de Colombie comme elle; mais elle est évidemment plus petite, et à nuances plus claires en dessous, à pieds plus faibles; elle l'est encore de la Tyrannula nigricans Swainson, du Mexique , mais elle en diffère de même par ses teintes beaucoup plus claires , surtout les inférieures ; par son bec notablement plus large et jaunâtre en dessous, par ses pattes beaucoup plus faibles et plus courtes , etc. Tschudi indique la Tyrannula nigricans (Swainson) dans sa Faune du Pérou. Nous ne la pos- sédons que du Mexique. Si cet auteur ne l'avait pas sous les yeux, comme objet de comparaison, il serait possible qu'il eût cru la reconnaître dans notre Tyrannula cineracea. J'ai oublié dans sa description d'indiquer qu'elle avait la queue un peu fourchue et le pli de l'aile d'un blanc un peu grisâtre. Setophaga albidiadema. — Set. supra nigro-brunnea , ca- pite, collo , alis caudaque nigro-shistaceis vitta lata frontali utrinque super oculum ad nucham protensa alba ; subtus cine- rascens, abdomine medio albescente, ano pallide rufescente; rostrum nigrum; pedes lividi elongati. Longit. tota H cent 1/2; tarsi, 2 cent. — Habit, in Colombia. Cette nouvelle espèce de Sétophage offre les plus grands rap- ports dans son ensemble et dans sa sombre coloration avec notre Setophaga cinnamomeiventris, Rev. Zool., 1844, p. SO ; Mus- cicapa cinnamomeiventris Nob., Rev. 1843, p. 291, habitante comme elle de la Nouvelle-Grenade. Et toutes deux en offrent encore de très-marqués dans leur coloration avec quelques espèces de Bolivie que nous avons décrites autrefois dans le Synop. av, Americ., p. 60, sous les noms de Fluvicola leuco- phrys, F. rufipectoralis et F. œnanlhoïdes, figurés dans le Yoy. de d'Orb. en Amer., pi. 36 bis et pi. 38-1, 2, et elles font, TRAVAUX IINEDITS. 9 sans contredit, le passage des Setophuga aux Fluvicola par ces trois espèces boliviennes, qu'il faudrait peut-être leur réunir; car malgré quelques différences de proportions dans la longueur de la queue, du bec, la terminaison de la queue, etc., un sys- tème de coloration absolument semblable entre un certain nom- bre d'espèces dans la même région continentale et équaloriale indique, selon nous, une intention évidente de groupement de la part du créateur. A ce groupe de Sétophages, à couleur sombre, vient encore se réunir le Tyranneau à poitrine rousse, Tyrannulus rufo-pectus Lesson (Compl. à Buff., dern. vol., p. 296), de Colombie également et si voisin de coloration de notre Fluvicola rufipectoralis, Syn. Amer., p. 60, et Voy. d'Orbig., pi. 3H bis, f. 2 , qu'il faut une comparaison minutieuse pour re- connaître leur distinction spécifique , ce que nous n'aurions jamais pu faire si nous n'avions possédé les deux espèces. Cette espèce est remarquable par la couleur brun noirâtre de son dos, un peu plus clair sur le croupion; la tête et le dessus du cou sont d'un noirâtre ardoisé ; une bande blanche et transverse occupe les plumes frontales , puis se continue de chaque côté au-dessus des yeux en forme de sourcil jusqu'à la nuque; tout le dessous est gris cendré, passant au blanchâtre sur le milieu de l'abdomen et au roussâtre sur l'anus et les sous- caudales; le bec, formant un triangle allongé, est petit, noir et déprimé; les tarses et les doigts sont longs et d'un brunâtre livide. Conirostrum atro-cyaneum. — Con. intense nigrum, pileo, dorso infimo et uropygio, scapulis tectricibusque minoribus alae pulchre indigotinis, remigibus primariis strictissime olivaceo majrginatis; rostrum nigrum, pedes plumbei. Cette espèce offre entièrement la même distribution des cou- leurs noire et bleue sur tout son corps que l'espèce que nous avons décrite dans la Jievue Zool., 1842, p. 301 , sous le nom de Conirostrum albifrons; mais au lieu d'avoir comme elle tout le dessus de la tête d'un blanc pur, elle Ta au contraire d'un beau bleu-violet foncé, ainsi que le pli de l'aile et ses petites couvertures , le bas du dos et le croupion ; tout le reste est d'un noir profond , mais non luisant ; sa taille est la même que chez le Con. albifrons. Elle vient de Colombie, près de Rio-JNapo. Lorsque nous décrivîmes dans la Bévue 1842, p. 301, sous le 10 REVUE zooLOGiyDE. (Jauvier 1848.) nom de Conirostrum albifrons , une espèce de Colombie , noire avec le bas du dos, le croupion , les sourcils et les tectrices supé- rieures des ailes bleues et la coiffe blanche , nous ajoutions que ce blanc était parsemé de quelques plumes bleues et que le menton était grisâtre. Depuis cette époque nous avons fait l'ac- quisition d'un individu dont la coiffe était entièrement d'un blanc pur et dont toutes les parties inférieures et même la gorge étaient d*un noir intense , ce qui nous a donné la conviction que notre premier individu était revêtu d'une livrée encore im- parfaite , tandis que le dernier l'était au contraire de celle com- plète de l'adulte et probablement du mâle adulte. La nouvelle espèce à coiffe bleue, que nous venons de décrire, présentant, sauf sa coiffe bleue et non blanche , une entière similitude de proportions et de couleurs avec ces anciens individus , nous avait fait supposer, au premier abord, qu'elle pouvait être la femelle adulte, dont l'individu à coiffe d'un blanc pur aurait été le mâle adulte , et ceux à coiffe d'un blanc mélangé de bleu, avec la gorge grisâtre et non noire, auraient été les jeunes mâles, ayant eu d'abord la coiffe bleue comme la femelle, et la perdant insensiblement pour prendre le blanc pur du mâle adulte. Mais il y a sur l'étiquette de notre nouvel individu, à coiffe bleue, qu'il était mâle, ce qui, après nous l'avoir fait com- parer de nouveau et minutieusement , nous a fait reconnaître qu'il avait les ailes évidemment plus courtes que notre Albifrons adulte, qu'il avait les pattes plus faibles, et était en tout plus petit ; ce qui joint à ses nuances de bleu brillant et de noir in- tense, nous a détourné de le regarder comme femelle , en noua persuadant au contraire qu'il doit constituer une nouvelle espèce. ^ Au moment où des explorations aussi nouvelles que multi- pliées dans la Colombie firent apporter de ce pays en France une énorme quantité d'oiseaux , parmi lesquelles se trouvaient par douzaines des espèces nouvelles dans tous les genres, la crainte que ces espèces, dont beaucoup se vendirent à Paris pour l'étranger, n'y fussent publiées au lieu de l'être en France, nous engagea à en décrire un grand nombre dans la Revue Zoologique , soit sous notre propre nom , soit comme réuni à M. Boissonneau, qui nous en avait prié et sous le sien. Au milieu des nombreuses espèces de Tanagridées , il s'en trouva quel- TRAVAUX IM^.DITS. li ques-unes dont les caractères mixtes et peu tranchés nous em- barrassèrent et nous firent commettre quelques erreurs de clas- sification que nous avons reconnues plus tard. De ce nombre sont trois espèces que nous décrivîmes alors {Revue ^ 1840, p. 227) comme du genre Arremon. Les deux premières : Arre mon rubrirostris et SupercHiaris nous paraissent plus conve- nablement placées dans le genre iVmosie de Vieillot, et la troi- sième, VAr. flavopectus, dans celui de Tachyphone du même auteur. Nous allons donc le décrire de nouveau et avec plus de détails comme Tachyphone, en lui adjoignant deux autres es- pèces nouvelles et voisines du même pays. Tachyphonus flavopectus, Arremon flavopectus ^oh.^Key. Zool., 1840, p. 227. — T. supra olivaceus , capite supero et la- terali griseo, fronte genisqueobscurioribus ; subtus cinerascenti- albidus , gula tota rufescente-pallido tincta, pectore Iransverse flavo , hypochondriis anoque olivaceo-flavis ; rostro nigro , conico, pedibus plumbeis. Longit. tota 14 cent.; alae plicatœ, 7 cent. 1/3 ; caudae, 6 cent. — Habit, ad Bogotam. Tachyphonus canigularis. — T. supra olivaceus, capite toto griseo unicolore ; subtus cinereo-albus , hypochondriis flavo- olivaceis, pectore imo vitta transversa subcaudalibusque flavis; rostro supra nigro , infra plumbeo-albido pedibus plumbeis. Longit. tota l 'à cent, vix , alae plicatae, 7 cent. ; caudae, 5 cent. 3/4 . — Habit, ad Bogotam, in Colombia. Cette seconde espèce est si voisine de coloration de la pre- mière , qu'on croirait au premier abord qu'elles n'en forment qu'une. Toutes deux, en eflfet , sont en dessus du même vert olive, avec la tête et le haut du cou gris; en dessous d'un blanc cendré avec les flancs et l'anus d'un olive jaunâtre et la poitrine traversée d'une large bande jaune. Mais le T. canigularis dif- fère du premier : 1° en ce qu'il est visiblement plus petit , sur- tout dans les proportions du bec et des pattes ; 2° chez le Flavo- pectus toute la partie gulaire et le devant du cou sont d'un blanc sale, teinté de roussâtre , se détachant nettement de chaque côté du gris noirâtre des joues; 3° chez le Canigularis, au contraire, la gorge et le devant du cou sont d'un cendré clair pur, se fondant avec le gris cendré des côtés de la tête ; chez lui la bande jaune pectorale transverse est placée visiblement plus bas sur la poitrine, et les sous-caudales, au lieu d'être d'un olive ri RKVOK zooLOGiQUK. [Jauvier 1848.) jaunâtre comme les flancs, sont du même jaune que la bande pectorale. Tachyphonus albiiempora. — T. supra olivaceus, capite toto umbrino-fusco, oculorum ambitu, vittaque post-oculari lata niveis ; subtus cinereo-albus gula tota colloque antico sordide albis ad latera parum rufescente pallido tinctis, gula média parum nebulosa ; pectore hypochondriis anoque flavo-olivaceis ; rostro nigro, conico ; pedibus plumbeis. Long, tota, 12 cent. 1/2; alœ plicatoe, 7 cent.; caudœ, 5 cent. 1/2. — Habit, in Colombie. Quoique cette troisième espèce offre tout à fait le même sys- tème de coloration générale que les deux précédentes, elle s'en distingue néanmoins dès le premier abord par cette grande tache post-oculaire blanche , qui ressort vivement sur le noir brunâtre de la coiffe et des joues , et aussi par sa bande trans- verse pectorale d'un olive pâle et non jaune, Sur trois individus de cette dernière espèce que nous possédons, un d'eux diffère des deux autres, en ce que chez lui le blanc post oculaire, au lieu de former une large bande, n'y apparaît que comme une petite tache triangulaire, enveloppant néanmoins toute la moitié postérieure de l'œil; la bande pectorale est d'un jaune plus prononcé. Nous sommes tentés d'attribuer cette différence à celle du sexe et non de l'âge ; car si , d'une part , le blanc des tempes est beaucoup moins été ndu, d l'autre le jaune de la poitrine plus vif ne peut faire supposer que ce soit un jeune âge. Notice sur l'établissement d'un nouveau genre de Chélodons ; par M. Alph. Guichenot. Nous établissons le genre Mégaprotodon , emprunté de piéyaç grande, ô6ù<; dent etirpà en avant , avec deux espèces de Chétodons indiquées par Cuvier et Valenciennes(Hist. des Poiss., t. 7, p. 48 et 49), l'une sous la dénomination spécifique de Chœtodon bifa- cialis, dont Quoy et Gaymard (Zool. du voy. de Frécinet, p. 379) ont fait leur Chœtodon Taunay, et l'autre sous celle de Chœ- todon Leachii, du nom de l'auteur qui l'a fait connaître. Quoique les Mégaprotodon tes aient la plus grande analogie quant à leur conformation , leur forme et la structure même de leurs diverses parties, avec les Chétodons , nous avons cru de- TK4VADX irSÉDITS. i^ Voir, en raison de la disposition dentaire de ces squamniipennes , les en retirer pour en former une petite division remarquable entre tous les autres Chélodonoïdes, par la présence d*un groupe de dents plus longues que les autres, comme terminées en cro- chets , et placées vers le bout de la mâchoire inférieure. Cette singularité doit nécessairement les éloigner des Chétodons or- dinaires, comme l'avaient déjà pressenti les auteurs de l'Ich- thyologie générale ; ils s'isolent encore des espèces à stries en chevron par le plus petit nombre de rayons mous. Néanmoins, les deux espèces pour lesquelles nous changeons le nom de Chétodon, qu'elles portent, en celui de Mégaprotodon que nous proposons, présentent pourtant une si grande affinité de rapports avec ces derniers, que tous les Ichthyologistes n'ont pas hésité à les y laisser. Les Poissons qui composent cette nouvelle coupe générique ont tous les caractères généraux des espèces desquelles nous les retirons ; ils ont, comme ces dernières le corps comprimé, court, aussi haut que long, et entièrement couvert de petites écailles semblables à celles qui bordent la base des nageoires dorsale et anale ; ils ont d'ailleurs la tête petite , la bouche de même aussi très-petite et les ouïes peu fendues : leur membrane branchiostége n'est également soutenue que par six rayons. Nous n'en connaissons encore que deux espèces , publiées paF MM. Cuvier et Valenciennes (t. 7, p. 48 et 49) sous le nom de Chœtodon bifacialis et Leachti, ainsi que nous l'avons vu ail- leurs. La première de ces deux espèces est d'une forme oblongue , et montre une bande oculaire verticale bordée de blanc de chaque côté, avec une autre beaucoup plus large, allant de la partie molle de la dorsale à la moitié postérieure de la nageoire anale : il y a aussi une ligne verticale noire sur la base de la caudale. L'île de Guam est , jusqu'à présent, le seul endroit qui l'ait pro- duite. L'autre de même forme que la précédente , est de beaucoup plus grande; son museau est encore plus court, et sa bande ocu- laire se réduit presque à deux petits lisérés blancs. Son corps ne montre plus aucune trace débandes. Afin d'éviter de nouvelles répétitions, nous renvoyons le lec- teur pour tous les autres caraclères dedctails aux articles qui con- 11 KKVUK zooLOGiQUK. {Janvier 1848.) cernent ces deux espèces, auprès desquelles viendront plus tard s'en grouper d'autres, autant que nous pouvons le présumer. Sur une nouvelle espèce de Malacanthe ; par M. Alph. Gui- CHENOT. Nous avons à faire connaître , dans ce recueil zoologique , un petit poisson exactement semblable , quant à ses caractères ge'né- riques , aux Malacanthes par la forme allongée de son corps, légèrement comprimé et couvert de petites écailles, la tête ob- longue, l'opercule terminé par une forte épine; des dents sur un seul rang le long du bord des mâchoires et parmi lesquelles il en est de fortes et crochues ; des lèvres épaisses , charnues ; une dorsale et une anale fort longues, surtout la première, dont les rayons sont de nature molle et flexible, ce que nous montrent les Chéilions „ dont ils sont très-voisins, dans l'immense groupe des Labroïdes, mais que nous ne pouvons rapporter à aucune des deux seules espèces devenues les types. du genre dont nous parlons. Obligés d'en faire une troisième espèce à part et parfai- tement distincte, nous l'appellerons, à cause de l'extrême brièveté de son museau, comparée à la longueur de celui de ses congénères. Malacanthus brevirostris. — Guich. Malac elongato ; capite declivi ; rostro brevi , obtuso ; oculis magnis ; dentibus validis , inœqualibus , auctis; dorsali analique altis ; caudali quadratâ; corporis colore omnino flavo, versùm dorsum saturiore; duabus longitudinalibus vittis nigris in caudali ; omnibus pinnis flavis. C'est, en effet, dans le genre actuel l'espèce qui a le museau le plus court et aussi le plus obtus à son extrémité, ce qui lui donne un aspect un peu différent de celui des deux autres Ma- lacanthes désignés, l'un sous le nom de Plumieri, et l'autre sous celui de tœniatus. Ce poisson est, en outre, distingué des précédents par le profil déclive ou arqué de sa tête. Il a le corps allongé et du double plus haut de l'avant que de l'arrière, les yeux grands, l'épine operculaire longue et très-acérée. La mâ- choire supérieure porte à son extrémité quatre dents pointues et légèrement courbées ; les autres dents, ou celles qui les sui- vent, sont beaucoup plus petites, mais à peu près de même TB4VAUX INÉDITS. 15 forme. Les dents latérales de la mâchoire d'en bas sont légère- ment arquées et décroissent à mesure qu'elles s'enfoncent dans la bouche; celles de devant, c'est-à-dire les Mitoyennes, sont plus petites et moins fortes. Le Malacanthus hrevirostris man- que, comme ses congénères , d'écaillés sur le front, le museau, les mâchoires, le bord du préopercule et sous la gorge, mais les autres pièces en sont pourvues ainsi que le corps. La dorsale commence un peu en arrière de l'insertion des pectorales ; elle est élevée et à peu près d'égale grandeur partout ; ses rayons sont au nombre de quarante-huit environ. L'anale répond au tiers antérieur de la nageoire du dos, qu'elle égale €n hauteur; elle se continue jusque vis-à-vis la fin de la dorsale: on lui compte quarante rayons ou à peu près. La caudale est cou- pée carrément. Les pectorales sont petites et ovales ; elle a quinze ■ou seize rayons. Les ventrales sont plus courtes que les pectora- les, et un peu pointues. La couleur des poissons desséchés paraît d'un jaune uniforme plus ou moins clair, devenant par degrés plus pâle sous le ven- tre, avec deux bandelettes longitudinales noires sur la queue. L'espèce réunit deux individus de vin^t-quatre centimètres de longueur. Ils proviennent de Madagascar et de Bourbon. Liste des Libellules d'Europe et diagnose de quatre espèces nou- velles ; par M. Edm. de Sélys Longchamps, membre de l'Acadé mie royale des sciences de Belgique. 1 . Libellula albistyla De Selys. — Très-voisine de la L. can- cellata dont elle diffère surtout par les deux appendices anals supérieurs qui sont blanchâtres dans les deux sexes. Il y a aussi de bons caractères dans les parties génitales antérieures du mâle, l'écaillé vulvaire delà femelle, le dessin du thorax, la plus grande longueur du pterostigma. Habite les environs de Lyon (M. Poudras), vSteyr en Autriche (M. Brittinger), l'Italie ? (Vander L). 2. Libellula Cycnos De Selys. — Ressemble à la L. brunnea (Fonscol., L. cœrulescens nobis, olim), quoiqu'un peu plus pe- tite. Elle s'en distingue notamment en ce que le corps est envahi par une nuance d'un brun plus foncé, presque noirâtre, sur la- 16 KKvuK zooi.oGiyuK. {Janvier 18i8.) quelle se détachent des parties claires d'un jaune pâle; de sorte que le dessin se rapproche de celui de la cancellaia et surtout de Valbistyla (Je ne connais pas le mâle)« Par l'écaillé vulvaire qui semble non échancrée et la saillie assez forte de l'abdomen , entre les appendices anals, elle res- semblerait à la Sardoa de M. Rambur que je n'ai pas vue. Ce- pendant , comme cet auteur ne parle pas de la différence de co- loration du corps, il est probable qu'elle n'est pas identique. 3. Lihellula Ramhurii De Selys. — Elle est tout à fait inter- médiaire entre la L. brunnea etla cœrulescens (Olympia. Fonsc), Le mâle diffère de celui de cette dernière , en ce que la pièce an- térieure des parties génitales est en gouttière non saillante, ni renflée à son extrémité, qui est échancrée, et un peu inclinée en arrière, ce qui rappelle la brunnea; mais cette gouttière est plus proéminente et creusée en dedans. — La femelle se rap- proche encore plus de la cœrulescens par l'écaillé vulvaire qui est subitement échancrée, mais à rebord entier, non déchiqueté ni renflé. Habite la Sardaigne (M. Gêné), la Sicile (M. Ghiliani), l'Algérie (M. Lucas), l'île de Candie (M. Fridvalsky), l'Egypte et la Syrie (M. Hagen). L'abdomen est au moins aussi étroit que chez la cœ- rulescens, et le pterostigma presque aussi long. 4. jEschna alpina De Selys. — La femelle, d'après laquelle j'établis cette espèce , ressemble tellement à trois espèces du même groupe , que je me bornerai à l'y comparer brièvement. Diffère de VM. mixta Latr. par la membranule qui est brune uniformément, par ses yeux plus plats, plus larges, etc. De Vjéffinis Vander L. parles mêmes caractères, et par le thorax brun, taché de jaunâtre sur les côtés. De la Borealis Zetterst. par les yeux qui sont plus grands , et d'un tiers au moins plus contigus, le nasus un peu avancé en bec les pieds roussâtres. Voici du reste la diagnose comparative que j'ai rédigée pour V Alpina : abdomen très-tacheté, très-étranglé au deuxième segment. Côtés du thorax bruns, tachés de jaunâtre ou de bleu, membranule médiocre, brune , à peine plus claire en dedans, pterostigma médiocre, brun. Lèvre supérieure bordée de noir en avant seulement. Ailes larges, finement réticulées. Front un TRAVAUX INÉDITS. 17 peu avancé en bec. Yeux très-conligus. Tibias roussâtres en de- hors. Décrite d'après une femelle prise dans les Alpes suisses et que je dois à la générosité de M. le docteur Imhoflfde Bâle. On trouvera la description complète des espèces que je viens de signaler dans la Bévue des Odonates ou Libellules d^Europe que je publierai dans quelques mois avec la collaboration de M. le docteur H. A. Hagen de Kœnigsberg, et qui servira de sup- plément à la Monographie des Lebellulidées d'Europe que j'ai donnée en 1840. Les espèces qui y figureront comme européennes seront les suivantes : Ordre des Névroptères, — sous-ordre des Odonates. — Famille i" Libellulidœ. — Tribu {. Libellulina. Genre 1. Libellula L. — 1. Trinacria De Selys. — 2. Qua- drimaculata L. — 3. Depressa L. — A. Fulva Miill (conspur- cata Fab.).-^ 5. Cancellata Z.— 6. Albistyla De Selys.— 7, Ki- tidinervis De Selys. — 8. Cycnos De Selys, — d. Sardoa Ramb, — 10. Brunnea Fonsc» (Cœrulescens Fander L.) — II. Ramburii De Selys.— \2. Cœrulescens Fab. (Olympia Fowsco/.)— 13. Ery- thrœsi Brullé (Ferruginea frauder L.) — 14. Rubrinervis De Selys. — 15. Pedemontana yillioni. — 16. Depressiuscula j9e Selys. — 17. Sanguinea Miill. (Rœselii Curtis) — 18. Flaveola L. — 19. Fonscolombii De Selys. — 20. Meridionalis De Selys. — 21.Striolata Charp.— 22. Vulgata L.— 23. Scotica Donov.— 24. Dubia Vander L. — 25. Rubicunda L. — 26. Pectoralis Charp. — 27. Albifrons^urm.— 28. Caudalis Charp.— 2%.m- gra Fander L. Tribu 2. Cordulina. Genre 2. Epitheca Charp. — 1. Bimaculata Charp. Genres. Corduli a Zcac^.— l.Metallica Fander L. — 2. Al- pestris De Selys.— 3. Arctica Zeltrest. (Subalpina De Selys.) — 4. Flavomaculata Fander L. — 5. ^Enea L. — 6. Curtisii Dale. Genre 4. Macromia Ramb. — 1. Spl^dens Pictet. Famille 2. jEschnidœ. —lY'\h\x \. Gomphina. Genre 1. Gomphus Leach.— 1. Vulgatissimus L. (Forcipatus Latr.) — 2. Flavipes Charp. — 3. Graslini Ramb. — 4. Similli- Tome \\. Année 1848. 2 18 REVUE zooLOGiouK. {JuTivicr 1848.) mus De Selys. — 5. Pulchellus De Selys. — 6. Serpentinus Charp, — 7. Uncatus Charp. — 8. Forcipatus L. (Unguiculatus Fander L.)-9. Genei De Selys. Genre 2. Lindenia Deffaan, De Selys. —1 . Tetraphylla Fan- der L. Genres. Cordulegaster Leach. — 1. AnnulatusZflifr. — 2. Bi- dentatus De Selys. Tribu 2. ^schnina. Genre 4. Anax Leach. — 1, Formosus Fander L. — 2. Par- thenope De Selys. Genre 5. iEscHNA Fab. — 1. Pratensis Mûll. (Vernalis Fan- der L. — 2. Cyanea MûlL (Maculatissima Lalr.) — 3. Juncea Z. — 4. Borealis Zetterst. — 5. Mixta Latr. — 6. Affînis Fander L, — 7. Alpina De Selys. — 8. Viridis Eversm. — 9. Rufescens Fander L. — 10 Grandis X. — 11. Irène Fonsc. Famille 3. Agrionidœ. — Tribu 1. Calopterygina. Genre 1. Euph^ea De Selys. — 1. Fatïme Charp. Genre 2. Galopteryx, Leach. — 1. Virgo X. — 2. Splendens Harris. — 3. Hœmorrhoidalis Fander L. Tribu 3. Agrionina. Genre 3. Lestes Leach. — 1. Viridis Fander L. —2. Ma- crostigma Eversm. (Picteti Gêné.) — 3. Nympha De Selys. — 4. Sponsa Hansem. — 5. Virens Charp. — 6. Barbara Fah. — 7. Fusca Fander L. Genre 4. Platycnemis Charp. — \. Pennipes Pallas. — 2. Pla- typoda Fander L. — 3. Latipes Ramh. — 4. Acutipennis De Selys. Genre 5. Acrion Fah. — 1 . Speciosum Charp. (Sophia De Se- lys.) — 2. ISajas /fansem. — 3. Viridulum Charp. — 4. Minium H^arm. (Sanguineum Vander L.) — 5. Tenellum DeFillers. (Rubellum Fander L.) — 6. Pumilio Charp. — 7. Graellsii Ramh. — 8. Genei Pictet. — 9. Elegans Fander L. (Pupilla Hansem.)— 10. Elegantulum Zetterst. — 11. Pulchellum Fan- der L. 12.— Puella Fander L.— 13.0rnatum^eycr.— 14. Has- tulatum Charp. — 15. Cyalhigerum Charp. (Charpentieri De Selys.)— li). Lunulatum Charp. — 17. Scitulum Ramh. — 18. Cœrulescens Fonsc. — 19. Mercuriale Charp. — 20. Arma- tum Charp. — 21. Lindenii De Selys. AXALYSKS I)V)UVR\r,E.S ?)OUVRA03IÇ^;^ ,, 19 Le total est donc de J)S espèces réparties en 14 genres, 6 tri- bus et 3 familles. On peut considérer la connaissance des Libel- lules d'Europe comme assez avancée aujourd'hui , pour que Ton puisse affirmer que le nombre d'espèces à ajouter par la suite, ne sera pas considérable , alors même que Ton rencontrerait , plus tard, en Grèce, ou dans le midi de l'Espagne et de la Sicile, quelques-unes des espèces peu nombreuses qui sont propres jus- qu'ici à l'Asie Mineure et à l'Algérie. Edm. de SelYvS Longchamps. Liège, 20 novembre 1848. II. A^ÎALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. NoMENCLATOR zooLOGicus coutincns nomina systematica gène- rum animalium tara viventium quam fossilium, secundum or- dinem alphabeticum disposita , adjectis auctoribus , libris in quibus reperiuntur, anno editionis, etymologia et familiis, ad quas pertinet, in variis classibus. Auctore L. Agassiz; solidari, Jant et Gassemann. Nous avons déjà annoncé plusieurs fois l'apparition des fas- cicules de cet important ouvrage , si commode pour les zoolo- gistes, en ce qu'il met en même temps sous leurs yeux tous les noms génériques employés jusqu'à ce jour , la date des travaux dans lesquels ces noms sont employés, le nom de leurs auteurs et le groupe d'animaux auquel appartient chaque genre. Ce travail , qui est un monument de patience , devra être consulté par tous les zoologistes qui veulent faire un nom pour un genre nouveau, et il les empêchera de se servir de noms déjà employés, soit pour des groupes du même ordre , soit même pour des groupes d'ordres et de classes différents. 11 montrera aussi aux zoologistes qu'il serait actuellement impossible d'exiger que le même nom ne se représente pas dans diverses classes, et que si l'on voulait changer tous ceux qui sont dans ce cas , comme quelques naturalistes anglais l'ont entrepris, il y aurait un bouleverse- ment total dans la nomenclature. A notre avis , il faut subir cet inconvénient et toucher le moins possible aux noms adoptés et connus de tous. Ce n'est que dans les cas où un même nom a été employé par deux auteurs pour désigner deux genres diffé- 20 REvuB zooLOGiQUE. [Janvier 1818.) rents , appartenant à un même ordre , comme par exemple le mot Arœcerus, Sch. (on devait écrire Araeocerus) , et Arœo- cerus , Nordm. , qui désignent deux genres de coléoptères , qu'on doit en changer un. Dans ce cas, on doit conserver ïe plus anciennement publié, et quand on a l'occasion d'opérer ces rectifications indispensables, on doit toujours dire pour- quoi , donner les motifs qui ont porté à donner un nouveau nom à l'un de ces groupes. L'ouvrage de M. Agassiz est actuellement terminé. Il forme un gros volume in-4o, suivi d'une table alphabétique universelle sur deux colonnes , et composée de 393 pages , que l'on peut considérer comme le squelette d'un excellent dictionnaire zoo- logique, auquel il ne manquerait que les articles généraux. C'est un livre qui rendra de grands services à la zoologie , en prévenant bien des erreurs, bien des doubles emplois, et en avertissant bien des auteurs d'avoir recours à des sources qu'ils auraient oubliées ou même ignorées sans les noms et les citations d'ouvrages qu'ils trouveront là. On peut dire , sans craindre d'être taxé d'exagération , que ce livre devra être constamment sur le bureau des zoologistes. €. M. Voyage autour du monde des navires de S. M. Britannique Ere- bu.< et Terror. — Insectes de la Nouvelle-Zélande ; par M. Adam WHiTE(in-4»,fig. Londres, 1846). Suite.— -Voy. 1847, • p. 84 à 97. DïNASTIDiE. Cheiroplatys iruncatus^ F. Ent- syst., 1, 7, 16. — Nouv.-Zél. C. punctatus. — Tête ayant une élévation lisse, presque trian- gulaire , derrière laquelle sont deux dépressions ponctuées; tho- rax avec une protubérance au milieu du bord antérieur, déprimé en arrière ; côtés du thorax avec deux dépressions de chaque côté, la postérieure plus grande ; écusson lisse ; élytres couvertes de ponctuations, quelques-unes en lignes ; le dessus entière- ment d'un brun noirâtre très-foncé , la suture couleur de poix ; devant de la tête , dessous du corps et jambes d'un brun de poix ; dessous du thorax couvert de longs poils soyeux, d'un ferrugi- neux pâle ; mésotibias et métatibias ayant en arrière une rangée de longs poils ferrugineux. — Long. 9 1. 1/2. — Nouv.-Zélande; M. Earl. AMALÏSES d'ouvrages NOUVEAUX-. 21 MELOLONTHIDiE. Rhizoirogus Zealandicus.—Tèie d'un brun foncé, ponctuée, lisse derrière ; chaperon jaunâtre, ponctué ; thorax d'un brun foncé au milieu, côtés jaunâtres, une impression lisse de chaque coté; ély très très-dilatées latéralement, avec quatre lignes longi- tudinales, la suture lisse; tête, thorax, bord des élytres , avec des poils brunâtres épars, jambes jaunâtres, tibias antérieurs ayant en dehors trois grandes dents brunes ; dessous de l'abdomen jaunâtre. Dans une variété le disque du thorax est sans poils ; dans une autre, la marge des élytres est brunâtre. — Long. 5, 5 1/2 1. — Nouv.-Zél. ; port Nicholson. G. Odontria, White. — Tête large, clypeus arrondi sur les côtés, rétréci antérieurement, le bord faiblement relevé; an- tennes de huit articles, le premier aussi long que les deux sui- vants réunis, fortement courbé et renflé à l'extrémité, avec quel- ques poils hérissés dirigés en dehors et une frange de poils déli- cats,au côté opposé ; deuxième article court, inséré sur la partie supérieure du premier avant la fin, renflé et tronqué ; le troi- sième assez long, à bords presque parallèles , une forte dent di- rigée en arrière à la base externe, massue formée de neuf feuil- lets; le premier est le plus court, les trois suivants égaux en longueur et épaisseur, le troisième est le plus épais, un peu con- vexe extérieurement ; élytres couvrant l'abdomen ; côtés près la base légèrement dilatés ; tibias antérieurs avec trois dents exter- nes, très-obliques à l'extrémité; tibias postérieurs avec deux longues épines à l'extrémité externe , sinués au milieu, le bord externe garni d'épines aiguës ; tarses longs, chaque article avec plusieurs épines au bout. — Genre voisin des Rhizotrogus, décrit sur un mâle. O. striata. — Tête brune, profondément pontnée , lisse et jaune en arrière; chaperon jaune, avec une tache brune; thorax d'un brun foncé, les côtés et quelques taches jaunâtres, couvert de longs poils jaunes, mêlés de quelques noirs ; élytres d'un brun jaunâtre avec neuf lignes noires ponctuées et quelques taches noirâtres placées irrégulièrement entre ces lignes , quelques longs poils épars sur leur surface ; partie inférieure du thorax garnie de poils jaunâtres ; dessous de l'abdomen jaune, varié de noir ; pattes jaunes avec quelques poils noirâtres et des épines auj ., 22 REVUE zooLOGiyuE. {Janvier 1848.) tibias; tarses noirâtres. — Long. 7 1/2 1. — Sur les fleurs, sur les collines. O. xanthosticta. — Tète d'un brun foncé, fortement ponctuée ; chaperon d'un jaune brunâtre ; thorax, élytres, couverts de poils soyeux, pressés d'un brun jaunâtre ; la surface sous ces poils est d'un brun foncé avec de nombreuses petites taches jaunes ; des- sous d'un brun clair ; janjbes pâles. — Long. 6 1. O. cinnamomea. — Tête d'un brun foncé; chaperon jaunâtre, médiocrement ponctué; tête ayant postérieurement une ligne transverse lisse ; thorax et élytres d'un brun testacé presque uni- forme, couverts de poils soyeux d'un brun jaunâtre ; dessous des cuisses d'un jaune pâle; tibias antérieurs avec trois dents obtuses à l'extrémité. — Long. 6 1. G. EusOMA , White. — Tête assez large ; chaperon arrondi avec le bord légèrement relevé; dernier article des palpes le plus grand, oblong-ovale; antennes de huit articles, les deux premiers épais et arrondis, le troisième assez long, très-légèrement renflé à son extrémité, le quatrième oblong, les quatre derniers lamel- les, le cinquième le plus court, les trois derniers presque égaux ; thorax transversal à peu près de la largeur des élytres, les côtés arrondis ; élytres recouvrant l'abdomen, les bords presque pa- rallèles; écusson allongé; jambes longues; tarses très-longs; ongles simples ; tibias ayant trois dents externes. — Ce charmant petit Lamellicorne est voisin des Dichelonycha, Kirby. £. Bossii, — Chaperon jaune , bord antérieur de la tête et une tache sûr le vertex jaunes ; devant les yeux et à côté un espace d'un brun foncé ; thorax jaune avec trois lignes longi-^ tudinales au milieu, ne touchant pas le bord antérieur, celle du milieu droite et étroite, les latérales plus larges et un peu on-^ dulées ; élytres jaunes avec des réticulations d'un brun foncé, assez larges; thorax et tête ponctués irrégulièrement; élytres ayant à l'extrémité neuf rangées de stries longitudinales; pattes et dessous du corps d'un jaune pâle. — Long. 3 1/41. — N.-Zél.; Kaudi. ' Pyronota festiva, Boisd., Faune de l'Oc, II, 214. — MeloL, id., Fab. — (;a/ono Depuis, nous avons été à même d'examiner attentivement un magnifique exemplaire d'un individu femelle très-adulte du S, lyrannus ^ qui nous a été obligeamment communiqué par M. Auguste Lefebvre, un des premiers marchands naturalistes de Paris ; en voici la description : Corps tout noir à reflets bruns; les plumes de la huppe dis- |)osées à peu près en forme de couronne , mais blanches dans leur première moitié à partir de la base; queue fasciée de quatre bandes marbrées comme chez le Braccata : ces quatre bandes parfaitement visibles en dessous , quoique les couvertures ovales descendent jusqu'à moitié de l'intervalle qui sépare la deuxième de la troisième, et surmontées en outre d'une semblable à l'ori- gine même des rectrices; celles-ci terminées de blanc à la pointe : le Braccata n'en montre que deux en dessous ; les petites cou- vertures inférieures de l'aile tout le long du poignet sont grive- 38 fiKvuE zooLOGn^CK. {Février I8i8.) lées ou écaillées irrégulièrement de blanc ; quelques plumes de la région anale, toutes celles du tibia et du tarse sont marquées de deux ou trois taches blanches formant chevron brisé renversé, beaucoup plus étroites et en forme de ligne sur le tibia , plus larges et arrondies sur le tarse ; toutes les plumes du tibia sont allongées comme chez les Aigles proprement dits, quoique dans une proportion moindre , puisqu'elles ne retombent qu'à moitié de la hauteur du tarse ; enfin , la queue conserve la même grandeur que chez le Braccata , relativement aux dimensions des autres parties du corps ; mais les ailes sont beaucoup plus allongées par rapport à la queue , et descendent aux trois quarts de la longueur de celle-ci. Voici maintenant les dimensions de cette femelle , prises sur la peau non montée : Longueur totale à78 centimètres. — de la queue 40 — de Taile 46 — du tibia et des tarses réunis. 18 — du tarse seul . 8 — de l'ongle du pouce 4 | De ces données, et en les rapprochant de notre article précé- dent , il résulte que si le doute n'est plus permis sur la sépara- tion à faire du S. braccatus et du S. ornatus , il peut être excu- sable sur sa séparation d'avec le S. tyrannus , au moins quant aux caractères de ptilose, qui offrent les plus grands rapports de ressemblance , ainsi que le démontre la description qui précède de la femelle adulte de ce dernier. Et à cet égard , il nous paraît à peu près certain que le mâle de cette espèce doit revêtir la même livrée que la femelle. C'est ce que semble indiquer la des- cription de son oiseau, quoique pas complètement adulte, don- née par M. le prince Max. de Wied ; c'est ce qui fait présumer celle de M. de La Fresnaye , en supposant que la sienne se rap- porte au Tyrannus et non à notre Braccatus. C'est au surplus ce qui se remarque chez plusieurs espèces d'Aigles , et ce qui n'est plus frappant chez aucune que chez Aquila vulturina et Aquila verreauxii , que nous considérons aussi comme deux espèces bien distinctes. Si cependant nous concédons ces degrés de ressemblance , il est deux caractères qui nous paraissent démontrer de la ma- TH/VVADX INÉDITS. 39 iiière la plus évidente que ces deux espèces de rapaces ne doi- vent pas être confondues ensemble. Le premier , et le plus im- portant, est celui tiré de la nature et de Tinspcction des plumes garnissant le tibia (ou la culotte), lesquelles, chez le Tyrannus^ sont assez allongées pour recouvrir la moitié du tarse, ce qui contribue à donner à l'oiseau, dans les proportions de son port, quant aux jambes , l'aspect d'un véritable Aigle ; tandis que chez le Braccatus ^ ces plumes sont toutes de la même lon- gueur, se recouvrant les unes les autres, et comme collées sur la peau, aucune d'elles ne venant cacher celles du tarse, qui n'en paraît ainsi que plus svelte et plus dégagé. Et il ne faut pas douter que ce ne soit cette longueur inusitée, pour un Spizaëte, des plumes du tibia qui aura causé l'erreur du peintre Huet , lorsqu'il a figuré le Tyran de M. Temminck : son seul tort est d'avoir peut-être exagéré cette dimension. Le second caractère , mais bien accessoire , qui peut servir à distinguer le Braccatus du Tyrannus , c'est la longueur rela- tive des ailes et de la queue; les ailes ne recouvrant la queue que dans la moitié de sa longueur chez le Braccatus , et descen- dant jusqu'aux trois quarts chez le Tyrannus. Cette seconde proposition ainsi établie sera-t-elle aussi facile- ment adoptée que la première? Nous le désirons autant que nous l'espérons , tout en avouant que la question mérite encore d'être approfondie et discutée. Sur les genres Attila, Lesson, etDasycephala, Swainson, par M. F. DE Lafkesnaye. Le genre Attila de M. Lesson étant en général peu connu des ornithologistes et ayant même été méconnu par M. G.-R. Gray, dans son Gênera ofbirds, ou il le regarde comme synonyme du genre Tijuca^ Lesson, citant V Attila Brasiliensis de Lesson comme la femelle de son Tijuca nigra (ce qui est une erreur), et le genre Dasycephala de Swainson ayant été appliqué par quelques auteurs anglais, et par le fondateur lui-même, à des es- pèces qui, selon nous, ne doivent pas y figurer, nous allons essayer de jeter quelques lumières sur ces deux genres peu connus. En 1830, M. Lesson forma, dans son Traité d'Ornithologie, m 40 REVUE zooLOGiyuE. {Févvier 18^8.) p. 300, le genre Attila, qu'il plaça dans sa famille des Cor acmes; les caractères qu'il lui assigna sont ceux-ci : a Bec triangulaire, allongé, dilaté à la base, à fosses nasales » profondes, triangulaires, couvertes d'une membrane, séparées » par l'arête qui est saillante, arrondie, terminée en crochet » aigu ; mandibule supérieure comprimée vers l'extrémité, den- » tée ; mandibule inférieure moins longue, à pointe vive, renflée » en dessous ; bouche ciliée ; ailes allongées, à troisième rémige » la plus longue; queue ample, élargie, presque rectiligne; » tarses allongés, scutellés. » Il décrit ensuite brièvement l'espèce type ainsi qu'il suit ; « Attila Brasiliensis (le Tyran olive). Mus, de Paris. — Bec et B tarses rougeâtres ; plumage vert olivâtre en dessus, vert jaunâ- » tre en dessous ; les tiges des ailes brunes bordées de blanc ; » bas-ventre jaune clair; queue roux-cannelle. — Du Brésil. » Nous étions resté plusieurs années dans une ignorance com- plète de ce genre et de cette espèce type, lorsque nous promenant l'an dernier dans les galeries du Muséum avec un de MM. les conservateurs, il eut l'obligeance de nous faire voir cette espèce type dans laquelle nous reconnûmes, non sans quelque surprise, une espèce de Tyran appartenant à ce groupe que , dans notre Synops. avium Amer. p. 43, en 1837, nous avions distingué par le nom de Tyranni rectirostres avec cette diagnose : « Rostro » supra rectissimo, apice subito et valde curvato, uncinato ; » tarsis longioribus; alis brevioribus ; cauda mediocri, œquali ; » colore praesertim rufo aut cinnamomeo (typus Muscicapa ci- » nerea, Gmelin). » Nous reconnûmes alors avec certitude que M. Gray avait com- mis une erreur en citant, dans sa List of gênera et dans son Ge ■ neraofbirds, part, 32, famille ^m^dma?, VA ttila Brasiliensis, Lesson , comme étant la femelle de son Tijucanigra, puisquecet Attila que nous avons eu sous les yeux est une espèce de Tyran à grand bec droit, n'offrant aucun rapport avec le genre Tijuca. Quant au genre Dasycephalia de Swainson, cet auteur le publia dans sa Fauna boreali americana, appendix, p. 486, en 1831 ; il le plaçait dans sa sous-famille des Myotherinœou Four- miliers, et le caractérisait ainsi : a Rostrum, caput longitudine acquans , basi latum , medio » cylindricum, apice aduncum ; gonide ascendentc. Narcs etca- TRAVAUX INEDITS. 41 » pislrum pluinis rigidis setisque tectae. Vibrissac mastacales va- » lidœ ; tarsi elongati, graciles : squamis lateralibus pluribus, » parvis, ovalibus; digiti et ungues graciles ; digitus internus » brevis ; externus medio connexus ; unguis posticus permagnus ; » alaecaudaquc rotundatœ. » Puis il indiquait comme espèces types : Tyrannus rufescens, Swa'ws. ;rufiventer, Vieil,, etc. (cinq espèces du Brésil et une d'Afrique). La comparaison des phrases caractéristiques de ces deux gen- res, Jttila et Dasycephala^ et celle surtout des espèces types de chacun d'eux, nous ont convaincu que ces deux genres étaient identiques ; et, comme le Traité d'ornithologie de M. Lesson a été publié en huit livraisons de trois mois en trois mois, depuis novembre 1828 jusqu'à novembre 1830 1a dernière, et que la Fauna bor.Amer. ne Ta été qu'à la fin de 1831, nous n'hésitons pas à adopter le genre Attila comme antérieur de plus d'une année à celui de Dasycephala. M. G.-K. Gray , dans son Gênera ofbirds, liv. 32, article For- micarinœ^ adopte le genre Dasycephala de Swainson avec quel- ques modifications, vu qu'il y introduit comme synonymes les Agriornis de Gould, 1838, Beagles Foyage^ genre basé sur des espèces de Pepoazas que nous avions signalés en 1837, dans notre Syn. vr. Am., p. 64, sous le nom de Pepoazœ rectiros- tres^ vu la conformité de leurs mœurs terrestres et buissonnières, et de leur plumage, avec les Pepoazas de Azara. (Tœnioptera de Bonaparte}. M. Gray indique comme synonyme le genre Tarn- nolanius de Lesson, 183 ', ce qui est exact pour Agriornis^ et soupçonne celui de Pithys^ Vot., de l'être également. Nous ne pouvons, dans cette circonstance, adopter les idées de classification de MM. Swainson et Gray quant au genre Dasyce- phala ou Attila dans les Fourmiliers, ni le rapprochement fait par le dernier de ces auteurs des Agriornis de Gould et des Pythis de Vieillot avec Dasycephala ou. Attila, comme congénères, car P les Dasycephala ou Attila, et les Agriornis, d'après leurs mœurs, la forme de leurs pattes et de leurs ailes, ne peuvent figurer dans les Fourmiliers. Par leurs mœurs, les premiers sont, d'après M. d'Orbigny qui les a observés dans leur patrie (d'Orb., Foy.i p. 308), de véritables Tyrans qui en ont toutes les habitudes forestières et perchcusesjs'élançant, de dessus la branche où ils 42 REVUE zooi.oGigoE. {Février 1848.) saiil perchés, à la poursuite des gros insectes, qu'ils reviennent dépecer sur une branche sur laquelle ils frappent les grosses espèces et les coléoptères à la manière des Tyrans ; les seconds ou les Agriornis de Gould ont, d'après le même voyageur, p. 352, et le naturaliste du Beugles f^oyage, toutes les manières des Pepoazas de Azara ou Tœmoplera de Bqnaparte, c'est-à-dire qu'ils se tiennent habituellement dans les vallons arides, rocail- leux et dénués de grands arbres, ou dans les plaines élevées gar- nies seulement de buissons du sommet desquels ils s'élancent à la poursuite des coléoptères et gros insectes, qu'ils saisissent au vol et quelquefois moitié en volant et moitié en sautant, et épa- nouissant alors leur queue, dont les parties blanches se trouvent ainsi découvertes aux yeux du chasseur. Nous convenons toutefois que si on ne s'en rapportait qu'à la forme du bec, il offre beaucoup de rapports entre ces deux genres Dasycephala ou Attila et Agriornis, quoique dans Agriornis il soit bien plus comprimé dans toute la longueur et moins large à la base ; mais dans ce dernier genre il n'est pas, comme chez le G. Attila, muni de plumes rigides, de poils longs et roides à sa base, formant un rempart protecteur au devant des yeux, des narines et de l'ouverture de la bouche. Dans la forme des ailes, il y a encore des différences sensibles : courtes et très-arrondies chez Attila, elles sont moyennes chez Agriornis avec les deux premières rémiges presque toujours acuminées et échancrées à la pointe, comme chez les vrais Pepoazas^ ce qui ne se rencontre jamais chez Attila. Les pattes, enfin, remarquablement robustes chez les Agriornis, comme chez les Corvidœ, sont grêles chez les Attila, et quant à leurs mœurs, si bien en rapport avec leurs formes différentes, on voit que les Attila, munis d'ailes courtes, de pattes faibles et grêles, mais d'un bec des plus robustes et pro- tégé à sa base par un faisceau de plumes et de poils rigides, sont destinés à habiter l'intérieur des forêts où, perchés sur quelque branche isolée, ils guettent et saisissent au vol les gros insectes qui passent à leur portée et reviennent les béqueter et les frapper sur la branche où ils se perchent de nouveau, d'après les obser- vations de M. d'Orbigny sur notre Attila Bolivianus {rufescens du Synopsis). Nul doute que ces plumes rigides et divergentes , ces longs poils roides qui recouvrent la partie antérieure de la face, ne leur aient été donnés pour garantir leurs yeux et leurs TRAVAUX INl^.PITS. 43 narines, soit des alleintes des ongles du coléoplère qui se débat dans leur bec, soit de l'aiguillon des hyménoptères, si grands et par conséquent si dangereux en Amérique. Ces conjectures me paraissent bien plus probables que celles de M. Swainson, qui les plaçait dans les Fourmiliers'parce qu'il supposait que ce fais- ceau protecteur leur était donné pour les garantir delà morsure des fourmis, car nous ne retrouvons chez la plupart des Fourmi- liers, même les plus destructeurs de fourmis, rien qui soit com- parable : ils n'ont ni plumes rigides, ni même de poils au devant des yeux. Nous retrouvons au contraire beaucoup plus d'analo- gie, quant au bec et ses annexes, entre les Attilas et ces grands tyrans, que nous appelions Fortirostres, que Swainson a nom- més Saurophagus et qui sont munis de cils roides à l'ouverture du bec, mangeant comme eux beaucoup de gros insectes. Nous croyons donc, d'après ces divers motifs, devoir persister dans notre ancienne manière de voir, telle que nous l'indiquions, en 1837, dans le Synops. av. amer.; nous regardons toujours les espèces du ^cnre Attila, Lesson (depuis Dasycephala^ Swain- son), comme de véritables tyrans forestiers et non marcheurs, mais remarquables par la grosseur de leur tête et de leur bec, la forme rectiligne à pointe crochue de sa partie supérieure, et surtout par la rigidité des plumules et des poils de sa base, ce qui est bien suffisant pour constituer un genre particulier, tel qu'on les forme aujourd'hui, et devant suivre immédiatement celui de Saurophagus de Swainson, tandis que les Agriornis de Gould, véritables Fepoazas par la forme de leurs pattes et de leurs ailes, celle de leur queue en partie blanche et leur coloration, et par leurs mœurs marcheuses et buissonnières, doivent, selon nous, tout en conservant le nom générique d"* Agriornis, être placés à la suite des Pepoazas ou Tœniopiera, Bonap., comme Pepoazas à bec droit cylindrique et crochu, ainsi que nous l'avions indiqué dans le Synopsis. Quant au genre TamnolaniuSy Lesson, il est synonyme d'A- griornisde Gould, comme l'a reconnu M. G.-R. Gray; mais nous ne pensons pas comme lui que le genre Pithys de Vieillot, ayant pour type le Pipra albifrons. Lin., doive être réuni peut-être à Dasycephala ou Attila. Ce genre, qui ne renferme que deux espèces à ma connaissance, fait évidemment partie des Fourmi- liers et ne s'en distingue que par des pieds syndactiles. 44 HEVUK zooLOGiQOE. {Février 1848.) Après avoir suffisamment prouvé que le genre {Attila ou Da- sycephalà) n'était point identique avec Agriornis ou Tamnola- nius, et de plus que ni l'un ni l'autre ne devaient faire partie des Formicarinœ ou Myotherinœ, mais bien des Tyranninœ, nous allons jeter les yeux sur les espèces indiquées comme types du genre Vasycephala par M. Swainson, fondateur du genre. Son premier type est Dasy, rufescens [Tyrannus rufescens, Sw.), décrit avec les plus grands détails dans sa Monographie des Tyrans, insérée dans le journal anglais des sciences et des arts, ann. 1825-26, p. 278. Or nous avons reconnu, à n'en pouvoir douter, que ce Tyrannus rufescens n'était autre que le Musci- capa spadicea, Lat., Gmel. et Vot. (N. Dict. 21, p. 419), espèce réunissant tous les caractères du bec rectiligne en dessus, cro- chu seulement à la pointe, garni à sa base de plumes et poils ri- gides, d'ailes courtes, de queue rousse avec le croupion plus clair, etc., etc., ce que nous retrouvons dans V Attila Brasilien- sis de Lesson, actuellement au Musée, ce qui nous a fixé sur l'identité des deux genres ; mais ce qui nous a surpris singulière- ment, c'est devoir citer par Swainson, danssa jPatm. bor, amer., comme seconde espèce type, le Tyrannus rufiventris. Vieillot, erreur répétée par M. G.-R. Gray, dans son Gênera of hirds^ art. Dasycephala, et aussi par le docteur Hartlaub, dans son Cat. syst. des ois. de Azara, p. 13, où il donne pour synonyme àu Dasycephala rufiventris, \eTamnolanius ferrugineus, Less., Rev. Zool.y 1839, p. 138, espèce mexicaine, tandis que l'autre est du Paraguay et d'une tout autre coloration. Or ce Tyrannus rufiventris, Vieillot, N. Dict. 35, p. 93, et Ency., p. 856, qui n'est, comme tant d'autres espèces de Vieillot, qu'une traduction avec un nom latin des espèces décrites en es- pagnol par don Azara, représente ici, comme l'indique Vieillot^ le Pepoaza vientre rixoso (Pepoaza à ventre rougeâtre, Azara, n*" 205, traduction de Sonnini), espèce qui, comme l'avait très- bien jugé Azara, est un véritable Pepoaza et le même que nous décrivîmes à tort (ne l'ayant pas encore reconnu), en 1837, dans le Syn. av. am., sous le nom de Pepoaza variegata, p. 63, et qui est figuré sous le même nom dans le Foy. d'Orbigny en Amer., p. 349, PI. XXXIX, f. 2, le même encore que le Xolmis varie- gata, G.-R. Gray, Beagle's Foy., p. 55, PI. XI, de Bahiaetde Pa- tagonie. Ce Pepoaza, que Azara avait très-bien jugé d'après ses TRAVAUX INÉDITS. 45 formes et sesmœurs, offrant, comme tontes les espèces de ce groupe marcheur et bon voilier, des caractères tout à fait opposés à ceux des Dasycephala ou Attila , c'est-à-dire des ailes très-allongées et pointues, avec les premières rémiges échancrées à leur extré- mité, une queue bien développée latéralement et terminée car- rément, un bec plutôt faible que fort, non crochu à l'extrémité, ni garni de plumes et poils rigides à la base, nous ne concevons pas comment M. Swainson a pu citer un tel oiseau pour un des types de son genre Dasycephala, et le placer à la suite de son Tyrannua rufesccns on Muscicapa spadiceade Lat. et Gmel., qui, lui, est un véritable type du genre. Nous allons maintenant indiquer les diflerenles espèces qui, à notre connaissance, doivent faire partie du genre Attila, Les- son, dont les caractères génériques et même descriptifs de l'es- pèce type (V/itlila Brasiliensis) sont un peu trop succincts dans •on traité, vu qu'il a formé ce genre sur une espèce qu'il ne voyait qu'à travers les verres des armoires : ainsi, dans sa dia- gnose générique, au lieu à''ailes allongées^ il faut lire ailes cour- tes et arrondies. Nous allons de même donner une description plus détaillée de son Attila Brasiliensis, prise sur Tindividu même qui est au Muséum. G. Attila, Lesson, Tr. d'ornith., 1830, p. 360. — Dasycephala, Swainson, Faun. Bor. Am. append,^ p. 486, 1831, et Class. of birds,y.2,p.229, 1837. V Attila Brasiliensis, Lesson, T'r., p. 360 (Tyran olive, au Musée de Paris à cette époque). Cette espèce, qui mesure 18 cent, de longueur totale, étant montée, est d'un brun-olive sur la tête, le dessus et les côtés du cou, ainsi que sur le dos; le croupion est jaune; les ailes, qui ne dépassent pas le croupion, sont noirâtres en dessus comme en dessous : leur moitié externe est bordée de brun, en dessous cette bordure se retrouve, mais sur le côté interne et plus lavée de jaunâtre; les couvertures alaires supérieures sont du même brun que les ailes; leurs bordures terminales forment trois bandes transverses blanches, dont l'intermédiaire est plus jaune sur sa moitié interne; le fouet de l'aile est jaune aussi, de même que les couvertures alaires inférieures, mais d'un jaune plus serin que celui du croupion. Le dessous du cou est brun-olive, flammèche de jaune sur 46 PKVDE zoOLOGiQDK {Février 1848.) les côtes; sur le milieu la teinte du fond est gris blanchâtre ; le gris du thorax offre aussi ces nuances vagues de jaune serin qui peu marquées sur ses côtés occupent tout l'abdomen, les couver- tures caudales inférieures, et vont par les hypocondres rejoindre le jaune du croupion dont la teinte est plus foncée. Ce qui reste de visible de la queue est brun roux terne en des- sus, brun en dessous ; le plumage est généralement lâche, très- décomposé ; les plumes des côtés de la gorge sont presque écail- leuses ; il en est de même, mais à un moindre degré, de celles qui surmontent le front en arrière du bec ; la moitié supérieure de l'orbite offre un cercle bien marqué de petites plumes écail- leuses jaune serin. Le bec, large et déprimé à sa base, est couvert de plumes écail- lées qui sont dépassées par des poils un peu rudes et noirs ; le bec va ensuite s'amincissant de plus en plus et se termine par un crochet très-prononcé, avec l'échancrure des dentirostres ; la mandibule inférieure, dont la pointe se relève insensiblement, est jaune de corne sur ses bords et à sa base; le reste du bec, ainsi que son crochet, sont plus bruns; les tarses, assez allongés, sont bruns ; c'est aussi la couleur des doigts, qui sont courts, mais leur teinte est plus claire; les ongles sont jaunâtres comme la base du bec. Il vient de Cayenne. 2° Attila rufus, Nob. — Muscicapa Cayennensis rufa^ Briss., Suppl., p. 51, n. III, f. 3. — Muscicapa cinerea, Gmel., p. 933. Tyrannus rufus, Vieillot., N. Dict., t. XXXV, p. 87. — Tyrannus cinereus, Swains., Monogr. des tyrans (Cayenne, Brésil) (1). Z° j4t. spadiceus, Nob. — Muscicapa spadicea, Lat., Gmel., 937; Vieillot, N. Dict., 21, 449, moucherolle à croupion jaune. De Cayenne, ibid. — Dasycephala rufescens, Swain., Fauna bor. Am. append., p. 486; Tyrannus ru fescens , Swain., Mo- nogr, ofthe tyrans Shrikes, Sp. 14, journ. des sciences et des arts de Londres, 1825-26, p. 278 (Guyane française). 4^ Jlt. Bolivianus, Nob. Tyrannus rufescens, Nob., Synops. av. amer., p. 44, et d'Orbigny, Foy. , p. 308 (Bolivie moxos, chi- quitos). (1) Si nous siibsii liions le nom de rufus a celui de cincreus, sous lequel le Muscicapa cinerea de Gmel. est peut-être plus ^énénilement connu, c'est parce (lue lirissou l'avait décrit antérieurement sous celui de Muscicapa Cayennensis rufa. Orn. suppl , p, et, PI. III, f. !!, nom que Vieillot adoptait eu rappelant '/ yraunus rufus. TKWAL'X IINËDITS. 47 Nous croyons devoir remplacer notre ancien nom de rufescens par celui de Bolivianus, indiquant la patrie, parce qu'il existe déjà un Aluscicapa rufescens dans Gmel., p. 932. 5*» jët. rulilus, N.? Tyrannus rutilus, Lesson, Compl. à Buf- fon, p. 310 (Guyane française). Nous n'avons pas vu cet oiseau; ce n'est donc que d'après la description de son plumage roux à nuance plus vive sur le Crou- pion et la queue, et surtout de son bec fortement crochu, aussi haut que large, et de ses tarses peu robustes, que nous le soup- çonnons fortement devoir faire partie de ce genre. 6" y4t. flammulatus, Nob., Sp nov. — At. supra rufo brun- neus, capite obscuriore, nigro striato; uropigyo vivide flave; cauda rufa. Apice parum fuscescente vitta lata superciliari grisea punctis fuscis mixta ; subtus albido-griseus, gutture, collo antico et laterali pectoreque striis fuscis, ventre autem griseis, flammu- latis; bypochondriiset subcandalibus pallideflavorufescentibus; medio abdomine pure albo; rostrum caputque validissimo illo elongato, basi lato, a medio ad apicem compresso. supra rectis- simo, fusco corneo, apice subito deflexo, et valde uncinato, mandibula pallide flava, apice sursum curvata et emarginala ; rémiges totaeque tectrices aise fusco-nigrœ, illarum margine externo, barum margine apiceque rufis; pedes plumbei. Long, tota, 19 cent.; alae plicatac, 10 cent.; caudae, 7 cent. 1/2; tarsi, 2 cent. 1/2; rostri arictu, 3 cent. ; a fronte, 2 cent. 1/2. — Hab.in Colombia. Cette nouvelle espèce, de la taille de V Attila rufus (Musc, ci- nerea, Gmel.), en diffère par sa coloration supérieure plus foncée et moins rousse sur le dos, non grise sur la tête et le cou, jaune sur le croupion. Sur toutes ces parties elle est semblable à notre j4t. spadiceus (Musc, spadiceo, Gmel., Vot.), mais elle diffère de ce dernier par la coloration inférieure qui chez elle est d'un blanc cendré strié de noirâtre, tandis que chez VAt. spadiceus le cou et la poitrine sont d'un roux vif, l'abdomen et les sous-caudales d'un blanc roussâtre. De plus, chez cette dernière espèce, le bec est au moins d'un tiers plus faible et moins gros. Un second individu diffère de celui décrit ci -dessus en ce que les nuances de ses parties supérieures sont plus claires, d'où il résulte que sur la tète les stries noires se détachent plus nettement du fond, qui alors est d'une teinte Tome XL Année IS'tS. 4 48 REVDB ZOOLOGIQUE. {Février 1848.) grisâtre, et la bande sourcilière et post-oculaire grisâtre mélangée de traits noirâtres est plus visible. Swainson place encore dans ce genre son Dasycephala syn- dactyla (Sw. birds of Africa, I, 261), espèce africaine de Sierra Leone, et que cet auteur indique comme formant le lien de tran- sition entre les genres Dasycephala et Trichophorns. Il le dé- crit « comme étant en dessus d'un brun olive, d'un jaune pâle en » dessous, avec la queue rousse; les ailes avec les quatre premiè- » res rémiges graduées et le doigt externe réuni à l'intermédiaire * par ses deux premières phalanges. » L'auteur trouvant lui- même des différences marquées dans la forme du bec, celle des ailes, des doigts et des ongles et dans l'habitat, mais cédant un peu trop peut-être à son système de connexions, a voulu placer cet oiseau africain dans un groupe de Tyrans américains, ce qui nous paraît opposé aux règles générales de la nature et des rap- prochements géographiques presque toujours si naturels, et nous fait balancer à l'adopter ici comme septième espèce du genre Attila qui, comme nous le pensons bien, ne doit renfermer que des espèces américaines. Quoique dans notre Syn. av. Am, nous ayons rangé dans notre section des Tyranni reciirostres (ou Attila, Lesson), un Tyrannus rufus, Nob., Thamnophilus rufus. Vieillot, Musc, Tamnophiloides^ Spix, PI. 26, nous pensons aujourd'hui qu'il ne doit pas faire partie du genre Attila, dont il pourrait cepen- dant être regardé comme espèce de transition aux petits Tyrans, tels que crinitus, ferox, etc. ; mais il n'a ni les plumes frontales hérissées, ni le bec prolongé et fortement crochu, ni le pouce allongé des Attila.t. Nous espérons que M. Des Murs voudra bien publier, dans une des prochaines livraisons de son Iconographie ornithologique, les figures 1° de YAltila Brasiliertsis; 2" de VAt. spadiceus, type du genre Dasycephala de Swainson, et plus tard celle de notre Àt. flammulatus. TRAVAUX INÉDITS. 49 Note sur l'immense multiplication du Clorops hcla, extraite d'une lettre adressée à 1\I. Gnérin-Méncville , par M. Waga , de Varsovie , le 26 décembre 1847. Il y a à peu près deux ans que j'ai reçu un exemplaire de votre notice sur les insectes nuisibles au seigle, etc., dans la- quelle deux espèces de Chlorops sont décrites par vous «ous le rapport scientifique, et par M. Herpin sous celui d'agronomie. Voilà un fait qui rend ce travail d'autant plus intéressant pour moi, et que je me propose de vous communiquer en détail. Tout le côté méridional de la maison du comte Puslowski, si- tuée aux Allées et où je demeure, est occupé par une jolie serre construite en fer et divisée en deux salles, inférieure et supé- rieure, l'une et l'autre ouvertes en été, lorsque les plantes sont exposées dans le jardin contigu. Le matin du 20 septembre de cette année, je fus interrogé par le jardinier si je ne connaissais pas le moyen d'écarter une multitude de petites mouches qui, s'attroupantdepuisunmois, occupaient tout le plafond de la salle supérieure et menaçaient de l'infester. J'entrai aussitôt dans cette .«aile, et je fus frappédu changement de couleur du plafond, qui, de blanc qu'il était, avait pris une teinte brune, et je n'aperçus qu'a- près un certain laps de temps que ce changement provenait de ce qu'une couche de petits insectes en mouvement avait recou- vert tout le plafond, comme un tapis. Parmi les individus qui voltigeaient dans l'air, il ne me fut pas difficile de reconnaître que c'étaient de petites mouches ; jugeant par leurs mouvements et par leur grosseur, je les pris pour la Drosophile des celliers de Macquart, qui s'attroupait alors dans mon logement en bas, attirée par de la colle de farine moisie. Je supposai même que ces essaims immenses pouvaient prendre leur origine dans une grande quantité de lie de vin qu'on avait probablement versée dans quelque jardin du voisinage pour servir d'engrais à la terre. JNe pouvant donc donner au jardinier un autre conseil que celui d'écraser les mouches sur les parois et le plafond , au moyen d'une brosse fixée sur un long bâton, je le quittai. Le lendemain, je trouvai que la couleur brune du plafond de la journée précédente s'était considérablement éclaircie, de sorte qu'on pouvait voir plus distinctement que cette teinte était due aux petites mouches qui marchaient. Sur le balcon en fer qui •50 KKvrjE looLOGnjvK. {Février 18^1 8.) entoure la salle supérieure de la serre, on voyait des amas d'um? poudre brune comme du tabac; à mon approche, je reconnus, tout surpris, que c'étaient les mêmes insectes que le jardinier avait tués et entassés avec sa brosse ce jour-là et le jour précé- dent. Alors je vis pour la première fois que ce n'était pas du tout la mouche que j'avais supposée, mais une autre espèce se distinguant par deux lignes jaunes sur le dos. .le portai quelques individus morts chez moi, et je m'assurai bientôt que cette espèce n'existait pas encore dans ma collection. Je me mis donc à en déterminer le genre, et je trouvai en peu de temps celui de Chlo-- rops. Le jour suivant il faisait très-beau; vers les dix heures do matin, quand le soleil éclaira la salle, je vins pour chercher de nouveaux individus vivants. Je trouvai encore cette fois le pla- fond couvert comme d'un drap bronzé. Les mouches éparpillées s'empressaient de courir sur les parois et les carreaux des vitres, car quelques fenêtres étaient fermées. Au moment où je m^ar- rêtai étonné de la singularité du phénomène, j'entendis comme un bourdonnement d'un essaim d'abeilles dans une ruche, ou plutôt comme le bruit de l'eau qui bout dans un chaudron : jcé— tait le son qu'elles rendaient par la vibration de leurs ailes, et qui retentissait sur tout le plafond. Cela me convainquit que les insectes gymnoptères sont capables de bourdonner, non-seule- ment quand ils volent, mais aussi quand ils sont en repos, quoi- que dans ce dernier cas leur son soit faible et que notre oreille ne puisse l'entendre, mais il devient sensible en réunion d'un orchestre si nombreux. La salle a 20 aunes de Pologne (I) de longueur, et 10 aunes de largeur; son plafond a la même exten- sion. En arrangeant les individus, je trouvai qu'il faut 156 mou- ches pour couvrir un pouce carré. 11 en résulte donc que la surface du plafond, de 1 15,200 pouces carrés, qui n'a été décou- verte nulle part et quelquefois couverte d'une double couche d'inseetes, doit en contenir environ t7,97 1,200 individus! Et combien de millions le jardinier n'en a-t-il pas tués et entassés pendant plusieurs jours ! Et cependant leur nombre ne diminua nullement. De nouveaux individus venant du côté du jardin occupaient les lacunes causées par leur destruction. Ce n'est (1) 11, ISiSS mètres. TRAVAUX INÉDITS. 51 qu'après le !«' octobre, quand les nuils froides sont venues, que leur nombre a coniniencé à diminuer. Dès lors , rarement dis- persées sur le plafond, elles se rangeaient vers le soir en bandes longitudinales et passaient la nuit dans cet ordre. Je n"ai pu dé- txjuvrir ce qui les forçait à cette réunion collective ; il est certain cependant que ce n'étaft pas un rendez-vous de noces. Ce qu'il y a de plus probable, c'est qu'elles cherchaient un abri contre l'hiver et qu'elles s'aggloméraient dans l'endroit qui leur parais- sait le plus convenable. Un vent continuel soufflant du sud-est et leur imprimant la même direction les poussait vers le même asile. Je visitai plusieurs serres du voisinage dans le but d'ap- prendre si ce phénomène si curieux pour moi ne se reproduisait pas ailleurs, mais je n'en trouvai nulle trace. Cette curiosité m'a conduit jusqu'au Jardin des Plantes, situé à environ 2,000 pas de la maison en question ; mais dans ses vastes serres je n'ai pas découvert ce que je cherchais. Pendant ces recherches, mon ami, le professeur d'astronomie M. Baranowski, me dit avoir entendu d'un des hommes em- ployés au service de l'observatoire qu'une quantité considérable de certaines mouches assiégeaient le dessous du dôme de l'Ob- servatoire. Aussitôt, dirigé par le même individu, je me suis rendu dans le lieu désigné. Déjà sur le faîte de l'escalier et sur le garde-fou le nombre augmentant de ces Chlorops annonçait que le dôme en était entièrement recouvert. En effet, la voûte était couverte d'insectes de la même manière que le plafond de la salle supérieure de la maison de M. Puslowski. On voyait sur le plancher et sur plusieurs degrés de l'escalier de nombreuses taches graisseuses, comme si l'on avait répandu de l'huile. En ayant demandé la cause à mon guide, il me répondit que c'était l'effet des mouches tombées et écrasées sous les pieds des pas- sants, et que ces taches huileuses ne séchaient jamais. L'intérieur du dôme est entouré d'une grosse toile pendante, sur laquelle elles s'étaient rassemblées en foule extrêmement épaisse. Lorsque je frappai cette toile avec ma canne, les mouches tombant à terre formèrent l'image de la pluie la plus serrée; elle obscurcit l'air et couvrit mon chapeau et mes vêtements d'une puussière animée. Je regarde l'espèce de mouche dont je viens de parler comme te Chlorops lœta, Meig. La description de celte espèce dans 52 KKVCfc; zooLOGiyuK. {Février 18i8 ) l'ouvrage de Meigeii tl) s'accorde si parfaitement avec mon Chlorops, qu'il m'est rarement arrivé de trouver, en détermi- nant les petits insectes, un accord si identique de l'objet avec sa description. Meigen dit : « Jaune ; sur le sommet de la tête un triangle étroit, pointu, noir (quelquefois il n'est qu'une ligne) (2) ; les antennes sont noires à base rouge-jaune ; sur le corselet cinq bandes noires, communes; les côtés de la poitrine à deux points noirs ; l'abdomen d'un jaune clair ; derrière ses anneaux quatre bandes assez larges (3) qui n'atteignent pas les bords latéraux; le ventre d'un jaune blanchâtre; les pattes d'un rouge jaune ; les balanciers blancs; les ailes d'un vitreux clair; quatrième nervure longitudinale du dehors un peu invisible (4). » Vous ■verrez tout cela, monsieur, dans les exemplaires nombreux que je vous envoie. Je ne cite pas la description de M. Macquart, qui n'est qu'un abrégé de celle de Meigen. Si ce n'était là confor- mité de la description de Meigen avec ma mouche, je prendrais même cette dernière pour son Chlorops nasuta^ c'est-à-dire la même que vous avez si parfaitement décrite dans votre notice sous le nom de Chlorops lineata^ en y ajoutant sa figure (5) ; de sorte que lorsque je regarde cette figure dans votre livre, et en même temps ma mouche au microscope, l'une et l'autre me pa- raissent exactement la même chose. En effet, il est très-probable que, comme la Musca lineala et la Musca umbelliferarum de Schrank (6) ne sont qu'une seule espèce, de même aussi les deux espèces de Meigen, Chlorops nasuta et Chlorops lœta, ne font aussi qu'une seule espèce. Zetterstedt admet à la vérité l'une et l'autre, mais sa deuxième n'est que ce que Fallen a regardé comme une variété de la première. Or, VOscinis nasuta et VOs- cinis lœta de Zettersted (7) naissent de VOscinis lineata, Fal- len ; et Fallen est, comme on sait, du nombre des observateurs sur lesquels on peut compter. D'ailleurs il est incertain si VOsci- nis lœta de Zetterstedt est la même chose que Chlorops lœta de (1) Sy»temalische Beschreibung der bekannten europaeischen zweiflugeligen ln~ sekten, par Theil. p. 143. (2) Cela existe presque chez tous les mâles. (3) Dans les exemplaires desséchés, elles se cachent par la contraction de l'abdomen, qu'il faut briser anneau par anneau pour les rendre visibles. (4) A la loupe, car au microscope elle devient aussi claire que les autres. (6) PI. I. flg. 6 (augmentée). (6) Fauna botca, B. Jll, Ablh. I. p. 124, n** 2.V62, 5,463- (7) Insecla Lapponica descrtpta a joanne Wilhelmo Zeiterstedl, etc. LIpsiac, 1840. ln-4", p. 779. h"' l,ï. TRAVAUX INÉDITS. 53 Meigen. Zetterstedl donne à son Oscinis lœta des yeux verts, tandis que Meigen n'en dit rien à son Chlorops lœta; ce serait inêaie contraire à mon opinion, car dans mes mouches, dont j*ai vu un grand nombre de vivantes, les yeux sont toujours bruns. Après avoir comparé les exemplaires que M. Herpin vous a en- voyés avec ceux que je vous fais parvenir, vous poiirrez, mon- sieur, décider si les uns et les autres appartiennent à la même espèce, c'est-à-dire à votre Chlorops lineata. En réfléchissant que votre espèce, très-nombreuse en France, peut nuire à l'agri- culture, que Meigen la regarde comme commune dans les prai- ries durant l'été, que, d'après Fdllen, elle se trouve en abon- dance dans les champs moissonnés, et qu'enfin Zetterstedt la trouve souvent {fréquenter) même en Laponie , je suis plus dis- posé à croire que ma mouche appartient plutôt à celle-ci qu'au Chlorops lœta connu de Meigen uniquement par les exemplaires qui lui furent envoyés par Winthem de Paris et de Lyon, et re- gardé par Zetterstedt comme le plus rare. Mais quoique mon espèce ne soit pas votre Chlorops lineata^ elle en approche tellement qu'on peut croire avec toute certi- tude que l'une et l'autre subissent leurs métamorphoses dans les mêmes circonstances ; que par conséquent la larve de la mienne ronge aussi quelques graminées et, selon toute probabilité, l'espèce culHvée, Je suppose qu'elle en détruisait les tiges en juin, qu'en septembre elle était éclose sous forme de mouche, et qu'elle avait peut-être pondu ses œufs sur les nouvelles semail- les avant que la direction constante du vent eût entassé les mouches en question, comme je viens de le dire. Il est possible que la graminée qui sert de demeure à la larve soit une plante de prairies. Au sud de l'observatoire astronomique et de la mai- son où j'observai la première fois ces mouches s'étendent d'im- menses plaines et des prairies. C'est de là sans doute, et peut- être même de l'autre côté de la Vistule, qu'elles se sont réunies, leur vol étant sans doute très-élevé, puisqu'elles ne se sont grou- pées que sous les voûtes des plus hauts édifices. Plusieurs di- ptères hivernent à l'état parfait : il paraît que mon espèce est aussi de ce nombre. Au moment où j'écris ces lignes (en novembre), harcelées tant de fois par le jardinier dans la serre de M. Pus- lowski , elles ne se trouvent plus que dans les coins des parois et du plafond en essaims serrés et noirs, et dans cet état elles de- 54 RKvufc; zooLOGigoE. {Février 1848.) meurent immobiles (1). La nature bienfaisante ne semble-t-elle pas nous offrir dans ces groupes un moyen plus facile de détruire ces mouches en masse et de protéger par là les semailles contre leur invasion? J'ai compté approximativement jusqu'à 1 ,560 épis 'dans une des gerbes de nos villageois. En prenant pour chiffre 12,000, il en résultera que les 17 millions de mouches dont j'ai parlé, c'est-à-dire la quantité qui couvre le plafond d'une seule salle, vivent aux dépens de 1,416 gerbes, ou, selon la manière de compter reçue par nos agriculteurs, aux dépens de 24 soixantaines environ de blé; car je n'admets pas qu'une tige suffise à plus d'une larve, et je ne suppose pas qu'une larve ait besoin de plus d'une tige pour arriver à son développement parfait, c'est-à-dire qu'à une certaine époque elle passe d'une tige à Tautre; du moins M. Herpin n'en parle pas. II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Voyage autour du monde des navires de S. M. Britannique Ere- 5UtV et Terror. — Insectes de la Nouvelle-Zélande ; par M. Adam WHiTE(in-4°,fig. Londres, 1846). Suite.— Voy 1848, p. 20 à 24. ERLOPMfM. Adelium harpaloides, — D'un brun-olive verdâtre, brillant; antennes et pattes ferrugineuses ; tête et thorax très-finement ponctués; tête avec deux sillons longitudinaux séparés, réuni» antérieurement par une ligne transverse ; thorax à peine aussi large que les élytres, très finement marginé ; fémurs intermé- diaires et postérieurs avec des poils ferrugineux. Pseudhelops tuberculatus ^ Guér., Rev.Zool. 1841, 125. G. Rygmodus, White. — D'une forme ovale, très-convexe; tête et thorax penchés ; élytres plus longues et plus larges que l'ab- domen : jambes assez longues et un peu aplaties ; chaperon sub- quadrangulaire, légèrement échancré ; antennes paraissant avoir huit articles, le premier long et grêle, le deuxième arrondi, les troisième, quatrième et cinquième petits, paraissant ne former (1) Elles le sont même actuellement (eu décembre), et cllei passeront vralseroblaWe- neut l'hirer dans cet état. AINALYSES l/oUVRAGES NOUVKADX. 55 qu'un seul article, les sixième^ septième et huitième renfles et élar- gis, formant une massue allongée. — Voisin des Jmarygmus. R. modestus. — Tète, thorax, écusson, dessous du corps et pattes noirs; élytres d'un vert métallique sombre, avec neuf stries finement ponctuées, la marginale n'atteignant pas la base, et celles avoisinant la suture plus profondes; tète très-finement pointillée en dessus avec deux impressions en avant des yeux ; thorax avec les bords latéraux un peu creusés en dessus, le bord postérieur avec deux points enfoncés, distants. y?, pedinoides. — D'un noir bronzé; élytres avec neuf stries longitudinales, profondément enfoncées, finement ponctuées et atteignant la base; vertex droit; thorax un peu aplati sur les côtés, ayant postérieurement deux points enfoncés, distants; les pattes sont plus courtes que chez le /?. modestus , et les élytres sont moins atténuées. — Sous les pierres. Titœna Erichsonii. — Tête, thorax, pattes et dessous du corps d'un noir foncé; élytres pourpres; antennes, palpes et tarses ferrugineux ; tête et thorax finement ponctués, ce dernier avec quatre points enfoncés sur le disque ; élytres avec huit stries ponctuées, verdâtres, leurs espaces un peu élevés et divisés en tubercules oblongs par de courtes fossettes transversales, vertes, mais non ponctuées comme les stries. Tanychilus metallicus, — En dessus d'un vert foncé métal- lique, brillant, plus foncé sur la tête et le thorax; dessous du corps et pattes d'un brun noirâtre foncé; tête finement ponc- tuée, un petit espace lisse au milieu ; thorax très-lisse avec deux ou trois impressions en arrière ; élytres avec huit stries longitu- dinales ponctuées , et une strie courte près Técusson ; la cin- quième à l'intérieur avec des fossettes profondes; les trois externes presque lisses. DlAPERIDiE. G, GfliERGDES, White. — Tête petite, plus large que longue ; an- tennesdedouzearticles.lepremierépais,oblong, le deuxième très- petit, presque caché ; le troisième arrondi ; du quatrième au neu- vième les articles sont serrés, un peu cupuliformes, s'élargissant graduellement ; les trois articles terminaux larges, cupuliformes, presque égaux ; thorax transverse, très-convexe, côtés arrondis, un peu anguleux postérieurement ; écusson très-petit; élytres 56 KEvuK LOoiA)c,\QVE. {Février 1848.) oblongoquadrangulaires, aiguës à l'exlrémité, Lrès-arquées ; pattes fortes; tibias antérieurs un peu aplatis, fortement sinués extérieurement , se terminant en un lobe allongé obtus ; tarses antérieurs à cinq articles velus , le dernier le plus large ; tarses intermédiaires à cinq articles un peu allongés, le basilaire le plus grand ; tarses postérieurs à quatre articles un peu cylindriques , le basilaire le plus grand et le plus épais; tibias intermédiaires et postérieurs avec deux épines obtuses à l'extrémité. — Voisin des Phaleria. C. trachyscelides. — D'un jaunâtre pâle, fortement ponctué ; deux grandes taches obscures sur le thorax; la plus grande par- lie du disque des élylres avec de petites taches obscures , réunies dans quelques exemplaires ; tibias intermédiaires et postérieurs couverts à l'extrémité de poils roux, courts, épais. — Long. 3 3/41. BoHtophagus antarcticus. — Thorax avec trois fortes dents sur les côtés; angles postérieurs et antérieurs aigus, six tuber- cules pointus sur le disque en deux lignes longitudinales, le disque couvert de verrues serrées ; ély très avec trois rangées de tubercules pointus, séparés; bords latéraux ayant deux ou trois dents; chaque élytre avec huit stries ponctuées. Tout l'insecte est d'un beau brun. — Long. 3 1/21. Pristoderus scaber. Dermestes, id. F. Ent. syst. , 57, 16. {La suite au numéro prochain). III. SOCIETES SAVANTES. Séance dit 7 [écrier 1848. — M. Guyon adresse une note Sur les ravages d'une Chenille dans la province de Constantine au printemps de 1847. Ces Chenillesappartiennentà un lépidoptère nocturnedu genre Liparisetse nourrissent des feuilles des chênes -liège qui compo- sent de vastes forêts entre Bone et La Galle. En traversant ces forêts, le 19 juin 1847, M. Guyon et ses compagnons crurent d'abord que tous les arbres étaient morts naturellement ou par le feu. Ils virent bientôt des quantités de Chenilles appendues à toutes les branches, et ces Chenilles étaient si nombreuses qu'elles sem- blaient remplacer les feuilles. SOCIÉTÉS SAVANTES. 57 Cet insecte est très-bien connti des habitants ; il apparaît assez IVëqueniment , et souvent pendant plusieurs années de suite. M. Guyon a appris que ces (.henilles sont quelquefois obligées d'éiniiîrer, après avoir dévoré toutes les feuilles des chênes d'un massif de bois, pour se porter vers un autre encore couvert de sa verdure. Leur marche, dans cette circonstance, a lieu par bandes innombrables qui couvrent le sol. Elles forment un tapis animé qui semble glisser tout d'une pièce en avançant toujours dans la même direclion. Il paraît qu'alors ces Chenilles ne sont pas ar- rêtées par les cours d'eau qui se trouvent sur leur passage et qu'elles y laissent un grand nombre d'individus qui y périssent et les infectent. C'est à cette infeciion des eaux que les habitants de La Calle attribuent les maladies graves qui parfois apparais- sent chez eux à la suite de ces invasions d'insectes. M. Guyon a bien voulu nous adresser quelques individus de ces Lépidoptères. Ils appartiennent à une espèce très-commune aussi en Europe, aux environs de Paris, à la Liparis dispar ou Bombyx dispar des auteurs plus anciens. C'est cette espèce dont les chenilles noirâtres, velues et tachées de rouge, font de grands dégâts dans nos bois, dans nos promenades et parmi nos arbres fruitiers. Le Papillon femelle place ses œufs en paquets contre les écorces des arbres et les recouvre d'un amas de duvet, d'un feutre très-épais, formé avec les poils de son ventre. " [Séance du 14 février. — M. Geoffroy SainUHilaire lit un «xtrait de deux mémoires de M. Jules Verreaux ayant pour ti- tres, l'un : Sur quelques animaux de la Tasmanie et de C Aus- tralie, qu'il serait possible et utile de naturaliser en France; et l'autre : Observations sur l'Ornithorhynque. M. Jobard adresse des considérations sur le rôle que joue , dans le vol des Oiseaux, l'air contenu dans les os longs des indi- vidus bons voiliers. Dans certains cas où l'oiseau, en planant, semble rester immobile, on admettait généralement qu'il était soutenu en l'air par un trémoussement imperceptible des ailes. M. Jobard ne croit pas cette explication admissible et en propose une autre, qui consiste à considérer l'animal comme une sorte d'éolipyle donnant issue, par des orifices situés à la partie infé- rieure des ailes, à une certaine portion d'air échauffé dont la réaction suffît pour contrebalancer pendant un temps plus ou moins long l'effet de la pesanteur. Il cite à l'appui de cette théorie le fait suivant : 5S REvuK zo©LO(îiQDE. [Février 1848.) « Les pécheurs de hi côte d'Oslende conduisenL souvent devant eux de grands troupeaux de Mouettes et de Goélands, qui ne font aucune tentative d'évasion après qu'ils leur ont perforé l'os du fémur, ce qui fait le même effet que si l'on perçait l'un des con- duits d'une machine à vapeur : l'appareil se vide, la pression cesse et son action est anéantie. Le professeur Arntz, ancien ré- collet de Diekirsch, n'avait pas d'autre moyen pour élever des centaines de perdrix dans sa basse-cour. M. Guérin-Méneville fils, chirurgien de la marine, sur le point de partir pour la côte du Sénégal, s'^offre pour faire dans ces pa- rages les observations d'histoire naturelle que l'Académie juge- rait convenable de lui indiquer. Une commission est chargée de donner suite à cette proposition, Séancedu1\ février. -^M. Emile Blanchard lit un travail ayant pour titre : Recherches sur l'organisation des Mollusques Gas- téropodes de Vordre des Opistohr anches^ M, Edw. (Nudibran- ches, In férohr anches et Tectibranches de Cuvier). Voici les résultats les plus généraux de ces recherches extraits par l'auteur : « Le système nerveux m'a occupé d'une manière toute spé- ciale. Chez tous les Annelés on est parvenu à reconnaître une analogie fondamentale très-réelle dans leur système nerveux. Pour les Mollusques, on n'est pas à beaucoup près aussi avancé. M. Serres, il est vrai, a déjà insisté sur l'uniformité de plan qui existe dans le système nerveux des divers représentants de ce type zoologique ; mais, en général, on ne s'est pas attaché à constater l'origine et le trajet de chaque nerf, comme on l'a fait pour les Crustacés et les Insectes, si ce n?est cependant pour la Carinaire. Dans les meilleures observations publiées jusqu'à l'époque ac- tuelle, il y est dit ordinairement que tel gastéropode présente six ou huit ganglions autour de l'œsophage, tandis que tel autre, moins bien partagé, en présente seulement deux ou quatre. » Or il y a là simplement une centralisation plus ou moins pro- noncée. » Chez les animaux qui nous occupent , les centres nerveux principaux doivent être distingués en quatre groupes : 1° le cer- veau, ou plutôt les ganglions cérébroïdes; 2" les ganglions du cou, ou les cervicaux ; 3' ceux de la portion ventrale, ou les ganglions pédieux, et 4^ les ganglions branchio-cardiaques, placés dans le voisinage du cœur et des branchies. SOCIÉTÉS SAVANTKS. 