EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE RÉSULTATS DU VOYAGE DU S. Y. BELGICA EN 1897-1898-1899 .4 SOUS LE COMMANDEMENT DE A. DE GERLACHE DE GOMERY RAPPORTS SCIENTIFIQUES PUBLIÉS AUX FRAIS DU GOUVERNEMENT BELGE, SOUS LA DIRECTION •v^- DE LA COMMISSION DE LA BELGICA ZOOLOGIE MOLLUSQUES (AMPHINEURES, GASTROPODES ET LAMELLIBRANCHES) PAR PAUL PELSENEER CÉPHALOPODES PAR L. JOUBIN ANVERS IMPRIMERIE J.-E. BUSCHMANN RE1IPART DE LA PORTE DU RHIN* igo3 MOLLUSQUES (AMPHINEURES, GASTROPODES ET LAMELLIBRANCHES) PAUL PELSENEER (Gand) **s* R 14 Sorti des presses de J.-E. BUSCHMANN, Anvers le i5 Juillet ioo3. MOLLUSQUES AMPH1NEURES, GASTROPODES ET LAMELLIBRANCHES) PAUL PELSENEER (Gand) AVANT-PROPOS L'Expédition antarctique, organisée et dirigée par le commandant de Gerlache, a rapporté : i° Quelques Mollusques littoraux des terres polaires australes ; 2° D'assez nombreuses espèces « côtières » et planctoniques profondes des mêmes parages ; 3° Diverses formes littorales de la région magellanique : ces dernières intéressantes pour l'étude comparative de la faune antarctique, à cause de la proximité relative des deux districts. Les quelques Céphalopodes et Scaphopodes sont décrits dans des parties spéciales (respectivement par MM. Joubin et Plate) ; tous les autres Mollusques (Amphineures, Gastropodes et Lamellibranches) le sont dans le présent mémoire. La collection qui m'a été confiée, ayant été parfaitement préparée par les soins attentifs de M. Racovitza, a pu être étudiée à un triple point de vue : i° détermination des espèces; — 2° anatomie et embryologie ; — 3° biogéographie, — d'où la division du travail ci-après en trois parties correspondantes, dont voici le sommaire : I. Systématique. i. Espèces magellaniques. 2. Espèces antarctiques : i° littorales ; 2° côtières ou fondicoles ; 3° planctoniques. IL Morphologie. 45953 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE III. Biogéographie. i. Comparaison des espèces antarctiques et « subantarctiques » : i° Limite mutuelle des aires antarctique et subantarctique ; 2° Subdivisions de la région subantarctique ; 3° Relations anciennes des districts subantarctiques entre eux ; 4° Comparaison des espèces antarctiques et subantarctiques littorales ; 5° Comparaison de la faune malacologique antarctique fondicole avec les faunes antarctique et subantarctique littorales. 2. Comparaison de la faune antarctique fondicole avec l'abyssale générale. 3. Comparaison de l'ensemble des faunes antarctique et subantarctique avec l'arctique. 3i Décembre iqoa. Le PARTIE SYSTÉMATIQUE (') I. — ESPECES MAGELLANIQUES Toutes ces formes, recueillies dans les détroits de la Terre de Feu, sont connues. En voici l'énumération : i. — Ischnochiton imita tor Smith (2). Provenance : N° 55. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, île Londonderry, Canal Français, sur et sous les pierres, un peu au-dessous du niveau des hautes mers. Distribution géographique : Amérique du Sud : 1. Côte Pacifique depuis le 33e degré S. environ (Talcahuano ; ile Juan Fernandez) ; 2. Détroits de la Terre de Feu : Tom Bay; Canal de Cockburn ; Canal du Beagle; 3. Côte Atlantique : iles Malouines. 2. — Callistochiton puniceus (Gould). Provenance : N° 55. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur et sous les pierres, un peu au-dessous du niveau des hautes mers. Distribution géographique : Détroit de Magellan, Baie Orange, Canal de Cockburn, Canal du Beagle. Espèce mérobranche, mésomacrobranche, pourvue d'yeux palléaux. 3. — Tonicia fastigiata Gray. Provenance : N° 55. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur et sous les pierres, un peu au-dessous du niveau des hautes mers. N° 118. — Même station que le numéro précédent, parmi les Algues sur de gros Priait- cancellata pris sur les rochers à basse mer (individus très jeunes : voir partie morphologique, yeux palléaux). N° 17g. — 4 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, sous les pierres à basse mer. Distribution géographique : Détroit de Magellan, Tom Bay, Punta Arenas. (1) Certaines formes litigieuses ont été soumises à l'examen de M. Ph. Dautzenbekg (Paris), dont la grande expérience fait autorité en matière conchyliologique. Je tiens à le remercier ici pour son obligeant concours, ainsi que M. Edg. Smith (Londres), auquel je dois certains renseignements bibliographiques. (2) Smith, Report on the Zoological Collections made during the voyage of H. M. S. « Alert ». (Proc. Zool. Soc. Londou, 1881, pi. IV, fig. i3.) EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE 4. — Plaxiphora raripilosa (Blainville) (). Provenance : Nos 89 et 112. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile London- derry, Canal Français, sous les pierres, au niveau des basses mers. X" 102. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, sous les pierres, à basse mer. N° 114. — 29 novembre 1897. — Baie de la Pointe Santa Anna, près de Port-Famine, détroit de Magellan, sous les pierres, à basse mer. Distribution géographique : Amérique du Sud : 1. Côte Pacifique, depuis 410 S. environ (Chili : Puerto Mont, Canal de Smyth) ; 2. Canaux de la Terre de Feu : Canal de Cockburn, Admirality Sound, Punta Arenas, Baie Orange, Cap Horn ; 3. Côte Atlantique : îles Malouines. 5. — Fissurella Darwini Reeve. Provenance : N° n5. — 29 novembre 1897. — Baie de la Pointe Santa Anna, près de Port-Famine, détroit de Magellan, sur des pierres, à basse mer. Distribution géographique : Canaux de la Terre de Feu. 6. — Fissurella maxima Sowerby, var. concinna Philippi. Provenance : N° 48. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sous les pierres, à basse mer, à quelques centimètres au-dessous du niveau des hautes mers. N° i5g. — 2 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, sur une fronde de Macrocystis pyrifera. Distribution géographique : Amérique du Sud : 1. Côte Pacifique, Chili depuis Valparaiso ; 2. Canaux de la Terre de Feu, Baie Orange ; 3. Côte Atlantique : Santa Cruz (et jusque Rio de Janeiro ?). 7. — Photinula violacea (King) (2). Provenance : N° 10. — 14 décembre 1897. — Hope Harbour, île Clarence, Magdalena Sound, sur Macrocystis pyrifera. Var. priiinosa. N° 5i. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur Macrocystis pyrifera. Distribution géographique : S. W. de la Patagonie. Détroit de Magellan jusqu'à l'Est (Punta Arenas, Baie Orange), Santa Cruz, Cap Horn. 8. — Nacella mytilina (Helbling) (3). Provenance : N° g. — 14 décembre 1897. — ■ Hope Harbour, ile Clarence, Magdalena Sound, sur Macrocystis pyrifera. (1) = Chiton setiger King. — La localité « Cap de Bonne-Espérance » (Gray) est douteuse ; il est très douteux aussi que Chiton biramosus Quo}- et Gaimard (Nouvelle-Zélande) soit sj'nonyme. (2) = Margatita magellanica Hombron et Jacquinot. (3) = Nacella cymbalaria Lamarck, N. cymhium Philippi, N. hyalina Philippi. MOLLUSQUES N° 57. — iS décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur les tiges et surtout sur les frondes de Macrocystis pyrifera. N° 172. — ■ 2 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, sur les frondes de Macrocystis pyrifera. Espèce très polymorphe, qui a reçu des noms variés. Les diverses formes passent assez bien de l'une à l'autre, même celle à sommet marginal (n° 172, dite hyalina). Un spécimen avait un Copépode semi-parasite, de la famille des Lichomolgidse, dans la cavité palléale ; celui-ci sera décrit par M. Eug. Canu. Distribution géographique : 1. Canaux de la Terre de Feu : Port-Famine, Baie Orange, Canal du Beagle ; 2. Ile Kerguelen. 9. — Nacella aenea (Martyn). i° Var. deaurata Gmelin. Provenance : N° io3. — 2 \ décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, sous les pierres à marée basse. N° 182. — 2 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, sur une fronde de Macrocystis. N° 234. — 4 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, à mer basse, sur des rochers (avec Nacella varicosa, Siphonaria Lessoni, etc.). Distribution géographique : 1. Amérique du Sud : Détroit de Magellan, îles Malouines et côte Atlantique jusqu'au 5oe degré S. ; 2. Ile Kerguelen. 2° Var. magellanica Gmelin. Provenance : N° 82. — 14 décembre 1S97. — Hope Harbour, ile Clarence, Magdalena Sound, sur les rochers et les pierres, à basse mer. N° io3. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, sous les pierres, à basse mer, avec Pla.viphora raripilosa. A cette station, les individus se rapportent à la sous-variété (ex colore) mctallica Mabille et Rochebrune. Distribution géographique : 1. Amérique du Sud : Chili, depuis 420 3o' S., îles Chiloe, Canaux de la Terre de Feu ; 2. Ile Kerguelen ; 3. Ile Auckland. 3° Var. varicosa Reeve (')• Provenance : N° 5o. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sous les pierres, à basse mer, à quelques centimètres au-dessous du niveau des hautes mers. N° io3. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, sous les pierres, à basse mer. N° 234. — 4 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, à mer basse, sur les rochers. Distribution géographique : S. W. de l'Amérique méridionale, Canaux de la Terre de Feu (Passage Talbot, Baie Angot). (1) = Àr. atramentosa Reeve, ÏV. venosa Reeve, N. chiloensis Reeve. EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE 10. — Laevilittorina caliginosa (Gould). Provenance : N° 67. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, en grand nombre sous les pierres, au plus haut niveau des marées, avec Lasœa rubra, jeunes Mytilus, etc. N° 118. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, parmi les Algues couvrant des Priene cancellaîa trouvés sur les rochers, à basse mer. Distribution géographique : 1. Détroit de Magellan; 2. Géorgie du Sud ; 3. Ile Kerguelen. 11. — Hydrobia antarctica Philippi ('). Provenance : N° 8g. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, parmi les Algues sur les Plaxiphora raripilosa trouvés sous les pierres, au niveau des basses mers. N° 118. — Même station que la précédente, parmi les Algues sur Priene cancellata. Distribution géographique : Détroit de Magellan. 12. — Euthria plumbea (Philippi) (2). Provenance : N" 58. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur Macrocystis pyrifera. N° 104. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, dans les paquets de moules, sous les pierres, à marée basse. N° 235. — ■ 4 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, à mer basse sur les rochers. Distribution géographique : Canal du Beagle, Détroit de Magellan, Punta Arenas, Baie Orange ; Santa Cruz. i3. — Yoluta magellanica Chemnitz. Provenance : N° 61. — iS décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sous une pierre, un peu au-dessous du niveau des hautes mers ; pontes. N° 116. — 28 septembre 1897. — Port-Famine, Détroit de Magellan, à mer basse, sur le sable vaseux du fond de la baie. Distribution géographique : Détroit de Magellan et Océan Atlantique, sur la côte de Patagonie. 14. — Trophou geversianum (Pal las) ("'). Provenance : N° 118. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur les rochers, à basse mer. N° 255. — 4 janvier 1S98. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, à mer basse, sur les rochers. (1) Philippi, Conchylia nova potissimum magellanica. {Malakozool. BUitter, vol. XV, 186S, p. 224.) (2) = Euthria rufa Hombron et Jacquinot. (3) = Trophon magellanicum Lamarck et T. lamellosum Dillwyn. MOLLUSQUES Espèce éminemment variable ; la variété lirata Couthouy (tenue pour espèce distincte par Watson) est reliée à la variété philippiana (Dunker) par une forme intermédiaire (n° 255). Distribution géographique : i. Amérique du Sud : Canaux de la Terre de Feu (Punta Arenas, Port-Famine, Elisabeth Island [Est du détroit de Magellan], Baie Orange [île Hoste], Lapataïa et Ushuaïa [Canal du Beagle]) ; 2. Heard Island (au Sud de Kerguelen : expédition du Challenger). i5. — Priene cancellata (Lamarck) ('). Provenance : N° 118. — ■ 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur les rochers, à basse mer. Distribution géographique : 1. Amérique du Sud : 1. Côte Pacifique depuis 5o° S. (Trinidad Canal), Canaux de la Terre de Feu, Tom Bay, Canal du Beagle, Portland Bay, Cap Horn ; 2. Ile Marion (expédition du Challenger) ; Cap de Bonne-Espérance. 16. — Siphonaria Lessoni, Blainville. Provenance : N° 5o. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sous les pierres à basse mer, à quelques centimètres au-dessous du niveau des hautes mers. N° 85. — 14 décembre 1897. — Hope Harbour, île Clarence, Magdalena Sound, sur les rochers et les pierres, à basse mer. N° io3. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, sous les pierres, à basse mer. N° 234. — 4 janvier 189S. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, à basse mer, sur les rochers. Distribution géographique : 1. Amérique du Sud : Côte Pacifique depuis 120 S. (Callao), Canaux delà Terre de Feu, Côte Atlantique, du Cap Horn jusqu'à 340 S. (Maldonado, Uruguay), îles Malouines ; 2. Tristan da Cunha ; 3. Ile Kerguelen. Une des rares espèces s'étendant vers l'équateur, sur les deux rivages de l'Amérique du Sud, avec Fissurella maxima Sowerby, si la localité « Rio de Janeiro » (British Muséum) est exacte, et Bullia gradata Lamarck (= Buccinanops cochlidium d'Orbigny), si la localité « Pérou » (Tryon) est correcte; à noter que Siphonaria est un Gastropode Pulmoné, tandis que les deux autres espèces ci-dessus sont des Prosobranches. 17. — Siphonaria lateralis Couthouy. Provenance : N° i38. — 29 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, au niveau des hautes mers. Distribution géographique : 1. Amérique du Sud, canaux de la Terre de Feu, îles Malouines ; 2. Ile Kerguelen (? île Auckland [fide Paul Fischer]). (1) = Murex magellanicus Chemnitz. 11 R 14 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Cette forme parait bien différente de la précédente, à laquelle Watson l'assimile (') ; elle n'en est même pas une forme régionale, puisque les deux types (sans transition) se trouvent au même endroit. 18. — Yoldia Woodwardi Hanley (2). Provenance : N° 108. — 24 décembre 1897. — Lapataïa, Canal du Beagle, dans le sable vaseux, à basse mer, se mouvant rapidement à l'aide de leur pied. Distribution géographique : Amérique du Sud, près des îles Malouines. Cette espèce n'a plus guère été signalée depuis Hanley. Elle se distingue nettement des autres formes australes (de Kerguelen et de la Géorgie du Sud) par sa forme courte, sa fossette ligamentaire très grande et ses dents petites et disposées en chevrons. Coquille inéquilatérale, à côté postérieur plus court et plus étroit que l'antérieur, bâillante aux deux extrémités : celles-ci sont arrondies, même la postérieure; épiderme brun verdâtre, brillant. Bord dorsal formé de deux lignes droites; bord ventral arqué; lunule indistincte; area nulle. Crochets non saillants, postmédians et dirigés en arrière. Ligne cardinale très courte, avec dix petites dents en chevrons de chaque côté ; fossette ligamentaire grande et trigone; sinus palléal assez large et s'étendant jusqu'au niveau de la fossette ligamentaire. Face intérieure légèrement bleuâtre, surtout vers les bords. Longueur : 20 millimètres ; largeur : i3 millimètres ; épaisseur : 5 millimètres. 19. — Mytilus magellanicus Chemnitz. Provenance : N° 56. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, fixés sur les frondes et les tiges de Macrocystis. N° 84. — 14 décembre 1S97. — Hope Harbour, île Clarence, Magdalena Sound, sur les rochers et les pierres, à basse mer. N° 107. — 24 décembre 1897. — Lapataïa, Canal du Beagle, dans le sable vaseux, à basse mer. N° 108. — Même station que le numéro précédent, formant des bancs continus sur tout le pourtour de la baie de Lapataïa, entre le niveau des hautes mers et celui des basses mers, mêlés au Mytilus infumatus Mabille et Rochebrune, mais beaucoup moins abondant. Nos 141 et 146. — 3 janvier 1898. — Porto Torro, ile Navarin, jeunes spécimens, sur les souches de Macrocystis pyrifera. N° 1066. — ■ Jeunes spécimens, sur une carapace d'Eurypodiiis Latreillei, sans localité indiquée. Distribution géographique. — 1. Amérique du Sud : Côte Pacifique depuis io° S. (Iquique); Canaux de la Terre de Feu, îles Malouines; 2. Ile Kerguelen; 3. Nouvelle- Zélande, îles Auckland, Chatham et Fidji. (1) Challenger Reports, Zoology, part XLII, p. 675. (2) Hanley, On some species of Xuculidae in the collection of M. Cuming. (Pioc. Zool. Soc. London, 1860, p. 370.) — Sowerby, Thésaurus Conchyliorum, vol. III, p. 140, pi. 223, fig. 17 et 22. MOLLUSQUES 20. — Mytilus infumatus Mabille et Rochebrune. Provenance : N° 56. — iS décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur les frondes et les tiges de Macrocystis. N° 67. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, jeunes individus, sous les pierres, au plus haut niveau des marées. N° 84. — 14 décembre 1897. — Hope Harbour, ile Clarence, Magdalena Sound, sur les rochers et les pierres, à basse mer. N° 108. — Même station que le numéro 67, formant des bancs continus tout autour de la baie, entre le niveau de la haute et de la basse mer, au milieu de Mytilus magellanicus, mais beaucoup plus abondants. N° 233. — 4 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, à mer basse, formant des bancs continus. Les numéros 84 et 233 constituent deux formes différentes de cette espèce ; les individus du premier type sont plus allongés et ont en conséquence le muscle adducteur postérieur (et son impression sur la coquille) situé plus en arrière et dorsalement. Distribution géographique : Canaux de la Terre de Feu, Baie Orange. 21. — Pecten (Pseudamussium) natans Philippi. Provenance : N° 56. — 18 décembre 1897. — ■ Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, posés sur les Macrocystis et nageant avec agilité dès qu'ils sont inquiétés. Distribution géographique : Amérique du Sud : Côte Pacifique depuis 480 S. (Canal de Messier), Canaux de la Terre de Feu. 22. — Modiolarca trapezina Lamarck. Provenance : N° 56. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, sur les Macrocystis. X 170. — 2 janvier 1898. — Harberton Harbour, Canal du Beagle, sur les Macrocystis. Distribution géographique : 1. Amérique du Sud : Canaux de la Terre de Feu, îles Malouines, Géorgie du Sud ; 2. Iles Marion et Kerguelen ; 3. Iles Auckland. Ce genre est incubateur (dans les deux lames branchiales) ; au sujet de sa position systématique, voir la partie morphologique. 23. — Lassea rubra Montagu. Provenance : N° 67. — 24 décembre 1S97. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, nombreux sous les pierres, au plus haut niveau des marées. N° 118. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, parmi les Algues couvrant les Priene cancellata, pris sur les rochers, à mer basse. Distribution géographique : Cosmopolite. 24. — Mactra edulis King. Provenance : N° 107. — 24 décembre 1897. — Baie de Lapataïa, Canal du Beagle, dans le sable vaseux, à basse mer. EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE N° 118. — 18 décembre 1S97. — Baie du Torrent, île Londonderry, Canal Français, jeunes individus, parmi les Algues couvrant de gros Pricne cancellata, pris sur les rochers, à basse mer. Distribution géographique : Canaux de la Terre de Feu, Port-Famine. 25. — Saxicava arctica Linné. Provenance : N° 118. — 18 décembre 1897. — Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français, parmi les Algues sur des Pricne cancellata, pris à basse mer, sur les rochers. Jeunes individus, de la forme spinifera. Distribution géographique : Universelle. 26. — Teredo Martensi Stempell ('). Provenance : N° 80. — 22 décembre 1897. — Baie d'Ushuwaïa, Canal du Beagle, dans la coque d'un bateau qui était resté dix-huit mois dans la baie : en certains endroits, les tarets, après avoir traversé la première doublure, ont profondément pénétré dans la seconde. Cette forme, à palettes articulées (s. g. Xylotrya), est un peu polymorphe : certains individus, assez grands et manifestement intacts, ont l'area postérieure presque nulle, en tout cas bien moins développée que chez le spécimen décrit par Stempell; par contre, quelques autres ont cette aire postérieure plus développée que dans ce dernier. Distribution géographique : Punta Arenas. * Pour me conformer à l'usage suivi dans les autres rapports zoologiques, je donne ici le tableau des espèces recueillies à chaque station : (1) Stempell, Die Muscheln der Sammlung Plate. (Zoo!. Jahrb., Suppl. Bd IV, p. 240, pi. XII, fig. 24-27.) TABLEAU DES ESPECES DE MOLLUSQUES MAGELLANIQUES PAR STATIONS Dates Localités Habitats Espèces recueillies 28 septembre 1897 2g novembre 1897 14 décembre 1S97 18 décembre 1897 22 décembre 1897 24 décembre 1897 29 décembre 1897 2 janvier 1898 3 janvier 1898 4 janvier 1898 Fond de la baie de Port- Famine (détroit de Magellan). Baie de la Pointe St;i An- na, près de Port-Famine. Hope Harbour, île Cla- rence, Magdalena Sound. Baie du Torrent, ile Londonderry, Canal Français. Baie de Ushuwaïa, Canal du Beagle. Baie de Lapataïa, Canal du Beagle. Baie de Lapataïa, Canal du Beagle. Harberton Harbour, Canal du Beagle. Porto Torro, ile Navarin. Harberton Harbour, Canal du Beagle. A mer basse, sur le sable vaseux. Sous les pierres, à basse mer. Divers. Divers. Dans la coque d'un bateau. Divers. Au niveau des hautes mers. Sur Macrocystis. Sur Macrocystis. Divers. Voluta magellanica. Plaxiphora raripilosa , Fissurella Darwini. Photinula violacea, Nacella myti- luia, Nacella aenea (var. ■magellanica), Siphonaria Lessoni, Mytilus magella- nieus, Mytilus infumatus. Ischnochiton imitator, Callistochitou puniceus, Tonicia fastigiata, Plaxi- phora raripilosa, Fissurella maxima (var. continua), Photinula violacea (var. pricinosa), Nacella mytilina, Nacella aenea (var. varicosa), Laevi- littorina caliginosa, Hydrobia antarc- tica, Euthria plunibea, Voluta magel- lanica (pontes), Trophon geversianum, Priene canccllata, Siphonatia Lessoni, Mytilus magellanieus, Mytilus infu- matus, Pectcn natans, Modiolarca tra- pezina, Lasœa rubra, Mactra edulis (juv.), Saxicara arefiea. Teredo Marteusi. Plaxiphora raripilosa, Nacella aenea (va.Y.de uiraia, magellanica etvaricosa), Euthria plunibea, Siphonaria Lessoni, Lacvilittorina caliginosa, Yoldia Wood- wardi, Mytilus magellanieus, Mytilus infumatus, Laseea rubra, Mactra edulis. Siphonaria lateralis. Fissurella maxima (var. concinna), Nacella mytilina, Nacella aenea (var. deaurata), Modiolarca trapezina. Mytilus magellanieus (juv.). Tonicia fastigiata, Nacella aenea (var. deaurata et varicosa), Euthria plunibea, Trophon geversianum, Sipho- naria Lessoni, Mytilus infumatus. i4 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE II. — ESPECES ANTARCTIQUES Celles-ci appartiennent à trois habitats bien différents : les premières sont strictement littorales, d'autres étant côtières ou fondicoles, les dernières, planctoniques. 