Dre : er ne ee : PUR CU 2 AOF AU - An he ee D 9 rt De v : È Lei e À . NS er ce No re Rene mme ed : Rene rte % 4 se - = ace oO D te Ronnie: Reid ee né on 1 D + F:S PALÉONTOLOGIS FRANÇAISE Convuis, typ. et stér. de Créré FILS. PALÉONTOLOGIE FRANCAISE oU DESCRIPTION DES FOSSILES DE LA FRANCE continuée PAR UNE RÉUNION DE PALÉONTOLOGISTES SOUS LA DIRECTION D'UN COMITÉ SPÉCIAL 2e Série. — VÉGÉTAUX PLANTES JURASSIQUES PAR LE COMTE DE SAPORTA TOME I PRÉCÉDÉ D'UNE INTRODUCTION GÉNÉRALE ALGUES, ÉQUISÉTACÉES, CHARACÉES, FOUGÈRES 17 ue" PARIS ER G. MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE 47, Place de l'École-de-Médecine 1873 Up \ QE. 755 F8 07 Sect.B 2.Ser. &./ PALEONTOLOGIE FRANÇAISE DEUXIÈME SÉRIE. — VÉGÉTAUX TERRAIN JURASSIQUE INTRODUCTION Placée, comme un trait d'union, entre les époques les plus reculées et les temps où la vie se manifesta sous des formes déjà plus voisines de celles que nous avons sous les yeux, la période jurassique est en même temps une des plus originales par les contrasles inouïs dont elle offre l'exemple. Gigantesque et bizarre dans ses productions, à bien des points de vue, elle se montre, à d’autres égards, indigente, monotone el amoindrie. Tandis que certaines séries organiques se développent au delà de toute mesure, d’autres se trouvent réduites à des proporlions insigni- fiantes ou s’écartent à peine de ce qui existe encore au- jourd'hui. A côté des mers où pullulent tant d'êtres puis- sants ou délicats, agiles on massifs, timides ou féroces, brillants des plus riches couleurs ou disposant de la force la plus redoulable, se trainant le long de la plage ou se VÉGÉTAUX, — 4, 1 2 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, jouant dans les flots, au sein desquels d’autres mulli- plient leurs groupes harmonieusement associés, le sol con- tinental ne présente encore qu’un relief faiblement accusé. Privée de fraicheur, couronnée d’une verdure chétive, la surface terrestre disparaît çà et là sous des bouquets de conifères au tronc élancé, aux rameaux régulièrement éta- gés, au feuillage maigre. Auprès de ces arbres, toujours peu variés et souvent répétés comme individus, croissent des cycadées, analogues à de très-petits palmiers, au tronc court, presque toujours simple, relativement épais, ter- miné par une couronne de feuilles pinnées et roides. La petitesse de ces arbres étonne souvent, et dément toujours les proportions gigantesques que la taille exceptionnelle de quelques animaux porte à généraliser bien à tort. Beaucoup de cycadées ont dû être d’humbles végétaux, ligneux, il est vrai, mais réduits à quelques pouces de hauteur, et composant avec certaines fougères coriaces une sorte de tapis gazonnant sur la lisière des parties boi- sées. Pour saisir d’autres spectacles, un explorateur de ces lemps antiques aurait dû pénétrer dans des parties assez basses pour retenir les eaux et donner lieu à des lagunes, à des marécages et à des estuaires fréquemment inondés. Là seulement on aurait vu se développer une végétation plus riche en individus et en espèces, plus variée de forme, plus luxuriante de feuillage. C’étaient pourtant des stations tout exceptionnelles, et les précieuses découvertes, relalives aux plus anciens mammifères et aux reptiles terrestres, faites dans des couches dont l'ori- gine se raltache à des lacs ou à des estuaires, montrent bien que ces êtres, clair-semés partout ailleurs, choisis- saient ces localités pour y habiter de préférence. L'eau, la verdure, une nourrilure plus abondante et plus facile les y TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 3 conviaient et yamenaient enmême temps ceux d’entre eux qui vivaient exclusivement de proie. L'extrême monotonie et l’indigence relative qu’on remarque dans la plupart des localités françaises, comme celle d’Étrochey (Côte-d'Or), dont la roche renferme, au lieu de végétaux croissant sur place, des débris entraînés par l'effet des pluies ou des eaux courantes, sont bien faites pour frapper l'esprit, lors- qu’on les compare à la profusion des espèces enfouies dans les schistes bitumineux presque contemporains du Yorkshire, au sein d’une lagune à peine saumätre, el sous l’empire de conditions toutes différentes. Dans le premier cas, nous sommes transportés sur un point quelconque de l’ancien littoral, situé dans des conditions qui devaient être celles de la presque totalité des régions jurassiques ; dans le second, nous nous trouvons en présence d’une nature particulière, au sein d’un canton vivifié par les eaux, nour- rissant à leur portée et sous leur influence immédiate des plantes à texture délicate, à limbe foliacé finement découpé ou largement développé, que l’on aurait vainement recher- chées partout ailleurs. Il y avait donc alors une végé- tation répandue partout et empreinte d’un caractère de désespérante uniformité, et, côte à côte de celle-ci, mais seulement dans quelques localités favorisées, une végéta- tion plus riche, plus variée, plus abondante, mieux dis- posée par cela même pour servir d’asile aux animaux ter- restres et amphibies de l’époque. Du reste, une localisation encore plus exclusive a dû exister dans les âges anté- rieurs; les couches du terrain permien sont des plus pau- vres, en fait d'empreintes végétales, en dehors de quelques localités privilégiées ; il est aussi fort douteux que dans la période carbonifère, le sol ait compris beaucoup de végétaux en dehors des bassins circonscrits où une réunion 4 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. de circonstances particulières favorisa l'essor des plantes à qui est due la formation de la houille. Ces circonstances, suivant M. d’Archiac (1), ne se seraient manifestées que dans une partie de la surface terrestre, comprise entre 80° lat, S.et 35° lat. N. A peine a-t-on pu jusqu’à présent citer deux points des régions tropicales, à Madagascar et sur la côte opposée de Mozambique, où des empreintes de cala- mites et de sigillariées fournissent quelque preuve de l'extension jusque sous l’équateur de la flore houillère. Exubérante en Europe, ainsi que dans tout l’hémisphère nord, celte flore semble y avoir élé principalement con- centrée. La vie organique a dû être forcément localisée à son origine, puisque, selon toute probabilité, les condi- tions nécessaires à sa manifestation n’ont pas existé par- tout simultanément; celles qui sont susceptibles de lui donner essor ont dû longtemps se produire dans une me- sure inégale, de facon à accumuler les êtres sur certains points, età les exclure au moins partiellement des autres. Un savant dont les opinions doivent étre prises en considé- ration, parce qu'il a beaucoup vu par lui-même, M. Jules Marcou (2), remarque combien les fossiles sont rares dans la formation jurassique des montagnes Rocheuses; la mer aux plages basses et sableuses où elle a dû se déposer n'était sans doule qu’un vaste désert aqualique. Déjà dans la zone jurassique méditerranéenne, qui forme la province Aispano- alpine de ce géologue, l'absence des coraux et des spon- giaires, la rareté des polypiers, la diminution des céphalo- podes et des gryphées marquent une mer moins favorable à la multiplicalion des êtres vivants que la région comprise (1) Géologie et paléontologie, p. 508. (2) Lettres sur les roches du Jura el leur distr, géog. dans les deux hémisph., par Jules Mareou. Puris, 1860, p. 259. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 5 entre le Jura et la Grande-Bretagne, région marine alors peuplée par-dessus toutes les autres, où les coraux, les cri- noïdes et les radiaires, réunis à des myriades de mollusques, surtout de gryphées, de brachyopodes, de myacées cou- vraient le fond des eaux parcourues par des légions de pois- sons, par des céphalopodes innombrables, par des reptiles nageurs, véritables cétacés jurassiques, alors les êtres do- minateurs par excellence (1). Ainsi, dès les premiers pas nous nous sentons transportés dans un monde entièrement nouveau, auquel nous ne sau- rions appliquer aucune des notions qui nous sont fami- lières; la science seule nous aidera à pénétrer au sein de celte terre inconnue, en nous livrant la clef de quelques- uns de ses mystères. Mais c’est au prix de beaucoup d'efforts, et surtout en usant de toutes ses ressources com- binées : la végétation jurassique, il faut le dire, ne consti- tue pas un fait isolé; pour en comprendre le sens, il faut examiner quel genre de sol elle couvrait, sous quelles con- ditions extérieures elle s'était développée, à quelle sorte d'animaux enfin elle servait d’abri et fournissait des ali- ments. Tout se lie, tout s’enchaîne dans l’ensemble des êtres vivants ; il ne servirait de rien de décrire chacun d’eux avec une exactitude scrupuleuse, si l’on négligeait le côté relatif de leur rôle d’autrefois. Leur véritable signi- fication n’est pas seulement dans ce qu’ils ont été par eux- mêmes, elle résulte surtout de l’ensemble des phénomènes biologiques de chaque époque, phénomènes dont ils ont tous subi solidairement l'influence et contribué dans une cerlaine mesure à accroître ou à affaiblir l'intensité : c’est là ce que nous rechercherons en premier lieu. (1) Jules Marcou, loc. cit., p. 321. ü PALÉONTOLOGIE FRANCAISF, S 1. — Distribution relative des terres et des iners. — Faits stratigraphiques. — Leur signification au point de vue de l'étude des plantes contemporaines. La végétation de chaque région et de chaque période se trouve dans une étroite dépendance vis-à-vis des condi- tions de sol et de climat, dont elle subit l'influence, et celles-ci à leur tour sont une conséquence directe de la configuration des terres et des mers. Une étude de l'état physique et géographique de l’Europe jurassique offrirait donc le plus haut intérêt, en se plaçant même au point de vue phytologique le plus exclusif. Malheureusement cette étude manque encore de son élément le plus essentiel : la précision; les faits observés sont épars, et les lacunes qui les séparent trop larges, pour que l’on songe à les réunir en faisceau. La vraie signification de plusieurs d’entre eux, même les mieux connus, est encore controversée; il faut donc se contenter d’aperçus très-généraux ou de la mise en lumière de certains phénomènes isolés, plus saillants, et par cela même plus décisifs que les autres, quoique renfermés dans des limites bien restreintes. De plus, les paléontologues qui décrivent les espèces fossiles avec le plus de soin, et par suite recherchent avec le plus de eurio- sité toutes les particularités relatives à la vie des anciens êtres, ne possèdent presque jamais les connaissances et l'expérience acquise des géologues stratigraphes, et ceux- ci, de leur côté, négligent trop souvent de recueillir les faits biologiques ; les espèces anciennes sont à leurs yeux un moyen, mais non pas un but, dans l'étude des lois générales dont ils recherchent la formule. Un des hommes spéciaux les plus autorisés à s'expliquer sur de semblables questions, M. Hébert, professeur de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. i géologie à la Sorbonne, à exposé, depuis douze ans, dans son cours, ses idées sur la distribution des terres el des mers aux époques antérieures, en y joignant des esquisses de cartes destinées à traduire ces idées; il a bien voulu nous communiquer ceux de ces documents qui ont trait à la période jurassique avec des réflexions à l'appui; mais, à ses yeux comme aux nôtres, « ces cartes, malgré leur apparente exactilude, ne sont que les liens provisoires des faits observés jusqu'ici, liens essentiellement élastiques, susceplibles de modifications à mesure que des décou- vertes nouvelles montreront la nécessité d'y apporter des changements. Ce sont, pour ainsi dire, des ébauches gros- sières dont les lignes tracées avec rapidité ne prétendent à aucune précision, précision impossible, d’ailleurs, à une pareille échelle. Est-ce à dire qu'il n’existe aucun point fixe, aucun centre sur lequel il soit possible d’asseoir les faits incontestables, sauf à faire graviter autour d’eux ceux qui sont plus vagues et plus controversés? Il serait excessif de le prétendre, et certaines régions primitives, comme le plateau central, la Brelagne, l’Ardenne, la région des Maures en Provence, probablement aussi une partie des massifs alpins et pyrénéens ont été terre ferme bien avant l’époque jurassique, et le sont demeurés durant la période qui correspond au dépôt de ce terrain. Ce qui le prouve, c’est l’histoire même de la formation de notre continent, formation lente, irrégulière dans sa marche, accompagnée de retours partiels, mais toujours finalement progressive et opérée de telle manière que les terres émergées les plus anciennes ont servi d'attache aux ceintures succes- sives des étages postérieurs, qui n’ont cessé d'ajouter des bandes concentriques aux îles de l'archipel primitif, pour les souder enfin en un seul lout. » 8 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Ce qui prouve combien ces effets d’émersion et de relief ont été lents, c'est que dans beaucoup de cas Îles fleuves européens actuels coulent encore, eux et leurs affluents, dans la direction des anciens bassins, transformés en vallées, mais marquant par une dépression relative du sol l'emplacement occupé autrefois par les mers juras- siques. La vallée du Rhône, celle de la Seine, et en partie au moins celles du Danube et du Pô en fournissent des exemples dont il serait facile de grossir la liste. Aïnsi, en Europe, si beaucoup de régions ont pris un autre aspect, tout n’a pas été également bouleversé. L'état présent ren- ferme encore les traits épars, à demi effacés, mais non tout à fait défigurés, du passé, et dans la charpente de l'Europe moderne, une certaine portion des linéaments distinctifs de l’Europe jurassique se retrouve et peut servir à reconstituer l’ensemble, Dans cette tentative de recons- traction, s’il existe nécessairement des matériaux douteux, artificiels ou tout à fait chimériques, il se présente aussi des éléments sérieux, et ce sont justement ceux sur lesquels nous devons insister, avant de recourir à des hypothèses plus ou moins bien fondées. Nous pouvons dire en premier lieu que, si la masse imposante des chaînes de montagnes où les assises jurassiques entrent comme éléments consti- tutifs, soit seules, soit associées à des formations plus récentes, atteste l'intensité des mouvements de l'écorce terrestre dans les temps postérieurs au terrain jurassique, l’humble aspect des accidents du sol dans les régions pri- mitives que l’on suppose avoir subi le moins de change- ment, implique pour la période dont nous nous occupons l'existence de montagnes d’une médiocre élévalion, plutôt arrondies et séparées l’une de l’autre par des vallées sinueuses que dessinant des cimes hardies et escarpées, La TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. J région du plateau central, celle de la Vendée et l’Ardenne doivent représenter assez bien l'aspect caractéristique des régions émergées dans les temps jurassiques, surtout si l'on fait abstraction des mouvements poslérieurs dus à l’action des forces volcaniques et à qui se rattachent les points culminants du Cantal, du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire. Les continents jurassiques, en grande partie cristallins, entourés cependant d’une ceinture plus ou moins étroite, sinueuse et irrégulière, de calcaires et de grès schisteux ou marneux, n'étaient sillonnés que par de faibles aspérités montagneuses et arrosés que par des eaux d'écoulement ou par des courants dont l’étendue ne pou- vait être considérable, puisque les grandes vallées ouvertes et communiquant par des vallées secondaires avec de nom- breux affluents n’appartiennent qu’à des terrains et à des âges de beaucoup postérieurs. Cette circonstance explique très-naturellement l'extrême rareté des dépôts lacustres ou fluviatiles dans le sein ou sur les flancs des régions jurassiques de l’Europe centrale. De pareils dépôts ne se montrent guère que vers la fin de la période, sur des points assez restreints, et seulement dans des parties récem- ment émergées, par conséquent sur des plages encore basses, et probablement à la suite d’un grand mouvement d'émersion. Rien de pareil ne se remarque sur le sol pri- mitif, parcouru sans nul doute par des eaux douces, mais où une inclinaison déjà trop prononcée les obligeait de couler sans s'arrêter; aucun dépôt jurassique franchement lacustre ne s'y est jamais formé; le relief, quoique mé- diocre, y était déjà trop accentué. En effet, “eux sortes de régions peuvent seules donner lieu à de grands amas d’eau douce, ce sont, d’une part, celles qui se déroulent en vastes plaines, et de l’autre celles dont le sol entr’ouvert 10 PALÉONTOLOGIE FRANCAISF, et crevassé constitue des vallées profondément encaissées. La Suisse centrale et les plaines d’alluvion tertiaires en fournissent simultanément des exemples, mais dans la première moitié de la période jurassique, presque aucune partie du sol européen ne possédait encore l’une ou l’autre de ces deux sortes de configuration. L'Angleterre semble faire exception par les lambeaux puissants de formations fluvio-lacustres ou plutôt fluvio-ma- rines qui s’étalent vers les limites indécises du golfe juras- sique qu’elle bornait à l’ouest. Ces dépôts constituent les étages successifs du Purbeck, des sables de Hastings, et enfin du Wéaldien proprement dit; mais ce ne sont pas les seuls, et les élages antérieurs en offrent aussi des vestiges. C'est ainsi que les schistes et les grès carbonifères du Yorkshire, les couches de l’île de Sky, de l’île de Mall et de plusieurs points du rivage écossais, les assises charbon- neuses de Brora, les grès de Cloughton-Wike qui renfer- ment des Æquisetum ensevelis sur place, les calcaires schisteux de Stonesfield avec leurs débris d'insectes et de mammifères, enfin les lits à insectes et à plantes terrestres du Jias de Dumbleton, de Westbury, d’Axmouth, de Tewkesbury dans le sud de l’Angleterre, constituent au- tant d'indices de l’action persistante des eaux douces. Cette action se manifestait avec plus ou moins d'énergie le long du lilloral jurassique, dont le voisinage se laisse toujours reconnaître au milieu de ces dépôts d’un caractère mixte. Ici, nous sommes assurés, non-seulement de la présence de la mer, mais aussi de celle d’une plage dont on est bien obligé d'admettre la contiguïté avec une région continen- Lale plus ou moins vaste, située vers l’ouest et attenante à la Normandie et à la Bretagne actuelles, L'abondance des eaux douces, la présence répétée de plantes et d'animaux TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 11 terrestres, les débris ensevelis de véritables forêts et sur- tout de reptiles marcheurs d’une taille énorme, les uns vivant de proie, les autres construits pour être phyto- phages, nécessitent en effet l’existence d’une terre consi- dérable, tout étant relatif et proportionné dans la nature. Aucune disposition analogue ne s’observe le long des anciens rivages de l’île jurassique, située au centre du sol français. Les eaux douces n’ont laissé nulle part sur cette terre des traces bien netles de leur action isolée; à défaut de cette action, on observe sur plusieurs points et à divers niveaux, mais toujours à proximité du littoral secondaire, des empreintes de plantes terrestres dans des couches de formation marine. Ces plantes, quelles que soient les cir- constances qui ont présidé à leur enfouissement, qu’il soit dû aux courants dont l'embouchure était voisine, ou à l’im- pulsion seule des vents, marquent nécessairement la proxi- milé de la terre ferme. Les dépôts à empreintes végétales de Mende (Lozère), pour le lias; d’Étrochey (Côte-d'Or), pour le cornbrash; de la Vienne, pour l’oxfordien; de Châteauroux (Indre), pour le corallien, deviennent vis- à-vis de cette région centrale des témoins de son émersion prolongée, contre lesquels aucune assertion ne saurait pré- valoir. On peut s’avancer encore davantage et affirmer que l’émersion définitive d'une ‘partie des formations jurassiques, après le dépôt des étages inférieurs, leur con- solidation à l'air libre, et la propagation des plantes ter- restres à leur surface se trouvent démontrés, en dehors même des observations straligraphiques, par l'étude seule des plantes fossiles. C’est ainsi qu’une bande étroite appar- tenant à l'oolithe inférieure, et joignant la Vendée au pla- teau central, était déjà peuplée de fougères, de cycadées et de conifères, dès l’époque de l’oxfordien inférieur, puisque 42 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, les sédiments de ce dernier élage comprennent, à une faible distance de l'étage antérieur, non-seulement des bois floités, mais des frondes intactes et des tiges hérissées de pétioles persistants, ce qui exclut tout à fait l’action d’un courant qui aurait apporté ces débris de plus loin, C'est ainsi encore que la profusion des plantes terrestres dans le département de l'Ain, et les parties contiguës de l'Isère et du canton de Vaud, prouve que vers la fin du corallien la mer avait cessé de recouvrir une partie des étages anté- rieurement déposés, et que la végétation avait pu s’y éta- blir immédiatement après. L'Angleterre partagée obliquement du Dorsetshire au Yorkshire, et réunie à la Normandie et à la Bretagne, réu- nies plus tard elles-mêmes à l'ile centrale, comme nous venons de le voir, limitait un golfe largement sinueux où venait sans doute aboutir à certains moments l’embou- chure d’un fleuve coulant de l’ouest et déversant les eaux du continent occidental. En face de ce golfe, la grande île hercynienne en formait un autre; cette terre, d'abord distincte, puis jointe à la Bohême, séparée de l’île britan- nique par un capal, mais empiétant sur le sol anglais dans la direction de la Belgique et du Boulonais, se découpait au sud en appendices, îles, presqu'iles, promontoires, s'avançant au sein du fiord germanique, sorte de bras de mer étroit qui s’élendait entre celte région et celle des Alpes, de même qu’une autre mer, située au nord de l’Her- cynie, et plus ou moins large selon les temps, la séparait de la grande région scandinave, L'ile hercynienne fut sou- dée plus tard elle-même à l'ile centrale par le soulèvement du seuil jurassique de la Côte-d'Or; elle en fut d’abord séparée par un simple détroit, silué entre l’extrémilé mé- ridionale des Vosges et le massif du Morvan, Comme nous TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 1 l'avons vu pour l'ile centrale et pour l’île britannique, les plages de l’île hercynienne, soit en France, soit en Suisse, soit en Allemagne, se révèlent par des dépôts de plantes terrestres qui jalonnent les traces de leur ancien contour. En France, où nos observalions doivent se concentrer, ces plantes se montrent principalement dans le lias, à Hettanges (Moselle), et dans le corallien, auprès de Verdun et de Saint-Mihiel (Meuse). Leur présence dans le premier cas sert à démontrer comment, à cetle époque, la Belgique, d’une part, la région des Vosges, de l’autre, circonscri- vaient, d’Ayesnes et des environs de Rocroi jusqu’à Langres, un golfe sinueux et profond, dont Luxembourg marque le point le plus intérieur, Langres, l'extrémité méridionale, et qui, de Langres à Bâle et à Schaffouse, se détournait en dessi- nant une ligne rentrante qui donnait lieu à un nouveau golfe. Trois régions séparées l’une de l’autre par des passes étroites, à l’est, au sud-ouest et au nord-ouest, entouraient ainsi, au début des temps liasiques, le bassin de Paris, véritable mer intérieure, limitée de la manière la plus heu- reuse. Celte mer mesurait une largeur maximum d'environ 120 lieue:. L'ile centrale affectait à la même époque une forme irrégulièrement trapézoïde, ou plutôt celle d’un triangle émoussé ou déchiqueté sur les angles. Sa face large regardait le bassin de Paris sur une étendue de 70 lieues entre Limoges et le massif du Morvan, tandis que, entre Figeac el Privas, la distance d’un rivage à l’autre n°'é- tait plus que de 50 lieues, et de 20 à 25 seulement en se rapprochant de l'Hérault. Les bords de l’île centrale, par- tout découpés, n’offraient cependant que peu de sinuosités très-prononcées. La région du Morvan, d'Autun à Avallon, dessinait pourtant à l’angle nord-est du lrapèze un promon- toire largement arrondi, tandis qu’à l'extrémité opposée les 14 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. terres s'ouvraient de Lodève à Mende pour laisser pénétrer la mer liasique, et former un golfe étroit et tortueux qui, de Mende, paraît s'être étendu à l’ouest jusqu'à Rodez et Marcillac. Plus au sud, la région pyrénéenne primitive for- mait une île distincte, d’une moindre étendue que Ja pré- cédente, et la partie méridionale de la Provence, compre- nant les schistes cristallins de la chaîne des Maures, avec la bande triasique qui leur sert de ceinture, en constituait une aulre, réunie sans doute aux terrains de même nature de la Corse et de la Sardaigne. Il existait encore sur les frontières de la France actuelle une autre région insulaire dont il est difficile d'apprécier l'importance et de saisir les contours, mais dont l’existence même ne saurait être révo- quée en doute; c’est celle qui occupait une partie au moins des Alpes centrales. Peut-être consistait-elle en effet en une série d’iles et d’ilots dont les limites et l’importance ont dû varier d’un étage à l’autre. Les masses continentales, dont l’archipel que nous ve- pons d’esquisser ne formait qu’une dépendance, étaient situées peut-être à l'Ouest, vers l'Atlantique, mais en tous cas au Nord vers la Scandinavie et la Russie, alors cer- tainement émergées. Les grès à combustibles d’Helsing- borg, d’'Hôganäs et de Hôr (1), dans la Suède méridionale, riches en végétaux terrestres associés à des algues ainsi qu’à des coquilles marines, montrent à la fois jusqu'où s’é- tendait la mer infraliasique dans cette direction, et où com- mençait la grande terre boréale, peuplée des mêmes plantes que l’Hercynie et l'ile centrale, mais plus vaste et dont les limites vers le Nord et P'Est ne sauraient être précisées, (1) Voy. Recherches sur l'âge des grès à combustilles d'Helsingborg el d'Hôganüs suivies de quelques aperçus sur les grès de Hür par M. Hé- bert. Paris, 1869 (Extr. des ann, des Sc. géol.). TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 15 Tel était l’aspect que présentait l’Europe centrale vers l’origine des lemps jurassiques, mais cet aspect se modifia ensuite à plusieurs reprises. D’étage en étage, sous l’in- fluence de phénomènes généraux successifs, les mers neces- sèrent, duranttoute la période, d’être soumises à de perpé- tuels changements. Les fonds, les niveaux, l'étendue relative des bassins maritimes ne sont jamais restés complétement stables. Un observateur attentif, M. Jules Martin, est par- venu à distinguer dans le seul étage bathonien de la Côte- d'Or «dix zones distinctes, caractérisées chacune par un ensemble organique particulier ou au moins par certaines espèces spéciales, sans compter les dissemblances minéra- logiques et les accidents de stratification. Ces zones sont les suivantes en allant de bas en haul: 1"° Zone, à Pholadomya gibbosa et Murchisonr. 2° — à Ostrœa acuminata. 3° — à Pholadomya texta et bucardium . 4° — à Armmonites arbustigerus et Pholadomya Vezelayr. D° — à Purpurea glabra où à oolithe blanche. 6° — des calcaires ruiniformes à Æ#Aynchonella decorata. 1° — à Terebratula cardium et apiocrinites Parkinsoni. 8° — à Zerebratula digona et obovata. 9° — à Osfrcæa costata où plaquettes de Langrunne, 10° — à Pentacrinus Buvignierti et à Bryvzoaires. Les trois premières de ces zones opèrent la transition entre le Bajocien, dans lequel certains auteurs les ont clas- sées, el le Bathonien proprement dit auquel elles se ratta- chent par le caractère minéralogique, comme par la faune. La première de ces zones repose sur des récifs bajociens rongés par la vague et criblés de trous de pholades, mais sans discordance proprement dite. C’est un dépôt peu puissant, peuplé de coquilles littorales et dont la partie su- 16 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. périeure présente à son tour une surface corrodée, couverte d'huîlres, de serpules, et excavée de mollusques téré- brants. Par-dessus viennent les marnes du Fullers’ avec un nombre prodigieux d'Ostræa acuminata, les mêmes phola- domyes, panopées, etc., moins nombreuses que dans la zone précédente, puis des brachyopodes amenés du large dans ce dépôt évidemment littoral. Ces marnes, dont l’é- paisseur moyenne est de à à 6 mètres, passent à un cal- caire grisâtre où les petites huîtres font place à de nom- breuses pholadomyes (Pholad. texta et bucardium), espèces encore essentiellement littorales. Le passage de celte zone à celle à Arunonites arbustigerus est insensible, aussi bien minéralogiquement que paléon- tologiquement; l’ammonite qui lui donne son nom s’y {trouve constamment associée à la Pholadomya bucardium qui demeure l’espèce dominante. La roche est un calcaire compacte, d’origine vaseuse, assez pauvre en coquilles, toujours liltorales. Les deux zones réunies témoignent d’un affaissement lent, au sein d’une mer tranquille et peu pro- fonde. Un affaissement brusque semble avoir mis fin à cette pé- riode de dépôt, puisque immédiatement au-dessus on rencontre des calcaires à pâte lithographique d’unegrande puissance (45 à 50 mètres), à aspect ruiniforme, fissurés par les agents atmosphériques et presque sans fossiles, A la surface perforée et préalablement durcie de ces calcaires reposent des lils de marnes, riches en brachyopodes, échi- nides, À piocrinites Parkinsoni, etc., et en bryozoaires. Au- dessus, s’établirent de nombreux polypiers associés à des coquilles térébrantes, à des gastéropodes délicats, dont le développement a sans doute exigé un fond de récifs au ni- veau de l’action des marées, dans une mer calme ou faiblc- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 47 ment agitée. Les pholades ont encore perforé les bancs cal- caires qui surmontent les lits précédents; les flots en ont encore usé la surface avant que l’Ostræa costata s’y soit multipliée. Le sommet lui-même de ce petit groupe est à son tour travaillé par les coquilles perforantes et couvert d’huîtres; il sert de base à des calcaires fissiles, pétris de bryozoaires, de tiges de pentacrinites et de débris d’our- sins: les peignes sont très-nombreux dans cette dernière zone, mais souvent brisés, comme tous les autres &@ébris d'animaux qui paraissent avoir longtemps subi l’action des vagues, les bryozoaires particulièrement, » Ce sontlà quelques exemples des innombrables vicissi- tudes auxquelles les mers jurassiques n’ont cessé d’être soumises, On aura remarqué que, pour interrompre les dépôts, une émersion totale, même momentanée, n’a ja- mais été nécessaire; il a suffi d’une diminution dans la profondeur des eaux ou dans la direction des courants pour changerlanalure des sédiments et remplacerlesséries d’ani- maux par d’autres séries dénotant de nouvelles aptiludes. Dans ce cas le rivage proprement dit peut avoir été fort éloigné, quoique les conditions biologiques trahissent l’in- fluence d’une station littorale, c’est-à-dire d’une mer basse peuplée d'animaux qui évitent les hauts-fonds. Les dépôts changent de caractère, de même que les espèces font place à d’autres, et pourtant bien souvent rien n’interrompt la continuité des assises, parce que rien de brusque n’est venu se produire. Mais ce n’est pas seulement entre deux lits suc- cessifs d'un étage déterminé que la liaison peut ainsi s'é- tablir; la même concordance exisle parfois entre deux membres distincts d’un terrain, sans exclure la possibilité d’une lacune intermédiaire. Il suffit alors que l’exhausse- ment du fond, susceplible de produire une émersion, soit VÉGÉTAUX. — J. 2 18 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. totale, soit partielle, ait eu lieu sans déranger son horizon- tilité, pour que le dépôt survenant à la suite d’un nouvel affaissement concorde avec le précédent; et si rien n’a changé dans la nature des mers où se produit le dépôt, l'identité de la composition minéralogique permeltra aiffi- cilement de distinguer la roche la plus récente de celle qui a été formée bien avant elle. ll est impossible d'expliquer autrement que par des mouvements du sol, le plusordinairement généraux et lents, quelquefois relativement brusques, les variations successi- ves dans le niveau des mers. C’est par des causes pareil- les que s’expliquent aussi les changements survenus dans la nature de la sédimentation, puisque celle-ci est toujours une conséquence au moins indirecte de l’aclion des eaux courantes sur le sol émergé, elque cette action varie chaque fois que les terres se trouvent modifiées dans leur relief ou leur étendue, chaque fois aussi que le régime des eaux flu- vialiles cesse d’être alimenté de la même manière ou dé- versé dans la même direction. La sédimentation constitue ainsi un miroir fidèle où se reflètent les phénomènes qui dans chaque époque ont agi à la surface du globe et influé sur les êtres qui l’habitaient, Considérée à ce point de vue, la période jurassique se com- po-c bien plutôt d’une succession de mouvements alterna- üfs et limités que de révolutions susceptibles d’altérer pro- fondément les conditions biologiques. L'état généralement stalionnaire des êtres organisés terrestres, que l’on s'attache aux mammifères, aux reptiles ou aux insectes, le prouve suffisamment. Les cycadées, les conifères et les fougères jurassiques répèlent à plusieurs reprises les mêmes formes caractéristiques ; les mêmes genres persistent souvent à se montrer dans les étages les plus éloignés, et enfin les chan- TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 49 gements résultent plulôt de la prédominance relative de certains types que d’une altération de l’ensemble, dont la physionomie reste sensiblement la même d’un bout à l’au- tre de la période. Pour mieux saisir ce point de vue qui n'exclut, à vrai dire, nila marche progressive ni les modifications partiel- les du monde végétal, pour apprécier à la fois et la stabi- lité de certaines conditions et les changements successifs, il suffira de remonter un peu au delà des temps jurassi- ques. Nous comprendrons aisément à quel point l'âge im- médiatement antérieur s’écartait de celui qui lui succéda et de quelle façon s’opéra la transition qui fit alors passer l’Europe d’un état entaché de contrastes énigmatiques à un état encore bien éloigné de l’ordre actuel, mais tendant à s’en rapprocher, quoique par une marche extrêmement lente. Le regrettable M. d’Archiac, dans un de ses derniers ouvrages (1), a fait ressortir l'ambiguïté singulière qui s’at- tache à l’ensemble des formations triasiques, lorsqu'on en recherche la vraie signification. La puissance des dépôts détritiques, principalement des roches quartzeuses aréna- cées et des argiles ferrugineuses, y atteste partout la vio- lence des eaux et l'existence de bassins profonds; et cepen- dant les vraies mers y paraissent rares et limilées, à ce qu'il semble, à un étroit périmètre. Si au centre de l’Al- lemagne et sur quelques points des Alpes les fossiles abon- dent de manière à justifier le nom de calcaire conchylien donné à l'étage moyen de la formation, partout ailleurs, ils deviennent clair-semés, et les amas de gypse, de dolo- mie et de sel, semblent plutôt annoncer des mers qui se (1) Géologie et paléontologie, p. 554. 20 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. dessèchent et se relirent, en abandonnant les substances minérales tenues en dissolution dans leurs eaux. Comment ne pas admettre que l’abondance des sédi- ments arénacés et argilo-marneux, leur bigarrure, leur al- ternance souvent répétée aient été l’effet de la violence des eaux entrainant à la mer de grandes masses détritiques ? Cependant au milieu même de ces effets, on en observe d’autres qui amènent à d’autres conciusions , lorsque l’on constate soit l’absence ou l’excessive rareté des animaux marins, soit des traces de plantes terrestres ou de minces amas de combustibles qui deviennent autant d'indices du voisinage de terres couvertes de végélation. D'autre part, au contraire, les ossements et les dents de sauriens et de poissons se rencontrent avec assez d’abondance, soit dis- persés, soitaceumulés dans certains lits, pour révéler l’exis- tence d’une riche faune de vertébrés aquatiques, la plupart marins. À la présence répétée des végétaux il faut ajouter un autre indice du voisinage des terres, du peu de profon- deur des eaux et de leur retraite fréquente suivie de prompts relours; nous voulons parler des traces de pas marqués sur la vase à moitié consolidée et recouverte ra- pidement d'une couche de sable fin, changé en grès, qui en a fidèlement conservé l’empreinte. Ce n’est pas seule- ment en Saxe, au village de Hesseberg que l’on observe celte particularité, mais c’est encore sur plus d’un point de l'Angleterre (Lancashire et Chestershire), en France, près de Lodève (Hérault), et de Saint-Valbert (Haute-Saône), enfin en Amérique, dans la vallée du Connecticut et du New-Jersey. Les abords immédiats de ces dépôts tumultueux étaient donc visités par une foule d'animaux triasiques, batraciens, oiseaux, reptiles, êtres pour la plupart ambigus, marchant TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 91 sur le sol humide, dès que les eaux s’en reliraient, se re- culant quand elles inondaient de nouveau la plage récem- ment délaissée par elles. Les végétaux étaient alors peu variés, puisque ce sont presque toujours des Æ£'quisetum gigantesques ou des bran- ches de conifères que l’on rencontre, et les eaux, partout présentes, partout peut-être plus ou moins imprégnées de substances salines , envahissaient ou délaissaient des bas- sins aux limites inconstantes, aux profondeurs sans cesse variables, où les poissons cependant paraissent avoir souvent rencontré des conditions favorables d'existence. On conçoit que la végétation, composée principalement de fougères bi- zarres, de prêles énormes, de conifères araucariformes, de monocotylédones douteuses, ait souvent pris possession de ces lagunes au fond sableux ou limoneux, etles ait com- blées pour donner lieu à des amas charbonneux plus ou moins développés, jusqu’au moment où d’autres oscilla- tions venaient établir de nouveaux bassins. Des eaux si Ca- pricieuses dans leurs effets, sujettes à tant de retraits et de retours alternatifs ne font-elles pas l’effet de provenir de pluies immenses se déversant des hauteurs d’une atmo- sphère bien plus épaisse qu'aujourd'hui, la déchargeant et l’épurant peu à peu. Ces masses diluviennes seraient tom- bées laissant entre elles de longs et irréguliers inter- valles; les plantes, tantôt inondées, tantôt remises en possession d’un sol d’où les eaux se retiraient peu à peu, auraient été robustes pour pouvoir résister à des phéno- mêènes si violents; aussi sont-elles rares dans le trias et surtout réduites à un petit nombre de types et de formes qui ne rappellent guère la végétation luxuriante des temps antérieurs. Dans le midi de la France, les assises détritiques et 22 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. confuses, les amas de gypse, les calcaires corrodés et les dolomies qui leur sont associées ou les surmontent, enfin l'absence de tout débris organique montrent bien la conti- nuation du même état de choses jusqu’après la fin du trias. Il en est de même en Angleterre, mais à peu près à la même époque l’Allemagne méridionale, dans le Wur- temberg, la Franconie et le canton de Bäle, a dû consti- tuer une terre soumise à d’autres condilions, s’élevant peu à peu du sein des eaux, encore basse, couverte de petits lacs et limitée par une mer sujette à de fréquents retours. MM. Schenk et Heer, qui ont étudié également la flore du keuper, le premier dans la Franconie, le second aux en- virons de Bâle, s'accordent pour considérer le sol émergé de cette époque comme correspondant à une région hu- mide, peu accidentée , parsemée de lagunes et recouverte d'une végétation luxuriante. Le caractère principal de cette végétation, en rapport avec l’humidité présumée de la contrée et l’ancienneté re- lative de la flore, consiste dans l’abondance des fougères qui l’emportent sur les cycadées et les conifères réunis, comme aussi dans la présence répétée et la grande taille des équisétacées. Les formes, considérées dans leur en- semble, se rapprochent singulièrement de celles qui vont prédominer dans l’âge suivant; c’est par un ache- minement insensible que l’op arrive à ces dernières, c’est- à-dire par la filière de certaines modifications trop peu saillantes pour être facilement précisées. Cependant, on peut dire, sans pénétrer dans le détail, que la diminution relative des fougères, le déclin des équisétacées et la pré- pondérance croissante des cycadées en constituent lestraits les plus essentiels, Ces traits traduisent assez neltement ce qui a dû alors se passer par suite de l’élablissementprogressif TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 23 d’un régime climatérique moins humide, par l'influence d’une lumière plus vive, d’une atmosphère moins voilée, de saisons moins irrégulières, et enfin de surfaces continentales déjà plus accidentées et limitées d’une façon moins vague. La formation qui succède aux marnes irisées et repose sous le lias proprement dit, l’étage rhétien ou zone à Avwr- cula contorta, montre dans quelles conditions s’établit le nouvel ordre de choses. Réuni au trias par les uns, à l’in- fra-lias par les autres, le rhétien présente les caractères d’une transition ménagée entre les deux systèmes; il four- nit des arguments à peu près égaux aux partisans de l’une ou de l’autre des deux opinions. En ce qui concerne les poissons, les reptiles et les mollusques, les formes triasi- ques sur le point de finir et celles du lias qui vont se déve- lopper, s’y trouvent associées à des types et à des espèces particuliers et distinctifs. La flore présente les mêmes traits mixtes, et si à plusieurs égards, surtout en Allemagne, elle se rattache à celle du keuper, observée surles mêmeslieux, elle s’en écarte à d’autres et se lie plus étroitement encore à la végétation liasique. L'étude de la sédimentation et celle de la stratigraphie amènent aux mêmes conclusions. C’est bien l'établissement progressif d’un ordre de choses nouveau que révèle l’étage rhélien, mais cet établissement lentement achevé et suivi d’ailleurs de fréquents retours des circonstances antérieures n’a rien encore de tout à fait stable. C’est un début qui n’est destiné à devenir définitif que lorsque le lias proprement dit commencera à se dé- poser. Les éléments marneux et surtout arénacés et grési- formes dominent presque partout; ce sont des détrilus en- levés de tous côtés aux roches antérieures et entraînés dans les nouveaux bassins qui se forment et dont les limites se circonscrivent peu à peu. L'extension immense de la 24 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. zone à Avicula contorta et de la faune marire qui lui est as- sociée est une conséquence directe du nouveau mouve- ment; les mers se repeuplent et se renferment dans le périmèlre de leurs nouveaux rivages; les lits à ossements et les amas charbonneux, dont l'extension n’est pas moins grande, font voir que ces mers étaient encore peu profon- des, qu’elles se changeaient aisément en lagunes ou se desséchaïent partiellement avant d’asseoir enfin leur niveau. La mer du lias montre la continuation d’une partie de ces phénomènes; les éléments détritiques, marneux, cal- caréo-marneux ou arénacés el gréseux, dominent et pré- sentent, suivant les points où l’on se place, une infinité de variations parliculières. Les sables abondent dans l’ancien golfe dont Luxembourg occupe le fond, entremtlés pour- tant de lits marneux ou calcaires. Ces sables reparaissent à plusieurs niveaux successifs ; ils diminuent peu à peu de puissance, à mesure que l’on s’avance vers le centre du bassin, comme si des eaux venues de l’intérieur des terres avaient contribué à les accumuler sur ce point. Presque parlout chargées de matières marneuses ou calcaréo-mar- neuses, quelquefois purement calcaires, d’autres fois sa- bleuses ou tournant aux grès et aux arkoses au contact des plages siliceuses, la merliasique les a partout disposées en lits réguliers et mulliples. Assez peu profonde, dans le bassin bourguignon, elle a offert un milieu tranquille, fa- vorable au développement des êtres marins; les myriades de gryphées qui pétrissent certaines couches montrent comment, à la faveur des circonstances, certaines catégo- ries d'espèces ont pu couvrir le fond des mers de leurs co- lonies mullipliées. Malgré son peu de profondeur, la mer dulias était large- ment ouverte; elle correspond pour l'Europe centrale, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 25 dans la pensée de M. Hébert, dont nous suivons ici les in- dications, à une période d’affaissement. La tendance vers un mouvement opposé n'aurait pas lardé à se manifester, et peut-être se serait-il produit à plusieurs reprises des os- cillations alternatives d’affaissement et d’émersion; le lias supérieur est mal représenté dans le sud-est de la France, et un peu plus tard on ne saurait attribuer qu'à des eaux basses la multiplication prodigieuse des algues scopartennes (Chondrites scoparius, Thiol.). La grande oolithe, à ce que croit M. Hébert, aurait été pour une partie de l’Europe, surtout vers l'Espagne, l'Italie et l'Autriche, une période de soulèvement, sinon d’émersion totale. L'absence de dépôts correspondant à ce niveau dans la région des Alpes, prouve du moins que la mer s’y trouvait réduite à une trop faible profondeur pour donner lieu à des couches de quelqueimpor- tance. Elle aurait repris son empire sur les terres affaissées de nouveau à l’époque de l’oxfordien, dont la végétation, uniquement composée d’éléments terrestres ou silvicoles, comprenant en très-grande majorité des espèces propres à un sol accidenté, destinées à habiter plutôt les hauteurs que les fonds, révèle effectivement la présence de terres plus élevées et plus nettement limitées qu'auparavant, enfin l'influence d’un climat plus sec et plus chaud. Les indica- tions fournies par les plantes recueillies dans les Alpes vé- nitiennes concordent avec celles que donnent les dépôts de France et celui même de Solenhofen. La mer corallienne fait voir le développement de cet élat de choses; l'étendue des terres augmente, l’ancien archipel est soudé en une seule terre; les bassins, autrefois mis en communication par des passes, sont isolés et réduits à n'être plus que des golfes fermés ; les dépôts argileux disparaissent, ce sont ceux des mers ouvertes; dans les nouveaux bassins, aux 26 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. bords encaissés, aux eaux claires, non troublées par les cou- ran{s,les coraux s’établissent, et les calcaires, soit oolitiques soit lithographiques et compactes s'accumulent de toutes parts. La végétalion accuse elle-même se mouvement; elle revêt un aspect de plus en plus continental, elle dénote un climat de plus en plus sec et chaud; les formes coriaces l’emportent de plus en plus sur toutes les autres, et les dé- pôts dus à l’action isolée des eaux douces deviennent à peu près inconnus. Cependant, les surfaces émergées prenant une extension de plus en plus considérable vers la fin de la période, les conditions propres à faire jouer un rôle aux eaux douces du- rent nécessairement reparaître. M. Hébert pense même que les golfes successivement réduits de la mer corallienne, changés en caspiennes vers la fin de l’époque portlandienne, finirent, dans l’âge suivant, par devenir des lacs dont les dépôts constitueraient le purbeck ; à ce moment presque aucune partie de l’Europe n'aurait été sous la mer. On doit admettre au moins une notable diminution du périmètre océanique vers les derniers temps dela période jurassique. Le purbeck d'Angleterre avec ses assises si variées, ses plantes terrestres ensevelies sur place, ses débris d’animaux de toute sorte, les uns aquatiques ou amphibies, les autres terrestres, ses alternances de lits marins et d’eau douce, demeure l'exemple le plus célèbre d’un dépôt où se retrace l’action d’un grand fleuve , et cette action se trouve juste- ment en rapport avec l'étendue présumée de la région bri- tannique d’alors. Un lac aurait pu difficilement produire de pareils effets; mais il convient de ne pas oublier que des formations analogues et synchroniques, dues à des causes différentes, et surtout agissant sur une moindre échelle, ont été observées en dehors de l'Angleterre: dans le bassin TERRAIN JURASSIQUE., — VÉGÉTAUX, 927 de Paris, dans la vallée du Doubs (1), ainsi que dans les Deux-Charentes (2). La dernière de ces formations, com- posée de marnes gypsifères très-puissantes, surmontée d’un lit calcaire traverlineux avec bivalves d’eau douce, cachée en partie par la craie à Ostræa columba et par l’O- céan sous lequel elle se prolonge, aurait été déposée, selon M. Coquand qui l’a décrite, dans un grand lac succédant à l’émersion du jurassique marin, dont les dépressions au- raient servi de cuvette aux nouvelles eaux. L'espace conti- nental se serait alors étendu sans obstacle dans la direction de l'Ouest. Le groupe de la vallée du Doubs, près de Vil- lers-le-Lac, s’est également déposé à la surface du juras- sique marin récemment émergé; il comprend à sa partie supérieure un calcaire lacustre avec des néritines, des pla- norbes, des paludines, des physes, et un Chara ( Ch. Jac- cardi, Heer), associés à des corbules, à des gervilies, mé- lange qui indique des eaux saumâtres, dues probablement à des délaissements de l’ancienne mer modifiée par les eaux douces. Les genres Auricula et Carichina sont des mollusques terrestres qui se montrent ici pour la pre- mière fois. À cette époque, la mer se retirait partout du centre de l’Europe; les îles et les péninsules déjà réunies tendaient à s’accroître, et les premiers traits caractéristi- ques du continent européen actuel commencçaient à se des- siner. Une nouvelle grande période débutait pour la nature vivante, comme pour le globe terrestre dont l’aspect s’était renouvelé peu à peu. Nous avons esquissé à grands traits l’ordre et la nature de ces changements matériels durant (1) Paléontologie de la France, par A. d’Archiac, p. 161. (2) Description géologique de l'étage purbeckien dans les deux Cha- rentes, par H. Coquand. (Mémoire de la Société d’émulation du Doubs, séance du 13 février 1855.) 28 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, le cours des temps jurassiques, c’est-à-dire marqué l’em- placement de la scène; voyons maintenant quels étaient les acteurs eux-mêmes et le sens qu’il faut attacher au rôle at- tribué à chacun d’eux. S 2. — Caractère propre, marche et développement successifs de la végétation jurassique. L'ensemble des êtres organisés, quelle que soit d’ailleurs l’origine première des principaux groupesentre lesquels ils se distribuent, comprend, dans chaque série particulière, des genres plus élevés que d’autres, ou, pour mieux dire, plus complexes et plus complétement adaptés aux condi- tions biologiques dont ils dépendent. Celte complexité re- lative et cette adaptation exclusive n’entraînent pas néces- sairementune supérioritéabsoluedes êtres quiles possèdent sur ceux qui en sont plus ou moins dépourvus, ou du moins ne les présentent qu'à un moindre degré; mais il sem- ble que, par rapport au plan général de la création, l'être qui concourt à l’exécution de ce plan, de lelle façon que tous ses organes soient disposés uniquement en vue du rôle qu'il doit remplir, a quelque chose de plus parfait et de plus achevé que celui dont les caractères conservent quel- que chose d’ambigu, d’indécis et de transitoire. Il en est ainsi, remarquons-le, dans l’industrie humaine où l’ouvrier qui s'applique à un seul art y excelle et finit toujours par prévaloir sur celui qui, moins habile dans une spécialité, possède cependant des connaissances plus variées et plus étendues. Cette tendance, que l’on peut appeler la division du travail organique, existe certainement chez les êtres or- ganisés, puisque les plus inférieurs de chaque série sont toujours ceux qui offrent le plus d'indices de rapproche- te TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 29 ment avec les séries voisines, tandis que les plus parfaits sont aussi ceux chez qui les caractères distinctifs du groupe se condensent et se prononcent avec le plus d'énergie. Sans chercher à saisir la vraie signification du phéno- mène, on peut dire que les plus simples et les moins exclu- sivement adaptés parmi les êtres de chaque série sont gé- néralement les premiers apparus, tandis que les plus complexes et les plus parfaits à ce même point de vue sont, aucontraire, les derniers venus. On peut affirmer aussi, sans crainte d'erreur, que chaque série particulière représente un ordre spécial d'adaptation, etqu’aulieu de se développer et de se compléter en même temps que les autres, elle ne Va fait qu’à son heure, avec des procédés et par une mar- che qui lui sont propres, en sorte que chaque série possède son histoire séparée. Ce développement, tantôt plus hâtif, tantôt plus lent, a dépendu d’une loi dont la formule rigou- reuse est encore à définir, mais qu'il est possible d’entre- voir, si l’on considère combien les êtres vivants sont soli- daires les uns des autres, et de plus soumis à l'influence du milieu dans lequel ils vivent. Il est facile d'apprécier à quel point l'élaboration de chaque série organique a dû varier en durée et en résultat final, dès que l’on songe à la multi- tude de ces dépendances relalives et à la diversité des cir- constances physiques susceplibles d’agir sur les milieux eux-mêmes. L'eau, habitée la première, a contenu d’abord tous les êtres; ils ne se sont pliés que peu à peu, et dans une mesure très-inégale, à en sortir pour habiter le sol émergé et res- pirer l’air en nature. Des organes intérieurs, protégés par une enveloppe imperméable, étaient nécessaires pour ren- dre possible celte vie à l’air libre; ces organes se sont éla- borés peu à peu et ils sont loin d’être tracés sur le même 30 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. modèle pour les différentes séries. Plantes terrestres, mol- lusques pulmonés, insecles à trachées, vertébrés pourvus de branchies dans leur enfance, dépourvus de branchies à tout âge, mais à sang froid ou à sang chaud, à circulation siniple ou double, complète ou incomplète, tous ces plans d'organisation marquent autant d'étapes que la vie a dû franchir avant de produire les êtres supérieurs; ils entrai- nent en même temps des divergences fondamentales entre ceux qui sont construits d’après ces divers types, et qui tous cependant sont faits pour vivre en dehors d’un milieu liquide. Comme les premiers animaux, les premières plantes ont élé exclusivement aquatiques el probablement marines; sor- tis progressivement de cet état originaire, les plus anciens végétaux terrestres s’y rattachent cependant encore soit par l'exigence de la plupart des cryplogames, à qui l'humidité constante du sol et de l’air est presque toujours nécessaire, soitencore parce que leur fécondation nes’opère que par lin- termédiaire de l’eau qui sert de véhicule direct aux anthé- rozoïdes, comme on le voit chez les fougères. Ge n’est que peu à peu que la végétation purement terrestre a perfec- tionné les organes qui lui permettent de puiser dans le sol les sucs nourriciers, de les élaborer et de créer enfin à l'intérieur des tiges des réservoirs de substances sucrées et amylacées. Ce n’est qu'à la longue qu’il s’est produit des plantes possédant des organes reproducteurs assez perfec- tionnés pour pouvoir se passer de l'intermédiaire des agents inertes et matériels et du contact incessant de l’eau. Le règne végélal s’est aussi développé en opérant des dédou- blements successifs, en multipliant, par conséquent, les di- verses séries qui le composent, d’abord très-incomplèles ; et, lorsque ces séries se sontaccrues et complétées par l’ad- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 91 jonction de séries nouvelles de plus en plus élevées, ces der- nières se sont multipliées à leur tour, de sorte que les plus récentes ont toujours fini, après un cerlain temps, par l’em- porter en nombre, en puissance et en diversité de combi- naisons sur toutes les autres. Quant aux séries primitives, les unes ont disparu, d’autres se sont maintenues à côté des plus récentes, mais sans jamais l'emporter de nouveau sur elles ; tantôt du reste leur développement a continué par la production de types différents des premiers, ainsi qu’il est arrivé aux algues et aux fougères, parallèlement aux pha- nérogames; tantôt” elles sont demeurées stationnaires ou ont décliné de plus en plus. La même marche peut s’appli- quer, dans l’intérieur de chaque série, aux tribus el aux (y- pes, et dans l’intérieur de chaque type aux espèces mêmes, qui ne sont que des formes destinées à une durée plus ou moins longue, mais dont le terme ne dépasse jamais un certain espace de lemps. Dès les âges les plus reculés, la séparalion des algues ou cryptogames aquatiques et des cryptogames terrestres était déjà accomplie. Les deux séries ont continué dès Jors à se développer parallèlement; mais le développement du monde algologique ne peut être suivi faute de documents précis. À peine si les temps paléozoïques et après eux le trias en fournissent queiques vestiges, difficiles à apprécier, parce qu'ils se rapportent à des types qui n’exislent plus. Les al- gues jurassiques sont les premières chez qui l’on puisse entrevoir les linéaments déjà saisissables des grandes divi- sions actuelles. On voit bien qu’alors les ordres que nous connaissons existaient déjà, quoique représentés par d’autres genres ou même par des tribus différentes des nôtres ; l’é- poque jurassique nous paraît même des plus curieuses à ce point de vue, mais nous réservons tout ce qui regarde l’en- 32 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. semble des algues pour le moment où nous aborderons l'étude de cette classe; il suffit ici d'indiquer le point de vue auquel nous nous plaçons. Aux cryptogames vasculaires, divisés eux-mêmes en plusieurs séries particulières : fougères, calamariées, sigil- lariées, lépidodendrées, se joignaient, dès le carbonifère, un certain nombre de gymnospermes, déjà séparés, vers la fin de cette période, en cycadées et en conifères. Le permien et le trias, en ce qui concerne les végétaux, ne consistent que dans le mouvement relatif qui élève et multiplie quelques-unes de ces séries ou classes aux dépens des autres, Les fougères se maintiennent en changeant de forme, les calamariées se réduisent peu à peu aux seules équisétacées; les sigillariées disparaissent ; les lépidoden- drées descendent au rang de simples plantes herbacées représentées uniquement par les lycopodiacées el isoétées; mais à côté de ces groupes, les gymnospermes se dévelop- pent, particulièrement dans le trias, et enfin au sein de cette même période triasique se montrent, à ce qu'il semble, les plus anciennes monocotylédones. La classe des dicotylé- dones proprement dites, la plus importante de nos divisions végétales actuelles, est seule absente; elle manque d’une manière absolue jusqu’après la fin de la période jurassique. Cette absence constitue une lacune énorme qui montre com- bien l'élaboration du règne végétal était encore loin de sa terminaison. De plus, si l’on s’attache à suivre la marche des seules séries déjà existantes, on voit ce même règne végétal demeurer longtemps stationnaire, en sorle que son développement ne se trouve ni plus ni moins avancé à la fin de la période qu’à son origine; c’est ce que nous prou- verons bientôt, Par cela même que les organismes purement terrestres TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 33 se sont constitués les derniers et qu’ils comprennent dans chaque série les types les plus parfaits et les plus éloignés du point de départ aquatique, ils ont dû subir aussi, avant d'atteindre leur entier développement, une élaboration bien plus prolongée que les autres. Mais il existe en même temps une autre cause de cette longue durée relative; cette cause réside dans l’étroite dépendance des deux règnes, les ani- maux supérieurs n'ayant pu évidemment se développer, sinon paraître, avant que le règne végétal leur ait fourni une nourriture de plus en plus variée et substantielle. Or, cette nourriture, les types végélaux supérieurs sont seuls capables de la produire, tandis que les carnassiers ne peu- vent rigoureusement se mulliplier avant la multiplication des différents groupes de phytophages. Ainsi, sur le sol émergé, tout se rattache directement ou indirectement au règne végétal, dont l'aiguille régulatrice marque l’heure avant laquelle les autres organismes ne sauraient accomplir les phases de leur évolution, Les insectes semblent au premier abord contredire cette loi, puisque leurs principales familles paraissent achevées dans les traits décisifs de leur organisation, quoique combi- nées dans des proportions différentes, bien avant les autres séries aqualiques ou terrestres, bien avant que les végétaux eux-mêmes, dont ils dépendent d’une façon si étroite, aient atteint leur développement le plus élevé. C’est là une ano- malie apparente, qui peut s'expliquer cependant, soit par la vie d’abord aquatique d’une foule de larves d’insec- tes, pour qui l’état parfait n’est qu'une phase très-courte, soit par le mode peu élevé de leur respiration et de leur circulation, soit enfin par celte considération que la ra- pidité même des métamorphoses par lesquelles passe chaque individu de cette classe se trouve peut-être en rap- VÉGÉTAUX. — J, 3 34 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. port direct avec une durée plus courte des périodes même &’évolution que chaque type a dû traverser avant de se fixer définilivement. Considérons maintenant les choses de plus près et exami- nons, au point de vue de leur développement relatif, les di- verses séries animales, comparées au règne végétal lui- même. Cette comparaison nous aidera singulièrement à comprendre le rôle dévolu à celui-ci pencant les temps jurassiques et à nous expliquer la dépendance réciproque de tous les êtres. Commençons par les séries aquatiques les plus éloignées des organismes terrestres ; de là nous passe- rons à ceux-ci. Au sein des eaux la dépendance mutuelle des diverses séries est moins sensible que sur le sol émergé. Chacune poursuit sa marche parallèlement aux autres et par des voies qui n’ont parfois rien de commun. Plus le point de départ paraît ancien, plus aussi l’organisation se montre relative- ment inférieure, mais plus aussi le développement paraît avancé vers son terme définitif. Ce développement est en- core bien loin d’être achevé chez les poissons ; il semble avoir plutôt reculé depuis chez les mollusques dont ie rôle n’a jamais été plus brillant qu’à l’époque jurassique. La pro- fusion des céphalopodes qui atteignent avec les bélemni- tes et les ammonitidés tentaculiféres à cloisons persillées leur maximum de développement, constitue le trait le plus saillant de la faune malacologique des mers du Jura. Le dé- veloppement des brachyopodes est moindre que dans les temps antérieurs, mais plus considérable que dans la pé- riode suivante et surtout que dans la nature actuelle. Leur infériorité relative explique cette marche, de même que la supériorité des gastéropodes leur marche ascendante. Le progrès de ceux-ci est surtout sensible lorsqu'on prend pour Pa 2 | ‘ TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 35 point de départ les genres d’eau douce pectinibranches, paludines et mélanies, pour passer aux pulmonés aquati- ques, planorbes, et arriver aux auricules. C’est là une vraie série ascendante commencée par des animaux à res- piration branchiale, continuée par d’autres dont la respi- ration devient aérienne, mais dont l’habitat demeure aqua- tique, terminée enfin par ceux dont l'habitat est terrestre en même temps que leur respiration est aérienne. Les crinoi- des, les plus anciens des échinodermes, déjà en voie de décroissance, quoique nombreux relativement, sont desti- nés à décroître encore, tandis que par une marche opposée les échinides ne cessent d’augmenter régulièrement en nombre et en variété. Cependant, sur trois familles, l’une, celle des clypéastroïdes manque encore complétement, tan- dis que celle des spatangoïdes n’est représentée que par le seul genre Collyrites qui semble, à certains égards, servir de lien entre les deux groupes. Chez les crustacés, le type le plus élevé se trouve alors représenté par les décapodes macroures dont l'apparition coïncide avec le commence- ment même de la période. Les brachyures manquent abso- lument ; mais les macroures cuirassés, et parmi eux le genre £ryon, spécial aux terrains secondaires, constituent une transition vers cet ordre, qui n’existe pas dans la na- ture vivante, Les poissons tendent vers le terme de leur développe- ment, mais ils sont loin de l'avoir atteint. Aucun de leurs genres ne peut encore être identifié avec ceux de la période actuelle. La séparation des placoïdes et des ga- noïides, bien antérieure au jurassique, existait déjà dans les âges les plus anciens, La première de ces deux classes s’est maintenue jusqu’à nos jours en demeurant stationnaire ; si elle se trouve maintenant subordonnée, c’est surtout par 36 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. suite du développement relatif des téléostéens. Ceux-ci, dernier terme de la série des ganoïdes, ont augmenté en nombre et en importance dans la mesure même du déclin de ces derniers. Les téléostéens, en un mot, se sont gra- duellement substitués aux ganoïdes, réduits à n’être plus qu'un groupe insignifiant dans l’ordre actuel; mais on peut dire qu'ils n’en sont eux-mêmes qu’un prolongement laté- ral, si l’on veut tenir compte des termes successifs qui mènent insensiblement d’une série à l’autre. Les téléos- téens, en un mot, paraissent être des ganoïdes parve- nus graduellement au terme définitif d’une transformation quia mis à s’accomplir une durée de temps irès-longue; tandis que les ganoïdes, particulièrement les jurassiques, représenteraient des téléostéens primitifs, plus ou moins imparfaits et considérés à des degrés plus ou moins avan- cés de développement. Dans cette marcheincessamment pro- gressive, la période jurassique marque la période même qui de l’état ancien amena les ganoïdes à se rapprocher des téléostéens, sans pouvoir encore être confondus avec ces derniers. La petite famille des leptolépidés a paru à Eckel s'éloigner des vrais ganoïdes pour se rapprocher des halécoïdes et par eux des téléostéens dont ils seraient la souche (1). Cette filiation ferait remonter jusqu’au lias par le genre 7hrissops l’origine des téléostéens qui se seraient multipliés et diversifiés de plus en plus et auraient accen- tué leurs caractères, en s’éloignant de leur point de dé- part. Les leptolépidés, coexistant d’abord à côté des ga- noïdes, auraient fini par les supplanter complétement. Ce groupe se rapproche en effet des halécoïdes qui constituent (1) Voyez Considérations sur les Poissons fossiles, par Émile Sauvage, mai 1869, p. 277. (Extrait du Dict. univ. d’hist. nat. de Ch. d'Orbigny, 2e édit.) TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 37 la majorité des téléostéens crétacés. En se renfermant dans les limites même de la période jurassique, on voit que les ganoïdes y sont tous homocerques, que les genres où la colonne vertébrale est complétement ossifiée sont plus nom- breux que ceux où la corde dorsale n’est protégée que par des vertèbres à ossification imparfaite, quoique ces der- niers genres fassent souvent partie des mêmes groupes que les premiers. Les lépidoïdes homocerques comprennent les genres jurassiques par excellence ; suivant M. Sauvage, c'élaient des poissons mauvais nageurs, {rapus, servant de proie aux sauroïdes et aux plagiostomes, se nourrissant d'animaux mous et de substances végétales. Si nous les citons, c’est que leur fréquence même et le régime qu’on leur attribue sont un indice précieux de l’abondance des algues dans les mers jurassiques contemporaines. C’est au milieu de ces plantes, sur les fonds tapissés par elles ou envahis par leurs touffes flottantes que devaient vivre et circuler ces poissons. La consistance coriace de la plupart des spécimens d’al- gues arrivés jusqu’à nous, en assez petit nombre, ne donne sans doute qu’une faible idée de la profusion de ces plantes, nécessitée pourtant par la multitude des êtres à qui elles servaient de pâture. Si des poissons nous passons aux reptiles, nous remar- querons un mouvement ascensionnel assez analogue, mais produisant des effets bien différents. La respiration est ici aérienne el pulmonaire; toutefois les reptiles demeurent liés plus que d’autres vertébrés au milieu aquatique, non- seulement parce que beaucoup d’entre eux continuent à mener une existence amphibie ou tout à fait marine, mais aussi parce que les termes inférieurs de cette classe, al- liés aux batraciens, touchent par ceux-ci aux poissons, de . 38 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. même que parmi les plus anciers poissons il en est cer- tains qui manifestent des particularités de structure ten- dant à les rapprocher des reptiles. La période jurassique est par excellence celle du plus grand développement de la classe des reptiles; les uns nageaient, les autres ram- paient et nageaient, d’autres volaient ou marchaient ; il y avait alors des reptiles jouant le rôle des célacés, des phoques, des chauves-souris, des carnassiers et des pa- chydermes des âges plus récents. La présence multipliée des grands reptiles constitue un des arguments les plus sérieux que l’on puisse invoquer en faveur de la haute température de l’Europe, à l’époque où ces animaux dominaient sur notre continent. Il suffit sous nos yeux d’un abaissement un peu marqué de la tempéra- ture pour réduire la faune des reptiles à un minimum très- faible de nombre el de taille, tandis que l’approche du tropique ramène inévitablement des effets contraires. L’in- fluence de la température doit en effet devenir immense, dès qu'il s’agit d'animaux ne possédant qu’une source très- faible de chaleur intérieure, incapables par conséquent de réagir par eux-mêmes contre la privation d’un élément de vitalité qui doit leur venir du dehors, tandis que les mam- mifères le portent en eux. N’est-il pas naturel de recon- naître dans cette différence physiologique la vraie cause du développement tardif, mais irrésistible finalement, des mammifères, à partir du moment où le refroidissement du globe est devenu assez sensible pour leur donner l’avan- tage sur les reptiles. Il a suffi qu'il se soit établi vers le Nord des régions relativement froides pour créer aussitôt en faveur de la classe des mammifères une présomption énorme de supériorité. Seulement il a fallu l’action du temps et des circonstances, pour que cette supériorité en TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 39 vint à se réaliser. L'homme primitif, perdu au fond des bois, chétif de taille et débile même d'intelligence, portait en lui le germe de sa future domination; il ne l’a cependant acquise que lentement et par degrés. Le petit mammifère qui rôdait non loin des reptiles dinosauriens était de même supérieur à eux, en principe, dès que la température, en s’abaissant, lui fournissait l’occasion d'utiliser le foyer éner- gique de réaction calorique, qu'il portait en lui; mais cette supériorité n’élait encore qu’une abstraction réservée à l’a- venir; il fallait avant tout qu’une nourriture plus abon- dante vint créer pour cet être longtemps si faible des res- sources alors à peu près absentes. Pour cela il était néces- saire qu’il s'établit d’autres conditions de sol, de climais, de saisons et que le règne végétal se renouvelât tout entier. Tout s’enchaîne donc sur la terre dont la surface présen- tait une réunion d'êtres bien moins nombreux, bien moins variés que maintenant, mais déjà étroitement liés les uns aux autres. Nous avons vu qu’au sein des eaux et à leur sur- face la nature avait partout progressé, avancé d'un pas pour atteindre le but ou s’en rapprocher, que des lacunes rela- tivement à ce que l’on observe dans les âges plus récents, existaient encore dans plusieurs séries, spécialement chez les échinides, les crustacés et les poissons, que les mol- lusques, d'autre part, et les reptiles avaient atteint tout d’un coup leur maximum de richesse, et qu’en tenant compte pour ces deux groupes de ce qu’ils avaient acquis ou perdu depuis, on pouvait dire au total qu’ils avaient plutôt reculé que gagné en force, en beauté et en diversité. Cependant en embrassant à la fois tous ces êtres d’un coup d'œil, on voit qu’un même mouvement les entraîne, mouvement qui doit compléter l'adaptation de toutes les séries au milieu et aux condilions très-variées auxquelles elles sont destinées. 40 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Cette adaptation se précisera de plus en plus, et pour tous les êtres susceptibles d'acquérir une vie aérienne elle con- sistera à sortir des eaux et à vivre sur le sol, à l’air libre. L’a- daptation à ce but suprême devient le mot d’ordre, la fin et la raison d’être de toute concurrence. I1se dégage encore de l’ensemble cette vérité que la dépendance où sont les ani- maux terrestres du règne végétal est si étroite que pour qu’ils changent, il faut d’abord que celui-ci vienne à chan- ger. Le règne végélal est ainsi le pivot et le centre où tout se rapporte ; c’est donc lui qu’il est nécessaire d'interroger sur ses éléments et sur sa marche, avant de revenir aux ani- maux qui se groupent autour. À raison même de celte in- time solidarité, si les vestiges laissés par les plantes étaient par trop incomplets, les animaux serviraient à corriger cette insuffisance, en nous livrant le secret de leur régime. Le point de départ de notre examen se place naturelle- ment dans le keuper, époque immédiatement antérieure à l’âge jurassique; le dernier terme sera le wéaldien qui nous donne le point d’arrivée. Entre ces termes extrê- mes nous trouvons une série d’étages conçus uniquement au point de vue de la stratigraphie et des faunes marines, et qu'il nous serait d'autant plus inutile d'interroger un à un que beaucoup d’entre eux ne renferment aucune plante ter- restre ou que les traces végétales s’y réduisent à de faibles indices. Nous choisirons donc un certain rombre de loca- lités parmi les plus riches et les mieux connues, distribuées surtoul à des intervalles assez éloignés et assez égaux pour donner une idée nette de la végétalion caractéristique d’un niveau déterminé et par conséquent des changements suc- cessivement opérés, Ce moyen nous semble detous le moins imparfait ; on conçoit pourtant queles données qu'il fournit ne sont qu'approximalives et d'autant moins rigoureuses TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 41 que la série jurassique, même par celte voie, est encore semée de lacunes impossibles à combler dans l’état actuel des connaissances. Le lias supérieur, par exemple, présente trop peu d'espèces pour permettre d’en tenir compte; ilen est de même du bajocien et du portlandien; quoi qu'il en soit, les flores locales qui vont nous fournir des éléments d'analyse et de comparaison se distribuent ainsi qu'il suit entre les divers étages : 1°Keuper —Schilfsandstein elStubensandstein réunis. — Franconie, Wurlemberg, Bade, environs de Bâle. 9° Rhétien. — Franconie, environs de Bayreuth, Sein- stedt, environs d’Autun; 3% Lias inf, — Halberstadt, Hettange, Steierdorf, Scham- belen ; 4 Bathonien. — Witby, Gristorpe-bay, Scarborough, Mamers; 5° Cornbrash et Oxfordien réunis. — Etrochey, Solenho- fen, Alpes vénitiennes ; 6° Corallien et Kimmméridgien réunis. — Environs de Verdun, Châteauroux, Cirin, Orbagnoux, Morestel, Creys; 7° Wéaldien. — Nord de l’Allemagne. Examinons chacun de ces horizons en particulier : 1° Keuper moyen. -— 47 espèces. PHUISOIAICEUS. 2. Ni Ur 5 Hpugéres ref: -=Cepe moi ooe 20 Cycadées..... ed Lol Se 13 47 VONITÉLES eee eee cree 6 Monocotylédones ?..... = 2 à 3 La liste résulte des anciens travaux de M. Brongniart, de ceux de M. Heer, dans son livre pour la Suisse primi- tive (1), mais surtout du mémoire de M. Schenk sur la (1) Urwelt der Schweiz, p. 46 et suiv. 42 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. flore du Keuper (1), d'où nous avons éliminé ce qui touche au Lettenkohle, d’une part, et au Rhétien de l’autre. Dans cette flore, les nombres proportionnels sur 100 sont : 10,6 pour les équisélacées, 42,3 pour les fougères, 27,6 pour les cycadées et 12,7 seulement pour les conifères. L'immense majorité des cycadées, 21,2, appartient au type des Pterophyllum ; quant aux fougères, il faut remarquer chez elles la prépondérance du type, artificiel, il est vrai, des pécoptéridées, 17 sur 49,3, le petit nombre des formes à nervures réticulées qui ne comptent encore qu’une seule espèce; les fougères coriaces ou cycadoptéridées sont également réduites à une seule espèce, mais les Z'œæniopteris en comptent au moins 4; c’est une proportion sur 400 de 8,5. Presque toutes les conifères ont l'apparence extérieure des Araucaria. Une seule espèce a été comparée aux Wid- dringtonia, et pourrait par conséquent être rangée parmi les cupressinées, 2° Rhétien. — 70 espèces. Hquisétacées is Cure SION or ne HOUBÉTES Eee eheece °.. 48 CYCATOES TER re er renemere ee T0 D ConIféres HE EEE ere 6 MonocoiVIéAoNnES EC Eee ec 3 La liste précédente résulte du grand ouvrage de Schenk (2), combiné avec les deux mémoires de Braun sur les plantes fossiles de Bayreuth et de Seinstedt. Sur 100 espèces, le nombre proportionnel des équisétacées n’est plus que 4,9, celui des fougères a encore augmenté, (1) Beitr. zur fl. des Keupers, etc. Separat Abdr. aus d. VII bericht. d. natursf. Gesel. etc. Bamberg. \2) Die foss. Flora des Grenzchichten des Keupers und Lias frankens. Wiesbaden, 1867. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 43 il s'élève à 68,5; les cycadées comptent pour 14,5, et les conifères pour 9,5. La prépondérance relative des fougères trahit des conditions très-humides, au moins en ce qui concerne l’Allemagne méridionale; cependant les équisé- tacées ont déjà diminué, et parmi les fougères les formes coriaces, Cycadopteris, Thinnfeldia, Nilsonia, s'élèvent à 15,7 sur 100. Les Tæniopteris tendent plutôt à diminuer, tandis que les types à nervures réticulées atteignent leur maximum relatif, 15,7. Le type des Péferophyllum décline déjà parmi les cycadées, 9,5 ; il comprend cependant en- core 6 dixièmes du nombre total des espèces. Le type des Otozamites se montre à côté des Péerophyllum ainsi que celui des Podozamites, mais les vrais Zamites paraissent encore absents. Les conifères appartiennent à des genres entièrement distincts de ceux que nous connaissons, et très-difficiles à classer. Une seule de leurs espèces pourrait avoir fait partie des cupressinées ; les autres sont peut-être des oraucariées ou des séquoïées (Palyssia, Schizolepis, elc.); mais leurs véritables affinités sont encore à défi- nir. Au total, la diminution des vrais Pterophyllum et l’ap- parition des Ofozamites, la multiplication des fougères coriaces et de celles à nervures réticulées; enfin, un moindre rôle attribué aux équisétacées, tels seraient les caractères décisifs de la végélation, lors de l'étage rhétien. 3° Lias inférieur ou Sinémurien. — 67 espèces. PUISE ACER. CE care u a 3 POUEETES 7212 2e MAMMA Se De 37 CYCAAÉES TE Pre rer brehe ct DL) h6] CODMERRS. 2221. ns smeccare 8 | Mono CHEvIEdoneS. 7.7... 3 Pour dresser celte liste, nous avons réuni les espèces de A PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Hettanges à celles de Cobourg, de Quetlinbourg, de Hal- berstadt, dont M. Schenk donne la liste à la suite de son grand ouvrage sur la flore rhétienne de Franconie; nous y avons joint les espèces de Steierdorf décrites par M. An- drä (1), et celles de Schambelen signalées par M. Heer dans son ouvrage sur la Suisse primitive (2). Toutes ces localités paraissent se rapporter au même horizon géo- gnostique. Sur 100 espèces, le nombre proportionnel est 4,4 pour les équisétacées, 55,2 pour les fougères, 23,8 pour les cycadées, et 11,8 pour les conifères. Ces chiffres diffèrent peu des précédents, sauf que les cycadées s’ac- croissent notablement, et après elles les conifères aux dé- pens des fougères, ce qui doit être l’indice d’une moindre humidité dans le climat. Les fougères à nervures réliculées sont encore nombreuses, 13,4, ainsi que les fougères coriaces, 8,8, mais les Z'æniopteris diminuent beaucoup; il en est de même des Pterophyllum, 8,8, par rapport aux Otozamites, 5,8; les premiers ne comprennent plus que 3 4 dixièmes du nombre total des eycadées, tandis que les Otozamutes vont déjà jusqu’à 2 : dixièmes; c’est une progression en sens inverse pour ces deux groupes, à côté d’eux les Zamites proprement dits commencent à se montrer. Les conifères sont toujours représentées par des formes ambiguës ou d’un classement difficile (Araucarites, Palyssia, Pachyphyllum), on peut cependant signaler déjà quelques cupressinées moins incertaines (7huites, Wid- dringtonites). Celte végétation n’est qu’un prolongement de celle du rhétien avec une tendance à l’accroissement rela- üf des cycadées. (1) Lias-flora von Steierdorf im Bannat, von Dr Karl Justus Andrä. (2) Urwell der Schweiz, p. 80. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. A5 4° Grande oolithe ou Bathonien. — 56 espèces. EURE IA CÉSAR 2 RODEBRES ere eee 33 Cyeadéessianse ti des ERELINA 14 } 56 DONMÉRS ads ecoroanobmaececne 6 MONOCDINIÉdONESS eee il L’ensembie de cette flore correspond aux diverses 1oca- lités du Yorkshire dont Philips, Lindley et Hutton, et plu- sieurs auteurs ont donné la description au point de vue des plantes; nous y réunissons la petite flore de Mamers (Sarthe), signalée, il y a longtemps, par M. Brongniart, et qui se rapporte au même horizon géognostique. Les chiffres proportionnels sont sensiblement les mêmes que ceux du sinémurien ; calculés sur 100, ils donnent 3,6 pour les équi- sétacées, 60 pour les fougères, 25,8 pour les cycadées, et 10,9 pour les conifères. Le caractère relatif le plus saillant réside dans la diminution évidente des fougères à nervures réticulées, qui ne comptent plus que pour 5,2, et sont un peu dépassées par les 7tæniopteris, 5,4, tandis que le type, artificiel, il est vrai, des Pecopteris entre pour 25,8 dans le nombre proportionnel. Les Péerophyllum ont continué à décroître, ils ne comptent plus que pour moins de 2 dixièmes du nombre total des cycadées; tandis que les Z'amites proprement dits les égalent en importance, et que les Otozamites les dépassent de beaucoup et s'élèvent à plus de % dixièmes des cycadées, à plus d’un dixième du chiffre total de la Flore (10,9 sur 100). On observe mainle- nant parmi les conifères de vraies cupressinées analogues à nos Zhuiopsis, des Brachyphyllum, et peut-être de vrais Araucaria, Les types coriaces, en minorité parmi les fou- gères, sont représentés par des Pachypteris et des Loma- topteris. La fraîcheur présumée des localités anglaises a AG PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. sans doute influé sur la composition de l’ensemble, en fai- sant prédominer les fougères à frondes délicates et inci- sées sur celles à frondes coriaces. La diminution des fou- gères à nervures réticulées et le développement du type des Otozamites constituent les traits distinctifs de cette végétation. 5° Cornbrash et Oxfordien réunis. — 46 espèces. Équisétacées...41:2208h 212000 04 FOUBÈTES.- ss SOUS Déco DC on 1 Cycadées.... 72. ob onbona lt to Gonifères 23. Re Lt Br Acte 509 Monocotylédones., 6-2 te Les espèces réunies d'Etrochey (Côte-d'Or), des environs de Poiliers (Vienne), de Solenhofen (Bavière), et des Alpes véniliennes, ces dernières d’après un relevé des espèces décrites ou signalées par M. de Zigno, ont servi à dresser la liste ci-dessus ; les localités les plus anciennes se rap- portent au cornbrash, les plus récentes à l’oxfordien; toutes accusent une grande conformité de physionomie, et une époque caractérisée surtout par la prépondérance des végélaux qui habitent un sol accidenté. Cette tendance s'accuse par l'importance relative des cycadées qui, pour la première fois, dépassent les fougères. Sur 100 espèces, le nombre proportionnel de celles-ci n’est que de 26, tandis que celui des cycadées s'élève à 41,3, et celui des conifères à 19,9. Les types à frondes coriaces dominent parmi les fougères (Lomatopteris et Dichopteris), les Otozamites et les Splenozamites parmi les cycadées. Les conifères présentent à côté des Prachyphyllum et des Araucarites de vraies cupressinées analogues à nos Zhuiopsis, et que M. Schimper vient de nommer £'chinostrobus : nous atteignons ici le mi- Éd à à TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 147 lieu et probablement l’époque la plus sèche et la plus chaude de la période jurassique. C’est aussi le moment de la plus grande extension des cycadées. 6° Corallien et Kimméridgien inférieur. — 37 espèces. ROTRÉTES Pers saisies en eee de ee 17 Gyeadéess.. M. 9.sa22 he. 510009 Le CR ER Ca 0 Le 0 Monocotylédones "creer. 1 La liste que nous donnons a été dressée par nous d’après la réunion des espèces coralliennes de Saint-Mihiel et de Verdun, de Châteauroux (Indre), et des espèces du kimmé- ridgien inférieur du département de l’Ain et des parties attenantes de l'Isère. Quoique peu nombreuse et marquée par des différences assez sensibles, lorsqu'on s’attache aux divers niveaux qu’elle comprend, cette végétation présente cependant un faciès uniforme, et révèle comme la précé- dente l'influence d’un climat sec et chaud. La proportion sur 100 est 45,8 pour les fougères, 24,3 pour les cycadées, 27 pour les conifères qui, pour la première fois, obliennent la prédominance parmi les gymnospermes. Les Otozamites ont à peu près disparu, et les Zamites proprement dits dominent à leur place ; à côté de ces derniers les Spheno- zamites se montrent encore, mais ils tendent à décliner. Les cupressinées sont plus nombreuses que les autres genres de conifères, qui sont surtout des Brachyphyllum, des Pachyphyllum, et probablement aussi des Araucaria proprement dits. Les types coriaces, et spécialement les genres Lomatopteris et Stachypteris, dominent parmi les fougères. L'extension des Zamites proprement dits consti- tue le trait caractéristique de cette période végétale. 48 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 7° Wéaldien. — 36 espèces. Équisélacées.. ........u. :. FES où Fougères. AMIE LACS : HORS 20 | ONCAEES LCL EL | . DONIIEDES meta eieise ee ele soie le esse TO Cette liste résulte de la monographie de Dunker, com- plétée par les travaux successifs de M. d’Ettingshausen, et dernièrement de M. Schenk sur les plantes fossiles de Wernsdorf ; ce dernier mémoire relève plusieurs erreurs dans les appréciations de M. d’Ettingshausen, et permet de rectifier quelques-unes des déterminations de Dunker. Aux espèces wéaldiennes du nord de l’Allemagne viennent se joindre quelques plantes des couches de Tilgate et des environs de Beauvais (Oise) qui se rapportent au même horizon géognostique. Dans le wéaldien, les chiffres pro- portionnels ne s'écartent guère de ceux que nous avons signalés pour plusieurs des étages précédents. Sur 100, le nombre relatifest 5,5 pour les équisétacées, 55,5 pour les fougères, 25 pour les cycadées, et 14,1 pour les conifères. C’est à peu près ce qui existait dans le lias inférieur et dans le bathonien; la récurrence de certaines formes, comme les Jeanpaulian augmente encore l'analogie; les Pterophyllum eux-mêmes reparaissent, et probablement l'humidité des stations anciennes qui nous ont con- servé ces plantes est pour beaucoup dans la présence de certains types observés, plusieurs étages auparavant, dans des conditions sensiblement pareilles ; il n’en est pas moins vrai que le relour de formes très-voisines de celles que nous avons observées antérieurement fait voir qu'aucun changement radical ne s’élait opéré, et que d’un bout à l’autre de la période jurassique la végétation, sauf les mo- difications partielles que nous avons signalées, s'était tou- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. jours composée des mêmes éléments. Nous venons de dire que des formes sensiblement analogies avaient reparu d’é- tage en étage. Ce phénomène de réeurrence est un des plus curieux et des mieux constatés parmi ceux que présente la végétation jurassique; il est tellement marqué qu’il a pu faire douter quelquefois de la réalité du rang assigné à des formations séparées l’une de lautre par plusieurs degrés de l'échelle des terrains, et qu’on aurait été porté à con- fondre, en ne consultant que la ressemblance de certaines formes caractéristiques. Ces formes si voisines, distincies pourtant, non-seulement par la distance qui les sépare, mais aussi par certains caractères de détail, on peut cepen- dant les regarder comme issues les unes des autres; elles donueraient ainsi la mesure exacte des modifications appor- tées par le temps dans la physionomie extérieure d’une espèce, très-fixe d’ailleurs, et adaptée à une station et à des conditions d’existence déterminées. Pour mieux faire juger de ce point de vue, nous allons donner un tableau dont les colonnes correspondent à autant d’étages, et où sont inscrits les plus saillants de ces parallélismes singr.- liers. TaBLEAG : VÉGÉTAUX. — J, 4 KEUPER. —————————— RHETIEN. —— | Equisetum arena- | ceum, Sch.. ...\ phenopteris Schlo- } { neiniana, Br...) Phlebopteris affinis, Schk. Gutbiera angustifolia, Presl. Asplenites Reæsserti, Sch. Pecopteris concinna, Presl. Dietyophyllum obtusilobum, SCORE E-rea Sagenopteris rhoifolia, Schk. Jeanpaulia Munsteriana , SORA. en er Baiera tœæniata, Braun..... Tœniopteris tenuinervis, Br. Tæniopt. superba, Sap.... Pterophyllum Blasü, Schk. Pterophyllum bre- vipenne, Kurr... Pteroph. longifo- lium, Brngt..... Pteroph. inconstans, Gæpp. nn mms sm sms Pterophyll. Braunianum , GŒPp...........se.so.e Zarmates distans, Presl.. .. | ) | | Otozamites brevifolius, F. br. Cycadites rectangularis, Br. Palyssia Braunii, Endl..….. LIAS. a ——— Sphen. obtusifolia, ANT... ses... sms. msn. sen. soso. nus soute Lomatonteris juren- SIS ART - ee «les Pteroph. crassiner- LE, GŒPP: «.... Pteroph. Andræa- num, Schimp. ….. PP ICI ICICICICICICRCIC ICE nus Zamites Schiedme- li, Stemb.…. e CCC OOLITHE INFÉRIEURE. OOLITHE MOYENNE. EEE Equisetum columnare, Br. Cladophebis undulata, Brngt. Phlebopt. contiqua, L. et H. Polypodites crenifolius, Gæp. Pecopt. Whithiensis, Brngt. Pecopt. lobifolia, L. et H Dictyoph rugosum, XL. et H. Sagenopt. Plillipsü, L.etH. …..... Baiera digitata, Schimp... Jeanpaulia Lindleyanra, Sch PRET EE ELLE CELLIER) nov esse eee een Tæniopt. vittata, Brngt. Tœniopt. major, L. et H. { Lomatopt. burgun- QCCIDOCIOS" ENT 177 PROC DE ess. ones cesse Pteroph. comptum, L. et H. PEER E) …….. .. | \ | Pteroph. minus, Brngt..... | ++ serons STODDOOOOOODIOOONICIOCICEIEE FOOD OO TES SE Zamites lanceolatus, Morr. | | Zamites gigas, Morr....., | sonessenene se secs Otoz. acuminatus, Brngt.. Oloz.icaunensts, Cycadites zamioides, Leck. Il { Lycopodites (Palyssia ? ) | Wäliemsonis, L. et H. | CORALLIEN. WÉALDIEN. et | PALIER RE) | ta, Schimp. y Jeanpaulia lacinia- UÜ ta, Prm. | { Baiera longifolia , | Jeanpaulianervosa, | Sap. Dunk. Pteroph. Schaum- burgense, Dunk. { Pteroph : Lyellia- Ù num, Dunk. { Pteroph. Dunkeria- num, G@pp. mu [ Zamites Moræanus, l Brugt. Cycadites Mor“isia- nus, Dunk. nn us ver TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 51 Ainsi, d'âge en âge, la végétalion jurassique a subi des modifications partielles; dans chaque genre, elle a perdu des espèces et en a acquis de nouvelles, souvent peu diffé- rentes des précédentes ; les genres, d’abord prépondérants, ont cessé de l'être, et d’autres genres, d’abord inconnus, se sont développés aux dépens des premiers; certaines caté- gories de plantes, comme les fougères à nervures réticulées et les Zæniopteris, les Olozamites et les Sphenozamites, les Brachyphyllum, Palyssia, ete., ont fini par disparaître complétement après avoir joué un rôle plus ou moins remarquable, mais l’ensemble même a été assez peu affecté par ces changements qui touchaient plutôt à la forme qu’au fond. Les éléments principaux, et la relation même de ces éléments entre eux, restent sensiblement pareils, même lorsqu'on rapproche les termes extrêmes de la série. Dans le rhétien comme dans le wéaldien, il est curieux de le constater, les fougères comprennent toujours un peu plus de la moitié des espèces, les cycadées un quart, les coni- fères un huitième ou un neuvième, les équisétacées un vingtième environ. Il n’existe dans la plus récente de ces flores successives, ni plus de richesse, ni plus de variété que dans la première; les monocotylédones demeurent toujours réduites à un chiffre insignifiant, et les dicotylé- dones manquent d’une façon absolue. Les sabstances nu- trilives ne sout ni plus ni moins abondantes; elles se réduisent toujours à des amandes, à des parties féculentes, à quelques rhizomes charnus, susceptibles de nourrir les grands animaux, à des bois, à des écorces, à des résines, à des pollens abondants à certains moments, el à des feuilles pour les animaux de petite taille, broyeurs, rongeurs ou suceurs. L'examen des insectes jurassiques que plusieurs auteurs ont pu faire justifie ce point de vue, et démontre 92 PALÉUNTOLOGIE FRANÇAISE, qu'il n'existait pas, dans la végétation de cette période, d’élément essentiel dont la connaissance directe nous ail été dérobée. Les insectes jurassiques ont été observés à divers niveaux; ils sont fréquents dans le lias anglais, dans les schistes oxfordiens de Solenhofen et dans le purbeck; mais nous insisterons plus spécialement sur ceux du lias inférieur de Schambelen, dans le canton d’Argovie, parce qu'ils sont les plus anciens, les plus nombreux et les mieux connus, grâce aux excellents travaux de notre ami M. Heer (1). Le savant professeur de Zurich, doublement compétent, et comme entomologiste et comme botaniste, a pu apprécier mieux que tout autre la signification de cette faune, et déterminer les substances végétales dont chaque espèce à dû se nourrir. Or, il insiste sur ce point important qu’en dehors des champignons et des mousses, il n’est rien dans le régime présumé de ces insectes qui implique l’existence de végétaux différents de ceux dont les débris sontvenus jusqu’à nous, et spécialement des dicotylédones angiospermes. Cette conclusion a été facilitée par une particularité com- mune à tous les insectes liasiques et sur laquelle on ne saurail trop insister. Loin de s’écarier des types actuels, ils s’en rapprochent singulièrement; leurs genres sont souvent identiques avec les nôtres, et rien dans leur taille ni dans la façon dont leurs genres se trouvent combinés, ni dans ces genres eux-mêmes, ne trabit l'influence de la période reculée à laquelle ils ont appartenu. Cet écart si faible frappe d'autant plus qu'il est en opposilion directe avec ce que l’on observe dans les autres séries d'êtres, en général si éloignés, surlout les terrestres, de ce qu’ils sont actuelle- (1) Die Urwelt der Schweiz, p. 81 et suiv. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 53 ment et souvent revètus de formes bizarres, rudimentaires ou inférieures. Ici, la série des annelés semble avoir atteint rapidement le terme de son développement ; sestypes prin- cipaux, déjà distincts et très-nettement caractérisés, sont ce qu'ils se montrent encore sous nos yeux. Leur taille est ordinairement plus pelile; ils sont aussi bien moins nombreux et surlout incomplets en ce sens que les lacunes très-considérables que l’on remarque dans leurs principa- les tribus correspondent justement aux lacunes même du monde végétal. Les insectes carnassiers, broyeux, xylophages et phyllo- phages, ceux qui vivent de fécule, de résine, de substances végétales décomposées, avaient comme aujourd’hui un ré- gime assuré, mais ceux qui fréquentent les fleurs, attaquent les organes délicats, vivent de sucs végétaux élaborés par les plantes supérieures, n'auraient pu subsister au sein d’une nature où les végétaux coriaces et ligneux jouaient le principal rôle et d’où les pousses tendres, les feuilles sou- ples, les fleurs compliquées, les sucs mielleux, les fruits savoureux et les petites graines étaient presque entièrement exclus. Parmi les 143 espèces du lias de Schambelen, les coléoptères présentent une prépondérance énorme sur les autres ordres (116 espèces), et parmi eux les xylophages, buprestides et élatérides (43), tiennent le premier rang. Les aquatiques, gyrins et hydrophiles, viennent ensuite, et les carnassiers, carabiques, tiennent le troisième rang. Les co- léoptères qui fréquentent les mousses et les champignons ne sont pas aussi nombreux, quoique leur présence atteste l'existence de ces catégories de végétaux. Mais les genres qui vivent sur les fleurs ou les feuilles ne comptent que très- peu d’espèces. Les coléoplères broyeurs dominent évidem- ment sur les autres, et il en est de même pour les autres 94 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. ordres. Les hyménoptères qui comprennent les insectes les plus élevés par leur organisation compliquée, leurs mœurs et leur industrie sociales etdont l’instinct devient presque de l'intelligence, n'ont laissé que des traces insignifiantes et presque nulles. On ne saurait affirmer leur non-existence absolue, mais il est permis de croire qu'ils n’occupaient encore qu’une place très-subordonnée, et que cette classe n’a acquis de l'importance que bien après, à la suite de changements survenus dans le règne végétal. Ni les fleurs où butinent les abeilles, ni les fruits pulpeux, ni la plupart des matières sucrées et des sucs gommeux dont se nourris- sent les fourmis et les guëpes n’existaient encore. Les hé- miptères comptent un petit nombre de punaises et de cica- delles ; les diptères sont à peine représentés et les lépido- ptères moins encore. L'existence de ceux-ci, malgré leur extrême rareté, ne saurait pourtant être révoquée en doute, dans les schistes de Solenhofen (Sphinx Schæteri, Germ.). A côté des coléoptères nous devons faire ressortir le rôle si bien saisi par M. Heer des orthoptères et des névroptères. Les premiers comprennent des blattes, des sauterelles, des forficules, les seconds des libellules et des termites. Ce sont tous des insectes broyeurs, mais les uns chassent à l’état parfait, comme les libellules, dont les espèces, plus grandes que celles de nos jours, s’en écartent pourtant assez peu pour être rangées dans les même genres (Agrion, Æschna), les autres sont phylophages comme les sauterelles qui se rattachent aux Acrydium. La forficule (Baseopsis for ficulina, Heer) dénote un type disparu, des plus curieux, qui semble former un passage entre les orthoptères et les coléoptères. Enfin les blattes et les termites dont les mœurs actuelles sont bien connues, devaient être comme maintenant des animaux nocturnes, rôdeurs, polyphages, se cachant dans Qc TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 5) l'ombre pendant le jour, sortant le soir de leur cachette. Les termites, qui ont précédé les fourmis et en ont les habi- tudes sociales, travaillent dans l’obseurité et se nourrissent de substances végétales de toute sorte. Plus ou moins voisins des blattes par la structure de leurs corps, ils se montrent comme celles-ci dès l’époque carbonifère et paraissent, dans cette première période, en avoir été encore plus rapprochés que maintenant. M. Heer avance que la vie nocturne de tous ces insectes a été peut-être en rapport avec l’obscurité nébuleuse de l’atmosphère des âges paléozoïques, de même que leur polyphagie serait l’indice d’une adaptation impar- faite, bien différente des relations de plus en plus étroites qui ont rattaché les insectes venus plus tard à un régime limité à certaines catégories de substances et d'organes, et souvent à une seule espèce de plante. Les blattes dans Ja nature actuelle préfèrent les substances amylacées à toutes les autres. M. Heer suppose que ces animaux ont dû origi- nairement fréquenter les troncs de cycadées, dont l'intérieur est un véritable magasin de fécule: de là leur multiplica- tion relative. Les blattes, comme les termites, habitent maintenant de préférence sousles tropiques, quoiqu’elles ne soient pas inconnues dans nos contrées. Si nous ne connais- sions que les insectes, en fait d'animaux terrestres jurassi- ques, nous serions donc tentés de regarder la faune de cet âge comme assez peu éloignée de la nôtre ; mais le con- traste est grand dès que l’on aborbe les reptiles, les oi- seaux et les mammifères ; les différences s’accentuent rapi- dement et nous sommes introduits au milieu d’un monde tont à fait à part. Non-seulement le seul oiseau jnrassique que l’on con- paisse, l’Archæopterir, constituait un {vpe embryonnaire par le prolongement de sa queue dont les vertèbres demer- 56 PALÉONTOLOGIE MRANCAISE. raient distinctes au nombre de vingt, mais il se rapprochait des reptiles à plusieurs égards. Les animaux de cette der- aière classe, peu nombreux et de petite taille dans le car- bonifère, plus abondants durant le permien et le trias, avaient atteint lors du jurassique leur plus grand dévelop- pement. Ils ont alors habité en grand nombre la mer et les rivages, et multiplié leurs formes au delà de toute mesure. Leur force, leurs dents puissantes, leur grande taille en faisaient de redoutables carnassiers; les uns nageaient, d’autres volaient, d’autres enfin présentaient une organisa- tion supérieure à celle de tous les reptiles actuels. Ceux-ci étaient terrestres et marcheurs, et quelques-uns d’entre eux vivaient, en partie au moins, de substances végétales : c’é- taient les dinosauriens, véritables pachydermes de l’époque jurassique. Les iguanodons, dont les dents usées par la tri- turation étaient diposées pour broyer des substances végé- tales, plus ou moins dures, peut-être des amandes de cy- cadées et d’araucariées, et dont la taille énorme excite la surprise, appartiennent au wéaldien, premier terme de la série crétacée ; ils ont dû pourtant, s’il est vrai que de tels animaux ne s’improvisent pas, se trouver représentés dans le jurassique qui possède à peu près les mêmes substances végétales alimentaires que le wéaldien. On peut citer, en fait de prédécesseurs des iguanodons, le genre Scelidosaurus du lias, à qui Owen attribue, quoique avec doute, un ré- gime végétal ; plusieurs crocodiliens jurassiques, entre au- tres les (oniopholis du purbeck, paraissent avoir recherché une nourriture mélangée d'herbes, de crustacés et de co- quillages, comme les caïmans actuels. On voit qu'en résumé la presque tolalité des grands rep- tiles jurassiques vivaient de proie ; les phytophages n'y repré- sentent qu'une très-faible proportion, et la tribu la mieux TERRAIN JURASSIQUE., — VÉGÉTAUX. Hy( caractérisée de ceux-ci ne se montre qu'après la fin de la pé- riode. L'indigence de la végétation contemporaine ne pouvait être mieux démontrée, mais cette démonstration ressort en- core plus de l’examen des mammifères contemporains; assez nombreux et déjà variés, mais faibles, subordonnés et petits de taille, ils se rattachent plus ou moins à la classe des mar- supiaux et ont été généralement inseclivores ou rongeurs. Deux genres seulement, le Séereognathus de Stonesfield et le Plagiaulax du puroeck, manifestent plus de tendance vers un régime au moins mélangé. Le Plagiaular, dans l'opinion de M. Gaudry, était plutôt rongeur, le Sfereognathus plutôt broyeur, mangeur de bourgeons el peut-être aussi de fruits à amandes. C’étaient là pourtant d’obseurs et d'insignifiants ennemis pour les végétaux de l’époque dont la consistance dure et sèche, et le peu de parties réellement comestibles offraient de si faibles ressources aux animaux supérieurs. L'indigence de l’un des deux règnes explique et justifie l’o- bligation où était l’autre de trouver en lui-même de quoi entretenir la vie des êtres dont il était composé. $ 3. — Température et climat présumés de la période. juras- sique. — Aspect et distribution des formes végétales, L'exposition qui précède rendra plus facile l’examen de la nouvelle question que nous abordons, en nous fournis- sant les éléments qui. peuvent servir à la résoudre. Si l’on ne considérait que certaines séries d'animaux, particulière- ment les insectes et les coquilles d’eau douce, on pourrait être porté à croire que la température des temps jurassi- ques n’était pas de beaucoup supérieure à celle de l’Europe actuelle. La petite taille des espèces fossiles de ces deux groupes, dans beaucoup de cas leur analogie avec les for- 58 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. mes actuelles, donnerait dela vraisemblance à cette opinion qui, dans ces limites mêmes, serait loin cependant d’expri- mer la vérité. Les animaux, comme les plantes, qui vivent dans les eaux douces, sont ordinairement très-diffus; ils changent peu d'une contrée à l’autre et revêtent partout in- différemment une physionomie très-uniforme. Il n’y a donc rien d'étonnant à voir cette loi se vérifier pour les mollus- ques du purbeck et du wéaldien. On doit seulement con- clure de cette circonstance que le milieu qu’ils habitaient était déjà constitué de manière à offrir les mêmes condi- tions d'existence que de nos jours. Les insectes sont pelits, il est vrai, et assez peu diversifiés; malgré cette pelite taille, M. Heer discerne cependant en eux des caractères propres à faire ressortir la chaleur du climat. L'absence des plantes dicotylédones et la pauvreté de la végétation expliquent suffisamment l’amoindrissement de leur taille, tandis que les blattes, les termites, les buprestres soit par leur abon- dance relative, soit par leurs analogies spécifiques dénotent des affinités évidentes avec les formes répandues dans les régions tropicales actuelles. La taille souvent gigantesque et la multiplicité des repti- les terrestres où amphibies rendent certaine l'élévation de la température à cette époque. Les grands reptiles n'exis- tent maintenant que dans Île voisinage de l'équateur, c’est là seulement que l’on observe des crocodiles, des gavials, des monitors, des Caïmans, des iguanes, c’est là que les tortues et les serpents acquièrent leur plus grande dimen- sion. La chaleur extérieure, nous l'avons déjà dit, est abso- lumen nécessaire à ces animaux dont la respiration est peu active etdont les mouvements sontlents. Elle leur commu- nique l'énergie qui leur permet d'exécuter les fonctions vitales, de poursuivre leur proie, enfin elle facilite la ponte et TERRAIN JURASSIQUE. =— VÉGÉTAUX, 59 l'éclosion des œufs. Les reptiles sonttellement adaptés par leur organisation à unetempérature élevée que le fait de leur développement doit suffire pour faire admettre l'existence d’une grande chaleur atmosphérique dans la période qui correspond à cette extension. Le caractère dela végétation, autant qu’il nous est possi- ble de l’apprécier, concorde avec les données fournies par les reptiles. Les cycadées, les araucariées, les fougères à nervures réticulées, les £'quisetum gigantesques trahissent des affinités tropicales incontestables. C'est aujourd'hui dans le voisinage des tropiques seulement que l’on observe avec abondance les ivpes végétaux les plus rapprochés de ceux des terrains jurassiques. Il est juste pourtant d'observer, d’une part, que si plusieurs des formes tropicales caractéristiques font encore défaut, la raison doit en être attribuée à l'apparition plus tardive des catégories auxquelles ces formes appartiennent et, d'autre part, que lestypes végétaux alors dominants, autant que nous pouvons en juger par leurs analogues actuels, sont loin de manifester des attaches exclusivement tropicales et recherchent plutôt les abords immédiats que l’intérieur seul de la zone tor- ride. Le genre Cycas a son aire d'habitation assise, il est vrai, sur l'équateur, mais il s’avance au nord bien au delà du tropique par une de ses espèces principales, indigène ou naturalisée en Chine et au Japon. Les Æncephalartos, dans l'Afrique australe, les Macrozamia en Australie, les Cerato- zamaa et Dioon au Mexique constituent des groupes en ma- jorité extratropicaux. Il est de même des Araucaria, des Widdringtonia, encore plus des Sequoia, des Thuiopsis et de plusieurs autres types de conifères demeurés propres aux régions tempérées, et dont on observe les analogues directs 60 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. dans la période jurassique, Ces types appartiennent plutôt à la zone tempérée chaude qu'à la zone tropicale propre- ment dite, Précisons davantage le degré de chaleur que les végétaux jurassiques paraissent avoir exigé. En admettant, ce qui ne saurait être prouvé que par voie d’analogie indirecte , bien que ce soit très-probable, que les anciennes cycadées aient eu les mêmes aptitudes que celles de nos jours, les premières ont dû s’accommoder d'une moyenne actuelle qui n’était pas sans doute infé- rieure à 18° cent., mais que l’on ne saurait sans invraisem- blance élever au-dessus de 25° cent. Les cycadées actuelles de la Nouvelle-Hollande extra-tropicale se contentent d’une moyenne annuelle de 18° cent., la moyenne de la saison d'hiver étant de 12°,6, celle de l’été de 22°,3. Le Cycas re- voluta est encore moins exigeant, dans le nord de la Chine et au Japon; il végète même en plein air à Nice où il a été dernièrement introduit, sous une moyenne annuelle de 16° cent., la moyenne hibernale étant de 9°,3, l’estivale de 22°,3. Dans la région du Cap, dans la Cafrerie et la terre de Natal, les £ncephalartos se tiennent sur des pentes boi- sées et montagneuses jusqu’à une hauteur de 2,000 pieds ; ils se montrent vers les limites où s’arrête la flore du Cap, composée de protéacées el d’éricacées, et où commence la végétation tropicale proprement dite. Particulièrement abondantes vers le 20° degré lat. sud, leurs espèces devien- nent rares à mesure que l’on s'avance vers l’équateur, que le seul Æ£ncephalartos Barteri, Carr., semble dépasser dans la direction du nord. Il est vrai encore que la plupart des Cycas sont disséminés à travers les îles et le long des ri- vages de l’océan Indien, et que les Zamia habitent de pré- férence l'archipel des Antilles et les côtes du continent opposé; il est vrai encore que le genre Dioon se trouve li- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 61 mité aux parties chaudes du Mexique; mais les Ceratoza- mia se montrent déjà plus rustiques, et quelques espèces de Zamia s'avancent dans la Floride. Il ne semble donc pas que les cycadées jurassiques puissent être l'indice d’une chaleur annuelle supérieure en moyenne à 25 cent., en préférant même les chiffres les plus élevés. Les Araucaria, si l’on en juge par les espèces de la mer du Sud, n’au- raient pas même exigé celte chaleur ; une température an- nuelle de 18 à 20° cent. leur aurait pleinement sufti, à la condition de n'être pas trop inégale dans les saisons ex- trêmes. La considération des Æ'quisetum nous ramène à des conclusions semblables; ils se plaisent dans les lieux humides et ombragés, le long des grands fleuves et dans le fond des vallées profondes et marécageuses. Leurs tiges, petites ou médiocres dans nos contrées, s'élèvent et se ren- forcent dans les régions chaudes, surtout en Amérique où existent les plus grandes espèces. M. Ernt a observé près de Caracas des pieds d’Æquisetum, qui mesuraient environ 10 mètres de hauteur (1). Les. tiges de notre plus grande prèle européenne, ÆE, maximum, Lam., flétrissent rapidement sous l’atteinte de la gelée; ce sont là certainement des végétaux amis de ta chaleur et qui ne prennent leur entier développement « &us son influence; cependant ces mêmes plantes de- > vils vi ent plus rares dans les régions réellement tropicales, surtout dans celles où l’ardeur calorique ne se trouve pas tempérée par l'humidité ; et elles se plaisent plus particu- lièrement dans la zone tempérée chaude, L’Equisetum arundinaceum, Bory, des rives du Mississipi, atteint presque les dimensions de l’Z. giganteum, Bompl. (1) Decaisne ét Lemaout, Traité général de botanique descript. et anal., p. 652, 62 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. de l’Amazone:; ainsi on ne saurait dire que la présence des Equisetum gigantesques du keuper et du lias soit l'indice, pour ces deux périodes, d’une chaleur supérieure à celle de nos régions tropicales. Ces dimensions marquent plutôt la prédominance de conditions exceptionnellement favora- bles au développement des prèles et probablement l’exis- tence de vastes étendues de vases sableuses ou argileuses, inondées fréquemment, sous un Ciel plus ou moins voilé. Du reste, il existe, jusque dans les terrains tertiaires, des Equisetum, égaux en taille, sinon supérieurs, à tous ceux de nos jours. Tous les éléments végétaux que nous pouvons interroger nous révèlent l'influence d’une température chaude, sans excès, humide, du moins par moments, exempte d'’ex- trêmes bien prononcés et pareille à celle des contrées qui touchent maintenant le tropique, sans être précisément comprises dans la zone torride la plus prononcée. Tel est le caractère général de la température jurassique, si l’on s’atiache surtout à l'examen des plantes, mais ce ca- ractère n’a pu rester invariable pendant la durée entière de la période, et si, comme nous l’avons fait voir, la physio- nomie de la végétation s'est modifiée peu à peu, ces modifi- cations ont eu sans doute leur raison d’être dans les ch -. gements corrélatifs éprouvés par le climat, Le clim her pays ou d’une époque, c'est à-dire l'ensemble des cülidi- tions atmosphériques auxquelles ils se trouvent soumis, se reflète toujours dans la végétation , à cause de l’étroite dé- pendance de celle-ci par rapport à l’autre. Le climat communique nécessairement à la végétation une physio- nomie caractéristique, par l'influence qu'il exerce sur le développement des formes dont se compose la flore de chaque région. Au sein de la nature actuelle, profondé- | TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 63 ment complexe, parce qu’elle garde l’empreinte des révo- lutions antérieures, l’action climatérique se révèle par la prédominance de certaines espèces plus favorisées et plus extensibles que les autres. Les aiguilles grêles des pins associées au feuillage maigre, épineux et coriace des chê- nes verts et des arbres ou arbustes qui leur sont mêlés, dans le midi de la France, témoignent de la sécheresse perma- nente de l’air dans ce pays, de même que le feuillage ferme, lustré ou largement développé des lauriers, des figuiers, des platanes, des vignes, etc., dénote les stations, à la fois chaudes et arrosées, de certaines parties de la zone lempérée, de même aussi que l’ampleur du limbe jointe à la délicatesse du tissu foliacé, chez les trembles, les bouleaux, les chênes, les tilleuls et les érables, traduit pour l’Europe centrale, l'influence d’un climat à la fois humide et modéré, mais soumis au retour d’une saison froide bien marquée. Il est donc possible, même à l’état fossile, de juger par la physionomie des espèces de la nature du climal qu’elles ont dû supporter. Si l’on peut craindre d’être trompé en se fiant à des échantillons isolés, les chances d'erreurs s'amoindrissent, dès que les observations s'étendent à plu- sieurs Iccalités et que les formes revêtent, dans la flore qu'il s’agit d'apprécier, un faciès caractéristique trés-géné- ral. C’est ainsi que les plantes fossiles de l’étage tongrien, par exemple, affectent partout le même aspect et présen- tent des feuilles étroites, petites, coriaces, dénotant à coup sûr un climat sec et chaud, tandis que dans le miocène plus avancé les formes s’agrandissent, le limbe s'étend, et les lauriers, les charmes, les érables, les chênes revêtent une ampleur tout à fait en rapport avec l'humidité pré- sumée du climat de cette époque. A mesure que l’on s’en- 6% PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. fonce dans le passé, les flores s'appauvrissent, non pas uniquement par le fait du climat, mais parce que le monde végétal, de plus en plus éloigné du terme définitif de son évolution, se trouve encore réduit à un très-petit nombre de groupes, dont les variations se constatent facilement, bien que l’amplitude relative de ces variations soit naturelle- ment plus faible que dans les âges postérieurs. D'ailleurs, si la végétation était alors composée d’éléments moins complexes, la surface terrestre occupée par elle était aussi bien moins diversifiée. Le sol, parsemé de moindres acci- dents, arrosé presque uniquement par des eaux d’écoule- ment, était loin de présenter ce relief orographique qui lui communique de nos jours une physionomie si mobile, en créant à chaque pas des stations propres à abriter des asso- ciations végétales d’une nature spéciale. À l’époque juras- sique, les masses continentales encore presque entièrement formées de roches primitives, disposées en une série de collines monotones séparées par autant de vallées par où s'écoulaient de minces cours d’eau, privées de lacs, de grandes rivières, de chaînes calcaires aux flancs abrupts et déchirés, possédaient à peu près partout le même aspect et comprenaient seulement deux sortes de stations, l’une de beaucoupla plus répandue, comprenant l’intérieur desterres el les niveaux assez élevés pour ne pas retenir les eaux, l’au- tre, plus rare, consistant en quelques esluaires ou plages basses transformés en lagunes et envahis par une association de végétaux à qui le contact permanent des eaux était néces- saire. Le feuillage est toujours plus luxuriant de forme, plus ample, plus délicat ou plus découpé dans cette dernière sorte dé station que dans la précédente. Les sédiments déposés dans des eaux tranquilles, plus ou moins lacustres, ou plu- tôt dans des lagunes littorales, sont des schistes, des mar- TERRAIN JURASSIQUE. —- VÉGÉTAUX. 