5» » Un genre de la division des Teclibranches de Cuvier , le Gastéroptéron, est des plus remarquables sous le rapport de la sëparaliou des centres médullaires. Il peut ainsi fournir un terme de comparaison extrêmement utile ; là les ganglions cé- rëbroïdes donnent leurs nerfs exclusivement à la partie cépha- lique antérieure. Mais, de chaque côté, trois autres ganglions distribuent leurs filets aux muscles des parties latérales et supé- rieures de la région céphalique. Nous pouvons les appeler les cérébroïdes accessoires. Ailleurs {BuUwa , Acera, etc.) il existe seulement un ou deux de ces noyaux cérébroïdes accessoires ; il y a déjà eu fusion entre eux. Ailleurs encore on ne les retrouve plus ; les muscles des parties latérales et supérieure de la ré- gion céphalique semblent recevoir leurs nerfs directement des masses cérébroïdes : en effet, les cérébroïdes accessoires sont venus s'y confondre. Les ganglions cervicaux, situés ordinaire- ment sur un plan un peu inférieur aux cérébroïdes, fournissent des deux côtés un nerf volumineux descendant parallèlement au tube digestif. Chacun de ces nerfs est en rapport avec les ganglions branchio-cardiaques. Dans les Aplysies, les cervicaux sont très-considérables et faiblement trilobés. Ceci nous indi-' querait la réunion de plusieurs noyaux médullaires, car ailleurs (Gasteropteron) les trois noyaux sont séparés. » Si l'on observe les Éolidiens et les Doridiens, on pourrait croire, au premier abord, que ces centres nerveux ont disparu ; mais en suivant les nerfs, nous en retrouverons la trace. Dans ces types, les nerfs cervico-cardiaques semblent naître directe- ment de la portion postérieure des ganglions cérébroïdes. D'a- près cette circonstance seule, on ne saurait en douter, les centres médullaires cervicaux, si distincts, si volumineux même chez tant de Gastéropodes, sont confondus ici avec les ganglions céré- broïdes. » Les ganglions pédieux, comme Cuvier les a appelés, se trouvent former une seule masse au milieu des muscles du pied, dans les Gastéropodes pectinibranches; mais, chez les Opistho- branches, les muscles de la portion ventrale n'ayant pas le même développement, les ganglions pédieux perdent de leur impor- tance. Chez certaines espèces {Aplysia^ BuUœa, Gasteropteron)^ ils sont très-écartés et placés exactement au-dessous des ganglions cervicaux. Chez d'autres (Éolidiens), ils se rapprochent davan- 60 REVDK zooLOGiyuK. {Février 1848.) tage des noyaux cérébroïdes ; chez d'autres encore, où la cen- tralisation est plus prononcée (Doridiens), on les trouve accolés intimement à ces derniers. » L'existence de ganglions œsophagiens donnant leurs filets à l'appareil alimentaire a été reconnue depuis longtemps. Mais j'ai constaté, en outre, la présence de deux ganglions angéiens unis aux précédents par de grêles connectifs. Ils sont placés de chaque côté de l'aorte, à laquelle ils donnent leurs filets. Sous ce rapport, il y a analogie complète avec ce que j'ai déjà signalé chez les Insectes, relativement à leur système nerveux viscéral. Néanmoins, les parties occupent des positions différentes. » L'appareil hépatique des Éolidiens a donné lieu à des inter- prétations diff'érentes, à raison de sa disposition. Certains Nudi- branches m'ont offert, à cet égard, un fait remarquable pouvant lever toutes les incertitudes. Les Téthys présentent un foie for- mant une masse considérable, comme Cuvier l'a représenté; mais ce qui avait toujours échappé, ce sont des filaments grêles se détachant de cette masse pour se rendre à chacune des bran- chies. C'est un organe hépatique commençant à devenir diff'us, bien que la mas»e occupe encore la position ordinaire chez la plupart des Gastéropodes. Les Diphyllidies, dont les ramifications hépatiques ressemblent à celles des Éolides, ont cependant encore une portion du foie entourant le tube digestif. Elles offrent ainsi un second intermédiaire. » Le système circulatoire des Éolidiens, qui a été le sujet de nombreuses controverses, méritait d'être étudié de nouveau jusque dans «es moindres détails. Dans toutes les espèces soumi- ses à mes investigations, j'ai trouvé très-développées les artères qui se rendent aux différents organes. Je me suis attaché à en suivre le trajet en les injectant chez plusieurs espèces et dans un grand nombre d'individus. Chez tous aussi, j'ai constaté l'exis- tence d'une oreillette parfaitement constituée et de vaisseaux efférents des branchies, ou vaisseaux branchio- cardiaques, en nombre plus ou moins grand. Ces vaisseaux, qui dans certains types sont en quantité si considérable qu'ils constituent un vé- ritable réseau (Janus Spinolœ), ont des parois propres dans toutes les espèces que j'ai étudiées. M. Souleyet était donc dans le vrai relativement à l'existence de ces vaisseaux. Ceux-ci peu- vent être isolés par la dissection ; ce ne sont pas de simples ca- MÉL4NGKS KT INODVELLES. 61 iiaux, comme cela se voit dans les Téthys. Chez les Doridiens, les branchies étant groupées derrière le cœur, les vaisseaux branchio cardiaques en différent par leur peu d'étendue. Les canaux afférents des branchies, toujours en communication di- recte avec les lacunes interorganiques, manquent au contraire de parois ou en présentent seulement des traces. Néanmoins ces canaux, offrant sur leur trajet de nombreuses ramifications, sont nettement délimités par les muscles et les tissus qui les circon- scrivent. Ainsi, dans tous ces Mollusques, il n'existe point de veines proprement dites: le fluide nourricier, distribué aux or- ganes par les artères, s'épanche ensuite dans la cavité générale du corps, comme l'a vu le premier M. Quatrefagr^s ; le sang, bai- gnant tous les viscères, pénètre dans les canaux afférents des bran- chies , d'où il est ramené au cœur par les vaisseaux efférents ou branchio-cardiaques. » — M. Gros lit des Recherches sur le ganglion de Meckel et le reste du grand sympathique. Renvoyé à l'examen de MM. Ma- gendie, Serres et Rayer. Séance du 28 février. — M. Duvernoy lit la seconde partie d'un mémoire Sur Vanalogie de composition et sur quelques parties de Vorganisalion des Échinodermes. Les conclusions définitives de cet important travail, dont nous avons omis, par erreur, d'indiquer la lecture de la première partie, en rendant compte de la séance du 17 janvier dernier, seront données dans le prochain numéro. — MM. Bryant et Fappenheim adressent un mémoire inti- tulé : Premier essai d'une détermination nouvelle de ce qu'ion a nommé jusqu'à présent corps strié chez les oiseaux. Ce travail est renvoyé à une commission. — M. Boulin donne lecture de l'extrait d'une lettre de M. Fres- nel, consul de France à Djedda, Sur Vexistence d'une espèce unicorne de Bhinocéros dans la partie tropicale de l'Afrique. Il résulte de cette lettre que l'existence en Afrique d'un Rhi- nocéros unicorne, parfaitement distinct du Rhinocéros bicorne des frontières de l'Abyssinie, est hors de doute. On sait que l'espèce bicorne a été décrite par Rruce et désignée par Guvier sous le nom de Bhinoceros A f ricanas. Celle qui nous occupe vit dans les provinces méridionales du Wady ou Dar- Soulayh, pays situé au sud-ouest du Dârfour ; les habitants con- 62 KKvOK zooLOGiyuE. [Février 18i8.) naissent cet animal sous le nom de Abou-karn (possesseur d'une oorne). M. Fresnel est parvenu à se procurer des renseignements certains sur cette espèce, dont il s'est procuré plusieurs cornes. jQuatre de ces cornes sont mises sous les yeux de l'Académie. IV. MELANGES. Dans le dernier numéro de la Revue, p. 3, à l'article de no- tre Merula atro-sericea, il y a eu une omission de quelques inots. A la dixième ligne de sa description, après roslro pedibusque lividis, ajoutez : fœmina. A la troisième ligne, après diversa, ajoutez : colore alro sa- turatiore et magis sericeo, et aliis. Dans le même numéro, p. 12, nous avons décrit comme nou- velle espèce, sous le nom de Tachyphovus albilempora, un oi- seau que nous avons appris, depuis lors, l'avoir été quelques mois auparavant, en juillet 1847, dans le tome IV des Bulletins de C Académie de Belgique^ par M. B. Dubus, sous le nom à'Arre- mon ophthalmicus. Quoique notre article soit resté deux mois chez M. Guérin-Méneville avant sa publication, vu le manque de place, je suppose, la publication de M. Dubus n'en est pas moins antérieure à la nôtre, et notre oiseau doit prendre le nom 6' ophthalmicus (Dubus) au lieu de celui d^ albilempora [de haï.). En parlant du Todus subulatus de Gould, Bev. Zool.^ 1847, p. 331, à notre article sur le Todus viridis des auteurs, nous avons omis de citer la PI. XXH de la 36^ liv. du Gênera of birds de G.-R. Gray, où cette espèce est fidèlement représentée. Malgré son entière similitude de coloration avec notre Todus Dominicensis ibid., Bev., 331, si cette différence dans la termi- naison du bec, seule différence que présentent ces deux espèces prétendues, ne se rencontre pas avec des modifications intermé- diaires chez certains individus, nous sommes tout disposé à adopter l'opinion de MM. Gould et G.-R. Gray et à regarder le Todus subulatus comme espèce distincte, ce qui en porterait alors le nombre à cinq espèces au lieu de quatre, comme nous l'avions indiqué dans notre petite monographie du vrai genre Todus. Si nous n'avons pas encore publié, comme nous le projetions, notre monographie du Picucules^ c'est parce que ayant appris que le Musée de Paris avait reçu depuis peu un certain nombre d'espèces de cette famille, parmi lesquelles plusieurs nouvelles, nous avons préféré attendre qu'on nous ait donne à Paris l'au- torisation d'en joindre les descriptions aux nôtres pour que notre monographie soit le plus complète possible. De Lafresnaye. )0s Huysa ■., . /•( ..I. :■' ONZIÈME ANNÉE. — MARS 1848. I. TRAVAUX INÉDITS. Cours d^histoire naturelle des Corps organisés , professé au collège de France , par M. Duvernoy. Nous continuerons de rendre compte, dans cette Revue, des enseignements donnés par M. Duvernoy dans notre premier établissement d'instruction publique. D'après le programme développé dans la première leçon de cette année (le 5 janvier), ce cours aura successivement pour objet toutes les Classes du Règne animal. Le professeur les étudiera sous le triple rapport de leur clas- sification, des instruments et des phénomènes de leur vie, et plus particulièrement de l'instinct qui les anime et qui a été mis si merveilleusement en harmonie , par V Ordonnateur suprême^ avec leur organisation. Cette histoire générale présentera un tableau raisonné des connaissances acquises par lascience , sous ces divers points de vue. Les extraits que nous avons pu donner en 1846 et 1847 , des Leçons de M. Duvernoy , ont surtout fait connaître les modifica- tions que le professeur a cru devoir apporter aux classifications du Règne animal de G. Cuvier. Ces modifications étaient com- mandées à la fois par la méthode naturelle , qui n'est qu'un principe , celui de grouper les êtres d'après Vensemble de leurs rapports, et par les progrès incessants de la science de l'orga- nisation, qui font mieux connaître ces rapports. L'auteur célèbre du Bègne animal distribué d'après son or- ganisation, n'aurait pas manqué, s'il eût vécu, d'admettre, à mesure de ces progrès réels , les améliorations dont les classifi- cations qu'il avait d'abord établies étaient susceptibles. Le professeur , dont les enseignements doivent encore nous occuper cette année, n'a pas la prétention de remplacer à cet égard son illustre ami ; mais il était du devoir de sa position de faire tous ses efforts pour conserver autant que possible ce qui avait été solidement établi , et pour améliorer , sans trop inno- Tome XI. Année 1848. 5 €4 REVUE zooLOGiQUE. {Mavs 1848.) ver , les parties de la science que sa marche incessante montre éclairées de lumières nouvelles. On a pu voir , dans nos précédents extraits , les changements principaux que M. Duvernoy a cru devoir apporter dans les classifications des trois Embranchements inférieurs du Règne ani- mal. 11 nous resterait à faire connaître les modifications que le professeur a introduites dans l'Embranchement des Vertébrés. Nous les exposerons à mesure qu'il en sera question dans les Leçons de cette année. En attendant , nous présenterons à nos lecteurs , comme com- plément des extraits précédents , quelques courts résumés des notes que nous avons prises, et que nous continiierons d'écrire, aux leçons instructives de M. Duvernoy. On y trouve à la fois l'état actuel de la science, ses dernières découvertes et Texposé critique des sources où l'on pourra pui- ser des connaissances plus étendues que celles qu'il est possible de donner dans de rapides entretiens , quelque consciencieux qu'ils soient; c'est-à-dire quelque effort que fasse le professeur pour les remplir à la fois de l'instruction la plus vraie et la plus abondante pour la connaissance des faits, et la plus logique pour les doctrines qui traduisent ces faits en notions scienti- fiques. Nous bornerons à peu près nos extraits à V histoire naturelle classique , obligés que nous sommes de les restreindre à d'étroites limites. Le professeur a commencé cette année , comme les deux pré- cédentes , par l'Embranchement inférieur des Zoophytes. Il vient de consacrer dix-huit leçons (1) à l'histoire naturelle classique , physiologique et philosophique de cet Embranche- ment , qui se compose de huit Classes , dans la méthode adoptée par M. Duvernoy (2). Trois de ces classes sont pour ainsi dire isolées, c'est-à-dire que tout en appartenant au Type des Zoophytes, elles n'en pré- sentent pas d'une manière aussi évidente, aussi complète, les caractères généraux qui les lieraient entre elles et aux cinq autres Classes. Ces dernières, celles des Protopolypes , àes Polypes, de» (î) Depuis le 7 janvier jusqu'au 16 mars, (t) Voir la Revue de 1846 , p. 83 à 91. TRAVAUX INÉDITS, 65 Exophyes^ des Acaléphes et des Kchinodermes , ont un type commun de forme , de composition , d'organisation et de déve- loppement beaucoup plus prononcé. Les trois autres forment deux groupes distincts : le premier est celui des Animalcules et des Rotifères ; le second est celui des Helminthes. C'est par le premier de ces groupes et par la classe des Ani- malcules que M. Duvernoy est entré pltts particulièrement en matière. Il en a exposé, avec détails, les caractères et Thistoire, dans les leçons des 7 et 10 janvier. I. hsiClasse des Animalcules, iéWeqxxQU. Duvernoy Ta circon- scrite, répond à l'ordre des In fus oir es homogènes^ le deuxième de la classe des Infusoires de G. Cuvier; aux deux classes des Polycistes et des Polygastres de M. Ehrenberg ; aux Infusoires de M. Du^ardin. Caractères généraux de cette classe. Animalcules d'une extrême petitesse, invisibles pour la plu- part à l'œil nu , vivant dans les eaux douces ou salées , dans les intestins , les voies aériennes ou génitales des animaux su- périeurs, jouissant le plus souvent de la locomotilité, rare- ment fixés par un pédicule. Leur corps peut être sphériqae , lenticulaire , oblong , en cloche , en cornet , en cupule. Lorsqu'ils sont nus , ils sont sus- ceptibles de varier beaucoup dans leur forme par des contrac- tions totales ou partielles. Ils peuvent être revêtus d'un bou- clier ou d'une carapace , ou protégés par une coquille. Ces parties dures sont plus souvent siliceuses , ma's aussi cal- caires. Lorsque cette enveloppe est en forme de coquille , divisée en plusieurs chambres ou polythalame, elle est toujours de cette dernière nature. Elle peut être à une seule loge et composée d'une seule pièce , de forme turbinée ou non turbinée, ou de plusieurs valves. Il y en a enfin, dont les loges forment autant de capsules, rangées comme des segments de sphère , de manière à composer, es. M est probable qu'une grande partie des Bacillariés d'Ehren- berg n'appartiennent pas au Règne animal. L'animalité a été constatée pour le genre Navicule (Surfrelle) dont la carapace est simple ou bivalve ou multivalve. Elle est percée d'ouvertures rondes au nombre de six au moins, et quel- quefois de cent, qui laissent passer autant de tentacules (2). L'animalité a été également constatée pour le genre Acinête , dont les nombreux tentacules, terminés en boutons, sortent de l'enveloppe à cavité simple comme autant de rayons et qui est fixé par un pédicule. Les Clostéries mômes auraient de ces tentacules , suivant M. Ehrenberg. M. Eckhard leur a reconnu plusieurs autres traits de l'organisation animale et des phénomènes de locomotilité spontanée (3).. (1) Beaucoup de nouvelles espèces do cet ordre^ont été Pigurées par H. Ehrenberg dans on second supplément a son grand ouvrage , ayant pour titre : Existence, étendue et in- fluence de la vie microscopique dans les deux Amériques , ouvrage communiqué à l'Académie de Berlin, le 10 juin 1841. In-fol.avec4 l»l. Berlin, 1843. (2) C'est dans la Surirella Gemma, observée dans l'eau de la mer du Nord, à Cuihaven, que M. Ehrenberg a vu ces tentacules multipliés. Voir son Mémoire sur un grand nombre d'animaux de la craie, dont les espèces sont encore vivantes. Berlin, 1840. Iji-fol. , p. 23 et PI. IV, f. T, a, b, c, d, e. (3) Archives d'hlst. nalur. du docteur W. P. Erichson , pour 1846, p. 211 et sulv. , et- Pl. VII , f. I. 6S REVUE zoouxîjyuK. (MaTs 18i8.) Ordre III. Polythalames testacés. Leur coquille est turbinée ou non turbinée et percée d'un grand nombre d'ouvertures pour le passage de filaments tenta- culaires et sans doute locomoteurs . Cet ordre comprend une parëie des Foraminifères de M. Al^- cide d'Orbigny (1). Ordre IV. Folycistes. Les loges de la coquille disposées en rayons autour d'un centre et formant un disque. Leur nombre Tarie suivant les genres (2). Les genres Jctinocy dus, Ehr. (ouvrage cité, pi. IV.) Asie- romphalus , Ehr. , appartiennent à cet ordre , dont M. Ehren- berg a fait sa classe des Polycistînes (3). La seconde Sous-classe, celle des Polygastres, comprend deux Ordres: le premier, qui est Le V^ Ordre de la classe, est celui des Polygastres Mononèmes ou Dinèmes. M. D. y réunit les familles qui ont un ou deux filaments vibratiles ; l'existence de poches alimentaires indé- pendantes , multiples , communiquant à une seule ouverture buccale» ne lui paraît pas suffisamment démontrée pour ce pre- mier groupe de Polygastres. Ce sont les familles : r Des Monades (Famille 1 d'Ehrenberg) ; 2** Des Cryptomonades ou des Monades à carapace ( F. 2 d'Ehr.) ; 3** Des Folvociens , agrégations sphériques , tournant sur elles-mêmes , engagées dans une substance gélatineuse. 4° BesDynobriens. (Ehr., F. 8.) Chaque animal a un fourreau; ils s'agrègent en rameaux par la soudure des fourreaux; 5^ Des Thécamoriadiens ou des Eugléniens, Dujard., qur vivent isolés, et dont les téguments sont résistants (les Astaciés, Ehr., F. 6.) (1) Voir dans Tonvrage cité pins hant de M. Ehrenberg, les Geoponus stella-boreaiis , PI. I. Nonionina Germanica , PI. II ; Testilaria; Rolaha , PI. II. (2) Les ordres deux et trois répondent aux Rhizopodes de M. Dujardin , tels qu'ils sont caractérisés dans son article Infusoires , du Dict. universel d'hist. natur. de M. Cb. «fOrbigny. (3) Voir le Mémoire pour servir à Vhistoire de la vie des Animalcules dans la mer Egée, VEuphrale et les îles Bermudes , dans le journal mensuel de l'Académie des sciences de Berlin , juin 1844, et le Compte rendu de la séance de l'Académie des sciences- de Paris, du 19 juillet 1847. M. Eiirenberg annonce, dans cette dernière communication, qu'il ne connaît que cinq espèces vivantes de ce groupe , qu'il propose d'ériger en classe, M ne pense pas que ces animaux aient un appareil alimentaire polygastre. TRAVAUX INÉDITS. o9 Le second Ordre de cette Sous -classe , on le W Ordre àe^ïa classe, est celui des vrais Pobjgaslres^ qui ont avec des poches afimentaires aiultiples, tenant ou non à un canal alimentaire, des cils vibratiles gainissant une partie ou toute la surface de leur corps. >,f;< La deuxième Section de cet Ordre est caractérisée paj* Vv^^^ tence d'un, canal alimentaire. Elle se compose des familles sui- vantes : !• Les Fnchelydes ont l'entrée et l'issue du canal alimentaire opposées. . 2" Les Colepina, Ehr.; ce sont des Ënchelydes à carapace, , 3° Les 7Vac/ie/îdes dont l'anus seul est terminal ; 4° Les Paréméciens^ Duj. Kolpodes, Ehr., qui. ont l'entrée et l'issue du canal alimentaire sous le corps ; ils manquent de ca.- rapace. Leur corps est cilié partout. i, . .....,i- . . ,.i. 5® Les Oocytrichina ^ Ehr. L'entrée et l'^issue f)^, c^nal f^lir mentaire terminales. Le corps garni de cils vibratiles, de soies et de crochets non vibrants.. 6<* Les Fuplota y Ehr. sont des Oxyteichies à. carapace. 7° Les Vorticelles. L'entrée et l'issue du canal alimentaire rapprochées dans une fossette ; le corps sans carapace, en forme de cloche ou d'entonnoir.. Animaux libres ou fixés par un pé- doncule contractile ou roide , isolés ou réunis par une tige ra- mifiée. Une couronne de cils vibratiles autour de la bouche. Les P^orticelles se propagent par scissure, par bourgeon, et, suivant Ehrenberg, par génération sexuelle. 8' Les Ophridina., Ehrenb., sont des Forticelles à carapace. Les travaux incessants de M. Ehrenberg sur cette Classe dea Animalcules^ les recherches multipliées qu'il a faites lui-même ou qu'il a provoquées dans toutes les parties du monde, lui ont donné trois grands résultats, aussi intéressants pour l'histoire de ki vie, en général, que pour celle de la formation de notre globe. Le premier , c'est qu'un certain nombre de roches , même parmi les plus anciennes, seraient composées, en grande partie,, 70 REVUE ZOO LOGIQUE. {Mars 1848.) des carapaces siliceuses ou des coquilles calcaires provenant de la classe des animalcules. Le second , c'est qu'une partie de ces carapaces de différente nature , qui auraient contribué puissamment à former au moins les terrains secondaires et tertiaires, seraient identiques avec celles d'une partie des espèces qui vivent encore dans nos mers actuelles. Ces espèces auraient donc pu continuer leur vie à travers les révolutions du globe, qui se sont succédé depuis les premiers dépôts marins qu'elles ont contribué à former, et malgré les cir- constances physiques qui ont dû varier considérablement aux différentes époques marquées par ces révolutions. Un troisième résultat, non moins important, est celui de l'existence des animalcules dans les glaçons flottants à la surface de la mer, dans les latitudes les plus avancées du pôle sud , et dans Peau des profondeurs de ces mers, dans laquelle des êtres organisés ne paraissaient pas pouvoir exister (1), Celui qui a consacré une grande partie de sa carrière scien- tifique à suivre avec persévérance , dans trois parties du monde, l'Europe, l'Afrique et l'Asie, les traces de ces ani- maux microscopiques; qui a su trouver des missionnaires zélés pour le remplacer dans les autres parties du globe où il n'avait pu se transporter ; qui est parvenu à rechercher ces animaux vivants, ou leurs restes inanimés , dans tous les matériaux de ce globle accessibles aux investigations des scrutateurs de la nature ; celui qui a pu arriver, par suite de ces recherches si multipliées et si étendues , aux grands résultats que nous ve- nons d'énoncer , a sans contredit rendu un signalé service à la science de la vie. Observations sur l'introduction et l'acclimatation de divers Mam- mifères et Oiseaux de la Tasmanie et de l'Australie, commu- niquées à M. ïs. Geoffroy-Saint-Hilaire , le 3 décembre 1847. Encouragé par la correspondance dont vous m'avez honoré (1) De l'eau de mer provenant de la fonte des places flottantes , celle puisée à des pro- fondeurs qui ont varié de 1140 à 16?0 pieds , depuis le 63° de latitude sud, jusqu'au 78°, durant le voyage de découvertes du capitaine Ross , en 1841 et 1842, conservée dans de» vases bien clos , a été examinée à Berlin, en 1844, par M. Elirenberg. Cette eau renfermais beaucoup d'espèces nouvelles de la classe des Animalcules , dont la vie résiste aux plus grands froids de ces contrées polaires et à l'absence de la lumière, pour celles de l'eau puisée à • e grandes profondeurs. Voir le Compte rendu mensuel des travaux de l'AcO" demie des sciences de l^erlin, mai 1844, TRAVAUX liNÉDITS. 7f pendant le cours de mon dernier voyage et par la communica- tion de l'extrait de la Revue indépendante du 25 octobre 1847, je m'empresse de répondre à la confiance que vous avez bien voulu me témoigner et vais m'eflbrcer de satisfaire aux désirs que vous m'avez exprimés à diverses reprises, en résumant les observations que j'ai été à même de recueillir pendant mon sé- jour dans les diverses parties de la Tasmanie et de l'Australie. J'étais chargé , vous le savez , par l'administration du Muséum de recueillir des objets d'histoire naturelle destinés à enrichir les galeries de cet établissement. J'ai cherché en outre à seconder les vues louables que vous m'aviez émises. Dès les premiers mois de mon installation en Tasmanie , je commençai donc à m'occuper de rassembler les différentes es- pèces d'animaux que je croyais pouvoir devenir utiles, non- seulement comme objets de science , mais encore comme pou- vant fournir un jour des ressources nouvelles à la France, Je connaissais à l'avance toutes les difficultés qu'offrent les transports des animaux. Mon premier soin fut donc, après les avoir en partie réduits à l'état de domesticité, de les amener graduellement à un changement de nourriture qui peut leur faire supporter un long voyage. J 'étais arrivé à des résultats heureux, puisque, pendant une année, j'avais eu en ma possession plus d'une centaine d'animaux de diverses espèces. Malheureusement, faute d'occasions directes (puisque j'avais l'ordre de ne jamais rien envoyer que par les bâtiments de guerre français), il m'a fallu les tuer et leur faire prendre place dans mes collections préparées. Parmi les races que j'avais regardées comme de nature à offrir le plus d'avantage à notre industrie domestique, peu après leur importation en France (c'est-à-dire après quelques générations), je dois citer diverses espèces de Kanguroos, les Major, Bennetti et\es Billardieri, qui sont les plus abondantes, et par conséquent les plus faciles à se procurer. La première espèce pèse de deux à trois cent livres , la seconde de cinquante à soixante , et enfin la troisième de vingt-cinq à trente. Elles n'offriraient pas seulement une ressource alimen- taire égale à diverses espèces propres à notre climat , mais elles deviendraient d'une utilité remarquable pour l'industrie. Leur laine pourrait servir à la fabrication d'étoffes et feutres. Leurs 7^ REVUE ZOOLOGIQUE. {Mavs 1848.) peaux sont employées à la confection des chaussures ; elle» servent à cet usage, non-seulement dans les colonies de l'Aus- tralie et de la Tasmanie, mais encore dans les fabriques de la Métropole. Pendant mon séjour à Hobart-town, j'ai vu apporter dans les marchés plus de cent mille peaux (produit d'une année) , de l'espèce nommée liillardieri ou Walleby^ qui paraît la plus esti- mée pour ce genre de travail. Aussi les habitants de la Tasmanie en font-ils une spéculation qui ne va que s' accroissant à mesure que la colonie se développe. Comme leurs congénères , les Kanguroos , dont il est question, se nourrissent d'herbes et de racines de diverses espèces , et vivent tous dans les forêts et sur la lisière des bois. Sans aucun doute , après les avoir acclimatés , ils se pro- pageraient avec succès en France, dans les mêmes conditions. 11^ faudrait seulement, pour assurer le succès, posséder un assez grand nombre de Kanguroos , et les distribuer dans diverses par- ties de la France. Selon moi , le Midi serait le lieu le plus pro- pice pour la multiplication , non-seulement des espèces dont nous parlons , mais encore pour bien d'autres qui sont particu- lières aux régions de l'hémisphère sud. Quant aux Kanguroos qui nous occupent , quoiqu'ils n'aient généralement qu'un jeune par portée, leur développement est assez prompt , et il serait possible , avec un peu de soin , d'en multiplier le nombre en peu de temps. Je crois que l'on arriverait même , au bout de plusieurs an- nées, à changer totalement l'époque de la gestation, ce qui s'est vu déj i pour plusieurs espèces. L'hypsiprymnus^ dont la chair est délicieuse, serait un gibier de plus pour nos forêts, et une distraction d'un nouveau genre pour l«s chasseurs. Je dois ne pas passer sous silence un autre animal, dont la chair est également très-estimée , qui ressemble un peu à celle du porc, et qui pourrait , comme elle , s'employer pour les sa- laisons, le Phascolome, dont la pesanteur atteint souvent de quatre-vingt à quatre-vingt-dix livres. Ces animaux vivent géné- ralement dans des terriers qu'ils se creusent lorsqu'ils habitent les lieux bas ; néanmoins sur les hauteurs ils choisissent les creux des rochers , aussi i)ourraient-ils avec facilité vivre dans TRAV4UX INÉDITS. 73 les Alpes, puisqu'ils ne craignent pas le froid. J'en ai trouvé sur des monts élevés, et même couverts de neige pendant une par- tie de l'année. Leur nourriture consiste en herbes et en racines , mais réduits en domesticité, ils mangent de tout. Quoique la portée des Phas- colomes ne soit généralement que d'un petit, leur développe- ment se fait avec promptitude , leur chair est très-estimée et d'une saveur délicate. Les Opossums ou Phalangers offriraient également une grande ressource sous divers rapports ; non-seulement la chair fourni- rait un aliment délieat, mais la fourrure offrirait encore à l'in- dustrie et au commerce de grands avantages. Les colons en fa- briquent des manteaux , qui se vendent fort cher. , Il faudrait surtout s'attacher à acclimater les espèces connues sous les noms de Fulpina et Fuliginosa. En général ellesse nour- rissent de feuilles dans leurs pays, mais elles sont pour ainsi dire omnivores, et je ne doute nullement qu'elles trouvent en France une nourriture abondante dans nos forets. L'acclimatation de l'Émue, plus vulgairement connu sous le nom de Casoar de la Nouvelle-Hollande , ne présenterait pas de moindres avantages ; la position géographique qu'occupe cette espèce d'oiseau permettrait d'espérer un succès complet , surtout si l'on parvenait à l'introduire en assez grand nombre pour permettre de faire les expériences nécessaires. Vivant dans les plaines froides et humides de la Tasmanie et au sud de l'Austra- lie, les troupes nombreuses de ces oiseaux s'y multiplient en abondance , et souvent on en rencontre des bandes composées de trente à quarante individus. Sans la destruction des œufs, dont les naturels sont très-friands , ces oiseaux seraient plus abondants encore qu'ils ne le sont. La chair du Casoar est ex- quise , et ses plumes jouissent dans le commerce d'une valeur analogue à celles de l'Autruche, Chaque femelle pond deux à trois et quelquefois quatre œufs, et au bout de la seconde année,^ chaque jeune se trouve en état de reproduire. Le Casoar en li- berté se nourrit d'herbes et de baies, etc. ; dans l'état de do- mesticité, il mange de tout. Les Landes du midi de la France pourraient servir de patrie adoptive à cette espèce, qui croîtrait aussi bien que dans sou pays natal. Tel est le résumé des obser- 74 REvDE zooLOGiQUE. (Mafs 1848.) valions que j'ai été à même de recueillir pendant mon séjour en Australie et en Tasmanie. Puissent-elles vous venir en aide dans la tâche difficile que vous avez entreprise, et je m'estimerai heureux d'y avoir coo- péré un peu pour ma part. Du reste, les relations que j'ai con- servées dans ces contrées lointaines me promettraient d'heureux résultats si vous croyiez devoir accepter les offres de services de votre bien affectionné serviteur et ami. J. P.V. Expériences sur les effets delà morsure des reptiles de l'Algérie ; par M. S. Henry Berthoud. Nous croyons être utile à la zoologie en mettant sous les yeux de nos lecteurs l'analyse d'observations bien faites, que M. Ber- thoud a publiées dans le journal VÉpoque (27 octobre 1845) , et que les savants n'iraient certes pas chercher dans ce journal , où elles sont enfouies et pour ainsi dire perdues. Elles portent sur la Fipera brachyura , ou minute , et sur le Coluber céraste , et ont été faites avec un grand soin par un de nos littérateurs les plus distingués, qui s'occupe aussi avec succès d'histoire naturelle. Le 30 mai , à onze heures 37 minutes du matin, on a mis un* Cobaye dans une cage contenant un Céraste pris dans le désert d'Angad; aussitôt le Céraste l'a mordu à une patte. Retiré de la cage, le Cobaye a donné des signes de souffrance et de terreur j il s'est mis à crier, de l'engourdissement s'est manifesté à 1 1 heures 50 minutes ; une espèce de délire est survenu , il s*est mis à courir d'une manière forcenée , se heurtant partout comme s'il était privé de la vue, et est mort à 1 h. 3 m. Cet animal a été ouvert, ses viscères étudiés n'ont offert au'- cune trace de désorganisation sensible. On avait recueilli du sang qui suintait de la morsure faite à la* patte de ce cobaye par le reptile, et on en avait inoculé à d'autres animaux. Cette inoculation n'a eu aucun résultat. Des expériences semblables ont été faites sur d'autres ani- maux. En voici le résultat : Espèces, Morsure. Blessure. Mort. Cobaye, patte gauche, II h. 35 m. 1 h. 3 m. Tortue, patte droite, 2 30 3 45 TRAVAUX INl^DITS. 75 Grenouillo, tête, ? 32 3 br> Lézard, queue, 2 â4 3 40 Chacal, lèvre, 2 37 4 » Chien, gorge, 2 42 3 58 Couleuvre, tête, 2 44 4 2 Rat, cuisse gauche , 2 49 4 22 Chien , dessus de l'œil , 3 » 5 3 Le 1 1 juin , on a asphyxié ce Céraste dans l'eau. Le venin re- cueilli dans les deux crochets était gras au toucher et d'un as- pect livide, son goût était fortement alliacé, et jeté sur les char- bons ardents il répandait une odeur d'ail. On a fait plusieurs expériences avec ce venin. Appliqué à l'aide d'une lancette dans la cuisse gauche d'un chien , à 4 h. 10 m , l'animal n*est mort qu'à 7 h. 33 m. Des expériences ont été faites, à l'aide de ce même Céraste, pour chercher les moyens les plus efficaces de lutter contre l'ac- tion de son venin. Trois chiens mordus presque au même instant (le 1"" juillet à 2 heures) , ont été traités de diverses manières. On a lavé immédiatement la plaie de l'un d'eux avec de l'eau tiède, on l'a fait saigner , et l'animal n'a éprouvé aucun symp- tôme fâcheux. On en a soumis un autre à la cautérisation du fer rouge ; l'a- nimal a eu un peu de fièvre, mais il a été sauvé. Enfin un autre , dont la lèvre avait été percée d'outre en outre par les deux crochets du Céraste, a été traité par l'ammoniaque liquide; on a lavé la plaie à plusieurs reprises avec ce liquide, on a maintenu sur elle un appareil qu'on arrosait souvent. La fièvre s'est déclarée avec violence, l'enflure a fait des progrès et l'ani- mal est tombé dans des angoisses extrêmes jusqu'au lendemain, où les symptômes ont peu à peu perdu de leur gravité. L'animal a fini par guérir , mais il lui est resté un tic nerveux. Il résulte d'autres expériences faites sur un grand nombre d^a- nimaux, qu'environ une heure après la blessure faite par le Céraste, les secours restent inefficaces , quelle que soit leur na- ture et leur énergie. Le poison de la Vipère minute , moins énergique que celui du Céraste, agit plus lentement et avec des symptômes qui n'ont 76 RBVUE zooLOGiQDf;. (Muru 1848.) pas la même \iolence. Des expériences ont été faites de concert avec M. le docteur Guyon , sur deux Cobayes; l'un, mordu à l'œil (1 1 h. 27 m.), est mort à 9 h. , après un engourdissement presque sans interruption ; le second , mordu à 2 heures , a suc- combé dans la nuit. 11. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Voyage autour du monde des navires de S. M. Britannique Ere- eus et Terror. — Insectes de la Nouvelle-Zélande ,- par M. Adam WHiTE(in-4°,fig. Londres, 1846). Suite.— Voy. 1848, p. 20 à 24 et p. 54 à 56. MORDELLIDiE. Mordella antarctica. — D'un noir foncé ; une petite tache à la base des élytres et une bande ondulée transverse au delà du milieu , blanches; les épaules avec une côte élevée; dessous de l'abdomen avec quelques taches blanchâtres; tête légèrement sillonnée au milieu. MELANDRYIDiE. Dryops lineata, F. Ent. syst. , II, 75,4. Cette espèce varie beaucoup; dans quelques individus il y a une seule ligne cour- bée vers le milieu du thorax , dans d'autres il y a une tâche brunâtre de chaque côté en arrière. D. slrigipennis, — D'un jaunâtre très-pâle ; base des mandi- bules noire, brunâtre entre les yeux; thorax avec une ligne noirâtre au milieu; élytres ayant chacune deux côtes longitudi- nales, n'atteignant pas l'extrémité. ^DEMERIDjE. G. Selenopalpus , White. — Palpes des mâles avec le dernier article subfalciforme et échancré à l'extrémité; tête déprimée et un peu allongée; mandibules aiguës, recourbées , sans dents ; antennes de onze articles; le deuxième le plus court, les autres cylindriques, le terminal un peu renflé au milieu et pointu à l'extrémité ; thorax un peu plus long que large , déprimé en dessus , bombé avant le milieu ; élytres allongées ; pattes pos- térieures avec les fémurs courbés, renflés et striés ; tibias apla- ANAI.YSES d'oOVRAGKS NOUVEAUX. 77 lis, ondulés postérieurement. Omis la femelle , le dernier .irli rie des palpes n'est pas plus large que le précédent, et les jambes postérieures sont simples comme les autres. S. chalybeus. — D'un bleu d'acier intense ; antennes, palpes et mâchoires noirs ; thorax légèrement relevé en avant et en arrière ; deux ou trois dépressions sur le disque ; élytres fine- ment ponctuées avec deux côtes longitudinales près de la suture. S. subviridis. — D'un vert bleu ; élytres avec des poils courts ; thorax uni en dessus. Le Dryops cyanea^ F. Ent. syst. II, 75, 5, me semble très- voisin de ce cjenre. BRUcniB^. , ou ! . Anthrihus incerlus. — Thorax légèrement arrondi et caréûé en arrière, aigu au milieu antérieurement; finement et dense--, ment ponctué, légèrement sillonné au milieu, avec quelque^ > poils grisâtres ; élytres avec neuf stries longitudinales profondé- ment ponctuées, presque obsolètes à l'extrémité ; chez les indi- vidus frais, les élytres et le thorax sont couverts de poils squam- miformes grisâtres; dessous du corps densément couvert de poils cendrés ; antennes avec les trois articles terminaux renflés et très-dilatés , les huit premiers presque moniliformes. — Long. 2 3/4 1. ..Higil BrENTID;E. - Brentus cylindricornis ^ F. Ent. syst. , II , 494, 9. — B. bar- bicorniSy F. Ent. syst. II, 491, 1,8. — /?. assimilis, F. Ent. syst. 11,491,2, 5. Bhinaria sextuberculata,—^oir , couvert de poils gris , di- rigés de différents côtés ; deux lignes noires, sur le thorax, paral- lèles aux côtés; élytres avec des taches noires, continues sur le bord et la suture ; chaque élytre avec trois grands tubercules' ' comprimés, l'un à la base, près de la suture; le second près du ' milieu et plus rapproché de la suture que du bord latéral; lel'' dernier à l'extrémité , plus près du bord que de la suture ; ' élytres avec un petit prolongement et une écham^rure entre la suture et ce prolongement ; bec , depuis l'œil jusqu'à l'extré- mité, aussi long que le thorax , légèrement renflé à l'extrémité; antenaes aussi longues que la tête et le thorax , insérées à moi- 78 REVDE ZOOLOGIQUE. [MUTS 1848.) tié du bec; troisième article, le plus long et le plus grêle; le cinquième légèrement renflé à Textrémité, les cinq suivants un peu plus renflés et lisses; l'article terminal conique; thorax étroit en avant ; pattes avec des écailles grises et des poils ; deux lignes de poils blanchâtres sur les tibias. — Long. 6 1/21. Cette espèce est très-voisine d'une autre espèce de la Nouvelle-Zélande, qui se trouve dans la collection Banks ; c'est le Curculio [RM- naria) tridens, F. Ent.syst. (37, II 186.— 01. col., t. 13. f. 154). CiRCULlONIDiE. Brachyolus , White.— Antennes longues, fortes , funicule de sept articles ; article b.3silaire aussi long que la tête, mais pas aussi long que les autres articles ensemble ; massue ovale, poin- tue, à articles peu distincts; bec court, très-renflé; yeux oblongs, pas très-proéminents; thorax presque carré, plutôt large en avant qu'en arrière ; écusson invisible ; ensemble des élytres cordiformes, à la base de chacune, au milieu, un tuber- cule dirigé en arrière; élytres obtuses à l'extrémité; pattes courtes et inermes. — Ce genre avoisine Cyclomus et Otiorhyn- chus : il est couvert d'écaillés serrées. B. punctatus . — D'un jaune d'ocre pâle ; thorax en dessus pro- fondément ponctué, en arrière d'un jaune brunâtre; élytres avec une bande transverse d'un brun jaunâtre , avec plusieurs lignes de points enfoncés ; sur chaque élytre vers l'extrémité sont deux tubercules, l'interne le plus gros. — Long. 2 1/2 à 3 1. Platyomida , White. — Antennes longues, grêles , article ba- silaire atteignant presque le devant du thorax ; funicule de sept articles, les deux premiers sont les plus grands, tous sont ren- flés à l'extrémité et garnis de poils longs ; massue allongée de trois articles , le dernier pointu; thorax pas beaucoup plus large que la tête, à peu près aussi large que long; écusson petit, ar-' rondi ; élytres élargies au delà du milieu , pointues à l'extré- mité ; pattes longues , fémurs un peu renflés à l'extrémité ; tibias des pattes antérieures et intermédiaires légèrement arqués à l'extrémité ; deuxième article des tarses petit. — Ce nouveau genre rappelle quelques espèces de Platyomus. P, binodis, — Grisâtre avec des reflets violets et rouges ; tho- . rax sillonné au milieu, un peu verruqueux en dessus; élytres avec plusieurs lignes longitudinales de points enfoncés , ayant A?IAl.YSfiS 13 OUVRAGKS NOUVKXDX. ï? •t-iiacune un grand tubercule un peu comprimé vers la sulurç au delà à%x milieu. — Long. 5 1/4. Oliorhynchus griseus. — Grisâtre; bec au milieu, en dessus une carène courte , lisse ; thorax un peu arrondi , profondément ponctué, d'un brun foncé, avec des «cailles grisâtres; élytres couvertes de petites écailles grises, les épaules obtusément ca- rénées, le dos avec des lignes longitudinales ponctuées dispo- sées à peu près par paire, avec de petits poils sortant des inter- stices; tibias avec des poils blancs, longs.— Long. 3 1/4 1. Bhadinosnmus acuminatus^ Fab. Ent. syst. , 152, 132. Hoptocneme , White. — Antennes ordinaires , scrops dépas- sant les yeux , un peu arqué , très-peu renflé à l'extrémité ; fu- nicule de six articles, le premier le plus épais, les cinq suivants un peu cupuliformes ; massue presque aussi longue que le fu- nicule, de quatre articles, les deux premiers cupuliformes, le tJernier obtus ; bec assez court , épais , déprimé ; fossettes des antennes courtes, transverso-obliques, commençant vers IVx- trémité du bec; yeux grands et proéminents ; thorax un peu rétréci en avant ; côtés presque droits ; écusson distinct, à fonds parallèles, arrondi à l'extrémité; élytres droites à la base, al- longées, abords presque para'Hèîes; pattes intermédiaires et postérieures avec une forte dent comprimée vers Pextrémité des fémurs ; tibias légèrement courbés. — Voisin des Orchestes. H. cinnamomea. — D'un beau brun marron; tête s'élargissant graduellement en arrière; bec ferrugineux; entre les yeux quelques écailles brunes , un peu fauves ; thorax densément couvert d'écaillés d'un marron fauve avec quelques poils noi- râtres entremêlés ; écusson d'un jaune pâle ; élytres couverte» d'écaillés d'un marron fauve , les côtés ferrugineux , le dos ayant plusieurs faibles rangées longitudinales de points enfon- cés ; beaucoup de poils allongés, pâles , formant à peu près des lignes , sont mêlés avec les écailles, sur la partie supérieure des élytres ; jambes ferrugineuses, lisses.— Long. 2 1/2 1. B. Hookeri. — D'un noir bleuâtre, pattes ferrugineuses; tête derrière les yeux, plus large que le thorax antérieurement ; bec lisse ; tête fortement ponctuée en dessus ; scrops d'un ferrugi- neux pâle ; thorax fortement ponctué en dessus , ayant en des- sous, de chaque côté, une bande assez large de poils blancs, Irès- Tome XI, Année 1848. « ié KKVUE 7-OOI-OGlQUE. {MuTS 1848.) •erres; élytres sans écailles ni poils , avec plusieurs lignes d'im- pression, les intervalles ayant des lignes courtes et transverses. — Long. 2 1. Oropierus , White. — Antennes longues; scrops atteignant juste l'œil ; funicule de sept articles, les derniers presque égaux en épaisseur et serrés , massue ovale , à articles peu distincts ; bec long , très-recourbé , cylindrique , une fossette de chaque côté pour le scrops ; thorax graduellement plus large en arrière, les côtés presque droits , coupé droit en avant et en arrière ; élytres droites à la base , avec une protubérance conique au milieu, arrondies à l'extrémité; jambes assez longues; fémurs très-légèrement renflés vers l'extrémité; tibias droits. O. coniger. — D'un ferrugineux pâle ; bec et tête ponctués ; thorax finement strié transversalement ; élytres avec des points grossiers en lignes, avec une forte pointe conique plus près du bord que de la suture , lisse et sans poils; pattes plus pâles que le dessus du corps. — Long. 2 1. Scloîopterus , White. — Antennes placées dans une légère dé- pression de chaque côté du bec , vers Textrémité , ordinaires , grêles ; scrops dépassant les yeux , aussi long que le reste de Tantenne; funicule de sept articles, le premier égal aux deux suivants réunis, très-distinct, renflé à l'extrémité, les autres s'élargissant graduellement à mesure qu'ils approchent de la massue , qui est très-longue , à trois articles distincts , les deux premiers cupuliformes ; bec faiblement courbé , un peu dépri- mé ; yeux lisses ; thorax s'élargissant graduellement en arrière , côtés parfaitement droits, tronqué devant et derrière, plus long que large ; élytres épineuses ; fémurs postérieurs avec une forte épine comprimée au-dessous vers l'extrémité; tibias très-arqués à la base. {La suite au numéro prochain). Le Cabinet d'Entomologie orientale ; Choix de belles et rare» espèces d'insectes provenant des Grandes-Indes et des îles adjacentes; par M. J. 0. Westwood (in-4*, Londres; William Smith, 113, Fleet street, 184 7, n"* 1 à 5. Prix 3 s. 6 d. cha- que livraison). Les Arcana entomologica^ dans lesqutîlles notre savant col- A^MASKS » OUVBACKS ?t (J. Taphroderes fVhitii. W. sp. n. — Philippines. Nous tiendrons nos lecteurs au courant du contenu des autres livraisons dès qu^el les nous seront parvenues. G. M. Catai.ogul des Insectes Coléoptères observés dans les environs de Metz; par M!\I. Fourinel et Géhin. ( Extrait du Bullet. de la Société d'hist. nat. du département de la Moselle ; in-S*!, Metz, 1846.) Il serait à désirer que beaucoup de naturalistes imitassent l'exemple des auteurs de ce travail , car nous connaîtrions mieux les productions naturelles de notre beau pays. Il faudrait aussi que le gouvernement voulût enfin encourager les savants qui cherchent à préparer les éléments d'une faune nationale, au lieu de prodiguer notre argent , comme on l'a fait jusqu'ici , à ces hommes privilégiés qui viennent publier à grands frais l'histoire naturelle de la Cochinchine , de l'Océanie et d'autres points du globe ou nous n'habiterons jamais , où ils ont touché un instant en passant , et d'où ils ont rapporté quelques objets desséchés, achetés, pour la plupart, aux habitants, et qu'ils n'ont pu observer convenablement faute de connaissances premières et de temps. Le catalogue que nous annonçons contient Ténumération des Coléoptère* observés jusqu'à ce jour, non-seulement dans les W^ UKVUt: zc)OL()Gièces, Souvent négligées par les commençants, et H est probable que Pon pourra augmenter de beaucoup îe nombre des espèces quand on publiera une nouvelle édition ou déâ supplément*. G. M. Eeitra&e zur Insekten-Fauna Ëuropas; Von D'. Wilh. Gotti.o» R«>SENHAUER. — Erstcs bandchcn. (In-8', 140 p. et 1 pi.) Dans €6 premier fascicule, M. Rosenhauer décrit un assez grand woi»bre de Coléoptères nouveaux du Tyrol , de la Hon- grie, etc., ce qui occupe 65 page», puis il donne un catalogue complet de» Coléoptères du Tyrol. Les descriptions des espèces nouvelles sont en allemand avee Hfte diagnose en latin; elles sont d'une étendue raisonnable et bous ont semblé très-bien faites. La planche donne la figure »n trait et accompagnée de détails caractéristiques, des genre» Éfroscos&ma (Baldense) et Laricobius (Ericksonii). Les enfeomokîgistes devront consulter cet ouvrage avant de -Jwblier des espèces de Coléoptères qu'ils croiraient nouvelles. Mantissa sëgcnba fa«fâtliœ curculronidum seu descriptiones no- vorum quorumdam generura cufculionidum. A. C. J. Schon- BBRR. (Petit i«-8» Molm., 184 7.) Ce travail fait suite au premier supplément dontté à la un du tome 8 du Gênera et species curculiowidum. Seulement Vauteur n'a donné qwé ks caractères des genres nouveaux, réii- /UNALYSKS DOUVI140BS NOOVBAnx. 85 voyant à IVspèce type qu'il a noinmée seulement dans la collec- tion de l'Académie royale des sciences de Stockholm et dans sa propre collection. Il est fâcheux que ces espèces n'aient pas été décrites , car elles peuvent être détruites par quelque accident, et d'un autre cAté il est fâcheux de ne connaître un groupe que par la caractéristique générique. Hanobuch obr ëntomolouib , etc. Manuel d'Entomologie , par Hermann Burmeister , 4« vol., Berlin, 1844 ; 5* vol., Berlin, 1847. Nous avons annoncé le 3* volume de cet important ouvrage dans cette Revue , et il a été donné une idée de l'excellent esprit qui dirige son auteur. Nous n'avons aujourd'hui qu'à annoncer la continuation de cet excellent livre, digne en tous points de la belle et solide réputation de son auteur. Dans le volume 4, M. Burmeister continue de donner les ca- ractères des différentes familles de Lamellicornes, et il décrit toutes les espèces qu'il a pu se procurer ou qui lui ont été com- muniquées par tous les entomologistes de l'Europe, qui se sont empressés de lui adresser les Lamellicornes qu'ils possédaient. On se rappelle que le 3* volume , publié en 1842, contient la première famille, celle des Mélitophiles , et forme 830 pages; le 4» est consacré aux 2« et 3* familles, \esAnthobia et Phyllo- phaga , et se compose de 588 pages ; le 5" volume termine les Lamellicornes, et comprend les 4* et 5' familles, les Xylophila «t Pectinicornia; il contient 584 pages. Cet ouvrage est précieux pour les entomologistes, car il con- tient , comme nous l'avons dit , la description de toutes les es- pèces de Lamellicornes connues jusqu'à ce jour. Espérons que l'auteur continuera une œuvre aussi utile. (G. M.) Nya Swenska homopiera, Nouveaux homoptères de Suède , dé- crits par M. Cari. H. Bohbman (Utdrag utur kongl. vet.-akad. handl, 1845, in-S"). Dans ce petit fascicule, M. Bohcman fait connaître trente- deux espèces suédoises d'insectes hémiptères du groupe des 86 T"^ REVUB zooLor.igiJK. (Mars \H\8.) homoptères, au moyen de bonnes descriptions en îaîin. Voici les noms des espèces : Eupelix spathulata. — Deltocephalijs calceo- latus. — D. formosus. — D. frigidus. — D. bipunctipennis. — Atby- sanus argentatus (Cic. argent, fab.). — A. quadrum. — A. putu- Fatus. — Thamnotettix flaveola. — T. paludosa — T. antennata. — T. cyane. — T. atricapilla. — T. 5 notata. — T. intermedia. — T. adumbrata. — Typhlocyba Wahlbergii. — T. mollicula. — T. coronula. — T. pullula. — T. parvula. — T. Zetlersledt». — T. auréola. — Bythoscopus falcifer. — Jassus tiliae. — J scutef- laris. — J. rubi. — J. alni. — J. fuscicornis. — Delphax speciosa. — D. limbata. — D. perpiscillata. Description de quelques nouvelles espèces de coquilles , par M, Redfield (Ann, of. n. h. Lycaeum nat. hist. 1846, in-8", 2 pi. color.). M. Redfield, sans autre préambule, décrit les espèces sui- vantes : Margindla flavida, pi. X, f. 4. — Hab. Cuba and Baham» islands. Margînella obesa , pi. X , f. 5. — Hab. Caribbean sea at Car- ihagena. Triton Oregonense, pi. XI, f. 2. —Hab. SJrait of St-Juan de Fuca , Oregon, Ranella Thersites,p\. X, f. 6. — Hab. inconnue, probablement l'Océan pacifique, Cardium setosum , pi. Xî , f . 1 .—Hab. Seas of China. Ces descriptions sont suffisamment étendues et en anglais. Elles sont toutes précédées de phrases caractéristiques en latin. '.«iort,»»'» ■'■■ ■■Hj-;-' /,?.«!?! SOCIÉTÉS SAVANTES. |^ III. SOCIÉTÉS SAVANIES. Académie des sciences de Paris. Séance du 6 mars 1848.— M. Duvernoy lit la fin de son iné- nioire Sur l'Analogie de composition et sur quelques parties de l'organisation des Echinodermes. Voici les conclusions de cet important travail , telles que les a données Fauteur. « !• Chaque rayon d"* Oursin ou d'Echinidese composant, dans sa partie moyenne, de deux séries de pièces osseuses verté- brales , portant les pieds vésiculeux ou les branchies externes , il sera plus exact de nommer cette région vertébrale que de l'ap- peler ambulacraire ; » 2» La région dite inter ambulacraire sera la région costale , composée de deux séries de côtes appartenant à deux rayon» voisins. Cette région, dans les Echinides, ne porte que des pi- quants et n'a pas d'appendice vésiculeux. » 3° L'ordre des Echinides , dans la méthode que je propose, se diviserait en deux sections, celle des Echinides homopodes, dont la région vertébrale est uniforme dans chaque rayon , et n'a , d'un pôle à l'autre , que des pieds vésiculeux; et celle des Echinides exobranches , qui ont tous une rosette à cinq ou quatre pétales , plus ou moins prononcés , dans la face dorsale et la partie vertébrale de leurs rayons , et des branchies externes au lieu de pieds vésiculeux dans cette partie. Dans les Echinides de cette section , il y a une double série de trous dans les pièces vertébrales , qui dessine les contours des pétales, tandis que dans le reste de la partie vertébrale des rayons qui porte les pieds vésiculeux, ou les appendices tactiles , chacun de ces ap- pendices ne répond généralement qu'à un seul trou percé dans une seule pièce vertébrale. » 4° La première section comprend deux familles, celle des Cidarides , telle que MM. Agassiz et Desor l'ont circonscrite; et celle des Gatérides, que je propose de démembrer des Cas- sidulides des mêmes auteurs , et de composer des Echinides de cette famille, qu'ils appellent à ambulacres simples, c'est-à-dire de ceux qui manquent de rosette dorsale, et conséquemment , '.rapics moi , de branchies exlcrncs. rt RKVUB ZOOLOGIQUE. {MUTS 1848.) » 5» Notre seconde section des Kchinides comprendrait trois fa- milles : celle des Cassidulides , qui ne se composerait plus que des genres à rosette dorsale , c'est-à-dire à branchies externes; la famille des Clypéastroides et ceWe ôes Spatangoïdes ^ tellesque MM. Agassiz et Desor les ont circonscrites et caractérisées. » 6* L'accroissement des piquants me paraît avoir lieu par époques et par couches, qui se recouvrent successivement au moyen d'un périoste sous-cutané. » 7° Les Fchinides homopodes ayant un grand nombre do pieds vésiculeux qui répondent à autant de branchies internes , ces pieds doivent être leurs principaux organes du mouvement. » 8° Dans les Fchinides exobr anches , le nombre des pieds vésiculeux est petit , les piquants sont plus nombreux , leurs ar- ticulations mieux affermies. Ces piquants me paraissent devoir être, pour les Echinides de cette .section, les principaux organeai moteurs. » O*" Leurs branchies externes , qui existent simultanément avec les branchies internes, contribuent sans doute à une oxy- génation plus complète de leur sang, et à donner à leurs muscles et à leurs piquants plus de puissance. » 10" Le sang est noir dans le Spatangue cœur, et composé de nombreux globules, variant un peu dans leur diamètre , ayant un gros noyau au milieu , qui renferme plus particulièrement leur partie colorante , comme dans les animaux supérieurs. 1 1° Les pieds vésiculeux et les vésicules branchiales internes correspondantes, chez les Echinides homopodes, forment, avec les branches vasculaires et les troncs vasculaires médians, des rayons auxquels ces branches se réunissent, et l'anneau vascu- laire circumpharyngien, dans lequel s'ouvrent les cinq troncs radicaux , un système sanguin moteur et respirateur. Le sang doit avoir, dans ce système , un mouvement de va-et-vient, qui lui est imprimé par les contractions et les dilatations des pieds vésiculeux. Les vessies respiratoires ne me paraissent pas y contribuer, quoiqu'on leur ait attribué, jusqu'ici, l'érection des pieds vésiculeux. Leurs parois ne m'ont pas montré de fibres musculaires, et leur cavité se divise en canaux ramifiés, dans lesquels le sang circule. Cette structure m'a rappelé celle que j'ai décrite dans les lames branchiales des crabes. » 1 2". Les organes de respiration externes et internes des Echi- SOCIÉTÉS SAVANTES. 89 niden ejùobtanChes appartiennent au même système vasculaiie, mais ne contribuent pas au ijiouvement du sang dans ce sys- tème. Les pieds vésiculeux . au contraire, ainsi que les appen- dices tactiles qui font partie de ce même système , et dont U ressie interne est correspondante à chacun de ces appendices , à fibres musculaires évidentes, sont ici les organes d'impulsion du fluide nourricier. t Ï3* Leâ pédicellaires sont des organes de défense des Echi- nidés et des Astérides qui en sont pourvues. Ils préservent des attaques des myriades d\inimalcules voraces qui abondent daïi* )a mer, les pieds vésiculeux et autres appendices membraneux dé ces animaux. Ces organes paraissent avoir des formes diffé- rentes dans chaque espèce, lis ont des caractères distinctifs , gé- nërauj^ dans les Echinides ^ chez lesquels leur pince a constam- ment trois branches; et dans les Astérides^ où elle n'en a plus que deux, ainsi que l'ont déjà dit MM. J. Mûller et Troschel. Leur pédicule a d'ailleurs une fige calcaire dans les Echinides ^ qui manque dans les Astérides. Ce pédicule peut même dispa- raître entièrement dans ces dernières. Les différentes formes de pédicellaires qu'on observe dans un même individu, sont le plus souvent les difTérenis degrés de développement de ces or- ganes, k Les organes problématiques , en forme de tête d'oiseau , de certains Polypes (de l'ordre des Cellulaires ou Ascidiens, dans ma classification) sont les pédicellaires de ces animaux. — M. de Casteinau présente des Considérations générales sur l'ornithologie de V Amérique tropicale. Il admet que, bien que les oiseaux abondent dans certaines contrées priviligiées de cette partie du nouveau continent, cependant le nombre des indi- vidus n'y est, en général, pas plus considérable qu'en Europe. Ce fait serait confirmé, selon M. de Casteinau, par cette obser- vation que, sur 3,7.50 individus appartenant à la classe des oi- seaux , et dont il aurait constaté le sexe par des recherches ana- tomiqùes pendant le cours de son expédition dans l'Amérique du Sud, il ne s'en serait trouvé que 297 appartenant au sexe fémi- nin , ou environ un treizième. Il semblerait , d'après lui, que la thaleur est favorable à la mutabilité du type et au changement des formes ; et que , d'autre part , la nature ne voulant pas que les individus subissent celle loi de progression, en ait limité 1» Î^O HKVUE ZOOLOGH^DK. {MaTs 1848.) multiplication par la grande infériorité numérique du sexe chargé de la gestation ; et, en se résumant, il croit qu'on peut à présent admettre comme lois zoologiques : 1" que la mutabi- lité du type organique varie en raison de la chaleur ; 2° que , dans les régions chaudes, la multiplication des individus d'une même espèce est généralement plus restreinte que sous les cli- mats tempérés. — M. Pascal adresse une Réclamation de priorité à V occa- sion d'une communication récente sur la structure intime du poumon de Vhomme, faite par M. Alquier. Bien avant ce der- nier, dans un mémoire présenté à l'Académie des sciences en 1839, M. Pascal avait établi la terminaison vésiculaire des bron- chicules, l'absence de tout aspect labyrinthique , le non-fonde- ment de l'opinion de Reissensten sur la terminaison en cul-de- sac ; enfin , l'entier isolement de chaque lobule , qui ne commu- nique point avec les lobules voisins et la séparation des conduits aériens et sanguins. — M. Duvernoy communique une note de M. Schimper , con- servateur du Muséum d'histoire naturelle de Strasbourg. Sur une troisième espèce de Bouquetin en Europe. Cette espèce, que M. Schimper nomme Capra ffispanica, « a, d'après ce naturaliste, la taille et les proportions du corps de la Capra Sinaica (Beden). Son pelage est également formé de poils courts et sans duvet, mais il est d'une couleur plus foncée, brun fauve sur le dos et sur les flancs , blanc sale sous le ventre et à la face interne des extrémités ; depuis leur milieu jusqu'à la racine, les poils, bruns à l'extrémité, sont d'un gris cendré; la couleur de la tête , à l'exception de la face antérieure et de l'occiput, où les poils sont noirs pointillés de blanc, est plus claire que le dessus du corps ; une tache blanche se fait remar- quer derrière chaque oreille. La tache noire qui recouvre l'occi-. put se prolonge en ligne noire , plus ou moins distincte, le long de réchine , jusque vers la queue ; celle-ci est petite et terminée par un pinceau de poils noir foncé. La barbe, qui n'existe que dans le mâle , est courte , tronquée, et se présente sous la forme d'une tache trapézoïdale noire , qui ne fait qu'une légère saillie. Le devant des pieds est d'un noir brillant; ce noir occupe tout l'espace entre les ergots et les sabots, vers le haut; il se prolonge au train de devant jusque vers la poitrine, et au train de der- SOCIÉTÉS SAVANTES. 91 riérc , i) se continue en une ligne noire qni sépare la région dor- sale brunâtre de la région ventrale blanchâtre, 9 Les cornes sont grandes, épaisses, presque contiguës à la base, triangulaires, à arête tranchante dirigée vers le dedans, à bourrelets transversaux, confus dans les individus vieux, mais très- distincts dans les jeunes, et au nombre de douze à quatorze: elles s'élèvent droites sur le front, et presque parallèlement, pour alors s'éloigner brusquement Pune de l'autre , en décri- vant un arc qui s'incline un peu vers l'horizon ; vers l'extré- mité , elles reviennent vers Taxe , et se redressent en décrivant un demi-tour de spire. La couleur est celle du Bouquetin des Pyrénées , mais la pesanteur en est moindre. » La femelle est plus petite que le mâle, sans le moindre ves- tige de barbe, à cornes petites et légèrement comprimées. » Cette espèce vit sur les montagnes de l'Andalousie. Les habi- tants de la Sierra-Nevada et de la Sierra-de-Ronda , où elle pa- raît commune, la connaissent sous le nom de Capra montés ou deMontesa. M. Schimper tient de M. Philippe, de Bagnères-de- Bigorre,un des individus qu'il possède. Cet individu avait été tué à la Maladetta , dans les Pyrénées. Séance du 13 mars.— MM. M Une- Edwards et J. Haine pré- sentent des Observations sur la structure et le mode de déve- loppement des Polypiers. — MM. Pappenheim et Berthelen présentent un mémoire 5tir ttn procédé propre à rendre sensible le trajet des fibres ner- veuses dans la substance musculaire des Gastéropodes. Ce pro- cédé consiste à soumettre à l'action de l'acide nitrique la partie que l'on veut examiner. Séance du 20 mars. — M. Emile Blanchard lit un mémoire intitulé : De la propagation des vers qui habitent le corps de Vhomme et des animaux. Dans ce travail , M. Blanchard semble abandonner ridée des générations spontanées, que beaucoup d'auteurs adoptent encore , afin de se rendre compte de la pré- sence des vers intestinaux chez certaines espèces. Pour expli- quer le développement des Ténias, des Botriocéphales, etc., chez l'homme et les animaux, il suppose que les matières fé- cales répandues sur les terres comme engrais, peuvent contenir beaucoup d'œufs d'intestinaux qui , entraînés avec les végétaux , peuvent ainsi être avalés, au moins accidentellement , et subir 92 KKVUK zo()ij[)(:k)1)k. {Marx Î8i8.) alors tontes les phases de leur évolulion. Mais c'est là une pure hypothèse, car l'auteur n'apporte aucun fait à Tappui de sa ma- nière de voir. Séance du 27 mars. — M. Chevreul rend compte âeVeœamen comparatif qu^i] a fait D'une cochenille récoltée à la pépinière centrale d^ Alger , et d'une cochenille dite Zacatilla du com- merce. La possibilité d'élever la Cochenille en Algérie est désormais un fait acquis. Les essais tentés en ce genre à la pépinière cen- trale d'Alger ont parfaitement réussi , et il est hors de doute que le commerce en retirera de très-grands avantages, si cette industrie, encouragée par le gouvernement, parvient à se dé- velopper. Il restait à examiner quelles étaient les propriétés de la Co- chenille récoltée dans nos possessions d'Afrique , comparative- ment à celles de la Zacatilla. M. Chevreul , à qui celte analyse comparative avait été confiée par M . le ministre de la guerr«i , a reconnu à cette dernière un pouvoir colorant plus grand qu'à la Cochenille d'Alger, dans le rapport de cinq à quatre. Ainsi, si l'on dissout dans l'eau des poids égaux de ces deux produits, on voit que l'eau de la Cochenille d'Afrique est d'un rouge plus orangé et d'un ton moins intense; pour obtenir l'égalité de ton , il faut ajouter une certaine quantité d'eau à la Cochenille Zaca- tilla. Deux échantillons de cramoisi , préparés en employant <]uatre de Cochenille Zacatilla et cinq de Cochenille d'Alger, étaient tellement semblables, qu'on pouvait, sans erreur, les considérer comme identiques. Pour obtenir une teinte écarlate , il faut un peu moins de cinq parties de Cochenille d'Alger. Eu sorte que le prix de celle qui nous vient du Mexique étant de 1^ fr. 5 c. le kilogramme, le prix de celle de nos possessions iiK. {Mam 1818.) TA^st à oes faits que M. Milne-Edwards consacre un rapport. Leur importance lui paraît telle , qu'il propose à l'Académie d'approuver les recherches de M. E. Rohert, et d'ordonner l'im- pression de son mémoire dans le Recueil des saimnL^i étrangers. IV. MELAXGES. iNÉCROLOGIE. ' La société Cuvierienne vient de perdre un de ses anciens membres, M. Gabriel Bibron, collaborateur de M. le professeur Duméril , pour le grand ouvrage sur l'Histoire naturelle des reptiles ^ aide naturaliste au Muséum de Paris, membre de la Société philomatique , professeur d'histoire naturelle dans l'une des écoles primaires supérieures de la ville de Paris, et chevalier de la Légion d'honneur. Fils d'un simple concierge au jardin des Plantes, M. G. Bibron ne devait sa position scientifique qu'à lui- même. Une application trop assidue au travail, une ardeur d'ap- prendre trop soutenue, et peut-être le découragement qu'il rencontrait quelquefois, et qui lui imposaient des efforts trop grands, ont développé en lui cette maladie de poitrine à laquelle il à succombé : il est mort , pour ainsi dire , à la peine. Sa perte, nous en sommes convaincus, sera vivement sentie par tous les zoologistes , et par ceux , surtout , qui avaient eu avec lui des relations scientifiques. Addition et correction à la lettre adressée à M. Is. Geoffroy- Saint-Hilaire , Rev. Zool. 1848, p. 29. A la page 31, ligne 4, ajoutez : chez le dernier {Trachelochis- mus) et au-dessus du bord antérieur du disque, chez les trois premiers (Gobiesoœ, Sicyogaster, Tomicodon). Ilfautégalement lire, Rev. Zool. 1846, page 210, ligne 9, et page 21 1, ligne 30 : au-dessus du bord antérieur du disque, pour remplacer ces mots : au-dessus du disque antérieur. ONZIÈME ANDJÉi:. — AVRIIi 1848. I. TRAVAUX INÉDITS. NOTICK sur la distinction spécifique du Caffre de Le Vaillant, Aquila vulturina (A. Smith), et de V Aigle Ferreaux^ Aquila Ferreauxii (Lesson); par M. 0. Des Murs. En coordonnant et décrivant les oiseaux provenant du voyage en Abyssinie, si fatalement exécuté par le docteur Petit, Quar- tin-Dillon et Vignand , et envoyés par eux au Muséum d'histoire naturelle de Paris , nous avons eu occasion d'étudier le bel Aigle, nommé A. Ferreauxii , en 1830, par notre savant col- lègue M. Lesson, et considéré depuis par MxM. le docteur A. Smith et G. R. Gray, comme synonyme des A. vulturina et Caffre de Le Vaillant. Cette étude nous a conduit aux considérations suivantes, que nous extrayons de notre travail et que nous nous empressons de soumettre aux ornithologistes , en attendant la publication de la partie zoologique de ce voyage , entreprise sous la direction de M. le lieutenant de vaisseau Th. Lefebvre, Nous avons cru , dans ce travail , devoir restituer à l'Aigle en question le nom qui a été donné par l'honorable M. Lesson , parce que , indépendamment de notre afTection pour .Iules et Edouard Verreaux , à qui l'on doit la découverte de ce type spé- cifique, nous ne croyons pas encore à la réalité de l'identifica- tion que l'on a voulu faire de cet Aigle avec le Caffre de Le Vaillant, Falco vulturinus (Daudin), Gypaelos Cafer (ïem- minck). C'est une question scientifique qui , selon nous, a toute l'im- portance d'un procès , dont les pièces ont besoin de passer sous les yeux des ornithologistes , et l'on sait , nous l'avons déjà dé- claré , que nous ne reculerons jamais devant un pareil travail , quelque ingrat qu'il soit , aussi souvent que s'en présentera l'oc- casion , persuadé que nous sommes de rendre plus de services à la science , en éclaircissant, une bonne fois pour toutes , un point douteux , qu'en contribuant par notre silence à accréditer Tome XI. Année l8/i8. 7 96 HKVtJK zooLOGigiiK. {Avril 1848.) une de ces erreurs , dont le temps à la longue devrait toujours faire justice , mais qui, par le défaut de discussion , finissent par devenir pour ainsi dire traditionnelles. Jusqu'en 1830 , le Caffre de Le Vaillant, avec sa figure et sa description , a constamment été considéré comme une belle et curieuse espèce d'oiseau de proie, des plus distinctes et des plus singulièrement caractérisées de toutes les autres espèces de cette famille , et a pris place dans la série sous le nom de Falco vulturinus (Daudin) , Gypaetos Cafer (Temminck) ; seulement on était étonné de l'excessive rareté de l'espèce, puisque, de- puis Le Vaillant, aucun individu n'avait été reçu dans les nom- breuses collections de l'Kurope. Voici la description qui accompagne la figure qu'en a donnée ce voyageur intelligent dans son Histoire naturelle des oiseaux d'Afrique. ^ « Le Caffre , dit-il , est de la taille de l'Aigle royal ou Grand- Aigle. Il a le bec plus fort, les ongles courts et moins arqués. Ses ailes ployées s'étendent, dans cette espèce, de huit pouces au delà du bout de la queue , dont la pointe est usée et élimée , parce que l'oiseau se retirant dans les rochers et se pwDsant plus souvent à terre que l'Aigle, le frottement l'endommage un peu. Le tarse est couvert.de plumes qui descendent jusque sur les doigts ; la queue est arrondie , les plumes extérieures étant plus courtes. » Tout le plumage du Caffre est d'un noir mat, à l'exception de quelques reflets brunâtres dans les petites couvertures des ailes, vers les pennes de l'aile. L'œil, qui est très-grand, s'a- vance profondément dans l'orbite, et l'iris est d'un brun marron ; le bec est bleuâtre à sa base, et jaunâtre dans toute la partie de sa courbure ; les ongles sont noirs , et les doigts d'un jaune terne. » Puis il ajoute ; « On peut regarder cet oiseau comme une espèce intermédiaire formant la nuance entre les Aigles et les /^autours, il ressemble plus aux derniers pour la forme de son bec , et par ses serres qu'il a peu arquées et émoussées. » 11 termine enfin en disant : « N'ayant tué que deux femelles, je ne puis indiquer la différence qui se trouve entre les deux sexes » Voilà donc une espèce parfaitement constatée , vue , prise y TRAVAUX INÉDITS. 97 décrite et rapportée par I.e Vaillant, à qui , certes , on ne refu- sera pas les connaissances suffisantes pour saisir et établir les relations d'un genre avec un autre. Ce savant observateur rap- proche son Aigle du genre Vautour , en le considérant comme intermédiaire entre les Vautours et les Aigles, et le place , par des motifs semblables et identiques, à côté du Bateleur, Falco ecaudatus. Et, en effet, dans la figure qu'il en donne, il a le soin de re- présenter ces serres mousses et peu arquées , ces ailes dépassant de beaucoup la queue , et enfin ce bec dont Paspect rappelle exactement celui des Vautours, c'est-à-dire renflé et comme subulé dans le sens de son épaisseur , et ne prenant sa courbure qu'assez loin de sa naissance. 'upanii Dfe là la dénomination qui , dès le p'rihidlpW, a été donnée et conservée depuis à cet oiseau de proie, de Falco vulturinus , par Daudin ; Fuîlurine eagle , par Shaw ; Gypaetos Cafer, par Temminck ; et enfin Aquila vulturina . par le docteur A. Smith lui-même. Or, en histoire naturelle, les appellations caracté- ristiques ont un sens presque toujours précis ; et il faut conve- nir que celle-ci était exclusivement applicable au Caffre^ puis- que, aux tarses emplumés si particuliers aux Aigles, il réu- nissait la forme de bec et de serres spéciale aux Vautours, et qu'elle ne saurait convenablement s'appliquer à aucune autre espèce. Tels étaient les errements de la science au sujet du Caffre, lors- qu'en 1830 parut l'espèce dont nous nous occupons, Aquila Ferreauxii : elle fit sensation , et M. Lesson, qui le premier l'a fait connaître, en publia la description suivante dans sa centu- rie zoologique, accompagnée d'une bonne figure faite d'après un individu , envoyé, dès 1828 , par Jules et Edouard Verreaux. « Le bec est bleuâtre plombé ; la cire et les doigts sont jaunes, et les ongles bruns; les plumes de la tête sont étroites, légère- ment rigides, et le tour des yeux est nu ; un noir lustré et foncé colore la tête, le cou , le haut du corps et toutes les parties in- férieures ; en un mot , cette espèce est d'un noir intense , que relève un hlanc neigeux qui règne sur le dos , le croupion et les couvertures supérieures de la queue; les ailes, dont les rémiges sont puissantes et recourbées, sont noires, mais les plumes scapulaires supérieures sont blanches , et les pennes Q8 RKVUK zooi-OGigcE. {Awil 1848.) primaires et bâtardes sont d'un gris roussâtre , que rayent en travers des stries de cette dernière couleur , à teinte beaucoup plus foncée. Les rectrices rigides et amples donnent à la queue une forme un peu arrondie , que l'extrémité des ailes n'atteint pas tout à fait; elles sont noires et rayées transversalement en dessous; les plumes duveteuses, qui recouvrent les tarses jus- qu'aux doigts , sont brunes. » IVous n'avons rien à ajouter à cette minutieuse description qui est des plus exactes, sinon que l'individu décrit par M. Lesson n'avait pas encore complètement revêtu sa livrée de mâle adulte ; car alors les plumes des tarses , comme les ongles , au lieu d'être brunes , sont d'un noir intense. Puis ce savant indique les dimensions suivantes, qui sont éga- lement exactes, et que nous avons réduites en millimètres>: Pieds. Pouces. Lignes. Millim. Longueur totale 2 6 6 ou 813 — du bec » 2 6 68 — de l'aile 1 11 6 64 1/2 — .de la queue . . . . » 11 6 313 1/2 — du tarse » 3 5 93 — du doigt du milieu. » 3 1 84 — de l'ongle » » 15 34 — du doigt externe. . » 2 » 54 — de l'ongle » » 11 25 — du doigt interne. . » 2 » 54 de l'ongle » 1 10 50 — du pouce » 1 8 45 — de l'ongle. . ...» 1 II 52 Voici , d'un autre côté , l'exacte et minutieuse description du même oiseau que nous a adressée , à notre demande , d'après les deux individus adultes qui existent au Musée des Pays-Bas, le conservateur de ce riche établissement scientifique , l'hono- rable M. Schlegel , dont l'obligeance ne sait point se lasser lors- qu'il s'agit des intérêts de la science : Pieds. Pouces. Lignes. Ailes . , 2 » j» Queue • » 11 3 TRAVAUX INÉDITS. 99 Doigt du milieu sans Tougle. . . > 2 11 Pouce » i 10 Doigt interne >» 1 9 Doigt externe » 2 » Ongle du doigt interne mesuré en ligne droite » 1 9 — du pouce » 1 10 4 — du doigt externe » I ix <( — du doigt du milieu. ...» I 4 } Bec mesuré en ligne droite depuis Pangle de la bouche jusqu'à sa pointe » 2 S Bec mesuré depuis la cire. ...» 1 3 » La cinquième rémige est la plus longue de toutes; la troi- .sième et la quatrième sont un peu plus courtes; la deuxième égale la sixième , et est d^un pouce trois quarts plus courte que la cinquième, » Deuxième , troisième , quatrième , cinquième et sixième rémiges échancrées à la barbe externe ; les première§ , deuxième, troisième , quatrième et cinquième rétrécies à la barbe interne. » OEil assez grand ; cire un peu renflée par-dessus , ligne su- périeure du bec un peu en arc; bec fortement crochu, à bords latéraux évasés en un feston large , mais peu saillant ; cire et tour des yeux nus ; région des freins garnie de plumes en soies roides; plumes de l'occiput pointues, mais non sensiblement prolongées ; plumage d'un tissu serré ; pieds emplumés de tous côtés jusqu'à la base des doigts ; écailles des doigts en forme de petites plaques polygones ; cinq grandes plaques à l'extrémité du pouce , quatre aux autres doigts. » Croupion et dos jusqu'à la région inter-scapulaire , et base des plumes de cette région d'un blanc pur. Toutes les autres parties du plumage d'un beau noir à reflets d'acier rem- bruni ; rémiges secondaires tirant au brun , et pourvues de bandes transversales peu apparentes , et un peu plus claires que la teinte du fond ; rémiges primaires à leur première moitié d'un brun foncé , orné de bandes transversales claires , qui passent au blanchâtre sur les barbes internes de ces rémiges. » Il y a certainement assez loin de cet Aigle, ainsi décrit par fiO REVCK zooLOGif^CK. {j4vril 1848.) MM. Leâson et Schlegel , à celui décrit et figuré par Le Vaillant, sous le nom de Coffre. Personne ne songeait à contester à notre espèce un droit de cité qui lui était si bien acquis dans le genre des Aigles, lorsque, en avril 1833, il fut donné connaissance à la Société zoologique de Londres d'une lettre écrite à M. Jarrell par l'honorable doc- teur A. Smith, à la date du 22 décembre 1832 , du port Elisa- beth, dans la baie d'Algoa, sur la côte orientale du cap de Bonne-Espérance. Dans cetfe lettre , cet estimable voyageur , à qui le monde savant est redevable d'excellents travaux , et sur- tout des //^itsirations zoologiques du sud de l'Afrique, annonce tout simplement qu'il considère Aquila Verreauxii comme synonyme de VA. vulturina, et que cette double spécification provient de ce que chez presque tous les individus préparés, les ailes fermées, le blanc du dos se trouve entièrement recouvert et masqué par les ailes. Il ajoute que cette espèce, identifiée par lui avec le Caffre, vit dans les rochers escarpés , et fait sa nour- riture principale du Daman du cap ^ ffyeraœ Capensis. Ce jugement n'était que le résumé d'un jugement plus déve- loppé dans un journal scientifique important et peu connu du cap de Bonne-Espérance. En efl'et, dans le n** 1 l^he South- African quar ter ly journal , d'octobre 1829 à janvier 1830, l'ho- norable docteur décrivant toutes les espèces d*oiseaux trouvées et observées par lui pendant son long séjour au Cap, arrivé à l'ar- ticle Aquila vultiirina ^ dont il donne pour synonymes le Faico vultur de Shaw, et le Caffre de Le Vaillant , en avait donné la diagnose que voici : « Aquila nigra . rosira nigricante , ceroma flavum , dorso ALBO. » Puis après avoir fait la description de l'adulte et des jeunes, il avait ajouté les réflexions suivantes que nous transcrivons lit- téralement : « Cet oiseau nous paraît avoir été inexactement observé et étudié par Le Vaillant. Il lui prête , en effet , certains caractères pt-ôpres aux Vautours, tandis qu'il a indubitablement les carac- tères, l'organisation et les mœurs des véritables Aigles. Il affirme ensuite qu'il ne vit que de charognes , et je n'ai jamais pu con- stater un fait semblable. T> iVaprés més propVes observations , il .se nourrit exclusive- TRAVAUX INÉDITS. 101 ment du Daman du Cap {Hyrax Capensis) , qu'il chasse de la manière suivante. Il se pose d'abord sur un endroit élevé au mi- lieu des rochers que fréquente ce petit quadrupède , d'où il puisse le découvrir de loin; puis lorsqu'il l'a aperçu, il fond et se précipite sur lui avec l'agilité habituelle des Aigles. » Outre ces différences assez sensibles de caractères et de mœurs, il en existe encore une autre considérable et vraiment matérielle qui réside dans la nature de ptilose indiquée par ce voyageur. Il a décrit son oiseau comme étant tout noir, tandis que sur douze individus que j'ai observés, j'ai toujours trouvé le dos et les couvertures de la queue d'un blanc pur. Autant je comprendrais une omission pareille de la part d'un observateur ordinaire, aussi peu je la comprends d'un observateur si con- sciencieux; car je ne puis croire que les individus que Le Vail- lant s'est procurés n'eussent pas le dos blanc. Je suis donc porté à penser qu'il aura fait sa description d'après un exemplaire monté dont les ailes fermées avaient été assez maladroitement préparées pour cacher entièrement la couleur blanche du dos. » Disons de suite ici que loin d'établir en fait et d'une manière absolue que le Caffre ne vive que de charogne , ce n'est qu'une conjecture qu'a entendu exprimer Le Vaillant , conjecture basée 'on beau brun noirâtre foncé ; le bec très-fine- znent ponctué , un faible sillon dans un petit espace lisse sur le dessus du bec entre les antennes; thorax fortement pointillé avec des écailles noires dans les points et deux petites tache» d'écaillés jaunes , une de chaque côté en avant , les angles pos- térieurs ayant chacun une ligne transverse d'écaillés jaunes; élytres à sillons distincts, longitudinaux, ponctués, d'un noir brillant, avec des taches éparses d'écaillés jaunâtres. — Long. 5 L Le .seul exemplaire que j'aie vu est très-mutilé , les pattes an- térieures et la majeure partie des antennes sont brisées. Il a tout à fait l'apparence , à première vue , d'un Pissodes pini. Aldonus ^ Wbite. — Antennes de grandeur moyenne , premier article n'atteignant pas les yeux, très-faiblement courbé , renflé graduellement; funicule de sept articles , premier et deuxième assez longs , le deuxième plus que le premier et très-renflé à son extrémité , les cinq derniers articles un peu cupuliformes , s'é- largissant graduellement vers l'extrémité ; massue difficilement distincte du funicule, ovale, légèrement pointue et indistincte- ment très-articulée ; bec long , non renflé au bout , côtés presque parallèles , sillons antennaux commençant avant le milieu et aboutissant :i l'œil , s'élargissant en arrière ; thorax rétréci en avant , arrondi sur le^ côtés , avec un prolongement considé- rable de chaque côté du bord postérieur qui a deux larges si- nuosités au milieu; un peu déprimé en dessus; écusson très- petit et très-déprimé ; élytres avec les bords parallèles dan» une grande partie , arrondies au bout et couvrant compléte- Mient l'abdomen ; pattes modérément longues et épaisses ; ié- A?IALYSKS d'0UVR4GES NOOVEAUX. 113 murs un peu comprimés , profondément échancrés en dessous vers Textrémité : un large sillon sous le thorax , s'étendant jus- qu'à la base de la seconde paire de pattes. Aldonus hylobioides. — Noir , densément couvert d'écaillés d'un gris jaunâtre ; thorax fortement ponctué ; élytres avec plu- sieurs lignes longitudinales, profondément ponctuées, couvertes d'écaillés d'un jaune grisâtre, marquées de taches petites, noires, irréguliéres , surtout vers le milieu et l'extrémité; dessous du corps noir, profondément ponctué , avec quelques poils gris jaunâtre hérissés; pattes noires, fortement couvertes de poils gris jaunâtres.— Long. 5 3/4 1.