1 Formes littorales Elles proviennent : A. de quatre débarquements dans le détroit de Gerlache (ier, ile Auguste ; 2e, île Moreno ; 6e, ile des Two Hummocks ; ioe, à l'intérieur de l'ile Brabant) ; — B. de petites mares dans le pack. A. I. — Nacella adiea (Martyn), var. polaris Hombron et Jacquinot. N° 492. — 24 janvier 1898, 2e débarquement, ile Moreno, déposées sur les roches nues par Larus dominicanus et d'autres oiseaux de mer : on trouve les coquilles vides par petits tas. — N° 493. — 3o janvier 189g, 10e débarquement, île Brabant : coquilles recueillies sur un « nunatak » (pic libre) à 35o mètres d'altitude, dans l'intérieur de l'ile. — N° 232. — 26 janvier 1898, débarquement Ia, ile Auguste, très abondant sur les rochers, au niveau des basses mers, dans les endroits bien abrités. Je ne puis accepter de considérer « Patclla polaris » comme une espèce distincte. C'est une des nombreuses variétés de la très polymorphe Nacella acnca : elle se rapproche même particulièrement de la var. deaurata (surtout certains exemplaires du n° 492). Ces nombreuses variétés sont elles-mêmes polymorphes et parfois mal tranchées : c'est ainsi que plusieurs individus du numéro 492 ont les côtes très peu saillantes et ressemblent jusqu'à un certain point à la var. varicosa. Distribution géographique : Ile Powell (Orcades du Sud) ; Géorgie du Sud. 2. — Laevilittorina elongata n. sp. (FiS. 58.) N° 218. — 26 janvier 1898, 6e débarquement, ile des Two Hummocks, tout en haut de la limite des marées. Coquille ovoïde-allongée, à spire élancée et à sommet aigu, comprenant cinq tours un peu convexes, dont le dernier n'est pas, relativement, plus élargi. — Ouverture allongée, occupant plus de la moitié de la hauteur de la coquille, aiguë vers le sommet, largement arrondie au côté opposé ; la largeur de cette ouverture n'est que les — de sa propre longueur. Columelle concave ; pas d'ombilic sensible ; bord externe de l'ouverture mince (et, comme dans les autres Laevilittorina, non calcifié). Couleur : uniformément noir brunâtre. MOLLUSQUES i5 Opercule paucispiré, à sommet excentrique, formé de deux tours, et divisé — plus ou moins parallèlement au bord extérieur — en deux régions, dont l'extérieure, plus étendue, est plus sombre. Dimensions : hauteur, 4 millimètres ; largeur maximum, 2.5 millimètres. 3. — Cyamium subquadratum n. sp. (Fig. 124.) N° 217. — 26 janvier 1898, 6e débarquement, île des Two Hummocks, tout en haut de la limite des marées. Coquille petite, allongée et aplatie, très inéquilatérale, à côté antérieur très court et beaucoup moins haut que le postérieur ; côté postérieur large jusqu'en arrière, où il est presque tronqué ; bord ventral entièrement convexe, sans sinuosité ; crochet ne faisant pas saillie antérieurement. Fossette ligamentaire interne, en arrière des dents cardinales ; pas de sinus palléal. Couleur : brun rougeàtre. Dimensions : longueur, 3.5 millimètres ; hauteur, 2.2 millimètres. L'animal a l'orifice anal parfaitement séparé, mais sans siphon. B. 4. — Tergipes antarcticus n. sp. IFig. 66 à 6g.) Nos S4.3 et I25q. — Fin décembre 189S à commencement janvier iSgg, vers 700 S. et 85° AV., dans la banquise, sur les Algues du trou à eau, près de la surface, où l'eau était presque douce. Tentacules antérieurs gros, rhinophores lisses et allongés; papilles dorsales cylindriques, disposées de chaque côté sur une seule rangée et en petit nombre ; les appendices de la première paire seule, ou des deux premières paires seulement, sont allongés : les quelques derniers sont toujours très courts et ont l'apparence de moignons. Raclula unisériée (fig. 6g) ; mandibule à bord denticulé ; otocyste à un seul otolithe (fig. 68, ot.) ; pénis inerme. Couleur : corps transparent, incolore ; intestin faiblement orangé ; yeux noirs. Dimensions : longueur maximum (en alcool), 1.3 millimètre. 2° Formes fondicoles Elles proviennent de douze stations seulement : dans deux de celles-ci, on opéra au moyen du chalut ; dans les dix autres, à l'aide de fauberts. Le fond, par 5oo mètres en moyenne, s'est toujours montré très riche, par exemple le 18 octobre i8g8, où le faubert a ramené une dizaine d'espèces. La faune, ne renfermant guère que des formes nouvelles, a un aspect abyssal caractéristique. 16 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE i. — Leptochiton belgicse n. sp. (Fig. i. N° 674. - - 18 octobre 1898, 700 00' S. et 8o° 48' W., par 5oo mètres environ, Faubert VIII. Leptochiton à valves pourvues de tubercules sur les aires latérales seulement (les aires jugales et pleurales en sont privées) ; le reste de la coquille est strié. Les tubercules latéraux sont saillants, gros et serrés ; pour le reste, l'ornementation ressemble à celle de L. Kcrgitclensis Haddon ('). — La zone périphérique du manteau porte des spicules écailleux. Couleur des valves : blanchâtre. Branchies occupant seulement la partie postérieure ; les rangées branchiales (formées de cinq ou six branchies) se continuent jusqu'à l'anus : la plus grande branchie est en avant des dernières (type mésomacrobranche). Dimensions : longueur, environ 4 millimètres ; largeur, près de 3 millimètres. Le genre Leptochiton comprend les vrais Chitons abyssaux, rencontrés dans l'Océan Pacifique jusqu'à 4,206 mètres; dans les régions polaires N. et S., on les observe à des profondeurs moindres. 2. — Pronemenia Gerlachei Pelseneer. (Fig. 6 — 9.) X" 648.- — 18 octobre 1S9S, 7o°oo'S. et 8o° 48' W., par 5oo mètres environ, Faubert VIII, peut-être sur l'Hydraire n° 65g, lui-même fixé sur Boltema n° 638. Tète et extrémité postérieure légèrement élargies, la seconde acuminée, la première plutôt tronquée et un peu excavée en son milieu. Bouche et ouverture cloacale ventrales ; organe sensoriel dorsal circulaire, en arrière du diamètre maximum de la partie postérieure. Spicules aciculaires, droits, à cavité interne allant jusqu'auprès de la pointe libre (contrairement à P. thulensis : ce n'est donc pas un caractère générique; la même disposition s'observe d'ailleurs dans Rhopalomenia acuminata et la disposition contraire dans Rh. vagans). Ces spicules, peu saillants et presque tangentiels, forment plusieurs couches. Radula polystique, à dents nombreuses (un peu plus de quarante) sur une même rangée transversale. Deux longues glandes salivaires et, en plus, une glande buccale dorsale médiane (comme chez Nematomenia flavens, mais à structure différente : voir IIe Partie). Une seule paire de vésicules séminales. Pas de glande « byssogène » ni « cloacale ». Couleur : brun (meleus foncé, Saccardo). Dimensions : longueur totale 4.5 centimètres ; largeur : o.25 centimètre ; indice : — (comme chez P. australis Thiele). Cette espèce, la plus grande des formes de ce remarquable groupe des Neomeniidae rapportées par la Belgica, est dédiée au Chef de l'Expédition antarctique belge. (1) Haddox, Report on the Polyplacophora. Zoology Challenger Expedit., part XLIII, pi. II, fig. 3. MOLLUSQUES 17 3. — Paramenia cryophila Pelseneer. Fig. 22 — 25. N° 649. — ■ 18 octobre 1898, 7o°oo'S. et 8o° 48' W., par 5oo mètres, Faubert VIII, avec l'espèce précédente. Corps cylindrique assez allongé, sans trace de carène dorsale, même postérieurement ; tête arrondie ; extrémité postérieure élargie, tronquée, fendue (l'ouverture cloacale étant posté- rieure, terminale et sensiblement verticale, tandis que l'orifice buccal est ventral et allongé) ; le sillon pédieux n'est pas nettement continu avec le cloaque. Les spicules sont tous aciculaires, légèrement courbes, à cavité interne terminée loin de la pointe libre ; quelques-uns ont le côté le plus courbé de la pointe légèrement denticulé, en scie (fig. 25, III). Ces spicules sont, en beaucoup d'endroits, fort longs et très saillants au delà du revêtement cuticulaire. Ce dernier renferme d'assez nombreux prolongements papillaires. Radula bien développée. Branchies au nombre de quatre seulement. Une paire de vési- cules séminales, des bourrelets ciliés «oviducaux», comme chez Paramenia sierra (') ; ouverture génitale à la partie antérieure du cloaque, peu éloignée cependant de l'ouverture extérieure, le cloaque étant peu profond. Couleur : blanchâtre, brillante à cause de l'éclat des spicules. Dimensions : longueur totale, 5 millimètres ; largeur, o,5 millimètre ; indice : y (au lieu de — chez les espèces précédemment connues du genre). 4. — Scissurella euglypta n.*sp. [Fig. 43 à 45.) N° 780. — 20 décembre 1898, 700 i5' S. et 840 06' W., Faubert X, 56g mètres. N° 998. — 28 mai 1898, 71° 19' S. et 870 3y' W., Faubert VI, vers 400 mètres. N° io3o. — 29 novembre 1898, 700 20' S. et 83° 23' W., Faubert IX, vers 459 mètres. Coquille mince et fragile, à spire déprimée et à tours croissant rapidement. Surface uniformément réticulée, tant au-dessous qu'au-dessus de la « bande fissurale ». Cette dernière est visible jusque vers le sommet, n'étant pas couverte par la suture des premiers tours. Couleur : blanche, subtransparente. Dimensions : hauteur, 5 millimètres ; diamètre maximum, 3.5 millimètres. Opercule circulaire, multispiré, transparent. Six tentacules épipodiaux de chaque côté, en comprenant le tentacule postrhinophorique (fig. 44) ; tous sont pareils : dans S. costata, il y en a cinq, dont les quatre derniers par groupe de deux, différents, l'un étant cespité, l'autre cylindro-conique. Il y a en outre un long tentacule au fond de la fente palléale (fig. 44, 45, te pa). Dans S. costata, « on constate souvent la présence, à l'extrémité caecale de l'échancrure, d'un petit cirre cylindro-conique papilleux (2) ». A ce point de vue encore, les deux espèces diffèrent donc aussi. (1) Pruvot, Sur l'organisation de quelques Néoméniens des côtes de France. {Arch. Zool. exper., sér. 2, t. IX, p. 787.) (2) Vayssière, Étude zoologique de la Scissurella costata, var. lœvigata. (Journ. de Conchyl., 1894, p. 8.) III R 14 18 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE En outre, chez 5. euglypta, les deux bords de l'échancrure sont également tuberculeux (fig. 44, pa). Espèce beaucoup plus aplatie que la généralité des autres formes de Scissurella, d'ailleurs plus petites : costata d'Orb., crispata Flem., supraplicata Smith, umbilicata Jeffr., conus d'Orb., œdonia Watson, etc., qui ne dépassent guère i.5 millimètre. Elle ressemblerait plutôt à 5. Mantelli Woodw. ('), mais est beaucoup plus grande (cette dernière n'ayant que o.g millimètre de diamètre) ; elle se rapproche surtout, par la forme, de 5. Richardi Dautzenberg et Fischer (z), mais sa surface est entièrement treillissée — et non pas seulement en dessus — et sa bande suturale est visible jusque vers le sommet. 5. — Propilidium sp. N° g85. — 18 octobre 1898, 700 48' S. et 8o° W., par 5oo mètres, Faubert VIII. Coquille capuliforme, peu élevée, mince, luisante et translucide, à surface ornée d'un treillis facilement visible à un grossissement de X 18 ; ce treillis est composé de côtes rayon- nantes séparées par des espaces plus larges et de saillies concentriques moins rapprochées encore que les côtes rayonnantes. Le sommet manquait dans l'unique spécimen récolté, mais devait être central ou à très peu près ; ouverture ovale. Couleur : blanche. Dimensions : longueur, 1.7 millimètre ; largeur, 1.3 millimètre ; hauteur probable, 0.7 millimètre. La coquille n'étant pas suffisamment intacte, je ne me permets pas de lui imposer un nom. 6. — Tharsis globosa n. sp. Fig. 46. 46'.) N° g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 8o° 48' W., par 5oo mètres, Faubert VIII. Coquille turbinée, forte et épaisse, à spire un peu obtuse. Tours convexes dont le dernier est grand et descend vers l'ouverture. Surface lisse, à peine marquée, sur le dernier tour, de quelques stries de croissance. Ouverture subcirculaire, à péristome un peu interrompu par le tour précédent ; ombilic presque nul ; labre simple. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur, 1.6 millimètre ; diamètre maximum, r.5 millimètre. Opercule circulaire, transparent, multispiré, à sommet central (fig. 46'). 7. — Margarita lamellosa n. sp. (Fig. 47.] N° io3o. — 29 novembre 1898, 700 20' S. et 83° 23' W., vers 459 mètres, Faubert IX. Coquille à spire conique, en escalier, formée de cinq tours anguleusement bicarénés (la carène ombilicale étant cachée par le tour suivant) ; surface ornée dès le deuxième des tours (1) Woodward, Proc. Zool. Soc. London, i85g, p. 202, pi. XLVI, fig. 8 : S. Mantelli (Nouvelle-Zélande). (2) Dautzenberg et Fischer, Dragages effectués par l'« Hirondelle » et par la «Princesse Alice ». (Mém. Sec. Zool. France, i8g6, p. g3, pi. XXI, fig. 33.) MOLLUSQUES 19 (perpendiculairement à ceux-ci et du côté de la spire) de lamelles de croissance rapprochées et saillantes; columelle légèrement tordue; ouverture polygonale (le labre est brisé sur l'unique individu recueilli). Couleur : brun jaunâtre clair. Dimensions : hauteur, 4 millimètres ; diamètre maximum, 3.5 millimètres. Forme appartenant au groupe des M. cinerca Couthou)- et M. rJiina Watson, mais à carènes plus saillantes et à stries de croissance plus marquées, en forme de plis lamelleux. 8. — Cyclostrema decussatum n. sp. (Fig. 48.) N° g85. — iS octobre 189S, 700 S. et 8o° 48' W., par 5oo mètres environ, Faubert VIII. Coquille turbinée, à spire élevée, ombiliquée, formée de quatre tours convexes séparés par une suture profonde. Surface ornée de minces côtes saillantes, en forme de crêtes, transver- sales aux tours, et de très fines stries décurrentes, serrées, perpendiculaires à ces côtes. Ouverture circulaire, ample, à bord continu et simple. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur et diamètre maximum, 2.5 millimètres. Opercule circulaire, multispiré, à sommet central. Cette espèce se rapproche le plus du C. conicum Watson (*) ; elle en diffère par une moindre hauteur relative : chez C. conicum, la hauteur l'emporte sur le diamètre maximum ; ici, ces deux dimensions sont égales. En outre, dans C. decussatum, la taille est plus grande, les côtes transversales plus nombreuses, la striation décurrente plus serrée et plus profonde. 9. — Cyclostrema liratulum n. sp. Fig. 5o.) N° g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 8o° 48' W., par 5oo mètres, Faubert VIII. Coquille turbinée, largement ombiliquée, à spire assez élevée. Quatre tours convexes croissant assez rapidement : les premiers lisses, le dernier et la moitié de l'avant-dernier ornés d'une dizaine de stries décurrentes plus ou moins parallèles. Ouverture arrondie, à peine échancrée dans le haut par le tour précédent, et à péristome continu et mince. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur et diamètre maximum, 1.1 millimètre. Opercule multispiré. Deux longs tentacules sans yeux (l'espèce précédente est oculée). (1) Watson, Report on the Gasteropoda, Zoolog}- of the Challenger Expédition, partXLI, p. 122, pi. VII, fig. 9. 20 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE 10. — Cyclostrema humile n. sp. Fig. 49-) N° io3o. — 29 novembre 1898, 700 20' S. et 83° 23' W., vers 459 mètres, Faubert IX. Coquille turbinée, modérément ombiliquée, à spire surbaissée, formée de près de trois tours et demi, croissant rapidement, séparés par une suture bien marquée et profonde ; la face des tours dirigée vers la spire est assez aplatie. Sur le dernier tour s'observent des traces de striation spirale peu régulière. Ouverture circulaire, à bord postérieur (dirigé vers la spire) aigu. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur et diamètre maximum, 0.6 millimètre. n. — Circulus perlatus n. sp. Fig. 5i. N° ioi3. — S octobre 1898, 70° 23' S. et 820 47' W., par 480 mètres, Faubert VII. Coquille discoïdale, très déprimée et aplatie, ombiliquée, tours tous dans un même plan, croissant rapidement et pourvus d'une carène extérieure aiguë, vers la mi-hauteur. La face du côté de la spire est garnie vers le dehors, et sa ligne la plus saillante, d'une rangée unique de tubercules saillants, presque contigus. Ouverture élargie transversalement, plus ou moins tétragonale, à labre aigu, légèrement échancré vers la suture. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur, 0.2 millimètre ; diamètre maximum, 0.75 millimètre. 12. — Capulus subcompressus n. sp. (Fig. 52 a 54.) N° g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 8i° W., par 55o mètres environ, Faubert VIII. Coquille mince, capuliforme et bilatéralement aplatie, assez allongée, mais peu élevée, à enroulement dextre, formée de trois tours très rapidement croissants, le déroulement commen- çant dès le dernier, dont le bord antérieur ou dorsal est presque rectiligne. Ouverture irrégulière- ment ovale, et plus étroite vers la spire, à deux côtés saillants vers le milieu. Surface concen- triquement striée d'une façon irrégulière par les marques de croissance. Couleur : blanche subhyaline. Dimensions : longueur, 3 millimètres ; hauteur, 2 millimètres ; largeur maximum, 1.5 millimètre. Cette espèce diffère de C. compressas Smith (') de la côte W. de la Patagonie, par son moindre aplatissement, sa moindre élévation et son déroulement plus rapide et plus complet. Elle vivait probablement fixée sur une tige étroite d'Echinoderme ou de Cœlentéré colonial. (1) Smith, Description of new species of Shells from the Challenger Expédition. (Proc. Zool. Soc. London, 1891, p. 437, pi. XXXIV, fig. 4.) Mi 'I.LUSOUES i3. — Rissoa (Setia) inflata n. sp. (Fig. 56, 5; ) N° ioi3. — 3 octobre 1898, 700 23' S. et 820 47' W., par 480 mètres, Faubert VII. Coquille mince, renflée, subperforée, à ombilic relativement étroit, à spire très courte, formée de trois tours et demi, convexes et rapidement croissants, le dernier très élargi. Surface lisse, à stries de croissance à peine marquées. Ouverture large, subcirculaire, à bord externe simple, à bord intérieur réfléchi. Opercule transparent, paucispiré, à nucleus excentrique. Pied pourvu des lobes latéraux (fig. 57). Couleur : blanche. Dimensions : hauteur, 0.8 millimètre; diamètre maximum un peu supérieur. 14. — Rissoa (Setia) columna n. sp. (Fig. 55.) N° ioi3. — 8 octobre 1898, 700 23' S. et S20 47' W., par 4S0 mètres, Faubert VII. Coquille assez mince, allongée, non ombiliquée, à sommet arrondi, formée de quatre tours et demi, très lentement croissants et modérément convexes. Surface lisse, à stries de croissance très peu distinctes. Ouverture un peu allongée, à bord mince et simple. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur, 2 millimètres ; diamètre maximum, 1 millimètre. i5. — Rissoa (? Ceratia) subtruucata n. sp. Fig. 59.) N° g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 80048' W., par 55o mètres, Faubert Mil. Coquille mince, conique, imperforée, à spire modérément élevée et à sommet subtronqué, formée de trois tours et demi croissant assez lentement, le dernier, toutefois, étant un peu élargi. Surface presque lisse, ornée seulement de stries spirales visibles sur le dernier tour. Ouverture un peu allongée, aiguë du côté de la spire, et à bord simple. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur, 2 millimètres ; diamètre maximum, 1.3 millimètre. 16. — Larve de Streptoneure. (Fig. 65.) N° g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 8o°48' W., par environ 5oo mètres, Faubert Mil. Coquille globuleuse, mince, « cornée » et assez largement ombiliquée, à spire presque nulle, formée d'un très petit nombre de tours carénés, croissant très rapidement. Ouverture large, subcirculaire, à bord extérieur polygonal, à six angles correspondant à autant de carènes presque équidistantes du dernier tour- (l'amorce d'une septième est même visible vers le bord interne de l'ouverture) ; les carènes sont partiellement garnies de poils saillants, rigides. EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Couleur : brunâtre clair. Dimensions : hauteur, i millimètre ; diamètre maximum, 1.2 millimètre. Un seul spécimen a été recueilli : il n'a pu, par conséquent, être examiné au point de vue anatomique, de sorte qu'il est difficile d'établir ses affinités. Cette forme ne me paraît pas être un Gastropode adulte du Benthos ; elle me semble bien plutôt être une larve planctonique capturée par le faubert, pendant la remonte de celui-ci. 17. — Sipho antarctidis n. sp. (Fig. 60.) N° 252. — 27 avril 1898, 700 S. et gi°54'W., par 35o mètres environ, Faubert I (jeune, fig. 60). X ' 1025. — 20 décembre 1898, 700 i5' S. et 840 06' W., vers 56g mètres, Faubert X (débris). Coquille assez épaisse, allongée et turriculée, aspire haute et aiguë, à sommet mamelonné, formée de cinq à six tours (une partie du dernier manque dans l'individu représenté) convexes, un peu anguleux, croissant lentement et se recouvrant à peine. Surface ornée de cordons spiraux parallèles, au nombre de six sur la partie visible des tours. Ouverture ovale, allongée, à columelle tordue, probablement prolongée (l'unique spécimen n'a pas l'ouverture intacte). Couleur : blanche. Dimensions : hauteur, 1.2 centimètre ; diamètre maximum, 1.5 centimètre. 