65 nes, des grès fins, souvent feuilletés, plus ou moins bitu- mineux ou charbonneux; les couches du rhétien de Fran- conie , celles de Steierdorf, celles du Yorkshire et du wéaldien de Westphalie appartiennent à cette catégorie, et il est remarquable d’observer que, malgré la distance chronologique qui les sépare, il existe entre les flores de ces divers dépôts de singulières analogies d’espèces. Les mêmes formes, on doit le croire, se perpétuaient sans beaucoup changer sous l’empire de conditions demeurées sensiblementles mêmes. Les dépôts formés aux dépens des stations les plus ordinaires, le long des plages de la mer, sont des grès, des arkoses, des calcaires ou des sables re- maniés par les flots, puis consolidés. La texture de la roche est rarement schisteuse, encore moins bitumineuse ; sa composition dépend de circonstances étrangères à la présence des végétaux qu’elle renferme et que l’action seule des courants, des pluies ou du vent a contribué à charrier au fond des anciennes eaux. La flore dont les ro- ches de cette nature nous ont transmis les restes est tou- jours plus ou moins pauvre. Les espèces dont elle est com- posée, généralement peu nombreuses et répétées avec monotonie, sont moins élégantes et plus coriaces; les cy- cadées et les conifères y dominent, tandis que les fougères et les équisétacées sont plus abondantes dans les localités de la première sorte. Les sables, les marnes, les schistes bitumineux et les minces lits charbonneux de l'étage rhétien 6nt été pour nous l'indice certain de l’action prépondérante des eaux courantes, par conséquent de pluies. Effectivement, la flore de celte période reflète ces conditions par l’abon- dance des prêles et des fougères, et surtout par la présence des fougères à nervures réticulées dont les frondes, au feuil- VÉGÉTAUX. —- J. 5 66 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. lage large et gaufré, annoncent l'influence d’une chaleur humide. Les conifères se trouvent alors au contraire ré- duites à moins d’un dixième,les cycadées, à moins de deux dixièmes du nombre total, tandis que les fougères comptent pour plus de six dixièmes. Que l’on se trans- porte en Scanie, aux environs d'Autun ou sur divers points de l'Allemagne, le rhétien présente toajours les mêmes formes végétales associées, particulièrement des Z'quise- tum, des Clathropteris et des Tœniopteris, qui témoignent et de la diffusion de certaines espèces et de l’universalité d’un climat plus humide que lors du dépôt des étages sub- séquents. Le lias montre la continuation du même état de choses qui s’atténue et se modifie peu à peu. À ce mo- ment, les Clathropteris et les Teniopteris diminuent, tandis que les cycadées augmentent; elles comprennent plus de deux dixièmes des espèces; les fougères coriaces, Cyca- dopteris el Thinnfeldia, se développent en mêmetemps que les cycadées; le climat devient graduellement moins hu- mide, Ce mouvement s’accentue à mesure qu’on s’avance dans la période. Dans les couches du Yorkshire, station exceptionnellement favorable aux fougères, les types à nervures réticulées sont en très-grande minorité; les fou- gères coriaces continuent leur développement, ainsi que les cycadées, qui comptent deux dixièmes et demi du nom- bre tolal des espèces. L'influence décroissante de l’humiditéest encore plus sen- sible dans la flore du Cornbrash et de l’Oxfordien, qui pro- vient plus particulièrement, ilest vrai, des parties acciden- tées des anciens rivages. Les fougères, en majorité coriaces, comptent pour moins de trois dixièmes, tandis que la proportion des cycadées s'élève jusqu’à quatre dixièmes, L'influence de l'humidité paraît ici réduite à son mini- TERRAIN JURASSIQUE. -—- VÉGÉTAUX. 67 mum. Dans le corallien on trouve une proportion qui re s’écarte pas beaucoup de la précédente; les fougères s’é- lèvent au-dessus de quatre dixièmes , mais la plupart sont coriaces et rentrent dans les mêmes sections que les pré- cédentes; les cycadées comptent pour plus de deux dixiè- mes, mais les conifères, en dépassant trois dixièmes, attei- gnent la proportion numérique la plus forte de toute la série. C’est encore là une preuve de la décroissance cons- tante de l'humidité, Il semble au contraire que le climat ait dû redevenir plus humide vers la fin de la période, et particulièrement lors du wéaldien, alors que les dépôts lacustres et fluviatiles recommencent à jouer un rôle con- sidérable, après une très-longue interruption. Il est donc probable, par ce qui précède, que le climat des temps jurassiques, après avoir débuté par être très- humide, est successivement devenu plus sec et plus serein, Le sol à cette époque était plus ou moins mouvementé, en dehors des lagunes et des tourbières, situées sur quel- ques points du littoral, et toujours en nombre restreint. Les cycadées, si l’on en juge par la ressemblance de leurs trones avec ceux des Æncephalartos et des Macrozamia, habitaient les pentes et les hauteurs; elles étaient plus rares dans la plaine-et s’abritaient partout à l'ombre des conifères, auxquelles elles sont constamment associées. Les fougères à frondes coriaces et quelques rares monocotylé- dones pandaniformes accompagnaient ces essences, et leurs groupes s’élendaient uniformément, couvrant le pays d’une verdure maigre et sans fraicheur. Les conifères ‘seules, dans cet ensemble, constituaient de grands arbres; quelques-unes, et entre autres des cupressinées, annoncent, par l’ampleur des rameaux et des feuilles, des dimensions bien supérieures à celles de nos espèces actuelles. Les 68 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. cycadées, même les plus élevées, mesuraient au contraire une taille des plus médiocres. On sait peu de choses sur la dimension des fougères de ce temps; plusieurs possédaient pourtant de grandes frondes, et, à en juger par les analo- ges qui se révèlent chez un certain nombre d’entre elles, il ÿ en avait sans doute d’arborescentes. Depuis que l’on sait que les végétaux crétacés du Groen- land, vers le 70° lat. N., se composent des mêmes formes ei en grande partie des mêmes espèces que ceux de l’Eu- rope centrale à la même époque, on ne peut douter qu’il n’en ait été de même lors des temps jurassiques. La flore de l'Inde contemporaine (4) diffère très-peu par sa compo- sition et ses traits caractéristiques de celle de l’Europe. La zone tropicale élait donc alors universelle, ou plutôt une égalité absolue de température, évaluée en moyenne à 25° centigr. environ, s’étendait sans interruplion de l’équa- teur au pôle. Rien ne paraît avoir changé sous ce rapport depuis la période carbonifère, sauf que le ciel devait être moins voilé, l'atmosphère moins dense et en partie dé- pouillée de vapeurs. Les équisétacées, les cycadées et les araucariées de nos jours recherchent moins l’obscurité que les fougères et les lycopodiacées; elles redoutent cependant encore Îes rayons trop directs du soleil. Les cycadées, en Afrique et en Australie, se tiennent de préfé- rence à l'ombre d’autres arbres qui les abritent; elles habitent généralement les contrées humides, insulaires et boisées, comme Ceylan, les îles de la Sonde, le Japon et les Antilles. Les Araucaria eux-mêmes fuient les climats secs pour ceux où le ciel est souvent couvert de nuages ; la Bre-- tagne est en France le pays où ils réussissent le mieux. (1) Voy. Mem. of the geol. surv. of India the foss. Flora of the tajmuhal series, by Th, Oldham and John Morris. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 69 à cause de l’égalité et de l’humidité du climat. La lumière diffuse est celle qui convient le mieux à toutes ces plantes. Enfin les cycadées présentent encore ce singulier carac- tère, de n’entrer en végétation qu’à des intervalles irrégu- liers; leurs frondes et leurs organes reproducteurs se développent non pas à des époques déterminées et pério- diquement annuelles, mais tantôt dans une saison, tantôt dans une autre, et parfois après plusieurs années d’immo- bilité. C’est là un fait très-curieux, susceptible d’être rat- taché à d'anciennes aptitudes, et tendant à prouver que les saisons d’alors étaient disposées tout autrement qu’au- jourd’hui, ou peut-être encore que des pluies très-inégale- ment espacées venaient de temps à autre activer une végétation lente à se manifester, mais rapide dans son mode d'évolution. Cetle nature si peu variée, si cbstiné- ment immobile et comme plongée dans le sommeil et ja torpeur, ne possédait rien de la grâce et de la profusion qu’elle déploie aujourd’hui; elle demeurait empreinte d’un cachet de tristesse et de monctonie. Les fougères mêmes se rapprochaïient par leur facies des cycadées avec lesquelles on les a souvent confondues (Cycadopteris), et les conifères présentaient presque toutes la physionomie de nos Araucartia, ou d’autres fois celle de nos Thuya. L’ombrage de ces végétaux n’avait rien d’intense, maïs, comme on peut le présumer, la lumière du soleil n'avait rien non plus de trop éclatant. Diffuse par elle-même ou voilée par une brume légère, elle ne produisait pas ces contrastes d’obscurité et de clarté qui font le charme de notre nature végétale. En présence d’un tableau que tout porte à croire véri- table, il est naturel de se demander quelle était la cause de cette chaleur égale sur tout le globe. L'influence de la cha- 70 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. leur centrale, souvent invoquée, et dont beaucoup de géo- logues se contentent encore, nous paraît totalement insuf- fisante pour rendre compte des phénomènes de l’époque jurassique. Elle avait sans doute depuis longtemps cessé d'agir, du moins d’une façon assez intense pour élever sensiblement la température sur tout le globe. L’épaisseur énorme déjà acquise par l'écorce terrestre le prouve sura- bondamment, et dispense d’y insister, lorsque l’on songe à Ja faible conductibilité des substances qui la composent. L'explication, s’il en existe une, doit être cherchée dans l’ensemble même des phénomènes à la fois cosmiques et géologiques qui ont dû nécessairement se produire, et d’où ia solution peut découler comme une conséquence de l’ap- préciation rigoureuse des faits. Il est admis universellement que le soleil, d’abord à l’état d'immense nébuleuse, s’est successivement condensé; il est admis de même par les géologues que la terre, émanée à l’état gazeux de la nébuleuse solaire, s’est condensée de même, puis solidifiée et contractée de manière à occuper un volume de plus en plus restreint. Cette contraction ne s’est opérée qu'avec une très-grande lenteur, et ses effets violents ne se sont produits que par intermittence, lorsque le noyau interne, demeuré à l’état de fusion, a réagi contre la pression de la surface. Or, à l’époque jurassique, les effets de cette contraction élaient encore loin de leur terme ; le globe déjà bien diminué de volume par rapport aux temps antérieurs possédait une surface plus étendue que de nos jours, comme aussi une atmosphère plus con- sidérable en hauteur et en densité. La surface terrestre étant plus étendue et moins inégale devait nécessairement présenter des mers plus vastes, mais moins profondes, et des terres émergées d’un moindre relief et d’un moindre TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. na : périmètre : de là un climat moins continental et plus insu- laire. — Les effets de la contraction du globe, à ce que nous avons dit, ont dû se manifester lorsque celle-ci a exercé une pression trop forte sur les matières intérieures demeurées en fusion : de là des fractures, des soulève- ments partiels, mais surtout des affaissements, et enfin des replis de certaines portions d’abord horizontales de l'écorce terrestre. Après chacune de ces grandes crises de contrac- tion, cette écorce plus ridée et plus fissurée qu'auparavant a occupé en définitive un moindre volume; tandis que l'atmosphère devenait proportionnellement plus considé- rable par rapport à la sphère solide ainsi diminuée; la pres- sion de cette atmosphère a dû s’accroîitre chaque fois dans la même mesure, et une partie de la vapeur d’eau se résoudre en pluie, jusqu’à ce que l'équilibre se trouvât de nouveau rétabli. C'est ainsi qu'il faut comprendre sans doute les époques géologiques où des pluies diluviennes paraissent avoir joué un rôle considérable. Lors des temps jurassiques, la terre aurait donc possédé un volume plus étendu et une moindre densité qu'aujourd'hui; mais, vis-à- vis des temps antérieurs, elle se trouvait dans le même rapport que le globe actuel comparé à celui de ce même âge jurassique. Celui-ci demeure une sorte de moyen âge également éloigné des périodes biologiques les plus recu- lées comme des plus récentes. En dehors des causes qui viennent d’être énumérées, et dont plusieurs ont dû agir très-efficacement pour élever la température, il nous reste à mentionner une source d’élévation et d’égalisation calo- riques plus efficace que toutes les autres. Elle réside dans le soleil lui-même dont la condensation a dû suivre la même marche que celle de notre planète, et surtout s’ac- complir avec une lenteur proportionnée à la masse énorme 72 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, de l’astre central, Cette condensation, aujourd’hui loin de son terme final, était bien moins avancée encore lors de l’époque secondaire. Selon toutes les probabilités, le soleil projelaitsur le ciel jurassique un disque démesuré; brillant d’une lumière plus calme que maintenant, il répandait sur toutes les zones des clartés moins vives et une chaleur moins concentrée, mais suffisante pour égaliser les climats, en éliminant l'influence des latitudes; enfin il ne quittait l'horizon que pour y laisser après lui des crépuscules dont rien actuellement ne saurait nous donner qu’une faible image (1). $S 4. — Classification des localités françaises où l'on a recueilli des plantes jurassiques. Avant de passer à la descriplion des plantes jurassiques, disposées dans un ordre méthodique, et de mêler par con- séquent des espèces appartenant à des horizons et à des localités bien différentes, il nous paraît utile de donner un aperçu de la distribution des localités fossilifères suivant l’ordre successif des étages. La richesse de chaque dépôt considéré en particulier est du reste des plus inégales, autant que leur distribution est irrégulière. Les circons- tances ont tout fait; elles sont loin d’avoir amené partout les mêmes résultats, et ces résultats ont quelque chose de (1) En cherchant à expliquer l'élévation ancienne de la température et l'aunulation longtemps persistante de l’influence des latitudes, nous avions d’abord incliné à admettre un redressement de l'axe terrestre (voy. Caractères de l'uncienne végét. polaire, ete., par le comte Gaston de Saporta, Paris, Victor Masson et Fils, 1868), mais l'hypothèse que nous proposons ici semble plus naturelle, parce qu’elle est plus con- forme aux données astronomiques et à la théorie même de Laplace. Voyez à ce propos le mémoire de M. le docteur Blandet : L’excès d’in- solation considéré comme principe du phénomène æothermique, Buli. de la soc. géol., 2e série, t. XXV, p. 7717. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. ja; si capricieux qu’on ne saurait retirer de leur étude aucun renseignement particulier, sinon l’extrême insuffisance des documents recueillis. Des étages entiers, comme le lias supérieur, sont à peine représentés par quelques rares débris; d’autres, comme le rhétien, ne présentent que très- peu d’espèces, tandis que les documents se multiplient davantage pour le lias inférieur, et surtout pour la partie moyenne du terrain oolithique. Souvent, comme l’on pou- vait le présumer d’avance, les restes végétaux ne sont que des algues et en petit nombre. La plupart des couches d'où proviennent les végétaux jurassiques de France sont effectivement marines. Dès lors, la proximité seule des an- ciennes plages, jointe à l’action mécanique des eaux, a été la cause de l’enfouissement des végétaux terrestres. Les régions d’où proviennent les végélaux jurassiques se réduisent à quatre, qui sont : les bords de l’île centrale, la terre normando-arglaise, la terre germano-vosgienne, les iles de la région des Alpes du côté de l’Ain et de l'Isère; en dehors de ces points, la Provence a fourni un petit nombre d’algues et la chaîne des Corbières une seule espèce de cycadées. Quoi qu'il en soit, nous ailons passer en revue tous les dépôts français en les disposant dans un ordre successif, à partir des plus anciens. I. — Les plantes de la zone à Avicula contorta où rhétien proviennent de deux localités assez rapprochées et de deux niveaux un peu différents; leur richesse est aussi très-inégale. La plupart des espèces, consistant surtout en fougères (Clathropteris, Tœæniopteris) et en équisétacées, ont été recueillies à Antully et la Coudre, entre Autun et Couches-les-Mines, dans des grès situés à la base de l'étage. M. Pellat, à qui nous devons la communication et en grande partie la connaissance de ces végétaux, en a décrit le gise- 714 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. mentavec beaucoup d’exactilude (1). Sur le plateau d’Auxy, où se succède l’ensemble de la formation, on voit reposer directement sur le granite des arkoses inférieurs, corres- pondant au grès vosgien, que recouvrent sur quelques points d’autres arkoses supérieurs attribués au conchylien et surmontés transgressivement, d’abord par les marnes irisées, puis par le rhétien disposé en trois assises ou niveaux distincts minéralogiquement, et se liant infé- rieurement avec les marnes irisées, supérieurement avec le lias. Les grès de la base, où l'Avicula contorta est encore très-rare, sont des sables granitiques très-fins, très-purs, assez faiblement agglutinés, et contenant à l’état d’em- preinte des plantes entraînées de la plage voisine. Le C/a- thropteris platyphylla, Schimp. et l'£quisetum Münsteri, Sternb., deux espèces caractéristiques du rhélien de Fran- conie, justifient pleinement l’opinion de M. Pellat. Sur le même plateau d’Auxy, vers Couches-les-Mines, à Épogny, en forant un puits destiné à atieindre des amas de gypse situés à la base des marnes irisées qui les recouvrent d’un épais manteau, on a traversé el amené au jour un lit de marne grisâtre, riche en empreintes végétales, et renfer- mant l’£quisetum arenaceum qui caractérise si bien le keu- per. La succession des formes particulières aux périodes keupérienne el rhétienne se laisse donc reconnaitre ici, malgré la pauvreté de la flore et la liaison intime des sédi- ments déposés. D’autres végétaux en très-pelit nombre, le plus souvent à l’état d'empreintes indéterminables, ont été recueillis dans le réthien des environs de Semur-en-Auxois. Ils pro- viennent des grès ou arkoses de Marcigny-sous-Thil, où (1) Voy. Bull, soc, géo, t. XXIT, p. 516 et suiv. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. rb) abonde l’Avicula contorta, et qui pourrait bien se rapporter à une parlie moins reculée de la période. Une algue des plus curieuses et plusieurs empreintes de feuilles monaco- tylédones (Yuccites) constituent les formes les plus saillan- tes de cette localité. II. — Les espèces peu nombreuses, il est vrai, de l'infralias de Mende (Lozère) nous ont été communiquées par l’entremise de M. Fabre, garde général des forêts, no- tre collègue à la Société géologique; nous lui devons en même temps de précieux renseignements sur le gisement de ces espèces. Elles se rapportent à deux niveaux bien dis- tincts. Les grès ou arkoses de la base reposent immédia- tement sur le terrain azoïque ; leurs éléments ont été em- pruntés directement aux roches primitives remaniées par les eaux, lorsque la mer infraliasique pénétra dans la con- trée. Ce dépôt de comblement n’a fait que niveler les iné- galités du bassin; partout où les schistes cristallins for- maient un baut fond, le grès s’amincit et souvent même n’a pas élé déposé du tout. Ce sont ces grès, arkoses ou grès à meules, que M. Dieulafait a repoussés dernièrement dans le trias; mais ils constiluent bien plutôt la base extrême de la série liasique, puisque, lorsqu'ils existent, ils supportent constamment un système de calcaires rouges, magnésiens, qui peuvent représenter parfaitement le rhétien et sont toujours inférieurs à la zone de l’Anum. planorbis, si bien développée à 8levmard et à Cubière,atténuée aux environs de Mende, et disparaissant tout à fait du côté de Sainte- Hélène. Les seules empreintes délerminables recueillies dans ces grès inférieurs sont dues aux recherches de M. l'abbé Boissonnade; c2 sont des cycadées du genre Oto- (1) Bull. de la Soc. geo. . XXNI, p. 441 et suiv. 76 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. zamites, que l’on doit rapporter à l'horizon du rhétien et probablement à la même hauteur que les espèces des envi- rons d’Autun. Au-dessus, mais séparés des couches du sys- tème inférieur par plus de 100 mètres de calcaire dolomi- tique, avec marnes intercalées, se montrent des calcaires bleus ou d’un gris jaunâtre, à cassure conchoïde,renfermant des fougères du genre 7hinnfeldia et des tiges nombreuses de Brachyphyllum. La zone à gryphées arquées n’existant pas à Mende, et le calcaire encrinitique du lias moyen se superposant directement aux calcaires bleus à empreintes végétales, il est naturel de considérer ces calcaires comme équivalant au grès de Heltanges et se plaçant comme celui- ci sur l'horizon de l’Ammonites angulatus. II. — Le grès de Hettanges, d’où M. Terquem a reliré une si riche moisson de végétaux et qu'il réunit à celui de Luxembourg, se rapporte, suivant cet auteur éminent, aux strates sans gryphées du lias inférieur et à la 2° assise à partir de la base ou zone à Amm. angulatus, Ziet. La flore de Hettanges, parallèle avec celle dulias d’Halberstadt(Souabe), de Steierdorf dans le Bannat, peut-être aussi avec celle de Hôr en Scanie, succède immédiatement à la flore du rhétien, à laquelle elle est liée par plusieurs formes communes. D’après MM.Terquem etPiette, dont nous suivons lesindica- tions (1), la sédimentation de la mer liasique, essentiellement marneuse au début de la période , devint peu à peu sableuse à l’époque de l’Amm. angulatus. Le sable, dont l'apport était dû sans doute à un courant, empiéla peu à peu sur le fond boueux, dans la partie orientale de l’ancien golfe, gagna de plus en plus et finit par recouvrir tousles fonds dans l’ouest comme dans l’est du grand-duché. L'action d’un courantest (1) Bull, soc. géol., p. 322 et suiv. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. FU encore plus sensible à la partie supérieure du massif, dontles litsschistoïdes comprennent des plantes terrestres. MM. Ter- quem et Piette, auteurs du mémoire que nous citons, pen- sent avec raison que «125 cours d’eau, auxquels est dû l’ap- port de ces débris, ne pouvaient être éloignés de l’endroit où on les recueille; ils avaient probablement leur embou- chure dans le golfe même, ainsi que le fait présamer la présence d’un certainnombre de coquilles d’eau douce mé- lées aux coquilles marines dans les bancs fossilifères (1). » —— En remontant la série liasique dans la même région, on observe encore quelques cycadées recueillies isolément, un tronc dans le calcaire à gryphées arquées, une fronde dans la zone à Amm. Holundrei et Requienianus. Mais les vé- gétaux les plus fréquents sont des algues, qui sont parti- culièrement abondantes dans les grès supraliasiques, et qui se montrent aussi dans les grès et les marnes feuille- tées du lias moyen et du lias inférieur. La zone supérieure correspond évidemment à celle de Boll dans le Wurtem- berg, dont elle répète en partie les formes. IV. — Les bords de l’ancienne terre anglo-normande ont fourni quelques végétaux sur deux points du territoire français. — Deux tiges de cycadées ont été recueillies dans le Calvados, l’une dans le lias moyen, l’autre dans l’oxfor- dien (2)..— Le département de la Sarthe et les environs d’Alençon sont connus depuis longtemps par des emprein- tes plus nombreuses; celles de Mamers, observées par M. Desnoyers, ontété décrites, il y a près, de quarante ans, par M ,A. Brongniart; elles appartiennent toutes au niveau de la grande oolithe ou bathonien. (1) Bull, soc, géol., p. 335. (2) Voyez : Note sur deux végétaux fossiles trouvés dans le départe- ment du Calvados, par M. J. Morière. Caën, 1866, chez Le Blanc-Hardel. 78 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. V. — Le toarcien des environs de Lyon a donné quelques bois fossiles à M. A. Falsan, qui en a également recueilli dans les strates du bajocien, si riches en algues scoparien- nes; ce sont là pourtant de faibles vestiges. VI. — La flore du cornbrash ou partie supérieure dé la grande oolithe est mieux connue, grâce aux recherches as- sidues de M. Jules Beaudoin et de M. Edouard Flouest, qui ont recueilli tous les deux une riche série d'empreintes végétales dans les carrières exploitées à Étrochey, petit village situé à quelque distance de Châtillon-sur-Seine (Gôte-d'Or). La roche est un calcaire très-pur, disposé par assise régulière. Le grain de la roche est un sable vaseux à pâte fine, consolidé par la précipitation d’un ciment cal- caire. Les végétaux sont situés principalement sur le plan de séparation de chaque lit, et la surface de ces lits, où ils sont étendus horizontalement, est ordinairement parsemée d’inégalités granuleuses, marquée çà et là de bosses et de creux dont les végétaux suivent le mouvement; en sorte que l’on doit supposer une consolidation assez prompte de chacun de ces lits, qui seraient pour un temps devenus fond de mer et auraient reçu les végétaux qu’aurait ensuite re- couvert un nouveau lit de vase calcaire amené par les flots. La position stratigraphique de ces lits à empreintes végéta- les est parfaitement déterminée. A la partie supérieure de la grande oolithe, composée de calcaires blanchâtres avec grains oolithiques, se montrent des calcaires compactes qui représententle forest-marble; au-dessus s’étend'une nouvelle zone, formée de calcaires stratifiés dans lesquels sont ou- vertes les carrières d’Étrochey, et c’est vers le sommet de cette dernière assise que l’on rencontre les plantes. Les Thuites, les Lomatopteris et les Otozamites abondent dans les lits les moins élevés et présentent de magnifiques spéci- ES ——— —_—_— — — TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 19 mens; plus haut on recueille surtout des rameaux de Zra- chyphyllum, et ces empreintes continuent jusque dans la base de l’oxfordien, dont les calcaires plus tendres, blan- châtres, pétris de cavernosités, surmontent le cornbrash et renferment, entre autres coquilles caractéristiques, l’Ammo- nites cordatus. Le rivage présumé de cette mer devait être assez éloigné ; dans l’opinion de M. Jules Beaudoin, il était constitué par le fullers émergé récemment, et par consé- quent il consistait en une plage assez basse. Cette circons- tance expliquerait la pauvreté relative de la flore d'Étrochey, réduite à un petit nombre d’espèces vigoureuses, parmi lesquelles une cupressinée tient certainement le premier rang. Le prolongement du même étage vers Ancy-le-Franc a fourni à M. Cotteau une très-belle fronde de cycadée. VII. — Dans une direction opposée, non loin de Rians, au Puy-de-Rians et à Claps, en Provence, M. Marion a re- cueilli, sur le même horizon du bathonien, une série d’al- gues marines remarquables par leur belle conse:va- tion, dans des calcaires schisteux. Le type du C'hondrites scoparius s’y trouve associé à des Chondrites proprement dits. { VIII. — Une flore jurassique remarquable, quoique peu nombreuse, a été observée dans les environs de Poitiers (Vienne) par M. de Longuemar, à qui nous en devons la con- naissance. La plupart des végétaux jurassiques de cette ré- gion appartiennent à la base de l’oxfordien. Cet étage, à peu dedistance etau nord-ouest de Poitiers, s’appuie directement sur la grande oolithe, déjà soulevée lors de son dépôt. Le ri- vage bathonien, très-récemment émergé à l’époque des mers oxfordiennes, formait entre le Poitou et le sol granitique de la Vendée une plage peu élevée où croissaient Jes plantes dont on observe les débris. Ces plantes proviennent soit de la 80 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. carrière du Grand-Pont, soit de celle des Lourdines. La ro- che est purement calcaire, massive, disposée en puissan£ies assises d’un blanc éclatant, tendre et d’une pâte fine; elle a été formée dans une mer libre par des vases de madrépo- res et des coquilles triturés par les flols, accumulées au fond des anses le long d’un littoral sinueux. Les mollus- ques caractéristiques sont ceux du callovien de d’Orbigny: Ammonites anceps, athleta, microstoma, etc., Astarte Aclulles, Trigonia major, perlata, ete. À ces coquilles sont joints des ossements de grands sauriens. La ressemblance de cette flore, qui comprend des Zomatopteris, des tiges et des fron- des de cycadées, avec celle de la Côte-d'Or et de l’Yonne, est bien en rapport avec la faible divergence stratigraphi- que qui sépare les deux niveaux, L'oxfordien supérieur, dont on observe le contact avec le callovien à Prewlly, pré- sente sur ce point une roche agilo-calcaire avec Ammoni- tes plicatilis, oculatus, canaliculatus, et Belemnites hastatus ; ce nouvel étage a fourni çà et là quelques végétaux, particu- lièrement des algues vers Saint-Laurent (sud de la Vienne) et Chassigny, des traces de cycadées et des Cylindrites à Dissais, au nord de Poitiers, sans compter unetige bulbi- forme de cycadée dont le gisement n’a pu être exactement déterminé. IX. — Le corallien et le kimméridgien réunis présentent une série non interrompue de flores locales qui font, en France, de celle période la mieux connue et la plus riche au point de vue de la végétation, En descendant la série, nous rencontrons d’abord Saint- Mihiel et les environs de Verdun, dans le département de la Meuse. Les plantes des diverses localités qui se ratla- chent à cet horizon ont été recueillies principalement par M. Moreau et leur gisement décrit très-exactement par TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 81 Buvignier (1). Ce sont des calcaires blancs ou gris, plus souvent d’un blanc très-pur, finement oolithiques, exploités soit pour donner de la chaux, soit comme matériaux de construction et provenant d’un sédiment vaseux de subs- tances madréporiques triturées et accumulées par la vague. Ces calcaires blancs, coralliens, reposent sur une couche d’oolithe ferrugineuse qui termine l’oxfordien dans le dé- partement de la Meuse, où il est quelquefois surmonté de calcaires à encrines qui fournissent une qualité supérieure de pierre de taille et s’expédient au loin. Ces calcaires à cri- noides constituent la base extrême du corallien. Au-dessus, viennent les calcaires blancs séparés en deux groupes, infé- rieur et supérieur, par une assise de calcaire corallien. La couche corallienne, dont la richesse est exceptionnelle, a dû correspondre à une partie au moins des calcaires blancs inférieurs, en fournissant les matériaux de la vase détriti- que dont ils ont été formés. Les animaux dont les calcaires blancs ont conservé les vestiges sont des mollusques qui vivent ordinairement dans la vase et qui manquent au con- traire dans Les couches à polypiers, à qui une eau claire a été absolumentnécessaire. L'Ammonites biplex, Sow., caractérise surtout celte zone ; elle est accompagnée de plus de 100 espèces mentionnées par M. Buvigaier et qui se rapportent principalement à l'horizon du corallieninférieur. Les végé- taux de ces calcaires blancs inférieurs trouvés à Creue, à Ga- bomeiz, à Vigneules, sont des cycadées, des Brachyphyllum et une algue de grande taille. M. Moreau n'y a recueilli au- cune fougère ; ils indiquent une mer profonde et plus écar- tée. Le groupe supérieur est un calcaire blanc, compacte, subcrayeux, devenant oolithique, surtout vers le haut, quel- (1) Voyez : Statistique minér. et paléont. du département de ta Meuse, par À. Buvignier. Paris, J. B. Baillière, 1852. VÉGÉTAUX. — J. 6 82 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. quefois jaunâtre ou grisâtre, brechiforme à cassure irrégu. lière ou marneux et schistoïde. La nerinea elongata, Voltz, est répandue dans tous les bancs, et l’on y rencontre aussi, ou- tre les mollusques, des ossements et des dents de poissons et de sauriens, des débris de crustacés et des traces char- bonneuses de végétaux (1). Les empreintes végétales sont bien plus abondantes dans ce groupe que dans l'inférieur, quoique les mêmes formes y reparaissent et que par consé- quent il ne puisse être question d’une distinction d'élages. Outre les cycadées et les conifères,plus nombreuses et plus fréquentes, les fougères, selon M. Moreau, proviennent ex- clusivement de cette zone. Ces empreintes, noires et char- bonneuses pour les bois et les tiges, passent au brun jau- nâtre pour les frondes de cycadées et sont à peine colorées d’une teinte pâle lorsqu'il s’agit de feuilles délicates. La présence d’une collection de végétaux terresires, nombreux et variés, implique le voisinage de l’ancien rivage qui ne pouvait appartenir qu'aux parties plus anciennes et récem- ment émergées du terrain jurassique lui-même. Les quel- ques plantes recueillies dans le corallien de Tonnerre, ana- logue à celui de Verdun par la composition de la roche, se rapportent évidemment au même niveau géognostique. X.— Le: calcaires blancs des environs de Verdun et de Saint-Mihiel sont surmontés par le calcaire à astartes, con- sidéré comme le premier terme du kimméridgien par MM. Sauvage et Buvignier, mais que M. d’Archiac (2) re- porte vers le sommet du Coral-rag, comme l'équivalent du calcareous-grit supérieur. Les plantes jurassiques recueillies aux environs de Chateauroux (Indre), dans des calcaires li- thographiques, se rangent dans celte zone à astartes, puis- (1) Statistique minér. et paléont. du départ. de la Meuse, p. 271. (2) Voy. Hist. des progrès de la géologie, t. NI, p. 267. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 83 que des bancs minces, remplis d’Asfarte minima, Goldf., les surmontent près de Levroux, selon le témoignage de M. d’Archiac (1). En tout cas, le caractère de la flore de Châteauroux concorde avec la position que lui assigne cet auteur éminent, comme le prouve la présence d’un S#a- chypteris, genre de fougère caractéristique des couches de Saint-Mihiel, d’une part, et de l’autre la fréquence du Za- mites Feneonis, espèce qui relie ce dépôt à ceux dela région de l’Ain, dont nous allons parler. XI. — Les plantes jurassiques recueillies dans les cal- caires lithographiques de Cirin, riches en poissons décrits par M. Thiollière, dans les calcaires de Morestel et de Creys (Isère), dans les schistes calcareo-marneux et bitumineux d’Orbagnoux, de Nantua et du lac d’Armaille, doivent être placées sur le même horizon géognostique, malgré la diffé- rence que l’on remarque dans la nature des roches fossilifè- res. Une physionomie uniforme caractérise la végétation de ces dépôts, et le Zamites Fenconis reparaît invariable- ment dans tous. Le niveau de Cirin, par des considérations tirées principalement des poissons, avait été rapporté au corallien par M. Thiollière, quoique la présence de l’Ostrea virqula dans des lits parallèles à ceux de Cirin semblât devoir contredire celte opinion (2), tandis que M. Itier, mû par d’autres considérations, avait rangé dans le kimme- ridgien les lits d’'Orbagnoux qui comprennent les même espèces de poissons et de plantes que Cirin. M. Lory, en reve- nant dernièrement sur cette queslion (3), semble l'avoir tranchée en faveur de l’ancienne opinion de M. Itier à qui est due la connaissance des végétaux d’Orbagnoux, tandis que ceux du lac d'Armaille ont été recueillis en grande par- (1) Hist. des progrès de la Géologie, p. 227. — (?) Ibid, p. 651. (3 )Bull. de la Soc. géol., t. XXII, p, 612. 54 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. tie par MM. A. Falsan el Locard. Suivant M. Lory, dont les affirmations sont trop précises pour n'être pas admises com- me vraies, la masse des calcaires lithographiques, alternant avec des feuillets marneux, reposerait sur des calcaires Co- ralliens au lac d'Armuille, ainsi que sur le territoire de Creys. L'Ostræa virgula, parfaitement caractérisée, est très- abondante dans les lits calcaires qui alternent avec les schis- tes marneux de Creys, où l’on rencontre en même temps le Zamaites Feneonis et les poissons de Cirins. Il paraît donc difficile de ne pas classer l’ensemble de ces flores locales sur l’horizon du kimmeridgien, de telle sorte que les dépôts de Saint-Mihiel, de Châteauroux et des localités de l’Ain et de l'Isère dont il vient d’être question correspondraient à des termes successifs quine laisseraient entreeux aucunelacune. Au-dessus du kimmeridgien les documents deviennent en Francerares et incomplets; peut-être n’ont-ils pas été l’objet d'assez de recherches. Les deux derniers étages jurassiques, le portlandien et le purbeckien sont presque entièrement stériles en fait de plantes, et malgré l'existence de formations d’eau douce qui auraient dû favoriser leurconservation,nous ne saurions citer qu’une algue et une amande de cyca- dée recueillies dansle portlandien du Pas-de-Calais, près de Boulogne-sur-Mer. Les végétaux jurassiques signalés dans celle dernière jocalilé et aussi dans les environs d'Alençon nous sont encore inconnus, malgré les Lentalives que nous avons faites pour arriver à les connaitre; peut-être ces végé- taux se réduisent-ils à des échantillons peu déterminables. Nous terminerons donc ici celle revue des caractères stratigraphiques des localités françaises fertiles en végé- taux jurassiques ; le tableau suivant permettra de saisir d’un seul coup d'œil l’économie de leur distribution à tra- vers les divers élages de la série. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, *(919207) 9puo] S91d 9e1147) 9p S918 sop AINIO[Y — ‘unpny,p S91d SOUIK-S9[-S0H9N01) 9P 910[A “JUL-Sn0s-AuS191eI{ & XNEJ959AÀ *(919Z0"T) 9PU9IJ 9P Sn9[{ So1IPOTLO S9p 9[NIO[{ — ‘(OJ[PS0N) 95u8JJopg op So48 sp o10/] ) ‘ZJ9N 9p soddne 99pe2fn 79 son$[y ‘ZJaIù op saidne sony “ausiq 9p Saidne son$[y — ‘UOÂT 9p said ‘ureuOoY } -1S SOISSO] SIOZ — ‘ZJoIQ 9p Saidne 99pr941) Jo sonÿjy | "UOÂT 9p S91d S919JIU09 9P SI0Of — | ‘919 ‘ouuarA ‘auouy : squiod op dnoonvoq ans sony | -(sqn0q) sotueq-sor-ouneg op said ‘surnom | -So[-JU0d XNPJ989A — ‘(oUlIUS) SIOUIEI 9P 9101] ) *(aou9401q) Suery op saadne SanS[ÿ—"(auu0X) QULIJ-0-AOUY ER XNPJ959A — "(OP -J09) ourag-Ins-u01neu) op said AoPOTAP 9107} *(QUU9TA) S191}10{ 9P SUOITAUE SOP 91O[A *OUU9TA PI ap JuowoJiedop 9[ Suep xne]989A 9p SII{9P J9 sonslV ‘(QUU0X) 2LIOUUOT, 2P ONMOIT — ‘UNPI9A 9P SUOJITAU9 S9P 39 [9IHI-JUILS 9p o1ol *(91puI) Xnoine9JR" 0P 210] , ‘0,9 ‘XnOuSEqIOP | ‘orreuivy,p 9er np ‘som ‘uritr) ‘J9S210I 9P S2401M À ‘(SIU]PN-2p-Seq) 2I[IUIIAMA 9p soad uoysurue{ & Xne7959 À ‘SUO(L 9[ SULP PABUD 9P S99P1T SHTOUO'TA LA SAMOA } tirestet tte +*S9SOHIY NO XN99IIIS S919) lritestetees:+muojuoo pynorar r ou07 De ss “or ‘sngoynbuD ‘unuy e au07 tte -mpnoun voydhux R au07z ire tumquh) voydhun R eüoz "‘snuyuoduos ja suou/1Q ‘uuuy v auoz ** [TOI ‘sr2undoos sayiupuoy) e au07Z sen gie s elle gets ee à COCO ++ *UOIUOJR np 21n9H9dNS 91124 intro eee sÜIDUD SONUOWUF KR 9U0Z ‘UOIAOJ[PT) NO AN9MOJUL UOIPI0JX() .... 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Un très-petit nombre d’Al- gues, parmi les plus inférieures, comme les Protococcus et les Nostoc, vivent à l’air humide, sur les pierres et le sol mouillés ou dans la neige (Protococcus nivalis) ; toutes les autres se dessèchent et meurent plus ou moins vite dès qu’on les retire du milieu liquide qui les imbibe con- stamment. La structure des Algues est toujours plus ou moins simple et uniquement cellulaire. Chez elles les or- ganes de la reproduction donnent lieu cependant à diver- ses combinaisons et atteignent parfois un assez haut degré de complexité, sans jamais rien présenter qui ressemble à la fécondation des végétaux phanérogemes. Au contraire, le mode de reproduction des Algues, tantôt agame, tantôt sexué, par zoospores motiles ou s’opérant à l’aide d’anté- rozoïdes mobiles ou immobiles, range incontestablement ces végélaux dans le même embranchement que les Cryp- togames lerrestres, même les plus élevés en organisalion, telles que les Fougères, les Équisétacées et les Lycopodia- cées, Ces derniers groupes possèdent, il est vrai, des vais- seaux de plusieurs ordres, une lige et des organes appen- diculaires distincts comme les Phanérogames ; mais chez eux, Comme chez toutes les Cryplogames, la fécondation TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 87 s'opère au moyen d’anthérozoïdes destinés à être mis en contact avec la cellule mère ou archégone. Par cet ordre de fonctions, le plus important de tous, les Cryptogames vasculaires se rattachent aux Algues à travers une longue série de types intermédiaires, moins parfaits que les pre- mières, mais déjà plus élevés que les secondes et n’exigeant plus comme elles le contact permanent de l’eau. Les Algues ne possèdent ni véritables racines ni tiges proprement dites, ni aucune trace de système vasculaire. Chez elles les parlies appendieulaires ne sont jamais li- mitées d’une manière nette, et leur disposition le long de l’axe principal n’a rien de régulier ni de défini ; et cepen- dant les Algues manifestent une tendance à se rapprocher de l’organisation des végélaux supérieurs et à en retracer au moins l’apparence. Leur structure exclusivement cellulaire donne lieu, par la disposition des cellules en lignes, en rangées, en cou- ches superposées et par les formes variées qu’elles peuvent revêtir, à des nervures, à des réticulations, à des côtes médianes, à des différences de densité et de coloration dans les tissus. L'appareil radiculaire, en réalité nul ou réduit à un épatement qui fixe les plantes sur les points où elles croissent, présente pourtant des crampons fasciculés chez les Laminaires et les Halyméniées, des filaments plongeant dans le sable chez les Caulerpées. Enfin, les parties appendiculaires se distinguent de l’axe proprement dit par une forme caractéristique, et les organes reproduc- teurs se groupent et se localisent sur certains points dé- terminés de la plante, à mesure que des Algues inférieures on passe aux plus élevées et aux plus parfaites. La diversité des formes est immense, et de plus elle se prête à des répétitions parallèles qui rapprochent des plan- 8 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tes appartenant en réalité à des genres, à des tribus et à des ordres entièrements distincts. Ces analogies sont parfois tellement étroites qu'une étude intime est seule capable de prévenir la confusion des éléments les plus dispa- rates. L'ensemble de ces formes peut être distribué en un cer- tain nombre de types dont nous signaierons les principaux. 4° La forme en lame ou expansion laminaire, simple ou peu divisée, vaguement ou symétriquement limitée, tantôt plane, tantôt gaufrée ou ondulée, entière ou plus ou moins lacinée le long des bords. La consistance varie depuis le tissu hyalin le plus transparent jusqu’au plus cartilagineux. Plusieurs Ulva, Porphyra, Punctaria, Asperococcus, Halyme- na, Laminaria, ete., répondent à ce type. | 2° La forme peltée ou flabellée, en coupe, en godet, en expansion fixée par le centre, tantôt sessile, tantôt pédi- cellé; c’est le type des Cutleria, Padina, du Zonaria colla- ris, des Acetabularia, etc. 3° La forme en lanières où la fronde se divise en lacinies rubanées où bandelettes plus ou moins étroites, ordinai- ‘rement par dichotomie. Les Ulva, Zonaria, Rhodyme- nia, Nitophyllum, etc., en offrent de nombreux exem- ples. 4° La forme ramifiée à rameaux aplatis, comprimés, plus ou moins foliacés des ZLomentaria, Delesseria, Laurencia, Dasya, etc. b° La forme ramifiée à divisions comprimées, mais plus ou moins coriaces et cartilagineuses des genres C'hondrus, Sphærococcus, Gelidium, Plocamium. 6° La forme ramifiée à divisions et subdivisions cylin- droïdes, cartilagineuses, des Gigartina, Polyides, Melantha- La, de certains Chondrus, etc. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. S9 7° La forme ramifiée éricoide des Cistoseyra et de cer- tains Laurencia. 8° La forme ramifiée phyllantoïde où l'axe diversement partagé est loujours accompagné d’une bordure d’appa- rence foliacée comme chez les Æahseris, beaucoup de Fucacées, plusieurs Delesseria, ete. 9° La forme articulée epuntioide des Corallines, Zaly- meda, etc. 10° La forme cancellée des Agarum, de lAsperococcus cancellatus, etc. 11° La forme ramifiée Aypnoide des Bryopsis, Spiri- dia, etc. 12° La forme ramifiée byssoide de la plupart des Con- fervacées. 13° La forme ramifiée /ilamenteuse et cloisonnée des Cera- mium, Polysiphonia, Rhodomela, éte. 14° La forme wtriculaire et fistuleuse des Codium et des Caulerpa. Au milieu d’une si grande diversité, on n’est parvenu à introduire l’ordre et l'harmonie qu’en s’altachant à l'étude, non de la forme extérieure, mais de la structure intime dés organes les plus essentiels. Ces organes sont souvent aussi les moins apparents, et ce n’est que dans ces derniers temps que l’on est arrivé à bien connaître ceux de la re- production et par cela même à distribuer les Algues selon leurs vrais rapports. Ces résultats sont dus aux travaux persévérants de tout un groupe de savants, parmi lesquels il est juste de citer les noms de Thuret, Derbès et Sollier, Pringsheim, Decaisne, etc. Comme les spores motiles et nou motiles échappent à la vue simple, il faut absolument, pour les observer, recourir à l’analyse microscopique ; il en est de même en ce qui concerne les {hèques ou concep- 90 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. tacles qui renferment les spores, dont la forme apparente ne détermine pas Loujours la vraie nature et qui d’ailleurs manquent fréquemment ou ne se montrent pas à l’exté- rieur. Le microscope est encore un guide indispensable toutes les fois qu'il s’agit de rechercher les caractères tirés de la structure du tissu cellulaire. De là une première et grave difficulté, totalement insurmontable chez les Algues fossiles, d'autant plus éloignées des nôtres qu’elles pro- viennent d’un terrain plus ancien. Leurs organes, on le conçoit, échappent à l’analyse, si l’on excepte les cas très- rares où ils ont élé assez apparents pour laisser des traces sur les empreintes, et alors même ils ne montrent que leur forme extérieure. En second lieu, la consistance des Algues à nécessaire- ment influé sur leur conservation. Les espèces à texture délicate, à ramifications flottantes et filamenteuses ont dû se détruire, dans la plupart des cas, sans laisser d'elles au- cun veslige. Il aurait fallu, pour qu'il en fût autrement, qu’il se produisit des circonstances toutes particulières, toujours très-rares dans les formations marines. Les sables, les vases, les calcaires déposés le long des anciens rivages n’offrent pas généralement assez de finesse dans leurs élé- ments constitutifs, assez de régularité de stratification, et l'apport de ces malières à été trop tumultueux pour donner lieu à ces feuillets marneux dont les terrains lacustres fournissent des exemples et où les organes les plus délicats ont trouvé des conditions favorables à leur conservation. Les empreintes d’Algues filamentenses ne sont pas absolu- ment inconnues dans les terrains jurassiques, mais elles y sont très-rares, et la difficulté de déterminer ce qu’elles sont réellement leur a fait appliquer un nom des plus vagues, celui de Confervites. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 91 L'immense majorité des Algues secondaires sont des plan- tes coriaces, quelquefois même encroûtées à la façon des Corallines, quelques-unes de très-grande taille; elles ont pu subir le choc des vagues et laisser une empreinte visible ou même un moule en creux dans les sédiments en voie de formation ; mais leur présence à peu près exclusive ne doit rien faire préjuger touchant l’abondance relative des es- pèces cartilaginenses par rapport aux filamenteuses et aux byssoïdes. La présence constante d’un grand nombre de poissons dont le régime a dû se composer de plantes ma- rines serait un motif suffisant d'admettre que celles-ci élaient au contraire fort répandues. Le nombre restreint des Algues, dans les anciennes for- mations marines, comparé à l’abondance des mollusques et même des poissons, est d’ailleurs un sujet d’étonnement. Au premier abord, il semble que ces plantes, présentes un peu partout au sein des flots, sauf dans les grandes pro- fondeurs, auraient äù laisser des traces dans toutes les couches. Il est vrai que leurs empreintes, trop souvent négligées, deviendront plus nombreuses à mesure qu’elles auront été décrites avec plus de soin, et qu'aujourd'hui, confondues sous le nom commun de Fucoïdes, peu suscep- tibles par elles-mêmes d’attirer l'attention, excepté lors- qu’elles abondent au delà de toute mesure, elles ne sont représentées que par de rares spécimens dans la plupart des collections. Cependant il est à croire que les Algues anciennes ne seront jamais connues que très-imparfaite- ment. La raison en est dans la manière dont elles crois- sent, choisissant de préférence les eaux moins profondes et les fonds de roches nus ou plus ou moins vaseux (1). La (1) Nous ne parlons pas bien entendu des Dialomées et des Bacilla- riées, dont la nature végétale est à peine démontrée,et qui pullulent 92 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. plupart adhèrent plus ou moins fortement au soi so us-ma- rin, et l'agitation des vagues, violente à la surface, se change pour les parterres submergés en un bercement à peine sensible, Les formations sédimentaires régulières ont pres- que toujours fait défaut dans de pareilles conditions, le nombre des plantes arrachées des fonds et entraînées dans la vase ou le sable élant d’ailleurs des plus restreints. Quelques espèces, il est vrai, comme les Laminaires, se dépouillent périodiquement de leurs frondes ; mais ce sont les plus rares ; les autres se détruisent sur place, à moins qu’un accident fortuit n’en détache quelques débris. La majorité des Algues, même les coriaces, s’est trouvée dans le même cas que les végétaux herbacés terrestres dont les empreintes sont si rares dans les dépôts lacustres les plus riches, à cause de la nature marcescente de leurs organes. Les Algues jurassiques venues jusqu’à nous appar- tiennent à des espèces alors très-répandues, coriaces el fragiles, ou à des débris flottants de grande taille, compa- rables à nos Fucus, à nos sargasses, à nos laminaires ac- tuels ; ou bien encore quelques-unes ont dû leur conser- vation à cetle-circonstance qu’à un moment donné elles avaient envahi le fond des mers sur une grande étendue ; mais, dans ce cas, le plus favorable de tous, l’abondance des empreintes ne compense pas toujours ‘l'absence d’une matière fine et plastique, le vague des détails et le peu de précision des contours. Malgré tant d'obstacles, il n’est pas douteux que si Îles Algues jurassiques avaient fait partie des mêmes groupes que celles de nos jours, on eût fini par opérer ler clausse- dans les profondeurs de l'Océan; elles ont contribué de tout temps à la formation des dépôts marins par l'accumulation de leurs enveloppes rigides et siliceuses, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 93 ment. La divergence des formes n’est pas tellement illimi- tée chez les Algues que l’analogie raisonnée ne demeure un guide sûr dans l'attribution des anciennes espèces. Ce qui le prouve c'est que des difficultés du même ordre n’ont pas empêché de constater, dans le tertiaire inférieur, la présence des genres Æimanthalia (4. amphisylarum, Schimp., Boux- willer, Haut-Rhin), Sargassum (S. qglobiferum, Sternb., Monte-Bolca), Cystoseira (C. communis, C. Helli, C. graci- lis, etc., Radoboj), Corallina (C. Pomel, Bragt., cale. gros- sier parisien), Delesseria (D. Gazzolana et Agardhana, Monte-Bolca) (1. parisiensis, Wat., cale. grossier parisien) ; tandis que dans les terrains jurassiques on ne peut guère citer que l’Aaliseris erecta, Sch., del’oolithe du Yorkshire, qui ait été sérieusement assimilé à l’un des genres ac- tuels (1).1lest certain que les Algues jurassiques témoignent par leurs caractères extérieurs et visibles de l’existence de genres entièrement disparus, dont l’analogie avec ceux d'aujourd'hui est trop faible pour que l’on puisse songer à s'appuyer sur elle. Les assimilations superficielles, plusieurs fois essayées et basées uniquement sur l’aspect général et le mode de partition des frondes ont été forcément plus ou moins trompeuses. C’est tout simple puisque l’on s’adres- sait à un ensemble végétal différent du nôtre, renouvelé de- puis à plusieurs reprises, comme si cet ensemble n’eût éprouvé que de faibles changements. Les Algues silurien- nes et dévoniennes diffèrent autant de celles des terrains jurassiques que celles-ci s’éloignent des nôtres. L'étude des fucoïdes du Flysch semble-démontrer que les dernières formes jurassiques s’élaient prolongées jusque vers la fin de l’'éocène; depuis, elles ont totalement disparu, tandis (1) Schimper, Traité de pal, vég., 1, p. 185. 94 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, que par un mouvement inverse les types caractéristiques de nos mers actuelles prenaient un développement qui ten- dait à devenir exclusif. Des circonstances particulières à la mer du Flysch peuvent avoir favorisé le maintien des C'hon- drites et des Zaonurus dans un certain périmètre ; ilest re- marquable en tout cas d'observer que les dépôts antérieurs de Monte-Bolca et du calcaire grossier parisien renferment déjà des formes qui serapprochent sensiblement des formes contemporaines. Est-ce à dire qu’il faille renoncer à toutrap- prochement entre les Algues jurassiques et celles des mers actuelles? Nous n’allons pas jusque-là, mais nous pensons qu’en renonçant à des assimilations génériques plus que hasardées, on se place dans la vérité des faits, sans se pri- ver pour cela dela rechercher des analogies plus éloignées qui relieraient les anciens groupes à quelques-uns de ceux de nos jours. Ge n’est pas une affinité générique, ni même une affinité relative à la famille qu’il est possible de déter- miner selon nous, mais une parenté fondée sur des rap- ports de structure, sur des analogies dans le rôle dévolu aux plantes anciennes, et susceptible de faire ranger celles- ei dans une place qui les rapproche plus ou moins des for- mes correspondantes de nos mers actuelles. Si l’on appli- que aux Algues fossiles les principes qui président ‘aux classements des plantes terrestres des âges passés, on re- marquera que ce n’est pas au sein des groupes les plus nom- breux, les plus compactes et les plus diversifiés de l’ordre \ivant que l’on trouve des termes d’assimilalion par rapport aux types anciens; cês termes se rencontrent le plus sou- vent parmi ceux des groupes de notre temps qui sont fai- bles, isolés, en voie de décroissance et relégués dans des régions lointaines. La nature a suivi partout la même mar- che: les familles Les plus florissantes parmi les Algues ac- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 95 tuelles, justement parce qu’elles étalent une grande profu- sion de formes ou qu’elles possèdent une organisation supérieure n’ont dû se développer que tardivement, et s’il existe encore quelques représentants des types d’autrefois, nous sommes à peu près assurés de les rencontrer au sein des tribus les plus pauvres et les moins répandues, ou dans celles que leur organisation moins complexe ne place pas au premier rang el qui Servent de passage et de lien entre les groupes inférieurs et les plusélevés. Mais, avant d’abor- dercette question! il convient de jeter un coup d’œil sur les principes qui président à la classification des Algues (1). Nous laisserons de côté, outre les diatomées et bacilla- riées, les ordres et les tribus que leur station dans l’eau sta- gnante ou à l’air humide, et surtout leurs faibles dimensions et leur consistance hyaline ou mucilagineuse rendent peu susceptibles d’être observés à l’état fossile. Ce sont particu- iièrement les vauchériées, les conjuguées et les oscillariées. En dehors de ces groupes, les algues se partagent naturelle- ment en cinq divisions d'importance très-inégale. Les plus inférieures, ordinairement vertes, quelquefois d’un brun jaunâtre ou olivâtre, qu’elles soient disposées en filaments, diversement ramifiées, ou dilatées en lame, composent l’ordre des Zoosporées, chez qui les organes de la (1) Dans l'étude encore si obscure des A/ques fossiles, nous avons fait appel à l’amitié et aux connaissances spéciales de M. F. Marion, lauréat de l’Institut pour le prix Bordin en 1869, qui a bien voulu entreprendre, à notre intention, une longue suite de recherches rationnelles, destinées à établir la mesure réelle des liaisons qui peuvent exister entre les Algues jurassiques et celles de nos jours. Plusieurs de ces recherches, comme on le verra plus loin, ont été couronnées d’un plein succès. Nous cevons encore à M. Marion de précieuses notions générales qui seront utilisées dans l'exposé des bases de classification que nous adop- tons comme les meilleures, et dont on remarquera la conformité avec les phases successives de développement qui paraissent avoir caracté- risé la classe entière, dans sa marche à travers le passé. 96 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. reproduction consistent uniquement en zoospores ou spores mobiles, provenant de la concentration de la matière in- tracellulaire, dans les cellules du tissu superficiel des fron- des, et uniformément répandues dans toute la plante. Il n'y a donc chez les Zoosporées, ni fécondation sexuelle appa- rente, ni appareil complexe, destiné à renfermer les spores (sporange, thèque, conceptacle, anthéridie), ni localisation des organes reproducteurs sur des parlies délerminées des frondes, toutes les cellules pouvant également servir à la pro- duction des z0ospores. Mais si ce caractère d’une reproduc- tion agame, par spores mobiles, est universel chez les Zoosporées, les familles de cet ordre sont cependant douées d’une façon inégale, et forment dans leur ensemble une réunion de séries confusément, mais visiblement, ascendan- tes; c’est-à-dire qu’il existe des Zoosporées évidemment supérieures, et chez elles celte supériosité se révèle soit par un commencement de groupement des cellules à zoospo- res, soit par une disposition des frondes qui permet de dis- tinguer chez elles une partie basique ou axile, distincte des parties appendiculaires, comme chez les Algues les plus élevées. C’est ce double mouvement que l’on observe d’une part chez les Punctariées, de l’autre chez les Caulerpées. Dans ces dernières le système radiculaire est plus développé que chez toutes les autres Algues, puisque les parties qui répondent à celte sorte d'organes, plongent réellement dans le sol et se distinguent dela partie axile qui se prolonge ho- rizontalement et soutient à son tour des parties appendicu- laires diversement découpées. Cependant, considérée en elle-même, la structure des Caulerpées est des plus sim- ples; elle consiste en une lame fistuleuse, unicellulaire, plus ou moins développée et ramifiéc. Les Laminariées, qui sont encore des zoosporées, occu- TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 97 pent, à ce qu’il semble, dans cet ordre, la place la plus éle- vée. Allachées au sol par une base fixe pourvue de cram- pons et d’où partent des frondes se renouvelant parfois à la façon des feuilles, elles offrenten outre un commencement de localisation des organes reproducteurs, comme chez les Panctariées. On pourrait multiplier ces exemples qui mon- trent l'existence, dans les Zoosporées, d’une série ascendante complexe, quoique l’absence de sexes marque pour elles un degré d'organisation inférieur à celui des autres groupes. Celte disposition ascensionnelle n’a rien que de parfaile- ment compatible avec l’idée d’un passage ou d’une liaison vers un des ordres suivants. Aussi, les Laminariées ont-elles paru à plusieurs auteurs devoir être rapprochées des Fuca- cées, et M. Decaisne, ainsi que Harvey, les réunit à celles-ci dans un même groupe sous le nom d’Aplosporées et de Mé- lanosporées. Celte liaison n’est pas seule; à la suite des Zoosporées proprement dites, il faut ranger comme un groupe annexe ou plutôt comme un ordre représenté par une famille uni- que, l’ordre des Cuélériées, caractérisé suffisamment par la présence de spores motiles et d’anthérozoïdes également motiles ; c’est-à-dire que chez les Cutlériées la fécondation sexuelle se montre associée à la présence des zoospores. Ce groupe limité aujourd’hui à un seul genre a dû jouer un rôle plus considérable dans le passé ; il n’y aurait donc rien d'étonnant à ce que l’on reconnût des affinités de forme entre les espèces fossiles et selles en petit nombre que les Gutlériées comprennent aujourd’hui, Au-dessus des Zoosporées, soit agames, soil sexuées, nous rencontrons deux ordres dont l'importance est grande dans les mers actuelles, mais dont le rôle a dû être par cela même plus restreint dans le passé. Ce sont les lucarées VÉGÉTAUX, — à: fl 98 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. et les Floridées, entre lesquelles vient s’intercaler comme un trait d'union le petit groupe des Dictyotées. Les Fucacées, qui comprennent, avec les Laminaires, les Algues les plus grandes des mers actuelles, sont d’un vertoli- vâtre tirant au jauneet au brun; elles noircissent par la des- siccation. Les organes de la végétation sont chez elles bien développés, l’axe est le plus souvent distinct des bordures et des appendices régulièrement disposés qui l’accompagnent et simulent des feuilles. Les organes reproducteurs sont localisés, monoïques ou dioïques, el consistent en spores immobiles, renfermées dans des conceptacles intérieurs et fécondées par des anthérozoïdes douées de mouvement, comme celle des Cutlériées. Les Fucacées, qui constituent un ordre très-distinct, atteignent leur plus grand dévelop- pement dans les mers du Nord, mais sont représentées par le genre Sargassum sous les tropiques. Cet ordre ne donne pas lieu à une série ascendante, comme les Zoosporées; il est compacte, et ses genres sont nombreux en espèces et en individus. Ce sont là aulant de présomptions qui témoi- gnent d’une origine plus ou moins récente. En effet, les es- pèces fossiles qui lui ont été attribuées d’une manière sûre sont toutes tertiaires, et le genre Fucus ne paraît même avoir été jamais rencontré dans les époques antérieures à la nôtre. A côté des Fucacées, entre celles-ci et les Floridées, de même que les Cutlériées se rangent entre les Zoosporées et les Fucacées, il est naturel de placer le petit ordre des Dic- lyotées, analogue par la coloration des frondes aux ordres précédents, inférieur peut-être aux Fucacées par l’organisa- tion des frondes, pourvu des mêmes organes reproduc- teurs que les Floridées, mais ne les ayant pas localisés comme chez celles-ci. C’est là l'indice d’une certaine infé- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 99 riorité relative. Il n’y aurait donc rien d'étonnant à ce que les Diclyotéesse fussent montrées avant les Floridées actuel- les et eussent perdu ensuile de leur importance première à mesure que ces dernières se développaient. L'existence d’un Æaliseris (H. erecta, Schimp.), parfailement caracté- risé, selon le témoignage de M. Schimper, dans l’oolithe de Scarborough, tendrait à le démontrer. Enfin, au-dessus de toutes les Algues qui précèdent, il faut mettre les Æloridées, les plus élevées, les plus variées, les plus nombreuses dans l’ordre actuel, celles chez qui la diversité des formes, des couleurs et des habitats dénote l'adaptation la plus exclusive aux conditions de la vie sous- marine. Chez elles aussi la reproduction se complique bien davantage ; elle està la fois agame au moyen des tétraspores, sexuelle par des spores et des anthérozoïdes dépourvues de mouvement et renfermées dans des organes spéciaux, sporothèques, conceptacles, sporanges, dont la conformation extérieure, la position, la structure varient selon les gen- res, mais demeurent Caractéristiques pour chacun d’eux. Les Floridées, si l’on peut s'exprimer ainsi, sontlesplus Al- gues de toutes les Algues ; c’est là ce qui constitue leur évi- dente supériorité. Les Floridées, au moins dans leur étatac- tuel, doivent donc êtrerelativement récentes; mais, comme elles comprennent une foule de types de consistance déli- cale ou de nature filamenteuse dont la conservation à l'état fossile a dû être, sinon impossible, du moins excessivement rare, On ne saurait dire à quelle époque remonteleur origine. On peut conjecturer cependant qu'à l'exemple des plantes terrestres supérieures, les Floridées ne se sont dévoloppées que successivement, de sorte que celles qui se seraient monirées les premières et auraient d’abord représenté l’or- dre tout enlier, auraient disparu depuis pour faire pleco 100 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. à d’autres qui auraient pu décliner à leur tour. Dans cette hypothèse, que l’observalion des espèces jurassiques rend vraisemblable, nous ne posséderions plus aucun des gen- res de Floridées secondaires, et celles qui dans l’ordre ac- tuel se rapprocheraient le plus de ces Floridées primitives devraient être recherchées de préférence parmi les groupes anormaux et isolés. Ainsi, des cinq ordres entre lesquels nous partageons l'ensemble des Algues, celui des Fucacées n'aurait com- mencé à paraitre que bien après l’époque jurassique; les autres auraient eu dès lors des représentants, mais un seul, celui des Diclyotées présenterait une espèce supposée con- génère des /Zaliseris actuels. Les autres assimilations gént- riques proposées jusqu'ici seraient douteuses, et il semble- rait que l’on dût admettre la présence presque générale, dans leterrain jurassique, de genres el de familles entiè- rement distincts de ceux d'aujourd'hui, mais rentrant sans trop de difficulté dans un des quatre ordres des Zoos- porées, des Cutlériées, des Dictyotées et des Floridées. Les {ypes jurassiques susceptibles d’être rangés parmi les Zoos- porées paraissent voisins de la famille actuelle des Lamina- riées, el ce sont ceux dont l'attribution est la moins enta- chée d’incertitudes; d’autres ont été rapportées au groupe des Caulerpées, mais ce dernier rapprochement est bien plus douteux, Les Cutlériées et surtout les Dictyotées pa- raissent aussi avoir eu des représentants parmi les espèces jurassiques françaises. Quant aux Floridées, elles compren- nent spécialement des formes analogues, par le mode de parlilion de leurs frondes, aux Gigartina actuels, joignant à celte ressemblance extérieure des sporothèques globu« leuses dont l’affinité avec celles de Gigartina, des Gelidiu, des Sphéærococcus et des Corallina ne saurait échapper, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 101 Nous aurons soin, en examinant chaque genre, de faire res- sortir les indices d’affinité que nous mentionnonset sur les- quels nous insisterons chaque fois. Nous sommes loin ce- pendant de vouloir y altacher une importance décisive; il doit suffire de donner ici la liste des genres de la flore jurassique, observés en France, et de placer en regard le nom de l’ordre et de la famille auxquels ils nous paraissent correspondre. TABLEAU DE L'AFFINITÉ PRÉSUMÉE DES GENRES D'ALGUES JURASSIQUES OBSERVÉS EN FRANCE. Genres Jurassiques, Cylindrites, Gæpp. Granularia, Pom. Pa Sap. Genres d'aMinité complétement incertaine. . Caulerpées ?. Phymatoderma, Brongn. Chauviniopis, Sap. Itieria, Sap. Cancellophycus, Sap. Dictyotées te Mu. 220 see | CONCHYODAYCUS, SAP: Hioridéess tee M Se FNROPAS NAN RE { CREER Sphærocaccites, Sternb. Zoosporées...... SHdoue Laminariées ?., .., PREMIER GENRE. — CYLINDRITES. Cylindrites, Gæœppert, Nov. Act. N. Cur. XIX, 2. — Unger, Gen. el sp. pl. foss., p. 29. — Brongniart, Tab. des genres, p. 12. —— Fischer-Ooster, Foss. Fucoid. d. schweiz. alpen, p. 5. — Heer, Die Urw. d. Schweiz, p. 97 et 143. — Schenk, Foss. FI, v. Grenzsch d. Keup., W, Lias Frankens, p. 5. — Schimper, Traité de paléont. vég., p. 200. DIAGNOSE, — Corpora plus minus algaformia, adhuc valde dubia, polymorpha, caules vel frondes fistulosas vegetabilium quodam modo referentia, plerumque cylindrica, elongata, sim- 102 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. plicia aut vage rarnosa, hine inde toruloso-constricta vel tu- mescentia, granuls aut tuberculis quincunciali ordine dispositis quandoque obsoletis, superficie notatis. Chondrites, Kurr, Beitr., pl. u, fig. 5. ? Codites (ex porte), Zigno, F1. foss. oolit., I, p. 10. HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. Gœppert, dans son pre- m er essai sur la flore du Quadersandstein de Silésie, a fondé le genre Cylindrites pour des corps marins d'une pat.re problématique, que l’auteur compare à des Algues de grande taille, à frondes ou à portions de frondes fistu- leuses et cylindriques, renflées de distance en distance ct terminées par des nodosités en forme de massue irrégu- lière. On distingue à la superficie du Cylindrites spongioides, Gæpp.,des ponctuations tuberculeuses très-serrées, dispo- sées dans un ordre quinconcial régulier, qui disparais- sent ou sont entièrement invisibles dans d’autres espèces rapportées cependant au même groupe. La nature végétale des C'ylindrites où de quelques-uns d’entre eux est encore contestée. M Geinitz, selon le té- moignage de M. Schimper, serait disposé à reconnaitre un Spongiaire plutôt qu’une Algue dans le fossile caracté- ristique du Quadersandstein de Silésie, Quoi qu’il en soit, des formes analogues et probablement congénères ont été signalées par plusieurs auteurs à divers niveaux de la for- mation jurassique. Il existe des lits calcaires qui en sont entièrement recouverts, ce qui indique leur extrême abon- dance au fond des mers contemporaines, au moins à cer- tains moments. Les Cylindrites se moutrent déjà dans le Rhétien; M. Schenk, dans sa Flore du Rhétien de Franconie (1), en (1) Foss. FI. d. Grenzch., p. 5, tab. I, fig. 3-4. _ EE ——— TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 103 a figuré deux espèces, dont l’une est remarquable par les tubercules réguliers, disposés en damier, dont sa surface est couverte. M Heer à observé des Cylindrites (C. lumbri- calis) dans le Lias à Gryphées arquées de Schambelen (Ar- govie), ainsi que dans le Corallien du canton de Soleure. Ce genre occupe donc toute l'étendue de la série jurassi- que; il redescend, comme nous l’avons vu, jusque dans la Craie, et, si l’on en croit M. Fischer-Ooster, il se montre dans le Flysch des environs de Thun. Le fait n’aurait rien d'improbable par lui-même, mais le doute où l’on reste plongé, malgré tout, sur la vraie nature des Cylindrites, et l'absence de caractères différentiels suffisants peuvent faire craindre que l’on n'ait accumulé dans ce genre bien des fossiles hélérogènes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si l’on consent à voir de véritables algues dans les Cylindrites, ils se trouvent con- stituer un genre voisin des Mänsteria, au sujet desquels les mêmes doutes ont été du reste formulés (1). Seulement, chez les Âünsteria, les rugosités superficielles sont trans- versales, et consistent plutôt en zones et ondulations qu’en ponctuations tuberculeuses, et disposées en séries quin- concCiales, comme chez les Cylindrites. Les rapports des Cylindrites avec les Algues actuelles sont encore plus difficiles à établir et tout à fait problé- maliques. En supposant leur fronde fistuleuse, on a com- paré les nodosités ou renflements qui se montrent à des distances irrégulières, et terminent les ramifications d l'espèce principale, aux vésicules natatoires qui servent de suspenseurs aux genres Lessonia, Fucus, Macrocystis, ele. Le genre Macrocystis fait partie des Laminariées, et c’est (1) Voy. Schimper, Traité de Pal, vég., I, p. 195. 104 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. peut-être dans ce groupe qu'il faudrait ranger les Cylin- drites, si l'idée que l'on se fait de leur structure pouvait être vérifiée. N° 1. — Cylinärites Langii, Heer, Urw. der Schweiz, p. 142, tab. 9, fig. 22. — PI, 19, fig. 1 6. DIAGNOSE. — C. fronde cylindrica elongata, hinc et inde vage alterneque ramosa, 5-6 millim. in diametr, metiente su- perficie, obscure tuberculosa, tuberculis depressiusculs scæpius obsolelis, superficie circumsparsis. Nous réunissons au Cylindrites Langii de Heer une es- pèce des calcaires lithographiques de Châteauroux, que nous avons observée sur la même plaque que le Granu- laria repanda, Pomel. Ce sont des fragments d’une fronde originairement cylindrique, résistante et cartilagineuse, que la fossilisation n’a que faiblement déprimés; ces frag- ments allongés montrent çà el là l’origine des ramifica- tions latérales, et sont couchés en désordre l’un sur l’autre. Leur largeur diamétrale est de 5 à 6 millim. ; leur surface, considérée à la loupe, est occupée par des tuberculosités assez peu distinctes, mais qui semblent avoir été disposées dans un ordre régulier. L'aspect et la dimension de ces fragments portent à les réunir à celui que M. Heer a dé- crit et figuré, et qui provient du Jura blanc du canton de Soleure, c’est-à-dire d’un horizon sensiblement rapproché decelui des calcaires lithographiques de Châteauroux. Les échantillons y abondent, selon M. Heer, et couvrent en- tièrement certains lits, où ils jouent le même rôle que le C. lumbricalis, Kurr, dans le Lias supérieur. Rapronrs ET DIFFÉRENCES. — Le C, Langü, bien moins épais que les suivants, s’en distingue aisément par ce ca- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 108 ractère. Assez voisin par les dimensions de l’Æimanthalites tænianus, Fisch.-Oost. (1), il s’en sépare par sa fronde cylin- drique et non comprimée. Il serait plus aisé de le con- fondre avec les Cylindrites dædaleus, Gopp., arteriæformis, Gopp., et lumbricalis, Kurr. Les deux premiers sont, il est vrai, des espèces crétacées. Le C, dædaleus a des contours plus tortueux; il est plus épais et moins allongé; il en est de même du C'. lumbricalis, qui ressemble sous ce rapport au C, dædaleus, sous des dimensions plus petites. Quant au C. arteriæformis, il me paraît tellement voisin de l'espèce de Chàleauroux, et par conséquent de celle de Suisse, qu'il me semble difficile de préciser entre eux une diffé- rence. La distance verticale qui sépare le Corallien du Qua- dersandstein fournit l’argument le plus sérieux qui s’op- pose à une réuuion. M. Fischer-Ooster a cru retrouver cette même espèce dans le Flysch de Thun ; ce doit être à tort. Il n’y aurait, il est vrai, aucune impossibilité maté- rielle à ce qu’une forme d’Algue se fût perpétuée sans changement du jrrassique moyen jusque dans la craie; mais le fait aurait besoin d’être prouvé. LocaLITÉ. — Châteauroux (Indre). Corallien; Muséum de Paris ; Coll. Michelin. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 19, fig. 46, portion de fronde, marquée en relief, du Cylindrites Langii, grandeur naturelle. N°2, — Cylinarites lævigatus. ELA Ne S4s DrAGNOSE. — F, fronde cylindrica paulisper incurva 1 1/929- centim. crassa, superficie lævi, tuberculis nullis vel obsoletis. (1) Foss, Fucoid., p. 5, tab. IN, fig. 4 et tab. XII, fig. 5. 106 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Cette nouvelle espèce est comparable aux plus grandes du genre, elle consiste en trois tronçons de fronde, couchés l'un sur l'autre, les deux premiers appuyés à angle droit sur le troisième. Ils sont de forme cylindrique, faiblement comprimés par la fossilisation, légèrement courbes, me- surant un diamètre qui varie de 1 1/2 à 2 centimètres. La superficie est lisse et sans apparence de ponctuations tu- berculeuses. Pour obtenir quelques données au sujet de celle espèce, il faudrait pouvoir l’observer sur place ; il est probable qu’elle remplit des lits entiers, et on pourrait peut-être suivre le prolongement ces frondes et leur mode de terminaison, Si ces fossiles ont réellement appartenu à des Algues, ils dénotent des frendes coriaces d’une forte dimension qui flotlaient peul-être comme les espèces de l'O- céan des Sargasses et les Laminaires des mers du Nord ou se lenaient dans les profondeurs. Il faut encore observer que la conservation des Cylindrites est due à un moulage naturel, la plante ayant laissé dans le sédiment un vide qui s’est comblé à l’aide d’un remplissage posterieur. C’est ainsi que l’ancien organe a pu garder son relief et sa phy- sionomie extérieure, mais en perdant toute trace d’organi- sation. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cylindrites lævigatus est comparable par sa grande dimension aux Cylindrites anti- quus el rugosus, Schceuk, du Rhélien de Franconie ; mais l'absence de tuberculosités visibles le distingue du pre- mier, et les frondes du second sont étranglées de distance en distance, caractère que l’on n’observe pas dans notre es- pèce qui provient d’ailleurs d’un horizon bien plus élevé. LOCALILÉ., — Calcaires lithographiques de Châteauroux (Indre). Étage corallien. Muséum de Paris ; Coll. Miche- lin, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 407 EXPLICATION DES FIGURES. — PI. I, fig. 1, trois tronçons de frondes du Cylindrites lævigalus, réunis sur la même pierre, grandeur naturelle. N° 3. — Cylindrites recurvus. PAS. 2 DIAGNOSE. — CC. fronde cylindrica, circiter 8-10 millim. crassa, nodosa, furtiler incurva, superficie leviter rimoso- tuberculata. Les dimensions de cette espèce sont à peu près celles de la précédente; originairement cylindrique, mais un peu comprimée, et de plus inégale et noueuse à la surface, elle dessine une courbure très-prononcée, et, de plus, elle pré- sente à la surface des lraces visibles de granulations tuber- culeuses dont il est pourtant difficile de saisir la disposition régulière, La découverte de ce Cylindrites est due à M. de Longuemar, qui a bien voulu nous le communiquer. Il provient de la zone à Ammonites phicatilis, assez riche, dans la Vienne, en Algues fossiles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les nodosités et les ponc- tuations tuberculeuses visibles à la surface de la fronde distinguent cetle espèce de la précédente. Sa courbure ca- ractéristique doit la faire comparer au Cilindrites convolutus, Fisch.-Oost. (4), et surtout à la variété B major de cet auteur. Mais cette espèce, qui appartient à la formation nummulitique du lac Thun, ne présente pas de nodosités, et d’ailleurs la courbe qu’elle dessine en se repliant est plus grande et plus régulière. LocaLrTé. — Dissais, au nord de Poitiers (Vienne). Élage oxfordien sup. Coll. de M. de Longuemar. (1) Foss, Fucoid., p. 58, tab, XI et XVI, fig. 7. 108 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, EXPLIGATION DES FIGURES. — PI. 1, fig. 2, tronçon de fronde du Cylindrites recurvus, d’après un moulage naturel de l’ancien organe, grandeur naturelle. DEUXIÈME GENRE. — GRANULARIA. Granularia, Pomel, Matériaux pour servir & la flore foss. du terrain jurass, de France (in Amtl. Bericht Ub. 4. Vers d. Gesells. deutsch, naturforsch in Aachen,sept. 1847), p. 332. DiaGnose. — Frons cylindrica, coriacea, mamillis granuli- formibus irregularibus creberrimis undique tecta, ramis ra- mulisque pinnatim ramosis . Granularia (excluso Phymathodermate), Schimper, Traité de pal. végét., p. 212, — — Zigno, F1. foss. oolit.,1, p.93. HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. Pomel, en fondant le genre Granularia, avait principalement en vue l’espèce sin- gulière de Châteauroux, que nous allons décrire ; mais il y avait compris, à tort selon nous, l’A/gacites granulatus de Schlotheim, qui est devenu le type du genre Phymatoderma de Brongniart. L’échantillon original de M. Pomel dénote un type spécial, mais dont le caractère distinctif, tiré des granulations dont la fronde est couverte, est fait pour ins- pirer de très-grands doules. Ces granulations, disposées d’une façon tout à fait irrégulière, comme l’exprime la diagnose que nous empruntons au mémoire de M. Pomel, ont tout à fait l'aspect de concrélions ferrugineuses, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 109 N° 1. Granularia repanda, Pomel, Loc. cit., p. 334. Pl MAO; fis.4.a. DIAGNOSE. — G. fronde gracili pinnatim divisa, ramulis late erpansis lineart-elongatissimis, granuüs minutis irregula- riler aggregatis superpositis. Les divisions de la fronde sont étroites, linéaires, peu nombreuses el très-aliongées. Elles s’écartent sous un angle très-ouvert de l’axe médian qui, lui-même, est fort grûle, Le caractère principal de l’espèce réside dans les granules arrondis, très-serrés et confusément disposés sur (rois rangs qui garnissent la superficie de la fronde. Cependant ce caractère, comme nous venons de le dire, pourrait bier être illusoire et se rattacher à un accident de la lossilisa- tion. En en faisant abstraction, il ne resterait qu’une em- preinte des plus problématiques, comprenant un axe don- nant naissance à des rameaux grêles, allongés, très-espacés, qui rappellent de loin le mode de partition de l’Æiman- thalia lorea. Cette espèce, curieuse malgré l'incertitude qui s'attache à la détermination de ses caractères, avait été dé- crite par M. Pomel, en 1842, mais cet auteur ne l'avait pas figurée. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si les granulations répon- dent vraiment à des organes fruclificateurs, on pourrait trouver quelque analogie entre celte espèce et le genre Punctaria. Le genre Halymenia présente aussi certaines formes susceptibles de fournir des points de comparaison, trop douteux cependant pour qu’il soit permis d'yinsister, Les ponclualions granuleuses de plusieurs Æalymenites de Solenhofen sont dues, selon M. Schimper, à de l'oxyde de manganèse ; quant aux Phymatoderma de Brongniart, les iné: 110 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. galilés qui hérissent leurs frondes n'ont aucun rapport avec les granules d'apparence oolithique du Granularia repanda. LOCALITÉ. — Calcaire lithographique de Châteauroux (Indre). Étage corallien; Muséum de Paris. Coll. Michelin. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 19, fig. 1 en a, fronde du Granularia repanda, grandeur nalurelle. TROISIÈME GENRE. — SIPHONITES. DiAGNOSE. — Prons (viva) cartilaginea simplex aut ramosa ? e tubulis cylindricis fossilisatione plus minusve compressis, æqua- libus apice abrupte rotundatis constans. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous devons le connaissance de ce genre nouveau à M. Hébert, professeur de géologie à la Sorbonne, qui l’a observé à l’extrème base du Rhétien, dans la Haute-Marne. Ce sont des corps cylindriques, ré- gulièrement tubuleux, conservant la même dimension dans toute leur étendue et dont on ne saurait déterminer la disposition dans une fronde complète, à cause de leur état fragmentaire. Leur grande dimension les rapproche des Algues actuelles les plus puissantes, et leur struc- ture certainement fistuleuse engage à les ranger auprès des Caulerpées. Nous compléterons ce qui concerne ce {ype singulier en décrivant l’unique espèce qui le représente jusqu'ici. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Siphonites a des rapports évidents avec les Algues siluriennes dont on a formé les genres //arlania, Gœpp. ; Sphenothallus, Hall.; Palæwophycus, Hall; Bythotrephis, Hall, et qui comprennent les plus anciens végétaux connus ; cependant on ne saurait le confondre avec aucun de ceux-ci, La plupart ont des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 111 frondes ramceuses, flabellées ou dichotomes et pourvues d’appendices latéraux. L’Æarlania Hall, Gæpp., est mar- qué à la superficie desillons qui se croisent à angle droit ; les Sphenothallus sont pourvus de rameaux foliacés cunéi- formes; les Palæophycus sont articulés de distance en dis- tance, et les Zythotrephis présentent des ramifications re- trécies à la base et atténuées supérieurement ; les tubes du genre Srphonites sont au contraire égaux dans toute leur longueur et arrondis brusquement au sommet ; leur di- mension dépasse en outre celle de la plupart des formes siluriennes ; il est naturel de comparer ce genre aux plus grandes Caulerpées des mers actuelles. Jusqu'à présent il paraît être limité au Rhétien. N° 1. Siphonites Heberti. PI. 29, fig. 1-2. DIAGNOSE. — S. fronde similici ? tubulosa, tubulis cylin- dricis, fossilisatione plus minusve compressis, æqualibus, cir - citer G-10 millim. crassis fistulosis, apice abrupte rotundatis, superficie lœvi vel tenuissime striatula. Les restes de fronde de cette espèce couvrent la surface de plaques de grès formées d’un sable siliceux très-fin et très-pur; ces restes se composent de tronçons tubuleux, de dimension égale dans toute leur étendue, originaire- ment cylindriques, de stucture évidemment fistuleuse et disséminés dans le plus grand désordre. Ces tubes, dont le diamètre varie de 4 à 6 et jusqu’à 10 et 12 millimètres, sont tantôl intacts, mais plus ou moins comprimés par la fossilisation, tantôt fendus et comme écrasés, tantôt enfin ouverts, déchirés et montrant alors l’intérieur. On n’aper- çoit chez aucun d’eux de traces de ramilication, et l'on 112 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, ne saurait décider s'ils donnaient lieu à une fronde simple ou à un organe composé par la réunion de plusieurs de ces tubes. La largeur égale de chaque tronçon et leur termi- naison brusquement arrondie leur donnent l’aspect d’un étui ou d’un doigt de gant; leur surface ne montre aucune trace de linéaments ni de sillons, mais peut-être de lé- gères strics très-fines, dues, c’est encore possible, au grain même de la roche et sur l’apparence desquelles on ne sau- rait, en lous cas, fonder aucun caractère. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous avons indiqué plus haut les différences qui empêchent de réunir le genre Siphonites à aucune des Algues siluriennes dont lesanalogics générales avec lui ne sauraient être cependant contestées. Parmi les Algues actuelles, c’est seulement chez les Cau- lerpées que nous signalerons quelques termes de compa- raison. Les Codium à fronde rameuse offrent des segments tubuleux, arrondis au sommet, dont l’aspect rappelle celui du Siphonites Heberti. On pourrait aussi rapprocher- celui-ci des grandes espèces de Caulerpa, comme le C. caulifera. Ces analogies sont cependant assez éloignées pour donner à croire que l’espèce fossile,se rallache à un type d’Algue depuis longtemps disparu. LocaiTÉ. — Chalindrey (Haute-Marne), dans un banc de grès interposé entre les marnes irisées et la zonc à Avicula contorta, coll. de la Sorbonne, Ces grès se rappor- tent sans doute au même niveau que les arkoses à em preintes végétales de Couches-les-Mines, près d’Autun. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 22, fig, 1, plaque re- couverte de fragments tubuleux de Siphonites Heberti, gran- deur naturelle; fig, 2, autre exemplaire de la même espèce, grandeur palurelle. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 113 QUATRIÈME GENRE. — PHYMATODERMA. Plymatoderma, Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 10. — Schimper, Trailé de pal. vég., I, p. 161. DraG\ose. — Frons cylindracea vel subcompressa (viva), cartilaginea vel carnoso-fistulosa, pluries dichotome ramosa, pa- pulls vel granulis aut appendicibus squameæformibus undique obtecta transversimque scæpius rimoso-suleata, ramuls extre- mis obtusis. Algacites (ex parte), Schloth., Nachtr., p. 45. Sphærococcites (ex parte), Sternb., F1. d. Vorwelt. Kurr, Beitr., p.17. Granularia (ex parte), Pomel, 1. c., p. 332. Histo gr DÉFINITION, — L'établissement de ce genre est dû à M. Brongriart, qui l’a proposé pour y ranger l’A/- -gacites granulatus de Schlotheim (Sphærococcites granulatus, Sternb.). Cette Algue curieuse a formé de véritables par- terres, selon l’observation de M. Schimper, au fond de la mer, à qui sont dus les schistes du Lias supérieur de Boll (Wurtemberg). Les empreintes innombrables qu’elle à laissées consistent souvent en un moule creux des an- ciennes frondes, ce qui a permis de constaler qu'elles étaient cylindriques, consistantes et recouvertes d’excrois- sances ou appendices verruqueux, disposés d’une façon as- sez régulière pour donner lieu à un réseau de comparli- ments pentagonaux qui répond aux linéaments de leurs contours. M. Schimper a donné de très-belles figures de cette espèce dans son Traité de paléontologie végétale. Une espèce du Gault de l'Aube, qui n’a pourtant été ni décrite ni figurée, à été placée par M. Brongniart dans le même VÉGÉTAUX. — J. 8 114 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. genre, et nus y rapportons aussi une espèce du Lias de Metz qui s'écarte très-peu du Phymatoderma liasicum de Boll. Le g2°re Phymatoderma aurait donc commencé dans le Lias pour se prolonger jusque dans la Craie; il n’en aété signalé aucun vestige dans le terrain tertiaire. Il est princi- palement caractérisé par des frondes cartilagineuses, à ‘état vivant, divisées à l’aide de dichotomies successives en une série de ramifications dont les terminales, plus ou moins obluses et en massue, sont toujours un peu recour- bées, quelquefois même repliées en divers sens. La surface de ces ramifications est occupée par des écailles, des pus- tules, des inégalités ou simplement par des sinuosités ver- ruqueuses dont la forme varie selon les spécimens. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Par l’ensemble de ses carac- ières, le genre Phymatoderma se rapproche des Caulerpées et plus particulièrement du Codium tomentosum, qu'il rap- pelle par le mode de ramificätion des frondes. Cependant on ne saurait rien établir d’un peu assuré d’après des in- dices aussi vagues. La fragilité des anciennes frondes de Plhymatoderma conduirait, si elle était réelle, à des con- clusions opposées ; el l’on serait tenté, en consultant l’as- pect des ramifications et la présence souvent répétée de corps arrondis tantôt adhérents, tantôt épars et détachés, de regarder ces Algues comme alliées aux Chondrites. N°1. Phymatoderma Terquemi. PI. 2, fig. 1-2. DIAGNOSE, — Ph. fronde mediocri fossilisatione compressa, vage subdichotoma, ramis hinc inde flexuosis ramulosis, ramu- lis elongatis obtusis vel acutiusculis transversim leniter verru- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 415 cosis, münoribus À 1/2, majoribus 3 mallim. latis, corpusculis (conceptacula ? innovationesve?) globosis axillaribus sæpius distractis sparsisque, et probaliliter basi cum ramulis artieu= latis. Les frondes de cette espèce, dont nous devons la con- naissance à M. Terquem, à qui elle est dédiée, couvrent des . plaques schisteuses d’un gris noirâtre, très-analogues à celles du Lias supérieur de Boll, mais provenant d’un ni- veau moins élevé. Elles Accusent des dimensions moindres que celles du Phymatoderma liasicum et une autre physio- nomie. Les ramules varient beaucoup, puisque les uns me- surent une largeur de 4 à 4 1/2 millim., tandis que d’autres en ont plus de 3. Ces différences, analogues à celles qui existent dans l’espèce de Boll, indiquent dans la plante ancienne divers âges et plusieurs degrés de développe- ment. Les spécimens adultes (fig. 2 en a) présentent des ramules allongés et terminés en fuseau obtus plutôt qu’en massue ; on distingue sur les bords de légères crénelures dues aux inégalités ou papilles verruqueuses dont leur sur- face était recouverte. Les spécimens plus petits (fig. 1) se rapportent probablement à des plantes jeunes; ce sont les mieux conservés; ils se présentent sous la forme de ra- mules étroits, allongés, coudés-flexueux, plus ou moins ob- tus au sommet, divisés par dichotomies et pourvus à la surface d’inégalités verruqueuses disposées transversale- ment, dans un ordre spiral assez régulier, On distingue en outre çà et là des corpuscules arrondis, originairement globuleux, mais comprimés par la fossilisation, comme les frondes elles-mêmes. Ces corpuscules, que l’on pourrait prendre soit pour des thèques, soit pour des ramules nais- sants, sont tantôt épars, lantôt attachés encore aux ramules 116 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dans une position axillaire. On remarque sur eux les mêmes inégalités que sur le reste de la fronde. Quelle que soit leur vraie nature, on ne saurait douter que ces organes : n'aient été faciles à détacher, ce qu'explique leur disper- sion à la surface des plaques. Celte espèce, comme celle de Boll, doit abonder au sein des couches où M. Terquem l’a recueillie: la possession d’une suite nombreuse d’échantil- lons permettrait sans doute d’en mieux saisir les vrais ca- ractères. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Phymatoderma Terquemi est très-voisin du PX. lasicum (Algacites granulatus, Schl1.), avec qui on serait tenté de le confondre, si des dimensions moindres, les divisions plus étroites de la fronde et les iné- galités moins prononcées de sa surface n'étaient, selon nous, la preuve d’une distinction spécifique. LOcaziTÉ. — Lias moyen des environs de Metz, plaques schisteuses noirâtres supérieures à la zone à Gryphées arquées. Coll. du Musée de Metz, EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 2, fig. 4, plusieurs frag- ments de jeunes frondes du Phymatoderma Terquemi réu- nis sur la même plaque, grandeur naturelle. On distingue - sur plusieurs points des organes épars et arrondis dont la vraie nature est inconnue ; 14, plusieurs ramules grossis pour montrer l’aspect des inégalités verruqueuses de la surface. Fig. 2, autre plaque de la même roche montrant en a des fragments de fronde de la même espèce, à l’état adulte, grandeur naturelle. , TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 117 CINQUIÈME GENRE. — CHAUVINIOPSIS. DIAGNOSE. — Z’xpansio cartilaginea coriaceave, infundibuli vel caliciformis aut discoidea, pedunculo centrali deorsum, cy- lindrico sursum, mox dilatato suffulta, cetera adhuc ignota. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous proposons ce nouveau genre pour une empreinte curieuse recueillie par M. Pellat, qui a bien voulu nous la communiquer. Elle consiste en une expansion discoïde ou plus probablement infundibuli- forme, soutenue par un pédoncule qui s’élargit et s’épa- nouit à son sommet pour la produire. On remarque des organes pareils ou analogues dans plusieurs genres actuels de la classe des Algues, mais excepté dans le genre Ace- tabularia, ce sont généralement des organes appendicu- laires qui représentent soit des suspenseurs, soit des ra- mifications secondaires modifiées. Il en est ainsi dans le genre Z'urbinaria parmi les Fucacées, Chauvinia parmi les Loosporées, et l’on pourrait même en rapprocher sans in- vraisemblance les vésicules des Macrocystis et des Cysto- phora. Nous aurions été disposé, à cause de la ressem- blance du support et des stries rayonnantes qui parcourent le disque, à assimiler l’empreinte fossile en question aux Acetabularia, mais l’absence de tout vestige d’articulation ou de bourrelet au point où le support se joint au disque, nous à paru rendre ce rapprochement impossible, tandis que, sauf la dimension plus grande de l’organe jurassique, il n’est rien en lui qui ne dénote une forme très-voisine de celle qui caractérise les organes infundibuliformes des Chauvinia et des Turbinaria. Le genre Chauvinia, qui se range non loin des Caulerpa, nous a paru, ainsi qu’à 118 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. M. Marion, dont les efforts ont heureusement suppléé à l'insuffisance des nôtres, être celui qui rend le mieux la physionomie de l'empreinte fossile, à qui il a été facile de rendre son aspect véritable au moyen d’un moulage. Ce genre habite les mers chaudes de l'Inde,.de la Nouvelle- Hollande ; il pénètre aussi dans l'océan Austral, et s'étend vers le nord jusque dans la mer Rouge et aux Canaries, Si l'assimilation que nous proposons est fondée, l’expansion en forme de disque pédonculé, recueillie par M. Pellat, ne représenterait qu’une faible partie de l’Algue jurassique, dont les proportions accusent des dimensions considérables, si on la compare aux formes débiles que renferment les Chauvinia actuels. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — Notre genre Chauvimopsis représenterait ainsi les organes infundibuliformes d’un type d’Algues voisin des Chauvinia. Il s’écarterait de ceux-ci surtout par ses grandes dimensions, et offrirait des rapports extérieurs plus éloignés avec les Turbinaria. I] existe aussi une parenté, sans doute réelle, entre le Chau- viniopsis et notre genre /tieria; peut-être serait-il naturel de réunir les deux groupes ; mais nous avons craint, en le faisant, de confondre des objets dont nous ne connaissons qu’imparfaitement la nature. Les expansions qui accom- pagnent ou terminent les frondes des /{ertane sont pas pédonculées comme celles des Chauviniopsis; elles ne s’é- panouissent pas en un disque largement dilaté et infundi- buliforme. Ce sont probablement des organes flotteurs, et, d’ailleurs, l'étude des Algues vivantes fait voir que des or- ganes semblables par l’apparence peuvent se montrer dans des genres en définitive très-éloignés ; les Chauvonia et les Turbinaria le prouvent bien en se plaçant eux-mêmes dans des ordres séparés. | TERRAIN JUÜRASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 119 N°1. Chauviniopsis Pellati, PI. 8, fig. 2. DrAGNosE. — Ch. fronde cartilaginea vel fistulosa, e pedi- culo cylindrico sursum dilatato constante, in appendicem pel- tato-infundibuliformem vel discoideum margine sinuatu, nervulis radiatim striatum, ad apicem expansa. La portion conservée de la fronde consiste en un pédon- cule cylindrique, relativement mince, long de 2 1/2 centi- mètres, non terminé inférieurement, mais dilaté supérieu- rement et donnant lieu sur ce point à un appendice charnu ou cartilagineux en forme de cornet évasé, faiblement si- pué sur les bords et parcouru par de légères stries rayon- nantes qui partent du pétiole pour se diriger de tous côtés vers la périphérie de l’organe. On dirait une fleur charnue ou plutôt une expansion du torus, pareille à celle qui sup- porte les graines des Velumbium ; seulement ici le pédon- cule qui sert de support se dilate brusquement sans que rien indique une séparation intermédiaire ou quelque ves- tige d’articulation. L’organe que nous décrivons, pareil en tout à ceux des Chauvinia, seulement sept ou huit fois plus gros, ne montre du reste que son côté inférieur, et c’est par analogie qu'il est possible de conjecturer que la face supérieure était déprimée au centre en forme de clochette, - comme les organes correspondants des Chauvinia. Les mêmes stries rayonnant du centre vers la périphérie s’ob- servent chez ces derniers, aussi bien que dans le fossile. Seulement, chez celui-ci, la dilatation s’opère d’une façon plus brusque. < LocaLiTÉ. — Maninghen près Wimille (Pas-de-Calais), 120 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, Portlandien inférieur, zone à Ammonites gigas ; collection de M. Pellat. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 8, fig. 2, empreinte de Chauviniopsis Pellati marquée en creux et montrant la ter- minaison supérieure d’une fronde, grandeur naturelle ; fig. 2a, même partie moulée pour en faire voir le relief, ainsi que la disposition des stries qui partent du support et vont s'épanouir dans l'expansion qui le surmonte. SIXIÈME GENRE. — ITIERIA. DIAGNOSE. — frons procera, cartilaginea, compressa, pluries dichotome partita, expansionibus turbinatis, subglobosis, forsan vesiculosis ramulos laterales terminantibus aut axillis dichoto- miarum impositis prædita. Tympanophora (ex parte quoad solam T. irregularem, exclusis Tym- panophoris aliis omnibus), Pomel, 1. c., p. 335. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les frondes de ce genre sont de grande taille, comprimées et divisées par dichotomie en lanières à bords parallèles, lisses à la surface et de con- sistance épaisse ou cartilagineuse, puisque la couche char- bonneuse laissée par leurs empreintes est relativement considérable. La situation de ces Algues devait être érigée etfiottante; leurs dernières ramifications, observées dans une des deux espèces qui composent le genre, sont étroites, allongées, fourchues ou irrégulièrement disposées le long des divisions principales dont elles dépendent. Mais ce qui distingue surlout ces anciennes Algues, c’est la présence constante d'organes appendiculaires en forme d’expansions turbinées, arrondies ou subtronquées et déprimées vers le sommet. Ges organes, dont le rôle devait se rapprocher de celui des vésicules flottantes ou suspenseurs de plusieurs Fu- TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 121 cus, des Macrocystis et d’autres Algues actuelles, sont situés tantôt à l'extrémité des dernières ramules, tantôt à l’aisselle des dichotomies; leur surface n’était pas unie et toruleuse comme chez les Fucus, mais on distingue comme des crêtes et des côtes légères, accomp agnées de stries s'é- carlant l’une de l’autre, pour marquer la courbure de l’ex- pansion, et convergeant ensuite vers son centre, du côté supérieur, pour y former un ombilic ou une saillie ter- minale dans cerlains cas. Nous dédions ce genre à M. Itier, à qui est due la décou- verte de l’espèce principale. M. Pomel a fait ressortir le premier quelques-uns de ses caractères. Ce savant n’a évidemment connu qu’une seule des espèces qu’il com- prend et l’a confondue avec les Tympanophora de Lind- ley et Huiton qui représentent la portion fructifiée des frondes du Conioptoris Murrayana. Le Tympanophora conferta, Pom., de Saint-Mihiel, que nous décrivons plus loin, rentre dans cette même catégorie, tandis que la vraie nature des Z'ympanophora turbinata et discophora, Pom. (Fucoides turbinatus et discophorus, Brngt), de Monte-Bolca, est encore incertaine, La dénomination générique de 7ym- panophora devenant ainsi tout à fait impropre, nous pro- posons celle d’/fieria, qui n’est qu’un hommage mérité aux travaux de l’un des premiers géologues qui se soit oc- cupé de la recherche des plantes jurassiques sur le sol français. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Jfieria, tel que nous le comprenons, n’a que des rapports éloignés avec les Algues fossiles décriles jusqu'à présent, sauf l'apparence de ses organes turbinés qui le rapproche évidemment des Chauviniopsis. La grande taille, la forme en lanière aplatie, le mode de partilion des frondes, et la présence même 122 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. d'organes appendiculaires probablement flotteurs et peut- être vésiculeux doivent le faire comparer à certains Fucus et mieux encore aux Laminariées, surtout au genre Ma- crocystis, qui atteint des dimensions gigantesques et occupe à lui seul de vastes espaces dans les mers équatoriales. Les organes vésiculeux qui servent de suspenseurs aux Ma- crocystis diffèrent trop cependant des organes fossiles pour donner lieu à la supposition d’une véritable affinité. L’/Æi- manthalia lorea et le Fucus nodosus fournissent des points de comparaison encore plus éloignés; mais nous remar- quons une analogie dont il est impossible de fixer le degré entre l’aspect des dernières ramifications des frondes d’Z- teria et celui des segments de certaines Laminaires (Lam. crassipes). Les Jfieria se montrent dans le Corallien et le Kimmeridgien, et quoique l’on n’en connaisse encore que deux espèces, ils ont dû jouer un grand rôle dans les mers de cette époque; on ne saurait dire, faute de documents, si ce genre a prolongé son existence après les temps ju- rassiques, N° 1. Xtieria Brongniartii. PI. 4. DiAGNosE. — . fronde elata, cartilaginea, irrequlariter ra- mosa, sæpius dichotoma tæniata compressaque, segmentis ulte- mis elongatis fugatim lobatimque divisis, appendicibus tur- binatis, obconicis vel subdiscoideis, tum apicalibus, tum aæillis dichotomiarum insidentibus. Tympanophora irregularis? Pomel, 1. c. M. llierà, qui nous devons eette remarquable espèce, l’a découverte il y a plus de trente ans dans les schistes d’Or- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4193 bagnoux (Aïn) ; il attira sur elle à cette époque l'attention de M. Brongniart à qui nous la dédions. C'était une Algue de grande taille, dont les frondes, dans leur intégrité, me- suraient certainement plusieurs pieds et peut-être plusieurs mètres de longueur. Elles étaient coriaces, érigées, divi- sées en rameaux ascendants, toujours comprimés en la- nières ou rubans aplatis et cartilagineux. Les principales divisions s’opéraient par dichotomie, mais des ramules di- versement et irrégulièrement disposés garnissaient aussi les côtés de la fronde, le long des rameaux primaires dont la largeur excédait un centimètre. La figure 9, pl. 4, montre laterminaison supérieure de l’une desramifications. L'aspect est celui des plus grands Fucus ou de certaines La- minaires aux frondes coriaces et partagées en segments étroits. On aperçoit deux dichotomies successives, mais l’une des branches de la dichotomie se développe plus que l’autre, ce qui donne à celle-ci l'apparence d’un ra- meau axillaire. Les ramules secondaires ou principaux de cette empreinte diminuent de largeur en se prolongeant ; ils émettent latéralement, ou en se bifurquant, des lobes en forme de languette lancéolée, tout en demeurant com- primés jusqu’à l'extrémité. Les organes turbinés, aa, se retrouvent partout, soit isolés, soit occupant sur la fronde leur place naturelle ; le plus souvent à l’aisselle des dichotomies, sessiles ou mu- nis d’un court pédicelle ; mais d’autres fois ces mêmes or- ganes terminent l’extrémité supérieure des ramules et s’é- panouissent en forme de calathides ou boutons aplatis et sub-discoïdaux, Il est probable que cette espèce est identique avec le Tympanophora irrégularis de Pomel, dont la diagnose s’ap- plique assez bien à la plante d'Orbagnoux, quoique l’auteur, 124 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. peut-être par confusion, l'indique à Seyssel, localité, il est vrai, peu distante et placée surle même horizon géognos- tique. RaPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La grande taille de l’Algue que nous venons de décrire empêche de la confondre avec les Tympanophora et la distingue aussi des Fucoïdes? de Monte-Bolca, dontles frondes portent des organes discoïdes plus ou moins analogues. La position de ‘ces organes et même leur forme servent à ne pas confondre l’espèce d’Or- bagnoux avec celle de Saint-Mihiel qui suit. LOcaLiTÉ. — Orbagnoux (Ain), Kimmeridgien inférieur ; collection de M. Jules Itier. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl, 4, fig. 1, portion de fronde d'/tieria Brongniartii, grandeur naturelle, avec deux organes turbinés en aa, l’un terminal, l’autre axillaire ; fig. 2, portion terminale d’une fronde de la mème espèce, grandeur naturelle ; fig, 3, portion médiane et très-rami- fiée d’une autre fronde, grandeur naturelle, N° 9, EItieria virodunensis. Pl; DIAGNOSE. — /. fronde cartilaginea, elata, compressa, hinc inde flexuosa, repetito furcata, ad basim dichotomiarum in la- minam latiorem dilatata, appendiculis obconico-subqlobosis, su- pra convexiusculis, papilloso-sinuatis, ramulis lateralibus subse- cundisque stipalis. Je dois à M, Moreau la communication de celte espèce dont M. Pomel a dû ignorer l'existence, son Tympanophora conferta n'ayant rien de commun avec l’Algue que nous al- ons décrire. Celle-ci, visiblement congénère de l'espèce TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 495 d'Orbagnoux, s’en écarte suffisamment pour motiver une séparation. Elle avait peut-être des dimensions moindres, mais on la rangerait encore parmi les grandes formes du monde actuel, La portion conservée se rapporte à l'extré- mité supérieure d’une fronde; -elle était lisse, comprimée en lame cartilagineuse et divisée vers le bas par dichoto- mie. L'une des branches est plus courte que l’autre, qui se prolonge dans une direction ascendante plus ou moins flexueuse et donne successivement naissance, sur le côté extérieur seulement, à trois ramules qui se détachent de l’axe dans une direction oblique. Après ces trois ramifica- tions la branche principale, qui consiste en une lame car- lilagineuse, dilatée à l’endroit des dichotomies, se termine supérieurement par une expansion irrégulièrement bifide. L'autre branche, moins développée que la précédente, nc porte que deux ramules, dont l’un vers la base paraît coupé, mais se complète sans doute en y rattachant un or- gane appendiculaire isolé, situé à peu de distance. La sur- face de cette fronde était lisse, comme dans la précédente espèce, et marquée par de légères stries longitudinales. Les expansions obconiques qui terminent les ramules sont moins régulières, plus arrondies sur les côtés, plus con- vexes supérieurement et plus distinctement sinuées ou même lobées sur les bords que celles de l’Z#ieria Brongniar- ti. Elles paraissent être de même nature et produiles éga- lement par une dilatation de la substance cellulaire, dont une coloration intense marque l’accumulation sur les par- es de l’empreinte qui y correspondent. La fronde de celte espèce a aussi quelque chose de plus flexueux dans son mode de ramification; sa largeur moyenne varie bien davantage ; réduite crdinairement à 3 ou 4 millimètres, elle en mesure parfois plus de 6. 126 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les caractères que nous ve- nons d'exposer permettent de distinguer l’/éieria virodunen- sis de l’/teria Brongniartii. La position des organes appen- diculaires, latérale chez le premier, axillaire à l’angle des dichotomies chez le second, fournit un indice différentiel dont la valeur est incontestable, Ce sont là pourtant deux formes assez peu éloignées d’un même type. LocaLITÉ. — Saint-Mihiel près de Verdun (Meuse), étage corallien; collection de M. Moreau. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 3, À, portion de fronde de l’Ztieria virodunensis, grandeur naturelle ; on distingue en aa les organes appendiculaires, B, partie légèrement grossie de la même fronde, montrant deux organes appen- diculaires bb, avec la disposition des stries convergentes de la surface. SEPTIÈME GENRE. — CANCELLOPHYCUS. Frons cartilaginea, stipite plerumque centrali affixa, in la- minam crcumcorca radiatim expansa, lamina foraminum multiplicium seriebus spiraliter e stipite ordinatis undique per- tusa, clathri seu foraminum contermina reticulum aerols plus minusve rhombeo-elongatis delineatum efformantes costulas aut nervulos ramosissimos peripheriam versus magis ac mayis curvato-reflexos referentes. Chondrites (ex parte), Thiollière, Bull. soc. géol., 2e série, t, XV, p. 718. — — Dumortier, ibid., t. XVII, p. 81. Zoophycos (ex parte), Massalongo, Zoophycos nov. gen, pl. foss., 1855. — — Heer, Urw. d. Schweiz, p. 140. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 497 Taonurus (ex parte), Fischer-Oost., Foss, furoid., p. 46. Tuonurus et Zoophycos (ex parte). Schimper, Traité de pal, vég., pe 220. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous remplaçons parune nou- velle dénomination générique celles de Zoophycos et de Taonurus, appliquées, l’une par M. Massalongo et par M. Heer, l’autre par M. Fischer-Ooster, aux Algues qui se rapportent au type du Chondrites scoparius de Thiollière. Non-seulement ces termes nous paraissent impropres, mais dans la pensée des auteurs qui les ont proposés, ils désignent surtout des espèces du Flysch, dont l'identité de structure avec les formes jurassiques que nous allons dé- crire est loin d’être prouvée; cette identité constituerait en tout cas, à cause de la distance qui sépare les deux époques, un fait des plus curieux, qu'il serait à souhaiter que l’on vérifiât. Plusieurs types d’Algues, antérieurs aux espèces qui composent le groupe du CAondrites scopartius, présentent avec celles-ci des analogies aussi étroites que les Taonurus du Flysch ; chacun d’eux a été pourtant distingué par un nom générique particulier. L'ensemble de ces formes successives, construites plus ou moins sur le même plan, nous porte à admettre l’existence d’une grande famille, aujourd’hui éteinte, qui, depuis les temps paléozoïques jus- que vers le miocène, n’aurait cessé d’avoir des représentants dans les mers de notre hémisphère. Le type jurassique de cette famille, auquel se borne notre examen, comprend des Algues évidemment pourvues d’une fronde carlilagineuse el résistante, à l’état vivant, puisque les empreintes en sont marquées dans les sédiments par des sillons assez prononcés. Ceux-ci offrent l'apparence de côtes, de nervures, plus ordinairement de 128 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, rameaux ou de brindilles, et rayonnent d’un point central ou d’une base correspondant au point d’attache de la fronde ; ils s’étendent à plat dans une direction qui se confond avec le plan même de la roche ou s’en écarte peu, et donneñt lieu, en se ramifiant le plus souvent d’un seul côté, à des courbes flexueuses repliées sur elles-mêmes vers la périphérie. Il est aisé de reconnaître par l'inspection de ces caractères que les Algues dont il est question tapis- saient le fond des mers de l’époque sur une vaste étendue; elles y étalaient de toutes parts leurs frondes indéfiniment multipliées, que venait recouvrir sur place une sédimenta- tion généralement calcaire, sur les divers points où elle a été observée. Ce sont des calcaires jaunâtres, d'un grain plus ou moins grossier, provenant presque toujours d'élé- ments sablo-marneux rapidement consolidés. Dans le Lias supérieur, comme dans le Bajocien et la grande Oolithe, ces calcaires ont offert à plusieurs générations d’Algues scopariennes un sol qui se déplaçait en s’élevant par l’ap- port de nouvelles matières, sans que le fond sous-marin cessât d’être hanté par elles, en sorte que les empreintes de leurs frondes se retrouvent à chacun des lits qui parta- gent la formation. M. Terquem cite un gisement près de Mende (1), où les empreintes de Chondrites scoparius se retrouvent avec le même aspect sur une hauteur de 40 mètres. Ilne saurait donc y avoir de difficultés sérieuses au sujet de quelques-uns des caractères remarqués, et M. Dumorlier les à parfaitement fait ressortir dans sa note précitée. Les plantes étaient ordinairement fixées par le centre et plus ou moins étalées horizontalement ; les linéa- ments des frondes dessinaient en s'étendant des courbes (1) Bull. soc. géol., 2e série, t. XVIII, p. 586. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 129 flexueuses, mais toujours repliées sur elles-mêmes. Cette apparence est ce qui frappe le plus chez ces Algues ; les lits qu’elles ont marqués de leurs empreintes semblent cou- verts de coups de balai donnés sur une surface assez plas- tique pour en conserver la trace, et la courbure caracté- ristique est trop nette, trop régulière et trop répétée pour que l’on puisse Pattribuer uniquement à la flexibilité des lanières de l’ancienne fronde. Si ces frondes avaient été réellement composées de lanières ou segments ramifiés, il faudrait nécessairement supposer en eux une consistance qui leur eût permis de se replier toujours dans un sens dé- terminé et de garder invariablement entre eux la même direction relative. C’est ainsi que paraît l’avoir compris M. Dumortier, dont la note est accompagnée de figures très: exactes. 11 regarde le Chondrites scoparius (4) comme « formé de ramules contournés en touffes constituant des groupes arrondis, dont les brins se croisent quelquefois et paraissent alors superposés». Il remarque que cette Algue ne saurait être rangée parmi les Fucus proprement dits, mais que c’est plutôt une plante marine appartenant «aux Algues non articulées», et queles ramulesen «cordeleltes» de ses frondes devaient présenter une grande résistance à la compression et à la décomposition, Il ajoute un peu plus loin que « les empreintes sont souvent si abondantes que le calcaire en prend une apparence schisteuse », et qu’en fin «les surfaces chargées d'empreintes sont planes, légè- rement courbées ou encore faiblement inclinées sur la ligne de stratificalion générale ». Mais si les frondes de Chondrites scoparius avaient été réellement formées dé minces lanières, ramifiées et repliées sur elles-mêmes, ainsi (4) Bull, soc. géol., ? série, t, XVIIE, p. 581. VÉGÉTAUX, —- J, g 130 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que leur apparence portait M. Dumortier à lecroire, la régu- larité constante et l'ordre toujours uniforme des linéaments produits par ces organes auraient impliqué pour eux une fermeté de consistance et une contiguïlé de direction qui rendraient leur structure impossible à comprendre, à moins d’admeltre la soudure réciproque de toutes les lanières, el par conséquent l'existence d’une fronde simple par- courue par des nervures en saillie. Cette dernière opi- nion est celle qui a été adoptée par M. Fischer-Ooster dans la définilion de son genre Z'aonurus et plus lard par M. Heer dans son ouvrage sur la Suisse primitive (1); M. Schimper s’y est également rallié, d’après la diagnose qu'il donne du genre T'aonurus dans lequel il réunit les es- pèces jurassiques à celles du Flysch. Cette manière de voir est pourtant presque aussi difficile à justifier que la précé- dente, aucune des Algues actuelles ne présentant des ner- vures aussi prononcées, aussi nombreuses et aussi régu- lières disposées dans une fronde d’une dimension aussi étendue. Le principal obstacle s’opposant à ce que l’on püût saisir la vraie structure d’un type aussi singulier provenait de la grossièrelé des éléments de la roche, M. Dumortier a fait ressortir la rudesse du grain des calcaires à Chondrites sco- parius; mais l'inconvénient résultant de l’imperfeclion des détails devait s’atténuer beaucoup ou même disparaître par la découverte d’empreintes dues à des calcaires à pâte fine. L’élude attentive de plusieurs échantillons des environs d’Aix en Provence et du département de la Vienne nous a mis sur la voie d’une solulion qui nous paraît pleinement salisfaisante. Sur ces échantillons, le type du (1) Voy, Die Urw. der Schweiz, p. 140 ct (41. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 1a! Chondrites scoparius laisse voir une fronde en freillis (frons cancellata) percée d'ouvertures en forme de boutonnières étroites, plus ou moins allongées, elliptiques, linéaires ou rhomboïdales, séparées par des pleins qui correspondent aux nervures coslulées des empreintes fossiles, tandis que les mailles correspondent à des vides découpés dans la sub- stance de la fronde. Non-seulement, sur les empreintes, le contour des espaces vides n’est pas toujours visible, mais les iinéaments et les sillons, dont ces empreintes se composent, correspondent tantôt aux vides, tantôt aux pleins, et tan- tôt aux seuls contours des uns et des autres, et on le con- çoit aisément, puisque les parties saillantes de l'original ont donné lieu à de légers sillons en s’imprimant dans le sédi- ment, tandis que ce même sédiment pénétrait à travers les vides, el leur donnait l'aspect de véritables saillies. D’ail- leurs, chez cette Algue singulière, les ouvertures avaient à peu près la même dimension que les parties pleines, de sorte que, quels que soient les accidents de la fossilisation, l'empreinte rend toujours assez fidèlement, quoique d’une manière confuse, le facies des anciennes frondes. Cette structure d’une fronde percée de trous disposés en séries régulières est très-rare, mais non pas inconnue par- mi les Algues actuelles. L’Asperoccus cancellatus Endl. en offre un exemple, quoique la fronde constitue d’ailleurs une masse irrégulière et flottante qui ne rappeile qu'impar- faitement le type fossile. L’assimilation de celui-ei avec les Laminariées de la section des Agarées (in Külzing. sp. Algarum) est plus naturelle ; elle est même peut-être l’in- dice d'un degré quelconque d’affinité entre le groupe ac- tuel et le groupe ancien. Dans les Agarum, la fronde alta- chée à un support plus ou moins développé, comme chez la plupart des Laminaires, s’élend en une lame foliacée ou 132 PALÉONTOLOGIE FRANCGAISE. phyllome qui s'accroît par la périphérie et se (rouve criblé d'ouvertures dont le nombre et la dimension augmente à mesure que la fronde s'élargit. Le Z'halassophyllum clathrus Port. et Rup., qui ne diffère des Agarum que par son sup- port rameux, présente des frondes dont l’expansion, semée d'innombrables perforations, se déroule dans un ordre spi- ral en rapport avec la disposition des ouvertures, d’abord peliles et arrondies et successivement plus grandes, plus allongées et plus distantes, à mesure que l'organe se déve- loppe. Les frondes de celte espèce, qui habite les plages du Kamtchatka, atteignent jusqu’à six pieds de large sur un pied de long. Les Agarées sont exclusivement propres à la partie septentrionale de l'océan Pacifique; elles se lient aux Laminaires proprement dites par le genre Dictyo- neurum dont l’anique espèce, Diclyoneurum californicum Rup., a des frondes, ron plus percées d'ouvertures, mais couvertes de dépressions dont les contours sont tracés par des parties plus saillantes anastomosées en réseau ; quel- ques-unes de ces dépressions se trouvent accidentellement perforées, Il est évident que dans les espèces de ce groupe la conformation des frondes dépend essentiellement de l’ordre et de la nature des perforations. Que le nombre de leurs rangées s’accroisse ou qu’il diminue, que ces rangées s'étendent en se ramifiant ou se replient sur elles-mêmes, et l’on verra ces mouvements se traduire dans la fronde, soit par une extension du limbe, soit par un retrait, détermi- nant une courbure des bandes cartilagineuses qui en con- stituent la charpente. En définitive, le caractère distinctif de notre genre C'ancellophycus consiste dans la disposition des ouvertures ordonnées en rangées spirales, de manière à produire, à partir du stipe ou point d’altache, des cour- bes toujours ramifiées et repliées dans le même sens, Mal- TERRAIN JURASSIQUE, = VÉGÉTAUX, 133 gré l’affinité que nous avons signalée entre ce type et celui de certaines Laminariées de l’océan Pacifique, le premier doit avoir entièrement disparu, el l’on peut affirmer qu'il n’est directementreprésenté parriendanslesmersactuelles. Le groupe que nous venons de définir a été connu en France jusqu'à présent sous le nom de Chondrites, à cause de son espèce la plus saillante, le C4. scoparius de Thiollière ; mais ce terme générique ne pouvait être que provisoire ; il fut changé en celui de Taonurus par M. Fis- cher-Ooster qui avait surtout en vue le Fucoides Brianteus Villa et une autre forme du Flysch, à qui il joignit une seule espèce liasique (7°. liasinus F, O.). M. Massalongo, un peu auparavant, avait fondé le genre Zoophycos pour le même Chondrites Brianteus qu'il nomma Z. Villæ, et quel- ques années plus tard M. Heer appliquait la même déno- minalion au Ch. scoparius de Thiollière et à deux autres espèces jurassiques du même groupe. M. Schimper s’est servi au contraire du genre Zaonurus en y comprenant à la fois les formes tertiaires et celles du Jura ; nous avons développé plus haut les motifs qui nous ont fait préférer pour les dernières l’admission d’une coupe générique spé- ciale pour laquelle nous proposons le nom de C'ancellophy- cus ; il est inutile d’y insister davantage, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Cancellophycus se mon- trent, souvent avec une extrême abondance, à plusieurs niveaux successifs, dans le Toarcien, dans le Bajccien infé- rieur et dans le Bathonien (1) ; ils reparaissent encore plus haut dans le Néocomien, selon le témoignage de M. Hébert; à une époque de beaucoup postérieure, ils se continuent par les Taonurus du Flysch qui constituent un genre, peul- “ (1) Voy. une note de M. Dieulafait, Bull. soc. géol., ?e série, t, XXV, p. 403 et suiv. 13% PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. être identique avec le nôtre, mais certainement voisin de celui-ci. Gette affinité, dont il serait à désirer que l’on fixät le degré, est une preuve de plus de la liaison singu- lière que manifestent les Algues de la mer du Flvsch avec celles du Jura. Mais, si, au lieu de regarder en avant, on s'enfonce dans le passé le plus reculé, on observe dans le Silurien, le Dévonien et le Carbonifère une série de genres plus ou moins analogues aux Cancellophycus et qui se rat- tachent sans doute à la même famille. Les l/phantænia Vanux, et les Dictyophyton Hall., du groupe de Chemung ou Dévonien supérieur des États-Unis, onl des frondes cancellées, en forme de cloche évasée, dont les parois re- présentent un grillage de lanières circulaires entre-croisées. Gette structure offre un rapport évidentavec celle des Can- cellophycus jurassiques, telle que la montrent nos figures. Les Spirophyton, si répandus dans le Dévonien de l’A- mérique du Nord, se rapprochent tout à fait du type juras- sique par leur fronde membraneuse, circulaire, fixée au centre, marquée à la surface de nervares courbes ou de zones tordues en spirale et dont la ressemblance avec le Thalassophyllum clathrus n’a pas échappé à M. Schim- per. La même disposilion existe dans le genre Alectoturus, du Silurien de Suède et de Saalfeld, ainsi que dans le PAy- sophycus, genre créé par M. Schimper pour le Caulerpites . marginatus Lesq., Algue du Garbonifère de Pensylvanie (1), Ici, la fronde est plane, munie d’un stipe, en forme de harpe ou de raquelte et parcourue par des zones ou ner- vures recourbées el concentriques. Ces nervures sortent de l’un des bords et se replient en atteignant le bord opposé; mais la marge de ce bord est occupée par une bande carlti- (1) Voy. Fuc. in the coal, form., by the Leo Lesquerreux, phil. Soc. Philad., 1866, » TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 435 lagineuse continue qui cerne la fronde tout entière et va rejoindre le pied qui lui sert de support. Une étude plus altentive de ces types d’Algues, aussi curieux par leur structure que par leur grande ancienneté, permetirait sans doute de déterminer la nature de leurs relations avec les Cancellophycus secondaires et les Zaonurus lertiaires, et de tracer ainsi l’histoire d’une famille de plantes, aujourd’hui éteinte ou réprésentée seulement par le groupe lui-même, si anormal, des Agarées. N° 1. Cancellophyceus liasinus,. lis: DiaGNose. — €’, frondibus in laminam orbicularem, mar- gine sinuatam, centro affixam, diametro pedalem et ultra ex- pansis, lineis seu costulis multiplicibus spiraliter e centro ra- dantibus, in rete ramosum arcolis parvulis rhombeo-ellipticis abeuntibus, ramis ramulisque marginem versus late curvato reflexis. Taonurus liasinus, Fischer-Ooster, Foss. Fucoid, d. Schweiz, Alp., p-42, ab; °c. — — Schimper, Traité de paléont. vég., 1, p. 210, Nous avons reçu de beaux échantillons de cette espèce par l’entremise de M. Garnier, inspecteur des forêts à Digne (Basses- Alpes) ; ils proviennent des schistes calca- réo-gréseux du Lias supérieur et d’un niveau un peu plus élevé que la zone à Ammonites hfrons. C’est là le premier et le plus ancien des trois niveaux successifs où le type des Chondrites scoparius à été observé par M. Dieulafait. L’es- pèce qui caractérise l'horizon supra-liasique nous paraîl 136 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, identique avec celle que M. Fischer-Ooster a signalée dans les schistes du Lias de Blumenstein (canton de Berne), mais que ce savant à très-imparfaitement figurée. Les lignes paraboliques, circonscrivant des segments semi-lu- naires, que l’on remarque sur la figure de l’auteur suisse et qui lui donnent, d’après M. Schimper, l’apparence d’une vessie comprimée et fixée par la base tronquée, se retrouvent effectivement dans les empreintes de Digne, mais elles cor- respondent évidemment à une portion seulement de la fronde. Lorsque celle-ci se montre dans son ensemble, sa torme change et ses vrais contours se révèlent. On reconnait alors qu’elle était fixée par le centre où se trouvait le point d'attache de l'organe; ceiui-ei s’élendait Lout autour en une expansion plane et circulaire dont le diamètre mesure au moins 30 et même 40 centimètres d’un bord à l’autre. La marge cernée par une ligne très-nelte est sinuée de distance en distance, Du point d'attache central partent deslinéaments nerviformes, disposés dans un ordre spiral, ramifiés à me- sure qu’ils s'étendent sur le plan de la fronde et y décri- vant des courbes qui se recouvrent mutuellement et se re- plient le long äu bord, dans une direction toujours unila- térale. Le grain trop grossier de la roche empêche de saisir les détails du réseau auquel les linéaments donnent lieu en se ramifiant ; on aperçoit pourtant des traces d’a- réoles elliptico-rhomboïdales, visibles àla loupe seulement et qui mesurent environ # à à raillimètres de long sur 4 millimètre de large. Les ouvertures dont ces frondes de- vaient être criblées, comme celles des espèces suivantes, auraient donc été relativement fort petites. RapPponTs ET DiFFÉRENCES. — Le Cancellophycus liasinus se distingue du €’. scoparius par ses ramifications disposées en arceaux plus largement arrondis et plus régulièrement TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 197 recourbées, moins capricieusement ramifiées et repliées, offrant moins de saillie et donnant lieu à un réseau com- posé d’aréoles plus menues et moins allongées, Il diffère encore plus de l’espèce du troisième niveau et de celle des environs de Poitiers que nous allons décrire, LocaLirés.—Environs de Digne(Basses-Alpes), Entragues, Feston près des bains de Digne, Étage toarcien, zone à Ammonites bifrons. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl, 5, fronde de Cancello- phycus liusinus, presque entière, sauf la partie inférieure, 2/3 grandeur naturelle, N° 2. Cancellophycus scoparius, PI. 6 el 10, fig. 3. DrAGNOSE. — €, frondibus e stipite basali in laminam pa- tentim expansam,margine profunde sinuatam,abeuntibus,ramis seu costulis prominentibus mulhpliciter undique ramoso-laby - rintheis, ramuhs arcuatim curvato-reflexis, ramificationum cancellis ullimis areolas pertusas probabiliter rhombeo-elon- gatissimas efformantibus, foraminibus sæpius imperspicuis. Chondrites scoparius, Thiollière, Bull, soc. géol., 2° sé- rie, P-rAV/D: 718. — — — Dumortier, tbid,,t, XVIII, p.581, pl. x11, fig. 1-2. Zoophycos scoparius, Heer, Urw, d. Schweiz, p. 141, fig. 92 et 93. Tuonurus (Zoophycus) scoparius, Schimper, Traité de pal, végét., LP 21" M. Dumortier a donné dans le Bulletin de la Société géo- logique de bonnes figures de cette espèce, la plus répan- due et la plus anciennement connue du genre, mais aussi 138 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. la plus difficile à bien décrire à cause de ia grossièreté du grain de la roche qui ne laisse ordinairement entrevoir, dans les innombrables empreintes qui recouvrent certains lits, que des traces confuses, c’est-à-dire des linéaments recourbés et repliés les uns sur les autres. Celle disposi- tion a été justement comparée aux vestiges laissés par des coups de balai sur une surface assez molle pour en garder l'empreinte. Les frondes fossiles divergent généralement d’une base ou point d’attache et s'étendent sous la forme d’une expansion dont il est très-malaisé de reconnaitre les limiles, encore moins d'apprécier les contours. Chaque fronde, selon M. Damortier, couvriraitun espace qui dépasse- raitrarement12 centimètres en longueur; mais dans certains cas, comme dans l’exemplaire que nous figurons, cet es- pace doit être évalué à 20 centimètres au moins; d’ailleurs la fronde, en partant de l’axe ou point d’attache, se dévelop- pait probablement en une expansion plus ou moins cireu- laire, et le même organe était occupé par plusieurs groupes de ramification réunis à l’aide d'arceaux anastomosés, en sorte qu'il est impossible de fixer l’étendue de l’ensemble; et si les frondes de cette espèce ont été, comme celles de la précédente, fixées souventpar le centre, ce qui est fort pos- sible, leur diamètre total aurait égalé ou dépassé même 35 à 40 centimètres d’un bord à l’autre, En s'attachant à la dis- position des linéaments, on reconnail qu'ils paraissent or- dinairement former deux groupes opposés de ramifications qui seraient réunis ensemble par des arceaux. Mais, en réalité, celte prétendue ordonnance est une illusion prove- nant de la difficulté où l’on est de se procurer des em- preintes un peu entières. Le point d'attache ou stipe était certainement basilaire, si l’on s’en rapporte à une empreinte de celte partie, observée par nous aux environs d’Aix et que TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 139 nous reproduisons, pl. 10, fig. 3; mais ce même organe pouvait devenir central ou sub-central dans d’autres cas, ce qui semblerait résuller de la polymorphie de l'espèce que nous décrivons. Ce qui est certain, c’est que les replis el les courbures sinueuses que dessinent les ramifications vers la périphérie des frondes marquent l’existence d’échancrures plus ou moins prononcées le long de cette partie et que ces échancrures correspondent à autant de lobes, Ces replis dont il est presque toujours impossible de préciser le vrai contour expliquent l’apparence qui avait frappé M. Dumor- tier et bien d'autres géologues; l’origine de l’une des deux touffes prétendues correspond toujours au point d'attache, tandis que l’autre se rapporte à un point voisin de la marge à l'endroit où se repliantsur elle-même, elle entraîne dans son mouvement les ramifications qui viennent y aboutir, Du reste ces ramifications dessinent des linéaments d'autant plus arqués, d'autant pius réfléchis sur eux-mêmes qu’elles sont plus élevées et plus extérieures; elles se subdivisent de manière à circonscrireen dernière analyse desairesrhomboï- dales très-allongées, exactement contiguës, dont plusieurs sont visibles sur la figure 2 de M. Dumorlier. Ces espaces correspondent aux ouvertures dont la fronde devait être criblée, maisles perforations nese distinguent pas sur la plu- partdesempreintes. Cependant, sur quelques-uns des exem- plaires que M. A. Falsan nous a fait recueillir à la carrière de Courzon, au Mont-d'Or lyonnais, une coloralion rouge intense, due à l’oxyde de fer, permetaux lanières de se dé- lacher sur le fond ocreux plus clair de la roche; on dis- tingue alors d’étroites zones qui séparent l’un de l’autre les barreaux de la cloison. Ces barreaux, il est utile de l'observer, ne sont pas plats, mais plus ou moins épais, sub-cylindriques, et les intervalles vides qui les séparent 140 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. élaient fort étroits, ce qui explique comment ils ne sont pas perceplibles dans ia plupart des cas. On peut évaluer à 4 millimètre au moins, à 2 millimètres au plus la largeur des barreaux dont le {reillis de la fronde élait formé ; les vides existant entre ces barreaux avaient une longueur moyenne de 2 centimètres sur une largeur maximum de 4 1/2 ou 2 millimètres au plus. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Cancellophycus scoparius, dont nous avons üéfini plus haut les différences relative- ment au €. lasinus, se rapproche certainement beaucoup des espèces suivantes, puisque toules appartiennent à un groupe remarquable par l’uniformité de physionomie qu’il présente. En l'examinant avec soin, on reconnait qu’il est construit sur de plus grandes proportions que les €, reticu- laris el Marioni ; que ses frondes, plus robustes, sont com- posées de rameaux plus épais et surtoutcylindriques ou sub- comprimés, plutôt qu’aplatis. D'ailleurs le €. Marioni oc. cupe un horizon particulier qui fait partie de la grande Oolithe au lieu de lui être inférieur. M. Heer, en décrivant le €. scoparius sous le nom de Zoophycos, insiste sur sa res- semblance avec le Z, Brianteus Villa (Taonurus Fisch-Oost.) du Flysch; mais cette ressemblance est sañs doute plus ap- parente que réelle, à cause de l’immense distance qui sé- pare les deux époques; c’est-à-dire qu'il ne saurait êlre question d'identité spécifique, tout au plus d'identité gé- nérique, et peut-être est-ce là seulement un effet de ce fa- cies uniforme que nous venons de signaler comme s'éten- dant au genre tout entier, peul-être même à plusieurs des genres dont la famille dés Cancellophycées à ELé successive- ment composée, Le Zoophycos ferrum equinum du même auteur (1) pourrait bien n'être qu’une forme du €, scopa- (1) Urw, d, Schw., p. 141, fig. 93. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 141 rius ; peut-être aussi se rapporte-t-il au €. liasinus, dont les ramifications dessinent effectivement des courbes en ar- ceaux plus déprimés et presque semi-circulaires, Quant au Zoophycos procerus Heer, dont les frondes mesurent plus d’un pied de diamètre, il n’a pas été figuré. LocaziTÉs, — Le €, scoparius occupe à la base de l’Oo- lithe une région très-étendue où il sert à déterminer un ho. rizon des plus fixes, correspondant au Bajocien inférieur ettoujours situé sous le calcaire à Æntroques, Cependant, d’après les observations de M. Dumortier confirmées par celles de M. A, Falsan, leslits à C’. scoparius alterneraient souvent dans le haut avec le calcaire à Ænéroques, ce qui signifie seulement que les fonäs de mer de la période ba- jocienne, après avoir été longtemps peuplés d’Algues sco- pariennes, seraient devenus défavorables à ces plantes et favorables àla multiplication des Encrines, ensuite de nou- veau favorables au développement des Aigues. Ces circon- stances ont pu, suivant les lieux, se représenter à plusieurs reprises; mais en considérant les choses à un point de vue général, les lits caractérisés par l'abondance des (, scopa- rtus sont superposés au Zoarcien, dont ils se distinguent neltement et subordonnés au calcaire à Zntroques qui les recouvre, D’après l'opinion judicieuse de M, A, Falsan (1), il y aurait eu près de Lyon, à l’âge du plus grand dévelop- pement des €, scoparius, une mer peu profonde, une sorte de plage couverte de plantes marines où venaient échouer des bois flottants et que fréquentaient de nombreux crus- tacés de l’ordre des Macroures, associés à des possidonies, à des limes, à des ammonites (4. Murchisonæ) ; enfin on y observe aussi des débris de poissons et des vertèbres d’i- chthyosaures, (1) Monog. du Mont-d'Or lyonnais, p. 261. 142 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Le C, scoparius a élé observé, non-seulement aux envi- rons de Lyon, à Poleymieux, Saint-Romain, Courzon, elc., mais aussi dans tout le Mâconnais, dans l'Ain (Ambérieux), dans l'Ardèche (montagne de Crussol), dans la Lozère (près de Mende), dans l'Aveyron, le Gard, etc., et sur plu- sieurs points des Bouches-du-Rhône, du Var et des Basses-Alpes. On pourrait multiplier ces citations emprun- tées à la notice de M. Dumortier (1). Ce savant géologue fait observer que du nord au midi l'étendue de la formation à C. scoparius se prolonge sur 450 kilomètres d’Auriol à Mâcon ; mais on doit la prolonger encore, puisque M. Ter- quem nous signale sa présence dans la Moselle, qu’elle existe en Suisse et se retrouve probablement encore ail- leurs. EXPLICATION DES FIGURES, — P], 5, fronde de Cancellophy- cus scoparius, portion considérable avec le bord extérieur de l’un des côtés, grandeur naturelle, d’après un exem- plaire apparlenant à M. A. Falsan et provenant du Mont- d'Or Jyonnais. PI. 10, fig. 3. Stipe ou terminaison infé- rieure d’une fronde, grandeur naturelle, N 3. Cancellophycus reticularis. Plate, ne. 1, DrAGNOSE, — €’, frondibus seu phyllomis in laminam com- planatam, cancellatam, basi stipitatam (?) expansis, cancellis e ramo principali ortis tæniato-compressis utrinque, rumosis, ramuls secundis late curvato-reflexis, ramusculis seu cancellu- lis transversim oblique prodeuntibus foramina, lineari-ellip- soiden cingentibus, inter se religatis. (1) Bull, Soc, géol,, 2e série, t, XVII, p. 585 et suiv. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 143 Nous devons à M. de Longuemar, auteur d’une carte géo- logique et agronomique du département de la Vienne, la découverte du genre Cancellophycus dans la région de l'Ouest, où il n’avail pas été encore signalé. Il y occupe le même horizon que le €. scoparius dans le Sud-Est, mais il y est représenté par une autre espèce qui se montre dans des lits calcaréo-marneux dont la pâte fine a produit des empreintes de la plus grande beauté. La communication de plusieurs de ces spécimens nous a permis, non-seule- ment de saisir les caractères différentiels de la nouvelle es- pèce, mais d'établir ceux du genre, inconnus ou mal dé- finis jusqu'à présent. Les frondes dont nous figurons deux exemplaires desti- nés à se compléter l’un par l’autre sont plus pelites et au- trement configurées que celles du C. scoparius ; elles me- surent environ 15 centimèlres de longueur sur une largeur extrême de 10 centimètres. La figure 1, pl. 8, montre en a ce qui pourrait bien être la partie basilaire ou stipale vers le point où commencerail la partie laminaire qui aurait affecté la forme d’une raquette irrégulière, arrondie-au sommet par suite de la courbure caractéristique des ra- mules réfléchis toujours dans la même direction. Il se pourrait pourtant que nous n’eussions sous les yeux qu’une portion de l’ancienne fronde fixée par le centre comme les précédentes ou formée de plusieurs phyllomes réunis et disposés circulairement autour de ce point central. Dans le doute il faut mieux s'abstenir de rien affirmer. Sur les empreintes que nous avons consultées, au lieu de deux groupes ou faisceaux de ramificalions reliés par des arcs recourbés allant de l’un à l’autre, les frondes du €, rehicu- laris n’en offrent qu’un seul, latéral, donnant lieu à des ramules plus rombreux et plus développés sur un côté 14% PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que sur l’autre; ces ramules, d’abord ascendants, puis moins obliques et enfin étalés et recourbés-réfléchis vers le haut, comme les plumes d’une queue de coq, sont dis- posés dans un même plan et suivent une même direction. Aplatis en lanières, ils forment en se subdivisant un réseau complexe dont la figure 1, planche 8, donne l’ensemble, et dont la planche VII, grâce à son merveilleux état de con- servalion, permet de saisir tous les détails. Ce réseau ré- sulte d’un plexus de lanières cartilagineuses, anastomosées et circonscrivant des perforations ou espaces vides, plus ou moins élroits, linéaires ou ellipsoïdes, mais toujours allongés et le plus souvent en forme de boutonnière ré- trécie aux deux extrémités. Les lanières principales suivent dans le bas une direction très-oblique et se recourbent faiblement à leur extrémité, tandis que les lanières supé- rieures, que représente principalement la planche 7, des- sinent de larges courbes réfléchies et repliées les unes sur les autres. Ces lanières, en se ramifiant, donnent lieu à des lanières secondaires, de plus en plus étroites, tou- Jours émises dans un sens très-oblique, qui les relient les unes aux autres et que séparent enfin les perforations qui servent de limite à leur contour. La largeur des lanières principales est de 2 à 3 millimètres, elle se réduit à 4 mil- limètre pour les secondaires, et la branche mère paraît mesuter Jusqu'à un centimètre de largeur, sans perfora- tions. Les perforations elles-mêmes mesurent une lar- geutr qui varie de À centimètre et demi pour les plus allongées, jusqu’à 4 centimètre pour les plus courtes ; leur largeur est aussi très-variable, elle est de 4 millimètre ou même 1 demi-millimètre pour les plus étroites et de 3 millimètres pour les plus larges, Rapports £T DIFFÉRENCES. — Le Cancellophycus reticularts nes TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 145 se rapproche un peu du Zoophycos ferrum equinum, Heer (1), par les ramifications, disposées en are surbaissé, de ses frondes ; mais il en diffère, ainsi que du C’. scoparius, par la direction oblique et ascendante des ramificalions infé- rieures. Il s’éloigne particulièrement de la dernière des deux espèces par la disposition en lanières aplaties des barreaux de la charpente du phyllome, ainsi que par la dimension plus petite des frondes. LOGALITÉS. — Oolithe inférieure du département de la Vienne, Bajocien. D’après M. de Longuemar, le C’. reticu- laris se rencontre dans l’ouest de la France exactement sur le même horizon que le C’. scoparius dans le sud-est de Ja même région; il a été recueilli notamment à Lisant et à Saint-Benoît, près de Poitiers, dans des lits qui compren- nent, en fait de fossiles : Ammonites interruptus, Murchi- son, Humphresianus, primigenia : Terebratula perovalis, sphæroidalis et maxillata; Ostræa Marshii; Pecten articula- tus, ete. — Coll. de M. de Longuemar et de la ville de Poi- tiers, EXPLICATION DES FIGURES. — P]., 7, exemplaire recueilli à Lisant (Vienne), grandeur naturelle: une différence de co- loration un peu plus prononcée que sur l'original, où elle est visible pourtant, indique la disposition des lacunes ou perforations à jour qui découpent la fronde. — PI.8, fig. 1, exemplaire recucilli à Saint-Benoît, près Poiliers, au sud de la Vienne, d’après un moule en argile qui ne laisse voir qu’imparfaitement le contour des perforalions. (1) Urw. d, Schweiz, fig. 93. VécérTAux, — 1. io 116 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 4. — Cancellophycus Marioni. PI, 9, fe. 1, el 10, fig. 1-2: DiaG\osE, — €, frondibus junioribus basi affiris circna- ton explanatis, adultis e stipite demum centrali vel sub-cen- alt in laminam cancellutam margine profunde sinuato- lobatam circumcirca expansis, ramis seu cancellis e sthipite radiantibus, gracilibus flexuosis ad peripheriam recurvis can- cellulis obliquis inter se religalis, foraminibus in areolas linea- res elongaloque trapeziformes dispositis. Cette espèce nous à été signalée par M. Marion, notre ami et collaborateur, à qui nous la dédions. L'échantillon reproduit par la planche 9, fig. 1, bien que mulilé vers les bords, donne une idée assez juste de son aspect el de ses principaux Caractères. D’un point d'attache central ou subcenlral partent, en divergeant et dans une direction flexueuse, de fiüs linéaments, sortes de rubans déliés, tan- tôt menus comme des fils, tantôt dilatés en bandelettes étroites et formant par leur réunion, à l’aide de ramules obliques,un réseau anastomosé dont les branches se re- courbent en se repliant vers les bords extrèmes de la fronde. Une teinte grisâtre plus claire permet aux bande- lelles de se détacher sur le fond brun-jaunâtre de la roche et de laisser ainsi entrevoir des espaces vides de forme al- longée et de grandeur inégale ; le dessin grossi, fig. 4 B, pl.9, rend assez bien la disposition de ces espaces qui corres- pondent aux perforations dont la fronde était couverte. La dimension des es paces vides varie depuis 4/2 jusqu’à 1 cen- mètre de longueur pour les plus grands; leur largeur alleint quelquefois, mais excède très-rarement, À milli- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 147 mètre, Ges dimensions sont inférieures à celles de l’espèce précédente, et surtout à celles du €. scoparius, dont les aréoles perforées avaient en moyenne 2 centimèlres de long sur 4 1/2 à 2 millimètres de large vers le milieu. L'échantillon que nous venons de décrire, malgré la préci- sion de certains détails, ne suffirait pas pour donner une connaissance exacte de l’espèce. Si des perforations plus petites et plus étroites et la finesse relative des bandelettes ramifiées la séparent des espèces précédentes, particuliè- rement du €’. scoporius, elle s’en éloigne encore plus par la configuration de ses frondes que nous avons pu observer en grand nombre dans la vallée de Saint-Mare, près d'Aix, au pied du rocher de Sainte-Victoire. Sur ce point, une coupe intéressante montre, au-dessus du Lias, le C’, scopa- rius occupant sa place ordinaire à l’extrême base de l’0o- lithe, dans le Bajocien ; au-dessus s’étend une zone stra- ügraphiquement peu distincte de la première, mais caractérisée par l’Armunonites tripartitus et faisant certaine- ment partie du Bathonien. Le C. scoparius, très-abondant à la partie inférieure, disparait peu à peu vers les confins de cette zone supérieure pour faire place au €’, Marioni. La roche, formée d’un calcaire dur et compacte, est entière- ment remplie sur bien des points des traces de cette espèce; elles plans de cassure fort nels qui se croisent sous divers angles d’inclinaison présentent toujours à leur surface les frondes de la même Algue, dont il est facile de recomposer les contours, On reconnait ainsi que les plus grandes me- suraient un diamètre maximum de 25 à 30 centimètres; disposés en lames largement élalées, ces organes étaient fixés par un point d’atlache d’où parlaient des linéaments rayonnant de toutes paris vers la périphérie. Les bords de la fronde n'étaient pas unis et circulaires, mais sinués 148 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. d’une façon irrégulière, de manière à produire des lo- bes toujours arrondis. Il semble aussi que dans la plu- part des cas une échancrure profondément découpée se soit étendue jusque vers le point d'attache, de façon à donner à l’ensemble une apparence réniforme, La fi- gure 1, pl. 40, réduite des deux tiers, mais dont l’exac- titude est parfaile, laisse juger de ces derniers caractères en reproduisant une fronde tout à fait intacte. Les diffé- rences qui la distinguent et du €. liasinus et de la figure 3 de la planche 10, qui représente la base d’une fronde de ; C, scoparius, sont parfaitement visibles. Les linéaments ra- mifiés qui rayonnent du point d’altache et dessinent des courbes flexueuses dans le sens de la convexité des lobes, se replient le long des bords cernés par une limite fort nette. Les perforations, réduites à des fentes étroites et disposées très-obliquement par rapport aux branches principales, deviennent surtout perceptibles lorsque l’on moule les portions d'empreintes les mieux conservées. Le treillis ou ensemble de ramifications anastomosées qui formait ces frondes était sans doute d’une grande délica- tesse ; il faut le secours de la loupe pour bien en saisir les détails; à l’état vivant, les anciennes frondes offraient l’aspect d’un réseau de dentelles à jour des plus élé- gants. Au milieu d’une profusion incroyable d'empreintes de toutes grandeurs, nous en avons recueilli une, remarquable par sa petite taille, que nous reproduisons pl. 40, fig. 2. Ici le point d'attache ne se trouve pas reporté vers le centre de l'organe; il se montre à sa base, et la fronde consisle en une expansion plane, arrondie largement au sommet et repliée sur un des côtés, dé manière à ce que son extrémité ne soit séparée du point d'attache isa TERRAIN JURASSIQUE, == VÉGÉTAUX, 149 que par une faible et étroite échancrure. Les linéaments se recourbent et se replient-en suivant le même mouve- ment. Nous voyons dans cet échantillon l'empreinte d’une fronde jeune de C. Marioni. Le point d’attache restant le même, on conçoit très-bien que l’accroissement constant de la fronde vers la périphérie, par l’adjonction successive de nouvelles zones perforées, ait dû amener en dernier résultat le développement de l'expansion dans tous les sens, et finalement produire des lobes sur les points où cette extension était la plus marquée. C’est ainsi que le point d'attache, primitivement latéral et basilaire dans la jeunesse de la plante, a pu sans déplacement paraître central chez les frondes devenues adultes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le C'ancellophycus Marioni se distingue du €”, scoparius par la dimension plus petite de ses perforalions, par son point d'attache ou stipe situé vers le centre plutôt qu’à la base des frondes, et enfin par le mode de ramifications des bandelettes anastomo- sées, Il diffère du C’. lasinus par sa forme générale et sur- tout par les lobes et les sinuosités qui découpent le bord de ses frondes, On ne saurait confondre non plus le C, Marioni avec le C. reticularis, dont les aréoles perforées sont plus grandes et autrement disposées. Du reste, les figures que nous donnons aideront, mieux encore que les descriptions, à saisir ces différences. LocariTÉs, — Claps, près de Vauvenargues, à l’est de la ville d’Aix, étage bathonien, zone à Ammonites tripartitus ; vallée de Saint-Marc, entre la ville d’Aix et le rocher de Sainte-Vicloire. Il est probable que l’on doit rapporter à cette espèce les empreintes formant le 3° niveau à Chondrites scoparius, signalé en Provence par M, Dieula- 150 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. fait (1), ainsi que dans le Gard et la Lozère, Ce niveau est placé par l’auteur au-dessus du calcaire à Entroques et cor- respond à la zone à Ammonites Humphresianus, espèce qui est également associée à l’Armm. tripartitus dans la vallée de Saint-Marc. Notre collection. EXPLICATION DES FIGURES.— P]. 9, fig. 1 A, fronde de C'an- cellophycus Marioni, grandeur naturelle; B, détails grossis de la même fronde pour montrer la disposition en réseau des bandelettes anastomosées et séparées par les perforations, — PI, 10, fig. 1, fronde complète et adulte de (€. Marion réduite à 1/3 de grandeur naturelle; fig. 2, fronde jeune de la même espèce, grandeur naturelle, HUITIÈME GENRE. — CONCHYOPHYCUS. DIAGNOSE, — frons? (viva) cartilaginea in laminam cyathi vel conchæformem disposita, hine concava, inde converiuscula. costulata dorsoque probabiliter affira, costis ad marginem inciso-sinuatum inæqualiter radiatin patentibus. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ce genre est basé sur l’obser- vation d'empreintes très-singulières dont la découverte est due à M. Terquem. Ces empreintes varient de forme et de grandeur ; elles sont parfois repliées ou lacérées et ont dû se rapporter à des expansions carlilagineuses en forme de godet ou de cupule, rappelant par leurs faciès les valves de certaines coquilles. Cependant la teinte brune qui colore l’intérieur des empreintes et surtout la polymorphie des échantillons, réunis en assez grand nombre sur le même (1) Voyez la note de M. Dieulafait, sur les calcaires à empreintes vé- gétales. Bull. Soc, géol., ? série, t. XXV, p. 403. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 45! fragment de roche, nous ont porté à reconnaître en eux une Algue dont la fronde aurait consisté en une expansion co- riace ou cartilagineuse, irrégulièrement dilatée, creusée er coupe sur l’une des faces, convexe sur l’autre, qui corres- poudrait sans doute au point d’attache. De ce point d’atta- che, non pas central par rapport à l’ensemble de l'organe, mais plus ou moins excentrique, seraient parties des côtes, tantôt simples, tantôt ramifiées-dichotomes, s'étendant jusqu'aux bords festonnés de la fronde, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre que nous définis- sons, s’il a réellement appartenu au règne végétal, s'éloi- gnait sensiblement de la plupart des Algues actuelles, On pourrait cependant le comparer à certains Æ/alymenia et Peyssonetia charnus ou cartilagineux, aux frondes dévelop- pées en coupe ou cornet irrégulier. Le rapprochement le plus naturel serait avec quelques formes de Cutleriées et surtout avec le Zonaria collaris, de l’ordre des Dictyotées. Aucune Algue fossile ne présente, à notre connaissance, des formes qui puissent être comparées à celle-ci, Elle constitue done un type spécial jusqu'ici particulier au Rhétien. N°1, — Conchyophycus Marcignyanus, PL, 44, DIAGNOSE.— €. frondibus cartilagineis irrequlariter cupule- formibus oblique repando cucullatis, costulis e basi convexa ad marginem dentalo sinualum radiatin pergentibus, latrre uno simplicibus, latere alio longius porrectis dichotome furcatis, in marginem inciso-sinualum desinentibus. 152 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, Les corps singuliers que nous allons décrire ressemblent au premier abord à des valves d'Ostréacées ou de Trigo- nies; cependant, en les examinant avec attention, on ne découvre en eux rien de ce qui dénote une coquille, ni le test, ni les zones d’accroissement, ni la régularité et la fermeté des contours. Le vide de l'empreinte n’est occupé que par une teinte brune qui en colore les paroïs, comme l’aurait fait une substance végétale réduite peu à peu à l’état de résidu charbonneux. La forme de ces organes, vus de face dans la figure 14, et de profil dans la figure 2a, cor- respond à une sorte de cupule allongée et subconique, comparable à un cornet cartilagineux ou plutôt à un dra- geoër comprimé sur les côtés, évasé sur les bords et allongé en avant. On voit la partie saillante et extérieure de l’or- gane ; mais comme il s’agit ici d’une empreinte et quil faut renverser l’objet pour lui rendre son apparence origi- naire, C’est en réalité la partie concave et intérieure du cornet que l’on a sous les yeux. La figure 1a, pl. 11, permet de juger de l’ensemble. Le fond de l’entonnoir ne correspond pas au milieu de l’or- gane; il est excentrique et reculé vers la base, et de ce point partent en rayonnant des côtes ou cannelures qui plissent les parois de la fronde et s'étendent jusque vers ses bords. Ces cannelures sont inégales ; les plus courtes sont situées en arrière tout aulour de ce qui constitue le talon de l'organe; elles sont droites et invisibles sur la figure 1 ; les latérales s’inclinent en avant et sont simples comme les premières, mais plus allongées, parce qu’elles ont plus d'espace à parcourir; enfin, les antérieures se pro- longent et se divisent par trois bifurcalions successives, en émettant des rameaux, l’une à droite, l’autre à gau- che; chacun de ces rameaux, toujours simples, correspond nues te 0 nn hs | TERRAIN JURASSIQUE. = VÉGÉTAUX, 153 à l’un des festons du bord qui se trouve découpé par des sinuosités séparant autant de saillies anzuleuses, Les côtes de l'empreinte correspondent à de larges sillons sur l'original, et les parties qui étaient saillantes chez celui-ci sont naturellement concaves dans l’empreinte et aboutis- sent généralement à l’angle des sinuosités. La figure 2, pl. 11, montre en a une autre fronde de la même espèce vue de profil; elle apparaît sous une forme triangulaire ; la partie dorsale est moins saillante ; le bord antérieur se trouve déchiqueté ; le postérieur est peut-être lacéré et incomplet; mais les plis ou cannelures sont très- nets et disposés comme dans l’empreinte précédente, A côlé, on remarque en b une petite empreinte en forme de triangle émoussé latéralement, et arrondie sur le côté large, qui pourrait représenter une fronde jeune de con- chyophycus. Sur les parois de la même pierre, on observe, en €, un creux sinueux qui semble se rapporter à une fronde repliée sur elle-même et irrégulière dans son con- tour. La roche est une arkose à grain jaunâtre piqueté de noir, qui à dû être originairement un sable siliceux très- fin. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES.— Le Conchyophycus marcignya - nus, S'il a réellement fait partie des Algues, ce qui est fort douteux, ne correspond à aucune des formes fossiles dé- crites jusqu’à présent. Parmi les espèces vivantes, nous lui trouvons de l’analogie avec le Zonaria collaris J. Ag., espèce méditerranéenne dont les frondes, en coupe évasée, et souventfestonnées sur les bords, sontfixées au centre et pré- sentent des stries quirayonnent de ce point vers la circonfé- rence. Le Peyssonetia umbilicata Kg., de la mer Adriatique, est dans le même cas, ainsi que plusieurs autres Peyssonetia ; mais les stries de ces espèces sont plus fines et bien moins 154 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. prononcées que les côtes de l’espèce fossile; celle-ci est sans doute le représentant d'un groupe sans liaison di- recte avec ceux de la nature actuelle. Locaziré. — Arkoses de Marcigny-sous-Thil (Côte-d'Or), étage rhétien (zone à Avicula contorta). Coll. du musée de la ville de Metz (M. Terquem). EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 11, fig. a, empreinte d’une fronde de Conchyophycus Marcignyanus marquée en relief et correspondant à la partie antérieure, creusée en godet dans l'original; on observe en 4 un lambeau de la même espèce. — Fig. 2a, autre empreinte d’une fronde de la même espèce vue par côté; on distingue en b une fronde jeune, très-pelite, et en c une autre empreinte repliée sur elle-même. Ces divers exemplaires proviennent du même fragment d’arkose et sont figurés de grandeur naturelle. NEUVIÈME GENRE. — CHONDRITES. Chondriles, Sternb. (emend.), Verst., I, p. 25. -- Unger, Gen. et sp., p. 15. — Brongn., Tabl. des genres de véy. foss., p. 9. — Fisch. Oost., Foss. Fucoid., p. 44. = Schenk, Foss, F!. V. Grenzsch., p. 4. — Zigno, FI, foss. form. ool., |, p. 24. DiAGNOSE.— Frons (viva) cartilaginea dichotome partita, ra- mis plerumque subpinnatim divisis, sæpius alternis distichisque cylindricis vel compressiculis fossilisatione haud raro com- pressis, ullimis fusiformibus vel clavato-incrassatis : sporothecia sive concéptacula, ut adsunt, globosa aut moniliformia lateralia plus minusve breviter stipitata ad ramulos apicalia. Fucoides, S 5, Gigartinites, Brongn., Prodr.,p. 20; Hist. vég. 08:11, De 985 s TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 4155 Chondrites, Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 168. Nulliporites, Heer, Urw. d. Schwiz. — Nullipora, Schimper, /. c.,p. 180. Buthotrephis (ex parte), J. Hall, Paléont. of New-York, I. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les Chondrites forment le genre d’Algues jurassiques le plus répandu et le plus nom- breux; probablement aussi c'était un des plus élevés, et l'on ne peut guère douter qu’il n’ait appartenu à l’ordre des Floridées. Les Chondrites ont frappé les premiers ob- servateurs ; ils se rencontrent souvent en exemplaires in- nombrables, parsemant de leurs débris la surface entière de certains lits et gärnissant même l’intérieur des roches; c’est ce qui existe en Wurtemberg pour le C’hondrites bol- lensis, Kurr et le Fucoides (C'hondrites) hechingensis, Quenst. Le Grès à fucoides où Flysch, qui couvre une partie notable de la région des Alpes, est aussi caractérisé par une mul- titude d'empreintes de Chondrites, congénères, à ce qu'il paraît, de ceux du terrain jurassique, en sorte que ce genre se serait perpélué sans changement sensible jusque dans les temps tertiaires moyens. Sternberg, à qui est due la fondation du genre, et d’autres auteurs après lui, y ont englobé beaucoup de formes douteuses ou hétérogènes, Le terme de (C’hondrites, dans la pensée de plusieurs sa- vants, s'applique à toutes les Algues coriaces et découpées en rameaux ; c’est à ce titre seulement que Thiollière l’a- vait appliqué à son Chondrites scoparius. Tes Chondrites turbinatus, Sternb. et discophorus, Sternb., n'appartiennent pas davantage aux vrais Chondrites et ne sont peut-être pas même des Algues. On doit en dire autant du Ch. lumbrica- rius, Münst, (1),et encore plus des C'hondrites antiquus et circinnatus, Sternb. Si l'on opère ces retranchements et (1) Beitr., p. 79, tab. 11, fig. 1. 156 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. quelques autres que nous-n’indiquons pas, faute de docu- ments, le genre Chondrites demeure composé d'espèces liées par une physionomie et des caractères communs, et dénote l'existence ancienne d’un groupe des plus naturels, que l’on a comparé tantôt aux Chondrus, tanlôt aux CAon- dria, mais qui en définitive se rapproche surtout des Gigartina, tout en admettant que cette relation tient à l’analogie de l'aspect extérieur et n’entraîne nullement une véritable identité générique entre l’ancien groupe, vrai- semblablement éteint, et aucun de ceux d’aujourd’hui. Les Chondrites présentent des frondes plus ou moins étalées en rameaux, en touffes, en arbustes gazonnants, divisées à l’aide de ramifications successives, dichotomes dans le bas, plus ordinairement subpinnées et alternes, tantôt simples, tantôt bifurquées vers le haut. Les der- niers ramules sont tantôt menus, tantôt plus ou moins épais, atténués en fuseau ou épaissis en massue au som- met ; les frondes ont dû être de consistance cartilagineuse, fermes, résistantes ou même plus ou moins solides, et de forme constamment cylindrique. La compression que l’on observe quelquefois sur les empreintes de Chondrites est plutôt due à la fossilisation, et le creux fort net, tantôt vide, tantôt rempli d’un sédiment ocreux ou calcaréo-marneux qu'on enlève facilement, démontre que la structure cylin- drique était celle de la plupart des frondes du genre. Les frondes de Chondrites élaient à la fois résistantes et fra- giles : ces deux qualités n'ont rien d’inconciliable, et d’ailleurs le degré pouvait en varier selon les espèces. Quelques-unestraversent de part en part les sédiments : en effet, on conçoit très-bien que les marnes et même les cal- caires aient pu se déposer sur des Algues de consistance rigide, croissant sur place, et les ait recouvertes d’une sr TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 157 couche bientôt consolidée, tandis que les vides laissés plus tard par la destruction des frondes.étaient remplis soil par la même nature de sédiment que le reste de la roche, soit par des substances hétérogènes introduites par infiltration. Ordinairement le remplissage, moins consis- tant que la roche encaissante, tombe en poussière ; dans d'autres cas il adhère fortement aux parois de l’empreinte ou les enduit d’une coloration particulière ; plus rarement, le moulage est assez exact pour que les ramifications se détachent à l’état cylindrique et conservent leur apparence solide ; à leur place restent alors des tubulures qui traver- sent la roche dans toutes les directions. C’est principale- ment sur celte dernière circonstance que notre ami M. Heer ainsisté, lorsqu'il a séparé des Chondrites les espèces à frondes supposées solides et incrustées de cal- caire, el qu'il en a formé, sous le nom de Vulliporites, un genre qui aurait élé voisin des Nullipora actuels. « On ne peut douter, nous écrit le savant professeur de Zurich, dont les opinions doivent être d’un grand poids à ce point de vue, que ces Algues ne fussent incrustées, comme les Nullipora vivants, et qu’elles ne se séparent à cet égard des C'hondrites. J'ai fait exécuter dernièrement beau- coup de dessins qui viendront à l’appui des descriptions destinées à paraître plus tard dans ma #lora fossilis Hel- vetiæ. » Les échantillons de Mulliporites hechingensis que M. Heer a bien voulu nous communiquer et qui provien- nent du Jura blanc d’Argowie n’entraînent pas nécessaire- ment ces conclusions, selon nous ; les rameaux cylindri- ques qui correspondent aux ancieunes frondes se détachent, il est vrai, en laissant dans la roche des creux tubulés ; mais cette roche est une marne grisätre, ct les petits cylindres n’offrent pas une autre composition marneuse 158 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. que la masse sédimentaire qu’ils traversent. Leur origine paraît devoir être ainsi rapportée à un effet de remplis-. sage, puisqu'ils ne sont ni plus solides, ni plus calcaires que la matière enveloppante, et l’on ne saurait tirer de la circonstance qu’ils se délachent du moule qui les ren- ferme des conséquences hors de proportion avec la nature même du phénomène sur lequel on se base. Les Mullipo- rites de M. Heer ne diffèrent d’ailleurs extérieurement des Chondrites proprement dits par aucun caractère de forme, et si l'espèce de Poitiers que nous décrivons plus loin est identique, comme nous le croyons, avec le Æucoides he- chingensis, Quenst. (Nulhiporites hechingensis, Heer), la pré- sence de conceptacles globuleux pareils à ceux de plusieurs autres Chondrites dans celle espèce, serait un motif de plus pour ne pas la séparer de ceux-ci. La question sou- levée par M. Heer demeure ainsi subordonnée, quant à sa solution définitive, à de nouvelles observations sur l’en- semble du groupe dont les C’Aondrites et les Nulliporites semblent, jusqu’à présent au moins, faire partie égale- ment. Quoi qu’il en soit de cette difficulté, les Chondrites ont laissé de nombreux débris dans les couches en voie de formation, principalement dans les grès, dans les schistes calcaréo-marneux et dans les calcaires eux-mêmes, Souvent les fragments témoignent, par leur siluation diversement inclinée par rapport au plan de stratification et les vides auxquels ils ont donné lieu, de la consistance ferme des anciens organes; souvent aussi les espèces à ramifications grèles et souples ont subi l’effet de la fossilisation, qui leur communique une apparence comprimée. Gette compression à pu être naturelle dans certains cas, et particulièrement vers l'extrémité des ramules qui semblent avoir élé parfois TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 159 dilatés et aplatis à cette partie. Les lobes visibles de ces extrémités correspondent évidemment à l’origine des jeunes ramules sur le point de se produire. Le mode de ramificalion varie selon les espèces et contribue à là physionomie de chacune d’elles; tantôt les ramules se bifurquent indéfiniment ; d’autres fois les dernières ramifi- cations sont pinnées et allternes, ou bien encore une des deux branches de la dichotomie se bifurque seule de nouveau, tandis que l’autre reste simple. Ce dernier mouvement, s’il se continue plusieurs fois sur le même côlé, donne lieu à une fronde à rameaux scorpioïdes, c’est-à-dire plus ou moins repliée sur elle-même. Dans des cas plus rares, les rameaux se diiatent et produisent des expansion spinna- üfides, dont les segments rappellent trop par leur forme les ramules des autres Chondrites pour autoriser l’emploi d’une dénominalion générique distincte, Il suffit de songer aux variélés mulliformes auxquelles le Chondrus crispus donne lieu, pour ne pas repousser la possibilité d’une polymorphie analogue dans les limites d’un seul et même genre, à l’époque jurassique. L’abondance des Chondrites, leur aflinilé présumée avec cerlains types de Floridées, pouvaient inspirer lespoir fondé d'observer chez eux des traces d'organes reproduc- teurs. Les {hèques où sporanges qui renferment les spores sont en effet souvent visibles à l’extérieur et revêlus d’une forme caractéristique. Nos recherches dans ce but ont été couronnées de succès, puisque nous Croyons avoir reconnu chez plusieurs espèces de C'hondrites la présence de ces sortes d'organes. Si l’on songe que les Fioridées se multi- plient à la fois par agamie, au moyen des télraspores, et par reproduclion sexuelle, au moyen de spores et d’anthé- rozoïdes immobiles; que ce dernier mode, par conséquent, 160 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ne leur est pas absolument nécessaire et ne se montre même qu’assez rarement chez beaucoup d’entre ces plan- tes, on ne saurait s'étonner de l’absence de ces mêmes or- ganes chez la plupart des C'hondrites. C’est en examinant et dessinant très-attentivement les moins apparentes de ces Algues, surlout celles dont les débris parsèment en grand nombre cerlains lits schisieux que nous avons aperçu des organes globuleux ou en massue fortement renflée-obconi- que, pédicellés ou plutôt situés au sommet d’un court ra- mule latéral, qui représentent sans doute les sporothèques. D'autres fois, ces mêmes organes globuleux, au lieu d’être disposés solitairement, paraissent agrégés en file ou cha- pelet, de manière à constituer un ramule loruleux dont les articles se détachaient facilement, el se montrent souvent isolés, à côté des fragments de fronde. Plusieurs des espè- ces que nous allons décrire présentent celte structure, et parfois d’une façon si évidente, qu'il est difficile de s’y mé- prendre, quoique l’observation directe des organes sporo- thécoïdes exige une très-grande habitude, à cause du peu de neltelé dans le contour des empreintes et de leur faible taille, Les espèces dont il s’agit sont effectivement les plus faibles et les moins résistantes de toutes, Il est impossible de ne pas remarquer en passant le rapport de forme que présentent ces thèques fossiles avec les sporothèques des Gigartinées, des Corallinées et des Sphærococcidées ; nous reviendrons un peu plus loin sur cette analogie, qui permet de ranger sans anomalie les C'hondrites à côté de ces grou- pes de Floridées, tout en les considérant comme ayant formé une famille spéciale. Du reste, Sternberg, dans son grand ouvrage (1), a figuré depuis longtemps, sous le nom (1) Vers. IV, p. 104, tab. xxx1v, fig. 4. Voyez aussi Schimper, Traité de Pal, vég.; 1, p: 404" TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4161 de Sphærococcitesge nuinus un exemplaire du C'hondrites bol- lensis Ziet. portant un conceptacle globuleux à l'extrémité de l’un de ses ramules. Sauf cette exception, les Chondrites de Sternberg comprennent à peu près les mêmes espèces que M. A. Brongniarl rapportlait originairement à la section Gigartinites de son genre Fucoides. Le nom de section pro- posé par M. Brongniart exprimail plus naturellement les affinités présumées des espèces fossiles que le nom de genre de l’auteur allemand, qui a finalement prévalu. Le savant français s’en est lui-même servi en y englobant à la fois des espèces Lerliaires du Flysch et des espèces jurassi- ques ou crélacées. Il y rattacheaussi, mais avec doute, deux formes des terrains de transilion, les C'hondrites antiquus ci circinnatus qui ont été depuis reportés avec raison dans d’autres genres. M. Unger, dans son Genera pl. foss., p. AT, a donné au genre Chondrites le même sens que M. Bron- gniart, et plusieurs autres auteurs éminents, M. Heer, dans son tableau de la Suisse primitive (1), et M. de Zigno, dans sa flore fossile oolithique, ont suivi les mêmes errements. M. Fischer-Ooster, dans son ouvrage sur les Fucoïdes fos- siles des Alpes suisses, divise le genre Chondrites en deux seclions, l’une pour les espèces à rameaux filiformes, l’autre pour celles dont les frondes ont des segments épais et car- tilagineux; mais on peut dire que ces limites, posées arbi- trairement,seconfondent dansla réalité, beaucoup deformes opérant la liaison de l’une à l’autre, Tout dernièrement, M. Schimper (2) a remplacé le terme de Chondrites, d’un usage déjà bien ancien, par celui de Chondrides, qui a le désavantage d'augmenter la confusion en différant à peine de celui qu’il est destiné à remplacer. Du reste, le genre (1) Die Urw. d. Schweiz. (2) Traité de Pal. vég., I, p. 168. - VÉGÉTAUX, — J. 11 162 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Ini-même est exactement limité aux espèces secondaires et à celles du Flysch; il cst partagé en deux sous-genres : Gigartunites pour les espèces à ramifications coriaces, ZLep- tochondrites pour celles dont les frondes ont des divisions menues, filiformes et compliquées. L'auteur a eu soin de ne pas confondre les espèces du Jura avec celles du Flysch el de la Craie, confusion commise par M. de Zigno, sans preuve décisive et contre toule vraisemblance, lorsqu'il admet les C'hondrites Targioni, furcatus el intricatus, comme répandus à la fois dans ces trois formations. La persistance du geure est un fait déjà assez surprenant par lui-même pour ne pas y ajouter encorc celle des espèces. Les Chon- drites, tels que nous les définissons, se montrent bien avant le Rhétien, si l’on y réunit, comme nous le proposons, quelques-unes au moins des espèces Siluriennes que M. J. Hall a décrites sous le nom de Puthotrephis (Bytho- tephis, Schimper, Traité de Pal, véqg., 1, p. 198). Il est cer- ain du moins que le 2. gracilis de l’auteur américain ne s’écarte par aucun caractère visible des Chondrites du Jura, et cette observation oblige de reculer jusque dans le Silu- rien moyen l’existenee conslalée du genre et par consé- queni celle de l’ordre même des Floridées, dont il faisait partie, selon toule vraisemblance; les Chondrites conti- nuent avec le Lias et l’Oolithe, traversent la Craie et prédo- minent encore dans les mers du Flysch, à une époque déjà avancée des temps lertiaires. Depuis, ils semblent avoir dis- paru, à moins que l’on ne considère les Gigartinées actuelles comme un prolongement direct du groupe fossile. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Chondrites se dis- tingue aisément par le mode de partition deses frondes et ses ramules cylindriques des aulres genres d’Algues fossiles, particulièrement du genre Sphærococcites avec qui on serait TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 163 tenté de confondre quelques-unes de ses espèces lorsque la fossilisation leur donne une apparence comprimée. L'ab- sence de stries, de ponctualions et de saillies à la superficie des frondes permet de le distinguer des Granularia, Müns- teria et Phymatoderma, de même que le défaut d’articula- tion régulière éloigne la pensée de comparer les C'hondrites aux Corallinées, malgré l’étroite analogie de forme que manifestent les sporanges. Pour se rendre compile de cette ressemblance, on n’a qu'à rapprocher les organes repro- ducteurs, observés chez plusieurs espèces fossiles, des sporothèques globuleuses ou obconiques des Corallina, qui affectent aussi parfois une disposition en file ou chapelet, pareille à celle que nous montreront certaines empreintes ; on peut s’en convaincre aisément par l'examen du Corallina piludifera Port. et Rupr. L’affinité par un des côtés serait donc ici fort étroite; mais les sporanges globuleux, sessi- les, subsessiles ou pédicellés, latéraux ou terminaux, libres ou plus ou moins immergés sur divers points de la fronde, s’observent également dans plusieurs autres familles de l’ordre des Floridées, spécialement chez les Sphærococci- dées, les Gélidiées et les Gigartinées; comme d'ailleurs la forme des segments de la fronde nous reporte aussi vers ces mêmes groupes, c’est à eux et surtout au dernier que nous devons évidemment recourir pour préciser quelles sont parmi les Algues vivantes les formes les plus rappro- chées des Chondrites fossiles. Les Gigartina proprement dits témoignent déjà d'une remarquable analogie dans quelques-unes de leurs espèces; nous citerons particulièrement les Gigartina flagelliformis Sond. et acicularis Lamx, des mers d'Europe, le G. flabellata Küt{z., des mers du Cap, le G. prokfica Kütz., des côtes du Texas, etc. Parmi les genres exotiques plus ou moins alliés 164 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. aux Gigartina ou séparés d’eux récemment, il faut surtout remarquer les suivants : Gymnogongrus, Trematocarpus, Caulacanthus, Acrocarpus, Cystoclonium, ete., comme revé- tus d’une physionomie qui les rattache plus ou moins aux Chondrites. Les Gymnogongrus implicatus Külz. et polyides Aresch., des côtes du Pérou, le G. amnicus Külz., malgré sa petite taille et sa station dans l’eau douce, le G. comosus Külz. du détroit de Magellan, les G@. furcellatus Kütz., tentaculatus et Griffithsie Külz., des mers d'Europe, les G. pygmœæus J. Ag. et densus J. Ag., des Indes orientales, doivent être mentionnés en première ligne. Les 7rematocarpus virgatus Kütz., du Pérou, polychotomus Kütz., du Cap, furcellatus Kütz., des plages de l’Yémer, ne doivent pas être ou- bliés. Les Caulacanthus ustulatus Kütz., de la Méditerranée, r:- gidus Külz., du Sénégal, spinellus Külz., de la Nouvelle- Zélande, reproduisent sous de faibles dimensions l'aspect caractéristique des Chondrites. Il en est de même du Glæo- peltis tenax J. Ag., des mers de la Chine, des Cystoclonium patens Külz., filiforme Kütz., de celles d'Australie, obfusan- qulum Külz., du cap Horn, et de plusieurs //ypnea, comme H. Esperi Kütz., de l’océan Pacifique, rugulosa Mont., setacea Külz., etc. Les Acrocarpus spinescens Külz., de l’Adriatique, setaceus Kütz., du Kamischatka, gracilis Külz., de Cayenne, éntri- catus et delicatulus Kütz., des mers australiennes, rappel- lent les Chondrites, non-seulement par l’aspect et le mode de partition de leurs frondes, mais aussi par la présence de renflements globuleux situés à l’extrémité des ramules et qui renferment des télraspores, Ces organes, arrondis dans l’Acrocarpus capitatus (Nouvelle-Calédonie), en massue TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 165 dans l'A. spatulatus Külz. (Adriatique), sont aggrégés en files de deux ou trois dans les Acrocarpus pulvinatus et pu- sillus Kütz. La première de ces deux espèces, qui reprodui- sent d’une façon si remarquable l’appareil fructificateur de quelques-uns de nos Chondrites, est criginaire de l’embou- chure du Guadalquivir, la seconde de l'océan Atlantique. Ces exemples si nombreux et si variés, empruntés à des genres qui pour la plupart ne sont que des démembre- ments récents des Gigartina, montrent entre ceux-ci et les Chondrites une liaison qui ne saurait être tout à fait trom- peuse, Mais on rencontre aussi des analogies de même nature dans d’autres genres un peu plus éloignés des Gigar- tna, quoique se rattachant encore à eux. Les Gelidium, dont les sporothèques sont ordinairement ovales-allongées, infra-apicales et surmontées d’un prolon- gement plus ou moins prononcé, revêtent chez plusieurs espèces la physionomie des C'hondrites. Citons seulement le Gelidium crinitum Küiz. dont ies sperothèques sont laté- rales et subsessiles (Kamtschatka), puis le Gelidium radi- cans Mont. (Cuba) et surtout Les Gelidium acrocarpum Harw., de Ceylan, et variabile Grev., des Indes orientales. Les Sphærococcus, le plus souvent comprimés, offrent cependant un grand nombre de formes, comme les Spa. obtusus Harw., de Ceylan, dumosus Harw., de la Nouvelle- Hollande, sefaceus Külz., de la Nouvelle-Calédonie, capilla- ris Kütz., de la mer des Indes, tenuis Kütz., de l'archipel de Bahama, durus Ag., de l’Adrialique, spinescens el cana- liculatus Küiz., de la Nouvelle-Calédonie, mexicanus Kütz. et corallopsis Mont., de la mer des Antilles, vermicularis Kütz., des îles Sandwich, etc., dont les rameaux plus ou moins cylindriques rappellent ceux des C'hondrites. Tous ces genres confinent plus ou moins dans l’ordre 166 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. actuel; la plupart sont très-diffus el il est facile d'observer que tous les parages des deux hémisphères ont fourni in- différemment des formes analogues. Il est juste de dire pourtant que parmi les espèces énumérées comme les plus propres à nous représenter les anciens C’hondrites, la Médi- terranée et les mers Australes en ont fourni le plus grand nombre; ensuite viennent les mers de l’Inde, les plages du Pérou, celles du Mexique et des Antilles, et enfin le Cap, l'Afrique et le Kamtschatka. Avant de terminer cette longue revue, nous devons en- core mentionner le genre australien Melanthalia et particu- lièrement les M. Muelleri Külz. et Jaubertiana Mont., à cause de l’analogie qu’ils présentent dans le mode de rami- fication des frondes bien que celles-ci soient légèrement comprimées. ; En dehors des rapports que nous venons de faire ressor- tir et qui nous semblent les mieux fondés, l'aspect et le mode de ramification propres aux Chondrites, dans beau- coup de cas leur évidente fragilité, reportent l'esprit vers certains genres de Floridées incrustées de calcaire, spécia- lement vers les genres Galazaura, Actinotrichia et Luagora, qui habitent, dans le voisinage des Polypiers, les mers chaudes de tout l’univers. La forme cylindrique des ra- mules, les zones obscures qui les marquent en travers, la structure supposée solide et peut-être incrustée de quel- ques-unes au moins des espèces fossiles donnent à cette affinité présumée un certain degré de vraisemblance ; mais elle pourrait bien, malgré tout, être plus apparente que réelle, si l’on considère que les frondes fossiles, continues dans toute leur étendue, ne présentent ni la structure arti- culée, ni les perforations terminales des fourreaux calcaires dont les Algues incrustées sont revêlues. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 167 LocaLiTÉs. — On trouve en France et dans le reste de l’Europe des Chondrites dont presque tous les étages juras- siques ou du moins tous sont susceplibles d’en fournir; mais c’est particulièrement dans le Lias moyen et supé- rieur des environs de Metz, et plus haut vers le Cornbrash, l'Oxfordien et le Corallien, qu'on les rencontre avec le plus d’abondance; en France, aussi bien qu’en Suisse et dans les Alpes vénitiennes, les CAondrites deviennent plus rares dans la Craie, mais ils reparaissent avec une extrême pro- fusion dans la mer du Flysch, dont les dépôts ont pris, à cause d’eux, le nom caractéristique de Grès à Fucoïdes. N° |. Chondrites Dboilensis. PI, 14, fig. 1-2. Chondrites Bollensis, Kurr, Beitr. z. F/, d. Jura form. Wur- temb., p. 1%, tab. in, fic. 3 (excl., fig. 4, 5 et 6). — UÜng. Gen. et sp., p'. foss., p. 16 (exci. var. 7 filifor- mis et À divaricalus). — — Brongn., Tub. des genres de véy. fuss., p. 103. — — Fischer-Oost , Foss. Fucoid., p. 50, tab. 111, fig. 3. — — Heer, Urw. d. Schweiz, p. 100, tab. 1v, fig. 20. — — Schimper, Traité de Pal, véy., 1, p. 171. DiAGxosE, — Ch. fronde majuscula tereti superne den- droideo-ramosa; ramulis flexuosis hinc et hinc curvatis vel reflexis pluries dichotome aut subpinnatim divisis, ultimis sn - plcibus vel furcatis, plus minusve elongatis apice subelavatis vel breviter attenuatis, sæpe divaricatis aut curvulis. Fucoides Bollensis, Ziet., Vers. d, Pétref. Wurtemb., 1827. =: =D Quenst. Der Jura, p. 270, tab. xxxix, fig. 9 et 10 ‘excl., fig. 8). 163 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, Il suffit de jeter les yeux sur les figures de Kurr pour se convaincre que plusieurs espéces très-distinctes ont été confondues sous le nom de C'hondrites Bollensis. C'est donc avec raison que M. Fischer-Ooster a limilé celui-ci aux seules figures 3 « et 3 8, PI, 3, de Kurr, visiblement identiques avec les figures 9 et 10 de la planche 39 de Quensledt. La figure 8 de ce dernier auteur doit être plutôt rapportée à la variété + filiformis de Kurr, qui re- monte jusque dans les grès du Jura brun, tandis que le Chondrites Bollensis est particulier au Lias supérieur. Les frondes de cetle espèce ont un aspect dendroïde des plus élégants; elles se ramifient supérieurement en un cerlain nombre de rameaux, eux-mêmes parlagés en ramules pinnés, flexueux ou décombants, disposés dans un ordre allerne ou subdichotome, cylindriques, mais souvent comprimés par la fossilisation, et terminés cn mas- sue plus ou moins allongée. Leur sommet se trouve tantôt atténué et tantôt dilaté-obtus, On ne saurait avoir aucun doule au sujet de la consistance ferme des frondes de cette espèce. Elles ont laissé une empreinte des plus nettement cylindriques dans les grès à pâte fine et à grain dur de la Moselle, ce qui permet de reproduire par le moulage leur ancien relief. Leur fragilité ne ressort pas moins des frag- ments nombreux et disséminés dans le plus grand désordre qui sont couchés à l’intérieur de la roche, dans une direction parallèle au plan de stratification. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les exemplaires que nous figurons reproduisent surloul les caractères de la figure 3 & de Kurr, correspondant à la variété cæspitosus de cet au- teur. C’est à la même variété que paraît appartenir la figure 9, PI, 39, de Quenstedt, ainsi que la fig. 20, PI. 4, insérée par M. Heer dans son ouvrage sur la Suisse primi- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 169 tive (1). Il en est de même d’un exemplaire de Boll, dont je dois la communication à M. Schimper et qui, sous des proportions un peu plus faibles, concorde soit avec la figure 3 « de Kurr, soit avec les échantillons supraliasiques des environs de Metz. Au contraire, un bel exemplaire des schistes marneux de Ohmden, que j'ai sous les yeux, est plus conforme à la figure 3 8 de Kurr, à la figure 10, PI. 39, de Quenstedt et se rapporte ainsi à la variété elongatus de l’auteur allemand. La figure donnée par M. Fischer-Ooster semble tenir le milieu entre les deux types, tout en se rapprochant du second. Il est d’ailleurs probable que ces différences et plusieurs autres, relalives à la forme ou à la dimension des frondes, que l’on pourrait signaler, ne sont pas assez fixes ni assez décisives pour justifier l’établisse- ment de plusieurs espèces distincles ; mais il ne faudrait pas non plus, sous le couvert d’une polymorphie dont beaucoup d’Algues actuelles fournissent des exemples, réunir arbitrairement des formes qu'aucun lien certain et naturel ne rattacherait l’une à l’autre. C’est ce que l’on a fait vraisemblablement pour le CA, Bollensis, et une révision des espèces mentionnées sous ce nom par divers auteurs serait bien nécessaire. LOCALITÉS. — Le C'hondrites Bollensis caractérise le Lias supérieur. Il se montre en France dans les grès supraliasi- ques des environs de Melz d’où proviennent lesexemplaires que nous figurons ; M. Schimper l'indique spécialement au mont Saint-Michel, près de Thionville, et M. Heer au col de la Madeleine et au col des Encombres en Savoie. Mais il abonde surtout dans les schistes marneux, silués sur le même horizon, à Boll, Pliensbach, Ohmden (Wur- (1) Voy. Urw. d, Schweiz, tab. 1v, fig. 2). 170 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. temberg). Il a été signalé en Suisse, dans les schistes du Lias, à Falbach, non loin de Blumenstein, par M. Fischer- Ooster ; sur plusieurs points entre Gansingen et Buron, ainsi que dans les schistes à Possidonies de Betsnau par M. Heer. D’après ce dernier savant, la variété cæspitosus existe à Randen, en très-beaux exemplaires, landis que la variété elongatus se montrerait au Lechthal et au Bernhardsthal dans le Voralberg ; la même espèce aurait élé également recueillie dans le calcaire rouge à Ammonites des Alpes de Vadorana, près de Mendrizio. Elle paraît ainsi occuper un horizon constant et très-étendu, vers la partie supérieure du Lias, dans le centre de l’Europe. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 14, fig. 1, portion de fronde de C'hondrites Bollensis, d’après un exemplaire du musée de Metz, moulé et communiqué par M. Terquem ; — Fig. 2, parties éparses d’une fronde de la même espèce; on distingue en a un fragment de Chondrites flabellaris. Ces deux figures sont de grandeur naturelle. N°2, Chondrites flabellaris. PAS; fece3: DIAGNOSE, — Ch. fronde (viva) cartilaginea, infra simplici, sursum ünplexe ramosa, ramis gracilibus cylindricis vage pin- natis varieque reflexis, um dilatato-compressis, in flabellum mullipartitum expansis, ramulis ultimis cylindricis plus mua- nusve obtusatis. Les frondes de celle remarquable espèce ne laissent saisir leurs caractères que par le moyen d’un moulage. Les empreintes, profondément gravées dans les grès les plus durs, tapissées postérieurement par un enduit TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 171 ocreux, qui Ôte parfois de la nelte!é à certaines parties, dénotent des organes d’une consistance ferme et cartilagi- neuse. Nus et simples dans le bas et sortant, à ce qu’il semble, par l’examen de la figure 4, PI, 15, d’un stipe érigé et cylindrique, épais de à à 6 millimètres, les ra- meaux principaux sont grêles d’abord, peu divisés, ascer- dants ; mais ensuite ils se dilatent, se ramifient, s’entre- lacent et donnent lieu, en se prolongeant, à des expansions profondément partagées sur les bords latéraux etantérieurs ensegments cylindriques, simples ou bifurqués, et toujours plus ou moins obtus au sommet; le diamètre de ces seg- ments peut être évalué à 1 1/2 millim., 2 millimètres au plus. Les rameaux ainsi dilatés et segmentés prennent une apparence flabellée et se prolongent, non pas par leur extrémité antérieure, mais à l’aide de l’un des segments latéraux, produisant une nouvelle expansion susceptible de se continuer de la même façon, L'ensemble forme une fronde très-complexe, à ramules souvent entrelacés et recourbés dont il est parfois difficile de reconnaître les vrais contours. Les figures que nous donnons et qui toutes ont élé dessinées d’après des moules permeltront de com- prendre, mieux qu’on ne le ferait à l’aide d’une des- criplion, la physionomie de ce Chondrites aussi élégant que singulier. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les empreintes de C'hondrites flabellaris, si l'on n’a pas recours à un moulage, peuvent être confondues avec celles du CA. Bollensis à qui elles sont associées dans les grès de la Moselle; mais, dans le Chondrites Bollensis, les segments, quoique nombreux et parfois presque contigus, ne se réunissent pas de manière à composer de véritables expansions. En outre, le mode de partition est tout différent et les ramules sont moins 172 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. régulièrement cylindriques. On ne saurait nier cependant qu’il n'existe de l’analogie entre l’espèce de Boll et celle de la Moselle, qui du reste a été jusqu'ici confondue avec la première. J’ai sous les yeux une Algue du Flysch d'Es- toublon (1), près de Digne (Basses-Alpes), voisine du CA. patulus Fischer-Oost. qui se rapproche quelque peu du Ch. flabellaris, sous des dimensions beaucoup plus faibles. Parmi les espèces actuelles, je ne connais guère que le Gelidèum proliferum Harv. que l’on puisse rapprocher de la nôtre; seulement les segments de l’Algue vivante sont plus comprimés etsouvent incisés au sommet, tandis qu’ils sont toujours simples et cylindriques dans la plante fos- sile, dont le rapport avec le G. proliferum mérile pourtant d’être signalé (2). LOCALITÉS. — Grès supraliasiques des environs de Metz, mont Saint-Michel, près de Thionville; étage toarcien. Collection du musée de Metz (M. Terquem), du musée de la ville de Strasbourg, et du Muséum de Paris. EXPLICATIONS DE FIGURES. — PI. 15, fig. 1, portion de fronde moulée de Chondrites flabellaris. Un voit en a une portion du stipe d’où part un des rameaux de la fronde qui se divise supérieurement et donne lieu à trois expansions reliées par des ramules diversement repliés, d’après un exemplaire des environs de Metz, envoyé, en 1857, par M. Terquem, à la collection du Muséum de Paris; — Fig. 2, portion d’une fronde de Chondrites flabellaris , d’après un exemplaire moulé du musée de Strasbourg. Trois rameaux (1) Voyez cette espèce que nous représentons, PI. xx1v, fig. 5, pour servir de terme de comparaison entre les Chondriles jurassiques et ceux du Flysch. Elle paraît nouvelle ct pourrait être nommée Chondrites taxiformus. (2) Voy. Tah, phycol. od. Abbild. d. Tange, von Fried. Kützing., XIX, tab. xxv, fig. a. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 173 grêles, et probablement sortis d’une branche commune, donnent lieu supérieurement à une réunion d’expansions flabellées et de ramules entrelacés. — Fig, 3, partie supé- rieure d’une fronde de la même espèce, formée de ramifi- cations complexes, entremêlées, d’après un exemplaire moulé et communiqué par M. Terquem. Ces trois figures sont de grandeur naturelle. N° 3. Chondrites rigiqdus. PIS 197 6e 172: DiAGNosE. — Ch. fronde rigide erecta, furcato divisa, ramis simplcibus curvato ascendentibus, cylindricis tubtorulosis. On dirait, à première vue, une empreinte de Jeanpaulia à segments très-grêles ; mais en s’aidant d’un moule et d’un examen alteniif à la loupe, on aperçoit une fronde peu di- visée, à rameaux disposés par trois, autour d’un axe cen- tral, partant à peu près du même point et tous d’égale grosseur ; ils se redressent en dessinant une courbe légère, deviennent ascendants et se montrent par le moulage comme des baguettes cylindriques, légèrement toruleuses, c'est-à-dire rétrécies çà et là, disposition qui leur donne une apparence fistuleuse, comme l’on peut en juger par notre figure grossie 2%. La consistance de l’ancienne fronde était ferme et rigide ; on ne saurait en douter lors- qu’on remarque les tubes cylindriques qui traversent la roche et correspondent à des rameaux soit de la même fronde; soit d’un autre exemplaire. De plus, le rameau principal présente vers son milieu l'empreinte fort neite d’un ramule latéral qui se perd dans la roche dont le grain est un calcaire lithographique fort dur. Un autre ra- A74 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, meau isolé est couché en travers de la fronde que nous venons de décrire, il paraîl terminé par un sommet atténuëé en poinle. RAPPORTS ET DIFFÉNRGES. — Il existe un rapport évident entre le rameau grossi de notre figure 2 et le Munsteria Schneideriana Gæpp., du moins si l’on consulte la figure de cette espèce crétacée, donnée par M. Fischer-Ooster (1); on peut aussi le comparer au Munsteria antiqua Heer (2) du Lias de Schambelen. Mais notre Chondrites rigidus est bien plus petit; il ne possède aucun des caractères distinctifs des Munsteria, genre lui-même fort problématique, s'il faut en croire M. Schimper; il est plus naturel, selon nous, d'y reconnaitre un Chondrites à fronde peu divisée, dont les rameaux mesuraient au plus 4 millim. à 4 1/2 mil- lim. en diamètre ; ces rameaux présentent des stries trans- versales très-faibles et une forme légèrement toruleuse. LocaLiITÉ. — Calcaire lithographique de Châteauroux (Indre) ; Corallien. Collection du Muséum de Paris. EXPLICATION DES FIGURES. — P], 13, fig. 1, empreinte de Chondrites rigidus, grandeur naturelle, — Fig. 2, même espèce, moulée pour montrer l'aspect originaire de la fronde ; 2 portion de la même fronde grossie pour mon- trer l'apparence toruleuse des rameaux. N° 4. Chondrites filicinus. PI. 17, fig. 4 et 18, fig. 1-2. DIAGNOSE.— Ch. fronde (viva) cartilaginea, gracili cylindrica vel subcompressa, pinnatim decomposito-ramosa, ramis ramu= (1) Foss. Fucoid, pl. 1v, fig. 3. (2) Urw. der Schweiz, pl. vi, fig. 19. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4175 lisque elungatis, patentibus sœæpius deflexis, ultimis lincaribus fusiformibus aut leniter clavatis obtusis sensimve attenuatis, junioribus innovationum causa plus minusve incisis. Les frondes de cetle élégante espèce sont grêles, divisées en un grand nombre de rameaux divariqués et souvent flexueux. Leur forme élait cylindrique ou un peu compri- mée, leur consistance carlilagineuse, mais leur {enue avait sans doute quelque chose de souple dans les dernières subdivisions. Les ramifications ont lieu le long d’un axe principal ou d’axes secondaires, dirigés en ligne droïte et dessinant de temps à autre des coudes pour suivre une nouvelle direction, ordinairement rectiligne comme la précédente. L’épaisseur de ces axes n'excède pas celle des derniers rameaux ; ceux-ci s’écartent, sous un angle très- ouvert, de l’axe qui les porte, s’allongent et se subdivisent sur un côlé seulement, en se repliant sur eux-mêmes à l’aide d’an mouvement qui leur donne parfois une appa- rence scorpioide. L'ensemble de ces ramifications est fort élégant; il rappelle certaines fougères à pinnules déliées, spécialement les genres Cheilanthes et Allosorus; les ra- mules extrêmes affectent une forme linéaire, avec une ter- minaison en massue allongée ou en fuseau obtus, quel- quefois dilatée en palette et plus ou moins incisée. Ces incisures, qui se changent en lobes et en partitions, corres- pondent aux endroits par où la fronde produisait, en se pro- longeant, de nouveaux ramules. Les empreintes, déposées à la surface de plaques calcaires d’un blond tirant sur le brun et d’un grain très-fin, se délachent en blanc jaunâtre sur le fond plus obszur de la roche, et se trouvent remplies par une substance ocreuse, qui ne se détache qu'avec peine des sillons cylindriques auxquels elle adhère fortement. 176 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Notre Chondrites filicinus montre les plus grands rapports de forme et de ramification avec la variété y fiiformis du Ch. Bollensis de Kurr (1), sé- parée avec raison de ce dernier, par M. Fischer-Ooster, sous le nom de Chondrites filiformis (2). Le Chondrites filiformis est une espèce du Lias supérieur qui diffère de la nôtre, non-seulement par ses ramules plus étroits, moins divisés, plus longs et plus divariqués, maïs aussi par leur apparence filiforme, tandis que les ramules du Ch. filicinus, qui provient du reste d’un niveau géognostique bien plus élevé, sont plus courts et dilatés le plus souvent en massue allongée ou en fuseau à leur extrémité. Il se rapproche encore plus peut-être d’une espèce du Flysch, décrite par M. Fischer-Ooster, sous le nom de Chondrites lon- gipes, que M. Schimper, d'accord avec M. d’Ettingthau- sen, regarde seulement comme représentant une forme plus grêle-du CAondrites Targioni (3). Mais, à une pareille distance, il ne saurait être question de réunir les deux espèces ; le mode de partition des rameaux et leur lendance à se replier sur eux-mêmes témoigne, il est vrai, d’une assez grande analogie; cependant, dans l’espèce du Flysch, les ramules se {rouvent snpportés par de longs stipes fili- formes et nus, caractère que l’on n’observe pas dans l’es- pèce jurassique, Parmi les espèces actuelles, le Chondrites filicinus doit être surtout comparé au Cystoclonium oblusangulum Kütz., du cap Horn, au Sphærococcus tenuis Külz., de Bahama ; il pré- sente encore une certaine ressemblance avec les Gelidium (1) Beitr., pl. ir, fig.,5. (2) Foss. Fucoid., p. 46, tab. xx, fig. 1. (3) Chondriles Vindobonensis, Ett, (ex parte). — Schimper, Traité de Pal.: vég.,1,:p: 170, TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. . Al vartabile Grev., acrocarpum Harv., des mers de l’Inde, ainsi qu’avec l’Acrocarpus spinescens Kütz., de l’Adriatique. LocariTÉ. — Les Paits de Rians (Var); Bathonien, zone à Ammonites tripartitus. Notre collection. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 17, fig. 4, portion de fronde de Chondrites filicinus, à la surface d'une plaque calcaire, grandeur naturelle; 4*, fragment grossi, pour montrer la forme des dernières ramifications. — P]. 18, fig. 1, portion de fronde de la même espèce, à la surface d’une autre plaque calcaire,grandeur naturelle; Fig. 2, autre fragment de fronde de la même espèce, grandeur naturelle. N° 5. Chondrites nodosus. PI. 16, fig. 1-3. DiAGNOSE. — Ch. fronde (viva) cartilaginea robusta decom- posite ramosa, ramis cylindricis aut compressiusculis crassis, pinnatim vel furcatim divisis flexuosis, sæpe curvato-reflexis, ramulis ultimis simplicibus furcatisque, apice obtusatis aut minime attenuatis plerumque arcuatim clavatis, globules breviter stipitatis ad apicem ramulorum lateralium quandoque appensis. Les frondes sont robustes, bi ou tripinnées, à rameaux cartiiagineux, plus ou moins fragiles, divariqués, souvent repliés en courbe ou inclinés en divers sens et comme noueux, c’est-à-dire présentant rarement un diamèlre égal dans toute leur étendue. On peut évaluer l'épaisseur des rameaux adultes à 2 ou 3 millimètres. Cette épaisseur se réduit à 4 ? millimètre dans les jeunes frondes qui ne sont pas rares auprès des anciennes, comme le montre la fig. 3. Les rameaux principaux donnent lieu, ordinairement, à des segments, eux-mêmes divisés en segments secondai- VÉGÉTAUX. —- J, 12 178 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. res, tantôt simples, tantôt partagés en deux ou trois ramu- les disposés dans un ordre alterne et distique. Ces divers ramules s’écartent de l’axe qui les porte sous un angle d’en- viron 45 degrés, quelquefois plus ouvert ou même tout à fait droit. Leur dimension varie comme leur forme ; longs parfois de 2 centimètres, ils affectent le plus souvent l’as- pect d’une massue arquée ou contournée, tantôt tout à fait obtuse, tantôt plus ou moins atténuée au sommet. Leur côté montre souvent des sinuosités, des dents ou même des lobes qui dénotent les points par où les frondes tendaient à se prolonger. Les frondes jeunes, plus petites dans toutes leurs parties, mais ramifiées de la même façon que les grandes, présentent des ramules plus courts, plus égaux, obtus ou renflés à leur sommet, tantôt simples, tantôt bi- furqués. On remarque, sur quelques parties de ces frondes, des corps globuleux, obconiques ou submoniliformes a- grégés, brièvement stipités ou subsessiles, attachés çà et là, latéralement, le long des rameaux ou des ramules de la fronde, et qu’il serait naturel de regarder comme représen- tant les sporothèques de celte espèce. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Chondrites nodosus se rap- proche de la figure du €. Bollensis, donnée par M. Fischer- Ooster dans son ouvrage sur les Fucoïdes fossiles (1); mais ce u’est là sans doute qu’une apparence, car on ne saurait confondre notre €. nodosus avec le véritable C Bollensis, ni surtout avec la variété $ elongatus de Kurr dont les ramules sont plus allongés, non renflés en massue et les rameaux plus grêles et plus unis. Il ressemblerait davantage à la variélé « cœæspilosus, à qui nous avons rapporté plusieurs empreintes du Lias de la Moselle, mais une comparaison allentive des deux espèces fait voir que le C’hondrites nodo- (1) Foss. Fucoid., p. 50, pl. mi, fig. 3. TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 179 sus a des frondes plus épaisses, à ramifications plus ro- bustes et moins élancées, que ses derniers ramules sont plus courts proportionnellement, plus renflés en massue, plus souvent repliés en divers sens el limités par un contour plus sinueux et moins régulier, En dehors de ces différen- ces, qui suffisent à notre sens pour motiver l'établissement d’une espèce distincte, l’affinité des deux formes est assez évidente pour frapper l’altention, et le CAondrites nodosus semble avoir joué, dans l’Oolithe, le rôle attribué au €, Bol- lensis daus le Lias supérieur. I! est du reste à peine distinct de l’espèce suivante dont 1l se sépare seulement par les seg- ments plus oblus, moins dilatés et enfin moins incisés sur le bord, de ses frondes. Le Gigartina flabellata S.Ag., du Port-Phillip, nous parait être la plus analogue des espèces similaires actuelles. On pourrait encore citer quelques Sphcærococcus et parmi eux le S. canaliculatus Kü!z., de la Nonvelle-Calédonie, dont les frondes sont cependant bien plus comprimées.}, LocALITÉ. — La Tardive près des Puits de Rians (Var); étage bathonien, zone à Ammonitestripartitus; sur les mêmes plaques calcaires que l’espèce précédente, EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 16, fig. 1 et 2, parties de fronde du Chondrites nodosus, grandeur nalurelie. — Fig. 3, autres fragments dont un au moins paraît se rapporter à une plante jeune. — On remarque en a, fig.2el3, des corps globuleux qui correspondent probablement à des sporo- thèques. N° 6. Chonadarites Dumortieri. PLAT SRE DIAGNOSE.— Ch. fronde (viva) cartilaginea robustacyhndrica, luries furcato-ramosissima , ramis compressiusculis distiche 180 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. pinnatis lobatoque incisis, ramulis ultimis tum simplicibus clavæformibus tum furcatis incisisve dentatisque, incisuris sœæpius acutis. La connaissance de cette espèce est due à M. Dumortier qui a bien voulu nous la communiquer et à qui nous la dé. dions. Ses frondes sont robustes, cartilagineuses, cylindri- ques, mais probablement un peu comprimées, ramifiées, à ramules divariqués, flexueux, tantôt dichotomes, tantôt pinnés, à segments distiques, érigés ou décombants. Les ramules sont tantôt simples el en massue plus ou moins arquée et sinuée, obtus ou atténués au sommet, tantôt bi- furqués ou seulement lobés. Ces ramules sont plus dilatés, plus souvent incisés el festonnés que ceux du Chondrites nodosus ; ces différences deviennent même plus sensibles, si l’on consulte la figure 2, dont les ramules étalés, distiques et presque contigus sont découpés dans une fronde plus large et probablement comprimée. La terminaison des lo- bes et des incisures, quelquefois obtuse, est le plus souvent pointue. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Très-rapprochée de la pré- cédente, celte espèce remarquable s’en distingue surtout par sa physionomie, par ses derniers ramules plus dévelop- pés, plus élargis, plus irréguliers, plus souvent incisés, tan- tôt dilalés en massue, tantôt terminés en pointe et irrégu- lièrement lobés vers le sommet. LocaLITÉ. — Saint-Élienne de Boulogne (Ardèche), Oxfor- dien inférieur. Coll. de M. Dumortier. Galerie Combe, sur le minerai de fer. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 47, fig. 1-3, portions de fronde de Chondrites Dumortieri, grandeur naturelle. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 481 N° 7, Chonärites ramnliferus. Pl, 42,69. DTAGNOSE. — Ch. fronde (viva) cartilagineo-coriacea cylir- drica sub-cæspitosa, hine inde vage pluries ramosa, ramuls ultèmis alternis pinnatis simplicibus aut furcato-partitis, fusi- formibus aut subclavatis. Les frondes de celte espèce avaient une consistance très- ferme, puisque leurs ramules traversent sans fléchir les calcaires thographiques de Châteauroux. Cette disposition cache en partie la forme de certains rameaux qui paraissent avoir été dirigés en divers sens. L'ensemble donne lieu à une touffe divariquée, prolongée à droite et à gauche et plusieurs fois ramifiée, tanlôt par bifurcation, tantôt sui- vant un mode subpinné et dans un ordre alterne. Les der- niers ramules sont simples ou plus rarement fourchus ; ils se terminent en fuseau ou plus rarement en massue allon- gée, faiblement alténuée au sommet, L’exemplaire d’après lequel nous établissons l’espèce est unique et assez confus. Cependantil nous semble présenter des caractères suffisants pour devoir occuper une place à part. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — L'espèce jurassique la plus voisine de la nôtre serait le Chondrites Bollensis avec qui un mode de ramification particulier et la forme en fuseau des derniers ramules empêchent pourtant de confondre le Chondrites ramuliferus. L'affinilé paraît plus grande encore avec le Chondrites fusiformis F.-Oost. (1), et la variété y fleæuosus du C'hondrites Targioni Sternb., surtout si l’on s’at- tache à la figure 4, PI,9, de l'ouvrage précité. Cependant, le C'hondrites fusiformis est une espèce crétacée dont les ra- (1) Foss. Fucoid., p. 583, pl. 1v, fig. 8, 182 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, mules, beaucoup moins divisés, s’élalent en fuseaux plus longuement acuminés au sommet que ceux de notre Chon- drites ramuliferus. La consistance parait du reste avoir été aussi ferme des deux parts, puisque sur la figure de M. Fischer-Ooster on distingue plusieurs ramules qui mon- trent leur coupe transversale et doivent percer le sédiment dans un sens vertical ou suboblique. La figure 4 de la plan- che 13 du même auteur se rapporte à une espèce du Flysch que l’on ne saurait songer à identifier avec celle de Chà- teauroux; elle semble du reste représenter une plante jeune; les figures 5 à 7 de la même planche que l’auteur réunit également à la variété flexuosus du C. furcatus ont des ramules plus épais, plus égaux d’un bout à l’autre et plus obtus au sommet. Ce sont là, malgré tout, des formes dont l’analogic est frappante et qui témoignent de la per- sistance de certains types de Chondrites à lravers un temps géologique très-long, du moins en se tenant aux caractères de physionomie extérieure, les seuls dont on puisse juger. LOCALITÉ, — Calcaires lithographiques de Châteauroux (Indre) ; Corallien supérieur, zone à Asfarte minima Goldf. Collection du Muséum de Paris (n° 42), envoi de M. Meil- let, 1841. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 12, fig. 2, fronde de Chondrites ramuliferus, grandeur naturelle. N°8. —_ Chondrites hechingensis. PI, 19, fig. 4-3. Chondrites hechingensis Fischer-Ooster, Foss. Fucoid., p.49 (eæ parle ? excel. prob. fig. 3, tab. x) pl. xvir, fig. 1-2, DIAGNOSE. — Ch. fronde (viva) cæspitosa, firme cartilaginea vel rigida tereti, quandoque nodulosa subtorulosave, multipli- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 183 citer vage furcata pinnatimque ramosa, ramulis ultimis annu- latim leviter striatulis, sæpe fleruosis, apice incrassatis, longe clavato-obtusatis , conceptaculis gqlobosis pedicellatis, ramis lateraliter appensis. Fucoides hechingensis, Quenstedt, Der Jura, p.575, tab. Lxxtnr, fig. 9. Nulliporites hechingensis, Heer, Urw. d. Schweiz, p. 140, tab. 1x, fig. 18. Nullipora hechingensis, Schimper, Traité de Pal. vég., I, Daniele Le Fucoides hechingensis de Quenstedt, très-exactement figuré par cet auteur, constitue près de Gesslingen, dans le Wurtemberg, un banc calcaire, entièrement pétri de frondes ramifiées dans tous les sens et encore en place. Sur plusieurs points de la Suisse, la même espèce traverse de ses rameaux cylindriques les sédiments marneux ou cal- caréo-marneux qui ont dû la recouvrir autrefois, sans faire fléchir ses rameaux. Le savant M. Heer a pensé que ce fu- coïde différait des Chondrites proprement dits par la con- sistance solide et incrustée de ses frondes, et conséquem- ment il l’a rapproché des VNullipora, Algues calcifères, en- core assez mal connues, qui vivent dans le voisinage des coraux et ont été longtemps confondues avec ces derniers, à cause de la rigidité de leurs frondes. Le professeur de Zurich a donc décrit et figuré le Fucoides hechingensis sous le nom de Nulliporites hechingensis, changé depuis en celui de Nullipora par M. Schimper dans son dernier et grand ouvrage sur la Paléontologie végétale. Cependant le Æu- coides hechingensis ne diffère des C'hondrites proprement dits ni par la forme ni par le mode de partition des ra- mules de ses frondes, Leur consistance rigide (car la pro- priété incruslante ne saurait être directement prouvée) se 2 184 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. retrouve chez plusieurs Chondrites qui y joignent la fragi- lité, circonstance de nature à expliquer la multitude de fragments épars qui peuplent souvent la surface ou l’inté- rieur des lits. Du reste, on conçoit très-bien comment au fond d’une mer calme les sédiments marneux ou calcaires ont pu recouvrir peu à peu des prairies d’Algues ; les plantes envahies de cette façon ne cessaient de végéter au milieu même du lit en voie de formation, s’élevant pour ainsi dire avec lui et produisant sans cesse de nouveaux rejetons. D’autres fois, au contraire, les débris de ces mêmes Algues, arrachés et ballottés par les flots, se seront accumulés au sein des sables ou des dépôts vaseux. La consistance, la raideur, la propriété incrustante elle-même (si elle a réellement existé) ont dù varier chez les C'hon- drites, d'espèce en espèce, ainsi qu’on le remarque chez les Algues de nos jours qui sont loin, dans l’intérieur du même groupe, de se montrer uniformément résistantes et solides. On ne saurait donc, selon nous, se baser uniquement sur ce caractère pour distraire des C’hondrites une partie des espèces qui s’y rapportent naturellement, sous prélexte qu’elles ont végété dans des conditions particulières et possédé des frondes revêtues d’une enveloppe calcaire. Le Fucoides hechingensis, dont l'importance a été grande dans les mers de l’'Oxfordien, se place sans effort auprès des espèces de C'hondrites de taille moyenne, Ses frondes sont disposées en touffes gazonnantes, ramiliées dans tous les sens, tantôt compliquées et dendroïdes, tantôt donnant lieu à des ramules allongés, dichotomes ou pinnés. Tou- jours cylindriques, mais renflés çà et là, les rameaux pren- nent parfois une apparence subtoruleuse, et, considérés à la loupe, ils semblent marqués de légères stries annu- laires qui donnent à leur surface un aspect finement gra- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 185 nulé, Les frondes, dont la résistance au poids des sédi- ments démontre la rigidité, devaient être en même temps très-fragiles, puisque sur les échantillons que nous figu- rons on observe, non-seulement à la surface des plaques, mais aussi dans leur intérieur, des fragments épars dispo- sés dans le plus grand désordre. Nos figures, du reste, ont été dessinées d’après des moules qui rendent bien le relief des anciens organes, mais ne permettent pas de suivre au sein de la roche la direction des empreintes. Les derniers ramules sont alternes, obliquement dirigés, renflés en massue allongée vers le sommet qui est toujours oblus ou faiblement atténué. Il est difficile de douter de l’iden- tité des empreintes que nous reproduisons avec les figures de Quenstedt et celles de M. Heer, à qui nous devons en- core la communication d'exemplaires originaux provenant d’Argovie. Notre figure 1°, grossie, permettra de saisir sans peine les caractères distinctifs de celte espèce. Le diamètre des rameaux n’excède pas un millimètre; les derniers ra- mules mesurent 42 à 13 millimètres de long; leur partie renflée est épaisse de 4 1/2 à 2 millimètres au plus. Ordi- nairement obliques ou même ascendants, ils se replient ou prennent quelquefois une apparence légèrement sinuée ou paraissent bossués et subtoruléux, caractère que nous avons également remarqué dans les échantillons d’Argovie, Mais ce qui ajoule beaucoup d'intérêt à nos exemplaires, c’est la présence de sporothèques ou corps globuleux, spo- rangiformes, supportés par un ramule étroit et court, à la base et sur les côlés de certains rameaux, Outre ces organes que notre figure {* représente occupant leur place natu- relle, on en remarque d’autres, épars et détachés, au milieu des fragments de fronde. RAPPorRTS ET DIFFÉRENCES. — Le Chondrites hechingensis 186 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. diffère de deux espèces très-voisines, décriles par M. Hee sous les noms de Vulliporites Argoviensis et angustus, par les proportions plus grandes du premier, plus étroites du se- cond dont les derniers ramules ne se renflent pas en massue vers le sommet (1). Il est aussi très-analogue aux espèces du Lias que nous allons décrire, mais il diffère du CAondrites globulifer par des sporothèques supportées par de plus courts pédicelles et du Chondrites fragilis par des ramules plus espacés, plus uniformément renflés en massue, enfin par la disposition plus étalée de ses frondes. LOcaLITÉS. — Le C'hondrites hechingensis a été recueilli, dars le département de la Vienne, par M. de Longuemar, à Saint-Laurent, au sud de la Vienne, et à Chassigny, dans le Loudunnais ; ces localités sont rapportées par ce géologue à l’Oxfordien supérieur, zone à Ammonites pheatilis, ocula- tus, canaliculatus, Belemnites hastatus, ete. — Dans le Wur- temberg, Quenstedt indique le C'Aondrites (Fucoides) hechin- gensis, comme constituant un horizon très-fixe, situé vers la base du Jura blanc, à la jonction des divisions « et & avec le Æelemnites hastatus, el surmonté d’an lit où se ren- contre l’Arm. canaliculatus. En Suisse, la même espèce, Nulliporites hechingensis Heer, a été signalée au même ni- veau dans beaucoup d’endroits, spécialement à Oberbuch- siten dans le canton de Soleure, dans celui d’Argovie, à Baden en Turgovie, au Schilt dans le canton de Glaris, etc. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 19, fig. 4, fragments de frondes de Chondrites hechingensis épars à la surface d’une plaque calcaire, d'après un moule en argile communiqué par M. de Longuemar et appartenant à sa collection, gran- deur naturelle : fig. 4*, un des fragments grossis pour montrer la disposition des ramules et celle des sporothè- (1) Heer, Urw., tab. 1x, fig. 20 et 21. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 187 ques globuleuses, aa, éparses ou attachées aux parties la- térales de la fronde. — Fig. 2 et 3, autres fragments de la même espèce, grandeur naturelle. N°9, — Chondrites fragilis. Pl:907 Re: DIAGNOSE. — Ch. fronde minuta (viva) rigida fragili ramulosa, ramulis cylindricis pinnatim furcatimque divisis, varie lobatis incisisque, clavatis aut turbinatis, sporothecis ? globoso-pyriformibus breviter pedicellatis, lateraliter appensis. Les débris accumulés des frondes de cette espèce, pro- bablement très-fragile et peut-être encroûtée et solide, remplissent certains lits du Lias supérieur des environs de Metz. La roche est un grès calcaréo-marneux, à pâte fine, à grain très-compacte, revêtue extérieurement d’une colo- ration rose, tandis que les fragments de ramules, projetés dans Le plus grand désordre et placés dans toutes les di- rections, pétrissent l’intérieur et se détachent en clair sur le fond vineux de la surface. Il est impossible de recons- truire les frondes dans leur ensemble; on peut seulement dire qu’elles étaient menues, ramifiées-cespiteuses, et que leurs derniers rameaux se divisaient en ramules tantôt sim- ples, en massue allongée, tantôt partagés en dents et en lobes cylindrico-coniques, turbinés ou en fuseau court ; on aperçoit aussi le long de quelques-uns de ces rameaux des organessporangiformes, globuleux, atténués inférieurement en un assez long pédicelle, que l’on peut regarder comme représentant des sporothèques analogues à ceux de plu- sieurs autres Chondrites. Il est probable que les débris rou- lés ettriturés de ce C'hondrites et de l'espèce suivante au- ront été entraînés pêle-mêle avec une vase sableuse dans 188 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, les lits en voie de formalion. Les altérations subies par la roche encaissante, lorsqu'elle se trouve exposée à l'air, ont pour effet de dégrader et de colorer la pâte gréso- marneuse et de mettre à nu les fragments de Chondrites dont la dureté relative est plus grande et la composition toute calcaire. Ces fragments deviennent alors très-nelte- ment visibles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le C'hondrites fragilis se dis- tigue aisément du Chondrites hechingensis, dont il joue le rôle dans le Lias,par des ramificalions plus courtes, moins allongées et plus irrégulières ; ses sporothèques paraissent oyoïdes plutôt que globuleuses. Il a vécn associé à l'espèce suivante dont les débris peuplent les mêmes blocs gréso- marneux, et dont il se distingue pourtant, soit par la forme de ses sporothèques, soit par l’aspect et le mode de parti- tion de ses frondes. LOCALITÉ. — Grès supraliasiques des environs de Metz, étage Loarcien. Collection de M. Terquem, à qui est due la connaissance de l’espèce. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 20, fig. 4, portion de rc- che couverte de débris épars des frondes de Chondrites fragilis. — Fig, 2-5, fragments grossis de la même espèce; on voit en aa des organes globuleux qui paraissent repré- senter des sporothèques. N° 10. Chondrites globulifer, PI, 21, fig. 1-4. DIAGNOSE. — Ch. fronde minuta gracil cylindrica fragil ramulosa, ramulis ultimis elongatis apice, leviter incrassatis oblusatisque aut subclavatis quandoque globuliferis. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 189 Les fragments de cette espèce occupent la même couche que ceux de la précédente. Ils sont de même accumulés en grand nombre dans le corps gréso-marneux de la roche, disposés sans ordre el répandus dans toutes les di- rections. Il nous semble pourtant y reconnaître une forme distincte, du moins en observant les fragments les mieux conservés. Ils se détachent, teintés de bleu, sur le fond de la roche, colorée d’un rouge obscur tirant sur le brun. Les rameaux très-menus de la fronde avaient au plus 4 millimètre, plus rarement 1 1/3 millimètre d'épaisseur, et, pour bien saisir leur aspect, il est nécessaire de con- sulter les figures 2 à 4 qui les représentent sous un assez fort grossissement. Quelques fragments (fig. 4) présentent des proportions supérieures ; ils semblent pourtant avoir appartenu à la même espèce. Les derniers rameaux sont étroits, élancés, linéaires, ramifiés, ascendants; les ra- mules sont simples ou bifurqués, allongés en massue ob- tuse, assez peu renflés, mais toujours oblus au sommet; Quelquefois les bords sont à peu près égaux de la base au sommet du ramule, mais la terminaison est constam- ment obtuse ou faiblement atténuée. Quelquefois aussi on aperçoit des ramules différents des autres par l’organe en forme de sporange globuleux qu'ils supportent à leur ex- trémité et qui diffère de ceux des espèces précédentes par la longueur proporlionnelle du support. Il est difficile de ne pas reconnaître dans ces corps globuleux des sporo- thèques analogues à celles que nous avons déjà signalées, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La forme globuleuse des spo- rothèques, beaucoup plus longuement pédicellées, la forme étroite des ramificalions de la fronde et celle des derniers ramules séparent, selon nous, celte espèce de la précédente; elle se rapproche du Chondrites hechingensis dont elle tient 190 PALÉONTOLOGIE FRANCAISF, peul-être la place dans le Lias supérieur, mais sous des dimensions plus petiles. LoOGaLITÉ. — Grès supraliasiques des environs de Metz, étage loarcien. Collection de M. Terquem, à qui est due la découverte de l’espèce et qui a bien voulu nous la communiquer. EXPLIGATIONS DE FIGURES. — Pl, 21, fig. 1, portion de roche couverte de débris épars des frondes de CAondrites globulifer. — Fig. 2 à 4, fragments grossis pour montrer la forme et la disposition des ramules; on distingue en aa des organes globuleux, terminaux, sporangiformes, qui re- présentent sans doute les sporothèques; la figure 4 repro- duit un fragment de fronde dont les ramures sont plus larges et qui cependant paraît devoir être rapporté à la même espèce. N° 11. Chondarites Diniensis. Pi. 29, fig. 3. DrAGNosE. — Ch. fronde minutissima debili cœæspitosa cy- lindrica, ramis pluries pinnatim furcatimque partitis, ramulis ultimis Enearibus apice leviter incrassatis obtusalisque. Les débris de fronde de celle espèce sont accumulés à la surface et dans l’intérieur d’un calcaire grisâtre, à tex- ture compacle, Ce sont des rameaux cylindriques ou lé- gèrement comprimés, plusieurs fois divisés, à ramules nombreux et rapprochés. La ténuité des rameaux et des ramules est très-grande, puisque leur épaisseur est au plus de 1/2 millimètre. Les ramificalions, ascndantes, irrégu- lières, disposées dans un ordre allerne et le plus souvent pinné, dénotent des plantes formant un gazon serré, dont les derniers ramules sont linéaires, allongés, faiblement TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 191 renflés et toujours obtus à leur extrémité, qui est parfois recourbée. Nous n'avons rien aperçu qui correspondit aux organes sporangiformes, visibles chez plusieurs espèces précédentes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Chondrites Diniensis est voisin du CA. globulifer, dont il s’écarte seulement par la proportion beaucoup plus faible de ses rameaux, et aussi par un mode de partition un peu différent. Dans le nom- bre des Algues actuelles on peut en remarquer plusieurs dont l’analogie avec celle que nous décrivons ici paraît des plus étroites ; contentons-nous de citer l’Acrocarpus intrica- tus (Gelideum intricatum Kütz., spec. Alg. 767) de l’île Ravak; l’Acrocarpus delicatulus Kütz., de la Nouvelle-Calédonie ; l’Acrocarpus corymbosus Kütz., de la Méditerranée; enfin le Gelidium radicans Mont., de Cuba. LocariTÉ. — Environs de Digne (Basses-Alpes), étage infraliasien , zone à Ammonites planorbis et à Astræa la- mellosa. Collection de M. Garnier, inspecteur des forêts à Digne, à qui est due la découverte de lespèce et qui a bien voulu nous la communiquer. EXPLICATIONS DE FIGURES. — P]. 29, fig. 3, trois fragments de fronde du Chondrites Diniensis, grandeur naturelle, — Fig. 3,3°et 3°, quatre fragments grossis de la même espèce, pour montrer le mode de partition et la forme des rameaux. N°19, Chondrites veraimicularis. Pl 29-122 DrAGNOSE. — Ch. fronde (viva) cartilaginea implexe undique ramosa, ramis ramulisque dense confertis, pinnatim partis, cylindricis curvatulis hinc inde constrictis plerumque subtoru- 192 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, losis ,ul'èmis plus minusve elongatis, simplicibus furcatisque obtu- satis extremo apice quandoque globuliferis. M. Marion a découvert aux environs d’Aix celte espèce curieuse qu’il nous a fait connaître. Ses frondes étaient de petite dimension; elles se composaient d’un grand uombre de ramules repliés sur eux-mêmes, et entrelacés de façon à rendre très-difficile l’examen précis de leur con- tour. Elles ont laissé, à la surface d’une roche calcaire, des empreintes dont la physionomie rappelle assez bien les ciselures de l'appareil usité en architecture, sous le nom de vermiculé. La profondeur relative et la netteté de ces empreintes témoigne de la consistance ferme et résistante des anciennes frondes; il suffit d’un moulage pour rendre aux tubulures gravées en creux leur relief originaire. Elles se montrent alors comme un amas de ramifications com- plexes, très-serrés et entrelacées de toutes parts. Une étude minutieuse permet de reconnaître que les segments de fronde, dont le diamètre est un peu inférieur à 4 milli- mètre, sont disposés dans un ordre pinné ct alterne, que leur forme est cylindrique, mais qu'ils sont fréquemment contournés en divers sens, et surtout relevés çà el là de renflements noduleux qui leur communiquent une appa- rence toruleuse ou même moniliforme. Au milieu du dé- sordre apparent de ces ramules entrelacés, l’œil éprouve de la peine à suivre la trace exacte des ramifications; notre figure 1*, PI, 93, qui reproduit avec exactitude une por- tion grossie de l’ancienne fronde, aidera à en saisir le mode de ramification compliqué et les caractères distinctifs. On voit par cette figure que les ramules, presque tous conti- gus, sauf vers les parlies extérieures par où la fronde se continuait, sont plus ou moins renflés de distance en dis- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 193 tance et que ces renflements, quelquefois arrondis et rap- prochés, donnent aux rameaux une physionomie toute spéciale. L’extrémité de la plupart des ramules est non- seuiement obtuse, mais arrondie, et, dans bien des cas, elle prend l’aspect d’un organe globuleux, analogue à ceux que nous avons remarqués chez plusieurs Chondrites. Il est à croire, en effet, que ces parties globuleuses et peut-être aussi les renflements toruleux des rameaux cor- respondent aux organes fructificateurs. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Jl existe une assez grande liaison entre cette espèce et le C'hondrites hechingensis, dont les ramules sont pourtant bien moins serrées, moins entre- mêlées, et se terminent en massue renflée au sommet, sans être jamais aussi distinctement renflés-tolureux. Cette dis- position toruleuse se retrouve au contraire dans les deux espèces suivantes, dont les sporothèques paraissent réunies en file, de manière à former une sorte de chapelet. Mais le mode de ramification des segments, leur multiplicité et leur direction contournée fournissent des caractères qui dis- tinguent très-bien le Chondrites vermicularis des autres es- pèces du genre. Les Algues vivantes comprennent, dans le groupe des Gymnogongrus, très-voisins des Gigartina, plu- sieurs formes qui rappellent plus ou moins notre espèce fossile; nous citerons plus particulièrement les G. polyides Aresch., et #mplicatus Kütz., des côtes du Pérou, dont les ra- mules sont repliées et entremélées à peu près comme celles du Ch. vermicularis. Les sporolhèques des Gymnogongrus, arrondies et adnées sur le côté des ramules, sont souvent disposées en file, de manière à donner à celles-ci un aspect toruleux ; c’est ce qu’on peut voir dans le G. setaceus Kütz., des plages du Chili. LocauiTÉ. — Vallée de Saint-Marc, sur le chemin de VÉGÉTAUX. — J. 13 194 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Vauvenargues, environs d’Aix (Bouches-du-Rhône), étage bajocien; l'espèce y est associée au Cancellophycus sco- parius. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 93, fig. 4, fronde de Chondrites vermicularis, d’après un exemplaire moulé, grandeur naturelle. Fig. 4°, même organe grossi pour montrer la forme et le mode de partition des rameaux ; on distingue en aa des organes. globuleux qui répondent pro- bablement aux sporanges. N° 143. Chonärites pusillus. PI. 23, fig. 2-6. DrAGNOSE. — Ch. frôonde filiformi pinnatim pluries ramosa, ramis flexuosis alterne ramulosis, ramulis simplicibus furca- tisve brevibus obtusis, sporothecis? globosis sohitariis aut moni- liformibus. Les divisions de la fronde sont débiles, étroites, filifor- mes, disposées en fragments épars à travers des feuillets marneux et bitumineux, très-difficiles à saisir el à dessiner. Les rameaux, à contours un peu flexueux et probablement délicats et fragiles, portent des ramules alternes, tantôt simples, tantôt bifurquées, mais toujours assez courtes et obliquement dirigées, par rapport à l’axe qui les supporte. Leur forme est linéaire ou un peu renflée en fuseau, et leur sommet est plus ou moins obtus. Leur longueur moyenne n’excède pas 4 à 5 millimètres. Les figures 4, 5 et 6, PI. 23, grossies et dessinées avec le plus grand soin, mais aussi avec la plus grande peine, nous laissent voir non-seulement des ramules terminées par un organe glo)uleux en 4, mais des appareils moniliformes, à b, qui semblent résulter de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 195 sporothèques agrégées bout à bout et en chapelet, comme on le remarque chez plusieurs Floridées actuelles. Les feuillets schisteux paraissent parsemés d’une multitude de ces organes globuleux détachés. Malheureusement l’échan- tillon lui-même laisse beaucoup à désirer, et il serait à sou- baiter qu’au moyen d'exemplaires en meilleur état on pût s'assurer de l'existence des organes que nous venons de décrire, tels qu’il nous a semblé les apercevoir. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Chondrites pusillus nous paraît très-voisin du Chondrites divaricatus Fisch-Oost, qui se rapporte à la variété à divaricatus du C'hondrites Bollensis Kurr. Nous aurions été portés à réunir les deux espèces, s’il ne nous avait paru que le caractère le plus saillant du C. divaricatus, c’est-à-dire la direction des ramules dispo: sées suivant un angle très-ouvert, ne se faisait pas voir ici. Au contraire, les dernières ramifications, les seules que l’on observe, sont obliques, peu écartées, plus courtes et moins étroites relativement que dans l’espèce de Boll, Chez le Chondrites liasinus Heer, du Lias inférieur de Schambelen (Argovie) (2), les ramules sont plus étroites, plus allongées et plus divisées que dans les parties correspondantes du C. pu- sillus. Ce sont là pourtant des formes dont l’affinité mu- tuelle est visible et qu’on devra peut-être réunir, lorsqu'elles seront mieux connues. Dans le doute, nous préférons dis- tinguer provisoirement plulôt que confondre sans motif suffisant. | LocaLiTÉ. — Lias des environs de Metz, zone à Gryphæa arcuata, dans des feuillets marneux et bitumineux très-fins. Coll. de M. Terquem. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 23, fig, 2 et 3, ramules (1) Beitr., tab.in, fig. 4 et 6. (2) Urw. d. Schw., tab. 1v, fig. 2. 196 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, épars détachés d’une fronde de Chondrites pusillus, grandeur naturelle ; on distingue, à côté des ramules, des corpuscules globuleux, comprimés par la fossilisation, qui paraissent correspondre à des sporothèques détachées el disséminées en désordre.— Fig. 4, 5et6, trois fragments de fronde, gros- sis; la figure 4 montre en a un organe globuleux solitaire à l'extrémité d’un assez long pédicelle et en 4h des ramules régulièrement contractées moniliformes ; chacun de ces corps globuleux, soit solitaires, soit agrégés bout à bout, paraît représenter une sporothèque. N° 14. Chondrites moniliformis. PI. 24, fig. 1-4. DraGNosE. — C. fronde gracili cylindrica pluries dichotome vageque ramosa, ramuls plerumque divaricatis alternis linea- ribus obtusiusculis simplicibus aut furcatis, sporothecis ? qlobo- sis breviter pedicellatis solitaris vel sæpius aggregato-monili- formibus. Les frondes de cette curieuse espèce ne s’aperçoivent qu'avec une grande difficulté, à la surface de plaques de grès jaunâtres, micacées, d’un grain grossier, qu’elles ont marquées de leurs empreintes. Le creux de ces empreintes est encore occupé par une matière grisâtre pulvérulente gui a remplacé la substance végétale décomposée. Les li- néaments, à peine saisissables à l’œil nu, des anciens or- ganes se laissent entrevoir à la loupe, lorsque l’on s’atta- che à reproduire leurs contours, Les frondes du Chondrites monihformis, ainsi étudiées, paraissent notablement plus grandes que celles du C'hondrites pusillus. Elles mesurent un diamètre de 4 millimètre environ et se divisent à l’aide de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 197 plusieurs dichotomies successives en une série de ramifica- tions étalées, coudées-flexueuses., Les dernières ramules, assez peu compliquées, sont étroites, le plus souvent linéai- res, à peine renflées vers le milieu, obtuses ou faiblement atténuées au sommet, Mais à côté de ces ramules, on en distingue d’autres correspondant sans doute aux organes fructificateurs, et dont les unes supportent une sporothèque globuleuse, tandis que les autres, situées dans le voisinage des premiers, affectent une disposition toruleuse, submo- niliforme, assez distincte malgré le peu de précision des empreintes. Il semblerait donc qu'ici, comme dans l’espèce précédente, les sporanges eussent été tantôt solitaires, tantôt agrégés bout à bout ; et ces organes, ainsi ordonnés en file, se seraient détachés de même par désarticulation, puisque l’on distingue un assez grand nombre de corps globuleux épars, au milieu des fragments de fronde. Mal- heureusement ces détails si importants sont rendus confus par suite du défaut de netteté des empreintes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le mode de ramification, mais surtout les dimensions plus fortes des parties de la fronde distinguent cette espèce de la précédente; elle dif- fère aussi du CAondrites divaricatus &ont les rameaux sont plus détachés et le mode de division plus régulièrement pinné. Elle se rapproche encore davantage du Chondrites æmulus Heer (1), dont les ramules sont cependant plus as- cendantes, plus grêles et plus allongées. Il est à peu près impossible de se prononcer en connaissance de cause sur de semblables affinités qui démontrent seulement combien les formes étaient multiples et variées dans les limites de l’ancien groupe des C'hondrites. Getle analogie dans l'aspect (1) Urw. d. Schw., tab, xt, fig. 17. 198 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. des frondes existe pour les espèces jurassiques, même vis- à-vis celles du Flysch; afin de permettre d’en juger, nous reproduisons, PI. 24, fig. 6, une forme de Chondrites que nous croyons nouvelle et qui provient de l’éocène supérieur de Moldavie, récemment exploré par M. Coquand. Ce C'hon- drites, que nous proposons de nommer €. dacicus, présente des rapports évidents de physionomie et de structure avec notre €. moniliformis, malgré la distance énorme qui sépare les formations auxquelles ils se rapportent respectivement. LocaciTÉ. — Grès supraliasique des environs de Metz, étage toarcien. Coll. de M. Terquem. EXxPLICATION DES FIGURES.— P]. 24, fig. 1, plusieurs frag- ments de fronde de Chondrites moniliformis, grandeur natu- relle, on distingue en a a des corps globuleux épars et déta- chés qui paraissent correspondre aux sporothèques. Fig. 2 et 3, deux fragments grossis pour montrer la disposition des corps globuleux solitaires a a et des ramules toruleuses formées d'articles arrondis agrégés en file b 4. Fig. 4, autre fragment grossi de la même espèce.— Fig. 6, Chondrites da- cicus, espèce nouvelle de l’éocène supérieur de Moldavie, re- présentée pour servir de terme de comparaison, grandeur naturelle. N° 15. Chondrites Garmieri. PI. 9, fig. 2-7. DrAGNOSE, — C’. fronde (viva) cartilaginea alterne pinna- timque pluries parhta, ramulis virgatis plus minusve elonga- Us obliquis aut patentibus linearibus apice vix incrassato obtu- sis vel obluse attenuatis plerumque simplicibus, quandoque fruchficalionis ? causa globuliferis clavatisque. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 199 Les échantillons de cette espèce nous ont été communi- qués par M. Garnier, inspecteur des forêts à Digne, à qui nous la dédions comme un souvenir du concours bienveil- lant qu'il nous a prêté. La fronde est rameuse, plusieurs fois divisée, à rameaux pinnés, alternes, obliquement émis, plus ou moins divergents et étalés. Les dernières ramules varient beaucoup de forme et de dimension. Dans les exemplaires que nous considérons comme normaux, elles sont toujours cylindriques, obtuses au sommet et plus ou moins allongées, sans présenter rien de flexueux dans leur direction (fig. 2, 3 et 4). Dans d’autres empreintes que nous croyons devoir pourtant réunir à la même espèce, les ra- mules paraissent plus épaissies en massue et plus courtes. Les figures 2 à 4 sont celles qui présentent les caractères les plus tranchés ; les dernières ramules, presque toujours simples, se prolongent dans une direction plus ou moins oblique, en gardant la même épaisseur jusqu’à leur extré- mité supérieure, toujours plus ou moins obtuse. On distin- gue en a a des terminaisons globuleuses ou obconiques qui pourraient bien se rapporter à des sporothèques. L'épais- seur des rameaux principaux est de 1 ! millimètre, et celle ces dernières ramules de 1 millimètre seulement. Les frondes ont dû être cartilagineuses et cylindriques à l’état frais, mais elles n’ont laissé que des empreintes assez peu nettes, à la surface des schistes d’un gris ardoisé qui les ren- fermeni, en même temps que d'innombrables spécimens du Cancellophycus scoparius. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Chondrites hechingensts, dont cette espèce se rapproche, présente des frondes à di- visions plus nombreuses, plus flexueuses et surtout plus renflées en massue à l'extrémité des dernières ramules, L'espèce la plus voisine nous paraît être le CAondrites æmu- 200 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. lus Heer, de l’Oxfordien des cantons de Vaud et de So- leure (1). Nous serions tenté d’aller jusqu’à admettre l’iden- tité des deux formes, si la nôtre n’était pas visiblement plus robuste que celle de Suisse, dont les plus fortes ramules ne mesurent pas même 4 millimètre d'épaisseur. Celle-ci est évidemment plus petite par toutes ses proportions ; ses ra- mules paraissent aussi généralement plus courts et plus souvent divisés. Cependant la faible étendue et la conser- vation incomplète de l’exemplaire figuré par M. Heer ne sauraient fournir, il faut le dire, les éléments d’une appré- cialion rigoureuse. LocaLITÉ. — Ravin de la Pierel, près de Digne (Basses- Alpes), étage bajocien. Notre collection. EXPLICATION DES FIGURES.— PI, 9, fig. 2,3,4, portions de fronde de Chondrites Garnieri, type normal; on distingue en aa des ramules renflées au sommet qui représentent pro- bablement des sporothèques; grandeur naturelle, —Fig.5, 6, 7, autres empreintes à ramules plus courtes et plus ren- flées au sommet, appartenant, à ce qu’il sembie, à la même espèce, grandeur naturelle. DIXIÈME GENRE. — SPHÆROCOCCITES. Sphærococcites, Sternb., Vers. Il, p. 28 (emend.). —— Unger, Gen. et sp., p. 24. = Brongn., Tub. des genres de véq. foss., p. 10. — Fisch.-Oo:t., Fos. Fuc., p. 50. — Zigno, F°1. foss. oolith., 1, p. 32. DIAGNOSE, —— Frons (viva) cartilaginea vel coriacea plana (1) Voyez Hecer, Urweltd. Schweiz, p. 142, tab. 1x, fig. 11. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 201 plus minusve compressa costata, dichotome vel pinnatim irre- gulariterve in lobos ramulosque partita, sporothecis, ut ad- sunt, prominuls tuberculatis substantiæ frondis innatis. Sphærococcides, Schimper, Traité de Pat.vég., 1, p.165. Halymenites (ex parte), STÉTAD., 2 Es De 0e HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ce genre, tel que nous le con- cevons, conserve à peu près les limites que M. Schimper et avant lui M. Brongniart lui ont assignées en réunissant les Sphærococcites et Halymenites de Sternberg, après en avoir retranché certaines espèces, comme le Sphcæroc. crenulatus, qui est devenu le type du genre Phymatoderma, les Spheæ- rococcites affinis (L. e., tab. T, fig. 1), énclinatus (L. c., tab. 8, fig. 2) et genuinus(l. e., tab. 34, fig. 4), qui doivent rentrer dans les Chondrites, et enfin quelques formes tout à fait douteuses, probablement même étrangères aux Algues, telles que les ÆZalymenites verticillatus (EL, c., lab. 5, fig. 3), lacidiformis (L. c., tab. 27 b), etc. Ainsi délimité, le genre Sphærococcites est encore des plus difficiles à bien définir, d'autant plus qu’il s’étend à un temps très-long, et l’on peut dire que ses espèces les plus anciennes n’ont avec les sphærococcidées actuelles que des rapports très-incertains, tandis que les espèces tertiaires rangées dans le même groupe, comme le Sphæ- rococciles. cartilagineus Ung., de Radoboj, se confondent presque avec les formes vivantes correspondantes. Il serait mieux sans doute de ranger parmi les Sphærococcus les Al- gues terliaires dont la parenté avec ce type est visible et de réserver aux espèces secondaires exclusivement soit le nom de Sphærococcites, soit toute dénomination générique destinée à réunir des formes éteintes, liées par une phy- sionomie et des caractères communs. Malheureusement, 202 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. ces caractères eux-mêmes, appréciables chez quelques es- pèces, échappent à l'analyse lorsque l’on considère l’en- semble du groupe. M. Schimper a tenté, en dernier lieu, de le scinder en deux divisions ou sous-genres correspon- dant à peu près aux //alymenites et aux Sphærococcites de Sternberg et destinées à comprendre : le premier, les es- pèces à frondes larges, trréqulièrement lobées ou découpées; le second, les formes éfroites, à segments plus ou moins ré- gulièrement ramifiés. Mais il est facile de juger combien cette distinction échappe dans l'application : le Sphæro- coccites Meyrati Fisch.-Oost. (1) présente des segments au moins aussi larges que ceux du Sphæroc. (Halymenites) cernuus Sternb.(/.c., Il, tab. 8, fig. 4), à peine plusétroits et aussi irréguliers que ceux des Sphærococcites varius et cilia- tus Sternb. (ibid., tab. 2, fig. 4 et 4, fig. 1). Aux yeux de M. Brongniart, qui ne se dissimule pas les difficultés inhé- rentes au sujet, le genre Sphærococcites renfermerait des Algues à fronde membraneuse, en général d'apparence épaisse, coriace et souvent inégale, divisée en lobes pinna- tifides ou digités et dichotomes, souvent irrégulière et allongée, sans nervure, à surface tantôt lisse, tantôt parse- mée de tubercules fructifères irréguliers. Cette définition s'applique surtout, dans la pensée du savant auteur, aux Algues jurassiques de Solenhofen, et par ce motif nous de- vons l’adopter de préférence, en laissant à d’autres obser- valeurs le soin de rechercher la vraie nature des liens qui peuvent rattacher ces Algues à celles des temps postérieurs. Nous observerons seulement que, si l’on néglige les Algues tertiaires et que l’on écarte en même temps du groupe des Spheærococcites jarassiques les formes les plus douteuses, (1) Foss. Fuc., p.156, tab, 1v, fig. 4. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 203 entre autres le Sphærococcites (Zonarites) reticularis F. O. (1), on obtient une réunion d’espèces que l’on peut croire, sans invraisemblance, avoir fait autrefois partie du même groupe. Leur fronde cartilagineuse ou coriace, mais toujours comprimée, s’étale en lobes irréguliers, plus ou moins larges, plus ou moins divisés, mais ayant une ten- dance à la forme digitée, et terminés obtusément ou même arrondis à l'extrémité supérieure, lorsqu'ils se prolongent en segments étroits et sinués le long des bords. Le Sphæ- rococcites ciliatus (2), réuni à l’ÆZalymenites varius qui n’en diffère pas en réalité, serait dès lors le type du genre ; mais en partant des formes les plus larges, comme le Sphæro- coccites cactiformis Sternb. (IL, tab. 2, fig. 2), on arrive peu à peu à des formes, à ramifications plus étroites, représen- tées par les Sphcærococciles secundus et Fraasi Schimp. (Traité de pal. vég., X, p. 165), dont les segments divariqués, obtus au sommet et comprimés, malgré leur moindre lar- geur, conservent pourtant la physionomie essentielle du groupe. Cependant, il est fort possible que plus tard on adopte la pensée de M. Schimper et que l’on sépare les espèces à frondes ramifiées à segments étroits et multiples de celles dont les lobes digités sont plus larges, arrondis au sommet et sinués sur les bords; le petit nombre des espèces françaises que nous rapportons au genre Spheæro- coccites nous dispense d’insister sur ce point, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — La surface unie, jointe à la présence fréquente de tubercules irréguliers, distingue les (1) Voyez Fischer-Ooster, foss. Fuc., p. 34, tab. vi et comp. avec Schimper, Traité, de Pal. vég., X, p. 166. (2) L’apparence ciliée de cette espèce n’est due qu’à un accident de fossilisaiion ; il en est de même des ponctuations dont les Algues de So- lenhofen se trouvent souvent parsemées, 204 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Sphærococcites des Phymatoderma, de même que l'absence de nervures empêche de les confondre avec les Delesserites el Æalyserites. 1 faut convenir que rien ne distingue ce genre de certains Codites et surtout du Codites serpentinus Sternb. (4. e., tab. 3, fig. 1), sauf la structure supposée fis- tuleuse de ces derniers ; l’absence de zones transversales empêche de le confondre avec les Mänsteria, et la forme comprimée, qui cependant est quelquefois difficile à cons- tater, le sépare des C'hondrites. Si l’on considère les espèces vivantes, on reconnaîtra aisément que les Sphæwrococcites jurassiques, particulièrement ceux à fronde large, n’ont avec les Sphærococcus proprement dits que des analogies de forme, trop vagues pour entraîner l’existence d’une vé- ritable affinité. Cependant, il faut mentionner, parmi les formes à segments larges, certaines variétés du Sp. pal- metta Ag., les Sphærococcus nicæensis Kütz., ligulatus Kütz., des côtes de Dalmatie, le Sph, coriaceus Kütz., de la Nou- velle-Hollande, les Spk. platyphyllus Kütz., de l’océan Atlantique, et corallinus Bory, des mers du Chili. Les for- mes étroites ressemblent plus particulièrement à la variété a pinnatus du Sph. palmetta, aux Sphærococcus armatus Ag., de l’Adriatique, spinescens Kütz., de la Nouvelle-Calédonie, cervicornis Ag., de la Martinique, obtusus Harv., de Cey- lan, etc. En dehors des Sphærococcus proprement dits, les formes étroites des Sphærococcites rappellent le Gelidium cartilagineum des mers du Cap, tandis que les formes à segments plus larges se rattachent plutôt aux 2hodomenia et Æalymenia, et à certains points de vue font songer aux genres exotiques Cryptonemia, Sarcodia, Curdiæa, Acropel- ts, Thamnocladia, Chætangium, etc. Le genre Sphærococcites ne se montre guère avant le mi. lieu des temps jurassiques; il atteint son plus grand déve- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 205 loppement à l’époque des schistes lithographiques de So- lenhofen, vers l’Oxfordien et le Corallien; on le retrouve encore dans les étages postérieurs ; mais les formes ter- tiaires, comme nous l'avons dit, se rattachent plus direc- tement aux Sphærococcus acluels. N° 1. — Sphærococcites lichenoides. PL 2%, fig. 3. DiaGnose. — S. fronde (viva) cartilaginea crassa subcom- pressa latiuscuià dichotome partita , segmentis subdigitatis varie lobatis sinuatisque plus minusve elongatis, ultimes apice dilatato rotundatis, sporangis ? discoideis substantiæ frondis quandoque immersis. La découverte de cette espèce remarquable est due à M. Terquem, qui a bien voulu nous la communiquer. Ses caractères visibles la rangent très-naturellement parmi les Sphærococcites, non loin de plusieurs espèces de Solen- hofen. La partie conservée de l’empreinte correspond à une portion seulement de ja fronde dont on observe la terminaison supérieure. La consistance de la plante était ferme, épaisse, cartilagineuse, si l’on en juge par la pro- fondeur de l’empreinte dont notre figure reproduit le re- lief, d’après un moule. Les segments sont larges, de 4 à 6 et jusqu’à 7 millimètres, légèrement convexes et un peu inégaux à la surface, qui paraît très-finement granulée, et divisés par dichotomie en plusieurs rameaux sinués, lobés et diversement incisés le long des bords d'après un mode de partition qui tend à devenir digité. Les segments et les lobes, grands et petits, sont toujours sinués sur les côtés et dilatés, obtus où même arrondis à leur sommet ; les lobes 206 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. ou découpures, de même que l’ensemble de la fronde, pa- raissent étalés dans un même plan, comme la plupart des Sphærococcus et des Geldium actuels. Vers l'extrémité de deux segments, sur l'endroit dilaté, on distingue une saillie discoïde adnée à la substance même de la fronde et qui rappelle assez bien les sporothèques immergées des Chondrus, Sphærococcus et de plusieurs autres genres de Floridées. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Sphærococcites lichenoides se rapproche évidemment beaucoup du Sphærococcites va- rius Schimp. (1) (Æalymenites varius Sternb. II, tab. I, fig. 4), espèce de Solenhofen à laquelle M. Schimper réu- nit avec raison le Sphærococcites cilatus Sternb. (2). Nous aurions été porté à faire de même pour le Sphærococcites des environs de Verdun; toutefois, il nous à paru, malgré une affinité dont la réalité est incontestable, que les lobes du S. lichenoides étaient constamment plus courts, plus lar: ges et surtout terminés par un contour plus arrondi que ceux de l’espèce de Solenhofen. Il nous semble donc légi- time de maintenir une distinelion que l’examen d’une lon- gue série d'échantillons serait cependant nécessaire pour infirmer ou maintenir d’une façon définitive. Tout ce que l’on peut affirmer en l’état, c’est l’intime liaison de la forme française avec celle de la localité allemande. | Le Sph. lichenoides ressemble encore au Sph. Meyrati F. Oost. (3), espèce des schistes marneux néocomiens de Merlingen et de Sulsi (Suisse). Seulement dans ce dernier les segments de la fronde sont plus étroits, plus élancés et (1) Voyez Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 164. (2) Voyez Sternberg, Vers. IT, tab. 1v, fig., 1 et comparez les figures de l’auteur allemand avec la nôtre. (3) Fischer-Oost., Foss. Fuc., p. 56, tab. 1v. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 207 ne donnent pas naissance le long de leurs bords à des lo- bes el à des sinuosités aussi nombreux et aussi marqués. Leur terminaison supérieure est aussi plus allongée et moins obluse. Il est pourtant difficile de ne pas être frappé du rapport intime que présentent les deux espèces. LOcALITÉ. — Calcaires blancs de Saint-Mihiel, près de Verdun, étage corallien. Très-rare. Coll. de M. Terquem. EXPLICATION DES FIGURES.— PI]. 25, fig. 3, portion de fronde de Sphærococcites hchenoides, grandeur naturelle; on dis- tingue sur quelques points des saillies discoïdes qui corres- pondent peut-être aux sporothèques. N°9. _ Sphærococcites ramificans. PI. 25, fig. 1-2. DIAGNOSE. — S. fronde (viva) cartilaginea implexe ramosa, ramuls flexuosis geniculatis, tuberculis substantiæ frondis late- raliter adnatis hince inde onustis. Les frondes de cette espèce étaient sans doute de grande taille; les empreintes que nous figurons n’en laissent voir qu’une faible partie; ce sont des segments étroits, compri- més, ascendants, divisés. en rameaux flexueux, donnant lieu sur les côtés à des ramules divariquées et irrégulière- ment disposées. Les dernières ramules, versle haut de l’em- preinte, paraissent géniculées et pourvues, le long des bords, de tuberculosités adnées dont il est impossible de saisir à la loupe la véritable forme, mais qui ressemblent aux spo- rothèques des Sphærococcus, des Gracillaria, des Gigartina et d’autres genres de l’ordre des Floridées. La coloration intense de l’empreinte dénote dans cette fronde une con- 208 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. sistance cartilagineuse; les divisions principales ont dû avoir lieu par dicholtomie, tandis que les derniers seg- ments ou ramules se trouvent disposés dans un ordre pinné. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Sphærococcites ramifi- cans présente beaucoup d’analogie avec le Sph. cartilagi- neus Ung. (1), espèce miocène à peine distincte du Sphæ- rococcus (Gelidium) cartilagineus. Il est donc naturel de comparer aussi l'espèce d’Orbagnoux à celle-ci, qui habite les mers des régions chaudes. Parmi les Algues actuelles, nous pouvons encore signaler d’autres analogies, entre au- tres celle qui relie notre Sph. ramificans à V Acanthococcus antarctitus Hook et Harv., espèce des parages magellani- ques, dont les frondes et même les sporothèques sont dis- posées et conformées de la même façon, si l’on consent à grandir ses proportions. Nous ne ferons que nommer les Sphærococcus Domingensis (Gracillaria Domingensis Sond.) Kütz., de Saint-Domingue, armatus Ag., de l’Adriatique, pilulifer Ag., de la Nouvelle-Calédonie, le Gelidium polycla- dum Sond., du Japon, le Gigartina disticha Sond., de la Nouvelle-Hollande, ete. LocaziTÉ. — Orbagnoux, près de Nanlua (Ain), Kimme- ridgien inférieur. Coll. de M. Jules Ilier. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 95, fig. 1 et 2, empreintes de fronde du Sphærococcites ramificans sur des plaques cal- caréo-bitumineuses, grandeur naturelle. (1) Voyez Ung. CAl. prot., p. 128, tab. xxxIx, fig. 4 et Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 167, PI. 4, fig. 6. : 1à TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX, 209 APPENDICE AUX ALGUES La plus grande partie de notre travail était imprimée, lorsque nous avons eu connaissance des figures d’Algues siluriennes, publiées par M. J. Hall, dans son ouvrage inti- tulé : Paleontology of New-York. En établissant, sous le nom de Siphonites (voy. ci-dessus, p. 110), un genre nou- veau, destiné à comprendre une Algue des plus curieuses, recueillie par M. Hébert, à l'extrême base du Rhétien, nous avions signalé son analogie présumée avec les genres Harlania Gœæpp., Palæophycus Hall et quelques autres genres paléozoïques ; nous nous exprimions ainsi en nous basant sur les indications de M. Schimper, indi- cations non accompagnées de figures en Ce qui concerne les Palæophycus et les Buthotrephis (Bythotrephis Schimp.); mais nous étions très-loin de soupçonner alors la liaison tout à fait intime qui rattache plusieurs de ces végétaux marins de l’âge silurien aux Algues jurassiques. Cette liaison est cependant visible, et, dès que nous avons pu jeter les yeux sur les planches de Hall, nous avons dû admettre, d’une part, que le Zuthotrephis gracilis du savant américain était un véritable CAondrites, et que, d'autre part, le Palwophy- eus urrgatus, (J., Hall, Le... 1, p.263; PI.,70, fig: 1), du même auteur, présentait une telle analogie de forme et de structure avec notre Siphonites Heberti, qu’il était impossi- ble de ne pas réunir les deux espèces dans le même genre, sinon de les identifier tout à fait. Il n’est pas nécessaire d’insister sur la permanence, à travers une durée chrono- logique presque incalculable, des mêmes Algues au sein des mers primitives. Cette persistance contraste certaine- ment avec les changements subis, dans le même espace VÉGÉTAUX, — J, 14 210 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de temps, par d’autres séries d'animaux el de plantes ; elle est pourtant en rapport soit avec la place inférieure qu’occupent les Algues dans l’échelle des végétaux, soit avec ce que montrent les mollusques eux-mêmes, dont certains types, comme celui des Nautiles, déjà fixés à une date très-reculée, sont parvenus jusqu’à nous sans alté- ration d’aucune sorte. Nous ajouterons, en dernier lieu, que nous avons reçu récemment de M. l’abbé Vallet des échantillons authen- tiques du Phymatoderma liasicum, provenant des cou- ches liasiques du bourg d'Oisans. Cette espèce viendra donc s’ajouter à la liste des Algues de la France; elle sera décrite et figurée, ainsi que plusieurs autres, dans un sup- plément. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 211 CHARACÉES Les Characées ou Charaignes sont des plantes de struc- ture cellulaire, entièrement submergées ; elles habitent les eaux douces ou saumâtres, surtout celles qui sont vives, claires, entièrement calmes ou agitées par un faible cou- rant. Elles préfèrent les fonds vaseux et s’y multiplient rapidement de manière à constituer d’épaisses prairies aquatiques. Verdâtres et molles tant qu’elles flottent, elles deviennent blanchâtres, fragiles et pulvérulentes en se desséchant, et se réduisent alors en une poussière où do- mine la chaux sulfatée, qui les incruste à l’état vivant. Très-répandues dans les étangs, les fontaines et les bassins de l’époque actuelle, les Characées ont également peuplé les nappes lacustres des âges antérieurs ; leurs débris, le plus souvent désagrégés, remplissent certains lits tertiaires. Les lacs de cette période, soumis pendant leur longue du- rée à bien des vicissitudes, ont été parfois convertis en la- gunes et envahis entièrement par les Characées. Quoique plus rares dans les époques secondaires, où les formations d’eau douce deviennent elles-mêmes exceptionnelles, les Characées sont loin d'y être inconnues. On en a observé des traces jusque dans le calcaire conchylien des environs de Moscou (1). Ce sont les plus anciennes qui aient été signa- lées jusqu’à présent; mais l’existence du groupe remonte sans doute plus haut dans le passé. La structure à la fois très-simple et très-fixe des Characées est bien en rap- (1) Schimper, Traité de paléont. vég., 1, p. 217. 212 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. port avec leur antiquité présumée. Elles constituent un type qui n’a jamais varié que dans d’étroites limites, et tandis que l’organisation de leur tige les rapproche des Algues, parmi lesquelles plusieurs auteurs les ont rangées, leur appareil reproducteur les reporte non loin des Cryp- togames les plus élevées. Les tiges des Characées sont des tubes articulés, tantôt simples(G. Mitella), tantôt revêtus (G. Chara) d’un fourreau cortical formé de cellules tubuleuses plus petites et conti- guës, appliquées sur le tube central. Autour de chaque articulation, sont disposés des verticilles de rayons ou ap- pendices tubulés, simples ou articulés et ramifiés comme les tiges, à l’aisselle de qui se développent les rameaux qui prolongent la branche mère. Les organes reproduc- teurs naissent sur les appendices verticillés qui leur servent de support et se modifient plus ou moins pour les produire. Ces organes sont mâles et femelles, monoïques, c’est-à-dire réunis sur un seul pied, ou dioïques et sépa- rés sur des pieds différents, Les organes mâles ou anthéri- dies sont des corps globuleux, colorés en rouge, formés de huit cellules discoïdes, engrenées par les bords, réunies et soudées au centre, qui renferment de nombreux anthé- rozoïdes el les laissent échapper en s’entr’ouvrant, au moment de la fécondation. Les organes femelles ou arché- gones sont conslilués par une nucule plus ou moins sphé- rique, remplie à l’intérieur par une sporule unique et sou- dée avec elle, tandis qu’à l'extérieur elle est enveloppée par cinq tubes ou valvules unicellulaires, enroulés en spi- rale et terminés au sommet, où ils se réunissent, par une coronule à cinq dents, formée d’un seul cycle (Chara), ou de deux cycles (Mitella) de cellules ovalaires. Ce dernier organe est presque toujours absent à l’état fossile où sa TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 213 base pourtant se montre quelquefois. Les organes mâles _ des Characées fossiles sont inconnus, mais les fruits ou grains de Chara, nommés primitivement Gyrogonites par Lamarck qui les rangeait à tort parmi les Foraminifères, sont très-répandus dans les divers terrains et bien plus communément que les tiges. M. Leman est le premier qui ait reconnu leur structure, et depuis de nombreux Chara ont été successivement signalés et décrits par MM. Bron- gniart, Al. Braun, Unger, Heer et dernièrement par M. Schimper qui a résumé avec une clarté parfaite les tra- vaux de ces divers savants. GENRE. — CHARA. Chara Vaill. — Brongniart, Mém. du Mus. d’hist.nat., tab. vi Ann. du Mus., tab. xv; Tab. des genres de vég. foss., p. 36. — Al. Braun in Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 32. _ Heer, F1. tert. Helv., I, p.24. Urw. d. Schw., p. 218. — Watelet, Plantes fossiles du bassin de Paris, p. 54. — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 221. DrAGNOSE. — Plante aquaticæ submersæ, contextu plane cellulosæ, tubulosæ articulatæ, ramis ramulisque verticillatim ordinatis, caules plerumque e tubo centrali tubulisque minori- bus circa tubum centralem adplicatis efformatæ, ramuli seu appendicula, folia aut radü dicti, foliola breviora fasciculata organaque propagationis gerentes ; organa mascula sphærica, aurantiaca vel cinnabrina, scutellis 8 triangularibus compo- sita, filis dense articulatis antherozoïdia articulis inclusa fe- rentibus impleta; sporangia seu nuculæ plus minusve ovato- sphæricæ vel sphæricæ uniloculares sporam unicam testa dura (1) Schimper, thid., p. 219 et 220. 244 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. continentes, valvulis tubulosis 5 nuculæ parietibus adnatis spiraliter dextrorsum convolutis apice in coronulam quinque cellularem confluentibus indusiatæ. DÉFINITION. — Les Characées dans l’ordre actuel com: ‘prennent les deux genres Chara et Nitella. Celui-ci se dis- tingue du premier par ses tiges simplement tubuleuses, dépourvues par conséquent de cellules tubuleuses corti- cales; la présence de ces dernières et d’un seul cycle de cellules à la coronule caractérise au contraire la plupart des Chara, et c’est à ce groupe que l’on a rapporté exclu- sivement jusqu'ici les espèces fossiles. Cependant, les tiges de Characées, à l’état d’empreinte, sont rarement assez bien conservées pour permettre d'étudier leur structure, el comme de plus la coronule manque toujours, l’absence des Mtella ne saurait être affirmée par aucune preuve po- sitive. Tout en admettant leur existence dans les époques antérieures à la nôtre comme des plus vraisemblables, on est porté à croire que leur rôle était dès lors subordonné, à côté de celui des Chara proprement dits. La prépondé- rance relative de ceux-ci se trouve établi sur des indices trop nombreux et trop sûrs pour ne pas être considérée comme l’expression exacte des faits. N°1.Chara Bleicheri, PI. 9, fig. 8-11. DrAGNOSE. — Ch. fructu minutissimo subsphærico 0,39 — 0,44 millim. longo, 0,35 — 0,40 millim. lato, valvis spirali- bus a latere visis 5 — 6 minime obliquis convexiusculis tuber- culorum vix prominulorum serie una signatis. Les fruits de cette espèce, dont la découverte est due à M. Bleicher, chirurgien aide-major, et l’une des plus an- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 215 ciennes qui ait été encore signalée, sont extrêmement pe- tits, puisque leur plus grande longueur n’atieint certaine- ment pas un demi-millimètre ; ils sont presque sphériques, l’un des deux diamètres ne dépassant l’autre que d’un huitième environ. Les tours de spire vus par côté se ré- duisent à 6 et leur direction n’a rien d’oblique. La surface des valves spirales est légèrement convexe et marquée sur le milieu d’une rangée de tuberculosités arrondies, peu saillantes et assez peu visibles. Dans les exemplaires dé- cortiqués, la place des valves est occupée par une bande lé- gèrement concave et leur commissure revêt l'apparence d'une crête saitlante, tandis qu’elle se montre sous l’as- pect d’un sillon sur les fruits qui ont conservé leur forme extérieure. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cetle espèce se distingue aisément du Chara Jaccardi par la forme à peu près sphé- rique de ses fruits, la convexité des tours de spire, leur direction non oblique et la rangée de ponctuations tuber- culeuses dont ils sont pourvus. La dimension paraît aussi notablement plus petite. Sous plusieurs rapports le Ckara Bleickeri peut être comparé aux Chara Grepini Heer, gra- nulifera Heer et inconspicua Al. Br.; surlout à la pre- mière de ces espèces qui montre, comme la nôtre, une rangée de tubercules, mais dont les tours de spire sont cependant plus obliques et plus nombreux (8—9) et les di- mensions de beaucoup supérieures (1 mill. dans tous les sens). Le CA. Grepini a été rencontré dans la formation éocène sidérolitique de Dévelier, non loin de Délémon, tandis que les Ch. granulifera et inconspicua proviennent des marnes de Paudex. Les dernières espèces ne sont pas tuberculées ; elles paraissent aussi être un peu plus grandes que celles que nous décrivons. Le Ch. Bleicher, un des 216 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. plus anciens connus, serait donc encore remarquable par l’excessive petitesse de ses fruits, En ce qui concerne la non-obliquité des tours de spire jointe à leur petit nombre et à la forme sphérique, on peut encore rapprocher notre Chara du Ch. medicaginu la ; mais les fruits de cette espèce tertiaire excèdent 4 millimètre dans tous les sens ; il en est de même à plus forte raison des Ch. onerata Wat. et Dutemplei, Wat., des lignites éocènes du bassin de Paris, dont les fruits tuberculés et globuleux, comme les nôtres, à tours de spire peu nombreux et transversalement diri- gés, atteignent à des dimensions peu ordinaires pour des grains de Chara (1,35 à 1,40 millimètres). LOCALITÉ. — Cajasc, département du Lot, étage oxfor- dien. Coll. de M. Schimper. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 9, fig. 8et 9, fruits du Ch. Bleicheri vus obliquement et un peu par dessous, gros- sis 30 fois ; fig. 10, autre fruit de la même espèce, décorti- qué, vu par côté, sous un grossissement de 30 fois le dia- mètre; fig. 11, fruit de la même espèce restauré, vu par côté pour montrer l’ensemble des caractères. N°9. €hara Jaccardi. PI. 9. fig. 42-13. — Heer, Urw. d. Schweiz, p. 218, fig. 134. — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 211, P1.9, fig. 12-13. DIAGNOSE. — Ch. fructu parvulo, 0,60 millim. longo, 0,40 millim. lato, breviter ovali utrinque obtuso, valvis sprra- libus extus planiusculis a latere visis G-7. Les fruits de ce Chara, signalé par M. Heer et que nous connaissons seulement par la figure qu’en a donnée cet TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. AN auteur, ont été découverts dans la vallée du Locle par M. Jaccard. Ils sont très-petits, régulièrement ovales, ob- tus et arrondis aux deux extrémités, et laissent voir 6 à 7 tours de spire assez obliquement dirigés, nus et déprimés à la surface. Ces tours de spire résultent de cinq valves conniventes à la base de l’organe, comme dans les C'hara actuels; c’est ce que montre la figure grossie de M. Heer que nous reproduisons exactement. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous avons marqué plus haut les caractères aisés à reconnaîlre qui séparent le Ch. Jaccardi du Ch. Bleicheri. 1 se sépare de même de tous les autres Chara fossiles, tout en se rapprochant du Ch. inconspicua ; mais ses tours de spire sont plus obliques et sa forme plus régulièrement ovalaire que chez ce dernier. : LOGALITÉ, — Calcaire lacustre de la vallée du Doubs, près de Villers-le-Lac, étage purbeckien (1). EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 9, fig. 12, fruit du Ch. Jaccardi grossi, vu par côté; fig. 13, le même forte- ment grôssi, vu par-dessous. Ces figures sont calquées sur celles de M. Heer. (1) Voyez : Étude géol. et Pal. de la formation infracrétacée du Jura, etc. — Mém. Soc. d’hist. nat. de Genève, vol. XVIII, et Paléontologie de la France, par d’Archiac, p. 161. 218 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. EQUISETACÉES Les Équisétacées ou Équisélinées, considérées à un point de vue très-général, représentent une classe de Crypto- games vasculaires qui se montre d’autant plus puissante et variée que l’on remonte plus loin dans le passé. Com- prenant d’abord plusieurs types et même plusieurs fa- milles, dont l’une, celle des Calamariées, n’a guère dépassé les temps paléozoïques, limitée à partir du Trias aux seules Équisétées, cette classe s’est trouvée enfin réduite à un genre unique, assez peu nombreux et très-isolé, celui des É‘quisetum où Préles. Les Équisétacées forment de nos jours un groupe des plus compactes. Distinguées par une organisation toute spéciale, elles se séparent nettement des autres Crypto- games, el si leur procédé de reproduction oblige de les ranger non loin des Fougères, on peut dire qu’elles s’en éloignent autant que possible par les détails de leur struc- ture et l’ensemble même de leurs caractères. Douées d’une physionomie très-tranchée, mais différant peu les unes des autres, les Équisétacées ont toujours possédé le même as- pect; seulement, au lieu de demeurer stalionnaires, elles ont vu leur rôle s’amoindrir singulièrement depuis les temps paléozoïques jusqu’à l’époque jurassique. Dès lors, elles ont été constituées à peu près dans les limites ac- tuelles, quoique leur taille et leur importance même aient beaucoup diminué, surtout en ne considérant que notre continent. Avant le Trias, à côté des Équisétées proprement dites, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 219 dont l’existence paraît remonter jusque vers le temps des houilles (1), se montraient les Calamariées, tribu considé- rable comprenant non-seulement les Calamites (Calamo- cladus Schimp.), genre dont les Aslérophyllites paraissent représenter les rameaux et les Volkamia (Calamostachys Schimp.) les épis fructificateurs, mais aussi les Annularia et Sphenophyllum. La disposition constamment verticillée des organes appendiculaires chez toutes ces plantes, la structure intérieure des tiges de Calamites observée par plusieurs savants et en dernier lieu par M. E. W. Bin- ney (2) apportent la preuve d’une étroite affinité les ratta- chant aux Équisétées proprement dites. Cependant, les Calamariées ou du moins une partie d’entre elles, aux yeux d’un savant illustre, M. Ad. Brongniart, se rapprocheraient plutôt des Gymnospermes, et M. Schimper lui-même est disposé à croire que celte classe de végétaux, parvenue au maximum de son évolution, était effectivement moins isolée dans la nature contemporaine qu’elle ne l’est deve- nue depuis. Les Calamariées se distinguaient au moins des Équisé- tées par leurs organes appendiculaires libres et non soudés en gaîne, ainsi que par l'insertion de leurs rameaux, axil- laires et non pas extérieurs par rappori à ces mêmes or- ganes. C’étaient là deux différences considérables et qui marquent une distance appréciable entre ces premiers types et ceux qui suivirent. A l'époque triasique, les Cala : mariées avaient disparu, mais les Équisétées comprenaient encore plusieurs genres à côté des Équisetum proprement dits. Les Schizoneura, voisins de ceux-ci par l’aspect et l’organisation de leurs tiges, s’en distinguaient par la pré- (1) Voy. Schimper, Trailé de paléont. vég., T, p. 258. (2) Id., ibid., p. 302-306. 2920 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sence d’une gaine très-longue, d’abord entière, puis fendue en un certain nombre de segments régulièrement disposés. Ce genre existait encore à l’époque jurassique, puisque M. Schimper en signale une espèce, le Sch. Hæœrense, dans lInfra-Lias de Hôr en Scanie, et une autre plus douteuse, il est vrai, le Sck, lateralis dans l’Oolithe du Yorkshire (1). Cependant le terrain jurassique de France n’a point fourni jusqu'ici de vestiges de Schizoneura. Un autre genre d’Équi- sétées a été observé dans les terrains jurassiques de l’Inde et de la Nouvelle-Hollande et retrouvé, vers l’horizon de lOx- fordien, dans les Alpes vénitiennes, par M. de Zigno; c'est le genre Phyllotheca chez qui les segments de la gaine, soudés vers la base,demeuraient libres dans Ja plus grande partie de leur étendue. Ce type dont la disparition a laissé les Æquisetum entièrement isolés n’a pas été encore signalé en France; aussi nous ne parlerons que de ces derniers. GENRE. — EQUISETUM. Equisetum L. Schimper, Traité de Pal,vég., 1, p. 259. DIAGNOSE. — /ihizoma perenne repens, caulesque aerù e rhizomate pro tempore assurgentes, fistulosi, septis transversis cellularibus interrupti, internodis lacuna centrali annuloque cy- lindrico e contextu celluloso fasciculos vasorum binasque series lacunarum ad exterius majorum alternantes includente cons- tantibus præditi, vaginis ad septa sedentibus vestiti, organis appendicularibus omnibus silicet radicibus innovationibus ra- mis ramulhs fructificationisque partibus verticillatim ordinatis ad basimque vaginarum nec ad axillas oriundis. Caules vagi- (1) Voyez Schimper, Trailé de pal. vég., I, p. 283 et 285. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 291 nœæque superficie sulcatæ, carinis valleculisque plus minusve exaratæ, granulis siliceis persæpe onustæ, virides aut chloro- phyllæe stomatmnque defectu flavo-pallidæ eburneæque ; sto- matum dispositione situ radiorumque siliceorum numero in co - hortas duplices Equisetum scilicet et Hippochæte à CI. Milde dstributæ, homorpheæ aut heteromorphæ, hoc est fructificationes in quocumque stipite proferentes vel 1llas in stipite proprio a sterilibus dishincto separatim habentes. Gemarum verticilla bina non alternantia, sub rhizomatorum vaginis posita, unum radices, aliud rhizomata vel caules emittens. Tubercula ovata vel pyriformia fecula 1ntus farcta, simplicia aut moniliforme seriata vaginarum veshiqus basi apiceque coronata, internodis cœæterum structura simillima et in caules sœæpe etiam evolutione normal transeuntia. — Spica terminalis e verticillis approxi- matis foliorum fertilium receptacula shipitata peltataque subtus sporangifera efformantium composita ; Sporæ sporangüs primum inclusæ, dein dehiscentia rimosa e sporangüis libere, plurimæ globosæ filis duobus elasticis apice spathulatis circum- volutæ, in prothallia antheridia et archegona gerentia mox evolutæ stirpemque juvenilem matri similem ex archegontüs vi sezuali impulsis innascentem tandem emittentes. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les Prêles ou £quisetum pos- sèdent des rhizomes persistants, horizontaux ou plus ou moins obliques, ayant la même structure que les tiges aériennes el verticales dont la durée est annuelle. Dans les deux cas, on observe un cylindre plus ou moins résis- tant, marqué d’un nombre variable de facettes, stries ou cannelures, souvent encroûté de silice à l’extérieur, fistu- leux à l’intérieur et creusé d’une lacune centrale, inter- rompue de distance par des nœuds ou diaphragmes. A chacun de ces nœuds s’attachent, aussibien sur le rhizome que sur les tiges, des gaînes continues avec l’entre-nœud 222 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. qu'elles terminent, et qui entourent une partie de l’entre- nœud qui s'étend au-dessus. Ces gaînes constituent un fourreau cylindrique plus ou moins étroitement appliqué, denté, frangé, parfois lacéré dans le haut, et formé de feuilles ou pièces appendiculaires, complétement soudées entre elles, dont les commissures correspondent, non pas aux crêles ou carènes longitudinales qui parcourent les gaines, mais aux vallécules ou intervailes plus minces qui les séparent. Les carènes principales ne s'arrêtent pas aux gaines ; elles se prolongent inférieurement et sillonnent la superficie des entre-nœuds, en y marquant des parties saillantes et des parties déprimées en relation avec l’orga- nisation intérieure. L’étui cylindrique qui circonscrit la partie centrale lacunaire offre effectivement une structure dont la fixité est telle que le nombre seul des parties, mais non jamais leur disposition, se trouve sujet à varier d’un Equisetum à l’autre. On y distingue toujours deux séries alternantes de lacunes ; les plus grandes situées en avant et correspondant aux parties déprimées: ce sont les lacunes valléculaires ; celles de la seconde série, beaucoup plus petites, plus intérieures, correspondant aux carènes : ce sont les lacunes carénales, Un tissu cellulaire plus ou moins serré remplit l'intervalle qui s'étend entre les deux séries de lacunes, ainsi qu'entre la série des plus grandes exté- rieures et l’épiderme. Les cellules de ce dernier sont occu- pées par des grains de chlorophylle, plus ou moins abon- dants selon les espèces. Les faisceaux vasculaires forment des groupes régulièrement disposés et placés en avant des petites lacunes; ils font face par conséquent, cornme celles-ci, aux carènes. Celte organisation reste la même dans les rhizomes; elle se modifie à peine dans les ra- mules, où la série des grandes lacunes disparaît cependant. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9293 Tous les organes sont verticillés chez les £'quisetum, les racines aussi bien que les bourgeons sur les rhizomes, les rameaux et les ramules sur les tiges; mais ces verticilles sont toujours disposés sur le pourtour des cloisons trans- verses ou diaphragmes, et à la base extérieure des gaînes, caractère des plus importants, tellement il se trouve isolé dans le règne végétal où les bourgeons sont constamment situés à l’aisselle des parties foliacées et appendiculaires. A la base des gaînes caulinaires, on n’observe qu’une seule rangée de bourgeons, latents, avortés ou développés en rameaux et en ramules ; mais sur les rhizomes et à la partie souterraine des iiges, on remarque deux séries de bourgeons immédiatement superposées et non pas alternes. La série inférieure donne naissance aux racines qui sont grêles, souvent très-longues et ramifiées sans ordre (c'est là l’unique exception à la loi qui, chez les £'quisetum, dis- pose tout par verticilles, voy. Æist. nat. des Equisétacées de France par J. Duval-Jouve, Paris, 1864, p. 5 et suiv.). La série supérieure donne lieu aux tubercules et aux tiges aériennes et verticales. Les tubercules sont ovoïdes ou py- riformes, solitaires ou aggrégés en chapelet et constituent des réservoirs de fécule, terminés au sommet par une gaîne rudimentaire, commelesentrenœuds dontils ne diffè- rent que par l’accumulation de la substance nutritive qu'ils renferment, puisque dans beaucoup de cas ils sont suscep- tibles de se prolonger sous la forme de véritables tiges. Les organes reproducteurs, disposés en épis terminaux, consistent en supports verticillés etalternant d’un verticille à l’autre, Ces supports peltés au sommet ou clypéoles re- tiennent inférieurement les sporanges qui sont ovoïdes- allongés et renferment les spores qu'ils mettent en liberté en s’ouvrant par une double fente longitudinale. Les spores, 224 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. petites, arrondies, munies d'élatères ou filaments élastiques d'abord enroulés en spirale autour d’elles, puis se dérou- lant avec rapidité et favorisant ainsi leur dissémination, les spores, comme chez les fougères et beaucoup de Cry- ptogames, ne reproduisent pas immédiatement la plante mère. Par une sorte de génération alternante, leur dévelop- pement donne lieu à un prothalle ou sporonyme, expansion cellulaire aux contours vagues, munie de radicelles à la base, diversement lobée et laciniée, et produisant, soit par monœæcie, soit par diœcie, les anthéridies et les archégones. Les premières en forme d’urne ou de poche, situées à l’extrémité des lobes en partie frangés du prothallium, con- tiennent les anthérozoaires ; les secondes, disposées vers la base de l'organe, sont semblables à une bouteille à long col. Du contact de l’anthérozoïde avec l’archégone naît en- fin la plante nouvelle, tandis que la production intérimaire se flétrit et disparaît rapidement. Toutes les parties que nous venons de décrire ne sau- raient évidemment se retrouver à l’état fossile, mais on en connaîl assez pour qu'il soit permis d’affirmer que, dès le keuper, il existait des Z£quisetum, conformés absolument comme les nôtres et n’en différant que par une taille géné- ralement beaucoup plus élevée. Les tiges et parties vagi- nales, comme on le conçoit très-bien, sont les organes les plus répandus; presque toujours écrasées ou à l’état d’em- preintes, elles n’en conservent pas moins leur physionomie caractéristique. Mais les tiges d’ÆZquisetum, étant fistuleu- ses, il est souvent arrivé que le sédiment en pénétrant dans la cavité intérieure s’est moulé sur les parois, de ma- nière à reproduire en relief une tige striée ou cannelée, divisée pardes nœuds qui correspondent aux diaphragmes, mais privée de gaines et plus analogue aux liges de Calamites TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 295 qu’à celles des vrais Æquisetum. De là une confusion qui a fait donner à tort aux seconds le nom générique des pre- mières et prolongé l'existence des Calamites bien au delà du terme après lequel ce type avait cessé de se montrer. Nous adoptons pleinement en cela l'opinion de M. Schim- per qui repousse les Calamariées en dehors des temps secondaires et n’admet plus de véritables Calamites à partir du Trias ; à plus forte raison ce genre a-t-il été absent du Lias et de l'Oolithe. Les bourgeons, les bases amincies des tiges vers le point où elles s’insèrent sur les rhizomes, les parties terminales et les gaînes emboîtées l’une dans l’autre, et à divers de- grés d'évolution, s’observent à l’état fossile, où cependant les rameaux verticillés, pareils à ceux qui garnissent en grand nombre la plupart des Æquisetum actuels, sont extrêmement rares, sinon inconnus, dans le terrain se- condaire. M, Schimper suppose, il est vrai, que les tiges aériennes de l’£quisetum arenaceum, la plus grande espèce de l’ancien monde, se terminait par une couronne de ra- mules; cependant, ces prétendus ramules n’ont jamais été retrouvés en place ; aucune trace de bourgeons ni de ci- catrices d'insertion ne se montre sur les tiges garnies de gaines, et l’on est en droit de supposer qu’à l'exemple de plusieurs Æquisetum actuels les espèces seconduires ne présentaient que des tiges nues ou munies de ramules peu nombreux. Les portions souterraines, c’est-à-dire les rhizomes et les parties inférieures des tiges, munies de radiculus, se rencontrent aussi à l’état fossile et n’offrent rien que de très-conforme à ce qui existe actuellement chez les Equisetum. On observe même assez fréquemment les tu- bercules ou renflements féculents, soit solitaires, soit agré- VÉGÉTAUX, — J, 15 296 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. gés en chapelet, tantôt gonflés comme dans l’état frais, tantôt ridés et flétris, ainsi qu’il leur arrive, lorsqu'ils ont fourni à la plante la substance nutritive qu’ils renferment. Les tubercules fossiles sont aisément reconnaissables et leur dimension qui dépasse parfois la grosseur d’un œuf de poule est en rapport avec la taille gigantesque de plu- sieurs des anciennes espèces. Les épis fruclificateurs sont très-rares ; il en existe pour- tant des exemples, et comme ceux des Z'quisetum actuels ils sont formés de verticilles serrés de supports peltés au sommet et hexagones sur les bords, par suite de leur compression mutuelle. L'organisation intérieure, parfois visible, ne manifeste dans la disposition des vaisseaux et deslacunes aucune divergence appréciable, relativement à ce qui existe dansles tiges vivantes. Il semblerait donc, d’après tout ce qui précède, que les rapports des £quisetum secondaires avec ceux de nos jours fussent faciles à déterminer, et cependant il serait témé- raire d’affirmer que les premiers aient réellement appar- tenu à quelqu’une des sections entre lesquelles le genre se trouve maintenant divisé. Divers indices tendraient plutôt à faire croire que les prêles primitives étaient douées de caractères intermédiaires et ambigus, sans rapport direct avec ceux qui distinguent les sections actuellement établies. M. Milde, dans sa monographie des Équisétacées, s’est fondé principalement sur des considéralions tirées de la forme et de la disposition des stomates pour partager l’en- semble du groupe en deux sous-genres, les Æquisetum proprement dits et les Æippochœte. Ges sortes de carac- tères ne sont guère observables chez les espèces fossiles ; toutefois, comme les Zquiselum sont propres aux régions TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 997 froides et tempérées, et les ÆZippochæte répandus au con- traire dans les pays chauds; comme de plus ceux-ci com- prennent les plus grandes espèces, et que la section Monosticha renferme des formes à tiges dépourvues de ra- meaux, comme les tiges fossiles, 1l serait naturel de rap- procher celles-ci des Æippochæte de cette section ; cepen- dant, les épis fructificateurs, ovales et oblus chez les Z'qui- setum, Sont apiculés chez les //ippochæte, et ces mêmes or- ganes paraissent avoir été arrondis et sub-globuleux dans l’Equisetum Munsteri. Il est donc probable que les £quise- tum jurassiques, si leurs divers organes pouvaient être con- nus et analysés, viendraient se ranger dans une section par- ticulière, distincte des sections du mondeactuel, ou mieux encore serviraient à les rejoindre et à combler les vides qui les séparent. Les prêles n’ont jamais été plus grandioses que dans le Keuper, le Lias et l'Oolithe. M. Schimper, calculant, d’après le nombre des gaines contenues dans un bourgeon et la longueur présumée des entre-nœuds, évalue à 8 ou 10 mè- tres au moins la hauteur des espèces principales. C’étaient de véritables colonnes rapidement développées et bientôt remplacées par d’autres, à la façon des Bambous. Elles couvraient sans doute d’une forêt serrée les parties basses, sablonneuses ou limoneuses, naturellement humides ou fréquemment inondées; en qualité de plantes sociales, elles excluaient les autres essences, et leur absence des localités riches en Fougères et en Cycadées fait voir qu’elles recher- chaient de préférence certaines stations et les occupaient d’une façon à peu près exclusive. Leurs espèces, qui repa- raissent sur un grand nombre de points à la fois, élaient irès-diffuses, mais assez peu variées et par conséquent peu nombreuses ; bornées d’ailleurs à un espace de temps as- 228 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, sez court, chacunes d’elles n’ont jamais eu qu’une durée limitée, et leur présence est généralement caractéristique pour les étages qui en renferment les débris. N° 1. Equisetum arenaceum. PI. 26, fig. 1-2. — Bronn, Jahrb, d. Minéral., 1829. — Heer, Urw. d. Schweiz, p. 49, fig. 27. — Schimper, Trailé de Pal. vég., 1, p. 270, pl. 9, 10164 11e DiaGNosE. — Z, rhizomatecauhbusque robustissimis centim. 6-8-14 diametro metientibus, tuberculis ovatis centim. 6-8 lon- gis, d-7 crassis, basi radiatim sulcatis, caulibus pro tempore e geminis subterraneis vaginarum evolutione assurgentibus, elatis saltem 8-10 metralibus lævibus omnino nudis vel superne solum ranosis, internodüs inferioribus abbreviatis, superioribus plus minusve elongaths semipedalibus, vaginis alte productis in cau- libus crassioribus centum costatis et ultra, costis planis apicem versus sensim angustalis in dentem lanceolatam processu mem- branaceo subulato tandem deciduo apiculatam excurrentibus ; spica ovata circiter 25 mallim. diametro metiente, scutellis penta-hexzagonis mallim. 3-4 latis. Calamites arenaceus, Brongauiart, Hist. des vég. foss., 1, p. 138, pl. 26, fig. 3, 4, 5 (Excl. specim. aliis). — — Jæger, Pflanzenverst., (ab, 1-5, Equisetites arenaceus, Schenk, Beitr. z. Flora d. Keupers und d. rhät. Format., p. 9, tab. 7, _ —- Schænlein, Abbild, von. foss. pfl. aus dem keuper frankens, p. 10, tab. 1, fig. 7-8, tab. 2, fig. 1 et 2, 4 et 5, tab..3, 4, 5, fig. 36, tab. 6, fig. 2 et 4, tab. 8, fig. 8 a. Equisetites Bronnii, Sternb., F1. d. Vorw., II, p. 46, tab. 214, fig. 1-5, tab. 30, fig. 4-5, tab. 31, fig. 4-6. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 229 — — Jæger, Pflanzenverst., tab. 4, fig. 5 et 98, — — Uoger, gen. sp. pl. foss. Equisetites schlænleinit, Sternb., /. ce. p. 45. Egquiselites cuspidatus, Presl, in Sternb. fl. d. Vorwelt. WI, p. 107, tab. 31, fig. 1,2, 5, 8, Equisetiles acutus, id, loc. Lab. 31, fig. 3, Equiselites sinsheimicus, Pres, ?. c. p.107, tab. 30, fig. 2, Equisetumn columnure (ex-parte), Brongn. Hist. des vég. foss., 1, p.115, pl. 13, fig. 5, (fig. 1 et 2, excl.) L’£quisetum arenaceum est la plus grande espèce du Keuper et peut-être de tout le genre. Ses tiges mesuraient un diamètre de 13 à 14 centimètres au moins, dans l’exem- plaire que nous figurons, P1.26, fig. 1, et qui provientde la partie supérieure des Marnes irisées de Couches-les-Mines, près d’Aulun, Parfaitement conforme aux spécimens si variés et si remarquables des environs de Stultgardt et du canton de Bâle, figurés par Sternberg, Schænlein et dernièrement par M. Schimper, cet échantillon ne laisse aucun doute sur la présence de celte espèce caracté- ristique, aux environs d’Aulun, vers la fin du Keuper; nous verrons plus loin que dès le commencement du Rhé- tien, dans la même localité, l’£'quisetum Münsteri avait suc- cédé à l’Z. arenaceum, comme espèce dominante ; cepen- dant, parmi les espèces recueillies par M. Pellat dans les grès d’Antulles, nous en avons remarqué une qui nous semble devoir être réunie à l’Z, arenaceum, dont elle pré- sente les caractères, bien qu’elle soit un peu fruste et ne consiste qu’en un fragment des plus incomplets. Cet échantillon que nous figurons, PI. 26, fig. 2, com- prend seulement une portion de gaîne, continue par la base, à ce qu’il semble, avec un lambeau de tige dont on ne voit pas la terminaison. La gaine est haule de 3 cen- timèires environ, conservée sur une étendue en largeur de 230 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. 4 centimètres et parcourue par des stries ou sillons sépa- rés par autant de côtes planes ou à peine convexes, plutôt déprimées sur leur milieu, et terminées par un sommet tronqué, sans doute par suite de la chute ou du repli des dents, conformément à ce que montre la figure 4, pl. 4, de Schænlein. Cette ressemblance nous paraît faite pour entrainer la conviction et donner à penser que l’espèce keupérienne a prolongé son existence jusque dans l'étage immédiatement postérieur. Cependant, il convient d’ajou- ter que la partie vaginale serait ici proportionnellement plus haute que dans la plupart des exemplaires de l’Z, are- naceum, landis que les côtes paraissent plus étroites, plus multipliées et séparées l’une de l’autre par des sillons plus minces. Du reste ces sillons, comme on le remarque dans l’Æ. arenaceum, se prolongent inférieurement sur la tige, en s’affaiblissant peu à peu. L’Æ. arenaceum, ainsi qu'il est facile d’en juger par l’exemplaire de Couches-les-Mines, fig. 1, qui se rapporte vraisemblablement à une tige en voie de développement, s'élevait en donnant lieu à des fûts cylindriques, lisses à la surface, faiblement sillonnés, par- fois cependant crevassés longitudinalement, immédiate- ment au-dessous des gaines. Celles-ci, hautes de 2 centi- mètres sur notre principale empreinte, étaient pourvues de crêtes légèrement convexes, séparées par autant de sillons et extrêmement nombreuses (80 à 100 et jusqu’à 120); leur sommet aboutissait à des dents en forme de créneaux an- guleux, pointues et acuminées, amincies à leur extrémité supérieure en une pointe scarieuse, subulée et très-fine, mais promptement caduque. Les entre-nœuds étaient étroits à la base des tiges, et s’espaçaient de plus en plus (1) Voy. Abbild., tab, 4 fig. 1, et Schimper Traité de pal, vég., I, pl. 9, fig. 1. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 931 en se rapprochant de la partie supérieure; celle-ci se ter minait sans doute par un épis ovale-obtus, dont M. Heer a figuré un fragment. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La plupart des auteurs, selon la remarque de M. Schimper, ont confondu l’Æ. arena- ceum avec l’Æ. columnare de l'Oolithe du Yorkshire, auquel il ressemble effectivement beaucoup. La distance verticale qui sépare les deux espèces rend cependant leur identifi- cation peu vraisemblable. D’après M. Schimper, qui a eu occasion de comparer les spécimens d'Allemagne à ceux d'Angleterre, l’£quisetum des marnes irisées aurait des gaînes plus longues, composées de parties plus nombreuses, présentant des dents plus allongées et terminées par une pointe plus longuement effilée (1). LocaLiTÉs. — Couches-les-Mines, près d’Autun, dans un lit de marne grisâtre bitumineuse, partie supérieure des marnes irisées. Antulles, près de Couches-les-Mines, étage Rhétien. M. Schimper a signalé cette espèce en France à Bal- bronn (Bas-Rhin), à Moyen-Vic (Meurthe), à Corcelles (Haute-Saône); ces iocalités sont rapportées par lui à la Lettenkohle ou étage du Keuper inférieur. En dehors de France, l’Æ. arenaeeum abonde dans le Keu- per inférieur et moyen, à Sinsheim et à Horrenberg près de Wiesloch, dans le grand-duché de Bade, à Neue-Welt près de Bâle, dans le Wurtemberg, aux envirors de Stutt- gardt, et dans beauconp de localités de Franconie, auprès de Wurtzbourg, de Kitzingen, de Schweinfurt, de Thurnau, à Fulda, etc. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl]. 26, fig, 1, portion écra- (1) Voy., PI. 30, un échantillon de cette espèce, figuré comme terme de comparaison. 232 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE,. sée d’une tige en voie de développement de l’Z. arena- ceum, munie de gaines, avec des entre-nœuds très-courts. Les gaînes comptaient au moins 80 feuilles ou segments soudés, dans leur pourtour. L’échantillon est figuré de grandeur naturelle, d’après une empreinte moulée dont l’original fait partie de la collection de la faculté des sciences de Dijon. — Fig. 2, fragment de tige comprimée surmonté d’une gaine, grandeur naturelle, d’après un échantillon recueilli par M. Pellat dans les grès d’Antulles et faisant partie de sa collection. N°2, Equisetum Münsteri. PI:27; 28; a8-4"e029: — Brongniart, Tab. des genres de vég. foss. p. 46. — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p.269, pl. 8, fig. 3-4 et 6-7. DIAGNOSE, — Æ. rhizomate leviter costato-angulato inter- dum sublævi cylindrico remotius articula!o innovationum inser- tionibus infra articulos sæpe cicatrisato, vaginis destructis vel semidestructis ; gemmis subterraners vaginis acute dentatis den- se imbricatis constantibus, e basi angustata sursum cylindricis, primum confertim articulatis in caules aerios plus minusve elongatos postea evolutis ; caulibus elatis remote plerumque ar- ticulatis T-A10-15 méllim. latis, nudis aut vage hinc inde ramosis (ramis adscendentibus), sulcato-costatis (8-14 plerumque 10 cos- tatis), costis sulco demuissiore ab alterutra discretis dispositione columnarum striaturas exacte referentibus, costarum carinis in caule acutis in vaginas dentesque sursum decurrentibus sen- sim depressioribus tandemque fere nullis; vaginis cylindricis rarius subampliatis, costis vaginarum minime expressis, quan- doque sulco carinali leviter exaratis, sulco commissurali angus TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 233 tissime lineari paullo sursum ampliato, dentibus lanceolatis angulatis plus minusve acuminatis, plerumque acute angulatis, juvenilibus tenuiter apiculatis postea muticis ; spica fructifera ad caulis apicem terminal, primum globosa vaginaque ultima basi involucrata, Sporosis autem tempore exserta ovata, scutel- lis compressione mutua lateraliter hexagonulis dorso umbonu- latis in series plurimas ordinatis constante. Equisetites Münsteri, Sternberg, FI. d. Vorw., Il, p. #3, tab. 16, fig. 1-5, 9. — — Unger, Gen. et.sp. foss., p. 56. — — Ettingshausen, Calam./oss., p.90, tab. 9, fig. 1-4. — — Schenk, Foss. FI, d. grenzck. Keuper und. Lias. frankens., p.14-19,tab.2, fig, 3-9, tab. 3 fig. 1-12. Equisetites hœflianus, ræssertianus, moniliformis, Pres, in Sternb. Ed TevVorw., Il p 106, lab. d9, fig. 9-12. Equiselites altenuatus, Fr. Braun, Flora, 1847 (ex parte). Calamites liaso-keuperianus, id., ibid. Cette espèce caractérise l’étage Rhélien et s’y trouve, à ce qu'il semblé, exclusivement confinée. Sternberg et après lui MM. Schenk et Schimper, ont donné des des- criplions et des figures très-exactes des diverses parties de la plante ; mais les beaux exemplaires recueillis par M. Pel- lat, dans les arkoses des environs d’Aulun, et dont nos figures reproduisent les principaux, la feront encore mieux connaître, en sorte qu'il est aisé de se rendre compte des points par lesquels elle se rapprochait ou s’é- carlait des £'quisetum vivants. Les scrupules qui dernièrement encore portaient M. Schenk à préférer le terme d'£Zqwsetites, comme moins affirmatif, doivent être résolàment écartés ; déjà, M. Bron- gniart, dans son tableau des genres de végétaux fossiles, 234 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. avait proposé de réunir l’Æquisetites Münsteri aux vrais Equisetum, et M. Schimper a adopté cette opinion dans son traité de paléontologie végétale. Un examen attentif de l'espèce rhétienne amène nécessairement à ce résultat, bien que peut-être elle ne rentre directement dans aucune des sections actuelles du genre Æ'quisetum. Les tiges aériennes, par lesquelles nous commencerons notre description, sont bien plus minces que celles de l’Z. arenaceum, dont elles se distinguent à première vue. Les plus épaisses n’excèdent pas en diamètre 12 à 14 millimètres, et encore celte dimension s’observe seulement sur les exemplaires comprimés du rhétien de Franconie. Les spécimens de M. Pellat, ensevelis dans un sable très- fin, ont un diamètre moyen de 7 à 8 millimètres seulement qui excède à peine { centimètre pour les plus gros. Cepen- dant, certaines parties, etspécialement cellesque nous consi- déronscommese rapportant aux rhizomes, mesurent 15 mil- limètres en diamètre,en sorte que l’on doit conclure que, tout compensé, l’espèce présente en France les mêmes di- mensions qu’en Allemagne. Les tiges dont les entre-nœuds mesurent une étendue de 5 à 6 centimètres au moins et at- teignent souvent un décimètre ou même plus, sont canne- lées longitudinalement, c’est-à-dire sillonnées de côtes des- sinant une saillie anguleuse et séparées par autant de dépressions dont le diagramme reproduit par notre fig. 6, PI. 29, donne très-exactement le contour. Les côtes et les dépressions ou vallécules, lorsque la saillie des premières et le creux des secondes n’ont pas été déformés par la com- pression, se compensent à peu prés et donnent à l’ensemble des tiges un aspect que l’on ne saurait mieux comparer qu’à celui d’un fût de colonne cannelée, Dansles blocs de grès des environs d’Autun, PI. 27, fig. 1, et 28, fig. 4, on voit TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 235 ptle-mêle des cylindres creux et cannelés qui correspon- dent à l'extérieur destiges ou des parties vaginales, des cylin- dres pleins, également cannelés, encore en place dans les creux, qui reproduisent le moule interne des tiges avec l'empreinte des diaphragmes, et enfin des parties cylindri- ques lisses, anguleuses, finement siriées, qui paraissent se rapporter au moule interne des rhizomes ou tiges souter- raines, La fig. 1, PI. 28, permet de constater cette dispo- sition ; plusieurs tiges s’y montrent dirigées dans le même sens etsiluées les unes à côté des autres. Les parties creuses sont cannelées comme les parties pleines et cylindriques, mais dans certain cas le moule plein a pu se détacher et laisser voir un creux marqué parfois d’une empreinte de gaîne à quiil a été facile de restituer son aspect par le moulage (voy. une restauration de ce genre, PI. 29, fig. 4). Dans d’autres cas, le cylindre plein est demeuré enchâssé dans la roche; il présente alors, au lieu de gaîne, la trace bien visible d’un rétrécissement qui revêt toute l’apparence d’un nœud et correspond aux cloisons intérieures ou dia- phragmes. Ainsi, nous avons à la fois sous les yeux et pour les mêmestiges le moule de la cavité intérieure et celui des parties externes, et nous sommes assurés en même temps que les cannelures de la surface se répétaient à l’intérieur, mais en sens inverse. La fig. 1, PI. 27, offre un nouvel exemple du moulage des parties intérieures. On y recon- naît une tige cylindrique très-mince qui se trouve munie de deux nœuds ou diaphragmes, séparés l’un de lautre par un intervalle de 5 centimètres, Les cannelures sont très-bien marquées dans ce spé- cimen, comme chez les précédents, bien qu’il soit impos- sible de ne pas le rapporter au moule intérieur d’une tige. Pour admettre la possibilité d’un pareil moulage, il faut 236 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. croire que le sédiment, originairement formé d’un sable des plus fins, a pu s’introduire à travers les nœuds, dont les cloisons auraient éte entr’ouvertes, circonstance qui ne saurait surprendre à cause de la consistance très-lâche du tissu celluleux qui compose l’organe. Nous devons encore observer, en ce qui concerne Îa forme des cannelures caulinaires, que les figures de M. Schenk ne rendent leurs caractères que très-imparfai- tement. Dans l’£Æquisetum Münsteri, ce ne sont pas les par- ties saillantes qui sont larges, mais au contraire les dépres- sions intermédiaires; sur les empreintes, les proportions se trouvent renversées et les parties creuses prennent une apparence bombée. Nous avons pu vérifier par l’examen d'échantillons provenant de Franconie que les figures de M. Schenk correspondaient à des empreintes, ce qui explique leur parfaite ressemblance avec les parties creu- ses des exemplaires aulunois, Les tiges de l’Z. Munsteri étaient sans doute nues ou presque nues ; elles ne présentent jamais de rameaux cau- linaires verlicillés et sont même très-rarement ramifiées. Les ramifications, lorsqu'elles existent, se rapportent aux parties inférieures des tiges, qui produisaient sans doute, comme chez les Æ£'. variegatum, Schl., et Scirpoides, Mich., des rameaux ascendants, disposés solilairement ou par paires vers le bas de la plante (Voyez fig. 9, PI. 29, une tige ramifiée et grossie de la première de ces deux espèces). Les figures 11 et 12, PI. 29, représentent un bourgeon latéral ainsi accolé à un nœud muni d’une gaine que terminent 44 dents acuminées, Le diamètre de ce tron- con qui ne mesure pas moins de 15 millimètres semble marquer qu’il se rapporte à la base d’une plante; la hau- teur de la goine dépasse un peu son diamètre transversal ; TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 231 elle est renflée légèrement vers son milieu, pourvue de côtes et de sillons commissuraux. Les côtes à peine re- levées laissent voir la trace d’un sillon médian carénal; ellesse prolongent jusque dans les dents qui sont acuminées et quelques-unes terminées par une pointe finement mu- cronée. Les sillons commissuraux, à peine visibles vers la base, se prononcent ensuite davantage et vont aboutir en s’élargissant à l’angle des sinus. Les gaînes caulinaires, dont nous figurons plusieurs spé- cimens (PI, 28, fig. 4 et 3, 4 et 5, PI. 29), sont tout à fait continues avec la partie des tiges, constituant l’entre- nœud, qui leur est immédiatement inférieure. Aucun an- neau circulaire, aucun bourrelet ne les en distingue, et elles ont dû ne s’en détacher librement dans aucun cas, On reconnait aisément que les cannelures de la tige s'é- moussent en se prolongeant sur les gaines dont la surface n’est occupée que par de faibles sillons. Les côtes, toujours peu prononcées, s’amincissent en pénétrant dans les laci- nies, et les sillons commissuraux, invisibles vers la base des gaînes vont en s’élargissant jusqu’au point où les dents deviennent distinctes. Ce point est lui-même difficile à préciser, mais on peut s'assurer à l’aide d’une loupe que les dents ne sont réellement libres de toute adhérence mutuelle que sur une faible partie de leur étendue, 2 mil- lim. au plus, la profondeur du sillon commissural faisant croire à une séparation, là où elle n’existe pas encore, Les dents sont au nombre de 10 ordinairement, mais ce nombre s'élève parfois à 12 ou même 14, et le dernier est celui qui se présente le plus souvent dans les échantillons d'Allemagne, généralement plus forts que ceux d’Autun. Cependant, les figures 2 et 4, PI. 16, et 9, PI. 33, de la deuxième partie du grand ouvrage de Sternberg, compa- 238 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. rées aux nôtres, font ressortir une telle conformité dans l’ensemble des caractères, que l’on ne saurait hésiter à re- garder tous ces exemplaires comme ayant fait partie de la même espèce. Poursuivons notre examen : les tiges aériennes ne sont pas les seules parties que nous ayons à décrire; nous con- naissons encore les rhizomes ou tiges souterraines et hori- zontales. Nous rapportons effectivement et sans hésitation aux rhizomes les deux fragments remarquables, reproduits, PI. 27, fig. 2 el 3, et dont nous devons la communica- tion à M. Pellat. Ce sont peut-être là des moules internes, peut-être aussi des moulages directement opérés sur le creux laissé par l’ancien organe, dans le sédiment, après sa destruction. Quoi qu'il en soit de cette circonstance, le grand diamètre du spécimen le mieux conservé (fig. 2) est d’un centimètre environ ; il est faiblement comprimé, cy- lindroïde, prismatique, émoussé sur les angles, muni d’une articulation et portant en-dessous des cicatrices correspon- dant au point d'attache de tubercules ou de tiges aériennes. L'autre spécimen (fig. 3) porte aussi des traces d’articula- tion et des cicatrices d'insertion, il est, comme le premier, irrégulièrement costulé ou plutôt prismatique. Ces carac- tères sont ceux des rhizomes d’£'quisetum ; M. Duval-Jouve, dans sa belle Monographie, remarque qu’ils se composent d'articles ou entre-nœuds, ayant toujours une forme pris- matique, à faces égales en largeur, un peu convexes et dès lors à angles émoussés. Il faut remarquer l’extrême ressemblance, sauf la dimension, de celui de nos deux fragments de rhizomes dont la conservation laisse le moins à désirer avec un exemplaire de l’Z. Mongeotu, Brongt., figuré par M. Schimper (1), et qui sans doute (1) Traité de pal. vég., 1, PI. 12 fig. 1. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 239 représente le rhizome de celle espèce triasique, plutôt que l'extrémité supérieure d’une tige, comme le marque notre savant ami. Nous croyons enfin pouvoir rapporter à la base d’une tige aérienne, au point où ces tiges sont in- sérées sur les rhizomes et s'élèvent dans une direction op- posée à celle que suivent ces derniers, une empreinte re- produite PI. 29, fig. 7, d’après un moulage. Ici l’on voit distinctement sur un corps cylindrique el irrégulier, qui se prolonge au sein de la roche en donnant lieu à une cavité torlueuse, se placer une gaîne un peu évasée, dentée au sommet, munie de côtes peu prononcées, sur lesquelles on aperçoit cependant la trace d’un faible sillon carénal, et entourant une tige cannelée comme les précédentes dont le prolongement supérieur se trouve interrompu. Les tubercules féculents de l’£Z. Munsteri n’ont pas été encore signalés, du moins à notre connaissance; mais la coupe transverse des nœuds ou diaphragmes a été obser- vée en Allemagne et figurée par M. Schimper à qui nous emprunions la figure 8 de notre Planche 29 qui repré- sente un de ces nœuds provenant d’une plante d'assez grande taille. Des empreintes tout à fait pareilles et accom- pagnées de lambeaux de gaînes ont été figurées par M. Schenk (1) qui les considère comme représentant des cicatrices d’inserlion des rameaux; mais il n’existe chez aucun Æquisetum de cicatrice d’une dimension égale à celle des tiges qui les portent, et il est bien plus naturel d’y reconnaître l’empreinte des nœuds eux-mêmes, com- primés, écrasés et encore accompagnés de leur gaine comme d’une collerette. La fréquence de ces sortes d’em- preintes montre que les tiges de l’Z. Münsteri se désarticu- laient aisément à l'endroit des nœuds, landis que les gaines (1) FL. d, Grenz. tab. 38, fig. 7, 8, 9 et tab. 2, fig. 4. 240 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. persistaient autour du diaphragme, après la chute de l’entre- nœud supérieur. A en juger par la longueur des entre-nœuds (1 décimètre environ), les tiges de l’Z. Münsteri atteignaient au moins 60 centimètres et probablement dépassaient un mètre de hauteur, si l’on en juge par le nombre de gaines emboîtées qui figurent dans les empreintes de bourgeons. La figure 2, PI. 29, extraite de l'ouvrage de M. Schimper, qui l’a empruntée lui-même à Sternberg en la rectifiant sur l’ori- ginal trouvé aux environs de Bayreuth, représente l’extré- mité supérieure d’une jeune tige, un peu plus forte que les nôtres, dont le développement n’est pas encore achevé. On voit les gaînes successivement plus rapprochées à mesure que l’on s’avance vers le sommet, se toucher enfin et don- ner lieu à un bourgeon pointu, composé au moins de 6 à 8 gaines emboîtées dent les supérieures sont entièrement conniventes. M. Schenk et avant lui Sternberg (1) ont figu- ré des bourgeons de la même espèce encore moins avancés ; ils sont petits, atlénués en cornet vers la base; ils com- prenvent un cerlain nombre de gaînes étroitement imbri- quées et emboîlées, les supérieures débordant sur les infé- rieures ; le prolongement ordinairement mutilé laisse voir dans certains cas un bourgeon terminal, ainsi que le montre la figure 12 c, tab. 32 de l’ouvrage de Sternberg. Il est évi- dent que ces bourgeons se rapportent, non plus à la som- mité d’une tige achevant de se développer, comme celle que nous figurons, mais aux parties les plus inférieures voi- sines du point de leur insertion, c’est-à-dire à des bour- geors commençant leur évolution. Les tiges de l’Z, Münsteri, après s’être allongées plus ou (1) Voy.F{. d, Grenzsch., tab. 3, fig.…, et Sternberg, F7. d. Vorw., IT, tab. 32, fig. 12. TERRAIN JURASSIQUE. -= VÉGÉTAUX. : 19 a moins, donnaient enfin naissance à leur extrémité supé- rieure à un épi fructificateur. C'est ce que prouve la fi- gure 4 de notre Planche 29, empruntée au grand ou- vrage de M. Schimper (1) qui a eu soin de rectifier sur l’exemplaire original le dessin primitif de Slernberg (2). Ces épis terminaient les tiges principales et non pas les ra- mules verticillés dont la planteétait, selon toute probabilité, entièrement dépourvue. Le diamètre de la tige spicifère que nous figurons et qui égale ou même dépasse celui des spé- cimens d’Autun Île prouve suffisamment. L’épi paraît glo- buleux dans cet exemplaire ; il est entouré à la base par la dernière gaine dont les dents lui composent une sorte d’in- volucre qui cache le pédoncule. Mais c’est là sans doute un organe imparfaitement développé; on doit admettre qu’en s’allongeant, il dégageait sa base et prenait enfin une forme ovalaire; c’est ce qui résulte en effet des belles figures don- nées par M. Schenk (3). Ces figures nous montrent des épis bien plus-allongés, dont le rachis épais et fusiforme pré- sente sur sa face des lignes de cicatrices correspondant à l'insertion des verticilles de feuilles ferliles ou réceptacles peltoïdes. Ces derniers organes, encore en place, à ce qu'il semble, et caractérisés par leurs scutelles ou clypéoles hexa-pentagonales, par suite de la compression mutuelle de leurs bords, sont bien visibles sur le pourtour, vers lé sommet el à la surface même de l’empreinte. L’épi globu- leux que nous figurons à la suite de M. Schimper nous montre ces mêmes organes plus serrés l’un contre l’autre, à cause de leur état moins avancé de développement, et formant une sorte de mosaïque à carreaux exaclement con- (1) Traité de pal, véy., 1, PL. 8, lig, 3 a. (2) Sternberg, F1. d. Vorw,, II, tab. 16, fig. 5. (3) EL. d. Grenzsch., tab. 3, fig. 12 et 18. VÉGÉTAUX, —- }, 16 249 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, nivents, la plupart à six pans. La figure 1° dela même planche nous les représente grossis et permet de saisir leur forme, ainsi que le bouton convexe qui occupe le centre de chaque clypéole. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L’Æ’. Münsteri se distingue aisément de la plupart des espèces fossiles du même genre par l’aspect des larges cannelures de ses tiges. Ses dimen- sions relativement faibles empêchent de le confondre avec les formes gigantesques du Trias et de l'Oolithe. M. Schim- per a fait ressortir avec raison l’analogie de l’Z, Müänsteri avec l’£,. rajmahalense Oldh. (1), soit à cause de la dispo- sition des siries, soit par la dimension absolument pareille des nœuds ou diaphragmes. Mais les fragments représen- tés par l’auteur anglais sont trop incomplets pour que l’on puisse songer à pousser plus loin cerapprochement.Une des deux espèces de la région véronaise que M. de Zigno a fi- gurées dans sa grande flore oolithique (2), l’Z. Bunburya- num, ressemble un peu à l’Z, Münsteri par ses dimensions; mais les gaines sont bien différentes, pourvues de dents petites et plus nombreuses. La comparaison de Z. Müns- teri avec les espèces actuelles ne nous amène qu’à des con- clusions incerlaines relativement à la place qu’il occuperait auprès de celles-ci. Cependant nous pouvons affirmer qu’il n'avait rien de commun avec les espèces à tiges démorphes, ni avec celles qui portent des verticilles très-fournis de ra- meaux autour des nœuds, ce qui exclut l’idée d’un rappro- chementavec un grand nombre d'espèces, particulièrement avec tous les Æquiseta heterophyadica, plusieurs des koma- phyadica de Milde, ainsi qu'avec les Z. pleiosticha de la section Hippochæte du même auteur, Parmi les Æippochæte grou- (1) Paleont indica, FL. of thé Raÿmahal series, PI, ?, fig. 2-5, 2) F4. foss, oolith., 1, p. 62, tab. 3, fig. 2, 426, tab: 4 et 5: TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9243 pés par M. Milde sous les noms d’Æ. ambiqua et monosticha, les affinités sont plus fréquentes et plus naturelles; cepen- dant il faut encore en retrancher les Æquisetum mexicains : ÆE. myriochætum Schl. et Cham. et mexicanum Milde, à verlicilles de rameaux très-nombreux, et les espèces à gaines tronquées, comme l'Æ. hyemale et l'E. robustum À. Br. Après toutes ces éliminations, c’est seulement aux Equiseta trachyodonta, particulièrement aux Z. trachyodon A.Br., et varieyatum Schl., qu’il est possible de comparer l'£, Münsteri, malgré la différence de proportions qui e très-marquée. Ce sont là deux espèces européennes do la seconde habite également le nord de l’Asie et ’Amé rique septentrionale. Nous en avons figuré les tiges fa:n.e- ment grossies (PI. 29, fig. 9) et les gaines plus fortement amplifiées (PI. 29, fig. 9*), pour permetire d’apprécier le degré de cette analogie. Il faut observer en dernier lieu que chez les Æippochæte l’épi fructificateur est mucroné au sommet par le prolongement de l’axe en une pointe plus ou moins aiguë; c’est là un caractère dont on n’ob- serve aucune trace chez les épis fossiles, et dont l’absence doit faire admettre que l’Æ. Münsteri formerait, s’il était vi- vant, une section spéciale à côté de celles qui divisent au- jourd’hui le genre Z'quisetum. LOCALITÉS. — Antulles, près de Couches-les-Mines, aux environs d’Autun, base de l'étage Rhétien, coll. de M: Pel- lat; la Malardière près de Couches-les-Mines, coll: de M. Dumortier. En dehors de France, l’Z. Ménsteri abonde dans les schistes argilo-bitumineux du Rhétien de Fran- conie, près de Bayreuth, à Bamberg, Kumblach, Erlangen près d’Adelshausen, dans le grand-duché de Bade,; à Waidhofen en Autriche, eten Hanovre. EXPLICATION DES FIGURES; — PI, 27, fig. 1, moule in: 244 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. terne d’une tige d’£quisetum Münsteri montrant un entre- nœud complet, muni de son diaphragme à chaque extré- mité ; à côté, on observe l'empreinte d’une gaîne surmontée d’un lambeau de tige, grandeur naturelle. Fig. 2 et 3, fragments de rhizome ou lige souterraine de la même es- pèce ; on distingue sur chacun des deux spécimens la mar- que d’une arliculation, et au-dessous des traces de cica- trices qui se rapportent à l’inserlion des tiges aériennes ou des tubercules, grandeur naturelle. Fig. 4, gaîne ou partie vaginale d’après une empreinte moulée; 4* le même organe grossi pour montrer la forme des dents et la dispo- sition des carènes.— P]. 98, fig. 4, plusieurs tiges de l’£'quw- setum Münsteri réunies sur la même pierre et couchées à peu près dans la même direction; les parties creuses cor- respondent à l'empreinte de la surface extérieure des tiges et les parties pleinesau moule des cavités intérieures, grandeur naturelle. — P1.99, fig. 4, tige fertile de l’£quise- tum Münsterr lerminée supérieurement par un épi fructi- ficateur de forme globuleuse non encore entièrement dé- veloppé, d’après une figure empruntée au Traité de paléontologie végétale de M. Schimper, grandeur natu- relle; fig. 4*, plusieurs scutelles contiguës, grossies. Fig. 2, tige en voie de développement de la même espèce, d’après une empreinte des environs de Bayreuth, dessinée par M. Schimper, grandeur naturelle. Fig, 3, empreinte d’une partie vaginale de la même espèce, grandeur natu- relle. Fig. 4, tige restaurée, d’après un moule, de la même espèce, grandeur naturelle, Fig. 5, partie vaginale d’après une empreinte moulée, grandeur naturelle. Fig. 6, dia- gramme ou coupe transversale d’une tige d’Æquisetum Minsteri, grandeur naturelle. Fig. 7, base d’une tige de la même espèce, munie de sa gaîne, s’élevant verticalement TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 243 sur un rhizome, grandeur naturelle, Fig, 8, nœud ou dia- phragme d’une tige vue de face, d’après une figure em- prunlée à l’ouvrage de M. Schimper, grandeur naturelle, Fig. 9, portion de tige ramifiée et légèrement grossie de l'Equisetum variegatum Sch]., pourservir de terme de com- paraison avec les tiges fossiles dont le mode de ramifica- lion était analogue. La figure 9* représente, sous un fort grossissement, unegaine de la même espèce, Fig. 11, dia- phragme accompagné de sa gaîne et muni d’un bourgeon latéral solitaire de l’Æquisetum Münsteri, grandeur natu- relle, N°3. Equisetum Pellati, PI. 28, fig. 2-5 et 29, fig. 10. DrAGNOSE. — 7, caulibus robustis À — 2 centim. crassis secus internodia lævioribus, intus regulariter 20 — 96 sulcato- costulatis ; vaginis cylindricis sulcatis 20 — 96 dentatis, den- tibus firmis parvulis triangulatis apice scarioso acuminatis, vaginæ partibus sulco carinali latissimo carinisque lateralibus singulis sursum in dentes abeuntibus instructis, costis ad basin vaginarum expressioribus etiam in caule deorsum decurrenti- bus mox demissioribus, sulcis autem commissuralibus minime perspicuis angustissünis Ssursum prope marginem paullulum amplatis. Il existe un petit nombre de fragments de celte espèce qui nous paraît nouvelle et distincte de la précédente. Les figures 2 et 3, PI. 28, représentent un tronçon de tige cy- Jindrique, avec un nœud bien marqué et au-dessus une gaine encore en place. Cette tige, légèrement comprimée, mesure 23 millimètres sur son plus grand diamètre, et 17 seulement sur le plus petit, ce qui lui assigne une épais- seur de 2 centimètres environ, Une autre tige, beaucoup 946 PALÉONTOLUGIE FRANÇAISE, plus mince (P], 929, fig. 10), puisque son épaisseur n'excède pas un centimètre, paraît devoir être rangée dans la même espèce que la première, dont elle offre tous les caractères, La figure 10, PI, 29, représente celte seconde tige encore engagée dans sa gangue, mais elle a pu en être détachée, et l'empreinte fort nette qu’elle a laissée dans le grès à per- mis, en la moulant, de tracer les deux dessins grossis, re- produits par les figures 4 et 4*, PI. 98, qui traduisent fort exactement la structure caractéristique des gaines. Les sil- lons transverses et circulaires qui, sur les deux tiges en relief, marquent l’endroit des diaphragmes, sont peut-être l'effet du moulage des parois intérieures, après Ja destruc- tion de la cloison; ce sillon, en tout cas, ne se montre pas lorsque l’on moule les parties creuses de l'empreinte, dans le but de reconstiluer l’apparence originaire de l’organe. Il se peut aussi que l’anneau diaphragmatique, plus résis- tant que le reste des tiges, ait survécu partiellement à leur destruction, de manière à laisser un léger vide en rapport avec la place qu’il occupait et où le sédiment de remplis- sage n’aurait pu s'introduire. Quoi qu'il en soit, les tiges de cette espèce, probablement plus robustes que celles de l'Equisetum Münsteri, sont striées différemment ; les stries sont plus nombreuses, 20 à 26, plus inégales et surtout marquées sur les gaînes et sur la zone caulinaire contiguë et inférieure aux diaphragmes, Les gaines ont une autre proportion que celles de l’Æqguisetum Münsteri; elles sont plus larges que hautes, et munies de dents beaucoup plus nombreuses, 20 à 26, plus pelites, triangulaires et finement acuminées au sommet. A ces dents correspond une dispo- sition des côtes et des sillons intermédiaires qui les sépa- rent, très-éloignée de celle que nous avons observée chez l'£quisetum Münsteri. Ici, au lieu d’une côte médiane plus TERRAIN JURASSIQUE. = VÉGÉTAUX, 9247 ou moins saillante et marquée d’un faible sillon carénal, on distingue un sillon carénal large et profond qui s'étale sur les gaînes, se prolonge inférieurement le long de la tige et ne s’efface qu'après avoir pénétré dans les dents, Des deux côtés de cette dépression médiane se présente une carène latérale plus étroite qu’elle; cette carène vient aboutir en haut à l’un des bords de chaque dent et se réu- nit inférieurement à la carène de la dent voisine pour for- mer une côte saillante qui se prolonge ensuite sur la tige. Sur la partie dorsale des deux carènes latérales réunies, on n’aperçoit dans le bas aucune trace de sillon commissural. Ce sillon se montre un peu plus haut comme un faible li- néament qui s'élargit un peu avant d'atteindre le sinus qui sépare chaque dent. La disposition que nous venons de décrire nous paraît très-rare, sinon inconnue, dans les Equisetum actuels, chez qui d’ailleurs elle n’est jamais aussi prononcée. Nous rapportons à la même espèce un moule interne, marqué de stries longitudinales serrées et régulières, ana- logue à ceux que l’on a souvent décrits sous le nom de Ca- lamites et en particulier au Calamites Gumbeli Schenk (1) (Calamites liaso-keuperianus, Fr. Br. — Ettingsh.). Mais l’Z- quisetum Gumbeli Schimp., à qui nous avons songé à réunir le nôtre à cause de l’extrême ressemblance présentée par l'échantillon dans la disposition des stries, est construit sur des proportions bien supérieures, tandis que les aimen- sions du spécimen d’Autun le rangent naturellement au- près de l’Æquisetum Pellati, I en figurerait le moule in- terne dont les cannelures se trouveraient en parfait rapport de nombre avecles stries ou carènes extérieures. (4) Foss. F1, v. Grenzsch. d. Keup und Lias frankem, p. 10, tab. 1, fig. 8-10. — Schimper, Traité de pal.vég., 1, p.269, — Ettingsh. Calamar. foss, p. 60. 218 PALÉGNTOLOGIE FRANCAISE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La taille plus forte, le nombre, l’aspect et la direction des cannelures, des sillons, des carènes et des dents vaginales empêchent de confon- dre cette espèce avec l'Æquisetum Münsteri; elle se rappro- cherait plutôt de l’Æquisetum des Alpes vénitiennes décrit par M. de Zigno sous le nom d'Æquisetum Bunburyanum ; mais les sillons caulinaires de celui-ci paraissent être diffé- remment disposés et les gaines sont plus lisses. D'ailleurs il serait invraisemblable d'admettre, sans preuve décisive, que la même espèce ait pu se perpétuer depuis le Rhétien jusque dans l’Oxfordien. LOCALITÉ. — Antulles, près de Couches-les-Mines, base de l’élage Rhétien; coll. de M. Pellat. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 28, fig. 2, tronçon de tige presque cylindrique de l’Æ£quisetum Pellati, marquée d’un sillon circulaire qui correspond au diaphragme et sur- monté de sa gaîne, grandeur naturelle. Fig. 3, même tronçon vu par l’autre face, grandeur naturelle. Fig, 4, partie vaginale de la même espèce, d’après une empreinte moulée el grossie; 4° même organe sous un plus fort gros- sissement, Fig. 5, moule interne de la même espèce, gran- deur naturelle. — PI.99, fig. 10, autre tige de la même es- pèce surmontée d’une gaine, grandeur naturelle, N° 4. Equisetum Duvalii, PI. 30, fig. 1-4. DIAGNOSE. — 77, caulis elatis simplicibus vel à bast solitarie ramosis 15-16 maillim. circiter crassis lœvibus breviter ar- hculatis, vaginis cylindricis adpressis, À centim. circiter altis, 15-18-20 dentalis, dentibus lineari-acuminatis apice su- bulatis, sinu obtusissimo vel linea recta ab alterutra separatis, TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 249 vaginæ partibus costis demissioribus in dentes abeuntibus sulcis- que commissuralibus sursum prope marginem ampliatis deor - sum sensim angustioribus nec in caulem infra decurrentibus instruclis; spica fructifera ad apicem caulium fertilium ter- minali, ut videtur, globosa vaginaque superiori basi involu- crata. La découverte de celte remarquable espèce est due à M. le docteur Bleicher, qui a bien voulu nous la commu- niquer, ainsi que plusieurs autres débris de plantes ren- contrés par lui sur le plateau du Larzac, entre la Cavalerie et Saint-Jean du Bruel, près du village de Liquisse, dans une formation d’eau douce ou plutôt d'embouchure, riche en coquilles fluviatiles lacustres et terrestres : mélanies, néritines, paludines, corbules, cyclas, limnée, auricu- les, ete., avec débris de poissons (Zepidotus) et de ptéro- dactyles. Cette formation, qui comprend des calcaires mar- neux à la base et des lignites vers le sommet, estsurmontée d’un lambeau d’Oxfordien avec Ammonites biplex et repose sur la dolomie et les calcaires siliceux de l’Oolithe infé- rieure; elle se range donc très-naturellement sur l'horizon du Bathonien. Les schistes bitumineux et ligniteux ont fourni, en fait de végétaux, des fragments de fougères et des folioles de cycadées : l'£quisetum que nous allons dé- crire, et que nous dédions à M. Duval-Jouve, auteur d’une savante monographie des Équisétacées, provient des cal- caires marneux jaunâtres et irrégulièrement fissiles qui servent de support au groupe des lignites. Ses tiges apla- ties et couchées dans le sédiment ont donné‘lieu à des empreintes susceptibles d'être moulées, et dont les carac- tères deviennent alors très-nettement visibles. Leur dia- mètre apparent le plus ordinaire est de 16 à 148 millimètres ; cependant un des exemplaires représentés (PI. 30, fig. 4) 250 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. est beaucoup plus mince, bien qu’il se rapporte visible- ment à la même espèce que les trois autres (même planche, fig. 1,2 et 3). Les gaines sont appliquées contre les tiges el continues avec elles inférieurement, en sorte qu'il est fort difficile de constater le point de leur insertion sur les nœuds et qu’elles semblent se recouvrir mutuellement. Cependant, avec une attention un peu suivie, on découvre ou plutôt on devine que ces gaines, relativement courtes, mesuraient en hauteur un centimètre au plus ou même moins, en sorte que les dents qui surmontent chacun de ces organes se terminent généralement à la base même de la gaîne immédiatement supérieure. La partie des tiges que les gaînes laissent à découvert était lisse ou seulement rayée de stries longitudinales à peine visibles; les gaînes elles- mêmes n'étaient parcourues que par des côles unies, toutes planes ou occupées par un sillon éarénal très-peu sensible, aboutissant directement aux dents au nombre de 18 envi- ron, de 20 au plus, de 12 à 14 au moins, si l’on considère la petite tige (fig. 4). Nos figures 4* et 4° représentent ces gaines grossies et permettent de saisir la disposition des carènes, des dents qui les terminent et des sillons commis- suraux qui les séparent. Ceux-ci s'arrêtent inférieurement au point où se terminent les gaînes, sans se prolonger sur la tige, comme on le remarque dans l’Æquisetum columnare Brngt. (voy. PI. 30, fig. 5, une tige de cette espèce repro- duite comme lerme de comparaison); ils se rétrécissent insensiblement dans cette direction et vont au contraire en s’élargissant peu à peu jusqu’au bord supérieur de la gaine pour s’y terminer au fond d’an sinus obtus et large ou même limité par une ligne droite. Les dents, étroites dès la base et insensiblement acuminées, finissent en une pointe subulée, Des quatre exemplaires figurés par nous TERRAIN JURASSIQUE, == VÉGÉTAUX, 251 sur la Planche 30, celui que reproduit la figure 4 n’est ter- miné dans aucun sens; il en est de même de la petite tige (fig. 4) qui se rapporte sans doute à un ramule latéral. La figure 3 représente un tronçon de tige qui laisse voir à sa base un bourgeon solitaire sur le point de se développer, où l’on distingue vaguement des gaînes emboîïtées l’une dans l’autre, Ainsi cette espèce, à l’exemple de la plupart de ses congénères de l’époque secondaire, n'aurait possédé que des liges simples, solitaires, ou réunies en petit nombre et émettant parfois des tiges secondaires à côté des prin- cipales, sans présenter jamais toutefois des ramules verti- cillés régulièrement autour des nœuds, à l'exemple de l’Z'- quisetum Telmateja actuel. Le spécimen, fig. 2, est encore plus intéressant, s’il se rapporte, comme nous sommes dis- posés à l’admettre, à une tige fertile, mutilée à la base, non encore complétement développée, couverte de gaines d’au- tant plus rapprochées que l’on s’avance vers la terminaison supérieure qui consiste en un corps globuleux, entouré à la base par la dernière gaine qui lui sert d'involucre. Ce corps globuleux, auquel le moulage à rendu une partie de son ancien relief,laisse voir vaguement la trace des clypéoles serrés qui portaient inférieurement les sporanges. Par sa forme, sa position, son aspect, et la façon dont la gaine lui sert d’involucre, cette portion terminale res- semble trop à un épi fructificateur d’£quisetum, en voie de développement, el à ceux de lÆquisetum Münsteri en particulier, pour que nous ayons hésilé à le signaler, tout en reconnaissant que le mauvais état de l'empreinte em- pêche d’en saisir les détails et de les décrire avec préci- sion. Nous avons fait ce qui était possible en le dessinant avec le plus grand soin, d’après un moule, RAPPORTS ET DIFFÉRRENCES, — Il est impossible de confondre 252 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, l'Equisetum Duvalii, soit avec l'Z, Münsteri Brongn., dont les tiges sont slriées-cannelées et les dents des gaines au nombre de 8 à 14 seulement,soit avec l’Æ. arenaceum, dont les proportions, pour ainsi dire gigantesques, diffèrent si fort, et qui d’ailleurs se rapportent à un niveau géognos- tique séparé de celui auquel appartient notre espèce par toute l’épaisseur du Lias. Il est plus nécessaire de la rap- procher avec soin des formes de l’Oolithe, dont elle a été contemporaine, et particulièrement des Æquisetum colum- nare Brngt. (emend.) el Veronense Zigno, à qui on pourrait êlre tenté de la réunir. Le premier de ces deux Æquisetum (4) a été confondu à tort dès l’origine avec l’Æ£'quisetum arenaceum Brongn. (Ca- lamites arenaceus Brongn., Hist. des vég. foss., I, p. 138, P1, 26, fig. 3, 4, 5), malgré la distance verticale qui les sé- pare, malgré aussi des caractères distinclifs suffisants, dont il est aisé de se rendre compte en jetant les yeux sur notre figure 5, PI, 30, dont le dessin est dû à notre excel- lent ami M. Schimper, et qui à été tracé sur un exemplaire d'Æ. columnare, provenant de l’Oolithe de Brora (Écosse). Ce dessin montre que les gaines de l’Z, columnare, dont les dimensions ordinaires dépassent de beaucoup celles de notre Z. Duvalii, ont des dents finement acuminées, sépa- rées l’une de l’autre par des sinus étroitement anguleux et des sillons commissuraux prolongés inférieurement sur la tige, bien au-dessous du rebord saillant qui correspond au diaphragme. Rien de tout cela n’existe dans lZ. Duval, dont les tiges lisses ne montrent nulle part le vestige d’un rebord trahissant à l’extérieur l'endroit d’où partent les gaines, tandis que les dents se trouvent séparées l’une de (1) Voy. Brongniart, His des vég. foss., 1,p. 115, PI 13, fig. 1-4, et comp. avec Schimper, Traité de pal, vég., |, p. 266. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 253 l’autre par des sinus, non pas élroils, mais au contraire très-largement ouverts. L'EÆquisetum veronense Zigno se rapprocherait davantage du nôlre par ce dernier caractère, ainsi que par le nombre des dents, la hauteur des gaines et la dimension des tiges; il est facile d’en juger par notre figure 6, PI. 30, qui est empruntée à l'ouvrage de M. de Zigno (1). Cependant les entre-nœuds de l’espèce ilalienne sont deux ou trois fois plus écartés, les tiges distinclement sillonnées de légères cannelures, et la place des diaphragmes constamment marquée chez elle par un léger rebord en saillie. Ces diver- gences, qu’une comparaison attentive des figures respec- tives fait encore mieux ressortir, nous ont empêché de songer à la réunion des deux espèces, bien que l’Æ, vero- nense ait été sans doute un proche voisin de notre Æ'quise- tum Duvalii. LocaLiTÉsS. — Liquisse, sur le plateau du Larzac, entre la Cavalerie et Saint-Jean du Bruel; La Verrerie (Gard); dans un étage d’eau douce sous-oxfordien, probablement ba- thonien. * EXPLICATION DES FIGURES. —P], 30, fig. 1, portion de tige de l’£Z, Duval, présentant une série d’entre-nœuds munis de leur gaîne, d’après une empreinte moulée, grandeur na- turelle; fig. 1°, une gaîne isolée, légèrement grossie pour montrer la disposilion des carèneset des sillons commissu- raux ainsi que celle des dents. Fig. 2,porlionterminale d’une tige dela même espèce en voie de développement, montrant au sommet un épi fructificateur encore engagé dansla gaine quilui sert d’involucre,d’après une empreinte moulée,gran- deur naturelle, Fig. 3, portion d’unetige de la même espèce, présentant à l'extrême base un bourgeon laléral non en- (1) FE, form, oo!., I, PI, 6, fig. 2 et 4, 254 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. core développé,d’après uneempreinte moulée,grandeur na- turelle, Fig. 4, autre tige plus petite de la même espèce, grandeur naturelle; fig. 4, gaine isolée grossie. — Fig.5, ÆEquisetum columnare Brngt. (emend.), portion de tige d’a- près un exemplaire provenant de Brora (Écosse), dessiné par M. Schimper et communiqué par lui, grandeur natu- relle, — Fig. 6, £quisetum veronense Zigno, portion de tige avec deux nœuds surmontés de leurs gaines, grandeur natu- relle, d’après une figure empruntée à l'ouvrage de M.de Zi- gno; fig. 6*, gaîne isolée, grossie, d’après le même auteur. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 255 FOUGÈRES. La classe des Fougères ou Filicinées a tenu longtemps le premier rang parmi les plantes Lerrestres, et si elle a perdu ensuite cette prépondérance, on peut dire que c’est plutôt par suite du développement excessif des phanérogames, d’abord absentes ou faiblement représentées, que par une moindre fécondité des types qu’elle a successivement ren- fermés. Les Fougères offrent, à traversles diverses périodes, ce spectacle singulier d’avoir constamment changé en don- nant lieu à des séries de formes dont les plus nouvelles se sont toujours développées aux dépens des plus anciennes, en entraînant l'exclusion ou tout au moins l’amoindrisse- ment relatif de celles+ci. Il est fort douteux que la classe des Fougères soit aujour:- | d'hui plus restreinte que par le passé, si l’on considère en elle le nombre absolu des espèces, et cette réflexion s’ap- plique même au temps des houilles, qui marque l’époque de la plus grande splendeur du groupe. Mais alors, il faut le dire, les Fougères couvraient de leur foule pressée presque tout le sol terrestre; elles mul- tipliaient à l'infini leurs individus, sinon leurs espèces, et régnaient incontestablement,. Aujourd’hui ces mêmes plantes n’obliennent qu’une part restreinte dans l’ensemble général ; fréquentes là surtout où l'ombre des grands végétaux leur constitue un abri, elles dominent seulement dans certaines régions insulaires ou 19 56 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. > montagneuses, au sein des vallées profondes, à l'ombre des forêts, particulièrement dans les stations où l'humidité réunie à une température très-égale les couvre d’un man- teau de brumes et les protége contre les rayons directs du soleil. La chaleur favorise leur essor, mais plus que la cha- leur l'égalité d’un climat humide leur est favorable, Leurs racines fibreuses pénètrent dans les fissures ; elles aiment les sols détritiques et légers; elles fréquentent les lieux tourbeux, riches en humus et envahis par la mousse, les vieux troncs et les substances végétales décomposées. Du reste, les Fougères, plantes ordinairement délicates, com- ptent aussi des espèces robustes, cosmopolites et sociales; elles s'adaptent en définitive à des conditions très-diverses, et par là sans doute s'explique le secret de leur durée étonnante et de la variélé sans cesse renouvelée de leurs types. Leur tige ou rhizome est le plus souvent oblique et souterrain; dans d’autres cas, épigé et rampant, il serpente ou s’enroule à la surface des autres végélaux. Cette tige constitue parfois une souche à racines fibreuses et fasciculées; plus rarement enfin elle s'élève verticalement et se termine par un faisceau de frondes, tandis que des radicules aériennes descendent de toutes parts et servent à étançonner le stipe qu’elles entourent et qui lui- même cesse de toucher directement le sol à mesure qu'il s'allonge. Les anciennes frondes, en se détachant, laissent alors, au point correspondant à leur insertion, des cica- trices discoïdes dont la disposition en quinconce offre une parfaite régularité. Ces cicatrices, plus ou moins ovalaires et dont la forme est caractéristique, s’agrandissent el s'é- carlent dans le sens vertical, à mesure que la tige croît, mais elles conservent invariablement les mêmes dimensions proportionnelles, L'accroissement des liges ayant lieu sur- TERRAIN JURASSIQUE,. — VÉGÉTAUX. 291 tout de bas en haut, ces cicatrices ne se déforment pas par suite d’une extension transversale; elles n’offrent rien d’engainant; elles ne sont ni emboîtées ni même conti- guës, et diffèrent par là de ce que montrent les Monocoty- lédones et aussi les Cycadées, chez qui ces divers effels se produisent loujours plus ou moins par suite de l’exten- sion en diamètre des tiges. La disposition des faisceaux vasculaires à la surface des cicatrices foliaires, ainsi qu'à l'intérieur des tiges et des pétioles, n’est pas moins carac- téristique. Ils forment par leur réunion des anneaux inter- rompus ou plutôt des rubans diversement repliés et cons- tituent une ou plusieurs rangées concentriques entourant une zone parenchymateuse centrale, qui renferme aussi un certain nombre de faisceaux, mais qui se détruit avec l’âge, A l'intérieur des pétioles, les faisceaux vasculaires, tou- jours moins compliqués, affectent aussi une disposition régulière; danisles rhizomes minces ils se réduisent souvent à un seul faisceau qui devient central. Les feuilles des Fougères ou frondes affectent une grande variété de formes. Rarement simples et entières, elles sont presque toujours diversement incisées et lobées, et présentent tous les degrés de combinaison dans le mode de découpure du limbe. Celui-ci, le plus ordinairement continu le long des côtes ou rachis qu’il accompagne d’une bordure de largeur très-variable, semblerait marquer dans la plupart des Fougères l'existence de feuilles simples en réalité, malgré la complication des lobes qui les divisent. Cependant, on observe aussi des folioles articulées à leur base sur le rachis commun et des rachis secondaires, eux- même articulés sur l’axe principal et se détachant naturel- lement de celui-ci. Quoique les frondes de Fougères soient généralement constiluées par un axe central lelong duquel VÉGÉTAUX. — J, 17 258 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. sont disposés des axes secondaires, on observe quelquefois aussi, soit dans l’ordre actuel ({s/eichenia), soit surlout chez les fossiles des terrains anciens(Sphenopteris dichotoma Al. ; — Geiniizù Gœpp.; — pimpinellifolia Gæpp.; — tridacty- lites Brngt., etc.), des frondes divisées par bifurcation. Les tiges elles-mêmes présentent parfois celle structure qui est ordinairement accidentelle, mais qui semble pour cer- taines catégories d’espèces, comme celles du Dévonien supérieur, devenir normale et caractéristique. La vernalion des frondes est généralement convolutée ou repliée en crosse, non-seulement du sommet à la base, mais de façon à ce que les bords du limbe et les axes secondaires soient aussi repliés sur eux-mêmes, le long de l’axe principal. Cependant, quelque universelle que soit: cette structure, elle souffre certaines exceptions et n’exisle pas chez les Ophioglossées, qui se rangent auprès des Fou- gères, assez loin cependant pour constituer aux yeux de la plupart des ptéridographes une classe distincte ou mieux un groupe à part marquant une liaison vers les Rhizocar- pées. Les caractères fournis par la nervation ont une impor- tance considérable, dès qu’il s’agit d'espèces fossiles dont le clässement rationnel] est presque uniquement basé sur leur considération. Malheureusement, ces caractères, quelles que soient leur saillie et leur apparente fixité, sont rarement, chez les Fougères, en rapportexacl avec ceux qui sont lirés des organes fructificaleurs et qui tiennent évi- demment le premier rang. L'observation démontre que les mêmes combinaisons de nervures, et par conséquent de forme extérieure etde découpure, puisque celles-ci dépen- dent inévitablement des premières, se montrent dans des genres et des tribus entièrement séparés. Aussi, c’est TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9259 principalement aux organes reproducteurs que l’on a eu recours avec raison pour établir les divisions fondamen- tales de la classe des Fougères. Ces organes consistent, comme on le sait, en sporanges ou capsules portées sur les frondes, presque toujours ü- xées à la face inférieure du limbe foliacé. Tantôt les cap- sules couvrent la fronde entière, ou occupent certaines parlies de cet organe qui se trouve modifié par leur pré- sence, tantôt elles se groupent suivant des modes très- variés, Les groupements, acervi, prennent le nom de sores, sort, et les capsules s’y montrent tantôt nues, tantôt recou- vertes d’un tégument, protégées par le bord replié ou con- tracté des pinnules, ou bien elles sont insérées sur un réceptacle, entourées d’un involucre soit ouvert, soit fermé comme une boîte, situées au fond d’une urne, environnées de paillettes, soudées entre elles ou enfin réunies en nom- bre déterminé, Sous le rapport du mode de déhiscence, les capsules, sessiles ou plus ou moins pédicellées, globuleuses ou ovalaires, sont tanlôt pourvues et lantôt dépourvues d’un anneau complet ou incomplet, central ou excentrique, dont la contraction entraîne le déchirement des parois et la dispersion des séminules, sporulæ; celles-ci, en se déve- loppant, donnent lieu,comme chez les £quisetum,à un pro- thallium qui porte les anthérozoïdes et les archégones, et d’où sort enfin la jeune plante, C'est en s’aidant de toutes ces différences de structure que l’on est parvenu à opérer le classement des Fougères vivantes et à les partager en groupes de valeur {rès-iné- gale, puisque l’immense majorité d’entre elles fait partie de la famille des Polypodiacées. Les Polypodiacées se distinguent par leurs capsules grou- pées suivant des modes très-divers à la surface inférieure 260 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. des frondes et partagées par un anneau disposé verticale- ment en deux parties égales. Les groupes de capsules, étendus à la totalité de la surface foliaire,ou limités et for- mant des sores, sont tantôt nus, tantôt protégés par un té- gument. Les formes arborescentes sont rares parmi les Polypodiacées et presque entièrement limitées à la tribu des Dicksoniées. Les tribus sont au nombre de six principales, qui sont : 4° Les Acrostichées, chez qui les capsules couvrent toute la surface inférieure des frondes fertiles ; 2 Les Polypodiées, chez qui les capsules sont groupées en sores toujours dépourvues de tégument ; 3° Les Ptéridées, chez qui les capsules sont groupées en sores marginales recouvertes d’un tégument provenant du bord replié de la fronde ; 4° Les Aspléniées, dont les sores allongées et couvertes d’un tégument suivent une direction parallèle aux ner- vures le loug desquelles elles sont placées; 5° Les Aspidées, dont les sores arrondies sont couvertes d’an tégument circulaire et situées vers le milieu du par- cours des veines ; 6° Les Dicksoniées, chez qui les sores sont terminales, c’est-à-dire situées à l'extrémité supérieure des veines et ordinairement recouvertes d’un tégument ou d’un récep+ tacle s’ouvrant vers l'extérieur. Cette dernière tribu renferme de grandes Fougères, et majorilé tropicales, et confine les Aspléniées et les Ptéridées par les Davallia, tandis que les genres Drcksonia et Balantium la rapprochent des Cyathées et des Marattiées. Du reste, rien de plus confus vers leurs limites réciproques, toujours embarrassées de types d’affinité incertaine, que ces tribus TERRAIN JURASSIQUE. -= VÉGÉTAUX. 261 dont la réalité ne s'affirme que par les groupes normaux qui servent de centre à chacune d'elles. Auprès des Polypodiacées et comme une tribu annexe, selon les uns,comme une famille distincte, selon d’autres, viennent se placer les C'yathées, qui comptent au moins 206 espèces, dont les deux tiers américaines, et renferment la presque totalité des Fougères arborescentes. Le caractère décisif du groupe est de présenter des capsules partagées par un anneau vertical en deux portions un peu inégales; ces capsules sont en outre insérées sur un axe ou récep- tacle, tantôt nu, tantôt accompagné d’un tégument en forme de boîte, de soucoupe, de calice, de capsule, par- tant de la base del’axe et servant d’involucre aux sporanges. Non-seulement la récurrence des formes est très-pro- noncée chez les Cyathées,si on les compare aux Polypodia- cées, mais elles se lient à celles-ci par les A/sophila,de ma- nière à constituer une chaîne dont les anneaux les plus éloignés se rattachent pourtant les uns aux autres par une ou plusieurs séries d’anneaux intermédiaires. Les familles suivantes sont visiblement plus tranchées, plus isolées ; séparées l’une de l’autre par des intervalles plus marqués, elles sont aussi moins nombreuses et parfois réduites à un genre unique. Ce sont : 3° Les Æyménophyllées, dont le limbe foliacé est formé, comme dans les mousses et les lycopodes, d’une seule lame de tissu cellulaire, parcourue par des nervures qui por- tent à leur extrémité des réceptacles en godet, qu’elles tra- versent en donnant lieu à une colonne centrale sur la- quelle s’insèrent des capsules arrondies et entourées d'un anneau disposé horizontalement ; 2° Les Gleichémées, dont les capsules, sessiles et grou- pées par quatre à la face inférieure des feuilles, ont 262 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. un anneau large, disposé à la façon d’un turban. Les fron- des des Gleichéniées sont souvent divisées par bifurca- tion ; 3° Les Marattiées, dont les capsules dépourvues d’anneau sont soudées sur une double rangée contiguë ou disposées en cercle, et s'ouvrent par un pore du côté intérieur. Plu- sieurs sont arborescentes ou de grande taille ; 4° Les Osmundées, chez qui la partie supérieure des fron- des fertiles, transformée par la fructification et réduite aux seules nervures,se charge de capsules munies d’un anneau très- incomplet et s’ouvrant par une fente située sur le côlé antérieur ; 5° Les Schizées où Lygodiées, groupe formé d’un petit nombre de genres de physionomie très-variée, chez qui les capsules, en forme de coques bivalves à la maturité et pourvues d’un anneau disposé en caloite, sont rangées en série simple, double ou multiple le long du bord des seg- ments ou sur les portions contractées des frondes ou encore sous des téguments bracteïformes, imbriqués et distiques placés à l'extrémité des nervures prolongées| au delà de la marge des folioles. Toutes ces divisions, si l’on s'attache seulement à la physionomie, renferment souvent des formes hétérogènes réunies, comme nous l'avons dit, par la seule considéra- tion des organes reproducteurs; mais n’en est-il pas de même pour les Algues et même pour les Conifères, où cer- tains groupes comprennent des formes très-diverses, tandis que chacune de ces formes prise en particulier paraît être une répétition parallèle de celles qui caractérisent les autres groupes? Ne trouve-t-on pas de ces récurrences parfois étonnantes à chaque pas que l’on fait dans l’étude des Dico- tylédones, et ce phénomène ne semble-t-il pas une conséa TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 263 quence nécessaire de l’évolution des groupes de végétaux qui, au lieu de rester stationnaires ou de reculer, n’ont cessé de produire dans chaque période de nouveaux types destinés à remplacer les types antérieurs, en s'étendant et se ramifiant à leur tour ? C’est donc bien vainement que l’on chercherail à trouver un mode de classification assez parfait pour s’appuyer éga- lement sur les caractères lirés des organes reproducteurs et sur ceux de la nervation, Tous les essais tendant à ce but ont échoué jusqu'ici. Les organes reproducteurs sont les seuls qui puissent, en effet, révéler la structure intime des plantes et servir à fonder entre elles des rapports vrais ; les caraclères basés sur la disposition des nervures n’ont au contraire qu'une fixité apparente et souvent trompeuse,. Dans les limites d’un même groupe, on les voit se plier à une foule de modifications qui les allèrent et leur permettent de passer avec une extrême facilité d’unsystème à un autre; ils épuisent, pour ainsi dire, la série entière des combi- naisons, et chez eux l'ordonnance la plus simple conduit insensiblement à l’ordonnance la plus compliquée, à l’aide d'une série de nuances intermédiaires et de transitions mé- nagées qui échappent le plus souvent à l’analyse, C’est là ce que J’on observe dans les genres compactes, comme les Polypodium, Pteris, Aspidium, Cyathea, etc.; mais on n’au- rait,dans ces mêmes genres, qu’à supprimer un certain nom- bre d'’intermédiaires pour opérer la juxtaposition d’un assemblage de formes sans liens réciproques apparents; c’est là effectivement ce qu’il est naturel d'admettre pour le passé, et la destruction par l’effet du temps d’une quan- tité de termes ne doit pas être étrangère à l'existence de ces rapprochements forcés que la physionomie extérieure semble repousser, mais que l’étude des organes essentiels 264 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, justifie et dont la paléontologie seule parviendra peut-être donner la clef. Appliquons ces principes aux Fougères fossiles. On a recueilli d’elles des tiges (Caulopteris, Protopteris), des rhi- zomes (/Æhizomopteris Schimp.), des pétioles (Æachiopteris Schimp.), de jeunes frondes enroulées(Spiropteris Schimp.); ona pu même étudier la structure intérieure de plusieurs tiges anciennes, surtout de celles du terrain permien qui sont connues sous le nom de Psaronius. On conçoit cepen- dant que ces organes n’aient donné lieu qu’à des assimila- tions font vagues et aient dû forcément être décrits en autant de genres séparés, sans que l’on pût même soupçonner la nature des frondes qui leur appartenaient autrefois, On trouve plus ordinairement, et de manière à faire mieux connaître l’aspect des anciennes espèces, des portions plus ou moins considérables de leurs frondes dont la nervation est presque toujours visible et qui sont parfois accompa- gnées de vestiges des fructifications. Mais lorsque ces der- niers organes se montrent, il est le plus souvent difficile de saisir en eux autre chose que l'emplacement et la forme des groupes de capsules ou sores. Dans l’immense majorité des cas, le mode exact de l'insertion des capsules, la structure de chacune d'elles, la présence et la nature de l'anneau, + c’est-à-dire les caractères les plus essentiels échappent entièrement ou sont trop vaguement perceptibles pour per- mettre d’asseoir un jugement. Dans les cas très-rares où il devient possible d'analyser ces sortes de caractères, on se trouve dans bien des cas en présence de combinaisons qui ne semblent correspondre d’une façon précise à aucune de celles que comprend la nature actuelle, et, en s’éloignant dans le passé, on arrive finalement à reconnaître ou que les groupes fossiles les plus importants ont disparu TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 265 sans laisser de représentants directs, ou que ces groupes ont une tendance à se rapprocher des tribus les plus exception- nelles existant chez les Fougères vivantes. Cette marche, en rapport complet avec celle des princi- pales séries de végétaux considérés dans leur passé histo- rique, a été souvent méconnue, ou plutôt il a existé dès l'origine des recherches paléophytologiques une tendance à ne pas en tenir compte. Par suite, il s’est établi deux écoles très-différentes par leurs procédés et les résultats auxquels elles ont conduit leurs adeptes; mais l’une d'elles, à la tête de laquelle s’est placé dès l’abord le savant Ad. Brongniart, est pour nous la seule vraie, tandis que l’autre, représentée en premier lieu par Gœppert, et dernièrement par M. d’Ettingshausen, nous paraît entraîner à des erreurs inévitables par la fausse apparence qu’elle se plaît à donner aux faits relatifs aux anciennes flores, en les travestissant plus ou moins. En effet, au lieu de chercher à saisir ce que pouvaient être en réalité les Fougères du monde primitif, on a tenté une foule de rapprochements superficiels, uniquement basés sur la physionomie extérieure, et une certaine con- formité dans le dessin de la nervation. Sur la foi d’aussi douteuses affinités, on s’est attaché à donner aux Fougères fossiles, sans distinction d’étages ni de période, des noms tirés de celles de nos jours; finalement, on est venu à les assimiler entièrement à celles-ci,comme si l’ancienne exis- tence des genres que nous avons encore sous les yeux pou- vait être admise sans preuve directe et décisive, alors que tant d'indices amènent à croire le contraire. C’est dans cet ordre d’idées que les genres Ghichenites, Hymenophyllites, Asplenites, Aspidites, Cyätheites, Polypodites,etc.,avaient été fondés primitivement par Gæppert. Cette pensée d’identi- 265 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. fication absolue entre les Fougères fossiles de toutes les époques et les nôtres a été abandonnée par l'auteur lui- même dans un ouvrage poslérieur demeuré malheureuse- ment inachevé (1). La classification proposée depuis par M. Unger dans son Synopsis el généralement adoptée en Allemagne, paraîl êlre un compromis des idées de M.Bron- gniart, que nous exposerons tout à l’heure, et ce celles de Gæppert, en sorte que, tout en suivant les grandes divisions établies par l’auteur français et en constituant un cerlain nombre de genres fossiles, très-légitimement séparés de ceux qui existent maintenant, on voit reparaître à côté de ceux-ci les Æ/ymenophyllites, Polypodites, Asplenites, Cya- theites, Hemitelites, Acrostichites, ete.; bien plus, un certain nombre d'espèces se trouvent distribuées dansles Gleiché- niacées, Schizéacées, Danæacées, Maratlaciées, et englobées ainsi sans preuve assurée, souvent même sur les indices les plus douteux, dansles familles actuelles qui portent cenom. M. d’Ettingshausen a été encore plus loin, et dans le grand ouvrage accompagné de planches nombreuses qu’il a publié dernièrement, il s’est proposé pour but d’exposer les bases fondamentales de la classification des Fougères, d’après la nervation. Il a voulu en même temps appliquer ces principes à la détermination des espèces fossiles par la comparaison de ces dernières avec les Fougères vivantes. M. d’Ettingshausen, remarquons-le, n’a rien changé à la délimitation des tribus et des genres, telle qu’elle à été comprise par les meilleurs ptéridographes, entre autres par Presl, Fée et Meltenius. Les grands genres renferment toujours plusieurs types de nervation; mais ces types sont disposés par l’auteur de manière à constituer autant (1) Die Gattungen foss. Pflanz. vergl. mit dem. d. Jetzw. Bonn, 1841. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 267 de sous-genres qui se suivent dans un ordre régulier et systématique, dont l’exposé fait le plus grand honneur au savant qui les a conçus. Toutefois, lorsque le même auteur applique celte méthode aux espèces anciennes, la plupart imparfaitement connues, et les fail rentrer dans les mêmes cadres que les espèces vivantes et le même ordre de classement, en les désignant sous des noms de genres des- tinés dans sa pensée à devenir définitifs, il commet évi- demment la plus grande des erreurs. La marche suivie par l’auteur se conçoit tant qu'il s’agit d'espècestertiaires, plus ou moins alliées des nôtres et probablement congénères de celles-ci ; mais, à mesure quel’on s'éloigne versle passé, l'obscurité augmente, les liens se relàchent et les assimila- tions génériques deviennent improbables, à moins qu’eiles ne reposent sur des preuves directes. Leur admission à priær entraînerait en effet celte con- séquence, en contradiclion avec tout l’ensemble des faits paléontologiques, que le monde des Fougères aurait été dans tous les temps composé à peu près des mêmes élé- ments que dans la période récente. L'esprit, à moins d’être aveuglé par une idée préconçue, ne saurait croire à l’exis- tence de la plupart des genres modernes dès l’époque car- bonifère, ni même dans le Trias et le Jurassique. Les Po- lypodiacées se sont certainement montrées dans cette der- nière période ; mais à quel mowent précis faut-il reporter leur première apparition ? les geures qu’elles ont d’abord compris étaient-ils pareils en tout ou en partie aux nôtres? certains d’entre eux ne formaient-ils pas des tribus ou des familles distinctes de celles qui composent maintenant les Polypodiacées ? Ce sont là les questions qu’il faudrait pou- voir résoudre en premier lieu et que l’on méconnait en- tièrement, lorsque l’on se base sur des analogies partielles 268 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, pour les trancher en formulant des identités de genres en réalité chimériques. Revenons aux vrais principes, à ceux qui peuvent seuls nous servir de guide dans cet obscur labyrinthe, c’est-à- dire aux idées émises autrefois par M. Brongniart et aux- quelles récemment encore adhérait M. Schimper, dans son Traité de paléontologie. Ces idées consistent à se servir (en l’absence de moyens plus sûrs et sans repousser ceux que fournit la fructification lorsqu'elle se laisse voir) de l’examen de la nervation comme d’un moyen artificiel et provisoire, mais le seul dont on dispose en réalité, pour grouper les formes qui se rapprochent par ce côlé dans des genres qui ne sauraient être définitifs, mais qui ont l’avan- tage de constituer des cadres méthodiques et souvent de respecter des affinités réelles, sans rien préjuger sur le fond même de la question. C'est ainsi que M. Brongniart, dans son //stoire des vé- gétaux fossiles, et plus tard dans le Dictionnaire d'histoire naturelle de d'Orbigny (1), avait fondé sur la seule considé- ralion des nervures les genres ÂVeuropteris, Cyclopteris, Odontopteris, Sphenopteris, Pecopteris, qui ont subsisté mal- gré bien des découvertes postérieures et sont même deve- nus le type d’autant de familles particulières. Toutefois, ces genres et plusieurs autres qu'il serait inutile de mentionner ici ont été conçus primitivement en vue de la flore houilière, objel principal des préoccupa- tions de M. Brongniart, et ce n’est pour ainsi dire que par extension qu’on y a également rapporté les espèces des autres terrains, lorsqu'elles se rangeaient sans trop d’ef- fort à côté des premières, On a même désigné quelque- (1) Tab, des genres de vég. foss., p. 16 et suiv, he. = TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 269 fois des noms de Pecopteris et de Sphenopteris des espèces terliaires qui ont été avec plus de raison attribuées depuis à des genres vivants. La flore tertiaire se rapproche telle- ment de la nôtre, qu’il estdifficile d'admettre qu’elle ait pu comprendre des formes congénères de celles des houilles; mais la question se complique extrêmement, lorsqu'il est question du terrain jurassique, sorte de moyen âge égale- ment éloigné des temps primitifs comme de l’âge moderne. Si, d’une part, on peut croire sans invraisemblance que les types paléozoïques aient prolongé leur existence jusque dans cette période, rien ne s'oppose de l’autre à ce que l’on y place la première origine des types actuels, ou enfin que l’on suppose l’ensemble des Fougères d’alors composé en majorité de types spéciaux, également distincts des types carbonifères et de ceux de nos jours. La vérité est probablement entre ces opinions extrêmes ; elle est en tous cas difficile à saisir ; elle se réduit à des indices épars que nous devons mettre un soin particulier à rechercher et à analyser. Nous savons, à n’en pouvoir douter, que vers le milieu et même dès le début des temps tertiaires, la classe des Fougères se trouvait composée des mêmes divisions qu’au- jourd’hui, et que chacune de ces divisions était représen- tée par les mêmes genres, combinés à peu près dans les mêmes proportions, non-seulement chez les Polypodiacées, mais dans les tribus ou familles plus ou moins éloignées de celles-ci, qui cependant ont très-bien pu occuper dès lors une place relativement plus considérable. Les genres Pteris, Woodwardtia, Aspidium, Lindsæa et plusieurs autres se monirent dans le miocène inférieur de Suisse ou dans le midi de la France ; plus anciennement, on observe à Sézanne des Blechnum, Adiantum, Asplenium ; 270 PALÉONTOLOGIÉ FRANÇAISE. on a pu même constater parmi ces derniers l’existence des sous-genres Athyrium et Diplazium. Il en est de même des autres tribus: la présence des A/sophila, Cyathea, Hemitelia dans les traverlins de Sézanne atteste qu’à l’époque où se formait ce dépôt les Cyathées étaient fixées dans leurs principaux traits. Les Lygodium observés dans le Miocène inférieur, dans l’Éocène des gypses d’Aix et dans la Craie blanche d’Aix- la-Chapelle, font voir la même chose pour les Lygodiées. Les Osmunda Heerù Gaud. et Polybotrya Schimp. (Fihcites polybotrya Brongn.), témoignent de l’existence des Osmun- dées. On pourrait citer l’Ophioglossum eocenum Massal., du Tertiaire de Vérone, comme exemple des Ophioglossées, et la Craie d’Aix-la-Chapelle renferme de vrais Gleichenia semblables à ceux du monde actuel par leur aspect, leur mode de partition, l’ordre et la disposition des sores. Dans la Craie, période assez mal connue, il est vrai, un changement manifeste se laisse voir par rapport à ce qui aura lieu plus tard. Les genres actuels de Polypodiacées s'effacent, s’amoindrissent, ou du moins deviennent rares et incertains ; ceux qui apparliennent à d’autres tribus, subordonnées aux Polypodiacées dans l’ordre actuel, se montrent au contraire fréquemment, et leur importance relative grandit de plus en plus. Enfin, on remarque une foule de types évidemment éleints et plus ou moins différents de ceux que nous con- naissons. Ainsi, à Aix-la-Chapelle, à Moletein, à Nieders- chaena, à Kome dans le Groënland, on rencontre seule- ment, en fait de genres actuels, des Gleichenia, des Lygo- dium, peut-être des Danæa (Danwites firmus Heer, D. Schlo- theimu Deb. et Ellingsh.), mais il ne s’est encore trouvé TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 271 aucune espèce qui puisse être rapporlée avec cerlitude à un genre vivant de Polypodiacée, tandis que l’on reconnait l'existence d’une foule de types différents de ceux que nous connaissons et se rallachant soit aux Cyathées, soit aux Polypodiacées elles-mêmes, Quelle est la vraie signification et la place réelle de ces types spéciaux qui peuplent les divers étages du lerrain secondaire ? Quelle est la part à faire aux Polypodiacées parmi eux et quelle est celle des aulres tribus? ne révèlent-ils pas l'existence de groupes intermédiaires servant à combler les vides qui séparent l’une de l’autre les divisions actuelles? Bien des indices conduisent à penser que cette dernière conjecture est la plus rapprochée de la vérité, et beaucoup de ces genres an- ciens, sans rentrer dans le cadre des Polypodiacées ac- tuelles, paraissent se relier à celte famille par des liens plus ou moins étroils. Nous serons confirmés dans celle pensée en continuant notre marche par l'observation de ceux des genres jurassiques dont l’appareil fruclificateur est le mieux cornu. Les Fougères jurassiques que l'extrême analogie de tous leurs caractères visibles aulorise de rapporter à des gen- res encore vivants sont : 1° des Glechenia (Gleichenia elegans, Zigno, F1. oo1., I, p. 193, PI. 10; — Gleichenia bindrabu- nensis Schimp., Oldh. pal. ind. Foss. FL, p. 45, tab. 25 el 26) ; 2°des Angiopteris (Angiopteridium Münsteri Schimp., Traité de pal. vég., 1, p. 603, PI. 38, fig. 1-6; — A, Heœ- rense Schimp., tbid., fig. 7); 3° des Danæa (Danæopsis ma- rantacea Heer). Ces genres attestent en premier lieu la présence répétée des tribus les plus exceptionnelles de l’ordre actuel ; mais il ne faudrait pas en conclure que les Polypodiacées fussent alors absentes ou faiblement repré- sentées ; ce serail une exagération contraire à la réalité, Il 272 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, existait parmi elles des types de deux sortes : les uns susceptibles de se ranger sans trop d'effort dans les di- visions existantes; ce sont les Z'haumatopteris, Dictyo- phyllum et Clathropteris, qui diffèrent à peine des 2ryna- ria.. Les autres sont des Polypodiacées dont le caractère ambigu et pour ainsi dire mixte se laisse aisément en- trevoir et qui dans tous les cas n’ont avec les genres ac- tuels que de lointaines et obscures affinités. Il en est ainsi des genres Andriana Fr. Braun, Selenocarpus Schenk, Laccopteris Presl., qui sont les mieux connus ; la forme des capsules, la direction et la structure de l’anneau verti- cal multiradié et complet qui les entoure n’ont rien chez eux qui s’écarte de ce que l’on voit chez les Polypodiacées, tandis que le mode de groupement des sporanges réunies en nombre déterminé et dans un ordre régulier, autour d’un point central ou sur un axe, rappelle ce qui a lieu chez les Mertensia et les Alsophila. D’autres genres, et en pre- mière ligne les Gutbiera Presl., ont des capsules renfer- mées sous un couvercle arrondi, d’abord clos, puis ouvert au centre et qui reporte l'esprit vers les Cyathea et les Mattonia. | Tous ces genres possèdent d’ailleurs le caractère com- mun d’avoir des frondes à segments palmés ou digités, ordonnance aussi fréquente chez les Fougères jurassiques qu’elle est rare maintenant. Cette disposition est loin ce- pendant d’être elle-même universelle ; les frondes pinnées redeviennent abondantes dans l’Oolithe, et parmi celles-ci, le nombre des genres dont la fructification demeure incon- nue ou dont les sores, quoique visibles, ne livrent pas le secret de leur structure, est tellement prépondérant par rapport, aux autres, qu’il faut bien se résigner à choisir un mode de classement basé sur la nervation et la forme 2. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. DTte) extérieure. Mais en choisissant ce parti, on se trouve aus- sitôt en présence de nouvelles difficultés ; en effet, si les types actuels sont à peu près absents, saufen ce qui con- cerne les Gleichéniées, lesMarattiées, les Hyménophyllées ? et les Polypodiées proprement dites, de la Flore ptéridolo- gique duJura,les cadres de classification conçus en vue de la Flore carbonifère sont eux-mêmes très-loin de suffire, et il devient nécessaire d’en établir de spéciaux pour le temps dont ils’agit. Rien de mieux, il est vrai, que de ranger par- mi les Sphenopteris,les Pecopteris, les Odontoptertis celles des Fougères jurassiques qu'aucun trait bien sensible n’écarte des types paléozoïques ainsi dénommés, et nous agirons de cette façon pour un certain nombre d'espèces des dépôts français; il serait inutile effectivement de créer des noms à part, là où les divergences ne sont pas appréciables. Il en est autrement des types jurassiques proprement dits, de ceux qui se distinguent des types antérieurs et qui depuis ont cessé de se montrer ; il faut bien s’efforcer de les grou- per de la façon la plus naturelle ; et d’un autre côté nous comprenons les difficultés peut-être insurmontables, atta- chées à une classification de cette nature. Heureusement qu’il doit suffire à la nôtre de s’adapter aux espèces fran- çaises, les seules que nous ayons à considérer ici ; notre tâche se trouvera ainsi sensiblement allégée, puisque nous laisserons de côté une foule de genres mal connus ou d’af- finité incertaine, par la raison qu'ils n’ont pas été encore observés en France. Il est vrai que le sol français a fourni de son côté un cerlain nombre de types soit nouveaux, soit absents des autres régions. En faisant la part exacte de ces diverses considérations, nous voyons se dégager de l’en- semble de nos Fougères, en dehors des Sphenopteris et Pecopteris, quatre groupes bien tranchés qui sont : 4°les VÉGÉTAUX, — J. 13 274 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, espèces à nervures réticulées et à segments ordinairement palmés ou digités, correspondant aux Dictyoptéridées de M. Schimper ; 2° les espèces à frondes pinnées et coriaces, sur lesquelles nous reviendrons tout à l'heure ; 3° les es- pèces à frondes tantôt simples, tantôt pinnées, à segments rubanés et à bords entiers, dont les nervures secondaires, simples ou dichotomes, sont disposées le long d’une côte médiane dans une direction d’abord oblique, puis trans- versale, les veines demeurant parallèles entre elles; ce sont les Zæntoptéridées de divers auteurs, auxquelles nous conserverons ce nom; 4° les espèces à frondes flabel- lées, à segments dichotomes, à nervures longitudina- les; ces dernières plantes ne sont peut-être pas même des Fougères ; elles paraissent, du moins en ce qui con- cerne quelques-unes d’entre elles, se rattacher aux Marsi- léacées ; c’est à nos yeuxun motif de plus pour les grouper à part sous la dénomination des Chiroptéridées. Les espèces à frondes pinnées et coriaces que nous avons mentionnées en deuxième lieu doivent nous arrêter un instant. Elles ont été jusqu'ici le sujet de beaucoup de con- fusion, soit parce que leurs espèces ont été successivement reportées d’un genre dans un autre, soit parce que leur structure, imparfaitement observée, les a fait prendre pour ce qu’elles n'étaient pas. C’est ainsi que certaines Fou- sères coriaces rappellent assez les Cycadées, pour que l'on ait voulu parfois les attribuer à ce dernier groupe, tandis que les formes à pinnules dépourvües de nervures secon- daires élaient réunies à tort à celles qui présentent une nervation caractéristique, lorsque celle-ci se trouvait accidentellement invisible. En réalité, les Fougères juras- ciques coriaces nous paraissent se partager assez naturelle- ment en trois groupes, l’un plus particulièrement déve- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 975 loppé dans le Lias, les deux autres exelusivement oolithi- ques. Le premier a pour caractère de présenter dans chaque pinnule des nervures secondaires très-obliques ou toutes longitudinales, naissant en partie au moins directe- ment du rachis ; la nervure médiane, lorsqu'elle existe, se termine avant le sommet; les pinnules adhèrent par la base au rachis et sont souvent confluentes entre eiles, Nous don- verons à ce groupe le nom d’Odontoptéridées, à cause de son affinité présumée avec les Odontopteris des terrains carbonifère et permien. Le second groupe présente des pinnules plus ou moins rétrécies à la base, toujours cependant un peu décurrentes sur un rachis étroitement ailé. Chaque pinnule n’est parcourue que par une seule nervure médiane ou par un petit nombre de nervures par- ties de la base, très-peu visibles ou tout à fait nulles. Ces Fougères composeront pour nousle groupe des Pachypté- ridées, dont le genre Pachypteris de Brongniartreste le type. Dans le troisième groupe enfin les pinnules coriaces, adhé- rentes par la base, non rétrécies et souvent confluentes, sont repliées le long des bords ou cernées d’un bourrelet marginal ; la nervation est tantôt réduite à la seule mé- diane et tantôt pinnée ; ce sera le groupe des Zomatopté- ridées. Voici, d’après ce qui précède, le tableau des divisions adoptées par nous : 1° Sphénoptéridées. Nervures pinnées, à divisions plus ou moins obliques et divergentes dans une pinnule rétrécie à la base et incisée ou lobée sur Îies bords. 2° Pécoptéridées. Nervures pinnées simples ou bifurquées, disposées des deux côtés d’une nervure médiane prolongée jusque vers le sommet des pinnules adhérentes par la base au rachis et souvent entre elles. 276 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. 3° Dictyoptéridées. Frondes le plus souvent palmées ou digitées ; nervures secondaires réticulées ; fructification en sores arrondies et généralement dépourvues de tégument, comme chez les Polypodiées. 4° Odontoptéridées. Pinnules coriaces plus ou moins adhé- rentes par la base au rachis, sans médiane ou pourvues d’une médiane disparaissant avant le sommet, nervures secondaires très-obliques ou longitudinales, naissant, en partie au moins, directement du rachis. 5° Pachiyptéridées. Pinnules coriaces, plus ou moins ré- trécies à la base, plus rarement insérées par toute leur base,décurrentes sur le rachis étroitement ailé, nervure médiane unique ou plusieurs longitudinales partant obli- quement de la base, ou point de nervures visibles. 6° Zomatoptéridées. Pinnules coriaces adhérentes par toute la base et souvent confluentes entre elles,nervure mé- diane unique on émettant des veines pinnées simples et bifurquées, repli marginal ou bourrelet cernant le bord des pinnules. 7° Jwænioptéridées. Frondes ou segments des frondes lar- gement linéaires, à bords entiers, parallèles et ordinaire- ment marginés, nervures secondaires simples ou bifur- quées,parallèles entreelles, obliquement émises par la côte médiane, puis transversales et demeurant parallèles jus- qu’à la marge. 8° Chiroptéridées. Frondes flabellées à segments diver- gents, irrégulièrement incisés sur les bords ou laciniés- dichotomes ; nervures longitudinales simples ou ramifiées. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. TR * Sphenopterideæ. — rondes pinnalæe, bi-tripinnatæ, pin- nulæ basi contraclæ, plerumque in- cisolobatæ, lobis inferioribus majo- ribus ; nervalio pinnata, venis e nervo medio orlis plus minusve obli- quis divergentibus subflabellatisve, in lobos lobulosque pergentibus. PREMIER GENRE. — SPHENOPTERIS. Sphencpteris, Brongn., Hist. des vég. foss., 1, p. 169. -- Gœpp., Gatk. foss., PI, 1, p. 67. —- Unger, Gen. et Sp. pl. foss., p. 107. — Schimper, Traité de pal. vég., 1, p. 371. DIAGNOSE.. — frondes repetito-pinnatisectæ, pinnulæ basi restrictæ plus minusve incisæ, lobis divergentibus, inferioribus mazimis simplicibus vel lobulatis dentatisque, nervatio vage pinnata venulis simplicibus vel repetito-furcatis plus minusve divergentibus in lobos lobulosque decurrentibus. HISTOIRE ET DÉFINITION, —Lanervation, le mode d'incisure et l'aspect des divisions de la fronde, dans ce genre fossile, rappellent surtout les Asplenium, les Davallia, Cheilanthes, Gymnogramme, les Dichsonia, les Aneimia et certains Cya- thea du monde actuel, On ne saurait admettre que les es- pèces qu’il renferme aient autrefois composé un grand genre naturel,mais elles sont au moins reliées par une phy- sionomie commune qui permet de les distinguer sans trop de peine. Cependant, M. Brongniart a remarqué, il y a déjà longtemps, que la nervation des Sphenopteris ne diffé- rait pas essentiellement de celle des Pecopteris, et que l’on pouvait arriver du premier de ces genres au second à l’aide d’une série de transitions ménagées. Le plus grand nombre des Sphenopteris appartient au terrain houiller; les 218 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. espèces jurassiques que nous altribuons à ce genre s’y rangent naturellement par leurs caractères de forme et de nervation, tandis que l'absence de fructifications empêche de préciser leur véritable place. N° 1. Sphenopteris Pellati. Pole. 1; DiAGNOSE. — S. fronde bi-tripinnata, rachi primaria gra- ci, secundarüs angulo fere recto patentibus alternis, pinnis linearibus subcontiquis, pinnulis oblongo-lanceolatis pinnatim partitis lobatisque, lacinais inferis bast parum constrictis ovato- oblongis obtusis superne confluentibus, fere omnibus simplicis- sims uninervis rarissime sub-lobulatis, nervis pinnatis alter-- ne ramosts, venis plerumaque simplicibus rarissime furcatis. ? La découverte de cette jolie espèce est due à M. Pellat; rien de plus délicat et de plus finement découpé que le fragment que nous figurons el qui paraît se rapporter à la portion terminale d’une fronde. Cette portion est bipinnée; le rachis principal est mince et grêle; les latéraux s’écar- tent à angle droit; ils sont alternes et donnent lieu à des pennes linéaires, contiguës par les bords. Les pinnules sont nombreuses, assez peu obliques, longues au plus de 4 à 5 millimètres, rétrécies à la base et lancéolées ; elles sont divisées en lobes disposés dans un ordre alterne, oblongs, oblus au sommet, faiblement rétrécis à leur base, au moins les inférieurs de chaque pinnule, qui sont aussi les plus développés. Les supérieurs sont confluents et le terminal est tantôt simpleet pareil aux autres, tantôt sinué. Ces segments sont presque toujours parcourus dans leur milieu par une seule veine issue de la nervure médiane, un peu flexueuse, qui occupe chaque pinnule. Plus rare- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 279 ment, les veines se montrent bifurquées. La consistance de la fronde a dû être ferme, sinon coriace, ainsi que le mar- que la teinte foncée de la substance foliacée qui recouvre encore, à l’état charbonneux, certaines parties de l’em- preinte; les autres correspondent à un léger creux du sédiment calcaire dont la dureté et la finesse sont très- grandes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce rentre dans la section des Sphenopteris Dicksonioides de Schimper (1). Elle se rapproche particulièrement du Sph. hymenophylloides de Brongniart (2) par les segments entiers et non triden- tés deses pinnules; mais elle nous paraît encore plus voisine d’une espèce du terrain houiller de Sarrebruck, le Sph. Schlotheimii Brongn. (3), dont les frondes sont cependant plus divisées, étant tri- et même quadripinnées, tandis que les segments principaux sont moins allongés et pourvus de pinnules moins nombreuses et plus rapidement décrois- santes. Enfin, il faut encore citer, comme plus ou moins analogue à notre Sphenopteris Pellati, le Pecopteris athyrioi- des Brongn. (Sphenopteris athyrioides Gæpp., Schimp.), de l’'Oolithe de Whitby (4), que M. Brongniart considère comme faisant le passage des Pecopteris aux Sphenopteris. Cependant la ressemblance est déjà plus éloignée, quoique laffinité de physionomie soit encore sensible. Les rapports avec les espèces vivantes sont trop vagues pour que l’on y insiste beaucoup. Cependant, ils existent dans une certaine mesure avec les Dicksoniées, vis-à-vis des genres Æumata (H. affinis Mett.) et davallia (D. cana- riensis J. Sm.). (1) Voy. Traité de Pal. vég., I, p. 391. (2) Hist, des véy, foss., I, PI, 56, fig. 4. (3) 1bid., p. 193, PI, 51. (4) 1bid., p. 360, PI. 126. 280 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. LOCALITÉ. — Creys (Isère), étage kimméridgien ; coll. de M. Pellat. DESCRIPTION DES FIGURES. — PI. 31, fig. 4, portion ter- minale d’une fronde de Sphenopteris Pellati, grandeur naturelle; fig. 4* et 1° pinnules de la même espèce gros- sies pour montrer les détails de la nervation. N° 29. Sphenopteris Michelinii, RL GL Bee. — Pomel, Amtl. Bericht üb. d. funfundzw. Versammil. d. Geselstsch. Deutsch. naturforsch. in Aach., p.338. DIAGNOSE. — S. frondibus pinnatim compositis, pinnulis approximatis, inferioribus discretis satque distantibus majo- ribus mox decrescentibus basi late cuneatis incisolobatis lobis obtusis simplcibusque, supremis sinuatis aut integriusculis plus minusve confluentibus, nervatione pinnata, venis obliquisst- mis pluries furcatodivisis. La première descriplion de celte espèce est due à M. Pomel. Il n’en existe, à notre connaissance, qu'un seul exemplaire provenant des calcaires lithographiques de Châteauroux; c’est celui que nous publions; il consiste en un segment de fronde, dont la longueur n'excède pas 95 millimètres. Le rachis est mince et garni de pinnules qui paraissent plus développées sur un des bords que sur l’au- tre. La longueur de la plus grande, qui est aussi la plus inférieure, n’excède pas 6 millimètres au plus. Ces premiè- res pinnules sont distinctes et lobées, mais leur dimension décroîit assez rapidement, et les plus élevées sont contiguës, sinuées ou même entièreset enfin confluentes. Les pinnules les mieux développées, ainsi que le montre la figure 2", PI. 31, sont larges par la base qui est rétrécie en un TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 281 coin très-obius et partagées en lobes assez peu profonds, disposés en angle obtus ou même arrondis, au nombre de deux de chaque côté, ceux du côté supérieur étant un peu plus développés que les autres et le terminal court, arrondi, entier ou faiblement sinué. La nervation se compose dans chaque pinnule (voy. la fig. 2», PI. 31) d'une médiane flexueuse qui donne naissance à des veines latérales, très- obliquement dirigées, plusieurs fois ramifiées. Chaque lobe est ainsi occupé par plusieurs veinules, quoique ses bords soient parfaitement entiers. Cette nervation ressemble à celle des Aneiëmia et l'espèce se range très-naturellement dans la section des Sphenopte- ris-aneimioides de M. Schimper (1). RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Sphenocpteris Michelinu se rapproche de plusieurs espèces du terrain houiller, mais plus particulièrement du Sphenopteris latifolia Brongn. (2), dont les proportions sont pourtant bien plus grandes, et encore plus peut-être du Sphenopteris acutifolia Brongn. (3), espèce très-voisine du reste de la précédente que M. d’Ettingshausen compare à l’Aneimia fulva Sw. Cette analogie est pourtant trop peu précise, à notre sens, pour justifier une assimilation générique, comme l’a proposé le savant autrichien; les espèces en question res- semblent plus encore à certains Mohria; quant à la nôtre, il est certain qu’elle rappelle par la forme, le mode d’inci- sure et la nervation de ses pinnules, plusieurs Aneëmia et entre autres une espèce de Corrientes (Brésil), rapportée par d'Orbigny. Il est impossible selon nous de rien affirmer au delà. (1) Traité de Pal. vég., I, p. 399. (2) Hist. des vég. foss., I, p. 205, PI. 57, fig. 1-4. (3) Ibid., p. 205, PI. 57, fig. 5. 282 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, LOcaLITÉ. — Calcaires lithographiques de Chateauroux (Indre), étage corallien supérieur; ancienne collection Michelin, actuellement au Muséum de Paris. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 31, fig. 2, segment de fronde du Sphenopteris Michelinii, grandeur naturelle; fig. %, le même faiblement grossi; 2, pinnule isolée, grossie, pour montrer les détails de la nervation. N°3. Sphenopteris minutifolia. PI. 32, fig. 3-4. DIAGNOSE, — S. frondibus petiolatis coriaceis bipinnatis, punis primarus a basi ad frondis apicem sensim decrescentibus linearibus alternis, pinnulis minutis numerosis basi constrictis tripartitis trilobatisve, lobis cuneatis medio sursum late rotun- dato, margine sinuato obscure crenulatis, pinnulis superioribus pinnæ cujuslibet simpliciusculis lobatosinuatis tandem integris confluentibusque, nervulis e nervo pinnularum medio mox evarido emergentibus pluries dichotome dvisis in lobos lobu- losque divergentibus. Nos dessins donnent une idée fort nette de cette jolie espèce dont la figure 3, PI. 32, représente une fronde à laquelle il ne manque, pour être complète, que l’extrémité supérieure. Mais cette lacune se trouve parfaitement suppléée par un des échantillons fig. 4 qui se rapporte justement à cette partie. Les détails grossis de la nervation, reproduits fidèle- ment par la figure 3*, font voir que l’espèce appartient certainement au groupe des Sphenopteris et qu'elle vient même très-naturellement se ranger dans la seclion des Sphenopteris-Gymnogrammides de Schimper. La dimension de la fronde, en y comprenant le péliole long lui-même de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 283 3 centimètres, n'excède pas un décimètire au plus. Elle est bipinnée el se compose de pennes ou segments principaux presque contigus, alternes, élaiés à angle droit, dont les inférieurs sont les plus développés, tandis que les su- périeurs diminuent insensiblement de manière à constituer une longue pointe lancéolée. Le nombre total des segments s'élevait à plus de 20; mais, à mesure que l’on se rapproche du sommet de l'organe, ils se réduisent peu à peu à l’appa- rence et à la dimension de simples pinnuies, d’abord lobées, puis sinuées et finalement entières. Le même mou- vement existe sur les pennes de la base, qui sont les mieux développées; les pinnules qu’elles portent, distinctement trilobées dans la partie inférieure du segment, deviennent adhérentes et enfin confluentes vers l'extrémité opposée. On peut dire que ceite espèce offre l’aspect de certains Asplenium bipinnés comme VA. rutaceum Mett., tandis que les pennes et les pinnules considérées à part rappellent par leur forme, leur mode de dentelure et leur nervation PA. Petrarchæ D. C., espèce à fronde simplement ailée, indigène, mais partout assez rare, dans la région méditer- ranéenne,. La consistance du Sphenopteris minutifolia a dù être coriace, ce dont il est facile de juger par l'épaisseur de la lame carbonisée qui recouvre l’empreinte. La nerva- tion n’est visible que sur quelques points où la matière cor- respondant à la substance même des anciennes frondes a disparu. On peut juger en même temps que les veines étaient peu visibles et comme perdues dans l'épaisseur du parenchyme. Les pinnules des segments voisins de l’extré- mité supérieure sont simples, entières ou légèrement sinuées, mais toujours obliques et dirigées de manière à tourner vers le dehors leur face convexe. 284 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. A mesure que l’on se rapproche de la base de la fronde, ces mêmes pinnules deviennent dentées, puis lobées et enfin les plus développées, que représente notre figure 3°, sont rétrécies en pétiole à leur origine et partagées en trois lobes dont le médian est plus grand, plus élargi et arrondi au sommet que les latéraux, mais qui tous également sont cunéiformes et faiblement crénelés à leur bord supérieur. La nervure médiane donne lieu dans chaque pinnule à des veines divergentes, plusieurs fois bifurquées, qui s’étalent en divergeant dans les lobes. Les rachis sont minces; le principal porte un sillon médian longiludi- nal qui se prolonge distinctement sur le pétiole; ce dernier organe est un peu recourbé et tronqué carrément à la base. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous avons remarqué la liaison de cette espèce avec les Sphenopteris gymnogram- mides de Schimper; mais les espèces comprises dans cette division sont généralement d’une taille bien plus élevée. La faible dimension du Sphenopteris minutifolia le distin- gue en effet de la plupart de ses congénères à folioles trilobées ou tripartites, spécialement des Sph. latifoha Brngt. et rigida Brngt (1). Ce dernier serait à tout prendre celui qui avoisinerait le plus notre espèce; mais ses frondes, distinctement tripinnées, lui communiquent un aspect très-différent (2). Comparé aux espèces vivantes, le Sph. minutifolia présente de l’analogie, non-seulement avec certains Asplenium, comme nous l'avons déjà remar- qué, mais encore avec plusieurs Fougères des genres Chet- lanthes (Ch. moritziania Kunze, Mexique et Colombie), No- tochlæna, Hiypolepis (H. nigrescens Presl.), ete., mais aucun (1) Brongniart, Hist. des vég. foss., I, p. 205, PI. 57, fig. 1-4. (2) Id., co2d., p. 201, PI. 53, fig. 4., TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 285 de ces rapprochements n’est assez étroit pour entrainer la supposition d’une affinité générique entre ces espèces et l'empreinte fossile que nous venons de décrire. LOCALITÉ. — Creys (Isère), étage kimméridgien inférieur, muséum d'histoire naturelle de Lyon. DESCRIPTION DES FIGURES. — Planche 392, fig. 3, fronde presque complète de Sphenopteris minutifolhia, grandeur na- turelle; fig. 3*, plusieurs pinnules grossies de la même espèce pour montrer les détails de la nervation. Fig. 4, a et b, deux fragments de fronde de la même espèce, situés sur la même plaque, grandeur naturelle ; a représente la som- mité d’une fronde, b se rapporte à la portion médiane infé- rieure d’une autre fronde. DEUXIÈME GENRE. — CONIOPTERIS. Coniopteris, Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 20 (non Schimper, Traité de Pal, vég., 1, p. #18). DIAGNOSE. — Frondes bi-vel-tripinnatim partitæ, steriles et fertiles dimorpheæ; pinnulæ steriles bast restrictæ plus minusve | lobato-incisæ lobis integris aut dentatis, nervatio pinnata ner- vulis utrinque e nervo medio emissis in lobos pergentibus sim- plicibus aut sæprus venulosis ; pinnuleæ fertiles (Tympanophora Lindl. et Hutt.) contractæ ad nervulos reductæ soros recepta- culiformes clavato-reniformes terminalesque et illis Dicksonia- rum Davalliarumque non absimiles præbentes. Pecopteris, SG Sphenopteroides, Brongn., Æist. des vég. foss., I, p. 356. Sphenopleris (ex parte), Pres], In Sternb. Vers., II. — Zigno, F1. foss. oolith., 1, p. 80. _ Bumburg, Æoss. fl. of Scarb. 286 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, (Quart. Journ. of geol. soc., VIH, p. 180, tab. 12, fig. 1, a et b). Sphenopteris-Dicksonioides (ex parte), Schimp., Traité de pal. vég. , 1, p. 394. Tympanophora (ex parte), Lindl. et Hutt, Foss. fl. Gr. Brit., IL, p. 170. — Pomel, /. c., p. 335 (Quoad, T. con- fertam). Hymenoplhyllites (ex parte), Zigno, L. c., 1, p. 86. HISTOIRE ET DÉFINITION. — L'observation des portions fertiles des frondes du Pecopteris Murrayana de Brongniart, reconnues identiques avec le 7ympanophora racemosa de Lindley et Hutton, la ressemblance du 7. simplex des mêmes auteurs avec les pinnules fructifères des Wicrolepia, enfin, la découverte d’une espèce de Scarborough, publiée par M. Bunbury sous le nom de Sphenopteris nephrocarpa et reproduisant la plupart des caractères du Dicksonia conüfo- lia, tout en laissant voir la différence des pinnules fertiles et stériles réunies sur la même plante, toutes ces considé- ralions justifient l'emploi que nous faisons d’une dénomi- nation générique, proposée, il v a déjà longlemps, par M. Brongniart pour des espèces intermédiaires par la forme et la nervation de leurs pinnules stériles aux Pecopteris et aux Sphenopteris, tandis que l'apparence de leurs organes fructificateurs les range auprès des Davalliées et des Dick- soniées. Comme il est impossible de songer à attribuer avec cerlitude ces espèces à quelqu'un des genres actuels de l’une de ces deux tribus et qu’elles paraissent pourtant liées par une physionomie et des caractères communs, nous avons choisi de préférence, pour les désigner, le terme gé- nérique de Coniopteris, en l'appliquant, comme le propo- sait M. Bronguiart, aux Pecopteris-sphenopteroides de cel auteur et en prenant pour type du genre le Pecopteris Mur- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9287 rayana, Brongn. (Aist. des vég. foss. 1, p. 126) dont le T'ympanophora racemosa. Lindl. et Hutt. (Foss. F1, p. 170) représente les parties fructifiées. Le genre Coniopteris aiusi constitué comprend des espèces à pinnules stériles, plus ou moins rétrécies à la base, lobées, denticulées sur les bords et pourvues d’une nervation pinnée; les fructifications, en forme de clou, de rein ou de coin, plus ou moins élargies au sommet, sont disposées vers l’extrémité des nervures secondaires qu’elles terminent ; le limbe contracté a dispa- ru en tout ou en partie, et la pinnule, dans les portions fertiles des frondes, se trouve presque réduite aux seules mesures élargies en clou et servant de support aux sores. — Ces organes disposés en forme de réceptacle, de texture évidemment coriace, sont généralement rangés deux par deux de chaque côté de la médiane. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Ce genre correspond en grande partie aux Zymenophyllites de M. de Zigno. Le savant italien figure dans son grand ouvrage (1), sous le nom d’Xy- menophyllites Leckenbyi, une remarquable espèce des cai- caires oolithiques de Rovère, dont les frondes fertiles ont une évidente affinité avec le 7ympanophora racemosa Linal. et Hutt. Il est bien peu probable que ces espèces aient ja- mais rien eu de commun avec les Hyménophyllées dont les frondes par leur structure transparente, leur mode de partition et la disposition même de leurs réceptacles spo- rangifères diffèrent totalement de ce qui existe chez nos Coniopteris. La dénomination générique employée par M. de | Zigno doit par cela même être rejetée comme impropre. On observe chez les Microlepia (M. tenuifolia Mett., M. acu- | leata Mett., M. Schimperi Mett.), chez les Davallia (D. fri- (FE foss.-oolithe, TL cp..95, tab. 9, fig. 3,4, 5ct (4, fis. 1: 288 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. chomanoides Blume) et chez plusieurs Dichksonia, des carac- tères visibles, trop conformes à ceux que nous signalons, pour ne pas entraîner l’idée d’une parenté quelconque de l’ancien groupe avec l’ensemble de ceux que nous venons de citer. Le genre Coniopteris de M. Sckenk, adopté après lui par M. Schimper, a été conçu à un point de vue trop différent du nôtre, pour pouvoir englober les mêmes espèces ; le nom seul a été emprunté à M. Bron- gniart. On y a compris des espèces dont les sores, généralement inframarginales et arrondies, rappellent de loin celles des Davallia, ou peut-être se rattachent aux Gym- nogrammes, mais n'ont rien de commun avec les lobes en coin des Zympanophora. I est même difficile de saisir, en consultant les figures de Schenk (4), comment sa figure 8 peut avoir appartenu à la même espèce que ses figures 6 et 7, tellement la forme des pinnules diffère des deux parts. M. Schimper restreint ses Coniopteris à la formation rhé- tique, tandis que les nôtres se rencontrent surtout dans l’Oolithe et ont été rangés par cet auteur parmi ses Sphe- nopteris Dichsonioides. I est plutôt naturel de leur conserver la dénomination proposée en premier lieu par M. Bron- gniart, au lieu de la transporter à des espèces que ce savant n'avait pas en vue. LocaLiTÉs. — Le genre C'oniopteris, tel que nous le conce- vons, a été surtout observé dans la formation oolithique ; dans l’Yorkshire, à Scarborough; dans les Alpes véni- tiennes ; en France,il n’a été encore signalé que dans le Corallien de Verdun, (1) FC, d. Grenzsch., Kb. 6, fig. C-S. À Mi TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 289 N° 1. Coniopteris conferta. PI, 31, fig. 3. DrAGNose. — €. fronde sallem bipinnata, pinnis (fertilibus) ambitu elongato-linearibus alterne pinnatis, pinnulis plerum- que trilobatis, lobis coriaceis late cuneatis apice dilatato incras- satoque truncatis simplicibus vel bifidis parhitisque. Tympanophora conferta, Pomel, L. c., p. 335. Il n’existe qu’une penne isolée de celte espèce dont Îles froncdes étaient sans doute bipinnées, comme celles de presque tous ses congénères ; ce fragment, qui dénote une portion fruclifiée, est long d’environ 4 centimètres et déta- ché du rachis principal, à l'exemple des empreintes de Tympanophora reproduites dans le Fossil! Flora de Lind- ley. Le rachis partiel est assez fort etporte une double rangée de pinnules fort courtes et dont l'importance décroit peu à peu à mesure que l’on se rapproche de l'extrémité supérieure de l’organe. La consistance coriace de ces pin- nulesressort dela profondeurrelative de l'empreinte qu’elles ont produite; elles se composent généralement de trois lobes ou segments, deux latéraux et le terminal qui n’est guère plus grand, mais qui est lantôt simple, tantôt bifide ou même profondément bipartite. La forme de ces lobes est très-caracléristique ; ils sont supportés par une base étroite et dilatés vers le haut en un coin évasé et tronqué au sommet. Ce sommet est aussi plus épais que la partie étroite et basilaire. Vers l’extrémité de la penne, les pin- nules diminuent ; elles ne présentent plus que deux lobes, etles dernières sont simples, mais toujours cunéiformes, On ne distingue aucun autre détail, VÉGÉTAUX, — J, 19 290 -_ PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Bien que voisine du T'ympa- nophora racemosa Lindl. (Coniopteris Murrayana Brngt.), cette espèce s’en distingue aisément par des dimensions plus grandes, des segments moins nombreux (3 au licu de 6). Elle est encore plus éloignée de l’Æymenophyllites Leckenbyi de Zigno. Parmiles Davalliacées actuelles, c’est surtout avec les Wicrolepia (M. aculeata Mett., M. flexuo- sa Meit., M. tenuifolia Mett.) qu'il est naturel de la com- parer. | LOCALITÉ, — Environs de Verdun, élage corallien, col- lection de M. Moreau. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 31, fig. 3. Segment de fronde de Coniopteris conferta Sap., grandeur naturelle ; fig. 3*, même empreinte grossie pour montrer la forme et la disposilion des pinnules. TROISIÈME GENRE. — STENOPTERIS. DIAGNOSE, — Frons coriacea pinnatim partita segmentis sat- tein primarts oppositis, pinnæ pinnulæque ad costam mediam sœæpissime reductæ, pinnulis ultimis linearibus integris uniner- vis rartusve obtussime lobato-sinuatis et tune plurinerviis venulis e costa media obliquissime orientibus ; fructificatio tnota. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous proposons le nom de Stenopteris pour désigner un type de Fougère jurassique des plus singuliers et que son isolement au milieu des formes vivantes ou fossiles, connues jusqu'à présent, rend d'autant plus digne d'attention que la beauté des em- preintes senues jusqu’à nous révèle des frondes d’une vi- gueur et d’une dimension peu communes. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 291 Sans insister sur des caractères dont la description ferait double emploi avec celle de l’espèce unique que nous rap- portons à ce nouveau genre, on peut dire qu'il se distingue par une texture évidemment coriace, par un mode de par- tition plusieurs fois pinné à segmenis de divers ordres étroi- tement linéaires, réduits presque à la seule côte médiane accompagnée d’une mince bordure, enfin par l'opposition constante des segments principaux et secondaires, disposi- tion toujours rare chez les Fougères vivantes et même chez les fossiles. Cette opposition jointe à la présence d’une nervure ou côte médiane unique dans presque tous les segments, nous avait d’abord engagé à placer cette curieuse Fougère, avec quelque doute, à côté du Pachypteris lanceo- lata de Brongniart, qui présente ces mêmes caractères, mais la découverte récente d’un nouvel exemplaire, prove- nant comme les premiers du Kimmeridgien inférieur des environs de Lyon, nous a déterminé à modifier ce premier jugement. Cette empreinte recueillie par M. Falsan montre eifectivement des pinnules dont le limbe légèrement dilaté vers le milieu, tanlôt entier, tantôt sinué ou même obtusé- ment lobulé sur l’un des bords est parcouru par une ou plu- | sieurs nervures lrès-obliquement émises le long de la médiane et s'étendant à côté d’elle de manière à diverger légèrement dans la partie dilatée. Dès lors, cette nervation, quelque singulière qu’elle puisse paraître, reporte plutôt l'esprit vers les Sphénoptéridées. Effectivement, il suffit de réduire à des proportions de plus en plus étroites le nom- bre des nervures qui parcourent obliquement les pinnules de certaines Sphénoptéridées, particulièrement de l'Ære- mopterisæ artemisifolha Schimp (1). (Sphenopteris artemisiæ- (1) Schimper, Traité de pal, vég., I, p. 416. 299 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. folia Brngt.) (1), pour produire une forme analogue à celle que nous allons décrire. Celle-ci constitue un type tout à fait spécial, mais que l’on peut sans trop d’anomalie ranger dans la même famille que les Sphenopteris et les genres qui leur sont alliés. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Séenopteris ne sau- rait être rapproché que de quelques rares Polypodium (P. Friedrichsthalianum Kunze,) et d’un très-petit nombre d’Asplenium à lobes linéaires et subuninerviés, comme l'A. rutæfolium Kunze. Mais il est bien plus naturel d'admettre que cet ancien genre est éteint depuis longtemps et que son mode de fructification, s’il venait à être découvert un jour, révélerait une combinaison d’une nature toute spéciale dans un ordre qui en comprend une si grande variété, LOcaLiTÉS. — Le genre Séenopteris se trouve limité jus- qu'ici au seul Kimméridgien, à moins qu’on ne fût disposé à y comprendre le Sphenopteris ? (Hymenophyllites) macro- phylla Brongn. de l’Oolithe du Yorkshire, dont nous ne connaissons qu'un seul fragment trop incomplet pour donner lieu à une opinion décisive. N° 1. Stenopteris desmomera. PI. 39, fig. 4-2 et 33, fig. 1. DIAGNOSE.— S. fronde maxima coriacea, pinnatim composi- ta bi-tripinnata, segmentis primarts oppositis, remote pinnali- sectis, laciniis seu pinnulis stricte plerumque linearibus, apice obtusis integerrimis uninervis in rachin anguste alatam oblique insertis decurrentibusque oppositis suboppositisve minime con- fluentibus, pinnis autem sursurn in appendicem linearem elon- (1) Bronganiart, Hist. des vég. foss., 1, p. 176, PI. 46 et 47. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9293 gatissimun Simplicem aut rarius À — 2 lobulatum terminatis, superioribus vero ultimisque ad apicem frondium, ut videtur, spectantibus, sensim decrescentibus, quandoque in laminam paullulum dilatatam margineque anteriori sinuato-lobulatam, expansis et tune venulis paucioribus obliquissime e costa media ortis, in lobulos divergentibus simplicibus furcatisve prœæter ner- vum medium percursis. Sphenopteris macrophylla, Pomel,, l.,c.,,p. 338 (non Brongniart, Hist. des vég. foss., Épsp 214256PEri5 fig. 3, nec Sternb., Vers. FI. d, Vorw., Il, p. 63). Hymenophyllites macrophyllus (ex parte), Brongniart, Tub. des genres de vég. foss., p. 20 et 105 (non Gœppert, Syst. fil. foss., p. 262, nec Unger, Gen. et sp. pl, foss., p. 131). _ — Zigno, FI, foss. oolith., PP En comparant les magnifiques exemplaires de Morestel et du lac d’Armaille, reproduits sur nos planches 32 et 33 avec la figure 3, PI. 58, du grand ouvrage de M. Brongniart, il devient vraisemblable que la forme kimmeridgienne dénommée par nous Stenopteris desmome- ra ne doit pas être identifiée spécifiquement avec celle de Stonesfield signalée il ya bien des années par M. Brongniart sous le nom de Sphenopteris ? macrophylla. Non seulement ces deux espèces sont loin d’appartenir au même horizon géognostique, mais les segments et les pinnules, constam- ment opposés dans les frondes que nous allons décrire, 29% PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. sont au contraire visiblement alternes dans le fragment provenant du Yorkshire, sur la vraie nature duquel nous n’avons pas du reste à nous prononcer. La Fougère dont il est ici question, loin d'offrir l'aspect et la consistance d’une Hyménophylilée, avait des frondes évidemment coriaces, ce que dénote l'épaisseur de la substance charbonnée qui recouvre en partie l’empreinte fig. 4, PI. 32. Ces frondes étaient certainement bipinnées, probablement même tri- pinnées et remarquables par la régularité de leur mode de partition. Leurs segments de premier et de second ordre, ainsi que la plupart des pinnules, se trouvent insérés sur le rachis dans un ordre opposé ou subopposé. Les spé- cimens reproduits par nos figures, particulièrement celui de la planche 33, ne sont peut-être que de simples frag- ments latéraux; dans ce cas ils dénoteraient l’existence d’une fronde de la plus grande dimension. Quoi qu'il en soit de celte circonstance, la plus considérable des trois empreintes (voy. PI. 33, fig. 1), présente, au-des- sus d’un segment détaché et couché en travers et d’un autre qui paraît hors paire, six paires successives de seg- ments secondaires, opposés deux par deux et séparés par un intervalle de 2 centimètres environ qui reste à peu près le même de la base à l'extrémité supérieure de la fronde. Un des segments manque par accident, un autre se trouve mutilé à une certaine hauteur; la plupart des autres sont à peu près intacts. Les plus développés sont ceux du milieu ; ils décroissent à partir de la quatrième paire ; enfin, au- dessus d’eux, on rencontre les deux derniers qui sont simples et accompagnent le segment terminal qui est linéaire et semblable aux latéraux. Ces derniers segments n’ont rien de confluent, et les segments inférieurs lalé- raux se terminent de la même façon que le principal. Les TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 295 pinnules ou segments de dernier ordre sont toujours par- Æ#aitement distincts ; ce sont des pinnules étroites, linéaires, quelquefois très-longues, terminées par un sommet obtus et décurrentes à la base sur un rachis étroitement ailé. Elles sont parfois un peu retrécies inférieurement, mais le plus souvent elles conservent la même largeur de la base au sommet. Ces pinnules, toujours obliques, ainsi qu’on peut le voir par notre figure, sont distinctement uniner- viées et toujours simples ; leur bord semble avoir été légèrement replié en dessous, comme il arrive souvent aux frondes à lobes étroits et coriaces. Chaque segment est terminé, à l'exemple de la fronde elle-même, par un ap- pendice linéaire, plus ou moins prolongé, qui ne diffère des autres pinnules que par ses dimensions parfois considé- rables et aussi par les lobules isolés et courts auxquels il donne lieu quelquefois. Les rachis, qu’une bordure étroite semble partout accompagner, ont dû êlre relativement minces ouau moins perdus dans l’épaisseur du parenchyme ; du reste, comme l’empreinte que nous décrivons ici cor- respond à la face supérieure d’une fronde, ils offrent peu de saillie et se présentent sous l’aspect d’un léger sillon longitudinal. La figure 2, PI. 32, reproduit un autre spé- cimen, recueilli dernièrement par M. Falsan dans les couches du lac d’Armaille et qui se rapporte visiblement à Ja même espèce que le précédent, il dénote seulement une forme plus grêle, à segments encore plus étroits, plus allongés, opposés le long du rachis principal, mais à pin- _nules assez souvent alternes ou développées uniquement sur le côté antérieur des rachis secondaires. Les segments supérieurs sont tout à fait simples, entiers et remarquables par leur longueur qui atteint presque un décimètre. La côte médiane est seule visible dans tous, et sans la 296 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. découverte d'un troisième exemplaire (PI. 32, fig. 1) prove- nant de la même localité que le précédent, on aurait dû admettre que les dernières subdivisions des frondes de cette espèce ne présentaient jamais qu’une nervure médiane unique. L'examen de cet exemplaire nous permet au contraire de constater une particularité de nervation qui justifie le classement de notre genre Stenopteris parmi les Sphénoptéridées. Il se rapporte sans doute à la sommité d’une fronde; le rachis principal est épais, muni de seg- ments presque tous opposés, décroissant de la base au sommet de l'empreinte: les plus élevés, simples et entiers, ne sont pas {ous également linéaires, mais plutôt faiblement dilatés vers le milieu, tandis que les inférieurs portent le long de leur bord antérieur un ou deux lobules arrondis, peu saillants ou même pareils à des sinuosités. Or, il est facile de vérifier par l’examen de l’empreinte laissée par l’ancienne fronde dans les feuillets calcaréo-marneux du lac d’Armaille que le long de la côte médiane de chaque seg- ment il existe encore une ou plusieurs nervules très-obli- quement émises, qui divergent légèrement dans la partie lobée ou simplement dilatée des segments et s'étendent jusque dans les lobules et les sinuosités ; c’est ce que fait voir notre figure 1*, PI. 32, qui représente la nervalion grossie de l’un des segments. Tels sont en définitive les caractères singuliers de cette Fougère, isolée comme type et remarquable aussi bien par la taille présumée de ses frondes que par l’étrangeté de la forme dont elles étaient revêlues. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — En admettant la distinction, au moins spécifique, de cette espèce et du Sphenopteris ? (ymenophyllites) macrophylla Brngt., on ne saurait la con- fondre avec aucune autre, ni même la rapprocher avec un TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 297 peu de vraisemblance d'aucune forme fossile connue. On peut dire seulement que les Sphenopteris artemisiæfola Brngt. (1) et séricta Brngt. (2), ont comme elle leurs seg- ments secondaires le plus souvent opposés, ce qui leur donne avec la nôtre quelque ressemblance. Parmi les Fou- gères vivantes, aucune ne présente à la fois des segments de divers ordres généralement opposés et uninerviés. Les Polypodium de la section Adenophorus et un pelit nombre d’Asplenium offriraient seuls quelques points analogiques ; mais il ne serait nullement impossible qu’au lieu d’une Fougère nous eussions en réalité sous les yeux une Cyca- dée d’un type éteint constituant, à l’exemple des Bowenia et des Stangeria actuels, un genre anomal à frondes plu- sieurs fois pinnées. Si l’on adoplait ce point de vue, nulle- ment invraisemblable en ce sens que par son aspect géné- ral notre Stenopteris est plus analogue aux Cycadées qu'aux Fougères elles-mêmes, ce type viendrait se ranger non loin des Cycas proprement dits qu’il rappelle par le mode de partition et la forme de ses segments, leur opposition, leur décurrence, enfin leur structure uninerviée et la bordure parenchymateuse qui les accompagne. On pourrait encore, dans un ordre d'idées encore plus problématique, faire ressortir la ressemblance qui existe entre les frondes du Stenopteris desmomera et les feuilles de certains Grevillea ; mais rien n’aulorise à penser que la classe des Dicotylé- dones, représentée par des végélaux analogues aux Protéa- cées du monde actuel, se soit montrée en Europe à une époque aussi reculée que celle du Kimméridgien. La né- cessité de ne pas s’avancer sans preuve ou du moins sans un indice sérieux sur un lerrain glissant et où tout se rédui- ° (1) Brongniart, Hist. des vég. foss., 1, p.116, PI. 56 et 57. (2) 1d,, ilid. p. 208, PI. 48, fig. 2. 298 PATÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rait à des conjectures nous oblige à attendre et à réserver la question. Avouons cependant que la paléontologie ré- serve sans doute à ses adeptes des solutions plus inatten- dues encore que celles que nous laissons entrevoir ici. LocaLITÉS. — Morestel, près de Lyon, calcaires lithogra- phiques; schistes calcaréo-marneux et bitumineux du lac d'Armaille (Ain), étage kimmeridgien inférieur, zone à Ostræa virqula. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 39, fig. 1. — Sommité d’une fronde de Sfenopteris desmomera, grandeur naturelle, d’après un exemplaire découvert par M. Falsan dans le gisement du lac d’'Armaille en 1871 ; fig. 1°, pinnule grossie pour montrer la nervation ; fig. 2, partie supérieure d’une autre fronde de la même espèce, même provenance, grandeur naturelle. — PI. 33, fig. 4, fronde ou portion de fronde de la même espèce, grandeur naturelle, d’après un exemplaire recueilli à Morestel par M. Lortet en 1835 et faisant partie de la collection du Muséum de Paris, gran- deur naturelle. * Pecopterideæ, — Frondes pinnatim partitæ, pinnulæ plus minusve basi cum rachi aut inter se coherentes integræ aut inciso-lobatæ, nervatio pinnata venis e nervo medio pinnularum ortis sub angulo plus mi- nusve aperlo, rarius obliquo, emissis simplicibus furcatisve. QUATRIÈME GENRE. — CLADOPHLEBIS. Cladoplhlebis, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 25. DIAGNOSE. — frons pinnatin divisa, pinnulæ ab alterutra discretæ vel vix inter se cohœærentes rachi tota basi adnatæ aut TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 299 plus minusve contracte subque auriculatæ integre rariusve dentatæ; nervuli e nervo medio ortr apicem versus attenuati vel evanidi primum obliqui, dein curvati furcatoque divisi. Pecopteris S 3 Neuropteroides, Brongn., Hist. des vég. foss., I, p: 320. Pecopteridis Neuropteridisque Sp., Lindl. et Hutt., Foss. fl. of Great Brit. Pecopteris (ex parte), Zigno, FI. foss. oolith. Desmophlebis (ex parte), Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 103. Asplenites (ex parte), Schenk, Foss. fl. d. Grenzsch, p. 49. Pecopteris-Asplenides (ex parte), Schimper, Traité de Paléont. vég., 1, p.521. Alethopteris (ex parte), Schimper, #bid., p. 554. HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. Brongniart a désigné sous ce nom un groupe d'espèces détachées des Pecopteris pro- prement dits et manifestant une tendance plus où moins accusée vers les Neuropteris. Les pinnules des Cladophlebis sont distinctes quoique contiguës, mais plus ou moins adhé- rentes au rachis commun par leur base, quelquefois même retrécies et subauriculées inférieurement. Ces pinnules sont entières ou dentées et présentent une nervure médiane qui s’affaiblit plus ou moins ou même devient rameuse avant d’atteindre le sommet. Les nervures latérales sont émises obliquement et une ou plusieurs fois ramifiées-di- chotomes ; elles se recourbent en arc et donnent lieu à des veinuies dont la direction devient presque perpendiculaire à la marge, au point où elles l’atteignent. Les espèces qui offrent celte nervation caractéristique et dont les fron- des sont pinnées on bipinées se montrent principalement dans le terrain jurassique. La Flore oolithique du Yorkshire en renferme une assez nombreuse série d’espèces, dont 300 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. quelques-unes remarquables soit par leur beauté, soit par le rôle éminent qu’elles ont joué. Leur faciès géné- ralement uniforme donne à penser qu’elles ont dû faire partie d’un même genre, que l'absence de tout vestige de fructifications empêche de pouvoir définir. Cependant des traces de sores allongées, recouvertes d’un tégument ? el analogues par conséquent à celle des Asplenium ont été observées chez l’Asplenites Rwsserti que son étroite affinité avec les Cladophlebis Whiübyensis Brongn., nebbennis Brngt., et fenuis Brngt., oblige de placer dans le même groupe que ces derniers. Plusieurs espèces du terrain houiller y ont été également rapporlées, mais ce der- nier rapprochement n’est basé que sur la conformité des caractères tirés de la nervalion. La plupart des Cladophlebis ont été compris par M. Schimper dans son genre Aletho- pteris, tandis que le Cladophlehis Ræsserti que l’on ne saurait séparer des premiers a pris place parmi les Pecopteris dans la section Asplenides, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Cladophlebis doivent être placés à côlé des Pecopteris dont ils se distinguent à peine par leurs nervures secondaires plus obliques, plus ra- mifiées et des pinnules souvent contraciées à ia base ou adhérentes au rachis, mais libres entre elles et non décur- rentes. Cette même adhérence et la présence bien marquée d’une neryure médiane empêche de les confondre avec les Neuropteris; enfin si l'on considère les genres actuels, on trouvera peu d’espèces susceplibles d'être comparées aux Cladophlebis, excepté dans les genres Pteris, Cheilanthes et Gynmogramme. Locazirés. — Le genre Cladophlebis, fondé uniquement sur la nervation, el par conséquent artificiel a été signalé dans le Carbonifère; une espèce triasique, le G. Suliziana, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 301 Brongn., se lie visiblement aux formes jurassiques, qui se montrent dès le Rhétien et sont particulièrement dévelop- pées dans l’Oolithe de Scarborough et de Whitby qui en compte à elle seule neuf espèces. N° 1. Cladophlebis Ræsserti. Pl ol he DrAGNOSE. — €. fronde bipinnata, pinnis ambitu lanceolato- anearibus acuminatis pinnatifidis partitisque, pinnulis basi tota adnatis contiquis, cœæterum hberis triangularibus subfalcatis integris plus minusve acutis, nervo medio sensim decrescente, lateralibus plus minusve obliquis, furcato-divisis ; soris, ut adsunt, oblongis indusiatis? A lethopteris Reæsserti, Presl., In Sternb. Fl.4d, Vorw., IL, p. 145, tab. 33. Desmophlebis Ræsserti, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 103. Asplenites Reæsserti, _Schenk, Foss. FI. d.Grenzsch., p- 49, tab. 7, fig. 6-7 et tab. 10, fig. 1-4. Pecopteris (Asplenioides) Reæsserti, Schimp., Trailé de Pal. vég., L1527s Pecopteris Agardhiana, Pomel, {. c., p. 339 (non Brongniart). Pecopteris Wlhitbyensis, Braun in Münstler Beitr., VI, p. 28. — — Bronguiart, Tab. des genres de vég. foss., p. 103. Pecopteris Braunii, Münst., In Bronn und Leonh. Jahr. f. mineral.,etc., 1836, p. 512. L'échantillon que M. Pomel a bien voulu nous communi- quer de son Pecopteris Agardhiana, espèce que ce savant n’a amais figurée, démontre qu’elle ne diffère pas de l’Asple- 302 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nites Ræssertt Schenk, que son extrême affinité avec le Cladophlebis Whibyensis Brongn., nous engage à placer dans le même groupe que celui-ci. Il est vrai que d’après les figures de M. Schenk les veines de l'Asplenites Reæsserti seraient simplement dichotomes, landis que celles des Cladophlebis et du C. Whitbyensis en particulier sont géné- ralement deux fois dichotomes (1). Cependant le nom générique de Desmophlebis appliqué par M. Brongniart à notre espèce semble impliquer pour elle une nervation moins simple, puisque chez les Desmophlebis Les veines se- condaires sont pinnées et comme fasciculées près de leur origine d’une façon analogue à ce que montrent certains Diplazium. Du reste, la nervalion de l’exemplaire de Hettanges que nous figurons est à peu près invisible; il consiste en trois pinnules disposées de chaque côté d’un rachis commun, adhérentes par leur base et subopposées. Après un examen altentif de celte petite empreinte, jus- qu'à présent unique, elle nous à paru identique avec l’As- plenites Ræsserti, tel que M. Schenk l’a figuré à la plan- che 10, fig. 1, de son ouvrage sur la Flore du Rhétien de Franconie. L'auteur allemand pense que la dimension des frondes de celte espèce annonce une Fougère arbores- cente. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si l’on fait abstraction de la nervation, sur laquelle il est d’ailleurs possible de con- server des doutes, le Cladophlebis Rœæsserti ne saurait être distingué du Cladophlebis Whaitbyensis et se rapproche éga- lement beaucoup des €, tenuis Bragt., recentior Brongt., et du Pecopteris Nebbensis Brong., qui tous ne sont peui- (1) Da moins si l’on s’en rapporte à la figure de M. Brongniart, dans son Hist. des vég. foss ; celle du Fossil Flora en diffère à plusieurs : égards. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 303 être que des variétés du premier. Ces espèces réunies ont formé sans doute un groupe compacte et naturel, mais les vestiges de soresallongées, observés par M. Scheuk sur un seul des nombreux exemplaires qu’il a eus entre les mains et figurés par lui, PI. 7, fig. 7 de son ouvrage, sont loin de suffire, à cause de leur manque de netteté, pour autoriser un rapprochement de ce groupe avec les Asple- nium actuels. Ses véritables liens analogiques demeurent forcément douteux. LocaztrÉs. — Hettanges près de Metz, zone à Ammonites angulatus, Coll. de M. Pomel; très-rare. En dehors de la France, cetle espèce est répandue dans tout le Rhétien d'Allemagne, où elle est représentée par de très-beaux exemplaires. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 31, fig. 4, fragment de penne du Cladophlebis Ræsserti, grandeur naturelle. N° 2. Cladophlebis breviloba. PI. 34, fig. 1. DIAGNOSE. — C’. fronde pinnatim composita ; pinnis alternis ambitu linearibus obtuse sensim acuminatis, pinaulis ovatis ob- tusis vel subrotundatis integris basi adnatis, sed plus mivusve contractis obtuseque auriculatis, nervo pinnularum medio sen- sim decrescente pinnatinervio, venis lateralibus dichotume ra- MOSIS, inferioribus obltuse emissis pluriesque dichotomis, supe- rioribus gradatim obliquioribus furcatoque divisis aut simplici- bus. L'espèce consiste en une portion assez considérable de la terminaison supérieure d’une fronde. Les segments dis- posés dans un ordre alterne de chaque côté d’un rachis 304 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. principal assez fort, mesurent 2 centimètres et demi chez les plus longs ; ils diminuent successivement, et les plus élevés, sans devenir jamais confluents, se réduisent à n'avoir plus que 2 à 3 millimètres d’étendue. Le contour de ces segments est linéaire-allongé ; ils sont atténués, mais obtus au sommet et garnis d’une double rangée de pinnules alternes, courtes, arrondies ou très-obtuses, presque contiguës, adhérentes à la base, mais contractées plus ou moins à cet endroit et terminées inférieurement par une courbe rentrante. La nervure médiane est relali- vement épaisse à l’origine ; mais elle diminue rapidement d’épaisseur et se perd en se ramifiant avant le sommet. Les nervures latérales, très-difficiles à apercevoir, sont une ou deux fois bifurquées à la partie inférieure des lobes et émises sous un angle très-ouvert ; elles deviennent suc- cessivement plus obliques, en se rapprochant du sommet qui est arrondi ou très-obtusément atténué. La plupart sont bifurquées, quelques-unes paraissent tout à fait simples. Aucune trace de sores ne se laisse voir sur cetle empreinte fidèlement représentée par notre figure 4, PI. 30, et jus- qu’à présent unique. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — On peut comparer cette es- pèce au C. undulata Brongn. (Neuropteris undulata Lindi. et Hutt., PI. 83, — Sphenopteris undulata Ung., Gen. et Sp., p. 118). Les différents noms imposés successivement à cette espèce de Scarborough, marquent bien qu'elle ne rentre nettement dans aucun de ces groupes, mais elle se range au contraire naturellement parmi les Cladophlebis de Brongniart, à qui cette ambiguïté de caractères sert jus- tement de note distinclive. Le Cladophlebis undulata diffère spécifiquement de notre C. breviloba par ses pin- nules plus ovales, plus allongées, plus distantes, plus dis- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 305 tinctement réirécies en pétiole et pourvues de nervures autrement disposées. Le C. breviloba se rapproche égale- ment du C2, Sultziania Brongn., dont la nervation est cependant tout à fait différente, à cause de ses veines divi- sées à l’aide de deux dichotomies successives. IL est bien plus voisin encore du Cladophlebis (Sphenopteris) obtusifolia Andr., du Lias de Steierdorf. Ici, la ressemblance de la plupart des caractères est frappante ; seulement, les pin- nules, plus régulièrement ovales, ont une base moinsiarge, plus atténuée et plus rétrécie. Il semblerait toutefois que l’espèce de Verdun soit directement issue de celle du Dan- pat qui appartient à une formation bien antérieure, au Lias inférieur. Nous ne découvrons parmi les espèces vivantes aucune analogie assez frappante pour mériter d’être signalée, en dehors du genre Gymnogramme. LOcaLITÉ. — Sommedieu, près de Verdun, étage coral- lien, coll, de M. Moreau; très-rare, EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 3%, fig. 4, portion termi- nale d’une fronde Ge Cladophlebis breviloba, grandeur natu- relle ; fig. 4%, segment du même échantillon faiblement grossi ; fig. 1, deux pinnules grossies pour montrer la disposition des nervures. *** Dictyopterideæ. — Frondes sæpius palmatiparlitæ, seg- mentis pedalim ex apice pelioli ra- diantibus, venæ inter se rele areo- latum efficientes; sori, ut adsunt, punctiformes, nudi, in pagina fron- dis inferiori seriali aut numerosis- SiME SPATSt CINQUIÈME GENRE. — MICRODICTYON. DrAGNOSE, — frons pinnata vel saltem frondis segmenta VÉGÉTAUX. — J. 20 306 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. pinnatipartita, pinnis lnearibus elongatis ; nervi e costa pri- maria pinnularum orti sub angulo aperto emissi, dein arcuatim njuncti, arcolas secus nervum medium seriatas efformantes, intus reticulum sorosque rotundos puncto medio solitarie affixos includentes, extus venulas pluries furcato-divisas inter seque varie anastomosatas marginem usque integerrimum emittentes. Phlebopteris ? (ex parte, Brongniart, Hist. des vég. foss., |, p.912. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous comprenons dans ce nou- veau genre cerlaines Fougères jurassiques qui, si l’on s’en rapporte aux définitions les plus généralement admises, ne paraissent devoir rentrer ni dans les PAlebopteris pro- prement dits, ni dans les T’haumatopteris, bien qu’elles se rapprochent à la fois de ces deux groupes et des Polypo- dium actuels. Pour éviter une confusion regreltable et n’in- scrire sous chaque type que les seules formes qui en ont fait évidemment partie, nous préférons de beaucoup une déno- minalion nouvelle, qui permet au moins de décrire exacte- ment les caractères observés, à une assimilation hasardée. Nos Microdictyon ne consistent, il esl vrai, que dans un petit nombre de fragments de pinnules, mais ils se font re- marquer, comme l'indique l’étymologie de leur nom, par la finesse et la complexité de leur réseau veineux. Leurs ner- vures secondaires, ou du moins celles qui partent de la côte médiane des segments, toujours de forme linéaire et entiers sur les bords, sont d’abord émises à angle droit, puis se recourbent et s’anastomosent de manière à cir- conscrire des mailles ou aréoles disposées en une série unique de chaque côté de la médiane, Ces aréoles de pre- mier ordre ne sont pas vides à l’intérieur ; elles renfer- TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 307 ment un réseau très-fin qui sert de point d’attache à une sore arrondie, peut-être nue, peut-être operculée, située au centre de l’aréole, tandis que dans les vrais PAlebopteris les sores sont placées à l’extrémité de petites veinules libres, extérieures par rapport aux arcs des anastomoses. De plus, chez nos Wicrodictyon, les aréoles émettent vers l'extérieur des veines soit simples, soit une ou plusieurs fois bifurquées, toujours reliéesentre elles par anostomoses plus ou moins variées. Malgré la faible étendue des frag- ments, d’après lesquels il est établi, le genre Microdictyon est donc aisé à définir et nous allons voir que l’on ne sau- rait le confondre avec aucun autre. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Microdictyon se distin- guent des Phlebopteris proprement dits par leur réseau veineux de second ordre encadré dans les aréoles princi- pales, ainsi que par l’anastomose des nervules émises exté- rieurement aux aréoles, enfin par la sore unique assise au milieu de ces aréoles et constituant une double rangée le long de la nervure médiane des segments. Ce genre dif- fère des Z’haumatopteris, auxquels il ressemble évidem- ment beaucoup, par la disposition des sores qui forment de chaque côté de la médiane une série simple, au lieu de se trouver disposées sans ordre et très-nombreuses à la face inférieure des frondes. On ne saurait non plus le confondre niavec les Woodwardites dont il s'éloigne par son mode de fructification, ni avec les //emutehtes dontil s’écarte par le dessin du réseau veineux. Si l’on interroge les Fougères du monde actuel, c’est principalement parmi les Polypodium, dans les sous-genres ?hymatodes Presl, Drynaria Presl, Pleopelis Presl, que l’on observe des formes voisines du type des Mecrodictyon parla disposition aréolée des nervures et la situation des sores. Il est donc probable que ce groupe 308 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. viendrait se placer dans la tribu des Polypodiées si la véritable nature de ses fructifications était mieux connue ; mais il est impossible de parvenir à ce résultat à l’aide des seuls lambeaux que nous allons décrire, et de décider si la sore élait nue ou munie d’un réceptacle ou d’un opercule comme chez les Cyathées. Il nous parait cependant plus raisonnable d'admettre qu’à l'exemple des Thaumatopteris et des Clathropteris, dont les affinités sont maintenant bien connues, les Wicrodictyon étaient de vrais Polypodiées, à moins que l’on ne voulût admettre l’existence de groupes mixtes, aujourd’hui éteints, servant autrefois de lien en- tre les diverses familles qui se partagent la classe des Fougères. Locazirés. — Le genre Mécrodictyon paraît limité à l’Oo- lithe ; il n’est encore connu que par des fragments décou- verts par M. le docteur Bleicher dans un terrain lignitifère, sous-oxfordien, avec mélange de coquilles terrestres, lacus- tres et marines, qui s’étend dans les départements du Lot, de l’Aveyron et du Gard, et doit être placé sur l'horizon du Bathonien (1). (1) M. le docteur Bleicher veut bien nous communiquer les observa- tions suivantes qui lui ont été transmises par M. Sandberger à propos de la Faune de cette formation fluvio-marine, dont le vrai caractère exigera de longues études avant d’être précisé. Les lits qui renferment les em- preintes de Microdictyon, associées à des débris de Cycadées appartenant aux genres Olozamiles et Sphenozamites, ont offert à M. Sandberger qua- tre espèces nouvelles dont trois lacustres, Bylhinia trochulus, Cyrena lyrata, Cypris avena et une marine Cardina obolus. Le reste de la faune marine, comprenant jusqu'ici vingt espèces, est évidemment batho- nien; quant aux calcaires marneux inférieurs où se rencontre l’Equise- lum Duvalii Sap., ils sont principalement caractérisés par la présence « des espèces suivantes : A/aria trifida Phillipp., Trigonia bathonica Lyell, Arca tenuitexta Morr., Ceromya concentrica Sow., Unicardium varicosum Sow. — M. Bleicher a recueilli depuis dans ces mêmes calcai-" res marneux un Cidaris associé aux Equiselurs et aux Microdictyon auprès de Milhaud (Gard), C’est là un mélange et des plus étonnants dem TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 309 N° 1. Microdictyon rutenicum. PI. 33, fig. 2-4; 35, fig. 3, et 44, fig. 5. DraGNosE. — NW, frondibus verosimiliter pinnatisectis, seq- mentis pinnulisve elongatis linearibus margine integris obluse sursum terminatis, nervis secondariis sub anqgulo recto e costa media valide expressa orientibus inter se arcuatim conjunctis, intus reticulum tenue sorumque rotundum puncto centrale affi- zum includentibus, extus venulas varie furcato-anastomosatas emittentibus ; soris secus nervum medium utrinque uniseria- lLbus. La découverte des fragments assez nombreux de pin- nules que nous rapportons à cetle espèce est due au zèle de M. le docteur Bleicher qui a bien voulu nous les com- .muniquer. Les uns proviennent de Liquisse, sur le plateau du Larzac (Aveyron), les autres des environs de Milhaud (Gard). — A la première de ces localités se rapportent nos figures 2, 3 et 4, PI, 33; les détails grossis (fig. 2%, 3° et 4) que nous joignons à chacune de ces figures permettent de saisir tous les détails de la nervation et d’en apprécier le caractère. La plus grande largeur des segments ou pin- nules n’excédait pas 6 à 8 millimètres au plus : le bord est toujours parfaitement entier el le contourlinéaire. Une nervure ou côte médiane, ordinairement (rès-nelle et re- lativement épaisse, partage exactement l’organe dans le sens longitudinal, et émet de chaque côté, sous un angle droit, des nervures secondaires qui se recourbent vers le corps organisés marins et d'eau douce, et l’on doit sans doute y reconnai- tre le signe indicatif d’un dépôt d’embouchure, contemporain de ceux du Yorkshire, mais infiniment moins riche que ces derniers en végétaux terrestres. 310 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. milieu de l’espace qui s'étend entre la médiane et le bord, de manière à dessiner, en se rejoignant, un arc légèrement flexueux, tantôt plus ou moins surbaissé, tantôt un peu en ogive. Ces ares circonscrivent, de chaque côté de la côte médiane, une rangée de mailles ou grandes aréoles ana- logues à celles des Zaumatopteris, maïs qui ne sont pas accompagnées à l'extérieur d’une seconde rangée d’aréoles décroissantes, comme dans ce genre, ni vides à l’intérieur, comme chezles Phlebopteris proprement dits. Les veinules émises à l’extérieur ne sont pas non plus libres, comme dans le dernier de ces groupes; elles sont flexueuses, la plupart bifurquées, mais toujours anastomosées entre elles, de manière à conslituer un réseau dont la loupe seule per- met de reconnaître la disposition, à cause de sa grande finesse.Le réseau veineux qui occupe l’intérieur des grandes mailles est également très-fin. 11 est formé d’une veine repliée sur elle-même de manière à donner lieu à une | cellule centrale, flanquée de plusieurs autres rayonnant autour d’elle ; telle est la disposition que l’on remarque sur les figures grossies 2 et 3°, PI. 33 ; mais les fragments représentés par ces figures se rapportent à des portions stériles ; la figure 4, même planche, grossie en 4*, montre au contraire un fragment de pinnule probablement fertile. Sur ce fragment, la disposition des nervures est la même, seulement la partie centrale du réseau veineux qui occupe l'intérieur de chaque grande maille se trouve colorée en brun, etle milieu de cette partie laisse voir un point en forme d’aréole ou de cellule, encore plus foncé que tout le reste, qui semble correspondre, soit au sore cile-même, soit à son point d’allache, tandis que la macule qui en- toure ce point correspondrail à un réceptacle ou à un tégu- ment protecteur. Ce n’est là toutefois qu'une vue conjectu- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. $, 911 rale que ne suffit pas à résoudre l'examen des spécimens provenant de Milhaud, reproduits par notre figure 5, PI. 4%, dont la conservation est cependant fort belle, Ils consistent en plusieurs fragments de pinnules jetés l’un sur l’autre dans le plus grand désordre et montrant, les uns la face inférieure, occupée par des traces de fruclifica- tions, les autres plus petits, la face supérieure où Les vei- nules devaient tracer de légers sillons, l'épaisseur relative de la couche charbonneuse, démontrent la consistance co- riace de ces pinnules, dont les bords étaient repliés légè- rement en dessous, el la côte médiane très-saillante; Île réseau veineux, dont la conservation est parfaite, est d’une finesse excessive; les mailles principales sont disposées comme dans les exemplaires précédents, mais les veinules émises vers l’extérieur et dont les anastomoses variées donnent lieu à un réseau à mailles généralement hexagones paraissent encore plus déliées ; le réseau enfermé dans l’in- térieur des grandes mailles est figuré sous un assez fort grossissement par notre figure 5?, PI. 44 ; le milieu est toujours occupé par une aréole ou petite maille centrale, hexagonale dans son contour, plus foncée et un peu plus en saillie que celles qui l’entourent et marquée elle- même d’un point médian encore plus obscur. — C'est là certainement l’emplacement des fructificalions et la partie foncée correspond sans doute, soit au sore elle-même, soit à son point d'attache persistant à la face inférieure des frondes, après la chute des sporanges ; mais il est impos- sible d'affirmer rien au delà. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — En considérant le /. rute- nicum comme voisin des Polypodiées actuelles, il doit être comparé au Polypodrum salicifolium Wild. (Pleopeltis sali- cifolia Presl, Phlebodium salicifolium J. Schmith), de lA- 312 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. mérique inlertropicale, dont les frondes sont cependant simples, tandis que celles de l’espèce fossile étaient vrai- semblablement pinnatisèques. Parmi les espèces fossiles, le M. rutenicum se rapproche surtout de plusieurs 7auma- topteris; mais nous avons déjà insisté sur les différences qui séparent les Wicrodictyon des Fougères de ce groupe caractéristique de l’Infra-Lias, dont ils semblent remplir le rôle dans l’Oolithe inférieure. LOCALITÉS. — Formation lacustre et fluvio-marine sous- oxfordienne du plateau du Larzac, schistes bitumineux de la partie moyenne près de Liquisse (Aveyron) ; même for- mation à Milhaud (Gard); étage bathonien. EXPLICATION DES FIGURES. — P1.33, fig. 2, fragment de pin- nule stérile de HMicrodictyon rutenicum, grandeur naturelle, 2%, même fragment grossi pour montrer les détails de la nervalion; fig. 3, autre fragment stérile de la même es- pèce, grandeur naturelle, 34, le même grossi; fig. 4, frag- ment de pinnule fertile de la même espèce, grandeur natu- relle ; 4, même fragment grossi pour montrer les détails de la nervation et l'emplacement des sores. — PI. 35, fig. 3, fragment de penne,grandeur naturelle ; 3°, le même grossi. — PI, 44, fig. 5, plusieurs pinnules de Wicrodictyon rute- nicum, jelées sans ordre, la plupart fertiles, d’après un échantillon provenant de Milhaud (Gard), grandeur nalu- relle; 5°, un des fragments grossis pour montrer la dispo- silion du réseau veineux et ceile des sores ; 5?, portion détachée, vue sous son plus fort grossissement, pour mon- trer le dessin exact du réseau veineux et la forme de l’em- placement correspondant aux sores. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. a19 N° 2, Microdictyon YVoodwvardianum. PI. 33, fig. 5-7. DiAGN0SE. — M. frondibus pinnatis, segmentis sterilibus plus minusve elongatis linearibus margine integerrumis, nervis secun- dariis suh angulo aperlo e costa media orientibus numerosis mox conjuncto-areolatis, extus venulas mulhplices plerumque furcatas inter se varie anastomosatas demum liberas et ad marginem usque decurrentes emittentibus ; areolis, in specimi- nibus fertilibus, majoribus soros rotundos puncto centrali afji- xos juxta nervum medium in seriem utrinque ordinatos inclu- dentibus. Cetle espèce nous paraît différente, quoique congénère, de la précédente ; elle a été recueillie comme elle par M. le docteur Bleicher dans les lignites mêmes de la formation du plateau de Larzac. La faible étendue des fragments et le peu de netteté des empreintes quise détachent à peine sur le fond charbonneux de la roche rendent leur étude des plus difficiles. Cependant, l'exactitude scrupuleuse des fi- gures grossies que nous donnons, PI. 33, fig. 5a, Ga et 72, permet de décrire l'espèce avec soin et fait reconnaître en elle des caractères fort intéressants. A première vue, il semble que l’on ait sous les yeux un Woodwardia; mais, outre que les pennes ou segments ne semblent pas avoir été décurrents sur le rachis, ainsi qu’il résulte de la fi- gure à, cette analogie est plus apparente que réelle, puis- que le fragment de fronde fertile, fig. 7, qu’il est difficile de ne pas réunir aux deux autres, malgré certaines diver- gences sur lesquelles nous reviendrons bienlôt, révèle un mode de fructificalion sans rapport avec celuiqui distingue les Voodiwardia actuels. 314 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Les portions stérilessont représentées par deux lambeaux, fig.5 et 6, dont le plus grand mesure une longueur totale de 1 1/2 centimètre, sur une largeur de 6 millimètres. Ce der- nier semble tenir à un fragment de rachis sur lequel il est inséré, sans que l’on puisse distinguer bien clairement s’il y adhère par le milieu seulement ou par la base tout en- tière. L'examen de la nervation rend cependant la première de ces hypothèses plus vraisemblable que l’autre. Une ner- vure médiane assez mince partage longitudinalement ce segment dont les bords sont entiers et le contour linéaire, sauf la base qui montre une légère dilatation en forme de lobes oblus. Les nervures latérales sont nombreuses, fines, disposées des deux côtés de la médiane et émises sous un angle moins ouvert que dans l’espèce précédente; elles se replient en arc et donnent lieu, non pas à de larges aréoles, comme celles du AZ. rutenicum, mais à de petites mailles contiguës qui se prolongent vers l'extérieur en émettant des veinules une ou deux fois bifurquées, anasto- mosées entre elles à la base, presque toujours libres à leur sommet, et qui s'étendent vers le bord en suivant une direction transverse, sans s’infléchir et se contourner com- me dans l'espèce précédente. Ainsi, les mailles sont plus petites, les veines plus nombreuses et le réseau qu’elles forment moins compliqué. Ces différences, que nos dessins (voy, fig. 5°) rendent très-appréciables, suffisent à la dis- tinction des deux espèces. Le petit fragment fig. 7, grossi en a, porte la trace bien visible de sores arrondies, enfermées solitairement, comme chezle M. rutenicum, dans les mailles qui accompagnent la nervure médiane; seulement, il est nécessaire de faire observer que l'empreinte en question reproduit la face supérieure d'une fronde, et que, par con- séquent, au lieu de montrer les sores elles-mêmes, il ne JERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 315 laisse voir que la saillie occasionnée sur l’autre face du limbe par la présence de ces organes, c’est-à-dire en réa- lité leur forme générale et leur emplacement. S'il n’en était pas ainsi, or devraitadmettre que chacun d’eux était oper- culé et muni au sommet d’une ouverture, à peu près comme chez les Mattonia et dans le genre fossile Gulbiera Presl. Ici, le bouton situé au centre de la sore pourrait bien correspondre au point d'attache, et, à l’aide d’une loupe, on discerne quelques veinules qui viendraient aboutir à ce point central. Dès lors il s’agirait d’une structure semblable en réalité à celle que nous avons remarquée chez les Micro- dictyon rutenicum ; seulement les aréoles ou mailles accom- pagnant la nervure médiane seraient un peu plus larges et plus régulièrement espacées sur les portions fertiles de la fronde que sur les autres, et la sore arrondie qu’elles ren- fermentoccuperait tout l’espace circonscrit parelles.Les vei- nes, tantôtsimples, tantôt bifurquées, souvent libres, d’autres fois, reliées entre elles par des anastomoses, que les aréoles sorigères émettent vers l’extérieur, affectent dans la pinnule fertile la même disposition que celles des parties stériles ; il uous paraît donc très-nalturel d'admettre que tous ces fragments se rapportent à une seule et même espèce. RAPPORTS ET DIFFÉRENGES. — [l est impossible de ne pas faire ressortir l’analogie des portions stériles de cette es- pèce avec le PAlebopteris af finis Schenk, de la formation rhé- tique (1), et encore plus avec le PA. Schouva Brgnt (2). Les fructificalions du PAl, affinis diffèrent par leur situa- tion à l’extrémité de veines simples, extérieures par rap- port aux arcs qui circonscrivent les mailles ; mais les sores (1) Schimper, Traité de pal. vég., I, p. 626, PI. 39, fig 14-16. (2) Brongniart, Hist. des vég. foss., I, p. 372, PI. 132, fig. 4. 316 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. du Pl. Schouvii, d'après les figures très-peu nettes don- nées par M. Brongniart, seraient disposées comme les nôtres le long de la médiane, arrondies et marquées d’un pore ou point central (voy. /. c. PI. 132, fig. 5°); en sorte qu’il serait possible d'admettre une sorte d’affinité géné- rique entre cette espèce et la nûtre, avec d'autant plus de raison que le PAL Schouvi est rapporté, avec doute, il est vrai, à l’Oolithe de Bornholm par M. Brongniart et inscrit avec doute par M. Schimper parmi les vrais PAle- bopteris. L'examen d’une série d'échantillons plus com- plets que ceux que nous figurons serait indispensable pour arriver à une solution; on peut dire cependant que l’or- donnance des parties fructifiées et la forme des pennes révèlent une affinité très-sensible entre nos Wicrodictyon, le Phlebopteris Schouvii et les PAT. polypodioides Brngt. et propinqua Brngt. (Phl. contiqua Lindl. et Hutt., Foss. FT, HI, tab. 14%) (1), espèces de l’Oolithe de Scarborough. Ces rapports, aujourd’hui mal définis, décideront quelque jour, lorsque leur vraie nature aura été déterminée, de la position réelle des espèces chez qui ils se manifestent. Aujourd’hui, plongés forcément dans le doute, nous nous bornons à enregistrer de nouveaux documents, malheu- reusement bien imparfaits. LOCALITÉ. — Formation sous-oxfordienne, fluvio-marine du plateau du Larzac, dans les lignites exploités près de Liquisse (Aveyron) ; étage bathonien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 33, fig. 5, fragment de penne stérile du Wicrodictyon Woodwardianum, mon- trant la base du segment el une portion du rachis sur lequel il est inséré, grandeur naturelle; fig. 5°, même (1) Hist. des vég. foss., 1, p. 372, PI. 83, fig. 1, et PI. 132, fig. 1, et 133 fig. 2. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 317 fragment grossi pour faire voir la nervation. Fig. 6, autre fragment d’une penne de la même espèce, grandeur natu- relle; 6, le même grossi. Fig. 7, fragment d’une penne fertile de la même espèce avec la trace des sores, grandeur palurelle; 7%, le même grossi montrant les détails du réseau veineux, la forme et la disposition des appareils fructificateurs. SIXIÈME GENRE. — THAUMATOPTERIS. Thaumatopteris, Gœppert, Gen. pl. foss., I, p. 1. — Brongniart, Tub. des genres de véqg. foss., p. 31. Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 139. — Schenk, Foss. FI, d. Grenzsch., p. 69. — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 629. DrAGNOSE. — rondes steriles fertilesque conformes pedato- digitatæ, segmentis lobatis pinnatifidisque ; lobi segmentorum plurimi integerrüni vel dentato-crenati; costæ primariæ ner- vos in lobos emittentes, nerui autem tertliarii angulo subrecto secus secundarios emissi mox curvatli, anastomosati et in areolas biseriatas soluti, venulæ tenuissimæ rete subtilius prümario in- clusum effjorrmantes ; — sori per totam paginam frondis in- feriorem in acervos multiplices qlomerati; capsulæ annulo multiarticulato verticali subcompleto circumducti sporas lœves tetraedricas includentes (Schimper). Phlebopteris, Münst., In Bronn et Leonh. Jahr., 1836, p. 511. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ce genre est maintenant bien connu, grâce aux publications successives de Gæppert, de Schenk et en dernier lieu de M. Schimper; des frondes presque complètes et la présence des organes de la fructi- fication permellent de le décrire avec autant de sûreté que 318 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. s'il s'agissait d’un genre actuel. Nous empruntons aux auteurs que nous venons de citer la plupart des détails qui suivent. Les frondes des T'haumatopteris sont digitées-pédées ; les segments disposés par trois ou par cinq au sommet d’un long pétiole forment autant de pennes allongées, lobées pinnalifides, à lobes plus ou moins étroits et profondément incisés selon les espèces. Le rachis principal est ailé et les lobes adhèrent par conséquent entre eux au moyen d’une bordure continue; chacun de ces lobes est pourvu d’une nervure médiane le long de laquelle sont disposées des nervures latérales, qui d’abord émises sous un angle très- ouvert, se recourbent bientôt, se replient et s’anastomosent de manière à donner lieu à trois rangées de mailles irré- gulièrement hexagones et décroissantes, dont l’intérieur est occupé par un réseau veineux d’une grande finesse. La figure 1 de notre planche 35, que nous empruntons au bel ouvrage de M. Schimper et qui représente le 7hau- matopteris Münsteri, permet de juger de l'aspect des frondes de ce genre. Les lobes sont ici très-courts; c’est la variété « abbreviata Gæpp., qui constitue peut-être une espèce à part. Ces mêmes lobes s’allongent au contraire dans les autres variétés, particulièrement dans la variété y longissi- ma Gœpp. dont nous donnons aussi une figure empruntée à l'ouvrage de M. Schernk, PI. 36, fig. 2; ils sont linéaires, étendus à angle droit et plus ou moins crénelés chez le Thaumatopteris Brauniana Popp. Les sores, dans ce genre, sont dispersées sans ordre apparent sur toute la surface in- férieure des pinnules; chacune des sores en particulier est formée parune réunion de cinq à dix capsules agglomérées, assezrapprochéeset même confluentes de manière à rappeler le mode de fructification des Acrostichées. Chaque capsule TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 319 est entourée, comme chez les Polypodiacées, d’un anneau circulaire, vertical, mulli-articulé et presque complet ; nous avons reproduit, d’après M. Schenk, sur notre planche 36, fig. 3, le fragment d’une pinnule fertile grossie de Thaumat opteris Brauniana montrant la disposition des sores, tandis que la figure 4 représente la nervation grossie d’une pinnule stérile de la même espèce. Les sporanges grossis du 7h. Münsteri sont reproduits par la figure 5, et la figure 6 représente un spore de la même espèce vu sous un très-fort grossissement ; il paraît tetraédrique, sub- globuleux el lisse à la surface. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. Les 7’haumatopteris ressemblent aux Laccopteris et aux Andriana par la forme extérieure de leurs frondes. Mais il se séparent de ces deux genres par leur nervation réticulée et la disposition de leurs sores, caractères qui les rangent évidemment à côté des Dictyo- phyllum et des Clathropteris, et, si l’on considère la nature actuelle, auprès des Polypodiéesavec une tendance vers les Acrostichées, à cause de la disposition sans ordre des glo- mérules de sporanges sur toute la surface des portions fer- tiles. Cependant, cette même particularité se montre chez les Wicrosorium, genre actuel de la tribu des Polypodiées, voisin des Drynaria par la nervation et chez qui toutes les parties des nervilles du réseau veineux sont susceptibles indifféremment de devenir prolifères. Si l’on considère seulement la forme allongée des lobes et la disposition du réseau vaineux, les Zhaumatopteris paraissent se rapprocher des Phymatodes de Presl ou Drynaria pinnatifides à seg- ments étroits et allongés, ainsi que des Pleopeltis ; mais ici les sores sont largement arrondies et disposées en série double ou simple de chaque côté de la nervure médiane de chaque segment, 320 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. LocauiTÉs. — Le genre 7hawnatopteris se trouve limité au Rhétien et au Lias inférieur; il n’a pas été encore observé dans d’autres terrains. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 35, fig. 1, fronde presque entière du Zhaumatopteris Münsteri Var., abbreviata Gæpp., d’après un exemplaire de la formation rhétique de Bayreuth figuré par M. Schimper, 7raité de pal. vég., 1, PI, 40, fig. 7. — PI]. 36, fig. 3, partie supérieure d’un segment de fronde du Zhaumatopteris Münsteri Var. longissima Gœpp. d’après un exemplaire de la Theta près de Bayreuth, figuré successivement par MM. Schenk et Schimper; fig. 3, por- tion d’une pinnule fertile du 7haumatopteris Brauniana, Popp., assez fortement grossie, d’après M. Schenk; fig. 4, portion d’une pinnule stérile de la même espèce, assez fortement grossie pour montrer la disposition des nervures; fig. 5, groupe de capsules ou sores du Z’'hauma- topteris Munsteri, très-fortement grossi, d’après Schenk; fig, 6, sporule de la même espèce, sous un irès-fort grossissement, d’après le même auteur. N° 1. Whaumatopteris exilis. PI. 35, fig. 2. Diacnose, — 7°. frondium segmentis gracilibus pinnatipar- titis, rachi primaria anguste alata, lobis stricte linearibus integris alterne emissis patentibus, nervo loborum medio tenu, venis lateralibus mox curvatis flexuosis in areolarum series duplices solutis, venulis insuper tenuissimis rete minutum dntra areolas efformantibus. Il n'existe qu'un fragment mulilé de cette espèce qui nous paraît distincte de celles du Rhétien d’Allemagne, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 321 tandis que la parfaite conformité du réseau veineux et du mode de partition de la fronde oblige de la rapporter au groupe des Z’haumatopteris. Malheureusement les lobes sont tous mutilés ; on n’aperçoit que leur origine et la forme étroitement linéaire de leur contour. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les lobes de celle espèce sont plus étroits que ceux des variélés elongata et longissima du Thaumatopteris Münsteri et paraissent entiers sur les bords, ce qui les distingue de ceux du 7h. Prauniana, outre que le rachis principal est accompagné d’une bor- dure étroite qui disparaît dans les variétés à lobes entiers de cette dernière espèce. La nervation de notre 7h. exilis, qui est visible et que la figure 2, PI. 35, représente sous un assez fort grossissement, laisse voir également des dif- férences sensibles avec le réseau veineux du 7, Brauniana, que nous avons reproduit, PI. 36, fig. 4, d’après Schenk, comme terme de comparaison entre les deux espèces. L'état fragmentaire de l’empreinte de Hettanges ne nous permet pas de plus longs détails à son sujet. LOCALITÉ. — Grès de Hettanges (Moselle), Lias inférieur, zone à Ammonites angulatus; Coll. du Muséum de Paris el celle de M. Terquem (musée de la ville de Metz). EXPLICATION DES FIGURES. — P], 35, fig, 9, fragment d'une fronde de Thaumatopteris exilis Sap., grandeur naturelle ; fig. 2°, pinnule grossie de la même espèce pour montrer ies détails de la nervation. SEPTIÈME GENRE. — DICTYOPHYLLUM. Dictyophyllum, Lindl. et Hutt., Fossi/ FL, of gr. Brit., (ab. 104. _- Schenk, Foss. F!. d. Grenzsch, p. 75. — Schimper, Trailé de Pal, vég., 1, p. 632. DiaGNOSE. — rondes steriles fertilibus conformes, verosi- VÉGÉTAUX, — J. 21 322 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. militer profunde geminalim pedato-partitæ, segmentis prima- ris pnnatifidis lobatisque, lobis rachi semper alata perpendi- cularibus nervo e costa segmentorum primariorum orto medio percursis, tum integris tum grosse dentatis incisisque; nervuli e nervis medüs progressi curvato-anastomosati, in rete fleruosum areolasque areis hexagonulis majoribus inclusas undique soluti ; sort per totam paginam frondis inferiorem sparsi, sporangüs majusculis annulo completo mulharticulato cireumductis præ- diti ; sporæ tetraedricæ globosæ læes (Schimper). Camptopteris, Pres!, in Sternb. Beitr., IL, p. 168 (ex parle). _ Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 31. Diplodictyon, Fr. Braun, in Munst. Beitr., VI, p. 14. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Dans ce genre, qui s'éloigne beaucoup de ceux du monde actuel, les frondes, géminées au sommet d’un long pétiole, à peu près comme chez le Dipteris conjugata, élaient partagées en longs segments plus ou moins profondément divisés-palmalisèques et pédés. Des côtes médianes parcouraient les segments et émettaient sous un angle généralement très-ouvert des nervures qui se rendaient dans les lobes et les lacinies secondaires. Une bordure large et continue garnissait les rachis principaux et secondaires, et les lobes n’étaient jamais assez profonds pour donner lieu à de véritables pennes, en sorte que chacun des segments, considéré à part (et c’est presque toujours dans cet état qu’on les observe à l’état fossile), revêt assez bien les apparences d’une feuille dicotylédone pinnatifide, comme le sont celles de certains chênes. Cette ressemblance s’accroît en- core par une aparente conformité dans la nervation; celle- ci effectivement se compose de veines naissant le long des divers axes sous un angle très-ouvert, se repliant l’une vers TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 323 l’autre et s’anastomosant de manière à former, à l’aide de veinules flexueuses et ramifiées, un réseau composé de mailles polygonales qui se résolvent elles-mêmes en aréoles plus petites dont la finesse est extrême. Aucune Fougère ne retrace plus fidèlement leréseau des feuilles dicotylédones ; aucune ne revêt de physionomie plus distincte de celle qui caractérise généralement ces sortes de plantes. Aussi, Lindley, en imposant le nom géné- rique de Dictyophyllum à la première espèce, découverte dans l’Oolithe du Yorkshire, avait-il cru reconnaître en elle une feuille de Phanérogame. L'observation des sores, dont la disposition est pareille à ce qui existe dans le genre précédent, est venue confirmer l’attribution au groupe des Fougères des Dictyophyllum, souvent aussi appelés Camp- topteris. Ces sores, dont notre figure 3*, PI. 34, empruntée à l'ouvrage de M. Schenk, représente l'ordonnance, sont disposées sans ordre sur toute la face inférieure des frondes fertiles. Elles ne comprennent chacune qu’un petit nombre de capsules et ces capsules sont grandes comparativement, pourvues d’un anneau complet, multiarticulé, et renfer- mant des spores tétraèdres-arrondis et lisses. Les frondes bien conservées sont extrêmement rares à l’état fossile. Notre figure 3, PI. 34, représente un bel exemplaire du Dictyophyllum acutilobum Schenk, emprunté à l'ouvrage de cet auteur et qui donne une idée suffisante de l’en- semble d’une fronde. Les /ictyophyllum, depuis que M. Schenk et après lui M. Schimper ont réservé le nom de Camptopteris à des espèces keupériennes (C. serrata Kurr, et C. quercifolia Schenk), sont limités au terrain jurassique et fréquents seulement dans le Rhétien. Une seule espèce, fort rare et d’un aspect tout à fait spécial, se moatre dans l’Oolithe du Yorkshire; le genre disparaît ensuile et ne 324 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. possède aucun représentant direct dans la nature vivante. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La liaison de ce genre avec le précédent est des plus intimes. Des deux parts, l’ordon- nance pédée-digitée, la disposition des sores, la forme même des capsules sont à peu près pareilles; c’est unique- ment par l'aspect et le mode de partition des frondes, par les lobes plus larges, le limbe plus développé, mais surtout par le réseau veineux à mailles plus grandes et plus com- pliquées, que les Dictyophyllum se distinguent et doivent occuper une place à part, au moins comme sous-genre, dans un groupe qui se range tout entier parmi les Polypo- diées. Les Drynaria pour le mode de nervalion, les Hrcro- sorium pour la fruclification, les Dipteris pour le mode de partition offrent les points de comparaison les plus marqués. Les Dictyophyllum, s'ils existaient encore, cons- titueraient un groupe allié à ceux-ci de très-près, et ne s’en écartant pas plus qu'ils ne s’éloignent les uns des au- tres. LOGALITÉS. — Schistes marneux du Rhétien de Franco- nie, Hart aux environs de Bayreuth, Strullendorf près de Bamberg, Veitlahm près de Kulmbach; Hær en Scanie ; grès du Lias inférieur à Coburg, Halberstadt, Quetlinburg (Allemagne); Steierdorf (Bannat); Schambelen (Suisse): Hettange (Moselle), d’après M, Schimper. — Le Dictyophyl- lum rugosum Linal, et Hutt. est particulier au grès charbon- neux de Scarborough. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 34, fig. 3, fronde presque complète du Dictyophyllum acutilobum Schenk, grandeur naturelle, d’après une figure empruntée à l’ou- vrage de M. Schenk ; fig. 3 *, segment grossi pour montrer la disposition des sores à la face inférieure d’une fronde TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 325 fertile, d’après une figure empruntée au même auteur. N° 1. Dictyophyllum Nilsoni. PI. 34, fig. 2. Dictyophyllum Nilsoni, Schenk, Foss. FI. d. Grenzsch., p. 80, tab. 19, fig. 6-7. — — Schimper, Traité de Pal. vég., I, p.634. DrAGNOSE. — 2). frondis bipartitæ segmentis primartüs pedato- laciniatis, grosse dentatis, lobis late lanceolatis sursum subfal- calis, nervo incisurarum medio ad apicem provecto, venis venulisque varie curvato-anastomosatis, rete areolis ambitu flexuosis delineatum formantibus. Phlebopteris Nilsonii, Brongniart, His!. vég. foss., ], p. 376, PI. 132, fig. 2. Camptopteris Nilsonü, Presl., in Sternb. Vers, Il, p. 168, — — Germar, Palæontog., 1, p. 119, tab. 14, fig. 1-3. — — Andræ, Foss, F1, v. Steierdorf, p. 34, tab. 10, fig, 3. — crenala et biloba, Pres, /.c., If, p. 168. Querciles lobatus, Berger, Coburg. Vers., p. 29, tab. 4, fig. 1-3-7. Filicites...…. Hissing, Leth. Succ., tab. 38, fig. 1. Phyllites….…., Sternb., F1. d, Vosweit, 1, p. 41 tab. 42, fig. 2. Un seul lambeau de pinnule, reproduit fig. 2, PI. 34, est tout ce que nous connaissons de cette espèce en France. Ce fragment suffit cependant, à cause de la conformité des caractères de la nervation, pour faire constater l’identité de Il’espèce à laquelle il appartient avec le Dictyophyllum Nilsoni, qui caractérise les grès de l’Infra-Lias. M. Schim- 326 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. per, qui à pu faire une comparaison attentive des divers échantillons de cette espèce observés soit en Allema- gne, soit en France, la range à côté du Zrctyophyllum acufilobum que représente notre figure 3, PI. 34, à qui il serait même tenté de la réunir. Nous n’insiste- rons pas davantage sur une forme dont nous avons dû signaler la présence en France, mais dont nous possé- dons un trop petit fragment pour avoir la pensée de la décrire avec certitude. L’empreinte que reproduit notre figure 2 se rapporte à la portion médiane ou infé- rieure de l’un des segments principaux, au-dessus du point où ils commencent à être lobés; c’est du moins ce qui pa- raît être le plus vraisemblable. LOcALITÉS. — Trémont, près de Lamarche (Vosges), grès de l’étage rhétien, en même temps que le Clathropteris platyphylla; Coll. du Muséum de Paris. M. Schimper signale de plus cette espèce à Hettanges dans les grès in- fra-liasiques, d’où cependant nous ne l’avons pas reçu. En dehors de France, elle se rencontre, non-seulement dans les grès de Hôr en Scanie, mais encore dansles grès du Lias inférieur d'Allemagne, à Coburg, à Halberstadt, à Quetlin- burg, à Steierdorf dans le Bannat et à Scnambelen en Suisse. Il serait à souhaiter que cette espèce ou du moins le genre dont elle fait partie fût recherché avec soin dans les locali- tés françaises qui font partie soit de la zone à Avrcula con- torta, soit de l’Infralias proprement dit. EXPLICATION DES FIGURES. — PJ. 34, fig. 2, fragment de fronde du Dictyophyllum Nilsoni? grandeur naturelle. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 327 HUITIÈME GENRE. — CLATHROPTERIS. Clathropteris, Brongniart, His. des vég. foss., T, p. 279. — Schenk, F1. d. Grenzsch., p. 81. — Schimper, Traité de Pal, vég., 1, p. 635. DrAGNOSE. — rondes pinnatipartitæ vel palmato-lobatæ plus minusve profunde inciso-digitatæ quandoque maximæ lacinüs pedalibus et ultra prœdite ; segmenta laciniæve prima- ri pinnatinerviæ, nervis secundartis e costa media ortis sub an- qulo plus minusve aperto prodeuntibus parallelis ad marginem integrum lobatumve pergentibus, nervis tertiarüs transversis areolas rectanqulas efformantibus, venulis insuper in rete areolis quadratis polygonulisque minutissime delineatumr tan- dem solutis; sori per, totam paginam inferiorem frondium fertilium sparst; sporangia rotundata annulo multiarticulato cinela ; sporæ tetrædricæ verrucosæ. Camptopteris (ex parte), Gœppert, Gen. pl. foss., p. 119. — Presl, in, Sternb…. Fl. d. Vorw., I, p. 168. — - Unger, Gen. et Sp. pl. foss., p. 162. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Voici un des genres les plus curieux de l’ancienne flore et celui qui caractérise le mieux la végétation infra-liasique, dont il ne franchit pas les li- miles. Les Clathropteris portaient des frondes de la plus grande dimension, ce qui fait que l’on n’en possède pres- que jamais que des fragments et que la reconstitution de l’ensembie est toujours difficile, sauf par la combinaison altentive d’un grand nombre d'échantillons ou encore par la découverte de frondes ayant appartenu à de jeunes sujets. Les frondes, palmées chez le C7. platyphylla, présentent au contraire un limbe pinnatifide dans le C7. meniscioides, à 328 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. moins que l’on ne veuille supposer que la portion pinnatifide de cette espèce représente le segment d’une fronde compo- sée, dont la dimension irait alors à plus d’un mètre. Mais il semble plus naturel d'admettre que le genre Clathropteris comprenait à la fois des espèces à frondes palmées et d’autres à limbe incisé-pinnatifide. Cette supposition n’a rien qui puisse choquer, lorsque l’on songe aux Dipteris, si voisins des Drynarta, et pourtant si différents d’aspect au premier abord. Ce qui signaleïles Clathropteris, c’est leur mode de nerva- tion si uniforme et si nettement caractéristique. Chez eux, les nervures secondaires, celles qui partent de la côte moyenne des segments principaux, sont toujours équidis- tantes et parallèles entre elles; elles s'étendent jusqu’au bord, que celui-ci soit entier ou denté, et donnent lieu à des intervalles ou bandes partagés en espaces carrés par des nervures tertiaires, disposées perpendiculairement sur les secondaires. Ces nervures étaient saillantes sur la page intérieure, et la fronde se trouve ainsi partagée en des séries de carrés marqués en relief ou en creux sur les empreintes, mais correspondant à autant de gaufrures disposées en sens inverse sur l’une ou l’autre face des anciennes frondes. Chacune de ces aires principales se trouve divisée par des veines de divers ordres, toujours dirigées perpendicu- lairement les unes sur les autres ou repliées et ana- stomosées, en une suite d’aréoles décroissantes dont le réseau fin, lorsqu'il est visible dans tous ses détails, retrace fidèlement la nervation de certaines feuilles dicotylédones, spécialement de celles des Tiliacées et des Artocarpées. En réalité, la nervation des Clathropteris reproduit celle des Drynaria, surlout du D. quercifolia Bory, et l'observa- tion des parties fructifiées des anciennes frondes est venue TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 329 confirmer ce rapprochement qui est assez étroit pour faire croire à une identité générique des espèces fossiles avec celles qui leur correspondent dans l’ordre actuel. Celles-ci habitent particulièrement les régions tropi- cales : robustes, souvent coriaces et opaques, elles crois- sent sur les vieux troncs à l’ombre des grandes forêts. Les sores des Clathropteris étaient éparses et très-nombreuses sur toute la face inférieure des frondes; la figure 3 de notre planche 37, empruntée à l’ouvrage de M. Schenk et fai- blement grossie, laisse voir cette disposition. Chaque sore comprenait un assez petit nombre de capsules; ces derniè- res sont représentées, fig. 4, sous un fort grossissement et groupées au nombre de 12 environ. Elles étaient ovales- arrondies et entourées sur les côtés par un anneau multi- articulé qui paraît avoir été complet. Les spores étaient de forme tétragone et couverts d’aspérités verruqueuses, ainsi que l’on peut en juger par le dessin de M. Schenk que reproduit notre figure 5, PI. 37, et qui représente un de ces spores fortement grossis. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Clathropteris, fondé par Brongniart, il y a plus de 40 ans, se distingue | très-aisément par les aréoles carrées, disposées réguliè- rement dans l'intervalle des nervures secondaires, des Phlebopteris, Thaumatopteris et Dictyophyllum chez lesquels on remarque une ordonnance différente du réseau veineux. Cependant, on ne saurait nier que ces deux derniers genres ne se lient étroitement aux Clathropteris par leur mode de fructification qui les range tous également dans la tribu des Polypodiées, à côté des Microsorium Link., des Drynaria Bory, et des Dipteris Reinw. Les spores verruqueux des Clathropteris se séparent d’ailleurs nettement des spo- res lisses des 7Zhaumatopteris et des Dictyophyllum. La | | | 330 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. différence est plus difficile à préciser avec les Camptopteris de Schenk et de Schimper, Fougères keupériennes dont la nervation n’esl pas visible, mais que la disposition palmée-digitée de leurs frondes, formées de segments allongés-pinnatifides très-nombreux et divisés presque jusqu’à la base, rapproche bien plus des Thaumatopteris. Bien que l’affinité des Clathropteris avec les genres actuels de Polypodiées ne soit nullement douteuse par elle- même, le degré de cette affinité n’en reste pas moins obscur, lorsque l’on cherche à le préciser. L’ordonnance du réseau veineux, la disposition et la forme des sores obligent de ne les comparer qu’à une petite portion des Drynaria de Fée, après retranchement des sous-genres P/eopelhs Humb. et Bompl., Phymatodes Presl. C’est avec le seul groupe dont le Drynaria quercifolia Bory est le type que les Clathropteris montrent une ressemblance que confirme, en dehors même de la conformité du réseau veineux, la présence des sores dispersées en grand nombre sur la face inférieure des frondes. L'’analogie nous a paru digne de remarque avec le Drynaria Gaudichaudi Mett., des Iles Fidji, probablement identique au D, pinnata Fée. Ici, les frondes sont pinnées et les pennes se détachent aisément du rachis principal, mais l'espèce vivante la plus ressemblante, à cause de la dimension des segments, de leur consistance coriace, de leur aspect gaufré et de la multitude des sores répandues à profusion et assises sur les dernières ramifications des veines, c’est le Drynaria quercifolia Bory, qui habite les Indes, les Moluques, et rappelle beaucoup le Clathropte- ris meniscioides de Brongniart, sauf la dimension des lobes qui est générolement plus grande chez l’espèce fossile. Cependant, la forme palmée ne se montre pas chez TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. sal les vrais Drynaria, et de plus ils présentent, à la base des frondes fertiles, des frondes primaires et stériles, généralement sessiles, à limbe moins divisé et à nervation composée d’un réseau de veines plus flexueuses. Ces fron- des diffèrent beaucoup des autres, et si elles avaient existé chez les Clathropteris, on en rencontrerait probablement des vestiges. M. Brongniart avait supposé d’abord que les Dictyophyllum pouvaient bien correspondre aux frondes stériles des Clathropteris, mais la découverte de la fructifica- tion du premier de ces genres a détruit celte opinion; il n’y aurait cependant rien d’improbable à considérer le singulier genre Protorrhipis Andræ, de Steierdorf dans le Bannat, comme représentant peut-être les frondes pri- maires des Clathropteris. A côté des Drynaria on observe dans la nature vivante le curieux genre Microsorium Link. (Fée, Gen. Fil.,p. 2617, PI. 20, fig. 1), chez qui la parfaite conformité du réseau veineux et la disposition des sores éparses en très-grand nombre et placées indifféremment sur toutes les parties du trajet des anastomoses doivent faire reconnaître un type allié de près aux Clathropteris. La liaison de ceux-ci avec le Dipteris conjugala Reinw. n’est pas moins évidente, elle tient surtout à l’ordonnance bipartite des frondes de ce genre indien, divisées en segments palmés-laciniés, den- tés sur les bords. Cette ordonnance ainsi que la forme des dentelures et les détails même de la nervation, joints à la distribution des sores, offrent de grands rapports avec ce qui a lieu chez les Clathropteris à frondes palmées (C'. platyphylla, voy. PI. 36, fig. 1, et 37 fig. 4 et 2); mais dans le genre actuel, les segments, au lieu d’être occupés par une médiane pinnatinerve, présentent des nervures longitu- dinales, ramifiées-dichotomes; sous ce dernier rapport, le 332 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. lien analogique devient très-faible, On constaterait une liai- son encore plus éloignée, en s’altachant à d’autres grou- pes, comme les Bathmium Link. (2. trifoliatum Sw.) qui ne font déjà plus partie des Polypodiées proprement dits. En réunissant ces divers indices, il nous paraît plus que pro- bable que les Clathropteris, sans rentrer précisément dans aucun des genres actuels, doivent occuper une place voisine du groupe des Drynaria et constituer non loin de ceux-ci un sous-genre au même titre que les Micro- sorium, les Dipteris, les Pleopeltis, les Phymatodes et les Drynaria proprement dits, au même titre aussi que les Thaumatopteris, les Dictyophyllum, les Camptopteris, qui tous également ont dû faire partie de la tribu des Polypo liées. LOGALITÉS. — On a découvert le genre Clathropteris dans la plupart des localités qui se rattachent soit au Rhétien, soit à l’Infra-Lias, c’est-à-dire à la partie du Lias, inférieure à la zone à Gryphœæa arcuata, en France, en Allemagne, en Autriche, ainsi que dans la Suède méridionale à Hôr en Scanie où M. Brongniart découvrit le C. meniscioides et put dessiner sur le grès même des empreintes dont les pinnules mesuraient plus de 1 pied et demi de long et n'’é- taient pas complètes. Les principaux gisements d’Alle- magne appartiennent au Rhétien des environs de Bayreuth, Forscheim, Kulm, Bamberg ou au grès infra-liasique de Coburg, Quetlinburg, Halberstadt, Wilmsdorf en Silésie ; nous avons cité Steierdorf dans le Bannat; nous mention- nerons les localités françaises en décrivant l’espèce prin- cipale. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 333 N° 1. Clathropteris platyphylla. PL"30, fig. T; PL. 37,38, 39 et A0, fig. 4. Clathropteris platyphylla, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 32. — _ Schenk, Foss. F1. d. Grenzsch., p. 81, tab. 16, fig. 2-9 et tab. 17. —— —- Schimper, Traité de Pal. vég.,1, p.636, pl. 42, fig. 1-3. DrAGNOSE. — C’. fronde longe petiolata palmato-pluripartita, segmentis plus minusve profunde divisis quandoque subdigi- tatis, in plantis juvenilibus minus numerosis, in annosis autem late expansis, margine grosse dentatis incisoque crenatis aut serratis, costa in segmento quolibet media unica valida subtus fortiter expressa penninervia, nervis secundarüs e costa media ortis suboppositis alternisve angulo tum acutiore tum apertiore aut fere recto emissis, inter se parallelis, in dentes crenasque decurrentibus, tertarus clathratis areas rectangulas plus mi- nusve quadratas aut parallelogrammas cum secundarüs effi- cientibus, nervis quatern quinarüque ordinis, angulo recto, alüs super alüs, in rete demum areolis quadratis flexuoseque pentagonulis solutis ; soris rotundis ubique sparsis sporangia 6-12 ferentibus, sporis tetraedricis verrucosis. Clathropteris meniscioides, Brongn., Hist. des vég. foss., 1, P1:134, fig. 3. _- — Unger, Gen. et Sp. pl. foss., p. 163 (ex parte). — — Brauns, In Palæontog., IX, p. 52, tab. 13, fig. 9-10. Clathropteris minor, Fr. Braun, Verz., p. 98 (plantæ ju- venilis frons). Camptopteris platyphylla, Gœppert, Gen. pl. foss., V-VI, tab. 18-19. 2 = Unger, Gen. el sp. pl. foss., p. !62. 334 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Camptopteris fagifolia et C. planifolia, Brauns, In Palæontog., IX, p. 55, tab. 14, fig. 3 a et 3 b. Juglandites castancæfolius, Berg., Coburg. Verst., p. 29, tab. 4, fig. 2-7. Les frondes de cette espèce mesuraient jusqu’à deux pieds de long dans les plantes adultes, selon M. Schenk ; leur limbe palmatifide s’élalait alors comme un large éven- tail au sommet d’un élégant pétiole et se divisait en seg- ments au nombre de 7 à 9, soudés inférieurement, libres ensuite, puis dentés à crénelures larges et obtuses, ou même lobés à la façon des feuilles de chêne, atténués au sommet qui se prolongeait plus ou moins. Les nervures ou côtes primaires rayonnaient comme chez le Cecropia et certains Aralia du sommet du péliole, et chacune d’elles s’engageait dans un des lobes et le parcourait de la base au sommet. Notre figure 1, PI. 36, empruntée à l'ouvrage de Schenk, montre cette disposition des nervures princi- pales au point où elles se détachaient du pétiole; on voit que loutes ne partaient pas du même endroit; mais que les deux latérales, plus fortes que les médianes, émettaient vers l’extérieur des branches qui rappellent la forme pédée et servent de lien entre ce dernier mode de partition et celui qui est propre aux Dictyophyllum. Quoi qu’il en soit, chaque segment est occupé par une seule nervure médiane d’où sortent, sous un angle de 45 degrés environ, dans la plupart des échantillons d'Allemagne, des nervures se- condaires qui vont s'engager dans les dents marginales. Ces dents sont de larges crénelures plus ou moins accusées, devenant parfois de véritables lobes, qui garnissent surtout la partie moyenne des segments. Ces segments sont rétré- cis et à bords entiers dans leur partie inférieure, du moins «si l’on consulte l’ouvrage de M. Schenk. Les frondes des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 339 plantes jeunes et imparfaitement développées sont d’une dimension bien moindre et quelquefois tout à fait naines. Notre figure 1, PI. 37, est une des plus petites empreintes connues ; M. Schenk laratlache pourtant à la même espèce. La figure 2 de la même planche reproduit, toujours d’après le même auteur, une fronde de moyenne grandeur, qui a sans doute appartenu à une jeune plante, et dont les seg- ments profondément divisés sont réduits à quatre et irré- gulièrement disposés au sommet du pétiole. Les créne- lures sont aussi plus espacées et moins prononcées, tandis que dans d’autres exemplaires elles prennent l’apparence de véritables lobes. Le réseau veineux est ordinairement bien conservé dans cette espèce, il se compose, d’après le savant auteur dont nous suivons les indications, d'un réseau à grandes mailles hexa-pentagonales dans la partie inférieure du limbe. Dans les segments au contraire, l’in- tervalle qui s'étend entre les nervures secondaires est divisé par les tertiaires en quadrilatères un peu moins lar- ges qué hauts, divisés eux-mêmes, à l’aide de veines dirigées en sens inverse, en Carrés plus petits renfermant enfin un réseau veineux à aréoles trapézoïdes ou hexagonaies, Nous avons parlé précédemment des sores et des cap- sules, ainsi que des spores, observés dans cette espèce: nous n’y reviendrons pas; nous dirons seulement que sur les frondes fertiles la partie des segments qui avoisine la côte médiane est celle où les capsules se trouvent accumu- lées avec plus d’abondance ; elles deviennent plus rares ou disparaissent tout à fait vers les bords. Telle est l’espèce si répandue en Allemagne, dans le Rhélien, comme dans le Lias inférieur. Nous y rappor- tons sans hésitation une empreinte du plateau d’Auxy, près d’Autun, fig. 4 et 2, PI. 38, qui appartient à la face 330 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. inférieure d’une fronde. La forme et la dimension des aréoles carrées, la direction assez oblique des nervures secondaires concordent tellement avec la figure originale donnée par M. Schimper (1) et qui provient du musée de Stuttgardt, ainsi qu’avec les figures 5 et 6, PI. 46, de l’ou- vrage de Schenk et avec celle du mémoire de Brauns sur les plantes fossiles du grès de Seinstedt (2), que cette assi- milation ne peut faire l’objet d’un doute. Notre empreinte laisse voir en creux les aires carrées qui étaient au contraire gaufrées et légèrement saillantes, et comme bullées, dans la fronde originale. C’est cet aspect primitif, et le seul réel, que nous avons rétabli par un moulage et que reproduit la figure 2. On voit que la côte médiane, saillante à la page inférieure, se dessinait ici comme un léger sillon et qu’ilen était de même pour les nervures de 2° et de 3° ordre. La surface des carrés était au contraire relevée, mais la trace du réseau veineux y était fort peu visible, et la fronde était lisse et glabre, peut-être vernissée à la surface. Les dents marginales ne se remarquent pas sur cet échantillon qui se trouve mutilé des deux côtés. Un échantillon de Frémontrey (Vosges), que nous avons eu l’occasion de voir dans la collection du Muséum, appartient sans doute à ce même type. Nous remarquons au contraire des différences assez sensibles dans la plupart des empreintes recueillies à la Coudre, près de Couches-les-Mines, par M. Pellat, Ces différences sont peut-être l’indice de l’existence d’une es- pèce distincte ou au moins d’une variété remarquable par la beauté de sa nervalion et la grandeur des segments de sa fronde; mais comme aucun des échantillons qui nous ont (1) Traité de Pal. vég., 1, PI. 42, fig. 1. (2) Der Sandstein bis Seinstedt unweit d. Falsk, und d. in ihm Vor- kom-pflanz, von Dr D. Brauns. TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 337 été communiqués ne laisse entrevoir la configuration géné- rale de la fronde, nous nous contenterons de les décrire avec un peu plus de détails, en les désignant sous le nom provisoire de Clathropteris platyphylla, var. « expansa. Les segments de cette forme sont très-larges et dénotent des frondes d’une plus grande étendue que celles du type ordinaire d'Allemagne. On peut en juger en consui- tant les figures 3 et 4, pl. 38, et 1, pl. 39. La largeur des segments varie entre 6 et 8 centimètres; la figure 3, pl. 38, représente un segment encore plus large, puis- qu’il atteint un diamètre de 9 centimètres et qu’il en mesurait au moins 40, si l’on tient compte de la mutilation des bords. La nervalion est admirablement distincte sur celte empreinte qui correspond à la face inférieure et dont la côte moyenne était large, saillante et semble tronquée inférieurement par suite d’un accident. Les carrés primai- res sont divisés par des veines transverses en carrés secon- daires, subdivisés eux-mêmes en plus petites aréoles de même forme ; mais il est facile de reconnaître, en consul- tant sur notre planche 39 les détails grossis de la ner- vation que les mailles du réseau sont souvent dessinées par des lignes flexueuses ou irrégulières et anguleuses, de sorte que l’ensemble de cette nervation s'éloigne par bien des traits de celle du Clathropteris platyphylla, telle que Schenk et Schimper l’ont représentée dans leurs ouvrages respectifs (1). La figure 1, pl. 39, montre l'aspect vé- ritable de cette empreinte, à laquelle un moulage a rendu son relief et dont la fig. 1*, même planche, reproduit le réseau veineux sous un assez fort grossissement. La figure 1, pl. 40, représente une portion considérable d’un segment (1) Voy. Foss. FI. V. Grenzsch, PI. 17, fig. 8 et Traité de pal. vég. 1, PI. 42, fig. 5. VÉGETAUx. — J, 22 338 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de fronde, mutilé d’un côté, mais intact de l’autre, pourvu de crénelures faiblement prononcées, et distinctement ourlé par une nervure marginale qui cerne partout le bord. Cet exemplaire se rapporte également à la face inférieure ; les nervures de divers ordres s’y dessinent en saillie, tan- dis que les aires carrées y formaient des gaufrures. La figure 4, pl. 38, dessinée sur un moule qui lui restitue son véritable aspect, correspond au contraire à la face supérieure; ce dernier aspect est assez différent de celui qui est offert par la figure 2 de la même planche pour que l'on saisisse aisément les caractères de la variété que nous décrivons. Les nervures secondaires, chez celle-ci, s’écar- tent de la médiane sous un angle très-ouvert, presque droit, comme chez le C. meniscivides. Les aires carrées sont plus étroites dans le sens transversal, plus nombreuses, plus capricieusement subdivisées en réseau que dans le {type ordinaire d'Allemagne et dans celui que reproduit la fig. 2, pl. 38. Les crénelures sont plus larges et moins saillantes que dans Ja plupart des exemplaires figurés par Schenk; enfin le réseau veineux, bien plus visible, dessine des linéamenis et des gaufrures dont la saillie semble plus prononcée. Cependant tous ces caractères différentiels réunis n’ont rien d’assez décisif pour dépasser la valeur de ceux que présenterait une simple-variété lo- cale, et c’est seulement à ce titre que nous avons voulu in- sister sur eux. Rapports ET DIFFÉRENCES. — Le Clathropteris platyphylla se distingue aisément du C. meniscioides par ses frondes palmées à lobes divergents et dentés sur les bords, tandis que le C. meniscioides présente des frondes pinnatisèques à lobes entiers et à nervures secondaires s’écartant de la mé- diane sous un angle droit ou très-ouvert. Ce dernier carac- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 339 tère se montre, il est vrai, dans la variété que nous venons &e décrire sous le nom d’expansa. Mais celle-ci est alliée de trop près au C. platyphylla pour concevoir l’idée de l’en séparer avant d’avoir observé la conformation générale des frondes. LOCALITÉS. — Le Clathropteris platyphylla à été recueilli surtout dans l’Est de la France, dans les grès et arkoses de la base du Rhétien, aux environs d’Autun, particulièrement à Auxy, par M. Pellat, à Pouilly près d'Auxerre (Yonne) par M. de Bonnaud, à Frémontrey (Vosges) par M. Ed. Ri- chard qui en a envoyé des échantillons au Muséum de Pa- ris (n° 954), au mont Saint-Étienne (Vosges), près de La- marche (n° 949 de la coll. du Muséum), au ravin de Saint-Phlin, près Nancy (Meurthe) par M. Levallois, ingé- nieur en chef des mines. Cette espèce se montre également aux environs de Mende (Lozère), dans l’Infralias, ainsi qu’à Iettanges, près de Metz, dans la zone à Ammonites angu- latus ; notre variété expansa provient de la Coudre près de Couches-les-Mines, aux environs d’Autun. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 36, fig. 1, base d’une fronde de Clathropteris platyphylla, pour montrer l’origine et la distribution des principales nervures, d’après une fi- gure empruntée à l'ouvrage de M. Schenk, grandeur na- turelle. -— PI. 37, fig. 1, fronde de très-pelile dimension du Clathropteris platyphylla, provenant d’une très-jeune plante, d’après une figure empruntée à M. Schenk, grandeur natu- relle; fig. 2, fronde presque entière de la même espèce, pro- bablement détachée d’une jeune plante, montrant la dispo- sition des nervures principales et l’origine du pétiole, d’après une figure du même auteur, grandeur naturelle ; fig. 3, portion d’une fronde fertile, faiblement grossie, pour montrer la disposition des sores; fig. 4, capsules agglomé- 340 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rées vues sous un fort grossissement ; fig. 5, spore très- grossie; ces trois figures sont empruntées à l’ouvrage de M. Schenk. — PI. 38, fig. 1, segment de fronde de Clathro- pteris platyphylla vu par-dessus, grandeur naturelle; fig. 2, même exemplaire moulé, pour montrer l'aspect de l’an- cienne fronde, grandeur naturelle; fig. 3, empreinte d’un segmeni de fronde du Clathropteris platyphylla, var. « ex- pansa, vu par-dessous, grandeur naturelle ; fig. 4, autre seg- ment de la même variété, entier sur les bords et vu par- dessus, d’après une empreinte moulée, grandeur naturelle. — PI], 39, fig. 4, segment de fronde de la même variété, vu par-dessous, d’après une empreinte moulée, pour montrer l’aspect de l’ancien organe, grandeur naturelle, fig. 4°, dé- tails de la nervation grossis. — PI, 40, fig. 1, segment de fronde de la même variété, vu par-dessous, grandeur na- turelle. Les exemplaires figurés sur les planches 38, 39 et 40 proviennent tous des environs d’Autun et font partie de la collection de M. Pellat. *** Gdontopterideæ. — Frondes pinnatæ vel bi-tripinnate, pinnis pinnatilobatis partitisque, pinnulæ basi adnatæ vel decurren- Les, nervis omnibus e costa pinna- rum œqualiter ortis vel eliam parlim e costa parlim e nervo pin- nularum medio obliquissime pen- ninervio moxque in venulas s0- lulo prodeuntibus. NEUVIÈME GENRE. — THINNFELDIA. Thinnfeldia, Ettingshausen (ex parte, mutatoque sensu), Begr. neu. art. d. as und Ool. fl, p. 4, tab. 1, fig. 8. — Schenk, Foss, #1, von Grenzsch., p. 105. — Schimper, Traité de Pal. véy., 1, p. 494. DIAGNOSE. — Frons coriacea segmentis pinnatifidis parti- = D — oo —— TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 341 tisque, laciniæ alternæ vel oppositæ basi decurrentes con- fluentesque plus minusve polymorphe elongatæ aut abreviatæ integræ sinuatæ vel rartus incisæ ; nervulr e nervo medio ante opicem pinnularum soluto obhquissime progressi complures di- vergentes plerumque dichotomi, partim etiam ad basin pinnu- larum decurrentium e rachi directe exorientes. Kirkneria, Fr. Braun, in Münst. Beitr. 3. Urg. d. pflanz., thelf. VII. Pachypteris, Andreæ, F1, v. Steierdorf, p. 43. Neuropteris, F.Braun, Vers. HISTOIRE ET DÉFINITION, — M. d’Ettingshausen, en fon- dant le genre Thinnfeldia, croyait y reconnaître une GConi- fère à rameaux phyllodés, analogue aux Phyllocladus. M. Schenk, se basant sur des caractères tirés de la forme et de la disposition des stomates et des cellules épidermi- ques, a signalé dans ce même groupe une prétendue affi- nité avec les Cycadées et spécialement avec le type du Stangeria Moore. Aucune de ces opinions n’est soutenable; elles s’appuyent sur l'importance exagérée de certains dé- tails qui ne sauraient prévaloir contre l’ensemble des ca- ractères. L'aspect des différentes parties de la fronde, leur mode de partition, la nervation, la forme des rachis et du pétiole dénotent certainement dans ce type une fougère de texture coriace et plus ou moins éloignée des nôtres, comme la plupart de celles des temps jurassiques. C’est ce qu'avait parfaitement compris M, F. Braun, en signalant le prèmier les 7’innfeldia, sans les décrire pourtant, sous le nom de Æirkneria. Quoique cette dénomination généri- que n’ait pas été définitivement adoptée, il est juste de dire que la manière de voir du savant qui l’avait proposée s’est trouvée plus tard la seule réelle, 342 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Les T'hinnfeldia se distinguent surtout par l’obliquité de leurs veines ramifiées-dichotomes, émises le long de la nervure médiane de chaque pinnule. Celte nervure, très- nette à son origine, va en s’affaiblissant et se perd avant le sommet du lobe en se ramifiant comme chez les Newropte- ris. Le bord des segments est entier et leur texture co- riace. Plus ou moins allongés, selon les espèces, incisés jusqu’au rachis à leur côté supérieur, souvent tronqués obliquement et toujours plus ou moins rétrécis à la base, ces segments deviennent confluents vers l’extrémité de la peanne, décurrents ou même sinués et irrégulièrement lobés inférieurement, de manière à rendre le rachis principal ailé ou accompagné d’une bordure. Dans cette partie, il existe toujours des veines sorties directement du rachis etqui suivent la même marche queles autres. Les 7’hinnfeldia sont des fougères très-polymorphes, de taille moyenne ou petite, simplement pinnées ou pinnatifides et qui ont sans doute occupé une grande place dans la végétation des divers étages du Phétien et de l’Infralias. Elles ne se montrent pas avant et disparaissent, à ce qu'il paraît, immédiatement après. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'existence d’une nervure médiane, plus ou moins développée, d’où sortent la plu- part des veines secondaires, sépare les Zhinn/feldia des Ctenopteris et des Odontopteris, en dehors du faciès tout particulier que revêtent ces fougères. Elles se rapprochent aussi à divers égards des Pachypteris et des Dichopteris, ty- pes coriaces dont la nervation n'est pas toujours appa- rente et qui remplacent les Zhinnfeldia dans l’Oolithe infé- rieure. Cependant les pinnules des Pachypteris sont oppo- sées et uninerviées, celles des Dichopteris manquent de médiane et sont toutes longitudinales; chez les Scleropte- ris enfin les nervures sont invisibles, ou si elles existent la TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 343 branche-mère longe le côté dorsal des pinnules souvent incisées sur le bord antérieur. Nous verrons qu'aucun de ces genres ne saurait être confondu avec celui des 7hinn- feldia, si l’on a soin de bien fixer les caractères différentiels de chacun d’eux. Parmi les genres actuels, il en est très-peu de réelle- ment assimilables aux Thinnfeldia ; les formes les plus rapprochées en apparence se montrent chez les Aneïmia (A. Raddiana Liok., Brésil; A. Vellosa Humb. et Bompl., Am. équatoriale; À. Adiantifoha Sw., Colombie); il en existe d’autres en plus petit nombre dans les genres Mi- crolepia, Davallia, Asplenium, Gymnogramme, particulière- ment chez ces derniers. Ce serait pourtant une illusion que de vouloir supposer qu’il puisse exister des analogues di- rects du type des Z’hinnfeldia, vraisemblablement éteint et au sujet duquel labsence de tout vestige de fructification empêche d'avancer même des conjectures. LOCALITÉS. — Legenre T'hinnfeldia est très-répandu dans le Rhétien d'Allemagne, à Eckersdorf aux environs de Bay- reuth, à Steierdorf dans le Bannat; en France, dans l’In- fralias de Mende et à Hettanges (Moselle), dans la zone à Ammonites angulatus. N° 1. Whinnfeldia rhomboidalis. PI. 43, fig. 1-2 et 4-8. Thinnfeldia rhomboidalis, Ettingshausen, Begr. ein. neu. art, d. Lias und Oolith. fl, p. 2, tab. 1, fig. 4-7. — _ Schenk, Foss. F1, v. Grensch., p. 116, tab. 27, fig. 1-8. en + Schimp., Traité de pal. vég., 1 p. 496, PI. 44, fig. 1. , DIAGNOSE, — 7, fronde, ut videtur, bipinnata, pinnis pri- 344 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. marûs petiolatis pènnatipartilis apice pinnatifidis obtusis, laci- nus alternis plerumque patentibus aut plus minusve obliquis ovato et oblongo-rhomboideis basi in rachin anguste alutam de- currentibus, sursum inter se et cum lobo terminali confluenti- bus, margine repando-sinuatis. Kirkneria ovala, K. mutabilis, K. trapezoidalis, Fr. Braun, Beitr., VIL, tab. 2 et 3, fig. 7-9. M. Schenk, dans son bel ouvrage sur la Flore de l'étage rhétien de Franconie, et M. Fr. Braun, dans sa monogra- phie du genre Ærkneria, ont figuré de beaux spécimens de cette espèce. Les frondes sont bipinnées, mais on rencon- tre presque toujours les pennesisolées, et peut-être que ces organes qui sont distinctement et assez longuement pélio- lés se détachaient naturellement du rachis principal. La structure bipinnée ressort de l’examen de l’une des em- preintes figurées par Schenk (1). Les rachis partiels étaient épais, sillonnnés el accompagnés d’une bordure continue fort étroite provenant de la décurrence des pinnules ou la- cinies. Celles-ci affectent des formes très-variées. Nor- malement, elles sont ovales-oblongues, sub-rhomboïdales, obliquement tronquées jusqu’à la nervure médiane à leur base antérieure, sinuées et décurrentes inférieurement. C'est ce que montrent les fragments fig. 4 et 2 de notre planche 43, qui concordent bien avec les figures 4 et 5, pl. 28, de l'ouvrage de Schenk. Notre figure 4 se rapporte bien au même type, mais déjà les pinnules sont devenues plus obliques, plus allongées et plus obtuses. Il en est de même pour les figures 5 et 6, même planche, que nous rapportons avec plus de doute à la même espèce, mais dont l’analogie est évidente avec les figures 2 et 3, pl. 27, (1)°L."c.; tab. 11, fig. 6, TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 345 de l’ouvrage de Schenk, identiques elles-mêmes avec la fig. 2, pl. 2, du mémoire de Fr. Braun. Cette figure se rapporte au Âtrkneria ovata de ce dernier auteur que MM. Schenk et Schimper réunissent au 7h. rhomboidals. La figure 7 de notre planche 43 se rapporte à la portion d’une penne voisine de son sommet ; les pinnules y devien- nent confluentes, et le limbe s’élargit ; il est découpé sur les bords en sinuosités peu profondes et laisse entrevoir une terminaison très-obtuse. Cette empreinte que nous . n’osons séparer des précédentes offre une grande ressem- blance avec la figure 8, pl. 3, du mémoire précité de Fr. Braun, attribuée par lui à son ÆXwrkneria mutabilis et transportée à tort par Schenk dans le genre Dichopteris, sous le nom de 2). incisa, tandis que M. Schimper la réunit au Thinnfeldia laciniata Schenk, espèce à feuilles simples, dont l’existence dans le terrain de Mende n'aurait rien que de naturel; mais il est impossible de l’établir sur d'aussi petits fragments. La figure 8 de notre planche 43 nous semble plus explicite; c’est une penne détachée, pé- tiolée et intacte à la base; elle est garnie de pinnules courtes, adhérentes, un peu dilatées et très-obtuses au sommet ; la nervure médiane de chaque pinnule est à peine développée ; elle est pourtant visible. Cet échantillon offre les plus grands rapports avec la figure 1, pl. 2 du mé- moire de Fr. Braun (Æ%rkneria ovata), reproduite par Schenk (1) et attribuée par lui au 7hinnfeldia rhomboïdalis. La forme des pinnules de notre échantillon le rapproche encore plus de la figure 6 de ce dernier auteur (2) qui montre une penne encore rattachée au rachis principal, Il nous semble difficile d’après tous ces indices de ne pas (1) F1. d. Grenzsch., tab. xxvir, fig. 1. (2) Lbid., tab. xxvis, fig. 6. 346 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. admettre l'existence du Thinnfeldia rhomboïdalis dans l’In- fralias des environs de Mende. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le 7h. rhombordalis diffère du Th. recurrens par des lacinies plus courtes, moins allon- gées et non atténuées en un sommet acuminé. Celles du Th. obtusa sont au contraire allongées et terminées d’une façon obtuse, tandis que le 7h. saligna présente des frondes simples, entières ou irrégulièrement lobées. LOCALITÉS. — Calcaires bleus près de Mende, Lozère, zone à Ammonites angulatus, reçu en communication par l'intermédiaire de M. Fabre, garde général des forêts. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 43, fig. À et 2, seg- ments de fronde du Zhinnfeldia rhomboidalis Kttingsh., grandeur naturelle; fig. 4, autre segment dont les lobes affectent une terminaison plus obtuse ; fig. 5 et 6, autres segments attribués avec doute à la même espèce; fig. 7, fragment d’une penne à un endroit rapproché de sa termi- naison supérieure; fig. 8, autre segment rapporté à la même espèce et muni de lobes très-obtus, Ces empreintes sont toutes figurées avec leur grandeur naturelle. N° 2. Thinnfeldia obtusa. PI. 43 , fig. 3. Thinnfeldia obtusa, Schenk, Fess. Fl. d. Grenzsch., p. 115, tab. 26, fig. 6-8. _— —— Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 496. DraGNose. — 7. frondis laciniis alternis subalternisque pa- tentibus distantibus oblongo-linearibus obtusis bast inferiori de- currente plus minusve auriculatis, basi antica usque ad nervum medium excisis, nervo laciniarum medio primum fortiter ex- FT TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 347 presso paulatim attenuato sursum ante apicem soluto ibique penninervio, nervulis insuper plurimis e rachi in alas basilares excurrentibus. Nous figurons un {rès-bel exemplaire de cette espèce, signalée en France par notre ami M.Schimper et recueillie dans l’Infralias de Mende par M. Fabre, garde général des forêts, à qui nous devons la communication de l’échantil- lon original. Les segments sont alternes, étalés, un peu obliques, distants, linéaires-oblongs, faiblement atténués et obtus au sommet. Incisés sur leur côté antérieur jusqu’à la côte médiane du segment, ils sont décurrents, sinués et subauriculés inférieurement. Les nervures secondaires sor- tent, dans une direction très-oblique, d’une médiane forte- ment prononcée à son origine, mais qui s’affaiblit et dispa- rail avant le sommet des segments. D’autres nervures issues du rachis s'étendent dans le même sens que les premières; ioutes sont bifurquées-dichotomes, très-nombreuses et at- teignent le bord qui est cerné par un ourlet marginal et parfaitement entier. Les segments sont loin d’être égaux ; les supérieurs étaient d’un tiers au moins plus longs que ceux de la base; du reste, l’empreinte est mutilée à ses deux extrémités. Il est fort possible que les échantillons, fig. 5 et 6, pl. 43, aient appartenu à cette espèce plutôt qu'à la précédente. Mais la polymorphie inhérente au genre Z'hinnfeldia sera longtemps un obstacle à la délimi- tation des espèces dont il est composé. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La terminaison obtuse des segments allongés et sublinéaires, non acuminés ni trapé- zoïdes, conslilue le caractère différentiel le plus saillant, on peut dire le seul au moyen duquel on distingue le Thinnfel- dia obtusa des Th. decurrens et rhomboidalis. Les segments toujours entiers le séparent de l’espèce suivante, mais ce 348 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, caractère n’est pas toujours facile à discerner, puisque celle-ci, comme nous allons le voir, présente des segments entiers, oblongs et obtus à la partie supérieure des frondes. C'est cette particularité qui a porté M.Schimper à indiquer le Thinnfeldia obtusa dans la flore des grès de Hettanges où en réalité il n’existe pas, au moins à notre connaissance. LocaziTÉ. — Calcaires bleus infraliasiques des environs de Mende (Lozère), zone à Ammonites angulatus ? ; coll. de M. Fabre. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl, 43, fig. 3, portion de fronde du Thinnfeldia obtusa Schenk, grandeur naturelle, d’après un dessin communiqué par M. Schimper et exécuté sur l'original. N° 3. Whinnfeldia incisa. PI. 41, fig. 3-4 et 492, fig. 1-3. DiAGNOSE, — 7°. fronde rigide coriacea pinnata vel bipinnata, segments lanceolato-oblongis linearibus semipatentibus basi angustatis apice lanceolatis deorsum stricte decurrentibus, in- ferioribus grosse serrato-lobatis, superioribus integris ; nervo medio longe ante apicem laciniarum soluto obliquissime penni- nervio, nervis Secundarüs immersis œægre perspicuis plerumque furcañs. T'hinnfeldia obtusa (ex parte), Schimper, Traité de Pal, vég., H, p. 496. Nous devons à la bienveillance de M. Schimper la con- naissance de cette nouvelle et curieuse espèce et à M. Ter- quem la communication des échantillons originaux, dont la collection du Muséum de Paris possède des doubles. Les segments entiers, oblongs, obtus, de quelques-unes de ces empreintes qui se rapportent à l'extrémité supérieure des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 349 frondes leur donnent une assez grande ressemblance avec le Thinnfeldia obtusa Schenk (1). C’est ce qui avait engagé M. Schimper à signaler la présence de cette dernière es- pèce dansles grès de Hettanges. L’échantillon remarquable, trouvé en dernier lieu et reproduit sur notre planche 42, fig, 4 et 2, lève pour nous tous les doutes et nous montre un Zhinnfeldia très- différent de tous ceux que nous con- naissions jusqu'ici. Cette forme est à celles que nous venons de décrire et aux autres espèces du groupe ce que l’Odon- topteris crenulata Brongn. est aux Odontopt. Brardü, mi- nor et Schlotheimü; ses caractères sont de plus très-nets. Il est difficile de savoir si les frondes étaient plusieurs fois pinnées, mais la texture coriace et rigide des portions conservées n’est pas douteuse. Les segments sont lancéolés- oblongs, retrécis à la base, mais iégèrement décurrents à leur côté inférieur ; ils sont écartés, diminuant de dimen- sion à mesure qu'ils se rapprochent de la terminaison su- périeure, mais nullement confluents entre eux et parfaile- ment entiers (voy. fig. 3 et 4, pl. 41); ceux de la base au contraire dont la forme générale est à peu près la même sont très-nettement incisés à lobules étroits, pointus, dis- tants et un peu recourhés en faux. Le lobe terminal est assez grand, lancéolé-obtus et sinué légèrement. La nerva- tion, bien distincte sur cette empreinte, comprend une médiane nettement exprimée à son origine, successive- ment alténuée, puis disparaissant bien avant le sommet (voy. fig. 2*, pl. 42). Elle donnait naissance à des veines secondaires extrêmement obliques, presque longitudinales dans le haut et le plus souvent bifurquées ; quelques-unes des plus inférieures paraissent sortir directement du rachis. (1) Pour se rendre compte de cette ressemblance, il faut comparer les figures 3 et 4, pl. 41, avec les figures 3 et 4, pl. 43. 350 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Il n’y a donc pas de doute touchant l'attribution de cette espèce au genre Z'hinnfeldia. Des deux autres échantillons que nous figurons, l’un dont la figure 3, pl. 41, montre l'empreinte et la figure 4, même planche, l’aspect primitif restauré d’après un moule, ne présente que des segments - entiers, plus larges, moins écartés, mais conformés comme ceux de l’exemplaire précédent ; de plus lesegment le plus inférieur laisse voir distinctement deux dents le long de sa marge exlérieure, ce qui suffit, selon nous, pour motiver lattribution que nous en faisons. L'autre échantillon, fig. 3, pl. 42, représente une empreinte plus douteuse et plus difficile à classer. Les segments sont ici tout à fait étalés, plusieurs paraissent lobulés ou du moins fortement sinués vers la base. 1l nous semble en l’état que l’on ne saurait sans invraisemblance la séparer des autres et dans notre idée elle serait le fragment latéral d’une fronde bipinnée dont les empreintes décrites plus haut représenteraient les por- tions terminales. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le 7'hinnfeldia incisa diffère par ses segments lobulés de tous les autres Zhinnfeldia ; il se rapproche plutôt de l’Odontopteris crenulata Brongn. , dont les lacinies ont cependant une toute autre forme. Il présente une ressemblance, qu'il est impossible de ne pas faire ressortir avec le Sphenopteris oxydata Gæpp.(1}, espèce du Permien de Nieder-Rathen, dans le comté de Glatz. Il n’est pas sans analogie non plus avec le Ctenopteris Itiert dont les segments se terminent par un lobe sinué, plus grand que les pinnules latérales; mais celles-ci ne sauraient être assimilées aux dents peu profondes de notre 7h. incisa, Parmi les Fougères actuelles, c’est surtont avec les Gymno- gramme que cette espèce peut être comparée; il faut citer (1) Voy. Gœæppert, Foss, FL. d, Perm. form., p. 91, tab. 12, fig. 1-2. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 31 particulièrement le G. calomelanos Kaulf., de l'Amérique tropicale ; elle rappelle aussi, dans une autre tribu, le Mr- crolepia cystopteroides Presl, de Guatemala. LocaITÉ. — Grès de Hetlanges (Moselle), zone infraliasi- que à Ammorites angulatus; coll. de M. Terquem (musée de Metz), et du muséum de Paris. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 41, fig. 3, portion ter- minale d’une fronde ou d’un segment de fronde de 7'hinn- feldia incisa, d’après un dessin communiqué par M. Schim- per, grandeur naturelle; fig. 4, même empreinte restaurée d’après un moule qui montre l'aspect de l’ancien organe vu par-dessus. — PI. 42, fig. 1, portion terminale d’une autre fronde de la même espèce, grandeur naturelle, d’a- près un dessin, conforme à l'échantillon original, commu- uiqué par M. Schimper ; la substance même de la fronde, qui!est vue par-dessus, est presque intégralement conservée et correspond aux parties noirâtres de la figure ; il est fa- cile de juger de la texture coriace de l’ancienne fronde par l’épaisseur du résidu charbonneux; fig. 2, même échan- tillon dessiné au trait pour rendre exactement le contour des lobes et la disposition des nervures; fig. ®%, pinnule isolée grossie pour montrer les détails dela nervation; fig. 3, fragment d’une penne latérale de la même espèce, d’après un exemplaire communiqué par M. Terquem, grandeur paturelle. DIXIÈME GENRE. — CTENOPTERIS. Ctenopteris, Brongniart, in litteris. DrAGNOSE. — Frons pinnata vel bi-tripinnata, pinnæ elon- gato-lineares pinnatipartitæ basiexappendiculatæ, pinnuleæ basi tota adnatæ decurrentes inter se liberæ versus apicem pinna- 352 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. rum. plus minusve confluentes, nervi omnes costa exorientes sümplices furcatique divergentes, nervo medio nullo, nervuls mediis dense quandoque fasciculatis ; fructificatio ignota. Odontopteris (ex parle), Gœppert, Syst. fil. foss., p. 219. Cycadopteris, Schimper (non Zigno), Traité de pal. vég., 1, p. 487. HISTOIRE ET DÉFINITION, — Nous désignons, d’après le conseil de M. Brongniart, sous le nom de Céenopteris, un type jurassique assez mal apprécié jusqu'ici et qui nous pa- rait représenter les Odontopteris à l’époque du Lias et de l'Oolithe ; il se pourrait même qu’il ne fût qu’un prolon- gement de ce groupe remarquable dont la présence Ca- ractérise non-seulement la flore carbonifère, mais aussi celle du terrain permien. La liaison est trop intime entre nos Céenopteris et les Odontopteris proprement dits pour ne pas admettre l'existence d’une parenté réciproque dont nous essayerons plus loin d'apprécier le degré. Les Ctenopteris, dont l'espèce principale est une de celles qui caractérisent le mieux la partie inférieure du Lias, présentent des frondes plusieurs fois pinnées, de texture évidemment coriace, munies de pinnules distinctes jusqu’à la base, mais adhérentes par cette base entière au rachis auquel elles sont attachées; les nervures, souvent peu visibles, parce qu’elles disparaissent dans l’épaisseur du parenchyme, sont toutes longitudinales et naissent également de la côte médiane des segments pour s'étendre ensuile dans les pinnules en divergeant légèrement, elles sont indifféremment simples ou bifurquées etles moyennes de chaque pinnule sont en même temps les plus déve- loppées, mais on ne distingue chez elles aucun vertige d’une médiane proprement dile. La fructification est in- connue jusqu'ici. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 353 RAPPORTS ET DIFFÉRENCES.— Les Odontopteris paléozoïques s’écartent des Ctenopteris jurassiques par la consistance présumée membraneuse de leurs frondes, mais surtout par la présence à peu près constante chez eux d’une pin- nule difiérente des autres, située à la base de chaque seg- ment; ce dernier caractère qui emprunte à sa constance une assez grande valeur ne s’observe pas chez les C{enop- teris. Il est impossible de ne pas faire remarquer à quel point l’Anotopteris distans, Schimp. (Neuropteris distans Presl), du Keuper moyen de Stuttgard rappelle par son as- pect et par tous les détails visibles de sa nervation le type des Ctenopteris ; c’est là une sorte de lien entre ce genre et celui des Odontopteris dont les espèces se montrent sur- tout dans le Permien. Le nom de Cycadopteris, proposé par M. Schimper, avait été choisi en vue de faire ressortir une autre particularité du groupe qui nous occupe et que sa consistance coriace, sa nervation, comme la forme de ses incisures, ont souvent porté à ranger à tort parmi les Cyca- dées. Cependant, le terme de Cycadopteris ayant été ap- pliqué par M. de Zigno à un genre tout différent de Fou- gère, des terrains oolithiques de Vénétie, il était impos- sible, à cause du droit de priorité de l’auteur italien, de conserver à l’Odontopteris cycadea de Berger la dénomina- tion, d’ailleurs si exacte, adoptée par M. Schimper ; celle de Ctenopteris n’exprime pas moins bien la physionomie de ce genre curieux dont les affinités véritables demeurent d'autant plus obscures que le mode de fructification en est encore inconnu. Toutefois, il n’existe plus de doute au su- jet de la nature ptéridologique du groupe, et les pennes dé- tachées ne sauraient être confondues avec les vrais Ptero- phyllum, ainsi que le démontrent l'absence de pétiole, la di- minulion graduelle des pinnules soudées légèrement à la VÉGÉTAUX. — J, 23 354 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. base et la disposition même des nervures. Les Céenopteris se distinguent des Z’hinnfeldia par leurs pinnules non -rétré- cies à la base et l'absence de toute nervure médiane ; des Dichopteris et des Scleropteris par des pinnules non contrac- tées en pétiole, plutôt légèrement soudées entre elles ou décurrentes à leur côté inférieur. Il faut avouer pourtant qu'il est difficile de marquer nettement la différence entre les Ctenopteris et les Dichopteris de M. de Zigno. Une es- pèce de ce dernier genre, le Dichopteris microphylla, a présenté des sores arrondis, disposés en séries longitudi- nales recouvrant toute la face inférieure des pinnules qui sont oblongues, arrondies au sommet, légèrement resser- rées à la base et adhérentes au rachis. Malheureusement, la nervation n’est pas visible dans cette espèce qui rappelle l’'Acrostichites Williamsonis, Gæpp., et pourrait bien en avoir été congénère. Rien ne prouve que les Pichopteris visia- nica, angustifolia et rhombordalis, qui sont les principales espèces du genre, et sur lesquelles l’auteur s’est basé pour l’établir, aient été pourvus du même mode de fructifica- tion que le Dichopteris microphylla, sauf la bifurcation pré- sumée, et en réalité probable, d’après l’échantillon figuré, du rachis principal ; mais ce dernier caractère qui a fourni à M. de Zigno la dénomination de Dichopteris peut avoir été accidentel, ainsi qu'on le remarque chez beaucoup de Fougères vivantes ; il cesserait dès lors d’être l'indice d’une affinité générique entre les espèces qui le présentent. Il est certain que les Dichopteris visianica, rhomboïdatis et longifolia (ces deux derniers et peut-être tous les trois ne forment sans doute qu’une espèce) reproduisent fidèlement la nervalion des C{enopteris, c'est-à-dire des nervures lon- gitudinales sortant plusieurs ensemble du rachis pour s’en- gager dans des pinnules adnées à la base, libres et même TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 35 légèrement contractées inférieurement, mais plus ou moins décurrentes et soudées entre elles par leur extrême base. Si l’on fait donc abstraction des fructifications, rien de plus naturel que de considérer les Dichopteris comme repré- sentant dans l’Oolithe des Alpes vénitiennes les C'fenopteris du Lias, tout en observant que leur physionomie les lie étroitement aux Pachypteris et aux Scleropteris vers Les- quels ils semblent opérer un passage. L’incertitude qui règne forcément au sujet de la signification véritable de tous ces types, si imparfaitement connus jusqu'ici, ne permet de rien affirmer de plus décisif à leur égard. N° 1. Ctenoptoris cycad£a. PI. 40, fig. 2.5 et A1, fig. 1-2. Ctenopteris cycadea, Brongn., in litt. DIAGNOSE. — €. fronde bipinnata, pinnis pinnatipartitis, pinnulis infima basi units, oblongis obtusis obliquis sæpe su- bincurvis coriaceis integerrimis subtusque margine sœpius re- volutis, nervis fere semper immersis, omnibus e rachi exo- rientibus leviter inter se divergentibus apice furcatis. Filicites cycadea, Brongniart, Hist. des vég. foss., 1, p. 387, pl. 129, fig. 2-3. Odontopteris cycadea, Berger, Verst. d. Coburg. Geg., p. 23 et 21; Ple 9; Age 289 _— — Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 92. — — Brauns, Palæontog. IX, p. 51, tab. 13, fig, 5. Odontopteris Bergeri, Gœppert, Syst. fil. foss., p. 219. Cycadopteris Bergeri, Schimper, Traité de Pal. vég., I, p. 487. Filicites Agardhiana, Brongniart, in Ann. sc. nat., 1V, p. 218, pl 12, e,3, Cette espèce caractérise très-nettement l’Infralias et par- ticulièrement la zone à Armonites angulatus. Elle est fré- 356 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. quente dans le grès de Hettanges où ses pennes se montrent en fragments plus ou moins entiers, mais, jusqu'ici du moins, n’ont pointété trouvées réunies au rachis principal, soit que ces pennes aient été naturellement caduques, soit qu’elles aient élé fragiles. Cette dernière supposition s’accorderait avec la texture évidemment coriace de ces organes. Une belle figure de M. Brongniart, exécutée sur un dessin com- muniqué à ce savant par M. Partsch et reproduisant un échantillon de Waithofen en Autriche, nous montre les pennes dans leur position normale, c’est-à-dire espacées régulièrement et attachées plusieurs ensemble le long d’un “rachis principal d’où elles s’écartent sous un angle très-ou- vert (1). Les frondes étaient donc bipinnées et atteignaient sans doute à de très-grandes dimensions. Les pennes ré- gulièrement pinnatipartlites étaient garnies de pinnules co- riaces, oblongues, obliques ou légèrement recourbées en faux, entières sur les bords, obtuses ou même sub-tron- quées au sommet, très-rapprochées ou même contiguës, mais libres, sauf à l’extrême base par laquelle elles étaient soudées ensemble sur une très-faible étendue. Cette sou- dure, à peine distincte vers le bas des pennes, se trouve un peu plus prononcée à leur extrémité supérieure où par conséquent les pinnules se montrent légèrement con- fluentes; elles reproduisent du reste à cet égard, avec une exacte fidélité, le mode de terminaison propre aux pennes de l’Odontopteris Brardii. On reconnaît aisément que les deux faces des pinnules étaient loin de se ressembler, et en s’aidant d’un moulage, que la netteté des empreintes de Hettanges rend facile, on reconstitue l’aspect des anciennes frondes. La face supérieure, dont la figure 2, pl. 40, offre un très-bel exemple, était convexe, tandis que sur la (1) Voy. Brongniart, His . des vég. foss., 1, pl. 129, fig. 3. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 36) face opposée, fig. 2, pl. 41, les pinnules forment un creux cerné par les bords légèrement repliés. Les nervures sont le plus ordinairement invisibles, immergées dans l’épais- seur du parenchyme. Elles se montrent dans d’autres cas sous la forme de linéaments saillants, et partent toutes de la côte principale au nombre de 5 à 7. Elles s’étendent longitudinalement d’un bout à l’autre de la pinnule, tantôt simples, tantôt bifurquées et souvent dès la base. On ne distingue parmi elles aucune trace de médiane. Cependant, la nervure longitudinale qui correspond au milieu de cha- que pinnule est plus forte, surtout vers la base, que celles qui l’accompagnent; elle s’étend plus loin et paraît plu- sieurs fois ramifiée, ce qui a bien pu lui donner l’appa- rence d’une médiane dans certains cas. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il est impossible de ne pas remarquer le rapport que présente la fronde du C'éenopteris cycadea, fig. 2, pl. 40, avec celle de l’Odontopteris Brardü, telle que M. Brongniart l’a figurée, pl. 76, de son grand ou- vrage. La disposition est la même des deux parts; seulement les pinnules de l'espèce jurassique sont plus obtuses et moins recourbées au sommet. C’est de cette espèce et en- core plus de l’Odontopteris obtusa, Brongn. (Hist. des vég. foss., I, pl. 78, fig. 4), réuni par M. Schimper à l'O. lingulata, Gæpp., que le C'éenopteris cycadea nous paraîl surtout se rap- procher; mais l’absence de tout développement de la pin- nule inférieure de chaque segment constitue un caractère différentiel assez imporlant pour motiver la distinction gé- nérique que nous avons adoptée. Le Ctenopteris cycadea ne saurait être confondu avec aucune autre Fougère jurassi- que, mais il serait possible que certains Péerophyllum d’at- tribution incertaine, particulièrement les Péerophyllum crassinerve el Münsteri (Pterozamites, Schimp., Traité de pal. 358 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. vég., II, p. 145 et 146) ne fussent autre chose que des fragments du Ctenopteris cycadea; du moins les figures 5 et surtout la figure 9, pl. 39, de l’ouvrage de Schenk (1), porteraient à le croire, tellement elles reproduisent le fa- ciès de la fougère de Hettanges. On pourrait en conclure au moins qu'il y a eu confusion partielle entre des types si voisins en apparence ; en réalité, la nervation du Ctenop- teris cycadea s'écarte trop de celle qui caractérise les vrais Pterophyllum pour ne pas fournir un moyen de discerner l'un de l’autre ces deux types. LOcALITÉS. — Grès de Hettanges (Moselle), zone à Am monites angulatus, Coll. du muséum de Paris, de l’École normale et du musée de Metz (M. Terquem). En dehors de France, l'espèce a été signalée dans le Rhétien de Seins- tedt, à Hôr en Scanie, aux environs de Coburg, d’'Halbes- tadt, de Quetlinburg, dans le grès infraliasique. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 40, fig. 2, fragment de penne vu par-dessus avec la trace distincte des nervures, d'après un exemplaire moulé appartenant à la collection de l’école normale, grandeur naturelle; fig.3, 4et5, autres fragments de penne, vus par dessous, grandeur naturelle. — PI. 41, fig. 4, penne presque entière, coll. du muséum de Paris, envoi de M. Terquem en 1857 ; fig.2, même exemplaire moulé pour montrer l'aspect véritable de l’ancien organe, grandeur naturelle. N° 2. Ctenopteris Itieri. PI, 44, fig. 1-3. DIAGNOSE, — C. fronde mediocri rigide coriacea rachi va- lida deorsumque peholo subincurvo 3 1/2 centim. longo ins- tructa, bipinnata, pinnis breviter productis pinnatilobatis par- (1) Fuss. Fl. v. Grenzsch., pl. 39, fig. 5-6 et 9. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 339 titisque, pinnulis utrinque 3-4 oblongis obliquis apice obtusa- tis basi parum restricta costæ pinnarum adnatis cœæterum inter se discretis, inferioribus pinnæ cujusque dilatatis basi latiore rachi inde alata sivesecundaria sive primaria adhærentibus, su- perioribus vero cum terminalimazxima dilatata subsinuata o0b- tusissimeque oblonga quandoque confluentibus ; nervo medio in pinnulis nullo, nervulis e rachi secundario exorientibus, de- hinc pluribus in pinnulas lobosque pergentibus, simplicibus furcatisve, in lobum terminalem obliquissime e costa media paulo ante apicem evanida progressis. Pecopteris Itieri ? Pomel, Matériaux pour servir à la flore fossile jurass. de la France (in Amtl. Ber. ub. d. funfundz. Vers. d.Ges.Deutsch. naturforsch., etc., p. 337). IL est probable, sinon certain, que cette curieuse espèce, dont je dois la communication à M. Itier, est la même que M. Pomel avait dédié à ce savant dans son essai sur la Flore jurassique de France ; sa description très-courte et un peu confuse s’applique assez bien effectivement à la plante que nous allons décrire et la provenance est à peu près celle qu'il indique. La fronde est presque entière, robuste, roide, coriace, haute seulement de 13 centimètres en y comprenant le pétiole. Celui-ci est épais et un peu recourbé à la base qui est tronquée carrément. Le rachis principal est épais relativement ; il devait être cylindrique et n’est pas canali- culé ; il est tordu, probablement brisé vers les deux tiers de sa hauteur, et l'extrémité manque; mais on peut juger que l’organe ne se prolongeait guère au delà de la partie mutilée, C'était une fronde d’une dimension plus que mé- diocre, mais peut-être a-t-elle fait partie d’une plante 360 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. jeune ou imparfaitement développée, ce que l’on pourrait induire de l’avortement partiel des pennes sur tout un côté de l’organe. Les pennes ou segments primaires sont alternes, sub-érigés, très-courts relativement, puisque la longueur des plus développés n’excède pas 2 1/2 centimè- tres. Leur forme est très-caractéristique. Sur un rachis partiel très-mince, surtout en comparant son épaisseur à celle du rachis principal, on observe de chaque côté 9 à 3 et jusqu’à 4 pinnules obliques, oblongues, entières, faible- ment rétrécies à la base et arrondies au sommet, libres en- tre elles, mais adnées au rachis et séparées par des sinus arrondis très-étroits. La plus élevée de ces pinnules est plus ou moins confluente avec le lobe terminal qui est grand, ovale-allongé, un peu sinué vers son milieu et ar- rondi ou très-obtus à l’extrémité. Ce lobe terminal égale à peu près par sa dimension tout le reste du segment ; son étendue proportionnelle augmente à mesure que l'on se rapproche du sommet de la fronde, tandis que le nombre des pinnules tend à diminuer. Le dernier segment visible ne compte plus qu’un seul lobe et les plus élevés devaient être tout à fait simples. Si au lieu de considérer le sommet des pennes, or observe leur base, on voit à la partie infé- rieure de chacune d'elles s’étaler une pinnule ou lobe dif- férent des autres, ayant une base très-large, séparé d’eux par un plus grand intervalle et adhérent, soit au point de jonction des deux rachis, soit plus bas au rachis principal lui-même qui se trouve muni d’une appendice qui le rend ailé. Cet appendice en forme d’auricule se montre égale- ment dans un genre oolithique que nous examinerons plus loin, celui des Zomatopteris de M. Schimper. On l’observe, quoique rarement, chez quelques Fougères actuelles, mais la façon dont il est ici disposé rappelle encore mieux ce TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 361 qui existe chez les Odontopteris paléozoïques, où la pin- nule inférieure de chaque penne se distingue des autres par une forme et un développement tout particuliers. Il nous reste à examiner le mode de nervation de ceite plante ; ce mode est très-difficile à saisir à cause de la tex- ture coriace du tissu foliacé. On distingue très-bien la côte de chaque segment ; on la voit se prolonger jusque dans le lobe terminal, et s’y perdre avant le sommet, en émettant des nervures très-obliques comme celles des Neuropteris ; sur les pinnules latérales au contraire, il n’existe aucune trace de médiane, mais quelques-unes d’entre elles mon- tirent le dessin veineux que notre figure 1°, pl. 43, re- présente grossi et qui range fort naturellement cette es- pèce parmi les Cfenopteris ; chaque pinnule reçoit en effet directement de la côte médiane ou du rachis lui-même plusieurs nervures longitudinales, la plupart bifurquées vers le milieu de leur parcours, les autres demeurant sim- ples. Une deuxième empreinte, fig. 2, pl. 44, provient du même gisement que la première ; elle semble représen- ter la fronde d’une jeune plante de la même espèce. Un troisième exemplaire, intermédiaire pour la dimen- sion entre les deux précédents, nous a été envoyé par M. Falsan qui l’a recueilli lui-même dans les schistes du lac d’Armaiile. Il représente (voy. fig. 3, pl. 44) une fronde presque entière, mutilée seulement au sommet par une brisure. Cet accident ainsi répété témoigne sans doute de la consistance fragile de l’ancienne espèce. Les pennes sont courtes, pinnatifides à partir du milieu de l’organe et décurrentes inférieurement sur le rachis qui porte le lobe hors-paire que nous avons déjà signalé. Chacune de ces pennes, sauf les segments inférieurs qui sont indivis et con- tigus, se termine par un lobe obtus et allongé. La nerva- 362 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tion, difficile à percevoir, ne diffère pas de celle que nous avons signalée en décrivant le grand échantillon. Toute- fois, les lobes sont plus larges et moins profondément in- cisés, et la ressemblance de cette fronde avec celles du Zo- matopteris Dumortieri qui appartient au même horizon ne saurait échapper, malgré la distance qu’un système de nervalion tout à fait différent met entre les deux types. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'espèce la plus voisine nous paraît être l’Odontopteris Schloteimi Brngt., dont les pinnules sont cependant plus larges et plus arrondies. Il faut citer encore un fragment rapporté par M. Brongniart à l’Odontopt. obtusa et constituant peut-être une espèce distincte (1). Il représente l’extrémité supérieure d’un seg- ment d'Odontopteris avec le lobe terminal élargi, oblong et obtus, très-analogue aux segments de l’espèce jurassique. L'analogie de notre espèce avec le T’hinnfeldia obtusa est déjà plus éloignée. Les pelits lobes isolés, en forme d’au- ricules, attachés au rachis principal, se retrouvent, comme nous l’avons remarqué chez les Lomatopteris, mais les pin- nules de ceux-ci sont repliées en dessous le long du bord et pourvues d’une nervure médiane distincte. Parmi les Fougères actuelles, ce sont les Gymnogramme qui offrent le plus de points de contact, mais cette affinité est encore bien indirecte. LOCALITÉS. — Orbagnoux (Ain), collection de M. Itier; schistes du lac d’Armaille, coll, de M. Falsan ; étage kim- méridgien inférieur. M. Pomel indique son Pecopteris Ier à Seyssel, localité qui se range sur le même horizon géo- gnostique que les précédentes ; ce savant a eu sans doute en vue la même plante et peut-être le même échantillon. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 4%, fig. 1, fronde de (1) Voy. Hist. des vég. foss., I, pl. 18, fig. 3. g TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 363 Ctenopteris Iteri, Sap., grandeur naturelle ; 4°, nervation grossie; fig. 2, fronde d’une plante très-jeune, grandeur na- turelle ; fig. 3, autre fronde de la même espèce, d’après un exemplaire provenant du lac d'Armaille, grandeur naturelle. N°3. Ctenopteris grandis. PI. 44, fig. 4. DrAGNose. — C. frondis verosimiliter bipinnatæ pinnis va- lidis profunde pinnatifidis, pinnulis suboppositis obtuse lanceo- latis erectiusculis distantibus integerrimis basi decurrentibus nervis plurèmis longitudinabus e rachi valido anguste alata obl- que ortis tenuibus inmersis dichotomeque divisis. ‘Nous ne connaissons cetle espèce que par un seul frag- ment remarquable par ses proportions et dénotant une fronde coriace, probablement bipinnée, à segments princi- paux pourvus d’un rachis sillonné longiludinalement el di- visés en lacinies ou pinnules sub-opposées, allongées-0b- tuses, obliquement insérées, adnées par toute leur base et étroitement décurrentes inférieurement. Les plus grandes de ces pinnules mesurent environ 3 centimètres. Malgré la mutilation de plusieurs d’entre elles, il semble que sur un des côtés du segment elles soient plus développées que sur l’autre, ce qui marquerait une fronde bipinnée. Les deux dernières pinnules, dont la terminaison nous est dérobée par le bord de la pierre paraissent avoir été confluentes. Leur nervation est très-peu distincte; on voit pourtant en se servant d’une loupe qu’elle se compose de veines égales et longitudinales sorties directement du rachis, parcourant la pinnule de la base au sommet et plus ou moins ramifiées- dichotomes. Tous ces caractères rangent très-naturelle- ment cette espèce dans le genre Ctenopteris. Elle retrace 364 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. sur une grande échelle la forme caractéristique de s Diche pteris de M. Zigno. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le C. grandis se distingue surtout par l’obliquité de ses pinnules dont la forme lancéo- lée et la disposition sub-opposée rappellent évidemment à la pensée le Pachypteris lanceolata, Brongn.; la taille de ce dernier estcependant beaucoup plus petite et ses pinnules présentent une nervure médiane caractéristique dont notre espèce ne garde aucune trace. L’analogie avec les Sclerop- teris dont il va être question est encore plus étroite ; elle est peut-être basée sur des rapports réels, mais il faudrait pour trancher la question des matériaux plus complets que ceux dont nous disposons. Rien de plus obscur en l’état que la nature du lien apparent qui relie plusieurs des types de Fougères jurassiques, dont nous ne possédons que des frondes, souvent même de simples débris. LocaLiTÉ. — Tonnerre, étage Corallien ; très-rare. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 44, fig. 4, segment de fronde du Ctenopteris grandis, Sap., grandeur naturelle. % Pachypterideæ. — Frondes pinnalim compositæ pinnu- lis sæpe oppositis basi constricta plus minusve subpetiolatis uniner- viis vel enerviis aut nervulis im- mersis pluribus e basi constricta emergentibus, nervalio immersa plerumque imperspicua, fructifi- catio ignota vel peculiaris longe- que ab illa œvi nostri stirpium discreta. ONZIÈME GENRE. — SCLEROPTERIS. DIAGNOSE. — frons rigide coriacea bi-tripinnata, pinnis pinnatipartihs, pinnulis basi plus minusve constrictis in ra- chin angustissine alatam latere inferiori decurrentibus integris TERRAIN JURASSIQUE. —- VÉGÉTAUX. 365 vel antice incisis lobulatisque ; nervatio immersa, sæpius im- perspicua, ut manifesta fit, e nervulis paucioribus a basi ra- mosts latere dorsali pinnularum oblique prodeuntibus constans. Loxopteris (ex parte), Pomel (non Brongniart, Tab. des genres, p. 21), Mat,p. servir àla llore jur. de la France, in Amitl. Bericht. ub. d. 25 Vers. Deutsch. naturf. in Aachen, 1849, p. 336. Es _ Schimper, Traité de pal. vég., 1, p. 486. = — Zigno, F1. foss. form. ool.,1, p. 100. Dichopteris (ex parte), Zigno, 7. c., p. 113. Enn. Fil. foss. form. oolith., p. 23. Pachypteris (saltem ex parte), Brongniart, Hist. desvég. foss., I, p. 166. A _ Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 492. Sphenopteris (ex parte), Phillips, 2/1. of.geol. Yorks, p.153. _ — Pomel, {. c., p. 337 et 338. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous proposons ce nouveau genre pour y comprendre des espèces assez mal connues et encore plus mal décrites jusqu’à présent, ballottées suc- cessivement à travers plusieurs genres, confondues à tort soit entre elles, soit avec les formes étrangères et qui pa- raissent confiner à la fois aux Pachypteris de M. Bron- gniart et aux Dichopteris de M. de Zigno. Les Scleropteris forment, pour ainsi dire, la transition entre les C'fenopteris etles Pachypteris, si toutefois ce dernier genre n'est pas destiné à disparaître totalement. Leurs nervules, généra- lement peu visibles, consistent en veines longitudinales sortant non pas directement du rachis, mais plutôt d’une branche mère, ramifiée dès la base de la pinnule et s’ap- puyant sur son côté dorsal pour projeter, vers le côté anté- rieur, des rameaux une ou plusieurs fois dichotomes. Les 366 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. pinnules, plus ou moins rétrécies à la base, sub-opposées et étroitement décurrentes ne diffèrent en réalité de celles des vrais Pachypteris que par l’absence d’une nervure mé- diane unique. M. de Zigno, cherchant à éclaircir le même sujet, a très-bien prouvé, dans ses généralités sur les 2:- chopteris, que le Sphenopteris lanceolata de Phillips et le Neuropteris lævigata du même auteur ne sauraient être ad- mis comme simples synonymes des Pachypteris lanceolata et ovata de Brongniart, sans explication ; puisque les ca- ractères tirés de la nervation différaient totalement des deux parts, en adoptant du moins la manière de voir des auteurs. Cette démonstration est d’autant plus concluante que M. de Zigno donne la figure des deux espèces de Phil- lips, d’après des dessins obtenus directement du savant anglais et confrontés par lui avec les échantillons origi- naux. Il résulte de l’examen de ces figures de M. de Zigno, que nous reproduisons (planches 45, fig. 2 et 46, fig. 3) à côté des dessins originaux de M. Brongniart (14) (plan- ches 45 , fig. 1 et 46, fig. 2), que les pinnules des échan- tillons de Phillips, bien que ressemblant beaucoup à celles des espèces de Pachypteris à qui ces échantillons ont été réunis, s’en écartent en ceci que, au lieu d’étre uninerviées, elles sont parcourues par plusieurs nervures longitudinales, disposées à peu près comme celles des Ctenopteris, sauf qu’elles partent en divergeant de la base même de la pinnule, au lieu de sortir directement et iso- lément du rachis. Une distinction radicale séparerait donc ces types regardés longtemps comme synonymes, sil (1) Ces dessins ainsi qu’une foule de documents précieux relatifs à la végétation de l’époque jurassique nous ont été confiés par l'illustre pro- fesseur avec un désintéressement complet et dans l’unique but de favo- riser l'avancement de la science. Qu'il 4ccepte la vive expression de notre reconnaissance, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 367 n'existait encore à leur égard une grave difficulté que nous devons exposer, sinon résoudre entièrement. On doit reconnaître, en effet, que si, d’une part, il existe une re- marquable analogie de forme et d'aspect entre les deux fi- gures représentant le Sphenopteris lanceolata de Phillips (PI. 45, fig. 2) et le Pachypteris lanceolata de Brongniart (pl. 45, fig. 1), d’autre part, l'échantillon jusqu’à présent unique du Pachypteris ovata de Brongniart (P1. 46, fig. 2) offre un si grand rapport, jusque dans les moindres dé- tails, avec l'échantillon type du Meuropteris lœvigata de Phillips, figuré par M. de Zigno et par nous (pl. 46, fig. 3), qu’il est impossible de ne pas admettre qu'il s'agisse réellement d’un seul et même échantillon, ou mieux encore des deux côtés de la même empreinte. S'il en est véritablement ainsi, il y aurait eu erreur de la part de l’un des auteurs, relativement à la nervation des espèces pu- bliées par eux, il y a plus de 35 ans. Nous aurions été dis- posé à nous fier à cet égard au sens pratique et à la longue expérience de M. Brongniart; mais il faut dire que l’émi- nent professeur n’a plus revu les espèces en question de- puis le voyage qu’il fit en Angleterre lors de la publica- tion de son Prodrome, c’est-à-dire avant 1830, et, en dé- crivant son Pachypteris ovata, il a soin de dire que La ner- vure moyenne est très-peu marquée et disparait vers l'extré- mité des pinnules duns le parenchyme épais de ces feuilles dont la surface était très-lisse. Il est donc très-admissible que cette nervalion, si difficile à saisir, se soit trouvée plus dis- tincte sur la contre-empreinte de l’échantillon qu'avait en vue M. Brongniart, contre-empreinte qui correspondrait au eu ropteris lævigata. Si l'on adopte ces conclusions, le Pachypteris ovata, Brongt. disparait de la nomenclature et le genre dont il faisait partie se trouve réduit au seul Pa- 368 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. chypteris lanceolata qui lui-même donne lieu à des doutes du même genre. Quoi qu’il en soit de cette dernière ques- tion, les espèces de Phillips nous paraissent aussi mal pla- cées dansles Dichopteris que chez les Pachypteris ; leurs pinnules rétrécies à la base et parfois incisées les rangent très-naturellement dans notre genre Scleropteris, dont les caractères sont les suivants : les frondes sont bi ou tripin- nées, roides, coriaces, divisées en pennes ou segments al- ternes, étalés, souvent contigus, allongés-linéaires et pro- fondément pinnatifides. Les pinnules ou dernières subdi- visions du limbe sont insérées un peu obliquement sur un rachis étroitement ailé ; leur forme est ovale-oblongue ou lancéolée ; elles sont rétrécies à la base et décurrentes sur leur côté inférieur. La texture de ces pinnules est très-co- riace et leur nervation très-peu visible. Lorsque l’on réus- sit à l’entrevoir, on constate qu’elle se compose de veines longitudinales peu nombreuses, ramifiées dès la base et sortant d’une branche mère plus rapprochée du côté dor- sal de la pinnule que de l’autre. Ce qui prouve l'existence de ces nervules, même lorsqu'elles demeurent invisibles, c'est que les pinnules les plus développées se montrent presque toujours incisées-lobulées et que cette disposition ne se concevrait pas si elles étaient uninerviées ou tout à fait sans nervures. D’après cette considération, nous n’hé- sitons pas à inscrire parmi les Scleropteris plusieurs échan- tillons recueillis dans le Yorskire el que nous reproduisons pl. 45, fig. 3, d’après un dessin de M. Williamson, dont nous devons la communication à M. Brongniart. Ces échantillons, visiblement identiques avec le Sphenopteris anceolata, Phillips, et peut-être avec le Pachypteris lanceo- lata de Brongniart, présentent des pinnules obliques, le plus souvent sub-opposées et lancéolées, fréquemment in- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 369 cisées à leur bord antérieur, absolument comme le sont celles de l’espèce de Verdun que nous allons décrire. Comme d’ailleurs l’espèce du Yorshire se distingue de celle du Corallien de la Meuse par la proportion double au moins de ses pinnules, nous proposons de lui appliquer le nom de Scleropteris Phillipsü qui tranche toutes les dif- ficultés, en évitant de nouvelles confusions. Le genre Scle- ropteris ainsi défini est particulier à l’Oolithe, il se montre successivement dans le Bathonien, le Corallien et le Kim- méridgien. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Scleropteris paraissent tenir de près aux Ctenopteris. Ils se lient particulièrement aux Dichopteris de M. de Zigno, dont ils différent à peine. Cependant les pinnules de ces deux genres ne sont jamais lobulées, ni aussi distinctement retrécies à la base. De plus, la nervation, le plus souvent invisible, il est vrai, sert à distinguer les Scleropteris des Pachypteris proprement dits (si toutefois ce genre n’est pas desliné à disparaître) et des Zomatopteris. Comparés aux Fougères vivantes, les Scleropteris reproduisent le port et l’aspect des Adeno- phorus Gaud., genre de Polypodiée des îles Sandwich. Les pinnules de ce genre ont absolument la forme de celles des espèces fossiles; mais elles sont uninerviées et portent au sommet de cette nervure unique un sore arrondi, dont les Seleropteris n'ont offert jusqu'ici aucun vestige. EXPLIGATION DES FIGURES. — PI. 45, fig. 1, Pachypteris lanceolata Brngt., d’après le dessin original de l’auteur ; 4%, pinnule grossie de la même espèce avec la trace d’une nervure médiane unique, d’après le dessin original de l’auteur. Fig. 2, fragment de fronde du Scleropteris Phillipsii Sap. (Sphenopteris lanceolata Phillips), d’après nn dessin de M. Phillips communiqué à M. de Zigno et VÉGÉTAUX, — J. 24 370 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. emprunté à l'ouvrage de ce dernier auteur, Fig. 3, trois fragments de pennes de la même espèce, d’après un dessin original de M. Williamson, communiqué par ce savant à M. Brongniart de qui nous le tenons, grandeur naturelle ; 3°, pinnules grossies, d’après le même dessin. — PI. 46, fig. 2, Pachypteris ovata Brongniart, d’après le dessin original de l’auteur; fig. à, portion de fronde du Sclerop- teris læœvigata Sap. (Neuropteris lœvigata Phillips, Dichop- teris lœvigata Ligno), d’après un dessin de M. Phillips, communiqué à M. de Zigno et emprunté à l’ouvrage de ce dernier auteur. L'identité du Scleropteris lœvigata Sap. avec le Pachypteris ovata Brngt. ressort de la comparaison des échantillons fig, 2 et 3 qui reproduisent évidemment l'empreinte et la contre-empreinte d’un seul et même exemplaire. N° 1. — Scleropteris Pomelii. PI. 46, fig. 1, et. 47, fig. 1.et 2, DrAGNOSE. — S. frondibus bipinnatis, pinnis ambitu linea- ribus elongatis quandoque patentibus rigide coriaceis pinnaii- sectis, rachi anguste alata, pinnulis seu segmentis ullimis mu- nulis acute lanceolatis vel lineari-lanceolatis plus minusve obliquis alternis subopposihisque sæpius integris rarius antice bilobulatis, summis tandem confluentibus, nervulis immersis [ere semper imperspicus. Sphenopteris pennatula, Pom., Mat. p. servir à la conn. de la fl. foss. des ter. jurass. de la France (in Anil. Ber. ub. d. 25 Vers. d. Gessells. Deutech. naturf. in Aach., 1847). p. 332. — — Zigno, F1. foss. form. oulith., I, p. 84. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX 374 Sphenopteris angusta ?, Pomel, /. c., p. 337. -— — Zigno, l..62. 5282. Pecopteris clenis, Pomel, L. c., p. 339, — — Zigno, L. c., I, p. 147, Loxopteris elegans ? Pomel, L.c., p. 336. — — Zieno, Le: p:400: — — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 456. Celte espèce a été décrite par M. Pomel sous des noms très-différents. Il est vrai que sa nervation est très-difficile à observer et que les segments et les pinnules elles-mêmes changent de forme, suivant qu’on les considère à la base ou vers le sommet des frondes. Le grain oolithique de la roche est encore un obstacle à la bonne conservation des empreintes. Nous devons à M. Pomel la communication des échantiilons d’après lesquels il avait décrit le Sphenop- teris pennatula et le Pecopteris ctenis; leur examen nous a convaincu de l'identité de ces deux espèces, et il en est probablement de même du Sphenopteris angusta et du Loxopteris elegans, bien que la diagnose de celui-ci entraîne des doutes que toutes nos recherches n’ont pu dissiper. Il nous semble naturel en tous cas de substituer aux diffé- rentes dénominations employées par M. Pomel le nom même de cet auteur à qui est dû la première connaissance du type que nous décrivons. Les frondes du Scleropteris Pomelii sont de médiocre dimension, bipinnées, d'aspect rigide et de consistance visiblement coriace. Les rachis secondaires, particularité qui se présente aussi chez le Scleropteris Plullipsii (voy. PI. 46, fig. 3) sont assez souvent dépouillés partiellement de leurs pinnules, qui reposant sur une base étroite se détachaient facilement, lorsque la fronde était desséchée. La fig. 1 de notre planche 47 en est une démonstration 372 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. suffisante. Les rachis secondaires, tantôt alternes, tantôt subopposés s’étendaient sous un angle très-ouvert; ils étaient minces, comparés au rachis principal qui paraît sillonné longitudinalement sur le milieu, et toujours étroi- tement ailés, en sorte que l’on peut rigoureusement les dire plutôt pinnatifides que véritablement pinnés; les pin- nules sont fort petites, très-nombreuses, plus ou moins obliques, le plus souvent entières et lancéolées, d’autres fois presque linéaires et subovales, presque toujours aiguës au sommet et resserrées à la base qui constitue une sorte de pétiole. Elles sont décurrentes à leur côté inférieur et plutôt sinuées-arrondies ou même incisées-bilobulées sur leur côté antérieur, quelquefois aussi sur l’autre bord, immédiatement au-dessous du sommet. Ces différences sont fidèlement reproduites par nos figures grossies, pl. 46, fig. 4* et 4?. Les pinnules ne deviennent un peu con- fluentes qu’à l'extrémité supérieure des pennes qui se ter- minent par un iobe obtus. Les pennes ne sont pas con- fluentes sur le rachis principal, elles demeurent distinctes et lobulées jusqu’au sommet le plus élevé de la fronde. La consistance des pinnules était lisse à la surface et les nervures, immergées dans l'épaisseur du parenchyme, demeurent le plus souvent invisibles, ou plutôt on les en- trevoit, sans qu’elles paraissent jamais assez distinctes pour permeltre de les dessiner, ce que l’on doit peut-être attribuer à la grossièreté de la roche. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il est facile de constater que notre Scleropteris Pomelü, comparé au Scl. Phillipsu ( Sphenopteris lanceolata Phillips) s'en distingue par la dimension bien moindre de ses pinnules qui de plus sont généralement moins allongées et moins atténuées vers la base. Le Scleropteris Pomeli ne saurait pas davantage être TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 213 confondu avec les deux espèces suivantes, comme nous le ferons ressortir en décrivant celles-ci. Son analogie avec l’Adenophorus bipinnatus Gaud, est étroite, ainsi que nous l'avons remarqué, et de plus les pinnules de cette espèce sont parfois lobulées, comme celles de la Fougère fossile ; mais les pennes de celle-ci sont bien plus étalées et moins grêles. Nous avons vu d’ailleurs que la nervation et le mode de fructification, dont le iype ancien ne présente aucune trace, apportaient des éléments de dissemblance encore plus sensibles. LOCALITÉ. — Environs de Verdun (Meuse); étage coral- lien ; coll. de M. Moreau et de M. Pomel, à Oran. EXPLICATION DES FIGURES.—-PI. 46, fig. 1, partie supérieure d’une fronde de Scleropteris Pomeli, grandeur naturelle; 4° et 4°, plusieurs pinnules grossies de la même fronde. — PI. 47, fig. 1, parties moyenne et supérieure d’une autre fronde de la même espèce ; 1°, pinnules grossies de la même fronde. Fig. 2, fragment de fronde de la. même espèce, d’après un échantillon communiqué par M. Pomel, grandeur naturelle. N° 2. — Scleropteris compacta. PI. 48, fig. 3 et 51, fig. 8. DrAGNOSE. — S. frondibus coriaceis bipinnatis ambitu pri- mum œquilatis demum apice sensim attenuatis breviterque apiculatis, pennis multipheibus expansis plerumque oppositis stricte linearibus obtuse sensim attenuatis pinnatipartitis loba- hsque, pinnulis plus minusve obliquis ovato-rotundatis arcte adpressis contiquis imbricatisque, pinnula basilari antica cujus- que pinnæ cœæteris majore sæpeque unilobulata, nervulis 374 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. imunersis e latere dorsalis basis restrictæ pinnularum oblique emergentibus pluries furcato-ramosis. Nous devons à M. Lortet la connaissance de cette espèce dont un bel échantillon fait partie de la collection du Muséum de Lyon (PI. 48, fig. 3). 