— Dans la collection du capitaine Parry , il y a un autre individu qui n'est pas moitié aussi grand que le précédent; il diffère un peu pour les taches, mais polir le reste il lui ressemble tellement que je n'en fais qu'une variété petite; il y a une ligne noire ondulée sur le côté de chaque élytre. Euthyrhinus squamiger. — Bec droit; thorax très-étroit en avant, un peu aplati en dessus; élytres ayant à leur base, près l'écusson , un lobe arrondi, proéminent ; entre ce lobe et les épaules, qui sont aiguës , est une forte sinuosité; faiblement striées, très-pointues en arrière; tête, thorax et élytres avec des écailles rondes noires et blanches; deux touffes de poils blanchâtres sur le devant du thorax; fémurs épais au milieu, avec une forte échancrure à l'extrémité; pattes couvertes d'é- cailles blanchâtres. — Long. 5 1. — Cette espèce est très-voisine de VE. meditabundus , Fab. Fnt. syst. ,11, 432. Rhynchodes , White. — Bec légèrement renflé à l'extrémité, un peu arqué dans toute sa longueur ; sillons antennaux s'éten- dant jusqu'aux yeux; thorax rétréci , antérieurement renflé sur les côtés, un peu aplati en dessus; écusson avec un tubercule arrondi ; élytres allongées , couvrant l'abdomen ; côtés compri- més , parallèles, tombant brusquement à l'extrémité , qui est pointue; le dos est très-convexe transversalement et longitudi- nalement ; profondément sillonnées à la base , arrondies prés l'écusson, sinuées au bord ; fémurs d'une épaisseur égale , légè- rement sinués en dessous vers l'extrémité. Ce genre est très- voisin des Futhyrinus de Chevrolat. ft. ursus.— D'un brun foncé ; thorax avec deux bandes longi- tudinales d'une roulenr plus pâlo près du bord; élytres en des- 114 uKvui<: zooMMii^DK. [Aiyril 1848.) sus, avec cinq rangées de poils; de chaque côté des rangées est une ligne de points enfoncés ; de deux en deux lignes il y a une côte faible; deux bandes d'un brun foncé obscur en travers des élytres ; pattes noires; fémurs ayant en dessus, à l'extrémité, une tache de poils brun jaunâtre ; dernier segment de l'abdo- men ayant en dessous deux touffes de poils. — Long. 10 1/2 1. R. Saundersii. — Couvert de poils hérissés ; thorax densément ponctué , une courte carène au milieu en arrière ; élytres en dessus avec trois doubles rangées de points ; entre chaque double rangée une faible carène ; antennes plus grêles et moins épaisses que dans /i. ursus ; féaiurs avec le dedans et l'extrémité en dessus, garnis de poils courts grisâtres — Long. 8 1/4 1. Slephanorhynchus , White. — Antennes grêles, longues , in- sérées sur la partie inférieure des côtés du bec vers l'extrémité ; premier article dépassant les yeux, légèrement courbé à la base, renflé à l'extrémité ; funicule de sept articles, le premier, le plus long, épais à l'extrémité et très distinct des autres; le deuxième faiblement , les cinq autres presque globuleux ; mas- sue presque aussi longue que le funicule , de trois articles , le premier cupuliforme , le second le plus long, grossissant gra- duellement vers l'extrémité , article terminal ovale et pointu à l'extrémité; bec long, épais, faiblement arqué , presque carré; un profond sillon oblique partant de la base des antennes et se terminant sur le côté en dessous bien avant les yeux ; bec caréné au milieu ; sur le vertex une forte proéminence avec deux faibles touffes de poils ; tête étranglée derrière les yeux; yeux arrondis, grands, proéminents , situés derrière le milieu de la tête; thorax un peu anguleux sur les côtés , étroit en avant, presque droit en arrière ; écusson plus long que large ; élytres oblongues, très-larges à la base , obtuses à l'extrémité ; épaules rectangu- laires; pattes longues, fémurs épais, claviformes, avec une dent forte, comprimée; tibias grêles, ceux des deux premières paires de pattes légèrement arqués; tibias postérieurs très- cour bés. S, curvipes. — D'un brun jaunâtre foncé , varié de taches et de lignes de teintes différentes; pattes jaunâtres; fémurs posté- rieurs ayant en dessus une bande noire ; élytres avec deux pro- tubérances allongées , carénées, une de chaque côté de la suture vers le milieu. Cette espèce semble varier beaucoup pour la /VNALVSKS D'oUVIUGtS NOUVKAUN. Ilô couleur; quelques individus sont d'un gris clair , les autres d'un i^ris l'once. — Long, li 1/2 à 4 1. — Paraît être très- voisin d'un insecte brésilien de la collection Banks , décrit par Fabricius sims le nom de Curculio attelaboides , Fab. Ent. syst. , Il , 64û, 217. Curculio modestus, Fab. Ent. syst. Il , 453, 1\S0. Furhamphus fasciculatus, Shuck , Ent. Mag. V, 506, t. ISi Oryophthorus bitub.erculatus , Fab. Ent. syst. 1,414, 90U — Vit dans le bois du Kaudi {Dammara australis), et varie beaucoup pour la taille. Fabricius, par inadvertance , a décrit le thorax conune bituberculé ; les élytres , à l'endroit où elles conimencent à se rétrécir, forment un petit prolongement , et le nom paraîtrait dériver de cette circonstance. Dans quelques individus , des écailles allongées, dressées, blanchâtres, sont niêlées avec les grises. H est très-douteux que l'espèce décrite par Schônherr , et figurée ici , soit la même que l'espèce de Fabricius. TROGOSIÏlOyE. Trogosita affinù. — D'un brun de poix avec une dépression, sur le vertex; devant de la tète ayant au milieu deux petites dents ; tête et thorax profondément ponctués; élytres à la base, près des épaules , avec une faible dépression ; sous les autres rapports , les élytres ressemblent tout à fait au T. caraboides , espèce répandue partout. — Long. 4 à 4 1/2 1. Gymnocheila nigrosparsa. — D'un noir bronzé verdâtre foncé ; élytres presque couvertes d'écaillés grises, avec plusieurs taches noires; tête avec une profonde impression entre les yeux, et une échancrure en avant ; fortement ponctuée en dessus , quelques-uns de ces points allongés ; derrière et sur les yeux une rangée d'écaillés grises; thorax avec deux sillons longitudi- naux au milieu, ponctués et légèreuient squammeux; bords relevés et fortement ponctués, les points garnis d'écaillés grises ; milieu du thorax presque lisse ; chaque élytre avec sept carènes longitudinales , côtés de ces carènes ponctués, intervalles gar- nis d'écaillés grisâtres, avec quelques plaques d'écaillés noires qui sont plus roides que les autres ; bords des élytres régulière- ment marqués d'écaillés grises et noires ; dessous du corps e^ il€ RtvuE zuoLo(iiguK. [Acril 1848.) pattes d'un brun de poix foncé. — Long. 6 1. — Dans le bois du Kaudi. Gymnochfila sohrina, — D'un brun grisâtre . avec quelques taches et bandes d'un noir brunâtre ; tète en avant dés yeux avec deux faibles dépressions séparées par une échancrure; thorax lisse au milieu, très-ponctué , noirâtre, bordé d'écaillés gri- sâtres; élytres ayant sept carènes longitudinales, régulièrement ponctuées; ces ponctuations d'un brun rougeâtre , intervalles garnis d'écaillés d'un gris brunâtre: quelques taches et une bande transversale ou deux d'une couleur brun foncé ; tibias ferrugineux. — Long, 5 1. BOSTKlGHIDiï^. Apate minutus, Fab. Ent. syst. , 54, Platypus apicalis. — D'un brun foncé ; article basilaire des antennes, métathorax et fémurs jaunes; tête inclinée, une petite carène sur le vertex au milieu ; thorax très-lisse , brillant , ayant sur les côtés une dépression pour les pattes antérieures , avec une échancrure difficilement visible en dessus ; élytres profon- dément striées, inclinées en arrière , ayant chacune en arrière un fort prolongement dentiforme , plus près du bord que de la. snturej tibias antérieurs avec dessillons obliques , se terminant extérieurement en dent. — Long. 2 3/4 l. Lyctiis depressiusculus. — D'un brun noirâtre foncé; an- tennes beaucoup plus courtes que le thorax; thorax avec une dépression carrée au milieu, rebordé sur les côtés, très-poriç- tué en dessus ; élytres à lignes ponctuées, — Long. 2 1. CuCLJIDiE. Dendrophagus brevicornis. — D'un brun de poix, variant d'intensité; antennes atteignant seulement au delà de la deuxième paire de pattes , premier article n'ayant pas deux fois la longueur du troisième; tête un peu allongée, finement ponctuée ; thorax très-légèrement déprimé , très-large en avant, une impression longitudinale sur le disque avec une très-légère carène au milieu ; angles antérieurs avec deux ou trois denticu-. lations , très-étroit en arrière ; élytres faiblement déprimées, 9,veç les bords un peu poilu,»; élytrçs striées longitudinalement. 4NALYSKS DOUVRAGES NUOVKAUX. 117 • »(ii«s peu enfoncées et ponctuées; fémurs épais, un peu renflés. — Long. 2 2/3 à 31. D. suturalù — Testacé; élytres pâles, une ligne d'un brun assez foncé sur la suture, dépassant le milieu , où elle forme une bande transverse assez large ; tête avec deux impressions longi- tudinales ; thorax avec les côtés droits ; tête et thorax très-fine- ment ponctués ; élytres avec les épaules arrondies, des poils courts , subferrugineux , et plusieurs lignes ponctuées ; pattes ordinaires.— Long. 2 1/4 1. Mygetopuagid^. Lafridius antipodum. — D'un noir foncé , brillant ; massue des antennes subferrugineuse; côtés du thorax légèrement si- nués ; élytres un peu élargies vers le milieu ; suture et bord re- levés ; chaque élytre avec deux carènes faibles , les deux in- ternes avec une élévation au delà du milieu , et deux dépressions transverses assez larges avant le milieu. — Long. I 1. Cette espèce est très-voisine du L. nodifer , Westw. mod. , class. of ins. » >ol.l,p. 165, pi. 152, 1. 13, 23. Etsgidje. Engis politus, — D'un noir foncé , lisse : antennes et pattes ferrugineuses ; tête et thorax finement ponctués ; les trois der- niers articles des antennes dilatés et aplatis. Bitoma insularis. — Tête et thorax d'un brun foncé; thorax ayant de chaque côté deux carènes parallèles et deux courbes; des lignes élevées entre les carènes ; chaque élytre avec quatre côtes et deux rangées de gros points entre chaque ; élytres d'un brun pâle , ayant à la base une tache triangulaire d'un brun foncé , aussi large que les élytres, et quelques taches à diffé- rents endroits. — Long. 1 3/4 1. A. Monographe , etc. , etc. — Monographie des Mollusques uni- valves d'eau douce des États-Unis ; par S. Stehman Haldeman. broch. in-S» avec fîg. col. (Voir la Revue 1842, p. 194, et 1843, p. 214). La septième livraison de cet intéressant ouvrage sur les Mol- 110 KKVUE /.ooi>()GiyDE. [Awil tSiS.) lusques univalves d'eau douce de l'Amérique du nord n'est point inférieure pour l'exécution et la perfection des dessins à celles que nous avons annoncées dans la Revue de 1844 et 1847. Cette livraison contient les genres Planorbis et Aucylus. Dans le premier genre , l'auteur ne décrit et ne figure que des espèces connues ; mais le second genre comprend les espèces inédites suivantes : An. ob>?curus ^ depressus^ parallelus , dia- phanus et crassus. Essai sur le Bulime tracqué. — Observations prises depuis l'ac- couplement jusqu'à l'état adulte; par M. G. B. Gassies. (Broch. in^" avec deux pi. explicatives du texte; Bordeaux 1847). Ce petit travail , très-rbien et très- consciencieusement fait » ren- ferme des observations qui confirment pleinement celles que Brisson avait déjà présentées en 1759 à rAcadémie royale des sciences, et qui se trouvent consignées dans les Mémoires de cette acadéniie sous le tifre de : Observations sur une ei^pêce de Limaçon terrestre , dont le sommet de la coquille se trouve cassé sans que ranimai en souffre. Mais M. Gassies ne s'est borné à vérifier ses faits énoncés par Brisson , il a suivi le développe- ment du Bulime tracqué , et a constaté de quelle manière ce mollusque se débarrasse des dernières spires de sa coquille. Il a vu qu'à cet effet l'animal cherche des aspérités, et qu'il s'agite en décrivant sur lui-même une courbe rapide, de façon à heur- ter dans ce mouvement, avec sa coquille, les aspérités qui lui ont paru propres à en opérer le brisement. De jeunes Bulimes, qu'il avait élevés, et qui , en sortant de l'œuf, avait trois spires, auxquels quelques-uns en ont ajoutés dix autres en se dévelop- pant , ont cassé de cette manière une première fois trois tours , la deuxième deux, la troisième un, la quatrième un et enfin la cinquième un encore. Ce n'est qu'alors que ces jeunes individus sont devenus adultes. L'animal abandonne préalablement la partie de la coquille qu'il veut briser , et forme , au moyen d'une liqueur visqueuse qui s'augmente lentement et qui ac- quiert en peu dMnstants la dureté du lc^;t, une cloison propre a. ie proléger. M. Gassies a enfin constaté que les Bulimes^ a[yès. SOCIÉTI-S SAVAMI.S. M9 la ponte, reslaieul peudaiit quinze jours tnviron sur leurs œufs. Z. (i. III. SOCïI:TES SAVAIVTES. Académie des sciencks de Pauis. Séance du 3 avril 1848. — M. Berthéiue adresse quelques remarquer sur un passage du mémoire lu par M. Blanchard , dans la séance du 20 mars 1848. l/auteur de ee mémoire a mis en doute l'existence des vers intestinaux dans le corps du fœtus; M. Berthéiue rappelle que la science est en possession d'observations dont quelques-unes datent déjà du dix-septième siècle . et qui détruisent ce doute de la manière la plus positive. Les vers intestinaux se dévelop- pent chez l'espèce humaine, même durant sa vie intra-uté- rine. Il cite à ce sujet les faits très-nombreux et bien éla- V)lis que M. Graelzer a recueillis ft consignés dans son ouvrage sur les maladies du fœtus, publié à Breslau en 1837, et ceux qu'il a recueillis lui-même. Séance du 10 avril. — M. Paravey présente une note Sur les diverses espèces de Rhinocéros mentionnés dans les livres chinois. Suivant l'auteur de cette note , les Rhinocéros dont il est question dans plusieurs des anciens livres chinois relatifs à l'histoire naturelle, seraient au nombre de cinq espèces une à trois cornes , une autre à deux , et trois à une seule corne , qui serait située différemment dans chacune d'elles. Ainsi, la pre- mière l'aurait sur le nez, la deuxième au front et la troisième au .sommet de la tète. D'autres auteurs chinois ne font, de ces deux dernières, qu'une seule espèce. L'auteur de la note ne saurait décider si un Rhinocéros unicorne , désigné sous le nom de S.w, et remarquable par sa couleur d'un noir bleuâtre , et par sa tète en forme de selle, constitue une espèce distincte, ou si elle doit figurer parmi les cinq dont il vient d'être question. Enfin, à pro|)os d'un Rhinocéros blanc , cilé dans un ouvrage chinois, intitulé : Les monts et les mers ^ Rhinocéros qui rappelle par i>u couleur une espèce sud -africaine, le /ih. sinus, M. Paravey t20 KKvut: zooLOGigoE. {j4vril 1848.) fait cette observation , que les Chinois ont pu connaître les ani- maux africains soit directement . soit indirectement , aux époques ou leurs rapports avec les Arabes étaient iiombreux. Séance du 17 avril — MM. Pappenheim et Berlhélue présen- tent un deuxième mémoire Sur V organisation des mollusques gastéropodes. Il résulterait de l'étude qu'ils ont faite du Colimaçon, que l'organe nommé , glande hermaphroditique , n'est point, comme son nom Semblerait l'indiquer, destinée à produire en même temps les éléments mâles et femelles. Ils ont bien , à la vérité , rencontré à certaines époques de l'année cette glande gorgée d'ovules et de spermatozoïdes; mais ils ont constaté aussi qu'en certains temps, ces tubes ne contenaient que des ovules, et en d'autres temps des spermatozoïdes : d'ailleurs ils ont également trouvé ces derniers dans beaucoup d'autres parties de l'orga- nisme. Selon MM. Pappenheim et Berthelue, les Spermato- zoïdes feraient cependant leur première apparition dans l'organe que G. Cuvier a considéré comme le représentant du testicule. Les observations microscopiques confirment pleinement pour eux cette détermination , et établissent que la prétendue glande hermaphroditique n'est autre chose qu'un ovaire. Dans ce même mémoire , ces auteurs s'occupent encore du système circulaire. Des injections pratiquées, faites avec lechro- mate de plomb , suivant la méthode de M, Milne Edwards , leur ont montré les vaisseaux qui se distribuent dans le foie , l'intes- tin , le pied avec une structure très-simple, tandis que ceux de l'appareil respiratoire leur ont offert une structure plus compli- quée. Séance du 24 avril.. — M. Rayer lit une note Sur un cas de faux hermaphrodisme chez un Bélier. Cet animal, âgé de quatre ans, était pourvu de cornes comme \e< Béliers ordinaires, mais il n'avait ni scrotum ni pénis ; ses testicules, très-peu développés, étaient situés sous la peau de l'hypogastre , dans la partie qui correspond aux mamelons, et il offrait , au-dessous de l'anus , une fente en forme de vulve. Cette apparence d'organe intérieur femelle ou de capitulation^ est résultée de l'absence de la portion caverneuse de l'urètre. SOCIÉTÉS SAVANTES. \'2\> SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANCK. Séance du 12 janvier 18i8. M. !« marquis de Brénie donne communication de Textrait d'un travail de M. Bassi, présenté en 1846 à la section de zoologie du congrès de Gènes, sur le résultat des expériences pratiquées par lui dans le but de déterminer si , chez les insectes , il y a absorption des matières ingérées dans l'organisme intérieur et particulièrement dans le système trachéen. L'auteur italien a expérimenté sur les Sphyn.T atropos et Bombyx mori^ et les résultats de son mé- moire sont : 1" les matières colorées introduites dans le canal intestinal des larves sont absorbées, et leur présence se mani- feste jusque dans le système trachéen; 2** La coloration ne se borne pas seulement aux larves , mais se retrouve également dans les chrysalides : 3* Le phénomène de la coloration n'est pas toujours constaiit; 4" la coloration trachéenne doit être attri- buée à l'absorption qui s'opère dans les tissus des vaisseaux. — M. //, Lucas fait passer sous les yeux delà société deux Arachnides fort curieuses et qui appartiennent au genre Tro- galuit et à l'espèce nommée T. (Acarus) mœpœformis Scopoli. Cette espèce, qui n'avait encore été prise qu'une seule fois, en 1800, dans le rayon de la faune parisienne , vient d'être ren- contrée dernièrement dans la forêt de St-(iermain , par M. Ni- colet , qui a été à même d'en observer les mœurs jusqu'ici peu connues. — M Guérin-MéneviUe communique une note de M. PTaga, tendant à démontrer que c'est à tort que M Amyot a réuni sous le nom de Sirion les Ophthalmicus grilloïdes Linné et dùpar qui doivent bien former deux espèces distinctes. M. Amyot se rend aux observations de M. Waga , et il propose dans sa méthode mononymique de laisser à VOphthalmicu.s grilloïdes le nom de Sirion, et d'appliquer la dénomination de fVagaodes à VO. dispar. — M. Guérin-Méneville donne quelques nouveaux détails sur la Muscardine, il fait connaître des observations qu'il a publiées dernièrement dans le journal de la Société Séricicole , et dont i\ a été question plusieurs fois dans la Reçue zoologique. — M. le marquis de Brème lit une notice de M. Bossi sur les \i fivaux entomologiques de Gevé. Ce travail qui sera nnpnme dans I 1ii2 KKVUK zooLor.iyui:. {Avril 1848.) le premier numéro de 1848 des Annales de la société entomolo- gique , aujourd'hui sous presse, est teruiiné par des remar- ques importantes sur l'appareil générateur des Ixode^. — M. Guérin- MéneviUe donne lecture d'une notice de M. Waga sur une espèce de diptères, le Chlarops lœta^ qu'il » trouvé en immense quantité aux environs de Varsovie. Ce tra- vail est imprimé dans le n° de février de la Revue zoologique Séance du 1i\ janvier 1848. — M. L. Fairmaire annonce qu'il a commis une grave erreur dans un travail sur les Mem- bracides, imprimé dans les Annales de l'année 1846. Sous le nom de XerophyUiiin servtllei^ il a décrit un Orthoptère appar- tenant au genre Hymenotes Westvvood. Le mauvais état de l'individu unique qu'il avait sous les yeux, dont les pattes et la bouche manquaient, et le faciès général de l'insecte, dont le prothorax foliacé rappelle à la première vue l'aspect du genre Membracis ^ expliquent facilement cette méprise. — M. DeyroUe fait passer sous les yeux de la Société le Méga- céphale recueilli en Kspagne par M. Graëlls, et qui est bien, réellement la Megacephala euphratica. — M. Ch. Coquerel parle de plusieurs insectes qu'il a été à même d'observer pendant le voyage qu'il vient de faire à Mada- gascar. 11 existe principalement un Orthoptère du genre Ana- stoma qui vit dans l'intérieur du buis pourri et semble être voisin de l'espèce décrite par M. Serville, et qui appartient à la Nouvelle-Hollande. — M. Guérin-Méneville parle d'un Trachys qui a été trouvé en assez grande quantité aux environs de Rouen, par M, Fron- tin, et qui pourrait appartenir à une espèce nouvelle, principa- lement caractérisée par une carène marquée sur l'élytre. A une autre séance, le même membre dit qu'après avoir consulté les auteurs, il s'est positivement assuré qu'on devait rapporter cet insecte au Trachys nana^ et que celui qui porte ce nom dans les collections de Paris devait se rapporter à une autre espèce. — M. Guérin-Méneville montre des Coccus que M. de Cha- vannes a rapportés de Rio-Janeiro , et il fait voir également la matière colorante produite par l'un de ces animaux, le Coccus psidii^ et qui pourrait être avantageusement employée dans les. arts. i iiOr.IÉTl-S SAVANTi:S. IÔ$ — Le même membre communique nne notice de M. Alex. Lefebvre contenant un projet de voyage dans l'Inde , destiné à introduire en France de nouvelles espèces de vers à soie et par- ticulièrement celle du Bombyx cynihia. — Il est donné lecture d'une note de M. Alex. Lefebvre con- tenant une réclamation à l'occasion du genre Macroceraia, (^ette notice . ainsi qu'une réponse de MM. Amyoi et ServiUe , seront insérées dans le IJulletin entomologique de la société. — On communique des notes de M. Th, Bruaud contenant des rectifications et détails de mœurs sur les 1" Valerio jas- pidea : 2« Noctua dernxa et bâtis ; H" Sphynx ligustii; 4" An- ophthera pilleriana , etc. — M. Ch. Coquerel lit une notice sur une nouvelle espèce de Nacerdes (N. maritima) , provenant de Madagascar , qu'il ca- ractérise ainsi : pubescent , d'un brun jaunâtre plus ou moins pâle, et dont la larve vit dans le bois submergé. — Le même membre fait connaître les larves de trois autres coléoptères de Madagascar, les Osorius incisivorus, Xystrocera ylobosa et Bhina nigra. Séance dw 9 février 1848. — M. Guérin-Méneville commu- nique une observation d'entomologie appliquée , qui a été ré- cemment adressée à la Société d'agriculture de Paris, par M. F. Repus, d'Avignon. Cet agriculteur cherche depuis longtemps à nourrir les versa soie avec un autre végétal que le Mûrier , qui n'est en plein rapport qu'au bout de huit à dix ans, et qui ne vient bien que dans les climats chauds. Après avoir analysé les feuilles du Mû- rier pour pouvoir ensuite rechercher des feuilles qui s'en rap- prochassent le plus possible par leur composition chimique, et après de nombreuses opérations, M. Repus a choisi la feuille de la Scorsonère, et comme elle n'a pas tout à fait la composi- tion de celle du Mûrier, il y remédie en trempant les feuilles de Scorsonère dans un liquide composé ainsi : eau, 100 gramm.; sucre , 30 ; gomme , 5 ; hydrochlorate d'ammoniaque , 2 ; extrait de tige de Mûrier, 4. Les chenilles de vers à soie élevées par le moyen indiqué par M. Repus, ont très- bien réussi, et tous frais faits, une éducation de quarante onces n'a coûté que 230 fr. , tandis que dans le midi de la France, et par le procédé Itii HEVtK ZOOLOOIQUE. {AvHl 1848.) anciennement employé, la même éducation de quatre onces coûte 300 fr. Le même membre annonce que les diverses monographies de M, de la Férié Sénectère, sur la famille des Authicites ^ vont, enfin paraître dans le Species et iconographie des coléo- ptères. — U. H. Lucas fait passer sous les yeux de la Société plu- sieurs larves de VHetrophaga opatroides ^ qu'il a trouvées en assez grande abondance au Muséum d'histoire naturelle de Paris dans les cages des Sauriens et des Ophidiens. — M. Ch. Coquerel montre une belle variété de VOxythyrea ama6î7î5, Schaum. Ce type présente des taches blanches bien marquées sur un fond noir ; dans la variété qui provient de Madagascar , les taches blanches ont disparu. — M, Roujet annonce qu'il a retrouvé en grand nombre, dans la tannée des serres du Muséum , les Ahrœus rhombophorus et Philothermus Montaudonii , qui y avaient été découverts en 1843, par M. Montaudan , et que l'on n'avait pas rencontrés depuis, si l'on en excepte toutefois un entomologiste allemand, qui a prisV Abrœus rhombophorus dans une fourmilière. — M. Becker dit que M. Beske a observé de nouveau, ce qu'il avait déjà remarqué et écrit à M. German il y a plus de douze ans, que la Fulgora lanternaria ne luit pas dans l'obscurité , ni à un état parfait , ni à celui de larve. — M. Doué fait passer sous les yeux de la Société plusieurs coléoptères , dont les élytres présentent une dissemblance re- marquable , qui cependant sont d'une grande fraîcheur , ce qui démontre que la disparité de leurs élytres ne peut être attribuée à aucun accident qui serait survenu après l'éclosion. Les insectes étudiés sont : 1« Trichodes apiarius ; 2" Anoplognathus ana~ lis ; 3» Peliduota lucida; 4» Blaps lineata et S** Chalcodermus ftpecies nova. — M. H. Lucas lit un travail intitulé : Description et figure d'une nouvelle espèce d'Aranéide , appartenant au genre The- ridion (T. civicum), et qui se trouve très-communément sur- les monuments de Paris. L'auteur donne la diagnose latine sui- vante de cette espèce : SOCIÉTÉS SAVANTES. H3 Femiiia. Cephalothorace brevi^ l on gitudin aliter gibboso : ad latera dilatato , nigro, in medio rufescente albopilosoque ; palpis elongatis, exilibus , testa ceo-rufescentibus obscure fusco-annulatis ; mandibulis maxillisque glabris, fiisco-ru- fescentibus; labronigro . sterno fusco-rufescente nitido subti- lissimeque nigro marginato ; abdomine ovato , maxime gibbo- so , supra nigro-rufescente , in medio postice fusco-rufescente^ utrinque longitudinaliter vitta alba ornato inlusqne fortiter dentata^ infra rufescente , fucis brevibus nigris {Lon^i. ? mill. 3/4 lat., 1 mill.). Maris femina differf, Cephalothorace elongatiore palpis femoribusque nigris ; abdomine angusto , vittis atbis intus maxime profunde emarginaîis anticeque bialbo punctato (Long. 3 1/4 mill. , lat. I mill.). — M. Ch. Coquerel donne la description et la figure d'une nouvelle espèce de Buprestide du genre Polybothris , qui a été trouvée dans la cale de la frégate la Belle-Poule , et qui prove- nait sans doute du bois qu'on avait coupé peu de jours aupara- vant dans rîle de Nossi-bé (côte nord-ouest de Madagascar). Ce coléoptère, qui a reçu le nom de P. aureocyanea, a pour ca- ractères ; corps rugueux, fortement ponctué, d'un bleu foncé à reflets pourprés, couvert d'impressions enfoncées , dorées et garnies de poils jaunes. (Long. 42 mill., larg. à la base des élytres , 25 mill.). — Le même membre donne lecture d'une note contenant la description d'une nouvelle espèce de PhyUomorpha{P. Mada- gascar iensis), qui sera imprimée dans les Annales de la So- ciété. — M. L» Fair maire communique une notice sur le genre Halobates ; \\ fait quelques rectifications à l'occasion de cette coupe générique , et donne des détails de mœurs sur deux es- pèces , les H. flaviventris et sericeus , rapportés de Madagas- car par M. Gh. Coquerel. — Au sujet de ces deux derniers mémoires, une longue di.s- cussion s'élève , particulièrement entre MM. Amyoi , Ch. Coque- rel et L. Fairmaire , mais à laquelle prennent part plusienr.<4 membres de la Société , sur le système mononymique adopté par 1^<> RKVOK zooLOGiyuE. {Âwil 184S ) M. Amyot, dans son travail sur les Rhyigulpates de France^ pu blié dans les Annales de la Société pour ces dernières années. E. Desmarest. IV. MELANGES. On nous prie d'insérer la lettre suivante : Monsieur , Pernaettez à un ami de Gabriel Bibron de relever quelques inexactitudes qui se sont glissées dans le peu de mots que vous avez consacrés à sa mémoire. Sa perte sera vivement sentie comme vous le dites, dans toutes les Sociétés savantes qu'ont enrichies les travaux de ce jeune et ardent zoologiste ; homme à l'esprit investigateur, à la volonté puissante, d'une infatigable énergie , d'un caractère indépendant , d'un cœur chaud et dé- voué! S'il est vrai que malgré sa vigoureuse constitution , Gabriel Bibron ait succombé à des travaux qui dépassaient ses forces et peut-être les forces humaines, son ardeur seule l'y poussa; si fils de ses œuvres, comme la plupart des hommes de quelque valeur, il a dû lutter au début de sa carrière, ce n'est pas le découragement qu'il y avait rencontré ; loin de là, il n'eut qu'à se louer des savants qui l'avaient précédé. Le digne , l'excellent professeur Duméril lui tendit des mains amies. Traité comme un troisième fils par ce dernier , dont il était l'aide et le collabo- rateur pour la grande histoire complète des reptiles , membre de la Légion d'honneur, faisant partie de la Société philomatique, professeur dans une des premières Écoles municipales , Bibron voyait la vie s'ouvrir devant lui de plus en plus belle, lorsqu'il est mort, non à la peine, mais au champ d'honneur de la science, martyr d'un zèle qui ne connaissait pas de bornes. ONZIÈMB ANNÉE. — MAI lf)48. I. TRAVAUX INÉDITS. Observations sur VOrnithorhynque ; par M. Jules Verkeaux (l)» Familiarisé, dès ma plus tendre jeunesse, avec les voyages, j'en dois le goût à mon oncle , Pierre Delalande , savant distin- gué, encore regretté aujourd'hui, et qui m'emmena au cap de Bonne-Espérance en 1818. Pendant quinze ans , j'avais recueilli de précieuses observa- tions pour la science et rassemblé de riches collections, lors- qu'un naufrage vint tout m'enlever en un moment et détruire le résultat de mes travaux et de ceux de deux de mes frères. Je ne me laissai pourtant pas décourager , et je repartis bien- tôt après , chargé d'une mission scientifique par l'administration du Muséum de Paris dans le but d'explorer les diverses parties de la Tasmanie et de l'Australie. Mon premier soin fut, en arri- vant dans le premier de ces pays, de diriger mes observations sur un animal qui , depuis sa découverte, a été le sujet d'innom- brables discussions , non-seulement de la part des savants de l'Europe, mais encore des naturalistes des divers pays. L'accueil favorable que je reçus de son excellence sir John Franklin, gouverneur de la Tasmanie, et en général des habi- tants les plus recommandables de cette île , si riche encore en merveilles d'histoire naturelle , me fit espérer que je serais bientôt en état de poursuivre mes recherches avec avantage. Mes premiers soins furent donc de m'enquérir des lieux qu'ha- bitait ordinairement l'Ornilhorhynque, et voici ce que mes observations ont produit après quinze mois de séjour : puissent ces travaux venir combler une lacune si longtemps vacante, et (1) Un extrait de cet article intéressant a été lu à TAcadémle des sciences, dans sa séanco du 14 féTriei- 1848, par M Is. Geoffroy-Saint-Hilalre. M. Jules Verreaux, comme on le voit, ne s'est pas borné à faire des collections, si utiles «lu reste pour l'aTanoemeiii de la zoologie; il a fait beaucoup d'observations du genre de celle-ci, il a pris une foule de notes sur les mœurs des animaux supérieurs, des articu- lés, etc., et ses cahiers sont accompagnés d'excellents dessins faits d'après la nature vi- vante. Espérons que ces travaux, mille fois plus utiles que les Jolies impressions de voyage si chèrement payées à des littérateurs favoris, seront aussi pobliés. Cortaineraent leséloru- bratiuns de MM. les littérateurs sur la société et les salons des pays étrangers sont lrc!i- hoiiorables pour le pays et doivent être larpement payées, mais on doit aussi donner qtiel- >|ite tttose pour les recherches des savants. (G. -M ) Tome XI. Année 1848. i) 128 REVUE zooi.OGiQDE. {Mai 1848.) je m'estimerais heureux d'avoir contribué à l'avancement d'une science à laquelle j'ai consacré les plus belles années de ma vie. L'Ornithorhynque est un animal bizarre de structure, et offre de nombreuses analogies avec une foule d'espèces et même de classes différentes. Son organisation extérieure le rapprocherait en quelque sorte de la Taupe par le corps , du Castor par la queue et des Canards par le bec. Son organisation intérieure , plus étonnante encore , ressemblerait à celle de certains reptiles, et paraîtrait former un chaînon entre les Mammifères et les Sau- riens. L'Ornithorhynque, quoique assez abondant dans diverses lo- calités de la Tasmanie, aussi bien vers le nord que vers le sud, ne m'a paru nulle part aussi commun que sur les bords de la rivière de New-Norfolk ; là où les anses bordées de roseaux lui offrent un abri sûr et une nourriture abondante. Il m'est arrivé d'en tuer quelques individus sur les montagnes élevées, et surtout sur le mont Wellington, qui a plus de quatre mille toises de hauteur. J'ai remarqué par le petit nombre de traces que j'y ai observées que , pendant la saison des amours , l'Ornithorhynque s'aventu- rait seulement alors à franchir ces hauteurs couvertes de neige près de la moitié de l'année, et où l'air est toujours trop raréfié pour lui permettre un long séjour. L'Ornithorhynque habite toujours de préférence les lieux ma- récageux , et n'est pas cependant aussi aquatique qu'on pourrait le supposer d'après sa structure. Il se creuse des terriers pro- fonds , c'est-à-dire d'une grande étendue, à quinze ou dix-huit pouces au-dessous du sol tout au plus. Ces terriers comptent deux ou trois issues , et se subdivisent d'ordinaire en douze ou quinze branches ; le plus souvent une de ces issues communique en dessous ou sur le bord de l'eau afin de faciliter une retraite en cas de danger. Les terriers creusés dans des terres argileuses, quoique ayant un grand nombre de conduits, ne renferment or- dinairement qu'un seul nid placé tout à fait à l'extrémité la plus éloignée de l'eau , et 'dans un espace plus grand ; cet espace semble pouvoir contenir trois ou quatre de ces animaux. Le nid est composé de débris de roseaux et d'autres plantes aquatiques;, et forme un lit assez épais pour mettre les Ornithorhynques à l'abri de l'humidité produite par l'eau qui filtre sans cesse. L'Ornithorhynque , qui semble au premier aspect destiné à TKAV4DX mÉDlTS. ÏÔ^. iiTie vie entièrement aquatique , est cependant un excellent fouisseur; j'en ai vu qui , dans un terrain très- graveleux et très-dur, parvenaient en moins de dix minutes à se creuser un trou de plus de deux pieds. Pour cette opération , leurs mem- branes ante'rieures , si développées lors de la natation, subissent une curieuse transformation , disparaissent, et ne laissent à dé- couvert que des ongles puissants qui peuvent également servir ■à grimper lorsqu'il s'agit de franchir un obstacle. Dans l'attitude qu'il prend pour faire son nid , il serait plutôt possible de prendre cet animal pour une Taupe que pour un nageur. J*ai «té témoin de leur vivacité à creuser le sol dans les terrains vaseux qu'ils choisissent de préférence. Le bec sert d'abord à fouir la terre , puis les ongles manœuvrent ensemble. Une remarque digne d'intérêt et qui rapprocherait l'Ornitho- rhynque du Castor, c'est qu'à mesure qu'il creuse, il se sert de sa queue pour battre la terre afin de la consolider dans tous lei «ens. Pendant ce travail , l'animal tordu en forme de tarière tourne sur lui-même. La queue, mue par des muscles puis- sants, suit le mouvement. J'ai observé le fait sur plusieurs individus vivants que j'avais placés dans une caisse remplie de terre humide , et que je pouvais étudier à toute heure. Ces animaux nagent et plongent avec une facilité extrême* Leur nourriture se compose d'insectes aquatiques, de larves et de petites coquilles fluviatiles qu'ils cherchent parmi les herbes qui croissent en abondance sur les rives et parmi les roseaux. Néanmoins pendant mes veilles réitérées sur les bords ombra- gés de iNew-Norfolk, j'ai pu m'assurer qu'ils cherchaient le plus souvent au fond de la vase les larves que je rencontrai tou- jours en grand nombre dans l'estomac de chaque individu que je disséquais. Aussi me fut-il facile d'expliquer la présence de cette vase qui s'y trouvait sans cesse mélangée ; l'Omithorhynque ayant l'habitude de chercher dans cette dernière sa nourriture de prédilection. Je peux donc affirmer aujourd'hui que l'Omithorhynque n'est pas entièrement nocturne comme on l'avait supposé. Dans mes chasses , j'en ai observé plusieurs nageant par les plus fortes chaleurs; je dois dire cependant que ce fait n'a lieu que lorsque ranimai a des petits, et que néanmoins il semble prendre plu» de vivacité lorsque la nuit survient. Rien n'égale alors sa vi- 130 RKVOE zooLOGH^CK, {Mai 1848.) tesse, soit dans l'eau, soit sur terre. Dans l'eau il nage comm» un poisson, et sur terre il se meut avec une agilité remarquable. Quoique fréquentant les rivières, l'Ornithprhynque paraît préférer les anses où les eaux refoulées par les courants sont plus calmes et plus tranquilles ; là , il se plait à barbotter parmi les plantes ou à plonger pour aller chercher dans la vase ses aliments. J'ai observé qu'il ne pouvait cependant rester long- temps sans venir respirer l'air nécessaire à ses poumons. Enfin j'ai vérifié, par les individus que j'avais en ma possession, qu'ils étaient d'une intelligence supérieure à bien d'autres animaux. Pendant le mois de septembre , je parvins à découvrir que l'accouplement avait lieu dans l'eau. Caché soigneusement sous une cabane fabriquée exprès, et au fond de laquelle il me fal- lait rester des nuits entières sans oser me mouvoir, car l'Orni- fhorhynque est d'un naturel excessivement méfiant, je pus suivre tous leurs mouvements. Le mâle, après avoir poursuivi sa femelle plus d'une heure, finissait toujours par l'amener au milieu des roseaux. Là , se cramponant solidement à l'aide de son bec, il tenait fortement la peau du cou, tandis que les éperons s'appliquaient sur la partie postérieure. La femelle, tout en se débattant énergiquement, nageait et poussait des cris plaintifs qui offraient quelques rapports avec ceux d*un petit co- chon , et qui allaient toujours augmentant : l'accouplement du- rait cinq ou six minutes , ensuite les deux animaux jouaient ensemble pendant plus d'une heure. Le nombre dOrnithorhynques que j'ai possédé m'a parfaite- ment démontré que cet animal ne pond pas d'oeufs comme on l'avait supposé, mais qu'il est ovo-vivipare. Les ovaires, qui font partie de mes collections, le prouvent suffisamment. Ayant eu à ma disposition plusieurs femelles vivantes que je tenais dans ma chambre , et en ayant préparé d'autres dans l'in- tervalle , je ne tardai pas à reconnaître que les glandes mam- maires étaient de plus en plus développées, et que les jeunes que j'avais observés devaient encore se nourrir du lait qui se trou- vait en abondance dans ces glandes. La disparition subite des jeunes, et leur vitesse à reparaître à la surface de l'eau, me fit imaginer que le mode de nourriture approprié aux cétacés pou- vait bien avoir une grande analogie avec ce phénomène dont je cherchais la solution. i TRAVAUX I?IÉ1)ITS. 13t En effet , ayant placé une de mes feniallea dans l'eau , et lui ayant imprimé une forte pression sur les glandes qui n'ont au- cune trace extérieure , quelle fut ma surprise et ma joie de voir surnagera la surface une matière graisseuse, semblable à celle que j^a vais obtenue dans la femelle morte! Examinant alors à la loupe le tissu extérieur après en avoir rasé le poil , je n^y vis qu'une substance spongieuse tellement serrée , qu'il n'y avait point d'apparence de trous. J'examinai aussi avec le plus grand soin la structure des man* (libules du jeune, et la trouvant conforme à mes idées, je com- pris parfaitement comment il pouvait obtenir sa nourriture. Je redoublais d'attention et de soin, à force de persévérance, ayant à ma portée (toujours sur les rives de New-Norfolk) un nombre assez considérable d'adultes et de jeunes; je vis ces derniers accompagner leurs mères avec laquelle ils jouaient, surtout lorsqu'ils étaient trop éloignés du bord pour prendre leur nour- riture. Je distinguai très-bien que lorsqu'ils voulaient se la pro- curer, ils profitaient du moment où la mère se trouvait parmi les herbes aquatiques, à peu de distance de la terre, là où il n'y a aucun courant. La femelle ayant tout le dos à découvert , l'on conçoit aisément qu'une fois la pression fortement exercée, le lait surnageait à peu de distance, et que le jeune pouvait le humer avec facilité; chose qu'il fait en tournoyant afin d'en perdre le moins possible. Cette manœuvre est d'autant plus fa- cile à distinguer, qu'on voit le bec se mouvoir avec célérité. Je ne peux mieux comparer le liquide graisseux de la femelle, qu'aux couleurs irisées produites par les rayons solaires sur l'eau croupie. J'ai vu le même fait se répéter tous les jours et toutes les nuits. J'ai remarqué aussi que le jeune, lorsqu'il était fatigué , grimpait sur le dos de la mère , qui se dirigeait sur la terre , où il la caressait. Mon savant ami, M. le docteur Casy, qui habite le pays le plus propice à étudier l'Ornithorhynque, a trouvé deux nids de ces animaux; l'un contenait un petit, l'autre deux; ils étaient dépourvus de poils et possédaient une grande tigueur , eu égard à leur développement. Leur bec offrait une épaisseur qui ne rappelait en rien la forme du bec de l'adulte , court et large , et ï>ouvait envelopper dans cet état l'auréole cachée sous les poils de la mère pour amener le liquide graisseux. Les petits em- i2f Ri.v(:K Aooi.oGnjvE. {Mai 1848.) ploient une trituration continuelle qu'ils opèrent sur le ventre delà femelle, avec les pattes de devant et quelquefois avec celles de derrière. Au bout de quinze à vingt jours, les nouveaux nés sont cou- verts d'un poil soyeux et peuvent nager. Le sens de l'odorat paraît excessivement développé chez l'Or- nithorhynque ; aussi les narines qui se trouvent comme le reste des parties charnues d'une épaisseur méconnaissable dans le» individus préparés , sont-elles continuellement en mouvement. J*ai remarqué qu'il ne prenait jamais le moindre objet sans le flairer d'avance, et qu'il en était de même pour tous les corps dont il s'approchait. Les organes de la vue et de l'ouïe paraissent moins pronon- cés que dans beaucoup d'autres animaux, surtout le premier. On le comprend d'autant mieux , que ces animaux vivant en grande partie dans des terriers obscurs , et forcés de fouiller souvent dans la vase épaisse , leurs yeux deviennent par consé- quent , sinon inutiles , du moins de peu de nécessité , à peu près comme chez certains fouisseurs. L'Ornithorhynque, on le sait, se creuse des terriers qui lui servent de refuge pendant le jour, et que les mères quittent toutefois pendant la chaleur lorsqu'elles ont des petits, c'est-à- dire, depuis novembre jusqu'en janvier. Endormi, cet animal prend une pose des plus bizarres, on peut en juger par les indi- vidus déposés dans les galeries du Muséum et montés d'après nature. Dans cette pose, les pattes sont repliées sur elles-même , la tête, ou plutôt le bec, vient joindre la partie postérieure, et le tout se trouve recouvert par la queue large et velue , ce qui lui donne l'apparence d'une boule tronquée un peu en arrière. Lorsque l'Ornithorhynque n'est pas effrayé et qu'il se trouve sur le sol , il lui arrive souvent de se dresser , alors les pattes de devant sont pendantes , et la queue sert de point d'appui ; la tête tourne dans tous les sens , et les reins paraissent courbés en demi-cercle. Les poses données par les préparateurs man- quent en général de naturel , ils placent toujours à plat les pattes de devant, qui ne touchent jamais le sol, puisqu'elles ont en quelque sorte la même disposition que chez la Taupe. Quant aux crochets quj arment les membres postérieurs du maie, et qui , chez la femelle, sont rudimcntaires , ils n'ont d'autre des- TRAVAUX INÉDITS. 138 tiiiatioii , diaprés moi, que de maintenir la femelle pendant Pacte de la copulation. Les expériences souvent réitérées à diverses époques m'ont attesté que ces crochets n'avaient rien de nuisible. J'ai même observé qu'en tracassant l'animal, jamais il ne cherchait à s'en servir comme moyen de défense. Je dois ajouter cependant que malgré l'authenticité des glandes et des conduits qui communiquent à l'extérieur , et que j'ai parfaitement reconnus , jusqu'à ce jour je n'ai pu m'en expliquer l'usage. La matière qu'elles contiennent est d'un jaune olive et excessivement graisseuse. L'Ornithorhynque qui , par sa structure informe , paraîtrait ne posséder aucune intelligence, est cependant susceptible de recevoir de l'éducation. Plusieurs individus, que j'avais acquis vivants, étaient devenus tellement familiers que, la nuit, l'un d'eux cherchait parfois un asile jusque dans mon lit lorsqu'il pouvait y grimper en s'adossant au mur. Comme j'avais pensé envoyer ma grande collection d'animaux vivants au Muséum de Paris, je m'étais attaché à obtenir le plus grand nombre pos- sible d'Ornithorhynques, et j'étais arrivé au but proposé pour les expédier en changeant le mode de nourriture de chacun d'eux. Ils mangeaient très volontiers du riz crevé, mélangé de jaune d'oeufs, et paraissaient même préférer , au bout d'un certain laps de temps , cette nourriture aux insectes et aux larves que je plaçais dans leur cage. J'ai remarqué que, chez moi , l'Ornithorhynque ne prenait ses repas que pendant la nuit, et que si l'on venait à le déraur ger, il grognait en indiqnant son mécontentement, et se livrait même à des accès de colère. Je dois ajouter que malgré la grande différence qui existe dans la plupart des Ornilhorhynquea, je n'ai observé qu'une seule et même espèce en Tasmanie. Quant aux jeunes, les poils sont toujours plus longs, plus soyeux et plus clairs de ton, tandis que çhçz les adultes, ils varient suivant les saisons. Je me suis assuré que des spéculateurs les dénaturaient en les peignant fortement pour en extraire les longs poils du corps afin d'en fabriquer trois ou quatre espèces différentes pour tromper les acheteurs. I 134 REVLK zoOLOGiguK. {Mui 1848.) J'espère néamoins que le grand nombre d'individus que je suis arrivé à obtenir servira à détruire celte erreur. Il faut dire aussi que pendant les froids de l'hiver, rOrnithorhynque reste parfois plusieurs jours sans sortir de sa retraite , et que sa graisse seule peut lui suffire à supporter la faim pendant toute cette période. J'ai également remarqué chez eux deux petites glandes pla- cées de chaque côté de l'anus , et contenant une matière grais- seuse légèrement odoriférante. Ces glandes servent-elles à éloi- gner leurs ennemis , ou à d'autres usages? Sur le Spizaëtus tyrannies , Tem. ; par M. de Lafresnaye. Les efforts de notre zélé collègue, M. 0. Des Murs, pour éclaircir un fait douteux d'ornithologie , l'identité ou non du Spizaëtus Braccatus (harpya braccata Spix) , avec le Spizaëtus tyrannus (autour tyran de Temminck , col. 73) , nous ont en- gagé à en faire nous même de nouveaux pour lui venir en aide dans cette circonstance. Un moyen se présentait, c'était d'acquérir de M. Lefebvre, marchand naturaliste, l'exemplaire regardé comme femelle adulte du Spizaëtus tyrannus , par M. 0. Des Murs , et qui lui avait servi d'objet de comparaison dans son dernier article sur ce sujet (Rev. zool. 1848 , p. 35). Devenu propriétaire de cet exemplaire, il nous restait à éta- blir entre lui et les deux que nous possédions déjà , et que nous avions regardés comme mâle et femelle du tyrannus , des com- paraisons nombreuses de leurs différentes parties. iNous dirons d'abord, comme nous l'avions déjà mandé à M. 0. Des Murs (ce qu'il a relaté dans son article, Rev. 1847, p. 35), qu'un de nos deux anciens exemplaires que nous avions re- gardé jusque-là comme mâle à peu près adulte du S. tyrannus , ne diffère pour ainsi dire en rien , quant aux proportions et à la coloration, de la description qu'il a donnée de celui du Musée qu'il regarde comme le S, braccatus adulte (Revue 1847, p. 324). Nous regardons donc comme identiques et comme deux mâles ces deux individus. Notre second exemplaire , que nous avons toujours regardé comme femelle du premier, vu le plus TRAVAUX INÉDITS. 135 grand développement de ses pattes et de son bec, est loin ce- pendant de nous présenter les dimensions de l'individu mâle , mesuré en chair, aussitôt aprèssa mort, par le prince de Neuwied, de ceux du cabinet des Pays-Bas observés par Temminck , et enfin du dernier que nous venons d'acquérir. Il résulte de cette différence, très-marquée, qu'il y aurait parmi ces divers individus deux espèces distinctes comme l'a judicieusement pensé M. 0. Des Murs , différant en taille d'une manière remarquable, que l'exemplaire mâle du Musée, et les deux individus mâle et femelle que nous possédions forment la petite espèce , celle regardée comme le Braccatus de Spix , par M. 0. Des Murs, tandis que celui tué par le prince de Neuwied , ceux du cabinet des Pays-Bas , décrits par Temminck , col. 75 , et enfin celui que nous venons d'acquérir formeraient la grande espèce , le véritable S. tyrannus de Temminck. La coloration ne nous a pas offert de dissemblance assez mar- quée pour y trouver une base suffisante et certaine de distinc- tion spécifique. Mais la grande supériorité de taille chez le Ty- rannus^ sa plus grande longueur des ailes comparée à celle générale de l'oiseau et à celle de sa queue, ne nous ont guère laissé de doute sur la distinction spécifique proposée par M. 0. Des Murs. Les mesures comparées et rapprochées dans le tableau suivant, des divers individus décrits jusqu'à ce moment, vont mettre le lecteur à même d'apprécier ces différences. Longueur totale des divers individus , depuis l'extrémité du bec jusqu'à celle de la queue (I). Pieds. Pouces. Lignes. 1° L'individu mâle tué et mesuré en chair par le prince de Neuwied. . . . 2 2 8 2* Les divers individus du Musée des Pays-Bas d'après Temminck de. . . 2 2 0 a. . . 2 4 0 3° L'individu que je viens d'acquérir en peau 2 4 0 4" L'individu monté du Musée regardé comme mâle 1 10 4 (1) Je me sers de la mesure par pieds et pouces pour plus de facilité de comparaison . TU que c'est celle qn'oat employée le prince de Neuwied et M. Teoiroinck , dans leurs descriptions cl après. i ^3<> RKVOE zooLOGiyuK, {Mui 1848.) Ôo Mua aucien individu mâle presque adulte. I 11 0 6° Mon ancienne femelle jeune âge à peine 2 0 0 On voit, d'après ce tableau, que notre exemplaire dernière- ment acquis et que nous regardons comme identique avec ceux du Musée des Pays-Bas et avec celui du prince de Neuwied , n'a en longueur totale que seize lignes de plus que ce dernier , et si l'on considère que le nôtre est en peau assez plate et distendue dans le sens de la longueur comme elles le sont presque toutes , tandis que celui du prince de Neuwied était en chair comme on peut s'en convaincre (Revue 1 848, p. 36), on supposera avec toute probabilité , qu'avant d'être dépouillé , notre exemplaire devait être en chair plus court qu'il n'est maintenant d'au moins ces seize lignes , s'il ne l'était de plus , et que ce devait être, d'après cette conformité de taille, un mâle comme lui plutôt qu'une femelle, comme l'a supposé M. 0. Des Murs. Du reste on doit remarquer que la seule différence en longueur totale entre l'exemplaire du prince de Neuwied , ceux du Musée des Pays-Bas et le nôtre , dernièrement acquis , n'excède pas deux pouces , ce qui sem- blerait provenir des différents sexes entre eux, tandis que le mâle adulte monté du Braccatus du Musée et le nôtre , offrent une différence de trois pouces huit lignes avec le mâle du prince de Neuwied , et que notre ancienne femelle , à la vérité non encore adulte , est plus petite que lui de près de trois pouces. Il résulte encore de ces observations que notre exemplaire , der- nièrement acquis, étant très -probablement un mâle comme celui du prince de Neuwied , d'après ses rapports de taille et de coloration , M. Temminck n'ayant point indiqué les différences de sexe , le plumage de la femelle ne serait encore ni décrit , ni distingué par aucun auteur. Nous allons donner maintenant la longueur des ailes et de la queue des individus chez lesquels ces parties ont été mesurées. Longueur de Vaile ployée. Long, de la queue. Pieds. Pouces. Lignes Pieds. Pouces. Lign. Le mâle du prince de Neuwied. .14 2 2 6 Mon individu, le dernier acquis. i 5 3 i i Mon ancien mâle i 2 6 1 1 Celui du Musée lO lO Mon ancienne femelle i 3 6 il TRAVAUX INEDITS. 137 On voit par le tableau ci-dessus que chez le 6'. tyrannus , l'aile est plus lungue , comparée à la longueur totale, que chez le Braccatus , et qu'elle Test surtout comparée à la queue chez le même oiseau, car chez notre Tijrannvs, dernièrement acquis, elle est plus longue de quatre pouces chez un oiseau de deux pieds trois à quatre pouces , tandis que chez notre ancien mâle adulte, elle l'est de trois pouces six lignes, ce qui est plus à proportion, cet oiseau n'ayant de longueur totale que un pied onze pouces. Nous n'avons pu établir la même comparaison chez l'exemplaire du prince de Neuwied , vu que les deux pieds deux pouces six lignes qu'il donne à la queue de son oiseau sont évi- demment une erreur de typographie , puisque l'oiseau entie» n'avait, selon lui*, que deux pieds deux pouces huit lignes de longueur; chez mon ancienne femelle, la différence est de quatre pouces six lignes, ce qui surpasse de six lignes celle existant chez l'oiseau de Temminck, plus grand qu'elle de deux pouces huit lignes. Il est donc positif que la différence de longueur entre l'aile et la queue est bien plus sensible chez le Braccatus , quoique plus petit, que chez le Tyrannus, d'où il doit résulter que chez ce dernier dans l'état de repos , les ailes ployées doivent descendre plus bas, sur la queue, que chez le premier, comme l'a encore très-bien remarqué notre honorable collègue M. 0. Des Murs. Quant à l'ensemble des formes , je crois remarquer que le Ty- rannus a proportionnellement la tê(e et le bec plus petits, les pattes plus courtes et plus faibles, les ailes plus longues et la queue plus développée en largeur surtout , ce qui lui donne un peu le faciès d'un Milan, tandis que le Braccatus conserve plu- tôt celui d'un Spizaëte. Pour ce qui est de la coloration , les seules différences que j'aie pu y remarquer sont dans le blanc des parties inférieures moins étendu et moins marqué chez le Tyrannus. Ainsi , tandis que chez le Braccatus mâle et femelle , jeune et adulte, les couver- tures alaires inférieures sont d'un blanc de neige , terminées et Ira^ versées d'une ou deux bandes noires seulement et espacées, d'où il résulte qu'il y a beaucoup plus de blanc que de noir chez l'a- dulte surtout; chez le Tyrannus, au contraire, les mêmes cou- vertures sont noires avec de petites taches blanches irrégulières, et offrent par conséquent beaucoup plus de noir que de blanc. <38 RKVDt zooLO(;igOK. [Mai 1848.) 11 en est de même des plumes du tibia formant la culotte chez mes deux exemplaires du Braccatus , elles présentent des taches blanches allongées occupant toute la largeur de la plume et for- mant, par suite, des bandes régulières blanches , ce qui se re- marque aussi sur celles du tarse. Chez mon exemplaire du Ty- rannus dernièrement acquis , au contraire, ces taches sont plus espacées, plus linéaires transversalement, laissant entre elles un espace noir notable vers le rachis,d'où il résulte qu'elles ne forment point de bandes continues et sontéparses, au contraire, sur le noir de la culotte, en forme de chevrons brisés. Chez lui également , les mêmes taches sont plus petites sur les plumes du Harse , arrondies , éparses sur le fond noir , et ne forment point, comme chez le Braccatus , des bandes alternativement noires et blanches , où le blanc paraît même dominer. Nous avons encore remarqué que chez notre exemplaire fe- melle, non encore adulte, du. Braccatus , les rectrices sont traversées comme chez l'adulte par de larges bandes grises mar- brées , alternant avec d'autres de couleur noire ; mais chez elle , le gris est teinté de roussâtre et les bandes sont plus étroites, celles marbrées comme les noires, d'où il résulte que chez ces individus non adultes , la queue aurait deux bandes de plus que chez l'adulte. Notice sur les mœurs et les habitudes et quelques espèces de Formiciens des climats chauds; par M. le docteur Delacoux. Depuis Geer , l'histoire des Formiciens n'a fait que bien peu de progrès ; si la nomenclature s'est accrue et perfectionnée , si de nouvelles espèces ont été mentionnées, la connaissance de l'organisation , celle des mœurs et des habitudes de ces ani- maux est restée au même point, ou bien ce qu'on leur attribue n'est souvent que traditionnel. Les entomologistes qui nous ont donné des monographies complètes, tels que Huber, de La- treille , n'ont encore parlé que des espèces de nos climats. Quoique ces auteurs , sans en excepter Lund , aient mentionné diverses Fourmis des pays chauds, il n'ont pu procéder à leur classement que par voie de rapprochement et d'analogie , non d'après des données ethnologiques qui , dans l'histoire des in- sectes, sont aussi essentielles que l'organologie. TRWADX INÉDITS. 139 L'attention de tous les voyageurs , de ceux même les plu» étrangerâ aux sciences naturelles, est appelée par la grande quantité, les nombreuses variétés du règne formique dans cer- taines régions équatoriales. La curiosité, l'intérêt portent et obligent les passants à noter les habitudes de cette multitude d'insectes qui disputent à l'homme le point qu'il habite, lui ra- vissent sa subsistance du jour quand il n'est pas dans un seul instant dépouillé des fruits de ses labeurs d'une ou de plusieurs années. L'expérience seule peut nous convaincre que dans beaucoup de lieux , en pays chauds , une seule fraction du règne animal est plus que suffisante, comme objet d'étude, pour absorber toute la carrière de l'observateur le plus actif et le plus habile. Là certaines espèces reparaissent et se renouvellent à chaque pas, à toutinstant ; telles sont les Fourmis. Pour traiter ce sujet ,' il faudrait un siècle , une persévérance et un courage au- dessus des conditions normales de l'homme; partout il y a des difficultés et des obstacles à vaincre , sinon des dangers à éviter. Sous l'équateur , la nature est si brusque dans ses actes qu'il n'est guère possible de suivre toujours l'enchaînement de ses opérations régulières ou anormales, de remonter au point de départ des faits pour arriver au terme final , à l'accomplisse- ment des phénomènes fonctionnels. C'est surtout l'histoire des Formiciensqui renferme et présente le plus de particularités et d'excentricités phénoménales. Cette division du règne entomo- logique dans nos climats est soumise à des lois constantes et ré- gulières ; les caractères dans l'espèce sont plus uniformes , les nuances moins variées, les dimensions sont plus rapprochées, les habitudes de reproduction sont plus constantes que dans les pays chauds. Ici tout est différent : proportions exagérées du moins au plus, ce qu'on ne retrouve point dans une autre tribu d'insectes; nuances variées, toutes celles qui se trouvent entre le blanc de lait, le rouge pourpre, le jaune, jusqu'au noir le plus foncé. Au point de vue ethnologique, à la manière dont se comporte le règne formicide dans les pays chauds , tout pa- raît être insolite comparativement à ce qu'il est dans nos région* tempérées et froides. no RKvrK zmir.oGiQDE. {Mat 1848.) l. A, Doit-on ranger parmi les Formiciens celte espèce où les troia jîenres d'individus semblent se confondre? du moins ne distin- gue-t-on point les sexes de prime abord. Cette fourmi, en dé- rogeant aux mœurs des autres , semble former l'aristocratie de l'espèce; plus ingénieuse aussi , elle se construit des abris somp- tueux et élégants en même temps pour y vivre en république et s'y procréer. Dédaignant de ramper sous terre , redoutant les intempéries, particulièrement l'ardeur du soleil, tantôt elle pénètre dans la demeure des hommes, tantôt elle se construit sur les arbres une sorte de ruche de manière à éviter l'intensité de l'action solaire. Il fallait de plus à cet insecte un autre moyen de transport que ses pattes, dont il ne se sert qu'accidentellement en dehors de sa demeure habituelle. Tous les individus sont pourvus d'ailes petites et effilées, dépassant à peine latérale- ment et postérieurement l'abdomen ; tous sont de même gros- seur et affectent les mêmes formes : tête triangulaire et carénée qui semble se confondre avec le corps ; pédicule très-court ; ab- domen allongé et aplati , semblable à celui de certaines punaises délits. Cette espèce de fourmi , qui se trouve plus abondam- ment dans les contrées chaudes et humides, sujettes aux inonda- lions, est un commensal dont il est difficile de se débarrasser ; élisant son domicile bien souvent dans les maisons , particuliè- rement dans celles couvertes de feuilles de palmier , pour être mieux à l'abri delà chaleur toujours excessive. Elle se construit une ruche irrégulièrement sphérique ou ovoïde qu'elle fixe sous Je faîte de l'habitation, embrassant une ou plusieurs membrures de la charpente. Cette ruche est de terre glaise admirablement choisie et bien pétrie, très-friable à l'état de dessiccation. L'inté- rieur de l'édifice est divisé en une multitude d'alvéoles ou plu- tôt de loges irrégulières qui communiquent à une série d'ar- tères , celles-ci venant aboutir à une voie plus large qui traverse le grand diamètre de la masse pour en sortir ensuite sous forme de voûte allongée, aussi en maçonnerie. Ce conduit, établi sur des pièces de charpente que souvent il contourne en spirale , débouche , après une longueur de dix ou douze mètres quel- quefois, en dehors de l'habitation , en descendant jusqu'au ni- veau du sol. Plusieurs fois j'ai détruit ce conduit dans plusieurs TRAVAUX INÉDITS, 14i points de sa continuité, mais en peu d'instants le dommage a été réparé. Je n'ai jamais pu rigoureusement déterminer les époques de la reproduction dans l'espèce, mais je suis autorisé à croire qu'elle ne s'effectue point à des périodes fixes, et qu'ici comme chez tous les insectes des pays chauds, la destruction comme la reproduction sont incessantes, de même que pour tous les règnes de la nature vivante. Dans toutes les saisons, j'ai recon- nu que dans les ruches de cette fourmi il existait en même temps des œufs, des larves, des nymphes , des jeunes et des adultes de tous les genres. Un de ces nids, pendant un ouragan violent, se détacha en totalité et tomba sur mon lit, moi y étant. Dans l'examen des débris , je reconnus qu'il devait être très-ancien , car indépendamment de la génération parfaite, il contenait une grande quantité d'ailes brisées et entières. Je dus inférer de l'état des choses que déjà ce nid avait vu se succéder plusieurs générations. Cette catastrophe ne fit point abandonner les lieux à ce peuple infortuné, qui aussitôt se remit à l'œuvre; et en huit jours un autre édifice neuf avait succédé à l'ancien. J'ai voulu suivre les mouvements de ce formicienet ses révolutions organiques ; j'ai voulu savoir si quelquefois ses ailes , qui m'ont paru persistantes, servaient à son déplacement, mais je n'ai jamais pu le surprendre à s'en servir. Les habitants des campagnes délogent cet insecte autant qu'ils le peuvent , l'accu-w sant très-injustement de piquer et de ruiner les charpentes dé leurs maisons. Hors des habitations se trouve aussi cette même fourmi , dans les bois et les lieux ombragés. Là également elle se construit des abris qu'elle fixe aux troncs des petits arbres ou à une branche, ayant toujours le soin, pour mieux consolider l'édifice, d'em- brasser tout le support. Les mœurs et les habitudes de ce formicien sont encore , pour nous, en grande partie inconnus. Sa couleur est d'un jaune obscur; ses ailes sont blanches et diaphanes et toujours plus longues que l'insecte. La persistance des ailes , l'absence du genre neutre, sont-ce là des particularités exceptionnelles et exclusives à cette espèce de fourmi ? Je ne le crois pas. L'espèce suivante va aussi nous offrir des caractères de rapprochement avec celle-ci, et des particularités d'exclusion; toujours dans les conditions de simple aperçu. ti'i REVUE 7.OOLOGI0UE. (Mai 1848.) B. Une espèce qui n'a point été signalée est celle qu'on pour- rait appeler fourmi à miel , observée et recueillie à Cuernavaca, dans les environs de Mexico , par M. le colonel de Latruplinière. Quoique j'aie vue cette fourmi , je ne saurais en parler que d'a- près cet habile naturaliste. Elle est de la taille des plus grosses de nos haies , moins allongée cependant , son abdomen est plus grêle , velu et presque noir ; ses ailes sont blanches avec des ner- vures peu prononcées , légèrement plissées longitudinalement; elles semblent être persistantes et appartenir à tous les sexes. La fourmi à miel s'établit au pied des arbres creux ou dans les racines ; convertissant les cavités qu'elle a élues pour de- meures en véritables ruches garnies de rayons. Ces rayons ne portent des alvéoles que sur une seule face; ces alvéoles sont arrondies et moins grandes que celles des abeilles. M. de Latru- plinière a eu le bonheur de recueillir et de conserver plusieurs de ces rayons avec le miel. Celui-ci a la consistance de la mé- lasse, sa couleur est d'un jaune foncé , sa saveur est douce, mais elle laisse un goût âpre et un arôme qui a quelque analo- gie avec celui de l'ail. Il est à regretter que jusqu'à ce jour M. de Latruplinière n'ait pas voulu enrichir les annales de la science de cette curieuse découverte et de beaucoup d'autres encore qui lui sont propres. • Ces deux espèces de formiciens méritent à tous égards d'être étudiées , ainsi que quelques autres que j'ai vues passagèrement, et dont je ne me hasarderai point de parler. Autant les deux premières sont inoffensives , autant sont dangereuses quelques autres qui pullulent dans les mêmes régions. Une multitude d'espèces diverses différant de couleur , de volume, de force et d'agilité , couvre pour ainsi dire certaines contrées, où, sans exagération , les Fourmis se trouvent si abon- damment que l'on pourrait souvent parcourir plusieurs myria- mètres en tous sens , sans jamais les perdre de vue un seul instant. Cette masse incalculable n'était-elle pas nécessaire pour détruire une plus grande masse encore d'autres insectes nuisibles par leur abondance, dont la destruction journalière aurait bientôt couvert le sol de leurs débris, et la décomposition putride empoisonné l'atmosphère ; pour anéantir ces myriades TRAVAUX nÉDlTS. H3 <1« Urvesque ces mêmes espèces laissent avec la vie; pour dé- vorer ces restes d'animaux divers qui n'existent que pour servir de proie à d'autres? Ces masses de Fourmis enfin ^ ne semble- raient-elles pas être là tout exprès pour arrêter une multiplica- tion dangereuse? Ce peuple dominateur, après s'être gorgé de la substance de tant d'autres, vient à son tour payer son tribut à cette nature prévoyante , qui tout d'abord s'était montrée si généreuse. Viennent les inondations immenses qui reculent pour ainsi dire les bornes de l'Océan , ces déluges périodiques qui viennent anéantir pour quelques temps l'univers entomolo- gique , toutes ces masses de formiciens disparaissent pour un moment. Les individus les plus alertes et les plus prévoyants échappent à ce cataclysme universel ; ils se sauvent sur les arbres, s'introduisent dans les habitations pour attendre que le seul ennemi qu'ils aient cesse ses fureurs , pour gagner aussitôt le sol natal , rétablir leur demeure , et suivre les mêmes instincts que les générations passées. C'est principalement dans les temps de ces inondations que les maisons voisines des fleuves , des rivières , des ruisseaux et des lacs sont envahies par des myriades de Fourmis d'espèces si variées, qu'il serait difficile de leur assigner une classification régulière. C'est dans ces moments qu'elles pénètrent dans les lits, dans les meubles les mieux joints, qu'elles se jettent sur tout ce qui sert à l'alimentation, plus particulièrement sur le sucre et les corps gras. Elles se sont bientôt pratiqué des clapiers dans les murs et dans le sol des maisons. Sans ordre et sans préparatifs, elles déposent leurs œufs partout où elles trouvent un abri. Du matin au soir on en trouve des dépôts dans les creux des matelas qui servent de coucher, dans les malles qui contiennent des effets à l'usage du corps, dans les replis d'un vêtement qu'on a oublié. D'autre part , quelque précaution qu'on puisse apporter , il est presque impossible de préserver les aliments de l'infestation des Fourmis. Dans tous les lieux, et partout en terre chaude, on est obligé de suspendre, au moyen de cordes, des planches et des paniers pour y déposer les mets et les viandes. Cette pré- caution est encore insuffisante pour les préserver de leur atteinte, car par les murs et les solives elles arrivent bientôt an point où la corde est fixée , et au moyen de celle-ci , elles Tome Xf. Année 18^8. 10 144 RKVUE zooLOGiyuR. (Mai 1848.) descendent jusqu^à l'objet qui les allèche. Comme les habitants de ces contrées sont peu soucieux et peu scrupuleux sur la qua- lité des choses qui servent à leur alimentation, ils font peu at- tention à les conserver intactes et propres. Il est donc fort ordi- naire parmi eux de voir leurs boissons , leurs aliments et tous les mets infestés de Fourmis. La question d'histoire naturelle des espèces de Fourmis qui inquiètent Thomme dans la vie domestique , n'est point l'objet de cet écrit ; je me propose seulement de les signaler dans leurs habitudes et les mœurs qu'elles affectent dans l'intérieur des maisons où elles se réfugient, soit accidentellement, soit qu'elles y habitent constamment en s'y reproduisant. C. Parmi les espècesqui semblent ne jamais abandonner la de- meure de l'homme , on doit signaler une petite Fourmi noire qui , avant d'en venir à cet état , a passé par plusieurs nuances qui ont donné lieu à des erreurs sans nombre. Cette Fourmi recherche les coins et les lieux les plus obscurs pour y déposer ses œufs. C'est entre les planches des lits et dans l'intérieur des meubles, comme je l'ai déjà dit, qu'elle cherche un abri à sa progéniture. J'étais toujours mis sur la voie de ces dépôts en voyant et en suivant la tramée d'allée et de venue ; mais le point de réunion générale était toujours fort éloigné de celui de la ponte , qui n'a que la durée nécessaire pour l'accomplis- sement de la reproduction. Il y aurait donc, dans beaucoup de cas, cette différence entre les Fourmis des climats chauds et celle de nos pays , que pour les premières le lieu du rassemble- ment n'est point le seul et unique lieu où s'accomplissent toutes les phases de leur existence comme dans celle-ci. Dans les pays chauds, comme la reproduction est incessante , il faut encore croire que la trop grande multiplication encombrant le domicile primitif, plusieurs bandes s'en séparent pour aller procréer autre part. Quoiqu'il en soit, il est toujours difficile de mesurer la distance qui sépare le nouveau dépôt de l'ancien. Les traî- nées décrivant des contours en zigzag dans tous les sens^sur les murs des maisons ou sur le sol , sous lequel elles pénètrent en- suite par une ouverture , souvent imperceptible , pour passer dans une autre maison et successivement. C'est ainsi qu'établis, il n'est plus guère possible de se débarrasser, au moins pour longtemps, de ces hôtes incommodes. i TRAVAUX INÉDITS. U^ Quand on arrivre à découvrir leurs nids épars, on les détruit naturellement ; mais tous les œufs qui échappent à la destruc- tion sont emportés en un clin d'œil par les individus qui en pre- naient soin ou qui se trouvaient dans le voisinage et vont choisir un autre lieu de dépôt. Dans une caisse d'instruments de chi- rurgie, je découvris d'abord un nid d*œufs de ces mêmes Four- mis , que je respectai et qui s'accrut insensiblement en peu de jours : il y avait déjà des milliers d'œufs de diverses grosseurs : les plus petits ne pesaient pas plus d'un milligramme et les plus gros de 2 à 3. Il y avait déjà trois jours que j'observais l'accrois- sement de ce dépôt , quand le quatrième tout avait disparu. La plus grande partie de ces œufs avait été enlevée; les plus gros restaient, ceux qui n'avaient pu passer par les fissures de la caisse, qui avait été plus hermétiquement fermée. Sans aucun doute , cette ponte était partiellement celle d'une bande qui s'était séparée de la grande tribu, de laquelle elle a dû se rap- procher ensuite , quand la ponte générale a été effectuée, pour réunir le produit total. Ce produit total est enfoui sous terre et soustrait à l'humidité et à une trop forte chaleur. Ces Fourmis « sorties de l'état de nymphe , se montrent par tramées épaisses et d'abord presque imperceptibles et blanches, passent ensuite au jaune , au fauve et au noir d'ébène, et commencent à se repro- duire. Pendant les deux premières périodes de leur développe- ment elles paraissent plus voraces qu'elles ne le sont à l'état adulte , et elles recherchent avec avidité les viandes et les choses sucrées ; rien ne peut échapper à leur voracité. Un grand nom- bre , sans avoir jamais pu en connaître la cause , n'arrive point à l'état adulte , car à cet état on n'en voit jamais autant que de jeunes. Mais ce que l'espèce semble avoir perdu du côté de la quantité, elle paraît l'avoir gagné en industrie. Dans un bassin plein d'eau on isole un objet qui les attire , un sucrier ou un mets ; elles se précipitent vers le vase isolant , en garnissent les bords etsemblent délibérer un momentsur le moyen d'atteindre leur proie. Les plus hardies se précipitent dans l'abîme et nagent vers le but qu'elles veulent atteindre ; beaucoup sont victimes de leur imprudence ou se sont sacrifiées aux intérêts du peuple , alors leurs corps surnageant servent de point de repos à d'autres qui ont le même sort ; un pont finit par s'établir à l'aide de leurs cadavres et le reste a bientôt envahi la place. Les commii- i46 HEvuE ZOOLOGIQUE. [Mai 1848.) nications ainsi établies ^ les allées et les venues durent tant qu'elles ne sont point interrompues par quelque accident. Ces Fourmis vagabondes vont et pénètrent partout, dans les lits, alléchées par l'odeur animale de certains dormeurs, ou pour faire leur profit de quelques cadavres de Moustiques qui sont tués dans les agitations qu'ils nous causent. Les habitants des pays chauds, pour que leurs lits ne soient point infestés, placent les pieds dans des cassolettes de fer blanc pleines d'huile ou de goudron. Ces moyens d'isolement sont insuffisants; l'une des cassolettes est bientôt pleine d'insectes et leurs cadavres servent de pont aux retardataires. J'avais pensé que l'onguent mercuriel était un rempart plus inexpugnable : en effet, je reconnus que les Fourmis franchissaient moins rapidement cet obstacle , mais elles finissent toujours par se frayer un passage. Cette même Fourmi fait le désespoir des épiciers et des fabricants de sucre. Dans les sucres bruts on les trouve en si grande quantité qu'on est obligé d'en tenir compte, quant au poids; aussi est on obligé de laver ces sucres et de s'en servir sous forme de sirop. Quelque épurés qu'ils soient encore, ils conservent toujours une saveur désagréable et une odeur de Fourmis, ce qui rend les fruits confits et les préparations sucrées peu agréables au goût. Si ces insectes sont incommodes et nuisibles, ils contribuent néanmoins à débarrasser les habitations d'une foule d'autres ani- maux non moins inquiétants. C'est par leur présence que les mai- sons se trouvent purgées des scorpions , des araignées , des blat- tes, insectes infects et dégoûtants qui pullulent dans une progression effrayante là où il n'y a point de Fourmis , comme à bord des navires. D. Après cette Fourmi noire , qui paraît être essentiellement casanière , il s'en présente une autre en attroupements moins nombreux , mais plus dangereuse, de même taille, un peu plus allongée, d'un millimètre de longueur ; d'un jaune foncé tirant sur le rouge , moins véloce que la première. Elle recherche prin- cipalement les corps gras oléagineux , elle mord cruellement, se cramponne à sa proie et ne la lâche plus; sa piqûre cause une douleur brûlante qui est suivie de rougeur, de gonflement, d'in- flammation et d'un prurit incommode; souvent succède un bouton suppurant très-douloureux. Cette Fourmi semble errer à l'aventure et n'arrive point au but qu'elle cherche par des Iraî- TRWADX HEDITS. l47 nées régulière», mais par des détours infinis; il est donc difficile de la suivre de son point de départ au lieu où elle veut arriver. Elle est douée d'un odorat très-subtil ; une goutte d'huile échap- pée par hasard attire bientôt une multitude. Cette Fourmi est; très-dangereuse pour les enfants en bas âge qu'on abandonne seuls dans leurs berceaux. Mon propre enfant, qui n'avait que vingt mois aux temps de mes tribulations, avait été placé seul dans une chambre isolée , quand au milieu de la nuit je fus éveillé par des cris perçants. D'abord je ne tins compte de ces cris, mais, forcé d'en connaître la cause , je fus saisi d'épouvante de trouver la créature en proie à un essaim de ces mêmes Fourmis, dont j'eus beaucoup de peine à le débarrasser. Le lendemain, le corps de mon malheureux enfant était couvert de gros boutons, qui lui causèrent une fièvre violente qu'il garda 48 heures. Ces Fourmis assassines ne sont point les seules qu'on ait à redouter, commej'aurai occasion de ledireencore.Cesontcelles là aussi qui attendent le terme de l'incubation des poulets pour les dévorer. Dans beaucoup de contrées, c'est avec la plus grande peine qu'on peut préserver les couvées, car ces insectes se précipitent vers leur proie aussitôt que la coquille offre une issue. C. Cerfainesespèces qui ne quittent point les bois sont peut-être encore plus terribles que celles qui pénètrent dans les habita- tions. Plusieurs fois des individus égarés ont été victimes et assas- sinés par les Fourmis. 11 fut dans le temps de notoriété publi- que, en 1834, qu'un jeune homme appartenant à une famille très-recommandable de Reims, allant de Tampico à Mexico, ayant eu l'imprudence de descendre de cheval pour se reposer au pied d'un arbre , fut assailli par les Fourmis et dévoré com- plètement. Le lendemain on ne trouva plus qu'un squelette cou- vert de vêtements. Au temps de nos persécutions , en 1838 , un pauvre français, résidant à Cayucan, pour échapper aux pour- suites de brigands qui en voulaient à ses jours, s'interna dans les bois qui entourent cette localité; au bout de quelques jours on ne trouva plus qu'un squelette. Dans les bois aux environs de Tuxpan, moi-même je faillis être aussi victime des mêmes Four- mis. Il y avait à peine quelques minutes que j'étais accolé à un arbre, quand tout à coup je me sentis piqué si vivement par tout îe corps, que la violence des souffrances m'eijt anéanti sans l'arrivée de deux compagnons de chasse qui s'empressèrent de 143 RKVUE zooLOGiQUE. [Mai 1848.; me dépouiller de mes vêtements qui m'empêchaient de me dé- barrasser de ces terribles ennemis. J'en fus quitte pour une scro- tite et vingt-quatre heures de fièvre. Cette Fourmi est rouge, semblable à celle qui s'établit sur les bords de nos haies , moin» grosse; elle se traîne plutôt qu'elle ne marche , se retire dans les racines et les troncs d'arbres creux; elle nuit beaucoup aux couvées des oiseaux , recherche leurs nids et dévore leurs petits. Soit dit en passant, la multiplication de ceux-ci n'est point en rapport avec la fécondité que favorise un climat chaud ; on est même étonné de voir si peu d'oiseaux dans des parages si propres à leurs amours et à l'incubation. Quand je dis si peu , c'est que très-souvent on voyage plusieurs jourssans voir un seul volatile dans les contrées chaudes et boisées, ce n'est qu'en approchant des régions tempérées, à des hauteurs de 1,000 à 1,200 mètres,^ que la nature devient plus vivante ; là aussi où les pluies tor- rentielles entraînent principalement les insectes qui ne quittent point la terre. Sur les bords des rivières, des lacs seulement, les oiseaux foisonnent, en outre des échassiers et des palmipèdes , quand à quelque distance des rives aquatiques règne le silence le plus absolu. La raison de cette dififérence est très-saisissable. Ces mêmes oiseaux établissent leurs nids sur des arbres dont le pied est submergé ou placé dans des broussailles aquatiques, dans des îlots; ainsi hors des atteintes des Fourmis, lesprogénituressont épargnées. En général, il y a peu d'oiseaux au milieu de ces vas- tes forêts des pays chauds qui par contre sont si favorables au développement des insectes. Beaucoup de naturalistes se sont trompés en assignant pour demeure à plusieurs espèces qu'ils y ont rencontrées , leur présence n'étant que passagère. Beaucoup d'espèces viennent pendant le jour pour y chercher leur pâture, mais leurs noces se célèbrent en d'autres contrées, leur propa- gation se fait ailleurs. Combien d'erreurs restent accréditées sur les habitudes et les mœurs des oiseaux étrangers, surtout les er- reurs d'alibi. Il est accrédité que le Moqueur est originaire des régions chaudes : cependant il est certain que cet oiseau habite et se reproduit dans les régions froides équatoriales, comme j'ai eu lieu de le vérifier et de le voir aux sommités de la cordilière de Guatemala, à une hauteur de plus de !?,500 mètres dans les bois de sapins, chênes et aulnes. F. Dans la province de Oaxaca, à Comoltenango, un franc Bour- TRAVAUX INÉDITS. 140 guignon, M. Koch, comme objet de spéculation, avait planté plus de trente arpents de vigne, et il était parvenu à faire d'un lieu improductif le plus somptueux vignoble que j'aie jamais vu. Au bout de trois ans la vigne , déjà en plein rapport, est dans une seule nuit dépouillée de toutes ses feuilles, toutes sur le sol et hachées. Des myriades de fourmis qui, jusqu'alors avaient res- pecté ce beau domaine, avaient fait tant de ravage. On alla sur les traces de Tennemi , on suivit les clapiers, on arriva à une profondeur de plusieurs mètres, on atteignit des nids, des dé- pôts d'œufs, de larves, etc. Ces repaires furent incendiés à Taide du feu et de la chaux vive. Les mêmes moyens furent employés partout où il en était besoin. Le domaine fut purgé en apparence et mis à l'abri d'un nouveau désastre. L'année suivante mêmes dégâts et mêmes moyens. On comprendra difficilement que les frais de cette guerre, annuellement, 8) Oran , en Isngn* inalaiM , slvntfle homme , «t Oran Vtan , homme de* boii. 164 UEVUE ZOOLOGIQUE. {Juiri 1848.) présent , trouvés que dans les deux plus grandes îles de la Ma- îaisie, Bornéo et Sumatra, ou ils vivent, dans les profondeurs des forêts, des fruits des arbres et de bourgeons, de racines et aussi de quelques petits ani«iaux. Les Orans , façonnés pour une locomotion forestière , ont sur le sol une démarche embarrassée. Leurs mœurs, dans l'état de liberté, sont peu connues; on sait seulement qu'ils établissent leurs cabanes de branchages sur les bifurcations des arbres. Par leur haute taille et leur force musculaire , les Orans se dé- fendent avec courage contre les embûches qui leur sont ten- dues par les Malais. Des jeunes Orans ont été maintes fois conduits en captivité en Europe. Par la pétulance de leurs manières , la douceur de leur caractère, la gentillesse de leurs mouvements et leur grande docilité, ils ont fait le charme de ceux qui les ont étudiés et qui se sont plu à rendre justice à l'excellence de leur naturel. Doux, affectueux, aimant les caresses, ils se plaisaient dans la société de leurs maîtres et leur rendaient mille petits soins. Fa- cilement éducables , imitateurs par excellence , ces Singes sem- blent doués de la réflexion et du jugement, et agissent souvent avec une intelligence qui dénote un assemblage d'idées préexis- tantes. Leur friandise alléchée par un genre de vie nouveau, s'ac- commode volontiers de nos sucreries , de nos aliments et même des liqueurs fortes; mais cependant, malgré leur sociabilité, aucun n'a atteint l'âge adulte loin de leur climature échauffée, et tous les sujets sont morts assez jeunes. Si les Orans, dans leurs premières années, ont la grâce naïve et intéressante de l'enfance , ils perdent toutefois , en vieillissant, ces qualités né- gatives pour revêtir une puissance d'action qui les fait appeler méchants et féroces. C'est qu'avec le sentiment des forces naît l'instinct de leur puissance de protection, que l'expérience et la défiance viennent encore accroître- Les os du crâne se cou- vrent d'âpres crêtes osseuses; les muscles acquièrent une puis- sance d'action non équivoque ; les appétits animaux dominent l'être, et les facultés intelligentes non assouplies s'éteignent. Fa-r rouches dans l'âge avancé, les Orans deviennentalorsdes animaux redoutables , et leur grande force corporelle , imie à beaucoup çl'adresse manuelle , rend dangereuse la chasse qu'on leur fait. Pans les q^umze années qui viennent de s'écouler , on a pu- TRAVAUX IISÉDITS. 