18. — Leda ecaudata n. sp. (Fig- 77, 78-) N° g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 80048' W., par 5oo mètres, Faubert VIII. N° 1004. — 18 mai 1898, 700 54' S. et 920 16' W., vers 400 mètres, Faubert IV. N° 1018. — 11 mai 1898, 710 09' S. et 890 l5' W., par 460 mètres environ, Chalut I. XTo 1040. — 27 avril 1898, 700 48' S. et 910 54' W., par un peu plus de 410 mètres probablement, Faubert I. Coquille inéquilatérale, à côté antérieur haut et arrondi, à côté postérieur beaucoup plus court, peu élevé et pointu. Bord dorsal à extrémités antérieure et postérieure nettement anguleuses ; bord ventral arrondi et uni, sauf en arrière, où il est sinueux. Crochets arrondis, postérieurs et inclinés en arrière. Ligne cardinale forte, avec dents solides : dix en avant, huit en arrière ; fossette ligamentaire assez grande et profonde, ovoïde, située en avant des crochets. Surface extérieure lisse, marquée cependant de stries d'accroissement. Surface intérieure brillante ; impression palléale sinueuse ; impression de l'adducteur antérieur beaucoup plus grande que celle de l'adducteur postérieur. Couleur : vert olivâtre, due à l'épiderme. Dimensions : longueur, 3 millimètres ; hauteur, 2 millimètres. Recueilli seulement à l'état de valves séparées. MOLLUSQUES 23 19. — Leda oblonga n. sp. (Fig. 79, 80.J Nos 643 et gS5. — 18 octobre 1898, 70" S. et 8o°48' W., par 5oo mètres, Faubert VIII (individus pris vivants). N° io3o. — 2g novembre 189S, 70°2o'S. et 83° 23' W., vers 459 mètres, Faubert IX (valves séparées). N° 1020. — 14 mars 189g, 70° 40' S. et 102° i5' W., par 2,800 mètres, Chalut III. Coquille très inéquilatérale, convexe et allongée, à côté postérieur de beaucoup plus long ; bord dorsal anguleux, bord ventral régulièrement convexe ; extrémités arrondies. Crochets saillants ; ligne cardinale assez forte, sauf en son milieu ; neuf ou dix dents antérieures ; douze dents postérieures ; fossette ligamentaire petite, sous les crochets. Surface extérieure lisse, à stries de croissance très peu marquées. Couleur : vert olive. Dimensions : longueur, 4 millimètres ; hauteur, 2.6 millimètres. 20. — Bathyarca sinuata n. sp. Fig. 81, S2.1 Nos 283 et 289. — 11 mai 1898, 71° 09' S. et 890 i5' W., par 460 mètres environ, Chalut I (individus vivants et valves séparées). Nos 354, 1004 et 1046. — 18 mai 1898, 710 18' S. et 83° 02' W., vers 400 mètres, Faubert IV (individus vivants et valves séparées). No ggg. — 28 mai 1S98, 710 19' S. et 870 37' W., par 400 mètres environ, Faubert VI. N° 451. 29 novembre 1898, 700 20' S. et 83° 28' W., vers 46g mètres, Faubert IX. Coquille inéquilatérale, à côté postérieur beaucoup plus long, plus haut et plus large que l'antérieur — presque équivalve, la valve gauche étant cependant un peu plus renflée en arrière que la droite (comme chez B. inœquisculpta Smith et B. pcctunculoides Scacchi). Bord dorsal rectiligne et relativement court ; bord ventral sinueux au-dessous des crochets. Charnière à aire ligamentaire petite ; dents grandes, obliques vers les extrémités: neuf en arrière, six ou sept en avant. Surface extérieure treillissée finement, à côtes rayonnantes plus rapprochées que les stries concentriques. Épiderme poilu. Couleur : brunâtre, due à l'épiderme. Dimensions : longueur maximum, 1.1 centimètre; hauteur, 1.7 centimètre; épaisseur, 0.6 centimètre. Le bord postérieur du manteau présente de chaque côté un grand lobe palléal semi-circulaire, rabattu intérieurement : cet appareil manque chez les Arca propre- ment dits et est probablement spécial aux Bathyarca; il constitue peut-être une poche incubatrice. Anus très saillant ; organes abdominaux asymétriques, le gauche étant le plus grand. Cette forme appartient à un petit groupe & Arca abyssales : A. pectunculoides Scacchi, 24 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE A. Frit/ci Jeffrey s, A. inœquisculpta Smith, A. culebrensis Smith, A. imitata Smith, A. profun- dicola Verrill, etc., que Kobelt a dénommé Bathyarca (') et dont Yerrill et Bush ont donné la diagnose générique (2). Elle diffère de B. pectunculoides par une plus grande longueur, le côté antérieur moins haut, moins large et à contour ventral plus oblique, et surtout par la sinuosité plus profonde et plus antérieure du bord ventral ; B. sinuata est intermédiaire entre B. pectunculoides Scacchi et B. culebrensis Smith. 21. — Adacnarca nitens n. g. et n. sp. (Fig. S3.. X° 642. — 18 octobre 1898, 700 S. et 80048' W., par 5oo mètres, Faubert VIII (indi- vidus vivants). Coquille semi-transparente, plus ou moins globuleuse et orbiculaire, très haute, inéqui- latérale, à côté postérieur plus haut et plus long. Bord cardinal plus court que la coquille, et arrondi aux deux extrémités ; fossette ligamentaire centrale, étroite sous les crochets, de part et d'autre de laquelle le bord cardinal est simplement strié finement en travers. Surface extérieure brillante, ornée de fines stries rayonnantes, non saillantes, ornées de poils excessivement fins, surface intérieure brillante, présentant deux empreintes de muscles adducteurs, dont l'antérieure est très dorsale et très petite. Byssus sortant dorsalement, vers l'angle antérieur du bord cardinal. Branchies sans feuillet interne réfléchi. Couleur : blanc laiteux. Dimensions : longueur, 4 millimètres ; hauteur, 4.5 millimètres environ. 22. — Limopsis laeviuscula n. sp. (Fig. 91, 92.) N° 289. — 11 mai 1898, 7i°09' S. et 890 i5' W., par 460 mètres environ, Chalut I. Nos 354 et 1004. — 8 mai 1898, 710 18' S. et 88° 02' W., par 400 mètres, Faubert IV. Coquille haute, oblique, très inéquilatérale, à côté postérieur beaucoup plus haut et plus grand. Bord postérieur fort élargi et épaissi en arrière de l'adducteur. Crochet pointu. Charnière curviligne, à dents peu nombreuses : quatre antérieures et six postérieures. Area courte et plutôt haute, ainsi que la fossette située sous le crochet. Surface extérieure lisse, sans autres stries rayonnantes que celles marquées par les traces des poils épidermiques peu nombreux. Surface intérieure montrant une empreinte d'adducteur postérieur très allongé. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur maximum, 2 centimètres; longueur, 1.8 centimètre. (1) Kobelt, Martini systematische Conchylien-Kabinet, Bd VIII, 2, Arca (1891), p. 2i3. (2) Verrill and Bush, Revision of the Deep-water Mollusca of the Atlantic Coast of North America. (Proc. U. S. Nat. Muséum, t. XX, 1898, p. 842.) MOLLUSQUES 2S 23. — Limopsis longipilosa n. sp. (Fig. 89, 90.) N° 644. — 18 décembre 1898, 700 S. et 8o°48' W., par 5oo mètres environ, Faubert VIII. N° 8o3. — ■ 20 décembre 1898, 70° i5' S. et 82° 23' W., par 569 mètres, Faubert X (individus vivants). N° 998. — 28 mai 1898, 710 19' S. et 870 37' W., par 400 mètres environ, Faubert VI (individus vivants). Nos 1004 et 1046. — 18 mai 1898, 71" 18' S. et 88° 02' W., vers 400 mètres, Faubert IV. N° 1018. — 11 mai 1898, 7i°09' S. et 890 i5' W., par 460 mètres environ, Chalut I (individus vivants). N° 1040. — 27 avril 1898, 700 48' S. et 91° 54' W., par un peu plus de 416 mètres probablement, Faubert I. Coquille orbiculaire, peu oblique et modérément inéquilatérale, à hauteur et longueur à peu près égales, recouverte d'un épiderme brun-jaunâtre à assez longs poils disposés en rangées concentriques. Bord postérieur non élargi. Crochets arrondis ; bord cardinal rectiligne, à côté antérieur plus court ; charnière à cinq grosses dents de chaque côté du crochet ; area allongée et étroite, fossette ligamentaire petite et peu élevée. Impression de l'adducteur postérieur triangulaire et arrondie. Couleur : blanche, masquée par l'épiderme brun jaunâtre. Dimensions : hauteur et longueur, 4 millimètres. Appartient au groupe des Limopsis minuta Philippi et L. cristata Jeffreys. 24. — Philobrya sublaevis n. sp. (Fig. 93, 94.) No g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 8o°48' W., par 55o mètres environ, Faubert VIII. Coquille mince, plus haute que large, très inéquilatérale, à sommet presqu'antérieur ; la partie antérieure est très courte, le côté antérieur à bord rentrant ou concave ; le bord postérieur légèrement ondulé du côté dorsal. Le bord cardinal est rectiligne ; la charnière est formée par une bande finement crénelée, divisée en deux parties, dont l'antérieure est courte et plus haute : entre les deux se trouve la fossette ligamentaire, allongée, triangulaire, s'étendant en arrière sur une partie de la bande crénelée. Surface extérieure ornée de côtes rayonnantes rectilignes très peu saillantes. Un seul muscle adducteur, à impression circulaire. Prodissoconque séparée de la portion suivante de la coquille par un bourrelet bien visible dans les spécimens de petite taille (fig. 94), beaucoup moins sur de grands. Couleur : blanche. Dimensions : hauteur pouvant atteindre près de 14 millimètres ; le spécimen intact, fio-uré mesurait 4. 5 millimètres de haut et 3.7 millimètres de long. R *4 26 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Cette forme se rapproche de celles du « Ier groupe » de Bernard ('), parmi lesquelles elle ressemble le plus à P. setosa Carpenter, dont elle se distingue toutefois aisément par son bord antérieur concave, son bord postérieur presque horizontal dorsalement et par les crochets plus saillants. Le genre est cosmopolite ; l'espèce P. sublœvis est probablement circumpolaire : j'en ai vu dans les récoltes de la Valdivia, provenant de l'île Bouvet. 25. — Dacrydium albidum n. sp. Fig. ioo.) N° 1046. — 18 mai 1898, 71° 18' S. et 88° 02' \V., vers 400 mètres, Faubert IV. Coquille mince, très inéquilatérale, très haute et très longue en arrière, à contour piriforme. Bord antérieur aigu ; bord postérieur arrondi ; crochet un peu saillant. Bord cardinal incurvé, insensiblement continué par le bord postérieur de la coquille, mais fort élargi lui-même en arrière. Ligne cardinale rectiligne postérieurement ; charnière formée de deux moitiés ou bandes finement crénelées en travers : l'antérieure courte, la postérieure longue, et d'autant plus larges qu'elles s'éloignent davantage du crochet. Surfaces extérieure et intérieure parfaitement lisses ; impression de l'adducteur antérieur relativement grande. Couleur : laiteuse. Dimensions : hauteur, 2.5 millimètres ; longueur, 2.25 millimètres. 26. — Pecten (Hyalopecten) pudicus Smith (2). N° 325. — 14 mai iSgS, 710 24' S. et 8q°I2' AV., Faubert III, vers 400 mètres (le 14, il n'a pas été sondé, mais du 10 au 26, la profondeur est toujours un peu supérieure à 400 mètres). Une valve gauche intacte, de 11 millimètres de hauteur, un peu plus grande donc que la moitié de la taille indiquée par Smith, mais, pour le reste, identique par la con- formation générale, la forme des oreillettes et l'ornementation. Distribution géographique : Ile Marion, par 2,415 mètres (Challenger). — Iles Açores, par 1,846 mètres (Princesse Alice). Exemple de l'universalité de la faune abyssale : la même espèce se retrouvant dans l'Atlantique Nord, l'Océan Indien et l'Océan Antarctique, cette dernière localité à près de 6,000 kilomètres de l'île Clarion et à plus de i2,25o kilomètres des Açores. Cette forme appartient à un groupe de formes exclusivement abyssales Pecten fragihs, Jeffreys : 3, 200 mètres ; P. undatus Verrill : 2,600 mètres ; P. dilectus Verrill et Bush : 3,3i5 mètres) pour lesquelles Verrill a créé la section (générique) de Hyalopecten (3). (1) Bernard. Les genres Philobrya et Hochstetteria. (Journal de Conchyliologie, 1897, p. 10.) (2) Smith. Report on the Lamellibranchiata. (Challenger Zoology, part 35 (i8S5), p. 3o2, pi. XXI, fig. 8.) (3) Verrill. A Study of the Family Pectinidse, with a revision of the gênera and subgenera (Trans. Conn. Acad. of Se, t. X, 1899-1900, p. 71). MOLLUSQUES 27 27. — Pecten Racovitzai n. sp. Fig. toi, 102. N° 249. — 27 avril 1898, 700 48' S. et 91° 54' W., par 35o mètres environ, Faubert I. N° 2S9. — 11 mai 1S98, 71e' 09' S. et 890 i5' W., par 460 mètres environ, Chalut I. N° 3i8. — 12 mai 1898, 71° 14' S. et 89" 14' W., par 400 mètres environ, Faubert 11. N° 425. — 28 mai 1898, 710 17' S. et 870 3y' W., par 400 mètres environ, Faubert VI. Nos 687 et 985. ■ - 18 décembre 1898, 70° S. et So" 48' W., par 55o mètres environ, Faubert VIII. N° 1046. -- 18 mai 1S98, 71" 18' S. et 88° 02' W., vers 400 mètres, Faubert IV. — Valves séparées seulement. Coquille suborbiculaire, excessivement mince et fragile, fort peu bombée, à peu près aussi longue que haute, inéquivalve, à valve gauche aplatie et creusée postérieurement. Oreillettes très repliées en dehors, mais peu saillantes antérieurement (où la droite présente un sinus) et postérieurement ; leur bord dorsal est rabattu en dedans ; la fossette ligamentaire est triangulaire et grande. La surface extérieure des deux valves est ornée de fines stries concentriques, légère- ment saillantes, assez rapprochées (montrant trois zones de croissance plus rapide où elles sont encore moins éloignées) ; cette surface est en outre ondulée par des côtes rayonnantes d'inégale valeur, modérément saillantes et manifestées intérieurement par des creux corres- pondants : ces côtes sont plus marquées au côté postérieur, vers lequel elles s'infléchissent (n'étant pas rectilignes, surtout à la valve gauche). La première portion de la coquille est sans côtes ni fines stries concentriques (sur les deux valves). Couleur : rosée, surtout en dedans et particulièrement vers les bords. Dimension : hauteur maximum, 8 centimètres. Cette forme, la plus grande parmi les Lamellibranches antarctiques et en même lemps une des plus abondantes et des plus caractéristiques de la faune côtière du Pôle Sud, est dédiée au vaillant et distingué naturaliste de l'Expédition antarctique belge, mon excellent ami Racovitza. 28. — Callocardia lsevis n. sp. (Fig. 12g, r3o.) N° 1004. — 18 mai 1898, 710 18' S. et 88u 02' W., vers 400 mètres, Faubert IV. Nos 644 et g85. — 18 octobre 1898, 70° S. et 80" 48' W*., par 55o mètres, F~aubcrt VIII. — Valves séparées seulement. Coquille mince, inéquilatérale et subglobuleuse, ■ - ressemblant à C. atlantica Smith, mais plus longue que haute, moins bombée, et lisse, - caractérisée par son bord dorsal allongé, presque rectiligne, anguleux aux deux extrémités, rendant ainsi le côté antérieur de la coquille plus saillant vers la face dorsale. Couleur : blanche. Dimensions : longueur, 2.6 millimètres-; hauteur : 2.3 millimètres; épaisseur (deux valves ensemble), 1.6 millimètres. 2S EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE 29. — Cuspidaria fragilissima (Smith) (). N° g85. — 18 octobre 1898, 700 S. et 8o° 48' W., par 55o mètres environ, Faubert VIII. Distribution géographique : Ile du Prince Edouard, par 548 mètres (Challenger). 3 Formes planctoniques 1. — Larve de Streptoneure ténioglosse. Fig. 61 à 63.) N° 1148. — 25 mai 1898, yi°i3' S. et87°44' W., à 100 mètres de profondeur, Plancton XV. N° 1175. — 6 septembre i8g8, vers 6g°55' S. et 820 36' W., à 200 mètres de profondeur, Plancton XIX. Coquille « cornée » de lorme planorboïde, ombiliquée, à tours croissant assez rapide- ment et ornés de cinq carènes presque régulièrement espacées, quatre extérieures et une au côté ombilical. Opercule translucide, paucispiré, à tours croissant moyennement. Dimensions : largeur, 1.6 millimètre ; hauteur, 1 millimètre. Larve pourvue d'un vélum à bords entiers, d'yeux à cavité entièrement close, d'otocystes latéraux (par rapport aux centres pédieux) présentant un seul otolithe, d'un système nerveux streptoneure à ganglions cérébraux accolés et à ganglions pédieux juxtaposés l'un à l'autre, et une branchie monopectinée. La radule est ténioglosse, à dents marginales longues et légèrement recourbées (fig. 62). La branchie et le système nerveux révèlent un Streptoneure pectinibranche. L'oper- cule ressemble à celui des Cerithium et des Scalaria ; mais Cerithium possède des otoconies dans l'otocyste, et quant à Scalaria, les renseignements à ce sujet sont contradictoires : pour Mac Donald (2) il y aurait des otoconies, tandis que von Jhering mentionne un otolithe unique (3) ; aussi ai-je fait un examen personnel de ce point et puis affirmer que l'otocyste de Scalaria commuais renferme un seul otolithe (fig. 64). Mais la radule écarte la larve en question des Scalaria et montre qu'on a affaire à un Ténioglosse ; et la forme particulière des dents de cette radule indique une parenté probable avec les Naticidu — ce que la conformation de l'opercule ne contredit pas. Il a été à diverses reprises indiqué que les larves pélagiques manquent pour ainsi dire dans les mers polaires, au moins pour les formes fondicoles : « the pelagic larvae... are absent from the cold polar water and in the deep sea, where the majority of the bottom living species hâve direct development (4) ». Pour ce qui concerne les eaux polaires, il n'est pas encore possible de généraliser à ce point ; la présente forme et celle décrite plus haut (fig. 21) montrent que divers Gastropodes fondicoles polaires ont encore une larve planctonique. (1) Smith. Report on the Lamellibranchia, loc. cit., p. 53, pi. IX, fig. 1. (2) Mac Donald, Further observations on the metamorphosis of Gasteropoda, and the affinities of certain Gênera, with an attempted natural Distribution of the principal Families of the Order. (Traus. Limi. Soc, vol. XXIII, p. 77.) (3) Von Jhering. Beitrâge zur Kenntniss des Nervensystemes der Amphineuren und Arthrocochliden. (Morph. Jahrb., Bd. III, p. 170.) (4) Murray. Marine organisms and their conditions of Environment. {Proc. Roy. Instit. of Great Bntain, vol. XV, p. 70.) — {Challenger, Summary of Results, p. 1459, etc..) MOLLUSQUES 29 2. — Limacina antarctica (Hooker) Woodward. (Fig. 70 à 74.) Dans la majorité des prises du plancton : i5 sur 2g. N° 1091. — 25 avril 1898, 700 5o' S. et 920 22' W., par 35o mètres, Plancton V. N° 1096. — 26 avril 1898, même position et profondeur que la veille, Plancton VI. Dessin. — 29 avril 1898, 7o°44 S. et 920 58 W., par 35o mètres, Plancton VII. N° no3. — 1 mai 1898, 700 41' S. et go° 14' W., par 35o mètres, Plancton VIII. N° 11 12. — 4 mai 1898, 700 33' S. et 890 22' W., par 35o mètres, Plancton IX. N° H25. — 14 mai 1898, 710 24' S. et 8g° 12' W., surface, Plancton XII. N° n3o. — 21 mai 1898, 710 i5' S. et 870 27' W., par 400 mètres, Plancton XIII. N° 998. — 28 mai 1898, 710 19' S. et 87037' W., Faubert VI. N° 1190. — 23 septembre 1898, 700 24' S. et 820 37' W., par 400 mètres, Plancton XXI. N° 1200. — 27 septembre 1898, 700 21' S. et 82040' W., par 3oo mètres, Plancton XXIII. N° 1207. — 3 novembre i8g8, 690 48' S. et 8i° ig' W., par 5oo mètres, Plancton XXIV. N° 1214. — 11 novembre i8g8, 700 og' S. et 820 35' W., par 5oo mètres, Plancton XXV. Nos 70g et 1220. — 21 novembre i8g8, 700 06' S. et 820 3o' W., par 200 mètres, Plancton XXVI. N° 1227. — 25 novembre i8g8, 700 25' S. et 83 °27' W., par 5oo mètres, Plancton XXVII. Nos 781 et io3o. — 29 novembre i8g8, 700 20' S. et 83° 23' AV., vers 45g mètres, Faubert IX. No l223. — 6 décembre i8g8, 6g° 54' S. et 820 4g' W., par 475 mètres, Plancton XXVIII. No I025. — 20 décembre 1898, 700 i5' S. et 840 06' W., par 569 mètres, Faubert X. N° 1242. — 11 février 1899, 70° 34' S. et g3°i7' W., par 3oo mètres, Plancton XXIX (ponte). Sous l'influence du formol, - - par lequel le plancton avait été traité, - - la coquille était devenue friable ; néanmoins elle a pu être dessinée (fig. 70), de façon à rectifier la figure que j'ai publiée autrefois d'après un manuscrit de Hooker ("). Cette coquille diffère de celle de Limacina helicina Phipps (arctique), notamment par l'absence de carène au côté ombilical et par l'ombilic étroit et moins profond ; en outre la striation transversale est moins marquée. Mais les différences entre les deux espèces ne résident pas seulement dans la coquille : elles se retrouvent : a) Dans le lobe postérieur (operculigère) du pied, plus profondément divisé (fig. 71) ; b) Dans la radula (fig. 74); celle-ci (formée aussi de dix rangées) comprend dans chaque rang une pièce médiane pourvue d'une grande denticulation centrale beaucoup moins saillante et de deux ran°-ées de petites denticulations latérales s'étendant beaucoup plus vers cette denticulation centrale (:) ; (1) Zoology of the Challenger Expédition, part 65, pi. I, fig. 3 et 4. (2) Comparer avec les figures de Sars (Mollusca regionis Arcticse Norvegiœ, pi. XVI, fig. i&) et de Boas (Spolia Atlantica, Vidcnsk. Sclsk. Sbi., sér. 3, Naturvid. og math. Afd. IV, pi. III, fig. 22). 3o EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE c) Enfin dans l'opercule : dans la description des « Ptéropodes » de l'Expédition du Challenger ('), j'opinais que l'opercule de L. antarctica est probablement caduc, comme celui de L. helicina, chez l'adulte. Et en effet, dans les grands individus, on n'en trouve pas trace; et d'autre part, une larve dessinée par Racovitza (fig. 72) montre cet appareil en place, et les individus de petite taille le possèdent constamment (fig. 70, 71). — Cet opercule est moins allongé que celui de L. helicina (2). L'opercule étant examiné in si fit, sa spire est sénestre, comme dans Peraclis ('), Limacina retroversa (4), Limacina bulimoides (s) ; ce qui montre bien que les auteurs qui ont représenté cet opercule des Limacinides non in situ, l'ont dessiné par sa face interne (Souleyet, Sars, etc.) et que tous les Limacinides sont donc dextres, mais hyperstrophes. Au point de vue de l'organisation, on peut d'ailleurs remarquer que le cœur est proso- branche (fig. j3, co) et à gauche, comme dans tous les Gastropodes dextres ; les plaques stoma- cales chitineuses ne se trouvent pas sous (6) mais sur l'épithélium stomacal, comme dans tous les autres Thécosomes et Opisthobranches (7). Distribution géographique. — Antérieurement à l'Expédition antarctique belge, cette espèce a été signalée par Ross («Argonauta arctica») entre 63° et 64°S.