11 se rapporte à la partie supérieure d’une fronde bipinnée, dont il est impossible d’ailleurs d'évaluer la véritable dimension, Les pennes ou segments latéraux, longs dans le bas de 3 1/2 à 4 centimè- tres au plus, sont très-nombreux, généralement opposés, étalés presque à angle droit, linéaires, insensiblement alténués, mais toujours plus ou moins oblus au sommet ; égaux ou subégaux entre eux jusque vers le dernier Liers de l’empreinte, ces segments diminuent ensuite d’une façon assez brusque et donnent lieu à un sommet atténué en pointe, en passant peu à peu à l’état de pinnules sinuées, puis de lobes entiers, aboutissant enfin à un der- nier lobule plus petit que tous les autres, qui termine la fronde. Chaque penne considérée à part, dans les parties où elles atteignent leur plus grand développement, est constituée par un axe le long duquel s'insèrent des pinnu- les obliques, c’est-à-dire dirigées en avant, appliquée contre l’axe par leur bord antérieur, généralement con- vexe, tandis que le côté dorsal est plus ou moins échancré. Les pinnules que notre fig. 3°, pl. 48, représente grossies sont ovales-obtuses, arrondies au sommet, retrécies à la base et attachées au rachis par une sorte de pétiole; elles sont penchées en avant, très-serrées el même imbriquées, c’est-à-dire se recouvrant mutuellement dans beaucoup de cas; presque toutes sont enlières. Elles diminuent insen- siblement de dimension de la base au sommet des seg- ments dont le lobe terminal, fort pelit, n’a rien qui le distingue des latéraux. Dans la direction opposée, on re- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 375 marque que la pinnule la plus inférieure de chaque seg- ment, sur le côté antérieur, est notablement plus grande que la suivante et que cette même pinnule est le plus sou- vent munie d’un lobe pointu, disposition qui se retrouve plus où moins chez toutes les espèces du groupe, comme une conséquence nécessaire du mode de nervation qui lui est propre. — Nous avons depuis reçu en communication de M. A. Falsan, un second exemplaire de la même espèce, provenant d’Armaille; nous le figurons, pl. 51, fig, 8. Ce sont deux sommités de fronde, couchées côte à côte et mutilées ou plutôt interrompues inférieurement par une cassure de l’échantillon. Tous les caraclères sur lesquels nous venons d’insister sont visibles sur cet échantillon, dont l’élat de conservation est fort beau et le contour ainsi que la nervation des pinnules parfaitement visibles, comme le montre la figure grossie 8*. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Au premier abord, on serait tenté de confondre cette espèce avec le Scleropteris Pomeli dont elle a l’aspect et jusqu’à un certain point la forme. Elle en diffère pourtant, non-seulement par sa terminaison apiculée, mais par des pennes plus étroitement linéaires, plus constamment opposées, à pinnules moins étalées, plus serrées, arrondies et non pas lancéolées, ainsi que par le développement proportionnel de la pinnule infé- rieure de chaque segment. La nervation, presque toujours cachée dans le Scleropteris Pomeli, devient ici beaucoup plus visible, Il est vrai que les plaques calcaréo-marneuses de Creys sont d’un grain plus fin que la roche oolithique de Verdun. £ LOCALITÉ. — Creys (Isère); étage kimméridgien infé- rieur ; coll. du muséum d'histoire naturelle de Lyon. — Lac d’Armaille, M. Falsan. 376 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 48, fig. 3, portion moyenne et terminale d’une fronde de Scleropteris com- pacta, grandeur naturelle; 3*, plusieurs pinnules grossies de la même espèce pour montrer les détails de la nerva- tion. — PI. 51, fig. 8, deux sommités de fronde de la même espèce, grandeur naturelle; 8*, plusieurs pinnules grossies. N°3. — Scleropteris dissecta. PI. 48, fig, 4. DrAGNOSE. — S. frondibus coriaceis latioribus tripinnatis, rachi prûmaria medio tenuiter carinata, secundarüs alternis gracilibus late expansis pinnulas multiplices lineari-lanceolatas tenuiter acuminatas a basi ad summum segmentorum longe sen- sim durescentes nec inter se confluentes gerentibus, pinnulis autem in lobos ovato-obtusatos aut subspathulatos plerumque integros rarissime sinuatos lobulatosve partitis, lobis pinnula- rum basi plus minusve discretis vel rachi adnatis decurrenti- busque, suprenus confluentibus ; nervulis sœæpissime tmmersis, paucioribus e basi restricta emergentibus dehinc divergen- tibus. La fronde de cette espèce, qui fait partie comme la précédente de la collection du muséum de Lyon, s’en écarte certainement par sa disposition tripinnée ou plutôt bipinnée à pinnules lobées-pinnalisèques. Elle constitue une forme évidemment distincte, mais faisant partie au même titre que celles que nous venons de décrire ou de mentionner du genre Scleropteris. La belle empreinte re- produite par notre figure 1, pl. 48, représente la partie moyenne d’une fronde d'assez grande taille et large velati- vement, peut-être même d’un segment de fronde, dont TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 371 les dimensions auraient alors été des plus considérables, La texture est coriace et le rachis principal garni de pen- nes ou segments principaux nombreux et contigus, dispo- sés dans un ordre alterne et largement étalés. Les pinnules ou segments de second ordre, généralement opposés, d’au- tres fois alternes ou subalternes, sont insérés sous un angle très-ouvert le long des rachis secondaires, nombreux et insensiblement décroissants vers le tiers supérieur des segments dont la terminaison supérieure est longuement acuminée. Les pinnules, considérées à part, se subdivisent, comme le montrent les figures 1° et1?,enun certain nom- bre de lobes ou pinnules de troisième ordre; la forme de leur contour général est lancéolée-linéaire, insensiblement atténuée de la base, qui est sessile ou subsessile, jusqu’au sommet qui-se prolonge plus ou moins en une pointe, tan- tôt obtuse (fig. 1°), tantôt finement acuminée (fig. 1?). Les lobes sont d’autant plus distincts, d'autant plus profondé- ment incisés et retrécis à la base, toujours cependant plus ou moins décurrente, qu’ils sont plus inférieurs; dans la direction opposée au contraire, ces mêmes lobes devien- nent promptement adnés, soudés entre eux et finalement confluents. Leur forme est ovale, toujours obtuse, plus ou moins arrondie, plus ou moins spatulée pour les infé- rieurs, tandis que les supérieurs adnés entre eux devien- nent confluents et enfin semblables à de simples crénelu- res obliques; presque toujours entiers, ils se montrent exceplionnellement sinués ou lobulés à leur côté anté- rieur qui est convexe, tandis que le côté dorsal est tou- jours plus ou moins décurrent, en sorte que, malgré le retrécissement de leur base, ces lobesne constituent jamais de véritables pinnules. La nervation, cachée dans lépais- seur d’un parenchyme de texture cartilagineuse, demeure 378 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. presque toujours invisible; on l’entrevoit pourtant quel- quefois, ainsi que les figures 1* et 4? le font voir et dans ce cas elle offre les mêmes caractères que chez les autres Scleropteris, tout en se rapprochant peut-être davantage de celle des Ctenopteris et surtout des Dichopteris de l’Ooli- the des Alpes vénitiennes. Du reste, la parfaite conformité du mode d’incisure des segments de second ordre range si naturellement celle espèce parmi les Scleropteris, qu’il est impossible d’accorder au degré plus grand de com- plexité dans le mode de partition de ses frondes une autre valeur que celle qui résulte d’une divergence purement spécifique. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les frondes tripinnées dis- tinguent cette espèce des autres Scleropteris connus jusqu’à présent; on peut dire encore que les dernières sub- divisions du limbe sont plus arrondies et plus obtuses chez elle que chez le S. Pomelü, moins obliques, moins conti- guës, plus ovales et moins rétrécies en spatule à la base que dans le Scleropteris compacta. Aucune autre espèce fossile, en dehors des Scleropteris, ne saurait être confondue avec cette forme remarquable, ni rapprochée d’elle, même de loin, avec vraisemblance. LOcaLITÉ. — Creys (Isère), étage kimméridgien inférieur; coll. du Muséum de la ville de Lyon. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 48, fig. 4, partie moyenne d’une fronde de Scleropteris dissecta, grandeur naturelle, d’après une empreinte communiquée par M.Lor- Let; 4°, pinnule grossie de la même espèce avec des traces de la uervation ; 4°, autre pinnule également grossie, avec le lobe basilaire lobulé sur le côté antérieur et sinué sur l'autre. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 379 DOUZIÈME GENRE, — STACHYPTERIS. Stachypteris, Pomel, 1. c.,p. 337. _ Zigno, FI. foss. form. oolith., 1, p.218. — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 586. DrAGNOSE. — Frons bi-tripinnata parvula seygmentis infe- rioribus sæpe cæleris productioribus, pinnæ ultime pinnatifidæ partitæque, pinnuleæ coriaceæ minutæ basi adnatæ vel plus mi- nusve restrictæ confluentes aut distinctæ enervie vel uninerwiæ, nervulis cœæterum, si adsint, immersis ; fructificatio constans e pinnulis contractis inter se coalitis supra convexo-bullatis sub- tus concaurs marginibusque revolutis sporangia intus inclusa foventibus spicas elongatas squamis distiche ordinatis conflatas mentiens, Summis pinnarum pinnularumque rachthus inserta. Pachypteris (ex parte), Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p.34 et 105. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le genre Séachypteris a été fondé par M. Pomel, en 1847, pour y comprendre des Fou- gères de Verdun et de Châteauroux chez lesquelles les par- ties de la fructification sont apparentes dans plusieurs cas et situées à l’extrémité supérieure des segments principaux ou secondaires. Ces organes, dans l’opinion de M. Pomel, consistaient en épis formés d’écailles distiques imbriquées, et l’auteur les compare aux organes reproducteurs des Zy- godium, en faisant remarquer avec raison toutefois que chez les Zygodium l'axe qui porte les sporanges n’est qu’un pro- longement des nervures secondaires qui font saillie en de- hors du limbe de la pinnulé, tandis qu’ici les rachis eux- mêmes supportent à leur sommet l'appareil fructificateur. Cette différence essentielle et l'impossibilité d’observer 380 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. l'emplacement et la structure des sporanges engageaient M. Pomel à admettre l’existence probable d’un genre éteint dont les organes fructificateurs auraient été conformés ex- térieurement comme ceux des Zygodium et disposés au sommet des rachis comme chez les Osmundacées. L’ana- logie avec les Schizaea et les Mohria ne pouvait paraître que plus éloignée. Le mérite de M. Pomel a été de signaler et dedécrire le premier un genre de Fougères des plus cu- rieux, parmi ceux qui caractérisent la série jurassique française. Ce genre est inconnu à l’étranger, il n’a même jamais été figuré, et sans M. Pomel qui attira sur lui l’at- tention, il y a près de 20 ans, il aurait peut-être passé ina- perçu. Il faut dire encore que l’assimilation proposée par le savant français, bien que selon nous elle ne soit pas ad- missible, avait pour elle l’apparence. Il existe en effet une assez grande conformité extérieure entre les parties fructi- fiées des Stachypteris et les axes sporangifères des Zygo- dium ; et siles premiers ne portent pas de vrais épis, leurs appareils reproducteurs en reproduisent assez bien l'aspect ; cela suffit pour justifier la dénomination générique propo- sée par M. Pomel et que nous conservons. Les Stachypteris étaient des plantes de faible dimension; quelques-unes de leurs espèces pourraient même figurer parmi les Fougères fossiles les plus pelites connues; leur consistance était coriace, leur limbe très-divisé; il était presque toujours tripinné et les dernières pinnules étaient incisées ou lobulées dans certaines espèces, mais à lobes toujours entiers. Leur apparence était grêle, leurs rachis de divers ordres très-minces, leurs segments espacés, al- ternes, tantôt divergents, tantôt ascendants; mais presque toujours les segments inférieurs étaient plus dévelop- pés que les autres, et leur fronde manifestait une tendance TERRAIN JURASIQUE. — VÉGÉTAUX. 381 à devenir triangulaire appendiculée ou même pédée à la base. Les pinnules étaient ovales-oblongues ou arrondies, selon les espèces, plus ou moins rétrécies à la base, libres entre elles ou confluentes, presque toujours terminées d’une façon obtuse. Les portions fructifiées, bien visibles, avaient la forme d’un épi court, dense et sub-quadrangu- laire ou encore d’un chaton en voie de développement. Elles se montrent toujours soit au sommet des pennes se- condaires ou tertiaires, soit au sommet des principaux seg- ments seulement, et paraissent formées, non pas d’écailles distiques et imbriquées, comme le croyait M. Pomel, mais de pinnules contractées, contiguës et visiblement soudées entre elles; chacune d’elles demeurait cependant dis- tüincte, les points commissuraux étant marqués par de lé- gers sillons séparant autant de coques ou parties bombées, en sorte que l’ensemble, sans doute protégé en dessous par un repli marginal continu, constituait une boîte creuse et allongée, partagée en autant de petits compartiments qu'il existait de pinnules primitives, soudées en un seul or- gane destiné à contenir les capsules. A la maturité, les parois du tégument protecteur s’écartaient longitudinale- ment; les bords de la pinnule contractée et fertile n’avaient rien de plat, comme chez les Pferis, mais la marge feston- née et repliée a dû présenter une certaine épaisseur, Comme chez les Cheilanthées; e’est ce que laisse voir clairement notre figure 2°, pl. 45, qui représente ces organes sous un assez fort grossissement et avec leur relieforiginaire, réla- bli d’après un moulage. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La consistance coriace des frondes, la forme des pinnules et l’absence de toute nerva- tion apparente avaient porté M. Brongniart à ranger une des espèces de ce groupe, dont la fructification lui était incon- 382 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. nue, parmi les Pachypteris. Mais elles constituent certai- nement un genre à part, très-neltement caractérisé et l’un des mieux connus, au moins par son apparence exlé- rieure. Le port, le mode de partition des frondes, la forme même des pinnules rappellent les Cheilanthées et particu- lièrement les C'heilanthes microphylla Sw., micropteris Sw., viscosa Lam., lendigera Mart., enfin le Cheilanthes arabica (? Pellæa arabica Fée), dont les frondes sont délicates, tantôt pinnées, tantôt pédées et triangulaires. Si les parties fertiles et contractées de ces espèces se trouvaient restreintes aux seules pinnules terminales, leur analogie avec les Stachyp- teris serait toul à fait remarquable; car, ainsi qu’on le re- marque dans le genre fossile, les parties fertiles des Che- lanthes sont allongées, festonnées et repliées le long des bords. Dans le Pellæa arabica, on observe un tégument crispé-ondulé, qui naît du bord replié des lobes et couvre toute la face inférieure. Parmi les genres plus ou moins alliés aux Cheilanthes proprement dits, le genre Onychium Kaulf. doit être aussi rapproché des Séachypteris. Chez les Onychium, il est vrai, les pinnules stériles sont incisées à lobes cunéiformes, linéaires et divergents et se ratta- chent par conséquent au type des Sphenopteris, mais les fructifères sont limitées à certaines parties modifiées, et presque toujours ce sont les sommets des segments qui se contractent en une pinnule allongée, à bords repliés en dessous et donnantlieu à un tégument qui s’étend jusqu’à la nervure médiane et recouvre les sporanges. C’est donc là une structure très-analogue à celle dont nous consta- tons l'existence chez les S'achypteris, el l’on pourrait dire de ceux-ci qu’ils ont les pinnules des Cheilanthes jointes à un mode.de fructification très-voisin de celui des Ony- chum. Ce genre est propre au Corallien et au Kimmérid- TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 383 gien. Il a dû fréquenter les endroits secs, chauds et pier- reux, comme les types qui s’en rapprochent dans la nature actuelle et que l’on observe en Arabie, en Abyssinie, au Cap et aussi dans l’Amérique tropicale, le Népaul et les Philippines. 11 faut encore remarquer que le genre Cheilan- thes n’a pas quitté notre continent et que le Ch. odora Sw., Fougère distinguée par la délicatesse et la fragilité de ses frondes, habite aujourd’hui les fentes de rochers exposées au midi, dans la région méditerranéenne. N° 1. Stachypteris spicans. PI. 49, fig. 2-6. Stachypteris spicans, Pomel, !. c., p. 336. — — Zigno, Enn. filic. form. oolith., p. 40; F1, foss. form. oolith.,1,p. 211. — — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 587. DrAGNOSE. — S. frondibus bipinnatis, pinnis secundaris alternis, gracilibus plus minusve obliquis vel patentibus, ter- harus simplheiter pinnatis, pinnulis oblongis obtusis basi ple- rumque angustatis discretis nec confluentibus enervüs aut unt- nervus; pinnarum terminalium lateraliumque summus rachibus fructificatione contractis, pinnulis coalitis bullatisque in ap- pendicem spiciformem breviter elongatum, marginibus subtus revolutis crenato-sinualum commutaltis. | Pachypteris microphylla, Brongt., Tab. des genres de vég. foss., p.34 et 105. Stachypteris pulchra, Pomel, 1°c.,.p. 397. Les frondes de cette espèce, la mieux connue de tout le genre, sont élégantes, élancées dans leur petite taille et faciles à reconnaître aux caractères suivants : elles sont tri- pinnées à rachis principal mince, cylindrique, pourvu de 38/4 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. rameaux alternes, linéaires par leur contour général, plus ou moins prolongés et garnis de pennes ou de segments de second ordre, alternes comme les précédents, oblongs et eux-mêmes pinnés. Les pinnules sont menues, ovales, oblongues, obtuses, rétrécies à la base, alternes ou sub- opposées, susceptibles de devenir caduques et nullement confluentes au sommet des pennes qui se terminent par une pinnule semblable à toutes les autres. On doit rapporter à cette espèce un exemplaire stérile que nous reproduisons, pl. 49, fig. 4, et qui appartient à la collection du muséum de Paris, où il figure sous le nom de Pachypteris ? delicatula Ad. Brongniart. La forme des pinnules et la disposition des segments identifient cet exemplaire avec la belle empreinte fertile, pl. 49, fig. 2, dont nous devons la connaissance à M. Moreau. Celle-ci re- présente une fronde tripinnée dont le rachis principal est brisé, tandis que près de lui quatre pennes se trouvent ran- gées dans leur situation normale. Elles sont un peu plus obliques que celles de l’exemplaire, fig. 4, longeus de 3 à 4 centimètres, alternes et pourvues de pinnules également alternes dont la plupart, surtout les supérieures, sont visi- blement fertiles. Nos figures 2°, ? et‘, 3 et 4 représen- tent ces pinnules fertiles sous divers aspects et à plusieurs degrés de grossissement. La figure 2* a été dessinée d’a- près un moule exact qui a rendu aux anciens organes leur forme et leur relief. On voit que les pinnules les plus infé- rieures de chaque segment ne sont pas transformées ; au- dessus des deux premières paires, les pinnules, encre dis- tinctes, se trouvent évidemment soudées par les bords, bien que le relief et le contour de chacune d’elles restent vi- sibles. Ainsi soudées entre elles, ces pinnulese omposent un organe faussement spiciforme, obtus au sommet, auquel un TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 385 repli marginal donne de l'épaisseur. Les pinnules soudées sont au nombre de 10 à 12, les supérieures peu distinctes, les moyennes et inférieures comme bullées et la marge fes- tonnée, comme si l’ensemble de l’organe consistait en au- tant de coques contiguës et soudées qu’il existe de pinnules transformées. 1l est impossible de conjecturer l’ordre et le mode d'insertion des sporanges à l’intérieur de ces organes singuliers qui rappellent les portions fertiles et contractées des Cheilanthes et des Struthiopteris. Nous rangeons dans la même espèce la figure 5 exécutée d’après un dessin de M. Moreau qui pourrait bien avoir été légèrement grossi ; nous ÿ rapportons également le Séachypteris pulchra (pl. 49, fig. 6) de M. Pomel, que ce savant a recueilli dans les calcaires lithographiques de Châteauroux, mais qui ne se distingue en réalité par aucun caractère saisis- sable des exemplaires de Verdun. L’échantillon consiste dans l’extrémité supérieure d’une penne de premier ordre avec trois pinnules fertiles, l’une terminale et deux latéra- les alternes. Les parties soudées et contractées sont peut- être un peu plus courtes et plus obtuses que dans le Séa- chypteris spicans de la Meuse, mais la disposition est la même et d’ailleurs la faible étendue de l'empreinte em- pêche de préciser l’existence d’autres caractères différen- tiels. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les pinnules libres, rétré- cies à la base, jamais confluentes, et la disposition des or- ganes fructificateurs au sommet des pinnules latérales, aussi bien qu’à l’extrémité des segments principaux, dis- tinguent bien ceite remarquable espèce des suivantes. Elle ressemble plus que les autres du même genre aux Cheilanthes proprement dits, particulièrement au CA. micro- phylla, Sw. VÉGÉTAUX. — J. 25 380 l'ALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, LOcALITÉS. — Environs de Verdun, étage corallien, cal- caires blancs, Urufle; calcaires blancs supérieurs, Somme- dieue; coll. du muséum de Paris et de M. Moreau. Cal- caires lithographiques de Châteauroux (Indre), étage co- rallien supérieur, coll. de M. Pomel et de la ville d'Oran. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 49, fig. 4, portion térile d’une fronde Sfachypteris spicans Pom., grandeur naturelle, d’après un échantillon de la collection du mu- séum de Paris, n° 897, provenant des calcaires blancs d’U- rufle et envoyé par M. Moreau en 1837. Fig. 2, portion su- périeure d’une fronde fertile de Stachypteris spicars Pom. grandeur naturelle, d’après un exemplaire provenant de Sommedieue, communiqué par M. Moreau et appartenant à sa collection; fig. 2, portion de rachis garni de pinnules fructifiées du même exemplaire, vu sous un assez fort grossissement d’après une empreinte moulée pour montrer l'aspect en relief des anciens organes; fig. 2° et 2, por- tions fructifiées grossies de la même fronde. Fig. 3 et 4, autres fragments des portions fertiles de la même fronde sous un assez faible grossissement. Fig. 5, fragment d’une fronde fertile de la même espèce, d’après un dessin com- muniqué à M. Ad. Brongniart par M. Moreau en 1837. Fig. 6, fragment d’une portion fertile de Stachypteris spi- cans (Stachypteris pulchra, Pom.) recueilli par M. Pomel dans les calcaires lithographiques de Châteauroux et com- muniqué par lui, grandeur naturelle; fig. 6*, même frag- ment grossi; fig. 6°, même fragment grossi d’après une empreinte moulée. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 387 N° 2. Stachypteris litophylla, PI. 50, fig. 1-5. Stachypteris litophylla, Pomel, /.c., p. 337. — — Zigno, Fl.ool., 1, p. 211. — — Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 587. DIAGNOSE. — S. frondibus tri (quadri) pinnatis, rachibus plus minusve striceis flexuosis cylindricisque, secundariis obli- quis, inferioribus frondis cujusque productioribus ad formam triangularem tendentibus, pinnulis oblongis pinnatifidis loba- tisque rarius bipinnatipartitis, lobis vel pinnulis ovatis rotun- disque inter se confluentibus ; pinnarum primarii ordinis (nec pinnularum) summis apicibus fructificatione contractis in ap- pendicem pinnulis inter se coalitis efformatum plus minusve elongatum obtusatumque products. Cette seconde espèce est probablement celle que M. Po- mel a désignée sous le nom de S. Zitophylla, bien que sa diagnose ne soit pas assez claire pour enlever toute incer- titude à cet égard. En ious cas, ses caractères, alors sans doute imparfaitement connus, sont faciles à préciser d’a- près la série d'échantillons dont nous devons la communi- cation à M. Moreau. Les rachis principaux et secondaires sont minces, grêles, quelquefois flexueux. Ils paraissent avoir été cylindriques; ils sont insérés obliquement et dans un ordre alterne. Les rameaux inférieurs, plus développés que les autres, impriment à la fronde une tendance mani- feste vers la forme triangulaire. Les pinnules ou subdivi- sions sont oblongues, plus ou moins développées suivant les parties de la fronde où on les examine, tantôt simple- ment pinnatilobées, tantôt, mais plus rarement, pinnées à segments pinnalifides, Dans tous les cas, les lobes ou pin- 388 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nules sont ovales ou arrondis, plus ou moins profondément incisés, mais toujours confluents; de plus ces pinnules vers l’extrémilé des segments ne sont jamais rétrécies en coin ni tout à fait distinctes et susceptibles de se détacher comme celles de l’espèce précédente; en suivant ces lobes de bas en haut on les voit se réduire peu à peu à l’état de simples incisures ou même de festons obtus. La figure 4, pl. 50, représente une fronde stérile, ayant sans doute appartenx à une jeune plante, et qui se rap- porte peut-être à l'exemplaire d’après lequel M. Pomel a établi son St. litophylla. Le pétiole est long de 3 centimè- tres environ, quoique la fronde entière n’en mesure que 8; la forme triangulaire est visible, les pennes inférieures, plus développées que les suivantes, portant à leur base des pinnules bipinnées; les pennes supérieures décroissentra- pidement, elles sont alternes, peu nombreuses, au nombre de 4 à 5 paires et les plus élevées ressemblent à de simples pinnules. Les pinnules de cet échantillon rappellent assez bien par leur forme celles du S£. spicans ; cependant, la fi- gure 4*, qui représente une pinnule grossie, laisse voir des lobes confluents et arrondis pareils à ceux des empreintes que nous allons décrire. Les figures 1, 2, 3, 5, pl. 50, représentent des portions plus ou moins considérables de frondes, évidemment supé- rieures par leur dimension à celle dont nous venons de par- ler et à l’état adulte, puisque deux d’entre elles montrent des parties fructifiées. Ici, les pinnules sont toujours compo- sées de lobes arrondis, plus ou moins incisés, mais con- fluents entre eux et décurrents. Plus le lobe est distinct, plus il paraît arrondi, et le terminal de chaque pinnule résulte souvent de deux ou plusieurs lobules réunis. Les fructifications se montrent en aa, disposées solitairement t | TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 389; au sommet des rachis secondaires ; elles consistent en un appendice allongé et obtus, composé de pinnules soudées par les bords et repliées en dessous. La structure de ces or- ganes ne diffère pas essentiellement de celle des parties correspondantes du Sf. spicans, mais leur disposition tou- jours solitaire et terminale les distingue très-nettement de celles-ci. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous venons de préciser les différences qui séparent le Sf. Xtophylla du St. spicans. La confluence des pinnules et la disposition solitaire des or- ganes fructificateurs à l’extrémité des pennes on rachis secondaires constituent les deux principales. La forme triangulaire des frondes et de plus grandes dimensions distinguent cette espèce de la suivante dont elleserait sans cela très-voisine. Parmi les Fougères actuelles du groupe des Cheilanthés, le S£, Xtophylla rappelle les Cheilanthes à fronde triangulaire et par la forme des pinnules le Cheilan- thes (Myriopteris) lendigera, Sw. Son port et la position des parties fructifiées lui donnent aussi une ressemblanse assez étroite avec l’Onychium aureum, Kaulf. LOGALITÉS. — Environs de Verdun et Saint-Michel, étage corallien inférieur; coll. de M. Moreau et du musée de Strasbourg, EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 50, fig. 1, portion supé- rieure d’une fronde de Séachypteris litophylla des environs de Verdun, d’après un exemplaire communiqué par M. Mo- reau et faisant partie de sa collection, grandeur naturelle, on distingue en a un appareil frucüficateur; fig. 1°, seg- ment grossi de la même empreinte. Fig. 2, portion d’une fronde de la même espèce, d’après un exemplaire de Som- medieue communiqué par M. Moreau (n°1016 de sa collec- tion), grandeur naturelle. Fig. 3, autre fragment de fronde 390 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. de la même espèce, grandeur naturelle, d’après un exem- plaire de Gibbomeix (n° 397), de la collection de M: Mo- reau; on distingue en aa deux appareils fructificateurs ; fig. 3*, portion de la même empreinte grossie. Fig. 4, fronde presque entière de St. Ltophylla, grandeur natu- relle ; d’après un. exemplaire de Verdun appartenant à la collection de M. Moreau. Fig. 5, autre fragment de fronde de la même espèce, d’après un dessin de M. Moreau com- muniqué à M. Brongniart en 1837, grandeur naturelle. N° 3. Stachypteris minuta. PI. 51, fig. 4. DrAGNosE. — S. frondibus tripinnatis ambitu elongatis sur- sum gradatim descrescentibus, segmentis primartüs alternis pa- tentibus breviusculis, secundarüs oblongis pinnatipartitis, pinnu- lis obovatis enerviüs rotundisque bast restrictis, superioribus cum terminali paullo majore confluentibus ; fructificatione ignota. Nous rapportons au même groupe que les espèces pré- cédentes une empreinte d’Orbagnoux (Ain) dont la décou- verte est due à M. Itier. Ici la fronde est tripinnée, mais les segments inférieurs ne manifestent pas de tendance à dé- passer les autres ; ils sont alternes, étalés presque à angle droit, assez courts el divisés en pinnules ou segments de second ordre qui se partagent eux-mêmes en lobes à peine visibles à l'œil nu, mais dont notre figure 2° repro- duit la forme sous un assez fort grossissement. Ces pin- aules sont obovales, arrondies au sommet et sur leur pour- tour, rétrécies à la base, distinctes entre elles, mais pres- que conliguës. La plus élevée de chaque pinnule devient seule confluente avec la pinnule terminale qui paraît géné- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 391 ralement plus arrondie que les aulres. On n’aperçoit au- cune trace de nervures. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La pelitesse de la fronde, la délicatesse des découpures, la disposition des segments principaux distinguent cette espèce et empêchent qu'on ne la confonde avec celle de Saint-Michel. Elle paraît pour- tant en avoir été congénère, ainsi que l’analogie dans le mode d’incisure des segments donne droit de l'admettre. Parmi les formes actuelles la plus voisine nous semble le Cheilanthes lendigera et aussi le Myriopteris gracilis, Fée. LOcALITÉ. — Orbagnoux (Ain), Kimméridgien inférieur, coll. de M. Jules Ilier ; très-rare. EXPLICATION DES FIGURES. — PJ. 51, fig. 1, fragment de fronde de Sfachypteris minuta, grandeur naturelle; 1°, plu- sieurs pinnules grossies. *#%%% Lomatopterideæ. — Frondes coriaceæ, pinnatipartitæ, pinnæ simplices lobatimque di- visæ margine crasso aut subtus revoluto circumcirca præcinclæ, pinnulis lobisque basi tota ad- natis plerumque el inter se confluentibus, pinnæ pinnuleæ- que valide costatæ, costæ ante apicem evanidæ tum simplices tum pinnatinerviæ, nervulis simplicibus furcatisve. TREIZIÈME GENRE. — LOMATOPTERIS. Lomatopteris, Schimper (emend.), Traité de Pal. vég., T, p. 472 (excl. Cycadopteride). DrAGNOSE. — frons coriacea pinnata pinnis in rachin plus minusve alato-appendiculatam decurrentibus sæprus lobatis in- cisoque crenatis, loborum crenarumque marginibus subtus un- 392 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. dique reflexis, nervo in pinnula segmentove ultimo quolibet urico ante apicem attenuato evanidoque, nervulis alüs extra medium nullis, HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. Schimper, en fondant ce genre, avait en vue l’Odontopteris ? jurensis de Kurr (Neu- roptersi limbata, Quenst), Fougère remarquable qui carac- térise le Corallien supérieur de Nussplingen et de Schnai- thaiïm, dans le Wurtemberg, et qui est certainement congé- nère des espèces décrites ci-après. Mais notre savant ami a cru devoir réunir au Zomatopteris jurensis les Cycadopte- ris de M. de Zigno qui, non-seulement s’en écartent d’une manière sensible, mais doivent, selon nous, être classés dans un genre distinct, quoique voisin des Zomatopteris. L'examen de la nervation, dont l'ordonnance diffère to- talement dans les deux cas, justifie notre manière de voir. Les Lomatopteris sont des Fougères oolithiques, pinna- tiparlites ou bipinnées, à pinnules adhérentes au rachis et souvent entre elles, plus ou moins confluentes au sommet des segments qui sont eux-mêmes décurrents sur le rachis principal, ailé et appendiculé comme celui des Callipteris et Odontopteris. Les Lomatopteris rappellent surtout la phy- sionomie du premier de ces deux genres; mais, d’une part, le bord des lobes et des segments est toujours cerné par un repli marginal continu dont l’analogie avec celui des Chei- lanthées ne saurait échapper et, de l’autre, on ne distingue jamais dans les segments, et lorsque les segments sont incisés, dans les lobes et les pinnules, toujours adhérentes par la base, qu’une seule côte ou nervure médiane. Celle nervure médiane unique est épaisse, fortement prononcéein- férieurement, mais elle diminue peu à peu dans la direction opposée et se termine avant le sommet. Nous avons pu nous assurer que celte nervure n’élait réellement accompa- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 393 gnée d’aucune auire, en examinant au microscope le tissu, foliacé réduit à l’état de pellicule translucide de l’une de nos espèces. À l’aide d’un faible grossissement, on distin- gue très-nelttement la côte moyenne de chaque pinnule et. l’on voit qu'aucune veine secondaire ne s’en détache pour s'étendre à travers le limbe. Dans ces résidus, le paren- chyme celluleux et d'apparence corné qui garnissait l’in- tervalle situé entre les deux épidermes se trouve réduit à: l’état de poussière amorphe, mais la couche épidermique conserve son organisation. A l’aide d’une macération un peu prolongée, elle se détache et reprend de la transpa- rence et de l’élasticité. C’est ainsi que nous avons pu des-. siner les cellules de l’épiderme, ainsi que la forme et la disposition des stomates dont nos figures à et 6, pl. 51, reproduisent l’ordonnance sous un grossissement d’envi- ron 400 fois. Le grossissement de la figure 5 est un peu moindre que celui de la figure 6, mais dans les deux cas la composition de la trame cellulaire est la même; les cellules, disposées sans ordre, sont un peu allongées, tra- pézoïdes ou penta-hexagonales, et leur réunion donne lieu à une sorte de mosaïque irrégulière. Les stomates sont ir- régulièrement disséminées et cernées d’une rangée de cellules ordinairement plus petites, au nombre de 8, 9 et jusqu’à 12. Cette structure est évidemment très-analogue à celle qui distingue les ZAinnfeldia dont la surface épider- dermique a été représentée par de nombreux spécimens dans l'ouvrage de M. Schenk (1). Du reste, si l’on se basait uniquement sur les figures de ce savant, plusieurs autres genres de Fougères, comme les Zaccopteris, manifeste- raient la même conformité; la plus étroite de toutes se- (1) Flora d. Grenzsch. des Keupers und Lias Frañkens, von Dr Aug. Schenk, passim. 394 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rait même fournie par un Z'æniopteris de Hettanges ou par le Zhaumatopteris Brauniana, le texte ne s’expliquant pas clairement au sujet de l'attribution de la figure 8, pl. 25, dont la ressemblance avec celles que nous don- nons ne saurait d’ailleurs être méconnue. M. Schenk, se- lon nous, a apprécié avec une visible exagération les carac- tères fournis par la forme et la disposition des cellules de l’épiderme. En faisant ressortir ces caractères qui varient d’un genre à l’autre et dépendent surtout de la consistance plus ou moins ferme des anciens organes, il a tantôt rap- proché des Cycadées de véritables Fougères et tantôt réuni aux Fougères de vraies Cycadées, comme ies Ofozamutes. La vérité est que ces caractères n’ont rien d’absolu et que des plantes analogues par la consistance des organes folia- cés, mais distinctes par l’ordre et même par la classe, peu- vent paraître très-voisines, si l’on s’attache à considérer en elles la seule structure de l’épiderme. La consistance épaisse des Zomatopteris ne saurait être douteuse, pas plus que leur attribution à la classe des Fou- gères. Le repli marginal qui cerne leurs pinnules paraît être au premier abord un indice de fructification ; cepen- dant, malgré le remarquable état de conservalion de cer- tains spécimens, nous n’avons pu retrouver aucun vestige de sores, ni de sporanges, sous le repli marginal encore visible. Il est juste de remarquer que chez plusieurs Chei- lanthées (genres WMyriopteris, F., Plecosaurus, F., Eriosorus, F., Notochlæna), le repli marginal des lobes n’est pas en rapport nécessaire avec les sporanges auxquels il sert de té- gument ou qu’il protége indirectement ; il peut dès lors se présenter dans les parties stériles aussi bien que dans les fertiles. Il en à été peut-être ainsi pour les Zomatopteris, et leur mode de fructification nous demeure en réalité in- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 395 connu, malgré la particularité de structure caractéristique du repli marginal des pinnules. RAPPORTS ET DIFÉRENCES. — L'existence d’une nervure ou côle médiane unique dans chaque lobe empêche de con- fondre les ZLomatopteris avec la plupart des genres de Fou- gères fossiles. Les pennes décurrentes sur un rachis ailé, adhérence des pinnules à leur base, leur soudure mutuelle et leur confluence les séparent des Pachypteris. Évidem- ment voisins des C'ycadopteris, avec qui M. Schimper à eu tort cependant de les confondre, les Zomatopteris s’en dis- tinguent et par l’absence de nervures secondaires dans chaque pinnule et aussi par le repli marginal, remplacé chez le premier de ces genres, ainsi que nous avons pu nous en assurer, par un ourlet cartilagineux où viennent se perdre les veines sorties de la médiane. Les Zomatopteris ainsi délimités ont un grand rapport apparent avec les Cheilanthées, soit à cause du repli constant de la marge, soit par le mode de partilion des frondes et le contour même des segments et des lobes. Les genres Wyriopteris, F., Plecosorus, F., Jamesonia, Hook. et Grev., Nothochlæna R. Br., surtout les deux premiers, nous paraissent les plus analogues. Chez eux aussi, la texture est coriace, les veines latérales sont invisibles ou même nulles, les pinnules sont repliées en dessous, indépendamment de la position des capsules qui occupent toute la face inférieure, tantôt nues ou imparfaitement protégées, tantôt sous-cuticulaires et soulevant pour paraître au jour l’épiderme des lobes qui leur sert de tégament. C’est un appareil fructificateur de celte nature dont M. de Zigno a cru reconnaître l’existence chez les C'ycadopteris, ainsi que nous l’expliquerons plus loin. Les Zomatopteris forment un genre exclusivement coli- * 396 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. thique ; ils se montrent en France dès la base de la grande Oolithe, et persistent jusque dans le kimméridgien ; ils ont ensuile disparu et ne paraissent avoir aucun représentant direct dans la nature vivante, bien que leur place soit mar- quée, ainsi que nous l'avons dit plus haut, non loin de la tribu des Cheilanthées. N° 1. — Eomatopteris Moretiana. PT. 51, fig. 4-6 et 52, fig. 1-5. DiaGnose. — L. frondibus verosimiliter coriaceis ambitu lato linearibus basin apicemque versus longe sensim attenuatis, rachi subtus crassa supra autem graciliore donatis, pinnatis- que, pinnis patentibus obliquioribusve numerosis alternis plus minusve approximatis crenato-pinnatifidis partitisque in ra- chin alato-appendiculatam basi plerumque decurrentibus, su- premis sümpliciusculis tandem vix confluentibus, pinnuls in pinnis frondium mediis plurinis (ex utroque latere 8-12) basi costæ medhæ adnatis inter se plus minusve coalitis demum ad apicem pinnarum confluentibus breviter obtusis rotundatisque omnibus margine subtus revolutis, costa media pinnarum su- pra vix expressa subtus prominula sensim altenuata nervulos simplices in pinnulas lobosque emittente, nervulis pinnularum simplicissimis basi crassiusculis apice deficientibus sæpe im- mersis in pagina Superiori viz perspicuis. Pecopteris Moretiana, Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 105. — — Zigno , F{. foss. oolüh., À, p. 149. Pachypteris sp. Brongniart, L. c., p. 34. Cycadopteris Brauniana (ex parte), Zigno, 1. c., 1, p. 155. (Quoad specimina gallica ad Chanay relata). TERRAIN JURASSIQUE, -= VÉGÉTAUX. 397 Lomatopteris jurensis (ex parte), Schimper, Traité de Paléon- tol. vég. 1, p. 473 (Quoad specimina gallica loco dicto Etrochey tributa). La dimension des frondes paraît être des plus variables dans cette espèce. Les moindres de ces organes ne mesu- rent guère plus de 45 centimètres de long, tandis que nous avons observé, chez M. Jules Beaudoin, à Châtillon, un exemplaire (PI. 52, fig. 4 et 2) qui dépasse 30 centimètres et n’est pas terminé inférieurement, Le plus souvent on ne recueille que des fragments plus ou moins complets, gar- nis de pennes nombreuses, rapprochées ou même conti- guës. Ces pennes, tantôt étalées à angle droit, tantôt un peu obliques, conservent à peu près la même dimension dans une portion considérable des frondes; elles dimi- nuent ensuite graduellement, en se rapprochant, soit de la base, soit de l’extrémité supérieure; elles sont souvent irrégulièrement développées ou avortées, et dans ce cas les frondes se trouvent dégarnies à certains endroits où de simples lobes tiennent la place des segments. Ces irré- gularités sont visibles sur la grande fronde de Ia collec- tion Beaudoin (P1. 52, fig. 4 et 2). La figure 4 de la même planche montre la décroissance graduelle des segments vers le bas des frondes, tandis que la figure 2 fait voir le mode de terminaison supérieure. Cette dernière figure présente, vers le haut, des segments dont les pinnules se réduisent à n'être plus que des sinuosités ; les plus élevés mesurent à peine une longueur de quelques millimètres ; ils ne paraissent pas confluents. Les pennes les plus déve- loppées sont longues de 2 à 4 centimètres, selon les exem- ‘plaires; elles sont lobées-pinnatifides : les pinnules, adhé- ‘rentes par la base, courtes, arrondies, uninerviées et 398 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. confluentes vers le sommet, sont au nombre de 6 à 12; alternes ou subopposées, elles sont disposées des deux côtés d’un rachis ou côte moyenne qui n’est indiquée que par un sillon très-fin à la page supérieure des frondes. Le rachis principal est lui-même très-mince de ce côté; les pennes sont insérées sur lui de manière à le recouvrir en partie; elles sont décurrentes à leur base, et le rachis se montre le plus souvent ailé, l’espace qui sépare chaque penne, à l’endroit de son insertion, étant occupé par un lobe ou pinnule, pareil aux autres, adhérent soit au rachis principal, soit en partie sur lui et en partie sur le rachis secondaire. Les pinnules et la fronde elle-même ont un aspect uni, lorsque l’on s’atitache aux empreintes corres- pondant à la face supérieure (PI. 51, fig. 4, et 52, fig. 3). Celles qui se rapportent à la face opposée (PI. 59, fig. 5) ont un aspect bien différent; un repli visible de la marge, sous la forme d’un ourlet étroit et continu, cerne le con- tour de tous les lobes; le rachis principal est large et un peu convexe; les secondaires sont saillants, mais assez minces relativement au premier ; ils s’effacent avant d'’at- teindre l’extrémilé supérieure des segments dont le lobe terminal, sinué ou festonné, est toujours obtus, quelque- fois arrondi et dilaté. On distingue sur le milieu de chaque pinnule une nervure médiane unique peu saillante, sou- vent même peu distincte. dont notre figure 5°, pl. 52, qui représente plusieurs pinnules grossies, montre la disposi- tion. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Celte espèce a été confon- due par M. Schimper avec son Zomatopteris jurensis (Odon - topteris jurensis, Kurr), mais il suffit, en dehors même de la différence des niveaux géognostiques respectifs, de comparer nos figures avec celles que nous reproduisons TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 399 pl. 55, fig. 1-4, et qui ont été dessinées d’après les échan- tillons originaux du musée de Stuttgart, pour conslater une différence spécifique très-marquée entre ceux-ci et les exemplaires d’Etrochey. Le Zomatopteris jurensis, Schimp., a des frondes plus robustes, plus variables, à lobes plus allongés, plus obovales, moins régulièrement incisés et surtout plus obliques. Nous pensons encore que la dimension plus allongée des pennes et le nombre plus considérable des pinnules ou lobes distinguent celte espèce des deux suivantes qui l’accompagnent dans le cal- caire de la Côte-d'Or; mais ce sont là peut-être aussi des formes d’un type variable, tellement il est difficile de sai- sir la limite qui les sépare les unes des autres. LOCALITÉS. — Etrochey, près de Châtillon-sur-$Seine (Côte-d'Or), étage bathonien supérieur ou Cornbrash; coll. de M. Jules Beaudoin, de M. E. Flouest et la nôtre ; coll. du muséum de Paris, envoi de M. le colonel Moret, à qui l'espèce a été dédiée par M. Ad. Brongniart sous le nom de Pecopteris Moretiana. — Saini-Éloi au nord de Poitiers (Vienne), étage oxfordien inférieur, coll. de M. de Lon- guemar (PI. 51, fig. 4). EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 51, fig. 4, partie médiane d’une fronde de ZLomatopteris Moretiana, vue par-dessus, d’après un exemplaire moulé provenant des environs de Poitiers (Vienne) et appartenant à M. de Longuemar; fig. 5 et 6, cellulles du tissu épidermique avec les stomates, vues sous un grossissement d’environ 100 fois, dessinées au microscope d’après les résidus des an- ciennes frondes de Zomatopteris Moretiana, réduits à l’état de lamelles cornées, mais ayant conservé une partie de leur organisation, et spécialement celle des deux épider- mes. — PI, 52, fig. 1 et 2, parties moyenne et supérieure 400 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. d'une grande fronde de la même espèce, faisant partie de la collection de M. Jules Beaudoin à Chatillon-sur-Seine et provenant d'Etrochey (Côte-d'Or); la figure 4 représente la base et la figure 2 la terminaison supérieure d’une même empreinte, continue dans l'échantillon original. Fig, 3, fronde de la même espèce, vue par-dessus, gran- ‘deur naturelle, d’après un exemplaire de la collection de M. Jules Beaudoin. Fig. 4, parties moyenne et inférieure d’une autre fronde de la même espèce vue par-dessus, d’après un échantillon de la même collection. Fig. 5, par- tie médiane d’une fronde de la même espèce, vue par-des- sous, grandeur naturelle ; fig. 5*, plusieurs pinnules grossies pour montrer la disposition de la nervure unique, existant dans chacune d'elles. N°9. —— Lomatopteris burgundiaca, PI. 54, fig. 1-4. DrAGnose. — Z. frondibus coriaceis ambitu elongato-linea- ribus apice obtuse sensim attenuatis rachr sublus crasso petio- loque valido donatis diversiformabus tum robustis tum grari- libus pinnatis, pinnis abbreviatis multiplicibus approzimatis expansis in rachin plerumque alato-appendiculatum decurren- tibus pinnatilobatis, inferioribus paullo minoribus, medis ple- risque æquilongis, summis paucilobatis simplicibusque tandem confluentibus, pinnulis pinnæ cujushbet utrinque 3-6, ultima ‘cœæteris sæpius majore integra aut sinuata obtusa rotundata- que, omnibus margine subtus revolutis prœter costam pinna- rum mediam subtus prominulam enerviüs aut uninerviüis ner- vulo vir notato. Nous réunissons en une espèce distincte de la précé- dente, non sans réserve cependant, les exemplaires prove- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. AO! nant d’Etrochey que représente la planche 54, quelle que soit leur diversité apparente au premier coup d'œil. Ges échantillons très-complets et fort beaux de conservation laissent voir les caractères suivants : la forme générale des frondes est linéaire ou largement linéaire, allongée, atténuée insensiblement au sommet, mais beaucoup moins vers la base qui se termine assez brusquement. Le pétiole est large, dilaté et tronqué inférieurement ; il est long de 3 centimètres environ et continu avec le rachis principal dont il égale la largeur à la page inférieure, tandis que supérieurement ce même rachis est mince et paraît recouvert en partie par les pinnules inférieures de chaque segment. Ces segments, quelle que soit la grandeur des frondes, sont toujours proportionnellement courts et parlagés en un petit nombre de pinnules; en sorte que la grande empreinte, PI. 54, fig. 4, dont les dimensions dé- passaient de plus du double celles des empreintes figurées sur la même planche, fig. 1 à 3, ne compte cependant jamais plus de 6 paires de lobes sur chaque penne, Ces pennes sont conformées comme celles du Zomatopteris Moretiana, mais elles se terminent par un lobe ordinaire- ment plus élargi et plus arrondi au sommet, Le rachis principal se trouve constamment ailé et appendiculé, par suite de la décurrence des segments. Les deux exemplaires fig. 2 et 3, pl. 54, se rapportent l’un (fig. 3) à la partie moyenne, l’autre (fig. 2) à la partie supérieure d’une fronde; mais la fig. 1, même planche, reproduit une fronde de petite taille, à laquelle ne manquent, ni le pé- tiole, ni la terminaison supérieure. Les segments dimi- nuent de longueur insensiblement, en se rapprochant du sommet ; leurs pinnules, d’abord réduites en nombre, de- viennent de simples sinuosités; puis les segments se VÉGÉTAUX. — J. 26 492 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. changent en lobes allongés et obtus, confluents à la fin avec le lobe terminal dont le contour dessine une ellipse arrondie. Les côtes médianes de chaque segment sont saillantes et épaisses. Sur la grande empreinte seulement (PI. 54, fig, 4), on entrevoit des nervures moyennes, mar- quées vers la base des lobes, mais disparaissant avant leur sommet. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les pinnules moins nom- breuses, la largeur relative du lobe terminal de chaque segment, le rachis principal plus épais, le contour plus étroitement linéaire de la forme générale des frondes, les pennes moins développées et confluentes au sommet, tels sont les caractères qui paraissent distinguer cette espèce de la précédente, dont il est cependant possible qu’elle ne représente qu’une simple forme. LOcALITÉ. — Etrochey, près de Châtillon-sur-Seine (Côte- d'Or), dans les mêmes lits que le Zomatopteris Moretiana ; coll. de M. Jules Beaudoin et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 54, fig. 4, fronde com- plète de Lomatopteris burqundiaca Sap., d’après un exem- plaire communiqué par M. Jules Beaudoin et faisant partie de sa collection, grandeur naturelle; la fronde est vue par-dessus. Fig. 2, parlie supérieure d’une fronde de la même espèce, vue par-dessous, grandeur naturelle. Fig. 3, partie moyenne d’une autre fronde de la même espèce, vue par-dessus, grandeur naturelle. Fig. 4, par- ties moyenne et inférieure d’une fronde de grande dimen- sion, attribuée à la même espèce et vue par-dessous, grandeur naturelle, d’après un exemplaire de notre collec- tion. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 403 N°3. — Lomatopteris Balduini, PI. 53, fig. 1-5. DIAGNOSE. — Z. frondibus coriaceis mediocriter petiolatis linearibus elongatis apice sensim obtuse attenuatis rachi subtus valida instructis pinnatis pinnatifidisque, pinnis brevibus obtuse oblongis basi parce lobatis simplicibusve inter se liberis vel coalitis uninervüs marginibus subtus revolutis, superioribus sim- plicibus, supremis confluentibus, terminal breviter rotundata. Les frondes de cette espèce que nous dédions à M. Jules Beaudoin, comme un souvenir de son zèle à recueillir les plantes fossiles d’Etrochey, sont étroitement linéaires, allongées, insensiblement atténuées et néanmoins obtuses au sommet. Leur pétiole a la même dimension que celui du Z. burgundiaca, 3 centimètres environ; il est un peu plus mince et continu, à la face inférieure, avec le rachis principal qui est large, saillant et conserve une égale épaisseur jusqu’à un point rapproché de la terminaison supérieure. Les pennes ou segments sont très-irréguliers et serrés les uns contre les autres ; ils sont entiers, oblongs el arrondis au sommet, adhérents au rachis et soudés entre eux à la base comme vers l’extrémité supérieure des frondes ; souvent ils conservent partout la même forme ou se montrent exceptionnellement lobulés, ainsi que l’on peut le constater en jetant les yeux sur la fronde représen- tée pl. 53, fig. 1, dont certaines pennes, et sur un côté seulement, paraissent lobées, les autres demeurant parfai- tement entières. Les figures 2 et 3,même planche, représen- tent des frondes mieux développées et probablement beau- coup plus longues, dont les segments, toujours très-courts, sont terminés par un lobe tantôt arrondi, tantôt atténué 404 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, en pointe; chaque segment porte en outre inférieurement 2 paires de lobes arrondis, plus ou moins prononcés. Dans ce dernier cas, les segments, libres entre eux, ne sont pas même décurrents, comme ceux des espèces pré- cédentes, ou le sont très-rarement et le rachis principal n’est lui-même ni ailé ni appendiculé dans l'intervalle du reste fort étroit qui sépare les segments. Quelle que soit leur forme, qu'ils soient entiers ou fes- tonnés sur les bords, les segments, toujours très-courts, offrent plutôt l’aspect de simples pinnules que de pennes proprement dites; ils sont pourvus d’une côle médiane simple, émise à angle droit le long du rachis principal, épaisse à la base, atténuée ensuite, disparaissant vers le sommet et visible seulement à la page inférieure, sans vestige d’aucune autre. Le repli marginal est contant et cerne partout le bord des lobes et des lobules. Les seg- ments, lorsqu'ils sont simples, sont parfois soudés à moi- tié l’un avec l’autre ou bien ils empiètent les uns sur les autres, tellement ils sont contigus. La figure 1, pl. 53, laisse voir le mode de terminaison; les segments du tiers supérieur de la fronde diminuent insensiblement, ils de- viennent enfin confluents et donnent lieu à un dernier lobe obtus et arrondi, que rien ne distingue des latéraux. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il est impossible de con- fondre cette remarquable espèce avec les précédentes. La forme des segments principaux réduits à l’état de sim- ples pinnules, tantôt simples, tantôt paucilobées la distin- gue du Zomatopteris burgundiaca et encore plus du ZLoma- topteris Moretiana. Il est naturel de comparer celle espèce aux Jamesonia scalaris Kunze, et rotundhfolia Fée, Fou- gères péruviennes de la tribu des Cheilanthées, dont elle affecte le port. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 405 LocaLITÉ. — Etrochey, près de Châtillon-sur-Seine, étage bathonien supérieur ou Cornbrash; coll. de M. Jules Beaudoin et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 53, fig. 1, fronde entière, brisée et repliée naturellement, de Zomatopteris Balduini, grandeur naturelle. Fig. 2, partie moyenne d’une autre fronde de la même espèce, vue par-dessous, d’après un exemplaire communiqué par M. Jules Beaudoin et appar- tenant à sa collection. Fig. 3, fronde presque entière de la même espèce vue par-dessous, d’après un exemplaire communiqué par M. Jules Martin et recueilli par M. Migne- rel, de Lyon, entre Courcette et Etrochey, grandeur natu- relle. Fig. 4, fragment d’une fronde de la même espèce, vue par-dessous, grandeur naturelle; les segments de ce dernier échantillon sont parfaitement entiers. Fig. 5, frag- ment de fronde de la même espèce, vue par-dessous, d’après un échantillon communiqué par M. Beaudoin et faisant partie de sa collection, grandeur naturelle; les segments paraissent dans cet exemplaire munis à leur base d’une seule paire de lobules, ce qui leur donne l'apparence trilobée. N. 4. — Lomatopteris jurensis. PI, 55, fig. 1-5. Lomatopteris jurensis, Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. #73, PI. 45, fig. 2-5. (Excl. Cyca- dopteride PBrauniana et C.he terophylla ut synonyma Loma- topt. jurensis a cl. Schimper nec recte acceptis nec etiam ge- neri Lomatopleridi prorsus an- numerandis , exclusis tandem speciminibus gallicis loco dicto Etrochey pertinentibus. 406 PALÉONTOLOGIE FRANCAISF, DrAGNOSE. — Z. fronde pinnata bipinnataque coriacea, rachibus crassis, segmentis erecto-patentibus rachis faciei su- periort affixis, inque rachin sæpe alatam appendiculatamque basi decurrentihus ambitu lingulato-oblongis obtusis simplicibus lobatisque, lobis pinnulisve obliquis obtusis rotundatisque sæpe confluentibus, ultimo majore, pinnularum loborumque omnium margine subtus undique revoluto, nervis e costa media pinna- rum in pinnulas lobosque oblique emissis simplicissimis, nervu- hs alüs prœter medio nullis. Odontopteris ? jurensis, Kurr., Beitr. z fl. d. Jura-format. Wur- temb., p. 12, tab. 2, fig. 1. — — Zigno, F1. foss. oolith., 1, p. 189. DNeuropteris limbata, Quendst., D. Deutsch. Jura, tab. 99, fig. 8. — —_ Schenk, Palæontog., XI, p. 300, tab. 48, fig. 2. — — Unger, Ibid., IV, tab. 8, fig. 7. Un fragment très-douteux (PI. 55, fig. 5) paraît êlre être jusqu'ici le seul représentant du vrai Zomatopteris Jurensis sur le sol français ; mais, comme celte espèce ca- ractérise les dépôts de Solenhofen et de Nuspligen en Al- lemagne et qu’elle a été confondue jusqu'ici avec les for- mes congénères du Cornbrash et de l’Oxfordien, nous ju- geons ulile de la décrire et de la figurer d’une façon exacte, d’après des dessins originaux que notre ami M. Schimper a bien voulu nous communiquer. Les échan- tillons de Nuspligen reproduits par nos figures (PI. 55, fig. 1-4) varient dans une si forte proportion que l’on se- rait tenté d’y reconnaître plusieurs espèces, si ces diversi- tés se trouvaient constantes. La plupart des caractères propres aux Lomatopteris d'Etrochey reparaissent dans TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 407 l'espèce corallienne d'Allemagne, mais avec des diffé- rences sensibles qui obligent de reconnaître celle-ci comme une forme bien distincte des premiers. Les frondes du Zo- matopteris jurensis paraissent avoir été tantôt simplement pinnatifides, tantôt pinnées, à pennes pinnatifides. Les segments sont attachés à la partie supérieure du rachis qu'ils recouvrent, tandis que les pinnules et les lobes, très- rapprochés les uns des autres, affectent une direction obli- que et une disposition souvent imbriquée qui n’existent pas chez les ZLomatopteris d’Étrochey et de Cirin. Le ra- chis est constamment ailé dans l'intervalle qui sépare les * pennes, à cause de la décurrence de celles-ci qui se pro- longent plus ou moins et souvent même donnent lieu à un, ou deux lobes insérés directement le long de la côte mé- diane. Les pennes sont oblongues, assez courtes, plus ou moins larges, obtuses supérieurement, tantôt simples et entières, tantôt pinnalifides ou pinnatilobées à pinnules oblongues, obtuses ou arrondies, toujours plus ou moins obliques et confluentes vers le haut des segments dont Île lobe terminal est obius ou arrondi. Le bord des pennes et des pinnules, comme chez les espèces précédentes, est constamment replié en dessous, de manière à former une marge étroite et continue. La côte médiane des segments est unique dans chacun d’eux, lorsqu'ils sont entiers ; mais dans les segments pinnatifides, chaque lobe reçoit une nervure médiane toujours simple et obliquement émise. La texture coriace du Z. jurensis est certaine ; le tissu même des frondes s’est parfois conservée à l’état de lames cornées, selon le témoignage de M. Schimper; ce dernier fait témoigne de la conformité d’aspect et de consistance des Lomatopteris de Nuspligen avec ceux d’Étrochey qui présentent la même particularité. 408 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Malgré une incontestable analogie, la distinction du Zomatopteris jurensis d'avec les espèces d’Étrochey et les Cycadopteris de M. Zigno n’en est est pas moins certaine. L'obliquité des pinnules, la taille plus forte, un autre mode de partition des frondes séparent le Zomatopteris jurensis des Lomatopteris Morctiana et bur- gundiaca et même du Z,. cirinica. Il s’écaite encore plus du Lomatopteris Balduini. On conçoit pourtant qu’en s’atta- chant seulement à certaines empreintes isolées on ait été porté à confondre toutes ces formes. La figure 9, tab. 99, ‘ de l’ouvrage de Quenstedt pourrait autoriser celte réunion, les pinnules étant plus régulières, plus petites et moins _obliques que dans le type ordinaire ; mais les magnifiques spécimens du musée de Stutigard que nous figurons nous paraissent autoriser pleinement une distinction spécifique, dont la distance verticale qui existe entre le Cornbrash d’Étrochey et le Corallien supérieur du Nuspligen aug- mente la probabilité. La séparation d’avec les C'ycadopteris n’est pas moins visible ; puisquechez ceux-ci la non décur- rence des segments, l'absence de nervures latéraleset l’our- let marginal formé, non par un repli, mais par un rebord cartilagineux fournissent autant de caractères différen- tiels. LOCALITÉS. — Orbagnoux (Ain), étage kimméridgien in- férieur, coll. de M. Itier: une seule empreinte douteuse. — En dehors de France l’espèce se montre à Nuspligen (Wurtemberg) et à Solenhofen (Bavière); elle est surtout caractéristique pour le Corallien supérieur de la première de ces deux localités. EXPLICATION DES FIGURES. — Planche 55, fig. 4, parties moyenne et supérieure d’une fronde de petite taille de Zo- matlopteris jurensis Schimp., vue par dessus, d’après un ES US TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 409 échantillon du musée de Stuttgardt, dessiné par M. Schim- per, grandeur naturelle. Fig. 2, moitié supérieure d’une fronde de la même espèce, vue par dessous, même prove- nance, grandeur naturelle. Fig. 3, extrémité supérieure d’une fronde ou d’un segment de fronde de la même es- pèce, vue par dessous, composée de pinnules entières, même provenance, grandeur naturelle. Fig. 4, portion médiane d'une fronde de la même espèce, vue par des- sous, même provenance, grandeur nalurelle. Fig. 5, frag- ment douteux d’une fronde de ia même espèce, vue par dessous, présentant des pinnules simples, entières et irré- gulièrement disposées, d’après un échantillon d’Orba- gnoux (Ain), appartenant à la collection de M. Ilier, gran- deur naturelle (1). N.5.— Lomatopteris cirinica. PI. 56, fig. 1-2, et 57, fig. 1-2. DrAGNxO3E. — Z. frondibus elatis coriaceis robustis circiter pedalibus petiolo valido subtus semi-tereti ad basin incrassalo donatis, ambitu lato-linearibus pinnatis subpinnatisque, seq- mentis primarüs oppositis allernisque plus minusve in lobos pinnulasque basi tota adnatos lateribus contiquos apice obtusa- tos partitis rarius integris vel basi unilobatis in rachin alato- appendiculatam deorsum decurrentibus, supremis tandem con- fluéntibus, pinnarum loborumque marginibus, ut videtur, leviter subtus revolufis, nervo unico in pinnulas quaslibet excurrente ob speciminum defectum fere imperspicuo. (1) Les traits noirs en forme de veines, que le dessinateur a beaucoup trop accentués en reproduisant notre figure, nous ont paru représenter plutôt un accident de fossilation que de véritables nervures. Si cependant la dernière supposition devait être adoptée, ce spécimen ne serait autre qu'un échantillon déformé du Lomatopteris Brauniana, espèce fréquente dans les lits d'Orbagnoux. (Note ajoutée au moment de l'impression.) 410 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Bien que plus rapprochée, par ses caractères comme par le temps où elle a vécu, du Zomatopt. jurensis Schimp. que les spécimens d’Étrochey, cetle forme, dont il a été recueilli à Cirin deux magnifiques exemplaires, nous pa- raîit devoir être décrite séparément. A peu près contem- poraine de l’espèce de Wurtemberg, elle paraît douée d’un faciès analogue et de dimensions semblables ; cepen- dant lorsqu'on examine les frondes que nous possédons dans leur intégrité, il est difficile de ne pas leur recon- naître un air de famille et une parenté évidente avec les Lomatopteris Moretiana et burqundiaca, surtout avec ia se- conde de ces deux formes bathonnienes. En réalité, notre L. cirinica lient le milieu entre ces divers types sans se confondre tout à fait avec aucun d’eux, et il présente lui- même des caractères différentiels qui, bien que faibles, autorisent la distinction que nous proposons. Les deux frondes de Cirin, que nous reproduisons, sont intactes, y compris le péliole ; elles mesurent égalementune longueur totale d’environ 30 centimètres. Bien qu’elles aient incon- testablement appartenu à la même espèce, elles diffèrent assez notablement l’une de l’autre. Le spécimen, pl. 56, a un pétiole plus gros etun peu plus court; le contour géné- ral est moins large ; les segments principaux sont beau- coup plus nombreux, 20 au moins au lieu de 12à 43; mais, au lieu d’être uniformément divisés en lobes ou pinnules de dernier ordre, les inférieurs, au nombre de 7 à 8 paires, sont les uns entiers, les autres munis d’un lobule unique, en sorte que les médians seuls se trouvent incisés et que tous sont bien moins allongés que dans le second spéci- men. Mais la forme des lobes et des appendices dont le rachis est bordé, l’ordre des segments et leur disposition sont tellement pareils des deux parts qu'il est vraiment TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 411 impossible de s’arrêler à ces divergences d’une nature {out accidentelle. Le spécimen, pl. 57, fig. 1-2, représente une fronde plus large et moins haute relativement; les segments sont bien moins nombreux. mais ils s'étendent davantage et sont tous partagés en pinnules larges, obtuses et arrondies au sommet, contiguës par les bords, adhérentes par toute leur base et plus ou moins soudées entre elles. Ces pin- nules sont insérées moins obliquement, moins allongées et moins larges que celles du Zomatopt. jurensis, qui pa- raissent, d'après les dessins originaux que nous reprodui- sons, avoir été couchées les unes sur les autres de manière à se recouvrir légèrement par les bords. Les segments pri- maires de la fronde de Cirin sont linéaires, obtus et sou- vent arrondis à leur sommet, où les pinnules se changent en lobes confluents qui deviennent à la fin de simples si- nuosités. Ces mêmes segments se raccourcissent en appro- chant du sommet de l'organe qui se termine par plusieurs paires de lobes confluents et entiers, dont l’extrémité pa- raît comme tronquée. On distingue vaguement la trace d'une nervure médiane sur quelques-uns des lobes, ainsi que le repli marginal qui cernait leur bord ; mais l’em- preinte est trop peu précise pour permettre de bien juger de ces derniers détails. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Ce que nous venons de dire et une comparaison rendue facile par les figures de notre planche 55, avec le ZLomatopt. jurensis de Nuspligen, per- mettent de se faire une idée des similitudes et des diver- gences qui existent entre la plante de Cirin et celle du Wurtemberg. Rapproché des Zomatopteris bathoniens, le L. cirinica s’en distingue par une taille ordinairement plus élevée, par une terminaison supérieure moins allongée 412 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, et par des segments plus obliquement insérés. Cependant, on reste frappé des rapports d'ensemble qui les relient évi- demment les uns aux autres. Il faut pour s’en rendre compte établir la comparaison entre la plus large des frondes de Cirin et le plus grand des spécimens d’Étrochey (PI. 54, fig. 4); on constate de cette façon que les seg- ments principaux de ce dernier exemplaire sont étalés à angle droit, très-multipliés et à peu près contigus, tandis que dans le premier ils sont bien moins nombreux, plus espacés et plus obliques. Il serait difficile de songer à les confondre dans une seule espèce, et cependant on serait tenté de considérer toutes les formes que nous venons de signaler comme des races locales, déviées plus ou moins d’un type des plus polymorphes. Du reste la beauté des échantillons favorise l’examen de la question et il est rare de pouvoir s'appuyer, en paléophytologie, sur des docu- ments aussi complets pour démontrer la filiation d’une form e particulière par une autre forme, antérieure à la première et séparée d’elle par un long intervalle de temps. Nous croyons qu’il est impossible de ne pas admettre que le Zomatopteris cirinica ne soit un prolongement légèrement modifié du type d’Étrochey ; celui-ci aurait donc persisté, en se modifiant quelque peu, depuis le Bathonien jusqu’au Kimméridgien, au sein de la même contrée, s’ayançant vers l’est à mesure que les émersions étendaient le péri- mètre continental et ouvraient à la végétation de nouveaux espaces. LOcALITÉS. — Cirin (Ain), étage kimméridgien inférieur; collection du muséum de Lyon et des pelits-frères de Ma- rie, à Saint-Genin-Laval (Rhône). EXPLICATION DES FIGURES. — Planche 56, fig. 4 et 2, fronde complète de ZLomatopteris cirinica Sap., grandeur TERRAIN JURASSIQUE, == VÉGÉTAUX. 413 nalurelle, d’après un échantillon du muséum de Lyon, communiqué par M. Lortet. — PI. 57, fig. 1 et 2, autre fronde également complète de la même espèce, d’après nn échantillon reçu en communication des petits-frères de Marie, par l'intermédiaire de M. Dumortier, grandeur natu- relle. No 6. — Lomatopteris minima, PI. 56, fig. 2-3. DIAGNOSE. — L. fronde minuta lanceolata bipinnata, seg- mentis primarüs brevibus pinnatilobatis partitisque, lobis rotundatis inter se basi coalitis mox confluentibus uninervüs. L’empreinte d’Armaille que nous reproduisons sous ce nom présente, malgré sa petitesse, tous les caractères d’un Lomatopteris, la texture coriace, les lobes soudés entre eux et par la base, la nervure médiane unique, le bord cerné par un repli marginal, à peine visible, il est vrai, tellement il paraît étroit. Les segments principaux sont peu développés, subopposés et partagés en pinnules ob- tuses, bientôt confiuentes. C'était là une espèce de très- petite taille. Nous lui réunissons avec un peu de doute une empreinte d'Orbagnoux (fig. 2) qui présente des carac- tères sensiblement pareils. Nos figures grossies 3* et 3°? (cette dernière sous un plus fort grossissement) permet- tent de saisirles caractères de cette curieuse espèce. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La petitesse de la fronde du Lomatopt. minima empêche de la confondre avec aucun de ses congénères, mais on serait tenté de reconnaître en lui un Séachypteris ou de le prendre pour le Sphenopteris mi- nutifolia, si la netteté parfaite de la nervation ne démontrait sonaffinité avec les autres Lomatopleri. A PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. LocALITÉS, — Armaille, coll. de M. Falsan (fig. 3) et Or- bagnoux, coll. de M. Ilier ; étage kimméridgien inférieur. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 51, fig. 2, fragment d’une fronde de Zomatopteris minima, grandeur naturelle ; 9s, même fragment grossi, d’après un échantillon d’Orbagnoux. Fig. 3, sommité d’une fronde de Zomatopteris minima, grandeur naturelle, d’après un échantillon communiqué par M. Falsan ; fig. 3*, un des segments grossis; 3?, plu- sieurs pinnules vues sous un plus fort grossissement, pour montrer la disposition de la nervation. No 7. — Lomatopteris DPesnoyersii. Pis Es DIAGNOSE. — ZL. frondibus vel rondium segmentis coria- ceis rigidis anguste linearibus grosse crenato-lobatis, lois obtussissume rotundatis basi lata adnatis inter seque coalitis margine subtus revolutis, nervis nervulisque prœæter costam mediam segmenti valide expressam distinctis nullis. Filicites Desnoyersii, Ad. Brongniart, Ann. sc. nat. IV, p. 421, pl. 19, fig. 14. Pecopteris Desnoyersü, Id., Hist. des vég. foss., I, p. 366, p. 329, fig. 4. — Tab. des genres de vég. foss., p. 105. Nous n’hésitons pas à réunir aux Zomatopteris le Pecop- teris Desnoyersi de Brongniart qui présente, malgré la faible étendue et le mauvais état de conservation du frag- ment qui à servi à établir l’espèce, la plupart des caractères du genre. L’échantillon original que M. Brongniart a bien voulu nous communiquer , et d’après lequel nous avons tracé le dessin pl. 51, fig. 5, consiste seulement en un seg- ment de fronde, simplement pinnalifide, de texlure coriace TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 415 et pourvu d’un rachis ou côte médiane saillante et relative- ment épaisse (2 1/2 millim.). L’empreinte se rapporte à la page inférieure ; la forme générale est étroitement linéaire, et le limbe, dont la plus grande largeur n’excède pas 8 mil- limètres, est partagé en lobes semi-circulaires, soudés en- tre eux par leur base élargie et cernés dans toute leur éten- due par un repli continu de la marge. Ainsi, les pinnules ne sont que des lobes dans lesquels on ne distingue aucune trace de nervures secondaires sorties de la médiane. Il est vrai que le grain oolithique de la roche enlève la possibi- lité de distinguer aucun détail ; on peut juger pourtant de la nature coriace de l’ancienne fronde par la profondeur de l'empreinte qu’elle a laissée. La découverte de cette espèce et de la plupart des plantes si intéressantes, malgré leur petit nombre, de l'Oolithe de Mamers, est due à un savant remarquable par la finesse et la sagacité de ses aperçus, M. Desnoyers, qui a fixé l’âge des formations oolithiques du nord-ouest de la France et établi leur concordance avec les étages classiques d’outre- Manche, dès 1824, c’est-à-dire à une époque où la science elle-même était en voie de création. M. Desnoyers recon- nul dès lors l'existence de caractères propres à distinguer la flore terrestre jurassique de celle des temps carboni- fères, et soumit les précieux débris qu’il venait de recueil- lir à l’étude de M. Brongniart, dont la Nofe sur les végé- taux fossiles de l'Oolithe à fougère de Mamers marque une des premières dates dans la série des progrès si rapidement accomplis sous l'impulsion de ce savant. — M. Desnoyers, dans son mémoire, insiste sur la liaison présumée du ter- rain de Mamers avec celui de Stonesfeld, subordonnés tous deux à l’Oxfordien. Ce point de vue, demeuré parfaitement exact, a été confirmé par l’observalion récente, à Etrochey 416 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, (Côte-d'Or) et en Angleterre même, du Prachyphyllum Des- noyersi (Mamillaria Desnoyersa, Brngl.), trouvé sur le même horizon que dans la Sarthe, vers le point de jonc- tion du Bathonien et de l’Oxfordien (Cornbrash). M. Des- noyers, à qui nous devons la communication de ceux des matériaux relatifs au dépôt de Mamers qui ont échappé, en très-petit nombre, aux déprédations de l’ennemi, avait saisi sans peine la nature ptéridologique de l’empreimte à laquelle M. Brongniart donna bientôt après le nom de Filicites Desnoyersii, puisqu'il la comparait aux feuilles des Asplenium et des Ceterach (4). Rapports ET DIFFÉRENCES.— M. Brongniart n'avait rangé qu'avec doute celte espèce parmi les Pecopteris dont elle ne possède pas la nervalion caractéristique. L'opposition assez marquée des pinnules lui donne de l’analogie avec le groupe des Pachypteris ; mais l’absence de nervures visibles autre que la côte médiane, la sailhe et l’épaisseur de celle-ci et surtout le repli de la marge la range très-naturellement à côlé des Zomatopteris ; elle ressemble plus particulière- mentau Z. Balduini dont elle diffère par des pinnule stout à fait arrondies, à peine saillantes, toutes égales et plus constamment soudées entre elles, On ne saurait confondre celte espèce avec aucune autre Fougère fossile, bien qu’elle rappelle au premier abord l'Odontopteris obtusa Brngt. et le Ctenopteris cycadea. LOCaLITÉ. — Mamers (Sarthe), étage bathonien ; collec- tion du muséum de Paris. DESCRIPTION DES FIGURES. — PI. 51, fig. 7, fragment d’une fronde de Lomatopteris Dernoyersiü, dessiné d’après l’échan- tillon original unique, communiqué par M. Ad ,Brongniart, grandeur naturelle, (DA scan ET END TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 417 TREIZIÈME GENRE. — CYCADOPTERIS. Cycudopteris, Zigno (non Schimper), Nuovo gen. di Felce foss. in Act. 1. R. ‘Venet., vol. VI, série 3, 1861 ; Enum. filic. foss. form. ool., p. 29; F1. foss. 00- lith., I, p. 152. DIAGNOSE. — frons pinnata aut bipinnata, rachi crassa lon- gitudinaliterque striata instructa, pinnis segmentisque integris crenatoque pinnatifidis lobatisve basi adnatis et in rachin au- guste alatam decurrentibus, nervi pinnarum primariarum eras- sissimi ante apicem soluti, nervuli prœter medios laterales e coshis sub angulo tum aperto tum plus minusve obliquo orti unifurcati interdum simplices ad marginem cartilagineo-cinc- tum terminati; sori (secundum cl. Zigno) lineares arcuati Juzto nervulos dispositi immersi sub cuticula sporangiorum ma- turitate tandem aperta nascentes. Lomatopteris (ex parte), Schimper, Traité de Pal. vég., I, p. 472. HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. de Zigno a établi ce genre pour des Fougères qui abondent dans l’Oolithe du Vicentin et du Véronnais et dont cet auteur croit avoir découvert jusqu'aux sores, en soumettant à l’analyse microscopique les portions conservées des anciennes frondes, réduites à l’état de pellicule desséchée. La même particularité, nous venons de le voir, s’est présentée chez les Lomatopterrs, et cette circonstance jointe à une assez grande conformité d'aspect pourrait faire penser qu’il s’agit de deux groupes alliés de près. Il nous semble pourtant que rien n’aulorise à les confondre, à l'exemple de M. Schimper, ni surtout à identifier le ZLomatoptéris jurensis avec les Cycadopteris Brauniana, heterophylla el undulata. Pour ce qui est de la VÉGÉTAUX, — J. 27 AS PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. réunion de ces différentes formes en une seule, elle est possible, probable même pour la première et la dernière qui représentent, à vrai dire, des frondes semblables, mais vues soit par dessus, soit par dessous; elle nous semble par contre bien moins assurée pour le Cycadopte- ris heterophylla dont les frondes à pennes toujours pin- nalifides sont loin d’avoir l’aspect de celles de i’espèce principale. Les C'ycadopteris avaient des frondes coriaces, rigides, résistantes, pourvues d’un rachis épais et de côles média- nes larges et saillantes, mais seulement sur la face infé- rieure, ce qui prouve que les segments étaient fixés sur l’a- rête supérieure des rachis. Ces segments, toujours plus ou moins allongés, sonttantôt simples el entiers, tantôt lobés- pinnatifides et décurrents à la base sur le rachis qui est tantôt nu, tantôt ailé et appendiculé, comme chez les Lo- matopteris. La marge est toujours cernée par un ourlet, non pas provenant d’un repli, mais constitué par un bour- relet étroit et cartilagineux. La côte médiane de chaque segment est large et saillante inférieurement, mais à peine marquée par un sillon sur le revers opposé; elle se pro- longe dans l'intérieur du segment ou du lobe sans s’amin- cir beaucoup jusqu’à un point voisin de sa terminaison, où elle s'arrête en donnant lieu à deux ou trois nervules très- courtes, pareilles à celles qu’elle émet tout le long de son parcours. Celles-ci sont ordinairement bifurquées pres- que dès la base, d’autres fois simples, et vont rejoindre le bourrelet calleux, servant ainsi de liaison entre lui et la côte médiane, Telle est cette nervalion très-curieuse et très- nettement caractéristique qui reparaît aussi bien dans les sezments principaux, lorsqu'ils sont simples, que dans les pinnules etles lobes secondaires. Partout où se montrerait TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 419 une médiane unique chez les Zomatopteris, des nervules latérales se montrent ici, courtes et le plus souvent bifur- quées, mais visibles seulement sur le revers inférieur des frondes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Cycadopteris est le proche allié de plusieurs types de Fougères coriaces, qui tous caractérisent également la série jurassique. Sa ner- vation pinnée le sépare très-nettement des Céenopteris, et quoique déjà plus rapproché des Zhinnfeldia , il s’en dis- tingue par des nervules bien moins obliques, simples ou fourchues mais non pas plusieurs fois ramifiées-dichotomes, sortant toutes de la côte moyenne et non pas émises, en partie au moins, directement du rachis. Le bourrelet car- tilagineux qui sert de marge aux pinnules des C'ycadopteris constitue aussi un caractère fort net, empêchant qu’on ne puisse confondre ce genre avec celui des Pachypteris dont les pinnules sont opposées et uninerviées, ou bien avec les Scleropteris et les Dichopteris dont les pinnules sont éner- ves ou parcourues par plusieurs veinules sans médiane, ou bien enfin avec les Zomatopteris dont la bordure résulte d'un repli de la marge et qui ne présentent jamais qu’une médiane unique dans chaque lobe. Cependant, c’est non loin de ce dernier genre et dans la même section que les Cycadopteris doivent être rangés. Leur mode de fructification, si les détails donnés par M. de Zigno viennent à être confirmés par l’observation des sporanges, serait un indice de plus de l’affinité com- mune de la section tout entière avec celle des Cheilar- thées. En effet, les sores naissant sous l’épiderme, soule- vant la cuticule à la maturité et la transformant en un té- gument destiné à s’entr’ouvrir et à persisler plus ou moins, s’observent dans quelques genres très-rares de Polypodia- 420 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. cées, mais spécialement dans le genre WMyriopteris dont nous avons signalé l’analogie de forme avec nos ZLomatop- teris. Seulement, les sporanges des Myriopteris occupent toute l’étendue de la pinnule et soulèvent à la maturité la cuticule tout entière, tandis que ceux des Cycadopteris, si l’on adopte la manière de voir de M. de Zigno, seraient circonscrits de manière à donner lieu à des sores oblongs, disposés parallèlement aux nervures secondaires. La cuti- cule, après s’être fendue sur le milieu, se replierait sur les côtés en deux lèvres, formant une sorte de bourrelet qui prendrait son appui sur la nervure. Il est vrai que les ob- servations de M. de Zigno ne paraissent pas assez con- cluantes pour entraîner la conviction. Les pinnules de Cy- cadopteris, à l’état de membranes desséchées, que M. de Zigno a bien voulu nous communiquer, et dont il est aisé de séparer les deux épidermes, seules parties dont l’orga- nisation se soit conservée, laissent bien voir au microscope des endroits plus minces et plus transparents et des zones plus sombres ; celles-ci nous ont paru correspondre au trajet des nervures que leur épaisseur rend opaques, tan- dis que dans l'intervalle qui s’étend entre les nervures le tissu cellulaire épidermique devient visible par transpa- rence ; ilest facile de reconnaîlre que sa structure offre le plus grand rapport avec celle des parties correspondantes des Lomatopteris. Malgré tous nos soins, nous n’avons pu cependant observer aucun vestige de sores sous-cuticu- laires ni de cuticule soulevée ni de sporanges en place. Nous avons conclu de cet examen que les pinnules soumises à notre investigation étaient stériles ; mais M. de Zigno qui a pu disposer d’un grand nombre d'échantillons a été sans doute plus heureux; il a vu, dit-il, la cuticule enlevée à l'endroit présumé des sores ; il a remarqué les restes re- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 491 pliés de cette cuticule et l'emplacement un peu enfoncé occupé suivant lui par les sporanges, sans rencontrer ce- pendant,-ce que l’on ne peut s'empêcher de trouver singu- lier, aucune trace de ces derniers. LoCALITÉS. — Le genre C'ycadopteris est exclusivement propre à l'Oolithe; il est répandu dans l’Oxfordien des provinces véniliennes, où il a été découvert par M. de Zigno, surtout au mont Pernigoiti et au val Zuliani, dans le Véronnais, à Rotzo, dans le val d’Assa (Vicentin) ; il a été retrouvé depuis dans la vallée de Joux, près de Chanay, par M. Heer. En France, ses vestiges sont restreints jus- qu'ici au Kimmériägien inférieur. N° 1. — Cycadopteris Brauniana, PI. 54, fig. 5; 57, fig. 3 — 4 et 58, fig. 1 — 5. Cycadopteris Brauniana, Zigno, Sopr. un nuov. gen. di. felce foss., in Act. R. inst. venet. VI, sér. 3, 186, p. 30; F1. foss. form. ool., [, p.155, tab. 16, fig. 1-6, tab. 17, fig. 1-2. — — Heer, Urw. d, Schw., p. 143, fig. 966. DrAGNOSE, — €. frondibus coriaceis lanceolatis vel lineari- lanceolatis utrinque attenuatis simpliciter pinnatis, rachi pri- maria valida subtus prominula donatis, segmentis alternis pa- tulis lineari-oblongis plus minusve expansis apice obtusatis basi in rachin angustissime alatam decurrentibus, apicalibus inter se coahihs, ultimo elongato, costa media in segmento quo- libet subtus prominente ante apicem in nervulos soluta cœte- rum penninervia, nervulis simplicibus furcatisque marginem incrassatum attingentibus. Lomalopteris jurensis (ex parle), Schimper, Trailé de Pal, vég., I, p. 494. 422 PALÉONTOLOGIE FRANCAISK. L'espèce est maintenant représentée en France par plu- sieurs beaux exemplaires dont nos figures reproduisent les principaux. On reconnaît en eux les caractères propres à la plante d'Italie : le rachis épais, les pinnules oblongues, adnées à leur base, obtuses au sommet, marginées sur les bords, la côte médiane donnant lieu latéralement et à son extrémité supérieure à des nervules, tantôt simples, tan- tôt bifurquées. Nous admettons par conséquent sans peine l’identité de nos échantillons avec le C'ycadopteris Brauniana Zigno. Deux d’entre eux représentent des frondes com- plètes, dont la comparaison avec celles des dépôts véni- tiens ne laisse pas que d’être instructive. La première de ces empreintes (pl. 54, fig. 5) provient d’Armaille et se rapporte à la page supérieure d’une fronde dont le lobe terminal et la base du pétiole sont seuls muti- lés. Le contour général est lancéolé-linéaire ; les pinnules, au nombre de 18 paires, alternes dans le bas, sub-opposées vers le haut, finalement confluentes à mesure qu'elles se rapprochent du sommet, sont oblongues, obluses, soudées entre elles par l’extrême base et un peu décurrentes infé- rieurement, en sorte que la fronde qu’elles composent est en réalité pinnatipartite plutôt que réellement pinnée. Les pinnules sont séparées l’une de l’autre par un faible inter- valle et munies chacune d’une côte médiane qui donne naissance à des nervures secondaires très-nombreuses, bien visibles, mais assez peu nettes, l'empreinte se rap- portant à la face supérieure de l'organe, partie où les ner- vures n'avaient pas de saillie, Les pinnules diminuent peu soit vers la base, soit vers le sommet de la fronde qui se termine par un lobe linéaire dont l'extrémité a disparu. L'autre fronde, à qui ne manque ni le pétiole, ni la ter- minaison supérieure, provient de Cirin (pl. 58, fig. 3 et 4). TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 493 Le format seul des planches nous a obligé à la figurer en deux fragments qui sont continus dant l'original. Ici repa- raissent les mêmes caractères, seulement, l’organe montre sa face inférieure. Le rachis est large; il a dû être saillant ; il donne naissance latéralement à des côtes médianes qui pénètrent dans chaque pinnule et s’amincissent avant d’en alteindre le sommet. Les nervules latérales sont nom- breuses, visibles, mais assez peu nettes, à cause de la na- ture de l'empreinte qui laisse pourtant apercevoir la trace de l’ourlet marginal. On compte une vingtaine de paires de pinnules, généralement alternes, sauf les supérieures; le lobe terminal est peu développé, par suite peut-être d’un avortement. Le contour général est à peu près le même que dans l’autre exemplaire ; mais les pinnules diminuent davantage en approchant de la base, et les plus inférieures se réduisent à n'être plus que des lobes sinués. Cette se- conde fronde est plus grande que la première; les pinnules sont plus larges, moins obtuses et moins allongées. Les échantillons d’'Orbagnoux (pl. 58, fig. 4 et 2), qui sont bien moins complets, reproduisent cependant très-exactement le même type. Pour faciliter la connaissance de cette re- marquable espèce, nous figurons, à côté des exemplaires de France, plusieurs empreintes provenant des Alpes véni- tiennes. La figure 4,pl. 58, empruntée au grand ouvrage de M. de Zigno, montre une fronde à peu près intacte de Cycadopteris Brauniana ; on voit par cet exemple et par plu- sieurs autres que ces frondes, comme les nôlres, étaient simplement pinnatipartites; la figure 4* représente la ner- vation grossie, d’après le même auteur. La figure 3, même planche, a été dessinée par nous avec beaucoup de soin sur une empreinte du mont Pernigotli, apparlenant à notre ” collection ; la nervation d’une pinnule isolée est reproduite, 42% PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. fig. 3*, sous un faible grossissement. Les pinnules de ce dernier échantillon sont adnées au rachis par leur base, mais elles ne paraissent avoir été ni confluentes entre elles, ni décurrentes sur le rachis qui n’est pas ailé ; la forme gé- nérale est aussi bien plus linéaire que celle de la figure 4, ce qui résulte d’un moindre développement proportionnel des pinnules. Il est difficile, malgré ces divergences, de ne pas croire à l’existence d’une espèce unique comprenant tous les exemplaires à frondes simplement pinnées et à segments entiers. Cependant, ici comme pour les Zoma- topteris, les échantillons des localités françaises kimmeri- dgiennes, avec leurs dimensions spéciales, leurs pinnules plus larges, plus courtes, moins linéaires et plus distinc- tement soudées entre elles semblent constituer une race particulière, dont les rapports précis avec la race italienne sont encore à définir. Celle-ci comprend peut-être elle- même plusieurs formes jusqu’à présent confondues. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — M. Schimper a réunit à tort selon nous les Cycadopteris Brauniana et heterophylla, le premier ayant des segments toujours simples et entiers, tandis que les frondes du second étaient bipinnées ou com- posées du moins de segments pinnatifides, ce qui établit entre les deux espèces une différence sensible. La dimen- sion des frondes de C'ycadopteris Brauniana était médiocre, la forme de leur contour, oblongue, lancéolée ou linéaire ; il nous paraît impossible de les confondre, si l’on consuite nos figures (voy. pl. 54, fig. 5 et pl. 57, fig. 3-4), avec celles du ZLomatopteris jurensis qui sont plus larges, plus dévelop- pées et comprennent des segments lobés-pinnatifides dont les pinnules wninerviées sont presque constamment sou- dées et confluentes, Le doute ne peut exister que pour des fragments incomplets et d’une faible étendue. C’est ainsi TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 495 que nous avons rapporté au Zomatopteris jurensis (pl. 59, fig. 5), un fragment d’Orbagnoux en qui il serait presque aussi naturel de reconnaître un Cycadopteris, Mais cette confusion, résultant de l’existence d’une série d'empreintes à l’état de lambeaux, prouve seulement la grande uniformité de la flore ptéridologique à l’époque de l’Oolithe, sans im- pliquer le rapprochement forcé d'éléments, en réalité dis- parates, et dont les caractères différentiels deviennent vi- sibles, dès qu’au lieu de faibles restes on obtient des por- tions considérables de leurs anciens organes. LocaLITÉS. — Cirin (Ain); Armaille (Aïn) ; Orbagnoux (Ain); étage kimmeridgien inférieur; coll. du muséum de Lyon et de M. Itier. Hors de France, le Cycadopteris Brau- niana à été signalé par M. Heer dans le Val-de-Joux, près de Chanay; les localités d'Allemagne, surtout celle de Nus- plingen sont suspectes comme renfermant plutôt le Zoma- topteris jurensis. Le C'ycadopteris Brauniana est surtout ré- pandu dans l’Oxfordien des Alpes vénitiennes; les localités les plus riches sont celles du mont Pernigotli, du Val Zu- liani, de Scandolova, dans le Véronais, de Rolzo et du Val d’Assa, dans le Vicentin. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 54, fig. 5, fronde presque entière de Cycadopteris Brauniana Zigno, vue par dessus, d’après un échantillon du muséum de Lyon, provenant d’Armaille, grandeur naturelle. — PI. 57, fig. 3 et 4, fronde complète de la même espèce, vue par dessous d’après un échantillon du muséum de Lyon, provenant de Cirin, gran- deur naturelle.— PI, 58, fig. 41, partie inférieure d’une autre fronde de la même espèce, d’après un exemplaire d’Orba- gnoux, appartenant à M. Itier, grandeur nalurelle. Fig. 2, autre fragment de même provenance, grandeur naturelle, Fig. 3, partie moyenne d’une fronde de la même espèces 426 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. vue par dessous, d’après un exemplaire du mont Pernigotti qui fait partie de notre collection, grandeur naturelle. fig. 3°, une pinnule grossie pour montrer la nervation. Fig. 4, fronde de Cycadopteris Brauniana Zigno, d’après une figure empruntée à l'ouvrage de l’auteur italien ; 4*, nerva- tion grossie d’après le même auteur. Fig. 5, autre fronde de la même espèce, de petite taille, d’après le même auteur, grandeur naturelle. N° 2. —_ Cyeadopteris heterophylla. PI. 59, fig. 4-4. Cycadopteris helerophylla, Zigno, Nuov. gen. d. felc. foss., in Act. R. inst. venet., NI, série 3, 1861, p. 84, tab. 7, fig. 1-2; En. fil. foss. form. volit., p. 30; F1. foss. form. oolit., I, p. 158, tab. 18. DrAGNOsE. — C. frondbus lanceolatis aut lato-oblongis ple- rumque bipinnatis rachi substriata subtus valida crassaque do- natis, segmentis pinnulisque organt illius facier superiori inser- tis inque rachin plus minusve alatam sæpius basi decurrentibus, pinnis primarüs sessilibus plus minusve elongatis apice obtuse attenuato confluentibus tandemque integris, medüs inferiori- busque inciso-lobatis’ pinnatifidisque, pinnulis lobisque obtu - sissünis vel rotundatis basi connatis, costis pinnarum primaria- rum validis apice furcatis penninervüs, nervo medio in pinnula qualibet e costa media orw oblique penninervio, in furcas ante apicem soluto, venis secundartüs segrentorum pinnularumque tum simplicibus ‘tum furcatis ad marginem undique cartila- gineo-cinclum excurrentibus. Lomatopteris jurensis (ex parte), Schimper, Traité de pal. vég., 1, p. 494. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 497 Il existe peu de doutes touchant l'identification des deux fragments de fronde que nous figurons, pl. 59, fig. 3 et 4, avec le Cycadopteris helerophylla, malgré leur mauvais état de conservation. L’un, fig. 3, représente la sommité d’une fronde vue par dessus ; le rachis paraît à peine; les seg- ments, alternes, pinnatifides, à lobes arrondis et décur- rents sur le rachis principal, distinctement ailé, deviennent simples ou à peine sinués à la partie supérieure ; ils dimi- nuent successivement d’étendue, deviennent confluents et se terminent par une pointe obtuse assez peu prolongée. Cette empreinte a beaucoup de rapports, si l’on tient compte de la polymorphie évidente de l’espèce avec la fi- gure 3, pl. 18, de l’ouvrage de M. de Zigno, que nous re- produisons (fig. 1 de notre planche 54) comme terme de comparaison. Seulement l’exemplaire d’Orbagnoux semble avoir appartenu à une fronde moins robuste et plus étroite que celui des Alpes vénitiennes, La nervation n’est pas vi- sible sur cette empreinte; elle l’est davantage sur un autre échantillon représenté fig. 4 (pl. 59), mais dont l’état est trop mauvais pour laisser voir autre chose, sinon que la fronde dont ce fragment faisait partie était bipinnée et qu’elle avait de grands rapports d'aspect avec la figure 1, pl. 18, de l’ouvrage de M. de Zigno, que nous reproduisons également (voy. pl. 59, fig. 2). Les frondes du C. hetero- phylla étaient plus grandes que celles du €. Brauniana. Vi- siblement bipinnées, elles étaient plus ou moins oblongues et lancéolées; leurs pennes divisées en lobes et en pin- nules arrondis ou obovés étaient terminées par une por- tion entière et obtuse. Leur nervation était conçue dans le même système que celle du €. Brauniana. Des nervules se trouvaient constamment disposées le long des côtes mé- dianes de chaque segment, et ces côtes, larges et saillantes 428 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. sur la page inférieure, se ramifiaient avant d’atteindre l’ex- trémité supérieure de chaque segment. Dans chaque pin- nule et même dans chaque lobe, la nervure médiane émettait des veines latérales, plus ou moins obliquement dirigées, et disparaissait elle-même en se ramifiant bien avant le sommet. Ces nervules étaient simples ou bifur- quées ; elles ne diminuaient nullement en force en s’éloi- gnant de leur point d'émission, mais elles présentaient au contraire dans tout leur parcours la même épaisseur et allaient se réunir au rebord, en forme d’ourlet cartilagineux, qui cernait partout la marge des pinnules ; bien qu'il n’ait pas été Le résultat d’un repli, ce rebord ne paraît avoir été bien visible qu’en dessous ; les empreintes se rapportant à la page supérieure des frondes n’en montrent que des marques indistinctes ou même nulles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous avons insisté en décri- vant le €. Brauniana sur les différences qui le séparent du C. heterophylla ; M. Schimper a cru cependant à l'identité spécifique des deux formes; supposition admissible, dès qu’il s’agit d’un groupe dont la polymorphie est évidem- ment très-accentuée ! Quant au Zomatopteris jurensis, nous croyons, malgré les traits de ressemblance que l’on pour- rait signaler, que cette affinité, tout à fait apparente, tient uniquement à un phénomène général qui embrasse à la fois un très-grand nombre de Fougères jurassiques. Toutes celles qui sont coriaces et particulières à celte époque, telles que les Pachypteris, Stachypteris, Scleropteris, Cte- nopteris, Dichopteris, elc., ont été souvent confondues ; elles se ressemblaient en effet, mais par des traits géné- raux, indépendants de leur structure intime, semblables à ceux qui relient souvent les types les plus divers d’une même flore, lorsqu'ils vivent tous également soumis à des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 499 conditions sensiblement pareilles. Les plantes alpines, celles des sols salés, celles de l'Australie et du Cap revé- tent une physionomie commune qui tend à leur donner un air de famille qui suffit pour effacer les divergences les plus réelles, pour des regards peu exercés, tandis qu’au fond ces divergences ne continuent pas moins d'exister. Nous croyons qu’il en est ainsi pour les Fougères jurassi- ques, et que sous l’apparente uniformité de beaucoup de types se cachent souvent des distinctions plus ou moins profondes, qu'il s’agit de saisir et de constater. LOCALITÉS. — Orbagnoux (Ain), étage kimmeridgien infé- rieur, coll. de M. Itier. Hors de Franee les principales sta- tions se trouvent dans la formation oolithique des Alpes vé- nitiennes, dans le Vicentin etle Véronnais. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 59, fig. 1, partie moyenne et supérieure d’une fronde de Cycadopteris heterophylla, d’après une figure tirée de l’ouvrage de M. de Zigno, gran- deur naturelle. Fig. 4°, nervation grossie d’après le même auteur. Fig. 2, autre portion de fronde de la même espèce, d’après le même auteur, grandeur naturelle. Fig. 3, som- mité d’une fronde de la même espèce, vue par dessus, grandeur naturelle, d’après un échantillon recueilli à Or- bagnoux par M. Itier et appartenant à sa collection. Fig. 4, autre fragment de fronde de la même espèce, même pro- venance, grandeur naturelle. EE maenioptieridesæ. — Frondes simplices vel pinnalim compositæ, limbo frondium simplicium, segmenlis pinnu- lisve composilarum lato-linea- ri-elongatis aut lingulatis plus minusve acuminatis; costæ et 30 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nervi prümarii petiolique, ut adsunt, validi; nervi secundari multiplices sub angulo acuto exeuntes mox transversi hori- zontales rarius obliqui simpli- ces aut furcato-dichotomi. — Sori, ut adsunt, structura si- tuque Marattiaceas in animum reducentes. (Marattiacearum species ?) QUATORZIÈME GENRE. — TÆNIOPTERIS. Twniopteris, Brongniart, Prodr., p. 82.— Hist. des vég. foss., I, p. 262. — Tabl. des genres de vég. foss., p. 21 (ex parte S 1). — Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 211. - Schenk, Foss. F!. d. Grenzsch., 99 (emend). — Zigno, F1. foss. form. oolith., p.199. DIAGNOSE. — frondes plerumque sunplces et° tune petiolo valido instructæ (rarius pinnalim compositæ) elongatæ tænia- tæ lanceolatæ vel lingulatæ nervo marginali cinctæ ; costa media subtus crassa semateres supra plus minusve gracilis ; nervi secundarü plurimti e costa media sub angulo acuto exeuntes mox subito horizontales numerosissimi simplices vel sœæpius a basi pluries furcato-dichotomt usque ad marginem nerviformem recto tramite excurrentes. — Fructificatio adhuc ignota aut punchiforms, soris punchiformibus totam paginam frondis inferiorem occupantibus. Tœniopleris, Oleandridium et Macrotæniopteris ?, Schimper, Traité de Pal. vég., A, p. 6C0 et 607. Danœites, Zigno, F1. foss. form. oolith., 1, p. 207. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. AA HISTOIRE ET DÉFINITION. — L’exacte définition des Zniop- lLeris proprement dits constitue une des difficultés de la paléontologie végétale. Plusieurs des formes comprises d’a- bord dans ce genre en ont été plus tard distraites avec rai- son, les unes parce qu’elles étaient entièrement étrangères au groupe qui nous occupe, les autres parce que la con- naissance exacte des organes de la fructification a permis de mieux préciser leurs vrais caractères et de les consti- tuer à l’état de genres distincts. C’est ainsi que les pré- tendus Zœæniopteris lertiaires ont été assimilés plus natu- rellement aux Pleris, comme les 7. Bertrandi Brngt. (1) ou même enlevés à la classe des Fougères, comme les Tœniopteris Micheloti, obtusa et lobata Wat., qui repré- sentent des feuilles de ÆVerium. C’est ainsi encore que le Tœniopteris Münsteri est devenu un légitime Marattia et que le Zænopteris marantacea a servi de type au genre Danœæopsis que nous décrirons plus loin et qui semble tenir le milieu entre les Angiopteris et les Danæa. Après ces retranchements, et bien que l’on puisse admettre l’uti- lité de nouvelles réductions, les Zæniopteris constituent un genre assez naturel, renfermant des formes nombreuses, bien que peu variées, et dont le rôle semble avoir été sur- tout considérable dans le Lias inférieur, bien que son ori- gine remonte à une époque antérieure el que son existence se prolonge jusque dans l'Oolithe. Au-dessus du Bathonien, on ne saurait, si l’on tient compte des déter- minalions erronées et des confusions d’étages, signaler aucune espèce authentique de Ztænopteris. Nous sommes loin de conclure de ce fait à la non-existence absolue du genre et à l'impossibilité de le renconirer plus lard dans (1) Voy. Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 21. 432 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. desétages d’où il paraît absent; mais il est au moins évident qu'après avoir tenu une grande place dans la végétation rhétienne et liasique et une place plus modeste dans celle de l’Oolithe inférieure, ce genre a vu son importance dé- croître de plus en plus et s’amoindrir au point de ne plus laisser aucun vestige de lui dans les couches déposées à partir d’une certaine époque. L'histoire des T'œniopteris et la marche qu'ils ont suivie nous paraissent donc les meilleurs garants de la personnalité du genre, personna- lité à laquelle il ne faut pas toucher sans raison. C’est pour cela que nous ne saurions admettre sans preuve directe et décisive les divisions proposées par notre ami M. Schim- per qui partage les anciens T'æniopteris en Tæniopteris pro- prement dits, ceux-ci propres au Carbonifère supérieur et au Permien, en Oleandridium et en Macrotæniopteris. Les traces de fructification, observées sur quelques-unes des frondes des deux derniers de ces trois genres et qui se ré- duisent à des empreintes punctiformes, loin de suffire à les distinguer, seraient plutôt l’indice d’une affinité com- mune, sans que d’ailleurs la forme arrondie de ces or- ganes présumés, dont la structure véritable est encore inconnue, implique avec les Aspidiées et les Polypodia- cées d’autres liens de parenté qu’une ressemblance exté- rieure. Les Tæniopteris, ainsi délimités, présentent quelques espèces dans le Grès rouge inférieur et dans le Permien de Mansfeld et de Bohême. M. Schimper a figuré une des plus belles, le 7, multinervis provenant de Saarbrücken et des environs de Saint-Georges, dans les Vosges (1). Ce sont des frondes ou des segments de frondes rubannées-linéai- res, à bords légèrement pliés en dessous, à nervures mul- (1) Traité de pal. vég., 1, p. 600, pl. 38, fig. 8. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 433 tiples et subhorizontales, dont la physionomie et les ca- ractères sont les mêmes que dans les formes plus récen- tes, et l’on ne voit pas bien sur quoi l’on s’appuierait pour admettre entre celles-ci une séparation que rien ne justi- fierait, Les frondes de ces premiers Z'æniopteris paraissent simples, où du moins on n’a jamais eu de preuves qu’elles aient été pinnées. Les Tœæniopteris sont encore rares dans le Trias, où l’on ne saurait pourtant révoquer en doute leur existence, non plus que la forme simple des frondes de ceux qui sont les mieux connus ; l’espèce des Marnes irisées de Couches-les- Mines que nous publions plus loin en est une preuve évi- dente. Le genre se multiplie lorsque l’on atteint le Lias infé- rieur, et les espèces de l’Oolithe inférieure appartiennent encore à ce même type, remarquable par la forme ruba- née, linéaire ou lingulée de ses frondes, par les bords toujours cernés par une fine nervure marginale continue, par la côte médiane large et saillante inférieurement, mar- quée par un sillon sur la page supérieure du limbe, enfin par les nervures secondaires nombreuses, tantôt simples, tantôt dichotomes, le plus souvent dès la base, sortant sous un angle aigu de la médiane, puis bientôt après s’é- talant dans une direction horizontale pour parcourir trans- versalement les frondes, L’inégalité de certains segments, dont les deux côtés n’ont pas la même largeur, pourrait faire admeltre, ce qui n'aurait rien de surprenant, que les Tœnopteris ont présenté parfois des frondes simples et d’autres pinnées dans la même espèce et peut-être sur le même pied ; ces diversités se rencontrent justement au- jourd’hui chez les Danœæa, dont les Tæniopteris se rappro- chent plus que de tout autre groupe par leur physionomie exlérieure. . VÉGÉTAUX. — J. 28 43 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Ilest encore vrai que parmi les Z«æmopteres du terrain jurassique de lInde, 7. data, T. Morissü, T. musæfolia (1) Oldh., les deux premiers par leurs nervures secondaires plus fines, plus souples, plus recourbées et obliques, dans un limbe ovale élargi et sinué sur le bord, semblent trahir un type un peu différent de celui de nos 7'æmopteris euro- péens, et peut-être l'existence d’un genre distinct. Par conséquent le nom de Macrotæniopteris, par lequel ces es- pèces ont été désignées par M. Schimper, aurait sa raison d’être ; mais il nous semble au moins prématuré de réunir sous celte même formule génériqueles espèces européennes dont la liaison avec les autres 7æniopteris est évidente, malgré la largeur proportionnelle plus considérable du limbe, seul caractère qu’il soit possible d’alléguer en fa- veur d’une semblable dissociation. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre 7æniopteris se dis- tiügue aisément de la plupart des types fossiles et ne res- semble qu'à un petit nombre d’entre eux. Nous avons dit que sa présence paraît bornée au terrain jurassique dont il ne dépasse guère les étages moyens; parmi les Fou- sères de celle époque, les Zœniopteris ressemblent surtout aux Milsonia, dont les frondes ne sont pas toujours inei- sées,aux Marattia (Angiopteridium Schimp.) et aux Danæo- psis. Leurs nervures, toutes égales, non entremélées de plus fines et de plus épaisses, la terminaison de ces ner- vures qui atteignent le bord sans se replier, el la nervure marginale qui cerne celui-ci, fournissent autant de carac- tères différentiels propres à distinguer les Zæmopteris des Nilsontia. Les Marattia (Angiopteridium Schimp.) et les Danæopsis (1) Voy. Oldham, Pal. ind. foss. of the Raÿmahal series, pl. 1,2, 3 et 4 (Mem. of the geol. Surv. of India). EDE + TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 435 n'ont pas les frondes simples des Zniopteris, et par consé- quent on n’observe pas, à la base de leurs segments, le pé- tiole épais et prolongé quiexistele plussouventchez ceux-ci. De plus, même en l’absence des fructifications qui caracté- risent si bien les deux premiers genres, leurs nervures se- condaires ne sont jamais ni aussi fines, ni aussi nombreu- ses, ni aussi nettement transverses que dans le troisième. Comparés aux Fougères vivantes, les 7æniopteris ressem- blent à la fois aux Acrostichum, et spécialement aux Olfer- sia Presl., Lomariopsis Fée, aux Gymnogramme (G. java- nica Blume), parmi les Polypodiacées ; à l'Asplenium nidus Raddi, parmi les Aspléniées, aux Oleandra parmi les Aspi- diées, enfin aux Danœæa parmi les Maraltiacées. Cette der- nière assimilation semble la plus naturelle ; c’est celle que viendra confirmer sans doute l’examen des parties de la fructification, lorsqu'il pourra être fait. Les traces de sores punctiformes, signalées par quelques auteurs, sont elles- mêmes compatibles avec la structure des Marattiacées, chacun de ces organes, considéré en pariiculier, pouvant avoir été divisé en plusieurs loges ou compartiments sou- dés par les côtés et s’ouvrant pour laisser échapper les spores. Dans cette hypothèse, les Z'œniopteris, comme les Danœæopsis, conslitueraient un type de Marattiacée diffé- rent de ceux d’aujourd’hui, mais servant à les compléter et marquant l’extension antérieure d’un groupe aujourd'hui évidemment réduit elappauvri. N° 1, — Tæniopteris augustodunensis. PI. 59, fig. 1-3. DIAGNOSE. — 7, fronde simplici valide costata petiolataque, petholo basi latiore incrassato, limbo lato-lineari sursum lan- 436 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ceolalo, deorsum Sensim attenuato ; nervulis multiplicibus e costa media oblique oriundis, a basi dichotomis, mox horizon- talibus, recto tramite ad marginem nerviformem decurrentibus. Les empreintes de celte espèce remarquable, que nous considérons comme nouvelle, abondent surtout dans les marnes grises de la partie supérieure du Keuper, à Cou- ches-les-Mines, près d’Autun; mais comme un frag- ment de fronde, provenant des grès infraliasiques de la Selle, également situés aux environs d’Aulun, se rapporte évidemment à la même espèce, nous la décrivons ici comme étant commune aux deux formations. La liaison que celles-ci manifestent, eb qui se traduit par un mé- lange de formes Kkeupériennes et infraliasiques, ne doit pas élonner à cause de la position des arkoses du plateau d’Auxy, à l’extrême base du Rhélien, et par conséquent dans le voisinage immédiat des dernières assises du Keuper el de plus au sein de la même contrée. Les frondes de notre T'æniopteris augustodunensis étaient simples, la nature du pétiole encore en place à la base de l’une des frondes que nous figurons (pl. 60, fig. 2) en fait Toi; cet organe est remarquablement épais et va en s’élar- gissant jusqu’au point où il se trouve tronqué, après une longueur de 2 1/2 à 3 centimètres; mais il est évident, à cause même de ceite épaisseur, qu'il se prolongeait encore davantage, La côte médiane, quoique moins épaisse que le péliole, l’est encore beaucoup; elle est arrondie, assez saillante, droite, roide, et s’étend en diminuant peu à pen d'épaisseur jusqu’à un point rapproché du sommet, qui se trouve mutilé dans l’empreinte fig. 4. La forme du limbe est largement linéaire, lancéolée à l'extrémité supé- rieure, qui est du reste obtuse et atténuée sur le pétiole à la base. La fronde n’a pas moins de 4 à 4 1/2 centimè- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 437 tres dans sa plus grande largeur. La substance même de la fronde, convertie en une membrane charbonnée, se trouve conservée, dans les spécimens de Couches-les- Mines. On distingue très-bien, en l’examirant, le rebord carlilagineux qui cerne la marge et s'étend comme une nervure continue à laqueile les nervures secondaires vien- nent aboulir. Celles-ci sont très-nombreuses; elles nais- sent obliquement de la côte médiane el se bifurquent presque à leur origine ; quelques-unes cependant restent simples; mais toutes se replient et prennent une direction transversale; elles s'étendent ainsi jusqu’au bord, eu demeurant parallèles entre elles et si rapprochées que la loupe est nécessaire pour les bien discerner; nous n’avons distingué de traces de fructification sur aucun exemplaire. Celui qui provient des grès de la Selle (fig. 3, pl. 60) pré- sente les mêmes caractères : c’est un lambeau de fronde coupé carrément aux deux extrémités ; il est large de 4 centimètres environ, pourvu d’une côle médiane très- épaisse, d’un rebord marginal carlilagineux et de nervu- res secondaires disposées dans le même ordre, aussi fines et aussi nombreuses que dans les empreintes du Keuper de Couches-les-Mines. On remarque seulement ici une pelile différence de largeur entre les côtés du limbe. Cette différence se réduit à 2 ou 3 millimètres au plus, mais elle pourrait faire soupçonner qu'il s’agit plutôt d’une fronde composée que d’une fronde simple, comme dans les cas précédents. Cette circonstance, si elle était admise, ne serait même pas un obstacle à la réunion des deux formes en une seule espèce, puisque chez les Danœæa actuels on en observe qui présentent à la fois des frondes simples et des frondes pinnées. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le 7'ænopteris augustodu- 4538 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nensis, Un des plus beaux que i’on ait encore publiés, res- semble un peu au 7! {enuinervis que nous décrirons plus loin ; mais ses frpndes sont plus larges, plus fermes et pourvues de nervures entièrement transversales, tandis que ceiles du 7. tenuinervis sont disposées dans un sens un peu oblique. De plus, le rebord cartilagineux est bien moins marqué chez ce dernier. Notre espèce peut être comparée, pour la forme et la dimension du limbe, au Danæa polyphylla le Prieur, de la Guyane; il faut remar- quer cependant que ies 7&æniopteris en général, et le 7, au- qustodunensis en particulier, possédaient des frondes d’une consistance épaisse ou même coriace, tandis que chez le Danæa dont nous venons de ciler le nom les frondes, quoi- que fermes, ont de la souplesse. LOCALITÉS. — Grès de la Selle, entre Autun et Couches- ies-Mines, étage rhélien inférieur, coll. du Muséum de Paris, n° 528. — Couches-les-Mines, schistes marneux, crisâtres, bitumeux de la parlie supérieure des marnes irisées, Coll. de la Faculté des sciences de Dijon et du Musée de la ville de Strasbourg. EXPLICATION DES FIGURES. — P], 60, fig. 1, parlie supé- rieure d’une fronde de Zæniopteris augustodunensis, vue par-dessous, grandeur naturelle, d’après un exemplaire du Keuper de Couches-les-Mines appartenant à la collec- tion de la Faculté des sciences de Dijon ; fig. 2, partie infé- rieure d’une fronde de la même espèce, vue également par-dessous, avec l’origine du pétiole, grandeur naturelle, méme provenance, d’après une empreinte située sur Île même fragment de roche que la précédente; fig. 3, lambeau de fronde de la même espèce, vu par-dessous, grandeur naturelle, d’après un échantillon provenant des grès infra- liasiques de Ja Selle, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 439 N°2. —_ Mæniopteris superba PlaGinet 62; fige 1: DIAGNOSE. — 7°. frondibus amplis, simplicibus, valide cos- tatis, lato-linearibus, basi longe sensim attenuatis, sursum obtuse lanceolato-lingulatis ; costa media infra latissina prominente, desuper suleata, nervis secundariis numerosissimis tenuissimis e costa media ad marginem nerviformom horizontalitramite de - currentibus, parallelis, approximatis, plerumque a basi furcatis. La découverte de cette belle espèce est due à M. Pellat ; les deux empreintes que nous y rapportons font partie de la collection de ce savant géologue et proviennent l’une et l'autre des environs d’Antulles, près de Couches-les-Mines, où elles étaient associées à l’£quisetum Münsteri etau Cla- thropteris platyphylla. L'un des deux exemplaires repré- sente la partie supérieure (pl. 62, fig. 1), l’autre (pl. 61) la partie moyenne d’une fronde, mais non, à ce qu’il sem- ble, de la même fronde. Il est aisé cependant, par la com- binaison des deux empreintes, de reconstituer l’ensemble de l’ancien organe, sauf la base et le pétiole; celui-ci devait être grand et fort, car il est presque impossible d’admeitre qu'il ne s'agisse pas d’une fronde simple, comme le sont du reste celles de la plupart des vrais T'œnicpterrs, Les dimensions étaient très-grandes, car on ne saurait attribuer à la fronde entière une longueur moindre de 35 centimètres, sans y comprendre le pétiole, sur une largeur maximum de 7 à 8 centimètres vers le quart supérieur de la fronde. Celle-ci était parcourue par une côte médiane épaisse et large, arrondie, saillante et légèrement sillonnée sur le revers inférieur, mais beaucoup plus mince sur la page supérieure, ainsi que l’on peut s’en assurer par l’exa- 410 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. men comparalif des deux empreintes. L'une (fig. 1, pl. 62) se rapporte effectivement à la face d’en haut, tandis que l’autre correspond à la face opposée. On reconnaît aisé- ment qu’un rebord cartilagineux, mince mais continu, cernait la marge el que les nervures secondaires, fines, nombreuses et très-rapprochées, s’étendaient transversale- ment de la côte médiane jusqu’à cette marge, le long de laquelle elles venaient s'appuyer à angle àroil. Ces ner- vures se partageaient dès la base et couraïient ensuite sans se diviser de nouveau; leur finesse est très-grande; on en compte près de vingt dans l’espace d’un centimètre. En combinantles deux empreintes, on voit que le limbe s’élar- gissait insensiblement à partir de la base, tandis que vers le quart supérieur il se retrécissail d’une façon assez brusque, de façon à produire une pointe lancéolée-obluse ou même lingulée. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Bien que le Zæniopteris superba paraisse très-distinct de toutes les formes fossiles connues jusqu'ici, il doit être comparë au 7. Morrisu Oldh.(1)(Macrotæniopteris Schimp.), dont il a l’aspect et les dimensions. Cependant, l'espèce de l’Inde anglaise semble avoir été plus souple de tissu, et les nervures, vers le haut des frondes de cette Fougère, sont plus obliques que chez notre J'œæniopteris. Nous rapprocherons encore celui-ci du T'œniopteris major Lindl. et Hutt. (2), dont les proportions sont cependant plus faibles et les nervures secondaires moins fines et bifurquées après le milieu de leur parcours, ce qui le sépare très-nettement de celui que nous venons de décrire. LocALITÉ. — Antulies, près de Couches-les-Mines, aux (1) Oldham, I. c., p. 43, tab. 3, fig. 1, et tab, 4, fig. 3. (2) Fuss. FL; pl. I. FS Es « TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4 environs d’Autun; grès de la base du Rhétien; coll. de M. Pellat. : EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 61, partie moyenne et inférieure d’une fronde de Zæniopteris superba, vue par- dessous, grandeur naturelle, d’après un échautillon com- muniqué par M. Pellat et faisant partie de sa collection. — P!, 62, fig. 1, partie supérieure d’une fronde de la même espèce, vue par-dessus, grandeur naturelle, même pro- venance que pour la figure précédente. N°3. — Æniopteris tenninervis. PI 63 01465: Tœniopteris tenuinervis, Brauns, in Palæontol. IX, p. 50, (ab. 13, fig. 1-3. — — Schenk, Foss. F1. d, Grenzse., p. 101, tab..25, fig. 3-4. DrAGNose. — 7. frondibus simplicibus, lincari-lanceolatis, integerrimus ; bast apiceque longe sensim attenuatis, 8-15 cen- tim. circiter longis, 2-2 1/2 latis ; nervo primario basin versus incrassalo, dein sensim angustato ; nervis secundarüs a basi dichotomis, creberrimis, tenuibus, transversim decurrentibus. Tœniopteris viltata, Andr., Foss. FI. v. Steierd., p. 37. —. scitamineau, Brongniart, Tubl. des genres de vég. foss., p.. 138. Pterozamites scilaminea, Fr. Braun, in Münst. Beitr., VI, p. 29. Oleandridium tenuinerve, Schimper, Traité de pal. vég., 1, p. 608. Celle espèce, qui paraît caractéristique de l’'Infralias à été signalée sur un assez grand nombre de points; elle se distingue aisément par ses frondes lancéolées-linéaires, très-longuement atténuées à la base comme au sommet, et qui rappellent à l'esprit les feuilles de Nerium. On ne peut douter que ces frondes n'aient été simples, d’après les 442 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. figures données par Brauns, dans sa Flore de Sternstedt, el que nous reproduisons comme terme de comparaison (pl. 63, fig. 3, 4 et 5). La côte médiane se dilate subite- ment à l’endroit du pétiole; elle se prolonge supérieure- ment au milieu d’un limbe relativement étroit qui s’élar- git insensiblement vers le milieu pour mesurer 2 à 2 1/2 centimèlres dans son plus grand diamètre; elle s’amincit ensuite en approchant de l’extrémilé supérieure qui s’atté- nue en une pointe acuminée et cependant obtuse. Les ner- vures sont fines, nombreuses, transversales el pourtant un peu obliques, dichotomes dès la base et assez peu visibles à cause de leur finesse. Ces feuilles abondent dans les grès de Steinstedt ; on ne saurait guère mettre en doute l’iden- tité spécifique des empreintes que nous figurons (pl. 63, fig. 1-2) avec l’espèce de Brauns et de Schenuk ; elles appar- liennent en Lout cas au même niveau géognoslique. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La forme lancéclée-linéaire et surtout là terminaison atténuée de la base séparent cette espèce du 7°, vittatade Brongniart, avec lequel il nous semble impossible de la confondre. Il est plus difficile de définir les caractères qui la distinguent du 7, Stenoneura auquel nous rapporions, quoique avec doute, les empreintes sui- vantes qui ne constituent peut-être qu’une simple variété du 7°. tenuinervis ; aucun de nos échantillons ne laissant voir le mode de terminaison supérieure, nous demeurons forcément dans le doute. LocaLiTrÉs. — La Selle, entre Aulun et Gouches-les-Mines, grès de la base du Rhétien, coll. du Muséum de Paris (Brongniart, 1838). En dehors de la France le T. tenuinervis a été signalé dans le grès infra-liasique à Steinstedt, à Sühl- beckerberg, à Adelhausen et à Donndorf, dans l’Allema- gne méridionale, à Steierdorf en Autriche. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 443 EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 63, fig. 1, partie moyenne d’ane fronde de Tæniopleris tenuinervis, vue par-dessous, grandeur naturelle, d’après un exemplaire des grès de la Selle, recueilli par M. Brongniart et appartenant à la col- ieclion du Muséum; fig. 2, autre fragment de la même espèce, d’après un échantillon recueilli par M. Pellat dans les grès d’Antulles, grandeur naturelle; fig. 3, fronde complète de la même espèce d’après une figure de Brauns, dans la Flore des grès de Steinstedt ; fig. 4 et 5, partie terminale et parlie basilaire d’une fronde de la même espèce, d’après le même auteur, grandeur naturelle. N° 4. — æniopteris stenoneura. PI. 62, fig. 2-3. Tœniopteris stenoneura, Schenk, Foss. FI. d. Grenzsch., p. 103, tab. 25, fig. 5-6. DIAGNOSE.— 7, frondibus vel pinnis frondium elongato-vel obovato-vel lanceolato-obovatis, basin versus obtuse attenuatis ; costa media subtus valide expressa ; nervis secundarüs tenur- bus, a bast dichotomis, transversis, marqinem quandoque serra- um ? attingentibus. Tæniopteris obovata, Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 103. s Pterozamites obovalus, Fr. Braun, in Munst. Beitr., VI, p. 29, excl, syn. Les frondes sont moins alténuées vers la base et obtu- ses au sommet. Elles pourraient bien, comme nous venons de le dire, constituer une variété ou une déformation de l'espèce précédente, à moins que, selon l’opinion de Schenk, il ne fallût y reconnaître les folioles d’une fronde pinnée. Quoi qu’il en soit, la ressemblance de l’empreinte que représente notre figure 2, pl. 62, avec celle qu’a donnée 444 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Schenk, dans son ouvrage sur la flore fossile du Rhétien de Franconie, nous engage à les identifier spécifiquement et à reproduire, comme terme de comparaison, la figure de l’auteur allemand à côté de la nôtre. Sans doute, il faudrait une suite nombreuse d'échantillons pour trancher une question de cette sorte, d'autant plus obscure qu'ils’agit d’un genre dont la physionomie est des plus uniformes. Mais, d'autre part, nous ne voulons négliger aucun des éléments qui serviront plus tard à la découverte de la vérilé. LOCALITÉS. — Antulles, près de Couches-les-Mines, grès de la base du Rhétien. — En Allemagne, l'espèce a été signalée dans le Rhétien de Franconie. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 62, fig. 2, empreinte de la partie inférieure d’une fronde de Tæniopteris stenoneura Schenk, vue par-dessus, grandeur nalurelle, d’après un échantillon provenant des grès d’Antulles, communiqué par M. Pellat et faisant partie de sa collection; fig. 3, par- tie inférieure d’une fronde de la même espèce, d’après une figure empruntée à l’ouvrage de M. Schenk sur la flore fossile du Rhétien de Franconie. N° 5, —_ Wæniopteris vittata. PL. 64, fig. 1-3. Tœæniopteris vittata, Brongniart, Prodr., p. 62; Hist. des vég. foss., p. 263, pl. 82, fig. 1-3 (nec fig. 4) ; Tab. des genres de vég. foss., p. 105. — — Lindl. et Hutt., Foss. FI, pl. 62. — — Unger, Gen. et sp. pl, foss., p. 213 (excel. T, vit- Lata, Andr., F1. v. Sleierdorf, p. 37). DraGxose. — 7! frondibus elongatis, simplicibus, valide cos- tatis petiolatisque ; costa media supra sulcata, subtus pronu- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 445 nente, semitereti, limbo e basi latiore sursum lanceolato- lineari, aut lineari-elliptico, basin apicemque versus obtusato, nervis plurimis a basi dichotomis, tenuibus, transversüm decwr- rentibus. Olsandridium viltatum, Schimper, Traité de pal. vég., 1, p. 607. Tœniopteris lalifotia, Brongniart, Hist. des vég., 1, p. 266, pl. 82, fig. 2. — — Unger, Gen. et sp: pl.: foss., p.213. Scolopendrium solitarium, Phillips, Geol. Yorks., p. 147, tab. 8, fig. 5. Aspidites Tœwniopleris, Gœppert, Sys{. Filic. foss., p. 350. Les empreintes des grès de la Selle et d’Antulles que nous réunissons au Z'æniopteris vittata de Brongniart pré- sentent à n’en pas douter la plupart des caractères de celte espèce, observée seulement jusqu'ici dans l’Oolithe infé- rieure de Gristhorpe-bay et de Stonesfield, ainsi que dans le calcaire jurassique du gouvernement de Jekaterinoslaw, près d’Izoume. Il est singulier de reconnaitre que cette même espèce se montre aux environs d’Aulun dans des grès infraliasiques; il est vrai qu'elle avait été antérieurc- ment signalée à Hôr, en Scanie, et à Neue-Welt, près de Bâle, mais à tort, suivant M. Schimper qui rapporte les empreintes de la première des deux localités à lAngiopte- ridium (Marattia) Héærense et celles de la seconde au Danœwopsis marantacea. La présence du Zænopoteris vittata dans les grès de l’Infralias résulte done uniquernent de l'examen des échantillons recueillis aux environs d’Autun que reproduisent nos figures 1,2 et 3, pl. 63, et dont la ressemblance avec ceux du Yorkshire est telle que nous n’avons pas hésité à les ranger sous la même formule spé- cifique. 446 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. La figure 1* et ? montre deux empreintes qui se com- plètent si bien qu’elles ne sont peut-être que les portions détachées de la même fronde : la côte médiane est sail- lante et semi-cylindrique ; elle s'étend en droite ligne etdi- minue graduellement jusqu’à devenir tout à fait miace en alteignant le sommet du limbe qui est lancéolé, linéaire et très-obtusément terminé, tandis que la base est arrondie sur le pétiole dont une autre empreinte (fig. 3) fait voir la configuration. Un autre exemplaire (fig. 2), mutilé à la base et au sommet, nous paraît devoir être rangé dans la même espèce. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Tous ces caractères sont bien ceux que l’on remarque chez le 7°. vittata, particu- lièrement l’épaisseur relative de la côte médiane et la ter- miraison obtuse des deux extrémités. Il existe pourtant entre la forme rhétlienne et celle de l’Oolithe anglaise que nos figures 4 et 5 reproduisent comme terme de compa- raison, une légère différence, trop peu marquée cependant pour justifier une séparation ; nous voulons parler du con- tour général plutôt linéaire-oblong dans les empreintes françaises, tandis que dans celles de Scarborough ce même contour affecte une forme plus longuement linéaire. Du reste, la persistance d’une espèce à travers plusieurs étages successifs et la répétilion de la même forme ou d’une forme très-analogue dans deux âges distincts de la série ju- rassique n’ont rien qui doive surprendre; nous avons déjà attiré à plusieurs reprises l’attention des hommes de science sur ce phénomène qui accuse des liens de filia- tion entre des espèces ou des formes certainement alliées, et auxquelles le temps en s’écoulant n’a fait subir que de: modificalions faibles et partielles. LocaLiTÉs, — La Selle entre Autun et Gouches-les-Mines TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 447 (Brongniart, 4838), coll. du Muséum de Paris, n° 528; en- virons d’Antulles près d’Autun (Saône-et-Loire), coll. de M. Pellat; grès de la base du Rhétien. — En Angleterre, le Tniopteris vittata a été observé dans l'Oolithe inférieure de Gristhorpe-bay près de Scarborough et dans les cou- ches de Stonesfield. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 64, fig. 1* et ?, frag- ments détachés d’une fronde de Zæniopteris vittata, vue par- dessous, grandeur naturelle, d'après un exemplaire de la collection du Muséum de Paris recueilli par M. Bron- goiart dans les grès de la Selle; fig. 2, portion d’une fronde de la même espèce, mulilée à la base et au sommet, d’a- près un exemplaire recueilli par M. Pellat et appartenant à sa coliection, grandeur naturelle ; fig. 3, base d’une fronde de la même espèce avec le pétiole, vue par-des- sous, grandeur naturelle, d'après un exemplaire commu- niqué par M. Pellat et faisant partie de sa collection ; fig. 4, portion inférieure d’une fronde de Z«æniopteris vittata, d’après un exemplaire de Scarborough figuré par M. Bron- gaiart ; fig. 5* el ?, portions de frondes de la même espèce, d’après le même auteur, provenant également de Scarbo- rough et présentant une forme plus étroite et plus linéaire. — Ces dernières figures sont exactement calquées sur _celles du grand ouvrage de M. Brongniart, pour servir de ierme de comparaison avec les exemplaires du Rhélien des environs d’Aulun, 448 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. QUINZIÈME GENBE. — PHYLLOPTERIS. Plhyilopteris, Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 22. —_ Zigno, F1. foss. oolith., 1, p. 166. Dragnose. — Frondes vel pinnæ frondium plus minusve lanceolatæ,margine integerrine, nervo medio sursum attenuato instructe ; nervis secundaris costa media egredientibus, obli- que decurrentibus, curvatis, pluries furcato-ramosis nec inter se anastomosalis. Glossopteris (ex parte)?, Brongniart, Hist. des véq. foss., I, p.222. Sagenonteris (ex parte) ?, Schimper, Traité de pal. vég., L, p. 640. HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. Brongniart a proposé le genre Phyllopteris pour y reporter deux espèces rangées d’abord par Jui parmi les Glossopteris, sous les noms de G. Phillips et Nülsoniana et dont les nervures, selon cet éminent auteur, sorties d’une médiane bien prononcée, sont très-obliques, dichotomes et nullement réticulées. Le Phyllopteris Phillipsü Brongn., si l’on suit cette opinion, devrait être identifié avec le Pecopteris longifolia de Phil- lips (1), dont les nervures seraient aussi sans anastomoses, mais se distinguerait du Glossopteris Phillipsü Lindley et Huiton (2), dont les nervures sont anastomosées et qui rentre certainement dans le genre Sagenopteris Presl. Ce- pendant M, Schimper affirme dans son dernier ouvrage (3) que, d’après un examen attentif de sa part, le Phyllopteris Nilsoniana des grès de Hôr en Scanie doit être réuni au Sagenopteris Rhoifolia Presl., plante répandue dans toute (1) Ulustr. of Geol. of Yorksh., p. 189, p!. 8, fiz. 8. (2) Foss. F{. II, tab. Lxxu. (3) Trailé de pal. vég., I, p. 640. PONEVE Dr TERRAIN JURASSIQUE, —: VÉGÉTAUX. 449 la zone infra-liasique et que le Phyllopteris Phillipsü ne dif- fère pas du Sagenopteris Phullipsii, dont la figure de Lindley ne donne qu’une idée superficielle, mais qui représente dans l’Oolithe le même type que le S. rAoifolia dans le Rhé- tien et le Lias inférieur. Nous n’avons aucune raison de révoquer en doute l’exac- titude des renseignements fournis par M. Schimper, sur- tout en ce qui concerne les plantes de Scanie dont ce sa- vant a pu étudier les échantillons originaux dans la collec- tion de M. Nilson à Lund ; il a pu également passer en revue de nombreux exemplaires des espèces de Scarbo- rough; il a remarqué que la difficulté d’apercevoir les anastomoses expliquait lerreur où seraient tombés MM. Phillips et Brongniart. Il est donc possible que les deux espèces rangées par le dernier de ces deux auteurs dans son genre Phyllopteris n'en présentent pas le vrai caractère et doivent par conséquent en être exclues, comme le veut M. Schimper. Cependant, même en adop- tant ce point de vue, nous n’en conservons pas moins le genre Phyllopteris, tellement sa notion s’adapte bien à l’es- pèce de Hettanges que nous allons décrire et quine saurait, à cause de la direction oblique de ses nervures secon- daires, être rangée parmi les vrais Zæniopteris. Ce genre, pour lequel nous adoptons la définition proposée par M. Brongniart, appartiendrait à l’Infra-lias et peut-être aussi à l’Oolithe. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'’obliquité et ensuile la courbure des nervures secondaires très-nombreuses et ramifiées-dichotomes, mais non anastomosées en réseau, distinguent le genre Phyllopteris des Tæniopteris d'une part et des Sagenopteris de l’autre. VÉGÉTAUX. — 3, .29 450 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 1. — Phyllopteris plumuila. PI. 63, fig. 6. DraAGNosE.— P. frondibus coriaceis (vel potius pinnis), sessr- libus late obovatis, basi inœqualiter cuneatis, sursum emargi- natis, nervo primario mox attenuato, nervis secunduris obli- quissimis leniter curvatis, tenuissimis numerosis pluries furcato- ramosts . Tœniopteris ?, Brongniart, mns. Nous ne connaissons celte espèce que par une seule em- preinte que nous figurons et qui se rapporte, soit à une fronde très-petite, soit plutôt à une foliole de consistance coriace, sessile, inégalement atténuée en coin à la base, largement obovale, sinuée le long du bord et profondé- ment échancrée au sommet qui est probablement mutilé. Une côte médiane, distincte vers la base, mais d’autant plus atténuée que l’on se rapproche de la terminaison supérieure, partage le segment ; les nervures secondaires sont d’une grande finesse, très-rapprochées et à peine dis- tinctes; elles sont émises très-obliquement et s'étendent vers les bords en s’étalant un peu en forme d'’éventail ou mieux encore comme les barbes d’une plume. Ces nervures considérées à la loupe paraissent plusieurs fois ramifiées- dichotomes à l’aide de subdivisions très-obliques et ascen- dantes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La physionomie de cette espèce est bien celle d’un Zæntopteris, mais l’extrême obli- quité des nervures empêche de s’arrêter à celte détermi- nation ; cependant chez certains 7œniopteris de l'Inde, dont les nervures secondaires tendent à devenir obliques vers TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, A51 la partie supérieure des frondes, il existe une assez grande conformité d'aspect avec notre Phyllopteris. Dans ce cas, il faudrait supposer que celui-ci ne représente qu'un simple lambeau, supposition qui manque de vraisemblance, selon nous. Pour apprécier ce point de vue, sur lequel l’insuf- fisance des éléments de comparaison empêche d’insister, il faut rapprocher de notre figure la figure 1, PI. 3, de l'ouvrage de M. Oldham, déjà cité plusieurs fois et qui représente une portion de fronde du Tæniopteris Mor- ris. LOcaLITÉS. — Grès de Hettanges (Moselle), zone à Am- monites angulatus ; coll. de M. Terquem. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 63, fig. 6, fronde ou seg- ment de fronde de Phyllopteris plumula Sap., vu par-des- sus, grandeur naturelle, d'après un échantillon communi- qué par M. Terquem et faisant parlie de sa collection. SEIZIÈME GENRE. — DANÆOPSIS. Dancœopsis, Heer, Urw. d. Schweiz, p. 55. — Schenk, in Palæontog., XI, p. 303. — 1d., in Schœnlein Abbild., tab. 12, fig. 3. ®— Schimper, Traité de Pal. vég., 1, p. 613. DIAGNosE.— rondes speciosissime stipitatæ, stipite crasso in rachin validam, postice convexam, antice canaliculatam con- tinuo, pinnatæ et pinnatifide ; pinnæ crecto-patentes, alternan- tes, lineari-ensiformes, longissimæ, decurrentes confluentesque, unde rachis alata, costa pinnarum prümariarum crassa, subtus conveziuscula, supra sulcata versus apicem longe sensin an- gustata, nervi secundarü sub ançgulo acuto emusst dein curvati, plus minusve transversi plerumque dichotomt ; sporangia utro- 452 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que latere cujusque nervuli in seriem continuam ordinata, con- liqua, inter se coalita, unde facies pinnarum inferior sporangüs biseriatis oblecta reperitur. Marantoidea, Jæger, Pflanzenverst., p. 28. Pecopteris (ex parte), Brongniart, His!. des vég. foss., 1, p. 302. Crepidopteris, Pres, in Sternb. FI, d, Vorw., I, p. 119. Tœniopteris, Presl tic: pi: — Unger, Gen. et Sp. pl. foss., p. 212. — Bronn, Beitr. 2. Trias Fauna und F1, p. 58. Stangeriles, Bornemann, Organ. Reste d. Lettenk-Thu- ring., p. 60. — Miquel, Syst. Cycad., p. 33. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Ce beau type, suivant M. Heer, à qui est due la première connaissance des parties fructi- fiées, et M. Schimper, qui en a figuré un magnifique exemplaire dans son dernier ouvrage, aurait son représen- tant actuel dans le genre Panœa. Comme les frondes étaient irès-grandes et qu’il n’en est resté Le plus souvent que des lambeaux épars, ceux-ci ont été décrits sous diffé- rents noms et confondus avec les Zæmopteris dont leur forme, ainsi que leur nervation, les rapprochent effecti- vement beaucoup. L’empreinte figurée par M. Schimper montre que les longues pennes, ensiformes ou lancéolées- obtuses au sommet, pourvues de nervuressecondaires une ou deux fois dichotomes, le long d’une côte médiane très- épaisse, étaient décurrentesà la base sur le rachis, qu’elles rendaient ailé, et confluentes entre elles. Les fructifica- tions étaient disposées comme chez les Danæa en une dou- ble rangée continue, le long des nervures secondaires. Les capsules ou sporanges accolés et probablement sou- dés par les côtés, quoique le contour de chacun de ces organes reste visible, alternaient d’une série à l’autre, si TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 453 l’on s’en rapporte à la figure grossie de M. Heer, que nous reproduisons (PI. 60, fig. 5 et 5*) tandis qu’une fente en forme de point marque l'endroit par où ils s’ouvraient pour laisser échapper les spores, Le genre Danæopsis ne comprend jusqu'ici que deux espèces dont une très-ré- pandue; il caractérise les marnes irisées dans le Wartem-. berg, la Franconie et les environs de Bâle; sa présence dans les grès de la base du Rhétien est tout à fait excep- tionnelle, et le type lui-même n’a pas dû se prolonger beaucoup au delà de cette limite. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La disposition des sporanges en une double rangée continue le long des nervures secon- daires rapproche évidemment les Danæopsis des Danæa ; cependant, si les figures données par le savant M. Heer sont exactes (et nous n’avons pas eu occasion d’examiner les empreintes d’après lesquelles elles ont été dessinées), il existerait une différence sensible entre les deux genres. Chez les Danœæa la soudure des sporanges est tellement intime que l’analogie seule permet d’assimiler à ces or- ganes les cavités bisériées et séparées l’une de l’autre par des cloisons, qui se trouvent disposées en un bourrelet li- néaire assis sur chacune des nervures secondaires, à la base inférieure des frondes fertiles. Il semblerait plutôt, chez les Danæopsis, que chaque sporange contigu au sporange voisin et soudé avec lui demeure pourtant plus moins dis- tinct, en sorte que l’on aurait sous les yeux un mode de fructification se rapprochant de celui des Angiopteris par une soudure moins complèle des sporanges entre eux, tan- dis que la disposition de ces organes en une double série continue et linéaire reproduirait en apparence au moins ce qui existe chez les Danœa. Maintenant, si l’on compare le mode de fructification des Danæopsis avec celui qui a 454 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. élé dernièrement observé chez les Visonia, on verra que dans ceux-ci les sores, dont la vraie nature n’est pas défi- nie, mais dont la consistance coriace pourrait bien dénoter une structure analogue à celle des Maratliées, sont toujours disposées en série discontinue, c’est-à-dire isolées l’une de l’autre. Les Danœæopsis viennent ainsi se placer naturelle- ment non loin des Marattia et des Angropterrs, et l’on peut avec certitude les considérer comme ayant fait partie, au même titre que les genres qui leur ont survécu dans le monde actuel du groupe des Marattiacées, aujourd’hui encore répandu dans la zone intertropicale, mais sans doute plus riche et plus varié autrefois qu’à l’époque contempo- raine. N° 1, — Danæopsis marantacea. PI. 65, fig. 1-5. Danœæopsis marantacea, Heer, Urw. d. Schw., p. 54. — — Schenk, Palcontog., XI, p. 303, tab. 48, fig. 1; in Schœnlein Abbild., tab. 12, fig. 3. — — Schimper, Traité de pal. vég., p. 614, PSY DIAGNOSE. — Ÿ). fronde maxima elata, rachr primaria secun- darüsque validis supra sulcatis, sublus convexiusculis instructa, pinnatim partita, pinna terminali lateralibusque longissümis dato-linearibus integerrimis ensiformibus in apicem lanceola- tum exeuntibus, lateralibus alternantibus, erecto-patentibus, omnibus in rachin alatam basi decurrentibus confluentibusque, costa pinnarum media paulatim apicem versus angustata sub anqulo aculo e rachi primaria egrediente, nervis secundarus inter se remotiusculis supra basin vel versus medium dichoto- TERRAIN JURASSIQUE., — VÉGÉTAUX. 455 mis paulatim curvatis quandoque anastomosatis ; soris ut in generis diagnosi descriptis. Marantoidea arenacea, Pecopteris macrophylla, — — Crepidopteris Schænleiniana, Aspidites Schübleri, Tœniopteris marantacea, Jæger, Planzenverst., p. 28, tab. 5. fig. 5. Brongniart, Hist. des vég. foss., D.2302, Pl. 436: Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 179. Presl, in Sternb. FI, d. Vorw., IE, p. 149. Gæppert, Syst. Fil. foss., p.351. Presl, /. c., p. 139. Unger, /. c., p.212. Bronn, Beitr. z. Trias Fauna und Flora, p. 58, tab. 9, fig. 3 et 42. Ettingshausen, Ueb. Teœniopt, in Haiding. naturwiss. Abandl., IV, p. 98, tab. 12, fig. 3. Schœnlein, in icone (ex Bron- gniart). Bronn, Leth. geognost., tab. 12, fig. 2. Bornemann, Org. Reste d, Lettenk. thuring., p. 60. Miquel, Syst. Cycad., p. 33. Tæniopteris fruticosa, Tæniopteris vittata B major, p. 147, Stangeriles marantacea, Nous n’hésitons pas à rapporter à cette espèce, incon- nue jusqu’à présent en dehors des Marnes irisées, les deux fragments de pennes reproduits par nos figures 4 et 3, PI, 60. Ces fragments proviennent des grès de la base du Rhétien de Couches-les-Mines, où ils sont associés à l’Zqui- setum Münsteri, mais il ne faut pas oublier que nous avons signalé dans ces mêmes grès la présence de l’£quisetum arenaceum qui accompagne fréquemment le Danæopsis marantacea dans le Keuper de Franconie; ainsi, la florule des arkoses du plateau d’Auxy comprendrait à la fois des espèces infra-liasiques et des espèces keupériennes, mé- 456 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. lange que sa position à l’extrême base du Rhétien jus- tifie parfaitement. Plusieurs espèces de la flcre des Marnes irisées survivraient encore, mais dans un état subordonné, tandis que les types du Lias inférieur auraient déjà acquis assez de développement pour dominer sur les premières, sans les exclure pourtant tout à fait. Les deux empreintes que nous figurons ne sont que des lambeaux ; peut-être même, ainsi qu’il arrive fréquemment pour cette espèce, le parenchyme détruit n’a laissé subsister que les seules nervures secondaires. Celles-ci sont bien visibles : sorties sous un angle aigu d’une côte médiane relativement épaisse, elles se divisent par dichotomie un peu au-dessus de la base et s'étendent ensuite en se recourbant un peu vers les bords. L'un des exemplaires, fig. À, correspond à la face inférieure; on reconnaît sur la même pierre des fragments de l’Æquisetum Münsteri; le second exemplaire, fig. 2,se rapporte à la face supérieure, et la côte médiane s’y montre silionnée sur le milieu. Les nervures secon- daires, émises le long de la côte, sont fines, ramifiées-di- chotomes et dans certains cas anastomosées près des bords. Tous ces caractères se rapportent exactement à ceux de l'espèce décrite par Heer, Schimper, Schenk, et avant eux par M. Brongniart. Notre figure 3, PI. 65, représente les détails de la nervation vus sous un faible grossissement.La largeur de ces segments excède à peine 2 centimètres, tandis que dans les exemplaires de Stuttgardt cette largeur mesure au moins 3 centimètres. Nos exemplaires marque- raient donc la présence de frondes plus petites, mais tout porte à croire qu’il s’agit bien de la même espèce. Les frondes du Danæopsis marantacea, dont notre figure 4 représente un beau spécimen emprunté aux figures de Schæœnlein, mesuraient 3 à 4 pieds de hauteur ; leurs lon- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 457 gues pennes, largement lancéolées-linéaires, dressées et obliquement divergentes, décurrentes à la base sur un rachis épais, et probablement très-raides, communiquaient à la plante un caractère frappant de beauté calme et sé- vère. C'était là sans doute un des plus beaux types ptérido- logiques de l’époque. Nous avons décrit le mode de fructi- fication en parlant du genre. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — M. Schimper a signalé une seconde espèce de Danæopsis, D. Rumpfii Schimp., qui provient des Marnes irisées inférieures et dont les pennes subopposées sont plus “étroites, longuement linéaires et acuminées au sommet; mais nous ne saurions dire, faute de figures, si nos empreintes s’éloignent ou se rapprochent de cette forme plus que celle avec laquelle nous les avons identifiées, comme la mieux connue et la plus répandue. Le Danæopsis marantacea se distingue du Marattia (Angio- pteridium) Münsteri par ses nervures plus ramifiées et moins nettement transversales; d’ailleurs les pennes de ce Ma- rattia jurassique ne sont pas décurrentes à la base sur le rachis principal et portent des sores dont la structure et la disposition n’ont rien de commun avec celles des Da- næopsis. Malgré une assez étroite analogie apparente, il suffit de comparer la nervation du D. marantacea avec celle qui caractérise les vrais 7'œntiopteris pour en saisir la différence. Chez les Tœniopteris les nervures, bifurquées dès la base et promptement dirigées dans le sens transver- sal, suivent celte direction jusqu’à la marge ordinairement munie d’un rebord cartilagineux ; chez les Danæopsis au contraire lelimbe, moins épais, a souvent disparu et les ner- vures secondaires, plus nettes et plus espacées, se recour- bent avant d'atteindre le bord qui ne paraît avoir élé accompagné par aucun ourlet marginal. Il est certain 458 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. cependant qu’une grande habitude est nécessaire, dès qu'il s’agit de discerner des genres aussi voisins, proba- blement alliés de très-près, d’après des lambeaux mal conservés et d’une faible étendue. LOcaLITÉS. — Couches-les-Mines, près d'Aulun; grès de la base du Rhétien ; collection de M. Pellat, EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 65, fig. 1, fragment de penne de Dancæopsis marantacea, vue par-dessous, sur un morceau de grès qui présente en même temps des débris de tiges de l’Æquisetum Münsteri, grandeur naturelle; fig. 2, autre fragment de penne de la même espèce, vu par-dessus, grandeur naturelle; fig. 3, nervation faible- ment grossie d’un autre fragment de penne de la même espèce. Les échantillons représentés par les figures pré- cédentes proviennent également des grès infra-liasiques de Couches-les-Mines et nous ont été communiqués par M. Pellat ; fig. 4, portion de fronde de la même espèce d’après un très-bel exemplaire du Keuper de Wurtemberg, figuré par Schænlein; fig, 5, portion d’une penne fertile de la même espèce, vue sous un assez fort grossissement, pour montrer la disposition des sporanges en une double rangée linéaire, d’après M. Heer (figure extraite de son ouvrage intitulé : Die Urwelt der Schweiz) ; fig. 5*, plu- sieurs sporanges fortement grossis pour montrer leur struc- ture présumée. EE Chiropterideæ.— f'rondes flabellatim multifidæ par- tilæque, vel dichotome repetito- laciniatæ, laciniis elongatis vel cuneatis apiceque fimbriatis, nervi e basi frondium flabellato- ramosi,multiplices in lacinias ex- currentes æquales aut majores, debilioribus interposili, simplices TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 459 paralleli aut varie inter se ana- stomosali et reticulati. Fruclifi- . calio ignota vel sporangiis recep- taculisque ovato-pisiformibus in racemos aggregatis efformata, radicularis, illam Rhizocarpea- rum referens. (Marsileacearum genera ?) Nous réunissons sous cette formule, dont le nom est emprunté à l'un des types keupériens les plus curieux, le Chiropteris digitata Kurr, tout un groupe de plantes d’affi- nité incertaine, comparées aux Schizéacées et aux Acrosti- chées par les uns, aux Ophioglossées et aux Marsiléacées par les autres. Ce sont généralement des frondes au limbe flabellé-multifide, souvent irrégulièrement incisées, à lobes ou lacinies plus ou moins profonds, mais jamais séparés en folioles articulées ou pétiolées à la base, comme chez les Sagenopteris. Les frondes, à segments étroits et profonds, sont tou- jours divisées à l’aide d’une dichotomie plus ou moins compliquée, et leurs lobes sont souvent cunéiformes, fran- gés ou irrégulièrement incisés à leur sommel. Les ner- vures qui s'engagent dans ces segments sont toujours flabel- lées-dichotomes, partant de la base pour se distribuer longitudinalement à travers la fronde et donner lieu, tantôt à des ramifications égales, tantôt à des nervures plus fines et plus fortes entremêlées, soit libres, soit diversement reliées et anastomosées en réseau. Les genres Chiropteris Kurr, Hausmannia Dunk., Baiera Fr. Braun, Jeanpaulia Ung., peut-être aussi Schizopteris Brongn., et Sclerophyllina Heer, rentrent dans ce groupe, les deux derniers cependant avec doute. Les Batera et les Jeanpaula, qui nous semblent avoir représenté deux Iypes 460 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. à peine distincts ou même se rapporter à un genre unique, sont les plus importants par le nombre el les caractères de leurs espèces, à l’époque jurassique. Ce sont aussi les seuls que nous ayons observés dansles couches françaises de ce terrain ; ou plutôt, si l’on tient compte de la très-minime différence de physionomie qui sépare ces deux genres et que l’on réserve la dénomination de Baiera aux frondes flabellées à segments irrégulièrement incisés le long des bords, et celle de Jeanpaulia aux frondes divisées par di- chotomie successive, en segments étroits et allongés, c'est à ce dernier type seulement que se rapportent les espèces de la formation oolithique que nous allons signaler. DIX-SEPTIÈME GENRE. — JEANPAULIA. Jeanpaulia, Unger, Gen. et sp. pl. foss., p.224. — Schenk, Foss. Fl. v. Grenzsch, p. 39. — Schimper, Traité de pal. vég., 1, p. 682. DIAGNOSE. — rondes coriaceæ e petiolo cylindrico flabella- tim furcato-partitæ, laciniæ lineares repetito-dichotomæ inte- græ, plus minusve elongatæ, nervi complures longitudinales in lacinias frondis longitudinaliter excurrentes œquales vel in costulas laterales ordinati. — Fructus? ovato-pisiformes. Baierx, Fr. Braun, In Münst. Beitr., VI, p.21. —- Brongniart, Tub. des genres de vég. foss., p. 30. — Schenk, /oss. F!. d, Grenzsch., p. 26. — Schimper, Traité de pal. vég., X, p. 422 (ex parte, quoad Baieram tœniatam, excel. Baiera digitata et pluripartita). Baiera ?, Bumburg, PI, of Scarborough, in Quart. Journ. geol. soc., vol. VIT. Dicropteris, Pomel, Mat. pour servir à la conn. de la flore foss. des terrains jur. de la France, in Amtl. Ber. üb. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, A6! d. 25 Vers. d. Geselisch. Deutsch. naturf. in Aach., 1847, p. 339, — Zigno, FI. foss. form. ool., I, p. 98. Cyclopteris (ex parte), Zigno, £. c., 1, p. 102, Solenites, Lindl. et Hutt., Foss. Fl., 209. Psilotites, Zigno, L. c., 1, p. 214. Schizopteris, Bean,in Mns. Sphærococcites (ex parte), Presl, in Sternb. FI. d. Vorw., IL, p. 105. HISTOIRE ET DÉFINITION. — La dénomination géné- rique de Jeanpauha, adoptée successivement par MM. Un- ger, Schenk et Schimper, s'applique à des plantes fossiles dont le type est le Baiera dichotoma de F. Braun. Ce groupe renferme pour nous la plupart des espèces que les divers auteurs ont désignées jusqu'ici, tantôt sous le nom de Baiera, tantôt sous celui de /eanpaulia, à l'exception seu- lement des Zaiera digitata Brngl. (Cyclopteris digitata Brngt., Âist. des vég. foss., I, p. 219, PI. 61 bes, fig. 2-3; Lindl. et Huit. Foss. FT., Lab. 64) et pluripartita Schimp. (Cyclopteris digitata Dunk, Monogr. de Weald., p.9, tab. 1, fig. 8 et 10, tab. 5, fig. 3-6; Ettingsh,, Beitr, z. FI. d. Weald., p. 13, tab. 4, fig. 2). Ces deux dernières espèces devront peut-être, selon la pensée exprimée par M. Bron- gniart, dans son Z'ableau des genres de végétaux fossiles, être réunies aux autres, mais leur facies un peu différent, leur fronde flabellée, fimbriée sur les bords, à lobes larges et courts, permettent cependant de ne pas les confondre avec les frondes profondément laciniées à segments étroits, en lanières plusieurs fois dichotomes, des /eanpaulia pro- prement dits. M. Pomel avait proposé pour les espèces françaises que nous allons décrire la dénomination de Dicropteris; et comme ce savant avait donné des diagnoses non accompagnées de figures, elles ont été répétées depuis 462 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, sans réflexion par M. de Zigno, dans son grand ouvrage sur la flore oolithique ; mais l'observation des échan- tillons originaux nous a permis de restituer à ces espèces leur vrai caractère et de les replacer parmi les Jeanpaulia auquels elles appartiennent légitimement. Les frondes de ce genre abondent-sur plusieurs points de la formation rhétienne d'Allemagne, principalement aux environs de Bayreuth, dans des grès schisteux et charbonneux où elles sont accompagnées fréquemment par des fruits ou sporan- ges ovales, pisiformes, que nous figurons d’après M. Schim- per qui les a observés sur place, Ces corps sont ordinai- rement agrégés par trois en grappe simple ou biternée; ce sont ceux que M. F. Braun a décrits comme représen- tant les parties fructifiées de ces plantes qu’il range parmi les Marsiléacées, sous le nom de Paiera dichotoma; dans l'opinion de M. Schenk, au contraire, ces organes ne seraient que des frondes incomplétement développées, à lobes encore repliés sur eux-mêmes. M. Schimper, d’ac- cord avec F. Braun, considère les corps pisiformes comme représentant réellement les organes reproducteurs des Jeanpaulia, mais il ne se prononce pas au sujet de la place à assigner au genre lui-même qu’il rejette à la suite des Fougères, parmi les groupes d’affinité incertaine en le séparant à tort, selon nous, des Zaiera. Sans nous pro- noncer au sujet d’une question qui paraît bien obscure,nous citerons ce que dit M. Schimper à propos des corps pisi- formes, organes présumés du Jeanpaulia dichotoma que nous figurons d’après cetauteur (PI. 66,fig.3 et 4,). «J’ai eu occa- sion de recueillir cette plante en très-grande abondance, dans un grès schisteux près de Bayreuth, et de me con- Vaincre que les corps pisiformes aplatis que Fr. Braun a pris pour les fruits de cette plante, lui sont souvent asso- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 463 ciés en très-grande quantité, à l’exclusion de toute autre empreinte végétale. Il est vrai que je ne les ai jamais vus attachés aux frondes de Jeanpaulia. Une seule fois j'ai vu une petite plante à trois divisions dont les lanières paru- rent enroulées en crosse, Les corpuscules ovalaires que j'ai représentés à la figure 11 avaient évidemment une enveloppe membraneuse assez épaisse, qui existe encore dans la roche sous forme d’une membrane presque carti- lagineuse, brune, lisse ou plus ou moins plissée, et n’of- frantaucune ressemblance avec ces folioles enroulées. Je ne puis donc m'empêcher d’y voir les fruits du /eanpaulia, et cela avec d'autant moins de doute que des corps semblables ont aussi été rencontrés dans l’Oolithe de Withby, associés à la seconde espèce de ce genre. Si cette plante avait eu un autre genre de fructification, on l’aurait certainement ren- contrée sur quelques-uns des innombrables échantillons qui ont été déterrés pendant de longues années aux envi- rons de Bayreuth.» Les Jeanpaulia et Baiera se montrent avec le Rhétien à l’extrême base du Lias inférieur; ils re- paraissent ensuite dans l’Oolithe et leur existence se pro- longe jusque dans le Wéaldien. Si l’on maintient la distinc- lion des deux genres, il semble que les Jeanpaulia règnent seuls dans l’Infra-lias, qu’ils sont associés aux Paiera dans l’Oolithe et que ceux-ci leur survivent dans le Wéaldien. Au total, les Jeanpaulia constituent un groupe essentielle- ment jurassique. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl]. 66, fig. 1, fronde entière de Jeanpaulia Münsteriana Presl (Baiera dichotoma Fr. Br.), grandeur naturelle; fig. 1°, autre fronde jeune ou imparfaitement développée de la même espèce; fig. 1, fruits ou corpuscules pisiformes agrégés représentant probablement les organes reproducteurs de l’espèce, gran- 464 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. deur naturelle; fig. 14, nervation grossie; fig. 2, corpus- cules pisiformes grossis. Ces figures sont empruntées au Traité de paléontologie végétale de M. Schimper, et dessi- nées d’après des exemplaires originaux recueillis aux environs de Bayreuth par ce savant; fig. 3 et 4, corpus- cules pisiformes agrégés de la même espèce, d'après Schenk, grandeur naturelle. | N° 1. Jeanpaulia longifolia. PI. 67, fig. 1. DrAGNosE. — J, frondibus rigidis, breviter petiolatis, plu- ries furcato-dichotomis, segments linearibus basi angustatis, nervis longitudinalibus tenuibus percursis et costa submargi- nali quandoque notatis. Dicropteris longifolia, Pomel, {. c., p. 339, La fronde de cetie espèce, de consistance plus ou moins rigide, est grande relativement; elle présente un pétiole assez court (2 1/2 centim.) et grêle, qui s’amincit encore à la base ; ce pétiole donne lieu supérieurement, à l’aide de deux bifurcations successives, à quatre segments princi- paux, érigés, linéaires, plus étroits à la base que vers le sommet et dont les deux latéraux sont encore bipartites, tandis que les médians, dont l’un cependant est mutilé, paraissent avoir été simples et entiers. Les nervures, di- chotomes comme les segments, fines, parallèles, longitu- dinales et assez nombreuses, se partagent et s'étendent d’un bout à l’autre des segments, ainsi que le montre la fi- gure 4°, P]. 67, qui représente la nervation grossie. Il n’y a pas de médiane distincle, mais, comme chezle J/eanpaulia TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 465 Mänsteriana (Baiera dichotoma Fr. Br.), une sorte de côte ou de nervure plus prononcée semble longer le bord des deux côtés et conslilue une carène, remplacée sur l’em- preinte par un sillon. La fronde entière mesure plus de 42 centimèlres de longueur y compris le pétiole. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Jeanpaulia longifolia se rapproche évidemment du Jeanpaulia Münsteriana Pres, dont il diffère pourtant par des segments moins nombreux et plus élancés ; cette ressemblance est plus étroite avec l’exemplaire figuré par M. Schimper (1) et que reproduit notre planche qu'avec ceux de l’ouvrage de M. Schenk. Malgré cette analogie on ne saurait douter d’une distinc- tion spécifique, justifiée du reste par la provenance géo- gnostique de notre Jeanpaulia longifoha. Celui-ci est éga- lement très-voisin du Baiera? gracilis Bumb. (Schizopteris ? gracilis Bean) (2), espèce qui, d’après les figures de Bum- bury doit être attribuée au groupe des Jeanpaulia et dont nous ayons pu observer nous-même un beau spécimen dans la collection du Muséum de Paris. Cependant cette espèce de l’Oolithe du Yorkshire ne saurait être confondue avec celle que nous décrivons; elle est beaucoup plus pe- tite; les segments sont proportionnellement plus larges, plus courts et plulôt lancéolés au sommet. Nous considé- rons notre J/. longifolia comme bien distinct de la forme de Scarborough qui ne doit être confondue d’autre part ni avec le Batera digitata ni avec le Jeanpaulia Lindleyana Schimper, qui n’est autre que le Solentes furcatus du Fossil Flora de Lindley et Hutton, LOcALITÉ. — Calcaire lithographique de Châteauroux (1 1) Traité de pal, vég. 1 Di 44: “fig. 9 (2) Voy. Plants of Scarb., in Quart. Journ. Soc, geol, Lond, vol. a A p.182, tab. 12, fig. 3. 4 UK rà VÉGÉTAUX, — J. 30 466 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. (Indre), étage corailien supérieur, ancienne collection Michelin, actuellement au Muséum d'histoire naturelle de Paris. _ExeuicaTion DES FIGURES. PI. 67, fig. 4, fronde entière de Jeanpaulia longifolia Pomel, grandeur naturelle; fig. 1* nervalion grossie. N°9. — Jeanpaulia obtusa Pl.617.fis.:22. DIAGNOSE. — J. frondibus petiolo crasso, basi sensim dila- tato, 2 centèm. circiter longo, instructis, sursum digitato-par - tits, segmentis erectis, parum divergentibus, linearibus apice obtusatis, nervulis tenuibus plurimis æqualibus longitudinaliter ordinatis. Les frondes de cette espèce, dont il n'existe, à notre connaissance, qu’un seul exemplaire, sont coriaces, pour- vues d’un épais pétiole long &e 2 centimètres seulement et dilaté inférieurement. Le limbe se compose de 6 à 8 seg- ments simples ou divisés presque dès la base, à peine divergents, linéaires, un peu élargis et obtus au sommet, Les nervures sont toules égales, fines et peu visibles. L’as- pect de l'empreinte semble marquer une fronde non en- core complétement développée, mais le grain grossier el oolithique de la roche empêche de saisir exactement le détail des caractères. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La terminaison obtuse des segments ne permet de confondre cette espèce avec aucune de celles qui ont été signalées jusqu'ici. Son faciès tout spécial fait même concevoir des doutes au sujet de son attribution ; il semble pourtant difficile de ne pas rapporter TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 167 cette espèce aux Jeanpaulia, au moins provisoirement. LocaLtréÉs. — S'-Mihiel près de Verdun (Meuse) ; étage coralien inférieur; collection du Muséum deParis, n° 3731. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 67, fig. 2, fronde de Jeanpaulia obtusa Sap., grandeur naturelle. N°3. — Jeanpaulia laciniatn. PR COTES DIAGNOSE. — J, frondibus parvulis, breviter petiolatis, 8-dichotome-partilis, segmentis linearibus divergentibus bre- viter acuminalis, nervis inconspicuis . Dicropteris laciniala ?, Pomel, L, c., p. 339. Nous rapportons avec quelque doute au Dicropteris lacr- niata de Pomel, que cet auteur n’a jamais figuré, l’espèce de Saint-Mihiel, représentée PI. 67, fig. 3. C’est une fronde de très-petite dimension, divisée par dichotomie.en 8 seg- ments linéaires, pointus au sommet; les extérieurs étant divergents. Il nous semble que par ses caractères visibles et son mode de partition cette espèce;vient se ranger sans anomalie à côté des autres Jeanpaulia , RapPoRTS ET DIFFÉRENGES. — Cette espèce rappellerait par son faciès plutôt les Acrostichum que les Schizæa ; nous ne connaissons aucune forme fossile avec laquelle elle puisse être confondue. LocaziTÉs. — Saint-Mihiel, Gibbomeix ; Corallien infé- rieur ; collection de M, Moreau. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 67, fig. 3, fronde de Jeanpaulia laciniata, grandeur naturelle. 468 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. N°4,-— Jeanpaulia flnbelliformis PI. 67, fig. 4. DIAGNOSE. — J. fronde minima, flabellatim in lobos lineares a basi furcato-partita, lacintis apice obtusatis uninervuüs. Dicropteris flabelliformis ?, Pomel, /. c., p. 339, La fronde est encore plus petite que celle de l’espèce précédente ; elle est divisée en lobes ou segments linéaires bifurqués presque dès la base, obtus au sommet et uniner- viés, à ce qu'il paraît. Le mode de partition ne diffère pas de celui que l’on observe chez les autres Jeanpaulia ; seulement l'empreinte que nous figurons ne correspond, selon toute apparence, qu’à une moitié de la fronde. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le sommet obtus et la pervure médiane assez visible qui partage longitudinale- ment chaque lacinie, distinguent cette espèce dont les dimensions n’excèdent pas un centimètre, Son attribution au genre Jeanpaulia, bien que vraisemblable, ne repose sur aucune certilude. LOCALITÉ. — Gibbomeix, près de Saiat-Mihiel; Calcai- res blancs, étage corallien ; collection de M. Moreau. EXPLICATION DES FIGURES. —- Pl. 67, fig. 4, fronde ou partie de fronde de Jeanpaulia flabelliformis, grandeur naturelle; fig. 4, même empreinte vue sous un assez fai- ble grossissement. SUPPLÉMENT ALGUES Le désir de ne rien négliger en fait d’Algues susceptibles de détermination et, d'autre part, la crainte d'introduire dans la science des types par trop douteux ou même des corps étrangers au règne végétal, spongiaires, serpules, tubes d’annélides, empreintes de mollusques, nous ont également préoccupé. Entraîné par le premier de ces deux sentiments, nous avons décrit, sous toutes réserves, sous le nom de Conchyophycus, des spécimens dans lesquels des géologues de mérite se sont accordés à reconnaître des moules déformés de l’Ostræa marcignyana Marsh. — Le genre Conchyophycus devra par suite disparaître de la no- menclature. Les inconvénients qui sont la conséquence d’une semblable erreur dépassant de beaucoup ceux qui résultent de l’oubli calculé des formes plus ou moins pro- blématiques , lorsque leur véritable nature ne peut être suffisamment éclaircie, nous négligerons volontairement un assez bon nombre d'échantillons, qui nous ont été com- muniqués dernièrement par plusieurs de nos confrères el amis, pour nous attacher uniquement à ceux qui pa- raissent offrir de sérieuses garanties d’authenticité. 470 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, GENRE. — PHYMATODERMA (voir ci-dessus, p. 413 pour la définilion du genre). N°9. Phymatoderma liasicum. PI. 68, fig. 4-2. Phymatoderma liasicum Schimper, Traité de Pal.veg., 1, p. 161, PI. 2, fig. 7-8. DIAGNOSE. — Ph. frondibus proceris, dichotome ramosis, leniter flexuosis, ramulis plus minusve elongatis, sub angulo acuto divergentibus, ascendentibus, cylindraceis apice obtusatis, cristis vel papillis crasstusculis transversim undique obtectis. A lgacites granulatus, Schlotheim, MNachtr., 1, p. 45, tab. 5, fig. 1. ” Sphacrococcites crenulatus, Sternb., Vers. d. Ft. d. Vorw., ll, p. 27. — — Kurr, Beitr. 3. F1. d. duraform., p.17, tab. 3, fig. 1-2. — — Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 25. Granularia Schlotheimi, Pomel, {. c., p. 332. Phymatoderma granulatum, Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 103. L'espèce que nous avons décrite précédemment sous le nom de Phymatoderma Terquemi nous a paru se séparer de celle de Boll par des dimensions plus petites, un autre mode de ramification et un aspect différent des papilles verruqueuses ; nous avons reçu depuis, par l’obligeant in- termédiaire de M. l’abbé Vallet, des échantillons identi- ques au Phymatoderma liasicum dont M. Schimper a repro- duit de si beaux spécimens moulés. Le fragment de fronde que nous figurons (PI. 68, fig. 1) rentre dans la variété f TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 471 elongatum de Kurr. Sa forme paraît même plus gréle et plus élancée que celle des échantillons de Boll. Les bords sont moins dislinctement crénelés, et les crêtes trans- versales plus nettes et moins flexueuses ; mais ce sont là de faibles différences, et il faut se souvenir qu'il s’agit d'une espèce répandue sur un très-grand espace dans les mers du Lias ; ainsi qu’il arrive à toutes les formes qui se multiplient beaucoup, celle-ci a dù donner lieu à de nom- breuses variétés, Nous appliquerions volontiers à la nôtre le nom de gracile. Nous ne pouvons mieux faire, à propos du Ph. liasicum, que de reproduire les curieux détails donnés par M. Schimper (1) dans son dernier ouvrage : «Gette Algue paraît avoir composé de véritables parterres au fond de la mer danslaquellese sont déposés lesschistes liasiques supérieurs du Wurtemberg, car elle recouvre et pénètre ces schistes dans toutes les directions et sur une épaisseur considé- rable. La substance végélale est souvent remplacée par une terre marneuse fine, presque crétacée, couleur gris clair, de sorte que la forme de la plante ressort très-nette- ment sur le fond gris bleuâtre foncé des schistes, En enlevant celte terre, on découvre sur la marne l’impression nelte que forme un réseau irrégulièrement penulagonal, provenant des appendices auxquels le genre doit son nom. » RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Phymatoderma lhasicum et surtout la variété que nous décrivons sous le nom de gracile se distinguent par la tournure élancée des frondes du Ph. Terquemi el même de Ja variété y crispum de Kurr, Les inégalilés transverses qui recouvrent la surface des rameaux ne sont pas des pustules, mais des crêles aux (1) Traité de pal. vég., 1, p. 162. 472 V'ALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, rebords saillants qui se recouvrent plus ou moins par leurs extrémités, et composent par leur réunion une série de compartiments emboîtés. La forme et la nature de ces compartiments aplatis plutôt que bombés, ainsi que la dimension beaucoup plus forte de toutes les parties de la plante séparent très-nelttement le Ph. liasicum de l’espèce suivante. LOcALITÉ. — Alpes du Bourg-d’Oisans (Isère). Lias supé- rieur. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 68, fig. 4, partie termi- nale d’une fronde de Phymatoderma liasicum Schimp., var. gracile Sap., d'après un exemplaire recueilli par M. l’abbé Vallet, grandeur naturelle ; fig. 2, partie supérieure d’une fronde de la même espèce, d’après un échantillon moulé figuré par M. Schimper, pour montrer l'aspect de l’an- cienne plante, grandeur naturelle. Ce spécimen doit être rapporté à la variété y crispum de Kurr. N°3. Phymatoderma cælatun. PI. 68, fig. 3. DrAGNOsE. — Ph. frondibus gracilibus cylindraceris, hinc inde contortis, simpliciusculis verrucosis, verrucis transversim oblongis sinuosisque contiquis, leniter convexis, sulco ab alte- rutra separalis. Les ramules épars des frondes de celte espèce sont petits, simples ou pourvus çà et là d’une ramification soli- taire, cylindriques, un peu contournés et divariqués. Leur surface est recouverte &’un réseau de compartiments irré- guliers auxquels le moulage restitue leur véritable forme. On distingue alors une surface entièrement recouverte TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 473 (voyez fig. 3*) d’élevures ou boutons légèrement convexes, nettement limités, contigus, conlournés en divers sens, généralement allongés dans le sens transversal et dont notre figure rend fidèlement l’aspect. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Bien qu’il soit très-naturel de ranger cette espèce parmi les Phymatoderma, la dispo- sition des saillies en forme de boursouflures convexes, qui garnissent la surface extérieure des ramules, n’a rien de commun avec les crêtes du Phymatoderma lhasicum. Mal- heureusement, les fragments que nous figurons sont trop peu complets pour permettre de formuler une opinion motivée au sujet de cette forme qui s’écarte très-sensible- ment, selon nous, de toutes les Algues fossiles signalées jusqu’à présent. Il est impossible cependant de ne pas être frappé de l’analogie que présentent les parties visibles de l'empreinte une fois moulée avec les parties correspon- dantes de diverses Caulerpées, particulièrement des Co- dium, dont les frondes sont aussi revêtues à la surface et à l’état frais d'’inégalités verruqueuses, disposées à peu près de même. C'est ce que l’on peut voir en considérant les Codium tomentosum et Bursa Ag. LOCaLITÉ. — Les Lamberts, près d'Aix (Bouches-du- Rhône), étage oxfordien ; communiqué par M. Marion, EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 68, fig. 3, plusieurs fragments de fronde de Phymatoderma cœlatum Sap., gran- deur naturelle ; fig. 3°, un des fragments grossis. 474 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. GENRE. — MÜNSTERIA (1). Mûnsteria, Sternb. (emend.), Vers., p. 31. — Brongniart, Tab. des genres de vég. foss., p. 11. — Unger, Gen. et sp. pl. foss., p. 14. — Ligno, FI. foss. form. ool., I, p. 11. — Fischer-Ooster, Foss. Fuc., p. 35. — Schimper, Traité de pal.vég., 1, p. 194. DIAGNOSE. — Frons (viva) coriacea cylindrica, probabiliter fistulosa simplex, cæspitose aggregata vel dichotome parceque ramosa, transversim annulatimque elevato-striala. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le genre Mänsteria a été fondé par Slernberg qui y avait englobé plusieurs formes douteuses ou hétéroclites, que M. Schimper en a exclues comme étant plutôt des Spongiaires ou des Coprolithes que des Algues. Il en est peut-être de même du Mänsteria Schneideriana de Gœppert, dont M. Fischer-Ooster a fi- guré un très-grand exemplaire. Mais, ces retranchements opérés, le genre Münsteria comprend encore un assez bon nombre d'espèces qu’il est naturel de considérer comme des Algues, jusqu’à preuve contraire. Ce sont les Münsteria Hoessi Sternb., geniculata Sternb. (4, c., p. 32, PI. 7, fig. 3) et flagellaris Sternb., auxquels on doit ajouter le M. annu- lata Schafh. M. Fischer-Ooster, dans son livre sur Îles Fucoïdes fossiles, a proposé sous le nom d’A/ydrancylus un sous-genre dont le M. geniculata Sternb. devient le type, et qui comprend les espèces à frondes repliées-sinueuses, dont les stries annulaires sont très-rapprochées et forte- ment marquées. Ces stries prennent l’apparence semi- (1) Ce genre doit étre placé à la suite des Phymoderma. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 475 lunaire dans les empreintes que la fossilisation a compri- mées. M. Fischer-Ooster range dans cette seclion nou- velle les Münsteria Oosteri el hamata, qu’il figure et qui reproduisent évidemment le type de l’espèce que nous allons signaler. Ces divers Münsteria font partie du Flysch et se rapportent par conséquent à l’Éocène supérieur ; mais, malgré la distance verticale, qui est énorme, l’affi- nité de la flore algologique du Flysch avec celle des mers du Jura est trop évidente pour que nous nous étonnions de rencontrer des formes congénères de part et d’autre; nous devons plutôt accepter celle liaison comme l’expres- sion véritable des faits, bien qu’il soit difficile de s’en rendre raison. RAPPORTS ET DIFFÉRENGES. — Les Münsteria constituent un genre d’Algues vraisemblablement éteint dont les fron- des coriaces, fistuleuses, cylindroïdes, diversement agré- gées, croissant en touffe et repliées sur elles-mêmes étaient marquées de stries, de côtes, de plis transverses formant une série d’anneaux plus ou moins rapprochés, tantôt fins comme des linéaments, tantôt relevés en crêtes. M, Bron- gniart croit que les fructifications des Müänsteria sont queiquefois visibles sous l’apparence de tubereules hémi- sphériques épars entre les stries; il les regarde comme re- produisant l’aspect du genre vivant Splachnidium (Ulva rugosa L.) des mers australes. La différence principale consiste, suivant l’éminent auteur, en ce que les rameaux de Splachnidium naissent latéralement de la fronde princi- pale sur une base contractée, tandis que la plante fossile, lorsqu'elle n’est pas simple, se divise en rameaux dicho- tomes qui ne sont ni contraclés ni articulés (1). (1) Brongniart, Tab, des genres des vég. foss., p. 11. 476 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 1. Münsteria visceralis. PI. 68, fig. 8. DraGNose. — M. fronde (viva) cartilaginea cylindracea simplici ? varie sinuato-reflexa, strüs elevatis seu costulis approximatis transversim undique circumcincta L’empreinte est un moule qui a conservé son relief et démontre la forme cylindrique et la structure probable- men fistuleuse de l’ancienne fronde. Elle paraît avoir été simple, mais elle se replie plusieurs fois sur elle-même avec des contours sinueux, dont notre figure ne reproduit qu'une faible partie. Le grain de la roche, qui consiste enun grès des plus grossiers, ne laisse saisir d’autres détails que ceux qui résullent de la disposition des stries ou côtes an- nulaires séparées par autant de sillons dont l'extérieur de la froude est entièrement recouvert. RAPPORTS ET DIFFÉRENGES, — Nous ne croyons pas nous tromper en rapportant aux Münsteria et en particulier à la section Zydrancylus de Fischer-Ooster cette espèce, dont le rapport avec le AZ. geniculata Sternb. nous paraît sur- tout frappant. Il serait invraisemblable d'admettre l’identi- fication possible d’ure forme jurassique avec une espèce du Flysch, mais en dehors même de cette circonstance les divisions du A]. geniculata paraissent plus courtes, plus obluses, tandis que la fronde de notre M. visceralis se pro- longe en longs replis sinueux et doit avoir été simple plu- tôt que ramifiée-dichotôme. LOCaLITÉ. —- Versant S.-0. de la dent du Mont-Tout, Bajocien supérieur; coll, de M. Falsan. EXPLICATION DES FIGURES, — PI. 68, fig. 8, portion d’une TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 477 fronde de Mänsteria visceralis Sap., grandeur naturelle, d’après un échantillon communiqué par M. Falsan, GENRE. — CANCELLOPHYCUS (voir ci-dessus, p. 126). Nos vues sur ce genre se trouvent confirmées par de nouveaux et précieux documents, — 1l est maintenant bien certain que les frondes des Can- cellophycus étaient fixées au fond des mers par un point d'attache affectant généralement vers le haut la forme d’un entonnoir ou d’un cornet renversé et s’étalant en- suite en une expansion circulaire, semi-circulaire ou ellipsoïde, dont le point d'attache occupait le centre ou l’un des côtés, et dont les bords élaient sujets à des sinuo- silés plus ou moins profondes, selon les espèces et les individus, ou même donnaient lieu à de véritables lobes. La substance de la fronde élait criblée d’une multi- tude d'ouvertures étroiles et allongées, alignées de façon à reproduire, au moyen des parties pleines, un ensemble de ramifications repliées vers les bords et divergeant du point d'attache. Nous figurons ici, à l’appui de celte manière de voir, plusieurs échantillons nouveaux de Cancellophycus, obser- vés dernièrement par nous à plusieurs niveaux successifs de la série jurassique des Basses-Alpes. Ces échantillons, dessinés sur place, représentaient, à la surface des lits, des frondes entières occupant leur posilion naturelle sur l’an- cien fond de mer que les assises de sédiments étaient venues recouvrir en constituant, pour ainsi dire, les feuil- lets d’un herbier gigantesque. La grande dimenson de la plupart de ces frondes nous a obligé de les réduire à une faible portion de leur grandeur naturelle; mais il sera 478 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. possible, grâce à l’exaclitude de nos figures, de faire juger de l'aspect et de la configuration générale des anciens or- ganes, tels qu'ils se montraient au sein des mers dont ils tapissaient le fond. Les figures 1. PI. 69, et 4, PI. 70, se rapportent évidem- ment au Cancellophycus liasinus dont nous avons déjà re- présenté une fronde presque entière ( Voy. ci-dessus, p. 135, PI. 5). Cette espèce, dans les Basses-Alpes, se montre vers la base du Toarcien et remonte de là jusque dans l’'Oo- lithe inférieure où elle se trouve associée à une forme nou- velle que nous signalons plus loin sous le nom de €. Gar- nieri. — Le C. liasinus abonde aux environs de la montagne de Beaumont dans des schistes calcaréo-gréseux d’un noir bleuâtre; les feuillets de la roche paraissent en être com- plétement pétris. Le point d’attache, généralement central ousub-central, quelquefois excentrique, rejeté alors près des bords ou situé au fond d’une échancrure, donne lieu à une expansion ellipsoïde, plus ou moins sinuée, lobée ou même partagée en segments arrondis par des sinus étroits ou ir- réguliers. Le diamètre, mesuré suivant le plus grand axe, oscille entre 30 et 40 centimètres. La dimension la plus ordinaire est de 35 centimètres. Notre figure 1, PI. 70, re- présente la forme la plus répandue ; le point d’attache est situé vers le centre et la fronde dessine un ellipsoïde irré- gulier, arrondi vers les deux extrémilés, siaué vers l’un des pelits axes. Cette fronde est assez conforme à celle que nous avons figurée en premier lieu (PI. 5). La figure 1, PI. 69, représente une autre fronde de la même espèce, qui s'éloigne des précédentes par sa configu- ration. Le point d'attache est situé excentriquement, le long d'un des côtés de l'organe ; de ce point, l'expansion se développe très-inégalement, de manière à donner lieu à un TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 479 petit lobe, d’une part; et, dans la direction opposée, à un autre lobe, arrondi et sinué, beaucoup plus grand compa- rativement, à la surface duquel on distingue une série de linéaments arqués, qui se superposent en se repliant le long de la marge. Nous pourrions multiplier ces exemples en montrant une suite de frondes développées, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre; mais presque toujours al- longées transversalement et plus ou moins étroites dans la direction opposée, c’est-à-dire présentant un grand et un petit axe. C’est en cela surtout que réside, à ce que nous pensons, le caractère particulier de l’espèce. Les figures 2, 3 et 4, PI. 69, sont destinées à faire bien connaître la structure propre au Cancellophycus scoparius, c’est-à-dire à l’espèce signalée la première et qui, dans les Basses-Alpes, aussi bien que dans l'Hérault et aux environs de Lyon, occupe invariablement l’horizon du Bajocien, d’où elle remonte plus ou moins selon les localités, jusque dans le Bathonien. Notre figure 2, PI. 69, reproduit, sous une dimension réduite de moitié, une fronde complète de €. Scoparius, dont l’affinité, jusque dans les moindres dé- tails des zones de courbures et de la disposition des lobes, ne saurait êlre méconnue avec l’exemplaire du Mont-Dor lyonnais, d’après lequel nous avons décrit l'espèce précé- demment (Voy. ci-dessus p. 137, PI. 6). — On reconnait sur l’empreinte des Basses-Alpes que le point d’atlache était basilaire et donnait lieu à un stipe ou support qui manque par l'effet d’une cassure, mais que notre figure 3 reproduit d’après un autre échantillon de la même localité. La fronde, fig. 2, se développe au-dessus du support et donne lieu à une vaste expansion plane et lami- naire, partagée à l’aide de sinuosités marginales en trois lobes obtus et larges, dont l’inférieur se replie sur lui- 480 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. même de manière à rejoindre, pour ainsi dire, le point d'attache dont il ne se trouve séparé que par un étroit si- nus. Les zones ou linéaments arqués se recouvrent mutuel- lement en produisant des ramifications et des anastomoses, toujours repliées le long de la marge, visiblement cernée par un rebord cartilagineux. On distingue sur l'original plusieurs rangées de boutonnières étroites correspondant aux ouvertures dont la substance de la fronde se trouvait criblée, La figure 4 montre un échantillon de très-petite taille dont le développement est à peine commencé. Nous devons le croquis de cet exemplaire à notre ami, M. Fabre, qui a bien voulu nous le communiquer. Le niveau supérieur occupé dans les Bouches-du-Rhône par le Cancellophycus Marion: existe dans des conditions analogues aux environs de Frontignan (Hérault), où il a été découvert, il y a plusieurs années, par notre ami M. le professeur de Rouville, et exploré en dernier lieu par M.Munier, Il est intercalé dans lOxfordien, au-dessus de la zone à Amm. cordatus, et par conséquent plus haut dans la série que l’horizon d’Aix qui correspond à l’Amm. tri- partitus. Les Cancellophycus y abondent, représentés par une espèce rapprochée de notre €’. Marion; seulement, ses frondes ont élé moins comprimées, le sédiment qui s’est déposé autour des végétaux en place étant un sable fin qui n’a pas même interrompu leur croissance. Le point d’atta- che de chaque fronde constitue un entonnoir évasé d’où partent, en s’irradiant et se repliant en spirale, les linéa- ments qui sont très-déliés et très-nombreux. Les sinuosités des lobes de la périphérie sont visibles et le bord est cer- né par une zone étroite et nette, large de 4 à 6 millimè- tres, qui devait être cartilagineuse. Il serait possible que cette espèce dût être distinguée du €. Marion, soit à raison TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 481 du niveau qu’elle occupe, soit par suite de quelques-uns de ses caractères, entre autres la délicatesse des linéaments, et la disposition du point d’attache qui paraît avoir été complétement central et infundibuliforme. M, Fabre, à qui nous devons les renseignements qui précèdent, pen- cherait à l’admettre, et comme il s’agit d’un observateur sagace el judicieux, nous serions lenté de parlager son opinion, L'espèce devrait alors prendre le nom de Cancel- lophycus Fabre. Malheureusement, les persillures et les linéaments de la fronde sont à peine visibles sur les échantillons que nous avons sous les yeux et nous ne possédons pas les éléments d’un jugement décisif à cet égard. EXPLIGATION DES FIGURES. — P]. 69, fig. 1. Fronde complète de Cancellophycus liasinus, réduite au quart de sa grandeur naturelle, d’après un exemplaire du Toarcien des Basses- Alpes, dessiné sur place, pour montrer la situation ex- centrique du point d'attache et le développement inégal de l’expansion laminaire ; fig. 2, fronde complète, sauf une brisure à la base, de C'ancellophycus scoparius Sap., réduite à À grandeur naturelle, d’après ‘un exemplaire des environs du Col-Saint-Pierre (Basses-Alpes), dessiné sur place; fig. 3, support d’une fronde de la même espèce ({ grandeur naturelle), d’après un exemplaire de la localité précitée des Basses-Alpes ; fig. 4, fronde jeune de la même espèce ; d’après un croquis dessiné sur place dans le département de l'Hérault et communi- qué par M. Fabre, garde général des forêts à Mende (Lozère). PI. 70, fig. 1. Fronde complète de Cancellophycus lasinus Sap., réduite au tiers, montrant le point d'attache central et l’expansion transversalement ellipsoïde, sinueuse sur VÉGÉTAUx. — J. 31 482 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, les bords, de l’ancien organe, d’après un exemplaire du Toarcien des Basses-Alpes, dessiné sur place. N° 5. — Cancellophycus Garnieri. Pl Dern: DraGnose. — €. frondibus stipite laterali affixis, exinde in laminam plus minusve quadrato-ellipsoideam sinuatamque, cancellis tenuissime delineahs e stipite in arcus multiplices secus marginem reflexos abeuntibus percursam leviterque mar- gine cartilagineo cinctam expansis. Dans les Basses-Alpes, à partir du Bajocien, vers la mon- tagne de Beaumont, ainsi que près de Chabrières, sur un niveau généralement inférieur à celui de l’Amm. tripartitus, on observe une forme de Cancellophycus qui présente des ca- ractères différentiels assez saillants pour mériter une men- tion particulière. Elle constitue, selon nous, une espèce distincte des C. liasinus et scopartius, à qui elle se trouve as- sociée sur bien des points, tandis que sur d’autres elle oc- cupe à elle seule les lits de l’Oolithe inférieure, développés sur une grande échelle dans cette partie de la Haute-Pro- vence. Nous dédions cette espèce à M. Garnier, inspecteur des forêts, qui a su discerner avec tant d'intelligence les divers horizons de la série jurassique des arrondissements de Digne et de Castellanne, Le stipe ou point d'attache du C. Garnéeri est Loujours latéral et basilaire ; il se montre fréquemment situé sur un des côtés de la fronde; il est court el terminé en forme de coin, Sa place est occupée par une brisure dans l’exem- plaire, d’ailleurs intact, que nous figurons sous des propor- tions réduites à ! de grandeur naturelle, De ce point d'at- tache part une fronde qui s'étale en une expansion plane TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 483 et unilatérale, c’est-à-dire développée dans un sens seule- ment et dessinant un ellipsoïde irrégulier, faiblement si- nué sur les bords, largement arrondi vers les deux extré- mités; la marge est distinctement cernée par un rebord cartilagineux étroit et continu. Les linéaments qui par- courent la fronde, el correspondent aux rangées d’ouver- tures, sont fins, multiples, raimifiés en arceaux successifs et donnent lieu à des zones repliées le long des bords, entre lesquelles on distingue çà et là des séries d’étroites ouvertures, le plus souvent peu visibles. Lorsque ces frondes ont été ensevelies sur place, le stipe dont la direc- tion ne correspondait pas à celle de l’expansion laminaire se trouve presque toujours brisé. On voit que l’expansion se détournait en se repliant pour s’étaler sur le sol sous- marin à la surface duquel le support était fixé. Ces frondes, dont on observe de nombreux exemplaires, mesuraient jusqu’à 50 et 60 centimètres suivant leur plus grand axe. Notre figure,dessinée sur place avec le plus grand soin, en donne une idée fort exacte. RAPPORTS ET DIFFÉRENGES. — Le stipe non pas central, mais rejeté sur un des côtés de la fronde, et la configura- tion unilatérale, faiblement sinuée, en ellipse arrondie aux deux extrémités. de celle-ci, ainsi que la finesse et la mul- tiplicité des linéaments correspondant aux séries d’ouver- ture, fournissent des caracières différentiels qui per- mettent de séparer cette espèce, observée jusqu’à présent dans les Basses-Alpes seulement, des Cancellophycus liasi- nus et scoparius auxquels elle se trouve fréquemment asso- ciée. On ne peut nier cependant l’affinité réciproque de toutes les formes qui composent le genre lui-même. Ilest vrai que la même confusion se mamfeste lorsqu'il s’agit de la délimilation des Algues des mers actuelles, 484 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. LocariTÉs. — Environs de Chabrières (Basses-Alpes), étage bajocien et partie la plus inférieure du Bathonien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 70, fig. 2. Fronde com- plète, sauf une brisure correspondant au support, de Can- cellophycus Garnieri Sap., d’après un exemplaire dessiné sur place et réduit à ? de sa grandeur naturelle. GENRE. — CHONDRITES (voir ci-dessus, p. 154). N° 16. — Chondrites pserudo-pusillus, PI. 68, lig. 4. . DrAGNOSE. — Ch. fronde minuta gracili pinnatim pluries partita, ramulis alternis cylèndricis rigidiusculis expansis elongato-linearibus apice obtusis subclavatisque. Les ramules de la fronde sont menus, cylindriques, fili- formes, divariqués, un peu raides, plusieurs fois divisés et alternes. Leur sommet est oblus ou même terminé par un léger renflement en forme de massue. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La dimension et l'aspect de celte espèce la rapprochent des Chondrites filiformis et divaricatus, du Lias supérieur de Wurtemberg et de Suis- se, que Kurr avait considérés à Lort comme de simples variétés du Ch. bollensis ; elle ressemble également beau coup à notre Chondrites pusillus (voy. plus haut, p.194), du Lias à gryphées arquées des environs de Metz. Cependant les ramules de notre empreinte paraissent plus courts, plus raides, plus obtus au sommet, et la distance qui sépare le Lias supérieur du Rhétien nous engage à la décrire séparé- ment. Il existe encore de l’analogie entre le Ch. pusillus et notre Ch. filicinus, du Bathonien de Rians (3). Cette analogie résulte peut-être d’un lien généalogique, et dans ce cas nous (1) Voir ci-dessus, p. 174, pl. 17, fig. 4 et 18, fig. 1-2. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 485 posséderions les trois termes successifs d’un même type légèrement modifié; mais ce n’est là qu’une conjecture im- possible à vérifier sur un aussi petit fragment. LocaLiTÉ. — Marcel, près de Lyon, étage infralia:ique ; coll. de M. Falsan. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 68, fig. 4 (1), portion de fronde de Chondrites pseudo-pusillus Sap., grandeur naturelle. N° 17. — Chonärites rigescens. PI. 68, fig. 5. DiAGNOSE. — Ch. fronde e stipite crasso sursum assurgente, plurtes irrequlariter partita, alterne ramosa, ramulis erectis divaricatisque tum simplcibus, tum furcato-divisis, subclavatis acutisve, quandoque uncinatis. La fronde que nous figurons part d’une base simple, épaisse, noueuse, et se redresse en étalant des rameaux la plupart ascendants, raides, divisés en ramules secondaires, les uns érigés, simples et terminés en massue, les autres fourchus et donnant lieu à des segments pointus, plus ou moins divariqués, parfois en crochet. De nombreux frag- ments détachés, qui paraissent avoir fait partie de la même fronde, se montrent épars à côté d'elle. La consistance a dû être coriace et la forme des rameaux cylindroïde, peut- être sub-comprimée. L’empreinte est tantôt marquée per un creux, tantôt tapissée d’un enduit ochreux qui se dé- tache en clair sur le fond bleu obscur de la roche. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Chondrites rigescens se rapproche surtout des Ch. nodosus et Dumortieri Sap. (2); (1) C’est par erreur que dans la légende de la planche 68, cette es- pèce est inscrite sous la dénomination de Chondrites pusillus au lieu de Ch. pseudo-pusillus. (2) Voir ci-dessus, p. 177 et 179, pl. 16, et 77, fig. 1-3. 86 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. mais les frondes de ces deux espèces présentent des divi- sions plus denses, plus compliquées, plus repliées sur elles-mêmes, chez le premier, plus élargies et plus courtes dans le second. On peut dire encore qu’il rappelle à cer- tains égards le Chondrites furcatus Brngt., grande espèce du Flysch dont les subdivisions principales sont générale- ment plus recourbées et plus distinctement terminées en massue. Le Ch. rigescens reproduit assez bien l’aspect et le mode de partition propres à certaines formes de Chondrus. LOcALITÉ. — La Clape (Basses-Alpes), Bajocien, premiè- res couches à Ammonites tripartitus ; communiqué par M. Garnier, inspecteur des forêts à Digne. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 68, fig. 4, fronde de CAon- drites rigescens Sap., grandeur naturelle. N°18. — Chondrites stellatus. PI. 68, fig. 7. DrAGNOsE. — Ch. fronde vage ramosa, hinc et hince leviter constricto-torulosa, ramulis basi tumidiusculis, sensim versus apicem attenuatis, tum distichis, tum in acervulos congestis. Nous n’avons sans doute sous les yeux qu’une petite por- tion de la fronde de ce Chondrites; l'empreinte qu’il a laissée dans le sédiment forme un creux susceptible d’être moulé en relief, On distingue alors une branche principale tubuleuse ou cylindroïde, gonflée ou rétrécie à des distan- ces irrégulières, qui se partage en deux rameaux dont l’un supporte à son extrémité plusieurs ramules réunis en fais- ceau, tandis que l’autre, beaucoup plus court, présente des ramules disposés dans un ordre distique. Un autre rameau jeté sur le premier, montre également à son sommet une rosetle de ramules fasciculés. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 487 RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Celte espèce, trop fragmen- taire pour donner lieu à des rapprochements bien exacts, rappelle par son faciès le C'hondrites vermicularis Sap. (1). L'aspect est le même et les ramules ont des deux parts une apparence sub-toruleuse qui se ressemble beaucoup. D'autre part, malgré la distance qui sépare le Toarcien de l’extrème base du Néocomien, le Ch. Stellatus, se rattache d’une façon plus ou moins étroite à l’espèce sui- vante. Il n’y aurait rien d'improbable à ce que toutes ces formes eussent fait partie d’un même groupe, distinct des autres Chondrites par une physionomie commune, mais dont il serait difficile de préciser dès à présent les carac- tères différentiels. LOCALITÉ. — Environs de Digne (Basses-Alpes), étage toarcien; communiqué par M. Garnier. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 68, fig, 7, fragments de fronde du Chondrites stellatus Sap., d’après une empreinte moulée, grandeur naturelle. N° 19. — Chondrites eximius. PI. 68, fig. 6. DIAGNOSE, — Ch. fronde gracili elongata, vage disticheque ramoso-dichotoma, ramulis cylindraceis e basi obtusa longe sensim plus minusve attenuatis, sæpe torulosis submoniliforr- busve simplicibus, rartusve pinnatis , corpusculs qlobosis etiam distractis sparsisque. Cette Algue est une des plus élégantes et des plus com- plètes que l’on ait encore signalée dans les terrains secondaires. Nous en devons la connaissance à M. Garnier, dont le nom est déjà revenu plusieurs fois sous notre (1) Voy. ci-dessus, p. 191, pl. 23, fig. 1. 488 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, plume. L’empreinte laissée dans le sédiment consiste en un moule creux de toutes les parties de la plante, à laquelle il a été facile de restituer son premier aspect. C’est cet aspect que notre figure reproduit avec toute l'exactitude dont nous avons élé capable. On distingue la plus grande partie d’une fronde dont la branche principale, prompte- ment divisée, donne lieu, d’un côté, à un rameau simple, de l’autre, à un rameau muni de plusieurs subdivisions latérales par une sorte de dichotomie, mais toujours dans un même plan, en sorte que l’organe se trouve régulière- ment étalé. Les divisions et les subdivisions principales sont garnies, presque sans interruption, de ramules insé- rés à angle droit dans un ordre distique, si nombreux qu'ils se touchent tous et présentent tous la même forme, mais non la même longueur, puisque plusieurs d’entre eux dépassent de beaucoup leurs voisins. Les rameaux principaux sont visib'ement cylindriques ; ils offrent l’as- pect d’un tube légèrement étranglé de distance en distan- ce. Les ramules sont resserrés à leur base qui est obtuse: à partir de cette base, ils s’'amincissent insensiblement et se terminent par un sommet en fuseau obtus. Les plus dé- veloppés de ces ramules affectent souvent une forme toru- leuse, presque moniliforme, comme s'ils étaient formés de boules ajoutées bout. à bout. Quelques-uns d’entre eux portent une boule à leur extrémité supérieure, et l’on distingue même un organe globuleux solitaire, fort net etisolé, sur un des côtés de la fronde. Nous avons déjà mentionné à plusieurs reprises et spécialement dans la description du Chondrites vermicularis celte structure toru- leuse et ces mêmes organes globuleux, épars ou attachés à l'extrémité des ramules, comme se rapportant probable- ment aux appareils fructilicateurs des Chondrites. L'exa- TERRAIN JURASSIQUE,. — VÉGÉTAUX. 489 men de cette nouvelle espèce tend à confirmer notre ma- nière de voir, et l'extrême beauté de l’échantillon lui prête une force particulière, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Chondrites eximius ne saurait être confondu avec le Ch. vermicularis, mais il se rapproche évidemment du Ch. stellatus. Quelques-uns de ses ramules semblent fasciculés comme ceux de l’espèce toarcienne. La grande distance verticale qui sépare les ni- veaux où l’on rencontre les deux formes et une certaine divergence d’aspect, joints au mauvais étät dans lequel se trouve l’échantillon du Chondrites stellatus, nous engagent à décrire à part le Ch. eximius et à l’inscrire au nombre de nos espèces, bien qu'il appartienne à des couches quine font déjà plus partie de la série jurassique proprement dite, — Comparé aux espèces vivantes, le Chondrites exi- mius rappelle particulièrement les Gymnogongrus par le mode présumé de fructification; les Gigartina, et sur- tout les Zomentaria, par l’aspect et la disposition des ramules. Mais ce sont là, il faut l’avouer, des parentés éloignées ; il serait même possible d’en signaler dans une tout autre direction. En effet, les Caulerpa, spécialement le C. plumaris Ag. (mer Rouge), présentent des frondes voisines par leur aspect et leur mode de ramification de ce que vient de nous montrer l’Algue fossile que nous ache- vons de décrire. LocauiTÉ. — Col-de-Chatres (Basses-Alpes), étage néo- comien très-inférieur, couches de Bérias; communiqué par M. Garnier. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 68, fig. 6, fronde de Chondrites eximius, grandeur naturelle; d'après un exem- plaire moulé. 490 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. FOUGÈRES. GENRE. — Scleropteris. (Voir ci-dessus, p. 364, pour la définition du genre. N° 5. — Scleropteris multipartita. P1.10/ 1x3. DIAGNOSE, — S. frondibus coriaceis tripinnatis, rachi pri- maria valida, secundarüs strictis, late expansis, sub-oppositis, tertiariüs multiplicibus elongato-linearibus sub angulo fere recto prodeuntibus, in pinnulas oblique ovatas basi restrictas anguste decurrentes plerumque integras superne confluentes partis, pinnulis anticis inferioribus pinnæ cujusque cœæteris paulo majoribus incisisque, nervulis paucioribus e basi emer- gentibus oblique furcato-divisis. Nous avons reçu en communication , par l'intermédiaire bienveillant de M. Rigaux, conservateur du Musée de Bou- logne-sur-Mer et sur les indications de notre confrère M. Sauvage, un magnifique spécimende cette Fougère port- landienne, dont nous ne figurons qu’une assez faible partie. On reconnaît aisément qu'il s’agit d’une fronde de grande taille dont le rachis- principal présente sur les côtés des segments étalés à angle droit, garnis eux-mêmes de pennes en segments secondaires très-nombreux, contigus, allon- gés et émis sous un angle très-ouvert. Chaque penne, longue de 2 1/2 à3 et jusqu’à 3 1/2 centimètres, affecte une forme linéaire et se trouve divisée dans toute son étendue en pinnules ovales ou ovales-lancéolées, toujours un peu obliques, dont les plus élevées sont petites et finalement confluentes; tandis que la plus inférieure, sur le côté anté- rieur de chaque segment, est sensiblement plus grande que TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 491 les suivantes et divisée en plusieurs lobules; les autres au contraire sont entières ou faiblement sinuées ou lout au plus unilobées à leur bord antérieur, qui dans tous les cas est plus convexe que le côté dorsal. La consistance de ces pinnules a dû être coriace; les nervures sont peu visibles ; elles sont au nombre de deux ou trois seulement dans chaque pinnule ou même simples pour les plus petites. Leur mode de division est oblique et conforme à ce qui existe chez les autres Scleropteris, groupe dans lequel l'espèce que nous décrivons vient très-naturellement se ranger. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Scleropteris multipartita, remarquable par le mode de subdivisicn et la dimension de ses frondes, est évidemment très-voisin du Scleropteris dis- secta Sap. (Voir ci-dessus p. 376, pl. 48, fig. 1), espèce du Kimmeridgien inférieur de Creys (Isère), à qui on serait tenté de le réunir. Mais le contour plus élargi des segments primaires, la forme linéaire, et non pas lancéolée-acumi- née des pennes de second ordre, ainsi que la configuration moins obtuse et plus resserrée à la base des pinnules four- nissent des caractères différentiels qu’une comparaison at- tentive des échantillons respectifs rend encore plus sen- sibles, LocaLITÉ. — Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), carrière de Mont-Lambert; Portlandien inférieur, zone à Amm.gigas; collection de la ville de Boulogne, EXPLICATION DES FIGURES, — PI, 70, fig. 3, portion d’une fronde de Scleropteris mullipartita, grandeur naturelle ; fig. 3° et 3°, pinnules grossies pour montrer la nervation. TABLE ALPHABETIQUE & SYNONYMIQUE A ALETHOPTERIS (ex parte), Schimp......ses.eee Alethopteris Ræsserti, Brongn........,...... sue ALGACITES (ex parte), Schloth.:.......... se Algacites granulatus, Schloth............ = 2H DETTE COMPARE Loc CAC se … ALGUES (appendice)..................e css Breur (Snphlément) "240-200 sc... Asndies SChUULETS, GOPp. Le -e-omeesscosemesss Asprdites Tœnopteris, GŒPP............ 0... ASPLENITES (ex parte), Schenk........., Pa ssees Aspleniles Resserti, Schenk......... crc B PANDA Er Br nee eee meet doäaac BUTHOTREPHIS (ex parte), J. Hall............ .… C Calamites arenaceus, Brongn........ soso. sc... Calamites liaso-keuperianus, Fr. Br..... DPÉCÉELOOTE CAMPTOPTERIS, Presi......... ne tr ic dire CAMPTOPTERIS (ex parte), Gœppe.:..........:. Camptopteris biloba, Presl................s..sc..e Camptopteris crenata, Presl...::.,........50.. Planch. Pag. 299 301 113 470 86 209 469 455 445 299 301 460 155 228 233 322 327 325 325 494 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. Planch. Camptopteris fagifolia, Brauns........,........... Camptopteris Nilsonü, Presl. ..................... Camptopteris planifolia, Brauns................,.. Camptop'eris HE ro TE 00 CANCELLOPHYCUS. » =. cer @ee de ae he ec-.- ss Garnieri, Sap........ Sr eCe re ses smsceheree 70 lasinus Fisch 10BSLe. 0-52 00.6... 0b, COINS Marioni, SiäP@ PME MITA. REOTE IT AIM Et 10 relicularis, SAP ess. Ro me Li SCOpArIUS, SAP eos oo ve anne se one ee 6, 10 et 69 CanNcELLoPHycus (supplément)......…........sss.ee Cara, Vaill.......... ss. tsresoosteessee Bleicheri, Sap....... ere ere T0 bc 9 Jaceardi, Heer-=--"--..... nn oo: 9 CHARACIES 2-0 spsschoecemrerccchtel CHAUD INIDESIS- ee ere --c----.. Poe Tee RIAD SADE ESC ce cr -e--r-eL-CCEe TÉAS 8 CHOPOPLERMDER SC ECC SSE rase cmnssreseose Caonprires, Sternb..:......... eme SAMU E bpllensis Rurr::5-00.c.. SO NS 2e 1% AIDIENSIS SAP Rec CPEe ces Te « 22 Dumortieri, Sap........ SRE SAS ARE 17 BXIMIUS, SAP. eee se sonne css: 68 HiGinus, (SAP. - eee atcniolefie ses seen LL CARS Habellaris SAD- Reese PCR CRELE 15 fragilis, Sap ..... PR UE RATER OS à 20 Garnieri, SAP. ns. seeseceee SRE AA ot 9 globulifer, Sap...... “one Dre seu 21 hechingensis, Fisch.-Oost..... ose LCA GER 19 moniliformis, Sap-.-..::..1..-21% Re 24 NOADSUS, BAPE: ------r0e OT oc dd O0C pie 16 pseudo-pusillus, Sap......... en ceoe-s- DCE 68 pusillus, Sap..... ec TENTE ses-oee 23 raruMierus, SAP -..-.--...-% -L-e-PC EE St 12 rIgesCeNs, SAP. 5 soso soo sms so operne®s sac 68 rigidus, SAP.» s1016 0 s n1e s sufetalspiae ejafe os irine ue 13 stellatus, Sap..... De ir « 68 vermicularis, SAD:224:.1 5 fe ele ds s\e Sid 23 Caonprites (supplément). .........:...4..pt8 dt CHÔONDRITES, Kurt. sn jee se Pag. 334 325 334 333 126 482 135 146 142 137 477 213 214 216 211 li ao 458 154 167 190 170 487 174 170 187 198 188 182 196 177 48% 194 181 485 173 486 191 484 102 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. 495 Planch. Pag. CÉUNDRITES MON... 0... se pese 126. Chonmentes scopamus, ERMOILS et «ee conan VU Le CLaDoPHLEBIS, Brongn....... nec 298 DREMUOHA SAD--e---merere-cess--:Pe-- eee 34. 302 Rteserti, Sipa ei SION ne AT 2 ss « te 8 004 CLATHROPTERIS, Brongn............ rootcooma . 327 platyphylla, Brongn...... soc. J1, 31) 38, à9- et40: 333 MIENISCIOIA ESA BLONEIN Se ee cie sons sie aie beboco 333 TANOE PT BPS EE eee nero. --cee 333 2 CODIFES (ex parte), Zigno.......... prete 102 CONCHYOPHYCUS........... JO oo oorerce DOCCUD AT CO 150 HANCISNYANUS, SADse see recenser ee-c-e-r--e- AH 151 Coniopreris, Brongn..... estate De DÉRRÉE Re ce ; 285 COMERA MSA ee REC ec eccP 31 289 CARPPIDOPRERIS) Pres. Gacerdocsc . 452 CTENOPTERIS, Brongn....5...........s.esesee sn. 351 cycadea, Brongn.......... e épreuve 40 et 41 355 CPAS, SAP eee eise o alololel siege: sue c…. 44 363 IHPTE SD e LE R OE RER espece esse 44 358 CYCADOPIERIS, ZIPno. OP EC CES, CCE CE FRS 417 Brauniana, Zigno...... doses colonel CR OS AA heterophylla, Zigno...... FRS OITE che 59 426 Cycadopteris Brauniana (ex parte), Zigno.......... 396 Cycaporreris, Schimp. (non min SELEUBEO TRES LE 302 _ Cycadopteris Bergeri, Schimp.…. HoTCE RÉ TEnnUe 400 CYCLOPTERIS (ex parte), nos cie POÉo ve 461 CHLINDRITES, GŒDp--..- 7... aiclosie sie sels ses see . 101 DÉYISAIIS SA ee se comes ss os ssae se ste 4 105 PAROI HOEL escales Fete 12 104 PÉCULVUS SAP eee esrenenshseeeeleci eat 1 2407 D DANAITES Zi2n0. 0-10 esse see nues 430 DANÆOPSIS, HG6r- 0.6 ct eee eee sf. oc 451 marantacea, Heer......... sa creme lon ets iale celte 65 454 DESMOPHLEBIS (ex parte), Brongn............. 299 Desmophlebis Rœsserti, Brongn.............. ais sors 301 DICHOPTERIS (ex parte), Zigno...... eee ee 365 DICROPTERIS, Pomel..... AR OA A 460 496 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. Dicropteris flabelliformis ? Pom... ....ssss.ssresee Dicropteris laciniata ? Pom.............s.sssess. . Dicropteris longifolia, Pom............. DrcrvoPraxzzum, Lindi. et Hutt......... Nilsoni, Schenk.: 5.5... DICTYOPTERIDEÆ,. .. eee Sisls lo colo es ele ceci oise DIPLODICTYON, Fo DE DO at as r Tee FFAROURE .…......... E ÉQUISÉTACÉES. . . « . SR SR ME open done Equisetites acutus, Presl..................... eee Equisetites arenaceus, Schenk................... Equisetites attenuatus, Fr. Br Equisetites Bronnii, Sternb........ ee CCE 55 Equisetites cuspidatus, Presl........... Jeags ee = Equisetites hœflianus, Presl.................. cs... Equisetites moniliformis, Presl.......... serres Equisetites Münsteri, Sternb..................... . Equisetites Rœssertianus, Presl....,.,........ sos. Equisetites Schœnleinii, Sternb..... ho e 400 de . Equisetites Sinsheimicus, Presl.,.................. EOUISELUM, Le 2er SOGsoodoaocoasooucso Ho ATENACEUM, BRON... eee sie ele seieleiee Joc6c columnare (ex parte), Brongn............. 5600: DHValL Sapert-recceeeerctet 3 Sata dos .. Munster, Bronën-.-----0"--ee eee HIER POIALS SAP---ec--m--e-tec-pe--Lcceecce- Et F Ficites, Hissing............ RO 0 00e Filicites Agardhiana, Brongn............ As 0 Filicites cycadea, Brongn.........sesssssoreose de Filicites Desnoyersii, Brongn................... . FOUGÈRES/. 0". sets eiste eee slots teiese SAS ESS so. Foucères (supplément).................... corse FUCOIDES-GIGARTINITES, Brongn.......... .. Fuccides bollensis, Ziet..........esssssovsssese . Fucoides hechingensis, Quenst..........,.. Planch. 34 26 30 et 29 et 29 Pag. 468 467 465 321 325 305 322 218 229 228 233 228 229 233 233 233 233 229 229 220 228 229 248 232 245 325 305 300 31% 259 490 154 167 183 TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE, GLOSSOPTERIS (ex p GRANULARIA, Pom. ........ otcoenecres-crs:-i repanda, Pom..... G arte) ?-Brongn. 4... sas eco css certes ste ee GRANUBARIA.(ex parte), POM..... 4 sue sen eos Granularia Schlotheïmi, Pom.....,..... A de x HALYMENITES (ex parte), Sternb............... HYMENOPHY LLITES (exwparte), Zigno:. °°... Hymenophyllites macrophyllus (ex parte), Brongn... ÎTIERTA FA. 20.6 PE 2 PE Brongniartii, Sap.. virodunensis, Sap. bosse rossesessnosotsesseese eue es Sos eseeecesse trostssreeecresoenés ce ss. PANPAUPIMADIDE as de ce eo ncteees seems ises flabelliformis, Sap.. laciniata, Sap. .... longifolia, Sap. ..… obtusa, Sap. ...... ns rss sos ss ss ess cesses Sd tes does ss see doser ses css 0e... ss 600... . Juglandites castaneæfolius, Berg. ..,.,.,.... Mate sfr Eie Kk RRRNPR TASER TBE Seau daaste see eds: Récneriaumutabils PTT SR eee rse Kirkneria ovata, Fr. Br..... METTRE PORT Kirkneria trapezoidalis, Fr; Br...,........... fre LOMATOPTERIDEÆ. ...e » LomAToPpTERISs, Schimp VÉGÉTAUX. = J. CR Planch. 82 497 391 391 498 TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. ‘ Planch. Pag. Balduini Sap..°-:.-.-cc1e D 53 403 burgundiaca Sap.,..:.: ne Tee Re .. 54 400 CIRIMICRMISAP. {5 ds sonores eee ete Ce 56 et 57 409 Deësnoyersii,.Sap......... 1910 PORTER o1 414 jurensis, SCRIMPL AE scLée ce re RE ARE 55 405 jurensis (ex parte), .Schimp..:...4:4.::22. PEU 397 HÜINIMA, SAP. see cocon rec SET MEL Let é 56 413 Môretiana, Sap.siis here... .pee.cttet.. tee 5t et 52 396 LOXOPTERIS, POM.:x res she crc eee 365 Loxopteris elegans? Pom.......4x:.... 5550635000 371 M MACROTÆNIOPTERISP Schimp. 0. eee 430 MARANTOIDEA, JE nee cceebte nee 452 Marantoidea arenacea, Jæg...........,.........,.. 455 MICRODIENON COUP RE nec ere EC EEE 305 EUIeNICHIM, SAP Re rue-rr-eheaceee . 33, 35 et 44 309 Woodwardianum,/Sap.t....Lerrse PO OC 33 313 MONSTERIA, Sternheer escorte de 53 474 VISCÉTANS SAD. D... certe retro 68 476 N NEUROPTERIS, Fr. Br..... ÉTANG AIRE 341 Neuropteris limbata,"Quenst: AE 406 Nullipora hechingensis, Schimp..............,,,... 183 N'ULLIPORITES; Heere eee RESTE 155 Nulliporites hechingensis, Heer:: 1. 00000 183 (n ÜDONTOPTERDEX 0. Lune - se se eeieses sobres ‘ 340 ODONTOPTERIS (ex parte), G@pp.........0. 9 0» e 352 Odontopteris Berger \GÆDD-= eee camper. ve 355 Odontopteris cyCAAER, BÊTE. ee penerenitiee 399 Odontoptenis? qurensis Aurrs.. 25e 2-0. -meecee 406 OLEANDRIDIGM,/Sthimp..,.51e..s.us. ee. 431 Oleandridium vittatum, Schimp................... 445 Oleandridium tenuinerve, Schimp...... Na renn 441 TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. 499 P Planch. Pag. PACHYPTERIDEÆ. oo. TOOL COR CUOS Saber ror 364 PACHYPTERIS (ex parle saltem), Brongn........ 379 PACHYPTERIS (ex parte), Brongn............... 365 Pachypternis lanceolata, Brongn. MERE 45 369 Pachypteris microphylla, Brongn....... EC 383 EACAIDIENS OUQLE, BlONBTe: 2e MEN 46 370 EGP RUNIEMS SD, TONER eee see eee 406 PECDETERIDEÆ à « e « eee e sine ne Done LD eee 298 PECOPTERIS (ex parte), Brongn................ 452 PECOPPRERIS'(ex parte), Zipno MERISIER 299 PECOPTERIS-ASPLENIDES (ex parte), Schimp..…. 299 PECOPTERIS-NEUROPTEROIDES, Brongn........ 299 Eccoptens Agardana, PORN ee se ere ele see 301 Écroniens Braun, MUBSES TS RS MON IR MRENRRE 301 ÉCEDpIertS CES A PO R-RR-reeesceee reae 371 Becopteris Desnoyerst, BTONENR 7e. 1. eee eetanle etais 414 Eceopiems Inent APCE Tee CE crc ce ; 309 Pecopteris macrophylla, Brongn....,............. 455 Pecopteris Moretiana, Brongn......... Tes 396 PHLEBOPTERIS ? (ex parte), Brongn............. 306 PHBEBOPPERIS MUNSEN....-n-eemepr crc dir Phlebopteris Nilsoni, Brongn.....,................ 325 Phyllites, Sternb...:..... MED on OOo t 325 PHYETOPTERIS, BrONEN 0e ses esse scene 448 DIUTMUIA SAP... ce. RAS Ts de ne 63 450 PHymaToDERMA, Brongn.......... TI S LOS ar 113 EPLAEUM, SADe secs ceeen dose eaentei 68 472 granulatum, Brongn........... ete aie cette 470 Is SCHIMpRS PRE OR SR AEP TETE BE 68 470 LETQUEMI, SAP... sense Por 2 114 PSILOTITES (ex parte), Zigno............... sn 461 Pterozamites obovatus, Fr. Br......,.......:..,... 443 Pterozamites scitaminea, Fr. Br.................... 441 Q Quercites lobutus, Berg... ds 325 500 TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. el Planch. SAGENOPTERIS (ex parte) ? Schimp............. SCHIZOPTERIS, Bean... ...oseoe e pus ses qe» à » + noie n SCLHROPTERIS see Rech re cs coR-r CEE ss. EampaCtA SAP... erecces- een ee 48 et 51 disseCta, ÉSADEER ce --bcccheR CESSE EC CEE 48 maultipar lite, SAP... ce: 0er Ecrre 70 Bol SAR EE EEE ete cc cr-rrertee 46 et 47 Scolopendrium solitarium, Phill................ * SIPHONITES. ° ee + « PR à DT EC A 0 Heberti, Sap............ se ee SR MEL SOLENITES ;'LindltAUt Radar SPHÆROCOCCIDES, Schimp............ RER SPHÆROCOCGITES, SlernD Eee. n-erne eee erenwatus SleTn Ds eeeuesen tes cesser ADat lichenvides San: ere cos: RP EC 25 ramificans, MSAD.n. nes. poocncesoeme se AE de 25 SPHÆROCOCCITES (ex parte), Presl.............. SPHÆROCOCCITES (ex parte), Sternb....... ns SPHENOPTERIDEZÆ. « «1e ses = ee messe pie sin pe nes: SPHENOPTERIS, Brongn...... sr sites ee hero AGOUSIU SP PO... Reese cac + macrophylla; Pom... ss scene Michelin, Pom:EC CM eee ere reecetr 31 minutiola, Sap-ssee er ee -nbeerereCR 32 Pellatl SAP ee. SEtee.e-.--deetRe center 31 pennalula, PORT. s1e1s 40e MSI à 0 sine esroreteteterste siojeis SPHENOPTERIS - DICKSIONIOIDES (ex parte), SChimp..... here A ebp essence scie SPHENOPTERIS (ex parte), Phill............ zu SPHENOPTERIS (ex parte), Presl..:,,.sss.esssess , STACHYPOERIS, PO. Le semee -. uen fs tnts state litophylla; Mom:t ee ete e cent 50 minuta-Sapih tnt er creer 2epetee ee o1 pulchra, PO. screens Nam à sols ie 00020 née tele te spicans; Pommier eue sas res 49 STANGERITES Porn:s, SN ERNR,.e-edrenr Slangerites marantacea, Born..,:......:..:....,.. 12 [ES TABLE ANALYTIQUE ET SYNONYMIQUE. Planch, ÉHENDPTERTS ne ae sieste £ o «ee : desmomera, Sap............. RÉ 32 et 33 ANIOPRERIBER NS se Pa CENTER en DANIOPDERS, DOTE nes sc ess se messes eue augustodunensis, Sap. ........ de Se nee lruepsuiSehænl... 0... 2" Sn Ne tee latifolia, Brongn.........,..., oo drones marantacea, Presl......... ces e-e COUCOU, BION RM. ae eente ss es ee Hd ot otre Setaminens BrONBN 7 anse anale sers con cine à sienoneura, SChenk. 1. ae tetuine tas ds 62 Superha; Sap-........... DD ns Tan 0 me 61 et 62 PORTMOTVIS BEAUTISSR. 20 -cau eenil 63 MAMA ION SNS deu roro eco et 6% DURÉE UTLIOT BTONTE eau ssnaceetece Te PAINIOPEBRIS EP BTON SNS UE. ados oace TÆNIOPTERIS, Presi..... HÉPE0 CE NS PAC TAONURUS (ex parte), Fisch.-Oost..........,..,.. Taonurus et Zoopaycos (ex parte), Schimp....,.... Taonurus liasinus, Fisch.-Oost............,, D 60n0t Taonurus (Zoophycus) scoparius, Schimp........... PHAUMATOPEERIS A GŒDDS. 240 RC eee ÉRRESE SD 0 de -aeser ane eee etc 39 annees Hitines het. RC eee TOÉTE Bbl-b ado toc oo n Dr a OCT OO DE 41 et 42 HS SORENkS CES eme cerner 43 cbtusa(ex parte), SCHIMp.::..........0....€ rhomboidalis, Ettingsh. ..............,.,..... 43 TYMPANOPHORA (ex parte), Pom............... Tympanophora conferta, Pom... ..........….....e. Tympanophora irreqularis? Pom.................. ©e = Z ZOOPHYCOS (ex parte), Mass... ...,.......:..... Zoophycos scoparius, Heer............. ae FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. TABLE DES MATIÈRES Pages INTROPHGTIONS 0... 0e... cherie. schss-os...... 1 BIGUES 6... ---.. Deoscipoe 60 Doc Doc noce DHCOODS Me Characées......... CE CRCoo co0oc DhcCeo Cooocccomc 2 Bquisélacées.....-........ snetee D Co DO on le ROUES... PDA D OR OOo CUE osco ec CE 255 Sphenopterideæ......,....... DL OU DO ABOU nor Par BÉCOHIETUIER = een eee Release soon drooe 298 DicÉJOptETUE RE. Te Sbaorcoodecoco secs 305 Odontopterideæ........ eo dde DÉCO TOC UE COLE . 340 PAC EME Se ee eeepc c---------rn 364 Lomatopterideæ ........ Ces Monorococemoeu Temoptenden. "etre "Ooc Cocc roc 429 Chooniemdern eee. cn... ... 458 Supplément. :........ Re cc ococc 0 Ode co es 469 Table alphabétique et synonymique............,,...... 493 FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES O4 n JIUONTE Page 72, ligne dernière (en note), Page S%,ligne 9, 89, 98, ERRATA ET ADDENDA 12, 28, au lieu de: æothermique, lisez: paléothermique. au lieu de : Cirins, lisez: Cirin. epuntioïde, — opuntioide. douées de mouvement comme celles, lisez : doués de mouvement comme ceux, dépourvues de mouvement el ren- fermées, lisez : dépourvus de mou- vement et renfermés. Algaformia, lisez : Algæforimia. Gopp, — Gœpp. Cilindrites, — Cylindrites. Similici ? — Simplici? M. Itierà, qui — M.ltier,àqui. primigenia, — primigenius. luries, — pluries. les secondes, disposées, lisez: les seconds, disposés. radiculus, — radicules. les entrenœuds étaientétroits, Lisez : les entrenœuds étaient courts. gaîne à qui, lisez: gaîne à laquelle. à qui on pourrait, lisez: auxquels on pourrait. dépourvues, lisez : dépourvus. sores marginales recouvertes, lisez : sorës marginaux recouverts. sores allongées et couvertes, lisez: sores allongés et couverts. les sores arrondies sont couvertes et situées, lisez: les sores arrondis sont couverts et situés. sont terminales, c’est-à-dire situées; lisez : sont terminaux, c’est-à-dire situés. 506 ERRATA ET ADDENDA. Page 260, ligne 24, au lieu de recouvertes, lisez : recouverts. — 216, — 3, — sores arrondies et généralement dc- pourvues, lisez: sores arrondis et généralement dépourvus. — 291, — ?9, _ Eremopterisæ, lisez: Eremoptertis. — 307, — 1, — une sore arrondie, peut étre nue, peut être operculée, etc., lisez: un sore arrondi, peut être nu, peut être operculé. Dans tous les autres passages où le terme de sore est mis au féminin, remplacer ce genre par le masculin, conformément à l'orthographe généralement suivie et altérée par une erreur d'impression. Page 307,ligne 14, au lieu de : (Gard), lisez : (Aveyron). — 322, — 9, _ læes, — læves. — 316, — 23, ajouter ce qui suit : M. Schimper, qui possède un exemplaire bien conservé du PAlebopteris Woodwardii Bunb. (Oolit. plants, Quart. Journ. Geol. Soc., xx, p. 81, tab. 8, fig. 6), dontil a bien voulu nous communiquer un dessin, nous a fait observer en même temps la ressemblance de cette espèce de Gristhorpe (Yorkshire) avec notre Microdictyon Woodwardianum. Nous serions disposé à admettre la complète identification de l’espèce anglaise avec celle de l'Aveyron. Toutes deux se rapportent du reste au même niveau géo- gnostique. | Page 346, ligne 11, ajouter ce qui suil : La découverte des échantil- lons de Thinnfeldia rhomboidalis que nous venons de décrire est due à M. Paparel, géologue distingué de Mende, qui a bien voulu nous con- fier plusieurs autres spécimens de plantes liasiques nouvelles ou in- téressantes, qui seront décrites subséquemment. Nous sommes heu- reux de consigner ici l’expression de gratitude que mérite son zèle désintéressé pour la science. Page 362, ligne 5, au lieu de : Lomatopteris Dumortieri, lisez: Lo- matopteris cirinica. — 3617, — 12, _— qu’il s’agisse, lisez : qu’il ne s'agisse. — 314, — 1, — dorsalis, — dorsal. — 816, — 12, — durescentes, — decrescentes. — 404, — 15, — contant, — constant. — 409, — en note, — Lomatopteris, — Cycadopteris. — 414, — 11, — rondium, — frondium. Conveis, typ, et stér, de CRÊTE FiLsi PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY QE Orbigny, Alcide Dessalines d',. 755 Paléontologie française Physical & Applied Sci