165 blié sur les Orans de nombreux écrits. Les naturalistes ont aussi varié sur le nombre des espèces qu'il faut admettre. C'est ainsi que dans le jeune âge on en a fait l'Oran roux , et que très- vieux , il est devenu le type du pongo de Wurmb; mais dans ces derniers temps, Sandifort, Vrolick, Temminck , Desmortiers, Millier, Isidore Geoffroy-St-Hilaire , ont réuni sur cette ques- tion des matériaux originaux de la plus grande impor-» tance. ( S'il faut en croire le voyageur Brooke , les Malais de Bornéo-^ sans exception , ont depuis longtemps décidé la question. Ils connaissent dans leur île deux Orans qu'ils appellent Mias rombi et Mias pappan. Le Romhi est un Oran ayant un mètre cinquante cent, de hauteur , la face allongée et les cheveux rouges. Le Pappan est de très-haute taille , aussi grand ou plus •élevé que l'homme, doué d'une vigueur extraordinaire et très- difficile à capturer ; sa face est plus large et plus pleine que celle du précédent; ses cheveux sont plus roux et tirent au noir. Les naturalistes sont assez disposés à admettre aujourd'hui trois espèces distinctes. L'Oran roux {Pithecus ru fus) de Bor- néo à pelage d'un roux assez égal , ayant les poils des membres et de la tête plus roux que sur les autres parties ; 2° l'Oran noir ( Pithecus morio , Owen) , aussi de Bornéo , a le museau saillant et le pelage brun noir intense. Ce grand singe est remar- quable par la petitesse de ses oreilles , son nez déprimé, et les renflements ou gros bourrelets charnus placés entre les yeux et les conduits auditifs; enfin 3° l'Oran bicolore {Pithecus bicolor^ Isid. Geoff".), ne se trouve qu'à Sumatra; son pelage est roux supérieurement et sur le milieu du ventre, tandis qu'il est fauve sur le bas-ventre, les flancs, les aisselles, le tour de la bouche et en dedans des cuisses. Il se pourrait que l'Oran de Wurmb fût une quatrième espèce du genre, et que le pongo d'Abel ne difl'ère pas de l'Oran bico- lore ; enfin, MM. Desmortiers et Temminck penchent pour l'unité d'espèce , très-variable aux diverses phases de la vie , et j'avoue incliner vers leur manière de voir. Les Gibbons {Hylobates^ iHig.; Pithecus^ Desm.) sont des Orans par leurs bras très-longs , des Chimpanzés par le front bas et fuyant, mais leurs formes dégradées les rapprochent des vrais L 166 REVUE zooLOGiouE. {Juiti 184$.) Singes ou Guenons, et bien qu'ils n'aient pas d'abajoues et de queue , ils en ont les surfaces dénudées et épaissies, des ischions appelés callosités. Les Gibbons ne se rencontrent que dans les îles de l'est ou sur le continent de l'Inde. Ce sont des Singes asiatiques , habi- tant en troupe les forêts, qu'ils ne peuvent quitter sans désavan- tage , leurs membres étant surtout organisés pour grimper sur les branches avec la plus grande facilité. Leurs mœurs sont pai- sibles, timides, remplies de défiance; leur intelligence est hor' née, et ils sont en général peu éducables ; en captivité, quel- ques-uns se sont montrés taciturnes et gauches. Ces grands Singes recherchent pour leur nourriture les fruits, les racines et les tubercules des végétaux; ils sont friands d'œufs, et chassent aux mollusques et aux petits reptiles. En captivité, ils s'accom- modent volontiers de viande cuite, de liquides sucrés, et en général de tout ce que mange l'homme. Tous les Gibbons se ressemblent par l'analogie de leur colo- ration et la nature de leur pelage, formé de poils plus oumoins rudes et longs ; les teintes varient depuis le blond jusqu'au noir foncé. On croit avoir découvert en France , dans le département du Gers , des os fossiles d'un Singe que l'on rapporte à ce genre. Deux tribus doivent être admises parmi eux : la première ne renfermant qu'une grande espèce, le Siamang, ayant pour ca- ractères d'avoir les doigts, index et médius, en grande partie sou- dés, et sur le devant de la gorge une sorte de poche extensible, molle et dénuée de poils ; la deuxième tribu , ou celle des vrais Gibbons, renferme plusieurs espèces, assez semblables par la co- loration et par la taille , qui vivent sur le continent ou dans les îles de l'Inde , et qui ont tous les doigts peu soudés et le devant du cou privé du sac dilatable des Siamangs. Le Siamang {Hylobates syndactyla) , découvert dans les fo- rêts de Sumatra , atteint parfois jusqu'à un mètre de hauteur, et son pelage est formé de poils d'.^n noir intense et brillant, recouvrant assez uniformément tout le dessus du corps ; sa face est nue et la peau en est noirâtre , et cette coloration est aussi celle des mamelles de la femelle. Vivant en bandes composées d'un grand nombre d'individus, les Siamangs sont conduits , au dire des Malais , par un chef âgé TKAVADX INÉDITS, / ^ ?» 167 et expérimenté, à la prudence duquel est confié le salut de toute la troupe. Ils quittent peu la profondeur des forêts équa- toriales , où ils bravent les atteintes de Thomme et des animaux sauvages. Ils saluent par de grands cris le lever et le coucher du soleil , et c'est alors que le sac extensible de leur gosier se dilate pour donner à leur voix une puissance d'intonation for- midable ; sous ce rapport ils ressemblent aux Alouates, qui font entendre dans les forêts des savanes de la Guyane ces mugis- sements que les échos portent à de grandes distances. Les Sia- mangs , sur le sol , rampent plutôt qu'ils ne marchent , tant leur allure est embarrassée; aussi , quand ils n'ont plus de branches pour se soutenir , n'essayent-ils de fuir qu'avec irrésolution et défiance. Les mères , blessées à mort par le chasseur , n'aban^ donnent même pas leurs petits, qu'elles ont cherché à protéger aux dépens de leur vie, La sollicitude de ces Singes pour leur progéniture est des plus tendres et des plus recherchées. La ten- dresse des mères est excessive et se manifeste par les soins les plus intelligents; on les a vues porter leurs petits à la rivière et les débarbouiller , malgré leurs cris , avec la même sollicitude que pourraitle faire, pour son nourrisson, la femme européenne la plus soigneuse. Les Malais croient que les pères , dans les mi- grations de famille, se chargent des jeunes mâles, comme les mères portent sur leur dos les petits de leur sexe. En captivité, les Siamangs ne montrent qu'apathie et indifférence, et l'édu- cation les a trouvés rebelles pour les sortir de leur froide tor- peur. Indifférents , même pour leur nourriture, ils ne montrent ni avidité ni désirs ; pour boire, ils trempent leurs doigts dans l'eau et les sucent ensuite; pour dormir, ils s'accroupissent et se cachent la tête entre les jambes. Leur cri estrauque, saccadé, et ressemble assez au gloussement du Dindon. Les vrais Gibbons comptent huit espèces, que nous allons suc- cessivement passer en revue. L'Agile {Hylobaies agilis, F. Cuv.), ou Gibbon de Rafïles , paraît avoir deux variétés, ap- pelées Ungha-Puti et Ungha-Etam ., par les Malais de l'île de Sumatra, au dire de sir Rafïles. Le pelage de cette espèce varie du noir au brun gris et même au brun pâle , mais la région des reins est surtout d'une nuance assez claire et parfois jau- nâtre; une bandelette blanchâtre se dessine en sourcil au-des- sus des yeux; quelques mâles ont des favoris blancs. Lesindivi- 168 RKVDK zooLOGiguK. {Juîn 1848.) dus présentent souvent, dans cette espèce, des variations de couleur assez grandes, puisque des femelles noires donnent le jour à des petits jaunâtres, et vice versa. Ce Gibbon vit par paires, et, à l'opposé du Siamang,ses mouvements sont aussi brusques qu'agiles. Des individus , étudiés dans des Ménageries, ont montré une grande dextérité pour saisir des oiseaux au vol, débarrasser des fruits de leurs pépins et de leurs noyaux, et une antipathie profonde pour l'homme , par suite de mauvais traite- ments que leur avaient fait subir leurs premiers possesseurs. Leur voix est musicale , d'une grande étendue , et composée de tons gradués. Leur intelligence semble beaucoup plus dévelop- pée que celle des Guenons. ■ Le Gibbon lar [Ilylobates lar), ou le grand Gibbon de BufFon, le Lar de Linnseus , a le pelage parfaitement noir, excepté le tour de l'encadrement de la face et les quatre mains, qui sont blanchâtres ou d'un blanc jaunâtre; c'est par rapport à ce ca- ractère qu'il a reçu le nom di'albimane de quelques natura- listes. Le Lar habite le continent de l'Inde , c'est-à-dire la presqu'île de Malacca et le royaume de Siam , suivant Martin ; d'autres l'ont cru originaire de Java. Comme l'Agile, il présente une va- riété de taille un peu plus petite, dont le pelage varie du brun au jaunâtre, et que BufTon a décrite sous le nom de petit Gibbon. On ne possède aucun détail sur ses mœurs. L'Entelloïde [Hylobates enteUoïdes , Isid. GeoflP.) est un Gibbon nouveau bien voisin du Lar, qui provient aussi de l'Inde continentale et de la presqu'île de Malacca. Sa fourrure est d'un fauve très-clair, et la face, qui est noire, est encadrée d'un cercle de poils blancs; une petite membrane interdigitale soude le deuxième et le troisième doigts des mains postérieures. Comme les autres Gibbons , on remarque chez cette espèce de grandes variations dans la couleur du pelage. Le Wou-Wou {Hylobates leuciscus) , décrit pour la première fois par Camper , vit dans l'intérieur de Java. Ses mains et sa face sont noires , tandis que sa fourrure est d'un gris cendré uniforme. Des individus observés en captivité montraient de l'affection pour ceux qui en prenaient soin , et malgré leur ca- ractère mélancolique , ils manifestaient de la jalousie pour les caresses accordées à d'autres animaux; ils recherchaient avec TRAVAUX INÉDITS. (69 empressement les pommes et les oranges , et les préféraient à tout autre aliment. Le HouLOCH {Hyl. hoolock, Harlan), provient du royaume d'As- sam. Il a le pelage noir, mais il est facile à distinguer par une ban- delette blanche qui s'étend sur le front. H paraît que c'est le même animal qu'un vieux voyageur , appelé De Visme, a mentionné sous le nom de Golock , nom légèrement corrompu de celui de Uonlock, que lui donnent les Indiens d'Âssam. Un individu, élevé par le colonel Gordon, avait des mœurs douces, et se nourrissait de fruits et de lait, en manifestant de la répugnance pour les viandes même cuites. Son cri plaintif peut être rendu par les syllabes yaa-hou, yaa-hou, en appuyant fortement sur la dernière syllabe, tandis qu'un son guttural exprimait sa sa- tisfaction et son contentement- Dans sa patrie , le Houlock ne quitte guère les rangées inférieures de la chaîne des Ganows, où il se nourrit de semences et de fruits, et surtout de ceux de Parbre sacré des Indous , sorte de figuier sauvage , et même de feuilles , dont il suce la pulpe en rejetant la trame. M. Macelel- land l'indique dans la vallée .d'Assam et dans les montagnes de Cossiah. Le Choromandus (Hyl. choromandus , Ogilby) , provient aussi du continent Indien, et probablement de la presqu'île de Wa- lacca. Ce qui le caractérise de prime abord , sont les poils du dessus de la tête , qui sont longs et dressés ; quant à son pelage , il est généralement d'un brunâtre bistré ou lavé de jaunâtre. Le Concolore [Hyl. concolor, Harlan), vit à Bornéo. 11 a le pelage assez uniformément d'un beau noir et les poils frisés; toutefois, il paraît que cette espèce a aussi des variétés, car les individus décrits par Harlan et par Millier , présentent des par- ticularités différentielles assez notables. Les Dayaks de l'inté- rieur nomment ce grand singe Kalawet , et les Malais des côtes rappellent Oia-Oia. La variété ressemble au Wou-Wou , et a le pelage d'un brun jaunâtre ; les deux sexes ont sur le front un bandeau blanc jaunâtre. Le Gibbon aux joues blanches {Hyl. leucogenys, Ogily), a le pelage très-noir , mais de longs favoris d'un blanc pur encadrent le pourtour de la face ; les poils du sommet de la tête s'élèvent aussi verticalement en une sorte d'aigrette. On ignore le pays d'où provient ce Singe. Un individu, qui a vécu à la Ménagerie 170 REVDB zooLOGigoE. (Juiti 1848.) de Londres , était remarquable par sa pétulance , sa gaieté et le plaisir qu'il prenait à s'ébattre au milieu de ses compagnons de captivité. {La suite au numéro prochain). Sur le genre Psittacula et sur quelques nouvelles espèces d'oiseaux de Colombie et du Mexique ; par F. de Lafresnaye. Brisson, dès 1760, avait désigné , par le nom générique de Psittacula , toutes les petites espèces de Perruches à courte queue , sans avoir égard à leur habitat. Dix ans plus tard , Buffon , établissant une distinction géogra- phique entre les Perruches de l'ancien continent et celles du nouveau, laissait ce nom de Perruches aux premières, qu'il divi- sait en Perruches à longue queue et Perruches à courte queue , et donnait celui de Péniches aux secondes, qu'il distinguait également en Perriches à longue queue et Perriches à courte queue. Plus tard , en 1830, 1831 , M. Lesson , dans son Traité d'or- nithologie, subdivisait les Psittacula de Brisson et de Kuhl en diverses sections ou races qu'il désignait par les noms de : l» Touits; 2° Frais Psittacuïes; et 3" Psittaculirostres, sans égard pour leur habitat. En 1836, Selby , trouvant que sous le nom de Psittacula on avait réuni jusque-là toutes les petites Perruches à courte queue , quoique différant souvent entre elles par les formes et l'habitat, et probablement par les moeurs, et que, parmi elles, quelques- unes habitantes des îles de la mer Pacifique , et remarquables par un bec faible et comprimé comme chez les Loris , avaient probablement aussi comme eux la langue garnie de papilles dé- licates, tandis que d'autres, à bec gros et puissant , à mandibule supérieure fortement dentée, avec les ailes longues, la queue courte et presque carrée à l'extrémité , appartenaient aux con- tinents d'Afrique ou de l'Inde , Selby, disons-nous , crut devoir former le genre Agayornis pour recevoir celles-ci , parmi les- quelles devaient figurer les Psittacus Swinderianus , de Kuhl, et le Psittacus Malaccensis, D'après l'indication de Selby , qui n'y admet pas les petite? \ TRAVAUX INÉDITS. itl Perruches américaines , Passerinus , Melanotus , etc. , il semble restreindre son genre Agapornis à ces espèces africaines et indiennes , à bec réellement gros à proportion de leur taille. Swainson, au contraire, dans sa Class. of birds , adopte ce genre Agapornis ^ de Selby, mais seulement pour les petites espèces d'Amérique , Passerinus , etc. , etc. Il place dans son genre Poicephalus les espèces que Selby mettait dans son genre Agapornis (on ne sait trop pourquoi) , et laisse dans le genre Psitiaculus , Kuhl, et dans les Lorianœ (avec raison), ces pe- tites espèces à petit bec de l'Inde, comme Psitt, galgulus , vernalis, etc. Enfin M, Lesson , dans son volume de complément à Bulfon , semble adopter comme Swainson, le genre Agapornis pour les petites espèceâ'd'Amérique , car il y décrit , sous le nom à^Aga^ pornis cœlestis , une petite espèce américaine très-voisine du Psittacus passerinus des auteurs. Wagler , dans sa Monog. Psittacorum , et G. R. Gray, dans son Gênera y avec planches, adoptent ce genre Psittacula^ mais pour toutes les petites es- pèces à courte queue d'Asie » d'Afrique et d'Amérique indistinc- tement. Nous trouvons les subdivisions géographiques si naturelles et presque toujours si exactes , que nous adoptons volontiers celles établies par Selby et admises par Swainson. Mais en admettant le genre Agapbrnis du premier, nous le laissons tel qu'il l'a institué pour les espèces à gros bec de l'ancien monde , et n'i- mitons point SWainson , qui en a changé , nous ne savons pour- quoi , la destination, en le restreignant au contraire à celles du nouveau monde. Nous laissons, comme l'a fait Swainson , le nom générique de Psittaculus aux petites espèces indiennes et des îles de l'Océan pacifique, à bec petit et comprimé, comme les Loris , et placées avec raison par lui dans les Lo- rianœ» U faut donc alors conserver le nom primitif de Psitta- cula, Brisson, pour les petites espèces à gros bec du nouveau monde , et restituer celui d" Agapornis , Selby , à celles de l'an- cien , comme c'était l'intention du fondateur. Si nous proposons ce petit changement, c'est uniquement, comme il est facile de s'en convaincre , pour rectifier une erreur et non pour créer de nouveaux changements de classification. Parmi les Psittacula d'Amérique, un petit groupe se fait re- l 172 REVUE ZOO LOGIQUE. (Juin 1848.) marquer par leur petitesse , leurs rectrices étroites, acuminées en fer de lance , leur queue conique et leur coloration généra- lement verte ; la plupart ont la première rectrice échancrée in- térieurement près de la pointe. Tel est la Psitlacula passerina , enl. 455, 1, à laquelle il faut joindre VJgapornis cœlesiis, Lesson, compl. à Buff. , p. 198, qui devient notre Psiltacula cœlestis , et qui a le dessus de la tête jusqu'au vertex , toute la région des joues , le gosier et le devant du cou d'un vert très- clair; la nuque d'un gris bleuâtre avec une bande post-oculaire bleu de ciel ; le dos et le dessus des ailes d'un vert lavé de gris; le bas du dos et le croupion du plus beau bleu indigo , ainsi qu'une bande longitudinale parcourant toute l'aile ; les couver- tures supérieures de la queue vert aigue-marine ; la queue et les rémiges les plus extérieures vert-pré , tout le dessous d'un vert aigue-marine pâle, teinté de gris sur les flancs; le bec blanc à base supérieure brunâtre. Elle vient de Colombie , de Guaya- quil. A ces deux espèces , il faut ajouter : 1« Psittacula conspicUlata ^ Nob. (Psîttacule à lunettes). « Psitta. Supra glauco-viridis nulla flavedine tincta ; fronte , vertice genisque smaragdino-viridibus , plumarum annulo ocu- lum cingente cseruleo ; dorso infimo , uropygio sed non supra- caudalibus , vitta magna longitudinali alae médium occupante tectricibusque subalaribus pulcherrime indigotinis. Habit, in Oolombia aut Mexico ? » Cette petite espèce se distingue facilement de la Passerina à sa teinte vert glauque , presque émeraude sur le front et les joues sans la moindre nuance de vert jaunâtre , et au cercle de plumes bleues qui entourent l'œil ; le bec et les pattes paraissent avoir été de coufeur blanche ou au moins jaune très-pâle ; elle est un peu plus petite que la Passerina. 2<* Psittacula viridissima , Nob. (Psittacule viridissime). Psitta. Supra glauco-viridis, nucha colloque supero griseo parum tinçtis ; pileo , genis, facieque tota , dorso infimo, uropy- gio caudaque pulchre prasino-viridi relucentibus ; tectricibus alœ majoribus viridi-malachitaceis , vittam elongatam obliquam supra alas formantibus. TRAVAUX INÉDITS. 173 Subtus tota prasiiio-viridis , pectore intensius , ano et subcau- dalibus dilutius; tectricibus alae inferis thalassinis , nonnullis pulchre indigotinis ; rostrum compressum, albidum ; pedesque pallescentes. Habit. Caracas in Venezuela. Alterum spécimen ex eadem regione allatum differt colore supero ac infero flavo tinctis uti in Psittacula passerina fronte prœcipue flavescente , alis supra nulla vitLa malachitacea orna- tis. Illud juniorem avem sine dubio putamus. Quelle que soit la grande analogie de forme, de taille et même de coloration de cette espèce avec la Psitt, passerina femelle , telle qu'elle est décrite dans la Monographie des Perroquets , de Wagler , p. 155 , la coloration particulière de notre individu, que nous croyons adulte, ne présentant aucune nuance de bleu de mer (Thalassinus Wagler) sur son dos et son croupion, mais au contraire , un beau vert-pré luisant sur ces parties , ainsi que sur toute la face , et une bande vert malachite oblique sur l'aile, nous pensons qu'il ne peut être considéré comme étant cette fe- melle , mais plutôt comme constituant une espèce distincte et nouvelle , particulière au Venezuela et aux environs de Caracas. Il nous paraît différer encore du Passerina par la couleur des pattes d'un blanc jaunâtre très-pâle et non gris noirâtre , et par la teinte générale du plumage qui n'offre pas la moindre nuance de jaunâtre, mais un vert glauque uniforme. Cette espèce a été envoyée de Caracas par M. Salé à madame sa mère , de qui nous la tenons, ainsi que les autres espèces nouvelles de cette localité que nous avons déjà décrites (Revue 1848 , p. 3 et suiv.). C'est encore du même envoi que nous tenons plusieurs des espèces suivantes , telles que ; 3«> Tachyphonus ruficeps , Nob. (Tachyphone à tête rousse). « Tachyp. Supra totus olivascente cinereus capite toto , gut- ture colloque supero vivide rufis ; sublus albescens, pectore et hypochondriis pallide cinereis; rostro pedibusque plumbeis, tomiis pallescentibus ; longit. tota 12 cent, alae plicatœ 6 1/2. Habit. Caracas in Venexuela. » Cette petite espèce de Tanagridée à couleur sombre et à formes peu caractérisées , est du nombre de celles dont la place est difficile à déterminer dans nos genres adoptés jusqu'ici , car elle semble tenir le milieu entre les Némosies et les Tachy- 174 REVUE zooLOGiQUR. {Juiu 1848.) phones, desquels toutefois elle nous semble se rapprocher le plus. Elle est en dessus d'un cendré légèrement teint d'olivâtre, avec la tête, la gorge et tout le dessus du cou d'un roux cannelle vif; le dessous est d'un cendré pâle, avec le milieu de l'abdo- men , la région anale et le pli de l'aile blancs ; l'anus et les sous- caudales ont une légère teinte roussâtre ; le bec et les pattes sont couleur de plomb. Le premier a ses bords internes blan- châtres, les doigts et les ongles sont courts , et ceux-ci très-ar- qués. 11 a été recueilli conïme les précédents à Caracas^ par M. Salé. 4« Muscicapa {tyr annula) Fieillotioïdes ^^oh. (Tyrannule Vieillotioïde). « Tyr. Supra brunnea, pileo colloque supero obscurioribus, uropygio transverse pallide rufo, supra-caudalibus fuscis apicei rufis; pennis totis verticalibus nitide ranunculaceis, apice tan- tum obscure brunneis , remigibus nigris , primariis basi et in- tus , secundariis intus et extus , tertiariis margine toto rufis ; tectricibus totis nigris, apice rufis , très vittas transversas rufas formantibus; cauda nigra, basi brunnea, rectricibus totis intus et apice, extima laterali prœterea extus rufis subtus tota rufa, medio abdomine anoque païlidioribus. Cauda tota rufa, rectri- cibus apice tantum extus et oblique nigris ; rostrum latum , depressum, fere triangulare, nigrum ; pedes brevissimi et debi- liores. Long, tota 13 cent, alae plicatae 7 cent. Habit. Caracas in Venezuela. » Ce n'est qu'avec quelque doute que nous présentons cette espèce comme nouvelle et distincte du Muscipeta Fieillolii d'Orbigny, voy. en A.m. Ois.^ p. 321, pi. 34, 1, 2 ; Muscipeta cin- namomea, Nob., Synop. av. Am., à Dorb., etc., p. 49, n» 1 1, car elle lui est presque entièrement conforme dans toutes ses parties, sauf dans ses pattes, qui sont encore plus petites, les tarses et les doigts étant un peu plus courts et plus minces, et dans ses ailes un peu pins courtes, quoique d'ailleurs le bec paraisse un peu plus large. C'est dans fa coloration que l'on trouve les diffé- rences les plus notables. Ainsi, le dessus est brun roux avec la coiffe , la nuque et le dessus du cou plus foncés ; chez le Fieil- lotiii ces parties sont olivâtres. Chez toutes deux, le croupion est traversé d'une large bande roux pâle , et la tête est ornée I TRAVAUX INÉDITS. ^tT^ d^une sorte de huppe jonquille dans son intérieur. Dans tout le reste du plumage, le roux, distribué de même, y est néan- moins plus dominant; ainsi sur Taile, les bandes transverses rousses sont plus larges que les noires, c'est le contraire chez la P^ieillotii; chez celle-ci la queue est uniformément noirâtre en dessus et en dessous, n'ayant que la fine pointe des rec- trices d'un roux lavé, tandis que chez la Vieillotioïde elle est d'un brun roux à sa base, puis noirâtre , bordée et terminée de roux, toutes les rectrices ayant leurs barbes internes rousses jusqu'aux deux tiers de leur longueur , puis noirâtres oblique- ment, et la latérale étant en outre bordée extérieurement de cette couleur, d'où il résulte que la queue en dessous paraît toute rousse, sauf ses deux pointes latérales. Sa longueur totale montée est de 12 cent. 1/2 ; elle vient de Caracas , dans le Vene- zuela. Si parmi les innombrables espèces de Muscicapidées répan- dues sur le sol américain , on ne rencontrait à chaque instant de ces groupes dont les espèces offrent tant d'analogie de forme et de coloration entre elles , qu'on serait souvent tenté de les regarder comme des livrées différentes d'une même espèce, nous n'aurions pas hésité à regarder notre espèce comme une variété d'âge ou de sexe du Vieillotii , mais nous trouvons à peu près les mêmes rapports entre elles deux et deux autres plus an- ciennement connues, qui sont Muscicapa virgata, Vieill. Nouv. Dict. , vol. 21 , p. 488, enl. 573, f. 3 , et Muscicapa flammi- ceps (Gobe-mouche flamboyant), Tem., col. 144, f. 3* Ces quatre espèces américaines forment un petit noyau d'espèces si ana- logues , qu'il est tout naturel de les rapprocher en attendant que de nouvelles espèces non moins analogues viennent encore s'y grouper. La Tyrannula affînis , Swains. , synops. of the birds of Mexi- co, n" 9 , p. 367 , nous paraît encore devoir leur être adjointe en cinquième, quoique ne présentant pas comme elles de huppe dorée , et ayant la queue évidemment échancrée. Nota. Le Myiobius pyrrhopterus ,liart\3Lnh , Hev . Zool. 1843, p. 283, est le même que notre Tyrannula f^ieillotii, â'Orh. Voy. ou Muscicapa cinnamomea , Synops. av. A.m., p. 49; et le Myiobius auriceps , Gou\d Beagle's voy. , p. 47 , nous paraît identique avec le JJfuscica;)a virgata, Vieill., n. Dict., 21, p. 488. Tome XI. Année 1848. 12 176 HEVUE zooi.OGiQOE. {Juin 1848.) 5° Pipilo rufo-pileus , Nob. (Touit à coiffe rousse). « Pip» Supra olivascente griseus, alis caudaque olivaceis ; pileo rufo, fronte, loris, superciliis et genis griseis ; subtus cinereus, gula nivea, fusco utrinque vittata, abdomine medio, ano et subcaudalibus albo-rufescente lavatis; rostrum pallidum basi supra plumbeum ; pedes lividi digitis ungulisque fortibus et elongatis. Habit. Mexico. » Ce Touit, que sa coloration ferait placer au premier abord avecles Arrëmons plutôt qu'avec les Touits, diffère néanmoins des premiers par la coupe de ses ailes , la terminaison de sa queue, la longueur et le peu d'arqûre de ses ongles, dont les caractères le placent évidemment parmi les TouitS (Pipilo). C'est du Pipilo macronyx (Swainson) du Mexique , qu'il se rapproche le plus par le fond olive de son plumage , la gran- deur et la couleur de ses pattes. Il est en dessus d'un gris teinté d'olive avec les ailes et la queue vert olive; le dessus de la tête est roux, mais le front, une bande sourcilière , les joues et les lorum sont gris cendré ; un trait blanc va de la narine à l'œil , et le dessous de l'œil est finement tacheté de cette couleur ; le dessous du corps est cen- dré avec la gorge et le devant du cou d'un blanc pur, bordé de chaque côté d'une strie noirâtre , laquelle est surmontée d'un trait blanc; le milieu du ventre, l'abdomen et les sous-caudales sont d'un blanc roussâtre; les pattes et les ongles sont de cou- leur livide et très-développés à proportion de l'oiseau, gros comme un pinson, dont la longueur totale est de 16 cent. , celle de son aile pliée 7 cent. 2/3 , de sa queue 7 cent. 5/3. Il habite le Mexique. II. AlVALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX. Note sur un nouveau genre de Mammifère rapace du Brésil ; par M. le professeur A. Schinz (petit in-4° avec pi. coloriée). M. le professeur Schinz, à qui la science doit tant de travaux importants, vient d'établir un genre nouveau, dans l'ordre des mammifères carnassiers , sur une espèce découverte au Brésil par M. Beske, naturaliste allemand. Voici du reste comment ANALYSES d'oUYRAGES NODVEAOX. 177 s'exprime l'auteur au sujet de ce genre : nous ne saurions mieux faire que de transcrire la note qu'il nous communique. « M. Beske, naturaliste allemand, qui habite le Brésil depuis plusieurs années, m'a envoyé, avec d'autres mammifères, un rapace de la grosseur d'un basset qui , m'écrit-il , est tout à fait inconnu aux habitants de la province de Minas, où M. Beske de- meure, et doit être nouveau. » Après avoir examiné attentivement cet animal , il m'a paru réellement nouveau, et même je me suis cru obligé d'en former un nouveau genre. Bien que voisin des genres Mêles, Galictis et Gulo, il ne peut être classé dans aucun de ces genres. » En conséquence , je le nomme Melictis. » Voilà ses caractères : •*„ » Dentés primores - , laniarii ~ conici, robusti ; morales ^, antici suprà 3, infrà 4 spurii. » Quartus suprà , quintus infrà sectorius , quintus suprà par-, vus , tritorius , tuberculatus. « Habitus melinus , corpus robustum , crassum ; rostrum actirj minatum, rhinarium prominulum , extremitates brèves; pedes plantigradi , antici pentadactyli, ungues brèves, acuti, com- pressi , curvati , falculares; postici tetradactyli , unguibus debi- libus , auriculae brèves; lingua?.., » Melictis Beskii. — Capitepallide ferrugineo; labiis superio- ribus, maxilla inferiore et regione circum-oculari fuscescente canis; occipite, nucha, collo inferiore inter scapulas dorsoque sordide albidis , tergo et extremitatibus nigro fuscis , tergo pa- rum rufescente , cauda obscure nigro fusca , collo infero et ventre nigricante canis , regione genitalium rufescente , anali fusca, pilis corporis adpressis breviusculis. » Habitat in Brasilia (ad honorem domini Beske scrutatoris EOologiae Brasiliœ indefessi), hospitatur in Musaeo Turicensi, » Le seul individu mâle connu jusqu'ici , vient des enviroïiÉJ du nouveau Fribourg, dans la province de Minas. Au premier aspect , cet animal a de la ressemblance avec le genre Galictis ; mais si on le regarde de près, on trouve des différences bien caractéristiques. Les pieds de derrière n'ont que quatre doigts, les ongles sont petits; la dentition est aussi différente; la queue est très-courte, le corps trapu et moins allongé que chez les ♦78 REVUE zooLOGioDE. {Juin 1848.) Galictis. On ne connaît rien de ses mœurs. D'après la forme des ongles des pattes de devant, ce n'est pas un grimpeur; son corps est trop lourd. Il se rapproche du Blaireau ou du Ratel. Sa nourriture consiste vraisemblablement en petits mammifères, oiseaux et reptiles, peut-être aussi en fruits et racines comme chez les Blaireaux.» (E. Fair.) Die GATTUNGEiv , etc. , ^fenerct des coléoptères d'Allemagne, ar- rangés d'après la méthode analytique ; accompagné d'une instruction succincte pour l'étude de cette branche de l'ento- mologie; par le docteur L. Redtenbacher. (Broch. in-S" de 180 p. , avec deux pi. gravées. — Vienne, 1845). Ce petit ouvrage , partie détachée d'un travail beaucoup plus considérable , et ne comprenant que les genres établis sur le» insectes coléoptères d'Autriche , s'adresse principalement aux personnes qui commencent à s'occuper d'entomologie. C'est un guide propre à leur faciliter l'étude des formes des organes qui , dans les insectes , servent à la caractéristique des genres ; à les familiariser avec les mots techniques employés en entomologie ; à leur donner les instructions nécessaires pour collecter avec fruit, pour déterminer promptement et facilement le genre auquel appartient telle espèce que l'on a sous les yeux. Un énoncé des parties traitées dans cet ouvrage en fera , dii reste , mieux ressortir l'importance. Indépendamment de la préface, dans laquelle le docteur L. Redtenbacher explique le but qu'il s'est proposé , le gênera des coléoptères d'Allemagne est divisé en huit chapitres. Dans le premier , l'auteur passe en revue les différents organes et les parties externes des coléoptères; dans le second il examine ces mêmes parties et organes dans leur forme , leur disposition, leur couleur ; dans le troisième il traite de l'habitat des divers co- léoptères, de la manière de les chasser, des instruments et des appareils que leur chasse nécessite ; un quatrième chapitre est consacré à indiquer quels sont les procédés ultérieurs appli- cables aux coléoptères que l'on a pris ; il indique , dans un cin- quième, quelle est la manière la plus convenable de faire une collection et de l'entretenir en bon état ; dans le sixième cha- SOCiÉTÉS SAVANTES. 179 pitre il étudie plus particulièrement les organes masticateurs dés insectes qui font l'objet de son travail; dans le septième il dit comment on doit se servir de deux tableaux qu'il dresse; dans un huitième enfin , il donne un aperçu des ordres des in- sectes d'après Burmiester. C'est à la suite de ce dernier chapitre que se placent les deux tableaux dont il vient d*être question , et dont l'un, est affecté à la détermination des familles, l'autre, à celle des genres. Vient ensuite une table systématique des familles et des genres avec nom d'auteur ; une table alphabétique de ces mêmes genres et familles ; l'énumération des auteurs et de leurs ouvrages qui ont été consultés ; enfin un appendice contenant des additions et des rectifications faites après l'impression de l'ouvrage. Deux planches fort bien gravées, où sont représentés les principaux organes sur lesquels repose, en entomologie, la caractéristique des genres et des familles , accompagnent ce pe- tit traité. (Z. G.) III. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris., Séance du 5 jum 1848. — M. JDuvernoy communique à l'Acar demie un Appendice aux fragments sur les organes génito- urinaires des Reptiles ^ lus dans les séances des 30 juillet , 23 septembre et 1 1 novembre 1844 Cet appendice est divisé en trois parties. Dans la première, l'auteur fait connaître l'analyse d'une pierre vésicale découverte par feu Lesueur dans la vessie urinaire de la Tortue Polyphême, qui vit en Floride, et se nour- rit exclusivement de substances végétales, M. Lassaigne, à qui cette analyse a été confiée , a constaté que , sur 100 parties, ce calcul renfermait: 72,4 d'acide urique; 13,0 d'ammoniaque; 1,0 de chaux; et 13,6 de principes urinaires solubles dans l'eau et de sels alcalins. Dans la deuxième partie de cet appendice, M. Duvernoy consigne de nouvelles observations sur la forme et sur la vitalité des spermatozoïdes des Salamandres et des Tri- tons. Dans la troisième, enfin, il présente les dernières recher- ches qu'il a faites sur la structure de l'Épididyme , dans cettjB même famille des Salamandres, sur ses rapports avec les reins ,^ €t Kur les uretères de ces animaux. 180 REVDE zooLOGiQDE. {Juin 1848.) M. Fallût adresse , Sur la larve de la Clythra quadripunc- tata , une lettre dont nous donnerons l'extrait suivant : « Sur la fin de mars dernier et dans les premiers jours du mois d'avril suivant, M. Tarnier, jeune entomologiste de Dijon, en soule- vant des pierres sous lesquelles des Fourmis placent leurs four- milières , remarqua des espèces de coques qui se déplacèrent spontane'ment. Ces coques , de forme à peu près cylindrique , fermées à la partie postérieure, étaient ouvertes antérieurement, et laissaient passer une larve hexapode, dont on n'apercevait que la tête et les six pattes fort rapprochées , celle-ci ne laissant même voir que la partie nécessaire pour servir à la marche. Au plus léger contact , l'animal se retirait immédiatement à l'inté- rieur de la coque , de manière à être protégé contre toute at- teinte extérieure. Ces coques , unies à la surface inférieure , présentent , sur la surface supérieure et antérieure , des crêtes longitudinales, disposées obliquement, et formant, par la réu- nion de leur extrémité antérieure, des angles contenus les uns dans les autres , et dont le sommet est dirigé antérieurement. Lorsque la larve est sur le point de se transformer en chrysalide , elle ferme l'ouverture avec l'humeur qui lui sert à fabriquer sa coque , puis se retourne dans cette même coque , et dirige sa tête du côté du fond formé par une calotte préparée à l'avance pour donner à l'insecte parfait la facilité de sortir. » M. Vallot ajoute qu'il n'a pas été possible, jusqu'à ce jour, de découvrir le motif pour lequel cette larve se tient dans les four- milières , ni de savoir de quoi elle se nourrit. Séance du 12 juin. — M. Rayera qui se livre , depuis plusieurs années, à de nombreuses recherches sur les maladies des oiseaux élevés en domesticité ou en captivité , et sur celles qu'on observe plus rarement chez ceux qui vivent à l'état de liberté , a constaté que les mâles de certaines espèces d'oiseaux domestique , telles que le Coq, le Faisan doré, les Pigeons de volière et le Canard musqué, offraient assez souvent des cas de maladie du cœur et des gros vaisseaux. Ces faits l'ont porté à se demander s''il n'y aurait pas , soit chez les Oiseaux , soit chez les Mammifères , et chez r Homme en particulier , quelque relation entre V activité des fonctions génératrices et les maladies du cœur. Cette question , dont M. Rayer fait le titre de son mémoire , et qu'il se borne à poser , trouve en partie sa solution , ce nous semble , dans le» SOCIÉTÉS SAVANTES. 18t recherches même de l'auteur ; car d'autres oiseaux , tout aussi ardents en amour que le Coq et le Faisan, par exemple l'Oie , le Dindon, le Paon, la Pintade, la Caille, ne lui ont jamais offert d'altération organique du cœur. 11 dit, du reste, n'en avoir pas rencontré non plus dans les nombreuses espèces à l'état de liberté qu'il a examinées. Séance du idjuin. — Sous ce titre : Recherches sur les ca- ractères et les rapports entre eux des divers genres vivants et fossiles des Mammifères ongulés, M. Pomel présente à l'Aca- démie un mémoire fort important. « Il n'est pas d'ordre , dit l'auteur de ce mémoire, qui ren- ferme un aussi grand nombre de types fossiles que celui des Pachydermes ; aussi est-il un des plus mal représentés dans la faune actuelle, et les zoologistes classificateursont«ils été étonnés des lacunes nombreuses qu'ils y ont rencontrées , lorsqu'ils se sont bornés à considérer les espèces vivantes. Au contraire , les nuances , les formes intermédiaires qui lient les genres entre eux , les passages d'une forme à une autre se trouvent en abon- dance , comme dans les autres ordres, lorsqu'on considère en- semble toutes les espèces vivantes et fossiles. » M. Pomel a donc tenu compte des espèces fossiles dans la clas" sifîcation des Mammifères ongulés , et sous ce nom il réunit les Pachydermes et les Ruminants , certains genres du premier de ces ordres ayant, avec les Ruminants, une analogie intime». Ainsi rétabli, l'ordre des Ongulés se divise naturellement, d'après l'auteur, en quatre familles principales, subdivisées elles-méme? en plusieurs tribus. Voici du reste cette classification telle que la comprend M. Pomel. I. Les Proboscidiens. — Caractères : Système digital impair; cinq doigts; humérus et fémur longs et presque verticaux; cou très-court ; nez allongé en une trompe longue qui sert d'organe de préhension. 1'= Tribu : Anoplodiens. — Molaires se succédant d'arrière en avant; les défenses logées dans l'intermaxillaire ; quelquefois des incisives inférieures. Genres : Éléphant, Mastodonte. 2« Tribu : Cataplodiens. — Molaires de remplacement nais- sant au-dessus ou au-dessous, suivant la mâchoire , des dents 182 REVUE ZOOLOGIQUE. {Juîn 1848.) de lait qu'elles doivent chasser; défenses logées dans la mandi-r bule ; des incisives supérieures. Genre : Dinotherium. II. Les PÉRissoDACTYLES. — - Cavactères : Syslème digital im- pair ; quatre ou trois doigts en avant, trois en arrière , le médius étant presque symétrique , impair et plus fort que l'annulaire ; astragale tronqué à son extrémité cubo-scaphoïdienne , s'ap- puyant, sur la lame antérieure dilatée du calcanéum, par trois grandes facettes ; molaires supérieures formées d'une colline marginale externe, simple ou lobée , et de deux collines trans- verses . 1'^ Tribu ; Atélodiens. — Pas de canines ; une ou deux paires seulement d'incisives (nulles ?) ; molaires supérieures à collines transverses , obliques et un peu courbes , à colline externe, sim- plement onduleuses sans arêtes ; quatre ou trois doigts aux pieds antérieurs. Genres : />aman, Jcrptherium, Rhinocéros, Flasmothe- rium, 2« Tribu : Palœothériens. — Des canines et trois paires d'in- cisives ; molaires supérieures à collines transverses plus ou moins pliées , à colline marginale marquée de trois arêtes en double U ; trois doigts seulement à chaque pied , les latéraux tendant même à disparaître. Genres : Hippotherium , Equus, Palopîotherium , Plagio- lophus , Anchitherium, Palœotherium, Macratichenia. 3^ Tribu : Lophiodiens . — Des canines et des incisives ; mo- laires supérieures à collines transversales droites , l'externe étant bilobée , avec un tubercule à l'angle antérieur ; pieds à trois ou quatre doigts en avant. Genres : Tapir, Coryphodon , Lophiodon , Tapir otherium , Hyracotherium. M. Pomel ne peut dire si les Adapis et les Microchœrus doi- vent former une autre tribu, caractérisée par l'état incomplet du système incisif, ou bien si les premiers doivent rentrer dans cette troisième tribu et les seconds dans la première. m. Les Atriodactyles. — Caractères : Système digital pair ; de quatre à deux doigts à chaque pied ; le médius et l'annulaire étant presque égaux ; astragale ayant ses deux facettes termi- nales en poulie, porté sur une seule par le calcanéum, qui est 1^- SOCIÉTÉS SAVANTES. 189 tëral , articulé au péroné ; arrière-molaires formées de deux paires de mamelons. !'• Tribu: Suilliens. — Canines développées en défenses; molaires supérieures à mamelons plus ou moins tuberculeux et plissés à la surface; quatre doigts le plus ordinairement. Genres : Hexaprotodon, Hippopotamus , Phacochères, Sus, Babirussa , Pécari, Palœochœrus. 2« Tribu : Chœroïdiens. — Canines fusiformes ; molaires su- périeures à mamelons lisses , plies de manière à produire parfois des croissants par l'usure ; le mamelon antérieur interne est for- tement échancré ; quatre doigts. Genres : Chœropotamus , Anthracotherium , Amodus , Bra- chygnatus [A. Gergovianum). 3« Tribu : Anoplodiens. — Molaires supérieures comme dans la seconde tribu; canines de forme anomale, semblables, la su- périeure à une avant-molaire , l'inférieure à une incisive ; deux ou quatre doigts. Genres : Anisodon (Chœlichotherium), Anoplotherium , Xi- phodon. Dichobune, Cainotherium. 4* Tribu : Dîchodiens, — Molaires supérieures à quatre ma- melons seulement au lieu de cinq; canines et incisives des Ano- plotheriums ; face externe des molaires supérieures dépourvue d'arêtes en double U; à leur place un tubercule comme dans les deux précédentes tribus. Genres : Dichodon^ Chœromeryx {Anthrach. SilUtrense^ Pent ), Merycopotamus. M. Pomel fait observer que les Dichob. obliqua etmurina, qu'il nomme Amphimeryx, pourraient peut-être former une cinquième tribu plus voisine encore des Ruminants. IV. Les CoLLODACTYLES (ou Ruminauts). — Caractères : Sys- tème digital pair ; les métacarpiens et métatarsiens soudés dans toute leur étendue et confondus en un seul os ; quatre doigts, dont les latéraux presque toujours incomplets ; osselet péronien articulé au calcanéum et à la fête inférieure du tibia ; système incisif supérieur nul ou incomplet; molaires supérieures mar- quées de nervures en U à la face externe. l'*' Tribu : Caméliens. — Sabots des Pachydermes; une inci- sive en haut, trois en bas ; quatre ou cinq n»olaires seulement en série. ^84 RKVUE ZOOLOGIQDK. {Juifl 1848.) Genres : Chameau, etc. 2" Tribu : Elaphiens. — Six ou sept molaires en série, à fût très court ; quatre incisives inférieures ; prolongements frontaux, lorsqu'ils existent, revêtus de poils. Genres : Girafe, Moschus ^ Cervus y etc. 3^ Tribu : Ànlilopiens . — Six molaires à fût prismatique : quatre incisives inférieures ; prolongements frontaux recouvert» d'un étui corné. Genres : Antilope, Bos^ etc. SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE. Séance du 8 mars 1848. — M. H, Lucas fait passer sous les yeux de la société une nouvelle espèce de Curculionide du genre Coniatus, voisin du C, tamarisci , et qui a été découvert par M. Durieu de Maisonneuve dans les environs de Philippeville. La diagnose latine de cette espèce, qui porte le nom de Coniatus chrysochlora, est la suivante : C. viridi-metallicus, nitidus ; capite ad basim , thorace in medio, sutura elytrorumque flavo-metallico-auratis; atta- men elytrorum macula tenue transversim subtiliter nigro- interruptâ, corpore infra pedibusque omuino viridi-metallicis. Long. 3 millim., lat. 1 1/4 millim. — Le même membre montre deux cas remarquables de mon- struosité, présentés par un Carabus nodulosus et un Soleno- phorus strepens, et il donne à cet égard des détails qui seront insérés dans le Bulletin entomologique de la société. — M. Brisout de Barneville annonce que , d'après les obser- vations de M. Bouzet^ il a pu constater que la Blatta indica Fabr. , qui provient du Bengale , de l'île de France, de celle de Bourbon, du Sénégal, de Cayenne, du Brésil, etc., a été éga- lement transportée à Paris, et s'est répandue en abondance dans les serres du Muséum d'histoire naturelle, et à cette occasion il donne des détails sur le nombre des articles des tarses que pré- sentent plusieurs espèces de Blattiens; nombre qui n'est pas constamment de cinq ainsi qu'on l'avait dit jusqu'ici. — M. L. Buquet montre à la Société un grand nombre d'es- pèces remarquables et presque toutes nouvelles de Coléoptères provenant de la Guinée. Il cite principalement plusieurs espèces qui appartiennent aux genres Cicindela, Ozœna (coupe gêné- SOCIÉTÉS SAVANTES. iB5 rique que jusquMci on croyait exclusivement propre à l'Améri- que}, Panagœus, Cetonia, Mecocœtis, Phlœtrogus, etc. — M. r. Signorei , que la Société avait chargé de vérifier si un Hémiptère, décrit par M. A. Costa sous la dénomination d'Agonosoma spectabile , et provenant du Brésil , était réelle- ment nouveau, dit que cet insecte a été décrit et figuré il y a déjà assez longtemps par M. Harris SchœfTer sous la dénomina- tion d'Agonosoma fîavicinctunij et que le Mexique est indiqué comme sa patrie. — Il est donné lecture d^une notice importante de M. Parié, de Gray, intitulée ; De plusieurs espèces de Lépidoptères devait être considérées comme variétés de région et dans laquelle l'auteur entre dans des considérations intéressantes sous le point de vue de la lépidoptérologie générale. — On communique un mémoire de M. Boyer de Fonsco- lombe, ayant pour titre : Ichneumonologie provençale et dans lequel le savant entomologiste d'Aix s'occupe particulièrement des deux genres Hoplismenus et Cryptus , dont il passe en revue les diverses espèces. — Il est donné lecture d'un travail de M. Goureau ^ portant le litre de : Notes pour servir à Vhistoire des diptères dont les larves minent les feuilles des plantes , et faisant suite à plusieurs publications du même auteur, publiées dans les Annales de la Société. L'auteur s'occupe particulièrement des insectes qui ont reçus les noms de : Oscinis Macquarti , Alysia truncator , Agromyza nana^ Dacnura flavipes^ Blacus florus, Agromyza elegans, Dacnura punctum , Entedon lepidus, Phytomyza Rohinaldi, Phytomy- za aquifolii, Entedon Latreillei, Phytomyza aprilina , Phy- tomyza flava, Phytomyza nigra , Phytomyza horticola^Dac^ nura lysias , Omphale stigma , Cirrospilus cyanops , Systasis celer, Phytomyza cinerella, Cœlinius festus^Aphidiusrufus, Phytomyza minuscula, Opius ambivius, Dacnura chereas, Cirrospilus coponius , etc. , et dont la plupart constituent des espèces nouvelles. — On communique une nouvelle suite de mémoires de M. Bo- bineau-Desvoidy sur les Myodaires des environs de Paris. Dans le premier mémoire , l'auteur traite des Entomobies de la section des Erythrocérées , compuiiiànl les genres Phryno^ 186 REVUE ZOO LOGIQUE [Juifi 1848.) Burigaster , Érythocera , Curtisia , ffebia et JRœselia , et dans le second , il s'occupe des Entomobies de la section des Grao- somes, qui renferment les genres Myobia , Leskia , Solieria, Orillia et Fischeria. — M. Ch. Coquerel lit diverses notes sur plusieurs insectes qu'il a été à même d'observer pendant son voyager à Madagascar et comprenant : 1° des détails sur le Calyptobium Kunzei ; 2** description d'une nouvelle espèce de Schizorrhinide, que l'auteur nomme Anochilia republicana y et dont il donne la diagnose latine suivante : Nigra, nitida , capite pronotoque rugosis , punctatissimis , elylris profunde punctatis (Long . 22 mill.) ; S» description d'une nouvelle espèce d'Orthoptère du genre Anastostoma [A. cuniciilator) , caractérisé d'une manière générale par cette phrase : d'un vert brunâtre passant au rous- sâtre par la dessicalion ; front et mandibules d'un brun rou- geâtre très-foncé ; et 4" description d'une nouvelle espèce de diptère, le Phora camariana, ayant pour diagnose : Luteo testacea, abdomine vittis ni gris , alis hyaUnis, pedibus luteis (Long. 3 mill.). — M. L. Fairmaire donne lecture de la description de plu- sieurs espèces de Coléoptères nouveaux . tant européens qu'exo- tiques, et dont nous nous proposons de donner les caractères principaux dans l'un des prochains numéros de la Revue Zoo- logique. Séance du 22 mars 1848. -- M. le docteur Boisduval donne communication d'une notice sur les Lépidoptères recueillis par M. Kindermann dans les environs d'Odessa , et au pied du Cau- •case. — Le même membre lit une pétition qui vient d'être adressée au gouvernement provisoire par le club scientifique, présidé par M. Deshaye, relativement au cumul des places scientifiques et littéraires. Séance du 12 avril 1848. — M. Mellié lit un travail important intitulé : Monographie de V ancien genre Cis des auteurs. Dans ce mémoire , qui est accompagné de figures dessinées avec soin , l'auteur donne la description de quatre-vingt-six espèces de Cis, qu'il repartit dans huit genres ou sous-genres distincts ; ceux des : Endecatomus, Mellié ; Xylographus ^ Dupont, inédit; Propa- lodontus, Mellié; Cis ^ Latreille ; Ennearthron , Mellié; Cerar SOCIÉTÉS SAVANTES. 187 cWjMellië; Orophius^ Redtenbacher; et Octotemnus ^ Mellié. Il fait connaître un grand nombre d'espèces nouvelles, tant eu- ropéennes qu'étrangères. Nous ne croyons pas pouvoir entrer dans plus de détails sur ce mémoire, qui sera imprimé dans les Annales de la Société entomologique, — M. Jmyot fait connaître un travail ayant pour titre : Ento- mologie française , Gnathotes (Névroptères}. Dans cet ouvrage, Fauteur applique de nouveau la méthode mononymique qu'il avait déjà employée dans un long mémoire sur les Rhynchotes (Hémiptères) de France, inséré dans les Annales de la Société entomologique. — M. H. Lucas fait passer sous les yeux de la Société une portion de nid construit par la Galleria cerella. Ce fragment ^ qui est assez grand , présente une longueur de vingt-deux cen- timètres sur une largeur de seize centimètres, et est composé d'une masse énorme de larves agglomérées. — Le même membre fait remarquer que , le 27 mars dans la journée , il a été observé sur des treillages exposés au midi au jardin des Plantes, une quantité prodigieuse de Tromhidium holosericeum. Ces petites Arachnides , dont l'éclosion est pro- bablement due aux journées chaudes des 24 , 25 et 26 mars , étaient en si grande quantité , que l'extrémité des bâtons de treillages taillés en pointe étaient d'une belle couleur rouge et ressemblaient assez à des fraises ou à des framboises que l'on aurait fixées à la sommité de ces bâtons. — M. H. Lucas fait encore observer à la Société qu'il a pris au vol , le 24 mars , dans le jardin du Luxembourg , un individu mâle du Ptilinus pectinicornis , coléoptère qui n'est pas très- rare , mais que l'on ne trouve ordinairement que pendant le mois de juin. Séance du 26 avril 1848. — M. ^. Lucas annonce que l'en- tomologie de la commission scientifique de l'Algérie , qui com- prendra 3 vol. de texte et 125 pi., sera terminée d'ici à trois ou quatre mois. Cette division de l'ouvrage , ainsi que la botanique, seront seules complètes pour le moment présent. — M. Javet dit qu'il vient de trouver en grande quantité au bord de la mer , en Angleterre , le Cillenum latérale. Cet in- secte, suivant les phases de la marée , vit immergé pendant plus 188 REVDE zooLOGiguE. (Juin 1848.) de dix heures , et ne se trouve guère hors de Peau que pen- dant six heures par jour. — Une conversation scientifique s'établit relativement à la circulation du sang chez les insectes, et M. Amyot rapporte des expe'riences nombreuses de M. Nicolet, qui tendent à modifier profondement les remarques publiées par M. E. Blanchard sur ce sujet. Séance du 10 mai 1848. — M. Rouzei annonce qu'il vient de prendre à Bondy un individu de VHyphidrus variegatus, co- léoptère qu'il avait déjà trouvé une fois dans la même localité, et qui, habituellement, ne se rencontre que dans le midi de la France ou dans le centre , jusqu'à Orléans. — M. Bellier de la Chavignerie montre à la Société un nid remarquable d'une espèce d'hyménoptère, le PeZopcBUS spiri- feœ , et il donne à cet égard quelques observations. — M. Walckena'ér lit un mémoire sur une curieuse espèce d'arachnide , VEpeira apoclyssa, et il s'étend longuement sur les mœurs de cet animal , principalement sur la manière dont il fait sa toile. Séance du 24 mai 1848. — M. Mellié dit qu'il vient de trouver sur les fleurs de VUlex europœus , à Sèvres, une nouvelle es- pèce d'Otnalium ; et qu'il a retrouvé , sous des fagots , à Saint- Germain , la Melandrya costata , que M. Chevrolat y avait déjà prise l'année dernière. — M. H.Lucas dit que VIxodes plumbeus , Dugès [Ixodes Dugesii , Gervais) , qui n'avait encore été rencontré qu'à Mont- pellier , sur des Chiens , vient d'être trouvé à Paris même , par M. Rouzet , sur un Lacerta viridissima. — M. L. Fairmaire dit qu'il vient d'observer une Chryso- mela sanguinolenta , qui a rendu , soit par l'anus , soit par des ouvertures qui se seraient faites aux segments abdominaux , une quinzaine de petits vers blanchâtres, qui se sont métamorpho- sés peu de temps après leur sortie du corps du coléoptère, et ^ni doivent probablement appartenir à des Ichneumonides, — M. J9owe parle de variétés blanchâtres de la Cicindela iri- signata , observées aux environs de Bordeaux, — M. Z. Brisout de Barnevitle annonce qu'un groupe d'Or- thoptères , nommé Selimena, par M. Serville, comprend bien des espèces qui ont les pattes palmées, et qui peuvent très-aisé- SOCIÉTIÎS SAVANTES. 189 ment nager ; et que ce fait vient confirmer ce qui a été publié à ce sujet , il y a deux ans , dans les Transactions de la Société entomologique de Londres. Séance du 14 juin 1848. — M. Reiche annonce à la Société la mort de Tun de ses membres, M. le docteur Horeau , pharma- cien principal à Alger , décédé à Marseille. — M. L. Fairmaire annonce qu'il avait cru trouver une es- pèce nouvelle de Mesites dans des insectes pris à la Teste, près Bordeaux , et plusieurs entomologistes appuyaient cette opinion. Mais il vient de reconnaître que ces insectes sont identiques avec le Mesites pallidipennis , Schœnherr , que M. Dejean avait très- judicieusement appelé Cossonus calandroïdes dans son CatG' logue. La taille varie beaucoup dans cette espèce, mais il n'est pas exact que la femelle soit moitié plus petite que le mâle : les élytres passent aussi du rougeâtre clair au brun foncé. En tout cas , la découverte que M. L. Fairmaire a faite , avec M, Souverbie , de Bordeaux , de cette espèce dans des troncs de pins, dont quelques-uns avaient été roulés par la mer, est as- sez intéressante , parce qu'elle était regardée comme propre à la Dalmatie , à la Crimée et au Caucase. — Le même membre dit qu'il a pris, aux environs d'Orléans, le Staphylinus lutarius et le Phytonomus lineatus , que Ton regardait comme propre au midi de la France. — M. L. Brisout de Barneville lit une note sur VAcridium smilaceum {QEdipoda smilacea, Fisch.).— Voir aux Mélanges, p.. 190. — M. M. Laboulhène annonce un fait entomologique inté- ressant , qu'il a été à même d'observer récemment, conjointe- ment avec M. L. Fairmaire, dans une chasse au Plessis-Piquet, près Paris. MM. Al. Laboulhène et L. Fairmaire avaient placé, dans une même boîte, un Elater [Ludius) crocaius et un Gril- lon , et les ayant observés quelques heures après leur capture, nos collègues furent très-surpris de voir que le Ludius crocatus avait déchiré et mangé les intestins du Grillon; M. Al. Laboul- hène a laissé depuis le même Ludius avec un diptère fort com- mun (Leptis conopsoides) , et ce dernier a en partie été mangé par le premier. Faut-il d'après ces observations conclure que les Elaters sont carnassiers? fait que M. Maltschoulky annonce. Si , toutefois, Ton ne peut pas être aussi affirmatif, il est bon, 190 REVUE zooLOGiguE. {Juifi 1848.) tout au moins, d'appeler l'attention des entomologistes sur ce sujet intéressant. E. Desmarest. IV. MELANGES. Note sur VAcridium dispar; par L. Brisout de Éarneville. Lorsque j'ai publié dans ]& Bevue zoologique , 1847, pag. 285, une note sur VAcridium smilaceum^noh. [OEdipoda smilaceài Fischer), il m'avait été absolument impossible de consulter la Fauna insectorum Europœ de Germar et Ahreiis ; depuis j'ai pu me procurer cet ouvrage et y bien constater que le PodismcL dispaf , Heyer , était la même espèce que VOEdipoda smilacea de Fischer, ainsi que d'ailleurs Eversmann, Addit. ad Fiscb. Orthopt. ross. in Jubil. semisœcul. doct. Fisch.,pag. 15, l'avait déjà annoncé; et comme le nom spécifique de dispar a la prio- rité sur celui de smilacea , je restitue à VAcridium , que j'ai décrit sous la dénomination de smilaceum , celle de dispar , que cette espèce doit conserver définitivement. Au reste , voici la synonymie de cet insecte. Acridium dispar^ Brisout. — Syn. — Podismâ dispar , Heyer , apud Germar et Ahrens, Fauna insect. Europœ, 2" sect. , Fasc. XVII , fig. 7. — OEdipoda smilacea , Fischer , orthopt. de la Russie, p. 363, tab. XXXIII, fig. 13 et 14, t. VIII des nouv. mém. soc. natur., Moscou. — Acridium smilaceum , Brisout , Rev. zoolog. 1847, p. 285, et Ann. soc. entom. , Fr. , 2^ série y ONZZÈMB AMBTÉE. — JUIZ.I.ET 1848. 1. TRAVAUX liVEDITS. Études sur les Mammifères Primates ; par M. R. P. Lesson. — Suite. — V. p. 159 à 170 Le deuxième groupe de la famille des Siuges est celui des Cy- -^ NOPiTHÉciENS OU dcs Guenous , habitant exclusivement l'Asie et TAfrique, une espèce exceptée qu'on trouve naturalisée en Eu- rope sur les rochers de Gibraltar. Ces Cynopithéciensse subdivi- sent eux-mêmes en trois tribus. La première , celle des vrais Guenons , est remarquable par sa face obtuse , et se compose des Nasiques, des Semnopithèques , des Colobes , des Cercopithèques et des Myopithèques ; la deuxième tribu est celle des Macaques , à face saillante , formée des genres Macaques et Magot , et la troi- sième et dernière , celle des Cynocéphales, dont la face pro- clive s'allonge, et imite un museau de Chien; on y reconnaît trois principaux genres : les Cynopithèques , les Géladas et les Pa- pions. Les Nasiqoes (Nasalis, È. Geoff.) sont confondus avec les Semnopithèques par une foule de naturalistes. Ils s'en distin- guent cependant par des formes plus robustes , une poche la- ryngée très-dilatable et donnant de l'ampleur à la voix ,• et un "nez très-allongé , percé en dessous par deux larges narines. Les dents sont au nombre de 32 , et l'allongement des membres et de la queue ressemble à ces mêmes parties chez les Semnopi- thèques. On ne connaît qu'une seule espèce de ce genre , bien que dans ces derniers temps MM. Vigors et Horsfield aient cru devoir en distinguer une deuxième sous le nom de JVasique à nez re~ troussé , et cette espèce unique est le Kahau {Nasalis larvatus)^ qui vit dans les forêts de Bornéo. Le Kahau , ainsi nommé par analogie avec son cri , bien que Vurmbs lui donne pour nom indigène celui de Batarjan , me- sure jusqu'à un mètre de hauteur. Sa queue et ses membres ont les longues proportions de ces parties chez les Semnopithèques , Tome XI. Année 1848. 13 192 REVUE ZOOLOGIQUE. [JuUUt 1848.) et, de plus, il a le pouce de la main fort remonté ; mais les Semnopithèques ont le ventre très~rentrë et les lombes grêles, tandis que le Kahau a ces parties fortes et très-renflées. La fourrure est épaisse, drue et de couleur rousse tirant sur le ferrugineux. La face et surtout l'énorme nez de cet animal sont d'un très-beau noir. Ce grand Singe , d'humeur intraitable et d'un naturel fort méchant , se plaît dans les forêts marécageuses et sur les rives des fleuves , qui retentissent de ses cris. Il recherche la société de ses semblables et vit par grandes troupes, que les Malais re- doutent par leur maraude. Suivant une légende des habitants de Bornéo, lesKahaus, dont l'intelligence est perfectionnée , tire- raient leur origine d'un peuple de pygmées qui se sont reti- rés dans les bois pour échapper à la domination des autres hommes. Les Semnopithèques (Semnopithecus, F. Cuvier) ou le Pres- bytis de M. Eschscholtz^ sont des Singes qui se distinguent des Guenons par de bons caractères. En effet, ils joignent à l'apla- tissement de leur face une tête arrondie, des formes grêles , des membres sveltes, et surtout une queue fort longue , des tubéro- sités médiocres sur les ischions ; et si la main a des doigts effilés, le pouce, en revanche, est court et comme rudimentaire. Chez tous ces Singes existent quelques particularités d'organi- sation qui leur sont propres. C'est ainsi que les arcades sourci- lières, fort proéminentes, sont garnies de poils allongés et simu- lant de longs cils ; que les favoris des côtés de la face s'avancent parfois en longues collerettes ; que leur larynx est dilatable ; que leur estomac est à plusieurs renflements et suivi d'un tube digestif fort long , d'où résulte un genre dévie essentiellement végétal. Leur pelage est le plus ordinairement formé de poils doux, allongés et teints de vives couleurs. Enfin, comme les Gibbons, ils ont 32 dents , mais leurs molaires ont des tubercules et la dernière a un prolongement ou talon. Nous reproduisons les caractères donnés par Eschscholtz à ses Presbytes , nom bien antérieur, par la date, à celui proposé par F. Cuvier, et tirés du Presbyte mitre. Les Semnopithèques , à ne les juger que parleurs formes, sont des animaux essentiellement forestiers. Ils habitent presque exclusivement les arbres , car leurs membres ont été façonnés presque exclusivement pour une locomotion semi-aérienne sur TRAVAUX iNÉDltS. 19$ les branches. Tous vivent dans les contrées les plus chaudes d^ l'Asie, c'est-à-dire deTInde continentale, et dans les grandes îles de laMalaisie. On sait peu de choses sur leurs mœurs ; on les dit défiants , soucieux et peu susceptibles de se plier à la captivité : leur humeur est irascible et leur caractère sauvage. Les Malais les redoutent par le tort qu'ils font aux plantations , ayant des habitudes pillardes et se réunissant en nombreuses troupes pour exécuter leurs maraudes. On connaît aujourd'hui 1 7 espèces de ce genre , et sur ce nombre deux seulement avaient été décrites par Bufîon ou par Audebert. La première est le Doue de la presqu'île deMalacca et de Cochinchine [S, nemœus , F. Cuv.) , grand singe remarquable par la vive coloration de son pelage. Les couleurs les plus tran- chées teignent ses diverses parties, le noir forme sur le gris ti- queté du corps, une plaque sur le front et sur la gorge , tandis que les avant-bras sont blancs , ainsi que la région lombaire et la queue , avec les cuisses noires et les jambes rouges. C'est un Singe qui atteint jusqu'à 65 centimètres de hauteur. Il est très- commun aux environs de Touran , où il vit en troupes nom- breuses , moins farouches qu'on ne les a supposées. Une mère qui accompagnait son petit ayant été tuée par les chasseurs de la Favorite y le jeune, quoique blessé grièvement, se jeta sur le corps de sa mère et s'y cramponna en poussant des cris déchi- rants, exemple touchant d'attachement filial. La deuxième es- pèce, décrite pour la première fois en 1797, est I'Entelle (5* entellus}i dont le pelage est blanc jaunâtre , avec le dos, les membres et la queue d'une nuance tirant au brunâtre, les mains et la face noires et le menton orné d'une petite barbe jaunâtre. L'Entelle vit au Bengale, aux environs de Bombay et de Madras, et paraît être répandu dans le Népaul , où M. Hodgson en a dé- crit des variétés sous trois noms différents, et aussi dans l'île de Ceylan. Dans la presqu'île de l'Inde, il est nommé Houlmann^ . en l'honneur de l'Hercule indien qui vola dans Taprobane la Mangue, et que Yischou, par punition, condamna à avoir le vi- sage brûlé. Vénéré parles Indous, ce singe vit en troupes placées sous la sauvegarde de la religion, car les brames enseignent que dans son corps résident les âmes de grands personnages expirés, sur la terre. Une jeune mère de Houlmann, tuée par Duvaucel aux environs de Benarès , portait son petit accroché sur son dos. 194 REVUE zoôLOGiguE. {Juillet 1818.) Avant d'expirer, la pauvre mère fit un effort considérable pour accrocher son enfant à une branche d'arbre, et tomba au pied du chasseur en expirant. La plupart des autres espèces de Semnopithèques sont nouvelles ou du moins n'ont été décrites que dans ces derniers temps. Le Crou ou Croo ( Presbytis mitrata , Eschs. ) , aussi nommé iSot*f*7î, habite Sumatra, Sincapore et Pessang. Son corps est gris foncé , mais le dedans des membres est d'un blanc pur. De longs poils 'noirs s'élèvent sur le vertex et l'occiput en formant une aigrette.— Le Kalasiê {S. ruhicundus^S. MUll.) provient de Bornéo. Sa face est violette , son pelage d'un marron roux uni- forme , et la huppe occipitale fort élevée. — Le Presbyte noble {Presbytis nobilis, Gray), de l'Himalaya , à ce qu'on suppose , et dont le pelage est uniformément d'un roux pâle. — Le Singe à toupet noir {S. melalofos^ Rafïles) vit à Sumatra. Son pelage est d'un roux brun luisant en dessus, passant au jaune ocreux en dessous. Sa face est bleue et surmontée, sur le front, d'un ban- deau noir. — Le Semnopithèque aux mains jaunes (5. flavimanus, Is. Geoff.) habite l'île de Sumatra, où il porte le nom de Simpat, qui lui est commun avec l'espèce précédente. Le dessus de son corps est brun roussâtre , tandis que le dessous est blanchâtre. Une huppe comprimée s'élève sur le milieu de la tête ; elle est formée de poils gris en arrière et noirâtres en avant. Les côtés de la tête varient du fauve clair au roux doré, — Le Chryso- MÈLE (S. chysomelas , S. Miill.) provient de la côte méridionale de Bornéo. Il est d'un noir profond sur le dos et sur la queue, jaune ocreux en dessous et en dedans des membres. La femelle est d'un jaune roussâtre varié de noir. — Le Fron- tal (S* froniatus , S. Miill.), aussi de Bornéo, est d'un fuligi- neux obscur, relevé sur le front par une marque blanche ; des poils s'avancent sur le front en demi-couronne. La nuance de la poitrine est claire et les extrémités sont de nuance foncée. Les Dayaks VappeWentSampaelanet les MaWisDziran. — Le Doré (S. auralus , Geoff.), ou le Pyrrhus d'Horsfield, se trouve à Java. Sa fourrure, composée de poils soyeux, est d'un beau jaune doré uni- forme en dessus , plus clair en dessous. On le nomme Loniung dans sa patrie.— Le Chinghau {S. cristatus , Raffles), ou \ePrui- neuœ des naturalistes français, se trouve dans les grandes îles de Sumatra et de Bornéo. Son pelage est noir, légèrement tiqueté TRAVAUX INÉDITS. i9S de points blancs. Sa chevelure longue diverge dans tous les sens sur le pourtour de la face, et sur le sommet de la tête s'élève un épi vertical. — Le Budeno {S. maurus, Erxl.), ou le Maure, a sou- vent été confondu avec le précédent. 11 habite Java. Son pelage est franchement noir et les poils du dessus de la tête sont divari- qués sur les côtés et recouvrent les oreilles. — Le Fémoral (S. /e- moralis. , Horsf.) a été observé par sir RafHes à Bornéo. Son pe- lage est noir, comme chez les deux Singes précédents avec les- quels il avait été confondu , mais il a du blanc jaunâtre aux épaules, sur les cuisses et au milieu du ventre. Comme les pré- cédents, il a lesinciput hérissé de longs poils.— Le Dussumier (S, Dussumieri Isid. GeofF.) est fort voisin du suivant, dont il dif- fère par le brun grisâtre du corps, passant au fauve sur la tête , le cou et les flancs. La queue et les membres sont d^un brun qui passe au noir sur la plus grande portion de la queue , les avant- bras et les quatre mains. On le rencontre sur le continent de l'Inde. — Le Capuchonné (S. cucullatus), que M. Isid. Geoffroy distingue spécifiquement du précédent, semble toutefois n'en être qu'une variété. Il vit dans les montagnes de Gates, au Malabar, dans les environs de Madras. Son pelage est généralement noir, formé de poils longs, touffus et rudes. Le dessus de la tête passe au gris brun, et, sur le bassin, la nuance du dos passe au brun marron ou même au gris — L'Obscur {S. obscurus ^ Reid.) de Sincapore, espèce admise par Martin, n'est , suivant M. Isid. Geoffroy, qu'une es- pèce fictive, et par conséquent le jeune âge du Semnopithèque Pruineux ou Chinghau. Son pelage est d'un noir fuligineux sur le corps, passant au gris brun en dessous, avec de longs poils gris brun sur la tête et la queue d'un gris foncé. — Le Semnopi- thèque aux mains noires [S, nigrimanus , Isid. Geoff.) a été ré- cemment découvert à Java. Sa fourrure est d'un cendré légère- ment brunâtre avec le dedans des membres blanc. La queue et les mains sont noires. De longs poils forment sur le milieu de la tête une huppe comprimée. La dernière espèce de Semnopithèques [S. leucoprymnus) est celle que les anciens auteurs appelaient Singe à larges favoris^ et plus récemment Cercopithèque à croupion blanc. Ce Singe est en effet remarquable par l'élégance de ses formes et les larges favoris blancs qui encadrent sa face noire. Sa fourrure formée de poils fins , soyeux , est colorée en brun obscur sur le corps , mais 196 REVUE ZOOLOGIQUÊ. {JuUUt 1848.) le croupion et les cuisses sont d'un gris très-clair. Les parties in- férieures du cou et en dedans des membres sont gris blanc, tan- dis que la poitrine et le ventre sont nuancés de noir. Ce Singe vit à Ceylan. Je ne connais pas le Semnopithèque cendré {S. cinereus) que M. Gray a nommé dans le catalogue du musée de Londres , et qu'il dit provenir de Malacca. Les CoLOBEis [Colobus , Hlig.) tiennent en Afrique la place qu'occupent en Asie les Semnopithèqnes. Comme ces derniers, ce sont des Singes minces de corps et à formes fluettes, ayant la face nue , des abajoues , des callosités sur les ischions , à ce que l'on dit, une queue longue et mince, terminée par un flocon de poils. Leurs mains n'ont pas de pouce, ou bien ce doigt se trouve remplacé par une sorte de tubercule , et c'est de cette particularité que découle leur nom de Colobos , qui signifie mu- tilé. Leurs dents sont comme celles des Semnopithèques , quant à la forme et quant au nombre. On ne sait rien des mœurs des Golobes , qui jusqu'à présent n'ont été rencontrés que dans la Gambie , à Sierra-Leone , dans l'île de Fernando-Po sur la côte occidentale de l'Afrique et dans l'Abyssinie, pour la partie orientale du même continent. La seule espèce de cette dernière contrée , appelée Guereza , est mieux connue quant à ses habitudes. On la dit vive, agile, assez pai- sible et douée d'un bon naturel. Elle vit de fruits et de graines et ne dédaigne pas les insectes. Les anciens naturalistes n'ont décrit qu'une espèce de ce genre remarquable par l'ample camail de longs poils qui recou^ vre les épaules. Ruppell en a fait connaître , dans ces derniers temps, une deuxième espèce très-curieuse par le genre d'orne- ment poussé à ses dernières limites. Tous les autres Colobes sont des acquisitions récentes pour la science, qui en compte aujour-^ d'hui dix espèces. Le CoLOBE A CAMAIL {Colobus polycoïïios) a été figuré par Pennant et décrit par Buffbn sous le nom de Guenon à camail. Les poils qui recouvrent le corps sont courts et noirs ; ceux des épaules et de la tête sont fort longs et de couleur jaune , mé- langés de brun. La queue est blanche. Ce Singe mesure jusqu'à un mètre de longueur et vit sur la côte de Guinée et au Congo , TUais plus particulièrement aux environs de Sierra-Leone et à TRAVAUX INÉDITS. 197 Fernando-Po. — Le Gueréza (Colobus Guereza, Rupp.) a le pelage noir, mais relevé sur les côtés par des franges blanches formées de longues soies flottantes. Sa queue est noire et terminée par une touffe blanche ; la face elle-même présente la double colo- ration du bleu des chairs encadré de poils blancs. Répandue dans le midi et l'ouest de TAbyssinie , et plus particulièrement dans les provinces de Godjam, KuUa et Damot, cette curieuse espèce y vit en petits groupes d'individus appariés, qui se tiennent de préférence dans les arbres épais placés sur les bords des rivières. Les Abyssiniens se livrent à sa chasse pour se parer de sa dé- pouille et en couvrir leurs armes. L'Oursin {Colobus ursinus , Ogilby) a la fourrure formée de longs poils noirs, la tête d'un blanc grisâtre et la queue blanche, terminée par une touffe. Le jeune âge est de couleur grisâtre. Ce Colobe provient de Sierra-Leone , et M. Gray dit de Fer- nando-Po ; pour ce dernier auteur, le Colobe oursin ne diffère pas de celui à camail , dont il ne serait qu'une variété. — Le Leu- coMÈRE (Colobus leucomerus, Ogilby) paraît être le même ani- mal que M. Wesmaël a nommé Semnopithèque bicolore. Cette espèce à longue fourrure noire aurait un bandeau circulaire d'un beau blanc sur le pourtour de la face , et la nuance blanche serait aussi répandue sur la poitrine, les cuisses et la queue. Ce Colobe habite les rives de la Gambie. — Le Satanas [Colobus sala- rias, Waterh ), dont on ne connaît que des dépouilles mutilées apportées de Fernando-Po, serait vêtu de longs poils noirs. —Le Ferrugineux {Col. ferruginosus , Geoff.) , aussi de Sierra- Leone , est ferrugineux , avec le sinciput , la queue et les mem- bres en dehors bruns. — Le Temminck (C. Temminckii^ Kuhlj de la Gambie, est d'un noir fuligineux, plus foncé sur le crâne, blanc jaunâtre sous le corps , avec du ferrugineux sur les flancs et la queue.— Le Colobe rouge noir (C. rufo-niger^ Ogilby) , aussi de la Gambie, est noir, avec les flancs et le dessous du corps rouge marron. Il vit aux alentours de la baie d'Algoa. — Le Pennant [Col. Pennantii , Waterh), de Fernando-Po , a la tête et la ligne dorsale du corps noires , les flancs rouge fauve , le dessous jaune, la queue noirâtre , les joues et le thorax blanchâtres. — Enfin le vrai Colobe (Colobus verus, Beneden) est la dernière espèce du genre et on ignore sa patrie. Sa fourrure est grise ou brun oli- vâtre et la poitrine grise. 198 REVUE ZOOLOGIQUE. {JuUUt 1848.) Les MTOPiTHÈQUEs(Myopî7^ectt5,Isid. Geoff.) sont des Singes intermédiaires, par leurs formes, aux Guenons et aux Semnopi- thèques , et dont quelques traits de l'organisation rappellent les Singes du Nouveau-Monde. Ces Myopithèques ont des formes grêles , une queue longue, des mains dont les doigts sont réunis à la base par des replis membraneux, et des ongles creusés en gouttière pour recouvrir la pulpe des doigts. Leurs oreilles sont fort grandes, et le nez, quoique peu saillant, a ses narines allon- longées, ouvertes à la fois en dessous et sur les côtés du nez. Ils ont, comme les Guenons^ des callosités et des abajoues ; mais on les distingue de prime abord par leur face très-obtuse, et par li^ dernière dent molaire qui n'a que trois tubercules. Ce genre ne renferme qu'une espèce , la plus petite, ainsi que l'indique son nom générique , de tous les Singes de l'ancien monde, et dont la patrie est ignorée. Buffon croyait son Talapoin de l'Inde, et l'opinion dominante aujourd'hui le fait vivre sur la côte occidentale d'Afrique. Le Talapoin (Myopithecus tala- poin, Isid. Geoff.) mesure au plus trois décimètres. Il a le nez noir et le pelage vert sur le corps et blanc en dessous et en de- dans des membres. Sur son front s'élève une sorte de huppe large et courte formée des poils du front relevés en brosse. Le Talapoin ou Métarhine n'a point été observé dans son état de liberté. Les individus privés apportés en Europe montraient de la douceur, de la résignation et de la gentillesse. Les Guenons (Cercopithecus , Erxl.) forment la dernière tribu des Singes à museau camus de l'ancien continent. Les espèces sont nombreuses , puisqu'on en compte 28, et se trouvent habiter exclusivement l'Afrique , et principalement la côte occidentale. Le nom de Guenon vient du vieux mot gnome , face grimacière ; tandis que celle de Cecropithèque est empruntée aux Grecs, qui désignaient ainsi des Singes à queue et probablement le Nisnas de l'Abyssinie. Les Cercopithèques joignent à leur museau peu saillant des abajoues amples , des callosités médiocres, une longue queue, des membres robustes et bien proportionnés et un pelage formé de poils drus, mais courts. Leur tête est globuleuse , leur esto- mac est simple , tandis que celui des Semnopithèques est divisé en plusieurs loges ou renflements, et leurs molaires ont quatre tubercules. Toutes les espèces, et elles sont nombreuses, vivent TRAVAUX INÉDITS. i99 en Afrique. Ce sont des Singes pétulants, capricieux, faciles à élever en domesticité, où leur intelligence les rend aptes à se soumettre à divers petits exercices , gourmands , colériques , ran- cuneux. Leur entêtement, quand ils sont adultes, les rend in- dociles et difficiles à gouverner. Buflbn a pensé que le Kebos d'Aristote était la Guenon mone, et les monuments de l'Egypte représentent, gravé en bas-relief, le Singe vert. La taille des Cer- copithèques est généralement médiocre. On ne peut méconnaître des sortes de petites tribus familiales dans les Guenons, dont les caraclères sont empruntés à la colo- ration de la fourrure et à l'ensemble des formes. Ces petites coupes ont même reçu des noms populaires que nous conser- verons. Les Singes rouges comprennent deux Cercopithèques , le Patas et le Nisnas. Le premier [Cercopilhecus ruber, GeofT.) a deux variétés, l'une à bandeau noir et l'autre à bandeau blanc. Le pelage est d'un fauve vif sur le corps, blanc en dessous, mais le rouge du dessus de la têle est plus vif. Ce Singe, plein d'intel- ligence et de finesse, e.^t cependant irascible, colérique et fort difficile à apprivoiser. 11 vit dans la Sénégambie, et aussi, dit-OD, en Egypte, dans le Dâifour et le Kordofau , où il est nommé Nango. — On en distingue le Nisnas {Cercopiih, pyrrhonolos , Ilemp. et Khr.), que les auteurs anglais ont à tort confondu avec lui. Le Patas a le nez noir et le Nisnas a cette partie blanche. Ce dernier a les paupières carnées, le pelage roux doré sur le corps avec une tache en triangle bordée de noir sur le front. 11 a été observé dans la province de Darschaki , entre le Sennaar et le Donzola. On croit retrouver dans ce Singe de l'Afrique connu des anciens le Cebos d'Alien et le Cebus d'Agathaschide. Les Singes verts n'ont jamais eu qu'une espèce désignée, par Adanson, sous ce nom, qui doit être commun aujourd'hui à 7 es- pèces bien distinctes, et cependant voisines les unes des autres par les nuances de leur pelage , qui affecte une coloration verte ou verdâtre, et par leurs formes corporelles. — Le Gallitriche ou Singe vert d' Adanson {Cerc. sabœus , Erxl.) habite la Sénégam- bie et notamment les îles du cap Vert. On a cru que cet animal se trouvait aussi en Abyssinie, mais on l'avait confondu avec le suivant. Le dessus du corps est vert jaunâtre et le dessous blanc , l^s favoris sont jaune doré.— Le Griyet {Cerc, engylhilhia) rem- 200 REVUE ZOOLOGIQUE. {Juillet 1848.) place le Gallitriche en Abyssinie et en Egypte, car on le rencontre en Nubie, où on le nomme Tota^ au Kordofan et au Sennaar, où il est appelé' Abelen. Il ressemble au pre'cédent, mais il a les favoris et un bandeau frontal blancs , la queue entièrement grise. — Le Delalande (Cerc, Lalandii, Isid. Geoff.) vit au cap de Bonne-Espérance. Son pelage est gris olivâtre et la queue est grise, terminée de noir. Un cercle de poils roux vif entoure la région lombaire inférieure. — Le Vervet {Cerc. pygerythrus ^¥ . Cuv.), dont on ignore la véritable patrie, a son pelage vert jau- nâtre, tiqueté de noir sur le corps et gris sur les membres. Son menton est noir et l'extrémité de la queue est aussi de cette der- nière couleur.— Le Roux-vert {Cerc, rufo-viridis , Tsid. GeofT.) est supposé habiter la côte occidentale d'Afrique. Son pelage, vert roussâtre en dessus, a les flancs roux et un bandeau blanc sur le front. — Le Malbrouk (Cerc. cynosurus , Geoff.) , du cap Coast sur la Gambie, est gris verdâtre sur le corps , gris sur les membres et sur la queue. Les favoris et le bandeau frontal sont blancs. C'est le Singe vert de Brisson. — Le Tantale {Cerc Tan- talus, Ogilby), dont l'habitat est ignoré , est vert jaunâtre sur le corps, gris sur les membres Sa queue est brune, terminée de jaune. Le front porte un bandeau blanc. Enfin, peut-être doit-on rapporter aux Singes verts, la Guenon à gorge blanche de Sykes {Cerc. albogularis , Sykes) , dont la patrie est ignorée, et qui a une fourrure variée de noir et de jaune en dessus , avec la gorge blanche , les membres et la queue noirs. 11 en sera de même de la Guenon Busnett {Cerc. Busnettii , Gray), dont la couleur est mélangée de brun et de gris , ponctuée de jaune sur le dos. La gorge, le ventre et le dedans des membres sont blanc cendré. Le front est jaune avec une tache noire au-dessus de chaque œil. ' Il vit dans l'île de Fernando-Po. Les Dianes ou Mones forment une troisième tribu de Cercopi- thèques. Ce sont des espèces dont le pelage est assez vivement peint et relevé en quelques parties par des taches blanches. La Guenon mone {Cerc. mona , Erxl.) provient de la côte de Guinée. Son pelage est assez vivement teint. C'est ainsi que le sommet de la tête est vert doré , que le dos et les flancs sont d'un marron assez vif piqueté de noir, tandis que sur les reins se des- sinent deux taches blanches. Sa face est bleue avec le nez cou- leur de chair. Le caractère de cette Guenon est doux et circon- TRAVAUX INÉDITS. 