(S), par Gould (« Limacina cucullata »), par 66° S. et 1060 20' E., enfin par l'Expédition du Challenger, par 65° 42' S. et 720 49' E. (9). — Pendant l'Expédition belge, L. antarctica a été rencontré entre 8i° 19' W. et 92° 22' AV., — et entre 710 S. et 690 48' S. (jamais en plein hiver : de fin mai au commencement de septembre, au moins entre la surface et 5oo mètres). Limacina antarctica est donc abondant au voisinage immédiat de la banquise et sous elle, jusqu'à 56g mètres au moins ; jamais on ne l'a observé plus au N. que 63° S., tout comme jamais L. helicina, plus au S. que 6o° N. La ponte de Limacina n'est pas connue (IO). Des pontes pélagiques recueillies assez abon- damment par la Belgica, dans la région où Limacina pullule, paraissent pouvoir être attribuées à L. antarctica : ce sont des cordons gélatineux aplatis, larges de 7 millimètres environ, dans lesquels les œufs sont disposés en rangées transversales assez régulières et serrées (Plancton XXIX). 3. — Clio sulcata (Pfeffer) (")• N° 1112. — 4 mai 1898, 700 33' S. et 890 22' W., par 35o mètres, Plancton IX. N° n52. — 20 août 1898, 70° 12' S. et 84°o3' W., par 2DO mètres, Plancton XVI. (1) Zoology of the Challenger Expédition, part LXV, p. 22. (2) Sars, loc. cit., pi. XXIX, fig. 1, e. (3) Zoology of the Challenger Expédition, part LXV, pi. I, fig. 8, et part LXVI, p. 3i. (4) Pelseneer. Sur la dextrorsité de certains Gastropodes dits sénestres. {Comptes rendus Acad. des Se. Paris, t. CXII (1S91), p. 1016.) (5) Souleyet. Zoologie du Voyage de la « Bonite », Mollusques, pi. XIII, fig. 3i. (6) Comme je l'ai imprimé par erreur (Report on the Pteropoda. III. Anatomy. Zoology of the Challenger Expédition, part LXVI, p. 9). (7) Pelseneer. Recherches sur divers Opisthobranches. (Mém. Cour. Acad. Belg., t. LUI, pi. IX, fig. j3.) (8) Ross. A voyage of Discovery and Research in the Southern and Antarctic Régions, 1847, vol. I, p. 167. (9) Zoology of the Challenger Expédition, part LXV, p. 23. (10) Fol. Sur le développement des Ptéropodes. {Arch. Zool. c.xpér., sér. I, t. IV (1875), p. 8.) (11) Pfeffer. Uebersicht der auf S. M. Schiff « Gazelle » und von Dr Jagor gesammelten Pteropoden. (Monatsber. d. k. preitss. Akad. d. Wiss. Berlin, 1S79, p. 240, fig. 11, 12.) MOLLUSQUES Distribution géographique. — Océan Pacifique : par 5o° S., 83° W., et 45° S., 122" W. ; Océan Indien : environs de l'île Kerguelen et 63° S., 890 E., et 620 S., g5° E. (Challenger). Cette forme n'est pas Clio australis Souleyet (assimilation faite par Boas) : mais la coquille embryonnaire figurée sous ce nom par Boas (') appartient à C. sulcata. 4. — Spongiobranchaea australis d'Orbigny. I ... 75, 76.) N° 7i3. — 25 novembre 1898, 700 25' S. et 83° 27' W. (Pacifique oriental), par 5oo mètres, Plancton XXYII. Deux larves contractées (fig. 75), dont l'une a été dessinée vivante par Racovitza (fig. 76), et qu'il n'est guère possible de rapporter qu'à S. australis, pour des raisons tant morphologiques que géographiques. Les premières sont : a) Une douzaine de saillies ciliées autour de la région céphalique (constituant le cercle cilié antérieur) : le nombre en est moindre dans Dexiobranchcca ; b) La larve en question ne ressemble pas aux larves connues de Dexiobranchœa du Challenger (2) et du Vettor Pisani (3) : on n'y observe pas de rétrécissement et d'épointement de la partie postérieure du corps, mais plutôt un renflement, une extrémité obtuse, comme dans Spongiobranchaa adulte et dans la forme larvaire Trichocyclus Eschscholtz (qui y a été rapportée) ; sa couleur brun clair est celle de Spongiobranchaa . Les secondes sont qu'il n'y a pas de Dexiobranckcca au Sud de 270 S. (D. polycotyla Boas et D. simplex Boas); et, d'autre part, Spongiobranchaa est caractéristique de la zone australe au Sud de 40° S. (4) et limité aux eaux antarctiques (5) ; voici en effet sa Distribution géographique. — Sud Atlantique : 540 S. (d'Orbigny), 5i° 14' S., 6i°4i' W. et (seule localité au N. de 40") 36° 22' S., 260 1' W. (Challenger). — Sud de l'Océan Indien : 410 S., 4J0 E., et 440 S., 2i° à 23° E. (Musée de Copenhague) ; 5o° 1' S., I23°4' E. (Challenger). En outre, Ross (6) signale, comme Clionc borealis, un Ptéropode Gymnosome, jusqu'à 640 S., dont des dessins inédits de Hooker ont montré qu'il n'était autre chose que Spongiobranchaa australis (;). — Souleyet (8) rapporte que les naturalistes du dernier voyage de I'Astrolabe trouvèrent aussi un Gymnosome dans les glaces du pôle Sud. — Eschscholtz décrit une larve atlantique de la «Mer du Sud», Trichocyclus dumcnli, répondant aux caractères de Spongiobranchaa australis. — Enfin le Challenger a rencontré également, par 65° 42' S. et 79° 49' E. (station i53), un « shelldess Pteropod » (") qui a pu être rapproché, avec vraisemblance, de la même espèce. Et puisque la Belgica a recueilli cette forme dans le S. E. du Pacifique, c'est donc qu'elle est antarctique circumpolaire, reconnue de 83° 27' W. à I23°4' E. et de 700 25' S. à 36° 22' S. (1) Boas. Spolia atlantica, loc. cit., pi. IV, fig. 46. (2) Moseley. On Stylochus pelagicus, etc. (Quart. Joum. Mier. Se, 1877, pi. III, fig. 14.) (3) Zoology of the Challenger Expédition, part LVIII, pi. I, fig. 5. (4) Boas, loc. cit., pp. i5j et 222. (5| Chun. Die Beziehungen zwischen dem arktischen und antarktischen Plankton (Stuttgart, 1897, p. 10). (6) Ross. A voyage of Discovery and Research in the southern and antarctic Régions, 1847, vol. I, p. 167. (7) Zoology of the Challenger Expédition, part. LVIII, qp. 20 et 5i. (8) Rang et Souleyet. Histoire naturelle des Mollusques Ptéropodes, p. 86. (9) Summary of Results, p. 499. IIe PARTIE MORPHOLOGIE I. — AMPHINEURA i. — Tonicia fastigiata. Cette espèce est pourvue d'yeux palléaux. Les plus jeunes spécimens recueillis permettent de déterminer l'ordre d'apparition de ces organes. On sait déjà que, dans la disposition la plus simple (Schizochiton), il n'y a qu'une seule rangée d'yeux sur chaque valve (:). On sait également que dans Tonicia clegans jeune, il n'y en a aussi d'abord qu'une rangée seulement (2) et que le nombre des rangées augmente avec l'âge. Mais on n'a pas jusqu'ici déterminé où apparait soit la première rangée, soit le premier œil. — Les matériaux de l'Expédition antarctique belge en donnent le moyen. Parmi les Algues et les Hydraires fixés sur de gros Priene cancellata, j'ai pu trouver, en effet, quelques individus encore très petits de Tonicia fastigiata : Un de 1.25 millimètres ) \ TT j .„. ,, ( sans yeux palléaux { , , . Un de 1.7 millimètres ) ! encore sans branchies. Un de 2 millimètres possédant une seule paire d'yeux 1 Un de 4 millimètres possédant des yeux sur les huit valves. L'unique paire d'yeux du spécimen de 2 millimètres se trouve sur la deuxième valve (fig. 4, 11 ; fig. 5, oc) : c'est donc là qu'apparaissent les premiers yeux palléaux. L'examen de l'individu de 4 millimètres montre aussi qu'il en est bien ainsi ; car, chez lui, c'est également sur cette deuxième valve que s'observent les deux yeux les plus rapprochés de la ligne médiane, c'est-à-dire les plus anciens (fig. 2, 11). Ce même échantillon de 4 millimètres porte plusieurs paires d'yeux sur les valves 1, 2,4, 6, 7, 8 ; on peut y voir également que l'ordre d'apparition des premiers yeux est le suivant : 2e plaque, 7e, puis 4e et 8e, ensuite 6e et enfin 5e et 3e. On peut encore y constater qu'à droite et à gauche, il n'y a pas symétrie absolue, ni dans l'ordre d'apparition, ni dans la situation — conséquemment — de ces petits appareils : cela est surtout visible sur les plaques 1 (fig. 3), 4 et 8. La position des deux premiers yeux palléaux vers l'angle antérieur de la deuxième valve présente une curieuse coïncidence avec celle des deux yeux larvaires postvélaires des (1) Moseley. On the Présence of Eyes in the Shells of certain Chitonidae, and on the Structure of thèse Organs. {Quart. Jouvn. Micr. Se, vol. XXV, pi. IV, fig.-i.) (2) Pilsbry. Tryon's Manual of Conchology, vol. XIV, pi. LI, fig. 1. v R 14 34 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Chitonides (') : ces derniers sont situés aussi vers le bord de la deuxième valve, dans l'interseg- mentum 1/2. Cependant il ne semble aucunement que l'œil larvaire puisse émigrer pour venir se placer dans le bord libre de la deuxième valve ; car cet œil est en dessous du manteau (2) ; et il est inadmissible qu'il puisse passer au-dessus jusque dans la coquille, puisqu'il se trouve en dehors du repli qui sécrète cette dernière. D'ailleurs, dans les spécimens de Touicia fastigiata plus petits que 2 millimètres et encore sans yeux palléaux, il n'y a déjà plus d'œil larvaire visible dans la rainure ventrale palléo-pédieuse ; et il est cependant vraisemblable qu'ils en ont eu comme les autres Chitons (3), mais que ces yeux larvaires ont disparu avant la formation des premiers yeux palléaux dorsaux. Dans les deux cas, il semble seulement que, dorsalement comme ventralement, c'est dans la même région du corps que se montrent les premiers organes sensoriels oculiformes. 2. — Proneomenia Gerlachei. Téguments et conformation extérieure. — Le revêtement cuticulaire est fort épais, et sa surface libre n'est guère dépassée par les spicules entrecroisés qui le traversent. Le pied est bien développé (fig. 11, p) et précédé d'une fossette ciliée antérieure (fig. i3, fo. ci) ; en avant de celle-ci se trouvent des glandes pédieuses antérieures dont la masse s'étend jusque vers le dos — comme dans Paramenia (fig. 24, gl. p). Je n'ai pas vu de glande « byssogène » postérieure, qui existe chez P. Sliùteri (4), ni de caecum à spicules péniaux, qui, d'après Pruvot (5), en seraient homologues. Système nerveux. — Les ganglions cérébraux accolés n'ont pas de ganglions latéraux. La commissure stomato-gastrique mince accompagne d'abord les cordons (« connectifs ») cérébro-pédieux et cérébro-latéraux (fig. i5, stg, co.p, co.l) ; elle porte une paire de gros gan- glions non juxtaposés. Les cordons pédieux sont assez voisins (fig. 12, co.p) en arrière, mais non en avant, où ils présentent chacun un renflement initial ; ils n'ont pas de grosse commissure postérieure comme celle de P. acuminata (6) : la dernière commissure pédieuse postérieure est mince et placée sous la partie la plus antérieure des néphridies (fig. 10, coin. p). La première commissure pédieuse antérieure se trouve sous la radula, au-dessus de la fossette pédieuse ciliée (fig. i3, coin. p). (1) Équivalents de ceux des Lamellibranches (Pelseneer, Les yeux céphaliques des Lamellibranches adultes, Arck. de Biol., t. XVI, p. 102). — Heath est cependant d'avis que l'œil larvaire des Chitonides se trouve dans la région correspondante à la tête des Annélides [The development of Ischnochiton, Zool. Jahrh. Anat. und Ontog., XII, 1899, p. 69 (du tiré à part)]. (2) Heath, loc. cit., fig. 5g et 60. (3) Chiton marginatus (Loven, Ueber die Entwickelung von Chiton, Archiv fur Naturgesch., i856, pi. IX, fig. 11). — Chiton Polii (Kowalevsky, Embryogénie du Chiton Polii (Philippi), avec quelques remarques sur le développement des autres Chitons, Ami. Mus. Hist. Nat. Marseille, Zool., t. I, pi. VI, fig. 69). — Ischnochiton Magdalenensis (Heath, loc. cit., fig. 52 à 56). (4) Hubrecht, Proneomenia Sluiteri gen. et sp. n., with remarks upon the anatomy and histology of the Amphineura. (Nied. Arch. f. Zoologie, Suppl. Bd II, 1881, pi. III, fig. 32, cb.) (5) Pruvot, Sur l'organisation de quelques Néoméniens des côtes de France. (Arch. de Zool. expér., sér. 2, t. IX, p. 777.) (6) Wiren, Studien ùber die Solenogastren. II, [892. (K. Svensk. Vetensk. Ahad. Handling., Bd XXV, p. 8, fig- 7 B.) MOLLUSQUES 35 Les cordons palléaux ou latéraux ne montrent pas de double commissure postérieure, comme chez P. Langi (') : leur commissure dorsale postérieure est simple, sous le péricarde, peu en avant de l'organe sensoriel dorsal (fig. 10, com. I). Ce dernier est massif (fig. 12, 0. d) et situé relativement peu en arrière (fig. 10, 0. d). Tube digestif. — La bouche est garnie de papilles chargées de pigment brun ; les plis de la cavité buccale sont pleins de corpuscules sanguins, mais leur épithélium plus épais que partout autour ne peut guère les faire considérer comme des organes respiratoires (2). Le pharynx est musculeux (fig. i3, pha) et pourvu d'une petite cavité dorsale à glandes « salivaires » folliculaires, dont la structure est sans équivalent dans le genre Proneomenia (fig. i5, gl. s. d), à moins qu'y correspondent les glandes « pédonculées » citées sans description ni figure, par Marion et Kowalevsky, chez Rhopalomenia gorgonophila (3). Quant aux glandes salivaires latérales, paires, elles sont fort longues (fig. i3, gl. s), comme dans les autres espèces. La radula, polystique, possède une quarantaine de dents par rangée transversale ; les dents latérales sont les plus longues et légèrement courbées. Toutes les dents sont portées sur une lame basale (fig. 19, la. b), contrairement aux espèces étudiées par Thiele (4). Le caecum pharyngien antérieur, pointu, s'allonge jusqu'aux ganglions cérébraux (fig. i3, ca ; fig. i5, ca). Le tube digestif, sur une grande partie de sa longueur, présente une « segmentation » irrégulière ; le rectum est fort rétréci (fig. 10 et 14, r) ; il n'offre pas la glande que Thiele a observée chez P. thulensis (5). Appareil circulatoire. — Une valvule cardiaque antérieure empêche le reflux du sang de l'aorte dans le ventricule (fig. zi,ven). Le sang veineux du sinus dorsal (au-dessus de l'aorte) revient à la partie postérieure du ventricule ; la partie postérieure de ce sinus constitue une sorte d'oreillette (voir fig. 16, 11, 17, 18 et 21). Appareils excréteur et reproducteur. — Les glandes hermaphrodites sont lobulées (fig. 14, gl. g) ; leurs conduits, courts, débouchent à la façon normale, dans la partie antérieure du péricarde (fig. 14, du. g). Les conduits réno-génitaux ont leur première branche (postéro-antérieure) relativement courte (fig. 10 et 14, ;-), à la différence de ce que montre l'espèce P. Slmteri (°). Les vésicules séminales sont indivises (fig. 10, ve. s). Elles se jettent dans la courbure anté- rieure des conduits réno-génitaux, où ceux-ci changent de structure et deviennent « glandes coquillières » (fig. il, 12 et 17, gl.co); chacun s'y unit à la branche postéro-antérieure du conduit, dans laquelle il s'ouvre par un étroit orifice et débouche avec elle dans la glande coquil- lière, par une sorte de papille saillante, intérieurement ciliée (fig. 16, 0. ci). Les deux glandes (1) Heuscher, Zur Anatomie und Histologie der Proneomenia Sluiteri Hubrecht, (Jcnaische Zeitschrift, Bd XXVII, 1892, p. 14, fig. 8.) (2) Thiele, Beitrâge zur vergleichende Anatomie der Amphineuren. (Zeitschr. f. wiss. Z00L, Bd L\ III, 1894, p. 286.) (3) Marion et Kowalevsky, Contributions à l'histoire des Solénogastres ou Aplacophores. (Atm. Mus. Hist. nat. Marseille, vol. III, p. 76.) (4) Thiele, loc. cit., p. 289. — Une lame basale existe aussi chez P. Sluiteri (Heuscher, loc. cit., pi. XXI. fig. i3, 14), et P. acuminata. (Wiren, loc. cit., pi. X, fig. 9.) (5) Thiele, Proneomenia thulen is nov. spec, in Rômer und Schaudin, Fauna arctica, Bd I, 1900, p. 114. (6) Hubrecht, loc. cit., fig. 46. — Heuscher, loc. cit., fig. 22. 36 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE coquillières s'unissent sur la ligne médiane (fig. 12 et 14) et débouchent ensemble dans le cloaque, au-dessous de l'anus (fig. 10 et 14, 0. g). 3. — Paramenia cryophila. Téguments et conformation extérieure. — La cuticule, épaisse, renferme de nom- breuses papilles sensorielles (fig. 26, 28, 32, pa. s) et des spicules de diverses tailles, mais tous de même forme sensiblement, aciculés et creux ; quelques-uns ont leur extrémité libre légèrement denticulée (fig. 25, 11 et in), aucun n'est en forme d'hameçon ; beaucoup dépassent considérablement la surface extérieure du revêtement articulaire. Le dos est régulièrement arrondi, sans carène. Le pied est bien développé; le sillon pédieux va en s'évanouissant insensiblement en arrière et n'est pas réellement continu avec le cloaque. Outre les glandes pédieuses du long du sillon, il y a en avant deux grosses glandes pédieuses, au niveau de la fossette ciliée, s'étendant fort vers le dos (fig. 24, gl. p). Système nerveux. — Les ganglions cérébraux ont chacun un ganglion latéral dont naît le tronc nerveux palléal ou « latéral ». De chaque côté, le cordon pédieux s'unit, en arrière, au cordon palléal (fig. 29, 3o et 32, co. I). La commissure palléale postérieure montre un gros ganglion (fig. 3i, g. pa, et 27, coin. I). La commissure stomato-gastrique porte une paire de très gros ganglions (fig. 24, stg). L'organe dorsal est probablement situé très postérieurement (fig. 27, 0. d), où quelques coupes ont été déchirées par de gros spicules incomplètement décalcifiés. Tube digestif. — Le caecum pharyngien dorsal est gros et court (fig. 24, cœ). Le caecum radulaire est bien développé (fig. 24, rd, et 26, ra) ; la radule, courte, m'a paru distique. Il y a deux paires de glandes salivaires, comme dans les autres espèces du genre Paramenia : les deux glandes dorsales débouchent ensemble, sur la ligne médiane, par une terminaison saillante (fig. 24, gl. s. d), La face dorsale de l'intestin embrasse partiellement les glandes génitales ifig. 28, in). L'anus et le cloaque sont nettement séparés, le cloaque n'étant pas, comme on l'a cru, l'extrémité dilatée du rectum (voir fig. 27 et 3o) ; il en est de même d'ailleurs chez les autres Paramenia (M. Système circulatoire. — Le cœur (fig. 3o, ven) parait mieux développé que dans les formes sans branchies ; les branchies (fig. 27, br, et 3i, br) possèdent de rares fibres muscu- laires ; elles ne constituent nullement des plis du rectum (2). Système reproducteur. — Les conduits des glandes génitales viennent se terminer au dos du péricarde, l'un contre l'autre (fig. 32, du. g). Les conduits réno-génitaux portent chacun une seule vésicule séminale, qui s'y trouve insérée de façon à être dirigée en arrière et vers le dos (fig. 27, ve. s) ; la branche antéro- postérieure de ces conduits est fort courte (glande coquillière, fig. 27, gl. co), de sorte que l'orifice réno-génital (fig. 27, 0. g) se trouve topographiquement très en avant de l'anus. (1) Pruvot, Sur l'organisation de quelques Néoméniens des côtes de France, loc. cit., fig. i5. (2) Thiele aussi a déjà combattu cette manière de voir, (loc. cit., p. 291). MOLLUSQUES 37 4. — Néoinéniens en général. Pied et manteau. — Pour Thiele, la saillie pédieuse des Aplacophores n'est pas homologue au pied des Mollusques et notamment des Chitons ; d'après lui, le sillon pédieux tout entier, avec son contenu, ne correspond qu'à la surface ventrale du pied (et non à la cavité palléale, renfermant le pied, des Chitonides) ('). De cette manière, l'enveloppe générale cuticulifère et spiculifère serait mi-partie palléale (dorsalement) et mi-partie pédieuse (ventralement). Il me semble qu'à cette interprétation sont contraires divers faits et spécialement : a. Le revêtement ciliaire, caractéristique du pied des Mollusques, localisé à la saillie pédieuse des Aplacophores ; b. La continuité parfaite de toute la surface cuticulifère, dans toute l'étendue de laquelle (tant ventralement que dorsalement) se trouvent répandus les spicules et les papilles sensorielles [homologues des sesthetes des Chitons : comparer pa. s, fig. 26, 28 et 32, à aes, fig. 5 ; homologie admise par Thiele (*/], lesquels organes se rencontrent seulement dans le manteau des Chitonidœ ; c. L'innervation palléale de toute la surface cuticulifère et spiculifère et des papilles sensorielles qui s'y trouvent ; d. La conformation du bord ventral de cette surface présentant, comme le bord palléal des autres Mollusques (les Lamellibranches par exemple), un repli ou sillon au fond duquel commence la cuticule (fig. 11, 12, 16, 17, 26 et 28). Papilles buccales. — Les papilles qui garnissent la partie antérieure de la bouche ne sont comparables à aucune sorte d'organes intrabuccaux d'autres Mollusques. Ce sont bien plutôt des conformations antérieures et extérieures à l'ouverture buccale proprement dite : la figure 24 montre bien un rétrécissement brusque (b, la bouche) séparant la cavité buccale de la cavité qui renferme les papilles en question. Cette dernière cavité ca. p. forme une sorte de capuchon prébuccal, — comme le fait le bord du manteau devant la tète des Chitonidse, — et les papilles qui s'y trouvent pourraient peut-être se comparer aux tentacules qui s'observent au bord intérieur de ce capuchon palléal clans Placiphorella (3). Orifice réno-géxital. — La position postérieure et médiane de cet orifice n'est évidemment pas primitive ; car il existe encore une paire d'ouvertures réno-génitales, plus ou moins séparées, clans Chœtoderma et dans Strophomenia Lacazei (4). Cette situation parait due au très grand rétrécissement de l'espace latéral compris entre le rudiment du pied et le manteau, chez tous les Aplacophora, alors que les orifices (1) Thiele, Die systematische Stellung der Solenogastren und die Phylogenie der Mollusken. {Zeitschr. f. wiss. Zool., Bd LXXII, p. 279.) (2) Thiele, ibid., p. 3o5. (3) Plate, Anatomie und Phylogenie der Chitonen, Theil C. [Zool. Jahrb., Bd V, Suppl., pi. XIIbls, fig. 322, te.) (4) Pruvot, Sur deux Néoméniens nouveaux de la Méditerranée. [Arch. de Zool. exper., sér. 3, t. VII, p. 499.) 33 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE rénaux et génitaux y sont restes dans tous les Polyplacophora (Chitons), où cet espace est bien vaste, le manteau n'étant pas rabattu ventralement sous le pied. Chez les Aplacophora, un tel rétrécissement a dû entraîner le déplacement progressif des ouvertures génitales en arrière, vers la chambre cloacale, plus spacieuse, où l'élimination des produits sexuels pouvait se faire plus facilement. Cet orifice réno-génital, devenu postérieur et médian, reste d'ailleurs toujours en avant de l'anus, ainsi que cela se voit surtout bien dans Paramsnia (fig. 27, 0. g) et dans Notomenia Ci. Position systématique des Aplacophora. — Ils sont plus voisins des Mollusques, et spécialement des Amphineura, que de n'importe quel autre organisme. Ils se rattachent notamment : A. Aux Mollusques, par leur radula ; B. Aux Amphineura, par la conformité presque parfaite qu'ils offrent : a. dans les papilles sensorielles intracuticulaires ; b. dans la constitution du système nerveux ; c. dans la situation réciproque des gonades et du péricarde. II — GASTROPODA 5. — Scissurella euglypha n. sp. L'organisation interne est très comparable à celle des autres espèces connues : S. costata d'Orb. et S. lytteltonensis Smith (-). Il y a deux branchies, dont la droite est monopectinée (fig. 44, 45), et deux reins, dont le droit reçoit les produits génitaux. Les yeux ont leur cavité close ; les deux otocystes (à otoconies) sont juxtaposés, sur la commissure pédieuse. Enfin les cordons pédieux, homogènes, portent à leur partie antérieure des ganglions pleuraux distincts dont naît la commissure viscérale. 6. — Photinula violacea En 1899, j'ai attiré l'attention sur l'asymétrie assez générale de la région céphalique chez les Trochidse (i). Le genre Fhotinula montre aussi cette particularité. Pour l'espèce P. expansa, Smith (4) signale que le bord du «manteau » (sic) (= epipodium) présente, du côté droit, quatre cirres allongés et près de la nuque, un grand lobe aplati ; du côté gauche se trouvent quatre cirres correspon- dant à ceux de droite, — mais au lieu du lobe épipodial, trois petits filaments tentaculaires (au contraire, P. cœrulescens a, des deux côtés, les lobes semblables). (1) Thiele, Die systematische Stellung der Solenogastren, etc. (Loc. cit., p. 254, pi. XVIII, fig. 16.) (2) Pelseneer, Recherches morphologiques et plvylogénétiques sur les Mollusques archaïques. (Mém. cour. Acad. Belg., t. LVII, 1899, pp. 39 à 41, fig. 106 à 116.) (3) Ibid., p. 45 à 48. (4) Smith, Mollusca of Kerguelen Island, in An Account of the Petrological, Botanical and Zoological Collections made in Kerguelen's Land and Rodriguez during the Transit of Venus Expédition. (PInl. Trans. Roy. Soc. London, t. 168, 1879, p. 177.) MOLLUSQUES 3g Photinula violacea se rapproche, à ce point de vue, de P. expansa : le lobe épipodial gauche y est remplacé par quatre cirres (fig. 3g, te. ep) correspondant aux pectinations de ce même lobe gauche chez Monodonta et Gibbula ('). En outre, le lobe épipodial droit présente en dessous une crête transversale (fig. 38, lo. e) et un nombre variable (trois en moyenne) de cirres en arrière de lui et en avant des tentacules épipodiaux proprement dits — et, sous ces cirres, des tubercules. Enfin, le pédoncule oculaire de droite porte, extérieurement, un long appendice effilé (fig. 33, cipp), plus allongé encore que chez Gibbula (-). Photinula diffère ainsi du genre Margarita — auquel on l'a souvent identifié — : i) par quatre tentacules épipodiaux vrais, de chaque coté ; z) par l'asymétrie générale de la région céphalique, consistant notamment dans l'absence de lobe épipodial gauche (chez P. expansa et P. violacea). Margarita possède de chaque côté plus de quatre tentacules épipodiaux et ne présente pas de trace d'asymétrie céphalique. Un spécimen avait deux yeux sur le tentacule gauche : un grand, normal, à l'extrémité de la saillie ommatophore ; l'autre, plus petit, plus en arrière, sur le dos de cette saillie. L'examen de la structure de ces organes a montré qu'ils avaient tous deux la même con- formation (fig. 40) : l'un et l'autre étant des yeux à cavité ouverte, emplie par un cristallin. J'ai eu l'occasion d'observer une disposition identique deux fois dans Patella vulgata et une fois dans Trochus zizyphinus. Chez Patella, un second œil, plus petit que l'autre, se trouvait sur le côté externe du tentacule gauche, en avant de l'œil normal (fig. 35), ou bien un petit tentacule supplémentaire portait aussi un œil (fig. 37) ; clans chacun de ces cas, l'œil supplémentaire était ouvert, sans cristallin (conformation normale chez les Patellidse). — De même chez Trochus, l'œil supplémentaire avait la structure normale de l'organe visuel des Trochidœ. D'autre part, quand il y a un œil supplémentaire chez des Gastropodes à cavité oculaire close, cet œil supplémentaire a également la structure de l'œil normal : Littoriua obtusafa (x) ; Murex erinaceus (+) ; Buccinum undatum, embryon (fig. 41 et 42, oc', oc"). Purpura lapillus, embryon, avec deux yeux supplémentaires sur un tentacule. Donc, toujours, un œil complémentaire est normalement constitué ; et, notamment chez les Gastropodes à yeux clos, l'organe supplémentaire n'offre pas la conformation ouverte, atavique. 7. — Nacella senea, var. magellanica. Un exemplaire du n° 85 présentait le tentacule droit bifurqué, à deux branches terminales égales (fig. 33, te'). On connaît de nombreux cas de bifidité et même de trifidité du tentacule chez les Gastropodes. (1) Pelseneer, loc. cit., pi. XVII, fig. 143, v. (2) Ibid., fig. i35, v. (3) Pelseneer, Sur l'œil de quelques Mollusques Gastropodes. (Ann. Soc. belge de Microscopic, t. XVI, 1891, pp. 74, 75, fig. 7.) (4) Carrière, Die Sehorgane der Thiere, fig. 16, p. 19. 4o EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE Cette disposition est particulièrement fréquente chez les Patellides littoraux, dans les endroits exposés des côtes rocheuses. Sur quelques centaines d'individus adultes de Patelin vulgata, pris à Wimereux, on ne manque presque jamais d'en observer plusieurs ayant un tentacule anormal, de cette manière ; une fois même, en plusieurs années, j'ai rencontré un spécimen dont les deux tentacules étaient bifides (fig. 35) ; en plus, celui de gauche portait deux yeux ('). On sait que dans divers cas connus (Annélides, Anthozoaires, etc.), à certaine ampu- tation correspond une régénération suivant plusieurs axes : il en est vraisemblablement de même ici ; et la bifidité résulterait de l'auto-amputation par le bord tranchant de la coquille, quand, par une brusque contraction, l'animal rapplique celle-ci contre le support alors que les tentacules sont encore étendus. Les diverses conformations de tentacules bifides chez Patelin vulgata se rapportent à deux types principaux : i° Bifurcation depuis la base, — ou à peu près, — les deux branches paraissant alors subégales : cependant l'extérieure est toujours plus longue, quoique de diamètre à peu près pareil ; ce qui est dû, probablement, à une assimilation fonctionnelle plus grande, la branche extérieure étant la plus exposée et la plus utilisée ; 2° Bifurcation en un point plus ou moins éloigné de la base : sur le côté externe du tentacule a « bourgeonné » une branche plus petite et plus mince (réduite parfois à un simple tubercule). 8. — Propilidium sp. Le spécimen à coquille imparfaite (p. 18) permet, quoique incomplet, de fixer la position systématique du genre, jusqu'ici très disputée. Fischer, avec un certain doute, considère Propilidium comme un Rhipidoglosse Fissurellide à deux courtes branchies (2) ; Sars le tient pour un Lepetide (Docoglosse), mais à « radula ignota » (/') ; et pour Dali, c'est un Docoglosse (4). Les quelques rares renseignements d'ordre anatomique que l'on possède sur ce genre, sont dûs à Forbes (5) et à Dali (6). Mes observations personnelles me permettent de confirmer la ressemblance de la radule avec celle de Pilidium, reconnue par Forbes et par Dali, ainsi que l'absence d'yeux, signalée par Forbes. La dent marginale de la radule ne porte qu'un seul peigne, au lieu de deux qu'elle montre chez Pilidium (7). D'autre part, j'ai constaté (i) Cette monstruosité bilatérale n'a pas encore été observée : Bateson (Materials for the Study of Variation, 1894, p. 27g) ne cite qu'un Patella vulgata avec un seul tentacule bifide. (2) Fischer, Manuel de Conchyliologie, p. 863. (3) Sars, Mollusca regionis articœ Norvegias, p. 123. (4) Dall, Report on the Mollusca, [Bull. Mus. Comp. Zoo!., vol. XVIII, p. 412) et Phylogeny of the Docoglossa. (Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphie, 1893, p. 285.) (5) Forbes. {Rep. Brit. Assoc. Adv. Sci., 1849, p. 75.) (6) Dall, loc. cit. (7) Sars, loc. cit., pi. II, fig. 12 (Scutellina fulva = Pilidium fulvum.) MOLLUSQUES 41 que les cordons pédieux se trouvent dans, et non sur, la masse musculaire du pied; et enfin, pour ce qui concerne les « branchies », je n'ai pu en trouver la moindre trace. — Tout montre donc que Propilidium n'est pas un Rhipidoglosse, mais bien un Docoglosse. III. — LAMELLIBRANCfflA. 9. — Adacnarca nitens n. sp. Conformation extérieure. — Le manteau est ouvert sur toute sa longueur (fig. 84, pa). Il y a deux adducteurs, mais l'antérieur est très petit, et situé près du crochet de la coquille (ad'). Le pied est en forme de pioche et byssifère : le byssus est solide et noirâtre, sortant d'une cavité byssogène excessivement profonde. La masse viscérale est peu volumineuse et presque entièrement située dans les crochets de la coquille (m. ri). Système nerveux. — Ganglions cérébraux non juxtaposés et situés un peu en arrière du muscle adducteur antérieur. Ganglions viscéraux également écartés l'un de l'autre. Ganglions pédieux accolés ; otocystes placés sur le côté de ces derniers et renfermant des otoconies ovoïdes, brun sombre, au nombre d'une dizaine seulement dans chaque otocyste (fig. 88, ot). Système digestif. — Les palpes labiales postérieures sont seules bien développées, mais étroites {pal, fig. 84); les antérieures sont tout à fait rudimentaires. L'estomac ne présente aucun caecum sensible. Le « foie » a deux orifices symétriques ; les deux lobes hépatiques sont séparés exactement sur la ligne médiane (fig. 88, hep). L'intestin, court, est droit et terminé par un anus saillant (fig. 84, an). Système circulatoire et respiratoire. — Cœur à ventricule indivis. Branchies situées très postérieurement, ne s'étendant pas jusqu'aux palpes labiales, comme c'est le cas chez les autres Arcidse ; ces organes sont du type filibranche : leur plus remarquable particularité est que leurs filaments internes ne sont pas réfléchis, mais simples, la lame interne étant ainsi formée d'un seul feuillet (fig. 86, br). Une disposition plus réduite encore existerait chez Dimya, Arca ectomata et Amussiiim (Paramussium) Dalli ('), où les filaments externes seraient, eux aussi, non réfléchis, toute la branchie étant simplement constituée de deux feuillets. Toutefois, Ridewood (2) a reconnu que Amussium Dalli possède des filaments réfléchis, et il doute que Arca ectomata en soit privé (3). Arca (Bathyarca) sinuata n. sp. (p. 23) présente des branchies à filaments réfléchis. D'autre part, un exemple de branchie filamenteuse sans filaments refléchis a été découvert par Ridewood (4) : c'est Anomia aculeata, qui est ainsi conforme à Dimya. (1) Dall, Report on the Mollusca {Bull. Mus. Coup. Zool. Harvard Coll., t. XVIII, 1889, p. 434.) (2) Ridewood, On the Structure of the Gills of the Lamellibranchia {Phil. Trans. Roy. Soc. London, B, vol. ig5, p. 207, 208). (3) Ibid., p. 200. (4) Ibid., p. 19;.. VI R 14 42 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Système excréteur. — Les reins sont de simples sacs peu ramifiés (fig. 85, 86, r) et à parois non plissées ; ils ne communiquent pas entre eux en arrière et ne sont plus constitués de deux branches : antéro-postérieure et postéro-antérieure, comme chez la généralité des Lamellibranches. Chacun possède un long conduit réno-péricardique, longeant la face interne du rein et s'y ouvrant ventralement, à la partie tout à fait antérieure. L'orifice rénal est distinct du génital, quoique voisin (fig 85, o. r; o. g), ce qui diffère des Arca, où d'après Lacaze-Duthiers, l'orifice génital est « dans le canal excréteur de l'organe de Bojanus » ('). Système reproducteur. — Les sexes sont séparés. Les glandes génitales s'étendent ventralement (en avant) et dorsalement (en arrière), formant deux parties distinctes. Ventrale- ment, les deux moitiés de droite et de gauche sont unies en une seule masse (figure 87, tes), nouvel exemple d'une disposition que Lacaze-Duthiers avait plus ou moins pressentie — considérant qu'il n'était « pas impossible qu'il y ait communication entre les canaux de l'un et les conduits de l'autre » (2) — et que j'ai trouvée réalisée dans Donax (3), ainsi que chez Lasœa (fig. 125, gl. g) et qui existe aussi chez Chlamydoconcha (4). De chaque côté, les conduits de la partie dorsale et ventrale s'unissent en un conduit génital unique (fig. 87, 88, du. g). Chez le mâle, ce conduit, long, pelotonné, replié sur lui-même, se trouve rempli de sperme mùr comme une vésicule séminale (fig. 88, ve. s). 10. — Philobrya sublaevis n. sp. Conformation extérieure. — Le manteau est entièrement ouvert, à bord presque sans papilles ni tubercules. Il n'existe qu'un seul muscle adducteur des valves, ce qu'a constaté aussi Bernard, sur les coquilles d'autres espèces (3). Le pied est relativement petit, en forme de pioche à pointe postérieure plus allongée que l'antérieure ; il présente un long sillon byssifère, au fond duquel fait saillie une papille charnue : c'est sur celle-ci qu'est attaché le tronc du byssus. Ce dernier, brun sombre, solide, se divise en quatorze filaments distaux (peut-être davantage sur d'autres individus), terminés chacun par un disque adhésif. Ce byssus sort de la coquille tout près du bord dorsal, à l'extrémité antérieure. Il y a deux paires de rétracteurs du pied ; les postérieurs sont implantés dans le bord de l'adducteur (fig. 96, re. />). Système nerveux. — ■ Les ganglions cérébraux sont écartés l'un de l'autre ; les deux ganglions viscéraux également. (1) Lacaze-Duthiers, Mémoire sur l'organe de Bojanus des Acéphales lamellibranches. (Ami. d. Se. nat., Zool., sér. 4, t. IV, p. 279.) (2) Lacaze-Duthiers, Recherches sur les organes génitaux des Acéphales lamellibranches. (Ann. d. Se. nat., Zool., sér. 4, t. II, p. 179.) (3) Pelseneer, Recherches morphologiques et phylogénétiques sur les Mollusques archaïques, toc. cit., pi. XXIV, fig. 199. (4) Dall, in Zittel-Eastman Textbook of Palaeontology, I, p. 372. (5) Bernard, Etudes comparatives sur la coquille des lamellibranches. Les genres Philobrya et Hoch- stetteria. [Journ. de Conchyl., 1897, pp. 9 et 12.) MOLLUSQUES 43 Système digestif. — Les deux paires de palpes labiales sont bien développées. L'œsophage, court et large, mène dans un estomac sans caecum ; à la partie postérieure et ventrale de celui-ci nait l'intestin, par un renflement assez volumineux. L'intérieur de l'estomac est couvert d'une cuticule épaisse. Son contenu montre des organismes animaux assez volumineux, à revêtement siliceux, mais que leur état rend forcément indéterminables [Philobrya serait donc Carnivore, comme un autre Lamellibranche abyssal : Cuspidaria (')]. La glande digestive s'ouvre dans l'estomac par deux orifices principaux, latéraux et symétriques (fig. 97, hep., si), et, en outre, par trois conduits antérieurs, ventraux. L'intestin, rectiligne (fig. 96), sans aucune circonvolution, traverse le ventricule du cœur. L'anus est pourvu d'une saillie médiane postérieure et relié aux deux organes sensoriels abdominaux, comme dans les Arcidas (2). Système circulatoire et respiratoire. — Les branchies sont libres sur toute leur étendue et ne sont soudées en aucun point au manteau, contrairement aux Aviculidse ou Pteriidse. Les supports branchiaux sont forts comme dans les Arcidas et ne s'étendent pas jus- qu'aux palpes (disposition primitive existant dans divers Arcidae, Limopsis, etc., contrairement aux Aviculidse). Le cœur a le ventricule large, dans le sens transversal, comme chez les Arcidas; les oreillettes sont unies fort en arrière (,fig. 99, aur) : l'oreillette gauche, sur l'individu étudié, communique en deux points avec la moitié gauche du ventricule (fig. 99, 0. aur. v), disposition qui n'existe pas à droite, et que je n'ai d'ailleurs jamais vue chez aucun autre Lamellibranche : elle est évidemment accidentelle. Système excréteur. — Le péricarde s'étend en avant sur les côtés, où il se continue par le conduit réno-péricardique; celui-ci, assez allongé, dorso-ventral, débouche dans la partie antérieure du rein, près de l'orifice externe de ce dernier (fig. g5, 0. r. p). Les reins sont fort étendus en arrière, dans le sens bilatéral (autour et au dos des rétracteurs postérieurs du pied) ; ils se touchent sur la ligne médiane (fig. 99, r), mais sans communiquer entre eux. L'orifice rénal extérieur est tout en avant du rein (fig. g5, 0. r). Système reproducteur. — Les sexes sont séparés. Les glandes mâles présentent une sorte de pelotonnement et de renflement du conduit génital, au côté ventral ; les orifices génitaux sont voisins des ouvertures rénales (fig. 98, 0. g). Position systématique. — Philobrya n'appartient pas aux Aviculidse, comme l'ont pensé Bernard (3) et Dall (4), probablement d'après une ressemblance extérieure de la coquille (par exemple avec Ambonychia, des terrains primaires inférieurs). — Quoique monomyaire, il se rapproche par toute son organisation des Arcidas ; on a vu d'ailleurs plus haut qu'il y a des formes de cette famille (Adacnarca) où le muscle adducteur antérieur est très réduit; on sait au surplus que les Monomyaires sont très polyphylétiques. (1) Pelseneer, Contribution à l'étude des Lamellibranches. (Arch. de Biol., t. XI, 1891, p. 224.) (2) Deshayes, Histoire naturelle des Mollusques Acéphales. Exploration de l'Algérie, pi. CXXI, fig. 3, g. — Thiele, Die abdominalen Sinnesorgane der Lamellibranchier. [Zeitschr. f. wiss. Zool., Bd XLVIII, pi. IV, fig. r.) (3) Bernard, Études comparatives sur la coquille des Lamellibranches. Les genres Philobrya et Hoch- stetteria, loc. cit., p. 43. (4) Bernard, Anatomie de Chlamydoconcha Orcutti Dall. (Ann. de Se. Nat. Zool., sér. 8, t. IX, p. 247.) 44 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE h. — Mytilus magellanicus et M. infumatus. Yeux céphaliques. — Ces deux espèces possèdent des yeux céphaliques, tout comme les autres espèces de Mytilides déjà étudiées à ce point de vue. Ces yeux sont même assez gros chez M. magellanicus, où j'ai observé une fois deux yeux d'un côté. Leur structure est pareille à celle que j'ai décrite dans les autres Mytilides ; elle ressemble donc à celle des yeux de Ranzania sagittaria (Chétoptéride) ('). L'existence de ces organes, que j'ai fait connaître en 1899 (2) chez Avicula, Mytilus, Lithodomas et Modiolaria marmorata, a été confirmée pour Avicula par Thiele (3) et pour Mytilus, Modiola, Lithodomus et Modiolaria marmorata par List (4). Je les ai retrouvés encore, outre dans les deux espèces de Mytilus sud-américaines ci-dessus, chez Modiolaria discors Linné (de la Manche), où ils sont visibles au travers du manteau et de la coquille, même sur les individus les plus adultes. Ces appareils sont donc très répandus dans le groupe. Depuis le temps où j'ai découvert ces organes visuels chez les Lamellibranches adultes, j'ai cherché à apprécier expérimentalement leur degré de sensibilité ; l'expérience a été faite par comparaison avec des Lamellibranches sans yeux céphaliques : Dans un bac dont une moitié était plongée dans l'obscurité et l'autre éclairée norma- lement, furent placés des Kellya suborbicularis (sans yeux) et des Modiolaria marmorata (avec yeux), ces deux formes étant également très mobiles et capables de se fixer par un byssus. Or, les deux espèces allèrent se placer dans la partie obscure. — Leur caractère lucifuge, ou négativement phototropique, est d'ailleurs clairement indiqué par leur habitat respectif : Kellya clans l'intérieur des rocs artificiels de Hermelles, Modiolaria dans le test d'Ascidies simples. Mais tous deux se réfugièrent également vite dans la partie obscure du bac à expérience : à ce point de vue donc, des yeux céphaliques ne confèrent pas une sensibilité plus grande aux formes qui en sont pourvues. 