201 spect. Ses habitudes sont indolentes. M. Isid. Geoffroy-Saint- Hilaire en distingue la Guenon monoïde {Cerc. monoides , Isid. Geoff.) , qui a le dessus de la tête et la nuque d'un vert olivâtre tiqueté de noir, les parties supérieures d'un roux tiqueté et lé- gèrement lavé de vert ; les épaules et la majeure partie des membres noirs, le bas de la poitrine et le ventre gris, la gorge et la poitrine blancs. On ignore de quel point de la côte d'Afri- que provenait l'individu qui est figuré par M. Werner, sous le nom de Diane; trois espèces distinctes ont été longtemps confon- dues sous un même nom. — La Diane [Cerc. diana , Erxl.) a le milieu du dos marron et le ventre noirâtre ; tout le dessous du corps à partir de la gorge d'un blanc pur , le dedans des cuisses roussâtre. Elle vit sur la côte de Guinée. — Le Roloway ou la Pala- tine (Cerc. roloway) s'en distingue par des nuances de coloration fort disparates. Le milieu du dos est d'un brun presque noir ; une ligne blanche traverse le front. Les parties inférieures , le ventre compris, sont blancs. — La Guenon à diadème {Cerc. leu- campyx , Martin), aussi de la côte occidentale d'Afrique, a le dessus du corps gris olivâtre tiqueté de noir; un croissant blanc sur le front et simplement le gosier blanc. Sa queue est noire ti- quetée de blanc, et le reste du pelage est noir. — La Guenon tem- MiNCK {Cerc. Temminckii, Ogilby) , des côtes de Guinée , a sa fourrure d'un gris de cendre tiqueté de blanc , les lombes noirs, le menton et la poitrine blancs et la face plombée. Les Moustacs sont des Guenons qui portent au milieu de la face des plaques blanches disposées de diverses manières, soit sur le nez , soit même sur les lèvres. Le Moustac [Cerc. cephus^ Erxl.) de la côte de Guinée, a sa face bleue avec un croissant blanc sur le nez, des favoris jaunes et la barbe blanche. Un bandeau noir règne sur le front. Sa fourrure est d'un brun verdâtre passant au gris jaunâtre sur les membres. Les deux tiers de la queue sont d'un roux assez vif. — On distingue du Moustac la Guenon à oreilles rousses {Cerc. erythrotis^ Waterh) , qui vit dans l'île de Fer- nando-Po. Son pelage est gris, et, sur le corps, les poils sont an- nelés de noir et de jaune. Les bras sont noirâtres, le thorax est blanc et les régions auriculaires rousses. Sa queue est rouge avec une ligne noire en dessus. Ces deux Guenons fort voisines ont sans doute les mêmes mœurs , et celles du Moustac sont remar- itjuables par leur douceur et par une grande intelligence. — Le 202 REVDK zooLOGiQUE. [Juillet 1848.) HocHEUR {Cerc. nictitans, E. Geoff.) de la côte de Guinée a le pelage noir légèrement tiqueté sur le corps. Sa queue est brune. Le bleu de la face est relevé par une large tache blanche qui couvre le nez. — Une espèce fort voisine du Hocheur est la Guenon labiale [Cesc, labiatus , Isid. GeofP.), que l'on suppose provenir de l'Afrique occidentale. Les poils de sa fourrure sont longs et fournis. Le corps est en dessus d'un gris foncé tiqueté de jaune olivâtre, et d'un blanc sale en dessous. La face présente une tache noire au-dessus de la commissure et la bouche est encadrée par un rebord blanc. Les poils des oreilles assez longs sont teints de roussâtre. La queue de cette espèce est fauve sale , puis brune. — La Guenon Martin [Cerc. Martini , Waterh.) diffère peu de la Labiale, mais elle a l'abdomen noirâtre, tandis qu'il est blanc chez l'espèce précédente. Sa queue est noirâtre et elle vit dans l'île de Fernando-Po.— Le Blanc-nez [Cerc. petaurista, Erxl.), de la côte de Guinée et notamment du cap Coast, est une espèce anciennement connue , dont on a longtemps distingué une va- riété sous le nom à'^Ascagne. La face de ce Singe est violette, mais recouverte de petits poils noirs presque ras que relèvent deux taches blanches placées entre les yeux et les oreilles, et une plaque neigeuse placée sur le nez. Le dessus du corps est ver- dâtre, teint de fauve sur le milieu du dos et de la queue. Le de- dans des membres et les parties supérieures sont blanchâtres. Les Guenons à camail tiennent des Colobes par l'allongement des poils du cou qui retombent sur les épaules. Les deux espèces connues ont été récemment décrites. La première, la Guenon pogonia (Cerc. pogonias, Benn.), provient de l'île de Fernando- Po. Sa fourrure est noirâtre, relevée de noir sur les lombes et la ligne médiane de la queue. Les tempes sont noires et les mous- taches d'un blanc jaunâtre. — La Guenon Campbell [Cerc. Camp- beîlii, Waterh.) a été rencontrée aux alentours de Sierra-Leone. Son pelage est formé de poils longs et soyeux, gris olivâtre sur la tête et le cou , gris foncé sur le dos et les reins. Le dessous du corps est blanc et les membres en dehors sont noirs. La queue est brune et nuancée de jaune , puis terminée de noir. On ne sait rien des mœurs de ces diverses espèces. On a distingué sous le nom générique de Cercocébe?, ou de Mangàbeys, des Guenons d'Afrique , qui s'éloignent par quel- ques particularités de détails des autres espèces. C'est ainsi que TKAVAUX INÉDITS. 203 leur museau s'allonge légèrement pour établir le passage avec les Macaques, et que leurs crêtes sourcilières se projettent en saillie plus grande. Des anciens auteurs ne faisaient qu'une es- pèce des trois Mangabeys, que l'on distingue aujourd'hui, et qui tous trois proviennent de l'Afrique occidentale et plus particu- lièrement des côtes de Guinée et du Congo, notamment Cap- Coast et Sierra-Leone. Leurs mœuis sont empreintes d'une grande douceur, mais cependant leur pétulance et leur mobilité d'humeur les rendent facilement indociles. Les Mangabeys ont généralement la fourrure d'un brun plus ou moins fuligineux, et la face est noire avec des paupières blanches. L'un a un collier blanc devant le cou ({;erc. co//am), l'autre a le sommet de la tête coiffé d'une sorte de calotte blanche {Cerc.œthiops), et le troi- sième {Cerc. fuliginosus, E. Geoff.) a le dessus du corps brun fuligineux uniforme et le dessous blanchâtre. La deuxième grande tribu des Singes de l'Ancien-Gontinent est celle dont le museau est allongé sans cependant l'être autant que dans la troisième tribu, les Singes à museau de Chien ; mais la différence la plus saillante est dans la forme des narines qui ne sont pas tubuleuses et terminales. Elle comprend une seule famille, celle des Macaques , dont les espèces, une seule excep- tée, qui est africaine , habitent exclusivement l'Asie. Les Macaques {Macacus , Lacép.) ont la face disposée en mu- seau gros et assez allongé , mesurant un angle de 40 degrés et le nez saille à peine sur le milieu de la face. La membrure est forte, assez bien proportionnée au corps, et la queue plus longue que celui-ci. Ces Singes ont 32 dents et des molaires à cou- ronne hérissée de 3 tubercules. Les callosités et les abajoues sont très-prononcés. Les Macaques , ainsi que l'indique leur nom emprunté à la langue portugaise, sont des Singes grimaciers , gourmands, lu- briques, très-faciles à apprivoiser. Leur talent d'imitation en fait les compagnons les plus habituels des bateleurs. Mais s'ils sont éducables dans leur jeunesse , ils deviennent en vieillissant méchants, indociles et fantasques. La famille des Macaques est donc assez naturelle par une grande identité des formes générales ; cependant les espèces diverses qui la composent présentent entre elles des nuances de détails assez caractéristiques pour qu'on reconnaisse de petits genres bien ^04 UEVUE zooLOGiQDE. {JuilUt 1848.) distincts. C'est ainsi que nous admettons les vrais Macaques , les Silènes , les Rhésus , les Magots et les Cynopithèques , ces der- niers conduisant tout naturellement aux espèces à museau de Chien ou Singes cynocéphales par l'intermédiaire des Géladas. Les vrais Macaques [Macacus, Lacép.) ont les poils de leur fourrure assez uniformément ras, excepté sur le sinciput où les poils s'allongent et deviennent divergents. Leurs crêtes sourci- lières sont très-développées et forment une saillie qui avance sur l'œil. Leur queue est plus longue que le corps et légèrement atténuée à l'extrémité. Le vrai Macaque , dont on ne doit pas distinguer l'aigrette [Macacus cynomolgus), est répandu dans les îles delà Sonde et dans les Moluques , à Java , à Sumatra , à Bornéo , à Bouxa , à Timor et aux îles Gélèbes , et a été naturalisé à l'île de France dans les rochers de la montagne du Pouce. Ce Singe a la face livide, le pelage olivâtre tiqueté de noir, variant parfois au jaune verdâtre. — On confond avec cette espèce, suivant l'opinion com- mune, un Singe de Sumatra que F. Cuvier a distingué sous le nom de Macaque à face noire [Mac* carbonarius) , parce que la couleur du visage est d'un noir profond , excepté les paupières qui sont blanches. Quant à la coloration de la fourrure , elle ne diffère pas de celle du Macaque ordinaire. — Sous le nom de Ma- caque roux doré (Macacus aureus), M. Isidore Geoffroy-Saint - Hilaire a distingué une espèce de l'Inde et plus particulièrement du Bengale et du Pégu, et aussi de Sumatra. Son pelage est d'un beau roux tiqueté de noir. — Le Bonnet chinois (Mac. sinicus^ E. Geoff.)a sa fourrure d'un roux brillant sur le corps* Il habite le Bengale, où il est vénéré par les Brames. — Une autre espèce de l'Inde est le Toque [Mac. radiatus , Desm.), qui vit sur la côte de Malabar. Il est brun verdâtre sur le corps et blanc en dessous et en dedans des membres. Comme le précédent , les poils de la tête s'allongent et forment en s'irradiant une forte perruque. — Le dernier Macaque , dernièrement décrit, provient des îles Philippines {Mac. philippensis , Is. Geoff.), et on n'en connaît qu'une variété atteinte d'albinisme. — Il y aura lieu à distinguer sans nul doute, comme espèce voisine du Macaque ordinaire, Tanimal qui est figuré à la PI. II du Foyage de la Bonite , et qui vit au Bengale. Son pelage d'un roux très-foncé et très-tiqueté de brun , sa queue noire en dessus, le distinguent TRWAQX INÉDITS. 20^ du doré, tandis que sa face brune le sépare du Macaque commun. On ne peut se dispenser de séparer des vrais Macaques les Ouanderous {Siîenus), dont on ne connaît qu'une espèce, origi- naire de VWe de Ceylan et aussi appelée Singe à crinière (Simia silenus , L.). Ces Ouanderous ont un museau arrondi , et la tête et le cou recouverts par une abondante crinière formée de poil» tombants. Leur queue n'est pas aussi longue que celle des Ma- caques , et au lieu de se terminer en ppinte , elle finit en une touffe de poils. Le Silène a la face brune, avec des favoris blanc» et un pelage uniformément noir. Ses mœurs sont sauvages, em- preintes de férocité , et se prêtent difficilement à la domesti- cité. Les Macaques à courte queue, appelés aussi Singes à queue de Cochon et mieux Rhésus ou Maimon^ forment une tribu bien distincte que caractérisent une taille plus forte , des proportions- plus trapues, de larges callosités ischiatiques , un museau sail- lant et une queue grosse et conique, ne dépassant pas le cin- quième de la longueur du corps. Les Rhésus sont tous asiatiques et faciles à habituer à la commensalité de l'homme. Il en est un, le Maimon, que les Malais élèvent pour aller cueillir leurs fruits sur les branches des arbres qu ils ne pourraient atteindre, et qui jette fidèlement à son maître le produit de sa récolte. Longtemps les naturalistes n'ont admis que deux espèces , mais on en a fait connaître dans ces dernières années six nouvelles. Le Rhésus (Macacus rhésus ^ Desm.),à pelage gris verdâtre , habite les bord du Gange dans l'Inde continentale. — Le Maimon (Macacus nemestrinus , Desm.) a le pelage roux avec une ligne brunâtre sur le dos et le sinciput noir. Il vit dans les îles de Java et de Sumatra. Ces deux Singes ont à peu près les mêmes mœurs , c'est-à-dire qu'ils sont éducables , bien que les femelles soient plus douces et plus sociables que les mâles. Ces derniers en vieil- lissant deviennent intraitables. — M. Macclelland a décrit une es- pèce d'Assam (Macacus assamensis) à face èouleur de chair et à pelage gris cendré. — Ogilby et F. Cuvier ont appelé Macaque à dos noir ou maure (Macacus melanotus, Ogilby, et M. maurus, F. Cuvier), un Singe du Rengale brun cendré, mais avec la tête, le dos et les reins noirs. — L'Ochré [Mac. ocreatus^ Ogilby) appar- tient aux îles Célèbes , a la fourrure brun noir. — L'Arctoïde de M. Isidore Geoffroy {Mac» arctoides) se trouve à la Cochinchine 206 kevoë zooLOGiyuE. {Juillet 1848.) étale pelage brun ponctué de roux. — Le Japon possède une belle espèce de Macaque [Mac. speciosus ^ F. Guv.) d'un beau gris vi- neux et à face d'un rouge vif. — Enfin, le Népaul a l'Oinops de sir Ilodgson (M. oinops) , de couleur ferrugineuse assez vive, avec les bras ardoisés et la face carnée; MM. Falconer et Cautley ont trouvé dans le Sivalick des os fossiles qu'ils regardent comme ceux d'un Macaque voisin du Rhésus. Les Magots [fnuus, E. Geoff.jsont des Macaques, mais dont le corps est plus trapu, les membres plus robustes et dont la queue est rem placée par un simple tubercule. La seule espèce connue est très-répandue dans l'Egypte, la Barbarie, et s'est naturalisée sur le rocher de Gibraltar. Ce Singe , le vrai Pithèque des anciens , celui-là même que disséqua Galien (Simia inuus, L.), est fort célèbre par la facilité avec laquelle les bateleurs le dressent à une foule d'exercices. Étourdi et capricieux , la sévérité et les priva-t lions d'aliments ont bientôt dompté la fougue de son caractère sauvage, et il devient alors excessivement privé et familier. Dans le vieil âge et quand il n'a pas été assoupli de bonne heure , c'est un animal méchant , mordant avec fureur et ingénieux à faire le mal. Le Magot a une espèce de fourrure rousse avec du gris en dedans des membres , s'accommodant de toutes sortes d'aliments dans la domesticité , mais vivant presque exclusivement de fruits et de feuilles dans l'état de nature. C'est le Singe grimacier par excellence et qui a fait naître le vieux proverbe : Payer enmon- naie de Singe. Les Cynopithèques {Cynopithecus , Isid. Geoff.) nous condui- sent aux Geladas par leur museau saillant, mais les narines ont la même forme et la même disposition que celles des Macaques. La seule espèce connue provient des îles Philippines et plus par- ticulièrement des îles Solo et Matchian. C'est le Nègre {Cyno- pithecus niger , Isid. Geoff), dont les mœurs sont douces et intelligentes et qui a un pelage d'un noir terne, mais intense. Les poils de la tête forment sur la ligne médiane du crâne une sorte de huppe élevée. Enfin, les Geladas ou, comme les a appelés après moi M. Is. Geoffroy, les Théropithèques {theropitheciis) sont , parles appa- rences extérieures, des cynocéphales, car leur museau est allongé et leurs formes sont trapues. L'espèce type est, en effet, le lien de TRAVAUX INÉDITS. 207 transition des Macaques aux Cynocéphales vrais; on la distingue à son nez plat, mais dont les narines ne sont ni tuberculeuses ni terminales, ainsi que cela a lieu chez les Singes à museau de Chien. C'est un animal à corps trapu, portant de larges callosités et une queue terminée en épaisse touffe. Ses canines sont fort longues et son pelage varie au brun sur les parties supérieures et au fauve sur les flancs , en s'allongeant en une sorte d'ample collerette sur les épaules. Des parties privées de poils se font re- marquer sur le devant du cou et de la poitrine. On ne sait rien des mœurs de cette espèce d'assez forte taille, et qui vit en Abys- sinie, dans les hautes montagnes des districts d'Haremat , Simon et Oxum, à plus de 8,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. La dernière tribu des Singes de TAncien-Continent est celle des Singes à museau de Chien , appelés Papions et mieux Cyno- icÉPHALEs {Cynocephaîus , Brisson). Ce sont, après les Orans, les plus grands des Singes , ayant déjà les formes dégradées , les sens très- développés , les appétits brutaux. Leur museau, très-allongé et comme tronqué, a des narines terminales. Leurs abajoues, leà larges nudités des callosités ischiatiques , leurs membres robustes et presque égaux , en font des Singes très-voisins des animaux carnassiers et plus particulièrement du genre Ganis. Ils habitent exclusivement l'Afrique. Les Égyptiens vénéraient les Papions, dont une espèce repré- isentait le dieu Both , chargé de transporter les âmes au séjour de l'Éternité, Les figures en sont fréquemment reproduites sur leurâ monuments et dans leur écriture hiéroglyphique. A Persépolis, un temple spécial leur était consacré et des statues en métaux précieux en représentaient les formes à l'adoration des fidèles. Des amulettes, des figurines en bronze, représentant ces grands Singes, sont nombreuses dans les musées et proviennent des hy- pogées. Les Papions, parleur puissance musculaire et le développe- ment de leurs robustes canines , sont des animaux dangereux. Ils sont féroces , brutaux et indisciplinables. Pris jeunes , les individus du sexe féminin ont montré de la douceur et ont pii être rendus familiers , mais en vieillissant le naturel méchant prend le dessus et en fait des hôtes fort incommodes. La gour- mandise est le moyen le plus efficace pour dompter leur naturel sauvage. Us sont avides de friandises et de sucreries. Tome XI, Année 1848. 14 208 REVUK zoo LOGIQUE. {Juillet 1848.) Dans l'état de liberté , les Cynocéphales se réunissent en gran- des troupes et défendent les lieux qu'ils habitent contre les ap- proches des autres animaux. Ils se nourrissent de bourgeons , de fruits et même de petits animaux. Leur lubricité est extrême et les individus nourris dans les ménageries témoignent, à la vue des femmes, les sensations les plus brutales. Les vrais Papions ou Babouins forment une petite tribu dis- tincte, qui comprend deux espèces longtemps confondues parles naturalistes sous les noms erronés de petit et de grand Papions. C'est le Babouin [Cynocephalus babuin^ Desm.), qui paraît le véritable Cynocéphale des anciens écrivains grecs, Aristote et iËlien. Le Babouin se trouve répandu sur la côte occidentale d'Afrique, aussi bien dans la région septentrionale , car on le rencontre en Egypte , en Abyssinie et surtout dans le Sennaar , où on le nomme Bédir. F. Cuvier en a donné une bonne figure sous le nom d'Anubis. C'est un Singe à face noire chez les mâles et couleur de chair chez les femelles, à pelage vert olivâtre et à longue queue.— On en distingue le Sphynx {Cynoceph. Sphynx, Desm.) ou vrai Papion , de la côte de Guinée et de l'Egypte , dont le pelage est jaunâtre avec des ondes brunes , les poils du cou allongés et les callosités d'un rouge vif. Ce Papion paraît être le Sphynx de Pline , de Diodorede Sicile et d'Agathaschide. Rosse- lini en a donné des figures tirées des papyrus et il le regarde comme le Pithèque des Égyptiens. C'est surtout dans le Sennaar et dans l'île de Méroë qu'on l'a rencontré le plus communément. Les Papions prodiguent à leurs petits des soins intelligents et em- preints des marques de la plus vive tendresse : les femelles sur- tout se montrent excellentes mères. Ces grands Singes robustes, et naturellement méchants , sont cependant remplis d'intelli- gence, mais leur naturel est rétif, ce qui peut tenir au senti- ment qu'ils ont de leur force , et les rend difficiles à apprivoiser ou dangereux , à moins qu'ils ne soient maintenus emprisonnés comme le font les bateleurs. Toutefois, rejetant les anciennes opinions, qui font du Babouin ou du Papion le Cynocéphale des anciens , M. Ogilby a cru reconnaître ce dernier dans un grand Singe qui provenait des bords de la mer Rouge et qu'il a nommé Cynocéphale Thoth , parce qu'il a pensé que c'était le véritable Thoth des Égyptiens. Ce Singe adulte et de forte taille , d'un ca- ractère morose , a été observé vivant à Londres. Sa face couleur TRAVAUX INÉDITS. 209 de chair livide le distingue du BaViouin : son pelage est gris oli- vâtre tirant au vert jaunâtre en dessous, et le rapproche du Sphynx, dont il se distingue par la couleur brune de la poche scrotale, et parce qu'il n'a pas comme lui la face brune avec un cercle couleur de chair autour des yeux. Le même M. Ogilby a nommé Cynocéphale choras un Singe de la Nigritie, qui ne parait pas différer bien essentiellement du Papion. Une deuxième tribu de Cynocéphales est celle qui est formée par deux espèces appelées Singes à crinières ou Tartarins, parce que les individus du sexe mâle portent sur le haut du cou un épais manteau de longs poils. Leur queue est floconneuse à son extrémité'. Ce sont des Primates robustes et musculeux , d'un naturel très-féroce et redoutables même pour Thomme. Le Chagma [Cynocephalus porcarius^ F. Cuv.), dont le nom hot- tentot s'écrit Chôakauma , est le Singe noir du voyageur Levail- lant. Buffon en a figuré et décrit la femelle sous le nom de Gue- non à museau allongé. Le Chacma aie pelage noir verdâtre , plus clair sur les épaules et plus vert sur le crâne. Il habite les buis- sons rocailleux des montagnes du cap de Bonne-Espérance, où Kolbe affirme que les naturels l'appellent Baviaan. Le Chacma est renommé par sa férocité et ses appétits brutaux. 11 vit en troupes qui occasionnent souvent de graves dégâts dans les plan- tations.—L'Hamadryas {Cyn. hamadryas , Lat.) ^ aussi nommé Tartarin par Bélones , est généralement regardé /îomme le Singe cheiropithèque d'Aristote et le Papion des Égyptiens. Cuvier rap- pelle Papion à perruque. C'est qu'en effet ce Singe a sur les épaules un épais mantelet de longs poils gris cendré bleuâtre , la face et les oreilles de couleur de chair et de larges callosités ru- tilantes sur la partie postérieure. La femelle n'a pas de crinière. Commun en Abyssinie , en Arabie et en Egypte , l'Hamadryas y porte les noms de Gingero, de Faskale et de JVisnas, La troisième et dernière tribu des Cynocéphales est celle des Mandrills, qu'on pourrait élever au rang de genre sans incon- vénient, car si ces Mandrills possèdent les formes trapues des Cynocéphales et leur museau saillant, ils ont cette dernière par- tie renflée et sillonnée sur les côtés ; de plus, la queue n'est plus représentée que par un tronçon assez court, presque dressé sur les reins. Les Mandrills ont des membres égaux , très-robustes , de larges nudités sur les ischions qui sont peints des plus vive* • 210 BEVUE ZOOLOGiyOE. (JuUUt 1848.) couleurs. Leurs appétits sensoriaux sont des plus énergiques. Le nom de Mandrill ou de bon drille a été donné à ces Singes par les marins du Nord. Us sont colériques, méchants, gloutons, lascifs. Jeunes, ils reçoivent volontiers les caresses , mais en vieil- lissant ils deviennent intraitables. Le Boggo ou Choras {Simia maimon, L») a la face bleu azur, le nez rouge , les oreilles pour- pre-noir , les callosités pourprées et violâtres , le pelage bruii verdâtre. Sous le menton pend une petite barbe jaune. Il vit sur les côtes du Congo et de la Guinée. — On en distingue le Drill (Cynoc. leucophœus , F. Cuv.), aussi de la Guinée , mais dont la face est d'un noir luisant à toutes les époques de Tannée. Son pelage est assez uniformément verdâtre en dessus, gris blanc en dessous. {La fin au prochain numéro.) Sur une nouvelle espèce d'oiseau du genre Aviceda ; par F. de Lafresnaye. Lorsque nous publiâmes dans la Revue 1846, p. 124, une notice sur le genre Aviceda^ deSwainson ; Lepidogenys , Gould ; Lophotes , Temm. et Muller , en même temps que nous y indi- quions le petit nombre d'espèces connues jusqu'alors comme ap- partenant à ce genre fort rare , nous en décrivions une nouvelle sous le nom d'' Aviceda Verreauxii , dont nous possédions un mâle adulte, recueilli par M. Terreaux sur la côte de Port natal, et formant la quatrième espèce à nous connue. Nous en possédons une aujourd'hui venant de Sumatra , et qui nous paraît en constituer une cinquième espèce ; en voici la description : Aviceda Sumatrensis , Nob. « Av. non cristatus?capite supra, collo supero et laterali dor- soque supremo brunneo-rufis, plumis totis in medio nigro flam- mulatis ; dorso, alis caudâque nigro-fuscis, purpurascente relu- centibus ; tectricibus minoribus alœ nigris , mediis et majoribus autem margine brunnescentibus , apice albicantibus , remigibus fusco-nigris fusco-pallido extus et apice , albo vero intus et basi zonatis, apice albo marginatis; cauda pallide fusca vittis tribus TRAVAUX INÉDITS; 21 1 nigris latis quarum una apicali zonata alboque terminata; loris genisque sordide griseis ; subtus gutture pectoreque pallide ni- fescentibus, flammulis rufis et nigris variegatis; ventre, abdo- mine et subcaudalibus albis transversim vittis fusco-brunneis latis zonatis; cauda subtus albudo-margaritacea tribus latis vittis obscure fuscis , ullima apicali intus arcuata. Rostrum validum , nigro corneum ; maxilla duabus dentibus , niandibula tribus autem distincte instructis ; tarsis ut rite bre- vissiniis cum digitis et ungulis fortissimis longit. tota 45 cent, alae plicatae 33 cent. 1/2. Habitat in Sumatrensi insula. » Vj4viceda de Sumatra a tout le dessus de la tête, le cou en entier et le haut du dos d'un brun roux , mais toutes les plumes sont noires dans leur milieu , plus largement sur le cou que sur la têle ; les lorums sont d'un gris noirâtre et les joues d'un gris roussâtre; le dos et les ailes sont d'un noir brun à reflets pour- prés; les petites couvertures alaires sont presque noires, mais les nioyennes et les grandes prennent une teinte rousse vers leurs bords et sont frangées de blanc à leur extrémité; les ré- miges le sont également , mais plus largement ; elles sont en outre traversées par des bandes alternativement noires et brun noirâtre pâle; en dessous elles sont d'un blanc de perle, avec des bandes gris pâle ; leurs couvertures inférieures et le pli de l'aile sont d'un blanc roussâtre , avec des lâches rousses ; tout le dessous jusqu'au ventre est d'un blanc roussâtre, plus clair sur la gorge et le cou, plus foncé sur la poitrine, avec de larges mèches brunâtres , dont quelques-unes sont noires dans leur milieu le long des baguettes. Une suite de stries noires étroites forment une ligne médiane partant du menton et descendant vers la poitrine, où plusieurs autres mèches de la même couleur se font remarquer çà et là ; le ventre , l'abdomen et les sous- caudales sont traversées par des bandes alternativement brun noirâtre et blanches qui se font aussi remarquer sur les jambes et la culotte ; ces bandes, qui sont plus larges que chez les Avi' céda subcristatus et Ferreauxii , ont plus d'un centimètre de largeur, les blanches sont un peu moindres ; la queue est de la couleur des ailes et du dos, traversée par trois larges bandes d'un noir brun à reflets pourpres, dont une terminale sur un fond de même couleur , mais plus clair. Elle est en outre frangée de blanc à son extrémité, mais sur les deux dernières rectrices 212 RRVDE ZOOLOGIQUE. {Juillet 1848.) latérales ce blanc s'élargit beaucoup obliquement , d'où il ré- sulte que sur la dernière il forme une tache triangulaire de trois centimètres, et sur Pavant-dernière une d'un centimètre de longueur , et que la bande noire qui précède forme un arc dont les extrémités sont rentrantes. Cette espèce, de la taille à peu près des Aviceda subcristatus et F'erreauxii^ en diffère notablement outre sa coloration par son bec et ses pattes beaucoup plus vigoureux ; les deux dents de chaque côté de la mandibule supérieure sont également plus prononcées et plus distantes entre elles. Nous ne doutons guère que cet oiseau ne soit le jeune âge d'une espèce qui , dans son plumage d'adulte, se revêt proba- blement d'une teinte uniforme sur les parties supérieures et sur la poitrine , comme les quatre espèces connues , gardant comme elles ses larges bandes bicolores abdominales. Nous sommes d'au- tant plus portés à le croire, que dans la collection du duc de Rivoli , deux individus provenant, comme un des nôtres, V Avi- ceda Ferreauxii , de la côte-est d'Afrique , en différaient aussi par l'absence de huppe occipitale et par un plumage varié de brun et de roux. Nous trouvons toutefois chez notre nouvel oiseau l'indication d'une huppe future dans le prolongement d'une plume'nuchale. On pourrait donc supposer , comme nous l'avions fait d'abord nous-même , que notre oiseau de Sumatra est le jeune de l'es- pèce des Célèbes, décrite et figurée sous deux livrées différentes, et sous le nom de Lophotis {Aviceda Reinwardii , par Tem- minck et Muller; voyez 7?eu. zool. 1846, p. 129 et 130), mais dans la planche n° 2 , représentant probablement le jeune ou la femelle , il est figuré avec la tête et le derrière du cou gris clair avec une huppe et autres particularités de coloration différentes du nôtre. Or, cette différence jointe à celle de la patrie (Sumatra et les Célèbes) , nous font présumer fortement que notre espèce de Batavia'est nouvelle. A la fin de notre article de la Revue , cité ci-dessus, nous di- sions que d'après les grands rapports de forme que nous remar- quions entre les Aviceda et les Cymindis d'Amérique, on pou- vait supposer que , comme ces derniers , ils se nourrissaient en partie de^îmoUusques terrestres. Mais il faut convenir qu'ils en ont de non moins positifs avec les Bondrées, et il se pourrait SOCIÉTÉS SAVANTES. 9fd que, comme elles, ils fussent insectivores et apivores , dès lors la double dent de leur mandibule supérieure , correspondant avec les trois de la mandibule inférieure , leur aurait peut-être été donnée pour déchirer et tuer plus promptement les grands hyménoptères , ces pompiles géants à aiguillons si redoutables dans les pays chauds. Il est certain que les Aviceda doivent être considérés comme de petites bondrées huppées à bec pluridenté , représentant dans l'ancien monde les Cymindis et les Rosirhamus du nouveau , et formant avec eux un groupe naturel. II. SOCIETES SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 3 juillet 1 848. — M. Parchappe adresse un travail in- titulé : Notes anatomo-physiologiques sur la structure du cceur de V Esturgeon et de la Raie. L'auteur a acquis la certitude que les lobules que l'on remarque sur le cœur de l'Esturgeon , lo- bules déjà mentionnés par Morgagni , Kuhl , Baer et d'autres anatomisles, sont des cellules sanguines, communiquant entre elles , sans relations avec les cavités cardiaques, mais en conti- nuité de cavité avec les vaisseaux artériels et veineux du cœur ; que les parois de ces cellules sanguines contiennent des fibres musculaires; que les vaisseaux veineux et artériels , dont l'ori- gine ou la terminaison s'ouvre dans ces cellules, se détachent du cœur , au niveau du sillon circulaire , pour traverser le péri- carde et rejoindre au delà de cette enveloppe les troncs vei- neux et artériels , et former la partie fondamentale des cordons regardés jusqu'alors comme de simples ligaments. En considération de cette disposition anatomique , M. Par- chappe croit pouvoir admettre que les cellules sanguines con- tractiles de la surface du cœur de l'Esturgeon remplissent, à la manière des cavités ordinaires du cœur , le double rôle de ré- servoir et d'agent d'impulsion pour le sang ; que ces cellules participent de la nature de l'oreillette en ce qu'elles reçoivent du sang par des vaisseaux , et de la nature du ventricule en ce qu'elles chassent du sang par des vaisseaux; que ces cellules 214 REVDK ZOOLOGIQUE. (Juillet 1848.) sont destinées, en tant que réservoir, à recevoir le sang vivifié par la respiration branchiale que leur apportent les artères co- ronaires , en tant qu'agents d'impulsion , à pousser ce sang vivifié au travers des veines coronaires jusque dans le sinus veir neux; enfin que les artères et les veines cardiaques ne consti- tuent pas exclusivement, dans le cœur de l'Esturgeon , le cercle ordinaire et simple au moyen duquel le sang artériel, après avoir traversé un système capillaire pour les besoins de la nu- trition , revient désartérialisé à l'oreillette du cœur ; mais qu'elles font partie comme canaux d'un autre cercle , dans lequel les cel- lules contractiles occupent la place des vaisseaux capillaires, cercle au moyen duquel une portion notable du sang vivifié par la respiration branchiale est versée par les artères dans les cellules sanguines , d'où la contraction de ces cellules le chasse en le poussant par les vaisseaux veineux jusque dans le sinus, qui rap- porte à l'oreillette le sang veineux du corps. Dans une autre partie de son travail , M. Parchappe annonce, contrairement à ce qu'avait dit Monro, que la cavité du péri- carde , chez la Raie bouclée , est constituée par un sac sans ou- verture comme chez les animaux supérieurs; il constate en outre une conformation du péricarde et une disposition du sinus veineux fort différentes des descriptions données par les aur leurs; il décrit enfin l'appareil valvulaire actif de l'embouchure auriculaire du sinus veineux chez le même animal. M. Flourens donne lecture d'une note de M. Guy on , sur les Chaouia, peuplades de la Kabylie, qui habitent les montagnes du littoral , depuis la régence de Tripoli , à l'est , jusqu'à Douen , à l'ouest. Les Chaouia sont considérés comme des des- cendants des Vandales qui , lors de l'expédition de Bélisaire, se réfugièrent en grand nombre dans les montagnes de l'intérieur de la côte. Ce qui , selon M. Guyon, témoigne de l'origine sep- tentrionale de ces Berbères , c'est qu'il y a chez eux , comme chez les Cagots des Pyrénées, absence du lobule de l'oreille. Ce caractère, à n'en point douter, les ferait descendre des Goths, d'après l'auteur de la note. Séance du iO juillet. — Rien pour la zoologie. Séance du 1 7 juillet. — M. Léon Dufour communique un mé- moire intitulé : Recherches sur Vanatomie et V histoire naturelle (ie VOsmylus maculatus. 11 résulte des recherches anatomiqueii SOCIÉTÉS sàyàntes. 215 faites par l'auteur sur ce nëvroptère , que son appareil nerveux se compose d'un cerveau bilobé par deux grandes masses op- tiques, en continuation avec un cordon rachidien qui est formé d'un chapelet de ganglions au nombre de neuf, trois thora- ciques et six abdominaux, lesquels émettent des paires de nerfs réguliers et symétriques. L'axe qui les unit est formé de deux filets. Tout son système vasculaire aérifère consiste seulement en trachées tubulaires d'une finesse extrême et presque exclusi- vement nutritives. Quant à l'appareil digestif, M. Léon Dufour a constaté qu'il se composait d'une bouche à mandibules cornées tranchantes , à mâchoires bilobées , garnies de poils et de soies , munie de palpes de cinq articles , à lèvre arrondie avec ses deux palpes très-articulées; de deux glandes salivaires; d'un canal alimentaire droit, dans lequel il distingue un cesophage , un jabot, une panse, un gésier, un pylore, un ventricule chyli- fique, et un gros intestin; enfin du foie formé par huit vais- seaux biliaires capillaires. L'appareil génital, dans le mâle, offre une vingtaine de capsules spermifiques oblongues, reliées aux vésicules séminales au moyen d'un conduit déférent. La verge est charnue et n'offre aucun vestige de ces pièces cornées qui constituent l'armure copulatrice. En outre de cet appareil , le mâle présente encore , à droite et à gauche du rectum , et sans aucune communication directe avec les organes génitaux, un corps problématique, oblong, plat, à bout libre obtus, formé d'une bourse intérieure noire , et d'une tunique extérieure charnue , molle , contractile , blanchâtre. M. Léon Dufour ignore quel est le rôle qui peut être dévolu à un pareil organe dans les fonctions physiologiques. L'appareil femelle n'est composé que de dix gaines ovigères multiloculaires et allongées; d'un oviducte court et d'une bourse copulatrice , destinée à tenir en réserve le fluide séminal. M. Marie Bouaull lit Un mémoire sur Vorganisation des Trilobites. L'auteur cherche à établir que le test des Trilobites était de nature cornée, mais que, dans la composition, pour certains genres seulement, il entrait une plus ou moins grande quantité de carbonate de chaux. Il consacre ensuite une partie de son travail aux difterences d'altération que diverses espèces présentent dans leurs formes. ^Séance du 24 jitiïlet.—M. Isidore Pierre, deCaen, appellerai- 216 REVUE zooLOGiQDE. {JuUhl 1848.) tendon de rÂcadémie sur un insecte qui attaque en ce moment le blé dans plusieurs départements : on trouve cet insecte à l'état de chrysalide dans le trou qu'il s'est creusé dans la tige en la rongeant. M. Gaudichaud fait observer , au sujet de cette com- munication , que sa présence avait été déjà signalée par M. Ad, Vincent. Il est probable que c'est le même insecte dont M. Gué- rin-Méneville a fait, en 1845, à la demande de M. le ministre de Tagriculteur, l'objet de ses recherches, et sur lequel il a com- mencé un travail fort important qu'il a communiqué en partie à la société d'agriculture. Séance du 31 juillet. — Rien pour la zoologie. SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANCE. Séance du 12 juillet 1848. — M. E. Desmarest annonce que l'entomologie vient de faire une nouvelle perte en la personne de notre collègue M. Emile Charre, tué à Paris le 23 juin der- nier, dans les rangs de la garde nationale , en défendant l'ordre et la république. M. Alex. Labaulbène lit une notice nécrolo- gique sur M. Emile Charre. — On annonce la mort d'un membre honoraire , M. Schoen- herr, — M. L. Brisout de Barneville communique le fait suivant qui vient confirmer l'opinion des naturalistes qui , comme Dégéer, Latreille, L. Dufour, Gêné, Fischer de Valdheim, etc., admettent que les Forficules n'ont pas un régime alimentaire exclusivement végétal. Le 7 mars 1848 , en revenant de la cam- pagne , où M. Brisout rapportait quelques insectes vivants , il plaça dans un bocal une Forficularia auricularia , Lin. et une petite Blatte ; le lendemain il s'aperçut que la Forficule avait mangé la Blatte ; il recommença l'expérience , et il vit presque aussitôt cet insecte attaquer la Blatte et la dévorer. — Le même membre montre des individus des deux sexes de VAcridium dispar , qu'il vient de trouver de nouveau dans la forêt de Saint-Germain. — M. Ghiliani adresse une note sur les insectes qu'il a re- cueilli dans les Alpes maritimes , et il cite particulièrement les Mastigus palpalis , Campylus omalissimus , Homalopus Lo- ^eyi et Boreaphilus hœmiagianus. SOCIÉTÉS SAVANTES. 217 M. Reiche dit que l'insecte que M. Chiliani désigne sous le nom de Masligus palpalis , dénomination qui se rapporte à un coléoptère propre au Portugal , doit probablement constituer une espèce nouvelle. — MM. Bellier de la Chavignerie et Laboulbène disent qu'ils viennent de trouver aux environs de Paris le Molorchus major. — M. L. Fairmaire annonce que dans une chasse entomolo- gique qu'il vient de faire dans la forêt de Sénart , conjointement avec notre collègue M. Bigot, il a trouvé plusieurs coléoptères rares pour la faune parisienne , et il cite en particulier les Tillus elongatus , Cryptocephalus marginatus , Phyllobrotis quadri-maculata et Anogodes ustulata. — M. Alex. Laboulbène donne lecture d'un travail ayant pour litre : Description d'une nouvelle espèce française de Lœmo- phlcBUS. Ce coléoptère, que l'auteur a trouvé à Marancène, près Agen , et qui est très-voisin du Lœmophlœus fractipennis, Motschouski , s'il ne doit pas même lui être rapporté, ce que M. Laboulbène n'a pu reconnaître à cause de la description in- sudisante qu'en a donnée l'entomologiste russe , a reçu le nom de L. Dufourii. La diagnose latine de cette espèce est la sui- vante. Lœmophlœus Du fourii. — Planus, parallelus, ferrugineus, pubescens ; capite prothoraceque dense punctatis , hoc utrinque unistriato ; elytris parallelis , apice truncatis angulis posterio- ribus externis dilatatis, deflexis [mas)^ dentius striatis, intersti- tiis alternis angustioribus elevatis ; lateribus carinatis. Mas man- dibulis basi extus dilatatis, Lineam vix œquat. Habitat sub arborum corticibus in Gallia méridional! occi- dentali (Aginno). Séance du 2& juillet 1 848.— M. Doué annonce que M. Pierret, qui parcourt en ce moment les Pyrénées , surtout le versant qui regarde l'Espagne, a déjà fait quelques captures entomolo- giques intéressantes. H cile en particulier le Salyrus Lefebvrii, dont il a pris plusieurs individus. — M. Coquerel annonce que l'un de ses collègues de la ma? rine nationale, M. Fesco ^ lui a confié une collection de coléopr ^^S REVUE ZOOLOGIQUE. [JuUlei 18^8.) "^ tères provenant exclusivement de Taïti , renfermant de cent trente à cent quarante espèces, et semblant aussi complète que possible , car elle est le fruit de recherches nombreuses , et qui ont duré plus de quatre ans et demi. M. Coquerel se propose de publier un travail sur ces insectes , et prie les entomologistes qui auraient des coléoptères de Taïti de les lui communiquer pour rendre son travail le plus complet possible. — M. Javet montre une espèce de Saperda , voisine de la S, carcharias^ que M. Frœlich Charpentier nomme S. phoca , et qu'il a trouvée, il y a deux ans, aux environs de Mmes, quoi- qu'on ne Tait jusqu'ici indiquée que comme propre à la Russie. — M. Doué montre une espèce de Scorpion d'une grande taille, et qui provient du Sénégal. — M. Bellier de la Chavignerie montre à la société des che- nilles du Deilephila tithymali , qui ont été recueillies en Algé- rie par M. Lorquin , et qui lui ont été envoyées vivantes. D'après lui, ces chenilles différeraient assez notablement de celles du Sphynx euphorbiœ , et le papillon qu'elles produisent tien- drait le milieu entre les Sphynx euphorbiœ et Dahlii , partici- pant de l'un et de l'aulre dans des proportions à peu près égales, en sorte que notre collègue serait tenté de considérer le Deile- phila tithymali comme une variété hybride, provenant de l'accouplement du Deilephila euphorbiœ avec le Dahlii, si cette dernière espèce habitait la côte d'Afrique, où elle n'a pas encore été rencontrée jusqu'à présent. Séance du 9 août 1848. — Au sujet de la communication de M. Bellier de la Chavignerie, relative à des chenilles de Deile- phila, U. H. Lucas ô\t qu'il faudrait peut-être rapporter ces chenilles au Deilephila Dahlii , qui habite le nord de la Sicile et la Sardaigne, et qui pourrait se trouver en Algérie, plutôt qu'au Deilephila tithymali, qui n'a pas encore été signalé comme se trouvant en France, ou bien qu'on devrait plutôt les considérer comme devant produire une variété particulière du Deilephila euphorbiœ , qu'il a souvent observée en Algérie. M. Bellier de la Chavignerie répond que sa chenille diffère beaucoup de celle du Sphynx Dahlii^ et qu'il pense toujours qu'elle doit se rapporter à une espèce différente de Veuphor-^ biœ. SOCIÉTÉS SAVANTES. 219 — M. H. Lucas donne les diagnoses latines suivantes de deux nouvelles espèces de coléoptères provenant d'Algérie : Elaphocera rubripennis. — E. capite , thorace , scutello ab- domineque nigro-nitidis, punctatis, elytris rubro-castaneis , puiictatis, utrinque suturœ unisulcatis, tarsis in secundo pari- bus dilatatis fuscoque rubescentibus. — Long. 13 à 15 mill. , lai. 5 1/2 à 7 mill. — Province d'Oran, par M. le major Blanchard. Clytus quinque-punctatus. — C. quadripunctali Fabr. affînis, minor prœsertimque angustior ; capile testaceo-piloso ; anlen- nis rufescentibus , griseo-cinereo pilosis ; elytris brevibus , au- gustis, tomentoso cinereo virescenlibus fusco rufo quinque punctatis ; sterno abdomine pedibusque rufescentibus piloso griseo-cinereis. — Long. 0 mill. ; lat. 3 mill. — De Gigelli ; par M. Leprieur. — M. L. Buquel montre une nouvelle espèce du genre Ce- rosterna , provenant de la Chine , principalement remarquable par des touffes de poils qu'elle présente sur le corps, et à la- quelle il applique le nom de C, flocosa. — On lit une note de M. L. Fairmaire , contenant la traduc- tion de l'allemand d'un travail de M. Suffrian , inséré dans le deuxième volume des Linnœa entomologica , et contenant le commencement de la monographie des espèces européennes du genre Cryptocephalus. L'auteur partage ce groupe naturel en trois genres : ceux des Cryptocephalus, Pachybrachys et Stylo- somus, et il donne la description de vingt-trois espèces, — M. Mex, Labouîbène annonce qu'il a trouvé à Meudon un nid de Fespa rubra, et qu'il y a pris un assez grand nombre de ces hyménoptères , que l'on dit rares aux environs de Paris. — M. Rouzel montre un grand nombre d'individus du Geo~ trupes hypocrita , qu'il vient de trouver dans nos environs , et il fait voir une Cicindela germanica , qu'il a pris à Paris même. — M. Bellier de la Chavignerie montre une boîte pleine de chenilles desséchées, parfaitement bien conservées et offrant encore leur coloration naturelle. Il a préparé ces chenilles par la méthode ordinaire de l'insuflation , à laquelle il a fait toute- fois quelques modifications. — M. Doué annonce que le Catalogue des coléoptères d'Eu- rope et d'Algérie de M. Goubil est sous presse depuis le 15 juillet, et qu'il paraîtra bientôt. E. Desmarest. 220 HKVDR zooLOGiyL'E. {Juillet 1818.) III. MÉLA\'GES. Les ornithologistes apprendront avec plaisir que M. le doc- teur Degland va enfin publier son Catalogue analytique et raisonné des Oiseaux observés en Europe , dont l'impression n'a été arrêtée que par les événements qui viennent de s'accom- plir. Voici comment notre savant confrère annonce lui-même son ouvrage dans un prospectus qu'il nous adresse. . « Grâce à l'impulsion provoquée par les travaux de quelques hommes éminents dans les sciences naturelles, les Oiseaux d'Europe ont été de toutes parts, vers ces derniers temps, l'ob- jet de recherches actives : aussi, les faits qui les concernent se sont-ils accrus en proportion du nombre des naturalistes qui en ont fait le but de leurs observations. Plusieurs espèces, inédites ou nouvelles pour l'Europe , sont venues s'ajouter à celles que l'on connaissait déjà ; les doutes qui s'étaient élevés sur l'au- thenticité de quelques autres ont disparu, et une foule de rec- tifications et de détails nouveaux, concernant la description, l'habitat, la propagation , les mœurs , etc. , ont été insérés , soit dans les travaux spéciaux, soit dans des ouvrages périodiques d'histoire naturelle, en sorte que tel traité d'Ornithologie euro- péenne, dont l'apparition remonte à quelques années seule- ment, peut être considéré aujourd'hui comme fort incomplet et demanderait à être profondément modifié. » Afin de répondre , en partie , à ce besoin , je voulais donner une seconde édition de mon Catalogue des Oiseaux d^Europe , qui fût au courant des découvertes nouvelles ; mais les maté- riaux qu'à cet effet j'ai recueillis çà et là dans les publications modernes , et ceux qui m'ont été fournis par des correspon- dants habiles et zélés , sont devenus trop nombreux pour pou- voir être compris dans un ouvrage de cette nature. Il m'a semblé qu'un travail dans lequel , indépendamment des matériaux qui forment la partie historique , je consacrerais une place à la des- cription plus complète des espèces , à la révision et à la caracté- ristique des genres , des familles et des ordres , afin de les mettre en rapport avec les connaissances actuelles , serait par cela même d'une plus grande utilité. » Au lieu d'un simple catalogue , j'ai donc voulu offrir aux MÉLANGES ET NOUVELLES. 221 n.iluralisles un livre qui fût à la haulcur de la science; qui fût plus complet que le Manuel d'ornithologie de M. Temminck , et exempt des erreurs qui se sont glissées dans cet ouvrage, dans les travaux zoologiques de Vieillot et de quelques autres auteurs modernes. » La méthode n'étant point restée stationnaire dans le mou- vement progressif qui s'est produit , j'ai dû tenir compte des changements qui ont été apportés dans cette partie fondamen- tale de la science. Quoique je ne me sois point astreint à suivre rigoureusement celle de tel ou tel auteur , quoique je n*aie point adopté toutes les coupes qui ont élQ proposées de nos jours , je crois cependant avoir fait assez pour que mon travail, sous ce double rapport, soit au niveau de l'ornithologie moderne. » Quant à ce qui regarde la nomenclature , la création des genres , l'établissement des espèces , j'ai toujours pris en con- sidération les droits de priorité. » Les voyages que j'ai faits en Hollande, en Belgique et dan» plusieurs de nos départements , dans le but de visiter les collec- tions publiques et privées où j'espérais éclaircir quelques doutes et étudier moi-même des espèces fort rares que je ne possédais point, les relations étendues que j'ai établies avec la plupart des ornithologistes , non-seulement de France, mais de plusieurs autres points de l'Europe, m'autorisent à dire que j'ai fait tout ce qui dépendait de moi paur rendre mon travail aussi complet que possible. Enfin , les nombreuses communications que je dois à l'obligeance de MM. Hardy , Gerbe , de Selys-Longchamps, Moquin-Tandon , etc., ajouteront encore, je le pense et je l'espère , à son intérêt. » ^ornithologie européenne paraîtra vers la fin de l'an- née 1848, et sera composée de deux volumes in-8« de 550 à 600 pages chaque. Le prix de l'ouvrage , pour les personnes qui souscriront à l'avance, sera de 12 fr., et de 18 pour celles qui voudraient l'acquérir au prix de librairie, La liste de souscription sera ouverte jusqu'au 30 septembre 1848, et les noms des personnes qui auront souscrit seront pu- bliés en tête de l'ouvrage. On souscrit à Lille , chez Vauteur. (Écrire franco et lisible- ment l'adresse du souscripteur). 222 RKVDE zooLOGirjDK. (Juillet 1848.) Le Catalogue synonymique des Coléoptères âi'Euroye et d'Algérie t par M. le capitaine Gaubil , est sous presse et paraî- tra prochainement. La souscription restera ouverte jusqu'au 30 août 1848. — Le prix de l'ouvrage pour les souscripteurs est de 10 fr. : il sera porté à 12 fr. après la publication. On souscrit à Paris chez M. L. Buquet, trésorier de la Société entomologique de France , rue Dauphine , 35. ONZIÈMB AXnrÉE. — AOUT 1848. I. TRAVAUX IIVEOITS. ÉTUDES sur les Mammifères Primates ; par M. R. P, Lesson. — Suite. — V. p. 159 à 170, 191 à 2l0. Nous avons passé en revue les Singes de l'ancien monde, mais il nous reste à examiner ceux de l'Amérique, que, par une vieille habitude, on appelle les Singes du Nouveau-Monde. Ceux-ci , or- ganisés sur des types essentiellement différents des premiers , forment deux familles : les Cébiens et les Hapaliens. Les Cébiens, ou Platyrhiniens , ont les narines distancées et la face très-peu saillante ; ils diffèrent des Cynopithéciens , qui n'ont que trente-deux dents , parce qu'ils en possèdent trente- six. Leurs doigts sont recouverts sur la dernière phalange par des ongles plats et courts , et ils n'ont ni callosités ni abajoues. Les Cébiens sont eux-mêmes divisés en deux grands groupes^ les Cébiens gymnuriens , à queue nue en dessous, et les Cébiens trichuriens, à queue velue sur tous ses. points. Les premiers ont aussi reçu de M. Etienne Geoffroy St-Hillaire le nom de Singes Hélopilhéques forestiers, ou à queue enroulante, et en Géopi- théques ou Singes vivant plus particulièrement sur le sol et à queue ne servant pas à la préhension. Les Cébiens gymnuriens comprennent les genres Alouate, Lagotriche, Atèle, Ériodes; les Trichuriens renferment les genres Sajous, Saïmiri , Sagouin, Nyctipithèque, Saki et Bra- chyure. Les Alouates {Stentor, Geoff. ; AJycetes, Illig.), aussi nom- més Singes hurleurs , parce qu'ils poussent de profonds mu- gissements dans les forets, mugissements dont la puissance est due à une modification particulière du gosier , sont caractérisés précisément par le développement exagéré de l'os hyoïde , leur face obliquement saillante , avec un épais menton et leur queue très-allongée, en partie dénudée en dessous et très- prenante. Ces animaux habitent les régions équatoriales de l'Amérique chaude, et plus spécialement les profondes forêts humides et des savanes du Brésil, de la Guyane et de la Colombie. C'est en Tome X!. Année 1848. 15 I 524 REVOK zooLOGiguE. [Août 1848.) bandes nombreuses que s'assemblent les Singes hurleurs , qu'on voit préférer la cime des plus grands arbres, où leur queue prenante leur sert à se balancer aux rameaux ou à sauter de branches en branches. Naturellement farouches, ils fuient l'homme et se cachent tristement dans les fourrés de feuillage , et c'est au lever et au coucher du soleil qu'ils font entendre ces cris sauvages , assez semblables aux rugissements des bêtes fé- roces, qui frappent de stupéfaction ces voyageurs qui les en- tendent pour la première fois. Quant plusieurs Stentors pous- sent ensemble leurs cris , les échos , en les portant au loin dan» les montagnes et en les multipliant, leur donnent une puissance qui effraye. Marcgi aff, qui a observé les Singes dans les forêts du Brésil , rapporte que plusieurs individus se réunissent en cercle sous la dépendance d'un chef qui donne le signal des cris que tous doivent pousser , ou qui accorde à un seul le droit de frapper l'air d'un bruit assourdissant , et que les autres individus écoutent en si- lence. L'os hyoïde , où réside cette puissance d'intonation , est dilaté et forme une poche assez vaste ; l'air qui y est accumulé est refoulé par le larynx, et vibre sur ses parois, qui sont minces et élastiques. D'Azare a accusé les femelles des hurleurs d'avoir peu de tendresse pour leurs petits ; Spix dit le contraire , et son opinion semble plus probable. On les chasse au Brésil et à la Guyane pour leur peau, dont la fourrure est utilisée, et dans les forêts de Surinam pour leur chair, qui passe pour dé- licate. Les Stentors varient beaucoup dans leur coloration , suivant les âges et les sexes ; aussi n'est-on pas fixé exactement sur le nombre des espèces, — Le Singe rouge de Cayenne [My- cetes seniculus) est l'espèce la plus anciennement connue , celle quont décrite Barrère , Laëte et Bancrofft, et que Buffon a nommée Alouate. Sa fourrure est d'un roux clair et saillant , passant au marron foncé sur la tête , la barbe et les membres. — L'Araguato des bords de la Magdeleine, où le Mono-Colorado de Carthagène (Mycetes chrysurus , Isid. Geoff.) , vit dans les vallées d'Aragua, dans les llanos de l'Apuré, dans la Colombie, et ressemble au précédent. Toutefois, le dessus du corps et la moitié de la queue est d'un jaune doré brillant , tandis que la tête , les membres et la dernière moitié de la queue sont d'un TRAVAUX INÉDITS. " 225" marron très-foncé et nuancé de jaune. — L'Ourson [Mycetes ursinus) a le pelage formé de poils plus longs que chez léô autres hurleurs. Dans le jeune âge ce pelage est brun , mais parvenu à Pétat adulte, il est d'un roux doré assez uniforme. Ce qui distingue cette espèce est la grande abondance de villo- sités qui couvrent le tiu de la face, et qui s'avancent jusque sur le pourtour de Toeil et le rebord des lèvres. Ce Singé se noiiittïé Barbado au Brésil , Guariba à Belmonte , Ruiva dans le sertaitl' de Bahia , CupuHck chez les Botucudos. — L'Ouarineou Belzé- buth de Buffon [Mycetes fuscus) est à peine distinct de l'Our- son , dont il n'est qu'une variété , bien que quelques auteurs en aient fait une espèce. On le trouve au Brésil et surtout au Para. VJquipide Laët (Stentor rufimanus , Desm.), à pelage brun noir , avec les quatre extrémités et le bout de la queue rousses^ n'en semble encore être qu'une variété. De la province de Jaën, sur les rives du fleuve des Amazones. Il est probable que le hur- leur bicolore (Mycetes discolor) de Spix est cette dernière variété. — Le Caraya [Mycetes niger) se distingue facilement de ses congénères par son pelage uniformément noir , n'ayant des poils jaunes qu'en dessous et à l'extrémité de la queue. Il se trouve au Paraguay , au Brésil , et ne fréquente guère que les forets voisines des eaux. — VExquitna de Marcgrave [Mycetes barbatus , Spix) , à pelage gris jaunâtre pâle , ne semble être qu'une différence de sexe. — Il en est de même du Chorô [Sîmia Jlavicaudata , Lucul.) , à pelage brun noirâtre avec deux rayons jaunes sur les côtés de la queue. — Il se peut que VArabate de Gumila (Stentor stramineus , Geoff.) , que de Humboldt a ob- servé dans les forêts du Rio-Negro et du grand Para , soit une espèce distincte , car sa face est couleur de chair , son pelage de nuance jaune paille. Les Lagotriches (Lagotrix, Geoff. St-Hil.) se distinguent des Alouates par leur tête grosse et arrondie, leur os hyoïde moins ample, leur museau assez saillant, et les cinq doigts des mains remarquables par le raccourcissement du doigt indica- teur. Leur queue, nue en dessous et à son extrémité , est forte- ment prenante. Les poils du pelage sont mollets et très-fins. Les Lagotriches vivent exclusivement dans les régions lés plus chaudes de l'Amérique intetropicale , où on les rencontre sur les rives des grands fleuves, de rOréiioqué éi du Rr6-Guaviai^è', Jf(5 RKVTJE ZOOLOGIODK. (j4oÛt 1848.) par bandes nombreuses. D'un naturel doux et pacifique , on les dit très-friands, et c'est ce qui leur a valu le nom de Gastri- masgus que leur a donné Spix. Les auteurs admettent quatre espèces de Lagotriches, et ce- pendant il n'y a, à bien dire, que le Capparo qui soit décrit suffisamment. Celui-ci (Lagtithrix capparo) a la face nue et noire . la fourrure cendrée noirâtre; on le trouve sur les rives de rOrénoque, où on le nomme Capparo. — Le Grison {L. ca- nus) du Brésil est gris olivâtre sur le corps, brunâtre sur la tête. — Spix en distingue encore l'enfumé (L. infumatus), de cou- leur de terre d'ombre, avec la poitrine marquée de marron et de noir , puis l'olivâtre gris de souris et olivâtre , qui semble être une variété d'âge Ces espèces ou ces variétés sont très-mal con- nues , et demanderaient de bonnes figures. Les Atèles [Ateles , Geoff.) , ou les Singes araignées des an- ciens voyageurs , ont les me nbres très-maigres ou grêles, une tête ronde , des oreilles nues , la queue fort longue , calleuse et très-préhensile, et un pelage généralement sec et cassant. Grâce au développement et à la force de leur queue , les Atèles , Singes essentiellement forestiers , peuvent exécuter dans les forêts qu'ils habitent des bonds d'une grande force, certains qu'ils sont de pouvoir s'accrocher aux branches avec cet organe de tact. Sur le sol , leur démarche est lente, et leurs mouvements sont comme embarrassés par la difficulté qu'ils ont acheminer sur leurs doigts plies. Au reste, doux, craintifs, paresseux, les Atèles sont remarquables par un grand fond d'indolence. On a imprimé diverses historiettes sur l'instinct qu'ils déploient pour franchir les cours d'eau ou pour pêcher des crabes, mais les faits quelles rapportent ne sont pas claire- ment démontrés. Les Atèles vivent d'ailleurs en troupes, de fruits . de petits insectes et d'Escargots , et en captivité se font remarquer par leur mélancolique résignation. M. Lund a décrit les ossements fossiles d'un Singe fort voisin des Atèles, et qu'il a nommé Propithèque des cavernes du Brésil. Les espèces d'Atèles sont fort voisines les unes des autres par la taille, et assez difficiles à distinguer nettement par le pelage. Toutefois, les auteurs en admettent huit. — Le Coaita [Aleles paniscus , L.) a la face couleur de chair et la fourrure d'un Boir intense; on le trouve à la Guyane, au Brésil et au Pérou. TRAVAUX i:nedits. m — Le Chameck {Ateles chamek , E. Geoff.) est fort voisin du Ooaita, mais sa queue est plus longue. Les pouces de ses mains iiont façonnés en tubercules sans ongles. II vit à la Guyane, — Le Caïou [Ateles ater) a la même coloration des poils que le» deux précédents, mais sa face est noire; on le trouve à Cayenne. — Le CnuvA {Alelesmarginatus ^ (ieoff.) est noir, mais la face est entourée de poils blancs, et le sommet de la tête est de cette dernière couleur. On ne doit pas en distinguer le frontal [Ateles frontalis y Benn.), qui a seulement un croissant blanc sur le front. Le Chuva habite le Brésil, et plus particulièrement la pro- vince de Jaën. — Le Belzébuth [Ateles Belzebuth , Geoff.) , qu'il ne faut pas confondre avec le Stentor ou Alouate de ce nom , est également noir , mais le dessous et le dedans du corps est blanc. Commun sur les rives de l'Orénoque , les habitants de la Guyane espagnole l'appellent Marimonda. — L'Atèle aux main* noires [Ateles melanochir , Desm.) est gris avec les quatre extrémités noires, et vit au Pérou. — Le Métis [Ateles hybridus^ Isid, Geoff.) provient de la Colombie, où on le nomme Mono- Zambo. Brun cendré, clair sur le corps , blanc en dessous; ce Singe porte un croissant blanc sur le front. — Enfin quelques naturalistes admettent le Fuligineux (Ateles fulginosus, Kuhl.) , "^à pelage brun de suie , ayant les joues et les cotés du corps jaune cendré , et du jaunâtre sur quelques autres parties. Les ÈmoBES {Eriodes ^ Isid. Geoff.), ou les Brachytèles du voyageur Spix, sont des Ateles du Brésil, présentant une assez grande modification à la forme comme à la disposition des na- rines, qui sont distancées chez tous les Singes américains, et qui sont rapprochées , inférieures et arrondies chez les Ériodes. De plus , les Ateles ont des ongles aplatis à l'extrémité de» doigts , et ceux des Ériodes sont roulés et comprimés comme ceux des Chiens , le pouce de la main postérieure excepté. A cela près les >inges de ces deux genres ont les mêmes forme» générales _, les mêmes habitudes et le même régime. Ainsi que l'indique leur nom , les Ériodes ont leur pelage for- mé de poils moelleux , doux au toucher , quoique laineux et assez courts. Les pouces des mains sont nuls ou rudimentaires. Le prince de "Wied, qui les a observés dans les forêts primor- diales du Brésil , dit qu'ils fuient la présence de l'homme , et que, réunis en troupes, ils font entendre journellement leur 228 RKVUE ZOOLOGIQDE. {^OÛt 1848.) Toix claquante. On admet dans ce genre trois espèces : L'Arach- noïde {Eriodes arachnoïdes , Isid. Geoff.) , appelé Macoco ver- nello , a son pelage généralement fauve clair , passant au cendré roussâtre sur la tête , et au roux doré sur la queue. — Le Miriki (Eriodes tuberifer, Isid. Geoff.) porte encore le nom de Mono mouriM et de Kouyo , que lui donnent les Botocoudes , a son pelage fauve gris jaunâtre et la face couleur de chair, mouche- tée de gris. — L'Hémidactyle [Eriodes hemidactylus , Isid. Geoff.) est la seule espèce du genre qui ait un petit pour ongui- culé. Son pelage est fauve cendré , prenant une nuance brune sur le dos. M. Gray classe parmi les Eriodes son Brachytèle frontal [Bra- chyteîes fronialis), qui vit dans le centre Amérique , et par conséquent du côté de l'océan Pacifique. Les Singes américains à queue entièrement revêtue de poils , ou les Trichuriens , ne renferment qu*un seul genre , remar- quable par sa queue flexible et enroulante , mais dont aucun point n'est calleux ou dénudé. Ce genre est celui des Sajou» {Cehus , Erxl.), aussi appelé Sapajou et Saï par les Français, Singes pleureurs et Singes musqués par les voyageurs. Les es- pèces en sont nombreuses et très-difïiciles à distinguer les unes des autres par les analogies de coloration de leur pelage. Ces Sajous habitent exclusivement les régions chaudes de l'Amérique méridionale, le Brésil et la Guyane, et une espèce s'est avancée jusqu'au Paraguay , dans les provinces limitropes des provinces méridionales du Brésil. Ils se réunissent en grandes troupes dans la profondeur des forêts , et par leur puissance musculaire comme par la force de leur queue prenante , ils semblent orga- nisés exclusivement pour la locomotion semi-aérienne sur les rameaux. Adroits , habiles à se familiariser à divers exercices, Tes Sajous en captivité se montrent dociles, intelligents et très- éducables. Doux par tempérament , ils recherchent les caresses et y sont sensibles. Leur cri est flûte et mélodieux. Comme les autres singes forestiers , ils préfèrent dans leur régime naturel les fruits et les bourgeons, mais ils ne dédaignent pas les Vers, les insectes et les petits mollusques. Certains Sajous ont les poils de la tête hérissés en une sorte de loupet ; les autres sont privés de ce genre d'ornement. Le Sajou à toupet (Cebus cirrifer) vit à Bahia. Son pelage est moelleux TMAVAOX liNfiUlTS. Slà9 et formé de longs poils brun châtain , ayant sur la tête une forte nuance marron. — Le Huppé (Cebus cristatus) ^ confondu par F. Cuvier avec le précédent, s'en distingue par deux croissants blancs sur les côtés de la face. — Le Cornu {Cebus fatuellus) est brun avec deux larges pinceaux de poils longs sur les côtés de la tête. 11 est du Brésil comme les deux précédents, et il est connu sous les noms de Mico et de Kaité. On doit en distinguer le BufTon {Cebus fatuellus^ E. Geoft\) de la Guyane, dont le pelage est brun clair sur le corps avec deux pinceaux relevés sur le front par un bandeau blanc. — Le Sajou robuste [Cebus ro- bustus) a, comme les suivants, les poils de la tête allongés en brosses. Sa face est encadrée de noir , et son pelage brun noir relevé par le jaune du thorax et du cou. C'est principalement sur les rives du Belmonte et du Mucuri qu'on le rencontre. — Le Cucullé de Spix (Cebus cucullatus) n'en diffère pas proba blement ou n'en est qu*une variété. — Le Sajou trembleur {Si- mia trépida , L.) , à pelage marron et à mains cendrées de Surinam , pourrait bien former une espèce distincte. Les Sajous à poils de la tête lisses sont assez nombreux. Le Sajouassou de la Guyane et du Maragnon {Cebus apella) , le plus anciennement connu par les récits des vieux missionnaires , a donné son nom au genre. Ce Singe a la face violâtre, la fourrure sur le corps brun et une calotte sur la tête noire.— Le Sajou gri» {Cebus grûeus , Desm.), à pelage brun fauve varié de gris, semble être une variété du précédent. — Il en est de même du Sajou noir {Cebus niger^ E. Geoff.) , à pelage brun , à mains et queue noires. — Le Capucin {Cebus capucinus , Erxl.) est ré- pandu depuis la Guyane, le Brésil jusqu'au Paraguay, où il vit de maïs, qu'il préfère. Sa face, couleur de chair, est bordée de poils blancs ; une calotte noire recouvre la tête. Son pelage est brun jaunâtre avec du blanc aux épaules. — Quelques auteurs distinguent spécifiquement le Barbu [Cebus barbatus ,E. Geoff.), à vestiture gris roux , varié de gris et de blanc et de roux assez vif sur le ventre. — Le Saï de Buffon, le Matchi de Caroccas, n'est qu'une variété du Capucin ,qui présente des modification.'* nombreuses , suivant les provinces qu'il habite. — Le Sajou grêle {Cebus graciliSj Spix) , appelé Telle sur les bords du fleuve des Amazones, est brun fauve en dessus, blanchâtre en dessous. — Le Xantocéphal {Cebus œantocephalus ^ Spix) a à^ j&nure roux 230 REVOU ZOOLOGIQUh. (/4oût 1848.) sur une grande partie du corps , du noir sur le dos, les cuisses et les quatre extrémités d'un noir profond. 11 habite le Brésil, ainsi que le Libidineux {Cebus libidinosus, Spix) à calotte noire, à vestiture roux ferrugineux, et le devant de la gorge brun roux foncé. — Le Saï à gorge blanche de Buffon [Cebus hypo- leucos, E. Geoff.) , si commun au Brésil et sur les rives de la Madeleine et du Rio-Sinu, où il se tient dans les palmiers, est varié de noir et de blanc. Sa face est de couleur claire. — Le Sajou à grosse tête {Cebus monachus, F. Cuv.) a sa face couleur de chair , mais encadrée de poils noirs. Ses quatre membres et sa queue sont noirs , mais le bras a une plaque blanche , avec du jaunâtre orangé sur la poitrine. — Le Macaco di bando , ou Fer- dadeiro {Cebus xanthosternos ^ Wied) du Brésil , a son pelage châtain , les membres noirs et la poitrine jaune roussâtre. — Le Varié {Cebus variegatus , Desm.) a les poils noirâtres pointillés de jaune , le menton gris et les membres en dehors gris blan- châtre , les extrémités et la queue noires. — Le Sajou aux pieds dorés (Cebus chrysopus ^ F. Cuv.), le Carita blanca de la Co- lombie, a une raie brune sur la ligne dorsale, le dessous du corps blanc et les quatre membre d'un fauve doré vif. — Le Sajou à front blanc {Cebus albifrons , Humboldt) , a été rencontré dans les forêts qui avoisinent les cataractes de l'Orénoque et les May- pures , nommé par les Indiens Ouavapari, Il a sa face bleuâtre, le corps gris , le sommet de la tête brun, avec une raie transver- sale cendrée descendant sur le nez. — Le Sapajou jaune de Cayenne {Cebus flavus , E. Geoff.) a le corps fauve avec une raie plus foncée sur le dos, et la queue brunâtre. On le trouve à la Guyane et au Brésil , sur les rives du Solimoëns. On n'en sépare pas une variété nommée par Spix {Cebus unicolor) , brun fauve, avec nuance plus foncée sur le vertex et sur la queue. M. d'Or- bigny a figuré une autre variété {Cebus fulvus)^ dont la face est couleur de chair et le pelage fauve jaunâtre , avec des tons jaunes fort vifs. — Enfin une dernière variété atteinte d'albi- nisme, le Sajou blanc {Cebus albus),de M. Geoffroy St-Hilaire. Les Singes américains à queue non enroulante, ou les Géopi- Ihèques , ont aussi été appelés Sagoins ; mais ces Sagoins se subdivisent eux-mêmes en plusieurs genres, les Saïmiris, les vrais Sagoins, les Myctipithèques et les Sakis. Les Saïmïris {Pithesciuscus , Lessonj , démembrés des Calli- TRAVAUX INÉDITS. 231 lhrix,et dont plus tard on a fait le genre Chrysothrix ^ sont remarquables par leur petite taille et leurs proportions élégantes. Leur tête volumineuse et arrondie contraste avec les formes grêles du corps, qui ont valu à ce genre le nom de Singe-écu- reuil. Leurs oreilles sont triangulaires , et les yeux fort gros sont très-rapprochés. Le pelage est ras , la queue est fort longue et assez régulièrement cylindrique. Le Saïmiris , ainsi nommés à la Guyane des mots Galibi, Kaï- miri ou petlis Sais, habitent le Brésil et les bords de rOrénoque, où on les appelle Titis, Dans les lieux qu'ils habitent, ils choisissent de préférence les broussailles rocailleuses , et ils y vivent par petites bandes formées d'une douzaine d'individus au plus. Us recherchent pour leur nourriture les Araignées et les insectes , et boivent en humant. Sur toutes les espèces de Singes , les Saïmiris l'emportent sans nul doute en grâce, en gentillesse , en sociabilité. Leurs allures pleines de délicatesse, leurs caprices mêlés d'abandon, leur empressement à rechercher les caresses et à les rendre , leur donnent une grande place dans l'affection des hommes qui ont pu les conserver en vie en Europe. Leur intelligence, servie par un cerveau relativement volumineux, se manifeste par une foule d'actes composant une réflexion évidente. Ils savent, dit de Hum- boldt, reconnaître les insectes dont ils se repaissent jusque sur des gravures noires , et écoutent les paroles qui leur sont adressées et qu'ils cherchent à saisir sur les lèvres à mesure qu'elles sortent et que les sons frappent leurs oreilles. Les mères ont la plus vive tendresse pour leurs petits, et sont payées de retour. MM. Machado , Audouin et Geoffroy St-Hilaire nous ont laissé des détails pleins d'intérêt sur les mœurs de ces charmants petits animaux. On ne connaît , à bien dire , qu'une espèce de Saïmiri [Simia sciurea , L.) , décrite sous les noms de Sapajou aurore et de Singe-écureuil. Son pelage gris olivâtre ou lavé de roussâtre sur le dos, est relevé par le jaune orangé des bras et des jambes. Sa face nue et blanche , porte sur le nez et la bouche une tache noire , et sur chaque joue une petite mouche brune verdâtre. La taille de ce gracieux petit Singe surpasse à peine celle d'un Écu' reuil de France. On connaît plusieurs variétés assez caractéri- sées pour laisser quelques incertitudes dans l'esprit sur les limites 232 REVUE ZOOLOGIQUK. {JoÙt 1848.) à assigner à cette espèce. On se demande si quelques-unes de ces variétés ne sont pas plutôt de véritables espèces, ne différant du type que par des particularités de pays, mais devenues con- stantes par la filiation. C'est ainsi que le Callitriche entomo- phage de M. d'Orbigny et le Titi de rOrénoque de M. de Hum- boldt, pourraient bien être distincts du Saïmiri de la Guyane, et le premier (Ghrysothrix entomophage) est distinct surtout par sa coloration jaune serin, mêlée de noir sur le corps, sa calotte noire et ses mains d'un fauve doré très-brillant. Il vit sur les bords du Rio-Momoro. Les Sagoins {Saguinus^ Less. , et Callithriœ , E. Geoff.}, dont le nom de Callitriche , emprunté à un Singe de l'ancien conti- nent , veut dire beaux poils , forment un petit groupe composé de Singes remarquables par leurs formes élégantes et la colora- tion de leur pelage. Leur tête est petite ; les dents sont implan- tées verticalement sur les mâchoires ; leurs canines sont courtes, les oreilles grandes ; la queue longue et très-poilue et les mains à cinq doigts recouverts par des ongles légèrement plies en gout- tière. L'ensemble des formes corporelles du Saïmiri se retrou- vent chez les Sagoins, mais leur taille est un peu plus forte; les poils du pelage sont plus longs. Leurs mœurs doivent être semblables ou fort voisines du moins de celles des Saïmiris ; mais comme les Sagoins sont fort peu connus , on ignore les traits les plus saillants de leurs habitudes. Ils vivent exclusive- ment dans les régions chaudes de l'Amérique, au Brésil et à la Guyane. M. Lund a nommé Protopithèque une espèce fossile fort voisine , dont il a rencontré les débris dans les cavernes du Brésil. Le Moloch [Callithrix moloch , E. Geoff.) est nommé Oiabussa au Para , sa patrie. 11 a sa fourrure cendrée en dessus , fauve roussâtre vif en dessous , les mains et le bout de la queue blanches. — On en distingue le Cuivré {Cebus cupreus , Spix) , des forêts de Solimoëns , sur les confins du Brésil et du Pérou. Cette espèce a le dos brun, la tête roussâtre et le dessous du corps et les mains de nuance de cuivre. La queue est terminée de noir. — Le Sagoin à masque [CalL personalus , E. Geoff.) , le Sahuassu des Brésiliens , sur les bords des fleuves Aliperimi , Spiritu-Santo et Rio-Doce, est cendré ocracé, avec la lêle et les mains noires.-— Le Sagoin aux mains noires {CalL melanochir ^ TRAVAUX INÉDITS. ftSH KubI) est cendré avec le front et les mains noires. Il est com- mun au Brésil , dans le Sertam de Bahia et sur les rives de l'Al- cobaca et du Belmonte. M, Spix a décrit sous plusieurs noms {CalL nigrifrons ^ cinerascens ^ etc.) des différences de sexe et d'âge. — Le Donacophile (Call. donacophilus , d'Orb.) , que l'on croit de la Colombie , est brun cendré , avec les mains de nuance claire. — Le Sagoin mitre {CalL infulatus , Lichst.) est gris en dessus et roux en dessous. 11 a une grande tache blanche encadrée de noir au-dessus des yeux. Il se trouve aussi au Bré- sil , où il paraît être rare. — La Veuve {CalL lugens et Torquata, Anat.), la Finditade Humboldt, des forets, des montagnes gra- nitiques des rives droite de TOrénoque, est une charmante espèce portant sur la tête une calotte noire pourprée imitant une coiffe de deuil. Sa face nue porte un masque carré blanc bleuâtre , encadré de gris dans le haut et de blanc dans le bas. Sa fourrure est d'un noir lustré que relève une cravate blanche. — Le Sagoin à fraise {CalL amicta) n'en est qu'une va- riété d'âge. La Veuve a des manières pétulantes et gracieuses. Elle se nourrit de fruits, et cependant elle dévore les petits oiseaux, quand elle peut les saisir. — Le Brun ( CalL brunnea , Natterer ) du Brésil a le pelage brun foncé , avec une bande frontale et les mains noires. — Et le Botté {CalL caligata, Natt.) a le sinci- put et les mains noirs , le corps fauve clair et les joues cui- vrées. 11 habite les bords du Solimoëns et le district de Borba. Les DouROucouLis {Nyctipithecus , Spix ; Nocthora , F. Cuv.), dont on connaît plusieurs espèces , forment un petit groupe fort intéressant et bien distinct, tant par ses formes que par ses ha- bitudes. Ce sont des Singes qui représentent, dans le Nouveau- Monde , les Loris de l'Asie ; remarquables par leur tête presque complètement ronde et leur museau très-court , leur face en par- tie pointue, et deux grands yeux raprochés ; les quatre mains ont chacune cinq doigts recouverts par des ongles étroits et eanaliculés; la queue est longue, très-mobile, garnie de poils épais. La fourrure est en général très-abondante et très-soyeuse. On a primitivement appelé les Douroucoulis Aotes , sans oreilles , mais aucun nom ne s'est trouvé moins convenir , puisque ces Singes ont de larges conques auriculaires. Ceux de Nocthores et de Nycti pi thèques, qu'ils portent aussi, viennent tous les deux de leurs habitudes crépusculaires ou presque noc- 'i34 RKVDB 2O0L0G1QDE. {AoÛl 1848,) turnes. Les Douroucoulis, en effet, dorment pendant le jour et chassent pendant la nuit aux insectes et aux petits oiseaux. Toute- fois leur nourriture la plus habituelle consiste en fruits buty- reux et sucrés , tels que bananes, semences d'inga, pommes de palmier, cannes à sucre, etc. Ils sont monogames et peu sus- ceptibles de vivre en domesticité. Leur cri consiste en un miau- lement que rendent assez bien les syllabes e-iaou, ou bien en sons rauques et gutturaux que rendent les mots qtier-quer. Pour dormir , les Gouroucoulis se pelotonnent sur eux-mêmes à la manière des Loris , et quand ils vaguent dans les forêts, leur voix alors prend de la force et a quelque ressemblance avec les rugissements du Jaguar. Aussi les Indiens les appellent-ils Titis- Tigres. On ne connaît bien que deux espèces de Douroucoulis , du Brésil et de la Guyane, bien que M. Spix en ait nommé deux en sus de celle décrite par M. de Humboldt , et la première connue, le Douroucoulis à trois bandes (Nyctipithecus trivir gains). Ce Singe habite les forçts de la Guyane , où les Indiens maravitains l'appellent Douroucouli. Dans les missions de l'Orënoque , il porte le nom de Casa- Ray ada , ou Singe à face rayée. Il a reçU aussi diverses autres dénominations, telles que Mono dormilon ouïe dormeur, Cousi-Cousi , etc. On le chasse activement pour sa fourrure, qui est estimée. Ce qui le distingue, ce senties trois raies noires et les deux blanches qui couvrent le front au-dessus des yeux. M. Spix a distingué comme espèce un Nyctipithèque hurleur [Nyctip. vociferans) , qu'il a observé dans les forêts de Tabatinga , sur les confins du Brésil et du Pérou. Cet animal a .un pelage gris roux sur le corps , roux sur la tête , avec le front maculé de taches jaunes. — Le Miriquouina de d'Azara, ren- contré dans la province de Chaco, sur la rive occidentale du Paraguay qu'il n'a pas franchie , et dont les mœurs sont pai- sibles et niaises , comme dit l'auteur espagnol , semble aussi être distinct du vrai Douroucouli. Sur le front on remarque deux taches blanches finissant en pointes et séparées par du brun foncé. Quelques auteurs rapportent ce Mariquouina à l'espèce du Brésil que Spix a nommée Nyctipithèque Chat (Nyctipith. fel inus) , et que Rengger a récemment décrite. Son front a des bandelettes noires, et deux taches blanches surmontent les yeux . Tous ces Singes demanderaient un nouvel et sérieux exa~ TRATAUX INÉDITS. ^ 235 men les uns à côté des autres. M. Gray suppose même que ce dernier est l'animal que MM. Vigas et Horsfield ont pris pour le Cheirogal de Caumerson. Il en indique une variété de Santa-Fé de Bogota , qui a les taches frontales presque effacées. [La fin au 'prochain numéro.) Nouvelle espèce du genre Anodonte; par MM. Jules Ray et Hejnri Drouet , à ïroyes. — Planche 1", fig. 1 et 2. Le genre Anodonte tend à s'accroître tous les jours. Depuis les premières espèces , assez peu nombreuses , données dans les grands ouvrages de Draparnaud et de Lamarck , bien peu de naturalistes en ont indiqué de nouvelles. Cependant , grâce aux découvertes assez récentes de MM. Millet, Holandreet Dupuy, ce genre n'est pas entièrement resté stationnaire. M. Bouchard- Chanlereaux , et quelques autres zoologistes , ont aussi men- tionné , dans leurs faunes locales, des espèces peu connues ou décrites par des auteurs étrangers. Aujourd'hui , cette tendance semble vouloir s'augmenter en- core, et cela, surtout, depuis que l'élude de l'animal est venue ajouter de nouveaux caractères spécifiques distinctifs. On semble s'intéresser davantage à ces coquilles, d'ailleurs si curieuses, et l'on veut tirer de l'oubli un genre par trop négligé , et qui doit donner lieu infailliblement à des découvertes importantes. Cet oubli tenait sans doute à l'erreur de certains naturalistes , qui , prenant Draparnaud pour guide , croyaient être arrivés au nec plus ultra du nombre des espèces à recueillir, quand ils en avaient observé une ou deux dans leur localité. Ils oubliaient probablement qu'il en est des Anodontes comme de certains autres animaux, c'est-à-dire que chaque localité nourrit presque une espèce qui lui est propre. M. l'abbé Dupuy, dans son bel ouvrage sur les Mollusques du Gers , appelle l'attention des naturalistes sur le genre Ano- donte , et exprime , en terminant , un vœu louable, et qu'on doit souhaiter de voir réaliser. Il voudrait o qu'un naturaliste habile s'occupât de rassembler un nombre considérable d'échantillons de ce genre difficile , en meltant à contribution tous les natu- ralistes de l'Europe » ; par ce jnoyçn , on arriverait « à une^o- 236 REVUE ZOOLOGIQUE. {Août 1848.) nographie européenne qui fixerait définitivement les caractères de chaque espèce. » Nous portons nos vœux moins haut , et voudrions voir seule- ment une monographie française du genre Anodonte. En atten- dant ce naturaliste (qui ne peut tarder à se produire) , il faut contribuer, chacun dans sa localité, et autant que possible, à un travail qui demandera nécessairement du temps et des docu- ments nombreux. Pour notre part , nous nous occupons avec soin de la recherche des Anodontes de notre département. Nous pouvons même dire que nous en possédons un bon nombre , et que notre intention est de donner successivement la description et la figure de toutes celles qui habitent nos eaux, même des espèces communes, sur lesquelles tous les auteurs ne sont pas encore entièrement d'accord. Nous pensons en outre qu'une monographie ne sera possible qu'au naturaliste qui étudiera l'animai de l'Anodonte , et qu'on doit avoir grand soin de le conserver dans l'alcool faible pour le comparer et l'étudier au besoin. Jusqu'ici on n'a pas encore eu égard au caractère fourni par la pesanteur de la coquille. Nous croyons que ce caractère peut avoir son utilité , et qu'il doit être pris en considération dans les descriptions. Il en est de même du caractère tiré du plus ou du moins d'élargissement de la coquille à la partie antérieure, comparé à celui de la partie postérieure. En d'autres termes , il faut qu'en abaissant une ligne verticale des crochets sur la base , on puisse dire combien de fois la partie postérieure est com- prise dans la partie antérieure. Nous rapportons, dans notre description , ces deux nouveaux caractères, qui , joints aux autres, aident puissamment à la dis- tinction des espèces de ce genre difficile. L'espèce que nous publions aujourd'hui est une des plus inté- ressantes que nous ayons rencontrées. Nous l'avons découverte il y a deux ans, dans un canal servant de vivier. Jusqu'ici nous nous n'avons trouvé cette Anodonte que dans ce canal ; nous l'avons en vain cherchée dans la rivière qui est au- dessous. C'est après l'avoir soumise au jugement de naturalistes distin- gués , et après avoir pris leur avis que nous la publions. Nous TRAVAUX INEDITS. 237 l'avons déjà envoyée à plusieurs de nos correspondants , sous le nom spécifique que nous lui conservons ici : Anodonte de Millet, Ânodonia Milletii (Nobis). Diagnose ; Testa mediocriter magna , ovata , tumida et ven- tricosa, subradiata, transversim multo sulcata, supra rariter lœvi , infra rugosa , mediocriter crassa; posterius brevi et ro- tundata ; anterius rotundata, attamen subangulosa , altissima, diîatatissima ; Margine inferiore non compresso , regulariter rotundato, non sinuato , tenui ; Natibus retusis , supra albis, subter rubiginosis ; ligamento prominulo , curvato ; sinu ligamentali ovato ; Epidermide flavo-oleagino , vel flavescente-brunneo ; Testa interius albida, paululum cœrulea , parum nitida; la- mina cardinali arcuata ; sinu cardinali notabili; margine inte- riore non crasso. Animal : Nous en donnerons la description comparative dans le travail que nous préparons et qui sera une sorte de revue monographique des Anodontes du département de l'Aube. Description : Coquille assez grande, ovale , courte , renflée et ventrue, marquée de rayons très-peu visibles dans les indi- vidus adultes, plus distincts et d'un beau vert chez les jeunes; stries d'accroissement très-prononcées , formant des zones plus foncées que le reste de la coquille , supérieurement rarement lisse, inférieurement rugueuse à cause du débordement du tissu lamelleux à chaque strie d'accroissement (ces stries conservant , surtout les dernières , la frange qui borde la coquille et qui sert à la clore) ; épaisseur médiocre ; bord postérieur court et ar- rondi ; bord antérieur subanguleux (les angles de ce bord sont toujours très-émoussés, ce qui faitqu'il est arrondi), très-élevé et dilaté; bord inférieur non comprimé, régulièrement arrondi, sans sinuosités, assez mince; crochets excoriés, naf es blanc ar- genté au sommet , plus bas teintés de rouille ; ligament un peu proéminent et sensiblement courbé, sinus du ligament ovale, allongé ; couleur de l'épiderme d'un jaune olivâtre, tirant quelques fois sur le brun jaunâtre ; nacre d'un blanc de lait, mat et très peu brillant , quelque peu bleuâtre ; bord intérieur peu épais; lame cardinale arquée et saillante ; sinus cardinal bien prononcé. 238 HEVDE ZOOLOGIODE. (AoÛt 1848.) De plus, et pour les petits individus comme pour les grands, partie postérieure comprise deux fois un quart au plus dans la partie antérieure. Un fait encore à noter c'est que les coquilles, étant placées dans les collections, se fendent naturellement dans le sens des rayons , à la partie inférieure. Dimensions d'un grand individu (grandeur rare) : Largeur 1 1 0 millimètres. Hauteur 70 mill. Épaisseur 52 mill. Le poids de la coquille est de 67 grammes. Dimensions de l'individu figuré (grandeur ordinaire) ; Largeur 95 mill. Hauteur 63 mill. Épaisseur 39 mill. Son poids est de 34 grammes. Dimensions d'un individu plus petit : Largeur 80 mill. Hauteur 54 mill. Épaisseur 34 mill. Le poids est de 23 grammes. Habite les environs de Troyes , dans le réservoir de Monta- bert, alimenté par la Rance, petit ruisseau qui prend sa source à Daudes , et va se jeter dans la Barse. La Rance n'a pas plus de 4 kilomètres de cours et ne tarit jamais. C'est sur des centaines d'individus que nous avons établi notre description. Cette Anodonte remarquable est différente de toutes celles décrites jusqu'à ce jour. Nous nous faisons un plaisir et un de- voir de la dédier à M. Millet d'Angers, qui a enrichi ce genre de deux espèces nouvelles , et qui a bien voulu nous aider de ses conseils pour la détermination des mollusques de l'Aube , dont nous préparons en ce moment Je catalogue. En terminant , nous répétons que nous nous occupons active- ment de la recherche des Anodontes de notre département. Nous donnons cette espèce en attendant les autres , dont la des- cription et la figure se succéderont dans la Bévue zoologique. (fiofu^ X?cfoal<^ac IOtÔ \'icolHdel IM.JeU Inodonta MlleLii. (JUy u nrouët). K ANALYSES d'oDYRAGES NOUVKADX. 2^ Nous nous ferons un plaisir d'adresser nos différentes espèce» aux naturalistes qui nous les demanderont en échange de celles de leur pays. Moi* ► II. ANALYSES D'OUVRAGES NOUVEAUX, M. DE Lafresnaye nous adresse la notice suivante : ' «oon , - ji M. le Directeur de la Revue Zoologique. ^ , , - Monsieur et cher collègue , M. le vicomte Dubus, membre de rA-cadémie royale de Bel- gique et bien connu par ses travaux ornithologiques , nous ayant adressé une demi-feuille d'impression renfermant la description de quinze nouvelles espèces d'oiseaux d'A^mérique dont nous possédions une partie encore sans noms dans notre collection, nous avons pensé que , parmi les lecteurs de la Revue , les orni- thologistes seraient satisfaits, comme nous l'avons été nous- mêmes, de prendre connaissance de cette notice extraite des bulletins de l'Académie royale de Belgique. Nous ajouterons seulement après chaque description les petites observations qu'elles nous auront suggérées, 1. — MORPBNTJS MEXICANUS. « M. niger; cervicis plumis ad basim albis; remigibus tribus prioribus ad basim pogonii interni albido variis ; remigibus se- cundariis fusco-nigricante irroratis ; tibiarnm plumis rufo fim- briolatis; tectricibus caudae superioribus et inferioribus albo apiculatis ; cauda albo et nigro transverse trifasciata et albido apiculata , rachibus rectricum integris supra nigris. Rostro ad basim flavo, ad apicem nigro- caerulescente, cera flava ; pedi- bus flavis , unguibus nigris. — Longueur totale , 50 cent. » Habite la province de Tabasco , au Mexique , et le Guati- mala. » Cet oiseau est extrêmement voisin du M. urubilinga , avec lequel il est très-facile de le confondre. Sa taille est plus petite d'un sixième, à peu près; son bec est moins robuste et sa man- Tomc XI. Année 1848. -. ' tfiv. ,t: Mê Rl^vDE WôhéfeiQDE. (Août 1848.) dibule supérieure est sillonnée longitudinalement. 11 présente aussi quelque différence dans la coloration. » JNous possédions cette espèce depuis longtemps dans notre collection sous le nom âe Falco anthracinus (Lichtenstein),nom que M. Natterer nous avait indiqué à son passage par Falaise. Mais comme ce nom , et beaucoup d'autres qu'il nous indiqua comme adoptés dans les musées de Berlin et de Vienne y étaient simplement écrits au bas des divers objets sans pour cela avoir été publiés , nous pensons que celui que M. Dubus a publié en juillet 1847 doit avoir la préférence , comme le premier publié, selon toutes les probabilités. L'individu que nous possédons va très-bien à la description ci-dessus et n'en diffère que parce que les plumes tibiales ne sont frangées de roux que d'une manière à peine visible, et que sa mandibule ne paraît pas sillonnée longitudinalement. Nous n'avons aucun doute néanmoins que ce ne soit le même oiseau. Il se distingue facilement et au premier abord du Falco urubitivga , comme l'a observé M. Dubus , par sa taille beau- coup plus faible (le nôtre a 50 centimètres de longueur totale, comme celui indiqué par M. Dubus, tandis que nos Urubitingas en ont de 57 à 60) , par la couleur de son bec jaune, non-seule- ment sur la cire, mais sur sa base, cornée jusqu'à moitié de sa longueur et noire à la pointe, et par la couleur de sa queue noire traversée seulement vers son milieu d'une bande blanche. Chez rUrubitinga le blanc en occupe la base et descend jusqu'à moitié. Les tiges des rectrices , qui , noires chez V Urubitinga , deviennent blanches sur la bande blanche, conservent au con- traire leur teinte noire dans toute leur longueur chez le Mexi- canus. M, Lesson forma dès 1837 et en 1839 , dans la Revue Zoolo- gique ^ un nouveau genre, sous le nom é'Urubitinga , de l'oi- seau qui porte ce nom. Nous l'adoptâmes et le plaçâmes, en 1842, dans notre sous- famille Buteoninée , dans le Dict. (Vhist, nat. de d'Orbigny, II, p. 786, art. Buteoninée. Nous avions toujours regardé comme devant former un petit groupe particulier ces l^usesreptilivores à longues jambes, et marécageuses d'Amérique que Azara distinguait par le nom de Buses des Savanes noyées Ht àe Buses mixtes^ et parmi lesquelles il plaçait VUrubitinga^ sous le nom de Buse mixte noire. g^^^^ (ni»#nit fJT «mt^' iNALYSKS d'oUVRAGKS NODVEATJX. âil Les espèces qui nous paraissent devoir figurer dans ce genre Urubitinga , Lesson , sont : 1. Falco urubitinga. 2. Morphnus mexicanus , Dubus , indiqué ci-dessus. 3. Falco rutilans^ Teni., col. 25 (Buse roussâtre). 4. Falco unicinctus (Autour à queue cerclée) , Tem., col. 313^ qui est loin d'être un Autour comme Temminck le désignait. 5. Falco Buson (le Buson). 6. Falco Busarellus (le Buseray) 7. Falco pensylvanicus^ Wilson. Toutes ces espèces , qui ont été placées à tort soit dans les Aigles autours , soit dans les Busards, et enfin dans les Buses, forment un groupe naturel de Buses à longues jambes ayant pour type V Urubitinga. On retrouve sa bande blanche transversc à la queue chez les F. rutilans , mexicanus et Buson. "■' M. Cabanis , dans sa Faune du Pérou , a adopté ce groupe qu'il désigne par le nom générique d'Hypomorphnus (à tort), puis- qu'il portait depuis longtemps celui d' Urubitinga , donné par Lesson . 2* — ISCHNOSCELES NIGER. «L cinerascenti-niger ;cervicis plumisadbasimalbis; abdomi- tais, crissi et tibiarum plumis albido fimbriolatis , remigibug nigris , ad basim albo variis, in pogonioque interno sex priorum macula albido-cinerea ; cauda nigra, ad basim candida , cinereo- albido apiculata, fasciaque tranSversa , ultra longitudinis mé- dium , alba in pogoniis externis cinereo-nigricante ; tcctricibus caudœ superioribus fascia transversa candida. Rostro nigro-cœ- rulescente , infra dilutiore ; pedibus flavis , unguibus nigris; <*-^ Longueur totale , 55 cent. ■ ' > Habite le Mexique. 'J»jpH*H) » Très-voisin du Falco hëmiâà^ttylus ., Tem. Il s'en distingue principalement par la teinte foncée uniforme de son plumage , et par Tabsence de couleur rousse à la queue. » Nous ne sommes pas aussi convaincus de l'existence de VIschnosceles niger, comme espèce nouvelle et distincte, que de celle du Morphnus mexicanus, car la description ci dessus du vicomte Dubus nous paraît tout à fail convenir à Vautour à doigt court (Falco hemidactylus de Temminck , col. 3) , et n'en 24-2 RKVOE zooLOGic^UK. (Août 1848.) différer que par un peu plus de taille , 19 à 20 pouces de lon- gueur (l'Autour à doigt court n'en ayant que 15 à 17 seulement), et par les fines bordures blanches des plumes de ses jambes et de l'abdomen. Nous possédons depuis longtemps deux individus que nous avons toujours regardés comme V Hémidactylus de Temminck, et qui conviennent presque en tous points à la des- cription de VIschnosceles niger. Ils ont, comme lui , sur les sus- caudales, des taches blanches en forme de bandes transverses peu apparentes. De plus , chez l'un, les bandes de la queue sont d'un roux pâle sur la partie interne des rectrices , mais chez l'autre elles sont presque entièrement blanches , comme chez l'oiseau de M. Dubus, et cependant nos deux individus ne constituent bien certainement qu'une seule espèce. Comme nous ignorons du reste de quelle partie de l'Amérique nos deux individus sont originaires , tant que nous ne serons pas à même de les comparer avec des individus du Mexique, nous ne pouvons avoir que des soupçons d'identité entre VIschnosceles niger (Dubus) et V Hémi- dactylus (Temminck). Ce dernier auteur, dans son tableau méthodique faisant suite à ses planches coloriées, indique \ Autour grêle de ces mêmes planches coloriées comme femelle de son Autour à doigt courte à notre grande surprise , puisque dans sa description accompa- gnant ses planches il dit positivement que le prince de Neuwied a reconnu , par la dissection , qu'il y avait mâle et femelle chez chacune de ces deux espèces, qui ne pouvaient par conséquent, et malgré leur grande analogie, être réunies en une seule. Il est certain que l'Autour grêle est constamment plus grand ayant le corps en dessous bariolé de lignes transverses blanches avec la queue d'un ocreux pâle depuis sa base jusqu'à moitié de sa longueur au moins, puis traversée de trois bandes alternative- ment noires et ocreuses et presque égales; les deux rectrices n termédiaires seulement étant noires à leur base. Chez VHémi- dactyluSy au contraire, la queue est toute noire traversée par deux bandes blanches et grises, de deux tiers plus étroites que Je noir restant. Chez les deux espèces elle est terminée de gris. Nos deux individus de V Hémidactylus ont tout le dessous d'un gris uniforme foncé, comme le dessus. Il est évident que ces deux ou trois espèces américaines à ailes surobtuses , à pattes tout à fait anomales, établissent une tran- ANALTSKS d'oOVRAGES NUDVEAU\. J4S •itioii des Éperviers aux Busards et méritent bien de former uta groupe particulier. Nous Pavions désigné dans le Dictionnaire d'Orbigny. 1842, t. II, p. 364, par le nom d' Autours-busards [Astures circoïdes) j ne formant alors qu'une section des Au- tours. On ne peut en outre ne pas être frappé de leur analogie de forme et même de coloration avec l'espèce africaine V Autour à joues nues (Falco gymnogenis, Tem., col. 307), dont M. Smith a formé le genre Polyboroïdes et M. Lesson celui de Gymno- genis. Mêmes tarses grêles et allongés avec le doigt externe sin- gulièrement court et mince, et même coloration générale avec l'aile surobtuse ou à cinquième rémige la plus longue. On peut en conclure que ces deux genres, Polyboroïdes ou Gymnogenis et Jschnosceles^ doivent être groupés près T un de Pautre. 3. — CYANOCORAX NANUS.. « C. supra cœruleus , paulo vividior in capite ; fronte , super- ciliiset gutture albo-cserulescentibus ; Ibris , oculorum ambitu , genis, regione parotiea et mento nigris; pectore, abdomine et crisso cinerascenli-caeruleis ; remigibus supra fusco-griseis, po- goniis externis laete cœruleis, infra cinereis; cauda supra caeru- lea , infra fusco-cinerea. Rostro et pedibus nigris.: — Longueur totale , 21 cent. » Habite le Mexique. i'- • i'rrj oi ., » Cette jolie espèce est très-remarquable par sa {Petite taille. » H est certain que cette espèce de Cyanocorax est bien remar- quable par sa petitesse, car les plus petites connues, Pica or- na^a (Lesson) , Garrulus perufcianus (Lin), Luxuosus (Lesson), ont 27 centimètres de longueur. Nous ne la possédons pas. 4. — CYANOCORAX UNICOLOR. € c. nitide cyaneus ; remigibus supra nigris , pogoniis externis cyaneis, infra obscure griseis; cauda supra cyanea, infra fusco- nigra. Rostro et pedibus nigris. — Longueur totale , 33 cent. » Habite le Mexique. » 5. — CYANOCORAX VIQLACEUS. « Mas. c. lœtissime azureo-violaceus , in dorso, «lis et caud» 244 REVDK zooLOGiODK [Aoûl 1848.) supra saturatior ; nucha azureo-albicante ; reliquo capite , jugula et pectoris parte superiore nigris; alis infra obscure griseis; remigum pogoniis internis supra , cauda infra , roslro et pedi- bus nigris. — Longueur totale, 38 cent. » Habite le Pérou. » Nous possédions depuis longtemps la première de ces deux espèces venant effectivement du Mexique, et la seconde depuis trois ou quatre ans seulement. Nous ignorions sa patrie. 6. — TITYRA ALBITORQUES. J* « Mas. t. pileo, loris et oculorum ambitu nigris , gastraeo toto , coUo et regione parotica albis; dorso , scapularibus , tectricibus alarum superioribus et uropygio albo-cinereis , margine antico alarum et remigibus nigris, harum pogoniis internis basi albis; cauda albo-cinerea , apicem versus nigro , unifasciata , rachibus rectricum integris nigris. Rostro nigro , infra obscure plumbeo; pedibus nigris. — Longueur totale, 18 cent. » Habite le Pérou. » Espèce très- voisine du Psaris Jardinii , de Swainson {Zool. m. , N. S. , pi. 35), dont il est néanmoins facile de la distinguer par la couleur de sa queue , qui est d'un blanc grisâtre, avec une bande transversale noire ; tandis que le Ps, Jardinii a la queue entièrement noire. » Nous possédons deux individus de cette espèce , dont un en- tièrement conforme à la description et un autre qui n'en diffère que parce qu'il a sur le front, au-dessus de chaque narine , une tache d'un blanc roussâtre , que ses joues et le pourtour des yeux sont roux , que le dos et les scapulaires, au lieu d'être d'un joli gris clair, sont nuancés d'obscur. C'est sans contredit le jeune de l'espèce, dont il a d'ailleurs tous les autres caractères, et, en particulier, la coloration remarquable de la queue. Nous avons remarqué que le roux des joues et des autres parties de la tête se retrouvait de même chez les jeunes de plusieurs autres espèces voisines, telles que le Lanius inquisitor (Lichtenst., Catal. 531), ou Psaris Natter erii (Swains. , Class. part. 3, p. 286), chez le Psaris Selbii (id., ibid.), d'où il résulte que le Psaris erythro- genis de Swainson n'est point une espèce, mais un jeune d'une des espèces précédentes. V-. AKALYSKS u'ODVRAi^US NUUVKAUm iâiÔ Wiq«'t> . titp -->-:>. 7^ __ gyj^^j^ T/ENIATÀ. ''':fff-'î::rio! >.iria^,a « Mas. Capite, collu et pectore rufis ; taenia lata a naribus pçr oculos ad regionein paroticam ducta nigra ; dorso et uropygip cinereis ; abdomine medio et crisso albidis ; hypochondriis di- late rufescenti-cineieis ; teclricibus alariim superioribus nigris, minorum et mediarum apicibus albis; reinigibus fusco-nigiis , flavicante extus marginatis ; rectricibus duabus exterioribus utrinque albis, fusco-nigio notatis, reliquis omnibus fusco- nigriS) flavicante extus marginatis. Rostro et pedibus fusco- iiigris. — Longueur totale, 12 cent. 5 mill. {in'»i> Habite le^Mexique» » ';' Nous possédions aussi cette espèce du Mexique à ajouter aux nombreuses espèces déjà connues du genre Sylvicol^^fy ^u«i?.9b itt©iJOâT8*m.U^(V?;.r'P^»ANGA CUCUIXATA. J^ « Mas. p. supra flavo-olivacea : pectore , abdomine et crisso flavis; hypochondriis flavo-olivascentibus; piléo coccineo; gut- ture , lateribus colli , genis et regione parotica coccineis , ar- genteo submicantibus; loris nigris; remigibus nigro-fuscis , fla- vicante extus marginatis ; rectricibus supra fusco-olivaceis , flavicante extus marginatis, infra flavo-olivascentibus. Rostro nigro; pedibus fuscis. — Longueur totale, 15 cent. » Habite le Mexique. » Espèce de petite taille, voisine du P. hivittata, et remar- quable par l'absence totale de dents aux bords de la mandibule supérieure. » 9. — PITILUS POLIOGASTER. ' « p. ambilu rostri , palpebris et gula nigris; reliquo capite, collo et pectore olivascenti-flavis ; interscapulio, alis et cauda flavicanti-olivaceis ; scapularibus, tergo et uropygio cinereis; abdomine toto dilute cinereo; remigibus nigro-fuscis , pogoniis externis flavicanti-olivaceis; tectricibus alarum inferioribus et marginibus remigum internis laete flavis. Rostro nigro-caeruJes- cente ; pedibus caeruleo -fuscis. — Longueur totale, 18 cenLii j»* « Habite le Guatimala. » Cette espèce ne diflere du Pitylus canadensis (L.) que par la couleur grise du ventre et du dos. » 'ti-» '246 REVDE ZOOLOGigUE. {^oût 1848.) Depuis longtemps nous possédions cette espèce qui , d'après Vieillot (N. Dict., vol. 13, p. 547), ne serait que le jeune du Flavert^ loxia canadensis (Lat.), et que nous avions ainsi désigné dans notre collection. Mais nous aimons à reconnaître, comme M. Dubus , que cette différence de coloration qu'il a remarquée chez des individus du Mexique constitue bien plutôt une espèce particulière et mexicaine qu'une livrée de jeune âge du Flavert, comme l'avait cru Vieillot , n'ayant rien du plumage d'un jeune oiseau. Nous profiterons de cette circonstance pour faire remarquer que M. Lesson a décrit sous le nom de Pitylus personatus (Les- son, Compl. à Buff".. 344) une espèce de Cayenne et du Brésil confondue avec le Loxia canadensis, et qui en diffère par 1© dessus de sa tête jaune d'or, sans bande frontale noire, tandis que le Loxia canadensis ou cayennensis est décrit par Brisson et Buffbn, et figuré par ce dernier (PI. enl. 152,!;?) comme ayant tout le dessus vert-olive avec tout le pourtour du bec noir. Il en ré- sulterait donc que trois espèces, savoir : le Loxia cayennensis (Briss.) ou canadensis (Gmel.), le Poliogaster (Dubus) et le Personatus (Lesson) seraient effectivement distinctes , quoi- qu'ayant été confondues assez longtemps en une seule. Nous ne possédons pas le véritable Canadensis, tel qu'il est décrit par Brisson et Buffbn (Enl. 152, f. 2). 10. — PIPILO TORQUATUS. « P. sincipite , capitis lateribus et lato torque pectorali nigris ; occipite rufo , nigro vario ; supercilio angusto et gutture albis; cervice et interscapulio olivaceis, nigro maculatis ; tergo et uro- pygio rufescenti-olivaceis ; alis supra et cauda flavicanti-oliva- ceis , rectricibus duabus exterioribus utrinque ad apicem flavi- cante maculatis; epigastrio et ventre medio albidis ; hypochon- driis et crisso rufis, Rostro obscure corneo ; pedibus flavicantibus. — Longueur totale, 20 cent. » Habite le Mexique. » Nous ne connaissons pas cette espèce, qui nous paraît nouvelle et intéressante. Sa description ne va ni aux Pipilo macronyx , maculata , fusca , rufescens de Swainson (Class. 3), ni à notre Pip. rufopileui[^ey.Zoo\. 1848), tous cinq du Mexique comme elle. 4NALTSES d'ODV RAGES NOUVEAUX. 2*7 ! I . — CARDUELIS NOTATA. « C. capite toto, macula lata pectorali , alis et cauda nigris ; remigibus , excepta prima , et rectricibus, duabus intermediis exceptis , ad basim lœte flavis ; cervice et dorso flavo-olivaceis ; uropygio flavicante ; collo antico , pectore , abdomine et crisso virescenti-flavis ; tectricibus caudae superioribus nigris, flavicante limbatis. Rostro plumbeo ; pedibus pallide brunneis. — Longueur totale, 1 1 cent. 5 mill. 9 Habite le Mexique. [ » Jolie espèce à peu près semblable au Card. magellanicus (Vieil.). Elle est néanmoins très-facile à reconnaître à son bec plus long et plus effilé, et surtout au plastron noir qui occupe le centre de sa poitrine. » 12. — ARREMON OPHTHALMICUS. « Fem. a. supra flavescenti-olivaceus ; pileo et laleribus capilis obscure fusco-griseis ; palpebris et macula postoculari albis; macula parva juxta nares , gula et abdomine medio cinerascenti- albis ; pectore , hypocbondriis et crisso olivaceo-flavis ; remigibus et rectricibus nigro-fuscis , flavo-olivascente extus marginatis. Rostro nigro; pedibus fuscescentibus. — Longueur totale, 14 cent. » Habite le Mexique. » Cet oiseau a les plus grands rapports de taille , de forme et de coloration avec VA. flavo-pectus , de Lafr. Mais il appartient évidemment à une autre espèce , caractérisée principalement par les paupières et la tache oculaire blanches. » *>'x Nous venions de décrire cette espèce sous le nom de Tachy^ phontis albitempora, dans la Revue Zoologique 1848, p. 12, lorsque nous reçûmes cette notice imprimée de M. Dubus, et comme le nom qu'il lui a donné date de juillet 1847, il a la prio- rité sur le nôtre, et doit par conséquent être adopté. Cet oiseau, ainsi que deux espèces très- voisines , notre Tachyphonus flavo- pectus et notre Tachyphonus canigularis , offrent des carac- tères de formes si peu tranchés, comme caractères génériques , que nous en avions fait d'abord des Arremons (ce qui a peut-être engagé M. Dubus à y placer cet oiseau), et que ce n'est qu'après un nouvel examen plus approfondi que nous nous gommes dé- 248 RKVdg zoOLOOiguii:. {yéoût 1848.) cidés à les placer tous trois dans les Tachypfiones , auxquels ils ne conviennent réellement encore qu'imparfaitement. 13. — MONASA UNITORQUES. « M. capite, collo , dorso, tectricibus alarum superioribus et epigastrio fuscis, plumis singulis in medio longitrorsum rufes- cente striatis ; semitorque pectorali candido ; ventre et crisso albicantibus ; remigibus obscure fuscis , secundariis extus rufo limbatis ; cauda fusca. Rostro aurantio, culmine et gonyde fusco-nigris ; pedibus fuscis , unguibus albicantibus. — Longueur totale, 19 cent. » Habite le Pérou. » Cet oiseau ressemble beaucoup au M. fusca (Gm.). Mais il a le bec plus comprimé et plus aminci vers la pointe , et les tarses un peu moins forts. Il est d'ailleurs facile à reconnaître , au premier coup d'œil , à son demi-collier uniquement blanc , sans aucune trace de noir ni de roux. » Nous possédons deux individus entièrement conformes à cette description et que nous avons toujours regardés comme étant le véritable Bucco fuscus des auteurs , le Tamaiia brun (Levaill. Ois. de Paradis , II, p. 99 , PI. 43), que Wagler regarde à tort comme le jeune du Bucco torquatus (son Lypornix torquata , Syst. avium , n» 4) , et que, selon lui, Temminck et Levaillant regardaient à tort comme le jeune du Collaris. Toujours est-il que mes deux individus, que je regarde comme adultes, sont en- tièrement conformes à la description du Bucco fuscus des auteurs et, en même temps, à celle ci-dessus du Monasa unitorques (Du- bus), d'où il résulterait que le Bucco fuscus est bien une espèce et que le Monasa unitorques devrait être rayé. M. Dubus, après avoir comparé son M. unitorques avec le B. fuscus (Gmel), dit : « Il est d'ailleurs facile à reconnaître au premier coup d'œil à son » demi-collier uniquement blanc sans aucune trace de noir ni de » roux. » Mais c'est positivement en cela qu'il est conforme au Fuscus , tandis que ce caractère de coloration à double collier convient au B, maculatus, qui a cette bande blanche bordée de noir et de roux. Telle est ma manière de voir. C'était aussi celle de M. Natterer à son passage chez moi , quand nous allâmes à Londres ensemble. , . : ANALYSES d'oDVRAGES NODVEAUX. ^49 14. — BIONASA INORNAl^A. « M. supra sordide fusca ; dorsi et tectricum alarum minorum et mediarum plumis singulis apice rufescente maculatis; uropy- gio et cauda fuscescenti-rufis ; capitis lateribus fuscis, plumis singulis in medio longitrorsum rufescente striolatis ; collo antico, pectore, epigastrio et hypochondriis rufescente et fusco variis; ventre albido ; remigibus obscure fuscis. Rostro obscure fusco , apiculo et subtus flavicante; pedibus fuscescentibus, unguibus fuscis. — Longueur totale, 17 cent. '> Habite le Guatimala. » Voisin du précédent , mais sans aucun collier , et sans stries longitudinales sur les parties supérieures. » Nous ne connaissons pas cette espèce que , d'après ses grands rapports avec l'espèce précédente, on pourrait supposer en être le jeune, si elle n'avait été jugée par un ornithologiste tel que M. Dubus. 15. — PRIONITES CARINATUS. « P. supra olivascenti-viridis ; fronte juxta margînem maxillae rufescente; superçiliis cyaneis; taenia a naribus infra oculos ad regionem paroticam ducta et pennulis quibusdam pectoralibus nigris; infra virescenti-rufus ; mento viridi-cœrulescente ; re- migibus fusconigris pogoniis externis viridi-cserulescentibus ; cauda supra viridi-caerulescente , rectricibus duabus intermediis apice spatulatis et nigro terminatis. Rostro et pedibus nigris , illo apice corneo. — Longueur totale, 35 cent. » Habite le Guatimala. u Remarquable par son bec déprimé et à arête trés^saillante. Toutes les parties supérieures, à l'exception de la queue , sont , uniformément, d'un vert un peu olivâtre. > Nous ne connaissons pas cette espèce intéressante qui , d'après la dépression de son bec à arête carénée indiquée par M. Dubus, nous paraît devoir figurer dans le genre Crypticus de Swainson, k c6té du. Cr y p t. platyrhyncus (Leadbeater) , ou ^ar^u (Spix) et du beau Crypt. superciliosus (Swainson, Class., part. 3, p. 358). Elle formerait donc la troisième du genre , car le Crypt. apiaster de Lesson (Rev. Zool. 1842, p. 174) est identique avec le Crypt. superciliosus décrit antérieurement. .'^^9Ët 250 RKVUB zooi.OGiQDK. {yéoût 1848.) ^ III. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 7 août 1848. — M. Pappenheim adresse à TAcadé^ mie une note dans laquelle il avance que , contrairement à l'o- pinion généralement admise par les naturalistes , le cœur de» Araignées ne porte aucune trace de rameaux latéraux , qu'il est enveloppé d'un péricarde membraneux n'offrant aucun in- dice de perforation latérale , et qu'il présente un double système de fibres musculaires , l'un transversal , ou plutôt en spiralëv et l'autre longitudinal , ce qui donne lieu à des contractions qui s'effectuent dans un double sens , suivant une direction tantôt longitudinale, tantôt transversale. Séance du 14 août. — M. Milne Edwards fait un rapport sur une Note de M. Isid. Pierre , relative à un insecte qui attaque le blé , et que l'on connaît sous le nom de Clorops lineata ou d'Oscinis. Tous les faits consignés dans cette note , et les moyens proposés par le rapporteur pour détruire un insecte aussi nui- sible aux céréales , sont depuis longtemps connus. Le même membre lit un deuxième rapport sur un Mémoire relatif aux Trilobites de la Bretagne , par M. Marie Renault. Nous avons déjà donné une analyse de ce mémoire. Séance du 21 août. — M. Pappenheim adresse une Note sur les poumons des Araignées. Ces organes consistent en des feuillets enroulés , qui offrent des points très-nombreux , tantôt blancs , tantôt noirs. Ces derniers seraient dus , d'après l'auteur de la note , à la présence de l'air. En outre , sur la surface ex- terne des poches respiratrices, on remarque de petits cylindres aboutissant chacun au dehors au moyen d'une petite ouverture , d'où il suit que l'air atmosphérique qui passe au travers de ces poches pulmonaires, comme par un crible, doit traverser une multitude de petits canaux capillaires, avant d'arriver au con- tact des parties internes ventrales de l'Araignée. Séance du 28 août. — M. J, de Qualrefages lit un Mémoire sur Vemhryogénie des Annélides. L'auteur commence par si- gnaler certaines modifications que subit le vitellus dans les œufs non fécondés des Annélides , et semble porté à admettre que ces SOCIÉTÉS SAVANTES. â51 modifications sont du même ordre que celles qui se manifestent sur les œufs féconds; qu^elles sont par conséquent le résultat de ce que Ton connaît sous le nom de Segmentation. Mais ces modifications , au lieu d'être Texpression d'un phénomène phy- siologique , ne seraient-elles pas plutôt la conséquence d'un commencement de distinction ou de décomposition? La pré- tendue segmentation du vitellus d'oeufs non fécondés est aujour- d'hui fort contestable , et les faits recueillis par M. de Quatre- fages, seraient peu propres à la faire admettre. Ensuite , l'auteur signale les rapports et les différences que le développement des Hermelles présente avec celui des Mammi- fères , et il en conclut que tant que le germe reste à l'état d'oeuf , il y a une ressemblance extrême dans les phénomènes du déve- loppement chez les Mammifères et chez les Hermelles ; mais que cette ressemblance cesse ou diminue considérablement presque aussitôt que se manifestent les premiers vestiges d'une organi- sation animale. — M. P. Gervais présente un mémoire des plus intéressants Sur les variations de couleur qu'éprouvent les Caméléons. « Ayant eu depuis quelques mois, dit-il, l'occasion d'observer vivants plusieurs Caméléons de l'espèce algérienne, j'ai cherché si les variations de couleur qui ont rendu ces animaux si célèbres , ne pourraient pas être expliquées anatomiquement et physiolo- giquement... On a successivement accusé la respiration , et son activité plus ou moins grande; le gonflement du corps à l'aide des poumons et de leurs cœcums aériens, qui rappelaient les sacs pneumatiques des oiseaux ; les capillaires entourés; le reflet des objets environnants ; la bile enfin. L'explication à laquelle on a le moins songé, le jeu d'un ou de plusieurs pigments, était ce- pendant bien préférable. » Chez les Caméléons , comme chez tant d'autres animaux , on doit distinguer le système de coloration d'avec la teinte plus ou moins foncée des couleurs. C'est surtout la teinte qui varie; le système , au contraire , reste presque uniformément le même, et certaines taches sont d'une fixité vraiment remarquable : telles sont les barres de la tête et des yeux, les zig-zags ou taches en V de l'échiné , celles de la queue , les taches des flancs et les barres des membres et des doigts, toutes normalement jaunes, jaune citron ou jaune de rouille, et dépendant d'un pigment % 25â HEvuB zooLOGiyuu. {Août 1848.) susdermique. Ces taches, ces barres que l'on voit très-bien sur les Caméléons fraîchement morts , se reconnaissent aussi plus ou moins aisément sur les Caméléons vivants, suivant que le fond sur lequel elles reposent est d'une teinte plus ou moins intense , et que cette teinte s'est plus ou moins mariée à la leur. Le fond de la coloration, c'est-à-dire la couleur naturelle du derme, indépendamment de ses pigments , est blanchâtre. Dans Tobs- curité , et après la mort , cette couleur est la plus fréquente. Le verdâtre , au contraire , le brun , le brun foncé ou violacé , se montrent dans la plupart des autres cas. Comme chacune de ces teintes blanchâtre, verdâtre, brune, etc., peut être par- tielle ou plus ou moins générale , il en résulte une assez grande quantité de combinaisons possibles. Toutefois la teinte blanche est constante sous la ligne médiane inférieure ; elle n'est d'ail- leurs que l'absence complète de coloration pigmentaire. » Quand on observe attentivement à la loupe un Caméléon qui passe du blanchâtre au vert ou au brun plus ou moins foncé, on voit apparaître à la surface du derme, au-dessous de l'épi- derme, une multitude de petits points noirâtres. Ces points, qui ne se montrent jamais sous la ligne médio-inférieure , sont surtout abondants aux tubercules ou saillies squammiformes des autres parties de la peau. Lorsqu'il ne s'en est encore montré qu'une médiocre quantité sur le fond blanchâtre ou jaunâtre de celle-ci , la couleur est plus ou moins verte ; s'il y en a davan- tage, et que, par suite, il reste moins de petits intervales blan- châtres, la teinte générale est d'un brun plus ou moins vert, ou d'un brun noirâtre. Si l'injection sanguine est plus vive, elle tire sur le brun violacé. Comme nous l'avons déjà dit , ces acci- dents de coloration sont locaux ou bien généraux , et lorsqu'ils sont partiels, ils donnent lieu à d'assez nombreuses variations, telles que des marbrures, des mouchetures, des ponctua- lions , etc. L'apparition des jfînes ponctuations noires n'est pas complètement empêchée par le pigment jaune dont la distribu- tion régulière et fixe a été indiquée plus haut. En se mêlant à ce dernier, en proportions variables , il devient une nouvelle cause ds changements, et les taches fixes changent alors de nuance, comme tout le reste du corps, mais sans prendre ab- solument le même ton que celui-ci. On pourrait appeler le pig- ment brtin pigment dermique. Il est, en effet, logé dans les .ii' SOCIÉTÉS Savantes. , :j;53 mailles du derme ; il y forme de nombreuses granulations sou- vent flammées, en mèches, ou bien ponctiformes. Le derme lui- même est principalement composé de fibres croisées à angle. droit, et dont la contractilité, comparable à celle du tissu dar<* toïde, est incontestablement le principal agent de la disparition, ou occultation intradermique , et de l'apparition successive et en quantité variable des ponctuations du pigment brun. Lorsqu'on détache par la macération ou autrement l'épiderme des Camé-^ léons et des autres reptiles , le pigment ne s*enlève pas avec lui^ , comme cela a lieu pour le corps muqueux de la peau humaine.:, Après la mort , le pigment noir est presque toujours caché dans les mailles du derme, et la peau paraît alors blanchâtre, sauf, aux endroits colorés par le pigment jaune. Ce mode de colora- tion se produit pendant la vie , dans .certaines CQj;t,di;tions f^PileU; à déterminer. <îMûh OJip *;> *Wrîijiiii^oi> n^i> On a très-souvent fait intervenir la couleur des objets auprès desquels les Caméléons sont placés comme cause de leurs varia- tions de teinte; mais beaucoup d'auteurs ont relégué au rang des fables tout ce chapitre de 1 histoire de ces reptiles. Cepen- dant l'observation attentive montre , à cet égard , des coïnci- dences qui ne peuvent pas être le seul effet du hasard. Le blan- châtre , le vert , le brun sont d'ailleurs les conditions de couleur au milieu desquelles ces animaux sont le plus habituellement placés, par suite de leur genre de vie. Le vert, en particulier, est la couleur du feuillage; le brun est ordinairement celle du sol , des écorces et des arbres dépouillés de leurs feuilles. Les Caméléons ne prennent pas toutes les nuances connues ; mais il est incontestable qu'ils ne tardent pas à devenir blancs, jau- nâtres, verdâtres, ou d'un brun plus ou moins foncé, suivant que les objets avec lesquels on le met en rapport , le sont eux- mêmes d'une manière plus ou moins évidente. Ils se mettent en harmonie de coloration avec eux , au moins dans certaines li- mites, et ce changement, sans être jamais instantané, est plus lent ou plus rapide, suivant les circonstances. Un Caméléon que nous avons tenu, pendant plusieurs semaines, libre sur un oranger placé dans un jardin , était presque constamment vert , comme les feuilles de l'arbre sur lequel il vivait. Dans notre cabinet, il était habituellement brun, et sa nuance approchait réellement de celle du sol, du bois, etc., avec lesquels il se >i^«. 254 BEVDK ZOOLOGIQGE. {j4oût 1848.) trouvait alors en rapport. On avait autant de peine , dans beau- coup de cas, à le retrouver au milieu des objets dont il avait pris à peu près la teinte , que précédemment il était difficile de le distinguer au milieu des feuilles de Poranger. Le Caméléon est un animal lent , arboricole , et qui ne peut éviter ses enne- mis par la course , de même qu'il ne sait , faute d'agilité , saisir sa nourriture à la manière des autres Sauriens. Pourquoi repous- serait-on absolument l'idée que la nature , qui lui a donné une langue si singulière , mais si évidemment appropriée à ses con- ditions d'existence , des yeux si bien en rapport avec sa lenteur observatrice , des pieds si sûrement disposés pour grimper , lui aurait accordé, au moyen de ces changements de couleur, la possibilité de se soustraire à la vue des êtres qui le craignent et de ceux que lui-même il redoute? Cette supposition n'est en rien contraire à ce que nous apprend chaque jour l'étude du règne animal, s m ONZIEMS ANNEE. — SEPTEMBRE 1848. I. TRAVAUX IIVEDITS. Études sur les Mammifères Primates; par M. R. P. Lesson. — Suiteetfin. — V. p. 159 à 170,191 à210, 223 à 235. Le dernier genre des Cébiens gymnnriens est celui des Sakis , ou Singes à queue de Renard (Pithecia , Desm.) , parce qu'en effet les poils de leur queue , longs et touffus , sont longs et hachés , et donnent à cette partie un volume notable. Les Sakis ont sur leurs mâchoires des dents proclives, c'est-à-dire obli- quement implantées. Leur tête est arrondie et leur museau est court; leurs mains sont pentadactyles. Ces Singes vivent assez habituellement solitaires. Parfois, ce- pendant, ils se réunissent par petites bandes de six à huit indivi- dus. Ils sont friands du miel sauvage des abeilles, qu'ils vont dé- valiser quand ils peuvent échapper aux Sajous qui les guettent pour s'emparer du produit de leur chasse, et qui les battent pour leur faire lâcher leur capture. La plupart des Sakis ont des habitudes crépusculaires, et c'est au soir qu'ils se mettent en quête des fruits, des insectes qui font la base principale de leur régime. Pour beaucoup de naturalistes, les Sakis ne forment que deux genres, les vrais Sakis {Pithecia) et les Brachiures {Brachyurus , Spix) , les premiers ayant une longue queue , les derniers en ayant une courte. Mais on ne peut se défendre de re- connaître parmi eux des types de petites tribus familiales assez distinctes par le port et par des habitudes du corps spéciales. Les Israélites ou Chiropotes ont une barbe épaisse autour du menton et la queue fort longue. L'espèce type est le Saki noir ou Couxio {Pithecia Satanas), qui vit au Para. Ce Singe, entière- ^ ment noir, a sur la tête des poils touffus et abondants qui for- ment une sorte de perruque. Ces Singes sont tristes et mélan- coliques ; hardis pour combattre, ils se dressent sur les membres postérieurs quand ils sont irrités , grincent des dents , se frot- tent la barbe et se jettent avec violence sur leurs ennemis. On en distingue le Saki juif {Pithecia israelita), que Humboldt a Tome Xf. Année l8/«8. 17 256 REVOE zooi.oGiQDE {Septembre 1848.) rencontré sur les rives du Rio-Negro et de rOrénoque , el que M. Traill a décrit sous le nom de Saki à gilet , d'après des indi- vidus de la Guyane hollandaise. Ce Singe est noir, les reins exceptés, qui sont de couleur jaune; la barbe est très-épaisse et arrondie à la mode judaïque. Le nom de Chiropotes leur vient de leur habitude de puiser l'eau avec la main pour boire. Les vrais Sakis ont la face nue , c'est-à-dire sans barbe au menton, et le corps revêtu de poils allongés , plus longs surtout sur la tête , où ils forment une sorte de perruque rayonnante. Leurs habitudes sont plus crépusculaires que diurnes, car ils ne quittent la profondeur de leurs retraites qu'après le coucher du soleil. Comme leurs congénères, ils se nourrissent d'insectes, de racines et de fruits. On les dit timides et mélancoliques. Le Saki-Moine (Pilhecia monachus, E. Geoff.) a son pelage varié de grandes plaques brunes et jaune doré, et la face brune avec des poils blancs. On le trouve au Brésil. — Le Saki à ventre roux(Pitheciarufiventer y Kuhl), ou le Singe de nuit de Gayenne, a son pelage brun lavé de roussâtre , les parties inférieures et le dedans des membres roux vif, et la face entourée d'un cercle de poils jaunâtres. — Le Guapo {Pithecia Guapo , Pœpp.) du Ma- ragnon, a la face et les mains grises, les poils du corps noirs terminés de blanc à leur pointe et la queue claviforme. — Le Pogonias (Pithecia pogonias , Cray) a le corps noirâtre , la face encadrée de poils noirs terminés de jaune à leur pointe , le sin- ciput et les joues jaunes. Les Yarkés ont des poils longs et laineux au menton, une queue lâche et aussi longue que le corps , la tête et le cou garnis de poils ras. Ces petits Singes vivent dans les broussailles par troupes de sept à huit individus. Ils recherchent les goyaves et le miel et mangent aussi des graines. Le Yarké [Pithecia leucoce- phaltti Desm.) vit à la Guyane française, où Laborde Ta mentionné sous le nom que nous lui conservons. Son pelage est noir, excepté la tête et le cou qui sont blanchâtres. — Une variété à tête bru- nâtre enfumée (Pithecia hirta, Spix) a été observée sur les bords du Rio-Negro et du Solimoëns au Brésil. — Une deuxième va- riété (Pith. inusta, Spix) a la tête et le cou de couleur d'ocre, et a été rencontrée proche Tabintinga , aussi au Brésil. — Kuhl avait déjà distingué un Saki à face jaune (Pithecia ochroce- phala y Kuhl) , dont la tête est entourée de poils d'un blanc THAVADX INÉDITS. 257 ocracé, avec du marron sur les côtés de la queue , le dos noir et les mains brunes. Enfm M. Cray l'a confondu sous le nom de Yarké {Pithecia irrorata), qu'il a fait figurer dans la zoologie du Sulphur, et dont les poils crépus sont d'un noir intense dans la plus grande partie de leur étendue, excepté à leur pointe qui est blanche. Les Gacajaos ont les poils de la tête presque ras , la face nue , le menton imberbe , la queue très-courte , ce qui leur a valu le nom générique de Brachyures par Spix. La seule espèce connue vit dans les forêts du Brésil et de l'Orénoque par petites troupes; elle est renommée par sa voracité , sa malpropreté et son exces- sive timidité. Le Cacajao , ainsi appelé par les Indiens marativi- tains du Rio-Negro , a les parties nues d'un beau noir et le pe- lage jaunâtre. L'Ouakary n'en diffère point. Les Indiens se délectent avec la chair de ce quadrumane. Après les Gébiens, vient le quatrième groupe delà grande fa- mille des Singes , les Arctopithéciens , c'est-à-dire les Singes américains à griffes, mieux nommés Hapaliens. Ces Hapaliens ont 32 dents, comme les Singes de l'Ancien-Monde , les doigts recouverts par des ongles arqués et acérés, et le pouce ne jouis- sant pas des mouvements d'opposition. • Ce sont des Singes de très-petite taille , remarquables par la beauté de leur fourrure , peu éducables , quoique remplis de sagacité ; ils sont pétulants et capricieux. Ils se tiennent presque exclusivement dans les arbres des forêts, sur les branches des- quelles ils grimpent à la manière des Écureuils. Us semblent exclusivement confinés dans le bassin qui comprend le Brésil , le Para et la Guyane , à l'orient de la Cordillère. Ces Hapaliens ont reçu des nomenclateurs une foule de noms , tels que ceux de Sahuis , Ilapale , Saguinus , Jacchus , Midas et Arctopi- thecus. Leur tête arrondie a un profil presque vertical de 60 degrés. Leurs formes sont sveltes et leur queue très-velue n'est pas prenante. Ces Hapaliens se subdivisent en petits groupes qui conservent , leur physionomie propre et que l'on peut appeler Ouistitis (Hapale) , Micos , Tamarins [Midas) , Pinche et Marikinas. La plupart des auteurs n'admettent que deux genres , les Hapale et les Midas. Les Ouistitis {Hapale, Ulig.) ont la face petite et trèsrpoilue , â58 REVUE zooLOGiguE. [Septembre 1848.) la fourfure abondante ; ils portent des pinceaux de poils aux oreilles, et leur queue est coupée d'anneaux de poils colorés. Ils sont agiles, colériques, mais d'une intelligence bornée. En captivité, ils redoutent les Chats, les Guêpes, et se nourrissent des matières les plus diverses. On ne les rencontre que dans les forêts du Brésil et de la Guyane. L'Ouistiti (Hapale jacchus, Kuhl) est l'espèce anciennement connue. C'est le Sahui du Brésil à Bahia, le Aliarima des créoles de la Guyane. Laët l'a mentionné sous le nom de Sagoin, Marcgrave sous celui de Cai-taïa, et Edwards sous celui de San- glin. Son pelage est gris cendré avec la queue annelée de noi- râtre , de gris et de jaunâtre. Deux touffes de longs poils blancs forment des bouquets sur les cartilages des oreilles. — On en distingue l'Ouistiti à pinceaux (Jacchus auritus , E. Geoff.), dont le pelage est noirâtre avec des ondes rousses et brunes alterna- tives, le ventre, les flancs et la gorge noirâtres. Les pinceaux de poils naissent dans l'intérieur de la conque. — L'Ouistiti à épaulettes {Hapale humeralifer) du Brésil a son pelage brun noir, avec une c'oloration blanche pour les épaules , la poitrine, les bras et les pinceaux des oreilles. Les anneaux de la queue sont peu marqués ; les mains sont brunâtres. — M. Natterer a , dans ces derniers temps, décrit un Ouistiti à pinceaux des oreilles blancs , qu'il nomme Chrysoleuque [Hapale chrysoleucos). Sa fourrure est blanche , mais les mains et la queue sont d'un roux très-vif. Il a été découvert au Brésil , à Borba. On connaît deux Ouistitis qui portent aux oreilles des pinceaux noirs. L'un , le Sahui à tête blanche {Hapale leucocephalus , Wied) , a le dos roux , les extrémités variées de gris et de cen- dré, la tête et la poitrine entièrement blancs. On le rencontre au Brésil, principalement dans la province de Jucu et sur les rives de l'Esperito-Santo. L'autre , l'Ouistiti à pinceaux noirs {Hapale penicillata) est très-commun dans tout le Brésil. Il est cendré , avec des ondes brunes et cendrées sur la croupe , un croissant blanc sur le front, la tête et le haut du cou noirs. Il est peu de Singes plus commun dans le district de Belmonte, à Rio deSalza, à Rio-Pardo et à Ilhios. M. Gray a figuré encore une espèce du Mexique sous le nom de Ouistiti à ventre rouge (Jac- chus rufiv enter). Le petit groupe des Micos ne comprend que deux espèces , et TRAVAUX INÉDITS. 259^ encore la deuxième pourrait bien n'être qu'un jeune âge de la première. Le Mico du Brésil {Hapale argentata) a le milieu de la face nu , des favoris sur les joues et une petite barbiche sous le menton. Les poils de sa fourrure sont longs, soyeux et d'un blanc satiné; ses oreilles sont grandes et nues, sa queue est longe et mince. Les parties nues de ce Singe sont d'un vermillon intense , ce qui lui prête une physionomie caractéristique. On le trouve au Para et sur le bord du fleuve des Amazones. C'est le Mico d'AUoa et de Buffon , le Sahui de La Condamine. — On en distingue peut-être à tort le Mico à queue noire {Hapale me- lanurus, Kuhl), aussi du Brésil , mais à pelage brunâtre plus clair sur la poitrine, et la queue noire. Les Tamarins {Midas , E. GeofF.) forment un petit groupe qu& caractérisent des oreilles membraneuses assez amples et complè- tement nues , un menton sans barbe , d'épais favoris sur les joues, les tarses et les carpes couverts de poils ras, la queue lon- gue et grêle et assez uniformément cylindrique. Ce sont de petits" animaux vifs, irritables, capricieux, peu intelligents, habitant les grandes futaies les plus reculées des lieux d'habitation. Les Tamarins vivent au Brésil et à la Guyane. — Le Tamarin à mains rousses {Hapale midas , Illig.) a son pelage noir, les membres jaune orangé , des ondes grises, rousses et noires sur le corps. C'est le Tamary de Surinam , du Brésil et de la Guyane française. — Le Tamarin nègre (Hapale ursulus , Kuhl) est noir avec des ondes rousses sur les reins et vit au Grand-Para. — Le Tamarin à lèvres blanches {Hapale labiatà) a la fourrure noire, la poitrine et le ventre roux ferrugineux , lia tête et le cou noirs, le nez et le rebord des lèvres blancs. 11 a été rencontré au Brésil, sur les rives du Solimoëns , d'Ica et du Maragnon. — Le Tamarin noir (Hapale nigra, Poeppig) est d'un noir mat uniforme. Il a été découvert sur les rives du Maragnon et de l'Ucayale. Les PiNCHES ont une face nue , des oreilles dénudées de longs poils, comme ébouriffés sur le derrière de la tête, une longue queue grêle. — La seule espèce connue de ce petit groupe est le Pinche (Simia œdipus , L), dont la fourrure est soyeuse, brune, ondée sur le corps , blanche sur la tête et les quatre mem- bres et varie au roux vif sur les fesses. On dit le Pinche méchant, solitaire, difficile à apprivoiser et insensible aux bons traitements. D'un autre côté, M. F. Cuvier, qui en a observé un individu 260 REVUE ZOOLOGIQUE. {Septembre 1848.) captif, lui a trouvé des habitudes paisibles et même paresseuses , et c'est surtout vers le soir qu'il montrait plus d'animation. Le Pinche habite le Para, Carthagène, où il est appelé Titi , la Guyane française, Tabaco, les Maypores et les rives du fleuve Sin. — Les auteurs regardent comme une espèce de Tamarin un petit Singe du Brésil décrit par Thumberg {Simia albifrons) , qui nous semble une variété du Pinclie. Son pelage est noir, mais la base des poils est blanche; sa face noire est encadrée de poils blancs. — Il en est de même du Tamarin bicolore de Spix (Midas bicolor), dont le haut du corps est blanc et la partie postérieure brune avec les membres ferrugineux. La dernière tribu est celle des Marakinas , Singes qui unissent la gentillesse des formes à la plus vive coloration du pelage. Ces petits Singes portent une longue crinière sur les épaules et leurs oreilles sont cachées sous les poils; leur face est nue. Le Marikina aurore (Simia rosalia) est l'espèce la plus ancien- nement connue , et celle qu'on a appelée le petit Singe-Lion en France, et le Sahuim vermelho au Brésil. Cet animal a un pe- lage formé de poils longs , soyeux, prenant un ton doré sur la crinière. 11 est assez commun aux environs de Rio de Janeiro , et il n'est pas rare à la Guyane. — Le Chrysomèle [Hapale chryso- mela , Wied) a sa fourrure d'un noir intense , excepté les han- ches et les reins qui sont d'un beau jaune doré. C'est le Sahui peto des créoles portugais et le Pakakang des Botocudos. On l'a rencontré dans le Sestam de llheos et dans les forêts du Rio- Pardo. On distingue de ce dernier le Marikina à queue jaune {Jaccus chrysopygus , Mikan) , qui se trouve au Brésil dans la province Saint-Paul. Comme le précédent, sa fourrure est noire, mais il porte sur le front une tache jaune. Les fesses sont aussi de cette dernière couleur. On le distingue dans son pays par l'épi- thète de Sahui des grands bois. — Enfin le Leoncito des Espa- gnols {Simia leonina, Humboldt) est brun olivâtre ; sa face noire est relevé par le bord blanc qui encadre les lèvres. 11 vit dans le Grand-Para, aux plaines de Mocoa , sur la pente orientale des Cordillères et sur les rives du Putu-Mayo et du Caqueta. TRAVAUX INÉDITS. 261 Cours d'histoire naturelle des Corps organisés , professé au collège de France , par M. Duveunoy. (Voir la Bévue de 1846 et 1847 , et la p. 63 de la Bévue de cette année.) II. La Classe des Botifères, assez bien connue depuis les tra- vaux de M. Ehrenberg , dans la plupart des détails de son organisation, est intimement liée avec la précédente par les For- tioelles, etc. M. D. persiste à penser qu'il ne serait pas rationnel de les séparer dans deux Embranchements différents. Ces deux Classes forment un groupe distinct dans le Type des Zoophytes (1). Il en est àe même de la classe des Helminthes (2) , qui se composait déjà , dans le Bègne animal , de Vers parasites et de Vers libres. G. Cuvier divisait cette Classe en deux Ordres, les Intestinaux cavitaires et les Intestinaux parenchymateux. Il avait laissé , parmi ceux-ci, les Echinorhynques , dont les sexes sont séparés et qui ont une cavité viscérale. Il y a près de vingt années que , dans ses enseignements, M.D. les réunit à l'Ordre des Cavitaires de Cuvier, dans une section distincte, sous le nom dî'Anentérés ; tandis qu'il désigne l'autre section sous celui d* Enter odèles. C'était une première amélioration à la classification du Règne animal. Une autre amélioration beaucoup plus importante, est la di- vision de la classe des Helminthes en trois Sous-classes , telles que nous les avons indiquées dans notre Compte rendu du mois de mars 1846 (3). M. D. a évité , autant que possible , les nouvelles dénomina- tions , et surtout les dénominations mal sonantes pour dési- gner ces trois groupes principaux. La classe des Helminthes telle que M. D. la circonscrit , est exactement celle des Intestinaux du Bègne animal , sauf les LernéeSy qui sont des Crustacés, et font partie conséquemment de l'Embranchement des Animaux articulés. Les découvertes faites depuis 1830 sur l'organisation des ani- maux de cette classe, permettent de la mieux caractériser qu'elle ne l'est dans cet ouvrage célèbre. fl) Voir la Rerue de 1846 , p. 90 et 91. (2) Le professeur a traité de celte classe dans les leçons des 83 , 25 et f8 JaoTier 4ernler. (3) P. 89 et 90 de cette Revue. 262 RRVDE zooLOGiQUR, [Septembre 1848.) Les cfrconstances de vivre en parasite dans l'intérieur des autres animaux et de manquer d'organes de respiration par- ticuliers paraissent avoir été les premiers caractères qui ont servi à distinguer ce groupe. Relativement au système nerveux, l'illustre auteur du Règne animal, en énonçant les caractères généraux et communs de l'Embranchement des Zoophytes avait dit : « Les Vers intestinaux eux-mêmes ont au moins deux filets » nerveux partant d'un collier autour de la bouche (I). » Nous verrons tout à l'heure que les quelques données sur les- quelles ces généralités étaient fondées ont été étendues , préci- sées , confirmées par les recherches et les découvertes récentes sur l'organisation des Helminthes. G. Cuvier y réunissait des Vers externes, les Némertes , qui faisaient partie de son Ordre des Cavitaires, et les Planaires qu'il avait dû rapprocher des Douves ou des Trématodes , dans son Ordre des Parenchymateuœ, Ces mêmes recherches, et de plus récentes découvertes , ont confirmé tous ces rapprochements du génie, qui parvient à saisir les véritables rapports sur quelques faits , dont le commun des esprits ne peut apprécier l'importance. Nous commencerons par rappeler ces découvertes jusqu'à l'é- poque du cours fait en 1846 par M. D. et celles qui ont été pu- bliées depuis lors. Nous verrons jusqu'à quel point ces dernières confirment les classifications du Règne animal, modifiées par M. D. en suivant les progrès de la science. Le système nerveux de plusieurs Parenchymateuœ avait été reconnu et décrit avant 1830, par Bojanus (en 1821) pour VAm- phistoma subtriquetrum , Rud. ; par Edouard Mehlis (en 1825) pour les Distoma hepaticum (2). En 1830, M. Laurer faisait con- naître celui de V Amphistoma conicum. D'après ces trois observateurs le système nerveux de cette Sous- classe se compose essentiellement de deux cordons principaux longeant les deux côtés du corps , et aboutissant chacun à un ganglion placé au côté correspondant ou un peu au-dessous de (1) T. III, p. 218. (2) M. DuTernoy l'a démontré dans ses cours au collège de France , chaque fois qu'il en a eu Toccasion. TR4VAtJX INÉDITS. 263 l'origine du canal alimentaire, et réunis par un filet de commis- sure qui passe sous cette origine. Dans le Tristoma coccineum, Cuv., les deux ganglions qui re- présentent le cerveau avec la bande transversale qui les unit , sont même en avant de la ventouse buccale (1). C'est encore bien plus en avant de cette ventouse que sont , dans les Planaires , les deux ganglions cérébraux rapprochés , avec une bande transversale qui les unit, ou se touchant sans se confondre. Ces ganglions ont un développement considérable comparativement à ceux des Intestinaux précédents. Deux filets principaux qui en sortent pour se porter directement en arrière, et qui comprennent l'estomac dans leur intervalle ; plusieurs autres qui vont aux organes des sens ou à l'estomac, constituent le système nerveux caractéristique d'un animal birayonné. Mais il faut bien remarquer que ce système appartenant à un animal libre, susceptible de mouvement et de grands déplace- ments, est beaucoup plus développé que celui des animaux du même groupe, qui changent très-peu de place dans les organes où ils passent leur vie. C'est une démonstration frappante, avec beaucoup d'autres , de la quantité de puissance nerveuse que consomme l'action musculaire (2). Nous en verrons un autre exemple dans le système nerveux des Nemerles. Les Parenchymateux y qahnà leurs ganglions cérébraux sont écartés, n'ont qu'une seule bande ou un seul filet transversal pour les réunir. Chez aucun on n'a vu jusqu'à présent, une se- conde bande supérieure formant un collier complet. Cette circonstance a donné lieu de changer, mais sans raison suffisante, la dénomination de Parenchymateux de Cuvier, e^ celle d'Anéoormes, désignant, à la vérité, une Classe de Vers ayant exactement la circonscription que nous avons fait con- naître en 1846, d'après M. D. pour sa Sous-classe des Parenchy- mateux. Dans les Helminthes de la sous-classe des Cavitaires, le sys-' tème nerveux se compose de deux nerfs latéraux aboutissant chacun à un petit ganglion , de chaque côté du canal alimen- (1) Voir la pi. 36 bis , fit,'. 6 , dos latosliuaux, pub iéo par M. Blanchard dans l'édition illustrée du Régne animal. (S) Voir les planches 37 et 38 des Zuophytesde l'édition illustrée du Règne animal, oii -•c syslomo nerveux a été figuré d' près les obserrations de M. de Qualrefages. 264 REVUE zooLOGiQDE. {Septembre 184.8.) taire et réunis par deux filets de commissure , formant un col- lier autour de l'œsophage. Ces filets sont tellement déliés et ces ganglions tellement pe- tits, qu'ils ont été vainement cherchés, ou seulement vaguement indiqués par d'habiles anatomistes. M. Blanchard a figuré, avec assez de précision, celui de Y Asca- ride et du Sclérostome du cheval , dans l'édition illustrée du Règne animal (4). Le système nerveux des Linguatuies , qui forment un ordre distinct de la sous-classe des Cavitaires, dans la méthode de M. D. , avait été aperçu par G. Cuvier , du moins dans sa dispo- sition principale. « Un filet blanc , dit-il, entoure la bouche et donne deux troncs descendants (2). » MM. Owen , Miram et Diesing ont publié , à très-peu d'inter- valle , des Monographies où ils ont fait connaître ce système , s comme composé d'un ganglion principal sous-œsophagien , et de deux cordons latéraux principaux qui se portent en arrière ; tandis que deux autres branches formeraient en avant un collier autour de l'œsophage. Des côtés de ce même ganglion sous- œsophagien rayonnent, vers la circonférence beaucoup d'autres filets nerveux moins importants, qui vont aux muscles des crochets (3). Outre ce ganglion cérébral inférieur, M. Blanchard en repré- sente un second (4), qui serait supérieur et plus en arrière, duquel partent des nerfs qui vont au canal alimentaire j puis deux filets qui se réunissent au premier collier. Cet arrangement singulier du système nerveux des Lingua- tuies , que nous n'avons pu encore vérifier , et ce développement extraordinaire, non-seulement d'un, mais de deux ganglions cérébraux médians , distinguerait ces P^ers de tous les autres Helminthes, Dans les Néniertes , qui sont des Vers libres , {vivant dans les eaux de la mer, le système nerveux a un développement proportionnel encore plus considérable , et incomparablement plus grand que dans les parasites internes. (1)PI. 26.r. l-d,etPl. 27, f. 2-6. (S) Régne animal, T. III, p. 254. (3) Voir, entre autres, la Monographie de M. Dicslug.daus les Annales du Muséum de Vienne de 1841. {4) Voir la Pi. 28 des Zoophysles de ledillon illustrée du Règne animal. TRAVAUX IINÉDITS. 265 Il consiste dans deux ganglions volumineux, bilobés, situés de chaque côté de l'œsophage. Les ganglions sont réunis par une large bandelette transversale sous-œsophagienne, et par un petit filet supérieur de commissure , qui complète le collier. De la partie postérieure des ganglions ou lobes cérébraux, partent deux troncs nerveux qui se prolongent très en arrière, tout à fait sur les côtés du corps, ou un peu moins écartés de la ligne médiane (dans le genre CErstedia). Ce double cordon fournit, à droite et à gauche , à des intervalles assez réguliers , de petits filets qui vont transversalement animer les parties correspondantes. D'au- tres filets plus importants partent des ganglions cérébraux pour se rendre aux points oculaires, à la trompe, etc. (1). Quant au système nerveux des Helminthophytes , la première découverte des traces de ce système est due à M. LerebouUet. Il l'a vu dans une Ligule (Ligula simplicissima) composée de deux cordons latéraux régnant tout le long du corps et se réunissant', en avant, en arcade (2). M. J. Mûller (3), à la vérité, avait déjà indiqué, trois années auparavant (en 1836), les centres nerveux du Tetrarhynque de VEspadon (Tetrarhynchus altenuatus). Sa description me paraît se rapporter assez bien à la découverte plus complète, de ce même système nerveux, faite par M. Blan- chard en 1846 , dans plusieurs espèces de Tœnias et de Cysti- cerques. Suivant cet habile anatomiste, le système nerveux consisterait « dans une sorte de commissure transversale placée au centre de la tête, ayant aux deux extrémités un petit renflement gan- glionnaire. Ces deux centres médullaires donnent naissance , de chaque côté, à un filet nerveux descendant dans toute la lon- gueur du corps , et fournissant antérieurement un nerf qui se réunit à un petit centre nerveux qui se trouve à la base de cha- cune des ventouses (4). » Ce système nerveux rentre , plus évidemment encore que les précédents, dans le plan decelui des Animaux rayonnes, et jus- (1) Voir l'édition tllaslrée du Règne animal, V\. 34, f. / , d'après les dessins de M. de Quatrefages. (8) Société d'histoire naturelle de Strasbourg, séance du 12 novembre 1839. Institotde 1839. p. 948. (8) Voiries archives de J. Millier pour 1836, p. cvi. (4) Annales des sciences naturelles , 3"= série, t. VII, p. 116. Dans sa première com- manicatlon à la Société philomathique (séance du 9 mai 1846), M. Blanchard parle d'un nerf médian , d'où s'échappent , de chaque côté , deux filets qui des endent dans toute 4a longueur du corps. Institut de 1846 , p. 173. ^66 REVUE zooLOGiQOE. {Septembre 1848.) lifie M. D. d'avoir séparé , déjà avant la découverte de ce sys- tème, de la sous-classe des Parenchymateux , les Cestoïdes et les p^ers vésiculaires, en les groupant dans une Sous-classe distincte sous le nom d'Helminthophyies, comme ayant, encore plus que les deux autres Sous-classes, les caractères des Zoo- phyles ou des Animaux rayonnes. Après cet aperçu historique et critique sur le système nerveux des Helminthes , dont la composition et la disposition générale varient , comme on vient de le voir, d'une sous-classe à l'autre, tout en conservant quelques-uns des traits essentiels de celui des animaux rayonnes, système dont le développement est d'ail- leurs excessivement faible chez tous les parasites ; nous passe- rons de même en revue, avec le professeur, les autres systèmes organiques, et les derniers progrès que la science a faits dans leur connaissance. Nous justifierons ainsi la place que M. D. assigne à cette Classe , et les groupes dans lesquels il la divise. On ne trouve que dans les Helminthes , et dans l'Embranche- ment des Zoophytes^ un système alimentaire aussi variable dans sa forme, et parfois tellement rudimentaire ou peu distinct, qu'on ne peut en bien déterminer les limites. C'est ce que l'on peut dire de celles ci , dans les P^ers vésicu- laires et les Ligules , parmi les Helminthophytes ; et dans les Echinorhynques^ parmi les Cavitaires, Ici la cavité viscérale tient lieu de canal ou de sac alimentaire. Quand le système alimentaire est bien évident , bien limité , il n'a jamais d'issue ou d'anus ; c'est toujours un sac simple ou di- visé en deux ou plusieurs branches , dans les Helminthophytes et les Parenchymateux. Au contraire , chez les Cavitaires qui en sont pourvus, il est toujours simple , avec une entrée et une issue. Le système vasculaire est encore à découvrir dans les Helmin- thophytes vésiculaires. M. Blanchard a réussi à injecter quelques réseaux sous-cutanés de ce système dans les Cestoïdes. Les Parenchymateux sont ceux des Helminthes qui parais- sent avoir le système vasculaire sanguin le plus développé, On pourrait le distinguer en deux parties , l'une plus rapprochée des viscères, l'autre plus liée avec la peau. Les Cavitaires., chez lesquels on ne connaissait que des troncs TRAVAUX INÉDITS. 267 vasculaires, ont montré, dans des injections heureuses , des ré- seaux vasculaires sous- cutanés, peu apparents, dans lesquels se ré- solvent promptement les branches de ces troncs principaux (I). Les différents modes de propagation ne sont pas moins carac- téristiques, que les différents arrangements du système nerveux, non-seulement pour la classe des Helminthes , mais encore pour les sous-classes dans lesquelles M. D. la divise, et pour certains* ordres de ces sous-classes. Voici d'ailleurs les principaux caractères de ces groupes, tels , que M. D. les a fait connaître dans ses cours. Nous les donnons plus en détails que dans notre Compte rendu de 1846 (2). Mais si l'on veut bien jeter un coup d'œil sur ces pages, on trouvera la plus grande ressemblance entre cette classification et celle ' adoptée postérieurement par M. Blanchard, Seulement ce savant a érigé en Classes les Sous- classes de M. D. Embranchement des Zoophites. Classe III. Helminthes, \ Forme du corps très-variable selon les sous-classes. Aucun ap-' ' pendice locomoteur ; souvent des appendices de fixité. — Système nerveux M SLumulti-rayonné. — Un canal ou un sac alimentaire; celui-ci peut être seulement bifurqué on divisé en nombreuses ramifications. Un système vasculaire plus ou moins évident , plus ou moins facile à démontrer. — Les trois modes de propa- gation gemmipare, fissipare et sexuelle. — Vers parasites ou libres. !'• SouS'Classe : Helminthophytes. Animaux simples ou composés , ayant dans ce dernier cas une propagation gemmipare. Forme du corps en ruban, ou en par- tie vésiculeuse. — Système nerveux (les Cestoïdes) bi ou multi- j rayonné. — Suçoirs de la tête doubles ou multiples. — Un dou- ble canal alimentaire sans anus, avec des branches transversales (chez les Tœnioïdes). Cette sous-classe se compose de deux Ordres : I, les H. Fési' culeux ; 11. et les H. Cestoïdes. (1) Voir la PI. 34 du Règne animal illastré ponr les Nèmertes., et la PI. 23 pour l'Ho- lostome du Renard ; et les PI. 9 et 10 du T. Vlli des Annales de* sciences naturelles , 3« Bérle , no Y, 1847. (2) Voir cette Revue , 1846 , p. 89-91. I 268 REVUE zooLOGiQUK. (Septembre 1848.) L'Ordre des Helminthoyhytes vésiculeux ne comprend qu'une Famille , celle des Hydatides. L'Ordre des Cestoïdes se compose de trois Familles. 1° Celle des Cestoïdes vésiculeux , qui a pour type le genre Cysticerque ; 2« La Famille des Ligules qui se compose de l'ancien genre Ligule et du genre Bothrymône^ établi par M, Duvernoy; 3° La troisième Famille est celle des Tœnioïdes, comprenant, entre autres, les genres Tœnia, Bothriocéphale , Bothrydie. IV SouS'Classe : Parenchymateux. Forme du corps généralement aplatie , rarement cylindrique; sans aucune trace d'articulations dans le premier cas, mais pou- vant être annelée dans le second. — Une ou plusieurs ventou- ses ; même des crochets, chez ceux qui sont parasites. — Système nerveux birayonné. — Pas de cavité viscérale. Un sac alimen- taire seulement bifurqué, ou très-divisé en deux ou plusieurs branches arborescentes. — Propagation sexuelle j les organes sexuels réunis , avec des organes de copulation. Cette sous- classe se divise en deux Ordres : 1° celui des Tré- matodes, qui ne se compose que de la Famille des Douves , for- mée des genres Distome, Holostome y Amphistome , Diplos- tome , Octobothrium , Diplozoon , Polystome , Heœastome, Cyclocotyle , Tristome, Monostome, etc. Ce sont tous des vers parasites internes ou externes. Il faut ranger parmi ces derniers le genre Malacobdelle de Bl. , que M. Cuvier présumait devoir être rapproché des Planaires (1). Le second Ordre , celui des Planaries , qui ne comprend de même qu'une seule famille , celle des Planaires, se compose entièrement de vers libres. Genres Planaire, Stylochus.^ QuATREF : Proceros , Quatref. Ces vers ne montrent pas la moindre trace de division en an- neaux, ou d'articulations. Userait impossible de justifier, sous le rapport de leur forme, leur place parmi les animaux annelés. La ÏIl* Sous-classe, celle des Cavitaires , se distingue par l'existence d'une cavité viscérale, et par la séparation des sexes. Son système nerveux est birayonné. Cette Sous-classe se compose de quatre Ordres. (1) Règne animal, t. Il , p. 217. TRAVAUX INÉDITS. 269 L'Ordre I , celui des Anentérés ^ chez lesquels la cavité vis- cérale semble tenir lieu d'intestin, ne se compose que de la Fa- mille des Ancathocéphalés et du genre Echinorhynchus. Ce sont tous des vers parasites internes. Dans les trois Ordres suivants, il y a un canal intestinal avec une entrée et une issue, aux deux extrémités du corps, ou à peu près. jnà Les dénominations de ces trois Ordres sont prises ensuite de leur forme. Les Entérodèles cylindriques composent l'Ordre II, formé de deux Familles , l'une de vers parasites, l'autre de vers libres. La première est celle des Ascaridiens , à laquelle appar- tiennent les genres Ascaride^ Oxyure, Slrongle, Sclerostome y Cucullan, Trichocéphale^ Filaire, Spiroptère^ etc. La seconde est celle des Gordiens , composée du genre Gor- dius. L'Ordre III , celui des Entérodèles plissés, ne se compose que d'une seule Famille , celle des Linguatules , qui ne comprend que le genre Pentastoma. Ce sont encore des vers parasites. L'Ordre IV, celui des Entérodèles rubanés, ne se compose, au contraire, que de vers libres, vivant dans l'eau salée ; ce sont les Némertes, formant une Famille naturelle , que M. Quatre- fages, dans un travail spécial , divise dans les genres suivants : NémerteSy Borlasia^ Falenciennia , Polia, Cerebratula, CErs- tedia. M. D. , en terminant l'exposé de sa classification des Helmin- thes , a dit qu'il ne traiterait de leurs rapports avec les Anné^ lideSj qu'après avoir fait connaître cette dernière Classe, qui' appartient aux Animaux articulés ou annelés, /«to Il a d'ailleurs recommandé, pour la détermination des espèces* d'Helminthes parasites , le volume sur les Intestinaux, publié par M. Dujardin dans les suites à Buffon. Description de quelques nouvelles espèces d'Oiseaux-Mouches;' par MM. J. Bourciru et Mulsant. Trochilus cephalus. — Bec assez long, fort, arqoè ; noil* , àrëé' la moitié basilaire au moins de la mandibule inférieure d'un 270 REVDiî ZOOLOGIQUE. {Septembre 1848.) jaune pâle ; tête d'un brun verdâtre , frangée de roux sur la nuque , parée d'une bande sourcilière d'un jaune pâle. Dessus du corps d'un vert plus cuivreux sur le croupion que sur le dos, à plumes bordées de brun violet et frangées de roux sur le crou- pion et plus longuement sur la couverture caudale. Ailes aussi longuement prolongées que les rectrices intermédiaires , d'un brun violacé. Queue étalée en losange, avec les deux rectrices médiaires prolongées en forme de brins un peu moins longs que les submédiaires : toutes les rectrices d'un vert d'eau à la base , d'un noir verdâtre ensuite ; les externes à submédiaires bordées de fauve pâle à l'extrémité : les médiaires cendrées sur le com- mencement des brins et blanches sur les deux tiers postérieurs de ceux-ci. Dessous du corps paré d'une bande suboculaire et d'une bande jugulaire d'un blanc fauve, à peu près également prolongées : les latérales dépassant à peine la région auriculaire ; brun près du bec , d'un gris brunâtre ensuite, frangé de cendré roussâtre et paraissant par là orné de mouchetures brunes sur la gorge , et peu distinctes sur le cou. Poitrine et ventre d'un blanc cendré fauve ou roussâtre ; couverture sous-caudale d'un roux cendré. Bec 0,039 , ailes 0,061, rectrices externes 0,030 , rectrices sub- médiaires 0,040, rectrices médiaires 0,070, longueur totale 0,150. Cette espèce a été découverte dans l'Amérique centrale par M. Salle. T, Casielnaudii. — ntinue dans le» autres. Ce phénomène reçoit le nom de fractionnement ou seg- ïnentation. {La fin au prochain numéro .) liÉsustÊ eoncernant îes Oiseaux brévipennes mentionnés dan» l'ouvrage de M. Strickland sur le Dodo; par M. Edm. de Sélys-Longcbamps. Pour me rendre compte du nombre d'espèces d ^Oiseaux bré- vipennes qui se trouvaient autrefois dans les îles Maurice , Bour- bon et Rodrigue , j'ai établi , d'après l'ouvrage de M. Strickland, le résumé que l'on va lire , et où j'ai dû proposer un genre nou- veau pour quelques espèces que l'on ne connaît que par des documents historiques, et qui s'éloignaient du Dronte et du So- litaire par la forme allongée de leur bec, rappelant l'Aptéryx. C'est , qu'on ne l'oublie pas , un travail en partie hypothétique , mais en attendant mieux, il fallait bien que ces espèces peu connues fussent enregistrées systématiquement dans le cata- logue des Oiseaux. iS^- iln-ii^'j jLîii'i: ]•-) 'M-'^j ■■;■•: TAAVàUX INÉDITS. 993 Ordre Inertes , Temm. Famille Dididées. Genre 1. - Droimte , Didus , L. 1 . Didus ineptus, L.;Le Dronte, Buffon; Dodo des Ang^ais. — Descriptioa , etc. (Voyez Strickland). Habitait Tîle Maurice, men- tionné pour la première fois d'une manière authentique en 1598 , par Vanneck, L'île a été colonisée en 1644 ; en 1681 , il existait encore , d'après Talbot ; en 1693 , il était sans doute dé- truit , puisque Léguât ne le mentionne pas. Bontekoe a cité le Dronte, à Bourbon, en 1618 , et sir Tho- mas Herbert en parle par ouï-dire , comme se trouvant à Ro- drigue en 1627; mais M. Strickland suppose que ces deui auteurs ont pris pour le Dronte les deux espèces de Solitaires , ee qui toutefois ne me semble pas très-certain. Genre II. — Pekopbaps , Strickland , 18.48 ; DidUs , L. 2. Pezophaps solitaria , L. ; Didus solitarius , L. ; Solitaire» Léguât, Buffon. — Description, etc. (Voyez Strickland). Habitait, en 1691 , l'île Rodrigue lors de l'arrivée de Léguât. On ne sait pas bien si , en n60 , il était éteint lorsque Pingre alla faire dan» l'île des observations astronomiques ; en tout cas, il n'y existait plus en 1789, quelque temps après la colonisation. Genre III. — Apterornis , de Selys, 1848. D'après ce que l'on sait des espèces que je vais citer , on ne peut les classer ni dans le genre Dronte , ni dans celui du Pezo- phaps; j'ai dû, en conséquence , proposer de créer, provisoire- ment du moins, un genre nouveau qui diffère notamment des deux précédents par son bec long , ressemblant un peu à celui des Bécasses, mais plus gros. Ce bec rappelait en apparence celui de l'Aptéryx. Ces oiseaux étaient haut montés, couraient vite, et s'éloignaient davantage des Pigeons que le Dronte et le Pezo- phaps , auxquels ils ressemblaient d'ailleurs par leurs ailes im- propres au vol , par leur queue nulle ou rudimentaire , et par le nombre et la disposition des doigts des pieds. 3. Apterornis solitarius y de Sélys ; Solitaire, Carré ; Gréai* ;ail# REVOE zooLOGiooE. {Octohve 1848.) fowl^ Castleton.— Habitait Bourbon en 16IS (Castleton) ; l'île fal colonisée en 16fi9. Entre 1735 et 1746, M. de la Bourdonnaye étant gQuverneur de l'île , cet oiseau existait encore, et d'après une note d'nne officier anglais , il est possible qu'il se trouvât encore sur la plaine élevée, nommée des Caffres, en 1763 ; de- puis on ne l'a plus revu. Voici les caractères qu'on lui a attri- bués : Plumage bl'anc (Castleton), ou d'une belle couleur changeante tirant sur le jaune (Carré), ou blanc , avec le bout des ailes et de la queue noir, la queue à plumes ressemblant à celle de l'Autruche, le cou long, le bec fait comme celui des Bécasses, mais plus gros ; les pieds comme le Dindon (D. B.). Ces trois auteurs lui attribuent la grosseur d'un Dindon ou d'une grosse Oie. 4. uipterornis cœrulescens , de Sélys; Oiseau bleu, D. B. — Habitait Bourbon en 166i), lorsque l'île fut colonisée par M. De- lahaye, qui était accompagné d'un sieur D. B. , qui nous a laissé une relation manuscrite de l'expédition, dont M. Strikland a extrait ce qui concerne le Solitaire et V Oiseau bleu. Ce dernier était tout bleu , delà grosseur du précédent , le bec et les pieds rouge; ces derniers faits comme des pieds de Poule. Ils cou- raient si vite que les chiens avaient peine à les prendre. Peut- être les derniers restes de cette espèce se trouvaient-ils encore , enî 763, à la plaine des Caffres , d'après ce que j'ai cité plus haut. 5. Jpteromis bonasia, de Sélys; Hen , (Th. Herbert); relt hoenderSy Cornelisz; Feldhiiner'l Verhuffen; Poules rouges au bec de Bécasse, Cauche; Gelinottes , Léguât. — Peut-être plusieurs espèces sont-elles confondu es ici. Habitait Maurice en 1601 , était de la grosseur d'un petit Corbeau d'Inde (Cornelisz). En 1638 , Cauche cite les Poules rouges , au bec de Bécasse , de la grosseur de nos Poules, qui se laissaient prendre à la main en leur présentant un morceau de drap rouge. En 1693 , Léguât dit que dans cette île les Gelinottes , communes autrefois, étaient devenues fort rares. Léguât mentionne aussi des Gelinottes k Rodrigue : elles sont d'un gris clair avec un ourlet rouge autour de l'œil ; le bec, droit et pointu y rouge , long de deux pouces environ. Elles ne peuvenl guère voler, étant trop grosses, et se prennent en leur présen--- lant quelque chose de roiige. TRAVADX INKDITS. m Enfin Gauche dit que ses Gelinottes se trouvent aussi à Mada- gascar. Il est certain qu'à la fin du dix-huitième siècle , ces oiseaux n^existaient plus à Maurice , ni à Rodrigue. On possède un dessin de sir Thomas Herbert , où le bec est figure' comme étant parfaitement droit; le corps ne présente pas vestige de queue , les jambes sont assez courtes, avec le doigt postérieur bien développé , ce qui le distingue de l'Aptéryx , auquel on serait tenté de le rapporter au premier abord. Une autre figure, donnée dans le voyage de Vandenbroeek , en 1617, a probablement pour objet le même oiseau , elle ne diffère de la précédente que par le bec assez courbé. Ges Gelinottes appartenaient-elles au genre Apteromis , c'est ce qui est douteux; leurs pieds étaient plus courts. Étaient-elles réellement de cette famille curieuse? Je le suppose : 1" parce qu'elles avaient la même patrie, les mêmes privations de la fa- culté de voler , la queue nulle , et les doigts des pieds en appa- rence semblables. N. B. Nous n'avons pas cité VOiseau de nazare de Gauche, dont Gmelin a fait son Didus nazarenus. Il paraît établi que cette prétendue espèce n'est fondée que sur la circonstance que Gauche, qui décrit les mœurs du Dronte ^ qu'il avait vu à Pîle Maurice, lui aurait attribué de mémoire plusieurs des caractères du Casoar , notamment le plumage noir et des pieds à trois doigts seulement. Telle est du moins l'opinion de M. Strickland. Il me reste à demander pardon au savant ornithologiste an- glais d'avoir fait ce résumé sur les matériaux contenus dans son livre, compilation dans laquelle j'ai effleuré une question qu'il n'avait pas traitée, celle de savoir à quel genre il fallait rapporter les trois ou quatre espèces pour lesquelles j'ai proposé le nom d^Jpterornis. GouRS d'histoire naturelle des Corps organisés i professé au collège de France , par M. Duvernoy. (Voir la Bévue de 184G et 1847 , et les p. 63 et 261 de la Bévue de cette année.) Nous continuerons d'extraire des notes que nous avons prises à ce cours , quelques fragments concernant les classifica- tions adoptées par M. Duvernoy, lorsqu'elles nous paraîtront nmrquer un véritable progrès dans le développement de lamé- 296 RËVOE zooLOGiguE. [Octobre 1848.) thode naturelle; ou bien une sage persistance dans l'emploi des classifications déjà introduites dans la science et consacrées par l'expérience, contre des innovations au moins inutiles. En faisant connaître ces progrès, nous aurons soin d'indiquer ceux, dans la connaissance de l'organisation, sur lesquels ils se fondent. Ce que nous dirons d'ailleurs sur les trois Embranchements inférieurs du Règne animal , ne doit être considéré que comme un supplément aux extraits des leçons de M. Duvernoy, qui ont paru dans la Revue de 1846. Dans les deux premiers extraits de cette année , nous sommes entrés dans quelques détails sur deux des huit classes de l'Em- branchement des Zoophytes , les Rotifères et les Helminthes. Nous bornerons à regret (l) la suite de nos suppléments, au sujet de cet Embranchement, à la première de ces huit Classes , celle des Échinodermes (2), et à l'un des quatre Ordres dans lesquels M. D. divise cette Classe^ celui des Echinides. Le professeur avait démontré , dès le mois de février 1837, que les parties dures des Echinides devaient être considérées comme un squelette superficiel ou périphérique , analogue à celui qui compose le tronc des Tortues ; que ce squelette est recouvert par la peau et revêtu intérieurement par un véritable péritoine. Cette détermination d'un squelette, au lieu de test, et de la vé- ritable peau qui le recouvre, et n'en est pas recouverte, est encore démontrée par la position relative des muscles qui meuvent les piquants; ils sont entre la peau et le squelette. Après avoir reconnu depuis longtemps que le prétendu test de V Oursin est une véritable boîte osseuse, toujours décompo- sable en cinq rayons , qui partent de la bouche et vont aux ori- fices génitaux ; après avoir démontré que chacun de ces rayons se compose, dans son axe, de deux séries de pièces vertébrales, et , sur les côtés, de deux séries de pièces costales; M. D. a fait voir dans des recherches récentes (3) , que les pièces (1) A cause de la place restreinte qal nous reste dans les numéros de cette année, pour compléter ce que nous voudrions faire connaître des classiflcations de tout le Règne ani- mal recommandées dans ce cours, et dans la crainte de ne pouvoir continu rces extraits Tannée prochaine. (2) Voir la Revne de 1846, p. 85. (3) Mémoire Sur l'analogie de compoiition et sur quelques points de Vorganisation de» Echinodermes , lu à l'Académie des sciences dans ses séances des 17 Janvier et S8 fé- vrier 1848, et Imprimé dans le t. XX des Mémoires de cette Académie, avec 9 planches. le$ conclusions de ce mémoire ont paru dans la Revue de cette année, p. 87 et 8t. TRAVAUX INF.DITS. 297 vertébrales ont une forme régulière dans toutes les séries (i« chaque rayon et que leur volume varie peu. Les pièces costales, au contraire, peuvent varier beaucoup et pour le volume et pour la forme , parce que ce sont elles, dans les Oursins non sphériques , comme les Spatangues dont les rayons sont de grandeur inégale , qui doivent remplir les in- tervalles très-inégaux qui existent entre les régions vertébrales des différents rayons. Les Echinides ont trois sortes d'appendices membraneux à U surface de leur corps. Les uns sont des pieds vésiculeux cylindriques, ou un peu coniques, qui peuvent s'allonger de manière à dépasser les pi- quants , s'attacher, par une sorte de ventouse qui les termine , aux corps environnants, et servir à la locomotion de ces ani- maux. Les autres sont des appendices tactiles , placés autour de U bouche, dont le nombre et la forme varient beaucoup, suivant les espèces. Tous les Echinides ont ces deux sortes d'appendices. Mais un groupe considérable de cet ordre montre, dans la partie supé- rieure du corps, une double série de trous dessinant une rosette composée de quatre ou cinq pétales, suivant les genres, qui con- vergent vers les orifices génitaux, avec les rayoDS auxquels ils appartiennent. Ces doubles séries appartiennent à des branchies externes, qui occupent ici la place d'un certain nombre de pieds vésiculeux de l'autre section. Cette vue anatoniique et physiologique a donné immédiate- ment à M. D. la mesure de l'importance de cette rosette, dé- crite avec soin par les zoologistes , pour la classification des Echinides. Tous ceux à rosette forment une section naturelle de cet ordre qu'il appelle j^c^mide* exobranches. Ceux qui n'ont que des pieds vésiculeux d'un pôle à l'autre , sans branchies externes, forment une autre section sous le nom d'Homopodes. Tous les pieds vésiculeux des Echinides de cette section des Homopodes , communiquent par deux canaux qui traversent la pièce vertébrale correspondante, avec une branchie interne vé^- S98 REVUB zooLOGiyuE. [Octobre 1848.) siculeuse ; cette branchie est analogue , par sa structure et par ses lucunes, dans lesquelles se meut le fluide nourricier qui la traverse , aux branchies des Crabes et des Limules (1). Le sang s'y meut , ainsi que dans le système vasculaire cor- respondant, par un mouvement de va-et-vient, dont l'impulsion est donnée , dans un sens ou dans un autre, par les contractions ou les dilatations alternatives des pieds vësiculeux. Les appendices tactiles des Homopodes , qui sont autour de ï'orifice buccal, ne font pas partie de ce système. Dans les Exobranches , les branchies exte'rieures correspon- dent, par deux canaux membraneux, à autant de branchies internes plus considérables. Les unes et les autres ont une struc- ture différente de celles des Homopodes, du moins dans le Spatan- gue cœur, où M. D. les a observées (2). Elles se composent de deux canaux principaux qui en suivent les contours , dans leur longueur; et de canaux secondaires, qui vont de l'un à l'autre canal principal, en se ramifiant un peu, et qui enchevêtrent réci- proquement leurs rameaux, à peu près comme les doigts de deux mains qui se joignent. Les pieds vësiculeux des Echinides de cette section sont beau- coup moins nombreux. Ils n'ont qu'un seul canal de communi- cation avec une vessie interne contractile, faisant partie du même système vasculaire que ceux des branchies. Les appendices tactiles correspondent de même par un seul canal à une vessie interne semblable à celle des pieds, et qui tient aussi au système vasculaire branchial. Toutes ces différences organiques justifient la séparation des Echinides dans les deux sections que nous venons d'indiquer. La première de ces sections, celle des Homopodes Duv., com- prend deux familles, celles des Cidarides et des Galérides , qui ont pour type les genres Cidaris Klein et Galérite Lam. La seconde se compose de trois familles : les Cassidulides , de MM. Agassiz et Desor, moins les Galérides; les Cîype'astroïdes et les Spatangoïdes , dont les types bien connus sont les genres Cassidule Lam, Clypéastre Lam., et Spatangue Lam. A l'occasion des Echinides et des Jstérides, M. D. a commu- (1) Voir le mémoire de M. D. Sur quelques points de l'orgavisation des Limules et des- cription plus particulière de leurs brauctiles, lu à l'Académie des sciences le 17 sept. 1838. (S) Voir le mémoire cité pi. III, fig. E et F. TRAVACX lIXÉDITS. 