12. — Modiolarca trapezina. Conformation extérieure. — Le manteau est relativement très fermé et triforé (fig. 106, 0. a, 0. b, 0. p) ; des sutures palléales assez longues séparent les orifices l'un de l'autre ; en outre, l'orifice pédieux est écarté du muscle adducteur antérieur par une suture également longue. Les deux muscles adducteurs sont à peu près d'égale importance (fig. 106, ad' , ad"). Le pied est pourvu d'une face plantaire ventrale (comme chez les Xuculidse et les Pectunculiis) dans sa partie antérieure (fig. 104) et muni d'un autre orifice en avant de l'ouver- ture byssogène normale à sillon. Ce second orifice dans la face plantaire (fig. 104, io5, gl. p) (1) Hesse, Untersuchungen ùber die Organe der Lichtempfindung bei niedere Thiere, I. (Zeitschr. f. wiss. Zool., Bd LXV, pp. 491, 492, pi. XXV, fig. 49.) (2) Pelseneer, Les yeux céphaliques chez les Lamellibranches adultes. (Arck. de Biol., t. XVI, 1899.) (3) Thiele, Die systematische Stellung der Solenogastren und die Phylogenie der Mollusken. [Zeitschr. f. wiss. Zool., Bd LXXII, 1902, p. 38o.) (4) List, Die Mytiliden [Fauna und Flora des Golfes von Neapel, Bd XXVII, 1902, p. 2i5.) MOLLUSQUES 45 est entièrement indépendant de l'autre (fig. no, ca. by) ; sa cavité est tout à fait séparée; il n'y a même pas de sillon d'union, comme il y en a un qui mène de l'ouverture byssogène à l'orifice antérieur du pied des Mytilidae (')• Cet orifice pédieux antérieur de Modiolarca est celui d'une glande muqueuse distincte (fig. 108 et iog, gl. />). Il n'y a pas, comme chez les Mytilides, de rangée longitudinale de muscles rétracteurs du byssus. Système nerveux. — Les ganglions cérébro-pleuraux sont écartés l'un de l'autre et situés un peu en arrière du muscle adducteur antérieur ; chacun d'eux montre bien les deux centres (cérébral + pleural) dont il est constitué. — Les ganglions viscéraux, au contraire, sont étroitement accolés l'un à l'autre, comme les pédieux, et se trouvent en avant de l'adducteur postérieur. Les otocystes, entièrement clos, sont placés à la face dorsale des centres pédieux, vers les côtés extérieurs (fig. 112, 0/), renfermant chacun un seul otolithe, comme chez tous les Eulamellibranchiés et notamment Drcissensia ; les vrais Mytilidae, au contraire, possèdent des cavités otocystiques encore ouvertes à l'extérieur par un canal et renferment des « pseudo- otoconies » multiples (2). Système digestif. — ■ Les palpes labiales antérieures sont excessivement réduites (fig. 106, pal.) L'estomac, vaste (fig. 108 à m, st), aplati dorso-ventralement, est postérieure- ment terminé, à gauche, par un caecum « pylorique » distinct de l'intestin. Ce dernier (contrairement à ce qui existe dans les Mytilidae) naît ventralement et en arrière, ne fait qu'une très petite boucle en avant vers le côté droit, puis se dirige directement en arrière, vers le ventricule du cœur, qu'il traverse. Dans la partie antérieure de l'estomac, les deux « foies » débouchent par deux grands orifices symétriques — contrairement aux Mytilides où ils s'ouvrent par un grand nombre de conduits (onze à treize). Système circulatoire et respiratoire. — Les branchies ne sont pas « filamenteuses », mais bien « en lames », à jonctions interfilamentaires et interfoliaires vasculaires, donc du type eulamellibranchic. Le cœur présente une aorte postérieure et une aorte antérieure. Système excréteur. — Les reins communiquent largement entre eux en arrière (fia-. io3, r) (cette communication n'existe pas chez les Mytilides). Leurs orifices péricardiques se trouvent à leur partie antérieure et presque ventrale (le péricarde entourant un peu le bord ventral des reins, au milieu). Les orifices extérieurs se trouvent tout en avant des organes rénaux, non pas sur une papille derrière et contre la grosse papille génitale (comme c'est le cas pour les Mytilides),. mais bien en arrière de l'ouverture génitale, et constituée par une fente (fig. io3, 0. r). Système reproducteur. ■ — Les sexes sont séparés. Les glandes génitales sont entière- ment situées dans la masse viscérale et ne s'étendent nullement dans le manteau. Les orifices génitaux sont en avant et en dedans des rénaux (fig. 107, 0. ge). (1) Carrière, Die Drùsen im Fiisse der Lamellibranchiaten. (Arb. Zool. Iust. Wurzburg, Bd V, pi. V, pi. Y, fig. 1.) — Tcllberg, Ueber die Byssus des Mytilus editlis. {Nova Acta Reg. Soc. Se. Upsal, sér. 3, 1877, fig. 1, c.) (2) List, Die Mytiliden, loc. cit., pp. 220, 221, pi. XVII, fig. 1 et 4. 4<5 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE Développement. — Les œufs, pondus isolément et fécondés, sont conservés dans l'intérieur des deux lames branchiales, où ils subissent l'incubation (r). Chaque œuf est contenu dans une coque chitineuse, attachée, vers sa partie antérieure, à la branchie, par un pédoncule (fig. n3, ped). Sur les spécimens étudiés, je n'ai pu voir que des embryons tout à fait âgés, ou des stades de première segmentation : ceux-ci montrent que les micromères se multiplient beaucoup plus rapidement que les cellules de l'endoderme (fig. n3, m, iv) et qu'il y a certainement formation de gastrula par épibolie. La coquille des embryons est aplatie, presque équilatérale, à bord cardinal rectiligne, allongé, terminé par une grosse dent à chaque extrémité (fig. 114, d. ca) ; cette coquille embryonnaire, de couleur brun-rouge, se conserve distincte chez l'adulte. Position systématique. — Modiolarca, tout comme Dreissensia (2), appartient à une autre famille que les Mytilidae, où l'on range généralement ces deux genres. Modiolarca diffère, en effet, des Mytilides, notamment : a) Par le manteau très fermé ventralement et triforc : l'orifice branchial étant distinct du pédieux et séparé de ce dernier par une longue suture (chez les Mytilides, le manteau est très ouvert et seulement biforé) ; b) Par le pied à face plantaire et à glande pédieuse antérieure distincte ; c) Par l'absence de muscles rétracteurs spéciaux du byssus ; d) Par les branchies en lames — à jonctions vasculaires interfilamentaires et inter- foliaires — dans lesquelles les œufs sont incubés ; e) Par le foie à deux orifices seulement ; f) Par les reins communiquant entre eux ; g) Par les glandes génitales tout entières contenues dans le corps, et ne s'étendant pas dans les lobes du manteau (cette dernière disposition est caractéristique des Mytilidae, où elle ne fait défaut, à ma connaissance, que chez Dacrydium) ; h) Par le système nerveux à ganglions viscéraux accolés (ils sont fort écartés l'un de l'autre dans les Mytilides en général», et à connectifs cérébro-pédieux et cérébro-viscéraux libres dès leur origine cérébro-pleurale [chez Mytilits, de chaque côté, connectif cérébro- pédieux et connectif cérébro-viscéral sont unis sur une certaine longueur, de sorte que le connectif pédieux semble naitre du viscéral (•')] ; i) Par les otocystes clos et à otolithe unique ; j) Par l'absence d'yeux céphaliques. Modiolarca n'est pas le représentant austral des Modiolaria du Nord (4) ; ce dernier est d'ailleurs tropical aussi. (1) J'ai précédemment signalé le fait (Pelseneer, Les yeux céphaliques chez les Lamellibranches adultes, loc. cit., p. 101). (2) Dont j'ai montré les différences avec les Mytilides (Pelseneer, Contribution à l'étude des Lamel- libranches, Arch. de Biol., t. XI, 1891, p. 278) : mes observations ont été confirmées de divers côtés. (3) Duvernoy, Mémoires sur le système nerveux des Mollusques acéphales. (Mém. Acad. Se, Paris, t. XXIV, pi. VI, fig. 5.) (4) Pfeffer, Die niedere Thierwelt des antarktischen Ufergebietes. [Internat. Polarforsch. Deuisch. Expedit., vol. II, 1890, p. 467.) MOLLUSQUES 47 Bernard (') propose de placer les Modiolarca auprès des Cyprinidœ. Pour ma part, dans le cas où des analogies conchyliologiques seraient confirmées (dans la charnière notamment), je ne vois pas d'analogies suffisantes dans l'organisation pour verser Modiolarca dans les Cyprinidœ. En ce moment, je ne puis que les retirer définitivement des Mytilidce pour les faire passer dans la sous-classe des Eulamellibranches. — Il existe une famille spéciale : Modiolarcidœ Gray (2), conservée par Dali, mais placée par lui au voisinage des Mytilidce (3). i3. — Lasaea rubra. Système nerveux. — Les paires pédieuse et viscérale ont chacune leurs deux ganglions étroitement accolés et dans la situation normale (fig. 127, g. pe). Les centres cérébro-pleuraux, écartés chez l'adulte, montrent nettement (surtout dans l'embryon — voir plus loin) leur partie pleurale distincte et bien reconnaissable. Si j'insiste sur ce point, après avoir depuis longtemps signalé l'existence des centres pleuraux dans les Lamellibranches (4), c'est que Drew — n'ayant pu distinguer (5) chez Nucula les centres pleuraux séparés, et les connectifs cérébro-pédieux et pleuro-pédieux indépendants — ne voit pas « la nécessité d'homologuer tous les ganglions dans les deux classes » : Gastropodes et Lamellibranches (6). Les otocystes ont chacun un gros otolithe (fig. 127, ot) ; ils sont accolés chez l'adulte, comme dans Kellya aussi ; mais chez ce dernier genre, ils se trouvent enfoncés au dos de la masse des ganglions pédieux [ainsi que dans Montacuta adulte (7)], où toutefois ils ne sont pas juxtaposés. Système digestif. — L'estomac a la paroi dorsale très épaisse, à épithélium élevé (fig. 127, st), présentant des granulations colorées, — où la sécrétion paraît localisée (disposition rappelant ce qui existe dans le Bryozoaire Pedicellina) ; cette particularité se manifeste déjà dans l'embryon (fig. 128, st). Il y a deux sacs hépatiques et deux orifices ; ceux-ci, symétriques dans l'embryon incubé, deviennent asymétriques chez l'adulte : le lobe du foie opposé au cœcum stomacal est plus grand et plus étendu en arrière. Un caecum pylorique, indépendant de l'intestin, s'étend en arrière (fig. 125, 126, cœ) ; il ne présente pas de trace de stylet cristallin. Système respiratoire. — Les branchies montrent, surtout en arrière, un rudiment de lame externe (feuillet direct seulement). (1) Bernard, Recherches ontogéniques et morphologiques sur la coquille des Lamellibranches. {Ami. des Se. nat. Zool., sér. 8, t. VIII, p. 62.) (2) Gray, in M. E. Gray, Figures of Molluscous Animais, vol. V, p. 25. (3) Dall, A nevv Classification of the Pelecypoda, etc. (Trans. Wagner Free Inst. of Science, Philadelphia, vol. III, p. 528.) (4) Pelseneer, Sur l'identité de composition du système nerveux central des Pélécypodes et des autres Mollusques. (Comptes rendus Acad. Se. Paris, t. CXI, p. 245.) (5) Drew, The Life-History of Nucula delphinodonta (Mighels). {Quart. Jomn. micr. Se, vol. XLIV, p. 372.) (6) Ibid., p. 374. (7) Pelseneer, Contribution à l'étude des Lamellibranches, loc. cit., p. 204. 4S EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE Système excréteur. — Les reins sont situés fort en arrière, entre les ganglions vis- céraux et le rectum. Ils communiquent entre eux dans le plan médian et présentent une cavité presque sans plissements. Système reproducteur. — Les deux sexes sont réunis sur chaque individu. Lasœa est ainsi un nouvel exemple de genre hermaphrodite parmi les Lamellibranches (il est en même temps le plus « terrestre » des Mollusques de cette classe, vivant à la limite supérieure des marées, et passant souvent de longues périodes hors de l'eau). Les glandes génitales communiquent entre elles tout en arrière (fig. 125) ; elles produisent côte à côte, et non dans des acini différents, des ovules (peu nombreux) et des spermatozoïdes (fig. 125, 126, gl. g). Développement. — Les œufs subissent l'incubation dans la lame branchiale interne (fig. 125) ; ils sont en petit nombre, mais fort gros et très riches en vitellus qui n'est entièrement résorbé qu'assez tard. Tous les embryons que j'ai pu voir étaient très avancés. Leur tube digestif était complètement développé, les deux foies symétriques (fig. 128, hep) et à orifices symétriques. Ces sacs hépatiques sont entièrement indépendants du vitellus (fig. 128, vi), comme dans les Gastropodes [exemple : Nassa (')]. Le vitellus s'étend au dos de l'estomac (fig. 125, 128, vi), comme chez Pseudokellya (fig. 119, vi). La paroi dorsale de l'estomac est déjà élevée (fig. 128, st>. Les branchies étaient déjà constituées (fig. 125, br), les deux muscles adducteurs (fig. 125, ad', ad") bien développés, et l'appareil byssogène également. Les ganglions cérébraux sont très rapprochés l'un de l'autre (fig. 125 et 128, g. c) (ils s'écartent chez l'adulte) et se trouvent encore séparés des centres pleuraux (fig. 128, g. c, g. pi), comme dans les Protobranches adultes, et comme dans les embryons de Teredo (Xylotrya) (2), et de Dreissensia (3), confirmant ainsi que tous les Lamellibranches descendent bien d'ancêtres (Prorhipidoglosses) à ganglions pleuraux distincts. Les otocystes sont encore latéraux (fig. 125, ot), c'est-à-dire voisins des points où ils ont pris naissance ; chez l'adulte, ils deviennent dorsaux (fig. 127, ot). Lasœa est un nouvel exemple, en même temps que Modiolarca, de forme subpolaire incubatrice. Toutefois ces deux genres montrent qu'il n'y a pas de relations entre incubation et hermaphroditisme, puisque Modiolarca a les sexes séparés ; il en est de même pour la forme ci-après, incubatrice et subpolaire également (provenant de Kerguelen) : « Kcllya » cardiformis, dont l'organisation inconnue jusqu'ici montre qu'elle n'est pas un Kellya, mais un type générique tout différent, voisin peut-être du groupe des Cardudœ. 14. — Pseudokellya cardiformis (Smith) n. g. Conformation extérieure. — L'animal ne possède pas d'orifice pédieux siphonal comme les Kellya, mais bien, ainsi que les Cardium, deux orifices palléaux postérieurs (anal et branchial) contigus, non siphonés et garnis de papilles. (1) Pelseneer, Études sur des Gastropodes Pulmonés. (Mcm. Acad. Belg., t. LIV, p. 55, note 2.) (2) Sigerfoos, The Pkoladida, II. (Xylotrya fimbriata) (Johns Hophins Univ. Circulars, XV, n° 126, 1896), p. 88, fig. 2.) (3) Meisenheimer, Entwicklungsgeschichte von Dreissensia polymorpha Pall. {Zeitschr. f. wiss. Zool., LXIX [1900], p. 88, fig. 109, 120, 121, 169, pi. g.) MOLLUSQUES 49 Le pied est en forme de crochet, assez allongé et pourvu d'une petite cavité byssogène. Système digestif. — L'estomac a un caecum dorsal. Il y a deux orifices hépatiques symétriques. Le foie est du type observé chez beaucoup de Lamellibranches, c'est-à-dire glande à grande cavité, dans laquelle s'opèrent et la digestion et V absorption ('). Outre les formes connues, j'ai trouvé cette disposition particulièrement bien réalisée dans Montacuta. Systèmes respiratoire et excréteur. — Les branchies sont en forme de lames plissées; la lame interne, dont la cavité s'ouvre en arrière, sert à l'incubation. Les reins communiquent ensemble en arrière. Système reproducteur. — Les sexes sont séparés (Kellya, au contraire, est herma- phrodite). La glande génitale femelle présente des caractères particulièrement remarquables : la différence entre les oocytes et les cellules vitellogènes y est plus marquée que partout ailleurs (fig. 116, ov., ce. f). En outre, chaque ovule est entouré d'un follicule cellulaire complet (fig. 116, 117, fol), seul cas connu dans les Lamellibranches. Chez ces derniers, il n'y a, en effet, qu'une membrane péri-ovulaire, sans structure, produite par la cellule ovulaire elle-même (2). Parmi les Mollusques, il n'y avait jusqu'ici que chez les Céphalopodes (3) et les Chitonides (4), qu'un follicule cellulaire eût été observé. Dans les Gastropodes, Obst (s) a signalé chez un Pulmoné, comme enveloppant l'ovule, de minces cellules peu saillantes, irrégulières, dont le noyau disparaît plus tard dans le protoplasme de la cellule-œuf; mais cette disposition est peu ressemblante à celle qui existe dans les Céphalopodes et la plupart des Chitonides. Au contraire, les ovules de Pseudokellya se montrent régulièrement couverts d'un follicule épithélial à cellules toutes semblables, comparable, par conséquent, à ce qui existe dans les deux groupes précités. L'existence d'un follicule ovulaire n'est donc pas spéciale à une classe, ni générale dans une même classe (°). (1) Saint-Hilaire, Sur la fonction du foie des Crustacés et des Mollusques. {Revue Se. nat., Saint-Pétersbourg, t. IV, 1893, pp. 11,1-117.) (2) Par exemple chez Cyclas (Stauffacher, Eibildung und Furchung bei Cyclas cornea. (Jenaische Zeitschr. Bd XXXVIII, p. 201.) (3) Ray-Lankester, Contribution to the developmental history of the Mollusca. (Phil. Trans. Roy. Soc, London, 1875, pi. XI, fig. 10.) — Brock, Zur Anatomie und Systematik der Cephalopoden, Zeitschr. f. wiss. Zool., Bd XXXVI, pi. XXXIV, fig. 7.) — Vialleton, Recherches sur les premières phases du développement de la Seiche. (Ami. des Se. nat., Zool., sér. 7, t. VI, pi. VII, fig. 1, 2.) — Huxley and Pelseneer, Report on the spécimen of Spirula. (Zool. Challenger Expedit., part. 83, p. 27, fig. V.) (4) Haller, Die Organisation der Chitonen der Adria. (Arb. Zool. Inst. Wicn, Bd V, fig. 48.) — Garnault, Recherches sur la structure et le développement de l'œuf et de son follicule chez les Chitonides. (Arch. de Zool. expér., sér. 2, t. VI.) — Plate, Die Anatomie und Phylogenie der Chitonen. (Zool. Jahrb. Suppl. IV, pi. VII, fig. 62.) (5) Obst, Ueber das Verhalten des Nucleolus bei der Eibildung einiger Mollusken und Arachnoïden. {Zeitschr. f. wiss. Zool., Bd LXVI, 1899, pp. 171, 172.) (6) Je n'ai pu voir ce follicule chez certains Chitons (Recherches morphologiques et phylogénétiques sur les Mollusques archaïques, loc. cit., p. 3i.) — D'autre part, certains Aplacophora montreraient une apparence de follicule plus ou moins analogue à celui de Hélix (Wiren, Studien ùber die Solenogastres, I, Kongl. Svensk. Vetensk.-Akad. Handl., Bd XXIV, p. 52, pi. VI, fig. 1.) — Thiele, Beitrâge zur vergleichende Anatomie der Amphineuren, loc. cit., fig. 85. VII R 14 5o EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Développement. — L'incubation se fait dans la lame interne des branchies. Les œufs, très gros et riches en vitellus, ne sont pas contenus dans des « poches d'incubation » formées d'épithélium branchial saillant (comme chez Cyclas [']), mais attachés à la branchie par le pédoncule de l'enveloppe ovulaire. Un seul stade de développement a été rencontré : le tube digestif y était déjà com- plètement formé, mais non le foie ; au clos de l'estomac se trouvait le sac vitellin (fig. ng, vi), comme chez Modiolarca et Lasœa ; l'intestin est droit, l'anus tout à fait en arrière et ouvert dorsalement (fig. 121, an). Le muscle adducteur antérieur est développé le premier (fig. 122, ad'). Le pied, modérément saillant (fig. 118, 11g, 120, p), avait déjà sa cavité byssogène. Les ganglions pédieux montrent les cavités otocystiques encore ouvertes (fig. 123, ot). Il n'y a pas encore de filaments branchiaux. IV. — RÉSUMÉ 1. — Chez Tonicia fastigiata, les premiers yeux palléaux apparaissent sur la deuxième valve de la coquille, c'est-à-dire exactement dans la même région que les yeux larvaires céphaliques. 2. — Les Néoméniens sont des Mollusques Amphineures. L'ouverture des organes rénaux et génitaux à l'extrémité tout à fait postérieure du corps y résulte d'un déplacement secondaire des orifices réno-génitaux. 3. — Dans les Gastropodes, les yeux céphaliques supplémentaires ont la structure des yeux normaux. 4. — Les Lamellibranches adultes montrent le centre pleural ayant encore son individualité, dans la structure du ganglion cérébro-pleural (Lasœa, Modiolarca) ; chez l'embryon de Lasœa, les deux centres — pleural et cérébral — sont encore sépares. 5. — Les yeux céphaliques se rencontrent dans tous les Mytilides examinés ; ces petits organes ne semblent pas conférer de sensibilité particulièrement grande. 6. — Dans de nombreux Lamellibranches, le foie constitue deux glandes à grandes ouvertures symétriques et à vaste cavité dans laquelle paraissent s'effectuer en grande partie la digestion et l'absorption. 7. — ■ Divers Lamellibranches abyssaux sont franchement carnivores : Philobrya, Cuspidaria. 8. — Les branchies filibranches de Adacnarca manquent du feuillet réfléchi de la lame interne ; la disposition correspondante existe dans la lame branchiale externe de Lasœa (Eulamellibranche). g. — Les deux reins et les deux glandes génitales des Lamellibranches ont une tendance à se fusionner ; pour les secondes, le cas s'observe chez Donax, Chlamydoconcha, Lasœa et Adacnarca. 10. — Lasœa et Kellya sont hermaphrodites. (1) Ziegler, Die Entwicklung von Cyclas cornea Lam. (Zcitschr. f. wiss. Zool., Bd XLI, pi. XXVII, fig. 22-23.) MOLLUSQUES 5i il. — Dans Pseudokellya, les ovules sont entourés d'un follicule épithélial continu : seul exemple de cette disposition parmi les Lamellibranches. 12. — Les formes incubatrices sont plus nombreuses dans les mers subpolaires que partout ailleurs : Lasœa, Modiolarca, Pseudokellya. 13. — Modiolarca est un Eulamellibranche et non un Mytilide. 14. — Philobrya est un Filibranche, voisin des Arcidœ. i5. — « Kellya » cardiformis n'est pas un Kellya : il est voisin des Cardiidae et constitue le type du nouveau genre Pseudokellya. IIIe PARTIE BIOGÉOGRAPHIE I. - COMPARAISON DES ESPECES ANTARCTIQUES ET SUBANTARCTIQUES i° Limite respective des aires antarctique et subantarctique Alors que la distribution géographique des organismes terrestres a été intensivement étudiée et qu'on est plus ou moins d'accord sur les limites des grandes régions zoologiques terrestres, — il n'en est plus du tout de même pour les provinces marines : celles-ci ont été l'objet de moins de préoccupations. C'est ainsi que la délimitation de la grande région marine polaire australe est diffé- remment comprise. Trouessart (') y admet notamment toutes les îles australes, jusqu'à Saint-Paul, Amsterdam, Tristan da Cunha et la Tasmanie. Môbius (=) la limite arbitrairement partout, au Nord, par le parallèle de 3o° de lat. S., alors que cependant les conditions thermiques (facteur principal dans la répartition géographique) sont toujours très différentes entre les deux rives d'un même océan et que, notamment dans l'hémisphère Sud, les basses températures et les zones de grandes variations thermiques sont plus éloignées de l'Equateur sur la côte orientale que sur la côte occidentale des continents. Ortmann (3) a tenu compte de ce fait et de l'action des courants froids qui en sont cause ; aussi peut-on, d'une façon générale, admettre les limites méridionales qu'il indique à la zone tropicale, — ■ sauf sur la côte W. de l'Amérique du Sud. Il y porte en effet cette limite vers 4°2o' seulement au Sud de l'Equateur (« Cap Blanco ») (+). Or, d'après la récente carte des courants de Schott (5), le courant froid venant du Sud (« Courant de Humboldt ») s'écarte déjà du continent Sud-Américain vers le parallèle de 200 S.; et, en ce point, la température superficielle de l'eau peut atteindre -j- 25° C, sans descendre au-dessous de + i5°,56 C. ("). (1) Trouessart, La Géographie zoologique, 1890, p. 3g. (2) Môbius, Die Thiergebiete der Erde. (Archiv fur Naturgesch., 1891, p. 290.) (3) Ortmann, Grundzûge der marinen Tiergeographie, 1896. (4) Ortmann, loc. cit, p. 5o — apparemment d'après la carte des courants de Berghaus (Physikalischer Atlas, pi. XXI, 1889), où ce cap est indiqué, alors qu'il n'est pas une saillie primordiale indiquée sur les autres cartes à cette échelle. Toutefois cette limite a déjà été employée autrefois par Dana. (On an isothermal Oceanic Chart illustrating the Geographical Distribution of marine Animais, Amer. Journ. of Se, i853, p. 3i8.) (5) Schott, Weltkarte zur Uebersicht der Meeresstrômungen, 1898. (6) Murray, On the Température of the Floor of the Océan and of the surface waters of the Océan. (Geographical Journal, 1S99.) 