2^9 nique à ses auditeurs ses nouvelles études sur les Pédicellaires, que l'on regardait, lors de leur découverte, comme des parasites de ces animaux. Ses recherches Vont conduit à la conviction que ce sont desorfi-s ganes des Echinides et des Astérides, qui sont plus ou moins rapprochés de leurs appendices membraneux, pour les défendre contre la voracité des myriades d'animaux marins. ,,p Tous les Echinides, qui sont très-peu mobiles, en paraissent pourvus , et ils y ont pour caractères d'avoir un pédicule calcaire , contenu dans un tube membraneux et de se composer d'une pince à trois branches. Les Aslérides , au contraire, qui sont plus mobiles, n ont pas toutes des pédicellaires. Leur pédicule, dans cetordre, n'est que. ^ membraneux et peut manquer, et la pince n'a que deux branches^f, M. D. a fait l'observation remarquable , que ces pédicellaire» étaient remplacées, dans VAsiérie palmipède, par un arrange- ment particulier des quatre séries de piquants qui avoisinent les pieds vésiculeux. Ces piquants sont rapprochés par paires sur un. , seul tubercule cartilagineux, de manière à former une pince. ..,y„ Les différents volumes, les différentes formes des Pédicellaires, qui ont été décrits dans une même espèce , ne seraient que différents degrés de développements , pour arriver à une forme défînitive caractéristique de chaque espèce. Enfin, cette étude a conduit M. D. à la connaissance de l'u- ^ sage des singuliers appendices , en forme de tète d'oiseau , de certains Polypes cellulaires , déjà décrits et figurés par EUis, mais dont la fonction était restée problématique, même aux na- turalistes qui ont le plus étudié ces animaux et leurs appendices à l'état de vie. Ils les avaient vus ouvrir et fermer continuellementcette pince sans s'expliquer l'utilité de ces mouvements. Ils sont analogues à ceux qu'exercent les pinces des Pédicel- laires des Echinides et des Aslérides - ce sont les Pédicellaires de ces polypes, qui doivent aussi leur servir d'armes défen- sives. Le Professeur n'a pu consacrer que sept leçons (I) à l'histoird naturelle des Mollusques et des progrès que la science a faits» (1) Celles des 17, SS, S4. S9 et SI mars, des It et U avril de cette année. 300 RKVDR zooLOGtQDK. (Octobve 1848.) durant ces dernières années, dans la connaissance de leur orga- nisation et dans leur classification naturelle. On a pu lire dans l'article de cette Revue (1), qui traite de cet Embranchement pour le cours de 1846, quelques améliorations introduites dans le nombre et l'arrangement des Classes qui le composent, et de leurs principales divisions. Nous rappellerons que les trois Classes des Céphalopodes , des Ptéropodes et des Gastéropodes^ formant le groupe des Mollusques Céphalés, con- servent la circonscription que G. Cuvier,qui a établi ces Classes, leur avait assignée. Rappelons encore que parmi le groupe des Mollusques Acéphales , la classe des Brachiopodes , établie éga- lement par G. Cuvier, subsiste telle qu'il Ta érigée ; mais que les deux sous-classeê de ses Acéphales proprement dits , celle ées Acéphales teslacés et celle des Acéphales sans coquille ou les Tuniciers de Lamarck, ont présenté des différences assez grandes, dans leur organisation , pour être érigées en Classes ; qu'enfin les Cirrhopodes ont été placés dans l'embranchement des Articulés, surtout à cause de la disposition générale de leur système nerveux et de leurs métamorphoses qui ont montré la forme articulée dans le premier âge. Nous ajouterons, comme supplément à cet article , l'indica- tion de quelques-unes des découvertes récentes dans la con- naissance de plusieurs points de l'organisation des animaux de ces classes , et les changements proposés par M. D. dans la for- mation et les caractères de plusieurs groupes inférieurs. La Classe des Acéphales bivalves était considérée générale- ment comme ayant quatre branchies en forme de lames , très- rarement divisées en filaments vasculaires comme dans les Pei- gnes et les Spondyles. C'était l'un des caractères généraux assignés à ce groupe supérieur. Cependant Poiî avait déjà annoncé que, dans son Loripes (Lucina lactea) , il n'y avait qu'un lobe branchial de chaque côté au lieu de deux ; mais les zoologistes n'y avaient pas fait attention. De même M. Ruppel n'avait trouvé que deux lames bran- chiales au lieu de quatre dans V Arrosoir. Mais il avait tenté de ramener cette organisation exceptionnelle à la règle, par l'exis- (1) p. lis. TRAVAUX INÉDITS. 30f Icnce d'une fente au bord supérieur de la branchie, indiquant la séparation en deux feuillets de cette seule branchie. C'était à tort, ainsi que Va observé M. D. ( I ). Chaque branchie , qu'il y en ait quatre ou deux seulement, se divise naturelle-* ment en deux feuillets, plus séparés vers son bord dorsal « où se trouvent les orifices des canaux aquifères, qui reçoivent ou ren-» dent l'eau qui pénètre entre ces feuillets, pour la respiration de» vaisseaux sanguins de leur face interne. Le 25 novembre 1844, M. D. a communiqué à rAcadémie deif* sciences vingt Monographies sur le sytème nerveux des bivalves, dans l'une desquelles il a consigné, en passant, la découverte d'une seule branchie dans les Lucin es, et l'absence des palpe»' labiaux (2). Dans le mois de juin de l'année suivante , M. Yalencienned à' étendu cette découverte au genre Corbeille. Et le 7 de juillet suivant M. D. constatait la même organisation dans les Tellina erassa et Furpurescens, dans la Tellinides timorensis, Lam,, et dans la Pandora rostrata. M. D. est allé plus loin, et il a montré que, dans ce cm, c'est la branchie interne qui manque. " ^ i-.(j Un certain nombre d'espèces a quatre branchies, Oût ia'brkiÏ!* chie externe surmontée d'une crête de même nature et quelque- ' fois de même étendue, qui forme comme une espèce de jabot dont le bord supérieur est en partie libre, et en partie adhérent au manteau. Ce jabot est un prolongement de la lame externe ' de cette branchie externe. * M. D. l'a observé dans la f^enus aurea, les Cytkerea eompla-^ nata et solida^ la Cycas rivalis^ la Donax compressa. 11 existe aussi dans les genres Telline et Tellinide , mais il manque dans les Lucines et les Pandores. Son existence dans les deux premiers genres est une preuve que c'est la branchie externe qui subsiste , puisque c'est à la branchie externe qu'il se voit, dans les bivalves à quatre bran- chies , qui en sont pourvus. ' H (1) Arytena Taginifera, Voyage an nord de l'Afrique, p. 44. 1SS8. "* (2) Voici dans quels termes cette découverte est aononcée dans la Monographie ds système nerteox de la Lttctna tigerina. « Nous remarquerons en passant qu'il n'y a dan» » cette espèce, non plus que dans la Lucina Lctmanii, qa'one seule lasts-lunkaolllale^ Mit^ » nette lame a une plus grande épaisseur que lorsqu'il y en a deux. , l. XXXI. 1. Papilio Bvan , Doubl. An. nat. hist. XVI . 235 et 304.— Sylhet. 2. Papilio Elephenor, Doubl. Id , p. 305.— Sylhet. PI. XXXII. 1. Bacteria sarmentosa, W.— Silhet. 2. Bacteria virgea, W.— Silhet. PI. XXXIII. 1. Eusemia maculatriœ, W. Nat. libr. exot. moths^ p. 88. — Assam. 2. Eusemia hellatrix, W. — Assam. 3. Eusemia victriœ, W. — Assam. 4. Eusemia amatrix, W. — Assam. 5. Eusemia dentatrix, W. — Assam^ III. SOCIETES SAVAXTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 23 octobre 18/i8. — M. de Quatrefages lit un mé- moire ayant pour titre : Des fécondations artificielles appli- quées à V élève des poissons. Ce remarquable travail est rempli d'observations neuves et def résultats intéressants dus à de savantes investigations. Il con- tient surtout des chiffres du plus haut intérêt pour montrer que la morue , par exemple , pond plus de 9 millions d'oeufs , ce qui a fortement frappé la presse politique et a donné lieu à des articles très-remarquables sur ce travail. Cette honorable publi- cité, en portant à la connaissance de tous le mémoire en ques- tion, nous permet de nous borner à cette courte annonce, et nous dispense d'entrer dans le détail des agréables chatouille- ments , des douces pressions sous le ventre, à l'aide desquels l'auteur engage les mâles des poissons à émettre leur liqueur fécondante , car cette partie dii travail serait assez difficile à ex' ^l*-5 RKVDE ZOOLOGIQDE. (OctobrC 18i8.) poser en termes convenables. Du reste, la commission à laquelle ce mémoire a été renvoyé s'acquittera mieux que nous de cette tâche délicate. Elle aura aussi à coordonner ce travail avec ceux que l'on trouve sur le même sujet dans Bonnet, dans Spallan- zani et dans l'Histoire naturelle des poissons d'eau douce par Agassiz , qui s'est récemment livré, avec l'aide de MM. Wogt et Nicollet , à la fécondation artificielle des œufs de poissons dans des essais faits sur une assez grande échelle. , Puisque nous parlons de la culture des poissons , nous devons dire aussi un mot en faveur des reptiles , que l'on exploite en Amérique , non pas en les fécondant ainsi malgré eux, sans leur consentement , mais en leur faisant une opération toute con- traire , et qui doit être très-douloureuse. En donnant cette observation , nous ne prétendons pas rendre un service à la pa- trie. Du reste, nous la devons à M. Salle, jeune voyageur plein d'instruction et de zèle,, qui a déjà parcouru plusieurs fois l'A- mérique et en a rappbrté des collections zoologiques remar- quables. M. Salle arrivant un soir, le 14 février 1848 , dans une hutte de l'intérieur de la Centre-Amérique , état de San-Salvador , au lieu appelé San-Antonio , réunion de cabanes en feuilles et branches d'arbres temporairement établie sur le bord d'un ruisseau , et n'ayant qu'un maigre souper , se résignait à s'en contenter , quand le maître de la cabane lui dit qu'il allait lui servir quelque chose dans un moment. M. Salle le vit ordonner à plusieurs jeunes garçons d'aller dans la forêt , et il ne fut pas peu surpris de les voir revenir peu de temps après , tenant par le cou un énorme Lézard, qu'on lui dit être destiné à faire son souper. Notre voyageur pensait qu'on allait dépouiller ce rep- tile et le faire rôtir , mais il n'en était rien. Il vit le maître de la maison appuyer ses pieds sur la tête et sur la queue du Lé- zard , lui pratiquer, avec un couteau , une petite incision sur le côté du ventre , et en retirer successivement avec ses doigts qu'il plongea assez avant dans les entrailles , deux chapelets composés chacun de dix-neuf œufs presque aussi gros que des œufs de Pigeon. Après cette opération le trou fut cousu avec soin, on y appliqua un peu de cendre chaude pour cicatriser la plaie, puis le gigantesque Lézard fut lâché et s'enfuit rapidement dans la campagne. Les œufs , après avoir été bouillis , furent SOCIÉTÉS SAVANTES. 3lî^ servis à M. Salle et lui procurèrent un très-bon souper; car ils étaient presque entièrement composés de jaune, et ils lui parurent d'un goût très-délicat. M. Salle ayant demandé à ces gens pourquoi ils avaient cousu le ventre à ce Lézard et pourquoi ils ne l'avaient pas tout sim- plement tué , il lui fut répondu qu'on le laissait vivre pour ré- colter ainsi ses œufs Tannée suivante , et qu'on saurait toujours bien le retrouver quand il serait plein* Ce fait curieux ouvre une voie féconde et montre que les Reptiles peuvent devenir aussi un sujet de culture. L'emploi de ce procédé, perfectionné par l'expérience , donnera certaine- ment un jour, dans la Centre-Amérique , une impulsion toute nouvelle aux travaux des cultivateurs ^ qui rendront annuel et exploitable en grand un produit nécessairement irrégnlier et soumis aux hasards de la chasse. Qui sait si le travail de M. de Quatrefages , dont nous avons rendu compte plus haut, ne don- nera pas l'idée aux Américains d'établir aussi des parcs remplis de ces précieux Lézards, qu'ils feraient féconder artificiellement et à des époques rapprochées, et dont ils récolteraient les œufs d'une manière régulière et certaine. Nous avons lu une notice ayant pour titre : Bêcher ches sur la maladie des vers à soie connue sous le nom de muscar- dine , et sur un moyen efficace de préserver les magnaneries de ce fléau. Dans ce travail, extrait d'un rapport étendu et circonstancié que nous avons adressé à M. le ministre de l'agriculture et du commerce , nous cherchons à résoudre un grand problème agri- cole , ainsi formulé : Doubler le produit de la soie en France et en faire baisser le prix de moitié, sans diminuer le revenu des producteurs, sans planter un mûrier de plus et sans ravir, par conséquent , un pouce de terrain de plus à la production des plantes alimen- taires destinées à la subsistance du peuple. Pour arriver à ce résultat, il suffirait de trouver un moyen de préserver les éducations de vers à soie de la désastreuse maladie qui sévit dans notre région séricicole, de la muscardine. Le ré- sultat des expériences suivantes montrera si nous sommes près d'avoir réussi. Après deux années de recherches scientifiques pénibles et Ol* RKVUK ZOOLOGiyUE. {Octobre I84ô.y assidues , faites de concert avec M. Eug. Robert , éducateur dis- tingué du Midi , après avoir bien déterminé les véritables causes de la maladie, après être parvenu par cette connaissance à la donner aux vers à volonté^ nous avons été conduit à reconnaître que Tessence de térébenthine pouvait désinfecter les ateliers atteints de cette maladie. Ayant, en conséquence, pris deux grands ateliers également infectés depuis plusieurs années, nous en avons désinfecté un à la térébenthine et nous avons laisgé l'autre intact pour servir de terme de comparaison. Dans l'atelier laissé sans préparation, l'éducation a produit le résultat moyen obtenu dans le Midi, c'est-à-dire environ 20 kilo- grammes de cocons pour une once de graine , résultat qui donne encore annuellement en France pour plus de 150 millions de francs de soie. Dans l'atelier désinfecté à la térébenthine, l'once de graine a produit plus du double, ou 53 kilogrammes et demi de cocons. Il est facile de comprendre que si ce résultat est constant, si le procédé qui y conduit est porté à la connaissance des agricul- teurs par l'application que nous en pourrons faire dans nos contrées séricicoles et sous les yeux des populations intéressées , le problème est résolu. La production de la matière première sera doublée, ce qui nous permettra de nous affranchir de la nécessité où nous sommes d'acheter annuellement pour plus de 60 millions de soie grége à l'étranger pour alimenter nos fabri- ques. De plus les soieries diminueront considérablement de prix ; elles pourront alors devenir d'un usage populaire et nous serons heureux de pouvoir dire que ce résultat est entièrement dû aux applications de la zoologie agricole. — M. Ch. Robin lit un Mémoire sur V existence d'ww œtif ou ovule chez les mâles comme chez les femelles des végétaux et des animaux, produisant Vun les spermatozoïdes ou les grains de 'pollen, Vautre les cellules primitives de Vembryon. Nous nous bornons à mentionner ici le titre de ce beau travail qui est imprimé en entier dans la Revue Zoologique. Séance du 30 octobre. — M. Is. Geofjroy-Saint-Hilaire met sous les yeux de l'Académie deux daguerréotypes du Chimpanzé^ présentement vivant à la ménagerie du Muséum d'histoire na- turelle. %.* SOCII^TÈS SAVANTES. 315 M. Couvreux présente une note intitulée : Observation d''un veau du genre Atlodyme. L'auteur décrit et figure, dans ce travail, un veau à deux têtes, né en septembre 1847, dans le département de la Haute-Marne. Il démontre que ce veau monstrueux offrait tous les caractères intérieurs et extérieurs du genre Atlodyme, genre très-rare jus- qu'à ce jour parmi les mammifères. M. Pappenheim adresse des observations concernant la com- munication faite à l'Académie par M. de Quatrefages , sur les fécondations artificielles appliquées à Vélève des poissons. SOCIÉTÉ ENTOMOLOGIQUE DE FRANGE. . Séance du 13 septembre, — M. Bellier de la Chavignerie montre une chenille vivante du Sphinx du pin qu'il a prise ces jours derniers au bois de Boulogne. Ce fait , intéressant sous le point de la géographie entomologique, vient réaliser une prédic- tion de Godartqui, lorsqu'il écrivait l'histoire du Sphinx pinas^ tri^ disait qu'il'ne doutait pas que cette espèce ne se propageât un jour dans le bois de Boulogne , lorsque les pins qu'on venait d'y planter auraient acquis une certaine force. — Le même membre fait passer sous les yeux de la Société deux Noctuelites qu'il a recueillies dans ses excursions aux en- virons de Paris, ce sont les Nonagria fluxa et Hellmanni : la première espèce qui provenait jusqu'ici du nord de la France, et la seconde qui n'avait encore été prise que dans les monts Du- rais et assez récemment en Angleterre. — M. ^. Lucas montre une boîte contenant plusieurs individus delà Psychoda phalenoides, petit diptère de la famille des Cu- licides et de la tribu des Tipulaires gallicoles : il dit que vers la fin du mois d'août dernier ces insectes se trouvaient en énorme quantité sur des murs du Jardin des Plantes , où ils formaient des espèces de taches irrégulières, restant tout à fait immobiles pendant le jour et ne se mettant à voltiger que la nuit. — M. Z. Brisoul de Bar neville pAvle d'un individudel'/^cn- dium dispar , qu'il a trouvé dernièrement dans la foret de Sé- nart et qui présente un cas d'hermaphrodisme assez singulier. L'insecte semble offrir presque tous les caractères du mâle, mais cependant on voit à l'extrémité de son abdomen les pièces 31^ RRVUE zooLOGiouR. {Octobte 1848.) sexuelles caractéristiques des femelles à un état imparfait de dé' veloppement. — Le même membre dit qu'il a pris, le 22 juillet dernier, en- tre Montlhéry et Marcoussis, une larve de la Manta religiosa , et que le 8 septembre il a trouvé à Sceaux, dans une prairie, une femelle de VAcridium migratorium. — M. E. Desmarest lit une note de M. Ch. Coquerel sur plu- sieursindividus d'une Oœythyrea qu'il avait recueillis à Mayotte, et qu'il avait annoncés comme devant être une variété de VOxythyrea amabilis. Ayant eu l'occasion de montrer ces in-^ sectes à M. Schaum , il pense aujourd'hui que l'on doit les re- garder comme appartenant à l'espèce décrite par M, Burmeister sous le nom de Leucocelis eustalacta^ et qui provient d'Angouan, — M. Amyot dit que l'on devrait ajouter à la rectification indiquée par M. L, Fairmaire , à l'occasion de son genre Xero- phyllum^ que cet insecte est au moins très-voisin du Corophyl- lum décrit et figuré par M. Audinet-Serville, s'il n'est pas iden- tique avec lui. — M. Mulsant donne quelques détails relatifs aux métamor- phoses et aux mœurs des Sitaris humeralis. Ces insectes, à leur état de larves, ont beaucoup d'analogie avec celles des Meloes; et ils vivent aux dépens de certaines abeilles du groupe des Antophores , dans les nids desquelles ils passent leur vie. Du reste, M. Mulsart publiera, dans assez peu de temps, l'histoire des Sitaris, et il prépare également un grand travail sur les Cocci- culles exotiques , et la section des Hêîéromères de sa Faune de France. Séance du 27 septembre. — M. H. Luq^s montre plusieurs individus d'un Myriapode de l'ordre des Ghilognathes très-rare dans les environs de Paris, le Polyzonium germanicum Brandt, qui a été rencontré , dans les premiers jours de septembre , par M. le professeur C. Duméril, dans les bois de Verrières. Cette es- pèce, dont la démarche est assez lente, avait déjà été signalée ^omme habitant dans les environs de Paris , car Audouin l'avait, le premier, découvert à Bellevue, et M. P. Gervais, peu de temps Après, l'avait rencontré dans les bois de Meudon, elle habite aussi le nord de l'Europe, puisque M. Motschoulski la cite comme l'ayant prise au Caucase, M. Brandt comme l'ayant capturée en Allemagne, et M. Waga comme l'ayant rencontrée très-abon- MÉLANGES ET NOOVEIXRS. 317 damment dans les environs de Varsovie. M. H. Lucas ajoute que ce myriapode , seulement découvert depuis 1834, a déjà reçu plusieurs noms, et il donne la synonymie en démontrant qu'il a été désigné sous les dénominations de Polyzonium germanicum Brandt, Newport, Gervais; Platyulus Audouinii Gervais, Waga; Platyulus Audouinianus Gervais , Lucas , et Leiosoma rosea Motschoulski. — M. Jieiche communique un article de journal dans lequel on parle d'un nombre immense de chenilles qui auraient fait in- vasion dans les environs de Phalsbourg (Meurthe) et qui y cau- seraient de grands dégâts en détruisant toute la végétation. — M. Doué parle d'un cas de longévité remarqué par lui dans un insecte ; il s'agit d'une Cicindela campesiris qui piquée le 27 août dernier, vit encore aujourd'hui. — M. Mulsant, à l'occasion des mœurs de divers insectes , dit qu'il a plusieurs fois observé que les Melolontha vulgaris et hypocastani , à l'état de liberté dans la nature, s'accouplaient ensemble, mais que les organes génitaux de ces deux espèces présentant des différences notables , il ne devait pas y avoir de résultat à cet accouplement. Ce fait, que la Société croit de- voir signaler, est , du reste, connu de tous les entomologistes de Lyon. E. D. IV. MELANGES. Nous recevons la réclamation suivante que nous nous empres- sons de publier : Monsieur, je viens de lire dans le n" 9 (1848) de la Revue Zoologique, que vous dirigez une intéressante notice de M. de Lafresnaye, sur l'accouplement du Carcinus mœnas de Leach , et j'ai été assez étonné d'y lire le passage suivant , p. 280 : « Je n4%ais si ce genre d'accouplement face à face avait déjà été re- marqué et indiqué , mais ce qui ne Va certainement pas encore été , c'est que dans cette circonstance la femelle a toujours sa carapace et toute son enveloppe dans un état de mollesse qui annonce une mue très-récente, » Vous verrez, monsieur, à l'article Décapodes du catalogue (1), (1) Catalogne des crnstacés observés jusqu'à ce jour à l'état vivant dans le Bonlon- aals, par M. Bouchard-Chantereaux. Bonlo^ne, 1833; in-8 de 94 pages. iÉ 318 REVUE zooLOGiQUR. {Octobve 1848.) dont je vous adresse un exemplaire, qu'avant 1833 ces mêmes observations avaient été faites par moi et imprimées , non-seu- lement sur le genre Carcinus , mais sur tous ceux , de nos côtes , de l'ordre auquel ce genre appartient. Je crois , monsieur, que vous trouverez juste ma réclamation et que vous l'accueillerez favorablement. Veuillez, etc. Bouchard-Chantereaux, Boulogne-sur-Mer, le 7 novembre 1848. Monsieur, je viens de prendre chez moi, près d'Abbeville, un oiseau qui, je crois, n'a point encore été observé en France. Si vous jugez que cette apparition soit digne d'être signalée dans la Revue Zoologique, et que ce soit de quelque intérêt pour les ornithologistes, vous me feriez plaisir d'insérer ma lettre dans un de vos prochains numéros. L'oiseau dont je vous parle est le Turdus atrogularis ; il a été pris au commencement de no- vembre ; c'est un mâle , il me paraît adulte en plumage d'hiver.' La description de Temmink est assez exacte ; cependant il ne dit point que le dessous des ailes est d'un roux pâle, plus pâle en- core que dans le Turdus musicus. Il ressemble exactement à un individu que j'ai dans ma collection provenant de l'est de la Russie. Cet oiseau a été observé dans les parties orientales de l'Allemagne ; je sais aussi qu'il a été trouvé en Italie. J'en ai vu plusieurs rapportés du Japon par M. Van Siebold. Recevez, etc. Duchesne de Lamotte. A Feuguières par Valine (Somme), ce 19 novembre 1848. M. Bocandé, voyageur naturaliste, vient de rapporter une magnifique collection de Coléoptères, récoltée dans les posses- sions portugaises de la Guinée , et composée d'un grand nombre d'espèces nouvelles ou très-rares, surtout dans le groupe des carnassiers. On s'occupe de la mise en ordre des 900 à 1000 es- pèces dont elle se compose, pour en faire des collections toutes nommées. S'adresser franco , pour acquérir des collections de ces in- sectes , au bureau de la Revue zoologique. OVZIÈMB ANNÉE. — irOVEUCBRE 184«. I. TRAVAUX INEDITS. M|!:moirc sur l'existence d'un œuf ou ovule chez les mâles comme chez les femelles des végétaux et des animaux, produisant, l'un les spermatozoïdes ou les grains de pollen, l'autre les cellules primitives de l'embryon ; par le docteur Ce Robin ; lu à l'Académie des sciences, le 23 octobre 1848. — (Suite et fin). B. analogie entre le produit des or gaves générateurs mâles et le produit des ovaires ou organes femelles chez les végétaux et les animaux , et identité entre le fractionnement du vitellus de V œuf femelle et celui de Vovule mâle pour la formation dtt pollen et des zoospermes aux dépens de ce vitellus. Les développements qui vont suivre nous montreront que , non-seulement les corpuscules fécondateurs des mâles se déve- loppent par le même mécanisme dans les animaux et les végé- taux tant phanérogames que cryptogames, mais encore que ce mécanisme est le même que celui par lequel se forment les cel- lules embryonnaires dans les ovules des femelles ; c'est-à dire par segmentation ou fractionnement du contenu granuleux ou vitellus d'un organe spécial des mâles. Avant de démontrer ces deux ordres de faits, nous devons démontrer d'abord, dans chaque division des êtres vivants, qu'il se forme dans les appa- reils générateurs mâles un organe spécial qui a la structure fon- damentale de l'ovule, c'est-à-dire une membrane amorphe , en- tourant un contenu granuleux et jouant, par rapport aux cor- puscules fécondateurs, le rôle que joue l'ovule relativement aux cellules primitives de l'embryon. Ainsi, même structure, mêmes phénocnènes primitifs d'évolution que l'ovule; et pour un même but, la reproduction de l'individu dont un des appareils a la propriété de le produire , c'est donc un véritable ovule mâle. 1" On sait, d'après les travaux de MM. de Mirbel, Decaisne et divers savants étrangers, sur le développement des grains de pol- Tome XI. Année 1848. ?1 S20 RKVDE zooLOGiguE. [Novembre 1848 ) len de phanérogames { Cucurbitacées, Fiscum album, etc.) , que fie grandes cellules se développent dans chaque moitié de l'an- thère encore jeune. Ce sont les utricules polliniquen ou cellules mères des grains de pollen. Leur contenu est une masse granu- leuse, dans laquelle se montrent deux ou quatre noyaux , et «ntre chacun de ceux-ci se montre uti sillon de séparation plus ■clair ; bientôt se forme une paroi ou membrane d'enveloppe au- tour de la masse granuleuse agglomérée sur chaque noyau. C'est là le phénomène de segmentation ou fractionnement, semblable à celui du sac embryonnaire ou véritable ovule des phanéro- games. On ne peut méconnaître ici l'analogie qui existe entre le mé- canisme de la formation des grains de pollen et celui de la for- mation des cellules embryonnaires dans l'ovule ou sac embryon- naire végétal, Vutricule mère pollinique à paroi homogène, amorphe , est analogue à la paroi propre ou membrane vitelline du sac embryonnaire ou ovule végétal ; c'est la membrane vitel- line de Vovule végétal mâle. Son contenu granuleux, semblable à celui de l'ovule femelle, en est le vitellus, et par le même méca- nisme qui donne naissance aux cellules embryonnaires dans l'organe femelle, il donne lieu à la formation des cellules parti- culières. Mais celles-ci au lieu de s'arranger par juxtaposition , en forme d'embryon s'isolent, se modifient, prennent en général une deuxième membrane, et alors constituent le grain de pol- len. Ce dernier est bien une cellule, au point de vue de la forme, mais ce n'est pas une cellule dans le sens que l'on donne à ce mdt en histogénésie. c'est-à-dire celui d'un élément analomique embryonnaire ou primitif. Ainsi, le grain de pollen de l'état de cellule primitive, est devenu quelque chose de plu?, quelque chose de spécial, doué d'une propriété particulière, chargé d'une fonction spéciale : la fécondation par intromission du boyau pollinique jusqu'à l'ovule femelle. Formé dans Vovule mâle^ il coopère à la perpétuation de l'individu en servant de cause déterminante et première au fractionnement du vitellus femelle, d'où résultent des cellules embryonnaires, suivant un mécanisme identique à celui par lequel il s'était formé lui-même spontanément dans l'ovule mâle. Il joue, relativement à l'ovule végétal, le rôle des spermatozoïdes à l'égard des ovules animaux^ \[ est donc l'analogue de ces corpuscules. TRAVAUX IXKDHS. 321 12° Dans les cryptogames on peut constater que les anthéridies après s'être développées dans une enveloppe analogue aux péri- spores, sont remplies d'un contenu granuleux analogue à celui des spores : ce contenu est un véritable vitellus de l'ovule mâle, dont l'enveloppe homogène amorphe est la membrane vitelline^ analogue à celle de l'utricule mère pollinique. Les recherches de MM. Thuret et Decaisnes surtout, ainsi que de plusieurs savants étrangers, ont montré que dans cette enveloppe se forment, aux dépens de son vitellus, les animalcules fécondateurs des Algues, animalcules qu'il faut désormais appeler, avec ces auteurs et M. Montagne, spermatozoïdes des cryptogames; car ils ont les caractères et les propriétés des mêmes corpuscules des animaux, et on les trouve dans toutes les principales divisions de cette classe végétale. Jusqu'ici le phénomène de la segmentation n'a pas été signalé comme étant le mécanisme d'après lequel ils se développent, ce qui tient, d'une part, à ce que leur évolution n'a pas encore été suivie, et de plus, à ce que, même pour les grains de pollen, le phénomène , quoique décrit, n'avait pas encore été comparé au même phénomène qui se passe dans l'ovule ; mais tout porte à croire que lorsque l'étude sur des organes sexuels des cryptogames sera aussi avancée que celle des mêmes or- ganes chez les phanérogames, on saura dans quelles conditions il faut se placer pour observer le développement de ces corpus- cules mobiles. Aussi en s'appuyant sur ce que nous savons déjà sur l'évolution des ovules, sur le développement des zoospermes et des grains de pollen , on peut, sans faire une hypothèse dérai- sonnable, admettre que les corpuscules mâles des cryptogames ne sont, comme les grains de pollen, que les cellules embryon- naires résultant du fractionnement du contenu de l'anthéridie des Algues ou de son analogue dans les Mousses, Conferves, etc., cellules qui se sont modifiées et à l'un ou aux deux pôles des- quelles s'est développé un ou plusieurs cils ou queue, comme nous le verrons sur les zoospermes des animaux. J'ai pu suivre ce développement des spermatozoïdes de V illva lactuca, L., guidé en cela parle fait suivant. Après un coup de vent assez fort, ayant duré six heures environ, pendant la marée haute, je trouvai les flaques d'eau laissées entre les rochers de la plage de Dieppe, par la mer descendante, couvertes d'une couche uniforme de couleur verte, depuis une épaisseur inappréciable l ^ ^'^2 RKVUK ZOOLOGIQUE. {Novemhre 1848.) t't Iransparente, jusqu'à celle de un quart ou un demi-niiliim., et masquant la transparence de l'eau. Toufes les mares, dans rétendue de denx kilom. environ sur trois à quatre cents mè- tres de large, présentaient ce phénomène. Cette matière verte était entièrement composée de zoospermes des Algues, doués de mouvements très-rapides, en quantité in- nombrable, et appartenant à quatre formes très-distinctes: l^les uns étaient pyriformes et pourvus de deux cils dépassant d'un quart environ la longueur du corps (0,003 à 0,004 au plus en longueur). Ils ressemblaient assez à ceux de VHaJydris siliquosa figurés par MM. 'ihuret et Decaisnes, sauf toutefois la longueur des cils qui était un peu moindre qu'ils ne l'ont figurée; ils portaient les denx cils en avant pendant la locomotion ; 5» d'au- tres étaient semblables aux précédents, mais leur volume était plus de moifié moindre , et le corps était plus arrondi ; 3° une troisième espèce, moins nombreuse, était formée de corpuscules allongés portant un cil en avant, l'autre en arrière, insérés aux deux extrémités du corps; ils paraissaient appartenir aux Fucus serratus et vesiculosus ; 4<' ceux qui, avec les premiers signalés plus haut , étaient les plus nombreux, portaient quatre cils , in- sérés sur la plus petite extrémité d'un corps ovoïde de 0°"",005. Il en existait encore d'autres de même longueur que les premiers, portant aussi deux cils, mais plus minces, plus effilés, qui sont ou des variétés de formes, ou une espèce différente. Après être restés deux heures à la surface de l'eau du vase où ils avaient été recueillis, ils tombèrent au fond ayant perdu leurs mouvements. Ayant placé ces corpuscules dans des vases de verre, dans d'autres en porcelaine et en terre brune, les uns avec des fiagments de calcaire couverts d'ulves. les atitres dans de l'eau de mer pure qui était changée tous les jours , je les ai examinés chaque jour pendant une semaine, sans qu'ils aient changé de forme, de couleur, ni de volume. Ayant dès lors cessé de les observer au microscope, j'ai pu constater au bout de deux semaines que le fond des vases conservait le même aspect que le premier jour, et le microscope m'a montré alors ces corpucules intacts, si ce n'est que quelques-uns avaient perdu un ou tous leurs cils. Ce n'était donc pas des zoospores, c'est-à-dire des spores mu- nis de cils et germant au fond des vases d'eau dans laquelle elles TRAVAUX INltDITS. 3:^3 ont nagé quelque temps. Du reste ils résistaient, comme les sper- matozoïdes et les cellules épilhéliales insensibles à l'action des acides acétique, sulfurique et chlorhydrique, ainsi qu'à la putré- faction, si ce n'est que dans les derniers temps quelques-uns per- daient un seul ou leurs deux cils. La teinture d'iode aqueuse ou alcoolique les colorait en jaune brun, comme elle colore l'utri- cule primordiale (et son noyau quand il existe) de la face interne des cellules végétales, ainsi que toutes les matières azotées. L'am- moni.tque concentrée et la potasse les désagrégeaient en petits granules ou les dissolvaient en moins d'un quart d'heure. L'observation de ces faits me conduisit à rechercher le mode de développement de ces corpuscules, ce que je n'ai pu faire que sur VUlva lactuca^ L. Les frondes de cette plante sont for- mées de trois couches de cellules polygonales, remplies de ma- tière verte. Deux de ces couches sont superficielles, la troisième est intermédiaire à celles-ci. les cellules de cette dernière sont un peu plus grandes que celles des autres couches (elles ont 0,025 à 0,Oââ), leurs parois sont également plus épaisses, et leur ca- vité est plus sphérique ; ce sont ces cellules qui jouent le rôle d'ovule pour les spermatozoïdes, comme ce sont elles aussi qui jouent le rôle de périspore, lors du développement des spores; celles-ci ne se développent jamais qu'au nombre de quatre dans chaque cellule, par segmentation de son contenu en quatre sphères qui s'entourent chacune d'uneenveloppe ou épispore. C'est surtout dans les cellules de l'extrémité libre des frondes de cette ulve qu'on peut suivre le développement des spermatozoïdes; à l'époque où je les observais (septembre 1848;, le quart ou la moi- tié de cette fronde étaient privés de matière colorante ; quoique les cellules fussent entières , elles ne contenaient qu'un liquide incolore, avec quelques granules moléculaires très-fins en géné- ral réunis au centre. Quelques cellules de la couche moyenne , soit isolées , soit rapprochées l'une de l'autre , ce qui avait lieu surtout au bord de la fronde, étaient remplies d'une masse gra- nuleuse verte, dont les métamorphoses pouvaient facilement être suivies. Les cellules de la couche moyenne deVUlva îactuca^ L.,sont . pleines d'un contenu granuleux et vert; dans quelques-unes au *^<îentre ou au bord de cette masse on voit une masse claire trans- parente, occupant le tiers ou le quart environ de la cavilo de lu r 324 REVUE zooLOGiQDE. [Novembrc 1848.) cellule. Il est impossible d'isoler cette masse et de s'assurer si c'est une vésicule analogue à la vésicule germinative. Elle n'existe plus dans les cellules où commence le fractionnement. 11 est rare de ne pas trouver sur une seule fronde tous les degrés de déve- loppement que nous allons décrire. Assez souvent même dans un seul groupe de ces cellules on en trouve à la fois qui sont pleines de spermatozoïdes complètement développés et se débattant vivement dans leur cellule en nombre variable depuis quatre jusqu'à vingt quatre, suivaut le volume des cellules; d'autres sont à diverses phases de leur évolution, d'autres sont uniformé- ment pleines du contenu que nous avons décrit. Parmi celles qui sont en voie de développement, quelques- unes ont leur contenu divisé en deux segments par un sillon méridien plus clair , plus transparent que la masse. Peu après chaque segment est divisé lui-même en deux petites sphères par un sillon perpendiculaire au précédent, qui se montre soit si- multanément sur les deux premiers segments, soit d'abord sur l'un , et peu après sur l'autre. Lorsque la cellule est petite au point que les quatre sphérules qui viennent de se former n'ont que 0°"°,003 ou 0""",004, la segmentation se borne là , et il ne se forme que quatre spermatozoïdes dans cette cellule , mais ce fait est rare. Le plus souvent les cellules étant grandes , chacune des quatre sphérules étant encore volumineuse se divise en deux, ainsi de suite jusqu'à ce qu'elles aient atteint le volume indiqué plus haut, moment où cesse la segmentation. Les plus grai;i,des cellules arrivées à ce point extrême de l'évo- lution de leur contenu, contiennent trente-deux petites sphères mais elles sont peu nombreuses: la plupart n'en renferment que seize à vingt-quatre, beaucoup n'en ont que huit à douze. A la fin de cette première période la masse de chacune de ces sphérules est encore finement granuleuse , toutefois les granulations ont perdu leur volume primitif; en d'autres termes les granulations qui formaient le contenu ou endochrôme, ou vitellus des cellules de la couche moyenne, ont perdu de leur volume et sont deve- nues plus cohérentes pendant le fractionnement. Lorsque ce phénomène a cessé les granulations disparaissent peu à peu, cha- que sphère s'isole davantage, ses bords deviennent plus nets, son contenu plus homogène, et en même temps sa couleur perd ui?L peu de son intensité. Bientôt chaque corpuscule devien^t TKAVAOX INÉDITS. 3-^5 spontanëinent mobile ; les mouvements sont d'abord assex lents, comme difficiles, puis ils deviennent extrêmement vifs et éner- giques, les spermatozoïdes sont alors complètement développes et bientôt ils s'échappent. On peut remarquer alors que quel- ques-uns d'entre eux montrent un ou deux petits granules dans leur épaisseur qui n'ont pas disparu. La durée totale de tous ces phénomènes varie de trois à cinq heures et même au delà, ce qui tient sans doute aux conditions mauvaises et variables dans lesquelles se trouvent placées les cellules qu'on observe et au volume de celles ci. Dans celles dont le contenu se divisait en seize à vingt-quatre sphères , la segmentation durait environ deux à trois heures et demie; quel- quefois même , arrivée à ce point le développement cessait , et les corpuscules ne devenaient jamais mobiles ; alors les dernières divisions étaient très-lentes; ce fait se présentait toutes les fois où l'eau évaporée sur les bords des lamelles du verre du microscope n'était pas remplacée. Une fois le fraction- nement achevé, il fallait encore attendre une heure environ avant de voir les corpuscules entrer en mouvement. Après s'être^ agités pendant un temps variable (quelquefois plus d'une heure avec une vivacité paraissant toujours croissante , on voyait subi- tement un des spermatozoïdes s'échapper brusquement de la cellule, sans qu'il fût possible de découvrir l'ouverture de sor- tie, soit à cause de sa petitesse, soit peut-être (comme chez les animaux) parce que la paroi de cellule ramollie permet aux corpuscules mobiles de se frayer une route au travers de son épaisseur. H est à noter toutefois que les animalcules sortaient tous par le même point de la cellule; ainsi le premier était presque aussitôt suivi de quatre, cinq ou six autres; il s'écoulait ensuite un intervalle de temps plus ou moins long avant que tous les autres ou quelques-uns seulement s'échappassent. Assez souvent il en restait trois ou quatre qui s'agitaient encore très- longtemps avant de s'échapper , ou même qui mouraient dans la cellule. Dans quelques cellules, probablement placées dans de mauvaises conditions, les corpuscules, après s'être agités pen- dant plus d'une heure, perdaient de leur vivacité et finissaient par mourir sans sortir de la cellule. 11 était impossible , tant que ces animalcules étaient ren-r Cermés dans leur cellule , d'apercevoir leurs cils ; mais dès 326 uEVUK zooi.oGiQDK. {Novembre 1848.) qu'ils étaient sortis , on apercevait les quatre cils qu'ils portent sur la petite extrémité de leur corps ovoïde. Ces cils sont tous d'égale longueur, c'est-à-dire une fois et demie celle du corps, et leur extrémité libre n'est pas amin- cie, 11 est inutile de répéter ce que nous avons dit plus haut sur leur volume, leur résistance à l'action des acides, leur dissolution en présence de la potasse et de l'ammoniaque concentrées, leur chute au fond du vase après une heure ou deux de mouvements en liberté, leur longue conservation sans altération ni germina- tion, etc. La description des corpuscules mobiles deVUlva lactuca don- née plus haut s'accorde sous tous les rapports avec celle que M. Thuret a donnée de ses zoospores. Toutefois, les faits suivants portent à penser que ce ne sont pas là des spores munis de cils ou zoospores, mais les spermatozoïdes ou corpuscules féconda- teurs mâles de cette Algue. Ces faits portent sur ce que ces cor- puscules n'ont pas germé comme le font les spores placées dans les mêmes conditions, sur leur inaltérabilité, et enfin sur ce qu'au lieu de se former au nombre de quatre seulement dans chaque cellule, comme les spores, il s'en formait ordinairement de douze à vingt-quatre et quelquefois même trente-deux; les petites cellules existant en petit nombre en produisaient ordi- nairement quatre. Il résulterait de ce qui précède, d'une part , que les Ulves se- raient, comme \es Fucus et diverses autres espèces d'Algues, de Mousses, pourvues de deux sexes, c'est-à-dire de corpuscules re- producteurs mâles et femelles distincts, savoir des corpuscules mâles fécondateurs ou spermatozoïdes et des spores ou ovules fe- melles, qui peuvent , suivant les genres ou espèces, être immo- biles ou pourvues de cils vibratiles et constituer les zoospores ob- servées sur beaucoup d'Algues. 11 en résulterait d'autre part que pour VUlva lactuca les spermatozoïdes ont été confondus avec les corpuscules femelles ou zoospores, et peut-être a-t-on sou- vent fait cette confusion. Il est très-probable , d'après ce que l'on sait actuellement sur les zoospores et sur les Algues manifes- tement pourvus de spores et de spermatozoïdes, que ce qu'on a décrit coiimie des zoospores dans certaines de ces plantes doit être considéré comme leurs zoospermes; ceci est surtout f)ro- bable pour les Algues désignées comme se reproduisant à la fois TRAVAUX INÉDITS. 327 par des spores et des zoospores, c'est-à-dire ayant deux espèces de corpuscules femelles, l'un dépourvu de cils vibraliles, l'autre qui en porte et se meut. Il reste encore , p mr que cette question soit complètement vidée, à déterminer, 1' quelles sont les plantes marines qui ont des spores pourvues decilsvibratiles ou zoospores comme les Derbésia , les spores mères des sporules dans les Fucus vesiculosus et serralus^ etc., et par quels carac- tères ces zoospores se distinguent des spermatozoïdes qui «loi- vent les féconder, ainsi que l'ont fait MM. Thuret etDecaisnes pour ces derniers végétaux et qu'on le sait déjà pour beaucoup de Mousses, Hépatiques, etc.; 2° quelles sont celles qui ont des spores ou sporules sans organes de mouvement; 3° s'il y a réel- lement des Algues qui ont à la fois des spores sans cils vibratiles et des zoospores, c'est-à-dire deux sortes de corpuscules femelles avec ou sans spermatozoïdes ; 4° enfin quels sont les cryptogames qui manquent de ces corpuscules mâles fécondateurs, comme on le sait pour diverses Algues, Champignons, etc., microscopiques surtout et autres. D'après ce que l'on sait de plus positif sur les corpuscules mâles mobiles des Algues, Mousses, Hépatiques, etc., on doit les considérer comme les analogues des grains de pollen, puisqu'ils sont destinés au même but ; ils sont comme eux quelque chose de spécial, ils se développent aussi par segmentation d'un vitellus granuleux, dont chaque segment représente une cellule primi- tive qui se modifie d'une manière analogue dans l'un et l'autre, ainsi que chez les animaux, comme nous allons le voir. Ils sor- tent de l'anthéridie dans laquelle ils sont nés , comme les sper- matozoïdes chez les animaux et les grains de pollen de l'utricule mère pollinique , chez les phanérogames. C'est à cette dernière enveloppe que l'anthéridie est analogue, et non au grain de pol- len, comme celle-là est analogue au sac embryonnaire végétal et à la membrane vitelline de l'ovule animal ; c'est en effet dans l'intérieur de l'anthéridie que se développe le spermatozoïde comme le grain de pollen dans l'utricule pollinique, et par le même mécanisme. Les animalcules des Algues, etc. , ne sont pas analogues aux granules de la Fovilla des grains de pollen, mais bien à ces derniers eux-mêmes ; ils ne sont comme eux que des cellules primitives ou embryonnaires mâles qui se sont modifiées peu à peu d'une manière appropriée au but qu'ilsont à remplir^ 32S REVDE zooLOGiQUK. {Novembre 1848.) Dans lesUlves, chaque cellule de la fronde joue le rôle d'an- théridie, comme nous l'avons vu , ainsi que celui de périspore relativement à ces organes; ce caractère appartient à plusieurs autres espèces d'Algues inférieures, et doit, d'après M. Thuret, faire ranger tous ces végétaux dans un groupe à part. Quant à cette mobilité des corpuscules mâles que nous voyons apparaître pour la première fois dans les végétaux, elle ne doit pas nous étonner plus que celle des spores elles-mêmes, dont l'épisporese couvre de cils vibratiles, soit en entier, comme dans les Fucus vesiculosus et serratus, soit en partie, comme sur les JUerhesia et beaucoup d'autres plantes pourvues de véritables zoospores. Ainsi le mouvement des cils des corpuscules maies des Algues est donc de même nature que celui des cils vibratiles de l'épispore, c'est-à-dire de nature spéciale , mais encore in- connue, comme celui de tous les cils vibratiles des animaux et des végétaux. 3» M. K. Reichert [Arch. de Mûller, 1847, et non H. Weber, comme je l'ai imprimé, Bull, de la Soc. Philom., 1848) a suivi le développement complet des spermatozoïdes, chez les Stron- gylus auricularis et Ascaris acuminata, développement dont on ne connaissait que quelques phases incomplètes. Dans la pre- mière phase de ce développement on voit parmi les cellules qui remplissent le fond des tubes testiculaires du mâle, ovariens de la femelle, apparaître dans un point déterminé de l'un et de l'autre, des cellules plus petites que les précédentes, pleines d'un liquide clair et pourvues d'un noyau avec son nucléole. Ce sont d'une part les plus jeunes ovules qui viennent d'apparaître, et de l'autre les jeunes cellules mères des zoospermes, que Reichert, au lieu de comparer à l'ovule femelle et d'appeler ovule mâle y nomme à tort cellule germinative des zoospermes. Bientôt le contenu transparent se remplit de granules graisseux qui en- tourent et masquent le noyau, véritable vésicule germinative ; alors seulement ces jeune ovules dépassent le volume des cellules du fond des tubes et peuvent être considérés comme mûrs, parce- qu'ils cessent de grandir. La seconde période commence aussitôt chez le mâle, elle est caractérisée par l'apparition d'un sillon transversal qui divise en deux le contenu granuleux ou vitellus, puis d'un sillon per- pendiculaire au premier qui forme ainsi d'abord deux puis quatre <'.liîl a-»«i»RAVALX INÉDITS. >/3» 329 sphères de fractionnement, rarement plus. Autour d« ces sphères se forme bientôt une membrane qui les tr;insiornie en cellules embryonnaires. !»eichert décrit le même phénomène dans To- vule femelle, mais il n'a lieu qu'après la fécondation ; c'est ainsi que se forment les cellules primitiv^es de l'embryon que pour- tant ce savant ne compare pas à celles qui se forment dans l'f>- Tule mâle, auxquelles cependant elles sont semblables. La troisième période est caractérisée par la transformation di- recte de chaque cellule embryonnaire du ujâle en zoospermes, c'est-à-dire par l'allongement et la diminution du volume de la cellule, par un changement d'aspect de son contenu et de celui du noyau qui devient plus liquide et moins apparent, enfin sur- tout par l'apparition de la queue qui se montre à l'un des pôles delà cellule sous forme d'une petite saillie et bientôt prend toute sa longueur. La seule différence qu'il y ait entre les deux ani- maux dont il s'occupe, c'est que chez les Strongylus auricularis la cellule qui forme le corps du zoosperme devient ovale et le développement de la queue et les autres changements ont lieu presque en entier dans la cavité de l'ovule mâle où a lieu la seg- mentation spontanée du vitellus ; tandis que chez V Ascaris acu- minata la cellule embryonnaire ou corps du zoosperme change peu de forme et le développement de sa queue, etc., a lieu pres- que en entier hors de l'ovule dans lequel le phénomène du frac- tionnement s'est effectué, et même dans l'utérus de la femelle après y avoir été porté par l'accouplement. Les faits précédents nous montrent que, dès leur première apparition , l'ovule et l'atricule mère zoospermique (appelée à tort cellule germinative des zoospermes, par Reichert), sont semblables, se forment de la même manière dans des organes cor- respondants, les tubes ovigènes chez les femelles, et les tubes spermagènes dans le mâle. Dès le commencement de cette pre- mière période, ils sont constitués par une enveloppe extérieure membrane vitelline, et un contenu ou vitellus avec sa vésicule germinative; nous avons donc, d'un côté, un ovule femelle dans lequel se formera l'embryon , et un ovule mâle où se formeront \es spermatozoïdes, La première et la troisième surtout ont été décrites et figurées par beaucoup d'auteurs ; dans celle-ci on voit les zoosperraes enroulés en faisceaux dans leur utricnle mère ou membrane 390, REvuh LooLOGïQVE. [Novemhre 1848.) vitelline, puis en sortir brusquement par sa rupture, ou seule- ment peu à peu , de manière à l'entraîner par les mouvements de leur queue qui perce l'enveloppe ramollie. Cette identité entre l'ovule mâle et l'ovule femelle est aussi frappante dans les méduses {Rhirostoma Cuvieri) , que dans les êtres précédents, comme M. le docteur Segond et moi avons pu le constater. Chez ces animaux , comme on le sait , les sexes sont séparés , portés par des individus différents , mais les testicules et les ovaires ont une structure identique. Tous deux sont au nombre de quatre , placés entre les quatre piliers et for- més de deux membranes lâchement tendues entre les piliers et l'ombrelle. Chaque ovaire ou testicule est formé d'une cavité close par ces membranes et sans communication avec la cavité centrale du corps. Cette cavité est remplie par les tubes ovigènes ou spermagènes qui adhèrent à la face interne de ses parois. Ces lubes sont en forme de doigt de gant ; une de lem s extrémités est fixée aux parois, l'autre flotte librement dans la cavité de l'organe, et leur surface extérieure est tapissée de petites cel- lules à cils vibratiles, ainsi que de spicules. Us sont creux , et renferment hors de l'état de gestation de petites cellules sphé- riques granuleuses; au milieu de celles-ci apparaissent des vé- sicules qui se distinguent des premières par un volume plus grand, un contenu clair et transparent avec un noyau ou vésicule germinative au centre. Leur volume grandit au point d'at- teindre un diamètre de 0™"*, 10, en même temps le viteîlus de- vient granuleux , masque plus ou moins la vésicule germina- tive, leur paroi ou membrane vitelline amorphe devient très- épaisse, et une couche assez cohérente des cellules au milieu des- quelles elles sont nées, les fixe à la face interne des tubes en doigt de gant. Ceux-ci , qui avaient au plus 1 mill. de long , de- viennent quatre à cinq fois plus longs et larges en proportion. A cette période , les mâles se distinguent des femelles par la cou- leur gris-bleu de leurs organes générateurs, qui sont gris-rosé sur ces dernières; mais chaque ovule pris séparément est sem- . blable ; l'aspect général , le volume sont les mêmes , il n'y a de différence que dans l'enveloppe vitelline des ovules mâles, qui est de moitié plus mince que celle des ovules femelles. Du reste il n'est pas tombé entre nos mains d'animaux présentant des ovules mâles à la deuxième période de leur évolution, mais TRAVADX I:NÉI)ITS. 331 seulement à la première et surtout à la troisième , c'est-à-dire près de l'époque de l'éclosion. Toutefois, nous en avons observé dans les derniers moments du fractionnement, c'est-à-dire à une époque où l'ovule était rempli de petites cellules (de ^"'".OOS}, pressées les unes contre les autres, dont un certain nombre seulement étaient déjà pourvues d'une queue encore sans mouvements. Ainsi , nous voyons que le fractionnement du vitellus est spon- tané dans l'organe qui, chez le mâle, est analogue à l'ovule femelle ; que les sphères qui en résultent forment des cellules primi(ives ou embryonnaires du mâle; maisque celles-ci, au lieu de se grouper en embryon , se modifient et forment cha- cune quelque chose de spécial, le spermatozoïde. Celui-ci est donc, par son développement comme par sa destination, ana- logue aux corpuscules mâles ou zoospermes des cryptogames , aux grains de pollen chez les végétaux phanérogames. Il a , comme ces organes . pour usage de porter à l'œuf femelle l'inci- tation première , sans laquelle son vitellus ne présenterait pas les phénomènes de segmentation et de formation des cellules embryonnaires, ou tout au moins sans laquelle ces phénomènes ne se continueraient pas s'il vient à être bien démontré qu'ils peuvent commencer spontanément , chez les femelles comme chez le mâle , ainsi que le pensent déjà quelques savants. Quant au développement de la queue de ces cellules embryon- naires du mâle ou spermatozoïdes , et aux mouvements dont elles sont douées, ils ne sont pas plus étonnants que le dévelop- pement des cils vibratiles et leurs mouvements , à la surface de l'épithélium des muqueuses et des téguments de beaucoup d'êtres adultes de toutes les classes ou à l'état de larves ; ils sont sans doute de même nature, encore inconnue. Mais ces mouvements ne suffisent pas pour faire admettre que les spermatozoïdes sont des animaux, pas plus qu'on ne peut dire qu'une cellule d'é- pithélium vibratile , isolée artificiellement et entraînée par les mouvements de ses cils, est un animal. Ni les cellules épilhé- liales ciliées, ni les spermatozoïdes ne se reproduisent; les uns et les autres ne sont que des cellules appropriées à des usages spéciaux. Les spermatozoïdes se forment spontanément chez le mâle par un mécanisme spécial dans un organe particulier , et vont déterminer dans l'organe correspondant de la femelle la 3vïâl RKvnu zooLOGiycK. {Novembre ISiS.) formation de cellules correspondanfes par un mécanisme sem- blable ; cellules dont l'évolution se prolonge par suite du con- cours de celles du mâle , de manière à constituer l'embryon. Les cellules épithéliales naissent dans l'embryon par métamorphose de certaines de ses cellules , font partie d'un des tissus de l'ani- mal , et se renouvellent sur l'adulte par formation spontanée de plus jeunes , qui les chassent après qu'elles ont rempli leurs fonctions pendant un temps donné , mais non par reproduction directe de leurs semblables jouant le rôle de parents. C. En résumé^ les êtres organisés se reproduisent par le con- cours de deux séries d'organes , les organes mâles et les organes femelles ; dans les organes femelles se forment les ovules : 1° Des animaux; 2° Des cryptogames (spores, sporules, zoospores en partie) ; 3° Des phanérogames (sac embryonnaire végétal). •;€es ovules sont constitués par une enveloppe amorphe , la membrane vitelline, renfermant un contenu granuleux, le m- tellus, avec savésiculegerminative, et présentant tous incontes- tablement les mêmes phénomènes après la fécondation, savoir : division du vitellus en deux, quatre, huit , etc. ; petites sphères qui s'entourent d'une membrane d'où résultent les éléments primitifs des tissus de l'embryon ou cellules embryonnaires. Dans les organes mâles, constituant une deuxième série pa- rallèle à la précédente, se forment les ovules mâles : 1** Des phanérogames (utricules mères polliniques) ; ?° Des cryptogames (anthéridies ou les cellules qui en rem- plissent le rôle dans les ulvacées et autres cryptogames) ; 3* Des animaux (utricules oU cellules mères des spermato- zoïdes). Geux-ci sont constitués, comme les précédents, par une membrane homogène ou membrane vitelline, renfermant un contenu granuleux , le vitellus. Ces ovules maies présentent tous aussi les phénomènes signalés plus haut relativement aux ovules femelles, savoir : segmentation spontanée du vitellus en deux quatre, huit, etc. , sphérules, autour desquelles se forme une TRAV4DX INKDITS. 33.1 enveloppe plus ou moins distincte du contenu, et formant ainsi des cellules primitive ou embryonnaires mâles, qui se modi- fielît de; manière à former des grains de pollen ou des sperma- tozoïdes au lieu de former les tissus de l'embryon comme le» mêmes cellules de l'ovule femelle. Quant au développement de la queue ou cils vibratiles des spermatozoïdes des Algues et des animaux , et à la motilité dont ils sont doués, ils ne sont pas plus étonnants que la formation des cils vibratiles à la surface des cellules de nos muqueuses ; les ans et les autres sont sans doute de même nature encoreinconnue. Mais ces mouvements ne suffisent pas pour faire admettre que les spermatozoïdes sont des animaux , pas plus qu'on ne peut dire qu'une cellule d'epithélium et une spore de fucus entraînées par les cils développés à leur surface, ne sont des animaux, pas plus enfin qu'une cellule embryonnaire n'est nn animal. • 7««"7 Ainsi, d'une part, il y a identité de formation des cellules ïftm- bryonnaires dans toute îa série des ovules femelles comparés les uns aux antres , et identité de formation des cellules qui leur correspondent dans les ovules mâles comparés entre eux ; cel- lules qui sont les grains de pollen et les spermatozoïdes. Si maintenant nous comparons la série des ovules mâles à celle dès ovules femelles , nous voyons que la série tout entière des premiers présente des phénomènes identiques à ceux observé* dans la série des ovules femelles; or ces ovules mâles et fe« melles ont pour destination de concourir à une seule et même fonction, la conservation de l'espèce par la reproduction- des individus. oiJyubo'ifi Nous avons jusqu'ici rangé les ovules femelles dans la pre- mière série, et ils devaient l'être, car les phénomènes de leur évolution se trouvent être les mieux connus (parce qulétant sou- mis à l'acte préalable de la fécondatipu , on est par. là conduit à les observer plus facilement). Mais une fois reconnu et accepté que dans l'appareil mâle se forme aussi un ovule analogue à celui de l'appareil femelle et présentant une série de phénomènes identiques , on sera naturellement amené à former la première série de tous les ovules mâles, et la seconde de tous les ovules femelles. **' ^^'«^ '»'*^^ '^' janfjv)q jk/hj.. aia Dans les ovules mâles, eri *fltet ,' ï^ 'Sftgmêtotatfol* dtt^îteK lus est un phénomène primitif spontané, mais borné à la for- 33* RRvnR zooi.oGiQUE. {Novembre 1848.) mation des spermatozoïdes, véritables cellules embryonnaires qui se transforment et se dispersent pour déterminer et conti- nuer, dans Porgane correspondant femelle , le phénomène qui leur a donné naissance. Les ovules femelles , au contraire , forment cette deuxième série d'organes, dont le vitellus a besoin, du concours de ce produit spontané , déjà en voie d*évolution , pour se segmenter et former les cellules primitives de l'embryon. Ainsi, l'ovule mâle a la propriété de commencer spontanément à se développer , de former des cellules primitives parfaites, les spermatazoïdes. L'ovule femelle est privé de cette propriété ; ou tout au moins , si le développement commence spontanément lors de la maturité de l'ceuf, il est borné à des traces de segmen- tation, et l'intervention du produit de l'ovule mâle est nécessaire pour que le phénomène se continue. Quant à l'utilité de ces comparaisons , qu'on pourrait repous- ser en disant que la botanique n'a jamais rien emprunté de bon à la zoologie ou réciproquement , on peut répondre qu'elles n'ont pas été faites dans le but de savoir s'il y a ou non utilité pour l'une ou l'autre de ces branches de la biologie à comparer leurs phénomènes, mais parce qu'il est toujours utile dans les sciences de rapprocher les phénomènes qui ont lieu d'après le même mécanisme , quelle qu'en soit la cause , qui sera toujours inconnue ; surtout lorsqu'il s'agit de phénomènes ayant pour but une même fonction , et une fonction aussi spéciale pour l'indi- vidu et aussi générale dans la masse des êtres vivants, que la re- production. -Diq^^i ««al) Cours d'histoire naturelle des Corps organisés, professé au '" 'cbllége de France, par M. Duvernoy. (Voir la Bévue de 1846 et 'de 1847, et les p. 63, 261 et 295 de la Revue de cette année.) Les leçons dont nous devons rendre compte dans cet article , sont celles qui concernent l'Embranchement des Articulés. M. Duvernoy avait déjà traité ce sujet dans son cours de 1846 , ainsi qu'on pourra le voir dans la Revue de cette même année, p. 213, 244 et 327. Ce que nous allons en dire montrera les pro- grès incessants de la science, et l'activité du professeur, qui ne TRAVAUX INÉDITS. 333 cesse de )es suivre dans ses études et de les provoquer dans ses enseignements. Déjà aux mots Animaux articulés du Dictionnaire universel d'histoire naturelle, M. D. avait montré comment il entendait caractériser et circonscrire cet Embranchement , et quelles étaient les Classes dont il se compose, dans la méthode quMl a adoptée , qui n'est autre que celle du Règne animal , perfec- tionnée ou rectifiée , par suite des progrès de la science dans la connaissance de l'organisation des Jnitnaïur; articulés. Rappelons seulement que cet Embranchement se compose de six Classes , dont quatre forment le groupe des animaux arti- culés à pieds articulés. Ce sont : 1° les Insectes ; 2^ les Myria- podes; 3° les Arachnides ; 4o et les Crustacés. Les deux autres Classes pont isolées : L'une , celle des Cir- rhopodes , lie cet Embranchement à celui des Mollusques ; et l'antre , celle des Annélides , est intermédiaire , pour ainsi dire, entre ce même Embranchement et celui des Zoophytes , par la Classe des Helminthes , et plus particulièrement par la Sous- classe des Parenchymateux. Ces rapports derniers se montrent dans le système vasculaire et dans le mode de propagation mo- noïque ; maià de grandes différences dans la disposition du système nerveux et dans l'appareil d'alimentation, rattachent les Annélides aux Articulés^et les Helminthes de cette dernière Sous-classe aux Zoophytes. Il s'est élevé des doutes, dans ces derniers temps, sur la place que devait occuper la famille des Linguatules , dont M. D. fait un ordre particulier de la Sous-classe des Helminthes Cavi" taires (v. p. 264 et 269 de cette Revue). M. Van-Beneden , d'après de nouvelles observations (1), regarderait ces animaux comme appartenant à V Embranchement des Articulés ^nonoh- stant la séparation complète de leurs deux principaux nerfs, par- tant de chaque côté du collier circumœsophagien. Une nouvelle espèce découverte dans des kystes du péritoine d'un Mandrill , a fourni à ce savant, l'occasion de reconnaître à cet animal deux paires d'appendices qu'il détermine comme des pattes ar- ticulées, armées de crochets, etc. Il y auraitde plus, dans le sys- (1) AoDales dM scieoces natarelles. truWiiènie série j tome IX. page 89. 7, Tome XL Année 1848 22 ',\:]ti RKvni-: /A)<)uyr,]QVK. {Novembre 1848.) tème nerveux , des ganglions analogues au système stomates gastrique des Insectes. Ces découvertes analoniiques et cette manière de voir, qui éta- blit des rapports entre les Lirigualules et les Lernées , suivant M. A^an-Beneden , soulève une grande question sur certains ca- ractères du système nerveux, qui perdraient de l'importance qu'on leur a attribuée jusqu'ici. JNous voulons parler surtout de la réunion des deux chaînes ganglionnaires en un seul cordon médian, dans leqjiel viennent se concentrer toutes les influences de ce principal cordon, soit d'impressions, soit d'actions ; ou de la séparation le long des deux côtés du corps , de ces deux moitiés du cordon médian. Lorsque les deux nerfs latéraux, provenant d'un collier com- plet , ou d'un demi-collier , ne montrent pas de ganglions et que des filets nerveux se détachent de chacun de leurs côtés, ils représentent incontestablement une section, ou un segment, du système nerveux d'un animal rayonné. Mais dès l'instant où ils ont dans leur longueur des renfle- ments ganglionnaires évidents , il pourrait y avoir doute, pour ceux qui n'ont pas suivi les progrès de la science , sur la struc- ture intime des ganglions , et qui les regarderaient encore comme interceptant, jusqu'à un certain point, la continuité d'ac- tion des nerfs auxquels ils sont attachés. A présent que l'on sait que les globules médullaires, qui en- trent dans la composition des ganglions, ne sont pas séparés des filets nerveux élémentaires, dont le faisceau forme le cordon nerveux auquel ces ganglions appartiennent ; mais qu'ils n'en sont qu'une dilatation ovale ou globuleuse; qu'il existe consé- quemment une continuité de substance entre les uns et les autres et non une simple contiguïté (1) , on ne peut plus avoir les mê- mes idées sur leurs fonctions. Ils ne paraissent plus devoir in- tercepter l'action du principal centre nerveux, mais la modifier, .soit en la renforçant , soit d'une autre manière. C'est entre autres pour renforcer l'influence nerveuse sur les muscles , qu'ils semblent exister dans bien des cas. Leur développe- ment , plus ou moins apparent , le long de deux cordons bien séparés , indiquerait la nécessité de fournir des nerfs (1) O'Hprès l9i tJécouvertei «Imultanécs de MH B. Wagner et C. Robin , falle» «u Italie TRAVAOX INÉDITS. 337 et une action nerveuse suffisante à des organes moteurs asseï développés ; mais ce développement ne serait pas l'indice d'un changement de plan dans l'ensemble de l'organisation , qui ca- ractériserait un animal de V Embranchement des Articulés , malgré la complète séparation des deux cordons ^ depuis leur origine jusqu'à leur terminaison. Tels sont, en partie , les raisonnements sur lesquels M. D. s'est appuyé , pour persister à regarder comme caractère essen- tiel de tout Animal articulé^ d'avoir le long de la ligne mé- diane abdominale le principal cordon nerveux ; de même que les ^er/^'6m' ont ce même cordon sur la ligne médiane dor- sale. La séparation complète des deux nerfs principaux sur les parties latérales du corps est le caractère d'un autre Embran^ chement. Bien entendu qu'il n'y a pas de séparation, dans les cas où les cordon* étant écartés , il y a des bandes ou des filets de commissures qui vont de l'un à l'autre. La fonction dite delà circulation du sang se compose, dans la méthode introduite par M. D* dans les Leçons d^anato- mie comparée (1), de trois études principales : !<> celle du fluide nourricier; 2° celle de ses réservoirs ; 3® celle de l'organe ou des organes qui le meltenten mouvement et de la direction qu'il en reçoit, ainsi que de ses réservoirs. Le professeur a présenté l'histoire des progrès que la science a faits récemment dans la connaissance de cette grande fonc- tion relativement aux Insectes. Il y a des globules distincts dans le sang des animaux de cette classe , soit colorés , soit incolores f2). M. Verloren les a représentés en grand nombre dans la larve du Pompilus viaticus indiquant les courrants libres du sang épanché dansla grande lacune ou cavité viscérale. Il les a encore décrits et montrés dans le Syrphus ribesii comme disséminés dans tout le corps (3). Le cœur ou le vaisseau dorsal des Insectes, désigné déjà sous cette dénomination par Swammerdam et Malpighi, mieux décrit par Lyonet, avait bien été reconnu par G. Cuvier.avec les mou- (1) Voir le t. VI de ces Leçons publié en 1S39. {S)i6id. .p 892 et 393. (3) Mémoire inséré dans le tome XIX des Mémoires couronnés et de$ saianli étran- gers de l'Académie royale de Belgique , PI. VI , f. tt et 29. 5.38 REVUK zooLOGigiJK. [Novembre 1848.) vements successifs de dilatation et de contraction , de l'une dé ses extrémités à l'autre. 11 avait même dit de cet organe : On ne peut lui attribuer la fonction de cœur^ ni lui en imaginer une autre (1). Cela voulait dire qu'il n'était plus que l'indice d'un plan commun d'organisation avec d'autres animaux chez les- quels le système vasculaire était peu développé , et la circulation plus circonscrite. Ce vaisseau dorsal a été étudié de nouveau et décrit avec beaucoup de soin, depuis environ vingt années, par des anato- fnistes habitués aux recherches les plus délicates. Il se compose de deux parties , l'une aortique , c'est l'antérieure , l'autre Cardiaque , c'est la postérieure Celle-ci a généralement une ou plusieurs paires d'ouvertures latérales qui permettent au sang d'y entrer, et des Valvules qui l'empêchent d'en sortir par ces mêmes ouvertures. La partie aortique n"a aucun rameau vasculaire avant sa ter* minaison. Celle-ci a lieu dans la tête , après que ce vaisseau a dépassé l'anneau cérébral et conséquemment en avant de cet anneau. Cette terminaison est simple , double ou multiple, c'est- à-dire que l'aorte peut s'y bifurquer ou produire même plusieurs courtes branches , à parois excessivement minces. M. Strauss- Durckheim est le premier qui ait décrit et repré- senté avec détail cette organisation, telle qu'il l'a observée dans le Hanneton , et qui ait expliqué la circulation du sang des In- sectes , d'après cette organisation. Dans la même année , M. Carus démontra le mouvement régulier du sang à la suite de l'impulsion et de la direction qu'il reçoit du cœur, ou du vaisseau dorsal. Mais le seul réservoir du sang reconnu parles anatomistes, jusqu'à ces derniers temps, était le vaisseau dorsal , sorte de rudiment d'un cœur aortique, «t du système artériel , dans lequel le sang est chassé , d'ar- rière en avant , le long de la ligne médiane du corps , jus- que dans la tête, où ce fluide est versé par l'extrémité de l'aorte. De là il s'établit deux courants latéraux, d'avant en at-rière, qui le répandent dans toutes les parties, et le ramènent vers le «oeur , à travers tous les interstices des organes, et sans être contenu dans aucun réservoir vasculaire. (1) Sur la manière dont se fait la nutrition chez lef Insect«« ; Mémoire de la Société ii'hiêtoire naturelle de Paris , t. I , p. 84. TRAVAUX INÉDITS. 33^ Car les nervures des ailes dans lesquelles on a vu le mouve- ment du sang , ne sont pas des vaisseaux , mais des canaux à parois non contractiles, dont la cavité est une lacune , qui li- mite , à la vérité , la marche du fluide nourricier dans les ailes , etc. Selon M. Newport , cette marche serait aussi déterminée par des conduits à parois cellulaires , qui le dirigerait le long de la paroi supérieure abdominale , vers les orifices latéraux du. cœur; un conduit semblable existerait au-dessus du double cor-^ don nerveux. Tel était l'état de la science la plus avancée , relativement au réservoir du sang dans celte Classe , lorsque M. Blanchard a porté ses investigations sur cet important sujet. Ce jeune naturaliste, d'une habileté remarquable pour les injections les plus difficiles , a réussi à faire passer de l'huile essentielle de térébenthine , colorée par du bleu de Prusse , entre les deux membranes qui composent les trachées tubuleuses ou vésicu- leuses des Insectes, Ces injections dessinent admirablement toutes les trachées , jusque dans leurs ramifications les plus déliées ; elles restent enfermées entre leurs deux membranes , dans cette sorte de la- cune annulaire , sans pénétrer dans leur canal aérien. La découverte de ces réservoirs présumés du fluide nourricier des Insectes , complètement inconnus avant M. Blanchard , l'a conduit à une autre explication de la circulation du sang , que celle admise au moment de ce résultat nouveau de ses re- cherches. Il admet bien que le sang revient au cœur de toutes les parties du corps ; que cet organe lui donne la principale impulsion , qu'il le porte d'arrière en avant jusque dans la tête ; le verse dans cette cavité , d'où il se répand dans tout le corps en péné- trant dans tous les espaces inlerorganiqu.es et dans les moin- dres passages inter musculaires (1). Mais outre cette portion répandue dans toutes les lacunes selon des observations nombreuses et incontestables des plus habiles investigateurs de la nature, et qui représenterait le sang vei-^ neux des Insectes ; selon M. B.. une grande partie du sang pé- (i) Snr la circulaUon dans let IiiBectet . par V. i". BlaachaM : Annaïa det se- nfif , juin 1848, p. 166. 340 RKvDE zooLOGiyuK. {Novemhre 18i8.) nètrerait par des orifices qui se trouvent à l'origine des princi- paux troncs trachéens , près des stigmates , dans l'intervalle étroit des deux membranes de toutes ces trachées ; et se répan- drait avec les rameaux le plus déliés de ces canaux aériens , dans le tissu de tous les organes, après avoir été transformé dans son trajet, par le contact médiat de l'air , en sang artériel. Cette doctrine a quelque chose de séduisant. On aime à voir le fluide nourricier respirer dans tout cet étroit chemin, depuis l'origine de ces vaisseaux qui seraient à la fois aériens et san- guins, jusqu'à leur terminaison , où ils deviendraient les vais- seaux nourriciers de tous les organes. Cette doctrine, qui montre de nouveaux réservoirs lacuneux pour le sang des Insectes , est fondée sur un fait incontestable : c'est que l'interstice qui existe entre les deux membranes qui composent les tubes trachéens , ou leurs vésicules , chez les In- sectes dont les trachées sont vésiculeuses, se laisse parfaitement injecter, jusque dans les plus fines ramifications de ces vaisseaux aériens. La question est de savoir si cet intervalle, qui s'injecte si bien, est réellement rempli de sang , dans l'état de vie, de sang qui y circulerait ? On se demande comment , dans cette supposition, les tra- chées tubuleuses auraient le brillant argenté qu'on leur connaît chez la plupart des Insectes ; ce qu'elles doivent à l'air qu'elles renferment , vu à travers leurs parois transpa- rentes. La cause du fluide nourricier qui les entoure , même lorsqu'il est incolore , ne devrait-elle pas leur ôter cet éclat ; ou même les colorer de la nuance du sang , lorsque ce fluide est coloré ? Cette dernière objection que M. D. a faite à M. B. après sa première communication à l'Académie des sciences , aurait été levée par cet aaatomiste , qui lui a répondu qu'en effet les trachées ont la nuance du sang, lorsque celui-ci est coloré. On trouve cette objection , ainsi que la réponse, dans le mé- moire déjà cité de M. B. et publié plus tard dans les Annales des sciences naturelles. Mais ne pourrait-on pas répliquer que cette coloration n'est qu'une teinture provenant du sang épanché dans les grandes lacunes et dans les interstices des organes? TRAVADX I-SÉDITS. 341 Oïl se demande encore , et ceci est une question à priori , pourquoi le sang répandu dans toutes les lacunes, grandes ou petites, dans tous les interstices des organes et de leurs parties , qui les imbibe toutes , qui est mis partout en contact avec les trachées , aurait besoin de pénétrer entre leurs deux mem- branes pour la respiration , et d'être conduit par ces mêmes frachées, dans le tissu intime des organes pour leur nutri- tion ? On se demande enfin pourquoi il y aurait un double cou- rant centrifuge et centripète dans les lacunes, en forme de ca-- naux des antennes, des pattes et autres appendices ; ou bien ua simple courant centripète ou centrifuge dans les nervures postérieures ou antérieures des ailes, courants bien constatés par des observateurs exacts ; puis une autre circulation distincte et seulement centrifuge dans les parois des trachées qui portent Tair dans ces canaux divers ? ^ On le voit, a dit le professeur, cette belle découverte, qui semblait devoir compléter la connaissance de la circulation du sang chez les Insectes, n'est pas encore suffisamment démon- trée comme fait physiologique. Le faitanatomique sur lequel elle se fonde, ou l'existence du sang qui remplirait l'intervalle des deux membranes trachéen- nes , a besoin d'être encore constatée , malgré quelques globules observés par M. Newport dans les interstices membraneux des trachées , et les gouttelettes du fluide nourricier que M. Blan- chard a vues s'écouler de cet interstice , en déroulant le fil spi- ral d'un tube trachéen. Dans le haut enseignement , comme celui du Collège dç France, a dit M. D., les nouvelles découvertes doivent être sou- mises à une franche et libre discussion , afin d'arriver à l'appré- ciation des faits dont elles se composent et de leur déduction lo- gique. C'est seulement après cette discussion impartiale, unique- ment inspirée par l'amour de la science et de la vérité , que les uns et les autres , reconnus exacts et justes, peuvent être admis dans la science. Nous arrivons enfin au sujet principal dont nous devions ren- dre compte , celui des classifications. Le peu de place qui nous reste ne nous permettra, dans ce supplément à ce qui a été dit dans cette Revue , en 184G,que de ^^ REVUE zooi.oGiycE. {Noicmbre 1848.) faire connaître les principaux changements apportés par M. D. à la méthode du i?