54 EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE Une aussi énorme « province » (telle qu'elle a été conçue par Trouessart, par Môbius et par Ortmann), est-elle caractérisée fauniquement ? En d'autres termes, l'ensemble de sa faune est-il véritablement homogène ? Il ne l'est pas en réalité. Il n'y a pas de relations fauniques actuelles sensibles entre les districts marins littoraux du Cap, de l'Australie du Sud et de la Nouvelle-Zélande, d'une part, ■ — ■ et des terres australes proprement dites, d'autre part. Tout au plus en constate-t-on seulement, si l'on compare ces dernières aux iles du Sud de la Nouvelle-Zélande. Pour les Mollusques notamment, il y a des différences capitales entre deux points éloignés situés sous une latitude peu élevée ; et le nombre des formes universelles, dans cette étendue, est presque nul (voir plus loin, 2°). Dans cette « province », il y a en effet plus que la zone polaire proprement dite : car celle-ci est moins étendue vers le Nord. Les « royaumes » polaires et tropical ne sont pas contigus ni brusquement séparés ; et la limite polaire du royaume tropical n'est pas en même temps la limite tropicale du royaume polaire. Ces deux grandes régions sont séparées, non par une ligne, mais par une très large bande, qui correspond essentiellement à la zone tempérée des météorologistes. Or, où peut-on trouver la limite Nord de la province zoologique polaire Sud ? Évidem- ment dans les conditions physiques de la région. a. La limite extrême des glaces flottantes ne paraît pas convenir (voir Carte I, p. 56), car elle est trop étroite, s'infléchissant vers le Sud auprès des continents, sauf près du Cap de Bonne-Espérance. Les divers tracés ne concordent pas d'ailleurs : je me base sur celui du « Berghaus's Physikalischer Atlas » ('), planche 21, et non planches 5 et 16, qui laissent l'ile de Kerguelen en dehors, tandis que la première l'englobe — en quoi elle est conforme à la » Ice Chart of the South Hémisphère » (2). Ce tracé coïncide au reste avec celui des « Bathymetrical Charts » de Murray ('), du >< Perthes See-Atlas » (4), du « Stieler Hand- Atlas » (5) et, à peu près, avec celui de la « South Polar Chart » (°). b. La limite extrême de la chute des neiges (7) est au contraire trop large, embrassant presque le même espace que la limite de Ortmann ci-dessus. c. Mais dans le facteur qui règle lui-même ces deux dernières limites extrêmes (glaces flottantes et chute des neiges), c'est-à-dire dans les conditions thermiques de l'atmosphère vers le niveau de l'Océan et surtout de l'eau de mer à la surface, se trouvera un meilleur critérium. Déjà en i853, Dana (8) a établi l'importance de lignes de températures minima (pour (1) Berghaus, Physikalischer Atlas, 3e édit., 1889. (2) Admirality Chart, n° 1241, 1897. (3) Challenger Reports, Summary of the Results, 1895. (4) Perthes See-Atlas, 1897, pi. 24. (5) Stieler Hand-Atlas, 1899, pi. 7. (6) Scott. Geogr. Mag., vol. XIV. — J'ignore s'il a été fort modifié par les observations les plus récentes, notamment par H. C. Russell, Icebergs in the Southern Océan, Sydney, 1897, n'ayant pu consulter ce dernier travail. (7) Fischer, Die ^Equatorialgrenze des Schneefalls (Mitth. d. Vereins fiir Erdkunde, Leipzig, 1887). (8) Dana, On an isothermal Oceanic Chart illustrating the Geographical Distribution of marine Animais. (Amer. Joum. of Se, i853, pp. i53 et suiv.) (Voir aussi U. S. A. Exploring Expédition, Report on Crustacea, p. 1451.) MOLLUSQUES 5 5 3o jours consécutifs = isocrymes) de l'eau de mer, dans la distribution géographique des animaux marins [importance qu'il avait d'abord reconnue, concurremment avec Couthouy ('), au sujet des coraux constructeurs, dont la limite polaire d'extension est l'isocryme de + 200 C]. Mais Dana sépare la zone « frigide » (= polaire) et la zone tempérée, par l'isocryme de -f- i°,66 C, (= 35° F.) (a), alors que, cependant, il attribue au royaume antarctique (:>) une limite moins rude, c'est-à-dire l'isocryme de -\- 6°,66 C. (= 440 F.) : il comprend ainsi dans son « Antarctique », la zone frigide plus la sous-région sitbfrigidc de la zone tempérée. Une récente carte des minima absolus de la température superficielle des océans a été dressée par Sir John Murray (4). — La ligne de -f- 4°,44 C, (= 400 F.) y est assez voisine de l'isocryme atmosphérique pour le mois le plus froid [dans l'hémisphère austral : juillet (5)]. (Voir Carte I, p. 56.) Ces deux lignes encerclent les îles australes dont les faunes malacologiques montrent des relations et des analogies évidentes entre elles ; elles englobent, en même temps, la pointe méridionale de l'Amérique (Sud de la Patagonie et Terre de Feu). La limite qu'elles tracent en ce dernier endroit est particulièrement importante, car c'est là que se trouve le seul continent entamé par la zone antarctique. Or elle y a été différemment interprétée : a. Sur la côte E., elle irait pour Dana jusqu'à vers 440 S.; pour Pfeffer, jusque vers 38° S. ; pour Fischer et pour Cooke jusqu'à 45° S. (Port Melo) ; pour vox Jhering, jusqu'au 41e degré (Rio Negro) ; pour Edw. Forbes jusqu'à 5i° environ. b. Sur la côte W., pour Dana un peu au N. de 5o° ; pour Pfeffer, jusqu'à 5i° 40' S. (donc moins loin vers le N. que sur la côte E.) : Nord du Canal de Smyth; pour P. Fischer et pour Cooke, jusqu'à 3j° S. (Conception) ; pour Forbes, jusqu'à 460 environ (Sud de la presqu'île Taytao). Tout en reconnaissant que les ). (3) Osborn, Science, vol. X, 1900, p. 565. (4) Forbes, The Chatham Islands : their relations to a former Southern Continent, i8g3 (Roy. Geogr. Soc. London, Sitppl. Papers, vol. III, with map). — Voir aussi Forbes, Antarctica : a vanished Austral Land (Fortnightly Review, 1894, p. 307). (5) Osborn, The Geological and Faunal relations of Europa and America during the tertiary Period and the Theory of successive invasion of an African Fauna (Science, 1900, p. 566). (6) Murray, The Renewal of Antarctic Exploration (Geographical Journal, t. III, 1894, map). (7) Supan, Die Bodenformen des Weltmeeres (Petermann's Mitteilungen, Bd XLV, 1899, pi. XII). (8) Krùmmel, Der Ozean, 2e édit., carte, p. 34. (9) Admirality Chart, n° 2937, Oceanic Soundihgs, Indian and Pacific Océans, 1896. (10) Challenger Report, Summary of Results, chart 1 B, 1 C. 64 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Mais la carte cTOsborn doit aussi être rectifiée, notamment par les résultats de la Belgica et de la Valdivia ('). Et si nous traçons l'isobathe probable de 3ooo mètres, nous obtenons le contour ci-après, qui diffère quelque peu de celui d'OssoRN : Carte II. — Calotte polaire australe avec l'isobathe de 3000 m. Les lettres ont la même signification que sur la carte I plus haut. pi. IV). (i) Die Deutsche Tiefsee-Expedition 1898-1899 (Zeitschr. Gesellsck. fur Erdkunde, Berlin, Bd XXXIV, 1899, MOLLUSQUES 65 En examinant alors les rapports possibles de l'Amérique du Sud, de Kerguelen, de l'Australie, de la Nouvelle-Zélande et même du Cap de Bonne-Espérance avec l'Antarctide, nous arrivons aux constatations suivantes : A. — ■ L'Amérique méridionale est beaucoup plus rapprochée des terres antarctiques qu'aucun autre continent actuel. Et si elle en est séparée dans la ligne droite (moins de goo kilomètres) par de grandes profondeurs (3ooo à 4000 mètres, Belgica), il n'en est probablement plus de même plus à l'Est, suivant la ligne qui passe par la chaîne courbe des iles des Etats, du banc de Burdwood (« Admirality South Polar Chart », n° 1240, 1901), l'île Aurora, Géorgie du Sud, Sandwich et Shetland du Sud (quoique peut-être il y ait encore sur toute cette jonction plus de 2000 mètres de profondeur). Et l'on doit se rappeler que, dans le quartier sud-américain, il y a des traces d'affaissement des terres antarctiques ('). B. — D'autre part, la constitution de Kerguelen, confirmée par Renard (2), indique que cette île est le reste d'une grande ferre, jadis infiniment étendue à l'Ouest, qui, d'après Hooker (3), était peut-être reliée aux iles Malouines et à la Terre de Feu. Et à coup sur, par les organismes marins, l'île Kerguelen ressemble plus à l'Amérique du Sud et à l'Antarctique qu'au Cap de Bonne-Espérance ; et si, en droite ligne, elle est plus rapprochée de celui-ci que de la Terre de Feu, il y a] entre elle et cette dernière le jalon voisin des terres antarctiques, auxquelles elle est aussi reliée par des profondeurs bien moindres que 3ooo mètres ; tandis qu'il n'y a pas de jalon de cette importance entre Kerguelen et le Cap, mais bien des fonds de plus de 5ooo mètres (4). C. — Quant à l'Afrique, il y a au Sud du Cap de Bonne-Espérance — et le séparant donc de l'Antarctide — de très grandes profondeurs (5), ce que la carte d'OsBORN faisait déjà remarquer (plus de 3040 mètres) et ce que confirme la nouvelle carte ci-jointe. On peut ainsi prévoir que les relations fauniques marines du Cap avec l'Antarctique sont probablement nulles, — de même qu'elles sont très minimes aussi avec l'Amérique du Sud (ce qu'avait déjà exprimé Beddard (e) : « il a pu y avoir de plus récentes relations entre la Patagonie et la Nouvelle-Zélande qu'entre l'une des deux et le Cap »; et de même, Blanford (7) constatait que les relations ont dû être plus tardives entre l'Amérique du Sud et l'Australie qu'entre la première et le Cap). Et si l'une des rares espèces circumpolaires subantarctiques s'étend réellement jusqu'au Cap de Bonne-Espérance (Mytilus chorus), elle a pu y être importée de la région sud-américaine (1) Racovitza, Résultats généraux de l'Expédition antarctique belge (La Géographie, igoo, pp. 82, 83). — Renard et Arctowski, Mcm. Acad. Belg., in-8°, t. LXI, p. 12. (2) Renard, Report on the Petrology of Oceanic Islands, p. no. Challenger Reports, Physics and Chcmistry, IL (3) Loc. cit., voir plus haut. (4) Pour Pfeffer, la ressemblance fauuique serait même encore plus grande entre la Géorgie du Sud et Kerguelen qu'entre la première et la Terre de Feu. (5) Contrairement à l'opinion de Blanford (loc. cit., 1890). (6) Beddard, Zoogeography, p. 70. (7) Blanford, loc. cit., 1890. IX R 14 66 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE [artificiellement, par des navires, ainsi par exemple que Mytilus crenatus a été introduit momentanément en 1804 à Portsmouth, venant de Bombay (')]. D. — De même qu'au Sud de l'Afrique, et contrairement à ce que tendait à montrer la carte d'OsBORX, il est fort possible qu'il y ait de très grandes profondeurs (voir plus haut) au Sud de l'Australie, la ligne isobathe de 3ooo mètres n'unissant peut-être à l'Antarctique que la Nouvelle-Zélande seulement. Et, malgré cette dernière union, les relations avec la Nouvelle-Zélande sont cependant minimes, comme Pfeffer le reconnaît (2) ; et Hedley est même d'avis que la Nouvelle- Zélande n'a jamais été que plus ou moins voisine de l'Antarctica, comme par exemple les Gallapagos le sont de l'Amérique (3). En somme, de grandes profondeurs (qui ne sont probablement pas moindres que 2000 mètres, même au Sud de l'Amérique), d'une part, — et le petit nombre d'espèces subantarctiques circumpolaires, d'autre part, — sont également contraires à l'hypothèse d'une jonction récente des trois pointes continentales Sud, par un continent antarctique aussi étendu que celui de H. Forbes (4). Et cependant, du côté des biologistes, on admet généralement la nécessité d'une union antérieure de l'Amérique du Sud (portion dite « Archiplata », von Therixg) et de l'Australo- Zélande, d'un côté — de l'Afrique et de l'Amérique du Sud, de l'autre (voir plus haut : Rutimeyer, Huxley, etc.), et ce, non seulement pour les Vertébrés, mais encore pour les Invertébrés continentaux (5). Le terme de Notogée, créé par Huxley (6) exprime et consacre ces relations fauniques, de même que la « faune Sud » de Rutimeyer. Les reconstitutions géologiques anciennes montrent, depuis des époques reculées, une masse continentale méridionale — non seulement à l'époque mésozoïque [jurassique (7)], mais même au Trias et peut-être au Carbonifère (*). Toutefois, les relations entre l'Amérique du Sud et l'Afrique y sont établies sous une latitude peu élevée [fin du Secondaire (°), Tertiaire! inférieur et peut-être Miocène (IO)], expliquant ainsi les ressemblances fauniques continentales sans chercher une union polaire des deux (1) Willcox, On the Naturalisation in England of Mytilus Crenatus (Report Brit. Ass. f. Adv. of Science, i833, p. 448). (2) Pfeffer, Die niedere Thierwelt, etc., loc. cit., p. 462. (3) Hedley, Surviving Refugees, etc. (Ami. Mag. Xat. Hist., sér. 6, vol. XVII, p. 118). (4) Sir John Murray a déjà fait une constatation semblable (Summary, p. 1460). (5) Stoll, Zur Zoogeographie der Landbewohnende Wirbellosen, 1877 : la distribution actuelle des Inver- tébrés nécessite d'anciennes communications de l'Afrique et de l'Amérique du Sud, de l'Australie et du Chili. (6) Huxley, On the Classification and Distribution of the Alectromorphse and Heteromorphae (Proc. Zool. Soc. London, 1868). (7) Neumayr, Die geographische Verbreitung des Juraformation (Denkschr. K. Akad. Wiss. Wien, i885\ — Erdgeschichte, ire édit., t. I, p. 345, et t. II, p. 635. — Berghaus, Physikalischer Atlas, pi. 7-8. (8) De Lapparent, Traité de Géologie, 4e édit., respectivement pp. 1042 et 943. (9) Ortmann, The geographical distribution of freshwater Decapods and its Bearing upon ancient géographie (Proc. Amer. Philos. Soc, vol. XL, p. 379 et 38i). (10) De Lapparent, ibid., p. i53g. MOLLUSQUES 67 continents (les formes communes n'exigeant pas cette union par le Pôle, étant donnée l'absence de leurs représentants sur les terres antarctiques et à Kerguelen). Mais, d'un autre côté, cette masse continentale méridionale était interrompue entre l'Amérique et l'Australo-Zélande. Cependant des recherches récentes de Burckhardt^) reconstituent un continent pacifique, dont la côte Est serait à peu près la côte Ouest actuelle du Chili et qui aurait longtemps persisté — probablement depuis le Devonien — et a pu s'étendre à la Nouvelle-Zélande et à l'Australie. Toutefois, si même ces résultats étaient plus ou moins confirmés pour la partie Est, ils ne démontrent nullement l'existence d'un tel continent jusqu'à l'Ouest du Pacifique; ils n'infirment pas encore les reconstitutions précédentes, non plus que les nombreux arguments apportés à l'appui de l'idée de la permanence des grandes profondeurs océaniques [défendue notamment par Dana, Darwin (2), Wallace (3), A. Geikie, Blaxford (+), Murray (5), J. Walïher (6)]. Aussi le continent pacifique de Hutton (7) est-il peu vraisemblable. — ■ Hedley fait remarquer (s) que la Nouvelle-Zélande est plus américaine que Samoa, située pourtant entre elle et l'Amérique du Sud, et qui serait donc plus à l'Est sur le « continent pacifique » supposé. De même Pilsbry (u), qui admet cependant un continent centro-pacifiquc du Paléo- zoïque et du commencement du Mésozoïque, dit que les Mollusques terrestres et fluviatiles n'indiquent pas que ce dernier continent ait jamais eu de rapports avec les Amériques. De sorte que c'est par l'Antarctique que les connexions de l'Amérique du Sud et de la masse australo-zélandaise sont le plus vraisemblables ; et ces relations avec l'Antarctide se sont conservées plus longtemps pour l'Amérique que pour la Nouvelle-Zélande (,0). C'est donc principalement entre la Sud-Amérique (Chili méridional, Terre de Feu, extrême Sud de la Patagonie), la Géorgie du Sud, Kerguelen (ces deux dernières entièrement séparées, au Nord, de tout continent) et l'Antarctique, qu'il y a lieu de rechercher encore des affinités fauniques littorales. Et ces trois premiers districts, à ce point de vue encore, méritent surtout le nom de « subantarctiques ». C'est conséquemment à cette faune littorale magellanique et kerguele- nique que l'on doit comparer celle de l'Antarctique. (1) Bûrckhardt, Traces géologiques d'un continent pacifique (Revista d. Museo de la Plata, t. X, 1900, p. 177). (2) Fide Forbes, Antarctica, loc. cit., p. 3o8. (3) Wallace, Island Life, 1902, pp. 97-105. (4) Bi.anford, Presidential adress {Quart. Journ. Geol. Soc. London, 1890). (5) Murray, Summary, p. 1462. (6) J. Walther, Allgemeine Meereskunde, p. 281. (7) Hutton, On the Origin of the Fauna and Flora of New Zealand, 18S4, p. 17. — Theoretical Explanation of the Distribution of the Southern Faunas, 1896 (voir aussi Baur, Amer. Naturalist, t. XXXI, 1897). (8) Hedley, Surviving Refugees, etc. {Ann. Mag. Nat. Hist., sér. 6, t. XVII, p. n5). (9) Pilsbry, Mid-Pacific Faunas (Proc. Acad. Philadelphie, t. XXX, 1890, p. 568). (10) Ortmann. (The geographical distribution of the freshwater Decapods, etc., loc. cit., p. 335, 337, 338, 340) établit que ces relations de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande avec l'Antarctique ont cessé à la fin du Crétacé, celles de l'Amérique du Sud seulement après le Tertiaire inférieur. (Voir les cartes qu'il donne p. 38 1 et 385). 6S EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE 4° Comparaison des espèces antarctiques littorales avec les formes « subantarctiques » () Avec les divers groupes fauniques subantarctiques ainsi répartis, la faune littorale antarctique a-t-elle des relations ? Cette dernière faune est évidemment encore peu étudiée ; et elle paraît peu nombreuse. Toutefois, les formes connues — les plus communes apparemment ■ — du détroit de Gerlache présentent avec les espèces subantarctiques, des analogies véritables : Lœvilittorina elongata, plus ou moins analogue à L. caligiiiosa. Cyamium subquadratwm, » » » C. antarcticum. Nacella polaris, » » » N. unca. De même, quatre espèces de la terre Victoria existent à Kerguelen : Neobuainum Eatoni, Chlanidota vestita, Littorina setosa et Cardita astartoides (2). Von Jherixg, trouvant dans la faune magellanique actuelle des formes manquant dans le Tertiaire récent de Patagonie et du Chili, les considère comme des immigrants de la région circumpolaire antarctique (3), notamment : Mytilus magcllanicus, Pat cil a œnea, et les genres Lœvilittorina et Modiolarca. Cependant, si ces migrations se sont ainsi effectuées, — à une époque où la faune antarctique était déjà différenciée de la subantarctique, — elles n'ont pu être bien étendues vers l'Equateur ; ce qui résulte de l'absence générale d'espèces identiques sur les deux côtés de l'Amérique méridionale, au Nord de la Terre de Feu : outre un Pulmoné marin (Siphonaria Lessoni, considéré autrefois comme seule espèce commune sur un total de 628), il n'y a guère de certaines, que quelques formes dont l'apparence n'est nullement antarctique : Fisurclla îuaxima, Bullia gradata, Euthria fuscata. Mais, d'autre part, ces migrations, si elles étaient confirmées, pourraient cependant expliquer que la faune antarctique littorale s'est appauvrie pendant la période glaciaire Sud, et que depuis cette glaciation, elle n'a plus guère récupéré de composants nouveaux, là où le glacier arrivant au niveau de la mer, couvre la côte sur laquelle il glisse perpétuellement, en y causant un grave obstacle à l'existence d'organismes. (1) C'est-à-dire de l'extrémité Sud de l'Amérique méridionale, de Kerguelen et du groupe d'Auckland et îles voisines (voir plus haut la délimitation de la région subantarctique). (2) Report on the Collections of natural history made in the Antarctic régions during the voyage of the Southern Cross. — Mollusca by Smith. igo2. (3) von Jhering, Os Molluscos dos terrenos terciarios da Patagonia (Revista do Muscu Paitlista, t. II, 1897, pp. 358, 35g). MOLLUSQUES 69 5° Comparaison des espèces antarctiques fondicoles avec les espèces antarctiques littorales et les espèces subantarctiques littorales Cette double comparaison n'a pas révélé d'analogies. Parmi les espèces fondicoles antarctiques, il a été observé, il est vrai, Photimtla violacea (?) juv. Mais il est absolument douteux que cette forme habite réellement dans ces profondeurs : car elle n'était représentée que par un unique échantillon vide et roulé, ayant toute l'apparence d'une coquille transportée. 