è^ne animal^ relativement à la Classe des Cirrhopodes et à celle des Crustacés. La Classe des Cirrhopodes présente à la fois les caractères des deux Embranchements des articulés et des Mollusques. G. Cu- vier, en laissant les Cirrhopodes parmi les Mollusques , n'avait pas méconnu les rapports que leur système nerveux , qu^il avait découvert, présente avec celui des articulés ; mais il igno- rait encore les belles observations de M. Burmeister et de MM. Eidoux et Souleyet sur leurs métamorphoses, qui les montre jouissant de la locomotilité et ayant un corps articulé, à la seconde époque de la vie , c'est-à-dire en sortant de l'œuf. Cependant ce sont des Acéphales hermaphrodites ; ces deux caractères les placent sur une ligne latérale , à côté des quatre classes normales des animaux articules , qui ont tous une tête distincte et les sexes séparés. Le manteau et la coquille qui les protège les rapprochent en- core du groupe des Mollusques Acéphales . On ne peut se dissi- muler ces grandes affinités , en appréciant les raisons qui avaient déterminé G. Cuvier à les laisser parmi les Mollusques. Voici d'ailleurs les caractères àe cette Classe et ceux de ses principales divisions, tels que M. D. les a donnés. 1"' Classe anormale, ou hors de la série ^ des Articulés : Cirrhopodes ou Cirbipèdes. Acéphales hermaphrodites , dont le corps n'est pas articulé à rétat parfait , et qui ont un manteau revêtu généralement d'une coquille multivalveou univajve , fixée par la base ou par un pédicule. Ils sont pourvus de plusieurs paires de mâchoires latérales et de plusieurs paires de membres articulés et garnis de paquets de soies à chaque articulation, A la seconde époque de la vie , c'est-à-dire en sortant de l'œuf, ils jouissent de la locomotilité et montrent des yeux et des articulations dans leur corps , qu'ils perdent et qui disparaissent aux époques suivantes. Cette classe ne se compose que de deux grands genres ou de deux familles dans la méthode du Règne animal , les Anatifet eiïfis JSalanes. TRAVAUX INÉDITS. 343 M. D. en fait deux Ordres. Ordre I. — Cirrhopodes pédicules . Un tube charnu , contractile, fixe Panimal aux. corps sous- marins. Il tient à une coquille multivalve , ou à un manteau co- riace qui enveloppe ranimai. Cet Ordre ne comprend qu'une Famille , celle des -'««- tifes . Ordre II. — Cirrhopodes sessiles. Leur coquille est un tube fixé par sa base. L'ouverture a un opercule pyramidal , que l'animal soulève ou ferme à vo- lonté au moyen d'une charnière ligamenteuse. Cet Ordre ne comprend de même qu'une famille , celle des Balanes. Leur coquille, qui présente les plus grandes différences avec celle des Anatifes, quoique l'animal ait dans l'un et l'autre Ordre de très-grandes ressemblances de fornie et d'organisation ; est un exemple très-remarquable des dissemblances considérables qui peuvent exister dans cette partie accessoire des téguments, sans rompre les rapports les plus importants, ceux qui caractérisent les animaux d'une même Classe. M. D., en terminant par ces considérations ce qu'il avait à dire sur les Cirrhopodes^ a ajouté : La coquille des Balanes n'a pas encore été étudiée, que je sache, dans son développement et dans son mode d'accroissement , comparativement à celle des Anaiifes, Cette étude , nous le présumons , aura d'intéressants résultats. Pour ce qui est de la Classe Aes Crustacés , la seule des quatre Classes des Articulés condylopes qui ait été réellement orga- nisée pour habiter un milieu aquatique, pour respirer l'air com- biné à l'eau ; nous ne ferons qu'indiquer les divisions admises par M. D. Elles s'éloignent le moins que possible de celles du Règne animal , tout en les modifiant d'une manière impor- tante (1} et un peu différemment que dans la classification adop- tée par M. D. en 18*6. Voici le tableau abrégé de celle que ce professeur a recom- mandée en 1848. (1) Voir la belle Monographie sur ce ^eore , publiée pirM. Vea-der-HaTea . à Ltyde •D 1843, in-fol. aveo eix planclie*. $14.' KKVCE zooLOGH^oK. {Novcmbre 1848.) Classe des Crustacés. Animaux articulés à pieds articulés, à respiration branchiale, avec un cœur aortique ; ayant des téguments plus ou moins durs et calcaires ou de nature cornée, dont ils se dépouillent par la mue , à plusieurs époques de leur vie et à mesure que leur accroissement l'exige. La tête peut être plus ou moins réu- nie peut être confondue avec le tronc ; ils portent généralement plusieurs paires d'antennes. Leur propagation est bisexuelle, ovipare. Les œufs restent le plus souvent attachés à la femelle pour une incubation protectrice. Cette Classe comprend cinq principaî'es divisions ou Sous- Classes, /« Sous-Classe. — Les Crustacés ordinaires. Les téguments plus ou moins calcaires. Les organes de copu- lation mâles et femelles doubles. Dix à quatorze pieds. Des mandibules et des mâchoires. Cette Sous-Classe comprend les cinq preniiers ordres de la mé- thode du Règne animal : {" Les Décapodes; 2° les Stomapodes ; S" les Amphipodes ; 4"» les Lœmodipodes ; et 5" les Isopodes^, Les Décapodes se divisent en trois Sous-ordres. Les Bra- chigaslres ; les Anomoures , M. Edw , et les Macrogastres. II* Sous-Classe, — Les Crustacés anormaux. Les mâchoires sont remplacées par le premier article des pieds. Cinq paires de pattes ambulatoires. Deux antennes-pinces. La tête réunie au corselet. Cette Sous-dasse ne comprend qu'un seul Ordre, celui des Xyphosures. De nombreuses lames branchiales de même structure que celles des Crabes, empilées sur deux rangs sous Pabdomen, et recouvertes par un double opercule, qui tient lieu de la sixième paire de pattes thoraciques. Cet ordre , le sixième de toute la Classe , n*a qu'une seule famille et cette famille un seule genre, Limulus, Fab. 1). La ///« Sous-Classe , celle des Branchiopodes , comprend (1) Nou engageons d'ailleurs le lecteur à reroir ce qui a été dit sur cette classe dans le compte rendu dn Cours de M. D. pour 1846 , Revue de cette même année , p. t&6 à ass. TRAVAUX INÉDITS. 345 les ordres vu, viii et ix, c'est-à-dire les Phyllopes , Latr. ; les Lophyropes , Latk. et les Copépodes , Milne Edwards. La //^« Sous Classe est celle des Crustacés suceurs ; ils ont la bouche organisée en suçoir ; elle renferme des mandibules en forme de stylets, propres à pénétrer dans les organes des autres animaux « dont ces (irustacés sont parasites. Cette Sous-classe se compose des Ordres x et xi de la Classe , les Siphonostômes et les Lernéïdes. Enfin M. D. a cru devoir placer dans une V® Sous-classe les Trilobites. qui ne sont connus qu'à l'état fossile. ,r, On distingue, dans leurs restes pétrifiés, plusieurs des carac- tères des Isopodeschez les uns ; d'autres paraissent se rappro- cher des Branchiopodes et pi us particulièrement des PAy/Zope*. En terminant M. D. arecommandé, pour le détail des genres et des espèces , V Histoire naturelle des Crustacés de M. Milne Edwards, publiée dans les suites à Buffon. F. *** CiciNDÉLÈTES, de la Guinée portugaise, découvertes par M. Ho- candé, avec des notes de ce voyageur et la description des espèces nouvelles; par M. Guérin-Ménbville. Les coléoptères qui suivent , font partie d'une magnifique collection d'insectes faite par M. Bocandé, pendant les années 1837 à 1848. Ces insectes ont été recueillis dans les possessions portugaises de la Guinée, situées sur la côte occidentale d'Afri- que , entre les II et 13° de latitude nord et jusque vers le 14" de longitude ouest du méridien de Paris. Les principaux fleuves des contrées qu'il a parcourues et habitées pendant plus de dix ans, sont les Rio Gasamance , Rio San-Domingo ou de Gacheo, Rio de Mansoua et Rio de Geba, et elles .«ont connues sous la dénomi- nation générale de Guinée portugaise, que certains géographes comprennent dans la Sénégambie Dans la Gasamance, ces pos- sessions portugaises confinent, dans plusieurs points, avec les nôtres. Nos possessions dans la Gasamance sont, Carabane, à l'embouchure , et Sediou (Seyou , prononc. des nègres) à trente lieues plus haut. Les principaux établissements portugais dans lesquels M. B^7 candé a séjourné sont.: 3i6 REVUE zooLOGiQCE. {Novcmbre 1848.) Dans la Casamance , Zéguichor (et mieux Zeguikior, prononc. du pays; Ziguinchor sur les cartes). Dans le Rio San Domingo , Cachéo et Farim. Dans le Rio Geba, Bissao. Geba est la possession la plus avan- cée dans la rivière. Ces pays sont, comme on le voit, à une grande distance de Saint-Louis et de Corée , lieux d'où nous viennent les insectes dits du Sénégal. Ils sont aussi assez éloignés de la Gambie et de Sierra Leone; aussi la physionomie des collections de M, Bo- candé est-elle toute différente , quoique analogue. Sur plus de mille espèces différentes de coléoptères qu'il a recueillies dans ces localités, on peut estimer qu'il y en a près de la moitié qui forment des espèces nouvelles. Les côtes seules de ces contrées semblent former, comme au Sénégal, un prolongement du désert, car dans l'intérieur on trouve une végétation abondante et de grandes forêts très-diffi- rentes de celles des environs de Saint-Louis, qui se composent d'arbres rabougris et disséminés, dont la majorité sont des ni- moses. M. Bocandé a parcouru , à plusieurs reprises, les terrains compris entre les trois rivières et entre lesquelles sont placées les habitations portugaises et un grand nombre de villages. On ne trouve que peu d'insectes dans la saison sèche , entre octobre et juin ; mais à l'époque des pluies, vers juin et jusqu'à )a fin d'octobre , les insectes et la végétation paraissent en abon- dance. M. Bocandé a noté dans ses journaux de voyages toutes les particularités des mœurs des insectes , autant qu'il a pu en re- cueillir par lui-même. On verra par les notes qu'il nous a don- nées pour les cicindélètes un échantillon de ses observations sur ce sujet. II. possède aussi de nombreuses observations géogra- phiques et des itinéraires dressés avec soin qui apportent de grandes lumières sur la géographie, encore si peu avancée, de ces pays. Il est à désirer qu'il puisse publier de si précieux ma- tériaux, fruits de dix ans de pénibles et périlleux voyages. Megacephala Senegalensis (Latr. Gêner, cr. et ins. 1. 175). Elle varie beaucoup pour la taille, car Dejean en signale une qui n'a que 25 mill. (II lignes) de longueur, et nous en avons une de32mill. (14 1ig. 1/4). Dans cette espèce les deux sexes n'ont que six anneaux appa- TRWAUX IINÉDITS. 347 rentsà l'abdomen, et le dernier, chez les deux, est entier et ar- rondi. Seulement, chez la femelle, l'abdomen est beaucoup plus bombé. Cette organisation de l'abdomen des mâles, distingue cette espèce de toutes les autres. M, Bocandé pense que cette espèce , ainsi que les trois sui- vantes, est nocturne ou crépusculaire, car il n'en a jamais vu courir à terre pendant le jour. On en a trouvé en plein jour en brisant les mottes de terre dans des champs cultivés pour le riz. M. Bocandei. D'un vert un peu obscur avec les ély très d'un vert noirâtre en dessus etornéesd'unecourtebordure d'un jaune fauve à leur extrémité. Palpes, labre, antennes, pattes et extrémité de l'abdomen d un jaune orangé ou fauve. Celte magnifique espèce est assez voisine de la M. Senegalensis pour Taspect général , mais elle en diffère par sa forme plus al- longée et par ses clytres lisses et peu luisantes, sur lesquelles on ne voit que quelques très-petits points enfoncés vers la base seulement. Son corselet est plus allongé et plus rétréci en arrière. Le labre offre en avant quatre faibles saillies ou lobes, ce qui produit une petite échancrure au milieu , tandis que dans l'an- cienne espèce on peut dire qu'il n'y a que trois lobes, cequi pro- duit une avance au milieu. Dans le mâle l'abdomen présente sept segments apparents et le sixième est fortement échancré au milieu. — Mâle: L. 25; 1. 8 mill. — Femelle : L. ?3 1/2 1. 9 mill. M. Bocandé a trouvé celte nouvelle espèce dans la Guinée por- tugaise, mais principalement chez les Cassangues, qui habitent entre le Rio Casamanceetle Rio San Domingo, vers le 16*degré de longitude ouest et le 1?» degré ?5 minutes de latitu'^e nord. Les peuples qui forment la confédération des Cassangues ou Cassas, dit M. Bocandé , avaient autrefois l'empire de la Gasamance. Ils ont donné leur nom à cette rivière (Cassa, rivière; Nanso, roi, ri- vière du roi des Cassangues). Les Balantes delà rive droite du San Domingo sesont emparés de leurs terressituées entre le Gasamance etSan Domingo. Ils ne leur ont laissé que quelques villages d'où ils cherchent à les chasser. Ils finiront parfaire disparaître cette peuplade. M. quadrisignata, (Dej. sp. 5. 200). Dejen a omis de dire que, dans cette espèce, l'abdomen diffère totalement de celui 3i8 RKvcK zooLofiiyuK {Noveifibre 1848.) de la M. Senegalenais. En effet, le mâle présente sept segments apparents, et le sixième est fonement échancré au milieu comme dans la AI. Euphralica, qui est encore de l'ancien con- tinent, et comme dans toutes les espèces du nouveau continent (G. telracha) M. Cabounca (1). Cette Mëgacéphale pourrait bien n'être qu'une variété de la M. quadrisignata, et nous n'aurions pas proposé d'en faire une espèce distincte, si elle n'avait différé de celle ci que par la petitesse de ses taches jaunes. Ce qui nous engage à la séparer, c'est la grosseur et la forme de son corse- let. En effet, chez notre exemplaire, qui est un mâle, le corse- let ^st réellement beaucoup plus large que dans un mâle de l'autre espèce. 11 çst surtout bien plus large relativement à la largeur des élytres , ce qui donne à notre exemplaire une forme générale plus parallèle, un aspect plus ramassé , plus trapu; de plus, son corps paraît un peu plus aplati et ses élytres sont moins brillantes , d'un aspect mat et terne. Dans la M» quadrisignata mâle, le corselet, mesuré exactement au compas, est d'un sixième plus large que long, tandis que dans notre espèce, le même corselet, mesuré avec le même soin , est d'un quart plus large que long , ce qui lui donne un aspect général bien plus large. De plus, dans notre espèce, le bord postérieur de ce corselet se prolonge beaucoup moins en arrière, ses angles pos- térieurs sont arrondis, tandis qu'ils sont saillants et anguleux dans l'ancienne espèce. Le bord antérieur du labre est entièrement droit dans le mâle de celle-ci , tandis qu'il offre la trace de deux petites dents au milieu dans la nouvelle. Chez les deux, les élytres sont couvertes de rugosités en forme d'écaillés, mais chez la nôtre, les taches jaunes près de la base , et surtout celles de l'extrémité, sont beau- coup plus petites. — L. 23, 1. 8 1/2 mill. M. Bocandé n'a pris que cet unique individu; il Ta trouvé entre Jaf karannteba et Camaco , aux environs du marais JNian- toubat , d'où sort le Rio San Domingo , que l'on croyait, à tort, dit M. Bocandé, un embranchement de la Gambie. {La suite au prochain numéro.) (1) On d^siKne ainsi les hahitanls dn Cabou. SOCIÉT^-S SAVANTES, 349 II. SOCIÉTÉS SAVANTES. Académie des sciences de Paris. Séance du 6 novembre i8/i8. — M. Milne-Edwards présente un mémoire qui lui est commun avec M. Jules Haime et qui a pour titre : Observations sur les Polypiers delà famille des Js- iréides. Dans un mémoire sur la structure des polypiers, présenté le 13 mars dernier, disent les auteurs , nous avons annoncé l'in- tention de poursuivre ces recherches en appliquant à la classifi- cation naturelle des zoanlhaires les résultats fournis par l'étude du squelette basilaire de ces animaux. Nous nous sommes pro- posé de traiter successivement des diverses familles de cet ordre, et dans une première monographie nous avons rendu compte de nos études sur le groupe naturel des Turbinolioles. Dans le travail que nous avons l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie , nous exposerons sommairement le résultat de nos observations relatives à la classification de la famille des As- tréides» Cette courte introduction, donnée par le savant professeur d'entomologie dans les comptes rendus des séances de l'Acadé- mie des sciences, suffit pour faire connaître le but et l'impor- tance de ce travail. Ajoutons seulement que les auteurs ont créé un assez grand nombre de genres nouveaux. M. Bureau de la Malle lit des Observations sur les heures du réveil et du chant de quelques Oiseaux diurnes , en mai et juin 1846. Ces observations portent sur huit espèces qui habitent , pen- dant le printemps etl'été, le jardin de la maison de l'auteur à Paris. Séance du 13 novembre. — M. Isidore Geoffroy- Saint^ Hilaire lit en son nom et au nom de M, Deville une Note sur huit espèces nouvelles de singes américains ^ faisant partie des collections de MM. de Castelnau et E. Deville. Ces huit espèces sont décrites brièvement pour prendre date ; ce sont : 1 Lago- thrix Castelnaui, Brésil et haut Pérou; 2. Callithrix discolor, Pérou; 3. Nyctipithecus Osergi^ Pérou; A.Pithecia albinasa. Para; 5. lirachyurus rubicundus, Brésil; 6. Mydas rufoniger , Pérou; 7. Mydas flavifrons, Pérou; 8. Mydas pileatus, Brésil. ISous avons lu une iVofesur deux Insectes parasites de la 350 RKvtiK ^ooLOGiyuK. {Novembre 1848.) cochenille et qui font un grand tort à nette culture en Amé- rique. Ces observations, dont nous devons les matériaux à M. Salle, jeune voyageur naturaliste plein de zèle et d'instruction , por- tent sur plusieurs espèces d'insectes qui dévorent les cochenilles sur les cactus ; mais la plus complète est celle qui fait connaître la larve d'une Syrphide , du genre Baccha de Fabricius, qui dévore une grande quantité de cochenilles avant de se métamor- phoser. INous avons décrit et figuré avec soin cette larve, sa pupe et l'insecte parfait auquel nous avons assigné le nom et les carac- tères suivants î Baccha cochenillivora. Noire , allongée ; corselet taché de jaune sur les côtés , avec Técusson jaune en arrière ; ailes trans- parentes, avec la côte largement bordée de brun ; pattes noires à genoux et base des tibias jaunes ; abdomen rétréci à la base , brusquement élargi à l'extrémité, noir, avec un anneau jaune au commencement de la partie élargie. Long. 12, enverg. 22 mil- lim. — Hab. l'Antigua Guatemala. M. Pouchet adresse une Note sur les organes digestifs et cir- culatoires des animaux infusoires, M. Pouchet a voulu fixer l'opinion des naturalistes relative- ment au degré d'organisation qu'atteignent la plupart des micro- ïoaires. On sait que les uns ne leur accordent pas d'organes intérieurs, tandis que les autres pensent qu'ils possèdent des ap- pareils vitaux assez complexes. Après de nombreuses observa- tions faites avec le talent qu'on lui connaît, l'auteur est arrivé à une connaissance qu'il formule ainsi : « Je pense pouvoir aujourd'hui contribuer à élucider cette ■question , et à démontrer la précision des découvertes du savant zoologiste de Berlin, relativement à l'appareil digestif des poly- gastriques. Je pense aussi pouvoir donner exactement la signifi- cation des vésicules contractiles qu'on remarque dans beaucoup d'infusoires. » Séance du 27 novembre. — MM. Milne Edioarde et Jules Haime présentent des Recherches sur les Polypiers : Monogra- phie des Fupsammides, Après avoir fait connaître les caractères qui distinguent cette famille des groupes voisins, les auteurs donnent un tableau des genres qu'elle renferme et qui sont au nombre de dix. OKXIÈMII ANNÉE. — DÉCEMBBJB \SA9. ï. TRAVAUX IWEDITS. y TesTACEA queedam Africse occidentalis terrestria et fluviatilia ; Auctore Arthur Morelet. 1. Succinea concisa. — Testa ovata, subventricosa, tenuis, <5bsolete strigata, strigis oculo nudo vix conspicuis, corneo- albescens; anfractus 3-4 convexi, contorii , ultimo testam fere integram formante; apertura rotundo-ovata , subobliqua, mar- gine externo connivente, columellari callo tenui juncto. Longit. 7 , diam. maj. 4 millim. — Habitat ad ripas fluvii Gabon prope lineam œquinoxialem in sinu Guineensi emer- ^entis. Succineœ elongatœ breviiate persimilis , sed magis ventricosn. Differt prœterea colore , spira et columella brevioribus, apertura demum ampliore magisque rotundata. 2. Hélix egenula. — Testa subobtecte perforata , subgloboso- depressa, nitida, levis, tenuis, pellucide corneo-lutescens; an- fractus 5 parum convexi , ultimo ad umbilicum paululum exca- vato. Apertura obliqua, lunaris; peristoma rectum, acutum ^ marginibus callo tenui junctis , columellari ad perforationem breviter et vix dilatato. Diam. maj. 7, altitud. 4 1/2. — Habitat iittora Senegalensia sub arborum vetustorum cortice. 3. Hélix troglodytes. — Testa perforata, depressa, tenuis, t/ nitida, Iranslucens , supra cinnamomea , minutissime decussata, strigis oculo nudo vix conspicuis; subtus pallidior , subtilissime radiatim striata. Anfractus seni, angusti, parum convexi, ulti- mo subcarinato, sutura violacea; umbilicus parvus, semitec- tus; apertura recta, subangulalo-lunata; peristoma acutum , margine columellari brevissime ad umbilicum reflexiusculo. Diam. maj. 26, miner 22, allilud, 11. — Habitat Africamœqui- noxialem in Guineœ provincia Gabon. 4. Hélix Jdansoniœ.-^ Testa conica , perforata , diaphana , l/ fulva , subtus convexiuscula , levis ; supra subtiliter et concinne Tome X!. Année 1848. 23 352 REVUE zooLOGiQDE. {Décembre 1848.) striata j spira elevata , apice obtusiusculo ; sutura distincta ; anfractus seiii parum convexi , ultimo carinato. Apertura secu- riformis. Peristoma simplex , acutum , margine columellari ad umbiHcum anguslissimuin vix reflexiusculo. Diam. 4 1/2 , altitud. 6. — Guinea , super mimosarum foîia. 5. Hélix Folîni. — Testa perforata , turbinata , cornea , te- nuis, lamellis distantibus eleganter costulata , pilîs brevioribus rigida , subtus convexiuscula , nilida , levis, corneo pallidiore; spira brevis , apice proniinulo; anfractus 8 turgiduli, sensim crescentes, ultimo carinato; sutura impressa; apertura me- diocris ; peristoma simplex, acutum, niarginibus callo t€nui junctis, columellari arcuato , brevissime ad umbilicum reflexius- culo , cum externo angulatim juncto. Diam. maj. U, minor 10, altitud. 10 1/2. — Habitat insulam Principis sinus Guineensis, ubi collexit eam amicus Leopoldus de Folin. 6. Bulimus pupulus^ — Testa rimato-umbilicata , ovato-oblon- ga , tenuis , nitida , alba , sub lente minutissime striata ; spira conoidea apice obtuso. Anfractus seni convexiusculi , ultimus paululum postice gibbus ; columeila subplicata, recta ; apertura semi-ovalis. Peristoma vix incrassatum , breviter reflexum. Diam. 12, longit. 22. — Habitat Africam aequinoxialem in Gui- neœ provincia Gabon. Pupœ grandi , Pfeif. ïnsulae Soeotorensis persimilis sed mi- nor. 7. Bulimus lotophagus. — Testa imperforata, fusiformis, strigis confertissimis longitudinaliter impressa ; solida , nitida , luteo-virens ; spira elongata, obtusiuscula; anfractus 7 planu- lati, ultimo spiram superante ; apertura parva , ovalis; peri- stoma simplex, acutum, marginibus callo tenui junctis, columel- lari in junioribus speciminibus achatinarum modo truncato. Diam. 9 , longit. 25. — Habitat insulam Principis in sinu Gui- neensi. 8. Bulimus fastigiatus, — Testa imperforata , turrito-subu- ata , apice obtusiusculo; solida, diaphana, nitida, alba, con- fertim striata, strigis ad suturam eminenlioribus; anfractus 9-10 convexiusculi sensim crescentes; columeila subtorta ; apertura subtetragona ; peristoma incrassatum, marginibus callo mediocri juoctis, externo ad basi m arcuato, columellari sub- TRAVAUX INÉDITS. 353 recedente, in lestis senescentibus breviter i-eflexmsctilo , ap- presso, cum priori subangulatim juncto. Testa magnitudine variabilis a 14 ad 25 millim. longitudinis accedit; sed pleruinque inter 18-19 longitudinis et 6-7 diam. permanet. — Habitat insulam Principis. ^ 9. Bulimus eminulus. — Testa perforata, turrito-subniata, pellucida, cornea, tenais, minutissimestriata; anfractus 8 con- vexi , ultimo ventriculoso , testam dimidiante , apice acuminato, Apei^èiH-ft «vata, mediocris. Peristoma simplex , acutum. Colu- mella recta , albescens , ad umbilicum breviter expansa, Diam. 5, long. 12. — Habitat littusGuineense ad ostiafluminis Gabon. 10. Bulimus zegzeg (\). — Testa împerforata , ovato-turrita , solida , subtiliter striata , basi caeruleo vel olivaceo-fuscescente , apice albo, anfractibus intermediis roseo-purpurascenlibus ; an- fractus seni convexiusculi , ultimo planulato, obsolète carinato. Golumella recta, strictiuscula ; apertura lunato-ovalis; peri- stoma simplex , margine externo acuto, col«mellari truncato. Diam. 19-20, longit. 40. — Habitat jcirca Senegalensem vicuni nomine Grand Bassam dictum. 1 1 . Bulimus Cailleanus. — Testa imperforata , ventricoso- conica, pellucida , tenuis , strigis obsoletis inequalibus impressa, alba , unicolor vel fulvo flammata ; spira conica , apice promi- nulo , obtusiusculo ; anfractus seni convexi , ad suturam stricte marginati , ultimo ventricoso , interdum obsolète carinato ; co- lumella simplex, recta , strictiuscula , alba, castaneo limbata. Apertura ovata , peristoma simplex , acutum , margine externo fragili^ columellari truncato. Diam. 19 , longit. 34. — Haec testa insigni TÎatcMri Bené Caillé dedicata habitat cum prœcedente. 12. Bulimus Solimanus, — Testa imperforata, ovato-conoi- dea, solida, laevigata, nitida, cœrulescenti-alba , ad basim fas- ciis tribus castaneo-violaceis, una columellari , altéra intrante , tertia suturali sed tenuiore , distincta ; anfractus septem parum convexi, ad suturam inferne denticulatam albo marginati ; co- lumella rectiuscula, subincrassata ; apertura obliqua, semi- «valis , margine externo simplice, columellari truncato. (1) H»c testa «eneri Achatina , Lamk ; Cochlitoma . Fer. cam duabut seqaeutibuf portinet. 354 REVDE ZOO LOGIQUE. {Décembre 1848 ) Diam. 20 , longit. 38. — Habitat Guineseiaferioris provinciam Gabon. / 1 3. Pupa crystallum. — Testa cylindracea, obtusa, vix rimata, crystallina , solidiuscula , strigis distantibus parum emmentibus, ad suturam et anfractura ultimum magis conspicuis, ornata; spira cylindracea , infra obtusa, sursum paululum attenuata; anfractus 7-8 parum convexi ; priores vix crescentes, apicem multispiralem formantes , ultimo dimidiam testœ partem su- perante; apertura parva, semilunaris, «nidentata, dente sub- marginali ; peristoma album subrncrassatum , marginibus callo tenui junctis, externo arcuato. Diam. 4, longit. 7. — Habitat in insula Principes sinus Gai- neensis. 14. Pupa Senegaîensis. — Testa parva , fusiformis , umbilicata ▼el potius rimata, subpellucida , fulva, subtilissime striata; anfractus 6-7 convexi; apertura ampla, ovato-lunaris ; peri- stoma pallide marginatum, reflexum, dente punctiformi, albo, parum eminente , in angulum marginis externi projecto. Diam. 2 ; longit. 6. — Habitat Senegalenses terras. Pupse Farinesii affînis , sed apertura ampliore, peristomafe magis expanso , colore pallidiore » anfractibus minus convexis dissimilis. y/' 15. Pupasorghum. — Testa parva, rimato-umbilicata, cylindra- ceo-ventricosula , pallide cornea , minutissime striata ; anfractus septem convexi ; apertura parva, ovato-lunaris , dente linearî submarginali munita ; peristoma simplex , acutum , vix reflexius- culum. Diam. 2 1/2 ; longit. 5. — Habitat insulam Principis. v/ Amptillaria Libyca. — Testa sinistrorsa , umbilicata , globu- losa, solida , olivaceo-lutescens , obscure plurifasciata, apice erosa ; anfractuum quinque margine superiore angulatim com- planato, in speciminibns junioribus spiram turrito-angulatara, in senioribus obsolète carinatam , formante ; anfractus ultimus ventricosus, area umbilicalis spiraliter carinata ; apertura ovalis, intus lutea , violaceo muUifasciata , marginibus contiguis, in- crassatis, columellari inferne subangulato. Operculum corneum , multi spiratum , strigis paucis irradian- tibus obsolète decussatum. Diam. 28; longit. 35, — ^^Vivit in paludibus provinciœ Gabon. TRAVADX INl'^DITS. 355 17. Neriiina sangara. — Testa globoso-conoidea , nitida, minutissinie striata, fusca vel violaceo-saturalior , luteo aut cinereo undulatim picta interdum omnino violaceorubens ; spira obtuso-conica ; anfiaclus 3-3 1/2, ad apicem sœpius erosi , ultimo ad suturam paulisper coarctato; apertura semilunaris , albo-livida vel caerulescens ; columella simplex , callo mediocri , albo-flavescente , vix convexiusculo. Operciilum extrinsecus flavescens , rubro marginatum. Diam. major 12, minor 10. — Habitat flumina littoris Senega- lensis. 18. Neritina œquinoxiaîis, — Testa ovato-globosa , apice ob- tuso,eroso, irregulariter substriata, fulvo irrorata seu punc- tata sub epidermide nigricante; apertura lata, semilunaris, in- tus caerulescens, callo columellari declivi, piano, fulvescente, ad marginem interiorem denticulato-striatum candido. Operculum crassum , radiatim paucistriatum , cinereum , fulvo marginatum. Diam. major 20 , minor 16-17. — Habitat rivulos insulœ Prin- cipis. 19. Melania nigritina. — Testa elongato-turrita , intégra vel truncata, solida , tenuissime decussala, f usco-nigricans , rarius fulvo-rufescens ; in junioribus speciminibus olivacea ; anfractus 10-11 plano-convexi ; ultimo subturgidulo , ad basim spiraliter sulculato; sutura impressa; apertura ovata , mediocris , intus caerulescens ; columella subincrassata , callosa , margine colu- mellari in angulum obtusum producto. Operculum corneum , castaneo-nigricans, radiatim striatum. Diam. 14, longit. 41. — Habitat paludosa provinciae Gabon. Note sur la disposition anormale des organes génitaux , observée dans Vuéstacus fluviatilis ; p&r M. Eugène Desmarest. L'étude de la disposition tératologique des organes , en même temps qu'elle excite notre curiosité , nous permet aussi chaque jour de rectifier les principaux caractères des espèces , des genres et même des divisions plus élevées de la série animale. Si elle n^atteint pas toujours ce but, elle nous montre constamment âS6 REVUE zooLoorguK. [Décembre 1848.) que certains caractères regardés comme immuables ne sont pas aussi tranchés qu'ils le semblent au premier abord. Il est généralement admis aujourd'hui que , dans les crusta- cés apjîartsmant à l'ordre des Décapodies , famille des Macro ares, il existe des ouvertures rondes et bien apparentes, situées sur l'article basilaire des troisième et cinquième paires de pattes , et que ces ouvertures caractérisent à l'extérieur les sexes de ces animaux. Sans rechercher à ce sujet les opinions des anciens natura- listes, je me bornerai à dire que Rœsel , G. Cuvier , Latreille, A, G. Desmarest, ainsi que M. Milne Edwards, s'accordent à recon- naître que ces ouvertures indiquent à l'extérieur, comme je l'ai déjà fait remarquer, les différences sexuel les, et surtout : l»qne, chez les mâles , cette ouverture est située à la cinquième paire de patte»; tandis que 2** chez les femelles , elle se trouve con- stamment à la troisièn»e paire. J'ai pu constater un fait qui détruit la seconde proposition que je viens d'énoncer. Dans un individu anormal d'une Écre- visseffemelîe [Astacus fluviatiliSy Fabricius), on peut re- marquer qu'indépendamment des caractères sexuels externes qui se présentent ordinairement, c'est-à-dire une ouverture vul- vaire de chaque côté du corps, il y a les mêmes caractères répé- tés sur l'article basilaire de la quatrième paire de pattes ; de sorte que , sur cet animal , quatre ouvertures ovigères sont bien distinctes. Gette particularité , très-exceptionnelle, avait déjà été observée deux fois, et elle vient de se présenter de nouveau. Persuadé que cette anomalie curieuse n'avait de valeur scien- tifique qu'appuyée de S'examen des organes internes de la géné- ration, j'examinai attentivement ces derniers, et j'ai été heu- reux de rencontrer,, suivant mes prévisions, une disposition tout à fait anormale de ces mêmes organes. Mais avant de m'oc- cuper de leur description , et pour que l'on puisse plus facile- ment me comprendre , je rappellerai , en quelques mots, quelle est leur disposition à l'état normal. L'appareil femelle de la reproduction se compose, chez les Macroures, d'ovaires, d'oviductes et de vulves; car dans ces animaux il n'y a pas de poches copulatrices, organes qui sont quelquefois très-développés dans d'autres crustacés, tels que les Brachyures. Lorsque Ton étudie les ovaires à l'époque où ils TRAVAUX INKDITS. 357 sont remplis par un amas d'œuCs à un état plus ou moins com- plet de développement , ils se présentent sous la forme de trois bourses ellipsoïdales : Tune postérieure , unique , médiane , et deux autres antérieures placées de chaque coté du corps. Les ovaires communiquent entre eux , et donnent naissance , par l'extrémité inférieure de leurs bourses antérieures , aux ovi- ductes. Ceux-ci ont la même structure anatomique que les po- ches ovariennes, sont beaucoup plus étroits qu'elles , et en forme de tube ; ils se portent directement en bas , où , après un assez court trajet, ils se terminent à l'extérieur par une ouverture vul- vaire située sur le dernier article de la troisième paire de pattes. Dans VAstacus fluviatilis anormal , les ovaires présentent à peu près la disposition ordinaire ; mais il ne pouvait plus en être de même des oviductes. Ces tubes , au lieu d'être doubles , un de chaque côté, sont au nombre de quatre : c'est ainsi qu'à droite et à gauche, l'un a une ouverture à la base de la troi- sième paire de pattes , et l'autre à celle de la quatrième ; de là tous deux se dirigent antérieurement pour venir former un tronc commun qui se réunit aux ovaires dans l'endroit où normale- ment s'ouvre l'oviducte. Le pénis pouvait pénétrer dans les deux organes femelles de chaque côté, et les vulves des troisième et quatrième paires de pattes , ainsi qu'il a été facile de le constater , laissaient sortir le,^. œufs provenant de leurs bourses. „ Les faits que je signale ont été constatés d'une manière com- plète par la dissection, et j'ai montré, à ce sujet, des pièces anatomiques et des dessins. De ce que j'ai rapporté dans cette note, je conclus que l'on ne peut plus donner comme caractère constant chez les femelles des Décapodes Macroures , la disposition vulvaire de leur troi- sième paire de pattes, car, en effet, la pièce tératologique prouve suffisamment que cet orifice n'est pas toujours placé uniquement à cet endroit, et qu'il peut se trouver en même temps aussi à une autre paire de pieds. , Je ne terminerai pas cette notice sans offrir tous mes remer- ciements à M. le docteur Emmanuel Rousseau, qui a bien voulu me communiquer le crustacé remarquable qu'il avait déjà adressé à la Société entomologique de France (séance du 24 jan- vier 1849), et qui a fait le sujet de mon travail. S5S REVUE zooLOGiQUE. {Décembre t848j II. ANALYSES «'OUVRAGES IVOfJVEAUX. Crama ^gyptiaca, or Observations on ^gyptian Ethnogr»- phy , etc. Descriptions des crânes des anciens Égyptiens, om observations sur l'Ethnographie égyptienne, basées sur l'ana- toiïiie, l'histoire et 1 étude de leurs monuments ; par George» MoRTON (Philadelphie , 1844. — Extrait du neuvième volume des Transactions de îa Société philosophique américaine). Depuis quelques années, Tétude de l'anthropologie occupe sé- rieusement toute l'attention des physiologistes; soit que le» réflexions que cette partie de la science leur a inspirées aient trait à l'utilité des lumières qu'elle peut fournir à la physiologie généraîe, soit qu'ils aient été entraînés par l'attrait infini qu*of- fre l'étude des dociiments historiques qui , dans les questions relatives aux peuples de l'ancien monde, reçoivent des investi- gations de cette nature un secours si efficace ; des travaux sérieu- sement médités n'en ont pas aïoins été produits dans cette voie si progressive. La première de ces directions , en effet, n'offre qu'un intérêt purement scientifique, uniquement de nature à occuper l'atten- tion des hommes spéciaux. Si, délaissant les diagnoses différen- tielles des types qu'elle veut comparer , les physiologistes adon- nés à ce mode d'étude essayent de rattacher les différence» physiques qu'ils observent aux modifications qui leur semblenk inhérentes dans lecaractère moral des popuîationsqu'ilsétudient, ils se trouvent forcément obligés d'aborder un ordre de recher- ches qui est sous la dépendance immédiate des sciences histo- riques, philosophiques et morales. On ne doit point s'étonner , dès lors , que certains travaux modernes aient subi au suprême degré l'empreinte indélébile de cette nouvelle tendance dans laquelle les faits que nous révèle l'histoire viennent en aide aux investigations anthropologiques. Il est juste de signaler , en première ligne , sons ce point de vue , les résultats obtenus par M. Edwards l'aîné, sur la distinction des types Gall et Kimri, au milieu même des populations de notre France, résultats qui se sont trouvés si admirablement d'accord avec ceux obtenus par M. Amédée Thierry, dans son histoire des Gaulois. On conçoit parfaitement , sans qu'il soit le moins du monde ANALYSES d'ODVRAGKS NOOVEAUX. 359 nécessaire d'insister là-dessus , que les peuples qui ont occupé la scène historique depuis Tanliquité la plus reculée jusqu'à nos jours, sont les seuls qui puissent donner lieu à des considérations de cette nature. Aussi, c'est vainementqu'on essayerait d'en faire une application heureuse aux populations dont les annales sont totalement effacées, même dans l'esprit de ceux qui en font par- tie. Les races du nouveau Monde sont malheureusement dans ce cas, même celles de l'isthme Mexicain et du Pérou, qui paraissent cependant avoir joui pendant plusieurs siècles d'une civilisation assez avancée. Mais, dans l'ancien Monde , l'histoire de Phomme moral et de l'homme physique se trouvent intimement liées entre elles. Dès lors , il est nécessaire , lorsqu'on aborde l'élucidation d'un pro- blème anthropologique, que les données fournies par l'observa- tion physique , d'une part, et, d'autre part, celles qui résultent des investigations historiques , concordent parfaitement entre elles. C'est, onle conçoit, une coïncidence fort difficile à établir, les traits de nos ancêtres ne nous étant offerts que par leurs os- sements, et ceux de leurs descendants, au contraire, étant, par la uîême voie, très-difficiles à établir. D'autres difficultés sont inhé- rentes au mélange si fréquent des diverses populations qui ont couvert la partie de l'univers que nous habitons. Quoique nous ne pensions pas , ainsi qu'a cherché à l'établir M, le pro- fesseur Gerdy , que le sol de l'Europe soit uniquement couvert par des types croisés, nous ne savons que trop cependant , par notre propre expérience, combien on est exposé à l'erreur lors- qu'on essaye de rattacher les individus qui passent sous nos yeux aux types de leurs races. Or , sous le point de vue anatomique , les races européennes sont encore fort peu connues ; aussi l'ob* servateur a-t-il sérieusement à redouter des résultats erronés lorsqu'il aborde l'étude de questions si ardues. Mais , loin d'abattre et de rebuter les intelligences , c'est pré- cisément la présence de semblables obstacles qui nous semble de nature à leur donner un nouvel élan. C'est , sans nul doute , après une telle réflexion que M. le docteur Morton , de Philadel- phie, a entrepris, sur l'ethnographie égyptienne, les recherchcî» dont nous allons rendre compte. Dans un tel sujet , pour l'anthropologiste comme pour l'ar- chéologue, il y a à faire ample moisson de découvertes aussi 360 RKvoE zooLOGiQOK. {Décembre 1848.) précieuses qu'inattendues. Celte vallée du Nil a été foulée par des populations bien variées et d'origines bien différentes. Ex- plorée déjà du temps d'Hérodote, elle est devenue plus tard et tend encore à devenir de nos jours le lieu de transit des Euro- péens qui se rendent aux rives asiatiques. Confinant, d'une part, aux peuplades nubiennes et abyssiniennes, donnant la main aux divers types de la race éthiopique , elle est en contact perpétuel, d'autre part, soit avec des nations d'origine arabe , soit avec des peuples pelages. Enfin, quoique successivement dominée parles Romains et les Turcs, quoique ses habitants aient été alternati- vement de grands sectateurs du fétichisme , de la religion du Christ et des dogmes de Mahomet , tout l'intérêt que présente leur histoire est encore dominé par le spectacle imposant de l'ancienne civilisation de ce beau pays. Pour l'Egypte, par con- séquent, comme pour les parties de notre Europe qui ont le plus occupé la science historique , le problème ethnologique consiste à essayer d'expliquer l'état présent des populations par leur état passé. Dans l'énoncé de ce problème , les questions deviennent multiples, et quoique multiples, la solution doit être uni- forme ; car elle doit tendre à prouver ou bien que les diverses races qui ont occupé le pays des Pharaons et des Ptolémées ont entièrement disparu pour céder la place à la race ac- tuellement dominatrice , ou bien que leurs descendants sub- sistent encore. Dans l'une ou l'autre de ces hypothèses, la ques- tion la plus importante est toujours celle qui se trouve relative à la détermination des caractères physiques des fondateurs des pyramides; dans l'une et dans l'autre, le physiologiste doit mar- cher de concert avec l'archéologue , et , sous peine de tomber dans Terreur, harmoniser les résultats auxquels est parvenu ce dernier , avec ceux qu'il obtient lui-même. §2. Telle est aussi la marche qu'a suivie l'auteur. Ayant en sa poœession une quantité considérable de crânes, dont les lieux de provenance lui étaient authentiquement connus, il a com- mencé par établir les caractères qu'ils offrent à l'observation. Il conclut que ces crânes peuvent être rapportés aux deux gran- des races humaines désignées sous le nom de Jiace caucasienne^ ANALYSES DOCVRAGKS NOOVEAnx. 36 f d'une part, de Race nègre d'autre part, quoique le nombre des têtes appartenant à ces deux types soit bien loin d'être le même, et que sous ce point de vue il y ait disparité. Mais M. Morton a encore précise à quelles branches de la première de ces races on peut rapporter les crânes qu'il a examinés. Les uns appartenaient à des individus du type Pelage, présentant la conformation par- ticulière aux habitants des vallées du Caucase et des régions méridionales et centrales de notre Europe. Les autres reprodui- saient les caractères crâniens du type sémitique , tels que les Juifs nous les présentent encore dans leur état actuel. Chez les premiers, le crâne est remarquable par son volume; si on le com- pare à celui de la face, l'angle facial est étendu; toute la struc- ture ostéologique, enfin, brille par la symétrie qui lui est parti- culière. Chez les seconds, le front est plus fuyant, le nez rond ,, arqué , bien proéminent ; il existe une distance marquée entre le» yeux , et un développement osseux de la face qui n'est nul- lement gracieux à la vue. Voilà , par conséquent ,, deux types que l'on peut considérer comme essentiellement européens. Quoique le peuple juif soit plutôt asiatique , cependant son intluence s'est fait assez vive- ment sentir en Europe pour que l'on puisse sans crainte le rat- tacher aux races caucasiques. A côté des têtes de Juifs et de Pe- lages s'en trouvent d'autres que M. Morton rapporte au type égyptien , et qu'il considère comme caractérisant le peuple même auquel il a consacré son travail. L'Égyptien diffère du Pe- lage par un front plus étroit et plus fuyant, par une face plus proéminente et par un moindre développement de l'angle facial. Le nez est chez lui de forme droite ou aquilin, la face anguleuse; les traitssontfréquemment empreints de rudesse; la chevelure est d'une longueur uniforme, douce au toucher et disposée en bou- cles. A ce sujet l'auteur fait observer qu'il comprend, sous cette même dénomination, des crânes dont la conformation ne diffère pas d'une manière appéciable de celle de l'Arabe ou de l'Hindou, aussi se proposait-il d'abord de donner aux peuples qui présen- tent de telles formes crâniennes le nom commun 6^j4ustro- Egyptiens, qu'il a plus tard restreint aux populations qui ha- bitent la vallée du Nil au-dessus de i'Égyple. Sur cette terre d'Egypte , enfin, il s'est produit des formes mixtes dans la forme de la tête, et ces fonncs mixtes doivent. SUd REVUE zooLOGigoE. (Décembre 1848.) sans nul cloute , être attribuées à des croisements. De là , des têtes que M. Morton appelle égypto-pélagiques et négroïdes ; dans celles de ce dernier groupe on observe des traits avec les- quels les traits des mulâtres de nos jours sont de nature à nous familiariser. Enfin, il existe d'autres crânes qui ne peuvent être rapportés à aucune de ces subdivisions ; chez eux les traits cau- casiques, quoique prédominants , sont mélangés avec ceux des nègres, ce qui modifie tout à la fois et l'expression de la physio- nomie et la structure de la face et de la tête osseuse proprement dite. Les têtes que l'observateur a examinées appartenaient à des momies. Aussi les déterminations qui les accompagnent acquiè- rent-elles par cette coïncidence une grande force de vérité. C'est grâce aux mêmes avantages qu'il a été possible de fixer le sexe des individus des squelettes desquels les crânes faisaient partie. M. Morton divise ces têtes , d'après le lieii de leur prove- nance, en sept séries. Celles de la première série ont été extrai- tes de la nécropole de Memphis; les autres viennent : 2o des grottes de Moabdeh ; 30 d'Abydos ; 40 des catacombes de Thèbes; 50 de Koum-Ombos; 60 de l'île de Begyeh près Philœ ; 70 de Debod , en Nubie. Dans celles de la première série se trouvent en grand nombre des têtes caucasiques, malgré la haute antiquité des lieux qui les recelaient. Qu'on fasse attention à leur forme, à leur grandeur, à leur angle facial, la conclusion est toujours la même. On n'en trouve que sept de la forme égyptienne, une du type sémitique, et pas davantage du type négroïde et du type à conformation mixte. Dans quatre crânes des grottes de Maabdeh, près Magarat-ès-Sa- moun, on trouve, au contraire, deux types négroïdes que M. Mor- ton regarde comme ayant appartenu à des individus de la classe inférieure de la race, par suite de la manière dont leur enseve- lissement avait été opéré. On n'en trouve aucun de cette forme, au contraire, dans les têtes ^ en même nombre, de la cité d'Aby- dos. Le même type est de même fort peu représenté dans les têtes des catacombes de ïhèbes , et tout aussi insignifiant dans les ANALYSES D OUVRAGES NOUVEAUX. 363 autres séries. C'est dans la quatrième série que se sont trouvée» deux têtes d^idiots , dont le peu de développement des masses cérébrales antérieures est suffisamment attesté par le grand af- faissement de la région frontale. Voici présentement, d'après le tableau dressé par l'auteur lui- même, l'indication numérique des têtes trouvées dans les diverses localités citées plus haut. Le nombre corrélatif fourni par les divers types y est également énoncé. LOCALIIIÎS. Il II d •• H i 1 ■s H « H a 1 i H Memphis . Maabdeh . Abydos. . Thèbes . . Ombos . . PhiJge. . . 26 4 4 65 3 4 4 • 7 1 2 30 3 2 4 IG 1 1 10 » I » u 1 4 » » 1 u » 4 n u » 1 2 » 5 » » Debod. . . Ce qui , pour un total de cent crânes , donne les nombres suivants : 49 de race égyptienne. 29 pelage. 6 sémitique. 5 d'un type mixte. 8 négroïde. 1 de race nègre. Plus 2 idiots. M, Morton fait suivre ce tableau d'un second contenant les mesures de capacité de la surface interne des crânes. Voici ces chiffres dont l'importance, par suite du grand nombre de maté- riaux que l'auteur a eu à sa disposition, ne sera, nous l'espérons, contestée par personne. 364 iiEVCE zooLOGiQDE. {Décembre 1848.) DIVISION par types. LOCALITÉS. Il et a s H à g S 'S s o a ï il i Meraphis. . 14 97 79 89 Type pelage. ,1 ^ 89 92 89 82 89 86 88 [ Philse . . . 74 74 74 / Meraphis. . 88 88 88 > Type sémiti- ^ que ) •' { Thèbes. . . 3 69 85 69 79 69 79 i ► 82 1 Memphis. . 7 83 73 79 lAbydos . . 2 96 85 90 1 Type égyptien./ Thèbes. . . 25 95 68 80 ' 80 lOmbos. . . 2 77 68 73 i ( Debod . . . 3 82 70 75 79 73 / Maabdeh. . Type négroïde.] 1 Thèbes. . . 1 5 71 88 '71 71 71 81 Type nègre. . . Philse . . . 1 73 73 73 Voici maintenant les mesures de l'angle facial : DIVISION par types. NOMBRE des tètes mesurées. MAXIMUM. MINIMUM. MOYENNE. Pelages 16 20 2 6 83» 83° 77° 77° 73° 76° 74° 73" 80» 78° 75° 75° Égyptiens Sémitiques Négroïdes ANALYSES D OUVKAGES NOUVEAUX. 365 Pour compléter totalement les donnés relatives aux divers états physiques de ces crânes , il nous resterait à donner un au- tre tableau retraçant l'étendue comparative des divers diamètres crâniens ; mais ce tableau, outre sa longueur, n'offrirai tvaiment que peu d'intérêt ; nous n'en extrairons que les nombres relatifs à l'étendue moyenne de ces diamètres. si 11 is-s, «1 7.8 7.25 6.8 11 il 58 5.44 5.1 |5 ii 4.8 4.38 3.9 i: « 11 «" 5.7 5.25 4.8 i 15.6 14.6 13.« lïl m ta £0- î!l , Maximum . Type pelage. . Moyenne, . Minimum. . 4.3 4.05 3.7 15.6 14.85 14. 21.2 20.33 19. / Maximum . Type égyptien. Moyenne. . Minimum. . 7.8 T.15 6.6 5.9 5.32 4.8 4.5 4.21 3.9 5.8 5.14 4.8 15.5 14.5 13.5 4.3 4. 3.« 15.7 146 13.6 21.4 20.1 18.8 Type négroïde. Moyenne. . 7.05 5.3 4.3 6.2 14.2 4. 14.6 196 §3- Après tous ces détails crâniologiques , M. Morton aborde la solution du problème relatif à la fixation des caractères ex- térieurs du type égyptien proprement dit. Ce type, si remarqua- ble par le grandiose des monuments qu'il a fondés, est-il assez spécialisé pour être distingué de tous ceux que nous connaissons dans Tétat actuel de notre Europe? Quelles sont les populations asiatiques avec lesquelles il a le plus de rapports? Trouve-t-on présentement , soit en Egypte même , soit dans les autres par- ties du nord de l'Afrique, des peuplades qui soient formées de leurs descendants directs? Peut-on , enfin, par suite des habi- tudes de fétichisme qui existaient autrefois sur les rives du Nil , les ramener à la race éthiopique qui , sous le point de vue du dogme religieux, est encore livrée a l'adoration des animaux? 3è6 REVUE zooLOGigoE. (Décembre 1848.) Cette dernière analogie est totalement délaissée par M. Mor- ton. L'angle facial, chez les Égyptiens, a trop de développement pour qu'on puisse admettre un tel rapport. L'auteur rappelle a ce sujet (1) que dans les momies qu'il a examinées, M. Yirey a trouvé l'angle facial de la race caucasique. Plus haut, il a cité (2) les observations de MM. Cuvier , Blumenbach et Sœmmering , toutes aussi confirmatives , principalement celles de M. Cuvier. Quoique certaines têtes , décrites parles deux anatomistes alle- mands cités plus haut, soient moins pures de l'empreinte étran- gère , il n'est point permis d'en conclure à l'origine commune des deux races. Aussi, aucun d'entre eux n'a émis , à ce sujet, une telle opinion qui , personnellement , nous semble démen- tie par les faits. Pour M. Morton, la race égyptienne est constituée par un crâne allongé et ovale, avec le front fuyant, le nez aquilin , le menton rentré. Il existe un espace bien marqué entre le nez et ^ la bouche , et la chevelure est allongée et unie. La figure qui vient (3) à l'appui de cette caractéristique en fait bien sentir la vérité. L'auteur passe ensuite en revue tout ce qui a trait à la conformation extérieure ; mais, comme ces détails seraient trop fastidieux pour les lecteurs de ce journal , nous renvoyons au travail dans lequel ils sont exposés. Présentement, il était d'importance majeure de chercher, dans les ouvrages où sont figurés les œuvres artistiques des Égyptiens, jusqu'à quel point les traits des personnages qui s'y trouvent reproduits concordent avec les caractères tracés plus haut. Dans cette nouvelle phase de ses recherches, M. Morton a pu constater de nouveau que ses assertions étaient exactes. Les têtes dont il emprunte les esquisses aux œuvres de Ghampollion et de Rosellini sont frappantes sous ce rapport, et ont trait à des figures des castes royales et sacerdotales. Dans cette exposition se trou- vent indiquées des dates d'existence bien anciennes ; une figure empruntée au voyage de M, Hoskins et copiée sur le portique d'une des pyramides de Méroé, est considérée par l'auteur comme ëtantune des plus anciennes effigies humaines de la Nubie. Elles (1) Page ». (S) Page SO. (S) Page 17. A!NM,YSÉS D'otJVHAGKJi ÎSOUVKAVX. 8è^ îfthondent, suivant une citation qu'il emprunte à M. Gaillaud , dans tous les temples de ce pays, et spécialement à Semneh , Oakkeh, Soleb, Gebel-Herkel etMessoura. Relativement à l'origine initiale de ce peuple, M. Morton rap- pelle l'opinion de son compatriote M. Gliddon qui , se fondant sur les témoignages brbliques , regarde l'Egypte comme étant devenue le domaine de Mizraim , un des fils de Cham. Quoique ce nom de Mizraim ne se trouve point dans les légendes hiéro- glyphiques, M. Gliddon prétend qu'il existe des preuves multi- pliées attestant que les Juifs donnaient aux terres égyptiennes le nom de Mizraim et de Mi tzar. Suivant lui , au moment présent, i'Égypte et le Gaire sont encore désignées , en Orient , sous le «om de Muss'r^ ^uoi qu'il en soit , M. Morton rattache à une origine égyp- tienne le peuple de l'antiquité connu sous le nom de peuple Ly- bien. Ceux-ci se détachant de leur souche primitive, se seraient répandus à l'ouest et auraient ainsi peuplé le nord de l'Afrique. L'auteur se fonde, en émettant cette dernière hypothèse , sur <îette assertion de Ritter, ïleeren, Shaler, Hodgson que la lan- gue lybienne a été longtemps parlée dans tout le nord de l'A- frique. D'après une publication de ce dernier philologue , qui a rempli à Alger les fonctions de consul des États-Unis , et qui est relative aux Foulah , l'auteur a émis de nouveau l'opinion ■ que le Berbère ou la langue Lybienne était parlée dans la vallée du Nil antérieurement au langage Cophte. 11 a trouvé entre les deux langues des analogies de nature à prouver que le Gophte «st postérieur au Berbère. Nous ajouterons que, d'après M. Mor- ton, les Kabyles, les Touaricks, les Siwahs sont des descendants du peuple lybien aussi bien que les Guanches des Ganaries. Pour la preuve de cette assertion, l'auteur renvoie aux Voyages de M. Shaler, à ceux d'Oudney etDenham. Quant aux Guanches, il est sûr , comme le dit M. Af^rton , que par leur coutume d'em- baumement ils ressemblent aux Égyptiens ; mais ce qui confirme mieux cette descendance , c'est la ressemblance d'un crâne de tîuanche observé par lui , avec un crâne d'Égyptien. Le peuple connu dans l'antiquité sous le nom d'Éthiopien est «gaiement, suivant M. Morton, d'origine lybienne et nullement d'origine nègre. Il fait observer, à ce sujet, que, d'après une re- marque fort importante de M, Hoskins , sur la peinture de la Tome XI, Année 1848. 24 368 RF.voB zooLOGiQOK. {Décembre 1848.) grande procession de Thèbes (Époque de Thotmès IV) , le nègre est figuré avec les traits de son propre type, tandis que l'Éthio- pien est de couleur rouge comme l'Égyptien. Par conséquent , en Nubie, en Abyssinie se trouve encore ce dernier type ; ce qui s'allie avec l'observation de ChampoUion , Rosellini , Heeren et Ruppel , que la figure des Nubiens actuels se trouve partout re- produite sur les monuments égyptiens. De là, bien évidemment, la nécessité d'élucider la question de l'antiquité relative des mo- numents d'Égyple et de ceux de Nubie. Mais sans rien préjuger à ce sujet , on peut assurer , comme le fait M. Morton, que les habitants de Méroé n'étaient point des Arabes. Quant aux Fel- lahs, appelés Arab-Égyptiens dans la haute Egypte, ainsi que l'a observé M. Jomard , quoiqu'ils offrent les traits des figures des monuments , M. Morton se croit autorisé à penser qu'il y a eu chez eux mélange d'un type différent du type égyptien, §<• M. Morton ayant constaté dans les têtes qu'il avait eues à sa disposition des traits delà race pelage, devait chercher dans l'histoire et dans les monuments les preuves de la présence de ce type. L'histoire a, tout le monde le sait, répondu par l'affir- mative. L'inspection des monuments a donné des résultats tota- lement conformes aux données historiques. Ces beaux traits des figures grecques sont fréquemment reproduits : les ouvrages de Rosellini, de ChampoUion, de notre mémorable expédition d'E- gypte en renferment en quantité. Dans la quatorzième planche de l'atlas qui accompagne son travail , l'auteur a donné une collection de portraits des types divers dont il a observé les crânes. Et, comme il le fait observer dans son texte , ce sont d'admirables physionomies que celles de Menoplah et de Rham- zès III , deRhamzès X , de RhamzèsXI , d'Amenmesses , de la reine Nofre-Ari , de Nitrocris. Jamais le crayon ni le pinceau n'ont reproduit des formes faciales plus régulières , et en sup- posant que l'artiste ait embelli son œuvre, l'idéal qu'il désirait réaliser doit être sûrement considéré comme une des conceptions les plus pures, les plus suaves de l'esprit humain. A côté du type pelage vient naturellement se placer le type sé- mitique; les ressemblances sont grandes entre eux, surtout lors- XNAIASKS D'OTJVnA«t.:S N()t]VKATJX. 3(i^ i^iue, dans Tun et dans Tautre , on compare les traits da sexe féminin. En remontant dans l'antiquité , on trouve des traces historiques de la présence de ce peuple sur la terre égyptienne. Rien de surprenant par cela même que sur les monuments de ces régions, autrefois si civilisées, les traits hébreux se trouvent figurés. M. Morton reproduit, dans ce but, l'esquisse d'une t«fce conservée dans le temple de Heyt-el-Walée. Ces physionomies sont, au reste, partout et toujours facilement reconnaissables. Le peuple juif est «elui de tous qui s'est conservé le plus pur; depuis le supplice du Christ, il est errant au milieu du monde et totalement isolé au milieu de l'univers. Nous croyons même que la race est, au moment présent, encore dépourvue de droits civils dans les pays occupés par la race Teutone , et cependant les populations Teutones sont encore assez naïves pour se figurer qu'on les croira lorsqu'elles viennent nous dire qu'elles sont les plus progressives des temps modernes, A coté des Juifs , on ne doit point être surpris de trouver les Arabes qui en sont les cousins germains. Quelques crânes arabes ont été procurés à M. Morton par M. Gliddon. Leur ressemblance est grande par la forme, plutôt que par la taille, avec ceux des Égyptiens, L'auteur rappelle ensuite, d'une part, que certaines figures des décorateurs du temple de Beyt-el-Walée en Nubie lui reproduisent une physionomie arabe , et , d'autre part , que le Gheez, ou langue éthiopique la plus ancienne des langues con- nues de l'Abyssinie, est directement alliée à l'hébreu et à l'arabe. Il ajoute que dans des ruines découvertes à Hasan-Ghorâb (à 150 lieues à l'est d'Aden) , à Sanaa, et en d'autres lieux de l'Yémen, on a trouvé des inscriptions dans la vieille langue éthiopique qui, suivant l'opinion du professeur Gesenius, est une modifica- tion du dialecte Hémyarite. L'auteur termine par cette assertion de M. Jomard, que l'Arabe a été de tout temps, et est encore de nos jours l'aliment de la population égyptienne , assertion qui , suivant lui , peut devenir , jusqu'à un certain point , un axiome ethnologique. M. Morton passe ensuite à tout ce qui concerne les Hykshos, population errante et livrée à des habitudes pastorales, dénomi- nation bien vague et appliquée à des tribus aborigènes , hel- léniques, Scythes, phéniciennes qui, à différentes époques, ont déplacé les dynasties nationales. Une seule fois, d'après ce que à70 RKVDE zooLoGiguK. {Décembre 1848.) îious apprennent les monuments, la souveraineté leur fut dévcr- ïue; elle leur fut ravie par A.munoph l*"^. Hérodote et d'autre» historiens leur attribuent une belle complexion, des yeux bleus, une chevelure un peu rouge. Évidemment ce sont là des traits caucasiques, mais qui paraissent avoir été l'apanage des Scythes, des Phéniciens et des Edomites, ce quirend probable, suivant M. Morton, l'opinion que la dynastie de Manetho renfermait de» monarques de ces diverses origines. L'auteur ne paraît pas , au reste, avoir eu en sa possession des crânes de ce type ; c'est aux monuments qu'il a emprunté les quatre figures qu'il reproduit dans son travail. Ces diverses figures sont assez dissemblables entre elles par les traits qui leur sont propres , et il n'est guère possible de fixer d'une manière un peu sûre cette partie encore si obscure de l'ethnologie égyptienne. Telle est aussi la conclu- sion à laquelle paraît être arrivé l'auteur relativement aux Cophtes , quoique cependant il les regarde comme un mélange, en diverses proportions, du sang caucasique et du sang nègre. C'est la cause, suivant lui, des caractères assez différents que leur ont attribués les divers auteurs. Les habitants actuels de la Nu- bie formeraient également une population de métis. Les mêmes incertitudes sont bien loin de régner relativement à la présence antique de la race nègre dans la vallée du Nil. Ce fait est sura- bondamment prouvé et par les observations relatives aux crânes et que nous avons déjà fait connaître, et parles peintures du tem- ple de Beyt-el-Walée en Nubie, dans lesquelles on voitRamsès II faisant la guerre à ce malheureux peuple, déjà tristement voué à l'esclavage dans ces temps si reculés de l'histoire du genre humain. Mais un des résultats les plus inattendus des j'echerches de l'observateur américain, est, sans contredit, celui qui a trait à la présence, en Egypte , des traits indous etmongoliques. Certains crânes originaires d'Abydos ont paru à M. Morton doués d'une configuration absolument semblable à celle offerte par des habi- tants du Bengale. Scrutant ensuite les ouvrages si classiques de Rosellini et de Champollion , il retrouve les traits indous bien sensiblement caractérisés dans la physionomie d'Asharraman, telle qu'elle est sculptée sur le temple de Debod , en Nubie. Le» Indous sont aussi représentés en qualité de prisonniers et de con- ducteurs d'ours. Il en est ainsi dans la grande procession de A?1ALYSRS D*01!JVR\GKS NOUVKAUX. 371 Thotinès IV. Or, l'ours que mène Pun des Indous est celui connu d«s zoologistes sous le nom d'ours jongleur, et dont l'origine in- dienne est incontestable. Relativement aux Mongols . une copie laite sur un dessin de Rosellini et dans laquelle la tête du Chi- nois est parfaitement représentée , nous semble de nature à ne pas laisser le plus petit doute à cet égard. S 5. Tels sont les principaux résultats auxquels M. Morton est arrivé dans ses travaux sur Pethnographie égyptienne. Par- tout, dans son travail, il a su allier les recherches historiques et archéologiques aux investigations ostéologiques. C'est assez dire que cet habile observateur s'est montré à la hauteur de la tâche qu'il avait entreprise. Les figures qui accompagnent ce mémoire sont faites avec beaucoup d'habileté et totalement de nature à justifier les observations émises dans le texte. Malheureusement, par suite de l'absence des documents nécessaires , nous nous sommes trouvés forcés de nous borner à une simple analyse , et nous avons été privés du plaisir que nous aurions eu en faisant sur l'œuvre du savant américain une investigation plus sérieuse et de nature , soit à confirmer , soit à infirmer les résultats qui s'y trouvent énoncés. C'est une omission que les lecteurs de la Revue voudront bien nous pardonner ; ils savent trop bien qu'il est impossible, en l'absence des pièces nécessaires, de se pronon- cer sur la valeur intrinsèque des travaux originaux dont on fait l'analyse. Pucheran, D.-M.-P. Le Cabinet d'entomologie orientale ; par M. Westwood ( in-4^ — Suite et fin. Voy. p. 3 11 . ) PI. XXXIV. 1. Ascalaphus tesselatus, W.— Indes. 2. Ascalaphus segmentator, W. — Indes. 3. Ascalaphus canifronSj W.— Indes. 4. Myrmeîeo singulare, "W. — Indes. 5. Chauliodes subfasciatus , W. — Sylhet. H. Nemoplera filipenniSy W.— Inde centrale. 7. Mantispa nodosa, W.— Assam. 372 REVDii zooLOGFQUE. [Décembre 1848.) PL XXXV. I. Campsosternus Templetoni , \V. — Ceylan. 2. Campsosternus Dohrnii , W. — Assam. 3. Campsosternus Stepkensii, llope^IooX. mrseef, ?S. — Népaui. 4. Campsosternus Hofei ^ W. — Tanasserim. &. Gœynoptcrus Cumingii ^ Hope, Proced. zooL soc. 1842, p. 77.— Philippines. 6. PectoceraMellii, Hope, id, 79.— Thibet. 7. Jlau» mœrenSy W,— India. 8. Jlaus sculptus , W. — Kasyah hill , India. 9. Alaus sordidus , W.— Ceylan. Fï. XXXVI. \. Fuîgora Spinolcs, W. , An» nat. hist. , avril 1842.— Assam. 2. Fulgora oculata, W. ,Li». Trans. , 18, 142, FI. XII, f. 8 ,. Var» f. suboceîlata, Guer., Voy. Delessert, PI. XXVL— Malabar. 3. ^phœna seutellaris , Yf , , Xn. nat. hi.st. 1846. — Java. 4. jiphœna im>perialisy\\.r ^n. »a6. hist. 1846, — Sylhet. 5. Ancyra appendicuîata , W., id. 1845, — Moiaï- mein. H. XXXVII. t. Hestiahypermnestra yVi.—^ovneo, 2. Hestia bella^W. — Java. 3. Fuplœa Deione,y Dasycephala et Attila. De Lafres- naye. 39 Dauphin à deux têtes. Valen- ciennes. 283 Deilephila lilhymali. Bellier de la Chavignerie et H. Lucas. 218 Dendrophagus brevicornis, sulu- ralis. Whiie. ii6 Dichobune cervinum. P. Gervais. 25 Didus. Strickland et de Selys Longchamps. 293 Diptères qui minent les feuilles des plantes. Goureau. 185 Dodo (ihe) and bis kindred. Strick- land et Melville. Anal, de Selys Longchamps. 306 Draconlisoma. Joly. 155 Dryophiborus 2 - luberculatus. While. 115 Dryops strigipennis. White. 76 Ëchinides. Duvernoy. Echinides (plaques). Michelin Echinodermes. Duvernoy. Klaphocera rubripennis. H. Lucas. 219 Elater (.Ludius) crocatus carnas- sier L. Fairmaire et Laboul- béne. Engis politus. While. En lomologie orientale.Westwood . 296 150 61, 87 Epeira apoclyssa. Walckenaër. 188 Ericules et Tanrecs. C. Coquerel. 33 Esturgeon (cœur). Parchappe. 2i3 Etui pénial chez les Coléoptères. Ormancey. 374 Eupsammides. Milne-Edwards et Haime. 350 Eusoma Rossii. White. 22 Euihyrhinus squamiger. While. 1 13 Faux hermaphrodisme chez un Bélier. Bayle. i2o Fibres des Gastéropodes. Pappen- heim el Berlheleu. 91 Forrniciens des climats chauds. Delacoux. «38 Forlerops lugubris. Harllaub. 109 Fulgora lanlernaria. Beske. 124 Galleria cerella. H. Lucas. 187 Ganglion de Meckel etc. Gros. 6i Geotrupes hypocrila. Rouzet. 2i9 Gnathotes ( Névroptères ) de France. Amyot. 187 Goliathides. Schaum. 285 Gymnocheila nigrosparsa. While. li5 Halobates. L. Fairmaire. 125 Handbuck der Entomologie. Bur- meister. 85 Hareng (huile de) elTangrum. De Quatrefages. 373 Helminthes. Duvernoy. 26i Helomyza pallida etustulata. H. Lucas. 285 Hermaphrodisme d'un Acridium dispar. Brisoutde Barneville. 315 Helerophaga opatroides. H. Lucas. 124 Hoplocneme cinnamomea, Hoo- keri. While. 79 Hyphidrus variegatus. Rouzet. 188 Ichneumonologie provençale. Boycr de Fonscolombe. 185 Infusoires. Pouchet. 350 Insectes de la Nouvelle-Zélande rpxp. de l'Erebus et du Terror). While. Trad. de L. Fairmaire. 20, 54, 76, 110 Insectes xylophages ( mœurs ). Rap. de Milne-Edwards sur K. Robert. 92 Isohnosceles niger. Dubus et de Lafresnaye. i4i Ixodes plumbeus. H. Lucas. 188 Lsemopblseus Dufourii. Laboul- béne. 2i7 Lapin (superfétalion). E. Robert. 29 Lalridius anlipodium. While. 1 17 Lépidoptères d'Odessa. Boisduval. 186 Lépidoptères en dessin. Bellier de la Chavignerie. 285 Lépidoptères (généralités). Paris. 185 Lépidoptères (obs. sur quelques). Bruand. ' 123 Leucoscelis euslalacta. C. Coque- rel. 316 Libellula albistyla, alpina, cyc- nos, Ramburii, etc. De Selys Longchamps. i.V Libellules d'Europe. De Selys Longchamps. i& Liparis. Guyon. 56 Lyctus depressiusculus. While. lin Macroceraia. A. Lefcbvre. 12:- 378 TABLE DKS MATIERES. Malacâutbus brevirosiris. Guicbe- not. 14 Maladies des Oiseaux. Rayer. i80 Mammifères fossiles d'Alais. P. Gervais. 25 Mammifères et Oiseaux de Tas- manie linlrod. et acclim.). J. Verreaux. 70 Manta religiosa. Brisout de Bar- neville. 316 Matières ingérées (absorption). Bassi. 121 Matières pulvérulentes des élytres des Coléoptères. Laboulbène et Follin. 286 Megacephala Bocandei,cabounca, 4-signata, senegalensis. Guérin- Méneville. 346 Megacephala euphratica GraëlJs. 122 Megaprotodon bifasciatus et Lea- chii. Guichenot. 12 Melatidrya costata. Mellié. 188 Meliclis Beckii. Schinz. i76 Meloloniha vulgaris et hypocas- tani (accoupl.). Mulsani. 217 Merula atro-sericea et olivatra. De Lafresnaye. 2, 62 Mesites pallidipennis. L Fair- maire. 189 Mollusques gastéropodes opisto- branches (organ.). G. Blan- chard. 58 Mollusques gastéropodes (organ.)« Pappenheim et Berthelue. 120 Mollusques univalves d'eau douce d'Amérique. Haldeman. 117 Molorchus major. Bellier de la Chavignerie et Laboulbène. 217 Monasa inornata, unitorques. Ou- bus et de Lafresnaye. 248 Monographien der Saiigethiere. Schmz, anal. Ed. Fairmaire. 152 Monstruosités d'insectes. Lucas. 184 Mordellaantarctica. While. 76 Morphnus mexicanus. Dubus et de Lafresnaye. • 139 Muscardine.Guèr.-Méneville. I2i, 313 Muscicapa Vieillotioïdes. De La- fresnaye. 174 Myodaires de Paris. Bobineau- Desvoidy. 185 Nacerdes maritima. G. Coquerel. 122 Naturalisation d'animaux. Is. Geoffroy-Saint-Hilaire. 284 Nécrologie. Bibron, 94, i26. — Charre,2i6.— Gène, I2i.— Porro, 157.— Schoenherr. 2i4 Nerfs du cerveau. Pappenheim. 24 Névroptères. Voy. Gnalhotes. Nomenclator zoologicus. Agassiz. Anal. 19 Nonagria (luxa cl Hellmanni. Bel- lier de la Chavignerie 3i5 NvaSwenskallomopter.Boheman. «5 Odontria cinnamomea, striata, xanthosticta. White. OEufdansles mâles et les femelles des végétaux et des animaux. Ch. Bobin. 287, Oiseaux d'Afrique occidentale. Hartiaub. Oiseaux nouveaux de Caracas et de Bogota. De Lafresnaye. Oiseaux de Colombie et du Mexi- que. De Lafresnaye. Oiseaux diurnes (réveil et chant). Dureau de la Malle. Oiseaux d'Europe. Degland. 220, Oiseaux de Savoie. Bailly. Anal. Ed. Fairmaire. Oiseaux brévipennes. De Selys Longchamps. Oiseaux et Mammifères de Tas- manie (introd. et acclim.). J. Verreaux. Omalium sp. nov. Mellié. Ongulés fossiles. Pomel. Opatrum tuberculicostatum. Wh. Oreda notata. White. Ornithologie de l'Amérique tro- picale. De Castelneau. Ornithorhynque. J. Verreaux. 57, 127 Oropterus coniger. White. 80 Orthoptère carnassier. Brisout de Barneville. 216 Os (formation des). Pappenheim. 24 Osmylus maculatus. L. Dufour. Otiorhynchus griseus. White. Oxythyrea amabilis. G. Coquerel. 21 ti9 108 170 349 375 282 292 70 188 181 23 111 89 214 79 124 Palseotherium médium. P. Ger- vais. 25 Parasites de la Cochenille. Guérin- Méneville. 349 Peiopœus spirifex. Bellier de la Chavignerie. 183 Pezophops. Strikiand et de Selys Longchamps. 293 Philolhermus Montandonii. Rou- zet. 121 Phoca vitulfha. Lesson. i Pliora camariana. G. Coquerel. i86 Phyllomorpha madagascariensis. G. Coquerel. 125 Physiologie fobs. sur la), Walter. i56 Phytonomus lineatus. L. Fair- maire. 189 Pipilo rufo-pilus. De Lafresnaye. 176 Pipilo torquatus. Dubus. 246 Piiylus poiiogaster. Dubus et de I^afresnaye. 245 Plaiyomida binodis. White. 78 Platypus apicalis. White- li6 Ploceus erythrops Hartiaub. 109 Poissons (fécondation artilicielle). De Qualrefages. 3U Polybothrys aureocyanea. G. Co- querel. 125 TABLE DES MATiEKES. 37y Polypiers (structure). Milne-Ed- wardâ et Haime. 91 Polyzoriium germanicum. H. Lu- cas. 216 Poumons (structure). Pascal. 9o Poules (nutrition). Sacc. 29 Primates. Lesson. i.59, i9i, 223, 235 Prioniles carinalus. Dubus et de Lafresnaye. 219 Priosceiida tenebrioidcs. White. ui Propolis (origine). Dcbeauvoys. 27 Psepholax barbifions , coronatus. VVhiie. m Psittacula conspiciliata, viridissi- ma. De Lafresnaye. 172 Psychoda phalenoides. H. Lucas. 315 Pterodon nequieni. P. Gervais. 25 Plilinus peclinicornis. H Lucas. 187 Hyranfîacucullata. DeLarresnaye. 245 Raie (cœur). Parchappe. 21 3 Rainettes (mutabilité des cou- leurs). P. Gervais. 156 Rate (fonction) Beclard 28 Reptiles d'Algérie. H. Berlhoud 74 Reptiles (fécondation artificielle^ Salle. ' 312 Reptiles (org. génitaux). Duver- noy. 179 Respiration des animaux. Re- gnault, Reisel et Milon 24 Rhinaria 6-tuberculata White. 77 Rhinocéros des livres chinois. Paravey. 119 Rhinocéros unicorne nouveau. Fresnel. 61 Rhizoïrogus zelandicus. White. 21 Rhvnchodes Baunderii, ursus. White. 114 Rhythnie musical. Cap. 155 Rotifères. Duvernoy. 261 Rygmodus modeslus. pedinoïdes. White. 55 Sang (circulation) chez les in- sectes.E. Blanchard. 188 Sang (Circulation). Vanner. i55 Sang de l'homme (métaux dans) Milon. 24 Saperda phoca. Javet. 218 Salyrus Lefebvrii. Pierret. 2i7 Scapthorhynchus chrysucephalus. De Lafresnaye. 5 Sclolopterus penicillatus, telra- canihus. White. 110 Scorpion. Doiié. 2i8 Scorsonère remplaçant le Mûrier. Guérin-Méneville, d'après Re- pos. 123 Scfenopaipus cbalybeus, subviri- dis. White. 76 Selimena. Brisout de Barneville. 188 Septifer biocularis, fuscus. Re- duz. 275 Setophaga albidiadema. De La- fresnaye. 8 349 121 28.% 3tr> 154 315 35 134 189 114 152 109 245 284 375 Singes américains nouveaux. Is. Geoirroy-Sl-Uilaire et Deville. Sirion. Waga. Sitaris humeralls. Bellier de la Chavignerie. Sitaris humeralis (mœurs). Mul- sani. Sorexmadagascariensisetgracilis. C. Coquerel. Sphinx pinaslri. Bellier de la Cha- vignerie. Spizaelus braccatus. 0. Des Murs. Spizaelus tyrannus. De Lafres- naye. Siaphilinus lutarius. L. Fairraaire. Slephanorliynchus curvipes. Wh Sus penicillatus. Schinz. Sycobius Si-Thornae. Hartlaub. Sylvia lœniata. Dubus. Système capillaire intermédiaire. Efourgery. Système nerveux des Mollusques et des Annelés. E. Blanchard. Tachyphonus ruliceps. De La- fresnaye. 173 Tachyphonus albitempora, cuni- gularis, et flavo-pectus De La- fresnaye. ' » Tangrum et Hareng (huile de). De Quatrefages. 373 Tatirecs et Ericules (mœurs). C. Coquerel. 33 Tanychilus metallicus. "White. 5â Tarets (^destruction des). De Qua- trefages. 25 Telephonus leucorhynchus, ma- jor. Hartlaub. 10» Tesiacea Africœ occidentalis. Mo- relet. 35i Theridion civicum. H. Lucas. 124 Tilœnia Erichsonii. White. 55 Tityra albitorques. Dubus et de Lafresnaye. 2<4 Trachys nana. Guérin-Méneville. 122 Trilobites (organis.). Rouaull. 2i.'> Trochilus sp. novae. Bourcier et Mulsanl. 269 TrogUlus nepseformis. H. Lucas. 121 Trogosila afflnis. White. 115 Trombidium holosericeum. H. Lucas. 187 Turdus alrogularis. Duchesne de Lamotte. 318 Turdus minimus, nudigenys. De Lafresnaye. 4 Tyrannula cinchonelï, cineracea. De Lafresnaye. 7 Urée (dosage de). Milon. Urée dans Thumeurvitreede l'œil. Milon. Veau monstrueux. Couvreux. Ver dans un Coléoplère. L. Fair- maire. 28 28 315 188 380 TABLE DES NOMS DAOTEORS. Vers à soie au Japon. Bonafous. 153 ; Voyage au Gabon. Guérin - Mé- Vers de l'homme et des animaux , neville fils. 58 ipropag.). E. Blanchard. 9i^"->«gf «"'«"•" du monde. Le Vers intestinaux. Berlélue. n9 *'»'"«"• ^^-^ Vespa rubra. Laboulbène. '.219 Xerophyllum Servillei. L. Fair- • 'Sol des Oiseaux. Jobard. 57 maire. 122 II. TABLE DES JNOVJS D'AUTEURS. Agassiz. Nomenclator zoologicus , 1 9 Amyot. Gnaiotes ( Névroptéres) de France, 187.— Corophyllum. 316 217 Bailly. Oiseaux de Savoie. 282 Bassi. Physiolo|iie des Insectes. 12 1 lieske. Fulgora laniernaria. 124 Béchard. Fonction de la rate. 28 Bellierde la Chavignerie. Chenilles desséchées, 2i9.— Lépidoptères dessin , 285. — Nonagria fluxa et Helmanni, 3i5. — Pelopœus spiritex, 188- — Sitaris humera- lis, 285. -Sphynx pinastri. 315 Bellier de la Chavignerie et La- boulbène, Molorchus major. Bellier de la Chavignerie et H. Lu- cas. Deilephila tithymali. Berthélue. Vers intestinaux. Bevlhélue et Pappenheim. Organ. des Gastéropodes, liO — ISévro- logie des Gastéropodes. Berthoud (Henri). Morsure des reptiles. Blanchard. Mollusques Gastéro- podes opistobranches (organ.). 58. — Système nerveux des Mol- lusques et Annelés 375. — Vers de l'homme et des animaux. 91 Booandé. Coléoptères de Guinée. 3i8 Boheman. Nya Swenska Homo- piera. 85 Boisduval. Lépidoptères d'Odessa. ,186 Bonafous. Vers à soie au Japon. 153 Bourcier et Muisant. Oiseaux mouches nouveaux (Trochilus). 269 Bourgery. Système capillaire in- termédiaire. 284 BoyerdeFonscoIombe.Ichneurao- nologie provençale. 185 Brisout de Barneville. Acridium dispar, 190, 2i6.— Acridium mi- gratorium, 3i6, — Blatla indica, 184. — Classilicalion paralléli- que, 29. — Forlicularia auricu- laria carnassier, 2i6.— Herma- phrodisme d'un Acridium dis- par, 315. — Manta religiosa, 316. — Selimena. i88 Bruand. Lépidoptères de Besan- çon. 123 Buquet (L.). Ceroslerna flocosa, 219. — Coléoptères de Guinée. 184 Burmeisler. Handbuch der Ento- mologie. 85 Cap. Rhylhme musical. 155 Castelnau. Ornithologie d'Améri- que tropicale. 89 Chavannes.Coccus psidii. 122 Chevreul. Cochenille. (Anal. chim.) 92 Coquerel (C). Anastostoma cuni- culator, 186. — Anochilia repu- blicana, 186. — Larves de Co- léoptères de Madagascar, 123. — Leucoscelis eustalacta, 31»;.- Nacerdes maritima, 123.— Oxy- thyrea amabilis, i24. — Phora camariana, 186.— Phyllomor- pha madagascariensis, 125. — Poljbothrysaureocyanea,i25.— Sorex madagascariensis et gra- cihs, 154. — Tanrecs et Ericu- les. 33 Coquerel d'après Vesco. Insectes deTaïti. 217 Couvreux. Veau monstrueux. 3i5 35 349 Debeauvoys. Propolis (origine', 27 Degland. Oiseaux d'Europe. 220, 375 Desmarest (E.\ Anomalie de l'As- tacus fluviaiilis. 355 Des Murs 0.). Aquila vullurma et Verreauxii,95.-Spizaetus brac- catus. Deville et Is. Geoffroy Saint-Hi- laire. Singes américains nou- veaux. Doiié. Cicindela campestris, 317. — Cicindela irisignala albine, 188. — Disparité des élytres de Coléoptères, 124. — Scorpion. 218 Drouet et Rai. Anodonta Mil- letii. 225 Dubiis et de Lafresnaye. Oiseaux nouveaux. 239 DuchesnedeLamotte. Turdusatro- gularis. 318 Dufour (L.\ Osmylus maculatus. 2i4 Dureau de la Malle. Béveil et chant des Oiseaux. 349 Duvernoy. Capra hispanica, 90. — Cours des corps organisés, sa- voir: Animalcules, 65. — Roti- fères, 261. — Helminthes, 261. ~ Echlnides, 296. — Cirrhopodes TABLE UKS MOMS D AUTEURS. 381 el Crustacés, 334, — • Echinoder- ines (organ.), 6i, 87. — Organes génitaux des Reptiles. i Edwards (Milnej. Rapport sur un .travail de M, E. Robert sur les Coléoptères xylopliages. 92 Edwards (Milne) et Haime. Asté- rides, 349.— Eupsammides, 350. — Dévelop. des Polypiers. 9t Fairmaire (L.). Coléoptères de Pa- ris , 217. — Coléoptères nou- veaux, 186. — Ualobaies, I2r..— Mesitespallidipennis,i89.— Phy- tonomus lineatus, 189. — Sla- phylinus lutarius, 189. — Ver dans unColéoptère, i88.— Xero- phyllum Servillei. 122 Fairmaire et Laboulbène. Elater (Ludius) crocatus carnassier. 189 Fairmaire et Suflrian. Cryptocé- phales d'Europe. 219 Ferté-Séneclère^dela). Anlhicites. i24 Follin et Laboulbène. Matière pul- vérulente des élytres des In- sectes 289 Fournel et Géhin. Coléoptères de Metz. 83 Fresnel. Rhinocéros unicorned'A- byssinie. 61 Gassies. Bu lime tronqué. 118 Gattlob. Beitrage zur Insekten fauna Europa. 84 Gaubil. Coléoptères de France et d'Algérie. 31, 219, 222 Gehin el Fournel. Coléoptères de Metz. 83 Geoffroy - Saint -Hilaire (Isid.). Chimpanzé daguerréotype, n4. — Naturalisation d'espèces do- mestiques. 284 Geoffroy-Saint-Hilaire (Isid.) el Deville. Singes américains nou- veaux. 349 Gervais(P.). Caméléon (variât, de couleurs), 251. — Mammifères fossiles d'Alais. 25 Ghiliani. Coléoptères des Alpes. 216 Goureau. Insectes qui minent les feuilles des plantes. 185 Graëlls. Megacephala euphratica. 122 Gros. Ganglion de Meckel. I6 Guérin-Méiieville. Avis, 286 — Baccha cochenillivora, 350.— Cicindelèies de la Guinée, 345. — Muscardine, I2i,3i3. — Pa- rasites de la Cochenille, 349. Trachys nana. 122 Guérin-Méneville fils. Voyage au Gabon. 58 Guichenot. Megaprotodon , 12. — Melacanthus brevirostris. 14 Guyon. Chaonia {.peuple de la Ka- 218 57 155 hylie), 2i4.— Ravage causé par une chenille. 56 Ilaime et Edwards (Milne). Poly- piers(développ.),9i.-Astérides, 349.— Eupsammides. 3.so Haldeman. Mollusques univalves des États-Unis d'Amérique. 1 17 Hartiaub. Oiseaux d'Afrique. 108 Javet. Cillenum latérale, 187.— Saperda phoca. Jobard. Voi des Oiseaux. Joly. Dracontisome. Laboulbène. Laemophlœus Du- fourii, 217.— Vespa rubra. 219 Laboulbène et Bellier de la Cha- vignerie. Molorchus major. 217 Laboulbène el Fairmaire (L.). Ela- ler(Ludius)crocatus carnassier. 189 Laboulbène et Follin. Matière pul- vérulente des élytres des In- sectes. 186 Lafresnaye (de). Attila et Dasice- phala,39.— Avicedasumalrensis, 210.— Cancer maenas (accoupl.:, 279, 317. — Oiseaux de Caracas et de Bogota, 2, 62. — Oiseaux de Colombie el du Mexique, 170.— Spizaetus tyrannus. 134 Lafresnaye (de) el Dubus. Oi- seaux nouveaux. 239 Lefebvre (Al). Bombyx cynthia. 123 Le Guillou. Voyage autour du monde. 155 Lesson. Mammifères primates, 159, 191, 233, 255.— Phoca vilu- lina (variété) 2 Lucas (H.). Clytus 5-punctatu8, 219. — Coniatus tamarisci, 184. — Ëlaphocera rubripennis, 2i9. — Expédition scientifique de l'Algérie, 187.— Galleriacerella, 187.— Heîomyza pallida el ustu- lata,285.— Heterophagaopalroi- des, 124. — Ixodes plumbeus, 188. — Monstruosités chez des Coléoptères, i84.— Polyzonium germanicura, 3i6. — Psychoda phalenoides, 315.— Plilinus pec- linicornis, 187.— Theridion ci- vicum, 124.— Trogulus nepaefor- mis, 121.— Trombidium holose- riceum. 185 Lucas el Bellier de la Chavignerie. Deilephilalithymali. 218 Mellié. Cis (monogr), 186.— Me- landrya costata, 188.— Omalium sp. nov. 188 Michelin. Echinides. 150 Milon. Dosage de l'urée , 28.— Mé- taux dans le sang. 24 Milon, Renault et Reiset. Respi- ration des animaux. 24 ^82 TABI.E DKS NOMS D ACTEURS. Morelel. Testacea Africa; occiden- lalis lerrestria el fluviaiilia asi Morion. Grania œgyptiaca. Anal, de Pucheran. 358 Mulsant. Melolontha vulgaris et hypocasiani (accoupl.), 317.— Silaris humeralis. 316 Muisant el Bourcier. Oiseaux mouches nouveaux (frochilus). 269 Nicolet. Actinophrys. 26 Onnancey. Elui pénial des Co- léoptères. 374 Pappenheim. Araignées (cœur et poumon), 250.— Nerfs du cer- veau, 24.— Os (formation), 24 Pappenheim et Beriheleu. Gasté- ropodes (^névrologie)., yi. -Or- ganisation. 120 Pappenheim et Bryant. Corps strié des Oiseaux. 61 Paravey, Rhinocéros cités dans les livres chinois. It9 Parchappe. Esturgeon et Raie cœur). 213 Pascal. Homme (poumons). ^o Pierre (Is,). Insecte qui détruit le blé. 250 Pierrot. SatyrusLefebvrii. 211 Pomei. Ongulés fossiles. 181 Pouchel. Infusoires (organ.), 350, —Rainettes (mutabilité des cou- leurs). 156 Pucheran. Cerf (genre), 154. — Crania aegypiiaca de Morton. 358 Qualrefages ( de ). Annélides (embryog.),250.— fTarftng(huile) elTangrum, 373. — Poissons (fé- condation artificielle) , 3i4, 3i5, — Tarets, 25 Rayer. Bélier (hermaphrodisme), 120.— Maladie des Oiseaux. RayetDrouet. Anodonta Millelii. Recluz. Seplifer. Rediield. Coquilles nouvelles. Redtenbacher. Gênera des coléop- tères d'Allemagne. Re^nault, ReJset et Milon. Respi- ration des animaux. Reiche. Chenilles de Phalsbourg. Reisel,Milon et Regnault. Respi- 178 ration des animaux. Repos. Scorsonère remplaçant le Mûrier. Robert Siiperfélation d'un I^apin. Robin. OEuf des mâles et des fo- inelles desanimaux etvegétaux. 287, 314, Robineau-Desvoidy. Myodairesde Paris. Rouzet. AbrsBtis rliombophorus el Philothermus Monlandonii, 124.— Geoirupes hypocrila, 219. — Hyphidrus variegatus. 319 185 *88 Rouauil" Irilobites (organ. ). 215,250 Saco, Poules (nairit. avec de l'orge), 29 Salle. Coléoptères de l'Amérique méridionale , 286. ~ Reptiles (fécondation artificielle). 312 Schaum. Goliathides. 285 Scbimper. Bouquetin sp. nov. et Capra hispanica. 90 Schinz. MeliclisBeckii, 176.— Sus penicillatus. 152 Schoenberr. Mantissa Curculioni- dum. 84 Selys-Longchamps (de). Libellules d'Europe, i5. - Oiseaux brévi- pennes. 292 Signoret. .4gonosoma flavicinc- tum. 185 Sirickland. TheDodo and bis kin- dred. 306 Suffrian et Fairmaire (L.). Cryp- tocèphales d^Europe. 219 Valenciennes. Dauphin à deux tèles. 283 Valîot. Clythra 4-punctata (larve). 18O Vanner. (Circulation du sang. 155 VerreauX (Jules;. Animaux de Tasmanie, 70. — Ornithorhyn- que. 127 Waiia. Chlorops laeia, 49. — Oph- Ihalmicus prilloïde,^. 121 Walckenaër. Epeira apoclyssa. 188 Walter. Observations physiolo- giques. 156 Wesiwood. Cabinet d'entomologie orientale. 309, 371 Whlte. Coléoptères de la Nouvelle- Zélande du voyage de l'Erebus et du Terror. 20, 54, 76, 110 FIN DE LA TABLE. >^%-