2 — COMPARAISON DE LA FAUNE ANTARCTIQUE FONDICOLE OU CÔTIÈRE AVEC LA FAUNE ABYSSALE (PLUS OU MOINS COSMOPOLITE) Quoique sur le « plateau continental », la faune côtière de l'Antarctique ressemble à l'abyssale. Pfeffer avait déjà remarqué (') que « das Verhâltniss der Antarktischen Thiere zur Tiefsee ist dasselbe wie im Norden », « doch... schwacher ». Mais c'est par Racovitza (-) que cette constatation a été faite à un point de vue général et d'une façon nette, pour la faune côtière ; et l'exactitude de cette manière de voir se trouve entièrement confirmée par l'étude des Mollusques. Il est vrai que le « plateau continental » s'étend jusqu'aux environs de 5oo mètres, autour de l'Antarctide ; mais cela parait résulter d'affaissements (3). Et alors que la ressemblance de la faune « côtière » polaire est nulle avec celle de la région subantarctique ; elle est au contraire très grande avec la faune abyssale plus ou moins universelle. La nature franchement et même exclusivement abyssale de cette faune du plateau continental antarctique ressort pleinement de l'examen des Mollusques. Parmi ceux-ci, un des exemples les plus frappants est un Lamellibranche à aire de dispersion très étendue : Pccten pudicus Smith, connu à l'Est de l'île Marion (Océan Indien) par 2415 mètres (Challenger) et aux Açores (Atlantique Nord) par 1846 mètres (Princesse Alice) : « Cette espèce appartient à un groupe de coquilles à test extrêmement mince et fragile, qui habitent les grandes profondeurs (4). » — De même Leda antarctica n. sp. du plateau continental, vit aussi dans le Sud-Est du Pacifique par 2800 mètres (Belgica). (1) Pfeffer, Die niedere Thierwelt, etc., loc cit., p. 463. (2) Racovitza, Résultats généraux de l'Expédition antarctique belge {La Géographie, Bull. Soc. Géogr. Paris, igoo, p. 90). (3) Racovitza, ibid., pp. 82, 83 : traces d'affaissement. — Rexard et Arctowski, Notice préliminaire sur les sédiments recueillis par l'Expédition antarctique belge {Mém. Acad. Belg., in-8°, t. LXI, p. 12 : « On peut donc se demander si le plateau continental antarctique est submergé »). (4) Dautzenberg et Fischer, Dragages effectués par I'Hirondelle et par la Princesse Alice, 18S8-1896, {Mém. Soc. Zool. France, 1897, p. 192).— Les autres formes du même groupe {Hyalopecten Verrill) proviennent de profondeurs comprises entre 2600 et 33i5 mètres (voir partie systématique : Pecten pudicus, p. 26). EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE jusqu à 4206 mètres » 53o3 » » 5oio » » 5394 » » 53o3 » » 53o3 » )> 5027 » » 2002 » » 2368 » » 2514 » » 2437 » » i36o » » 4020 )> D'autre part, les formes génériques essentielles de cette faune malacologique du plateau continental antarctique sont des types caractéristiques de la faune abyssale universelle. C'est ainsi qu'on a observé les genres suivants : Leptochiton (') Arca (s. g. Bathyarca) Linwpsis (a) Leda Cuspidaria (= Ncaera) Callocardia Dacrydium Scissure lia (') Propilidium (4) Margarita Cyclostrema (5) Set ia (") Sipho Complètement dépourvue d'éléments littoraux, la faune malacologique du plateau continental antarctique est donc entièrement composée d'éléments abyssaux. Cette particularité s'explique : — Alors que dans les grandes profondeurs la température de l'eau est relativement uniforme sous toutes les latitudes (par exemple un peu moins de + 2° C. à 3ooo mètres), vers 5oo mètres, par contre, régnent des états thermiques très différents, suivant les parallèles considérés. Ainsi, dans l'Atlantique tropical Nord, sur le fond même, par 5oo mètres, on trouve jusqu'à -f 160 C. environ (7), et en pleine eau (« entre deux eaux »), — à la même profondeur, — jusqu'à + I7°,22 C. (= 63° F.) ('). Au contraire, dans les eaux antarctiques, sur le plateau continental, l'Expédition belge a observé vers 5oo mètres cette température basse, inférieure à + 20 C, qui s'étend régu- lièrement jusqu'aux plus grandes profondeurs, où elle est la même tant sous les latitudes élevées qu'au niveau équivalent sous les tropiques ('). Les basses températures abyssales universelles sont ainsi atteintes, dans les régions polaires, à peu de distance de la surface (cette dernière pouvant même être plus froide encore, mais offrant, contrairement à la profondeur, des variations thermiques correspondant aux saisons). Or cette uniformité de température est la condition la plus favorable à l'extension (1) Haddon, Report on the Polyplacophora {Challenger, Zoologv, part XLIII, p. 1) : « seul vrai Chiton abyssal ». (2) L. cristata Jeffreys. (3) 5. umbilicata Jeffreys (Porcupine). (4) P. elegans Verrill. (5) C. basistriatum Jeffreys. (6) S. roseotincta Dautzenberg. (7) Voir la Carte des températures du fond, de Sir John Murray (Geogr. Journ., 1899). (8) Buchan, Oceanic Circulation, map 5 (Challenger, Summary of Results). (9) Pour les pêches au chalut et aux fauberts de la Belgica, sur le plateau continental, la température du fond s'est trouvée comprise entre -r-o°,8 et — o°,3 C. , MOLLUSQUES 71 des espèces ; et dans les régions polaires, les formes des profondeurs remontent de la sorte vers les rivages ('), jusqu'à un niveau où les animaux « côtiers » se trouvent encore placés dans des conditions « abyssales ». — De cette manière et pour des causes purement géophysiques, se comprend très naturellement le caractère si nettement et si généralement abyssal de la faune côtière antarctique. On a pendant longtemps attribué à la faune abyssale une origine littorale ou côtière polaire ; c'est même encore aujourd'hui l'opinion la plus courante. Mais on voit, d'après ce qui précède, qu'il faut au contraire renverser ces termes, et dire que c'est la faune côtière polaire, sans relations génétiques avec les organismes polaires littoraux, qui est d'origine purement abyssale. Et d'ailleurs, cette faune polaire côtière, peu variée, ne peut avoir donné naissance à la grande faune abyssale universelle, si diversifiée; celle-ci, par contre, si nombreuse et si variée, peut avoir engendré la faune côtière polaire, plus pauvre à la fois en formes génériques et en espèces. 3 _ COMPARAISON DE LA FAUNE POLAIRE AUSTRALE (ANTARCTIQUE ET SUBANTARCTIQUE) AVEC LA FAUNE POLAIRE BORÉALE Des analogies fauniques et florales entre les deux régions polaires (et subpolaires) de la Terre ont déjà été supposées à plusieurs reprises et depuis assez longtemps. Darwix (2) rappelle divers auteurs qui ont signalé des ressemblances de ce genre : Dana, Richardson, Hooker. Ed. Forbes (3) constatait aussi des correspondances entre les régions fauniques marines de latitude différente — de part et d'autre de l'Equateur — qu'il considérait comme « mutually représentatives » (4) et qu'il désignait sous le nom de « homoiozoic belts » (5). Il indiquait ainsi, comme se correspondant, la province patagonienne dans l'hémisphère Sud, et les provinces boréale, ochotzienne et sitchienne dans l'hémisphère Nord. Il mentionne (") dans un diagramme de sa carte, quelques exemples de formes génériques à deux centres de dispersion, — un dans chaque hémisphère, - - séparés par une discontinuité tropicale. ■ — C'est le germe de la théorie de la bipolarité. Darwin (7) et Wallace (8) attribuent à l'influence de la période glaciaire, et notamment au transport par les glaces flottantes, cette extension d'espèces d'une région polaire vers l'autre. (1) C'est ce qu'indiquait déjà autrefois Wyville Thomson : General Introduction to the Zoological Reports (Challenger, Zoology, I, p. 40). — On peut aussi rappeler que Forbes avait formulé la « loi » que g-P g.pa g-pl g.plv g. st g. VI gl. cl g1- g gl-p embryon. épithélium. épipodium. fossette ciliée, follicule ovulaire. fausse spire. ganglion, ganglion cérébral, ganglion pédieux. ganglion palléal. ganglion pleural, ganglion pleuro-viscéral. ganglion stomato-gastrique. ganglion viscéral, glande cloacale. glande génitale, glande pédieuse. So EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE gl.pa glande palléale. P pied. gl. s glande salivaire. pa manteau. gl. s. d glande salivaire dorsale. pa. d papille dorsale. go. se gouttière séminale. pap papilles buccales. pa. s papilles sensorielles du manteau. hep foie. pal palpe labiale. ped pédoncule. VI intestin. la dent latérale de la radula. r rein, radula. la. b lame basale de la radula. va lo. e lobe épipodial. re rectum. re. p rétracteur du pied. ma, ma* , ma2 dents marginales de la radula. ret rétine. m. vi masse viscérale. rh rhinophore. na nageoire. si sillon pédieux. 11. p nerf pédieux. sin sinus. n. pa nerf palléal. si. p sillon pédieux antérieur. spi spicule. o. a orifice anal du manteau. st estomac. o. b orifice branchial. stg stomato-gastrique. o. aur. i orifice auriculo-ventriculaire. t tête. oc œil. te tentacule. oc' , oc" œil supplémentaire. te. d tentacule droit. o. ci orifice cilié. te. ep tentacule épipodial. o. d organe dorsal. te. g tentacule gauche. œ œsophage. te. pa tentacule palléal. o-g orifice génital. te. p. o tentacule post-oculaire. 0. p orifice pédieux du manteau. teg tegmentum. op opercule. tes testicule. o. r orifice rénal externe. o. r. p orifice réno-péricardique. r. d vaisseau dorsal. ot otocyste. vel vélum ov ovule. ven ventricule du cœur. 0. V. s orifice de la vésicule séminale dans vc. s vésicule séminale. le conduit réno-génital. vi vitellus. MOLLUSQUES 81 » 4 » 5 » 6 » 7 » 8 » Q PLANCHE I Figure i. — Leptochiton belgicœ n. sp., vu du côté gauche, X 12. » 2. — Tonicia fastigiata Gray, jeune, vu dorsalement, X 10 : 1, première valve; 11, premiers yeux de la deuxième valve; ni, troisième valve. » 3. — Tonicia fastigiata, première valve du spécimen représenté figure 2, X 5o : 1 à vi, les six premières paires d'yeux, dans leur ordre d'apparition. - Tonicia fastigiata, jeune, vu dorsalement, X 12 : 11, première paire d'yeux. - Tonicia fastigiata, coupe transversale de l'individu représenté figure 4, passant par l'œil droit, X 200. - Proneomenia Gerlachei n. sp., X 400 : 1, petit spicule entier; 11, fragment d'un grand spicule. • Proneomenia Gerlachei, vu du côte gauche, X 2 '/s environ. - Proneomenia Gerlachei, extrémité postérieure, vue ventralement, X 8. - Proneomenia Gerlachei, extrémité antérieure, vue ventralement, X 8. » 10. — Proncomcnia Gerlachei, reconstitution de l'extrémité postérieure suivant une coupe sagittale médiane, vue du côté gauche, X IO environ : -X- limite antérieure de la jonction des deux glandes coquillières. » 11. — Proneomenia Gerlachei, coupe transversale passant par le cœur, X 36. » 12. — Proneomenia Gerlachei, coupe transversale passant par l'organe dorsal, X 36. PLANCHE II Figure i3. — Proneomenia Gerlachei, reconstitution de la partie antérieure du corps, en coupe sagittale médiane, vue du côté gauche, X 10 environ. » 14. — Proneomenia Gerlachei, reconstitution des organes de la partie postérieure du corps, vus dorsalement, X IO- » i5. — Proneomenia Gerlachei, coupe transversale passant par l'ouverture de la glande dorsale dans le pharynx, X 36. » 16. — Proneomenia Gerlachei, coupe transversale passant par l'ouverture de la branche postéro-antérieure du conduit réno-génital, dans la branche antéro-postérieure, X 36. » 17. ■ — Proneomenia Gerlachei, coupe transversale passant par la partie postérieure du cœur, X 36. „ 18. — Proneomenia Gerlachei, coupe transversale passant un peu en avant de la précédente : le cœur et le sinus afférent communiquent, X 36. j, ig. — Proneomenia Gerlachei, coupe transversale de la partie centrale de la radula, X 4°°- „ 2o. — Proneomenia Gerlachei, coupe sagittale schématique de l'anse antérieure du conduit réno-génital, où débouche la vésicule séminale. » 21. — Proneomenia Gerlachei, coupe sagittale médiane schématique du cœur et du péricarde : 11, 16, 17, 18, direction des coupes représentées par les figures de numéro correspondant. xi R 14 82 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE PLANCHE III Figure 22. » 23. » 24. 25. » 26 » 27 » 28 )) 29 3o. — Paramenia cryophila n. sp., vu du côté droit, X 20. Paramenia cryophila, vu ventralement, X 10 environ. Paramenia cryophila, reconstitution de la partie antérieure du corps, en coupe sagittale médiane, vue du côté gauche, X 100. Paramenia cryophila, spicules, X 200 : 1, grand spicule entier; 11, petit spicule entier; ni, extrémité libre d'un grand spicule dentelé. Paramenia cryophila, coupe transversale passant par la radula, X 140. Paramenia cryophila, reconstitution de la partie postérieure du corps, en coupe sagittale médiane, vue du côté gauche, X 100. Paramenia cryophila, coupe transversale passant par la partie antérieure des glandes hermaphrodites, X 140. Paramenia cryophila, coupe transversale passant par les conduits des glandes génitales, X 140. Paramenia cryophila, coupe transversale passant par le cœur, X 140. PLANCHE IV gure3i » 32 » 33 » 34 » 35 36 27 » 38 » 39 » 40 » 4i » 42 » 43 » 44 » 45 Paramenia cryophila, coupe transversale passant par l'ouverture des conduits géni- taux dans le péricarde, X 140. Paramenia cryophila, coupe transversale passant par les branchies, X 140. Nacella œnea Martyn, var. magellanica, avec le tentacule droit bifide, vue ventrale de la partie antérieure, X 2. Patella vulgata Linné, avec deux tentacules bifides, vue dorsale de la tète, X 3. Patella vulgata, le même individu que figure 34, profil gauche de la partie antérieure, X 4- Patella vulgata, le même individu que figures 34 et 35, vue ventrale de la partie antérieure, X 4- Patella vulgata, individu à deux tentacules et deux yeux du côté gauche, vue dorsale de la tête, X 3. Photinula violacea King, partie ventrale, vue du côté droit, X 7- Photinula violacea, sans sa coquille, vu du côté gauche, X 6. Photinula violacea, œil double du coté gauche, coupe transversale, X 25o. Buccinum undatum Linné, jeune larve trioculée, vue antérieurement, X 20. Buccinum undatum, larve trioculée, deux coupes transversales des deux yeux droits, X 100. Scissurella euglypta n. sp., coquille vue du côté de l'ouverture, X 10. Scissurella euglypta, l'animal sans sa coquille, vu du côté droit, X 20. Scissurella euglypta, l'animal sans sa coquille, vu antérieurement et un peu ventra- lement, X 20. .MOLLUSQUES 33 PLANCHE V Tharsis globosa n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 25; 46', opercule, vu exté- rieurement, X 25. Margarita lamellosa n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 14- Cyclostrema decussatum n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 12. Cyclostrema humile n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 26. Cyclostrema liratulum n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 26. Circulas peiiatus n. sp., vu du côté de l'ouverture et un peu par-dessus, X 48. Capulus subcompressus n. sp., vu du côté droit, X 14- Capulus subcompressus, vu du côté de l'ouverture. X 14- Capulus subcompressus, vu du côté gauche, X 14- Rissoa (Setia) columna n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 4°- Rissoa (Setia) inflata n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 40. Rissoa (Setia) inflata, opercule attaché au pied, vu dorsalement, X 40. Lœvilittorina elongata, vu du côté de l'ouverture, X 14. Rissoa (? Ceratia) subir uncata n. sp., vu du côté de l'ouverture, X 4. Sipho antarctidis n. sp., juv., vu du côté de l'ouverture, X 20. Larve pélagique de Streptoneure taenioglosse, vue du côté de l'ouverture et un peu par-dessus, X 24. La même larve, dents de la radule : une dent latérale et quatre dents margi- nales, X 336. La même larve, retirée de sa coquille, vue ventralement, X 25. PLANCHE VI Figure 64. — Scalaria commuais, ganglion pédieux gauche, vu dorsalement, X 5o. » 65. — Larve de Streptoneure, vue du côté de l'ouverture, X 24. » 66. — Tergipes autant icus n. sp., vu dorsalement. » 67. — Tergipes antarctieus, vu du côté droit, X 4$- „ 68. — Tergipes antarctieus, œil et otocyste gauches, vus dorsalement, X 336 (d'après un dessin de M. E. G. Racovitza). Tergipes antarctieus, dent de la radule, X 824 (d'après un dessin de M. E. G. Racovitza). Limacina antaretica Hooker, jeune individu, coquille avec son opercule en place, orientée comparativement aux autres Gastropodes {Limacina étant hyperstrophe ultra dextre, > 7. Limacina antaretica, partie antérieure du corps, vue ventralement, X 28. Limacina antaretica, larve, vue du côté droit et un peu ventralement, X 184 (d'après un dessm sur le vif, de M. E. G. Racovitza). Limacina antaretica, l'animal hors de sa coquille, vu dorsalement, X 5. Limacina antaretica, une dent centrale et une dent latérale de la radula, X 3oo. Spongwbranchaa australis d'Orbigny, larve en alcool, contractée, vue du côté droit, un peu ventralement, X 20. Figure 46. » 47- » 48. » 49. )> 5o. » 5i. » 52. » 53. » 54. » 55. » 56, » 57, » 58 » 59. » 60 » 61 » 62 » 63 69. )) 71. » 72. » 73, » 74 » 7^ 84 EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE Figure 76. » 77- )) 78. » 79- » 80. » 81. » 82. Spongiobranchœa australis, larve en vie (d'après un dessin de M. E. G. Racovitza), X 5o environ. Leda ecaudata n. sp., valve gauche, vue intérieurement, X 20. Leda ecaudata, valve gauche, vue extérieurement, X 20. Leda oblonga n. sp., valve droite, vue intérieurement, X i5. Leda oblonga, valve droite, vue extérieurement, X i5. Bathyarca sinuata n. sp., valve gauche, vue intérieurement, X 3. Bathyarca sinuata, valve gauche, vue extérieurement, X 3. PLANCHE VII Figuj RE 83 » 84 )) 85 » 86 87 88 89 90 9i 92 93 94 95 Adacnarca nitens n. sp., valve gauche, vue intérieurement, X 8. Adacnarca nitens, animal hors de sa coquille, vu du côté gauche (le lobe palléal de ce côté enlevé), X 8. Adacnarca nitens, coupe transversale passant par l'ouverture rénale extérieure, X 35. Adacnarca nitens, coupe transversale passant par la partie postérieure de l'orifice du byssus, X 21. Adacnarca nitens, coupe transversale passant par la jonction des deux testicules X 35. Adacnarca nitens, coupe transversale passant par les otocystes, X 35. Limopsis longipilosa n. sp., valve droite, vue du côté extérieur, X 10. Limopsis longipilosa, valve droite, vue du côté intérieur, X 10. Limopsis lœviuscula n. sp., valve gauche, vue du côté extérieur, X 3 7 2 environ. Limopsis lœviuscula, valve gauche, vue du côté intérieur, X 3 J/2 environ. Philobrya sublœvis n. sp., valve droite, vue du côté intérieur, X 10. Philobrya sublœvis, valve droite, vue du côté extérieur, X 10. Philobrya sublœvis, coupe transversale passant par l'orifice rénal extérieur, X 21. PLANCHE VIII 97- — Figure 96. — Philobrya sublœvis, animal retiré de sa coquille, vu du côté gauche (le lobe palléal de ce côté étant enlevé), X 4. Philobrya sublœvis, coupe transversale passant par les orifices hépatiques posté- rieurs, X 21. Philobrya sublœvis, coupe transversale passant par les orifices génitaux, X 21. Philobrya sublœvis, coupe transversale passant par le cœur (portion dorsale), X 21. Dacrydium albidum n. sp., valve gauche, vue du côté intérieur, X 20. Pecten Racovitzai, valve droite, vue du côté extérieur, grandeur naturelle. Pecten Racovitzai, valve droite, oreillettes, vues du côté intérieur, X 2 environ. Modiolarca trapezina, coupe transversale, passant par les orifices rénaux extérieurs, X 35. Modiolarca trapezina, pied vu ventralement et un peu du côté gauche, X 5. Modiolarca trapezina, coupe sagittale médiane du pied, X 4. » 98 )) 99 )) 100 » 101 n 102 » io3 )) 104 « io5 MOLLUSQUES 85 » » Figure 106. — Modiolarca trapezina, animal retiré de sa coquille, vu du côté gauche (le lobe palléal de ce côté étant enlevé), X 5. » 107. — Modiolarca trapezina, coupe transversale passant par le cœur et l'orifice génital, X 35. » 108. — Modiolarca trapezina, coupe transversale, passant par l'extrémité antérieure de la glande pédieuse, X 20. » 10g. — Modiolarca trapezina, coupe transversale passant par l'orifice de la glande pédieuse, X 20. » 110. — Modiolarca trapezina, coupe transversale passant par la partie antérieure de la cavité byssogène, X 20. » m. — Modiolarca trapezina, coupe transversale passant par l'orifice de la cavité bys- sogène, X 20. PLANCHE IX Figure 112. — Modiolarca trapezina, ganglions pédieux, coupe transversale, X 25o. n3. — Modiolarca trapezina, œufs incubés : 1, jeune œuf, dans son enveloppe; 11, embryon pourvu de sa coquille, dans l'enveloppe ; m, jeune œuf, retiré de sa coque, après la première segmentation ; iv, jeune œuf, après la deuxième segmentation ; X 35. 114. — Modiolarca trapezina, coquille larvaire, vue interne, X 35. » 11 5. — Pseudokellya cardiformis (Smith), animal vu du côté gauche (le lobe palléal de ce côté étant enlevé), X 8. » 116. — Pseudokellya cardiformis, coupe transversale d'une portion de l'ovaire, X 25o. » 117. — Pseudokellya cardiformis, coupe transversale d'un ovule avec son follicule, X 25o. » 118. — Pseudokellya cardiformis, un embryon dans sa coque, X 5o. » 11g. — Pseudokellya cardiformis, embryon, coupe transversale passant par l'estomac, X 96. » 120. — Pseudokellya cardiformis, embryon, coupe transversale passant par l'intestin, X 96. » 121. — Pseudokellya cardiformis, embryon, coupe transversale passant par l'anus, X 96. » 122. — Pseudokellya cardiformis, embryon, coupe transversale passant parle muscle adduc- teur antérieur, X 96. „ I23. — Pseudokellya cardiformis, embryon, coupe transversale passant par les ganglions pédieux, X 96. • Cyamium subquadratuni n. sp., valve droite, vue du côté extérieur, X 10. • Lasœa mbra, coupe transversale passant par l'union des deux glandes génitales, X 96. Lasœa rubra, coupe transversale passant par le caecum stomacal, X 96. Lasœa rubra, coupe transversale passant par les ganglions pédieux, X 96. - Lasœa rubra, embryon, coupe transversale un peu oblique, passant par l'estomac, X 140. ■ Callocardia lœvis n. sp., valve gauche, vue dorsalement, X 16. - Callocardia lœvis, valve gauche, vue intérieurement, X 16. » 124, » 125, » 126 » 127, )) 128, » 129 » i3o EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE. 1 MOLLUSQUES. Pl. I. p vrv p< <*™! Paul Pelseneer del. p,t a ce n Photolith. F Dricot & C EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE. 13 ac <&*& MOLLUSQUES P. IL f&a amn.p, Lcl * ■i— ' -mrt. 63 Paul Pelseneer del. Photolith. F Dncot k C" EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE. MOLLUSQUES. Pl. VI. 67 *£, ^ * p Paul Pelseneer del Photolitnn, F. Dricot « O* EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE. MOLLUSQUES. Pi.. A IL 84.V h T^\ <"!■" îr^rTTTVf^ Paul Pelseneer del Photoliih. F. Dricot & C" EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE. \Xm ouu^t, MOLLUSQUES. Pu VIII. Paul Pelseneer del. Photolitlio. F. Dricot & C" EXPEDITION ANTARCTIQUE BELGE. MOLLUSQUES. Pi.. IX. ™ p- ad." Photolitho. F. Drieot & C- ' \ ':::